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DICTIONNAIRE
DE LA
LANGUE FRANÇAISE
PARIS. -TYPOGRAPHIE LAHURl
Rue de Fleurus, 9
DICTIONNAIRE
DE LA
LANGUE FRANÇAISE
CONTENANT
!• FOUa LA MOMENCI.ATUaE t
Tous les mots qui se trouvent dans le Dictionnaire de l'Académie française
et tous les termes usuels des sciences, des arts, des métiers et de la vie pratique;
2° POVii ZéA. OaAMDIAiaE :
La prononciation de chaque mot figurée et, quand il y a lieu, discutée;
l'examen des locutions, des idiotismes, des exceptions et, en certains cas, de l'orthographe actuelle,
avec des remarques critiques sur les difficultés et les irrégularités de la langue;
3° FOUB X.A SIGNIFICATION DES MOTS:
Les définitions; les diverses acceptions rangées dans leur ordre logique,
avec de nombreux exemples tirés des auteurs classiques et autres;
les synonymes principalement considérés dans leurs relations avec les définition?;
«• FOUR X.A FA&TIE HISTORIQUE :
Une collection de phrases appartenant aux anciens écrivains
depuis les premiers temps de la langue française jusqu'au seizième siècle,
et disposées dans l'ordre chronologique à la suite des mots auxquels elles se rapportent;
5» FOUa I.'£T-rBIOI.OOIE :
La détermination ou du moins la discussion de l'origine de chaque mot établie par la comparaison des mêmes formes
dans le français, dans les patois et dans l'espagnol, l'italien et le provençal ou langue d'oc;
PAR Ê. LITTRÉ
DB L<ACAUÉMIB FRANÇAISE
TOME DEUXIÈME
D — H
LIBRAIRIE HACHETTE ET C
PARIS, 79, BOULEVARD SAIIVT-GERMAliy
LONDRES, 18, KING WILLIAM STREET, STRAND (w. C.)
1874
Tous droits réservés
Ut,
DA
DAC
DAD
D (lié, et, dans l'épellation moderne, de), s. m.
La quatrième lettre de l'alphabet et la troisième
des consonnes. Le d appartient aux consonnes nom-
mées dentales. Dans la plupart des livres que l'on
imprime aujourd'hui [xvii' siècle], on ôte le d de
tous les mots où il ne doit point se faire sentir; ainsi,
comme on trouve écrit avenir, avis, ajourner, aju-
ger, ajuster, on ne saurait point se tromper à la
prononciation de ces mots; plusieurs fontencore sen-
tir led dans adversité, mais tout le monde prononce
aversaire, vaugel. Item, noies Th. Corn. t. ii, p.
746 , dans fouGENS. La prononciation a changé ; voy.
ces mots. || X la fin des mots et après une nasale,
il est ordinairement muet : grand, il rend; et s'il
sonne sur la voyelle suivante, il sonne comme un ( ;
grand homme, prononcez grant homme. || Dans la
musiiine, D ou D-la-ré (pour ré-fa-la-ré) indique le
ton de ré. D écrit au-dessus de la portée signifie
doux { d'JÎcc). Qnelquefois, en tête d'une partie, il
marque que c'est celle du dessus. || En chiffres
romains, D signifie 500, et, quand il est surmonté
d'un trait, 6000. ||D, Sur les anciennes monnaies
de France, indique qu'elles ont été frappées à Lyon.
Il D M P après une signature signifie docteur en mé-
ilecine de la faculté de Paris. || D est l'abréviation de
don, titre donnéaux seigneurs italiens et espagnols;
D. Pedro. Il est aussi l'abréviation de dom, titre
donné aux moines bénédictins: D. Rainard. |j N. D.
signifie Notre-Dame, la vierge Marie. || D. 0. M. e.st
dans les inscriptions, l'abréviation de Deo optimo
maximo [à Dieu très-bon, très-grand ]. || Dans
l'ancien alphabet chimique, D indiquait le sulfate
rie fer.
— HIST. xm* s. D [D signifie ici Dieu] jeta ceux
de l'aigre feu Oui touztems fussent en enfer; D fu
en fust, D fu en fer, D eut au C [croix] angoisse et
soif, Senefiance de l'A II C, jubin. t. ii, p. 270.
— ÉTYM. I) de l'alphabet latin, qui est le délia
de l'alphabet grec, lequel, à sou tour, est le daleth
de l'alphabet phénicien.
4. DA (da). particule qui se joint à l'adverbe oui,
& l'adverbe non, et à l'expression négative nenni,
et donne plus de force à l'affirmation ou à la né-
gation. Oui-da. Nenni-da. Crémante : Et l'on n'est
pas si vieux encore à soixante ans. — Le marquis :
Non-da, vous êtes sain, quinault. Mère coquette,
I, 4. Il Isolément. En amour da, non en guerre, la
FONT. Fér. Et pourtant papa Dit que je suis bête;
Est-ce ma faute, da ! S'il m'a faite comme ça,scBiBE
et poiRsoN, le Nouveau Pourceaugnac, se. 4.
— HIST. XIII' s. Diva! dont [donc] nel recognis-
tront Cil qui la félonie font, Psaumes en vers, dans
Liber psa'm. p. 269. Diva, Kloires; après mangier
Te doit tes ostes [ton hôte] consillier, Ft. et Blan-
chefl. y. <705. Diva! fait il, lesse m'ester; Diex ne
me lesse avant aler, Ren. 229. Ans Sarasins [il] pa-
role, bien fu sa vois oï6 : Diva! entendes çà, oies ma
comandie, Ch. d'Anl.v, <038. || xv" s. Vous faites là
la tourne boule; À quel pié dea va cette dan.se? l/i-
rede de Ste Geneviève. Dea, beaulx amis, ce dict
Amours, Celui qui à servir se met.... en. d'orl. Com-
plainte, l'amant etl'amour. \\ xvV s. Dea, mon frère,
hé pourquoi ne me l'aviez-vous dit?GARNiER, Bra-
damante. Mort? cedist-elle,enda, je n'en crois rien ;
Je l'ay veu vif depuis ne sçais combien , marot,ih,
p. 184. Pourquoi non deaTSocraies estoit homme et
ne vouloit uy estre ny sembler aultre chose, mont.
III, 380. Oui dea, respondit l'aullre, pourveu que
ce ne soit pas d'une beauté parée et sophistiquée
comme la tienne, id. m, 385.
— ÊTYM. La forme ancienne est dea , mono-
syllabe, une autre encore plus ancienne est dita.
D'après Diez, dtïo est composé des deux impératifs,
di (dis) et fo. Il montre qu'on s'est servi du simple
va de la même façon : Va, car me di, Chev. au
iion, éd. Ouest, p. 138; Lesse , va . tost les chiens aler,
Ren. I, 47; Oui es-tu, va? ruteb. ii, toi ; Or va, de
par Dieu va, Cheval, au cygne, v. 6242; et qu'on
renforça ce petit mot en y ajoutant l'impératif di
(dédire) qui a également un sens d'excitation, et
qui même .se trouve répété : Et tu, diva di, faz
noienz, ruteb. i, 335. Cette explication est satisfai-
sante. Dica fut contracté en dea, puis en da.
t 2. DA(da),s. m. Dans la musique militaire, coup
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
frappé faiblement sur la peau du tambour avec la
baguette de gauche.
D'ABONDANT (da-bon-dan), loc. adv. Voy. abon-
dant.
D'ABORD (da-bor), loc. adv. Voy. abord.
t DA-CAPO (daka-po), (oc. adv. Terme de musi-
que, signifiant qu'il faut reprendre au commence-
ment du morceau pour aller jusqu'au point final.
Il Da-capo al segno, signifie qu'il faut reprendre à
un endroit marqué.
— ÉTYM. Ital. da.de, eapo, commencement, chef
(voy. chef) , et ai! segno, au signe.
t DACRYADÉMTE (da-kri-a-dé-ni-f), J. f. Terme
de médecine. Inllammation de la glande lacrymale.
— ÉTYM. Adxpu, larme, ài->\i, glande, et le suf-
fixe médical ile, signifiant inflammation.
t DACRYOCYSTE (da-kri-o-si-st'), s. m. Terme
d'anatomie. Sac lacrymal.
— ÊTYM. Aâxpu, larme, etxûimi;, sac.
tDACRYOCYSTITE (da-kri-o-si-sti-t'),s. f. Terme
de médecine. Inflammation du sac lacrymal.
— ÉTYM. Dacri/ocyste, et le suffixe médical ite.
t DACRYOÏDÉ (da-kri-o-i-d'), adj. Terme didac-
tique. Oui est en forme de larme, de poire.
— ÉTYM. Aixpu. larme, et e'iSo;, forme.
t DACRYOLINE (da-kri-0-li-n'), s. f. Terme de
chimie. Substance organique des larmes.
— ÉTYM. Aàxpu, larme.
t DACRYOLITIIE (da-kri-o-li-f) , s. m. Terme de
médecine. Calcul lacrymal.
— ÉTYM. Aâxpu, larme, et XîOoç, pierre.
t DACRYOLITHIASE (da-kri-0-li-ti-a-z'), s. f.
Terme de médecine. Production de calculs dans les
voies lacrymales.
— ÉTYM. Aâxpu, larme, et y^U^xan;, production
de pierres.
t DACRYOPÉ, ÉE (da-kri-o-pé, pée), ndj. Terme
de médecine. Qui détermine le larmoiement.
— ÉTYM. Aàxpu, larme, etwoiEiv, faire.
i. DACTYLE (da-kii-1'), s. m. Terme de poésie
grecque et latine. Pied de vers formé d'une syllabe
longue suivie de deux brèves. Il y a un daclylique
irimètre composé de trois dactyles, quiciierat, Fer-
sif. lai. ch. 35. Il [le vers alcmanien] renferme les
quatre premiers pieds de l'hexamètre; le dernier
est toujours un dactyle, m, ib. Loin de ces ignobles
Zoïles. De ces enfileursde dactyles, Coiffés de phra-
ses imbéciles Et de classiques préjugés, gbesset,/o
Chartreuse. \\ L'opinion est d'ordinaire que le dac-
tyle marque la joie, la légèreté: Les dactyles sont
propres à exprimer la légèreté, rollin. Traité des
Et. II, ch. 2; La joie étant la vie, la santé, le bon-
heur de l'âme, elle doit inspirer des sentiments vifs,
précipités, rapides, qui exigent ]a rapidiié des dac-
tyles, ID. ib.; mais cette opinion est une idée pré-
conçue et que ne justifie en rien ce que nous voyons
dans Virgile et les autres poètes.
— ÉTYM. AàvLnXoi, doigt, dactyle. Le doigt est
composé de trois parties ou phalanges, dont les pe-
tites sont moitié de la grande; d'où le docty/c, pied'
de vers, où la longue est double de chacune des
deux brèves.
t 2. DACTYLE (da-kti-l') , s. m. Terme d'antiquité.
Prêtre de Cybèle.
t 3. DACTYLE (da-kti-l'), s. m. Terme de botani-
que. Dactyle pelotonné, graminée commune dans
les prés et le long des chemins.
— ÉTYM. Aeixm),oi;, doigt, à cause de la forme,
t DACTYLE, ÉE (da-kti-lé, lée), ady.Termed'his-
toire naturelle. Qui a la forme d'un doigt. J| Qui est
muni de doigts.
— ÉTYM. AixTuXoi;, doigt.
t DACTYLIKÈRE (da-kli-Ii-fê-r') , adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui porle ou produit des dattes.
— ÊTYM. Lat. daclylus, de SdxxuXo;, datte, doigt,
et fer, qui porte.
t DACTYLIN, INE (da-kti-lin, li-n'), adj. Terme
de zoologie. Qui a un ou plusieurs doigts remar-
quables par quelque caractère. || Qui a la forme
d'un doigt.
— ETYM. Aâx™).oi;, doigt.
t DACTYLIOCLYPUE (da-kti-li-o-gli-f), t. m.
Terme d'art ancien. Ouvrier qui grave sur pierres
précieuses.
— ÉTYM. AaxTÛXtoc, anneau, do SatxiuXoç, doigt,
et YWïeiv , graver.
t DACTYLIOGLYPHIE ( da-kti-li-o-gli-fie), s. f.
Art de graver sur pierres précieuses.
t DACTYLIOGRAPHIE (da-kti-li-o-gra-fio) , S. f.
Terme d'aniiquiié. Description d'une collection de
pierres précieuses gravées.
— ÉTYM. AaxtOiio;, anneau, et ypâçEiv, décrire,
t DACTYLIOGRAPHIQUE (da-kti-li-o-gra-fi-k) ,
adj. Oui a rapport à la daclyliographie.
t DACTYLIOLOGlE(da-kti-li-o-lo-jie), s. /. Par-
tie de l'archéologie qui traite des pierres gravées.
— ÊTYM. AîxTÛXio;. anneau, et '/ô-j'Ji, traité.
t DACTYLIOLOGIQUE (da-kli-li-o-lo-ji-k'), ad}.
Qui a rapport à la dactyliologie.
t DACTYLIOIMANCIE (da-kli-Ii-0-man-sie) , s f
Prétenduedivinationau moyen d'anneaux constellés.
— ÉTYM. AaxTÛÀior, anneau, et le suffixe mande.
t DACTYLIOMANCIEN, ENNE (da-kti-li-o-man-
siin, siè-ii'), s. m. et f. Celui, celle qui pratique la
dactyliomanrie.
t DACTYLION (da-kti-li-on), s. m. Terme de
musique. Petit instrument qui, adapté à un piano,
sert à exercer et surtout à foriifler les doigts.
— ÉTYM. AixTuVoç, doigt.
t DACTYLIOTUÈQUE (da-kti-li-o-tè-k'), s. m.
Terme d'antiquités. Armoire contenant une collection
de bagues et de pierres travaillées.
— ÉTYM. AaxTij>io;, anneau, et Oi^xTi, armoire.
f DACTYLIQCE (da-kti-li-k'), odj. Termede poé-
sie ancienne. Qui tient du dactyle ou en dépend.
Il Vers dactylique, ou, substantivement, le dacty-
lique, vers he.^amètre composé uniquement de dac-
tyles, sauf le dernier pied qui est un spondée, ou
vers hexamètre qui au contraire a pour dernier pied
un dactyle au lieu d'un spondée. || Dans un sens plus
général^ vers dactylique, vers où le dactyle domine.
Vers dactyliques ou dérivés de l'hexamètre, qui-
CHERAT, Versif. latine, ch. 35.
— ÉTYM. Dactyle.
f t. DACTYLITE (da-kti-li-f), s. m. Terme de mi-
néralogie. Corps organisé fossile ayant la forme d'un
doigt.
— ÉTYM, Aây.Tu>oç, doigt, et le suffixe ite, qui, en
minéralogie, se donne à diverses pierres fossiles.
1 2. DACTYLITE (da-kti -li-t') , s. f. Terme de chi-
rurgie. Inflammation du doigt, panaris.
— ÉTYM. Aàv.Tu>oi;, doigt, et le suffixe médical
ite, signifiiint inflammation.
t DACTYLOGRAPHE (da-kti-Io-gra-f), s. m. In-
trument à clavier, qu'on a desliné à établir des com-
munications entre les aveugles et les sourds-muets.
— ÉTYM. Aix-ruXo;, doigt, eiypâiftiv, écrire.
t DACTYLOGRAPHIE (da-kti-lo-gra-fie) , s. /'.Art
de converser au moyen de signes faitsavecles doigts.
— ÉTYM. Voy. DACTYLOGRAPHE.
t DACTYLOGRAPHIQUE (da-kti-lo-gra-fi-k') ,adj.
Qui a rapport à la dactylographie.
f DACTYLOÏDE (da-kti-lo-i-d") , adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui a l'apparence d'un doigt.
— ÉTYM. AixTuXo;, doigt, et eî5o;, forme.
t DACTY'LOLALIE (da-kti-lo-la-lie), s. f. Art de
parler avec les doigts, à l'aide de signes déterminés,
comme font les sourds- muets.
— ÉTYM. AixTuioç, doigt, et),o>eîv, parler.
t DACTYLOXOMIE (da-kti-lo-iio-mie), s. f. Art
de compter par les doigts, de figurer les nombres
par les doigts.
— ÉTYM. AôxTuîo?, doigt, et v6|jio;, règle.
IDACTYLOPERE fda-kti-lo-pê-r'), «. m. Terme
de zoologie. Sous-genre de reptiles.
— ÉTYM. AixTy)o;, doigt, et 7iï)p6ç, mutilé.
t DACTYLOPTËKE (da-kti-lo-ptô-r'). H 1" Adf.
Terme de zoologie. Qui a les ailes ou les nageoires
munies de rayons libres que l'on compare à des
doigts. Ii 2'' S. m. Nom de genre des poissons acan-
thoptérygiens, voisins des rougets, et appelés pois-
sons volants.
— ÉTYM. AixTu).o;, doigt, et TtxEpov, aile.
t DACTYLOTHliQL'E (da-kti-lo-tè-k') , s. f. Terme
de zoologie. Portion de peau enfermant chaque
doigt chez les mammifères.
— ÉTYM. AixTuXoç, doigt, etÔTiXii, loge.
DADA (da-da), s. m. || 1° Cheval, dans le langage
I. — 119
O'iO
DAG
dej enfinU. Aller à dada. L« délivreur d'Andromeda
MonlA «ur un ailé dada, vorruBi, dans biciielet.
Ohl ai voin faites la rêlive, Je tous niela à d»da,
TOUS, maman Valoiitin, oancourt, U Curieux, Î2.
Il Son d.ida demeura court à l.éiitla, fragment d'une
chanson satirique, faite contre le prince de Condé
qui avait échoué au siège de Urida; on l'employa
au xvii* sitcle pour signifier.d'une façon voilée mais
lihre.une déconvenue dans le comtiat amoureui.des
aiguillettes nouées. J'admire dedans votre lettre Ce-
lui qui dit que son dn'la Demeura court il Lérida,
TOIT. Riponxe pour Urne d' Unnlauiicr. Il avait
trouvi* ui.o occasion favonililo |auiu'6s de la Champ-
meslé], et cependant oserais-jc le dire T Son dada
demeura court k lérida, sf.v. Lett. 8 avril 1671 , éd.
«aoi, l. 11, p. 140. Il 2' li.llon sur lequel un enfant
se met à cheval. || 8' Kig. ot familiôrement. C'est
«on dada, c'est son idée favorite, le désir auquel il
revient sans cesse. Le voilà qui enfourche son
dada.
— f.TVM. Mot enfantin.
DADAIS (da-dê; l'isclle: un da-di-z ennuyeux),
I. m. Jeune garçon, homme qui est à la fois niais
d'esprit et gauche de maintien. Un grand dailais.
Nous avons le fils du gentilhomme de notre village
qui est le plus grand malilorne et le plus sot dadais
que j'aie j^imais vu, mol. Itourg. gent. m, i2. Si
Marcel rencontrait un homme placé comme l'Anti-
nous, lui portant une main sous le menton et l'au-
tre sur les épaules: Allons dune, grand dadais, lui
dirait-il, est-ce qu'on .se tient comme cela? dider.
Essai sur la peint, ch. ♦.
— HIST. xvi' s. Dadais, oddw.
— r.rVM. Génev. dddou; Uerry, jageais. Ce pa-
rait être une exiiression suggérée par l'objet même
et faite sur le modèle de riaila.
t DAOYI.E(da-di-r),s. f. Terme do chimie. L'une
des deux huiles qui constituent l'huile de térében-
thine.
— ÊTYM. Aâ:, Îqiî4{, branche do pin.
] DAGAIID iila-gar) , j. m. Terme de vénerie. Voy.
BAOUKT.
t DAGON (da-gon),i. m. Nom de l'idole des Phi-
listins, qui avait en haut une forme humaine et en
bas une forme de [>oisson.
t DAGOIINK (da-gor-n"), s. f. Vache à qui il ne
resie qu'une corne. || Fig. Une vieille femme laide
et chagrine. || Mot vieilli.
— ETVM. Dague et corne: la corne unique étant
compart'e à une dague.
DAGl'E (da-gh'),j.^. || l'Espèce de poignard, qui
se porte dans plusieurs pays, pendu à la ceinture du
cflté droit. Aod se fit faire une dague à deux tran-
chants,quiavaitune garde delà longueurde la paume
de la main, SACT,Bib/«,J»ses, 111,18. Je la vis (Cléo-
patre] l'autre jour aiguiser une dague, la font. Ita-
gntin, iv, D. Cambyse tiresadague, dont lui voulant
donner dans le ventre [au bœuf Apis], il l'atteint à
la cuisse, p. L. cour, ii, H2. || Fig. U est fin comme
une dague de plomli,sedil d'un homme qui, ayant
l'espn: groisier, veut faire le fin. 1| i* Terme de
vénerie. Les dagues du cerf sont la prcmitre tête
qu'il porte à sa seconde année, où, élant encore
■ans andouillers et sans chcvillures, il n'a que
deux petites cornes pointues. || S. f. pi. Se dit quel-
quefois des défenses du sanglier. || 8* Lame de fer
garnied'un manche qui sert, dansia reliure, àralisser
les peaux de veau. || 4° Ancien terme de marine. Bout
de cordage avec lequel on frappait les matelots con-
damnéi au fouet.
— IIIST. xiii* s. Un de nos gendarmes gecta sa
dague à un de ces Turcs, joiNV. dans laclbne.
Il xiv* s. Les coustgaulx que on porte maintenant,
que on nomme dagues, Modus, ^ LXiv, tervo. Et
pour ce qu'il sembla au dit Touse qu'il deist ce
par manière de raiïarde ou moquerie, lui dist : Je te
prie, ne me baille point de dague [raillerie], j'en ai
a.ssez d'une [poignard à mon côté], ducange, dag-
ger. Se icello dague n'eust encontre une armiole
pleine de vin, ID. armitium. || xv« s. Kn ce temps
U roi fit casser etabalre tous les francs archiersdu
roytulme de France, et en leur place y vouli estre
•l demuurer, pour servir en ses guerres, les Souis-
Hs et picquiers, et fit faire par tous cousteliers grani
quantité de picques, hallebardes et grans dagues à
larges rouelles, C/iron. scandai, de Louis II, an
1480, p. 31», dans LACURNE. Il ivi- s. Avec leurs
belles halebardcs à longues dagues et de nouvelle
façon, CARL. VI, î. X leur coslé l'espée longue et
large, La courte dague pour son homme aborder
OCTAVIEN DR gT-OELAis, dans DU CANOR, dojjcr. Il
i'esl trouvé qu'à la descente du sel, qui se faisoil en
no» greniers, les mesureurs ont fait.... les mesures
DM
plus grandes qu'à la Tente..., tant au moyen de da-
gues et basions qu'ils mestoient sur le minol à la
descente, et rasoyenl S'.ir iceluy, en façon qu'il y
avoit grande et excessive quantité de sel plus receii
que vendu; car à la vente estoit délivré au peuple
le grain sur le bord sans dague ne basion.... Or-
donn. H nov. 4 608. Panurge.... fin à dorer comme
une dague de plomb, bien galant homme de sa per-
sonne, RAS. Pant. II, («.
— ÊTYM. F.spagn.daj/o; porfug. daja et adaffo ;
ital. daga; angl. dagger ; bas-bret. dag, dager; bas-
lat. daca dans la ritilippide de Guillaume Breton
(Xlll* siècle). D'après Diez, l'allemand Degen, épée,
est un mol introduit au xv siècle et formé de da-
gue, dont l'origine reste douteuse. Dans le celtique
vient-il du français; ou le mot français vient-il du
celtique? La forme portugaise a-daga pourrait indi-
quer une origine arabe.
DAGUE, ÉE(da-ghé, gbée) , part, passé. Percé
do coups de dague. || Terme de vénerie. Biche da-
guée, liicho saillie par le cerf.
DAGUEK (da-ghé), V. a. || 1* Frapper à coups de
dague. Gobrias aussitôt repart : Dague, dusses-tu
tueries deux [moi et Smerdis], p. L. cour, ii, 19I.
Il 2° Terme de vénerie. S'accoupler avec sa femelle,
en parlant du cerf. H 3° Terme de fauconnerie. Voler
à lire-d'ailes et de toute sa force, en parlant de l'oi-
seau de chasse. Il 4" Se dit des coups de lête que don-
nent les chèvres. Prends garde, ce biquet te daguera.
— HIST. XVI' s. Un honneste homme do ma co-
gnoissance, e-tant tombé en combattant en esiacade,
et se sentant daguer à terre par son ennemyde neuf
ou dix coups, MONT. III, 297.
— ÉTVM. Dague: génev. daguer, pester, enrager,
t DAGUEItREOTYPAGE (da-ghé-ré-0-li-pa-j'), s.
m. Action de daguerréolyper.
t DAGCERUÊOTVPE (ila-ghé-ré-o-ti-p'), s. m.
Aride fixer les images de la chambre obscure sur
une plaque de métal prép:irée.|l L'instrumenlemployé
pour ces sortes de reproductions.
— ETVM. Daguerre, nom do celui qui, avec
Nicéphore Niepro, fut l'inventeur do la daguer-
réolypie en I8:i9, et Iripe.
t DAGUERUÉOTYPÉ, ÉE (da-ghé-ré-0-ti-pé,
p6o), part, pa^si!. Reproduit par le daguerréotype.
t DAGUEUnf.OTYPER (da-ghé-ré-o-ti-pé) , v. a.
Reproduire une image au moyen du daguerréotype.
Il On dit aujourd'hui plutôt photographier.
— ETVM. Daguerréotype.
t DAGUERRÊOTVPIE (da-ghé-ré-oti-piel, ». f.
Art dedaguerréolyper. |{ Atelieroù l'on confectionne
des daguerréotypes. || On dit aujourd'hui plutôt
photographie.
tDAGUERRIEN, lENTTE (da-ghé-riin , ri5-n'),
adj. Oui est obtenu par le daguerréotype.
— ETYW. Daguerre (voy. dacuerrèottpe).
DAGUES, t. f. plur. Voy. dague.
DAGUET (da-ghè; le ( ne salie pas dans le parler
ordinaire; au pluriel, l'j se lie: les da-ghè-z agiles;
daguels rime avec traits, succès, paix, etc.) , s. m.
Terme de chasse. Nom du jeune cerf depuis un an
jusqu'à dix-huit mois.
— ÊTYM. Dague, à cause de la ressemblance du
premier bois avec une dague.
t DAGUETTE (da-ghè-f), s. f. Dague de la plus
petite dimension.
— ETYM. Diminutif de dague.
DAULIA (da-li-a),». m. Plante qui porte de très-
belles fieiirs, et qui est recherchée comme plante
d'ornement (dah(ia rariabilis, L.). Les plantes à
fleurs sont sans nombre [en Amérique]; l'achillée
rose , le dahlia , l'hellénie d'automne , etc. cbateaub.
Amer. 2«.
— ÊTYM. Dahl, botaniste suédois, qui l'apporta
du Mexique en Europe, en 178».
t DAIIMNE(da-li-n'), t. /'.Terme dechimie. Inu-
line extraite des tubercules du dahlia.
t DAl (de), t. m. Titre honorifique au Japon.
1 DAIGNCE (dé-Knée), s. f. Veine de charbon de
terre de quatie pieds d'épaisseur.
DAIGNER (dé-gné), v. n. Condescendre à, en re-
gardant la chose comme digne de soi ou comme
n'étant pas indigne. Roi, je ne puis; prince, je ne
daigne; Rohan suis. Devise des llohan. C'est beau-
coup qu'il sorte quelquefois de ses méditations et de
sa taciturnilé el que, même pour critiquer, il dai-
gne une fois le jour avoir de l'esprit, la brut. v.
Calliope jamais ne daigna leur parler, boil. Disc,
an roi. Daigne-t-elle sur nous au moins tourner les
yeux? Quel orgueill rac. Androm. m, s. Heureux
que sa bonté daign.1t tout oublier, lo. Brit. iv, 4.
Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle
Répandre cet esprit d'imprudence et d'erreur. Delà
DAI
ehute des roisfuneste avant-coureur, id. Alh<U.i,3.
Hélène fut la seule de son sexe, parmi tant d'en-
fants de Jupiter, dont ce dieu daigna se déclarer
le père, p. l. cour, i, 24. |lCe verbe est d'un fré-
quent usage à la fin des lettres, quand on écrit à
un supérieur, à une personne beaucoup plus élevée
en dignité. Daignez agréer mes respectueux hom-
mages. Daignez croire à ma sincère et cordiale afltc-
tion.
— HIST. X* S. Tuit oram [prions] que por nos
[elle] degnet preier, Eulalie. || xi' s. Vosire olifant
soner vous nedeignasles, Ch. de Roi. lxxxv.|| xii's.
Se [vous] ne la faites douloir. Tant que [elle] des-
gnastde moi avoir merci.... Couci,iv. Puisquemerci
ne m'i daigne valoir, [je] Ne sai où nul confort [je]
pregne, ib. ix. Aumosne aurez, se'l [si vous le] [mon
cœur]daigniez retenir, tb. Dame, comment qu'il m'en
preingne, |jej Mercie amour de cequ'elemedeingne
Tenir à sien.... tb. Se vous daigniez ma prière escou-
ler, ib. xiii. Je doi avoir granljoieen mon courage,
S'ele me doigne à son oes [service] retenir, ib. xix.
Certes, nenil; ne me vint en penser Ou'onque» nul
jour je TOUS deignasse aimer, quesnes. Romancero,
p. <08. Il XIII' s. Et Ii rois lui otrie. nel [ne le] dai-
gna refuser, Berle, xcvii. |1 xiv s. El afin que il fasse
les gens rire, il dit teles choses que un home gra-
cieux et vertueux ne daigneroit dire, oresme, Elh.
178. Quant le chevalier 01 [ ouit] Beriran qu'ainsi
parla. Il ne dist o ue non, ne parler ne daigna,
Ouescl. 4 782.
— ETVM. Bourguig. dotjnai; provenç. denhar,
deingnar, deinar; espagn. dignar ; ital. degnart;
du laiin dignari, de dignus, digne.
t DAIL (dall', U mouillées), s. m. || 1° Ancien nom
de la faux, encore usité dans certaines province».
Pierres à faucheur, pierres à affiler el pierres de
faux ou dail, Tarif, )8 sept. 1064. |1 4° Terme de
zoologie. Nom de la pholade, sorte de :oquillage.
— HIST. XV' s. Il venoit d'un sien pré avec un
dail à son col, du cange, dalha. Le su,ipliant d'une
faux ou daille frappa icellui Pierre erviron le ge-
noil, iD. t!>. Il XVI' s. La mort avec son dïiireust fau-
ché et cerclé de ce monde, Rabelais, iv, Afoureau
prol. Les huîtres, les moucles, les dailles [phola-
des], PALissY, 118. Les daiUes sont longs comme
manche de couteaux, armez de deux coquilles, lo.
:C6.
— ÉTYM. Génev. dnille, faux; provenç. dalh,
dayll; caial. daila; espagn. da//e; du germanique:
island. dcila; danois, deele; allem. iheilen, parta-
ger, séparer.
D'AILLEURS (da-lleur, U mouillées), loc. adt.
Voy. AILLKURS.
t DAILLOT (da-Uo, U mouillées), *. m. Terme
de marine. Anneau pour enverguer des voiles. On
dit aussi andaillot.
DAIM (din), s. m. Bête fauve plus petite que le
cerf. Il La peau du daim. Des gants de daim.
— HIST. XV' s. Ecervelez comme beaulx dains,
coQuiLLART, dans LACURNE. |1 XVI' S. Par leur agililÂ
■sembloienl un beau troupeau de dames, l'cregrxMr
(l'on d'amour, f" 35, dans lacurne.
— ETVM. Provenç. dam; espagn. dama; ital.
damma ; du latin dama.
DAINE (dè-n'), s. f. La femelle d'un daim. 1| Le»
chasseurs disent dine.
— ETYM. Daim.
t DAINFIERS (din-tié), t.m.plur. Terme de
vénerie. Les testicules du cerf.
— HIST. xiu' s. Lors Ii a el giron boutée : Tenei,
fet-il, el si mengiez; Char de vilain si est dainliez;
Ele vaut plus que je n'apel, Ben. 4684. Il fait si bien
que c'est dainliez; Mais Partenopex le tait miell,
Parlonopex, dans lacurne. Il fut norriz en Lombar-
dio. Où l'an en fait dainliez et seignorie. Roman
d'Audigier, dans lacurne. Poons pevrôs et capons
et daintiés, aubri, dans le Closs. français de du
cange. X tant vindrenl riche deinliez; Lardez de
cerf et de sangler Ot U chevaliers au soper, Renart,
t. m, p. 87, V. 22138. Ijxivs. La nuit [il] les au-
bergea, et leur donna pain d'orge; N'urenl autres
dûincies [friandises], burent de l'aiguë froide, Ci-
rori de Ilots, y. 2283. C'estoient leur doincie». c'es-
toient leur espices, ib. v. 2328. Les deytiés ce sont
les couillons, Uénagier, ii, 6.
— ETVM. Angl. dainty; du celtique : pays de Galles,
dantaeth, morceau de choix : morceau de choix,
chose délicate à manger, est en effet le principal sens
de ce mot dans nos textes français.
t DAÏRI (da-i-ri) ou DAÏRo'(da-i-ro), x. m. Titre
du souverain spiriluel au Japon. Les daïris étaient
des personne» sacrées, les descendants, les repré-
sentant» de» dieu.'ï, ratnal, llisl. phil. i, ïï. Ce»
DAL
souverains, nommé» daîris, itaieat à la fois les rois, |
I0.5 pontifes da la nation, lo. ib. .
DAIS (de; l'j se lie : undé-i élégant) , t. m.\\ 1° Ou-
»rage dans la forme des anciens ciels de ht et qui
sert de couronnement à un autel, à un trône, etc.
Près de lui [le légat] , pour Mayenne un dais est
préparé, volt. Ilenr. via. || Poétiquement sous e
dais, sur le trône, au sein des grandeurs. Elle seule
fia satire] , bravant lorgueil et l'injustice. Va jusque
sous le dais faire pâlir le vice, boil. Sat. ii. De
l'homme Inculte il adoucit la vie, Et sous le dais
montre au doigt les tyrans, bérang. Ange exilé.
Il Pig Les llammes du bûcher se divisent et forment
un dais sur sa tête sans le toucher, volt. Mœurs,
t Le ciel était sur sa tète [de René] comme le dais
de sa couche, chateaub. Nalch. u, (05. La Heur
dort sur sa tige, et la nature même Sous le dais de
la nuit se recueille et s'endort, lamaht. Méd. 11, 2.
Il 2* Toute espèce de voûte da verdure. Un dais de
feuillage. Amis reposons-nous sur ce siège sauvage,
!<ous ce dais qu'ont formé la mousse et le feuillage,
VOLT. Scyihes, i, 3. || 3° Poule soutenu de deux ou
quatre petites colonnes, sous lequel on porte le saint
sacrement, surtout dans les processions, et sous le-
quel on reçoit les rois, les princes, lorsqu'ils font
une entrée 'solennelle. || 4- Estrade, lieu élevé. || Haut
dais, estradeoù le roi et la reine étaient assis dans les
assemblées publiques, soit qu'il y eût un dais, soit
qu'il n'y en eût pas. (Dans la description de la salle
des machines du château des Tuileries, après le
parterre) On monte ensuite sur un haut dais con-
servé pour les places des personnes royales et de ce
qu'il y a de plus considérable à la cour, Hùl. du
thédlre fr. t. xi, p. as. || B° Arbrisseau du Cap.
Il Arbrisseau de l'Inde.
— HiST. xii' s. Dune fu apresté lur mangiers,
Si s'i asistrent volentiers; N'i orent tables n'autres
eis Fors la vert herbe e le junc freis, henoît, ii,
8557. Quant fu la cort des chevaliers de pris, U
mangiers -fu aprestez et garnis; L'eve demandent,
au mangier sont assis; Au plus haut dois sist li rois
Anseïs, Garin le Loheraiu, dans du cange, dagus.
El à curt esteras, et à mun deis tuz juis mange-
ras. Rois. 1E.0. Par l'uis qu'il ont trové overt, En-
trent enz et voient covert Un dois [table] d'un tablier
grant et lé, la Charnue, 083. || xill' s. El plus
haut liu del dois [il] s'asiet, Partonop. v. 887. De
princes est nés et de rois. Bien doit aseïr à haut
dois, tb. V. »oi. Al maistre dois li esoançon Ne mis-
rent'boivre s'en or non, ib. v. loiô. Puis est ens el
palais entrés, U li disners est apresiés. Et beaus
et rices et cortois. Et il se vait seïr al dois [table] ,
tb. T. «599. U rois a son leu [son loup] regardé,
Josie le dois l'a apelé. Lai de Uelion. Anus s'en est
del dois tornés. De ci al leu [loup] en est aies, ib.
Si cum manger deveit li reis, Jà ert asis sur le haut
deis, Lai dd désiré. || xvi* s. Contre la cheminée de
la dite chambre, y avoit un riche ders, tout cou-
vert, pentes, fonds et dossier, de broderies à per-
sonnages, l'Ordre du roi Henri U, p. 321, dans
DU CANGE, dagus.
— ETYM. Provenç. deis. Le sens primitif est table
à manger, comme le prouvent les anciens exem-
ples et cette phrase de Mathieu Paris: Priore pran-
dente ad magnam mensam quam dais vocamus. 11
vient donc de discus (voy. disque), table à manger.
Comme la place où l'on posait le dais était élevée
quand il .s'agissait de grands personnages, dais a
pris le sens d'estrade; enfin, l'estrade étant gar-
nie de tentures, on en est venu au sens d'aujourd'hui.
■j- DALAl-LAMA (da-lé-la-ma) ou DALAÏ-LAMA
(da-la-i-la-ma) , s. m. Un des deux chefs suprêmes de
l'église bouddhiste du Tibet, lequel réside àLhassa.
— ÊTVM. Terme com posé d'un mot mongol, dala'i ou
talé, mer, océan, et d'un mot tibétain, iamo, prêtre,
religieux : mot à mot, religieux grand comme la mer.
f DALBERGIE (dal-b&r-jie), s. f. Terme de bota-
nique. Genre de la famille des papilionacées, arbres
ou arbrisseaux souvent grimpants , indigènes de l'A-
sie tropicale.
— ÉTYM. Dalberg, botaniste suédois.
t DALEAU (da-lô), s. m. Ouverture faite aune
cuve d'indigo pour l'écoulement de l'eau.
— ÊTYM. Le même que dalot.
IDALÈME (da-lê-m'), s. f. Appareil destiné à
empêcher la fumée de se répandre dans les appar-
tements.
DALER (da-lèr) , s. m. Voy. thaler.
t DALLAOE (da-la-j'), s. m. Pavé en dalles. Il
faut qu'un vieux dallage ondule sous les portes. Que
le lierre vivant grimpe aux acanthes mortes, v. HUGO,
Voix, 4. Il Action de paver avec des dalles.
— ÉTYM. Daller.
DAIil
t. I)ALL£ (da-l'), s. f. Tablette de pierre, de peu
d'épaisseur, qui sert il paver les salles à manger, les
églises, les vestibules, les paliers, et les voies ré-
servées aux piétons. || Par extension. Chacun des
plus grands monts à ses flancs de granit [de liabel]
N'avait pu fournir qu'une dalle, v. hugo, OrieiU.
I. Oh I lorsqu'un lourd soleil chauiïait les grandes
dalles Dos i>ont3 et de nos quais déserts, Que les
cloches hurlaient, que la grêle des balles Sifllait
et pleuvait par les airs, barbier, ïambes. Curée.
Il Dans les constructions, toute substance employée
en grandes lames peu épaisses.
— ÉTYM. Bas-breton, dar, dalle et évier.
U. DALLE (da-l'), s. f. Tranche de gros poisson.
Il En ce sens, darne est plus usité.
— HIST. XIV* s. Despeoiez saumon frais par dales
cuites en eaue, ilénagier, u, B.
— ÉTYM. Origine inconnue, à moins qu'on n'y
voie une altération de darne,
f 8. DALLE (da-l'), s. f. Pierre dure qui sert à
aiguiser les faux. On dit aussi dail ou daille.
— ÉTYM. Peut-être dail, faux (voy. dail).
i 4. DALLE (da-l'), s. f. \\ i' Terme de marine.
Pièce de bois creusée pour servir de conduite ou
pour couvrir des tuyaux. || Petit auget qui porte la
poudre, à bord d'un brûlot. || 2° Terme de métiers.
Tuyau de cuivre conduisant le sucre de la chau-
dière à clarifier dans la chaudière à cuire. || Gout-
tière de fer où les barres se rendent, dans une tré-
filerie, à mesure que l'ouvrier les a travaillées sous
le martinet. || 3' Petite auge de métal qui, bordant
la toiture des édifices et recevant les eaux pluviales,
les conduit par des tuyaux jusqu'à terre. On dit aussi
dallot.
— ÉTYM. Picard, doîe, évier; espagn. dala et
adala; portug. et ital. dala, gouttière. Origine in-
certaine. Frisch le tire de l'ancien haut-allemand
dola, tuyau, gouttière; mais Diez objecte le chan-
gement d'o en a, qu'il faudrait admettre. Hemarquant
qu'une forme espagnole a-dala oiïre une trace de
dérivation arabe, il signale, dans l'arabe, dalla,
conduire, et daldlah, conduite; mots qui ont pu
prendre le sens de conduite d'eau.
DALLÉ, ÉE (da-lé, lée), part, passé. Corridor
dallé.
DALLER (da-lé), V. o. Paver avec des dalles;
couvrir de dalles.
— ÉTYM. Dalle t.
DALMATIQUE (dal-ma-ti-k' ) , «. f. || 1° Terme
d'antiquité. Tunique biatiche et bordée de pourpre
que l'on fabriquait en Dalmatie. || 2° Vêtement que
les diacres et les sous-diucres portent par-dessus
l'aube, dans les fonctions de leur ministère.
— HlST. XIII' s. Et puis après la daumike, en
quoi on list l'évangile, qui doit iestre blanche, et
senefie droiture, Clir. de llains, p. 104. || xv s. En
lieu de miire, il portoit un bassinet en sa teste,
pour dalmatique portoit un haubergeon, monstrel.
I, ch. 85. Il xvi" s. Ainsi ils [les diacres] n'avoient
que faire de tuniques, ni dalmatiques, ni autres
habits de fols pour se déguiser, calv. Instit. (73.
— ÉTYM. Provenç. espagn. et ilal. dalmalica; du
latin dalmatica, sorte de vêtement en usage chez
les Romains du temps de l'empire, et qui a passé
dans le costume ecclésiastique. U leur venait de la
Dalmatie.
t DALOÏDE (da-lo-i-d'), adj. Terme de minéra-
logie. Houille daloïde, bouille ressemblant à un ti-
son éteint.
— ÉTYM. AaXà;, tison, et e'iôo;, forme.
DALOT (da-lo), s. m. Terme de marine. Ouver-
ture pratiquée dans la muraille d'un navire et ser-
vant L l'écoulement des eaux d'un navire. || Conduite
à feu sur un brûlot.
— ÉTYM. Dale 4; picard, dalot, ruisseau, égout.
t DALTONISME (dal-to-ni-sm'), s. m. Terme de
médecine. Vice de la vue qui empêche de distinguer
les couleurs.
— ÉTYM. Dalton, célèbre physicien anglais de la
fin du xvm" siècle et du commencement du xix",
qui était affecté de ce vice de la vue.
DAM (dan), j. m. || 1" Dommage, préjudice. Il
n'est guère usité que dans celte locution : à son dam,
à votre dam, i. mon dam. Serait-il bien possible?
— X mon dam tu le vois, riîgnif.r, Dial. Ha ! pour-
quoi m'êtes-vous, à mon dam, si fidèles? id. Elég. 2.
Toujours à nouveaux maux naissent nouvelles pei-
nes. Et ne m'ont les destins, à mon dam trop con-
stants, Jamais après la pluie envoyé le beau temps,
ID. Sat. XI. Aimant mieux étouffer leurs méconten-
lements Que d'en fai re à son dam des éclai rcissements,
Tristan, Panthée, ni, l. De l'argent dites-vous?
ah! voilà l'enclouurel C'est là le noeud secret de toute
DAM
9 '.7
l'aventure; Â votre dam..., mol. l'Ét. 11, 6. U y [au
patibulaire] viendra le drôle I il y vint à son d.im,
LA font. Fab. xii, 23. C'est marché fait; il est fol i
son dam, ID. l/as»!/. Tu as perdu Cyrus qui te crut
alors, mais à ton dam, p. L. cour, n, lis. || 2* Terme
de théologie. Peine des damnés, privation de la vus
de Dieu. La peine du dam. Co délaissement et cet
abandon de Dieu est en quelque sorte la peine du
dam, qu'il fallait que Jésus-Christ éprouvât pour
nous tous, BOURD. ilyst. Pass. de J. C. p. (66.
— HIST. IX* s. Nul plaid qui cist meon fradro
Karle in damno sit. Serment. || ivi* s. Ne celui don
n'est don d'aucune chose. Mais plustost dam [tour-
ment], si ce motdire j'ose, mabot, ui, 3)6. Ce seta
l'homme bien tenant, Fust à son dam, la foy promise,
iD. IV, 252. Le bien des bons, le dam des inhumains,
FOURQUÉ, Vie de J. C. t° li7, dans baynouard. Qui
vont au dam d'autrui conquérir des lauriers, DE
LANDUN, la Franciade, p. 27u, dans raynouard.
Faisons nous sages à leur dam, mais regrettons leur
naufrage, CAMUS DE BELLEY, Diversités, t. i,f°430,
dans RAYNOUARD. S'il [mon héritier] n'a assez de
ce de quoy j'ay eu si plantureusement assez, à son
dam, MONT. IV, 70.
— ÉTYM. Provenç. dam; espagn. dam; portug.
damno, dano; ital. danno; du latin damnum, dom-
mage.
f DAMAGE (da-ma-j') , s. m. Action de damer les
terres avec le bloc de bois appelé dame.
— ÉTYM. Damer.
t DAMAN (da-man), s. m. Terme de zoologie.
Nom de genre de pachydermes, dont une espèce
{hyrax capensis) est appelée aussi blaireau des ro-
chers et marmotte du Cap.
f DAMARAS (da-ma-rS) , ». m. Sorte de taffetas
des Indes.
DAMAS (da-mâ; Ys se lie : un da-mâ-z affilé), s.
m. Il 1° Étoffe de soie à (leurs ou à dessins en relief
où le satin et le taffetas sont mêlés ensemble et qui
se fabriquait originairement à Damas, en Syrie; les
fleurs sont en salin à l'endroit et forment le taffetas
et le fond de l'envers, elle taffetas qui faille fond
à l'endroit est le satin de l'envers. Des damas d'un
blanc satiné, d'autres d'un vert de prairie, d'autres
d'un rouge à éblouir, bern. de s. -p. Paul et Virg.
p. 102, dans pouGENS. Souventsurle velours et le da-
mas soyeux On voit les plushâtifsdes convives joyeux
S'asseoir au banquet avant l'iieure, v. hugo. Odes,
V, 20. Qu'à son gré l'opulence, injuste et vile
amante. Berce sur le damas ce parvenu grossier.
Et laisse le poète à l'ombre d'un laurier Charmer
par ses concerts le sort qui le tourmente, Gilbert,
le Poite malheureux. \\ 2° Damas de table, linge ou-
vré pour service de table. || 3* Par extension, étoffe
de laine, de coton ou de fil de lin damassée qui se
fabrique surtout en Basse Normandie. Serviettes pe-
tit damas ou petit Caen, Tableau annexé aux iett.
pat. 10 fév. 4781 , Caen. || 4° Sabre fabriqué à Da-
mas et qui est une lame de fer recouverte, sur tout
le fil, d'un tranchant d'acier. Le vois-tu bien [le
bonheur] là-bas, là-bas. Là-bas, là-bas, c'est en
Asie? Roi, pour sceptre il porte un damas Dont il
use à sa fantaisie, dérano. Bonh. Le vieux Onier....
Pour elle [Lazzara] eût tout donné. .. Et ses sonori;s
espingoles. Et son courbe damas, v. hugo. Orient.
21. Il B° Acier damassé. || 6° Nom d'une prune
d'assez bonne espèce. Mangez ce damas. || Rai-
sin de Damas, ou , simplement, damas, sorte de
raisin. || Du temps de Ménage on prononçait sou-
vent damarre, prononciation qu'il condamne.
— HIST. XIV* s. Couverture de drap de damas ynde
à queue. Inventaire des licres de Charles V, dans
lacurne. Il XV* s. Les chevaliers estoient veslus de
drap de damas, les escuyers de satin, les varlets de
drap de laine, math, de coucy, Hist. de Ch. Vil,
p. 667, dans LACURNE. Il XVI* s. Ils auront la semeur
de certains damas, violettes, marjolaines, basilics,
et autres telles espèces d'herbes, qui seront sur lo
dit accotouer,PALissY, 75. Le rozier de damas blanc,
0. DE SERRES, 562. Le roy lequel vous trouvastes ré-
veillé se promenant dans un jardin, et venant de
hocher un prunier de damas blanc qui portoit les
plus belles et meilleures prunes, sullï, Hém.l. u,
p. 136, dans lacurne, au mot hocher.
— ÉTYM. Damas, ville de Syrie.
t DAMASQUETTE (da-ma-skè-f), s. f. Étoffe fa-
briquée à Venise, qui se débite dans l'Orient.
—ÉTYM. Damas.
■f DAMASQUINAGE (da-ma-ski-na-j') , s. m. Action
de damasquiner.
— ÉTYM. Damasquiner.
DAMASQUINÉ , ÉE (da-ma-ski-né, née) , part,
passé. Pistolets damasquinés. Amazan s'arme d'uiiB
■
9/. 8
DAiM
DAM
DA.M
cuirasse d'acier damasquiné d'or, volt. Babyl. U.
Son coutelas damasquiné, D'une peau d'anguille cn-
gaîné, Avait de jaspe la poignée , scarron, Virg.
trav. IV.
DA.MASQCINER (da-ma-ski-né), t). o. Incruster
de l'or ou de l'argent dans de l'acier. Damasquiner
une épée. On damasquinait [sous Cliarlemagne] le
fer, on fahriquail le verre, volt. Uœurs, <9. [Le
vieux Orner eût donné] Tout, jusqu'au cheval blanc
qu'il élève au sérail. Jusqu'au (rein que l'or damas-
quine, V. HUGO, Orient. 21.
— Hisr. xvi" s. Une robbe à la mode de Perse,
longue, damasquinée et parfumée, mont, ii, 34«.
Le bois d'eialile est plus madré, figuré et damas-
quiné que nul autre bois, palissy, 28. Couvrez la
tendre chair de vos grèves divines Du cuir damas-
quiné de vos courtes bottines, bons. 937. Les Turcs
aymenl à avoir leurs espées qu'ils nomment cime-
terres, non pas aussi luisantes comme les nôtres,
mais damasquinées, c'est à dire ternies de cosié et
d'autre : par quoy les armuriers si;avent détremper
du sel armonniac et verd avec du vinaigre dedens
quelque escuelle, oil ils mettent la poinie du cime-
terre : lequel estant tenu debout, laissent couler de
la'licle mixture tout le long du jour par dessus; car
cela mange un pou le fer ou acier, suivant la veine
qu'il trouve en loiigiieur.qui luy donne bonne grâce,
d'autant qu'on le brunist par après pour estre plus
plaisant à la vue, de laborue, Émaux, p. 344.
— ÊTYM. Damasquin, adjectif formé de Damas,
et damasquine , s. f. formé de damasquin et usité
dans le xvi' siècle ". Incrustations industrieusement
entaillées et enrichies d'une singuliers peinture et
enluminure, dont le vernis à la damasquine faisoit
sembler les parois estre de verre, yver, p. 522. Ils
chercheront le raccord de la damasquine [du moiré
du placage] tellement qu'il semblera que toutes ies-
dites tables jointes ensemble, ne sont qu'une mesme
pièce, PAMssY, 28. L'eau teinte tombant sur la blan-
che, a l'ait plusieurs figures, idées, ou damasqui-
nées en ladite pierre de jaspe, ID. 61.
DAMASQUINEUIE (da-ma-ski-ne-rie) , s. f. L'art
de damasquiner.
— ÉTYM. Damasquiner.
UAMASOUIXKIIR (da-ma-ski-neur), s. m. Ou-
vrier qui dama.si|uine.
— Ktym. Damasquiner.
DAMASyuiNlIHI'; (dama-ski-nu-r'), s. f. Travail
dama.sqiiiiié. Une belle damasquinure.
— KTVU. Dntttasquitier,
tDAMASSADE {da-mâ-sa-d') , j. f. Éiofl'e damas-
sée, soie et m.
— lîTY.M. Damasser.
DAMASSÉ, EE (da-mâ-sé, sée) , part, passé.
Il 1" Se dit d'une sorte de linge de table fabriqué en
façon de damas. Un service dama.s.sé. Linge damassé.
Nappedamassée. ]| S. m. Lingedamassé.Unseivicede
damassé. || Kig. et familièrement. C'estun limier boi-
teux de gales damassé, Régnier, Sat. x. || 2" Acier
damassé, acier d'ailiago employé en Orient et sur-
tout à Damas, pour la fabrication des armes blan-
ches; dit aussi acier wootz ou indien ; il a pour ca-
racière principal de présenter un beau moiré
métallique, lors(|U'on en décape la surface avec de
l'eau acidulée, les métaux alliés devenant visibles
et formant, par la diiïéience de leur éclat et de leur
couleur, des dessins variés.
DAMASSER (da-mâ-sé), t>. a. || 1° Fabriquer une
étoffe de linge ouvréàlaf.içon de Damas. 1| Terme de
vannerie. Faire des ornements figurés semblables à
ceux qu'on volt sur le linge damassé. || 2° Préparer
de l'acier à la façon de Damas.
— ÊTYM. Damas.
t RAMASSERIE (da-mà-se-rie) , s. f. Fabrique
de linge damassé.
— ETYM. Damasser.
t DAMASSEDR (da-m4-seur) , s. m. Ouvrier qui
fabrique du linge damassé.
— ÉTYM. Damasser.
t UAMASSIN (damâ-sin), s. m. Étoffe moins
forte que le damas ordinaire.
— ÊTYM. Pâmas.
DAMASSUUK (da-mS-su-r"), ». f. \\ 1° Travail qu'a
subi la toile damassée dans le tissage. |{ 2' Dessin
sur toile damassée.
— ETYM. Damasser.
*. DAME (da-m'), s. f. || f Titre qu'on donnait à
la femme d'un seigneur, d'un châtelain, d'un che-
valier,d'un gentilhomme, par opposition aux femmes
mariées de la bourgeoisie qui ont porté pendant
longtemps le nomdedemoùselles. || Fig. Le hiliou fut
trop heureux do se cacher dans son trou et d'épou-
ser la chouette qui fut une digue dame du lieu,KÊN.
t. XIX, p. 45. Il litre qu'on donnait à lafemme qui pos-
sédait une seigneurie. Il Celle qui a la seigneurie,
l'autorité. Surtout soyez de vous la maltres.se et la
dame, RÉGNIER, Sat. xiii. || brevet de dame, brevet
par lequel le roi conférait à une fille de qualité, non
mariée, le titre de dame. || Notre-Dame, nom donné
par les chrétiens à la sainte Vierge. || 2* La femme
noble à laquelle un chevalier consacrait ses soins,
(combattre, mourir pour sa dame. La daine de ses
pensées. C«s hommes qui prêtaient foi et hommage
à leur Dieu, leur dame et leur roi, chateal'B. Génie,
1, II, 2. Ah! si ma dame me voyait, disait Fleu-
ranges en montant le premier à l'a.ssaul, saint-foix,
Ess. Paris, Œuvres, t. jv, p. ("3, dans pougens.
Il I..a feiume à qui l'on rend d'assidus hommages.
Être dévoué, fidèle à sa dame. Quand on aime une
dame sans égalité de condition.... pasc. Amour.
Il 3° Aujourd'hui, titre donné à toute femme mariée
qui n'ast pas de la dernière classe. C'est une dame
fort estimable. || Devenir dame, se marier. || 4* Par
civilité et polite.sse, dame se dit de toutes les fem-
mes, qu'elles soient mariées ou non. Être poli avec les
dames. Dans ce bal, les toilettes des dames étaient
fort élégantes. Rien ne pèse tant qu'un secret; Le
porter loin est difficile aux dames; Et je sais même
sur ce fait Bon nombre d'hommes qui sont femmes,
la font. Fahl. vm, 6. || Grande dame, dame ap-
partenant à la haute société. C'est une grande dame.
Faire la grande dame, affecter un luxe et des airs
au-dessus de sa condition. || Dame galante, femme
d'une conduite légère. ]{ En courant la bague, en
jouant à la paume, on disait que la première course,
le premier coup étaient pour les dames, c'est-à-dire
pour faire honneur aux dames, sans que le coup
fût compté pour la course du prix ou pour le gain
de la partie. Cela s'appelait à la paume Les dames,
et à la dague La course pour les dames. ]| Ce mot
s'est employé souvent quand ou parle des femmes
de l'antiquité. Les dames carthaginoises coupèrent
leurs cheveux en une nécessité publique pour
faire des cordages aux navires. Répondez-moi ,
seigneur, comme dame romaine, corn. Sertar. il,
2 Qu'on l'honore ici, mais en dame romaine,
C'est-i-dire un peu plus qu'on n'honore la reine,
lu. Pomp. m, 4. Etant fille de Scipion l'Africain
et veuve de Tibérius Gracchus, qui avait été deux
fois consul et censeur, elle rejeta ses offres, et
crut qu'il était plus honorable pour elle d'être
une des premières dames de Rome, que d'être reine
de Libye avec Phycon, rollin, Hist. anc. Œuvres,
t. IX, p. 296, dans pougens. Son avidité, par des
lois inhumaines, Impose des tributs jusqu'aux dames
romaines, volt. Triumv. iv, 2. || 5° Titre d'honneur
ou d'office donné à certaines femmes. Les dames de
France, les filles du roi. || 6' Titre donné à certaines
religieuses et aux chanoinesses. Les dames du Sacré-
Cœur. Les dames de Longchamp. Les dames chanoi-
nesses de Remiremont. Les dames du chœur, les
mères qui siègent au chœur, par opposition aux
sœurs converses et aux novices. || Dames de charité,
dames qui, dans l'étendue d'une paroisse, d'un
quartier, forment une association chargée de recueil-
lir et de distribuer les aumônes. Nos compliments
à vos dames de la charité ; elles m'ont bien remercié
dece que vous avez fait pour elles, maintenon, Lett.
d'Aubigné, < 6 oct. 1 682.|| Dame du lit, dame du palais,
dame d'honneur, damed'atour, dame de compagnie,
femmes de qualité qui remplissent diverses fonctions
auprès des reines et des princesses. || Fig. Plus l'ob-
stacle est puissant, plus on reçoit de gloire. Et les
difficultés dont on est combattu , Sont les dames d'a-
toiir qui parent la vertu, mol. l'Étour. v,(l. || Dame
de compagnie, se dit aussi d'une dame qui demeure
dans une maison pour y tenir compagnie à une au-
tre dame ou pour faire les honneurs de la maison
d'un homme âgé, et qui, bien que payée pour cela,
est dans une sorte d'tgalité avec les maîtres de la
maison. || 7° On se servait, et on se sert encore, mais
rarement, de ce mot par civilité en parlant aux fem-
mes du petit peuple, et en y ajoutant leur nom pro-
pre : Dame Barbe, faites-moi ce plaisir, je vous prie;
de là il est passé dans le langage familier et le style
badin. Car la dame Indignation Est une foi le passion,
BÊGNiEH, Ép.m. Du palais d'un jeune lapin Dame be-
lette, un beau matin, S'i'mpara : c'est une rusée, la
FONT. Fabl. vu, (6. Il Les dames de la halle, la cor-
poration des marchandes de fruits, de légumes ou
de poissons. || Terme de pratique. La dame une telle.
La susdite dame. 118° Dames blanches, êtres surna-
turels dans les anciennes croyances des Écossais et
des Allemands. || 9° Figure du jeu de cartes. La dame
de coeur. La dame de pique. Un brelan de dames.
il 10° Aux échecs, la pièce la pluscousidérable aprè.s
le roi, et qui réunit les deux marches du fou ut de
la tour, c'est-à-dire qu'elle peut parcourir tout l'é-
chiquier, soit carrément, soit en diagonale, à moins
qu'une autre pièce ne l'arrête. On dit igalement la
reine. Parbleu ! Dorval a perdu sa dame ; il joue son
roi, je prends sa dame, coldoni, Bourru bien-
fais, i, 7. Il Aller à dame, se dit, aux échecs, d'un
pion qui, poussé jusqu'au dernier rang des cases de
l'adversaire, devient dame et remplace la dame qui
avait été perdue auparavant dans le cours de U
partie. Chez les unes [nations], le roi [aux échecsj
peut faire deux pas, chez d'autres il n'en fait qu'un;
ici on va à dame, là on n'y va pas, volt. Sing. 3i.
Il 11* Jeu de dames, jeu qui se joue sur l'éclnquier
avec 24 petites rondelles toutes semblables, les unes
blanches, les autres noires. Chaque joueur en a
douze. Le jeu de dames à la polonaise, beaucoup
plus usité aujourd'hui, se joue sur un damier ou
échiquier de luu cases; il y a alors 40 rondelles, et
chaque joueur en a 20. Ces rondelles s'appellent eu
général des dames, mais plus exactement des pions.
La dame est le pion mené sur une des cases de la
rangée qui e.it du côté de l'adversaire; on le cou-
vre d'un autre pion d'entre ceux qui ont été déjà
pris, et alors il peut parcourir tout le damier en
diagonale comme la reine ou dame des échecs, au
lieu de faire un pas seulement comme les pions
oïdinaires. Cette circonstance, empruntée au jeu
des échecs, est probablement l'origine du nom
de jeu de dames, jeu que l'on prétend avoir été in-
venté à Paris, vers l'époque de la régence, par un
Polonais qui s'y trouvait alors. || Aller à dame,
mener un pion à dame, conduire un de ses pions
sur une des cases de la dernière rangée du côté de
l'adversaire; on dit alors que le pion devient dame
damée, ou, simplement, dame. Prendre une dame.
Battre une dame, la mettre en prise. || Aux échecs ot
aux dames, dame touchée, dame jouée, c'est-à-dire
que, dés qu'on a touché une pièce, on est obligé de
la jouer. || 12° Au jeu de trictrac, nom des rondelles
avec lesquelles on joue. Dame découverte, dame
placée seule sur une llèche. Dame surnuméraire,
la 3° dame placée sur une case dcjà faite. Dame
passée, celle qui ne peut plus servir à faire le plein.
Il Dames rabattues, sorte de jeu différent du tric-
trac, mais qui se joue avec les mêmes pièces.
Il 13° Nom vulgaire de différents oiseaux : le grèbe
huppé, l'effraye, la hulotte, la mésange. || Belle -dame
ou bonne-dame, nom d'un papillon. || 14° Terme de
botanique. Dame d'onze heures, plante liliacée à
fleurs blanches qui ont l'extérieur des pétales vert.
Il Belle-dame ou bonne-dame, l'arroche des jardins.
Il 15° Masse dont se servent les paveurs et autres
ouvriers pour battre et enfoncer. Ou dit plutôt de-
moiselle; le nom propre est hie. Il Pièce de fonte qui
ferme la porte du creuset dans les grosses forges.
Il 16°Terme de marine. Nom de deux chevilles de
fer plantées sur l'arrière d'une embarcation di' chaque
côté d'un grelin pour le fixer. || Doubles toleis plats
servant à retenir les avirons qui n'ont pas d'estropes.
f|17°Terme d'astrologie judiciaire. On dit d'une pla-
nète qui domine dans un thème céleste, qu'elle est
dame de l'ascendant. || 18° En langage de matrones,
chargées jadis de faire des rapports, dame signifiait
la partie moyenne de la membrane hymen.
— HlST. XI* s. Pur sa bealté dames lui sont amies,
Ch. de Itol. Lxxv. || xii* s. Et tantes dames veuves
de lor maris, Itoiic. p. 72. Mais à dame de valor Doit
on penser nuit et jor, Couct, i. Et se je truis
[trouve] ma dame o ledouz nom Pleine d'orgueil et
dame sans guerdon, ib. ii. Bêle dame me prie de
chanter, ib. x. Aussi comme en la mer est puissanz
la baleine. Sur tous autres poissons est dame et
chaslelaine, Sax. xxx. Les geniix dame, chascune
ot son sautier, Et si faisoient le dame Dieu mestier
[le service du Seigneur Dieu], Haoul de Cambrai,
52. ||xiii's. Dame, ce dist Pépins, on ne doit pas
douter, Berle, iii. [La serve] En la chambre s'en
va [à] Berte sa dame dire, ib. iiv. De tel geu, com
l'on fait des mains, Estoit-ele dame et il mestre,
Lai de l'ombre. Et n'est de nulle riens certaine, Ains
mettes amans en grant paine. Et se fait d'aus [d'eux]
dame et mestresse. Mains en déçoit par sa promesse,
la Rose, 4083. Se Ii empereres de Homme, Sous qui
doivent estre tuit homme. Me daignoit voloir pren-
dre à famé, Et faire moi du mor.de dame.... ib.
8800. Se elle est dame, qu'ele y cnvoit chevalier,
et s'ele est demoiselle, que elle y eiivoit esciiier,
BEAUM. XXIX, I». Et lor disoit que les autres bones
viles s'estoient accordées privéement, qu'eles nevo-
loient plus estre en obéissance du seigneur, et seroit
cascune vile dame de soi, id. xxx, 63. i vous toz faiz-je
ma clamor D'ypocrisie, Cousine gernwine Hérésie,
DAM
Oui bien à la terre saisie; Tant est grant dame,
Oii'ele en enfer metra mainte ame, rtjteb. 203.
Wide chambre fait foie dame, leroiix dk lincy,
Prov. t. I, p. 213. On sert le chien por le seignor;
fit por l'amor le chevalier Baise la dame l'escuier,
IIEBBERS. Dolopalhns, dans leboux te lincy, t. ii,
p. 48». Il XV s. Kt [les Gantois à Dam] mirent fem-
mes et enfiints prisonniers dedans le moustier, et
proprement ils firent enirer les dames chevaleresses,
FBOlss. II, II. 232. Sa dame de mère lui acordoit
tout ce qu'il disoit.... ID. i, i, <"« Et obeirO)ent à
li comme àleurdame, et à son fils comme à leur sei
(,'neur, ID. 1, 1, 9. A ce propos raconte Valere de Sci-
pion que il fit Rome dame de Carthage et du pays d'A-
frique, Bnuciq. m, ch. <3. || xvi- s- Dame qui moult
sa mire peu file, ler. de lincy, Prov. 1. 1, p. 213.
— ËTYM. Bourgnig. daime; provenç. dama, et
plus habituellement dompna, dnmna, dona et par
abréviation na, etencore doHS; espagn. doi'iaeldue-
)'ia; ital donna; du latin domina. Le changement
del'o enon'estpas très-rare dans l'ancien français :
en pour on, dam pour dom, etc. On trouve quelque-
lois dôme : xiu* s. L'aumône que ma dorae Teeiine
aveit fait à De [Dieu] e aus hospitaulers, Bibl. des
Ch. 3« .série, t. v, p. 87.
2. DAME (da-m'), interj. expUlive qui est une
formule d'affirmation, comme hsrcJe en latin. Mais,
dame, oui. Oh! dame, non. Ah ! dame, vous m'en
direz tant! Oh! dame, interrompe/. - moi donc!
MOL./). Juan, m, 4. Damel quand on est belle,
on ne l'est pas pour rien, hautehoche. Bourg, de
qualité, I, *. Damel je ne sais pas si bien mentir
que vous, boursault, Merc. gai. i, 3. Si elle est
devenue si glorieuse, dame, je ne saurais que faire,
MARIVAUX, UaTianne,b' part. t. u, p. 234. Dame!
oui, je lui dis tout.... hors ce qu'il faut lui taire,
BEAUM. i/or. deFig.ui, 9. Oh I damel c'est une
Française, cela se vend bien, tout le monde m'en
demande, champfort. Marchand de Srnyrne, se. 8.
Enfin te tairas-tu? — Dame I on défend ses droits,
COL. d'harlev. Malice pour malice, i, 8.
— ÉTYM. Dame s'est dit au masculin (voy. l'his-
toriquede dom) pour seigneur; daine Dieu est conti-
nuellement dans les anciens texles; et dame Dieu
ou, simplement, dame, est devenu une interjection
comme seigneur Dieu ou seigneur; c'est cet emploi
fréquent de dame Dieu qui fait penser que dame,
interjection, vient de dame masculin et non de dame
féminin (iVofre-ilanie, la sainte vierge). /)o.me, s. m.
vient de dominus, comme dame, s. f. vient de
domina.
3. DAME (da-m'), t. f. Terme d'architecture hy-
draulique. Nom qu'on donne, en creusant les terres,
particulirTement pour un canal, à de petites digues
qu'on laisse d'espace en espace pour arrêter l'eau
qui s'y trouve, ou à de petites langues de terre qu'on
conserve dans d'autres vues. || Terme de ponts et
chaussées. Petits cônes de terre laissés dans les
fouilles pour servir de témoins lors du métré des
déblais. Il Terme d'art militaire. Dame de mine,
masse de terre qui est restée debout après une ex-
plosion. Dame de fortification, petite tour à centre
plein, en maçonnerie, qui surmonte le milieu d'un
bilardeau de fossé inondé.
— ETYM. Allem. Damm, digue.
DAME, EE(da-mé, mée), part, passé. Terme du
jeu de dames. Une dame damée peut aller en tous
sens. Il Fig. et familièrement, femme damée,
femme qui est mariée.
t DAME-ArBEKT(da-m6-bèr), s. f. Prune jaune
d'un goût médiocre. Il /lu plur. Des dame-aubert.
DAME-JEANNE (da-me-jà-n'), ». f. Sorte de très-
grosse bouteille en terre ou en verre qui sert à gar-
der et à transporter du vin ou des liqueurs et qui
est ordinairement de la contenance de 50 à 6o li-
tres. Il Dans la marine, grosse bouteille de verre, de
la contenance de (7 à <8 litres, garnie de natte et
servant à la distribution de la boisson de l'équipage.
Il Au plur. Des dames-jeannes. Quelques gram-
mairiens veulent qu'on écrive des dame-jeanne (le
pluriel tombant sur boutnUe sous-entendu), mais
la première orthographe est plus naturelle.
— ÊTYM. Dame, et Jeanne.
t DAMELOT (da-me-lo), s. m. Variété de pomme.
t. DAMER (da-mé),i;. a. ]\ l' Au jeu d'échecs,
d»mer un pion, mener un pion dans une des cases
de la dernière rangée de l'échiquier : il a alors la
même valeur et les mêmes propriétés que la reine
ou dame; et, pour marquer que c'est une nouvelle
dame, on lui adjoint un autre pion qu'on met avec
lui sur la même case, c'est là proprement damer un
pion. Il Au jeu de dames, damer un pion, et moins
exactement damer une dtme, c'est mener aussi un
DAM
de ses pions sur la rangée qui est la plus près de
l'adversaire; alors au lieu de faire un seul pas k cha-
que coup, il peut, comme la dame des échecs, par-
courir la ligne entière et prendre à distance les
pions qui sont en prise. Pour faire reconnaître le
pion ainsi augmenté , on met une seconde dame
sur la première, et l'on dit qu'on a damé cette
dame. || Familièrement. Damer le pion à quel-
qu'un, le supplanter, avoir l'avantage sur lui;
locution qui vient de ce que le pion damé montre
ou détermine une grande supériorité chez le joueur
qui va à dame. Il [Voltaire] a pris ce jésuite pour
lui dire la messe et pour jouer avec lui aux échecs;
je crains toujours que le prêtre ne joue quelque
mauvais tour au philosophe et ne finisse par lui
damer le pion et peut-être le faire échec et mat,
d'alemb- Lettre au roi de Prusse, 20 juin <768.
Il 2° Anciennement, accorder à une demoiselle le
titre de dame, titre qui ne se donnait qu'aux fem-
mes de nobles ou d'écuyers. || 3° Battre les terres et
les pavés avec le bloc de bois appelé dame. || Terme
d'artillerie. Fouler également la charge d'un mortier.
— HIST. xin' s. C'est une dame de haut prix, Qui
est tant digne d'estre amée, Qu'ele doit, rose, estre
damée [recevoir un titre], la Rose, dans bichelet.
Il XVI" s. Je dameray ce conte [je dirai un conte pa-
reil], dist Panurge, vous racontant ce que Breton
Villandry respondist ung jour on seigneur duc de
Guise, BAB. Pant. iv, 4(,
— ÉTYM. Dame l .
. f 2. DAMER(da-mé), V. o. Terme d'architecture.
Donner à quelque chose un demi -pied de pente.
DAMERET (da-me-rè; le t ne se lie pas dans le
parler ordinaire: au pluriel, \'s se lie: des da-me-
rè-z efféminés; damerets rime avec traits, succès,
paix, etc.), s. m. Homme dont la toilette et la ga-
lanterie ont de l'affectation. Oue certain dameret qui
veut me supplanter Se sentira du don que j'ai de
bien frotter, scarron, Jodelet duelliste, dans le-
boux, Dict. comique. Ils font les damerets, sont de
tous les plaisirs, halter. Appar. tromp. i, 2. Un
vieillard insensé Oui fait le dameret dans un corps
tout cassé, MOL. Éc. des mar. i, 4. || Adjectivement.
Gardez donc de donner, ainsi que dans délie, L'air
ni l'esprit français à l'antique Italie, Et, sous des
noms romains fai.sant notre portrait. Peindre Caton
galant et Brutus dameret, boil. Art p. m. Que nos
auteurs damerets, que nos tyrans philosophes con-
naissent enfin leur petitesse, gilb. le Carnaval des
auteurs. || Chariot dameret, nom primitif des car-
rosses suspendus.
— HiST. XVI' s. Comme sont protonotaires dame-
raux, ou autres muguets et mignons de cour, calv.
134. Il faisoit plus grande profession de courtisan
et dameret à se curieusement ve.stir, que des armes
et de guerrier, cabl. ii, I2. Il estuit fort dameret,
s'habillant toujours fort bien, branï. Gouast. Que
ce ne soit pas un beau garson et dameret, mais un
garson vert et vigoreux , mont, i, (83. Ce sont
deux occupations [la table et l'amour] qui s'en-
tr'empeschent en leur vigueur: elle [la paillardise]
a alToibli nostre eslomacli, d'une part; et, d'autre
part, la sobriété sert à nous rendre plus coints, plus
damerets, pour l'exercice de l'amour, id. u, te.
— ÉTYM. Diminutif de dame, exprimant le goilt
de se parer comme une petite dame.
t DAMERETTE (da-me-rè-f), s. f. Espèce da pa-
pillon de nuit.
t DAMEïTE (da-mè-f), s. f. Bergeronnette à
collier.
t DAMIANES (da-mi-a-n') , s. f. plur. Religieu-
ses de Ste-Claire.
— ÉTYM. Pglise de St-Damian d'Assises, où
sainte Claire prit l'habit de religion.
t DAMICORNE (da-mi-kor-n'), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Oui a la forme d'une corne de daim.
— ÉTYM. Lat. dama, daim, et corne.
DAMIER (da-mié; rrne.se lie jamais; au pluriel,
l's se lie : lesdamié-z-et les dames), s. m. || l°Tableau
divisé en loo cases sur lequel on joue aux dames,
tandis que l'échiquier sur lequel on joue aux échecs
n'en a que 64. L'ancien damier français n'avait que
64 cases comme l'échiquier. || Exploitation en da-
mier, d'une mine, d'une houillère, exploitation
par galeries et piliers. || 2» Nom vulgaire du pétrel
tacheté. i| Nom de quelques papillons diurnes. || Es-
pèce de coquillage marqueté de différentes couleurs
comme un damier. 1| 3° Terme d'architecture. Mou-
lure romane composée de petits carrés alternative-
ment saillants et creux.
— HIST. XVI' s. Un damier dont les carrez sont de
cristal, soubz lesquels y a des petites ileurs esmail-
lées, DE laborde. Émaux, p, 244.
DAM
949
— ÉTYM. Dame 1. D'après de Laborde, ce mol
date du xvi* siècle.
t DAMMAR (da-mmar), j. m. Terme de chimie.
Sorte de résine fournie par le dammara orienlaliS)
arbre de la Malaisie.
DAMNABLE(dfl-na-bl'),adj. lU'Oui mérite, qui
attire la damnation, en parlant des choses. Une
opinion, une doctrine damnable. Or elles [des opi-
nions] ne sont pas damnables. si ellesse sont trou-
vées dans les martyrs, si l'Église les y a vues et
les y a tolérées, hoss. Var. >•• arerl. § 23. || Qui
mérite d'être damné, en parlant des personnes. Les
faire damnables de cette sorte, c'est .sans doute les
faire pécheurs, et Luther l'enseigne aussi en termes
formels. Boss. Var. 2' aven. § (i.||2"0ui mérite
la réprobation, abominable. Celse dit avec les Juifs
que Jésus-Christ avait appris les secrets des Égyp-
tiens, c'est à-dire la magie, et qu'il voulut s'attri-
buer la divinité par les merveilles qu'il fit en vertu
de cet art damnable, boss. Ilist. ii, t2. Ces dam-
nables exemples, id. ib. u, t. La passion dominante
fut une damnable ambition, bouud. Myst Épiph.
t. I, p. (23 Porte, porte aux tyrans tes damnables
maximes, corn. Perihar. u, 3. Je ne recherche
plus la damnable origine De cet aveugle amour oit
Placide s'obstine, id. ib. ii, 6. Va, dangereux ami,
que l'enfer me suscite, Ton damnablearlifice en vain
mesoUicite, id. Théodore, v, 3. Ah! mon fils, étouf-
fez ce damnable dessein, botr. Aniig. i, 8. Ces
damnables complots sont des gens de la cour, id.
liélis. Il, 9.
— HIST. XV* s. Disant que oncques u'avoit failly,
mais soustendroit que le duc de Clocestre avoit mal-
vaise querelle et dampnable, fenin, i425. |] xvi' s.
Ceste surprise n'estoit pas moins damnable ny moins
meschanle, que celle de la Cadmée à Thebes, amïot,
Agésil. 4).
— ÉTYM. Provenç. dampnable; anc. espagn. dana-
ble, damnable; Ua.i.dannabile;du latin da/nnofcii'i,
digne d'être condamné, de damnare (voy. damner).
DAMNABLEMENT (dâ-na-ble-man), adi). D'une
manière damnable. [Cromwel disait] Charles II est
trop damnablement débauché pour me pardonner
la mort de son père, chateaub. Stuarts, 276.
— ETYM. Damt^ble, et le suffixe ment.
DAMNATION (dâ-na-sion; eu vers, dfi quatre
syllabes), s. f. || 1° Condamnation. En matière de
crime, il n'y a nulle justice, nulle damnation par-
.faito, sans défense contradictoire, pellisson, ii. I»7.,.
Vieux en ce .sens. |1 2° Condamnation aux peines dei
l'enfer après la mort et dans une autre vie. Il serait
en état de damnation, pasc. Prou. 6. Que, bien loin
de former en secret des désirs de leur salut [des
jansénistes], vous avez fait en public des vœux pour
leur damnation, id. ib. u. Des gens qui sont en état
de damnation, boss. l'ar. xv. La certitude de votre
damnation a pour fondement la plus commune da
toutes les règles, mass. Car. Fausse confîahce. Que
tout homme soit obligé de la suivre sous peine de
damnation, j. j. Eouss. ^m. iv. Aucun n'a vu de si
funestes suites de ses péchés que celles qu'ils [Adam
et Eve] ont vues de leur désobéissance, puisque
tous les maux qui sont arrivés à tous les hommes
ensemble, tous les péchés qui se sont commis dans
le monde, et la damnation de ce nombre innom-
brable de réprouvés sont des suites de leur crime,
NICOLE, Ess. de moT. 2' traité, ch. 5. || Soried'im-
précation arrachée par la colère ou le désespoir que
l'on prononce contre soi ou les autres. Mort et dam-
nation! Enfer et damnation ! || Jurer sur sa damna-
tion, jurer en disant qu'on veut être damné si....
Il promit plus que Léandre ne voulut, et jura sur sa
damnation éternelle de tenir tout ce qu'il promet-
tait , SCAHBON , Ron\. com. 2' part. ch. 9.
— HIST. xii* s Li muititudine de la mercit c'en
lor a mostreit lor turne, à la parsorame, en accom-
blement de droituriere dampnasion, ST Bernard,
6.^9. Maintes fois est nostre oevre occaisons de
dampnation, et si quidons [pensons] ke ele seit creis-
semeiis de vertu. Job, 469. || xiii' s. U (les Juifs] ne
peurent droiture avoir , Ne droiture ne acboison.
Par quoy [Jésus] fusl en dampnation, St-Graal, T.
403. Tu tenis la moie main destre, ne me consentis
mie du tout choir en dampnation. Psautier, f 87.
Diex i sofri pournousmorteldamnation, QuanlJudas,
ses disciples, i fist la traïson, Ch. d'Anl. i, 842. Et
lor promet, en ses idées. Des euvres qu'il auront
ovrées, Sauvement ou dampnacion, la Rose, (7685.
(I XV' s. Ne nulle part ne porcion N'y aura, et, pour
mieulx valoir. Le jure en madampnacion,CH. d'ohl.
Bail. 79. Ages de plour, d'envie et de tourment,
Temps de langour et de dampnacion, E. DEscii
Du temps 2}resent,
950
DAM
— <TYM. Prorenç. dampnalin; anc. cspaRn.da-
iacion. damnacùm; poriug. damnafân; ilal. dan-
nattone; du lalin damnalionem, de damnnre ( voy.
DAMNKii). Dans l'ancien français on liisail lieaucoup
plus aouTcnt damjtnement ou damnemfnl que damna-
tion. On remarc]uera le p parasite qui s'était intro-
duit dans ce mot, oomma dans dompter, du latin
dotnarê.
DAMNÉ, t.K (dâ-né, née), part, passé. Qui est
frappé des peines do l'enfer. Ces théoloRieiis se
Toient contraint» par leurs principes erronés à re-
connaître d'un côté que las fidèles ainsi plongés
dans le crime seraient damnés s'ils mouraient alors;
(t de l'autre, qu'ils ne décliéent pas de l'état de
la justification, noss. Var. xiv, $ no. Il faut que je
vous reprenne l'Ame damnée de la Voisin [célèbre
empoisonneuse]; on assure au contraire que son
confesseur « dit qu'elle avait prononcé Jésus Maria
au milieu du feu; c'est peut-être une sainte, sév.
Letl. » mars (8»o. {| Familièrement. C'est son 9me
damnée, se dit d'une personne aveuglément dévouée
aui senlimeiils, aux vuluntés d'une autre. Ils [les
Chavigny) devinrent les instruments de l'abbi Du-
bois, puis ses confidents et ce que, en langage com-
mun , on appellerait ses âmes damnées , st-sim.
a«o, 234. Il Familièrement, et comme expression
d'impatience, de mécontentement. Cette damnée
âiïaire. Je me trouvai hier chez Mlle Stwart, après
l'audience de ces damnés moscovites, n*uiLT. Cramm.
t. Il faut que ce damné cerf nous ait fait faire un
chemin.... coi.lR, l'art, de chasse de Henri IV, ii,
t. Il Substantivement, les démons et ceux dos hom-
mes qui ont mérité lus peines éternelles. C'est par
ee sentiment (désir de fuir Dieu qu'on a ofl'ensé]
que les damnés se précipiteront eux-mêmes dans
l'enfer, comme au lieu le plus ténébreux, le plus
éloigné de Dieu, et où ils seront moins percés dos
rayons pénétrants de sa justice, Nicole, Ess. mor.
f traité, chap. 10. Byron, viens en tirer [ de ta
lyre] des torrents d'harmonie; C'est pour la vérité
que Dieu fit le génie; Jette un cri vers le ciel, 6
ehantre des enfers; Le ciel mùme aux damnés en-
viera tes conci rts, lamaht. Iliid. i, 2. || Souffrir
comme un damné, ou comme une flme damnée,
souiïrir d'une manière excessive, Jiorrible.
I D.XMNEMK.NT (dâ-ne-man), s. m. L'état de
ceux qui sont damnés.
— HIST. XII' s. Mais je n'es [ne les] cslis mio pour
le lor dampnement, Sasc. xxi. || xiu' s. Car la lelre
neïs [même] tesmoigne Ou sisiesme livre Virgile,
Par l'auctorilé île Sebik». Que nus qui vive chaste-
ment Ne puet venir K dampnement, la llnse, ouôO.
Il XV» s. Et ont procuré son déshonneur et damne-
ment de sa bonne mémoire et renommée et de sa
postérité et génération, monstrel. i, I8i.||xvi"s.
Je dy qu'il n'est desplaisir que plaisance, Veu que
la fin n'en est que <lampnement, marot, m. 280.
— ÊTYM. Damner; [irovenç. dampnamen ; anc.
espagn. daiiamicnlo ; iliii. dannammto.
DAMNEH (ilà-né), u. a. {| !• Condamner aux pei-
nes de l'enfer. Dieu damnera les méchants. C'est
une assez plai.sante chose d'être hérétique pourcela;
je croyais bien qu'on fût damné pour n'avoir pas de
bonnes pensées, mais (|u'on le soit pour ne pas croire
que tout le monde en a, vraiment je ne le pensais pas,
PASC. l'riiv. ♦. Il Dieu medamnel Uicut.inlerjecl. Ahi,
ahi, doucement; Dieu me damne, mesdames, c'est
fort mal en u.ser, mol. les Prie. tu. || 2" Causer la
damnation. Les plaisirs innocents le deviennent bien
{péchés mortels] par l'excès de l'attachement, se-
on la doctrine des saints, et seuls ils ont pu dam-
ner le mauvais riche pour avoir été trop goûiés,
Boss. harie-Thir. On peut dire que l'ignorance
damne plus de princes et de grands que de per-
sonnes de la condition la plus vile , mass. A\>.
tpiph. Au lieu de ces mœurs molles et mondaines
qui aussi bien vous damneront, ne refusez rien à
TOs passions, ID. Car. Salut. Au lieu de ce con-
fesseur indulgent qui vous damne, mettez-vous au
large, n'en ayez point du tout, id. l'b. Ce n'est pas
rendurcisscment qui vous damnera; c'est une sen-
sibilité de conscience qui vous amuse et ne vous
corrige point, m. Car. Sur la rechute. \\ 3* Héputer
digne de la damnation. Vous damnez les gens de
bien, parce qu'ils ajoutent à leur piété quelques
endroits qui vous res.semblent, mass. Car. Injusi.
du TFKinde. Vous damnez le juste sur les marques
les plus êgères et les plus excusables de l'huma-
nité et de la faible.sse, m. ib. On ne sait k qui en
croire, nous dit-on tous les jours; les uns vous
damnent, les aitres vous sauvent, id. Carême, Sa-
maritains. Ce rêveur fanatique Damnant la genre
humain qu'il prétend convertir, volt. Dise. s. Ami ,
DAM
ne préviens point le jugement céleste; Respecte
ces mortels, pardonne à leur vertu : Ils no t'ont
point damné; pourquoi les damnes-tu'? voi.T. Loi
nalur. 3« part. || 4' Fig. Faire damner (]uelqu'un,
le Iniirmenler ou l'impatienter à l'excès. Lauziin le
fit damner [Tessé], et se fit prier longtemps, en lui
faisant accroire qu'il savait mieux qu'il ne disait,
sTsisi. 00, 7. Vous me feriez damner, ma mère;
je TOUS di Que j'ai vu , de mes yuux, un crime si
hardi, mol. Titrt. v, 3. || 5* Se damner, v. rc/l. At-
tirer sur soi les peines de l'enfer. Quoi I disent-
ils, si ces choses-là n'étaient, des religieux les pu-
blieraient-ils , et voudraient-ils renoncer à leur
conscience et se damner par ces calomniesT pasc.
Prnv. <i. 11 y a des gens qui se damnent si sot-
tement, ID. Canv. 3. L'un se damne comme un
désespéré; l'autre comme un indolent qui se laisse
tranquillement entraîner par les flots; mass. Car.
Viriti de la religion. On sait en général que le
grand nombre se damne, id. th. Petit nombre. On
l'autorise [le pénitent] dans son erreur, on l'entre-
tient dans son libertinage, on le damne et on se
damne avec lui, bourhal. Carême, Sur les tenta-
tions. Il Fig. Se damner, s'impatienter, faire du
mauvais sang, au point de jurer, de sacrer. F.t j'en-
tends dire chaque jour De la fenêtre où je me damne :
La maison de Monsieur Vautour Est celle où vous
voyez un ine, dêsaugikrs, M. Vautour, se. 4.
— IIIST. XII' s. Li clerc deivont les lais [laïques]
e luranemes [,1mes] guarder; Nuls ne deit sun pré-
lat , na clerc ne lai dampner , Th. le mart. 30.
Il xiii* s. Miex [je] voudroie estre morte, se ne soie
ilampnée, Berte, cxv. Cil sens [seul] pechié» le
dampne plus Que nus péchiez qu'il peûst faire, la»
du consnl. Mais aucuns qui ce m'orroit dire, Por
mon dit dampner ou despire. Des rois me porroit
oposer. Oui.... la Uose, 6284. Heqiiirent moi que
leur jujasse. Et je à la mort le dampnasse, saint-
0HAAL,v. 4311. Il xV s. 11 n'estoit pas à croira que
tant de preud'hommes se voulsissent damner pour
la faveur d'un tout seul homme, Bouciq. m, ch. 4.
Il XVI* s. Le pauvre Adam damné très justement II a
sauvé et sa posieriié, uahot, iv, 346. Soit qu'il
eust en haine et abomination Fimbria comme per-
sonne damnée [scélérate], AMYOT, Lucull. s.
— ÊTYM. l'roveiiç. dampnar ; anc. espagn. daûar,
damnar ; porlug. damnar; ital. damnare; du latin
damnnre, condamner.
t DAMOCLÈS (da-mo-klès'), *. m. Nom propre,
employé dans celte locution ; l'épée de Damoclès,
pour dire un danger présent, et qui nous menace
toujours. Chercher un ami sûr à qui je pusse con-
fier celte épée de Damoclès [des lettres de change
non payées et pouvant faire mettre immédiatement
en prison] , n'éiait-ce pas penser à vous? cil. de bkr-
NARD, la Cinijuanlaine , § 6. De Damoclès l'épée est
bien connue; En songe, à table, il m'a semblé lavoir;
Sous cette épée et menaçante et nue Denys l'ancien
me forçait à m'asseoir, iiêrano. VÉpée de Dam.
— ÊTYM. Damoclès, courtisan qui, vantant le
bonheur de Denys le tyran, à Syracuse, fut mis par
ce prince en possession do toutes lesdélices, à la condi-
tion d'avoir sur la tête une épôe suspendue par un crin
de cheval, et qui renonça vite & un pareil bonheur.
DAMOl.SEAU (da-moi-zô), s. m. || 1' Titre donné
autrefois & un jeune gentilhomme qui n'était pas
encore reçu chevalier. On dit aussi damoisel. Ils [les
Vaudemont] avaient donné cette seigneurie [Com-
mercyl en fiel à des seigneurs, sous la nom de da-
moiseaux, ST-siM. 478, t2i. Je VOUS ferai voir qu'A-
madis de Gaule, sous le titre de damoisel de la mer,
mit fin à ses plus belles aventures, et qu'Amadis
de Grèce, lorsqu'il était appelé le damoisel de l'ar-
dente épée, occit un grand lion et délivra le roi
.Uagadan, voit. Utt. 48. Bientôt on passait à l'of-
fice de page ou de damoiseau dans le chiVteau de
quelque baron, ciiateaud. Génie, iv, v, 4. || ï" Jeune
homme empressé et galant auprès des femmes. Je
prétends qu'on soit sourde à tous les damoiseaux .
mol. le Dép. V, ». El, voyant arriver chez lui le
damoiseau , Prend fort honnêtement ses gants et
son manteau, in. École des femmes, i, t. Nous sa-
vons toute l'inlrigiie du rendez-vous et du damoi-
seau, iD. G. Dandin, m, 8 Je ne suis pas homme
à gober le morceau. Et laisser le champ libre aux
yeux d'un damoiseau, id. Ec. des femmes, il, 4.
Voilà de mes damoiseaux fluets qui n'ont pas plus
de vigueur que des poules, id. l'Arart, l, «. La
fleurette et ce badinage Dont un damoiseau vous
combat. Ne donnent pas un éijuipage Comme les
pistoles d'un fat, sedrais, Stances à une fille qui
faisait des avances d t4n sot pour l'ipoustr. || S" Es-
pèce d'antilope.
DAN
— HIST. XII* g. Lors dist tu damisel i Venez avant,
Tierri , Itonc. p. 4 B2. Tierris 11 damoisals vers le citi
esgarda, ib. || xiii* s. Deus damoisiaus [il] a mon
[tués] estrais [nés] de Lnmbardio, Iterle, II. Trois
fil en sont remè» moult bel. Qui sont moult cointe
damoisel, lien. 4 2684. Est-ce pour ce qu'il vous re-
çut. Kl nous et 11 por vous déçut, Et vous offri li
damoisiaus Tanlost ses chiens et ses oisiaust la
llnse, 4 6421. Savei que fet li damoisiaus; En terre
rouge se toueille. Le mort fet et la sorle oreille,
RUTEB. 488. F.t Haimons do saint Cille et Robera li
Mansiaiis, Godefrois de Duillun, Ustatses li dan.siaus,
Et liauduinsses freresqui encor ust lousiaus [jeune],
Ch. d'Ant. I, 774. Il XV* s. La sire de Cliçon avoit un
fils, jeune damoisel qui s'appdoit Olivier ainsi que
son pere,FR0iss. I, i, ïiï. || xvi* s. Avez-vous donc
les coeurs moins damoyseaux Qu'aspics, ne loups,
et tels gentils oyseauxT marot, ii, 60. Il s'abilla
des habits d'une femme. Et d'un héros devenu da-
moiseau, Guidoit l'esguille et tournoit le fi'seau,
BONS. 4 17. Là sont d'a^e pareils cent jeunes jouven-
ceaux, Ueaux, vermeils, crespelus, aux menton» da-
moiseaux, ID. 890.
— ÊTYM. Anc. liégeois, dameheal; provenç. don-
zel; anc. calai. don:cIi; espagn. doncel; ital. doii-
sello; du bas-latin duminicellus , diminutif de do-
minus, seigneur (voy. dom). Dans l'ancien français
damoisels ou damoisaus au nominatif singulier,
damoisel au régime; damoisel au nominatif pluriel,
damoisels ou domotjinuj au régime. Le mot s'était
contracté en douzel, doncel, et aussi, par le chan-
gement assez fréquent de l'o en o, dancel.
DA.MOISEL (da-moi-zM), s. m. Voy. DAMOlSKAt).
DAÏIOISELLF, (da-moi-zè-l"), s. f. Titre qu'on
donnait autrefois dans les actes aux tilles nobles.
En honneur les avance et les fait damoiselles, b4-
ONiER, Soi. III. Il Fig. et familièrement. Damoiselle
belette au corps long et fluet.... la font. fabl.
m, 47.
— HIST. xni* s. Une fois ierent en dosnoi [dos-
noi ou mieux donoi, la cour faite aux dames] Entre
dames et damoiselles, Fabl. et contes anciens, t. I,
p. 4 04. En celle amour la damoisele ont prise Si pa-
rent, et donné seigneur Contre son gré un vavas-
seiir, audekr. le bast. Romancero, p. t. La damoi-
selle devant lui [elle] vient ester; L» moie daroo
[ma dame], qu'avez ci à plorer'? ib. 70. Aiant prW
deux damoisiellesàtoutdeux coffres bien garnis d'or
et d'argent, Chron. de llains. p. 6. Moult fu bien
veslue Franchise; Car nule robe n'est si bêle Que
.sorquanie à damoisele, la Rose, 1224. || x;v« s. la-
dit maistre Girart pour la façon de iiij damoiselles
de fust, nettement ouvrées et painles.à lion or bruni,
à tenir les miroirs des dictes dames, i cause de leur
dicl atour, UE laborde. Émaux, p. S44. Une desvi-
douere,une damoisellaet un°s tables et un estui, ID.
ib. Il XV' s. la propre nuit que la maladie le prit, il
avoit soupe en grant revel aveci|ues damoiselle» de
la ville, FROiss. n, ii, &«. || xvi* s. 0 vous, dames
et damoiselles. Que Dieu flst pour estre son temple,
MAROT, II, 204.
— RTY^m. Féminin de damoisel ou damoiseau;
wallon, damehèle; liégeois, damesèlt; namurois,
damejèle ; provenç. damisela et domella; espagn.
damisela et doncella; ilal. damiyella et domella.
Aux xiir et XIV' .siècles, dnnwixetle s'est dit d'un
ustensile qui portait les miroirsde» damei.
t DANAÏDE (ila-na-i-<r), ». f. Terme de mytho-
logie. Nom dos cinquante filles de DaiiaQ» qui, sauf
une nommée Hypermneslre, assassinèrent leurs ni.a-
ris la première nuit des noces par l'ordre de leur
père, et qui étaient condamnées dans l'enferà *ni-
plir un tonneau pei-cé. |{ Fig. Le tonneau des Da-
naides, cho.se qu'on ne peut remplir, homme aux
dépen.ses de qui on ne peut suffire, jj Terme de
mécanique. Sorte de roue hydrauUque récemment
inventée.
i DANCIIÊ, ÉK (dan-ché, chée), adj. Terme de
blason. Il sedit des pièces, lellesque le pal, le chef,
la fasce, lorsqu'elles sont terminées par de» pointes
en forme de dents.
— ETYM. Probablement un» forme singulière et
altérée de denté.
DANDIN (dan-din), s. m. Homme niais et sans
contenance. I) Perrin Dandin, personnification d'un
juge ridicule et rapace. Perrin Dandin arrive, ils le
prennent pour juge, la font. Fabl. ix, ». || George
Dandin, paysan enrichi qu'un sot orgueil a porté
à s'allier à la noblesse et qui en est puni par l'inli-
délilé de sa femme. Vous l'avez voulu; vous l'avez
voulu, George Dandin, vous l'avez voulu; cela vous
sied fort bien et vous voilà ajusté comme il faut,
mol. g. Dand.ii, ».
DAN
— HIST. XIV* S. Desquelles bestes Maine en avoit
uns qui avoit un dandin ou clochette pendue au
cou, nu CANGE, sonailla.
— ÊTVM. Anglais, lodandle, bercer, auquel Diez
rattache l'allemund Tdndelii, balivernes. Le sens pri-
mitif de dandin est qui se balance, qui va et Tient,
sens conservé en dandiner.
t DANDINANT, ANTE (dan-di-nan, nan-t'), adj.
Oui dandine. Un air excessif de naïveté, avec une
démarche dandinante, lui avait fait grand tort [à
Chamillart],et fait nierson esprit, st-sim. 237, (48.
S'il me l'avait proposé [un carrosse], je n« me se-
rais pas emboîté comme un sot dans celte caisse dan-
dinante, HAnMONT. Uém. 1. 1, liv. ii, p. ^^^, dans
POL'GF.NS.
DANDINEMENT (dan-di-ne-man), î. m. Balance-
ment gauche et nonchalant du corps.
— ÉTYM. Dandiner.
DANDINER (dan-di-né), V. n.\\l' Balancer son
corps d'une manière nonchalante et gauche. C'était
[Chamillart] un grand homme qui marchait en
dandinant, st-sim. "O, ne. Les historiettes vont à
nierveilledans la houched'un homme qui semble mar-
cher en dandinant et nigaudant.niDER. Vie/!, s. i'esprtl.
Lesoiseaiix s'avancenten dandinant vers le fûté qua-
drupède [renard], CHATEAtiB. Amer. 18. Il 2° Se dandi-
ner,», réil. Se porter sur son corps de côté et d'autre. Se
dandiner, fri.ser un pied, faire un saut, palapiiat.
Ballet extravagant. C'est pour parler tout à son aise.
Se dandiner dans une chaise. Et se donner des ren-
dez-vous, DESUOULIÈnES, dans RICHELET.
— HlST. XVI* s. Il alloit chancelant, dandinant,
trébuchant, desper. Contes, lxxix.
— ÉTYM. Dandin.
i DANDY (dan-(li), s. m. Homme recherché dans
sa toilette et exagérant les modes jusqu'au ridicule.
À l'incroyable, au merveilleux, à l'élégant, ces trois
héritiers des petits-maîtres, ont succédé le dandy,
puis le lion,noNonÉ de balzac, dansit! Z)ic(. de poi-
tevin. Si l'un d'eux pouvait nourrir la prétention de
mettre une femme au tombeau [par désespoir amou-
reux], c'était, à coup sûr l'élégant parisien et non
le gros dandy à graines d'épinard [un commandant],
CH. DE BERNARD, la Femme de quarante ans, § 4.
Ses habits usés et flétris étaient taillés selon la mode
la plus élégante et annonçaient un de ces dandys
furieuxl tombés rapidement d'un luxe dissipateur
dans une extrême misère, F. soulié, les Forgerons ,
§8.
— REM, On écrit au pluriel dandys ou encore,
comme en anglais, dandits (qu'on prononce dan-di).
— ÏTYM. Angl. dandy.
t DANDYSME (dan-di-sm') , s. m. Manières et ha-
bitudes du dandy.
— ËTYM. Dandy.
DANGER (dan-jé; l'r ne se prononce et ne se
lie jamais; au pluriel, l's se lie : des dan-jé-z im-
, roinents),î. m. || 1° Terme de droit féodal, et d'eaux
et forêts. Droit qu'avait le seigneur et plus tard le
roi sur les forêts de Normandie, consistant en ce
que les propriétaires ne pouvaient les vendre ni les
exploiter sans sa permission et sans lui payer le
dixième, sous peine de confiscation. || Bois sujet au
tiers et au danger, c'est-à-dire qui paye un droit
consistant dans le tiers de la vente, et dans le tiers
prélevé au profit du roi. || Danger seigneurie, défen-
ses, douanes, exactions, confiscations, etc. que les
sqigneurs des lieux exercent sur les marchands et sur
les vaisseaux qui font naufrage sur leurs côtes. || Fief
de danger, celui dont on ne peut prendre possession
sans avoir fait hommage et payé les droits au sei-
gneur, à peine de confiscation. || Ces termes du droit
féodal s'expliquent parle sens primitif de danger, qui
est domination, puissance. || 2° Par extension du sens
de domination et de puissance, situation, conjonc-
ture, circonstance qui compromettent la sûreté,
l'existence d'une personne ou d'une chose. Il y a du
danger à suivre cette entreprise. Je demeure en
danger que l'àme, qui est née Pour ne mourir ja-
mais, meure éternellement, malh. i, ♦. Plus j'y vois
de hasard, plus j'y trouve d'amour; Où le danger
est grand, c'est là que je m'efforce, id. v, 4. Et tan-
dis que moi seul j'en courrai le danger, corn. Pomp.
II, 2. ...Vos seuls intérêts me mettent en danger,
ID. Nicom, V, 8. Blésus était en danger de sa vie,
PERBOT d'abl. Tac. 21. Alexandre . fut cent fois
en danger manifeste de sa vie, st-évrem. h, h34.
Hé! mon ami, tire-moi du danger, Tu feras après
ta harangue, la font. Fabl. i, I9. Un orateur voyant
sa patrie en danger Courut à la tribune..., id.
ib. Tiu , 4. La vraie épreuve du courage N'est que
dans le danger que l'on touche du doigt, id. ib.
VI , î. Le trop d'attention qu'on a pour le dan-
DAN
ger Fait le plus souvent qti'on y tombe, m. ib. xn,
iS. Si ces personnes étaient e.-^ danger d'être assas-
sinées, PASC. Prov. u. lu goilte se rejeta sur les
genoux et sur les pieds, et le voilà hors de danger,
sr'.v. I.ett. du 9 fév. >em. Monsieur, où courez-vous?
c'est vous mettre en danger, rac. Plaid, ii, <3. La
guerre met un Ëlat en danger de périr, fén. Tél.
XIV, Il n'y avait point de Tyi'ien qui ne fût en danger
d'être l'objet de ses défiances, id. ib. viii. Ta gloire
est en danger, ta tombe est entr'ouverte, volt.
Fanât, iv, ). Il [Napoléon] donne ordre qu'on laisse
toujours sur sa table le résumé qui l'éclairé sur les
dangers de sa position, séour, Ilist. de Napol. il,
4. Il Terme de mer. Toute roche, tout écueil, tout
bas-fond, tout haut-fond, à l'approche ou au contact
duquel un navire peut courir un danger. || 3° Au sens
actif, en parlant des choses, le jiéril qu'elles pro-
duisent. Le danger des mauvaises doctrines. || 4' Fa-
milièrement, inconvénient. Il n'y a pas de ilanger d'en-
trer, vous ne les dérangerez pas. || Populairement
et ironiquement. Il n'y a pas de danger, c'est-à-dire
soyez sûr- que je n'en ferai rien. Certes je ne lui prê-
terai plirs rl'argent, il n'y a pas de danger.
— SYN. DANGER, PÉRIL, RISQUE. RisquB se dis-
tingue nettement et facilement des deux premiers; il
contient moins l'idée de péril que celle de chance
aléatoire, mais considérée de son mauvais côté;
quand un homme joue à la bourse, il fait courir des
risques, un risque à sa fortune; mais si, ayant joué
à la baisse, la hausse survient, sa fortune n'est plus
seulement en risque, elle est en péril. Il est plus
difficile d'établir la distinction entre danger et péril.
Ceux qui ont dit que danger impliquait l'idée de
dommage se sont fondés sur une fausse étymologie ;
le fait est que le sens primitif en est pouvoir, auto-
rité. Aussi en a-t-il conservé quelque chose et c'est
même par là surtout qu'il se dislingue de péril; car,
dans son acheminement vers le sens de péril, il s'e;i
est tant approché qu'il s'y est presque confondu. Ce
sens d'aulorilé, de pouvoir, qui lui est primitif,
tandis qu'il ne l'est pas à péril, fait qu'il peut être
employé au sens actif, tandis que péril ne le peut
pas. Le danger de cet homme, le péril de cet homme,
signifiant le danger, le péril que court cet homme,
sont absolument synonymes; là, danger et péril ont
un sens passif et expriment la situation orj cet homme
est mis. Mais, au sens actif, au sens de mettre en dan-
ger, c'est non pas péril, mais danger qui se dit : le
danger des mauvaises doctrines signifie non pas que
les mauvaises doctrines sont en péril, mais qu'elles
causent du péril. Cela se prolonge dans les adjectifs
dangereux et périlleux : une navigation dangereuse,
une navigation périlleuse sont synonymes et expri-
ment qu'il y a du danger, du péril dans une navi-
gation; mais un homme périlleux ne se dit pas et,
ne peut se dire; au contraire un homme dangereux
se dit et signifie un homme qui, d'une façon quel-
conque, fait courir du danger aux autres. On doit
ajouter que, dans l'usage, péril emporte souvent
l'idée d'un danger plus grand.
— HlST. XII' s. Desor tous autres rois [vous] au-
riez le dangier [domination], Sax. vi. Nuls ne nous
faisoit guerre ne ne menoit dongier, ib. xvi.
Il xui* s. Enciez [avant] qu'il [l'Amour] vint, si
m'escria : Vassal, pris les [tu es], noient n'i a Du
contredire, ne du défendre; Ne fai pas dangier
[résistance] de toi rendre, laliose, (896. Chascuns
ot quatre tours desousiui àbaillier,Liunsd'aus[eux]
en ot sis, plus ot à justicier, Et desous Garsions ot
cil tout le dangier [pouvoir], Ch. d'Ant. vi, 270. Si'
li respondirent iriéement corne cil qui gaires ne
prisoient son dongier, Merlin, f" 30. Les tables mi-
ses, grans et hautes; De mes [mets] n'i a dangier
[défense] ne fautes, Partonop. v. 907. || xv* s. La ri-
vière qui queurt parmi la ville de Caen, qui porte
grosse navire, eslûit si basse et si morte, qu'ils la
passoient et repassoient à leur aise, sans danger du
pont, FROiss. i, I, 272. Quant Hue le despensier vit
qu'il ne pouvoit retraire la roine en Angleterre et
[la] remettre en sou danger [pouvoir de lui Hue] et
du roi son mari, ju. i, i, < I. Les cardinaux, qui se
veoient au danger [pouvoir] des Romains.... id. h,
II, 20. Luxurieux ort, sale et aveugle Ne voit pas le
dangier où il plonge, leroux DELiNCY,Prot>. t. ii, p.
34). En son dangier [pouvoir] bouter ne m'oseroye;
Car ses tourmens endurer ne pourroye, en. d'orl. I.
Elle escouta voulentiers, mais pour la présence du
Dangier [personnage du roman de la Rose qui tient
la belle en captivité] qui trop près estoit, guère ne
respondit, louis xi, JVomu. xxxvii. || xvi' s. Combien
que la peste y fust par la plus grande part des mai-
sons, nul n'en print dangier [mal], hab. Car. i, 27.
Sans plus penser au danger des calumniateurs.
DAN
951
AMYOT, Aie. 3«. Et en parlant, par gestes monstrolt
bien. Que ses advers il ne doubtoit de rien. Ne leur
danger [puissance].... j.MAROT, v, (Co. Bonne honto
sort de danger, baîf. Mimes, f° (B, dans lf.houx
de LiNCY,7'rot). t. Il, p. 263. En trop fier pit le dan-
gier, ib. t. 11, p. 295, GABR. MEURiKR, Trésor des sen-
tences. Sans danger on ne vient jamais au dessus du
danger, in. ib. t. ii, p, 4)4.
— ÉTYM. 'Wallon, dangi, nécessité, danger;
bourguig. daingé; normand, dangitr, puissance; Bre-
tagne, danger, répugnance; provenç. donyicr, diffi-
culté. Raynouardet Diez tirent ce mot de damnum,
dommage; mais cela n'explique ni le sens ni la forme:
le sens, car dangier signifie le plus souvent pouvoir,
autorité; la forme, car damnum ne peut produire
l'o, qui est dans dongier, aussi autorisé que dangier.
Il faut donc trouver un mot qui puisse fournir éga-
lement l'a et l'o; or c'est ce qu'on trouve dans do-
miniarium (on trouve dominiaria, au pluriel neutre
dans Du Gange) dérivé de dominium; car dominus
donne à la fois dom et dam, et domina, dôme et
dame. Dominiarium satisfait à l'autre comlition,
puisqu'il signifie possession et pouvoir. Maintenant
comment, de ce sens, le mot a-t-il passé à celui de
péril? On le comprendra en examinant, par exemple,
ce texte de Froissart où il est dit que les cardinaux
étaient au danger des Romains; s'ils étaient au dan-
ger c'est-à-dire au pouvoir des Romains, ils étaient
aussi par là en péril; là est la transition. Le sens,
aujourd'hui perdu, de résistance, dedilficulté, s'ex-
plique de même. Pour que damnum fût intervenu
dans la signification, il faudrait qu'à un point de
l'historique le sens de dommage .se montrât avant
celui de péril : or il n'en est rien; la trame de l'his-
torique est serrée ; elle va du sens de dominatioi,
de résistance, de difficulté, à celui de péril. Pals-
grave, p. 60, au XVI* siècle, dit expressément que
l'i se prononçait dans dangier.
DANGEREUSEMENT (dan-je-reû-ze-man; quel-
ques personnes disent dan-jé-reil-?e-man ; c'est une
faute), adv. D'une manière dangereuse. Il est dan-
gereusement blessé. Il est malade dangereusement.
Tous [les hérétiques] errent d'autant plus dangereu-
sement qu'ils suivent chacun une vérité; leur faute
n'est pas de suivre une fausseté, mais de ne pas
suivre une autre vérité, pasc. Pensées, art. xxiv,
)3. Mon Dieu, ma fille, quevousavez été vivement et
dangereusement malade! sÉv. )6 sept. (677. Le
consiU, blessé dangereusement, se retira en bon
ordre, et fut conduit dans son camp par un gros de
cavaliers qui le couvraient de leurs armes et de leurs
corps, BOLLiN, Ilist.anc. Œuvres, t. i, p. 406, dans
P0UGENS.
— ÉTYM. Dangereuse , et le suffixe ment.
DANGEREUX, EUSE (dan-je-reù, reû-z'; quel-
ques-uns disent dan-jô-reux; c'est une faute), adj.
Il 1° Oui expose à un danger. De dangereuses liai-
sons. Il est dangereux de trop faire voir à l'homme
combien il est égal aux bêtes sans lui montrer sa
grandeur; il est encore dangereux de lui faire
trop voir sa grandeur sans sa bassesse; il est encore
plus dangereux de lui laisser ignorer l'un et l'autre,
PASC. Pensées, art. i, 7, Tous les grands diver-
tissements sont dangereux pour la vie chrétienne;
mais, entre tous ceux que le monde a inventés,
il n'y en a point qui soit plus à craindre que la
comédie, id. ib. art. xxiv, 65. Rien n'est si dan-
gereux qu'un ignorant ami; Mieux vaudrait un sage
ennemi, la font. Fabl. viii, )0. Ne valait-il pas
mieux vous perdre dans les nues Que d'aller sans
raison, d'un style peu chrétien. Faire insulte en
rimant à qui ne vous dit rien. Et du bruit dange-
reux d'un livre téméraire A vos propres dépens en-
richir le libraire? boil. Sat. ix. Il murmurait contre
le temps présont, convenant en son cœur que le
mérite est dangereux dans les cours à qui veut
s'avancer, la bruy. vin. Et ne prolongez point do
dangereux adieux, rac. Baj. il, 6. Et repou.ssant
lestraits d'un amour dangereux, id. Uilhr.»,b. Mon
père paya cher ce dangereux honneur, id. ib.
1, 3. Le roi toujours fertile en dangereux détours,
id. ib. I, B. Dangereux secrets, volt. Catil. ii, ).
Rien n'est si dangereux dans un État naissant Que
ces hommes de bien que le public admire, id.
Triumv. ll, l. Pendant que Davout jouissait peut-
être du dangereux plaisir d'avoir humilié son en-
nemi [Berthier], l'empereur se rendait à Dantzick,
et Berthier, plein de vengeance, l'y suivait, ségur,
llist. de Napol. m, 2. || Il est dangereux que.... avec
le subjonctif. Qu'il est dangereux qu'on ne mêle
quelques grains de son propre encens à celui qu'on
reçoit des autres I fléch. Panég. ii, ))3. |{ 2" Qui
met en danger la religion, les moeurs, l'organisation
o:.^2
PAN
sociale. tJn livro ilangereiix. Cet ouvruge n'est ni
mauvais ni dangereux à publier. || 3° Qui a pouvoir
de nuire, en qui on ne peul se fier, en parlant des
personnes. Il\oit la servilmie où lo roi s'est sou-
mis, El connaît d'autant mieux les dangereux amis,
conN. Nie. III, 2. Pourquoi mes-tu donné, ô corps
mortel, fardeau acoaWant, soutien nécessaire, en-
nemi (lalteur, ami dangereux, avec lequel je ne puis
avoir ni guerre ni paix, parce qu'à cliaque moment
il faut s'accorder et à chaque moment il faut rom-
pre? Doss. llourgoing. Les gens sans bruit sont
dangereux; Il n en est pas ainsi des autres, la
FONT, l-'alil. vm, 23. Dangereu.se marâtre, à peine
elle vous vit Oue votre exil d'abord signala son cré-
dit, RAC. Phèd. 1, I. Dangereux à lui-même, à ses
voisins terrible, VOLT. Ilenr. ch. i. Ce sexe dange-
reux qui veut tout asservir. S'il règne dans l'Ku-
rope, ici doit obéir, ID. Zaïre, m, 6. {j Homme
dangereux, femme dangereuse, celui, celle que l'on
croit propre à inspirer de l'amour, sans en ressentir,
et à se jouer ainsi de la créilul.té d'une affeciion
sincère.' Il 4" Terme d'ancienne législation. Sergent
dangereux , signifiait Cfclui qui veillait à la con-
servation des terres en défens, et des bois sur les-
quels le roi avait le droit de danger. || 6° Terme de
fauconnerie. Oiseau dangereux à dérober les son-
nettes, oiseau sujet à s'écarter.
— HIST. xiii* s. Et se tu l'autre refusoies. Qui
n'est mie mains doucereus, Tu seroies moult dan-
gereus[difficultueux], (a /tosc, 2G82. Carlileus [lieuj
d'oisiaus herbergier N'estoit ne dangereus ne cbi-
ches, One mes ne fu nus leus si riches D'arbres ne
d'oisillons chanlans, ib. 47;i. || xv* s. Mais lors sera
ma grâce de toyloing; Caràbondroit tefauldrayau
besoing. Et si feray vers toy le dangereux. Comme
tu f.iis d'estre vray amoureux, eu. d'okl. i. || xvi* s.
Il faict dangereux assaillir un homme à qui vous
avez esté tout moyen d'eschapper par les armes,
MONT. I, 352. Cest une dangereuse invention que
celle des géhennes, ID. il, 47. Les sireines, pour
attirer Ulysse dans leurs dangereux et ruyneux
laqs.... iD. II, 208. À cela peult on voir combien il
faict dangereux encourir la malveillance d'une ville
qui sçait bien parler, amyot, Thésée, 18. Cognois-
sans de quelle conséquence est en ce temps dange-
reux, qu'il n'y ait qu'un seul chef, id. Cam. 3i.Le
chemin estoit bien dangereux à raison des voleurs,
ID. Thésée, 6. Il tumba en une maladie, laquelle du
commencement .sembla bien dangereuse, id. P.
Mm. 62. Un si dangereux voisin et si malaisé à
manier, id. Pyrrh. i». Et n'en demouroit sinon la
re|iutalion de malignité et de dangereuse et mau-
vaise langue àceulxqui lesdisoient, in. Comm.disc.
leflatt. 47. Les poissons porlans coquilles, sontdan-
gereux d'engendrer la pierre, palissy, 50. Ces terres
sont fort humides ou longues à seicher, dangereu-
ses [sujettes] à brusler, id. 60. Les femmes fort
maigres et seiches sont dangereuses [exposées| à
advorter, pabê, L ii, p. 625. Le col estans la partie
de son corps la plus dangereuse, et en laquelle le
loup .s'attache premièrement, o. de serbes, 340.
— ÈTVM. Diinger.
DANOIS (da-not; \'s se lie: un da-noî-z agile),
». m. Il 1° Chien de chasse à poil ras, ordmairement
lilanc, tacheté de noir, d'origine danoise, dit aussi
arlequin. || Grand danois, chien élancé comme le
lévrier, gros comme le mAiin et fort comme le do-
gue. Petit danois, plus effilé que le précéilent et de
la taille du doguin. Le grand danois, iranspurté en
Irlande, est devenu chien d'Irlande, et c'est le plus
grand de tous les chiens, bufp. Chien. || 2» Cheval
danois, cheval qui vient du Danemark et qui est
produit surtout dans l'île de Seeland.
DANS (dan; l'iselie: dan-z un lieu), prc'p. || 1° Â
l'intérieur d'un lieu ou de ce qui peut êlre comparé
à un lieu. Il vit dans Paris. L'ennemi est dans
nos murs. J'ai trouvé dans ce livre un beau passage.
La phrase dont vous parlez n'est pas dans Bossuel.
Bientôt dans des vaisseaux sur l'Euxin préparés J'ai
rejoint de mon camp les restes séparés, bac. Milhr.
II, 3. Peut-être en ce moment je serais dans Ostie,
S'il ne m'eût de sa cour défendu la sortie, id. Bé-
rén. m, 3. L'autre, en vain se lassant à polir une
rime. Et reprenant vingt fois le rabot et la lime.
Dans la fin d'un sonnet te compare au soleil, boil.
Duc. au roi. Cambyse avait régné sept ans et cinq
mois; il est appelé dans l'Écriture Assuérus, rollin,
Ui't. anc. Œuvres, t. ii, p. 835, dans polge.ns.
Il Au sein de. Ou couché sans honneur dans une
foule obscure, bac. MUhr. i. 3. || Kig. Il y a de
grands travers dans son esprit, f.xre habile dans un
art. S'illustrer dans les combats. Et mal sûr dans
nn trône où tu crains l'avenir, corn. Hiracl. i, 2.
D.\N
Un prince est dans ."îon trône ,\ Jamais affermi, m.
Sicom. m, 2. Aujourd'hui dans le trône et demain
dans la bouc, id. Pohj. iv, 3. Je serais dans le trône
où le ciel m'a fait naître, m. Pomp. iv, (. On m'as-
.sassine dans le bien, on m'assassine dans l'honneur,
MOL. l'An, v, 5. Ne l'examinons point dans la grande
rigueur, id. Mis. i, t. Dans vos brusques chagrins
je ne puis rien comprendre, id. ib. Four moi je ne
le cèle point, je souhaite que les choses aillent
dans la douceur, id. Festin, v, 3. Je m'approche
toutefois, Et de l'enfant je prends les doigts. Les
réchauffe, et dans moi-mêmeJedis: pourquoi crain-
dre tant? Que peut-il? c'est un enfant, la fon-
taine, l'Amour mouillé. Ces secrets étaient cachés
dans le Seigneur notre Dieu, et maintenant il nous
les a découverts, à nous et à nos enfants pour ja-
mais, SACY, Bible, Deuléron. xxix,29. lisseront tous
dans les plaintes et les hurlements, id. Bible, Isaie,
XVI, 7. Il raffermit dans le trône, uoss. Ilist. I, 6.
Nous vîmes alors, dans cette princesse, au milieu
des alarmes d'une mère, la foi d'une chrétienne, id.
Marie-Thérèse. C'est pourquoi tout tombe en ruine
dans vos mœurs ; et vos sens trop décisifs emportent
votre raison incertaine et irrésolue, id. ib. Ce que
peut dans les maisons la prudence d'une femme
sage pour les soutenir, pour y faire fleurir dans la
piété la véritable sagesse, id. ib. Dans les maximes
du .salut, c'est un mal sans comparaison plus grand
de tromper que d'être trompé, bourdal. Sermons,
22' dim. après la Pent. Domin. t. iv, p. 3H. !1 n'y
a rien de plus dangereux ni de plus formidable que
la paix dans le péché , in. 9" dim. après la Pent.
Dominic. t. m, p. tc6. Ils seraient baptisés dans le
Saint-Esprit, id. Myst. Pentecôte, t. I, p. 451. C'é-
tait pour eux un devoir de secourir les pauvres dans
leurs maladies, de les retirer de la mendicité, id.
Eihort. char. env. les nouv. cath. t. i, p. I20. Il est
né dans l'éclat et dans la pompe, dans la fortune,
dans l'abondance, dans les aises et les plaisirs de
la vie, ID. JVod'ti. de J. C. 2" avent, p. B25. Con-
templez mon devoir dans toute sa rigueur, rac.
Bérén.iv, 5. Sa reconnaissance Ne peut-elle éclater
que dans sa dépendance? bac. Bri'.. l, 2. Ils voient
leurs fautes dans toute leurénormité, fén. Tél. xviii.
Madame de Montespan est bien aimable dans les lar-
mes, M'"" DE MAiNTENON, Lctt. à Mme de Frontenac,
t08O. N'abandonnez pas, ô mon Dieu, ceux qui veu-
lent vous servir et Vuus glorifier dans vosdon.s.MASS.
Car. Prière 2. C'est qu'on ne s'examine quedans ses
propres préjugés, id. Car. Confess. L'instruction et
le zèle des ministres de la pénitence qui lui parlent
au tribunal dans toute la sincérité de Dieu, id. Car.
Dang. des prosp. temp. Mais vous tenez le jour d'un
roi que je révère. Et dans le fils cncor je respecte
le père, Aihenais, iv, B. Dans un sang odieux elle
a reçu la vie, voi.t. Soph. iv, 2. J'ai vieilli dans la
misère et dans l'opprobre, id. Candide, t2. Qui est-
ce qui, dans l'état oii l'on m'a mis, a le droit d'exi-
ger davantage? i. j. Eouss. Confess. vm. Loin de
s'ensevelir dans un mari, c'est celui de tous les
hommes qu'elles voient le moins d'allainval,
École des bourgeois, 1, 1 3. Te voilà nu dans ma pré-
sence. Siècle innocent ou criminel, v. hugo, Odes,
I, )0. I| Il est dans, se dit parfois pour signifier :
il appartient à, c'e.st le propre de. 11 est dans son
caractère de faire de.s imprudences. Il était dans sa
destinée définir misérablement. 11 est dans la jalou-
sie de l'ambition de détruire pour posséder, baynal,
Ilist. phil. xvii, t3. Il Dans le besoin, c'est-à-dire si
la chose est nécessaire. Tous les chiens de ses basses-
cours composaient une meute dans le besoin, volt.
Candide, t.\\2' Dans sert encore à marquer l'état, la
disposition physique ou morale, l^tre dans une pos-
ture contrainte. Être dans la joie, dans la douleur,
dans la misère. Vivre dans l'attente, dans l'espé-
rance, dans la crainte. Dans le doute abstiens-toi.
J'envoyai quérir les principaux du chapitre qui étaient
tous dans ma disposition, retz, ii, 80. Vous êtes
aujourd'hui dans une humeur désobligeante, mol.
Sicil. 7. S'imagina qu'il ferait bien De se pendre....
Dans cette intention, une vieille masure Fut la
scène où devait se passer l'aventure, la font. Fabl.
IX, ts. Dans l'espérance que quelque charitable per-
sonne vous en empêcherait, eév. 27. Alger, tes mai-
sons ne sont plus qu'un amas de pierres ; dans ta bru-
tale fureur, tu te tournes contre toi-même, et tu ne
sais comment a.s.souvir ta rage impuissante, Boss. Ma-
rie-Thér. Dans le doute mortel dont je suis agité,
bac. Phèd.l, I. Dans leur dépit, ils brûlent Gibraltar;
Maracaibo aurait subi le même sort, s'il n'eût été
racheié, raynal, Ilist. phil.x, (0. || 8' Dans, ex-
primant un rapport de lieu, avec l'idée qu'on va
dans le lieu. 11 allait dans la forêt chercher du bois.
n.\N
Il entra dans l'appartement. Entrez dans cette porte,
MOL. Éc. des maris, ni, 5. Nous allâmes, le leodC'
main qui était jeudi, dans nn lieu qu'on appelle
l'Orient, à une lieue dans la mer, sÉv. (3 août
t889. Oui je viens dans son temple adorer l'Éter-
nel, rac. Athal. I, t. L'un d'eux, condamné à mort
par le tyran, demanda par grâce qu'il lui fût per-
mis de faire un voyage dans sa patrie pour y ré-
gler ses affaires, avec promesse de revenir dans un
certain temps, hollin , Hist. anc. Oh'uvres, t. v,
p. 235, dans pouGENS. Il Par extension. Alors que
dans sou trône il rétablit mon père, corn. Toii. I, I.
Voici de mes deux fils celui qu'un droit d'aînesse
Élève dans le trône et donne à la princesse, id flo-
dog. v, 3. Il fut résolu d'un consentement unanime
qu'on déclarerait la guerre à Nabis, tyran de Sparte,
s'il refusait de rétablir Argos dans sm ancienne li-
berté, ROLLIN, Ilist. anc. Œuvres, t. vm, p. 807,
dans pouGHNS. || Fig. Il se précipita dans les désor-
dres les plus criminels. Non, ne descendez point
dans ces humilités, mol. Mélic. 1, 5. N'allez pas pous-
ser les choses dans les dernières violences du pou-
voir paternel, id, l'Av. v, 4. Et pour nous élever,
descendons dans nous-mêmes, volt. Loi ruit. Exorde.
Il 4° Kig. Dans, indiquant une direction vers.... Faire
une chose dans l'intention d'être utile, dans la pen-
sée d'être agréable. Tout impôt levé dans une autre
vue que celle du bien public est un violement des
droits essentiels de l'humanilé,FÉN.t.xxii,p. 389. Il
est vrai que je n'eniends point votre livre; il n'importe
pas que j'aie démêlé bien ou mal l'objet dans lequel
il a été écrit, mais je connais à fond toutes vos
pensées, montesq. Esp. Défense, 2» part. Idée géné-
rale. |l 5» Dans, indiquant un rapport de temps. Dans
le temps et dans l'éiernité. Soyez prêt dans une
heure. Il a subi bien des traverses dans le cours de
sa vie. Nous sommes dans l'hiver. Je vous fais toutes
ces questions agréablement dans mon loisir, et vous
m'y répondrez dans le vôtre, sEv. 25 sept. taso.
Il a voulu Qu'elle eût dans son absence un pou-
voir absolu, RAC. Biij. I, t. Après la mort de Ferdi-
nand je fus régent dans l'absence du jeune prince
Charles, fén. Diat. des morts mod. diat. 17. C'est
dans ce saint loisir que, repassant dans la lumière de
la foi, sur tout le cours de notre minislère.... mass.
Confér. Retraite pour des curés. H [Stilpon] aima
dans sa jeunesse les femmes et le vin, dider. Opin.
des anc. phil. Secte mégnriqne. || Molière a dit : dans
demain. Oui. je veux terminer la chose dans de-
main, mol. Éc. des f.i, t. || 6° Selon. Cela est vrai
dans les principes d'Aristote. Ce mot est employé
dans telle accepiion. Dans le sens où vous prenez ce
passage. Les évoques qui n'ont pas été ordonnés par
et dans celte succession , boss. Projet.
— REM. 1. Eu et doHsse distinguent parce qu'en
ne prend que dans des cas exceptionnels l'article le,
la, les après soi , et que dans le prend. || 2. En deux
jours, dans deux jours : en..., exprime le temps
qu'on mettra à faire une chose : j'ai fait cela, je
ferai cela en deux jours; dans.... exprime l'inter-
valle de temps au bout duquel on se mettra à l'ou-
vrage : je ferai cela dans deux jours, c'est-à-dire je
commencerai l'ouvrage au bout de deux jours, après
deux jours. {| 3. On ne dit pas : vous ferez cela dans
deux fois; il gagna la partie dans trois coups; on
dit : en deux fois; en trois coups. || 4. Dans le but,
voy. BUT.
— HIST. XII* s. Li rois estoit dans une (çrant vs-
lée, lionc. p. 70. || xui' s. Denz ces chambres l'en
mena, Nouv. ree. de fables et contes anciens, t. n,
p. 193. ||xv' s. Car dens la ville les meltroient. Vi-
giles de Charles VU, t. ii, p. B3,dans baynouabd.
Et la tierce est quant ceuls de dens et ceuls de hors,
se combalent aux murs.cnaisT. de pisan, Chari«»F,
II. chap. 34. Il XVI' s. Dans un an sa traficqiie rap-
porta.... MONT. I, 142. Tant de vies avoient à des-
faillir au plus loin dans un siècle, id. i, 271. Il
se laissoit choir dedans la chaire, et puis debout
tiroit de dessous sa robbe une teste de mort em-
manchée dans un baston, d'aub. Fœn. iv , (O. L'es-
trier lui demeura dans le pied, id. tb. m, 7. Deux
goujats, qui en faisant rostir une oye dans une bro-
che de bois chantoient des villenies contre la roine,
ID. Ili.it. i, 142. Le prince, n'ayant point d'ordre à
lui donner, luy mit dans le col à la teste de l'armée
une chaisne de deux cens escus, ID. ib. m, 2e(-262.
— ÈTYM. Picard, da. dos. dé; provenç. dtnd,
din.ï,de d«-in lut. composé de la préposition latine de,
et mlus (voy. en, préposition).
t DANSABLK (dansa-bl') , adj. Qu'on peut dan-
ser Air ilansable. Cette valse n'est pas dansable.
t DA.VSANT, ANTE (dan-san, san-t'), ad}. Qui
danse; qui aime à danser. .Tamais je n'ai vu une
DAN
DAN
DAR
953
petilB flllesidansanle naturellement, sÉv. -247. || Pro-
pre à faire flanspr. Mii«iqne dansante. Airs liansnnts.
Ii^s chansons, les festins, les vi'nilanpe.s bruyantes,
Et h flOle et la lyre et les noies dansanies. a. ciiRn.
IdillUs, l'Aveugle-W Consacré à la dai)>e. Une soirée
dansante.
D.\XSE (dans'), s. f. ||l°Sititede sauts et île pas
réglés par une cadence et lialiitiiellement dirigés par
la musique. D'un esaim de beautés la d.'.tise en-
chanteresse. DF.LAV. Paria. 1. I. La danse française,
si remarqnaMe pil^^élé^'ance et la difficulté des pas,
STAËL, Connue, vi, i. \\ Danse basse, ternie an-
cien, aujourd'hui remplacé par danse noble, celle
où l'on ne quittait [las terre, comme la courante,
et en dernier lieu le menuet, qui consistait en pas
tranquilles et en belles attitudes. Klle éiait opposée
à la danse par haut, nommée aussi baladinage. au-
jourd'hui danse lé^'ère. celle où l'on fait ries sauts
et des pirouettes, par exemple la gavotte. || Manière
de danser. Il a une danse noble, libre, aisée. |{ 2* Ac-
tion de [ilusieurs personnes qui dansent. Commen-
cer la danse. Kutrer en ilanse Vraiment vous n'avez
garde en l'étal où vous êtes De songer de festins, de
danses et île fêles. mairet, Sophnn. ii. 3. CeslSches
Lydiens, nourris dans l'ahomlance, l'armi les jeux,
l'amour, les festins et la danse, Tristan, Paiilh.
IV. 2. Moménée lui ordonna de men"r les danses
desjeunesCréioises, FÉN Tél.xxn. Tout était en joie
et en danse ch"7. cet abbé, sêv, 304. || lintier en
danse, se mettre du nombre de ceux qui dan-
sent. Il Fig. et familièrement. Entrer en danse,
se mettre d'une enlie|irise, d'une affaire, d'une
guerre, etc. ilont on était jusque-là simple speca-
tew. Pour prendre au bond l'.,ccasion de se remet-
tre en ilanse, siîv. 611. Albéroni espérait il'oblitter
les plus ind (Téients à entrer en danse [guerre],
et de faire venir à chacun l'envie de ilanser par les
bons instrumeiitsqu'on accorderait à Ma Iriil, st-sim.
478, 179. Il En danse, à l'œuvre. Puis, bistouris
en danse; enfin la fièvre prend ; Tout le corps y suc-
combe, et le voilà mourant, la motte, Fabl. m, I8.
H Commencer la danse, mener la danse, être le
premier à faire ou à souffrir quelcpie chose de fâ-
cheux. C'est vous qui commencerez la danse. Un
violon qui avait commencé la ilanseet la pillerie du
papier timbré, sÉv. 229. || Familièrement. Avoir l'air
à )a danse, être en disposition de beaucoup danser;
et fig. êire lout disposé à la circonstance, ou avoir
l'air vif, éveillé, l'uissions-nous marier ainsi une
fille de Sirven! mais la pauvre diablesse n'a pas
l'air à la danse, volt. Lfti. Iiami:aville,2 févr. 1767.
Il Avoir le cœur à la danse, être dispos, de bonne
humeur. N'avoir pas le cœur à la danse, être triste.
Il Kigj'et populairement. Donner une danse à quel-
qu'un, le bien battre. Ahl mon ami I — Oui, votre
ami qui va recevoir une danse, iiAYABn, Ut Ganis
jaunes, se. I2. |1 3" Air de danse. Jouer toutes sortes
de danses. || Terme de musiipie. Danse d'ours,
composition dans laquelle on cherclieà imiter les
airs de raiisetle. || 4* l'opula.rement. le lieu où l'on
llanse. Aller à la danse. || 5° Danse se [irend en-
core en il'autres sens, et pour des arts tout autres
que la danse proprement dite. Danse d'expression,
t'est proprement une sorte de pantomime, comme
la pyrrhique des Grecs. Leurs dan>es [des sauvages)
sont presque l ujours une image de la guerre et
communéirenl exécutées les armes à la main; elles
tont si vraies, si rapides, si terriliies. (]u'uu Eu-
ropéen qui les voit pour la première fuis ne peut
s'empêcher de frémir, raynal, //«(. //Ai/, xv, 4.
N"est-il pas singulier que, dans les premiers ;1ges
du monde et chez les sauvages, la danse soit un
art d'imitation, et qu'elle ait penlu ce caractère
dans les pays policés? ID. ib. \\ Danse d'imitation
en charge ou danse comicpie : c'est moins une danse
qu'un jeu de physionomie ou de geste, par lei|uel
on imite enridculedes personnes connues ou celles
qu'on vient de voir. || 6' Danse sur la corde : c'est
tine sorte de voltige ou de tours d'adresse et d'équi-
libre. Quelquefois aussi on y fait des jetés, des
pi es, des assemblés, des entrechats et autres pas
de danse. || Danse sur les clievaux : c'est encore une
voltige plutôt qu'une danse. || 7° Danse macabre
(voy. MACABRE). Il 8° Terme de physique. Danse des
pantins, expérience pour manifester les attractions
et les répulsions éiectriiiues. || 9° ferme de méde-
cine. Danse de St Guy. nom vulgaire de la cliorée,
dite aussi danse de St 'Witt, parce que, pour la
guérir, on s'adressait à St Guy ou 'Wili. || Pro-
verbe. Après la panse vient la danse, après avoir fait
bonne chère on ne songe qu'à se divertir.
— HIST. xin's. Dances, baus et caroles [vous]
fe'issiez commencer, herte, xi. Bel Acueil se taist
DICT. DE LA LANGXJ-E FlUNÇAISE.
et escoute Por la vielle que il redoute. Et n'est si
hardis qu'il se moeve. Que la vielle en li n'aperçoeve
Aucune Me contenance. 0"'el scel toute la vielle
dance. la Rnse, 3ii4«. [Elle] ira à danses et à veilles.
Au sermon, au pèlerinage. Conlenaitres dex femmes.
Il xv s. Et estoienl ensemble à la fois en dances et
en caroles et en esbatemenis. fhoiss. n. ii, 46. Mon
amy. il n'y a que faire d'entrer en la dance; mais
la façon est de s'en sail'ir à honneur, Jeh. de SaiH-
tre, ch. 12. Dieu parduint aux trespassez. Par là
fault que vous passez, C'est nostre commune dance,
ALAIN ciiART. Le lai de paix. Et de voler [chasser au
vol], et de tournoiement. De dame avoir et de me-
ner la dance. E. descii. Pliiis. de l'élude. Au fort,
puisque suis en la danse. Bon gré ma'jgré, m'y fault
I fournir. Et n'y sçay de quel pié saillir, en. d'orl.
Chans. 4.'!. Celiiy.... qui maistre estoit de mener
! telles danses [guerre, batadle, danger] etqui peu les
craignoit, Bnuciq. m, ch. 2. L'autre se elTerve et se
trouble; Et de faict, quant la dance ce-se. Il de-
meure sur un pas double, coquillart, Droi'(v ?iou-
veaiix. Au fort, quelqu'un s'en recompense. Qui est
remply sur les chantiers; Car de la panse vient la
danse, vii.lon, Gr. tesiam. 25.
— ETYM. Voy. danser; proveno et catal. dansa;
espngn. dama pnrtug. dança; ital. dama.
DANSE. ÉE (dan-sé, sée), pari, passé. Un ballet
bien d.msé.
DANSER (dan-sé). || 1° Y. n. Mouvoir le corps sui-
vant les règles de la danse. Vous chantiez; j'en
suis f(jrt ai.se; Eh bien ! dansez maintenant, la kont.
Fa'ol. I, t. Nul héros n'a plus illustré la Grèce
qu'Epaminondas ; on comptait au nombre de ses
belles qualités d'avoir su danser avec grAce et tou-
cher les Instruments avec habileté, roi.lin. llist.
anc. Œnvres, l. xi. ("partie, p. 212. dans pou-
OENS. Ouand Louis XIV et toute sa cour dansèrent
sur le théâtre, quand Louis XV dansa avec tant de
jeunes seigneurs dans la salle des Tuileries, volt.
Dinl. 2t. Heureux villageois, dansons, bEhang.
/,oui.ç XI. Tandis qu'à mes yeux la belle Chante et
danse à ses chansons, id. Double ivr. Chers en-
fants, chantez, dansez, Votre â?e Échappe à l'o-
rage, ID. Orage. \\ Impersonnellement, au passif.
Il fut dansé, sauté, balle, la font. Joc. \\ Fig. et
familièrement. Ne savoir sur quel pied danser, être
iniertain du parti à prendre, de la conduite à
tenir. || Fig. Son cœur danse de joie, il est dans une
joie extrême. || Fig Faire danser quelqu'un, le faire
danser sans violon, lui susciter des embarras, des
désagréments; se venger de lui, et au.ssi s'amuser
de lui. La première femme de chambre de madame
la duchesse d'Orléans, transportée de joie de cette
lecture [d'un livre de messe à l'église], lui en fit com-
pliment; M. le duc d'Orléans se plut quelque temps
à la faire danser, puis lui dit : c'était Kabelais que
j'avais porté de peur de m'ennuyer, st-sim. 3;io,
20. Il Fig. Du vin à faire danser les chèvres-, du vin
très-aigre. Il Faire danser les écns, dépenser beau-
coup. Il Faire danser l'anse du panier, se dit d'une
cuisinière, d'une domestique qui, allant au marché,
compte les objets plus cher qu'elle ne les a payés et
s'adjuge la dilVérence entre le prix réel et le prix
qu'elle dit. {| Danser sur la corde, exécuter des pas
cadencés, des .sauts sur la corde tendue; et fig. élre
engagé dans une affaire très-scabrense, et au.ssi agir
en homme de peu de consistance et qui clieri:he à
éblouir. Il Ternie de chasse. On dit qu'un chien danse
sur la voie, ou dans la voie, quand, n'étant pas juste
dans la voie, il chasse tantôt à droile, laiiiôià gauche.
112° V.a. Exécuter une danse. D..nser une contre-
danse, une valse. Les amours....Seiiiblenl danser les
matassiiis, Régnier, Mac. .le n'ai point vu d'homme
danser comme Locraaria cetie .soi te de danse^ sév. 73.
Ils dansèrent les danses de leur pays, fên. Tél. viii.
Pour danser d'antres bals elle [la jeune fille] était
encor prèle, v. hugo. Oririu. M. \\ Fig. et po|iulai-
reinent. la danser, recevoir une furie correction, être
bien baitu. Oui la dansa, mais lout du long, vauê.
Pipe cassée, ch. 3. || 3" Terme de boulangerie. Tra-
vadler la pâle à biscuit jusqu'à ce qu'elle soii bien
ferme. Danser la pâte. || 4" Se danser, v. réft. Être
dansé. La valse se dan.se à deux et à trois temps.
Que si tu veux te prêter à moi pour quelques heures
et reIScher un peu de ta gravité, je m'assure de te
rendre ce plaisir [la danse] si familier qu'il ne se
dansera point de ballets que tu n'ailles longtemps
auparavant retenir place pour les voir plus à ton
aise, d'ablancourt, Lucien, Danse. \\ Proverbe. Tou-
jours va qui danse, se dit de celui qui, sans faire très-
bien ce qu'il fait, s'évertue pourtant de son mieux.
— HIST. xit's. Les dames faites danser et caroler,
Rone. p. 166. Il xiv s. C«ulx qui carolent et dancent
ou chantent ensemble nu qui jouent eiisemble de»
instrumens, oresmr. Elh 245. ||xv* s. Fut le sou-
per liel et gent, bien dansé et continué toute la
nnict jusques auprès du jour, froiss. liv. iv. p. r.3,
dan< laci:rnk. Tous s'en vindreut deve'*s le.> dames
qui les atlendiiient pour estre dansées et carollées;
carfeste de fenimp sans hummes et d'hnnimes sans
femmes est de nulle plaisance, Perrrfuresi . t. iv,
l^i.^K, dans L.VCIRNE. Il XVI" s. Au s ir danse Oui
matin hanse [venil], i.kroux de i incy, Priir. t. tl,
p. 70, Oui danse bien sans nienestrier peut bien che-
vaucher sans estrier. m. tb. p. 387. J'ay ven. dicl
Arnus, autres fois un eleidiant ayant à chascuiie
cuisse un cymba'e pendu et uii aiiltre aliaclié à sa
trompe, au son desquels touts lesaullres daii-snient
en rond, s'e-levanlset s'iiiclinants à certaines caden-
ces, selon que rinslnimeiil les guidnit. MONr.ll. 174.
— f.TYM. Provenç. danxar ; espagn. duiiznr ; por-
tuR. daiiçar; ital. dansare ; i\on pas de l'alleiii nid
(onxpn, danser, qiii.d après les gerraaiustes, est venu
des langues nunanes dans la langue allemande, mais
de l'ancien haut-allemand damôn. tirer, étendre.
DANSEl'R. EUSK (dan-seur. seù-z') , s. m. et f.
Il 1° Celui .celle qui ilanse. Quelle est \o're danseuse?
il n'y avait pas S ce bal as.sez de d insensés. || Celui
qui aime à danser. Un infatigable danseur. |! 2° Ce-
lui, celle qui fait profession de danser. Danseur,
danseuse de l'opéra. Danseur de corde. T. mon le
Phliasien fut d.anseiir, avant que d'être scepticpie,
DlOKR. Opin. lies anc. phil. Pyrrhcmisme. Dans le
ballet duTriomphe de l'Amoiir, en luHi, on vit (lour
la première fuis des dan.seuses sur le théâtre de l'o-
péra ; auparavant c'élaient deux, quatre, six ou huit
danseurs qu'on habillait en femmes, st-foix, F.ss,
Paris, OEurres, t. m, p. 4ni), dans pougens.
Il 3° Adi. Terme de vénerie. Chien danseur, et,
substantivement, un danseur, chien qui, courant
rie çi'i et de là, ne suit pas la voie de l'animal i|u'il
chasse. |{ Proverbe. Jamais danseur ne fut bon clerc,
c'est-à-dire celui qui se livre aux amusements du
monde n'avance pas dans son étude, dans sou métier.
— IliST. xv s. Les oyseaulx duviennenl d.inseurs
Dessus mainte branche lleurie, ch. d'oul. liondeau.
— KTYM. Panser.
t DAN.SOTTElt (ilan-so-té), v. n. Terme familier.
Danser un peu Ou a dansotté hier soir.
— ÉTYM. Panser.
t DANTESQUE (dan-tè-sk'), adj. Qui imile le ca-
ractère sombre et sublime que Dante a imprimé S
ses poèmes.
— ÈTYM. Dante, poète italien du xiu* et du
xiV siècle.
f DANZÊ (dan-zé), I. m. Masse de fer sur laquelle
le glacier, puisant le veire mou sur l'âtre, fixe le
manche de son outil.
D.APIINÊ (da-fné), s. m. Terme de botanique.
Arbuste dont les tiges servent à faire les cliapeaui
dits de paille blanche; on le nomme aussi lanréule
mâle {daphne laurenla, /,.). 11 y a d'auires ila|.hir's :
le dnplme mezereum, dit vulgairement laiiréule fe-
melle, bois gentil, garou des bois; le daphne gni-
diiim, du garou et sainbuis; le da/iliné odorant, dit
lauiéule odorante, et le dapliné alpin.
— ETYM. Aiifvn, laurier.
tDAPHNÊlNE (da-fiié-i-n) ou DAPIININE (daf-
ni-n'). s. f Terme de chimie. Principe trouvé dans
l'écorce du dnphne alpina, L.
t DAPIINITE (dafiii-f), s. f. Pierre figurée qui
imite les feuilles de laurier.
— ETYM. Aîmvï). laurier.
t DAPirNOÏDE (da-fno-i-d'), adj. Terme de bo-
tanique. Oui ressemble à un (lapliué.
— ETYM. Paphiié, el s'iôo;, loriue.
f DAPIINOJIANCIE (ila-fiio-man-sie), s. f. Terme
d'aniiipulB. Divination au mojen de feuilles de lau-
rier brûlées ou avalées.
— ETYM. .iàçvr,, laurier, et le suffixe mande.
t DAPIKER (da-pi-fér'), s. m. Tenue d'hisloirp.
Tilre d'un ile« grands officiers de l'euipire germa-
nique, qui servait à table. On trouve la signature,
c'est-à-dire le scuau el la présence [Ju grand bou-
teiUerJ cités dans les aiicieniies charies de nos rois
avec le ilapifer, qui est le grand maiire ou le sou-
verain maître d'hôlel, st-sim. 24a, o».
— ÉTYM. Lat. dapifer, de dapes, mets, et fer,
qui porte.
iDAPIFÉRAT(ila-pi-fé-ra),î.m. Dignitédedapifer,
D'APRÈS (da-prê), loc. adv. Voy. après.
t DARADE (da-ra-d'), s. f. ou DAKAUEL (da-
ra-dèl), s. m. Terme de botanique, un des nomi
de l'alaterne.
t DARAISE (da-rê-z'}, s. f. Terme d'eaux et fo-
! rets. Déchargeoir d'un étang.
I. — 120
954
DAR
1;ABCE (dar-s"), ». f. Voy. nAnSE.
DAIU) (liai; le dnese prononce jamais et ne se lie
pas : un ilaraiRu; au pluriel, Vs ne se lie pas: îles
dar aJKus; cepenilani plusieurs font la liaison : des
dar-7.ai(,'"s),i. m. || 1° Sorte iFarme qui pst un billon
garni d'une pointe île fer et se lance avec la main. Au
pouviiir lie ipsil.irils je rcmeis ma vengeance, coiin.
Uéiiée, IV, 0. Ils ont lie toutes pa:ls Fait briller à nos
yeux là poinledeloursilanls.RAC./p/iii;. v, l.Oupré-
senienl leurs darils aux yeux ilesmalelols, in. Hilhr.
IV. 6. Voyez si vous rumpri'Z ces dards liés ensem-
ble; Je vous e.\|,li<|uerai le nœud qui les rassemble,
LA FONT. Fahl. IV, (8. ||Ki(.'. l'^l lonles les raisons
dont s'appuyailsa Mamme. Étaient autant de dards
qui me traversaient l'rtme, coiin. Puickér. ii, i.
Vous avez ouï dire i|uelles fli^ches et quels dards le
di.ible déccclia conlre Job, sans le pouvoir ébranler,
MAiiciioix, lloniél. viii, dans iii.jiixkt. |1 2" l'aitie
essenliflle de l'aifiuillon des insectes lijménoptères,
COinposi^e de deux slylels cannelcs, qui par leur
adosscment foiinent un canal servant d'issue au
venin. I.e dard d'une abeille. || Kxtréniité de la queue
des scorpions. || Par abus et par la fausse croyance
que le venin éiait dans la langue, le nom de dard a
été donné à la langue des serpents. || Kig. Trait vif
et mordant. Il décoche un dard qui porte coup.
Il 3° Terme de jardinier. Nom du pistil. || Petit ra-
meau du jioirier d'un centimètre à cinq ou huit de
longueur, terminé par un œd conique qui finit par
s'arrondir et devenir bouton à fruits. || 4° Nom d'une
espiUe de faux étroite emiloyée dans les jardins.
Il 5° Terme d'arpeniage. Petite pointe, à l'aide de
laquelle l'arpenteur fixe le trou oculaire de la vi-
sière dans la direction de l'objet. || 6° Garniture de
fer qui renforce le b;iut du fourreau de sahie, pour
qu'il ne s'use pas en traînant à terre. || 7° Terme
d'archit'-cture. Ornement en forme de fer de dard
qui sépare les oves. || 8° Terme d'artillerie. Ma-
chine de quatre à cinq pieds de long, sur laquelle
on bi\lit un feu d'artilice, et qu'on j-^tle, après y
avoir mis le feu, pour emliraser les choses aux-
quelles elle s'attache, et pour éclairer les travaux de
l'ennemi dans un siège. || Terme de manne. Sorte
de baguette d'artifice, antérieure aux fusées à la
congiéie. || 9° Nom d'une espèce de carpe, ainsi
nommée parce qu'elle s'élance avec beaucoup de vi-
te.sse, dite aussi vaudoise ou vandoise ( IcKCiscus
tulgaris). || Nom de quelques serpents. || 10° Terme
d'astronomie. Petite cousiellaliou boréale, dite or-
dinairement Javelot.
— msT. XI' s. Wigres [tr.aits] etdarz, Ch. de Roi.
CLli. Il xii' S. Et tint un dart, Honc. p. 23. [Ils| lan
cent lordars pour lor cors dammaigier, il), p. 04. El
il si font dars agus et pennés, tb. p. 80. Et nous lui
mostrerons tant espié et tant dart, Sax. xxix. Dun
ne seusies que 1 um lance legieremenl les darz del
mur e des kernels? Rois, I66. || xiii's. Amis, vo
grant liiautés, vos sens, vostre prouesse M'ont si
féru d'un dart d'amour.... auuekr. lk bast. Rnman-
tern, p. 13. Cresliensde Troies dit raiex Du cuer na-
vré du dart des iex [yeux] , Oue je ne vos porroiediie,
BfON DE MICRY, dans IIOLLA.ND, p. 267. || XlV S. Ou
se aucun vouloit mon trer à un aiitie que l'en don
traire, et jetlast un dart sans qu'il cuidast aucun
ferir.... oresme, I:th. 02. Que nul ne prengne dars
[sorte de poisson], durant le dit temps, Onlonn.
des rois de Irancf, t. vu, p. "79. Et en sa dsxlre
main tenoit un dart qui bien estoil ferré de fer tran-
chant el acéré, maciiault, p. )5. ||xv's. Une pe-
tite courte darde es[)aignole à un large fer, froiss.
11, II, 30. Vien çà, dit-il, mon fils, que penses-
tu? Fus-'u onques de ma darde feiu, cil. D orl. i.
Quant Bsaulté vil que je la regardoye, Tost par mes
yeiilx ung <lard au cueur m'envoye, id. i6. || xvi" s.
Heureuse mort, ton dard n'est que la clef Pour aller
veoir -lesus-Christ nostre chef, marot, i, 274. Kt
Cupido de sa darde, qui point, A tous humains
fait la guerre mortelle, ID. I, (111. Gardons, perche-s,
dars, loches.. . pabR, xxiv, 22. Les mamelus se
vantent d'avoir les plus adroicls chevaulx de gen-
darmes du monde; et dict on que par nature et par
coustume ils sont faicls à cognoistre et distinguer
l'ennemi sur qui il faut qu'ils se ruent de dents et
de |iieils, selon la voix ou signe qu'on leur faict; et
pareillement à relever, de la bouch-', les lances et
darls emmy la place et les offrir au maistre selon
qu'il le commande, mont, i, 3,-i9.
— ÉTY.M. Pnivenç. liort ; espagn. et ital. dardo;
»ngl. darl; de rangl.-^axon, diiradli, daroilh; anc.
Scandinave, darradhr; anc. haut allem. turl. Ce
mut se trouve aussi dans le celtique: bas-breion,
dord; gaél. dan, dairt.
t DAKDANIQUE (dar-da-ni-k'), adj. Terme de
DAR
géologie. Système dardanique terrain placé entre la
période tertiaire moyenne et la péiiode tertiaire su-
périeure.
DAllDfi, ÉE (dardé, dée), par(. pass^. Une ja-
veline dardée avec beaucoup de force. L'eau dardée
par le tuyau.
DAItDKK (dar-dé),». a. || 1" Frapper avec un dard.
Cambyse, ne pouvant darder Crésus, dit à ses ser-
\ileiirs de le prendre et le tuer, P. L. cour. II. t.'>8.
Êlma, jedardurai pour toi la baleine! ciiateaubr.
,\'alch. vin, 330. || 2° Lancer comme un dard. Dar-
der un javelot. Darder un poignard. Je lance une
pique plus loin qu'un autre ne daide une llèche,
EÉN. t. XXI, p. 378. Il Poétiquement. Frappe ce hlche
sein du trait de ton tonnerre Le plus fort que jamais
lu dardes sur la terre, rotrou. Hercule mniiriinl,
111,5. Il Par extension. L'abeille darde .son niguillon.
Le serpent darde sa langue. Uneguépe partagée par
le milieu du corps continue à m. i relier, el son ventre
darde l'aiguillon comme le ferait la guêpe elle-
même, BONNET, Consid. Corps organ. Œuvres, t. v,
p. 303, dans polgens. |1 U se du aussi des rayons,
des flammes lancées comme des dards. Un antiquaire,
nommé d'Ouvrier, imagina pour LouisXIV l'emblème
d'un soleil dardant ses rayons sur un globe, avec ces
mots; Nec -pluribvs impar, volt. Louis XIV, 2B. Ces
champs où le soleil daiile ses premiers feux, ancelot,
Louis IX, II, 1. C'était l'instant où ces llammes fu-
rieuses étaient dardées de toutes parts et avec le plus
de violence sur le Kremlin ; car le vent, sans doute
attiré par cette grande combustion , aiiguieiitait d'im-
pétuosité, SÉOUR. Hist. de Napnl. viii, o. || Absolu-
ment. Le soleil dardait sur noire tête. |1 Fig. Dardur
un regard, lancer un coup d'uiil vif d'amour, de
colère, de ressentiment. Daider un sarcasme, lancer
un mot piquant. Tu vas dardant Dessus moi ton
courroux ardent, Régnier. Stances. || 3° Terme d'hor-
ticulture. Un arbre darde ses branches quand il
pousse des branches hoiizontales comme des dards.
— HIST. xV s. Le chevalier lui darda sa lance au
corps, l'ercrforcsl , t. iv, f» I27, dans lacurne.
!! xvi" s. Sa dextre main jecte et darde un brandon
Qui briisle et anl.sans merci ne pardon, marot, ii,
280. Aussi soudain que la première beauté a d^rdé
dans leurs cnr'urs le moindre de ses rayons, lanûue,
140. Los Carlh:iginois ne sçavoient point jetler ny
darder les leurs [javelots], ains comliattoient de ja-
velots courts à coups de main seulement, amvot,
Slarcell. (7. Il eut les deux cuisses percées de part
en part d'un coup dejavelot qui se darde avec une
courroye attachée au milieu, m. Pliilop. 0. Les Es-
jiagnols content d'un soldat qui, aiaiil une lance à
travers le corps, larracha et la darda à celui qui la
lui avait mise, u'acb. //i.v(. il, 08. M. de VieiUeviUe
luy darda à cette parole sa dague, carl. vi, 40. Ils
dardoieiit leurs piles [javelots] de telle roideur, que
souvent. ils en enfiloientdeux boucliers et deux hom-
mes armés et les cousoient, mont, i, 363.
— ÊTYJl. flard; wallon, ddrer; namurois, daurer.
f DAUDIÈUE (dar-dié-r'), s. f. Sorte de piége.
— IIIST. XV s. Illec doit tendre sa dardieie, selon
que la besle sera ; c'est une perche qui soit tendue
bien tirant, et un fer d'espieu bien laillant ei bien
agu et bien lié, à l'un des bouts de la perche d'un
couile de long, et demi pié de large, et une petiie
cordelette qui soit sus le pertuisoù la beste viendra,
et un cliquet tout ainsi que un ralier pour prendre
laz, el quant la beste cuidera entrer, il y touclieia
el le destendra, et la perche viendra de si grant
roideur qu'il li percera les costez, Caslon PtièOus ,
ms. p. 313, dans lacurne.
— ÉTYM. /'uni.
t DAUDILLE (dar-dl-ll', ii mouillées) , *. /. Queue
d'un oedlet.
— ÉTVM. Diminutif de dard.
f DAUDILLER (dar-di-llé. Il mouillées), v. n.
Terme d'horticulture. Pousser sa daiditle, en parlant
d'un œillet et de quelques autres lleurs.
— HIST. xvi' s Mille lleches. Mille amoureuses
flameches, Au cœur du dieu dardillant.... baïf ,
Œuvres, f" 28, dans lacurne.
— ÉTYM. Dardille.
i DAKDILLON (dar-di-Uon , Il mouillées), s. m.
Terme de pêche. Languette pointue d'un hameçon.
— ÉTV.M. Diirdille.
tDAUDlLLONNER (dar-dil'o-né, Il mouillées),
V. a. Lancer des paroles pii|uantes. Je ne pouvais
m'empècher de d.irdillonner tout ce beau monde,
Soiirenirs de la viarquise de Créqui, dans le Dict.
de 1)01. itEz.
— ETYM. Dardillon.
t BAUE (dar'), interjection populaire signifiant
il la hâte, Date, dare, dare, voilà un homme qui
DAR
vient en cabriolet, comme si le diable l'emportait,
DIDEROT, dans le Pict. de poitevin.
f DARIX (da-rin), j. m. Ancien nom d'une esp^cc
de toile. Toiles de chanvre, blanches ou écrues,
grosses, moyennes, compris celles de Champa;;r.ï,
dites darin. brins et mèlins, ouvrées et non ouvrées,
Tarif, 18 sept. 1004.
DARIOI.E (da-ri-o-1'), s. f. Petite pièce de pâtis-
serie, conienant de la crème.
— HIST. xiv's. biquelle servante trouva qu'il lui
defailloit une dariole, du cange, mnrrilin. || xv* s.
Darioles, tartes entières, villon, Repues franches.
— ÉTYM. Origine inconnue
t OARIOLET, ETFE (da-ri-0-lè, lè-t'j, t. m. et f.
Domestique ou ^ervallte qui .s'entiemet des galante-
ries de sou maîiie ou de sa maïlres.se. De vertueux
qu'il fut le rend dariolet, eêgnier, Sat. v. |{ 11 n'est
plus usité.
— HIST. xvi' s. En ces difficultés ici, ces amou-
reux et amoureuses ne manquent point de subtiles
darioletles lanoue, (4o II délibéra de s'aider de
quelque dariolette d'amour qu'ils a|)pellenl, sauf la
révérence de la compagnie, une maquerelle, ïver,
p. B69.
— ÉTYM. Darioleite, nom, dans l'Amadis, d'une
confidente qui avait favorisé les amours de !'• non,
roi des Gaules, et d'Ëlisène. DarioleUe dérive de
dariole.
DARIQUE (da ri-k'), s. f. Monnaie d'or des an-
ciens Perses, portant l'effigie d'un archer, et qui pa-
rait avoir valu 28 fr. 50 c. Les Chinois ont eu des
monnaies longtemps avant que les dariques fussent
fabriquées en Perse, volt. Ilœurs, t.
— HEM. Hollin donne à ce mol le genre masculin:
t.edarique est appelé quelquefois s(a(fr aureusdam
les auteurs, parce que, comme le staler attique, il
e.stdu poids des deux dragmes d'or.qui valaientvingl
dragmesd argent, ///.ï(. anc. Ofiîirrcî, t. ii,p.389.dans
polgens. Ce fut peut-être aussi dans le même temps
que furent frappées ces fameuses [liècesd'orappelées
dariques, du nom de Dar, us Medus. lesiiuelles pour
leur beauté et leur finesse, furent préférées pendant
plusieurs siècles à toutes les autres monnaies dans
tout riJrienl, id. il), p. 278.
— ÉTY.M. Aapsixà;, de Aâpeioçr Darius, roi de
Perse.
t UARIVETTE (da-ri-vè-f) ou D ART VOTE (da-ri-
vo-!') , J. f. Perche qui sert à la conslrucliou d'un
train de bois fioité.
t DARNAGASSE (dar-na-ga-s') , ». f. Un des nom»
de la pie giièche grise.
DARNE (dar-n'), s. f. Tranche de saumon ou d'a-
lose. Il Par extension. Et peut-être que quelque darne
De son corps il y laissera, scarron, Virg. irar. it.
— ÉTVM. Norm. darne, poition; du celtique :
kymri etbas-bret. dam .sanscrit, da:ana, portion.
f DARON (da-ron), s. m. Le maître de la maison.
Le daron à pas lenis parcourt du même jour La
ville,, les faubourgs et jardins tour à tour, l'oHe ano-
nyme, da^ns richelet. Il Mol vieilli qui estreslé dans
l'argot.
— HIST. XIII" S. Othe vint avant qui estoit fils de
Pierre et requist la saisine du daron [manoir sei-
gneurial] comme le pliisdroit heirapparantde Pierre
qui fu signor dou daron, el derainemenlen fusais!
et tenant com de son fié, Ass deJérus.p. B3, dans
laclrniî.
— ÉTYM. Origine inconnue.
D.*RSE(dar-s'), s. f. Terme de marine. Abri, bas-
sin pratiqué dans un port; ce mot n'esl pas usité sur
rOcéan. On voit encore une darse à moitié comblée
qui pourrait bien avoir été l'Aphrodise, cuateaubh.
/(in. 219.
— ÉTYM. Espagn. et ilal. darsena; de l'arabe ddr
çanah, maison de travail.
f DART (dar), î. m. Terme de commerce. Sorte
de papier de p.1te grise.
f DARTOS (dar-tiis'), t. m. Terme d'analomie.
Enveloppe des testicules située au -dessous de la peau
du scrotum, à laquelle elle adhère intimement.
— HIST. xvr s. La seconde tunique propre des tes-
ticules est l'epididymis ou dartos, prenant son ori-
gine de la membrane des vaisseaux spermaliques,
PARÉ, 1, 28.
— ÉTYM. XiTMv îupTi; , membrane qu'il faut dé-
pouiller; 6ntpt6; vient de6ic.«iv, écorclier.
DARTRE (dar-tr), s. f. Maladie généralement
chronique île la peau. Dartre vive. Dartre farineuse.
Il Le mot daine est un mol vulgaire, qui n'a plu»
pour les médecins de sens pr.-cis el spécial.
— - HIST. xiv s. Hos-siUons puet bien esire diz pour
la grant rousée Dont la douce monleigne est soveiK
arousée; Quarla terre du val et du mont et du tertre
DAT
DAT
DAT
955
Kst plus douce des autres; n'y ha roiche ne dertre,
Girarl de /lo.vs. v. 637. || xvi's. Autres ont des dar-
tres squameuses aux pieds et aux mains, paré, xvi,
t. A quelques uns surviennent des dertres et feule;,
aux niains et aux pieds, m. xvi, 5.
— KTVM. Génev. darde, dairde, darle ; Berry,
tndarde, endnrcc. Diez ii.dique, louten montrant les
diflicidlés, l'anglo-saxon Mer, dartre ; anglais . (( tier;
mais il jufre encore plus difficile la dérivation du
celtique; kymri. laruden, dartre; bas-lireton, diir-
l'oédfn, damuéden; cependant si on fait attention
que ces mois paraissent avoir pour radical tarz,
éruption, on trouvera la dérivation celtique moins
im|inibalile: le cellicpie parait se rattacher au sanscrit
dard™, daiire. MiJnageremarqueque de son temps
la province prononçiiit derire.
DAItTlIKL'X, KUSE (dar-treû, treû-z'), adj.
Il l°Oui est de la nalure des dartres, qui tient dfl
la dartre. Aiïection darlreuse. || 2° Qui a des d.irtres.
yn enfant dartreux; et, subslantivemeut, un dar-
treux, une dartreuse,
— ETVM. Parlre.
f DARTKIEK (dar-tri-é), s. m. Nom de quelques
plantes qu'on em|iloie contre les dartres.
— ETYM. Dartre.
•)■ DASVANTUE (da-zi-an-f), adj. Terme de bo-
tanique. Oui a des fleurs garnies de poils.
— ÉTY». Aifi;, garni de poils, et iiv6o;, fleur.
t DASYCAltPE (da-zi-kar-p'), adj. Terme de
botanii|ue, Qui porte des fruits garnis de poils.
— ËTYM. AaiTÙ;, velu, et -.lapTio;, fruit.
t DASYCAULE (da-zi-kô-l'), adj. ferme de bota-
nique. Oui a la tige hérissée de poils.
— ETYM. Aoid-j;, velu, et nouXo;, tige.
t DASYCÉl'IlALE (da-zi-sé-fa-l'), adj. Terme de
zoologie. Oui a la tête velue.
— ETYM. liiT'J;, velu, et -.<£?»).:?) , tête.
t nASY(;A.>;TKE (da-zi-ga-str'), adj. TermeUe
zoologie. Oui a le ventre velu.
— ETYM. iid-j;, velu, et yaaxrp, ventre.
t DASY.MALLE (da-zi-ma-T), adj. Terme de zoo-
logie. Oui est couvert d une toison longue et laineuse,
— ÊTYM. AetTÙ;, velu, et |jia).),o;, toison.
fDASYI'E (ila-zi-p"), adj. ferme de zoologie. Qui
a les jamiies hérissées de poils.
— ETYM. Aîtru;, velu, et Ttoû:, pied.
+ DASYIMIVLLE (da-zi-fi-l'), adj. Terme de bota-
nique. Oui a des feuilles velues.
— ETYM. Aauù;, velu, et cpO>,Xov, feuille.
t UASYI'LEUKE (da-zi-plim-r'), adj. Terme de
loolog». Oui a les lianes ou les côtés velus (insectes).
— ETYM. AaiTu;, lelu et nÀEupov, côté.
t DASYSTACUYÊ, EE (da-zi-sta-kié, ée), adj.
Terme de botanique. Qui a les Heurs disposées en
épis velus.
— EI'YM. Aar7'j;, velu, el<yriyy(;, épi.
t DASYSTÉ.VIOXE (da-zi-sté-"mo-n'), adj. Terme
de botanique, uui a les étamines velues.
— ETYM. AiTÙ;, velu, et iitr,ij.ujv, étamine.
t DASYSTYLE (ila-zi-sti-1'), adj. Terme de bota-
nique. Qui a le style velu.
— ETYM. Aaçiu;, velu, et ot'j>,o;, .style.
|-1)A.SYUHE (da-zi-u-r'), adj. Terme d'histoire
naturelle. Qui a la queue velue; qui ailes épis velus
imiiant une queue. || S. m. Genre de mammifèies à
bourse, de l'ordre des marsupiaux.
— ETYM. AdiTÙ:, velu, et oùpi, queue.
t D.\TA (da-ta). *. m. p/"r. Faits donnés, connus
d'eux-mêmes ou par la science. || Peu usité, et seu-
lement dans cette locution : les data et les deside-
rata. Ailleurs on dit donnée.
— - ETYM. l.at. part, passif dofus, au plur. neutre:
les choses données.
DATAlllE|da-tê-r'), s. m. Titre d'office à la chan-
cellerie do Home et qui vient de ce qu'autrefois le
dataire marquait la date de toutes les suppliques.
J'ai lu une lettre de Jean-.Matbieu (jilierli, éve(|ue
de Vérone, et d.ntaire du pape Clément Vil, balz.
i' Duc. sur In cour, lioniface [V'ill] et son dalaiie ne
songeaient pas que la puissance pajiale éiail fort inu-
tile, VOLT. iUeurs, 65. || Adjectivement. Il me païaît
meilleur d'écrire au cardinal daiaire, isoss. Lett. iso.
— HlST. x\i' s Le pape despecha le seigneur
Malhec son dattairo pour couUrmer ladite alliaice,
M DU IIELL. !U8.
— ETYM. Voy. DATERIE.
DATE (da-i'), j. /■. || 1° fipoque précise oii une
chose a été fatte. U met la date du concile par er-
reur Cil nu.;, nus:,, lur. II. i:elt' dnte [celle où la
loi écrile fut donné il Moïse] est reinarquiiule, parce
qu'on s'en sert pour désigner tout le temps qui
s'écoule depuis Moïse jusqu'à Jésus-Christ, id. Ilist.
1, ♦. N'y observer [dans l'histoire] que les faits et
les dates, sans porter plus loin sa curiosité ni ses
vues, ce serait imiter l'imprudence d'un voyageur
qui. en p;ucourant beaucoup de pays, se roiiienle-
rait d'en cor naître exactement la distance, boi.un,
///.ï(, atic. CSCmres, t. ii, p. 4, dans poigkns. Le
commencement de la seconde guerre punique, à ne
considérer que li date des temps, fut la prise de
Siigonte par Annibal, i». rrailf' des El. 3- part. ch. I.
Quelquefois seulement le pas.sant arrêté. Lisant l'âge
et la date en écartant les herbes. Et sentant dans
ses yeux quelque larme courir, Dit : KUe avait seize
ans, c'est bien tôt pour mourir, lamart. Ilnrm. iv,
10. Il Aride vérifier les dates, litre d'un oiivragechro-
nologiqiie très-renommé, i|Ui est l'rpuvre des liéné-
diciins. li Une lettre de change à vingt jours dédale,
à un mois de date, lettre de change dont le paye-
ment est exigible vingt jours, un mois après le jour
de sa date. || Kig. Sans date, non daté, et, par une
extension inéla|ihorique , imnéinorial , qui re-
monleft une antiquité oubliée. [Rspritde Thomme]
Quel charme nu(|uelle horreur à la fin t'arrôia? Ce
furent ces forêts, ces ténèbres, cette onde. Et ces
arbres sans date, et ces rocs immortels, lamart.
Ilarm. i, 1 1. || De nouvelle, de fraîche date, se dit
de tout ce qui est récent. Une amitié, une noblesse
de fraîche date. Il me dit que de fraîche date.... il
avait été tout droit au bien de l'État, balz. B' Disc.
■viir lacoiir. \\ Dans un sens opposé. Une amitié, une
noblesse d'ancienne, de vieille date. || Faire date,
commencer une ère, une période. La liste des au-
torités pour la langue poétique n'est pas moins su-
rannée; hormis Malherbe et Itégnier, il ne s'y ren-
contrait pas un nom qui ptït faire date pour celte
poésie sage, ornée, naturelle, où devait atteindre
notre langue, villemain, Del de CAcad. Préface,
p. XIII. I| 2° En matières bénéficiales, date, jour de
l'enregislri'inent d'une supplique pour obtenir un
bénéfice en cour de Home. Prendre date, prendre
une date de tel jour. || Par extension, prendre date,
retenir date, consigner, constater l'époque où une
chose doit se faire. Il faut ipie je prenne date avec
vowi.mov.^. l.cH.àU. Le Breton. \\ Prendre date, se
dit aussi des choses qui fixent un point. M. de Loiig-
périer en résululquelques-iines (desdifficullés d'écri-
ture assyrienne] dans des études qui méritent de pren-
dre diite, VIVIEN DE sT-MAi(TiN, ilec. germ. t. xix,
p. 600. Il Retenir une date chez un notaire, retenir un
jour déterminé pour passer un contrat. || Fig. Être le
premier en date, avoir, par une sorte d'ancienneté,
droit sur quelqu'un ou sur quelque chose. Comment,
pendard ! tu as l'audace d'aller sur mes brisées? —
C'est vous qui allez sur les miennes, et je suis le
premier en date, mol. l'Avare, m, 3. N'en déplaise
à l'espoir dont votre esprit se flatte. Vous venez un
peu lard, je suis première en date, boissy, Dehors
trompeurs, m, 5.
— illST. xm' s. Il ne devoit pas estre oïs en alli-
guier paiement devant le [la] dalte de letlres es
queles il esloil obligiés, beal'm. xxxv, 8. Et puis
doit estre mise le [la] date pour savoir le tans que
ce fu fet, ID. xxxv, 23, || xV s. Faict au temps de la
dicte date. Par le bon renommé Villon, Qui ne
mange figue n» date, villon. Petit tei^taiii. || xvi's.
Ceux-là alleguoient qu'une requeste envoiée d'une
si bonne ville, trouveroit que le date est eflicacieux,
d'aub. Ifist. m, 4.i5.
— ETY.M. Provenç. data, dada; espagn. portiig.
et ilal. data; du latin data, choses données, pluriel
neutre de dalu.v, participe passé du verbe dare ; on
a dit aussi U date, au masculin, de datuni, chose
donnée.
DATÉ, ÊE (da-lé, tée), part, passé. Qui a une
d.ite. Lettre datée du mois d'avril. Pièce non datée.
Quoique ma lellre soil datée du dimanche, je l'écris
aujmirdhui samedi snir, sEv. i"oct. ICH-I.
DATER (da-lé), v. a. || 1° Mettre la date. Dater
une lettre, un contrat. Diderot ne datait jamais ses
litircs: Mme d'Epinay, Mmed'Houdetol ne dataient
guère les leurs ijue du jour de la semaine, J. J. Rouss.
Confess. ix. || Absolument. C est pour vous appren-
dre a dati'r; car la plupart des femmes datent fort
mal. M"" i)E MAiNTENON, Lctt. à U me de /!.... U
ûct. 1093. Il Par extension. C'est depuis ce diner
que je puis dater sa connaissance, j. J. rol'ss.
Conf. IV. Nous datons, nous autres, notre philoso-
phie de cent quinze mille six cent cinquante-deux
ans, VOLT. Amabed,T lettre. || 2" V. n. Avoir eu
son commencement h.... Notre amitié date de ce
jour. Appréciant toute la force qu'il jl'empereurj tire
du presline de son inraiUibililé, il frémit d'y porter
une première aiteiiile; quelle effrayante suite de
guerres périlleuses dateront de son premier pas ré-
trograde I SÉQUR, Hitt. de Napol. vm, (o. De ce dé-
part fatal date tout mon malheur, lemeboier, J,
Shore, :, 2. || Familièrement. Cet homme ne date
pas d'hier, il date de loin, c'est à-dire il y a très-
longtemps qu'il est né, il est très-âgé; et aussi c'est
une personne âgée qui parle d'urie chose arrivée
dans sa jeunesse, dans son enfance. || Commencer
à compter d'une certaine épocpie. X dater de ce
jour. Vos appointements daieront d'aujourd nui. Il
y a longtemps, à dater du ministère du cardinal
de Fleury etmôme de |ilus loin, qu'elles [les lettres]
sont en France sans encouragement et sans consi-
dération, d'alkmb. Leit. au roi de Prusse, -22 août
177-2. Il 3° Dater se dit, en parlant de la toiletie îles
femmes, d'une robe, d'un châle, d'un vêtement
quelconque dont les dispositions, les couleurs ou la
forme attirent les yeux et l'attention, et font que
l'ancienneté du vêtement se reconnaît facilement.
Ne prenez pas cette étoffe; elle datera. || i° Se dater,
V. re'fl. Être diité. De telles pièces se datent toujours,
— ETYM. Date.
DATERIE (d;i-le-rie), s.f. || !• Chancellerie à Rome
où l'on date les expéilitioiis des bénéfices, les res-
crits et autres choses qu'on expédie. || i' Oflice de
da taire.
— ÉTVM. Daiaire.
t. D.ATIP (datif), s. m. Terme âe grammaire. Un
des cas des nomse' des adjectifs grecs et latins, ce-
lui qui sert à marquer le rapport d'attribution.
— HiST. XV* s 11 avoit mis six ducats en datif,
Pour mieux avoir s'amie vocaiive, en. d'ohl. llon-
del, 68..
— ÉTVM. Provenç. daitu ; espagn. et ital. daltuo;
du latin dalirus. de dare, donner, attribuer.
2. DATIF, IVE (da-tif, ti-v'), adj. Terme de droit.
Donné, élaldi par le juge ou par testament, par
(>|iposition à légal, établi par la loi. Tuteur datif.
Curatelle dative.
— HIST. XVI" s. Les tuteles sont datives, loysel,
181.
— ÉTYM. Lat. dativiis, de dare, donner.
D.ATION (da-sion), s. f. Terme de pratique. Ac-
tion de donner. La dation du mandat au mandiitaire
par le mandant. Dation de tuteur. |{ Dation en paye-
ment, action de donner en payement d'une dette
une chose antre que la chose due.
— ETYM. Provenç. dacto; espagn. daci'on; ital. da-
zione; du latin dadonnn, de dure, donner; giec,5oû-
vai; sanscrit, da, donner.
t DATISCA (d-i-ti-ska), s. f. Terme de botanique.
Genre de plantes appartenant au centre de l'Asie et
au NépaiiU
t DATISCACÉE (da-ti-ska-sée ) ou DATISCINÉE
(da-li-ssi-iiée), s. /'. Terme de bolanii|ue. Nom d'une
famille de plantes ([ui a pour type le genre datisca.
f DATISCI.VE (da-ti-ssin'), s /".Terme de chimie.
Principe extrait delà datisca.
DATISME (ila-ti-sm'), s. m. Miiniére de parler
ennuyeuse, dans laquelle on entasse plusieurs syno-
nymes pour exiirimer la même chose. ]iar exemple:
je suis aise, content, satisfait, ravi de vous voir.
— ÉTYM. AatidjAci;, de Laits, personnage perse
qu'Aristophane introduit dans une de ses comédies
et qu'il fait parler d'une manière tauiologique.
DATTE (da-l'),s. f. || 1° Fruit du dattier. || 2- Sorte
de coquillage dit plus .souvent dactyle. Malheur aux
dattes qui viennent à être rencontrées par d'autres
dattes; car celles-ci ne m.iniiuenl pas de les percer
pour se nourrir de leur sulistance, bonnet, Con-
templ. nat. 12'parl. ch. 27.
— lllST. XIII' s. Et toute autre manière d'aigrun,
dates, figues, et toule manière de reisins, Liv. des
met. 32. Dalle, Ass. Jérus. ii, 170, || xvi- s. Les
fruits soient raisins, pruneaux, amandes, ilactes,
PARÉ, XX, 25. Aulre viande (pie prunes, ne sont les
dattes et mirabolans, et toulesl'ois pour merveille
l'on nous les apporte des païs orientHUX et méridio-
naux, 0. DE SERBES, 083. Le palmier produit lex-
ipiise prune datte, qu'on nous envoie de la Barla-
rie, ID. 7(5. Figues, prunes, datils , pignolats,
noiseiles.... id. 842.
— ETYM. Provenç, datil, daclil ; portug. dalile;
ital. dudiro; du latin daclylux. de ôixtuào;, doigt,
et, à cause de la forme allongée du fruit, datte.
D.ATTIER ida-tié; l'r ne se lie jamais; au pluriel,
l's se lie : les da-tié-z et les dalles), s. m. || 1° Pal-
mier qui produit les dattes. |1 2" Oiseau commun en
Barbarie.
— ÉTYM. Datte.
DATL'RA (ila-tu-ra), ». m. Terme de botanique.
Genrede |ilaiilessolanées, dont l'espèce daturastra-
monium,L. dite aussi pomme épineuse et stramone,
est narcotique et vénéneuse.
— tiVM. Arabe, datora,; du persan, tatiila, du ra-
9ÔG
DAlr
dical ial, piquer, par allusion à lenveloppo épineuse
du fruit. Dans le dict. d'Iiiat. nat. de dOrbigny,
ou dii avec raison que c'eat une corruption u'un
mot arabe.
t DATIUIÎK.S (da-tu-rée), t. f. plur. Terme de
b-itaiiiiu". Tribu de plantes ayant p.ur type le
genre il.iiu'a.
\ D.\Tl"IIINE(d/i-tu-ri-n'),i. f. Terme de chimie.
Al'viloi'li- découvert dans les semences du datura
Stra'i>finiurn. L
DAI'KK ('lrt-li')i «• f- Terme de cuisine. Mani^re
dp cuire l'.erliiines viamli'S avec un a.'.saisonnenieul
particulier, k irès-petit feu et il l'étoufTée. Meltie
un t'it-'ol en ilaul>e Sans daube, entremets, bis-
que, A l'entendre parler, mitre amnur court grand
risriue, HAUTKtiociiK, II' Sinipir mal aijtri'lé, se. 6
F'ieiii'l fit appiirler une ireiUaiuu de poulardes 4 la
daulie, VOLT. Jenni, 7. || Le ragoût de ce nom. Une
bonne d.i'ilie. Une daube froiile.
— Rtym. Voy. DAi'iiKiun rin. daube, chute.
T>AVnF..ÈV.{i\ôht. bée), part, passif. Daubé à coups
de poings. Il Kitr. Daubé el moqué par ses camarades.
Il Terme de cuisine. Mis eu daube, & lu daube. Gigot
daubé. Volailledaiibée,
■f D.AUHKNTONIK ( dôban-to-nie ), s. f. Terme
de bulaiiii{ue. tien're île la famille des papilionacées.
comprenant ipiel|ues plantes qui croissent dans
i'Aniériipie ti'n|)icale.
— ETYM. Ddubeiilon, célèbre naturaliste français
de la fin du xviii' siècle.
DAL'ItEll (ilA-bô), r. a. || 1* Frapper à coups de
poii'H II a ilanlié vigoiireusenien:celui qui l'avait in-
sulié. 112" Fig. el fainilieremeni, railler quelqu'un,
mal parler de lui. l'injuner. Je les dauberai lanl en
toutes rencontres, qu'i"! la lin ils se rendront sages.
«01.. Crîl. de l'Éc. des f. 6. On m'a dit qu'on va le
dauber, lui el toutes ses comédies, de la plus belle
manière, m. /»i;)roiiK'(u, 3. Dans les visites qui soiU
faites Le renard se dispense et se lient clos et coi;
Le loup en fait sa cour, daube au coucher du roi Son
camarade absent.... la KONr. faftJ. vin, 3. À ce i|ue
je puis voir, vous daubez ma méthode, MuNTFLEuny,
femme juge el partie, m, 2. I\idicule jamais ne fut
si liien ilaubù, piiio.N, i/e(rom. Il,l. || Neuiralement.
Comme sur les maris accusés de soull'raiice Voire
langue en tout tem|is a daulié d'importance, moi..
Éc. lies f. \, I . Il 3° Mettre en daube, faire une daube.
Il i' Se dauber, v. réfl. Se baure. Ces écoliers se
sont bien daubés.
— HIST. xui- s. Papelart guilent moult de gent
Por ce que iLiubé [garni] sont d'argent, llUt. de S.
Lencnde, ms. f*;!! , dans lacikne. || xvi's. l'reru.laii
le d.iubba tant el tieslanl que je le cujiloys mort,
BAB. Gary IV, m. L'un ne cherche que la paix; l'autre
daube, es|ioii.sselte el esinlle en louies façons, ciio-
UtHts. Contes, t. i, Hatinée». ||xvii«s. In cavalier
suédois, apics qu'il lui eut [à Tillyl deschargé un
coujiile pis>olei, lui ilobbala tesie du cauon et fail-
lit de l'assommer, le Suidai suéd'is, p. «u (iiiaa;.
— ËTYM. Norm. dau-lier. prêter à usure ; génev.
daiiher, duper, tromper; wallon, danbiuer, tau-
piner. rosser; an^-'l. lo dauh, enduire, barbouiller;
de l'anc. allem. duhhun, fia|iper, sens qui va avec
toutes.es signihcaiions, mfme celle dégarnir, d'en-
duire; car dubbaii est dans a-doiiber, qui, expri-
mant le coup donné au chevalier en l'armant, avail
aussi pris le sens de munir, pourvoir. Dans les en-
virons de i'aris, on dit cela me daube, euparlani
d'une ilou'.eur en un point du corps.
UAUliËUlt (dô-beur), s. m. Celui qui raille les
gens, qui en p.irle mal. Mes ieurs les courtisans,
cessez de vous détruire ; Fait' s, si vous pouvez, vuire
cour, sans vous nuire; Le mal se rend chez vous au
quadruple du bien; Les daubeurs ont leur lour,
d'une ou d'autre manltre, la font, f oOi. vui,3.
— EIY.M. liaubcr.
tDALBlÈUE (dô-biê-r'), s. /".Terme de cuisine.
Vase dans lequel on cuit une daube.
— ETYM. Daube.
t DAUCIKOKMK ,dô-si-ror-m'), adj. Terme de bo-
tanuiue Oui a la forme de la racine de la carotte
(dauim carota, L.).
— Etym. 1j>i. daucus, carotte, et /'orme.
t DAUCLNÊES (dù-si-néc), s. f. plur. Terme de
bolaiiique Famille de plantes dont le daxiau, ca-
rotte, est le lype.
j DAL'COÏDE (dô-lioi-d'), adj. Terme de bota-
nique. Uui re>semble ^ la caroite.
— ËTY.M. Ax^xo;. carotte, el eîSo?, forme.
t DAL'DKXr (dC-danj, s. m. Variété de iiomme.
t DAULIK (dô-liu), t. m. Un des noms de la bé-
rofsiue.
DAIII'ULV (dô-fin), s. m. \\ !• Terme d'histoire
n.Au
naturelle. Gros poisson de mer de la famille des céta-
cés, Carnivore, et dont U graisse fouroit une bulle
(delphinut delphis). Les récits de l'antiquité faisaient
de ce poisson un ami de l'homme, et l'on racontait
(pi'Arion, jeté à la mer, fut sauvé par un dauphin.
Un navire en cet équipage Non loin d'Athènes fit
naufrage; Sans les dauphins tout eût péri; Cet ani-
mal esl fort ami De notre espèce; en son histoire
Pline le dit; il le faut croire, i.a font. Fabl. iv, 7.
Le dauphin appartient au genre des baleines; mais
sa taille est bien inférieure à celle des grandes ba-
leines; il n'a que six à sept pieds de long sur une
grosseur proportionnée, bonnet, Cnntempl. nal.
10' part. ch. 25. Les dauphins émigreni par troupes
d'une mer dans une antie, ID. ib. \\2' Constellaiion
de l'hémisphère septentrional. || 3" Te- me de bla-
.son. Daupliin vif, celui qui a la gueule close. Dau-
phin p9mé, celui qui a la nueule bé.nnte. Dauphins
couchés, ceux qui ont la tète et la queue tournées
vers la poinie de lécu. n 4° Terme de commerce.
F.spèce de papier. || Sorte d'étoffe de laine. || 5" lerme
de construction. Pierre creiLsée d'un trou recourbé
pour le passage de l'eau. Kxtrémite coudée et infé-
rieure d'un tuyau rie de.scente. || Terme de marine.
Pièces de bois courbes qui servent à lier l'éperon et
la giiibre d'un bi\timent, avec l'étrave, les aiguilles
et le corps. || 6° Macliine qui sert à plonger. || Sorte
lie |iièce d'artifice qui entre dans l'eau et en sort.
Il 7" Terme île guerre navale dans l'antiquité. Masse
de plomb suspendue aux antennes des vaisseaux
qu'on laissait tomber sur le vaisseau ennemi pour
l'enfoncer. || 8" Nom du cormoran. || Nom d'une co
quille iinivalve. || 9° Titre attaché à cerlaims sei-
gneuries. Dauphin d'Auvergne. Dauphin du Vien-
nois. Il Titre qui fut donné, K partir de Philippe de
Valois, au fils aîné des rois de France, après la
réunion du Dauphiné à la couronne, le dernier sei-
gneur du Dauphiné, Humb rt 111, en 1313, ayant
mis pour condition de la cession de sa seigneurie
que le (ils aîné serait ainsi nommé. M. le dauphin
[le fils de Louis XIV] entre dans tous les conseils;
n'approuvez-vnus pas encore cette conduite? c'est
proprement l'associer à l'empire, sÉv. 14 avril
1091. Il Grand dauphin, titre donné quelquefois au
daiqihin lils de Louis XIV, et père du duc de Bour-
gogne. Le petit ilau|diin, le duc de Bourgogne. || On
nommait, dans les familles, dauphin le fils unique
lie la maison ou celui de qui on avait grand soin
Vous me parlez de votre dauphin, je vous plains
de l'aimer si tendremeni, SEv. dans le Dict. de uo-
citEZ. Il On appela dauphins tous les livres faits par
l'oiilre de Louis XIV pour l'éducation du ilauphin.
son fils et élève de Bossuet. Je ne dois pas oubLer
ici le service qu'il rendu aux lettres, en nous procu-
rant cette suite de commentaires qui se nom.nent
communément les dauphins, quoique la première
idée en fut venue à M. de Montausier; on est rede-
vable à M. Fenet d'en avoir tracé le plan et dirigé
l'exécution, d'olivet, llisi. Acad.l. ii, p. .■i94,dans
poucENS. Il Adjectivement. Édition dauphiné, édi-
tion de ces auteurs. Critique dauphiné. lescommeu-
lalres dout on a accompagné l'édition de ces au-
teurs.
— IlIST. XV' s. Quant le duc Jehan fut venu à
Paris, le roy Charles el le doffîn luy firent graut
joie, FF.NIN, 1411.
— ETYM. Provenç. dalfin; catal. delfi; espagn.
d('//i« ; (lortug. di'lfim; ital. delftno; du latin de/phi-
nus, du grec ôeXçc;, dauphin, le même que {Se/-
siv et pouvant de la sorte eue rapproché du laiin
bcllua, grosse bêle. Ouaiit au dauphin, fils aîné du
roi de France, ce nom, porté par le.-, seigneurs du
Viennois et transmis à la famille royale lors de la
cession du Dauphiné à la couronne de France, était
un nom propre, Delphinus . le même <|ue le nom du
poisson; Uuuplitné, nom de province, dérive du
nom de ces seigneurs, qui avaient pris pour leurs
armes trois dauphins.
). DAUPIILNE (dô-fi-n'), ». f. Nom de la femme
du dauphin de France. Mme la daufilnne. Mme la
dauphiné est une merveille d'esprit, de raison el de
bonne éducation, sEv. 12 avril I6»u.
i'i. DAL'HUINE (dô-fi-n'), s. /■. Nom d'un petit
droguet de laine, jaspé de diverses couleurs.
t 3. DAL'FIII.NE (dô-fi-n'), s. (. Variété de laitue.
t <. DAL'PIll.NELLE (dô-fine-l'), s. f. Terme de
botaniipie. Nom de quelques plantes d'orneuient
(renonculacées) , noiamiiient du pied d'alouelte.
t 2. DAtPllI.NELLE (ilô-fi nè-i'), ». m. Terme de
dentiste. Lspece de pinces très fortes, à serres cour-
tes et garnies de dentelures, et servant à extraire les
dents qui n'ont qu'une racine.
t DAUPUIAERIE (dô-fi-ne-rie), 8. f. Mot forgé
D.W
par Scarron pour exprimer les jeux des dauphins
entre eux. [les dauphins] font entre eux mille sin-
geries. Ou plutôt des dauphineries, Virg. trav. v.
DAURADE (dô-ra-il), i. /. Poisson de la famill»
des sparoïcles et qu'il ne faut pas confondre avec la
dorade ou cyprin doré; on le trouve dans la Médi-
lerranée, il passe dans les étants, et, s'y engrais-
sant, il devient ex^ client à manger.
— ETYM. bit. deaurala, dorée, de la préposition
de, el aurum, cr.
t DAl'KAT (dô-ra), t. m. Carpe dorée de la Chin».
— ETYM. Voy. n*LBADE.
D Al'TANT (ilô-un). Voy. AUTANT.
+ DAl'W. ». wi. Voy. OAW.
DAVANTAGE (da-van-ta-j'). adv. || !• Plus. Veut
avez de l'argent, mais il en a davaniage. Vous pro-
mettez beaucoup et donnez davanla^'e. cobn. Poly.
IV, 3. Adieu, madame, adieu, je n'ai pu davan-
lace, ID. Iléract. m, 2. Ou perd souvent l'acquis i
vouloir davantage, ID. Tois. d'or, iv, 4. S'il eût
voulu mourir plus tard. Il aurait vécu davantage,
sc.«RB0N. Virg. trav. m. Et si j'en savais plus, j'en
dirais davaniage, hautebociie, les Appar. Iromp.
111, 7. 11 m'en souvient bien davantage, La font
l'nbl. m, 16. Celui qui s'était vu Coridon ou Tircis
Fut Pierrot, et rien davan âge. tu ib. iv, î. Ce pe-
tit animal T'en avait-il fait davantage (île mal]? ID
ih. VI, 15. Tu n'as point l'air d un donneur de breu-
vage; Je n'en dis |ioinl là-dessus davantage, ID. ib
vui, )8. Je rendrais mon ouvrage Capabede s«n-
lir, juger, rien davantage, Kt juger im|iarfallement.
in. ib. x, t. Ce qui existe moins est moins bon el
moins un; ce qui existe davaniage esl davantage lioi
et un,FÊN. Exist. 292. Si les fautes îles Anglais furent
énonnes, celles des F.spagnols le furent encoreila-
vantage, raynal, WisI. phil. x, lO. || Davantage
avec de el un substantif. (;eux qui te veulent mal
sont ceux que lu conserves; Tu vas à qui le fuit, et
toujours les réserves X souffrir en vi\antdavantage
d'ennuis, malh. i, 4. S'il demande à ses jour» da-
vantage de terme, id. ib. S'il veut davantige de
palmes. Qu'il les acquière en votre sein, id. m, 4.
Sans m'obliger à déclarer davaniage de mes prin-
cipes, DESC. Uith. 6. Il Cette tournure vieillit; toute-
fois on ne voit aucune raison pour ne pas l'em-
ployer.|| N'en pouvoir davantage, n'en pouvoir mais,
n'être pas la cause de ce (|ui arrive. On renversa la
table, oncoifla d'un potage le pauvre Vineville, qui
n'en pouvait pas davantage, retz, m, <î.||2'' Plus
longiemps. Ne me rompez pas davaniage la lête,
MOL. Uis. IV, 3. Or bien, sa IIS crier ilavanlaKe, Rappor-
tons-nous, dit-elle, à Raminagiobis, la font. ^'a6J.
vil, 16. Qu'il éloign.ll renfant jusijues à cerlain ige,
Jusqu'à vingt ans, point davantage. ID. t". vili, l«.
Gardes, ob issez sms larder davaniage. bac. Brit.
m, 8. Les crimes de Jugurtha avaient fait trop d'é-
clat pour que le sénat pi)t les dissimuler ilavautage,
vebtot, Rémi. rom. ix, p. 37u. || 3° Bien plus. En
ce sens il tomlie en désuétuile. Davantage, je ne les
vois pa> dans les grandes places, Hoss. Serm. quitiq.
II. DavaniaKe, peut-on nier que la messe ne lui le
service public de lÊ^-dise? id. Uvfnt. Les mages ré-
solurent de .se rendre ami Poréxarpe, parce qu'il
avail tout sujet de haïr Cambyse, davantage était
homme grandement estimé des Perses, p. L. cour,
11, 188.
— REM. 1. Les grammairiens modernes ont dé-
cidé que davaniage ne pouvait être suivi de que.
Toutefois celle décision est en coniradiction avec
l'usage des meilleurs écrivains: Ils peuvent avancer
beaucoup davaniage quo ceux qui courent, desC.
iléih. U ne puut davantage Que soupirer tout bas,
MALH. I, 4. Oui, vous ne pourriez pas lui dire da-
vanta^ie Que ce que je lui dis pour le faire être sage,
MOL. l'Étour. I, 9. 11 n y a rien assurément qui cha-
touille davantage que les approbations que vous di-
tes; mais cet encens ne fait pas vivre, ID. Bourg.
I, <. Il est impossible que cette surprise ne fasse
rire, parce que rien n'y porte davantage qu'une
disproportion surprenante entre ce qu'un atteod et
ce qu'on voit, pasc. Pror. 4t. Je puis dire devant
Dieu qu'il n'y a rien que je déleste davaniage que
de blesser la vérité, id. ib. L'une en prisant davan-
tage le temporel que le spirituel, id. ib. li. Quel
as re brille davaniage dans le firmament que le
prince de Coudé n'a fait en Europe? boss. Louis le
Bourbon. Voulez-vous être rare? Heiidez service à
ceux qui dépendent de vous: vous ie serez davan-
iage par cetie conduite que par ne pas vous laisser
voir, LA uBuy.vi. Dieu ii'aime donc pas davantage la
vertu, la pudeur.... quel'impudicilé? i/\ss. Car. Ate-
nir.Ces excès ne vousbonuraienl pas davaniage que
tous les rafinements de notre siècle, lo. Car. Culte.
DAV
im
DE
957
Une tuile qui tombe d'un toit peut nous blesser da
vantiige, mais n» nou» navra pas tant qu'une pierre
lancée à dessein par une main malveillante, J. i.
BOL'ss. 8* Fromen. \\ 2. En recherchant historique-
ment, on voit que davanlage est venu en usape ai.x
ïiv et XV* siècles et q'i'alnrs il n "était pas suivi de
que; il est viai qu'il paraît si;;nifier : san- ressource,
inévitaldement. C'est dans le xvi' siècle qu'on lui
donne le sens de plus, qu'on en fait un véritable
comnaratir, ce qui entraîna l'emploi de que; usage
qui fut suivi dans tout le cours du xvii- siècle et
que les j;rammairiens de la fin du xviu" siècle ojit
réussi à abolir, sous prétexte «lue ce nétait pas un
■vérifable adverbe et qu'il ne devait pas être suivi
de que.
— SYN. plus, davantage. La difTérence entre ces
deux mots, c'est que davantage, s'empl lyant abso-
lument, inillc|U6 une comparaison avec un terme
iSnoncé d'abord: tandis que plus, ne s'employanl
guère absolument, indique la com|iaraison avec un
terme qui ^'énonce ensuite. Celte femme est belle;
son amie l'est davantage. Mais on dira cette femme
est plus belle que son amie.
— HIST. XV' s. Seigneurs, le fuir ne nous vaut
rien; et si nous fuyons, nous sommes perdus d'a-
vantage, Fiioiss. 1, 1, 3-27. Et les Aiiglois ne pou-
voieiit aller jusipies à eux (les Escots), qu'ils ne fus-
sent tous morts et tous perdus d'avani.age, ou pris
à grand meschef, m. i, i, 42. Adonc descendirent
les seigneurs et les gens d'armes de leurs navires,
et vinrent devant la ville de Carenten, et l'a^sailli-
renl vitenient et fortement; quand les bourgeois
virent ce, ils eurent grand peur de perdre corps et
avoir; si se rendirent saufs leurs corps, leurs fem-
mes et leurs enfants, malgré les gens d'armes et les
sou<loyers qui aveceux estoient; et mirent leur avoir
à volonté, car ils savoient bien qu'il estoit perdu
d'avantage, i». I, I, 2G7. [Un grand tourment les
prit en mer qui les mit si hors de leur cliemin.
qu'ils ne surent dedans deux jours, là où ils estoieat;
de quoi Dieu leur fit grand grâce et leur envoya
belle aventure] s'ils se fussent comlialus en icelui
port (pi'ils a voient choisi , ou aucipies [un peu] près, ils
est 'ient perdus davantage et chus es mains île leurs
ennemis, iD. i, i, 18. Le mi de France avoil fait
est blir si bonnes gens d'armes et forteresses que
les Anglois qui vouloierit issir liois, à cheval ou à
pied, pour aller fourrer ou aventurer, ne l'avoieiit
m'B d'avantage, mais trouvoieiil souvent des ren-
contres dures et fortes, id. i, l, 309. Vous povez
veoir en dsant ces choses (avec ce que vous en sa-
vez davantage) que, de ces mauvais princes, nuls ou
peu en demenreut impunis, comm. m. 4. Jns(jues
environ en l'aage qu'ils sont de cinquante ans tous
deux: combien que la roine avoit deux ans davan-
tage, m. vm, i/.jjxvi's. Je fnys, disl le moyne,
bien d'advantaigc. car.... bab. Car. i, 4o. Puys ad-
visa.... d'advantaige [en outre] sillogisoyl, disant....
ID. ib. 1, 44. Il vaull mieulx plourer moins et hoyre
d'advantaige, ID. l'nnt. ii, 3. Il n'entrepreml rien
d'avantage sur les autres, qu'il leur permet sur soy,
CALVIN, Inslii. 906. [Après divers arguments] Da-
vantage, jiauvre fol que tu es, qui l'a est.ibiy les
termes de ta vie? mont. i. 73. Tout ce que vous y
recognoissez d'avantage [le plus] c'est.... id. i, (45.
Voyià cinq esclaves, mange les et nous t'en amer-
rons davantage, ID. i, 229. Pour en renger davan-
tage, je n'en entasse <|ue les testas, ID. i, 2U0. Il
estoit impossible de leur en faire tirer un tour da-
vantage, iD II, 174. Un bien tuit clair, je l'aymc
davantage Que je ne fay un grand bien en partage,
LA BO'iTl"., l'oé.<. div. p. 174. En faisant deux lieues
davantage que par le droit chemin, lanole. 604.
Phereciiles dit davantage (de plus], qu'il brisa et
gasta les quilles et les carènes de tous les vaisseaux
de Candie, amïot, Thésée, 22. Cesie res[ionse l'en-
couragea encore d'avantage, ID. Lyc. 8. De manière
que l'un n'pusl en biens rien d'avantage que l'autre,
II). ib. 12. Hz avoient reienu l'office d'avantage que
le terme qui leur e-lnil prcfix, quatre mois entiers,
ID. l'élop. 43. De peur qu'il ne leur commandasl
d'apprester quelque chose d'avantage que pour lui
seul. II) LuruU. 82.
— ÊTYM. D' (voy. DE), et aranlafje.
t DAVIUIQUE (da-vi-di-k'). adj. Dont le style
est inspiré, comme celui des psaumes de David.
ETYM Daviii, roi de Judée.
DAVIEK (da-vié; l'r ne se lie jamais; au pluriel.
\'$ «e lie ; lesila-vié-z et autres instruments) , s. m.
Pince recourbée dont les dentistes se servent pour
arracher les dents. || Instrument de menuiserie,
composé d'une barre de ter qui se termine par un
crochet, avec une main qui se meut d'un bout à
l'autre pour assembler et serrer les pièces. (| Petite
patte insérée entre les deux couplets de la presse
typographique pour maintenir le petit tympan dans
l'enchiUsiire du grand. (| Barre de 1er qui, attachée
par des crampons à la pièce qu'on veut forger, per-
met de la transporter sur l'enclume. || Outil servant
à faire entrer les cerceaux d'un tonneau.
— HIST. XVI' s. Si on connoist que la dent ne
puisse estre arrachée par le poussoir, on preut un
daviet, lequel est propre à rompre la dent qu'on
vent qnasser, paré. Un davied, un pélican, un cro-
chet, et (|uel'iues autres ferrements, dont il n'y avoil
porte ni coffre qu'il ne crochelast, rab. Paul.
II, 18.
— ÉTYM. Origine inconnue; à moins qu'on n'y
voye un diminutif daricl de David, qui a été le num
d'un outil de menuisier; des noms propres et des
noms d'animaux étant parfois dcmnés à des outils.
t D.AW (dô), s. m. Terme d'Iiisloire naturelle.
Nom sous le(|uel nn désigne au ca|i de Bonne Espé-
rance le cheval quacchaou couagga (voy.cou^GCA).
t DAVYNE (da-vi-n', ou plutôt, à l'anglaise,
dè-vi-n'). s. f. Lampe de sûreté pour les mineurs.
On dit pinlôt l.impe de Davy.
— ETYM. Davy, célèbre chimiste anglais qui en
est l'inventeur.
DE ((\e).prépns. Suivi de l'article Je, de se contracte
en du avanl un nom qui commence par une con-
sonne ou une ft aspirée; suivi de l'article les, il se
eontracleendcs.devanlune voyelle ou une/i muette,
l'ede des'élide. Lessensdela préposilion de. comme
ceux de la préposilion d. sont très- nombreux et
passent par des nuances que l'on saisit mieux en
laconsidéranldanssesconslructionsavec les espèces
de mots qu'en essayant de les rendre par des péri-
phrases. En cons^'cpience ces consiructions seroni
rangées en dix classes, ainsi qu'il suit . A. De
entre un substantif et un autre mol; B. de entre un
adjectif et un antre mot; G. de construit avec un
pronom personnel; D. de construit avec un-pronom
Inlerrogalif; de construit avec le pronom démon-
stratif celui; K. de entre un nom de nombre et un
autre mot: F. de entre un verbe et un verbe ou un
autre mni; G. de avec un adverbe, H. de avec une
préposition ; I. de constiuil avec une conjonction; J.
conjonction composée avec de. j| A. De entre un sub-
stantif et un autre subsianlil'. 1° 11 marque un rap-
port d'appaitenance. Le livre de Pierre. Les fables
de la Kon aine. Les malheurs de la guerre. J'ai
suivi en cela l'avis de tous les jurisconsultes et de
la plupart des easuistes. Pour vous voir renoncer
par l'hymen d'une reine À la pan qu'ils avaient
à la grandeur romaine, corn. Mcnm. I, 2. Lui-
même en diverses formes Range les ironcs cou-
pés des chêne^ et des ormes, rotr. llrrc. mnur
V, t. Jusqu'ici de l'amour dédaignant la jiuis-
sance. Je n'ai connu d'ardeur que celle des Com-
bats, ID. Bi-lis. 1,6. Le cardinal Charles de
Lorraine, ar'-hevêque de Heims.... grand génie,
grand homme d'Kiat, d'une vive et agréable élo-
quence, savant même pmr un homme de sa qua-
lité et de ses emplois, uoss. Var. ix, § 91. Il parait
que Ouiniilien est né la seconde année de l'em-
pereur Claude, qui est la quarante-deuxième de
Jésus-Christ, BOLLiN, llist. anc. Œuvres, t. XI, 2'
part. p. 706, dans pougens. Ù muses, accourez, soli-
taires divines. Amantes des ruis.seaux, A. chen.
liléq. xiv. |( 11 exprime le sentiment qu'on a pour
ijiielqu'un ou i|uel(|ue chose. Antoine sur sa lêle al-
tiia notre haine En se déslionoranl par l'amourd'une
reine, corn. Cinna, m, 4. L'horreur que lu fais
voir d'un mari vertueux.... m. Ilor v, 3. Quelle
reconnaissance, ingrate, tu me rends Des bien faits....
in. Iléracl. iv, 5. (irâce à ce conquérant, à ce pre-
neur de ville I Grâce.... — De ciuoi, madame? est-
ce d'avoir concpiis Trois sceptres.... id. Nicom. iv,
2. Le res|iect des autels, la présence desdienx, id.
Tkécdiire, il, 4. C'est elle [la roi( iiui a produit d:ins
les patriarches l'amour de Dieu, la confiance en ses
bontés, le zèle de sa religion, l'espérance de ses
promesses, flEch. l'anég. ;i, 473. Sans respect des
aïeux dont elle est descendue, boil. Sal. v. Du zèle
de ma loi que sert de se parer'? rac. Alhat. i, t.
Est-ce que de Baal le zèle vous transporte'? in. ib.
III, 3. A l'amour de l'iiarnace on impute mes pleurs,
10. ilitlir. Il, (i. (I 11 exprime un rapport d'origine,
de dérivation. Le ventdu nord. Les peuples du midi.
Les productions des colonies. || Il marque l'objet,
le but, la fin, la nature, la qualité; dans ce sens il
forme avec le terme qui le suit une expression ad-
jeclive. Acte de vente. Un homme de génie. Un
homme de rien. Il est certain que les œuvres de
miséricorde ne sont pas seulement de conseil, mais
de précepte dans le christianisme, bouhd. Exhort.
char. env. les nouv. cath. 1. 1, p. 134. Des conseillera
d'iniquité, des ministres de la volupté, m.\ss. Car.
Dang. desprosp. temp. Pour aller consulter l'homme
de Dieu, id. ib. Inconstance. Tout pécheur est donc
un enfant de mort et de colère, id. ib. Empl. du
temps. Hélas! il- sont des enfants de lumière pouf
les alfaires du siècle, m. ib. PH. novilire des élus.
Dieu à qui il n'est pas plus difficile de faire naître
l'enfant de la promesse d'une vieillesse stérile que
d'un Age plus fécond, m. ib. Fausse confiance, l.e
crime, cet enfant de ténèbres, ne craint pas la lu-
mière, ID. ib. Hesp.hum. Lorsque nous vous exhor-
tons S fuir les spectacles lul)rii|ues, lesassemb'ées de
péstié, m. ih. fausse cunf. La malignité de l'en-
nemi, dit saint Augustin, dresse depuis longtemps
deux pièges dangereux à la faiblesse des hommes;
un piège de séduction et un piége de terreur, id.
ib. Ite,sp. hum. Des entreliens dange;eux et des
commeices de passion remplissent le reste de ses
journées, m. ib. ilauv. riche. Ce n'est pas ici une
chaire de contention. c'est le lieu de la vérité, id. tb.
Par. de Dieu. Plus Jésus-Christ diminue dans voire
cœur, plus l'homme de |iéché augmente et se for-
tifie, ID. ib Commun. Celte eau de jalousie dont
il est parlé dans le Léviliqiie, id. ib. Commun. 2.
Dans (es mai.sons de relraiie, de prière, d'auslériié,
où il semble que le Seigneur devrait trouver celte foi
qui n'est plus dans le reste de la terre, id. ib. t'o-
ration. Cet homme de péché que nous portons dans
notre fonds, lo. Pané;/ Si ISrrnard. Ne faisons pas
de la profession sainte de la piété une vie d'humeur
et de caprice, m. Car. Injusi. du monde. Celle voix
de vertu qui se fait entendre dans l'abîme où l'âme
est ensevelie, ID. ib. Lazare. Après bien des an-
nées de vertu, ID. ib. Ou'il est difficile de regar-
der comme un exil une lerre de délices! iD. ib.
Vang. des prosp. lemp. Vous placez dan- le sanc-
tuaire des vases de rebut et d'ignominie, ID. ib.
On ne passe pas en un instant d'un état de justice
à un état de péché, lo. tb. Inciinst. L'éducation
chrétienne est une éducation de retraite, de pudeur,
de modestie, de haine du mnnde, id. ib. Petit nombre
des élus. Une vie entière de prière et de vigilance,
ID. ib. Tiédeur. \\ 11 ex|)riine rinstruraent. Un C3u^
de fusil. Un signe d" tète. Un serrement de main
Ij 11 exprime la desiination. Une salle de spectacle.
Un habit de ville. Couverture de mulet. Couvertures
de chevaux. Des souliers de chasse. j| La |irol'e.ssion.
Un homme de guerre. Une femme de ménage. Un
garçon de magasin. Un marchand de vin. Un mar-
chand de vins fins. Un marchand de paille, de foin.
Un marchand de plumes à écrire. Un marchand do
plumes pour faire des lits || La matière. Une tabla
de marine. Une tabatière d'or. Pâle d'amandes. Du
sucre <le pomme. Une marmelade de pommes. Sirop
de groseille. De la fécule de pomme de terre. Un
ragoût de pommes de lerre |' Le contenu. Une pièce
de vin. Une tasse de lait. Un baril d'olives. Une as-
siette de poires. Une pension de femmes, jj La durée.
Une guerre de vingt ans. Un tiavail de dix années.
Il II exprime la date. Un lièvre de trois jours [un
lièvre tué depuis trois jours]. Les démons chassés,
les aveugles nés guéris, les morts de quatre jours
ressuscites, bourd. Hg-'it. Hésurr. de J.-C. t. 1,
p. 320. Il La dimension. Un voile de deux aunes. Un
homme de six pieds. || La valeur. Une pièce de cent
sous. Une maison de cent mille francs. || La quan-
tité. Une armée de cent mille hommes. Une popula-
tion de quinze cents Ames. 112" De seri à unir le
nom commun d'One chose avec le mot particulier
qui la distingue de toutes les autres choses sem-
blables. La ville de Paris. Le mois de mat. Le mot
de langue. Ils ont exclu l'unité de la signification
du mot de nombre, pasc. Pens. i, 2. On entend co
que l'on conçoit par le terme de temps; c'est ca
mouvement supposé, id. ib. i, 2. Il ne s'ensuivra
pas de là que la chose qu'on enlend naturellement
par le mot de temps son en effet le mouvement
d'une chose ciéée, id ib. Par suite de cette défi-
nition il y aura deux choses qu'on appellera du nom
de temps, id. ib. Cet usage du mot de sceptre
se trouve à toutes les pages de rEcriiure, Boss.
Ilisl. II, 2. Tous les termes de la prophétie sont
clairs: il n'y a que le mol de sceptre que l'usage de
notre langue nous pinirra t faire prendre pour U
seule royauté, in. ib. || On di.sait dj même dans la
XVII' siècle: l'année de I6i)l. et ainsi de suite. Au-
jourd'hui on supprime de préférence le de: l'année
1802. Il 3° Construction de de entre un subsiantif
ou un adjeclil pris substantivement elunauire sub-
stantif, laquelle est analogue à celle de : la ville de
Paris, et dans laquelle le no/n construit avec de
Î)5S
DE
ne fait quo déterminer le nom pri5c6(Ien' comme
Paris (lélorroitie tUle: un fiipon d'enfiiiit, c'est un
fripon qui est un enfant: mon bourreau de miiltre,
c'esi mon Iwiirrrau qui est mon nuiltre, et ainsi de
suile Héglez-vous, reKaidfZ l'IionnCte homme
de pire Que vous avez du ciell c^UiHie on le con-
sidrro! MOL. l'Élour. i, u. ô traître! (j bourreau
d'homme, ID. «h. Il, 9. lîh bien, ne voilà pas mon
enragé de maître, ID. 16. v, 7. Et ce jaloux maudit,
ce traître de Sicilien, me fermera toujours tnut accC's
auprès d'elle, ID. Sicil. 6. Vous devez rendre gr.ttes
au ciel de l'honnête homme de pure qu'il vous a
donné, ID. Avare, 1, 10. Volro coquine do ïoinette
est devenue plus insolente que jamais, ID. Ual.
im'ig. I, 0. Un saint liomme de chat l)ien fourri',
pros et (,'ras, i.a font, l-abl. vu, 10. Mais un fripon
d'enfant (cet âge est sans pitié) Prit sa fronde, et
du coup tua plus d'à m»ttié La volatile malheu-
reuse, ID. ib. IX, 2. Il tardait à la dame D'y
rencontrer son perfide d'époux, id. Uichard. Sa
chienne de face, mol. Écuk des F. iv, 2 Si mon
traître d'époux par bonheur était mort, hegnard,
Oémncr. amour. 11, 8. Quel chien de train!
quel'e chienne de vie! j. B. nouss. iv, lipig. 6.
Un diable de nevei' Me fait par ses écarts mourir
a petit feu, pinON, Uélromanie , 11, t. J'ai une drôle
d'idée dans la tète, volt. Corresp. génér. 20 janv.
4740. Mes bourreaux de symphonistes raclaient à
percer le tympan d'un quinze- vingts, j. J. nouss.
Conf. IV. Tiens! va dire à ton sot de précepteur qu'il
te donne d'autres thèmes, iîrukvs, Grondeur, i, ».
Depuis, dis-je, qu'il a perdu, par une querelle de
jeu, son libertin de fils aîné, tu sais comment touta
chanKé pour nous, beaumabcii. Uère coup, i, 2.
Il 4° Pe, placé entre les titres et les noms pro|)resile
famille, s'emploie comme signe de noblesse. Ma-
dame de Sévigné. Le duc de la Uochefoucauld. || De,
qualification nobiliaire pris substantivement. 11 a
ajouté un de à son nom. Il a pris le de. Le de s'usurpait
aussi par qui voulait depuis longtemps, st-sim. )06,
421. Il n'est vilain qui faute de mieux ne mette au
moins un de à son nom, p. l. coun. 1,11 8. C'est sa
nouvelle fantaisie de mettre un de avec son nom, de-
puis qu'il est éligible et maire de la commune, id.
2" lettre fiarliculière. Eh quoi ! j'ajiprends que l'on
critique Le de qui précède mon nom, bérang. Vilain.
Il 6° De placé entre un mot et ce même mot répété
exprime l'excellence; usage qui, provenant de la
langue hébraïque, ne s'étend guère au delà des lo-
cutions bibliques ou de locutions formées sur ce
modèle. Le saint des saints, le lieu le plus saint
dans le temple de Jérusalem. Le cantique des can-
tiques, titre d'un cantique qui est dans la Bible.
L'être des êtres, Dieu. Vanité des vanités, et tout
est vanité; c'est la seule parole qui me reste; c'est
la seule réflexion que me permet, dans un accident
si étrange, une si juste et si sensible douleur, BO.'iS.
Duch. d'Orl. Humble, et du saint des saints respec-
tant les mystères. J'héritai l'innocence et le Dieu
de mes pères, lamabt. ilédit. i, 20. || 6° Ce entre un
substantif et un verbe à l'infinitif, ce qui est une
espèce de substantif. L'art de bien dire. La faculté
de prévoir. Aura-t-il la force d'achever un tel
travail? || Entre un substantif et quelques mots
considérés habituellement comme des adverbes. La
journée de demain. || Entre un substantif et une pré-
position. Le pays d'au delà la Loire. Notre esprit la
reijoil [la foi] à son premier réveil. Comme les dons
d'en haut, la vie et le soleil, lamaht. ilédil. i, 18.
Il 7" Depris pariitivement; cequi d'ailleurs, au fond,
n'est encore que le cas de de entre un .substantif
et un autre substantif, puisque, dans la construc-
tion partitive, un substantif est sous-entendu. Des
hommes m'ont dit, c'est-à-dire un certain nombre
d'hommes. De bous livres, c'esl-à-dire un certain
nombre de bons livres. Nous ne pouvions jeter les
yeux sur les deux rivages sans apercevoir des villes
oiiulentes, des maisons de campagne agréablement
situées, des terres qui se couvraient tous les ans
d'une moisson dorée, des prairies pleines de trou-
peaux, FÊN. Tél. 11. La corruption qui tous les jours
peut produire de nouveaux fruits de mort, mass.
Car. Fausse, confiance. Là, Vénus, me dictant de
faciles chansons. M'a nommé son poêle entre ses
nourrissons, a. ciién. ÉIi'Q. viii. || De pris pariiti-
vement devant un nom singulier : je n'ai point d'ar-
gent; il n'a pas eu de contentement; je n'ai jamais
nu de ville plus jolie; en ce cas le substantif est un
nom qui admet la division, ou qui, ne l'admettant
pas de sa nature, est considéré comme une sorte de
nom collectif divisible : je n'ai point portion d'argent:
11 n'x pas eu portion de contentement; je n'ai jamais
vu (ville) plus jolie (dans le genre) de ville. Et qiioiT
DE
dit le père, que pourrait-il y avoir de manque après
que tant d'habiles gens y ont passé? pasc. /'rôti. 6.
David ne donna jamais de plus beau combat, noss.
HarieTMr. Vous ne faites rien de cela dans la vie
que vous menez, Bouiin. Instr. prudence du salut,
exlinrt. t. 11, p. 405. || De se prend partiiivem nt
aussi devant un nom de nombre. Nous voyons que
les [ireiniers hommes, lorstpie le monde plus inno-
cent élait encore dans son enfance, remplissaient
des neuf cents ans par leur vie, Boss. Vol. de J/on-
terhy. Voit-on fleurir chez eux des quatre facultés?
BoiL. Sat. vm. Je n'aime point ces rois qui ont des
trois cents femmes, volt. Dial. xv, B. Je suis un
paresseux, mon cher philosophe; je crois que c'est
une mauvaise qualité attachée au peu de santé que
j'ai; je passe des six mois sans écrire à mes amis,
in. Lell. Vital, (!) juin t74l. || De pris partitive-
ment dans une phrase négative avec que, con-
struction djnt le sens est pas autre. Nous n'avons
point de roi que Cé.sar, Boss. Ilist. Il, tO. || De
pris partilivemeiit devant certain. Nous bûmes de
certain vin. De certains hommes vinrent à nous
Ceux [les principes] de la volonté sont de certains
désirs naturels et communs à tous les hommes,
comme le désir d'être heureux, pasc. Pensées, 1, 3.
Et cela pourrait expliquer de certaines bizarreries,
VAtJVF.N. Virac. || Aujourd'hui on supprime souvent
le de devant certain. || De employé partitivement
devant aucuns, aucunes dans le xvii" siècle et signi-
fiant quelipies-uns, de certaines pi^rsonnes. Il y en
a d'aucunes qui prennent des maris seulement pour
se tirer de la contrainte de leurs parents, mol. Slal.
imag. 11, 7. Cette tournure n'est plus usitée. || De,
dans une construction où au fond il est explétif, de-
vant des adjectifs ou des participes pris partitive-
ment d'après l'analyse grammaticale. Il y eut cent
hommes de tués. Kst-il (|uelqu'un d'assez osé? Je
n'y vois rien d'étonnant. Sa conduite n'a rien de gé-
néreux. Payez; sinon, rien de fait [rien qui soit
fait, arrêté, conclu]. Ces phrases se résolvent en :
de tués.il y eutcenthommes; d'assez osé, d'homme
assez osé, est-il quelqu'un? etc. toutes construc-
tions qui grammaticalement sont partitives. Sans
doute ils n'ont aucun dessein d'arrêté, pasc. Prov. 6.
Est-il rien de plus noir que ta lâche action? mol.
Sganar. ta. Mais ce qui me paraît encore de plus
honorable à la vertu, c'est que.... mass. Car. Iksp.
hum. Il est vrai qu'il n'y en avait eu que trois
mille cinq cents de vendus en quatre ou cinq jours,
d'alemb. Lett. à Voit. 22 sept. (707. || Des grammai-
riens modernes ont prétendu qu'il n'était pas cor-
rect de dire: il y a eu cent hoiûmes de tués, et que
le de devait être su|iprimé. La question avait été
agitée déjà du temps de Vaugelas qui déclare que le
de est appuyé par de bons auteurs. Aujourd'hui l'u-
sage l'a consacré, usage qui d'ailleurs n'a rien d'in-
explicolile grammaticalement. || 11 n'y a rien qui pa-
raisse de plus insensé à ceux qui ne sont pas éclairés
d'en haut, boss. Ilist. il, tt. On remarquera cette
tournure : Bnssuet ayant ."i construire rien de plus
insensé avec paraître, a mis le verbe au milieu;
conslructiim qui peut sembler insolite, mais qui est
bonne et à imiter. || Il n'y a rinn de tel que l'adver-
sité pourmlîrir un liomme. On dit aussi sans le de :
il n'y a rien tel que.... || De se construit de môme
partitivement etexplétiveinent.avec les motsmi>wi,
pis, piiis, moins. Vous n'aurez rien de plus. Quoi
de pis que de se déshonorer? Étranger que j'étais,
je n'avais rien de mieux à faire que d'étudier cette
foule de gens qui y abordaient sans cesse, montesq.
Leit. pers. 48. |{ 8° De pris absolument devant un
substantif, exprime la manière, la disposition .l'état,
la situation. De gaieté de cœur. De colère il rompu
l'entretien. De peur d'un plus grand mal il céda. De
cûté et d'autre. Du côté des ennemis. Je les suivis
de rage et m'y rangeai comme eux, couN. Sertor.
I, 3. De bonlieur pour ce loup qui ne pouvait crier.
Près de là passe une cigogne, la font. Fabi. m,
9. De bonheur pour elle ces gens partirent tout
aussitôt, ID. Psyché, 11, p. us. Que ne l'émon-
dait-on sans prendre la cognée? De son tempé-
rament il eût eucor vécu, m. Fabl. x, 2. Mille
gens le sont bien, sans vous faire bravade. Oui de
mine, de cirur, de biens et de maison iNe feraient
avec vous nulle comparai.son, mol. lie. des f. iv, 8.
Elles étaient, de leur fond et par leurs penchants,
douces, patientes, équitables, droites, régulières,
D0VtiVKt..2'dim. après l'Épiph. Dominic. t I, p. lo4.
Soit d'imprudence, soit de générosité, la suivante
crie du milieu des fiots : Sauvez-moi, je suis la mère
de l'ompeieur, didf.r. Ess. s. Claude. De lassitude,
Messaline se jette dans un de ces tombereaux qui
transportent les immondices des jardins, id. ib. Lors-
DE
que Vénus, du haut des célestes lambris, San» ar-
mes, sans carquois vint m'amener son fils, k. CH£n,
itlég. n. Il Eu cet emploi, de signifie parfois : en fait
de. N'avoir du pouvoir que l'apparence. Vivre avec
des hommes qui n'ont presfjue de riiomme que i«
figure. BOUBD. Eihorl. char. cnv. i/n sémin. t. I,
p. *57. Il U'iioniipur, d'homme d'honneur, sorte
d'affirmation interjective signifiant sur mon hon-
neur, sur la parole d'un homme d'honneur. Boni
voilà l'autre encor, digne maître D'un «eml>!able va-
let! ô les menteurs hardis! —D'homme d'honneur,
il est ainsi que je le dis, mol. Di'p. am. m, 8 || De
exprimant qu'il est question, qu'il est traité d'une
matière. De la chasse. De la tragédie grecque. De»
peintres italiens du xvi* siècle. Il y a de sous-en-
tendu : livre, chapitre qui traite de la chasSe, etc.
Il Pendant. De nuit. De jour, la clioiieito se cache
(laiisles trous, et de nuit elle va cherclier sa pâture.
Ils ne me mettront d'aujourd'hui eu colère, sSv.
420. Sans que de tout le jour je puisse voir Titus,
RAC. Bérén. iv, B. Ce chasseur perce donc un gros
de courtisans. Plein de zèle, écliaufl'é, s'il le fut de
sa vie, LA FONT. Fabl. xii, t2. Il [JosèpheJ avoue
qu'il ne put jamais la bien prononcer |la langue
grecque], parce qu'il ne l'avait pas apprise île jeu-
nesse, les Juifs estim.ant peu l'étude des langues,
BOLLiN, llisl. ane. liv. xxv, ch. 2, arL (•', §2.
Et je suis |)lus heureux dans ma captivité Que je
ne le fus de ma vie Dans le triste bonheur dont j'étais
enchanté, J.B.BOuss. Cantate, Triomphe de l'auiour.
Heureux si, de son temps, pour cent l'oniies rai-
sons, La Macédoine eût eu des Petites Maisons, boii.
Sdt. vin. Ne l'ai-je pas trouvéde nuit tuant un luoutonT
BKUVEis, Aroc. Pat. i, 8. || X partir de. Du moment
(lu'il l'a vue. Les troubles ont cessé, sa joie est re-
venue, CORN. Soph. II, >. Je n'avais ni dormi, ni
mangé de vingt-quatre heures, sêv. 21 8. Je suis ici
de jeudi, ID. 287. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'Us
méditent ce dessein, pasc. Prov. t». De ce jour tu
verras Thyeste dans mes chaînes, créb. Atrée, i, s.
Il De, con.struit de celte façon, indique le change-
ment d'état, de condition : de commis il de>int di-
recteur. Ordre lui vient d'aller au fond de la Nor-
vège, Prendre le soin d'une mai.son En tout temps
couverte de neige; Et d'Indou qu'il était on vous le
fait Lapon, la fomt. Fabl. vu, a. Ils forgeront de
leurs épées des socs de charrue et de leurs lances
des faux, SACY, Bible, Isaie, 11, 4. Et que le sort
burlesque, en ce siècle de fer. D'un pédant , quand
il veut, sait faire un duc et pair, boil. Sat. 1. || Celte
construction s'emploie aussi avec les adjectifs. De
pauvre il devint riche. De chrétien qu'on était, on
devient peu à peu tout mondain et presque piîen,
BOURD. Sur lu fausse consc. )•' oient, p. loo. || De....
en.... exprime que l'on va d'un lieu, d'un objet en un
autre. Errer, un livre en main, de bocage en bocage,
A.CHF.N. Élég. xiv. Il Be.... à... .exprime, au physique
ou figurément, l'intervalle, le pa.ssage d'une chose
à un autre. De l'Elbe à la mer Balti |ue ou jusqu'à
la mer Baltique. De la créature nous devons nous
élever au créateur, boubd. Respect hum. V avrnt,
p. 414. Du crime au repentir un long chemin nous
mène. Du repentir au crime un moment nous en-
traine, coLABD. £p. d'Iléloise à Ab. || Ils éiaieni do
trente à quarante, leur nombre et .it entre trente et
quarante. Je serai chez moi de cinq heures à six,
entre cinq heures et six heures. || De.... à.... D'homme
à homme, c'est-à-ilire entre deux hommes, quand
il s'agit de deux hommes. D'homme à homme, cela
peut .se dire et se faire. || De vous à moi. c'esi-à-dire
entre vous et moi, et de manière que ce qui sepa.sse
entre vous et moi ne soit pas répété. Ceci est de vous
à moi; vous n'en parlerez pas. || De ... en.... De point
en point, c'est-à-dire d'un point jusqu'à l'autre, tout
à fait, complètement. Il a exécuté ses ordres de |Kiint
en pi int. De bout en bout, c'est-à-dire d'un lioul
jusqu à l'autre. De jour en jour, c'esi-à dire un jour
après l'antre, chaque jour, incessamment. Le danger
devient plus grand de jour en jour.
B. 9° De entre un adjectifetun siibslantifou un pro-
nom personnel. Digne d'estime. Avide de gloire. Al-
lèré de sang. Je suis mécontent de moi. laible d'es-
prit et de corps. Allons, unis d'esprit, sans commerce
du corps, Achever notre hymen dans l'empire des
morts, BOTR. Antig. v, ». Elles sont vides de senti-
ments,qui n'ont régné que depuis leur temps, LA
BRUY. I. Combien était ennemie la pieuse reine de
ces reganls dédaigneux! boss. Marie Thér. Leur pa-
tience m'étonne, et d'autant plus qu'elle ne peut
m'ètrc suspecte ni de timidité ni d'impuissance,
PASC. Prov. t». Jelaisse inones|)rit. libre d'imiuié-
tude. D'un facile bonheur faisant sa seule étude, la-
MART.If('dir.i,ïO. Il De se conflruit avec le superlatif.
Dii;
Lfl meilleur des hommes. Unpoëte à la cour fut jadis
à la mode; Mais des fnus aujourd'hui c'est le plus
incommode, boil. Sat. i. Elle tomba premièrement
sur une pointe de rocher, et puis sur une autre, de
roc en roc: chacun il'eux emporta sa pièce; de ma-
nière qu'elle arriva le plus joliment du monde au
royaume de Proseroine. la font. Psyché, il, p. t6^-
Il De entre un adjectitet un verhe. Dùsireux de voir.
ias de perdre en rirniiut et sa peine et son hien.
Boit. Snl. t. Il était aisé à la reine de faire sentir
une grandeur qui lui était naturelle, Boss. Uiirie-
Thér II fleentre un adjectifel un iufiniiif, aveclescns
de à cause que, vu que. Ohl trop heureux d'avoir
une si lielle femme I Malheureux bien plutôt de
l'avoir, celle infâuie! mol. Sqniiar. to. Mon révérend
père, lui dis-je, que le niunile est heureux de vous
avoir pour m.iîtres! pasc. I'tov. 8. Ils ne sont pas
adroits d'avoir ainsi averti tout le monde de leur
intnnlion, in. t'ft. lO. Ils .sont admirables de vouloir
prendre le parlement pourdupe, ID. t/i. Mais nesuis-
je pas bien fou de vouloir r;iisonner...? mol. Sjan. I.
Sottes de ne pus voir que le plus grand des soins....
LA FONT, h'abl. m, 6. Il De ou que de entre un
idjeitif Construit avec si et un verbe, et signi-
fiant a.ssez.... pour.... Un agneau se désaltérait Dans
le courant.... Qui te rend si hardi de troubler mon
breuvage? la font. Fabl. 1, (0. Je n'aurais pas
été si hardi que d'entre|irendre.... voit. Leit. ou.
C. 10" De construit avec un pronom personnel.
On n'agit pas loujours de soi-même. Il est venu
de lui-même s'excuser. Choisissez de vous-même
et je ferme les yeux, cobn. Otiion, m, 3. Je ne
fais rien de moi-môme, sacy, Hible, Évang. St.
Jean, vm, 2h. lia fait de lui-même ce que vous
auriez tôt ou tard exigé, dider. Père de fum. i, 5.
Il De soi, par sa propre vertu, naturellement. De
soi, rien n'est permanent sur la terre. Cela va de soi.
Cela s'entend de soi. Rien, suivant la raison, n'est
jusie de soi , pasc. Pensives, I, 6. Tout cela n'a rien,
de soi-même, qui soit contraire à la véritable .sa-
ges.se, BOiiBUAL. Instr. Prudence du salul, Exhort.
t. Il, p. 407. Il De moi, c'est-à-dire quant à moi,
pour ce qui me concerne; ancienne locution qui re-
présente ; quant à ce qui est de moi; elle est tombée
en désuétude, et on dit : pour moi. De moi, tontes
les fois que j'arrèle les yeux À voir.... malii. i, t . De
moi, plus je suis combattu, Plus ma résistance Mon-
tre sa vertu, ID. Chanson, v,27. De moi, je fus
touché de voir tant de valeur, tbistan, Hort de
Chrispe, i, 3. || De devant un pronom démonstratif.
De celui-ci allons à celui-là. || De cela même, il cause
de cela même. Ces tableaux admirables dont parle
Pline et qui , selon ce savant connaisseur, n'en étaient
que plus admirés, de cela même qu'ils étaient de-
meurés imparfaits, mairan, Éloges, le card. de
Poliynac.
D. 11° De entre un pronom conjonctif et un au-
tre mot. Oui lies deux l'emportera'? Lequel de vous
ou de votre ami est venujuwiu'ici'?Or il est temps,
ma sœur, de montrer qui nous sommes. Et qui peut
plus sur nous, ou des dieux ou des hommes, botr.
Antig. lu, '" O'i'ils jugent en partant qui méiitait
le mieux, De* r-ii.çais ou de mui , l'empire de ces
lieux, volt. Zaïre, i, 4. || Des grammairiens ont
blAmé cette tournure, assurant qu'il fallait dire non;
lequel des deux était le plus ébqiient, de César ou
de f'.icémn; mais lequel des deux. César ou Cicé-
ron. était le plus éloquent, ou bien ; le(piel,de Cicé-
ron et César, était le plus éloquent? De ces deux
tournures la première est correcte et peut s'em-
ployer; la seconde est peu usitée. Dans tous les cas,
l'ancienne tournure, qui est dans Uotrou, est justi-
fiée par l'usage et impliiiue seulement un pléonasme
dans le de [ilacé devant chaque nom. || De construit
dans le même sens avec le pronom déaioiLstratif
celui, celle, ceux, celles. Quoi! de deux personnes
qui fout les mêmes clioses. celui qui ne sait pas
leur doctrine pèche; celui qui la sait ne pèche pas!
PASC. l'ror. 6.
E. 12° De entre un nom de nombre et un autre
mot. L'un des deux. Deux des quatre. Daniel, un
des enfants de la captivité, mass. Car. liesp. hum.
Il De avec ellipse de un. Il vint des derniers, c'est-
à-dire un des derniers Kt quoiijue des jikis
lins, 11 n'avait pu donner d'atteinte à la volaille,
LK FONT. Fabl. Xi , 3. iMa femme m'a dit que
vous étiez fort honnête homme et tout à fait de ses
amis, et je l'ai chargée devons parler [lour un tes-
tament que je veux faire, mol. Mal. imag. i, 9.
Peut-être étes-vous de ces hommes qui n'aiment
qu'eux-mêmes et qui n'ont égard qu'à leur inté-
rêt propre, boubd. Commémor. des morts, ilijsl.
t. Il, p. 520, J'ai vu le fer en main Eléocle lui-même;
DE
11 marche des premiers, BAC. Tlutb.l, I. || Et de,
pris absolument devant un nom de nombre, exprime
que.comptant i|uelquc cliose, on signale particuliè-
rement le nombre indiiiué. Kt de trois [bourses] ;
celle-ci fut rude à arracher, deaum. Mar. de Fiy.
V, 19.
F. 13* De entre un verbe et un nom, construc-
tion où il exprime les compléments des différenls
verbes de la phrase. Que pensez-vous de cela? Trai-
ter de la paix. Diiïérer d'avis. Médire de quel-
qu'un. Il se mêle d'affaires qui ne le regardent pas.
On l'accusa de ce malheur. Vous le taxiez de folie.
Vivre de légumes. Son esprit manque de justesse.
Tirer avantage de ses talents. Le vrai ne dépend point
du temps ni de la mode. Issu d'une bonne famille. Et
du sacré bandeau qu'il vous mit sur la tête [il] Acheta
de vos vœux la superbe conquête, botr. Bel. iv, 2.
Tu [amour] m'obligeras plus d'un trait de ta pitié
Qu'elle [la fortune] de son crédit ou de son ami-
tié, ID. ib. 11, 7. Si nous sommes ob.igés à user
de cette sage réserve.... boss. Libre arb. 4. C'est
une dame Qui de quelque espérance avait flatté ma
flamme, mol. Mis. l, 2. [Agnès| N"aplus voulu son-
gera retourner chez soi. Et de tout son destin s'est
commise à ma foi, id Éc. des f. iv, 8. Elle [la
perdrix] fait la blessée et va traînant de l'aile, la
FONT. f(ii*i. X, I. Contemplant d'un lieu tranquille
leur embarras, leurs afiliciions, leurs malheurs, ni
plus ni moins que les dieux considèretit de l'Olympe
les misérables mortels, m. Psyché, i, p. tut. Je
devais par la royauté Avoir commencé mon ouvrage :
A la voir d'un certain côté, Messer Gaster [l'esto-
mac] on est l'image, in. Fabl. m, 2. Il me fau-
drait des journées entières pour me bien expli-
quer à vous de tout ce que je sens, mol. G. D. m,
6. Choisissez de César, d'Achille ou d'Alexandre,
BûiL. Sat. V. Prosternée aux pieds de Jésus-Christ,
elle les arrosa de ses larmes, elle les essuya de
ses cheveux , boubdal. llespect hum. 2' aient, p.
403. Il a fort vu M. d'U/.ès, «lui ne peut se taire de
vos perfections, sév. 28 oct. t67i. Volage muse,
aimable enchanteresse, Qui, m'égarant dans de
douces erreurs, Viens tour à tour parsemer ma
jeunesse De jeux, d'ennuis, d'épines et de Meurs,
GRESSET, Épitre à ma Muse. Il ne vous eût pas
été permis de vivre d'humeur, de tempérament, et
de ne prendre que ce qui vous plaît pour la règle
de ce que vous devez faire, mass. Or. (un. Prof.
rel. s. De celte autre entreprise honorez mon au-
dace, RAC. Hlithr. m, t. Sans me faire payer son
salut de mon cœur, m. Andr. i, 4. Le seul Aga-
memiion, refusant tant de gloire, N'ose d'un peu
de sang acheter la victoire, id. Iphig. I, 3. Laissez
à iMénélas racheter d'un tel prix Sa coupable moi-
tié dont il est trop épris, id. ib. iv, 4. Mais d'un
soin si cruel la fortune me joue, id. Bérén. v, 2.
....D'un regard a daigné maveitir, lu. ib. i, 3.
....D'un ordre constant gouvernant ses provinces,
m. Théb. i, b. Venez, de l'huile sainte il faut vous
consacrer, m. Ath. iv, 3. Tous les jours je l'invoque,
et d'un soin paternel 11 me nourrit des dons offeits
sur son autel, m. ib. ii, 7. De quelle noble ardeur
pensez-vous qu'ils se rangent Sous les drapeaux
d'un roi longtemps victoiieux?iD. Slilkr. m, t. Les
prudents du siècle eurent beau lui représenter....
qu'il fallait éblouir les âmes grossières de quelque
apparence de gloire, flèch. Punég. ii, p. 357.
Son fils Ferdinand III qui hérita de sa politique et fit
comme lui la guerre de son cabinet, volt. Louis XI K,
2. Toi qui prétenilais me défendre, tu ne m'as servi de
rien, m. Le blanc et le noir. Il [Heraclite] avait
écrit de la matière, de l'univers, de la république et
de la théologie, dider. Opin. des anc. phil. Ilérocli-
lisme. Les anachorètes écrivirent de la douceur du
rocher et des délices de la contemplation, chatealb.
Génie, II, V, 3. La muse t'enivra de précoces fa-
veurs, LAWART. J/c'di(, I, 14. Silencieux abîme où
je vais redescendre. Pourquoi laissas-tu l'Iiomme
échapper de ta mainl De quel sommeil proloud
je dormais dans ton sein? in. ib. i, 18. || li' De entre
un verbe et un sukslantif et composant avec ce
substantif une sorte de locution adverbiale (|ui
mO'lifie le sens du verbe à la façon des adverbes.
Il me parla d un ton munaçanl. Il alla de son pro-
[ire mouvement le trouver. Non, je n'en ferai rien,
la chose est résolue, Ou l'on m'y contraindra de
jiuissaiice absolue, ma.'r. Soplion. iv, 6. Si vous
ne consolez d'un traitement plus doux Celui qui
désormais ne peut vivre sans vous, id. ib. m,
4. Anéaiitisse/.-vous de honte et de respect, coun.
Prol. de la Toison, 4. Et même à ses Itomains ne
daigne repartir -Que d'un regard farouche et d'un
profond soupir, tD. Pomp. m, i. S'il ne vous traite
DE
959
ici d'entière confidence, in. Poiy. i, 3. [11] Les trai-
tait malgré lui d'entière égalité, id. Attila, ii, 4.
Et de quelque rigueur que le destin me traite, Je
perds moins & mourir qu'à vivre leur sujette, ID.
/lodoj. v, (.Et pour vous témoigner de quelle indif-
férence J'abandonne un plaisir que j'ai tant pour-
suivi. RoTnou, Vencesl. m, 4. ô folle p été qui d'une
même audace Fit la rébellion et reçoit la menace !
tu. Aniig. iv, 3. Nous volons sur ses pas d'une ar-
deur unanime, id. Bélis. v, 7. Car Lucile soutient
que c'est une chanson. Et m'a parlé d'un air à m'ô-
ter tout soupçon , mol. Dépit am. m. 8. Et traitant
de mépris les sens et la matière, X l'esprit, comme
nous, donnez vous tout entière, id. Femmes s ai'.
1, I. Où, de droit absolu, j'ai pouvoir d'ordonner,
iD. Sgan. t. Et Ulclions d'ébranler, de force ou d'in-
dustrie, Ce malheureux dessein qui nous a tous
troublés, ID. Tart. iv, 2. Vous les voulez traiter
d'un semblable langage? iD. ib. i, 6. Et traitent de
même air l'honnête homme et le fat, id. JUis, i, t.
Nous faisons maintenant de la médecine d'une façon
toute nouvelle, ID. Uéd. m. lui, ii, 8. Vous agiriez de
mauvais sens, pasc. dans cousin. Ils l'aimaient seu-
lement de bouche, et ils lui rendaient de la langue
des soumissions trompeuses, sacy, Bible, psaiiv\e'
77, v. 36 (i jour heureux pour moi 1 De quelle
ardeur j'irai reconnaître mon roi! rac. Alhul. i,
I. Il 1B° De entre un verbe passif ou un participe pas-
sif ou une consiruclion à sens passif et un substan-
tif ou un pronom personnel et faisant fonction de
complément passif. Je suis vaincu du temps, je cède
à ses outrages, malh. il, <2. Tantôt je me la vois
d'un pirate ravie, id. v, 21. Le soldat qui ne s'é-
tait jamais vu tromper des [par les] promesses du
roi.VAHGEL. Q. C. 499. L'agrément est institué de la
nature pour représenter la jouissance, desc. Pass.
ou. Il a voulu dire seulement avec saint Paul
que toute puissance est établie de Dieu, pelliss.
Uém. pour les gens die lettres, p. 75. J'ai connu un
homme qui prouvait par bonnes raisons qu'il ne
faut jamais dire, une telle personne est morte d'une
fièvre et d'une fluxion de poitrine, mais elle est
morte de quatre médecins et de deux apothicaires,
MOL. l'Amour méd. ii, t. Jésus Christ est-il mort
pour des impies dans le temps destiné de Dieu? sacy,
Bible, St Paul, Ép. aux Rom. v, 8. Animé d'un
regard, je puislout entreprendre, rag. Jndr.i, 4. Et
de mille remords son esprit combattu, id. t'ft.v, 2. Ex-
cité d'un désir curieux, iD. iJn'(. II, 2. Quoi I toujours
enchaîné de ma gloire passée.... m. lO. iv,3. Vaincu
du pouvoir de vos charmes, id. Alex. Il, l. ô ciel !
si notre amour est condamné de toi, w. Daj. 1,4.
Jadis Priam vaincu fut respecté d'Achille, tu. Andr.
111,6. Aux larmes, au travail le peuple est condamné,
El d'un sceptre de fer veut être gouverné, iD. Ath.
IV, 3. Ignace suscité de Dieu pour venir au secours
de son Église affligée, flecu. Panég. ii, p. 2U9. Ap-
pelé de Dieu au ministère de sa parole, id. ib.
p. 108. 11 seregardadonccommeunouvrierenvoyé du
père de famille pour défricher cette terre inculte,
ID. i6. p. 209. Une àme rachetée du sang de Jésus-
Clirisl, ID. ib. p. 309. L'autorité des proiihètes, ries
apôtres, des hommes inspirés de Dieu, mass. Car.
Doutes s. ta rel. Woise son cadet est établi du ciel
chef des armées du Seigneur, id. ib. Vocation. Un
ver secret et dévorant placé de la main de Dieu au
milieu de son cœur, in. ib. Uouv. riche. Un impie
peut être frappé de Dieu, et sentir le poids de la
majesté qu'il avait blasphémée, ID. ib. Inconstance,
Quoil vous auriez honte d'être choisi de Dieu comme
un vase de miséricorde! m. ib. Ilesp. hum. Être né le
premier dans une famille, c'est être choisi du ciel
pour succéder aux titres et aux dignités de nos an-
cêtres, ID. ib. \'ocat. Plus occupé des nouveaux ti-
tres dont il est revêtu qu'in-truit des derniers avis
d'un père mourant, id. ib.Mort. Si vous croyez que
l'iîvangile est une loi ilonnée de Dieu, id. ib. Sa-
maritaine. En rendant l'honneur et le tribut aux
iniissances éiablies de Dieu, id. ib. Aumône. L'esprit
de curiosité donné de Dieu à l'homme , volt.
Louis XIV, 37. Votre Majesté a fait, depuis qua-
rante ans de règne, tout ce qu'il faut pour se faire
respecter de ses amis et de .ses ennemis, d'alemd.
Lett. au roi de Prusse, 8 juin, t/80. Les Français
sont ma proie : ils n'affranchiront pas Les humbles
pavillons que mon mépris leur laisse. Déjà vaincus
de leur mollesse Et du seul souvenir de nos derniers
combats, GiLB. Ode sur la guerre. N'attends pas que
ton cœur, de mollesse abatlu.... DUcis, Abuj. ii, 7.
Ô jours de mon printemps, jour» ccumnnésde rose,
A votre lui le en vain un long regret s'oppose, a.chê.v.
Élcg. XVI. Il 16° /)e entre un verbe et un substantif, et
signifiant : pour, à cause de, avec. Mais je hai» vos
960
DE
menisipurs de leurs honteux délais, moi.. Àmph. m,
». J'adore le t>on aMié de tout ce qu'il me mande lA-
dessus. el de l'envie qu'il a de me voir recevoir
une .si ohfcrc el si aimalile compaf.'nie . sr-v. i
juin IB78. F.n vain suis-jo .séparé du monde d'ha-
bil. d'étal, de demeure, de rcjnciionet de conversa-
tion, si mon rspnl et mon cnuir y sont attachés,
fiotinn. Se'^m. I"' dim. aprit la l'fnl. Poinin. t. iv.
D. 70. DéjA Troie en alarmes Bedoute mon bilclier
et Wmil de vos l.irmes. n/c. Iphig. v, 2. Au moins
console/-moi de quelque heure de paix, m. Thi'h.
I, 3. Je ne s^iis point ... De mes sonnets flâneurs
lasser tnut l'univers, lOt vendre a:i plus oITranl irion
encpns et mes vers, aoiL. Sal. i. D'un soin officieux
j'irriiais sa blessure, dkuav. IVp. sicl. 1, t. |, 17" De
entre un verbe et un adjectif. Il s'est l;iis.sé trailer
de lîlche. c'e<t à dire il s'esi laissé appeler lâche.
C'était s'exposer h être irailé de séditieux par les
Hérodiens , bol'ro Si-rm. 22' dim. après la l'en
tec. Ilnin. t. iv, p. 317. |{ Môme em|iloi avec un sub-
stantif. On le traita publiquement d'homme sans
foi. I.a voix publique le i|U.ili(iail de traîne, c'est-
à-dire elle le disait traître. Se iiualifier de prince
Il 18° De entre un verbe et un autre verbe qui
sert de complément au premier. On l'aicusa d'avnii
cons|>iré. Vous êtes charî,'é de lui écrire. Il dés-
espérait de réussir. On lui coiiseilie de p^irlir. Choi-
sis de leur donner ton sanp ou de l'encens, corn.
Pnlij. V, 2. Il lui (cliappa d'écrire : Ou'a de com-
mun la censure de Rome avec celle de France? fasc.
frni. «.Il veut aller au delà et nous im|iu.ser de croire
ce qu'il a ilécidé seul, id. ih. )9. Les papes oni
souvent entrepris de traiter comme hérétiques ceux
qui appelleraienKt'eux a :x cunci,es, in. ib. Ah ! Sei-
gneur, je n'ai pas eu ce dédain qui empêche de jeter
les yeux .sur les nioriels trop rampants, boss. ita-
rie-Thérhe. Cessez de vous laisser conduire au pre
mier veni. mol l'hUour i. 9. Hoiigis plutôt, routris
d'envier au vulgaire Le stérile repos iloni son cœur
est jaloux, i.amabt. Médit. \, 14 || Dans luxvn'siècle
de elait employé dans des cas où présentement on
met à. Il exhorta le poiiie de ne plus faire de vrs
la nuit.... scAim. /io/n. corn, i, ch. I2. Une galùie
turque oi'i l'on nous avait invités d'entrer, mol .S'ctt-
pi'n, III, :'. La crainte fait en moi l'office du zèle...
et me réduit d'a|iplaiidir bien souvent à ce que mon
Sme déleste, m. D.Junn, i, I. Ah! je vous appren-
drai de me traiter ainsi, id. Amph. m. 4. || 19" Oe
enlre deux verbes, avec un sens équivalent à : de
ce que, vu que, puisque, quand, comme si. Que
veut-elle dire De ne vpnir pas? malh. vi, 7. Je
mérite la mort de méiiter sa haine, coa.N. Cid,
III, 1. X toute autorilé je fermerais les yeux, Kt je
ferais boancoup de respecter les ilieux, rotr. Anitg
I, 4. Je croyais tout perdu de crier de la .sorte, mol.
Sgan. 3. Ah! vnilà qui me plaîi de parler de la sorte!
ID. ib. 18. Ksi-ce pour rire ou si tous deux vous ex-
Iravaguez de vouloir que je sois médecin? m. ,yUd.
m. lui , i. 6. Si je SUIS afllif-'é, ce n'est pas pour de.-
prunes. Et je le donnerais à bien d'autres qu'à moi.
De se voir sans clia^'riu au point où je me voi, id.
Sganar. I6. Quel sort ont nos yeux en partage. Kl
qu'est-ce i|u'ils ont fait aux dieux. De ne jouir d'au-
cun iiommage? m. /'sycW, i, i. [Il] s'imagina (|u'il
ferait bien De se pendre ei finir lui-même sa misère,
LA FONT. Fabl. IX, II), l'uisipie je voi- que je vous
ferai plaisir de vous parler... pelliss. Cmitvrs. de
h. XI y deiant Lille, p. 45. Un bon prince est tou-
jours assez loué d'être aimé, mass. Or. fiin. Daiipli.
Vous vcuis trompez de regarder comme des inclina-
tions inalliables avec la pi' lé ces penchants... lu.
Car. Pi'clieirsse. Je me croirais bai d êire aimé f.ii-
bleinent, volt. ^nire, i, 2. || /)e entre un verbe pris
imper-onneilenienl, et un infiiiilif. Il est bon de
s'amuser. Il convient de travailler. || 20° De devant
un inlinitifet pris abscluineiit. c'est-à-dire sans nom
ou verlie dont il soit le complément, on les appela;
eux. de courir, c'est-à-ilire, .sous-entemlu, ils com-
mencèrent, ils se hiUèrent de courir. Grenouilles
aussilAt de sauter dans les ondes, Gienoinlles de
reiurer en leurs grottes prubuides, la font, l-'ubl.
II, 14. Les médiocres gens Vinreni se mutire sur les
ran;;s; Llle, de se moquer, ID. /aW vu, 5. L'épouse
indiscrète et peu fine Sort du lit quand le jour fut
à peine levé, Kt de courir chez sa voisine, id. ib.
vin, 6. Mais j'ofîie ce que j'ai; l'ours l'accepte; et
d'aller; Les Voilà biins amis avant que d'arriver, tu.
xb. vin, lu. Le muiianpie des dieux leur envoie une
grue. Oui les croque, qui les tue. Oui les gobe à
son plaisir; lit grenouilles de se plaindre, Et Jupin
deleurdire.... ID. ib.iii, 4. Ce portier du logis élan
un chien énorme, Expédiant les loups en forme;
Celui-ci s'en douta : serviteur &u portier, Dit-il, et
DE
de courir; il était fort agile.... in. ib. lï, <o. Jevisaisi 1
juste que je lui fis tomber un bouquet dans le sein;
et de rire. i. t. nniiss. Cnnf. iv || îl° De devant un
infinitif et pris absolument comme le précédent,
mais servant, dans cette construction, soit de sujet
co'iiplexe au verbe de la phrase, soit d'annonce île
ce qui va suivre. Mais de soulTrir ma gloire en la
lnuche des miens. C'est en fiter le prix au ciel dont
je la tiens, botr. Hélis. I, l. Car, de m'imagi-
ner que vous me méprisiez , j'avoue franchement
que je n'ai pas si mauvaise opinion de moi, balz.
lir. 1, lelt. 12. Carde m'imaginer que vous m'ayez
gardé quelque place,... j'ai trop bonne opinion de
voire esprit pour m'en persuader celte bassesse,
VOIT. Lelt. I. Je sais quel est leur prix; mais de les
accepter. Je ne puis , et voudrais vous pouvoir étouter,
LA FONT. Files de Mirve. De dire si la compagnie
l'rii g'iût .^ la plaisanterie, J'en iloute, id. ib. vin,
H. Or d'aller lui dire non. Sans quelque valable ex-
cuse. Ce n'est pascommeon en use, m. Fab. vin,
13. Comme si d occuper ou [dus ou moins de place
Nous rendait, disait-il, plus ou moins importanis,
m ib. viii, (5. De raconter quel sort les avait as-
.somblés. Ouoiipie smis divers points tous quatre ils
fus.sent nés. C'est un récit de longue h;ileine, id.
ib. X. 26. Puisque dobsorver sa loi, c'est la moindre
de nos pensées, boss. Bimié el rigueur de Dieu.
D'expliquer ce qui s'y passe, ce n'eu est pas ici le
lieu. m. Or. 7. Car de croire que voire conduiie
leur soit inconnue, et qu'elle demeure secr'ie pour
eux, abus, chrétiens, uouRn. Sur le scandale,
I" oient, p. t26. De les vouloir parcourir toutes,
ce serait une matière infime, id. «' dim. après
VÉpiph.Dnminic. t.i,p. 279. Carde mépriser la règle
et d'en resseniir l'oiiciion, c'est ce qui ne fut jamais
et ce qui ne peut être, id. Exhnrl. sur l'ahsirv. dis
règlfs, t. 1, p. 2)8. De vous en faire aimer, n'est
que. le dernier de vos soins, hamilt. Gramm. 8. Je
l'ai vu quelque part: de savoir où. il est difficile,
LA BRUT. vil. De savoir quelles sont leurs limites, ce
n'est pas une chose facile, ID. ib. De .servir un amant,
je n'en ai pas l'adresse, doil. Sol. I. Carde penser
alors qu'un Dieu louine le monde Et règle les ressorts
de la macliine ronde. C'est là. loui haiitdu luo-ns,
ce qu'il n'avouera pas, id. l'f). Thaïes répétait souvent
que de pu lier beaucoup n'était p.asuiie niarijue d'es-
prit, FÊN. Thaïes. De la voT ne servirait qu'à aug-
menter l'aversion, mass. Car. Pardon. Carde vous
le dépeindre en général, vous ne vous reconnaîtriez
pas, in. Car. tiédis. Vous n'en demeurerez pas à être
simple speciateur, vous y applaudirez; carde s'aller
mêler parmi les mondains pour être leur censeur
éternel, les avis ne seraient pas là à leur place, id.
Coiifér. Fuite du mmide. Comme si de coopérer à
l'ouvrage de la rédemplion des .hommes était une
œuvre mercenaire, in. ii<. Zélecnniie les sctindales.
Mais, direz-vous, de louloir toujours reprendre,
corriger, exhorter, ce serait se rendre odieux et
importun, id. ib. Cond. des clercs dans te monde.
De préférer la raison à la félicité, c'est être ires-
insensé, volt. Bramin. De s. voir si Constantin fut
cause de la ruine de rKni|iiie, c'est une recherche
digne de votre esprit, volt. Uœur.i, lo. De vousdire
précisément s'il y a plus de gens à lier dans un pays
que dans un autre, c'est ceque mes faibles lumières
ne me permetient pas, id. Cand. 23. Et que de
supposer qu'un animal est composé de petits animaux
esi à peu près la même chuse que de dire que....
ULFF. ^mmaiii, ch. H. De lui copiercegiiiïonnage,
ce sérail pour en mourir, P L. couk Leli. ii, I8. Les
Calabrais en veulent surtout aux Français; de vous
dire pourquoi, cela serait trop long, m. Hi. i, 2i i.
Il Celle tournure est perpétuelle dans le xvii* siècle,
et on ne parle guère auireiuent; aujouid'hui on
supprime souvent, .-ut tout quand l'inlinitif est sujet
conqilexe, ce de qui n'est ni sans utilité ni sans
grâce , et qui d'ailleurs peut être reiiris , quand
on veut, d'après les meilleures et les plus siires au-
torités Il Cette tOLrnure rend compte de phrases
Comme celle-ci : ^a force était de céder à propos; il
faut entendre que de céder est un sujet complexe, et
consliuire : de céder à propos était sa force. Son
cara tèreparlicdier était de concilier les intérêtsop-
posés, et, en s'élevant au-dessus, de trouver le secret
enJroit et comme le nœud par oii on peut les réu-
nir, BOSS. .4n«e de Goni. Ses principaux sotns sont
de travailler pour la grandeur de son maître, la font.
l'syclié, I, p. (05. Hichelieu, ce prélat de qui toute
l'envie Est de voir ta grandeur aux Indes s borner,
malh. Il , 1 2. Il 22° C'est par une même analogie d'em-
ploi et pour un certain besoin de l'oreille que l'on met
de ou que de devant des verbes où ces mots sont
explétifs. C'est faire injure au maître d'une maison ,
DE
d'y entier par la fenêtre, pasc. Prou. «. Son père
Antonin lui avait appris qu'il valait mieux sauvât
un seul citoyen que de déf.iire mille ennemis, Boss.
Ilisl. 1. 10. Oue le ciel la préserve à jamais de dan-
ger! Voyez qu« lie bonté île vouloir me venger! moi-
Si/anar. 17. Je m'en rapporte à T>ius-mCme el vous
demande si c'est une chose louable que de rtre; as-
surément ce n'en est pas une, non plus que de boire
et de manger, la font. PsycM, i, p. ici. C'est
déshonorer la religion, de croire que.... mass. Peti'l
car. Éiueils. Ce serait dégrader l'fivangile, de le
regarder comme la religion du peuple, id. Petit
car. Respect. F.st ce aimer Dieu que de croire faible-
ment sa vérité? que d'entendre indifféremment sa
parole? flécii. Pauig. i, p. 3i3. Il aima mieux
abandonner le butin à son armée que de se l'appro-
prier, VF.RTOT, IKvdl. mm. i, p. 1 13. || 23" fle entre
le verlie être ou tout autre verbe exprimant un état,
et un substantif, construction où il indique que la
chose dont il s'agit devient nôtre. La lecture est
d'une t'iande faligiie pour mes yeux affaiblis. .Nous
sommes de la mai>on. 11 est de voue .Ige. J'ai lou-
lours marché depuis par leplus lieau temps, le plus
beau pays et le plus beau chemin du monde; vous
me disiez qu'il était d hiver i|uand vous y passâtes;
il est rievenii d'été, etd'unété le plus tempéré i|u'un
puisse imaginer, sEv. 348. Jésus-Christ leur avait
fait expressément eiitenilre que son royaume ne
serait pas de ce monde, boubd. Iruitr. pour la
2° fête d'' Pâques, Exhorl. t. il. p. 2C3. La prière
est pour vous d'un dégoût et d'un ennui que vous
ne pouvez sup orter, mass. Car. Prière, (.11 se
vit bientôt des plai-irs du roi, sans que l'envie
lies courtisans en parût révoltée, hamilt. Gramm.
5 Mon voyage dépeint Vous sera d'un plai-ir ex-
trême, la FONT. Fabl. IX, 2. Il n'a pas été de ce
passage, sKv. <48. D'Hacquevillc est de ce voyage,
m. 280. Je ne pouvais me persuader que cette lettre
fût de Philoclés (eut été écrite par lut], fen. Tel,
XIII. Hélas ! tout ce qu'elle aimait dexail être de peu
lie durée, hoss. ilnne de Gon%. || Le verbe peut êlre
sons-entendu. Henriette, d'un si grand cu-ur, est
contrainte de demander du secours; Anne, d un si
grand cœur\ ne peut en donner assez, boss. Iteinc
d'Anglei. || Il est de.... c'est le propre de, le carac-
tère de II est de la foi, que ce que vous donnez
aux pauvres, vous le ilonnez à Jésus-Christ, bolr-
DAL. Kativ. de J. C. i'avtnt, p. 54o. || /( est de....
comme.... impersonnellement, avec un substantif
ou un pronom, signifiant qu'une chose se comporte
comme une autre. Il est de ceci comme d'une
beauté excellente et d'une aulre qui a des grâces :
celle-ci plaît, mais l'aulre ravit, la font. Ptyché,
I, p. 102. Il Qu'est-ce... avec de ou que de. Qu'est-
ce de ce langage-là? c'est-à-dire que faut-il penser
de ce langage-là? ô Dieu! qu'est-ce que de nous?
BOSS. Uorl. I. Hélas! si l'on n'aimait pas, que se-
rait-ce de la vie? mol. Pourc. lii,"io. || Familiè-
rement. Ce que c'est que de nousl c'est-à-dire,
vnyez la niisérahle condition humaine. || Dans une
phrase affirmative. Nous ne savons ce que c'est que
de troin|ierie, ou de Iromper. Au lemn» de Pa-
nirius, on ne savait pour ains' dire ce que c'était
cjue de cavalerie, st-évrkm. Il, <». || Mallierhe (iv,
10) a dit d'une façon analogue, m.iis qui a vieild:
Ce ne m'est plus de nouveauté [cela ne me surprend
plus) Qu'elle soit parfaite en l)eauté || Si j'étais de
vous ou que de vous, si j'étais à votre place. Non,
SI j'étais de vous, je le planterais là, hëgnier, Sat.
xiii. Dans le fond rien n'est plus misérable; et si
j'étais de vous.... iMbERT, Ja/ouj ifl/.»o«iOur, iv, 4.
G. 24° /)e placé entre un adverbe et un nom; il
s'agit ici des adverbes loin, piés, tant, trop, eic.
qui appoilent à l'esiirit l'idée de choses et non,
comme ladverbe proprement du, l'idée d'une qualité
abstraite Loin de la patrie. Près du tombeau, lloins
d'argent. Tant de belles actions. Je suis confondu de
lant de Imnié. Trop ou trop peu d'exercice nuit à la
santé. Et. bien loin des sergents, des clercsct du pa-
lais. Va chercher un re|K>s qu'il ne trouva jamais, uou..
.Sal. 1. Pendant i|ue tant de naissance, lani de biens,
taut de gr.'tces, qui l'a.compagnaient, lui altiraient
les regards de toute l'Europe, boss. Anne de Coni.
Combien de fois ainsi, trompé par l'existence, D«
mon sein pour jamais j'ai banni lespérance! lamàkt
Ufdil. 18. Il Koici, voilà avec de. Voilà de quel ton il
a parlé. Qu'est ce ilonc |l'animal]? Une montre. Et
nous? C'cstaulre chose. Voici de la façon que Des-
caries l'expose, la font. Fabl. x, t. Ahl voilà jus-
tement de mes religieuses. Lorsqu'un père combat
leurs flammes amoureuses, mol. Tari, iv, i. Voilà,
ce me semble, de ces cas où il est doux d'avouer
qu'on a tort, volt. Lett. Maupertuis, l" juillet
DE
1741 II Diantre de.... au diable soit.... Diantre soit
de la folle aïec ses visions! A-t-on rien vu d'égal
à ses préventions? mol. F. sav. i, 5. || De placé en-
tre un adverbe et un verbe. Bien loin de céder. Près
de partir. Il De construit avec un adverbe, en tant
que nom abstrait de lieu, de temps, de quantité, etc.
De là, d'ici. De près, de loin. De trop. C'est de
là que nous vient cet art ingénieux De peindre la
parole et de parler aux yeux, bbéb. Phars. ch. ii.
Ô mon père, d'où Molina a-t-il pu être éclairé pour
déterminer une cbose de cette importance sans au-
cun secours de l'Écriture? pasc. Prov. 7. D'où vous
peuvent venir ces douleurs non communes? mol.
Sganar. (6. D'ici je vois la vie, à travers un nuage.
S'évanouir pour moi dans l'ombre du passé, lamart.
Médit. VI. Il De construit avec plus ou moins, au sens
de que. 11 ne s'y trouva pas moins de trente person-
nes, c'est-à-dire pas moins que trente personnes.
Ce cep portait plus de vingt grappes, c'est-à-dire
plus que vingt grappes. Cet emploi est un reste de la
vieille langue qui exprimait le complément du com-
paratif non par que, mais par de (exemple : plus
fort de moi), comme l'Italien l'exprime par di; de
ou di rendant l'ablatif latin usité en ce cas.
H. 25° De construit avec une préposition. Distin-
guer l'ami d'avec le flatteur. Lajustice et la charité
ont disparu d'au milieu d'eux. Je suis sorti d'avec lui
très-satisfait. Vous m'avez chassé de chez moi. D'ou-
tre en outre. 'Vous, homme vain, qui à peine échappé
de parmi le peuple.... mass. Villeroy. Il [Mahomet
enfant] ne sera point ôté d'entre les mains des mor-
tels,parcequ'beureuses les mamelles qui l'allaiteront
elles mainsqui le toucheront, montksq. Leit. pers. 39.
Aussi a-t-il fallu les aller quérir bien loin et les faire
venir de delà la mer, voit. Lett. 7o. || De par le roi,
en vertu de l'autorité du roi. Et familièrement, cela
s'est fait de par ma volonté (voy. par). En cette lo-
cution se sont confondues la constructioij des deux
prépositions de par, et l'ancienne forme de part le
roi, c'est-à-dire de la part du roi.
1. 26° De construit avec la conjonction quand. De
quaud est celte lettre? Effets qui diffèrent quand la
lune est pleine de quand elle est nouvelle, lesc.
Uonde. <2.
J. 27° De ce que, conjonction composée qui signi-
fie parce que, à cause que. De ce que je n''en parle
pas, cela ne veut pas dire que je n'y songe plus.
Voulez-vous d'autres nullités? Quedirez-vous (le ce
que le pape ne se contente pas de dél'endred'écrire,
de prêcher et de rien dire de contraire à ses déci-
sions? PASC. Prov. (9. Ce n'est pas tant la peur de
la mort qui me fait fuir que de ce qu'il est fâcheux
à un gentilhomme d'être pendu, mol. Pourc. m, 2.
— REM. 1. La préposition de est prise tantôt dans
le sens passif, tantôt dans le sens actif : quand
vous dites Vamour de Rome, cela peut vouloir dire
l'amour (|ue Rome a pour vous ou l'amour que vous
avez pour Rome; Rome peut être celle qui aime ou
celle qui est aimée. Il faut donc que les mots qui
entourent de en déterminent bien le sens. || 2. De,
pris partitivement, veut l'article défini le, la, les
quand le substantif n'est pas précédé d'un adjectif:
des pa.ssants l'avertirent; de l'argent est nécessaire.
Mais cet article se supprime i|uand un adjectif pré-
cède le substantif: d'honnêtes gens; de belles et
bonnes terres; de bon vin. Ces deux constructions
s'expliquent naturellement; la première s'explique
par : un certain nombre des passants; l'autre par: un
certain nombre d'honnêtes gens; suivant que l'on
considère, dans le premier cas, /es paisan/s comme
déterminés par l'article, et dans le second cas, lion-
néles gens comme indéterminés par l'absence d'ar-
ticle. C'est ensuite l'oreille qui a fait le choix et qui
a voulu, par exemple, que l'on dit dn hommes et
non pas d'hommes, qui n'a pas semblé assez plein;
es lors l'usage s'est fixé et les règles sont interve-
nues. Avec les adverbes de quantité, c'est de sans
article qu'on emploie: beaucoup d'hommes; trop
d'argent, etc.; bien fait exception (voy. bien ad-
verbe): bien des gens m'ont dit.|| 3. Quand la phrase
es^ affirmative, de, pris parlitivement, veut toujours
l'article aprè» soi. Je verse de l'eau. Je demande du
pain. Voulez-vmis de l'eau? Si la phrase est néga-
tive, de prend l'article ou ne le prend pas; mais le
sens est différent : je ne demande pas de pain; je
ne demande pas du pain. Dans le premier cas, je ne
demande rien, pas plus du pain qu'autre chose. Dans
le second cas, ce n'est pas du pain que je demande;
mais je désire autre chose. Je ne mange pas de
moules, veut dire que je ne les aime pas ou n'en
veux pas; je ne mange pas des moules, veut dire
que ce ne :.ont pas des moules que je mange actuel-
lement. Il 4. En certaines locutions, où l'adjectif fait
UICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
DE
corps avec son substantif, on met desplutôt que de;
des jeunes gens; des mauvais sujets; des bons mots;
des premiers ministres. Il est très-rare que des pre-
miers ministres s'abaissent à de si honteuses hlche-
téSjdécouvertes tôt ou tard par ceux qui ont donné
l'argent ou par les registres qui ont fait foi, volt.
Russie, II, t. Pourtant il n'est pas interdit de
suivre la règle ordinaire et de dire: déjeunes gens;
de mauvais sujets; de bons mots. Malherbe a dit,
II, )2: Ceux à qui la chaleur ne bout plus dans
les veines. En vain dans les com'oats ont des soins
diligents; Mars est comme l'Amour; ses travaux et
ses peines Veulent de jeunes gens. Et Molière: Et
dans tous ses propos On voit qu'il se travaille à dire
de bons mots, Mis. ii, 5. || 6. Lorsqu'un nombre
cardinal est précédé de en, l'adjectif qui suit ce nom-
bre prend ordinairement la préposition de: sur cent
habitants, il y en a deux de riches. Comme en de-
vant un nom de nombre ne permet pas de mettre
un substantif après, cette remarque ne concerne
que les adjectifs, et avec les substantifs l'on prend
un autre tour : sur mille halntants, il y en a trois
qui sont cabaretiers. || 6. Voltaire, Oresle, ii, I,
a dit : De deuil et de grandeur tout offre ici l'i-
mage. Il y a une faute de langage dans ce vers;
en effet, l'image exprime une idée définie à cause
de l'article; et la préposition de, placée comme elle
est, exprime une idée indéfinie. Il aurait fallu dire:
une image de deuil et de grandeur, ou bien l'image
du deuil et de la grandeur. || 7. La remarque précé-
dente touche à un précepte analogue qui est qu'un
mot pris indéterminément, c'est-à-dire sans l'article
défini le, la, les, ne peut plus être représenté par
un pronom dans une phrase suivante. Ainsi il se-
rait incorrect de dire: vous m'avez fait justice, et
je l'aime; le pronom la ne peut représenter jusd'ce
pris indéterminément. C'est une faute semblable
qu'a commise la Bruyère, ch. xi, en disant : On l'a
vu une fois heurter de front contre celui d'un aveu-
gle. Cependant cette prescription n'est pas telle-
ment rigoureuse qu'en certaines circonstances Jsien
choisies, et quand le sens n'offre aucune ambiguïté,
on ne puisse s'en dispenser. Ainsi il serait trop ri-
goureux de condamner cette phrase-ci : comme il
est de bonne compagnie, il est juste qu'il l'aime.
Il 8. Faut-il dire : je me suis entretenu avec de bons
et de sages personnages ou avec de bons et sages
personnages. La première forme se trouve dans les
passages suivants : Avoir ensemble d'oisifs et de longs
entretiens, bourd. Pensées, t. m, p. )00; D'impi-
toyables et de faux réformateurs, ID. ib. p. 167; Vous
jugerez que le critique a de profondes et de singu-
lières connaissances de noire histoire, volt. LeIt.
Ilénault, 31 oct. (768; Ces machines qui nous ont
fourni de grands et d'éternels moyens de vaincre et
de régner, buff. Chien. Lorsqu'on voulait se nour-
rir de sérieuses et d'utiles pensées, ciiatealb. dé-
nie, IV, II, 8. La seconde forme se trouve dans ces
passages-ci : Revenue d'une si longue et si étrange
défaillance, Boss. Anne de Gonî.; La louange de .sage
et vigilant père de famille, ID. le Tellier. Il est donc
loisible en ceci de prendre l'une ou l'autre tournure.
Cependant cela ne s'apiilique qu'au cas où les adjec-
tifs n'expriment pas des qualités inconciliables; ainsi
il ne faudrait pas dire : il cède à de bonnes et mau-
vaises pensées; mais à de bonnes et de mauvaises
pensées; ou aussi : à de bonnes et à de mauvaises
pensées. Il 9. La règle est, quand de est suivi de deux
ou plusieurs noms ou verbes, de le répéter à chaque
nom et à chaque verbe : le temps de l'action et de la
parole, et non le temps de l'action et la parole: le
temps de parler et d'agir, et non le temps de parler
et agir. Mais cette règle n'existait pas au xvr siècle,
et l'écrivain n'avait alors qu'à consulter là-dessus
son goùl et son oreille. Une portion de cette liberté
durait encore dans le xvii' siècle ; témoin ces exem-
ples : La puissance de bien iuger et distinguer le
vrai d'avec le faux, deso. iléth.; Le remèue plus
prompt où j'ai su recourir. C'est de pousser ma
pointe et dire en diligence A notre vieux patron
toute la manigance, mol. Dép. am. m, t; Trouves-
tu beau, dis-moi, de diOamer ma fille Et faire un
tel scandale à toute une famille?lD. ib. m, 8; Il me
prend des tentations d'accommoder son visage à la
compote et le mettre en état de ne plaire, de sa
vie, aux diseurs de fleurettes, ID. G. D. ii, 4; Ésope,
pour toute punition, lui recommanda d'honorer les
dieux et son prince; se rendre terrible à ses enne-
mis, facile et commode aux autres, bien traiter sa
femme, sans pourtant lui confier son secret; parler
peu et chasser de chez soi les babillards; ne se point
laisser abattre au malheur; avoir .soin du lende-
main.... surtout n'être point envieux du bonheur
DE
96i
ni de la vertu d'autrui, la font. Vie d'Ésope. Avec
la règle actuelle et l'usage ancien, on peut dire que
le de doit toujours se répéter, quand il s'a^iit de
substantifs, et qu'aujourd'hui on rejettera une phrase
comme celle-ci de Molière : La peste soit de l'bomme
et sa chienne de f.ice I Éc. des f. iv, 3 ; mais qu'avec
les verbes on distinguera : qu'en général il faut ré-
péter le de; qu'on ^eut pourtant l'omettre quand le^
deux verbes expriment une action simultanée (par
exemple : il importe de bien mâcher et broyer le;-
aliments) , et dans une longue énumération , en poé-
sie surtout, si le sens n'en souffre pas. Il 10. Aujour-
d'hui, dans les dates où figure le nom du mois, on
dit, par abréviation, le to mars, le )2 juin, etc
Autrefois on mettait le de: le to de mars, le t2 de
juin, etc. Voltaire n'y manque jamais dans sa lon-
gue correspondance. Mme de Sévigné datait autre-
ment , sans de et avec le nombre ordinal : à Paris,
ce dimanche 26° avril; aux Rochers, mercredi 19"
avril. Il 11. Dans le xvi' siècle et dans le xvii°,
on ne se faisait pas scrupule, dans les construc-
tions avec c'est.. . que, de répéter, par pléonas-
me, la préposition de. Ce n'est pas de ces sortes
de respects dont je vous parle, mol. G. D. ii, 3. Ce
n'est pas de vous, madame, dont il est amoureux,
ID. Amants mayn. ii, 3. Ces pléonasmes sont con-
damnés aujourd'liui, et il faudrait dire: ce n'est
pas de vous, madame, qu'il est amoureux; ou co
n'est pas vous, madame, dont il est amoureux.
Il 12. Le dictionnaire de l'Académie écrit : couver-
ture de mulet et couverture de chevaux, gelée de
pomme et gelée de coings. Des grammairiens se
sont plaints de ces disparates, et que l'Académie
n'eût donné aucune règle. Le fait est que la chose
est indifférente et dépend du point de vue, suivant
que l'on considère le mot comme singulier et col-
lectif ou comme pluriel et individuel. Ainsi on dira
de l'huile d'olive ou d'olives; mais on dira un baril
d'olives, parce qu'ici on ne peut considérer l'olive
comme collective; de la gelée de pomme ou de pom-
mes, mais un panier de pommes; des capiices de
femme ou de femmes, mais une pension de femmes.
Il 13. D'après Vaugelas, de veut toujours être joint
immédiatement à son nom , sans qu'-' v ait rien d'é
franger entre deux, de sorte qu'il y aurau une lautt
dans cette phrase-ci : j'ai suivi l'avis de tous les ju-
risconsultes et de presque tous les casui.ste.';; il faul
dire : et presque de tous les casuistes. Ces scrupule.^
n'ont pas été confirmés par l'usage; et la tournure
blâmée se dit et s'écrit aujourd'hui sans conteste.
Il 14. L'usage s'est introduit de dire: il a extrême-
ment d'esprit, il a infiniment d'esprit; dans ce cas
on traite ertrémement, infiniment comme beaucoup.
On dit aussi, et beaucoup moins souvent, bien que
plus exactement : il a de l'esprit extrêmement ou
infiniment. || 15. Est-il correct dédire avec ellipse de
la préposition de ; on perditquinzeà vingt hommes;
dix à quinze dames étaient présentes? Cette ellipse,
très-employée dans le parler vulgaire , et indi(iuéc
dans le Dictionnaire de l'Académie au mot à, est
maintenant entrée dans l'usage, bien que la gram-
maire ne puisse la justifier; que penserait-on en
effet, en changeant les termes, de cette locution-
ci : il y a, Paris à Lyon trente lieues? Il s'entend de
soi qu'on pourra dire grammaticalement, en réta-
blissant la préposition de : on perdit de quinze à vingt
hommes; de dix à quinze dames étaient présentes
(1 16. De employé dans les noms propies a deux ori-
gines. Tantôt il sert à désigner un nom de lieu.
avec qualificalion nobiliaire ou non : M. de la
Rochefoucaut (La Rocliefoucaut est un nom de lieu) ;
Pierre du Krène (du Frêne désignant un frêne re-
marquable dans la localité); tantôt de exprime m:
rapport de filiation : dans le moyen âge où les noms
de famille n'étaient pas établis et où le nom de
baptême était le vrai nom, on distinguait les indi-
vidus par le nom de leur père : Peirus Johannis,
Pierre fils de Jean; cela se disait, dans la langue
vulgaire, Pierre de Jean: usage d'où sont venus une
multitude de noms propres actuels.
— HlST. IX' s. D'ist di [de ce jour] in avant, Ser
ment. De suo part [de sa part] , ib.
— X* s. In figure de colomb [elle] voIat à ciel.
Eulalie. De cest péril, h'ragm. de Valenciennrs.
p. 468. E si penteiet [si pœniteret] de cel mel [xa',
que fait habebant, ib. p. 4a9. Preietz [priezj Ii qui.
de cest periculo nos libérât, ib.
— XI' s. Environ lui plus de vint mille homes,
Ch. de Roi. II. D'or et d'argent quatre cenz muls
chargez, ib. m. Enveions i les filz de nos moillers,
ib. Et dist au rei : Salvez seiez de Deu, ib. ix. [11;
Conquerrai [à] lui d'ici qu'en Orient, ib. xxix. N'a-
vez baron qui mieuz de lui la face [l'avant-ganjo],
V - lai
0G2
DE
cil. de Roi. Lvii. De quinze lieues en ot [ ouil )
liom la rumur, ib. lxiii. Il n'onl de blanc ne mais
que sul les denz, ib. cxlii. Saiut Gabriel de sa
main l'en a pris, ib. clxxiii. Qui de pitié moût
durement ne plure, ib. clxxiv. Veez avant de deus
lieues de nous, ib. Conquis [il] l'aurat d'hoi cest
jour en deus meis, ib. cxcni. Franc et p?,yen i
fereu [ frappent ) des espées, ib. ccuc. Morz est
de duel [deuil], ib. ccLXvi.
— xii* s. La disme eschelle [le to* escadron] est
des barons de France, Honc. p. 434. Ja plus genlis
de lui, td. p. 8. Tant fu blasmédesesmeillors amis,
ib. p. 24. Sire est en mer de quatre cent dromons,
ib. 29. Puis fait mander de ses barons esiiz, ib. p. '■>.
Aprts lui vont de ses amis prisés, ib. p. >T. Mieu-
dres [meilleur] de [que] lui, ib p. 27. Dient Fran-
zois, de cui il est amez, ib. p. 30. Bon [ils] sont à
vaincre, de verte le sachez, ib. p. 70. Itex paroles
ressemblent bien [paroles] d'enfans, ib. p. 8*. En
vieille geste est escriz île Ions ans, ib. p. se. De [pour]
Durandart fu forment eiïrayé, Que Sarazin n'en aient
poesté, ib. p. ta*. [Il] Manda sa gent de par tout
son reigné, ib. p. H 7. Faisons des bierres de verges
et de peaux, ib. p. <60. D'armes porter [en portant
lesarraes] [il] ressembla bien baron, ib. p. (82. Mais
de ce [je] sui en error , Qu'onques n'amai sans
poor [pear], Couci, i. Nule chançon ne m'agrée,
S'el ne vient de fine amor, ib. En lui [elle] [il y] a
tant de vigor Qu'el liée [hait] sa deshonor, ib. i.
J'alasse à Dieu grâces et merciz rendre De ce que
ainz [auparavant] soufrites à nul jour Que je fusse
beanz à vostre amour, ib. xxiv. De ce [je] sui au
cueur dolente Oue cil n'est en cest pals. Dame de
faiele, dans Coud. Et maugré tout mon lignage
[je] Ne quier ochoison trouver; D'autre fasse ma-
riage; Folz est qui j'en oi [ouis] parler, ib. De cest
Jour en un mois, sans plus de delaier, Sax. vi. Sire,
fait-il, laenz sunt quatre bacheler. Des chevaliers
le rei ; mais nés volt pas numer; De par le rei Henri
volent à vus parler, Th. le mart. U8. Et lut 11 po-
ples oïd cume li reis flst Sun cumandememeiit de
Absalon, liais, p. 186.
— xui" s. Et por ce, envola li quenset Henris ses
frères de lor nés [navires] chargies de dras et de
viandes et autres belles choses, villeh. xxx. Onques
de si poi de gent tant de pueple ne fu assegié en une
vile, lu. Lxxiv. Qui l'ont de lieus en lieus ça et là
conqueilli, Berte, i. L'un ot nom Carloman, qui fu
de bonne vie, ib. ii et sonniaistrequi fu de Picar-
die, ib. One plus bêle de [que] vous ne vit rois n'em-
perere, ib. iv. À une fenestrele qui ert [était] faite
de pierre, ib. xii. Ainsi fu de [par] la serve liemenl
respoiidus, ib. xxiv. De Dieu et de sa mère soiez
vous maleoilel ib. xxix. It l'ermite lui a de .son pain
présenté, ib. XLV. Si luirons de Bertain, que Jhesus
beiieie, ib. LX. De Pépin vous dirons à la chère har-
die, ib. Fille, il le faisoit bien [il se portait bien]
quant de lui [je] dui partir, ib. Lxxxvii. Sachiez que
moullfiljles hait de cuer entièrement, ib. xcv. Sire,
ce a dit Berle, de Dieu et de sa mère [je] Vous de-
fens qu'envers moi n'aiez pensée amere, ib. cxiii.
Li rois de [sur] son afaire lui a moût demandé, ib.
cxiv. Se fié [fief] esclieil àhome ou à feme de par autre
que son père ou sa mère, et celui ou celle de par
qui il li est escheu, en morut saisi, Ass. de Jérus.
I, 232. Kt il ala tout chancelant pour la llebesce de
sa maladie, et prist les dez et les tables et les getii
en la mer, joinv. 2B3. Si leur aporterent lettres de
leurpraiil roy au roy de France, qui disoient ainsi:
bone chose est de pez [paix], id. 2ob.
— tv- s Par quoi les preux aient exemple
d'eux encourager en bien faisant, FHOiss.i'roi. Quand
il aperçut qu'il estuit mal de la roine et du comte
de Kent, id. i, i, 8. Fut conseillé au roi que il se lei-
gnit lie cette emprise ; car d'esmouvoir guerre au roi
d'Angleterre, et de.... ce n'estoil pas chose qui fusl
appartenante, id. 1, 1, 8. Si nesluit pas de mur-
veille si ceux du pays estoient effrayés et esliahis;
car avant ce ils n'avoient oncques vu homme d'ar-
mes, et ne savoient que c'e.stoit de guerre ni de ha-
Uille, iD. I, I, 270. Mais tous les passoit, de bien
combiillre et vaillamment, messire buslache de Hi-
beumm.t, ID. I, I, 328. Si estoit ce messire Robert
d^ Artois si bien du roi qu'il vouloit, id. i, i, I2. tt
ainsi le vint-il dire de nuit à la roine d'Angleterre,
ID. i, i, 12. Et se voulut agenouiller de la grand
joie qu'elle avoit, ID. i, i, u. Je cuide et crois de
vérité (]iie par puché, à tort nu par envie, ou a cette
roiue ileciiassée, et son Ris hors d'Angleterre, m. i,
1, 17. Par quoi ce n'est point de merveille s'ils font
plus graiis journées que autres gens, id. i, i, 34
Or revinrent da l'enipsreur monseigneur Louis de
Bavière,.,, id, i, i, 7». Et le roi mesme ne se put
DE
tenir de la regarder ; et bien lui estoit avis qu'onques
n'avoit vu si noble, .si fri.s(|ue ni si belle de [que] li,
ID. I, I, )6B. [Les murs du châlel] estoient hauts mate-
rnent et de pierre dure, et ouvrés jadis de mains de
Sarrasins, qui faisoient les soudures si fortes «t les
ouvrages si estranges que ce n'est point de compa-
raison à ceux de maintenant, id. i, i,239. Ainsi que
Jacques d'Artevelle cnevauchoit par la rue, il s'aper-
çut tantost qu'il y avoit aucune chose de nouvel
contre lui, id. i, 241. Grand foison de seigneurs de
France revenoientde jour en jour du roi d'Espaigne
qui faisait guerre adonc au roi de Grenade, id. i, i,
186. Cil [Kobert d'Artois] la conseilloit et confortoit
de ce qu'il pouvoit, id. i, i, <2. Kl la festerent de
ce qu'ils purent, car bien le savoient faire, id. i,
i, <b. Avec lui estoient de chevaliers messire Jac-
ques.... et des escuyers, GiUe et Thierri.... id. i,
I, 40 Et ne voulut oncques reculer, mais s'en
vint de grand courage assembler aux Allemands, id,
I, I, 440. Lor fit le roi de rechef une semonce très
especiale et envoya jusques à douze cents lances de
bonnes gens d'armes en l'ost [de] son fils, id. i, i,
4 17. Ceux de dedans se défendirent très durement
de traire et jeter pierres, feu et pots pleinsde chaux,
jusques environ midi, id. i, i, 449. De la mort Jean
Lyon fut le comte grandement resjoui, id. u, ii, 67.
Vous lui ressemblez devisaige, Patelin. Messire
Olivier de la Marche estoit ney de la conté de Bour-
goniine, comm. i, 4. Et fut cause ce bon logis et
le séjour que l'on y fist, de saulver la vie à beaucoup
de ses gens, id. i, 5. Et fut mis en délibération ce
qui estoit de faire, id. ib. La maison de Lanclastre dont
il estoit yssu de par sa mere,iD. i, 6. Qu'ils appor-
loient aucunes choses bonnes par escript de par le
seigneur de Hymbercourt, id. ii, 3. De ce que les
Bourguignons s'estoient mis à pied et puis remon-
tez à cheval, leur porta grand perte de temps, iD.
1, 3. Se douloit de quoi il luy avoit ainsi couru sus
à l'appétit d'autruy, id. m, 3. Et que de ses intelli-
gencesqu'on luydisoitavoir aupaysduditducn'estoit
point vray, mais toute mensonge ou peu s'en falloil,
id. III, 2. En la ville y avoit bien quatorze cens
hommes d'armes de par le roy et quatre mil francs
archiers, ID. m, 3. Ce n'est pas chose trop seure de
tant d'allées ne de venues d'ambassades; car bien
souvent se traiclent de mauvaises choses, ID. m, 8.
Et est de croire que ung sage prince met toujours....
ID, m, 8, Et de ce faire [ce qu'il promettait] luy
bailleroit son scellé, id. iv, 4. Fut prins ung varlet
des Angloys [par les Anglais], et fut inconlinent
amené devant le roy d'Angleterre, id. iv, 7. Et ces
raisons ont esté cause de faire paour à beaucoup de
gens de bien, id. iv, 4). Le roy noslre maislre,qui
estoit bien sage, enlendoit bien que c'estoit que de
Flandres et que ung conte dudit pays de Flandres
estoit peu de cas sans avoir ledit pays d'Artois (qui
est assis entre le roy de France et eux, leur estant
comme une bride), id, vi, o. Et s'adressoitde toutes
choses h cet Estienne de Vers, id. vu, 2. Je ne veux
point dire que le roy ne fust sage de son aage, mais
il n'avoit que ving et deux ans et ne faisoit que sail-
lir du nid, ID. VII, 4. Et du matin, devant le jour,
partismes, id. viii, 7. El luy senibloit bien que ledit
de Clirieux avoit creu trop de léger, id. viii, 40. Fu
couper la teste au père de sa femme et tua le frère
d'elle, ID, viii, 47. Disant les causes estre justes et
raisonnables de sa prinse, id. i, (. Et que de de-
meurer là sans vivres entre Paris et le roy n'esloit
possible, ID. I, 4. Le conte de Richemont, de pré-
sent roy, ID. I, 7. Ces trois avis ne sont pas d'ou-
blier [à oublier], lolis xi, Aouk. lu.
— xvi* s Qu'onc ne souffris hommede [que]
moi plus grand, marot, iv, 124 Àhomme plein
d'outrage N'est de besoing tenir aucun langage, lu.
IV, 128, C'est de toy, Dieu très haut. De qui aten-
dre faut Vray secours et défense, id, iv, 23» Et
qu'est-ce que de l'homme? D'avoir daigné de luy le
souvenir, ID, iv , 24o. Lors i Dieu chanleray louange;
Car de chauler j'aurai de quoy [sujet], id, iv, 250.
,... Et vaincras ceux qui dironi du conlraire, id, iv,
295. Vrai est qu'il leur est à pardonner, vu que ce
n'esl pas leur gibier que de la sainte Escriture, calv.
Itulit. 1 26, Us ne savent que c'est de Dieu , ni de reli-
gion, non plus que besies, ID. ib. 127. C'est une esch,i|i-
paloire frivole de ce qu'ils babillent, que Jésus Chrisi
est nommé fils de l'homme, id. ib,303, Cn serf délivré
de [par] sonmaislre, id. ib. 823. Et comme arbres,
ils sunt jugés de leurs fruits, in, ib. «27. .Ne.savoil-il
pas quel crime c'esloii d'adullere et d'homicide?
ID, ib. 833, Des asnesde prestres, qui ne savent n al-
ler ne parler, in. ib. 1)69. Cest bien autre chose d'abs-
tinence de mariage que de virginité, id. ib. 4040.
Conseille moi ce qu'est de [à] faire, rab. Garg.i, 28.
DE
Allons y de ce pas de paour que mort ne le previ< -
gne, iD. Pant. m, 24. Lors sonna une cloche si»
coups seullement, etmonagaux d'accourir et mori^i-
gaiix déchanter, id. ib.v, 3 Que je croy qu'il e>l
en nature Moins des bons hommes qu'en peincture.
ST-GELAis, 4(4. La philosophie est un fais d'autre
espaules que de celles de nostre langue, dubeli..
I, 44, recto. Hz trouveront mauvais de ce qui
j'ose si librement parler, id, i, 22, recto. Si j'estuy
enquis de ce qu'il me semble de noz medleurs poè-
tes françoys, id, ib.Pour monstrercequiest desem-
blable en ces deux Et ce qui est aussi de différence
entre eux, id, ii, 7», rectn. Mais si mes vcs sont
de quelque mérite. C'est pour l'honneur qu'ils ont
de vous chanter, id, m, 46, recto. 11 me semble de
voir cette troppe légère En un rond assemblée au-
tour de vostre pere,iD. ni,61, verso. Il fait du bon chres-
tien, et n'a ny foy, ny loy, id, vi, 2(, verso. Ce
n'estoit qu'un cœur, une maison, un lit, une table
et une bourse d'eux deux, marg, Nouv. xlvi. Si
Dieu ne donne mieulx au roy de Navarre, j'ay peur
quede (Bjours il ne soitprest à partird'icy, id. Lett.
4 36. Les cris du peuple et des femmes et enfants
abandonnez à la boucherie, mont, i, t. U ajifierçut
trois gentilshommes qui d'une hardiesse incroyable
soutenoient seuls l'effort de son armée, id. i, 2.
Ellesd'uucœurmagnanimes'adviserentde.... id. ib.
J'ay veu un genlilhomme de bonne maison aveugle
nay,au moins aveugle de tel âge qu'il ne savoit que
c'est de veue, id. n, 4 2. D'un visage ferme, Phy-
ton,... ID. I, 3. Perdre [tuer] d'un plomb malheu-
reux, ID. I, 22. De dueil s'arracher les poils, id, ib.
Decholere, dedesespoir, in.i, 23. Unroydenos voy-
sins, ID. I, 22. Ordonnant que de dix ans on ne....
id.i, 22, Ayant reçu de Dieu,iD, ib. La nation de quoy
estqjt le conte, id. i, 22. De troupe à troupe, lu,
I, 24. Il y a des petites bestes qui.... ro. i, 84. De
dessus un bastion, id. i, 28, Des principaux bien-
faicts de la vertu est le mespris de lamort, id. i,70,
La première nuict d'après ses oblations, id. i, 9«.
Si ce sot de roy de France eust sceu.... id. i, 4 7»
Ce n'est rien que de nous, id. n, 224. Escrire de
[sur] la religion, id.i, 40 1. En toutes autres choses,
s'il y a de bel et bon en la maison, c'est l'ueil du
maistre qui le fait, la boetie, 2I4. De moi [quant
à moi], si je pensois.... desper. Conles, xcil. Il y a
de deux sortes de pièges, dont le diable se sert eu
ceci, LANOUE, 9. Dieu pour semblables iniquitez a
anciennement exterminé des peuples entiers de de-
vant sa face, id. 45. La peste s'attachera en toy, jus-
ques à ce qu'elle t'aura consumé de dessus la terre,
ID. 4 9, Quand lesestrangersont plus de faveur et au-
ctorité que les naturels, ID, 21, Celui qui persécute
est du diable, et celui qui est persécuté est de Dieu,
ID, 36, C'estoit bien peu de chose des villes des
Acheïens, ID, 49. C'est toy-mesmes qui as abondance
de maladies et très-dangereu-ses, ID. 70. Ce mot da
prochain s'eilend indifféremment à tous les hom-
mes, ID. 72, Ce sera beaucoup si de six il s'en trouve
deux, iD, 4(8. Un gentilhomme de trois ou quatre
mille livres de rente, id, (48. Il n'est richesse que
de santé, id. i64. Aussi eux ne les tiennent pas en
autre estime que de bestes brutes, id. 385. Minu-
tius, ardent du désir de combattre sans propos, et fai-
sant de l'audacieux, alloil gaignant la bonne grâce
des soudards, amyot, Fctb. I3, Et y eut bien huit
cents de tuez, id. ib. (5. Quelqu'un pensant faire du
plaisant, id. Ximol. 22. Ce n'estoit encore rien de ce
que l'on ostoit, au prix de ce qui revenoit, id. Sylla,
73, Elles [figues] estoient toutes vertes et cueillies de
frais, m. Lucull. 72, Le peuple .se deffioit de leur
suffisance, et s'en donnoit de garde, id. Mcias, (0.
U vint au degré de commander, ayant appris àolKiïr,
ID. Agés. (. Son vieillard de père s'en alla en sa
maison tout fasché, id. Potnp. B4. Cestuy Onesicn-
tus a>oil esté des disciples de Diog^nes le cyniijue,
id. Alex. IU8, Le muscle teiiar, pksgroset cras do
tous les autres.... paré, iv, 29. Tes pieds de trop
courir sonija foibles et las. bons. 2»7, Ta coulewr
est d'un mort qu'on devalleen la fo.s.se, id. 68 1. Elle
e^t pleurante au cabinet enirée. Ou tout le bien que
plus cher elle avoit. D'un soin de femme en garde
reservoit, ID. 632 Si j'avois de puissance autant que
j'ay d'oser, lo. 808. Tout ce qui e.st de beau ne se
garde longtemps, lu. 926, Environ le quatorziemo
dedecembre, i4/(C(or,roma;i, p, 75, dansLACiiKNE.
— ETYM, Provenç. espagn. et portug. de; ital. di;
du latin de.
(. DÉ (dé), I. m. jj 1' Petit morceau d'os ou d'i-
voire, de figure cubique, marqué sur chaque face
d'un différent nombre de points, et serviuii ioucr.
Jeter les dés. Dés pipés, dés qu'on a préparés pour
tricher au jeu. Dés chargés, dés qui, garnis d'un
DÉ
petit poids dans leur intérieur, tombent de préfé-
rence sur un côté déterminé. Je dis que l'on doit
faire ainsi qu'au jeu de ilés. Où, s'il ne vous vient
pas ce que vous demajidez, Il faut jouer d'iidresse
etd'une âme réduite Corriger le hasard parla bonne
eondu.te, mol. Éc. drs f. iv, 8. Un fatal jeu de dés
dont la fureur les po.s.sédait, noircissait leur esprit
etabsorliait leur âme, marmont. iléin. liv. vi;, t. ii.
p. 208, dans PûUGKNS. Chacun après le dé vous mon-
tre comment il fallait jouer, p. L. cour. Leil. i, 'M.
Voyons si la vertu n'est qu'une sainte erreur, L'es-
pérance un dé faux qui trompe la douleur, lamart.
llarm. iv , H . || Coup de dé ou coup de dés, le nom-
bre de points qu'on amùne en jetant une fois les
dés; et, Kgurément, coup de hasard. Ma fille, il ne
s'en faut qu'une lêie qu'elle [une terre] soit à vous;
ce serait un lieau coup de dé, SÉv. 349. Elle peut
vous valoir beaucoup, elle peut vous valoir très-|ieii;
tout est coup de dé ilansce monde, volt. Li'lt. Thi-
rinl, 4 mais, l'a». |{ Avoir le dé, être le premier à
jouer. A vousledé, c'est à vous de jouer; et, licuré-
ment, à vous le dé, c'est à vous de jjarler, d'agir. À
vous le dé, monsieur [c'est de vous qu'il s'agit], mol.
Jfi'i. V, 4. Fauteuil vacant à la deuxième classe. On
meurt souvent parmi ces immortels, A vous le dé....
MiLLEv. Épigr. Faulexiil acad.|| Tenir le dé, avoir
les dés en main pour jouer; et, figurément, tenir
le dé dans la conversation, s'en rendre maître, la di-
riger L'on est chez vous contrainte de se taire :
Car madame, à ja.ser, tient le dé tout le jour, mol.
Tart. I, t. Silly tenait le dé du raisonnement et de
la politique, st-sim. t30, 262. || Quitter le dé, aban-
donner les désqu'on tientàlamain; et, figurément,
ne vouloir pas tenir ce qu'un autre veut jouer.
Il Faire quitter le dé, faire abandonner les di^ar
le joueur qui les tient pour qu'ils passent à unTKre,
et, figurément, faire quitter le dé à quelqu'un, obli-
ger quelqu'un à renoncera une entreprise. || Rompre
le dé, c'est brouiller le dé avant qu'on ait vu ce
qu'il porte; et, figurément, rompre le dé à quel-
qu'un, faire avorter ses desseins, ses entreprises.
Il Flatter le dé, jeter doucement les dés dans l'espoir
de n'amener qu'un petit nombre de points; et, fi-
"urément, ne pas parler franchement et librement
dequelque chose, adoucir quelque chose de fâcheux.
Il Le dé en est jeté, la résolution en est prise. |] Fig.
et familièrement. Je jetterais cela à trois dés, je
jouerais cela à trois dés, c'est-à-dire le choix entre
ceci ou cela m'e.st tout à fait indifférent, et je m'en re-
mettrais volontiers au hasard pour choisir. \\A%tplur.
Dés, jeu de dé. Pierre le bon enfant aux dés a tout
perdu, RÉGNIER, Sat. xii. || 2° Synonyme de domino,
au jeu qui porte ce nom; synonymie qui vient de
ce qu'il y a une grande analogie entre les dés et les
dominos qui sont en quelque sorte des dés éten-
dus. Je n'ai plus que deux dés. Couvrir, boucher,
fermer un dé, mettre, par exemple, du six contre du
six. Ouvrir un dé, le faire paraître pour la première
fois. Jouer à dé forcé. Rendre le dé, remettre à son
partner du six, par exemple, s'il a dcjà ouvert le
six. Il 3° Terme d'architecture. La partie cubique d'un
piédestal. || Petits cubes de pierre qu'on place sous
des poteaux, des colonnes, des vases pour les iso-
ler de terre. || 4" Dé de drapeau, garniture en métal
à l'exlrémité inférieure delà hampe d'une enseigne.
Il 5° Plaque de cuivre percée d'un trou circulaire,
qu'on adapte aux rouets des bois des poulies pour re-
cevoir l'axe. Il Morceau de bois percé de trous dans
lesquels l'orfèvre enfonce au marteau les pièces d'ar-
gent qu'il veut rétreindre. || Terme de vitrier. Espèce
de compartiment de panneau. || Terme de marine.
Plaque percée pour exécuter les coutures des voiles.
Il Diverses chevilles ou tampons. || Terme de typo-
graphie. Morceau d'acier qui se place dans la gre-
nouille d'une presse et reçoit le pivot de la vis.
— REM. Delille a écrit drî, comme- on faisait dans
le xvii* siècle : Dans le cornet fatal le dez a retenti,
delille, Imag. u.
— HIST. XII' S. Quant cil denier serunt despendu
e aie, E en malvaises genz et en guerre guasté, Mal-
■vaisement conquis, malenient alué, Li dé serunt
mult tost sur ambes as turné, Qui unt esté sovent
sur sines [le six] ruelé, Th. le v\art. 157. || xm* s. Je
cuit et croi vos dites voir; Jà por ce n'ert b dez
changiez, Ren. 3229. Bien me seront lidéchangié.
Quant por ce que j'aurai mangié, M'aura Diex issi
estrangié De sa meson, Fab.mss. n° 7:i)8, f" 299,
dans lacubne. || xiv s. Etdient les expositeurs que
tetragoneestuncorpsquarré comme undey, oresme,
Eth. 24. Sire, cedit Bertran, qu'avez-vous empensé?
Visez-vous à l'avoir? je n'y acompte un dé, Guesd.
46930. J'ai dez du plus, j'ai dez du mains [moinsj.
De rtiris, de Chartres, de Rains; Si en ai deuz, ce
DÉB
n'est pas gas [plaisanlerie]. Qui au hocher chieent
[tombent] sor as, Dict. du mercier, dans de laborde.
Émaux, p. 247. Il xv's. [Le prndhomme] s'en vint à
la porte de Garni, où les gardes veiiloient, et là les
trouva jouant aux dés, froiss. ii, II, 213. Fortune
fait souvent tourner Les dez contre moi malement,
cil. n'oRL. Bail. 46. 1| xvi- s. Que n'entreprendroit-il
[l'homme] , puis que la hrefveté qui luy coupe le che-
min et liiy rompt le dé, comme l'on dict, et l'incer-
titude d'icelle [la vie] qui oste tout courage, ne le
peiist arrester, vivant comme s'il avoit tousjours à
vivre? charuon. Sagesse, l, 36.
— ETVM. Provenç. diil , diilz ; catal. dau; espagn.
portug. et ital. dado ;d'a|irès Ménage, du latin dore,
diins le sens de jeter: datum, ce (lui est jeté sur la
table; d'après Goiius, de l'arabe dadd, jeu. De ces
deux étymologies, la première est de beaucoup la
plus vraisemblable.
2. DÉ (dé), s. m. || 1" Petit cylindre de métal ou d'i-
voire, qu'on met au bout du troisième doigt pour
pousser l'aiguille. Un dé d'argent. |1 2° Terme de bo-
tanique. Dé à coudre, agaric campanule.
— HIST. XIV' s. Dans un lexique : lh.eca, gallice
deis et deaul, id quud mulier habet in digito, du
CANGE, digitarium. Sa ceinture et sa tasse en la
quelle avoit un del à cueuldre, id. ib. Deel à mettre
ou doi pour queudre, id. digilabulum. ||xv's. Plus
becquetez d'oyseaulx que dez à couldre, villon,
Épitaphe en bail.
— ETYM. Berry, dtaw ; espagn. dedaJ; ital. dtfoje;
romagnole, didpt;da latin digitale, iiedigitus (voy.
DOIGT). L'ancienne forme française est deel, con-
tracté en del, et confondu par assimilation avec dé
à jouer. Quand on rapproche les formes romanes de
dé à coudre et dé à jouer, d'une part dat, dado, et
d'autre part dedal, ditale, deel, on voit tout de
suite combien elles divergent.
f 3. DE.... préfixe qui signifie l'action d'flter, de
défaire, de sortir, de descendre, etc. comme : ban-
der, dé-bander, faire, dé-faire, et qui est le repré-
sentant de la préposition de. Et l'on me désosie enfin
Comme on vous désamphitryonne, mol. ^mpft. m, 8.
Dé préfixe a aussi un sens d'extension, d'augmenta-
tion, comme dans défaillir.
j DÉALBATION (dé-al-ba-sion), s. f. Terme di-
dactique. Action de blanchir, surtout en parlant des
os préparés pour les besoins de l'anatomie.
— ETYM. Lat. dealbatio, de la préposition de, et
albtis, blanc (voy. aube).
t DÉAMBULATION (dé-an-bu-la-sion), s. f. Terme
didactique. Action de marcher, de prendre de l'exer-
cice. Ce mot est quelquefois employé dans les Uvres
médicaux.
— HIST. XVI' s. Après la sueur diligemment net-
toyée, faut faire ou frictions légères ou deambula-
tions, PARÉ, XXV, 42.
— ETYM. hat. deambulatio , de la préposition de,
elamhulare, se promener (voy. amble).
f DÉAMBULATOIRE (dé-an-bu-la-toi-r'), adj.
Qui a rapport à la déambulation.
— HIST. xvi* s. Quand la colique ou iliaque pas-
sion est cause de ventosité, le mal est déambula-
toire, ne s'arrestant en un seul endroit, ains vague
parle ventre, o. de serres, 924.
— ÈTYM. Voy. DÉAMBULATION.
t UÉ.\CRAT10N' (dé-ô-ra-sion), s. f. Tenue di-
dactique. Action de dorer, de donner la couleur de
l'or, surtoutàdes métaux que l'on associe à d'autres.
— ÉTYM. Dé, et le latin aurum, or.
t DÉBÂCHER (dé-ba-ché), ». a. Ôter la bâche.
Débâcher une voiture.
— ÉTYM. Dé, et bâche.
DÉbACLAGE (dé-bâ-kla-j'), s. m. Action de dé-
bàcler, de débarrasser un port, une rivière.
— ÉTYM. Débdcler.
DÉBÂCLE (dé-bà-kl'), s. ^. 1| 1° Débâclage. Peu
usité en ce sens. Faire la débâcle, rendre un port
ou une rivière libres. || 2° Rupture subite des glaces
qui, couvrant une rivière, en interrompaient le
cours. La débâcle de la Seine. Les premiers qui
s'éloignent du bord avertissent que la glace plie
sous eux, qu'elle s'enfonce , qu'ils marchent dans
l'eau jusqu'aux genoux ; et bientôt on entend ce frêle
appui se fendre avec des craquements effroyables
qui se prolongent au loin comme dans une débâcle,
sÉGUR, Hist. de Napol. x, 9. || Fig. et familière-
ment, changement fâcheux qui emporte la fortune
d'un particulier, la prospérité d'un gouvernement,
les opinions, les mœurs, comme la débâcle emporte
les glaces de la rivière. Cet accident commença
la débâcle de sa fortune. Quel que fût l'intérieur du
roi , il est certain que sa décence contenait quelque
peu la débâcle des mœurs, à la cour, dans l'église.
DER
963
MiCHELET, Louis XIV et le duc de Bourgogne,
p. 151.
— ÉTYM. Voy. débAcler.
DÉBÂCLÉ, ÉE (dé-bà-klé, klée), part, pasié. L
port étant débâcle.
DÉBÂCLE.VIEXT (dé-bâ kle-man) , s. m. || 1° L'ac-
tion de déliâcler un port, des navires, des bateaux.
Il 2° Le iiiiirnentile la débâcle des glaces.
— ETYM. Débdcler.
DÉBÂCLEU (dé-bâ-klé), V. a.||l°Faire retirer
d'un pori les navires vides, pour que l'accès soil libre
aux navires chargés qui arrivent || 2° Ouvrir ce qui
était bâilé. Débâcler une porte. 113° V. n. Il se dit
d'une rivière dont les glaces se rompent. La rivière
a débâclé. Il 4"ôler et déménager les maichandi-es,
en parlant des maichands qui sont venus à une
foire. La foire est finie aujourd'hui, tous les mar-
chands déhâclent.
— IlEM. Débâcler, v. n. se conjugue avec l'auxi-
liaire ni'oir. quand il s'agit de l'action ; la rivière a
dt bâclé aujoupl'bui ; et avec l'auxiliaire être (luand
il s'agit de l'état : la rivière est débàclée depuis ce
matin.
— ÉTYM. Dé. et. bâcler.
DÉBÂCLEUR (dé-bâ-kleur1 , s. m. Officier préposé
au débâclage d'un port. Ordonne que les dits me-
sureurs.... boueurs, debâcleurs, gardes de nuit....
seront tenus.... de représenter leurs lettres de pro-
visions, Arrél du conseil, 2i mars I074.
— ÉTYM. Débdcler.
t DÉBA DINER (dé-ba-di-né), V. n. Terme du jeu
de l'impériale et de quelques autres jeux. Démarquer
les points que l'on a déjà gagnés quaiid l'adversaire
olitieiit certains avantages.
DÉBAGOULER (dé-ba-gou-lé). || 1° Y. n. Terme
bas. Vomir. A peine sorti de table, il a débagoulé.
Il 2° V. a. Fig. Débagoulerun torrent d'injures. En-
suite de cela, il dit tant de tripes de latin, que je
pense qu'il débagoula tout ce qui était dedans le pot
pourri de ses lieux communs sous le titre de de
amore, Frnncion. liv. iv, p. 148. N'ai-je pas ouï
Homère là-bas débagouler s"s rapsodies? d'ablan-
COUBT, Lucien, Dial. Caron, Mercure. Quand ils
seront retournés chez eux, comme ils débagouleront
tout ça dans leur voisinage, dancourt, Cur. de
Comp. se. 6.
— HIST. xvi" s. Elle vient à débagouler mille in-
jures contre le roy, bbantome. Dames galantes.
Nos modernes, qui, pour le moindre axiome qui se
présente, debagoulent dix ou douze authoritez, des
ACCORi'S, Préface.
— ÉTYM. Dans ce mot se trouve san3 doute goule
ou gueule; mais le préfixe déba n'e.st pas expliqué;
à moins qu'on n'y voie ba, ba-goule, comme dans
ba-lèrre, et la préposition de qui indique sortie,
émission, c'est-à-dire émettre hors de la ba-goule.
DÉBAGOL'LEUU (dé-ba-gou-leur) , s. m. Terme
bas. Celui qui vomit tous les mauvais propos qui lui
viennent à la bouche.
— ETYM. Débagouler.
t DÉBAlGNÉE'(dé-bè-gnée), s. f. Nom, àBarèges,
du deuxième degré des bains.
t DÊBAIL (dé-ball, U mouillées), s. m. Terme
d'anciennes coutumes. Cessation de bail.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bail.
f DÉBÂILLONNER (dé-bâ-llo-né, Z! mouillées) ,
V. a. Ôter un bâillon. |j Fig. Débâillonner la pressa.
— ÉTYM. Dé, et bâillonner.
DÉBALLAGE (dé-ba -la-j'), s. m. Action de dé-
baller. Il La marchandise déballée par des mar-
chands de passage dans une ville.
— ÉTYM. Déballer.
DÉBALLÉ, ÉE (dé-ba-lé, lée) , part, passé. Mar-
chandises déballées.
DÉBALLER (dé-ba-Ié), «. a. Défaire une balle,
tirer des marchandises de l'emballage. Déballer des
marchandises. Mon petit équipage dont j'eus le plai-
sir de ne rien déballer, j. i. bouss. Prom. v. || Ab-
solument. [Le lion redemandant son paquet dit:]
Rendez-moi mon argent, j'en puis avoir affaire; On
déballe.... la font. Fabl. iv, 12. || Absolument.
Étaler des marchandises.
— ÉTYM. Dé, et balle, paqueL
DÉBANDADE (dé-ban-da-d'), s. f. i' Action de
se débander, de rompre les rangs. Le huit, la dé-
bandade fut générale, quelque chose qu'on pût faire;
tout courut fourrager celte plaine, st-sim. 47, 48.
Il S la débandade, loc. adr. Sans ordre, confusé-
ment. Il Familièrement. Mettre tout à la débandade,
mettre tout en désordre, en confusion. Laisser tout
à la débandade, abandonner tout au hasard. Tout
va à la débandade, tout va mal et en confusion. || A
la débandade, sans rétlexion , tête baissée. Et je vas
964
DEB
à la (léhandade, moi.. Don Juan, ii, *. || Vivre à la
rtétianilarte, ne mettre aucune règle, aucune suite
dans sa conduite.
— HIST, XVI' s. Sur toutes ces misères, ce pnpce
aima mieux voir une reiraile qu'une desb.indade,
d'aub. //i.v(. m, 241. Serlorius se retira à la deslian-
(lée. AMVOT, l'nmp 27. Ils faisnienl mine de vouloir
jouer il la débandade, ciiolieiies. Contes, t. Il, après-
dinéf. 4. Il y f'Ui, lout aveuglé el sans aucune no-
table form-iliié on considération, conclure vistement
et donner à la desbandade la teste baissée, comme
en un baiaillun de (jens de pied, noel du fail, Con-
tes d'Kutriiji. cil. 29.
— f.rvM. M'ander 2.
4. DfiltAN'DÉ. f.E (dé-ban-iié, dée), pnr(. passi
de di'diander I. |l l" A i|ui on a ôlé un bandeau. I.e
parlementairi! ayant étédébandé. |l 2° Qui n'est plus
bandé on tendu. L'arc étant débiindé.
2. Df.llANDC;. ÉK (dé-ban-dé, dée), part, passi
de débander 2. Uni a quitté la bande, dispersé. Des
troupes débandées. 1,'n reste de barbares errants
el débandés qui le pillaient [l'empire] impunément,
FI.ECH. //i.s(. de Théod. I, 26. Lus mercenaires, qui
s'étaient retirés sur une hauteur voisine couverte de
bois, ayant appris ce qui se passait, survinrent lout
d'un coup, lioiiv.'rent les soldats débandés çà et là,
prirent el pillèrent le camp, rollin, Hist. anc. t. i,
p. 353. Depuis la vedle, quatre mdle Iralneurs et
trois mille soldats étaient morts ou égarés, les ca-
nons et tous les bagafies penlus; à peine restait-il à
Ney trois mille combaiianls et autant d hommes
flébaiidés. sF.r.un, llist. de Napol. x, u.
DKRANDK.MKNT (dé-ban-de-maii), s. m. Action
des troupes qui se débandent. Nous entendîmes un
vacarme épouvantable; c'était un débandpment de
l'armée qui, cherchant de l'eau, avait trouvé ce vil-
lage, sTsiM. 29, «7. Ce fut le dernier moment du
peu d'ordre qu'il y eut en cette bataille [de Turin];
tout ce qui suivit ne fui que trouble, confusion, dê-
bandement, fuite, m. 163, ta.
— ETYM. Débander 2.
<. DRBANDKK (débandé). V. a. \\ l' ôter une
bande ..■ehander une plaie. || Ôler un bandeau. On
déh..iida les yeux du parlementaire. || Ôter des ban-
deaux qui orneni ou couvrent la tête. Quand les
filles se sont déb.iiidé la tête deux heures par jour,
elles ne sonl [i;is pressées de cliercher d'autres dé-
lassements, MAiNTKN'ON. Lett. à lime de la Vief-
vHle, 2'.) février I7iin. || 2° Détendre. Kt prenant en
main un arc qu'un Perse eut â peine soutenu, loin
de le pouvoir tirer, il le banda en présence des am-
bas,s;ideurs el dit.... cela dit, il débanda l'arc...
Boss. llist. m, 3. Il Kig. Se débander l'esprit, don-
ner à son esprit fatigué quelque relâche. || 3° V. n.
S'emporter contre. Le maréchal de Joyeuse débanda
sur Goberl, excellent brigadier de dragons, st-sim.
29, 86, Peu usité en ce sens. || 4° Se débander,
1'. réf.. ôier le bandeau qu'on a sur les yeux. Le
colin-maillard triche, il se débande. ||Se détendre,
en parlant des armes. Son arc se débanda. || Fig. Le
temps se débande, la température qui était comme
tendue par le froid se relâche, devient moins froide.
— HlST. XII' s. Et ses deux mains derriers vet de-
liant, Kt ses biax eiiz [yeuxj li vet lot desbandant.
Bataille d'Aieschans, v. 5C60. || xill' s. Atant le
firent desbeiider; Li rois le fist à lui aler; El il i
vient joianz et liez. Les menuz sauz, toz eslessiez,
Hen. iih;ib. Il xv's. Icelui prit l'arbrier | le manche]
de l'arbalesie et la fil desbender, du ca.nge, arbo-
reta. || xvi' s. Or est ainsi qu'envie et ignorance
Ensemble font volontiers demoiirance, l^ur des-
bander [décocher] contre les vertueux, harot, i,
282. Et [l'Amour] si avoit, atin que l'enlemlez, Son
arc alors et ses yeux deshandez, id. i, 344, Des-
bander l'arc, ne guérit point la playe, iD, ii, 298,
Il ne s'aperçut de son bras, qui se deslianda; et la
playe,,., marg. Nour. l. El celuy qu'on desbandoit
pourluy lire sa grâce, mont, i, 91. Sa pensée des-
brouillée el dcsbandée (détendue], id. i, 94, S'ap-
prochant luy mesme tout pacifiquement, son arc
desbandé, amyot, Crass. 67, Ils sortirent mèche
este. nie, la caisse desbandée, d'aub, llist. ii, 370,
Qui ne ticnl pour tout certain l'ire de Dieu se dé-
bander sur nous, pour punir les fautes..., paré, ix,
2' dise. Ainsi J'esprit : si l'on ne l'occupe à certain
subject, il se desbande et se jelle dedans le vague
des imaginations. .„ charron, Sagesse, 1, 45.
— Etym. Dé, et bander.
5. DEBANDER (dé-ban-dé), v. a. || 1° Mettre en
désordre, disperser, en parlant il'une troupe. Le 27
décembre, i la fin d'une marche de dix heures, ces
Prussiens aperçurent la brigade russe: sans repren-
dre haleine, ils la chargent, la débandent et lui ar-
DÉIJ
rachcnt deux bataillons, ségor, Hiit. de Sapol.
xii, 8. 112° Se débander, v. r^fl. Se disperser con-
fusément, en parlant d'une troupe. Toute l'armée se
débanda. Il apprit en même temps que leurs meil-
leurs soldats s'étaient débandés, flêch. llist. de
Théod. 1, 80. Cette journée pouvait être fatale à
l'empire, si les Golhs eussent su profiter de leur
victoire, mais ils se débandèrent incontinent, m.
ib. Il, 15. Il Avec ellipse du pronom rélléchi. Le
déf.iut d'argent en Italie dicrédiierail enlièrement
vos aiïiires et pourrait faire débander une armée
éloignée, fén. I. xxii, p. 491. || 3° Se .séparer J'un
corps dont cm fait partie, en parlant des individus.
Quelques soldais se débandèrent pour courir à la
maraude.
— liiST. XVI' s. Mes discours, pour s'estre desban-
dezen aulciinesch isesde la route commune.... mont.
Il, 124. Toute leur force venoit à se perdre, si une
fois ilz se debandoient el se departoient d'avec eulx,
AMYOT, Rom. 13. Si desbendez qu'ilz ne se pou-
voient plus r'allier, m. Lyc. 49. Metlans en pièces
tousceulxquisedesbnndiiient pour fouir, id. Fab. 24.
Les voilà bien empeschez; carde quitter le chemin,
c'esloit desbander [faite courir] après eux, d'aub.
//iv(, II, I9i. Il partagea ses gens de pied à ses deux
inains, etàchaquecosté desbanda ïuobarquebuziers
et plus, ID. ib. II, 454.
— ETYM. Dé. et bande 2.
t DÊBA.NOL'É, fiE (dé-ban-ké, kée), part, passé.
L'homme qui tenait le jeu étant débanqué,
2. DÉBANQUÉ (dé-ban-ké), s. rri^. Terme de ma-
rine. Vaisseau qui revient du banc de Terre-Neuve.
— ÉTVM. Dé. et banc de Terre-Neuve.
t. DÉBANQUEU (dé-ban-ké), r. a. Au pharaon
et dans d'autres jeux, gagner tout l'argent de celui
qui tient le jeu et qui se nomme banquier.
— ÉTVM. Dé, et banque.
t DÉBANQUER (dé-ban-ké). || 1° Y. n. Terme de
marine. Quitter un banc et en particulier le banc de
Terre-Neuve lorsque la [lécbe est achevée. || 2° V. a.
Démonter les bancs d'une embarcation à rames,
— Etym, Dé, et liane.
DÉBAPTISÉ, ÉE (dé-ba-ti-zé, zée), part, passé.
Ce jeune homme débaptisé par ses camarades, c'est-
à-dire à i|ui ses camarades ont donné un autre nom
(jue le sien.
DÉBAPTISER (dé-ba-ti-zé), ». a. || 1° Changer le
nom de quelqu'un. || 2° V. réfl. Se débaptiser, se
donner un nouveau nom. Qui diable vous a fait
aussi vous aviser A (|uaiant8-deux ans de vous débap-
tiser? mol. Éc. de I. i, I. Il Henoncerà .son baptême.
Si l'on me prive de la belle Saint-Yves, sous prétexte
de mon baptême, je vous avertis que je l'enlève et
que je me déliaplise, volt. Ingénu, 6. || Fig. et fa-
milièrement. Se faire débaptiser, renoncer à son
baptême, c'esl-à-dire accepter toutes les extrémités.
Je me ferais plutôt débaplise'r que de consentir à eela,
— ETYJI. Dé, et baptiser.
t DÊBARBARISÉ, ÉE (dé-bar-ba-ri-zé, zée),
part, passé. Tiré de la barbarie. 11 faut que nous lui
ayons obligation d'être débarbarisés, volt. Letlr.
d'Argenlal, 18 août 1763.
■f DÊBAUBARISER (dé-bar-ba-ri-zé), ç. o. ôler
la barbarie, polir. Nos W'elches du parterre, qu'on
a eu tant de peine à débarbariser, se doutent irès-
rarement si une pièce est bien écrite, volt. l/:tt.
St-Lambert, 7 mars 1769.
— ÉTYM. Dé, et barbariser.
t DÉBABBER (dé-barbé), v. a. Couper les petites
racines de la vigne qui tracent à la superficie du ter-
rain.
— HIST. xvr s On le desbarba de sa barbe
barbue, molinet, p. (7i , dans lacurne.
— etym. Dé.... préfixe, et barbe.
DÉBARBOUILLE, ÉE (dé-bar-bou-llé, liée. Il
mouillées), part, passé. Un enfant débarbouillé.
DÉBARBOUILLER (dé-bui-bou-llé. Il mouillées,
et non dé-bàr-bou-yé), v. a. \\ 1" Ôter ce qui bar-
bouille, nettoyer, laver le visage. Débarbouiller un
enfant. || 2° Fig. et familièrement. Tirer quelqu'un
d'affaire, le dégager d'un mauvais pas. || 3° K. rr/l.
Se débarbouiller, se nettoyer le visage. Allez vous
débarbouiller. Je suis las de porter un visage si
laid, El je m'en vais au ciel avec de l'ambroisie
M'en déb.irbouiller loul à fait, mol. Amph. m, lO.
Il Fig. De pygmées ils [les secrétaires d'Étal] étaient
devenus géants, et s'étaient enfin débarbouillés de
l'étude de notaire, st-sim. 342, 231, Elle [la nation]
commence à se débarbouiller; presque tout le mi-
nistère est composé de philosophes, volt, i<!((. roi
de l'r. 277, Il Populairement, Débarbouille-toi comme
lu pourras, lire-toi seul de cette affaire. laissez-le
se débarbouiller.
DEB
— HIST. XVI' g. Tant y a, qu'estant débarbouillé
il fut agréable à son maistre, avancé depuis, et
nommé le cardinal délia Simia, d'aub. Conf. i, 8.
— Etym. Dé.... préfixe, et barbouiller.
t DÉBARBOUlLI.OIIt (ilé-bar-boii-lloir, U mouil-
lées), s. m. ou DÉHARBOUILLOIRE (dé-bar-bou-
lloi-r', // mouillées). 4-. f. ServielLe à débarbouiller.
— ETYM. Dé' arboiiiller.
DÉBARCADÈRE (dé-bar-ka-dê-r*),!. m. ||1' Terme
de manne. Endroit dUne côte ou du quai d'un port
qu'on peut accoster pou: y débarquer hommes, ani-
maux ou marchandises. Il 2° Sur les chemins de fer,
lieu de départ et d'arrivée. On dit aussi embarcadère.
— ETVM. Voy. débarourr.
DÉBARDAGE (dé-bar-da-j') , s. m. Action de dé-
barder.
— ETYM. Débarder.
DÉBARDÉ, ÉE (dé-bar-dé, dée), part, passé. Du
bois débardé.
DÉBARDER (dé-bar-dé), « o. Ilf Tirer du bois
hors des bateaux ou des trains de flottage, et le
porter sur le bord.||2° Par extension, débarquer
I toutes sortes de raarchandi.ses. |{ 3" l'erme de forêts.
Transporter des bois hors du taillis où ils ont été
coupés, afin que les voitures n'y entrent pas. || 4' Dé-
chirer des bateaux hors de service.
— HIST. xvr s. Lors eussiez veu grans courciers
desbarder, Haulx appareilz getler pour mieulx s'ay-
der, J. MAROT, v, 433.
— Etym. Dans l'exemple de J. Marot, l'étymolo-
gie est évi.lemment de, et barder; il est probible
que les autres sens en proviennent, le sens de dé-
border (ôler la barde) s'élant étendu à ôler toute
antre chose; cependant, pour ces autres sens, on
polluait aussi conjecturer de et bard, sorte de
civwre.
DÉBARDEUR (dé -bar-deur), ». m. Ouvrier qui
riébarde. || Se dit, en carnaval, d'un costume sem-
blable à celui des débardeurs de bois, et de celui
qui porte ce cosiume.
— ErvM. Déborder.
DÉBARQUÉ, ÉE (dé-bar-ké, kée), part, passé.
Il l'Mis hors d'un vaisseau et à t-rie. L'artillerie
débanpiée rapidement. || 2° Par extension, nouveau
débaniué, sedil d'un homme qui arrive récemment
d'un lieu. Je me suis avisé de me servir de toi, à
cause que lu es nouveau débaniué de Sicile, hhuevs,
ifiiet, l, 2. Il On dit dans le même sens, fraîchement
débarqué, jj Substantivement. t:récy était un hom-
me s^ige el mesuré, sous des manières qui se /talent
pins l'élrang?rel le nouveau débaicpjé que le Fran-
çais, STSiM. 2" ,50. On dit que les femmes coquettes,
Pour faire réussir leurs pratiques secrètes. Des nou-
veaux débarqués s'informent avec soin Pour leur
dresser exprès quelque piège au besoin, begnaed,
j Uénechmes. H, 4.
I DÉBABQUE.MENT (dé-bar-ke-man), s. m. \\ 1» Ac-
I lion de débarquer, de mettre à terre des passagers,
1 des marchandises. On jelle l'ancre toutes les nuits,
et le débarquement se fail où l'on est le moins al-
; tendu, raynal, llisl. phil. v, 22. || Troupes de dé-
I barquemenl, troupes mises à bord des vaisseaux
' pour être débarquées sur un point el y agir. Une
flotte nombreuse, destinée coiiiie Québec et qui
portait cinq ou six mille hommes de débarquement,
entre l'année suivante dans le fleuve Sl-l^urent,
raynal, lli.it. phil. XV. H. Il 2" L'action d'une per-
sonne qui débarque. II futarrètéà son débarquement.
— ETYM. Débarquer.
DÉBARQUER (dé-bar-ké). Il 1' V. a. Faire sortir
d'un navire, d un bateau, mettre à terre des pas-
sagers, des troupes, des marchandises. Les équi'
pages débarquèrent rapidement sur la côte d'Afrique
l'armée qui fil la comiuête de l'Algérie. M. de i.liâ-
teau-Henaud a déliarqué heureusement en Irlande
ses troupes, ses armes el son argent, sÉv. 25 mai
1889. Il 2° I'. n. Quitter un navire, descendre
à terre. Les passagers débarquèrenl heureusement,
malgré une grosse mer. || Par extension, arriver.
On ne pouvait comprendre qu'une jeune créature,
débarquant de la campagne droit à la cour, en de-
vînt sitôt l'ornement par ses allraiis el l'exemple par
sa conduite, iiamilt. Gramtn. 9. À peine es-tu dé-
baïqué que tu tournes la tète à de jolies filles, mari-
vaux. Pays. parv. L I, i" part. p. «7, dans pou-
GENS. En Bourgogne je débarquai. Pour la chanson
climat propice; Nous trouvons, buvant sur le quai,
Le vieux mari de ma noirrice, bErang. Nourrice.
Il Subslantivement. Au Jtbaïqner, dans le temps
même du débarquement, de l'arrivée. || 3* Se débar-
quer, V. réfl. Un se débarqua, on nous couvrit le vi-
sage d'un voile, scarron, Rom. com. n, 44. Inusité
aujourd'hui sous cette forme.
DEB
DE»
DEH
965
— HIST. XVI* S. Ils se firent passer le bras de mer
pour venir joindre leurs compajinons qui se desem-
barquoient à SI Michel, d'aub. Uist. ii, 274. Trois
filles de la reine ... le refîardanl comme un nouveau
débarqué, voulurent le turlupiner sur ses liahille-
ments, m. Ilist, secrète de sa vie, t. i, p. 30, Co-
logne, (729.
— f.TVM. Dé... préfixe, eXharque. Désemharquer
est tombé en dés\iétude: « Débarquer est plus doux
9t plus en usage c|ue de'icmfcari/wer,» dit VAUGELAS.
Df.B.XRRAS (dé-ba-rA; l'i se lie), s. m. Terme
familier. Délivrance de ce qui embarrassait. Les voilà
partis, c'i'si un grand débarras. Si je m'étais noyé,
le bon débarras pour moi et pour les autres, cha-
TEAUB. Voy. Amer. sue.
— BF.M. Débarras est quelquefois employé pour
lieu do décharge; c'est une mauvaise locution.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et fcarre, par l'intermé-
diaire d'un au^mentalif barras.
DÊBAKRASSÊ, ÉK (ilé-ba-ra-sé, sée), part, passé.
Oui n'est plus embarrassé de. Débarrassé de ses
liens. 11 n'est rien de plus beau que ces tendres pen-
sées, Du commerce des sens si bien débarrassées,
MOL. Femm. sav. IV , H. Un cœur débarrassé des soins
de l'avenir, CUÊBILLON. lerxès, i,t. || Être débarrassé
de quelqu'un, n'avoir |)lus autour de soi qutlqu'un
qui était à charge ou qui gênait. Mais il n'est rien d'é-
gal au fâcheux d'aujourd'hui; J'ai cru n'être jamais
débarrassé de lui, mol. Fdch. i, 1. Si j'avais refusé
le baron, ma mère, qui voudrait être débarrassée
de moi, ne me l'aurait jamais [lardonné, Marivaux,
.Marianne, 9' part. t. m, p. 366, dans pouge.ns. Que
tout l'or du monde périsse et que je sois débarrassé
de lui, BEALMABCH. Ilèrecoup. v, 4.
t DÊBARRASSK.MENT (dé-ba-ra-se-man) , s. m.
Action de déiiarrasser.
— ETYM. liéborrnsser.
DËilARRASSER (dé-ba-ra-sé),e. a. || 1° ôterce qui
embarrasse, au propre et au figuré. Débarrasser la
voie publique. Cette nouvelle Ta débarrassé d'une
grande inquiétude. Mais je veux de mon doute être
débarrassée, BAC. Alhal.\i,6. 11 ne fallait sans doute
que l'embarras d'un défilé, quelques marches forcées
ou une boutade de cosaques, peur nous débarrasser
de tout cet atliiail [les bagages de l'armée sortant
de Moscou] ; mais le sort ou l'ennemi avaient seuls
le droit de nous alléger ainsi, sêgub, Ilist. de Nap.
IX, I. Il Par plaisanterie. Des voleurs le débarrassè-
rent de son argent. Considérez i|ue nos guerres ci-
viles avaient fait verser en France les trésors du
Mexique, lorsque Philippe 11 voulaitacheter la France,
et que depuis ce temps-là les guerres étrangères nous
ont débarrassés de la moitié de notre argent, volt.
l'H. aux 40 écu.'^. Préambule. |l Débarrasser de quel-
qu'un, délivrer de quelqu'un enl'écartant, l'éloignant
ou même le faisant mourir. || 2° Se débarrasser,
». réft. Se délivrer de ce qui embarrasse. Se débar-
ra.sser de ses créanciers. lit se débarrasser du fatal
vêtement, lemerc. Electre, n, 4. Heureuse donc et
infiniment heureuse la puissance qui, la première,
se débarrassera des entraves, des taxes, des prohi-
bitions qui arrêtent et oppriment partout le com-
merce, HAYNAL, Hist. phil. XIX, 6. Il Se débarrasser
de quelqu'un, éloigner de soi quelqu'un qui gène ou
est à charge, et aus.si le faire mourir.
— f.TYiM. Débr.rras.
DËBARRË, ÉE (dé-ba-ré, rée), part, passé. Les
portes ayant été débarrées.
DÉBARRER, (dé-ba-ré), v. a. || 1° ôter la barre.
Débarrer une porte. || 2° Terme de musique. Débar-
rer un violon, en ôter l'âme, qui est une petite
pièce de bois dont la table est soutenue, || 3° Terme
d'ancienne praticjue. Lorsque les juges d'une cham-
bre étaient barrés, c'est-à-dire lorsipie les avis s'é-
taient également partagés, le procès était porté dans
une autre chambre, qui sur l'exposé des raisons don-
nai', l'arrêt; cela s'appelait débarrer.
— HIST. xh* s. Les uis ad il meesmes overtedes-
barez, Buia le pueple ariere, qui i ert asemblez Pur
veer l'aventure.... Th. le mart. t47. || xvi' s. Incon-
tinent que l'aube jour-apporte Du grand Olympe eut
desbarré la porte, bons. 617.
— ËTYM. Dé.... préfixe, et barre.
t DÉBAURICADER (dé-ba-ri-ca-dé), D. o. Ôter
les barricades.
— KTYM. Dé... préfixe, et barricader.
t DÉUASSAIUE (dé-ba-sè-r') , s. f. Nom d'une
sorte de mésange.
DÉBAT (dé-ba; le ( se lie ; un dé-ba-t éloquent;
au pluriel, i's se lie ; des dé-ba-z éloquents; débals
rime avec pas, appâts, etc.), s. m. \\ l" Différend
dans lequel de part et d'autre on allègue des paroles
ou des raisons. Le débat fut violent. Du crime glo-
rieux qui cause nos débats, corn. Cid, ii, 9. Afin
d'être témoin comme, après nos débats, Je chéris
sa mémoire et venge son trépas, id. Pomp. m, 4.
Il veut sur nos débats conférer avec moi. id. Sn-lor.
I, t. Mais il est temps qu'un mot termine ces débats,
ID. ib. m, 4. Petits princes, videz vos débats entre
vous; De recourir aux rois vous seriez de grands
fous; Il ne les faut jamais engager dans vos guerres,
Ni les faire entrer sur vos terres, i.A font Fabl.
IV, 4. Vous avez bien d'autres affaires A démêler,
que les débals Du lapin et de la beletie; Li.sez-les,
ne les lisez pas; Mais empêchez qu'on ne nous
mette Toute l'Kurope sur les bras, id. Fab. viii, 4.
N'enlends-lu point comme ils sont en débat? id.
Berc. Vainqueurs de nos débats, nous marchons
réunis, volt, lirulus. ii, 2. VA cpiand ces longs dé-
bats qui troublèrent nos jours.... id. Tancr. i, 3. Je
m'attendais à des débats, à des objections sans nom-
bre; et je la trouvejusie. bonne, généreuse, beaum.
Hère coup, m, 8. || Fig. Â eux, entre eux le débat,
c'est à-dire je ne me mêle pas de leur contestation,
j qu'ils s'arrangent entre eux. Je laisse entre vous ce
i débat. SÊV. 9 août (87). || 2° Action de débattre, de
' discuter. Le peuiile en corps avait le débat des affai-
res, MONTESQ. Espr. II, 6. Il Débat de compte, discus-
J sion entre deux intéressés sur un article de compte.
i II 3° Au plur. Discussions des assemblées politiques.
Les débats du parlement anglais. Gel orateur était
I l'aigle de nos débats. || Terme de palais. La partie
I de l'inslruction judiciaire qui est publique, y com-
; pris les plaidoiries. Ouvrir, fermer les débats. Le
président a résumé les débats avec beaucoup d'im-
' partialité. || Au sing. Consultez-vous; demain, si le
I débat commence.... Moi-même du forfait j'établirai
la preuve, m. j. chên. Tibère, m, 3. || Ce mot est em-
ployé comme titre de journaux. Le Journaldes Débats
I politiques et littéraires, ou. simplement, les Débats.
I — HIST. xiii* s. Noz avons veu plusors debas ^e
! cix [ceux] qui estoient ajoriié, par devant lor se-
igneur, à requeste d'autrui, beaum. 54. Koz avons
I veu moult de debas, es boues viles, des uns contre
I les autres, si comme des povres contre les rices,
I id. l, 15. Quant nous feumes là et les Turs s'en fu-
rent partis, les Sarrazins qui e.sfoient en la cité, se
! desconfirent et lesserent la ville à nostre gent sans
débat, jomv. 278. || xiv s. Le jour que li mesquiés
[niéchef] fu pour vous aparans. Ou palais à Nimaie,
' où li debas fu gians, Je me mis en la mer.... Ba.d.
I deSeb. iv, 015. || xV s. Au commaiidemenidu comte
' [de Flandre) couvertemenl Jean Lyon prit paroles
etdebatàlui [un homme de Gand ennemi du comte]
et l'occit, FROiss. II, II, 52. || XVI' s Là où on
oit, par manière d'esbat, Sur les beautez chacun jour
maint débat, mabot, iv, Iu7. Qui cherche argent
cherche débat, La farce du poulier, dans le rolx
DE LiNCY, t. II, p. 489. Il leur semble faire bien les
modérez et les entendus, quand ils quittent aux ad-
versaires aulcuns articles de ceulx qui sont en débat,
mont, i, 2U4.
— ETYM. Voy. débattre; provenç. débat; espagn.
et portug. debate; ital. dibatto.
DÉBÂTÉ, ÉE (dé-bà- té, tée), part, passé. Xqui on
aôtéson bât. Un àne débâté. || Fig. C'est un âne debâté,
c'est un homme très-porté aux plaisirs de l'amour.
t DÉBATELAGE (dé-ba-te-la-j') , s. m. Décharge
des bateaux, des navires.
— ËTYM. Débaleler.
•f DÉBATELER (dé-ba-te-lé. La syllabe tel double
ri, quand la syllabe qui suit est muette : je débar
telle), V. a. Faire le uébatelage.
— KTYM. Dé.... préfixe , et bateau.
DÉBÂTER (dé-bâ-lé), ». o. ôter le bât.
— HIST. xvi" s. Ce bon frère estoit tousjours joyeux
et brusque comme un peiit asne debasté, langue,
537. Comme un grand asne desbaté,MAROT, m, 229.
— ETYM. Dé.... préfixe, et bâter.
f t. DÉBÂTIR (dé-bà tir), ». a. Démolir ce qu'on
a bâti. Quelle rage est la sienne de bâtir et de débà-
tir? SÉV. BI8.
— HIST. XVI' s. Lors l'unique remède gist au re-
faire, à quoi l'adresse desserves [regards d'aqueduc]
vous servira à ce que, ne desbastissant de l'aque-
duct que ce qu'il sera force, la réparation nécessaire
en sera de moindre despense, o. de serras, 769.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bâtir t.
f 2. UÉBÂTIR (dé-bà-tir), ». a. ôter les bâtis d'un
corsage. Corsage débâti.
— ETYM. Dé.... préfixe, elbdtiri.
t DÊBATTABLE (dé-ba-ta- bl'), odj. Qui peut être
débattu.
— HIST. XVI' s. Des erreurs contestées et debat-
tables, MONT, i, 122.
— ÉTYM. Débattre.
DÉBATTRE (dé-ba-tr'), je débats, tu débats, il
débat, nous liébattons, vous débattpz. Ils débat-
tent; je débattais; je débattis; je débattrai; je dé-
battrais; débats, qu'il débatte, débattons; que ja
débatte, que nous débattions; que je débattisse; dé-
battant; débattu. Il 1° Se débattre, ». réf!. S'agiter
vivement, faire do grands efforts pour résister, pour
se dégager. Quoique la victime se débatte devan; les
autels, boss. ii, Annnnc. 3. Je l'ai vu dans leurs
mains quelque temps se débattre, bac. And oin. v,
3. Le poisson commença à faire quelques mouve-
ments et à se débattre à ses pieds, sacy. Bible,
Tobie, VI, 4. || Fig. Les papes se sont débattus con-
tre l'authenticité de ce canon, volt. l'hil. m, 377
Les sauvages .se débattent fort peu contre la mort,
J. J. Rouss. Ém. II. On ne lui répondit pas [à l'em-
pereur]; il était évident qu'il ne cherchait ])as de
conseils; on voyait qu'il s'était tout dit à lui-même,
qu'il se débattait contre ses propres réflexions, et
que, parce torrent de conjectures, il cherchait h
s'en imposer et s'efforçait d'entraîner ainsi dans ses
illusions les autres et lui-même, ségub, Ilist, de
Napnl. VI, 5. Il 2° Se débattre, avoir un débat avec
quelqu'un, lisse sont longtemps débattus entre eux.
Il Fig. Se débattre de la chape à l'évêque, dispu-
ter à qui appartiendra une chose que n'a ou n'aura
aucun de ceux qui se la disputent. || 3° V. a. Lutter
pour, disputer, contester. Il faut débattre encore
une palme gagnée, tbistan. l^ort de Chrispe. m,
2. Cet heur injustement lui serait débattu, Et le
grade éminent est peu pour sa vertu, rotbou, Bé-
lis. Il, 7. Le Thermodon a vu seoir autrefois Des rei-
nes au trône des rois; Mais que vit-il par qui soit
débattu Le prix à ta. vertu? malh. m, 4. Ce titre
[d'hommes pieux] par aucun ne leur est débattu,
MOL. Tart. I, 6. Il Se dit de deux ou plusieurs per-
sonnes qui soumettent une chose, un point à une
contestation. Débattre le prix d'un objet. Débattons
d'abord ce point. Il faut débattre les faits. Les autres
peuples intéressés y envoyèrent aussi leurs députés,
et l'affaire fui débattue devant le peuple, hollin,
llisl. anc. Œuvres, t. v, p. 602, dans pougens.
....Avant que de nous battre. Messieurs, il est un
point qu'il est bon de débattre, collin d'hablev.
il. de Crac, se. 22. || Absolument. Avoir une con-
testation. Kt bien qu'avec les dieux on ne doive dé-
battre.... RÉGNIER. Élég. t. Je l'empêche, on débat,
et je fais tellement Qu'enfin il se réduit à son ban-
nissement, CORN. Ilvdée,i, i. Amusez-le du moins
à débattre avec vous, id. Nicnm. v, 5. || Se dé-
battre , ». réft. Être débattu. Cette question .se dé-
bat en ce moment. |l Proverbe. Il se débat comme un
procureur qui se meurt [qui a peur d'être damné].
— UEM. Le sens propre, ne s'étant conservé que
dans la forme réfléchie , a obligé de mettre cette
forme la première ; puis de faire suivre la forme ac-
tive qui est un sens dérivé et figuré.
— SYN. débattre, discuter. Comme débattre est
composé de battre, il implique quelque chose de
violent qui n'est pas dans discuter. Débattre suppose
plus de chaleur et d'emportement; discuter plus de
réflexion. Aussi débattre ne se dira guère des cho-
ses générales, des causes théoriques qui émeuvent
peu; c'est discuter qui y convient. Mais 11 .se dira
des questions et des causes qui louchent et qui pas-
sionnent. Un" discussion peut être froide ou languis-
sante; des débals sont toujours animés.
— HIST. XIII' s. Li faucon qui ont tout enduit Se
débattent pour la rivière, l'Escnufle. Neis Tulles, qui
mist si grant cure En cercbier secrés d'escriiiture.
Ne [lOt tant son engin debatre Qu'onc [dus de trois
père [paires] ou de quatre.... la llose, 5423. Quant
j'oi [j'eus] Raison bien entendue Qui pour noient
s'est debalue : Dame, fis-ge.... tf). 4374. Et por ce
ne doit nus estre oys en debatre testament, s'il ne
sont damacié par le fet du testament, leaum. xii,
to. Debatre [ils] poent le [la] justice, et convient
qu'autres juges lor soit bailliés, id. xxxiv, 34. Et
adont, se le [la] partie qui fist ajorner veut debatre
tantosi et dire... id. U6. La sisime (sixième] manière
de proeve, si est quant aucunes raisons sont propo-
sées en cort, et eles ne sont niées ne debatues de
parties, id. xxxiv, 9. Devant c|u'il fet cel serement,
il n'est pas à rechevoir, se partie le débat, id. v, a.
Li chevaliers debati que li escuiers n'eust pas tel
capel, ne glaive, ne escu, id. lxi, 63. Et tant que
une chance fu un jour debatue. Le sénateur lui dit
que il l'avoit perdue, jubinal, Jeudedeî, t. Il,
233. Il xiv s. Qui plus demandera, nous le debatte-
rons; Et qui nous assaudra nous nous defendeions,
Guescl. 21451. Vostre conseil pas [je] ne débat, Ains
le vueil du tout acomplir, br-.'yant, dans Héna-
gier, 1. 11, p. 34. || xv' s. Quoi que je die ni monstre
966
DÉB
en ca parlement, quand touilles navieurs seront
vencs et Jean Lyon fera sailemanile, si la debalez,
et je me feindrai, funiss. ii. il, !>i- Et se delialoit
k 8<iy-mesmes s'il j-ioil ou non, comm. i, 3. || xvi" s.
[Jupiter] De son grand clief fit bransler et debatre
L'Iiorrihle pod. duquel, par son pouvoir. Fait terre
et mer et estoilles mouvoir, mahot, iv, ï>. Mon
cueiir. pourquoi l'csbahis ores? l'ourquoi le desbals
di'daiismoi?iD. iv, 288 qui me fil la supplier niel-
ti-e la main sur mon cœur, pour voir comme il se
desbalioit.... il se priiit à dcsballre et touriiienler
si flirt, qu'elle senioit (jne je disins veriié, mabg.
JVotw;. Lvii. Nous voyons les clievaux hennir et se
desbailre en sonne, mont, i, lui. 11 amusa ainsi
tout un jour ce sol à desbattre, ID. I, M6. Sur la
jalousie île leur apprentissage, ils [les rossignols! se
desbaltent à l'envy, d'une contention si courageuse
que par fois le vaincu demeure mort, m. ii, !"♦. Un
musicien contre lequel il desbalioit de son art, ic.
1, Ï89. C'est religion de débattre des ordonnances
d'Arislole, ID. u, ■iH4. On veoid jusi|ues aujourd'huy
les dieux de la médecine se débattre de nostre ana-
tomie, ID. H, 317. Il falloit que l'on recourusl tous-
jours aux juges, et que presque toutes questions
fussent debatues devant eulx, amyot, Solon, 31.
Mais quand le sentiment du feu fut passé jiisques à
la chair vifve, «donc commencèrent les bœufs à se
debalre, et à secouer leurs testes, :d. Fab. 47. Ils
apperceurent sur le rivage le roy liejotarus, qui se
debaioil à leur faire signe qu'ilz le receussent aussi,
ID. l'omp. t04. l'ersonne ne débat que le vice soit
à eviier et à haïr sur toutes choses, chabbon. Sa-
gesse, II, 3. Puisque j'ay ce [loint, qui ne me peut
estre debalu, ciiouebes. Contes, t. i, Ualinée 8.
Tout bien debalu, se trouvera qu'il n'y a rien dis-
semblable pour ce regard, noel du fail , Contes
d'Eutrap. ch. 22.
— Etym. Dé... préfixe, etî)a«re;provenç. desha-
tre, debatre; espagn. debatir; porlug. debater; ilal.
dihattere. Le sens propre est battre de {à et de là,
sens conservé uniquement dans le verbe réfléchi.
DÉBATTU, lIE(dé-ba-tu, tue), part. passé de dé-
battre. Livré à contestation. Une question vivement
débattue. Quels sont les points débattus entre les deux
partis? PASC. Prnv. 4. L'abbé de Foucaid, qui futpré-
sent à la conférence, a rédigé par écrit avec beau-
coup de netteté et de jugement les points débattus et
les passages qu'on employa de part et d'autre, Boss.
Var. XI, § 78. Il Fig. 'Tout débattu, après avoir exa-
miné la chose de tous les côtés.Tout débattu , tout bien
pesé, Les flmes des souris et les âmes des belles Sont
très-différentes entre elles, la font. Fabl. ix, 7.
DÉBAUCHE (dé-bô-ch'), s. f. \\ 1° Excès condam-
nable dans le boire et le manger. Verville fut un
grand quart d'heure à réveiller son valet breton, qui
avait fait la débauche, scarron. Roman com. 4" part,
cb. 4 6. Et tu prétends, ivrogne, que les choses ail-
lent toujours de même?... que j'endure éternelle-
ment tes insolences et tes débauches 1 mol. Médecin
malgré lui, i, 4. 11 ne manque à leur débauche
que de boire de l'eau forte, la bruy. viii. || 1° Excès
inaccoutumé de table, partie de table. Ils aiment à
faire de temps en temps une petite débauche. La
Voisin [célèbre empoisonneuse] eut la question or-
dinaire et extraordinaire.... elle soupa le soir et re-
commehça, toute brisée qu'elle était, à faire la dé-
bauche avec scandale.... Le mercredi se passa de
même en confrontations et débauche et chan.sons,
sEv. 407. Il Être en débauche, se livrer à quelques
excès ou parties de table; et fig. Une raison ma-
lade et toujours en débauche [c'e.st-à-dire qui n'est
jamais réglée], mol. l'Ëtour. ii, 4 4. || Fig. Excès.
Vous n'y ferez pas débauche de sincérité, sÉv. 18I.
Il 3° Dérèglement de moeurs. Quand la débauche et
le dévergondement sont poussés à un certain point
de scandale, je suis persuadée que cet excès fait
plu.s de tort aux hommes qu'aux femmes, sÉv.
4B octobre 4 077. Alexis [fils du czar Pierre], âgé de
vingt-lieux ans, se livra à toutes les débauches de
la jeunesse et à toute la grossièreté des anciennes
mœurs qui lui étaient si chères, volt. Russie, ii, 4 0.
La débauche au teint pâle, aux regards elTrontés,
Enflamme tous les coeurs vers le crime emportés,
GILBERT, iS' siècle. Ces gens qui pa.ssent leur vie
dans la mollesse et les débauches, vertot, Héiol.
rom. I, p. 400. \H' Fig. Débauche d'esprit, d'ima-
gination , usage déréglé, mauvais, de son esprit, de
son imagination.
— HIST. XVI' s. Us pouvoient bien vivre ailleurs
en débauche, calvin, /mii(. 2R3. Païquoy s'oppose
à la sagesse, non seulement la folie, qui est un
desregleme.il et desbauche.... charron, Sagesse,
Préface de la teconde édition.
DÉB
— ÉTYM. Voy. débaocher; Berry, débau, inter-
ruption de travail.
llÉBAUCIIfi, f,K (<lé-bfl-ché, chée), port, passé.
Il 1° Altiré à la débauche. Débauche par des cama-
rades dissolus. Il i" Qui vit dans la débauche. Ce
jeune homme est dissipateur et débauché. Us en-
trèrent dans la maison d'une femme débauchée,
nommée Kaliab, et se reposèrent chez elle, sacy,
Ilible, Jmué, ii, t. || Substantivement. C'est un
parfait débauché. Le débauché se rit des di.scours
de son père. Et, dans vingt et cinq ans venant à se
changer, Helenii, vigilant, soigneux et ménager,
De ces mêmes discours ses fils il admonêle, Qui ne
font que s'en rire el que hocher la tête, bRgsier,
Sat. V Ilientôt son hôlesse nouvelle. Le prê-
chant, lui fit voir qu'il était auprès d'elle Un vrai
disisipateiir, un parfait débauché, BOiL. Sal. x.
Il i;n agréable débauché, homme agréable dans la
débauche de table. Polimon fut un de ces agréa-
bles débauchés, dont la ville d'Athènes fourmillait,
niiiER. Opin. ries anc. pln'l. Platonisme. \\ 3° Dé-
tourné du travail, du drapeau. Des ouvriers débau-
chés de l'atelier par l'appât d'un salaire plus élevé.
Les soldats étrangers , débauchés par des émis-
.saires, quittaient en foule son service. || En bonne
part, entraîné en quelque partie de plaisir, en
quelque distraction. Mme de Coulanges me presse
[d'yaller] d'un si bon ton, que me voilà débauchée,
SËV. 342.
t BÉBAUCnÉE (dé-bô-chée), s. f. Mot employé
quelquefois pour désigner l'heure de la cessation jour-
nalière du travail des ouvriers des arsenaux.
— ÉTYM. Di'bavcher.
t DÉBAUCIIEMENT (dé-bô-che-man), *. m. Ac-
tion de débaucher.
— HIST. xvr s. Pour remédier à toutes occasions
de desbauchement, et avoir une conduite certaine,
il regarde à ce que Dieu lui montre, Calvin, 2C5.
Quelque part qu'on soit , on rencontrera des occasions
de malfaire et déhanchement tant et plus, m. 274.
— ÉTYM. Débaucher.
DÉBAUCHER (dé-bô-ché), V. a. \\ i' Jeter dans la
débauche. Les mauvaises compagnies l'ont débauché.
Il 2° Détourner une femme, un mari de ses devoirs,
une femme libre, fille ou veuve, de la bonne con-
duite. Photin dont il avait débauché la femme,
BOSS. Ilist. I, 4 4. Si un maître débauche la femme
de son esclave, ceux-ci sont tous deux libres ,
MONïESQ. Esp. XV, 4 2. Je n'ai débauché le mari
d'aucune femme, je n'ai jamais attiré dans mes
filets aucun jeune homme, raynal, Ilist. phil.
xvii, 21. Il Se dit aussi d'une personne qui, dé-
tachant d'un commerce de galanterie une autre
personne, l'attire à soi. Il venait de lui débaucher
la comédienne, hamilt. Gramm. xi. 'lu m'as dé-
bauché de Timante, brueys, Muet, i, 7. || 3° Dé-
tourner d'un travail, d'une occupation. Débaucher
un ouvrier, un domestique. Il y a quelque autre
chose qui vous débauche tous de mon service , vau-
GEL. Q. C. 668. Cela n'est ni beau ni honnête de
nous débaucher nos laquais, mol. Préc. 46. Faisons
défense à tous fabricants, contre-maîtres de fabri-
que.... de débaucher directement ou indirectement
aucun ouvrier forain ou domicilié, et même de lui
donner de l'ouvrage, qu'il n'ait.... Leit. patent, du
42 sept. 4781, art. 6. || Fig. Son irrégularité me dé-
bauche; je la condamne et je l'imite, sÉv. 446.
Il 4° Provoquera la défection. II débauchaitparpro-
messes et par argent les troupes mêmes de l'empire,
FLÉcii. i/wt. de Théod. I, l7.Ptolémée vint par mer
sur les côtes de la Cilicie, et employa toutes sortes
de moyens pour lui débaucher les Argyraspides
[troupes d'élite dans l'armée macédonienne], rollin,
Ilist. anc. Œuvres, t. vu, p. 4 22, dans pougens. Chaque
parti tâchait de débaucher les alliés de l'autre, ver-
TOT, Révol. rom. xi, p. 98. Des vaisseaux qu'il en-
voyait pour débaucher une partie de la flotte, sÉv.
470. Il Par extension. Dépenses [de Fouquet] qui al-
laient à se fortifier contre lui [le roi] et à lui dé-
baucher ses sujets et ses domestiques, chapelain,
Lett. à Mme de Sévigné, dans l'édition de sévigné,
donnée par Adolphe Régnier, t. i, p. 428. |{ 6° En
bonne part, faire quitter un moment le fravail
pour le plaisir. Un de ces jours j'irai vous débau-
cher. M. de Termes nous mène dans son carrosse, et
j'ai aussi débauché M. Hessein pour faire le qua-
trième, BAC. Lett. à i?ot;eau,26juillet 1687. lie'Se
débaucher,», ré/î. Se jeter dans la débauche. On se
débauche, et la jeunesse Ne songe plus à s'exercer.
Et ne fait que son temps passer, scahron, Virg, Irav.
IV. 117° Quitter ses occupations. Étant jeune, je me
débauchai de mes études avec quelques-uns de mes
camarades; nous fîmes dessein de nous en aller en
DÉB
pèlerinage à St-Jacqiies en Galice, secrais, lie ima-
(jiruiire. t. 11, p. 4 80. || En Jxinne part, te délasser par
qurlque plaisir, par quelque distraction.
— HIST. xiv s. Graiis gens aveuc lui se débau-
chent, Droit vers Lille en Flandres chevauchent,
0. GUIART. ms. f" 273, dans lacubne. || xV s. Quant
cnmpaignons sont desbauche/.. Us ne cerchent que
compaignie , villon , la Repue de Monlfnucon.
Comme par delà [à Gênes] ils soyent moult jalouce
geni, ny n'ont derir que on leur aille desbaiicher
leurs femmes, de cesluy leur est bien advenu, Hnu-
ciii. IV, ch. 7, Il XVI' s. Il y a partout de> scaml'iles
et tentations à se desbauclier. cai.vin, 271. Il fol-
lastrera, il se desbaucliera avec son prince, mont.
1, 486. Ils les ont pnnses |les passions] comme tem-
pestes qui desbauchenl honteusement l'ame de sa
tranquillité, m. 11, 32b Les organes et instru-
mens, lesquels estant détraqués et desbauchés, l'ame
ne peut bien et reigUmunt agir.... chabko.n, i'a
gesse, i, 1*.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et un ancien mot bau-
che, qui a le sens de lieu de travail, atelier : noim.
se débauclier , se désoler ; wallon, di.^bdchi. L'ori-
gine de bauche esi inconnue; comparez bauge, em-
baucher.^ et aussi ébaucher.
DEBa'uCHEUR, EUSE (dé-bfl-cheur, cheûz*),
s. m. et f. Celui, celle qui excite à la débauche.
— HIST. xvi* s. Loui^, duc d'Orléans, grand de-
baucheur des dames d»la cour, bbant. dans ieDicl.
de DociiEZ.
— ÉTYM. Débaucher.
t DÉBELLEK (dé-bèl-lé), V. a. Vaincre, réduire.
Je vous assure qu'elle est débellée, commedit M. de
Coulanges, sÉv. 3o. Tout le monde applaudit, et la
maréchale encore débellée [c'est-à-dire nouvelle
défaite de la maréchale], «m. 620. La nullité d'une
cour entièrement débellée et asservie, st-sim. 203, 4 4.
Avec tous ces vices sans mélange d'aucun vestige de
vertu, il [le duc de Crammonl] avait débellé la cour
et la tenait en respect, id. 468, 203. || Terme vieiUi.
— HlST. XIV" s. Remembre toi que tu dois savoir
ces peuples gouverner, espargneraux subjects etde-
beller les orgueilleux, oresme, Prol. || xv s. Pour
debeller tous ceux qui voudroient le contraire, mons-
trel. I, "0.
— ÉTYM. Lat. debellare, de de marquant la fin,
et bellum, guerre (voy. belliqueux).
t DEBENTUR (dé-bin-tur), s. m. Terme de l'an-
cienne administration financière. Quittance donnés
par les officiers des cours souveraines quand ils re-
cevaient leurs honoraires.
— ETYM. Celle quittance était ainsi nommée
parce qu'elle commençait par ces mots latins : de-
bentur mihi, me sont dus.... de dtbere, devoir.
DÉBET (dé-bè), s. m. Terme de finance. Ce qui
reste dû après un arrêté de compte. Voici le débet
de votre compte. Un arrêté de nos débets récipro-
ques. Être en débet, n'avoir pas pu solder un compte
complètement. Déclaration et commission sur les
débets de quittances, débets de clairs et autres par-
ties. Commission du roi, 3 avril 1669. || Payer une
charge en débet, la payer en acquittant les dettes
du vendeur. || Acte enregistré en débet, enregistré
sans payement immédiat des droits.
— REM. Ce mot est tout à fait francisé même par
la prononciation.
— ÉTYM. Mot latin, débet, il doit; de debcre (voy.
DEVOIR , rerbe ) .
DÉBIFFÉ, ÉE(dé-bi-fé, fée), part, passé. Visage
débiflé. Traits débifTés. Il est tout débiffé. Estomac
débilTé.
DÉBIFFER (dé-bi-fé), r. a. Terme très-familier.
Mettre en mauvais état.
— HIST. xvi* s. Au reste sont plus esgrilTées, Plus
usées et desbiffées. Que les vieilles chausses d'ung
poste, ]. HAR. v, 246. En laissant ces deux articles,
tout ce qu'on pourra prescher ou disputer de la foy,
sera bien maigre etdesbifé, voire du tout inutile,
CALV. Instit. 4 69. Laissant en aller cette armée de-
liitTée à la Charité, où les trouppes se refaisoient,
h'aub. Hist. 1,326. L'armée , tormentée des eaux, des
mauvais chemins et de la faim, commença à se debi-
fer, iD. ib. ni, 69. Une armée ainsi desbilTée entre-
prend de courre après une autre fraische, gaillarde,
reposée, id. iv, 26. Les fermiers vous rendront vos
maisons debilîées, o. de serbes, 63. Le charpentier
ne joignit pas bien ces ais au commencement; re-
gardez comment ilz se debiffent maintenant, pai.s-
grave, p. 662. Je TOUS trouve depuis peu de joun
changé, hâve, deffait, dibiffé, cuolières, Contts,
t. I, Matinée 9.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et biffer.
DËBILE (dé-bi-l'), adj. Qui manque de force.
DËB
nu physique et au moral, ô débile raison, où est
ores ta bride? Où ce flambeau qui sert aux personnes
de guide? bégnieh, Sat. ix. Contre ce double effort
débile est ma vertu , id. Dial. Débile et mal remis
encor de la faiblesse Où ma perte de sang et ma chute
me laisse, botrou, Yenced. iv, 2. Ses altrails,
oon esprit, sa politique habile, Du prince ont sub-
jugué la volonté débile, rotrou, Béiis. i, t. Vil es-
clave de femme, esprit Uclie et débile, m. Antig.
nr, 6. Débile secours, tristan, Pantliée, 11, 3. Son
coup [de la tentation] est pour les uns rude, ferme,
pressant, Pour les autres débile et mol et languis-
sant, corn. [mit. I, (3. Son courage sans force est
un débile appui, id. Jlor. iv, 2. Sire, ne donnez
rien à mes débiles ans, id. ib. y, 3. Débile vail-
lance, in. Médée, v, 7. Je vous remets, mon fils, ces
honneurs souverains Que la vieillesse arrache à mes
débiles mains, VOLT. Alx. i, 1. Dans mon âge débile
Les dieux ne m'ont donné qu'un courage inutile,
ID. Brutus, IV, 6. Débile audace, id. Triumv. iv, (.
Aucun ne se présente à ma débile vue, m. Mérope,
m, >. C'est pour vous-même ici que ma débile voix
Vous implore aujourd'hui pour la première fois, id.
Fanât, iv, 4. Il fait bâtir une maison de pierre de
taille.... dont il assure en toussant et avec une voix
faibleetdébdequ'onneverrajamaislafin.LABRUY.xi.
Le débile et dernier effort qu'il [Voltaire] faisait pour
lui plaire [au public], Irène, fut applaudie comme
l'avait été Zaïre, marmont. Mém. liv. x, t. m,
p. 208. Sois heureux, et surtout aime un ami qui
t'aime ; Ris de son cœur débile aux désirs condamné,
De l'étude aux amours sans cesse promené, A. ciiÉN.
Élég. 2). Son bras maigre cherchait le mien, Et
mon verre, en touchant le sien. Se brisa dans ma
main débile, a. de musset, Poésies nouv. Nuit de
ddc. Il Terme de botanique. Dont la tige est trop grêle,
trop faible pour se soutenir seule ei sans appui.
— IIIST. XV' s. Nostre misérable chair est toute
malade et toute paresseuse et somnolente et débile
à te prier, gerson, dans le Dict. de dûchez. || xvi* s.
D'autant que tu es plus débile en toy. Dieu te reçoit
tant mieux, calvin, Inslit. (oo. Dieu aide et sub-
vient à notre volonté débile, id. ib. 2)3. Les lianes
des bastions se peuvent emboucher ou briser, quand
les espaules sont débiles, langue, 337. Ouoyqii'il fust
de nature débile, et de petite et foible complexion,
ai ne laissa il pas pourtant d'estre vaillant homme,
AMYOT, Catim, 4 2. Et si avoit d'avantage la voix foi-
ble et clebile, ID. Di'mosth. 9. 11 y en a qui prennent
la différence des fièvres, de l'intension de leur clia-
leur, appellant les unes brusiantes, et les autres tie-
des et débiles, paré, xx, 6. Leurs femelles [des al-
cyons] ne recognoissent autre masie que le leur
propre.... s'il vient à esire débile et cassé, elles le
chargent sur leurs espaules, le portent partout, et
le servent jusques à la mort, mont, ii, 107.
— ÉïYM. Dourguig. débille, Il mouillées; du la-
lin àel/iit's, faible. Cefct/e a été refait postérieurement
sur le latin; dehilis ayant l'accent sur de, la forme
ancienne serait diehle ou dcble, comme fieble, fe-
ble (faible), de fli'bilis;e{ en effet le mot se trouve,
mais en composition avec la préposition en :
[Ceux].... ki feble Sunt par lur veillesce e ende-
ble, marie. Purgatoire, 39i. Le latin debilis est
dans le même rapport avec dc!<eo (voy. devoir), que
/ia(;i7iî avec habeo, et signifie proprement: celui
qui n'a pas, qui manque de....
Uf.DlLEJlENT (dé-bi-le-man) , adv. D'une manière
débile.
— KTYM. Débile, et le suffixe ment.
t DÉIllLITANT, ANTK (dé-bi-li-tan, tan-t'), adj.
Terme de médecine. Oui est propre à débiliter, à
diminuer l'énergie des organes et particulièrement
celle des muscles. Remède débililanl. Diète débili-
tante. Il S. m. Les antiphlogistiques sont des débib-
tants.
_ DKniLlTATIO\ (dé-bi-li-ta-sion), s. f. Action
ù'ôter les forces; résultat de cette action.
— HIST. XV" s. Iji debilitaiioM du corps et du cer-
veau, GERSON, dans le Uict. de uochez. || xvi* s. De-
bililatiouH de membres, gouttes, véroles, langue,
62». Un cognijist une delnliiation de forces, tou-
chant le poulx, PARE, lulrod. 23. U y en a qui ont
jugé la goutte estre une fioidpur et congélation de
sans, qui cause et nourristladebililatioii et foiblesse
des membres, noël du fail. Contes d'Eulrap. ch. ft.
— KTYM. l'rovBiiç. debililaiio; espagn. debilita-
cwti; liai, debilitaiione i du latin de6titlo(tone/rt,de
debililnre, débiliter.
t. IIKBILITÉ (dé-bi-li-té), s. (. Êlat débile, man-
que de force. Une extrême débilité. La débilité du
corps. La débilité de la vieillesse. ||Kig. La débilité
lie 1'e.sprit. La débilité du pouvoir.
DÉB
— HlST. XIV' S. Semblablement est-il de toute fe-
blesce , débilité ou laidure ou perdicion d'aucun
sens ou d'aucun membre, oresme, Eth. 74. Et des
espèces de incontinence une est appellée prevola-
cion et l'autre débilité ou feblesce, id. 16. 210. La
faulseté et la débilité des principes, id. r/ièsc de meu-
nier. Il XVI' s. Ce nom luy fut donné par les autres
enfans ses compagnons pour la débilité de sa per-
sonne, AMYOT, Démosth. 0. Quand je me treuve con-
vaincu,par la raison d'aultruy, d'une opinion fausse,
je n'apprends pas tant ce qu'il m'a dict de nouveau
et cette ignorance particulière (ce seroit peu d'ac-
quest) , comme en gênerai j'apprends ma débilité et
la trahison de mon entendement, mont, iv, 24s.
— Etym. Provenç. de6iii(a(; espagn. debilidad;
ital. debîittd; du latin debilitatem , de debilis , débile.
2. DÉBILITÉ, ÉK (dé-bi-U-té, tée), part, passé.
Débilité par ses austérités. 0 cieuxl déjà ma vue en
est débilitée, tristan. Mort deChrispe, v, 4.
DÉBILITER (dé-bi-li-té), v. a. Rendre débile. Dé-
biliter l'estomac. || Se débiliter, v. réjl. Être, deve-
nir débile. Son estomac s'est débilité.
— HIST. xiv s. C'est affoiblir et débiliter la vertu
de la loy, oresme. Thèse de meunier. || xv« s. J'ai
l'estomac débilité Si bien qu'à grant peine il digère,
basselin, xii. Il xvi* s. Us s'efforcent bien d'aller :
mais la chair en partie débilite leur vertu, en par-
tie l'applique à soy, calv. Instit. 660. Parquoy plus
grand capitaine, comme meilleur lucteur, doibt es-
tre réputé celuy qui laisse son adversaire plus débi-
lité, AMYOT, Cimon et Lundi. 6. Il print une grosse
maladie à Demetrius, qui luy affoiblit et débilita
grandement la force et vigueur de son corps, ID.
Démétr. 69.
— ÉTYM. Lat. debililare, de debilis, débile; pro-
venç. debilitar, debelitar; espagn. debilitar; ital.
debilitare.
+ DÉBILLARDEMENT (dé-bi-Uar-de -man, U
mouillées) , s. m. Terme de charpente. Action de dé-
billarder.
t DÉBILLARDER (dé-bi-llar-dé, U mouillées),
V. a. Terme de charpente. Couper une pièce de bois
diagonalement; en retrancher une partie qui a la
forme courbe ou triangulaire.
— ÉTYM Dé, et billard, dans le sens de pièce de
bois, bille.
f DÉBILLER (dé-bi-llé. Il mouillées), v.a. Déta-
cher les chevaux auxquels on fait tirer les bateaux
sur les rivières.
— ÉTYM. Dé, et bille, pièce de bois.
■j- DÉBIXE (dé-bi-n'), s. f. Terme populaire. État
d'une personne qui fait mal ses affaires. Il est tombé
dans la débine.
— ÉTYM. Débiner.
t DÉBINER (dé-bi-né), ». a. Terme populaire.
Mettre en débine ou, en général, dans un désar-
roi quelconque. {| Dire du mal de quelqu'un.
— ÉTYM. Wallon, dibiner, dépérir, dibène, dé-
périssement; rouchi, débiner, s'enfuir, qui vient
du rouchi ou wallon biner, fuir.
DÉBIT (dé-bi; le t se lie: un dé-bi-t achalandé;
au "pluriel, 1'* se be : des dé-bi-z achalandés), s. m.
Il 1° Vente continue qui se fait dans une boutique, dans
un magasin. Il y a du débit dans cette boutique. Le
débit des marcbanilises. Ces étoffes sont hors de
mode, elles n'ont plus de débit. Il fait difficulté de
l'imprimer parce qu'elle n'aura nul débit ici, boss.
Leil. quiet. 371. Nous voulons faire un livre qui aura
pour titre les peines légères et salutaires de l'amitié;
nous le ferions imjirimer, sans que nous craignions
de ruiner le libraire par le peu de débit; tant il est
vrai que peu de gens sont persuadés de cette vérité,
sÊv. Letl. 16 mars 1689. 1| Fig. L'homme est si
proche de soi-même qu'il ne peut trouver d'entre
deux ni d'espace libre pour le débit du conseil
qu'il se veut donner , balz. Premier dise. s. la cour.
Il 2° Commerce en détail et eu boutique des bois-
sons, vin, bière, cidre, eau-de-vie, etc. Débit de
vin. Il Boutique d'un débitant, lieu où l'on débite.
Il 3' Droit de vendre certaines marchandises mono-
polisées par le gouvernement. Tenir un débit de ta-
bac, un débit de poudre. || 4° Terme de commerce.
Partie d'un compte ou l'on porte ce qui a été fourni
à quelqu'un ou payé à quelqu'un (voy. crédit).
Il 5" Coupe de bois selon ses diverses destinations,
par exemple en poutres, planches, échalas, eic.
Il 6° Action de raconter, de réciter. Le récit des
fausses nouvelles, les vagues réilexions sur le gou-
vernement présent, le débit des beaux sentiments,
LA BHUY. V. Il Manière de parler, de raconter, de ré-
citer. Il a un débit )>éiiible, froid. Cet orateur a une
grande netteté de débit. Leurs discours ingénieux
et fleuris, à l'aide d'un débit imposant, soutenaient
DEB
967
l'attention d une assemblée indulgente et disposée
à l'approbation, ST-POix, Ess. Paris, Œuvres, t. m,
p. 445, dans pouGENS. Il Terme de musique. Réci-
tation qui se modifie suivant le sens des paroles.
Un débit chaleureux. || 7° Terme d'hydraulique.
Débit d'une fontaine, d'une conduite d'eau, de gaz,
la quantité qu'elle fournit dans une certaine unité
de temps. L'examen attentif des plis de la courbe
fiuviométrique fail découvrir de petits ressauts qui,
correspondant à des augmentations du débit [du
Rhône], indiquent sans doute l'apport des plaines
durantlesvicissitudesdecettepba.se, fournet, Ob-
serv. sur le lihône, Comptes rendus, Ac. des se.
t. Li, p. 968. L'auteur s'est proposé de déterminer
les hauteurs d'eau et les déhits qui ont lieu suc-
cessivement, par suite des oscillations de la marée
dans une série de profils en travers de la Loire, id.
«6. t. LIV, p. 693. '
— HIST. XVI' 3. Cet article sera pour le débit de
fruictset denrées, dont le père de famille désire
tirer argent, o. de serres, <38.La cognoissancedu
bestail, sa nourriture et sa débile [vente] , seront
toute son estude, id. (5. Dont la débite estd'autant
plus avilée, que moins l'on tire d'argent des choses lé-
gères que des pesantes se vendans au poids, ID. 681.
— ETYM. Génev. débite, vente. On le tire de de-
bitum, chose due; on trouve en effet débile au
xiir s. avec ce sens, Voy. du cance, debiium.
Mais cliosè due et débit ne sont pas même chose ; il
faudrait un intermédiaire. On pense le trouver dans
de'biter.qui, du sens de créditer, aurait passé à celui
de vendre en détail; mais à l'historique il n'a que
ce dernier sens. Un doute reste donc; alors se pré-
sente le latin depulare, débiter : vinum deputandum
vénale, probus, Scol. sur les Géorg. servius, GôU.,
t. II, p. 3C4; il mérite attention.
t DÉBITABLE (dé-bi-ta-W) , adj. Qui peut être
débité, coupé suivant certains procédés. Pour cha-
cun de ces t02 bœufs j'ai constaté le poids vivant
au moment de l'abattage, le rendement en parties
débitables par le boucher.... bai'dement, Comptes
rendus, Acad. des se. t. lu, p. 236.
— ÉTYM. Dc'biter.
t DÉBITAGE (dé-bi-ta-j') , s. m. Action de débi-
ter les bois suivant les formes exigées.
— ÉTYM. Débiter.
DÉBITANT, ANTE (dé-bi-tan, tan-t'), s.m. et f.
Celui, celle qui vend des marchandises en détail.
Il Particulièrement, celui, celle qui vend des bois-
sons. Une débitante de vin, de cidre. Les débi-
tants sont soumis à l'exercice. Il Plus particuUère-
ment, celui, celle qui vend une des marchandises
monopolisées par l'État. Débitant de tabac, de pou-
dre de chasse.
DÉBITÉ, ÉE (dé-bi-té, tée), part. passe.|| 1° Vendu
d'une façon continue. Marchandise débitée. |{ Fig.
Car puisque la fortune aveuglément dispose De tout,
peut-être enfin aurons-nous quelque chose Oui pourra
ilétourner l'ingrate adversité Par un bien incer-
tain à tâtons débité, réomer, Sat. IV. Il 2° Inscrit
en qualité de débiteur. Vous êtes débité de mille
francs sur mon grand livre. || 3' Coupé suivant les
besoins. Bois, marbre débité. || 4° Récité. Un conte
débité avec aplomb. || 5° Versé, en parlant de l'eau.
L'eau débitée par ce tuyau en une demi-heure.
DÉBITER (dé-bi-té), V. 0. || 1° Vendre en détail
ou fréqui'mment. Débiier des denrées. La lettre que
vous débitâtes par tout Paris pour faire croire que le
livre de la fréquente communion.... pasc. Prov. IB.
Ai-jf un lit de plume après vingt ans qu'on me
débite sur place? la bruy. xii. Les libraires ne m'ont
ni envoyé le livre, ni averti qu'ils le débitaient,
VOLT. Lelt. Prusse, 62. || Fig. Débiter sa m^irchan-
dise, avuir du succès, réussir. Pour débiter notre
marchandise, il faudrait faire revenir les Augustes
et les Anlonins, halz. iii\ vi, lett. a. || Il débite bien
sa marchandise, il .sait faire valoir ce qu'il dit. || Ab-
solument, détailler. On ne débite pas dans celle
maison. || Fig. La louange est à prix, le hasard la
débile, RÉGNIER, Sat. xv. || 2° Terme de commerce.
liLscrire quelqu'un comme débiteur d'un article ou
d'une somme. Je vous ai débité de mille francs.
Il 3° Terme de métier. Débiter le bois, le couper de
longueur, après avoir refendu les pièces. |{ Mesurer
les pièces avec la règle et le compas, mirqiier
les grandeurs avec la craie et les approprier aux
difl'éreiiles destinations dont on a besoin. Débi-
ter le bois en planches, en poutres, en cerceaux.
Il Débiter la pierre, la scier pour en faire du car-
reau. Débiter le marbre, le scier suivant les besoins.
Il Débiter un bœuf, le couper en pièces de bouche-
rie. Il 4° Populairement, débiter de l'ouvrage, en
exécuter beaucoup. || 5° Réciter Débiter des vers. Cet
968
DEB
enfant débita très-bien soncompliment. Un comédien
qui débile son rôle. Ces discours iju'il débile avec tant
d'emphase, mass. Carême, J. de l'dq. || Dire,
oiposer, mais avec un sniis péjoratif d'ironie ou de
Wâme. Débiter une morale pernicieuse. Un homme
de mon â(;e a cru légèrement Ce qu'un homme du
tien débile impudemment, corn. Ment, v, 3. C'est
un secret d'amour et bien grand et bien rare; Mais
il faut de l'adresse à le bien débiter, id. ib. i, t.
Tous ces blondins sont agréables et débitent fort
bien leur fait, mol. Avare, m, 8. Débiter dans une
chaire chrétienne de pareilles propositions et s'ap-
puyer sur de semblables preuves pour conclure pré-
cisément de là que très-[ieu entreront dans l'héri-
tage céleste.... bouhd. Pensées, t. i, p. 430. Chacun
a débité ses maximes frivoles, boil. Sat. m. Ils ne
disent point la vérité; car ils ont instruit leurs lan-
gues à délxter le mensonge, sacy, llible, Jérémie,
IX, B. Cydias, après avoir toussé, relevé sa man-
chette, étendu la main cl ouvert les doigts, débile
gravement ses pensées qiiintessenciées, la bruy. v.
Enfin nous qui débiterons peut-être encore des rê-
veries, FONTEN. les Mondes, i" soir. Elle a été vous
débiter mille impostures pour se venger, lesaue,
Turcar. ii, 3. Ce que l'on a débité sur la longue vie
des cerfs n'est appuyé sur aucun fondement, buff.
Cerf. Kuslatlie, disciple de Jamblique et d'Édedius,
l'ut un homme éloquent et doux, sur le compte du-
quel on a débité beaucoup de sottises, dider. Opin,
des anc. phil. Éclectisme. || Absolument. Vertu de
ma vie! comme vous débitez I il semble que vous
ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme
un livre, mol. D. Juan, i, 2. Il [M. Lémery] avait
une facilité merveilleuse h débiter et à mettre en
œuvre son savoir, mairan. Éloges, Lémery.\\ 6°ïerme
de musique. Exécuter un passage de chant, en le
modifiant suivant le sens des paroles. || 7» Terme
d'hydraulique. Fournir une certaine quantité d'eau
en un temps donné, en parlant d'une fontaine ou
d'un cours d'eau. Cette fontaine débite tant de
litres par jour. ||8" Se débiter, u. réfl. Être vendu.
Cette marchandise se débite très-bien. Quand ce
recueil se débitera, sFv. 74. Quand un livre au
palais se vend et se débile, bOiL. Sut. ix. Desden-
rées qui sont à très-grand marché [à vil prix] sur
le lieu et se débiteraient très-bien à dix, vingt et
trente lieues de là, vauuan, Dime, p. 32. |{ Être
dit et répandu. Celte nouvelle se débite de tous
côtés. Le blilme et la louange au hasard se débite,
BÊGNiER, Sat. V. Il Être coupé, taillé. Ce bois se débite
I facilement.
— IIIST. XVI' s. Des gelées si aspres que le vin de
la munition se coupoit à coups de hache, se debi-
loit aux soldats par poids, etc.... mont, i, 261. Ils
[les rois] leur permirent [aux nobles] de donner et
débiter de leurs terres à des païsiins à droits de rente
et de censive, lanoue, 220. Pourveu que ses répa-
rations soient raisonnablement inventées, mieux ne
pourroit-il ilebiier son revenu, o. de serres, 35.
Gardant le reste de ses bleds pour débiter petit à
petit jii.sques à la cueillette, id. 137.
— ËTYM. Débit; wallon, dibiter.
t. DKIIITEUU, EUSE (ilé-bi-teur, teû-z'), s. m.
et/'. Celui, celle qui débite, répand des nouvelles, des
contes, etc. [Le duc de la Keuillade était] fort avanta-
geux, fort hardi, grand débiteur de maximes et de
morale, ST-siM. 91), 55. |{ Il se prend en mauvaise part.
— ETVM Débiter.
2. DEBITEUR, TKICE (débiteur, Iri-s'), s. m. et
/■.[11" Celui, celle qui doit. Un débiteur insolvable.
11 y a (les âmes saies, uniquement occupées de 'eurs
débiteurs, enfoncées et comme abîmées dans les
contrats, les titres et les parchemins, la bruy. vi.
Pour me rendre maître de Kome, je ['>ésar] tia-
vaillai à être le débiteur universel de toute la ville,
FÉN. Dialogues des moris, 42, Pompée, César.
Il Terme de droit. Celui qui est tenu d'une obliga-
tion. Débiteur bypotl.écaire. || 2° yldj. Compte dé-
biteur, compte qui est mis à la page dite débit.
— HIST. xiii* s. Li hoirs s'en pot deffendre envers
les deteurs, qu'il n'est tenus envers eus que de sa
partie, beaum. xiii, ». || xiv" s. Donques il demeure
tousjuurs dehieur, obesme, Eth. :!58. Tu es mes de-
bitors. Cirart de Hoss. v. 2085. || xvi* s. I.a vessie
ne voudra eslre débitrice aux roigiions; l'urine sera
supprimée, rab. l'aitl. m, S. Kepresenlez vous ung
monde aultre, auquel ung chascun preste, ung
cha.scun doibve; tous soyt-nt debteurs, tous soyeiit
presieurs, id. ib. ni, 4. Le facquin disoyt en rien
ne luy e.stre débiteur, m. ib. m, 37. Hz ne ren-
doyent ny le serf fugitif à son maistte, ny le deb-
tuur à son créancier, ny l'homicide au justicier,
AHïoT, Kom. (3.
DEB
— ÉTYM. Lat. débitât, de debere, devoir. Débi-
teur a été refait sur le latin; l'ancienne forme était
drieur; au xvu' siècle les <leux formes étaient en
présence; et les puristes recommandaient do ne dire
que débiteur.
t DÉUITIF, IVE (dé-bi-tif, ti-v'), adj. Terme de
commerce. Compte débitif, compte qui est au débit.
— ÊTYM. Débit.
t DÉnirrER (dé-bi-tè), v. a. Terme de marine.
Détourner le cfthle de la liitte.
— ÉTYM. /V.... [iréfixe, et bi((e.
t DÉBITUMIM.SER (dé- bi-tu-mi-ni -zé), V. a.
Terme de chimie, ôter, enlever le bitume.
— ETYM. Dé ... préfixe, et bitume.
r£l)L.\I (déblè), s. m. |i 1° Les terres, lesdécom-
bres qu'on retire d'un endroit quand on fait un dé-
blayement. Le blaireau a plus de facilité qu'un autre
pour jeter derrière lui les déblais de son excavation,
buffon, B/aiVcau. Il 2° l.e résultat produit par l'enlè-
vement des déblais. Cet endroit de la route est en
déblai, se dit de l'endroit d'une roule où il a fallu
faire un déblai. || 3° Action de déblayer. Le déblai
du terrain. t| Kig. Débarras. Voilà ces importuns par-
tis; c'est un bon déblai. || Très -familier en ce der-
nier sens.
— ÉTYM.Voy.bÉBLAYER; picard, d^btove, débarras.
t DÉBLAIEMENT (dé-blê-man; , s. m. Voy. DÉ-
BLAYEMENT.
t DEBLANCm (dé-blan-chi), s. m. Opération qui
consiste à épuiser une cuve d'indigo de toute la
couleur bleue qu'elle peut fournir.
t DÉBLANCUIR (dé-blan-chir), v. a. Enlever la
croûte qui se forme à la surface des métaux en fu-
sion. Il ôter la croûte d'étain des tables de plomb.
Il Détacher le flan de dedans une pièce de monnaie
à l'aide du coupoir.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et blanchir.
t DÉBLATÉRATION (dé-bla-té-ra-sion) , s. f. Néo-
logisme. Action de déblatérer.
— ÊTYM. Déblatérer.
BEBLATÉRER (dé-bla-té-ré. La syllabe M prend
un accent grave quand la syllabe qui suit est muette:
je déblatère, excepié au futur et au conditionnel),
t!. n. Parler longtemps et avec violence contre quel-
qu'un Il déblatérera contre ses confrères.
— ÉTYM. Lat. deblaterare, de de, et blaterare,
crier, débiter, de blatire, dire.
DÉBLAYÉ, ÉE (dé- blè-ié, iée), part, passé. La
voie ayant été déblayée.
t DÉBLAYEMENT ou DÉBLAIEMENT (dé-blê-
man), s. m. Action de déblayer, d'enlever des terres
pour faire un nivellement, d'enlever des décombres
pour dégager quelque chose. On opère un déblaye-
ment et on en transporte le déblai.
— HtST. xiv's. Tout ce qui sera trouvé au desbla-
vement des chemins, du cange, debladire.
— f.TYM. Déblayer.
DÉBLAYER (dé-blè-ié), je déblaye, tu déblayes,
il déblaye ou déblaie, nous déblayons, vous déblayez,
ils déblayent ou déblaient; je déblayais, nous dé-
blayion-i, vous déblayiez; je déblayai; je déblayerai,
ou déblaierai, ou déblaîrai; je déblayerais, ou dé-
blaierais, ou déblaîrais; déblaye, déblayez; que je
déblaye, que nous déblayions, que vous déblayiez,
qu'ils déblayent; que je déblayasse; déblayant;
déblayé, v. a. \\ 1" Ôter, enlever des terres, des
décombres. C'est lord Elgin qui a fait ouvrir ce mo-
nument et déblayer les terres, chateaub. /(in. 233.
Il 2° Débarrasser un lieu des objets qui l'encombrent.
Déblayer une maison, unecour. || Kig. Déblayer le ter-
rain , aplanir les difficultés. || 3" Se déblayer, t>. rc'/I.
Être déblayé. Ces décombres se déblayeront peu à peu.
— msT. xiv's. Le droit que nous avons, et iioons
avoir de desMaver et de ester tous les empeschemens
qui se feroient tant es voieries comme es chemins....
DU CANGE, debladire. Ichils chevaliers a promis à
tcelle rente warandir, délivrer, défendre etdesblaer
envers tous, id. ib. Le suplianl, pour icelles terres
desblaveretdespoillier en la messon [moisson], ayant
envoyé faussiUeurs pour faussillier son bief, id. «6.
— ETYM. Picard, dcb'aier, ôter les blés coupés
et dél)arra.sser; du bas-latin debladire ou dibladare,
de de, et bladtim, blé (voy. blé) ; proprement ôter
le blé coupé, puis déharrasscr.
t DÉBLÉL'UE (dé-blé-u-r'), s. f. Blé coupé et en-
core sur le champ. Faire défenses Irès-expresses
d'enlever les débiéUres de dessus la terre, vaub.
Dtme, p. (38.
— lliST. XIV* s. Le suppliant gouverna et exploita
les diz héritages, et la desbleure de ceste présente
année 'eva et exploita à son profit, du cange,
debladalio.
— ETYM. /)etioyéT,propr9ment, enlever les blés.
DEB
DÉBLOCAGE (dé-blo-ka-j'), s. m. Terme d'impri-
merie. Action do débloquer, de remplacer les lettres
bloquées ou renversées.
— ÉTYM. Débloquer.
t DÉBLOCUS (dé-blo-kus'), ». m. Terme militaire.
Action de lever ou de faire lever un blocus.
— ETYM. D^.... préfixe, et blocus.
DÉBLOQUÉ, ÉE (déblo-ké, kée), part, patte.
Il 1" La ville débloquée par l'armée de secouri.
Il 2° Terme d'imprimerie. Des lettres débloquées.
1 DÊBLOQUEMENT (dé-blo-ke-man), I. m. Action
de débloquer une ville; résultat de cette action.
— ÉTYM. Débloquer.
DÉBLOQUER (dô-blo-ké), V. a. \\ 1" Terme de
guerre. Oliliger l'ennemi à lever un blocus. Déblo-
quer une place. |{ 2''Terme d'imprimerie. Remplacer
(les lettres bloquées par celles qui conviennent.
Il 3" Se débloquer, v. réft. Faire lever soi-même le
blocus. La garnison battit le corps assiégeant et so
débloqua. || Terme de jeu de billard. Se débloquer,
ressortir d'une blouse après y avoir été bloquée, en
parlant d'une bille.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et bloquer.
DÉBOIRE (dé-boi-r'). s. m. || 1° Goût désagréable
qu'une boi.sson laisse dans la bouche. (Un vin qui] N'a-
vait rien qu'un goût plat et qu'un déboire affreux,
boil. Sat. 111. En couvrant d'un aromate le déboire
d'une médecine, j.j. rouss. ^m. h. Convaincu que ces
drogues ne pouvaient me sauver, il m'en épargna le
délioire, id. Conf. vi. || 2° Fig. Regret, dégoût, mor-
tification. Il lui laissa sentir toute l'amertume et tout
le déboire de mille événements fâcheux, bourdal.
Pensées, t. ii, p. 463.
— HiST. XVI* s Ce prince eut un grand déboire
quand il s'apperçut qu'on jeloit son enseigne par
terre.... Mém. s. Du G. ch. 5.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et boire: un boire qui 6le
l'envie de boire.
t DÉBOISÉ, ÉE (dé-boi-zé, zée) , part, passé. Dont
on a détruit les bois. .Montagnes déboisées.
t DÉBOISEMENT (dé-boi-ze-man), *. m. Action
de déboiser; résultat de cette action. Le déboise-
ment de la France, des montagnes.
— ETYM. Déboiser.
+ DÉBOISER (dé-boi-zé) , v. a. Détruire les bois
ou les forêts qui couvrent le sol. || Se uéboiser, v,
réfl. Devenir déboisé. L'Amérique du Nord se «14-
boise rapidement
— ETYM. W.... préfixe, elbois.
DÉBOÎTÉ, ÉE (dé-boi-té, tée), part, passé. Sorti
de sa boîte, de son articulation, de l'endroit où quel-
que chose est ajusté. Os déboîté. Pièce de menul-e-
rie déboîtée.
DÉBOÎTEMENT (dé-boi-te-man) , s. m. Déplace-
ment d'un os sorti de son articulation. Le déboîte-
ment de l'os du bras.
— HIST. xvi* s. Luxations, c'est à dire deloueures
et desboetures d'os, paré, xiv, i.
— ÉTYM. Déboiter.
DÉBOÎTER (dé-bol-té), V. a. || 1° Faire sortir un
os de son articulation. 11 tomba de cheval et so dé-
boîta le bras. || 2° Démonter, déjoindre. Déboîter
une porte, une cloison. 1| Terme d'hydraulique. Sé-
parer des tuyaux entrés l'un dans l'autre. || 3° Se dé-
boîter, V. réfl. Sortir de son articulation, de son
agencement Les os ne se déboîtent pas sans beau-
coup de douleur. Cette table so déboîte. Il arriva
quehiue temps après que Darius, étant t.mbé de son
cheval à la chasse, se donna une violente enlorse un
pied, et que son talon se déboîta, hollin , Uist,
anc. Œtivres, t. m, p. 60, dans pougens.
— lllST. xvi* s. Par le chemin on voyoit ordinai-
rement valets portez par terre, chevaux esboitez el
recreus, malles renversées, lanole, 555. Ceux qui
sont bien cl.arnus el gras , leurs os ne se deboëttenl pas
si aisément, paré, âiv, 6. Henietlre en leur naturel
les joi notes des membres dénouez et déboîtez, amïot,
Cimon et LucuU. 6.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bolleiu sens d'articu-
lation.
DÉBONDÉ, ÉE (dé-bon-dé, dée), part, passé. Dont
on a Ole la bonde. Un étang débondé. Tonneau dé-
bondé.
DÉBONDER (dé-bon-dé), v. a.\\l' Ôter la bonde.
Déboniler un tonneau, une pièce d'eau. || Fig. Dé-
bonder .son cœur, décharger son ctrur, s'épancher
sans réserve. Je voulus par dépit écouter à la porte;
J'ai l'oreille un peu fine, elle avait le cœur gros,
Elle le débonda d'abord par ses sangloU, quinault,
Mère coquette, i, ». || 2" K. n. S'écouler abondam-
ment et rapidement. L'eau a débondé cette nuit par
une ouverture. || Fig. et familièrement, s'épancher
tout à coup et sans réserve. Tout à coup d i le duc
DEB
l'Orléans] débonda et nous dit ce que nous eussions
voulu ne point entendre, st sim. 252, 133. || 3° Ëva-
vaciier par bas. La médecine le fit débonder. || 4° Se
débonder, t'. réft. Se vider par un écoulement ra-
pide. L'étanff s'est débomlé.
■ — HIST. XVI* s. Le ïui faict desbonder les plus in-
times .secrets à ceulx.... MONT, n, <2 Kt pkis-
tosl desbonder [faire sortir, mettre en campagne]
toute la ville de Paris, que de faillir à l'exécution
de celte entreprise, cahl. ix, *i. Il fun fort] me ser-
viroil de courline pour la ville de Metz, si l'Empire
.se vniiloit desbonder pour la recouvrer, ID. vi, 34.
L'eau de ces rivières ne s'engendre pas petit à petit,
ains se desbonde loutà coup, amyot, P. Aim. 23. La
dcliberalion feut courte : voicy desbonder un second
orage autant animé que l'aultre, mo!*t. m, 2g3.
— Rtvm. W préfixe, et bonde.
nP.HOXDONXfi, ÉE (dé-bon-do-né, née), part.
passé. Kuiaille débondonnée.
t DÉBONDONNKMK.NT (dé-bon-do-ne-man) , s.
m. Action de déhondijnner.
— ETVM. Pi'bfndnnner.
DfiBONDONNER (débon-do-né), V. a. Ôter le bon-
don d'un tonneau.
— ETVM. Dé.... préfixe, et bnndon.
DÉBONNAIRE (dé-bo-nê-r'), ndj. || 1° Qui joint
douceur et bonté. Une humeur débonnaire Votre
courtoisie, ô vainqueur débonnaire, mairet, So-
phon.m, *. L'autre, toutdebonnaire.au milieu du
sénat A vutrancherses jours par un a.ssassinat, corn.
Cinna, ii, I. Il devait vous suffire Que votre pre-
mier roi fiU débonnaire et doux, la fo.nt. Fab.m, 4.
Jésus, le débonnaire Jésus, il plaint nos misères,
mais.... Boss. Serm. Quinq. 2. Autres sont mes plai-
sirs [que ceux de la satire] ; soit, comme je le crois.
Que d'une débonnaire et généreuse argile On ait pé-
tri mon âme innocente et facile.... a. chén. Ép. ii.
Il Par ironie. On n'est pas plus débonnaire que cet
homme. || Mari débonnaire, celui qui ferme les yeux
sur l'inconduite de sa femme. |{ 2° S. m. Ils ont
nommé le débonnaire celui qu'ils n'ont osé nommer
le sot. nALiî. dans bouhours, Nouv. rem.
— HlST. XI' s. Eh! genlilz hom, chevalier de bon
aire, Ch. de Roi. clxiv. || xii' s. [Amour] Me fait
chanter de la plus debonaire Qu'on puist au mont
[monde] ne vouer ne trouver, Couci, ii. Debonere
prison Avez doné [à] mon fin cuer qui vous prie, ib.
J'aira [aime] mieus ainsi souffrir et endurer; Ce sa-
chez bien, debonere au douz nom, ib. x. Gentis
cuens debonaires, dist Lambert de Berif.... Sax.
XXIV. Il xiii' s. Berte la débonnaire, ainsi [je] l'ouï
nommer, Berte, m. Gentis homs deboneres, pour
Dieu car la m'aprent [apprends-la-moi], ib. XLVii. Si
vous dirai par quel reson Le debonere [faucon] tient-
on cras Et le félon tient-on si bas, Lai du conseil.
Le cuer ot [Franchise] dous et débonnaire, la Rose,
1208. Si te dirai que tu dois faire Por l'amour de
la débonnaire De qui tu ne poes avoir aise, ib. ibis.
Il xiv s. Soies courtois et débonnaire, Comme uns
homs estrait de bonne aire, j. bruyant, dans Ména-
gier, t. il, p. H.||xv"s. Jeune, gente, plaisant et
débonnaire, Chargié m'avez d'une balade faire; Or
la vueiiliez recevoir doulcement, cH. d'obl. Bal. 20.
Il XVI' s. Une contenance contente et débonnaire,
MONT. I, (76. Si tu es un dieu débonnaire, voylà de
l'encens, id. i, 229. L'agriculture est un art si hu-
main et si débonnaire, qu'en voyant et oyant seule-
ment , il fait aussitost les gens sçavans, la boétie,
247. D'un naturel humain et débonnaire, id. ssb.
Et cependant ta plume de bonne aire Nous veuille
escripre ung petit mot ou deux, crétin, p. t7î),dans
BAYNOUARD.
— ËTYM. Provenç. de bon aire; ital. dibonaire;
mot composé de de, bon, et aire (voy. aire), qui a
signifié place, extraction, et qui était tantôt mascu-
lin et tantôt féminin. Quand J. Bruyant dit qu'un
homme débonnaire est un homme issu de bonne
aire, il donne l'étymologie et le .sens du mot, qui,
signifiant d'abord de bonne race, s'est particularisé
dans celui de doux, bienveillant.
DÉBONNAIREMENT (dé-bo-nê-re-man ), adv.
D'une façon débonnaire.
— HIST. XII* s. Souffrir m'esteut si debonairement,
Couei, y. || xiu' s. Ensi corne il fu devisé, si fu fait,
et l'otroierent ambedui li baron moût debonnaire-
ment, villeh. cix. Mes ren-toi pris, car ge le vueil,
En pez, et debonnerement, la Rose, t903. Quant
l'abbe s'enfu parti, je vinz au roi et li diz : je vous
weil demander, se il vous plet, se vous avez oy
■lus debonnerement l'abbé de Clygny, pource que
El vuis donna hyer ces deux palefrois, joinv. 288.
J,n ce point que le roy sejournoit en Cypre, envola
T grant roy des Tartarins ses messages à li. et li
1)ICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE,
DÉD
manda moult debonnairement paroles, m. 2il.
Il XV* s. Pour rendre au grand prieur d'Aquitaine
trente mille florins, lesquels il avoit prestes debon-
nairementenl'islede Rhodes, FROiss. iii. iv.69, [Un
éciiyerdii cnmtedeMonl-Ventadourlivrant lechateau
pour 1)000 fr. à Geffroy Tète-Noire] il mit en ^on mar-
ché que son raaislre n'auroit jà mal.etle mettroit-on
hors du chasiel debonnairement, ID. Il, il, 47.
— Etym. Débonnaire, et le suffixe ment; ital.
dibonarinme^ite.
DÉBONNAIRETÉ (dé-bo-nê-re-té), s. f. Qualité du
débonnaire. Sa débonnaireté va jusqu'à la faiblesse.
— KEM. Bouhours dit qu'il y a des gens délicats
qui ne peuvent souffrir ni débonnaire ni débonnai-
reté; pour lui, il ne les admet guère qu'en parlant
de la douceur qui ap])arlienl au chrétien. Aujour-
d'hui ces mots, sans être fort employés, gardent
pourtant leur place.
— HIST. xiii* s. Tant [elle] ot tousjours etl de
debonaireté, Berte, cm. Nous devons apeler le bien-
fet le roi, celui bieiifet qui ist de sa deboneretié,
Liv. de jusl. lO. Si que noz avons veu en aucuns
liex, là il il a esté soufert par debonereté, que ele
|la femme] empnrtoit bien autant de muebles ou
plus comme il demoioil as hoirs ou as exécuteurs,
HEAUM. xiii, 21. Tout soit ce que le [la] deboneretés
du segheur ait soufert qu'il ne soit pasjusticiés du
fut, ID. Lxvii, 49. Le [la] deboneretés du bailli ne
se doit pas estendre vers les malvès, id. ib. Ne por-
quant en cas de crieme ne doit avoir point debonne-
reté, ID. ïb. 83. En ce point me fist un mien chevalier
une grande débonnaireté, qui fut tele.... ioinv. 283.
Il xiv's. Et la vertu moienne, nous l'appelions man-
suétude ou débonnaireté, oresme, Eth. 49. || xv* s.
Tout en la manière qu'il est escriptde la grande dé-
bonnaireté de l'empereur Octavian qui seigneuria
tout le monde, Bouciq. iv, ch. 9. || xvi" s. C'est
l'effect de la débonnaireté et mollesse, mont, i, 3.
La débonnaireté et facilité de complexion, id. i, (97.
Or conte doncques à ceste heure la débonnaireté
de ceste science [l'agriculture], la boétie, 223.
Grand débonnaireté a maints hommes grevé, le
noux DK LiNCY, frov. t. II, p. 303.
— ÉTYM. Débonnaire; ital. dibonarietà.
f DÉBONNETER (dé-bo-ne-té. Le t se double quand
la syllabe qui suit est muette : débonnette, débon-
neltera). || 1° V. n. Terme d'horticulture. Proprement
quitter le bonnet, se dit en parlant des fruits qui
ont grossi assez pour faire tomber l'espèce de bon-
net que leur forme la corolle desséchée. Le raisin
n'a pas encore débonneté, ou n'est pas encore dé-
bonneté, suivant qu'on veut marquer l'action ou
l'état. Il 2° V. a. Crever avec l'ongle le papier qui
couvre l'amorce d'une fusée.
— ETYM. Dé.... préfixe, et bonnet.
t DÉBOQUETER ( dé-bo-ke-té. Le ( se double
quand la syllabe qui suit est muette : je déboquelte,
jedéboquetlerai), v. a. Terme de ponts et chaussées,
ôter les planches qui environnent les pilotis.
DËBORU (dé-bor; le d ne se lie jamais) , s. m.
Il l'Terme de monnaie. La partie d'une pièce qui
passe les bords du fianc. || Partie d'une roule qui
borde le pavé. || La partie de la doublure qui excède
l'étoffe, en forme de passe-poil. || 2" Se dit, dans
quelques provinces, pour la crue des eaux au-dessus
de leurs bords. Le débord du Beuvron. || 3° Par ex-
tension, éruption, en parlant des humeurs, de la
bile. Un débord de bile.
— HIST. XVI* s. Ny le debord de ce dieu tortueux
Qui tant de fois t'a couvert de son onde, dubell.
VI, 56, verso. Les quels, après s'estre enivrez, se
sont battus et tuez, et, par un desbord désespéré,
ont entré aux églises et ravagé.,., carl. viii, tt.
— ETYM. Dé. .. préfixe, et bord.
DÉBORDÉ, ÉE (dé-bor-dé, dée), part, passé.
Il 1° Qui est sorti hors de ses bords. Un fleuve dé-
bordé. Toutes les rivières sont débordées, sÉv. 13.
Il Fig. Ces Scythes vagabonds, débordés dans nos
champs, volt. Irène, i, <.||Fig. Sortir de ses li-
mites. Il n'y a qu'une révolution soudaine et violente
qui puisse ramener dans son cours naturel cette
puissance débordée [le pouvoir absolu des rois], fén.
Tél. xxii. Il 2° Dissolu. Vie, conduite débordée. Il
mène une vie débordée, vauoel. Q. C. i, 10. Cette
lettre [de Gervaise ] était un tissu d'ordures, avec
de basses mignardises de moine raffolé et débordé,
à faire trembler les plus abandonnés, st-sim. fll,
31. Jenni, dans sa vie débordée, avait un profond
respect pour son père et même de la tendresse,
VOLT. Jinni, B. || Substantivement. Vous retenez
dans l'Eglise les plus débordés, pasc. P. Pape, 19.
Un neveu [le duc d'Orléans] qui tremblait devant lui
[le roi], en qui son esprit, ses talents, ses velléités
DÉB
969
légères, et les fous propos de queljues débordés
qu'il ramassait, disparaissaient au moindre mot,
souvent même au moindre regard, st-sim. 409, iib.
Il 3* Une robe débordée, une robe dont le lacet qui
forme le bord de la robe est décousu. || Un lit dé-
bordé, un lit dont le bord de la couverture n'tst plus
replié sous le matelas. || Éciisdébordf s [écus rognés],
MALH. Instr. à son jils. || 4° Une ligne de troupes
débordée, une ligne de troupes au ("elà du lauc de
laquelle l'ennemi s'est avancé. |l V\g. Dépassé dans
les idées, devancé dans les opinions. Le ministère
débordé par le parti qui l'avait porté au pouvoir
DÉBORDEMENT (dé-bor-de-man), s. m. || 1° État
d'un fleuve, d'une rivière qui fianchit les bords
de son lit Les ravages d'un fleuve en son déborde-
ment, ROTB. Relis. 1, 8. S'rabon remarque que. sous
Pétrone gouverneur d'Egypte, lorsipie le déborde-
ment du Nil montait à douze coudées, la fertilité
était fort grande, rollin, lli.st. anc. CEmres, t. i,
p. 28, dans poiJGENS. Il Par extension, évacuation
prompte et copieuse de quelque matière excrémen-
tielle. M. Levasseiir, qui mangeait beaucoup et avec
une extrême voracité, était sujet à des débordements
de bile et à de fortes diarrhées qui lui duraient
quelques jours et lui servaient de remède, j.i.rouss.
Conf IX. ||2"Fig. Irruption de multitudes. Le dé-
bordement des barbares dans l'empire romain. L'Eu-
rope courait risque, si Charles Marlel ne se fût op-
posé à ce débordement d'infiilèles.MAUCiioix, Schisme,
t. I, dans bichelet. || S" Excès des passions, des
crimes. Les fleuves teints de sang.... Par le déborde-
ment de tant de parricides, corn. Potnp. i, t. En
reprochant à ceux qui la composent [une cour] leurs
mœurs corrompues et leurs débordements, bolrd.
Ilomél. sur l'aveygle-né, Dominic. t. iv, p. 608.
Elle a souillé toute la terre par le débordement de
sa passion, sacy. Bible, Jéréinie, m, 9. De ces
écoles publiques de lubricité naissait, comme il ar-
rive toujours, un débordement de vices, mass.
l'anéq. St Louis.\\ Dissolution de mœurs. Vivre dans
le débordement. Pour ses débordements j'en ai chassé
Julie, CORN. Cinna, v, 2. || 4° Effusion. Déborde-
ment de paroles. Vient-on de placer quelqu'un dan»
un nouveau poste, c'est un débordement de louanges
en sa faveur, la bbuy. viii. Quand tu auras es,suyé
ce débordement de ma philosophie, montesq. Leit.
pers. 69. Il Débordement d'écrits, de pamphlets, etc.
se dit d'écrits, de pamphlets, etc. qui se multiplient
et se répandent.
— HIST. XVI* S. La nature s'oublie tellement qu'au
lieu d'une crise elle fait une hypercrisie, et, au lieu
d'une évacuation juste et modérée, fait un desbor-
dement desreglé et pernicieux, paré, xx, tl.
— ETYM. Déborder.
i DÉBORDEMENT (dé-bor-dé-man) , adv. Néolo-
gisme. D'une façon débordée, immorale.
— ÉTYM. Débordé, et le suffixe ment.
DÉBORDER (dé-bor-dé), f. n. |H° Dépasser les
bords, sortir de son lit. La Seine avait débordé et
inondait les prairies Le Tibre en rougit [de sang
romain] et déborda des pleurs Qu'ils nous faisaient
verser au fort de nos malheurs, mair. Mort d'Asdr.
1,1. Pourquoi croyez- vous plutôt que je suis ma-
lade, que de comprendre que toutes les rivières
sont débordées? SÉV. Lett. 12 février 18 90. || Parexten-
sion, faire éruption hors du corps. Les humeurs dé-
bordent. La bile déborde. || Fig. La colère déborde
de son cœur. Son creur est plein, il faut qu'il dé-
borde. Les mauvaises mœurs débordent et menacent
de tout envahir. || 2° Accourir en foule, en multi-
tude. De là vient que Paris voit chez lui [le libraire]
de tous temps Les auteurs à grands flots déborder
tous les ans, boil. Sat. ix. Pour l'étouffer |Ia liberté]
en vain la tyrannie Fait signe au nord de déborder
sur nous, bérang. Malade. \\ 3° Dépasser le bord
d'une autre chose. La plante du pied de l'éléphant
est revêtue d'une semelle de cuir dur comme la
corne et qui déborde tout autour, bukf. Éléphant.
Il 4° Terme de marine. Quitter le bord d'un navire,
en parlant des embarcations. Les chaloupes débor-
dèrent, dés qu'elles virent le feu au brûlot. || Dé-
borde, terme de commandement pour ordonner à
la chaloupe de s'éloigner du vaisseau. || 5° V. a.
Pousser hors du lit, en parlant des eaux. C'est la
Seine en fureur qui déborde son onde Sur les quais
de Paris, malh. vi, 12. ||Peu usité aujourd'hui en
ce sens. || 6° Dépasser par le bord une cho^e. Cett9
pierre déborde lautre de trois centimètres. Les eaux
du Gange qui détordaient déjà leurs rivages, bkrn.
DE st-piebhe, C laiim. ind. || 7° Terme militaire.
Dépasser le flarc d'un corps de troupes. L'avant-
garde de notre 'lotte débordant celle de l'ennemi.
Mais César, accouru des champs de ia Mésie, De
I. ~ 122
970
DIÎB
votre propre nrmée a débordé le flanc, rotbod, Bi-
lii. m. «. Déj», à sa fim\che et & sa droite, il [Na-
polAnnl voyait le prince EiiR'ne et Poniatowski dé-
honter la ville ennemie (Moscou], sRouh, llht. de
Napol. Tlil, 4. Il 8" KiR. Dépasser, aller au delà. Si
vous soulevez le flot populaire, il vous débordera. Les
chefs de l'assemblée constituante furent débordés
par lea sociétés des Jacobins. || 9° Oler la bordure.
Déborder une robe, des souliers. || Déborder un lit,
faire sortir le bord de la couverture repliée sous les
matelas ou au de.laiis du bois du lit. || 10" Etendre
ou étaler les bords d'une peau destinée il faire des
gants. Il 11' Les plombiers disent déborder une table
de plomb, pour dire la dresser en la coupant des
deux côtés. || 12* Terme de marine. Déborder les
avirons, les ôter des tolets. || Déborder les voiles,
en iHrguer les écoutes. || Déborder un vaisseau, en
enlever le borilage. || Déborder une embarcation, la
pousser au large. || IS" Se déborder, v. réft. Monter
au-dessus de ses bords. La mer a beau se remplir
de fleuves, elle ne se déborde point, malcboix ,
Homélies, dans richrlet. Le Rhin s'était débordé
tout à coup, RAC. Lettre à BnUeau, 28 sept. <694.
Quand il [Sardanapale] vit que le Tigre, en se dé-
bordant avec violence, avait abattu vingt stades du
mur et ouvert un passafie aux ennemis, il comprit
le sens de l'oracle et se crut perdu, bollin, llist.
ane. Œuvres, t. li, p. 6) , dans pougens. || Par ex-
tension, faire éruption hors du corps. La bile se dé-
borde. Il Fig. Cet amour-propre s'est étendu et dé-
bordé dans le vide que l'amour de Dieu a quitté,
PASO, dans cousin. Le socinianisme s'y déborde
comme un torrent sous le nom de tolérance, Boss.
Àvert. 6. Pour arrêter la malice qui se déborde,
FLÉCH. Tur. Voilà de quelle source ont dérivé tous
nos malheurs; nous allons les voir se grossir et se
déborder par torrents, jusqu'à nous entraîner dans
la plus profonde ruine, marmont. Mém. liv. xii,
t. m, p. 318, dans pougens. || 14" Faire irruption,
en parlant des multitudes. Ils savent que, sur eux
prêt à se déborder. Ce torrent, s'il m'entraîne, ira
tout inonder, pac. Uilhr. m, i. Il ne put d'abord
arrêter le torrent qui se débordait sur sa patrie,
VOLT. Louis XIV, 10. C'est de la Suède que se débor-
dèrent ces multitudes de Goths qui inondèrent l'Eu-
rope, ID. Charles XI f, <. || 15° Se laisser aller à l'ex-
pansion, à des effusions. Je me déborde quand il
est question de parler de vous, balz. liv. vu, lett. 32.
Il Se déborder en injures contre quelqu'un, l'en ac-
cabler. Se déborder en paroles impures et licencieu-
ses, MAUCROix, Homélie viii, dans bichelet. Leur
éloquence s'est débordée en invectives, BOSS. Dern.
2. Tant qu'ils [les comédiens italiens] n'avaient fait
que se déborder en ordures sur leur théftlre, on
n'avait fait qu'en rire, st-sim. 46, 30. || 16° Faire
sortir, en se remuant dans son lit, le bord de la
couverture de dessous les matelas. Cet enfant se dé-
borde toujours. Il Terme de marine. Se détacher,
en parlant d'un vaisseau, du bord d'un autre qui
l'avait abordé ou du bord d'un brûlot. Voyant le dan-
ger où il était, il se déborda vigoureusement.
— REM. Déborder, v. n., se conjugue avec l'auxi-
liaire oroir, quand il exprime l'action : la rivière a
débordé aujourd'hui; avec l'auxiliaire être, quand
il exprime l'état: la rivière est déliordée depuis hier.
— HIST. XV* s. Et les autres jamais ne furent si
desbnrdez, car ceulx que je pensoye des meilleurs
pour le roy estoient ceulx qui plus le menassoient,
COMM. m. «. Il xvi's. Nous les voyons quasi touts
desbordez en licence d'opinions et de mœurs, mont.
II, 3t3, La rivière, estint fort enflée par ce grand
ravage de pluyes, se desbordoit et regorgeoit en la
plaine d'alentour, amyot, Timol. 38. Il se desborda
de telle furie en ses massacres de Rome, que ses
amis mesmes.... ID. Marins et Pyrrh. 13. Le Mêlas
croisl et desborde ùs plus grands jours d'esté, m.
Sylla, 46. Il se desborda de rechef à vivre volup-
t'jeuscment et desordonéement comme devant, id.
4n(on. 24. Il se doubla bien que les Parthes leur
avoient ainsi desbordé ceste rivière pour les arres-
ter, ID. i6. 53. Quelque fois aussi l'instinct se laisse
aller à la débordée, estant dissolu et desordonné,
ID. De la vertu morale, lo. Comme un torrent dé-
bordé qui emmeine Tects et troupeaux, contreval
par ta plaine, du bei.lav, m, 8, verso. Caligula es-
toit un homme rtesbordé à toute vilanie , u. est.
Apol. pour llérod. l'r-^f. p. xvii. dans laci'RNE.
— f.TYM. W.... préfixe, etbord.bourguig.dc'fcod^.
t DEBORDKUR (dé-bor-deur), j. m. Terme de
mégissier. DéUonleuses de peaux d'agneaux, ou-
vrières qui. tenant la peau de la main droite, cou-
pent avec des forces la laine sur la main droite.
+ DÊBOKDOIR (dé-bor-doir), *. m. Outil dont les
DÉB
plombiers se servent pour déborder. || Bass'n dans
lequel l'opticien travaill» les verres de lunettes.
t DP.BDS.SKLKR (dé-bo-selé. L'I se double quand
la sylhibe qui suit est muette : je débosselle, je dé-
bossellerai),», o. Terme de métiers. Détruire ou effa-
cer des bo.sses.
— Rtym. Dé.... préfixe, etbosse (bosselure).
t DÉBOSSER (dé-bo-sé) . V. a. Terme de mer. Dé-
marrer la bosse qui tient le câble.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et lio.i.ie.
DÉBOTTÉ, EE (dé-bo-té, tée) , part, passé. X peine
débotté. Us ne sont pas encore débottés [ils arrivent],
SÉV. (79. Il Substantivement. Le moment où l'un
quitte ses l)Ottes, et, particulièrement, le moment
où le prince quitte ses l»iiies. Au vrai, je vois que
la grande affaire de ce sirèle-ci , c'est le débotté et
le petit coucher, p. L. cocR. lelt. Il, 48. Comme il
permettait qu'on l'entretînt librement au débotté,
les harangues du matin y furent toutes ressassées
l'une après l'autre, olivet, Hist.Acad. t. ii, p. <2,
dans POUGENS. || Pris substantivement, on écrit
débotter et débotté.
DÉBOTTER (dé-bo-té), v. o. ||1* Tirer les bottes
à quelqu'un. Son valet l'a débotté. || Substantive-
ment. Le moment de l'arrivée, l'instant où l'on fita
ses bottes. Le débotter du roi. La nature, pour les
courtisans, se borne à l'œil-de-bœuf; la faveur, la
disgrâce, le lever, le débotter, voilà les phénomè-
nes, p. L. COUR. I, 200. Il 2° Se débotter, v. réfl.
Quitter ses bottes. Encore tout poudreux et sans me
déboîter, boil. Épit. vi. U fallut se débotter (que
Porlland se débottât] et revenir tout de suite à l'a-
ris, ST-siM. B4, 4 60. S'il se trouve chez le duc ï^u-
gène, lorsque celui-ci se débotte, Thersite fait un
mouvement pour lui présenter ses souliers, vauven.
Thersite. Ce héros [Bonaparte] gouvernait à cheval,
organisait en poste, et fonda en se débottant un em-
pire qui dure encore, p. L. cour, i, ) 73. Il m'a conté qu'il
passa une fois à Langeron, et qu'il ne voulait pas
s'y débotter seulement; il y fut six semaines, sÉv.
20 juillet 1679.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et botte.
1 . DÉBOUCHÉ, ÉE (dé-bou-ché,chée) , part, passé
de déboucher i. Dont on a ôté le bouchon. Une bou-
teille débouchée. Il Fig. Son esprit.... commençant à
s'ouvrir, n'était point débouché, volt. Éducation
d'un prince.
2. DÉBOUCHÉ, ÉE (dé-bouché , chée) , part. passé
de déboucher 2. Qui s'est avancé hors d'un débou-
ché, en parlant de troupes. Deux régiments anglais
ne purent faire perdre un pouce de terrain aux che-
vau-légers, peut-être plus heureusement débouchés
dans la plaine et mieux placés, st-sim. )2, <38.
3. DÉBOUCHÉ (dé-bouché), s. m. || 1° Extrémité
d'un défilé, d'une gorge, d'une vallée, etc. On tend
les trappes pour les loupsàl'enlréedes passes, au dé-
bouché d'un fourré, chateaub. Amer. <2B. Des tor-
rentsd'eau s'écoulaient en tourbillonnant comme au
débouché d'une écluse, ID. Natch. 7, 32,i. X vingt-
quatre lieues de la mer, au débouché des monta-
gnes, dans une plaine que rien ne domine, furent
jetés en (770 les fondements de la magnifique cita-
delle de Perote, baynal, Hist. phil. vi, 25. Napo-
léon, avec environ six mille gardes et le corps de
Ney réduit à six cents hommes, passait la Bérézina,
vers deux heures de l'après-midi ; il se plaçait en
réserve d'Oudinot et assurait contre les efforts à
venir de Tchilchakof le débouché des ponts, ségur,
Hist. de Napol. xi, 7. || Fig. Expédient pour sor-
tir de difficulté, d'embarras. Chercher un débou-
ché pour se tirer d'affaire. || 2° Endroit, point d'ex-
portation pour les marchandises. L'Amérique est
un de nos meilleurs débouchés. Les Açores, Ma-
dère, les Canaries, l'ICspagne, le Portugal offrent
un (lél>ouché avantageux aux grains et aux bois
de la Pensilvanie, qu'ils achètent avec des vins et
des piastres, baynal, Hist. phil. xvni, B. Si la com-
pagnie n'avait trouvé un débouché d'environ trois
millions en Asie parla route du cap de Bonne-Espé-
rance ou par celle des Philippines, id. ib. v, 33.
Si des événements imprévus empêchaient la compa-
gnie de faire les armements ordi naires, ces marchands
n'auraient nuls débauchés pour leurs toiles, id. ib.
M, 24. Il Fig. Moyen de placement, d'écoulement de
marchandises. Les denrées y sont abondantes sans
aucun débouché au dehors, j. j. rouss. Ilél. i, 23.
Les vins avaient trouvé plus de débouchés que leur
gortt et leur qualité ne permettaient de l'espérer,
kaynal, llisl.phit. ix, 28. Il faut qu'ils [les produc-
teurs] trouvent ce qu'en termes de commerce on
appelle des débouchés, des moyens d'effectuer l'é-
change des produits qu'ils ont créés contre ceux
dont ils ont besoin, ;. b. say. Cours, t840, t. i.
DÉR
p. 340. L'ennui les tuait [des n'gres] parvinirtaine ;
Peste, dil-il [le négrier], quel délwiiiché! bi!rang.
Ségret. || 3° Issue, perspeclive qu'oni les gens pour
faire ou fournir leur carrière. Il s'informe de leurs dé-
bouchés, de leurs ficultés.J.j. rouss. ^m. v. M. Pel-
letier devint conseiller d'État, qui est le débouché
ordinaire des prévôts des marchands, st-sim. 60, 87.
— ETYM. Déboucher 2.
t. DÉBOUCHEMENT (dé-bou-che-man),». m. Ac-
tion d'ôler ce qui bouche. Le débouchement d'un
conduit, d'une bouteille.
— ÉTYM. Déboucher 4.
2. DÊBOUCHEMKNT (dé-bou-che-man), s. m.
Il 1" Point de communication d'un endroit resserré
avec un lieu plus ouvert, .'.'armée fut attaquée au
débouchement de la vallée. || 2° Moyen d'écoule-
ment, de placement de marchandises. En ce sens il
n'est guère usité; on dit débouché.
— ÉTYM. Déboucher 2.
4. DÉBOUCHKR (dé-l>ou-ché) , e. a.|| l°Oter ce qui
bouche. Déboucher une bouteille. || Enlever ce qui
obstrue. Déboucher un passage. X déboucher la porte
il irait trop du vôtre. Faites qu'aucun n'y puisse pé-
nétrer. Et qu'on soit obligé de vous laisser entrer,
Pour faire entrer quelque autre, mol. Remerd-
ment aurai, <6«3. || Fig. La comparaison de ces
deux musiques, entendues le même jour sur le
même théâtre, déboucha les oreilles françaises, i.
3. Bouss. Conf. viii. Il 2" Par extension. Les san-
glots à la fin débouchent le passage, rKgnier,
Ëlég. 6. Il 3° Se déboucher, v. réfl. Cesser d'être bou-
ché. Le conduit se déboucha.
— HIST. XVI' s. Le visage couvert et la teste af-
fublée.... alors Martius se desboucha et luy dit,
AMYOT, Cor. 3B. Les endroits de terre, où l'on ne
fouille point, à faulte d'estre de.sbouchez et remuez,
demeurent inhabiles à engendrer eau, m. P. /Em. 22.
Je metlois le doigt en la playe pour desbouscher la
dite playe du sang coagulé, paré, viii, 32.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et boucher, v. a.
2. DÉBOUCHER (dé-bou-ché), v. n. || 1° Sortir il'un
endroit resserré. L'armée déboucha au point dujour.
L'infanterie russiennedébouchanlde ses lignes venait
attaquer celles de Charles [XII], volt. Charles Xll,
4. Il St-Simon s'en est servi activement en ce sens:
Le premier des pairs débouche la lanterne [espèce de
loge ou de cabinet, dans la grand'chambre du par-
lement!, en même temps que le premier président
débouche celle de la buvette, 374, 8. Cela ne se dit
plus. Il 2° Avoir son embouchure. Le Rhône débou-
che dans la Méditerranée. La Loire débouche dans
l'Océan. || Par extension , on dit qu'une rue, un
boulevard, débouche sur telle place.
— ÊTYJl. Dé.... préfixe, et bouche dans le sens
d'orifice; comparez débouquer, qui en est une
autre forme, et l'italien s-boccare.
t DÉBOUCHOIR (dé-bou-choir). s. m. Outil de
lapidaire, servantà repousser la queue de la coquille
quand elle est cassée.
— ÉTYM. Déboucher 4.
DÉBOUCLÉ, ÉE (dé-boii-klé, klée), part, passé.
Dont on a ôté la boucle. Des souliers débouclés.
DÉBOUCLER (dé-bou-klé), v. a. || 1" Dégager, dé-
tacher l'ardillon d'une boucle. Déboucler une cein-
ture. ||(5ter une boucle, di faire des boucles. || Dé-
boucler une jument. Ôter les boucles qui empêchent
qu'elle ne soit saillie || Déboucler un prisonnier,
lui ôter ses fers. || Terme de marine. Déboucler un
port, en dégager l'entrée. || 2° Déranger les boucles
d'une chevelure, défriser. Déboucler des cheveux.
Il 3° Se déboucler, v. réfl. Être débouclé. Vos sou-
liers se débouclent. Certains cheveux se débouclent
par l'humidité.
— HIST. xv[«s. Le peuple avoit espéré sur vostra
parole que vous del>oucleriez la rivière, et rendriez
les chemins et le commerce libre. Sat. Uén. p. 94.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et boucle; bourguig. de-
blouké; picard, débtouker.
I.DÉUOUILLI, lE (dé-hou-lti, llie, {{mouillées),
par(. pnss(' de débouillir. Etoffe délwuillie.
2. DÉBOUILLI (dé-lwu-lli, |{ mouillées, et non
dé-bou-yi), ». m. Terme de teinturier. Action de dé-
bouillir une étoffe. I.e débouilli fait reprendre aux
étoffes de soie leur première blancheur. Ordonnons
aux gardes-jurés de faire de fréquents débouillis
pour reconnaître la qualité des teintures, Lelt. pat.
22 juillet 1790, art. 14, C/inmpojne. || Par exten-
sion. Les Chinois ont substitué aux l.iines teintes
dont l'air, ce terrible déhouilli, ne tarde pas à man-
ger les couleurs, les plumes des oiseaux qui sont
plus éclatantes, plus durables, dider. ^ufon dt
4765, Œuvres, t. XIII, p. 387, dans pougehs.
— tTm. Débouilli t.
DÉB
DEB
DÉB
91\
OËBOUILLIR (dé-bou-Uir, Il mouillées, et non
dé-bou-yir), je débous, tu débous, il débout, nous
débouillons, vous débouillez, ils débouillent; je
débouillais; je déboiiiUis; je débouillirai ; je dé-
bouillirais; débous; que je débouille; que je dé-
bouillisse; débouillanl, déliouilli, v. a. || Terme de
teinturier. Mettre à l'épreuve la bouté d'une teinture,
en faisant bouillir quelque échantillon dans un mé-
lange de plusieurs drogues. |l On fait aus.si débouillir
les étoffes de soie pour les reteindre. Us font, comme
nous, déliouiUir la chaîne à fond, mais ils ne cui-
sent la trame qu'à demi, raynal, llist. phil. v, 28.
— ËTYM. né.... préfixe, et boviUir.
t DEBOI'II.LISSAGE (ilé-bou-Ui-sa-j', Il mouil-
lées), s. m. Terme de teinturier. Action de débouillir.
DfinOL'Ol'É, ÉE (dé-liou-ké, kée), part, passé.
L'escadre déhouquée, c'est-à-dire sortie d'un débou-
quement. d'un détroit.
DÊBOrOUEMENT (dé-bou-ke-man) , J. m. || 1° Ac-
tion de débouquer. {| 2" Canal, détroit, passage entre
des tics.
— ETYM. Débouquer.
DÊBOrQUER (dé-bou-ké), v. n. Terme de marine.
Sortir des houclies ou des canaux qui séparent les
ties. La saison qui nous contraignait de regagner le
Petit Goave pour débouquer avant le <o septembre
à causa du mauvais temps, le comte d'estrées,
dans JAL. Quatre vaisseaux marchands ont débouqué
avec nous et me donnent moyen d'avoir l'honneur
de vous écrire, id. ib.
— REM. Débouquer se conjugue avec l'auxiliaire
avoir, quand il exprime une action : l'escadre a dé-
bouqué aujourd'hui ; et avec l'auxiliaire cice, quand il
exprime un état : l'escadre est débouquée depuis hier.
— ËTYM. Dé.... préfixe, et bouque pour bouche;
c'est une autre forme de déboucher 3.
i DÉBOURBAGE (dé-bour-ba-j'), s. m. Terme de
métallurgie. Action d'ôler la bourbe, la gangue. rtidé-
bourbage mécanique ou lavage des minerais dans des
cylindres en forme de troncs de cônes horizontaui.
— ÉTYM. Débourber.
DÊBOURBÊ, ÊE (dé-bour-bé, bée), part, passé.
Une voiture débourbée.
DÉBOURSER (dé-bour-bé), v. a. \] 1° ôter la
bourbe. Débourber un étang. || Tirer de la bourbe.
Débourber une charrette, une voiture. || Débourber
et aussi faire débourber le poisson, le mettre dans
l'eau claire pour qu'il perde le goût de bourbe. || Sou-
tirer le vin après que la fermentation a cessé. || lJ''Fig.
Tirer d'une position inférieure. Ce fut ainsi que l'en-
nemi de Pont-Chartrain [Colbert] débourba son fils
par une sorte de nécessité, st-sim. C9, 43». || 3° Se
débourber, v. réft. Sortir de la bourbe. La voilure
se débourba à grand'peine. (i Fig. Sortir d'une posi-
tion embarrassante. La grossièreté de la variation
[des discours de Villars] sautait aux yeux, mais l'em-
barras de choisir un autre général sautait à la gorge,
et l'heureux Villars se débourba, id. 277, 236.
— HIST. XVI' s. Us en ont dans les bottes bien avant,
et sera prou di fficile de les desbourber, Sat.Mén.p. 1 06.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bourbe.
t DÉBOURBOXNER (dé-bour-bo-né) , V. a. Terme
d'histoire de France. Chasser les Bourbons pour
mettre à leur place les Guises.
— HIST. XVI' s. Il n'estoit jà besoin que nos curez
nous preschassent qu'il falloit nous desbourber et
desbourlionner, Sat. Mén. Harangue d'Aubray.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et Bourbon.
t DÉBOURGEOISÉ, ÉE (dé-bour-joi-zé, zée),
pari, passé. Qui a perdu les manières bourgeoises.
Ce jeune homme est tout à fait débourgeoisé.
t DÉBOURGEOISER (dé-bour-joi-zé), v. a. Faire
perdre à quelqu'un les manières bourgeoises. Il est
vrai que je n'ai pas mon pareil pour débourgeoiser
un enfant de famille, regnard. Retour imprévu,
se. 6. Il Se débourgeoiser, v. réfl. Quitter les ma-
nières bourgeoises.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bourgeois.
DÉBOURRÉ, ÉE (dé-bou-ré, rée), part, passé.
Dont on a ôté la bourre. Un fusil débourré. Une pipe
débourrée. || Fig. Qui a perdu son ignorance, sa ru-
desse première. Un paysan débourré.
DÉBOURRER (dé-bou-ré), v. o.|| 1° ôler la bourre.
Novion fil débourrer le banc des pairs à huit pieds
de long près le coin du roi, st-sim. 374, 30. || Dé-
bourrer une pipe, ôter le tabac qu'elle contient.
Il Débourrer un fusil, ôter la bourre qui retient la
charge. Il 2° Fig. Débourrer un jeune homme, lui
donner les manières, les habitudes du monde. Aussi,
pour débourrer mon esprit et mon cœur, de bièvre,
Séducteur, m, ». jj Terme de manège. Débourrer un
cheval, assouplir ses mouvements. || 3° Fig. Se dé-
bourrer, V. réft. Perdre des manières incultes et se
façonner à celles du monde. || Débourrer sa pipe.
Attendez que je me débourre.
— ETYM. Dé.... préfixe, et bourre.
DÉBOURS (dé-bour ; l's ne se prononce pas et ne
se lie pas: des dé-bour excessifs),*, m. Argent avancé
pour le compte d'un autre. le ne suis pas rentré
dans mes débours. || On dit plus souvent aujourd'hui
déboursés.
— HIST. xvi's. Les fruicts sont acquis au retrayant
dujourdel'ailjournement.desboursou garnissement
qu'il aura fait desdeniers du prix principal du conlract
et loyans coûts, Coulumier génér. t. i, p. IU24.
— ETYM. Voy. DÉBOURSER.
DÉBOURSÉ, ÉE (dé-bour-sé, sée), part, passé.
Argent déboursé. || S. m. plur. Argent dépensé pour
frais, pour avances. Ses déboursés ont monté très-
haut. I) Dans les frais des officiers ministériels, on
distingue les honoraires et les déboursés.
DÉBOURSEMENT (dé-bour-se-man), s. m. Action
de débourser.
— HIST. XVI' s. Déboursement, marot, ii, 98.
— ÉTYM. Débourser.
DÉBOURSER (dé-bour-sé), v. a. Tirer de l'argent
de sa bourse, de sa caisse pour un payement. Les
soixante pistoles qu'il a déboursées pour moi, fioss.
Lett. »*. Il Absolument. Car aux faveurs d'une belle
il eut part Sans débourser, la font. F. avare.
— HIST. xvi* s. J'aurois honte de desbourser [dé-
penser] avec vous et ne rembourser pas ce que je
dois à cestui-ci, amyot. De la mauvaise honte, <3.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bourse.
DEBOUT (de-bou ; le t se lie : de-bou-t ou cou-
ché), adv. Il I' Il se dit de ce qui est dressé et posé
sur un de ses bouts. Mettre une colonne, un ton-
neau, une table debout. Il Pièce de bois placée debout,
pièce placée de manière à résister suivant le sens
des fibres du bois. || Être debout, être encore de-
bout, se dit des choses qui ont échappé à une des-
truction presque inévitable. Us vivent cependant et
leur temple est debout, bac. Athal. ii, 5. Nos cosa-
ques n'auraient pas laissé une chaumière debout,
BERK. DE ST-p. Voy. cti Silésic. Il Fig. Ce vieU em-
pire était encore debout. Ce marchand, en dépit
des perles qu'il a faites, est encore debout. || 2" Être
droit sur ses pieds, en parlant d'une personne. Se
tenir debout. Debout ou assis, on peut donner un
mauvais jugement, mol. Critique, 6. Le roi et la
reine mangent tristement; Mme de Richelieu est
assise, et puis les dames, selon leurs dignités, les
unes assises, les autres debout, SËV. IjCtt. 22 janv.
1674. Debout à ses côtés le jeune Ëliacin Comme
moi le servait en long habit de lin, bac. Athal. ii,
2. Alors, la femme se tenant debout devant le sei-
gneur, le prêtre lui découvrira la tête, sacy. Bible,
Nombr. v, )8. Entrons ; d'être debout à la fin on se
lasse, boursault, Uerc. gai. li, 8. Nous avons dîné
debout, remettant de manger mieux et plus à notre
aise au soupe dans notre nouveau gîte, Marivaux,
Paysan parv. t. i, 2' part. p. 66, dans pougens.
Tout un peuple debout sur le seuil les attend, c. de-
lav. la Popularité, iv, 6. || Debout, loc. interj.
Lève-toi, levez-vous. Le sommeil sur ses yeux com-
mence à s'épancher; DeboutI dit l'Avarice, il est
temps de marcher, boil. Sat. viii. Debout [à une
fille qui était à genoux] I Plus votre coeur répugne
à l'accepter. Plus ce sera pour vous matière à mé-
riter, MOL. Tart. IV, 3. Il était botté jusqu'à la
ceinture, et, faisant claquer un maudit fouet qu'il
tenait à la main : debout, monsieur le chevalier, s'é-
cria-t-il en ouvrant mes rideaux, hamilt. Gramm. 3.
Il Laisser quelqu'un debout, ne pas le faire asseoir.
Il me laissa debout tout le temps que je restai avec
lui. Il Fig. et familièrement. Il ne peut que tomber
debout, se dit d'un homme qui a des ressources pour
se soutenir en dépit des disgrâces qui arrivent ou
peuvent arriver. On dit dans le même sens tomber
sur ses pieds. || 3° Être debout, se tenir sur les pieds
de derrière, en parlant des animaux. La marmotte
mange debout comme l'écureuil, buff. Marmotte.
Il Terme de blason. Debout, se dit des animaux qui
sont représentés droits et posés sur les pieds de der-
rière. Il 4" Être debout, être levé, hors de son lit.
Tout le monde était debout dès le matin. Les soldats
d'Alexandre couchent sur la terre, et jamais le jour
ne les trouve que debout, yaugfl. Q. C. m, 2.f| Fig.
Il crut qu'un évêque plus qu'un empereur devait
mourir debout et dans l'exercice de sa charge,
FLÊcii. Panég. i, p. 312. Nous sommes condamnés
l'un et l'autre à mourir debout, maintenon, Lett.
Card. de Noailles, 2 nov. )703. L'ange extermina-
teur est debout avec nous, bac. Athal. v, 4. || Terme
de vénerie. Mettre un animal debout, le lancer.
Il 6* Dormir debout, éprouver un extrême besoin
de sommeil. || Conte à dormir debout, récit en-
nuyeux; promesses en l'air. Je dis que ce sont des
contes à dormir debout, mol. G. Dand. i, «. Les
contes à dormir debout, dont vous me régalâtes
l'année passée, volt. Préf. de Cath. Vadé. ||6* On
dit que du bétail passe debout dans une ville, quand
il n'y couche point, n'y est point vendu et n'y doit
point les droits d'entrée; et, par extension, passer
debout se dit des marchandises qui, traversant une
ville ou un pays, y passent sans payer de droit ou
sans être visitées. H?" Terme de marine. Avoir vent
debout, ou de bout, suivant l'orthographe de quel-
ques-uns (ce qui n'est autre que résoudre le root en
ses éléments), avoir vent contraire, c'est-à-dire
vent soufllant sur la proue du vaisseau. || Être debout
au vent, à la lame, au courant, y présenter l'avant
du vaisseau. || Aborder un bâtiment debout au
corps, lui mettre l'éperon dans le tlanc. || Debout
les avirons! signal de lever en l'air les avirons, ce
qui est un salut d'honneur. || 8" Terme de menuise-
rie. Boisdebout, bois coupé, scié, travaillé perpen-
diculairement au fil. Le bois debout ne peut pas se
bien raboter ni polir. || Proverbe. On est plus cou-
ché que debout, c'est-à-dire la vie est bien courte en
regard de l'éternité.
— HIST. XII' s Tut de but [à côté] se teneient cil
trei [ces trois] partut al rei. Ne il ne voleient faire
pur Deu ne ço ne quel. Th. le mart. 69. || xiii" s. Li
pors [le porc] qui tantcuru [couru] avoit. En l'espié
se feri debot, Ren. 225(4. Non pas pour ce, mon
escient, Â moi [le juge] se tiendra tout debout [pour
cela le juge ne sera pas de mon côté] , le comte de
BRETAGNE, Romancero , p. (63. Aucunes fois avient
que li barons [mari] est trouvés mors debout [à côté]
se [sa] famé, et le [la] famé debout son baron; et
quant il avient, l'en doit penre garde au mort, se
il pert [apparaît] l'en li ait che fet; et se il li pert,
che est grant présomption contre le vivant se il ne
cria, BEAUMANOIR, dans LACUHNE. Car Haibers vot
[voulut] avoir debout [absolument] Partiedeiroiaume
ou tout, PH. MOusKES, ms. p. 38, dans lacurne. La
langue li prent à frémir De lecberie et de corroz;
En la fosse sailli deboz. Por ce qu'il en voloit avoir,
Ren. 24640. Il XV s. Dieu, prevoiant leurs faultes
futures, leur a souffert de longue main préparer à
deux debouts de leur clos deux verges, Bordeaux et
Calais, chastel. Chron. du duc Philippe, Proesme.
Il XVI* s. Puys furent introduictz les empoisonnez;
elle leur sonna une aultre chanson, et gens debout,
CAB. Pant. v, 20. L'empereur Vespasien estant ma-,
lade de la maladie dont il mourut.... et dans son
Uct mesme depeschoit plusieurs affaires de consé-
quence; et son médecin l'en tansant comme de chose
nuisible à sa santé: il faut, disoit-il, qu'un empe-
reur meure debout, mont, m, 8«.
— ÉTYM. De et bout, comme le prouvent les an-
ciens exemples: un soliveau est de bout, parce qu'il
est fur le bout, et, par assimilation, un homme est
de bout. Cependant des étymologistes ont voulu voir,
dans debout, terme de marine (vent debout), un
composé hybride avec la préposition de et l'anglo-
saxon bail), danois buj, anglais tou), qui signifient
l'avant d'un vaisseau; mais il n'y a aucune raison
pour aller chercher si loin une étymologie, et bout
suffit bien à ce sens particulier, car l'avant est le
bout du vaisseau.
DÉBOUTÉ, ÊE (dé-bou-té, tée), part, passé.
Débouté de sa demande par le tribunal. Débouté de
cette défense par la raison de la justice de Dieu, à
qui tout le mal déplaît.... boss. Pensées chrét. 7. Vous
demandiez 20 000 livres, vous en êtes débouté par ma
faute, c'est à moi à vous les payer, st-sim. 70,153.
t DÉBOUTEMENT (dé-bou-te-man) , s. i». Action
de débouter.
— HIST. XV' s. Duquel deboutement et bannisse-
ment plusieurs Parisiens furent très joyeux, car
moult le doutoient, monstrel. i, 248. Parmy tous
les pesans coups qu'on luy donnoit et les durs de-
boutemens qu'on luy faisoit, il fendit la presse à
force de bras par les grans coups qu'il donnoit au-
tour de luy, Pereeforest, t. i, f°)4), dans lacurne.
— ÉTYM. Débouter; provenç. debolamen; ital.
dibottamento.
DÉBOUTER (dé-bou-té), V. a. Terme de procédure.
Déclarer par arrêt une personne déchue d'une de-
mande. Le tribunal l'a débouté de sa demande.
— HIST. XII* s. Mielz valt fiz à vilain qui est prouz
e senez. Que ne fait gentilz huem failliz e débutez.
Th. le mart. 6ï. jj xiii* s. Et si porroit estre delxjutés
par l'autre partie de l'office du juge en celé querele,
BEAUM. 36. Tout chll qui poent estre débouté por
vilain cas de crieme de tesmongnage porter, poent
et doivent estre débouté d'avocations, id. v, I3. Se
072
DÊH
DEB
DEB
li pères esloit chevaliers et il espousoit une serve,
si seroient tiiil li enfant serf qu'il aroit de li, et se-
roient li enfant di;l)Oiité (le gentillece, beauh. xlv,
«s. Or veons comment cil contre qui on veut prover,
ae pot deffendre et débouler Te [la] proeve par le
,'!aj quele on veut prover contre li, ID. xxxix, 22. Il
rfisoient que, pas nul droit, il n'en dévoient estre
débouté qu'il ne qartissent [partageassent] comme
cousin IB. XIV, 2». Cels qui ont les cuers purs et
mont Doivent tuit déguerpir le mont [le monde] lit
débouter; Car trop covient à redouter Les ordures à
raconter Que chascuns conte, huteb. h, 1. 1| xiV s.
Oui monstre bonne chiere.à moiliet est sauvez; Et
li cbetis couars est adès déboutez. Bond, de Seb.vni,
438. Il XV* s. Celle noble dame [Isabelle d'Angleterre]
qui dechassée et déboutée estoit bors de son pays,
FHOiss. I, I, )6. Donc quand iceluy seigneur se vil
ainsi débouter de son heritaige par ses mauvais
subjects, Bouciq. m, ch. 6. Laquelle fille la royne
Ysabele, seur dndit roi Henry, deboutoit de la suc-
cession de Castillo, disant que la mère l'avoit con-
ceue en adultère, comm. v, 7. ||xvfs. Craignant
que sa fille n'eust des enfans qui le peussent un jour
débouter du royaume, il la rendit religieuse à Vesla,
AMYOT, Rom. 4. La nouvelle n'estoyt pas vraye,
mais M. Valerius l'avoit controuvée pour le culder
deboutterdecestededicalion,iD. Publ.^l. Porsenna
feit assaillir le mont de Janiculum si vivement
que les gardes que l'on y avoit mis en furent dé-
boutés, ID. i6. 32. Hz avoieut l'authorité de débou-
ter et priver un sénateur du sénat, ID. Calon, 32.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bouter; provenç. de-
botar; ital. dibotlare. Débouter, c'est proprement
bouler de.... jeter hors.
DÉBOUTONNÉ, ÉE (dé-bou-to-né, née), part,
passé. Oui a les boutons de son vêtement défaits. Le
roi, tout déboutonné, se leva de son prie-Dieu et
descendit chez Monseigneur, st-sim. »i , )9B.|i Fa-
milièrement. Rire, manger à ventre déboutonné,
c'est-à-dire avec excès. || Fleuret déboutonné, fleu-
ret dont on a ôté le bouton.
DÉBOUTONNER (dé-tou-to-né), V. a. ||l°Faire
sortir les boutons hors de la boutonnière. Le petit
suisse déboutonna son haut -de -chausses, hamilt.
Gramm. m. Elle s'approche, elle le déboutonne,
LAFONT. Court. I! 2* Déboutonner un fleuret, en ôter
le bouton, de manière qu'il puisse servir d'épée. Se
battre avec des fleurets qu'on a déboutonnés. || 3° Se
déboulonner, v. réfl. Défaire ses boutons. Le cardi-
nal de Bouillon, en se déboutonnant, en montra uu
[cordon bleu] qu'il portait par-dessous, st-sim. 200,
470. Ce beau seigneur, tantôt qu'on a dîné, A mangé
comme un diable et s'est déboutonné, scabbon,
Jodelet, III, .2. Il On le dit aussi en parlant des vête-
ments. Mon habit s'est délioutonné. || Fig. Dire sans
réserve ou réticence ce qu'on pense. Suivit un aune
tèle-à-tête où le duc se déboutonna sur tous ceu.v
qui avaient part aux affaires, st-sim. 30b, 224.
— HIST. xV s. Tout déboutonné en une simple
cote et sa chemise, affublé d'un manlel, fboiss.
H, II, 30. ||xvi*s. Croyez qu'ils beurent à ventre
deb Mitonné, car en ce lemps-là on fermoit les ventres
à boulons, bab. dans le Dict. de dociiez. El cela se
de.slachera de suite comme les derniers boulons après
le premier desboulonné, d'aub. Ilisl. m, 491. J'en-
gagerai le duc à mettre toute confiance en la bonté
du roy et à se déboulonner, sully, dans le Dict. de
DociiF.z. Comme je ne puis souffrir d'estre desbou-
tonné et destaché, les laboureurs de mon voisinage
se senti roient entravez de re.->ire, mont, i, 200.
— ETYM. Dé.... préfixe, et /;ot«(on.
DÉBHAILLÉ, ÉE dé-brl-llé, liée, iJ mouillées, et
non dé-bra-yé), part, passé il i° boni la mise présente
du désordre, du moins dans les vêtements qui cou-
vrent le corps. X son cri, Junon éveillée Vint à lui
toute débraillée, SCABBON, CtganfomacWe, ch. vin.
Leurs perruques d'étoupes, leurs hauts-de-chausses
tombants, et leurs estomacs débraillésl mol. l'Av.
H, B. Ne verrai -je jamais les femmes détrompées
Do ces colifichets, de ces fades poupées Qui n'ont
pour imposer qu'un grand air débraillé? begnard,
le Joueur, i, 2. .le vis Fagon tout débraillé, assis
la bouche ouverte, dans l'état d'un homme qui se
meurt, st-sim. 87, 135. Toujiurs débraillée et dé-
coiffée, J. 3. ROtiss. Conf. II. Il 2° Kig. Négligé et
trop libre, en parlant des personnes et des manières.
C'est un jeune homme débraillé. Des manières dé-
braillées. Il Suh.itantivement. 11 ne faut pas aller
jusqu'au débraillé.
DÉBRAILLKR (SE) (dé-brâ-Ilé, U mouillées, et
non dé-brft-yé), f. r^/î || 1 Déranger d'une manière
pou convenable les vêlements qui couvrent la poi-
trine et le ventre. Use débraille à chaque instant.
Il 2* T. a. Rendre débraillé, déranger la mise. Pour-
quoi ne pas déhrailler ce .saint? Pourquoi n'en vois-je
ni la poitrine ni le cou? nioEB. Salon de (785, (JICu-
vres, t. xiii, p. 89, dans pougkns.
— HIST. xvi's. Tout esbraillê et destaché comme
s'il venoit de la garderobbe, mont, i, 338.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et braies : débraillé ou
esbraillê, c'est proprement avoir ses braies miil
attachées. Le changement de te en U mouillées
peut faire naître quelque doute; mais il était facilité
par l'ancien mot braiel, ceinture qu'on mettait au-
dessus des braies.
t DÉBRAISAGE (dé-brê-za-j'), s. m. Voy. Dit-
BBAISEMENT.
t DÉBRAISEMENT{dé-brê-ze-man), i. m. Action
de débraiser un four.
j DÉBRAISER (dé-brê-zé), v.a. Enlever la braise
d'un four qu'on a chauffé.
— ÉTYM. Di!.... préfixe, etbraise.
■[DEBRAYAGE (dé-brè-ia-j'), s. m. Action d'en-
lever un enduit de brai.
— Rtym. Dé.... préfixe, et brai.
DÉBREDOniLLÊ, ËE (dé-bre-dou-llé, liée, U
mouillées, et non dé-bre-dou-yé), part, passé. Me
voilà débredouillé.
DÊBREDOUILLER (dé-iire-dou-llé. Il mouillées,
et non dé-bre-dou-yé), v. a. || 1° Terme de jeu de
trictrac, ôter la bredouille à son adversaire. |{ Fig.
et familièrement, changer en bien une chance long-
temps contraire. Ces trois jours ont débredouillé le
chevalier; c'est le premier bien qu'il ait reçu, sÉv.
454. Il 2"Se débredouiller, i).r^/!. S'ôter la bredouille.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bredouille.
DÉBRIDÉ, ÉE (dé-bri-dé, dée), part, passé. Les
chevaux débridés et dessellés.
f DÉBRIDÉE (dé-bridée), s. f. Ce qu'on paye
dans une auberge pour son cheval, quand on ne
s'y arrête que pour le faire manger.
— ETYM. Débridé.
t DÉBRIDEMENT (dé-bri-de-man) , s. m. \\ 1° Ac-
tion de débrider, d'ôter la bride à un cheval.
Il 2° Terme de chirurgie. Opération consistant à en-
lever les brides ou filaments dont la présence dans
une plaie met obstacle à la libre sortie du pus.
Il Opération consistant à diviser un tissu membra-
neux ou aponévroiique qui comprime les plaies, ou
à agrandir une solution de continuité pour donner
issue à la suppuration.
— ÉTYM. Débrider.
DÉBRIDER (dé-bri-dé), v. a. \\ 1" ôter la bride à
un cheval, à une bêle de somme. || Absolument. Ôter
la bride avec l'idée de balte. Nous débriderons à
deux lieues d'ici. || Fig. et familièrement. Sans dé-
brider, sans interruption. Il a travaillé, il a dormi
sept heures sans débrider. |{ Débrider, faire une
chose avec précipitation. Il a bientôt débridé son
bréviaire. Je ne joue plus, la bassette ne m'est plus
de rien: je songe un peu à l'autre vie; je ne tuais
personne; mais à grand' peine disais-je mon bré-
viaire, et plus d'une fois j'ai quitté le jeu pour aller
débrider vêpres, et puis retourner quêter un sonica,
Journal ou Suite du voi/age de Siam des pères jé-
suites, 9 juillet 1085, t. III, p. 90. Il Populairement,
manger gouhiinent. Il eut bientôt débridé ce qui
était sur la table. I 3° Teruie de carrier. Détacher le
Cilble de la pierre, lorsqu'elle est arrivée au haut de
la carrière. |1 4° Terme de chirurgie. Pratiquer l'opé-
ration du débridement.
— HIST. XVI* s. Nous voyons les tyrans débridés :
sur cela il nous semnle que Dieu n'a plus moyen de
nous sauver, Calvin, 245. Nous reprouvons seule-
ment les appétits desbridez et desordonnez, ID. In-
s(i(. 468. Licence desbridée, ID. ib. 927. Ne débridez
pas si viste, seigneur Pastorelli, va dire le seigneur
Alphonse, je vous vays renvoyer chez vos parents,
ciiOLiÊRES, Coules, t. Il, après dinée 8. Un cheval
desbridé, amyot, P. Aim. 29. Leur langue estant
ords ou aspre et desbridée à proférer paroles indi-
gnes, ID. Comm. réfréner la colère, 43.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bride.
t DËBRIDEUR (dé-bri-deur), s. m. Terme de car-
rier. Ouviierqui débride. || Fig. et familièrement,
celui qui débride l'ouvrage, qui l'expédie rondement.
— ÉTYM. Débrider.
t DÉBRILLANTER (dé-bri-Uan-té, Il mouillées),
V. a. ôter le brillant.
— ETYM. W.... préfixe, elbrillant.
DÉBRIS (dé bri: \'s se lie : un dé-bri-z affreux),
s. m. Il 1" Reste d'une chose brisée. Du débris d'un
vieux vase, autre injure des ans, la font. Phil. et
Biiucis. Tout à coup elle aperçut les débris d'un na-
vire qui venait de faire naufrage, des bancs de ra-
meurs mis eu pièces, des rames écartées çà et là sur
le sable, FÉN. Tél. i. Aussitôt sous leurs pieds les ta-
bles renversées Font voir un long débris de bouteil-
les cassées, boil. Sat. m. Quel débris parle ici du
votre résistance? bac. Iphig. iv, 4. Les (lilotes qui
se formèrent sous ses yeux, découvrirent en (4iii
Madère, que quelques savanis ont voulu regarder
comme un faible débris de l'Atlantide, bavnal, Ilisl.
phil. I, t. Sur un débris épars d'armes étincelantes,
LF.BBiiN, Odes,i, 6. Quoi! ces monuments chéris.
Histoire De notre gloire. S'écrouleraient en débris?
BÉBANO. Gaul. Il 2" Fig. Ce qui reste de ce qui a été
détruit. Et cet asile ouvert aux illustres proscrits
Réunit du sénat le précieux débris, corn. Sertor.
I, 4. Il règne sur le débris et sur les ruines de si
fortune, flBch. ii, 48. Le triste débris d'une répu-
tation que vous lui avez arrachée, m. Serm. i, 33k.
Vous, réduit à vivre tristement du débris de l'héri-
tage de vos pères, id. Serm. it, 2U2. Il avait re-
cueilli trois cents écus d'or du débris de son patri-
moine, ID. Vie de Cnmmendon, i, B. Non, je ne
prétends point, cher Arbate, à ce prix. D'un mal-
heureux empire acheter le débris, bac. Mithr. i, '.
[Il] Fondait sur trente Etals son trône florissant Dont
le débris même est un empire puissant, id. tb. m, <.
Une vieillesse endurcie qui, dans le débris d'un
corps usé et à demi mort, nourrit des passions encore
toutes vivantes, mass. Or. fun. M. de Villars. L'in-
sensibilité s'y élève sur les débris de votre culte,
ID.. Car. Mélanqes. Ce prince [Valerius], après
avoir mis le feu à ses vaisseaux, retourna par terre
en Macédoine, menant avec lui les tristes débris de
ses troupes presque entièrement désarmées et dé-
pouillées, EOLLiN, Hist. anc. Œuvres, t. vin. p. i»9,
dans pouGENS. J'ai forcé le débris de leurs armées
de s'enfermer dans leurs places, vebtot, Hérnl. rom.
liv. III, p. 251. J'ai resté plus d'un an en Italie, où
je n'ai vu que les débris de cette ancienne Italie si
familhse autrefois, montesq. Lettr. pers. 112. Misé-
rables débris delagrandeur humaine, volt. Triumv,
I, ). Déïphobe soudain frappa ses yeux surpris. De
la race des rois misérable débris, delille. Enéide, si.
Les Vestales traînèrent encore quelque temps dans
l'indigence et dans la douleur le débris de leur con-
sidération, llist. des Vest. dans desfontaines. X
cela Davoust répliquait par son horreur naturelle
pour toute espèce de désordre : elle l'avait d'abord
porté à vouloir régulariser cette fuite; il s'était ef-
forcé d'en couvrir les débris, craignant la honte et
le danger de laisser à l'ennemi ces témoins de no-
tre désastre, ségub, llist. de Hap. ix, 9. || Absolu-
ment. S'il eût fallu périr sous un fameux débris. Je
l'eusse appris de vous, ou je vous l'eusse appris,
CORN. Sophon. m, 8. Et pour lui la grandeur n'est
pas d'as.sez haut prix, S'il ne s'y voit monter par un
fameux débris, bbéreup, Phars. 1. || 3* Les restes
d'une chose consommée. Les débris d'un repas,
d'un pâté. Au moment où sa bouche. Comme un
gouffre profond, revomit sur sa couche Parmi des
flots de sang la chair des malheureux. Effroyable
débris de son festin affreux, delille, Enéide, m.
Il 4° Action de briser, perte, destruction, ruine j en
ce sens il ne s'emploie qu'au singulier. Si peu, que
la moindre chose De son débris serait cause [serait
cause que lui, pot de terre, serait briséj, la font.
Fabl. v, 2. Qui de la créature embrasse les appas
Trébuchera comme elle et suivra pas à pas D'un si
fragile appui le débrir infaillible, corn. Imil. 11, 7.
f't sauve ma maison du débris de Carthage, uaibet,
M. d'Asdrub. Il, t. Ni le commun débris de loiile la
nature Ne m'étunnerail pas comme celle aventure,
rotb. Bélis. IV, 8. Hélas! souhaitez-vous le débris
de l'empire. Et, .s'il sepeutencor, quehjue chose de
pire? ID. ib. iv, 6. Qm pourrait sans fiémir voir le
j débris du monde, Voir la confusion de la terre et
t d-f l'onde? bbébkl'f, t'harsale, u. Bientôt de notre
fourbe on verra le débris. Si vous continuez dessol-
' lises si grandes, MOL. l'Étour. iv, 6. Il donne comme
dans un écueil dans les erreurs .sociniennes, il s'en
retire avec peine tout brisé pour ainsi dire, et ne
se remet jamais de ce débris, noss. dans le Dict. de
DOCHEz. Les royaumes sortis du débris de ce pre-
mier empire, Boss. His(. III, 4. C'est [l'état monas-
tique] un moyen de faire fortune, de vivre dans une
honorable oisiveté, de se sauver du débris de sa fa-
mille, FLÉCH. I, p. 119. On verra les abus par ta
main réformés, La licence et l'orgueil en tous lieux
réprimés. Du débris des traitants ton épargne gros-
sie, boil. Ép. I. Je fondais mon bonheur sur le dé-
bris des lois, BAC. Hérén. tl, 2. U n'a |ioint détourné
ses regards d'une fille. Seul reste du débris d'une il-
lustre famille, id. Bril. u, 3. Convenons qu'au mi-
lieu de la dépravation et de la décadence des mœurs
publiques, le monde a encore sauvé du débris, des
DEB
restes d'honiiaur et de droitiire, mass. Petit car.
Gloire. Il est resté à l'homme, du débris de son in-
nocence, certains penchants de gloire, de plaisirs,
de vérité, qui sont comme les espérances de son réta-
blissement, ID. SI Thomas d'Aquin. Nous nous hâ-
tons de profiter du débris les uns des autres, mass.
Car. Mort. Au milieu du débris de tout ce qui nous
environne, nous nous sauvons encore dans l'a-
venir, ID. Or. fun. Dauphin. Sa gloire seule [de Dieu]
s'élèvera sur le débris de toutes les grandeurs hu-
maines, ID. Prof. rel. 3. Cet enfant sauvé du débris,
qui lui rappelle [à Louis XIV] la perte encore récente
de tant de princes, id. Or. fun. Louis le Grand. Sur
tout ce qui regarde cette passion chérie que nous
avons comme sauvée du débris de toutes les autres,
ID. Awnt, Épiph. Établir sur le débris des idoles la
connaissance du Dieu véritable, id. Avent, Le jour
de Noël. Il 5° Poétiquement, les restes mortels de
l'homme Là reposent les débris de nos aïeux. Ce
potentat jadis si grand, si vénérable. N'est plus
qu'un tronc sanglant, qu'un débris déplorable, de-
LHoi-E, £n«de, II. Il 6° Anciennement, dommage, ce
qui se casse et se brise en une maison où beaucoup
de monde aborde. Quand le roi logeait quelque part,
il faisait payer tant pour le débris.
— REM. Lamartine a écrit débri pour la rime : Et
les peuples, poussant un cri. Comme un avide es-
saim d'enclaves Dont on a brisé les entraves, Se sau-
vent avec un débri , Ilarm. iv, tt . C'est une faute ;
débris venant de briser ne peut perdre l's.
HlST. xvi' S. Le but de tant que nous sommes
qui voulons avoir part au débris du roiaume, est....
d'aub Ilist. III, 44. Le butin fut grand, pource que,
sur le débris de l'armée, plusieurs qui voioient plier
leurs drapeaux.... id. tb. 45.
— KTYM. Dé.... préfixe, et bris.
t DÉBROCHAGE(dé-bro-cha-j'), s. m. Action de
ilébrocher.
t DÉCROCHÉ:, ÉE (dé-bro-ché,chée),par(. passé.
Les volailles débrochées.
f DÉBROCHER (dé-bro-ché) , V. a. Retirer de la
broche. || Ôter les mèches ou les chandelles de des-
sus les broches. 1| Enlever la couverture d'un livre
broché.
— HlST. XVI' S. [Ils ont] Embroché l'autre [par-
tie] et cuite peu à peu De tous costés à la chaleur
du feu. L'ont desbrochée, en des paniers l'ontmise....
BONS. 604.
— ÉTVM. Dé.... préfixe, et broche.
t UÉBROUILLABLE ( dé-brou-lla-bl', Il mouil-
lées), adj. Qui peut être débrouillé, éclairci.
— ÉTVM. Débrouiller.
DÉBROUILLÉ, ÉE (dé-brou-Ué , liée. Il mouil-
lées, et non dé-brou-yé), part, passé. Qui n'est plus
brouillé, emmêlé. Un écheveau débrouillé. || Qui
n'est plus confondu, en désordre. Des papiers dé-
brouillés. Il Qui est éclaiici. Une affaire débrouillée.
Il Oui a acquis des lumières, qui sait discerner. Son
esprit est tellement débrouillé qu'elle n'est ignorante
sur rien, sÊv. 4:i8.
DÉBROUILLE.MENT (dé-brou-Ue-man , Il mouil-
lées, et non dé-brou-ye-man) , s. m. Action de dé-
mêler une chose embroudiée. J'attends de votre gé-
nie le détirouillement de tout ce chaos, volt. Lett.
àCalh. t26. X ces causes particulières [de variations
dans la langue française] se joindraient les causes
générales, qui, chez toutes les nations, ont amené
une sensible différence entre la changeante rapidité
des épnqiies de formation et de débniuillemeiit, et
la durée de l'époque dernière, où une langue qui
semble fixée se développe encore sans s'altérer et
acquiert sans rien perdre, villemain,Z)î(;(. de l'Acad.
Préface, p. viii.
— KTVM. Débrouiller.
DÉBROUILLER 'dé-lirou-llé, H mouillées, et non
dé-brou-yé), D. a. \\ 1° Démêler ce qui o.st embrouillé.
Débrouiller du fil, de la soie. || 2° Mettre en ordre
ce qui était en confusion. Débroudler des papiers,
des pièces. || 3° Fig. Tirer hors de la confusion. Dé-
brouillons ce mystère et sachons notre sort, mol.
Amph. III, 4. Rien ne lui put débrouiller le mys-
tère, LA FONT. Conf. Pour moi, je suis persuadée
que le roi, c'est-à-dire Dieu par lui surmontera tous
ses ennemis, et débrouillera tous les nuages qui
paraissaient si noirs el si prêts à fondre sur nous,
SÉV. 30 mars <689. Il débrouillera tout ce mé-
lanee de passion et de raison, il séparera l'une d'a-
vec l'autre, B0UH?AL. Jugem. dern. )" avent, p. 80.
Il n'y a donc qu'à débrouiller le revenu de chacun,
Lafin de voir comment il doit être taxé, vai;b. Dime,
p. 67. Villon sut 1"! premier, dans ces siècles gros-
[liers, Débrouiller l'^rt confus de nos vieux roman-
liers, BOIL. Art p. i U est instruit de la guerre des
DÉB
géants, il débrouille même l'horrible chaosdes deux
empires, le babylonien et l'assyrien; il connaît à
fond les Égyptiens et leurs dynasties, LA bruy. v.
Tout s'arrange, et l'Être suprême D'un mot débrouille
ce chaos, lamotte, Odes, t. i, p. 129, dans pou-
gens. Les notions et les principes qu'un dictionnaire
ne peut débrouiller à chaque mot, d'oliv. Préface.
S'il veut débrouiller l'antiquité de sa noblesse qui
remonte aux temps les plus reculés, il enverra cher-
cher un bénédictin, volt. Jeannot et Colin.\\ 4° Ôter
ce qui brouille, ce qui rend terne ou trouble. Pour
animer ses yeux et débrouiller ses traits, il fallait
qu'il parlât, mabmont. Hem. liv. vi, t. li, p. <<3,
dans pouGENS. Il 5° Se débrouiller, v. réfl. Devenir
moins confus, plus facile à comprendre. Le sens de
cette phrase se débrouille. Les affaires se débrouil-
leront. Un embarras qui a continué et qui ne s'est
pu débrouiller, pasc. dans cousin. || Terme de ma-
rine. Se débrouiller, se dit du temps qui s'embellit.
Le ciel commença à se débrouiller et nous fit voir
de plus belles apparences que jamais, voit. Lett.
61. Il Familièrement. Laissons-le se débrouiller, lais-
sons-le se tirer comme il pourra de l'embarras où il
est. Il Se débrouiller, se dit aussi de l'intelligence
qui vient à mesure que l'on s'instruit ou que l'on
gagne de l'expérience. Cet enfant se débrouille peu
à peu. Les hommes regardent les lumières involon-
taires [de ceux qui leur rendent un service] comme
une injure, et le tout de bonne foi, sans connaître
leur injustice; car ils ne se débrouillent pas jusque-
là, MARIVAUX, Marianne, 5" partie. 1] Avec suppres-
sion du pronom personnel. Je crois que vous vous
divertissez à voir débrouiller leur petite raison,
SÉV. 42 juin (675.
— HIST. xv;* s. Sa pensée desbrouillée et desban-
dée [libre, à l'aise], mont, i, 94. [Dieu] Débrouilla
ce caos, où d'une horrible guerre Ensemble com-
battoient le feu, l'onde, la terre, du bellay, m,
64, verso.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et brouiller.
t DÉBROUILLEUR (dé-brou-Ueur , Il mouillées ,
et non dé-brou-yeur), s. m. Celui qui débrouille.
Grand débrouilleur d'un cas obscur, Et grand de-
vineur du futur, scarron, Virg. trav. v. Le Rump
[le croupion, le long parlement d'Angleterre] ne son-
geait qu'à se perpétuer en attendant les événements,
grands débrouilleurs de la politique , chateaub.
Stuarts, 250.
— ÊTYM. Débrouiller.
t DÉBRÛLÉ, ÉE (dé- bru-lé, lée), odj. Ancien sy-
nonyme de désoxygéné.
1 DÉBRÛLER (dé-bru-lé), v. a. Terme de chi-
mie. Ancien synonyme de désoxygéner, quand brû-
ler l'était d'oxygéner.
— étym. DJ.... préfixe, et brûler.
] DÉBRUTALISER (dé-bru-ta-li-zé), v. a. Ôter
la grossièreté, l'impolitesse. C'est Mme la marquise
de Rambouillet qui a fait débrutaliser, vaugel. Rem.
Not. Th. Corneille, t. ii, p. 838, dans pougens.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et brutal.
DÊBRUTI, lE (dé-bru-ti, tie), part, passé de dé-
brutir. Uu diamant débruti.
DÉBRUTIR (dé-bru-tir), v. a. ôter la partie brute,
commencer à la polir. Débrutir une glace.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et brut.
DÉBRUTISSEMEXT (dé-bru-ti-se-man), s. m. Ac-
tion de débrutir; le résultat de celle action.
— ÉTYM, Débrutir.
DÉBUCHER (dé-bu-ché). || 1° F. n. Sortir du bois
ou du buisson, en parlant du gros gibier. Le cerf
a débuché. Voilà d'abord Le cerf donné aux chiens;
j'appuie et sonne fort; Mon cerf débuche el passe
une assez longue plaine. Et mes chiens après lui....
mol. Fdch. II, 7.|| Substantivement, sortie de la bêle
de son fort. Sonner le débucher. || Fig. D'Efliat ne
voyait que des gens obscurs, fort particulier, obscur
à Paris; avec des créatures de même espèce, débu-
chant parfois en bonne compagnie courtement, car
il n'était bien qu'avec ses grisettes et ses complai-
sants, ST-siM. 398, 86. l|î° V. a. Faire sortir une
bête fauve de son fort.
— HEM. 1. L'Académie écrit embûcher et débucher,
mots qui, de même radical, devraient s'orthogra-
phier de même. || 2. Ce verbe se conjugue avec
l'auxiliaire avoir, quand il exprime l'action : le cerf
a débuché; avec l'auxiliaire être, quand il exprime
l'état: le cerf est débuché depuis longtemps.
— HlST. XIII" s. Fors del bois estoit desbuchiez
Et s'en fuit vers l'eve corant, Ben. 22410.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et bûche (voy. ce mot),
dit pour bois, ou plutôt tiusche, autre forme de bois
(bosc dans bosiiiiel); picard, débuquer, courir, s'en-
fuir.
DEC
973
t DÉBUSCABLE (dé-bu-ska-bP), adj. Qui peut
être débusqué.
— ÉTYM. Débusquer.
DÉBUSQUÉ, ÉE (dé-bu-ské, skée), part, passé.
L'ennemi débusqué du poste qu'il occupait.
DÉBUSQUEMENT (dé-bu-ske-man) , s. m. Action
de débusquer. || Fig. Tout le monde paraît content
dudébusquemenl [renvoi d'une place] de M.... volt.
Lett. Tabareau, octobre (768.
— ÊTYM. Débusquer < .
t. DÉBUSQUER (dé-bu-ské). || 1° V. a. Chasser
d'un poste avantageux. || Fig. Déposséder quel-
qu'un d'un emploi, le chasser d'un poste. || 2° V.
n. Terme de chasse. Sortir du bois, en parlant du
loup.
— HIST. XIII* s. Maté fussent et recréant Cil delà,
n'en eschapast pié, Quant d'un val se sont dcsbiichié
Plus de dis mile escorpions, lien. 24486 || xvi» s.
Bruyans el bourdonnans comme trompes et labours
pour annoncer qu'il faut debu.squer pour aller aux
champs, paré, Animaux, a. Le comte Roquendolf,
de ce irrité, débusqua avec toute sa Irouppe, M. du
BELL. 639.
— ÉTYM. Autre prononciation de débucher (dé-
bwscher) ; picard, déboker; génev. déboquer quel-
qu'un, le déplacer.
t 2. DÉBUSQUER (dé-bu-ské), V. a. Diminuer
ou supprimer le buscage d'une jupe.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et buse.
DÉBUT (dé-bu; le I se lie : un dé-bu-t-heureux;
au pluriel, l's se lie : des dé-bu-z heureux), s. m.
Il 1° Premier coup àcertainsjeux, comme au mail, à
la boule, au billard, pour savoir qui jouera le pre-
mier. Faire un beau début. || Fig. Les voilà seuls, et,
pour le faire court. En beau début, la font. Orais.
IJAu jeu de boule, être en beau début, se dit d'une
boule qui, étant au but ou près du but, peut en
être facilement écartée par un adroit coup de boule.
Cette boule est en beau début. || 2° Fig. Commence-
ment d'une affaire, d'un ouvrage, d'un discours. La
début fut heureux, mais l'affaire a mal tourné. Que
le début [du poëme] soil simple et n'ait rien d'affecté,
boil. Art poét. III. Il Terme de diplomatique. Formula
initiale d'une charte, d'un diplôme, d'une bulle, d'un
acte ecclésiastique. || 3° Entrée dans une carrière. On
réussit rarement dès le début. || 4° Premier ouvrage
d'un auteur. Œdipe estledébut tragique de Voltaire.
Il 5° Premiers essais d'un acteur sur le théiltre. Pour
le théâtre ayant quitté l'aiguille, X mon début Crai-
gnant quelque rebut, bérano. B. fille.
— ÊTYM. Dé... préfixe, el but. Le début, c'est
au jeu de boule l'action de tirer de but, du lieu où est
le but; de là le sens de commencement, le début
étant un commencement pour le joueur de boule.
DÉBUTANT, ANTE (ilé-bu-tan, tan-t'), s. m eif.
Celui, celle qui débute sur un théâtre. i| Familière-
ment. C'est un débutant, un homme sansexpérieice.
Il Se dit aussi, en général, de tous ceux qui entrent
dans une carrière, qui font pour la première fois
un travail. Un débutant dans la carrière des lettres.
DÉBUTÉ. ÉE (dé-bu-té, tée), part, passé. Boule
débutée, chassée du but, d'auprès du but.
DÉBUTER dé-bu-té), V. n. 111° Jouer le premier
coup au mail, 4 la boule, au billard, etc. Mal dé-
buter. Celte fois, c'est à moi à débuter. || 2° Fig.
Commencer. 11 débuta par tins invectives. Ce poème
débute par une invocation. La belle galanterie ([ue
la leurl quoi! débuter par le mariage? mol. Préc. 5.
Par où lui débuter? mol. Dép. am. lu, 4. || 3° Faire
ses premiers pas dans une carrière, dans une entre-
prise, etc. Débuter dans les sciences, dans les lettres.
Dans le crime il suffit qu'une fois on débute; Une
chute toujours entraîne une autre chute, iioiL. Sat.
X. Il Débuter dans le monde, y paraître pour la pre-
mière fois. U a été mal élevé, et il a le malheur
de débuter seul et sans guide dans le monde, m"" de
GENLis, Ad. et Théod. t. m, lett. H. || 4» Au passif
et impersonnellement. C'est bien, c'est mal débuté,
le commencement, le début est .heureux, malheu-
reux, se dit au propre et au figuré. Achève, Petit-
Jean , c'est fort bien débuté, bac. Plaid, m, 3.
Il 5° Absolument. Jouer pour la première fois sur un
théâtre. Elle aspire à débuter dans le tragique, et
elle vaut la peine que vous lui donniez des leçons,
marmont. Mém. iv. || Donner son premier ouvrage.
Il 6° V. a. Éloigner du but. Débuter une boule.
— ÊTYM. Début.
t DEÇA (dii-ka). Préflxequi, joint au nom des me-
sures du sy.stème métrique, désigne une unité dix
fois plus grande que l'unité génératrice : décalitre,
decastère, décagramme, décamètre, dix litres, dis
stères, dix grammes, dix mètres.
— ÉTYM. Aéno, dix (voy. dix).
974
DEC
DEÇX(de-8a), loc. prép.Wi-Do ce cftié-ci, par
opposition h di'ld, qui signifie de ce côlé-là. Deçà
et ilelà la rivière, les lialirludes et le langage dif-
fèrent Ijciiiicoiin. La Provence est deçà les Alpes.
\] Loc. adterl) Etre assis jambe deçà, jamlie delà,
une jambe d'un côté, une jambe le l'aiUre, à ca-
lifourclioii. Il 2' Deçà et delà, loc. ado. De côlé et
d'auire. l'eii|iles qui erraient deçà et delà sur des
chariots, buss. //iï(. ii, 7. Des chiens courants l'a-
boyante famille Deçà delà parmi le chanme brille,
PERBAiiiT, Crùelidis \\Z° De deçà, par deçà, loc.
prép. De ce côlé-ci. De deçà, par deçà la montagne.
Il De deçà, par deçà, loc.adv. Hester de deçà. Venez
par deçà. Il n'y a point de conquOle delà le Khin
ni delà le Danube qui vous dût pleinement satis-
faire, et toute l'Allemagne ne vaul pas un faubourg
de deçà, VOIT. Leit. 67. Excellents ministres des
hautes puissances étrangères, ne vous fiez point trop
à vos amis de deçà, p. l. couii. Letl. x. || 4° Kn deçà
de, toc. prép. De ce côté-ci de. Il demeure en deçà
du pont. Il Kig. Accoutumez votre fille à se réjouir en
deçà du p6ché, et à mettre son plaisir loin des di-
vertissements contagieux, fén. t. xtii, p. <26.||En
deçà, loc. adv. Éire situé en deçà.
— RE.M. Au deçà dans le sens de : au delà : S'il ne
la dépeint belle et sage Au deçà de la vérité, malh.
III, 3 Qu'on passe deux fois Au deçà du rivage
blême, ID. VI, il. Au deçà ne s'emploie plus en ce
sens, et avec raison; car c'est pécher contre le sens
propre de çà.
— HIST. XII* s. Quant il vous a deçà les pors
[portes, passages] laissez, 7(onc. p. 89. ||xiii*s. Il
n' [y] a si bêle femme deçà ne delà mer, Ilerle, m.
Car s'ele ne fust morte, deçà [elle] fust retournée,
ib. civ. Il xiv s. El l'une partie de l'ame le trait de
sa et l'autre de là, oresme, Eth. 268. Des anemis
avés par dechà par delà : Se en aquerés plus, grant
folie sera, Baud. de Seb. x, <oio. || xV s. Lors Gui-
dèrent bien les cardinaux estre tous morts, et s'en-
fuirent pour sauver leurs vies l'un deçà, l'autre de-
là, pnoiss. II, II, 20. Et qu'il y avoit plusieurs gens
en Angleterre qui desiroient la guerre par deçà
[contre la France], comm. iv, 7. Si ceulx-ci qui viii-
drent faire l'allyance du roy de Portugal de par
deçà, ID. V, 7.||xvi*s. Les abeilles pillolent deçà
delà les fleurs, mont, i, 182. St Hilaire, estant en
Syrie, fut adverti que sa fille, qu'il avoit laissée par
deçàavecques sa mère.... ID. i,25l.Ceulx ci sont, par
manière de dire, au deçà des accidents; les aullres
(ludelà, ID. I, 388. Dedans toutes ces provinces,
qui sont au deçà de Constantinople, qui toutes en-
semble sont aujourd'hui appellées la Romauie, il y
a beaucoup plus de chrestiens que de l'urcs, langue,
436. Nos petites armées de par deçà [de nos pays],
ID. 441.
— ÉTYM. De, et fd; bourguig deçai.
tDÉCABRACUIUE (Jé-ka-bra-chi-U'), adj. Terme
de zoologie. Qui porte dix appendices en forme de
petits bras (les céphalopodes).
— ÉTYM. Aéxa, dix, et Ppay_î<ov, bras.
tDÉCACANTIIE (dé-ka-kan-f), adj. Terme de
botanique. Pourvu de dix épines.
— ETYM. AÉxa, dix, et àxaMBa, épine.
\ DÉCACÈRE (dé-ka-sê-r'), adj. Terme de zoolo-
f e. Qui a dix cornes ou tentacules.
— ÊTYM. Aéxa, dix, et xép«;, corne.
+ DÊCACUETABLE (dé-ka-che-ta-W), adj. Qui
peut être décacheté.
— ÉTYM, Décacheter.
f DÉCACUETAGE (dé-ka-che-ta-j') , s. m. Action
de décacheter.
— ÉTYM. Décacheter.
DÉCACHETÉ, ÉE (dé-ka-che-té, tée), part, passé.
Lettre décachetée.
t «ÊCACllÈTEMENr (dé-ka-chè-to-man), s. m.
Action de décacheter.
— ÉTYM. Décacheter.
DÉCACUETER (dé-ka-che-té. Le ( se double quand
la syllabe qui suit est muette : je décachette; je dé-
cachetterai; il faut prendre garde à la prononciation
du présent, je décach'te, il décach'te; prononcia-
tion très-vicieuse et très-commune), v. o. Rompre
un cachet, ouvrir ce qui était cacheté. Décacheter
une lettre. Jamais amant n'a fait taiit de trouble écla-
ter Au poulet renvoyé sans le décacheter, mol. Éc.
des maris, n, u. Les prêtres [païens] n'étaient
pas scrupuleux jusqu'au point de n'oser décacheter
les bdleis qu'on leur apportait; il fallait qu'on les
laissât sur l'autel, fonten. Oracl. i, 44. ||So déca-
cheter, t). réfl. Perdre le cachet, s'ouYiir. Votre
lettre s'est décachetée en route.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cacheter.
t UÉCACHORDE (dé-ka-kor-d'), s. m. Terme
DEC
d'antiquité. Instrument de musique à dix cordes,
dit aussi harpe de David.
— ÉTYM. àé-'.a, dix, et yocSrt, corde.
+ I»ÉC A DACTYLE (dé-ka-<ia-kti-r), ad/. Terme de
zoologie. Qui a dix doigts
— ÉTYM. AÉ/a, dix, et îàzTuXo;, doigt.
t DÉCADAIRE (dé-ka-dê-r') , adj. Qui se rapporte
aux décailes du calendrier répubUcain.
— ÉTYM. Décade.
DÉCADE (dé-ka-d'), ». f. \\ !• Dizaine. Les racines
grecques ont étA divi.sées par décades, c'est-à-dire
par groupes de lix vers. || Les Décades de Tite-Livo,
litre de l'hisioire de Rome composée par Tite-l.ive,
et ainsi nommées, parce qu'elles contenaient cha-
cune dix livres. Je travaillai sur la langue grecque
et sur la neuvième décade de Tite-Live, betz, iv,
286. Il 2" Espace de dix jours. Les mois grecs étaient
divisés en décades. La décade républicaine, période
qui dans l'ancienne république française avait rem-
placé la semaine. || 3° La Décade philosophique,
journal politique et littéraire commencé le *o flo-
réal an 11, et continué jusqu'en )807, ainsi nommé
parce qu'il paraissait chaque décade.
— HIST. xiv's. Vous me commendastes que les
trois décades de Titus Livius ge translatasse de latin
en françois, bercheure, S'i,
— ÉTYM AExà;, dixaine.
t DÉCADENASSER (dé-ka-de-na-sé), «. O. Enle-
ver un cadenas. Décadenasser une porte.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cadenas.
DÉCADENCE (dé-ka-dan-s") , s. f. || 1° État de ce
qui commence à choir, à tomber. Cette maison tombe
en décadence. Que j'aime à voir la décadence De
ces vieux palais ruinés. Contre qui les ans mu-
tinés Ont déployé leur insolence, st-amand, Ode
sur la solitude. Les plus fermes bâtiments tombent
enfin en décadence, desc. Monde, 3. ||Cet emploi,
au propre, est maintenant peu usité. || 2° État de ce
qui déchoit, au propre. Rimeurs en état si piteux
Ne doivent rompre le silence; Car d'un corps faible
et langoureux L'esprit ressent la décadence, chaul.
À Courlin et à Volt. Le soleil, comme nous, mar-
che à sa décadence, lamart. Méd. i, 5 || 3° Fig. En
parlant des choses abstraites. Toutes les institutions
étaient allées en décadence, Boss. Ré fut. Depuis ce
malheureux moment, tout alla visiblement en dé-
cadence, et les afl"aires furent sans retour, m. Berne
d'Anglet. Les églises d'Orient sont dans une grande
décadence, m. Àvert. 3. Les affaires vont en déca-
dence, ID. Ilist. II, 4. Après plusieurs raisons de la
décadence des esprits qu'apportait ce philosophe in-
troduit ici par Longin, boil. Longin, Sublime, Rem.
sur le chap. 35. La santé ruinée, des affaires en dé-
cadence, MASS. Car. Élus. La décadence de nos for-
ces entraîne celle de notre jugement, volt. Dial.
VII, 2. César pour rétablir l'Etat en décadence, id.
Triumv. ii, i. Ce n'était pas un État qui fût dans
la décadence, qu'il entreprit de renverser, mais un
empire naissant, montesq. Esp. x, t3. Et le destin
jaloux des suprêmes puissances Dans leurs plus
hauts progrès trouve leurs décadences, brébeuf,
Pharsale, 1. 1| Décadence se dit quelquefois absolu-
ment de l'abaissement des choses littéraires, intel-
lectuelles, scientifiques. La décadence fut produite
par la facilité de faire et par la paresse de bien faire,
par la satiété du beau et par le goût du bizarre.
N'espérez pas rétablir le bon goût; nous sommes en
tout sens dans le temps de la plus horrible déca-
dence, VOLT. Lett. la Har/ie, 23 avril (770. || Abso-
lument. La décadence, l'époque de la littérature
latine qui comprend les derniers siècles de l'empire
romain. Les poètes de la décadence.
— SYN. 1" décadence, DÉCLIN. La décadence est
l'état de ce qui va tombant; le déclin, létat de ce
qui va baissant. La décadence amène la chute et la
ruine; le déclin mène à l'expiration et à la fin : la
décadence des empires, le décUn de la vie. Si on
dit: l'empire romain était en décadence, cela ex-
prime qu'il se ruinait et tombait peu à peu, on le
compare à un bâtiment qui s'écroule; si l'on dit:
l'empire romain étailàson déclin, cela exprime qu'il
approchait du terme de son existence; on le com-
pare à un corps organi.se qui finit de vivre. || 2* dé-
cadencb, ruinb. Ces deux mots diffèrent en ce que
le premier prépare le second, qui en est ordinaire-
ment l'elTet. La décadence de l'empire depuis Tbéo-
dose annonçait sa ruine totale.
— HIST. XVI» s. Ils ne sont pas tresbuchez du pre-
mier coup en extrémité, mais sont allez en déca-
dence par certains degrcz, calv. Instit. 841. Trait-
tant.de l'origine des royaumes, pour quelles causes
ils diminuent, et qui leur apporte finale décadence
et totale ruiue, auyot, Moral. Épit. p. lu. Voytà
DEC
un pas en arrière; je reculeray d'un aultre.... si
cnyement qu'il me fauldra estre aveugle, avant que
je sente la décadence de ma veue, mont, iv, 2»l.
Je ne leur ai tesmoigné de mon afl'ection | à des
maîtresses] que ce que j'en sentois, et leur en ay
représenté naifvement la décadence, la vigui ur et
la nais.sance, les accez et les remises, id. m, 376.
— ETYM. Ëas-lat. decadentia, qui a donné dans
les temps modernes décadence, et, à l'origine de la
langue, riéciiéance (voy. ce mot).
I DÉCADI (dé-ka-di), t. m. Le dixième et dernier
I jour de la décade dans le calendrier républicain,
I jour de repos qui répondait à notre dimanche.
I —ETYM. Déca (Séxa), dix, et di, du Lilin dt>/,
I jour.
t DÉCADISER (dé-ka-di-zé) , t). a. Fêter le décadi.
I — ÉTYM. Décadi.
t DÉCAÈDRE (dé-ka-è-dr). adj. Terme de géo-
métrie. Qui a dix faces. || Substantivement. Un dé-
caèdre, un solide de dix faces.
— ETYM. Aéxa, dix, et êôp», face, siège (comp.
tedere, seoir).
•( DÉCAKIUE (dé-ka-fi-d'), adj Mot hybride, formé
du grec {e'xst, dix, et du latin jindere, fendre (Toy.
DÉCEMFIIIE).
t DÉCAOONAL, ALE (dé-ka-go-nal, na-1'), adj.
Terme de géométrie. Qui a dix angles. Figure déca-
gonale. || Dont la base est un décagone. Pyramide
décagonale. Prismes décagonaux.
— ÉTYM. Décagone.
DÉCAGONE (dé-ka-go-n'), i. m. || 1° Terme de
géométrie. Figure qui a dix angles et dix côtés.
Il Adjectivement. Un bassin décagone. || 2° Terme de
fortification. Place munie de dix bastions.
— ETYM. AexàYwvoç, de ôÉxa, dix, et ifûvoç,
angle.
DÉCAGRAHME (dé-ka-gra-m'), s. m. Poids de
dix grammes.
— ÉTYM. AÉxa, dix, et gramme.
t DÉCAGYNE (dé-ka-ji-n'), adj. Terme de bota-
nique. Oui a dix pistils. Fleur décagyne.
— ETYM. iiexa, dix, eifj^i], femelle, pisliL
t DÉCAGYNIE (dé-ka-ji-nie), s. f. Terme de lio-
tanique. Ordre de la première classe, dans le sys-
tème de Linné, comprenant les plantes qui ont dix
pistils.
— ÉTYM. Décagyne.
t DÉCAILLER (dé-ka-llé , Il mouillées, et non
dé-ka-yé), v. a. Rendre fluide ce qui est caillé.
— HIST. xvi' s. Faudra en outre lui broier le ven-
tre [à une bête tuée] avec un gros baston rond, que
deux hommes tiendront, de chascun costé, pour lui
faire amollir la peau, et que le sang se descaille pour
sortir, o. de serbes, 979.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cailler.
DÉCAISSÉ, ÉE (dé-kè-sé, sée), part, posté. Des
orangers décaissés.
DÉCAISSER (dé-kè-sé) , v. a. Tirer d'une caisse.
Il Enlever im arbuste de sa caisse pour le trans-
planter.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et caisse.
t DÉCALAGE (dé-ka-la-j') , s. m. Action de dé-
caler,
t DÉCALER (dé-ka-Ié) , v. a. Ôter les cales.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cale 2.
DÉCALITRE (dé-ka-li-tr'^ , s. m. Mesure de dix
litres.
— ÉTYM. Ai/.x, dix, et litre.
t DÉCALOBÉ, ÉE (dé-ka-lo-bé, bée), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui est partagé en dix lobes.
— ÉTYM. Aéxa, dix, et Xoêo;, lobe.
DÉCALOGUE (dé-ka-lo-gh'), s. m. Les dix com-
mandements que Moïse rapporta du mont Sinaï,
gravés sur des tables. Les préceptes du Décalogue.
Ce commandement [ne pas tuer] a été imposé aux
hommes dans tous les temps; IT.vangile a confirmé
celui de la loi ; et le Décalogue n'a fait que renouve-
ler celui que les hommes avaient reçu de Dieu, avant
la loi, dans la personne de Noé, pasc. Prnv. M.
— ÊTYM. AtxàXofo;, de 8é>ia, dix, et Xôyo;, pa-
role.
t DÉCALOTTER (dé-ka-lo-té) , c. a. Terme de
métier. Ôter le dessus d'une chose. || Se décalotter,
V. réfl. Perdre le dessus, la calotte.
— ETYM. Dé.... préfixe, et calotte.
t DÉCALQUE (dé-kal-k'), s. m. Action de décal-
quer.
DÉCALQUÉ, ÉE (dé-kal-ké, kée), part, passé.
Un dessin calqué, puis décalqué.
DÉCALQUER (dé-kal-ké), v. a. Reporter les traits
d'un dessin calqué sur un autre papier, sur une
autre toile.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et coii^uer.
DEC
f DÉCAMÈRE (dé-ka-mê-r') , ». m. Terme de zoo-
logie. Genre de coléoptères lauiellicornes, ayant dix
articles aux antennes.
— ÊTYM. Aixa. dix, et piipoî, partie.
t «P-CAMÉUIDE (dé-ka-mé-ri-d'), s. f. Terme dV
coustiqiie. La ;)oin« partie de l'octave partagée d'a-
bord en 4S parties, cliacuoe de celles-ci en 7, et
chacune de ces 7 en (O,
— ETYM. A»i, dix, et (upo;, partie.
DÉCAMÊKON (dé-ka-mé-ron), s. m. Ouvrage con-
tenant une suite de récits faits en dix jours. Le Déca-
méron de Boccace.
' — ETYM. liai, decamerone , de Séxa, dix , et ^i|x£pa,
jour.
, DÉCAMÈTRE (dé-ka-mè-tr'), *. m. Mesure de dix
mètres. Il Terme d'arpentage. Mesure de (O mètres
de longueur. En arpentage, on nomme spécialement
décamètre une chaîne de io mètres de longueur;
celte chaîne est ordinairement formée de 60 chaî-
nons de -20 centimètres de longueur chacun, y com-
pris les deux poignées. Le double décamtitre a 20 mè-
tres de longueur; il est assez souvent formé de
40 chaînons de o-,BO de longueur chacun.
ÊTYM. Hi<ca,el mètre.
t DÉCAMÉTRIQCE (dé-ka-mé-tri-k'), adj. Qui a
rapport au décamètre.
— ETYM. Décamètre.
t nfiCAMI'É, ÊE (dé-kan-pé,pée), part, patte. Qui
a levé son camp. L'armée décampée pendant la nuit.
Il Oui est parti à la hftte. On alla avertir la garde;
mais elle trouva en arrivant les tapageurs décampés.
— REM. Ce participe n'est pas donné par le Dic-
tionnaire de l'Académie; mais il est dans l'usage,
et conforme à plusieurs autres participes passés de
verbes neutres.
DÉCAMPEMENT (dé-kan-pe-man), s. m. Action
de décamper, de lever le camp.
— HIST. xvi' s. Ils tuèrent sur le decampement
plus de 400 hommes, d'aub. Hist. i, 276.
— ETYM. Décamper.
DÉCAMPER (dé-kan-pé), V. n. || 1° Lever le camp.
Le Parthe a décampé, pressé par d'autres guerres
Contre l'Arménien qui ravage ses terres, corn. Bo-
dog.i,^. Le soir on tmt un conseil parmi les Grecs,
où il fut résolu qu'on décamperait et qu'on irait
'chercher un lieu commode pour les eaux, hollin",
^lUsl. anc. Œuvres, t. m, p. 262, dans pougens.
Villars eut au moins l'honneur de faire décamper
'Marlborough, c'était beaucoup alors; le duc de Marl-
borongh lui écrivit en décampant, volt. L. XI V,I9.
Il 8° Par extension, se retirer précipitamment. Dé-
campons; il est temps. Il voulait rester, mais on le
fit décamper. Décampez au plus vite, il nous vient
compagnie, lachausôée, Goitvern. m, 3. Je n'y de-
vais rien que le bonsoir à mon hôtesse, et puis je
n'avais qu'à décamper avec mon paquet, mabivaux,
Paysanparv. t. i, part. (", p. )08, dans pougens.
Cette maison des champs me paraît un bon gîte; Je
voudrais bien ne pas en décamper si vite, pihon,
Métrom. I, < L'heure presse, et tous ont dé-
campé, Comptant se retrouver ici pour le soupe, IB.
ib. IV, 6.
— RF.M. Décamper se conjugue avec l'auxiliaire
auotr, quand il exprime l'action : les troupes ont
décampé à la hâte; avec l'auxiliaire être, quand il
exprime l'état : les troupes sont décampées.
— HIST. xvi's. Remède n'y a que descamper d'icy,
BAB. Pant. v, 7. Les conjurateurs scamperent jour
et nuict, qui par la Seine, qui à cheval, qui à pied,
pour se saulver, carl. ix, 25.
— ETYM. W.... préfixe, ei camp.
t DÉCAN (dé-kan), ,?. m. Terme d'astronomie.
Nom que l'on adonné à chaque dizaine de degrés ou
au tiers de chaque signe du zodiaque.
— ETVM. Latin, decanus, génie qui préside à dix
degrés du zodiaque, du radical dec, qui est dans de-
cem, dix.
t DÉCANAILLER (dé-ca-nâ-Ué, U mouillées), v.
a. Tirer hors de la canaille. Ma tante et lui ont éié
irous.sés [sont morts] en moins de trois semaines, et
j'hérite de tout cela; ne suis-je pas bien heureux?
— Oh ! pour cela oui, vousavez été décanaillé en bien
peu de temps, DANCOLRT,ieil/oi/im de Javelle, se. 22.
— ETYM Dé.... préfixe, et canaille.
t DfiCANAL, ALE (dé-ka-nal, ua-l'), ad). Qui ap-
partient au doyen, au décanat. Juridiction déca-
nale. Districts décanaux.
— ETYM. Voy. DÉCANAT.
DÉCA.VAT (dé-ka-na; le ( ne se lie pas), t. m.
Il l" Dignité de doyen soit dans un corps ecclésias-
tique, soit dans une faculté de lettres, de droit, de
médecnie. Dans l'attente du aécanat du sacré col-
lège, BOSS. L*n. quiét. 8». Il fallait être à Rome à la
DEC
mort du doyen pour recueillir le décanat du sacré
collège, ST-siM. 45, 18. Il 2" Exercice des fonctions
de doyen. Pendant son décanat.
— KEM. Au xvir s. dnyenné se disait plutôt que
décanat pour les compagnies ecclésiastiques, à l'ex-
ception néanmoins du collège des cardinaux.
— ETYM. Voy. DOYEN.
t DÉCANDRE (dé-kan-dr') , adj. Terme de bota-
nique. Oui a dix étamines.
— ETYM. AÉxa, dix, et àvfip, mâle, étamine.
DÉCANDRIE (dé-kan-drie), s. f. Terme de bota-
nique. Nom de plusieurs classes du système de Linné
qui renferment les plantes dont la fleur a dix éta-
mines.
— ETYM. Décandre.
IDÉCANILLER (dé-ka-ni-llé, Il mouillées), v. n.
Terme populaire. S'en aller malgré soi, avec quel-
que rebuffade. Il a eu beau dire, on l'a fait déca-
niller.
— ÊTYM. Décaniller parait être le même que dé-
cheniller, ôter les chenilles, d'oi^i, figurèment, s'en
aller comme une chenille que l'on ôte. Le fait est
qu'on trouve chanilles pour chenilles dans Journal
de Paris, an 1446, p. 200, dans lacurne, au mot
chanille. Il y a aussi un verbe populaire caner, dans
le sens de s'en aller (d'origine d'ailleurs inconnue),
qui a pu, par dérivation, donner décaniller.
\ DÉCANISER (dé-ka-ri-zé), v. n. Ancien terme.
Remplir les fonctions de doyen.
— ÉTYM. Lat. dfcanus, doyen (voy. ce mot).
t DÉCANONISER (dé-ka-no-ni-zé),v. a. Rayer du
canon des saints.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et canon.
t DÉCANTAGE (dé-kan-ta-j') , s. m. Action de dé-
canter.
DÉCANTATION (dé-kan-ta-sion), s. f. Opération
par laquelle, après avoir laissé déposer une liqueur,
on la verse doucement en penchant le vase et sépa-
rant ainsi la partie claire, qui est au-dessus, de
celle qui s'est précipitée.
— ÉTYM. Décanter.
DÉCANTÉ, ÉE (dé-kan-té, tée), part, passé. Une
liqueur décantée.
DÉCANTER (dé-kan-té), v. a. Opérer la décanta-
tion. On décantera la partie suspendue, et l'on
étendra la partie déposée dans la nouvelle eau, dider.
Peinture en cire, Œuvres, t. xv, p. 362, dans
LACURNE. Il Se décanter, v. réft. Être décanté. Cette
liqueur se décante ordinairement.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et canihus, l'angle d'une
cruche; espagn. decantar; ital. decanlare.
\ DÉCANTIIÈRE (dé-kan-tê-r'), adj. Terme de
botanique. Qui a dix anthères.
— ÉTYM. Aéxa, dix, et anthère.
\ DÉCAPAGE (dé-ka-pa-j'), s.m. Opération consis-
tant dans l'enlèvement, au moyen d'un dissolvant
ordinairement de nature acide, des impuretés qui
recouvrent une surface métallique, de manière à la
rendre nette et brillante.
— ETYM. Décaper.
t DÉCAPARTl, lE (dé-ka-par-ti, tie) ou DÉCA-
PARTITE (dé-ka-par-ti-f) , adj. Mot hybride, com-
posé, du grec Séxa, dix, et du latin partiiuî, par-
tagé,divisé. Voy. decemparti.
DÉCAPÉ, ÉE (dé-ka-pé, pée) , parf. pass^ de dé-
caper 1. Lame de fer décapée.
t DEÇA PELAGE (dé-ka-pe-la-j') ou DÉCAPÈLE-
MENT (dé-ka-pè-le-man), s. m. Terme de marine.
Action de décapeler.
t DÉCAPELER (dé-ka-pe-lé. Vl se double quand
la syllabe qui suit est muette : je décapelle; je dé-
capellerai), v. a. Terme de marine. Ôier de la tête
d'un mât ou du bout d'une vergue tous les cordages
qu'on y avait capelés.
— ÉTYM. Capel dit pour chapel ou chapeau.
•(.DÉCAPER (dé-ca-pé), v.a. || i°Pr;itlquer l'opé-
ration du décapage. 1| 2° ôier la superficie, la croûte
de quelque chose. Le plus souvent, l'exploitation du
guano a lieu à ciel ouvert, après avoir déca[ié le gîle
en enlevant la croûte, Acad. des se. Comptes rtndus,
t. Li, p. 845. Il Terme de ponts et chaussées. Déca-
per un accosiement , mettre de niveau avec la
chaussée d'une roule les contre-allées qui se trouvent
plus hautes.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cape ou chape : ôter la
rouille comparée à une chape qui recouvre.
2. DEÇA PEU (dé-ka-pé), t'. n. Terme de marine.
Déliasser les caps <|ui s'avancent le plus au large;
prendre la haute mer. Nous avons décapé.
— ETYM. Dé.... préfixe, et cap.
f DÉCAPÉTALEldé-ka-pé-ta-l'), a-fj. Terme de
botanique. Qui a dix pétales. Corolle décapétale.
— ÉTYM. Aéxa, dix, et pétale.
DEC
975
t DfiCAPEUR (dé-ka-peur) , t. m. Ouvrier qui dé-
cape les métaux.
— ETYM. Déraper t .
t DÉCAPHYLLE (dé-ka-fi-1'), adj. Terme de bo-
tanique. Qui a dix feuilles ou dix folioles.
— ÉTYM. A:-x», dix, et çOUov, feuille.
DÉCAPITATION (dé-ca-pi-la-sion; en poésie, de
six syllabes), ». f. Action de décapiter.
— HIST. xv's Bartolomieu,helis,Fuescorchiez;
de St Andrieu Usons Qu'en croix mouru; décapita-
tions Fu à Jacques.... E. desch. Poéties mss. f° 1 24 ,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Décapiter.
DÉCAPITÉ, ÉE (dé-ka-pi-té, tée), part, passé.
Il 1°A qui on a coupé la tête après condamnation.
Le roi Charles I" condamné et décapité. || 2° Par ex-
tension, dont on a coupé la tète. Tous les limaçons
décapités no produisent pas des opercules; mais le
nombre de ceux dont la coquille reste ouverte est
pour l'ordinaire fort petit, bonnet, <"mém. Heprad.
limaçons. \\ 3° Fig. et néologisme. Privé de ce qui
formé la tête, le chef. La république décapitée de
ses plus habiles et de ses plus vertueux citoyens.
DÉCAPITER (dé-ca-pi-lé), v. a. Hl" Terme de ju-
risprudence criminelle. Trancher la tête à un con-
damné. Courage, ma fille [Clothon, la parque], pends
les uns, décapite les autres, pour leur apprendre
qu'ils sont hommes, et ne les élève que pour les
précipiter de plus haut, d'ablancoi HT, /.MCtcn, Coron.
On bandait les yeux de ceux qu'on décapitait pour
crimes de trahison envers le roi et l'État.... ceux
qu'on ne décapitait point pour crimes de trahison,
étaient les maîtres d'avoir ou de n'avoir pas les yeux
bandés, saint-foix. Est. hist. Paris, Œuvres, t. iv,
p. 217, dans pouGENS. Combien de gouverneurs son
maître avait fait décapiter, depuis qu'il avait intro-
duit sa domination dans les Indes, baynal, Hist.
phil. II, 6. Il Fig. Dans la guerre que le despotisme
fait aux supériorités sociales, il ne recule pas plus
que la démagogie devant les attentats qui décapitent
la société même, v. iiugo, cité dans le Dict. de
POITEVIN. 112" ôter la tête, le bout supérieur de
qdelque chose. Les rivets [dans les chemins de fer]
sont soumis à des efforts de cisaillement qui en dé-
capitent un grand nombre qu'il faut remplacer au
fur et à mesure. Presse scientifique, <86i, t. m,
p. 232.
— HIST. XIV* S. Premièrement batuz de verge et
puis descapitez, bercheuue, f''e9, recto. |jxv' s. Et
tantost feurent interroguez, et confessèrent le cas,
et feurent décapitez, ainsi que raison vouloit, lu-
VÉNAL DES URSiNS, Charles VI, 1404. Et fit décapiter
un sien secrétaire, comm. vu, 2. ||xvi's. Nostre
justice ne peult espérer que celuy que la crainte de
mourir et d'estre décapité ou pendu ne gardera de
faillir, en soit empesché par l'imagination d'un feu
languissant ou des tenailles ou de la roue, mont.
III, (20. Pour toute aullre chose [dans une armée
turque] tant legiere soit elle, non nécessaire à la
nourriture, on les empale ou décapite sans déport,
ID. IV, 200.
— ETYM. W.... préfixe, et le latin caput, capitit,
tête; provenç. descapitar, decapitar; ital. decapi-
tare. •
■fDÉCAPODE (dé-ka-po-d*), s. m. Terme de zoolo-
gie. Premier ordre des crustacés, caractérisé par
cinq paires de pattes (écrevisses, homards, crabes).
— ÉTYM. AÉ-<a, dix, et itoO;, 7to5o;, pied.
f DÊCAPOLE(dé-ka-po-r),s. (. Terme d'antiquité.
Contrée où il y a dix villes principales, nom d'une
partie de la Judée.
— ÉTYM. Aexâitoî.ii;, de 8Éxa, dix, etitô/i;, ville,
t DÉCAPTÉKVGIEN, lENNE (dé-ka-pté-ri-jiin,
jiè-n'), adj. Terme de zoologie. Qui a dix nageoires.
— ÉTYM. Aéxa, dix, et TtTépyJ, iiT£puTf°«i "^"
geoire.
t DÉCAPTIVER (dé-ka-pti-vé), v. a. Mettre en
liberté.
— HIST. xvi's. Mais toy, seigneur, de qui le bras
puissant Decaptiva ton peuple languissant, dubell.
OEuvres, f"2l4, dans laci rne.
— ETYM. Dé... préfixe, et captif.
\ DÉCAPUCIION.NER (dé-ka-pu-cho-né), v. a.
Enlever le capuchon.
— ETYM. Dé.... préfixe, et capuchon.
] DÉCAUBONATÉ.ÉE (dé-kar-bo-n.i-té, tée), part,
passé. Qui a penlu l'aciile carbonique de combinai-
son. Clianx décarlioiialée.
t DÉCAKB( i.V ATKR (ilé-kar-bo-na-té) . v. a. Terme
de chimie. Retirer l'acide carbonique de combinai-
son. Il Se décarbonaler, v. réft. Devenir décarbo»
naté.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, tt carbonate.
976
DEC
t DÈCARBOMSER (dé Sar-bo-ni-zé), V. a. Terme
lie cm mie. ôler d'une substance le carbone qu'elle
contient.
— ETYM. /)(!.... pri^flxe, et carbone.
t DÊCARBURATION (dékar-bii-ra-sion), i. f.
Terme de chimie. Destriiclion de l'état de carbura-
lion d'une suhstnnce. La décarbnration de la fonte
de fer se fait par une opération appelée le mazéage.
— Ktym. Ix'enTbKm.
t DCCAItm'HER (dé-kar-bu-ré), v.a. Terme de
chimie. Kiduver le carbone mêlé à d'autres su b.slances.
Il Séparer \a carbone de la fonle par l'affinage. || ôler
à l'acier une partie de son carbone sous une haute
température. || Se décarburer, V. réfl. L'acier se dé-
carbure, c'est-à-dire |ierd une partie de son carbone,
quand on l'expose à une haute température.
— Ktym. Dé..... préfixe, et carbure.
t DECAnilIN'Al.lSEn (dé kar-di-na-li-zé) , V. a.
Rayer de la liste des caritinaux.
— f.TVM. Dé.... préfixe, ei cardinal.
+ DfXAItR.MER (SE) (dé-ka-ré-mé), r. réfl. Se
dédommaj-'er par un boa repas de l'abstinence du
carême, ou, en général, d'une abstinence quel-
coni)ue.
— ETYM. Dé.... préfixe, et carême.
t lifICAItItELAGE (dé-ka-re-la-j'), *. m. Action
de (lécarreler.
«ECARRELfi, ÉE (dé-ka-re-Ié, lée), ■pari, passé.
Un corrulor décarrelé.
DfXARRELER (ilé-ka-re-lé. VI se double, quand
la syllabe qui suit est muelte : je décarrelle: jo dé-
carreller.iil, t). a. ôler les caneaux qui recouvrent
le sol d'une cliambre, d'un corridor.
— ETYM. Dé.... préfixe, et carrel ou carreau.
fm-XAUVER (dé-kar-vé), v. a. Terme de marine.
Croiser les écarts, pour fortifier la jonction de deux
pièces de bois.
•fDECASER (dé-ka-zé), b. a. Déranger un papier,
une piîce, de la case où ils étaient. Papiers déoasés.
— ETYM. Dé.... préfixe, et case.
t DÉCASPERME (dé-ka-spèr-m'). adj. Terme de
botanique. Oui renferme dix semences.
. — Etym. Afxsc, dix, et OTtépud, graine.
t DÊCASTER (dé-ka-sié), v. a. Néologisme. Faire
sortird'une ca-^te, d'une classe sociale.!! Se décaster,
V. rffl. Sortir de la ca^^ie, de la classe où l'on était.
— ETYM. Dé..., préfixe, et caste.
\ KP.CASTERE (dé-ka-stè-r'), s. m. Mesure de la
valeur de dix stères.
— ETYM. Déca, et stère.
BÉCASTYI.E (dé-ka-sti-n, s. m. Terme d'arcbi-
tecluie. Edifice à dix colonnes de face.
— ETYM. AsviàfftuÀo;, de 8Éxa, dix, et <jtO).o;,
colonne.
DÉCASYLLABE (dé-ka-sil-la-b'). || 1° Adj. Qui a
dix syllabes. Tbesauroclirysonicocrisides de Plante
est un mot décasyllabe. || Vers décasyllabe, celui
qui a dix syllabes. || 2" S. m. Vers de dix syllabes.
Les anciennes gestes sont écrites en décasyllabes.
— ETYM. Aey.a, dix, ei syllabe.
t UP.CASYLLABIQUE (dé-ka-sil-la-bi-k'), adj. Qui
ust de dix syllabes.
— ETYM. Décasyllabe.
DÉCATI, lE (dé-ka-ti, tie), par(. passé. Du drap
décati.
DÉCATIR (dé-ka-tir) , V. a. ôter le cati , l'apprêt
que le fabricant a donné à une élofle de laine. || Sé-
parer les brins d'un écheveau collés ensemble.
Il Terme de chapellerie. Démêler le poil d'une peau.
— ETYM. Dé.... préfixe, et catir.
DÉCATISSAGE (déka-ti-sa-j'), s. m. Action de
décatir; résultat de cette action.
— ETYM. Décatir.
DÉCATISSEUR (dé-ka-ti-seur) , s. m. Celui qui fait
le décalissage.
— ETYM. Décatir.
t DÉCA TOME (dé-ka-to-m') , adj. Terme de zoo-
logie. Oui est partagé en dix parties.
— ETYM. Aéxa, dix, et TO|jtiri, section.
DÉCAVÉ, ÉE (dé-ka-vé, vée), part, passé. Un
joueur décavé.
DÉCAVER (dé-ka-vé), 0. a. Terme de jeu. Gagner
toute la cave d'un joueur, tout l'argent qu'il a devant
lui. Il m'a décavé en deux coups. || Se décaver, v.
réfl. Perdre sa cave.
— ETYM. Dé.... préfixe, etcace, terme de jeu.
DÉCÉDÉ. ÉE (ilé-cé-dé, dée), part, passé. Mort
de mort naturelle. Un homme décédé. || Substanti-
vement. Ces basili'jues toutes moussues, remplies
des générations des ilécédés,cHArEAi'ii. Gén. ni, i, 8.
DÉCÉDER (dé-sé-dé. La syllabe ce prend un ac-
cent grave quand la syllabe qui suit est muette : il
décède, excepté au futur et au conditionnel, où sans
DEC
raison suffisante on écrit : décédera, décéderait), e.n.
Mourir de mort naturelle, en parlantdcs personnes.
Cet homme est décéilé. Honore la mémoire des gens
de bien qui sont décédés, fl£ch. iam.
— REM. Il se conjugue avec l'auxiliaire être.
— HfST. XVI' s. Le seigneur reserve à salut d'au-
cuns les((uels dece<lent petis enfans de ce monde,
CALVIN, Ituitit. )07»-<080. 41 y eu a de ceux qui dé-
cèdent petits enfans, qui .sont héritiers du royaume
de Dieu, m. i6. )08&. Il deceda si pauvre, que l'on ne
trouva pas chez luidequoy le faire inhumer, ahyot,
Arist e«.
— ETYM. Latin, decedere, mourir, proprement,
s'en aller, de de, et cedere, aller (voy. céueb).
t DÉCEINDRË (dé-sin-dr') , v. a. Défaire ce qui
est ceint. Déceindre son épée.
— HtST. XII* s. Là le désarment li baron qui l'ont
chier; Ils lui deslacent son vertelme à or mier(purl ;
Puis li desçaignent son bon branc qu'est d'acier,/!. de
Cambrai, ei. \\ xiii* s. S'en i ot de teles [dames] as-
sez, Oui orent estrains les costés De çai ntures ; s'en i ot
maintes Oui por le chant erent [étaient] desçaintes.
Lai du Irnl. || xv s. lit avoit la cuyrasse suub/, une
robe desceinte, comm. m, n. || xvi' s. Adonc Dren-
nus deceignit son es|iée, et la mit, ceinture et tout,
dans la balance, amyot, Cam. 49.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et ceindre.
DÉCELÉ, ÉE (dé-se-lé, lée). part, passé. Cet
homme décelé par son complice. Son dessein impru-
demment décrié.
DÉCÈLEMENT (dé-sè-Ie-man) , s. m. Action de
déceler.
— HlST. xvi's. I.a cause de ce decelement [de cer-
tains mystères aux païens], c. du perhon, dans le
Dict. de nociiEZ.
— ÉTYM. Déceler.
DÉCELER (dé-se-lé. La syllabe ce prend un accent
grave, quand la syllabe qui suit est muette: je dé-
cèle, je décèlerai), v. a. ||1° Découvrir la personne
ou la chose qui était celée, cachée. Ils confessent
leur crime et n'osent déceler le sien, vaugel. Q C.
liv. VI, ch. «. Mes frères, leur dit-il [le cerf aux
bnpufs], ne me décelez pas; Je vous enseignerai les
pfllis les plus gras, la font. Fabt. iv, 2i. Us pro-
mirent abolition de tout crime à celui qui aurait dé-
celé un prêtre, maucroix, ScAi'.çme d'Angleterre ,
liv. m, dans richelet. Heureux si je pouvais, avant
que m'immoler. Percer le traître cœur qui m'a pu
déceler, bac! Ùithr. iv, 2 Ciell si quelque in-
fidèle. Écoulant nos discours, nous allait déceler!
ID. Esth. li, 9. Je me suis douté de quelque chose et
je suis.... ne me décelez pas au moins, bhuevs, l'Im-
pnst. II, 40. Il 2° Faire connaître, être l'indice de.
Sa colère me plaît et décèle une amante, A. chén.
t39. Oui, son œil le décèle; C'est lui-même; sans
doute il médite un libelle, gilb. Apolog. Jusqu'ici
la comète d'Encke était le seul astre dont les mouve-
ments bien connus décelassent dans le ciel une in-
fluence autre que celle de l'attraction newtonienne,
FAYE, Comptes rendus, Acad. des se. t. lu, p. 370.
Il 3° Se déceler, v. réfl. Se faire connaître, se tra-
hir. Il se décela par une parole imprudente. Son élo-
quence était déjà formée et .=ie décelait par mille
traits, MAiBAN, Éloges, Polignac. 11 est temps qu'à
ses yeux ma flamme se décèle, delav. Vêpres Sicil.
I, 2. Il Se ilénoncer l'un l'autre. Si l'on partage la vie
des partisans en deux portions égales, la première,
vive et agissante, est tout occupée à affliger le peu-
ple; et la seconde, voisine de la mort, à se déceler
et à se ruiner les uns les autres, la bruy. vi. || Terme
de vénerie. Un cerf se décèle, quand il quitte le
buisson où il s'était retiré pour refaire sa tête.
^ HEM. L'Académie, qui écrit celer el déceler,
avec un e muet, écrit cependant receler avec un é
accentué.
— HIST. XVI* s. Le secret que j'ay juré ne déceler
à nul autre, mont i, 2I7 Alcibiades, les cognoissant
très bien par leur nom, les décela à ceulx qui te-
noient le party des Syracusains, amyot. Aie. 40. Ils
avoient grande peur que leurs armes reluisantes aux
rayons delà lune, ne les décelassent, ID. Aratus, 24.
— ÉTYM. De ... préfixe, et eeler; provenç. desce-
lar; catal. decelar.
t DÊCELEUR (dé-se-Ieur), î. m. Celui qui décèle.
— HIST. Le prix d'argent p.omis au deceleur,
AMYOT, Aie. 36.
— ETYM. Déceler.
DÉCEMBRE (dé-san-br"), s. m. Le douzième el
dernier mois de noire année. Quand on est une fois
rangé à la campagne, les mois de novembre et de
décembre n'y sont point difficiles à passer, sév.
7 déc. tOHV Compare prix pour prix Les élrennes
d'un juge à celles d'un marquis; Attends que nous
Dï:c
soyons à la fin de décembre, rac. l'iaid. i, 4.
Il Poétiquement , les années. Le centième décembre
a les plaines ternies. Et le centième avril les a
peintes de fleurs. Depuis que parmi nous leurs
bruwles manies Ne causent que des pleurs, iCAin.
II, 12. Il Poétiquement encore, la mauvaise saison.
Mais qui fait enfler la Sambre, Sous les Gémeaux
efl'rayés? Des froids torrents (Je décembre Les
champs partout sont noyés, boil. Ode sur la prise
de .\amur (Cette prise eut lieu en juin comme
l'expriment les Gémeaux. Décembre indique ici les
grandes pluies qui tombèrent alors).
— ÉTYM. bourguig. décambe; du latin december,
ainsi dit de decem, dix, parce que, dans l'ancienne
année latine, qui , commençant au mois de mars,
n'avait que dix mois, décembre était k dixième et
dernier.
t DÉCEMDENTÊ, ÉE (dé-sèm'-dan-té, tée), adj.
Terme de botanique. Oui est terminé par dix dents.
— ETYM. Lat. decem, dix, et dent.
t DÉCE.MF1DE (ilé-sèm'-fi-d"), adj. Terme de bo-
tanique. Qui est découpé en dix parties.
— Etym. Lat. di-cem. d x, et findere, fendre.
t DÉCEMLOCULAIRE (dé sèm -lo-ku-lé-r'), adj.
Terme de botanique. Qui est divisé en dix loges.
— Etym. lat. decem. dix, el loculns, loge.
DÉCE.MMENT (dé-sa-nian), actt.||l° D'une ma-
nière décente. 11 est vêtu décemment. 11 fut décem-
ment enterré. |{ D'une manière morale. Elle [une
actrice] est votre voisine, elle est sage, elle vit dé-
cemment avec sa mère et avec sa sœur, marmont.
Hém. IV. Il 2° Convenablement. Décemment, nous
ne pouvons pas nous dispenser de lui faire visite.
— HIST. XVI' s. Combien leurs classes seroieiit plus
décemment jonchées de Heurs que de tronçons d'o-
sier sanglants, mont. I, (83, Platon me semble avoir
aimé celte forme de philosophie par dialogues, à
escient, pour loger plus décemment en diverses
bouches la diversité et variation de ses propres fan-
taisies, ID. Il, 240. L'apostre enseigne que toute»
choses se doivent faire decentement et par ordre
entre nous [régulièrement], calv. Instit. 297.
— Etym. Décente, et le suffixe ment. Décintement
est un ellort de la langue du xvi* siècle pour con-
former la nouvelle syntaxe des adjectifs en ent à
l'ancienne syntaxe des adverbes.
t DÉCEMNOVAL (dé-s.Jm'-no-val), adj. m. Terme
de chronologie. Cycle décemnoval, cycle lunaire de
dix-neuf ans.
— ETYM. Lat. decem, dix, etnorem, neuf.
t DÊCE.MPARTl, lE idé-sèm'-par-ti, tie), adj.
Terme de buLinique. Qui est divisé, jusqu'à la base,
en dix parties. Calice décemparli.
— ETYM. Lat. decem, dix, et partilus, divisé
(voy. partir).
t DÉCE.'UPEDE (dé-sèm'-pè-d'), odj. Terme de
zoologie. Qui a dix pattes.
— ÉTYM. Lat. decem, dix, et pes, pedit, pied,
t DÉCEMPONCTUÉ, ÉE (dé-sèm'-ponktu-é, ée),
adj. Terme d'histoire naturelle. Qui est marqué de
dix points.
— ETYM. Lat. decem, dix, et ponctué.
DÉCEMVIR (dé-sèm'-vir), s. m. Terme d'histoire
romaine. Nom de magistrats chargés, l'an 304 de
Home, de rédiger un code de lois, dit lois des douze
tables. Il Magistrat chargé d'administrer la justice
en l'absence du préteur. || Membre de toute espèce
de commission composée de dix personnes nommés
légalement.
— ETYM. Lat. deccmitr, de decem, dix, et vir,
homme.
DÉCE.MVIRAL, ALE (dé-sèm'-vi-ral, ra-l'), ad}.
Qui appartient aux décemvirs. Les pouvoirs décem-
viraux. lx)is décemvirale?.
— ÉTYM. Lat. decemviralis . de decemrir.
DÉCEMVIRAT (dé-sem'-vj-ra : le t ne se lie pas),
s. m. Office de décemvir. || Durée du déceravirat. On
lui continua le décemvirat.
— HIST. XIV* s. Ceux qui avoient requis le décem-
virat, BERCIIELRB, f" 64, reclO.
— ETYM. Ut. decemviralus, de décemvir.
DÉCENCE (dé-san-s'), s. f.l\ i' Honnêteté qu'on doit
garder dans les actions, les discours, les habits, la
contenance , etc. et dont la règle est prise non-
seulement des préceptes de la morale, mais encoro
de l'Age, de la condition, du caractère dont on est,
du temps et du lieu où l'on se trouve, des person-
nes avec le.squelles on vit. La décence, dont on fut
redevable principalement aux femmes qui rassem
blèrent la société chez elles, rendit les esprits plus
agréables, et la lecture les rendit à la longue plu»
solides. VOLT. Louis llf, 29. |l Décence oratoire,
accord de la contenance, des gestes et de la voix <le
DEC
DEC
DEC
977
l'orateur nvec la nature de son discours, dans le
genre tempéré. || 2" Honnêteté dans le langage, les
manières, en ce qui concerne la pudeur. Il a une
grande décence dans ses expressions et dans son
extérieur. || 3° Façon convenable. Il voulait que tous
les curés eussent un nombre de quarante écus suf-
fisant pour les faire vivre avec décence, volt.
e Homme aux 40 écus, Impôts payés à l'étranger.
— SYN. DÉCENCE, BIENSÉANCE, CONVENANCE. La
décence désigne ce qui est honorable ; la bienséance,
ce qui sied bien ; la convenance, ce qui convient.
Quand on pi'-che contre la décence, on commet une
action qui mérite un blâme moral; quand on pèche
contre la bie/iséance ou la convenance, on commet
une action qui mérite un blftme moins grave et qui-
ne porte pas sur la moralité. La distinction entre la
bienséance et la convenance est plus subtile ; pour-
tant elle est indiquée par l'étymologie. Bienséance
dit plus que convenance; s'il est bienséant de faire
une chose, cela implique qu'il est convenable de la
faire; mais s'il est convenable de faire une chose,
cela n'implique pas qu'elle soit bienséante; il y a
dans bienséant le mot bien qui n'est pas dans conve-
nable. Les convenances n'exigent pas tout ce qu'exi-
gent les bienséances. Une femme est habillée avec
dééence quand elle l'est sans immoaestie; avec bien-
séance, lorsqu'elle l'est comme l'exige la circonstance
oil elle doit figurer; avec convenance, lorsqu'il n'y
a rien qui choque dans son habillement.
— HIST. XVI' s. Je me contente de gémir sans
brailler, non pourtant que je me mette en peine
pour maintenir cette décence extérieure, mont, dans
le Dict. de DOcnEZ. Utile décence, si elle pouvait
interdire à Dieu la descouverte de nos vices, mont.
m, 374.
— ÉTYM. Décent.
t DÊCENNAIRE (dé-sè-nnè-r') , adj. Qui procède
par dix. Arithmétique décennaire.
— ÉTYM. Dérivation irrégulière du latin decem,
dix, et mauvais mot qu'on ne doit pas employer.
C'est décimal qui est seul bon et usité.
DÉCENNAL, ALE (dé-sè-nnal, nna-1'), adj.
Il 1° Qui dure dix ans. 1| Terme de droit. Prescrip-
tion décennale, prescription qui se fait par dix ans.
Ij 2° Qui revient tous les dix ans. Jeu décennal. Prix
décennaux. Les empereurs romains instituèrent des
fêtes nommées décennales pour célébrer chaque
dixième année de leur règne par des jeux, des sa-
crifices et des libéralités publiques.
— ETYM. Lat. decennalis, de decem, dii, et an-
nus, année.
DÉCENT, ENTE (dé-san, san-t'), adj. || I» Qui est
conforme à la décence. Costume décent. Mise dé-
cente. Ce n'est point assez que les mœurs du théâ-
tre ne soient point mauvaises, il faut encore qu'elles
soient décentes et instructives, la bruy. i. Soyez
décents, parce que vous n'êtes point des animaux
et que vous vivez dans les villes et non dan^ le fond
des forêts, dider. Opin. des anc. phil. Épicuréisme.
Il 2° Qui est conforme à une réserve pudique. Pro-
pos décent. Conduite décente. Des manières décentes.
Mais les douces vertus et les grâces décentes N'in-
spirent aux cœurs purs que des flammes constantes,
A. CHÉN. Élég. 30. Il S. m. Le décent, ce qui est dé-
cent. La différence du décent et de l'indécent, c'est
la différence d'une femme qu'on voit et d'une femme
qui se montre, Diderot, Salon de t767, (jMvres,
t. xiv , p. <9*, dans pouoens.
— HlST. xvi' 3. La raison humaine plaideroit vo-
lontiers contre Dieu, comme si bastir le monde de
jour à autre ne fust pas chose décente à sa puis-
sance, CALV. Instit, (02. Si je me plains, ma raison
est descente, Tant qu'il suffit, J. marot, p. 24B,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Lat. decens, de decere, convenir.
tDÉCENTOlR (dé-san-toir), S. m. Outil de carre-
leur pour préparer l'aire destinée à recevoir les
carreaux.
t DÉCENTRA LIS A BLE (dé-san-tra-li-za-bl') , adj.
Néologisme. Qui peut, qui doit être décentralisé.
t bÉCËNTRALISATlON (dé-san-tra-li-za-sion) ,
I. f. Néologisme. Action de détruire la centralisation.
La décentralisation des pouvoirs, des affaires. || État
de choses opposé à la centralisation.
— ÊTYM. Décentraliser.
t DÉCENTRALISER (dé-san-tra-li-zé) , V. a. Néo-
logisme. Opérer la décentralisation. Décentraliser
Tailministration. || Se décentraliser, v.rt/!. Cesser
d'être centralisé.
— Rtym. Z>rf.....préfixe, et centraliser.
t DÉCENTRATION (dé-san-tra-sion) , .5. f. Terme
d'arts. Action de décentrer. |1 Terme d'optique. Ac-
tion, état par lequel les centres de lentilles ne con-
DtCT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
courent pas. On produit aisément cet effet [de
présenter aux deux yeux les rayons sous une conver-
gence déterminée] parladécentration des oculaires,
c'est-à-dire dans le cas d'oculaires concaves, en
rapprochant l'un de l'autre les centres de ces oculai-
res sur la ligne qui les unit, giraud-teulon. Comptes
rendus, Acad. des se. t. lu, p. 23.
— ETYM. Décentrer.
\ DÉCENTRER (dé-san-tré) ,v.a.\\i° Terme d'arts.
Déplacer parallèlement les deux bouts d'un tube,
après qu'il a été ramolli vers son milieu. || 2° Terme
d'optique. Opérer, produire la décentration. || Se
décentrer, u. réfl. Être décentré. Dès que l'objet
est rapproché ou le sujet myope, il survient entre
l'accommodation et la convergence dissociation
d'harmonie.... il faut que les cristallins se décen-
trent par un effort spontané, giraud-teulon, Compfej
rendus, Acad. des se. t. lu, p. 23.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et centre.
t DÉCEPTEUR (dé-sè-pteur) , s. m. Celui qui dé-
çoit.
— HIST. xiii' s. Si sachiés que cis [ceux-là] font
boneuevre, Qui les deceveors déçoivent, la Rose, lis t.
— ÉTYM. Lat. deceplum, supin de dccipere, trom-
per (voy. décevoir).
j DÉCEPTIF, IVE (dé-sè-ptif, pti-v'), adj. Qui
est propre à décevoir. Éloquence déceptive. Moyens
déceptil's. Ce présent déceptif [d'une robe empoi-
sonnée] a bu toute leur force [des poisons]. Et,
bien mieux que mon bras, vengera mon divorce,
CORN, ilédée, iv, 2.
— HIST. XV' s. Nostre dit cousin de Bourgogne a
pris son chemin par voies deceptives et frauduleuses,
monstrel. i, <22. ||xvi's. Avecqucs leurs paroles
deceptives et pleines de vent, les flateurs enflent une
ame ainsi qu'un ballon, langue, 330. Mais pas ne
suis assez vindicatif Pour un tel cueur si faux et dé-
ceptif, MAROT, I, 360.
— ÉTYM. Provenç. deceptiu, du latin deceptivus,
de decipere {\oy . décevoir).
DÉCEPTION (dé-sè-psion; en poésie, de quatre
syllabes), s. /'.|| l'Action de décevoir, tromperie.
Il s'indignade tant de déceptions. {| 2° Erreur, fausse
attente. Il a éprouvé de grandes déceptions.
— HIST. XIII* s. Par foi ci ne sai-je respondre, Fors
tant que tel déception Vient de la foie vision Des iex
qui parées les voient, la Rose, 8960. || xiv s. Telles
gens sont larrons à Dieu, qui quierent leurs vies par
telles malices et déceptions, Modus, f'LXVii. Et ainsi
est déception, car ils déçoivent les gens, et font
faulx seremens, tténagier, i, 3. || xV s. Force m'est
que si je veux parvenir à mes fins, que par cautelle
et déception je la gagne, louis xi, Nouv. xcv.
Il xvi's. Au lieu desquels entrèrent flaterie, Décep-
tion, trahison, menterie, marot, iv, 18.
— ÉTYM. Provenç. deceptio; anc. espagn. decep-
cion; du latin deceptionem, de decipere (voy. déce-
voir).
t DÊCEPTIVEMENT (dé-sè-pti- ve-man), adt;.
D'une manière déceptive, frauduleuse.
— ÉTYM. Déceptive, et le suffixe ment.
f DÉCERCLER (dé-sèr-klé), v. a. Ôter les cercles.
— HIST. xiii' s. Et le clavain del helme desrompre
et decercler, Ch. d'Antioche, iv, 643. Maint hiaume
i avoit desserclé. Et maint chevalier abattu, la Rose,
H 94. Il xvr s. J'approche et la découpe [la bête] , et
comme je m'arreste X vouloir decercler les tripes de
la besle. Je vi trembler un fan le quel me sembla
beau, BONS. 746.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cercle.
DÉCERNÉ, ÉE (dé-sèr-né, née), part, passé.
\\ 1° Décrété par une autorité judiciaire. Un mandat
d'amener est décerné contre vous. 11 est rare que la
pitié des juges ou la corruption des courtisans ne
les garantissent des peines décernées par la loi contre
eux, RAYNAL, Hist. phil. v, 22. Les galères sont dé-
cernées contre l'artisan et le matelot fugitif, id. ib.
XVI, 9. Il 2° Accordé comme récompense ou faveur
par une autorité compétente. Prix décerné. Cou-
ronne décernée.
f DÉCERNEMENT (dé-sèr-ne-man), s. m. Néolo-
gisme. Action de décerner.
— ÉTYM. Décerner.
DÉCERNER (dé-sèr-né), v. a. || 1» Prononcer une
peine, en parlant de la loi. Les lois ne décernent
aucune peine contre ce méfait. Pourquoi leur [aux
prêtres fainéants] décernerait-il [le concile de Trente]
des censures et des privations et retranchements de
leurs revenus? fléch. Serm. ii, 276. Le parlement
décernaque, si quelqu'un entreprenait de le délivrer,
Richard II serait digne de mort, volt. Mœurs, 78.
Il Enjoindre, par un acte juridique, certaines me-
sures. Décerner une contrainte. || 2° Accorder cer-
taines récompenses, certaines distinctions hono-
rifiques, en parlant de l'autorité publique. El comme
un défenseur de l'État et des siens, Il lui fait décer-
ner les honneurs des anciens, botr. Antig. m, 6.
Ce même peuple [les Athéniens], dans les siècles
postérieurs, devenu plus puissant, et corrompu par
les fiatteries de ses orateurs, décerna trois cents
statues à Démétrius de Phalère, rollin, Ilist. anc.
Œuvres, t. m, p. 154, dans pougens. les organes
des lois, les ministres des dieux Vont, libres dans
leur choix, décerner la couronne, volt. Mérope.,
I, t. Il Par extension, accorder un prix, en parlant
de certaines compagnies. Les prix que l'Académie
décerne tous les ans à de belles actions. || Il se dit
aussi des prix des collèges. On décerne les prix à.
la fin de l'année scolaire. || Fig. Décerner la palme
à quelqu'un, déclarer sa supériorité sur ses ri-
vaux. Il 3° Se décerner, «. réfl. Être décerné. Les ré-
compenses qui se décernent à ceux qui les méritent.
— HEM. Décerner, qui fut d'abord, comme en
latin, un terme juridique, passa, par extension, dans
le courant du xvi' siècle, au sens de accorder; et
clans le xvii" siècle on contestait encore quelquefois
la légitimité de cet emploi : « Ce n'est guère qu'au
palais que l'on dit décerner une prise de corps contre
quelqu'un ; cependant je crois qu'on peut employer
décerner les honneurs divins, dans un style relevé
et pompeux, vaugel. JVouv. rem. observ. de II***,
p. <33, dans POUGENS. » Aujourd'hui la seconde ac-
ception de décerner est admise sans conteste.
— HIST. XIV* s. Et par ce il décernera et jugera
droiturierement la quelle chose est bien, oresme,
Eth. 76. Servius se est assis en la sée royal, et au-
cuns jugemens a décerné et déterminé, iiercheure,
f° 2f ,reclo. De l'assentement de tous, le delet [en la-
im delectus, levée] a esté décerné, id. 1^74. hxvi*
s. Il y aura deux volontez contraires en lui, en tant
qu'il decerneroit en son conseil estroitles choses qu'il
a manifestement défendues par sa loy, calv. Instit.
t63. Il ne leur permet point seulement de dire leur
opinion, mais d'ordonner et décerner ce qu'il leur-
semble ; quand ils ont décrété quelque chose , il suit
et obtempère, ID. ib. 887. Le conseil des Amph étions,
emeu par ses remonstrances et raisons, décerna la
guerre contre les Cyrrheiens, amyot, Solon, I7. Les
consulz décernèrent la cessation de la justice et sur-
seance de tous affaires publiques, id. Sylla, ^«.
....quand ilzluy auroient procuré e'tfait décerner un
tel gouvernement, id. Crassus, 26. L'on luy décerna
les plus grands honneurs qui jamais eussent aupara-
vant esté décrottez et ottroyez à personne du monde ,
ID. Cicéron, 27.
— ÉTYM. Provenç. decernir; du latir 'ifcernere,
de de, et cernere, résoudre, le même que xpiveiv
(voy. crise).
DÉCÈS (dé-sê; l's se lie: un dé-cê-z inattendu),
ï. m. Mort naturelle d'une personne, surtout en
termes de jurisprudence. Les médecins chargés de
constater les décès. Pour recoudre à fond mes gous-
sets. J'aurais dû prendre à son décès Les aiguilles de
mon grand-père [un tailleur], bërang. Refus. || Acte
de décès, acte qui constate la mort d'une personne.
— HIST. XI' s. 0 filz, cui erent [à qui serontj mes
granz créditez. Mes granz paleis de Rome la citet'?
Puis mun décès en fusses enoret [ honoré ] , St
Alexis, Lxxx. Ilxu's. Sire, sire, as tu comanded
que Adonias règne e siesced [siège] en tun trône
cume reis après tun decet? iîot's, 223. || xiir s. Si les
consentiréàalerà nient, quejà, puis leur décès, ne
seront rame m bré enterre, Psautier, f°l88. Et Guil-
laumes qui fu de mon signeur Guillaume de Dam-
piere, averoit le [la] contet de Flandres apriès le
deciès de sa mère, Chr. de Rains, 213. Et les biens
de celui et de ses hoirs en sont tenus après son dé-
cès, Ass. de J. 1, 203. Après les décès des pères et
des mères, beaum. xxx, 87. Or a la dame ainsinc
vescu. Que de sa vie a fet escu Por s'ame desfendre
et covrir Et por saint paradis ovrir Envers li après
son décès, euteb. ii, (83. || xv's. Après le décès de
si grans et puissans princes, comm. Prol.
— ÉTYM. Latm, decessus, de decedere, décéder,
f DÉCESSER (dé-sè-sé). Barbarisme populaire qui
se dit au lieu de cesser et qui est une grosse faute.
DÉCEVAHLE (dè-se-va-bl"), adj. Facile à décevoir,
sujet à être déçu.
— HIST. xii° s. Decevables chavals à salut [un
cheval qui déçoit pour le salut]. Liber psalm. p. 40.
Ilxiv's. Par les.fausses et decevables paroles du dit
Pierre, Bibl. des Chartes, 2' série, t. m, p. 424.
||xvi" s. Mais en voyant cet amour decevable. Le
temps m'a fait voir l'amour véritable, maro. Nour.
XXIX.
— ÉTYM. Décevoir.
I. — 123
078
DEC
+ DÊCEVAjrCB (dè-se-\an-s'), ». f. Action da dé-
cevoir.
— HIST. XII* 8. Se m'ociez ainsi par decevance,
Couei, XVI. Ilxiii* 8 Afl"orm«rent et recognurent
par devant nous que eus, pour le commun profit, et
pour ester les fraudes, les decevences et les mespren-
sures(leleurmestier....itt). dcsm^f. 374. Il so traïsl
ausi à noz, et noz monstra le [la] dechevance que ses
compains li avoit fet, beaum. xxi, 29. Bien se Rarl
cil qui a esté sous-aagiés et il s'aperclioit qu'on li ait
fet tort ou decevance el tans qu'il fu sous aafçe....
JD. XVI, t. Ce qu'ele estoit si belle famé Kesoit à Dieu
perdre mainte ame, Qu'ele estoit laz de decevance,
BDTEB. Il, ( 1 4 . Il XV' S. Je pensoie bien que toutes ces
douces paroles que Gisebrest Mahieu nous rapporta
l'autre jour, ce n'estoit que decevance, fboiss. ii,
II, B*. Il xvi* s. Ne faisons pas tant des plaisans;
Partout il y a decevance, marot, i, Ht.
— ÉTYM. Décevant.
DÉCEVANT, ANTE (dè-se-van, van-l*), adj. Oui
déçoit, qui abu.se. Des promesses décevantes. Qu'il
ne se flatte point d'un espoir décevant, CORN. /'er(/»ar.
I, <. Seigneur, nos passions nous font prendre sou-
vent Pour cbose véritable un olijel décevant, mol.
D. Gare, iv, 7. Toute fumme qui veut à l'honneur
se vouer Doit se défendre de jouer Comme d'une
chose funeste : Car le jeu, fort décevant. Pousse une
femme souvent X jouer de tout son reste, id. hc.
des f. m, ». [L'imagination] c'est cette partie déce-
vante dans l'homme, pasc. Imag. \. C'est le tableau
le plus décevant qu'on puisse voir, sÉv. <ci. Ai-je
pu résister au charme décevant.... bac. Phèd. ii, 2.
— HIST. XII* s. Laissez de cest siècle les vanitez,
ki profiter ne vos purront; kar décevantes et vaines
sunt, /(ois, 41, Il XIII' s. Renart, fet-il, se Diex vos
garl. Sages estes et décevant Et de toz max [maux]
apercevant , Ren. 578). || xvi' s. L'amour Qui fut
pour mol trop doux et décevant, marg. JVouw. xxix.
DÉCEVOIR (dé-se-voir), je déçois, tu déçois, il
déçoit, nous décevons, vous décevez, ils déçoivent;
-je décevais; je déçus; je décevrai; je décevrais; dé-
çois, qu'il déçoive, décevons, décevez, qu'ils déçoi-
vent: que je déçoive, que tu déçoives, qu'il déçoive,
que nous décevions, que vous déceviez, qu'ils dé-
çoivent; que je déçusse; décevant; déçu, v. a.
Il 1° Abuser par quelque chose d'apparent, de spé-
cieux ou d'engageant. Sire, un peu trop d'ardeur
malgré moi l'a déçue, corn. Cid, v, 7. 11 n'a point
déçu Le généreux espoir que j'en avais conçu, id.
ïoly. Il, 2 Je ne puis concevoir Qu'un esprit
jusque-là se laisse décevoir, m. Médée, i, <. Notre
raison est toujours déçue par l'inconstance des ap-
parences, pasc. dans COUSIN Que vois-je, justes
dieux ! Cette bague eu son doigt déçoit-elle mes yeux ?
BOT». Bélis. m, 2. Madame, c'est Araspe, ou mon
œil me déçoit, tbistan, Panthie, i\, 2. Mais l'ou-
vrier vous a déçus; 11 avait liberté de feindre; Avec
plus de raison nous aurions le dessus. Si mes con-
flTrres [les lions] savaient peindre, la font. Fahl.
m, 10. Par quelle trahison le cruel m'a déçue! bac.
/phij.v,3. Cruelle, quand ma foi vous a-t-elle dé-
çue? ID. Phèd. I, 3. Il 2° Se décevoir, v. réfl. S'a-
buser soi-même. Si je ne me déçois, ce mal te vient
d'aimer, bêgnier, Dial. Plusieurs de sorte se dé-
çoivent En l'examen de ce qu'ils sont. Qu'ils se
cherchent en ce qu'ils font. Sans même qu'ils s'en
aperçoivent, corn. Imit. I, (♦. Oui, mon esprit s'é-
tait déçu, ID. Cid, 1,9.
— UEM. Dans décevoir et les autres mots de cette
famille , la prononciation met plutôt un accent grave
qu'un aigu.
— HIST. XII' s. N'est pas amours dont on se peut
mouvoir. Ne cil amis qui en nule manière La [l'a-
mour] bée à décevoir. Coud, xviii. Ou cil qui prie
adès pour décevoir, ib. xx. Dedenz quart jur après
vint h. Senz saint Thomas; X l'ostel s'en ala : car de
l'errer ert las; X ses clers prist conseil, qui nel dé-
çurent pas. Th. le mari. 67. 'WiUames de Pavie e Jo-
celins i fu De Naples, qui al rei se sunt del tut tenu,
E l'arcevesque eussent volentiers deçeQ, ib. (04.
Hais Deus ne li a pas dune si grant poveir. Que ses
péchiez nel pusse cum hummo deceveir, ib. 30. Ire
e malveis conseil unt le rei deceO, Qui l'unt vers le
saint humme issi fort commeQ, ib. 39. Guardez que
Ezechias ne vus deceive, kar il ne vus purrad pas
défendre vers mei. Ruts, 409. Dun ne sez que pur
ço i vint,qu'd tedeceust et seust tcsprivetezequan-
ques tu fais, «6. (71. Il xni' s. Comment Berte.as
grans pies a esté deceQe, Bcrl«,cil. Ignaurès, nous
as bien déchûtes. Tant com en sommes aperchntes.
Lai dignaur. Par le trop aller [il] fut déchus ,
Et angigniés etperchetts [aperçu], ib. Tretout au-
einc TOUS dis pour voir fvrai], Que li cristal, sans
DEC
décevoir. Tout l'estre du vergier accusent X ceus qui
dedens l'iaue musent, la Rose, (608. Cis mireors
m'a deceû ; Se j'eusse avant cogneQ Quex sa force
ert et .sa vertu. Ne m'i fusse jà embatu [précipité],
ib. (817. Ci,st portier, c'est chose seûre, Sunt de si
piteuse nature Que se vos dons daignent reçoivre.
Il ne vous vodront p.is deçoivre, ib. 7554. Li tiers
est dolor du lessier. Si cum ge t'ai dit ci-devant,
Malement se vont dicevant, ib. 6220. Si sachiésque
cis font bone uevre, Qui les deceveors déçoivent, ib.
738). Et il me dit que il me decevoient, joinv. (94.
Il xiV s. En ces icy pourroient estre plusieurs deceus
et es autres nul ou pou, oresme, Elh. nii. Les mal-
vés,qui sont plusieurs, sont deceus en jugeant quelle
chose est bien à faire ou malvaise et h lessier, id. ib.
7i.||xv' s. Adoncse tint pour déçu messire Hue de
Cavrelée, fhoiss. ii, ii, 212. Et quand on avoit ainsi
couru demie lieue ou plus et on venoit au lieu dont
ce hutin ou cri naissoit, on se trouvoit déçu; car ce
avoient esté cerfs ou biches qui s'esmouvoient et
fuyoient.... id. i, i, 37. Kt quand les Anglois en-
tendirent ce, ils eurent conseil, et virent bien qu'ils
estoient déçus en leurs cuiders , m. i, 1 , 44. Plusieurs
seigneurs.... sont enclins à leur profit et ne regar-
dent mie loyaument.... fors à avoir la mise, et ce
les déçoit, id. ii, ii, 62. Je périra y; c'est ce pour
quoi je crie. Quant nulz ne veut fors l'autre déce-
voir, E. DESCH. Complainte de la France. Lors se
tint à deçeu du mariage de sa fille, qu'il faisoit ap-
peller madame la daulphine, comm. v, (8. ||xvi' s.
Brief ce monde est une déception. Qui nous déçoit
sous un très-plaisant masque, marot, i, 304. Il
s'eniîuit qu'ils ont esté deceus en erreur, calv, /«-
stit. 24. Celui qui considère tels faits légèrement, et
les applique sans jugement, se déçoit, langue, 89.
Mais ce n'est mie à l'homme grand trofée. De déce-
voir un cœur desjà deceu, bons. 947. Ainsin, estant
toutes choses subjectes à passer d'un changement
en aultre, la raison, y cherchant une réelle subsi-
stance, se trouve deceue, mont, ii, 376.
— ËTIfM. Provenç. decebre ; a.nc. espagn. decebir;
dulatindecipcre,de de, elcapere, prendre (voy. cap-
tif). L'ancien français a deux formes pour ce verbe,
deçoivre et décevoir; la première, ainsi que le pro-
vençal decebre, est régulièrement tirée du latin de-
cipere, qui a l'accent sur ci; la seconde est irrégu-
lière, supposant un verbe deciplre , ou, comme
l'espagnol decebir, decipîre.
t DÉCUAGRINER (dé-cha-gri-né), v. a. Oter le
chagrin. Ce berger enjoué, ce doux magicien, Qui
connaît tous les morts des vieux temps et du sien.
S'en va jusqu'aux enfers déchagriner les ombres,
Églogue de M. henault, au Furetierana , rapportée
dans Trdvoux.
— ETYM. Dé.... préfixe, et chagrin.
DÉCHAÎNÉ, ÉE (dé-chê-né, née), part, passé.
Il 1° Dont les chaînes sont ôtées. Un chien déchaîné.
Le diable est déchaîné, mon cher ami; et, quand
on n'est pas aussi fort que l'archange Michel, qui
le battit si bien, il faut faire une honnête retraite,
volt. Lett. Christine, (4 mars (787. || Fig. et fami-'
liérement. Le diable est déchaîné, se dit de quelque
chose qui cause trouble, tumulte, confusion. Le dia-
ble est déchaîné en cette ville; de mémoire d'homme
on n'a point vu de temps si affreux, sÉv. (57. Je crois
que tous les diables sont déchaînés contre la dot,
LESAGE, Crisp. rival de son maître, se. (8. || C'est
un diable déchaîné, se dit d'un méchant homme qui
se permet tout, d'un enfant mutin qui est rebelle à
toute remontrance. Les ennemis sont dans la ville.
Qui fontlesdiables déchaînés, scarron, Virg.lrav. 11.
Il 2° Par extension. 11 semble, dit saint Chryso-
stome, que tout l'enfer en cette triste journée fût
déchaîné, bourd. Exhort. sur le couronnement de
J. C. t. II, p. (04. Que les morts déchaînés du sé-
jour ténébreux.... volt. Sémiramis, iv, 4. |{ 3° Fig.
Le bruit des vents déchaînés. Un fleuve déchaîné.
Des passions déchaînées. Il me paraît qu'on est plus
déchaîné que jamais contre la chambre de justice,
MAiNTENON, Lctt. Umc de Caylus, 2( juillet (7(6.
Contre son propre sang aujourd'hui déchaînée, [elle]
Aspire à l'épuiser dans sa rage effrénée, lemebc.
Bruneh. m, 8.
DÉCUAÎNEMENT (dé-chê-ne-man), s. m. \\ 1" Ac-
tion de déchaîner; l'état de ce qui est déchaîné. Le
déchaînement des chiens de garde pendant la nuit.
Il Par extension. Le déchaînement des vents, des
tempêtes. || 2° Fig. Emportement rompant les
chaînes qui le retenaient et s'exhalant d'une façon
générale ou individuelle contre quelqu'un ou quel-
que chose. Le déchaînement de l'envie contre le
mérite. Et ce déchaînement aujourd'hui me convie
X faire une action qui confonde l'envie, moi.. F. sav.
DEC
T7, t. Dans un déchaînement si général et si in-
juste contre le Sauveur, bourd. tfyst. Pats, de J. C.
t. I, p. 283. Je n'ai point encore vu le déchaîne-
ment de l'envie contre vous; mais patience, cela
viendra, maintenon. Lettre au duc de Noailles,
26 janv. (7(1. Son déchaînement contre tous les
plaisirs, bkrov , Coquette el fausse prude, i, 4. Irez-
vous vous bpposer au déchaînement public? mass.
Car. Médis. Votre Majesté n'a point d'idée du dé-
chaînement général des hypocrites et des fanatiques
contre la malheureuse philosophie, d'alemb, Letlre
auroi de Prusse, (4 mai 1773.
— f.TVM. Déchaîner.
DÉCHAÎNER (déxhè-né), v. a.\\ 1* ôter la chaîne;
détacher de la chaîne. Déchaîner des captifs. Dé-
chaîner un chien. Il 2° Fig. Exciter, irriter, soule-
ver. Il déchaîne toute sa cabale contre vous. C'est
un lion tout prêt à déchaîner sur moi, corn. Nicom.
v, (. Tu peux faire trembler la terre sous tes pas,
Des enfers allumés déchaîner la colùre, j. b. rouss.
Cantate, Circé. Les esprits de ténèbres déchaînent
dans Rome même les passions des chefs et des mi-
nistres de l'empire, ciiatf.aub. Jfar(. 392. || 8' Se
déchaîner, v. réfl. Se dégager de sa chaîne. Les
chiens se sont déchaînés. || Par extension. Les vents
se déchaînèrent avec furie. La tempête qui s'était
déchaînée s'apaisa à la fin. || 4' Fig. S'emporter
avec violence, parler contre quelqu'un ou quelque
chose d'une manière violente. On vous voit en tous
lieux vous déchaîner sur moi, mol. Mis. m, 6. Qu'ils
feraient tout leur possible pour élever leur famille
et pour la laisser puissante eu biens et en charges;
qu'ils mourraient en tel temps; qu'en.suite toutes les
langues et tous les écrivains se déchaîneraient con-
tre eux, NICOLE, Ess. demor. l" traité, ch. 4. Elle
prit la liberté de se déchaîner contre sa rivale, iia-
MiLT. Gramm. 8. De quoi vous avisez-vous de vous
déchaîner contre milord Rochester? id. ib. (O. Toute
son éloquence se déchaîna contre Mme de Shrews-
bury, ID. ib. ((.Je n'ai jamais aimé à me déchaîner
contre personne, et à présent moins que jamais,
MAINTENON, Lett. O d'Aubtgné, ("-mars (784. s'il
attaque les spectacles, tous ceux qui les aiment se
déchaîneront, id. Lett. au card. de Noailles, (7(6,
t. IV, p. 365, dans pougens. Tu vas te déchaîner
contre moi, Marine, lesage, Turcaret, 1, 3. Quand
il s'était bien déchaîné, bien récrié, je renvoyais
par une petite citation toutes ses injures à Virgile,
dider. Lelt. à Galiani. Tantôt il se déchaîne contre
sa femme , tantôt il s'attendrit sur ses enfants,
ID. Règne de Claude el Néron, i, § 25. Zoile contra
Homère en vain se déchaîna, piron, Mélrom. m, 9.
— HIST. XII' s. Vers les prisons [prisonniers] com-
mence à galoper. L'un après l'autre va toz deschae-
ner. Bat. d'Aleschans, v. (958. || xV s. Faire ester
et deschainer toutes les chaînes des rues, monstrei.
vol. I, f° 200, dans lacurne.
— - ÉTVM. Dé.... préfixe, et chaine; picard, dé-
cainé; provenç. de^cadenar; ital. scatenare.
f DÉCUAL.\NDER (dé-cha-lan-dé) , v. a. Faire
perdre les chalands.
— REM. Ce mot était dans le Dictionnaire de l'A-
cadémie de (7)8.
— ETYM. Dé.... préfixe, et chaland.
■j- DÉCUALASSER (dé-cha-la-sé), t). a. ôter les
échalas.
— ETYM. Dé.... préfixe, et échalas.
tDÉCHALEMENT(dô-cha-le-man), s. m. Terme de
marine. Action, dite plus souvent jusant, de la mer,
qui, en se retirant, laisse un espace à découvert.
f DÉCHALER (dé-cha-lé), v.n. Terme de ma-
rine. Être à découvert, en parlant de la carène d'un
bâtiment échoué. || La mer déchale beaucoup, elU
descend trè.s-bas.
f DÉCHANGER (dé-chan-gé) , ». n. Changer pour
revenir à l'état qu'on avait changé. On rappelle la
règle de ne changer point et de n'avoir jamais be-
soin de déchanger, boss. Instr. 2.
— ETYM. Dé.... préfixe, et changer.
f DÉCHANT (dé-chan), s. m. Ancien terme de
musique. Sorte de broderies très-longues et de mau-
vais goût, et presque toujours discordantes entre elles,
que les chantres exécutaient sur les notes du pl.ain-
chant servant de pédale, lorsque les régies de l'har-
monie n'étaient pas encore connues. Les intonations,
les versets du graduel et les Benedicamus étaient la
thème ordinaire de ces aberrations qui prirent le
nom de déchant, parce qu'il s'agissait de mélodies
nouvelles tirées du chant primitif {de caniu sump-
tus), LA page. Cours complet de plain-chani ,
n' 794. Il On a dit aussi discant.
— HIST. xiii* S. Atant a Renart envaî Un benedi-
camus farsi X orgue, à table «t à descbant, lien
DEC
DEC
Dl^C
97 0
»i 376. Comme dévotement il fit chanter la messe et
solempnement glorieuses vespres et matines et tout
le service à chant etàdeclianl,DUCANGE, discunlus.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et chant; provenç. des-
chans, criti(|ue, parodie.
DÉCHANTER (ilé-chan-té), V. n. ]\ i° Terme d'an-
cienne musique. Chanter en partie; exécuter le dé-
chant. Il 2° Fig. Changer de ton, rabattre de' ses
prétentions, de ses espérances. Il trouvera bien à
déchanter. Traversé, sans repos, par ce démon con-
traire, Tu vois qu'à chaque instant il te fait déchan-
ter, MOL. lÉtour. m, t. Marceline: Il n'arrive ja-
mais que pour nuire. — Figaro : Je m'en vais le faire
déclianler, beaum. Mar. de Figaro, iv, 8.
— HIST. XIII" s. Ki donc oïst canter archangles,
Descanter puceles et angles [anges] , du cange, dis-
eanlus. || xv" s. Deschanter par figures de notes,
EUST. DEscH. dans raynouard. || xvi= s. L'artillerie
adonc ne faillit point X deschanter un si hault con-
trepoint, J. MAROT, V, 35.
— ÉTïM. Déchant; provenç. deschantar. On voit
ici un exemple qui montre que les mots perdent sou-
vent leur signification primitive pour en prendre
une d'accord avec leur composition apparente ac-
tuelle. Déchanter a été certainement d'abord exécu-
ter le dechant, et en ce sens il vient de dédiant ;
mais il est certain qu'aujourd'hui déchanter c'est
faire le contraire de chanter, c'est-à-dire éprouver
une mortification, un déplaisir, être dans le cha-
grin, et, en ce sens, il vient de dé.... préfixe, et
chanter.
t DÉCHAPER (dé-cha-pé), 1). o. Terme de fon-
deur. Retirer le modt'le de la chemise.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et chape.
DÉCU.^PEKONNÉ, ÊE (dé-cha-pe-ro-né, née),
part, passé. Faucon déchaperonné. || Terme de ma-
çonnerie. Mur déchaperonné, mur dont le chaperon
est ruiné.
DÉCUAPERONNER (dé-cha-pe-ro-né), v. a. Terme
de fauconnerie. Oter à un oiseau dressé pour le vol
le chaperon mis sur ses yeux. || Ternie de maçonne-
rie. Déchaperonner un mur, en ôter le chaperon.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et chaperon.
DÉCUARGE (dé-char-j'), s. f. \\ 1° Action de dé-
charger des marchandises, des ballots, etc. placés
sur une voiture, un bateau, une béte de somme.
Faire la décharge des marchandises, des balles, des
colis. Il 2° Action de diminuer la charge, le faix. La
décharge d'un plancher. || Terme d'archilecture.
Pièce de bois posée obliquement dans une cloison
ou dans un cintre pour diminuer la charge du point
d'appui. Il Terme de serrurerie. Barre de fer posée
obliquement dans l'assemblage d'une grille , ou placée
carrément dans son châssis. || 3° Action de tirer à
la fois plusieurs armes à feu. Décharge de mousque-
terie, d'artillerie. Pendant qu'avec un air assuré il
s'avance pour recevoir la parole de ces braves gens,
ceux-ci, toujours en garde, craignent la surprise
de quelque nouvelle attaque; leur effroyable dé-
charge met les nôtres en furie, Boss. Louis de lîour-
ion. L'infanterie espngnole qui s'ouvrait pour lais-
ser partir la décharge de < 8 canons, volt. Louis XIV,
3. [Les soldats] ébranlent la solitude par de pesan-
tes décharges, chateaub. Natch. 1, 98. Cependant
l'empereur écoute encore; le bruit augmente: Est-
ce donc une bataille? s'écrie-t-il; chaque décharge
le déchire, car il ne s'agissait plus pour lui de con-
quérir, mais de conserver, ségur, Ilist. de Nap.
IX, 2. Il Familièrement. Une décharge de coups de
bâton, une bastonnade. || 4° Ouverture par laquelle
on donne issue aux eaux d'un étang, d'un bassin.
Pratiquer une décharge.|| Tuyau de décharge, tuyau
par lequel s'écoulent les eaux d'un bassin, d'un ca-
nal. Il 5° Réservoir destiné à recevoir le trop-plein
d'une rivière, d'une fontaine, d'une citerne. Les
lacs avaient leurs décharges préparées, aoss. Hist.
Iii, 3. Il Fig. Décharge d'humeurs, écoulement des
humeurs du corps. || Terme de fauconnerie. Evacua-
tion d'un héron qui, fuyant, vomit pour s'alléger.
Il S" Lieu d'une maison où l'on serre ce qui n'est
pas d'un usage ordinaire. Nous avons prts du cel-
lier une décharge très-spacieuse. Rien ne convenait
mieux à M. le duc que d'avoir la maison de la Touanne
pour en faire une décharge à son château de St-Maur,
quand il y était avec Mme la duchesse et bien du
monde, st-sim. 89, B4. || On dit dans le même sens :
pièce de décharge. || 7° Déblais extraits d'un puits ou
d'une tranchée. || Terme de construction. Lieu où
l'on décharge les décombres. || Trou dans lequel on
met les déblais provenus du ratissage d'un jardin.
Il Décharge pubhque, lieu où tout le monde peut
porter des déblais. || 8° Terme de jurisprudence.
Acte de quittance en libération d'une dette. Obtenir
quittance et décharge. Je vous donne décharge de
ce que vous me deviez. [ Fouquet ] a dit des mer-
veilles, et comme le chancelier lui disait: « Avez-
vous eu votre décharge de l'emploi de cette somme ? »
Il a dit: a Oui, monsieur, mais c'a été conjointe-
ment avec d'autres affaires, » qu'il a marquées et
qui viendront en leur temps. » Mais, a dit M. le
chancelier, quand vous avez eu vos décharges, vous
n'aviez pas encore fait la dépense? — Il est vrai,
a-t-il dit, mais les 'sommes étaient destinées, »
SÉV. à Pompone, 28 nov. <664. || Terme de com-
merce. Porter une somme en décharge, l'inscrire
comme reçue. {| Payer tant à la décharge de quel-
qu'un, à la décharge d'un compte, payer sur ce
qui est dû par quelqu'un, sur ce qui est porté en
compte. On impute à un débiteur le payement que
sa caution fait à sa décharge, boss. Far. <2. || Terme
d'orfèvre. Poinçon qui, appliqué sur une pièce d'ar-
genterie, montre que les droits ont été acquittés.
Il 9° Soulagement, allégement. C'est une décharge
considérable pour l'Ëtat. Le roi notre maître pourrait
en partie payer secrètement la solde, à la décharge
de S. M. Catholique, si l'Espagne n'en pouvait porter
la dépense, FÊN. t. xxii, p. 480. Ilnefaut paspourcela
demander votre décharge [demander d'être déchargé
de vos fonctions], boss. Lettr. abb. 9i. C'est autre
chose de parler de ses peines par pure décharge, m.
Leitr. Corn. <06. Il faut craindre de faire de la con-
fession une décharge de coeur sans se corriger, fén.
t. XVII, p. B33. Ces maux présents sont à la décharge de
l'avenir, j. j. rouss. Ëm. ii. || La décharge de la con-
science, l'acquit, le soulagement de la conscience.
Je dois avouer pour la décharge de ma conscience
que.... Il 10° Terme de jurisprudence criminelle. Té-
moignages, preuves favorables à un accusé. Il n'a
riçji dit à la décharge de l'accusé. Témoins à dé-
charge. Pour s'écrier d'un triste et pitoyable accent:
Qu'on sauve Bélisaire et qu'il est innocent. Qu'elle
doit sa décharge au remords qui la presse, rotrou,
Bétis. V, 7. Il 11° Terme d'imprimerie. Feuille de pa-
pier qu'on presse sur une forme pour en sécher les
caractères.
— HlST. XVI' s. De leur excréments mesmes et de
leur descharge nous tirons nos plus riches ornements
et parfums, mont, ii , 204. Je suis le but, la des-
charge commune De tous les coups de ton bras fu-
rieux, LA BOÉTIE, 617.... Aultres douze, qui dudit
lieu, portoient leur descharge [la charge apportée
parles douze premiers chevaux] à Bouloigne, carl.
m, 28. Selon appella l'abolition des debles, seis-
achtheion, qui vault autant à dire comme des-
charge, AMYOT, Solon, 23. Sylla respondit pour sa
descharge, que.... m. Sylla, B). Concluoit que cela
se devroit faire pour la descharge de la conscience
du magistrat et des gens d'église, noel du fail,
Contes d'Eutrap. ch. ix.
— ÉTYM. Voy. DÉCHARGER.
DÉCHARGÉ, £E (dé-char-jé, jée), par(. passé.
Il 1° Qu'on a ôté du chargement. Â la fin, les tré-
sors déchargés sur la plage Le tentèrent si bien qu'il
vendit son troupeau, Trafiqua de l'argent, le mil
entier sur l'eau , la font. Fabl. iv, 2. || Dont on a ôté
la charge. Cet homme déchargé de son fardeau.
Il Fig. La conscience déchargée par un plein aveu,
il Terme de chasse. Déchargé d'épaule, dont les
épaules ne sont pas lourdes. Chiens pour le loup
doivent être déchargés d'épaules, salnove. Vénerie,
p. 25< , dans lacurne. || On dit dans le même sens :
cheval déchargé d'encolure, et, simplement, dé-
chargé. Il Terme de blason. Armes déchargées,
armes diffamées. || 2° En faveur de qui des témoi-
gnages ont été rendus. L'accusé déchargé par les
témoins. || 3° Quitte. Déchargé de la dette qu'il avait
contractée. Il 4° Dont on a retiré la charge. Un fusil
déchargé. || Qui a fait feu. Les canons déchargés à
la hâte ne firent pas grand mal à l'ennemi.
DÉCHARGEMENT (dé-char-je-man), s. m. Action
de décharger des bâtiments, des voitures de trans-
port, etc. Le déchargement d'un navire. Ces con-
trariétés retardaient le déchargement du vaisseau
et prolongeaient le temps de son chargement, ray-
nal, Ilist. phil. XIII, 22. Il Déchargement d'un ca-
non, action d'en retirer la charge.
— ÉTYM. Décharger.
t DÊCHAHGEOIR (dé-char-joir), s. m. \\ 1° Cylin-
dre autour duquel le tisserand roule la toile à me-
sure qu'il la fait. || Terme de construction hydrau-
lique. Ouverture de décharge. || Écluse composée
d'une ou de plusieurs vannes qui tire de fond pour
vider un bief.
— ÉTYM. Décharger.
DÉCHARGER {dé-char-jé. Le g prend un «devant
a eto: déchargeant, déchargeons), ti. a. \\ 1° Ôler
la charge , enleverdes marchandises, des denrées, etc .
d'un navire ou d'une voiture. Décharger des mar-
chandises, des ballots, des pierres, du blé. Son des-
sein était d'approcher d'Êryx avant que d'être aperçu
des Romains, pour y décharger ses vivres, y pren-
dre un renfort do troupes et faire monter Barca
sur sa flotte, rollin, Hist. anc. Œuvres, t. i,
p. 338, dans pouGENB. Il Par extension. Décharger
un navire, une voiture. Décharger un portefaix. Dé-
charger un cheval. Esope prit le panier au pain .
c'était le fardeau le plus pesant; chacun crut qu'il
l'avait fait par bêtise ; mais dès la dlnée le panier fut
entamé, et le Phrygien déchargé d'autant, la font.
Vie d'Ésope. On se préparait à décharger l'éléphant
qui portait le dîner et le service, volt. Le blanc et
U noir. \\ Absolument. Les voitures déchargent
à la barrière. Un bateau qui arrivait à une ville de-
vait payer un droit pour son entrée.... un droit d'an-
crage, un droit pour la liberté de décharger, raï-
nal, Hist. phil. m, 39. || 2° Ôier un poids, un fardeau
qui surcharge. Décharger une poutre qui fléchit. Et
déchargez vos mains de ce faix inutile, eotr. Àn-
tig. II, 4. Il Fig. Décharger le plancher, sortir de la
chambre, de l'appartement. || Décharger un arbre,
lui ôter des rameaux inutiles, des fruits en excès.
Il Décharger le cerveau, le débarrasser de ce qui l'in-
commode. (I Décharger son estomac, son ventre, le
soulager par quelque évacuation. || Terme de marine.
Décharger la mâture, faire donner dans les voiles
le vent qui était dessus. Décharger la poupe, vider
l'eau qu'elle contient. Décharger une voile, la mettre
dételle façon que lèvent n'ait plus d'action sur l'une
ou sur l'autre de ses surfaces. || 3° Fig. Soulager d'une
charge, débarrasser, dispenser. Déchargez mon cœur
de l'ennui que vous lui donnez, voit. Lett. M. Pa-
ris.... Se déchargeait le col de son joug inhumain,
RÉGNIER, tpU. I. De mes chaînes pour lui je serai
déchargé, rotr. St Gen. v, 4. Ils déchargèrent le
menu peuple de tout impôt, boss. Hist. m, 6. Après
avoir congédié les sénateurs, il [Théodose] fit son
testament, dans lequel il ordonna qu'on déchargeât
le peuple des augmentations de tributs que la né-
cessité des affaires passées avait fait imposer, fléch
Théodose, iv, 73. Les marchandises destinées poui
les colonies furent déchargées de toute imposition,
RAYNAL, Hist. phil. xni, 6. Il Décharger sa con-
science, mettre sa responsabilité morale à couvert.
Enfin la peur sur lui remportant la victoire, Aux
pieds d'un prêtre il court décharger sa mémoire,
boil. Éptt. XII. Il Décharger son cœur, découvrir les
sentiments qu'on retenait ou renfermait en soi-
même. Et qu'au moins une fois je décharge mon
coeur, hauteroche. Deuil, se. 9. Faites-moi tout
ce qu'il vous plaira, battez-moi, assommez-moi de
coups, tuez-moi, si vous voulez, il faut que je dé-
charge mon cœur, mol. Don Juan, v, 2. Je dé-
charge mon coeur devant Dieu sur le sujet de cette
paix bienheureuse, boss. ii. Démons, 3. || Famihè-
rement, dans le même sens. Il faut qu'enfin j'éclate.
Que je lève le masque, et décharge ma rate, mol.
F. sav. II, 7. Il Décharger sa bile, sa colère, donner
issue à sa mauvaise humeur, faire sentir les effets
de sa colère. Quel plaisir j'aurais à lui décharger ma
bile! d'allainval, Éc. des bourg, ii, 42. || Par une
autre extension. Dans cette pensée, il résolut de dé-
charger son désespoir sur vous, et de vous ôter la
vie pour venger son honneur, mol. Scapin, m, 2.
Il 4° Décharger un accusé, porter un témoignage en
sa faveur. Une attestation où je déchargeais
Mme Guyon de toutes choses, boss. Lett. quiet, il.
J'ai relevé toutes vos bonnes qualités ; je vous ai dé-
chargé de toutes les choses odieuses; que pouvais-
je faire de mieux? fénel. Dial. des morts mod.
Louis XI, Commines. || Décharger d'accusation,
prononcer par un jugement qu'un accusé est inno-
cent. Tels arrêts nous déchargent. et nous renvoient
absous, qui sont infirmés par la voix du peuple, la
BRUY. XII. Il 5° Décharger quelqu'un d'une dette , l'en
déclarer quitte. Plusieurs casuistes ont trouvé moyen
de décharger les personnes les plus riches de l'obli-
gation de donner l'aumône, pasc. Prov. e. Le ma-
gistrat décharge le prince du soin de juger les peu-
ples, LA BRUY. IX. Toute dispense ne vous décharge
pas devant Dieu, mass. Car. Jeûne. || Absolument.
Cette opinion qui décharge de l'obligation de res-
tituer, PASC. Prov. 5. Il 6° Décharger un compte, en
rayerles sommes qui ont été payées. J'ai votre ar-
gent à madame rendu,. ...Déchargez-en votre livre,LA
FONT. F. avare. \\ On dit de même décharger un re-
gistre, un contrat, une minute. || Déchargerla feuille
d'un messager, y mettre le récépiasé des objets re-
çus. Il 7° Faire partir le coup d'une arme à feu. Ram-
hure a été tué par un 3e ses soldats qui déchargeait
980
DEC
IrÈs-innoeemmcnt son mousquet, sf.v. 209. || Ko-
lirer la charge avec un tire-bourre. Il est prudent
(le décharger les armes dont la charge est an-
cienne. Il 8" Décharger un coup, l'asséner. Mer-
cure, au lieu de donner celle-là [cognée], Leur
en décharge un grand coup sur la tête, la font.
Fab. V, 4. Il nous fait entemlre que ce sont les pé-
cheurs qui ont déchargé sur lui leurs coups, liOURn.
ilyst. Passion deJ.-C. t. i, p. 293. || 8° Terme de
typographie. Décharger les balles, une forme, ûter
l'encre qui se trouve dessus. || Absolument. Des
balles déchargent, lorsque les cuirs lâchent sur la
forme des masses d'encre ou des ordures. || 10° V.
n. Maculer, faire des taches. Celte encre décharge.
Il Terme de teinturier. Une couleur décharge quand
elle déteint. || 11" Se décharger, v. réfl. Se débarras-
ser. Se décharger d'un fardeau. Comment, dis-je,
mon pîsre, accablé dotant d'âge, Nesedécharge-t-il,
avant qu'y succomber, D'un pénible fardeau qui le
fera tomber? botr. Yencesl. i, 4. || Fig. 11 brûle de
parler bien plus que nous d'entendre; Sa nouvelle lui
fiîisc, il veut s'en décharger, mol. Ùélic. i, 3. Il al-
ail se décharger du poids de sa dignité, fléch. Lam.
Les Hollandais se sont déchargés de cette négo-
ciation, SÉV. 0 août 4078. Il est vrai qu'elles se
déchargeront d'une partie de cette règle; mais,
quoi qu'elles fassent, il y aura toujours mille exer-
cices dont elles ne pourront se dispenser, bourdal.
Xxhort. sur Vobserv. des règles,l. i, p. 234. || 12" Se
décharger sur queliiu'un d'une affaire, lui en aban-
donner le soin, la direction. Tibère, déjà vieux, se dé-
chargeait sur Séjan dessoins de l'empire, d'ablanc.
Tac. Ann. 1. iv , ch. 8. Vous vous déchargez sur nous de
tout ce qui vous concerne , Boss. Visite, 2. Sur qui ils
puissenlsedéchargerd'une partie de leur ministère,
bass. Panég. St Etienne. 11 se décharge sur eux du
goin des faibles et des petits, ID. Pet. car. Human.
des gr. Ce besoin de fuir la solitude et de se dé-
charger sur autrui du fardeau de sa vie, était in-
connu à ce peuple content de la nature et de sa
doitinée,HAVNAL, llist. phil. xv, 4. Déchargez- vous
sur moi du fardeau de l'empire, chateaub. ilart.
II, 472. Il Se décharger d'une faute sur un autre,
la lui imputer. || 13° Se décharger, se dit de l'élec-
tricité qui s'échappe, d'un orage qui éclate, d'une
nuée qui lance la foudre. Etait-ce là de ces tempêtes
par où le ciel a besoin de se décharger quelquefois?
et le calme profond de nos jours devait-il être pré-
cidé de tels orages? BOSS. le Teilier. \\ 14° S'écouler,
se jeter, on parlant des eaux. Les eaux de ce réser-
voir se déchargent par cette ouverture. Pour facili-
ter la communication des deux villes, on creusa
un canal qui partait d'un des bras du Nil et qui al-
lait se décharger dans le golfe arabique, raynal,
Hist. phil. I, 4 4. Il Par extension. L'un de ces abî-
mes [le passé et l'avenir] s'écoule continuellement
dans l'autre, l'avenir se décharge dans le passé en
coulant par le présent, NICOLE, Ess. demor. 2" traité,
ch. 3. Il 15° Déteindre, en parlant des couleurs. Celte
couleur se décharge.
— HlST. XII' s. Â mont [il] s'en vait dreit el pa-
laiz; Uuec a deschargié son faiz, Grégoire le Grand,
p. 64. Il xiii* s. Qanl il fu erai la foresl, Là a sa proie
deschargié ; Isnelement l'a despecie. Qu'il n'i laissa
ne pel ne os,iicn. 4 9903. Jeporroie descarquier les
homes du jugement qui seroil soraus [eux], beaum.
vu, 6. Costume erl en la cité de Roan, que nus ne
pset deschargier avoir en la vile, se par le grié as
borjoisne le faisoit, tt». dejxist. a. Je demandai au
mestre combien il y avoit trop de gens; et si li de-
mandai se il mcnroit [mènerait] bien nostre gent à
terre, se je le deschargoie de tant gent, joiny. 2|4.
Il xiv° s. Mais François à tous lez si fort les apres-
soieiit, Et de haches puissans si grans cops des-
chargeoient, Qu'à terre ont Irebuchiélout quanqu'il
ateignoicnt, Guescl. 22412. X la porte s'en vint la
busche deschargier, ib. 942. || xv* s. Après ce propos
[le ccmte de Charolois] commença à descharger le
duc de Bretagne, disant que.... comh. i, 4 . || xvi° s.
Descharger ses passions sur.... mont, i, 20. Deschar-
ger [quelqu'un] de sa foy donnée, id. i, 30. Là où
du Nil l'un des bras creux et large Près de Canobe
en la mer se descharge, amyot, Solon, 54. 11 pria
les eiecuteura qu'on luy donnast un peu de temps
et de lieu pour descharger son ventre qui le pres-
soit, ID. Pomp. 4 8. Pauvre homme que lu es, com-
ment vas-tu ainsi deschargeant la fortune de ce dont
tu la pouvois charger el accuser à ta deschargeîiD.
J». jEm. 44.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, el chorffcr; picard, dé-
ker/Tfr; wallon, diViiergt; provenç. el uspagu. des-
cargar; ital. scaricare.
l>CCUAR(iKlJn (dé-char-jcur), 1. m. || i' Celui qui
DEC
décharge une voilure ou toute autre chose. t| Celui
qui décharge les marchandises. La décharge du
poisson de mer frais se fera en la place des halles
par les compteurs-déchargeiirs de la dite marchan-
dise, Itèglem. de la cour de Parlement, 20fév. 40(0.
Il 2° Se disait autrefois, dans l'artillerie, d'un offi-
cier préAsé au soin de faire décharger les pou-
dres et les autres munitions. || 3° Officier qui, sur
les ports de Paris, veille à la décharge des mar-
chandises. Il 4° Déchargeur do vin, tonnelier qui
marque avec de la craie le vin qu'on achète et qui
en fait la décharge.
— IIIST. XIII' s. Des deskierkeurs des vins, tail-
LIAR, Recueil, p. 248. Il xvi* s. Onze conducteurs de
charroy, deschargeurs, charpentiers, charrons et
forgeurs, M. nu Dell. 260.
— ÊTYM. Décharger.
t DÉCUAKMER (dé-char-mé), V. a. Ôter l'en-
chantement, le charme.
— niST. xv s. Quant la pucelle se sentisl deschar-
mée de ses amours, Perceforest, t. v, P'33. || xvi's.
....Et que je voy Henry l'Apollon qui m'inspire.
Soudain je me descharme, el ma langue veut dire
Les honneurs d'un tel prince.... bons. 784. Moy je
mets simplement le plaisir en avant, El l'heureux
paradis de cesle jouissance Qui vous dusl decliarmer
de la feinle apparance De ces ombres d'honneur
qui vous vont décevant, desportes, Œuvres, p. 6 M ,
dans LACtiRNE.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et charme.
DÉCHARNÉ, ÉE (dé-char-né, née), part, passé.
Il l'Dépouillé de chair. Des os décharnés ||2°Amaigri.
Visage décharné. Mains décharnées. L'Etat est flo-
rissant, mais les peuplesgémissent, Leurs membres
décharnés courbent sous mes hauts faits, corn.
Prol. de la Toison, i. Il [Sénèque] était maigr» et
décharné, dider. Règne de Claude et Néron, i,
§4. L'espagnol, décharné, demi-nu, nonchalamment
assis à terre, regarde avec pitié ses voisins, qui,
bien nourris, bien vêtus, travaillent et rient de sa
folie, RAYNAL, Hist. phil. viii, 34. Son coursier dé-
charné De loin chez nous l'a ramené, bérang.
Carabas. || Terme de vétérinaire. La tête du cheval
est dite décharnée, quand, péchant par excès de
longueur, elle présente en outre peu de développe-
ment dans les parties molles qui entourent les os.
Il 3° Fig. Qui n'a ni l'ampleur ni les développements
ni les ornements nécessaires, en parlant des choses
littéraires. Un style décharné. Combien les faits y
sont-ils décharnés [dans les histoires], c'est-à-dire
séparés tant des mouvements secrets qui les ont
produits que des circonstances qui ont contribué à
les faire réussir! nicole, Ess. de mor. 4" traité,
ch, 8, Je ne prétends pas faire un récit sec et dé-
charné des variations de nos Réformés , boss. Var.
préf. Il y a des ouvrages que la nature doit produire
toute seule : la contrainte des préceptes ne fait que
les affaiblir et leur donner une certaine sécheresse
qui les rend maigres et décharnés, boil. Longin,
sublime, 2, C'est [M. Bouillon] un traducteur maigre
et décharné; les plus belles fleurs que l'Arioste lui
fournitdeviennentsèchesentresesmains, id. Dissert,
sur Joconde. Peut-être s'est -on déjà aperçu que
les faits rapportés jusqu'ici ont été assez dénués de
circonstances, assez décharnés, fonten. llerij. Sans
les circonstances, les faits demeurent comme dé-
charnés : ce n'est que le squelette d'une histoire,
FÉN. t. XXI, p. 229, Les étrangers se plaignent que le
dictionnaire de notre Académie est sec el décharné,
VOLT. Lett. Damilaville, 28 mai 4762, || 4° Sol dé-
charné, sol stérile, || Arbre décharné, arbre auquel
on a été trop de bois.
t DÉCHARNEMENT (dé-char-ne-man), s. m. Étal
de ce qui est décharné.
DËCIIARNER (dé-char-né), t). o. || 1° Dépouiller
'.es os de la chair. || 2° Amaigrir, ôler l'embonpoint.
La maladie l'a tout décharné. Ce visage si grave
N'a sauvé toutefois des ravages du temps Qu'un peu
d'os et de nerfs qu'ont décharné cent ans, corn.
Illusion comique,!, 4, || 3° Fig, Décharner son style,
le dépouiller d'agréments, d'ornements. Il savait
que les préceptes , quand on les traite d'u ne manière
si nue et si subtile, ne sont propres qu'à dessécher
l'esprit et qu'à décharner, pour ainsi dire, le dis-
cours, en lui étant toute grâce et toute beauté,
ROLLiN, Uisl. anc. t. xi, ï'part. p. 728, dans pou-
gens. Il 4° Ôter aux arbres trop de bois. || 6° Terme
de fauconnerie. Décharner un leurre, flter le mor-
ceau de chair dont il est garni. || 6» Se décharner,
V. réfl. Devenir décharné. Ce cheval se décharné.
— lilST. xiii" s. Che estoienl Tapins qu'avions en-
contre, Treslout maigre el caitif et de fain descar-
iié, Ch. d'Ànt. v, 880. Et il qui me vit mogre cl des-
DEC
charné de la maladie, cl en l'abil que je avoi» esté
en prison, dit que il ne m'en bailleroit nulles, joinv.
250. Il xiv's. Tu l'abcscheras [donneras au faucon la
becquée] sur le loirre, puis le descharneras [tu ne
le laisseras pas achever la chair], Uodus, ^I.xxxII,
verso. Il xvi's. El pour ce que la tuerie et la piilcrie
duroient sans fin, les plus advisez pour descharncr
[désacharner] leurs gens, trouvèrent invention de
les faire passer à Limoux, d'aub. Hist. i, 438, Les
dents [des ladres] sont descharnées, parE, xxii, 4o,
Amuser la curiosité de nostre esprit, luy donnant
où se paistre, à ronger cet os creux el deschamé,
MONT, II, 238. Mendiants aux portes, descbarnez de
faim elde pauvreté, id, i, 246.
— ETYM. Dé.... préfixe, et c/wt'r, anciennement
char el charn; provenç, et espagn, descarnar.
•j-DÉCUlRPIR (dé-char-pir), v. a. Séparer des
gens qui se battent, Andrès clTrufaldin, à l'éclat
du murmure, Ainsi que force monde accourus d'aven-
ture, Ont à les décharpir eu de la peine assez, Tant
leurs esprits étaient par la fureur poussés, mol. FE-
.tour. v, 4 4.
— HIST. xui's. Ire, qui est maie et vilaine. Ne
sait pas tant descharpir laine. Comme ele sait des
cheveus rompre, ruteb. ii, 32. ||xv's. Si porte, en
lieu de cueur tapie. Pensée qui m'est dure erpie
[harpie] , Et n'en puis estre descDerpie, A. chari. le
Livre des 4 dames.
— ÉTY.M. Dé.... préfixe, el charpir, à'oà charpie
(voy ce mot).
t DÉCUASSÊ (dé-cha-sé) , s. m. l'as de danse que
l'on fait vers la gauche, par opposition au chaste
qui se fait vers la droite.
DÉCUASSEU (dé-cha-sé). || 1° F. n. Terme do
danse. Faire un chassé à gauche, après en avoir
fait un à droite. X la monaco l'on chasse el l'on
dédiasse, Chanson. || Il se conjugue avec le verbe
avoir. || 2° V. o. Terme d'arts. Les tourneurs di-
sent déchasser une cheville de bois pour dire la faire
sortir.
— HIST. xii' S. Deus t'a eslit, ço dient e li haut â
li bas; Pur les biens que t'a fait, pur tuzque li ren-
dras? Deslruiras ses iglises, ses clers deschacerasî
Th. le mart. 74. Los nos [nôtres] [ils] vont decha-
çant, n'es ont cure d'eslire ; Mais ainsi come il sunt,
les prenent tire et tire, iai, x. || xv's. Il avoit la
roine el son ains-né fils dcchassé hors d'Angleterre,
FROiss, I, I, 9. Et [les Flamands] dechasserent [de
Cambrai] et mirent dehors les gens de guerre qui
estoienl dedens le chasleau de la dite ville de par le
roy, JEAN DE TROYES, Chr. 4479, ||xvi' s. Ils vin-
drent se saisir de la Gaule et eu deschasser les pre-
miers habitants, mont, m, 98, || xvii's. Mais si tosl
que le fils le père dechassa,,,, rêgxier, Sal. vi,
— ÉTYM, Dé.... préfixe, el chasser; provenç, de-
cassar; ital, scacciare. Dans déchasser, terme de
danse, c'est faire le contraire de chasser; mais dans
déchasser, faire sortir, ce n'est plus le même sens,
c'est celui de l'historique , où dé.... exprime aug-
mentation , expulsion : chasser au loin, chasser
hors.
t DÉCHAUMAGE (dé-chô-ma-j') , t. m. Action de
déchaumer une terre. || Sorte de labour. Le déchau-
mage est une opération agricole dont la pratique
suppose des connaissances agronomiques.
— ÉTYM. Déchaumer.
DÉCHAUMÉ, ÉE (dé-chû-mé, mée), pari, posté,
Un champ dichaumé.
DÉCHAUMER (dé-chô-mé), «. a. Enlever le
chaume qu'on a laissé en moissonnant des céréales.
Il Donner un premier labour après la récolte des cé-
réales; plus spécialement, labourer superficiellement
la terre, après les récoltes du froment, de l'avoine,
des graines oléagineuses, etc. à l'effet de provo-
quer la germination des mauvaises plantes, pour les
détruire sûrement dans un labour subséquent.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et chaume.
t DÉCHAUSSAGE (dé-chô-sa-j') , î. m. Synonyme
de déchaus.semenl.
DÉCHAUSSÉ, ÉE (dé-chô-sé, sée), port. paué.
Il l'Qui a flté ses souliers. Un pied déchaussé. Il Moines
déchaussés, moines qui portent des sandales sans
bas. Dès qu'on m'eut appris que ce palais était le
couvent des révérends pères Carmes déchaussés, je
conçus de grandes espérances, volt. l'Il. aux iO écus,
Aveitture avec un carme. || 2° Terme de maçonne-
rie. Mur déchaussé, mur dont les fondations sont
dégradées. Les murs de ce quai sont tout déchaus-
sés. Il 3°Termede dentiste. On dit qu'une dent est
déchaussée, lorsqu'une portion de sa racine n'esl
plus couverte par la gencive, ||4° Dont on a mis à
découvert le collet et les racines, en parlant des vé-
gétaux. De gros caieux de lis, déchaussés par lef
DEC
pluies, paraissaient ÎL la surface de la terre, cha-
lïAUB. Itin. 33.
DÉCHAUSSEMENT (déchô-se-man), s. m. || l'Ac-
tion d'ôter les souliers. || 2° Ëlat d'une construction
qui est déchaussée, et action de la déchausser.
Il 3° Action de détacher du coUet d'une dent qu'on
veut arracher, la gencive quiy est adhérente. || Etat
des dents dont les gencives n'enveloppent plus la
base. Il 4°Terme d'agriculture. Action de déchausser,
c'est-à-dire d'enlever la terre qui protège le pied d'un
arbre, d'une plante quelconque. La gelée en sou-
levant les terres légères, calcaires ou tourbeuses, et
les lais.sant retomber ensuite, est souvent une cause
du déchau-ssement des céréales. || Kaçon donnée aux
arbres, aui vignes en les labourant au pied, et
en recouvrant les racines avec du terreau ou du
fumier.
— ÉTYM. Déchausser.
DÉCHAUSSER (dé-chô-sé), V. a. || 1° Tirer à quel-
qu'un sa chaussure. Il se soumit à tout ce qu'on
voulut; les demoiselles firent la couverture et se re-
tirèrent; le nain le déchaussa ou déboîta, et puis le
déshabilla, scabron. Roman corn, i" part. ch. o.
Il Fig. N'être pas digne de déchausser quelqu'un,
ne pouvoir se comparer à lui. Les Moustapha ne sont
pas dignes de vous déchausser, volt. Lell. à Ca-
(her. 26. Cela n'est pas digne de déchausser votre
histoire amoureuse, sÉv. Ii2. || 2° Déchausser un
mur, enlever la terre qui est autour de ses fonda-
lions. A mesure que l'on déchausse quelque édifice
à l'ompéi, on enlève ce que donne la fouille, cha-
TEAUB. Italie, 68. Il 3° Déchausser une dent, en dé-
tacher la gencive. || 4" Déchausser un arbre, en
mettre à découvert le pied et les racines. || 5° Se dé-
chausser, V. réfl. Ôter ses chaussures. Il ne peut se
déchausser lui-même. La mère a obtenu une femme
pour là servir, mais M. le duc se déchausse lui-
même, SÉV. )4 oct. 467B. Il Celte dent se déchausse,
elle se décolle de la gencive.
— HIST. xii° s. E saint Thomas le r'a de ço fort
chalengié, Que il sun parenté aveit tut eissillié, Nis
des petiz enfanz qui erent dechalcié. Th. le mart.
<tB. ||xiu" s. 11 apela son escuier. Si se commande
à deschaucier, I.ai de llelion. Maintenant se fist
deschaucier Li chevalier , et si se couche , Ren.
22174. Mis ele i aloit autrement; Quar ele i aloit
povrement Veslue et toute deschaucie, ruted. ii,
<78. Et [ils] vindrent as deus pieres, si les deschau-
cierent, ilerlin, 1-38, recro. || xvi« s. Il fault des-
chausser ses souliers quand on entre au logis du
roy, MONT. I, (12. Or s'il s'en courrouce, qu'il s'en
deschausse, desper. Cymbal. t2;i. Là tous les au-
tres se seans en terre deschausserent leurs souliers,
AMYOT, Aralus, 24. X la fin les Gaulois commen-
çoient jà à descbausser [déterrer] les roues de ces
chariots et à les tirer dans la rivière, ID. Pyrrhus,
03. Sans oublier de luy faire changer de cheval,
et deschausser les esprons, caiil. viii, 38. II faudra
deschausser La dent qui devoit tomber, puis l'arra-
cher, PARÉ, XV, 27.
— ËTY.M. De'.... préfixe, et chausser; picard, de-
caucher; provenç. descaussar; catal. descalsar ; es-
pagn. descalzar; ital. discalsare.
t DÉCHAUSSIÈKE (dé-chô-siê-r'), s. /". Terme de
vénerie. Lieu où le loupa gratté et où il gîte. On dit
aussi déchaussure.
— ÉTYM. Déchausser.
DÉCHAUSSOIR (dé-chô-sair) ,s. m.Terme de den-
tiste. Lame d'acier qui sert à déchausser les dents.
— HIST. XVI" s. Je faisois petites scarifications avec
un dechaussoir de dents, paré, xv, 28.
— ÉTYM. Déchausser.
fDËCHAUSSURE (dé-chô-su-r'), s. f. Yoy. DÉ-
CIIAUSSIÊRE.
DÉCUAUX (dé-chô) , adj. m. Qui porte des san-
dales sans bas. Déchaux ne se dit que des carmes;
on dit carmes déchaux et augustins déchaussés.
— HIST. XIII' s. Cascune sans eslrief [étrier] seoit,
Et si n'orent solliers ne chances, Ains estoient totes
deschauces. Lai du trot. Il les fist prendre, et leur
fist lolir leur avoirs, et les fist mener en Salenique,
nus et deschaus à pié, villeh. cliii. Le roi sailli de
son lit tout deschaus, joinv. <9(i. Et lors je me parti
de Joinvilie sans rentrer au chastel jusques à ma
revenue, à pié deschaus et en langes, id. 209. || xV s.
11 lui vint soudainement un homme en pur le chef
et tout deschaulx et vestu d'une povre cotte de burel
blanc, FROiss. m, iv, 29. Six des plus notables bour-
geois, tous deschaux, les bars au col, id. i, i, 320.
Il xvr s. On leur rasoit les cheveux, on les faisoit
aller deschaux, amyot, Lyc. 34.
— ÉTY.M. Picard, décaus; wallon, dihd; namu-
tois. déchaui rouclii, dccaux; du bas- lati n dùcai-
DEC
dus, qui est dans la loi salique; de dis (voy. des....
préfixe), et calceus, soulier (voy. chausser).
DÉCHÉANCE (dé-ché-an-s'), s. f.\\i° Action de
déchoir, dégénération. Aimer une chose, c'est se
complaire dans .sa possession, sa grâce, son ac-
croissement, craindre sa privation, ses déchéan-
ces.... VAUVEN. De l'espr. hum. 24. ||2° Terme de
jurisprudence. Perte d'un droit, pour déi.iut d'ac-
complissement d'une formalité dans un délai dé-
terminé. || 3° Perte de la couronne, du trône. La
déchéance de Louis XVI prononcée par l'assemblée.
— HIST. XII* s. Mais jo quit [pense] dire veir de
cele decaance; Petit à petit est venuz à repeiitance,
Th. le mart. toi,
— ETYM. Déchoir; provenç. dechazensa, desca-
sensa ; espagn. decadencia; ital. scadenza.
DÉCHET (déchè; le t ne se lie pas dans le parler
ordinaire; au pluriel, l's se lie: des dé-chè-z inat-
tendus; déchets rime avec traits, accès, paix, etc.),
s. m. Il 1° Perte qu'une chose éprouve dans sa quan-
tité, sa qualité, sa valeur. L'hôte parlait de leur
faire payer le déchet de son avoine, scarr. Jiom.
com. ch. 17. Ceux qui font les voitures, chemin fai-
sant, font le faux saunage tout de leur mieux aux
dépens de la voiture même, où le déchet est souvent
remplacé par du sable et par d'autres ordures, vaub.
Dîme, p. t04. Il Terme d'orfèvre et de monnayeur.
Perte qui se trouve sur l'or et sur l'argent qui ont
été fondus. || Terme d'hydraulique. Ce qui manque
à une .source, à un jet, par rapport à ce qu'ils de-
vraient fournir. Il 2° î'ig. Diminution, discrédit. Je
viens faire celte visite pour réparer tout ce qu'il y
aurait de déchet en la perfection religieuse, Boss.
Visite, 1. Heureux le fidèle qui met toute son élude
et toute son application à se pourvoir pour le salut;
qui ne peut soufi'rir sur cela le moindre déchet,
BOURD. Pensées, 1. 1, p. t?.5. On veut avoir un compte
exact des moindres dépenses que font les domesti-
ques, et on ne prend nullement garde au déchet de
leur piété et à la ruine entière de leur religion, id.
Serai. Dim. t. 11, p. 33. || Proverbe. Il y a bien du
déchet sur la filasse, se dit pour exprimer qu'un
profit, une succession ont beaucoup moins produit
qu'on ne comptait, et aussi qu'une personne a fait
de grosses pertes d'argent.
— HIST. xV s Fut la dicte vaisselle mise en
feu et fondue, puis fut refaicte et rendue, et pour
façon et dechiet en eut LacroisiUe la somme de ...
Comptes de l'hôtel de ville de Tours, Bibl. des Cliart.
4' série, t. I, p. IC8. ||xvi°s. [La divination] vient
en mespris et deschet de réputation, amyot, Sylla,
ie. Il est malaysé de ramener les choses divines à
nostre balance, qu'elles n'y souffrent du deschet,
MONT, i, 249. Cette infinie beauté, puissance et bonté
[de Dieu], comment peut-elle soufi'rir quelque cor-
respondance et similitude à chose si abjecte que
nous sommes, sans un extrême interest et deschet
de la divine grandeur? id. ii, 2C0.
— ÉTYM. Déchoit ou, suivant la prononciation
normande, déchet, ancien participe du verbe dé-
choir : ce qui est tombé, perdu.
DÉCHEVELÉ, ÉE (dé-cheu-ve-lé, lée), part, passé.
Dont les cheveux sont épars. Mainte veuve pourtant
fait la déchevelée, Qui.... la font. DIalr. Vous
faisiez [Henri III] mille grimaces : courir la ba-
gue en femme, faire des repas avec vos mignons,
où vous étiez servi par des femmes nues et déche-
velées; puis faire le dévot, fEn. Dial. des morts
mod. 13.
DÉCUEVELER (dé-cheu-ve-lé ; la syllabe che prend
le son cheu, c'est-à-dire se renforce, quand la syl-
labe qui suit reste muette. L'i se double quand la
syllabe qui suit est muette: je déchevelle, je dé-
cheveHerai), v. a. Mettre en désordre la chevelure
de quelqu'un. Les nymphes des lieux en hurlèrent.
Et leurs tètes déchevelèrent, scarron, Virg. trav.
IV. Il Se décheveler, v. réfl. Mettre ses cheveux en
désordre. Ces deux femmes, en se battant, se sont
toutes deux déchevelées.
— HIST. xiir s. Le roy, qui estoit en croiz sur le
pont de la nef, tout dechaus, en pure cote et tout
deschevelé devant le cors Nostre seigneur qui estoit
en la nef, joinv. 283. || xv* s. Après veindrent les
dames et damoiselles toutes deschevelées, lesquelles
en plorant , pareille requeste feirent , juvenal,
Charles VI, <382. Et là supplia au peuple les lar-
mes aux yeulx et toute deschevelée, qu'il leur pleust
avoir pytié de.... comm. v, 17.
— ÉTV.M. Dé.... préfixe, et cheveu; provenç. des-
cabelhar; espagn. descabellar.
tDÉCUEVËTRER (dé-che-vê-tré), v. a. Ôter le
chevètre d'une bête de somme.
— HIST. xvi* s. Dès lors il est pris aux rets, sans
DEC
981
qu'il s'en puisse dechevestrer, tout le demeurant de
sa vie, pasquier, Recherches, p. 293, dans lacub.ne.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et chevètre.
t DÉCHEVILLER (dé-che-vi-llé. Il mouillées), i).
a. Ôter les chevilles. || Se décheviller, v. réfl. Perdra
ses chevilles.
— HIST. XV* s. Et Piètre du Bois s'en vint à Com-
mines, et là entendit aux besognes, et fit tous les
aisdu pont descheviller, froiss. ii, ii, 170.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cheville.
DÉCHIFFRABLE (dé-chi-fra-W), adj. Oui peut
être déchifi'ré. Cette écriture n'est pas déchiffrable.
De sorte qu'une langue inconnue est déchiffrable,
PAsc. Éloq. 27. M. de Thibouville m'écrit une leltro
peu déchiffrable, VOLT. ie((.d'4rjen(aJ, I0juin(707.
— ÉTYM. Déchiffrer.
DÉCHIFFRÉ, ÉE (dé-chi-fré, frée), part, passé.
Dont on lit le chiffre. Je vous envoie la lettre de
mon neveu déchiffrée, boss. Lett. quiét. 3U3. || Mu-
sique déchiffrée à première vue.
DÉCHIFFREMENT (dé-chi-fre-man) , s. m. Action
de déchiffrer; résultat de cette action. Il y reçut les
déchiffrements [des dépêches] le soir, sév. 392. M. de
Pontchartrain crut qu'il fallait déposer le chiffre et
le déchiffrement de la lettre [de Gervaise] à M. de
Paris, ST-siM. 6) , 3(. Il Par extension, action de dé-
chiffrer des écritures en caractères et en langues
inconnues. Le déchiffrement des inscriptions cu-
néiformes. Il Terme de musique. Le déchiffrement
d'une sonate.
— HIST. xvi* s. La harangue du tiers estât com-
mença par les louanges du roy et de son conseil;
de là se mit sur le blasme des prestres et déchiffre-
ment de leur vie, d'aub. llist. 1, 108.
— ÉTYM. Déchiffrer.
DÉCHIFFRER (dé-chi-fré), v. a. \\ 1» Expliquer ce
qui est écrit en chiffres. Un courrier était attendu;
M. de Pomponne donne tout à déchiffrer, sév. 392.
En moins de huit jours j'eus déchiffré le tout, qui
assurément n'en valait pas la peine, j. j. houss.
Conf. VII. Il Par extension, déterminer la valeur des
lettres et des mots dans des écritures inconnues. Dé-
chiffrer les inscriptions cunéiformes. || 2» Par exten-
sion, lire une écriture mauvaise, un texte presque
illisible. Une écriture difficile à déchiffrer, sÉv. 557
La force de l'amitié me déchiffrerait-elle votre écri-
ture? ID. 05. Je n'ai pu déchifiVer le mot essentiel,
et il n'en est aucun que je voulusse perdre, mainte-
non. Lettre à Mme de Dangcau, t. vu, p. tio, dans
pouGENS. Cela vaut-il le soin de vous tant préparer?
Donnez-moi le billet, je vais le déchiffrer, regnard.
Légat. 11, 6. Quittez la lyre, ô ma muse 1 Et déchif-
frez ce mandat, béhang. Muse en fuite. Qu'imporlc
à moi que mon nom sur la pierre Soit déchiffré par
un futur savant? id. Mon tombeau. \\ 3° Fig. Dé-
mêler, pénétrer ce qu'il y a de comphqué et d'obs-
cur dans une chose. Amour.... Me déchiffre aussitôt
son discours indiscret, Régnier, Élég.u. Déchiffrez
les secrets de la terre et des cieux , id. Sat. ix. Il lui
serait très-malaisé d'en déchiffrer la vérité, desc.
ilélh. 0. Je ne sais si je pourrai déchiffrer cela, voit.
Lett. 23. Comment pourra-t-il soutenir [un nouvel
anobli ] ces odieuses pancartes [ billets d'enterre-
ment] qui déchifl'rent les conditions et qui souvent
font rougir la veuve et les héritiers? la bruy. vi.
L'avis à déchiffrer est si fort difficile, tristan, Ma-
riane, i, 3. Je me suis proposé de reconnaître à
quels animaux appartiennent les débris osseux dont
les couches superficielles sont remplies.... anti-
quaire d'une nouvelle espèce, il me fallut appren-
dre à la fois à restaurer ces monuments des révolu-
tions passées et à en déchiffrer le sens, cuvier,
Révol. p. 8. Il Familièrement. Déchiffrer quelqu'un,
se rendre compte de son caractère. J'avais un voisin
à déchiffrera ma droite, diderot. Sur les caract.
Comme il déchiffre un cœuri comme il connaît les
femmes! DORAT, Feinte par amour, 11, 3. || 4° Terme
de musique. Lire de la musique à première vue. Elle
ne saitDoint déchiffrer un air sur la note, j. j.
Ronss. Èm. v. Me voilà maître à chanter sans savoir
déchiffrer un air, id. Conf. iv. Il ne faut que savoir
parler pour déchiffrer le chant, id. Hél. i, 52. 1| Lire
une musique assez compbquée. || Absolument. Ce
musicien déchiffre bien. || 5° Se déchiffrer, v. réfl.
Être déchiffré. Des écritures qui ne se déchiffrent pas.
— HIST. xvi*s Fait déchiffrer tel noisif aller-
cas Par ces crieurs, dont l'un soustient tout droict,
Droict contre tort, l'autre tort contre droict, marot,
I, 248. Il m'a dechifré une différence d'appetils; ce-
luy qu'on a à jeun.... mont, i, 381. Quand Platon
nous deschiffre le vergier de Pluton, et les commo-
ditez ou peines corporelles qui.... id. ii, 251. De
m'eslendre et deschiffrer par le menu l'excelleuco
982
me
de ce festin, seroit une superduilé sulijecto à moc-
querie, cabl. ivJ3. S'en ira à l'assemblée faire son
Mport doschilTrer la teste du cerf, kouilloux, Vé-
nerie, fac, dans LACUBNE.
— f.TYM. Dé.... prétiie, et chiffrer.
DÉCUIKFREOR (dé-clii-freur) , *. m. \\i' Celui qui
a la clef d'un chiffre. || Celui qui a le talent d'expli-
quer ce qui est écrit en chiffres. Son pJre[deKossi-
gnol] avait été le plus habile déchiffreur do l'Europe,
ST-siM. <6(, 206. Il 2° Par extension et familière-
ment, celui qui sait lire les mauvaises écritures.
Vous êtes, à dire le vrai, un admirable déchiffreur
de lettres, dalz. liv. v, lett. 22. || 8° Déchiffreur,
déchiffreuse, celui, celle qui lit couramment la mu-
siipie; ne se dit guère qu'avec une épithète. Un ha-
bile, un mauvais déchiffreur.
— IllST. XVI* s. Ce fut & chercher de toutes parts
interprètes, dochifrreiir3,desnoueurs d'esKuillettes,
et autres gens de l'autre monde, qui y eussent rien
entendu, noél du pail. Contes d'Ëutrap. ch. XV.
— ETYM. Déchiffrer.
DÉCHIQUETÉ, ÉE (dé-chi-ke-té, tée),por(.pa«^.
Un drapeau tout déchiqueté par les balles de l'en-
nemi. Il Terme de botanique. Feuille déchiquetée,
feuille découpée dont les découpures sont elles-mêmes
partagées plus ou moins profondément en segments
de forme irrégulière. || Fig. On aime un tissu de pe-
tites phrases isolées, décousues, hachées, déchique-
tées, D'otivET, Prosnd. franc, art. v, § 2.
DÉCUIQUETEU (dé-chi-ke-té. Le ( se double quand
la syllabe qui suit est muette : je déchiquette, tu dé-
chiquetteras), v.a. Il 1" Découper en chiquettes, en
faisant diverses taillades. Déchiqueter une feuille de
papier. Déchiqueter une volaille. || Faire des trous à
une pièce de poterie, dans l'endroit où l'on veut ap-
pliquer un mancheou une oreille. Il Kig. Leslibraires,
les censeurs et tout ce qui s'attache à la peau des
malheureux gens de lettres, achevaientde déchique-
ter et sucer le peu de substance qui leur restait,
BEAUM. Barb. de Siv. i, 2. || 2° Se déchiqueter, v.
réfl. Se faire des entailles. Ce fou, dans un trans-
port, se déchiqueta à coups de couteau. || Fig. Elles
voudraient pour ainsi dire se déchiqueter par des
austérités, Doss. Lett. Corn. 7.
— llisr. xv s. Dieu scet s'ilz auront froit aux
bras Par leur manche déchiquetée, en. d'orl. 7{on-
deou. Il XVI' s. Ornez, vestus en extrême richesse.
Drap d'or, velours eschiqueté sans cesse, J. marot,
V, <37.La bonne femme, toute maudolente, lui dit:
Au diable soit le déchiqueté, desper. Contes, Lxix.
Ce qui faict veoir tant de cruautez inouies aux
guerres populaires,, c'est que cette canaille de vul-
gaire s'aguerrit et se gendarme à s'ensanglanter jus-
ques aux coudes et deschiquetter un corps à ses
pieds, n'ayant ressentiment d'aultre vaillance, mont.
m, 400.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et chiqueter, composition
où dé a le sens augmentatif; wallon, diciketer; na-
murois, dichiketer; génev. déchicoter.
t BÉCHIQUETEUR (dé-chi-ke-teur), s. m. Néolo-
gisme. Celui qui déchiquette.
DÊCUIQUETURE (déchi-ke-tu-r') , s. f. Taillade
faite dans une étoffe.
— IllST. XVI* s. Pensez quel beau spectacle, et
comme il fit bon voir Ce prince [Henri IH] avec un
buse, un cdrps de satin noir Coupé à l'espaignole,
où des dechiquetures Sortoient des passemens....
d'aub. Tragiques, u.
— f.TYM. Déchiqueter.
DÊCIIIRAGE (dé-chi-ra-j') , s. m. Action de dé-
faire un train de bois flotté, ou de désassembler les
planches des vieux bateaux. || Bois de déchirage ou,
simplement, déchirage, le bois qui provient de la
démolition d'un bateau.
— ETYM. Déchirer.
DÉCHIRANT,. ANTE (dé-chi-ràn, ran-t'), adj. Qui
déchire l'ime, qui émeut fortement. Situation dé-
chirante. J'entends encor sa voix pénible et déchi-
rante, M. J. CHÉN. Calas, V, fl.
DÉCHIRÉ, ÉE (dé-chi-ré, rée), part. passé. || 1° Mis
en lambeaux, en piftces. Un vêlement déchiré. Lais-
sez-moi loin de vous et loin de ce rivage De mon
fils déchiré fuir la sanglante image, hac. Fhèd. v,
7. Vous le verrez venir déchiré de coups, si néan-
moins il en revient, kollin, Ilist. anc. (ItAitres,
t. viii, p.B88, dans pougens. El peut-être demain je
meurs chargé de honte, Traîné sur l'échafaud, lente-
ment déchiré, c. delav. Vêpres sicil. Il, o. || Bateau
déchiré, bateau mis en pièces, ne pouvant plus ser-
vir.||Étre déchiré, tout déchiré, avoir ses vêtements
en lambeaux. || Fig. et familièrement. Cette femme,
cette fille n'est pas tant, n'est pas si déchirée, elle
n'est pas laide, elle est ossex jolie. Vous y verrez
DEC
ma femme Margot, qui n'est pas encore si déchi-
rée, COLLÉ, Partie de chasse de Henri IV, ii, )l.
Il 11 se dit aussi de terrains qui présentent comme
des déchirures. Des montagnes arides et déchirées.
Il 2° Fig. Un cœur déchiré par les remonls. Toujours
déchiré entre l'envie de vous voir et la crainte
d'être ridicule, s6v. 133. Entre Zamoreet vous mon
âme déchirée Succombe au repentir dont elle estdé-
vorée, volt. Ali. v, 7. Ses remord.s, ma pitié, son
aspect, son absence, A mes sens déchirésfont tropde
violence, ID. Fanal, m, <o. Ce n'e.st point là non plus
l'écrit d'un méchant homme ; un malheureux égare-
ment.... je me sens déchiré, beaumahch. Mèrecoup.
Il , ) . Il 8° En proie aux déchirements, aux divisions.
Ne pouvant plus reconnaître la majesté de la religion
déchirée par tant de sectes, boss. Reine d'Anglet.
Home était déchirée par les guerres civiles, rollin,
Ilist. anc. Œuvres, 1. 1, p. 1 32, dans pougens. Peut-
être la plus noble, la plus grande des entreprises
coûterait-elle moins de sang et de trésors à l'Europe,
que la moindre des querelles dont elle est conti-
nuellement déchirée, haynal, Ilist. phil. xi, ».
Il 4° En butte aux propos de la haine. Calomnié, dé-
chiré par ses ennemis. ||5°Terme d'anatomie. Trou
déchiré, nom donné à l'hiatus occipito-sphéno-tem-
poral, à cause de l'irrégularité de son pourtour.
Il Terme de zoologie. Ailes déchirées, ailes des in-
sectes, sur les bords desquelles se voient des dechi-
quetures irrégulières. || Terme de botanique qui se
dit de toute partie dont les bords présentent des
découpures inégales et comme difformes. || Proverbe.
Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée, c'est-
à-dire il arrive toujours quelque accident aux gens
querelleurs.
DÉCHIREMENT (dé-chi-re-man), s. m. || l'Action
de déchirer, résultat de cette action. Le déchirement
des habits était une marque de douleur et d'indi-
gnation parmi les Juifs. || 2" Kig. Déchirement de
cœur, violente douleur. Ce qui s'est passé me cause
un déchirement dont vous savez les raisons, sBv.
(60. On ne perd pas en un moment.... ce qui était
le prix des larmes, des violences, des confusions,
des déchirements de tout le cœur, mass. Car.
Inconst. Pour m'épargner de continuels déchire-
ments, je m'enfermais avec mes livres, ou bien
j'allais soupirer et pleurer à mon aise au milieu des
bois, J. J. Bouss. Conf. vi. En passant devant Vin-
cennes, je sentis à la vue du donjon un déchirement
de cœur dont le baron remarqua l'effet sur mon vi-
sage, ID. ib. VIII. Il 3° Déchirement d'entrailles, co-
lique violente. Ma mère me mit au monde avec de
grands déchirements d'entrailles, chateaub. Alala,
278.114*5. plur. Troubles, discordes que causent
les factions, les guerres. L'Europe est en proie à
de grands déchirements.
— HIST. XII* s. Et cil depanent lor vestures, ki ne
soi espargnent mie el deschirement de la defo-
rienne [extérieure] bealteit, Job, 446.
— ÊTYM. Déchirer.
DÉCHIRER (dé-chi-ré), v. a. || l'Meltre en pièces
sans se servir d'un instrument tranchant. Déchirer
ses vêtements en signe d'affliction. Ou si par mes
taureaux il se fait déchirer. Voulez -vous que je
l'aime afin de le pleurer? corn. Toison d'or, iv, t.
U [le peuple] vient de déchirer Métrobate et Zenon,
ID. Nicom. V, 4. Arrachons, déchirons tous ces vains
ornements, rac. Esth. i, 6. Ayant déchiré ses vê-
tements, il [Jacob] se couvrit d'un cilice , sacy,
liible, genèse, 37, 34. L'esprit du Seigneur se saisit
de Samson, qui déchira le lion comme il aurait fait
un chevreau, w. Bible, juges, xiv, 6. Solon, à ce
mot, déchirant ses habits, frappant sa poitrine, et
ne s'expliquent que par des larmes et des sanglots,
s'abandonna à la plus vive douleur, bollin', Hist.
anc. Of-urres, t. u, p. 508, dans pougens. Il n'est
plus? Quelles mains ont déchiré son flanc? volt.
Slérope, ii, 6. Mais tant que je verrai des tigres en
furie Déchirer les enfants de ma triste patrie, id.
Triumv. iv, 4. Le tonnerre et les vents déchirent
les nuages, st-lamdemt. Saisons, été. || Par exten-
sion. Cependant les trois cents Français que déchire
la mitraille, persévèrent; déjà ils atteignaient la
position ennemie.... sêgur, Hist. de Napol. i, 4.
Il Déchirer un acte, un contrat, le mettre en piè-
ces; et fig. Déchirer un contrat, un acte, une con-
stitution, les anéantir. || Poétiquement. Déchirer les
entrailles de la terre, la fouiller soit pour y cher-
cher les métaux, soit seulement pour la labourer.
Plus on déchire les entrailles de la terre, plus elle
est libérale. || Déchirer un bateau, en débiter les par-
ties, les planches. || Déchirer de coups, donner tant
de coups ou des coups si violents que la peau s'en-
lève. Ils sont armés de fouets et ils se disposent à
Dtr.
le déchirer de coups, boubd. Exhort. sur la flagell.
de J. C. t. Il, p. 71. Il Déchirer une blessure, la
rouvrir, la rendre plus grande; et fig. renouveler
une douleur. Pourquoi, renouvelant ma honte et ton
injure, De tes funestes mains déchirer ma blessure?
volt. Scythes, m, 4. || Terme militaire. Dech'rer la
cartouche, déchirer avec les dents l'extrémité paT_
laquelle on l'introduit dans le fusil. || Fig. Terme mi-"
litaire. Déchirer la toile, exécuter sans ensemble
des feux d'infanterie. || Déchirer se dit, en un sens
plus restreint, pour faire une déchirure. Elle a dé-
chiré sa robe. || On dit aussi déchirer pour sépa.
rer, diviser, sans qu'il y ait une idée d'irrégularité.
Déchirer une feuille de papier en deux, jj 2* Fig.
Troubler par des déchirements, par des divisions.
Déchirer la société en partis opposés. Pour ne pas
partager vos biens, et pour soutenir le vain hon-
neur de votre nom, vous déchirez et vous désho-
norez l'héritage de Jésus-Christ, mass. Car. Dang.
des prosp. temp. Moi, j'irais de mon fila, le seul
bien qui me reste, Déchirer avec vous l'héritage
funeste I volt. Mérope , i, 3. Jérusalem était dé-
chirée par trois factions, boss. Ilist. ii, 8. Ce prince
du plus noble sang qu'il y ait dans le monde et
qui travaille à déchirer de ses propres mains sa
patrie et le royaume de ses ancêtres, fên. Dial.
des morts mod. ». La France allait encor se dé-
chirer le sein, lemerc. Bruneh. J, t. \\ 3° Causer
une vive douleur physique. Un mal cuisant déchire
ma poitrine, bérang. Malade. || Fig. Déchirer le
cœur, l'âme, causer une vive, une profonde afflic-
tion. Qu'il déchire mon âme et ne l'ébranlé pas,
CORN. Poly. 11. 2. Vous parlerai-jedeses perles et de
la mort de ses chers enfants? ils lui ont tous déchiré
le cœur, boss. Marie-Thér. Portant partout le trait
dont je su is déchiré , rac. Phèd. ii , 2. C'est de déchi-
rer vos cœurs el non vos vêtements, mass. Car. Culte.
Il Elliptiquement et en sous-enlendant le cœur,
l'âme Hélas! que vous me déchirez, rac. Bérén.
IV, 6. Un trouble assez cruel m'agite et me dévore,
Sans que des pleurs si chers me déchirent encore,
m. ib. IV, 6. Mille soupçons encor viennent me dé-
chirer, ID. Siihr. IV, <. Quoi I de quelque remords
êtes-vous déchirée? id. Phèd. i, 3. Tant de ména-
gement me déchire el m'irrite, volt. Sajlhes, v, 3.
De quel ressouvenir mon âme est déchirée? id. Zaïre,
11, 3. Mon épouse, mon fils me déchirent le cœur,
ID. Orphel. I, 7. De quelque grand remords lu sem-
blés déchiré, ID. Fanât, m, 8. Les douleurs de cette
pauvre femme me déchiraient, j. j. bouss. Conf. ii.
C'est trop gémir et soupirer. Ah I calmez ces regrets
profanes; Vos maux viendraient me déchirer Jus-
qu'au fond du séjour des mânes, gilb. Ode à la
reine. Les jalouses fureurs dont vous me déchirez,
c. DELAV. Vêpres sicil. iv, <. Pourquoi nous déchirer
de regrets superflus? id. tb. iv, 4. || 4* Déchirer
quelqu'un à belles dents, en médire outrageuse-
ment. Il Absolument. Diffamer. Sa mémoire fut dé-
chirée, BOSS. Ilist. i, iU Vous devez cette grâce à
votre propre gloire; En m'arrachant la mienne on la
va déchirer, corn. Théod. m, 3. Je vais composer
contre eux une satire du style de Juvénal qui les dé-
chirera de la belle façon, mol. Bourg, gent. :i, «.
11 déchire l'innocence de ces filles, pasc. Prov. H
Par quelles injures on déchire l'Église romaine,
BOSS. Réfut. Ils déchirent par leurs railleries et mêm»
par leurs médisances tout ce que les serviteurs de
Dieu font de plus édifiant, bourd. Sainteté, 2* avent,
p. 289. Vous avez déchiré la réputation de votre
frère, in. Pénitence, 2* oten». p. 485. On me dé-
chire de tous côtés, vous ne m'apprenez rien de nou-
veau , MAINTENON, Lett. à Mme de St Géran, * " nov.
(682. De la même bouche dont on vient de bénir le
Seigneur, on déchire ses frères, mass. Car. Culte.
Les sots, qui déchireraient Corneille s'il n'était pas
mort, et qui seront bien aises de vous déchirer,
parce que vous êtes vivant, d'alemb. Utt. à Volt.
27 janv. 1762. Que font ici, dis-moi, les vertus do
nos pires? En déchirant ton siècle, où prétends-tu
venir? mar. j. chén. Gracques, il, 3. || Absolument.
Une duplicité indigne qui loue en face et déchire en
secret, mass. Car. Midis. || 6* Déchirer la main qui
nous protège, rendre le mal pour le bien. Un infi-
dèle ami que j'avais mal jugé. Qui déchire la main
dont il fut protégé, c. delav. Vêpres sicil. ii, 4.
Il 6* Fig. et familièrement. Déchirer l'oreille, les
oreilles, affecter le sens de l'ouïe d'une manière
dés.igréable. || 7* V. n. Terme du commerce de la
broderie. Déchirer, couper les pièces de mousse-
line, etc. sur lesquelles on doit broder (parce qu'en
effet on déchire). Ainsi l'on dit : c'est aujourd'hui
qu'on déchire dans telle maison. ||8* Se déchirer,
V. réfl. Se mettre en pièces. Le malheureux lion se
DEC
décliire lui-même, la font. Fabl. ii, 9. ||Être dé-
chiré. En même temps le voile du temple se déchira
en deux depuis le haut jusqu'en bas, sacy, BMe,
Évang. St Mathieu, xxvu,5i. || Se diviser régulière-
ment. En ce sens on dit que le calicot se déchire, à
la différence d'autres tissus qui, àdéfaut deciseaux,
te déchirent, c'est-à-dire se divisent irrégulièrement.
Il Terme d'hydraulique. Se séparer avant de tomber
dans le bassin inférieur, en parlant d'une nappe
d'eau. Il 9° Médire les uns des autres. Les hommes do
parti se calomnient et se déchirent. Eh ! sans sor-
tir de la cour, n'a-t-il pas encore vingt caractères
de gens oii il n'a point touché? n'a-t-il pas, par
exemple, ceux qui se font les plus grandes amitiés
du monde et qui, le dos tourné, font galanterie de
se déchirer l'un l'autre? mol. Imprompt. 3. Est-il
rien de plus commun dans le commerce des hom-
mes que de se déchirer mutuellement par de cruelles
et injurieuses méilisances? bourd\l. fo/»or(. Faux
tém. contre J. C. t. ii, p. 6. Vous avez des domes-
tiques qui se déchirent les uns les autres, m. 2e dim.
après Pâques, Dominic. t. ii, p. 67. Les chrétiens,
partagés en Monophysiles ou Jacohites et orthodoxes,
se déchiraient, dider. Opm. des anc. phil. Sarra-
sins. Il Proverbe. Il ne s'est pas fait déchirer le man-
teau, son manteau pour cela, c'est-à-dire il n'a pas
fallu lui faire violence pour lui faire accepter.... pour
le décider à.... Dicton tiré de l'histoire de Joseph
qui laissa son manteau entre les mains de la femme
de Putiphar.
— HIST. XII" s. Qui si lui ot son grenon dessiré,
Ronc. p. iOi. Sa tendre face as ongles descirer, ib.
p. <7(. Guiteclinsle fiert si que l'aubert lui descire,
Sax X. Quant li reis Tout tut sul enmi le champ
mené, Fait-il: Sirearcevesque, mult m'avez deciré;
Car altre conseil m'unt à grant damage esté, Th. le
mart. lU. Descired out ses drapels, puis puldre
sur le chief. Rois, te. Si que [il] ne deschiret par
alcune m.alvaise desturbance la pense [la pensée] ki
tote s'estent en l'amur de Deu, Job, 408. || xiii' s.
Par le mantel [il] l'enmeno, si qu'il l'a deschiré,
Berte, xv. Des ronces qui l'avoient [la robe] eus au
bois descirée, ib. xlvi. Ysengrin remest en la briche
[piège] , Oui mouU s'esforce et sache et tire , X poi la
pel ne li descire, Ren. t202. Encore ne vaut le [la]
lettre riens, qu'on trueve deschirée toute ou en par-
tie, BEAUM. XXXV, )0. Et de ce coup que nostre nef
prist, furent li notonnier si desperez que il dessi-
rolent leur robes et leur barbes, joinv. t9e. \\ xv s.
Quand les gens du comte virent la bannière du comte
toute descirée, ils furent tous esbahis, froiss. ii, ii,
5*. Il XVI" s. Monstrans leurs bonnetz foupyz, leurs
robbes descirées, bab. Gar. i, 2fl. Il n'est point bi-
guot, il n'est point dessiré, id. ib. i, 40. Mesmes
de verge il le blesse et dessire, marot, ii, 200. Sa
force fond ainsi qu'au feu la cyre, Dont tout bon
cueur barbe et cheveux descire, id. ii, 271. Quant
au texte de Moïse, ils le déchirent en le voulant es-
tendre jusqu'à leur folle fantaisie, calvin, <23. On
n'en sauroit faire deux ni trois [églises] sans desci-
rer Jésus Christ, id. Instit. 8)2. Ces tresses blondes
que tu deschires, mont, i, 22. Ces divisions et sub-
divisions qui nous deschirent aujourd'huy, id. m,
237. Injurieusement nous dessirons un homme tout
vif, id. m, 38). Il s'en fouit un jour à Athènes, là
où comme il fust tous les jours harassé et desciré
par les crieries ordinaires des calomniateurs, amyot,
Cimon, )7. Mahomet fit déchirer l'aga des Janis-
saires, pour avoir souffert qu'on violast sa foi, d'aub.
llisl. m, 428. J'en vis plusieurs qui entrèrent, beau-
coup plus mal en poin., ?t plus deschirez que moy,
dont je receus un peu de plaisir, Sat. Mén. ) 93.
— ÉTYM. Génev. échirer; picard, dékirer; wal-
lon, dichurer et hirer; namurois, churer, hirer et
churer, qui sont radicaux de dé-chirer; provenç. es-
quirar; mot hybride composé de dé.... préfixe, et
l'ancien haut-allemand skerran, déchirer.
j DÉCHIBEUR (dé-chi-reur) , s. m. Ouvrier qui
dépèce les bateaux hors de service.
— ÉTYM. Déchirer.
BÉCUIRURE (dé-chi-ru-r'), s. f. Rupture faite en
déchirant. Elle a fait une déchirure à sa robe. La
déchirure d'une plaie. •
— HlSï. XIII" s. Encore ne vaut le [la] letre riens,
qu'on trueve deschirée toute ou en partie, puisque
le [la] deschirure passe point de le [la] lettre, beaum.
XXXV, )0.
— ÉTYM. Déchirer; génev. échirure.
DÉCHOIR (dé-choir) , je déchois, tu déchois, il
déchoit, et aussi, il déchet, nous déchoyons, vous
déchoyez, ils déchoient; je déchus; je décherrai;
je décherrais (on dit aussi, régulièrement : je dé-
choirai, je déchoirais); déchois, déchovons; que je
DEC
déchoie, que nous déchoyions, que jo déchusse;
point de participe présent; déchu, déchue, v. n.
Il 1° Tomber dans un état inférieur à celui où l'on
était. L'âge la fit déchoir, adieu tous les amants, la
FONT. fabi. vu, r,. Et comme celle-ci [aventure]
déchet dans la peinture [perd à être peinte], La pein-
ture déchet dans ma description, m. Tabl. Du rang
où notre esprit une fois s'est fait voir. Sans un fâ-
cheux éclat nous ne saurions déchoir, boiu EpUre vi.
Voilà ce qui fit déchoir un roi d'ailleurs si juste, fén.
M. XIX. Ma foi, quand un ouvrage a passé l'ordi-
naire. Si l'on ne veut déchoir, il ne faut plus rien
faire, montreuil. Lettre avec des vers parodiés
d'//oracc. Il Déchoir de, ne pas conserver. Je vous
parlerai peut-être quelque jour, mes pères, de ce
mélange confus d'opinions; et on sera surpris de
voir combien vous êtes déchus du premier esprit
de votre institut, pasc. Prnv. )3. [Vertu] Sans la-
quelle ils sont en danger de déchoir de leur justice,
ID. Prière. La perfidie du disciple qui déchoit de son
apostolat, MASS. Pass. 2. On pouvait hardiment le con-
tredire, on aurait pu le convaincre sans déchoir un
moment de sa familiarité et de sa bienveillance,
MAKKji, Éloges, Card. dePolignac. Après cesarrêts,
achetés à très-haut prix, il n'en sera que plus sûre-
ment déchu de l'espoir de rien sauver de ce qui lui
était dû, RAYNAL, Ilist. phil. V, 22. || Terme de théo-
logie. Déchoir del'état de grâce, perdre la grâce. Vous
imposez à vos ennemis des crimes dont vous savez
qu'ils sont innocents, parce que vous croyez le pou-
voir faire sans déchoir de l'état de grâce, pasc. Prov.
)B. La question est non pas de savoir si on aura un
jour cette grâce, mais si on peut déchoir un seul
moment après l'avoir eue, Boss. Variât, xiv, § 4G.
Ne permettez pas que nous venions jamais à en dé-
choir, bourdal. Annonc. de la Vierge, Myst. t. 11,
p. )49. Il 2° Diminuer, s'affaiblir. Son crédit com-
mence à déchoir. Je crois que l'école a beaucoup
déchu et qu'elle déchoira davantage, dider. Salon
de )787, Œuvres, t. xv, p. 36, dans pougens.
Il Commencer à déchoir, avancer en âge. || 3° Dé-
choir s'est dit autrefois en termes de marine pour
dériver, sortir de la route.
— UEM. 1. Déchoir se conjugue avec l'auxiliaire
avoir quand il exprime une action : depuis ce mo-
ment il a déchu de jour en jour; et avec l'auxi-
liaire être, quand il exprime un état : il y a long-
temps qu'ils sont déchus de ces privilèges. || 2. X la
3"personnedu pluriel du présentde l'indicatif, ondit
aujourd'hui déchoient seulement, bien qu'au singu-
lier on dise encore déchet. Bossuet a dit déchéent :
Ils ne déchéent pas de l'état de justification, Var.
xiv, § GO. Il 3. Les formes en e sont une intru-
sion de la prononciation normande entre les formes
en ui.
— HIST. XI" S. Dient Franceis : moût déchéent li
nostre, Ch. de Roi. cxxi. Com decarrat ma force et
ma baudur! ib. cciv. || xiii" s Si ques il avient à
le [la] fois que Ii héritage en empirent et dequieent,
BEAUM. XXII, ). Ces arcevesques et ces evesques qui
ci sont, m'ont chargé que je vous die que la cres-
tienté dechiet et font entre vos mains, joinv. 290.
Et pour ce je vous demant S'amie prent son amant,
Et il li par mariage, S'amours en va decheant, Bibl.
des Chartes, 4" série, t. v, p. 322. || xv" s. [Chacun
était ému de pitié à la vue des six bourgeois de Ca-
lais agenouillés aux pieds d'Edouard] Et vraiement
ce n'estoit pas merveille; car c'est grand pitié de
voir hommes descheoir et estre en tel estât et dan-
ger, FROISS. I, 1, 32). Nonobstant ce jeune âge, ne
descheut pas en luy l'homme de si noble estât, Bou-
ciq.1, ch. )8. Il XVI" s.L'hommedechetet périt, si le
seigneur este de lui sa miséricorde, calv. 93. Nul
n'est admis à recevoir les bénédictions de Dieu, si-
non celui qui déchet et défaut par le sentiment de
sa pouretè, id. Instit. )89. Ce désir tel quel, avant
•que se mettre en train, défaut, pour ce qu'il déchoit
en vanité, id. ib. )9). La nature de l'homme, com-
bien qu'eue soit decheute de son intégrité, et fort
corrompue-... id. ib. )94. 111a conforme et fortifie
par la vertu de son esprit, à ce qu'elle ne va-
cille ou dechée, id. ib. 244. Si plusieurs ne des-
cheoyent de la foy commune, Jésus Christ n'eust
point dit.... ID. i6. 429. Nous nions que jamais
ils tombent ou dechoyent de la fiance qu'ils ont
une fois conceue, n>. ib. 433. Elle a esté confor-
mée par succession perpétuelle des evesques, à ce
qu'elle ne descheust pas, id. ib. 838. Selon que
les choses deschoyent journellement de mal en pis,
ID. ib. 909. Se voyant descheu de son espérance,
MONT. I, 298. Il est descheu de la maistrise comme
un enfant, id. ii, 80. Il remplist le sénat, qui estoit
''ort descheut et diminué d'hommes, amyot, Publ.
DEC
983
20. Comme il se fust présenté l demander l'office
de tribun du peuple, Û en fut débouté et en des-
cheut par les menées de Sylla, id. Sertor. B. Aux
ulcères qui ont tin an ou davantage, l'os nécessai-
rement se pourrit et déchet, paré, t. m, p. C45.
Que l'on face son compte, le bien se descheoir entre
les mains des fermiers, 0. DE serres, 63. Secourir
les vignes langoureuses, descheantes et pleurantes,
ID. (99. Le naturel des amandes est de se descheoir
[diminuer] en confissant, id. 868.
— f.TYM. Dé.... préfixe, et choir; provenç. de-
chaier, descaser; espagn. decaer; portug. detahir;
ilal. decadere. Le latin n'a pas decadere.
DÉCIIOCÉ, ÉE (dé-chou-é, ée), part, passé. Bâ-
timent déchoué.
t DÉCUOUEMENT(dé-chou-man), s. m. Terme de
marine. Action de déchouer.
DÉCIIOUER (dé-chou-é), v. a. Terme de marine.
Remettre à flot un bâtiment échoué.
— lîTYM. Dé.... préfixe, et échouer.
t DÉCHRISTIANISER (dé-kri-sti-a-ni-zé), v. a.
Faire cesser d'être chrétien. || Se déchristianiser, v.
réfl. Perdre le caractère de chrétien.
— IIIST. xii" s. Ce que Deus a sacré ne puet nuls
dessacrer, Ne nul crislien humme nuls descristia-
ner, St Thom. 3).
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et chrétien.
DÉCHU , UE (dé-chu , chue) , part, passé de dé-
choir. Il 1° Tombé lias, mis moins hnut qu'on n'était.
Cet homme est bien déchu. Bientôt cet Etat, que vous
croyez déchu, sera la merveille de l'Hespéne, fén.
Tél. XXII. Quoique, à dire vrai, je ne sois pas tombé
de bien haut, je me sens déchu et tout prêt à
déchoir encore, d'alemb. Lett. au roi dePr. 24 juil-
let )780. Il Qui a perdu la dignité qu'il possédait. Roi
déchu. Les princes déchus. Héros déchu , delav.
Paria, v, 7. || 2° Fig. Qui est tombé, comme d'une
hauteur, de ce qui lui était précieux, pouvoir, es-
pérance, etc. Se voyant si ridiculement déchu de
ses espérances, hamilt. Gramm. )0. Déchu du doux
espoir d'être aimé de Sylvie, J'abandonne ma vie
Aux plus vives douleurs qu' un cœur puisse souffrir,
SEGRAis, Chansons, 47. Vos ennemis déchus de leur
vaine espérance, rac. Brit. 11, 2. Les Trente [tyrans
à Athènes], déchus de leur pouvoir et de leurs es-
pérances, députèrent à Lacédémone pour demander
du secours, rollin, Ilist. anc. Œuvres, t. iv, p
) 22, dans pougens. Il alui-même abdiqué son gou-
vernement dans les provinces américaines, en nous
déclarant déchus de sa protection et en nous faisant
la guerre, raynal, Hist. phil. xviii, 45 L'amour
est déchu de son autorité Dès qu'il veut de l'hon-
neur blesser la dignité, volt. Catilina, i„3. 1| Terme
de théologie. Déchu de la grâce , qui a perdu la grâce
divine. Ceux qui sont déchus de la grâce de Dieu,
BOSS. Ilist. II, 7. Il Absolument. L'homme déchu,
l'homme qui est déchu de l'état d'innocence par le
péché d'Adam. Qui de nous ignore que, du sem de
son obscurité, les regards de l'homme déchu se
tournent involontairement vers l'éclat de son exis-
tence passée? ségur, Ilist. de Napol. Préface. \\ Les
anges déchus, les anges rebelles à Dieu, qui furent
expulsés du paradis et relégués dans l'enfer.
f DÊCI.... préfixe employé dans les noms des me-
sures du système métrique et qui exprime les subdi-
visions. Ce préfixe n'a pas été bien choisi ou bien
formé; car, en latin, deci multiplie et ne divise pas.
f DÉCIARE dé-si-a-r'), s. m. La dixième partie
d'un are.
— ÉTYM. Déci.... préfixe, et are.
DÉCIDÉ, ÉE (dé-si-dé, à&e), part. passé. \\ fDont
la solution est donnée. Cette question va être déci-
dée. Il 2° Qui n'a rien de vague, d'incertain. Le mi-
nistère louvoie, il n'a pas de marche décidée. Cette
musique n'a point un caractère décidé. || Signalé. Il
lui accorde une préférence décidée. || 3» Arrêté, ré-
solu. C'est une chose décidée. || 4° Qui a pris sa réso-
lution. Ce n'était pas qu'il fût décidé, mais il ne
s'occupait pas de l'être, staél, Corinne, xi, ). Il
laissa Mortier et la jeune garde à une lieue derrière
lui, tendant ainsi de trop loin une main trop faible
à son armée, et décidé à l'attendre, ségur, Hùt.
de Napol. x, 3. || 5° Plein de résolution. Homme dé-
cidé. Il lui tint un langage décidé. Un airvif, étourdi,
décidé, favart, Soliman II, n, <).
DÉCIDÉMENT (dé-si-dé-man), adv. D'une ma-
nière décidée, ferme. Prendre décidément son parti.
Il En tête d'un membre de phrase, décidément ex-
prime une ferme résolution. Décidément, je n'en fe-
rai rien. Décidément, j'y renonce.
— ÉTYM. Décidé, et le suffixe ment.
DÉCIDER (dé-si-dé), v. a. \\ 1° Porter un juge-
ment sur une chose douteuse ou contestée. L'Église
984
DEC
DEC
a décidé ce poinl. Il y en a beaucoup que le trop d'es-
prit gltc..., et qui sei aient bien fâchés d'être de l'avis
des autres, pour avoir la gloire de tout décider,
MOL. Critique, se. 7. || f Mener à conclusion. Déci-
der une affaire. Le courage joint à l'habileté décide
tout dans les batailles. Les deux rivaux décidèrent
leur querelle à Pharsale.uoss. Uist. I, 9. Kt par dos
droits secrets que le ciel avait décidés, la princesse
du momie la plus parfaite appartenait déji au plus
(çrand des rois, flêch. Harie-Thér. Knfin les deux
rois, résolus de décider leur querelle, rangèrent
leurs armées en bataille, hollin, Uisl. anc. (Eu-
rres, t. viii, p. 30, dans fol'Gf.ns. Les Français fu-
rent éblouis de quelques succès qui ne décidaient
rien, baynal, Ilist. phil. x, t6. || 3° Détermi-
ner à. Cette raison l'a décidé .1 ne rien entrepren-
dre. Trois cents soldats, formés en trois troupes,
furent les seuls qu'on put décider à monter à cet
assaut; on vit ces hommes dévoués s'avancer ré-
solument contre des mllliersd'ennemis, sur une po-
sition formidal)le, séguh, Ilisl de Napol. x, 4. || Ab-
solument. Kutusof le joue, il [Napoléon] le sent,
mais il se trouve engagé si avant qu'd ne peut plus
ni avancer, ni rester, ni reculer, ni combattre avec
honneur et succès; ainsi, tour à tour poussé par
tout ce qui décide ou détourne, il demeure sur
ces cendres [de Moscou], espérant à peine, désirant
toujours, SÉGIJR, Uist. de Napol.ym, <0.|| Décider
se dit aussi, par extension, pour faire prendre à
quelque chose une direction, une sorte de détermi-
nation. Là sont les .sources des rivières qui versent
leurs eaux dans les mers Noire et Baltique; mais le
sol y est lent à décider leur pente et leur courant; de
sorte que les eaux y séjournent et inondent au loin
le pays, sKgur, Ilisl. de Napol. iv, 6. || 4» Déci-
der une chose, en prendre la résolution. Ils avaient
pour orateurs plutôt que pour chefs, des vieillards
qui décidaient les hostilités, qui donnaient le si-
gnal du départ, raynal, Ilisl. phil. ix, 6. \\h°V. n.
Porterdesjugements. Ne décidonsjamaisàla légère.
Ces gens qui décident toujours, et parlent hardi-
ment de toutes choses sans s'y connaître, mol. Cri-
tique, se. c. On croit qu'il y a de la honto à douter et
à ignorer; et l'on aime mieux parler et décider au ha-
sard que de reconnaître qu'on n'est pas assez informé
des choses pour en porter jugement, rollin. Traité
des Etudes, v, art. 2. Dans ce siècle hardi.... Soit que
l'on blâme ou qu'on approuve, On décide plus qu'on
n'entend, lamotte, Fabl. v, B. |j C'est un homme
qui aime à décider, qui décide trop hardiment,
c'est-à-dire qui aime à prononcer des jugements,
qui prononce des jugements sans être suffisamment
informé, instruit. || 6° Décider de, ordonner, dispo-
ser de. Je vous croirai Bunhus, lorsque dans les
alarmes II faudra soutenir la gloire do nos armes,
Ou lorsque, plus tranquille, assis dans le sénat. Il
faudra décider du destin de l'État, hac. Bril.iii,
t. Du Troyen et du Grec faites-le décider; Qu'il
songe qiii des deux il veut rendre ou garder, id.
Andr. n, 2. Il faut de nos destins que Bajazet dé-
cide, ID. Baj. I, 3. Les dieux décident de tout,
FÉN. Te'l. VI. Il Décider de, donner une solution,
une conclusion à un événement, à une intention , etc.
Ces événements qui décident de la fortune des
empires, Boss. Ilist. m, 2. Nos penchants déci-
dent toujours de nos lumières, mass. Av. Disp. Le
temps et les coutumes décident de nos mœurs, id.
Car. Immut. Ahisi mes penchants décidaient de
ma destinée, id. ib. Respect hum. Les exemples des
grands décident presque toujours des mœurs publi-
ques, iD. Panég. St Louis. Cette batai.'le [de Thym-
brée] est un des plus considérables événements de
l'antiquité, puisqu'elle décida de l'empire d'Asie en-
tre les Assyriens de Babylone et les Perses, rolli^j,
Ilist. anc. Œuvres, t. u, p. 2oo, dans pougens. Eh
bien, puisqu'on le veut, que la guerre en décide,
cnÉn. Ilhckdam. ii, 2. || Décider sur, décider de,
porter un jugement sur. Décider sur tout, de tout.
Il croit avoir droit de décider sur mes sentiments,
Boss. Avert. 2. Décider du mérite et du prix des
auteurs, boil. Sat. vu. Les manières, qua l'on né-
glige comme de petites choses, sont souvent ce qui
fait 4)116 les hommes décident de vous en bien ou en
mal, LA bruy. v. La règle de Descartes qui ne veut
pas que l'on décide sur les moindres vérités avant
qu'elles soient connues clairement et distinctement,
est assez belle et assez juste pour devoir s'étendre
au jugement que l'on fait des personnes, id. xu.
Il 7" Décider de, avec un infinitif, prendre la résolu-
tion de. Il a décidé de renvoyer son domestique.
Il S" Se décider, ». réfl. Hecevoir une solution, une
conclusion. La difficullé qui reste se décidera dans
une discussion en règle. La bataille ne se déci-
dait pas. Il touche au moment où son sort se dé-
cide. Il suffit d'établir la règle; les cas particuliers
se décident ensuite d'eux-mêmes, mass. Coiifér.
Us. des rev. ecclés. Tout .se décidait par l'intérêt
et par la force, boss. Ilist. m, 7. || Se décider,
prendre uno résolution. Je me décide à rester, h par-
tir. Clotaire en mon palais se décide & paraître, le-
MERC. Bruneh. m, 2. ||Se décider pour quelqu'un,
pour quelque chose, donner la préférence, se pro-
noncer pour. Les électeurs se décidèrent pour son
compétiteur. La victoire se décida pour César dans
les plaines de Pharsale.
— HiST. XVI' s. i cesie fin, chascun membre, du
plus précieux de son nourrissement, décide et ron-
gne une portion, et la renvoyé en bas, rab. Panl.
m, 4. Jamais on ne peult appeller des jugemcns dé-
cidez par sort et fortune, id. ib. m, t2. C'est un
conllict qui se décide par les armes de la mémoire,
MONT. I, 249. Quand ils vinrent à décider [à qui re-
venait l'honneur de la journée], id. i, 203. Ils esli-
sent quelqu'un d'entr'eulx qui sur le champ décide
leurs [irocez, id. iv, 233.
— ÉTYM. Latin, decidere, décider, proprement
couper, de de, et cœdere, couper. De l'idée de tran-
cher on passe à celle de décider, une décision étant
ce qui tranche une question.
t UKCIDECU (dé-si-deur),s. m. Celui qui décide.
M. de Vendôme répondit à Roquelaure qu'il était
un mauvais décideur [au jeu] et qu'il se mêlait
toujours de ce qu'iln'avait que faire, st-sim. 27, 53.
— ÉTYM. Décider.
■j- DÊCIDU, UE (dé-si-du, due), adj. Terme de
botanique. Qui se détache et tombe quelque temps
après son développement.
— ÉTYBl. Lat. dcciduus, sujet à tomber, de deci-
dere, tomber, déchoir.
t DËCIGRAMME (dé-si-gra-m') , s. m. Mesure
légale depoidsqui vaut ladixième partie du gramme.
— ETYM. Déci.... préfixe (voy. déci) , et gramme,
t DÉCIL (dé-sd), s. m. Terme d'astrologie. Position
de deux planètes éloignées l'une de l'autre de la
dixième partie du zodiaque, c'est-à-dire 30 degrés.
On trouve aussi dextil.
— ÉTYM. Lat. decem, dix.
DÉCILITRE (dé-si-li-tr") , s. m. Mesure légale de
capacité qui vaut la dixième partie du litre.
— ÉTYU. Déci.... préfixe (voy. déci), et litre.
DÉCILLER (dé-si-Ué, U mouillées), v. a. Voy.
dessiller.
DÉCIMABLE (dé-si-ma-bP), adj. Sujet à la dlme.
— ÉTYM. Décime, forme latine pour dime (voy.
dIme).
t DÉCIMAIRE (dé-si-mê-r'), adj. Terme didacti-
que. Qui procède par dix.
— ÉTYM. Lat. dccimus, dixième.
DÉCL-MAL, ALE {dé-si-mal, ma-1'), odj. || 1° Qui
regarde les dîmes. Une matière décimale. || 2° Terme
d'arithmétique. Qui procède par dix. Calcul déci-
mal. Nombres décimaux. On peut croire qu'à la lon-
gue la division décimale du jour remplacera sa di-
vision actuelle qui contraste trop avec les divisions
des autres mesures pour n'être pas abandonnée, la-
place. Expos. 1, t4. Il Arithmétique décimale ou
dîme, nom donné par Stovin à la division de dix en
dix : par exemple on divisait une perche, une toise,
un pied en dix parties qu'on nommait primes, cha-
que prime en dix parties qu'on nommait secondes et
ainsi de suite. || Système décimal, le nouveau sys-
tème de poids et mesures établi par la Convention,
dit aussi système métrique, et dans lequel toutes
les divisions sont de dix en dix. || Fraction décimale,
fraction qui est composée de dixièmes, centièmes,
millièmes, etc. d'unités. || 3° 5. f. Décimale, nom
donné à chacun dos chiffres qui, dans un nombre
décimal, se place à la droite des entiers, ou, dans
une fraction décimale, à la droite du zéro rempla-
çant les entiers. La première décimale est le pre-
mier chiffre à la droite de la virgule ou du point
qui remplace quelquefois la virgule; la seconde
décimale est le second chiffre après la virgule, et
ainsi de suite. Pousser une division jusqu'à la 4", jus-
qu'à la 6' décimale. Évaluer en décimales une quan-
tité plus petite que l'unité, la mettre sous forme de
fraction décimale.
— HIST. XVI* s. Les juges royaux seuls connois-
sent des matières possessoires décimales [des procès
sur la possession des dîmes], loysel, <2. Terres et
choses décimales [décimables] tenues en fief, ne
sont pas plus affranchies de dismcs spirituelles, que
sont les autres domaines, id. 2«8.
— ÉTYM. Lat. decimxts, dixième, de decem, dix.
DÊCI.MATEUR (dé-si-ma-teur), s. m. Celui qui
avait le droit de le\er la dlme. Un moine, gros dé-
DEC
cimafeur, avait intenté un procès à des citoyens
qu'il appelait ses paysans, volt. Vh. aux io écus,
audience.
— ÉTYM. Décime, forme latine de dime (voy-BÎME).
DÉCI.MATION (dé-si-ma-sion), ». f. Châtiment
militaiie, en usage chez les Romains, qui consistait
à punir de mort un soldat sur dix, lorsqu'il y en
avait un grand nombre qui avaient commis quelque
lâcheté ou manqué à l'obéissance ; on les faisait tirer
au sort. On voit dans Tite-Live un exemple de ladé-
cimation dès les commencements delà républii|ue,
bollin, Ilist. anc. t. xi, 2' part. p. 477, dans
POUGENS.
— HIST. XVI* S. Antonius fut si courroucé qu'il
usa de celle ancienne punition militaire que l'on
nomme decimation, car il les divisa par dizaines,
et puis en feit mourir de dix l'un sur lequel tumba
le sort, AMVOT, Anton. 49.
— ÉTYM. I-at. decimatio, de decimare, décimer.
*. DÉCIME (dé-si-m'), j. f. Il l-Taxe que le roi
levait ordinairement ou extraordinaircment sur \i
clergé du royaume. Clément IV accordait à saint
Louis une décime sur le clergé, volt. Mœurs, 58.
Il 2" S. f. plur. Ce que les bénéficicrs payaient an-
nuellement au roi sur leur revenu. Il n'était point
permis de manger ailleurs les décimes, pasc. Fig.
21. Un curé, en comptant .son argent à M. de Hiandé,
receveur des décimes, pour ce qu'il devait de décimes,
lui disait, en se plaignant, que les sergents qu'il lui
avait envoyés, lui avaient fait beaucoup de maux,
SEGRAIS, Mémoires, t. ii, p. <08.
— SYN. DÉCIME, DÉCIMES, DÎME. Décime au sin-
gulier c'est une taxe qui était levée extraordinaire-
mont sur les revenus ecclésiastiques pour quelque
affaire jugée importante. Décimes au plupiel est ce
que les bénéfices payaient annuellement à l'Etal sur
leurs revenus. Dîme est la portion des fruits des
biens laïcs donnée annuellement à l'Église par les
fidèles ou aux seigneurs parleurs vassaux. Ces trois
mots avaient originairement signifié un dixième;
mais depuis longtemps ils avaient perdu ce sens fixe,
et ils désignaient différentes parties allquotes du
revenu.
— HIST. XVI* S. Il jeusne deux fois la sepmaine,
ei donne les décimes de tous ses biens, calv. Inslit.
B97. Ils imposèrent les décimes de tout le revenu
de to ou 12 provinces, d'aub. Ilist. i, 34. Les daces,
gabelles, traictes, dohannes, subsides, impositions,
décimes, subventions, emprunts et tant d'autres
termes exactaires, des quels pour le jour d'hui la
France abonde, n'estoient encore en usage, carl.
I, 45.
— ÉTYM. Lat. décima, sous-entendu part, la
dixième partie (voy. dîme).
2. DÉCIME (dé-si-m'), s. m. Valeur monétaire
qui est la dixième partie du franc. || Décime pour
franc, le dixième en sus du prix principal d'une
chose. Il Décime de guerre, subvention extraor-
dinaire d'un décime pour franc en sus de cerlains
droits. On a établi un second décime sur les impôts
indirects.
— ÉTYM. Lat. deci'mu;, dixième.
DÉCIMÉ, ÉE, (dé-si-mé, mée). part, passé. Une
légion décimée par l'ordre du général. Il y a des
monstres qui mériteraient d'être décimés, volt.
Leit. Florian, 3 avril (767. |{ Par extension. tJn régi-
ment décimé par le feu de l'artillerie.
DÉCIMER (dé-si-mé), v. a. || 1» Terme d'antiquité
romaine. Iniliger la peine de la decimation. Décimer
une armée, les habitants d'une ville. Comme il
n'était pas possible de faire mourir tous les coupa-
bles, on les décimait par le sort, et celui dont le
nom était tiré le dixième était mis à mort, rollin,
Uist. anc. t. xi, 2* part. p. 477, dans poiîgens.
Il 2° Fig. Faire périruue partie, un certain nombre
de personnes. Le feu de l'ennemi décimait ce régi-
ment, qui restait inébranlable. L'infortune et l'eid,
et la mort et le temps, Ont en vain décimé tes amis
de vingt ans, lamart. Ilarm. iii, 4. Si du moins
au hasard il [le sort] décimait les hommes, lo. Méd.
i, 7.
— HIST. XVI* S. Les autres pour se purger s'offri-
rent vouluntairement à estre décimez, si bon luy
sembloit, amyot, Anton. 56. Le peuple di.soit qu'il
avoit lors voué d'offrir aux dieux la dixme des biens
des ennemis, et que maintenant il vouloit décimer
[soumettre à la dlme] ses propres citoyens, lo.
Cam. ).'..
— ÉTYM. Lat. dfcimare, de decimus, dixième.
DËCI.MËTRE (dé-si-mè-tr'), s. m. Mesure lé-
gale de longueur qui vaut la dixième partie du
mètre.
— ETYM. Dcci.... préfixe (voy. DÉa), et mètre.
DEC
DEC
DEC
085
t DÉCIMÊTRIQUE (dé-si-mé-tri-k'), adj. Qui a
rapport au décimètre.
t DÊCIMO (dé-si-mo), adv. Dixièraement. || Il
s'écrit ordinairement lO», dans une série d'articles
qu'on note par )°ou primo, etc.
— ÉTYM. Lat. decimo, sous-entendu loco, au
dixième lieu, ablatif de decimits.
t DÉCINTRAGE (dé-sin-tra-j'), s. m. Action de
décintrer. Le décintrage d'une voûte.
DÉCINTRÊ, ÉK (dé-sin-tré, trée), part, passé.
Une voûte décintrée.
l>ÉCINTREMENT(dé-sin-tre-nian), s. m. Terme
d'architecture. Action de décintror. Le décintrement
d'une voûte.
— lïTVM. Décintrer.
DÉCINÏRER (dé-sin-tré), r. o. Terme d'architec-
ture, ôter les cintres qu'on avait placés pour la
construction d'une voûte, d'une arche.
— ETVM. Dé.... préfixe, et cintre.
t DÉCINTROIR (dé-sin-troir), s. m. Terme de
maçon. Sorte de marteau à deux taillants, pour
écarter les joints dans les démolitions et pouréquar-
rir les trous ébauchés.
— ËTYM. Décintrer.
I DÉCIRCONCIRE (dé-sir-kon-si-r') , V. a. Faire
renoncer à une religion qui consacre la circoncision
(judaïsme ou islamisme).
— KEM. Comme la circoncision est quelque chose
de physique qui ne peut être défait, décirconcire
et décirconcision ne sont pas de bons mots, ne pou-
vant se prendre qu'en un sens figuré.
— HIST. XVI" s. Les turcs acceptoient plus tost la
mort très aspre que de se descirconcire pour se bap-
tiser, MONT. I, 298.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et circoncire.
t DÉCIRCONCISION (dé-sir-kon-si-zion), s. f.
Action de renoncer à la religion qui prescrit la cir-
concision.
— ÉTYM. Décirconcire.
t DÉCIRER (dé-si-ré), V. a. Enlever la cire qui
touvre un objet.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cire.
DÉCISIF, IVE (dé-si-zif, zi-v'), adj. Hl'Oui dé-
cide, qui fait cesser toute indécision. Il portait une
lettre du roi que j'ai vue, toute remplie de ce qui
lait obéir, et courir, et faire l'impossible; nous re-
connûmes le style et l'esprit décisif de M. de Lou-
vois, sÉv. Lelt. 17 août 1689. Tout tombe en ruine
dans vos mœurs; et vos sens trop décisifs emportent
facilement votre raison incertaine et irrésolue, Boss.
lUarie-Thér. Est-ce une raison décisive D'ôterun bon
mets d'un repas. Parce qu'il s'y trouve un convive
Qui par malheur ne l'aime pas? Perrault, dans
RICHELET. Titre décisif, patru. Plaidoyer. B, dans
RiCHELEï. Et l'épreuve la plus décisive de notre sin-
cérité, c'est l'éloignement des occasions, mass.
Car. Laxare. Saisissant dans les affaires le point dé-
cisif, ROLLiN, llisl. anc. Œuvres, t. m, p. 24a,
dans POUGENS. || 2° Qui résoud, qui donne la solution.
Cette expérience est décisive de la question, pasc.
Expér. du Puy-de-Dôme, p. 172. Consulté de toutes
parts, il donne des réponses courtes, mais décisives,
au.ssi pleines de sagesse que de dignité, boss. le
Tcllier. 11 coupait, par une équité décisive, sans
préoccupation et sans intérêt, les racines des haines
et des procès, et portait partout la modération et la
paix qui est le fruit de la justice, flEch. Duc de
Montausier. || 3° Qui termine une querelle, un débat,
une guerre. Un arrêt aussi favorable et aussi décisif
que celui-ci, bourd. Hyst. passion de J. C. t. i,
p. 247. Ce fut le 17 juillet i/cio que se donna cette
bataille décisive de Pultawa entre les deux plus sin-
guliers monarques qui fussent alors dans le monde,
yoLT. Charles XI {, IV. \\ Le moment décisif, le mo-
ment dans lequel les choses se décident , se ter-
minent. Le comte : Gardez-vous bien de lui parler de
la lettre. — Bartholo : Avant l'instant décisif? elle
perdrait tout son effet, beaumarch. Barb. de Sév.
m, 2. Il 4» Qui aimonce la décision, la résolution.
Des manières décisives Et vous me ravissez Par
ce ton décisif dont vous me l'annoncez, langue,
Coquette corr. i, 1. || 5° En parlant des hommes,
qui décide hardiment, avec autorité, avec un air
d'importance. Rien n'est si décisif que l'ignorance.
Muets et embarrassés avec les savants, vifs, hardis
et décisifs avec ceux qui ne savent rien , la bruy.
IX. Quand la jeunesse saurait autant qu'elle peut,
elle ne serait pas plus décisive, id. via. Vous le
rendrez décisif et prompt à juger, j. j. rouss.
Jim. IV.
— ÉTYM. Décider, par le supin decisum du verbe
latin decidere.
DÉCISION (dé-si-zion; en poésie, de quatre syl-
mCT. DE I,A LANGUE ?RAKÇAISE.
labes), s. f. || l'Action de décider; résultat de celle
action; jugexent prononcé; opinion exprimée. Une
décision judiciaire. Une décision administrative, mi-
nistérielle. Le temps pourra donner quelque décision
Si la pensée est belle ou si c'est vision, corn. Nicortx.
Il, 3. Je ne vois aucune chose qui puisse être à cou-
vert delà souveraineté de tes décisions, mol. Criti-
que, se. 7. Des chicanes sont alléguées comme faisant
la décision de l'affaire, boss. Hixt. ii, I3. Laissez-en
la décision aux Ëtru riens, fén. Tél. xxui.Vous verrez,
dans ce silence universel, dans cette attente terrible
où chacun sera de la décision de sa destinée, le fils
de l'homme s'avancer dans les airs, mass. Avent,
Jug. Ne voulant d'autre règle de la foi que les dé-
cisions du concile de Nicée, fléch. Théodose, m,
50. N'est-ce pas le comble de l'orgueil et de la témé-
rité à un particulier de craindre que l'Église ne se
soit trompée dans sa décision, et de ne craindre pas
de se tromper soi-même en décidant contre elle?FÉN.
Éduc. des filles, ch. 7. Cette présomption Qui prétend
tout ranger à sa décision, gresset. Méchant, iv, 4.
Daru, comme ses autres officiers, s'étonne de ne
point retrouver en lui [Napoléon] cette décision vive,
mobile et rapide comme les circonstances, ségur,
Ilist. de Napol. yni, io. \\ Terme de droit romain.
Décisions de Justinien, les cinquante constilutions
rendues par cet empereur, après la publication du
premier code. I| 2° Parti que l'on prend , réso-
lution. Prendre ou former une décision. Toutefois
ce n'était qu'entre soi qu'on s'épanchait ainsi ; car
on sentait que, la décision prise, tous devaient
concourir à son exécution, que plus la position de-
venait périlleuse, plus il y fallait décourage, ségcr,
Hist. de Napol. vi, 2. || 3° Fermeté avec laquelle on
prend un parti. Il y a de la décision dans son esprit,
dans sa conduite, dans son langage. M. delà Ro-
chefoucauld était doux , complaisant, agréable ,
insinuant; et il n'avait pas cet air de décision
et d'autorité qu'avait M. de Montausier, segrais,
Me'moires, t. ii, p. 49.
— SYN. 1° DÉCISION, RÉSOLUTION. La décision est un
acte de l'esprit et suppose l'examen. La résolution
est un acte de la volonté et suppose la délibération.
La première attaque le doute et fait qu'on se déclare.
La seconde attaque l'incertitude et fait qu'on se dé-
termine. 11 semble que la résolution emporte la dé-
cision et que celle-ci puisse être abandonnée de
l'autre, girard. || 2° décisions des conciles, canons,
décrets. Tous les articles déterminés par les con-
ciles, dans les matières qui sont de leur juridiction,
sont des décisions; et c'est un terme général qui
renferme sous soi deux espèces, les canons et les
décrets. Les canons sont les décisions qui concer-
nent le dogme et la foi; les décrets sont les déci-
sions qui règlent la discipline ecclésiastique, Encycl.
IV, 706.
— HIST. XVI' S. La fortune voulut que Pompeius
eust encore part à la décision [achèvement] de ceste
guerre, auyot, Pomp. 3o. L'incertitude de mon
jugement est si egualement balancée en la pluspart
des occurrences, que je compromettrois volontiers
à la décision du sort et des dez, mont, m, 62.
— ÉTYM. Provenç. decisio ; espagn. décision; ital.
decisione; du latin decisionem, de decidere, dé-
cider.
t DÉCISIONNAIRE (dé-si-zi-0-nê-r'), s. m. Celui
qui décide rapidement et avec assurance. Je me
trouvai l'autre jour dans une campagne où je vis un
homme bien content de lui.... dans un quart d'heure
il décida trois questions de morale, quatre problèmes
historiques, et cinq points de physique; je n'ai ja-
mais vu un décisioniiaire si universel, montesq. ieM.
pers. 7-2. Mot hasardé par Montesquieu.
— ÉTYM. Décision.
DÊCISIVEMENT ( dé-si-zi-ve-man ) , adv. D'une
manière décisive. Les Calixtins l'excusaient en ré-
pondant que ce qu'il avait dit contre ce dogme,
il ne l'avait pas dit décisivement, boss. Variât.
XI, § 171. L'Église a parlé décisivement sur les
matières dont il s'agit, id. E.ip. Avert. Que l'auteur
[Malebranche] s'explique décisivement sur la liberté
de Dieu, fén. t. m, p. 262.
— ÉTYM. Décisive, et le suffixe ment.
DÉCISOIRE (dé-si-zoi-r') , adj. Terme de jurispru-
dence. Qui a la vertu de décider; se dit d'un fait
qui seul amène la décision d'un procès. Serment
décisoire. On posa comme règle décisoire le témoi-
gnage sur lequel reposait l'autorité des textes sa-
crés, c'est-à-dire celui de la tradition de l'Eglise,
nefftzer, Travaux de Baur , Rev. germ. t. xiii,
p. 119.
— ÉTYM. Lat. decisum, supin de decidere, dé-
cider.
\ DÉCISTÈRE (dé-.si-stô-r'), s. m. La dixième par-
tie du stère ou du mètre cube.
— ÉTYM. Déci.... préfixe (voy. DÉci), et stère.
i- DÉCIVILISER (dé-si-vi-li-zé), v. a. Néologisme.
Détruire la civilisation, y porter atteinte.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et civilisi'r.
DÉCLAMATEUU (dô-kla-ma-teur) , s. m. |[ 1" Celui
qui déclame. C'est un bon, c'est un mauvais décla-
mateur. Il fallut bien enfin dire un mot des acteurs
et des actrices, sujet éternel des entretiens de table
de Versailles et de Paris; on convint qu'un bon
déclamateur est aussi rare qu'un bon poète, volt.
l'H. aux 40 écus, d'un bon souper. \\ 2° Ancienne-
ment, rhéteur qui faisait des exercices d'élo(|uence
dans une école. Quand on parcourt l'histoire de la
poésie, on a quelquefois le regret de trouver les plus
belles maximes en contradiction avec la vie de leur
déclamateur, gresset, Disc, de réception à l'Acad.
Les noms de déctamateurs et de sophistes n'avaient
point alors l'acception défavorable qu'on y attacha
depuis, WDER. liègne de Claude et Néron, i, § i-
Il 3° Orateur, écrivain boursoufié, emphatique,
faible de pensée et bruyant d'expression. Je ne
pense pas que personne m'accuse de vouloir fairj
le déclamateur et de vouloir agrandir de petites
choses, balz. le Prince, B. Ainsi parla le bœuf;
l'homme dit : faisons taire Cet ennuyeux déclama-
teur, LA FONT. Fabl. X, 2. St Paul n'outrait pas les
choses et n'était pas un déclamateur, boss. Avert. B.
Tous ces pompeux amas d'expressions frivoles Sont
d'un déclamateur amoureux de paroles, boil. Art p,
III. Un clerc mondain ou irréligieux , s'il monte en
chaire, est déclamateur, la bruy. xv. Un style do
déclamateur qui arrête l'action et la fait languir,
ID. I. Il Adjectivement. Un style déclamateur. Un
ton déclamateur. Leurs sermons sont moins compas-
sés , moins affectés , moins déclamaleurs qu'en
France, VOLT. Louis XIV, 34.
— REM. Excepté au sens de celui qui déclame,
déclamateur, soît substantif, soit adjectif, a tou-
jours une acception défavorable.
— ÉTYM. Lat. declamator, de declamare, dé-
clamer.
DÉCLAMATION (dé-kla-ma-sion ; en poésie, de cinq
syllabes) , s. f.\\i° L'art de la prononciation dans les
discours publics, avec les accompagnements de la
contenance et des gestes. || La déclamation des ac-
teurs sur le théâtre [chez les anciens] était composée
et écrite en notes qui délerminaienr. le ion qu'il fallait
prendre, rollin, Ilist. anc. Œuvres, t. xi, i" part,
p. 263, dans POUGENS (Cette assertion de Rollin re-
pose sur une erreur; il ne paraît pas que les anciens
aient pu jamais noter les paroles comme nous no-
tons un récitatif). || L'art de la déclamation. Il a du
talent pour la déclamation. || 2° Chez les Romains,
exercice qu'on faisait faire aux jeunes gens, pour
les disposer à l'éloquence du barreau. Déclama-
tion est un mot connu dans Horace et encore plus
dans Juvénal; il ne le fut point à Rome avant Cicé-
ron et Calvus; on appelait ainsi des compositions
par lesquelles on s'exerçait à l'éloquence, rollin,
Ilist. anc. Œuvres, t. xi, 2» part. p. 092, dans pou-
gens. Le grand Pompée s'appliqua très-sérieusement
à la déclamation peu avant les guerres civiles, pour se
mettre en état de répondre à Curion, id. ib. p. 094.
Il Dans l'ancienne université, composition dont le
régent était auteur et qu'il faisait réciter, à un cer-
tain jour, à ses écoliers en présence des camarades
et des parents. || 3° Emploi vicieux d'expressions et
de phrases pompeuses. Tomber dans la déclamation.
Vous trouverez, à la fin de'l'ariicle Goût, des ré-
flexions sur l'application de l'esprit philosophique
aux matières de goût, où j'ai tâché de mettre de la
vérité sans déclamation; car je déteste la déclama-
tion, d'alemb. ie((. tt Volt. 28 janv. 1757. || Dis-
cours, écrit plein de recherche et d'affectation et
vide de choses. Ce discours n'est qu'une ennuyeuse
déclamation. 11 faudrait remplir l'action [d'une tra-
gédie] d'une infinité de déclamations où l'on ferait
dire aux acteurs tout le contraire de ce qu'ils de-
vraient dire, rac. Brit. i" préface. || Di.scours in-
jurieux, violent. Son plaidoyer ne contient que des
déclamations contre sa partie. Les déclamations de
la place publique. || 4° Terme de musique. Art de ren-
dre, par les inflexions de la voix et le nombre de la
mélodie, l'accent grammatical et l'accent oratoire
convenables aux paroles.
— SYN. DÉCLAMATION, DÉBIT, RÉCITATIF. Le mOt
déclamation pris dans un sens restreint, signifie le
ton et les inflexions de voix de celui qui déclame.
En ce sens il ne s'applique guère qu'aux passages
élevés et passionnés en prose et en vers. On dit plutôt
le débit quand il s'agit de morceaux d'un caractère
• l. — 124
98r»
DEC
simple et aisê, et le récitatif si renonciation se
fait suivant In» degrés de l'échelle musicale. La dé-
clamation diffère du simple débit en ce que l'on
appuie d,ivanla(?c sur les syllabes sonorfs ou muet-
tes, sur les liaisons, sur les accents toniques, et
que psrconséquent l'on fait mieux sentir le rhylhme
du discours.
— KTYM. Lat. (iedamatio, de dedamare, déclamer.
DÉCLAMATOIRK (dé-kla-ma-toi-r"), adj. |l 1' Oui
appartient h la déclamation. Art déclamatoire.
Il 2" Heinpli de déclamations. Style déclamatoire.
— ÉTYM. Lat. dectamatorius, de dedamare, décla-
mer.
DRCLAMlî, P.E f.lé-kla-mé, mée) , part, passé.
Discours déclamé. Vers déclamés.
UËCLAMER (dé-kla-mé). || 1" K. a. Réciter A haute
voix en donnant aux mots et aux phrases toutes les
intonations exif^ées par l'accent gramnialical et l'ac-
cent oratoire. Déclamer un discours. Il a déclamé
son rôle avec flme. || Absolument. Qu'il déclame à
son gré jusqu'à sa dernière heure, Qu'il triomphe
en parlant, qu'on l'admire et qu'il meure, volt.
Catil. II, t. N'allez pas lui apprendre, comme on
dit, à déclamer, j. j. rouss. Ém. ii. || 2° V. n. l'ar-
ler avec violence contre quelqu'un, contre quelque
chose. Je ne prétends pas déclamer contre un ordre
que je révère, patru, Plaidoyer &, dans ricuelet.
Après avoir cent fois déclamé contre le monde, ils
en sont toujours épris, bol'rd. Pensées, t. i, p. 28o.
Pour déclamer en plein parlement contre les griefs
do l'État, HAMiLT. Gramm. 7. Les périls contre les-
quels nous déclamons tant, mass. Carême, J. de
Pdq. Nous croyons être en droit de déclamer con-
tre leurs mauvasies intentions, m. Mijst. Purif. de
la .Sie Vierge, 1. 11 3° Se déclamer, v. réfl. Être dé-
clamé. Morceau qui se déclame très-bien.
— HIST. XVI' s. Et ce qu'il déclame contre le con-
cile, n'est-ce pas pour faire perdre toute patience?
c. nu PEiiiiON, dans le Dict. de docuez. 11 voulut ouyr
harengutT et déclamer tous les maistres de rhéto-
rique, AMYOT, Pompée, eo.
— ÉTYM. Lat. dedamare, de de, et clamare,
crier (voy. clameur).
t DÊCLARAHLE (dé-kla-ra-bl') , adj. Qui peut ou
doit êlre déclaré.
— ETYM. Drdnrer.
t DECLARATEUR (dé-kla-ra-teur), s. m. Celui qui
déclare. Les théologiens, déclarateurs des comman-
dements céleste», voi.T. dans laveaux. Il n'est que
le déclaraleur de l'opinion, j. j. nouss. Contr. iv,
7. Saint l'aulfut choisi pour être le déclarateur des
mysiéres d'en haut, l'abbé iiouteville, dans des-
FO.NTAINES.
— ÉTYM. Lat. dedarafor, de dedarare. déclarer.
DÉCLARATIF, IVE (dé-kla-ra-tif , ti-v'), adj.
Terme de jurisprudence. Qui porte déclaration. Tilri",
acte déclaratif. On oppose déclaratif à altrilnitif : le
partage entre héritiers est déclaratif de propriété,
c'est-à-di re que le droit de chaque copartageant ne dé-
rive pas de l'acte départage, mais lui est antérieur.
— HIST. xvi' s. Le roy fist publier un nouvel edict
dcclaraiir et limitatif de l'edict de janvier, castel-
NAU. 91. Après les propos.... aucunement déclara-
tifs de .sa précédente protestation, DtiBELLAY, f° tB8,
dans LACiHNE.
— Rtym Lat. dedarativus, de dedarare, déclarer.
DÉCLARATION (dé-kla-ra-sion; en poésie, decinq
syllabes), s. f. || 1- Action de déclarer; discours,
acte écrit, par lequel on déclare. Déclaration pu-
blique, solennelle, authentique. Je lui ai fait ma
déclaration que je ne pouvais être son ami, la-
ROCHEi^. Mémoires, dans riciieliît. La déclaration
que Dieu nous fait de sa volonté sur ce point e.st
générale, quand il nous dit: la volonté dt Dieu est
que vous soyez saints et purs, nicolb, Ess. mor.
2' traité, ch. s. La célèbre déclaration de Constan-
tin arriva l'an 312 de notre Seigneur, lioss. Uist. i.
< I. C'est une déclaration que je fais avec joie, pasc
Prov. ti. Seigneur, je vous demande la licence de
prévenir, par deux paroles, la déclaration des pen-
sées que vous pouvez avoir, mol. Princ. d'Él. ii, 4.
Il Déclaralinn des droils, manifeste où la Consti-
tuante exposa en i7h9 les droits généraux de l'homme
et du citoyen. || Déclaration de guerre, acte par le-
quel une puissance déclare la guerre à une autre.
Il Déclaralion du roi . acte de la puissance royale qui
explicjuait, réformait, révoquait un édit ou une or-
donnance. Il Mesure de police sanitaire qui a pour
but de porter à la connaissance des autorités l'exis-
tence d'une maladie contagieuse sur les bestiaux.
Il Déclaration de naissance, de décès, déclaralion
faite h la municipalité d'une naissance, d'un décès.
IJEn matière fiscale, déclaration de la valeur sur la-
DEC
quelle se règle la perception des droits. || Terme do
contributions indirectes. Énoncé que fait un dé-
bitant de l'étal de sa vente. || Terme d'administration.
Déclaration de cessation de fonctions, déclaration
faite pnuroblenir le remboursoment d'un caution-
nement. Il 2" Terme de jurisprudence. Manifestalion,
faite par une personne, de la manière réglée par la loi,
de sa volonté ou d'un fait qui est il sa connaissance,
ou, en général, constatation d'un fait par le juge.
Il Ce qui est déclaré dans un acte soit judiciaire, soit
cxtia-judiciaire. Déclaration de changement de do-
micile, dn dettes dans un inventaire. Déclaralion de
faillite, de succession vacante, d'absence, d'hypo-
thèque. Il Terme de droit criminel. Témoignage
porté devant l'officier de police ou le juge d'insiruc-
tion. Il Déclaration du jury, réponse aux questions
qui lui sont posées. || 3° Ênonciation , état e.\act,
éiuimération. Donner une déclaration de son bitn.
Déclaration de frais et de dépens. || Terme de prati-
que. Mémoire. Produire une déclaration. || Déclara-
tion affirmative, celle qui est faite, en cas de saisie-
arrêt, par le tiers saisi des sommes qu'il doit au
débiteur saisi. || Déclaration censuelle, acte par le-
quel le tenancier reconnaissait les droits qu'il tenait
du seigneur. Déclaration seigneuriale, acte réco-
gnitif que le seigneur était en droit d'exiger en cette
qualité. || 4" Aveu de l'amour qu'un homme éprouve.
Le jour de la déclaration arrive qui se doit faire or-
dinairement dans une allée de quelque jardin, tan-
dis que la compagnie s'e.st un peu éloignée, mol.
Préc. se. B. La déclaration est tout à fait galante,
ID. Tart. m, 3. Il lui fit sa déclaration de cette
manière, hamilt. Gramm. 8. Le vieillard fit en bé-
gayant une déclaration tendre, volt. Zadig, t7.
— IIIST. XV* s. l'cmr revenir à la déclaration de
cest article, comm. i, 3.
— ÉTYM. Provenç. dedaratio; espagn. dedara-
Ci'on; ital. di'cfetnrazt'one; du latin dedarationem ,
de dedarare, déclarer.
DÉCLARATOIRE (dé-kla-ra-toi-r'), adj. Terme de
pratique. Qui porte déclara tionjuridiqued'une chose.
Acte, sentence déolaraioire.
— ÉTYM. Déclarer.
DÉCLARÉ, ÉE (dé-kla-ré, rée), part, passé.
Il 1" Dont la déclaralion est faite. Les naissances dé-
clarées à la municipalité. La guerre est déclarée.
Après mille anset plus de guerre déclarée, Les loups
firent la paix avecque les brebis, la font. Fabl.
III, <3. Vous médites : lit le moyen d'avoir un congé
pufsque la guerre est déclarée? Je vous répondrai
aujourd'hui qu'elle est plus déclarée dans les gazet-
tes qu'ici, sÉv. Lett. tu nov. (073. || Kig. Quelle
guerre plus ouverte et plus déclarée peut-elle [la re-
ligion] faire à nos passions, que de nous obliger,
comme elle nous y oblige, à en arrêter jusqu'aux
premiers mouvements? bourdal. 3" dim. après la
Pintcc Dominic. t. I, p. 373. || 2° Avoué, connu.
Ennemi, ami déclaré. Jalousies tantôt couvertes,
tantôt déclarées, Boss. Ilist. m, o. Combien d'âmes
saintes et prédestinées ont souffert là-dessus les
mêmes attaques que les plus déclarés impies I BOtiR -
nAL. tB'dtm. après la Pent. Dom.i.m .p.at.Lcur
haine d's longtemps contre moi déclarée, rac. lier.
IV, li. De ses amants le moins déclaré était le duc
d'York. HAMILT. Gramm. 7. Un pécheur déclaré, sans
ménagement, pour le vice, MASS. Av. Conc. Les coupa-
bles soutiens de ces complots atroces Sont tous vos
partisans déclarés ou secrets, volt. Catilina, i, B.
Il Dans l'ancienne cour, maîtresse déclarée, maî-
tresse en tilre du roi. Lorsque Mme d'Etiolés, depuis
marquise de Pompadour, fut annoncée pour maî-
tresse du roi, et avant môme qu'elle fût déclarée,
il s'empressa de lui faire sa cour, mar.mont. Mém.
liv. IV. Il Qui s'est déclaré, qii .s'est prononcé. Des
que nos aventuriers furent déclarés [eurent déclaré
leur amour], hamilt. Gramm. 4. La cause pour la-
quelle Votre F.minence est si déclarée, BOSS. Lett.
255. Et le ciel déclaré contre la tyrannie, bbébf.uf,
l'hars. V. Il y a eu, dans le paganisme, comme
parmi nous, des juges intègres, déclarés, sans ac-
ception de personne, en faveur du bon droit, bourd.
Pensées, t. i, p. 213. En public, en secret, contre
vous déclarée. J'ai voulu par des mers en Êlre sépa-
rée, rac. Plièd. V, 5.
DÉCLARER (dé-kla-ré), t'. a. || 1" Faire connaî-
tre par des paroles expresses ou par quelque chose
de significatif. Déclarer ses intentions. S'il était si
hardi que de me déclarer son amour, il perdrait
pour jamais ma nrésence et mon estime, mol. Am.
magn. n, 3. Moi, voire ami! ... Je vous déclare nei
que je ne le suis plus, id. Uis. i, l. C'est ce qui
me fait croire qu'ils en ont bien trouvé quelque
moyen que l'admire sans le connaître el que je vouf '
DEC
prie de ne déclarer, pasc. Prov. 7. Divers articlet
que je reprends et sur lesquels je vais vous déclarer
quelques-unes de mes pensées, BOnanAL Dim. Oct.
du Si-Sacr. Dnminic. t. ii, p. 301. Je leur déclare-
rai l'héritier de leurs maîtres, rac. Athal. i, i.
Qu'est-ce donc qu'on prépare? - Il est juste, mon
fils, que je vous le déclare, in. ib. iv. 2. Il n'est
plus temps; il sait mes ardeurs insensées; De
l'austère pudeur les bornes sont passées; J'ai déclaré
ma honte aux yeux de mon vainqueur, id. Plièd.
m, t. Le mariage secret de Pierre et de Caiherinefut
déclaré le jour même que le czar partit avec elle
pour aller éprouver .sa fortune contre l'empire otto-
man, volt. Russie, il, t. Il le fit proclamer Auguste,
sans l'avoir auparavant déclaré César, ce qui ne s'é-
tait pas encore pratiqué, flF,ch. Théodose, i, 6 Il
a déclaré, se voyant sur sa fin , Quelque enfant pro-
venu d'un hymen clandestin? regnard, Distrait,
II, t. Il Déclarer des marchandises à l'octroi, à la
douane, dire qu'on a avec .soi des marchandises su-
jettes aux droits. Les employés de la douane, de
l'octroi demandent aux voyageurs: nV.vez-vous rien
à déclarer? || Dé'larer un décès, une naissance,
faire à la municipalité l'annonce, exigée par la loi,
d'un décès, d'une naissance. || 2° Prononcer par
acte public ou autrement. Déclarer un acte, un ma-
riage nul. Déclarer rebelle, volt. Tancr. i,3. Jésus
déclare heureux ceux qui participent à son igno-
minie; et le diable déclare malheureux ceux qui
sont dans l'ignominie, PASC. Prot;. (4. |{ Être cause
qu'on déclare. Il faut qu'un fils naissant la déclare
sultane, rac. lloj. n, 3. || 3° Déclarer la guerre,
annoncer par acle public que la guerre va com-
mencer. Va-t'en, chélif insecte, excrément de la
terre I C'est en ces mots que le lion Parlait un
jour au moucheron; L'autre lui déclara la guerre,
LA FONT. Fabl. u, 9. Il Fig. Déclarer la guerre à
quelqu'un ou à quelque chose, l'attaquer. Bossuet
avait déclaré la guerre à Fénelon pour le quié-
tisme. Ce moraliste déclare la guerre aux vices de
son temps. || 4* Dénoncer. Déclarer un complot.
Déclarant les complices, volt. Bnitus,u\, 7.115° Se
déclarer, v. réfl. Être manifesté. La colère de Dieu
se déclare, boes. Ilist. u, 4. Le jeune prince parut
un autre homme; touché d'un si digne objet [le pé-
ril de l'État] , sa grande âme se déclara tout en-
tière; son courage croissait avec les périls, et ses
lumières avec son ardeur, id. Louis de llourbon.
Je le vois, je lui parle; et mon coeur.... je m'égare;
Seigneur, ma folle ardeur malgré moi se déclare,
RAC. Phèd. n, 5. Il Apparaître, survenir. Le len-
demain cela se déclara par un rhumatisme, sKv.
249. L'orage se déclare, bac Ath. m, 6. A peine
fus-je vendue que celte peste, qui a fait le tour de
l'Afrique, de l'Asie et de l'Europe, se déclara dans
Alger avec fureur, volt. Candide, ch. -12. || 6" S'ex-
pliquer, énoncer son intention. Il [Oreste] a parlé,
madame, et Pyrrhus se déclare, rac Androm.
III, 3. Oui, vous serez content, je vais me décla-
rer, ID. Baj. IV, 6. Il n'y a qu'à l'entendre s'en
déclarer [s'en expliquer] à son peuple par la bouche
du roi prophète, dans les termes les plus éner-
giques et les plus formels, bourd. Pensées, t. u, p.
421. Voilà l'opinion où nous .sommes; et si la pu-
deur nous empêche de nous en déclarer ouverte-
ment.... ID. th. p. 117. Napoléon satisfait se déclare:
Soldats, dit-il, la seconde guerre de Pologne est
commencée, sêgur, Ilist. de Napnl. vi, (.||Fig. Se
dit des choses dont la nature devient manifeste.
L'hiver se déclare. Le 6 novembre, le ciel se déclare;
son azur disparaît; l'armée marche enveloppée do
vapeurs froides; ces vapeurs s'épaississent; bientdt
c'est un nuage immense qui s'abaisse et fond sur
elle en gros llocons de neige, sêgur, Hist. de-Napol.
IX, tl.|| Se déclarer, avec un nom ou un adjectif,
se donner la qualité de. Ils annoncent devant les
prêtres et les docteurs ce Jésus dont ils n'o.saient
auparavant se déclarer les disciples, mass. Myst.
Pentecôte. |{ Déclarer son amour. J'allais me dé-
clarer sans l'ofi'ie d'Aristie, corn. Sertor. iv, 2.
L'amour par un soupir quelquefois se déclare, ID.
ib. IV, t. Il 7° Se prononcer, prendre parti pour
ou contre quelqu'un. Que Rome se déclare ou pour
ou contre nous, ccnN. Cinna,i, 3. Il se serait déclaré
ouvertement contre Genève, pasc. y'roti. 4«. Elle
ne comprend pas que la belle sœur se déclare pour
vos ennemis, après toutes vos civilités pour elle,
sÊv. Lett. 28 déc. 1073. Hippias pour qui Darius se
déclara, boss. Hist. i, 8. .Maxence se déclara contre
Con.stantin, ID. ib. ii, <<>. Sainte I hérèse s'est décla-
rée contre la durée de ces suspensions, id. Or. «. Je
sentis contre moi mon cœur se déclarer, KAClphig.
n, t. L'armée à haute voix se déclare contra elle.
DEC
«AC. Iphig. V, 8. Le ciel s'est déclaré contre mon ar-
tifice, m. Baj. I, 4. La mère de Néron se déclare
pour nous, m. Brit. ii, 6. Vous vous êtes déclarés
contre Idoménée, fën. Tél. xi. Il faut entre nous
deux que Vous vous déclarioz, volt. Olympe, v, 6.
Il Se déclarer de, avec un infinitif. H. le duc d'Or-
léans se déclara ouvertement de vouloir la liberté
des princes, LABOCHEF. Uém. p. Ul || Absolument.
C'est à VOUS d'opter et de vous déclarer. Le destin
so déclare, et nous venons d'entendre Ce qu'il a ré-
solu du beau-père et du gendre, cobn. Pompée, i,
i. On attenilait que les chefs de l'armée se déclaras-
sent, FÉN. Tél. XX. On prit de si bonnes mesures
qu'aucun de ses partisans n'osa se déclarer, saint-
roix, t'is. Paris, Œuvres, t. v, p. IC9.
— SYN. nÈCLARER, MANIFESTER, RÉVÉLER. Faire
connaître ce qui était ipnoré est la signification com-
mune de ces mots. Êtymologiquement, déclarer
c'est rendre clair; manifester, c'est rendre manifeste ;
révéler, c'est tirer de dessous le voile. Quand on dé-
clare ses intentions, on les fait connaître d'une ma-
nière expresse, de sorte que la personne à qui on
les déclare soit bien avertie; quand on manifeste
ses intentions, on les fait voir, on les montre, de
manière qu'elles seront aperçues; quand on révèle
ses intentions, on les fait connaître, en indiquant
qu'elles étaient jusqu'alors un secret, ce qui n'est
pas impliqué dans déclarer.
— HIST. xiir' s. Ci raconte l'amant et dit Des sept
ymaiges que il vit Pourtraites el mur du vergier.
Dont il li plost à ûesclairinr Les semblances et les
façons, la Rose, 132. Soutien la querelle <lu poure
jeusques à tant que la vérité soit desclairiée, joinv.
301. Les'iueles choses offrent à montrer el àdeclae-
rer la dite abbaesse et le convent, Bibl. des Chartes,
■*• série, t. iv, p. 7a. || xiv s. Or convient il templer
à declairer ceste chose plus plenement, ores.me,
Elh.vni[ii]. Il s'en ala aus consuls, et leur a des-
cleré toute la besogne, bERciiEURE, f 28, verso.
Il XV* s. Les manières des assauts, comment et de
quoi, je le vous veux déclarer et pleinement deviser,
FROiss. I, I, 257. Et vous commande que les dix
commandemens de la loy à vostre povoir, vous ac-
complissez et gardez; si vous le declareray, Jeh. de
Saintré, ch. 8. Sagece, el quel terme ou seul mot
peut estre compris sapience, science et prudence,
si comme cy après j'espoir à desclairier, chbist. de
PISAN, Charles V, m, ch. 4. Et quant j'eus entendu
nature. Oui de parler plus n'avoit cure Pour ses ou-
vrages déclarer. Moult tendrement prins à pleurer,
LA FONT. KOI. Et mainte telle œuvre se fait en ce
monde par imagination, comme celle que j'ay des-
sus declairée, comm. i, 5. || xvi" s. H fui déclaré ro-
turier, taiUable et incapable de porter armes, mont.
I, 60. Le dernier pas ne faict pas la lassitu<le; il la
déclare, id. i, 89. Depuis cela ilz l'eurent ennemis
déclarez, amtot, Marins, H. Martius déclara qu'il
estoit très aise que son capitaine se contentast si am-
plement de kiy, mais.... m. Cor. (3. Si fut esleu
sans contradiction quelconque, et, aussi tost qu'il eust
esté déclaré, commencea incontinent à lever gens
de guerre, id. ilurius, (2. Les choses qui ensuivi-
rent depuis, déclarèrent que ceste suspicion estoit
entièrement véritable, m. Agésil. 39. Différer en-
cores quelque temps jusques à ce que les effets con-
traires à ses propos le déclarassent estre invaseur,
M. DU liELLAY, 299.
— ÉTY.M. lîerry, declairer, cl mouillés, sorte d'ar-
ticulation propre au Berry; bourg, declairai; pro-
venç. et espagn. declarar; ital. dichiarare; du la-
tin declarare, de de, elclarus, clair (voy. clair).
L'ancienne forme était declairer, conformément à
clair.
t DfiCLASSÉ, ÉE (dé-klâ-sé, sée), part, passé.
Ole hors de sa classe,
t DÉCLASSEMENT (dé-klâ-se-man), s. m. Action
de déclasser, de défaire un classement. || Mutation
dans les classes sociales. || Etat des choses ou des
personnes déclassées. || Déclassement d'inscriptions
de renie, d'actions, de valeurs industrielles, se dit
quand, ces inscriptions de rente, ces actions, ces
valeurs ayant été classées, c'est-à-dire ayant été
(layées intégralement et étant entrées comme pla-
cement sérieux dans le portefeuille des acquéreurs,
il survient, par l'effet de quelque événement poli-
tique ou financier, des ventes nombreuses qui les
font sortir des portefeuilles el venir sur le marché.
— ETVM. Déclasser.
t DÉCLASSER (dé-klâ-sé), V. a. || 1° Déranger ce
qui est classé. || Faire sortir un individu ou un
grou|ie d'uidnidus de la classe sociale à laquelle ils
appartiennent. || Terme de marine. Rayer un ma-
ria du legistre des classes. 112° Se déclasser, i'. réfl.
DEC
Sortir de sa classe. || Subir le déclassement. Les
rentes se déclassent.
— Ktym. Dé.... préfixe, el classer.
f DÊCLENCUEMENT (dé-klan-che-man), s. m.
Dépari auiomati |iie d'un mécanisme.
I DÉCLEN'CIIEU, (déklan-ché), v. a. Lever la
clenche d'une porte pour l'ouvrir.
— ÊTVM. Dé.... préfixe, et clenche.
f DÉCLIC (dé-klik) , s. m. Terme de mécanique.
Ressort ou crochet qui , étant retiré, fait qu'une ma-
chine entre en mouvement, || Pièce à ressort pour
laisser tomber un mouton à battre les pieux,
— C.TYM. Dé.... préfive, el cliquer ou claquer.
t DECH.MATEU (dé-kli-ma-té), î!. a. Terme d'his-
toire naturelle, ôler i\ un animal, à. une plante, à un
homme la manière d'être qui provient du pays natal.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et climat.
DÉCLIN (dé-klin), s. m. || l°Etat d'une chose qui
penche vers sa lin, qui perd de sa force, de son
éclat. Favorisez celui de tous vos courtisans Qui
raillera le mieux le déclin de mes ans, corn. Médée,
II, 7. Je me vois, Ladislas, au déclin de ma vie,
rotrou, Vencesl. iv, 4. Sur le déclin de ces royaumes,
PASC. l'roph. 26. Tout à coup on se sent plongé dans
l'abîme, sans avoir pu remarquer le moment d'un
insensible déclin, boss. le Tellier. Ce|iendant Clau-
dius penchait vers son déclin [mort], rac. Brit. iv,
2. Les femmes du pays précipitent le déclin de leur
beauté par des artifices qu'elles croient servir à les
rendre belles, la bruy. viii. Le commencement et
le déclin de l'amour se font sentir par l'embarras où
l'on est de se trouver seuls, id. iv. Nestor dans le
déclin de l'âge se plaisait trop à raconter, fen. Tél.
XVI. Cet astre si brillant, si longtemps respecté,
Penche vers son déclin, sans force et sans clarté,
VOLT. Scmiram. ii, 2. Par égard au déclin de mes
ans, ID. Tancr. i, t. Qu'il est doux d'employer le dé-
clin de son âge Comme le grand Virgile occupa son
printemps! id. Ép. lxxxiii. L'un à la fieur des ans,
l'autre vers son déclin, id. Uérope, ii, 2. Mais les
dieux tout-puissants gardaient à mon déclin Les
ténèbres, l'exil, l'indigence et la faim, a. chén. 22.
La mort ne semble alors qu'un événement peut-être
glorieux, subit au moins el que le déchn n'a point
précédé, staël, Corinne, i, l . La princesse avait une
dame. Dame d'honneur, fleur au déclin, bérang.
Prov. Soleil si doux au déclin de l'automne! id.
A dieux d la camp. Des déclins imperceptibles, mais
qui allaient toujours en croissant, rollin, llist. ane.
fJEuvres, t. xi, 2° part. p. 668, dans pougens. Telle
autrefois dans son brillant déclin J'ai vu la célèbre
Geotfrin, delille, Convers. m. L'altération du lan-
gage s'est rencontrée même sans les causes qui hâ-
tent la barbarie et le déclin social, villemain, Dici.
de l'Acad. Préface, p. xi. || 2° Terme d'astronomie.
Déclin de la lune, décroissement de la lune, après
qu'elle a pris son plein, [j 3" Terme d'arquebusier.
Le ressort par lequel le chien d'un pistolet, d'un
fusil, s'abat sur le bassinet. Le déclin vient à se lâ-
cher, à se débander. Avec mon pistolet, le cordon
s'embarrasse, Fait marcher le déclin, le feu. prend,
le coup part, corn. Ment, ii, 5.
— Hisr. xi' s. La meie honur est tournée en de-
clin, Ch.dellol. cciii. || xii* s. Que cristien ne tour-
nent à déclin, Ronc. p. 155. Li jour vait à déclin,
et la nuit vint série, ib. 19». || xiii" s. Hée chevale-
rie, corne ore iras à déclin! Chr. de Bains, 80. [La
dame] Passe tant vespre et tant malin Que sa biauté
va à déclin, Lai du conseil. || xv's. S'il vous estoit
failli, je me double que vostre gloire iroit au déclin,
Bouciq. IV, ch. 8. || xvi» s. Au déclin de son accès
[de fièvre), d'aub. Hist. i, t08. Il fault.... Boire son
saoul quand le tonneau est plein. Et tout autant
quand il vient au déclin, amyot, Galba, 2i. Il esloit
jà fort avant au déclin de son aage. ID. Caton. -le.
Le déclin [pente] de la colline, sully, Uém. t. i,
p. 390, dans lacurne. La nijrt se mesle et confond
partout à nostre vie : le déclin préoccupe son heure
et s'ingère au cours de notre advancement mesme,
MONT. IV, 287.
— liTVM. Voy. décliner; provenç. decli ; ital,
dichino.
t DÉCLINABILITÉ (dé-kli-na-bi-li-té), s./. Terme
de grammaire. Qualité d'un mol déclinable.
— ÉTYM. Dt'cUnable.
DÉCLLN.ABLE (dé-kli-na-bl'), ad). Terme de gram-
maire. Qui peut être décliné. Nom, adjectif décli-
nable. Un mot est déclinable, lorscpi'il peut et doit
varier sa terminaison ; c'est ce qui n'arrive en notre
langue que lorsqu'un nom passe du singulier au
pluriel ou ilu masculin au féminin, d'olivet, ëss.
yramm. ch. i, § 2. || Déclinable se dit aussi des
verbes passant par les formes de leur conjugaison.
DEC
987
— HIST. XV' .s. Déclinable sans declinacion. Ap-
proprié par appellacion, en. d'ohl. Bal. iH. jj xvi's.
Qui eust gariié nos ancesires de varier toutes las
parties déclinables.... dubell. i, 12, reclo.
— ËTYM. Lat. declinabilis, de declinare, dé-
cliner; provenç. el espagn. déclinable; ital, decli-
nabil".
DÉCLINAISON (dé-kli-nè-zon), s. /". ||l°Terma
de philosophie. Déclinaison des atomes, mouvement
oblique qu'Epicure leur attribuait pour expliquer
comment ils se rencontrent, et pour obvier à la diffi-
culté qu'offre le mouvement rectiligne supposé par
Démocrite. || 2° ferme d'astronomie. Arc d'un grand
cercle de la S|ihère, compris entre l'astre qu'on ob-
serve et l'équateur. Ptolémée avait fixé la plusgrande
déclinaison du soleil trop au septentrion , volt.
Mœurs, t. || 3° Terme de physique. Déclinaison da
l'aiguille aimantée, mesure de l'angle qui est formé
entre la direction du méridien et celle d'une aiguille
aimantée. || 4° Terme de gnomonique. La déclinaison
d'uii cadran vertical est ce qui lui manque de degrés
pour regarder dir'ectement un des points carilinaux.
Il 5° Terme de grammaire. Dans les langues qui ont
des cas, les désinences propres aux noms, aux pro-
noms et aux adjectifs dans leurs différents cas. La
déclinaison de rosa, de dominus. \\ Classes ou di-
visions établies parmi les noms et adjectifs d'une
langue, d'après les séries des terminaisons. Les cinq
déclinaisons laiines. On ne compte en grec au-
jourd'hui que trois déclinaisons. L'ancien français
avait une déclinaison formée de doux cas, le nomi-
natif et le régime. || Dans le français moderne,
changements qu'éprouvent les noms en passant du
singulier au pluriel, et du masculin au féminin.
I] Les Latins ont dit décliner un verbe, déclinaison
d'un verbe, pour exprimer la suite des flexions, el
conjugaison dans le sens de réunir en une même
classe tous les verbes qui se déclinent de même. En
français on ne fait pas cette distinction, et on ne
dit jamais la déclinaison d'un verbe.
— HlST. xurs. Articles el declinoiscms. Bat. des
sept or((. Il xV s. Déclinable, sans declinacion, en.
d'orl. Bail. H I . Il xvi" s. Ces mutations et déclinai-
sons que nous souffrons nous desrobent la veue de
nostre perte, mont, i, 82. Nous pelotions nos décli-
naisons [grecques], m. l, 195. Ces termes là sont
déclinaisons, passages ou vicissitudes de ce qui no
peult durer, id. ii, 379. Nous aurons hasié sa dé-
clinaison et sa ruyne [du nouveau monde] par nos-
tre contagion, id. iv, 17. Et combien qu'il y ait
eu d'autres causes qui l'ont amené à ceste déclinai-
son, toutesfois plusieurs estiment que ceste-ci — la-
ngue, 375. Quand il vint à la déclinaison [déclin| de
sa vie, CARL, I, 25. La déclinaison du jour les y
appelloit, ID. VIII, 24. Nostre hmgiie n'a ses decli-
nations. ses pieds et ses nombres, comme ces deux
autres, dubell. i, il, rerso. Déclinaison est ung sé-
parément que le solleil faict par son propre mouve-
ment hors de la ligne sequinoctiale; c'est assavoir
six mois de l'an en la pariie du non, et six aultres
mois en la partie du su. Premières œucres de J.
Devaulx, pilloie, Havre 1583, dans jal.
— éty.\I. Provenç. declinalio, declinaso ; eapaga,
declinacion; ital. declinazione ; du latin dfclina-
lionem, de declinare, décliner. Dans déclinaison,
la finale aison est la transformation régulière de la
finale latine atio, suivant l'ancienne euphonie de
la langue.
DÉCLINANT, ANTE (dé-kli-nan, nan-t'), adj.
Il 1° Qui décline vers. Un espalier de pêchers à l'ex-
position du couchant, un peu déclinante au nord,
BDFFON, Kxp. sur les végét. i'mém. \\ Cadran décli-
nant, tout cadran qui ne reganle pas directement
un des points cardinaux. || Plan déclinant, plan qui
fait angle avec leméridien^ l|2°Fig- Oui penche vers
son déclin. Je pensais comme lui el comme beaucoup
d'autres que la constitution déclinante menaçait la
France d'un prompt délabrement, j.j.rouss. Conf.
XI.
t DÉCLINATEUR (dé-kli-na-teur), s. m. Terme
de physique. Sorte de boussole de forme de parallé-
logramme dont le côté le idus long sert soit pour
mener des lignes parallèles à la ilireclion nord et
sud, soit pour faire connaître de combien un plan
vertical sur lequel on l'applique horizontalement ,
est incliné au [ilan du méridien.
— RTYM. Décliner.
t DÉCLIN ATION (dé-kli-na-sion), s. f. Action de
décliner, d'aller vers son déclin,
— HIST, xvi" s. Sa maturité, et puis sa declina-
tion et sa vieillesse, el enfin sa decrepiludo, mjnt.
II, 299. Maintenant nous sommes au temps de ss
declinalion, auquel c'est beaucoup fait de la bien
988
DEC
conserver [la France], wnouf., 366. Es maladies
faut avoir esgard k la declination do leur accez,
PABÉ, Introd. XIV, 22.
— ÊTYM. Pécliner.
DÉCLINATOIRE (dé-kli-na-toi-r'), adj. \\ 1° Terme
de procédure. Oui est allégué pour décliner une
juridiction. Moyen déclinaloire. || S. m. [exception
par laquelle le défendeur demande son renvoi de-
vant ur.e autre juridiction. Élever un déclinaloire.
Le tribunal a accueilli le déclinaloire. Ces bons théo-
logiens n'auraient rien eu à opposer au déclinaloire
des arminiens, s'ils avaient rompu avec les églises
de Hollande et qu'ils les eussent haïes et méprisées
ouvertement, Boss. Var. iv, g 73. || 2° Terme de
physique. Synonyme de déclinateur.
— HlST. XVI* s. Oui de barres se veut aider, doit
commencer aux declinaloires, pour venir aux di-
latoires, et finalement aux peremptoires; et si la
dernière met devant , ne s'aidera dos premières,
LOYSEL, 702.
— ÈTYM. Décliner; provenç. decUnatori; ital.
decUnaInrio.
DÉCLINÉ, ÉE (dé-kli-né, née), part, passé.
Il l» Fléchi suivant les règles de la déclinaison. Un
mot décliné. || 2° Terme de proct'dure. Dont on n'ac-
cepte pas la compétence. Cette juridiction déclinée
par les parties. || Par extension, refusé. Une offre
déclinée. || 3" Terme de zoologie. Nageoire déclinée,
nageoire dont les osselets vont en décroissant.
Il Terme de botanique qui se dit d'un organe qui
retombe en se courbant en arc.
t DÉCUNEMENT (dé-kli-ne-man), s. m. Action
de décliner.
— SYN. DÉcuN et niîcuNEMENT. Il y a entre eux
cette différence que déclin exprime surtout l'état de
décadence, et déclinement lacheminement vers la
décadence.
— HlST.xvrs. Ce n'est point par un déclinement
de la vigueur corporelle qui se passe, que tacholere
se soit passée et finée, amyot, Comm. refréner la
col. 2.
— ÉTYM. Décliner; .provenç. declinamen ; ilal.
declinamento.
DÉCLINER (dé-kli-né), V. n. || 1° S'écarter en un
sens ou un autre d'un point fixe, d'une ligne fixe.
Plusieurs causes peuvent faire décliner vers le sud
ou vers l'est un courant d'air, ravnal, Uist. phil.v,
*0. Il Terme d'astronomie. S'éloigner de l'équateur,
en parlant d'un astre. H Terme de physique. S'écarter
du nord vrai, en parlant de l'aiguille aimantée.
||2''Fig. Pencher vers son déclin, vers sa fin. Après
avoir fait ce chemin, on décline misérablement,
PASC. dans coksin. Mais enfin à son tour leur puis-
sance décline, rac. Brit. v, 3. Gênes déclina de
jour en jour et Venise s'éleva, volt. Mœurs, 74.
Depuis qu'ayant passé l'Sge mûr, je décline vers la
vieillesse, J. j. Rouss. Conf. i. Mon bonheur, grâce
à vous, est à son comble; puisse-t-il ne jamais dé-
cliner 1 ID. i6. VI. M. de Lagrange est jeune, et je
suis presque vieux; son ardeur est naissante, et la
mienne décline, d'alemb. Lett. au roi de Prusse,
)) juillat (706. Tes jours, sombres et courts comme
les jours d'automne. Déclinent.... lamart. Médit.
I, 0. Il 3° V. a. Terme de procédure. Ne pas recon-
naître. Décliner une juridiction. Charles I" déclina
la compétence de la cour, et, la tête couverte, parla
en roi, ciiateauh. Stuarts, 221 . Les mœurs exercent
une espèce dejustice que personne ne peutdécliner,
BAYNAL, Hist. phil. XIII, 57. || Kig. Écarter, éloi-
gner, éviter. Il déclina l'honneur qu'on voulait lui
faire. || 4° Terme de grammaire. Faire passer un
nom, un pronom, un adjectif par tous ses cas et
flexions. Il Fig. Décliner son nom, dire qui l'on est.
J'aimerais mieux encor qu'il déclinât son nom, Et
dit: je suis Oresle ou bien Agameninon, boil. Art
p. 111. Il Fig. Décliner son nom, s'est dit autrefois
pour se faire respecter, en imposer. Elle [la Thrace]
fut autrefois régie ParLycurgue, homme de renom.
Qui savait décliner son nom, scarron, Virg. trav.
m. Il Les anciens ont dit, et D. de Tracy a proposé
de dire décliner un verbe pour le faire passer |>ar
toutes les formes rangées dans l'ordre des temps ou
des modes. || 6° Se décliner, «. réft. Être écarté, évité.
De pareilles propositions se déclinent difficilement.
Il Subir les flexions de la déclinaison. Kn latin, les
noms de la première déclinaison se déclinent sur
rota. Dans l'ancien français roi, homme, empereur
te déclinaient ainsi : nominatif singulier, /« rois,
U hom, li emperere ; régime singulier, le r«t,
l'homme, l'empereor ; nominatif pluriel, K roi, li
homme, li empereor ; régime pluriel, lesroii, les
hommes, les empereors. \\ Dans le françai.? actuel , se
décliner s'est dit souvent, mais abusivement, puisque
DEC
les cas n'y existent pas, des prépositions d et de
placées devant les noms, soit seules, .soit en combi-
naison avec l'article. Voilà qui se décline : ma rente,
de ma rente, à ma rente, moi.. F. sav. m, 2.
— IIIST. xrs. Quand voit li reis le vespre décliner,
Ch. de Uni. ci.xxv. Ci faut la geste que Turoldus
décline [récite], ib. ccxciii. || xii* s. Li jors prist
à décliner, Rone. p. 8. No desturner tu ta face de
mei, e ne décliner tu en ire de tun serf. Liber
psalm. p. 32. Quant li dous estes décline. Que [je]
voi faillir foille et flour, crestien de tboies, dans
iioi-LAND. Il xiir s. Lor raeslier défaut et décline;
Li plusor vivent de rapine, ruted. ii, 244. 11 ne su-
rent dont il [ce mot] venoit. Ne comment il se dc-
clinoit. Pat. des sept arts. Mamlit sunt cil qui dé-
clinent de les comendemenz, Psautier, f (40.
I] xiv" s. Et quant vient au fait, il n'ensuit pas ce
bon jugement, mais décline et ensuit ses malvès de-
siries, oresme, Élh. 32. Et pour ce s'ensuit que eulx
déclinent à vivre selon deleltacions corporelles, m.
76. 100. Et ceulzqui déclinent plus à mal, il senties
pires, m. ib. 2118. Car un secours s'en va aux païens
empietrer Tel que se Dieux n'en pense qui se laissa
pener, Que la chrestienté en fera ilecliner, Gucscl.
(6209 Là veïst-on forment ceulx de çà décliner, La
bataille eslongier et eulx desordener, ib. 62i7.
Il XV' s. Car en pluisours lieux on décline [répète],
Que toute joie et toute honneurs Viennent et d'armes
et d'amours, froiss. Espinetle amour. Ne déclinez
pas aux enchanteurs, et n'enquerez aucunes choses
aux devins, monstrel. liv. 1, ch. 47. Discrétion tient
le droict chemin royal, sans décliner à dexlre de
dissimulation ou à senestre de sédition, gerson,
llarengue au rni Charles VI, p. 19. || xvi* s. Le coup
déclina à droict par la brusque hastivelé de Panta-
gruel, RAB. Pant. Il, 29. Pantagruel, qui esloyt
soubdain au remuement, declinoyt tous ses coups,
II), ib. II, 29. Déclinez de leur voye, ne soyez à eulx
semblables, id. ib.m, 21. Quant en la France une
dame décline, ICUe résigne aux jeunes le deduyt:
Se retirer e.st bon quand il est nuyct, 3. marot, v,
210. Nostre langue se décline, si non par les noms,
etc. pour le moins par les verbes, dubell. 1, <),
verso. L'esprit humain est facile à décliner en toutes
espèces d'erreurs, Calvin, Inslit. 29. Tous ont dé-
cliné, et ont esté faits quasi comme pourris, m. ib.
2118. Un bon mari, d'autant qu'il est plus fidèle et
loyal, est d'autant plus courroucé s'il voit sa femme dé-
cliner à quelque paillard, m. 16. 280. Décliner quelque
nom vulgaire, ou conjuguer un verbe, id. ib. 872. Les
juges ne doivent décliner en une partie ni en l'autre,
ID. ib. H98. En la conduite de Dieu on ne décline ja-
mais de la droite voye,iD. li). 1 199. Prévoyant que ce
commencement de maladie declineroit ayséement en
un exsecrable athéisme, mont, u, )37. Cette liberté
décline vers l'indiscrétion, ID. m, 54. Mais quelque
jour viendra ce dernier jugement. Que roy, ny
magistrat, ny juge aucunement Ne pourront décli-
ner, DUBELL. VIII, 36, recto. Et alloit ainsi gaignant
le temps pour attendre que le soleil declinast après
midy, amyot, Jf. jEm. 29. La force des maladies
décline à mesure que la vigueur naturelle des corps
malades va décroissant, m. Philop. 30. Philopœmen
se feit renommer par ses faicts Iq-s que la Grèce
commenceoit à décliner et déchoir, iD. Flamin. et
Philop. 3. Sertorius, en déclinant la bataille et
fuyant devant luy, avoit sur luy tous les avantages
qu'ont ceulx qui chassent leurs ennemis après les
avoir rompus, ID. Scrfor. (7. Dubourg, ayant décliné
de ses commissaires par le privilège des conseillers
de la Cour, et depuis par celuyde conseiller d'Eglise,
fut débouté de l'un et de l'autre, d'aub. Uist. l, 84.
— ÊTYM. Provenç. et espagn. declinar ; ital. de-
clinare ; du latin declinare, de de, et clinare, faire
pencher (voy. clin).
t DÉCLINQUER (dé-klin-ké), v. a. Terme de ma-
rine. Enlever le bordage d'un bateau à clin.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et clin.
t DÉCLIQUER (dé-kli-ké), V. o. Terme de méca-
nique. Lâcher un déclic.
— HIST. XV* s. Il luy vint sur le costé et luy des-
cliqua un coup entre le col et les espaules, si granl
qu'il le renversa tout à dens sur le col de son che-
val, FROISS. liv. I, p. 401 , dans laccrne. Tou.sjours
est le martiaux tout prest Qui fiert sur la cloche et
desclique, e. descuamps, Poésies mss. ^ 425, dans
lacurne. On faisoit trompettes bondir, Canons,
bombardes descliquoient. Et les gens d'armes y fiap-
poient. Bataille de Liège, p. 370, dans lacurne.
— KTYM. Déclic.
t DÊCLIQUETER (dé-kli-ke-té), t. a. Terme d'hor-
logerie. Dégager le cliquet des dents de son rochet.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et cliquet.
DEC
DÉCLIVE (dé-kli-v'), adj. Qui est en ])ente. Un
terrain déclive. 1| Terme de chirurgie. Partie décliïj,
la partie la plus basse d'une plaie ou d'un foyei d<'
pus.
— HIST. XVI' s. Délaissant un petit orifice en la
partie plus déclive, pour donner issue à la sanie,
PARIÎ, VIII, 35.
— f.TYM. Lat. decliris, de de, et eliius, pente.
DÉCLIVITÉ (dé-kli-vi-té), î. /•. Situation d'une
chose qui est en pente. I.cs déclivités des monta
gnes. La moindre décliviié du terrain fait couler les
eaux. Les parties supérieures de l'eau d'une rivière,
et éloignées des bords, peuvent couler par la seule
cause do la déclivité, quelque petite qu'elle soit;
car, n'étant arrêtées par aucun obstacle, elles peu-
vent sentir avec délicatesse pour ainsi dire la moin-
dre différence de niveau, fonten. Guglielmini.
— f.TYM. Lat. dectivitas, de decli\:is, déclive.
t DÊCLOÎTRER (dé-kloi-tré), v. a. Tirer du cloî-
tre. Un moine décloîtré. |1 Se décloltrer, t'. réft. Sor-
tir du cloître. S'il est ainsi, je me décloitre; ô ciel I
Faut-il rentrer dans mon état cruel? volt, /'autre
diable.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cloiirer.
DÉCLORE (dé-klo-r*. Verbe défeclif n'ayant que
les temps et les personnes qui suivent : je déclos,
tu déclos, il déclôt, sans pluriel; je déclorai; je
déclorais; que je déclose, que tu décloses, qu'il dé-
close , que nous déclosions, que vous déclosiez,
qu'ils déclosent; déclore; déclos), v. a. ôter la clô-
ture. Déclore un jardin. || Droit de déclore, droit
d'ôter la clôture, à l'efl'et de passer lorsque le che-
min est impraticable. || Terme de pêche. Déclore
une bourdigue, ôter, pour laisser un libre passage
aux poissons, les roseaux mis à l'entrée des filets.
Il Fig. Peut-être n'avais-je plus cette innocence qui
nous fait un charme de tout; le temps commençait
à la déclore, chatealb. Mém. t. i, p (71.
— HIST. XI' s. L'escut [il] lui freint, et l'haubert
lui desclot, Ch. de Bol. xci. Après [il] lui a sa bro-
nie desclose, ib. cxxi. E la veie desclo.se e l'ire Deii
mustrée. Th. le mort <53. E tut dcstruierai jesque
al chien, e l'enclos e le desclos e le très petit e le
granl. Bois, 292. || xiii' s. Mais puis leur fait-il si
desclore leur aumaire [armoire].... Berte, LXix. Jà
por nomer vilaine chose Ne doit ta bouche estre
desclose, la Base, 2222. Et s'il à autre chose tenl.
Ne m'en desclot il mie tant. Mes bien vous i poés
fier, 16. (2840. Quant j'aurai les lices descloses, ib.
2094S. X li m'en vinsgrant aleûre [train], Si li des-
c!os l'encloeOre [embarras], Dont ge me sentoieen-
cloé, tb. 3122. Et se il avient que la carelle [que-
relle] seit de héritage dedenz ville close ou desclose,
A.is. de J. 03. Vos créez miex en juerie [juiverie],
Qui la vérité dire en ose, Qu'en celui qui par sei-
gnorie A la porte d'enfer desclose, ruteb. 210.
Il XVI' s. Mignonne, allons voirsi la rose Qui ce ma-
tin avoit desclose Sa robe de pourpre au soleil, A
point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pour-
prée, BONS. 383.
— ÉTY.M. Dé.... préfixe, et clore; provenç. def-
claure; ital. dischiudere.
DÉCLOS, OSE (dé-klô, klô-z'), part, passé de
déclore. Qui n'a pas de clôture. Ce parc est déclos
en plusieurs endmits. || Par extension. jJe] sentis à
son nez. à ses lèvres décloses. Qu'il fleuraitbien plus
fort, mais non pas mieux que roses, Régnier, Sat. x.
t DÉCLÔrURE (déklôtu-r'), s. f. Action de dé-
clore.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et clôture.
DÉCLOUÉ, ÉE (dé-klou é, ée), part, passé. La
toile que je croyais déclouée, sÉv. toi.
DÉCLOUER (dé-klou-é), v. a. \\ 1° Défaire ce qui
était cloué. Déclouer des planches, des tapis. || 2° Se
déclouer, e réft. N'être plus cloué. Cette planche
se décloue.
— HIST. xiii' s. Si amoureusement que mais [elle]
ne l'en descloe [ne décloue mon âme de son amour],
Berte, xxxiii. |{ xvi* s. Platon craint nostre engage-
ment aspre à la douleur et à la volupté, d'autant
qu'il oblige et attache trop l'ame au corps; moy
plustost, au rebours, d'autant qu'il l'en desprend et
descloue, mont, i, 305.
— ÉTY'M. Dé.... préfixe, et clouer ; Berry, déclou-
ter ; espagn. desclarar; portug. descrarar,
t DÉCOAGULER (dé-ko-a-gu-lé), v. a. Faire ces-
ser un étal de coagulation.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et coaguler.
DÉCOCHÉ, ÉE (dé-ko-ché, chée), part, passé.
Lancé par un arc. Et d'un trait décoché j'en ai vengé
la perte, tbistan, Mort de Chrispe. m, 4. Maître
>lîneas en choisit quatre Qui devaient essayer d'a-
battre Par un coup de trait décoché L'oiseau »up le
I
DEC
mât attaché, scarhon, Yirg. trav. v, (| Fig. Des
traits malicieux, décochés par une bouche adroite.
Décent sotscompliments.sansy compter les vôtres.
Contre moi décochés.... scAnnoN, D. Japhet,m, *.
DÊCOCHEMENT (dé-ko-che-man) , s. m. Action
de décoclier une flèche. |1 Fig. Le décochement
d'une épigramme.
— ËTYM. Décocher.
DECOCHER (dé-ko-ché), V. a. || 1° Tirer une flèche
à l'aide d'un arc, d'une arbalète. On décocha con-
tre lui une flèche de deux coudées, vaugel. Q. C.
liv. IX, ch. 5. Et des traits infinis qu'ils ont pu dé-
cocher. Ce n'est que par hasard qu'ils ont blessé des
nôtres, TRISTAN, Panthée, i, t. Ils ont caché le ciel
dos trails qu'ils décochaient, kotrou, Bélis. i, o.
Un cœur de roche Impénétrable aux traits que l'a-
mour nous décoche, mair. Sophon. iv, 5. Que son
œil fendu grand et bleu Décoche de matras [sorte de
dard] de feu ! scabron, Virg. trav. iv. || On dit au.ssi
que l'arc décoche une flèche. U en est de noire
corps dans les passions, par exemple dans une faim
ou dans une colère violente, comme d'un arc bandé
dont toute la disposition tend à décocher le trait,
Boss. Connaiss. m, 1 1. || 2° Fig. Décocher un trait
de satire, une épigramme, lancer un trait mordant,
faire une épigramme. On a vu en son lieu ce qu'il
[le maréchal de Duras] décocha au maréchal de vil-
leroy, lorsqu'il passa de Flandre en Italie, st-sim.
UO, 49. Aux moindres traits que sur toi l'on déco-
che.... J. B. Rouss. Épitr. 1,1, aux Muse^. Ils [les
athées] décocheront contre nous tous les arguments
des Stratons, volt. Ame, 5. || Ou dit aussi déco-
cher un compliment, une œillade. || 3° V. n. Terme
de chasse. L'oiseau de proie décoche, quand il fond
comme un trait sur le gibier. || 4" Se décocher, v.
réfl. Être décoché. Les traits malins qui se décochè-
rent dans ce salon sur les absents.
— mST. xni° s. Atant estes vos un archier Qui une
flece a encochiée ; Envers le cerf a descochiée; Que
il l'avoit bien avisé, lien. t235e. Avant en va desus
le pont; Li sergent qui furent amont Descochent
carriax enpenez, ib. 18969. || xiv s. Caillons et vi-
retons assez on descocha, Guescl. 20027. || xvi" s.
Plustost que la flèche ailée Ne s'en vole au desco-
cher, Nostre verdeur escoulée Voit son printemps
desseicher, dubell. v, Bi, verso. Laquelle [flèche]
lors, pour me rendre confus, Il descocha sur mon
cœur rudement, marot, i, too. U prend son arc et
sa flèche, et vous décoche rasibus l'image du saint,
DESPEn. Contes, cxxiv. Lequel lui coupoit l'herbe
sous le pied, et le decochoit des bonnes grâces où
il se croyoit si bien ancré, yver, p. 688. II com-
mence à crier: charge! charge! et puis descocbe à
toutes brides, la lance en l'arrest, carl. vi, 25. Ce-
pendant l'embuscade de.scoche, et prennent chacun
un chemin, et luy couppent la gorge, et le man-
gent, PARÉ, Animaux, xvi. Voulant son arc contre
moy descocher. Trouva l'escu aussi fort qu'un ro-
cher, RONS. 768. Les barbares descocherent en si
grande fureur, qu'ilz escarterent ceux qui besoi-
gnoient aux trenchées, amyot, Sylla, 46.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et le verbe hypothétique
cocher, mettre d;ins la coche, de coche 4.
f DÉCOCO.\NEU (dé-ko-ko-né), v. a. Enlever les
bruyères et en détacher le cocon du ver h soie.
— ÉTYM. Dé.... préfixé', et cocon.
\ DÉCOCTÉ (dé-ko-kté), s. m. Terme de pharma-
cie. Produit d'une décoction.
— ÉTYM. Voy. DÉCOCTION.
DÉCOCTION (dé-ko-ksion ; en poésie, de quatre
syllabes), s. f. Terme de pharmacie. Opération qui
consiste à faire bouillir, dans un liquide, des sub-
stances médicamenteuses dont on veut extraire les
principes solubles. || Le produit liquide de cette opé-
ration. Boire une décoction.
— HIST, xni° s. Et quant li décoctions sera faite
et coulée, alebrant, f° t8. |{ xv s. De décoction
de vendange [vin] Recipé trois voltes [fois] et plus:
Ne songe tant à tes escus, basselin, xii. jj xvi" s. U
y a deux causes qui donnent la dureté aux pierres,
l'une est abondance d'eau, l'autre est la longue dé-
coction, PALissY, 293. Décoction, s'entend des mé-
taux parvenus à leur perfection, m. 378.
— ÉTYM. Provenç. decoccio ; espagn. decoccion;
ital. decozione; du latin decoctionetn, dedecoquere ,
cuire, de de, et cnquere (voy. cuire).
t DÊCOGNOIR (dé-ko-gnoir), s. m. Coin de buis
pour serrir ou desserrer les formes tvpographiques.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et coin.
DÉCOIFFÉ, ÉE (dé-koi-fé, fée), part, passé. Une
emme toute décoiiïée. Une bouteille décoifiée.
DI'XOIFFER (dé-koi-fé), v. a. || 1» Ôter ce qui
coiffe. U faut me décoiffer avec beaucoup de soin.
DEC
Il Déranger la coifl"ure, les cheveux, les mettre en
désordre. Le rent l'a toute décoiffée. || Fig. Faire
sortir de la tCte ou du cœur. C'est une idée extrava-
gante, une passion ridicule dont je voudrais bien le
décoiffer. || 2° Décoiffer une bouteille, ôter l'enve-
loppe qui entoure le bouchon; la déboucher. De
cette sorte , ayant dérobé sa bouteille sans qu'il l'eût
vu. je l'allai décoiffer en mon étude, où j'avalai de
bonnes gorgées, Frawct'on, liv. iv, p. t50. || Décoiffer
une fusée, déchirer la garniture qui la préserve
contre les accidents du feu. || 3° Se décoiffer, v.
réfl. Déranger sa coiffure. Cet enfant se décoiffe
toujours. Il Se décoiffer, déranger la coiffure l'un
de l'autre. X force de s'irriter, de s'injurier, de se
battre, de crier, de se décoiffer pour un liard, ils
avaient contracté, pour toute leur vie, l'air de l'in-
térêt sordide, de l'impudence et de la colère, Dide-
rot, Essaisur la peint, ch. 4.
— HIST. xui' s. Ore se coife,oro se lie, Or se de.s-
coife, or se deslie, Contenance des femmes. Hxvi's.
Mainte gentille nymphe et mainte belle fée. L'une
aux cheveux plies, et l'autre descoifée, rons. 736.
Elle, marchant à tresses descoiffées, Apparoissoit la
princesse des fées, id. 740. Mais je ne m'en puis
descoifl'er [de cet amour] ; Je pense que c'est un en-
fer Dont jamais je ne sortiray, marot, i, 20i.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et coiffer.
t DÉCOINCER (dé-koin-sé. Le c prend une cé-
dille devant a et o : nous décoinçons, je décoinçai) ,
V. a. ôter un objet de dessus le coin qui le sup-
porte. Il Se décoincer, v. réfl. Être décoincé. Les
rails tendent constamment à se décoincer; cela
résulte de l'élasticité du bois, de la forme des coins
et des trépidations de la voie, Presse scientifique,
t86t , t. III, p. 229.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et com.
f DÉCOLÉRER (dé-ko-lé-ré. La syllabe U prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
je décolère; exceiité, suivant la règle non justifiée
que suit l'Académie, au futur et au conditionnel :
je décolérerai, je décolérerais), v. n. Cesser d'être
en colère. Il n'a pas décoléré de toute U journée. Il
ne décolère pas depuis qu'il a appris cette nouvelle.
Il Terme vulgaire.
-^Étvm. Dé.... préfixe, et colère.
DÉCOLLATION (dé-ko-la-sion; l'Académie dit
qu'on prononce les deux U; mais cette prononcia-
tion, qui n'est pas en rapport avec celle de décoller,
n'est pas non plus de l'usage le plus fréquent) , s. f.
Action de décoller, de couper le cou. Icare auda-
cieux, téméraire Ixion, Je te juge et condamne à
décollation, scarron, D.Japhet, m, 4. || U sert à
désigner le martyre de saint Jean-Bapti.ste. Une ta-
pisserie de la décollation de saint Jean-Baptiste,
sÉv. 687. Il Terme de chirurgie. Séparation de la
tête du fœtus d'avec le tronc qui reste engagé dans
la matrice.
— HIST. XV' s. II fut jugé à estre decolé; et ce-
pendant qu'on le menoit à sa decolation sur une
charrette et séant sur une planche.... froiss. liv. ii,
p. 233, dans LACURNE.
— ÉTYM. Lat. decollalio, de decollare (voy. dé-
coller t).
(.DÉCOLLÉ, ÉE (dé-ko-lé, lée), part, passé de
décoller t. Qui a eu le cou coupé. Nicéphore pris
par les Bulgares fut décollé, volt. .Jfrewfi-, 28.
2. DÉCOLLÉ, ÉE (dé-ko-lé, lée), part, passé do
décoller 2. Qui n'est plus collé.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et coller.
1. DÉCOLLEMENT (dé-ko-le-man), s. m. Terme
d'arts. Action de couper une partie de quelque
chose. Les charpentiers disent faire un décollement
à un tenon.
— ÉTYM. Décoller t .
2. DÉCOLLEMENT (dé-ko-le-man), s. m. Ac-
tion de décoller, de défaire ce qui est collé; état
de ce qui est décolle. Le décollement du papier dans
cette pièce. || Terme de chirurgie. État d'un organe
séparé, par la destruction du tissu lamineux, des
parties auxquelles il adhérait naturellement. Dé-
collement du placenta.
— ÉTYM. Décoller 2.
I . DÉCOLLER (dé-ko-lé), v. a. Couper le cou à
quelqu'un. Lamberti rapporte que le czar Pierre avait
décollé de sa propre main son fils aîné, volt. Itus-
sie, II, 10. Il Terme de pèche. Couper la tête d'une
morue.
— HIST. xir s. Venu sunt al quint. jur de la na-
tivité Eu l'endemain que furent innocent decolé.
Que Herodes ocist ])ar sa grant cruelté, th. le mart.
t37. Il xiii" s. Je voudroie, parm'ame, qu'ele fust
decolée, Derte, xvi. Et fu sacrés à roi, et fu li pi-
res rois qui onques feust, puis le roi Herodes qui
DEC
989
fist les enfans décoller, Chron. de îîat'ns, t20. La
nuis est revenue et li jors trespassés, Desous le Ci-
vclot fut li vaus [le vallon] grans et lés : L?i ot de
neutre gent trente mil décotes, Chans. d'Ant. i 649.
Il xv s. Le roi fit prendre tous ces seigneurs et en
fitdecoler sans délai et sans connoissance de cause
jusquesà vingtdeux des plus grands barons, fhoiss.
I, i, 6. Il xvi° s. Elle pour obéir prend le pied do la
beste; Lors en lieu de l'hostie il décolla la teste Do
la femme perfide, rons. (172.
— ÉTYM. Lat. decollare, de de, et collum, cou
(voy. cou).
2. DÉCOLLER (dé-ko-lé), 11. a. \\ 1° Détacher une
chose qui était collée. Décoller du papier. Le matin
du mariage, chez les Juifs en Égypie, on colle les
paupières de la mariée avec de la gomme, et, quand
le moment de se coucher est venu, le mari les dé-
colle, ST-FOix, Ess. Paris, Œuvres, t. iv, p, 346.
Il 2° Terme du jeu de billard. Décoller une bille, la
détacher de la bande. || 3" Se décoller, v, réfl. Cesser
d'être collé. Ce papier se décolle. |! Terme de jardi-
nage. Se détacher du sujet en parlant des greffes
et des jeunes bourgeons, La greffe s'est décollée.
Il Terme de jeu de billard. Écarter sa bille de la
bande. Décollez-vous, si vous pouvez,
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et colle.
t DÉCOLLETAGE (dé-ko-le-ta-j') , s. m. Action de
couper le collet des betteraves.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et collet.
DÉCOLLETÉ, ÉE (dé-ko-Ie-té, lée), part, passé.
Dont on a rabattu, diminué le colIeL Habit décol-
leté. Il Par extension, femme décolletée, femme ha-
billée de manière à découvrir le cou, les éjiaules,
le haut de la poitrine. Sa femme [de Shrewsbury]
avait été belle et prétendait l'être encore, toute dé-
colletée, coiffée derrière l'oreille, st-sim. 340, 208.
Il Fig. Propos décolletés, propos trop libres.
DÉCOLLETER (dé-ko-le-té. Le t se double quand
la syllabe qui suit est muette: je décollette, je dé-
colletterai; il faut se garder d'une prononciation
très-répandue parmi les femmes : je décolle, il dé-
colle, et ainsi de suite partout où sont les deux tt),
V. a. Couper un vêtement de manière qu'il dégage
le cou. Décolleter une robe. || Kabattre le vêtement
de manière à découvrir le cou. || Se décolleter,
V. réfl. Se découvrir le cou, les épaules. Cette
femme se décollette trop.
— HIST. xm" s. S'ele a biau col et gorge blanche,
Gart que cil qui sa robe tranche [taille] , Si très bien
la li escolete, Que sa char père [paraisse] blanche et
nete Demi pié darierset devant, la Rose, (35(9.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et collet.
t DÉCOLLEUR (dé-ko-leur) , s. m. Terme de pê-
che. Celui qui coupe la tète et arrache les entrailles
de la morue. À mesure qu'ils prennent une morue,
ils lui coupent la langue, ensuite ils la livrent à
un mousse, pour la porter au décolleur, raynal,
Hist. phil. XVII, t3.
— ÉTYM. Décoller ^.
DÉCOLORATION (dé-ko-lo-ra-sion; en poésie, de
six syllabes), s. /'. || 1° Opération qui a pour but d'en-
lever à un corps sa couleur. || Perle de la couleur
naturelle. M. Génebrier, bibliothécaire denotre répu-
blique, a poussé beaucoup plus loin que moi les re-
cherches sur la décoloration des corps par la lumière,
BONNET, Décolor. corps lum. \\ 2° Fig. Décoloration
du style. La décoloration de la nature aux yeux de
celui dont l'àme est flétrie par de cruels chagrins.
— HIST. xvi" s. Décoloration et amaigrissement,
enfleures aux jambes, paré, xvin, 65.
— ÉTYM. Provenç. descoloracio ; du latin decolo-
ratinnem, de decolorare.
DÉCOLORÉ, ÉE (dé-ko-lo-ré, rée), part, passé.
Oui a perdu sa couleur. Des roses décolorées. Un ta-
bleau décoloré. L'œil abattu, triste, désespérée. Lan-
guissante et décolorée. De quoi puis-je me préva-
loir? mol. Psyc/i.v, 3. Le nouveau Cicéron tremblant,
décoloré, boil. iu(r. vi. Ce frontdécoloré, ces adieux
menaçants, lemerc. Agamemn. i, <. Ce fut le il
novembre que la colonne impériale sortit enfin de
Smolensk; sa marche était encore décidée, mais
morne et taciturne comme la nuit, comme celte na-
ture muette et décolorée au milieu de laquelle elle
s'avançait, ségur, Hist. de Napol. x, 3. || Fig. Un
style décoloré, un style qui est terne et sans éclat.
DÉCOLORER (dé-ko-lo-ré) , v. a. \\ 1° ôta-, altérer
la couleur. La mort décolorait son front sans dia-
dème, volt. OICdipe,v, l.\\ y'ig. Il était souffrant,
et la souffrance décolorait pour lui la nature. || 2* Se
décolorer, v. réfl. Perdre sa couleur. Son teint sa
décolore. Un lis penche et se décolore, delav. Paria,
II, 6. Il Fig. Son style s'est décoloré. [Après le cri
dePlutonjLes expressions d'Homère se décolorent,
990
DEC
«lies deviennent froides, muettes et sourdes, et une
multitude d'jsifdanifB imite le uiiirmiire de la voix
iniirticulée des oml)ies, ciiateaub. C(<ni'e, ii, v, 5.
Les an» font-ils neiger sur nous, X nos jeux tout
se décolore, bérang. Donne maman.
— IIIST. XI' S. Teini [il] fut cl pers, desculuretet
pale. Ch. de llol. cxlvi. En son visage |il| fut moût
desculuret , ib. clxii. || xn* s. Et ses viaires [ vi-
sage] teinz et descolorcz, Ronc. p. 23. Li chevaliers
ja (dame) regarda au vis [visage], Si la vil,mouU
paleeldescolnrée, quksnes. Romancero , p. (07.II lur
bailla le lirief: quant il i unt trové Qu'il esteiont einsi
do lur mestier sevré, De duel jdeuil] e rie coruz fu-
rent de>coluré, ï/i. le mart. tu. E quant li reis le
vit, mult oui le quer irié. Ses mains feri ensemble,
e se plaint senzfainlié, En sachamiireen entra d'ire
desculurez, Rit qu'il ad malveisMiommes nurris et
alevez, ib. )33, || xni* s. Et Renart, qui l'avoit veQ
Pensis et si de.scoloré, Tien. 45iJ9. Tant par estoit
desoolorée Qu'ol semWoit estre enlangorùe, la Rose,
SOI. Del sano qu'il ot perdu fut tout descolorés,
Chan.i. d'Anl. iv, l(io. ||xvi' s. Tous ayans les visa-
ges riescoulourez etdesfaits, amyot, P. Mm. 50. La
volupté n'en est en soy ni pasle ni descoulourée,
pour estre apperceue par des yeulx chassieux et trou-
bles, MONT, in, 273.
— ÉTYM. Berry, décnulewer , démulourer ; pro-
venç. et espagn. descolorar; portug. descorar ; ital.
discoliirare; du latin decolorare, de de, et color,
couleur
t DÉCOLORIMÈTRE ( dé-ko lo-ri-mè-tr'), s. m.
Instrument qui sert à mesurer, soit la force décolo-
rante de certaines substances, soit le degré de dé-
coloration que les substances ont subi.
— F.TYM. D'colorcr, et mètre, mesure.
f DÉCOLOUIS (dé-ko-lo-ri), s. m. Terme didac-
tique. Perle du coloris.
— ÊTYJI. Dé.... préfixe, et coloris.
t DfXO.VlBANT, ANTE (dé-kon-ban, ban-t'), adj.
Terme de botanique. Oui, s'élevanl d'abord, retombe
ensuite vers la terre. Tige décombanle.
— ÊTVM Lat. decumbens, de de, et cumbere,
dérivé inusité de cubare, lire couché (voy. cûuviîr).
Cumbere est aussi dans incumbere, recumbere.
t DÉCOMBLER (dé-kon-bié), V. o. ôter ce qui
comble.
— HIST. XV» s. Espaignolet donna conseil de jeter
bois au pertuis de la croûte [grotte] pour ensonnier
tellement l'entrée qu'on ne la pust descombler,
FHOISS. Il, in, 2:i.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et combler; namurois,
dic/iO(n/(rrr; wallon, sidihombrer, se dépêcher.
DÊCOMBRÉ, ÊE (dé-kon-bré, brée), part, passé.
Dont on a ôté les décombres. Un égout décembre.
DECOMHREU (dé-kon-bré), v. a. Ôter les décom-
bres, enlever les débris, les plâtras, les orduies.
Il Décomlirer une carrtiire, ôter de dessus une car-
rière la terre et les gravois.
— HIST. xiir s. Croire lor fait qu'il ont d'amis
Tant qu'il ne les sevent nombrer, N'il ne s'en puent
[peuvent] descombrer Qu'il n'aillent entor eus et
viongnent, la Rose, 4884. El puisque vos l'avez en-
combré sanz esgarl et sanz conoi-sance de corl, vos
le devez descombrer por totes les raisons que je ai
dites, Àss. de J. I, 251. El puis qu'un seul pe-
chié mortel si nous encombre, Que feront cil et
celles ipii en ont fait sans nombre. Qui vivent en ténè-
bres et en mort et en ombre V Certes trop ont à faire,
se Diex ne les descombre, j. de meu.ng, Test. <4«u.
— ÉTYM. Décombres.
DÉCOMBRES (dé-kon-br'), s. m. p!ur. Matériaux
brisés qui demeurejit après qu'un bâtiment est dé-
moli. Us [les Musses] ne nous ont laissé que des dé-
combres (à Moscou], mais nous y sommes tran-
quilles, sÉGUB, Ilist. de Sapol. vin, n. Ce sont [les
Bionlagnes] les monuments qu'a laissés la nature.
D'un monde qui n'est plus décomljres orgueilleux,
MAssoN, llehét. II. Il Terres et graviers qu'on tire de
dessus une carrière pour aller jusqu'à la bonne
couche. Il Fig. Les décombres qu'une révolution laisse
après elle.
— SYN. DÉCOMBRES, RUINES. Lcs décembres sont
l'amas des matériaux d'un édifice qu'on a démoli ou
qui s'est écroulé; amas toujours destiné à être en-
levé. Les ruines sont les restes d'un édifice que le
temps a endommagé; restes abandonnés à eux-
mêmes ou respectés comme un monument.
— ÉTYM. Dé.... prùfixe, et combre, qui vient de
tumiiin.ï, tas; portug. combro ; bas-'aL eowbnts.
i DfXOMBUSTION (dé-kon hu-sltoii), s. f. Terme
de cliiinie. Mol emploNé pour signifier désoxygéna-
tion, qui est seul usité aujourd'bui.
— ÉTYM. Dé..., préfixe, et çombuition.
DEC
t nCCOMMANDER (ilé-ko-man-dé) , V. a. Contre-
mandur une demande. || Annuler un ordre, une
invitation, par un ordre, une invitation contraire.
Le dîner, le bal fut décommandé.
— HIST. xiii' s. Mais li rois en fu moult blasmés
[de l'assassinat du duc de .N'ormandiel, Li quensEr-
nous fl'assiLssin] descommandés [désavoué] , pu.
MOL'SKES, ils. p. 37U, dans LACURNK.
— ETYM. né ... préfixe, et commander.
t DlîCOiM.METTRE (dé-ko-mé-tr'), v. a. Terme
do marine. Détordre un cordage.
—.ÉTYM. Oé... préfixe, et commettre.
t DE COMMODO ET l.VCO.M.MOUO (ilé-ko-mmo-
do-é-tin-ko-mmo-do). Terme d'administration. En-
quête rfe cotmnotlu et incommoiln , enquête qui
recherche quels avanla;,'e3 ou (juels inconvénients
peut entraîner pour le public telle ou telle opération.
— ÉTYM. Lat. de, sur, commodo, ce (|ui est utile,
et incommodo, et ce qui est nuisible; locution em-
pruntée au droit romain.
t DÉCOMPLÉTER (dé-kon-plé-té. L'accent aigu de
plé se change en grave quand la syllabe qui suil est
muette : je décomplète, excepté au futur et au con-
ditionnel : je décompléterai, je décompléterais), «.
a. Rendre incomplet. Décompléter une collection.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et complet.
t DÉCOMPLIQUER (dé-kon-pli-ké), v. a. ôter les
complications, les difficultés.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, el compliquer.
t DÉCOMPOSABLE (dé-kon-pô-za-bl'), adj. Terme
didactique. Qui peut être décomposé.
— ÉTYM. Décomposer.
t DÉCOMPOSANT, ANTE (dé-kon-pô-zan, zan-t'),
adj. Qui décompose, qui aiuène la décomposition.
Les forces décomposantes.
DÉCOMPOSÉ, ÉE (dé-kon-pô-zé, zée), pari, passé.
Il 1" Dont la composition est détruite. L'eau décom-
posée par les chimistes en oxygène et hydrogène.
Il 2" Terme de botanique. Feuilles décomposées,
feuilles qui sont partagées en nombreuses divisions
irrégulières. ]] Profondément altéré, en parlant des
traits du visage. Son beau visage, décomposé par
les approches de la mort. Kace décom]iosée.
DÉCO.MPOSER (dékon-pô-zé), «. o. ]| I» Séparer
un corps en ses parties simples. La chimie a décom-
posé la potasse en oxygène et poiassii.m. C'est là
[dans les mines], c'est encor là que, cachant sa
puissance, L'éternel ouvrier, dans un profond si-
lence, Compose lentement et décompose tout, ue-
LiLLE, Troisrègnes, v. || Par extension. Décomposer
la lumière, y faire apparaître, par le moyen du
prisme, les sept couleurs fondamentales qui la com-
posent. Il Absolument. ÎSos sciences décomposent el
recomposent, mais elles ne peuvent compo.ser, cha-
TEAUB. Génie, m, n, 2. || 2° Terme de matliémalique.
Décomposer un polygone en triangles, le partager
en triangles, pour en évaluer la surface. Décompo-
ser une équation, en faire plusieurs équations par-
tielles pour la résoudre, j! Décomposer un produit en
ses facteurs, en extraire tous les facteurs. |] Décom-
poser une force, la partager en deux forces équiva-
lentes à la force totale. Décomposer un mouvement,
le ramener aux mouvements élémentaires qui le
constituent. ]| 3" Réduire en parties simples. On dé-
composa le consulat et on en forma plusieurs ma-
gistratures, MO.NTKSQ. E.vpr. XI, 14. Tout le monde
sent bien qu'il a une inlulligonce, qu'il reçoit des
idées, qu'il en assemble, qu'il en décompose, volt.
les Oreilles, 4. Mon idée serait de décomposer un
homme, pour ainsi dire, et de considérer ce iju'il
lient de chacun des sens qu'il possèile, dider. LcII.
sur les sourds et muets. Ils achètent de prainis biens
pour les reveniire en détail, et, de profe.ssion, dé-
composent les grandes propriétés, p. L. COUR. Lettre
v. Il Décomposer un discours, une phrase, une i ée,
les résoudre en leurs éléments. || 4" Altérer profondé-
mentunesubslance. La chaleur décompose les matiè-
res animales. Certaines maladiesdécomposentles hu-
meurs, le sang. ]| Se dit aussi en parlant des traits du
visage. Le choléra décompose la face. La douleur qu'il
ressentait l'avait tout décomposé. H 5" Se décompo-
ser, v. réfl. Se partager en ses partiessimples. L'oxy-
gène, l'hydrogène et les corps dits éléments ne se
décomposent pas. Le plus fort de ces grands maîtres
Se sert de tout son esprit X soutenir que des êtres
La seule forme périt; Que le corps se ilécompose.
Qu'il .se fait de chaque chose Des arrangements divers,
M~" nEsnouLiÈBES, dans bichelet. jj Se corrom-
pre. Celte liqueur se décompose. ]| S'altérer, en
parlant de la face. Ses traits se décomposèrent ra-
pidement.
— HIST. xvi* s. Nous en voyons aujourd'hui plu-
sieurs qui se décomposent [perdent la tête], voyant
DEC
l'Eglise ainsi désolée qu'elle est, comme si elle de-
voit du tout périr bientost, Calvin, 213
— KrvM. Dé. .. préfixe, et composer.
DÉCOMPOSITION (dé-kon-pô-zi-sion; en poésie,
de six syllalies), s. f. || 1» Terme de chimie. Résolu-
tion d'un corps en ses principes ou parties simples,
Décomposition chimique, j] Double déojrnposillon,
décomposition de deux sels qui échangent mutuel-
lement leurs bases. ]| Terme de mathématique. Dé-
composition des forces, sub-ititulion de forces par-
tiellps dont le total équivaut à une force donnée.
Décomposition d'un polygone en triangles, d'un
produit en facteurs. ]| 2" Kig. Réduction à des parties
plus simples. Décomposition d'une idée , d'une
phrase. La décomposition d'un mot en ses éléments.
I] 3° Corruption. La décomposition des substances
animales, du sang, des humeurs. Mouvement de
décomposition. ]| Fig. Ainsi, au milieu de ces alter-
natives, de ces flux et refiux de l'usage, le déclin,
ou, si l'on veut, la décomposition des idiomes, de
temps en temps suspendue, reprend son cours et
s'achève, villemain, X^i'cl. de l'Acad. Préface, p. xi.
I] 4° Altération profonde. La décomposition du vi-
sage, des traits.
— SYN. DECOMPOSITION, ANALYSE. Ces deux mots
diffèrent comme presque tous les synonymes qui sont
tirés du grec et du latin. Lemoldoriginelatineaun
sens général; le mot d'origine grecque a un sens res-
treint, et par conséi(uenl plus technique. Toute ana-
lyse est une décomposition; mais une décomposition
fortuite ou déiéglée n'est pas une analyse. De là
vient aussi qu'on dislingue autant d'analyses diver-
ses qu'il y a d'objets spéciaux à étudier : l'analyse
mathématique, l'analyse chimique, l'analyse gram-
maticale, l'analyse logique, etc.; on ne dit pas la
décomposition logique, la décomposition gramma
ticale, etc. La décompo-^ition chimique se borne à
détruire l'associaiion qui forma le compo.sé; l'ana-
ly.se, séparantles principes d'un composé, détermine
la nature de ces principes et leurs proportions.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et compoît'lion.
DÉCOMPTE (dé-kon-f), s. m. || Ce qu'il y a à
rabattre, à réduire sur la somme qu'on paye. Faire
le décompte. Le président lui a fait son décompte,
et lui a prouvé qu'en vivant sobrement il en aurait
encore de reste [de son argent] a son arrivée, volt.
Utt. d'Argental, 9 mars (763. ]] Retenue qu'on fait
à des gens, en leur payant le dû jiour leur solde,
travail ou journées, et qui est l'équivalent de cer-
taines fournitures. ]] Décompte militaire, comparai-
sons trimestrielles des délivrances de solde et des
perceptions de vivres. || Payer le décompte, payer
ce qui reste dû, en retenant les avances qu'on a
failes. Il Kig. Déception. Trouver du décompte dans
une aflaire, n'y pas trouver l'a van lage espéré.
— IllST. xiii's. Trestous sans nul décompte, JOiNV.
dans le Dicl. de Docniiz.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et compte.
DÉCOMPTÉ, ÉE (dé-kon-té, tée), part, passé.
Relrancliô d'un compte. Cette somme étant décomp-
tée, il vous revii,'nt tant.
DÉCO.MPTER (dé-kon-té), v. a. ]] I» Déduire, ra-
battre. Décomiiler une somme. 1| 2" Fig. el ab.solu-
ment, rabattre de l'opinion qu'on avait, ne pas
trouver l'avantage qu'on espérait. Outre qu'on trou-
verait beaucoup à décompter des espérances qu'on au-
rait conçues.... liOURD. Pensées, t. ii, p. sot. si vous
avez imaginé que.... je vous conseille de décompter,
VOLT. Lett. Urne du Deffant, I8 aoat t76«. || Terme
de jeu. Perdre ses points, les démarquer. || Terme
de musique. Faire passer la voix par tous les degrés
d'un intervalle, pour mieux saisir cet intervalle.
— HIST. XIII' s. Plus de sept mille morz en gisent.
Sans les piétons que je desconte, g. gliaht, dans
le Dict. de docuez. || xv's. Il chut à la renverse par
telle manière qu'il descompta ne sais quans degrés,
si très-roidement, qu'à peu qu'il ne se rompist la
col, LOUIS XI, tiouv. xu.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et compter.
IDÉCONCEliT (dé-kon-sèr), s. m. Perte du con-
cert, de l'entente qui existait avant.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et concert.
DÉCONCERTÉ, ÉE (dé-kon -sèr-té, tée), port.
passé. Il 1° Dont le concert est troublé. Des voix dé-
concertées. Le concert étant ainsi décûncerté, l'hûte
fit ouvrir la porte, ecarr. itom. corn. ch. )6. || S* Dont
le mécanisme est dérangé. Montrez-moi que ce qui
pense en l'homme n'est point le corps, et subsiste
toujours après que celte machine grossière est dé-
concertée, t en. t. xix, p. 145. Ne priant plus, toute
l'harmonieiie la viecbrélieiine est en moi déconcer-
tée, BOURU. '>• dim. après Pdq. Domimc. t. il, p. (ko.
Il 3°'froubl), empêché, en parlant des personnes ou
DEC
dos choses. Des projets dôconcertés par la fortune.
Ceux-ci, déconcertés par cet acte de vigueur inat-
tendu, et ne doutant pas que tant de fierté ne fût
soutenue par des forces plus nombreuses qu'elles ne
l'étaient, évacuî^rent l'île pour n'y plus revenir, |
RAYNAL, llist.phil.xm, 34. Home fut étonnée, mais
non déconcertée, rollin, llist. anc. OKiitTcs, t. i, ,
p. 451 , dans PoUGENS. || i" Qui a perdu contenance. |
Tout déconcerté par le mauvais acctieil de sa pro- i
position. Il se lève déconcerté et cliagrin, et va dire
ailleurs qu'il veut se remarier, I.A bruy. v. Le pos- |
sédé, fort déconcerté de voir cela [une montre au j
lieu d'un reliquaire], faisant mine de se jeter sur
lui, M. le prince, qui avait une canne à la main, |
lui dit.... SEGRAis, Uémnires, t. li, p. H3. L'air ,
déconcerté qu'elle avait en l'écoutant, acheva sans
doute de lui confirmer ce mariage, Marivaux, Ma-
rianne, 0* part.
t DfXO.NCRRTEMENT (dé kon-sèr-te-man), s. m.
Action de déconcerter. Le déconcertement des me-
sures qu'il avait prises. || Pertedecontenaiice. Je re-
marquai une espèce de déconcertement, d'oijje com-
pris que c'était l'instant favorable de profiter de son
trouble, ST-siM. 2û3, <44. Sur le visage du duc de
Noailles l'excès de l'embarras, du dépit, du décon-
certement était peint, in. 404, 8. Le cardinal,
voyant qu'il avait à faire à un contradicteur peu
complaisant, balbutia; car il passait quelquefois de
l'audace du brigand au déconcertement du fripon-
neau, duclos, Mém. règ. Œuvres, t. vi, p. <00,
dans pouoiiNS.
— RTYM. Décnncerler.
DÉCONCEIITEU (dé-kon-sèr-té), V. a. Hl" Trou-
bler un concert de voix ou d'instruments. Il ne faut
qu'une voix discordante pour déconcerter toutes les
autres. Il 2° Déranger, disjoindre, décomposer. Dé-
concertez tout cet appareil éludré qui trompe les
hommes, mass. Car. Conf. Tantôt il donnait des re-
mèdes qui faisaient suer, et il montrait, par le succès
des sueurs, combien la transpiration, diminuée ou
facilitée, déconcerte ou rétablit toute la machine du
corps, PÉN. Tél. XVII. Il 3° Kig. Rompre les mesures,
les projets de quelqu'un. Cette victoire déconcerta
les alliés. Il déconcerte leurs desseins. Un moment
de séjour peut tout déconcerter, corn. Othon, iv,
2. La plus légère douleur déconcerte leur félicité
[des graiuls] et leur est insupportable, mass. Petit
car. serm. dtt 3' dim. Une telle fermeté, ajoute
Polybe, et une telle grandeur d'Ame déconcertèrent
'Annibal, pollin. Traité des Et. 3' part. ch. 4. Sa
perfidie imprévue ne déconcerta point Phocion, id.
llist. anc. Œuires, t. vi, p. 8S, dans pougens
....Allez, son gros bon sens Saura déconcerter tous
ces mauvais plaisants, collin d'harlev. J/aiice pour
malicr, 1, 13. ||4°Troubler, interdire quelqu'un, lui
faire perdre contenance. Il faut peu de chose pour
le déconcerter. Si ma présence dut déconcerter ces
messieurs, je n'eus pas lieu de m'en apercevoir,
MARIVAUX, Paysan parv. t. m, 6' part. p. (lo, dans
pouGENS. Il 5° Se déconcerter, v. réfl. Perdre le con-
cert. Des voix qui se déconcertent. || Se déranger, en
parlant d'un mécanisme. Tant que nous regarderons
l'homme par les yeux du corps.... que verrons-nous
dans notre mort qu'une vapeur qui s'exhale, que des
esprits qui s'épuisent, que des ressorts qui se dé-
montent et se déconcertent? Boss. Duch. d'Orléans.
Il Kig. Il [Santeuil] se déconcerte, il s'étourdit,
c'est une courte aliénation, la bruy. viii. || Perdre
contenance. Feliciane rougit à ces dernières paroles
et Dorothée se déconcerta extrêmement, scarr.
Kom. cnm. ii, ch. <9. Elle a un maintien sérieux,
mais naturel, qui ne se déconcerte point, st-évrem.
dans RICHEI.ET.
— Ctym. Dé.... préfixe, et concerter.
t DÊCONCLU, UE (dé-kon-klu, klue), adj. Dont
ia conclusion, déjà faite, se rompt. Affaire décon-
clue. Il Néologisme.
— f.TYM. Dé... préfixe, cl conclu.
tDÉCONFËS, ES.SE (dé-kon-fê, fé-s'), adj. Sans
confession. Il mourut déconfès. || Dans un sens par-
ticulier. Tout homme qui mourait sans donner une
partie de ses biens à l'église, ce qui s'appelait
mourir déconfès, montesq. Espr. xxviii, 4|.
— HiST. XII' s. Outre, fet il, fels, traître, cuivers,
Vostre lignage morra hui desconfès, du cange, in-
((■«(flh'o. Il xni's. Se aucuns bons ou aucune famé
avoit geû malade huit jours, et il ne se volust con-
fesser, et il morust desconfès, tuit li mueble seroienl
au baron, Établ. de saint Louis, ch. 80.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et l'ancien mot confès,
qui s'est confessé, du latin confessus (voy. confes-
ser); provenç. descofes.
IiECONFIRB (dé-kon-fi-r') , je déconfis, nous dé-
DËC
confisons; je déconfisais; je déconfis, nous décon-
fîmes; je déconfirai; je déconfirais; déconfis, décon-
fisons; que je déconfise, que nous déconfisions; que
je déconfisse; déconfisanl; déconfit, v. a. Défaire |
complètement l'ennemi. N'étant.... soldat.... Quelle
n'ait déconfit, Régnier, Sat. xiii. Et combien les en- .
fers qu'il avait déconfits. Ont respecté le père à cause i
de son fils, rotbou. Hercule mourant, v, 2. La bote
noire vêtue d'écarlale que le seigneur déconfira,
BOSS. Var. (3. Un dieu du ciel vient de me dire
Qu'on s'apprête à nous décoiifire, .scarron, lïrg.
trav. IV. Comme Hercule le brutal fit. Qui, dites-
vous, vousdécunfit, ID. ib. VI. On vous avait trompé
sur les quatre cents hommes pris en débarquant en
Corse; c'est bien, par tous les diables, au milieu de
la terre ferme qu'ils ont été déconfits, volt. Lett.
Yernes, <3 nov. t70H. || Familièrement. Déconfire
quelqu'un, l'embarrasser, le réduire au silence.
— KEM. Déconfire, qui appartenait autrefois aussi
bien au style élevé qu'au style ordinaire, a perdu
de sa dignité, et ne se dit plus guère qu'avec un
sens de moquerie ou de plaisanterie.
— HIST. XI" s. L'escu [il] lui freint, l'aubert lui
descumfist, Ch. de Roi. xciii. || xii's. Il n'est pas
droit que l'on me desconfise [perde de réputation],
QUESNEs, Ilomancero, p. 89. Loewis, reis de France,
si cnm j'ai o'i dire. Ad sonuins tute s'ost par trestut
son empire. Volt aler en Auverne pur ma gent des-
confire, Th. le mart. )2(. Si famine vient en la
terre, ucorrompuzseitliairs, e pesiilence descunfise
e destruie les blez. Rois, 262. || xiii's. À laie de
Dieu fu de.sconfis li empereres Morchufies, et il
meïsmes i dut estre pris, vii.leh. xcix. Par eus puis
fut maintTuro et mors et deconfis, Rerte, v. Berte,
ce dist Constance, ne soiez desconfile, ib. liv. Et
je ne sais que faire, près sui de desconfire [d'être
déconfite] , ib. lxxxviii. Celé chose que vos veïsies
El soumeillier que vos feïstes. Qui le rous peliçon
portoit, Qui einsi vos desconfisoit, C'est li gorpiex
[renard], jel sai de voir, Rcn. 4 474. Compains, au
chastel desconfire, Puet l'eu bien plus brief voie
eslire, la Rose, 7925. Por jalousie desconfire, Qui
nos amans met à martire, ib. 10525. Quant les An-
glois virent le roy, ils se desconfirent et mistrent
dedens la cité de Saintes, joiNV. 206. || xV s. Après
la desconfiture du champ Saint Gilles, les coureurs
[anglais] trouvèrent de leurs gens qui fuyoient ainsi
que gens desconfits, froiss. Il, II, <9. || xvi* s. Mon
ennemi s'en fuit battu. Desconfit de corps et courage,
MAROT, IV, 24). Notre armée a esté desconfitte et
desfaitte tout à plat, amyot, Fab. 7.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et confire, du latin confi-
cere, qui, proprement, signifie achever, parfaire;
provenç. desconfir, descofir; liai, sconpggere.
DÉCONFIT, ITE (dé-kon-fi, fi-t'), part, passé
de déconfire. |1 1° Qui a été défait en bataille. Les
ennemis déconfits. Par sa fatale main qui vengera
nos pertes , L'Espagne pleurera ses campagnes
désertes, Ses châteaux abattus et ses camps décon-
fits, malh. II, 1. Et tant de rois païens sous la croix
déconfits, RÉGNIER, Ép. 1. Qu'une jeune elTrontée,
une in.solente esclave Dont le père a suivi ses peu-
ples déconfits. Vienne en ce lieu donner des frères à
mes fils, BOTROU, Hercule mourant, n, 2. || Substan-
tivement. Le matin nous autres déconfits [battus],
nous sortîmes par cette porte [de Scigliane] à la
pointe du jour, p. l. cour. Lett. i, (37. 112° Qui a
éprouvé quelque grande déconvenue. Le pauvre
homme est resté tout déconfit. Mon âme déconfite
au pillage e^t donnée, régn. Elég. i. Messieurs les
Rouques sont déconfits pour le coup , hamilt.
Gramm. tl. || 3° En parlant des choses, détruit, mis
hors d'usage. C'était à un voyage de la cour : la voi-
ture de Rose avait été je ne sais comment décon-
fite; il avait pris un cheval, st-sim. 85, m. || Rare
en cet emploi.
— REM. La remarque faite à déconfire s'applique
aussi au participe.
DÉCONFITURE (dé-kon-fi-tu-r'), s. /". || 1° Défaite
entière, complète. Une grande, une sanglante dé-
confiture. X propos de guerre, que pense votre
majesté de notre déconfiture aux Antilles [défaite
de l'amiral de Grasse]? d'alemb. Lelt. au roi de
Prusse, 21 juin (782. |{ Faire déconfiture de,
détruire , exterminer. Les chasseurs firent une
grande déconfiture de gibier. Un chat.... Fai.sait de
rats telle déconfiture Que l'on n'en voyait presque
plus, LA FONT. l'abl. II, 2. Il Fig. et familièrement,
grande consommation. Il y avait à ce repas force
pâtés excellents efforce viande; on en fit une grande
déconfiture. || 2° Ruine, insolvabilité d'un débi-
teur. Sa déconfiture est complète. || Terme de droit.
Etat du débiteur non commerçant dans l'impossi-
DEC
991
bilité de payer ses dettes. Tomber en déconfiture.
Il Par extension, ruine d'une affaire. Le librairs
Panckoucke, qui voit toujours ses cent mille écuj
en l'air par la déconfiture de l'Encyclopédie, se
propose d'aller incessamment vous rendre ses hom-
mages, d'alemb. Lelt. Voltaire, <2 avril 4 770,
Il 3» Délabrement, mauvaise condition. Quand il
aperçut Palinure En très-grande déconfi';ure, sCARr,.
Virg. traxj. vi.
— HIST. XII* s. De vostre gent est grans la descon-
fie, Ronc. p. 28. Toute la gens del pais s'aseûre Por
la grant guère dont il sont en ardure; Kt li rO''
tient à grant desconfiture Qu'en la cité li ont fait tel
laidure, Raoul de C. 215. || xiii's. l'.nsi s'en alerent
après la desconfiture, le jeudi de Pasques au soir,
viLLEH. cxlv. Ne doit mourir qui de tout pris so
rent [qui, pris, se rend sans réserve]; Non voir,
par droit; mais tele est m'aventure. Pour loiauté
[je] sui à desconfiture, eust. le peintre, dans Coud.
Pour conforter ma cruel aventure Qui m'est tournée
à grant desconfiture, ib. p. 125. Geste desconfiture
fut faite en l'an de l'incarnation MCC et XIII,. C/ir.
de Rains, (53. || xiv's. Si encontrerent 4cas d'aven-
ture larrons qui les mistrent. \ desconfiture bien tost,
OBESME, Elh. 89. Tant en mirent h mort, couvert
en sont li champ; Ains tel desconfiture ne vit nuls
apparaiit, Guescl. (C3i3. || xv s. Il y avoit aucuns
Anglois et Gascons qui là s'esfoient retraits de la
desconfitjre de Ymet, qui tenoient la ville assez
vaillamment, froiss. ii.ii, 8. ||xvi*s. Desconfiture
est quand le detteur fatt rupture et faiUiie, ou qu'il
y a apparence notoire que ses biens, tant meubles
qu'immeubles, ne suffiront au paiement de ses dettes,
loysel, 687. Phitippus s'en alla sur la place où
gisoit la desconfiture [les morts de la bataille de
Chéronée], et là se prit à chanter, par mocquerie,
AMVOT, Démosth. 28. Ny ces quatre victoires sœurs,
les plus belles que le soleil aye oncques veii de ses
yeulx, de Salamine, de Platée, de Mycale et de
Sicile, n'osèrent oncques opposer toute leur gloire
ensemble à la gloire de la desconfiture du roy Leo-
nidas et des siens au pays des Thtrmopyles, mont.
i, 243.
— Et'VM. Déconfire; provenç. descofttura ; anc.
ital. sconfiltura.
DfiCONFORT (dé-kon-for; le ( ne se lie pas; au
pluriel, Vs ne se lie pas: des dé-kon-for affligeants,
quelques-uns la lient: des dé-kon-for-z afiligeanis),
s. m. Perle de confort, de courage, de secours.
— HIST. xir s. Et mi desconfori greignor. Coud, 1.
Il xm" s. Li desconforsm'a si désespéré. Que je ne
sai que puisse devenir, le comte d'an'jou. Ro-
mancero, p. (24. Moult fu grans desconfors aus pè-
lerins qui dévoient aler au servise Nostre Seigneur,
de la mort au conte Thieba-jt de Champaigne, vil-
leii. XXV. Il XV* s. Quant je le sceu, je dis par des-i
confort, Jehémavie, etdesirema mort, cii. d'orl. (.
Les princes se plaignent aucunelïois comme par
desconfort, quant ilz ont fait bien ou plaisir à quel-
cun, disant que '■"la leur procède de malheur, et
que, le temps advenu, . seroientsi legiers à par
donner ou faire quelque i.-J.V'''. comm. ", ''■
Il xvi° s. Supplians à Dieu les vouloir reguarù'|-' "^
son oeil de clémence en tel desconfort, rab. i-i?"'-
II, 2.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, ei "onfort.
DECONFORTfi, ÉE (dé-kon-for-té , tée), î/"""^-
passé. Qui est en déconfort. Elle n'est nullemei'' ^^'
confortée, sÉv. 316. La veuve dit, toute déc""'^'"'"
tée.... LA FONT. Ilerm. Je viens à vous bic'" décon-
fortée, VISE, Devineresse, v, 2.
DÉCONFORTER (dé-kon-for-té), v. a. a^" (Jter le
confort, le courage, abattre, affliger. || 2' Jia-wiiju
conforter, v. réfl. Se désoler, perdre courage. Les
autres [Égyptiens] assis autour de lui [Psamménite]
pleuraient, se déconfortaient, P. L. couR.il, l4o.
— HIST. XII* s. En long délai [ils] m'ont si des-
conforté, Coiicf, XIV. ||xiii*s. Tropestdestroisqui est
deconforté De celle en qui il a tout son cuer mis, le
COMTE d'anjou , Romancero , p. 1 23. Et cil de la vile en
furent moult durementdesconforté.viLLEii.LXXii. Lors
pristrent conseil entreiis et distrent qu'il avoient
moult grant peor de cens de Constantinoble, qu'il
ne se desconfortassent trop, ID. CXLVI. S'est moult
fox qui s'en descoiiforte, la Rose, 5932. Il est mes-
tiersque lorfemesqui demeurent esbahieset descon-
fortées, soient gardées que force ne leur soit fête,
BEAUM. XIII, (. Il XV' s. Si est aumône et gloire à
Dieu et au monde de adresser et réconforter les de-
confortés et déconseillés.... froiss. i, i, i7. Bien
dolente et desconfortée, comm. v, (7. |{ xvi' s. Il ne
faut plus que je me descoiiforle. Si j'ai du mal, ma-
BOT, II, 389. Nous n'y voyons [au dedans de nous-
/
992
DEC
DliC
DEC
mêmesj que misero et vanité; pour nenousdescon-
forlei-, niiliiro a rejoclé bien à propos l'action de
nostre voue au dehors, mont, iv, h 5.
— ÉTYM. Déconfort; provcnç. detconfortar, dcs-
eofortar; ilal. disconforlare.
t UÉCOXNAlsSàNCE (dé-ko-nô-san-s'), t. f. Ac-
tion de <léconnaître
— lllST. xiu* s. Et la desconnoissance [lo désa-
veu que Berle a fait de son nom] n'i a pas oUiée,
Verte, cxv. |{ xv" s. En racomi)lant le fait qu'ils
coiiKiioissciit, ilz deoneurent en dcscongnois^iauce
do la cause, A. chartikb, dans raynouaro.
— Êl'YM. Déconnaiire; provcnç. dcscotioissertsa ;
anc. calai, descnnexença ; ital. disconoscenza.
+ DÊCONNAITKK (ilé-co-nô-tr') , V. a. No pas con-
naître, ne pas reconnaître.
— lllST. l'oise lui [elle est fâchée] que du nom
ne s'est desconeUe, Berle, lu. || xvr s. Uessemblaiit
plus à un mort qu'à un vif, en sorte qu'on le deco-
gnoist, PAKE, Introd. <8.
— ÉÏY.VI. Dé.... préfixe, et connattre; provenç.
desconoscer, desconoisser ; catal. dcsconexer; es-
pagn. desconocer; portug. desconhecer ; ital. disco-
noscere.
t OÉCONND, UE (dé-ko-nu, nue), part, passé
de déconnijîlre. Qui n'est pas connu. Jamais votre Es-
pagnol n'avait une personne de meilleure mine que
celte Urgaiale la déconnue, scabh. Uoin. com. ».
— HIST. xin* s. Si m'avésvous rameiiteUe Une au-
tre amor descongneûe, la Rose, loso. || xV s. Si fut
aucune renommée que le duc Louis d'Orléans avoit
esté à cesle journée en habit desconnu, monsthel.
I, 23. Et si serai en habit si desconnu que votre
vieille ne ame du monde n'aura de moi connois-
sance, LOUIS xi, A'oud. 37. || xvi* s. Quant k son
Uigande la descoiiue, il dit qu'elle s'est instruite
par les admirables préceptes du grand Apollidon
qu'il feint avoir esté comme un autre Zoroastes,
LANOIIK, <37.
t DÉCONSACUER (dé-kon-sa-kré), t'. a. ôter l'é-
tat de consécralion d'une chose, d'une personne.
— f.TVM. Dé.... préfixe, et consacrer.
DÉCONSElLLfi, ÉE (dé-kon-sè-llé, liée. Il mouil-
lées), part, passé. Qui a été dissuadé. Déconseillé
d'agir ainsi. || Contre quoi' on donne conseil. Une
entreprise déconseillée par la prudence.
I DÉCONSEILLER (dé-kon-.sè-llé. Il mouillées, et
non dé-kon-sè-yé), ». a. Détourner par conseil.
'Vous ferez ce que vous voudrez, je ne vous con-
seille ni ne vous déconseille. || Conseiller de iie pas
faire quelque chose. Je ne lui conseille ni ne lui
desconseille cette entreprise.
— llIST. xu' s. Ne m'i laissez ainsi desconseillé,
Couci, VII. De poi vus crut en liait [il vous éleva de
Las très-haut] et mull vus honura. Tut encontre sa
mère quili desconseilla, TH. le mart. 83. Jo e Salo-
mun tes fizserums chailifs e descunseillez,/Joi's, 223.
">>._ (Ixiifs. Kostresires [Dieu], qui les desconseillés con-
^, seiUe, ne le voult mie ensi souffrir, villeh. xxxvii.
\Por ce que desconseillie ' , .,..ioi{ Raison faire sa
■ iere, (o Uose """"; ,",'a es rosier qui porte rose
l'nni'lia i'. .cuneifle; Tu as en ton saint chief lo-
^'■\%Qui les desconseilliez conseille Et met i voie,
■"ei^i. II, 5. Il XIV' s. Mais li pluseur lui vont .;e lait
■"-"•ionseillant, Guescl. 68U4. || xv» s. Si est aumône
''ssiloire à Dieu et au monde de adresser et re-
6' (-brter les descoufortés et desconseillés, froiss.
<:on(\)7. Ilxvi" s. Milhridatesluy desconseilloit fort
'' ''\i(;Jer la lialaille, amïot, tucui/. ■18. Qui des-
•^e liazTviaux dames la pudeur, il les trahit, mont.
conseille Viine de Levé, voyant l'empereur [Cliarlos-
1", 6. Anicjolu de ce voyage [l'exiiédition en Pro-
Ouint'_^- opinoit toutes fois le contraire et le descon-
seilloit, ID. I, 321.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et conieiHcr; provenç.
descosselliar ; ano. espagu. desconsejar ; ital. sconsi-
gliare.
■t DÉCONSIUÉRATIOX (dé-kon-si-dé-ra-sion), s. f.
Néologisme. Perle de l'estime el de la considération
publi(iiie. Déonsidéiation générale, publiquo.
— ETYM. Déconsidérer.
«ÉCONSIDÉHÊ, ÉE (dé-kon-si-dé-ré, rée), adj.
Qui a perdu considération et estime. Un homme dé-
considéré Un corps déconsidéré.
t DÉCONSIDEher (dé-kon-si-dé-ié. La syllabe
dé prend un accent grave quand la syllabe qui suit
est muette : je déconsidère, excepté au futur et au
conditionnel : je déconsidérerai), v. a. ôler la consi-
dération, l'eslime. Celte action l'a déconsidéré. || Ab-
«olumer.t. Puis il s'écrie qu'en politique il ne faut
jamais reculer, ne jamais revenir sur ses pas; se
bien garder de convenir d'une erreur; que cela dé-
considère; que, lorsqv/on s'est trompé, il faut persé-
vérer ; que cola donne raison, si!ol'r, Jlist. d'' fiapol.
viii, 40. Il Se déconsidérer, perdre la considération.
— ETYM. Dé... préfixe, ei coiuidérer,
+ DÉCO.\SOLÊ, ÉK (dé-kon-so-lé, lée), adj. Qui
est sans consolation.
— HIST. XVI' s. Ixis! la pauvrette Toute seulelte,
Sans parler longtemps sera Echevelée, déconsolée,
L'rtrnnge cas pensera, mabg. Uouv. xix. Une con-
solation commune me desconsole et m'attendrit,
MONT, m, 301.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et consoler.
I Df.CONSrnUCTIO:? (dé-kon-siru-ksion),«. A Ac-
tion de décoiistruire. || Terme de grammaire. Dé-
rangement de la construction des mots dans une
plirase. De la déconstruction, vulgairement dite
construction, lemabe, De la rnan. d'appr. les lan-
gues, ch. (7, dans Cours de langue lat.
— ÈTVM. Déconstruire.
t DECONSTRUIRE (dé-kon-strui-r") , v. a. || 1' Dés-
assembler les parties d'un tout. Déconstriiire une
machine pour la transporter ailleurs. || 2° Terme de
grammaire. Faire la déconstruction. Déconstruire
des vers, les rendre, par la suppression de la me-
sure, semblables à la prose. || Absolument. Dans la
méthode des phrases prénotionnelles, on commence
aussi par la traduction, et l'un de ses avant;iges,
c'est de n'avoir jamais besoin de déconstruire, le-
MARE, De la man. d'appr. les langues, ch. 17,
(I 3° Se déconstruire, v. réfl. Perdre sa construction.
L'érudition moderne nous atteste que, dans une
contrée de l'immobile Orient, une langue parvenue
à sa perfection s'est déconstruite et altérée d'elle-
même, par la seule loi de changement, naturelle
à l'esprit humain, villemain, Fré[. du, Dicl. de
l'Acad.
— IiF.M. Déconstruire, qui n'est pas dans la der-
nière édition du Dictionnaire de l'Académie, était
dans la 5': et, comme on voit, M. Villemain, dans
la préface de la 6', s'est servi, avec toute raison,
d'un mot qui n'est pas dans cette édition.
— Rtym. Dé.... préfixe, et construire.
t Df:CO!VSTRUIT,lTE{dé-kon-strui, strui-f), porj.
passé de dtconstruire. Dont la forme, la construc-
tion est changée. Une machine déoonstruite. || Terme
de grammaire. Vers déconstruils.
t DÉCONTENANCE (dé-kon-te-nan-s'), s. f. Dé-
faut ou perle de contenance.
— HIST. xiv s. Et que [je] vous ramenteQ.s3e les
descontenances ou simplesses de la journée passée
et vous chastiasse [fisse la leçon] , Uénagier, Pro-
logue.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, <i\. contenance.
DÉCONTEN.\NCÉ, ÉE ( dékon-le-nan-sé, sée) ,
part, passé. Qui a perdu contenance. Je suis toute
décontenancée d'être à Paris dans cette saison, sèv.
403. Comme je n'ai point reçu de vos lettres cet or-
dinaire , je n'ai point laissé d'être toute triste et toute
décontenancée; car le moyen de se passer de cette
chère consolation? id. Lett. M févr. tcsô. Le roi La-
tin, pensif et morne. Comme à qui survient une
corne. Demeura décontenancé, scarron, Virg. trav. '
VII.- Si l'on me regarde, je suis décontenancé, j. i. >
ROUSS. fonf. I. ;
t DÉCONTENANCEMENT ( dé-kon-te-nan-se- !
man), s. m. Action de décontenancer. || Eiat d'une !
personne décontenancée. Son décontenancement me
fait suer, et lui aussi, j'en suis assurée, SËV. 65.
— ÉTYM. Décontenancer.
DÉCONTENANCER { dé-kon-te-nan - se. Le c
prend une cédille devant o et o ; je décontenan-
çais, nous décontenançons), v. a. || 1° Faire perdre
contenance à quelqu'un. S'il n'eût eu de l'esprit, il
se fût mis en colère, et l'ignorance eût déconte-
nancé !a pliilosophie, balz. Défense de la poésie.
Cette créature décontenance la D'**, sÉv. 2io. j| Par
extension. Il devait lui dire [à l'empereur] que, dès
Malo-Iaroslavetz, le premier mouvement de retraite,
pour des soldats qui n'avaient jamais reculé, avait
décontenancé l'armée, ségi'r, llist. de Sapol. ix,
(2. Il 2° Se décontenancer, t'. réfl. Perdre contenance.
F'armi ces valets il y en avait quelques-uns qui ré-
citaient déjà sans se décontenancer, scarron, /(«m.
coni. ch. 8. Elle se décontenança si fort qu'elle ne
put soutenir cette attaque, si'v. 44.
— HIST. XVI' s. Ce qui les rend ainsi desbauchées ]
et descontenancées, tant pour ce que leur sang est i
corrompu par suppression, que pour ce qu'elles se '
nourrissent mal, hahé, xviii, 74.
— ÉTY.M. Dec nlenance.
DÉCONVENUE (dé-kon-ve-nue), t. f. Mauvais
succès qui fa t (]ue notre attente ne s'accomplit pas.
....Sans me plaindre en ma déconvenue, regnier.
Sut. II. 11 fflouiait d'envie de me conter sa déconve-
nue, SÉV. 37. Voyez, s'il vous plaît, quelle estma
déconvenue fcar ce terme est très-lion), volt. Pj-éf.
deCalh. Kad^. Oubliez-vous votre déconvenue? Dans
notre lutte au pied du mont Ida Je vous vainquis,
et pourtant j'étais nue, millev. la Défaite.
— HIST. XII' S. Kar grevus lui semblad à mus-
trer âl.t pulcelenuledescuvenue./tr/is, i02. ||xiii's,
Diex! font-il, corne a [il y] ci laide disconvenue,
Berle, eu. Sa garison [provisions] a despendue. Ce
fu mortel desconvenue, Uen. 752. Puis dist en bas
tôt coiement : X droit ai-je desconvenue; Trop vos ai
loiauté tenue, Ben. 3823. Sire, or poez vos savoir
que madame est sage et leiaus, quant do si grant
desconvenue ne vous osa mentir, Merlin t" 07,
recto. Il XVI' s. Quand Son Allesie en sceut la dès-
convenue, elle en cuyda mourir de raige et de dcs-
pit, CAiiL. V, )6. .Sans attendre qu'il lepriast ne qu'il
luy parlasl de sa desconvenue, il le recueillit en sa
navire, amïot, l'omp. (04.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et corivenir : ce qui no
convient pas, mauvaise aventure.
DÉCOR (dé-kor), ï. m. [{ 1' Ce qui décore, en par-
lant du papier, de la peinture, des glaces des ap-
partemenis. Un joli décor. Peintre en décor. || i° Dé-
coration d'une pièce de IhéiUre. Le décor n'est pas
encore prêt. i| Au plur. L'ensemble des décoralions
d'un théâtre. Les décors de cet opéra sont splen-
dides.
— HIST. xvt' s. Francs et loyaux autour d'elle vac-
quons. C'est son décore [il s'agit de Kenée de
France].... MAROT, it, 318.
— ÉTYM. Voy. décorer.
tDÉCOKABLE (dé-ko-ra-bl'}, adj. Qui peut être
décoré.
— ÉTYM. Décorer.
DÉCORATEUR (dé-ko-ra-teur), s. m. Celui dont
la profession est d'orner l'intérieur dos apparte-
ments, ou celui qui fait des décorations pour les
théâtres, pour les fêtes. Un habile décorateur. Grand
machiniste, grand architecte, bon peintre, sublime
décorateur, il n'y a aucun de ces talents qui ne lui
ait valu [à Servandoni] des sommes immenses, Di-
herot. Salon de (705, ûKuirci, t. xiii, p. (28, dans
rouGENS. Il Adj. Peintre décorateur. || S. f. Décora-
trice, celle qui décore. La folie est la décoratrice,
l'enchanteresse et la reine du monde, de ségur,
dans LEGOARANT.
— ÉTYM. Lat. decorator, de decorare, décorer.
+ DÉC0KAT1E, IVE (dé-ko-ra-tif, û-\').ailj. Qui
sert à décorer; qui décore bien. Les fontaines déco-
ratives d'une place publique. La fri.se de Phigaiic
me paraît avoir, à un haut degré, lo eaiactèie dé-
coratif, BONCUAUD, Phidias, p. 3ii4. || Les arts dé-
coratifs; sous ce nom on comprend la sculpture
d'ornementation, les tapisseries, rébéuisterie de
luxe, etc.
— ÊTYM. Décorer; provenç. decoratiu.
DÉC0R.\T10N (dé-ko-ra-sion; en poésie, de cinq
syllabes), s.f. || 1" Action de décorer; résullatde cette
action. Les rois doivent, pour le repos, autant que
pour la décoration de l'univers, soutenir une ma-
jesté qui n'est qu'un rayon de celle de Dieu, Ross.
Marie- Thérèse. Et maintenant, devenue, malgré ses
souhaits, la principale décoration d'une cour dont
unsi^irand roi fait le soutien, elle est la consola-
tion de tout" la Fiance, ID. ib. L'ordre, la décora-
tion, les efléts de la nature sont populaires: les
causes, les principes ne le sont point, labruy.xvi.
La philosophie n'était point en lui une teinture légère
ni une >lé"oration superficielle; c'était un sentiment
profond et une seconde nature dillicile à distinguer
d'avec la première, fonten. Carré. || l'ig. L'affreuse
décoration d'incrédulité dont ils se parent, uass.
Care'pnc, Doutes. \<, 1° Ornemenis d'architecture, de
peinture, de sculpture, ou autres ornemenis qu'on
emploie dans les appartements et les jardins. Déco-
ration extérieure, intérieure. La décoration d'un
salon, d'un édifice. La tragédie qu'Aristote estime
plus que le poëme épique, en ce qu'elle a de plus la
décoration extérieure et la musiiiue qui délectent
puissamment, cokn. i" dise, du poëme drainât, p. 4.
Je fus hier à un service de M. le chancelier [Séguier]
à l'Oraloire; ce sont les peintres, les sculpieurs,
les musiciens et les orateurs qui en ont fait la dé-
pense, en un mot les quatre arts libéraux; c'était la
plus belle décoration qu'on puisse imaginer.... Ma- 1
dame de Verneuil voulait acheter toute celle dé-
coration uif prix excessif, sBv. (37. On changeait
[chez le roi Crésus] la décoration des jardins comme
on change une décoration de scène, kén. t. xix, p.
32. Il Fig. Les ténèbres et la lumière, les saisons,
la marche des astres.... varient les décorations du
monde, chatealii. Génie, i, v, a. 1| 3' lerme de
DEC
DEC
DEC
993
théaire. La représentation des lieux où l'aclion est
supposée se passer. Il y a un changement ilo déco-
ralion à chaque acte de cette pièce. I| Au plur. Les
toiles peintes qui forment l'ensemble d'une dùcora-
lion. Le feu prit aux décorations. || 4° Marque
d'honneur, insigne de dignité. Les décorations n'a-
joutent pas au mérite des hommes. La décoration
de la Légion d'honneur. 11 fut magnifique dans ses
récompenses; les 12% 2(", 27* de ligne, et le 7° lé-
Kor reçurent quatre-vingt-sept décorations et des
grades' sKour, Hist. de Napol. vi, 8. || Absolument.
La croix d'honneur. 11 obtint la décoration.
— lllST. XVI" s. Le roy aymant la décoration De
son Paris, entr'autres biens ordonne Qu'on y bas-
tisse avec proportion, marot, m, 62.
— liTYM. Décorer.
DÉCOUDÉ, ÉE (dé-tor-dé, dée), part, passe. Un
cilile décordé.
DÉCOUDER (dé-kor-dé) , ». o. Séparer les petites
cordes dont une corde est composée.
— HIST. XVI' s. Mais si l'un des cordons de ta
corde decorde. Le cordon decordant fait decorder
la corde, anciens vers cités dans hurtaut, Jfanuaie
rhetorices, comme exemple de notation du nom.
— ÉïYM. Dé.... préfixe, etcoi'iie.
I DÉCOllDONNAGE (dé-kor-do-na-j'), s. m. Terme
d'artillerie. Opération qui consiste à enlever la ma-
tière attachée aux pilons d'un moulin à poudre.
' — ÈTYM. Décordonner.
t DÉCORDONNER (dé-kor-do-né), V. a. Terme
d'artillerie. Exécuter le décordonnage.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, èXcordon.
DÉCORÉ, ÊE (dé-ko-ré, rée), part. passé.\\ 1° Orné,
paré. Cet appartement est richement décoré. C'est
dans ces lieux sacrés. Décorés avec faste, au fond
peu révérés, volt. Calil. m, <. Décorés de la pour-
pre et du sceptre du maître, ID. Irène, il, i.\\ 2° Dis-
simulé par. La timidité décorée du nom de prudence.
Il 3° Qui a reçu la décoration d'un ordre de cheva-
lerie. Cet homme décoré de plusieurs ordres. || Abso-
lument. Un homme décoré est celui qui a la Légion
d'honneur. Il S. ni. Un décoré, les décorés, celui,
ceux qui portent une décoration.
t DÉCOREMENT (dé-ko-re-man), s. m. Action
de décorer; état de ce qui est décoré.
— HIST. xvi° s. Que pour le decorement de son
lieu il dresse les avenues de la maison de tant loin
qu'il pourra, par longues et larges allées, o. de ser-
res, ^6.
— ÉTYM. Décorer.
DECORER (dé-ko-ré), V. a. \\ 1° Orner, parer.
Décorer un édifice, un théâtre. |i Fig. Cette multi-
tude d'étoiles qui décorent le firmament. Les génies
qui ont décoré le siècle de Louis XIV. Le cygne dé-
core, embellit tous les lieux qu'il fréquente, buff.
Cygne. Les dons les plus heureux décorent ce guer-
rier, LEMEBC. Bruneh. Il, 2. La grâce décorait son
front et ses discours, a. chénier, la Jeune captive.
Si je ne voyais pas ton céleste regard, je perdrais
ici jusqu'au souvenir des œuvres de la divinité qui
décorent le monde, staël, Corintie, xui, t. De tant
de monuments des arts et de l'industrie qui déco-
raient ces cités et qui passaient pour les merveilles
du monde, il ne reste plus qu'une tradition confuse
et quelques débris épars dont l'origine est le plus
souvent incertaine, mais dont la grandeur atteste la
puissance des peuples qui ont élevé ces monuments,
LAPLAKE, Expos. V, I . Il 2° Cacher sous des dehors trom-
peurs. Ils ont décoré du nom de sagesse leur insensibi-
lité. Et les flatteurs tremblants, sur un tas de victi-
mes, Déjà du nom d'Auguste ont décoré tes crimes,
VOLT. Triumv^ni, l.|| 3°Donner l'honneur de. 11 ne se
trouva que le Languedoc à lui donner [à Villars], pour
le décorer au moins de finir cette petite guerre [des
Cévennes], st-sim. 130, <90.||4'' Donner une déco-
ration, l'insigne d'un ordre de chevalerie. Décorer
quelqu'un de l'ordre du St-Esprit. || Absolument.
Donner la Légion d'honneur. Il fut décoré sur le
champ de bataille. ||5° Se décorer, v. réfl. Devenir
orné. Quelle est cette vierge sacrée Qui sort sur un
char lumineux? Des éclairs de son front l'univers
se décore. Et la nuit se revêt des couleurs de l'au-
rore, GiLB. Ode à la reine. Nommé membre de ce
comité [pour le perfectionnement de la mouture]
qui voulait se décorer d'un nom si célèbre, CON-
dorcet, Duhamel. De nouveaux noms la France se
décore; X l'aigle éteint nous redevons des pleurs,
^- BÉRANG. Malade. \\ Prendre pour soi un honneur. Il
^b se décora d'un titre qu'il n'avait pas mérité.
^K — HIST. XIV s. Parce que sa félicité est de tielx
^|ft biens de fortane décorée, parée et aoruée, obesme,
^^■£(/i. 34. Je regarde, o dame honorée, Que Dieu
^^B'TOUS a tant aecorée Qu'il a mis pour tous les hu-
I
mains Ce qu il leur fault entre les mains, l'AlcUim.
à nat. 68. il XVI* s. Encores moins veux je que l'on
me donne Le mol rameau en Cypre décoré [honoré],
DUBELL. II, 8, recto. Le ciel en rid, et le soleil en-
core De nouveaux rays ses blons cheveux décore,
ID. III, 3, 'cerso. Villon, Crétin ont Paris décoré
[illustré], MAROT, III, tco. Fais donc, seigneur, que
son nom décoré [illustré] En soit chanté par tous
les coings du monde, amyot, Flamin. 25. Antonius
Musa fut décoré et honoré d'une statue d'or par Au-
guste, PARÉ, Préf. Et quant aux jeunes hommes qui
y estoient entrez pour leur plaisir, et honneur ac-
quérir, les décora selon leur qualité, M. du bell.
652. Cestuy-là [le soleil] de ses yeux Enlustre, en-
flamme, enlumine les cieux. Et cestuy-ci nostre
Franco décore, bons. 3.
— ÉTYM. Lat. decorare, de decus, ornement,
même radical que decere (voy. décent); provenç.
et espagn. decorar ; ital. decorare.
t DÉCORNER (dé-kor-né), v. a. \] 1° Faire tomber
les cornes. Une vache décornée. Â ces mots, Chou-
dieu posa négligemment sur ses genoux deux larges
mains hâlées par le travail champêtre, dont les
doigts noueux semblaient de force à décorner un
bœuf, CH. de BERNARD, le Gendre, § viii. || Il vente
à décorner les bœufs, locution des marins pour dire
que le vent est très-violent. || 2° Défaire les cornes
faites aux pages d'un livre. || Abattre la marque ou la
corne faite à une carte à jouer. Chaque joueur cor-
nait ses cartes et les faisait décornor avec une at-
tention sévère, volt. Cand. 22.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et corne.
t DÉCORPORATION ( dé-kor-po-ra-sion ) , s. f.
Terme militaire. Action de dissoudre un corps mi-
litaire.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et le verbe hypothétique
corporer, formé du latin corpus, corporis, corps.
t DÉCORTICANT, ANTE (dé-kor-ti-kan, kan-t'),
adj. Terme d'histoire naturelle. Qui détache l'écorce
des arbres.
— ÉTYM. Décortiquer.
DÉCORTICATION (dé-kor-ti-ka-sion), s. f. \\ 1° Sé-
paration naturelle ou artificielle de l'écorce de la tige
ou des racines des arbres. || 2° Terme de pharmacie
et d'industrie. Opération qui consiste à enlever l'é-
corce, première enveloppe d'une branche, d'une
racine, d'un fruit, d'une semence ou de toute autre
substance végétale- La décortic«tion des légumes.
— ÉTYM. Décortiquer.
t DÉCORTIQUÉ, ÉE (dé-kor-ti-ké, kée), part,
passé. Dont on a ôté l'écorce. Légumes décortiqués.
t DÉCORTIQUER (dé-kor-ti-ké), v. a. Ôter l'é-
corce des végétaux, des graines, etc. || Se décorti-
quer, V. réfl. Perdre son écorce.
— ÉTYM. Lat. decorticare, de de, et cortex, cor-
ticis, écorce (voy. cortical).
DÉCORUM (dé-ko-rom'), s. m. Ce qui convient
et décore. Observer le décorum. Il faut garder le
décorum pour la province, sÉv. <84. Non, mais
il faut sans cesse Garder le décorum de la divinité,
mol. Amph. Prol. Vous éprouvez l'attendrissement
comme nous; mais vous gardez votre décorum,
VOLT. Roi de Pr. 216. Exhortez-le à garder le déco-
rum philosophique, 3. 1. Eouss. Hél. 1, 46. J'ai,
sans m'intimider, en traitant cette affaire, Gardé le
décorum et parlé hautement, dufréxy. Mariage
fait et rompu, ii, 9. || U n'a pas de pluriel.
— HIST. xvi" s. Pour contenter ceste docte assem-
blée et garder le décorum et la dignité du rang que
je tiens eu l'église, Sat. Mén. Harangue de Pelvé.
— 'ÉTYM. Lat. décorum, neutre de decorus, ce
qui orne, ce qui sied (voy. décorer).
t DÉCOTTAGE (dé-ko-ta-j'), s. m. Terme do mé-
tallurgie. Mouvement de va-et-vient donné au moule
pour détacher le modèle.
f DÉCOUCIIÉ, ÉE (dé-kou-ché, chée), part, passé.
Obligé de céder son lit. Le jeune homme découché
à cause des personnes qui survinrent.
DÉCOUCHER (dé-kou-ché), v. n. || 1" Coucher
hors de son lit. il ne découche pas d'avec Rhéa,
d'ablanc. Lucien, t. i, dans richelet. {{ Coucher
hors de chez soi. Découcher de la maison. Lui-même
se marie le matin, l'oublie le soir, et découche la
nuit de ses noces, la bruy. xi. Il va, il vient, il
sort, il rentre, il découche sans qu'on lui demande
ce qu'il a fait, ce qu'il est devenu, raynal, Hist.
phil. VI, 23. Il 2° V. a. Obliger quelqu'un à céder le
lit où il couche. Dans un hôtel on ne découche per-
sonne. Il 3' Se découcher, v. réfl. Se lever. Car en
chasseur fameux j'étais enharnaché. Et, dès le
point du jour, je m'étais découché, siol. la Princ.
1,2, N'est plus usité en ce sens. || Se dit encore dans
les provinces, comme découcher, verbe neutre.
DICT. DE LA langue FKANÇAISE.
pour coucher hors de son lit, hors de chez soi, mais
il n'est plus du bon usage.
— HIST. xn's. Les ténèbres de ceste nuit ki, par
vraie repentance, descolchent etdespitent la lumière
de la prosperiteit del siècle, Joh, 462. || xv s. X
cette heure, que l'estourmi monta et le haro, il es-
toit en son hostel et se commençoit à découcher
[lever], khoiss. ii, m, 08. Il est loujours des pre-
miers descoucliés [levés] et premier prest et de-
vant au chemin, louis xi, Nouv. xvi. |{ xvi' s
Puis quand l'aube se descouche De sa jaunissante
couche Pour nous esclerer le jour.... dubkll. m,
79, verso. Les médecins lui conseilleront de descou-
cher d'avec sa femme [de faire lit à part], marg.
iVoiiv. Liv. Sa majesté s'estoit descouchée de sa
chambre [avait couché ailleurs] pour parler à luy à
part, CARL. IV, 4.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et coucher.
DÉCOUDRE (dé-kou-dr'), je découds, tu découds,
il découd, nous décousons, vous décousez, ils dé-
cousent; je décousais; je décousis; je découdrai; je
découdrais; découds, qu'il découse, décousons,
décousez, qu'ils décousent; que je découse, que
nous décousions; que je décousisse; décousant;
décousu, V. a. \\ 1° Défaire une couture, ce qui est
cousu. Découdre une doublure, un habit. || Absolu-
ment. Ayant passé la plus grande partie de la nuit
à coudre et à découdre, il se coucha dans le lit où
dormaient Ragûtin et la Rancune, scarr. liom. com.
2* part. ch. 9. Il Terme de marine. Déclouer quelque
partie du bordage qu'on lève pour en visiter les dé-
fauts. Découdre un bordage. || 2° Terme de chassa.
Déchirer, lorsqu'il est question des plaies qu'un
sanglier fait au ventre d'un chien ou d'un homme
avec ses défenses. Le sanglier, rappelant les restes
de sa vie. Vient à lui [archer], le découd, meurt
vengé sur son corps, la font. Fahl. vjii, 27. || 3°K. n.
Familièrement, en découdre, se battre, lutter, con-
tester, disputer. Voyez, l'ennemi s'avance, nous
aurons à en découdre. 11 veut plaider, il faut en dé-
coudre. Encore qu'il eût fait mine d'en vouloir dé-
coudre, SÉV. 277. Il lui a fallu [à M. de Vendôme]
se rendre au sentiment de ceux qui opinaient à
passer l'Escaut pour éviter de combattre; et c'est
alors qu'ils y ont été obligés, comme Son Allesse le
leur avait prédit, leur disant que, toutes les fois
qu'ils marqueront à M. le prince Eugène d'éviter
d'en découdre, il les y obligera malgré eux, st-sim.
204, 224. Il 4° Se découdre, v. réfl. Se détacher par
les coutures. Cette doublure se découd. || Fig. Leur
amitié se découdra bientôt, ils se brouilleront. Les
affaires se décousent, commencent à se découdre,
elles vont mal.
— HIST. xi" s. Le blanc haubert [il] lui ad descust
au corps, Ch. de Roi. cxliii. Ne valt la coifl"e un
viez gant descosu. Que la cervele n'en ait jus c-s-
pandu. Bat. d'Aleschans, v. (27i. || xiv s. Les
aguilles [ayant été avalées par les loups] descoude-
ront et percheront [perceront] lesboyaulx, et seront
treuvez les leus [loups] tous mors, tout parmy le
bois, Modus, Plxx. Ilxvs. Si ne dois, tant pour
j ton bien propre que pouraultrui paix, tant te des-
' coudre, quand indignacion des princes fait moult à
craindre, G. chastel, Expos, sur rerité mal prise.
Il XVI' s. Cestuy Gylippus descousut, par dessoubz, les
coustures des sacs où l'argent estoit, et en tira une
bonne somme, amyot, Lysand. 31. Un parler des-
reglé, descousu et hardy, mont, i, t9l. L'unique et
principale amitié descout toutes aultres obligations,
ID. I, 217. Platon n'est qu'un poète descousu, id.
II, 280. Le peuple estoit descousu [divisé, désuni] ,
ID. III, 84. Le premier serment de son sacre fut de
n'espouser aucun estranger, bien que, à cause des
debtes et divisions du roiaume, elle entreteint quel-
que traitté avec le roi d'Espagne, pour descoudre
sans deschirer, d'aub. Hist. i, <82, Ceux qui ve-
noient à pièces descousues, nouveaux soldats, fu-
rent aisément enfoncez par les gardes de Martigues,
ID. ib. 1 , 266. Quand ils sceurent que cet accord des-
coudroit la ligue des chrestiens, id. ib. ii, 20). Le
sentiment de cette trame descousit (sans déchirer)
l'amitié de ce prince vers lui, id. ib. ii, 233. S'aller
frotter avec des trouppes descousues à une armée
fraîche et gaillarde, id. ib. n, 292. Le fort, se voiant
décousu [isolé] de son secours, après quelque batne
se rendit, id. tb.iii, 32). J'espère quevous estes res-
tabli de la blessure que vous receutes à Coutras,
combattant si vaillamment k mon costé; et si ce est,
comme je l'espère, ne faites faulte (car. Dieu ay-
dant, dans peu nous aurons à découdre, et ainsy
grand besoin de vos services) de partir aussi tost,
Lett. (le UEXRV iv, Bulletin du Comité de la langue,
t. m', n» 8, p. 420. Le caste le plaignit, voyantque
I, — 125
904
DEC
toute» ses afTaires se tlescousoient ainsi, Mém. sur
du Guesclin, ch. m.
— ÊTYM. Di!.... préfixe, et coudre; picard, de-
tuudre; provenç. et espagn. descoser; portug. des-
toxer; itni. seucire.
tDfiCOOKNNAGB (dé-koua-na-j"), J. m. Action
de (iécouenner.
— r.TYM. Dfrnuenner.
+ DP,(;oi;k>'NKK (dô-koua-n6), v. a. ôter la
couenne d'un porc.
_ ETYM. W.... préfixe, et couenne.
\ DÉCOULANT, ANTE (dé-kou-lan, lan-t'), adj.
Oui n'e.<l cil usatre qu'au féminin, et dans celle
phrase de l'Ei:ritHro sainte : La terre de proinission
était une terre découlante de lait et de miel.
t DfiCOl'LÉ, ÉK (d(i kou-lé, lée), part, passé.
Oui a coulé de Les fçoultes des fleurs, sur leurs
seins (des)eunes fillcsjd('coulées,Y roulaient comme
amant de perles défilées, lamart. Joc. i, 34. || Qui
a découlé, qui provient de. Cela serait véritable, si
la liberté de l'Iiomme était une liberté première et
indépendante, et non une liberté découlée d'ailleurs,
Boss. Libre arb. a. On ne les aurait pas aisément
rédiiils [des textes] à des ombres et à des figures ni
à une simple vertu découlée de ce corps et de ce
sang fde Jésus-Christ], id. Tar. xii, § t2.
DIÎCOULKMENT (ilé-koule-man ), s. m. Action
dedécoulL'r; mouvement île ce qui découle lentement.
Le découlement de certains sucs végétaux par des
incisions faites à l'écorce.
— Hisr. XVI' 3. Strangiirie, qui est un découle-
ment d'urine, PARÉ, XI, 24.11 y aura douleur, cha-
leur et découlement de larmes, ID. xv, <3.
— RTYM. Découler.
UÉCOCLER (dé-kou-lé), 1). n. || l'Couler peu à
peu, goutte à goutte. Le sang découle de sa blessure.
La .sueur découle de son front. Le peuple y étant
entré vit paraître ce miel qui découlait, et personne
n'osa en prendre ni le porter à sa bouche, parce
qu'ils craignaient tous le sertaent du roi, sacy,
Bible, Ilots, l, U, 37. || Fig. Lespremiers bienfaits
i|ni nous sont découlés de la croix, mass. Car.
Temps. La raillerie, l'injure, l'insulte leur découlent
des lèvres, la bruy. v. || Découler se dit aussi des
choses qui lai.ssent découler Mon front à large
gouite Découlait de sueur.... lamart. Joc. ix, 338.
Celte locution peut se justifier par l'expression bi-
blique : terre découlante de miel. || 2° Dériver, pro-
céder. Une conséquence découle des principes. Par
la connaissance du bien ou du mal moral qui dé-
coule naturellement du bon ou du mauvais usage
que riiomme fait de ses facultés, l'âme parviendra
îî la notion de la régie des actions humaines, bon-
WET, Ess. psychol. ch. (S.
— REM. Découler se conjugue avec l'auxiliaire
avoir, pour marquer l'acte; avec l'auxiliaire élre,
pour marquer l'état : l'eau a découlé peu à peu hors
du bassin; l'eau est découlée, il n'y en a plus dans
le bassin.
— HlST. XVI* s. La folie de nostre entendement
ne se peut tenir qu'elle ne décline et descoule comme
nau à sottes dévotions et superstitieuses, calvin,
Instil. 03.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et couler.
t DÉCOUPAGE (dé-koii-pa-j'), s. m. Action de
découper. |{ Ternie de coutellerie. Découpage à l'em-
porte-pièce, opération par laquelle on débite méca-
niquement en lames de couteaux, de rasoirs, de
canifs, de ciseaux, etc. des tôles d'acier fondu
sl'épaisseur convenable. || Terme de verrier. Opéra-
tion qui consiste à découper, d'après un patron, les
globes soufflés provenant do la cristallerie.
— RTYM. Découper.
DPXOUPÉ, ÉE(dé-kou-pé, pée), part, passé.
,|l°Coupé par morceaux. Volaille découpée. || 2*Cou-
pé avec art, à petites taillades. Un fichu découpé.
Il 3° Coupé de manière à avoir une figure déterminée,
bu carton découpé. Un oiseau découpé dans du
papier. || 4° Enlevé d'un fond par des coupures. Une
estampe découpée avec un caniL || 6" Terme de pein-
ture. Qui tranche trop sur le fond; dont les contours
sont trop arrêtés. Les ligures de ce tableau semblent
découpées. IIS'Terme de blason. Se dit des pièces
qui sont découpées en feuilles d'acanthe. || 7° Terme
do botanique. Feuilles découpées, feuilles dont le
bor J semble avoir été rogné en divers sens. || g'Terme
d'horticulture. Parterre bien découpé, parterre bien
dessiné. || Substantivement. Un beau découpé.
DÉCOUPER (dé-kou-pé), v. a. || 1» Couper par
morceaux, diviser par membres. Découper un mor-
ceau de IxEuf, une perdrix. || Faire des entailles. Les
deux [larties contractantes, après s'être découpé les
bras avec un couteau, y faisaient couler leur sang
DIÎC
[dans une liqueur], y teignaient leurs armes, et
buvaient de cette liqueur, eux et tous les assistants,
ROLiiN, Uist. anc. Œuvres, t. m, p. 76. || a* Cou-
per avec art, à petites taillades, des étoffes, enle-
vant ou n'enlevant pas la pièce coupée. Découper
du taffetas. Découper une jupe, un fichu. || Décou-
per une broderie, couper, une fois la broderie faite,
le jaconas, le tulle ou la mousseline qui est de trop.
Il 3' Couper du carton, du papier de manière que ce
qui reste ait une forme déterminée. || On dit dans le
même sens découper une. figure, c'est-à-dire faire
dans le carton ou le papier des coupures telles que
la figure dont-il s'agit soit représentée. Les mains
derrière le dos il découpait en profil un portrait
aussi ressemblant et plus ressemblant qu'il ne l'au-
rait fait au crayon, marmont. Uém. liv. vu, t. ii,
p. 24) , dans pouGENS. Chez le petit marquis décou-
per des oiseaux, floissY, Deh. iromp.u, (O. 'l'andis
que d'une main savante Vaucanson construit son
canard artificiel, et que, saisisde surprise etd'éton-
nement, nous admirons cette imitation hardie des
ouvrages du Créateur, les esprits célestes sourient et
ne voient qu'un enfant qui découpe un oiseau, bon-
net, Consid. corps organ. Œurres, t. v, p. <5S,
danspouGKNS. Les ciseaux d'une jeune fille qui dé-
coupe d'ingénieux ouvrages, chateaob. Naick. i,
07. Il Absolument. Découper à l'emporte-pièce. Il
découpe avec beaucoup de goût. |j 4» Enlever, en
coupant tout autour, les figures qui sont représen-
tées sur une toile, sur du papier. Découper des
Heurs pour les appliquer sur un autre fond. Des
images que le comte me faisait découper, j. j. rouss.
Cimf. m. ]| Fig. La lune,... Des édifices dentelés Dé-
coupait en noir les aiguilles, v. hugo. Orient. 3i.
Il 6° Terme de typographie. Découper la frisquette ,
mettre à jour chacune des parties de la forme où
la lettre doit marquer sur la feuille. || 6° Se décou-
per,)), r^/î. Être découpé. Cette volaille est tendre;
elle se découpe facilement. || Présenter des apparen-
ces semblables à des dessins découpés. Les galeries
suspendues en l'air se découpaient sur les fonds
du ciel, CHATEAUB. Génie, m, v, 4.
— lllST. xu' s. Car en cel jur meesmes qu'il fu si
decolpez,OutestésaintThomaslreis feiz disciplinez.
Th. lemart. 156. Dune comencent as uis durement
à buter : Car il quidouent [pensaient] prendre le
saintu decolper, ib. Hi. || xin^s-Tostorentun grant
cerf trové, Tost J'orent pris et descopé. Lai de ilé-
lion. Maint haume découpé, mainte large percie,
Uerte, cxliv. Et i ot nioull de Sarrasins tués et de-
copés, Chron. deltains, 39. Taneur qui découpent
doivent chascuns, cliascun an, neuf sols de hauban
à palier au Koy, Liv. des met. 298. Et ot un Sarra-
sin, quant il furent arrivez, qui se vint ferir entre
eulz; mais il fu tout decopé, joinv. 2I6. Encore fi-
rent passer un chien entre nos gens et la leur, et
descoperent le chien de leur espées, et nostre gent
aussi; et dislrenl que ainsi feussent il decopé se il
failloient l'un à l'autre, id. 266. Moult iert sa robe
desguisiée [ornée], Et fu moult riche et encisée. Et
decopée par cointise, la Rose, 828. || xv s. Et puis
fut découpé en quatre quartiers [Hue le Dépensier],
FBOiss. 1,1, 24. Leur est permis de faire l'amour,
d'estre brave, emplumés, desguysés, descouppés,
masqués, musqués, parfumés et en bon ordre, Ar-
rest. amor. p. 4I0, dans lacorne. || xvi' s. Se des-
couper le front pour lesmoignage de dueil, mont.
I, 4 4. Ils avoient raison de rejecter ce gênerai mes-
tier de médecin, et descouper [diviser] cette pro-
fession, ID. m, 21». En icelle oraison illedescouppa
de toutes les sortes d'opprobres et conviées qu'il est
possible, le blasonnant et appellant violateur de foy,
M. dubell. 317.
—ÉTYM. Dé.... préfixe, avec le sens distributif,
et couper; picard, d^coper.
«ÊCOUPEUR, EUSE ( dé-kou-peur, peû-z'), s.
m. et f. Celui, celle qui découpe. Découpeur de bois
de placage.
— REM. Découpeur a eu un sens particulier ainsi
expliqué par Segrais, Uémoires, t. u, p. <28 : On
se sert dans le Dauphinô du mot découper pour si-
gnifier médire, et c'était un défaut que l'on repro-
chait à Mme de Lesdiguières. M. de Boissac lui ayant
un jour fait présent d'une paire de ciseaux, en lui
disant qu'elle lui convenait parco qu'elle était une
grande découpeuse, elle fut si outrée qu'elle s'en
plaignit hautement à M. de Lesdiguières , qui la
vengea en faisant donner des. coups de b&toa à
M. de Boissac.
DECOUPLE (dé-kou-pl") ou DÉCOCPLER (dé-kou-
plé) , s. m. Terme de vénerie. Action de détacher les
chiens pour qu'ils courent après la bête.
— f.TYM. Vov. DÉCOUPLKR.
DIÏC
nfiCOCPLlî, ÊE (dé-kou-plé plée), part, passé
Il 1° Qu'on a débarrassé de la couple. Des chiens dé-
couplés parle veneur. || Fig. Lâché après. Les limiers
de police découplés après lui l'eurent bieutét dé-
terré. Il 2° Fig. Etre bien découplé, avoir un corps
libre et agile en ses mouvements et de belle taille.
Toinon, a-t-il bien des laquais? — U en a, je crois,
douze, enfin un si grand nombre. Bien faits, bien
découplés, nAUTEROCHE, Ilourg. de qualité, u, 3.
C'était [d'Aubigné] un beau et grand drôle, très-
bien fait et très-découplé de corps et d'esprit, st-sim.
123, t03. Bien n'est plus commun que de voir des
enfants adroits et découplés, j. i. rouss. Ém. ii.
— REM. Celui qui est débarrassé de son lien est
à l'aise, libre dans ses mouvements; de là le sens
figuré, donné à découplé, d'un corps taillé de ma-
nière à avoir aisance et agilité.
t . DÉCOUPLER (dé-kou-plé), P. o. ||1° Détacherdes
chiens couplés, attachés deux à deux. Quand le cerf
est lancé, le veneur doit découpler les chiens. || Ab-
solument. Dès qu'on fut arrivé, on découpla. ||2°Fig.
et familièrement, découpler des gens après quel-
qu'un, les mettre, les lancer à la poursuite de quel-
qu'un, pour le maltraiter, pour le solliciter, etc.
— HlST. XII* s. Une grant pierre fud en la place,
e vindrent cil, et decolperent le char, et des vaches
firent sacrefice à Deu, Rois, 22. ||xiii* s. Li biaco-
nierles chiens descopient, El li brachet auloups'a-
coplent, Et Ysengrin moult se herice , Ren. 1 221 , Ainz
que se fussent regardé. Sept gaingnon [chiens] vie-
nent descopié; En après vienent veneor, Arbales-
tieret chaceor, 16, 8084. Trop par sera hardie beste,
S'il contre si fais chiens s'areste, Com j'ai descou-
plés ci aval, Guill. de Païenne. || xvi* s, Pialei leur
de.scoupla quelques galleres oui en combattirent
deux des Vénitiennes et en prirent une, d'aub.//isî.
I, 345, Qu'on ilescouple mesme de nos mouches
après [un général d'armée], elles auront la force et
le courage de le dissiper, mont, ii, <»o.
— ÉTYM. W....préfixe,et couple; provenç. dracoWar.
2. DÉCOUPLER (dé-kou-plé) , s. m. Voy. décodplé.
f DÉCOUPOIR (dé-kou-poir), t. m. Instrument
qui sert à faire des découpures. "H Terme de métal-
lurgie. Disques de fer qui, formant les taillants d'u n
appareil de fonderie, divisent le fer.
1>ÉC0UPUUE (dé-kou-pu-r'), s. f. Il I" Action do
découper une élofl'e, de la toile, du papier. 11 y a
loin de cette sage économie d'ornements à notio
profusion de découpures en carré, en long, en rond,
CHATEAUB. Itin. t!)6. || 2° Petit amusement qui a été
jadis fort à la mode et qui consistait à découper,
avec des ciseaux, des figures en papier, ou en vélin,
en suivant tous les traits de la peinture ou de la
gravure. Dans le xviii" siècle les femmes s'amu-
saient beaucoup à la découpure. J'ai vu de lui des
paysages en découpure sur des feuilles de papier
blanc où la perspective était observée avec un art
prodigieux, marm. Mém. liv. vu, t. ii, p. 342, dans
POUGENS. L'art des colifichets et de la découpure
Est l'âme du vrai govll et fait mon premier soin,
LE p. BRUMOY, la lloite de Pandore, u, )3. || Es-
tampe enluminée faite exprès pour être découpée.
Il La chose découpée. Celte découpure représente des
enfants qui jouent. || 3° Terme de botanique. Divi-
sion des bords d'une feuille ou foliole. La grandeur,
les découpures, les nervures des feuilles, bern. de
s.-p. Étude première. || 4* Petites fentes transver-
sales qui sont un défaut dans les barres de fer.
— HlST. xvi* s. Antoine, prenant la robbe de Cje-
sar toute ensanglantée, la desploya devant toute
l'assistence, monstrant les découpeures d'icelle et
le grand nombre de coups qu'il avoit receus , amyot,
Brutus, 24.
— ÊTYM. Découper.
DÉCOURAGÉ, ÉE(dé-kou-ra-jé, jée), part, passù
Une armée découragiSe. Je suis découragé. [U] Ras-
sura S'in parti déjà découragé, corn. Poly. i, 4.
N'est-il pas vrai que vous en reportez toujours un es-
prit découragé et qui ne regarde plus le travail qu'a-
vec horreur? mass. Confér. Gond, des clercs dans
le monde.
t DÉCOUR AGEAHLE (dé-kou-ra-ja-W), adj. Qui
se laisse docouratrer.
DÉCOURAGEANT, ANTE (dé-kou-ra-jan, jan-f),
adj. Qui est de nature à décourager. Une nouvelle
décourageante.
DÉCOURAGEMENT (dé-kou-ra-je-man) , s. m.
Perte de courage. Être, tomber, rester dans le dé-
couragement Selai.sser aller au découragement. Une
sorte de découragement qui doit nuire à l'énergie
des résolutions, staël, Corinne, iv, t. Ce n'est pas
le lionheur qui m'a détaché de ces vains plaisirs ,
c'est un profond découragement, id. ib. xv, ».
DEC
— HIST. XIV' S. Le lart jaune est trop reprouchié,
et donne descouiagement [ôte l'appétit] quant l'en
le voit, ilt'nagier, ii, 5. || xvi' s. 'rimoleon voulant
leur ester ce descouragement, amyot, Timol. 35.
Ils ne pensoient qu'à fleschir sous l'esclavage, du-
quel découragement ils commencèrent à se relever
sur une telle occasion, sullï, dans le Dict. de uo-
CHJiZ.
— ÉTYM. Décourager.
DÉCOURAGER (dé-kou-ra-jé. Le g devant a ou 0
prend un e.'nous d6coHrageons, je décourageais), v.
a. Il 1° ôterle courage, l'énergie morale. Décourager
quelqu'un. || 2° ôterl'envie,le désir de faire quelque
clio.se. Ils découragent par mille contradictions les poë-
leset les musiciens, i-a bhuy. i. || En ce sens il prend
la préposition de. On l'a découragé de solliciter les
suffrages des électeurs. Ses amis le décourageront
d'une entreprise si hasardeuse. || 3° Se décourager,
V. réfl. Perdre courage. U se décourage au premier
obstacle qu'il rencontre. Il s'est découragé de cette
entreprise.
— HlST. xin* s. Mais ne me chaut de celé plaie ;
Je croi qu'autre maladie aie; Car trestous descora-
giés sui. Blonde et Jeh. 59(. Onques pour çou n'en
fUi descoragiés De li amer [de l'aimer], ne n'ere [ni
ne serai], ce saciés, Bibl. des Chartes, 4" série, t. v,
p. 260. Il XIV' s. L'esprevier qui vole après, se lasse
et descourage, ilénagier, m, 2. || xv s. Un mau-
vais cœur en descourage deux douzaines de bons,
FROiss.ii, m, 10. ||xvi"s. Les voyant tous descoura-
gez, il di ffera de donner la bataille , amyot.F iamin. 1 1 .
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et courage.
t DÉCOURANT, ANTE (dé-kou-ran , ran-V) , adj.
Ternie de botanique. Se dit quelquefois pour dé-
current, beaucoup plus usité, et qui est le même.
Voy. DÉCI.'RBENT.
t DÉCOURBER (dé-kour-bé) , V. a. Redresser une
chose courbe.
— ÉTYM. Di'.... préfixe, et courber.
i DÉCOURONNÉ, ÉE (dé-kou-ro-né, née), part,
passé. Oui a perdu sa couronne. Lorsque les com-
missaires du parlement furent introduits au château
de Carisbrook, ils demeurèrent frappés de respect à
la vue de cette tête blanchie et découronnée [de
Charles I"J , chateaub. Smart*, 2<6. Je crois voir, à
l'autel, mon front découronné Sous un voile hon-
teux à jamais profané, lemerc. Fréd. et Bruneh.i, i.
t DÉCOURONNEMENT (dé-kou-ro-ne-man) , s. m.
L'action de découronner, d'enlever la couronne.
— HlST. XVI' s. Decouronnement, monet, Dict.
— ÉTYM. Découronner.
tDÉCOUKONNER (dé-kou-ro-né), v. a. || 1° Ôter
la couronne. || Fig. De quel droit viennent-ils décou-
ronner ma gloire? v. hugo. Odes, m, 7. || 2° Terme
militaire. Chasser les troupes, prendre les fortifica-
tions qui couronnent une hauteur.
— ETYM. Dé.... préfixe, et couronne.
DÉCOURS (dé-kour; \'s ne se lie pas), s. m.
Il i° Décroissement de la lune; le temps qui s'écoule
de la pleine lune à la nouvelle. C'est un préjugé
dans les campagnes qu'il y a des plantes qu'il faut
semer ou cuedlir, les unes pendant le croissant, les
autres pendant le décoiirs de la lune. Alors aussi
les parties delà lune qui ont la nuit, commencent
à ne jdus voir la moitié de la terre qui a le jour,
et nous sommes en décours pour elles, font. Us
Mondes, 2° soir. Il y a de petits dieux qui font de.s-
cendre la lune dans le décours, volt. Dial. xv, 4.
Il 2° Se dit aussi quelquefois du déclin des maladies.
Sa pneumonie est dans le décours.
— HlST. XII' s. La processiun vait, li munz [le
inonde] est en decurs [cours]; Li plus i vuntà pié :
car poi béent aillurs; Saint Thomas li martyrs nus
face veir [vrai] sueurs, Th. le mart. t6B. Certes ensi
cesset li décors de la grâce, lai [là] où U recors n'en
est, sï-BERN. 663. Il xiii' s. Bien fustes fondei en
decours. Quant teil seigneur aveiz perdu, Bien en
deveiz estre esperdu, huteb. 42. Ce est la nuit et
c'est li jors, Qui nos vies met en decours, Unicorne
et serpenl.U fit la lune en ses tens , en croissant et
en décors. Psautier, t' 124. i] xiv s. L'en doit plan-
ter avant l'ardeur du soleii et en decours, iléna-
gier, II, 2. Il XVI' s Puys briefvement recapituloyt
tout ce qu'il avoyt leu, veu, faict et entendu on de-
cour» de toute la journée, rab. Carg. I, 23. Cette
l'rerogatifve par laquelle peut l'humaine nature, en
decours de vie transitoyre. perpétuer son nom et sa
semence, lu. l'ant. ii, 8. Et feut cette salutation de
tous, des marchans observée en tout le decours du
bal, ID. li). V, 25. Et nous sembloyent les arbres se
mouvoir; toutesfoys ils ne se meuvent, mais nous,
parle decours du basteau, id. ib. v, 26. Le commen-
cement de corruption a tellement esté en Adam,
DEC
qu'elle estespandue comme par un perpétuel decours
des pères auxenfans, calv. Inslit. 475. Jusques au
decours desavieillesse,AMïOT,yln's(.ctCa(.(;omp. 4.
Il faut choisir le temps propre, sçavnir le decours
de la lune, paré, xviii, 63. Je la [la vie] trouve et
prisable et commode, voire en son dernier decours,
où je la tiens, uont. iv, 3ot.
— ÉTYM. Provenç. décors; catal. decurs; espagn.
decurso; ital. discorso; du latin decursus, de de, et
currere, courir.
DÉCOUSU, UE (dé-kou-zu, zue), part, passé
de découdre. || 1° Dontla couture a été défaite. Habit
décousu. Il 2° Fig. Qui est sans suite, sans liaison.
Style décousu. Paroles décousues. Propos décousus.
On me reprochera d'être décousu, dideh. Ess. sur
Claude,V{v. u. Une nous reste [de la philosophie éléa-
tique] que des lambeaux si décousus qu'on n'en peut
former aucun ensemble systématique, lo. Opin. des
anc. phil. Secte éléatique. Certains rêves où tout est
si décousu, si peu suivi, si peu ordonné, buffon.
Morceaux choisis, p. 74. On voyait l'empreinte de
l'esprit an peu décousu et de l'imagination souvent
gigantesque deDupleix, raynal, Hist. phil. iv, 23.
En vain l'écho léger.... A porté jusqu'à moi quel-
ques lambeaux de vers. Quelques sons décousus de
tes brillants concerts, lamart. Ép. à C. Delav.
Il Substantivement. Rien n'égale le décousu de son
style. Il 3° Terme de chasse. Chien décousu, chien
blessé d'un coup d'andouiller de cerf ou de défense
de sanglier. Il 4° Terme de haras. Animaux décousus,
animaux dont les différentes parties ne sont pas ré-
gulièrement proportionnées entre elles. || La tête du
cheval est dite décousue lorsqu'un sillon trop pro-
fond, marquant l'attache à l'encolure, semble la dé-
tacher du reste du corps.
DÊCOUSURE (dé-kou-su-r'), s. f. || 1° Partie dé-
cousue. Il 2° Terme de chasse. Plaie faite au chien
par les défenses du sanglier.
— HIST. XVI' s. Les chiens qui chassent le san-
glier sont très subjects à estre blessez; il est donc
très nécessaire de les sçavoir panser promptement;
ils sontordinairement blessez au ventre; mais pour-
veu que ce ne soient que decousures, encore que
les boyaux leur sortent n'estant offensés, ils se gua-
rissent facilement, salnove, Yen. p. 333, dans la-
CURNE.
— ÉTYM. Décousu.
DÉCOUVERT, ERTE (dé-kou-vêr, vèr-t'), part,
passé de découvrir. || 1° Qui n'est pas couvert. Ils ont
toujours la tête découverte. Une maison encore dé-
couverte. La cuisinière trouva le pot-au-feu découvert.
Ils ne savent pas que c'est une femme découverte et
non une femme nue qui est indécente, niDEBOT,Sa(on
de 1766, CEuvres, t. xiii,p. is, danspouGENS. || uni
a la tête découverte. Vous ne vous contentiez pas que
je me tinsse découvert devant vous, pasc. Conv. 2.
En même temps Foucault s'est couvert et a lu l'arrêt;
M. Fouquet l'a entendu découvert, sÉv. Lett. 22déc.
(664. Il Allée découverte, allée dont les arbres ne se
joignent pas par en haut. || Â visage découvert, sans
masque, sans voile. Dans ce pays les femmes vont
toutes à visage découvert. Il ose se montrer pres-
que à visage découvert, mass. Carême, Doutes.
Il Fig. Sans détour. Agir, se montrer à visage dé-
couvert. Une prudence qui marche à visage dé-
couvert, corn. Ex. de Nicom. Elles [les obscénités]
y sont à visage découvert [évidentes ] , mol. Cri-
tique, 3. Il Deniers découverts, argent comptant.
Il 'Terme de marine. Bateau découvert, bateau non
ponté. Batterie découverte, batterie à feu placée
sur le pont supérieur. || Laissé à sec. Des rochers dé-
couverts par la mer à marée basse. || Terme de zoo-
logie. Ailes découvertes, ailes des insectes qui dé-
pa.ssent les élytres. || Terme de botanique. Fruits
découverts , fruits entièrement nus. || 2° Peu boi-
sé, en parlant des lieux. La marte fuit les pays
habités et les lieux découverts , buffon. Marte.
Il 3° Exposé. Nous sommes trop découverts aux at-
taques de la fortune, Boss. Am. des plais. 2. || Terme
de guerre. Exposé aux attaques, non défendu.
Cette ville est découverte du côté du levant. Le
flanc de ce régiment, découvert par la fuite de la
cavalerie. || 4° Dont la connaissance est trouvée
pour la première fois. L'Amérique découverte par
Christophe Colomb. La géométrie générale décou-
verte par Descartes. || 5° Aperçu. Trois voiles décou-
vertes à l'horizon. L'ennemi découvert de loin. Ce
billet découvert suffit pour vous confondre, mol. Mis.
IV, 3. La vérité y est découverte, pasc. dans cousin.
De peur d'être découvert, i I évitait les grandes routes
et marchait dans les chemins détournés, raynal,
llist.phil.y!V,'2i. Il 6°A'.m.Découvert,absencedetnut
souci de se cacher. Sa table [de Pierre le Grand]
DEC
995
était souvent peu décente, souvent aussi avec un dé-
couvert d'audace et d'un roi partout chez soi, st-
siM. 467,138. Il Terme de finances. Ce que l'on a à
payer, sans avoir en cai.sse les fonds nécessaires.
Les découverts du trésor, les dépenses décrétées
par le gouvernement et qui ne sont couvertes par
aucun ciédit. ||7" A découvert, loc. adv. Sans être
couvert. Il n'y avait ni portes ni fenêtres, nous
étions à découvert. || Sans être garanti. Ils allèrent
à découvert attaquer la demi-lune. |1 Sans rien qui
cache. Ordonnez que d'un fer le sein me soit ouvert,
Exposez à vos yeux mon cœur à découvert, rotb.
Bélis. IV, 6. Il Fig. Clairement, sans ambiguïté. Sei-
gneur, à découvert toute ftme généreuse D'avoir
votre amitié doit se trouver heureu.se, corn. Nicom.
v, to. Puisqu'il marque votre sentiment si à dé-
couvert.... PASC. Prov. 13. Ils y verront Dieu à
découvert , m. dans cousin. J'ai vu son cœur à
découvert dans cette aventure, sÉv. 148. Cette
grande lumière devait paraître à découvert, boss.
Uist. II, 6. Un homme tel que lui doit-il à décou-
vert Se montrer sans prudence au grand jour qui le
perd? volt. Catil. ii, 1. {| Terme de commerce.
Être à découvert, être en avance, n'avoir aucune
garantiedes avances faites. || Terme de bourse. Opé-
rer, vendre à découvert, opérer, vendre, sans pos-
séder les valeurs.
DÉCOUVERTE (dé-kou-vèr-f) , s. f. || 1° Action
de découvrir, de trouver, de faire connaître ce qui
n'était pas connu. La découverte d'un trésor, d'un
pays. Faire une découverte. La découverte de la
vaccine par l'anglais Jenner. La découverte de
l'Amérique, des satellites de Jupiter. La feinte est
un pays plein de terres désertes; Tous les jours nos
auteurs y font des découvertes, la font. Fabl.
m, 1. Ces merveilleuses découvertes qu'a faites la
science, boss. Mort, 2. Ceux qui ont le mauvais goût
de n'estimer d'une découverte que la peine et le
temps qu'elle a coûté, buef. Expér. sur les végi't.
2' mém. Les découvertes des savants sont les con-
quêtes du genre humain , mairan , Eloges, Lé-
mery. Deux découvertes qui se touchent dans l'es-
prit humain sont quelquefois séparées par des siè-
cles,dider. Salon de 1785, Œuvres, t. xiii,p. 364,
dans P0UGENS. Les découvertes ne me paraissent en
valeur et en sûreté que quand elles sont rentrées
dans la masse commune , id. Peinture en cire,
Œuvres, t. xv, p. 372. II n'y a point eu d'événe-
ment aussi intéressant pour l'esjièce humaine en gé-
néral et pour les peuples do l'Europe en particulier,
que la découverte du nouveau monde et le passage
aux Indes par le cap de Bonne-Espérance, haynal,
llist. phil. I, Introd. La découverte de Terre-Neuve
fut faite en 1497 par le Vénitien Jean Cabot, m.
ib. XVII, 12. On ne fait pas une découverte parce
qu'on en a besoin , mais parce qu'elle est liée
avec des vérités déjà connues, et ()ue nos force»
peuvent enfin franchir l'espace qui nous en sé-
pare, coNDoncET, Duhamel. \\ Fig. Chose nouvelle
qu'on aperçoit dans un sujet i|uelcoii(iue. On fait en
tout genre des découvertes subites dans le caractère
des Italiens, staël, Corinne, ix, 1. || Voyage de dé-
couvertes, navigation dont le but est de trouver des
terres, des îles, des baies, des roches, ou, en géné-
ral, des objets qui étaient ignorés des navigateurs,
des géographes , des naturalistes. |{ 2° Ternie de
guerre et de mer. Aller à la découverte, aller en
avant d'une armée navale ou de terre pour trou-
ver l'ennemi, reconnaître ses forces et savoir la
route qu'il tient. || Par extension , aller ob-erver ce
qui se passe. Il leur fallait tous les jours des voitures
pour aller à la découverte, et ils ne découvraient
rien, volt. l'Ingénu, 13. || Être à la découverte,
être à la recherche. || Terme de marine. Mtiment
léger envoyé en avant ou sur les ailes d'une escadre,
pour observer les mouvements de l'ennemi. || Mate-
lot en vigie au haut d'un mât. || 3° Terme d'escrime.
Action de se découvrir, de donner du jour à l'arme
de son adversaire.
— REM. J. J. Rousseau a dit découverte pour l'ou-
verture des portes d'une ville : i l'heure de la dé-
couverte ils rentrèrent en ville, Conf. I. Cet emploi
n'est pas admis et avec raison.
— SYN. dEoouverte, i.nvention. La découverte
montre ce qui n'était pas connu; l'invention, com-
bine des conditions connues, d'une façon nouvelle.
On dit la découverte de l'Amérique et non l'inven-
tion; et au contraii-H l'inveniion de la poudre à ca-
non beaucoup mieux que la découverte. Toutefois,
dans un sens général, ces deux mots se prennent
très-bien l'un pour l'autre.
— HlST. XVI' s. Le voylà à faire l'amour à la dès-
couverte [ ouvenemetU ] , mont, m, 360. Utile
OOG
DEC
décence, si elle pouvoilinlerdireàDieuladeseouvcrle
de nos vices, mont, m, «74. Encore l'injuria il bien
plus oullrageusement, et plus à la descouverte;
et ce en une chanson, qui se commence .... amyot,
TItém. 4). C'est le plus court, et c'est hors de la
descouverte [vue] de deux petits chasteaux qui....
cahl. VI, 44. Il y avoit cinquante arquebusiers à
cheval qui servoient à faire les descouvertes, et es-
carmoucher çàetlà, tn. vit, 17.
ÉTYM. Découvert; espagn. discohierta.
f DÉCOUVERTUBE (dé-kou-vèr-tu-r') , s. f. Action
de découvrir une toiture.
— HIST. XV* s. Elle fut avertie et informée du
long et du large do la descouverture des amours de
Girard et d'elle, louis xi, Nouv. xxvi.
— ÈTYM. Découvrir.
t DÉCOUVRANT, ANTE (dékou-vran , vran-t'),
adj. Qui découvre. Vous savez que je suis décou-
vrante quand je suis en quelque soupçon, la com-
tesse DF. MAUBE, Lettre à Mme de Sablé, Sill. de
l'école des Chartes, 3* série, t. v, p. 403.
t DÉCOin^IlEMKNT (dé-kou-vre-man), s. m. Ac-
tion de découvrir. J'ai fait prier quelques personnes
intelligentes de vouloir bien changer mon mot de
découverte.... on s'excusa sur la disette de notre
langue qui ne s'accommode ni de découvrement
comme au siècle passé, ni de révélation, ni d'a-
pocalypse, termes qu'elle a empruntés des latins
pour d'autres usages, Auteurs déguisés, Préface.
— f.TYM. Découvrir.
t DÉCOUVREUR (dé-kou-vreur) , s. m. Celui qui
fait des découvertes. Quel fut le prix des services
inouïs de Corlez? Celui qu'eut Colomb : il fut per-
sécuté; et le même évêque Foiiseca, qui avait con-
tribué à faire renvoyer le découvreur de l'Amérique
chargé de fers, voulut faire traiter de même celui
qui en était le vainqueur, volt. Mœurs, 147.
— UEM. Découvreur, qui ne se trouve plus dans
le Dictionnaire de l'Académie, était dans la 5« édition.
— HIST. XV» s. Et avoient les François leurs des-
couvreurs [espions], et les Hongres les leurs, froiss.
nr, IV, 62. Il xvi" s. Les capitaines, qui avoient mis
des descouvreurs sur les champs, eurent tantostad-
vis que.... M. un dell. 385.
— ÉTYM. Découvrir.
■ DÉCOUVRIR (dé-kou-vrir) , je découvre , tu décou-
vres, il découvre, nous découvrons, vous décou-
vrez, ils découvrent; je découvrais; je découvris;
je découvrirai; je découvrirais; découvre, décou-
vrons; que je découvre, que nous découvrions; que
je découvrisse ; découvrant ; découvert , t). a.
Il l'ôter ce qui couvrait une chose ou une personne.
Découvrir un plat, un vase, un panier. Découvrir
une maison. Découvrir un malade. Vos femmes dont
le soin à l'envi la soulage. Ont découvert son .sein
pour leur doimer passage [aux soupirs], rac. Ilaj.
IV, 6. S'il s'assied, vous le voyez s'enfoncer dans un
fauteuil, croiser les jambes l'une sur l'autre, fron-
cer le sourcil, abais,ser son chapeau sur ses yeux
pour ne voir personne, ou le relever ensuite et dé-
couvrir son front par fierté ou par audace , la bru y. vi.
Il Fig. Découvrir le pot aux roses, découvrir ce qu'il
y a de secret dans quelque intrigue. || Nettoyer un
outil trempé en le fichant à plusieurs reprises dans
un morceau de pierre ponce. || Terme de gravure.
Dépouiller la planche de son vernis lorsque l'eau-
forte a suffi.sarament mordu. |{ Terme de jeu de
cartes. Découvrir son jeu, le montrer; et au fig.
laisser pénétrer ses desseins. || Découvrir, se dit de
la mer qui laisse à sec. Sera réputé bord et rivage
de la mer, tout ce qu'elle couvre et découvre pen-
dant les nouvelle et pleine lune, Ordonn. août IC8I.
Il 2° Dégarnir de ce qui protégeait. Découvrir la
frontière. || Fig. Cette vanité vous découvre à l'en-
nemi, Boss. WoFin. », Les larmes découvrent les
malheureux à tous les traits de leurs ennemis, Exil
de Cicér. dans desfontaines. || Terme de jeu d é-
checs. Découvrir une pièce, ôter de devant elle une
autre moins importante qui la défendait. Je ne puis
pas jouer ce pion, je découvrirais mon roi. || Terme
de trictrac. Découvrir une dame, la laisser seule
dans une case exposée à être battue. || 3° Trouver
ce qui n'était pas connu, ce qui était resté ignoré.
Découvrir un trésor, une source. Doctrine suspecte
de simonie et punie en justice quand la pratique
en est découverte, pasc. J'roi;. ta. || Parvenir à
connaître ce qui était caché. On a découvert le
myslèie. Jacques I" découvrit la conspiration des
poudres. Oui sans peine au travers des sophismes
de Claude, Arnauld, des novateurs tu découvres
la fraude, doil. Épit. m. D'autres ne disent pas
précisément une chose qui leur a été confiée; mais
il.i parlent et agissent de manière qu'on la décou-
DEC
vre de soi-même, la bruy. v. |{ i' Paire une décou-
verte dans les sciences, les arts. On ignore qui a
découvert la boussole. Newton découvrit la loi de
la gravitation. || Absolument. L'art de découvrir
en mathématique est plus précieux que la plupart
des choses qu'on découvre, fonten. Leibnitî. Uni-
quement occupé à découvrir, et avare du temps qu'il
y employait, il [Newton] ne se hâtait nullement de
rédiger SCS découvertes, encore moinsde les publier,
MAiRAN, Éloges, llalley. || 6° Reconnaître un pays
nouveau. Colomb a découvert l'Amérique. La pla-
nète Uranus fut découverte par Herschel. Il décou-
vre en entrant à la cour comme un nouveau monde
qui lui était inconnu, la bruy. viu. Toi qui nous dé-
couvris ces immenses contrées, volt. Alt. i, *.
Il 6° Manifester, montrer, en parlant des personnes
qui font connaître. En vain do mon regard l'ingé-
nieux langage Pour découvrir mon cœur a tout mis
en usage, corn. Sertor. n, 2. Ce sont des bergers
amoureux qui se découvrent l'un à l'autre la cruauté
de leurs maîtresses, mol. Sicil. 4. C'est sur cela
qu'il me découvrit l'esprit de la Société [des jésui-
tes], qui n'est pas connu de tout le monde, pAsc.
J'rov. B. Il nous découvre sa volonté, iD. dans
cousm. Mes premières prédictions ont été accom-
plies, j'en fais encore de nouvelles, et je vous dé-
couvre l'aveniravantqu'il arrive, sacy, Bible, Isa'ie,
xLii, 9. Ne dites vos pensées ni à votre ami ni à vo-
tre ennemi, et, si vous avez commis un péché, ne
le leur découvrez point, :d. Bible, Ecclésiastique,
XIX, 8. Enfin, Burrhus, Néron découvre son génie,
rac. Brit. m, 2. Mais puisqu'à votre reine il faut le
découvrir [un trésor], id. Athal. v, 2. Le roi. fei-
gnait! et moi, découvrant ma pensée.... id. Mithr.
IV, t. Il Manifester, montrer, en parlant des choses
qui font connaître. Ces indignes frayeurs vous ont
trop découvert, corn. Héracl. v, 2. Tous les hom-
mes sont semblables pour les paroles; ce n'est que
les actions qui les découvrent différents, mol. l'Av.
1, t. Enfin avec des yeux qui découvraient mon
âme, RAC Baj. nr, 2. Il n'y a rien qui nous décou-
vre plus d'actions de vertu i exercer, que cette at-
tention continuelle à la loi de Dieu, parce qu'il n'y a
rien qui nous les cache davantage que de s'abandonner
a ses inclinations, mcoLE, Ess. mor. 2' traité, ch.8.
La nature, féconde en bizarres portraits, Dans cha-
que âme est marquée à de différents traits ; Ijn geste
la découvre, un rien la fait paraître, boil. Art p.
III. Il 7° Révéler, dénoncer. Il découvrit au gouverne-
ment la conspiration. Qui vous a contre moi sa fourbe
découverte? corn. Plicom, iv, 2. Pour perdre mon
rival j'ai découvert sa trame, id. Cinna, v, 3 A
Calchas je vais tout découvrir, rac. Iphig. iv, <*.
Il 8° Voir, apercevoir; signification qui dérive de
ce que apercevoir, c'est comme ôter ce qui couvre
quelque chose. On découvrait les vaisseaux de la
flotte ennemie. Découvrir d'une seule vue la moitié
de la terre , voit. Lett. <o. Nous découvrîmes
dans une niche une Diane, id. ib. Déjà je décou-
vrais cette fameuse ville.... corn. Sertor. ii, 5.
Cependant de nos murs on découvre Pompée, id.
ibid. De ses retranchements il découvre les vô-
tres, EAC. Alex. II, t. Je prétends que l'aurore Dé-
couvre mes vaisseaux déji loin du Bosphore, id.
Mithr. m,). Nous découvrîmes l'Ile de Chypre, que
nous laissâmes à gauche, sacy , Bible, Actes des Ap.
xxi,3. Ce que l'on peut faire de mieux, d'aussi loin
qu'on les découvre, est de les fuir de toute sa force
et sans regarder derrière soi , la bruy. v. Le lende-
main ils arrivèrent à Notre-Dame de Lorette, qui
est placée sur le haut de la montagne, et d'où Ion
découvre la mer Adriatique, staél, Corinne, xv, B.
Il Absolument. Nous serions au logis beaucoap moins
sûrement; Ici de tous côtés on découvre aisément,
Et nous pouvons parler avec toute assurance, mol.
Dépit am. ii, t. || Fig. Apercevoir des yeux de l'es-
prit. D'où vient qu'on pousse taiitd'imprécations qui
se trouvent dans cette censure, pour combattre
une hérésie imperceptible, et encore sans la décou-
vrir? PASC. Prov. 3. Parmi les erreurs et les faux
jugements du monde, elle s'appliqua à découvrir
ce point de vérité qui fait regarder la vanité des
choses humaines, fléch. Mme de Montausier. C'est
alors que chacun rappelant le passé Découvrit mon
dessein déjà trop avancé, rac. Brit. iv, 2. Ce n'est
pas là le moyen de terminer ma dispute et de dé-
couvrir qui a tort ou qui a raison, la font. Psyché,
I, p. III. Il croyait qu'il pouvait découvrir sur son
visage [du médecin] quelque marque de ce qu'il avait
dans l'âme, vaugel. Q. C. liv. m, dans richelet.
Les yeux d'une mère sage, tendre et chrétienne dé-
couvrent sans doute ce que d'autres ne peuvent dé-
couvrir, FÉN. i'duc. filles, ch. u. Dangeau est ravi
DEC
' de tout ce caquet; il découvre le je;i,il tire ses con-
séquences, il voit à qui il a affaire; enfin j'étais
fort aise de voir cet excès d'habileté, sÉv. Lett,
29 juillet <fi76. Oui, je découvre en vous, et je m'en
sens frappé, Mille dons enchanteurs qui m'avaient
échappé, COLLIN d'harleville. Vieux eélib. m, 4.
Il 9" Trouver quelqu'un qui se cache ou dont on
a perdu la trace. Vous avez beau chercher, vous
ne le découvrirez pas.... Héraclius vient d'être dé-
couvert, CORN. Héracl. li, b. Je viens, dit Jésus-
Christ, comme un voleur.... comme un voleur, direi-
vous, indigne comparaison! n'importe qu'elle soit
indignedelui pourvu qu'elle nous effraye.... trem-
blons donc, chrétiens, tremblons devant lui à cha-
que moment; car qui pourrait ou l'éviter quand il
éclate, ou le découvrir quand il se cache? boss.
Marie-Thér. Eh! comment avez-vous fait pour me
découvrir? lui dis-je, en ne cessant de rembras.ser ,
MARIVAUX, Paysan pare. 6' part. t. m, p. loo, dans
pouGENS. Il 10° Découvrir quelqu'un, le faire con-
naître. Il ne m'a jamais vu, ne me découvrez pas,
CORN. Nicom. 1, <. Retire-toi.... surtout ne me dé-
couvre pas, volt. Tancr. m, 3. || 11» V. n. Terme de
marine. Être laissé à découvert par la mer en se re-
tirant. Ce rocher découvre beaucoup. 1112° Se décou-
vrir, t>. re'/î. Oter ce qui nous couvre. Ce malade
s'est découvert en s'agitant dans son lit. || ôter son
chapeau, son bonnet en signe de respect. Ils se dé-
couvrent dès son antichambre [du prince d'Orange],
LA BRUY. xti. Le grand écuyer ne répondit rien; il
ne se retira pas; seulement il se découvrit à demi
pour remercier et refuser, ségur, Ilist. de Napol.
vii,tt. Il Cette femme se découvre trop, elle est trop
décolletée, elle montre trop- ses épaules et sa gorge.
Il Se découvrir se dit aussi pour indiquer que l'on
montre d'une manière indécente les parties qui ne
doivent pas être vues. || 13° Terme d'escrime. Ne pas
se mettre bien en garde. Il se découvrit et il reçut
un coupd'épée dans la poitrine. {| Terme de guerre.
S'exposer. Ce soldat se découvre trop. || 14° Se mani-
fester. L'inégalité que l'on remarque dans le courage
d'un nombre infini de vaillants hommes, vient de ce
que la mort se découvre différemment à leur imagi-
nation, et y parait plus présente en un temps qu'en
un autre, la rochep. Réil. mor. n° B04. Ces beaux
talents se découvrent en eux du premier coup d'ojil,
la BRUY. IX. Et les siècles obscurs devant moi se dé-
couvrent, RAC. Athal. III, 7. J'aime un esprit aisé
qui se montre et qui s'ouvre. Et qui plaît d'autant
plus que plus il se découvre, boil. ÈpU. ix. || 15° Fig.
Être vu, être aperçu. Les Pyramides d'Egypte se
découvrent de très-loin. Leur aspect souhaité se
découvre à mes yeux, rac. Iph. ii, 3. Deux [assas-
sins] s'y sont découverts, que j'amène avec moi,
corn. Aïcom. I, <. Il 16° Être trouvé comme dé-
couverte. Si une fatale invention [pour la destruc-
tion des hommes dans la guerre] venait à se décou-
vrir, elle serait bientôt prohibée par le droit des
gens, et le consentement unanime des nations en-
sevelirait cette découverte, montesq. Lett. pers. <06.
Il 17° Se faire connaître, s'expliquer. Si Dieu se dé-
couvrait continuellement aux hommes.... il se dé-
couvre rarement à eux, pasc. dans cousm. Le Sei-
gneur continue à paraître dans Silo; car ce fut à
Silo qu'il se découvrit à Samuel, et qu'il lui fit con-
naître sa parole, sacy, Bible, Rois, i, m, 2). Reti-
rons-nous, sortons, et, sans nous découvrir. Allons
loin de ses yeux l'oublier et mourir, bac Bérén.
1, 2. Souffrez pour vous parler, madame, qu'un
amant Prenne l'occasion de cet heureux moment, Et
se découvre à vous de la sincère flamme.... mol. Fem-
mes sav. i, 4. Laissez-moi faire, vous dis-je, peut-
être qu'elle se découvrira plus librement à moi qu'à
vous, ID. l'Am. méd. i, 3. Je n'accepte la main
qu'elle m'a présentée Que pour m'armer contre elle
et, sans me découvrir, Traverser son bonheur que
je ne puis souffrir, rac. Iphig. ii, <. Hélas! s'il est
ainsi, pourquoi me découvrir? volt. Mérope, m, 2.
— syn. découvrir, trouver. On dira également :
Newton découvrit ou trouva la loi de la gravitation
universelle. Mais il y a cette différence indiquée par
l'étymologie, que découvrir signifie ôter ce qui cou-
vrait; par conséquent il implique toujours qu'il a
fallu faire un effort. Trouver n'implique rien de pa-
reil; il n'indique aucun effort, aucune recherche;
car on trouve souvent sans chercher. Dire de New-
ton qu'il trouva cette loi, c'est énoncer seulement
le fait que la première connaissance lui en est due;
dire qu'il la découvrit, c'est faire allusion aux ef-
forts intellectuels qu'elle lui a coûté. Ce fut, dit-on,
en faisant des expériences d'alchimie qu'on trouv»
la poudre à canon ; ce fut en poursuivant ses recher-
ches que Lavoisier découvrit la composition de l'eau .
DEC
■— HIST. XII* S. Lors Tut m'amours descouvorte et
nonstrée, Cnuci, vi. Je ne lui os [osej mon penser
descouvrir, «!). xix. La mère [de] la pucele [il] treuve
À cui son courage [il] descuevre, Romancero, p. 60.
Pur ço que non dignement veOd ourent l'arche en
descuvert. Rois, 23. Hai I come as ested hui glorius,
qui tei descuveris e esnuas des vestemens reals de-
vant les anceles de tes serfs, si come ço fust uns sail-
leur [danseur], t'b. (42. Descuevre al seignur la tue
veie, et espeire en lui, Liberpsalm. p. 40. Il un pe-
tit baissa sa main, Xdescovert desoz l'escu L'a de la
destre part féru, Grégoire le Grand, p. 82. || xni' s.
Si la sacha [elle tira la couverture] que toute la serve
[elle] descouvri, Bcrte, lxxxix. Et que leur fausseté
[trahison] est toute descouverte, t'ft.xciv. Diex m'en
doint tel vengeance, qu'encor [cela] soit descouvert,
ib. XXXIV. Si mist un quariel en coclie et traïst au
roi, et le feri à descouviert au tournant do la drete
espaule. et le navra durement, Chron. de Itains, 79.
Kiconques le [sa maison] feroit autrement covrir, il
seroit à dix livres [d'amende], et si 11 couvenroit
descovrir, tailliar. Recueil, p. 225. X covert ne à
descovert, ./lis. de Jér. i, <92. Sens est perdus ki est
couvers; Cis k'est moustrés et descouvers Puet en
aucun liu semenchier. Lai d'Ignaurès. Puis li por-
rés tôt descovrir Le mal qui si vous fait languir,
FI. et Bl. 2185. Lors s'acropi devant la porte , Et vit
le guichet aovert Et le pertuis à descovert, Ben. 652.
Or te lo [je conseille], et veil que tu quieres Ung
compaignon sage et celant, X qui tu dies ton talent.
Et desqueuvres tout ton courage, la Rose, 2701. Je
voi que qui cheval acheté, N'iert jà si fox que riens
i mete. Comment que l'en l'ait bien couvert. Se tout
nel voit h descouvert, ib. 8710. Et s'il avient que
le [la] meson voille soudainement cheoir, ou ele se
desquevre si que il pluet dedens.... beaum. xxxviii , 20.
I! XIV* s. Et m'esperance est morte sans retour,
Quant souvenirs me monstre à descouvert Qu'en lieu
de bleu, dame, vous vestez vert, maciiault, p. 66.
|] XV* s. Le dit messire GefTroyde Chargny s'en des-
couvrit bien secrètement à aucuns chevaliers de Pi-
cardie qui tous furent de son accord, froiss.i, i, 326.
Sa maison descouvroit sur plusieurs rues, louis xi,
Nouv. 1. Il XVI" s. Et cestui-là, qui sa teste descoeu-
vre, En plaiderie a fait un grand chef-d'œuvre, ma-
ROT, i,-249. Descouvrir [montrer] l'injustice d'une
condemnation, mont, i, <9. Descouvrir un secret
[qui a été confié], id. i, 3o. Et l'a [ma pensée] l'es-
trangier descouverte parfois avant moy, id. i, 42.
L'effect en descouvrit la fourbe, id. i, toc. En ces
nouvelles terres descouvertes en notre aage, id. i,
229. La plus délicate partie de nous [le visage] est
celle qui se tient tousjours descouverte, id. i, 269.
Nous nous tenons descouverts [nu-tête] bien loing
autour d'eux, id. i, 338. Ayant descouvert qu'il
avoit e.sventé son secret, id. ii, 36. Les uns descou-
vrent le pays, les autres chevalent les voyageurs,
LA BOKTiE, 64. Qu'on descouvre toutes les anciennes
histoires, qu'on regarde toutes celles de nostre sou-
venance, ID. 68. Elle monta mille fois les degrés
D'une' grand tour qui descouvroit la plaine, id. 486.
Que trente chevaux légers, de part et d'autre, six
heures devant que s'aboucher, descouvriroyent la
campagne laquelle est en cest endroit raze comme
la mer, langue, 667. Sa Majesté le tenoit en répu-
tation d'yvroignerie , comme, à la vérité, il en
est fort descouvert [convaincu], carl. viii, 2;J. 11
commencea à s'en descouvrir[deson dessein] à quel-
ques-uns des principaux de la ville, amyot, Lyc. 8
Valerius habitoit en une maison bastie au pendant
du mont Velia, et descouvroit, pour estre en as-
siette haulte, toute la place, m. Publ. 18. Et que
cela fust son desseing, il fut descouvert et avéré
bien tost après, id. Timol. 2. Cela fut une descou-
verture de malignité cachée, qui vint à se descou-
vrir quand elle eut moyen et licence de le faire, id.
Sijlla, 64.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et couvrir; bourguig. de-
couBar, découvert; wallon , dt/tourt , découvrir; pro-
venç. descobrir, descubrir; espagn. descubrir; ital.
scoprire.
t DÉCRAMPILLER (dé-kran-pi-llé, «mouaiées),
V. a. Démêler la soie après qu'elle a été teinte.
tDÉCRAMPONNER(de-kran-po-né),D.a. || l°Faire
que deux objets ne soient plus cramponnés. Ses pi-
rouettements [d'un insecte] n'ont pas proprement
un but; ils ne tendent pas à décramponner la dé-
pouille; mais ils décramponnent la dépouille, parce
que la chrysalide se heurte en pirouettant ; et
elle pirouette , parce que la pyramide la blesse
ou l'irrite, bonnet, Insectes, Observ. )3«. || Fig.
Faire lâcher prise à quelqu'un qui s'est cramponné.
!| 2° Se décramponner, t'. rèfl. Cesser de se crampon-
DÉC
ner. Destin était au milieu de sept personnes en che-
mise, qui se décramponnèrent d'elles-mêmes aussitôt
que la lumii're parut, scabron. Boni. com. i, 12.
— HIST. XVI* s. Les deux navires apporteront en
mesme temps leur voilée, les crampons et telle es-
coupeterie qu'il leur fallut quitter le tiUac... Cha-
cun fut bien aise de .se descramponner et de pren-
dre sa route, d'aub. //ts(. 11, 179.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et crampon.
DÉCRASSÉ, ÊE (dé-kra-sé, sée), part. pa.isé. Dont
on a ôté la crasse. Une tête décrassée. Une arme à
feu décrassée. Et quoiqu'il [un homme dans les
champs Élysées] ait son corps laissé, Il n'est pour-
tant pas décrassé De cette crasse.... scarbon, Yirg.
Irav. VI. Il Fig. Qui est tiré de la roture ou de l'igno-
rance du monde. Un vilain décrassé.
tDÉCRASSEMENT(dé-kra-.se-man),s.m. I| 1° Ac-
tion de décrasser. Le décrassement d'un fusil.
Il 2° Fig. Ce qui relève , et particulièrement ce qui
fait passer de la roture à la noblesse. Dreux n'avait
garde de n'être pas pour le parlement, où la charge
de son père était, avant la sienne , le premier dé-
crassement de sa bassesse, ST-SIM. 427, <72.
— ÉTYM. Décrasser.
DÉCRASSER (dé-kra-sé), v. a. \\ 1° ôter la crasse.
Décrasser la tête, les mains d'un enfant. Ce monde,
fortmauvai.se machine qui a besoin d'être décrassée,
VOLT. Newton, i, 6. || Décrasser du linge, en ôter la
partie la plus sale avec une première eau. || Res-
taurer un tableau. Il 2° Fig. Donner à quelqu'un une
certaine instruction dont il ne peut manquer sans
honte. On le mit quelque temps au collège pour le
décrasser. || Former aux habitudes du monde. Il faut
bien un peu décrasser un pédant. || Revêtir d'une
charge, d'un titre une personne de basse condition.
César Alexandre Patin est un financier fort bon à
décrasser, madame, dancourt. Été des coquettes,
se. 3. Saint-Laurent fit prendre le petit collet à Du-
bois pour le décrasser, .st-sim. 2, 42. Il est généa-
logiste : ces nouveaux riches auront besoin de lui
pour décrasser leurs ancêtres, montesquieo, lett.
persanes, 132. u M. Marmontel, me dit-il, le roi me
décrasse; » je répondis, comme je le pensais, que
sa noblesse ï lui était dans l'âme, et valait bien celle
du sang, marmont. 3[e'm. liv. v. J'avais cru qu'en
épousant une fille de condition comme il a fait, cela
le décra.sserait; mais point du tout, d'allainval,
Éc. des bourg, i, 2. Il n'est vilain qui, pour se faire
un peu décras.ser, n'aille du roi à l'usurpateur et
de l'usurpateur au roi, p. l. cour, i, ti8. || 3° Se
décrasser, v. réfl. Ôter la crasse dont on est couvert.
Il passa le reste de la journée à se décrasser, ha-
milt. Gramm. 9. || Fig. Se former, se faire aux ma-
nières du monde. 11 commence à se décrasser un peu.
N'allez-vous pas dans le temple du goût vous dé-
crasser? VOLT. Goût. Nous étions de grands igno-
rants et de misérables barbares quand les Arabes se
décrassaient, id. Lett. Paulet, 21 avril 1768. Bien-
tôt, changeant de mœurs et de langage. Je me dé-
crasse; et m'étant dérobé X cette fange où j'étais em-
bourbé. Je prends mon vol.... id. Pauvre diable.
Il Sortir de la roture.
— IIIST. XIV" s. Mais d'entreprendre à refondre
une si grande masse [la France] et à changer les
fondements d'un si grand bastiment, c'est à faire à
ceulxqui pour décrasser effacent, qui veulent amen-
der les defaults particuliers par une confusion uni-
verselle et guarir les maladies par la mort, mont.
IV, 82.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et crasse.
t DÉCRAVATER (dé-kra-va-té) , t'. o. Ôter la cra-
vate. Il Se décravater, v. réft.ùlersn cravate. Décra-
vatez-vous, vous étouffez.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cravate.
DÉCRÉDITÊ,ÉE (dé-kré-di-té, tée), part, passé.
Qui a perdu le crédit. Un homme décrédité. Une
opinion décréditée. Et que par tes présents mon vers
décrédité N'ait moins de poids pour toi dans la pos-
térité, BOIL. Éplt. VIII.
DÉCRÉDITEMENT (dé-kré-di-te-man) , s. m. Ac-
tion de décréditer; élat de ce qui est décrédité. La
manière dont on se récrie sur quelques-uns qui se
distinguent par la bonne foi, le désintéressement
et la probité, n'est pas tant leur éloge que le décré-
ditement du genre humain, la bruy. xii.
— SYN. DÉCRÉDITEMENT, DISCRÉDIT. Le décrédito-
ment exprime l'action de décréditer; le discrédit
exprime l'état d'une personne, d'une chose discré-
ditée. Mais, quand.décréditement signifie le résultat
de l'action, il se confond avec discrédit.
— ÉTYM. Décréditer.
DÉCRÉDITER (dé-kré-di-té), v. a.\\ i' Faire per-
dre le rrédit. La mauvaise foi décrédite un négo-
DEC
997
ciant. Il y a des personnes fort habiles qui craignent
que, si on imposait la dlme sur les renies de l'hôtel
de ville, cela pourrait les décréditer et leur faire du
tort, VAUDAN, Dtme, p. 79. || 2° Fig. Faire perdra
l'autorité, la considération. 11 vaut mieux décrédi-
ter le vice par le mépris, balz. liv. vi, lett. 5. On
prétend décréditer la réfiexion en l'exprimant par
ces odieuses paroles ... boss. Or. 5. Ni que Kra-Paolo
qu'il [M. Burnet] a imité acquière le droit de faire
croire tout ce qu'il voudra de notre religion, à cause
que, sous un froc, il cachait un cœur calviniste,
et qu'il travaillait sourdement à décréditer la messe
qu'il disait tous les jours, id. Yar.yu, §1io. Mille
fautes qui la décréditent dans une maison dont elle
croyait devoir être l'oracle et ladireclrice , bourd. Pen-
sées, t. Il, p. 46.1. Non pour décrédiler la piété, à
Dieu ne plaise; mais pour condamner hautement les
abus qui s'y peuvent glisser, id. 5' dim. après la
Pentec. Dominic. t. 11, p. 462. Je soupçonne que
des gens qui avaient un autre système à débiteront
voulu décréditer les œufs [le système de la généra-
tion par des œufs], volt. T//. aux 40 écxis. Mariage.
En me protestant que, si je faisais le moindre bruit,
il me décréditerait à jamais, Marivaux, Paijsan
parv. 6" part. t. m, p.i23, danspouoENS. Il est vrai
que presque tousles officiers de cette armée en ontétô
longtemps persuadés [que La FouiUade, assiégeant
Turin, avait promis à la duchesse de Bourgogne
de respecter la capitale du duc de Savoie, son père];
mais c'était un de ces bruits populaires qui déoré-
ditent le jugement des nouvellistes et qui déshono-
rent les histoires, volt. Louis JfK, 20. Il Absolu-
ment. L'inconsistance décrédite, il 3° Se décréditer,
V. réfl. Perdre le crédit, la considération. Il s'est dé-
crédité par sa mauvaise conduite. Cette maison de
commerce se déorédite de jour en jour.
— HIST. XVI" s. Les quelles [propositions] le de-
croditerent terriblement auprès de ceux de la reli^
gion, d'aub. dans le l)ict. de dociiez.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et crédit.
DÉCRÉPIT, ITE (dé-kré-pi, pi-t'), adj. Qui est
dans la décrépitude. Vieillard décrépit. Vieillesse
décrépite. Un lion décrépit, goutteux, n'en pouvant
plus, Voulait que l'on trouvlt remède à la vieillesse,
LA FONT. Fabl. VIII, 3. Les enfants [peu après le
déluge] , indociles ou mal appris, n'en voulaient plus
croire leurs grands-pères décrépits, qu'ils ne con-
naissaient qu'à peine après tant de générations , boss.
IHst. II, 2. Voyez-vous pas de tous côtés De très-
décrépites beautés? volt. i?p. xxxi. Il Âge décrépit,
âge de la décrépitude. 11 faut convenir que la plu-
part de ceux mômes [des vers] qu'il fit dans un
âge décrépit, devaient le faire trouver jeune dans
sa façon de penser, olivet, Uist. Acad. t. 11, p. 142,
dans pouGENS. || Substantivement. Un décrépit. Une
décrépile. L'objet de la terre le plus hideux est une
décrépite, volt. Dict. phil. Homme.
— HIST. XV" S. Les gens d'armes mouroient de fain,
Etestoitchascun descrepy. Car ilz ne mengoientque
le grain De blé qui croissoit en l'espy, martial de
PARIS, Vig. de Ch. VII, 1. 1, p. )04, dans lacurne.
Il XVI" s. Joinct qu'il n'est homme si décrépite, qui
ne pense.... mont. 1, 73. César, regardant .son main-
tien décrépite, respondit.... i, 82. Des vieillards de-
crepitez qui de longtemps ne quiltoient plus le lict,
d'aub. Hist. I, 146. Quanta l'aage caduque et decre-
pitée, qui dure jusques à 80 ans.... paré, Introd. 5.
— ÉTYM. Provenç. décrépit; espagn. et ital. de-
crepito; du latin decrepitus, sur l'origine duquel les
étymologistes latins n'ont que des conjectures sans
fondement.
DÉCRÉPITATION (dé-kré-pi-ta-sion), s. f. Terme
de chimie. Pétillement que font entendre quelques
sels quand on les jette dans le feu.
— ÉTYM. Décrépiter.
DÉCRÉPITE, ÉE (dé-kré-pi-té, tée), part, passé.
Qui a pelillé au feu. Du sel décrépité.
DÉCRÉPITER (dé-kré-pi-té), v. n. Pétiller par
suite de l'action du feu.
— ÉTYM. Mot formé par les modernes de de, et
crepitare, faire du bruit (voy. crépitation).
DÉCRÉPITUDE ( dé-kré-pi-tu-d' ) , s. /•. Dernier
terme de la vieillesse, période de la vie humaine
qui, dans la classification physiologique des âges,
commence vers quatre-vingts ans et qui, commen-
çant un peu plus tôt ou un peu plus taril, se carac-
térise par une altération profonde de la forme hu-
maine. Mes sentiments pour vous ne se ressentent
point de ma décrépitude, volt. Lett. Chabanon, s
janv. 1 776. La caducité commence à l'âge de soixante
et dix ans; elle va toujours en augmentant, la dé-
crépitude suit, BUFF. De la vieillesse et de la mort.
Parmi ces êtres éphémères se doivent voir dus
998
DEC
jeunesses d'un matin et des décrépitudes d'un jour,
BERN. DE sT-p. <" Étude. .
HiST. XV' s. De ma joesnece jusques à la vieil-
I«f5e et k la decrepitcide ne me vuoillcs mie faillir,
Chasse de Gaston Phehus, ms. p. 404, dans lacuhnk.
Il XVI* s. En décrépitude le corps est fort appesanti,
PAHiî, Introd. 6. IJ philosophie a des discours pour
la naissance des hommes comme pour la décrépi-
tude, MONT. I, <80.
— SYN. DÉCBÈPITUDE, CADUCITÉ, VIEILLESSE. La
vieillesse n'indique que l'âge. De là vient qu'on dit
un beau vieillard. Maynard a fait une très-lielle élé-
gie, intitulée la Belle Vieille, et Scribe a fait une
comédie intitulée ta '.'ranfi'inére, qui roulent. «ur l'a-
iiiour des jeunes (lens pour des vieilles. Caducité
est un terme général qui n'indique que la déca-
dence, l'abais-sement des facultés ou de la beauté
au moment oii ilsdevieiment sensibles. La décrépi-
tude en est le terme; c'est ce qui justifie "le mot de
Voltaire ci-dessus à la lin de l'article décrépit.
— ÊTYM. Décrépit; provenç. decrepitut; espagn.
decrepilud.
t DECRESCENDO (dé-kre-chin-do, ce qui est la
prononciation italienne; mais les musiciens disent
communément dé-krfc-ssin-do), adv. Terme de mu-
sique. En diminuant l'intensité des sons. || Substan-
tivement. Un decrescendo. )| Dans le langage fami-
lier, en décroissant. Sa réputation va decrescendo.
— ÊTYM. Ital. decrescendo, de decrescere, dé-
croître (voy. décroître).
DÊCUET (dé-krè ; le t ne se lie pas dans le parler
ordinaire; au pluriel, ïs se lie : des dé-krè-z insen-
sés ; décrets rime avec procès, traits, jamais,
paix, etc. Palsgrave, p. 24, remarque que le É se
prononce devant une voyelle), s. m. || 1° Décision,
par laquelle on ordonne ou règle quelque chose....
Loin de murmurer d'un injuste décret. Mourant
fans déshonneur, je mourrai sans regret, corn. Cid,
H, ». Il est par un décret chassé de nos remparts,
YOLT. Tancr. i, 4. || 2" Décision du chef de l'État,
plus spécialement comme chef du pouvoir exécutif,
surtout lorsqu'il porte le titre d'empereur. On dit
aussi en certains pays, l'Espagne par exemple, un
décret royal. Des assemblées rendent également des
décrets, ainsi la Convention, la Constituante de
(848. Il 3° Acte de l'autorité ecclésiastique. Les dé-
crets des conciles. Ce pape fit un décret qui sem-
blait favoriser les hérétiques, pasc. l'rov. <7.
Il Uecueil d'anciens canons , de constitutions des
papes et de sentences des Pères de l'Eglise. Les com-
taentateurs du Décret. En ce sens il prend un grand
D. Il Anciennement, décision rendue par les théo-
logiens de la Sorbonne. Les théologiens ne donnent
des décrets ni en Angleterre ni en Prusse; aussi les
Anglais et les Prussiens nous ont bien battus, volt.
Lclt. llarmontel, i" janv. 1768. || 4° Fig. Les dé-
crets du destin, du sort. Il s'était soumis aux dé-
crets (le la Providence, iiamilt. Gramm. 6. Lorsque
vous dites: j'ai du bien, donc je ne dois point tra-
vailler, vous raisonnez aussi mal que si vous disiez:
donc je ne dois point mourir; car l'obligation du
travail et la nécessité de la mort tiennent le même
rang dans les divins décrets, bourdal. Dim. de la
septuagés. Dominie. t. i, p. 352. Aussitôt qu'une
4me est séparée de son corps, elle va droit au lieu
qui lui est propre; et si, étant morte, elle ne trou-
vait ce lieu que le décret de la justice de Dieu a pré-
paré pour elle, elle serait dans un enfer mille fois
plus grand, parce qu'elle se verrait hors de l'ordre
et de la disposition de Dieu, Nicole, Ess. mor,
8* traité, ch. 40. || 6° Anciennement, ordonnance
portant saisie ou prise do corps. Ces jours, le bien
do Jean par décret fut vendu, Régnier, Sat. xii.
Il y avait contre lui un décret de prise de corps ,
SÉV. 40). Son mari dont les terres sont en décret,
ID. 435. Une triste famille.... Voit ses biens en dé-
cret sur tous les murs écrits, iioiL. Sat. x. Louis XIII
uvait voulu que mon père achet&t cette terre [la
Ferlé-vidame] depuis longtemps en décret [ sai-
sie!, ST-siM. <6, 4 77. Je le déterminerai avenir
purger son décret [ de prise de corps au parlement
de Toulouse], et à voir, sans mourir de peur, la
place où Calas est mort, volt. Lett. Audra, 3 jan-
vier 1769. Il l'erme d'ancienne jurisprudence. Décret
d'immeubles, décret volontaire par iei[uel l'acqué-
reur faisait vendre un immeuble, à l'elfet de payer
les hypothèques. Décret forcé, décret par lequel les
créanciers faisaient vendre aux enchères.
— SYN. décret, loi. Ces deux mots expriment
une décision rendue par une autorité souveraine,
mais le décret qui, suivant son étymologie, est une
chose décrétée, a conservé un sens de particularité
qui n'est pas dans loi; la loi statue sur une matière
DEC
générale; le décret, sur des choses particulières.
Dans la pratique, on a plutôt égard à l'autorité dont
l'acte émane; mais la qualification dérive originai-
rement des considérations précédentes. Dans le lan-
gage général, le décret suppose une autorité per-
sonnelle qui exprime précisément sa pensée. On dit
les lois de la nature, de la morale; on ne dirait pas
les décrets; tandis ()u'on dit les décrets de Dieu,
parce que Dieu est un être qui veut et qui ordonne.
— niST. XII* s. L'arcevesque respunt: ja ensi ne
sera; Mais sulunc Deu partut à dreit les mainten-
(Ira, E sulunc les âecrez bien les justisera, Th. le
inart. 27. E quant à saint iglise e à Deu s'umilie,
N'i ad lei no decré ne rien qui l'entredie [l'inter-
dise], ib. 84. Ennui liu ne deit estre evesques
ordenez, Tant n'i aura evesques venuz no asem-
lilez, Senz conseil del primat; ço rove [exige] li de-
crez, ib. I27. || xiti* s. Et ce est manière de lei, et
est tenu ou reiaume de Jérusalem et en celui de
Chipre miaux [mieux] que leis ne decrés ne decre-
talles, Ass. de J. i, 183. || xiv* s. Si comme l'en
pourroit monstrer par plusieurs auttorités qui sont
es decrès ^t ailleurs, oeesme, Eth. 463. || xv* s. Sire
chevalier, dit la royne, je vous reçois à mercy parmy
l'amende. Dame, dit Norgal, la vostre bonne merci,
et je feray l'amende à vostre décret, Percc/'oresl,
t. V, f° 73, dans lacurne. |{ xvi* s. Un décret [vente
judiciaire] nettoie toutes les hypothèques et droits,
fors les censuels et feudaux, loïsel, oo4. L'aucto-
risation et décret d'icelles [coustumes] avons ré-
servé au roy nostre sire, Couslumier génér. t. ii,
p. 420.
— ÉTYM. Provenç. décret; espagn. et ital. décréta;
du latin dccretum,'A\x participe passé decrefus, ré-
solu, de decernere (voy. décerner).
DÉCRÉTALE (dé-kré-ta-l') , s. {. Lettre et consti-
tution des anciens papes en réponse à des consulta-
lions qui leur étaient adressées. Il [Luther] fit brû-
ler à Wittemburg les décrélales, Boss. Yar. 4. 11 est
fait mention de la publication des bans dans une
décrétale du pape Innocent III, chateaub. Génie,
I, I, 10. Il^u plur. Recueil de ces lettres et consti-
tutions. Il Fausses décrétales, recueil de décrélales
forgées au viii* siècle pour favoriser les prétentions
de la papauté au pouvoir temporel.
— HIST. XIII* s. L'en dit en ceste decretalle que
se leau [loyal] consentement de mariage vient entre
home et femme.... Liv. de just. 485. || xiv s. Quar-
tement il est dit en une decretale qui se commence :
Si sacerdos.... ohesme, Eth. 4 «2.
— ÊTYM. Lat. dccretalis, de decretum, décret;
provenç. et espagn. décrétai; ital. decretale.
t DÉCRÉTA LISTE (dé-kré-ta-li-sf), s. m. Juris-
consulte expert dans la connaissance des décrétales ;
docteur eu droit canon.
— HIST. xv* s. Car li maistre en théologie, Li
juriste, li clerc lettré. Logicien, decretalistre, eust.
DEScii. Poésies mss. f° 626, dans lacurne. |] xvi* s.
Decretiste, non, non, je dis ung decretaliste , rab.
t. IV, p. 229, dans lacurne.
— ÊTYM. Décrétale; provenç. espagn. et ital. de-
cretalista.
DÉCRÉTÉ, ÉE (dé-kré-té, tée), part, passé. Les
mesures décrétées par le gouvernement. || Accusé et
décrété de prise de corps.
DÉCRÉTER (dé-kré-té. La syllabe cré prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette;
l'Académie ne conjugue pas ce verbe, mais, suivant
son habitude qui n'est pas analogique , on garde
l'accent aigu au futur et au conditionnel : je décré-
terai, je décréterais), ». a. \\ 1° Ordonner par un
décret. Décréter une levée en masse. || 2° Lancer un
décret contre quelqu'un. Ils ont décrété d'ajourne-
ment personnel M. Rnblin,Boss. Lettr. quiét.68. Ainsi
en décrétant le cardinal de Bouillon et en donnant
ordre qu'on le mît dans les prisons de la concier-
gerie.... VOLT. iouisXtV, 33. La duchesse de Bouil-
lon ne fut décrétée que d'ajournement personnel,
iD. ib. 20. Quand on décrète un homme de prise de
corps, l'usage est de saisir ses papiers, de mettre
le scellé sur ses effets ou d'en faire l'inventaire,
J. J. R0U3S. Confess. xi. Ces cours décrétèrent le
nonce lui-môme d'ajournement personnel et ensuite
de prise de corps, anquét. Ligue, m, p. )78. Si
vous songez, messieurs, quel rang occupait la litté-
rature au xviii* siècle , combien on ménageait Vol-
taire, mémo en décrétant ses livres.... villemain,
Lilt. fr. xvm' siècle, s* paru 2* leçon. {| Absolument.
Décréter contre quelqu'un. On pourrait bien punir
ces paroles iiifftmes. Ma mie; et l'on décrète aussi
contre les femmes, mol. Tort, v, 4. L'affaire des
deux mille écus va mal, monsieur, on décrète,
dancourt, llourg. à la mode, u, 2. Ij Rendre des
DEC
décrets. Lui seul des tribunaux fait pencher la ba-
lance, Le sénat le contemple et décrète en silence,
M. J. CIIÊN. Tibère, l, <■ || 4" Anciennement, faire
vendre par arrêt de justice. Décréter une propriété,
une maison.
— HIST. XVI* s. Ils se feirent décréter par les voix
du peu|ile les provinces de la Syrie et des Hespa-
gnes, amyot, Crass. 29.
— ÊTYM. Décret.
t dF.CRÉTISTE (dé-kré-ti-sf), s. m. Synonyme
de décrétalisle. {| Terme d'ancienne pratique. Celui
qui poursuit la vente par décret d'un bien réelle-
ment saisi.
— HlST. XIII* s. Tout plaideeur, tout discretislre.
Tout avocat et tout legistre, du cange, décréta.
Hé! arcien [gens qui étudiez les quatre arts], De-
cretiste, fisicien, Et vous la gent Justinien, ruteb.
78. Il XVI* s. Maistres es arts decretistes, bab. Pro-
nostication, ch. 5.
— ÊTYM. Décret (au sens ancien de droit canon) ;
provenç. et espagn. decretista.
t DÉCRP.TOIRE (dé-kré-toi-r'), adj. Année décré-
toire, nom qu'on donna à l'année 4 024, dans laquelle,
d'après le traité de Westphalie, l'établissement re-
ligieux, en Allemagne, fut remis sur le pied où il
était au 4" janvier de cette année. || Terme de mé-
decine, employé anciennement au lieu de critique.
— ÊTYM. Décret.
t DÉCREUSAGE (dé-kreu-za-j'), ». m. Voy. DÉ-
CRUSAGE.
t DÉCREUSEMENT (dé-kreu-ze-man), s. m. Voy.
DÉCKUSEMENT.
t DÉCREUSER (dé-kreu-zé) , v. a. Voy. décrcskr.
DÉCRI (dé-kri), s. m. || 1° Action décrier en
rabaissant, perte de réputation, d'estime. Dans ce
grand décri de l'idolâtrie, que commençaient à
causer dans toute l'Asie les prédications de saint
Paul, bOss. Hist. univ. Il, 12. Le décri où tombe
un homme dont j'avais cru faire le meilleur de mes
amis, ID. Lett. quiét. 104. Être de leurs adhérents,
c'est le souverain mérite; n'en être pas, c'est le
souverain décri, bourd. Uomél. sur l'aveugle-nd,
Domin. t. iv, p. 483. Ceux-là qui brillent dans une
haute réputation et ceux-ci qui tombent dans le décri
et la confusion, id. Pensées, t. u, p. 493. Ils semblent
leur vouloir imputer le décri universel où tombe
nécessairement tout ce qu'ils exposent au grand jour
de l'impression, la bruï. Préface de son dise, à
VAcad. Quel décri et quel avilissement pour le
prince dans l'opinion des cours étrangères! mass.
Petit car. Exemples des Grands. Savez-vous où le
Seigneur trouve sa gloire? Vous croyez que c'est....
dans la confusion et dans le décri d'un ennemi de
la vertu, id. Myst. Purifie. 2. Les soupçons d'infi-
délité dans le lien sacré du mariage, ne sont plus
un décri formel et une flétrissure essentielle, ID.
Car. ilédis. X présent que ces sortes d'accusations
sont tombées dans le décri, on a pris un autre
tour, montesq. Lett. pers. 145. C'est moins à leurs
vexations qu'à l'insolence de quelques-un.ï d'entre
eux que les financiers doivent rapporter le décri où
ils sontencore, duclos. Considérations surles mœurs,
ch. IX. Il 2° Proclamation concernant la suppres-
sion ou la réduction d'une monnaie. Il y a des
âmes.... uniquement occupées de leurs débiteurs,
toujours inquiètes sur le rabais ou sur le décri des
monnaies, la bruy. vi. On croit tous les jours ici
être à ia veille d'un décri [de monnaie] , et cela
cause le plus grand désordre du monde, les mar-
chands ne voulant presque rien vendre ou vendant
extrêmement cher, bac Lett. àsonfils, 26. ||8* Au-
trefois ordonnance faite pour défendre de fabri-
quer, vendre ou porter certaines étoffes. Ahl que
je sais au roi bon gré de ces décris I itoL. Éc. det
mar. ii, 9.
— HIST. XV* s. Le sire de Clisson, qui estoit alors
le plus especial de son conseil et le mieux cru de
tous, y mettoit grand descry [opposition], froiss.
liv. I, p. 400, dans lacurne. Ce fut honte et descry
au roy de Castille, comm. viii, 46. || xvi* s. Que
cette desloyauté,quoyqu'elle eust quelque apparence
d'utilité présente, luy apporteroit pour l'advenir un
descri et une desfiance d'infini préjudice, mont, m,
53. Ce qui n'est pas au deshonneur ny descry de la
science, comme l'on pourroit penser, mais plustot à
son honneur, charron, Sagesse, Préf. de lai'vdit.
— ÊTYM. Voy. décrier. On a dit aussi descrie-
mcnt au xvi* siècle ; Parce que c'est un descriement
et rabaissement de mon honneur, je mis en pièces
entièrement le total de ladite fournée, paussy, sis.
DÉCRIÉ, ÉE (dé-kri-é. ée), part, passé. || 1° Con-
duite décriée. Notre marchandise est décriée il y a
longtemps, ualz. liv. vi, lett. 3. A la ville M. du
DEC
Cambrai esl souverainement décrié , Boss. Lett.
<juiél. 2(13. Des auteurs décriés il prend en main la
cause , BOIL. /;p. ix. Tu as été beau , mais décrié pour
avoir fait de honteux usages de ta beauté, fén. Dial.
des morts aiie. Sacrale, Alcibiade. Un orateur dé-
criédansl'esiiritdesjugesou même suspect esl un fA-
cheux préjugé pour la cause, rollin. Traité des
El. IV, (. Des hommes décriés, sans talent, sans
honneur, gresset, Héchant, v, *. Ce nouveau ré-
dacteur fit si mal sa besogne, que le Mercure, dé-
crié, tombait et n'allait plus être en état de payer
les pensions dont il était chargé, marmont. Mé-
moires, VI. Il 2° Monnaie décriée.
DÉCRIKR (dé-kri-é), je décriais, nous décriions,
vous décriiez; que je décrie, que nous décriions,
que vous décriiez, v. a. || 1° Raliaisser en criant,
ôler par des paroles l'estime, la considération des
personnes, le crédit des choses. Décriez devant moi
le joiigdenotre empire. J'y consens, etdirai qu'il est
encore pire, mair. Sop/ion. v, 2. Exposer l'erreur à
la vue de tous lus peuples, dans l'esprit desquels on
veut déirier M. Arnauld, pasc. Prov. m. J'avais
songé en moi-même que c'aurait été une bonne affaire
de|iouvoir introduire ici un médecin à notre poste,
pour le dégoûter de son monsieur Purgon et lui
décrier sa conduite, mol. Mal. imag. m, <. Balzac
et messieurs de Port-Royal ont fait ce qu'ils ont pu
pour décrier Montaigne, à quoi ils n'ont pas réussi;
Montaigne sera toujours agréable et toujours lu,
SF.GjiK\s, Mémoires, t. n , p. I06. Nous sommes ravis
de son absence, afin qu'il ne g9te point ses affaires
en décriant lui-même sa marchandise, sÉv. 405.
Mais, je lui demande, pourquoi décrier sa pauvre
tête, qui avait si bien fait dans les commencements?
!D. 384. Toujours prêt dans la concurrence à trahir
l'un, à supplanter l'autre, à décrier celui-ci, à perdre
celui-là, BOUHD. Myst. Épiph. t. i, p. <33. Quelque
soin que j'aie pris pour travailler cette tragédie, il
semble qu'autant que je me suis efforcé de la rendre
bonne, autant de certaines gens se sont efforcés de
la décrier, bac. Brit. i"préface. On dit que voilà
comme il faudrait vivre dans le monde, et non pas
comme tels et telles à qui la dévotion a gftté l'esprit
et qui décrient la véritable piété par des façons sau-
vages et des singularités indiscrètes, mass. Car.
Hativ. riche. Votre ennemi vous a décrié en secret,
lu. i6. Pardon. Pensez-vous affaiblir ma gloire et
ma puissance En décriant mes soins, mon état, ma
naissance? voi,t. Catil. i, B. Un pauvre particulier
doit se défendre, il doit décrier au moins le témoi-
gnage de son ennemi, ID. Lett. Damilaviile, a
août 1767. 11 m'ôtait même, autant qu'il était en
lui, la ressource du métier que je m'étais choisi,
en medécriant comme un mauvaiscopisle,j. j.bouss.
Conf. IX. Il Causer le décri, en parlant des choses.
Il faut confesser que toutes ces contestations [entre
médecins] nous ont décriés depuis peu d'étrange
manière, mol. l'Am. méd. m, <. Ne m'avouerez-vous
pas que ce serait assez d'un de ces noms pour dé-
crier le plus beau roman du monde? id. les Préc.
6. Une conduite opposée décria entièrement Tissa-
pherne dans leur esprit, rollin, Ilist. anc. Cf.uvres,
t. IV, p. 245. Il 2" Supprimer ou réduire une mon-
naie. On a décrié les pièces de troiset de six livres.
Il [Lycurgue] décria toutes les monnaies d'or et d'ar-
gent, et ordonna qu'on ne se servirait que de mon-
naies de fer, rollin, Hist. anc. Œuvres, t. ii , p. B 1 8 ,
dans pouGENS. || Être décrié comme de la vieille
monnaie, n'avoir ni crédit ni estime dans le monde.
Surtout changeons de nom et de quartier; nous
sommes décriés dans celui-ci comme la fausse mon-
naie, baron. Homme abonnes fort, v, 9. || 3° An-
ciennement, défendre la vente, le cours, l'usage de
quelque chose. Il 4° Se décrier, v. réfl. S'attirer le
décri. Il s'est décrié lui-même. Il s'était décrié par-
tout où il avait voulu s'établir, flécii. Uist. de
Théodose, ii, ^^. || Se décrier, attirer l'un sur l'autre
le décri. Us se sont longtemps décriés.
— SYN. DÉCRIER, DÉCRÉDiTER. Décrier, c'est don-
ner un mauvais cri, une mauvaise réputation; dé-
créditer, c'est ôter le crédit. On décrie une femme
en di.sant d'elle des choses qui font penser que sa
conduite n'est pas régulière; on décrédite un mar-
chand en disant que ses affaires sont embarrassées.
On décrie les gens pour les décréditer; le discrédit
est le résultat du décri.
— HIST. xv s. X ceste heure d'alors estoit le nom
de Bourgogne tellement descrié.... g. chastellain,
dans lacurne. || xvi" s. Se descrier envers les gents
d'entendement [par ses sottises], mont, i, \f>l. Ces
introductions nouvelles et vicieuses se verront in-
continent esvanouies et descriées, m. i 338. Il
descria toute sorte de monnoie dur et d'argent, et
DEC
ordonna que l'on useroit de monnoye de fer seule-
ment, AMYOT, Lyc. 13.
— ÊTY51. Dé.... préfixe, et crier, c'est-à-dire ra-
baisser en criant.
DÉCRIRE (dé-kri-r'), je décris, nous décrivons,
vous décrivez, ils décrivent; je décrivais; je décri-
vis; je décrirai; je décrirais; décris, décrivons;
que je décrive, que nous décrivions; que je décri-
visse; décrivant; décrit, v. a. || 1° Représenter,
dépeindre par le discours. Décrire une plante, une
tempête. Il y a certaines choses qvi'on ne définit pas
aisément, on se contente de les décrire. Je crois
que je ne serai pas si malheureux que je ne voie
quelque tempête que j'aie quelque jour à vous dé-
crire, VOIT. Leit. B3. Que ne puis-je vous décrire
cet air de grandeur et cette majesté accompagnée
de tant de grflces? flécii. Madame de Monlausier.
Je me renferme seulement dans cette science qui
décrit les mœurs, qui examine les hommes, labruy.
Bise, sur Théophraste. Il décrit les fruits d'or, dont
l'éclat enchanteur Sut soumettre Atalante à ce jeune
vainqueur, gresset, Églogue vi. Un tableau que
je décris n'est pas toujours un bon tableau; celui
que je ne décris pas en est, à coup sûr, un mauvais,
DIDEROT, Salon de 1767, Œuvres, t. xiv, p. 286,
dans POUGENS. || 2° Terme de géométrie. Tracer. Dé-
crire une courbe, une ellipse. Il fait le plan des bâ-
timents, en décril '\ situation, la brut. v. || Par
extension. L'orbite qu'une planète décrit autour du
soleil. Il 3° Se décrire, v. rcfl. Être décrit. Ce spec-
tacle ne peut se décrire. Le vrai bonheur ne se dé-
crit pas; il se sent et se sent d'autant mieux qu'il
peut le moins se décrire, J. i.bouss. Conf. vi. || Faire
la description, la peinture de soi-même. Ces élo-
quents et graves discours dans lesquels, formant
l'idée d'un homme de bien, il se décrivait lui-même
sans y penser, fléch. Lamoignon.
— HIST. xn' s. Coustume suelt estre des recon-
teors, ke, kant il descrient la batailhe de la palestre,
premiers descrient les membres des luiteors. Job,
442. Il xiTi* s. Qui bien velt amors descrivre, Amors
est et maie et boine, Poés. mss. t. i, p. t(66, dans
lacurne. Tant avons fait pour vous [que] nuls nel
pourroitdescrire, Berle, xiv. Mes jamès n'orrez miex
descrivre La vérité de la matere, Cum je la vous vo-
dréretrere, laliose, 1808. Mais or ne me loit [je n'ai
loisir] à entendre X descrivre .sa face tendre, le
Homan de la Poire. Hxivs. Et tant de nobles faiz
descripzet recitez, bercheure, f°f. || xv's. Plusieurs
subtiles voies qui ci ne peuvent mie estre toutes
descrites, froiss. i, i, il. En descrisant, selon les
auteurs et mon petit engin, ses mouvements, pas-
sions et operacions diverses, christ, de pisan,
Charles V, i, ch. 9. Les poètes descripvent la ma-
nière comment fut trouvé la couleur de pourpre,
SIGILLE, le Blason des couleurs, p. BO. ||xvi«s. X
l'entour de ceste fosse ilz tracèrent le pourpris de
la ville, ny plus ne moins que qui descriroit un
cercle à l'entour d'un centre, amyot, Uom. <6.
Thucydides descrit le gouvernement de la chose
publique soubs Pericles, comme un gouvernement
de la noblesse, id. Péric. IB. Quand ilz gaignerent
à Mantinée celle grande bataille, que Thucidides a
descripte, id. Agés. 66.
— ÉTYM. Provenç. descriure; catal. descriuer;
espagn. describir; portug. descrever; ital. descrivere;
du latin describere, de de, et scribere, écrire.
DKCRIT, ITE (dé-kri, kri-t'), part, passé de dé-
crire. La bataille d'Arbèles décrite par Quinte Curce.
Le fond des caractères qui y sont décrits est pris de
la même source, la bruy. Disc, sur Théophr. || Le
cercle décrit par la pointe d'un compas.
t DÉCRIVANT, ANTK(dé-kri-van, van-t'), adj.
Terme de géométrie. Qui, par son mouvement, dé-
crit une ligne courbe. Point décrivant.
DÉCROCHÉ, ÉE (dé-kro-ché, chée), part, passé.
Une tapisserie décrochée.
I DÉCROCHEMENT (dé-kro-che-man), s. m. Ac-
tion de décrocher. Un pied accroché par son éperon
à la selle , et l'autre pied et le reste du corps atten-
dant le décrochement de ce pied accroché, scarr.
Rom. com. I, 20.
— ÉTYM. Décrocher.
DÉCROCHER (dé-kro-ché), e. a. Détacher une
cho.se qui était accrochée. Décrocher un tableau. || Se
décrocher,u.r^/Î.Sedétacher.Lerideaus'est décroché.
— HIST. xiv's. Li uns traioit de l'arc, li autres i
lança; Caillons et viretons assez on descocha; Ton-
naux pleins de caillons assez on descrocha, Guescl.
20026. Il xvi«s. Mont-gommery rompit en la visière
si rudement que la morne descrocha de la haute-
pièce, d'aub. Ilist. I, 8B.
— ÉT^M. Dé.... préfixe, et croc.
dBc
999
t DÉCROCnOIR (dé-kro-choir) , s. m. Instrument
pour détacher une chose accrochée.
— ÉTYM. Décrocher.
t. DÉCROIRE (dé-kroi-r'), ». n. Ne pas croire. Il
n'est guère usité qu'absolument et dans cette phrase
familiîre : Je ne crois ni ne décrois.
— HIST. XIV* s. Chose tyrannique ou de tyrant
est discroire ou non croire ses amis, oresme, TItèse
de MEUNIER. Il XVI' s. Si me semble il qu'ilz [ces ré-
cits] ne sont pas à rejetler, ny à descroire du tout,
AMYOT, Jiom. 12. Quant à ces lettres là, il est mal
aisé de résoudre, si l'on doibt croire ou decroire
qu'elles soient de luy, ID. Lyc. 41. Je ne décrois
point le fait qu'il recite, cholières, Contes, Après-
dinée, 8. Cette plaisante foy qui ne croit ce qu'elle
croit que pour n'avoir pas le courage de le decroire,
MONT. II, 12. Si l'on entendoit bien la différence
qu'il y a entre l'impossible et l'inusité, et entre ce
qui est contre l'ordre du cours de nature et contre
la commune opinion des hommes, en ne croyant pas
temerairementnyaussi ne descroyant pas facilement,
on observeroit la règle de rien trop, commandée par
Chilon, ID. I, 202.
— ÉTYM. W.... préfixe, et croire.
f 2. DÉCROIRE (dé-kroi-r') , s. m. Terme de com-
merce. Synonyme de ducroire, qui est aujourd'hui
seul usité.
t DÉCROISEMENT (dé-kroi-ze-man), s. m. Action
de décroiser.
— ÉTYM. Décroiser.
t DÉCROISER (dé-kroi-zé) , v. a. || 1» Faire cesser
le croisement. || Terme militaire. Décroisçr les éche-
lons, redresser les échelons obliques de l'infanterie
et les remettre en bataille perpendiculairement.
Il Terme de chapelier. Changer le pli des capades.
il 2''Se décroiser, v. re'/I. Cesser d'être croisé. Que
ceux [les rayons] qui viendront ne ' se décroisent
point à la sortie, desc. Dioptr. 7.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et croiser.
t DÉCROISSANCE (dé-kroî-san-s'), s. f. État de
ce qui est décroissant. Ils réi)ètent entre eux, en
voyant ce génie opiniâtre et inflexible lutter con-
tre l'impossibilité, que, parvenu au faîte de sa gloire
.sans doute, il pressent que de son premier mou-
vement rétrograde datera sa décroissance, ségur,
Hist. de Napol. viii, H.
— ÉTYM. Décroissant.
t DÉCROISSANT, ANTE (dé-krot-san, san-t'),
adj. Qui décroît. Le bruit décroissant des vagues.
Toutes les générations renfermées dans le premier
germe sont autant de parties décroissantes de ce
germe, et celui-ci est une partie constituante de
l'ancien membre, bonnet, 2" mém. licprod. sala-
mandres.
DÉCROISSEMENT (dé-kroî-se-man), s. m. Action
de décroître. Le décroissement des jours, de la ri-
vière. Le décroissement de la température. Près du
déluge se range le décroissement de la vie humaine,
le changement dans le vivre et une nouvelle nour-
riture substituée aux fruits de la terre, boss. Ilist.
I, 2.
— SYN. DÉCROISSEMENT, DÉCROISSANCE. La dé-
croissance , étant précisément le contraire de la crois-
sance, s'applique particulièrement aux êtres vivants
ou à ce qui leur est comparé : la décroissance d'un
empire. Décroissement, n'impliquant pas en soi
cette particularité, se dit de tout ce qui diminue :
le décroissement de la rivièra, des jours, de la vie
humaine.
— HIST. XIII» s. Moult fu grant descroissement k
l'ost de cens qui en Veni.se aloient, villeh. xxxiii.
— ÉTYM. Décroître ; provenç. decreysshement.
t DÉCROÎT (dé-kroî) , s. m. Terme d'agriculture.
Il 1° Diminution du capital en bestiaux, dans les
baux à cheptel. || 2° Terme d'astronomie. Décroisse-
ment de la lune, lorsqu'elle entre dans son dernier
quartier. La lune est dans son décroît ou sur son
décroît.
— HIST. xn" s. Del tut esteit turnée sainte iglise
en decreis. Th. le mart. 1B7. {| xvi' s. Jà la cam-
pagne par ledescroistdes eaux.... du bartas, p. 97,
dans RAYNOUARD. L'homme marche entier ver.s son
croist et vers son decroist, mont, m, 274.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et croît.
DÉCROÎTRE (dé-kroî-tr'), je décroîs, tu décrois,
il décroît, nous décroissons, vous décroi.ssez, ils
décroissent; je décroissais; je décrus; je décroîtrai;
je décroîtrais; décroîs, qu'il décroisse, décroissons;
que je décroisse, que lio~us décroissions; que je dé-
crusse; décroissant; décru, v.n. Devenir moindre.
Les jours décroissent. Et que c'est lui dont l'épéo.
Au sang barhare trempée, Quelque jour apparais-
sant X la Grèce qui soupire. Fera décroître l'empire
1000
DÉG
De l'infldèle croissant, malu. ii, 2. Le pain bis,
renfermé, d'une moitié décrut, doil. Sat. x. La ser-
Titude, qui est, pour me servir des termes do Lon-
gin, une espèce de prison où l'ûmo décroît et se
rapetisse en quelque sorte , noi-LiN, llisl. anc. (ICu-
tret, t. II, p. 468, dans pougens. Ils pensent que
la beauté de ces corps va toujours en décroissant
jusqu'à la pyramide régulière, wdeh. Iteclierchet
philot. sur le beau, t. ii, p. 424, dans pougens.
— REM. Décroître se conjugue avec l'auxiliaire
avoir, quand il exprime l'action : la rivière a décru
rapidement; avec l'auxiliaire élre, quand il marque
l'état: la rivière est beaucoup décrue.
— IIIST. XII* s. Lai [laisse] saint iglise aveir ses
decrez e ses leis; Ele e.st espuso Deu, qui est sire
des reis; 11 s'en corecera, se de rien la descreis,
Th. le mart. 29. || xiii« s. Quant li diluves fu passés
Et descreijtes les gians ondes, ebnoul le viel, dans
l'Ilist. litlér. de la Fr. t. xxrii, p. 669. Et la vérité
de la gent Amenuise et decroist forment. Psaumes
en vers, dans Liber psalm. p. 268. || xv* s. Un bien
gracieux cas, dont je fournirai une petite nouvelle,
sans y descroistre ni ajouter autre chose que ce qui
sert au propos, louis xi, Nouv. lxxvi. || xvr s. Les
vieilles [femmes plus âgées] ont leurs mois en pleine
lune au décroissant, paré, xviii, 68. La force des ma-
ladies décline à mesure que la vigueur naturelle des
corps malades va descroissant, amyot, Philop. 3).
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et croître; provenç. rfcî-
creisser ; calai, descrexer ; espagn. descrecer; ital.
disrrescere.
t «ÉCROTTAGE (dé-kro-ta-j'), s. m. Action de
décrotter.
— ETYM. Décrotter.
DÉCROTTÉ, ÊE (dé-kroté, tée), part, passé.
Des chaussures bien décrottées.
DÉCROTTER (dé-kro-té), t>. o. || l" ôter la crotte.
Décrotter des .souliers, un manteau. || Populaire-
ment. Décrotter un dindon, une volaille, un gi-
got, les manger d'un bon appétit; locution qui vient
de ce que la viande est considérée comme une es-
pèce de crotte qu'on enlève de dessus les os ou la
carcasse. || On dit, dans le parler libre, d'une femme
assez jolie, mais mal mise ou malpropre, qu'elle
mériterait bien d'être décrottée. || Fig. et très-fa-
milièrement, décrasser, ôter ce qui est le résultat
du défaut de manières ou d'instruction. || 2° ôter ,
avec la truelle, le plfttre ou le mortier des vieux
carreaux. || 3° Se décrotter, v. réfi. Ôter la crotte
dont on est couvert. Il s'est décrotté dans l'anti-
chambre.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et crotte.
DÊCROTTE0R (dé-kro-tour), s. m. Celui qui fait
métier de décrotter, de cirer les souliers et les bot-
tes. Ce tribunal respectable qui ne s'embarrasse guère
que le peuple ait du pain, pourvu qu'il ait les sa-
crements, est un décrotteur d'Orléans, appelé Chau-
meix, qui est venu à Paris il y a six mois avec des
sabots, d'alkmb. Lelt. à Volt. 24 février t769.
Il Kig. et par plaisanterie, celui qui corrige et ar-
range les écrits d'un autre. Ce petit maraud, en ar-
rivant a Paris, est entré en qualité de décrotteur
brl esprit chez un comte de Lautrec, qui avait des
procès, iD. il). 26 déc. (772.
— HIST. xvi' s. Descroteur de vigiles [moine qui
expédie les vigiles], iubel. t. i, p. tac, dans la-
CUIINE.
DÉCROTTOIR (dé-kro-toir), s. m. Lame de fer
ou boite garnie de brosses, sur laquelle les person-
nes qui entrent dans une maison, peuvent décrotter
leur chaussure.
DÉOROTTOIRE (dé-kro-toi-r') , s.f. Brosse pour
décrotter les souliers. Dez , décrottoires, derai-
ceinls de plomb ou estain.... comme mercerie, Ta-
rif, 18 sept. <6n4.
— HlST. XV* s. Non contentes de la beauté que
leuï a donnée nature, si elles n'y adjoustent aucu-
nes paintures, pour ce leur faut miroirs, peignes,
descrotouers [sorte d'objet de toilette], bouquelz de
fleurs.... la Nef des fols, f 72. dans lacurne.
— ETYM. Décrotter.
t DÉCUOCTER (dé-kroû-té), V. a. Terme de vé-
nerie. Les cerfs décroaient leur tête, quand ils vont
au frayoir la nettoyer après la chute de leur bois.
— HlST. XVI* s. X bras de puissans hommes [vous]
ferés decruster le dessus de vostre pré, du quel ils
enlèveront des gazons autant grantb et larges qu'il
sera possible, o. deserres, 76.
— ETYM. Dé.... préfixe, et croule.
DÉCRU, VE (dé-kru, krue), part, possède dé-
croître. Oui a éprouvé un décroissement. La rivière,
décrue, laissait i découvert les prairies qu'elle avait
'.uoniiîe.
DÉC
t DÊCRUAGE (dé-kru-a-j") , s. m. Action Je Jé-
cruer.
DÉCRUE (dé-krue), ». f. Quantité dont une chose
a décru. I.a décrue des eaux est considérable.
— ETV.M. Décru.
DÉCRUE, ÊE (dé-kru-é, ée), part, passé. Fil dé-
crue.
DÉCRUER (dé-kru-é), r. a. Lessiver le fil cru
avec de bonnes cendres et le laver en eau claire
avant que de le teindre.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cru, adj.
DÉCUÛMENT (dé-kru-man), s. m. Action de
décruer le fil, c'est-4-dire de lui ôler par la lessive,
avant que de le teindre, une certaineodeurde chan-
vre, qui se nomme cru.
— ETYM. Décruer.
t DÉCRUSAGE (dé-kru-za-j'), *. m. Voy. décru-
SEMENT.
— ÉTYM. Décruser ; génev. discreusage.
DÉCRUSÉ, ÉE (dé-kru-zé, zée), part, passé. Soie
décrusée.
DÉCRUSEMENT (dé-kru-ze-man), s. m. Action
de décruser.
— ÉTYM. Décruser.
DÉCRUSER (dé-kru-zé), v. a. Lessiver la soie
écrue pour lui enlever la gomme qu'elle contient,
lui donner de la flexibilité et de l'éclat, et la dis-
poser à recevoir plus facilement la matière colo-
rante ; ou lessiver les cocons de soie pour dissoudre la
gomme qui s'oppose à un dévidage facile.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cru, adj.; génev. dis-
creuser. Évidemment, décruer et décruser ou dé-
creuser sont le même mot dans lequel la bouche des
ouvriers a altéré le passage de décru au verbe.
DÉÇU, UE (dé-su, sue), part, passé de décevoir.
Il 1° Qui a éprouvé une déception. Que feront nos
amis, si vous êtes déçue? corn. Cinna, i, 4. Quel-
que chose le trouble, ou je suis fort déçu, mol. le
Dép. II, 7. Ceux que les armes n'avaient pu vain-
cre niles conseils ramener, sont revenus tout à coup
d'eux-mêmes; déçus par leur liberté, ils en ont à
la fin détesté l'excès, honteux d'avoir eu tant de
pouvoir, et leurs propres succès leur faisant hor-
reur, Boss. Heine d'Anglet. Malgré mes vœux, sei-
gneur, honteusement déçus, rac. Àndr. iv, 3. Âme
lâche et trop digne enfin d'être déçue, m. Saj. iv,
3. Madame, je vois bien que vous êtes déçue, in.
Bérén. m, 3. Mais sans cfhercher au fond si notre
esprit déçu Sait rien de ce qu'il sait, s'il a jamais
rien su, boil. Sat. viii. Mais combien d'écrivains,
d'abord si bien reçus, Sont de ce fol espoir honteu-
sement déçus! ID. Sat. ix. {[ 2° Au déçu, loc. adv. En
décevant. Proche de la tour on me vint avertir Que
pour voir les Homaios vous en alliez sortir, Et qu'à
notre déçu, de puissance absolue, Vous aviez avec
eux une trêve conclue, mair. M. d'Asdrub. iv, 3.
Ma mère, à mon déçu, par Éphite avertie, Avec
tous ses elforts empêchait ma sortie, rotrou, Ait-
tig. m, 2. Apprends.... qu'au sort de Babet les
nœuds de l'hyménée. Au déçu de mon père, ont
joint ma destinée, hauteroche, le Deuil, se. 4.
Il Cette locution vieillit; cependant elle est bonne.
t DÉCUBITUS (dé-ku-bi-tus') , s. m. Terme de
physiologie. L'attitude dans laquelle le corps repose,
lorsqu'on est couché sur un plan plus ou moins ho-
rizontal.
— Ety'M. Lat. decubittis, de de, et cubare, être
couché (voy. couver).
t DÉCUIRASSER (dé-kui-ra-sé ), v, a. ôter la
cuirasse. Son cœur décuirassé Ouvre aux poignards
vengeurs un chemin plus aisé, v. buqo, dians le
Dict. de DOCHEZ.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, etcuiraue.
DÉCUIRE (dé-kui-r') , je décuis, nous décuisons;
je décuisais; je décuisis; je décuirai; je décuirais;
que je décuise; que je décuisisse; décuisant, v. a.
Il 1" Corriger l'excès de cuisson des sirops et des
confitures en y mettant de l'eau pour les rendre
plus liquides. || 2" Se déouire, v. réfl. Se liquéfier,
en parlant des confitures, faute d'avoir été assez
cuites.
— HIST. xm* s. S'en va tant que fu près de nuit;
Un chapon manga tout descuit.. ..jRfn. 23) 08. Il XVI* s
Lors remettrez vostre saumeure sur le feu; car, par
l'humidité de la chair, la saumure se descuit, o. de
SERRES, 837. Faut noter que le syrop se descuit, à
toutes les fois qu'il est jette sur le fruit, id. 653.
— ETYM. Dé.... préfixe, et ctiire. Dans l'exemple
du Renart, des,... a le sens augmentatif, et descuit
y signifie très-cuit.
DÉCDIT, UlTE (dé-kui, kui-t'), port, posté de
décuire. Sirop décuit sirop qui a perdu son degré
de cuisson, qui a subi une altération telle, qu'il
DEC
semble n'être pas assez cuit. || S. m. Le décuit d'un
sirop, l'état d'un sirop décuit.
t DÉCULASSEMENT (dé-ku-la-se-man), s. m. Ac-
tion de dévisser la culasse d'une arme à feu.
— ÉTYM. Ddculasser.
t DÉCULASSER (ilé-ku-la-sé) , v. a. ôter la cu-
lasse d'une arme >l feu.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et culasse.
t DÉCULOTTER (dé-ku-lo-té), f. O. Ôler la cu-
lotte. On l'avait -Jéculolté. || Se déculotter, t'. re/l.
ôter sa culotte. On le força de se déculotter.
DfiCUI'LE (Jé-ku-pl'), ad;'. ||1° Qui vaut dix fois
autant. Nombre décuple. La distance de la terre à
Saturne est au moins décuple de celle de la terre
au soleil, LA DRUY. XVI. Il Terme d'arilhmétique.
Raison décuple indique que le rapport de deux quan-
tités est celui de -lu à 4 . Il 2° S. m. 11 a gagué le
décuple de ses avances.
— HIST. XVI* s. S'ils sont vertueux, sçauroyent-
ils mieux semer si bonnes semences qu'es terres
voisines? et telle se pourra rencontrer qui rendra
fruit au décuple, lanoue, <24.
— ÉTYM. Lat. decuplus, de decem, dix (voy. dix).
DÉCUPLÉ, ÉE (déku-plé, plée), part, patte.
Une somme d'argent décuplée.
DÉCUPLER (dé-ku-plé) , t). a. Rendre dix fois
au.ssi grand. Il a décuplé son bien. || Se décupler,
t). réfl. Devenir décuple. En tant de temps la somme
se décuplerait.
— ÉTYM. Lat. decuplare, de decuplut, décuple.
DÉCURIE (ilé-ku-rie), s. f. Terme d'antiquité ro-
maine. Troupe composée de dix soldats. 1| Division
de certaines classes, contenant d'abord dix person-
nes, puis un nombre indéterminé. Antoine fit des
décuries de sénateurs, de chevaliers, mo.ntesq. i'jpr.
VUI, (2.
— ÉTYM. Lat. decuria, de decem, dix, et uri'a,
de vir, homme (voy. centurie et viril).
DÉCURION (dé-ku-ri-on), s. m. Terme d'anti-
quité romaine. Le chef d'une décurie civile ou mi-
litaire. Il Nom des magistrats des cités de l'empire,
tirés de la classe des curiales. || Dans des inscrip-
tions latines, nom de médecins placés hiérarchique-
ment au-dessus d'autres médecins dans le service
des grandes maisons à Rome.
— ÉTYM. Lat. decurio, de decuria, décurie.
t DÉCURIONAT (dé-ku-ri-0-na) , s. m. Charge,
dignité de décurion.
t DÊCURRENXE (dé-ku-rran-s"), s. f. Terme de
botanique. État de ce qui est décurrent.
— ÉTYM. Décurrent.
+ DÉCURRENT, ENTE (dé-ku-rran, ran-t'), ad}.
Terme de botanique. Feuilles décurrentes.feuillesdont
le limbe, se prolongeant le long de la tige, y adhère.
— ÉTYM. Lat. decurrere, courir le long, de de,
et cnrrcre, courir.
t DÉCURSIF, IVE (dé-kur-sif, si-v'), adj. Terme
de botanique. Feuille décursive, feuille dont le pé-
tiole est collé à la tige, sur laquelle il produit une
ligne saillante. || Style décursif, style dont la base
descend en rampant sur un des côtés de l'ovaire.
— ÉTYM. Lat. decursum , supin de decurrere
(voy. DF.CUBRF.NT).
fDÉCURTATION (dé-kur-ta-sion), ï. ^. Maladie
des arbres, qui en fait périr la tête. Sa couleur était
un vert jaunâtre; sa sommité était noire, et elle
avait souffert une décurtation d'un pouce et demi,
BONNET, Us. feuilt. plantes, Supplém. 2*.
— ÉTY.M. Lat. decur(are,écourter, de de, et cur-
tus, court.
t DÉCUSSATIF, IVE (dé-ku-ssa-tif, ti-v'), adj.
Terme de botanique. Qui est disposé en décussa-
tion; opposé par paire et à angle droit.
— ÉTYM. 'Voy. DÉCUSSATION.
t DÉCUSSATION (dé-ku-ssa-sion), s. f. Terme di-
dactique. Croisement en manière d'X. La décussa-
tion des nerfs optiques. || Point de décussation, s'est
dit, dans l'optique, pour foyer.
— ÉTYM. Lat. decussatio.
t DÉCUSSOIRE (dé-ku-ssoi-r'), i. m. Instrumenl
de chirurgie dont les anciens se servaient après ln-
pération du trépan, pour déprimer la dure-mère e.
faciliter la sortie du pus épanché entre cette mem-
brane et le crâne.
— ÉTYM. Lat. decussum, supin de decutere, ea-
foncer. ,
t DÉCUVAISON (dé-ku-vê-zon), s.f. Action do
transvaser le vin d'une cuve dans des tonneaux. 0 i
dit aussi décuvage.
— ÉTYM. Décuver.
t DÉCUVER (dé-ku-vé) , i'. a. Mettre U yendang e.
le vin hors de la cuve.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et cuve.
DED
DED
DED
100»
f DÉDAIGNADLE (dé-dè-gna-bl'), adj. Qui mérite
d'être dédaigné.
— HlST. xiii' s.| Et se avient aucune fois que li
soit honorable et proufilable. et na soit mie cruel
ne desdaignable [dédaigneux], Ass. de Jérusalem,
(03. Il XVI' s. Ils estoient, à l'attouchement, petits
et desdaignables, mont, ii, 373.
— ÉTYM, Pédaigner,
DÉDAIGNÉ, ÉE (dé-dè-gné, gnée), part, passé.
Le prince Kugène dédaigné par Louis XIV, lorsqu'il
vint lui offrir ses services. Un amour dédaigné cesse
d'être invincible, telav. Vêpres sicil. n,i. Charles,
abandonné par le grand vizir, vaincu par l'argent
du czar en Turquie après l'avoir été par ses armes
dans l'Ukraine, se voyait trompé, dédaigné parla
Porte, presque prisonnier parmi des Tartares, volt.
Charlfs XII, 6.
DÉDAIGNER (dé-dè-gné), t). a. Marquer du dé-
dain pour quelqu'un ou quelque chose. Celte fierté
d'âme qui dédaigne les serviles bienséances. Vous
n'êtes point pour elle un homme à dédaigner, coim.
Cinna, II, *■ Gardez-vous de rien dédaigner, Sur-
tout quand vous avez à peu près votre compte; Bien
des gens y sont pris.... la font. Fabl. vu, 4. La
maison d'Israiil n'a eu que du mépris pour moi, dit
le Seigneur, comme une femme qui dédaigne un
homme qui l'aime, sacy. Bible, Jérémie, m, 20.
Les grands dédaignent les gens d'esprit qui n'ont
que de l'esprit, la bbuy. ix. J'ai dédaigné pour toi
les vœux de tous nos princes, hac. ^ndr. iv, B.
Elle me dédaignait, un autre l'abandonne, in. An-
drom. II, 1. On dédaignait un Scythe; et la honte
et l'outrage De mes vœux mal conçus devinrent le
partage, volt. Orphel. ii, 6. || Avec de et un infi-
nitif. D'un des pans de sa robe il couvre son vLsage,
X son mauvais destin en aveugle obéit. Et dédaigne
de voir le ciel qui le trahit, De peur que d'un coup
d'oeil, contre une telle offense II ne semble implorer
son aide ou sa vengeance, corn. Pomp. u, 2. 11 ne
dédaignait pas d'en être l'arbitre, mass. Pel. car.
Écueils. Et pour tout autre objet ton âme indiffé-
rente Dédaignait de brûler d'une (lamme innocente,
BAC. l'hèd. IV, 2. Le pavillon d'Antoine est auprès
du rivage: Passez et dédaignez de venger mon ou-
trage, VOLT. Triumv. iv, 3. Napoléon dédaigna d'at-
tribuer ce mécompte à l'habileté du général ennemi;
il s'en prit aux siens ; déjà il sentait que sa présence
était partout nécessaire, ce qui la rendait partout
impossible, sSgur, Hist. de Nap. iv, 6.
— REM. 1. Malherbe a dit se dédaigner; 11 ne s'est
lassé ni dédaigné d'aucun service, le Traité des
bienf. de Sénèque, vi, (6. C'est un archaïsme.
Il 2. Le même Malherbe a dit je dédagne, qui était
une ancienne forme, aujouid'hui tombée en désué-
tude: Puisque tu m'as esté si mauvaise compagne.
Ton infidèle foi maintenant je dédagne, Poés. i, 4.
— HIST. xii' s. Si tu veis qu'il se desdeigne e en-
quierge pur quel nus si apruchames al mur, Rois,
(50. E nostre sire s'en desdeignad forment, si ocist
plusors del pople, ib. 304. || xiii' s. En doivent
bien avoir bon guerredon Cil qui lui ont enseigné
et apris S eslogner cens de ci environ; Et ele [la
reine Blanche] a bien fermée [retenu] sa leçon; Car
tous [elle] les hait et desdaigne, hues de la ferté,
Romancero, p. (84. Cil n'ont le coiimant desdain-
gné, Ainz s'entornent sanz plusatendre, Ren. 30222.
Car s'il desdaingnoit l'assolution, et desobeissoit au
commandement de sainte Eglise, adont seroit il es-
commeniés à Dieu et au siècle, beaum. xlvi, (I.
Il XVI* s. 0 viateur, ne te desdaigne mye Veoir cest
escript et piteuse oraelie, marot, v, 354. Le père
de miséricorde ne desdaignant point condescendre
en cet endroit à notre infirmité, calvin, (83. Ainsi
les desdaignoit le vulgaire comme ignorant les pre-
mières choses et communes, et comme présomp-
tueux et insolents, mont, i, (40. Cette généreuse
jeunesse desdaignant tout aultre joug que de la vertu,
ID. 1, IBI. Hz en devindrent si glorieux qu'ilz ne
vouloient point et desdaignoient qu'on les meslast
avec les autres soudards qui s'estoient laissé baitre
par plusieurs fois, amyot, AU. 59. Celuy qui des-
daigne de caresser le peuple pour en avoir faveur,
doibt aussi mpins que tout autre chercher à s'en
venger a'il en est rebuté, id. Aie. et Cor. comp. 7.
Des Teilles choisi pour les vivres, Baronniere ne se
desdaigna pas de l'artillerie et des munitions de
guerre, d'aub. Iliit.u, (48. Je me desdaignai [je
pris en mépris] bien fort de son ingratitude, cabl.
VI, 34. Sa majesté estublit M. le mareschal de Vieille-
ville son lieutenant gênerai au dict siège d'Angely,
se desdaignant d'y estre en personne, lu. ix, 44.
Qu'on se donne bien garde de les desdaigner [dé-
?oaterJ de manger par trop de viandes [aliments] ,
DICT. DR LA LANGUE FRAN5AISE
comme cela avient quand desordonnément on les
afl'ourrage, o. de .serp.es, 282.
— liTVM. Lat. dediynari, de de, et dignari, dai-
gner (voy. DAIGNER); provenç. desdegnnr ; catal.
desdenyar; espagn. dedenar; porlug. dcsdenhar ;
ital. disdegnare.
t DÊDAIGNECR (dé-dè-gneur), i. m. Celui qui
dédaigne.
— HIST. XVI' s. L'on n'eust sceu dire s'il estoit de
sa nature plus arrogant desdaigneur ou plus vil
flatteur, amyot, Syila, (3.
— ÉTYM. Dédaigner.
DÉDAIGNEUSEMENT (dé-dè-gneû-ze-man) , adv.
D'une manière dédaigneuse. Il m'a répondu dédai-
gneusement.
— ÉTYM. Dédaigneuse, et le suffixe ment.
DÉDAIGNEUX, EUSE (dé-dè-gneû, gneû-z'), adj.
Il l°Oui«i du dédain. Dédaigneuse princesse, kac.
Phèd. I. (. Cet homme est abstrait, dédaigneux,
et semble toujours rire en lui-même de ceux qu'il
croit ne le valoir pas, la bruy. i. D'un peuple in-
dustrieux les talents mercenaires De mon goût dé-
daigneux ne sont plus tributaires, volt. Scythes, ii,
(. Et notre langue même, à tout esprit vulgaire De
nos vers dédaigneux fermant le sanctuaire, L'aver-
tit tout d'abord que, s'il y veut monter. Il doit sa-
voir tout craindre et savoir tout tenter, a. chén.
l'Invention. || Substantivement. C'était par faiblesse
qu'il faisait le dédaigneux, Boss. Avcrt. 6. || 2° Se dit,
en parlant des femmes, decellesqui n'ont aucun re-
gard pour les hommages des adorateurs. 11 se trom-
pait pourtant sur le caractère de Formosante, elle
n'était pas si dédaigneuse qu'elle le paraissait, volt.
Princ.deBabyl.i. \\ Substantivement. Elles aiment
ailleurs, ces belles dédaigneuses, corn. Agésil. i,
4. C'était ceci, c'était cela; C'était tout; caries pré-
cieuses Font dessus tout les dédaigneuses, la font.
Fahl. VII, 6. Il 3° Oui exprime le dédain. Une réponse
dédaigneuse. Mais tu sais bien aussi de quel œil dé-
daigneux Je regarilais ce soin d'un vainqueur soup-
çonneux, HAC. Phèd. II, (. Cela lui sied fort bien,
et cet air dédaigneux Qu'elle a pris à la cour, lui
sied encore mieux, begnard, Démocr. iv, 2. Silence
dédaigneux, volt. Triumv. il, 4. Courroux dédai-
gneux, ID. Tanc. IV, 5. Le portier, qu'on aurait pris
pour un grand seigneur, les introduisit avec une
espèce de bonté dédaigneuse , id. Zadig, 20. Il
se retira en me jetant un coup d'œil dédaigneux
accompagné d'un souris moqueur "Vrivaux, Pays.
parv. 6«part. t. m, p. 90, dansi.„.jvj««s. Acquérez
le droit d'être dédaigneux, et ne le soyez pas,
DiDER. Salon de (767, (iCuvres, t. xiv, p. 3i3. J'y
insérai une petite note assez dédaigneuse qui mit
Vernes en fureur, j. J. Rouss. Conf. xii. C'est la
sévérité despotique, c'est la dédaigneuse médiocrité
de ma belle-mère, staël, Corinne, xvi, 3. || 4° Dé-
daigneux de, qui dédaignn, qui néglige. Tout mo-
narque indolent, dédaigneux de s'instruire. Est
le jouet honteux de qui veut le séduire, volt. Ép.
XLVi, 45. Je me flattai longtempsque, fidèle à sa
gloire, Dédaigneux de sa vie et regardant l'histoire,
Fiesque.... Vengerait Gêne esclave et nos droits
envahis, angelot, Fiesque, i, 4. De ces riches atours
une autre [plante] dédaigneuse Laisse à ses sœurs
l'azur, la pourpre, le saphir, Et se livre sans voile
aux baisers du zéphyr, delille. Trois règnes, vi.
On était si préoccupé des affaires politiques, si dé-
daigneux de la poésie, que les vers admirables de
Thompson restèrent d'abord ignorés du public et du
protecteur que le poète avait invoqué, villemain,
Litt. fr. xvui' siècle, 2' part. 2' leçon. || 5' Terme
d'anatomie. Le muscle dédaigneux, et, substanti-
vement, le dédaigneux, le muscle droit externe de
l'œil; ancien nom de ce muscle qui tire l'œil en de-
hors et de c4té.
— HIST. xni's. [Dame] Et si fiere et si orgilleuse
Vers tous hommessi desdaigneuse, Amad.et Ydoine,
mss. 0987, Bibl. imp. El ne fu pas envers moi fiere.
Ne de respondre de.sdaigneuse , la Rose, 681. Iriez
[tu] avoies esté et desdeignos vers eus por leur pé-
chiez, Psautier, f^tos. || xvi' s. Une fierté desdai-
gneuse de ces parements estrangiers, mont, i, (92.
Ils [les écrivains français de ce temps] sont assez
hardis et desdaigneux pour ne suyvre la roule com-
mune; mais faulte d'invention et de discrétion les
perd: il ne s'y veoid qu'une misérable affectation
d'estrangeté, id. m, 354.
— ÉTYM. Dédaigner; provenç. desdi'nhos; espagn.
desdenoso ; portug. desdenhoso ; ital. disdegnoso.
DÉDAIN (dé-din), i. m. Sorte de mépris qu'on
exprime par l'air, le ton et les manières.... Et par
moi Don Rodrigue a vaincu son dédain, corn. Cid.
1,3. Ah! sei.«neur, je n'ai pas eu ce dédain qui em-
pêche de jeter les yeux sur les mortels trop rampants
et qui fait dire à l'âme arrogante : il n'y a que moi
sur la terre, boss. Marie-Thér. Ils regardèrent les
gentils avec un insupportable dédain, ID. llist.u,
6. L'orgueil et le dédain sont peints sur son vi-
sage, RAC. F.slh. III, 3. Je vois que mon silence ir-
rite vos déilains, m. Rril. m, 3. Le dédain et le
rengorgemeiit dans la société attirent précisément
le contraire de ce qu'on cherche, si c'est à se faire
estimer, la briy. v. Ils avaient ce dédain fastueux
qui, chez un peuple comme dans un particulier,
marque ordinairement peu de lumière, ravnal,
llist. phil. I. /fitrnd. Il Prendre en dédain, conce-
voir du dédain pourquelqu'un ou pourquelque chose.
— HIST. XIII' s. Mes cis [Narcisse] fu por sa grant
biauté Pleins de de.sdaing et de fierté, la Rose, (458.
Vous ne devez mie avoir en desdaing ce que Dieu
fist pour nostre enseignement, joinv. I94. || xv* s.
Si ne fut mie courroucé quand il ouit dire et recor-
der le grand dephiisir que on avoitfait à son neveu,
et aussi en quel desdaing [déplaisir] il l'avoit pris,
FROiss. I, I, (nO. Il ne sçavoit si le seigneur de
Lescandelour rassembloit sa gent pour lui revenir
courir sus par grand ire et desdaing, Bouciq. n,
ch. (7. Il XVI' s. Dequoy les gentilshommes françois
qui vous accompagnoient, avoient dépit et desdain,
Sat. IHén.\>. (53. Toutesfois ma curiosité me fit pas-
ser mon desdain [honte], ib. p. 193. X fin que plus
longuement et sans dédain [dégoût] ils puissent
estre tenus en la bouche, paré, xxv, 3o.
— ÉTYM. Dédaigner; provenç. desdaing, desdenh;
catal. desdeny ; espagn. desdeno; portug. desdem;
ital. disdegno.
DÉDALE (dé-da-l'),s. m. || l°Lieu où l'on s'égare,
à cause de la complication des voies et des détours.
Dans les dédales verts que formaient les halliers,
la font. Captivité de St Malc. l.à, dans leur course
fugitive. Des ruisseaux semblent plus beaux Que
des ondes que l'art captive Dans un dédale de ca-
naux, gresset. Ode xi. || 2°Fig. Embarras, com-
plication, confusion. Bref, peniez tout à fait mon
âme épouvantée, Ou l'ôtez du dédale où vous l'avei
jetée, MAiR. Soliman, iv, 4. Le malheur de ta fille
au tombeau descendue Par un commun trépas.
Est-ce quelque dédale où ta raison perdue Ne se
retrouve pas? malii. vi, (8. Et sur moins que cela
le poids d'une cabale Embarrasse les gens dans un
fâcheux dédale, mol. Tart. v, 4. Vouloir tromper
le ciel, c'est folie à la terre; Le dédale des cœurs
en ses détours n'enserre Rien qui ne soit d'abord
éclairé par les dieux, la font. Fabl. iv, (9. On y
voit tous les jours l'innocence aux abois Errer dans
les détours d'un dédale de lois, uoil. Sat i. Du
digeste et du code ouvre-nous le dédale, id. Lut. v.
Au lieu d'entrer dans ce dédale de difficullés. ...
MIRABEAU, Collection, t. II, p. 333. J'ai trop bravé
nos tribunaux; Dans leurs dédales infernaux. J'en-
tends Cerbère et ne vois point Minos, bérang. Adinu
à la gloire. [Nos songes] Égaraient nos molles pen-
sées Dans les dédales de l'amour, lamart. iléd.
II, t.
— HIST. XIII' s. C'est la maison Dedalu, A sa
devise Set cascun entrer. Et tout i sont détenu, Ane.
poésies fr. ms. du Vatic. dans lacurne.
— ÉTYM. AaiSaXo;, Dédale, nom d'un artiste my-
thologique, constructeur du labyrinthe de Crète, et
dont le nom a passé à toute espèce de labyrinthe.
t DÉDALÉEN, KNNE (dé-da-lé-in, è-n'), adj.
Néologisme. Qui tient du dédale. Le réseau déda-
léen des rues de Paris.
— ÉTYM. Dédale.
t DÉDALLER (dé-da-lé) , V. a. Enlever les dalles
d'une salle, d'un trottoir.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et dalle.
DÉDAMER (dé-da-mé). || 1° V. n. Terme de jeu de
dame. Déplacer une des dames qui occupent le der-
nier rang, c'est-à-dire le rang le plus proche de
celui qui joue actuellement. || 2° V. a. ôter une des
deux dames qui font la dame damée, si elle a ét«
damée à tort.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et dame (.
DEDANS (de-dan ; l's se lie : de-dan-z et dehors) ,
adv. de lieu. || 1° Dans l'intérieur, files-vous hors
du cabinet? — Je suis dedans. Quand vous serez
dedans, vous ferez à partie.... Régnier, Sat. viii.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage Que
nous ont laissé nos parents, Un trésor est caché de-
dans, LA font. Fabl. V, 9. Et nouvel Empéilocle,
aux flammescondamnéPar sa propre et pure folie. Il
[le cierge] se lança dedans, id. ib. ix, I2. Uncoffre
et rien dedans. Eh gai c'est la richesse Du gros
Roger Bontemps, bérang. Rog. B. || Donner dedans,
aller se jeter dans, se heurter contre. Voulant- fuir
T. — 12f.
i002
DED
les rochers, ils vont donner dedans, iamotte, Fabl.
II, «.||Fifç. et familièrement. Donner dedans, se
laisser sottement tromper. || Famili<TPment. Mettre
qtieli|u'un dedans, l'emprisonner; et fÎR. le tromper.
Kfttro dedans, être en prison. || Mettre dedans,
enivrer. Une bouteille do Champagne l'a mis de-
dans. Être dedans, être ivre. || Terme de trictrac.
Mettre dedans, mettre une dame sur une flèche qui
reste à remplir. || Terme de manège. Mettre la
tête, l'épaule ou la hanche dedans, obliger l'animal à
'pnus.ser ces parties du côté où il doit tourner. Mettre
.dedans, bien mettre l'animal dans la main et dans
'les talons. {| Terme de vénerie. On dit que les chiens
I font bien dedans, quand ils sont bien dans la voie
de leur animal. || Terme de fauconnerie. Mettre un
oiseau dedans, commencer à l'appliquer à la chasse.
Il Terme de marine. Un navire est vent dessus, vent
dedans, lorsque, quelques-unes des voiles étant
masqufios, d'autres sont confiées par le vent. || Fig.
il faut être dedans ou dehors, il faut avoir une si-
tuation nette, savoir positivement ce qu'on veut. Il
me proposa, pour prévenir le scandale, un tempé-
rament que je refusai net; je hii dis quo je ne vou-
lais point d'un état intermédiaire; que je voulais
être dedans ou dehors, en paix ou en guerre, brebis
ou loup, J. J. Bouss. Lett. Meuron, 9 mars t7C5.
Il Dans le même sens, ne pas savoir si l'on est
dedans ou dehors , être incertain de l'état de ses
affaires, do sa situation à l'égard de certaines per-
sonnes. Il Ne pas savoir si une personne est de-
dans ou dehors, ne pas connaître ses opinions, ses
intentions. || Par extension, dedans, dans l'âme.
Tant que rSme soutient le corps, Nous avons à com-
battre et dedans et dehors Les tentations et les pei-
nes, corn. /mt(. i,t3. Il 2° Là dedans, loc. odu. Dans
ce lieu. Kntrez là dedans. 11 est là dedans. || Kig. Je
veux lui faire voir là dedans un abîme nouveau,
PAsc. dans COUSIN. |1 3° En dedans, loc. ad». Dans l'in-
térieur, par opposition aux limites mêmes. On fait
sentinelle en dedans. || Fig. Que je souffre en dedans
et qu'il me morlifiel bkgnabd, Démocr. i, 4. || En
dedans, vers le côté intérieur. Porter la pointe du
pied en dedans. Avoir les pieds en dedans. || Terme
de danse. Un danseur est en dedans, quand ses
hanches et ses genoux restent mal posés, quoique
les pieds se tournent. || Endeilans, enfoncé. C'é-
tait [la maréchale d'Estrées] une grande femme,
assez grosse et de bonne mine, quoique avec des
yeux un peu en dedans, st-sim. 367, 200. || Fig.
Avoir l'esprit en dedans, être timide à montrer ce
qu'on vaut. ||Être fout en dedans, avoir peu d'ex-
pansion, être peu communicalif. |1 En dedans de,
loc. prép. En dedans et en dehors de la ville. La
garnison se tenait en dedans des murailles. || 4° Au
dedans, loc. adv. X l'intérieur, par opposition au
dehors. Le pays est en paix au dedans et au dehors.
Il Fig. Au dedans, au fond de l'âme. 11 y a au de-
dans quelque chose qui nous avertit. C'est là ce qui
fait peur aux esprits de ce temps Qui, tout blancs
au dehors, sont tout noirs au dedans, boil. Disc,
au roi. Trop sinc&re avec moi, trop fier en dedans
pour vouloir démentir mes principes par mes œu-
vres, J. 3. Rouss. Conf. vin. Un instinct muet au
dehors, mais qui lui parle au dedans, préside à ses
travaux, r*ynal, Ilist. phil. xv, 0. || Au dedans de,
loc. pHp. Sa gloire était afl'ermie au dedans et au
dehors du royaume. Le témoignage invisible dont
nous ressentons au dedans de nous l'impression,
BOUHD. Dim. ocl. de VAscrns. Dominic. t. ii,p. 232.
Mon cœur s'est échauffé au dedans de moi, sacy.
Bible, Ps. xxxviii, 4. || 5° Pardeilans, loc. adv. Salo-
mon le fit tout dorer par dedans d'un or très-fin et
trt''s-pur,s*CY, Bibic, Parai, ii, 3. || Par dedans, loc.
prép. Par l'intérieur de. Il pa.ssa par dedans la ville.
Il 6" Do dedans, de l'intérieur. 11 vient de dedans. De
dedans en dehors. || 7" Dedans, s. m. L'intérieur
d'une chose. Le dedans d'une maison. Les dedans
d'un royaume. Socrate un jour faisant bâtir. Chacun
censurait son ouvrage; L'un trouvait les dedans,
pour ne lui point mentir, Indignes d'un tel per-
sonnage, LA FONT. Fabl. IV, 16. Lcs dedans de
la main sont fortenfiés, sÊv. 280. Ouvrez, ouvrez
[un écrinl, je réserve mon admiration pour le de-
dans; le cœur me dit que nous en serons plus
charmées que du dehors, le sage. Turc, i, 4. || l'ar
extension, l'intérieur en parlant du pays auquel
on appartient, par opposition aux pays étran-
gers. Je crains le dedans et non pas lo dehors, di-
sait M. Guizot peu de temps avant la révolution de
Février. Le dedans n'est que trouble et que sédition,
CORN. Poly. II, 2. Il L'intérieur, en parlant d'une
maison, du ménage. La femme, au contraire, in-
habile à tous <«s mmistères, est réservée pour les
DED
affaires du dedans, bollin, Hist. ane. Œuvres,
t. X, p. 4«5, dans potJOENS. Il Fig. F,t laissons le de-
dans [le cœur] à pénétrer aux dieux, corn. Sertor.
III, 2. Une conduite si trompeuse attaque par le de-
dans votre ligue, pi!n. Tél. XX. C'est du dedans du
cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées ,
les adultères, les fornications, les homicides, sacv,
mble, Évang. St Marc, vu, 21. Par l'agitation du
dedans, la disposition du dehors est toute changée :
selon que le sang accourt au visace ou .s'en retire,
il y paraît rougeur ou pâleur, eoss. Coun. n, i2.
C'est à vous à changer le dedans, à ramoner les
cœurs, MASS. Car. Cuite. 118° Galerie d'un jeu de
paume. || Terme de manège. Côté sur lequel le che-
val tourne. La jambe du dedans, la rêne du dedans,
la jambe, la rêne qui .sont du côté de l'intérieur
du manège, par opposition à la jambe, à la rêne
qui sont du côté du mur. H Terme de jeu de bague.
Avoirdeiix, trois dedans, avoir remporté deux, trois
fois la bague. || Terme de vénerie. Faire le dedans
d'une quête, en battre les routes et les taillis par
l'intérieur.
— REM. Dans le xvii' siftcle, dedans était employé
comme préposition ainsi que le montrent les exemples
suivants; et il est fâcheux qu'on ait établi la règle
contraire; car cela frappe, pour le lecteur actuel,
d'incorrection des passages corrects et élégants dans
nos classiques. Voulez-vous demeurer dedans la rê-
verie? CORN. Cid, I, B. Dedans mon ennemi je
trouve mon amant, m. ib. in, 3. Va dedans les
enfers plaindre ton Curiace, m. Ilor. iv, 5. Il faut
le recevoir ou hâter son supplice. Le suivre ou le
pousser dedans le précipice, m. Pomp. i, i. [Qu'ils]
puissent ne laisser dedans votre pensée Que l'image
des traits dont mon âme est blessée, m. ib. v, B.
Je ne veux plus que moi dedans ma confidence, m.
Rodog. IV, 5. Et je crois que le ciel dedans un rang
si bas Cache son origine et ne l'en tire pas, mol.
l'Étonr. I, 2. Il est vrai, c'est tomber d'un mal dedans
un pire, id. ib. Et ses vœux, rejetés de l'objet
qui l'enflamme. Étaient comme vainqueurs reçus
dedans mon âme, m. Dép. am. ii, t. Je lis dedans
son âme et vois ce qui le presse, id. ib. m, B. Et
je tremble à présent dedans la canicule, ID. Sgan.
2. Le sultan dormait lors, et dedans son domaine
Chacun dormait aussi, la font. Fabl. xi, <. Tant
il [chat] en avait mis dedans la sépulture, id. ib.
II, 2. Pour secourir les siens dedans l'occasion, id.
ib. m, 6. L'oracle était logé dedans un galetas, ID.
ib. vu, 4 5. De tous les animaux, l'homme a le plus
de pente A se porter dedans l'excès, id. ib. ix, >t.
On 1' [le trésor] avait enterré dedans telle bourgade,
ID. ib. IX, t3. On nous veut attraper dedans cette
écriture ; Ce sera quelque énigme à tromper un en-
fant, ID. ib. X, t4. Ceux qui ont la foi vive dedans
le cœur voient.... pasc. Pensées. J'en voyais et de-
hors et dedans nos murailles, bac. Théb. ii, i.
X parler dignement de Dieu, il n'est ni dedans ni
dehors le monde, fén. Kxist. 347.
— HIST. XII' s. Dedens le cors son espié [il] a
baigné, Jlonc. p. 89. [La grant amour] Dont je l'ai
tant dedens mon cuer amée [aimée], Couct, xvii.
Cil dedans se défendent corn nobile baron, Sax. viii.
Dedens une chapelle [ils] trouvèrent Helissant, ib.
XII. Dedans quatorze jourz viendront li plus tardif,
t6. XXIV. Il XIII' s. Là fu li estours dedens la porte
moult grans et moult merveilleus, villeh. lkxu.
Dedens ces huit jors furent venu tuit li vaissiel et
li baron, id. lxi. Et puis [il] se rendit moine dedens
une abeïe, Berte, n. Par dedens le manoir [ils] sont
tout ensemble entré, ib. cxxv. Et li fist li rois lire,
et avoit devens que h porteres estoit cousins le
soudanc, Chr. de Itains, 96. Nuz ne puet estre ta-
lemeliers [houlan-j^er] de dans la banliue de Paris,
se il n'acliate le mestier du roi, Li». des met. 4.
Quant commandemens est fes à aucun, qu'il face
gré à son créancier de ce qu'il li doit, dedens les
nuis, c'est à savoir .sept jors et sept nuis à l'omme
de poestô, beaum. liv, k. 11 doit aller à l'ommage
dedens les quarente jors qu'il est entrés en le [la]
saizine, id. vi, 4. Quant semonse est fête à jor, sans
nommer hore, li semons doit entendre que c'est au
matin, dedens hore de miedi, id. 6i. Le chevalier
s'en vint au roy et dit que il avoit esté dedans les
mesons au soudanc et que c'estoit voir [vrai], joinv.
216. Or sus, que vez ci [voici] les Sarrazins qui sont
venus à pié et à cheval, et ont desconfit lesserjans
le roy qui gardoient les engins, et les ont mis de-
dans les cordes de nos paveillons [les ont poussés
jusque dans notre camp], id. 230. Ce fu celi qui
plus noblement arriva, car sa galie a\iva toute peinte
dedens mer et dehors, à escussiaus de ses armes,
ID. 2(5. Il xiv s. Telz monstroit Bonne chiere d'à-
DED
tendre un horion, Qu'enfremez vausist estre par de
dens sa maison, Baud. de Seb. vu, ns. || xv* s, Lan-
castre et le comte de Cantebruge desiroient trop
grandement à aller dedans l'an en Portingal , frciss.
II, II, 2(9. Et devoit estre à cette feste une joute
de quarante chevaliers de par dedans, attei:dans tous
autres, et de quarante escuyers aussi, id. i, i, 2(3.
Un grand tourment les prit en mer qui les mit si
hors de leur chemin, qu'ils ne surent, dedans deux
jours, là où ils estoient, id. i, i, <8. Dedans celle
trêve advint que.... id. i, i, 47. Aller, dedans l'an,
en Portingal, id. ii, ii, 2i9. Et entra dedans la
ville, tout premièrement, messire Jean de Hainaut,
ID. I, i, t03. Nous vous voudrions prier que nous
puissions demeurer en composition, que vous ne
nous fissiez point de guerre, ni nous à vous, le
terme d'un mois; et si, là en dedans, le roi de
France ou le duc de Normandie son fils venoient en
ce pays si forts que pour vous combattre, nous se-
rions quittes et absous de nos convenances, id. i, i ,
234. Incontinent la pucelle dist : dedens, enfans, en
nom Dé ils sontnostres [les remparts], Chr. du siège
d'Orléans, (429, Bibl.drs Charles, 2» série, t. m, p.
B08. Ils sont dedans [Paris assiégé] [ilsy sont entrés],
COMM.1,2. Etmisrentles Bourguignons dedans Mou-
lins, ID. I, 2. Venez anuit heurter à ma chambre, je
vous ferai mettre dedans [entrer], louis xi, Nouv.
XXVII. Il XVI' s. U feit pendre tout ce qui estoit de-
dans, MONT. 1, B3. Pensant tirer vers le dedans de la
ville, iD. I, 6(. Conceptions qu'ils ne peuvent es-
claircir au dedans, ni parconsequent produire au de-
hors,id. I, (88. Bouillir dedans une marmite, id. ii,
48. U se tenoit tousjours enfermé par le deilans de
sa chambre, id. ii, 78. Les stoïciens mettent l'ame
autour et dedans le cœur, id. ii, 290. Encroustez
de marbres au dehors, le dedans reluisant de rares
enrichissements, id. iv, 12. Il estoit romain, et
nay dedans Home, mais dans la vraye Home, id.
IV, 303. Il les meit dedans une auge, et s'en alla
vers la rivière en intention de les jetter dedans,
amyot, iîom. IV. Il bout d'une sorte de poison qui
tue l'homme dedans vingt quatre heures, in. Thém.
26. Finablement il luy monstra premier le dedans,
et puis après le dehors de la main, et le menaça
que sa ville seroit ainsi reversée sans dessus dessoubs,
ID. Timol. (B. Les meurtriers arrivèrent, et, estant
les portes du logis fermées, les meirent à force de-
dans, JD. Ciccron, 60. Ils demandoient bien souvent
les biens de ceulx quivivoient, comme s'ilz eussent
esté morts, et se mettoient dedans par force, id.
Anton. 27. Il esperoit, dedans Parques [avant Pas-
ques], en rendre bon compte à Sa .Majesté, carl. i,
40. Il luy met un assez riche rubys dedans le doigt,
qu'il tira du sien, m. vi, 43. Page, verse à longs
traits du vin dedans mon verre, rons. 273. C'est toi
belle fontelette. Où ma douce mignonnette A miré
ses yeux dedans, id. 65). Je vis en elle, elle vit de-
dans moy; Ce n'est qu'un cœur, qu'une ame et
qu'une foy, id. 765. Maint huis y fut rompu et maint
coffre effondré, Et le dedens exposé à pillaige, pals-
grave, p. 847.
— ÉTYM. De, et dans; picard, dedins; wallon,
divint; rouchi, dedcn; provenç. drdinti , dedins,
dédis. La forme deveni, analogue à diri'nt du wallon,
se trouve dans un texte ancien, écrit il est vrai au
nord de la France.
DÉDICACE (dé-di-ka-s*), s. f. |1 1* Consécration
du temple de Jérusalem chez les Juifs. Il célébra
la dédicace du temple avec piété, Boss. Hist. i, 6.
Voici donc tout ce qui fut offert par les princes d'Is-
raël à la dédicace de l'autel, au jour qu'il fut con-
sacré : douze plats d'argent; douze va.ses d'.irgent
et douze petits vases d'or, sacy. Bible, Nombres,
VII, 84. Il Fêle des dédicaces, fête des Juifs célébrée
en mémoire de la restauration et de la nouvelle dé-
dicace du temple par les soins de Judas Machabée.
Il 2" Consécration d'une église ou d'une chapelle,
qu'on dédie à quelque saint, c'est-à-dire qu'on met
particulièrement sous sa protection. Faire la dédi-
cace d'une église. || Dédicace de l'église, fête qui se
célèbre tous les ans le même jour en mémoire de sa
consécration et qui est marquée par des cierges mis
sur tous les piliers. || 3* Fig. Hommage qu'on fait
d'un livre à quelqu'un, par une épitre imprimée en
tête de l'ouvrage. Votre Majesté n'a que faire de
toutes nos dédiicaces, mol. Ép. dédicntoire de la
Critique de l'École des femmes. Aussitôt tu verras
poètes, orateurs.... Dégrader les héros pour te met- :
tre en leur place, De tes titres pompeux enfler leur
dédicace, boil. Sat. vin. Je dédiai une pièce à M. Du-
clos, et je déclarai que ce serait ma seule dédicace;
j'en ai pourtant fait une seconde, avec .son consen-
tement, J. J. ROUSS. Confess. viii. Que vraisembla-
DED
blement mon livre serait censuré, et que, pour cela
seul, il n'osait proposer au roi d'en accepter la dé-
dicace, MABMONT. Uém. liv. VIII. On lit dans une
dédicace Qu'en lalin il citait Horace, bérang. iV^o-
buchodonosor.
— HIST. XIV' S. Comme, le jour de la feste Nostre
Dame my aoust, l'exposant feust asez esbatu en la
ville d'Enquery à une feste que l'en appelle au pays
[Boulognel ququerroesse ou dedicasse, du cange,
dedicntio. L'exposant, qui demouroit lors en la ville
de Valenciennes, s'aloit eslmtre ou moustier où es-
toit laducasse ou fesle appellée saiiitVast, m. tb.|| xv'
s. Ils vinrent arriver au village, où se faisait la dédi-
cace et la générale feste du lieu [fi'te patronale],
LOUIS XI, JVouv. xcviii. Il xvi* s. La dedicasse d'un
temple, amyot, TMm. 42.
— ËTYM. Lat. ficliî dedicacia, de dedicare, dédier
(voy. DÉDIER); wallon , di'ctîce; namurois, dtcauci! ;
rouclii, ducasse, trois mots qui signilient fêle pa-
tronale.
DÉDICATOIRE (dé-di-ka-toi-r'), adj. Qui contient
la dédicace d'un livre, d'une statue, d'un monu-
ment. Il faut que celui à qui s'adresse l'épître dédi-
catoire paye ou protège, fonten. Jugement de Plu-
Ion. Les gens de lettres ont renoncé à ces épîlres
dédicatoires qui avilissaient l'auteur, même lorsque
l'ouvrage pouvait inspirer l'estime ou le respect,
CONDORCET, d'Alembert.
— ÉTYM. Lat. dedicatorius , de dedicare, dédier.
DÉDIÉ, ÉE (dé-di-é, ée), part, passé. Eglise dé-
diée à la Sle Vierge. || Une pièce de vers dédiée à
un prince.
DÉDIER (dé-di-é), je dédiais, nous dédiions, vous
dédiiez; que je dédie, que nous dédiions, que vous
dédiiez, v. a. || 1° Consacrer au culte divin, mettre
sous la protection de Dieu, sous l'invocation d'un
saint. Dédier une église, une chapelle, un autel.
Il 2° Kaire à quelqu'un hommage d'un ouvrage ou
par une épltre ou par une simple suscription. Ce
n'est que maroquin perdu Que les livres que l'on
dédie, SCARBON, dans richelet.
— HIST. XII' s. Quant la chapele fu beneoite à Es
[Aix-la-Chapelle], Et li mostiers fu dédiez et fez,
Li coronemens Looys, v. 28. E en ccl setme [sep-
tième] meis fud dédiez 11 temples e tute la vaissele,
liais, 257. E puis dédièrent le temple, e firent ves-
seaus sainz toz noveaux, Machabées, i, 4. || xiir s.
Hors de sains liex qui sont dédié, eeadm. xxv, 2).
Lequel moustier estoit fait en la mahommerie des
Sarrazins, et l'avait le légat dédié en l'onneur de la
mère Dieu, joinv. 208. |] xiv s. En temps duquel
consul fu dédiée la maison de Saturne, bercheure,
f° 36. Il xv s. Hé Dieu! se j'eusse estudié Au temps
de ma jeunesse folle. Et à bonnes meurs dédié.
J'eusse maison et couche molle, villon. Grand
testam. || xvi' s. Qui est-ce qui inférera de là qu'il
faille refuser le baptesme aux petis enfans, lesquels
Dieu se dédie par son adoption gratuite? Calvin,
Instit. 1090. Tarquinius édifia ce temple; mais il ne
le dédia pas, amyot, Publ. 27. L'arbre proprement
dédié et consacré à Jupiter, id. Cor. 4. Il choisit
entre tous les anciens sénateurs romains Q. Fabius
Maximus, auquel il se voua et dédia du tout, id.
Cat. 7. Geste charge luy sembloit trop vile et mal
séante à luy qui estoit jeune et dédié à l'estudo, id.
lirutus, 3. Lequel [cheval] ne peut estre monté ny
dressé que par César, qui dédia son image aprez sa
mort à la déesse Venus, mont, i, 360.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. dedicar; ital. de-
dicare; dii latin dedtcore, de de, et dicare, con-
sacrer.
t DÉDIEDR (dé-di-eur), s. m. Terme de plaisan-
terie. Celui qui dédie un livre. Ils ont grand tort,
ces méchants dédieurs de livres, d'aller faire peur
jusque dans leurs chambres à ces nobles seigneurs,
ËCABRON, Éptt. dédie. Œuvres, 1. 1, p. t69, dans
POUGENS.
— ÉTYM. Dédier.
DÉDIRE (dé-di-r'), V. a. se conjugue comme dire,
excepté à la 2" personne du pluriel du présent de l'in-
dicatif et de l'impératif: vous dédisez, dédisez, et
non: vous dédites, dédites. || 1° Désavouer quel-
qu'un de ce qu'il a dit ou fait. Croyez qu'il me dé-
plaît, et trés-sensiblement. De vous devoir dédire
une fois seulement, botrou, Antig. ii, 2. Mon cœur
vous en dédit, un secret mouvement Qui le penche
vers vous malgré moi vous dément, cobn. D. San.
IV, 3. Les rois impunément dédisent leurs sujets,
ID. Perlhar. ii, 3. Que sert la volonté d'un chef
qu'on peut dédire? m. Sophon. i, 3. H m'a donnée
à vous, et nul autre que moi N'a droit de l'en dé-
dire, et me choisir un roi, id. Nicovi. i, l. M. le
chevalier no m'en dédira pas, sKv. 686. il no m'a
DED
jamais dédite de rien, id. 3G9. Et moi je n'f.i pas
osé l'en dédire, m'a dit Dorante, parce (|iu> j'aurais
indisposé contre moi cette fille, qui a du crédit au-
près de sa maltresse, Marivaux, Fauss. confid. ii,
< 2. Il Par extension, dédire quelque chose, ne pas
se conformer à ce que cette chose exige. Oui, le
religieux qui hait la discipline. Qu'importune la
règle, à qui pèse l'habit. Qui par ses actions chaque
jour les dédit.... corn. Imit. i, 25. || 2° Se dédire,
V. réjl. Désavouer ce qu'on a dit Tu n'es donc
point mon fils. Puisque si lâchement toujours tu
t'en dédis, cobn. Iléracl. li, 3. Je m'en dédis, sei-
gneur, il n'est point criminel, id. Nicom. iv, 2.
Mais s'il se dédisait d'un outrage forcé, id. Scrtor.
I, 3. Mon amour a paru; je no m'en puis dédire,
ID. Cid, v, 8. Je vous en ai trop dit pour m'en pou-
voir dédire, ID. ib. v, 7. De tout ce que j'ai dit, je
me dédis ici, mol. Uis. ii, t. C'est l'opinion [ne pas
croire en Dieu] d'un favori qui se dédira à l'agonie,
LA BHiiY. X. Toutefois, s'il le faut, je veux bien m'en
dédire, boil. Sat. ix. Également impartial, quand
je loue et que je me dédis d'un éloge, quand je
blâme et que je me dépars de ma critique, dider.
Salon de 1707, Œuvres, t. xiv, p. 610, dans pou-
gens. Il Ne pas tenir sa parole, revenir sur un en-
gagement pris. Il n'y a point moyen de vous en dé-
dire, BALZ. liv. VII, lett. 6. Mais quand ce choix est
fait, on ne s'en dédit plus, corn. Sertor. m, 2.
Souvent on se dédit de tant de complaisance, m.
Tite et B. v, 6, Ainsi des bons propos la céleste vi-
gueur Aisément dégénère en honteuse langueur; Tu
semblés n'en former qu'afin de t'en dédire , iD.
Imit. III, 0. Il est tard après tout de vouloir m'en
dédire, id. Cinna, i, 2. Vous ne sauriez ce coup
vous en dédire, la font, ilandr. Comment, vous
avez cru que j'irais me dédire i cause du revers qui
vous est survenu, collin d'harlev. Optimiste, iv,
8. Il Familièrement. 11 n'y a pas à s'en dédire, c'est-
à-dire la chose est trop avancée pour reculer. 11 n'y
avait pas moyen de s'en dédire, iiamilt. Gramm. 6.
Hélas! madame, repris-je, je n'ai suivi que vos con-
seils, il n'est plus temps de se dédire, Marivaux,
illari'anne,9« partie, t. m, p. 372, dans pougens. || Se
dédire, protester qu'on n'a pas fait une chose qui
est imputée. Ce sens vieillit. L'on n'a nul droit de
se plaindre de tout homme qui se dédit, mol. Georg»
Dand. i, 8. Si bien donc que, si je le trouvais cou-
ché avecma femme, il en serait quitte pour se dé-
dire, id. ib. Il Avec ellipse du pronom se. Pensez-
vous qu'il se laisse aisément détromper. Et qu'au
premier moment qu'il vous verra dédire. Aux mains
de son vrai maître il remettra l'empire? cobn. Hé-
racl. Il, 8. Je fais ce que je puis à le faire dédire,
ID. Perthar. v, 2.
— REM. Dans le xvii" siècle on hésitait entre dé-
disez et dédites. Puisque je l'ai promis, ne m'en
dédisez pas, mol. Mis. m, 4. Mais dans l'édition
originale de <669 il y a : ne m'en desdites pas.
— SYN. se dédire, se rétracter. Ces deux verbes
signifient désavouer ce qu'on avait dit, avancé. Dé-
dire est plus général; c'est désavouer une chose dite,
quelle qu'elle soit; on se dédit aussi bien des pa-
roles bonnes que de paroles indifférentes ou agres-
sives. Mais rétracter implique qu'il y avait, dans ce
que nous avions avancé, quelque chose qui blesse,
offense ou mérite du blâme. Je lui avais attribué
cet acte de générosité; la chose est fausse; je m'en
dédis. Je lui avais imputé cette mauvaise action;
j'étais mal informé, je me rétracte.
— HIST. XII" s. Quanque tu as et dit et devisé,
Desdi je tôt en l'enor dam le Dé [en l'honneur du
seigneur Dieu], Bat. d'Aleschans, v. 4 398. N'[y] a
baron en la court qui de rien l'en desdie, Sax. xxxii.
Johans de Salesbire li aveit dunches dit: Sire, tuz
jurs avez nostre conseil desdit. Th. le mart. (43.
Pur ço qu'or desdiseit ço qu'ainz otgraanté, ib. 43.
Desdire les voleit li bers del jugement: Mais mult li
unt prié trestuit communément Qu'il laist cele ire
ester, nel [ni le] desdie neent; Face la volenté le
rei e sun talent, ib. 32. || xiii' s. De riens que com-
mandez, ne serez jà desdite, Berte, liv. De lui au-
ron ore tel pès. Que jamès mal ne nos fera. Ne
chose ne nos desdira Que nis un de nos fere voille,
Ben. 6020. Si vos pri, seignor amoreus, Que se vous
i trovés paroles Semblans trop baudes ou trop foies,
Por quoi saillent li médisant Qui de nous aille mcs-
disantDes choses à dire ou des dites. Que cortoise-
ment les desdites, la Hose, 453C8. Adonques, se
nus ne le desdit [contredit], cil qui sont nommé
devant demorent procureur, beaum. si. Et qui dit
parole por sei en court, ou que il otreie ce que .son
conseil a dit, il ne le peut puis desdire ne neer
[nier], Ast. de J. 52. || xiV s. Si fist Kareulouct,
DED
1003
qui dit : alons avant! Et Guillaume Boitel ne les va
desdisanlj dliescl. ((i328. Mais quant vos cuers m'es-
condit, Vos dous regars s'i mesle et l'en desdit Si
doucement que plus en gré»reçoy Vostre refus que
d'une autre l'oltroy, machault, p. 02. || xv s. Ce
sont trois personnes ensamble Et un seul Dieu : dy,
qu'il t'en sanble? Oserois-tu ceci desdire? la Pass.
de N. S. J. C. Et n'est nul en Angleterre, tant soit
noble ni de grand alTaire, qui l'ose courroucer ni
desdire de tout ce qu'il veut faire, FROiss. I, I, 7.
Le trailé plut assez bien au roi de France, pour
mieux complaire au roi d'Escosse, et ne desdit de
rien le traité, id. i, i, io9. Pour ceste cause fut
desdicte la trefve, comm. m, 9. || xvr s. Se desdire
de .sa parole, mont, m, 78. Ne voulant desilire [con-
tredire] Platon, qui estime.... id. iv, 78. Cette mis-
sive m'est un petit suspecte, car elle parle comme
si le livre estoit dédié à Trajan, ce(|ui est manifes-
tement dedict par le commencement du livre, amyot,
Préf. xxi, 49. Aristœnetus, qui s'esloit tousjours
monstre fort affectionné aux Komains, dit qu'il ne
les falloit desdire en chose quelconque, ny se mon-
trer ingrats envers eulx, id. PJnlop. M. Hz desdi-
rent [refusèrent] fort et ferme Alexandre, quand il
les cuida à toute force faire encore passer la rivière
de Ganges, id. Alex. <04. Ils avoient appelé impu-
dence la hardiesse d'un jeune homme, qui avoit osé,
premier que d'estre au lieu, desdire les asseurances
d'un tel homme que Segur PardaiUan, d'aud. Uist.
II, 270.
— ÉTYltf. Dé.... préfixe, et dire; provenç. desdire;
catal. desdir; espagn. disdecir ; portug. desdiser;
ital. disdire.
i. DÉDIT, ITE (dé-di, di-t'), part, passé de dé-
dire. Qui a été désavoué. Dédit par ceux qui l'a-
vaient chargé de parler. De peur d'en être dédit, il
n'osa nommer son successeur, boss. Hist, m, 5.
2. DÉDIT (dé-di ; le t ne se prononce pas et ne se
lie pas dans le parler ordinaire; au pluriel, l's se
lie: des dé-di-z obligatoires), s. m. || 1° Révocation
d'une parole donnée. || Fig. Cet homme a son dit
et son dédit, c'est-à-dire il est inconstant, on ne
peut se fier à sa parole. Allez, mademoiselle, en fait
de mariage, une fille a son dit et son dédit,
brueys. Grondeur, ii, 3. ||2° Somme stipulée et
due par celui qui ne remplit pas les termes d'une
convention. Mais songez au dédit, il faut surtout le
mettre, hauteroche, Bourg, de quai, iv, 5. || Acte
qui garantit cette stipulation. Le dédit fut déposé
chez un notaire. Qu'avec un grand plaisir, dédit,
je te déchire, dufrény. Dédit, i, it.
— HIST. xiv s. Mais les deux spermes dessus dicts
Sont composez; c'est sans desdicts. Des quatre élé-
ments seulement, Traité d'alch. 3o.||xv"s. Fut con-
clue une trefve à deux mois de desdit, comm. viii,
)6.||xvi's. Le repentir n'est qu'une desdioto de
nostre volonté, mont, m, 26).
. — ÉTYM. Dédit I ; génev. dédite, s. f.
t DÉDOLATION (dé-do-la-sion) , s. f. Terme do
chirurgie. Action d'un instrument tranchant qui,
portant obliquement, enlève une portion superfi-
cielle de la peau et des tissus sous-jacents.
— ÉTYM. Dédoler.
tDÉDOLER (dé-do-lé), v. n. Terme de chirurgie.
Opérer une dédolation. Couper en dédolant.
— ÉTYM. Lat. dedolare, de de, et doiore, tra-
vailler à la doloire.
DÉDOMMAGÉ, ÉE (dé-do-ma-jé , jée) , pari. poss^
Qui a reçu réparation d'un dommage. Dédommagé
de la perte qu'il avait faite. On est bien dédommagé
de cette dépense par les avantages qu'elle assure ,
raynal, Hist. phil. ii, 11».
DÉDOMMAGEMENT (dé-do-ma-je-man), s. m.
Il 1° Réparation d'un dommage. Il a obtenu mille
francs de dédommagement. Le moindre dédomma-
gement ne lui a pas été accordé, raynai., //ùt. phil.
xiii, 48. ||2°Fig. Compensation. Nous trouvons mille
dédommagements humains à nos malheurs, mass.
Avent, Afjlict. Cette ville où ses soldats devaient
enfin trouver un abri, des vivres, une riche proie,
dédommagements promis à tant de maui, séour,
Uist. de Napol. vi, 6.
— ÉTYM. Dédommager.
DÉDOMMAGER (dé-do-ma-jé. Le ff prend un e de-
vant a ou 0 ; nous dédommageons ; je dédomma-
geais), V, a. Il 1° Indemniser d'un dommage souffert.
On l'a dédommagé de toutes ses pertes. Mélanch-
thon ne sait comment excuser les exactions énor-
mes que fit le landgrave, toujours peu scrupuleux
pour se faire dédommager d'un armement constam-
ment et de son aveu fait mal à propos et sur de
faux rajiports, boss. Var. déf. i"disc.§ 44. Indé-
pendamuicnt de l'importance do cotte conquête en
4004
DÉD
DÊD
DÉD
elle-mAme, le vainqueur trouva dans la Havane pour
environ »6 millions d'argent ou d'autres eiïets pré-
cieux qui le dédommageront amplement des frais de
«on expédition, baynal, //«(. phU. x, ta. || Fig.
Les bon tés dont Votre Majestii me comble me dédom-
magent ue celte injustice, d'alemb. Lettre au roi de
Prusse, 7 déo. I77B. Vous, demeurez, et que votre
présence M» dédommage un peu d'une-aussi longue
absence. M. J. chkn. Féuelon, m, 2. || 2° Se dédom-
mager, V. ré/l. Être dédommagé. 11 se dédomma-
j-'ea, par un bon repas, de l'abstinence qu'il avait
supportée. L'orgueil se dédommage toujours et ne
perd rien, lors même qu'il renonce à la vanité, la
ROcuËFouCAULD, dans bichelet. 11 se dédomma-
gera avec usuie de la satisfaction volontaire qu'il at-
tendait de leur part et qu'ils lui auront refusée,
BOUHD. Serm. 24' dim. après Pentec. Dominic. Si
tous mes soupirants pouvaient me uégliger. Je ne
vous prendrais pas pour m'en dédommager, regnard,
le Joueur, iv, 7.
— HIST. xm" s. Et si requeroit qu'il fust desda-
maciés des journées des ouvriers qu'il avoit loués
pour le blé soier [scier], beaum. xuv, 42. Nus pièges
nedoitenriquirde ce dont il est pièges, el damacede
celi qui en pièges le mist, mes tant solement es-
tre desdamaciés et estre mis el point là ù il estoit
quant il advint pièges, ID. xxxiil, 2. Et se vous pre-
nés du nostre, nous avons bien tant du voslre en
Acre, que vous nous desdomagerés bien, joinv. 25o.
Il XV* s. Le dommaige sera usité par les maisti'es;
et se ils rapportent par serment que lesdits babiz
soient empirez par le default du tailleur, il desdom-
magera cellui à qui ledit habit sera, Ordonn. févr.
4485.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et dommage.
DÉDORÉ, ÉE (dé-do-ré, rée), part, passé. Un
carrosse dédoré.
DÉDORER (dé-do-ré), v. a. Enlever la dorure.
Il Se dédorer, v. rtfl. Perdre sa dorure.
— UIST. xvi' s. Si l'or enst esté aussi nutritif que
vous le publiez, Mydas se fust bien erigardé de re-
quérir d'estre dedoré, cnoLiÈnES, dans le Dict. de
DOCHEZ. Tout le malheur qui nostre âge dedore, du
BELLAY, VI, 57, reclo.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et dorer.
I DÉDORMIR (dé-dor-mir), v. n. Cesser de dor-
mir.
— HIST. xm" s. L'encantement [il] a fait fenir Et
lés chevaliers desdormir, FI. et lilancheft. v. 966.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et dormir.
t DÊDORURE (dé-do-ru-r) , s. f. Action de dédo-
rer ou de se dédorer.
— ÉTYM. Dédorer.
t DÉDOSSEMENT (dé-dô-se-man) , s. m. Action
de dédosserune pièce de bois; résultat de cette ac-
tion.
— ÉTYM. Dédosser.
t DÉDOS.SER (dé-dô-sé), v. a. Dresser à la scie
una pièce de bois pour la mettre à vive arête. || Terme
de jardinage. Diviser une grosse touffe de racines
Tivaces en plusieurs petites touffes.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et dos, dans le premier
sens, parce que la pièce à dresser forme une espèce
de dos; dans le second, parce qu'on fait que les
touffes ne soient plus adossées.
t DÊDOUBLAGE (dé-duu-bla-j'), s.m. Dédoublage
de l'alcool, action de le. couper, de l'atténuer par
un mélange d'eau. || Terme de marine. Action de dé-
doubler.
— ÉTYAI. Dédoubler. •
t DÉDOUBLANT, ANTE (dé-dou-blan, blan-t'),
adj. Terme de chimie. Qui dédouble. Catalyse dé-
doublante, celle qui, dans les fermentations, sépare
une substan;e composée en deux substances plus
simples.
t . DÉDOUBLÉ, ÉE (dé-dou-blé , blée) , part, passé.
Il Dont on a ôté la doublure. Un habit dédoublé. || Qui
n'est plus double. Les rangs étant dédoublés, la
troupe occupa toute la place. || Partagé en deux. Une
substance dédoublée par la catalyse.
t 2. DÉDOUBLÉ (dé-dou-blé), s. m. Nom qu'on
donne aux eaux-de-vie préparées par mixtion d'al-
cool à un degré élevé avec de l'eau simple. On dit
aussi recoupe.
— ÉTYM. Dédoublé I.
t DÉDOUBLEMENT (dé-double-man), s. m. Ac-
tion de dédoubler. On avait opéré pour la guerre le
doublement de l'impôt, et l'on va s'occuper de son
dédoublement. Le dédoublement <les rangs, en par-
lant de soldats qui, rangés sur doux rangs, se met-
tent sur un seul. Peu content d'un si monstrueux
orgueil, le cardinal de liouillon revient au dédou-
blement do ton cardinalat pour en multiplier la gran-
deur, ST-siM. 279, 32. |{ Terme de chimie. Réduc-
tion d'une substance composée en deux autres
substances moins composées. || Terme de botanique.
Nom donné à la production d'appendices que pré-
sentent des feuilles, des pétales et des étamines,
d'après l'hypothèse, reconnue fausse aujourd'hui,
que l'organe, naissant simple, se partageait.
— ÉTYM. Dédoubler.
DÉDOUBLER (dé-dou-blé), V. a. \\ 1° Défaire le
doulde. Cette serviette est pliée en double; dédou-
blez-la. Il 2° Terme de marine. Enlever le doublage
d'un bâtiment. || Défaire plusieurs tours des rabans
qui tiennent les voiles fermées. 1] 3° Terme de
guerre. Dédoubler les rangs, faire mettre sur un
seul rang des soldats placés sur deux rangs. Cyrus
dédoubla les files de son infanterie, et la mit sur
douze de hauteur seulement, rollin, flist. anc. Ofîu-
rres, t. ii, p. 206, dans pougens. || 4° Partager en
deux. Dédoubler un bataillon, une classe de collège.
Il Terme de chimie. Dédoubler une substance, la ré-
soudre en deux autres par la catalyse. || Terme de
maçon. Dédoubler une pierre, la partager en deux
dans toute sa longueur. || 5° Ôter la doublure. Dé-
doubler un habit. ||6" Se dédoubler, v. réft. Perdre
sa doublure. Cette garniture s'est dédoublée. || De-
venir moindre de moitié. Tous les régiments s'é-
taient dédoublés. || Se partager en deux substances
par la catalyse. || Se dédoubler, en parlant d'une
pierre, être partagée en deux.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et doubler.
t DÊDUCTIF, IVE (dé-du-ktif, kti-v'), adj. Terme
de philosophie. Qui tient à la déduction. Méthode dé-
ductive, voy. DÉDUCTION.
— ÉTYM. Voy. DÉDUCTION.
DÉDUCTION (dô-du-ksion; en poésie, de quatre
syllabes), s. f. || 1° Soustraction, retranchement.
Faire, demander une déduction. Il redoit tant, dé-
duction faite des à-compte qu'il a payés. || 2" Ré-
cit détaillé, exposition minutieuse. Faire une longue
déduction de ses plaintes. || 3° Terme didactique.
Conséquence tirée d'un raisonnement. Une déduc-
tion claire. Une déduction fausse. || Sorte de syn-
thèse où l'on va de la cause aux effets, du principe
aux conséquences, du général au particulier (voy.
SYNTHÈSE), par une suite de propositions dépendant
les unes des autres, qui s'enchaînent et se soutien-
nent mutuellement. La déduction est opposée à l'in-
duction. Il 4° Terme de musique. Suite, dans le
plain-chant, de notes montant diatoniquement ou par
degrés conjoints.
— HIST. XIV s. Si comme il est dit devant en la
déduction de la quarte raison, oresme, Eth. 463.
Il XV" s. Sur et en deducion et rabat de la somme de
six mille nobles d'or, cent marcs d'argent, Bibl. des
Chartes, 4' série, t. iv , p. 80. || xvi" s. Les déduc-
tions [récits] des exploits où ils se sont trouvez en
personne, mont, i, 68. C'est [le livre de Tacite] plus-
tost un jugement que déduction d'histoire; il y a
plus de préceptes que de contes; ce n'est pas un
livre à lire, c'est un livre à estudier et apprendre,
ID. IV, 6t.
— ÉTYM. Provenç. deductio; espagn. deduccion ;
ital. deduzione; du latin deductionem, de deditcere
(voy. déduire).
DÉDUIRE (dô-dui-r'), je déduis, nous déduisons;
je déduisais; je déduisis; je déduirai: je déduirais;
que je déduisisse; déduisant; déduit. t;.o.|| 1° Sous-
traire, retrancher une somme d'une autre. Il y a
plus de moitié à déduire sur ce comnte. || 2° Énu-
mérer, exposer en déiail. On tira Lvncestès de pri-
son, et on lui ordonna de déduire ses défenses,
VAUGEL. Q. C. liv. vu, ch. >. Si le voulais entre-
prendre de déduire ce qui s'est na.ssê en Grèce, il
faudrait interrompre le fil des affaires de r.\sie, id.
ib. liv. V, dansRiCHELET. Les puissantes raisons qu'on
vient de me déduire Vont ranger mes soupçons au
pointdese détruire, MAiRET,So/iman. II, 7. Dom Ber-
trand [le singe] gagnerait près de certains esprits;
Les raisons en seraient trop longues a déduire, la
FONT. Fabl. XII, 3. Chacun se mit à déduire par le i
menu ce qu'il savait, hamilt. Gramm. «. Ce dernier
écrit peut répondre de la beauté ae ceux que l'on
vient de déduire, la bruy. Disc. s. Théophr. Ayant
été introduits dans le sénat, ils déduisirent leurs j
plaintes et firent leurs demandes, rollin, Ilist. anc. '
CËuvres, t. m, p. 603, danspouGENs. Il déduisait ses
preuves, il exposait ses objections avec ses preuves,
MAiRAN, Éloges, Card. de J'olignac. ]\ 3° Inférer,
tirer comme conséquence. Ventes fort différentes
des principes dont elles sont déduites, RoiutLT,
Physique, dans bichelet. J'en déauirai plus au long
les conséquences, Boss. Somm. de ta doctr. On doit
à Huyghens. sinon la première invention des hor-
loges à pendule, du moins les vrais principes de I»
régularité de leurs mouvements, principes qu'il dé-
duisit d'une géométrie sublime, volt. Louis IIV,
31. Il 4° Se déduire, v. réfl. Être déduit, être tiré
comme conséquence. Cela se déduit clairement des
prémisses.
— HIST. XI* s. X tel dolur et à si grant poverte
[pauvreté], Filz, fies déduit par aliènes terres, S(
Alexis, Lxxxiv. || xm* s. Dedens ceste forest [je] sui
povrement déduite [amusée], Berle, xxxvii. Et si
lonc sont [ses cheveux], qu'en déduisant Li vont
deux tours entor la teste, /Ji. et Jeh. 254. Mes au
plus bel te dois déduire [amuser]. Que tu porras,
sans toi détruire, la Rose, 2I09. || xv* s. Quand j'eus
séjourné en la cité de Pammiers, laquelle cité est
moult déduisant, car elle sied en beaux vignobles,
FROiss. II, III, 6. Si veulx que vous saichez que Sal-
phar ayme ma dame par amour, de quoy je suis en
une très grande jalousie, si ne m'en sçay commeat
déduire [tirer], Perccforest, t. vi, f" 4;i. || xvi* s.
Frères, oyez, je vous pry, ma semonce. Et retenez
ce que j'ay cy déduit, marot, i, 304. Tant plus avant
ceste lettre lisoye, Kn aise grand tant plus me de-
duisoye, id. i, 372. Quand ils vinrent à luy déduire
comme Bacchus et Hercules estoyent aussi en ce
registre, mont, iv, 149. Platon ayant voulu déduire
au long, et enrichir ce subject de la fable Atlanti-
que, AMYOT, Solon, 66. Après que les uns et les
autres eurent déduit leurs raisons, id. Marcell. 38.
Hz les revendoieni au bout de l'an, et Caton en re-
tenoit plusieurs jiour soy mesme, leur en donnant
et déduisant [de l'argent qu'il leur avait prêté] au-
tant comme on leur en avoit le plus présenté, id.
Caton, 45. J'ai plusieurs points que je pourrois in-
duire X ce propos, si je voulois déduire Ce fait au
long.... DU BELL, vil, 31, verso.
— ÉTYM. Provenç. desduire , desdure; du latin
deducere, tirer, faire sortir (de de, et ducere, con-
duire, voy. duc), qui avait pris le sens de divertir,
détourner, amuser, exactement comme divertir lui-
même.
t. DÉDUIT, ITE (dé-dui, dui-t'), part, passé
de déduire. Retranché. Somme déduite. Ce gou-
vernement, les petits profits déduits, coûte par an
à la Compagnie t640oo livres, haynal, Ilist. phil.
II, 8. Il Exposé. Faits déduits. Un long récit déduit
à loisir. Il Inféré. Conséquences déduites.
2. DÉDUIT (dé-dui ; le ( ne se lie pas dans le par-
ler ordinaire; au pluriel, l'sselie: les dé-dui-z amou-
reux), s. rr.. Il 1' Terme du style badin. Divertisse-
ment, occupation agréable. Il avait dans la terre
une somme enfouie, Son coeur avec, n'ayant autre
déduit Que d'y ruminer jour et nuit, la font. Fabl.
IV, 20. Il Déduit de vénerie, de fauconnerie, tout le
train et équipage qui sert à prendre le déduit de la
chasse, les veneurs, les chiens, les oiseaux, les va-
lets. Il 2° Dans le langage des poètes erotiques, plai-
sir de l'amour.
— HIST. xii* s. [Il] Donna deduiz, donna balez.
Donna lévriers, donna brachez [des chiens bra-
ques], Brw(, dans lacurne. Mais si je chant, li de.s-
duisen est mien, quesnes. Romancero, p. 85. || xm*
s. Jamais [je] ne cuit [pense] vivre fors en tourment;
Joie et déduit tout outréement [je] lais, anonyme,
dansCoMCJ. Sachiez que [elle] n'i otguere ne joiene
déduit, Bcr/e, xxxvi. Li singes au marchant doit qua-
tre deniers, se il pour vendre le porte ; et se li singes
esta home qui l'aitachetéporson déduit, si estquites,
/.»r. des met. 287. Et il démenèrent toute la nuit
dedans le castiel grant joie et grant déduit, n. de
VALENC. XV. Pomes i ot et autre fruit; Renart i va
por son déduit, Ren. I288. Or oez, si ne vosanuit,
Je vos conteré par déduit Comment il vindrent en
avant, ib. 26. Querre doit d'amors le déduit, Tant
cum jonesce la déduit, la Rose, t3683. Car tel joie
ne tel déduit Ne vit nus bons, si cum ge cuit [je
pense], Cum il avoit en ce vergier, ib. 474. ||xvs.
s'ils furent celle nuit ensemble [Charles VI et Isa-
belle] en grant déduit, ce pouvez-vous bien croire,
FROiss. II, II, 231. Le roi de France, quoique il se
tint à Paris ou en ses déduits, m. n, ii, 43. Avez
donné à nostre très redoublée dame maints diners
et sDupers et aultres déduits, J. de Saintré, p. 638,
dans LACUHNE. || xvi*s. Si le promets que bien m'es-
toit advis. Que tout le bien du monde et le déduit
N'estoit que dueil, marot, ii, 2. C'e>toient aultrefois
mystères [les Saintes Écritures], ce sont à présent
desduits et esbats, mont, i, 398. Paysage, emlielli
de mille fontaines, bocages, prairies et autres dé-
duits champe.stres, vvek, p. 523. Et ne vécurent
guère en ce déduit amoureux, tant y a d'incon-
stance aux choses de ce monde, lo. p. 644. Dami'
Venus est ores mon déduit, ahtot, Selon, M.
DEF
- ÉTYM. Déduit i; provenç. desdug, dcsdach,
deidui (voy. déduire à l'étymologie, pour l'expli-
cation de ce sens détourné).
t DÉDUPLICATION (dé-du-pU-ka-sion), s.f. Terme
de botanique. Dédoulilement.
— f.TYM. I)é.... préfixe, et duplication.
t DÉDURCIR (dé-dur-sir), v. a. Terme didactique.
Faire cesser la dureté.
— ET Y M Dé.... préfixe, et durcir.
DÉESSK (dé-é-s'), s. f. || 1° Divinité mythologique
représentée sous les traits d'une femme. Junon,
Minerve, Latone étaient des déesses. Pour une
jeune déesse, Vou.s êtes bien du bon temps, mol.
Amph. Prologue. Voudrais-je, de la terre inutile
fardeau. Trop avare du sang reçu d'une déesse , At-
tendre chez mon père une obscure vieillesse? rac.
Iph. I, 2. Oubhait-on qu'ici les déesses des morts
Sont du dieu des banquets les compagnes cruelles?
LiîMi-nc. Agamemnon, iv, B. Est-il vrai qu'on a vu
des déesses livides Dans nos sombres forêts cacher
leurs pas perfides? Dt;cis, Macbeth, ii, 3. || Bonne
Dées.se, nom d'une divinité ancienne, fort honorée
par les dames romaines. I| La déesse aux cent voix,
la renommée personnifiée. La déesse à cent voix
qui du sein d'Alropos Sauve les noms fameux et
les faits des héros, La renommée.... boursault.
Fables d'Ésope, i, 6. |{ La déesse du matin, l'au-
rore. Déjà l'amante du Zépliire Et la déesse du ma-
tin, LA FONT. (Jiurres poslh. || Déesse se dit des
êtres féminins abstraits que l'on personnifie. La
déesse de la raison ou la déesse Raison. || Déesse de
la liberté, femme qui, choisie pour sa belle ap-
parence, figurait, dans certaines fêtes de la pre-
mière révolution, comme la représentation de la
liberté. Est-ce bien vous, vous que je vis si belle
Quand tout un peuple, entourant votre char.... De
nos respects, de nos cris d'allégresse. De votre
gloire et de votre beauté, Vous marchiez fière; oui,
70US étiez dée.sse. Déesse de la liberté, béhang.
Déesse. \\2° Elle a l'air et le port d'une déesse, se
dit d'une femme qui dans sa taille et sa démarche a
de la majesté et de la noblesse. Il Eig. et absolument.
;'est une déesse, c'est une femme d'une grande
beauté. || 3° Familièrement et avec les adjectifs
possessifs , déesse signifie une amante. 11 suivit
l'espace de quatre lieues le char de sa déesse, volt.
Crocheteur.
— iilST. xiii* s. Car en tex leus tient ses escoles
Et chante à ses disciples messes Li diex d'amors et
la déesse, la Rose, <373i. Venus dieuesse d'amur,
MARIE, Gugemer. \\ xiv s. Ivorine est clamée la
dieuesse gentis, Baud. de Srb. xi, B22. || xv s. Elle
semble mieulx que femme Déesse.... Elle n'a per
[égale], en. d'orl. Bal. 9. Quant madame et ma
déesse.... e. descu. Poésies ms. f°<oo, dansLACuRNE.
Ma déesse estes que j'aour Et veil amer, i6..f° 108.
— ÈTYM. Provenç. deuessa, diuessa ; espagn.
diosa; poriug. deosa ; de Dieu ou Dios (voy. dieu).
DÊFÂCHÉ, ÉE (dé-fà-ché, chée), part passé. Fà-
ohé. puis défiché.
DÉFACHER (SE) (dé-fâ-ché), v. réft. S'apaiser
après s'être mis en colère. S'il est fAché, il se dé-
fichera. Benjamine : Je suis au désespoir de me voir
brouillée avec lui. — Mme Abraham: Boni bon!
oh I qu'il se défâchera bientôt ! il t'aime, d'allainval,
^c. des Bourg, i, 4. || Y. a. ôter la ficherie. Il le
défâcha par une réponse pleine d'à-propos..
— HIST. XVI' .s. Et si je suis fasché d'un fascheur
serviteur, Dessus les vers [en faisant des vers],
Boucher, soudain je me desfasche, du bell. vi, 7,
verso. Quelquefois il te plaist pour l'esprit desfacher,
Du luth au ventre creux les languettes toucher,
RONS. 866.
-- ÉTYM. Dé.... préfixe, et fâcher.
I t DÉFAÇONNER (SE) (dé-fa-so-nè) , V. réfl. Perdre
la façon, les bonnes façons.
— HlST. XVI" s. Les mauvais exemples avec le temps
les entraînent à dissolution, et, au lieu de se façon-
ner, ils se desfaçonnent du tout, lanoue, 119.
— ÉTYM. Dé..'., préfixe, et façon.
DÉFAILLANCE (dé-fa-llan-s','H mouillées, et non
dé-fa-yan-s'), s. f. ||l°Etat de ce qui fait défaut.
Si la défaillance de la race masculine d'Aaron eût
dû arriver. Dieu l'aurait prévue, fén. t. n, p. 124.
Il Terme de jurisprudence. Défaut d'accomplisse-
ment d'une clause au temps fixé. || Ancien terme
d'astronomie. Uéfaillance d'un a>tre, éclipse. Aga-
thocle rassura ses soldats, en leur faisant entendre
([ue ces sortes de défaillances des astres marquaient
toujours un changement dans l'élat présent, rollin,
Ilial. anc. Oliuvres, t. i, p. 285, dans pougens.
Il 2° Défaillance de nature, état d'une personne en
'jui rage, les fatigues, les maladies ont usé les forces
DÊF
vitales. Cette suite de changements, en nos corps
par la défaillance de la nature, en nos âmes par
l'instabilité de nos désirs, fléciiier, Dduphine. Son
zèle la soutint dans les défaillances de la nature,
iD. Mme de Mont. Seigneur, soutenez mon cœur,
malgré les défaillances de la nature, fén. t. xviii,
p. 160. La nécessité où les hommes sont de soutenir
tous les jours la défaillance de leur corps par le boire
et par le manger, nicole, Ess. de mor. \" traité,
ch. B. Il 3° Évanouissement, ou, plus précisément,
diminution soudaine et plus ou moins marquée de
l'action du cœur, qui constitue le premier degré de
la syncope. Il lui prit une défaillance, vaugel. Q. C.
liv. iv, ch. 6. Le sang qu'on perd en abondance Fait
ordinairement tomber en défaillance, tbistan,
Panthée , v, ). Astarté but sans crainte, se fiant
au contre-poison; Pygmalion but aussi et peu de
temps après il tomba dans une défaillance, fén.
Tél. viii. Le chancelier Bacon tombait en défaillance
toutes les fois qu'il y avait une éclipse de lune,
saint-foix, Ess. Paris, CEuvrcs, t. iv, p. 400, dans
pougens. Son trépas ne fut qu'une dernière défail-
lance, marmontel, Mém. Viy.vm. ||4''Fig. Mon coeur
tombait en défaillance; je ne pouvais plus rappeler
ma raison, fén. Tél. iv. Avoir, dans les défaillances
de l'âge, le même goût pour le monde, mass. Car.
Prosp. Comme ses disciples étaient encore faibles,
il veutleur épargner le spectacle de ses défaillances
et de son agonie, id. Car. Passion. Il souffrira, par
les raisons que je viens de dire, une défaillance de
cœur très-grande, montesq. £«p. xiv, 2. Jamais je
n'y suis entré, sans sentir une certaine défaillance
de cœur qui venait d'un excès d'attendrissement,
j j.Rouss. Conf. IV. Il B° Terme de chimie ancienne.
Déliquescence. Huile de tartre par défaillance, mé-
lange de pota.sse et de carbonate de potasse devenu
liquide par l'effet de son exposition à l'air.
— HIST. XII' s. Et s'en tel point leur faisiez défail-
lance. Saint et martir, apostre et inocent Se plain-
deroient de vous au jugement, quesnes. Romancero,
p. 102. Ijxiii's. Mes si cum li ombre ne pose. En
i'airoscurci, nule chose Fors défaillance de lumière,
la Rose, 0339. || xiv's. Les vertuz sont superhabun-
dances ou regart des vices qui sont défaillances, et
ces vertus meismes ce sont défaillances ou deffautes
ou regart des vices qui sunt en superhabundance,
ORESME, Élh. B2. Ilxvi's. Mémoire monstrueuse en
défaillance, mont, i, 33. [Teigneux ou bossu, un
père avoue son fils] non qu'il ne s'aperçoive de sa
défaillance, id. i, <54. Qu'il feust buict jours sans
prendre aulcun aliment, quelque défaillance qu'il
sentist en soy, id. ii, 32. Les assiégez ne perdoient
plus de coups au loin, sentans la deffaillance de
leurs poudres, d'aub. Ilist. ii, 50. Elles ont un bat-
tement et défaillance de cœur, paré, xviii, 64.
— ÉTYM. Défaillant; provenç. defaillensa, defa-
lensa.
DÉFAILLANT, ANTE (dé-fa-llan, llan-t'. Il
mouillées, et non dé-fa- yan), adj. || 1° Qui fait dé-
faut, qui manque. Ligne défaillante, ligne qui n'a
plus d'héritiers. || Qui fait défaut en justice. Le
défendeur défaillant. Un témoin défaillant. I] S. m.
et f. Terme de pratique. Celui, celle qui n'a pas
comparu en justicL. || 2° Qui s'afi'aiblit. Le secret sans
doute en est beau Pour la nature défaillante, la
font. Fabl. VIII, 3. J'ai vu sa main défaillante
chercher encore en tombant de nouvelles forces pour
appliquer sur ses lèvres le bienheureux signe de
notre rédemption, boss. Duchesse d'Orl. C'est ainsi
que parlait autrefois un roi selon le cœur de Dieu,
quand ses jours défaillants et ses infirmités mor-
telles l'approchaient du tombeau, fléchier, Dau-
phine. Toi-même rappelant ma force défaillante,
RAC. Phèd. m, t. Je souhaite qu'un souvenir riant
de vos traits puisse encore se retracer dans mon âme
défaillante, staël, Corinne,xx, 3. Par l'ordre d'O-
masis, une escorte brillante Guide vers ce palais sa
marche défaillante, baour lormian, Omasis, m, 7.
— HIST. XII" s. Li chaitif fil d'Adam nen ont cure
de veriteit ne de celés choses k'à lor salveteit apar-
tiennent, anz quierent icil les choses defaillans et
trespassavles, Jo6, 52 1 . || xm' s. 11 fu jugié que li
defalans ne perdroit pas saizine, beaum. xxxix, 70.
Et se c'est li sires qui ait porsivi por soi, il doit
monstrer les deffautes à ses homes, qui sent envers
le defalant, id. 49.
— ÉTYM. Défaillir.
t DÉFAILLEMENT (dé-fa-Ue-man, Il mouillées),
s. m. Action de défaillir.
— HIST. xvi' s. 11 lui prenoit quelquefois defaille-
ment de cœur, avec tels autres accidents qui pren-
nent aux femmes enceintes, desper. Contes, xi.
— ÉTYM. Défaillir.
DEF
lOOi
+ DÉFAILLI, lE (dé-fa-Ili, llie , Il mouillées, et
non pas dé-fa-yi), part, passé de défaillir. Qui a fait
défaut, qui a manqué. On leur vit envahir le royau-
me de Babylone, où la famille royale était défaillie,
Boss. Ilist. 111, 4. Il Qui est tomlié en défaillance, qui
s'est affaibli. Un prêtre vient rendre à un cœur intré-
pide la force défaillie, ciiateadb. dans le Dict. de do-
CHEZ.
t DÉFAILLIBLE (dé-fa-lli-bl', ii mouillées) , adj.
Qui peut défaillir.
— HIST. xv s. Laissons ces choses et disons que
la première vie est defaillable, gerson , Harengue au
roi Charles VI, p. 8.
— ÉTYM. Défaillir.
DÉFAILLIR (dé-fa-Uir, Il mouillées, et non pas
dé-fa- yir), v. n. L'Académie dit qu'il n'est guère
usité qu'au pluriel du présent de l'indicatif: nous dé-
faillons, vous défaillez, ils défaillent; â l'imparfait,
je défaillais; au prétérit, je défaillis, j'ai défailli, et
à l'infinitif défaillir. Il faut y ajouter le présent sin-
gulier de l'indicatif : je défaus, tu défaus, il dé-
faut, donné par de bons auteurs; le futur : je dé-
faudrai , et le conditionnel j je défaudrais (et quand
M. Cousin, fra^mertfî pfti/os. 2' éd. 1833, p. 200,
a dit : où manquerait l'action intérieure, défail-
lerait la perception; il s'est mépris sur la conju-
gaison, et l'on dira ; défaudrait la perception); il
faut y ajouter encore le subjonctif; que je défaille,
que nous défaillions, que je défaillisse; le parti-
cipe présent: défaillant, et le participe passé: dé-
failli, donné par Bossuet. || 1° Être en moins, faire
défaut, manquer. Toutes choses commençaient à
leur défaillir. Cours la Flandre où jamais la guerre
ne défaut, Régnier, Éptt. 1. Leur âge défaudra plu-
tôt que la matière, id. Sat. ix. A qui le désir man-
que aucun bien ne défaut, rotrou, St Gen. v, 2.
La force lui défaut et le teint lui pâlit, tristaîi,
Marianne, v, 3. || Se défaillir à soi-même, se man-
quer à soi-même. Je ne veux pas me défaillir tant à
moi-même que de donner sujet à ceux qui me sur-
vivront de me reprocher.... desg. Méth. 6.112° S'af-
faiblir. Il voit défaillir son corps avant son esprit.
Que si la frayeur nous saisit de sorte que le .sang se
glace si fort que tout le corps tombe en défaillance,
l'âme défaut en même temps, uoss. Conn. de Dieu.
m. Il (l'édition de Lebel porte: le courage tombe
avec les forces). J'ai senti défaillir ma force et mes
esprits, rac. Baj. v, 1. Le courage de Corinne dé-
faillit, STAÈL, Corinne, xvii, 9. Il n'y a vol si haut
et si fort qui ne défaille dans l'immensité des cieux,
chateaub. dans le Dict. de dochez. Et la moitié du
ciel pâlissait, et la brise Défaillait dans la voile, im-
mobile et sans voix, lamart. llarm. 11, 2. || 3° Tom-
ber en faiblesse, s'évanouir. Elle se sent défaillir.
Je l'ai vue défaillir dans les bras de sa raéi-e.
— HIST. xi' s. Hoi nous défait la leials compai-
gnie, Ch. de Roi. cxxix. Bolans rais niez [mon ne-
veu] hoi cest jour nous défait, 16. cliv. || xii' s. Pur
ço ne defaldrad jà ocisiun de ta maisun, ço que tu
as mei en despit, e pris as la femme Une à ton oes
[à ta volonté] à tort. Rois, IB9. Et [je] lor prie pour
Dieu qu'il délivrent les dons et aumosnes que j'ai
aumosnées, se de mi défaut [si je viens à mourir],
TAILLIAR, Recueil, p. 9. ||xiii' s. Il voloient miels
[mieux] ilec mètre tout leur avoir, et aler povre en
l'ost nostre Seigneur, que li ost se departist et de-
fallist, viLLEH. xxxvi. Lombart défaillirent du par-
lement, que il n'i vinrent point , H. dk valenc.
xxxiii. Et quant vint au jour, si contremanda encore
jusques à quarante jours, et à celui jour defali dou
tout, Chr. de Rains, p. 133. Et se il estoit ainsint
que li mestre à l'aprentis delîausist ainz son terme
acompli, iti'. des met. 93. H [les payons] lor vont
seure, ses [si les] assalent. Et li pèlerin se defalent
De combatre tôt li pluisor, FI. et Bl. 89. Il en porra
avoir tel droit de lui come de défailli de servise,
Âss. de J. 73. Autrement iroit, se je n'avoie ne père
ne mère ne hoir qui fust issus de mon cors, et je
avoie aiol ou aiole, et après defaloit de moi, beaum.
xiv, 23. Et tout ainsi s'il defalent de venir as jours
as quix [auxquels] il sont ajornés de lor segneurs,
ID. XXX, 31. Et s'il le porsuit et li ajornés le défaut,
ildoit estrejusticiés perles defautes, id. 6b. ||xiv«s.
Et chascun qui scet aucun art et s'i exercite, il y
doit adjouster se aucune chose y deffault, oresme,
Elh. X, 16. Défaillir de aide à son frère est plus dure
chose que faillir à un estrange, id. ib. 245 ||xv' s.
Toutes choses nécessaires à une si grande entre-
prise leur defailloient, comm. Prol. || xvr s. Et plus-
toust defauldroyent de vie corporelle que de ceste
subjection naturellement deiie â leur prince, rab.
Pant. m, <. Suppléant à ce que defailloyt, ce qua
abundoyt ravallant, et pardonnant tout le passé, ib.
1006
DÉF
li). Si l'esprit humain s'efTorco de monter si haut, il
ilefaudra cent foisaucliemin, calv. Inslit. (ni. Com-
bien que plusieurs aides de ceste vie nous défaillent,
Dieu ne nous defaudra jamais, m. ib. 444. liref en
re que nous avons, ils défaillent, et, en ce que nous
n'avons, ils abondent, MAno. Nouv. xxix. C'est de
mettre la main à l'espée et â la bourse, quy n'a en-
coreseslé offert de nul serviteur, combien qu'il y en
ait à qui ne deffault que le bon vouloir, ID. Lett.
121. Se sentant défaillir, mont, i, 46. L'ame des-
cliarge ses passions sur des objecls fauls, quand les
vrays luy défaillent, id. i, 20. Au cas que l'un d'euli
vienne à défaillir [mourir], je substitue en sa part
celuy qui survivra, in. i, 2i6. Tes bourreaux, les
voylï défaillis de cœur, ils n'en peuvent plus, id.
Il, 22. Je ne sais comme nature default aux hommes
pour désirer la liberté, m. iv, 351. Les uns disent
qu'estant maladif de sa complexion, il défaillit et
mourut soudainement, amyot, Itom. 43. 11 mourut
en défaillant petit à petit, jd. fiuma, 34. Toute ma-
tière, quand la chaleur luy default, demeure oisive
et immobile, id. Cam. sa. Faites vous un thresor
es cieux qui ne défaille jamais, bèze, St Luc,
XU, Ï3.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et faillir; wallon, defali;
provenç. defalhir , defaylhir; anc. catal. defallir;
espapn. desfallecer; ital. sfaltire.
UÉKAIRE (dé-fC-r"), je défais, tu défais, il défait,
nous défaisons, vous défaites, ils défont; je défai-
sais; je défis; je déferai; je déferais; défais, qu'il
défasse, défaisons, défaites, qu'ils défassent; que je
défasse, que nous défassions; que je défisse; défai-
sant, défait, V. a. \\ 1° Changer l'état d'une chose,
de manière qu'elle ne soit plus ce qu'elle était. Dé-
faire un portemanteau. Cette couture est mal faite,
il faut la défaire. Défaire un lit, en déranger les
couvertures, les draps. Ayant fait plusieurs efforts
pour défaire les nœuds, il les coupa, vaugel. Q. C.
îiv. III, ch. 1. Il a droit de régner sur les âmes com-
munes, Non sur celles qui font et défont les fortunes,
COHN. Attila, m, 4. Lubin : Mais, monsieur, j'ai
fait mon paquetv — Le chevalier: Eh bieni tu n'as
(ju'i le défaire, marivaux, Surpr. de l'amour, i, 9.
Moi, te voyant en peine, je défais ton lacet, favart,
Annelte et Lubin, se. vu. ]| Par extension. Défaire
un mariage , un marché, le rompre. Un prêtre au-
dacieux fait et défait les rois, M. J. chén. Charles IX,
lit, 2. Il Absolument. Us ne songent pas, les bon-
nes gens qui veulent maintenir toutes choses in-
tactes, qu'à Dieu seul appartient de créer; qu'on
ne fait point sans défaire; que ne jamais détruire,
c'est ne jamais renouveler, p. l. cour. Lellre v.
Il 2° Abattre, affaiblir, amaigrir. La maladie a
bien défait cet homme. || 3° Mettre en déroute,
tailler en pièces, vaincre. César défit Pompée à
Pharsale. Il défit trois préteurs, il gagna dix ba-
tailles, CORN. Serlor. n, <. 11 n'a délait Tryphon
que pour prendre sa place, m. liodog. u, 3. \\ 4° Ef-
facer par plus d'éclat : en ce sens il vieillit. Quand
elle arrive au bal, elle défait toutes les autres femmes.
Une fille à seize ans défait bien une mère, J'ai
beau par mille soins tâcher de rétablir Ce que de
mes appas l'âge peut affaiblir, quinault, Hère co-
quette, II, t. Le rebut de la cour est reçu à la ville,
où il défait le magistrat, la bruy. m. || 5° Faire
mourir. Cette malheureuse a défait son fruit, son
enfant. || 6° Débarrasser de personnes qui gênent.
Défaites-moi de cet importun. On le défit de son ad-
versaire qui fut mis à la liastillo. Ne voulez-vous pas
me défaire de votre marquis extravagant? mol. Cri-
tique, r J'attends M. Remy, que j'ai envoyé cher-
cher, et, s'il ne nous défait pas de cet homme-là,
ma fille saura qu'il ose l'aimer, marivaux. Fausses
conjid. m, 4. Il Plus particulièrement, débarrasser
par la mort ou le meurtre. Je t'ai défait d'un père,
et d'un frère et de moi, corn. Rodog. v, 4. Et
le premier arrêt qu'ib lui feront donner Les défera
d'Othon qui les peut détrôner, id. Othon, ni, t.
Le lendemain Constantin gagna cette célèbre ba-
taille qui défit Rome d'un tyran, et l'Ëglise d'un
persécuteur, boss. Jlist. i, n. Il ne faut pas s'é-
tonner que, parmi tant de gens d'exécution dont
le parti était plein, il se soit trouvé des hommes qui
crussent rendre service à Dieu, en défaisant la
Réforme d'un tel ennemi, id. Var. x, § 64. La
guerre m'a défait d'un frère heureusement, hkgnarb,
Méneehm. u, 2. Ce jeune inconnu.... Me répondez-
vous bien qu'il m'aitdéfait d'Êgislhe? volt. Ifer. iv , l .
Il Débarrasser de choses qui gênent. Si vous en con-
•ultiez des personnes sensées. Elles vous déferaient
de ces belles pensées, corn. Nicoin. ii, 3. Elle est
ravie que je la défasse d'un tel embarras, sÉv. 445.
Le dévot politique P.... a condamné au carcan et
DÉF
aux galères un pauvre diable , qui est mort de déses-
poir le lendemain de l'exécution, pour avoir prié un
libraire de le défaire de quelques volumes qu'il ne
connaissait pas et qu'on lui avait donnés en paye-
ment, d'alembeht, Lett. à Voltaire, 22 ocl. tG78.
117-86 défaire, v. réfl. Être défait, en parlant de ce
qui était fait, arrangé. Ma coiffure s'est défaite. Ce
nœud s'est défait. Sa cravate s'est défaite. Le ma-
riage s'est défait. || 8° Se décomposer, s'affaiblir.
Ce vin se défait aisément. || 9° Se déconcerter, per-
dre contenance. Courage, seigneur.... ne vous dé-
faites pas, mol. 7'rmc. d'Él. iv, >. || 10" Se défaire
de, se tirer de ce qui serre, enlace. Il s'est défait
de ses liens. Ragotin se défit de ceux qui le te-
naient, et s'alla jeter, regardant derrière lui d'un
œil égaré, dans une grosse touffe de rosiers, scarh.
Itnm. com. u, 7. || 11» Se désaccoutumer, se corriger
d'une chose. De ces chimères-là vous devez vous
défaire, mol. Fem. sav. u, 3 Ceux-là se défont des
fausses religions et môme de la vraie s'ils ne trou-
vent pas de discours solides, pasc. dans COUSIN. Qu'ils
se défassent de cette pitoyable maxime, Boss. Or. 8.
Il n'est pas possible que j'entre jamais dans la voie de
Dieu ou que je m'y étabhsse, si je ne me défais de
cette honte mondaine, bourd. Exhort. sur la flagel.
de J. C, Voilà de tous les vices le dernier dont nous
travaillons à nous défaire et dont nous croyons
devoir nous défaire , id. Exhort. sur le soufflet
donné à J. C. J'ai été théologien, et on ne se défait
pas tout d'un coup de ses habitudes, volt. Oreilles
de Chest. 2. || Se défaire de, avec un infinitif. Défai-
sons-nous de croire que.... sÉv. (60. || 12° Se dé-
faire d'une chose, s'en débarrasser. Ne demandez
point à vous défaire des charges que vous avez,
BOSS. Lett. Corn. e. Ceux qui n'avaient pas voulu
se défaire de leur argent comptant en faveur des
frères Hiéronymites, volt. Voy. de Scarmentado.
J'ai brûlé depuis quelques jours la lettre des Car-
mélites de Rome; je ne prévoyais pas qu'elle put
me servir; et j'aime à me défaire des papiers,
maintenon, Lett. card. de Noailles, t70), t. iv,
p. 232, dans pougens. On se défait des idées tristes
le plus tôt qu'on peut, id. ib. 22 août tC89. Le
germe de l'insecte qui se métamorphose contient
actuellement toutes les enveloppes dont cet insecte
doit se défaire et tous les organes qui l'accempagnont,
BONNET, Consid. corps org. Œuvres, t. v, p. (40,
dans POUGENS. Il Se défaire d'une personne, faire
qu'elle nous quitte, et aussi rompre les rapports
habituels qu'on avait avec elle, je me défais de
toi, j'y cours, je le rejoins, corn, le Ment, iv, t. Il
y a deux manières de congédier son monde et de se
défaire des gens : se fâcher contre eux ou faire si
bien qu'ils se fâchent contre vous, la bruy. viii.
Aussitôt qu'on est parvenu à rendre les favoris
suspects, les princes ne cherchent plus qu'à s'en
défaire, FÉN. Tél. xiv. Le divan résolut de le renvoyer,
non plus comme un roi qu'on voulait secourir, mais
comme un hôte dont on voulait se défaire, volt.
Charles XII, 6. || Se défaire d'un domestique, le
mettre dehors, le congédier. Un seul valet restait....
il fallut s'en défaire, boil. Sat. x. Je n'avais que
trop d'envie de m'en défaire [d'une femme de cham-
bre], maisjesuis femme d'habitude et je n'aime point
les nouveaux visages, lesage. Turc, i, to. || 13° Re-
nonceràlapossessiond'une chose par vente, échange
ou autrement. Vous êtes orfèvre, monsieur Josse, et
votre conseil sent son homme qui a envie de se défaire
de sa marchandise, mol. Am. méd. i, \. Le berger
s'en défait [du bon chien], il prend trois chiens de
taille X lui dépenser moins, mais à fuir la bataille,
la font. Foti. vui, 48. L'envie qu'il avait de se dé-
faire de sa charge, sêv. 446. Ma fille, je vais bien
vous surprendre et vous fâcher : M. de Pompone
est disgracié; il eut ordre samedi au .soir, comme il
revenait de Pompone, de se défaire de sa charge,
SÉV. 386. Mon père eut les capitaineries de St-Ger-
main et de Versailles, dont il se défit au président
de Maisons, ST-siM. o, 48. 11 eut peine à se défaire
de son tableau à un prix modique, diderot, Pein-
ture en cire, OF.uvres, t. xv, p. 332, dans pougens.
Il 14° Abandonner, renoncer à. Croyez-vous que ces
hommes ambitieux, qui ont usurpé un pouvoir ty-
rannique, et qui, au préjudice de nos lois, refusent
si opiniâtiémentde se défaire des faisceaux, mettent
facilement les armes bas? vertot, Hévol. rom. Iiv.
V, p. 39. U le [l'empire] peut à son choix garder
ou s'en défaire, corn. Cinna, il, t. Vous vous dé-
faites bien de quelques droits d'aînesse; Mais vous
défaites-vous du cœur de la princesse? m. Aïcom.iii,
0. Il 15° Écarter, faire disparaître. U l'a marié à une
riche veuve et s'est ainsi défait de son rival. On se
! défit de lui en le mettant à la Bastille. || Plus parti-
DKF
culièrement, faire mourir. Depuis on fit courir lu
bruit qu'il avait fait mourir les deux consuls, afin
qu'ayant défait Antoine et s'étant défait d'eux, il
eût seul les armes victorieuses en sa puissance,
coEFFETEAU, dans VAUGELAS, Allusion de mots.
Si tu prétends régner, défais-toi de nous deux,
CORN. Iléracl. m, 3. Ceux-ci voulurent se défaire
de moi, fén. Tél. iv. Vous vous étiez défait des
deux Guises à Blois, mais vous ne pouviez jamais
vous défaire de tous ceux qui avaient horreur de
vos fourberies, id. Dial. des morts mod. Henri III,
Henri IV. On l'accusait [Persée, roi de Macédoine]
d'avoir tué sa femme de sa propre main depuis la
mort de son père, de s'être défait secrètement d'A-
pelle, du ministère duquel il s'était servi pour
faire périr son frère, rollin, llist. anc. t. ix, p.
10, dans pougens. Il 16* Se donner la mort. Mon
père dans l'excès de sa douleur me dit : ne va pas
répandre le bruit que ton frère s'est défait lui-même;
sauve au moins l'iionneur de ta misérable famille,
volt. Leit. Damilaville, oct. (7(i2 Dire qu'il était
mort d'apoplexie, lorsqu'il était évident qu'il s'était
défait lui-même, id. Lett. Audra, 4 sept. 1789.
Pourquoi le désespoir les porte-t-il [les nègres es-
claves] à se défaire ou à vous empoisonner? raynal,
Ilist. phil. XI, 24. Tandis qu'il fait courir le bruit
que sa mère, convaincue d'un attentat sur sa per-
sonne sacrée, s'est défaite elle-même, il voit son
image, il en est poursuivi, mtiER. Claude et Néron,
I, § 98. Plusieurs de ses disciples se défirent au ser-
tir de son école, m. Opin. des anc. phil. Secte c\f
rén. Jean Choinart trouve sa récolte trop belle [li
avait spéculé sur la hausse des grains], rentre chez
lui et se défait, p. L. cour, n, 286. On sait de son
esprit se servir à propos. Revenir, s'apaiser, se
remettre en colère. Faire bien le jaloux et vouloir se
défaire, REGNARD, D^mocr.ii, 7. || U est fâcheux que
ce sens du verbe défaire vieillisse, et qu'on y ait sub-
stitué ou bien se tuer qui est plus vague, puisqu'on
peut se tuer par accident, ou bien se suicider <{\ix est
un mot suspect et d'un alloi douteux.
— REM. J. J. Rousseau a dit : Epée que j'ai por-
tée jusqu'à Turin, où le besoin m'en fit défaire,
Conf. I. Il serait plus correct de dire : me fit m'en
défaire. Cependant on peut considérer que défaire
est pris, par ellipse, pour me défaire, comme cela
arrive bien souvent avec les verbes réfiéchis.
— HIST. XI* s. L'ost des Franceis verrez sempres
deffere, Ch. de Roi. iv, Dient paien : desfaimes
[nous défaisons, empêchons] la meslée, ib. xxxiii.
En Roncevaus irai l'orguel desfaire, ib. Lxxiii.
— xii° s. Ainz me convient otroier et gréer Les
volontés de mon cuer sans desfaire, Couct, n. Car
[elle] ce me fait que nuls ne peut deffaire, Fors ses
fins cuers dont vers moi [elle] est trop dure. ib.
p. t26. E saillanz sur l'autier [l'autel] , si defist l'au-
tier, Machabées, i, 2. Pur ço s'est mult li reis de
s'ire refrénez, E desfaiz 11 malices qui dune ert
aprestez. Th. le mart. 43. Al tens à son aioel es-
teient il desfait, Li clerc qui erent pris à si vilain
mesfait.ib. 27. Si tu l'fais, dune desfras bien le cun-
seil Architopel, flow, t77.
— XIII* s. Que, s'en l'avoit juré, nel (ne le] [l'im-
pôt] desferoit-on mie, Bcrte, Lx. Li rois a sa fille
amenée. Al roi Arlus l'a présentée, X tôle sa volenté
faire, Voille l'ardoir, voiUe desfaire [tuer]. Lai de
j/eiïon. Et en plorant merci li crient. Que par li
descouvert ne soient; Car mort ou deffait en se-
roient, FI. et Bl. 2442. Dieux est poesteïs de fere et
desfere, Psautier, (° 36. Lors ot Ysengrin moult
grant honte, Qant Tybert ot deffet son conte, lien.
18080. Et die [qu'il dise] totes les raisons à une vois
qu'il cuidera qui bones li semblent à desfaire le dit
de son aversaire, Ass. de Jérus. 78. Ceste honeur
et ceste offre que vous me faites ne preuré je pas,
se Dieu plet; car je desferoie les bones coustumes
de la sainte terre, joinv. 2)6. Tandis que je parloie
à eulz, je vi que nos serjans à pié defcsoient les
murs, m. 276. Les bons exécuteurs desfont [répa-
rent] premièrement les torz faiz au mort [ faits par
le défunt], ID. <95. Or venez avant; se je vous ai
de riens mesfait, je le vous deflferai l'un par l'autre,
id. 208. Je leur ei distque morz estoit, Que tous de''
feire le felstes, Saint-Graal, v, t426.
— XIV* s. L'aprentis demande comme on deffaict
[taille par quartiers] le cerf, ilodus, f" xxii.
— XV* s. Eve m'amie, ce m'as-tu fait; Or ne puis
aler au deffait; Ainssy peine nous fault avoir, Rc-
4urr.'c(. de N. S. Si se défit cette chevauchée, fboiss.
11, u, t. Et faisoit les femmes, dames, damoiselles
et autres, défaire les chaussées et porter les pierres
aux crenaux pour jeter aux ennemis, ID. 1, i, n:i.
Puisqu'il est fiit. il ne se peut défaire,». u,il, 30.
DEF
Tous les quelï seigneurs le roy avoit desappoincfezet
delTaitz de leurs estatz, comm. i, 6. Et vouloit lais-
ser reposer son armée qui estoit l'ort deffaicle, in.
V, <. Se aucun apprentif du dit mestier se défiait
dé son maistre sans cause durant le temps de son
apprentissaige.... Ordonn. sept. <484.
— XVI* s. Lors le moyne se delTeit de tout son
harnoys, bab. Garg. i, 42. Ils conclurent que sa
puissance estovt telle que il pourroyt deflaire tous
les dyables d'enfer, s'ilz y venoyent, iD.tb. i, 43. On
mettoyt en religion les femmes borgnes, bossues,
deffaictes, folles, tarées, m. ib.i, 62. 11 .se defeit, des
liens qui le tenoyent on berceau, ung des bras,
m. Pant. n, *. La neige au soir voyant apertenient
Vostre beau teint sa grand blancheur deffaire. Se
fist glissante, et vous sceut tant meffairo Qu'onques
depuis ne peu'stesapparoistre, ST gel. <80. Parquoy
voyant Testât de ton affaire, Que veux-tu plus? te
pendre ou te deffaire? m. 2H. Beauté aussi qui si
tost se deffait, ID. <02. Comment est-il possible qu'on
se puisse desfaire du pensement de la mort? mont.
I 74. II y feut veu des pères et mères se desfaisants
euh mesmes, m. i, 299. Que lui [Socrate], par le
tiltre de sage homme que les dieux luy ont déféré,
s'est desfaict, en son amour virile et mentale, de la
faculté d'enfanter et se contente d'ayder et favori-
ser de son secours les engendrants, ID. ii, 240. Quand
il voulut desfaire l'emplastre, id. m, 105. Quant à
Pirithous, il le feit incontinent desfaire [tuer] par
son chien, et feit serrer Theseus en estroite prison,
AMYOT, Thés. 39. La nuict, d'autres defaisoient tout
ce qu'elles avoientfaict et tissu le jour, id. Rom. 3.
Romulus leur alla incontinent au devant avec son
armée, et les desfeit en bataille, iD.ift. 38.11 luy man-
da, que lors il trouveroit assez moyen de se desfaire
de Penfant qui serait né, m. Lyc. 2. Encore que par
edict il n'eust point chassé les mestiers superflus, si
s'en fussent-ilz tous allez d'eulx mesmes, quand ilz
n'eussent plus trouvé à qui se desfaire de leurs ou-
vrages, pource que leur monnoye de fer n'avoit
point decoiirsauxautresvillesde la Grèce, lo.ib. 14.
Tous ayans les visages descoulourez et desfaits, m.
I'. jKm. 66. Combien q\i'ileust aussi bonne grâce et
rencontrast aussi dextrement à se deffaire de tels
importuns que feit oncquesroy ny prince, id. Mau-
vaise honte j 9.
— f.TVM. Dé.... préfixe, et faire; ital. disfare.
f DÊFAISE0K, KUSE (dé-fè-zeur, zeû-z'), s. m.
et f. Celui , celle qui défait. Le faiseur et le défaiseur
de rois Ricimer remit le diadème à Libius Sévère,
CHATEAUB. Éludes historiques.
— ÉTYM. Défaire.
DÉFAIT, AITE (dé-fè, fè-t'),por(.pass^dedéfaire.
II l°Oui n'est plus fait, qui a été fait et qui ne l'est
plus. Un lit tout défait. Un nœud défait. Une coif-
fure toute défaite. J'ai vu sa parure enfantine Plaire
par ce qui lui manquait. Ruban perdu, boucle défaite;
Elle était bien, la voilà mieux, bérang. Sylphide.
Il Manqué. Un marché défait. || 2° Abattu, amaigri.
Défait par les maladies et les fatigues. Son visage
était un peu défait parle commencement d'une gros-
sesse, HAMiLT. Gramm. H. Mais le jour qu'il partit,
plus défait et plus blême. Que n'est un pénitent sur
la fin du carême, boil. Sat. i. || 3° Oui a perdu .sa
contenance et sa bonne façon. Les gens fier.? et super-
bes sont les plus défaits [en la présence du prince],
car ils perdent plus du leur, la bruy. viii. Vous rou-
gissiez, vous pleuriez, votre visage était dùfait....
d'honneur, il l'est encore, beaum. Mariage de Fig.
II, ) 9. Il Terme de manège. Cheval défait, cheval qui a
perdu son embonpoint. || 4° Vaincu, mis en déroute.
Il va recueillir au delà du Rhin les débris d'une ar-
mée défaite , Boss. Louis de Bourbon. Merci voit sa
perte assurée; ses meilleurs régiments sont défaits;
la nuit sauve le reste de son armée, ID. Louis de
Bourbon. Nos ennemis vaincus attendent avec joie
Ou'un des partis défaits leur donne l'autre en proie,
CORN. Wor. I, 4. Rome est sujette d'Albe et vos fils
sont défaits, id. ib. m, 6. Ce grand roi fut défait, il
en perditla vie, id. Sert, ii, i. Le seul Flaminius,
trop piqué de l'affront Que son p're défait lui laisse
sur le front, id. JVtcom. i, 6. Carthage étant dé-
truite, Antiochus défait.... ID. ib.iu, 2. L'adversaire
en désordre est à moitié défait, rotrou, Bélis. iv, 2.
I] 5° Débarrassé. Puisque vous n'aspirez qu'à vous
en voir défaite, cobn. D. Sanch. m, o. [Un serpent]
Restauré du soleil nouveau, Et défait de sa vieille peau,
scARRON, Virg. irav. ii. Théodose, averti le matin
qu'un bataillon de barbares avait déserté, fut bien aise
d'être défait de ces soldats infidèles, fléch. Hist. de
Théodose, m, 92. On n'a pas plus tôt fait emplette
de cette marchandise qu'on voudrait en être délàit,
REONARD. Sérénade, 1. Ceux qui sont destinés aux
DEF
grandes places sont défaits des préjugés qui avilis-
sent une nation, volt. Leit. Uclrétius, 16 sept.
(763. Il Plus particulièrement, débarrassé par la
mort et le meurtre. Guillaume fut bientôt défait
du duc d'Anjou comme de l'archiduc Mathias, id.
Maurs, 164.
DÉFAITE (dé-fé-f) , s. f. \\ l» Perte d'une bataille.
Pour moi, bien que vaincu, je me répute heureux;
Et malgré l'intérêt de mon cœur amoureux, Per-
dant infiniment, j'aime encor ma défaite Qui fait le
beau succès d'une amour si parfaite, cobn. Cid,
V, 7. Combien en a versé [de sang] la défaite d'An-
toine, ID. Cinna, iv, 3. N'eût-il que d'un moment
reculé sa défaite, m. Ilor. m, 6. Encore une dé-
faite, et dans Alexandrie Je veux que cette ingrate
en ma faveur vous prie, m. Pomp. iv, 3. Naupacte,
maintenant Lépante, connu parla défaite des Turcs
en 1571, BOLLIN, Hist.anc. (Jiuvres, t. ii, p. 482.
Quand les Scythes vaincus, réparant leurs défaites,
S'élancèrent sur nous de leurs vastes retraites, volt.
Sémiram. ii,l. Non, ma défaite, ami, ne fait point
mon malheur, id. Adélaïde, m, 1. || 2° En termes
de galanterie, sujétion d'un cœur. Et qui saitsi l'in-
grate, en sa longue retraite, N'apointde l'empereur
médité la défaite? bac. Brit. m, a. || 3° Débit d'une
marchandise, facilité de placement. Des marchan-
dises de prompte, de difficile défaite. La bonne mar-
chandise est de défaite en ce pays-ci, dancourt.
Foire de Besons, se. 6. || Familièrement. Cette fille
est de défaite, elle est belle, ou riche, ou instruite,
et on peut aisément la marier. || 4° Excuse, échap-
patoire, prétexte. Mais enfin si c'était quelque sotte
défaite.... iiauteroche , le Souper mal apprêté,
se. 3. Or çà, voyons si ce que je projette Peut être
apparemment une honnête défaite, id. ib. se. 4.
C'est un vieux importun qui n'a pas l'esprit sain.
Et pour qui j'ai toujours quelque défaite en main,
MOL. Fâch. m , 3. Vous n'osiez résister en face;
c'est ce qui vous faùsait promettre trop facilement,
et éluder ensuite toutes vos paroles par cent dé-
faites captieuses , fén. Dial. des morts mod. Ri-
chel. Mazarin. Ne doutant pas que ce ne fût une
défaite, hamilt. Gramm. 9. Il ne reste qu'une dé
faite avix nouveaux mystiques, boss. Or. 3 Fort
bien! la réponse est honnête, Et vous avez toujours
quelque défaite prête, eegnabd, Distr. i, i. Que
l'amour-propre abonde en mauvaises défaites! la
CHAUSSÉE, l'réj. d la mode, v, 2. Il crut que je
cherchais une défaite, J. i. rouss. Conf v. Va, mon
pauvre Figaro, n'use pas ton éloquence en défaites;
nous avons tout dit, beaum. Mar. de Figaro, u, 20.
— SYN. DftFAiTE, DÉROUTE. Ces mots désignent la
perte d'une bataille, faite par une armée, avec cette
différence que déroute ajoute à défaite et désigne
une armée qui fuit en désordre, Encycl. iv, 731.
— HiST. XVI' s. Ceux qui accompaignerent Cn.
Fulvius en sa desfaicte , mont, i , 66. Donner
une desfaicte en payement, id. i, 12S. La phi-
losophie a armé l'homme de patience , ou , si
elle couste trop à trouver, d'une de.sfaicte infaillible
[le suicide], id. ii, 30l. Il se fait amener cette
mule, et baille la sienne vieille à Didier pour en
trouver la desfaite, desper. Contes, xxvni. Tatius
le remettoit de jour à autre et lui usoit tousjours de
quelque desfaicte, amyot, Rom. 36. En mémoire de
ceste desfaitte ilz soUennisent encore ceste festeque
l'on appelle les Nones Capratines, id. i7i. 49. Hz n'usè-
rent plus de desguisementnyne controuverent plus
de desfaittes pour la révérence de Caton, id. C. d'U-
tiq. 80.
— ÉTYM. Défaire.
DÉFALCATION (dé-fal-ka-sion) , s. f. Action de
défalquer.
— ÉTYM. Défalquer.
DÉFALQUÉ, ÉE (dé-fal-ké, kée), part, passé. Les
à-compte défalqués, reste tant à jiayer.
DÉFALQUER (dé-fal-ké), v. a. || 1° Retrancher
d'une somme, d'une quantité. On réduisit Madame
à toucher de l'électeur palatin sooooo écus romains,
en défalquant même ce qu'elle pouvait avoir déjà
reçu de ce prince, st-sim. 105, 122. L'impôt qu'il
n'a pu défalquer sur le prix de la vente, J. J. rouss.
Écon. 3. À mesure que l'on prend des points [au
jeu d'osselets], on en défalque autant sur la partie
de l'adversaire, chateaub. Amer. 86. || 2° Terme de
fonderie. Rabattre l'humidité. ||3° Se défalquer, v.
réfl. Être défalqué. Cela se défalquera quand nous
réglerons le comfte.
— REM. Au XV!' siècle, défalquer était un mot
mal reçu: «Défait uer, pour dire rabattre ou déduire
en raatièi-e de c jmpte, est un mot italien qui est
barbare parmi no is, » vaugel. Nouv. rem. p. 82,
dans poL'GENS.
DEF
100T
— HIST. XIV' S. Avoir vendu à leur profit le dit
sel ainsi défalqué [privé de son humidité ?] sans ga-
beler, nu cange, gablum. \\ xvi' s. Le temps de
l'enfance, vieillesse, dormir, maladies d'esprit ou
de corps, et tant d'autre inutile et impuissant à faire
chose qui vaille, estant défalqué [de la vie humaine]
et rabattu, le reste est peu, charron, Sagesse,
I, 36.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et un verbe latin hypo-
thétique/'afcare, tiré de faix, faux (voy. faux, s.
f.) , mot à mot • "-etrancher avec la faux; provenç.
defalquar; e.spagn. defalcar; porlug. desfalcar;
ital. diffalcare.
t DÉFARDELER (défar-de-lé), v. a. Ancien terme
de commerce. Défaire un ballot.
— HIST. xiv s. Et en seront creuz les marchands
ou les conduiseurs, de dire par leur serment ce qui
sera ez balles sans defardeler, Lettres du 13 déo.
1324, Avis de la Chambre des comptes.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et fardeau.
t DÉFARDER (dé-far-dé), v. a. ôter le fard. || Se
défarder, v. réfl. S'ôter le fard.
— HIST. XVI" s. Le prince, défardé du lustre de
son vent. Trouvera tant de honte et d'ire, en se trou-
vant Tyran, laschoj ignorant, indigne de louange....
d'aub. Tragiques, II.
— ÉTYM. Dé... préfixe, et farder.
+ DÉFATIGUER (dé-fa -ti-ghé) , v. a. Oter la fa-
tigue. Les bains de pieds défatiguent. || Se défati-
guer, V. réfl. Cesser d'être fatigué. On se défatigue
parfois en changeant d'occupation.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et fatigue.
t DÉFAUFILER (dé-fô-fi-lé), V. a. Défaire une
faufilure.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et faufiler.
■j- DÉFAUSSER (dé-fô-sé), ti. a. || 1° Redresser ce
qui a été faussé. || 2° Se défausser, 11. réfl. Terme rie
jeu. Se débarrasser de ses fausses cartes, c'est-à-dire,
quand on n'a pas des cartes de la couleur qui se
joue, jeter les cartes qu'on croit être les moins uti-
les. Il faut savoir se défausser à propos.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, elfaux, adj.
DÉFAUT (dé-fô; le (se lie: un dé-fau-t incorri-
gible; au pluriel, l's se lie: des dé-fô-z incorrigi-
bles), s. m. Il 1° Action de défaillir, privation de
quelque chose. Le défaut de subsistances a forcé la
garnison à se rendre. Défaut d'esprit, d'expérience,
de courage. Rome vous permet cette haute alliance
Dont vous aurait exclu le défaut de naissance, corn.
Nicom. i; 2. Ils n'ont commis aucun péché parle
défaut de charité et de pénitence, pasc. Prov. 5.
Ô ciel! il paraît bien que la prudence humaine. Qui
fait gloire ici-bas des efforts les plus 'hauts, Tombe,
quand il te plaît, en d'insignes défauts, rotrou,
Bélis. V, 8. La véritable cause de la chute des af-
faires d'Annibal, c'est le défaut de recrues et de se-
cours de la part de sa patrie, bollin, Hist. ane.
Œuvres, t. i, p. 447, dans pougens. || Terme d'a-
natomie. Monstruosité par défaut, monstruosité cau-
sée par l'absence de quelque partie. || Â défaut de,
au défaut de, loc. prép. Faute de, dans le cas où
la chose en question manquerait. A défaut de vin,
nous boirons de l'eau. Et mérite mes pleurs au
défaut de mon coeur, corn. Cinna, iv, 6. X ce dé-
faut vous aurez mon estime, id. Nicnm. v, 10. Moi-
même, à leur défaut je serai la conquête De qui-
conque à mes pieds apportera ta tête, id. Iléracl,
m, 3. Sévère, à mon défaut, fera ta récompense,
ID. Poly. IV, 1. Mon guide, qu'à ce soin à mon dé-
faut j'emploie, S'écrie épouvanté qu'il n'y voit point
de foie [en une victime immolée, ce qui était un
signe funeste], rotrou, Antig. v, 5. Peut-être au
défaut de la fortune, les qualités do l'esprit, les
grands desseins, les vastes pensées pourront nous
distinguer du reste des hommes, boss. Duchesse
d'Orl. Au défaut de ton bras, prête-Tnoi ton épée,
BAC. Phèd. II, 6. Cet humble adorateur Captive ma
personne au défaut de mon cœur, id. Alex, m, 1.
Les Portugais, au défaut de vertus plus éclatantes,
forment son éloge [de Philippe IV] de sa piété et de
sa modération, vebtot, Révol. de Portug. p. 149.
Faut-il qu'au défaut des tyrans et des supplices, l'Ê-
vangile trouve encore en vous seuls son écueil et son
scandale? mass. /(d. ^pipA. Le même testament qui,
au défaut des puînés du sang de Louis XIV, rappe-
lait l'archiduc Charles, VOLT. Louis Xir, 17. Il 2° La
défaut des côtes, l'endroit où elles se terminent, ou
l'espace entre deux côtes. || Le défaut de la cuirasse,
Pintervalle entre les deux pièces d'une cuirasse. Il
rappela ses esprits, et, tâtant son ennemi au défaut
des armes, il lui plongea le poignard dans le fianc,
VAUGEL. Q. C. liv. IX, ch. h Mais il tombe et l'on
trouve au défaut de l'armur Tout le fer d'une lance
1008
DÉ F
encor dans la blessure, pb bblloi, Gaston et B.
lï, 2. Il n'y a point de guerrier si bien armé qu'on
ne puisse percer au défaut de la cuirasse, volt.
Utt. en vers et en prose, 2». || Fig. Le côté faiUe,
dcnsible d'une personne. Blesser quelqu'un au dé-
faut de la cuirasse. ||Dans le même sens. Fuyez un
ennemi qui sait votre défaut, coim. Poly. i, t.
Il 3° Terme de procédure. Manquement à une assi-
gnation donnée, refus de comparaître. Il a fait dé-
faut. Jugement par défaut, décision rendue contre
une partie non comparante ou n'ayant personne
qui comparaisse pour elle. || Donner défaut, donner
acte de la non-comparution. || Défaut contre partie
ou faute de comparaître, jugement rendu contre
une partie, faute par elle d'avoir constitué avoué
dans les délais de l'ajournement. {| Défaut contre
avoué ou faute de conclure, jugement rendu contre
une partie dont l'avoué n'a pas déposé de conclu-
sions. || Défaut-congé, lorsque le demandeur ne se
présente pas. || Profit du défaut, avantage résultant,
pour celui qui se présente, de l'alisence de son ad-
versaire. Adjuger le profit du défaut, statuer par
suite du défaut d'une partie en faveur de l'autre qui
a comp.Tru. || Défaut profit-joint, c'est lorsque de
deui défendeurs l'un comparaît, l'autre fait défaut;
enjoint le profit du défaut, c'est-à-dire qu'au lieu
do l'adjuger, on surseoit à statuer ju.squ'à ce que
le non-comparant ait été jugé ou tenu pour jugé
contradi'cloirement. || 4° Terme de chasse. Le mo-
ment même où les chiens, perdant la voie, ces-
sent de chasser. Les chiens sont en défaut. L'autre
[le renard] fit cent tours inutiles. Entra dans cent
terriers, mit cent fois en défaut Tous les confrères
de Brifaut, la font, f obi. ix, 15. L'animal rusé,
qui les voit passer et s'éloigner, sort de sa retraite,
rentre dans le sentier, confond ses traces et met
la meute en défaut, honnet, Contempl.nat. <2« part,
ch. 44. Il Relever le défaut, se dit des chiens qui
se remettent sur la voie. || Fig. Être en défaut,
faillir. Voilii mes guichetiers en défaut, dieu merci,
nAC. Plaid. I, •>. || Mettre, prendre, trouver quel-
qu'un en défaut, le mettre, le ti'ouver, le prendre
en un manquement quelconque. Les fautes des sols
sont (|uelquefois si lourdes et si difficiles à pré-
voir qu'elles mettent les sages en défaut et ne sont
utiles qu'à ceux qui les font, la bruy. xi. || Mettre
en défaut, rendre inutile, déjouer. Lindor par son
audace Met la ruse en défaut, bérang. Inf. de Li-
sette. Il 5° Imperfection physique. Les défauts du
corps. Il n'y a nuls vices extérieurs et nuls défauts
du corps qui ne soient aperçus par les enfants, la
BRUY. XI. Il Kn parlant des animaux domestiques,
défaut exprime les imperfections du corps et les ir-
régularités de proportion, jj 6° Imperfection morale.
Prenez ainsi que moi des .sentiments plus hauts, Et
suivez mes vertus ainsi que mes défauts, coiin. At-
tila, m, 4, L'agréable défaut, seigneur, que la jeu-
nesse I ID. Pulch. m, 4. De ce triste séjour, où tout
n'est que défaut, Jusqu'aux pieds du Très-Haut Sache
relever ta pensée, ID. Itnit. ii, 1. Nous n'avouons
de petits défauts que pour persuader que nous n'en
avons point de grands, labociief. lUfl.mor. n''327.
Ceux-là sur une erreur, ceux-là sur un défaut, la
FONT. Fabl. IV, M. Le fabricateur souverain Nous
créa besaciers tous de même manière. Tant ceux du
temps passé que du temps d'aujourd'hui; 11 fit pour
nos défauts la poche de derrière, Et celle de devant
pour les défauts d'autrui, m. ib. i, 7. Chacun a son
défaut où toujours il revient; Honte ni peur n'y re-
médie, ID. ib. III, 7. Elle étuduiit ses défauts; elle
aimait qu'on lui en fît des leçons sincères; marque
assurée d'une àme forte que ses fautes ne dominent
point, Boss. Duchesse d'Orl. Il faut aimer ses amis
avec leurs défauts; c'en est un grand que d'être ma-
lade, sÉv. Lett. tb oct. )6i)5. Ohl que de mon es-
prit triste et -mal ordonné. Ainsi que de ce champ
par toi si bien orné. Ne puis-je faire ôter les ronces,
les épines. Et des défauts sans nomlire arracher les
racines? BOIL. Épiire xi. Il y a de petits défauts qu'on
abandonne volontiers à la censure; ce sont de pa-
reils défauts que nous devons choisir pour railler les
autres, LA BKuv. v. L'on ne voit, en amour, de dé-
fauts dans ceux qu'on aime que ceux dont on souffre
soi-même, id. iv. Où trouverez-vous un homme sans
défautT FÉN. Tél. xi. Un défaut avoué et déjà re-
connu est à demi corrigé, ROLLIN, Traité des Et.
VI. 2* part. ch. t , art. 4. Celui qui t'entretient des
défauts d'autrui entretient les autres des tiens, Di-
DEB. Opin. desanc.phil. {Sarrasins). Ses défauts
semblaient u'êl'e |ue ses vertus mêmes portées jus-
qu'à l'excès; on ne pouvait s'empêcher de les lui
pardonner, et on eût à peine osé désirer qu'il ne
les eût pas, oonuobcet, Duhamel. Eh! mon Dieu,
DÉF
monseigneur, c'est qu'on veut que le pauvre soit
sans défaut, beaumabch. Barb. de Sév. i, 2. Je ne
.savais pas qu'il existe des défauts qui peuvent ac-
croître l'amour même par l'inquiétude qu'ils lui cau-
.sent, STAliL, Corinne, xiv, 4. Cette imagination
était son charme, et quelquefois son défaut, ID. ib.
XV, 5. Il En parlant des animaux domestiques et
particulièrement du cheval, vice de leur carac-
tère, comme la rétivité, la méchanceté. || 7° Ce qui
est contraire aux règles de l'art, au goût, aux sai-
nes doctrines. Vous dirai -je qu'elle pénétrait dès son
enfance les défauts les jilus cachés des ouvrages
d'esprit et qu'elle en discernait les traits les plus dé-
licats? FLÉcii. Mme de Hnniausier. Un sonnet sans
défaut vaut seul un long poème, noiL. Art p. ii. Il
ne faut pas regarder ces éloges de Clément XI [au
sujet du livre du P. Quesnel] et les censures qui
suivirent comme une contradiction; on peut être
très-tonché, dans une lecture, des beautés frap-
pantes d'un ouvrage, et en condamner ensuite les
défauts cachés, volt. Louis XIV, 37. || Terme de
rhétorique. Les défauts du style, vices opposés aux
qualités qu'on désire y trouver. Le défaut de clarté
fait que le style est obscur, etc. || 8° Dans les arts et
métiers, parties faibles en une matière, et, par ex-
tension, en un ouvrage quelconque. Il 9" Terme de
grammaire ancienne, par lequel on désignait le re-
tranchement de quelque chose, par exemple la
syncope, c'est-à-dire le retranchement de lettres
dans un mot, et l'ellipse, c'est-à-dire le retranche-
ment d'un ou plusieurs mots dans une phrase.
— REM. Des grammairiens ont voulu distinguer
au défaut de et à défaut de, disant que le premier
signifie à la place de, et le .second faute de, mais
cette distinction n'est pas justifiée par l'usage; et en
soi elle n'est pas fondée.
— SYN. DÉFAUT, DÉFECTUOSITÉ. Ces deux mots ne
sont synonymes que quand il s'agit des imperfec-
tions qui déparenf un produit de la nature ou de
l'art. Défaut, venant de faillir, exprime ce qui faut,
manque, esten faute. Défectuosité, venant du latin
defectus, renferme l'idée de ce qui est défait, mal
fait. Ainsi défaut se dira plutôt quand on voudra
simplement exprimer l'état d'imperfection, et dé-
fectuosité quand on portera son esprit sur le mode
de production : les défauts d'un diamant, les défec-
tuosités d'une piène de drap. .Mais il faut dire que
très-souvent les nuances se confondent.
— HIST. xur s. Nous serions trop blasmé, se vous
chaiens [céans] moriés par defaute, Chron. de Uains,
•108. Dont dist l'apostoles as messages que, par la
defaute de cens qui alerent as autres pors, savoit-il
bien qu'il lor convenoitgranlmeschief faire, villeii.
Lv. Ne porquant li segneur les voloient mètre en
defaute par le [la] reson de l'ajornement, beaum.
54. Et s'il ne le veut jurer, il sera tornés en defaute,
ID. 46. .Et s'il en ont trop poi, il doivent retrere le
defaute [répartir le déficit entre] à chascun, selon
ce qu'il doit penre en l'execu.ssion, id. xii, 31.
Il xiv s. Se dix estoit le plus grant excès en aucune
matière et deux estoit la plus grant deffauto, le
moien selon nature de la chose ce seroit six, oresme,
Eth. 44. Il xv s. Si le pria en amitié et requit par
lignage qu'il se voulust sur ce aviser, par quoi au-
cune deffaute ne fust trouvée en lui, froiss. i, i,
72. La comtesse pria à ces seigneurs do Bretagne,
pour l'amour de Dieu, qu'ils ne fissent nule defaute,
et qlie elle auroit grand secours dedans trois jours,
ID. I, I, )7G. Mais quant ce Vint au fait de la des-
pense. Il restreignit eufs, chandelle et moustarde.
Et oublia pain, vin, char et finance; Tout se des-
triut, et par default de garde, eust. deschamps,
Àdministr. de l'hostel du prince. En fut mal recom-
pensé plus par la poursuyte de ses ennemys que par
le deffault du roy, comm. i, 2. Il avoit honte de re-
tourner en CastiUe ne en Portugal avi'cques ceste
deffaulte, et de n'avoir rien faict deçà, id. v, 7.
Il XVI" s. Il renvoya les plus jeunes, et avecques
ceulx desquels le default estoit moindre [qui feraient
moins faute), mo.nt. i, 243. Il pensa que le plus sur
estoit de fuir, et qu'un bon défaut valoit mieux
qu'une mauvaise comparution, yver, p. 647. Défaut
ne se donne contre le procureur de roi, loysel, 863.
On appeloit (faisait appel] de defaute de droit, quand
on refusoit de rendre la justice aux parties, mo.n-
TESQ. Espr. XXVIII, 28.
— ÉTVM. Dé.... préfixe, et faillir; provenç. défaut,
et,beaucoupplussouvent,df/ouw,df/7'au/(a;auc. ca-
tal. défait. Le féminin defaute est, dans les premiers
temps, le seul que les textes ofl'reiit couramment.
DÉFAVEUR (dé-fa-veur), s. f. \\ 1° Perte de la fa-
veur. Courtisan morfondu, frénétique et rêveur. Por-
trait de la disgrùc* ut do la défaveur, régnieb.
DEF
Sat. m. La défaveur et U pauvreté ne lui .sont point
fâcheuses, quand il les souffre, bai.z. t* Dise, sur la
cour Dans la défaveur et l'abandonnement,
TRISTAN, Mariane. iv, 5. Une société qui n'était pas
de celles que la faveur attire et que la défaveur éloi-
gne, MARMO.NTEL, Hém. liv. X. Il 2° Discrédit. La dé-
faveur des effets publics.
— SYN. défaveur, disgrAce. Disgrâce dit plus
que défaveur. La défaveur c'est simplement la perte
de la faveur; mais la disgrâce est quelque chose de
plus; elle implique non-seulement la perte de la fa-
veur, mais aussi la perte des grâces, des choses gra-
cieu.ses qui étaient possédées, telles que fortune,
emplois, position sociale. La défaveur où était Fé-
nelon ne l'empêchait pas d'être archevêque de Cam-
brai; la disgrâce où tomba Fouquet amena sa ruine
et son emprisonnement.
— HIST. XVI' s. Et comme M. de la Fleor, avec
une mine fort dédaigneuse, en tournant l'escbine,
montrait au frater toutes sortes de deffaveurs, d'aub.
Foen. m, 12. Désertion qui fut telle défaveur [dom-
mage] pour le roy que vous pouvez estimer, veu
mesmement que le camp de l'ennemy n'estoit logé
qu'à demy mille de nous, u. du bell. ne. Il me suf-
fit, soubz la faveur de la fortune, me préparer à sa
desfaveur, MONT, i, 28(. Les Athéniens, pour appa-
rier la desfaveur de ces deux actions [enfanter et
mettre à mort], ayants à mundifier l'isle de Delos
et se justifier envers ApoUo, deflendirent aux pour-
pris d'icelle tout enterrement et tout enfantement
ensemble, id. m, 3oi.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et faveur.
DÉFAVORABLE (dé-fa-vo-ra-bl'), adj. Qui n'est
pas favorable. Opinion défavorable. Événement défa-
vorable aux espérances conçues.
— HIST. XVI' s. Eslevé aux pieds des Valois, qui
tenoient sur sa teste un sceptre défavorable, d'aub.
Uist. préf 6.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et favorable.
DÉFAVOllABLEME.NT (dé-fa-vo-ra-ble-man) ,adr.
D'une manière défavorable, fâcheuse. U l'a jugé dé-
favorablement. On l'a défavorablement traité.
— ÊTYM. Défavorable.
t DÉFAVORISER (dé-fa-vo-ri-zé), t). a. Mettre en
défaveur. Jacques [Sobieski] l'aîné était fort mal
avec elle [la reine], mais il était né avant rélectiou
de son père, ce qui le défavorisait fort, st-sim. 42.
244. Les idées si fausses, mais si fort reçues, qui dé-
favorisaient celui à qui, de droit et de nécessité in*
vitable, les rênes de l'État se trouveraient déviA-
lues...., ID. 364, 67.
— HIST. XVI' s. Ceux desquels la cause n'est guère
bonne, plus de besoin ont-ils d'artificieux langage
pour pallier ce qui, estant doscouverl, la rendroit
desfavorisée, lanoue, 656. Que ce seroit un acte
qui porterait quelque tesmoignage de laschelé, et
qui defTavoriseroit grandement les aflfaires de ceux
de la religion, id. 559. Villegagnon , défavorisé en
France par la querelle qu'il eut avec le capitaine de
Breu, d'aub. Uist. l, 4). Tout cela défavorisant cette
beauté par laquelle elle plaidoit mieux sa cause aux
yeux qu'aux aureiUes, in. ib. i, 259. Les harquebu-
siers de la courtine defavorisoient les liguez en (juel-
que façon, id. ib. m, 269. X ces pensées j'adjouste
la fascheuse mort de Sponde, desfavorisé du roy
aussilost qu'il fut converty, id. Sancy, ix. Par
terre, il n'y avoit ordre de le retirer, pour estre nos
affaires en Italie trop desfavorisées, M. nu bellay,
(21. La fortune joue son jeu, comme il lui plaist fa-
voriser et défavoriser les gens, brant. Mandruszo.
Nos courtisans, deux jours après qu'ils sont delavo-
risés, des accohiis, Bigarr. Contrepèteries. Que mes-
sieurs de Guise n'ayent pas cest honneur d'estre au-
près du roi et de vous, pour desfavoriser ma cause,
GONDÊ, llémoires, p. 5U4.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et favoriser.
DÉFÉCATION (dé-fé-ka-sion), s. f. \\ 1° Terme de
chimie et de pharmacie. Dépuration d'une liqueur
qui, soumise à l'évaporation , laisse se précipiter les
parties qui la rendent trouble. || 2° Terme de physio-
logie. Expulsion des matières fécales hors du corps
par la voie naturelle.
— ÊTYM. Lat. defecatio, de de, hors, et un verbe
hypothétique f.rcare, tiré de fxx, lie (voy. fécal).
t DÊFECTIBILITÉ (dé-fè-kU-bi-li-té), s. f. Qua-
lité de ce qui est défectible.
— ETYM. Défectible.
t DÉFECTIBLE (dé-fè-kti-bl') , adj. Terme didac-
tique. Imparfait, incomplet.
— ÊTYM. Lat. dcficere, manquer (voy. DÉFBCTiri.
t DÉFECT1BI.EMENT (dé-fè-kli-ble-man), adv.
D'une manière défectible.
— HIST. wfs, Nous no pouvons trouver pcrfoc^tou
DEF
DÉF
DEF
100^
lie es hommes n» es clioses créées, si non en
tant qu'elles participent plus ou moins de la divine
perfection et bonté, et pourtant que desfectiblemeni
ia participent, Hist. de la toison d'or, t. ii, f° oo,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Dc'fectible, et le suffixe ment.
DÉFECTIF, IVE (dé-fè-ktif, kii-v'), adj. || l'Termc
de grammaire. Qui n'a pas tous ses temps, tous ses
modes ou toutes ses personnes, en parlant d'un
verbe. Choir est un verbe défectif. La conjugaison
de di'faillir est défective. || On dit aussi . mais moins
bien, défectueux || Se dit aussi des noms et adjec-
tifs qui n'ont pas tous les cas, tous les nombres ou
tous les genres. Ténibres e-t défeciif du singulier;
fat est un adjectif défectif, parce qu'il n'a pas de fé-
minin. Il 2» Terme de géométrie. Hyperbole dé-
fective, courbe du 3" degré qui n'a qu'une asymp-
tote.
— HIST. xiV s. Et aussi ait icellui Raoulin navré
etdecoppé Jaquemart d'Amerval escuier telement et
si inhumainement qu'il en est défectif d'o^e, du
CANGE, defectivxis.
— ÉTYM. Provenç. defectiu; espagn. defectiro;
ital. difrttivo ; du latin defectivus, de deficere, man-
quer, de de, et ficerc pour /acere, faire : proprement,
défaire.
DÉFECTION (dé-l'è-ksion; en poésie, de quatre
syllabes), s. /". || 1° Action d'abandonner un parti
»uc|uel on appartient. La défection est générale. La
défection des alliés était à craindre. La défection des
Caraïlies rouges qui ne voulurent donner contre
leurs rivaux aucun des secours qu'ils avaient promis
i des alliés trop dangereux.... raynal, Ilisl. phil.
XIV, 37. Quand Napoléon apprit celte nouvelle [la
capitulation du général Partouneaux] , saisi de dou-
leur, il s'écria: Faut-il donc, lorsque tout semblait
sauvé comme par miracle, que cette défection vienne
tout gâter? L'expression était impropre, mais la
douleur la lui arracha, ségur, Hist. de Napnl. xi,
7. Il Par extension. Hélas! que l'âme s'est trompée
et que sa chute a été funeste! elle e.st tombée de
Dieu sur soi-même; que fera Dieu pour la punir de
sa défection'? Boss. la Vallière. || 2° Terme d'astro-
logie. Éclipse.
— HIST. xii* s. Pur ço voleit li reis, e il e si
barun, Que, se nuls ordenez [prêtre] fust pris à
mesprisun, Cumme de larrecin u murdreu traïsun,
Dune fust desordenez par itele raison, E puis livré
à mon 0 à des.factiun, Th. le mart. 26. || xv s. Hz
estoient en dangier d'estre prins par force, veu ia
deffection de leur seigneur [la défaite et la mort de
Charles de Bourgogne], comm. v, (I.
— ÉTYM. Lat. del'ectionem, de deficere (voy. dé-
fectif).
t DÊFECTIONNAIRE (dé-fè-ksio-nê-r'), s. m.
Celui qui abandonne un parti, une opinion. 11 y a
eu de nombreux défectionnaires.
— ETYM. Défection.
I «ÊFECTIONNER (dé-fé-ksio-né), V. n. Néolo-
gisme. Faire défection.
— ÉTYM. Défection.
f DÉreCTIVITÉ (dé-fè-kti-vi-té) , s. f. Terme de
grammaire. Qualité des noms ou des verbes dé-
fectifs.
— ÉTYM. Défectif.
DÉFECTDECSEMENT (dé-fè-ktu-eû-ze-man), adv.
D'une manière défectueuse.
— ÉTYM. Défectueuse, elle suffixe ment.
DfiFECTCECX, EUSE (dé-fè-ktu-eû, eû-z'), adj.
Il 1" Qui est entaché de quelque imperfection. Phrase
défectueuse, phrase où il y a des fautes. Vers défec-
tueux, vers mal fait. 11 sera temps de vous fâcher,
si ma preuve vous paraît défectueuse, noss. Var.
5'avert. §2. Le grand artifice de l'esprit de ténèbres
est de nous inspirer cette pénitence défectueuse,
BOURD. Exhort. sur la trahison de Judas. La vérité
qui nous reprend et qui nous fait voir en nous-mêmes
ce qu'il y a de défectueux et de vicieux, m. i' Dim.
après l'dq. Dominic. t. ii, p. tie. Ce livre très-
défectueux [l'Esprit des lois] est plein de choses
admirables dont on a fait de détestables copies,
VOLT. Dial. XXIV, i. Le corps d'Anacréon est bien
modelé; le bras'qui tient la coupe, fin de touche,
quoique défectueux de dessin, dideh. Salon de 1787,
aCuvres, t. xv. p. 26, dans pougens. || 2° Qui man-
que des formalités requises. Acte défectut-ux.
Il 3° Terme de grammaire. Se dit, en parlant d'un
verbe qui n'a pas tous ses temps, tous ses moiles ou
toutes ses personnes. Les grammairiens s'accordent
aujourd'hui pour ôler ce sens à défectueux et pour
l'attribuer exclusivement à défectif.
HlST. XIII* s. Quand vous aimez aucune chose
Vile en soi et défectueuse, Vous voulez son défaut
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
couvrir, r. ns loukns, dans le Dicl. de dochez.
Il xv s. Tu vois les royaumes et diverses régions
souffrir sous princes défectueux, g. chastellain,
dans \e Dict. de dochez. i| xvi' s. Son devin avoit
trouvé, en sacrifiant, le foye défectueux de l'hostie
immolée, amyot, Pyrrh. 70. Qu'il piiivse rendre
son œuvre de tout poinct accomplie, et non défec-
tueuse de plusieurs choses y nece'-saires, id. Démoslh.
n. La doctrine sans nature est défectueuse, id.
Cnmtn. nourrir les enfants, 4. Les fantaisies que
vous avez que vostre condition est défectueuse et
imparfaite, langue, i62. Voiant donc en mesme
temps les Suisses defiectueux [faisant défection], le
reste divisé, d'aub. Hist. m, 6B. Ces millors maul-
dissoient l'intemperature de leur climat d'estre si
deffectueuse en lelles raretez, carloix, m, 28. Tout
estant exactement fourriy «illeurs de filet et d'aiguille
pour maintenir son e.^tre, il est mescreable que
nous soyons seuls produicts en estât défectueux et
indigent, et en estât qui ne se puisse maintenir
sans secours estrangier, mont, i, 2B8.
— ÉTYM. Wallon, difiiutieûs; provenç. defectuos;
espagn. defectuoso; ital. difettuoso; An \3.l\a defec-
tus, manque, de deficere (voy. défectif).
DÉFECTUOSITÉ (dé-fè-ktu-ô-zi-té), s. f. Condition
défectueuse. Voilà l'oiigine de l'horreur de la mort
et la cau.se de sa défectuosité ; éclairons donc l'erreur
de la nature par la lumière de la foi, pasc. Lett.
(7 oct. 1661. On ne recevra aucune fille qui ait de
notables défectuosités de corps, boss. liègl. On allé-
guait la défectuosité de sa naissance, fléch. Vie de
Commendon, Préface. Buys reprit que ce manque
de pouvoir était une défectuosité; qu'en vain nous
traiterions ici sur les autres conditions si nous n'étions
pas autorisés sur la principale, torcy, mémoires,
t. II, p. B3. Il Chez les animaux domestiques, défaut
de formes, de conformation, diminuant la valeur
(le la bête.
— HIST. XVI" s. S'il y a défectuosité en aucune
de ces trois parties, il est force que la vertu soit en
cela defe(:tueu^e et diminuée, langue, hi. De ne
penser aussi en tout et par tout qu'à soy, c'est une
défectuosité qui n'est pas petite, id. (74. Quant à
l'imperfection de sa jambe.... cela couvroit grande-
ment ceste défectuosité, amyot, Agésil. 2. La défec-
tuosité, corruption et dépravation misérable du
texte original grec, id. Moral. Épit.p.iCt. Coulpable
des defectuositez plus basses et po]iulaires, mais
non de>advouées, non excusées, je ne me prise
seulement que de ce que je sçais mon prix, mont.
m, .■i3.
— ÉTYM. Défectueux; provenç. defectuositat ; ital.
difettuosilà.
t DÉFÉMIMSER (SE) (dé-fé-mi-ni-zé),t).rt/î. Pren-
dre les allures d'un homme, en parlant des femmes.
Une femme qui veut se déféminiser.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et un verbe hypothétique
féminiser, tiré de féminin.
DÉFENDABLE (dé-fan-da-bl') , adj. Qui peut être
défendu. Ce poste n'était pas défendable.
— IllST. xm's. Quant li rois ot regardé le casiiel
et le siège qui tant estoit fors et defîendables, Chr.
de Rains, 1 38. Tous ceux que il trouvèrent en armes
deffendables, occistrent tous, joinv. 263. || xv" s. Il
[ceux de Gandj se trouvoient quatre vingt mille
hommes tous défendables [capables de se défendre]
et aidables, froiss. ii, ii, 91.
— ÉTYM. Défendre.
DÉFENDEUR, ERESSE (dé-fan-deur, de-rè-s'), s.
m. et f. Terme de procédure. Celui, celle qui se défend
contre une demande judiciaire. Défendeur est op-
posé à demandeur. Vous, maître Petit-Jean, serez
le demandeur; Vous, maître l'Intimé, serez le dé-
fendeur, rac. Plaid.n, <4.
— HlST. xii"s. [Un roi] juz [juste], avocaz de sainte
église, Defendere, garde ejustise, benoît, ii, )6B9.
Il xm' s. Puis vint en Acre et ne trouva qui li def-
fendist; car tout li deffendeour estoient pris et
mort, Chr. de Rains, 28. Se li demanderes est em-
peeschiez par la tricherie au deffendeeur, et li def-
fenderes par celé au demandeeur, que il ne vienent
en jugement, li prevolz ne doit secorre à nuld'els,
Digest. f°22. Et pur ce doit il avoir deffendeur, car
on ne set le certain jor de sa garison, beaum. 69.
Et par cet establissement doit estre enseigné li de-
manderres et li deffendieres à soy deffendre, Ord.
des rois de l'r. t. i, p. 107. ||xvi"s. C'est une très
meschante place et digne d'iionorer nn défendeur,
langue, 681. Suivant le titre qu'elle disoit porter
de défenderesse de la foy, castelnad, 15B. i toi
mon défendeur. Sauveur et amandeur De ma vie
mauvaise, marot, iv, 269. Mon frère sieur de Mate-
couiom feut convié à Rome à seconder [dans un
duel] un gentilhomme qu'il ne cognoissoit guère,
lequel estoit delîendeur et appelle par un aultre
MONT. m. <)3.
— ÉTYM. Défendre; provenç. defendaire. d-fn:
dedor; anc. espagn. et porlug. defi-ndednt ; \T<i.
difendiiore. Dans le vieux français et le provenial,
au singulier, nominatif defendere, defendairr. ré
gime difcndeor. de fendfdor ; au p]\ir\e\, noniinalil
defendeor. defendedor, régime defendeors. defi'n-
dedors. Défendeur n'était pas alors tiorné au seul
emploi comme terme de procédure, et il avait le
sens de défenseur.
DÉFENDRE (dé-fa n-dr') , je défends, tu défends,
il défend, nous défendons, vous défendez, ils dé-
fendent; je défendais; je défen.lis; défends, qu'il
défende: que je défende; que je défendisse; défen-
dant; défei /il, V. a. \\ 1° Venir au secours, en aida
de ce qui est attaqué, personnes ou choses. Je dé-
fendrai ta mémoire Du trépas injurieux, malh. u, a.
Enfin, chevalier, tu crois défendre ta comédie, en
faisant la satire de ceux qui la condamnent, mol.
Critiqi'C, 7. Il n'y a qu'à détourner son intention
du désir de vengeance qui est criminel, pour la por-
ter au désir de défendre son honneur qui est per-
mis selon nos pères, pasc. Prov. 7. Je vous défen-
drais de l'orage, la font. Fabl. i, 22. Défendez-moi
des fureurs de Pharnace, rac. Mithr. i, 2. Et son-
geons bien plutôt, quelque amour qui nous flatte,
X défendre du joug et nous et nos Eiats.iD. ib.i, 3.
Et subisse des lois Dont il a quaranle ans défendu
tous les rois, id. ib. m, t. Prince aimable, dis-nons
si quelque ange au berceau, Contre tes assassins prit
soin de te défendre, m. Ath. iv, 6. Pour défenire
vos jours de leurs mains meurtrières, m. Iphig.
IV, 4. Je défendrai mes droits fondés sur vos ser-
ments, ID. ib. IV, 6. Ciel! qui nous défendra si
tu ne nous défends? id. Esth. i, 3. La gloire les dé-
fend [les grands du monde] de quelques faiblesses;
mais la gloire les défend-elle de la gloire même?
BOSS. Duchesse d'Orl. X quoi la force doit-elle servir
qu'à défendre la raison? id. Reine d'Anglet. Aussi nul
chevalier ne cherche à la défendre, volt. Tancr. m,
I. Le fameux Arnauld défendait le jansénisme avec
rimpéliiosité de son éloquence, id. Louis XIV, 37.
Il II se dit aussi des animaux. La poule défend ses
poussins. Il Absolument. Et qu'au lieu d'attai|uer il a
peine à défendre, corn. Serlor. I, i. La peut régnait
partout : plus de cœurs, plus d'ami; Le Erançaisdu
Français paraissait l'ennemi, Chacun savait mourir,
nul ne savait défendre, legouvé. Mérite des f. Peu
usité de cette façon. || À son corps défendant, loe.
adv. En se défendant contre une attaque. Il a tué
l'agresseur à son corps défendant. || Fig. et familiè-
rement, à conire-cœur, avec répugnance. J'ai fait
cela à mon corps défendant. Je vous jure, encor
est-ce à mon corps défendant, p^gnier, Sat. xv. Et
l'on sait qu'elle est prude à son corps défendant,
MOL. Tart. I, (. Il 2° En parlant d'un accusé, exposer
ses moyens de défense. Qui défend le prévenu? Cet
avocat nous a très-bien défendus. |{ Défendre son
pain, soutenir un procès dans lequel tous les moyens
d'existence sont engagés. || Dans un sens assez ana-
logue, intercéder pour quelqu'un. || 3° Empêcher
que l'ennemi ne puisse entrer dans un lieu ou en
approcher. Horatius Codés défendit un pont contre
les Etrusques, pendant qu'on le coupait derrière lui.
L'officier qui défendit cette place à toute extrémité.
L'ennemi retranché dans son camp comme dans un
fort, mille foudres, qui portent la mort partout, en
défendent l'approche, mass. Or. funèbre du prince
de Conty. Que si Barclay l'a prévenu dans cette capi-
tale [Vitepsk], sans doute il voudra la défendre; là
peut-être l'attendait cette victoire tant désirée, qui
vient de lui échapper sur la Vilia, ségur, Hist. de
Napol.iv, 7. Il 4° Protéger, garantir. La montagne
défend cette maison des vents du nord. || Terme de
marine. Défendre un canot, éviter de le faire cho-
quer contre un bâtiment ou un quai. || 6" Interdire,
prohiber. Défendre le vin à un malade. Ahl mon-
sieur, qu'est ceci? je défends la surprise! mol. Dép.
am. m, 7. Vos règles vous défendent de rien im-
primer sans l'aveu de vos supérieurs qui sont ren-
dus responsables des erreurs de tous les particuliers,
PASC. Prov. n. C'est des ministres saints la de-
meure sacrée; Les lois à tout profane en défendent
l'entrée, rac. Ath. m, 2 Puisqu'un son jaloux
Lui défend de jouir d'un speclacle si doux , la.
Alex. IV, 3. Le ciel protège Troie; et par trop de pré-
sages Son courroux nous défend d'en chercher les
passages, id. Iiihig. i, 2. || Défendre av.:c un ré-
gime direct, puis avec de et un veibe à l'infinitif.
Je vous défends tout retour et toute inquiétude sur
cela, et de vous en confesser de nouveau ui A
I. — 127
1010
mv
moi ni à d'autres, Doss. Lett. abb. 60. || Défendre
ga iJorteSqiieliiu'un, faire défendre sa porte à quel-
qu'un, dire au portier, aux domestiques de ne
pas la laisser entrer s'il se présente. J'étais si af-
flilJéo de cette perte, de la mort de mon mari, du
départ précipité de mon fils, que j'avais fait défen-
dre ma porte, volt. Princesse de liahjl. t. \\ Se
défendre, défendre à soi-même, s'interdire, s'em-
péchiT de. Ils se .sont défend» les excès, mass. P.
larime. ffalli. des grands. \\ Enjoindre de ne pas
fa re. Mais il me somlde, Agnfes, si ma mémoire
est bonne, Que j'avais di'fendu que vous vissiez
personne, mol. h*c. des f. ii. e. Le désolé vieillard,
qui hiitla raillerie. Lui défend de parler, sort du
lit en furie, boil. Lutr. iv. Mais mon père défend que
le roi se hasarde, bac. Àth. v, t. Pour plus de sû-
reté, il fit mettre des gardes aux portes de tous les
prélats, et défendit qu'aucun étranger entrSt dans
la ville, VOLT, riinrles XII. liv. m. \\ 6° V. n. Terme
de procédure. Fournir des d(''fcnses aux demandes
de la partie adverse. Condamné faute de défendre.
Il Avoir le rôle de défendeur dans un procès. Défendre
à tme action en payement. || 7» Se défendre, v. rifl.
Repousser la force par la force. J'eus lieau crier et
me défendre : la couverture fut apportée [où l'on me
berna], voit. Lett. 9 Gardez-vous de prétendre
Oue dotant d'ennemis vous puissiez vous défendre,
BAC. i/i/hr. v, 6. Les nations s'appellent les unes les
autres, se liguentensemble pour se défendre et pour
l'arrêter, LA nnuY. X Avec ce fer tu m'as fait
chevalier. Tiens, prends, prends, défends-toi ;
meurs du moins en guerrier, c. delav. Vêp. Sicil.
IV, 0. On s'y défendit comme des vainqueurs se
défendent, en attaquant, sêguh, Ilist. de Napol.
IV, 7. Il Terme de manège. Un cheval se défend
quand il refuse d'obéir, soit en sautant, soit en re-
culant; il se défend des lèvres, quand il résiste au
mors. On dit encore i|u'il se défend, quand il se sert
de ses pieds et de sss dents contre les personnes qui
l'entourent et veulent le contenir. || Cette place se
défend d'elle-même, elle est facile à défendre; elle
n'est pas en état de se défendre, elle ne peut résis-
ter à une attaque sérieuse. || Terme de marine. Se
défendre bien à la mer, recevoir peu d'eau à bord
par un gros temps. || 8" Se justifier, repousser les ac-
cusations, les reproches, les critiques. J'ai voulu me
défendre avec civilité, corn, lléracl. i, 2. Qu'on
rappelle mon fils, qu'il vienne se défendre, rac.
Phèd. V, 6. Défendez-vous, madame, et ne l'accu-
sez pas,iD. Brit. IV, t. Ils ne se défendent pas con-
tre cette accusation, mass. Av. Cire. Si mes livres
ne savent pas .se défendre, je ne les défendrais pas
mieux, bonnet, Lett. div. Œuvres, t. xii, p. (28.
Il 9" Se garantir, se préserver. Leur nombre était
assez grand pour se défendre d'une surprise, patiiu,
Plaidoy. t , dans biciielet. Je cherche à te rejoin-
dre et non à m'en défendre [de la mort] , coun. Ito-
dog. V, 4. De cette opinion j'aime mieux me défen-
dre. Pour mettre en votre choix celle que je dois
prendre, La régler par votre ordre, et croire avec
respect Tout ce qu'il vous plaira d'un entretien sus-
pect, m. Perihar. i, 2. Défendez-vous [de la
mort] par la grandeur, Alléguez la beauté, la vertu,
la jeunesse, la font. Fabl. vm, t. Vous n'aurez
plus qu'à vous défendre de la vanité, sÉv. Lettres,
« janv. t672. Contre tant de soupirs peut-on bien se
défendre? bac. Alex, ii, 6. Contre tous les [)oisons
soigneux de me défendre, iv. Mithr.y, 4. Quel phi-
losophe pourrait se défendre de la flatterie? fén.
Tél. XII. On a besoin de force pour se défendre des
exemples qu'on a devant les yeui:, mass. Car. Mé-
lange. Vous dites que, rompre tout d'un coup, ce
serait un éclat.... qui donnerait lieu h des soupçons
dont jusqu'ici vous avez su vous défendre, ID. ib.
Pdques. La vertu même des saints ne suffit pas pour
se défendre des occa.sions qui nous cherchent, ID.
ib. Dang. dis prcspdr. Les Scythes ne connaissent
point l'usage de la laine et des étolTes, et, pour se
défendre des froids violents et continuels de leur
climat, ils n'emploient que dos peaux de bêtes, rol-
UN, Ilist. anc. Œuvres, t. m, p. 79, dans pou-
gens. D'un noir pressentiment je ne puis me défen-
dre, volt. Fanal, m, 3. On meurt ainsi par degrés,
jusqu'à ce que, n'aimant enfin que soi-même, on
ait cessé de sentir et de vivre avant de cesser d'exis-
ter; mais un cœur sensible se défend de toute sa
force contre cette mort anticipée, j. J. bouss. Hél.
IV, t. Il Cette étoffe est bonne, il n'y a qu'.'t se dé-
fendre du prix, c'est à-dire on peut l'acheter, il ne
g'agit plus que de ne pas la payer trop cher. || 10° He-
pousser, refuser, se dispenser de. S'il n'en cill aimé
l'offr», il eût su s'en défendre, cohn. Pomp. m , 2. Il
s'est de mes bontés jusqu'au bout défendu, id, ib. v,
DEF
6. Elle se défend du nom, mais non pas de la chose,
MOL. Critique, 2. Jusques ici je me suis défendu de
m'expliquer, m. Am. magn. ii, t. Il se défend fort
de se mêler de l'affaire, doss, Lett. quiét. <7l. Il
s'en défendit comme d'un crime, m. Hisl. ii, 6.
Prince, de ce devoir je ne puis me défendre, rac.
Uérén. IV, 8. Il s'en déren<lit [d'être élu roi] sans s'é-
mouvoir, FÉN. Tél. VI. Et nous, mes frères, nous
nous défendons de la réputation d'homme juste et
craignant Dieu, comme d'un titre de honte et d'in-
famie, MASS. Car. Injust. du monde. Les deux con-
suls.... se défendirent d'abord de prendre connais-
sance d'une affaire qui s'était passée longtemps
avant leur consulat, vertot, Révol. rom. liv. iii,
p. 2.')3. Elle est femme samaritaine, et par là elle se
défend d'accorder au Sauveur ce que sa bonté de-
mande d'elle, MASS. Car. Samaritaine. \\ 11° Se
cacher d'une chose, la nier. Vous ne vous rendez
pas encore, et vous vous défendez d'être médecin,
MOL. Méd. m. lui, i, 0. Elle se défend fort d'ap-
prendre la philo.sophie , sev. 438. Quelques-uns
se défendent de faire des vers, la bruy. iv. Je ne
m'en défends point: mes pleurs, belle Ëriphile, Ne
tiendraient pas longtemps contre les soins d'Achille,
RAC. Iphig. II, 3. Un homme, se trouvant là sans
fonctions apparentes, m'aborda familièrement, me
demanda confiderament si je n'étais point auteur de
certaines brochures, je m'en défendis fort, p. L.
COUR. Pamphl. des pamphl. \\ 12° S'excuser. Je m'en
suis défendu le moins brutalement qu'il m'a été pos-
sible, HAMiLT. Gramm. 7.||13° S'empêcher de. J'ai
cru honteux d'aimer quand on n'est plus aimable;
J'ai voulu m'en défendre, à voir mes cheveux gris,
CORN. Sertor. iv, 2. Il ne peut se défendre d'aimer
cette vertu douce, fén. Tél. xv.
— REM. 1. Défendre, au sens de prohilier, veut
de devant un infinitif ou que et le subjonctif: Il dé-
fend d'aller, il défend qu'on aille. || 2. Défendre,
dans le sens de prohiber, suivi d'un verbe, ne veut
pas que ce verbe prenne la particule ne; Je défends
que vous fassiez cela, et non je défends que vous ne
fassiez cela; cette dernière tournure, c'est-à-dire
l'emploi de ne expléiif avec défendre, était tr's-
usuelle au xvi" siècle et auparavant. |{ 3. Si le verbe
est à l'infinitif, la particule ne ne se met jamais:
Je vous défends d'y aller (au contraire, le xvi" siè-
cle mettait volontiers la négation : Je vous défends
de n'y pas aller). Pourtant, si le verbe est à l'infi-
nitif et construit avec plus, jamais, quelques écri-
vains ont employé le ne: Il leur déclara qu'il leur
défendait de ne plus songer à ce mariage, sÉv. lett.
todéo. t670 (l'édition de M. Régiiier,qui doit faire
autorité, n'a pas ce ne). Il lui défendit avec dureté de
ne jamais se présenter devant lui, vertot. On sait
combien, avec les verbes exprimant doute, crainte,
empêchement, etc. le ne explétif est fréquent. On
ne peut donc dire que ici ce soit une vraie faute;
seulement on doit savoir que l'usage s'est prononcé
contre cet emploi, et l'on dira : Il leur défendait de
songer davantage à ce mariage; il lui défendit de se
présenter jamais devant lui.
— SYN. DÉFENDRE, SOUTENIH, PBOTÉCER. Mettre
quelqu'un ou quelque chose à couvert du mal qui
lui arrive ou qui peut lui arriver. On défend ce qui
est attaqué; on soutient ce qui ne se tient pas de-
bout par soi-même; on protège ce qui a besoin d'ê-
tre couvert et garanti. On défend une cause; on
soutient une entreprise; on protège les sciences.
Défendre les sciences, ce serait prendre en main
leur cause, si on leur attribuait, comme Rousseau
par exemple, des infiuences funestes; protéger les
sciences, c'est en favoriser la culture et le progrès.
On défend un homme contre ses ennemis, on le
soutient dans les démarches qu'il fait, et, si on oc-
cupe une position supérieure à la .sienne, on le pro-
tège, c'est-à-dire on le sert auprès des personnes
de qui son succès dépend : la principale différence
entre protéger et les deux autres verbes étant que
protéger entraîne en général l'idée de la supériorité
de celui qui protège, ce que ne font pas défendre
et soutenir.
— IllST. XI* s. F.t si avoir nés pot [s'il ne peut les
avoir], si se défende par juise [jugement], /,. de
Guillaume, (6. Et nous defendun que l'om chris-
tien fors de la terre ne vende, th. 4). Fièrent li un,
li autre se défendent, C/i. de [toi. cvii. Je vous dé-
fend que n'i adeist [approche] nus hom, ib. clxxiv.
Puis [qu'il] la défende [l'Espagne] encontre li Fran-
çois, ib. cxciii. Il XII* s. Deffeiidez moi de honte,
Ronc p. 2. Se li ert [était] défendus, ib. p. 22. liien
se défendent à ce^t estroit passage, ib. p. 66. Par
tantes fois [j']ai esté assailliz Que je n'ai mais pooir
de moi deffendre, Couci, v. Douce dame, d'orgueil
DEF
vous deffendez, ib. xiv. Mais je ne puis moi ne mon
cuer deffendre De plus aimer.... th. xxi. Fins cuers
qui bée à haute honor Ne se porroit de tel chose des-
fendre, i6. XXIV. François se deffandirent corn no-
bile guerrier, Sax. iv. Fous, fait-il, tuz dis fus-
tes, e estes e serez: Quant vus l'espée traite de sur
le rei venez; S'il trait sur vus la sue, coment vus
défendrez? Th. le mari. 39. || xiii* s. Tel chose [le
comte Thibaut] a faite en sa vie Dont [il] deOst estre
apelés [en champ clos] ; Il ne se deffendist mie; Car
il se sent encoupés [inculpé, criminel], hi;es ue
LA FERTÉ, ifomoncero, p. 187. Quel cose que le
hom fâche sur sen corps delTendant, nul fourfait il
ne fait, tailliar, Recueil, p. 3». [Je] vous defens
qu'envers moi n'aiez pensée amere, Derte, cxiii. Vez
cum fortune le servi. Qu'il ne se pot onqiies deffen-
dre Qu'el nel feist au gibet pendre, la Rose, CU46.
Por ce se ge deffens ivrece, Ne voil ge pas deffen-
dre à boivre, ib. )78!i. Sire, tel née [nie] et desfent
le miirtre que tel li met sus, yl.ss. de J. <40. Com-
ment il se deffendront de cii [ceux], qui, à tort et
par malvese cause, les assaudront de plet, beaum.
XI. Ou se je me deffent par longue tenure et paisible,
ID. vit, 4. Or disons donc que grant grâce nous fist
Dieu le tout puissant, quant il nousdeffendi de mort
et de péril, joinv. 2I6. Et toute la puissance du
Soudan se logèrent sur le fleuve de Hexi d'autre
part devant nostre ost, pour nous deffendre [inter-
dire] le ])assage, iD. 220. Et un viens baûs Ocist
quatre dus [duc?], Son cors défendant, jubinal,
Fatrasies, t. ii, p. 2i6. || xiv s. Sur ton corps de-
fendant, met lui jour de bataille Par droite detiance,
Girart de Ross. v. 3425. || xv*s. Par lequel trait il y
en eut moult de blessés des assaillans et des defen-
dans, FROlss. I, l, tC2 Dévoient demeurer au
pont et garder le passage, pour le défendre aux aven-
tures des survenans, id. i, i, 139. Comment se petit
ung povre cueur deffendre Quand deux beaulx yeui
le viennent assaillir? cii. d'orl. Bail. iv. Et à luy
fut deffendu ne partir de son hostellerie, comm. iv,
12. Il xvr s. Dieu a défendu en la Loy qu'on n'ado-
rast point autre que lui , calv. [nsiit. 94. Jésus Christ
se défend de ne vouloir point destruire ne dissi-
per la Loy, iD.i'b. 207. Je vousdefen de ne jurer du
tout, m. tb. 29(. Les canons défendent estroilement"
aux chanoines de n'abuser point de leur puissance
au détriment de l'Eglise, ID. ib. 870. Jésus Christ en
défendant de jurerdu tout, id. ib. 292. Il ne défend
point qu'il [le péché] n'y soit, mais qu'il n'y règne
point, in.j'b. 409. Pourautant il [le vin] m'est défendu,
Dont tous les jours m'en croist envie, mahot, vi,26t.
Et pour cette raison , defendoient les Hébreux, que,
l'année que l'homme seroit marié , n'allast point à
la guerre, marg. Nouv. lxx. Elle lui défendit de ne
s'y trouver plus, id. ih. xxi. Lepidus deffendit à ses
héritiers de.... mont, i, )7, Deffendre une place con-
tre l'ennemi, id. i, 25. La prouesse des habitans à
se bien deffendre, id. i, 27. Je me .suis deffendu d'o-
ser altérer jusques aux plus legieres et inutiles cir-
constances, id. i, 103. Ils deffendoient, sur peine
de la hart, que nul eust à dire que.... ID. Il, 25).
Ces dernières villes se sont mieux défendues, encores
qu'elles ayent esté a.ssailbes avecques plus d'art,
LANGUE, 336. Deffendus de leur .simplicité et à l'om-
bre de leur pauvreté, lis vesquirent sans persécu-
tion, d'aub. Hist. I. 68. Le comte Ludovic avoit def-
fendu à .lanlis qu'il ne vint point droit à Monts, et
qu'il allast cercher les troupes du prince d'Oranges,
! ID. l'b. II, 08. Numa leur défendit entièrement le vin,
! AMYOT, Lyc. et Num. 7. Les devins leur promettoient
! la victoire, pourveu qu'ilz ne feissent que se défen-
dre seulement, ID. Arist. 35. Il alloit souvent plai-
der des causes, et di fendre en jugement ceulx qui
l'en requeroient, ID. Caton, 2. Il défendit que l'on
n'allast plus devers Lucullus; et que l'on n'obeîst
point à chose qu'il manderoit, id. Lucull. 71. Nicias
alloit blasmant la témérité de Demosthenes; et luy
s'en défendant comme il pouvoit.... id. Nicias, 40.
— ÉTYM. Provenç. défendre; espagn. defender;
ital. difendere; du latin defendere, de de, et fen-
dere, exciter, pousser.
DÉFE.\DS ou DÉPENS (dé-fau), ». tn. Terme
d'eaux et forêts. Bois en défons, se dit d'un bois
dont, à cause de sa jeunesse, l'entrée est détendue
aux bestiaux.
— msT. xii« s. Mais n'amors li est aux deffans,
Que por rien amer nel porroie, la Charrette, (522.
Il XIII* s. Defès, DU CANOE, defesium. || xvi' s. Bois
de deffens, du cange, defensa.
— ËTVM. Lat. defensus, part, passif de defendere
(VOy. DF.FKNDRE).
DÉFENDU, CE, ( dé-fan-du, due), part, passé
de défendre. || 1° Mis à couvert contre ce qui attaque.
DËF
La tortue défendue par sa carapace. La forteresse vail-
lanjmentdL'fendue. Ceries une ennemie à qui je dois
l'honneur.... Devrait trouver une ilme un peu moins
défendue, CORN. Théod. iv,3. Et d'un si fol espoir mon
cœur mal défendu Vole aprùs un amant que Chimène
a perdu, id. Cid, il, 5. Ces couleurs étant défen-
dues de toute impression étrangère et nuisilde, Di-
DER. Peinture en cire, UEurres, t. xv, p. 385. Da-
ïoust choisit un terrain haut, défendu par un ravin
et resserré entre deux bois, ségur, Hiit. de A'np.
IV. 6. Il Terme de blason. On dit qu'un sanglier est
défendu d'une telle couleur ou d'un tel métal, quand
ses défenses .sont d'un autre émail que son corps.
Il Proverbe. Bien attaqué, bien défendu, c'est-à-
dire, dans une lutte, dans une discussion, la dé-
fense et l'attaque ont été aussi bien conduites l'une
que l'autre. || 2° Oui n'est pas permis. Un livre dé-
fendu. Il est défendu de bâtir en cet endroit. Et le
moindre entrelien de la beauté qu'on aime. Quand
il est défendu, devientgrâce suprême, mol. l'dchmx,
m, t. Il est défendu de scandaliser son prochain,
ID. Pourc. II, 4. On voudrait que ce qu'on aima
ne fût pas défendu de Dieu, bourdal. Pénitence,
i' avenl. || Fruit défendu, le fruit de l'arbre dans
le paradis terrestre, auquel Adam et Eve, par le
commandement de Dieu, ne devaient pas toucher;
et fig. tout ce qui excite vivement le désir sans qu'il
soit permis ou convenable de s'y laisser aller.
— SYN. DÉFENDU, PROHIBÉ. Ces deux mots dési-
gnent quelque chose qu'il n'est pas permis de faire.
Mais défendu est un terme général qui s'applique à
tout, tandis que prohibé est un terme du langage
spécial qui ne s'applique qu'aux défenses faites par
une loi ou un règlement. La calomnie est défendue
par la morale; la contrebande est prohibée.
t DÉFENDURES {dé-fan-dii-r') , s. f. plur. Bâ-
tons garnis de paille, dressés en un champ et indi-
quant que les bestiaux n'y peuvent aller paître.
— ETVH. Défendu.
t DÉFENESTRATIOX (dé-fe-nè-stra-sion ), s. f.
Action de jeter par la fenêtre. Mot employé unique-
ment dans cette locution : la défenestration de Pra-
gue, l'action par laquelle les protestants de Bohême,
s'insurgeant, précipitèrent par les fenêtres de la
salle du conseil deux des quatre gouverneurs; ce
qui fut le prélude de la guerre de Trente ans.
— ÉTYM. Dé.... hors. &l fenêtre.
f DÉFENÈTRER { dé-fe-nê-tré ) , V. a. Ôter les
fenêtres.
— HlST. XVI' s. Une tempeste qui tomba par terre
toutes les maisons prochaines, qui descouvrit et de-
fene.stra celles qui estoient plus à l'escart de sa fu-
rie, parK, IX, 2' discours.
— ÈTYM. Dii.. . préfixe, et fenêtre.
tDlîFENSAHILITÊ(dé-fan-sa-bi-li-té),s. f. Terme
d'eaux et forêts. État d'un bois pouvant se défendre
de la dent ou du pied des bestiaux, ou dont les
taillis sont a.sspz âgés pour que les droits usagers
puissent y être exercés sans dommage.
— ETYM. IJéfnsable.
t DÉFENS.ABLE (dé- fan -sa-bl'), adj. Terme
d'eaux et forêts^ Oui est en état de défensabilité.
— HIST. XIII' s. Des engins des poissons delTen-
sables [qu'il est défendu de pêcher] en a cil Guerins
les amendes, Liv. des met. p. t4. Ja nel garra
[protégera] ne clef ne serre. Ne mur ne fossédeiïen-
sable [(|ui est de défense], Ren. 9943. || xv's. Armés,
et portant espée ou basions defensables, froiss. ii,
III, 36. Le lieu n'est pas defensable, car la motte
est de main d'homme faite et petite, comm. t2.
Il XVI' s. L'homme s'oublie es choses qu'il doit tenir
pour les plus defensables [prohibées], despeh. Contes,
XCII. Des manières de fortifier les places, très utiles
pour leur petit coust, et non moins defensables que
celles tant superbes que les ingénieurs avoyent au-
paravant inventées, lanoue, 336. Terres qui sont
aux issues des villes, bourgs et villages, ne sont
defensables [interdites au libre parcours et vaine
pâture], si elles ne sont bouchées, loysel, 24) . Bois
defensables, du cange, defensa.
— ÈTYM. Défense.
DÉFENSE (dé-fans*), s. /". || 1» Action de défendre
queltiu'un ou quelque chose ou de se défendre. Sa
défense contre ceux qui l'assiiillaient donna le temps
de venir à son secours. Jamais on n'a fait la guerre
avec une force plus inévitable, puisqu'on méprisant
les saisons, il a fité jusqu'à la défense à ses enne-
mis, Boss. Marie-Thér. J'aime un amour facile et de
peu de défense, Régnier, Éjt. ii. Elle n'avait rien
fait qu'en sa juste défense, corn. Kodog. ni, i. Il
n'a pour sa défense Que les pleurs de sa mère et que
son innocence, rac. Andr. i, 4. 11 prend l'humble
sous sa défense, id. Eslh. i, 6, La veuve en sa dé-
DRF
fense [la protection de Dieu] espère, id. ib. m, 3,
Elle a senti d'abord un peu de répugnance; Mais,
vous voyant, son cœur n'a plus fait de défense,
regnard, Ménechmes, m, 8. L'Egypte .nimait la paix
parce qu'elle aimait la justice, et n'avait de soldats
que pour sa défense, rollin, Hist. anc. Œuvres,
t. i, p. 91. Aussi le reçoit-il [le coup mortel] peu
s'en faut sans défense, de bi;lloy, Gaston et B. i, ).
La cavalerie française eut l'honneur de cette jour-
née; l'attaque y fut aussi acharnée que la défense
opiniâtre; elle eut plusde mérite, n'ayant à em[iloyer
que le fer contre le fer et le feu, ségur, Hist. de
Napol. VI, 2. Il Se mettre en défense, se mettre en
état de se défendre. Être en défense, être en état
de se défendre. Menacé, il se mit en défense. C'est
en vain qu'on se met en défense, corn. Poly. iv, 3.
Ceux qui se mirent en défense, et il y en eut peu,
furent taillés en pièces, rollin, Hist. anc. Œuvres,
t. VI, p. 378, dans pougens. Eh bien! ferme Caton,
Rome est-elle en défense? volt. Catil. i, o. || Être
horsde défense, n'être plus en état de se défendre.
Il Embrasser la défense de, se déclarer le défenseur
de. Lisez. Jugez après cette insolence Si nous de-
vons d'un traître embrasser la défense, rac. Baj. iv,
6. Il Terme de manège. Action d'un cheval qui se
défend. Il Terme de blason. Un hérisson roulé est
un hérisson en défense. || Terme d'eaux et forêts. Ce
bois est en défense, il est assez crû pour qu'on
puisse sans dommage y laisser aller les bestiaux.
Il 2° Ce qui sert à la défense. Rome .sans défense .du
côté de ses empereurs, BOSS. Hist. m, 7. Sans gardes,
sans défense, il marche à cette fête, rac. Andr. iv,
3. Sa beauté pouvait tout; mon âme sans défense
N'a point contre ses yeux cherché de résistance, a.
cuÉN. Élég. 35. Il Longue dent qui sort de la bouche
de quelques animaux, et qui leur sert de moyen de
défense ou d'attaque. Les défenses d'un sanglier,
d'un éléphant. Ce vieux sanglier n'a plus qu'une
défense. On connaît les défenses de l'élépiiant; elles
grossissent quelquefois au point d'acquérir chacune
un poids d'environ cent vingt livres, bonnet,
Contempl. nat. ) 2' part. ch. 48. || Corde à laquelle
le couvreur s'attache pour travailler sur un toit dan-
gereux. Il S. f. plur. Terme d'histoire naturelle. En-
semble des moyens de se protéger dont sont pour-
vus les végétaux ou les animaux. || Moyens employés
pour protéger les jeunes plants contre tout ce qui
pourrait les blesser, ou leur nuire de quelque façon.
Il Terme de marine. Bouts de mâts et câbles qu'on
laisse pendre au côté des vaisseaux, pour empêcher
qu'ils ne se touchent lorsqu'ils sont trop près l'un
de l'autre; et longues perches qui servent à repousser
les brûlots dans un combat. || 3° Action de défendre
«ne place. Ce général a fait une belle défense. Il
brûle ses faubourgs pour faire une belle défense,
iiAMiLT. Gramm. 8. Lesim[iéri:iux ne pourront jamais
oublier cette vigoureuse défense de Mé/.ières contre
eux, FÉN. Dial. des morts mod. Bourbon, Boyard.
Il Fig. et familièrement. Faire une belle défense,
résister longtempsà des propositions tentantes, àdes
sollicitations pressantes. Il lit la plus belle défense;
mais, de mon côté, je m'obstinai si fort qu'il fallut
me céder et recevoir mes cent écus, marmont. Mém.
liv. I. Il ['lace en ét.at de défense, place bien forti-
fiée. Il Cette place est de défense, elle peut soutenir
un siège. || S. f. pi. Nom donné à tous les ouvrages
d'une place de guerre, qui servent à couvrir ou à
défendre les postes. Ruiner les défenses d'une (ilace.
On avait abattu avec les béliers les principales dé-
fenses, VAUGEL. Q. C. liv. IV, ch. 4. Il 4° Ensemble
des moyens par lesquels on repousse une accus:ition
ou une demande en justice. i| Au plur. Terme de
procédure. Ce qu'on répond, par écrit et par minis-
tère d'avoué, à la demande de sa partie. Faire si-
gnifier ses défenses. Donner ses défenses, patru,
Plaidoy. 0, dans richelet. || Défenses est quelque-
fois synonyme'de conclusion, il Au sing. Exposition
et développement des mojens qu'une partie emploie
pour ap|iuyer sa cause. La défense est présentée
par un avocat. Sa défense de M. de Portes est digne
de Démostliène, J. J. kouss. Conf x. || La situation
de celui qui se défend ou qui défend un autre. On
oppose la défense à l'accusation. \\5° Par extension ,
justification, excuse. Et l'Etat défendu me parle en ta
défense, corn. Cid, iv, 3. Contre ces charges,
prince, avez-vous desdéfenses? rotr. Vencesl. iv, 8.
Il 6° Injonction de ne pas faire une chose. Avec dé-
fense de plus enseigner une telle doctrine, pasc.
Prov. 6. Les défenses que Dieu a faites de l'homi-
cide, ID. ib. 13. La défense, j'ai peur, sera trop
tard venue, mol. Mélic. i, 5. Il y eut défense de
sacrifier ailleurs, boss. Hist. ii, 4. Et malgré vos
défenses Je n'ai pu résister à ses justes instances,
DÉF
1011
BRiFAUT, Ninus II, l, 3. Il Jugement, arrêt do dé-
fense, de défenses, ou, simplement, défenses, juge-
ment qui défend de passer outre à l'exécution de
quelque chose. Faire signifier des défenses. || 7° Latte
croisée que l'on suspend avec une corde à une mai-
son, pour avertir les passants qu'il ne faut pas pas-
ser auprès, de peur de recevoir quelque débris qui
tombe. Il 8° Terme de vénerie. Rangée d'hommes
pour empêcher les loups de passer, et les forcer do
se précipiter dans les filets.
— HIST. XI' s. Défense de plaid, Loisde Guill.m.
il XIII' s. Se vus plest, à vus parlerai, Jà défense ne
garderai. Lai del désiré. Se nous fessons nos def-
fenses que l'en nous a baillées à garder, nous som-
mes honnis, JoiNV. 222. Les Sarrazins se ferirent en
la ville, là où il ne trouvèrent nulle deffense; car
elle n'estoit pas toute close, id. 277. Et quant sa
gent virent que le roy metoit defl'ense en h, il pris-
trent cuer, id. 227. i| xv' s. Ces chevaliers et leurs
gens estoient tous rangés devant la porte et mon-
troient bonne défense, froiss. ii, 11, 57. Il fit as-
saillir ceux qui defendoient, et traire si ouniement
[.sans interruption] que à peine n'osoit nul apparoir
aux défenses pour la défendre, id. i, i, 207. || xvi' s.
C'est de toy. Dieu très haut, De qui attendre faut
Vray secours et défense, ma rot, iv, 23i.0uyrdes ac-
cusés en leurs deffenses, mont.i, 19. llsfeirent def-
fense expresse, sur peine de mort, que.... id. i, 233,
Tuer une beste innocente et sans deffense, id. ii,
t3l. On ne peut tenir rivière en garenne ou défense,
s'il n'y a titre ou prescription, lovsel, 237. La ga-
renne est de défense, tant pour la chasse que pour
la pescbc et le pascage, id. 238. Il feit planter au
dessus dî son pont des défenses de grosses pièces de
bois que l'on ficha à force au fond de la rivière,
amyot. César, 30. Mourir pour la défense de son
pa'is.iD. Solon, 66. Se mettre en défense, iD.Pufcî. 35.
Ils en faisoient assés pour offense, non pourdefense,
d'adb. Conf II, 6. Les sangliers aiguisent pareille-
ment leurs défenses, paré. Animaux, t6.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. defensa; ital. di-
fensa; du latin defensa, du supin defcnsum, de dc-
fendere, défendre. On trouve, en outre, dans les
anciens textes, defension et defcndement.
DÉFENSEUR (dé-fan-seur) , s. m. |i 1° Celui qui
défend. (|ui protège. U est le défenseur de l'orphe-
lin timide, RAC. Aih. II, 7. De puissants défeil^ellrs
prendront notre querelle, id. l'hèd. v, t. Rhodes,
des Ottomans ce redoutable écueil. De tous ses dé-
fenseurs devenu le cercueil.... id. Baj n, l. Ve-
nez, cher rejeton d'une vaillante race, (emplir vos
défenseurs d'une nouvelle audace; Vf ,iez du dia-
dème à leurs yeux vous couvrir, id. ilhal. iv, 5.
Il Défenseur de la foi, titre dbonneur porté par les
rois d'Angleterre, depuis Henri VIII à qui il fut
accordé par le pape Léon X, pour av ; r écrit contre
Luther, en faveur de l'Église romair '.. \\ Défenseur
de la patrie, nom donné pendant I; Révolution au
citoyen appelé .sous les drapeaux. |i 2° Par exten-
tension, celui qui soutient la ciaise c «quelqu'un ou
d'une doctrine. Le philosophe Thémislius et Sym-
maque même, ce grand défenseur du paganisme,
avouent que les vertus de ce prince [Théodose] sont
au-dessus de toutes les louanges qu'on lui adonnéps,
FLÊCH. Hist. de Thénd. iv , 80. Les Indiens «-ouvè-
rent en I66I dans Las Casas un défenseur plus vif,
plus intrépide et plus actif que ceux qui l'avaient
précédé, raynal, Hist. phil. viil, 23. |i S» Avocat. Il
a choisi un bon défenseur. || Défenseur officieux,
nom substitué à celui d'avocat pendant la Révo-
lution. Il Défenseur officieux , celui qui défend un
accusé devant les conseils de guerre. || Défenseur
d'office, celui que le président désigne pour défendre
un accusé qui n'a pas fait choix d'un défenseur.
— HIST. XVI' s. Car tu es mon très seur Bouclier
et défenseur, mabot, iv, 230. Les reitres devroyent
plus que nuls autres estre défenseurs de ceci, pource
que leur réputation y consi.ste, lanoue, 308. La
cause des loix et Jefi'ense de l'ancien estât a tous-
jours cela que ceulx mesme qui pour leur aesseing
particulier le troublent, en excusent les deffenseurs,
s'ils ne les honorent, mont, ni, 240.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. defensor; ital. dt-
fensore; du latin defensorem, du supin defensum,
de defendere, défendre.
DÉFENSIF, l'VE (ilé-fan-sif, si-v'), od;'. ||l°Fait
pour la défense. Ligue défensive. Armes défensives.
Quelques-uns virent dans ces proclamations [de l'em-
pereur Alexandre et de l'empereur Napoléon] la
différence des deux peuples, des deux souverains et
de leur position mutuelle; en effet, l'une, défen-
sive, fut simple et modérée; l'autre, ofi'ensive,
pleine d'audace et respirant la victoire, ségur, Hist,
1012
DÉF
de Napol. ry , «. || Pojition défensive, position dans
laquelle on ne fait que se défendre. X Vitepsk , c'est
l'ennui, c'est toute la dépense, ce sont tous les
inconvénients, toutes les inquiétudes d'une position
défensive qu'il considère; à Moscou, c'est la paix,
l'abondanco, les frais de la guerre et une (tloire im-
morielle, sèour, Hùt. de Napol. v, <.(| Terme de
chirurgie. Se dit de certain, bandages, de certains
emplâtres, destinés à protéger, à garantir les par-
ties qu'on en couvre. |f %" S. Ç. Ensemble de la
défense. On a proportionné les moyens de défen-
sive aux armes de ceux qui attaquent, kên. t. xix,
p. <B4. Il Attitude de défen.se; disposition à ne faire
que se défendre. Si l'ennemi, devenu maître des
tôles qu'on no lui disputerait pas, voulait en recueil-
lir les productions, il lui faudrait des armées pour
soutenir la défensive, raynai. , llist. phil. xiii, 49.
Il fllre, se tenir sur la dé'ensive, être prêt, sans at-
taquer, à se défendre. Il (M. le prince] est un peu
étonné d'ôlre sur la défensive et de se retrancher
vers Selestad [Schelesladl] , sèv. 2<3. Nous n'assié-
gerons point de places, nous le voulons point de ba-
taille, nous sommes sur la défensive et d'une ma-
nière si puissante qu'elle fait trembler, m. 6'iU. On
demeurera sur la défensive sans livrer le combat, la
Bnuv. X. Il Par extension. Être sur la défensive, se
défendre cnntie quel(|u'un qui attaque, empièle.
I,a Grande Mademoiselle était toujours sur la défen-
sive pour le reste de ses biens que le roi lui voulait
arracher, st-sim. v, 72. S'il faut que l'amour soit
une espèce de combat, j'aimerais mi"ux qu'on eût
obligé les hommes à se tenir sur la défensive, pon-
TEN. Sapho, Lnure.
— msT. xvr s. La pislole pouvant donc fausser
les armes défensives et la lance non, il faut conclure
que le reiire a l'avantage aux oITeusives, et esgalité
aux défensives, langue, 309. Ce dernier remède
leur ayant esié très-dommageable, ils n'auroyent
plus autre recour» qu'à la simple défensive, in. 4[i2.
Se mettre sur la défensive, ID. 610. Ligue oiïensive
et dcfen.'''ve, amvot. Ah. 22. On appliquera autour
de la parue des defensifs et lenitifs, lesquels auront
vertu de répercuter les humeurs, pariî, vu, 8.
— f.TVM. Provenç. defensiu; espagn. defensixo;
it.nl. difensivo ; du supin defensuiit, de dcfendere,
défendre.
t Df.KKNSIVKMENT (dé -fan-si-ve-man), adv.
En se dérfUHblnt.
— f.TYM. Di'ffnsive, et le suffixe ment.
DP.FÉOI'Ê, ÉK (dé-fé-ké, kée), part, passé. Li-
queur déféquée.
DÉKf.QL'KR (dé-fé-ké. La syllabe fé prend un ac-
cent grave quand la syllabe qui suit est muette : je
défèque; excepté, ce qui est l'usage de l'Académie,
bien que conire l'analogie, au futur et au condi-
tionnel; je déféquerai, je déféquerais), v. a. Terme
de cliimie. Clarifier, sé|iai'er les parties subtiles
d'avec les grossières, par les distillations ou autres
opérations. Déféquer des sucs.
— HlST. XVI' s. Ce jus est mis reposer, afin de
lui donner loisir de se purger et defequer en bouil-
lant, 0. DE SHRRES, 240.
— ETYM. Lut. defœcare, de de, et faix, fsscis,
le (vny. KÊCAI,).
Kf.FfiKANT, ANTE(dé-fé-ran, rant'), adj. Qui
d<fere, cède, condescend. Esprit déférant. Humeur
dliire et déférante.
Of.KERÊ. ÉE (dé-i"é-ré, rée), part. pas.':é. || 1° Ac-
■I iilé. Des honneurs déférés. {| 2° Traduit comme
''■usé. l'n accusé déféré devant un tnbunal.
l>I-;Ff,nE\CE (dé-fé-ran-s'), s. f. Condescendance
■lée d égards et d;ctée par un motif de respect.
1 s,.ii par déférence ou par un prompt scrupule,
• •B> Hnr. m, i. Mais ce qui me surprend. C'est de
or .|iie l'iimpée ait pris le nom de grand. Pour
\iin "ncore au vôtre entière déférence, id. Sertor.
1. 2 Je me dirai votre cousin, lit vous ne me
rcndreii. aucune déférence, la font. Joc. Le marquis:
Sau^ votre respect, je lui aurais ajipris [au laquais]
à coiinalire les gens de qualité. — Élise: Ma cou-
sine vdus est fort obligée de cette déférence, mol.
Critique, 4. Tant d'honneurs, disaient-ils, et tant de
déférences Sonl-ce de ses bienfaits de faibles récom-
penses'rac Itril. IV, 2. J'ai recouru dans ces pre-
mier» cnoiiiunis X .'art de plaire, aux égards sédui-
.;miIs, Aux doux propos, à cette délerence Qui fait
• .iiviii p,irdoiii,er la licfnre, volt. Droit du Sei-
gitni'. m. II, l.'esiril dunion, de délerence et de
ïf.ieié. i:ar,cièrB si essentiel à la république litté-
ra re ut .loiil vous donnerez toujours le modèle,
6»ïsshT, llùc. de récepliori à l'Acad. Accoutumé à
une déférence obséquieuse pour ses idées systéma-
ii(ju«8, il était quelquefois désagréablement sur-
DEF
I pris do trouver parmi nous moins de révérence
et de docilité, makmontbl, Hém. Iiv. vii. || Acte de
déférence. Le parti le plus sur pour Talbot était la
soumission et les déférences, iiamilt. Gramm. ix.
— HIST. XVI' s. La courtoise déférence qu'il luy
vouloit faire de sa charge, cakl. x, )7.
— ÊTYM. Déférer.
DKKÊHENT (dé-fé-ran), adj. m. || 1° Terme d'as-
tronomie. Cercle déférent, ou, substantivement, le
déférent, cercle imaginé par les anciens astronomes
pour expliquer certainesinégalités des planètes, vues
de la terre suppo.sée immobile au centre du monde.
Il 2° Terme d'anatomie. Canal déférent, le conduit
excréteur du testicule. |1 3° S. m. Terme de mon-
nayeur. Le déférent, la marque qui indique le lieu
de la fabrication d'une monnaie, le nom du direc-
teur et du graveur.
— IIIST. xvi' s. Quatre preparans et deux ejacu-
latoires ou déferons, c'est à dire jetans, paré, i, 27.
— ÊTYM. Lat. di'ferens, de déferre, porter de
haut en bas (voy. déférer).
t DfÎFÉRENTIEL, lELLE (dé-fé-ran-sièl, siè-I),
adj. Terme d'anatomie. Artère déférentielle, artère
qui accompagne le canal déférent.
— ËTYM. Déférent.
DÉFÉRER (dé-fé-ré. La syllabe fé prend un ac-
cent grave quand la syllabe qui suit est muette : je
défère, excepté, suivant la règle anomale de l'Aca-
démie, au futur et au conditionnel :je déférerai, je
déférerais), v. a. || 1° Accorder, en parlant d'hon-
neurs, de dignités Pour le peu de temps qu'il
[ce grade] pourra vous durer, 11 me coûtera peu de
vous le déférer, coRN. Sertor. v, 4. Et l'honneur
souverain qu'ici je vous défère, id. Nicom. u, 3.
Quelques titres nouveaux que Rome lui défère, Né-
ron n'en reçoit point qu'il ne donne à sa mère, rac.
bril. I, t. Il défère le commandement de l'armée
à Polymène, fên. Tél. xiii. Viens, tu vois des in-
grats, mais Rome te défère Les noms, les sacrés
noms de père et de vengeur, volt. Calil. v , 2. || 2° Por-
ter devant une juridiction. Les rois déféraient au
peuple le jugement souverain, uoss. Ilist. m, e.
Il 3° Traduire devant un tribunal, devant un juge.
II était arrêté prisonnier, parce que deux témoins
l'avaient déféré, vaugel. Q. C. liv. i, ch. t. U dé-
fère son ennomi en évitant le nom odieux d'accusa-
teur, BAi.z. D' Disc, sur la cour. Vous êtes obligés
(le déférer cet Impie au parlement, pasc. l'rov. to.
L'Église procédant au ju;;ement de ceux qui lui
étaient déférés, noss. L£tt. B3. Pourquoi donc au
sénat ne pas me déférer? volt. Calil. ii, 3. Allons,
dites moi sans façon tout ce que vous pensez; je
vous promets de ne vous point battre et de ne vous
point déférer au sacnticateur de Cérès, ID. Dial. 29.
Amant il faut de soins, d'égards et de prudence
Pour ne point accuser l'honneur et l'innocence. Au-
tant il faut d'ardeur, d'inllexibilité Pour déférer
un traître à la société, gbesset, Uéckant, v, 4.
Il On dit dans le même sens déférer un acte, un li-
vre, etc. Ce décret [du pape Honorius] y fut déféré
[au 6' concile général], et, après avoir été lu et exa-
miné, il fut condamné comme contenant l'hérésie
des Monothélites, pasc. J'roi\ il. J'ai été un peu
émerveilé que M. Séguier, ci-devant avocat géné-
ral, fût venu me voir à Kerney pour me dire qu'il
serait obligé de déférer VUisloire du parlement et
que Messieurs le pressaient fort, volt. Lett. Mme du
Deffanl, 12 mai t772. || Déférer le serme..t à quel-
qu'un, s'en ra|iporter à ce qu'il témoigne sous ser-
ment. Le serment bu futdéféré, pathu, l'Uiidoyert'i,
dans RiciiELET. Platon dit que Rhadaïuanle expé-
diait les procès, déférant seulement le serment sur
chaque chef, montesq. Espr.xn, 22. || i" Déférer
quelque chose àqueh|u'un, le lui céder p.ar condes-
cendance. Sire, voyezCésar, forcez-vousà lui plaire.
Et, lui déférant tout, veuillez vous souvenir Que
les événements régleront l'avenir, cor.n. Pomp. ii, 4.
Il Vieilli en cet emploi. || B° Y. n. Condescendre,
céder par respect. Déférez à l'ardeur de mon mal
furieux, RÊG.NiER, Élég. 2. Je défère tant à votre
jugement que je ne veux plus avoir mauvaise opinion
de moi, balz. liv. i, lett. 4. Ces personnes à qui je
défère, desc. Méth. 6. Que d'un si grand coup mon
esprit abattu Défère à ses malheurs plus qu'à votre
vertu, CORN. Théod. m, 3. À vous moins déférer je
croirais faire un crime, id. Agcsil. v, 3. Je vousdé-
fre assez pour n'en vouloir rien lire, id. ib. v, 7.
Encore à la nature Éléocle défère, 11 se laisse gagner
aux plaintes de ma meie, botr. Antig. ii, 2 mes
desseins pour elle, aux vôtres préférés, Sontces puis-
sants respects à qui vous déférez, id. i'encesl. m. 2.
Ce ne sont point ici des choses où les enfants soient
obligés de déférer aux pères, mol. Avare, iv, ». Ce |
nt'F
n'est pas à mon cœur qu'il faut que je défère Pour
entrer sous de tels liens, id. Psyché, i,3. Ne do-
vrait-il pas déférer aux anciennes lois de l'Égli.->ef
PASC. Prov. 6. Quelqu'un se distingue ou par une
plus grande vivacité, ou par une raeiUeu' disposi-
tion du corps.... les autreslui défèren* » brut.xi.
C'est enfin (le la même manière que jo Juge des fa-
cultés et des actions de mes semblables et que je
défère au témoignage qu'ils me rendent en tel ou
tel cas particulier, honnet, Œuvres, Uil. t. xviii,
p. 36), dans pouGENS. ||6° Se déférer, être déféré,
accordé. Les récompenses qui se défèrent à ceux
qui les méritent.
— HlST. xvi' s. La loy défère aux preslres leviti-
ques le jugement de lèpre, calv. Inslit. 4088. Ils
lui deferoyent volontiers autant d'honneur qu'ils pou-
voyent, id. ib. 8»». L'on jetta en prison tous ceulx
qui furent en sorte quelconque déferez ou souspeçon-
nez, kK\or,Alc. 3. Thessalus a déféré et défère Al-
cibiades, d'avoir forfaict contre Cerès,iD. t'b. 41. Pla-
ton luy défère tant, que, de tous ceulx qui ont esté
beaucoup estimez et renommez à Athènes, il ne fait
compte que de luy seul, in. Arist. 63. Et comme
Luciusle niast, Caton luy défera le si^rment qu'il ju-
rast publiquement, ce dont il le chargeoit n'estre
pas véritable, id. Caton, 34. Mithridales marchoit
après luy et se demettoit volontairement au second
lieu, en luy déférant, comme à son supérieur, id.
Sertor. 36. Les Lacedemoniens croyent et défèrent
beaucoup à leurs femmes, id. Agis et Cléom. ». Je
luy eusse déféré et remis ma charge entre les mains,
cahl. X, )0.
— ÊTYM. Lat. déferre, transporter, décerner, ac-
corder, et, de là, dans le français, le verbe étant
pris absolument, le sens d'avoir de la déférence.
t DÉFERLAOF (dé-fèr-la-j'), s. m. Terme de ma-
rine. Action de déferler; résultat de celle action. Le
déferlage des voiles.
— ETYM. Déferler.
DÉFERLÉ, ÉE (dé-fèr-lé, lée), part, passé. Terme
de marine. Déployé. Quand il fut à une portée de
canon de moi et qu'il vit tous mes canons débou-
chés et que j'étais à pic avec toutes mes voiles dé-
ferlées prêt à appareiller, Mémoires de villette,
an 1686, p. 83, dans JAL. Son pavillon [de la fré-
gate] flottait au grand mât; ses voiles étaientàdemi
déferlées, ciiateaub. Natch. ii, 24).
DÉFERLER (dé-fèr-lé). || 1° V. a. Terme de ma-
rine. Déployer, en parlant des voiles. Déferler les
voiles. Il 2° V. n. La mer déferle, quand elle déplie
ses lames sur les rivages et s'y liri.se avec force en
jetant son écume. La vague déferlait au bas de la
falaise. || 3° Se déferler, v. réft. Même sens que dé-
ferler, V. n. Les vagues se déferlaient en énormes
voûtes qui se roulaient sur elles-mêmes en mugis-
sant et en écumant, bern. de st-pierre, Paul et
Yirg.
— HIST. XVI' S. Le capitaine Arnaud avec sept
hommes, en un vaisseau de 35 tonneaux, contrefit
le pescheur, n'aiant que son haut bourcet, et la
misene defrelée, d'aub. Hist. ii, BO.
— ETYM. Dé.... préfixe, et ferler.
f DÉFERMER (dé-fèr-mé), v. a' Mettre hors ou
en liberté ce qui était fermé. Défermer un chien,
bichelet. Il Se défermer, i'. réfl. Cesser d'être fermé.
Je crois par les efforts qie vos bontés feront. Si mes
yeux sont fermés, qu'ils se défermeroni, BOtiaSAULT,
Ésope à la cour, m, s.
— HIST. XII' s. Et del mostier tous les huis [il]
desferma, llonc. p. (74. La porte jil] desferma, n'i
apela portier, 77». le mart. 47. || xiif s. En sa cham-
bre [il] les mené, qui estoit desfermée. Birl<!, cxxvi.
Et Tybert defferma sa maie, Ren. t8oo4. Quant ain-
sinc m'ot l'uis defl'remé La puceie au cors acesmé,
la Rose, B75. i| xv s. U avoit couvertemeiit demandé
au portier laquelle clef defernioit la grand porte,
FROiss. i, I, (31. ||xvi' s. De celé [verga, caducée]
il est defermant L'œil de l'homme qui sommeille,
RONS. 663.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et fermer; provenç. det-
fermar; ital. differmare.
t DÉFERRE (dé-fê-r), s. f Vieux fers de cheval.
— HlST. XIII' s. Mareschaus qui auront en toute
chose autant comme les escuiers.... et la defferre
sera le roy, du cange, defferratus. || xV s. L'expo-
sant trouva en son chemin un sac où il avoit envi-
ron neuf francs.... et quant Pierre Benon, qui estoit
avec lui, lui demanda que c'esloil, le dit exposant
respondi que c'esioit une defferre, id. ib. Des vieilles
defîerres d'amours Je suis à présent Dieu mtrcy
Vieillesse me gouverne aussi, ch. d'orl. Rundeau
Il xvi's. Mais quant voulut marcher et prendre terr».
Tous ses souldars estoient à la defferre [pillage] Du
DÉF
DI^.F
DIÎF
1013
(lict Trevy.... J. mabot, v, )0|. L'ung y est prins,
l'autre est froissé (les os, El l'autre y perd vie, corps
et defferre, id. v, 108.
— ETYM. Voy. DÉFEBRER.
DÉFERRÉ, ÉE (déféré, rée), part, paisé. Un
cheval déferré des deux pieds de devant. || Fig. et
familiferement, décontenancé. Le candidat déferré
far cette question. || Fig. et populairement. Être
!iéferré d'un rpil, avoir un œil de moins. Par trop
bien boire un curé de Bourgogne De son pauvre œil
se trouvait déferré, J. B. Rouss. liv. ii, ép. 7.
t DÉFERREMENT (dé-fê-re-man), $. m. Action
de déferrer; résultat de cette action.
— ÊTYM. Déferrer.
DÉFERRER (dé fê-ré), v. a. \\ 1° ôter une fer-
rure, le fer appliqué sur un objet. Déferrer une
caisse, un lacet. ||Oter le fer du pied d'un cheval,
d'un mulet. Il donna ordre de déferrer quelques-uns
des chevaux, hamilt. Gramm. i\.\\ Fig. et familiè-
rement, déconcerter, interdire. C'est un homme
qu'on déferre aisément. Il se fit une huée qui dé-
ferra le témoin, d'ablanc. Apophth. dans richelet.
Il 2" Terme de marine. Laisser le fer ou les fers du
navire [l'ancre ou les ancres], les abandonner ou
en coupant les cSbles ou en les filant par le bout,
JAL. Il 3° V. n. Dégainer, tirer l'épée. Quand il faut
déferrer, vous avez belle peur, hauteroche. Deuil,
se. 9. Il II n'est plus usité en ce sens. On dit dégai-
ner. Il 4° Se déferrer, d. r»'/!. Perdre son fer. Ce
ckeval s'est déterré. Ce lacet se déferre. || Fig. Se
déconcerter. Quoi que l'on fasse enfin pour l'em-
pêcher d'entrer. Il monte effrontément et, sans
se déferrer, Entre en marquis, montfl. Fem. juge
et part, i, 2.
— HIST. xu* s. Sun mautalent e s'ire li reis mus-
tre [montre] e desferre. Th. le mart. 63. || xiii" s.
Il deit faire dire par son conseil ou seignor, se il est
en fers ou en liens, que il le face desferer ou des-
lier, Ass. de J. (61. Il xiv" s. Mais s'il advient qu'il
[mon cheval] se defferre, Dix hommes faut quant on
le ferre, macrault, p. 8l .|| xV s. Le sire de Hangest
se déferra du glaive [qui l'avait blessé] , et entra de-
dans les fossés, FROiss. ii, ii, 06. Le roy le fist def-
ferrei |sortir de prison], comm. iv, 7. || xvi" s. Ils se
déferreront aussi peu aux règles de leur langage,
que le meilleur maistre ez arts de France, mont.
1, (88. Un cheval enciouéou déferré par leschemii>s,
ou qui se fait piquer à tous les pas, et cent mille
autres malheurs qui arrivent, pesper. Contes, lxxi.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et /'er; provenç. desfer-
rar; espagn. desherrar; ital. disferrare.
t DÉFERRURE (dé-fê-ru-r'), s. {. Action de dé-
ferrer ou de se déferrer.
— HiST. XVI» s. Le la'ooureur préviendra les bles-
sures et deferreuresde sesbestes,o. nE serres, 84.
— Rtvm. Déferrer.
DÉFET (dé-fè), s. m. Terme de librairie. Feuilles
d'un livre qui ne se suivent pas et qui servent à
compléter des exemplaires défectueux. Il faut voir
dans les défets si on ne trouvera pas la feuille qui
vous manque. On conserve les défets pour remplacer
les feuilles qui viennent à se gâter dans les volumes.
— ÉTYM. Latin defectus, de deficere, manquer,
de la préposition de, et facere, faire (voy. ce mot).
t DÉFEUILLAISON (dé-feu-Uê-zon, Il mouillées).
s. f. Chute des feuilles d'un arbre, époque à laquelle
elle arrive
— ÉTYM. DéfeviUer.
t DÉFEUILLÉ, ÉE(dé-feu-llé, liée, Il mouillées),
par), passé. Oui a perdu ses feuilles. La campagne,
encore verte et riante, mais défeuiUée en partie et
déjà presque déserte, offrait partout l'image de la
solitude et des approches de l'hiver, j. j. rouss.
Vromen. 2.
t DÉFEUILLER (dé-feu-Ué, Il mouillées, et non
dé-feu-yé), v. o. Enlever les feuilles d'un arbre.
Il Se défeuiller, v. réfl. Perdre ses feuilles.
— msT. xiii* s. Contre le tens qu'arbre deffueille,
Qu'il ne remaint en branche fueille Qui n'aut [n'aille]
à terre.... huteb. 24. || xvi's. Ce treiUage servira en
esté par son ombrage, et ne nuira en hiver, par
lors n'y en avoir aucun ou bien petit, pour le natu-
rel de telles matières se defueillant en automne,
0. DE SERRES, 413.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et feuille.
DÉFI (dé-fi), s. m. || 1° Provocation à un combat
singulier. Porter un défi. Et depuis le défi que mes
traits t'ont porté. Chaque instant qui se perd marque
ta lâcheté, rotbou, Aiitig. ii, 4. Quand je suis seul,
je fais au plus brave un défi; Je m'écarte, je vais
détrôner le Sophi, la font. Fabl. vu, to. Mars en-
fin comble nos misères ; Des rois nous payons les
défis, BÉHANG Afature. Il Toute provocation. Accep-
ter, relever un défi Vous en avez menti. Répond
le campagnard, et, sans plus de langage. Lui jette
pour défi son assiette au visage , boil. Sat. m.
Il 2° Déclaration provocatrice, par laquelle on ex-
prime à quelqu'un qu'on le juge hors d'état de faire
quelque chose. On le mit au défi do passer la rivière
à la nage. Il a fallu que les moindres apparences de
crime vous aient manqué contre lui, puisque vous
n'avez point répondu à un tel défi, pasc. Prov. I5.
Il Se porter défi, en parlant des choses, se valoir,
être de même grosseur, grandeur, etc. || Béranger
a dit dans le même sers se porter un défi : Et je
m'assieds entre Des grands dont le ventre Se porte
un défi, BfiRANG. Cocaqne. Dans cette phrase il fau-
drait les rentres, puisque se porter défi ou un défi
est ici réciproque. Cependant la pluralité étant déjà
marquée par des grands, on ne doit voir là qu'une
licence poétique.
— HIST. XV' s Alors je vous affy Que j'heu
bien peur et ung'très grant deffy De perdre hon-
neur par ma grant noiichallance, faifeu, p. 15,
dans LACURNE. || xvi' s. Se battre en deffy, brant.
Cap. fr. t. I, p. 84, dans lacurne.
— ÉTYM. Voy. défier. DéH est un mot récent ; on
ne trouve dans les anciens textes que dejiement ou
difiance,
DÉFIANCE (dé-fi-an-s'), s. f. Crainte, doute
qui fait qu'on ne se confie qu'après examen et ré-
flexion. Je l'avoue, il est vrai, j'étais sans défiance,
RÉGNIER, Élég.B. [Il] ....donne lieu d'entreren quel-
que défiance Des secrètes raisons de tint d'impa-
tience, CORN. Nicom. II, t. Dieux! que vous me gê-
nez par cette défiance I — Pour subsister en cour
c'est la haute science, id. Poly. v, I . L'excès de ce
bonheur me met en défiance, id. Cid, i, 2. Ceux
dont on craint les justes défiances, id. Rodog. iv, 6.
Ellealieu de douter etd'ètre en défiance, id. le Ment. _
IV, 7. Sans montrer aucune défiance d'une personne
qu'il aimait, il prit le breuvage, d'ablanc. Arrien,
liv. II, ch. 3, dans richelet. Se tenir sur la défiance,
MAUCROix, Homélie 15, dans richelet. Il se faut
garantir de tous les hommes par une défiance géné-
rale, ST-ÉVREM0ND. dans RICHELET. Ces personnes
n'entrent pas en défiance de votre bonne foi, pasc.
Prov. 13 Cette défiance Est toujours d'un grand
cœur la dernière science, rac. Brit. i, 4. Dans un
temps plus heureux ma juste impatience Vous fe-
rait repentir de votre défiance, id. ib. m, 7. N'é-
tait-il pas plus noble.... de me rassurer, en flat-
tant ma douleur. Contre la défiance attachée au
malheur? id. Millir. ii, 4. L'esprit de défiance nous
fait croire que tout le monde est capable de nous
tromper, la bri'Y. Théophr. 18. Il n'oublia rien pour
jeter quelque défiance dans mon esprit, fénel. Tél.
xiu. Tout ce qu'il y a de plus à craindre dans nos
maux, c'est la défiance du remède, mass. Car. Enf.
prad. Les sujets de défiance augmentaient tous les
jours entre les Grecs et les Barbares, rollin, Ilist.
anc Œmres, t. iv, p. 180, dans pougens. Tout
m'importe et de tout je suis en défiance, volt. Ué-
rope,w, 1. Venise ne fonda sa fière autorité une sur
la défiance et la sévérité, id. Tancr. i, 1. Conçois-
tu quel état c'est pour une femme de porter la dé-
fiance, le mensonge et la crainie jusque dans les
bras d'un époux, de n'oser ouvrir son cœur à celui
qui le possède...'? J. J. ROUss. Hél. IV, 1. Si vous
portez les défiances du moment dans l'avenir, prenez,
garde qu'à force d'exagérer les craintes, nous ne
rendions les préservatifs pires que les maux, mira-
beau. Collection, t. m, p. 334. || Défiance de soi-
même, manque de confiance en soi. Il fil paraître
une juste défiance de ses propres forces. Au juge-
ment que je fais de moi-même, je tâche de tou-
jours pencher vers le côté de la défiance plutôt que
vers celui de la présomption, desc. Uéth. i, 3. Ce
qu'il commençait à sentir le mit dans une juste dé-
fiance de lui-m'ême, fén. Tél. xxiii. Louis XVI, élevé
au trône à l'âge de vingt ans, y apportait un senti-
ment bien précieux lorsqu'il est modéré, bien dan-
gereux quand il est excessif, la défiance de soi-même,
marmontel, ilf^m. liv. xii. |j Proverbe. La défiance est
mère de sûreté.
— SYN. défiance, méfiance. La méfiance fait qu'on
ne se fie pas du tout; la défiance fait qu'on ne se fie
qu'avec précaution. Le défiant craint d'être trompé ;
le méfiant croit qu'il sera trompé. La méfiance ne
permettrait pas à un homme de confier ses affaires
à qui que ce soit; la défiance peut lui faire faire un
bon choix.
— HIST. XII* s. De ses beaux ieuz [elle] me vint
sans desfiance [défi] Ferir au cuer, que n'i ot autre
effort, Couci, xvi. || xiii" s. Et bien vous mandent
que , sans défiance [sans dégager leur foi] , il ne fe-
roientmal ne à vous no à altrui, villeh. xciv. Moût
tindrent li Grieu à grant merveille et à grant ou-
trage ceste deffiance [défi], id. ib. Sire, li rois Ri-
chars d'Engleterre vous mande deffianehe [défi], et
dist qu'il vous venra veoir prochainement emmi liu
de vostre tere, Chron. de Rains, p. 5». Et encore
se deffiances [défis] sunt mandées à aucun, on les
doit mander par tex gens qui les puissent tesmon-
gnier, beaum. lix, 9, j| xV s. X Paris où le roi Phi
lippe se tenoit pour le temps, attendant tous les
jours que défiances [défis] lui vinssent du roi an-
glois, FROISS. i, I, 75. Vous avez bien ci-dessus oui
recorder comment le duo de Guéries avoit défié le
roi de France par défiances impétueuses, id. il, m,
103.11 [un envoyé d'Édouard]apporta au roy [Louis XI]
une lettre de deffiance de par le roy d'Angleterre
.... Il requeroitau roy qu'il luy rendist le royaulme
de France.... comm. iv, 5.||xvi° s. De luy [je] n'aj
en response que de volontaire derfiance [défi], rab.
Car. I, 29. Ce que je ne dy par deffiance que j'aye
de ta vertu, mais pour.... id. Pant. ii, 8. Pour sous-
peçon que la deffiance luy avoit engendré, M. du
BELLAY, 146. Si lancca son cheval droit à luy, en
lui criant un cry de desfiance [défi], amyot, ifar-
cell. 8. Marins les reconfnrtoit, en leur remonslranl
qu'd n'avoit aucune deffiance de leur vertu, id.
ilar. 29.
— ÉTYM. Défiant; provenç. desfiansa; anc. es-
pagn. desfiama; ital. disfidanza , diffidi'nza. Dans
l'ancien français, défiance veut dire défi, sens qui
est resté dans l'anglais.
t DÉFIANCER (dé-fi-an-sé. Le c prend une cé-
dille devant a et o: je défiauçais, nous défiançons),
v.a. Rompre des fiançailles. || Se défiancer, v. rrfl.
Rompre ses fiançailles. Elle se défiancera si vous
voulez, dancourt, Cnr. Compiègne, se. 4.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et fiancer.
DÉFIANT, ANTE (dé-fi-an, an-t'), adj. Qui a de
la défiance. Un homme défiant. Insensé [ Pygma-
lion] qui ne voit pas que sa cruauté le fera périr;
quelqu'un de sesdome.stiques, aussi défiant que lui,
se hiitera de délivrer le monde de ce monstre, fén.
Tél. m. Parmi des ennemis défiants, furieux, ché-
BILLON, Electre, ii, 1. Tout défiant qu'il est, Ca-
ton ne l'ose croire, volt. Caiil. ii, 3. || En parlant
des choses. Un caractère défiant. Des dispositions
défiantes. Chassez de votre esprit ce défiant souci ,
BOTR. Antig. Il, 4.
— HIST. XVI' s. Homme de sa nature craintif et
deffiant, amvot, Nicias, 3.
I DÉFIBRIXÉ, ÉE (dé-fi b-i-né. née), adj. Terme
d'analomie. iiui n'a plus do fibrine. Sang déflbnné.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et fibrine.
t DÉFICELER (dé-fi-se-Ié. La syllabe ccl double
l'!, quand la syllabe qui suit est muette : je déficelle,
je déficellerai), v. a. ôter la ficelle. Déficeler un
paquet.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et ficelle.
t DÉFICIENT, ENTE ('lé-fi-sian, an-t'), adj.
Terme d'arithmétique. Nombre déficient, ou, sub-
stantivement, un déficient, nombre dont les parties
aliquotes ou facteurs font une somme moimlre que
le nombre lui-même. io est un nombre iléficicnt, la
somme de ses parties aliquotes, 1 , 2,5, ne faisant
que 8.
— ÉTYM. Latin deficiens, de deficere, manquer.
DÉFICIT (dé-fi-sit'),s. m. \\ 1° Autrefois mot qui,
signifiant il manque, se mettait dans un inventaire
à côté des articles, pour noter (|u'une pièce dont on
faisait mention ne s'y trouvait pas. || 2° Ce qui est
en moins dans un compte, dans une recette, etc.
Il y a un déficit dans les finanres. Être en déficit.
Combler un déficit. Je vis ce])endant au premier
coup d'œil qu'il ne serait pas difficile de balancer
ce déficit entre la recette et la dépense ordinaire....
le dernier état.... annonçait un déficit de 24 mil-
lions de la recette à la dépense ordinaire, necker.
Compte rendu au /ioi. janvier, 1781, p. 6. || Situation
financière dans laquelle les dépenses excèdent les re-
cettes. Il Par extension. LesaversescompensentlaTge-
ment le déficit occasionné par les gelées [dans ra-
limentation du Rhône], fournet. Comptes rendus,
Acad. des se. p. 6i , p. 959. || Au plur. Des déficit.
Telle est l'orthographe de l'Académie; mais au mot
accessit, elle dit : « Quelques-uns écrivent au plu-
riel des accessits. » Il n'y a aucune raison pour ne
pas étendre cette remarque à déficit et pour ne pas
écrire des déficits.
— ÊTYM. Lat. déficit, il manque, de deficere,
manquer (voy. défectif).
DÉFIÉ, ÉE (dé-fi-é, ée), part, passé. Défié au
combat. Défié de sauter un aussi large fossé.
DÉi'IER (dé-fi-é), je défiais, nous défiions, vous
1014
13ÉF
déliiez; que je défie, que nous défiions, que vous
déSicz, t!. o. Il 1° Provoquer à un combat, à une
lutte. Défiant leurs noralireuses cohortes, bac. Ili-
thr. V, *. Toi, superbe Orbassan, c'est toi que je
défie, VOLT. Tancr. m, o. || l'ar extension. Délier
quelqu'un à la course, à la paume, aux échecs. Dé-
fier quelqu'un à boire. Défier aux chansons les oi-
seaux dans les bois, boil. Sat. viii. || Kig. Son teint
peut défier la rose. Il 2° Déclarer à quelqu'un qu'on
ne le croit pas en état de faire une chose. Vous me
menacez de me battre, je vous on défie. Je vous dé-
fie de deviner celte énigme. J'ose le défier de me
pouvoir surprendre, mol. Éc. des maris, ii, 2. Je
défie la calomnie, et je la mets à pis faire, d'a-
i.EMB. un. à VoUaire, 20 oct. (702. || Familière-
ment. Je le défie d'être plus votre serviteur que moi.
Je n'aime point, ma fille, que vous disiez que vos
lettres .sont insipides et sottes; voilà deux mots qui
n'ont jamais été faits pour vous; vous n'avez qu'à
penser et à dire; je vous défie de ne pas bien faire,
SÉV. 442. Il Poétiquement. Je défiais ses yeux de
me troubler jamais, hac. Androm. i, 1. 1| Proverbe.
n ne faut jamais défier un fou, se dit quand un
homme se propose de faire quelque folie ou quelque
extravagance, et qu'il demande si on l'en délie.
Il 3° AITronter, braver. Je m'en vais défier les vents
au milieu de l'Océan, voit. Lett. 42. Sa bonne con-
duite défie la fortune, sÈv. 299. Ce qui devait tenir
contre les vents et défier la durée môme des siècles,
MASS. Car. Ijuonst. Instruite à délier le péril et la
mort, VOLT. Scythes, i, 1. Le brave la défie [la
mort] et marche au-devant d'elle, id. Orphcl. I, 6.
Vous croyez à l'abri de votre caractère Pouvoir im-
piméuientdéfiermacolère,in. Catil. ii, t . || 4''Terme
de marine. On défie une emliarcation d'un choc, en
en modérant la vitesse, ou en l'éloignantau moyen
d'une gaffe; on défie le navire de la lame, en ma-
nœuvrant de façon à empêcher le choc violent que
la lame peut lui donner; on le défie du vent en
gouvernant de manière à empêcher qu'il ne vienne
trop au vent, jal. || Défie de l'arrière! commande-
ment adressé au timonier, lorsqu'un bâtiment na-
vigue au plus près. |i Défie du vent! commandement
de mettre la barre au vent. || Défie tout! ordre de
faire agir vivement le gouvernail sous le plus grand
Oiigle possible, pour éviter que le vent ne masque
les voiles. || Dans ces termes de marine, défier a le
sens de se défier (ne pas se fier), en changeant le
pronom réfléchi en un nom ou pronom direct. Dé-
fier un navire de la lame, c'est se défier de la lame
(le navire au lien de se), ne pas le fier à la lame.
Il 6° Se défier, v. réfl. Se provoquer. Ces deux en-
nemis se défiaient l'un l'autre. || 6° Avoir de la
défiance, être en garde contre. 11 est plus honteux
de se défier de ses amis que d'en être trompé. Si
c'est te faire tort que de m'en défier.... corn.
Ciniin, IV, 6. De tous ses mouvements mon esprit
se défie, id. Héracl. v, 2. Et je me défierais d'un
trop prompt changement, m. Théod. m, 5. Quand
on tue celui qui ne s'en défie en aucune manière,
PASc. Prov. 7. Je me défie des allures des gens,
SÉV. 302. Roxane, qui depuis, loin de s'en défier,
X ses desseins secrets voulut m'associer, rac. Baj.
1, 4. Et quand de toi peut-être un père se défie....
ID. Uilhr. IV, I. Us commençaient à se défier de
tous les Grecs, fén. Tél. xi. Tous les animaux se
défient de l'homme et n'ont pas tort; mais sont-ils
sûrs une fois qu'il ne leur veut pas nuire, leur con-
fiance devient si grande qu'il faudrait être plus que
barbare pour en abuser, j. j. rouss. Conf. vi. 1| Ab-
solument. Non, mais il fut surpris et Créon se dé-
fie, CORM. Medée, i, 5. || Défiez-vous, soyez sur vos
gardes, se dit souvent entre ouvriers qui soulèvent
un lourd fardeau ou font toute autre manœuvre qui
peut avoir du dangers! on se néglige. || 7° Avoir
peu de confiance dans. De mes faibles efforts ma
rertuse défie, bac. ilithr. ii, 6. Vous, favori I vous,
grand! dèfiez-vous des rois; Leur faveur est glis-
sante, on s'y trompe, et le pire C'est qu'il en coate
cher.... LA FONT. Fabi. x, to. Celui qui sollicite son
juge ne lui fait pas honneur; car il se défie de ses
lumii'res et même de sa probité, la bruy. xiv. || Se
défier de soi-même, de ses forces, etc. avoir peu
de confiance en soi, en ses forces. Le silence est le
parti le plus sûr pour celui qui se défie de soi-même.
Si. avant que d'agir et de décider sur des choses es-
sentielles, vous vous étiez défié do vous-mêmes,
BOUBDAL. Sur (o fausse consc. i" Avent. || En ce sens
)lse construit aussi avec que. Ouebiue ardeur qu'un
chrétien fa,sse paraître pour la cause de son Dieu,
je me défierai toujours, ou plutôt je désespérerai
toujours, que de la délicatesse des repas, deshabiU,
de 1 équipage et du train, il accepte de passer à la
DEF
rigueur des prisons, das roues et des chevalets,
BOURD. Car. t. i, p. 232. Il Se douter, soupçonner,
prévoir. Une chose vous manque, à vous et à vos
semblables, vous ne vous en défiez pas : et je vais
vous jeter dans l'élonnement; une chose vous man-
que, c'est l'esprit, la bruy. v. Ils commencent à se
défier du contraire, pasc. Prov. t. || Kn ce sens il
se construit aussi avec que. Et, ma foi, je m'étais
toujours bien défié Que ce jeunegala.it cajolait Isa-
belle, SCARRON, Jod. ou le Maître valet, iv, 7. Qu'il
est difficile, quand on peut tout, de se défier qu'on
peut aussi trop entreprendre ! mass. Louis le Grand. Il
ne s'était même jamais avisé de se défier que la voie
où il marchait.... pût le conduire à la perdition,
ID. Car. Mauv. riche. Qui se serait jamais défié
que Maiiassès, qdi avait introduit l'abomination dans
le lieu saint.... dût devenir un jour le restaurateur
du temple et des sacrifices? id. Carême, Mélange.
11 [l'impie] se défie seulement qu'il n'y a rien après
cette vie, et là-dessus il le croit,. id. Carême, Vér.
d'un avenir. Vous n'en avez pas usé de même, et
c'est sur quoi je commençai à me défier que vous
agissiez avec passion, pasc. Prov. t7.
— REM. Défier, dans le sens de provoquer, faire un
un défi, veut à: défier quelqu'un à boire. Dans le
sens de mettre à pis faire, de déclarer impossible, il
veut de : je le défie d'y aller.
— HIST. XI" s. [Je] Desfi les en, sire, vostre
veiant, Ch. deRol.xxiv. Par mile guise ne m'aviez
desfiet, ib. cxlvii. Je desfiai Rolantle poigneor, ib.
cclxxiv. Il XII' s. Et di.st à Pinabel : Je vous desû,
vassal, Ronc. p. 1 93. Et Gilemers l'Escot dit outrage
et folie, Quant de ceste besogne devant tous vous
desfie, Sax. xx. Ils vous ont desfié de [à] guerre
moult prochaine, ib. xxx. Richarz li respundi par
ire e par buffei : m Quant ne volez venir ensemble
od mei al rei, Or vus desfi-ge dune e des miens et
de mei j>. Th. le mart. 51. Coment, fait saint Tho-
mas, avez me desfié? Nenal, fait Jocelins, mais ço
vus ad mandé Li reis .... ib. tso. || xiii" s. Et dis-
trent que bon seroit que il envolassent à lui bons
messages pour demander leur covenances, et si il le
vouloit l'aire, il le preissent, et se ce non, si le dé-
fiassent de par els, villeh. xciii. Et manda li queus
Ferrans au roi Phelippe qu'il li rendist les chastiaus
et les cités que vous avez oï, ou se çou non, il le
deffioit et bien seUst qu'il enterroit en sa terre en
brief tans, Chron. de Bains, t44. L'en demain par
matin quant l'aube fu crevée, Bauduin de Reliais
[les Turcs] ont parole mandée, Par un lor latinier
qui lui a bien contée. Que il deviegne turc, s'ait sa
loi défiée, Trois cos [queue.s] se face faire à l'us de
lor contrée, Ch. d'Ant. vi, o. Se l'amiral eust esté
refusé, il eust présenté au roy ces trois coutiaus
pour le deffier, joinv. 269. || xvi" s. Tu me semblés
aulcunement doubler, voyre deffier de ma pater-
nité, RAB. Pant. m, 27. César se print à desfier le
Dieu Neptunus, mont, i, 22. Il de.sfia le roy de le
combaltre en chemise avec l'espée, lo. i, 69. Il es-
toit garni des biens et des thresors qui desfient la
fortune, lu. iv, 3(6. Il cassa la compagnie de trois
cents satellites de Romulus, disant qu'il ne se vou-
loit point desfier de ceulx qui se fioient en luy,
AMYOT, Numa, 12. Il deflia au combat d'homme à
homme le plus vaillant des Gaulois, id. ib. 22. Il se
partit pour aller au devant de luy, ne se deffiant
pas que Caesar ne fust pour luy pardonner , ains....
ID. Cicéron, 49.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et ^er, v. o.; provenç.
desfiar, desfizar; ital. disfidare, diffidare. La série
des sens est : démentir la foi de queliju'un {de'-fier,
dé fiance) , puis, de là, provoquer, et, avec le pro-
nom réfiéchi, n'avoir pas foi, confiance.
f DÉFIGER (dé-fi-jé. Le y prend un e devant un a
ou un o; je dèfigeais, nous déflgeons, défigeant),
V. a. Rendre li(|iiide ce qui était figé. || Se défiger,
V. réfl. Ces.ser d'être figé.
— ETYM. Dé.... préfixe, et figer.
DÉFIGUKÉ, ÉE (dé-fi-gu-ré, rée) , part, passé.
Dont la forme est altérée. Visage défiguré. Alors
qu'une autre vieille a.ssez défigurée. L'ayant de près
au nez longtemps considérée, mol. l'Élour. v, 14.
Ce héros expiré N'a laissé dans mes bras qu'un corps
défiguré, BAC. Phéd. v, 6. La mort dans les regards,
pâle, défigurée, volt. Tancr. v, (. Eh bien, mon
frère ; eh bien I m'en a-ton fait le guide? Et frappé
de terreur, confus, défiguré.... gilb. Mort d'Abel,
ch. viu. Il avait un très-beau front, de grands yeux
bleus remplis de douceur, un nez bien formé, mais
le bas du visage désagréable, trop souvent défiguré
par un rire fréquent qui ne partait que des lèvres,
VOLT. Charles XII, viu. || Fig. La vérité est souvent
défigurée.
DEF
t UËFIGDREMENT (dé-fi-gu-re-man), j. m. Ac-
tion de défigurer; état de ce qui est défiguré. Je
voudrais bien ménager de ne pas aller plus loin, de
ne point avancer dans ce chemin des infirmilés, des
douleurs, des pertes de mémoire, des défigurements
qui sont près de m'nutrager, sÉv. 602.
— HtST. xv* S. Fust homme bossu ou vieux, con-
trefait, ou autre quelque deffigurance, louis xi,
Nouv. xci.
— f.TYM. Défigurer.
DÉFIGURER (dé-fi-gu-ré), v. a. \\i' Gâter la fi-
gure. L'amour que la seule beauté d'une femme aura
excité sera éteint par une maladie qui la défigure
tout à coup, Boss. Libre arb. 7. La m^me parure
qui a autrefois embelli sa jeunesse défigure enfin
sa personne, éclaire le» défauts de sa vieillesse, la
BRUY. m. Us défiguraient leur visage pour faire
connaître qu'ils jeûnaient, mass. Carême, Jeûne.
Il Fig. [U voulut] faire voyager dan.3 quelques villes
principales d'Allemagne lesjeunes demoiselles mos-
covites, afin qu'ellesprissentune politesse et des ma-
nières dont la privation les défigurait entièrement,
FONTEN. Cîor Pierre. || Défigurer quelqu'un, lui attri-
buer en mal un caractère qu'il n'a pas. Si les traîtres
qui m'ont ôté toutes les consolations de la vie, n'eus-
sent profité de mon éloignement pour abuser sa vieil-
lesse et me défi^'urerà sesyeux, J. J. rouss. Confess.
XII. Je leur demande si Despréaux et Lamotte n'ont
pas défiguré l'Ajax d'Homère, Diderot, Lett. sur
les sourds elmuels. \\ 2° Gâter la forme d'une chose.
Défigurer un tableau en le retouchant. On n'a rien
défiguré dans le parc, il est le plus beau du monde;
une rivière qui passe au milieu fait des étangs et des
beautés admirables, sÉv. 41 o. || Altérer, dénaturer.
On tient qu'il va, ce scrupule, jusques à défigurer
notre langue, et qu'il n'y a point presque de mots
dont la sévérité de cette dame ne veuille retrancher
la tête ou la queue pour les syllabes déshonnêtes
qu'elle y trouve, mol. Critique, se. 6. Ils ont défi-
guré l'histoire du monde par un chaos de siècles
innombrables et imaginaires, dont il n'est resté
aucun événement à la postérité et que l'hisioire
du monde n'a jamais connus, mass. Car. Vérité de
la relig. Les vices qui défigurent en elles son image,
ID. Carême, Avenir. De nos propres couleurs nous
chargeons leurs portraits Et les défigurons en leur
prêtant nos traits, saurin, Spartacus, ii, t. Apr^s
cinq jours de marche, il se trouve sur le rivage
du fleuve Hypanis, aujourd'hui nommé le Bogh par
les barbares, qui ont défiguré jusqu'au nom de ces
pays que des colonies grecques firent lleurir au-
trefois, VOLT. Charles XII, *.\\3° Se défigurer, v.
réfl. Se gâter la figure. Cette femme s'est défigurée.
Il Perdre sa première forme. Ce visage si tendre se
défigura, fén. Tél. xx. •
— IIIST. XII' s. U défigurent, dist-il, lor fazons
[faces], st bern. 664. || xiii' s. Mais or voil [je veux]
que tu le congnoisses. Qui tant en as eu d'angois-
ses. Que tout en es deffigurés, la Rose, 427». La
beste desfigurée [le démon] Par cui li monde des-
chay, RUTEB. ii, lo Jliex ameroit Estre enmu-
rez. Ou desfez ou desfigurez, in. 84. Porroit ce donc
estre voirs que nus hom mortex se poïst si deffigu-
rer [changer de figure]? Merlin, fsi, verso. Cis
maus [ce mal] qui si me deffigure. Qui si me vait
anieniant, Guillaume de Pa/erme. || xvi' s. Elle se
alla getler toute nue en chemise à ses pieds, estant
merveilleusement desfigurée, tant pour ses cheveux
qu'elle avoit arrachez.... amyot, Anton, toe. Celle
maladie est la plus mauvaise et la plus dangereusa
qui défigure le vis.ige de l'homme et le rend dissem
blable à soy mesrae, ID. Comment refréner la colère,
10. Elle desfiguroit sa face [Marthe la démoniaque],
Fai soit grimace sur grimace, d'à ub. Fœn. u, 6. 11 en dé-
terra quinze ou seize, si deffigurez de fange etde sang,
qu'il ne put connoistre son maistre, ID Hist. i, (69.
Sun pais estant desfiguré de troubles, id. ib. u, 133.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et figure; provenç. et
espagn. desfigurar ; ilal. disfigurare.
t DÉFILADE (dé-fi-la-d') , s. f. \\ 1° Terme de ma-
rine. Aciion de défiler. Feu de défilade, feu de vais-
seaux qui tirent à mesure qu'ils dénient. || 2° Fig. et
familièrement, il se dit de morts arrivant coup sur coup
dans une compagnie. La défilade commence.
— KTYM. Défiler.
\ DÉFILAGE (dé-fi-la-j'), s. m. Action d'éter le
fil, les fils. Il Terme de papeterie. Défilage des chif-
fons, trituration par laquelle les chiffons sont réduits
en une sorte de pâle. || Masse de chiffons défilés.
— ETYM. Dé.... préfixe, et fil.
f 1. DÊFlL£(dé-fi-lé), s. m. Masse de chiffons qui
ont subi l'opération du défihage
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et fil.
DÉF
2. DÉFILÉ (dé-fi-lé), t. m. Terme militaire. Mar-
che en colonne d'une troupe qui défile devant un chef.
Mouvement qui consisie en ce que, à la fin d'une
revue, toutes les troupes s'en allant défilent devant
le chef qui passe la revue. Il y eut un beau défilé.
3. DÉFILÉ (dé-fi-lé), s. m. 1| 1° Passage étroit par
où il faut aller à la file. Et lorsque l'ennemi, s'avan-
çant au trépas, Dans ses longs défilés aura porté ses
pas.... BOTROU, Bélis. m, l. All)ert ne peut percer
jusque dans nos montagnes Que par les défilés qui
serrent nos vallons, lemierre, G. Tell, v, B. Qu'ils
missent des corps de garde dans les défi lés par où on
pourrait passer entre les montagnes, sacy. Bible,
Judith, IV, ». Les Thermopyles sont un défilé ou
passage du mont Œta entre la Thessalie et la Pho-
cide, qui n'avait que vingt-cinq pieds de largeur, BOL-
LIN. llUt.anc. Œuvres, t. m, p. 212, dans pouûens.
La position qu'il occupe en avant d'un défilé est
dangereuse et nécessite un mouvement rétrograde,
SÉGUR, Hist. de Xapnl. vin, 1 1. Sur cette chaussée,
tantôt étroite, timtôt montueuse, on s'écrasait à tous
les défilés pour se disperser ensuite partout où l'on
espérait trouver un asile ou quelques aliments, m.
ib. XI, H.||2''Fig. Situation embarrassante. On les
fait passer par un défilé liien étroit, je veux dire
entre la vie et leur argent, montesq. Lett. pers. 98.
— ÉTYM. Défiler 3.
4. DÉFILÉ, ÉE (dé-fi-lé, lée), part, passé de dé-
filer 1. Oui n'est plus enfilé. Les gouttes des fleurs,
sur leurs seins [des jeunes filles] découlées, Y rou-
laient comme autant de perles défilées, lamart. Joc.
1,34.
B. DÉFILÉ, ÉE (dé-fi-lé, lée), part, passé de dé-
filer 2. Terme de fortification. Un ouvrage bien
défilé.
t. DÉFILEMENT (dé-fi-le-man), s. m. Terme de
fortification. Opération , tracé ou construction pour
parvenir à ce que dans tous les points essentiels de
l'intérieur d'un ouvrage de fortification le défenseur
se trouve à l'abri des projectiles de l'assaillant; ré-
sultat de cette opération. Avec de grandes demi-
lunes, des fronts en ligne droite et un hou défile-
ment, on doit tenir un certain temps, p. L. cour.
1, 278.
— ÉTYM. Défiler 2.
t 2. DÉFILEMENT (dé-fl-le-man), s. m. Terme
militaire. Voy. défilé 2, qui est plus usité.
— KTYM. Défiler 3.
t. DÉFILER (dé-fi-lé), V. a. || 1° ôter le fil passé
dans quelque chose. Défiler des perles. || Lever les
chandelles de dessus les broches quand elles sont
finies. Il Défiler son chapelet, dire ses prières sur les
grains du chapelet. || Fig. Défiler son chapelet, dire
tout ce qu'on sait d'injures en se fâchant contre quel-
qu'un, et aussi dire tout ce qu'on a appris. || 2° Se
défiler, v. réfl. Les perles de son collier se sont dé-
filées. Il Fig. Le chapelet se défile, commence à se
défiler, c'est-à-dire les personnes de cette famille,
les membres de cette corporation commencent à
mourir les uns après les autres.
— REM. Défiler, effiler ne sont pas synonymes :
on défile ce qui est enfilé; on effile ce qui est tissu
avec du fil : défiler des perles; effiler du linge.
— HIST. xiii' s. Nulles mestresses ne ouvrières ne
pueent [peuvent] ne ne doivent faire euvre de
Boye deffilée, dites ausmonieres sarrazi noises, pour
te que la soye n'est pas filée ne relor.se, Liv. des
mél, 385. Il XVI" s. Pour bien faire l'oiseau au leurre,
il ne le faut point deffiler, jusqu'à ce qu'il reviendra
l)ien sur le poing.... lors deslie le sur le soir, afin
qu'il ne s'enfuye, fouilloux, Fauconner. f° 70,
dans lacubne. Comme l'oiseau enretté, plus il tas-
che en frétillant se défiler, et plus il s'empietre,
ÏVER, p. 581.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et fil; provenç. et anc.
espagn. desfilar ; espagn. mod. deshilar; portug.
desfiar.
2. DÉFILER (dé-fi-lé) , 1). a. Terme de fortifica-
tion. Défiler un ouvrage, le giirantir d'enfilade, em-
pêcher que les feux de l'ennemi ne l'enfilent.
— ÉTYM. Défiler, ôter du fil, de la direction du
feu de l'ennemi.
3. DÉFILER (dé-fi-lé), V. n. P" Aller l'un après
l'autre à la file. Défiler un à un, deux à deux. [À la
fète-Dieu] Le signal est donné, tout s'ébranle, et la
pompe commence à défiler, chateaub. Génie, iv,
< , 7. Il Terme de marine. Des vaisseaux défilent,
quand, se suivant à la file, ils laissent porter sur
une ligne de vaisseaux ennemis dont ils doublent
une partie en les canonnant. || 2" Marcher par pelo-
tons dans une revue. Les troupes ont défilé devant
le général. Après que les troupes eurent défilé, on
vit sur un char fait exprès paraître le brancard de
DEF
Charles XII, trouvé sur le champ de bataille de Pul-
tava tout brisé de deux coups de canon, volt. Char-
les XU, B. Il Défiler la parade, défiler après la pa-
rade. Il Fig. Dans le langage tout à fait vulgaire,
défiler la parade, mourir. || Substantivement. L'ac-
tion des troupes qui défilent. Un beau défiler. Le
défiler a duré deux heures. On écrit aussi défilé.
Il 3° Familièrement. Mourir à peu d'intervalle les
uns des autres. Notre académie défile, volt, dans
le Dicl. de poitevin.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et file.
t DÉFILEUSE (dé-fi-leû-z'), s. {. La première pile
de moulins dans laquelle on jette les chiffons desti-
nés à faire du papier.
DÉFINI, lE (dé-fi-ni, nie), part, passé ie définir.
Il 1° Déterminé par une définition. Ce qu'a dit saint
Augustin est défini dans le second concile, boss. Or. 6.
Il S. m. La chose définie. Vous voulez que je substitue
la définition à la place du défini ; cela ne change ja-
mais le sens du discours, PASC.Prov.4. || 2° Terme de
grammaire. Déterminé. Sens défini. || Article défini,
celui qui donne aux noms un sens précis; le, la, les
est un article défini, par opposition à un, une, qu'on
nomme article indéfini. || Modes définis, les modes
personnels, c'est-à-dire où il y a des personnes,
l'indicatif, le subjonctif, l'impératif, le condition-
nel, paropposition à l'infinitif et au participe, qu'on
nomme modes impersonnels ou indéfinis. || Passé
ou prétérit défini, temps qui exprime un passé déter-
miné : j'allai hier à Paris. || 3" Terme de chimie.
Composés définis, ceux qui sont formés d'éléments
unis en proportions fixes et invariables. || Propor-
tions définies, celles qui offrent des rapports simples
d'un atome à un, deux, trois, quaire, etc. || 4° Terme
de botanique. Déterminé, en parlant du nombre de
certains organes. Le nombre des étamines n'est
rigoureusement défini que jusqu'à dix; au delà il
est indéterminé. Lorsque, dans un verticille fioral,
le nombre des folioles dépasse dix, il n'est plus
défini. Il Inflorescence définie, celle où l'axe floral
terminé par une fleur ne peut prendre aucun allon-
gement.
DÉFINIR (dé-fi-nir), t>. o. || 1° Déterminer, fixer.
On ne peut définir le temps et le lieu auquel cela
arriva. || 2° Expliquer une chose par des attributs
qui la distinguent. Ils définissaient la vertu par le
plaisir, boss. llist. i, 8. Il [Sénèque] commence par
définir la chose, peine que les anciens se donnent
rarement, mDEB. Claude et Sc'ron, ii, 10. || Absolu-
ment. Pour raisonner juste, il faut bien définir.
Il 3° Définir un mot, une expression, en expliquer
le véritable sens. || Définir une personne, la faire
connaître par les qualités qui la distinguent. On ne
sait comment définir le comte; il est jaloux et liber-
tin, BEAUM. mar. de Fig. I, 4. || 4° En style dogma-
tique, décider. Les conciles ont défini que.... Il est
vrai qu'on ne définit expressément à Nicée que ce
qui était expressément révoqué' en doute, qui était
la divinité de Fils de Dieu, Eoss. Var. t" avert. § 30.
Il 5° Se définir, v. réfi. Être défini. Cela se définit
de soi-même. || Se rendre compte de soi-même. Tel
homme au fond et en lui-môme ne se peut définir;
trup de choses qui sont hors de lui l'altèrent, le
changent, la bbuy. xi. Laissez-les un peu se défi-
nir eux-mêmes, ID. XII.
— IiEM. Au xvii" siècle, dire difinir et difinition
était encore assez accrédité pour (lue Marguer. Buflet
prémunisse là-contre [Observ. p. 14t, IC08).
— HIST. XI" s. Pour grant bataille juster et defe-
nir, Ch. de Itol. cciii. || xir s. Ceste bataille fust
pieça définie, llonc. p. 82. || xiii* s. Quant li chape-
lains ot la parole definée, chascun endroit soi, lance
baissie, hurte cheval, h. de valenc. ix. Mes puis-
qu'Amors m'avés descrite. Et tant blasmée et tant
despite. Prier vous voil dou defenir. Si iiu'il m'en
puist miex sovenir; Car ne l'oï defenir onques, la
Itose, 4387. Et dist li livres anciens. Que en Néron
fu définie Des Cesariens la lignie, ib. 6487. Pense-
il, espoir, et s'i soliice. Que, quant plus tost defi-
nera [mourra], Plus tost en paradis ira, ib. BU37.
Ici define Philippe de Biaumaiioir son livre, lequel
il fist des costumes de liiauvaisins en l'an de l'Incar-
nation mil deus cens quatre vins et trois, beaum.
Ciincl. Il XV' s. De le gloser et commenter. De le dif-
finir ou jirescripre. Diminuer ou augmenter, Vil-
lon, Test. Il XVI» s. 11 faut donc qu'ils diffinissent
autrement la forme de l'Eglise; ou, tant qu'ils sont,
selon leur doctrine mesme, -seront reputez de nous
schismatiques, calv. Instit. Dédie. D'où viendra
donc ceste autlionlé aux hommes mortels, de dé-
finir selon leur advis d'une chose qui surmonte tout
le monde? m. ib. 26. II y en a qui définissent en
un mot, que manger la chair du Christ et boire
DEF
1015
son sang n'est autre chose que croire en lui, m.
ib. 1097.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et finir; provenç. défi-
nir, defenir, diffinir, definar ; espagn. définir; ital.
definire. Dans l'ancien français définir signifiait
finir, terminer, et il se conjuguait d'ordinaire sur
la t" conjugaison: definer.
+ DÉFINISSABLE (dé-fi-ni-sa-W), adj. Que l'on
peut définir.
— ÉTYM. Définir.
t DÉFINISSE0R (dé-fi-ni-seur), t. m. Celui qui
définit. I.ocke le définisseur, volt, dans la veaux.
— ÉTYM. Définir.
DÉFINITEUR (ilé-fi-ni-teur), S. m. Titre d'officier
dans les couvents. Le définiteur est un conseiller du
général ou d'un provincial.
— ÉTYM. Définir.
DÉFINITIF, IVE (dé-fi-ni-tif, ti-v"), adj. || l" Qui
termine une chose, une afi'aire. Règlement, résultat
définitif. || 2° Terme de palais. Jugement définitif,
jugement qui statue sur le fond, soit par défaut soit
contradictoirement, par opposition à la qualification
de jugement préparatoire ou Inlerlocutoire. || En dé-
finitive, loc. adv. Terme de palais Par jugement dé-
finitif. Il a gagné son procès en définitive (sous-en-
tendu sentence). || Par extension, finalement,
décidément. En définitive, que ferez-vous?
— KEM. Girault-Duvivier, qui demande si l'on
peut dire en définitif et qui noie que plusieurs gram-
mairiens le préfèrent à en définitive, elle ces phra-
ses-ci où en définitif est employé : En définitif,
après des années entières d'amertume, de douleurs,
de tourments de toute espèce, vous vous trouvez
avec votre innocence qui ne sert à rien, et la répu-
tation d'un tracassier, qui éloigne de tout, linguet;
Souvent on se donne bien de la peine pour n'être,
en définitif, que ridicule, malhesherbes. Mais le
fait est que en définitive, qui est ancien et s'expli-
que sans [leine (en sentence définitive),doit être em-
ployé de préférence :en définitif, bien que correct
grammaticalement (témoin les adjectifs construits
avec en : en beau, en laid, etc.), n'ayant pas pour
soi l'usage.
— HIST. xiii" s. Il estoit condempnés de tiere par
sentence définitive, Cliron. de Rains, p. (27. Et par
tex paroles commence La deffinitive sentence, la
Rose, 19705. Et santance donnée de barre mise
avant, et passée par l'espace de huit jorz en auto-
rité de chose jugée, ert [sera] ausint comme sen-
tance difinitive , Liv. de just. 4). Et le jugement
qui est du principal, il l'apelent sentence diffini-
tive, beaum. lxvii, 26. || xv" s. Et y séjournèrent
tout l'yver, et ne povoient avoir nulle response dif-
finitive, FHoiss. i, i, B3. || xvi* s. Si y eut en ce
procès plusieurs plaidoyers avant la sentence dif-
fiiiitive, AMYOT, Pomp. 7. Par sentence diffinitive
du concile de Basie, Eugenius Pape de Rome fut
déposé, CALV. Instit. Dédie.
— ÉTYM. Provenç. diffinitiu; catal. definitiu;
ilal. definilivo; du latin definitivus, de definire,
définir.
DÉFINITION (dé-fî-ni-sion; en poésie, de cinq
syllabes), s. f. \\ 1° Énonciation des attributs qui dis-
tinguent une chose, qui lui appartiennent à l'exclu-
sion de toute autre. On ne reconnaît en géométrie
que les seules définitions que les logiciens appellent
définitions de nom, c'est-à-dire que les seules im-
positions de nom aux choses qu'on a clairement dé-
signées en termes parfaitementconnus, pasc. Esprit
géométrique, sect. ). Il pose des définitions exactes
qui le privent de l'agréable liberté d'abuser des ter-
mes dans les occasions, fonten. Leibnitz. Une dé-
finition sèche est souvent plus capable d'embrouiller
que d'éclaircir les idées qui tiennent imméiiate-
ment au goût et au sentiment, d'olivet, Prosod.
franc, art. v, § 2. Il y a deux sortes de définitions,
les unes des choses qui sont, les autres des choses
que nous concevons; il y a des définitions partielles,
il y en a de totales, didebot, Opin. des anc. phil.
Stoïcisme. || Définition d'un mot, explication de son
véritable sens. || Définition, figure de rhétorique,
sorte d'exposition des divers aspects par lesquels on
peut considérer une chose et qui la fait connaître au
moins en partie. || 2" Terme dogmatique. Décision.
Les définitions des conciles font autorité dans l'É-
glise. Il 3° Chez les capucins, synonyme de défi
nitoire (voy. ce mot).
— HIST. xvr s. Ou bien si quelcun aime mieux,
nous mettrons ceste diffinition, que le vieux Testa-
ment a esté.... CALV. Instit. 344. Ne l'un ne l'autre
ne fait expressément et à certes mention, que ce
procès soit venu jusques à diffinition de jugement,
AMïOT, Démosth. 22. Le propre de diffinition est
101 G
PEF
(le decinrer son siiliject avec sa matière cl forme, et
la but (ie description est seulement de déclarer les
qualitez du suljjet et souvent parenigmo, Poétique
(le lloissii're, p. 255, dans lacu"Ne.
— ÉrvM. l'rovenç. diffinitin , deffiniein; espagn.
dffinicion ; liai, (/r/iniiion''; du latin definilionern,
de d'^f.ire. délinir. Ou a dit dans le xiii* siècle de-
firti ssement : De l'amor dont je liens ci conte, Se tu
veux que je te raconte Ouex est li dofinisseuiens,
C'est naturel enclitiumens Devoloir garder son sem-
blahle. In Hnsp, 5793.
DrîFINlTIVKMKNT (dé-fi-ni-ti-ve- man), adv.
Il 1° IJ'iine manière di-finitive. 112° Par jugement d6-
finitif. [.'affaire a élé ju;;ée définitivement.
— IllsT. XVI* s. Il y envoya trois députez, pour
endccideret ju(;er 'lefmitiiement, amyot, Pomi>. 5«.
.... One Perez estant prisonnier dans Sarragoce, il
faut qu'il y soit diffinitivement absous ou condamné,
D'aUB. tlitt. III. 3H.
— f.TYM. Dé/inilive, et le suffixe ment; Berry,
diffinitivement,
t DÉKIiVITOrRE (dé-fi-ni-toi-r'), s. m. Dans quel-
ques ordres relijjieux, lieu où s'assemblent les prin-
ci]<aux officiers d'un cliapilre.
— ETVM. Di'fmir.
t Df:i'"LAGK.\TKUn (dé-fla-gra-teur), s. m. Terme
de physique. A|ipareil qui. excitant énergiquement
la puissance électro-magnétique, produit des effets
surprenants de combustion et de déflagration. || Ap-
pareil propre à mettre le feu à des matières explo-
sives, ."i l'aide de l'éleciricité.
— ÈTYM. Voy. l'l!l-'LAGnATION.
DfiFLAGRATION (dé-lla-gra-sion; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. Kxplosion de llanimes qui consu-
ment tout. Que llunivers finirait par une déllagration
générale, diuehot, Opin. des anc. phil. l'ythago-
risme. Après la déflagration générale et le renou-
vellement des clioses, les âmes retourneront dans les
corps qu elles ont animés, ID. ib. Sloicisme. || Terme
de chimie. Comliustion très-active avec projection
en tous sens de vives étincelles, qui se produit quand
(les corps réagissent fortement l'un sur l'autre.
— ETVM. I.at. deflagratio, de deflagrare, brûler
(voy. flagrant).
t DÉFLÉCIir, lE fdé-flé-chi, chie), part, passé
de délléchir. Qui a changé de direction, qui aété dé-
tourné de sa direction. || Terme de botanique. Tige
défléchie, tige qui, après s'être élevée à une cer-
taine hauteur, retombe vers la terre en décrivant
un arc.
i pftFLÉCHIR (dé-flé-chir) , v. o. H 1° Détourner de
la direction. Tous les premiers mouvements de la
nature sont bons et droits; mais bientôt, manquant
de force pour suivre à travers tant de résistance leur
première direction, ils se laissent défléchiriiar mille
obstacles qui les détournent de leur vrai but, j. i.
Bouss. dans laveaux. || 2° V. n. Changer de direc-
tion, se détourner de sa direction naturelle. Sou-
vent on défléchit du but. || Terme de physique. Chan-
ger de direction, en parlant des rayons lumineux.
Il Terme de botanique. Retomber en décrivant un
arc après s'être élevé un peu.
— ÊTYM. Dé préfixe, el fléchir.
DÉFLEGMATION (ilé-llè-gma-sion) , s. f. Terme
de chimie. Nouvelle distillation à laquelle on sou-
met une liqueur obtenue à l'aide du feu, dans la vue
d'en séparer les parties les plus aqueuses qui distil-
lent les premières.
— ETVM. Défleqmer.
DÉFLEG.MÊ, Ée (dé-flè-gmé, mée), part, passé.
Liqueur déllegmée.
I)ÉFLEG.MER (dé-fiè-gmé), V. a. Terme de chi-
mie. Enlever la partie aqueuse d'une substance.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et flegme, parce que les
anciens chimistes croyaient trouver dans tous les
corps quatre ou cinq éléments toujours les mêmes, I
entre lesquels était l'eau dite par eux phlegme ou
flegme. I
t DÉFLEURAISON (dé-fleu-rêzon) , i. f. Chute!
des fieiirs d'une plante. I
— ETVM. Voy. DÉFLEUIUR. !
DÉFLEURI, lE (dé-lleu-ri, rie), part, passé de 1
défleurir. Qui a perdu ses fleurs. Des arbres ou des ]
arbrisseaux délleuris. Des tiges défleuries. Des prés
défleuris. |
DÉFLECRIR (dé-fleu-rir). || i' F. n. Perdre ses '
fleurs. Les lilas fleurissent et défieurissent proraple-
ment. || 2" V. a. Abattre les fleurs. La grêle a dé-
fleuri tous les arbnu fruitiers. Défleurir les champs.
Il Oter le velouté decortains fruits en les touchant. En
cueillant ces pêches prenez garde de les défleurir.
I| Fig. Détruire la fleur, la fraîcheur d'une chose.
m* Se déflourir , ». réfl. Perdre ses fleurs ou sa fleur.
— MIST. XVI* S. Tout ainsi qu'elle [la rose] de-
fleurit Fanie en une matinée, Ainsi nostre âge se
flestrit, H0N8. 811. Où tu os, la maladie Ne defleure
la santé, lo. 630. ^
— ETYM. Dé..., préfixe, el fleurir.
t DÉFLEXION (dé-flè-ksion), s. f. Terme de phy-
sique. Mouvement progressif par lequel un corps
abandonne la ligne qu'il décrivait pour en suivre
une autre. La défiexion des rayons de la lumière.
— ETYM. Voy. DÉ.'LÉCIIIB.
t DÉFLORAISON (dé-flo-rê-zon), s. f. Le même
que défleuraison.
t DÉFLORATECR f dé-flo-ra-teur), s. m. Celui
qui défiore. Un grand (iédorateur de filles, Un grand
mineur de familles, scabbon, dans le Dict. de bes-
CHEKIÎLI.E.
— ÊTYM. Déflorer.
DÉFI.GRATiON (dé-flo-ra-sion) , s. f. Action d'en-
lever la virginité.
— lllST. xvi* s. Par la violente défloration de la
fille pucelle trop jeune, pahé, xi, 20.
— ETVM. Déflorer.
DÉFLORÉ, ÉE (dé-flo-ré, rée), part, passé. Une
fille déflorée. || Se dit d'une plante dont les fleurs
.sont tombées, d'une anthère vide de pollen après la
fécondation. || Kig. Sujet défloré, sujet qui a perdu
la fraîcheur de la nouveauté.
t DÉFLOREMENT (dé-flo-re-man) , s. m. Syno-
nyme de délloration. || Terme d'anciennes coutumes
féodales. Droit de défiorement, synonyme de droit
de cuissage.
— ETYM. Déflorer.
DÉFLORER (dé-flo-ré) , V. a. || 1° ôter la virginité.
En attendant que le conquérant barbare déflore la fille
du bon homme dont il dévore la subsistance, volt.
Dial. XXIX, (2. Il 2°Terme de littérature. Ôter à un
sujet sa fraîcheur, sa nouveauté.
— HIST. XV* s. Tout defflora Baochus Erigone,
CH. d'orl. Bal. tie. \\ xvi' s. Là où elle est, n'y a
rien défloré [flétri, fané], marot, m, 301.
— ETVM. Provenç. deflorar; espagn. desflorar ;
ilal. dcflorare; du latin deflorare, de de, et flos,
fleur.
t DÊFLUXION {dé-flu-ksion), s. f. Fluxion sur,
écoulement d'un liquide, ou, fig. d'une force, d'une
vertu, de haut en bas. || Particulièrement, catarrhe.
11 ne craint ni les dents ni les défiuxions, béonikb,
Sal. XIV. Puisque de l'écoulement des eaux dé-
pend celui de votre défluxion, je consens de bon
cœur qu'elles se retirent, balz. liv. vu, lett. 39.
Il Vieilli.
— HIST. XVI* S. Puisque l'essence de Dieu est sim-
ple et ne reçoit aucun partage, celui qui l'a en soy
et non point par défluxion ou portion, mais d'une
perfection entière, seroitdit improprement charac-
tere et image de ce qu'il est, calv. Instit. 70. Adam
en son origine a esté conforme à Dieu, non point
par défluxion de substance, mais par la grâce et
vertu du St Esprit, id. ib. (27 Dont peut s'en
suivre perpétuelle défluxion de nouvelle matière en
ceste partie, pauiS, liUend. (7.
— ETYM. Lat. defluxio, de defluere, de de, et
fluere. couler.
t DÉFOLIATION (dé-fo-li-a-sion), s. f. Chute des
feuilles d'un arbre, avant la saison.
— ETYM. Dé.... préfixe, et le latin /'olium, feuille,
f DÉFONÇAGE (dé-fon-sa-j'), s. m. Action de dé-
foncer un terrain.
— ETYM. Défoncer.
f DÉFONCE (dé-fon-s'), s. f. Terme d'agriculture.
Action de défoncer le terrain.
— ETYM. Voy. DÉFONCER.
DÉFONCÉ, ÉK (dé-fon-sé, sée), part, passé.
Il 1° Dont le fond est enlevé. Une barrique défoncée.
Un baril défoncé, deux bouteilles sur cul, bègnier,
Sat. XI. Pouffant de rire à voir couler sa vie Comme
le vin d'un tonneau défoncé, bérang. Ém. de Oraux.
Il 2* Chemin défoncé, chemin rendu presque im-
praticable par de profondes ornières et par des creux.
Il Terrain défoncé, terrain fouillé profondément en
vue de la culture.
DÉFONCEMENT (dé-fon-se-man) , s. m. Action de
défoncer. Le défoncement d'un tonneau. || Action de
creuser méthodiquement un terrain plus profondé-
ment que ne le font les labours ordinaires pour ra-
mener vers la surface les parties profondes, les di-
viser ou les mêler.
— ÊTYM. Défoncer.
DÉFONCER (dé-fonsé. Le c prend une cédille de-
vant un a ou un o; je défonçai, nous défonçons),
V. a. Il 1° Enlever lu fond d'une futaille, d'un ton-
neau, etc. Elle fit défoncer trois muids devin, siîv.
201. [Il] Défonça trois tonnes de bierre, Et, pour
DTÎIF
leur faire chère entière, Fit égorger trois jeunes
bœufs, SCABBON, Virg. (rot;. V. || Terme de marine.
Crever le fond d'une voile, en parlant du »ent.
Il 2° Défoncer une route, y faire des trous qui la
rendent impraticable. Les voitures trop chargées
défoncent les routes les plus solides. || 8° Terme
d'agriculture. Défoncer un terrain, en opérer le
défoncement. || 4° Terme de tanneur. Défoncer un
cuir de vache, le fouler avec les pieds après l'avoir
mouillé. Il 5° Terme militaire. Rompre et mettre en
désordre. Ney accourut; il lança tout sar le flanc
de cette colonne russe; Doumerc et sa cavalerie,
qui la défoncèrent, lui prirent deux mille hommes,
SÉGUB, Ilist. de Napol. xi, 8. || 6° V. u. De peur....
Que son lit ne défonce il dort dessus la dure, rê-
gnieb, Sat. xiv. Il 7° Se défoncer, v. réfl. Être dé-
foncé. Le tonneau se défonça tout à coup.
— HIST. XIV* s. [Il] Kist dresser les vaisseaux de
vin en lor estant, El le fust defunsser; et vous [voilà]
le vin puisant Les famés, les variés, qui no gent
vont servant, Cuescl. 20i36. || xvi* s. Ce concile et
synode de nostre nnblesse, après avoir défoncé toute
la plus fine théologie, vidèrent enfin ce procès,
yver, p. 670. L'empereur se vid assisté de toutes les
parts (ie la chrestienté; le duc de Savoye y envoya
quatre cent harquebusiers.... la Pologne défonça
[fournit de l'argent], d'aub. Hist. i, 237. L'Angle-
terre vouloit défoncer pour lui; la roine Eliza-
beih se condamnoit à faire de grandes avances de
deniers, id. ib. li, 439. Bois-verd lui défonça la
teste d'un coup de pistolet, id. ib. i, 287. Toute la
cour deffonça [alla] au devant d'eux, menée par
les princes du sang el de la maison de Guise, m.
ib. 10*. Ils tuent le feu avec une pipe de vin-aigre
défoncée, id. ib. ui, )i. Brusler les bleds et fourra-
ges, et defonsser les vins, m. du bell. 350.
— ETYM. Dé.... préfixe, et fond.
t DÉFONCEUSE ( dé-fon-seQ-z' ) , s. f. Sorte de
charrue sans versoir.
— ETYM. Défoncer.
t DÊFORMATEUR, TRICE (dé-for-ma-teur, tri-s"),
adj. Néologisme. Qui déforme ou corrompt.
— ETYM. Déformer.
DÉFORMATION (dé-for-ma-sion ; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. Altération de la forme. || Kn ana-
tomie, altération de la forme des organes. || En bo-
tanique, monstruosité végétale, caractérisée par un
changement de forme d'un organe ou d'un ensem-
ble d'organes.
— ÉTVM. Provenç. deformacio ; e.spagn. déforma-
don; ital. deformaiione ; du latin deformattonem ,
dedeformare, déformer.
DÉFORMÉ, ÉE (dé-for-mé, mée), part, patsi.
Oui a perdu sa forme. Des pieds déformés par des
chaussures trop étroites. Je suis un peu déformé de-
puis ce temps-là [depuis ma première jeunessej,
BEAUMABCH. Barb. de Sév. m, 5.
DÉFORMER (dé-for-mé), v. a.\\ l* Altérer la forme.
Un corset déforme la taille. Mais eux [les morts], si
tu savais de quel sommeil iis dorment; Leurs lits
sont froids et lourds à leurs os qu'ils déforment,
V. HUGO, /'". d'aiit. 37. Il Déformer un chapeau, des
souliers. 112° Se déformer, t'. réfl. Perdre sa forme.
Les dents tombent, le visage se déforme, le corps
se courbe, buff. Morceaux choisis, p. 57. De peur
que les corps ne se déforment par des mouvements
libres, j. j. Houss. Ém. l.
— HIST. XIV* s. La paix estoit si defTormée qu'il
ne la iieut [put] reformer, Chr. de St Denis, t. ii,
f* 26, dans LACURNE
— ÉTYM. Provenç. deformar; espagn. desformar;
ital. deformare; du latin deformare, de de, et for-
ma, forme.
t DÉFORTIFIER (dé-for-ti-fi-él. v. a. Démolir
des fortifications.
— HIST. xvi* s. La mienne [maison] estoit forte
selon le temps qu'elle fut faite; je n'y ai rien ajouté
de ce costé-là, et craindrois que sa force se lournast
contre moy mesme, joint qu'un temps paisible re-
querra qu'on les defortifie, mont. t. ii, p. 625, dans
LACUBNE.
— ETYM. Dé.... préfixe, et fortifier.
t DÉFORTUNE (dé-for-tu-n) , s. f. Mauvaise for-
tune. Il Terme vieilli, mais qui serait bon à re-
prendre.
— HIST. XVI* s. Quand ils viennent après à excu-
ser leurs desforlunes de Montcontour et de Janiac
sur ce que.... hont. i, 24» L'honneur de tant de
victoires, lequel une seule desfortune luy pourroil
faire perdre, id. m, (74.
— ETYM. Dé.... préfixe, et fortune.
t DÊFORTUNÉ (dé-for-tu-né) , adj. Qui est dans
la défortuae.
nÉT'
DÉF
IJÉF
1017
^ HIST. XY' S. Ils signoyent les jours tristes et
desforlunez de pierres noires, rab. Garg i, (O. Lasse
et desfortunt'e, pourquoi mon cruel mallieur me
conserve si longtemps la vie ? yver, p. 693. Us [les
dogmatiques qui ne peuvent rien prouver] sont si
desfortunez (puis-je autrement nommer cela que des-
rortune?),si misérables que.... MONT, II, 31*.
— ETYM. Déforhtne.
t DÊFOUETTKR (dé-foi-té), V. a. En termes de
relieur, ôter la ficelle dont on s'est servi pour ser-
rer un livre et pour en marquer les nerfs.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et (ouet.
t DftFOUIR (dé-fou-ir), V. a. Tirer, enfouissant,
hors de terre.
— IIIST. XIII' s. Seigneur, dist Garsions, mauvais
conseil avés. Oui nos gens escorcliiés et les mors
defToés, CU. d'Ant. v, 73. Car li rois des Tafurs nos-
trc mort deforra, ib. V, <49. || xv" s. Et estoit l'iu-
tention de la ducliesse qu'elle feroil juste enqueste
là où le corps son père fut enseveli, et feroil les os
defouir, fboiss. h, m, >3e.
— KTYM. Dé.... préfixe, et fouir.
OÊFOURNÉ, ÉE (dé-four-né, née), part, passé.
Tains défournés trop tôt.
t DÉKOl'RNEMENT (dé-four-ne-man), s. m. Ac-
tion de détourner, de tirer du four.
— ETYM. Dé fourrier.
UÉKOUKNER (dé-four-né), v. a. Tirer d'un four.
Défourner du pain. || Absolument. Des gens enfour-
nent; D'autres défournent; Aux brocbes tournent
Veau, bœuf et mouton, bérang. Cocagne.
— HIST. xiii" s. Finant s'en vont an desfourner
[ils finissent par se retirer], g. guiart, t. ii, p. is2,
v. 4692 (13670). Mes à la parfln se desfournent [ils
se retirent], m. p. 278, v. 72H (16291).
— ÉTYM. Dé.:, préfixe, et four.
t DÉFOURNIR (dé-four-nir), v. a. ôter ce qui
fournissait, ce qui garnissait.
— HIST. XV* s. Et luiremonstroitonque, s'il se de-
fournissoit de ses Picards, et ses ennemis le savoient,
ils lui pourroient porter un très grand préjudice,
MONSTREL. i, 407. Et ne suis si ancien ne tant de-
fourni de puissance naturelle, louis xi, Nouv. c.
Il xvi* s. Ce qui feroit proposer aux Turcs de jetter
vingt mille hommes sur les bras des noslres pour les
tailler en pièces, ou donner avec cent cinquante ga-
lères dediins nostre armée, pour faire le mesme, veu
qu'elle seroit desfournie, langue, 446.
— ÉTYM. Dé.... i)réfixe, et fournir.
t DÊFOURNIS (dé-four-ni), s. m. plur. Terme de
marine. Vides, défauts qui allèrent les dimensions
d'une pièce de bois.
— ÉTYM. Défournir.
t DÉFOURRER (dé-fou-ré), v. a. ôter la fourrure.
Il 'l'urme de marine, ôter la fourrure d'une manœu-
vre dormante. || Chez les batteurs d'or, retirer les
feuillets de vélin de leur enveloppe.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et fourrer.
t DÉFRAI (dé-frè), s. m. Action de défrayer. Le
défrai de ce prince [Pierre le Grand] coûtait 600 écus
par jour, st-sim. 467, 146.
— HIST. xv s. Trouver argent pour son deffroi,
COMM. v, 6. Il xvi' s. Il lui donna au déloger, outre
tout cela et son deffray.... carl. m, t2.
— ÉTYM. Voy. dépraver.
t DÉFRAÎCHIR (dé-frè-chir), v. a. ôter la fraî-
cheur, le brillant de quelque chose qui n'a encore
été ni manié ni porté. Défraîchir une étoffe. Une
robe défraîchie. || Se défraîchir, t). réfl. Être défraî-
chi. Ce chapeau se déiraîchira vite.
—ÉTYM Dé.... préfixe, et frais.
t DÉFRANCISER (dé-fran-si-zé), v. a. Faire per-
dre les mœurs, le caractère français.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, el français.
t DÉFRAUDATION (dé-fiô-da-s'ion), s. f Action
de dépouiller [lar fraude. || Vieilli.
— ÉTYM. Défrauder. Défraudation a été employé
par Frédéric II, roi de Prusse.
t DÉFRAUDER (dé-frô-dé), v. a. Priver par
fraude. || Vieilli.
— HIST. xtv s. Ne le defraude pas de liberté, et
ne le laisse pas en povreté, oresmh. Thèse de meu-
MER. Pour defrauder le dit seigneur desadepte,
Bibl, des Chartes, 4" série, t. ii, p. 61.
— ÉTYM. Dé... préfixe, et frauder; provenç. et
espagn. defraudar ; iial. defraudare.
DÉFRAYÉ, ÉE (dé-frè-ié, iée) , part, passé. Dont
on a payé la dépense. Défrayé de tout durant son
voyage. || Amusé. La société défrayée par ce plaisant
personnage.
+ DÉFRAYEMENT (dé-frê-man) , s. m. L'action
de défrayer.
— uisT. xv s. Et si laissent, en plusieurs lieux,
DICT. DE LA LANQUE FRANÇAISE.
Des larmes par engagement. Pour paier leur def-
frayement En jectant soupirs. Dieu scet quieulx
[quels], CH. ii'oRL. Rondeau.
— ÉTYM. Défrayer.
DÉFRAYER (dé-frè-ié. Au temps de Chifllet on
prononçait dé-fra-ié), je défraye, tu défrayes, il dé-
fraye ou il défraie, nous défrayons, vous défrayez,
ils défrayent ou ils défraient; je défrayais, nous dé-
frayions, vous défrayiez, ils défrayaient; je défrayai;
je défrayerai ou défr.iierai ou défralrai ; je défraye-
rais ou défraierais ou défraîrais; défraye, défrayez;
que je défraye, que nous défrayions, que vous dé-
frayiez, qu'ils défrayent; que je défrayasse; dé-
frayant, V. o. ||1° Payer la dépense de quelqu'un.
Us voulurent défrayer tout le train, sÉv. 2)i. Le roi
et la reine de Danemark vont voir ce comte d'Ol-
denbourg dans sa comté; il défraye toute cette cour,
et sa magnificence surpasse toute principauté, m.
442. Monsieur, mettez-vous à table, nous vous dé-
frayerons, VOLT. Cand. n. Mme André, prenant la
parole, dit au savant que, s'il voulait défrayer sa
table pour dix fois autant, U lui ferait grand plaisir,
ID. VU. aux 40 écus, Un bon souper. || Fournir ce
qu'il faut pour repas ou entretien. Je veux qu'à mon
souper celle-ci [la tortue] me défraie, la font. Fabl.
XII, 15. Ils étaient obligés de défrayer leur tyran,
lorsqu'il arrivait; leurs vivres, leurs meubles, leurs
troupeaux, tout était alors au pillage, raynal, llist.
pliil. XI, 24. Il 2» Fig. Défrayer de bons mots, de
plaisanteries, amuser, faire rire par de bons mots,
des plaisanteries. Ils pensaient tous qu'il était là
pour défrayer la compagnie de bons mots, mol. Cri-
tique, 2. Il Absolument, défrayer la compagnie,
amuser, faire rire, pourvu toutefois que quelque
chose détermine le sens; autrementdéfrayer la com-
pagnie signifierait payer la dépense faite par une
compagnie. || Défrayer la compagnie, se dit aussi
pour faire rire à ses dépens. || Défrayer la conversa-
tion, parler le plus dans une conversation, y tenir
le dé. Par son esprit il défrayait les conversations.
Défrayer la conversation signifie aussi être l'objet
d'une conversation. Ce fut lui et sa mésaventure qui
défrayèrent la conversation. || 3° Se défrayer, v.
réjl. Payer les frais que l'on fait. Je serais bien allé
à l'hôtel, mais je n'avais pas de quoi me défrayer.
— REM. Dé frairai , défraîrais , ne s'orthographient
ainsi qu'en poésie, et encore y renonce-t-on.
— HIST. XV' s. Il donna plusieurs robbes, et def-
froya tout jusques en la Haye en Hollande, comm.
III, b. Il XVI' s. D'un client vous avez les sacs. Qui
vous défraye Et l*e vin paye Qu'il ne boit pas, J. le
HOUX, VII. Hz acceptèrent la charge de faire les frais
de jeux qui n'estoient pas de petite despense, ayant
l'un desfrayé à Thebes les joueurs de fluste, et l'au-
tre à Athènes la danse des enfans qui balloient en
rond, AMYOT, Arist. 2. Il emporta par plusieurs fois
le prix ès-jeux qu'il desfrayoit, ID. Nicias, 4. Il n'est
jà besoing de faire tant affaire, on vous deffroyera
cela, PALSGR. p. 450.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et l'ancien verbe /'roj/er,
dépenser (voy. frais, s. m. plur.).
t DÉFRAYEUR (dé-frè-ieur), s. m. Celui qui dé-
fraye.
— HIST. XVI' s. L'avocat lui respondit, que à des-
jeuner il trouveroit assez, mais qu'il eust un des-
frayeur, MARO. Nouv LU. La lignée Antiochide em-
porta le pain, Aristide fut le desfrayeur des jeux, et
Archestratus le poêle qui fit jouer ses comédies,
AMYOT, Arist. i.
— ÉTYM. Défrayer.
] DÉFltlCHAGÉ (dé-fri-cha-j'}, s. m. Action do
défricher un terrain.
— ÉTYM. Défricher.
DÉFRICHÉ, ÉE (ilé-fri-ché, chée), part, passé.
Un champ bien défriché. || Substantivement. Je le
tenais sans ces^e en action, marchant avec lui au
soleil et à la pluie, de jour et de nuit, l'égarant ex-
près dans les bois, les défrichés, les champs, bern.
DE ST-p. Poul et Virg.
DÉFRICHEMENT (dé-fri-che-man), s. m. Opéra-
tion qui a pour but de mettre en culture réglée les
landes, bruyères, bois, terres incultes, etc. Ces bar-
bares eux-mêmes, nés dans un climat tempéré, ne
pouvaient soutenir les travaux pénibles d'un défri-
chement sous un ciel brûlant et malsain, raynal,
Ilist.pliil.x],t. Il Le terrain même qui a été défriché.
— ÉTYM. Défricher.
DÉFRICHER (dé-fri-ché) , v. a. || 1° Mettre en cul-
ture ce qui était en friche. X condition qu'ils y pren-
draient des terres à défricher, fén. Tél. xii. Défri-
chez cette terre sauvage, id. ib. i. Malheureusement
on ignorait encore que défricher des terres en Amé-
rique était l'unique moyen de les rendre utiles, et
que ce succès ne pouvait être que l'ouvrage du com-
merce ouvert à tous les citoyens sous la protection
du gouvernement, raynal, llist. phil.ix, 10. Leur
main défrichera, laborieuse et pure. Ces landes,
ces déserts qui dorment sans culture, lemerc. llru-
neh. 1, 2. Il Fig. Le royaume de Dieu est un champ
qu'il faut défricher, mass. Arent. Affl. Et ceux
qui, de nos arts utiles inventeurs. Ont défriché la
vie et cultivé les mœurs, dkullk , Enéide, ,\i. || 2° Fig.
Éclaircir une chose embrouillée, difficile; commen-
cer à cultiver, expliquer, rendre plus facile. Les
premiers qui défrichèrent la littérature sanscrite.
Ils [ceux qui sont chargés des recherches de no-
blesse] dépêchent besogne, leurs secrétaires la dé-
frichent, ST-siM. <43, 82. Revenez-donc nous dé-
fricher le poêle le plus intéressant de l'antiquité,
DIDER. Letl. à Galiani.
— HIST. xv S. Aussi venoient courir à Manie
chascun jour, et eulx embuscher sur les chemins
bien vingt ou trente, pour les Francoys là desIVi-
cher [dévaliser], martial de paris, Vig. de Char-
les VII, t. I, p. Va, dans lacupne. Sont tenus les
dits preneurs de deffricher et lalwurer toutes les
dites terres', et, icelles deffrichées, les tenir delà en
avant en bon et suffisant labour, du cange, dero-
dcre. Il xvi' s. Je pense avoir esté le premier des nos-
lres qui ait défriché plusieurs anciennetés obscures
de cette France, pasquier, dans le Dict. de eociiez.
— ÉTYM. De'.... préfixe, et friche; Berry, défreû-
cher.
DÉFRICHEUR (dé-fri-cheur) , s. m. Celui qui dé-
friche une terre.
— ÉTYM. Défricher.
DÉFRISÉ, ÉE (dé-fri-zé, zée), part, passé. Oui
n'est plus frisé. Cheveux défrisés. || Populairement,
désappointé Tout défrisé par un tel contre-temps.
t DÉFRISEMEÎJT (dé-fri-ze-man), s. m. Action de
défriser. || Populairement, désappointement.
DÉFRISER (dé-fri-zé), v. a. || 1° Défaire la frisure.
Défriser une perruque. Il y a [dans une certaine
coiffure alors à la mode] une certaine médiocrité
qui m'a charmée et qu'il faut vous apprendre, afin
que vous ne vous amusiez plus à faire cent petites
boucles sur vos oreilles, qui sont défrisées en un
moment, qui vont mal et qui ne sont non plus à la
mode présentement que la coiffure de la reine Ca-
therine de Médicis, SÉV. 36. Il 2° Fig. et populaire-
ment, désappointer, déconcerter. Voilà qui vous dé-
frise. || 3' Terme de relieur. Défriser les feuilles,
n'y pas laisser de corne. || 4» Se défriser, t'. réfl.
Perdre la frisure. Les cheveux se défri^ent par un
temps humide. || Fig. Être désappointé. Il ne faut
pas vous défriser pour si peu.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et friser.
DÉFRONCÉ, ÉE (dé-fron-sé, sée), part, passé.
Une robe défroncée.
t DÉFRONCEMENT (dé-fron-se-man) , s. m. Ac-
tion de défroncer; état de ce qui est défroncé.
— ÉTYM. Défroncer.
DÉFRONCïlR (dé-fron-sé. Le c prend une cédillo
devant a et o; je défronçai, nous défronçons), v. a.
Il 1° Défaire les plis d'une étoffe froncée. || Défron-
cer le sourcil, effacer les plis du sourcil; et fig. se
dérider, prendre un air serein. || 2° Se défroncer,
V. réjl. Être défroncé.
— HIST. XVI' s. Tant soit son gros sourcil grave-
ment renfrongné, Que d'un riche présent bien tost
ne soitgaigné. Et qu'il ne parle bas et defronce sa
ride, RONS. 904.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et froncer.
DÉFROQUE (dé-fro-k'), s. f. || 1° Le peu de meu-
bles et d'argent qu'un religieux laisse en mourant.
La défroque d'un moine appartenait à l'abbé. || 2° Par
extension, meubles, effets, que quelqu'un aban-
donne, surtout avec le sens de très-peu de valeur.
U nous a laissé sa défroque. || 3° Vêtement hors d'u-
sage. Fripier, vite que l'on me donne La défroque
d'un chambellan, bérang. Habit de cour.
— HIST. xvi" S Qu'il l'abattit [le serpent], et
lui cassa le suc; Garde n'avoit de dire en ce defroo
[désastre, désordre] : Chantons Nuel tant au soir
qu'on desjuc [le moment où les poules descendent
(iujuchoir, le matin], marot,ii, 266.
— ÉTYM. Défroquer.
DÉFROQUÉ, ÉE (dé-fro-ké, kée), part, passé. Qui
n'a plus son froc. Moine défroqué. |{ Fig. et en
mauvaise part, prêtre défroqué, prêtre qui a renoncé
à l'état ecclésiastique, qui ne l'exerce plus. C'est un
prêtre défroqué. || Substantivement. Bon, répond
mon défroqué, mettez-les [un gigot et un chapon]
à la broche, st-sim. <00, 63.
DÉFROQUER (dé-fro-ké), v. a.\\i° ôter la froo
à quelqu'un, faire sortir do l'état monastique. U
I. - 1-28
1018
DËG
semble que la réforme aboutisse à ddfroquc-r quel-
ques moines, boss. Var. 2. Moyennant une dispens"
du pape lionl il se chargea iiour la iléfroquer [la reli-
gieuse], ellecoiisentil à tout, st-sim, (6, (89. |j î" Se
défroquer, V. rr'ft. Quitier l'habit de moine, l'état
monastique. C'est un ancien moine qui s'est dério-
qué. If Plus giiiéralement et en mauvaise part,
quitter l'état ecclésiastii|ue.
— JllST. XV' s. X tant furent assailly.i les vingt
chevaliers de tous costez; mais tant bien .se gardè-
rent qu'on ne les |)ovoit deffroquer, l'trccforest,
t. IV, ^ 83. Il XVI' s. 11 y eut des huguenots qui se
deffroquerent [changèrent de religion], langue,
p, 664, dans lacuunk.
— ÊTYM. Dd.... préfixe, et froc.
t DÉFRUITER (dé-frui-té), 1). a. Cueillir les fruits
d'un arbre.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et fruit.
t DÊFUIH.ER (dé-fu-blé), V. a. ôter un aiïnble-
ment. || Se défubler, r. réft. Quitter son afTublement.
— HlST. un' s. Puis se riefuble par grant ire,
Ben. 746&. I| xv s. Adont le baisa, et l'empereur du
tout se deiïula, et le mercia, christ, de pisan, IHst.
de Chartes V, m, 38. Adonc leurs maris les firent
défubler [décoiffer], louis xi, Nouv. l\. \\ xvi* s.
Quant aux maintiens et façons extérieures i|u'on a
coustiime d'observer, comme de s'agenouiller et de
se deffuler [découvrir la tète], ce sont exercices pa-r
le.squels nous nous efforçons de nous appareiller à
plus grande révérence de Dieu, calv. Instit. 712.
— ETYM. Dé.... préfixe, et un radical fubler, pour
lequel voy. affubler.
+ DÉKUNER (dé-fu-né), V. a. Terme de marine.
Dégarnir un mit de ses cordages.
— ETYM. Dé.... préfixe, et le latin frmis, corde.
DÉFUNT, UNTE (dé-fun, fun-l'J, adj. Mort. Je
tous le garantis défunt avant qu'il soit peu, mol.
Mar. forcé, se (2 Quand je songe à la femme
Dont j'étais le mari. Dieu veuille avoir sou âme. Je
la crois bien défunie.... REONARD, Démocrite, i, l.
Vierge défunie, une sœur grise Aux portes des cieux
rencontra Une beauté leste et bien mise, bêrang.
Deux sœurs de char. || Kig. Qui a perdu une qualité,
un titre qu'il possédait. Donc à l'enlour de celte mé-
tairie Défunt marquis [l'ex-marquis] s'en allait sans
valets, la font. Faucon. \\ Substantivement. De
Yous, qui renversez les lois de la nature, Qui, bar-
bare, aux défunts niez la sépulture, rotrou, Ânlig.
V, 5. Il [un prédicateur] a si bien établi son dis-
cours, il a donné au défunt des louanges si mesu-
rées.... sÉv. 137. Depuis la mort de la défunte , uan-
COUrt, les Vacances, se. 6.
— REM. Mon pèie serait défunt si nous avions cru
le médecin ; le pauvre défunt; façons de parler bour-
geoises, DE CAILLIÈRES, (090. Cos locutious et au-
tres où défunt est employé, sans mériter d'être
qualifiées de bourgeoises , ont quelque chose du
langage de la pratique, ou quelque chose du style
familier.
— HIST. XV s. Défunt, Perccforest, t. iv, f" 20.
— ETYM. Berry, defeu, au féminin, defeue; pio-
ven(;. defanct, deffunt; espagn. difunto; ital. rfe-
funto ; du latm dffitnclus , mort, proprement qui s'est
acquitté, de defmigi, de de, et fungi (voy. fonc-
tion).
DÉGAGÉ, ÉE (dé-ga-jé, jée), part, passé. || l'Qui
n'est plus en gage. Montre dégagée et retirée du
inont-de-piélé. Soyez persuadée que vous lui rever-
rez bientôt toutes ses belles terres dégagées, toutes
tes dettes payées, et que le voilà hors de l'hôpiial,
où il était assurément, sEv. Lelt. 2) juin (680.
Il i° Débarrassé, délivré. Plus l'esprit se fait sim-
ple et plus il se ramène Dans un intérieur dégagé
des objets, corn. Imilalion, i, 3. Qui n'est point
tout à fait dégagé de soi-même. Qui se regarde en-
core et s'aime Voit peu d'occasions sans en êire
tenté, ID. ib. I, 8 Kt vous porter après Un cœur
tout dégagé de ses trompeurs attraits, mol. ilis.
IV, 2. Des esprits dégagés de toute matière, BOSs.
Damons, 4. On met on question s'il peut y avoir
en cette vie un pur acte d'intelligence dégagé de
toute image sensible, ID. Connaiss. m, <4. Ln es-
prit dégagé de ses préjugés et par li prêlàrecevo.ir
toutes les impressions de la divine lumière, m. Var.
XIII, j> M. Quand vous seriez libre d'embarras et dé-
gagé de ces soins extérieurs qui vous détournent
aujourd'hui de votre salut, votre cœur sera-t-il li-
bre des passions? mass. Car. Salut. Libre de pas-
sions, dégagé de faiblesse. Votre cœur, je lo sais,
se ferme à la tendresse, regnaru, Démocr. m, 4.
Do vos indignes fers à jamais dégagée..., volt, fa-
nât. V, 2. De ces chagrins mortels son esprit dé-
gage, U). Sémiram. i, t. Mais enfin dégagé d'une
DÉG
épouse perfide, lemerc. Aynmem.m, 7. || Absolu-
ment. Que notre cœur se trouve tout à coup dégagé,
libre, tranquille! hourdal. Fi'le des saints, Hy\t.
Il 3° Tiré d'une position difficile. C'est-à-dire ()ue
cette armée s'est trouvée incommodée et que voilà
celle de Luxembourg dégagée, SÉV. («2. {| 4° Dont
l'accès est débarrassé de tout obstacle. La voie pu-
blique dégagée et rendue libre. L'infirmerie sera
disposée au lieu le plus tranquille et le plus dégagé
de la maison, boss. Ilégl. Que les logements fu.ssent
dégagés les uns des autres, fén. Tél. xii. || Chambre
dégagée, chambre qui a un dégagement. Degré dé-
gagé, petit degré qui sert d'issue secrète à un ap-
partement. Il 5° Qui a de l'aisance. Une taille svelte
et dégagée. Voilà un corps taillé, libre et dégagé
comme il faut, mol. Avare, ii, 6. || Qui n'éi^rouve
pas d'embarras. Adieu, mous, ^ur, vous parlez d'un
air bien dégagé et presque offensant, mariv. Surpr.
de l'amour, ii , 7. Je tenais mon chapeau à la main
de l'air le p' js dégagé qu'il m'éiait possible , ID.
l'aysan parv. t. i, 2* part. p. us, dans pougens.
Il Qui se donne trop d'aisance. Des propos libres,
des airs dégagés, ;. j. Rouss. Ém. iv. {| Avoir des
airs dégagés, avoir des manières un peu trop libres,
snnsgêne. || Tonne de peinture. Attitudes dégagées,
attitudes naturelles et aisées. {| Terme de gravure.
Burin dégagé, burin dont les tailles sont nettes
et point lioiieiisos. || 6° S. m. Terme d'escrime. Syno-
nyme de dégagement.
DÉriAGE.MEiNT(dé-ga-je-man), s. m. j] 1° Action
de dégager,, de tirer de gage; résultat de celte ac-
tion. Au mont-de-piéié, la somme des engagements
est double de celle des dégagements. I| Le dégage-
ment d'une parole, d'une promesse, l'action de -te-
nir une parole, d'accomplir une pr^r:'csse ou d'ob-
tenir que la parole, la promesse soient rendues.
Il 2° Kig. Pour former de grands desseins, il faut
avoir l'esprit libre et repù.sé; il faut penser à son
aise, dans un entier dégagement de toutes les ex-
péditionsd'affaires épineuses, fén. Tél. xxii. || 3" Ton
dégagé, airdég;igé. Jel'exhortai [Chamillart] à n'en
pas dire davantage [au roi pour s'excuser] et sur ce
Ion et avec cette force et ce dégagement, st-sim.
(99, t5U. Il 4° Terme d'escrime. Action de dégager
le fer. Faire un dégagement. || Terme de danse. Ac-
tion de tirer un pied engagé derrière l'autre, pour le
faire pa.s.ser devant ou àcôté. || 5°Ter:iie d'architec-
ture. Sorte de moulure qui forme des gr.iins d'orge
détachés. || Terme de menuiserie. Êiégissement [ac-
tion de dégrossir] qui déiache une moulure de son
champ. Il 6° Partie d'un ap|iartement qui sert de pas-
sage, de communication d'uiie pièce à une autre.
Pratiquer un dégagement. Escalier de dégagement.
Galerie qui conduisait, par un dégagement, du cald-
netduroiàceuxdesesmaItresses,HAMiLT. Cramm. 1 1.
Le comte de Fiesque régla les dégagements, les com-
modités et jusqu'aux ornements de sa maison, st-
sim. 75, 229. Il Pièce de dégagement, pièce qui sert
à dégager les appartements, en sorte qu'on peut y
entrer et en sortir, sans passer par la porto ordi-
naire. Il 7° Terme de chimie. Sortie des -gaz et des
vapeurs hors des corps (]ui les contiennent. Le dé-
gagement de gaz fut abondant. || 8° Terme de gra-
vure. Action de repa.sser la pointe autour des traits
gravés déjà, pour ôter plus facilement l'acier ou le
bois des vides.
— ETYM. Dégager.
DÉGAGER (de-ga-jé. Le g prend un e quand il
est suivi d'un o ou d'un o : nous dégageons, dé-
gageant), V. a. Il 1° Retirer ce qui avait été engagé,
donné en hypoliiéciuc, en nantissement. Dégager sa
vaisselle, ses pierreries Nousdevions tantôt le
dégager [un bijou]. Et contre mon avis vous avez
fait la chose, reonard, Joueur, v, 7. || 2° Par exten-
sion, dégager sa parole, la retirer quand elle a été
donnée sous des conditions non remplies, ou bien
la tenir. Anne.... dégage envers nous la promesse <les
cieux, MALii. Il, 8. Dem.indoiis-lui [à Dieu] qu'il
nous console, Qu'il nous secoure en cet ennui,
Saint Paul nous l'a promis pour lui ; U déga-
gera sa parole, corn. Imit. i. (3 Qu'il achève
et dégage sa foi , Et qu'il choisisse après de la mort
ou de moi, id. Cinna, m, 6. Dégage ton serment,
je tiendrai ma parole, ID. Pertliar. m, 3. Mon de-
voir m'intéresse. Mon père, à dégager vers lui vo-
tre promesse, mol. Sgan. 23. Je ne prétends pas
qu'un impuissant courroux Dégage ma parole et
m'acquitte envers vous, rac. Urit. 1, 3 J'ai
couru partout où ma perte certaine Dégageait mes
serments et finissait ma peine, id. Androm. Il, 2.
Vous-même dégagez la foi de vos oracles, ID. !phig.
V, 2. Je reviens dégager mes serments et les tiens,
VOLT. Za'tre, i, 4. || Dégager quelqu'un de sapa-
DÊG
rôle, la lui rendre, l'en affranchir. D'un serment
solennel qui peut nous dégager? cORN. //or. i, *.
Il 3° Déliarras.ser, délivrer. Je ne suis point d'avis
De dégager mes jours pour les rendre asservis, Ré-
gnier, 5a(. m. Jusqu'à ce que ma main de ses
fers le dégage, cobn. Nicom. v, 7. C'est assez di-
gnement répondre à tes bienfaits Que d'avoir dé-
gagé ton fils de tes forfaits. ID. Iléracl. iv, 5. D'un
choix abject son bras l'a dégagée, id. Sertor. v, 4.
.... Vos intérêts seuls me mettent en danger, Je vais
périr, madame, ou vous en dégager, id. Nicom.
V, 0. Othon près d'un tel maître a su se ménager,
Jusqu'à ce que le temps ait pu l'en dégager, id.
Othon, III, 3. Tous s'accordèrent à le plaindre, les
uns d'une faute qu'il a faite par une véritable néces-
sité, les autres de ce qu'il a dégagé ses devoirs p<ir
une faute, la bociief. Mém. 207. De son trop de vertu
sachons le dégager, corn, l'erthar. m, 6. Qui l'a
mieux dégagé de ses deslins contraires? to. Nicom.
IV, 2. De ce pelil chagrin le ciel m'a dégagée, in.^gsi-
sil. II, 7. Elle les dégagedes intérôtsdu monde. pasc.
Prov. 2. Pour dégager l'àme do l'amour du monde,
pour la retirer de ce qu'elle a de plus cher, id.
Prov. 5. Trop de reconnaissance est un fardeau peut-
être; Mon cœur vous en dég.ige.... volt. Tancr.
IV, 4. Va, de ce vain respect ma fureur te dégage,
DUCis, Abufar, m, 4. || Fig. Dégager son cœur,
rompre un engagement d'honneur ou de galante-
rie. Il 4° Dégager un soldat, lui faire obtenir, lui
donner son congé. Je vendrai tout le peu que j'ai
pour dégager mon fils, MARMONTEL,i/dm. 11. || 5' Dé-
barrasser un lieu qui était olistrué. Dégager la voie
publi(iue, un passage. || Terme militaire. Dégager
une province, en chasser les ennemis, les bandes
qui l'occupaient. Après avoir dégagé les côies par
(ieiix victoires, Luciille tourne ses armes vers le
continent, roixin. IHst. anc. fJEurres, t. X, p. (90,
dans poiîGENS. |l Dégager les appartemenis, dispo-
ser les chambres de telle sorte qu'elles ne soient pas
sujettes les unes desautres. || 6" Terme de médecine.
Dégager les organes, les débarrasser de ce qui les
gêne. Un bain de pied lui a dégagé la tête. || 7° Ti-
rer d'entre des gens qui pressent ou qui attaquent.
La cavalerie ennemie l'avait entouré; un retour de
ses gens le dégagea. Il remonta bien vile, tout
mouillé [au passage du Uliin], sur un autre cheval,
et s'en alla assez joliment charger les ennemis et
dégager M. le Prince, qui venait d'êire blessé, sév.
5S3. On dégagea Philoclès des mains de ces trois
hommes, fén. Tél. xiii. || Terme militaire. Tirer un
corps de troupe d'une position difficile, dangereuse.
Ce grand voyage de M. le Prince et de M. de Turenne
pour aller dégager M. de Luxembourg est devenu à
rien, SÉV. 282. || Terme de manne. Dégager un
vaisseau, le délivrer de la poursuite des vaisseaux
ennemis. || 8° Terme d'e.scrime. Dégager le fer, ou,
ab.solument, dégager, détacher son arme de celle
de son adversaire et la passer à droite ou à gauche
de celle ci. || 9° Donner de l'aisance. Cet habit dé-
gage bien la taille. L'habit de cour, si favorable aux
! jeunes personnes, marquait sa jolie taille, dégageait
: sa poitrine et ses épaules, j. J. Bouss. Confess. m.
Il 10° Terme de gravure. Repasser la pointe autour
des traits déjà gravés, pour enlever plus facilement
le bois des vide.s. || Terme de maçon. Dégager une
pierre, lui ôter ce qui est superflu. || 11" Terme de
I chimie. Séparer une substance d'une autre. Davy est
le premier qui parvint à dégager le potassium et le
sodium de leurs oxydes, qu'on regardait comme des
corps simples. La chaleurdégage certainsgazde leuis
combinaisons. || Produire une émanation. Cette sub-
stance dégage une odeur sulfureuse. || 12° Terme
I de mathématiques. Dégager une inconnue, faire les
opérations nécessaires pour que celte inconnue se
trouve seule dans un membre de 1 é(iuation, tandis
que l'autre membre en contient la valeur en quan-
tités, soit connues, soit inconnues ou composées
des unes et des autres. || 13° Terme de danse. Dé-
gager le pied, le délacher de l'autre. || Absolument.
Dégager, faire un pas en déiacliant vivement un
pied ou une jambe de l'aulre. || 14° Se dégager, r.
réft. Rompre un engagement, se déliarrasser. Mon
père m'a dit, monsieur, que vous étiez venu vous
dégager de la parole que vous aviez donnée, mol.
Jfar. forcé, se. te. Dans une peine si cruelle Le plus
stlr serait de changer; Mais tant qu'on vous verra
' si belle, Le moyen de se dégager? lasablièhe, dans
I EiciiELET. La foi ne fut jamais dans Rome un escla-
! vage, t^hacun comme il lui plait s'engage et.sedé-age,
PÉCHANTBÊ. Jtf. de Néron, n, 5. Dégagez-vous dos
soins dont vous êtes chargé, rac. Androm, u, 2.
Heureux si je pouvais en ce désordre uxlrème Du
I parti que je hais me dégager moi-nJoie, voli.
DÉG
Catil. m, 1. Je venx me dépaper du poids de mes
soupçons, DKLAV. Véprps sicil. m, 5. || 15° Se tirer
de gens qui pressent ou qui assaillent. U se dégagea
àcoupsd'épéedes ennemis qui déjà le saisissaient. Il
ne s'échappa de la flolte romaine que trente vais-
.•■■eaux, qui, éiant auprès du consul, prirent la fuite
avec lui en se dégageant le mieux qu'ils purent le
long du rivage, bollin, Hist. ane. Œuvres, t. i,
p. 33.'i. Napoléon se dégagea en silence de l'immense
attirail qu'il entraînait après lui, et s'avança sur la
vieille roule de Kalouglia, séglu, llisl. de !lapnl.
IX, I. Il Se dégager de queUiu'un, se tirer de son
étreinte. Corinne comprit sa pensée, et, l'interrom-
pant aussitôt en se dégageant doucement de ses
hras.... STAËL, Corinne, viil, t. |1 Se dégager de
quelqu'un, le quitter. Ils ne songent qu'à se déga-
ger de vous, LA BBUY. V. Il Se dégager de quelqu'un,
retirer la promesse qu'on lui avait faite de répondre
à son invitation, pour un dîner, une soiiée, un
bal, etc. On m'attendait ailleurs, je me suis dégagé
pour avoir le plaisir de souper avec vous, iiaute-
RocuK, Snup. mal appr. se. (2. C'est justement
notre amphitryon, je vais me dégager, uoissY,
Franc, à Londres, se. t3. || 16° Être dégagé. Plus
elle avance, plus les voies se dégagent, mass. Car.
Prnd. Il Terme de médecine. Être débarrassé de ce
qui engorgeait. La tète se dégage. || Sortir, en par-
lant de gaz, d'exhalaisons. Le gaz, la mauvaise
odeur qui s'en dégage.
— HIST. XII' s. Pur co s'ala à Turs [Tours] celé
nuit herhergier, Esaveir se li reisle voldreit là bai-
sier; Mais il ne porta là ne maille ne denier; Ses
guages U covint rachater u laissier; Ne li reis nel
baisa, n'il nés fist desguagier, Th. le mart. m.
Il xili* s. Ce sont li franc jour que on ne respont
mie à clains, ne qu'on ne va mie deswagier [faire
une saisie], tailliar, iiccueiV, p. 463. || xvrs. Voianl
son infanterie qui ne se pouvoit plus desgager sans
combat, il s'y résout, d'acb. il, 181. Ce m'est plai-
sir d'estre désintéressé des affaires d'aultruy et des-
gagé de leur gariement, mont, m, 271.
— Etym. D^.... préfixe, et gage.
DÉGAINE (dé-ghê-n'), s. f. Terme familier. Tour-
nure ridicule , façon maladroite. Quelle dégaine !
Mais le voilà; voyez la belle dégaine, vaué, Nicaise,
se. 4. Il Fig. Oui, tu m'aimes d'une belle dégaine,
iiOL. Don Juan, n, l.
— REM. Voy. nÉGAINER.
— ÈTYM. Voy. Di Gainer. Un homme empêché
dans ses habits et ne se remuant pas est comparé à
un objet dans sa gaine, et, quand il se meut, il a
l'air de se dégainer; d'oil l'emploi figuré de dégaine.
DÉGAINÉ, ÉE (dé-ghê-né, née), part, passé. Une
épée dégainée.
DÉGAINER (dé-ghê-né), v. a. \\ 1° Tirer une arme
iranchante de sa gaine. Il ne fallait les premiers
dégainer l'épée, noss. Var. <o. \\ Kig. Je n'ai rien.
— Et Morgue, dégainez vos écus, hauterociie, le
Deuil, se. 14. Il 2° Absolument. U fallut dégainer,
on l'a forcé à dégainer, c'est-à-dire il fallut mettre
l'épée à la main, on l'a forcé de mettre l'épée à la main.
....Mais si, par aventure. Comme les hommes sont
souvenlimpatients. Il voulait dégainer avant qu'être
céans, scarron, Jodelet, iv, 7. Vous êtes de l'hu-
meur de ces hommes d'épée Que l'on trouve tou-
jours plus prompts à dégainer Qu'à tirer un lésion
s'il le fallait donner, mol. l'Étour. m, 5. Mais lui,
sourd aux raisons qu'il a pu lui donner, A voulu sur
le champ le faire dégainer, regnard, Ménechm. iv,
8. Il Familièrement. Brave jusqu'au dégainer, se
dit d'un fanfaron, et aussi de quiconque promet
beaucoup et ne tient rien. C'est ce qui s'appelle brave
jusqu'au dégainer, sÉv. 231 . || Proverbe. Il ne frappe
pas comme il dégaine, il est plus terrible eu me-
naces qu'en effets.
— IIEM. L'Académie, qui met un accent circon-
flexe à (lalne, n'en met pas au composé dégainer.
C'est une anomalie inutile.
— msT. xv s. Tellement leva à chacun la colère,
qu'ils se levèrent en piez, et mirent chacun la main
à la dague, et vouloient deguainer l'un sus l'autre
furieusement, i/^m. d'OL. de la marche, p. 33, dans
LACURNE. Les paroles qu'elle décocha ne furent pas
moins tranchantes que rasoirs dégainant bien affilés,
LOUIS XI, A'out). 1. Il xvi" s. Leur vraye justice est de
persécuter les meschans à glaive desgainé, calv.
Jnslil. 1200. si aucun desguainnoit l'espée ou bais-
Boit la pique, il ne pouvoit plus renguainner ni re-
lever la piijiie, AMVOT, Pijrrkus, 76,
— ETYM. Dé.... préfixe, et gaine.
fDÉGAINEUR ( dé-ghê-neur ), s. m. Bretteur,
ferrailleur. Tous ces grands dégaineurs sont gens que
l'on évite ; Et le solide honneur dont on doit faire
DKG
cas Ne consiste jamais à faire du fracas, iiadterociie,
Nobles de prov. i, l.
— F.TYM. Dégainer.
t DÉCALAGE (dé-ga-la-j') , s. m. Action de dé-
galer.
— ÉTYM. Dégaler.
] DftGALEU (dé-ga-lé), V. a. Terme de chapelier.
Débarrasser les peaux de ce qu'elles ont d'inutile ou
de nuisible. Peaux dégalées.
— ETYM. Dé.... préfixe, et gale dans le sens d'or-
dure.
t DÉGALONNER (dé-ga-lo-né), v. a. Oter les ga-
lons. Tous, dégalonnant leurs costumes. Vont au
nouveau chef de l'État De l'aigle mort vendre les
plumes, liÊRANO. Deux grenadiers.
— lllST. xiV s. De sa couronne Son chef [tête]
blond doré [elle] desgalonne; Tout le hrueil et le
gaut [bois] resonne De son clair ton, Lande dorée,
dans JUBINAL.
— ETYM. Dé.... préfixe, el galon.
DÉGANTÉ, ÉE (dé-gan-té, tée), part, passé. Une
main déganlée.
DÉGANTER (ilé-gan-té), v. a. ôter les gants.
Mme de Gêvres dégante sa main gauche, sÉv. 27.
Il Se déganter, v. réft. ôter ses gants. Quand tu te
dégantais pour la collation, i. J. nouss. Hél. i, 34.
— ËTYM. Dé.... préfixe, et gant.
DÉG.\RNI, lE (dé-gar-ni, nie), part, passé de
dégarnir. Une table dégarnie. Un pays dégarni de
troupes. Une tête dégarnie de cheveux. Il me reçut
les larmes aux yeux, que sa joie de me revoir ou le
chagrin de me recevoir dans une salle dégarnie pou-
vait également faire couler, Marivaux, l'ays, parv.
t. iv, 7" part. p. 41 , dans pougens.
DÉGARNIR (dé-gar-nir), r. a. Il 1' ôter ce qui
garnit. Dégarnir un appartement, une cheminée,
une robe. || Dégarnir une |dace, lui retirer une par-
tie de sa garnison, de ses armes. S'ils s'engagent à
défendre le défilé, ils seront obligés àdégarnir leurs
quartiers, lielation de la campagne de liocroi, dans
RiciiELET. Il Dégarnir un arbre, en couper les bran-
ches inutiles. || Terme de marine. Dégarnir un vais-
seau, en ôter les agrès. || 2" Se dégarnir, v. réfl.
Cesser d'être garni, fourni, pourvu. La salle se dé-
garnit de spectateurs. Les banquettes se dégarnis-
sent, ceux qui les occupaient s'en vont. Cet arbre se
dégarnit, il perd ses feuilles. Sa tête s'est prompte-
ment dégarnie, ses cheveux sont tombés do bonne
heure. Chaque malin il fallait que nos soldats al-
lassent au loin chercher la nourriture du sot el
du lendemain; et, comme les environs de Moscou se
dégarnissaient de plus en plus, on s'écartait tous les
jours davantage, eégcr, llisl. de Napnl. viii, 10.
Il Diminuer les vêtements dont on est couvert. Il
s'est enrhumé pour s'être dégarni trop tôt. Le temps
est encore froid, il serait dangereux de se trop dé-
garnir. Il Se dessaisir de son argent comptant. En
ce temps il est bon de ne pas trop se dégarnir.
— HIST. XI' s. Ehl Saragoce, corne es hui des-
guarnie, Ch. de Itol. clxxxiv. || xiii' s. Vo cor [vo-
tre personne] [vous] me presentastes, où onc n'ot
vilenie; Mais jà ère [j'étais] pour vous de mon cuer
desgarnie, audekh. le bast. liomancero, p. 12. U
ne le trouva pas esbahi ne desgarni, ains se defifen-
dirent les gens le roi bien et vigheureusement,
Chron. de llains, p. 42. l'renons denier et autre
avoir, Si que nous vivons à honor Là où nous se-
rons à sejor; Quar la gent qui va desgarnie En es-
trange leu est honie, ruteb. 3|3. Renarl fait com-
mun ban crier. Tout soient d'armes desgarni, Ren.
t. IV, p. 219. Il xiv s. De liex harnois là prendre
seulent [ont coutume] Li desgarni, qui prendre veu-
lent, g. guiart, dans du cange, artilleria. Lieux
desgarniz de deffenses, eercheube, f° 62, verso. Il
ont dit un parler en commune raison. Que chasiel
desgarni ne vaut pas un bouton, Guescl. 164B2.
Il XV* s. Le royaume de France est si grand, et tant
y a de bonne et noble chevalerie et escuyerie, qu'il
n'en peut estre desgarni, froiss. i, i, 3I5. Excep-
tez des desgarnis de foi et vuidez d'espérance,
A. CHART1ER, Œuvres, p. 219, dans HAYNOUARD.
Il xvi's. La republique insidiée d'ennemis, desgar-
nie d'amis, m. du bellay, 502. H escrivil au senal
en leur faveur, priant qu'on lui permist de remplir
les bandes de son armée, à mesure qu'elles vien-
droieM à se desgarnir, de ces pauvres hommes-là,
amyot, Marcellus, 18. Que je suis desgarni de force
et de vertu ! bebtaut, p. R, dans RAyNOUARD.
— ETYM. Dé.... préfixe, et garnir; provenc. des-
gnrnir , desijuarnir; espagn. desguarnecer ; ital.
sguerniro.
t DÉGARNISSEMENT ( dé-gar-ni-se-man ) , s. m.
Action de dégarnir; état de ce qui est dégarni. U
DKG
1019
s'agissait du dégarnissement des places et du mau-
vais élat des troupes, st-sim. 232 99.
— Etym. Déqarnir.
I DÉGASCONNER (dé-ga-sko-né) , v. a. Faire per-
dre l'accent gascon, les manières gasconnes. Ce doc-
teur en langue vulgaire avait accoutumé de dire que
depuis tant d'années il travaillait à dégasconner la
cour et qu'il n'en pouvait venir à bout, bai.z. Socr.
chrét. Disc. to. || Se dégasconner, t;. réjl. Perdre
l'air, l'accent gascon.
— Etym. Dé.... préfixe, et gascon.
DÉGÂT (dé-gâ; le ( se lie: un dé-gâ-t affreux; au
pluriel, Vs se lie: des dé-gâ-z affreux), s m.[\ 1° Dom-
mage causé par une cause violente. La grêle, l'orago
a fait de grands dégills. Le passage d'une armée
cause toujours des dég.lis considérables. la guerre
en quatre jours, au pied de vos murailles. Ferait
plu.s de dégùtqiie cinquante ansde tailles, boursaut,
Fables d'Ësope, u, 5. [Les paysans] Forcés de souf-
frir le dégât que le gibier fait dans leurs champs
sans oser .se défendre, j. j. bouss. Cunfess. xi. || Terme
de guerre. Faire le dégit, ravager. Faire le dégât
d'une province, vaugel. Ç. C. 108. Il [CorbulonJ y
marcha avec son armée sans faire le dégât aux lieux
par où il passait, Ij'ablanc. Tac. 460. M. d'Humières
a fait un très-grand dégât partout, sév. 287. Deux
cents barques normandes s'approchèrent de la Ro-
chelle et tâchèrent de surprendre celte ville, pen-
dant que les armateurs de Bayonne faisaient le dé-
gât aux environs, st-foix, Fss. l'aris, t. v, p. C2,
dans pougens. || Dommage causé par les personnes
aux propriétés d'autrui, par les bestiaux dans les
terres d'autrui. (i 2° Consommation excessive et pro-
digue de denrées. On fait un grand dégât de bois,
de vin dans celte maison.
— HIST. xv s. Cils de Toulouse s'en plaignoient
trop grandement pour les degais et le grand dom-
mage qu'ils [ceux de Lourdes] leur faisoient, froiss.
II, m, 8. Il xvi' s. Vous semez ces fruicls, afin qu'il
en face le degast, mont, iv, 353. N'ayant reçeu au-
tre profil de ces grandes guerres, sinon degast d'ar-
gent et consommalion d'hommes, langue, 353. Les
estrangers fesoient en France des degats incroya-
bles, Mém. s. du G. ch. 7.
— Etym. Dé.... préfixe, avec le sens augmenta-
tif, et l'ancien français gast, qui avait le même sens
qu'aujourd'hui dégdt (voy. gâter); provenç. dcguais.
DÉGAUCHI, lE (dé-gô-chi. chie), part, passé
de dégauchir. Une planche dégauchie.
DÉGAUCUIR (dé-gô-chir), v. a. \\ 1° Terme de mé-
tier. Dresser un ouvrage, soit en bois, soit en pierre,
le rendre uni, droit, en retranchant ce qu'il a de
trop ou d'irrégulier. || Terme de charpentier de ma-
rine. Commencer à donner à une pièce de bois la
courbure qu'elle devra avoir quand elle sera tout à
fait travaillée. || 2° Fig. et familièrement, corriger
la gaucherie. Dégauchir un jeune homme. || 3° Fig.
Se dégauchir, v. réfl. Devenir moins gauche. Ce
jeune homme commence à se dégauchir.
— HIST. XVI' s. Et sera bon sur l'aage de dix huit
ans, quand ils auront le jugement ferme, leur faire
desgaiichir la pluspart de ce qu'ils liront, pour ser-
vir à la science de laquelle ils voudront faire prin-
cipalement profession, des accords, Bigarr. f° 10,
■cerso, dans lacubne.
— Etym. Dé ... préfixe, et gauche.
t DÉGAUCUISSAGE (dé-gû-chi-sa-j'), t. m. Voy
déoauchissement.
— ÉTYM. Dégauchir.
DÉGAUCUISSEMENT (dé-gô-chi-se-man), s. w.
Action de dégauchir, de dresser une surface.
— ETYM. Dégauchir.
t DÉGAZER (dé-ga-zé), v. a. Terme de chimie.
Expulser les gaz d'un corps qui en contient.
— ETYM. Dé.... préfixe, et gai.
t DÉGAZONNEME.NT (dé-ga-zo-ne-man) , 4. m.
Destruction ou enlèvement des gazons d'un terrain.
— ETYM. Dégazonner.
t DÉGAZONNER (dé-ga-zo-né) , v. a. Détruire ou
enlever le gazon d'une lande, d'un pâturage, d'une
prairie.
— ETYM. Dé.... préfixe, et gaion.
DÉGEL (dé-jèl), s. m. Fonle naturelle de la glace
et de la neige par l'adouci.ssement ue la température,
qui remonte au-dessus du zéio de l'échelle du ther-
momètre. Nous avons eu de cruels temps, de cruels
froids, et je n'en ai pas été seulement enrhumée;
voilà le dégel, je me porte si bien.... sÉv. 610. || Par
extension, adoucis.sement de l'air.
— HIST. xV s. El au dégel des dites rivières en
advint plusieurs grands maulx et dommaiges, jkan
DE tsoyes, Chron. 1480. Et au desgiel lurent par
force de glaces les ponts de Paris rompus, Geste des
1020
DÉG
noble», dans viriville, p. H7. ||xvi's. Ha, dit Ca-
tin, le grand desgcl s'approche, marot, m, 448.
— ÉTYM. Voy. DÉOHI.KR.
DtliELÉ, lîK (d6-je-lé, Ue), part. passL Qui a
éprouTé le dégel. La rivière dégelée tout à coup.
Il Kig. et familièrtmeiit, qui n'est plus froid, indif-
férent. Il me parut bien dégelé sur l'estime qu'il a
do lui. sRv. 502.
t DÉCiKI.ÉK (dé-je-lée), s. f. Populairement, volée
de coups. Il a reçu une bonne dégelée.
— f.TVM. Di' geler.
t DÉGÈI.KMKNT (dé-gè-le-man), i. m. Action do
dégeler, de se dé|,'eler.
— niST. XVI' s. Degelement, konet, Dict.
— f.TVM. Dégeler.
DfiGKLKR (dé-je lé. La syllabe ge prend un accent
grave quand la syllabe qui suit est muette: je dé-
gèle; je dégèlerai), v. a. \\ 1" Faire fondre ce qui
était gelé. Le venl du sud a dégelé la rivière. Si l'on
fait dégeler trop précipitamment des fruits, ils se
pourrissent à l'instant, buff. Exp. sur les végél.
*' mém. Il 2" Familièrement, réchauffer. Il fallut
tous les fagots de la petite maison pour le dégeler,
HAMM.T. Oramm. 9. || Fig. D'Antin obtint le gouver-
nement d'Orléanais; il en fut si transporté qu'il s'é-
cria qu'il était dégelé, que le sort était levé, st-sim.
4 87, 243. Il 3» V. n. La rivière dégèle. || Imperson-
nellement. 11 dégèle, le temps s'est mis au dégel.
Il a dégelé cette nuit. || Fig. et populairement, mou-
rir. Le pauvre diable a dégelé cette nuit, est dégelé
depuis hier; par comparaison à im fruit gelé qui,
se dégelant, se pourrit. || 4°Sedégeler, v.réft. Cesser
d'être gelé. Les fontaines commencent à se dégeler.
— RKM. Dégeler, pris neutralement et imperson-
nellement, ne se construit qu'avec l'auxiliaire avoir:
il a dégelé celte nuit. Autrement il se construit avec
l'auxiliaire ai'oir, quand on exprime l'action : ces
pommes gelées ont dégelé sans se gâter ; avec l'auxi-
liaire être, quand on exprime l'état : ces pommes
sont dégelées.
— niST. xni' s. Quant il [les clercs] ont bien le
pueple à leur pooir pelé. Et il ont de l'avoir assez
amoncelé, Adono sunt des prelas bel et gent apelé;
Lors reprennent estât quant il sunt desgelé. J. DE
MEtiSf. , Test. S36. Il XV* s. Mais tost mon esprit se
desgelle Lorsque je mouille le gosier. Et je me re-
mets en cervelle Pots et verres à manier, basselin,
LVIU.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et geler; bourguig. dé-
jallai.
t DÉGËNER (dé-jê-né), V. a. Tirer de la gêne.
— IIIST. XVI" s Amour ma journalière peine
Mon triste cœur obstinément demaine.... Si degen-
ner ne le veut ta pitié, Poésies de loys le caron,
fai , rerso, dans lacurne.
— ÉTVM.W.... préfixe, et gêner; Berry, dégêner,
mettre à l'aise.
t DIÎGÉNÉRANT, ANTE (dé-jé-né-ran , ran-t'),
adj. Uui dégénère. Les races dégénérâmes.
ijfiOÉ.NÉRATION (dé-jé-né-ra-sion; en poésie, de
six syllai)es), s. f. \\ 1° Action de dégénérer, état de
ce qui est dégénéré. La dégénéralion des espèces.
C'est pour avoir méconnu' cette dégénération [de
l'homme] que les philosophes de l'antiquité tombè-
rent en d'étranges erreurs, chateaub. Génie, i, 4.
Il 2° Terme de médecine. Altération morbide d'un
solide ou d'un liquide.
— ÊTYM. Lat. degeneralio , de degenerare, dégé-
nérer.
DÉGÉNÉRÉ, ÉE (dé-jé-né-ré, rée), par!, passé.
Un cheval dégénéré. Romains dégénérés, sans vi-
gueur, sans constance, m. j. cmén. Gracques, i, i, 4.
Combien de génies qu'une méthode contraire a fait
avorter 1 combien de talents éloulTés ou dégénérés
dès leur naissance par une culture mal entendue !
BONNET, t'i's. psychol. ch. 7».
DÉGÉNÉRER (dé-jé-né-ré. La syllabe n^ prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
je dégénère, excepté, exception qui ne se justifie pas,
au futur et au conditionnel : je dégénérerai, je dé-
générerais), V. n. Il 1° Se détériorer avec le lemps,
en parlant de ce qui a vie ou de ce qui est assimilé
aux êtres vivants. Le blé dégénère dans un mauvais
terrain. Dans certaines circonstances, les races pé-
rissent ou dégénèrent. La chèvre y a beaucoup
réussi, mais la brebis a dégénéré, et sa toison est
extrêmement grossière, raynal, llist. phil. vn, 28.
Les grains les plus heureux.... Dégénèrent enfin, si
l'homme avec prudence Tous les ans ne choisit la
plus belle semence. df.lili.e, Georg.l. || 2° S'écarter
en mal, de l'origin» dont on sort, du point où l'on
«st,en parlant des personnes. Dégénérer de ses an-
cêtres Dégénérer de la piété de ses ancêtres , pa-
DÉG
TRU, Plaidoyer tB , dans bichelf.t Le filsdé-
génère Qui survit un moment à l'honneur de son
père, CORN. Cid, ii, 2. Dégénérons, mon cœur,
d'un si vertueux père, ID. Hor. iv, 4. Ces neveux
qui peut-être auront peine à les suivre.... Et n'en
auront le sang que pour dégénérer, m. Surina,
I, 3. On eut .soin d'empêcher qu'une indigne maî-
Iresse Ne fit en ses enfants dégénérer son sang, la
FONT. Fah. vni, 23. Il est impossible de dégéné-
rer de la vraie religion sans dégénérer de la vraie
probité, BOURDAL. Carême, ii, Relig. et prob. p. 213.
Les Grecs dégénèrent de cette merveilleuse simpli-
cité, FiîN. Tél. XVII. Ces hommes qui paraissent
avoir dégénéré de l'espèce humaine, buffon. De
riwmme. Variétés. \\ Dégénérer dans l'esprit de
queliiu'un, perdre de l'estime qu'il avait pour nous.
Timante, toujours le même et sins rien perdre de ce
mérite qui lui a attiré la première fois de la réputa-
tion et des récompenses, ne laissait pas de dégéné-
rer dans l'esprit des courtisans.... il lui fallait cette
pension ou ce nouveau poste.... la bruy. vin. || Se dit
aussi des choses qui se détériorent. Avant que
les mœurs des chrétiens eussent dégénéré, mass.
Car. Pet. nombre des élus. C'est le sort ordinaire
des choses humaines, quand elles sont parvenues
à leur plus grande perfection, d'en déchoir bien-
tôt et d'aller toujour.s après en dégénérant, kol-
LiN, Jlist. anc. xxv, m, art. 2. Ses mœurs avaient
surtout dégénéré dans le climat voluptueux des
Indes, KAYNAL , llist. phil. iv, 24. || 3° Dégé-
nérer en, changer de bien en mal, de mal en pis,
ou , quelquefois seulement, passer d'une manière
d'être à une autre. Ces gens avant l'hymen si fâ-
cheux et critiques Dégénèrent souvent en maris
pacifiques, mol. Déjnt. am. y, 9. Sa piété dégé-
nère en idolâtrie, Boss. llist. i, 6. Ils empêchè-
rent que la liberté ne dégénérât en licence, m.
llist. ni, B. La crainte de fâcher dégénère en fai-
blesse, ID. Polit. Plusieurs disaient, pour sonder
les esprits, que l'État monarchique était préférable
à une république qui était dégénérée en pure anar-
chie, VERTOT, liévol. mm. liv. xiii, p. 251. La beauté
de votre argent s'est changée en boue, et la force
de votre vin a dégénéré en la faiblesse de l'eau,
MASS. Car. Enf. prod. La fête de St Léonce , évoque
d'Hippone, étant proche, le peuple murmurait de
ce qu'on voulait l'empêcher de la célébrer avec les
réjouissances ordinaires, c'est-à-dire de faire dans
l'église des festins qui dégénéraient en ivrogneries
et en débauches, eollin. Traité des Et. iv, ch. 2.
Une guerre de plume entre tant de partis, pendant
que l'Ëtat était occupé do grandes choses, et que le
gouvernement était tout-puis.sant, ne pouvait deve-
nir en peu d'années qu'une occupation de gens oi-
sifs, qui dégénère tôt ou tard en indifférence, volt.
Louis XIV, 36. Il On dit quelquefois, bien que moins
souvent, dégénérer dans, au lieu de dégénérer en.
La charité ne doit point dégénérer dans une tolé-
rance aveugle et pusillanime, bourd. Pensées, t. ii,
p. 473. Il 4° Terme de médecine. Se changer en une
maladie plus ou moins violente. Son rhume a dégé-
néré en catarrhe. || Terme d'anatomie patholo-
gique. Dans certaines paralysies , les muscles dé-
génèrent en une substance graisseuse.
— REM. 1. Dégénérer se conjugue avec l'auxiliaire
aroi'r, quand il exprime l'action : ces grains ont
dégénéré rapidement; avec l'auxiliaire être quand il
marque l'état : ces graines sont dégénérées depuis
longtemps. || 2. Dégénérer prend la préposition de
quand nous voulons m^irquer l'origine dont on s'est
écarté; et la préposition en, quand nous voulons
marquer l'imperfection dans laquelle une chose est
tombée.
— HIST. XVI' s. Ceste glande s'apostemeet ulcère,
et quelquefois se dégénère en fistule, paré,xv, 40.
— ÉTYM. Lat. degenerare , de de, eigenus, genre :
sortir de son genre, de son espèce.
DÊGÉ.\ÉRESCENCE (dé-jé-né-rè-ssan-s') , s. f.
Il 1° Disposition à dégénérer. Il 2° Terme d'histoire
naturelle et de médecine. Changement qu'éprouve
un corps organisé lorsque, passant sous l'empire
d'autres circonstances, il perd son caractère géné-
rique et se détériore. La dégénérescence des espè-
ces. En ce sens il est synonyme de dégénération.
Il Terme d'anatomie pathologique. Altération de
tissus ou d'humeurs, production accidentelle.
— ÉTYM. Dégénérescent.
t DÉGÉNÉRESCENT, ENTE (dé-jé-né-rè-ssan ,
ssan-l'), adj. Terme didactique. Qui subit une dé-
génération.
— ÉTYM. Mot formé de degenerare, dégénérer,
sur le modèle des verbes en escere, finale qui est in-
choative et qui indique tendance.
DEG
'DÉGINGANDÉ, ÉE (dé-jin-gan-d4 , dée), poW.
passé. Il 1° Oui a quelque chose crjime disloqué
dans .sa démarche, dans son attitude, dans sa con-
tenance. Cette femme est toute dégingandée. Jamais
personne si peu soigneu.se d'elle-même [que la du-
chesse de Lorge], si dégingandée, co'-ffure de tra-
vers, habits qui traînaient d'ancM^ , ST-siM. 357,
210. Il Par extension. L'habit dégingandé de galé-
rien, sÉv. 427. Il 2° Fig. Esprit dégingandé. Style
dégingandé. Pièce dégingandée. Avec la tristesse
de voir notre aemmerce [correspondance] dégin-
gandé, sÉv. 213. Je vous prie de ne pas croire que
j'aie faitTancrède comme on le joue à Paris; les
comédiens m'ont cassé bras et jambes; vous verrez
que la pièce n'est pas si dégingandée, volt, dans
LAVEAUX. Il C'est un terme familier.
t DÉGINGANDEMENT (dé-jin-gan-de-man) , s.
m. État, aspect d'une personne dégingandée. ||Fig.
Défaut d'union. Vu l'humeur de Monsieur incorri- |
gible de tout point, la division du parti irrémédia-
ble par une infinité de circonstances, et le dégin-
gandement, si l'on peut se servir de ce mot, passé,
présent et à venir de tous ces partis, betz, ilém.
p. 257, dans LACURNE.
— ÉTYM. Dégingandé.
t DÉGINGANDER (dé-jin-gan-dé), V. a. Terme
familier. Donner un air comme disloqué à sa taille,
à son attitude, à sa marche. Sa taille promettait
d'abord quelque beauté; Mais voyez, elle l'a toute
dégingandée, HAUTEROCHE,Bours. de qualité, n, 2.
Il Se dégingander, v. réfi. Se rendre dégingandé.
— HIST. XVI* s. Crucifiez, bouillez, escarbouillez,
escartelez, dehingandez ces méchants, rabel. dans
le Dict. de hochez. Desgingander, oudin, Dict.
— ÉTYM. Génev. degigandé; lievry ,degiguenandé ;
ce paraît être un mot burlesque formé du préfixe
dé.... et de gigue, dans le sens de jambe : qui n'est
pas bien sur ses jambes.
f DÉGÎTER (dé-ji-té), V. a. Terme de chasse. Faire
sortir du gîte. || Se dégîter, ii. ré/l. Quitter son gîte.
— HIST. XVI* s. Degister un lièvre, cotgbave.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et gtte.
f DÉGLACER (dé-gla-sé. Lee prend une cédille de-
vantoeto:déglaçant, déglaçons), v. a. Ôter laglace,
fondre la glace. || Se déglacer, v. réfl. N'être pins
glacé. C'est ma reine elle-même avec mon secrétaire;
Tout mon corps se déglace..., corn. Illusion, m, 8.
— HIST. XVI* s. Une grande multitude de soMiîs
que vous voyez en une montagne des Alpes bien em-
pe-schez au soleil à desglacer leurs doubles mousta-
ches, d'aub. Fcen. iv, 20. D'amour tout le premier
fiambeau. Qui déglaça sa froideur endormie, bons.
C86.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et glace.
f DÊGLANUER (dé-glan-dé) , ti. a. Terme de vé-
térinaire. Extirper, chez le cheval, dans la cavité
glossieiine les ganglions lymphatiques dont l'indu-
ration constitue les glandes de ia morve. || On dit
aussi églander.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et glande.
t DÉGLOUTERONNER (dé-glou-te-ro-né), v a.
Terme de foulon . Débarrasser la laine des glouterons.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, el glouteron.
DÉGLUÉ, ÉE (dé-glu-é, ée), part, passé. Un oi-
seau (léglué.
t DÉGLUEMENT (dé-glu-man) , s. m. Action de
dégluer.
— HIST. XVI* s. Degluement, monet, dict.
— ÉTYM. Dégluer.
DÉGLUER (dé-glu-é), v.a.\ll' Ôter la glu. Dé-
gluer un bâton. Il 2° Par extension, dégluer les yeux,
ôter la chassie attachée aux paupières. |l 3° Se dé-
gluer, t'. réfl. Se débarrasser de la glu. Les oisil-
lons se dégluèrent.
— HIST. XVI* s. Pour ce qu'on prend souvent l'oy-
seau au glu, oii on le prent, on luy presse ou rompt
les pennes; s'ensuyt la manière de le desgluer et
de ses pennes rabiller, fouilloux, Fauc. f° 03, dans
LACURNE.
— ETYM. Dé.... préfixe, elglu; génev. dégUtir.
t DÉGLUTINER ( dé-glu-ti-né), f. a. Terme de
chasse. Enlever la glu qui s'est attachée au plumage
d'un oiseau.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, ei glu.
DÉGLUTITION (dé-glu-ti-sion) , i. /". Terme de
physiologie. Action d'avaler, action par laquelle les
substances alimentaires sont portées de ia bouche
dans l'estomac par le pharynx.
— HIST. xvi* s. La trachée artère est sujette au
mouvement qui se fait en la déglutition, pab£,
Vlll, 31.
— ÉTYM. Lat. deglutitio, de deglutire, avaler, do
de, elglutire, avaler (voy. glouton}.
f DlîGOBlLLAGE (dé-go-hi-Ua-j', Il mouillées),
». m. Terme bas. Matières vomies. || Fig. En le
montrant au doigt, vous lui ferez trop d'honneur;
et puis la belle malièreà remuer pour vous que son
dégobillage! Fi! laissez-le li; jam fcetet [il pue dé-
jà], P.L. COUB. Lett. II, 28.
— ÊTYM. Dégobilîer.
DÉGOBILLÉ, Élï (dé-go-lii-Ué, liée. Il mouillées,
et non dé-go-bi-yé), part. ;)OSi(>'. Un dîner dégobiUé.
DÉGOBILLEU (dé-go-lii-Ué, U mouillées, et non
dé-go-bi-yé), v. a. Terme bas. Vomir ce qu'on a
mangé avec excès.
— ETYM. Dé.... préfixe, ei goier.
DÉGOBILLIS (dé-go-bi-lli, U mouillées, et non
dé-go-bi-y.i), s. m. Terme bas. Matières vomies.
— ÉTVM. Dégobilîer.
t DÉGOGNADE (dé-go-gna-d'), s. f. Action de se
dégogner. C'est ici où les Bohémiennes poussent
leurs agréments; elles font des dégognades où les
curés trouvent un peu à redire, sÉv. 277. || Flécbier,
dans ses Grands Jours, dit goignade.
— trnii. Dégogner.
f DÉGOGNER jSE) (dé-go-gné) , V. réfl. Se livrer
à ries mouvements dégingandés, désordonnés. Il y
a beaucoup de mouvement, et l'on se dégogne ex-
rêmemenl [dans la bourrée à Vichy], sÉv. 279.
— ÉTYM. Origine inconnue.
DÉGOISÉ, ÉE (dé-goi-zé, zée), ■part, ■passé. Un
petit babd joliment dégoisé.
t DÉGOISEMENT (dé-goi-ze-man), s. m. Action
de dégoiser.
— HlST. XV' s. Nous connoissons ces passions,
mouvements ou affections es petits enfants par voix
ou sons qu'ils jettent par dehors, lesquelles voix nous
disons en grammaire interjections, et en commun
langage on les appelle aucunes fois degoisement,
OERSON, dans le Dict. de dochez. 1| xvi' s. Le de-
goisement des oisillons qui, avisant l'aube du jour,
se prindrent hautement <l chanter, D. Florès de
Grèce, f°cxv, dans lacurne.
— ÉTYM. Dégoiser.
BÉGOISER (dé-goi-zé) , V. a. \\ 1° Chanter, ga-
zouiller, en parlant des oiseaux. || Par extension,
dire avec volubiliié, dire ce qu'on devrait taire. Ce
n'est lias tout, je dis sornelles. Je dégoise dos chan-
sonnettes, RÉGNIER, Ép. m. Comment diable m'y
prendrai-je pour lui dégoiser tout ça? pont de
VESLE, Somnamb. se. Vi. || Absolument. Peste, ma-
dame la nolirrice, comme vous dégoisez! mol. iléd.
m. lui, II, 2. KUe est fille et jaseuse, par conséquent
elle dégoisera, dancourt. Gai. jardinier, se. 8.
Mme d'Armagnac dégoisa sur sa propre naissance
d'une manière très-facheuse, st-sim. 74, 220. j] 2° Se
dégoiser, v. réft. Babiller beaucoup. Vieux en ce
sens. Il Se dégorger. Vieux en ce sens. Que la ri-
vière d'Oise Sur des arènes d'or en ses bords se dé-
goise, RÉGNIER, Sat. XV.
— HlST. xiii" s. Lors s'esvertue et se desgoise Le
papegau et la calandre, j. de meung, dans le Dict.
de DOCHEZ. Il xv s. On rit, on raille,' on sorne, on
dit, On escoute, on preste l'oreille. On se desgoyse,
on s'esgaudit. On se resjouit, on se resveille, co-
QUiLLAHT, le Blason des armes et des dames. || xvr s.
Quand tout boys reverdisi, et parmy les boccages
Les oyseaux bien chantans degoysent leurs ramages,
DUBELL. IV, 77, verso. On dit par excellence: il
chante, il se degoise, il gringolte comme un rossi-
gnol, PARÉ, Animaux, <9 Ny la noise Du ros-
signol qui se degoise, Ne luy rameine le sommeil,
BONS. ■'83. Escoutez comment ce petit garçon se sçayt
desgoyser, palsgr. p. 482. Les oiseaux degoisent
leurs chansonnettes et ramages, mcor, Dict,
— ÉTYM. Cd.... préfixe, etsosier;Berry,degroisiiïer.
t DÉGOMMAGE (dé-go-ma-j') , s. m. L'action de
dégommer ou décreuser la soie.
— ÉTYM. Dégommer.
t DÉGOMMER (dé-go-mé), v. a. || I» ôter la
gomme. || Décreuser la soie. || 2" Fig. et populaire-
ment, destituer d'un emploi, d'un poste quelcon-
que. On l'a dégommé. |{ Faire mourir, tuer. Le cho-
léra en a joliment dégommé.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et gomme.
+ DÉGONDER (dé-gon-dé) , v. a. ôter une porte
de ses gonds.
— IIIST. XVI' s. Au lieu d'un panier il porte son
escarcelle où estoient ses tenailles et crochets, avec
lesquels il ouvroit les serrures et degondoit les huis,
MERLIN COCAVE, t. I, p. 263, dans LACURNE.
— ETYM. Dé.... préfixe, et gond.
DÉGONFLÉ, ÉE (dé-gon-llé, liée), part, passé.
Un ballon dégonflé. || Kig. J'attends que mon cœur
«oit un peu dégonflé de la joie inexprimable.... volt.
Utl. Damilatillc, 23 mars )7C5.
DKG
DÉGONFLEMENT (dé-gon-fle-man), s. m. Action
de dégonfler, de se dégonfler; résultat de cette ac-
tion. Le dégonflement du ballon empêcha l'aéro-
naute de partir.
— ÉTYM. Dégonfler.
DÉGONFLER (dé-gon-flé), v. a. || 1° Faire cesser
le gonflement. Dégonfler une vessie. Une applica-
tion de sangsues dégonfla le doigt enflammé. |j 2° Se
dégonfler, l'. réfl. Cesser d'être gonflé. Ce ballon se
dégonfle. Cette tumeur commence à se dégonfler.
Il Fig. Le père alors posait ses coudes sur sa chaise;
Son cœur plein de sanglots se dégonflait à l'aise ,
v. Hi'GO, Crép. V.
t DÉGOR (dé-gor) , s. m. Tuyau de décharge par
lequel on fait passer la liqueur distillée.
— ÉTYM. Voy. DÉGORGER.
i DÉGORGEAGE (dé-gor-ja-j'), s. m. Action de
débarrasser un tissu de toute matière étrangère,
avant de le teindre.
— ÉTYM. Dégirger.
DÉGORGÉ, ÉE (dé-gor-jé, jée), part, passé.
Il 1" Rendu par la gorge. Des viandes dégorgées.
Il 2' Débouché. Un conduit dégorgé. Indépendam-
ment de sa destination princi[iale, qui est de défen-
dre feutrée du port, il [un fort] a plusieurs batteries
dégorgées sur la campagne et qui flanquent quel-
ques parties de l'enceinte de la ville, raynal, llist.
phil. XII, <2. Il 3° Vidé de ce qui avait rempli. Des
sangsues dégorgées du sang qu'elles avaient sucé.
DÉGORGEMENT (dé-gor-je-man) , s. m. || 1° Ac-
tion de rendre gorge. Le dégorgement après des
excès de table. || Par extension, action de faire ren-
dre les liquides qui ont été absorbés. Le dégorge-
ment des sangsues. || 2" Action de faire écouler des
eaux et des immondices. Dégorgement d'un canal,
il'une gouttière. Il Écoulement des cours d'eau les
uns dans les autres, ou dans la mer. En cinglant
toujours i l'ouest, nous parvînmes à l'extrémité du
dégorgement de cette immense écluse [barre du
Nil], CHATEAUB. Itinér. m, 6i.|| Par extension, écou-
lement d'une foule. Le dégorgement de cette foule
par un étroit passage devint presque impossible,
SÉGUR, llist. de Napol. xii, 3. || 3° Terme de méde-
cine. Écoulement au dehors. Dégorgement de la bile,
des humeurs. || Dégorgement des jambes, d'un or-
gane, écoulement des humeurs qui engorgeaient ces
parties. || 4' Terme d'arts. Action de dépouiller cer-
taines matières des corps étrangers. Dégorgement
des laines, des cuirs.
— ÉTYM. Dégorger.
t DÉGORGEOIR (dé-gor-joir), s. m. \\ 1° Issue pat
où quelcpie chose dégorge. Vous a-t-on ouvert ces
portes de la mort, et en avez-vous vu les dégor-
geoirs ténébreux? eern. de st-p. Éludes, iv. Livre
de Job. Il 2° Instrument dont le serrurier se sert pour
vider les mortaises. || Instrument pour tordre la
laine. || Fil de fer qui sert à nettoyer la lumière des
canons. || 3° Magasin fermé où l'on dépose les ca-
bosses ou graines du cacaoyer pour les débarrasser
de la substance visqueuse qui les entoure.
— ÉTYM. Dégorger.
DÉGORGER (dé-gor-jé. Le g prend un e quand il
est suivi d'un a ou d'un o; nous dégorgeons; je dé-
gorgeais), V. a. Il 1° Dégorger, rendre gorge, revo-
mir. Polyphème dégorgeait en dormant les débris
des malheureux qu'il avait dévorés. Il ne lui fut plus
possible [à une femelle d'oiseau] d'aller prendre s"a
nourriture comme auparavant; mais le mâle, tou-
jours officieux et toujours emjiressé, allait la pren-
dre pour elle et la lui dégorger dans le bec, bon-
net, Contempl. nat. xi" part. ch. 3, note 2.|| 2'Terme
de couture. Dégorger une chemise de femme, cou-
per l'étofTe d'une chemise pour laisser passer la tête
et dégager le cou. || 3° Déboucher un canal, débar-
rasser un passage obstrué. Dégorger un tuyau, une
gouttière, un égout. || 4" Terme d'arts. Dépouiller,
nettoyer une chose des substances étrangères qu'elle
contient. Dégorger du cuir. Dégorger de la laine ou
de la soie, les laver dans l'eau de rivière, après les
avoir fait cuire dans divers ingrédients. || Dégorger
du poisson, le mettre dans de l'eau pure pour lui
faire perdre le mauvais goût qu'il a contracté dans
de l'eau fangeuse. || Kig. et familièrement, se dé-
barrasser comme par dégorgement. Il faut laisser
les Velches dégorger leur Roméo et leur Juliette,
volt. tc((. d'Argenlal,2i sept. 1772. J'élève un ac-
teur de province qui a de la figure, de la noblesse
et de l'âme; quand je lui aurai fait dégorger le ton
provincial, je vous l'enverrai, in. I.ett. d'Argenlal,
20 juin 4 707. Il 5° Terme de vétérinaire. Dégorger
un cheval, le promener pour lui faire dissiper
quelque engorgement. || 6" F. n. Se répandre, dé-
border. Si l'égout vient à dégorger , il infectera
mr,
1G51
le voisinage. || 7° Se dégorger, v. rtjt, Se désob.
struer, se déboucher. || 8° Épancher ses eaux. De?
rivières qui, cherchant i se dégorger dans l'Océan,
trouvent leur embouchure fermée par des sables
que le mouvement de la mer y a poussés durant
la saison sèche, raynal, ilist. ■phil. iv, 4. Des tor-
rents larges et profonds comme des mers se dégor-
gent des détroits de Baffin, bern. de st-p. liarm.
liv. I, Tabl. général. \\ Avec ellipse du pronom se.
Les ravines d'eau ont faitdégorger cet étang. Quand
le Tigre, effrayé, de ses groties profondes .lus-
qu'aux monts d'alentour fit dégorger ses ondes,
ROTROU, Bélis. V, 5. Il Épancher ce qui est com-
paré à de l'eau, à un liquide. J'évite d'être re-
poussé k une porte par la foule innombrable de
clients et de courtisans dont la maison d'un ministre
se dégorge, la druy. ix. Ne troublez pas le Dieu
qui me met en fureur; Je sens qu'en tons heureux
ma verve se dégorge, regnard. Folies amour, n, t.
Il 9° Se débarrasser de substances étrangères, de la
bourbe. La laine se dégorge dans l'eau de rivière.
Donnez à ces poissons le tempsde se dégorger. || Avec
ellipse du pronom se. Faire dégorger des sang-
sues, leur faire rendre le sang qu'elles ont pris.
Faire dégorger du poisson, le mettre dans l'eau
claire pour qu'il perde le goût de marée ou de bourbe.
Il 10° Cesser d'être engorgé, enflé. Les jambes de ce
malade commencent à se dégorger.
— HlST. XV" s. Le duc avoit aucun murmurement
en cueur qui point ne degorgeoit, g. chastellain,
dans le Dict. de docuez. || xvf s. Elle se fasche et
se desgorge contre Dieu et son mari, à cause qu'elle
est contrainte d'espandre le sang de son fils, calv.
Instit. 1064. Ceux qui desgorgent des resveries si
monstrueuses, iD.ifc. H 08. Nos pédantes vont pillotant
la science dans les livres et ne la logent qu'au boul
de leurs lèvres pour la dégorger seulement et mettre
au vent, mont, i, <43. Ayant desgorgé une bottelée
de paragraphes, id. iv, (74. U faut garder les sang-
sues environ un mois et plus, à fin qu'elles se des-
gorgent de leur boue et ordure.... et qui lesappli(|ue-
roit sans estre desgorgées, elles,etc.... il les convient
faire desgorger et vomir leur ordure auparavant que
les appliquer, paré, xv, 69. Les rossignols grin-
goitent et desgorgent ainsi que peut faire le plus
parfait chantre du monde, id. Animaux, <». Que
dirai plus? grandes tours submergées, Cachées sont
sous les eaux desgorgées, mahot, iv, 27. Et [lo]
s'efl'orçant lamenter, de sa gorge Un cri de vache et
mugissant desgorge, id. iv, 47. Mais cependant
Venus, de deuil attainle. Desgorge ainsi à Neptune
sa plainte, du eellay, iv, 37, verso.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et gorge.
DÉGOTÉ, ÉE (dè-go-té, tée) , part, passé. Dégoté
par son adversaire.
DÉGOTER (dé-go-té), v. a. Terme très-familier.
Il 1° Faire tomber avec une pierre, une balle, une
bille, etc. un objet placé comme but. Voyez cette
bouteille placée sur un piquet, je vais la dégoter.
Il 2° Fig. Déposséder quelqu'un de son posle, de
son rang. J'ai peur que M. le duc de Prasiin n'aima
pas mon impératrice de Russie; j'ai peur qu'on ne
la dégote, volt. Lett. d'Argental, vi août 1763.
— REM. Dégoter, qui n'est ni dans Furetière ni
dans Richelet, n'est pas non plus dans les éditions
du Dictionnaire de l'Académie antérieures à (836.
— ÊTYM. Origine inconnue. On peut songera dé-
goutter, pris transitivement: faire tomber comme une
goutte. On lit dans les Excentricités du langage,
4'édit. t862 : « Dégotter, surpasser. On disait en 1808
dégoutter, qui veut dire être placé au-dessus de
quelqu'un, sans quoi on ne pourrait dégoutter sur
lui. » C'est une autre manière d'expliquer la trans-
formation du sens de dégoutter en dégoter. Mais
puisqu'on a dit ellèctivement dégoutter en ce sens,
il y a lieu de croire que dégoter en est une corrup-
tion quelconque.
t DÉGOUPILLER (dé-gou-pi-llé, Il mouillées),
V. a. Enlever des goupilles.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et goupille.
t. DÉGOURDI, lE (dé-gourdi, die), part, passé
de dégourdir. || 1° Qui n'est plus engourdi. Membres
dégourdis. L'animal dégourdi piqua son homme au
bras, LA FONT. Fabl. x, to. ||2* Fig. Adroit, avisé.
Voilà un garçon bien dégourdi. Cette femme a l'air
bien dégourdie. || Substantivement. C'est un dé-
gourdi. Quelle dégourdie! || 3' Qui a perdu l'âpreté
du froid, en parlant d'un liquide. De l'eau dégourdie.
f 2. DÉGOURDI (dé-gour-di) , s. m. Premièra
cuisson de la porcelaine, qui se fait dans l'étage su-
périeur du four.
— ÉTYM. Dégourdi 1.
DÉGOURDIR (dé-gour-dir) , v. a. || 1' Redonner
1022
DRG
du mouvement à ce qui était engourdi. Dégourdir
ses jambes. Ouanil nos doigts engourdis de froid ne
pouvaient plus tenir la plume, la flamme do la lampe
était le seul foyer ort nous (louvions le.s df.'gourdir,
MABMONTEL, item. liv. 1. 1| 2° I''ig. et familièrement,
faire perdre à quelqu'un sa gaucherie, sa timidité.
Mon fière m'ayanl tenu quelque temp? auprès de lui
pour me dégourdir, iiamilt. dramm. 3. C'est un
nigaud qui esl frais émo'jlu de la province, vous me
ie dégourdirez, cousii, OANCOiinr, Vend. deSurétie,
10. (2. Alain, le sot Aiain a dégourdi Nicetle, ka-
VAiiT, Cherch. d'i-sprit. so. 2i. Eh hien I monsieur,
nve7.-vous dégourdi notre homme? iioissY, Fran-
çais à Londres, se. )2. || 3° ôler à un liquide l'âpreté
du froid qui l'engourdit pour ainsi dire et qui (ait
une impression douloureuse sur les dents, sur les
mains, etc. Je déguurdis mon eau, afin de pouvoir
la hoire. L'eau que j'ai dégourdie. || 4° Se dégourdir,
l>. rdfl. Cesser d'iHre engourdi. Je me suis un peu
dégourdi en marchant. Mes jambes commencent à
se dégourdir. |{ Fig. Agir avec plus de promptitude.
Allons, courage I dégourdissez-vous. Te voilà sur
tes pieds droit comme une statue; Dégourdis-toi,
courage! allons, qu'on s'évertue, raC. Vlaid. m,
3. Je suis tout engourdi de tristesse. — Allons,
allons, drgourdis-toi, puisque tu m'aimes, mahi-
VAUX, VUeur. slrataq. m, 2. {| Avec ellipse du pro-
nom se. 11 sent dégourdir sa gravité en faveur de
vos attraits, iiamilt. Gramm. 9. || S" Perdre l':1preté
du froid. Pendant que vous parliez, votre eau se
dégourdissait. \\ Avec ellipse du pronom se. Faire
dégourdir do l'eau, la faire tiédir légèrement. De
l'eau pure sans la faire dC'gourdir, j. j. nouss.
Ém. n.
— HIST. xiii's. Soions à li servir preuz et des-
gordcli, Et usons bien des grâces que nous tenons
de li, I. m-; meung, Test. 207. || xvi"s. S'oindre pour
rendre les nerfs plus souples et desgourdis, mont.
11, 231. Occupation propre à desgourdir un espi'it et
un corps poi.sant, id. m, 379.
— F.TYM. Dé.... préfixe, el gourd.
DftGOUKDlSSEMENT (dé-gour-di-se-man), s. m.
Il 1" Action par laquelle les membres reprennent de
la chaleur et du mouvement; résultat de cette ac-
tion. Il 2° L'action doter à un li(|uide l'ilpreté du
froid. Le dégourdissement de l'eau.
— lïTYM. Dégourdir.
+ DEGOUT (ilé-goii, ou bref), i. m. Action de
dégoutter. 11 pleuvait.... Et du haut des maisons
tombait un tel dégoût, kégnier, Sut. x. || Jus qui
dégoutte des viandes en rôtissant. || Au jeu de l'hom-
bre, payement.
— HIST. XII' s. Là fors, là ù chet [tomb"] li de-
goz, Girrai |je serai gisant], là ert mis [monjmonu-
mens, hrnoît, Chron. dansnAYNOUARD. || xiii° s. Es
degouz des (luns de paradis s e.sleecera la terre ger-
manz. Psautier, !° 75. Es viles campestres nul ne
pot mesonner si près de moi, que li degous de me
[ma] meson ne me deraeurt toz franz, biîaijman.
XXIV, 22. Il XVI' s. Chappons roustiz avecques leur
degoust, BAH. Pant. iv, 59. Par le.degoutdes lar-
mes i|iie je pleure, dubell. ii, )7, verso. Quand le
degout d'une pluie dorée, id. vi, U3, recto. L'esprit
humain, un degoust de l'immortelle substance, cuar-
BON, Sagesse, p. lui, dans lacl'bne.
— ÉTYM. Voy. dégoutter; norm. dégoût, eau
qui louibe de la gouttière; provenç. degot.
DP.GoCt (dé goù, ou long, ce qui ledistingue de
dégoût; le ( se lie: undé-goût alTieux; au pluriel,
Vs se lie : des dégoû-z affreux), s. m. \\ 1° Man-
que de goût, d'appétit. Le soir elle eut un grand
dégoût, MOL. JTarl. 1, 5. i quoi bon ce dégoût et
ce zèle inutile'? Est-il donc, pour jeûner, qualre-
temps ou vigile? boil. Lutrin, i. |{ 2° Itépugnance
qu'on a pour certains aliments. 11 avait un dégoût
pour les choux. Mon parrain, dès qu'il l'eut apprise
Icette histoire]. Me prédit le dégoût du vin, bérano.
Nourrice. \\ 3" Aversion, répugnance pour une per-
sonne ou pour une chose. C'est donc là le dégoût
qu'apporte l'hyménée, CORN. Poly. iv , 3. U ne
faut qu'un soupçon, un dégoût, un caprice, Pour
en faire à sa liaiiio un soudain saerilico, m. At-
tila, IV, 1. Et guérir aisément d'un dégoût qu'elle
a pris, noTR. Vencels. m, 6. Il conçoit du dégoût
pour les délices du péché, pasc. Prov. 8. Ou'atlou-
dez-vous, chrétiens, à vous convertir?... ne crai-
gnez ni la maladie, ni les dégoûts, ni les tenta-
tions, ni les peines les plus cruelles, Boss. Anne
de Gonz. Si veus avez un dégoût général do tout ce
qui vous éloigne do Dieu, pléchier, Serm. il, 152.
M. de Louvois paraît désolé du ce que son crédit
commence à tomber ; il m'envie ma faveur et m'at-
tribue lei dégoùu du roi. maimexo:?, Lett. à M 'ne
DÉG
de Sl-Geran, t3 mars 1088. Ce dégoût nalurel que
nous avons delà prière, massill. Car. Prière, l.
.... L'outrage qu'elle [une religieu.se infidèle] ajoute
à ses infidélilés, et au dégoût où elle est tombée
de son élat, i». Profess. relii/ 2. Cette raison [le
peu d'usage de la prière] n'est pas si générale,
qu'on ne voie souvent les Ames les plus fidèles à la
prière éprouver constamment ces dégoûls, id.
Car. Prière, l. Je n'ai lu qu'avec un extrême dé-
goût ses vers grossiers [d'Horace] contre des vieil-
les et contre des sorcières, volt. Cand. 25. C'est là
le point de l'ennui le plus profond, de cet horrible
dégoût de soi-même, qui ne nous laisse d'autre dé-
sir que celui de cesser d'être, buff. Nature des ani-
maux. Mais comment expliquer ces lugubres accès,
Ce dégoût des humains, celte pâleur mortelle? du-
cis, llamlet, n, 5. || 4° Déplaisir, mortification.
M. de Coulanges a essuyé un violent dégoût, sÉv.
235. On ne voudra pas donner un tel dégoût à no-
tre gouverneur, id. 6II. Mille dégoûts viendront,
(lit le prophète ermite; Il en vint en effet, l'ermite
n'eut pas tort; Mainte peste de cour fît tant par
maint ressort Que la candeur du juge, ainsi que
son mérite, Furent suspects au prince.... la font.
Pabl. X, 10. N'admirez-vous point que nous nous
trouvons heureux d'avoir repassé le Rhin, et que
ce qui serait un dégoût s'il [Turenne] était au monde,
nous paraît une prospérité, parce que nous ne l'a-
vons plus? SÉV. 203, Combien d'âmes ont été comme
arrachées à Jésus-Christ par ces dégoûts qu'on leur
adonnés? FLÉciiiER, Serm. i,8i. Notre premier duc
de Piney est fort connu par ses deux ambassades à
Rome où il reçut tant de dégoûts, st-sim. io, 182.
Le monde a ses dégoûts comme la vertu, hass.
Car. DéqcnXts. Les confrères [les conseillers] les ac-
cablaient de dégoûts, volt. Louis XIV, 4. Afin que
la cour de Turin,' qui n'a pas voulu le retenir, et
qui est pourtant fâchée de l'avoir perdu, ne s'ima-
gine p.isque M. de la Grange, on arrivant à Berlin,
ait commencé par e.ssuyer un dégoût apparent, d'a-
lembert, Lett. au roi de Prusse, J2 sept. )700.
— HIST. xvi' s. Tous ces dégoûts engagèrent d'Au-
bigné à s'en venir à Lyon au desceii de ses parens,
d'aub. Vie, XII. Coufièment à l'estomach avec de-
gou.st, PABiî, XX, 22. Le vin nuit aux malades; c'est
la première chose de quoy ma bouche se degouste,
et d'un desgoust invincible, mont, iv, 203.
— 1ÎTY!*I. Dé.... préfixe, et goût.
t DÉGOÛTA MMENT (dé-goû-ta-man),adii. D'une
façon dégoûtante.
— ÉTYM. Dégoûtant, et le suffixe ment.
DÉGOÛTANT, ANTE (dé-goû-lan, tan-t'), adj.
Il 1» Oui inspire du dégoût. Malpropreté dégoûtante.
Des injures dégoûtantes. Voilà une malade qui n'est
pas tant dégoûtante, et je tiens qu'un homme sain
s'en accommoderait assez, mol. Méd. malgré lui,
II, 0. Le blanc et le rouge les rend affreuses et dé-
goûtantes, LA BRUY. m. Sa femme était jeune et
belle, lui vieux et dégoûtant, hamilt. Gramm. 9.
U faut disputer sans interruption à des reptiles dé-
goûtants des récoltes achetées par les travaux les
plus assidus, BAYNAL, llisl. phil. XII, 27. Il 2" Fig.
Qui inspire de la répugnance, de l'aversion. Ne con-
cevez-vous point ce que. dès qu'on l'entend, Un tel
mot [mariage] à l'espritoffre de dégoûtant'? MOL. F.ioo.
i, I. L'agitation des parties et des [ilaisirs rend la re-
traite plus dégoûtante, mass. Car. Dégoûls. 11 [le
monde] met tout en œuvre afin que le saint minis-
tère leur devienne [aux ministres de la religion]
aussi dégoûtant qu'il est odieux à lui-même, m.
Confér. Zélé contre les vices. Tout le détail de la vie
religieuse n'est qu'une suite d'occupations dégoû-
tantes qui ne font que diversifier son ennui [de la
religieuse infidèle] , id. Profess. relig. 2. Notre cœur,
pas encore corrompu par un long usage des plaisirs,
ne trouvait pas la piété si dégoûtante, id. Panégijr.
Ste Agnès. Le monde 'tout seul est trop triste et trop
dégoûtant pour nous plaire, id. ib. St Benoit. \\ 3° Fa-
milièrement, décourageant, rebutant. Cela est dé-
goûtant.
DÉGOÛTÉ, ÊE (dé-goû-té, tée) , part, passé.
Il l''Oui n'a plus de goût pour certaines choses. Dé-
goûté de pâté à l'anguille. || Absolument. Qui n'a
aucun goût pour les aliments. Enfin vous dormez,
vous mangez un peu, vous avez du repos; vous n'ê-
tes point accablée, épuisée, dégoûtée comme ces
derniers jours, sÊv. 333. || 2° Fig. Qui n'a plus do
goût pour ; qui a de l'aversion, de la répugnance.
Vous êtes, à vrai dire, un peu bien dégoûté, coen.
Ment, m, B. Son cœur était dégoûié de toute ami-
tié, FÉN. Tél. XXI. Cette âme dégoûtée du monde,
BOSS. (o Vallière. On est dégoûté du monde et de.^
plaisirs, hass. Car. Hespect hum. Je suis viedx, ma-
DEC
lade et dégoûtant, mais je ne suis point du tout dé-
goûté, \OLT. Lett. mmede St-Julien. 30sept.l788. Le
luxe leur vend cher ses voluptés perfides. Et tou-
jours dégoûtés ils sont toujours avides, m. j. ciien,
Gracques, i, 2. || Familièrement, par litote ironi-
que. N'être pas dégoûté, prétendre à une chose qu'il
est fort difficile d'avoir. || Aimer ce qui est très-bon,
excellent. Je mange avec plaisir une perdrix aux
choux. — Vous n'êtes pas dégoûté. On lui offre une
préfecture, il aimerait mieux une recette générale.
— Il n'est pas dégoûié. || Substantivement. Faire la
dégoûté, faire le difficile. Le monarque irrité L'en-
voya chez Plulon faire le dégoûté, la font. Fabl.
vu, 7. D'autres fois je fais l'indifférent et le dé-
goûté dans la bonne fortune, pasc. Pens. part, i,
art. 9. Chacun en veut tàler [de la noblesse]; et
ceux qui autrefois firent les dégoûtés, ont bien
changé d'avis, p. l. cour, i, II8. || C'est un bon
dégoûté, il aime la bonne chère, il mange de bon
a|ipétit.
t DÉGOCtEMENT (dé-goû-te-man), s. m. Effet
de ce qui dégoûte; état de celui qui est dégoûté.
— HIST. XVI' s. Malade d'une»sorte de maladie
dont les médecins n'ont faict aucune mention, d'un
desgoustemenl de ses actions accoustuniées qui l'a
contrainct de chercher appétit en des nouvelles,
n. EUT. Conformité, préface. Après, hantansavec les
hommes moins connus, nous rencontrions de la
douceur et un desgoustement des fureurs passées,
langue, t9. Rots aigres et puants, ilesgouslement,
nausée, paré, Inirod. I4. Mes desgoustemen's et
les jeusnes estranges que je passe digèrent mes hu-
meurs peccantes, mont, iv, 276.
— KTYM. Dégoûter.
DÉGOÛTER (dé-goû-té, ou long), v. a. \\ l» Oter
l'appétit. La vue do ce mets m'a dégoûté. |i Inspirer
de la répugnance pour un aliment. Ilsm'ont dégoûté
du poisson à force de m'en faire manger. || 2" Fig.
Inspirer de l'éloignement, donner de l'aversion. Ce
pompeux appareil où sans cesse il ajoute Recule
chaque jour un nœud qui le dégoûte, corn. Tite
et II. I, t. Savez-vous ce qu'a fait votre frère? il ne
quitte pas la demoiselle.... il lui fait tourner la tète,
il la dégoûte d'un parti proportionné, sÉv. 384. 11
y a assez d'injustice et de perfidie dans le procédé
des hommes, assez d'inégalité et de bizarrerie dans
leurs humeurs incommodes et contrariantes; c'en
est a.ssez sans doute pour vous dégoûter; hél dites-
vous, je n'en suis que tropdégoilté[du monde]; tout
me dégoûte en effet, mais rien ne me touche; le
monde me déplaît, mais Dieu ne me plaît pas pour
cela, Boss. la Vallière. Les artifices de Proiésilas me
dégoûtèrent de Philoclés, fén. Tél. xiii. Votre fierté
est si ridicule quelle me dégoûte de la mienne, Ma-
rivaux, Pré), vaincu, se. 9. || 3" ôier l'envie de....
On avait de la peine à dégoûter les gentilshommes
de voler sur les grands chemins, baynal, llist.phil.
i. Introduction. \\ 4° Fatiguer, ennuyer. La prolixité
dégoûte le lecteur. L'on voit des gens qui dans les
conversations.... vous dégoûtent par leurs ridicules
expressions, la bruy. v. || 5° Se dégoûter, v. réfl.
Prendre du dégoût. D'une vertu sauvage on craint
un dur empire ; Souvent on s'en dégoûte au moment
qu'on l'admire, corn. Othon, m, 3. Ne te dégoûte
point surioul des paraboles, Quel qu'en soit le pro-
jet, Et ne les prends jamais pour des contes frivo-
les Qu'on forme sans sujet, id. Imitation, i, 6.
J'ai quelques infirmités sur mon corps qui pourraient
la dégoûter. — Cela n'est rien, une honnête femme
ne se dégoûte jamais de son mari, mol. Uar. forcé.
se. 14. Comme les hommes ne se dégoûtent pas du
vice, il ne faut pas aussi se lasser de le leur repro-
cher, LA BRUY. Caract. préface. Si les hommes se
délassent quelquefois d'une vertu par une autre
verfu, ils se dégoûtent plus facilement du vice par
un autre vice, id. xi. Tandis que tant d'autres [prê-
tres].... se dégoûtenlde leurs fonctions, m\ES. Oise,
syn. Observ. des stat. et des ordnnn. du dioc. || Ab-
solument. On se dégoûte, on s'ennuie. || 6° Ileuon-
cer à ce qu'on avait pris, commencé avec goût,
perdre l'envie de.... Le choc fut terrible; tout fut re-
conquis une quatrième fois, et tout fut perdu da
même; plus ardents que leurs anciens pour com-
mencer, ils [déjeunes soldats] se dégoûtèrent plu»
tôt et revinrent en fuyant sur les vieux bataillons
qui les soutinrent, ségur, Hist. de Sap. ix, 2.
— HIST. xv* s. Je ne me puis degouster De han-
ter Ces bons cerveaux de taverne, basselin, xxix.
Il xvi' s. Je suis desgousté de la nouvellcté, mont.
I, 121. Le degouste charge la fadeur au vin; l'al-
téré, la friandise, id. ii, 373.
— f.TYM. Dégoût; bourguig. dégôtai.
DÉGOUTTANT, ANTE (dé-gou-tan, tan-t), ttdj.
DEG
Oui ilijgoutte. Du lingo dégouttant. Un habit tout
(lùgOiUtant de pluie. Être tout dégouttant de sueur,
l'n arbuste dégouttant de rosée. Le fils tout dégout-
tant du meurtre de son père, corn. Cinna, I, 3.
Les ronces dégouttantes Portent de ses cheveux les
dépouilles sauj-'lantes, pac. l'hèd. v, 6. Les ven-
geances toutes dégouttantes de sang, fén. Tél. xvm.
f I)P,OOlJTTEiMENT(dé-gou-leman), s. m. Action
de dégoutter, de tomber goutte à goutte. || Ce qui
dégoutte d'un objet. Ce petit nombre de plantes est
bientôt étouiïé par l'omlire continuelle , ou sup-
primé par le dégouttement de l'arbre, buff. Expér.
sur les régét. 2' mém.
— ÉTYM. Dégoutter.
DÉGOUTTER (dé-gou-té, oh bref), v. n. || 1° Couler
goutte à goutte. La sueur lui dégoutte du front. Il ne
se sert à talile que de ses mains; il manie les vian-
des, les remanie, démembre, déchire.... le jus et les
sauces lui dégouttent du menton et de la barbe,
LA BKUY. XI. L'eau dégouttait de tous les endroits de
son manteau, fén. Diog. || 2° 11 se dit aussi des cho-
ses d'où dégoutte quelque liquide le cliène de
manne et de miel dégouttait, kégnîer, Sat. vi.
Voyez, voyez le sang dont ce poignard dégoutte,
BOTR. Vencesl. iv, 8. || 3° V. a. Kig. Pressez-les, tor-
dez-les, ils dégouttent l'orgueil, l'arrogance, la
présomption, la bruy. viii. |1 Proverbes. X la cour,
auprès des grands, s'il n'y pleut, il y dégoutte:
c'est-à-dire on y a toujours quelque profit. || Quand
il pleut sur le curé, il dégoutte sur le vicaire; ou,
dans le même sens, s'il pleut sur moi, il dégout-
tera sur vous, vous aurez part au bien ouau.malqui
m'arrivera. i| Use conjugue avec l'auxiliaire avoir.
— HIST. XII" s. Les enseignes à or batues S'en is-
sent des cors degutantes, Descolorées e sanglantes,
BENOÎT, Chron. ii, 9517. Devant le hait aliel fu li
cors sainz portez, K de moines ed'altres fu tute nuit
gardez; ReceUs fu li sancs qui en ert degutez, l'h.
le mart. tM. [ll| Lui ront auprès l'cspaule tote. Si
que lisans [sang] jus en degote, la Charrette, Il 47.
Il xiii* s. Et certes li ciel dégoûtèrent d'esperital ro-
sée. Psautier, f" 77. En la trace du sang [ellej s'est
mise, Oui du chevalier degutot, marie, Yvenec. Et
se doit on faire laver le [la] tieste en ewe dégoûtant
qui vient par tuiaus , alebrant, f° 33. De pilé et
de dol [deuil] est aval aclinés. Les larmes li dego-
tent fil à fil sor le nés, Cft. d'.int. v, 479. Doulz
Diex qui de doulceur serondes [abondes] et desgou-
tes, Sur mon dur cuer desgoutes de ta doulceur
deux goûtes, j. de meuno, Teslam. 2003. Car il si
durement suoit, Que touz ses cors en degoutoil,
Saint-Graal, v. 1605. || xiv" s. Sans leur vie es-
pargnier ne doubler char navrée. Ne saignie de
sanc, ne sueur dégoûtée, Guescl. 8304. Â tel mes-
chef clïeï, ce nous dit li rommans, Que par bou-
che et par nés li degouloit li sans, Baud. de Seb.
m, «71. Il XV* s. Hé dea! s'il ne pleut, il deguute,
Patelin, y. I2H. || xvi* s. Au vase eslroit, qui dé-
goûte Son eau, qui veult sortir toute, nu bell. m,
75, verso. Le nez lui degouttoit, principalement
en hiver, comme la poche d'un pescheur, desper.
Contes, Lxxxv Tout moyte et dégoûtant s'est
sauvé du naufrage, dubell. vi, io, verso. Soufl'rirdes
contra&lions et convulsions estranges, desgoutter
parfois degrosses larmes des yeulx, mont, m, 271.
— ÉTYM. D(f.... préfixe, elgoutle; provenç.degofar.
t DÉGOUTTUIiE ( dé-gou-tu-r' ), i. f. Ce qui dé-
goutte. 11 était placé sous une lampe qui laissait
échapper l'huile; il a reçu toute la dégouiture.
— ÉTYM. Dégoutter.
t DÉGRADANT, ANTE (dé-gra-dan, dan-t'), adj.
Oui dégrade, qui déshonore. Une conduite dégra-
dante. Des habitudesdégradantes. Un viceilégradant.
t DÉGRADATIF, iVE (dé-gra-da-tif, ti-v'), adj.
Oui indique une dégradation de nuance. La finale
dire est dégradative dans bleuâtre.
— ÉTYM. Voy. nÉGRADATioN. Ce terme a été pro-
posé par Bulet (de la Sarthe), Cours complet de
lexicologie , n" 395.
I. DÉGRADATION (dé-gra-da-sion ; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. \\ 1° Destitution infamante d'un
grade, d'une dignité, d'une qualité. Dégradation
militaire. Aucune peine infamante ne peut étie exécu-
tée contre un membre de la Légion d'honneur, sans
qued'abord iln'aitsubi la dégradation. || Dégradation
civique, peine infamante qui consiste dans la pri-
vation de certains droits civils et politiques. || Terme
d'église. Censure par laquelle un ecclésiastique, à
cause de quebpie faute considérable, est privé pour
toujours de l'exercice de son ordre et du bénéfice
ecclésiastique. |] 2" Kig. Avilissement. La dégrada-
tion des âmes est une suite de la servitude. Tel
•st le sort de ces malheureux connus à la côte de
ÎIIÎG
Coromandel sous le nom de parias; U;ur dégra-
dation est bien pluseniière au Malabar, qui n'a pas
été asservi par le Mogol et où on les appelle pou-
liats, RAYNAL, Ilixt. pliil. i, 8. Il Se dit aussi des
choses. La dégradation du goût, de la couleur, de
la composition, des caractères, de l'expression, du
dessin, a suivi pas à pas la dégradation des mœurs,
DiiiER. SalondenB&,(iCurres, t.xiii, p. 43, dans pou-
gens. Il 3° Acte duipiel résulte la détérioration d'une
chose. La dégradation des monuments publics est
prévue par la loi. || Terme de palais. Dégradation de
biens, dommages et altération qui se font dans les
terres, les bois ou les bâtimenis. || Terme de géolo-
gie. Action destructive très-lente, mais continuelle,
à laquelle sont soumises les roches, les montagnes,
lesterres des continents. || Êlat dedélabrementd'une
chose par une cause quelcon(|ue. La dégradation
de ce mur est telle qu'il menace ruine. || 4° Terme
de pathologie. Arrêt de développement, "aberration
d'évolution du corps vivant, soil partielle, soitgéné-
rale, soit acquise, soit héréditaire.
— HIST. xvi' s. Par dégradation d'honneur, con-
fiscation d'estat, de biens, et confinement, cahl.
II, 0. Qu'ils meriteroient tous deux une bonteuse de-
gradation d'armes et de tout honneur, id. vi, 13.
— ÉTYM. Dégrader t ; provenç. desgradatio ; es-
pagn. deyradacinn; ital. degradazione.
2. DÉGRADATION (dé-gra-da-sion ), s. f. Le fait
de présenter des degrés successil's. || Terme de phy-
sique. Diminution progressive de la lumi6re, des
ombres, des couleurs. Il semble que , m'imagi-
nant comme des bandes colorées qui traversent en
tout sens toutes les nalions d'un continent, je vois
les langues, les mœurs, les figures mêmes former
une suite de dégradations sensibles; chaque nation
est la nuance entre les nalions ses voisines, tubgot,
l'ian du I" dise, sur Ihist. universelle. La loi de
la dégradation de la lumiijre dans le passage de la
partie obscure [delà lunej à sa partie éclairée, la
PLACE, Expos. I, 5. Il Terme de pointure. Nom donné
à de certains ménagements des jours, des ombres et
des teintes, suivant les degrés d'éloignement. Ce
peintre entend bien ladégradalion.des ombres. Pour
former ce vifcoloris, ces distributions de lumières,
ces dégradations de couleurs, eén. Exist. 8. La per-
spectivea|iproclie les parties des corps ou les fait fuir,
|iar la seule dégradation de leurs grandeurs, Dide-
rot, Ess. sur la peinture, ch. 3. l'uintde plans, point
de dégradation, point d'air entre les figures, id. Salon
de 1707, Œuvres, t. xv, p. 70, dans pougens. Dans
la succession de nos penchants, comm.e dans une
bonne dégradation de couleurs, j. j. rouss. Ém. v.
— ÉTYM. Dégrader 2.
1. DÉGRADÉ, ÉE(dé-gra-dé,dée),porl. passif de
dégrader I . || i"Oui a perdu d'une manière infamante
son grade, son rang. Un officier dégradé. || 2' Qui a
perdu son rang, sa dignité. Trois princes dégradés
en un même mois en marquent le commencement,
BOSS. Hisl. II, 4. Le sanhédrin étant dégradé, les
membres de ce grand corps n'étaient plus considé-
rés comme juges, id. ib. 11, lo. C'est là que les plus
grands rois n'ont plus de rang que par leurs vertus,
et que, dégradés à jamais par les mains de la mort,
ils viennent subir sans cour et sans suite le jugement
de tous les peuples et de tous les siècles , m.
Duch. d'Orl. \\ 3° Kig. Avili. Un homme dégradé.
Nous avons vu l'Ame raisonnable dégradée par le pé-
ché, BOSS. Conn. de Dieu, v, I. L'élévation des pré-
ceptes dégradée par la bassesse des exemples [que
l'on donne], GBEssET, Disc, de réception à l'Âcad.
114° Oui a éprouvé une détérioration matérielle, .'il ur
dégradé et couvertde plantes parasiies, duierot, Sa-
lon de 1707, Œuvres, t. xiv, p. Ho, dans pougens.
2. DÉGRADÉ, ÉE (dé-gra-dé, dée), part, pusse
de dégrader 2. || Terme de physique et de peinture.
Diminué progressivement, en parlant de la lumière.
On aurait pu chercher de combien l'intensité de la
lumière d'un objet que le mouvement rend conti-
nuellement visible, se trouve dégradée, condoucet,
d'Arci. La Magdeleine, belle perspective, lumière
bien dégradée, grande précision, didekot. Salon
de 1707, Œuvres, t. xiv, p. 28|, dans pougens.
t DÉGRADE.MENT (dé-gra-de-man), s. m. Action
de dégrader. || Perte d'un grade militaire, en vertu
d'un jugement.
— IllST. xvr s. Le degradement do Louis le Dé-
bonnaire, pau'chet, Orig. des dignités de France,
liv. Il, p. 43, dans lacurne.
— ÉTYM. Dégrader 1 .
I. DÉGRADER (dé-gra-dé), V. a. || 1° Dépouiller
quelqu'un de son grade, de sa dignité, de son em-
ploi, etc. Dégrader un militaire, un magistrat. La
cour l'a dépouillé et dégradé, pairu, Plaidoyer 7,
DÉG
1023
dans biciielet. Et [elle] vous dégraderait i>cut-être
dès demain Du titre glorieux de citoyen romain,
coKN. Mcom. I, 2. Le lieutenant du roi et le major
de la place de Crisach furent dégradés des armes,
ST-siM. 130, 182. Quelle hauieur dans ces fiers ré-
publicains, qui dégradent ainsi sur-le-champ un
roi malheureux 1 rolun, Hist. anc. Œuvres, t. ix,
p. 137, dans pougens. || Par extension. Dégrader les
héros pour te mettre en leurs places, boil. Sat. viii.
Il n'est plus saint, M. Jurieu l'a dégradé, BOSS. Var.
3» avert. § 0. C'est Dieu seul qui fait régner les rois,
qui les place sur le trône ou qui les en dégrade,
MASS. Mysl. Soum. En dégradant [faisant descendre]
ceux qui étaient au haut de la roue [de la fortune],
ID. Av. Uonh. Il 2° Eig. Rendre vil, méprisable.
La flatterie dégrade le prince et les flatteurs. Ils
nous obligent à dégrader votre parole à des détails
rampants, mass. Car. Jeûne. Ce n'est pas un éloge
de bienséance ; à Dieu ne plaise que je dégrade ainsi
mon ministère! id. l'anég. Vilieroy. Le joug s'est
appesanti depuis, et l'espèce humaine a été de plus
en plus dégradée, raynal, Hist. phil. v, 20. || Abso-
lument. La passion de conserver une première place
lait prendre des précautions qui dégradent, fonïen.
Varignon. \\ 3° Détériorer, endommager. Les longues
pluies ont dégradé les chemins. Des palais superbes
que le temps va dégraderetdétruire.MASS. Paraphr.
ps. xviii. Il 4° Terme de maçon. Abattre par le pied.
Dégrader une muraille. || 5° Terme de marine. Ôter
les agrès d'un vaisseau devenu inutile. || 6° V. n.
Terme de marine. Un navire est dégradé quand le
vent, les courants ou une mauvaise manœuvre l'ont
entraîné sous le vent de sa route et éloigné du but
où il tendait. || 7° Se dégrader, v. réfl. s'avilir. Il
croirait se dégrader en fréquentant une telle so-
ciété. Nos titres sont trop beaux, ne nous dégradons
point, TRISTAN, H. de Chrispe,!, I. Un gentilhomme
sans cœur se dégrade lui-même, Boss. Uist. m, 6.
Je me dégradaisjusquesà me rendre semblable aux
bêles, BOLRD. Purifie, de la Vierge, mt/s(. Tremblons
quand ils [les grands] nous comblent de leurs bien-
faits; plus ils nous élèvent, plus nous devons crain-
dre que nous ne nous soyons dégradés nous-mêmes,
MASS. Coiifér. Zèle contre les scand. || Se détériorer.
Les peintures se dégradent promptement à l'air.
— HiST. xu* s. S'evesques u prestre est esliz e
alevez U diachnes par prince, que il seit. dégradez,
Th. le mart. 1 27. || xiv s. Dou mémoire des hommes
dégradez Et des livres où il ha esté mis. Maudis de
Dieu, de tous sains et dampnez.... puist estre li
mois de mars, machault, p. I3U. || xv* s. Vous avez
droit.... car si je n'allois ou fusse allé devant la vo-
lonté du peuple, vous eussiez esté ou seriez près du
peuple et dégradé à grand confusion et dérision,
FBoiss. m, IV, 77. Or regardez des œuvres de for-
tune, comme elles vont.... quand ce vaillant homme
et bon chevalier fut ainsi demeuré et vitupereuse-
ment dégradé d'honneur et de chevance, id. m,
IV, 30. En plain parlement d'Angleterre furent de-
gradées deux filles du roy Edouard et declairées
bastardes, comm. vi, 9. || xvi* s. Julien coudemna
dix de ses soldats à estre desgradez, mont. 1, 65. 11
fu coudemné à estre dégradé de noblesse, lu. 1, 60.
Il estoit loisible aux censeurs de dégrader et ester du
sénat un sénateur qui se gouvernoit indignement,
amyot, p. Mih. 61. Nycolas fust condampné à estre
desgradé des armes etde tout l'honneur, carl. vi, 21.
— ÉTYM. Dé,... préfixe, et ffrodf; provenç. dégra-
dât, desjradar; espagii. dei/radar; ital. degradare;
du latin degradare, de de, et gradus, degré.
2. DÉGRADER (dé-gra-dé), v. a. || 1° Terme de
peinture. Diminuer graduellement. Dégrader la lu-
mière, les ombres. Us emploient, avec un art qu'on
ne se lasse point d'admirer, les teintes, les demi-
teintes et toutes les diminutions de couleurs néces-
saires pour dégrader ia couleur des objets, rollin,
llisl. anc. Œuvres, t. xi, l'" part. p. I30, dans pou-
gens. Il 2° V. n. Aller par dégradation. Je dirais au
graveur : (jue les formes soient bien rendues par vos
tailles, que celles-ci dégradent doue scrupuleusement
selon les plans des objets, Diderot, Salon de I70B,
Œuvres, t. xiii, p. 3oo, dans pougens. 11 est bien
posé; la lumière dégrade à merveille sur lui, id. Sa-
londe 1707, p. 67. || 3° Se dégrader, v. réfl. Dimi-
nuer par degrés. Comme cette terrasse est éclairée,
comme la lumière s'y dégrade, Diderot, flcjrels sur
ma robe de chambre. Les campagnes non bornées
doivent, en se dégradant, s' étendre jusqu'où l'horizon
confine avec le ciel, id. Salon de 1767, OEuvres,
t. XIV, p. 284, dans pougens.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et le latin gradus, degré.
DÉGRAFÉ, ÉE (dé-gra-fé, fée), part, passé. Une
camisole dégrafée.
1024
DEG
DÉGRAFER (dé-gra-fé) . v. a. || !• Détacher una
chose qui était agrafée. Elle en cornette, et dégra-
fant sa robe, la font. Gageure. Dégrafez-moi cet
atour (les dimanches, m. Jmn. || 2° Se dégrafer, v.
réft. Défaire .ses agrafes. Je me suis dégrafé. || Etre
dégrafé. Sa camisole s'est dégrafée.
— KTVM. Dé.... préfixe, et le radical grafqm est
dans a-graf-er.
DÉcilAlSSAOE (dé-grè-sa-j'), s. m. Action de dé-
graisser les étoffes. Faire le dégraissage. Envoyer
un habit au dégrais.sage. Durais étaminés : ■'/» d'aune
moijis )/2 pouce, après le dégraissage, Tabl. an-
nexé aux lettres patentes du 18 sept. <780, Auch.
— Rtym. Dégraisser.
t DfiGRAlSSK (dé-gr6-s'), s. f. Terme de marine.
État d'une pièce de buis dégraissée.
— ETYM. Voy. DÉGRAISSER.
DÉfiRAlSSÉ, ÉE((lé-gré-sé,sée), part. pass^. Dont
on a ôté la graisse. Du bouillon dégraissé. || Dont
on aôlé, par lo nettoyage, la crasse graisseuse. Un
habit dégraissé.
DÉriRAISSI-;MENT{dé-grè-se-man),s. m. Résul-
tat du dégraissage.
— ÊTYM. Dégraisser.
DÉGRAISSER (ilé-grè-sé),v. a. || 1° Ôterla graisse
de quelque chose. Dégraisser une sauce. || Par ex-
tension. Dégraisser le pot. || Familièrement. Dimi-
nuer l'embonpoint. Faites de l'exercice, cela vous
dégraissera. || Kig. et populairement, rançonner,
imposer une amende, une restitution. Ce finan-
cier avait fait des gains énormes, mais on l'a bien
dégraissé. Toute cette province a été dégraissée, SËV.
2C{. Vous savez que le parlement aime un peu à
dégraisser tout fermier du roi, volt. Lett. Taba-
reau, juillet t7"0. 112° Dépouiller la terre laboura-
ble de ses parties fertiles. Les torrents, les ravines
d'eau ont dégraissé ce champ. || 3° Dépouiller une
chose de la matière grasse qui la couvre. La poudre
dégraisse les cheveux. 1| ôter les taches de graisse
d'une étoffe. Dégraisser un habit, un collet. || Dé-
graisser le drap, le fouler, après l'avoir arrosé de
savon noir, ce qui emporte les taches. || Fig. Nous
dégraissâmes notre proposition, nous la revêtîmes
de ce qui pouvait lui donner et de la couleur et de
la force, ketz, h, 351. || 4° Dégraisser le vin, lui
filer, par quelque ingrédient, la mauvaise qualité
qu'il contracte en tournant à la graisse. || 5° Terme
de gravure. Frotter le cuivre avec du blanc d'espa-
gnc. Il Terme de plombier. Séparer la soudure des
parties de plomb oii elle est adhérente. || Terme de
dorure. Nettoyer les parties sales des blancs qui doi-
vent être dorés. || Terme de peintre en bâtiment.
Laver des fonds qu'on veut repeindre. Frotter les
teintes dures avec de l'esprit-de-vin. || Terme de mi-
roiterie. Donner du brillant à la feuille d'étain avant
de la couvrir entièrement de vif-argent. || Terme de
charpentier de marine. Abattre plus ou moins les
angles d'une pièce de bois, dont la première forme
a été celle d'un parallélipipèile rectangle. || 6° Se dé-
graisser, V. réft. Être dégraissé. || Par plaisanterie.
Il se dégraisse, se dit d'une personne qui, malade
et alitée, maigrit.
— HlST. XV]' s. Bois-le-Comte, neveu de Villega-
gnon, qui, passant au cap de St-Vincent, dégraissa
[rançonna] plusieurs navires espagnols et portugais,
d'aub. llisl. 1,41.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, e\ graisse.
BÉGRAISSEUR, EUSE (dé-grè-seur, seû-z'), s.
m-et/". Ijl' Celui, celle qui dégraisse les élotVes.
porter un habit au dégraisseur. || 2° Dégraisseur,
voy. DÉOIIAISSOIR, 1°.
— ÉTVM. Dégraisser.
t DÉGRAISSIS (dé-grè-si), s. m. Ce que l'on en-
lève par l'opération du dégraissage.
— ÊTYM. Dégraisser.
t DÉGRAIS'SOIR (dé-grè-soir) , s. m. \\ 1° Instru-
ment qui, muni d'un moulinet, sert pour tordre la
laine trempée dans de l'eau de savon, avant de la
mettre sur le peigne. || On dit aussi dégraisseur.
I 2° Instrument pour enlever la graisse des boyaux.
II 3° Morceau de serge pour dégraisser l'étain d'une
glace.
— ÊTYM. Dégraisser.
t DÉGRAl'l'ER (dé-gra-pé), v. a. Séparer les
grains de certains fruits de leurs grappes. Dégrap-
per les raisins, les groseilles. || On dit aussi égrapper.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et grappe.
tDÊURAI>i>lMER (dé-gra-pi-né) , v. a. Terme de
marine. Tirer un vaisseau hors des glaces, par le
moyen des grappins.
— ETYM. Dé.... préfixe, el grappin.
tDËURAPPOIR (dé-gra-poir), *. „!. Instrument
sorirant it dégrappef
DKG
t DÉGRAS (dé-grâ), ». m. Terme de chamoiseria.
Graisse exprimée des peaux. || Mélange d'huile de
poisson et d'acide nitrique pour passer les peaux en
chamois et les cuirs en blanc.
— HIST. XIII" s. Avoi, sire Tybert li ch.iz, Por ce
s'oreavez vosdegraz [satisfaites votre gourmandise],
Et se vostre panceest or plaine, Nedurra mie la se-
maine Cist orgoulz que VOS ore avez, Hen. iObes.
— ETYM. Dé.... préfixe, et gras.
fDÉGRAT (dé-gra), s. m. En dégrat se dit du
bateau quittant le havre oii le navire est ancré et
allant chercher ailleurs meilleure pèche.
— ÉTYM. Provenç. degrat, degré, c'est-à-dire le
degré, le point d'où l'on part. Il y a dans l'ancien
français se degratcr : Ribau/. nus, qui là se degra-
tent. De toutes parz les feus embattent, G. guiart,
t. II, p. t69, V. 4107 (13093).
f DÉGRA VELER (dé-gra-ve-lé), je dégravelle, je
dégravellerai, je dégravellerais, v. a. Débarrasser
un tuyau de conduite du sédiment qui s'y est accu-
mulé.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et graveUe.
t DÉGRAVER (dé-gra-vé), v. a. Synonyme de
dégraveler.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et le radical jrai; qui est
dans grav-ois.
DÉGUAVOlEMENTou DÉGRAVOÎMENT (dé-gra-
vol-man), s. m. Effet d'une eau courante qui dé-
gravoie, déchausse un mur, un pilotis.
— ÉTYM. Dégravoyer.
DÉGRAVOviÉ, ÉE (dé-gra-vo-ié, iée, ou dé-gra-
voi-ié, iée), part, passé. Une muraille dégravoyée.
DÉGRAVOYER (dé-gra-vo-ié; plusieurs disent
dé-gra-voi-ié), je dégravoie, tu dégravoies, ildégra-
voie, nous dégravoyons, vous dégravoyez, ils dé-
gravoient; je dégravoyais, nous dégravoyions, vous
dégravoyiez; jedégravoierai; je dégravoierais; que
je dégravoie, que nous dégravoyions, que vous dé-
gravoyiez; que je dégravoyasse; dégravoyant, v. a.
Déchausser, en parlant d'une eau courante, des
murs ou des pilotis. || Enlever le gravier au moyen
de quelque courant d'eau.
— ÉTYM. Ce'.... préfixe, el gravais.
DEGRÉ (de-gré; dans le dictionnaire de Richelet
il est écrit degré, et cette prononciation s'entend
souvent; mais l'Académie l'a condamnée), s. m.
Il 1° Chacune des parties qui dans un escalier ser-
vent à monter ou à descendre. Le premier degré,
le deuxième degré. Mais à peine tous deux dans sa
chambre étions-nous Qu'elle a sur les degrés en-
tendu son jaloux, MOL. Éc. des f. IV, 6. 11 a presque
vu la tour de Babel; il en compte les degrés, la
BRUY. V. Il Marches qui servent d'entrée à un édi-
fice. Sur les sanglants degrés ses serviteurs péris-
sent, M. j. CHÉN. Charles IX, v, 2. Qui marche en
ses conseils à pas plus mesurés Qu'un doyen au pa-
lais ne monte les degrés, boil. Sal. viii. Du lieu
saint à pas lents je montais les degrés, delav. Vê-
pres sicit.v, 2. Vois: l'infortune assise à la porte
du temiile [de la gloire] En garde les degrés, la-
MART. Sléd. I, t4. Il L'escalier même. Miron trouva,
en descendant mon de,^ré, un frère de son cuisi-
nier, RKTZ, II, tso. Comprenez-vous ce que je sen-
tis en montant ce degré? sëv. <4. Se mettre en em-
buscade sur un degré, hamilt. Gramtn. 6. Trouvant
au bas du grand degré un carrosse qu'il prend pour
le sien.... la bruy. xi. Comme ils [Vardes et mon
père] descendaient ensemble le degré, mon père
feignit d'avoir oublié quelque chose en haut, ?t-
SIM. 10, 119.112" Fig. Rangs, emplois considérés
comme les échelons d'une échelle d'honneurs. Vous
voyez donc, mon père, que le degré émment où
sont les papes, ne les exempte pas de la surprise,
PASC. l'rnv. 18. C'était le plus proche degré pour
parvenir à l'empire, noss. Dist. i, 10. Plus on a de
degrés d'élévation , plus on a de degrés à descendre
à l'abaissement, fléch. Serm. t. l, p. 184. Vous êtes
monté d'un degré dans le service, mass. Petit ca-
rême, Drap. Maiipertuis était arrivé par les degrés,
de maréchal des logis des mousquetaires jusquàles
commander en chef, st-sim. i, 23. Entre ton trône
et moi je ne vois qu'un degré, volt. Sémir. il, 2.
Il 3" Moyens mis en œuvre pour parvenir à quelque
chose. Et quels afl'reux périls pourrons-nous redou-
ter, Si c'est par ces degrés qu'on peut vous méri-
ter? CORN, liodog. m, 4. Et la mort que mes voeux
s'efl'orcent de hâter Est l'unique degré par où j'y
veux monter, lu. Iléracl. i, 2. Par sa projire main
mon père massacré Du trône où je le vois fait le
premier degré, lu. Cinna,i, 1. Toutes ces cruautés ...
Sont les degrés sanglants dont Auguste a fait choix
Pour monter sur le trône et nous donner des lois,
iD. ib. I, 3. Et pouf hf^ qu'où ait mis des titres si
DEG 1
.«acres, On y mont» souvent par de moindres de
grés, ID. Théod. i, 1. Et ne voulut, pour monter à
ses emplois, d'autres degrés que ses vertus, flêch.-
l'anég. t. i, p. 335. Us voulaient que l'innocence fiit
le degré pour monter à répi.xopat, id. ib. ii, p. 282.
Souvent avec prudence un outrage enduré Aux hon-
neurs les plus hauts a servi de degré, rac. Estk. m,
1. Les droits de mes aïeux.... Étaient même, sans
moi, d'inutiles degrés, id. Ilril.iv,^. Mon culte
épuré De ma grandeur naissante est le premier de-
gré, VOLT. Fanât, ii, B. || 4° Transition, achemine-
ment. Les premières connaissances ont servi de de-
grés aux autres, pasc. Préf. Vide. Vous qui devez
savoir les choses de la vie. Qui par tous ses degrés
avez déjà passé. Et que rien ne doit fuir en cet ige
avancé, la pont. Fahl. m, 1. On répond que la per-
fection a plusieurs degrés, boss. Or. 6. Monter de
degré en degré jusqu'à cet état sublime, mass. Prof.
2. Vous n'êtes jamais séparé que d'un petit degré
de la mort, id. Carême, Tiéd. f. Ainsi que la vertu,
le crime a ses degrés, rac. Phèd. iv, 2. Il n'est
point de degré du médiocre au pire, boil. Art p.
IV. Il avait passé par tous les degrés de la débauche
et de la misère, volt. Vlngênu, 19. || Par degrés,
loc. adv. Graduellement. Il faut aller par degrés et
commencer par la procédure, boss. liibliot. J'ap-
prochai par degrés de l'oreille des rois, rac. Athal.
m, 3. Il On trouve aussi, au singulier, par degré,
dans le même sons. J'ai tenté par degré d'effacer
cette horreur, volt. Brulus, m, 2. || 5° Grade con-
féré dans une université. Dans les facultés, il y a
trois degrés, celui de bachelier, celui de licencié et
celui de docteur. Degrés académiques. Prendre ses
degrés. Et si l'on n'est docteur sans prendre ses de-
grés, Régnier, Sat. m. Mais quoi! j'entends déjà
plus d'un fier scolastique, Qui.... Curieux, me de-
mande où j'oi pris mes degrés, boil. Épit. xii. X
Bourge, un écolier peut percer ce mystère; Je n'ai
point mes degrés.... volt. Disc. 6. || 6° Terme de
grammaire. Degrés de signification, le positif, la
comparatif, le superlatif. |1 Degrés de comparaison,
le comparatif et le superlatif. || 7° Terme de juris-
prudence. Degrés de juridiction, ordre hiérarchique
des tribunaux devant lesquels on peu», successive-
ment porter la môme affaire. Il n'y a plus en Franco
que deux degrés de juridiction pour les afl'aires ci-
viles. Cette affaire a parcouru tous les degrés de
juridiction. || 8" Terme de jurisprudence ecclésiasti-
que et civile , se di I des générations suivant lesquelles
on compte la proximité ou l'éloignement des paren-
tés ou alliances. Grégoire le Grand fut le premier qui
défendit les mariages jusqu'au septième degré; le
2" concile de Latran restreignit la prohibition au
quatrième degré. En ligne directe les degrés ascen-
dants sont : le premier, père et mère; le second, aïeul
et aïeule; le troisième, bisaïeul et bisaïeule; lequa-
Irième, trisaïeul et trisiiieule. Les degrés descen-
dants sont; le premier, hls et fille; le second, pe-
tit-fils et petite-fille; le troisième, arrière-petit-fils
et arrière-petile-fiUe; le quatrième, fils et fille de
l'arrière-petit-fils. En ligne collatérale les degrés as-
cendants sont : 1° Oncle paternel, tante paternelle,
et oncle maternel et tante maternelle; 2° Grand-on-
cle paternel, grand'tante paternelle, grand-oncle
maternel et grand'tante maternelle; 3- Père ou
mère du grand-oncle ou de la grand'tante pater-
nels, et pèie ou mère du grand-oncle et de la grand'
tante maternels, et ainsi de suite. Dans la même ligne
les degrés descendants sont : i* Le frère ou la soeur;
2° Les fils ou les filles du frère et de la soeur, qui
s'appellent cousins germains et cousines germaines;
3° Les cousins et cousines issus des germains, c'est-
à-dire les petits-fils ou petites-filles du frère ou de la
sœur, et ainsi de suite. S'il était parent au delà du
ciiiquièmedegré, ilne succédait pas, montesq. Esp.
xvin, 22. Il Degré de noblesse, le nombre de généra-
lions que l'on compte entre la personne dont on
parle et le premier individu anobli dans la famille.
L'anobli fait le premier degré, ses enfants le se-
cond, etc. Il 9° Différence successive que présentent
les qualités sensibles des choses. L'atmosphère est
arrivée à un très-grand degré de sécheresse. Le fer
exige un haut degré de chaleur pour se fondre. Il y a
un fort degré de froid quand la Seine gèle. || Dans
différents arts, degré de feu, le point où il faut que
le feu soit porté pour que le résultat soit obtenu.
Il En médecine, degré indique le plus ou moins d'in-
tensité d'une maladie. Phthisie au troisième degré.
Brûlure au premier degré. || Terme de la scolastique.
Degrés métaphysiques, se disait de la série des pro-
priétés d'un objet, en commençant par la plus géné-
rale.|| Dans l'ancienne médecine, certaine exlf-nsion
des qualiléâ élémentaires qu'on divisait en quatre.
DEG
DEG
DÉG
1025
Le poivre était chaud à tel degié. H Dans l'ancienne
physique, ces mCmes qualités élémentaires étaient
partagées en huit. Le feu était cliauii au huitième
(Jegré et sec au quatrième. || Fig. et par analogie,
le plus ou le moins que présentent les choses in-
tellectuelles ou morales. Sa grandeur doit atteindre
aux degrés les plus hauts, cohn. Attila, i, 2. Vous
ne me donnez rien par cette haute estime Que ïous
n'ayez déjà dans le degré sublime, ID. S«r(or. m, 2.
Oui, du degré de l'âge il faut porter la peine, rotrou,
Vencesl. i, 2. Le degré où les hommes n'avaient pu
atteindre est rempli par une jeune reine, pasc. dans
COUSIN. Mon envie de partir est au dernier degré,
sÉv. (29. Dieu distribue ses dons dans le degré qu'il
veut, Boss. Le». C"rn. ue. Les plaisirs innocents
le deviennent [péchés mortels, par l'excès de l'atta-
chement], selon la doctrine des saints.... mais qui
sait le degré qu'il faut pour leur inspirer ce poison
mortel? m. Marie-Thér. Deux choses vous vont
faire voir l'éminent degré de sa vertu, m. ifc. Alors
au suprême degré de son éclat, iiamilt. Gramm. II.
Haut degré de gloire et de puissance, rac. Béren.
I, 4. Quand la religion des chrétiens n'aurait point
d'autre preuve contre l'incrédulité que l'élévation de
celte maxime fia charité envers tous], elle aurait
toujours ce degré de sainteté et, par conséquent,
de vraisemblance sur toutes les sectes qui ont jamais
paru sur la terre, mass. Carême, l'ard. Un homme
médiocre peut avoir de la justesse à son degré, un
petit ouvrage de même, vauven. Justesse. Chaque
fonction est pour lui [le prêtre indigne] un nouveau
crime et ajoute un nouveau degré à sa réprobation,
MASS. Confér. Disc, sur la toc. Il fallait non-seule-
ment un grand usage de la cour, mais une liberté
bien circonspecte, une hardiesse bien mesurée, de
peur qu'un degré de moins ne gStàt l'ouvrage, et
qu'un degré de plus ne perdit l'auteur, d'olivet,
Hist.Acad. t. a, p. acB, dans pougens. || l'oints suc-
cessifs que l'on parcourt. Premierdegréd'instruclion.
Il 10° Terme de physique. Chacune des divisions prin-
cipales qui sont marquées sur des instruments destinés
à apprécier la chaleur, l'humidité , la pesanteur. Les
degrés d'un baromètre, d'un hygromètre, d'un aréo-
mètre. L'eau bout quand le thermomètre est à cent
degrés; la glace fond quand il est à zéro. || 11° Terme
de géométrie et d'astronomie. Chacune des 360 par-
ties dans lesquelles on divise la circonférence. Si je
Yeux mesurer un angle de eu degrés, J. J. rouss.
Ém. II. Il Terme de géographie. Degré de longitude,
l'espace compris entre deux méridiens; degréde lati-
tude, l'espace compris entre deux parallèles. Des
lieues de vingt-cinq au degré. Le degré se divise en
60 minutes et la minute en 60 secondes. L'on comp-
tera toujours au nombre des œuvres qui ont illustré
notre siècle l'entreprise de mesurer en môme temps
deux degrés du méridien, l'un sous l'équateur, l'au-
tre près du pôle boréal de notre continent, conuor-
CET, Maurepas. Ces marchands faisaient leur route,
tenant à peu près le 40' degré de latitude nord, par
des p^iys qui sont au couchant de la Chine, montesq.
Esp. XXI, (6. Il Degré décimal, chacune des 400 par-
ties dans lesquelles, suivant la division décimale, on
divise le cercle. Cette division est moins usitée que
la division sexagésimale ou en .'îeo parties. ]| Dans
le langage de la physique, de la géométrie et de
l'astronomie, degré se représente souvent par ce
signe ". Le thermomètre est à 2" au-dessous de
glace. Latitude io« 30* s" (to degrés, 3o minutes,
3 secondes). || 12° Terme d'algèbre. Équation du
premier, du second degré, etc. équation dont l'in-
connue est à la première, à la deuxième puissance.
Il 13° Terme de musique. Différence de position ou
d'élévation entre deux notes placées dans une même
portée. Degrés conjoints. Degrésdisjoints. i|14"Terme
de fauconnerie. L'endroit où l'oiseau, durant sa
montée, tourne la tête et prend une nouvelle car-
rière, qu'on appelle second ou troisième degré, jus-
qu'à ce qu'on le perde de vue au quatrième.
— SYN. DEGRÉ, MARCHE, a Degré, dit l'Eucyclo-
pédie, v, 029, s'employait dans le dernier siècle
pour désigner chaque marche d'un escalier, et le
mot de marche était uniquement consacré pour
les autels; nous aurions peut-être bien fait de con-
server ces ternies distinctifs. » La distinction indi-
quée par l'Encyclopédie n'existe plus; reste à voir
en quoi ces deux termes diffèrent. Le degré est, éty-
mologiqiiement, ce qui sert à changer de place {de-
gredi) , à monter ou à descendre ; la marche est sur
quoi l'on marche. On monte ou l'on descend les de-
grés; on se tient sur une marche. Au pluriel, il
montait ou descendait les degrés, ou les marches,
sauf que degré est réservé , de préférence, au stylé
élevé et aux grands escaliers : les degrés du grand
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
escalier du Louvre. Au singulier, marche s'emploie
mieux que degré : il se tenait sur la premier^
marche mieux que sur le premier degré. En un mot,
toutes les fois que l'on considère les différents éche-
lons d'un escalier comme servant à monter ou à des-
cendre, on se sert plutôt de degré; comme servant
à poser le pied et à se tenir, de marche.
— HIST. XI" s. Eufemien, bel sire, riches hom,
Ouar me hesberges pur Deu en ta maison ; Suz tun
degret me fais un grabatum, St Alexis, XLiv. Par
les degrez au palais [il] monte sus; Ch. de Roi.
cxcvn. Il XII" s. Les degrez [ils] montent tost et isnel-
lement, Ronc. p. <2i. Tost les degrez de marbre [il]
est montez au donjon, Sax. xiv. Or est-il moult en
bas degré; Mais Dieus le nietra au plus haut; Car
c'est ii sires qui ne faut, Gautier d'arbas, Eracles,
V. t504. Il xiii's. Celui cui il l'ot conmandé A tost le
cheval enselé, Et puis au degré li amené, Uen. 22207.
Amours respont: Dr ne t'esmaie [chagrine]; Puis-
que mis t'ies en ma menaie [direction] , Ton servise
prendre en gié. Et te métrai en haut degré, la Rose,
2036. Puisque li quars degrés est pa.ssés, mariages
se pot fere, beaum. xviii, 7. Avant qu'on en viengoe
dusqu'à li, on doit porsivir les segneurs sougès de
degré en degré, ID. xi, t2. Aus piez des degrez s'a-
genoiUa un poure [pauvre] chevalier et li dit ainsi....
JOINV. 206. ||xv's. Je montay sans compter Les de-
grez.... COQ uiLL.i/oiioi. delà botte de foin. Apportant
ung plat de viande sur le degré, comm. i, 9. || xvi" s.
La première grâce, qui est comme un degré à la se-
conde, est nommée cause d'icelle, calv. Instit. C20.
Ce moyen, par lequel Dieu esleve les siens en haut
comme de degré en degré, m. ib. 816. Ils devoyent
estre recognus pour ministres légitimes, ayanslede-
gré de prestrise, id. ib. 842. Une montoit gueressans
s'eslancer trois ou quatre degrez i la fois, mont. Il,
t7. C'est un degré de fermeté auquel je ne pourruis
arriver, m. it, 385. 11 se lai.ssoit maintes fois tomber
du haut d'un degré, ou en la trappe d'une cave,
DESPER. Conie.i, Lxxix.
— ÉTYM. Wallon, egre' ; provenç. degra, degrat;
portug. degrào ; du bas-latin degradus, formé de
de, et gradus (loy. grade).
t DÉGRÉAGE (dé-gré-a-j'), s. m. Voy. dégiiéement.
DÉGKÉÉ,ÉE(dé-gré-é, ée), part, posse. Un vais-
seau dégréé.
t DÉGRÉEMENT (dé-gré-man), s. m. Terme de
marine. Action d'ôter les agrès d'un vaisseau.
Il Perte accidentelle des agrès.
— lîl'YM. Dégrécr.
DÉGltÉER (dé-gré-é), je dégrée, nous dégréons;
je dégréais, nous dégréions; je dégréerai; je dé-
gréerais; que je dégrée, que nous dégréions; que
je dégréasse, dégréant, v. a. Terme de marine.
Ôter ou détruire les agrès, les cordages, etc. d'un
vaisseau. Noire frégate, qui n'avait été qu'à demi
dégréée par le combat, le fut entièrement par des
coups de vent.
— REM. On a écrit, par une mauvaise orthogra-
phe, degrnyer : Je suis tout dégrayé, mes mâts ne
tiennent à rien , Rapport de la Clochelerie sur le
combat de la Relie-Poule, 18 juin 1778, dans JAL.
— f.TYM. Dé.... préfixe, el gréer.
t DÉGRÉNAGE (dé-gré-na-j') , s. m. Action de re-
tirer du moulin les matières dont on fait les pâtes
céramiques.
— ÉTYM. Dégrdner.
t DÉGRÉNER (dé-gré-né. La syllabe gré prend
l'accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
je dégrène; mais l'accent reste aigu au futur et au
conditionnel : je dégrénerai, je dégrénerais) , v. a.
Exécuter le dégrénage.
DÉGIlËVfi ÉE (dé-gré-vé, vée), part, passé. Le
budget est dégrevé.
DÉGRÈVEMENT (dé-grè-ve-man) , s. m. Action
de dégrever; état de la cho.se dégrevée. || Héduction
ou remise de la cote imposée à un contribuable.
— ÉTYM. Dégrever.
DÉGREVER (dé-gré-vé. Legoarant remarque que
l'Académie écrivant grever sans accent, c'est peut-
être par une faute d'impression qu'elle écrit dégre-
ver avec un accent. L'Académie ne conjuguant pas
ce verbe, on le conjuguera comme elle fait pour les
verbes de celte sorte, c'est-à-dire en mettant un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette,
je dégrève, excepté au futur et au conditionnel où
l'accent aigu est conservé : je dégrèverai, je dégrè-
verais), V. a. Supprimer, réduire les charges. Dé-
grever un immeuble, éteindre les hypothèques qui
le grèvent. || Diminuer, remettre une imposition,
une taxe. Dégrever les objets de consommation.
— KTYM. Dé.... préfixe, et greier.
+ DÉGRILLER (dé-gri-llé, U mouillées, et non
dé-gri-yé), v. a. Otcr les grilles, et, par extension,
faire sortir du couvent. La mort du comte de Verne
dégriUa sa femme, qu'il tenait dans un ccuveut,
ST-SIM. (37 4.
— lîTYM. Dd.... préfixe, et grille.
DÉGRINGOLADE (dé-grin-go-la-d'), s. f. Action
de dégringoler. || Fig. Chute, décadence, ruine. Uare
la dégringolade.
— ÉTYM. Dégringoler.
DÉGRINGOLER (dé grin-go-lé), 0. n. || 1° Descen-
dre précipitaianient avec la rapidité d'une chute, et
surtout avec un sens de moquerie ; on n'emploierait
pas ce mot en parlant par exemple d'un homme (|ui
se tuerait dans la chiite. Dégringoler d'une échelle.
La voiture a dégringolé dans un trou. || î° Fig.
et familièrement. Si deux ou trois personnes ne
soutenaient le bon goût dans Paris, nous dégringo-
lerions dans la barbarie, volt. Cité dan.v cûrblet,
Glossaire picard. Nos ministres dégringolent l'un
après l'autre comme les personnages de la lan-
terne magique, ID. LeH. Mme du Dcffant, 3 déc.
I7B9. Mlle Clairon et MmeduChappe soutiennent la
gloire de la France; mais ce n'est pas a-^sez : nous
dégringolons furieusement, ID. Lett. Duc de Ri-
chelieu, 26 oct. (761. Il 3° V. a. Dégringoler un es-
calier, Dict. de l'Académie.
— nE.M. L'Académie fait, de ce verbe, un verbe
actif, parce qu'on dit : dégringoler un escalier;mais
il y a une ellipse, dégringoler un escalier est pour
dégringoler le long d'un escalier; et dégringoler
n'est pas plus un verlieaclif quene lesonl marcher,
courir dans ces phrases: marcher deux heures, cou-
rir deux lieues. L'Académie écrirait : les marche»
que j'ai dégringolées; la grammaire veut qu'on
écrive : les marches que nous avons dégringolé. Ou
ne peut pas dire dégringoler quelque chose; dégrin-
goler une carafe, etc. Cepemlant, à l'appui de l'A-
cadémie,voy. descendre (descendre un escalier, une
pente).
— ÉTYM. Picard, déringoler, dégrihovler. Origine
inconnue. D'après Richelet, il vient de gringole,
corruption de parjouiite, gouttière; cela n'est pas
impossible.
DÉGRISÉ, ÉE (dé-gri-zé, zée), part, passé. Dé-
grisé le lendemain et revenu à lui.
f DÉGRISEMENT (dé-gri-ze-man), s. m. Action
de dégriser; résultat de cette action.
— ÉTYM. Dégriser.
DÉGRISER (dé-gri-zé), v. a. || 1° Faire passer l'i-
vresse. Le sommeil l'a dégrisé. || 2° Fig. et familiè-
rement, détruire des illusions, des espérances con-
çues trop vite. Cet échec l'a un peu dégrisé. Les
bravos retentissaient; Lambel était enthousiasmé
de ces acclamations; Cromwell, pour dégriser son
ami, lui dit : On nous applaudirait bien davantage,
si nous allions à l'échafaud, mikabeau, Collection,
t. v, p. 466. Eh! eh! notre ami, cela vous contra-
rie et vous dégrise un peu, beaum. Barb. de Sév,
II, -14. Il 3° Se dégriser, v. réft. Cesser d'être gris,
un peu ivre. Laissez-lui le temps de se dégriser.
Il Fig. Perdre des espérances trop vite conçues.
— HIST. xvi" s. Les hommes qui s'estiinoient le
plus de loin se dégrisent souvent les uns des autres
en s'approchaiu, mont, dans le Dict. de dochez.
— EiYM. Dé.... préfixe, et griser.
t DÊGROSSAGE (dé-grô-sa-j") , s. m. Action de
dégrosser.
— ÉTYM. Dégrosser.
f DÉGROSSER (dé-grô-sé), v.a. Faire passer l'or
ou l'argent par la filière, pour le rendre plus menu.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et gros.
1. DÉGROSSI, lE (dé-grô-si, sie), part, passé
de dégrossir. || 1° Dont on a ôté le plus gros. Des
pièces de bois dégrossies, i; 2° Fig. Nous ne considé-
runsle monde que comme informe et à peine dégrossi,
\OLT. Mœurs, Conn. de l'dme. Ma petite drôlerie
[traduction] dont vous me demandez des nouvelles,
estassez dégrossie, p. l. cour. Lett. i, 219.
t 2. DÉGROSSI (dé-grô-si), s. m. Laminoir des
plombiers || Presse pour unir les monnaies. || Action
de dégrossir une glace.
— ÉTYM. Dégrossi t.
DÉGROSSIR (dé-grôsir), v. a. || 1° ôter le plus
gros d'une matière pour qu'elle reçoive la forme
qu'on veut lui donner. Dégrossir un bloc de marbre.
Il Les sculpteurs dégrossissent leurs ouvrages avec
une masse qui est une espèce de gros marteau. Le
peintre a couvert sa toile de figures, avant que le
statuaire ait dégrossi son bloc de marbre, didkrot,
Observ. sur la sculpt. || 2° Fig. Ébaucher, dégrossir
un ouvrage. Tout le faix des marches et des ordnis
de subsistances portait sur Puységur, qui même dé-
grossissait les projets, st-sim. 26, 42. || Débrouil-
I. — 12Q
1026
DEC,
1er. Dégrossir uns affaire. || 3° Terme d'imprimerie.
Dégrossir une épreuve (bcutinn peu usilée pré.sen-
lemenl), en fller les plus grosses Tiules avant de
l'envoyer à l'auteur. || 4" Se ilé^rosoir, ». refl. De-
venir moins grossier. Quand une nation se dégro.s-
sit, elle estd'aliord émerveillée de voir l'aurore ou-
vrir de ses doigls de mse les portes de l'orient, et
semer de topazes et de rubis le chemin de la lu-
mière. Zépliyre caresser Flore.... tolt. Dict. phil.
Ifieux Cfimniuns.
— r.TYM Pé.... préfixe, et gros.
f Df;GROSSI,SSAGE (dé-grô-si-sa-j'), t. m. Terme
de métallurgie. Commencement d'étirage qui, suc-
cédant au cinglage, donne une forme plus régulière
à la loupe. Il Se dit en particulier de la première
opération faite pour réduire en plaques d'une épais-
seur de 0 à 7 millimètres les barres de fer primiti-
vement lie 311 à .12 millimf'tres, destinées à la fabri-
cation de la lôle mince, leroarant. || Terme de
coutellerie. Action de dégrossir, à la lime, la pièce
qui doit fournir un couteau et qui a été préalable-
ment firgée.
— EI'YM. rifqrnssir.
t DfiC.nOSsis.SK.MENT (dé-grô-si-se-man), s. m.
Action do déf-'ro.ssir; étal de ce qui est dégrossi.
— F.TYM. Pégrnssir.
f Df.fiHOSSISSKUR (dé-prô-si-seur), s. m. Cy-
lindre <|ui. dans les laminoirs, réduit la loupe en
grosses barres.
— F.TYM. Ih'grnssir.
t DfifiU (dé-gu), s. m. Nom d'un petit mamn:i-
ftre du Chili.
Df.r.lKMI.LÉ. ÉK (dé ghe-ni-Ué. liée, ïi mouil-
lées, ei iinii dé-ghe-iii-yé), pan. passé. Oui a des
vêtements en giieiiilles. Les rois d'Espa;.'rie n'avaient
jamais eu de gardes que quelques méchants lan-
•-,iers déguenillés qui ne les suivaient pas, st-s;m.
(21), (411. yuelle comparaison de ta vie molle, ram-
pante, t'iïeminée, ei delà vie libre et ferme du cyni-
que déguenillé' ninEnOT , Regrets -mr ma robe de cham-
bre. Il Substantivement Une troupe de déguenillés.
t DÉGUKMLLKK (dé-ghe-ni-llé, M mouillées), t).
a. Déchirer les habits, meitre en guenilles. || Par
extension. Dégueiiiller quelqu'un, le ruiner, lui
faire perdre sa fortune. {| Kig. et populairement. Dé-
gueniller quelqu'un, le mallrailer de paroles.
— HIST. XVI' s. Se desgueiiiller [sortir de la gueu-
serie], oudin, Dict.
— ÊTYM. Dé... préfixe, et gtwnille
DÉGUERPI, lE (ité-ghèr-pi, pie), part, passé
de déguerpir. Abandonné. Cel immeuble déguerpi
par celui qui en avait la possession. || Oui a dé-
guerpi , qui s'en e.st allé. Bon I les voilà déguerpis.
DEGUERPIR (dé-Kl.èr-pir), o. o. || 1° Ternie de pra-
tique. Abandonner la possession d'un immeuble. Dé-
guerpir un héritage. || 2° Faire sortir. Avec un ins-
trument croche Le déguerpirent de la roche, scarr.
Tirg. Irav. vi. || Il n'est plus usité en cet emploi.
Il 3» V. n. Soriir, se retirer d'un lieu malgré soi. Il
fut forcé de dég lerpir. Nous fatiguerons tant notre
provincial, qu'il faudra qu'il déguerpisse, UOL. Pourc.
H, U. Ou'on SG garde surtout de me mettre trop
près De quelque procureur chicaneur et mauvais;
Il ne manquerait pas de me faire querelle; Ce serait
tous les jours procédure nouvelle. Et je serais encor
contraint de déguerpir, hegnaro, Léuat. iv, 8. Ali!
nous «errons un peu S'ils feront déguerpir la nièce et
le neveu, coliin n'HARLEV. Vieux céhb. ii, (l).
— HIST. xii* s. Et quant m'aurez murtelment dé-
guerpi [abandonné], Jà n'i croislra vos los ne vos
honors, roHci, vu. E David, li psalmistes, qui nus
diten.semenl : Ne vilaine déguerpi nul qui vit leal-
ment, Nenului painquerant de sun engeiidrument,
Tti. le mart. 77. ijuant le lei d'Englelerre en virent
si partir, Clerc e lai comencierent l'arcevesque à
laidir, E dientqu'd out tort ipi'il ne se voll tenir En
ço qu'otgraanié, ek um nel puet gernir [défendre] ;
Ne virent unches pais pur si poi déguerpir, t'b. te».
Si coin nos avons dist, la conlreie des deserz ce est
la degerpie assembleie des malignes espirs, Job,
p. 602. Il par mile raison ne welonldewerpirceu [ce]
où li primier payent mettre lor mains, ST bern.
p. '>2(. Il xiii's. Nenouspuetdelessiercequi nous fait
pesance, Ne nous quiert déguerpir cil qui nous fait
prevance; To^t oblie pecliié qui en fait la penance.
Car riens ne grieve tant com maie acousiumance,
j. DR MEiNG, Test. 2046. || XV S. 11 défendit, sui
peine de perdre la vie, que nul ne feust tant liardy
de retourner en galée, ne de déguerpir la place,
«ouci</. II, ch. 20. Il XVI' s. Le preneur ou son héri-
tier qui déguerpit [pour se déchariier d'une rente
foncière], doit payer les arrérages passés, l'année
courante et un terme de plus, loysel, 622.
DÉG
— ÉTYM. M... préfixe, et l'anc. franc, guerpir,
abandonner, de l'allemand wérfen. jeter; suéd.
verpa; goth. vairpan; wallon, diwerpi; provenç.
degnrpir.
DËGUKRPISSEMENT (dé-ghèr-pi-se-man), s. m.
Il 1' Abandonnement de la possession d'un immeu-
ble. Il Acte par lequel l'acquéreur à rente foncière
renonçait à la propriété pour se -lécbarger du paye-
ment de la rente. || 2" Familièrement, action de dé-
guerpir, de se retirer, contraint et forcé.
— HIST. XVI' s. Tout deguerpissement se doit faire
en justice, loysel, 521.
— f.TYM. Défiuerpir.
f DftGUEUPISSEUR (dé-ghèr-pi-seur), s. m. Terme
de pratique. Celui qui fait abandon d'une possession
immobilière.
— ÉTYM. Déguerpir.
t DÉGUEULEMENT ( dé-gheu-le-man ) , s. m.
Il 1° Terme très-bas. Action de vomir. || 2" Terme de
charpente. Pour que les arêtiers et leurs contre-fiches
viennent dans l'arête du poinçon, il faut une barbe
de chaque côté et autant d'une part que de l'autre,
ce qu'on appelle dégueulement, pernot, Dict. du
constructeur.
— ETYM. Dégueuler.
DÉGUKULER (dé-gheu-lé). j] l' Y. a. Rejeter par
la gueule. Le chien a dégueulé sa .soupe. || 2° V. n.
Terme très-bas. Vomir, rendre gorge. || Fig. Pro-
férer des paroles violentes ou grossières.
— HIST. XV* s. Nous avons ouy tous vos plaits;
Maistre Simon, sus, desgueullez, coquillart, Plaid.
de la Simple et de la Rusée.
— F.TYM. Dé.... préfixe, et gueule.
f DI5GUEULIS (dé-gheu-li), s. m. Terme très-bas.
Ce qui a été dégueulé.
— ÉTYM. Dégueider.
DÉGUIGNONNÉ, ÉE (dé-ghi-gno-né, née), part,
passé. Me voilà enfin déguignonné.
DÉGUIGNONNER (dé-ghi-gno-né), v. a. Délivrer
d'un gnignon qui fait que rien ne réussit, que tou-
tes les chances tournent mal. || Se déguignonner, v.
refl. Cesser d'avoir du guignon. Je change de part-
ner pour me déguignonner.
— ÊTYM. Dé.... prélixe, el guignon.
t DÉGUISABLE (dé-ghi-za-bl'), adj. Qui peut être
déguisé.
— ÉTYM. Déguiser; provenç. deguisalle.
DÉGUISÉ, ÊÉ (dé-ghi-zé, zée), part. passé.W 1° Qui
a pris un déguisement. Qui t'aurait reconnu déguisé
de la sorte? rac. Plaid, n, 2. Ne m'aurait-il pas
mieux valu passer une longue et délicieuse vie chez
le roi Lycomède, déguisé en fille, avec les princes-
ses filles de ee roi? fén. Diai. des morts, Achille,
Chiron. \\ 2° Fig. Des sentiments déguisés. La vérité
déguisée par les flatteurs. Et je prends tous ces biens
pour des maux déguisés, CORN, liodog.i, 7. Un abrégé
historique de la vie de plusieurs princes, oii leurs
vices ne sont pas déguisés, dider. Opin. des anc.
phil. (Chinois).
DÉGUISEMENT (dé-ghi-ze-man), s. m. \\ 1° Ce
qui sert à déguiser une personne. Ce noir déguise-
ment cache au moins quelque chose, iiauteroche.
Deuil, se. I. Et la fière Fulvie Se couvre , sans rou-
gir, d'un vil déguisement, volt. Catil. n, I. jj État
d'une personne déguisée. Il passa à la faveur de son
déguisement. Sous ces déguisements j'ai déjà réta-
bli l'resque en toute sa force un amour affaibli, corn.
Toison, II, (. Il 2° Fig. Travestis,senient accidentel de
la vérité, de la réalité. La renommée N'a porté jus-
qu'à nous ces grands renversements Que sous l'ob-
scurité de cent déguisements.... corn. Kodog. 1, t.
Il 3° Artifice pour cacher la vérité. Dis, mais en peu
de mots, et sur que les tourments M'auront bientôt
vengéde tes dégui.sements, coun. Thiod. iv, 6. FidMe
en ses paroles, incapable de déguisement, sûre à
ses amis, uoss. Duchesse dOrl. C'est ambition, c'est
avarice, c'est envie, c'est animosité, c'e^t déguise-
ment et supercherie, bourdal. instruct. frudence
du salut. Exhortation. Je dis ce que je pense, et
sans déguisement; Je suis, sans réfiéchir, mon pre-
mier mouvement, begnahd, Ptïfr. IV, 7. Cent ver-
tus que l'erreur couronne Sont de vains noms que
l'orgueil dunni X ses adroits déguisements, lamotte,
Odes, t. 1, p. 3()3, dans podgens. Les hommes qui
agis.sent sans déguisement, fén. Tél. in Que fais-
tu , lui dit-il, aible et timide amant 'I Pourquoi trou-
bler les airsd; plaintes éternelles? Est-ce d'aujour-
d'hui que le; behes Ont recours an déguisement?
J. B. Bonss. C-ntate 6. Par là, malgré la fraude et
les dégULsemi ils. Vos yeux démêleront ses secrets
.sentiments, v ilt. Zaïre, iv, b. |{ 4° Action de dé-
guiser, par r rt de la cuisine, une viande ou autre
animent. Jami s rien ne fut mieux servi, et, entre
DÊG
autres choses, il y eut douze sortes de viandes et d»
déguisements dont personne n'a jamais ouï parler,
et dont on ne sait pas encore le nom, voit. Lelt. \o.
— HIST. XIII' s. Si pren.... Autre desguiseûre....
la Rose, H244. |j xvi' s. Hz n'usèrent plus de des-
guisement ny ne controuverent plus de desfaittes,
pour la révérence de Caton, amyot, Cat. d'Utiq. 80.
— ÊTYM. Déguiser; provenç. desguisamen.
DÉGUISER (dé-ghi-zé), v. a.' ji 1° Changer la guise,
habiller de manière qu'il soit difficile de recon-
naître. Déguiser des enfants. |1 Changer les traits. Le
rouge les vieillit et les déguise, la bbuy. m. || %' Par
extension. Déguiser sa voix, la changer pour qu'on
ne la reconnaisse pas. || Déguiser son écriture, ne
pas user des mêmes caractères que ceux dont on a
coutume d'user. Il en aurait fait, en déguisant son
écriture, une douzaine de copies, qu'il aurait adres-
sées aux comédiens, aux mousquetaires, aux auteurs
mécontents, makmontel, Mém. liv. vi. {] Déguiserson
nom, se cacher sous un pseudonyme. 1| Déguiser une
viande , déguiser des œufs, les accommoder de ma-
nière qu'on ne reconnaisse pas ce que c'est. Il 3° Fig.
Cacher une chose sous des apparences Irompeu.ses.
Les faux honnêtes gens sont ceux qui déguisent
leurs défauts aux autres et à eux-mêmes; les vrai»
honnêtes gens sont ceux qui les connaissent parfai-
tement et les confessent, la rochef. lléflex. mor. 208.
'1 paraissait avec une gravité stoïiue et avec l'air
d'un homme de bien, pour mieux déguiser sa per-
fidie, d'ablanc. Tac. Annal, liv. i, dans hichf.let.
Il fallait, pour y réussir, savoir déguiser ses pas-
sions, Fi.f.cH. iH. de Slont. 11 déguise ou il exagère
les faits, LA BBUV. XIV. Et, sous un front serein dé-
guisant mes alarmes, Il fallait bien souvent me pri-
ver de mes larmes, rac. Phèd. iv, e. .Ne prétendais-
tu point par tes fausses couleurs Déguiser un amour
qui te retient ailleurs? lu. liaj. v, 4. Quiconque ne
sait pas dévorer un afi'ront Ni de fausses couleurs se
déguiser le front... m. Esth. iv, ). Seigneur, je na
vous puis déguise-- ma surprise, ID Miihr. m, 1.
Seigneur, je ne vou> puis déguiser mon eireur, ID.
Brit. II, 3. Ils ne se servent de la pensée i|ue pour
autoriser leurs injustices, el n'emploient les paroles
que pour déguiser leurs pensées, volt. Dial. xiv.
Il Absolument. Dissimuler. Ce n'est plus avec voua
qu'il faut que je déguise, corn. Iléracl. ii, 3. Que
sens-tu? dis-le-moi; parle sans déguiser, la font.
Fabl. vu, 7. Il 4° Présenter une chose autrement
qu'elle n'est. Je ne puis déguiser que j'ai peine h
vous suivre, coRH.Polyeucte, H, 6. X ne rien dégui-
ser, Seigneur, ceux de sa suite en ont su mal ;ser,
iD. Sertnr. iv, 3. Vous déguisez en vain une chose
trop claire, m. Hor. i, 3. Les ministres qui leur dé-
guisaient la vérité, Boss. Hist. m, 3. Us suppriment
quelques noms pour déguiser l'histoire ou pour dé-
tourner les applications, la bruy. v. J'irai, bien
plus content et de vous et de moi, Détromper son
amour d'une feinte forcée. Que je n'allais tantôt dé-
guiser ma pensée, bac. Baj. m, 4. S'il faut ne te
rien déguiser, Mon innocence enfin commence à me
peser, m. Androm. m, t. Je déguisai partout ma
naissance et mon nom, volt. Œdipe, jv, (. Il Se
déguiser, déguiser à soi-même, cacher à soi-même
quelque chose. Il s'est déguisé ses torts en celte af-
faire. Je fais cette remarque en réponse à ce iju'a
dit Moreau de Mautour, qui, pour soutenir son opi-
nion, se déguise à lui-même les faits, st-foix, Ess
Paris, CEuvres, t. v, p. 239, dans polcens. ||5»Se
déguiser, v. réfl. S'habiller de manière à n'être pas
reconnu. Se déguiser on marquis, en nécromancien.
Le roi d'Israël se déguisa, avant ijuc de donner la
bataille, sacy. Bible, Unis, m, 22, 30. || Prendre
un faux nom. Le cardinal Bellarmin na point fait
paraître plus de soumission ou de déférence que les
autres pour le décret du concile [de Trente, qui in-
terdisait les pseudonymes), lorsqu'il se déguisa sous
le faux nom de Matheiis l'ortus cortre le roi de la
Grande-Bretagne. vluCursdi'ç/uiws, p. 74. Il 6* Fig.
Cacher ce qu'on pense, ce qu'on seul. Ce n'est point
avec toi que mon cœur se déguise, bac Andr. iv,
I. 11 se déguise en vaii, je lis sur son visage Des
fiers Domilius l'humeur triste et sauvage, m. Brit.
1, t. Qui peut se dégti iser pourrait iraiiir sa foi,
volt. Ali. I, B. C'est tr p me déguiser sous l'étlat
qui t'abuse, delav. Pana, 1, 2. ||Se déguiser à soi-
même, se faire illusion lur ses torts, ses faiblesses.
.Nous sommes si accout iniés à nous déguiser aui
autres qu'à la fin nous lous déguisons à iiuu>-mê-
nies, LAROCHEF. Réft. 1 B. On ne peut plus se dé-
guiser à soi-même, m ss. Carême , J. de Pdq.
Il 7° Etre déguisé La v( ité ne peut se déguiser ai-
sément Mais un feu ma éteint ne peut se déguiser.
cotN. Perthar, 11, 3.
DEH
DIÎH
DEH
1027
SYN. DÉGUISER, TRAVESTIR, MASQUER. Dégui-
ser, c'est changer la guise, la façon, la manièro
d'êlre. Travestir, c'est vêtir de travers. Masquer,
c'est couvrir le visage d'un masque. De cette façon
la nuance de ces trois mots est marquée: se dégui-
ser, c'est plus que se masquer, puisque le masipie
ne C'iuvre que le visage, tandis que le déguisement
couvre le corps entier. Se travestir, c'est prendre
un vêtement qui ne vous convient pas, et dans ce
mot il n'entre aucune idée de cacher le corps sous
un déguisement ou le visage sous un masque.
HIST. xii* s. Pur ço cumandad Jéroboam à la
reine, que ele de .«a vesture se deguisast, liais, 291,
E li reis se do.sgui.sad, e od duus cuinpaignuns i
alad, 1/1.109. Lors liad li prophètes son cliief et des-
guisad sei de puidre, ib. 328. i|xiu's. Ainsinc For-
tune se dest:nise, la Hose. 6ir.7. N'onc si desguisée
maison Ne vil, ce croi, onques mes hon, ib. 61 21.
Il s'en feroit boen desguisier. Et vestir robe senz co-
leur, BUTEB. II, 78. Li jugement se desguisent en
moult de manières de le [la] cort laie à cix de la
crestienté, bealm. i.xvii, 27. || xiv s. N'est-ce pas
chose plus honourable Que tu voies devant ta table
Tes chevaliers, tes escuiers Vestis ensamble en or-
deiiance A la bonne guise de France, Que ce qu'il
soient en tel guise Que chascun ainsi se desguise?
MACHAULT, p. 120. || xv S. Grand plenté de mets et
d'enireniets si estranges et si desguisés qu'on ne les
pourroit deviser, froiss. i, i, 34. Prince qui veult
que le bon temps reviengne, Les trois estas en
lionnes meurs repringne, Et que nul seul dos trois
ue se desguise, e. desch. Souffrance du peuple.
Il ïvi* s. Il n'y a aulcune apparence que par haine ,
faveur ou vanité, il ayt desguisé les choses, mont.
n, H2. 11 se desguisa en habit de femme, et dansa
en tel habit, amyot, Flamin. 33. Ils desguisent la
cessation ou surseance de l'exécution de leur mau-
vaise voulunté par le sainct nom de justice ou d'a-
mitié, ifl. Pyrrhus, 23.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et guise; provenç, des-
ffuisar.
f BÉGmSEtJR (dé-ghi-zeur),i. m. Celui qui déguise.
— HIST. XVI' s. Comme à rencontre non d'enne-
mis, mais d'infracteurs, abuseurs, et deguiseurs
de foy, M. DU bellay, ïOI.
— ETYM. Dégniser.
DfiGCSTATEUR (dé-gu-sta-teur) , s. m. Celui qui
déguste les boissons pour en vérifier la qualité, || Ad-
jectivement. Commissaire dégustateur.
— ét'ym. Di'gvster.
DÉGUSTATION (dé-gu-sta-sion), s, f. Action d'ap-
précier par le sens du goût les qualités sapides d'une
substance quelconque. La simple dégustation prouve
que les filets d'eau de cette fontaine sont presque
tous d'une nature différente, le pèke fery. Mémoi-
res sur la fontaine d'Amiens, dans pichelet.
— ETYM, I.iit. (legustaiio,ûe degnstare, liégnstet.
DÉGUSTÉ, ÉE (dé-gu-sté, siée), part, passé. Ces
vins dégustés par un gourmet,
DÉGf'STEIt (dé-gu-slé), v. a. Goûter une liqueur
pour en apprécier la qualité. || Se déguster, v. réfl.
Être dégusté. Le vin se déguste mal avec les fruits.
— ÉTYM. Lat. df9ws(are,dede,elffus(are, goûter,
f DEILVIT (de-è), s. m. Terme de fauconnerie.
Maladie des oise.iux de proie.
— IIIST. XI' s Oient Franceis: dehet ail qui s'en-
fuit, Ch. de Hol. lxxx. |{ xiii' s. Laidor ait ores mal
dehé , Quant si guerroie chasleé [chasteté]. Que
defl'endre et tenser [proléger| deUst, la Rose, 9031.
— f.TYM. Dchait ou dc/i^ signifie malheur, et est
formé de la préposition de et de l'ancien substaniiflmt»,
plaisir; de l'ancien Scandinave heit, promesse, voeu.
t DEllAITÉ, ÉE (de-è-té, tée), adj. Terme de
fauconnerie. Oiseau dehaité, oiseau qui ne vole pas
de bon degré.
— HIST. XIII' s. De noient [pour rien] mes [il] ne
se dehete, Ainz est moult liez et moult joiant, Rcn.
(60B2. Il XV' s. Il fut ainçois en Bretagne revenu que
le roi ni autres sçussent rien de son département ;
mais pensoit chascun qu'il fust dehaité [malade] en
«on hostel, froiss. i, i, (53. Il lui va conter com-
ment sa femme estoit dehaitée et merveilleusement
malade, louis xi, Nouv. xc.
— ÉTYM. Dehait.
t DEUALÉ, ÊE (dé-ha-lé, lée) , part, passé. Bar-
que déhalée.
DÉHALÉ, ÉE (dé-hâ-lé, lée), part, passé. Visage
déhâlé.
t DÉIIALER(dé-ha-lé),B.a. Terme de marine. Ha-
1er en dehors, relever, retirer. |1 Se déhaler,«. réft.
Reculer par une manœuvre contraire au halage. 1| Fig.
et populairement, sortir d'une mauvaise position.
— ÉTYM, Dé.... préfixe, et hakr.
DÉHÂLER (dé-hA-16, r. a. || 1° ôter l'impression
produite par le hàle .sur le teint. || Absolument. Cela
déhâle. || 2» Se déhàler, v. réfl. Se débarrasser du
hâle. Elle garde la chambre pour se déhiler.
— HIST. XVI' s. Espérant que les fiiiiemys estant
travaillez du long chemin iju'ils avoyent faict, et leur
chevaux déballez, lestrouvansencestestat.leur pour-
roit faire recevoir une honte, m. dubell. B4(. Estans
desjà ses soldats déballez pour le travail et faute
de vivres qu'ils avoyent souffert, id. B87. Il demeure
immobile aussi froid qu'un rocher, Descharné, des-
hallé, sans puissance ni force, rons. 89t (dans le
français du xvi' siècle, déliâler signifie non ôter le
hâle, mais accabler, fatiguer par le hàle).
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et hdle. Dans la signifi-
cation du XVI' siècle, dé.... est non pas privatif,
mais augmentatif.
DÉHANCHÉ, ÉE (dé-han-ché, chée), part. passé.
Ij 1° Qui a les hanches rompues ou disloquées. Oii
diantre as-tu pêclié Les figures d'un corps à demi
déhanché? HAUTEROCHE, Bourg, de quotité, iv, 6.
Il Par extension, très-fatigué Il a toujours mar-
ché; 11 m'a fallu le suivre, et j'en suis déhanché,
HAUTEROCHE, Esprit follet, m, 4. || Terme de vété-
rinaire. Cheval déhanché, cheval chez lequel la frac-
ture de l'angle externe de l'ilinm a produit l'abais-
sement ou l'effacement de la saillie d'un des angles
des hanches ou des deux à la fois. || 2° Familière-
ment, peu ferme sur ses hanches.
t DÉHANCHEMENT (dé-han-che-man), s. m. Ac-
tion de se déhancher. Certains déhanchements qui
sont plus d'une courtisane que d'une femme du
monde.
— ÉTYM. Déhancher.
I DÉHANCHER (SE) (dé-han-ché) , v. réfl. Fig. Af-
fecter une démarche molle et abandonnée. Se dé-
hancher, secouer la tête, baiser le bout de son gant
bien tendrement: cela s'appelle faire des mines, ba-
ron. Homme à bonnes fortunes, iv, 7.
— HIST. xvi' S. La raison va toujours et torte et
boiteuse et deshanchée, mont, n, 322.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et hanche.
t DÉUARDER (dé-har-dé) , v. a. Terme de chasse.
Lâcher des chiens qui sont liés (]uatre â quatre, ou
six à six. Il Débarrasser les chiens qui se prennent
dans leurs couples ou dans la barde. || Se déharder,
V. réfl. Des chiens qui se déhardent.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et harde.
DÉHARNACUÉ, ÉE (dé-har-na-ché, chée) , part
passé. Cheval déharnaché.
DÉHARNACUEMENT (dé-har-na-che-man), s. m.
Action de déharnacher,
— ÉTYM, Déharnacher.
DÊHARNACHER (dé-har-na-ché), v. a. || 1° ôter
le harnais à un cheval. Au milieu des mots compo-
sés comme déharnacher, l'h s'y conserve aspirée,
d'oliv. Pros. franc. \\ i" Fig. et familièrement. Se
débamacher.t). réfl. Se débarrasser d'un accoutre-
ment qui gêne.
— HIST. xiii' s. Toutes les nés [nefs, navires] is-
sent du port ; Le tref [mât] ont tost desharneskié Et
sus dusc'à toressacié, /'i. et Bl. v. i:i82.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et harnacher.
DÉHISCENCE (dé-i-ssan-s') , s. f. Terme de bota-
nique. Action par laquelle les parties distinctes
d'un organe clos s'ouvrent sans déchirure, le long
de la suture d'union. || Rupture déterminée et régu-
lière qui, à une certaine époque, s'opôre dans des
organes clos pour laisser sortir ce qu'ils contiennent.
— ÉTYM. Déhiscent.
DÉHISCENT, ENTE (dé-i-ssan, ssan-t') , adj.
Terme de botanique. Se dit des organes clos qui
s'ouvrentd'eux-mêmes. || Terme d'entomologie. Êly-
tres déhiscents, élytres qui s'écartent un peu l'un
de l'autre à l'extrémité.
— ÉTYM. Lat. dehiscere, s'entrouvrir, de de, et
hiscere, fréquentatif de hiare (voy. hiatus).
DÉHONTÉ, ÊE (dé-hon-té, tée), adj. Qui est sans
honte, sanspudeur. Une femme déboutée. Voyez cet
homme débouté Qui va portant dans tout son voi-
sinage Et son impudent verbiage Et son caractère
effronté, delille, Convers. 11. || Substantivement.
Quelle déhontéel Ces déboutés.
— HIST. XIII' s. Mahomès les maudie et lor cres-
tienté; Car, s'il le pueent faire, tout somes des-
honlé, Ch.d'Ant. v, 27. || m' s. Aussi, depuis qu'un
homme est deshonté, à grande peine se peut-il
amender, parce que la honte retire autant de gens
du péché que la conscience, marg. JVouu. xh. Ces
encheriments deshontez, que la chaleur première
nous suggère en ce jeu, mont, i, 226, 11 estoit si
deshonté qu'il ne luy chaloit d'estre vitupéré , amyot .
Ak. 20,
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et honte. Th. Corneille a
dit déhonter pour déshonorer : Comment! dans un
château dont l'antiquité brille. Venir de guet-apens
déhonter une fille! l'alsgrave, p. 19, remarque que
\'h est aspirée.
DEHORS (ile-hor, et non pas dé-hors comme ou
dit souvent à Paris; l's ne .se lie pas : de-hur et de-
dans: cependant quelques-uns la lient : de hor z et
dedans) ode. de lieu. || 1° Hors d'un lieu. Je serai
dehors toute la journée. Meilre un domestique de-
hors. Mes gens vous aideront, et je les ai pris forts.
Pour vous faire servir h tout mettre deliors, mol.
Tari. V, h. L'honneur est comme une Ile escarpée
et sans bonis: On n'y peut plus lerrrer dè^ qu'on en
est dehors, boil. Sai. x. || Meitre nue personne de-
hors, la renvoyer d'un emploi , d'un service. Et
n'as-tu pas le plaisir de te venger d'un homme
qui t'a rais dehors, sans sujet? bbueys. Grondeur,
III, ). Il Terme de commerce. Mettre un billet
dehors, le mettre en circulation, en le passant
à l'ordre de quelqu'un. || Fig. et fauiilièrement.
Xe pas savoir si l'on esl dehors ou dedans, ne pas
savoir où l'on en est. || il n'est ni dehors ni de-
dans, se dit d'un homme qui a une affaire dont
l'i-sue est encore incertaine, et aussi d'un homme
dont on ne sait quelle est l'opinion. {{ Cet homme
est de dehors, il est étranger, il n'est pas natif du
lieu. Il Terme de marine. Ce bâtiment va mettre de-
hors, il va gagner le large. Toutes voiles dehors,
toutes voiles déployées. Jeter un objet dehors, le
jeter par-dessus le bord. De dehors en dehors, se
dit des dimensions d'un bâtiment quand elles sont
prises de l'extérieur de la muraille, par opposition
à de dedans eu dedans qui se dit des dimensions
prises à l'intérieur de la muraille. || 2° Dehors, s.
m. La partie extérieure d'une chose. Je vais dis-
poser ma cohorte X garder cependant le dehors de
la porte, corn. Théod. v, 2. || Absolument. Le dehors,
l'extérieur. Il est temps de faire voir que tout ce qui
est mortel, quoi qu'on ajoute par le dehors pour le
faire paraître grand, est, par son fond, incapable d'é-
lévation, boss. Duch. d'Orl. \\ L'extérieur, ^n parlant
d'une famille. 11 ne s'agit point, dans ma tragédie,
des affaires du dehors; Néron est dans son particu-
lier et dans sa famille, rac. Brit. )" préface. \\ Les
pays étrangers. Ce qui était à craindre alors, c'était
no.i le dedans, mais le dehors. || 3° Terme de ma-
nège. La jambe du dehors, la rêne du dehors, la
jambe, la rêne qui sont du côté du mur, par oppo-
sition à la jambe, à la rêne qui sont du côté de l'in-
térieur du manège. || 4° Les dehors d'une maison,
ce qui est en dehors, les communs, les jardins, etc.
C'est une fort belle maison, un peu trop grande
pour le train que j'y destine; elle a de fort beaux
dehors, maintenon, Lett. à Urne de Coulaiiyes,i
fév. IC75. Il ferme militaire. Les dehors d'une place
ou, simplement, les deliors, les fort.ficatioiis exté-
rieures et avancées. Il faut d'abord s emparer de»
dehors. Tous ces dehors, ajoutés au fort, mettront
un commandant actif et expérimentéen étal de sou-
tenir, avec deux mille hommes, un siège de deux
mois, RAYNAL, llist. phil. xiii, p. 32. || 5° Le dehors,
l'apparence extérieure delà personne, opposé au de-
dans ou intérieur de l'âme. Et quoique le dehors
soit sans émotion, Lo dedans n'est iiue trouble et
que sédition, cobn. Pnly. 11, 3. La tonsure et l'ha-
bit sont bien quelque dehors, Mais ne pié-ume pas
que les gênes du corps Fassent l'ame religeusp, id.
Imit.i. )7. C'était moins en lui une parure acquise et
étrangère, que les Ueliors n ituiels d'une âme ten-
dre, généreuse et compatissante, mairan. Eloges,
Card. de Fleury. Souvent ces dehors froids cachent
des cœurs .sensibes, collin d'harlev. Optimiste,
II, 10. Il Fig. Apparence. Ces austères dehors qui pa-
rent une vie. Ces supplices du corps où l'âme est
endurcie, corn. Imit. i, <l. Les juges, dit le père,
qui ne pénètrent pas dans les consciences, ne ju-
gent que par le dehors de l'action, pasc, Prov. 7, X
quoi bon, disent-ils, cette mine modeste Et ce sage
dehors que dément tout le reste? mol. Mis. m, 6,
C'est une vengeance que vous déguisez sous un faux
dehors de justice, boubd. Jui/em. dernier, \" Àrent.
Je soupçonnequ'aveclousces beaux dehors la pauvre
femme n'est pas heureuse, sÉv. 470. Et sousl'humble
dehors d'un respect affecté 11 cache le venin de sa
malignité, boil. Sol. vu. Soit qu'un dehors heureux
Me cachât de son cœur les replis dangereux, volt.
Fanal, m, t. \\ Dans ce sens il s'emploie fréquem-
ment au pluriel. 11 veut que ses dehors [de la vertuj
gardent un même cours, corn. Dor. v, 2. De cet
aveuglement les soins mystérieux Empruntaient lea
dehors d'un tyran furieux, id. Perthar. w,l>. La po-
litesse assortit et conforme les dehors aux condi-
10J8
DEH
lioni u»«uT. m. Dm d'hor» contenu, palsibleset
•njouék, nom Irompcnl el naut y (<lan» ruué.ieur
11» f»niiUe»J foni «iipposer une pan qui n y f»l
Mot 10. V. Oui «ffcci" de» M»"^^ l'^'"^^' •'' ''^hl?"-
rtt ■'*■■ Car. Jeune, tir de» dehompUn doiii vou»
d«m raliendrir, voLT. il/l.iv, t. De Boissy est auUur
d'une cmédie Inlilulée fllomme du jour ou le>
dthort irompevn. || (ianler le» delior», sauver les
apparence» «lérieur.!., présenter une apparence
côn»enable. U fl.lélii* de voire éiat con'^l^le à gar-
der le» dehor», bom. UtI. Corn, la». On gardera
un certain debor», ID. Char. frai. Ils n'y vont (juc
— r cl humain, que pour gar-
.. Oim.nct. du Sl-Sacre-
^,„, j , r. : pas de dehors, avoir un
eilèrieur qui promet peu. Celui-ci a un lion fonds
et n'a point de dclior», l* BBur. tx. || 6- Au dehors,
lœ. adc. X l'cilérieur; il s'oppose à au dedans. Il
donna au pay» de la gloire au dehor». Si bien, que
l'ime éunt séparée de Dieu, que son fond réclame
lani ceaie, tourmentée par son indigence, le cha-
grin |a dérore, l'ennui la tue; Il faut qu'elle cher-
eh« de» amusements au dehora. boss. la Valliére.
U m«i»on du seigneur, seule un peu plu» ornée.
Se présente au dehor» de murs environnée, boil.
Jfptt. VI. Mes fureurs au dehors ont osé se répan-
dre. HAC. Phid. m, ». Tout le monde savait que la
colonie, «ans défense au dedans et au dehors, était
hors d'état de faire la moindre rùsistance, haynal,
//m. yhl. X, t«. Il Kig. Au dehors, dans l'appa-
rence e«téneure. Nous la falsifions au dehors par
de» hypocrisies alTeclées, boubd. Sermon, W diin.
aprèt la l'tntee. Vomin. Au dehors cependant ils
TivaienI en ami», et se donnaient de» ropas l'un à
l'autre, bouJ!», Ilist. ont. (tCurret, t, vu, p. ï7»,
dans P0L0KK5. jl Au dehors de, loc. prép. Les avan-
tige» qui «ont au dehors de nom. || 1' De dehors,
loc. ode. De l'extérieiir. Il vient de dehors. || 8° Kn
dehora, Inc. adv. La porte s'ouvre en dehors. Mar-
cher le» pieds en dehors, marcher les talons rap-
^ roche» el le» pointes éloignées l'une de l'autre.
Fig. Être en dehors, tout en dehors, être trùs-
franc, trJ» ouvert. Le comte Haimond mettait en
dehors toute son âme, ktaïi,, Corinne, xii, t.
Il Terme de danse. On dit qu'un danseur est eo de-
hor», quai.d ses hanches «ont ouveries et ses pieds
tournés en dehors. || Terme de manne. On dit qu un
nivire est en dehors, quand il est plus en pleine
mer qu'un cap avoisinant. || En dehors de, foc«l.
prép. Il s'oppose & en dedans. Il demeure en dehors
• de la ville. Il a des intelligences en dedans et en
dehors de la ville. || Kig. Cel.i est en dehors des con-
ventions. Il t* l'ar dehors, loc. adt. Par l'extérieur,
raire le tour par dehors. || l'ar dehors, loc. prép.
Il passa par dehors la ville.
— HIST. XI* s. Defors son cors [il] veit [voit]
gésir la biiele , Ch. de Roi. clxiv. || xu* s. De
fors la cité, llone. p. 3ui.|{xiil* s. Eiiisi fu li as-
saus devises que les trois batailles des sept dé-
voient l'est garder par defors, et les autres quatre
dévoient alcr i l'assaut, vii.lf.ii. lxxvi. |Les miroirs]
font les nei» [mémo deh.irs puroir Tout vis, soit
par aigiio [eau{, ou par air, laltose, tmM. Quant
J'ol unit poi avant «lé. Si vi ung vergier grant et lé.
Tôt cinsd'ung haut mur bataillé, l'orlralt defors et
entaillé A mainte» riches e.scrilures, ib. Un. Kt le
plu» lait dehors [ils] demonsirent A tresious cens
3ui 1 -■ • • -iii, ih. »i»i. Il nou.s donnèrent œfs
iir lire jours ou do cinq; el pour hon-
neur ' I les avoit fait peindre par dehors de
diverse» couleurs, jiiii«v. 241). Kt se II bourgois de
Pari» amené le vin de dehors, et le vent à l;ari», il
n« doit point de chanielage, Liv. det met. 30S.
Il XIV" s. Au dehors de Nmiaye, sus une verte plain-
gn«, Baud. de Srb. vu, (so. || xv* s. Kt touies s>>s
gens passèrent en dehors, rnoiss. t, i, ai. Et ne
laissa rien k la femme du dict Craon qui estoit de-
dans, sinon de tri.'S pauvres hahiUemen», et la meil
dehor» pour s'en aller où bon luy «emhleroit, juvBn.
Eis usa. Charlet II, i J*3. || xvi's. La lumière »çm-
bloyt dedans nai»tre, non dehors venir, s<b. Panl.
T. 41. Commande doncq aux gentille» Naïade» S<ir-
tir delor» leurs l>caux pala'» humide», DunrLi..
II, », ririo. Il n'y avoit ny enflure ny altération
par le dehors, »io:<t. i, IOo. Conceptions informe»
qu'il» n« peuvent produire au dehors, ID. i, 188.
ta raison contreroolle tout ce qui est au dehors et
au dedans de la voulle céleste, id. ii, 587. il luy
Bonalra pr«micr le dedans, et puis après le dehors
dt U main, et le menaça que U villa seroit ainsi
rtnnrat* «an» daaMis dessoobs, amïot, Timol. ta.
itoenics aambioit de pnma face h. mnie ignorant et
ftctéM à Mulx qui n'en cognoiasoicot que le do-
DÉI
hors, ID. Colon, **. LA les assiegeans se retranchè-
rent, les autres s'en relournans firent deux dehors:
le capitaine Jauri hds<|ue se relrenclia à un moulin
i vent, k quelque MO pas de la contr'escarpe; quel-
qu'S auire» fiient une ndottcau devant de la porte
pour aider à ceux du moulin, d'aub. Hist. il, 29«.
Kncore» qu'ils eu.ssent à faire à sto gentils-hommes,
qui travailloient par barricades è mettre la citadelle
dehors.... id. i6. m, »2. Bouvilarsaiant deffendu ses
faux-liourgs et ses dehors quelque temps, la ville
fut forcée d'un coup de pétard, m. ifc. m, 303. Ce
prince inhumain garda tous les beaux dehors dont
il put s'aviser, Ul!m. sur du Guescl. ch. >i.
— ETYM. De. et hors ou fors; Berry, dior*; bour-
guig. drfeu, defmr ; provenç. dc/'or.ï ;catal. de fora;
espagn. drfuera. Palsgrave, p. I», observe que Vh
y est aspirée.
t DÉIIOIITATOIRE (dé-or-tatol-r'), adj. Terme
de diplomatique. Lettre déhortaloire, lettre qui ex-
horte à ne p.is faire une chose.
— ÊTYM. Lai. dehortalorius, de dehortari, dé-
tourner par exhortation.
t Df.UOUILLEMENT (dé-hou-Ue-man, U mouil-
lées), s. m. Enlèvement de la houille dans les tra-
vaux souterrains.
— f.TYM. /)(<.... préfixe, et houille.
t. DÉICIDE (dé i-si-d'), I. m. || 1° Meurtrier de
Dieu; il se dit des Juifs par rapport à Jésus-Christ.
Nous consentons à êire traités, nous et toute notre
postérité, comme des déicides, biiurd. Exhnrt. sur
le jug. du peuple contre J.-C. || Par extension. Pro-
fanateur de l'Eucharistie. || 2" Adj. La loi du Togt-
Puissant fleurit dans nos cités.... Elle vit même dans
nos Ames, Dont l'orgueil déicide étouffait ses clar-
tés, GILBKRT, le Jubilé. Serions-nous donc pareils
au peu|ile déicide, Qui. dans l'aveuglement de son
orgueil stupiJe, Du sang de son Sauveur teignit Jé-
rusalem ? lamart. Ilarm.i, 6.
— £tym. Lat. deicida, formé lui-même deDeus,
Dieu, et crdere, tuer.
2. DÉICIDE (dé-i-sid'), s. m. Meurtre de Dieu;
se dit de la condamnation de Jésus-Christ par les
Juifs. Sans craindre qu'ils s'en prévalussent ni qu'ils
en tirassent avantage pour étouffer les remords du
déicide qu'ils avaient commis. || Par extension. C'est
une espèce d'homicide et comme un déicide en leurs
personnes, PASC. dans cousm. || Profanation de l'Eu-
charistie.
— ÊTYM. latin hypothétique dncidium, répon-
dant k deicida, comme homtet'dtum à homicida
(voy. DÉICIDE i).
f DÉICOLE (dé-i-ko-1'), *. m. Celui qui rend un
culte à Dieu. Les théistes "OU déicoles.
— HIST. XV* s. Pour ce, entre nous deicoles, Aou-
rons [adorons] celui qui tout fi.st, C'est nostre Sau-
veur Jhesu-crist, Myst. Martyre St Denis.
— ETYM. Lat. dcicofa, de/>eiM, Dieu (voy. dieu),
etcoicre, honorer (voy. culte).
DÉIFICATION (dé-i-fi-kasion; en poésie, de six
syllabes), ». f. Action par laquelle on déifie quel-
qu'un, on attribue la divinité à quelque chose. || Kig.
Le roi était idolâtre de son autorité, à la déification
de laquelle il avait employé tout son régne, st-siu.
334, 124.
— tllST. xvi* s. Voyex un peu ce batelage des déi-
fications anciennes, hont. dans le Dict. deoocHEZ.
— ETYM. Déifier.
DÉIFIÉ, ÉE (dé-i-fi-é, ée), part, passé. César
déifié api es sa mort. || Fig. Glorifié, mis en hon-
neur. On voit partout la riche.s.se déifiée. Les dieux
de métal ou de pLIire Font moins de honte à l'ido-
litre Que les crimes déifiés, lamottb, Odes, t. l,
p. III, dans pouoENS.
DÉIFIER (dé-i-fi-é), je déifiais, nous déifiions,
vous déifiiez; que je déifie, que nous déifiions, que
vous déifiiez r. a. || 1* Placer au nombre des
dieux. Oui 1',. mis dans le ciel, qui l'a déifié ?rotr.
St r,en.v,t. Les sectateurs enfin de ce crucifié Vous
diront si sans cause ils l'ont déifié, id. ib. Les peu-
ples de l'antiquité déifiaient leurs défenseurs, volt.
Hirurs, 4«. || Donner un caractère sacré. Il voulut
que tout ce qui servait à la guerre, les épées, les
haches, les piques, fût déifié, raynal, Hist. phil.
V, I. Il Kig. Vous rampiez tous, ô rois qu'on déifiel
BÉRANo. Dieu det b. gens aux fcords de ton
lac enchanté, Loin des sots préjugés que l'erreur
déifie, LAMART. M^d. i, I2. || 2* Hendre aussi heu-
reux qu'un dieu. Jamais œillade de la dame. Propos
flatteur et gracieux, Mot d'amitié, ni doux sou-
rire. Déifiant le pauvre sire. N'avaient fait soup-
çonner qu'il fût vraiment chi'ri, la font. Fabl. ix.
lt>. Il S' Se déifier, u. réft. Se faire dieu. X force de
forfaiutu t'es déifié, volt. Fanal, v, ♦
DËJ
— HIST. xin* s. 0 saincte ame déifiée, Qui, hors
ta char crucefiée, Tantost en enfer descendis, J.
DE MEL'NO, Tr. 745. || XVI* S. Plalon adjouste que ce
sont [les œuvres de l'esprit] des enfants immortels
qui immortalisent leurs pères, voire et les déifient,
MONT. II, 89.
— ÉTVM. Provenç. et espagn. deificar; ital. àei-
ficare; du latin deificare, de Deus, Dieu, el le suf-
fixe ficare (voy. fier, suffixe).
t DSIFIQUE (dé-i-fi-k'), ad;. Terme de théologie.
Oui procure l'intervention divine. C'est là que se
fait cette union déifique entre l'époux et l'épouse,
BOSS. Union.
— ETYM. Lat. Deus, Dieu, et le suffixe fieiu, qui
fait, dérivé de /'actre, faire.
DÉISME (déi-sm'), s. m. Système religieux de
ceux qui, croyant en Dieu, rejettent toute révéla-
tion. Le culte des théophilanthropes était un déisme.
L'Écriture directement combattue, la voie ouverte
au déisme, c'est-à-dire à un athéisme déguisé, boss.
Var. v,S 31.
— ETVM. Lat. Deus, Dieu, el ^e suffixe isme.
DÉISTE (dé-i-sf), ». Celui, celle qui, recon-
naissant un Dieu, rejette toute religion révélée. Ce
ne fut plus partout que fous anabaptistes, Qu'or-
guoilleux puritains, exécrables déistes, boil. Sa(.
xii [MiddIetonJ C'était un athée de profession et
d'efl'et, s'il peut y en avoir, au moins un franc
déiste, ST-siM. 193, 74. Le déiste seul peut faire tête
à l'athée, le superstitieux n'est pas de sa force, Dide-
rot, l'ensées phil. n° i3.
— ÉlYM. Lat. Deus, Dieu, et le suffixe iste.
DÉITÉ (dé-ité), s. f. || 1° L'essence divine. Peu
usité en ce sens. {| 2° Dieu ou déesse. Les Grecs et
les Romains ont fait régner de fausses déités, pasc.
Juifs, 20 Déités immortelles! Mon fils serait
vengé! n'est-ce point une erreur'? voLr. Scythes,
IV, 8. 1' 8* Dieu ou déesse de la fable. Vous avez fait
la femme en voulant vous venger; Faites la déité
[montrez-vous déesse], le sauvant du danger, tris-
TAH, Panthée, ni, t. Elle jura par Pluton Que
toute l'engeance humaine Serait bientôt du domaine
Des déités de làbas, la font. Fabl. viii, 20. Pour
voir ces déités nouvelles. Le soleil tient encor ses
coursiers arrêtés, J. B. Rouss. les Bains de Tomeri.
Il Fig. Faut-il ainsi poursuivre.... Et l'argent el l'a-
mour, aveugles déités? A. cnÉNiER, 17).
— HIST. Xii* s. En l'endemain que furent inno-
cent decolé, Que Herodes ocist par sa grant cruelle,
Quant es enfanz quida murdrir la deité.... Th. le
mart. 137 Erode, qui dune fist déceler Les en-
fanz de dous anz; car Deu quida tuer; Mais es en-
fanz ne sont la deité trover, ib. 65. j| xiii* s. N'en
sot pas Plalon jusques là. Ne vit pas la trine unité
En ceste simple trinité. Ne la deité soveraine Afu-
blée de pel humaine, Ja ifosc, I9S43. Roi des rois,
Diex des diex, qui de ta deité Descendis en la Vierge
pour prendre humanité. Si vrai com lu es Diex et
rois de vérité, Daipne oîr ma prière plaine d'umi-
lué, J. DE MEUNG, Test. 2077. En croiz mourut l'u-
manitez; Mais au tiers jour la deitez L'umanité re-
suscita, Tliéophite. || xv* s. Si sont moult belles
parolfs venues d'un payen, qui ne savoit rien de la
loy de Dieu, el toutefois par raison naturelle il con-
fessoit une deité, Bnuciq. iv, ch. s. || xvi* s. Qu'est-
ce qu'amour? est-ce une deité Régnante en nous?
ST-GEL. Descript. d'amour, p. 2.
— ETYM. Provenç. deital; espagn. deidad; ital.
dd'Id.-du latin dcilafrm, de Deus, Dieu.
DÉJÀ (déjà) , adr. de temps. || 1° Dûs l'heure pré-
sente, dès ce moment. 11 est déjà arrivé. Je vois
déjà tes maux, j'entends déjà tes plaintes, corn.
Rodog. m, 3. Semblable dans ses sauts hardis et
dans sa légère démarche à ces animaux bondissants,
il [Alexandre] ne s'ava ce que par vives el impé-
tueuses saillies et n'est arrêté ni par montagnes ni
par précipices; déjà le roi de l'erse est entre ses
mains.... BOss. Aoûts de Bourb. Et du temple dij'i
l'aube blanchit le faite, rac. Athal. i, i. Dijà de
leur abord la nouvelle est semée ; Et déjà de sol-
dats une foule charmée.... id. Iphig. i,4. Déjà dans
les vaisseaux la voile se déploie. Déjà sur sa parole
lisse tournent vers Troie, m. i'6. m, 3. || 2° Dès
lors, dès ce temps, par rapport soit au passé, soit à
l'avenir. La place était déjà prise quand il arriva.
Cet homme .se fatigue, à quarante ans il sera déjà
vieux Déjà la renommée Par d'étonnants récits
m'en avait informée, bac. Iph. ii, 2. |{ En ce sens
il peut se construire avec le futur. Enfin l'ennemi
décampe ; c'est là ce que le prince attendait ; il part
à ce premier mouvement: déjà l'armée hollandaise
avec ses superbes étendards ne lui échappera patj
tout nage dans le sane, tout est en proie, iinst.
DE3
DEJ
DÉJ
1029
Louis de Bourb. \\ S' Auparavant. Il est déjà venu.
Je vous ai déjà dit que je la répudie, hac. Britann.
u, 1
— REM. Déjà, dans les temps simples, se place
après le verbe : il revient déjà, dans les temps com-
posés, il se met entre l'auxiliaire et le participe : il
est déjà revenu ; quelquefois on le place à la tête de
la phrase, surtout dans le style historique : déjà l'en-
nemi avait pris la fuite. Déjà frémissait dans son
camp l'ennemi confus et déconcerté; déjà prenait
l'essor, pour se sauver dans ses montagnes, cet ai-
gle dont le vol hardi avait d'abord effrayé nos pro-
vinces, FLÉCH. Turenne.
— HIST. xiii' i. Famé sui, si ne me taire, Ains
' Toil dèsjà tout révéler; Car famé ne puet riens ce-
ler, la Rose, t94l9. \\ xv's. Et y arriva environ
sept heures du matin, et des jà y avoit cinq ou six
enseignes du roi qui estoient arrivées, comm. i, 3.
Il xvi's.Compaing, si je montasse aussy bien comme
j'avalle, je feusse desjà on dessus la sphère de la
lune, BAB. Pant. n, U Son péché pnlle il voit cou-
rir devant Les pieds ailez de la peine . suy vaut Qui ja-
dé-jà les deux talons luy presse, cubell. m, 22,
reclo. Ma vie désespérée, Â la mort délibérée ,Ia-desjà
se sent courir, m. ib. m, 83, recto. Mais si vous
n'estes à la court, et que le dict prothonotaire ait
desjà lenu les dicts propos, il ne sera jà besoing que
vous luy en parliez, marg. Lett. (Bi.
— ÉTYM. Dès el jà ; bourguig. degy.
tDÉJAUGE.MENT (dé-jô-je-man),' s. m. Terme
de marine. Diminution dans le tirant d'eau.
— ÉTYM. Déjauger.
t DÉJAUGER (dé-j6-jé. Le g prend un e devant a
et o: déjaugeant, déjaugeons), v. n. Terme de ma-
rine. S'élever au-dessus de la ligne de flottaison,
après avoir touché sur un fond.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et jauger.
DÉJECTION (dé-jè-ksion), s. f. \\ 1° Terme de
médecine. Évacuation des matières stercorales. 1] Au
plur. Matières évacuées. Des déjections bilieuses.
Il 2° Au plur. Terme de géologie. Matières qui sont
lancées par les volcans. Les déjections de l'Etna, du
Vésuve. Il 3" Terme d'astrologie. Déjection des pla-
nètes, situation où elles ont le moins de force el
d'influence. 1| 4° Abattement moral. Ce sens est au-
jourd'hui tout à fait inusité.
— HIST. XVI' s. L'une et l'autre affection engen-
dre déjection [ahbattement] et humilité, calv. In-
stit. 272. La vraye humilité est une déjection de
nostre cœur sans feintise, procédante d'un droit sen-
timent de nostre misère et poureté , dont nostre
cœur soit ainsi abbatlu, m. ib. 697. Si es. déjections
il y a indice de colliquation, paré, xx, 23.
— ÉTYM. Lat. dejectionem , de de, el jacere, jeter
(voy jeter).
pÉJETÉ, ÉE (dé-je-té, tée), part, passé. Dubois
déjeté. Sur la côte orientale [du lac Supérieur] on
ne voit que des forêts d'érables rachitiques et déje-
tés, ciiATEAtiB. Koy, Am. 366.
DÉJETER (SE) (ilè-je-té. Le ( se double quand la
syllabe qui suit est muette: se déjetle; se déjetle-
ra), V. réfl. Se courber, se gauchir, en parlant du
bois. Il S'écarter de sa direction naturelle, en parlant
d'une partie du corps. La taille de cet enfant se dé-
jetle. Il Se déjeter, en parlant des arbres qui vien-
nent mal.
— HIST. XI* s. Oui ce vous loe [conseille] que cest
plait [proposition] degetuns [repoussions], Cft. de floi.
XV. Il XII' s. Li fiz Israël à liant dégelèrent leur fais
deus, e de quer [cœur] servirent lur crealur. Rois,
24. Mahonschaide passion [épilepsie] Devant la con-
grégation; Moult orililement se dejele; Li oel 11 tor-
blent en la leste ; De sa bouche ist escume fors, Jio-
man de Mahomet, v. 790. || xv s. Qui plus se fiche
au vent de fortune, plus est dejetlé, Bouctq. iv,
ch. 3. Tout bon conseil ilz ont dejecté, comm. v,
* (ou 9). Il XVI' s. L'histoire nous représente leurs de-
portemens, quand ils sont parvenus aux plus hauts,
ou bien qu'ils ont esté dejeltés aux plus bas degrez
delà fortune, amyot, Préf. iv, 39. H servit Dio-
nysius après qu'il eut esté chassé et dejetlé de Syra-
cuse, iD. Timol. et P. Mm. comp. 2. Il substitua à
son fils pour héritiers du royaume, premièrement
Marie qu'il avoit dejettée comme fille de Catherine
répudiée, et après Elizabeth fille d'Anne de Boulen,
e'aub. Hist. I, (7. Christierne honteusement dejetlé,
son oncle Frideric fut establi roy de Dannemarc,
ih. ib. I, 44. Parlant les dits vesicatoires ne doivent
eître dejeltés, paré, xxi, 20.
— ÉTYM. Provenç. desgitar, desgietar, degitar,
dejetar; du latin dejectare, de de, el jactare t-oy.
lETEll).
t BÉJETTEMENT (dé-jè-te-man), s. m. Action le
ce qui se déjette; état de ce qui est d^jeté. Le dé-
jettement des portes.
— ÉTYM. Dcjeter.
t DÉ.IEUNÉ (dé-jeu-né), s. m. 'Voy. déjeuner 2.
I. DÉJECNER (dé-jeu-né; l'Académie écrit jeû-
ner avec un circonflexe, et déjeuner sans accent),
V. n. Faire le repas du malin. Nous causerons de
cela en déjeunant. Déjeuner de café, de chocolat,
d'un morceau de pâté. Déjeuner avec des amis. Çà,
déjeunons, dit-il : vos poulets sont-ils tendres? la
FONT. Fabl. IV, 4. Du reste, déjeunons, messieurs,
et buvons frais, boil. Lutr. iv. Lorsque je lis que
Périclès sacrifiait tous les matins aux Grâces, ce
que j'enlends par là .c'est que tous les jours Périclès
déjeunaitavecAspasie, mabmontel, Wm. liv.vn. || U
se conjugue avec l'auxiliaire orotr.
— REM. Déjeuner de, souper de, dîner de, se di-
sent du mets qu'on a mangé: j'ai déjeuné d'une cô-
telette. Déjeuner avec, souper avec, dtner avec, se
disent des personnes avec qui l'on a mangé : j'ai dé-
jeuné avec quelques amis. Cela est fondé en raison,
mais souvent négligé dans la pratique, et on dit
couramment : déjeuner avec une lasse de café au
lait. Nous avions comme il faut séparé nos relais Et
déjeunions en hâte avec quelques œufs frais, mol.
Fdch. Il, 7.
— HIST. xiii' s. Et quant li très [pavillon] l'empe-
reour fu tendus, si se fist maintenant desarmer, et
puis s'est un petit desjeûné de pain biscuit et de
vin, H. DE VALENO. IV. Li vallet foulon se doivent
desjeûner en charnage ciez [chez] leur mestre à
l'eu re de prime, Liv. des met. I34.... Se vos m'en
volez doner. Sire, à cel vilain en donez, Tant qu'il
en soit desjeûnez; Qar il est si mal atornez Que à
paine se puet ester, Ben. 6)94. De fain esloie sor-
menez. Et bien me suis desjeûnez De vos harenz à
bone estraine, ib. 4006. Baleiz ces chozes en un
mortier de cuyvre, à un peteil [pilon] de fer, des-
geuneiz-vos dou jus par trois matins: gariz sereiz
de la maladie des vers, ruteb. 2î>7. || xiV s. Quant
les autres compagnons sont venus de leurs questes,
ils se doivent desjeuner et donner un peu à menger
à leurs chiens, Modus, f" XLii, \erso. Jà vivres ont
no genl à plenté et assez : En haste ont repeû ; là se
sont desjunez, Guescl. i!0720. || xv's. Et encore erf
y avoient en la ville beaucoup qui se dejeunoient
par les tavernes el buvoient la garnache el la mal-
voisie chez Lombards, et rien n'en payoienl, froiss.
II, II, H6 Et illec assez près Nous menèrent en
lieu bel, cler et frès Pour desjuner, christ, de h-
SAN, Dit de Poissy. || xvi' s. Hz se desjeunoyent de
baisler [bâiller], rab. Pant. v, 27. La plus querel-
leuse reformation théologienne de quoy le monde
se soit desjeuné il y a long temps, mont, iv, i28.
S Nimes le roi fut desjeuné de plaintes contre le
mareschal d'Anville, d'aub. Ilist. i, 204 Oïl il se
pensoit reposer, quand on le desjeuna de la prise
de Marans, ID. ib. m, <09. Ils se desjeunerent
[firent leur profit] de ce butin, en se retirant à Thoul,
CARL. VII, s.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et jeûner, proprement
cesser de jeilner, se mettre à manger; génev. déju-
ner. En provençal dejunar, en italien digiunare si-
gnifient jeûner. La forme ancienne est se desjeimer.,
s'ôler du jeûne.
t. DÉJEUNER ou DÉJEUNÉ (dé-jeu-né), s. m.
Il 1° Le repas du matin Qu'un ample déjeuné
Longtemps nous tienne à table et s'unisse au dîné,
BOIL. Lulr. IV. Il Déjeuner à la fourchette, déjeu-
ner oii l'on mange de la viande et où l'on boit
du fin. Il Société du déjeuner, société de geni de
lettres qui s'était formée sous le premier empire.
Il Fig. Il n'y en a pas pour un déjeuner, se dit de
toute chose qui ne durera pas, ne résistera pas, ne
tiendra pas. || U n'en a pas pour un déjeuner, se
dit d'un prodigue disposé à manger rapidement son
avoir. || C'est un déjeuner de soleil, se dit d'une
étoffe dont la couleur, peu solide, ne tiendra pas
contre l'action décolorante du soleil. || 2° Les mets
qui composent ce repas. Déjeuner froid, chaud, lé-
ger, solide. Il 3° Déjeuner-dîner, grand déjeuner
qui se fait plus tard que le déjeuner ordinaire. Le
lendemain elle me donna un grand déjeuner-dîner,
sÉv. 430. Il 4° Petit plateau garni d'un sucrier, d'une
tasse, etc. Un déjeuner de porcelaine. || Proverbe.
Déjeuné de clercs, dîné de procureurs, collation de
commères et soupe de marchands.
— HIST. XIV s. [Ils] Avoient pain et vin aporté
en présent. Dont conruié se sont à ce desjunement,
Guescl. 18395. Tantosl après le desjeun qui fut moult
bref, FROISS. n, ii, 41. ||xvi' s. Dedens trois jours,
je feray deffermer un coffre, où vous pourrez trou-
ver vingt mille frans.... Hé Dieu, ce dist Bertrand,
ce n'est que un desjuner, Mém. s. du Guescl. ch. *3.
De tout ce grand appareil danois, il n'y en eut que
pour un déjeuner, yver, p. 6I9. Les Espagnols, qui
s'estimoicnt plus braves guerriers, pensoient que ce
ne seroit que pour un desjuné, cnouèRES, Contes ,
Matin, i.
— ÉTYM. Déjeuner l.
DÉJOINDRE (dé-join-dr'), v. a. Séparer ce qui
était joint. ||Se déjoindre, v.réfl. Cesser d'être joint,
Les ais se déjoignent.
— HIST. xii's. Et cil de la hache rencontre Là où
l'espaule au col se joint. Si que l'un de l'autre des-
joint, la Charrette, <J64. || xiii' s. Il fu jugié que,
puisque Pierres avoit joint avecques .son fief ce qui
estoit tenus de li en vilenage, il nel pooit desjoindro
he eslongier sans l'otroi de son seigneur, bkaum.
XLVii, 9. Il xV s. Ceux qui dedans [la tour] estoient
et qui ouvrir et desjoindre la veoient, se tra'irent
tous à un faix sur la plus saine partie, froiss. ii,
m, 33. Par quoi requeroil qu'il fut desjoint de sa
fille, LOUIS XI, Nouv. lxxxvi. || xvi' s. St Augustin
ne souffre pas d'eslre dejoint d'avec les autres doc-
teurs anciens, calv. Instit. 752. La vie contempla-
tive ne doit point eslre desjoinle, ni pour tousjours,
ni pour longtemps, de l'active, langue, 533. Et pour
ces logis il en pouvoit u?er comme desjoinls de l'ar-
mée, d'aub. Hist. m, 237. Les epiphyses des os sou-
vent se desjoignent et séparent, paré, xiu, 2i.
— ÉTYM. Provenç. desjonher, dejonher; anc. ca-
lai, disjunyr; ilal. disgiugnere ; du latin disjungere,
de dis, marquant séparation, et jungere, joindre.
DÉJOINT, OINTE (dé-join, join-t'), part, passé
de déjoindre. Le violier jaunecroissaitentre les pier-
res déjointes [des marche.s], CHATEAUB. Bené, 202.
Il Terme de marine. M. de Vivonne, dans un conseil
de généraux, conclut que je devais désarmer le
Henri et le laisser dans le port de Messine , parce que
ce vaisseau était faible d'échantillon et déjoint,
et qu'il avait trop de membres pourris pour tenir
la mer, Mém. de Villetle, p. 49, dans jal.
DÉJOUÉ, ÉE (dé-jou-é, ée), part, passé. Rendu
vain, illusoire. Projet déjoué. Une méchanceté dé-
jouée adroitement.
DÉJOUER (dé-jou-é). || 1° Y. n. Familièrement,
n'être pas à son jeu, jouer très-mal. || 2°Termede
marine. Se dit d'une girouette ou d'un pavillon
qui voltige au vent. || 3° V. a. Faire échouer un pro-
jet, une intrigue Pour déjouer leurs horribles
projets, Il faut de votre main m'immoler.... ancelot,
Louis /X, v, 2. Il Déjouer quelqu'un, détruire l'effet
de ses actions ou de ses paroles.
— REM. Déjouer, qui n'est ni dans Furetière ni
dans Richelet, ne se trouve dans le dictionnaire de
l'Académie qu'à partir de l'édition de 1702, et en-
core là c'est seulement un terme de marine qui si-
gnifie, en parlant d'un pavillon, flotter au vent.
— HIST. XIV s. Le roy fist grands dons et pro-
messes.... Les biens du duc aloit donnant; Chaicun
d'eulx s'aloit déjouant [se réjouissant], Liv. du bon
Jeh. 2435.
— ÉTYM. Dé.... préfixé, et joufr.
t DÉJOUR (dé-jour), s. m. Terme de carrossier.
Vide qui existe entre les jantes d'une roue.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et jour.
t DÉJUG (dé-juk), s. m. L'heure où les poules
déjuehent.
— HIST. XVI* s. Chantons Noël tant au soir qu'au
desjuc, MAEOT, II, 258.
— ÉTYM. Voy. déjucher.
DÉJUCUÉ, ÉE (dé-ju-ché, chée), part, passé.
Les poules déjuchées.
! DÉJUCHER (dé-ju-ché). [| 1" F. n. Sortir du ju-
I choir, en parlant des poules. Les poules ont déju-
ché. Il Fig. el familièrement. Déjuchez de là, quit-
tez ce lieu, cette retraite, ce poste. || 2" V. a. Faire
quitter le juchoir. Déjucher des poules. || Fig. Faire
abandonner une retraite, un poste. Je vous déju-
cherai bien de votre place. On a bien eu de la peine
à déjucher les ennemis du poste qu'ils occupaient.
— REM. Déjiicher se conjugue avec l'auxiliaire
^ avoir, quand il exprime l'action: les poules ont dé-
! juché tout à l'heure; avec l'auxiliaire être, quand il
! exprime l'état : les poules sont déjuchées depuis une
I heure.
! — HIST. XIII' s. Vient as chapons, si les desjoche,
I L'un en menjue, au cuer li loche, Ben. t5229.
i — ÉTYM. Dé.... préfixe, et jucher; picard, di-
jouker.
f DÉJUGER (SE) (dé-ju-jé. Le g prend uno de
vantaet o; déjugeant, déjugeons),*, réfl. Rappor ,
ter le jugement qu'on avait porté; se dit d'une per-
sonne ou d'une compagnie qui, après avoir soutenu
une opinion ou pris une résolution, en soutient ou
1030
DEL
■n iin-rid uns toute contraire. I.a compagnie avait
décidé (ii<>rencc»cn«, aujourd'hui elle «'est déjuKée.
- HIST. ni* ». Kl ore (il»] déjugent pugcnt] les
«wr« orrilile» et mortol». st iii-bn. m». || xiii' s.
M«i> l'aipire ju(icmerii n'anml gaire» mellor Ke cil
qui dBs)UK''r<'Mt [cdMilamiiétciill à tort noslre sc-
(rnor. Vif da SaO'U. dans i,*(;iiHiiE. Avez veù d'un
leclii'iir yul vu-ire coït a desjugii'e [rejetéi'l ICt lio-
ni.' ventre maisniée, fi. el manchejl. m*, ilans la-
CUH.NI.
— ÉTYM. D^.... préfixe, e^ juger. Au xii' «iècle
drjuger (dé.... préfixe, est augrnentJitif) signifie
jiinir; au xiii', on le trouve avec le sens de con-
damner et de refuser de reconnaître pour jugo, où
dé.... a le sfliis de rfvoipier, priver.
I)KI.X [i\<- la). Il !• I'r(>p. l'Ius loin, de l'autre
côtA. en con^icléranl là comme le point d'où l'on
pan. Dcl.'i la rivière. Ces deux rois étaient Aliisares
et Ponis, m.iii Poruséiaii le plus pui.waiit, et tous
demoi. raient delà l'Hydaspe, vauoel. Q. C. 481.. Ce
3UI s'appelle •leU les mont-, la furie françiiise, a plus
'une foit réussi, baiz. &• Disc. s. la cimr. Porter
delà les mers ses bauli'S de-stiiiées, cohn. Cid, ii ,
». Les troupes du roi donn'nmt à M. le Prince le
temps do se retirer delà l'eau sans être poussé, la-
BOCiiEP. Kém. 302. Un rimeur sans péril, delà les
Pyrénées, uoa. Arl p. m. Les gens de delà l'eau,
LA UHur. XII. X Fondettes, delà les deux rivi(res
de la l.oire el du Cher, loule danse est pareillement
défendue, p. t. cour, h, toi. [Ils] n'ont pas,coimnu
nous, si loin de Ipur berceau, Uisqué delà les mers
do s'ouvrir un tombiau, lemehcieh, toim IX, iv, 6.
Il 2' Delà, construit avec les prépositions de, en,
fiar. Il De delà, loc. adv. Dans un lieu éloigné du
ieu qui sera désigné par là. Toutes les longueurs de
delà (Itoine) sont faites pour éprouver, boss. Leit.
S« Il toc. j>r<'pot. Les peuples de delà les monts.
Aussi a-t-il fallu les quérir bien loin et les faire
yenir de delà la mer, voit. Lett. 70. || En delà, loc.
odv. Plus loin. Ayez soin de vous teniren delà. {| Par
delà, loe. adv. De l'autre côté. Le pré est là, et la
maison est par delà. Certains hommes passent leur
vie au hasard à se réjouir ou à s'affliger, comme
s'ils ne croyaient rien par delà, flEch. Serm.i, 193.
Il En plus. Je l'ai satisfait et par delà. || Par delà,
loc. prépoi. lieaucoup plus loin que. Par delà le cap
de Bonne-Espérance. Par delà tous ces cieux le
Dieu des cieux réside, volt. Ilenr. vu. || Fig. Par
delà son désir, la font. Eunuque, m, 4. Ses égards
•ont pour lui par delà le respect, boursaolt, Fabl.
d'Éiiipe, 11, a. i ma confusion, Néion veut faire
voirOu'Agrippine promet par delà son pouvoir, rac.
Brit. I, i. Il 3' Delà, construit avecla préposition à
et l'article. || Au delà, Ine. adv. l'Ius loin, par rap-
port i un point déterminé par là. La rivière est là;
«tsa maison est au delà. J'ai regagné mon argent
el au delà. || Au delà de, loc. propos. Au delà des
mers. Il va recueillir au delà du Rhin les débris
d'une armée défaite. Au delà des bords de la Meuse
L'Allemagne a vu nos guerriers.... iialh. m, 2.
Il Kig. Tout prospère au delà de leur attente. Au delà
de l'imagination , plus qu'on no saurait croire. Qu'ap-
pellet-nn franchir les Wnes de toute pudeur et
passer audilàde loutcimpudonce...TPASC. /'roti.(6.
L'hyiicrbole exprime au delà de la vérité, comme
pourramencrl'espril à la mieux connaître, LA BRUY.i.
Le sage vieillard donne aux pauvres malades de son
voisinage tout ce qui lui reste au delà de ses besoins,
rÉN. Tél. VI. Presque toutes ses actions [de Char-
les XII], jusqu'à celles de sa vie privée el unie, ont
été bien au delà du vraisemblable, volt. Char-
Iri III, 8. Il «• Deçà et delà, Joe. ode. De côté et
d'autre. Aller deçà, delà. Jambe deçà, jambe de-
là Le» flU vous retournent le champ Deçà,
delà, partout.... la font. Fabl. v, ». || Deçà et delà,
lot. prépot. Les villige» deçà et delà la rivière de
Somme.
— HIST. xiti* s. Dont delà en avant m'en laisseï
convenir, Btrte, xiii. Il n' [y] a «i bêle famé deçà
le delà mer, ib. m. Quant li papes sot qu'ensi es-
toit, li en fil moult iriés, et bien apierchut que sa
cours en estoit pierduo, et que nus n'iroit de delà
les mons, Cfcron. de Aai'fu, Iï7. || xv s Par
quoi les sages du pays pussent sur ce prendre bon
avis et accord comment et par qui le pays seroit
fouvcrn«de là en avant, raoïss. i, i, as. X l'aide
de vwi «mu qui delà la mer sont, ID. i, i, 14 (Les
Anglois] avoient envoyé leurs coureurs Courir de là
reiu à savoir si nulles nouvelles y Irouveroient, in.
II. Il, •». Jusqucs k ce que le roy d'Angleterre eust
•st* trois moys do U la mer , ID. IV , 8. Il xvr g. Au delà
e«l« vie.MOïiT. I. t».Audelàdeno«rofX!M,iD. i,»o.
Ueulcnaai du roy en son armé* de U les monts,
DÉL
ID. I, 44. Ignorant, au delà d'un enfant, (ies phra-
ses.... ID. 1, 403. Les abeilles piUotent deçà delà
les fleurs, m. i, («s. Les nations qui sont au delà
de leurs mont.nignes, m. i, a»». Esliontée au delà
de toute soufl'rance, ID. m, 331. Tigranes avoit
desji vaincu les autres naliojis qui sont au delà,
AMYOT. Luciill. li Kt quant à leurs personnes,
qu'on les gardast en prison l'un deçà l'autre delà,
par les villes d'Italie, ii>. Cicéron, 24. Si estoit leur
intention de s'aller joindre aux nations qui cstoient
de là les monts soubs la charge de Lepidus, iD.iln-
<on. 21.
— ETVM. De et là; bourguig. délai.
DËLABKÉ, ÉK (dé la-liré, brée), par», passé. Uh
en mauvais élal. Une maison délubiée. Des vêle-
menis délabrés. Où était un joli potager avec une
petite loge fort délabrée qu'on appelait l'ermitage,
J. J. Rouss. Confess. viil. Six brins de paille déla-
brée Tressés sur de vieux échalas, gresset, la Char-
treuse. Au reste de mes vêtements délalirés et peut-
être changés, il était difficile de me reconnaître,
MARIVAUX, *orianne, 9' part. t. lit, p. 284. dans pou-
gens. De leur toit délabré j'écartai li misère, ST-
LAMBERT, Saisons, hiver. Si vous les tourmentez,
ou les vexez, ou les gênez, ils s'enfuiront, et vous
laisseront leurs terres en friche, leurs manufactu-
res délabrées, leurs magasins déserts, haynal, llisl.
phil. xviii. 6. Des deux côtés du canal on voit les
palais des Vénitiens, grands et un peu délabrés
comme la magnificence italienne, staél, Corinne,
XV, 7. Quand la goutte l'accable Sur un lit délabré,
BÉRANG. Pet. h. gris. || Familièrement. Être déla-
bré, avoir des vêtements en lambeaux. Délabrés,
s'il en est au monde. Transis de froid, mourants de
faim, SCARBON, Virg. trav. iv. De s'en retournera
Mycènes Tout délabrés et tous pieds nus,iD. ib. ii.
Comme le pauvre Poussatin était fort délabré, je
n'eus pas le temps de le mettre en équipage à Per-
pignan, iiAMiLT. Gramm. 8. || Un estomac délabré,
un estomac qui opère péniblement et mal la diges-
tion. Il Des affaires délabrées, un état de fortune où
la ruine s'introduit. Vos affaires, avec voire permis-
sion, étaient fort délabrées, mol. G. Dandin, i, 4.
«Quelque délabrées que soient les affaires, nous es-
pérons tout de votre capacité, maintenon, Lett. au
Mar. de Tessé, t" févr. 1700. |{ Par extension. Mon
héros est doyen de notre délabrée Académie, volt.
Lett. Richelieu, 25 mai 1772.
DÉLABREMENT (dé-la-bre-man), s. m.!!!» État
de ruine, d'usure. Délabrement d'un édifice, d'un
vêtement. Les précaulion.s avec lesquelles il avait
coutume de déguiser le délabrement de son équi-
page, MONTE.SQ. Lett. pers. 45.112° Affaiblissement,
dépérissement. Ledélabrementde lasanlé. || Mauvais
élal. Le délabrement de ses aff lires. Ces papiers me
seront liès-uliles dans le délabrement des affaires de
M. le duc de Virtemberg, volt. Lett. Damilaville,
2 nov. 1767. Malgré le délabrement du crédit atta-
qué et presque détruit par tous les retranchements
de capitaux et d'intérêts, necser. Compte rendu au
/toi, jaiiv. 1781, p. 7.
— ÉTYM. Délabrer.
DËLABREH (dé-la-bré), V. a. || 1° Mettre en mau-
vais état. Délabrer une tapisserie. Délabrer une ma-
chine. Délabrer sa fortune. Les veilles auront i.ien-
tôt délabré sa santé. Il faut entendre là-dessus ses
héritiers, ils ne délabrent pas mal sa réputation,
DAUCOURT, Femme d'intrigue. \\ i' Se délabrer, r.
réfl. Devenir en mauvais eut. Tous ces meubles se
délatirent. || Perdre sa fortune. Envahir les biens
d'une maison qui se délabre, beauii. Jfère coup.
I, 2.
— HIST. XVI' S. Un jour il en trouva dix sur son
chemin, qui lui parurent fort délabrez, Jf^m. sur
du G. ch. 26.
— ÊTYM. Wallon, dilaburner, déchirer les vêle-
ments. Délabrer est un mot d'origine incertaine.
Ménage le lire de lambeau, lambel, pour lequel on
trouve aussi label, d'où labrer ia lieu de labler, ce
qui ne ferait pas difficulté. Le latin lamberare, qui
veut dire déchirer, n'est pas sur, attendu que l'm
qui s'ajoute souvent se supprime rarement. Frisch a
proposé labrum, lèvre, bord, d'où lambeau; label
proviendrait, dans cette hypothèse, de labellum.
Diez rappelle l'allemand Lappen, lambeau, el le
celtique : gaélique léab, kymri Uabei, qui ont le
même sens Tout cela reste hypothétique, à cause
que dif/abrern'a pour ainsi dire pas d'historique qui
note les phases du mot. Le latin dilabor, qui se
présente à l'esprit, n'est pas admissible, n'ayant
point d'r.
DËLACÉ, ËE (dé-U-sé, s6e), part, patsé. Un cor-
set dél»cé.
DEL
DËLACER (dé-la-sé. Le c prend une cédille de-
vaiita et o ; délaçant, délaçons), v. a. || 1" Relâch'T
ou retirer un lacet. Délacer un brodequin. || Défaire
le lacet du corset d'une femme. Voulez-vous que
l'on vous délace? mol. Crit. 3. On avait mis la de-
moiselle sur le lit de la lourière, el nous la déla-
cions, celle lourière el moi, pour lui faciliter la
respiration, Marivaux, tfananne, 7' part |{ Terme
de marine. Délacer une bonnette, la détacher du
bord inférieur d'une autre voile. || 2" Se délacer,
f. rép. N'être plus lacé. Mon brodequin se délace.
Il Se débarrasser d'un corset lacé. Cette dame eut
besoin de se délacer.
— HIST. XI' s. Son haume ad or [il] lui deslaçat
du chef (de la tête], Ch. de Roi eux. || xii' s. Là
le désarment 11 baron (|ui l'ont cliier; Il li de.slacent
son vert elme àor mier [pur], /laouide C. «2. || xiii'
s. Ordont, dist Renan, vien avant, Si me deslace tout
avant De ton reseus [réseau] qui tropmegrieve, Ren.
.^•iBl. Il xvi' s. Onde pour ma flamme esleindre,
Mains pour mes nœuds délacer, du bellav, vu, 21 ,
terjo. Il entra en une chambre el deslaça le corps
de sa cuirasse, amvot, Ant. 99.
— ÈTYM. Dé.... préfixe, el lacer; provenç. deslas'
sar, deslasar; ilal. dilacciare.
DËLAI (dé-lè), s. m. || 1* Temps accordé pour
faire une chose. Demander un délai. || Terme de pro-
cédure. Temps fixé par la loi , par le juge ou la con-
vention, pour accomplir un acte ou s'en abstenir.
Délai d'ajournement, d'appel. Bref délai ou délai
d'abréviation, délai qui, moindre que le délai ordi-
naire, est fixé par le juge. Citer à bref délai. Délai
d'augmentation , délai supplémentaire accordé à
raison des distances. Délai de grâce, délai accordé
par le juge au débiteur. || Terme de législation
militaire. Délai de repentir, délai accordé au mili-
taire qui a quitté son corps, et avant lequel il n'est
pas déclaré déserteur; il varie en durée suivant le
temps de paix ou le temps de guerre. |{ 2° Relard,
remise. J'irai sans délai. Ce délai de nos maux ren-
dra leurs coups jilus rudes, corn. Ilor. m, 3. J'ai
permis vos délais, mais non pas vos refus, volt. Tancr.
I, 4. Le sang d'un époux crie el ton délai l'offense,
ID. Scythes, v, t.
— HIST. xn* s. En long délai [ils] m'ont si des-
conforté. Couct, XIV. Il xm' s. Il a dit au valet : reva-
l-en en arriés [arrière]. Et me dis à ta daine [que]
j'i vois [vais] sans délaies, audefr. le bast. Roman-
cero, p. 34. Courant [elle] vint à sa mère, n'i fit pas
long délai, Berte, lvii. Et il y vint sans délai, C/ir.
de Rains, (92. Renart regarde arere soi, El voit
qu'il viegnent sans deloi, lien. II3I7. Li délais n'a
pas esté par me [ma] defaule de paiement fere,
REAUM. IX, 7. El si alonge el met en delay moult de
cozes par se [sa] parece, lesqiieles il deust hasler,
in. 20. Et s'il conlremandenl ne quierent délai, il
ne gardent pas bien lor foi vers lor segneurs, id. 49.
Li beso.nz que geai n'a meslier de délai. Psautier,
{• 120. Il XV' s. Sans nul delay le portier nous ouvry,
Dedeus nous mist, el puis nous respondy, ch. d'orl.
t. Et alors, sans faire deliy, Droict encontre elle
m'en allay Pour la saluer humblement, la Font.
281. Il XVI' s. Le roi apprit de lui puis après que les
delez du duc de Savoie estoieut favorisez par la
pluspart des députez, d'aub. //tj(. m, 469.
— ÉTVH. liai, dilata, s. f. ; du latin dilalum,
supin de di7/(Tre, différer, relarder. On disait aussi
delaiement : Li message s'en tornerent sans autre
delaiement, et vindrent à la porte, villeh. xcv.
t DÉLAIXER (dé-lè-né). V. a. Terme de jardi-
nage. Défaire le lien de laine avec lequel on a fixé
une greffe en écusson.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et ?aine.
t DÉLAIS (dé-lè), s. m. Terme d'ancienne prati-
que. Cession, abandon d'un bien pour lequel on est
inquiété.
— ETYM. Voy. délaisser.
DÉL.MSSË , ÉE ( dé-lô-sé , sée ) , jfrt. passé.
Il 1° Qu'on a laissé, dont on s'est éloigné. Ces terres
délaissées par leurs possesseurs. Encor même au-
jourd'hui ces traces délaissées Font voir combien
étaient parfaits Ceux qui par de si grands effets
Domptaient le monde et ses pensées, coen. Imit. i,
18. Il 2° Dont on a fait abandon. Enfant délaissé.
Biens délaissés. || 3° Demeuré .seul et sans appui.
Délaissée de toute la terre dès ma naissance, boss.
Duch. d'Orl. Notre princesse est persécutée avan.t
que de naître, délaissée aussitôt que mise au monde,
ID. ib. Ô Eternel, veillez sur elle : anges saints, ran-
gez à l'entour vos escadrons invisibles, et faites la
garde autour du berceau d'une princesse si grando
et si délaissée, id. Reine d'Anglet. Jésus était dé-
laissé seul à la colèra, pasc. Myst. i. Trahi d'uDo
DÉL
partie de mes amis et délaissé des autres, j. j. nouss.
Con/'css. X. Il Absolument. Qui reste isolé, qui n'a
plus d'alentours ni d'amis. Agiatide d'ailleurs n'est
pas si délaissée Que votre exemple n'aide à lui trou-
ver un roi, CORN. Agésil. ii, B. Ce serait une con-
naissance bien avantageuse pour cette pauvre femme,
qui me parait présentement bien délaissée, mainte-
non, lp«. à Mme de IJangeau, t. vu, p. 92, dans
pouGENS. C'était la prendre i)ar son endroit sensible,
que dites-vous? s'écria-t-elle, Crébillon est pauvre et
délaissé; aussitôt elle obtint pour lui du roi une pen-
sion de cent louis sur sa cassette, marmontel, Mém.
llv. IV. Il 4° Se dit de l'éloignement qui survient en-
tre mari et femme, entre amant et amante, dont
l'un abandonne l'autre rjsté fidèle. Les amants dé-
laissés n'ont qu'à chercter qui les plaigne, Marivaux,
l'ifeur. siratag. i, *. Je suis la pauvre comtesse
Almaviva, la triste femme délaissée que vous n'ai-
mez plus, BEAUM. Slar. de Fig. ii, 49.\\ S. f. Une dé-
laissée, une femme abandonnée par son mari ou par
son amant. M. le chevalier de Lorraine alla voir la
F.... l'autre jour; elle voulut jouer la délaissée, elle
parut embarrassée, sÉv. 129. 11 n'était pas permis d'é-
pouser la délaissée d'un prêtre ou d'un diacre, st-foix,
Ess. Paru, CEurres, t. iv, p. SI , dans pougens.
DÉLAISSEMENT (dé-lê-se-man), s. m. || 1° Action
de meure en abandon; résultat de cette action. Lui
dont la main invisible prépare la nourriture aux pe-
tits corbeaux mêmes qui l'invoquent dans leur dé-
laissement, MASS. Car. Aumône. Voilà les délaisse-
ments que Marie avait éprouvés sur la terre, ID.
Mtjst. Assompt. Dans un délaissement total et de la
part du ciel et de la part des hommes, bourdal.
Eihort. sur la prière de J. C. Le délaissement [de
la part du maréchal de Saxe] oii tombait ma Zaïre
[une actrice qui jouait le rôle de Zaïre] nous accabla
tous les deux de douleur , marmontel, llem. iv.
|!I1 se dit aussi des choses qu'on délaisse. On re-
garle ordinairement celle sorte de délaissement des
sciences comme une conséquence des invasions <ies
barbares; mais il est évidemment très-aniéneur; il
se manifesta, dès les premiers siècles du christia-
nisme, par l'état de langueur oii tomlia le musée
d'Alexandrie, a. comte, Consid.phil. sur les sciences
et les sarnnts , dans Politique posit. t. iv, append.
p. .<79. ||2° Terme de jurisprudence. Abandonne-
ment d'une chose, jj Délaissement par hypothèque,
abandon, par le tiers détenteur, d'un immeuble hy-
pothéqué pour éviter des poursuites. || Terme de
droit maritime. Acte par lequel l'assuré dénonce la
perte à l'assureur et lui abandonne la chose assu-
rée avec sommation de payer la somme due à raison
de l'assurance.
— HIST. XVI* s. En transaction portant délaisse-
ment d'héritages, moyennant deniers baillés, sont
dues ventes, loysel, B40.
— f.TYM. Délaisser.
DÉLAISSER (dé-lê-sé), ti. a. || l' Mettre en aban-
n^n, laisser sans secours, ô Dieux! dans ce péril
m'auriez-vous délaissée? KAC. ilithr. iv, 4. "Vous me
délaissez, mon Dieu, mais je ne vous délaisserai
point , BODBDAL. Exhorl. sur la prière de J. C.
Il 2° Terme de jurisprudence. Renoncer à la possos- [
sion d'une chose. || Ne pas continuer une procédure.
Délaisser des poursuites. || 3° Se délaisser, v. réfl. i
S'abandonner l'un l'autre. Dans la retraite de Mos-
cou, les hommes se délaissaient l'un l'autre. || Être 'i
délaissé. De tels devoirs ne se di laissent pas. 1
— HIST. XII* s. Tant que constreinz par maintes i
feiz De ses contes, de ses feeilz. Qu'en lui ne fust
si delaisée Ne si perie sa lignée, Preïst femme, dunt
eûsteir.... benoît, ii, 8S58, || xiii's Kl prenoient
aprentiz, et puis au chief de trois semaines ou d'un
mois revendoient et delessoienl leur forges el re-
venoient en l'estat de devant, iiv. des met. 30«.
Puisque ajournemens est fes sor aucune de ces co-
zes, les parties ne les poent pas delalssier sans le
[la] ïolenté du segneur, beaum. bb. Et la chose
otreiée et faite en court ne peut estre deslaissiée ne
desfaite par raison, se ce n'est par la volonté de
toutes les parties, Ass. de Jérus. i, IB7. || xiv s. Et
delesseron à parler à présent de justice légal qui est
selon toute vertu, oresme, Eth. (44. El est vérité
que un homme bon geometrien auroit plus tost oublié
sa géométrie qu'il n'auroit oublié le bien ou delessié
à bien fere, m. tb. 24. Et pour ce il aiment tanto.st
ettaiitostdelesseni àamer, m. ib. 234. Les religions
des diex avoient esté delessées ou mal à point cous-
tivées [cultivées], bercheure, f° I7, t'crm. || xv s.
Nonobstant ce, le sire de Beaumont ne s'en voulut
oncques déporter ni délaisser, si eut faite son entre-
prise, FROiss. I, I, 88. Et le desbat qu'ay el querelle
Vers elle, je veuil délaisser, Et tout courroux lui
pardonner, en. d'orl. 41. Foulz la poursuit |la cour]
et saiges la delesse, e. oesch. De Vintc'r. des cours.
Car en servant y sont maint envieilli San/, bien avoir ;
leur chevance ont perie. Dieu delaissié; l'espoir leur
est failli.... ID. ib. Qu'il ne l'alloit plus attendre et
qu'il ne delaisseroit point l'assault du matin, comme
il avoit esté conclnd, comm. il, ) 3. || xvi' s. Les herbes
estoyent sans verdure, les rivières taryes, les paoures
poissons délaissez de leurs propres elemens, vaguans
et crians par la terre horriblement, rab. Pant. ii,
2. Encore que tout nous défaille, toutesfois le sei-
gneur Dieu jamais ne nous delairra, calv. Inslit.
733. 'Vostre Dieu ne vous délaissera pas, ID. t'b. 740.
J'ay délaissé par les herbeux pastis Bœufs et brebis
et leurs aigneaux petits, marot, i,3t3. Toutefois
le mari ne délaissa à jouer de sa llute, comme il
souloit, DESPER. Contes, cxw. 11 se trouva délaissé
de tout le monde en sa vieillesse, amyot, Péric. 36.
On fut tout esbahy qu'il délaissa et quitta soudaine-
ment toute entremise du gouvernement des affaires
de la chose publique, id. Lucull. 77. La plus part
des honneurs qui luy furent alors ordonnez, par
traict de temps et changement des choses qui
sont depuis survenues, ont esté délaissez, id. Ara-
tus, C3.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et i^aisier; provenç. de-
laissar ; anc. espagn. delessar.
t DÉLAITAGE (dé-lè-ta-j'), s. m. Action de dé-
barrasser le beurre, en le pressant entre les mains
et le lavant, du petit-lait qui y est demeuré.
— ÉTYM. Délaitcr.
DÉLAITEMENT (dé-lè-te-man), s. m. Synonyme
de déla'lage.
t DÊLAITER (dé-lè-té), V. a. Faire l'opération du
délaitage.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et lait.
DÉLARDÉ, ÉE (dé-lar-dé, dée), part, passé. Une
volaille délarilée. || Une [lierre délardée, une pierre
amincie obliquement par-dessous.
DÉLARDE.VIENT (dé-lar-de-man) , s. m. Terme
d'architecture. Action de délarder.
— ÉTYM. Délarder.
DÉLARDER (dé-lar-dé), v. a. || 1° Ôler les lardons
d'une pi'ce lardée ou piquée. || Dépouiller le cochon
de son lard, de sa graisse. || 2° Terme d'architecture.
Enlever une partie du lit d'une pierre; piquer une
pierre avec le marteau pour l'amincir; couper obli-
quement le dessous d'une marche de pierre. || Terme
de charpentier. Abattre les arêtes d'une pièce de
bois; couper obliquement le dessous d'une marche
d'escalier.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et lard.
t DÉLASSANT, ANTE (dé-lû-san, san-t'), adj.
Qui délasse. C'est un exercice délassant.
DÉLASSÉ, ÉE (dé-lâ-sé, sée), pari, passé. Qui
n'a plus de lassitude. Délassé par un bon lit. Hé
bien! mon cher monsieur, êtes-vous délassé? co-
lin d'harlev. Chdt. en Esp. ii, 4.
DÉLASSEMENT (dé-lâ-se-man), s. m. || 1° Cessa-
tion de la lassitude. Vous avez besoin d'un peu de
délassement. || 2° Fig. Exercice agréable. Le délas-
sement de la pêche, de la chasse. Par ces délasse-
ments, sa noble inquiétude De ses justes desseins
faisait l'heureux prélude, corn. Attila, ii, B. La co-
médie fut toujours le délassement des grands hom-
mes, le divertissement des gens pohs et l'amuse-
ment du peuple, st-évremond, Coméd. ital. dans
bichelet. Ceux à qui il n'est permis de prendre
les sciences que pour le délassement ou pour l'orne-
ment ne peuvent choisir ni des délassements plus
nobles ni des ornements qui siéent mieux, fonten.
Maisons. Un tel délassement nuit-d à leur courage?
c. DELAv. Vêpres sicil. ii, 2.
— ÉTYM. Délasser.
DÉLASSEU (dé-là-sé), v. a. \\ 1° ôter la lassitude.
Le sommeil l'a délassé. J'ai cru qu'en un lieu où
vous ne songez qu'à vous délasser l'esprit, vous
pourriez accorder à l'entretien d'Amadis quelques-
unes de ces heures que vous douiiez aux gentils-
hommes de votre province, voit. Lettre 3. Il faut
délasser l'esprit qui est trop tendu , d'ablanx.
Apophth. dans richelet. Alexandre, élanl à Éphèse,
pour se délasser l'esprit, allait souvent à la boutique
d'Apelle, ([ui était un fameux peintre de son temps,
DU RYER, Supplém. de Q. Curce, Iiv. ii, ch. 6, dans
richelet. Une princesse qui délassait Louis des soins
de la royauté, mass. Or. (un. Louis XIV. || Absolu-
mont. Car qui délasse hors de propos, il lasse, pasc.
P. Éloq. 8. Il 2° Se délasser, v. ré/l. Se reposer de
se:i fatigues, prendre du relAche. Si je suis las, je
modelasse; J'écris, je lis, je mange et boi. Plus
heureux cent fois que le roi, régnieii, Ep. m. Du
moins une heure ou deux je veux qu'il se délasse,
DÉL
1031
I CORN. Cid, IV, B. Je me délasserars parmi les pré-
i cipices Et dans le seul repos trouverais des suppli-
[ ces, ROTROU, Antig. v, 8 Des gens se délassent
X venir débiter les choses qui se passent, mol. Éc.
des f. I, I. Allons nous délasser à voir d'autres pro-
cès, RAC. Plaid, m, 4. Après quelque séjour qu9
cet empereur fit dans Aquilée, afin de se délasser
des travaux de la guerre, flEch. Ilist. de Théodoie,
m, 4 00. II est temps de vous délasser de tous vos
travaux, fén. Tél. i. Il se délassait à écouter des
hommes savants, id. ib. ii. Il est à propos de vous
délasser de vos peines, m. ib. viii. C'est là qu'ils
vont se délasser de l'ennui des plaisirs, mass. Car.
Resp. hum. Autour de moi, sous l'ombrage. Accou-
rez vous délasser, bérang. Ménétr. || Se délasser de,
se dit aussi avec un verbe à l'infinitif. Je m'y pro-
menai même quelques instants pour me délasser
d'avoir été assise toute la matinée, marivaux, Ma-
rianne, H" part. Il Fig. Sa cruauté se délasse dans
la débauche, dider. Claude et Néron, i, § 85.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et las. Ce verbe pa-
raît avoir été introduit vers le commencement du
xvu* siècle; du moins, nous n'en avons pas d'exem-
ple antérieur.
DÉLATEUR (dé-la-feur), s. m. || 1° Terme d'his-
toire vomaine. Celui qui, sous les empereurs, fai-
sait métier de dénoncer auprès du prince les actes
ou les paroles des personnages considérables: mé-
tier qui, ne servant que les passions du piince,
était fiétri par l'opinion publique. Les déserts, au-
trefois peuplés de sénateurs. Ne sont plus habités que
par leurs délateurs, rac. Bril. i, 2. Vous faites
grâce à un délateur de la mère de Pison ! dider. Rè-
gne de Claude et Néron, i, § 6. Un Suilius, un dé-
lalenr par état, un Furius, souillé, accusé, puni
de mille crimes, iD.ib.i, §'>o. || 2° Délateur, délatrice,
s. m. el f. Celui, celle qui accuse et fait métier de
dénoncer; ce qui implique aussi une idée défavora-
ble. Mais pourquoi être encore le délaieur univer-
sel à quatre-vingt-dix ans? c'est un beau métier à
cet âge-là, FÉN. Dial. desmoris, Rliud'imanle, Co-
ton l'ancien, Scipion. Tel est le cariiciîre du dé-
lateur : il craint la lumière et les preuves, il désire
fermer à l'innocence tout accès auprès du prince,
et lui ôter tout moyen de se justifier, rollin, Ilist.
anc. Œuvres, t. ii, p. 302, dans po! gens. Pour
une plaisanterie, en vérité, ce n'est pas la peiiiede
me charger du rôle infime de délateur, mar.mont.
Mém. VI. Faisons-nous délateur pour nous rendre
innocent, imbert. Jaloux sans amour, iv, H,
En vain sur son crédit un délateur s'appuie; Sou»
son bonnet carré, que ma main jette à bas. Je dé-
couvre en riant la tête de Midas, volt. Épit. 83.
Il 3° Terme de législation pénale. Celui qui porte à
la connaissance de la justice un crime ou un délit;
ce qui, dans ce sens, est exempt de toute idée dés-
honorante. Il On ditplutôtaujouril'hui di'iioncialeur.
Il 4° Adjectivement. Témoin muet, mais sur, d'un
forfait exécrable. Le glaive délateur reste aux mains
du coupable, delrieu, Artaxerce. iv, 8. Toutes les
passions devinrent également délatrices, également
écoutées, haynal, Hist. phil. viit, 3(.
— HIST. xvi' s. Thucidides n'a point nommé, qui
furent les délateurs, amyot. Aie. 36.
— ÉTYM. Lat. delator, de de, et latum, supin
de ferre, porter.
DÉLATION (dé-la-sion; en poésie, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1° Dénonciation, mais toujours en
mauvaise part. Un esclave t'accuse, el je ne croi-
rai pas X des délations qui partent de si bas, an-
gelot, Fiesque, IV, 8. Deux courtisane» séduites par
de l'argent el des promesses se chargent de la déla-
tion, DIDER. Règne de Cla -de et Nér. \. §2!>. \\2° Ac-
tion de déférer. La délation du serment.
— HIST. XVI* s. Pour cela la commune ne laissa
point à eslre aussi aspre et aussi aigre à recevoir
toutes sortes de calomnies et de débitions, comme
auparavant, amyot. Aie. 36. Je [Socratej m'enferre
en la délation de mes accusateurs, qui est que je
fois [fais] plus l'entendu que les aullres, comme
ayant quebiue cognoissance plus cachée des choses
qui sont au dessus et au dessoubs de nous, mont.
IV, 215.
— ÉTYM. Lat. delatio (voy. délateur).
DÉLATTÉ, ÉE (déJa-té, lée), part, passé. Un
toit délatté.
DÉLATTER (dé-la-té), v. a. ôler les lattes d'un
toit, d'un plafond. || Se délalter,i;. réfl. Perdre .ses
lattes. Ce ton se délatie.
— HIST. XV s. Ce petit grenier estoit d'ancien
édifice, tout deplanché, tout delatlé, tout periiiisé
et rompu en plusieurs heux, lolis xi, Nouv. xxur.
— ËTYM. Dé.... préfixe, et latte.
f032 OEL
; iri.AVAGE fdé-ta-Tt-j"). »• <"■ Terme do des-
•m. A-' '" '"f-
— ' ' ''• 1 ^
Wi \\i. ! 1. . -l«-»«, yée),part. jxui*. Terme
lire. Où l'on » mi» trop d'eau, en parlant
iir«. Il Terme de lapidaire. Pierre déla-
r\ couleur fjil.le. ||T('rrne d'agriculture.
friin qui a été cxpo^é à la pluie ou à
' tiKîs pendant la fenaison.
111 V \ I i-, i-vé), V. a. Il !• Terme de des-
,, ; ,.,j ..::.i.l)lir avec do l'eau une couleur
<Hr du pnpior. || i' l'énélrer d'eau. Dan»
. riV» leitneiKo» séjournent longtemps sur les
Icrro»; elle» filtrent au travers de leurs parties les
moin» solide», (lu'cUes pénètrent profondément,
i|u'clles délavent et elTondrenl, sP.cim. Ilisl. de Ha-
pot. V, t. Il S- Se délaver, v. réft. l'erdre sa couleur
par le lavage. || filre pénétré d'eau. Ces terres se dé-
liivcnl par l'effet des pluies.
— IIIST. xui* s. Aingnelin lavé sunt de la cous-
lume du la laine lavée, et 11 aignelin deslavé sunt de
la couslume de laine deslavée, Ait>. dri mél. 277.
Il XV ï. Elle fut garie et lavée. Kt l'orde lioe de*
DÉL
est très-agréable. Mon printemps étaild6lectable, Les
plaisi rs logeaient en mon sein, neGNiEB,.S(ance«rei. Il
y boit à longs traits d'un nectar délectable, tristan,
Panthée, v, 3. V.n voyant avec agrément le fruit
défendu, en le dévorant d'abord des yeux et pré-
venant par son appétit son goôt délectable, l'a-
mour du plaisir est entré, et nos premiers parents
nous l'ont inspiré jusque dans la moelle des os, Boss.
Concupitc. i!>. Fruit d'un aspect délectable, volt.
Phil. IV, n. Cha(|ue frémissement de l'airain jior-
tait à mon 4me naïve la délectable mélancolie des
souvenirs de ma première enfance, chateaub. IteM,
(71. On parle de banquet T il vous cite sa table; De
vin? le sien est délectable, ueullk, Conrersotion ,
II. Il Substantivement. Ils auront joint l'utile avec le
délectable, Régnier, Sat. ix.
— HIST. XII* s. Deleitaules sont les oyvres [œu-
vres] no.stre Signer, st behn. dans haynouabd. E
encens ofTrid as munz e par tut là ù arbre bien
fuillié fruvad, e kl umbre delitable getad, Rois,
396. Il XIII* s. Cis palais fu uns des plus biaus et des
plus dclitables de tous les delis [délices] qu'il con-
viengne à cors d'ome, viueh. lxii. Naples fu donée
lavée Dont elle avoil esté pocirprise Du pecliié de à Virgile, Oui pins est delitable ville Que n'est l'ari»
ch.ir et reprise, E. descii. J'oésieimts. f" 600, dans
LACORNB.
— KTYM. Dé..., préfixe, et laver. Dans le sens
d'aiïaiblir par lavage ou de pénétrer d'eau, d^.... a
le sens augmentatif; il signifie au contraire enlive-
menl dans l'exemple de l'historique du xv* siècle.
t DfiLAYABLK (dé-lfc-ia-bl'), adj. Qui peutêtre dé-
layé. Lt plupart des argiles sont délayables dans l'eau.
t DP.I.AVAOE (dé-lè-ia-j'), s. m. Action de dé-
layer f.int de ce iflii est délayé.
— f.TVM. Nlayn.
Df.l.A%'ANT, ANTE(dé-lè-ian, ian-t'),adj. Terme
de médecine. Qui a la propriété d'augmenter la li-
3uidiié du sang et des liumeurs, par l'introduction
'une plus grande quantité d'eau ou de particules
«queuses. Médicaments délayants. || Substanlive-
mcnl. In délavant. Les délayants.
Df.r.AVfi, ÉK (dé-lè-ié, iée), pari, passé. Du plâ-
tre délayé dans de l'eau. || Fig. Une proposition dé-
layé"" en beaucoup de paroles.
DÉLAYE.MENT (dé-lè-ye-man), t. m. Action de
délayer.
— KTYM. Délaijer.
UÉLAVKR (dé-lè-ié), je délaye, tu délayes, il dé-
laye ou délaie, nous délayons, vous délayez, ils dé-
layent ou délaient; je délayais, nous délayions, vous
délayiez; je délayai, je délayerai ou délaierai oudé-
latrai; je délayerais ou délaierais ou délalrais; dé-
laye, délayez; que je délaye, que nous délayions,
que vous délayiez; que je délayasse; délayant, t).
a. Il 1* Détremper dans un liquide. Délayer de la fa-
rine. Les unas passent plusieurs .semaines sans pou-
Toir délayer par aucune lioisson cette nourriture
aride, Bvvr. Morceaux choxsis, p. 262. || 2* Fig. La
solitude délaye un peu les idées, sëv. 4 90. || Expri-
mer d'une manière diffuse. Il délayera une ligne
vraie dans des volumes de mensonges séduisants.
Daacartes a délayé cette pensée [ le doute est la
lourcc de la sagesse] . volt. Phil. iynor.
— HIST. XIV* s. Alaier d'eaiie chaude, Ilinagier,
II, h. Kt se le polage est espois, allayez le de l'eaue
de la char, t'ti.
— ÊTYN. Lat. di'inlore (voy. délai), étendre, al-
longer; en elVel, i>our délayer, Il fautétendre, allon-
ger par un liquide. Delaier, verbe très-employé dans
l'ancien français, y signifiait faire délai, et vient,
par ctmséqueni, comme délai, do di7aiure (il est
ne Lavardins, la Rose, l89-iS. || xiv" s. La vie de
ceulx qui o'uvrent selon vertu est selon soi délec-
table, ORESME, Elh. 19. Il XV* s. Estant parmi les
pots pleins de vin délectable, basseli.v, ii. Le vice
de luxure abonde en jolivetés, en regards et conte-
nances, et s'adjoint à convoitise de choses délecta-
bles. Bouciq. IV, ch. 7. || xvi* s. Il y a de trois sortes
de biens, les délectables, les utiles et les honjiestes,
LANOt;E, 6U0. Boscages et prairies salubres et délec-
tables, AMYOT, AU. 47. Aime la loy d'amour tant
délectable, mabot, iv, lit.
— ETYM. l'rovenç. délectable, deleitable, dele-
chable ; espagn. dekylabte; portug. deleitavel; ilal.
dileltabile; du latin ddcclabilis, de delectare, dé-
lecter.
+ DÉLECTABLEMENT (dé-lè-kta-ble-man), adv.
D'une façon délectable.
— HlST. xiv* s. Ils font les œuvres vertueuses de-
lettablement, et ne leur résiste pas l'apetit sensltif,
OBESMR, Eth. 32.
— ÊTYM. Délectable, et le suffixe ment.
DÉLECTATION (dé-lè-kta-sion ; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. || 1° Plaisir qu'on savoure avec
plénitude. Il éprouvait une vraie délectation à se pro-
mener sous ces belles allées. || 2" Terme de théolo-
gie. Plaisir, goût qu'on prend à faire quelque chose.
Dans le système des deux délectations, celles de la
grSce sont opposées à celles de la nature, et les plus
pui.ssantes l'emportent. La coutume, sans cela, pas-
serait pour tyrannie; au lieu que l'empire de la rai-
son et de la justice n'est non plus tyrannie que celui
de la délectation, pasc. Vrai bien, 9. Dieu change
le cœur de l'homme par une douceur céleste qu'il y
répand, qui, surmontant la délectation de la chair,
fait que l'homme conçoit du dégotlt pour les délices
du péché qui le séparent du bien incorruptible, id.
Prov. <8. Vous pouvez désirer ces saintes délecta-
tions, Boss. Letir. abb. (79. La grâce médicinale de
J. C. consiste dans une délectation intérieure, fé.n.
t. III, p. 244. Il faut soigneusement distinguer la dé-
lectation que Dieu a mise en nous à la vue de lui-
même, d'avec la pente que la révolte du premier
homme a mise dans nos cœurs pour nous faire cen-
tre de nous-mêmes, id. t. xvin, p. 309. || Délectation
morose, complaisance avec laquelle onpenseà une
mauvaise chose, sans intention de la commettre.
— HIST. XIII* s. Car, si cum tesmoigne la letre.
conservé dan» le llcrry : dilaijer. retarder). Enfin le Profit et délectation C'est toute leur enlencion, la
mot usité |)Our délayer était allaier, qui est com- Base, t&443. || xiv s. Il semble à aucuns que feli-
pos* dRmême avec la préposition d. | cité est toute vertu ensemble, ou aucunes d'icelles
t PELAYURE (dé-lè-iu-r') , i. f. Opération de ; [vertus] avecques délectation ou au mains non pas
boulangene par laquelle on m«le la farine et le le- j sans délectation, oresme, Eth. is. Plusieurs de grant
*aln avec l'eau. auttorité dient que félicité est délectation corporel
— KTYM. Délayer.
DELEATt'R (ilé-lé-a-lur), ». m. Signe indiquant.
dans la correction des épreuves, le retranchement
des lettres, des mots ou des lignes. || Au plur. Des
deleatur.
— ETYM. 3* personne, présent pas.sif du subjonc-
tif du verbe latin delere: mot à mol, qu'il soit ef-
fiici'; de de, el J«o, d'où linio, j'oins (voy. lini-
Mïin). Cependant quelques élymologistes rattachent
ce mol au grec 5TiX«iy, détruire (voy. DiLgTiRE);
ce qui n'est pas soulenable.
1 DCL(ÎBILE(délélii.r),a<J|. Terme didactique,
t.» li poui être offacé, qui s'efface facilement. Encre,
I .ir«f tére délébile.
~i^^!L'-*'- '*''<*<'". de deJer» (voy. delhatir).
DSLECTABLB (dé-lè-kta-bl'l , 04;. (}ui déiecle.qui
ID. «6. V, 9. Il XV* s. Tu ne mets mie ton cœur en la vie
amoureuse, iwur cause de mieulx en valoir, ne pour
vertu, mais seulement pour la deleclalion que ton
corns en a, Bouciq. i, ch. 7. || xvi* s. En Dieu sera
la dpleclallon, iiarot, iv, 277. 11 abandonna le la-
boura ge,di.sant que l'agriculture esloll de plus grande
délectation que de grand profit, amyot, Caton, 46.
— ÊTYM. Provenç. delectalio; espagn. dclecta-
cton; ital. diletfaiione; du latin deiectationem , de
delectare, délecter.
DÉLECTÉ. ÉE (dé-lè-kté, ktée), part, passé. Le
cœur ému, [II] prêtait ses deux oreilles Tout délecté
quand sa femme parlait, volt. Ce qui pi. aux da-
wits.
DÉLECTER (dé-lèklé), v. o. || 1* Faire pleine-
ment savourer un plaisir. Ils cherchent ce qui les
DÉL
flatte et ce qui les délecte, boss. Par. de Dieu, t.
Il 2° Se délecter, ti. réfl. Prendre beaucoup de plai-
sir à quelque chose. De peur qu'Us ne se délectent
dans le péché, id. Pensées, 9. Heureux ceux qui,
retirés humblement dans la maison du Seigneur, se
délectent dans la nudité de leurs petites cellules I
id. Concupisc. 9. L'éléphant se délecte au son des
instruments, buff. Morceaux choisis, p. 171. Je res-
tai le lendemain toute la matinée chez moi; je ne
m'y ennuyai pas; je m'y délectai dans le plaisir de
me trouver tout à coup un maître de maison, Ma-
rivaux , Paysan parv. t. lu , 5* part. p. 7i , dans
P0UGENS.
— HIST. xiii* S. Il r'avoit ailiers papegaus. Et
mains oisiaus qui par ces gaus Et par ces bois où ils
habitent En lor biau chanter se délitent, la Rose,
684. Por ce i mist nature délit, Por ce vuet que l'en
s'i délit, ib. 4432. Là verras une grant partie Des
secrés de philosophie. Où moult te voidras déliter.
Et si porras moult profiter, ib. 7209. || xiv* s. Soy
deletter est propre as choses qui ont ame, oresme,
Eth. 19. Il XV* s. La flour en may et son odeur dé-
lecte Aux odorans, non pas jour et demi; En un
moment vient li vens qui la guette, Cheoir la fait
ou la couppe par mi, e. desch. Profiter de la jeu-
nesse. || xvi* s. Et voulontiers me délecte à lire les
beaux dialogues de Platon, bab. Panl. n, s. De bled
en herbe vous falotes belle saulse verte , laquelle
vous délecte le goust, id. ib. m, 2. Un théologien ne
doit pas appliquer son estude à délecter les oreilles
en jasant, calv. Instil. 105. Il no faut douter que
les bien-instruits ne s'y délectent beaucoup plus,
LANGUE, BI8. Je me délecte de le faire, id. 654. Il
ne s'ensuit pas nécessairement, si l'ouvrage délecte,
que tousjours l'ouvrier en soit à louer, amyot, Pé-
ricl. i. Et de croire qu'il y ait des dieux ou demi-
dieux qui se délectent de meurtre et d'efl'usion de
sang humain, à l'advenlure est-ce une folie, id.
Pélup. 38. C'est le plaisir où i! se delectoU, mabot,
m, 307. Je ne m'enquiers point Qui vous delecle,
ou qui vous point, Mais de ce qui doit délecter, id.
iv, 158.
— ÉTVM. Provenç. deleclar, delieitar, deUchar ;
espagn. deleclar, deleilar ; Ital. dilettare ; du latin
delectare, fréquentatif de delicere (voy. délices).
t DÉLÉGANT (ilé-lêgan) , s. m. Terme de pra-
tique. Celui qui délègue, qui donne une délégation.
t DÉLÉGATAIRE (dé-lé-ga-tê-r), s. m, et f.
Terme de pratique. Celui, celle qui reçoit la déléga-
tion.
— ftTYM. Déléguer.
t DÊLÉGATEL'R, TRICE (dé-lé-ga-teur, tri-s'),
s. m. et f. Celui, celle qui donne la délégation.
-- ÉTYM. Déléguer.
DÉLÉGATION (dé-lé-ga-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f.\\i° Commission qui donne à quel-
qu'un le droit d'agir au nom d'un autre. || Déléga-
tion de pouvoir, acte par lequel on délègue son pou-
voir.ll 2° Acte par lequel un débiteur indique son
propre débiteur pour efl"ectuer le paiement. Quaire
cents millions d'assignats que nous regardons comme
acquittés par la délégalion déjà faite des domai-
nes qui leur servent de gage, montesoliou, Rav-
pnrl, 27 août 1790, p. 8. Une délégation sur le piii
d'un immeuble prêt à être aliéné n'est pas une
valeur idéale, id. ib. p. 17. || Terme de marine.
Somme assignée par un marin sur sa solde, avant
le départ du navire, pour subvenir aux besoins de
sa famille. Se dit aussi dans l'armée de terre.
— HIST. XVI* s. Le pape peut bailler resent ou dé-
légation à sujets de ce royaume, à fin de cognoistre
de l'utilité [de la vente des biens de l'Ëglise], p. pi-
TIIOU, 28.
— f.TVM. Lat. delegatio, de delegare, déléguer.
i DÉLÉGAT01RE (dé-lé-ga-toi-f), adj. Qui con-
tient une délégation. Rescrit délégatoire. Commis-
sion délégatoire.
— ÊTYM. Lat. delegare, déléguer.
DÉLÉGUÉ, ÉE (dé-légbé, ghée), part, passé.
Il 1" Transmis par délégation. Pouvoir délégué.
Il 2° Oui a reçu pouvoir d'agir pour un antre. Juge
délégué. Il Sub.stantivement. Les monarques espa-
gnols concentrèrent dans leurs mains tous les droits,
tous les pouvoirs, et en confièrent l'exercice à deux
délégués, qui, sous le nom de vice-rois, devaient
jouir, tout le temps de leur commission, des préro-
gatives de la souveraineté, raynal, Hist. phil. viii,
23. Il Délégués des colonies, représentants des inté-
rêts des colonies près legouvernemenl. Il 3" Oui a
été l'objet d'une délégalion. Somme déléguée sur le
fermier. || Débiteur délégué, et, substantivement,
le délégué.
DÉLÉGUER (dé-lé-gbé. U syllabe U prend un
T)ÊL
DÈL
DEL
io3;j
f.ccent grave quand la syllabe qui suil est niuetle : je
délègue, excepté, ce qui est contre l'analogie, au
futur et au conditionnel: je déléguerai; je délégue-
rais), V. a. Il 1" Transmettre par délégation. Déléguer
son autorité. || 2° Commettre, envoyer quelqu'un
avec pouvoir déjuger, de résoudre, d'agir. || 3° Faire
une délégation, assigner des Tonds pour le payement
d'une dette. Déléguer une dette, charger quelqu'un
de la payer. || Déléguer un débiteur, un fermier,
donner une délégation sur un débiteur, un fer-
mier. Il 4° Se déléguer, v. réjl. Être délégué. Un pa-
reil pouvoir ne se délègue pas.
— HIST. XVI" s. La cour du Parlement délègue
deux conseilleurs d'icelle, lesquels avoient charge
de faire telles remontrances que de raison.... Les
délégués- lui firent entendre leur charge, besper.
Contes, cxxvi. En tous les repeuplemens Je villes,
dont il fut autheur, il y envoya tousjours d'autres
commis,saires ausquelzilen feit déléguer la charge,
AMYOT, les Gracques, 43.
— ETYM. l'rovenç. delegar, deleguar; espagn.
delegar; ilal. delegare; du latin delegare, de de, et
legartf, envoyer (voy. légat).
DÉLESTAGE (dé-lè-sta-j') , s. m. Terme de mer.
Action de décharger le lest d'un vaisseau. L'usage
e.'it de faire le délestage tous les deux ans. Enjoi-
gnons au maître de quai de tenir la main à ce que
le lestage ou délestage des vaisseaux soit fait con-
formément k la présente ordonnance, Ord. d'août
HiSi , liv. IV, t. IV, art. 8.
— ÉTY.M. Délester.
DÉLESTÉ, ÉE (dé-lè-sté, stée), part, passé. Bâ-
timent délesté.
DÉLESTER (dé-lè-sté), V. a. Terme de marine,
ôter le lest d'un bâtiment. Défenses aux capitaines
et maîtres de navires de délester leurs bâtiments,
et aux maîtres et patrons de gabarres ou bateaux
lesteurs de travailler au lestage ou délestage d'aucun
vaisseau pendant la nuit, OTdor^n. d^août <68(,
liv. IV, t. IV, art. 8.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et lest.
DÉLESTEUR (dé-lè-steur), s. m. Terme de ma-
rine. Celui, qui, dans un port, est employé à dé-
lester les bâtiments. || Bateau employé à transporter
le lest d'un vaisseau.
— f.TYH. Délester.
DÉLÉTÈRE (dé-lé-tê-r'), adj. Oui attaque la santé,
les sources de la vie. Un gaz délétère. Principes dé-
létères, corps quelconques susceptibles de nuire
à la santé ou de déterminer la mort. || Fig. Qui
cause corruption et mal moral. Des maximes délé-
tères.
— ÉTYM. 4T])mT7ipio;, de SnXeîv, détruire.
t DÉLIAISON (dé-li-è-zon), s. f. || 1° Terme de
marine. La déliaison des bordages, l'action paria-
quelle les bordages se disjoignent. || 2° Terme de
construction. Arrangement des pierres d'un mur,
auxquelles on donne moins de six pouces de recou-
vrement, tant au dedans du mur qu'au parement.
— HIST. xvi"s. Tu trouveras, au desmembrement
et deliaison de ces deux carmes [vers], toutes belles
et magnifiques paroles, bons. 688.
— ETYM. Dé.... préfixe, et lier.
tDÉLL\QUE(dé-!i-a-k'), adj. || Terme d'antiquité.
Oui appartient à l'île de Délos, une des Cyclades.
L'airain déliaque était très-recherché. || Terme de
géométrie. Problème déliaque, problème de la du-
plication du cube, proposé par un oracle aux ha-
bitants de Délos.
t DÉLIBATION (dé-li-ba-sion), î. f. Ancien terme
de jurisprudence. Action de prélever, de soustraire
d'une masse quelconque. Le préciput se prend par
(lélibation sur la totalité des biens.
— ÉTYM. Lat. delibationem, de la préposition de,
et libatin, libation.
DÉLIBÉRANT, ANTE (dé-li-bé-ran, ran-t'), adj.
Oui délibère. Corps délibérant. Assemblée délibé-
rante. Il Substantivement. Les délibérants, ceux qui
ont voix délibérative dans une assemblée.
DÉLIBÉKATIF, IVE (dé-li-bé-ra-tif, ti-v'), adj.
Oui touche ou se rapporte à la délibération. Ce mot
n'est usité que dans quelques locutions. || 1° Voix dé-
libérative, droit de suffrage dans une assemblée; il
se dit par opposition à voix consultative. Dans les
académies, les correspondants n'ont pas ordinaire-
ment voix délibérative. Les connaisseurs ou ceux
quisecroient tels se donnent voix délibérative et dé-
cisive sur le spectacle, la bruï. i. || 2° Genre déli-
bératif, terme de rhétorique. On rapporte âce genre
tous les discours dans lesquels on délibère sur ce
que l'on fera ou ne fera pas. Les discours politiques,
ceux qui sont faits dans les conseils généraux ou
municipaux, dans les assemblées d'actionnaires, sont
mCT. DE LA LANGUE FRANÇAISE
en général des discours délibératifs, ou du genre
délibératif, tandis que les plaidoyers des avocats
sont du genre judiciaire.
DÉLIBÉRATION (dé-li-bé-ra-sion; en poésie, de
six syllabes), s. f. \\ 1° Examen entre plusieurs et par
la parole touchant une résolution à prendre, une
question à résoudre. Mettre une chose en délibéra-
tion, d'ablanc. Arrien, liv. i, ch. 4, dans riche-
LET. Pour accorder tous les points qui seront mis en
délibération, Boss. Var. 12. || 2" Examen intérieur,
réflexion. Agir sans délibération. Décision prise
après mûre délibération. || Appréciation des motifs
contraires qui précède lavolition. || 3° Décision, ré-
solution. Cette délibération a été unanime. Prendre
une délibération. || Terme de jurisprudence. Nom
des décisions de certains corps administratifs ou ju-
diciaires. Délibération du conseil municipal.
— HIST. XV' s. Et eurent avis et conseil, par grand
délibération, que.... froiss. i, i, 202. ||xvi* s. Ap-
pelant la consultation et délibération prudente ter-
giversation palliée, lanole, B5. Ils envoyèrent devers
leurs amis, leur faire entendre leur délibération,
laquelle ilz trouvèrent bonne, amyot, Pétop. 13. Ma
délibération [résolution] n'est de provocquer, ains
d'apaiser; d'assaillir, mais de deffendre, rab. Garg.
I, 29.
— ÉTYM. Provenç. delxberacio ; espagn. delibera-
cion; ital. deliberaiione ; da \a.l\n ddiberationcm ,
de deliberare, délibérer.
t DÉLIBÉRATIVEMENT (dé-li-bé-ra-ti-ve-man),
adv. D'une façon délibérative. L'idée d'un pouvoir
suprême exercé délibérativement, boullainvilhers,
Réfut. de Spinoza, p. «o.
— ÉTYM. Délibérative, et le suffixe ment.
t DÉLIBÉRATOIRE (dé-li-bé- ra- toi-r'), adj.
Terme de pratique. Qui contient une délibération.
Acle, formule délibératoire.
— ÉTYM Délibérer.
t. DÉLIBÉRÉ, ÉE (dé-li-bé-ré, rée), part, passé
de délibérer ). Qui a été mis en délibération. Les
rois de Rome ne portaient point d'affaires au peu-
ple, qu'elles n'eussent été délibérées dans le sé-
nat, MONTESQ. Esp. XI, (2. {{ De propos délibéré,
loc. adv. A dessein, exprès; proprement, avec un
propos, un dessein qui a été délibéré et qui, par
conséquent, est bien arrêté. N'exposons point, de
propos délibéré, nos amis à perdre quelque chose
de l'estime que nous leur avons accordée, dider.
Ess. s. Claude. \\ C'est une chose délibérée, elle est
arrêtée, conclue.
2. DÉLIBÉRÉ (dé-li-bé-ré), s. m. Terme de pro-
cédure. Toute délibération à huis clos entre les juges
d'un tribunal. Vider un délibéré. Le délibéré ne fut
pas long; mais notre impatience nous fit entrer dans
le parquet des huissiers, st-sim. 36, 162. || Sorte de
jugement, par lequel la cour ordonne qu'il sera
statué sur les pièces d'un procès. Rapport sur déli-
béré. Mettre l'affaire en délibéré.
— ÉTYM. Délibéré I.
3. DÉLIBÉRÉ, ÉE (dé-li-bé-ré, rée), adj. || 1° Oui
a quelque chose de libre, de résolu, en ce sens qu'on
semble n'admettre point d'obstacle. Elle avait de la
taille, quelque chose de fort délibéré dans l'air, iia-
MILT. Gramm. 9. La démarche ferme et délibérée, la
BRUT. VI. Un fonds de mépris délibéré de tout ce
qu'on ne croit pas essentiel dans les devoirs, mass.
Car. Tiéd. <. || 11 se dit des personnes. Cette femme
paraît assez délibérée. Certains esprits vains, lé-
gers, familiers, délibérés.... la bruy. v. || Substan-
tivement. Je sais des officiers de justice altérés Qui
sont pour de tels coups de vrais délibérés, mol.
l'Étour. IV, 9. Il 2° Terme de manège. Cheval bien
délibéré, cheval qui est tout à fait formé au pas ou
aux allures qu'on a voulu lui faire prendre. || 3° Ré-
solu à. Cambyse délibéré d'envoyer des espions [en
Ethiopie] manda d'Êléphantis des hommes ichthyo-
phages, p. L. COUR. Il, <4*. En ce sens, c'est un ar-
chaïsme.
— HIST. xvi* s. Hardy, adventureux, délibéré,
RAB. Gijrg. 1, 27. Estes vous délibérez de vivre avec-
ques moj? ID. Pant. ii, 24. Délibéré autant que je
pourroy, ne me mesler d'aultre chose, mont, i, ^2.
Je ne suis paj délibéré de vous forger aultres nou-
veaux passetemps, id. i, 86. Les voyant tous déli-
bérez au passage, m. i, 299. Il estoit délibéré de
suyvre leur conseil, lanoue, B66. M. le duc d'Anjou
se trouva là, qui amena encoies d'autres forces bien
délibérées, ID. 647. Quant â moy, je ne suis pas
deliburie d'attendre que la fortune, moy vivante,
décide l'issue de ceste guerre, amïot, Cor. 55.
— ÉTYM. Délibérer 2.
DÉLIBÉRÉMENT (dé-Ii-bé-ré-man) , adv. D'uno
manière délibérée, hardiment , jtvec résolution. Le
joug que vous portiez si délihirément et aiec tant
de courage, Bouan. Pensées, t. ii, p. 442. On se per-
met délibérément toutes les infidélités qu'on na
croit pas dignes d'une peine éternelle, mass. Car
Tiéd. t.
— HIST. xvi* S. 11 se leva et se présenta fort deli-
beréement, amyot, P. jEm. 24.
— ÉTYM. Délibéré 3, et le suffixe ment; provei.ç.
delibcradnmen ; catal. deliberadament ; espagn. de-
liberadamenle; ital. deliberatamente.
i. DÉLIBÉRER (dé-li-bé-ré. L'Académie ne con
jugue pas ce verbe; mais, selon l'orthographe
qu'elle suit dans les cas analogues, on changera, de-
vant une syllabe muette, l'accent aigu de la syl-
labe bé en accent grave : je délibère, excepté, ce
qui est contre l'analogie, au futur et au condition-
nel : je délibérerai, je délibprerais), ». n. || 1° Met-
tre en délibération. On délibéra si on assiégerait
Mons ou Valenciennes, sabazin, Œuvres, (" par-
tie, dans BiCHELET. Après, on délibéra des remèdes,
n'ABLANC. Tac. 25. Ils délibéraient de rendre la li-
berté au peuple romain, id. ib. 125. Et je puis dire
enfin que jamais potentat N'eut à délibérer d'un si
grand coupd'Êtat, CORN. Pomp.i, 1. N'en délibérons
plus, cette pitié l'emporte, ID. Cinna, ii, f. Je vous
laisse avec lui pour en délibérer, id. Itodog. m, t.
Après ce grand exemple en vain on délibère, id.
Nicom. V, 2. C'est une chose déplorable de voir tous
les hommes ne délibérer que des moyens et point
de la fin, PASc.dans cousin. C'est l'Occident qui dé-
libère sur la ruine de l'Orient et sur les moyens
d'exécuter une vengeance suspendue depuis plus
d'un siècle, rollin, Ilist. anc. Œuvres, t. vi, p. <84,
dans pouGENS. {| Absolument. C'est de quoi le sénat
pourra délibérer,, corn. Nicom. v, 10. L'amour n'est
plus le maître alors q\i'on délibère, id. Pulck. ii, 4.
Ne faut-il que délibérer, La cour en conseillers foi-
sonne; Est-il besoin d'exécuter. L'on ne rencontre
plus personne, la font. Fabl. n, 2 Pourquoi
délibérer? De tous les deux, madame, il se faut as-
surer, BAC. Athal. Il, B. Tandis que les méchants
délibèrent entre eux, id. ib. m, 6. Uniquement
occupés de leurs projets (et ils n'en forment que de
grands et de hardis) , ils délibèrent promptement et
exécutent de môme, bollin, Ilist. anc. Œ^uires,
t. III, p. 428, dans POUGENS. L'ambassadeur m'at-
tend; consulte, délibère; Dans une heure avec moi
tu reverras mon père, volt. Brutus, iv, 3 Un
homme téméraire Confond en agissant celui qui dé-
libère, id. Triumv. ii, 2. Le temps de délibérer
était passé, et celui d'agir enfin venu; le 9 mai I8I2,
Napoléon, jusque-là toujours triomphant, sort d'un
palais où il ne devait plus rentrer que vaincu, sè-
GDB, Ilist. de Nap. m, i. || Terme de jurisprudence.
L'héritier a un délai pour faire inventaire et déli-
bérer, c'est-à-dire pour accepter ou répudier la suc-
cession. Il Hésiter à se résoudre. Pendant qu'il dé-
libère, vous êtes déjà hors de portée, la bbuy. ii.
Ne délibérons plus, bac. Iph. iv, 7. Contre un tel en-
nemi [l'amour] le vrai courage consiste à fuir sans
délibérer, fén. Tél. vu. || 2° Prendre une délibéra-
tion, se déterminer. La force publique ne délibère
pas. J'aidélibéré de faire cela. Cujas avait délibéré,
au cas qu'il mourilt sans enfants, de donner son
bien à Scaliger, colomiès, dans bichelet. Quand
saint Pierre et les apôtres délibérèrent d'abolir la cir-
concision.... pasc. Rel. 33. Il 3" V. a. Délibérer une
affaire, la mettre en délibération. Voilà ce qui aété
délibéré. L'affaire est d'importance, et, bien considé-
rée. Mérite en plein conseil d'être délibérée, corn.
Cid, II, 9. Le hasard a fait ce que la prudence des
pères avait délibéré, mol. Fourb. m, 9. || Terme
de palais. Délibérer une consultation.
— REM. On dit délibérer d'une chose et délibérer
sur une chose. Dans le xvir siècle délibérer de était
presque exclusivement employé.
— HIST. XV' s. Paniuoy [oreille coupée] lui qui
estoit délibéré estre homme d'église, est inhabile à
jamais l'estre, du cange, auris. Et se délibéra de
leur courre sus, comm. i, 2. Sedelibera [le roy] de se
venir mettre dedans Paris, id. t'ft Que ung chas-
cun se deliberast de bien faire, car il délibérait de
tempter la fortune, id. i, 3. Touteffois délibéra le
duc l'assault, mais nul ne se trouva de ceste oppi-
nion que luy, id. m, 10- Et se delib.ra n'en bou-
ger, m. I, 9. Il XVI" s. Lors Pantagruel délibéra vi-
siter la grande université de Paris, bab. Panl. ii, 7.
D'avant que marcher oultre ilseruyl bon délibérer de
ce que est à faire, ID. ib. n, 24. 11 délibéra de sous-
tenir ce pas, et faire acheter aux ennemis.... mont.
I, 243. Le roy les ayant leues, et dict qu'il en deli-
bereroit, id. m, lo3. La pluspart de la noblesse,
ayant entendu l'exécution da Vassy, se délibéra do
I. -- lau
1034 DEL
venir pr»« Pin», WIIOOI, M7. Encores que l'homme
penieetclelilwre, c"e»l k Dieu de donner accomplis-
temenik l'cnure qu'il entreprend, id. 54». 11 leur
donna terme pour en délibérer, el s'en re»ouldro,
retpaca de ironie jours, amvot, Cor. 47.
— ETYM Pro»enç. Cl espagn. deliberar; liai, de-
UbtTart;Aii laiin del.bnare.qne les élymologisle»
laUn» tirent de de, et librare, peser.
f », DCLlBf.ltKR (dé li-l)é-ré), V. a. Terme de
manéKB. Délibérer un cheval, le ilélerminer aux
allures qu'il » de la |icine à prendre.
— eTYM. Dé.... préliie, el (ib^rer, mettre en li-
berté, dégager.
DÉLICAT, ATE (dé-li-ka, ka-t"), adj. || 1* 0"! a
une mollesse comparée à quelque chose de liquéfié,
fondu, el, de là, facile à endommager, à altérer,
tendre, frCle, faible, en parlant des choses. Peau,
couleurdélicate. Teint délicat. Mains délicates. Tem-
l>irameiit délicaU Ces plantes sont irés-délicates.
Ce furent de beau» lis qui.... De«ant que d'un hi-
Ter la tempête el l'orage k leur teint délicat pua-
ient faire dommage. S'en allèrent fleurir au prin-
temps éleniel.MALii. i, 4. Celte santé est toujours
bien délicate, sév. 440. Le roi, me trouvant petit
et l'air délicat, dit & mon pfcre que j'étais encore
bien jeune (pour servir], sT-sm. i, 22. On ne peut
retenir ses larmes quand on lui voit épancher
son ctrur sur de vieilles femmes qu'elle iiourris-
uit; des yeuj si délicats lirent leurs délices de
ces visages ridés, de ces membres courbés sous les
ans, Boss. Anne de Ooni. La foi est une vertu
pre^iue aussi délicate que la pudeur; un souffle,
pour ainsi dire, la ternit, Mis». Car. VMti delà
rel. Il Avoir le sommeil dùlicat, s'éveiller au moindre
bruit. Il Kn parlant des personnes, qui n'est pas ro-
buste. Cet enfant est délicat; il a besoin de soins.
Il i' Par une autre e«tension du sens de liquéfié
(la liquéfaction diminuant, atténuant), ténu, dif-
flcile A apercevoir. Qu'il s'étonne de te que ce vaste
tour lilécril par le soleil] n'est lui-même qu'un point
trtiS'délical à l'égard de celui que les astres qui
roulent dans le firmament embrassent, pasc. l'en-
iéet. 1 , 4. Il Kig. Subtil, difficile à apprécier. La dif-
férence est lelleineiit délicate, qu'elle peut échapper
jl bien des esprits. 113' Fin, travaillé avec un soin
minutieux. Trait délicat. Dentelle délicate. Ouvrage
délicat. Il Fig. La pièce est délicate et ceux qui
l'ont lissue X de si longs détours font une digne
Issue, CORN. Nie. Il, s. || 4* Léger, élégant. Art, pin-
ceau délicat. Œuvre délicate. Travail délicat. Ce
sculpteur a le ciseau délicat. D'un pinceau délicat
l'artifice a!;réablo Du plus affreux objet fait un ob-
jet aimable, doil. Xr( }i. 111.116° Difficile, embar-
rassant. Cette explication est a.ssez délicate, maiii.
Soliman, m, t. Hais, seigneur, la matière est
un peu délicate, corn. Œdipe, ii, i. Ce sera un
pas assez délicat, iioss. Leil. quiét. 421. Je crois
pouvoir dire d'un poste éminent et délicat, qu'on
y monte plus aisément qu'on ne s'y conserve, la
VKVt. viii. Les affaires politiques sont souvent si I
obscures, si délicates que les personnes les plus '
éclairées d'ailleurs ne sont p.is toujours capables
d'examiner si les mesures qu'on prend sont justes,
nécessaires ou non, fém. t. xxii, p. 37'i. Quecetto si-
tuation est délicate i uass. Panifg. St T/iom. Le dis-
cernement en devient si délicat qu'il est presque
Impossible de ne pas s'y méprendre, m. Car. liesp.
hum. Dans celte conjoncture délicate, Timoléon de-
mande une conférence avec les amb.i5sadeurs et les
principaux officiers de l'escadre carthaginoise, rol-
LiN, llitt. anc. Of'.urm, t. tv, p. sis, dans pou-
OMS. C'est une chose très-délicate de bien poser le
point auquel les lois de la nature s'arrêtent, hon-
Tiso. Etpr, XXVI, 14. La chose est possible, mais
dèlicala, volt. Voyage de la raiton. || 6* Finement
•eoti, exprimé d'une manière ingénieuse et élé-
gante. Expression délicate. Tour délicat. Ni la sur-
pris*, ni l'intérêt, ni la vanné, ni l'appât d'une
flatterie délicate ou d'une douce conversation n'é-
tait capable de lui faire découvrir son secret, boss.
Duchexie d'Orl. Tu souffres la louange adroite, dé-
licate, BoiL. Ép. IX. Il n'appartient qu'aux person-
nes inlelligi^ntes et éclairées de pénétrer tout le sens
«l'une pensée délicate, aoiim, Traité det Et. m, 3.
Il Oui sent et apprécia finement. Goût, espnt déli-
cat. Un connaisseur délicat. Le roi est Irés-conteut
0« votre belle lettre; il est délicat en fait de style,
•t le vôtre l'a satisfait, «AiiiTENON, Utt. au ducdc
noailla, I" mars I7ii. || f Ombrageux, suscepti-
ble. Il «st délicat «t facile à piquer. C'est une volonté
hautain* et impérieus*, jalouse de ses prétendus
droiu, et délicate sur tout ce qui les blesse, boiHD.
Fmséu, t. Il, p. 4U. u. de Turenn* délicat sur ce»
DÉL
matières, hahilt. Gramm. 6. Elle était fine et dé- I
licalo sur le mépris, lo. ib. 8. Hélas I nous sommes
si délicats sur la fidélité de nos amisl Le moindre I
refroidissement nous blesse; le plus léger défaut
d'attention nous aigrit, mass. Car. Passion. Vous
nous direz qu'on en voit [des gens de bien) tous les
jours qui sont plus délicats sur les injures, plus
fiers dans l'élévation.... id. «6. In)-usl. du monde. Le
mimde qui condamne si fort l'ambition dans les
gensde bien, qui les accuse si facib'ment d'être plus
vifs sur leurs intérêts, plus délicats, plus pointil-
leux, 10. Panég. Si Jean Baptiste. || En pariant des
choses, qui excitfi lasuscejitibilité. C'est sur ce point
qu'il est chatouilleux, voilà l'endroit délicat, boss.
I, v4nrionc. i. De semblables erreurs, quelque jour
qu'on leur donne, Touchent les endroits délicats; Et
la raison bien souvent les pardonne. Que l'honneur
et l'amour ne les pardonnent pas, mol. Amphitr.
m, ». Il 8° Scrupuleux en fait de probité, de bien-
séance. Il a une conscience très-délicate. Un amant
délicat. Agésilas était peu délicat sur les devoirs de
la justice, quand il s'agissait de servir ses amis,
BOLLiN, llist. anc. OEurres, t. v, p. 373, dans pou-
gens. Preuve que les dames de Sparte n'étaient pas
fort délicate? sur le point de la chasteté conjugale,
m. ib. t. VII, p. 4(6, danspouGENS. {] En parlant des
choses, conforme à la probité, aux bienséances.
Avoir des sentiments délicats. Ce procédé me sem-
ble peu délicat. || 9° Difficile à contenter. Vous êtes
bien délicat. 11 ne faut pis être si délicat. || Fig.
Délicat et blond, se dit d'un homme qui fait le diffi-
cile plus que de raison, et qui affecte une mollesse
de tempérament que l'on attribue souvent aux
blonds. Il Oui a le goût, le palais sen.>iMe aux plus lé-
gères différences. Un homme peut être délicat, sans
être difficile. Il est délicat dans son boire et dans
son manger, d'ablanc. i4rrien, dans hichelet. Son
liôte était assez délicat sur la bonne chère, hamilt.
Gramm. 4. || Il se dit aussi du sens de l'ouïe. Avoir
l'oreille délicate. || En parlant des choses, qui flatte
un goût délicat. Mets déhcals. Vin délicat. Un souper
délicat. Une crème d'ananas est un manger délicat,
bien que telle ou telle personne puisse ne pas aimer
le goût de l'ananas. || 10° Moralement, qui a le goût
sensible aux choses élevées, fines, touchantes. Je
suis fort délicate en amitié, sév. 3. Des hommes ont
été assez peu délicats pour mettre en commun leurs
voluptés, chateaub. Cenie, iv, 3, 3. || En parlant des
choses, qui est apprécié par les personnes déli-
cates. N'aimer que les plaisirs délicats. Ne rechercher
que les jouissances délicates. On attend quelquefois
un livre plusieurs jours avant l'impression pour le
décrier; et le plaisir le plus délicat que l'on en tire
vient de la critique qu'on en fait, la bbuy. xv. Peu
jaloux [St Thomas d'Aquin] de la gloire de l'inven-
tion, gloire si délicate pour ceux qui se piquent de
science, mass. Panég. St Thom. Introduits [les sa-
vants] depuis longtemps par un privilège délicat
dans le sanctuaire de la vérité, id. «6. || ll'Substan-
tivement, celui, celle qui a de la délicatesse, qui
est difficile. Faire le délicat, la délicate. Va chez
ces délicats qui n'ont soin que d'unir Le choix des
voluptés aux moyens d'y fournir ; Si tu crois y trou-
ver des roses sans épines. Tu n'y trouveras pointée
que lu t'imagines, corn. Imit. m, (2. Les délicats
sont malheureux; Rien ne saurait les satisfaire, la
FONT. Fabl. Il, 1. Il Celui qui sent, juge finement.
Maint défaut échappe au vulgaire. Qu'apercevront
les délicats, LAMOTTK, Fab. iv, fl.
— SYN. DÉLICAT, DÉLIÉ. Ces deux mots, comme
on peut voir à l'étymologie, sont identii|ues; mais
quand l'usage refit délicat sur delicatus, il n'en re-
connut pas l'identité avec délié, et il établit des
nuances. Au propre, délicat et délié indiquent ce
qui est ténu, mais avec cette distinction que délicat
implique une qualité, un art, un charme; on dira
que les lïls de la toile d'araignée sont déliés si on a
égard seulement à leur ténuité, el délicats, si on
prend en considération l'art avec lequel ils sont for-
més. La nuance est la môme au figuré : un esprit
délié est un esprit propre aux affaires épineuses;
un esprit délicat est un esprit propre aux affaires de
goût, d'art, de conscience.
— IIIST. XVI" s. Israël lors estoil nommé le fils dé-
licat [chéri] de Dieu : tous les autres estoyent tenus
pour estrangiers, calv. Instit. 349. Qu'on le rende
délicat au choix et triage de ses raisons, mont, i,
<«7. Cximme un traict d'une poincte très délicate
[déliéel, lo. i, t7l. Une beauté affettée, délicate,
artificielle, id. i, (77. Lesrichesdescriplions del'un,
les délicates inventions de l'autre, id. i, (»o. On
peull vooir par là si cette recherche de la vérité est
délicat* [difficile;, id. a, (i2. 11 ssioit fort délicat
DEL
et de petite complexion, au moyen de quoy sa meic
ne vouloit pas qu'il travaiUast beaucoup à l'estude,
AMVOT, Démosth. 7. Superflu en festoyemens, déli-
cat en son vivre, et dissolu en toutes manières de
voluptez et de délices, id. Démétr. 3. Il avoit les
oreilles si délicates qu'elles ne pouvoient patiemment
ouïr rien que flatteries, id. Dion, lt. Le prince de
Genevois, qui, ne trouvant pas l'air de la Kochelle
assez délicat, se mignardoit aux champs, d'albio.
llist. II, 294. Il fut si paletic, qu'il rendit comme
en exta.se les plus delicatsde ses auditeurs, id. ib. u,
337. Ces délicats ne sont capables de l'un ny de l'au-
tre, foibles en tous les deux, charbon. Sagesse,
Préf. de la 2* édit. La compagnie d'un homme dé-
licat amollit peu à peu ceux qui vivent avec luy, id.
ib. II, t.
— ÉTYM. Provenç. etcatal. délicat; espagn. deli-
cado ; ital. delicalo; du latin delicatus, ancienne
orthographe pour deliquatus, de deliquare, propre-
ment rendre liquide, fondre, fignréraerit expliquer
(de de, etliquare, rendre liquide, voy. liql'Ei:r:;
d'ûû il suit que !e sens propre de dciicafusest propre-
ment fondu, mon; par conséquent le premier sens
rie délicat est celui de tendre, faible. On trouve
dans le xiV et le xv siècle delicatif : Il est mol et
delicatif, ORESME, Elh.. 209 ; Vins et viandes plus
sains que delicatifs, christ, de pisan, Charles V,
I, 30. Au reste délicat a été refait, au xvi° siècle,
sur le latin; la forme d'origine était délié, et, plus
souvent, delqié, dougié, etc. (voy. délié t).
DÉLICATE, f.E (dé-li-ka-tô, tée), part, passé.
Un enfant trop délicate.
DÉLICATE.VIENT (dé-li-ka-te-man), adv. \\ 1* Mol-
lement. N'élevez pas les enfants trop délicatement.
Il 2° D'une manière douce, légère. Touchez la plaie
délicatement. Il Par extension. Apprécier, agirdé-
licatement.En fait d'amour, on fait très-délicatement
des choses fort grossières , Marivaux, Uarianne,
i" part. Il 3° Avec délicatesse, d'une façon éléganie
et fine. Cela est délicatement travaillé. Exprimer
une pensée délicatement. Il y a deux choses qui
font la bonté de son roman [d'Honoré d'Urfé], la
disposition qui est régulière, et les passions tendres
el amoureuses qu'il avait ressenties lui-même, qui
3ont touchées très-délicateraent, segrais, Mémoi-
res, t. II, p. 22. U faut exprimer le vrai pour écrire
naturellement, fortement, délicatement, la bruy.
I. Je touche délicatement à des matières délicates,
d'alemb. Lett. à Volt. 3 mars i705. || 4° D'une façon
délicate, agréable au goût. On y mangeait délica-
tement, hamilt. Gramm. 6.
— HIST. xvr s. Un jeune homme trop délicatement
vestu, CALV. /ns(i(. 3oB. Il fait gloire que sa maison
soit richement meublée et délicatement servie, AMÏOT,
Dion, 13. Ces pièces, délicatement et doctement trai-
tées, ont dessillé les yeux à plusieurs François, d'aub.
Hist. m, 287.
— ÊTYM. Délicate, et le suffixe men(; provenç.
delicadamens ; calai, dfhcadamenl; espagn. delica-
damente ; ital. delicatamente.
DÉLICATER (dé-li-ka-té), i\ o. || 1° Traiter avec
délicatesse, accouiumer à la mollesse. Il ne faut pas
délicater les enfants. || 2° V. réft. Se délicater, se
laisser aller à la mollesse.
— HIST. xvi' s. Elles sont si molles et tant sou-
cieuses de se délicater. et se plaire seules en elles
mesmes, brant. dans le Dict. de dochez.
— ËTYM. Délicat.
DÉLIC.4TESSE (dé-li-ka-tè-s'), s. f. || 1° Qualité
de ce qui est délicat, faiblesse, débilité. La délica-
tesse lie cet enfant. La délicatesse des plantes qui
viennent d'un climat plus chaud que le nôtre. Sa
santé est d'une délicatesse étrange, sév. 387. Vous
avez enfin porté votre délicatesse à Marseille, et
M. de Grignan l'a voulu, id. 4I4. La délicatesse de
son corps [de Ste Agnès], à peine propre à recevoir
lies plaies, est déjà capable de les mépriser, mass.
Panég. Ste Agnès. \\ 2° Qualité de ce qui est déli-
cat, fin, ténu. La délicatesse de la peau. La délica-
tesse des fils que l'araignée produit. || 3° Légèreté,
élégance. Travail remarquable par la délicatesse de
l'exécution. Son nez n'était pas de la dernière dé-
licatesse, hamilt. Gramm. ». Elle croit voir dans la
douceur de ces regards et de ce visage la douceur
d'une humeur paisible; dans la délicatess» de ces
traits la délicatesse de l'esprit, boss. la Valtière.
Un comptait cent quarante mille boucliers , au-
tant de casques et d'épées, plus de quatorze mille
cuirasses travaillées avec tout l'art et toute la déli-
catesse possible, ROLLiN, llist. anc. Œuvres, i. v,
p. <(i7, dans pouGEKS. |j Terme de peinture et d*
sculpture. Exécution légère et soignée. |j 4° La qua-
lité de ce qui plaît au goût. La délicatesse du vin,
T)ÉL
do» mets. La délicatesse de la table. || 6* Recherche,
dans la vie et le régime, de ce qui est agréable au
corps et n'est pas, non plus, absolument commun.
0ever un enfant avec trop de délicatesse. La dé-
licatesse des Orienlaui. C'est la vraie grâce de
l'aumône, en soulageant les besoins des pauvres,
de diminuer en nous d'autres besoins , c'est-à-
dire ces besoins honteux qu'y fait la délicatesse,
comme si la nature n'était pas assez accablée de
nécessités, eoss. Anne de Gonx. Chacun, ido-
lâtre de sa santé , ne veut avoir égard qu'à sa
délicatesse ou, pour mieux dire, qu'à sa mollesse,
BOUBDAL. Pun/ii;. de la Vierge, Slyst. Un Dieu dans
cet état est un reproche sensible de ses délica-
tesses [de l'âme], de son amour-pro|)re, du soin
qu'elle p-endde son corps, id. Dim. de la Quinqua-
gés. Dominic. La délicatesse est tout à fait digne des
hommes; elle n'est produite que par les bonnes qua-
lités de l'esprit et du cœur; on se sait bon gré d'en
avoir; on tâche à en acquérir quand on n'en a pas,
FONTEN. Dial. des morts,, tlUon et Smyndiride.
Il 6° Au plur. Choses délicates. Il ne lui faudra ni
table bien servie, ni consommés exquis, ni orges
mondés perpétuels, ni les autres délicates.ses qu'il
faudrait pour une autre femme, mol. l'Àv. ii, 6.
Philippe, déjà vieux, raffine sur la propreté et sur
la mollesse ; il passe aux petites délicatesses, la bruy.
XI. Us [lesjésuites missionnaires] ont ajouté des dé-
licatesses à nos tables et des ombrages à nos bois,
CHATEAUB. Génie, iv, iv, <. || 7° Finesse et élégance
dans le sentiment littéraire et l'expression. La déli-
catesse d'une pensée, du langage. La délicatesse et
la pureté du goût attique. Ce long raisonnement,
dans sa délicatesse, X vos tendres respects mêle
beaucoup d'adresse, corn. Othon, m, 3. Est-ce une
marque de supposition ou de nouveauté que la lan-
gue de l'Ecriture soit si ancienne qu'on en ait perdu
les délicatesses"? Boss. Hisl. ii, (3. M. le maréchal
de Tessé m'écrit une lettre de trois pages, pleine
d'esprit, de sentiment, de délicatesse, mainte.non.
Lettre à Mme de Caylus, 21 juillet )7(6. Jamais l'ex-
térieur n'annonça 'moins de délicatesse; il en avait
pourtant dans la pensée et dans l'expression, m'ar-
MONTEL, Mém. VI. il'égard de l'esprit, ce sera toute
la force de celui des hommes mêlée avec toute la dé-
l'.c.^'esse de celui des femmes, mahivaux, Marianne,
i' part. Ce texte a des délicatesses bien difficiles à
rendre, et notre maudit patois me fait donner au
diable, p. l. cour. Lett. I, 219. || Délicatesse de
style, variété de l'élégance, qui consiste à saisir et
à exprimer par des termes bien choisis les nuances
qui distinguent les idées. || 8° Finesse et pureté
dans la manière de sentir. C'est un paradoxe qu'un
violent amour sans délicatesse, la bruy. iv. Mais
que dis-je? où m'emporte une aveugle tendresse?
Lâche amant, est-ce là cette délicatesse Dont
s'enorgueillit ton amour? j. ;. bol'SS. Cantate de
Céphale. Dites-moi d'où cela venait; où est-ce que
j'avais pris mes délicatesses? mahivaux, Marianne,
i" part. Ce n'est pas de l'amour que je veux; vous
le savez bien; mais l'amitié n'a-t-elle pas ses sen-
timents, ses délicatesses? id. Surprises de l'amour,
n, 9. Il 9° Sensibilité, aptitude à juger finement.
Délicatesse de goût, de tact. L'un n'avait en l'esprit
nulle délicatesse, la font. Fabl. vu, 5. || 10° Qualité
de celui que la finesse de son goût, au propre et au
figuré, rend difficile. J'ai une furieuse délicatesse
pour tout ce que je porte, mol. Précieuses, lo. La
délicatesse est trop grande de ne pouvoir souffrir
que des gens triés, iD. Critique, 4. La bonne façon
d'en juger [des pièces de théâtre] , qui est de se lais-
ser prendre aux choses et de n'avoir ni prévention
aveugle ni complaisance affectée ni délicatesse ridi-
cule, id. ib. 6. Quelques femmes de la ville ont la
délicatesse de ne pas savoir ou de n'oser dire le nom
des rues, des places et de quelques endroits publics
qu'elles ne croient pas assez nobles pour être con-
nus, la bkuy. v. La fausse délicatesse dans les ac-
tions libres, dans les mœurs ou dans la conduite,
n'est pas ainsi nommée parce qu'elle est feinte, mais
parce qu'en effet elle s'exerce sur des choses et en
des occasions qui n'en méritent point; la fausse dé-
licatesse de goût et de complexion n'est telle au con-
traire que parce qu'elle est feinte et affectée; c'est
Emilie qui crie de toute sa force sur un petit péril
qui ne lui fait pas de peur, id. xi. || 11° Ménagement,
circonspection. Cette affaire veut être traitée avec
beaucoup de délicatesse. U [Pyrrhus] avait joint la
délicatesse des négociations à la science de la guerre,
ST-ÊVREMOND, 11, 34. || 12° Susceptibilité, facilité à
regarder comme blessantes les choses qui ne le sont
pas ou ne le sont guère. Je ne vois rien de si ridi-
cule que cette délicatesse d'honneur qui prend tout
DEL
en mauvaise part, mol. Critique, 3. Il faut res-
pecter les rois et ménager leur délicatesse, fén. Tél.
XII. Idoménée, revenu de sa première promptitude,
parut lionteux de sa délicatesse, id. ib. U aurait
pu ménager davantage la délicatesse des docteurs,
MASS. Panég. St Etienne. Je sais quelle est la déli-
catesse des grands, et les foudres qui partent de ces
montagnes d'orgueil du moment qu'on les touche,
ID. ib. St Franc. dcPaule. File [une femmedu monde]
a sur sa beauté des délicatesses ridicules, id. Myst.
Visitation. Toute la délicatesse sur le rang et sur la
gloire qui peut compatir avec une modération que
le monde lui-même demande, on s'en fait un mé-
rite, id. Car. Tiéd. 2. Cette délicatesse qui vous
rend si facile à être blessé est une véritable imper-
fection, FÉN. Dial. des mnrls anc. il. Cette délica-
tesse importune, étrangère. Dément votre fortune
et votre caractère, volt. Orph. m, 4. || Être en dé-
licatesse avec quelqu'un, avoir avec lui quelque
sujet de susceptibilité. Celte expression ne s'em-
ploie que dans lo style léger et familier : Nous ne
sommes pas brouillés, nous sommes en délicatesse,
c'est-à-dire chacun de nous craint de manquei; à sa
propre dignité en faisant des avances à l'autre.
Il 13° Scrupules sur ce qui touche à la morale, à la
conscience, aux bienséances, à la pureté des senti-
ments. Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi.
Vos scrupules font voir trop de délicatesse, la font.
Fabl. vn, (. Toujours alarmée par ces délicatesses
de la grâce, qui la font trembler sur chaque action,
MASS. Car. Tiéd. t. Vous aviez reçu en naissant
une délicatesse si noble sur la gloire, id. ib. Enf.
prod. Il Délicatesse de conscience, état d'une con-
science qui répugne aux moindres transgressions.
Il mène une vie scandaleuse et publique; le roi
en souffre, par amitié pour lui, par aversion pour
le désordre et par délicatesse de conscience, main-
tenon, ie((re ou duc de Noailles,^! sept. ("oo.
Ce qui paraît de si violent dans ses discours n'est
que la délicatesse d'une conscience qui se redoute
elle-même, ou l'excès d'un amour [pour Dieu] qui
craint de déplaire, BOSS. Anne de Conz. || Délicatesse
d'honneur, soin avec lequel un homme, une femme
veille sur son honneur. L'inquiétude que vous donne
cette maudite affaire du surintendant [lettres de
femmes trouvées dans la cassette de Fouquet] est la
marque de la délicatesse de votre honneur, chape-
lain. Lettre à Mme de Sévigné, dans feuillet de
CONÇUES, Variétés d'histoire et d'art. || Se dit dans
le môme sens en parlant des choses, des procédés,
des sentiments, etc. Le cœur ainsi blessé [par l'ange
des saintes amours] connaît toutes les délicatesses
des sentiments, chateaub. Mart. 40t.
— HlST. xvi" s. Ostez luy toute mollesse et déli-
catesse au vestir et au coucher, mont, i, t83. La
saveur et délicatesse de ces fruicts, id. i, 234. Pi-
brac, merveilleux en délicatesse de langage, d'aub.
Hist. II, 337. D'ailleurs je me plains d'eux et leur
reproche cette foiblesse populaire et délicatesse fé-
minine, comme indigne et trop tendre pour enten-
dre chose qui vaille, et du tout incapable de sagesse,
CHARRON, Sage.ise, Préf. de la 2« édit.
— ÊTYM. Délicat. Oresmea dit, Eth. 209: Délice
ou delicativeté est une mollesse.
DÉLICE (dé-li-s'). Au singulier ce mot est mas-
culin, au pluriel il est féminin, étant de ces noms
qu'on nomme hétéroclites et qui changent de genre
en changeant de nombre. || 1° S. m. sing. C'est un
grand délice que de boire frais, Acad. Observ.sur
Vaugelas, p. 272, dans pougens. Quel délice d'être
avec des gens d'une société agréable! 16. Je vous re-
trouveenfin, ôbonheurl ô délice! rotr. Bélis. 11, 6.
11 disait que chaque nouvel objet était un délice
nouveau, buffon. De la vue. || 2° S. f. plur. Plaisir
qui ravit, transporte. Si quelqu'un, d'aventure, en
délices abonde, malh. i, 4. Il était sous Néron de
toutes ses délices [parties de plaisir] , corn. Otiion,
II, 4. Affranchis-le [mon cœur] de tous ses vices. Dé-
racine ses passions. Efface les impressions Qu'y for-
ment les molles délices, 'id. Imit. m, 6. Les délices
du soir font un triste matin, id. ib. i, 20. Qu'ils aient
moins d'aversion pour l'austérité de la mortification
des sens qu'ils ne trouvent de charmes dans l'usage
des délices vicieuses du péché , pasc. Comp. des
chrét. U n'y a rien de plus pernicieux à l'homme ni
de plus dangereux pour le salut de son âme, que ce
qui sert aux délices du corps, bocrd. 6° Dim. après
la Pentec. Domin. Vous qui goûtez ici des délices
si pures, rac. Esth. Prol. Ensuite, entrant dans la
ville, il remarqua qu'il y avait beaucoup moins d'ar-
tisans pour les délices de la vie et beaucoup moins
de magnificence , fén. Tél. xxii. Vous qui vivez
dans les délices, mass. Car. Ricite. Il [Milton] trans-
DÉL
1035
porte le lecteur dans le jardin des délices, chateaub.
Génie, 11, 11, 3. || Les délices d'un lieu, d'un pays,
ce qui le rend plein de douceur et de plaisir. Je con-
nais aussi bien que personne les délices d'Espagne,
VOIT. I.ett. 35. Il Les délices de Capoue, quartiers
d'hiver délicieux qu'Annibal prit à Capoue après la
victoire de Cannes, et qui passent pour avoir amolli
son armée. Tout cela porte assez à croire que Tite
Live exagère les pernicieui effets des délices de Ca-
poue, kollin, Ilist. anc. Oliuvres, t. I, p. 447, dans
pougens. Il Par extension. C'est le duc de Villeroi qui
est le général de cette petite armée; ils sont, dans
le repos et les délices de Capoue, c'est le plus beau
pays du monde, sÉv. 233. || Fig. Les délices de Ca-
poue, délices où l'on s'oublie, où l'on s'amollit.
Il Les délices de Baies, lieu renommé de la Campanie
où les riches Romains allaient chercher le repos.
Voilà devant vous le temple de la Sibylle de Cumes;
nous traversons les lieux célébrés sous le nom des
délices de Baies, staël, Corinne, m, 3. || 3° Char-
mes. Craignez que de sa voix les trompeuses déli-
ces.... j. b. rouss. Ode s. la flatt. || 4° Par extension,
vif sentiment de l'âme comparé aux délices du corp.s.
Et s'il faut affronter les plus affreux supplices, Y
trouver des appas, en faire mes délices, corn. Poly.
i, t. J'en fais toute ma gloire et toutes mes délices,
id. Sertor. m, 4. La reine, à la gêner prenant mille
délices.... ID. Rodog. 1, 6. En nous formant, nature
a ses caprices; Divers penchants en nous elle fait
observer; Les uns à s'exposer trouvontmilledélices;
Moi j'en trouve à me conserver, mol, Amph. n, 1.
Seigneur, que ne pouvons-nous obtenir de votre
bonté, si, comme nos prédécesseurs, nous faisons
nos chastes délices de votre Écriture? doss. le Tell.
Ceux dont la chasteté faisait les délices, id. Hist.
H, 12. Souffrir et mourir pour Jésus-Christ, ce sont
leurs plus chères délices, bourd. Myst. Pentecôte.
Votre parole est devenue la joie et les délices de
mon cœur, sacy, liible, Jérémie, xv, <e. Cette li-
berté qui fait les délices de la cour, mass. Or. fun.
Conty. La différence qu'il y a des troupes françaises
aux vôtres [en Perse], c'est que les unes, compo-
sées d'esclaves naturellement lâches, ne surmontent
la crainte de la mort que par celle du châtiment; au
lieu que les autres se présentent aux coups avec dé-
lices et bannissent la crainte par une satisfaction qui
lui est supérieure, montesq. Lett. pers. 89. Conser-
vons avec soin, augmentons le dépôt de ces nobles
connaissances, les délices des êtres pensants, la
place, Expos. V, 6. Il Lieu de délices, lieu où l'on
se plaît infiniment. Tout cela ne me console pas d'ê-
tre loin de Noisy; c'est le lieu de délices pour moi,
maintenon, Lett. à d'Aubigné, 3 oct. (684. || Faire
les délices, être les délices de quelqu'un, en être
singulièrement chéri. Moi que du genre humain on
nomme les délices, corn. Tite et Bérén. 11, I. Vous
êtes les délices de mon cœur et de ma vie, sÉv. B9.
Ce nom devient les délices des Romains, eoss. Hist.
I, to. De Rome pour un temps Caïus fut les délices,
RAC. Brit. I, 1. Pour entreprendre d'être les délices
du peuple, fén. Tél. xii. Il est les délices de ceux
qui vivent avec lui, id. ib. xxi. Il fit les plus chères
délices du roi, hamilt. Gramm. 4i. Télémaquedont
Minerve fait ses délices, fén. Tél. xvii. Tout ce qui
peut faire d'un homme les délices des autres hommes,
MASS. Or. fun. Conty. lia gouverné Home au milieu
des supplices; Il en était l'effroi, j'en serai les dé-
lices, volt. Mort de César, i, 4. |{ Faire, être les
délices d'un lieu, en faire le charme, y jouir de la
plus grande faveur. Mon fils est toujours les délices
de Quimper, sÉv. 39'j. Il a fait les délices du tous les
pays, HAMILT. Gramm. I. Vous faites les délices d'une
cour toute jeune, id. 16. 6.
— REM. Vaugelas et Marguerite Buffet condamnent
délice au singulier Masculin. Balzac l'a fait mascu-
lin au pluriel : Pour aller jouir avec vous de nos dé-
lices communs, liv. iv, lett. 9. Le genre de ce mot
a varié, si bien que, l'anomalie s'éiendant, il est
devenu masculin au singulier, et féminin au pluriel.
— HIST. xm* s. Por ces délices oblient li pecheor
nostre Seigneur, Psautier, f° to. || xv* s. 'l'ous les
plaisirs.... et plusieurs pompes et dehces, comm.
v, t8. Il xvi« s. Et nous sembloyt que nous fussions
transportez es souveraines delicesduciel, rab. Pant.
v, 2B. Les superfluitez et délices ioniques, amïot,
Lyc. 5. Les délices, estans destituées des choses qui
les nourrissent, venoient à se faner petit à petit, et
finablementà tomber d'elles mesmes, iD. ib. H. Il lui
récite les grandes délices dont iijouissoit aux champs,
0. de serres, <ooi. Par ta mort. Adonis, toutes de-
lices meurent, bons. 79,ï. Plongé en l'oysiveté et
aux délices, mont, i, 278.
— ÉTYM. Berry. delHce, U mouillées; du latin
103G
DEL
dtliei/e, «u iinKuIier delieium, do delicire, de de,
cl tacire, faire toml>cr dan» un lacs (voy. lacs).
Delieium, drlicir, en lalin, «ipliquenl «ans doute
la douliln uenre en français.
I.rr ■ " f I MKNT(ilé-li-»i-eû-7P-man),adc. Avec
dé , mif-redélicieuse. Pour qu'un homme
»n^ :i)enl. il faut que cent autres travail-
lent sansreliclie, monteïo. Lttt.pers. (oe.Jene crois
p»» »TOir t\é, de mes jours, plus vivement, plus
délicieusement ému, l. ). noiss. Conf. vm. || l)'une
manière charmante. Cette dame est délicieusement
halullée. Kicz-vousà nous : il est impoisible d'écrire
plu.» délicieusement, «Bv. lell. 52 jan». <C74.
— lll.sT. XV* s. Et dit nue les moines esloient trop
délicieusement nourris de Imns vins et de delicieu-
f«s viandes, par lesquels di^lices et superfluilés ils
iieMpouvoicnt relever k minuit ni faire leur office....
et letremit aux (Fufset au petit vin pour avoir claire
Toiietclianlerplus haut, fboiss. m, iv,50. || xvi* s.
I.e vivre voluptueusement el délicieusement, amyot,
l.ueull. ^H.
— £TVll. Pélicieute, et le suffixe ment; provenç.
deticiotament ; espagn. delicioiamenle ; ital. de-
liMioiamrnle,
DÉLICIEUX, ECSE (dé-li-si-eû, eû-z'), adj.
Il i* riein de délices. Un lieu délicieux. Un séjour
délicieux. Source délicieuse en misires féconde, Que
voulez-vous do moi, flatteuses voluptés? corn. Pofj/.
IV, 2. Il y a de bons mariages; mais il n'y en a
point de délicieux, LA BociiEF. Rijl. lO. F.mude sen-
timents purs et délicieux, lemkrc. Frid. et ilrunrh.
I, *. Elle aimait trop le bal, c'est ce qui l'a tuée;
Le bal élilouissant, le bal délicieux I Sa cendre cn-
cor frémit doucement remuée, Quand, dans la nuit
xereine, une blanche nuée Danse autour du cruis-
«ant des cicux, v. iiuGO, Orient. 33. || 2* Livré aux
délices. Notre siècle délicieux ne peut souffrir vo-
tre dureté, iioss. l'aul, 'i. || 3° Qui flatte singu-
lièrement le goût, lies fruits délicieux. D'un joug
cruel il sauva nos aïeux; Les nourrit au désert
d'un pain délicieux, rac. Athal. i, *. || Familière-
ment, qui flatte beaucoup les yeux, l'esprit. Une toi-
lette délicieuse. Nous avons lu et relu plusieurs fois
votre lettre; elle est délicieuse, et vous n'avez peul-
ftre pas senti ce qu'elle vaut, sÊv. Lcll. 29juin t69!>.
Il En cesens,onleditqui<lquefoisaussi des personnes.
ITne délicieuse femme. |{ Se dit ironiquement en par-
lant d'une chose invraisemblable ou insoutenable.
Voilà une prétention délicieuse I C'est délicieux I
— SYN. D£uciEux, DÉLECTABLE. Ces deux mots,
ayant étymologiqucment un même radical, sont
très-voisins l'un de l'autre; ils ne diffèrent que par
la finale, l'uncexprimant cequial>onde, l'autre cequi
oITcctiie. Délicieux est ce qui abonde en délices; dé-
lectable est ce qui produit une sensation délicieuse.
— IIIST. XIII" s. Li siècles erl [était] moult precieus,
N'esloit pas si delicieus Ne de robes, ne de viandes,
ta /loir, 84U2. Il xvi* s. La semence est délicieuse à
tous nyseaulx canorcs, linotes, chardriers, tarins,
et aultres, aab. Pant. m, «o. Quant à la vaisselle
d'or ou d'argent , draps de pourpre, et aultres leU
meubles délicieux, amtot, Àl<x- 28. k celle Un
qu'ils se cha.«iiassent culx mesmes, en se déportant
d'estre superflus, somptueux et dobcieux, tu. Co-
lon,3». Jardins somptueux et délicieux , id. Lucull. 78.
Puis tressans dans quelque préo Vos cheveux déli-
cieux. Chantez d'une voix sac^e.... bons. 4i8. Les
Tusijues mains ingénieuses Jà de trop velouter s'u-
loient Pour nos femmes délicieuses. Qui en robes
trop précieuses Du rang des nobles abusoient, id.
KI& D'un animal marche-tard ocieux [la lor-
tue| , Kit une lyre au son délicieux , Au ventre creux ,
Aux accords délectables, lo. 943. Les plus délicieux
plaisirs fuyent à [craignent de^ laisser trace de soy,
et fuycni la vcue non seulement du peuple mais
d'un aiiiire, «ont. m, 78.
— ETYM. Provenç. ddicios; espagn. dtlicioio;
iUl. d(fi>infn;du latin drlicioou, de delicitc, délices,
DËLICOTKH (dé-li-ko-té), «j. a. Défaire le licou.
Il S« délicoter, v. fifl. Se dit d'un cheval qui se dé-
fait de son licou,
— KTYII. /)('.... préfixe, et itcou, avec un I qui
««t de liaison, comme dans tabac, tahalièrt, café,
tafttier, etc. et nnn d'éiymologio,
t Hf.l.Mrri'EUX. Ei;SK(dé-li-ktu-eû,eû-l'), adj.
Terme de droit Qui caractérise le délit. Fait délic-
tueux. Intention délictueute.
— ETYM. /WJii.
«. DÉLIE, F.S (dé-li-è, te), adj. || !• Menu, grêle,
mine*, fin. Trait de plume fort délié. Taille déliée.
Les (leiiu animaux sont doués d'organe» très-fins
•l de membre» très-délié». Cette coiffe eat tin peu
Irup déliée; J'en vaia quérir une plut épa!<ae, «cl.
DÉL
Pourc. III, J. Il porte des chemises très-déliées, la
BHUï. XIII. Il Un fil délié, un fil très-menu; et fig.
une liaison difficile à comprendre. Je vais vous dé-
velopper, par un ou deux exemples, le fil secret et
dùlié qui les a conduits dans le choix délicat de leurs
accPNSoiri-s, dideh. Essai sur la peint, ch. 3. || Fig.
I.a gloire est une passion qu'il ne connaît point, qui
est trop déliée et trop s|>irituelle pour lui, balz.
Disc, a la régente. Cette erreur est si déliée, que,
pour peu qu'on s'en éloigne, on se trouve dans la
vérité, PAsc. Prov. 3. Au milieu des flatteries, le
cfjnsnl désigné, Cérialis Anicius, dit un mot délié
que .Néron entendit sans doute et dont il ne s'offensa
point, dider. Ess. t. Claude et Néron. || a" Délié se
dit aussi, dans un langage technique, des humeurs
des corps vivant». Le canal destiné à conduire dans
l'estomac du fourmi-lion les sucs plus ou moins dé-
liés dont il se nourrit, bonnet, Observ. s»», Insec-
tes. \\ 3' Habile par l'adresse et la finesse. Fagon,
délié courtisan, et connaissant parfaitement le roi,
Mme de Mainlenon, la cour et le monde, st-sim.
t*, tbB. Les Suisses n'étaient pas réputés les hom-
mes les plus déliés, volt. Uoeurs, <28. Métaphysi-
cien assez délié pour vouloir réconcilier la théo-
logie avec la métaphysique, ib. Louis XIV, 34.
Le médecin Fonseca, Portugais, Juif établi à Con-
stantinople, homme savant et délié, capable d'affaires
et le seul philosophe peut-être de sa nation, id.
Charles XII,i. \\ Discours, style délié, discours, style
dont on ne démêle pas du premier coup l'artifice.
Ce terme, donné par quelques littérateurs, n'est pas
fort usité. Il 4° S. m. 'terme de calligraphie. La
partie fine et déliée d'une lettre, par opposition aux
pleins. Il ne fait pas un seul délié.
— IIIST. XI' s. L'herbe du champ qui est verte et
delgie, Ch. de Roi. ccxlvi. || xii* s. Parmi le piz
[il] fu larges, et delgiés par le bu. Soi. 28. Et de-
sus un surpliz blanc el délié [sans doute deljé ; en
tout cas, de deuxsyllabes] e bel. Th. le viart. tbb.
Sanglant [il] en otson ermine delgié, Raoul de Cam-
brai, 68. Il xiii" s. 11 ot chemise de cainsil Vestue,
délie et sobtil. Lai du trot. Plus beaus chevoils ne
plusdulgez. Plus ascemez ne mieuz treciez. Lai du
désiré. ||xv' s. La poudrière du délié sablon qui là
estoit, commença à lever à l'empainle des chevaux,
FROiss. m, IV, 83. Cil Janekin Clinton estoit délié
et menu de membres, id. ii, u, 8i. || xvr s. Les
âmes basses et vulgaires sont souvent aussi réglées
que les plus desliées, mont, m, 277. X mesure que
ces espines domestiques sont plus dures et desliées,
elles nous mordent plus aigu, id. iv, 7i. Se lever
si soudain engendre le haut mal et nuit à ceux qui
veulent avoir le teint délié, yver, p. B73. Peau dé-
liée, cheveux unis, parb, Introd. 7.
— ETYM. Lat. delicatus (voy. délicat), qui a
donné dans l'ancien français deljé et délié ; dans le
provençal delguat, dalgat ; dans l'ancien catalan
delgat; dans l'espagnol et le portugais delgado.
Delicatus a donné deljé ou délié, suivant qu'on y
supprimait l't bref {delcalus, deljé), ou qu'on y
supprimait le c {deliatus, délié, comme vocalis,
voyelle). Les deux formations sont dans l'analogie
de la langue.
2. DF.HÉ, ÉE (déli-é, ée), part, passé. Qui n'est
plus lié. Un fagot délié. Socrate délié sentit du plai-
sir à étendre ses membres. Le boiteux bondira comme
le cerf, et la langue des muets sera déliée, sacy.
Bible, Isa'te, xixv, «. j{ Dégagé, délivré. Du monde
délié, je vivrai de lumière, D'extase, et de prière.
Oubliant, oublié, v. bdoo. Odes, iv, 26. || Dans là
poésie italienne, vers déliés, vers où la rime n'est
point employée, et dans lesquels le poète n'observe
que la cadence et la mesure (versi seiolli). jj Terme
de marine. Navire délié, navire dont le gros temps
ou un échouement a fatigué la coque.
t DÉLIÉES (dé-li-ée) , s. f. plur. Terme de vénerie»
Les fumées du cerf lorsqu'elles sont bien moulées.
t DÉLIEMENT (dé-ll-man), t. m. Action de dé-
lier; état de ce qui est délié.
— ETYM. Délier.
DÉLIER (déli-é), je déliais, nous déliions, vous
déliiez; que je délie, que nous déliions, que vous
déliiez, r. a. || !• DéUcher ce qui lie, défaire ce
qui est lié. Délier un paquet. La bourse déliant, je
mis pièce sur table, Régnier, A'at. xi. || Sans bourse
délier, .sans rien payer. Les ayant condamnées [ces
familles] à l'amende du triple, les ayant ruinées en
frai», et fait mettre en prison les pères de famille,
il [lecontrêleur] avait acheté leurs possessions sans
liourse délier, volt. l'H. aux 40 ifcus, Audience du
contrôleur général. || Fig. Un désir qui ne délie ja-
mais nos chaînes, mass. Panég. St J. Bapt. || Délier
la langue, rendre la parole, permettre de parler.
DÉL
Voici le jour qui rompt mon silence et qui délie ma
langue, d'ablanc. Disc, de Cicéron pour Marcelltu,
dans bichelet. || Délier sa langue, prendre la pa-
role. Les flatteurs, les fourbes, les calomniateur?
ceux qui ne délient leur langue que jiour le men-
songe et l'intérêt, la brut. xii. j! 2° Dénouer. Délier
des cordons, des rubans, une corde. Pendant mon
sommeil, si ta main De mes jours déliait la trame,
Céleste moitié de mon &me, J'irais m'éveiller dans
ton sein, lamart. Méd. i, 9. || Fig. N'être pas digne
de délier le cordon des souliers de quelqu'un, lui
être infiniment inférieur. Cette locution provient de
l'Ecriture : Je ne suis pas digne de délier le cordon
de ses souliers, en me prosternant devant hii,SACT,
Bible, Év. St Marc, i, 7. || S" Rendre libre d'un en-
gagement. On l'a délié de toute obligation. Ce prince ,
en abdiquant, délia ses sujets de leur serment de
fidéUté. Il Terme de théologie. Absoudre. Tout ce que
vous délierez sur la terre sera aussi délié dans les
cieux, SACY, Bible, Év. Si Matlh. xvi, ta. Les minis-
tres n'osent plus vous délier qu'après de longue»
épreuves, mass. Car. 7(ech. || Dans cette acception,
délier s'emploie presque toujours absolument. L'É-
glise a le pouvoir de lier et de délier. || 4° Se délier,
V. r^/I. Défaire ses liens. Qu'on me l'attache bien,
de peur qu'il se délie, Tristan, M. de Chrispe, v,
40. Il Fig. Se dégager. Ils semblent même appré-
hender de pouvoir se délier un jour el de devenir
libres, la bhuy. xii. Ëtes-vous lié avec une femme?
ne cherchez point à vous délier; n'êtes vous point
lié avec une femme? ne cherchez pointde femme,
SACY, Bible, St Paul, !'• Ép. aux Cor. vu, 27.
JITerme de marine. Se délier, éprouver, en parlant
d'un navire, en ses pièces principales, quelque
dérangement.
— HIST. XII* s. Ours et liparz [il] voioit touz des-
liez, iionc. p. 1 1 2. X prince terrien ne volt aine Deus
baillier Les clefs del ciel, qu'il poent lier el deslier.
Mais as ordenez fait sa poésie traîner. Th. letnart.
91. Mult fuissent à pécher li pluisur deslié. Quant
autrement ne fussent destraint par le clergié, ib. 69.
Il xiii* s. La deslie Slorans, qui' en ot giaiit liitié,
Berte, xxi. Mes cist mauve.semenl deslienl Le neu
de ceste question, la Rose, 47484. Quant de.slié fu,
sans plus dire. Son col [il] met enz et sache et tire
Le chien par la cuisse.... Hen. i 7B48. Et Kenart, qui ,
en mainte guise, Fngingne la gent et déçoit, Deslié
l'a, si leconjoit, ib. 53oo. Nostre sires deslie les eii-
liez, Psautier, f" <76. |{ xvi" s. Nature nous a mis
au monde libres et desliez, mont, iv, 403.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et lier; picard, déloyer ;
provenç. desliar ; anc. calai, desliguar; espagn.
desliar, desligar; ital. slegare.
t DÉLIGATION (dé-li-ga-sion ), t. f. Terme de
chirurgie. Application méthodique des bandages.
— ÉTYM. Lat. deligare, bander, de la préposition
de, el Hgare, lier.
t DFilGATOIRE (dé-li-ga-toi-r') , adj. Qui appar-
tient à ia déligation. Appareil déligatoire.
+ DÉLIMITATEUR (dé-li-mi-ta-leur), s. m. Celui
qui limite.
— ETYM. Délimiter.
DÉLIMITATION (dé-li-mi-ta-sion ; en vers, da
six syllabes), s. f. Action de délimiter. Demander
la délimitation de ses propriétés. || Résultat de cette
action. Changer les délimitations.
— ÉTYM. Délimiter.
DÉLIMITÉ, ÉE (dé-li-mi-té, tée), part, passé.
Un compartiment bien délimité.
DÉLIMITER (dé-li-mi-té), v. a. Marquer, fixer,
tracer des limites. Délimiter le sujet de ses études.
— ETYM. Lat. delimilare, de de, et limes, limi-
tis, limite.
t DÉLIMONER (dé-li-mo-né), i'. a. Terme de cui-
sine, ôler la mucosité, le limon qui est sur les
écailles des poicsoiis.
— ETYM. Dé.... préfixe, et limon.
tDÉLINÉATEUR (dé-ii-né-a-leur), s. m. Celui
qui dessine le trait.
— ETYM. Voy. DÊLINÉATION.
DÉLINÉATION (dé-li-né-a-sion), s. f. Action de
tracer un objet au simple trait. || Figure de.ssinée au
trait. Il Terme de géométrie. Tracé des lignes droites
ou courbes, nécessaires pour la levée des plans et la
projection d'un corps solide.
— HIST. XVI* s. La faculté auctrice ou augmenla-
trice, qui commence depuis la delinealion et con-
formation, et dure jusques à.... paré, Introd. 8.
— ETYM. Lat. dc/in<a(ionem, de dclineare, tracer
une ligne, de de, ellinea, ligne (voy. ligne).
t DÉLINËER (dé-li-né-é), «. o. Tracer le con-
tour d'un objet au trait.
— ETYM. Voy. DÉLINÉATION.
DEL
DEL
DÉL
4037
DÉUNOUANT, ANTE (dé-lin-kan, kan-t'), s. m.
et f. Terme de jurisprudence. Celui , celle qui a com-
mis un délit.
— IIIST. xvT* s. Il faisoit punir les delinquans
avec telle modération, qu'il donnoit assez à cognois-
tre que ce n'estoit point par appétit de Tengeance,
AMYOT. Artax. 4.
— ÉTYM. Délinqutr.
WÉLINQUER (dé-lin-ké), V. n Terme de juris-
prudence. Commettre un délit. On punira ceux qui
ont délinqué.
— HIST. xv« s. Les dits capitaines casseront des
gages d'un quartier ceux qu'ilz trouveront avoir ex-
cédé et délinqué, Ordonn. e cet. U86. || xvi« s. Si
quelque clerc n'eust rien commis contre les lois,
mais seulement eust délinqué en son office, il n'es-
toit point adjournéau tribunal commun, mais avoit
son evesque pour juge, calv. Instit. 'J84.
-s- ÉTYM. Provenç. et espagn. delinquir; ital. de-
linquere; du latin delinquere, qui veut dire aban-
donner, manquer, commettre un délit, de de, et
linquere, laisser.
t BfiLIOT (dé-li-o), s. m. Synonyme de délot.
DÉLIOUESCENCE (dé-li-kuè-ssan-s') , s. f. Terme
de chimie. Phénomène offert par certains corps soli-
des qui attirent l'humidité de l'air et se dissolvent.
— ÉTYM. Déliquescent.
DÉLIQUESCENT, ENTE (dé-li-kuè-ssan, ssan-t'),
adj. Terme de chimie. Qui attire l'humidité de l'air
et s'y résout en liqueur.
— ETYM. Lat. deliquescens , de deliquescere , de
Je, et Uquescere, se fondre (voy. liol'eur).
DELIQUIUM (dé-li-kui-om'), s. m. Terme de chi-
mie. Etat d'un corps qui de solide est devenu li-
quide, en absorbant l'humidité de l'air.
— ÊTYM. Lat. deliquium, de deliquescere (voy
déliquescent).
DÉLIRANT, ANTE (dé-li-ran, ran-t'), adj. || l'At-
teint de délire. Je demeurai longtemps muette, dé-
lirante. Mes regards sans rien voir devant moi se
fixaient, millev. Trad. de Théocr. || Une joie déli-
rante, une joie qui délire, excessive. || Terme de
médecine. Conceptions délirantes, celles qu'ont les
fous ou les malades en délire. || 2° Fig. Fou, ex-
travagant, en parlant de l'esprit. Imagination déli-
rante. Il 3" Par une autre extension, avec le sens
actif, et seulement dans le style familier et moqueur,
qui met en délire, qui fait perdre la raison. Une
robe délirante. Que disiez-vous donc? Mais il est
délirant [en parlant d'un vieillard que l'on disait
tout cassé, et qui entre au contraire fier et pimpant,
comme un beau à la vieille mode] , bavard et jaime,
le Réveil du Lion, i, )2. ||4° S. m. Terme de mé-
decine. Personne en délire. 11 est dangereux de lais-
ser libres les délirants.
— HIST. xm' s. La terre en remaint esbahie ; Ci
a mort delireuse et fiere, Que nuns hom n'en fait
bêle chiere Fors celé pute genthaïe, ruteb. 67.
DÉLIRE (dé-li-r"), s. m. || 1° Egarement d'esprit
causé par maladie. Un délira aigu, chronique. Comme
si vous eussiez été en délire, sév. 628. || Dans le
langage médical, perversion de l'entendement, cau-
sée soit par la fièvre, soit par les boissons alcooli-
ques, soit par une lésion idiopathique des fonctions
cérébrales, et qui fait que le malade associe des
idées incompatibles, et prend ces idées ainsi alliées
pour des choses réelles; désordre des facultés in-
tellectuelles avec ou sans altération des facultés mo-
rales. Il 2° Fig. Égarement. Le délire de l'esprit, de
l'imagination, des passions. Porter la passion jus-
qu'au délire. Je vois l'emportement de cet affreux
délire, VOLT. Irène, v, 3. N'auriez-vous pas voulu
pour gouverner l'empire. Que j'eusse de Caton con-
sulté le délire? id. Catil. v, 6. Et que t'aura produit
ton vertueux délire? m. j. chén. Gracques, m, 4.
Il 3° Enthousiasme, fureur poétique. Un sublime
délire. De tes esprits émus le délire s'empare, le-
MRRc. Agamemn. iv, B. Cassandre dans l'excès d'un
délire sacré.... luge de lancival, Hector, ii, 3.
— HIST. XVI" s. Les signes qui demonstrent le
diaphragme estre blessé, sont pesanteur au lieu
blessé, délire, c'est à dire perturbation de raison,
PARÉ, VIII, 32.
— ÉTYM. Lat. delirium, de delirare, délirer.
DÉLIRER (dé-li-ré), v. n. Avoir le délire, être en
délire. || Fig. Etre en proie à une émotion qui trou-
ble l'esprit. Les réponses ne venant point, ou ne ve-
nant pas quand je les attendais, je me troublais en-
tièrement, je délirais, j. j. rouss. Conf. xi.
— ÉTYM. Lat. delirare, proprement s'écarter du
sillon; de de, de, et (ira, sillon; métaphore de la-
boureurs.
tBELIRIUM TREMENS (dé-li-ri-om' Iré-mins'),
s. m. Terme de médecine. Délire accompagné de
tremblement qui affecte ceux qui font abus des
liqueurs alcooliques.
— ÉTYM. Lat. delirium, délire, et iremens, trem-
blant.
t DÉLISSAGE (dé-li-sa-j') , s. m. Action d'enlever,
par le moyen d'un instrument, aux chiffons destinés
à faire du papier, les coutures et autres accessoires.
— ÉTYM. Délisser.
f DÉLISSER (dé-li-sé), v. a. Défaire ce qui était
lis.se. Délisser les cheveux. || Trier les feuilles de pa-
pier, les chiffons.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et lisse.
t DÉLISSEUR, EUSE (dé-li-seur, seû-z'), s.m.et
f. Ouvrier, ouvrière qui fait le triage des feuilles
de papier.
— ÉTYM. Délisser.
H. DÉLIT (dé-li; le t se lie : un dé-li-t-ignoble;
au pluriel, l's se lie : des dé-li-z ignobles), s. m.
||1° Terme de jurisprudence. Infraction quelconque
de la loi. Commettre un délit. Les plus graves dé-
lits. Ma propre femme enfin trempant dans ce délit
Perdrait sa part aujouretsa place en mon lit, rotr.
Délis. II, 13. Il Le corps du délit, l'action même
du crime qui a été commis: se dit par opposition
aux circonstances. || Flagrant délit, le délit aperçu
au moment où il se commet. Prendre en flagrant
délit. Il 2" Infraction que la loi punit d'une peine
correctionnelle. Un délit de presse. || Délit forestier,
rural, infraction aux lois sur les forêts, sur la po-
lice rurale. Il Terme d'eaux et forêts. Arbres de dé-
lit, ceux qui ont été coupés contre les ordonnances.
Il 3° Terme de droit civil. Fait illicite qui cause du
dommage à autrui avec intention de nuire. Les obli-
gations qui naissent d'un délit. Ce fait constitue un
simple délit civil.
— HIST. XVI" s. Tous délits sont personnels [le ré-
pondant n'est tenu que civilement, non corporelle-
ment] ; et en crime n'y a point de garant [l'auteur
et l'instrument sont également punis] , loysel, 797.
— ÉTYM. Lat. delictum, du supin de delinquere,
délinquer (voy. ce mot).
2. DÉLIT (dé-li), s. m. \\ 1° Terme de maçon.
Côté d'une pierre opposé à celui qu'elle avait natu-
rellement dans la carrière. Mettre une pierre en dé-
lit. Il Position d'une pierre , placée de telle sorte , que
son lit de carrière est vertical ou incliné sur l'hori-
zon. || 2° Terme de géologie. Joint ou veine que pré-
sentent un bloc d'ardoise, des roches, des terrains.
Les émanations salines qui, à chaque époque de
dislocation de l'écorce terrestre, se sont manifes-
tées pendant un temps plus ou moins long et qui
se sont épanchées sur plusieurs points, où elles ont
constitué, parleur refroidissement, des roches en-
clavées et sans délit, l. cordier, Acad. des se.
Comptes rendus, t. liv, p. 297.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et lit: ce qui est hors de
son lit, de sa position régubère.
f DÉL1T.\GE (dé-li-ta-j'), s. m. Action de déliter
les vers à soie. On dit aussi délitement.
— ÉTYM. Déliter.
t DÉLITATION (dé-li-ta-sion) , s. f. Action de dé-
liter, de se déliter. La débtation des pierres, d'un
minéral.
— ÉTYM. Déliter.
DÉLITÉ, ÉE (dé-li-té, tée), parJ.pajs^. Il l°Pierre
délitée, pierre placée autrement qu'elle n'était dans
son lit de carrière. || 2° Chaux délitée, chaux qui
s'est levée par feuilles en attirant l'humidité de l'air.
] DÉLITEMENT (dé-li-te-man), s. m. Voy. délitage.
DÉLITER (dé-li-té), v. a. \\ 1° Terme de maçon.
Poser une pierre sur le côté opposé à celui qu'elle
avait dans la carrière. Il ne faut pas déliter les pier-
res. Il Détacher l'ardoise ou la pierre par dalles ou
blocs de la masse de la carrière. || Couper une pierre
dans le sens de son lit de carrière. {| 2° Terme de
magnanerie, ôter les vers à soie de dessus la litière,
qui est leur lit. || S" Déliter la chaux vive, l'hydra-
ter, l'arroser avec de l'eau. || 4" Se déliter, v. ré(l.
Se fendre naturellement dans le sens de son lit de
carrière, en parlant d'une pierre. ||5" Se déliter, se
dit de certaines pierres qui, par l'effet de la gelée,
se lèvent par écailles, par couches, par lits. La
chaux se délit» spontanément à l'air, en attirant
l'humidité.
— t:m,l. Délit 2. Lepréfixed^....signifie/iorsde,
dans les deux premiers sens, et par lits, par cou-
ches, pnr feuilles, dans les autres.
t. DÉLITESCENCE (dé-li-tè-ssan-s'), s. f. Terme
de médecine. Disparition rapide d'une affection lo-
cale, d'une tumeur, sans qu'elle se reproduise sur
un autre point, ce qui distingua la délitescence de
la métastase.
— HIST. XVI" s. La termination des apostemes se
fait par quatre manières, à moins que d'elles mes-
mes, sans aucune occasion manifeste, elles ne s'et
retournent par délitescence, ou.... paré, v, 3.
— ÉTYM. X.at. delitescere, se cacher, de la prépo-
sition de, et latere, être caché (voy. latent).
t 2. DÉLITESCENCE (dé-li-tè-ssan-s'), s. f. Terme
de chimie. Phénomène qui a lieu quand, un cristal
perdant son eau de cristallisation, les lames s'en
détachent et s'en brisent en parcelles, ou quand un
corps, absorbant de l'eau, se désagrège.
— ÉTYM.Z)e7jter; mot formé par confusion de dé-
sinence avec la délitescetice du langage médical.
C'est délilance qu'il aurait fallu dire, du participe
délitant, ou délitation, qui en effet existe.
DÉLIVRANCE (dé-li-vran-s') , s. f. \\ 1° Action par '
laquelle on délivre; résultat de cette action. La déli-
vrance d'un prisonnier. Et n'épargne contre eux
pour notre délivrance, Ni le feu ni le fer.... malh. ii,
i 2. Et si cette aventure doit être achevée par un dos
plus honnêtes hommes du monde, j'espère que je
vous devrai ma délivrance, voit. Lett. 34. Ici la
délivrance en paraît trop facile, corn. Nicom. v, 5.
Grand roi, l'heureux succès de cette délivrance Vous
est beaucoup mieux dû qu'à mon peu de vaillance,
ID. Médée, iv, 3. Et tous les peuples furent étonnés
d'une délivrance si miraculeuse, boss. Heine d'An-
glet. Et sur mes faibles mains fondant leur délivrance,
RAC. Esth. I, <. Le gouverneur [de la Bastille] aimait
son prisonnier; il fut très-aise de sa délivrance,
volt. l'Ingénu, t8. || 2° L'action de débarrasser de
ce qui nuit; résultat de cette action. La délivrance
des peines qui nous affligent. J'ai su faire la déli-
vrance Du malheur de toute la France, malh. v, 20.
Demander la délivrance des maux, maucroix, IIo-
mél. 14, dans richelet. || 3° Remise d'une chose
entre les mains de quelqu'un ; action de mettre en
possession. La délivrance de la chose vendue. L'exé-
cuteur testamentaire doit faire la délivrance des legs.
Il 4° Accouchement. Cette femme a eu une heu-
reuse délivrance. J'étais encore dans le salon voisin
à attendre sa délivrance, lorsque ma belle-mère vint
me dire : venez embrasser votre femme et la sau-
ver du désespoir; votre enfant est mort en naissant,
MARM0NTEL,M^m.x. || Terme d'obstétrique. Expulsiou
des annexes du fœtus ou arrière-faix. La délivrance
suivit de près la mise au monde de l'enfant. || 5"Terme
d'eaux et forêts. Action de marquer, de délivrer du
bois à des usagers. || Action de désigner des cantons
de bois pour le pâturage et la glandée. {{ 6° Terma
de monnaie. Permission en forme de donner le
cours aux monnaies, lorsqu'elles ont reçu leur per-
fection.
— HIST. xn"s. Jà par autrui [je] n'i aurai déli-
vrance, Coud, XI. Vous deUssiez querre leur déli-
vrance [des captifs] , quesnes. Romancero, p. 40l.
Il XIII" s. C'est grans pès [paix] et grant aelivrance
as exécuteurs et à cex mefsmes qui sont dit el tes-
tament, BEAUM. XII, 68. Et que vous donrriés au
soudanc pourvostre délivrance.... joinv. 242. Nos-
tre sauvement et nostre délivrance de noz anemis,
Psautier, f° <9a. Au soir, après la mie nuit, [vous]
auroiz enfant et vos deliverroiz. — De ce ai grant
merveille que vos savez si bien ma délivrance, Mer-
lin, f°68, recto. Il XV" s. Je leur ferai faire déli-
vrance d'or et d'argent, tant que ils vous serviront
volontiers, FROiss. i, i , ». Fit appareiller hostels pour
recevoir le roi de Behaigne [Bohême] et le roi de Na-
varre, qui estoient de la délivrance [auxquels il fai-
sait délivrera ses dépens ce qui était nécessaire],, id.
I , i , 6( . Le roy envoya vers ledit duc pour en avoir la
délivrance [du connétable] [c'est-à-dire pour qu'il
lui fût livré, selon les termes du traité], comm. iv,
M. Il xvi" s. Délivrance de meuble vendu présupposa
paiement, LOïSEL, 409. L'une appellée chorion, au-
trement dite secondine, arrière faix ou délivrance
(combien que les vulgaires appellent ainsi toutes les
tuniques ensemble), pari!,i, 36. 11 escrivoit à Idrien
prince de la Carie, pour la délivrance d'un sien ami :
si Nicias n'a point failly, délivre le; s'il a failly,
délivre le pour l'amour de moy; mais, comment que
ce soit, délivre le, amyot, Agésil. 2i. Voylà pour-
quoy il [Épaminondas] feut si froid à l'entreprinse
de Pelopidas, son compaiguon, pour la délivrance
de Thebes, mont, m, <96.
ÉTYM. Délivrer; provenç. deslivrartsa , desliu-
ransa, delivransa. On trouve aussi, dans les anciens
textes, delirrement.
<. DÉLIVRE (dé-li-vr'), s. m. Nom vulgaire dej
enveloppes du fœtus, lesquelles, sortant, délivrent
la femme et terminent l'accouchement.
— ÉTYM. Voy. DÉLIVRER.
+ 2. DÉLIVRE (dé-li-vr'), s.w. Terme de faucon-
1038
DÉL
nerio. Un oiseau fort à délivre est celui qui n'a point
do corsage et qui est presque sans chair comme le
hiSron.
— ÈTYM. L'ancien aJjectif dffii'er?, qui signifiait
dégagé, svcllo, et qui tient à délivrer.
DÉLIVRÉ, ÉE (dé-li-vré, vrée) , part, passé.
Il !• Mis en liberté. Des esclaves délivrés. || 2° Kig.
Siuïé de. I.e voilà délivré des maux de la vie et,
comme disait Fontenelle, de la difficulté d'être....
h'ki.Y.tsu. Lettre au roi de Prusse, 2( avril (77).
Il 3" Hemis. Une somme de mille francs délivrée au
cré.ir.cier. || Femme délivrée, femme dont l'accou-
chement est terminé. Il 4" Terme de fauconnerie. Oi-
seau délivré, oiseau qui n'a point de corsage et qui
est presque sans chair. Héron délivré, héron maigre
■ et dont le vol n'est point relardé par le poids que
lui ilnnneniit sa chait.
Dfil.lVREU (dé-li-vré), V. a. \\ 1° Mettre en liberté,
tirer de la captivité. Délivrer un prisonnier. Il avait
accoutumé de délivrer, à la fête de Pâques, celui
dos prisonniers que le peuple demandait, sacï, Bible,
Év. St llarc, xv, e. Le Soudan, comme lui, gou-
verné par l'honneur, Croit en vous délivrant égaler
son grand cœur, volt. Zaïre, ii, 3. |1 2' Sauver de,
airacher à. Délivrer sa pairie des guerres civiles.
Annibal se fit apporter le poison qu'il gardait de-
puis longtemps pour s'en servir dans l'occasion,
et, le tenant entre ses mains: délivrons, dil-il, le
peuple romain d'une inquiélude qui le tourmente
depuis longtemps, bollin, Hist. anc. Œuvres, 1. 1,
p. 502, dans pouokns. || Par extension. Délivrer quel-
qu'un des importuns. Délivrez-moi , monsieur, de la
criaiUerie, mol. Tart. v, 7. || 3» Livrer, remettre.
Délivrer de la marchandise. Délivrerrexpédition d'un
acte. Délivrer cinq cents talents pour les nécessités de
la guerre, vaugel. (). C. liv. m, dans ricuelet. Un
franciscain reçut secrètement les brefs pour les dé-
livrer en mains propres aux prélats, volt. Char-
les XI[, 3. Monsieur Loyal, délivrez-moi quittance;
Vive le roi, voilà dix mille francs, béhano. Dix m.
/"r. Il Délivrer des ouvrages à un entrepreneur, lui
donner des travaux à exécuter. || Délivrer des ou-
vrages, les rendre terminés. On dit plutôt livrer.
Il Familièrement. Délivrer des coups de bâton, des
coup: de pning, battre à coups de b:\ton, à coups de
poing II 4° Accoucher une femme. La sage-femme
l'a délivrée heureusement. || Plus particulièrement,
retirer le délivre. |1 5° Terme de marine. Enlever d'un
bâtiment tout ou partie d'un bordage pour en visiter
la membrure. || Enlever la mauvaise toile d'une voile.
Il 6° Se délivrer, v. réfl. S'affranchir, se débarras-
.ser. Se délivrer d'un joug insupportable. Se délivrer
d'un ennemi. Se délivrer d'un ennuyeux. Celui qui
un beau jour sait renoncer fermement à une grande
autorité.... à une grande fortune, se délivre en un
moment de bien des peines, de bien des veilles, et
quelquefois de bien des crimes, la bbuy. viii. || Se
délivrer de quelqu'un, satisfaire à ses réclamations.
2h! monsieur, délivrez-vousd'elle, et donnez-lui les
deux cent mille francs, Marivaux, le Legs, se. 49.
Il Accoucher. Cette femme s'est délivrée heureuse-
ment.
— HIST. XI' s. Si famé est jugée à mort qui seit
enceinte, ne face l'um justice, desqu'ele seit déli-
vrée, L. de Guill. 36.||xii' s. En serons délivré,
flonc. p. 20. F'ar amistié vous si)il-il [cet anneau]
délivrés [remis], i6. p. 3). Ualaille auront, Dei les
puist délivrer, ib. p. 37. Saint Dmiel [tu] délivras
du lion, ib. p. 48. Que me facez [fassiez) ce mostier
délivrer [remettre], ib. p. <7ï. Au tierz jour si leur
[aux lions) soit délivrez- li i^loutons, ib. p. 200. Tuz
fui quite clamez Par sun comandcment, si que bien
le savez. E d'acunles e d'el [du reste] fui iloec dé-
livrez: Pur ço ne voil rentrer en plait, qui est finez.
Th. le mart. 44. Se vus nel délivrez, nus sûmes
mal bailli ; Li reis e saint iglisu e nus iermes [serons]
huni, ib. 42. Murs est Herbers, si com j'ui conter,
Qui Vcrmandois sieut tenir et garder; Faites m'en
lost les honors délivrer, floouJ de C. 34. {| xm' s.
Knsi fu Andrenoble délivrée del siège, et s'en retorna
li marchis arriéres à toute sa gent, villeu. cxxi. Si
leur suit tost la garce et errant délivrée [livrée],
fierté, xvi. Qui de ce grant péril la veuille délivrer,
ib. XVII. El ce avint qu'il li prist talent d'aler outre
mer et voleniiers me.sist cunscts de délivrer la sainte
licre des mains al Sarasins, Chron, de Hains, p. 4.
Si vous requier, sire Apius, Que vous me dchvrés
Iremettiez) ma serve; Car il est drois qu'ele me
serNc, la Rose, 6633. Li baillix doit mètre grant
paine de délivrer ce qui est pledié devant li, bealm.
33. Quant U liois fu vendu et délivrés, li uns des
compaighons se tresl à cix qui dévoient les dcte.s....
10. XXI, •i». En ce cas riens ne le lot délivrer de la
DÉL
bastardie que une sole chose, c'est quant il est con-
ceus de celi meisme qui espousa puis sa merc, m.
xviil, 2. Et ces choses vous raonstréje, pource que
il se délivra tout seul par son senz de ce que il avoit
à fere, joinv. 2»i. Je le vi aucune foiz en esté, que,
pour délivrer [expédier] sa gent, il venoit ou jardin
de Paris, id. to». || xV s. Furent payés et délivrés
à Londres pour trois mois [les gens d'armes envoyés
en France par Richard], froiss. ii. II, C6. Seigneurs
cardinaux, délivrez-vous [dépêcliez-vous] de faire
pape, 10. II, II, 20. Et se vint rendre à eux, qui le
prirent et l'amenèrent en l'ost, et le délivrèrent &
leur maistrc, qui.... m. i, l, 43*. (Isabelle] Fil ap-
pi\reiller toutes ses besognes, et payer et délivrer
aux hosles, le plus coyement et bellement qu'elle
pust, et partit de Paris, ID. I, I, ii. Et dit le roi
d'Angleterre à son cousin Derby qu'il prist assez or
et argent et le donnast et departist largement aux
chevaliers et escuyers; car on lui en delivreroit as-
sez, ID. I, I, 215. Si fut cette chose si approchée
que, droitement la nuit de l'an, la chose fut arrestée
d'estre faite, et devoit le dit Aimery délivrer [livrer]
le château de Calais en celle nuit [aux ennemis], id.
I, I, 326. U se vint loger en une hostellerie, qui
par le fourrier de monseigneur avoit esté délivrée
[assignée], LOUis XI, A'ou». lxxi. || xvi" s. Esquelz
l'on delivreroyt [remettrait) les cloches, rab. Garg.
I, 18. Pourquoy délivrez-vous voslre argent, et n'en
achetez point de pain? calv. /ns(i(. 6(5. Si un serf
délivré de [par] son maistre ne veut point cognois-
tre sa condition, mais s'attribue ingénuité: ne me-
rite-il pas d'estre rédigé en servitude? lo. ib. 623.
Ainsin il se veid délivré de cet accident sans aulcun
inconvénient, mont, ii, si. Se sauvant ainsi du ser-
vage aprùz en avoir délivré les siens, id. ii, 32. Du
temps que les arrests se delivroient en latin, despeh.
Contes, XLix. Œthra, quelques mois après, se délivra
d'un beau fils, lequel fut dès lors appelle Theseus,
AMYOT, Thés. 4. Ainsi Theseus, estant délivré de
cette captivité, s'en retourna à Athènes, id. ib. 43.
11 délivra sa mère de mort évidente, et remeit son
ayeul sur le throsne, id. Thés, et Rom. comp. 4. Les
Veiens résolurent de ne le délivrer [livrer] point aux
Romains qui le demandoient, in. Publ. 25.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et libre, quand il s'agit
de mettre en liberté, et livrer, quand il s'agit de
remettre; picard, délibérer ; provenu, deslivrar, des-
liuar, deslieurar, delivrar ; calai. desUiurar ; anc.
espagn. delibrar ; ital. delivrare. On verra, à l'éty-
mologie de livrer, que livrer vient du latin liber,
libre; de sorte que délivret au sens de mettre en li-
berté, etdeiiiTer au sens de remettre, coïncident
par le radical.
fDÉLlVUEUR (dé-li-vreur), s. m. || !• Celui qui
met en liberté. Le délivreur d'Andromède Vit moins
de monts et moins de vaux, voit, dans richelet.
Il 2" Chez le roi, ceux qui, dans les offices, distri-
buaient le pain, le vin et les autres provisions né-
cessaires pour l'usage de la maison et des tables.
Il 3° Terme de manège. Domeslique qui distribue
l'avoine aux chevaux. || 4° L'un des deux tambours
qui font partie des cardes à carder le colon en gros
ou à nappe.
— HIST. xiv s. Que ceste besongne se fesoit par
les delivreux du plèbe romain, bercheure, f» 7(,
rectu.
— ÉTYM. Délivrer.
DÉLOGÉ, ÉE (dé-lo-jé, jée), part, passé. Chassé
d'un logement, d'un poste. || Qui a changé de loge-
ment. Aussitôt que je serai délogée à Piques, je ne
penserai plus qu'à vous aller voir, sÊv. 88.
DÉLOGE.ME.NT (dé-lo-je-man), s. m. Il l" Action
de déloger, de changer de demeure. Ces jours do
loisir nous ôlent l'embarras du délogement, sEvia.
36». J'avance ce délogement pour ne pas séparer le
raccommodement de l'archevêque de Reims de trop
loin de sa di.sgrâce, st-sim. 4(9, 45. Nous y avons |
demeuré paisiblement et agréablement pendant sept
ans jusqu'à mon délogement pour l'ermitage, i. J. i
Bouss. Conf. VIII. Il 2° Départ des gens de guerre |
logés par étape. Vieux en ce sens. || Décampement.
Vieux en ce sens. Le délogemeut de cette division ,
s'est fait à la hâte. J
— HIST. XV* s. Quand ceux de Calais virent le de- ,
logement de leurs gens [l'armée qui devait les déli-
vrer], si furent tousdesconfits et desbarelés, froiss.
I, 1, 319. Il XVI* s. Avant le deslogement se com-
mit un acte très vilain d'un forcement de fille par
un gentilhomme, lanour, 567. Sur le deslogement
qu'il devoit faire de Libourne à Centras.... d'aubig.
//t.ï/. Il, 4(3. Sur le delogement fuyard du prince
d'Oranges, carl. i, 7. Or avoient bien les Panhes
apperceu le deslogcment des Romains, et néant-
DÉL
moins ne les avoient pas voulu poursuivre la nuict,
amyot, Crassus, 54. Je pensois, lui respondit-il, à
me tenir prest et bandé de toute ma force pour
veoir si, en cest instant de la mort, si court et si
brief, je pourrai appercevoir quelque deslogement
de l'ame et si elle aura quelque ressentiment de son
yssue, mort, ii, 60. C'est assez vescu pouraultruy;
vivons pour nous, au moins ce bout de vie.... puis-
que Dieu nous donne loisir de disposer de notre
deslogement, préparons-nous y, id. i, 279.
— ETYM. Déloger. On a dit aussi deslogis pour dé-
campement.
( . DÉLOGER (dé-Io-jê. Le g prend un e devant a
et 0; je délogeais, délogeons), i'. n. |{ 1* Sortir d'un
logement pour aller s'établir ailleurs. Ils délogent à
chaque terme. || 2* Famill^rement, sortir d'un lieu.
La déesse Discorde ayant brouillé les dieux.... On
la fit déloger des cieux, la font. Fabl. vi, 20. Ainsi
donc au plus tôtdébgeant de ces lieux, boil. Sat.i.
Mon père, si matin qui vous fait déloger [sortir'de
chez vous]? RAC. Plaideurs, i, 4. Non, dit la voix,
plus de fêtes; Esprits, vile délogeons, bèrang. Lu-
tins. Il Fig. Il se perd aussitôt et déloge du monda
[il meurt), MALH. 1, 4 Elle .sent chaque jour Dé-
loger quelques ris, quelques jeux, puis l'amour,
LA font. Fabl. vu, 5. Il y a des païens qui croient
qu'après la mort d'un homme son âme ne fait que
déloger d'un corps à un autre, llist. des Bramines,
dans RICHELET. Il faut que tout déloge, pièce à pièce,
jusqu'à ce qu'on retombe dans l'état où l'on était
avant de naître, volt. Lett. Urne du Delfant, 30 ocl.
(777. Il se renferma seul dans une petite maison,
où il attendit en pliilosophe que son âme délogeât
de son corps pour passer dans un autre, didebot,
Opin. des anc. phil. {Sarrasin.<). Délogez à l'in-
stant!—Déloger I ah fi! que c'est mal parler! beausc.
Barb. de Sév. n, (2. || 3° Partir, en parlant de trou-
pes logées par étapes. Vieux en ce sens. Les trou-
pes qui y étaient sont délogées, sÊv. (94. {| Décam-'
per. Ils délogèrent sans trompette. || Fig. Déloger
sans trompette, sans tambour .ni trompelte, se re-
tirer secrètement, sans faire de bruit. Et les petits
en même temps, Voletants, se culebutants, Délogè-
rent tous sans trompelte, la font. Fabl. iv, ï2.
Holà! madame la belette, Que l'on déloge sans
trompette; Ou je vais avertir tous les rats du pays,
ID. Fabl. vn, (6. Veux-tu parler? — Monsieur, il
faut faire retraite. — Comment? — Il faut d'ici dé-
loger sans tromiietle, mol. Uis. iv, 4. || Faire Jac-
ques déloge, s'en aller au plus vite et sans bruit.
L'explication est : Jacques, déloge, ordre qui est
donné à Jacques, nom propre pris d'une manière
générale, et devant lequel on met le verbe faire.
Il 4° V. a. ôter un logement à quelqu'un, lui -faire
quitter son appartement. Je n'ai pas dessein de vous
déloger. On a bien délogé des gens de Sorboune,
mais cela ne me déloge pas de chez moi, pasc.
Prov. (7. Il 5° Terme de guerre. Faire quitter un
poste. On a délogé l'ennemi de celte place. || 6* Fig.
et familièrement, faire sortir quelqu'un d'une posi-
tion commode où il s'était mis. Aurait aussi attenté
ladite Raison, par une entreprise inouïe, de déliger
le feu de la plus haute région du ciel, et prétendu
qu'il n'avait là aucun domicile, nonobstant les cer-
tificats du dit philosophe [Aristote] et les visites et
descentes faites par lui sur les lieux, boileau. Arrêt
burlesqtte. La veille de son arrivée, on me délogea
de la chambre de faveur que j'occupais, contiguô
à celle de Mme d'Épinay; on la prépara pour H.
Grimm,j. J. Rouss. Confess. ix. Pourquoi tiitre-t-il
[le serpent, le démon] tous les jours dans le corps
des gens par sa seule vertu, et tant de gens sages
prétendent-ils l'en déloger par des paroles î volt.
Taureau blanc, 5.
— KEM. Déloger, e. n. se construit avec l'auxi-
liaire aïoir, quand on veut exprimer l'action, et
avec l'auxiliaire </re, quand on veut cNprimer l'état:
il a délogé aujourd'hui; il est délogé depuis hu.i.
jours.
—HIST. ni' s. Quant li baron prisent [prirent] à des
loigier, Vers Origni prisent adès loigier, Raoul de
C. «2. Il XIII' s. Si se délogea maintenant li os [l'ar-
mée], et vint herbregier en la ville dedens, villeh.
XLIX. Ains ardi ses engins et se deslogea, et ensi se
parti del Dimot, 10. clxi. || xiv* s. Au chastel do
Moncel fu Pielre le tirant, ()ui par moult grant ma-
lice s'ala laiens celant; Quant û vit que Henri n'ala
point deslogeant.... Guescl. (6536. || xV s. Ces ba-
rons de Norlliomnrelande passèrent la nuit au mieux
qu'ils purent, et à lendemain sedeslogerent, Fll0l^s.
II, II, (9. Voyant qu'il n'estoit pas assez fort, il dcs-
logeoit tuusjours devant eulx, comm. 1, 3. || xvi' s.
Elle envoya quérir son frère pour l'emmener en son
DÉL
DEL
DËL
1039
pays, et se délogea incontinent d'avecques sa sœur,
MARS. Nouv. XLii. Ceux qui en furent deslogez à
force par nostre armée, mont, i, 26. Rien ne me
peut desloper de la certitude que j'ay de.... m. i,
214. Il luy feit présent, au riesloger, d'un livre
qui.... ID. Il, (36. Cela estantainsi advenu, Perseus
se deslogea à grand haste du lieu où il estoit, et se
retira arrière tout eiïrayé, amyot,P. jEm. 27. Avant
qu'il fust notoirement descouverl pour traistre, il
deslogea de bonne heure, id. Crassus, 43. M. le
Prince deslogea le lendemain, lanoue, 691. M. le
Prince,eslant deslogé, dressa sa teste vers ... id. 591.
Il faisoit aussi estât de les desloger d'où ils estoyent,
10. 618. De là est venu le proverbe, desloger sans
trompette, qui s'approprie communément à ceux
qui, tremblants de peur, se dérobent de quelque
lieu sans faire bruit, carl. i, 7.
— Etym. Dé.... préfixe, elloger.
t 2. DÉLOGER (dé-lo-jé), s. m. L'action de dé-
loger, de s'en aller, de décamper.
. HIST. XVI' s. S son desloger se fit rencontre,
aupr's de la Flume, de la troupe du comte de la
Roche, d'aub. IHst.n, 364.
— ÊTYM. Déloger, à l'infinitif, pris substantive-
ment.
f DÉLONGER (dé-lon-jé), V. a. Terme de faucon-
nerie, ôter la longe à un oiseau. On trouve aussi
délongir.
— f.TYM. Dé.... préfixe, et longe.
t DÉLOT (ilé-lo), s. m. Terme de marine. Garni-
ture de cuir pour le petit doigt, à l'usage des cal-
fats. Il Synonyme inusité de ce qui est nommé au-
jourd'hui cosse, et sert à revêtir une boucle de
conle pour rempècher de se couper.
— ÉTYM. Diminutif de l'ancien français deel, dé
à coudre fvoy. dé 2).
t DÉLOVER (dé-lo-vé), v. a. Terme de marine.
Dérouler un câble qui était lové ou plié en cercle.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et lover.
DÉLOY.\L, ALE (dé-lo-ial, ial'; plusieurs disent
dé-loi-ial), adj. ||l°Quin'a pas de loyauté. Un ami
déloyal peut trahir ton des.sein, cohn. Cinna, i, 1.
Aussi cruelle sœur que déloyale fille, m. Ilédée,
m, 3. ô le plus déloyal que la terre ait produit, m.
Cinna, iv, t. Déloyal auprès d'eux, crains-tu si peu
Médée? id. Médée, m, 3. Esprit déloyal, id. Nicom.
IV, 2. Il Substantivement. Arrête, déloyal, et laisse-
moi parler, corn. Toison d'or, v, 4. || 2° Il se dit
des choses. Un procédé déloyal. Ah! je me vengerai
de ce trait déloyal, mol. l'Étour. jv, 2. Ce monsieur
Loyal porte un air bien déloyal, m. Tort, v, 4.
— HiST. xui' s. Li Grieu n'orent mie encore la
félonie fors du cuer, car moût estoient desloial à
celi tans, villeh. cxxxv. Ahil vieille, fait-ele,cuer
avez desloyal, iîcr(e,xxvi. Car plus desloials femme
ne but ne ne menja, ib. lxxviii. C'est [l'amour]
loiautés la desloiaus, C'est la desloiauté loiaus, la
Rose, 4309. Il a perdu à toz jors vois et respons en
court, et sera tenu à faus et à desleau tote sa vie,
Ass. de Jér. 120. J'ai veu en cest pais, puis que je
revins d'outremer, aucuns desloiaus crestiens qui
tenoient la loi des Beduyns, et disoient que nulz ne
povoit morir qu'à son jour, joinv. 230.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et loyal; provenç. des-
leial, desliai; catal. desUeal; espagn. desleal; ital.
disleule. Le féminin des adjectifs en al dans l'an-
cien français était, comme celui des adjectifs en
alis dans le latin , semblable au masculin : une
femme desloials ou desloiaus,
DÉLOYALE.MENT (dé-lo-ia-le-man; plusieurs di-
sent dé-loi-ia-le-man) , adv. Sans loyauté, avec per-
fidie. Il en a usé déloyalement envers moi. 11 a dé-
loyalement nié le dépôt.
— HIST. XII' s. Si pluiseur ont d'amour chanté
Par effort et desloiaument,Co«i;t, p. 120. || xiii's. Et
bien savés comment il a desloiaument ovrô vers son
seigneur et vers son frère, villeii. lxviii. Les
garenz s'esparjurerent desleiaument et portèrent
fauce garentie, Ass. de J. i,242. Et.si doit perdre
sou servise, car il serjanta desloialment, beaum.
LU, t2.
— ÉTYM. Déloyale, elle suffixe ment; provenç.
delialment; catal. desUealment; espagn. desleal-
menle ; ital. dislcalmente. Desloiaument est pour des-
loyalment, ce qui est correct, desloyal étant au fé-
minin suivant l'ancienne régie des adjectifs.
DÉLOYAUTÉ (dé-lo iô-té; plusieurs disent dé-loi-
iô-té), s. f. Manque de loyauté; acte déloyal. Faire
acte de déloyauté. Quoi! ta rage, dit-il, n'est donc
pas assouvie. Et tes déloyautés ont survécu ta vie!
ROTR. Àntig. m, 2. Et sa mort va laisser à la posté-
rité L'infâme souvenir de ta déloyauté , corn. Cinna,
IV, 7. Et sa déloyauté va paraître trop noire Pour
soufl'rir qu'il en ait lo succès qu'on veut croire, mol.
Tart. V, 6.
— HlST.xi's.E cilqui estreté [accusé] dedeleauté,
loisdeGuill.ib. l|xii's. [De] Ce que je l'ai [l'amour] à
mon pooir Servie sans desloiauté, Couci, m. Car coque
nus eûmes ainceis al rei granlé E par obédience
l'eûstes comandé. Or l'avez défendu; par tel desle-
alié,U [où] vuz nus volez mètre, nusavunsapelé, 7")».
le mart. 42. || xiii' s. Les mains [ils] lui ont lié par
lor desloyauté. Berle, xv. Ne ja por chou [ce] ne
feriemes deloiauté de requerra après nostre raison,
H. DE VALENC. XIX. Et por noieut doit estre prisiés li
sensdecelienquidesloiatésestherbergiée.BEAUM. 27.
Il XV' s. Et en ses subjectz ne trouva nulle desloyaulté,
coMM. v, 7. Il XVI' s. Il retarda l'exécution de sades-
loyauté, mont, i, 3o.
— ÉTYM. Déloyal; provenç. desîeialtat, deslial-
tat; catal. deslleallat; espagn. desleallad; ital. dis-
lealtà. Desloiauté est pour desloiallé , au , comme on
sait, remplaçant al..
t DELPIUNAL, ALE (dM-fi-nal , na-1') , adj.
Terme d'histoire. Qui appartient au dauphin de Dau-
phiné, et, par suite, au dauphin fils aîné du roi
de France. || Statut delphinal, charte donnée au
Dauphiné par le comte en t338.
— mST. XV' s. Loys.... dauphin de Viennois....
de nostre certaine science.... et authorité royale et
delphinale.... octroyons.... Ordnnn. 9 mai I'i99.
— ÉTYM. Bas-latin, delphinalis , de delpidnus
(voy. dauphin).
-|-DELPUINAPTÈRE(dèl-fi-na-ptê-r'),s.m. Terme
de zoologie. Genre de dauphins sans nageoire dor-
sale.
— ÊTYM. DaupftiM, et à privatif, et itTepàv, aile,
nageoire.
t DELPHINE (dèl-fi-n'), voy. delphinins.
t DELPIUXË, ÉE (dêl-fi-né, née), adj. Terme de
zoologie. Qui ressemble à un dauphin. || S. m.
plur. Les delphinés ou les delphiniens, famille de
mammifères cétacés, ayant pour type le genre dau-
phin.
. t DELPHINETTE fdèl-fi-nè-t') , s. f. Nom de dif-
férentes plantes. La delphinette des blés {consolida
regalis, /..). Delphinette staphisaigre {delphinium
slaphis agria, £.).
tDELPUINIEN, IENNE(dèl-fi-niin, niè-n'), adj.
Terme de zoologie. Qui ressemble à un dauphin
(voy. DELPHINE).
— ÉTYM. Lat. delphinus, dauphin.
t DELPUININE (dèl-fi-ni-n') , s. f. Terme de chi-
mie. Alcaloïde découvert dans la staphisaigre, dont
il est le principe actif.
— ÉTYM. Delphinium.
+ DELPHINIUM (dèl-fi-ni-om'), s. m. Terme de
botanique. Nom scientifique du pied d'alouette.
— ÉTYM. A£)(pîviov, nom de cette plante en grec,
t DELPHINOIDE (dèl-fi-no-i-d'), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui a l'apparence du dauphin.
— ÉTYM. AsXiptv, dauphin, et elSoç, forme.
t DELPHINOURUINQUE (ilèl-fi-norin-k') , s. m.
Terme de zoologie. Genre «te cétacés de grande
taille, ayant le museau étroit et très-allongé. Le
type e.st le delphinorrhinque couronné , commun dans
la mer glaciale.
— ÉTYM. Ae)çîv, dauphin, et ^ù-f/oi;, museau.
t DELPHIQUE (dèl-fi-k'), adj. Qui est de Del-
phes. I.a sibylle delphique, la sibylle qui rendait
ses oracles à Delphes.
— ÉTYM. Delphes, ville de la Phocide, en Grèce,
où il y avait un oracle d'Apollon.
t DELTA (dèl-ta), s. m. || 1" Quatrième lettre et
troisième consonne de l'alphabet grec, ainsi figurée ;
à. Il 2° Triangle entouré de rayons, dans lequel on
dessine un œil ou les lettres hébraïques qui compo-
sent le nom de Jéhova et qui, dans nos églises,
est le symbole de la sainte Trinité. || 3° "Terme de
géologie. Nom que l'on donne aux terres de configu-
ration ordinairement triangulaire, qui se forment à
l'embouchure des fleuves. || Particulièrement l'es-
pace formé par les alluvions du Nil à son embou-
chure. Ce n'est pour ainsi dire que depuis peu de
temps que le delta a paru, cuv. Itévol. p. 148. || Au
plur.Les delta. lettre; danslesautressens, lesdeltas.
— ÉTYM. Le 5 grec, le même que le d latin, pro-
vient du dalelh, phénicien ou hébreu.
t DELTOCARPE (dèl-to-kar-p'), adj. Terme de
botanique. Oui a des fruits triangulaires.
— ÉTYM. AÉ),To:, et xapitoî, fruit.
t DELTOÏDE (dèl-to-i-d'), adj. Terme didactique.
Qui a la forme d'un delta. || Terme d'anatomie. Le
muscle deltoïde, ou, substantivement, le deltoïde,
muscle |>uissant qui s'insère à l'épaule et au bras,
et ainsi nommé à cause de .sa forme.
— HlST. xvi' s. Aucuns muscles sont triangulai-
res, comme celuy qui love le bras, dit deltoïde,
PARÉ, I, 8.
— ÉTYM. AO.Ta, et £!5o;, forme.
t DELTOÏDIEN, lENNE (dèl-to-i-diin , dié-n'),
adj. Terme d'anatomie. Qui a rapport au muscle del-
toïde.
— ÉTYM. Deltoïde.
t DELTURE (dèl-tu-r'), adj. Terme de zoologie.
Qui a la queue triangulaire.
— ÉTYM. AiX-ra, et oùpà, queue.
DÉLUGE (dé-lu-j'), s. m. || 1° Très-grande inon-
dation. Ce fut de son temps qu'arriva le déluge
de Deucalion; celui d'Ogygès en Attique est beau-
coup plus ancien, ROLLIN, llist.ane. Œuvres, t. 11,
p. 496, dans pouGENS. Des êtres vivants sans nom-
bre ont été victimes de ces catastrophes; les uns, ha-
bitants de la terre sèche, se sont vus engloutis par
des déluges; les autres, qui peuplaient le sein des
eaux, ont été mis à sec avec le fond des mers subite-
ment relevé, cuv. Révol. p. 23. || 2° Le déluge uni-
versel, ou, simplement, le déluge, celui qui est ra-
conté par la Bible. Je m'en vais répandre les eaux
du déluge sur la terre pour faire mourir toute chair
qui respire, sacy, lUble, Genèse,wi, t7. L'explica-
tion physique du déluge universel par la rencontre
d'une comète dont la queue ou l'atmosphère aqueuse
inonda notre globe et qui aétésiblen miseen œuvre
par M. Wiston dans sa nouvelle théorie de la terre,
appartient primitivement à M. Halley, mairan. Élo-
ges, Ilalley. On dirait que le ciel, qui se fond tout
en eau. Veuille inonder ces lieux d'un déluge nou-
veau, BOIL. Sat. VI. Il Familièrement. Remonter au
déluge, remonter fort loin dans le passé. Sa maison
[famille] qu'elle prend depuis le déluge, sÉv. 685.
Il Fig. Passons au déluge, abrégeons, arrivons au
fait; locution proverbiale prise des Plaideurs de Ra-
cine, où l'avocat disant : Avant la naissance du
monde.... le juge dit: Avocat, ah! passons au déluge!
m, 3. Il Fig. Être du temps du déluge, se dit de
choses qui sont vieillies, hors d'usage, grossière»
comme dans les temps primitifs Vous-même
à qui surtout Un appétit bourgeois tient toujours
lieu de goût, Oui, monsieur, la cuisine est du
temps du déluge, lachaussïe. Retour impréiu,
I, 3. Il Proverbe. Après moi le déluge! Quoi qu'il
arrive après ma mort, je m'en inquiète peu. || 3° Par
exagération, déluge se dit d'une très-grande quan-
tité de choses liquides dont on compare l'irruption
à un déluge. Un déluge de pluie. D'un et d'au-
tre côté ses chevaux bonilissants D'un déluge de
boue inondent les passants, régnard, Sat. contre
les maris. \\ Un déluge de sang, une très-grande
quantité de personnes tuées. Il se plonge dans ce dé-
luge de sang, boss. Hist. 11, te. Un déluge île sang
français qu'elle avait fait verser, mass. Louis XIV.
Il 4° Fig. Affluence innombrable d'hommes qui se
précipitent comme un déluge. C'était de là (|u'élaient
venus tous ces déluges d'armées qui avaient inondé
la Grèce, vaugcl. Q. C. liv. v, dans kichelet. Il
veut que de ces gens le déluge effroyable Atterre im-
punément les peuples qu'il accable, corn. Attila,
IV, i. Il se peut que longtemps avant les empires
de la Chine et des Indes il y ait eu des nations in-
struites, polies, puissantes, que des déluges de bar-
bares auront ensuite replongées dans le premier état
d'ignorance et de grossièreté qu'on appelle l'état de
pure nature , volt. Moeurs, Avant-propos. \\ Par ana-
logie et dans le même sens, en parlant des choses
qui affluent. Un déluge d'explications, d'injures.
Que le courroux du ciel, allumé par mes vœux.
Fasse pleuvoir sur elle un déluge rie feux! corn.
lIoT. IV, 6. Ce déluge de crimes dont le monde
semble être inondé, mass. Mélange. Où il pût les
sauver de ce déluge d'iniquités, id. Benoit. Le livre
qui fait la question sera noyé dans ce déluge, boss.
i" écrit. Les imans emploient un déloge <le paroles
pour pallier ces fautes, volt. Mœurs, 7. 11 y a de-
puis longtemps un déluge de pareils livres, id. Lelt.
Mme du Deffant, 26 déc. <768. Je m'attends à un
grand déluge d'esprit, d'alembert, Lelt. à Yoll. »
avrilt/Ot.
— HlST. XII' s. Par le delouve toz li mondes noia
[fut noyé], Ba(. d'Aleschans, v. 8034. Noé conduist
l'arche par meilo péril de! duluve, en cui je reconois
la forme de ceos [ceux] qui sainte église ont à gover-
neir, st bern. 666. ||xiii' s. Ains sera venu li déluge
Qu'il isse mes de notre tour, la Rose, t5230. Com-
ment dame Dex nostre sire Tout le mont par aighe
noia, Quant le grant deluve envoia, i/ahomc(, 660.
Tant pécha Li mondes et folia. Que Diex el siècle
envoia Le diluve, qui noia Fors Noé qui eschapa,
ERNOUL le viel. dans Hist. littér. de la France,
«040
DÉM
t. ixiii, p. B09. Ilxiv* S. Aussi est-ce divers déluge
Que pledoyer devant un juge Qui est suspect et liay-
neui, Plain de vengence et convoiteux, Liv. du b.
Jehan, 2870. |{ xv* s. Se je ne te sçay emboucler
Tout maintenant devant le juge, Je prie à Dieu que
le déluge Coure sur moi, et la tempeste, Patelin.
— ÈTYM. l'rovenç. diluvi, duiiui; espagn. et ilal.
diluvio; du latin diiumum, de dtiuere, détremper,
mouiller, de di, eiluere, laver (voy. lotion).
tDÉLUBÉ, ÉE (dé-lu-ré, rée), adj. Dégourdi,
déniaisé. Gens plus actirs, plus gais, plus délurés,
suivant l'expression locale dans les pays de vigno-
bles et de navigation, «aïnal, p. i6, dans jauiikrt,
Gloss.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et leurre. -qui ne se laisse
plus piper par le leurre. D'anciens dictionnaires ont
déleurrer avec le sens de détromper; ce qui est dé-
eisif. Le changement de eu en m ne fait pas diffi-
culté, ces deux sons permutant facilement.
t DÉLUSOJRE (dé-lu-zoi-r'), adj. Propre à in-
duire en erreur, à tromper, à faire illusion. Argu-
ment délusoiro.
— HIST. xv s. Et toutes fois il veut maintenir
que, sans confesser son melTaict, vous le luy avez
pardonné, qui est, selon tous droicts et raison es-
cripte, une chose delusoire et illusoire, juv. des
UR.ÇINS, Charles K/,44H.
— ÉTYM. Lat. delusum, supin de deludere, se
moquer.
DÉLUSTRÉ, ÉE (dé-lu-stre, strée), part, passé.
Une étoffe délustrée.
DÉLUSTRER (dé-lu-stré), «. a. ôter le lustre.
Délustrer un drap. || Se délustrer, v. refl. Perdre
son lustre.
— Rtym. Dé.... préfixe, et lustre.
■t DÉLUTAOE (dé-lu-ta-j'), s. m. Terme de chi-
mie. Action d'ûter le lut.
— ÉTYM. Délutcr.
DÉLUTÉ, ÉE (dé-lu-té, tée), part, passé. Vase
déluté.
DÉLUTER (dé-lu-lé), v. a. Terme de chimie, ôter
le lut d'un vase luté.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et lut.
r DÉMACLAGE (dé-ma-kla-j'), s. m. Action de
démacler; effet de cette action.
t DÉ.MACLER (dé-ma-klé) , v. a. Remuer le verre
fondu avec une barre de fer.
t DÉMAÇONNER (dé-ma-so-né), v. a. Défaire ce
qui a été maçonné.
— HlST. XVI' s. Comme ils demaçonnoient la
porte.... d'aub. Ilist. m, 22. En desmaçonnant j'eus
les doigts coupés, palissy, 3(6.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et maçonner.
DÉMAGOGIE (dé-ma-go-jie), s. f. Domination
des factions populaires. || Excitation des factions po-
pulaires. Puis j'irais pour démagogie En prison ter-
miner l'orgie, Bf.RANG. les Car. |j Excès de la
démocratie; opinion ou conduite qui s'appuie sur
les passions populaires. Repousser la démocraùe par
crainte de la démagogie.
— ÉTYM. ATi|a,aYMYia, de ÎTiixaYWYÔc, démagogue.
DÉMAGOGIQUE (dé-ma-go-ji-k'), ad). Qui appar-
tient à la démagogie.
— ÉTYM. AriiiayuYtxi;, de 8r)(iaY(0Tà;, dé.raago-
gue.
t DÉMAGOGISER (dé-ma-go-ji-zé), v.n. Fa^re
le démagogue.
— HIST. XIV s. Demagogiser est faire office ou
œuvre de démagogue, oresme, Thèse de meunier.
— ÉTYM. Démagogue.
t DÉMAGOGISME (dé-ma-go-ji-sm'), s. m. Oi)i-
nion, conduite de ceux qui poussent à la démagogie.
— KTY.M. Demagogiser.
DÉMAGOGUE (dé-ma-go-gh'), s. m. || l- Dans
l'hi.stoire des républiques grecques, chef, meneur
d'une faction populaire. Le malheureux Mélan-
chthon se regarde , au milieu des luthériens , ses col-
lègues, comme au milieu de ses ennemis, ou, pour
me servir de ses mots, comme au milieu de guêpes
furieu.ses; je voudrais qu'il me fût permis d'employer
le terme do démagogue; c'était dans Athènes et dans
les états populaires de la Grèce certains orateurs qui
»e rendaient tout-puissants sur la populace en la
flattant, boss. Var. v, § (8.112" Dans les sociétés
modernes, celui qui est du parti populaire contre
l'aristocratie, et agit dans les luttes politiques par
la presse ou par la parole. Un jeune démagogue.
Il 8' Par extension, celui qui soulève les passions
populaires, anarchiste. Ton pouvoir [à Christ] n'est
p.us le caprice Dos démagogues et des rois, lamart.
Harm. m, t. || Adjectivement. Un orateur déma-
gogu».
— RBM. Ou volt, par l'eiempla cilé de Bossuct,
DEM
qu'il n'osait pas se servir du mot de démagogue,
formé cependant dès le xiV siècle par Oresme d'a-
près le grec.
— HIST. xiv* s. Démagogues, gens-qui par adu-
lacion et flaterie meinent les populaires à leur vo-
lente, oresme. Thèse de meunier.
— ÉTYM. AriiAaYWYii. de «)i|J.oc, peuple, et à-^nv,
conduire, pousser (voy. agir).
(. DÉMAIGRI, lE (dé-mè-gri, grie), part, passé
de démaigrir (. Devenu moins maigre.
2. DÉMAIGRI, lE (dé-mè-gri, grie), part, passé
de démaigrir 2. Rendu plus maigre. || Terme de
construction. Rendu plus mince. Une pierre démai-
grie.
(. DÉMAIGRIR (dé-mè-grir), v. n. Devenir moins
maigre. Sans être engraissé, il a pourtant démaigri,
il est démaigri. || Verbe très-familier.
— RE.M. Démaigrir se conjugue avec l'auxiliaire
oïotr, quand il marque l'action : il a démaigri un
peu; avec l'auxiliaire être, quand il marque l'état:
il est démai},'ri depuis quelque temps.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, au sensd'oter, et maigre.
2. DÉMAIGRIR (dé-mè-grir) , v. a. \\ 1° Rendre
plus maigre. || 2° Terme d'arts. Démaigrir une pièce
de bois, ou une pierre, en diminuer la grosseur,
en ôter quelque chose.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, dans le sens augmenta-
tif, et maigrir.
I DÉMAIGKISSEMENT (dé-mè-gri-se-man), s. m.
Terme do construction. Action de démaigrir une
pierre, une pièce de bois, un tenon. |1 L'endroit où
la pierre et le bois ont été démaigris.
— ÉTYM. Démaigrir 2.
t DÉMAILLER (dé-ma-llé, «mouillées), t). a.
Défaire les mailles. || Terme de marine. Détacher.
Démailler la bonnette.
— HIST. XI* s. L'esou [il] li freint, et l'haubert li
demaile, Ch. de /(oi. icv. || xii" s. L'aubero du dos
desmaillié et rompu, /îonc. p. 6(. Et les haubers
desmailliés et faussés, Raoul de C. 26.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et maille ; provenç. des-
malhar, desmaillar.
DÉMAILLOTÉ, ÉE (dé-ma-llo-té, tée, Il mouil-
lées), part, pas.sé. Un enfant démaiUoté.
DÉMAILLOTER (dé-ma-llo-té, Il mouillées, et
non dé-ma-yo-té), v. a. ôter du maillot. Démailloter
un enfant. || Se démailloter, v. réft. Défaire son
maillot. Cet enfant se démaillote à chaque instant.
— REM. L'Académie écrit démailloter avec un
seul t, et emmaillotter avec deux (; c'est une ano-
malie à faire disparaître, les anciennes éditions plus
conséquentes avaient démaillolter par deux t; ou
bien il faut écrire emmaillotter avec un seul t.
— HIST. XVI* S. Vous apprestez les robes des pe-
tits enfants, quand les voulez démailloter, rabel.
dans le Dict. de dochez.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et maillot.
DEMAIN (de-rain), adv. de temps. \\ I» Au jour
qui suit immédiatement celui où l'on est. Je vous
attends demain. Venez demain. Demain nous nous
verrons. Qui sait si nous serons demain? rac. Athal.
II, 9. Il 11 est demain fête, le jour de demain est un
jour de fête. Quelle fête est-il demain ? || Demain se
dit quelquefois pour sans tarder , incontinent. S'il
était possible qu'elle [l'Encyclopédie] s'imprimât dans
le pays étranger en continuant, comme de raison,
à se faire à Paris, je reprendrais demain mon tra-
vail; mais le gouvernement n'y consentira jamais,
d'alemb. Lett. à Voltaire, 28 janv. (757. || 2° S. m.
Demain qu'anra-t-il de moins rude? As-tu ce terme
dans ta main ? Et vois-tu quelque certitude D'arriver
jusqu'à ce demain? CORN. Imil. i, 23. Qui a vécu
un seul jour a vécu un siècle; rien ne ressemble
plus k aujourd'hui que demain, la bruy. xvi. Ce
n'est plus ce demain d'une âme lâclie qui fuit tou-
jours sa conversion; aujourd'hui, aujourd'hui, fén.
t. xviii, p. (23. Il 3° Demain devenu substantif se
construit avec diverses prépositions. || Avec la prépo-
sition à. X demain, nous causerons plus longuement.
Il Remettre à demain, renvoyer au jour suivant,
et, par extension, à un temps indéterminé. Wd re-
mettons pas à demain à savol/ ce que c'est que
le bonheur, dider. Opin. des anc. phil. (('picu-
réisme). || À demain les affaires, aujourd'hui ne son-
geons qu'au plaisir, et renvoyons à demain les af-
faires, les occupations, les soucis. || Jusqu'à demain,
jusqu'au jour suivant. Vous resterez ici ju.<«iu'i
demain. || Fig. et familièrement, jusqu'à demain,
tant de temps qu'on voudra, quand il s'agit d'une
chose qui doit se terminer très-promptement. Cher-
chassiez-vous jusqu'à demain.... scarron , Virg.
trav. VI. Il 4* Avec la préposition de. X compter de
demain. Il D-) demain enhuit, de demain en quinze.
DE.M
de demain en trois semaines, en comptant, à par-
tir du jour de demain, huit jours, quinze jours,
trois semaines. Je compte que ce ne sera que de de-
main en huitque je vous verrai, maintenon, Lett.
au card. de Noailles, B janv. ("06. || D'ici à de-
main, de l'heure présente jusqu'au jour suivant.
D'ici à demain nous finirons nos comptes. || Fig. et
familièrement, d'ici à demain, depuis l'heure pré-
sente jusqu'à un temps illimité, sans discontinuer.
Il soutiendra l'intérêt de son frère; il est hardi, il
est heureux; vous vous donnez de la considération
les uns aux autres; je parlerais d'ici à demain là-
dessus, sÉv. (83. Il 5° Avec la préposition pour. As-
sez de choses se font pour demain . assez de soins
se prennent pour l'économie des affaires humaines,
STAËL, Corinne, x, 5. || Aujourd'hui pour demain,
d'un moment à l'autre, à l'improviste. || 6* Il se dit
avec indétermination d'une époque qui en suit une
autre de fort près ; dans ce cas on l'oppose souvent
à aujourd'hui. Aujourd'hui dans le trône et demain
dans la boue, corn. Polyeucte, iv, 3. Aujourd'hui
dans un casque et demain dans un froc, boil. Sat.
VIII. S'il ne meurt aujourd'hui, je puis l'aimer de-
main, RAC. Àndrom. iv, 3. Aujourd'hui votre époux,
il faut partir demain, m. Milhr. 11, 4. Aujourd'hui
nous lui jurons [à Dieu] un attachement inviolable,
et demain nous secouons le joug et nous révoltons,
BOURDAL. Exhort. sur le couronnement de J. C.
— REM. 1. On dit également demain matin et de-
main au matin. ||2. Molière a dit demain jour: Et
tu m'avais prié même que mon retour T'y souffrit
en repos jusques à demain jour, Éc. des maris,
III, 2. Il 3. Dem.ain, représentant le latin de mane,
de matin, e.st, d'origine, un adverbe, qui est de-
venu facilement un substantif, à cause de sa signi-
fication.
— HIST. XI* s. Ainz demain nuit, bêle en iert
l'amendise, Ch. de Roi. xxxviii. || xii*s. Trouver [il]
le puet demein ainz la vesprée, Itonc. p. (22. De re-
cliief al demain truverent Dagon à terre, gisant de-
vant l'arche. Rois, (7. Là se logèrent li chevalier
vaillant Desqu'al demain, à l'aube aparissant, /fo«»i
de C. 60. Il XIII* s. Or [elle] le m'a fait tolir, Dicx
lui doint mal demain! Berte, lxxiii. Et quant che
vint au demain que li solaus fu levés H. de valenc.
(I. Trahie ont celé [cette dame) li demain. Et li
respit et li atente, Lai du conseil. Atant ont lessié
le pledier Jusqu'au demain à l'esclairier, lien. 17B84.
Ne puis vivre dusqu'à demain, Se n'est pas vostre
volenté, laHose, I9I6. Et nous n'avons point de de-
main; Quarli termes vient et aprouche. Que la mort
nous clorra la bouche, huteb. 9". ||xvs. Car leurs
règnes perdent par cas soudain Roy terrien; l'un
fait à l'autre effroy. Et par pecliié n'ont rien d'ui à
demain, E. desch. De l'amour de Dieu. || xvi* s.
Que il se délibère de me festoyer demai n sus le midy,
rab. Pant. II, 28. Et un autre demain, il lui apprint
le nom des drogues les plus vulgaires, desper. Con-
tes, lxi.
— ÉTYM. Provenç. deman, dema; catal. demd;
ital. dimane, domane; du latin de, et mane, matin.
4. DÉMANCHÉ, ÉE (dé-man-ché, chée), part,
passé. Qui n'est plus dans son manche. Un outil lié-
manché. || Fig. Je vous remercie de m'avoir rouvert
la porte de notre commerce, qui était tout déman-
ché, SÉV. Lett. 20 avril (670. || Homme démanché,
homme qui se tient mal. Et substantivement, c'est
un démanché, un grand démanché.
2. DÉJLANCUÉ (dé-man-ché), s. m. Terme de
musique instrumentale. Action de démancher. Ce
violoncelliste 'abuse du démanché.
DÉMANCUEMENT (dé-man-che- man ), s. m.
Il 1" Action de démancher. 112° Fig. Désunion, dis-
location. Le gros du peuple qui est ferme, fait que
l'on ne s'aperçoit pas encore de ce démanchement
des parties, retz, ii, 259. || 3* Terme de musique.
Action de démancher.
— ÉTYM. Démancher.
(. DÉ.MANCIIER (dé-man-ché), v. a. || !• Oter le
manche d'un instrument. || 2° Fig. Disloquer, désu-
nir. Il 3° V. n. Terme de musique. C'est dans les in-
struments à manche, comme le violon, le violon-
celle, la guitare, quitter le manche, sortir du
manche, qui est la position naturelle de la ma:n
gauche, pour la porter sur la table de l'instrument
et obtenir des sons plus aigus. || 4° Se démancher,
V. réjl. Se séparer de son manche. Ce maillet s'est
démanché. || Fig. Se disloquer , se désunir. Elle
[l'affaire du bonnet] avait donné lieu à plusieurs
ducs de se soutenir ensemble, et do veiller à ce
qu'aucun ne vît le premier président. M. d'Aunlont,
et fort peu d'autres se démanchèrent, st-sim. 4oi,
2. |l Avec ellipse du pronom se. 11 importait au\
DEM
confidents de l'intrigue [des nobles inférieurs aux
ducs] de ne pas laisser démancher le parti , st-sim.
463, 20. Il Populairement. Se démancher, se déme-
ner, s'intriguer beaucoup. Qu'avez-vous besoin de
tant TOUS démancher?
— HIST. xiv s. Li boucliers sont desmanchiés;
Les larges fraintes et fendues, G. guiart, ms. f" 3i 9,
dans LACURNE. || xv's. Lors trait l'espée et fiert l'au-
tre sur le dcxtre bras et luy fait voiler emmy la place ;
quant celluy se sentit desmanché du bras.... Perce-
forest, t. I, P" 67. Si l'instrument ne se desmanche,
COQUILLART, le MoHologue des Peiruques. || xvi's.
Démanchez la croix, et du manche chassez-les au
loin, MARG. i^fou». XLVi. Ces impressions, nées de
la desbauche d'un esprit desmanché, vont nageant
incertainement en la fantasie, mont, n, <47. Si leurs
actions se desmancherent [ne répondirent pas à
leur amitié], ils n'estoyent ny amis, selon marne-
sure, l'un de l'aultre, ny amis à eulx mesmes, m.
I, 214. Quand quelque pièce [d'un état] se desman-
che, on peult Testa yer, id. iv, 82. Desmanchez vos
chalumeaux, du bellay, m, 36, retto.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et manche, a. m.
f 2. DÉMANCHER (dé-man-ché), V. n. Terme de
marine. Sortir de la Manche ou d'un bras de mer
quelconque.
— ÉTYM. 0^.... préfixe, et la. Manche.
t DEMANDANT, ANTE (de-man-dan, dan-t'),
adj. Qui demande.
— HlST. xv s. [Les femmes] S tous propos.
Sans nul repos. Sont demandantes, Guillaume
ALEXIS, Blason de fauUes amours, dans palsgh.
p. 788.
DEMANDE (de-man-d'), s. f. || 1° Action de de-
mander. Une demande fondée. Appuyer une de-
mande. Faire une demande d'argent. C'est votre in-
térêt seul que sa demande touche, corn. Nicom.
II, 3. Il S la demande générale, tout le monde de-
mandant une certaine chose. Il Termede philosophie,
dit plus souvent de son nom latin posluiatum, point
que l'on prie l'adversaire de reconnaître préalable-
ment à une discussion. || Terme de musique. Se dit,
dans une fugue ou une symphonie, du sujet ou
motif que l'on propose à imiter; la phrase qui y
correspond se nomme la réponse. || Terme de ma-
rine. Filer un cable à la demande du vent, le fi-
ler à mesure qu'il se tend, pour éviter de faire
chasser l'ancre. |{ Une pièce de bois est à la de-
mande quand elle a été travaillée selon la forme de
la place qu'elle doit occuper. || 2° La chose deman-
dée. On vous accorde votre demande. || 3» Écrit qui
contient une demande. Adresser une demande au
ministre, jj 4° Démarche auprès des parents d'une
fille pour la demander en mariage. La demande a
été agréée de toute la famille. Pour Rodericon en fit
la demande, la font. Belph. Vous raillez; ce n'est pas
Henriette qu'il aime. — ....Vous me voyez, ma sœur,
chargé par lui D'en faire la demande à son père
aujourd'hui, mol. F. sav. ii, 3. || 6° Action judiciaire
pour obtenir une chose à laquelle on a ou l'on croit
avoir droit. Il fut débouté de sa demande. Demande
en garantie, en nullité. || Prétention ou conclu-
sion d'une partie. Demande principale, incidente.
Il 6° Terme de commerce. Commande. La demande
sera considérable cette année. La demande sollicite
la production. || Terme d'économie politique. La
quantité de produits ou de services demandée par
les acheteurs. La demande du travail, des capitaux.
11 est à désirer que la demande excède l'offre. Un
lustre ne peut trouver sa place que dans de grandes
maisons, tandis qu'il n'est si chétif ménage où Ton
ne trouve des chandeliers ; aussi la demande des
chandeliers est-elle toujours ouverte, toujours plus
active que celle des lustres, say. Traité, t84), p.
360. Il 7° Question. Un livre par demandes et par
réponses. Un esprit abstrait nous fait faire ou de
mauvaises demandes ou de folles réponses, la bhuy.
T. Elles vont m'entourer; que je crains leurs de-
mandes! DELAV. Paria, ii, B. || Voilà une belle de-
mande, ou , simplement, belle demande, cela va
sans dire; en pouvez-vous douter? Est-ce que M. Pur-
gon le connaît? — La belle demande ! Il faut bien
qu'il le connaisse, puisque c'est son neveu, mol.
Mal. imag. i, B. || Proverbe. Â sotte, à folie de-
mande point de répon.se.
— SYN. DEMANDE, QUESTION. Ccs deux mots Si-
gnifient en général une proposition par laquelle on
interroge. Mais il y a cette dislinction que question
est plus général que demande, n'impbquant pas
que celui qui interroge ait quelque droit à interro-
ger; tandis que demande implique que celui qui de-
mande interroge non pas seulement pour s'infor-
mer, mais aussi pour s'assurer si celui qui est
rir.T. DE LA LANGUE FRANÇAISE,
DEM
interrogé a rempli certaines conditions, Un maître
fait à son élève une question ou une demande ; mais
celui qui prend des informations fait des questions
et non pas des demandes. En effet, étymologique-
ment, question, du latin qua'stio, de qua:rere, est
l'action de chercher; et demande , du latin deman-
dare , contient quelque chose du sens de mander. Il
y a encore cette dill'érence : t° qu'une demande n'est
pas toujours interrogative : une demande de secours,
d'appui, de protection; 2° que,dansle sensinterro-
gatif, la demande suppose toujours l'action d'un de-
mandeur, tandis que la question peut aussi être con-
çue d'une manière abstraite. Exemple : La matière
éthérée est-elle résistante, ou ne Test-elle pas? C'est
une question, ce n'est pas une demande. Pour que
ce soit une demande, il faut qu'il y ait quelqu'un
qui fasse ou soit supposé adresser cette question à
un autre.
— HIST. XII* s Car tel sont li usaige; Qu'on
ne peut mais, sansdemant, rien trouver, quesnes,
Romancero, p. 84. || xiu" s. Tout le droit dont nous
usons apartient à personcsou à choses ou à deman-
des, Liv. de jusl. B4. Si compaignon ne poent fere
demande contre li , puisque il meisme a damace en
la coze [chose], beaum. xxi, 32. || xiv" s. Li capi-
tains li dist comment la chose ala, La demande Ber-
tran et tout quanque dit a, Guescl. 20828.
— ÉTYM. Voy. demander; provenç. et espagn.
demanda; ital. dimanda. On a dit aussi demant,
au masculin.
DEMANDÉ, ÉE (de-man-dé, dée), parJ. passé.
Il l"Donton a fait la demande. Une place longtemps
demandée. Une fille demandée en mariage. || 2° Ap-
pelé. Le médecin demandé en toute hâte. |j 3° Exigé.
La capacité demandée par la gravité des circon-
stances. || 4° En économie politique, demandé par
les acheteurs. En même temps que la quantité de-
mandée de chaque produit est modifiée par ses frais
de production, elle Test par le nombre des person-
nes qui éprouvent le besoin de la consommer et qui
ont les moyens de se satisfaire, say, Traité, (84),
p. 217.
DEMANDER (de-man-dé), v. a. || 1» Exprimer à
quelqu'un qu'on souhaite obtenir quelque chose de
lui. Je vous demande votre appui. Toutes les digni-
tés que tu m'as demandées, Je te les ai sur l'heure
et sans peine accordées, corn. Cinna, v , ). Que vous
me fatiguez avec un tel caprice 1 Ce que vous de-
mandez a-t-il de la justice? mol. Mis. v, 2. On de-
mande à Dieu les choses; on demande aux saints
des prières; qui s'avisa jamais de demander ou des
prières à Dieu, ou les choses mêmes aux saints
comme à ceux qui les donnassent ? aoss. Var. xiii , 28.
Mais sans cesse ignorants de nos propres besoins,
Nous demandons au ciel ce qu'il nous faut le moins,
BoiL. Éplt. V. Faut-il que mes soupirs vous deman-
dent sa vie? rac. Androm. itr, 7 C'est un exil
que mes pleurs vous demandent , id. ib. i , 4.
Je vous ai demandé des oreilles, des yeux, id. Bé-
rén. n, 2. Mes soldats, dont je veux tenter la com-
plaisance, Dans ce même moment demandent ma
présence, m. Mithr. n, 5. Puisqu'enfin ma prière a
si peu de pouvoir. Vous avez entendu ce que je
vous demande, Madame; je le veux et je vous le
commande, Obéissez.... id. Iphig. m, 1. Je dois
quatre cents francs I c'est une fourberie Je ne
sais pas , au vrai, si vous les lui devez , Mais il me
les a, lui, mille fois demandés, regnard, Légat.
V, 7. Je demande en tremblant une grâce de vous,
VOLT. Zaïre, iv, 2. je n'aurais point aux cieux de-
mandé d'autre père, id. Mérope, v, f. || Absolu-
ment. 11 est toujours à demander. Il demandait pour
les pauvres en un lieu [la cour] .où Ton se fait un
point d'habileté de ne demander que pour soi, fléch.
Lamoignon. || Demander la bourse ou la vie, se dit
d'un voleur qui, vous présentant une arme , exige
que vous lui remettiez Targent que vous avez. || Fig.
Ne demander que plaie et bosse, se plaire dans le
trouble et dans le désordre. || Familièrement. Ne de-
mander pas mieux, acquiescer à une résolution, ne
pas s'y opposer. || 2° Demander son pain, demander
l'aumône. |{ Absolument. Mendier. On rit du fou
qui sur sa lyre Chante à la porte en demandant,
BÉRANG. Indépend. || 3° Terme de palais. Former
une demande en justice. Demander des aliments.
Il Conclure à. Demander une remise, une enquête,
solliciter des délais, une information, un examen.
Il Avoir le rôle de demandeur. Tant en demandant
qu'en défendant. {| 4° Demander à, suivi d'un infini-
tif, exprimer le désir de. Il demande à parler, à
venir vous voir. Philoclès demanda au roi à se re-
tirer auprès de Salente dans une solitude, fén. Tél.
XIV. Ses yeux baignés de pleurs demandent à vous
DEM
1041
voir, RAC. Bérén. v, 7. Cette femme éperdue S vos
sacrés genoux demande à se jeter, volt. Orphel.
m, I. Il Ne demander qu'à, suivi d'un infinitif, dé-
sirer uniquement. Il ne demande qu'à s'amuser.
il Fig. La terre ne demande ici qu'à enrichir les
habitants, fén. Tél. xii. || Demander do, avec Tinfi-
nitif, ou que, avec le subjonctif, même sens que
demandera. 11 demande d'être reçu dans cette com-
pagnie. Il demande de ne pas vous suivre. Us de-
mandèrent au roi qu'il leur fût permis de retour-
ner dans leur patrie. On ne leur demande pas qu'ils
soient plus fidèles à leurs devoirs, la bhuy. xi. On
ne vous demande pas de vous récrier: C'est un chef-
d'œuvre, ID. i. Il Les deux compléments à et de sont
réunis dans la phrase suivante : Je demande par
grâce à sortir de Byzance Et d'aller exercer mon
courage et mon bras, campistron, Andronic, m, 2.
Il 5° Enjoindre, prescrire, en parlant de celui qui
exige. Dieu demande que nous secourions nos sem-
blables. Il Exiger, en parlant des choses qui exigent.
Faites ce que la vertu demande. Cela demande de
grandes dépenses. Cela demande explication. Ne
pensez qu'aux devoirs que vos pays demandent,
CORN. Hor. II, 8 L'Ëtat demande aux prin-
ces légitimes Des prix pour les vertus, des peines
pour les crimes, id. ib. v, 2. Va marcher à leur
tête où l'honneur te demande [t'appelle], id. Cid,
m, 6. J'ai quelques intérêts Qui demandent ici
des entreliens secrets, id. Sertor. v, 6. Toutes
les affaires qui demandent de la probité , fén.
Tél. XX. Il n'avait ni Téquité ni la modération
ni le désintéressement que demandait un tel pro-
jet, rollin, Ilist. anc. Œuvres, X. vi, p. C8, dans
pouGENS. Il Absolument. Si c'est le devoir qui de-
mande, tout doit céder. || 6° Dire, prier de donner,
d'apporter, d'expédier une chose, de venir. Deman-
der le journal. Demander son déjeuner, sa canne,
ses gants. On demanda le médecin. || Il se dit aussi
pour exprimer qu'on a besoin de. La terre est sè-
che, on demande de la pluie. {| 7» Chercher quel-
qu'un pour le voir, lui parler. Ils demandent le
chef, je me nomme, ils se rendent, corn. Cid,iv,3.
Qu'est-ce que vous me voulez, mon papa? ma belle
maman m'a dit que vous me demandez, mol. Mal.
imag. n, (t. || 8° Demander une jeune fille, la de-
mander en mariage. Sans doute, et je l'ai demandée
à son père, mol. Mar. forcé, 2. || 9» Interroger sur
ce que Ton veut savoir, s'enquérir. Demander des
nouvelles. Demander le nom, la demeure de quel-
qu'un. On m'a demandé qui j'étais. On lui a de-
mandé pourquoi il parlait ainsi. Pourquoi donc me
donner un semblable conseil? — Pourquoi m'en de-
mander sur un sujet pareil? mol. Tart. ii, 4. La chose
quelquefois est fâcheuse à connaître ; Et je trem-
ble à la demander, id. Amph. u, 3. Si nous osions
demander au grand prince qui lui rend ici avec tant
de piété les derniers devoirs, quelle mère il a per-
due, il vous répondrait par ses sanglots, boss. Ma-
rie-Thér. Pourquoi le demander, puisque vous le
savez? RAC. Iphig. iv, 6. || Demandez-moi pourquoi,
se dit pour exprimer qu'on ne sait pas plus que ce-
lui à qui on parle, la raison de ce dont il s'agit. J'ai
vu dans le palais une robe mal mise Gagner gros;
les gens l'avaient prise Pour maître tel qui traînait
après soi Force écoutants; demandez-moi pourquoi,
LA font. Fabl. VIII, 15. || Se demander, demander à
soi-même, chercher à se rendre compte, raison
d'une chose. Je me demande d'où cela peut venir.
Il Se demander, se faire réciproquement une ques-
tion. Ils se demandèrent leur adresse. || Terme de
manège. Demander à un cheval, s'adresser à son
intelligence au moyen des aides. || 10° Avoir besoin.
Les terres demandent do l'eau. || Familièrement. Gel
habit en demande un autre, il ne peut i)lus servir
longtemps. |] Terme do marine. Un navire qui niouiiie
demande du câble, lorsque, culant, il a besoin d'en
filer. Il 11° Terme d'économie politique. Être au
nombre des acheteurs d'un produit et d'un service,
au regard des vendeurs. Demander dos blés. Deman-
der des employés pour un chemin du fer. || Absolu-
ment. Les classes qtii demandent sont d'autan'
moins nombreuses que la valeur du produit va nt
s'élevant, say, Traité, <84i, p. 3<8. || 12» Se dit
à certains jeux de cartes pour annoncer qu'on
est disposé à faire un certain nombre de levées
sous la condition d'écarter les cartes qu'on jugera à
propos. Il Se dit à d'autres jeux quand on se pro-
pose de jouer dans une couleur. || Se dit à Técarté,
quand on demande à l'adversaire s'il veut qu'on
jette ses cartes ou quelques-unes pour en prendre
d'autres dans le talon. Demander des cartes, ou, ab-
solument, demander. || 13° Se demander, i-. réft. Être
sollicité. Une telle fdveur ne se demande pas. || Être
I. - 131
4042
DEM
l'objet d'un» question. Celn no «e demande p«». Esl-
M que eclii le demande? || l'rnverbes. Oui nous doit
nous demande, conta-dire nom sommes souvent
attaqués par ceui que nous devrions atiai|uer.
Il Faut-il demander à un malade s'il veut la santé?
Il Ne demander qu'amour et simplessc, vouloir vivre
en repos et y laisser vivre les autre».
— HEM. 1. Des grammairiens ont voulu distin-
guer dctTuindfr d et dtmandrr de suivis d'un infini-
tif, disant que le premier s'emploie lorsque l'ohjet
de la demande est une action : il demande à venir;
et le second, lorsque l'olijet de la demande n'est pas
de faire une action : il demande d'êire reçu dan»
votre compagnie. L'usage ne ratifie pas cette dis-
tinction ; et l'on met i ou de suivant les exigences
de l'oreille. || 1. On dit je vous demande panlon; et
on ne dit pas : je vous demande excuse ou des ex-
cuses, mais je vous fais excuse ou des excuses. La
raison er. est que le piiMion est relatif à la personne
I qui on le demande; tandis que ^excu^e est rela-
tive à celui qui la fait. Votre pardon m'est néces-
saire; mon excuse est dans ma j -unesse.
— HIST. XI' 8. S'est quil dumandet [s'il y en a
qui le demandent) , ne Testent enseigner (il n'est
besoin de le montrer, 11 se reconnaît do lui-même],
Ch. de Hol. viM. |I's] Demanderont où est li quens
cataines (capitaine), i6. ccv. Suer (sœur], chère
amie, d'home mort [tu] me demandes, «6. ccLxx.
II XII* s. Consel vel demander |je veux demander
conseil], llonc. p. 2. Armes (il) demande por son
cors eonraer, ib. p. 6i. (Il] Va demandant pris de
chevalerie, ib. p. 68. (l.'épi'e] Que vous m'ave?. en
mi mains deinamlée (conflée), tb. p. <)8. Du premier
cop je vous demant le don |je vous demande l'oc-
troi de frapper le premier coup], ib. p. 128. Congié
demandent, et il leur a doné, tb. p. S0.1. Que d'ob-
tenird'uneantreqiiani|u'on peutdemaiider, C()uci,x.
Et s'il ne fust de remanoir viltance El reproche,
j'alasse demander X ma dame congé de demeurer,
ib. xiiv. Son père et sa mère (il] salue. Puis leur
demande de sa drue [nouvelles de son amie], Ilo-
mancero, p. 80. De tout vosire gaainno vousderaant-
je mie, Sax. vu. Serolfrande fii riche, ne fait à de-
mander,ib. xiii. Il leur a demandé: Quels nouveles,
baron? tb. xxii. Kt chose (il) nous demande que
nous ne povons faire, l'b. xxxi. || xiii* s. Pour aler
en Hongrie la dame demander, Berte, m. Il lui a
demandé s'eleestoitde part Dieu, ib. xi.v. (Il) A sou-
vent du roi Flore noiivele demandée, tb. Lxxxil. Or
ne demandez mie s'il furent esbaubi,tb. lxxxix. De
la chose qu'il quierent [ils] vont partout demandant,
ib. cvii. Mandé l'ave/., bien un mois a. Mes onques
tant ne vos prisa Qu'il vosdaingnasl conlremander,
Ne jor ne resiiit demander, /(en. «7908. Ung baisier
dous et savore Ai pris de la rose erraument; Se j'oi
joie, nus nel dément [(|ue nul ne le demande], la
Rose, 3490. Qui ne le set, si le demant X ceus qui
suni loial amant, tb. 2;i43. Les demandes qui sont
personix tant solement doivent estie di'mandées par
devant le segneur deso?. lesquix li deffendeur sont
couquant [couchant] et levant, bemjm. vi, 33. Aussi
comme nous mangions ou pavillon, une grande
tourbe de poures gens nousdemandoient pour Dieu et
fesoient grant nuise, joinv. 259. {| iv' s. De ces nou-
velles furent ils tous resjouif [les barons de Gasco-
gne] et dirent c'estoit tout ce qu'ils demandoient,
FBOiss. u, II. 6. Quant le roi fu là arresié, les ha-
rons et les seigneurs de France et de son conseil
qui demaniloieni pour lui (de ses nouvelles] y ar-
resterent aussi, ainsi qu'ils venoient, id. i, i, 298.
Et adnnc le dit duc s'escria a£sez haut en disant : Je
suis le duc d'Orléans; et aucuns d'iceux en frappant
sur lui respondnent : c'est ce que nous demandons,
M0N6TB. 1, ch. 38. Le roy demanda à monseigneur
de i:iiarol.iiscesmoiz ; Monfrere,ni'as6eurei-vous....
ledit conte luy respondit : Ouy comme fiere, comm.
I, 12. Manda aucuns des prochams serviteurs dudit
duc et qui s'estoienl jà trouvez au conseil et leur
demanda de Ut conclusion, lu. ii, 13, Leducde Bour-
gongne, contre l'oppinion de ceulj i qui il en de-
mai.doil, délibéra d'aller au-dt'vanl d'euli, jn. v, i.
Si je le susse , je ne le ileiuaiulis» pas, lolis xi,
Août;, xu i; xvi' », Ce que je demande de vous,
HOMT. I, »B. Quand Diouene avoit laute d'argent, il
disoit qu'il le re.lemandjil & «a> amis, non qu'il le
deniandoit, id. i, 210. Si daui en mesme lelnpsde-
maiidoient k e.stre «ccouru». auijuel courriez-vous?
ID. I, ÏI7. Upa|ieaya:il.lemaiidé»bcire, id. i 26J
Ko une j.aroi»»e du Jwjcese du Man», laquelle se de-
mande St-Ge»rge». U y avoit.... uEWEj.. Coules,
ixi». 11 ne failli pas deaMudar si les ambassadeurs
s«lrouTereul bien Mlounez, amyot, Niciat, 18. Plus
deminde qiu dit : ce que tu voudras, que qui de-
DÉM
mande : ce que tu doibs, oMin, Rieréationi, t. u,
p. «47.
— ÊTm. Provenç. demandari e«tal. iemanari
espagn. et portug. demandât; ital. dimandar»; du
l«iin dematidare, confier, de de, et mandart, man-
der. Le sens propre du latin est confier, qui se trouve
en effet dans qiiel(|ue8-un8 des vieux exemples. De
confier, remettre, les langues romanes ont tiré un
sens détourné qui e»t remettre h l'oreille, à l'esprit
de quelqu'un, et, par suite, faire une demande.
DK,MANDERESSE(deman-d«-rè-B'),<. A- Voy. dï-
H«i(np.uit.
DEMANDEUR, EUSE (de-man-deuf , deu-z'), t.
m. etf. Il !• Celui, celle qui demande souvent, qui fait
le métier de demander. Il aime l'argent plus que
réputation, qu'honneur et que vertu; et la vue d'un
demandeur lui donne des convulsions, mol. l'Av. il,
6. Il Qui fait une question. Il demandait à son tour
à ces superbes demandeurs à quoi servait que le
Verhese fût fait chair, boss. Kor. ii, § 30. || 2° 1 erme
de procédure. Celui qui intente une action, qui forme
une demande en justice. Le défendeur devient de-
mandeur dans les exceptions qu'il propose. Les lois
ordonnaient qu avant le jugement définitif le de-
mandeur ne pût troubler le défendeur dans sa pos-
session, VERTOT, név. rom. V, p. 64. Il Dans ce
sens il fait au féminin demanderesse. Que peut re-
quérir la demanderesse? mariage, àdéfautde paye-
ment, BEAUMABCii. Jfar. de Fig. m, «6.
— HIST. xm* s. Li sires doit mètre le demandeur
en le [la] saizine de le [la] chose, en tel manière
que li demanderes baille seurté des levées, beaum.
48. Il xiv* s. Li libéral n'est pas demandeur ne re-
quereur, ohesme, Eth. 105, ||xvi*s. Il avoit tous-
jours force demandeurs après luy, amyot, Nicias, 7.
— ËTïM. Demander ; provenç. demandaire , de-
mandador; au fim. demandairitz ; calai, demana-
dor; espagn. demandadnr ; iial. dimandatorf. Le
provençal et le vieux français font au nominatif de-
mandaire, demandere, et au régime dimandador ,
demandiOT ou demandeur , suivant l'accent qu'au-
rait eu ce mot, s'il était latin, au nomiuatif et au
régime.
DÊMANGEAISOîC (dé-man-jè-zon), s. f. |) !• Pi-
cotement à la peau qui excite à se gratter. Il éprouve
de vives démangeaisons. U frappera aussi d'une gale
et d'une démangeaison incurable la partie du corps
par laquelle la nature rejette ce qui lui est resté de
sa nourriture, sact, Bible, Deulérun. xxviii, 27.
Il 2" Fig. Envie immodérée de faire une chose. Ja-
mais autour du riche à fiatter ne t'exerce. Vis sans
démangeaison de te montrer aux grands, cohn.
Imit. I, 8. J'ai des démangeai.sons de mariage aussi,
MOL. l'Étour. V, 16. Quel abus de quitter le vrai
nom de ses pères Pour en vouloir prendre un liftli
sur des chimères! De la plupart des gens c'est la
démangeai.son , ID. Éc. des f. i, t. Il faut qu'un ga-
lant homme ait toujours grand empire Sur les dé-
mangeaisons qui nous prennent d'écrire, id. Uis.
i, 2. J'ai une démangeaison naturelle de faire part
des contes que je sais, m. Scapin, m, 3. C'était une
démangeaison d'innover sans fin, boss. Beinc d'An-
glet. Par je ne sais quelle démangeaison de se mêler
de tout, on s'ingère en mille intérêts et en mille
intrigues, bourdal. Exhort. char, envers les pau-
vres. Demande aux hôtes de ces bois Si quelquefois
dans leurs tanières Ils eurent la démangeaison De
venir chercher tes lumières, chailieu. Contre l'es-
prit. Une vaine démangeaison de tout savoir, mass.
Car. F. légères.
— HIST. ivi* s. Icelle humeur a une petite acri-
monie piquante et aiguillonnante, avec un petit pru-
rit et demangeaisbn, qui irrite le» parties i faire
leur action, paré, xviii, i. Et m'escoula dans la
cœur une démangeaison [amoureuse] continuelle,
MONT. III, 380.
— ETYM, Démanger; Berry, demingur*.
DÊMANGEU (dé-man-ié. Le g prend un e de-
vant un a ou un o : démange.iit, démangeons),
V. n. Éprouver une démangeaison. La tête, tout le
corps lui déminge. Quand sous le corselei la crasse
lui démange, regnikr, Sat. x. || Fig. Gratter
quelqu'un où il lui démange, le prendre par son
faible, entrer dans ses senlimenis, dans ses vue».
Il Fig. et familièrement. La langue lui déniange,
il a une excessive envie de parler. La main lui dé-
mange, il a un vif désir de baltre X relia audace
étrange J'ai peine à me tenir et la main me dé-
mange, MOL. Tart. V, 4. Il Par extension. Le» mains
lui démangent, il « envie de livrer b,itaille. M. de
Luxembourg k qui les mains démangent furieuae-
ment, sêv. 215. || La main lui démange, les doigts
lui démangent, il a envie d'écrire. Muse, c'est donc
DKM
en vain que U main Tou» démange, Bon.. Sat. vu.
Il Le» pied» lui démangent, il a envie de »'en aller.
Il Le do> lui démange, se dit d'une personne qui fait
tout ca qu'il faut pour être battue Ma petite femme,
ma mie, votre peau vous démange, mol. Hèd moi»
gré lui, I, 4. Il La gorge lui démange, se disait d'un
homme en passe d'être pendu.
— RRH. On a dit autrefois se démanger, verbe ré»
fléchi, pour avoir des démangeaisons : Vous tvei
tout & fait bon air avec cet babil, et nous n'avons
point de jeunes gens à la cour qui soient mieux faits
que vou». — U le gratte par où il se démange, HOl..
Bourg, gent. 111, 4.
— HIST. x¥i« s. Comme le» main» lui deman.
gealent, il sortit de Pans, Uém. s. du G. ch. ». En-
venimer la playe, à fin que pour un peu de douleur
qu'il a, qui le poingt et luy démange, l'ulcère e»-
gratigné s'empire tousjours, la BOêTiE, 387. Quand
viendra ce jour là, que ton nom au vray passe Par
France, dans mes vers? combien et quintes fois
S'en empresse mon cœur, s'en démangent mes doiU?
ID. 338. Les mains courent d'elles mesmos où il nous
démange, mont, n, 67. Quelques liumours aigres
ou acres, accumulées sous le cuir, qui chatouillent
et démangent, invitent à se gratter,... paré, xviu, 4.
— ÉTYM. W.... préfixe, et manger, c'est-» dire
manger continuellement, faire éprouver la sensa-
tion comme si quelque chose vous m.ingeail, ron-
geait. En provençal, desmanjar signifie perdre
l'appétit.
t DÉMANILLAOE (dé-ma-ni-lla-j", H mouillée»),
s. m. Terme de marine. Séparation d'objets réunis
par des manilles.
— ETYM, W,... préfixe, et manille.
DÊ!«ANTELÉ, ÉE (dé-man-te-lé, lée),par« ptt$té.
Le lion consent à cela. Tant son ftme était aveuglée;
Sans dents ni griffes, le voilà Comme place déman-
telée. LA FONT. Fabl. IV, t.
DÉMANTÈLEMENT ( dé-man-tè-1e-man ), «.m.
Action de démanteler, || Êiat d'une place démante-
lée. Il Par extension. Liitre les excessives érosion»
des schistes et les grands démanlélements des gr».
nils, l'œil saisit vite la différence qui résulte da la
structure compacte des uns et de l'élut fossile des
autres, poubnet, Acad. des se. Comptes rendus,
t. LU, p. 1119.
— HIST. XVI* S. [Les causes de défiance] Const»-
toyenl es desmantellemens d'aucunes villes et coa-
slructions de citadelles où ils avoyent l'exercice
public, LANGUE, 605. Le siège de la Kochelle, sou
démantèlement, d'aub. Vie, cxxxu.
— ETYM. Dérnanleler.
DÉMANTELER (dé-man-te-ié. L'Académie ne con-
jugue pas ce veibe; mais, commeelle écrit déman-
tèlement et nondémanlellement, il est à croireuu'ii
faut conjuguer non en doublant les il comme dans
apve/er. mais en mettant, comme dans geler, l'ac
cent grave, quand la syllabe qui suit est muette:
je démantèle: je démantèlerai; je démantèlerais;
que je démantèle, etc. Il est fâcheux que tous rcs
verbes ne se conjuguent pas d'une façon uniforme),
V. a. Il 1° ôler le manteau, ancien sens qui est le
sens propre , qu'on peut voir à l'iiistonque el qui
n'est plus du tout usité. I| 2' Fig. Démolir les mu-
railles, les fortifications d'une ville. Démanteler une
place forte. Il permit aux habitants, qui s'étaient
sauvé» par la fuite, de demeurer dans la ville aprfe»
l'avoir démanielce, et de cultiver les terres, à con-
dition de payer un tribut aux Carthaginois, rolun,
Dist. anc. t. 1, p. 256, dans polge.ns. || Par exten-
sion du sens figuré. Il voulait létalilir et réorgani-
ser les grandes monarchies qu'avaient démantelées
les guerres de Napoléon, villemain, dans le UiCt.
de poiTEVi.N. Il Se démanteler, r. réft. Détruire ses
propres fortifications. Cette ville fut obligée de »o
démanteler.
HIST. XVI" s. De l'effroi de ce siège le» chres-
tiens quittèrent Amazon. Arzil et Alxazer, en les dé-
mantelant, d'alb. Utst. I, 35. Eocores ne nous ap-
perceusmes nous désire démantelez (volés de nps
mante iux| qu'à la seconde poste, ID. Farn. 1, 3. Le
bruict fut que ion demanleloit la ville d'Orle.ns par
le commandement du roy, conDU, Ui'moires, p. 70t.
— ETVM. l)i.... préfixe, et manlel , manteau,
proprement dier le manteau, d'où Aler la muraille
qui est comme le loauteau d'une place de guerre;
ital smailell'irr
DÉMANTIBl'LÉ, ÉE (dé-man-li-bu-lé, lée),porJ.
paW. Ayant la face ilémaoUbulée. Une armoire dé-
ma»( biilëe.
DËHANTIBl'LEB(dé-roan-tirbu-lé), V. a. || 1* Rom-
pre la ni&rboire. 11 criait à se démantibuler la aAi-
choiie.jl 8" Par extension, mettre en pièce», liri-r
Démantibuler une machine. || 3° Se démantibuler,
V. réfl Être mis en pièces. Ce coffre, pendant qu'on
.'s transportait, s'est dèmaniiliulé.
— Hisr. XVI' s. Demanilibuler, ounm, Dict.
— ETYM. Dé.... iiréfixe, et mandibule, propre-
nienl se ilémancher b\ manilitiiile, la mâchoire.
t DfiMARAUDKR (dé ma-rÛ-ilé), ». a. Kairenerdre
la qualité da maraud. Ce n'était qu'un maraud, mais
il a fait fortune; Puis(]u'il a du ilouzain, il est dé-
maraiiclé, xii. corn, la Comtesse d'orgueil, i, 3.
— REM. Ce mot ne peut guère être employé qu'à
la conilition que maraud sera placé avant lui.
— ÊTYM. DU.... préfixe, et maraud.
t DfiMARC.ATIF, IVE (dé-mar-ka-tif, ti-v'), od/.
Oui sert de démarcation. Ligne, borne démarcative
d'une propriété.
— f.TVM. Démarquer.
DfiMAIlC.tTION (dé-mar-ka-sion ; en poésie, de
cinq syllabes), s. (. || 1' Action de marquer, de limi-
ter. Le prétexte politique de cette espèce d'insur-
reciiiin sacerdotale, c'est, messieurs, que la même
puissance qui a chanjré l'ancienne distribution du
royaume, ne pouv.iit rien clianger à l'ancienne dé-
marcation des diocèses sans le concert de la puis-
sance spirituelle, Mirabeau, Collection, t, iv, p. 340.
Il Ligne de di'marcation, lipne fictive que le pape
Alexandre VI fit tracer d'un pôle à l'autre pour don-
ner «Il partage les Indes orientales aux Portugais et
les occidenlales aux EspatJnols. |{ Par extension. Li-
gne de démarcation, toute ligne tracée sur un ter-
rain pour y fixer des limites. Il î" Fig. Séparation,
distinction. La démarcation entre la noblesse et la
bourgeoisie. La démarcation des classes en Alle-
magne devait anéantir l'esprit militaire parmi les
bourgeois, stael, Allem. 1, ch. a.
— ETYM. Dé.... préfixe, dans le sens affirmatif,
et marqurr.
DÉMARCHE (dé-mar-ch'), ». f. || 1» Le pas qu'on
commence h faire quand on veut aller en quelque
lien ou en sortir. Il a fait une chute dès sa première
démarche. || L'espace de terrain contenu dans le
premier pas. Mais comment l'eùt-on vue? à peine
la lumière Osait franchir du seuil la démarche pre-
mière, LA FONT. Captivité de Si Jfaic. v. 446. || Vieilli
en ces deux sens qui sont les sens propres. || 2° Mar-
che (du style poétique en ce sens). Allez, et laissez-
moi quelque fidèle guide Oui conduise vers vous ma
démiirche timide, hac. l'hèd. v, t. Ce vieillard le
suivait d'une démarche lente, volt. Sci/t/ies, m, l.
Il Fig. Qui suivra ces étonnantes démarches? pasc.
danscousiN.QuelIesgrandesdémarchesne fait-on pas
au dRspoti(|ue par celte indulgence? la bbuy. x.
Les hommes frivoles, qui ont besoin de temps pour
suivre ces grandes démarches de la rénexion, sont
dans une espùce d'impuissance de les admirer, vau-
VEN. l'es suiUies. \\ S" Allure, façon de marcher.
En achevant ces mois, d'une démarche fiàre 11 s'ap-
proche du roi couché dans la poussière, rac. Tliéb.
V, 8. Sa démarche, ses yeux et tous ses traits en-
fin, 10. Alhal. II, 5. Le vêtement du corps, le ris
des dents et la démarche de l'hooime font connaître
quel il est, sacy. Bible, Ecciésiasiique, Xl\, 27.
Il 4° Fig. Manière d'agir. La premiùre démarche
qu'on exige d'un disciple de Jésus-Christ, est de
oapiiver son esprit et de croire ce qu'il ne peut com-
prendre. MASS. Cor. Vérité de la rii. Ce n'esi point
là, pour me le faire croire, La démarche d'un roi j
qui court à ia victoire, bac. Alex, ii, 5. || 6° Ce qu'on j
fait pour la réussite de quelque chose, liien aise de !
n'avoir pas fait de certaines démarches inutilement, I
RAUILT. Gramm. 4. Le prince de Comté fit quelques
démarches qui n'eurent aucun effet, Boss. Dé(. La'
démarche que l'Angleterre avait faite du côté de '
Rome, ID. Var. lO. On nous a fait f.iire une fausse \
démarche, mass. Pet carême, Écueils. Vous qui
faites tant de démarches de conversion, id. Car.
Rechute, i. Avancé dans la vertu ou encore dans les
premières démarches de la pénitence, id. Car. Prière,
< J'ose me llalterQu'aprèscettedémarche, après cette
entreprise, Un cœur qui m'étaii dû saura me méri-
ter, VOLT. Tancr. ii, 8. || 6" Défaut dans la tonte
des draps, quand il s'y trouve des endroits qui ne
sont pas tondus d'as.sez près.
— iiiST. XVI* s. Les nymphes [pions] marchent
d'ung carreau en aultre; exceptée la première de- \
marche, en laquelle 'eur est libre passer deuz car-
reaiilx, rab. Pant. v, 34. Si une nymphe passe jus-
ques à la filière de son roy ennemy, elle est couronnée
royne de son roy, et prend sa desmarcbe doresna-
vaiii en mesmc privilège que la royne, id. ib. v, 24.
Kt les enseignes desployées, à desmarche grave et
lente se présentèrent en veue des tenans, id. Scia-
mach. Adonc l'assault redoubla si très-fort Que pour
DfiM
fuyr ennemys font desmarche, i. uarot, v, »o.
Adoncques fist simple double et démarche Pour à
Trevy venir faire reprinse, id. v, «6. Obstiné de
mourir en ceste desmarche [train de vie], mont, ii,
7». Et conjecturoit on à leur grave desmarche, et à
leur bonne ordonnance que c'estoieni naturelz Car-
thaginois, AMYOT, Timol. 30. Après l'armée du duo
de Guise renforcée et r'accommodée de ce qui lui
manquoit, ses premières desmarches furent à r^s-
tampes et Pluviers, d'aub. Ilist. i, (72. Volant que
sur le branle la trouppe du roi qu'il voioit ne par-
donneroitpas la desmarche [retraite], iD.tb. il, 454.
Par ainsi n'estant ni en guerre, ni en paix, ni en
trêve, ils s'imaginoyent au quatrième estât, qui ne
fut jamais, et bransioyent un pied en l'air, qui n'est
pas pour faire une bonne démarche, id. Conf. n, !<.
En moins de quatre desmarches, il luy fist perdre
toutes ses escrimes, cabl. vi, 6.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et marche.
t DÉMARCHIE (dé-mar-ohie) , s. f. Charge et ju-
ridiction d'un démarque.
— ETYM. Démarque 2.
t DÉMARGER (dé-mar-jé), v. a. ôter ce qui est
en marge; fiter la marge. || Déboucher les orifices
d'un four de verrerie.
— ETYM. Dé.... préfixe, et marge.
f DÉ.MARGUER (dé-mar-ghé), v. a. Terme de
métallurgie. Enlever et démancher le marteau.
i DÉ.MARIAGE (dé-ma-ri-a-j') , î. m. Action de
démarier. Dès qu'elle [la reine de Portugal] fut la
maîtresse, dès avant son démariage elle rappela le
duc de Cadaval, st-sim. 88, t46.
— ETYM. Démarier.
DÉMARIÉ, ÉE (dé-ma-ri-é, ée), part, passé. Ces
époux démariés par un jugement.
DÉMARIER (dé-ma-ri-é), v. a. ||1° Séparer juri-
diquement deux époux. || i° Se démarier, v. ré/l.
Divorcer. [Henri VIII) Je voulais me démarier; celte
Aragonaise me déplaisait; je voulais épouser Anne de
Boulen, kén. t. xix, p. 379. Us [le duc et la duchesse
d'ÉpernonJ se brouillèrent, se démarièrenl et n'eu-
rent point d'enfants, st-sim. 67, 210. En vous disant
d'abord que je suis mariée. Vous devine/, assez que
je viens vous prier De vouloir me démarier, re-
ONABD, Souhaits, A.
— iliST. XIV" s. Les curez seront desmariez [sépa-
rés de leurs concubines], Hisl. littér. de la France,
Disc, de M. LF.CLERC, t. XXIV, p. 375. Il XV' s. Or çà,
ma fille, dit-elle, il vous convientdesmarier, louis xi,
Nouv. Lxxxvi. Il XVI' s. Jemedem.irie, PALSGR. p.350.
— ETYM. Dé.... préfixe, et marier.
t < . DÉMARQDE (dé-mar-k') , s. f Terme de jeu.
Se dit de la partie à démarquer. Jouer à la dé-
marque.
— ETYM. Voy. DÉMARQUER.
t2. DÉMARQl^^ (dè-mar-k'), s. m. Terme d'anti-
quité grecque. Magistrat supérieur d'un dôme.
— ETYM. Déme 2, et âp/.siv, commander.
DÉMARQUÉ, ÉE (dé-mâr-kô, kée), part, passé.
Dont on a d.';fait la marque Du linge démarqué.
t DÉ.MARQUEMEN r t, Jé-marke-man ) , s. m.
Terme d'eaux et forêts. Enlèvement de la marque
d'un arbre, dans des intentions frauduleuses.
— ETYM. Démarquer.
DÉ.MARQUER (dé-mar-ké), v. a. || 1" ôter une
marque. Démarquer du linge, un livre. Ci-glt mon-
seigneur de Marca [nommé archevêque de Paris en
4662 et mort le jour même que ses bulles arrivè-
rent] Que le plus grand des rois marqua Pour le
prélat de son église; Mais la mort, qui le remar-
qua Et qui se plaît à la surprise. Tout aussiiût le
démarqua, colletet, dans richelet. || 2° V. n.
Terme de maquignon. N'avoir plus de marque
indiquant l'Sge, en parlant des chevaux. Ce cheval
est jeune, il ne démarque pas encore. {| Ce verbe
n'est plus guère usité en ce sens; on dit : ce che-
val est hors d'iige, il ne marque plus. || 3° Jouer à
démarquer, se dit, au billard principalement, d'une
partie oii l'un des deux joueurs consent à démar-
quer, à perdre tous ses points, quand l'autre en prend
un ou plusieurs. |{ 4° Se démarquer, v. réfl. Ctre
démarqué. Ce linge est si vieux qu'il se démarque.
— HIST. XVI' s Comme il a démarqué les
bornes de la France Pour les planter plus loin par
le fer de sa lance, rons. 934.
— ETYM. Dé.... préfixe, et marque.
t DÉ.MARQUISER (dé-mar-ki-zé), V. a. ôter le
titre de marquis. Je l'ai démarquisé bien loin de
son alterne [au moment oii il s'y attendait le moins] ;
J'en voudrais faire autant à tous les faux marquis,
REGNABD, le Joueur, v, 6.
— ETYM. Dé.... préfixe, et marquis.
DÉMARRAGE (dé-ma-ra-j') , t. m. || 1° Terme de
DËM
104.3
marine. Déplacement (l'un navire amarré. || î* Terme
de pèche. Nom de chaque petite campagne que font
les pêcheurs, les pêcheurs comptant leur» paiites
campagnes par le nombre de démarrages {|u'ils font.
Il 3° Artion lie défaire les noeuds ou amarrages.
— ETYM. Démarrer.
DÉMARRÉ. ÉG (dé-m8-ré,rée),part. pasté.Hont
les amarres sont défaite».
DÉMARRER (dé-ma-ré). Hl" V. a. Terme de ma-
rine. Détacher ce qui est amarré, défaire un amar-
rage. Il Démarrer une bouche à feu, en larguer les
amarrages. || 2° F. n. Quitter l'amarrage, le port. Le
navire démarra par un beau temps. Les vaisseaux du
port démarrèrent; Les vents dans les voiles soufllè-
rent, scarron, Virg. trav. vu. On nous fait cou-
cher ce soir à bord, pour démarrer demain au lever
du soleil, volt. Amabed, t" lettre. || 3° Familière-
ment, quitter une place, un lieu. Ne démarrez pas
de là jusqu'à mon retour. Je ne démarrai pas du
fruitier que toutes les poires ne fussent mangée;. Le .
bon Jtipin, sans dire gare, Très-vergogneusement
démarre, scahron, Giganlomaclne, ch. m. Puisque
vous me tenez pour chef. Démarrons d'ici derechef,
ID. Virg. trav. iv. Il n'y eut pas un ouvrier de la
ville que je pusse faire démarrer de l'antichambre ou
de l'escalier, p. l. cour. HI. i, to8. || 4" Se démar-
rer, ». réfl. Rompre ses amarres, quitter l'ancrage.
— HIST. xiv s. Ladite nef fut desamarrée. Cou-
tume locale dOleron, ch. 8. || xvi' s. Si tost que Ly-
sander de sa galère capitainesse eut fait sonner la
trompette pour ie signe de desmarer, incontinent
les galères commencèrent à voguer à l'eiivy les unes
des autres, amïot, hjsand. 20. Les trois canonna-
des tirées, on desmare, flottants les (6 galères en-
semble, carl. I, 37. [Les matelots] D'un cry naval,
hors du rivage proche, Demarent l'anchre à la mâ-
choire croche, HONS. 60a.
— ETYM. Dé.... préfixe, et un radical qui est dans
O-marrer (voy. amarrer).
t DÉ.MASCLAGE (dé-ma-skla-j') , s. m. Action
d'Ater l'écorce. Le démasclage des chônes-liéges.
DÉMASQUÉ, ÉE (dé-maské, skée), pan. passé.
Qui n'a plus son masque. Il entra démas<|ué au bal.
Il Fig. Vous êtes démasqué, vous n'êtes plus à
craindre, gresset. Méchant, v, 7.
DÉMASQUER (dé-ma-ské), v. a. || 1° Ôter à quel-
qu'un le masque qu'il a sur le visage. || 2° Fig. Faire
connaître quelqu'un pour ce qu'il est, mettre en
évidence des secrets de conduite et d'intentions.
Quel plaisir pour moi, quelle joie De démas'iuer des
scélérats, Â qui le vrai mérite est tous les jours en
proiel DEBiioiiLiÈBEs, dans RICHELET. Us tremblent
qu'un censeur, que sa verve encourage. Ne vienne
en ses écrits démasquer leur visage, boil. Disc, au
roi. Si l'on ne démasqua l'imposteur, la crédulité
sera séduite, mass. Av. Disp. Pour moi qui, démas-
quant nos sages dangereux, Peignis de leurs er-
reurs les effets dés.istreux, gilb. I.e iS' siècle. Comma
elle a démasqué, vilipendé le traître I volt, le Dé-
posit. v, 5. Il 11 se dit aussi des choses dont on dé-
voile le vrai caractère. Pour combattre l'erreur, pour
démasquerle mensonge, bourd. Exhort. sur le ■••ouf-
flel donné à J. C. Nous pouvons aisément, malgré
tant d'artifice. Dans ses fausses vertus démasquer
tous ses vices, M. J. ciiên. Tilière, iv, 3. Dans un
si'cle où tant d'erreurs sont courageusement démas-
quc'es, il serait honteux de taire des vérités impor-
tantes à l'humanité, baynal, Ilist. philos, xi, 23.
Il 3" Terme de guerre. Uémasc|uer une batterie, dé-
couvrir une batierie auparavant cachée. || 4° Se dé-
masquer, i'. réfl. ôter son masipie. L'inconnu sa
démasqua. Sans aucun préambule ni se démasquer,
sÉv. 153. Il Fig. Se faire connaître pour ce qu'on est,
découvrir ses desseins. L'orgueil ne se démasque ja-
mais tout à fait, MASS. Car. Aum. || En termes de
guerre. La batterie se démasqua.
— HIST. XVI' s. Le roy lui commanda de donner
la main "t sa maistresse, et la fit mesme demas(|uer
pour le saluer, d'aub. Ki«, xcix. Le plus apparent
[d'une bande qui avait anêié Montaigne], qui la
démasqua et me fit cognoistre son nom, mont.
ty, 229.
— ETYM. De.... préfixe, et masque.
t DÉ.MASTIQUAGE (dé-ma-sti-ka-j') , s. m Ac-
tion de démastiquer,
— ETYs;. Démastiquer.
] DÉ.MASTIQUEU (dé-ma-sti-ké), v. a. Enlever
le mastic qui tenait une chose attachée; détacher
une chose retenue par du mastic.
— ETYM. Dé.... préfixe, et moid'c.
DÉMÂTAGE (dé-mâ-t»-j'). ». n. Terme de ma-
rine. Action de démâter,
— ÉTYM. Pémdler.
lOU
DÉM
BÈmATÉ, ÉE (dé-mà-té, tée), part, posté. Un
navire démftté par un coup de vent.
IDÉMATKMENT (dé-mâ-te-man), t. m. Terme
de manne. Euit d un navire qui est démâté.
— KTYM. Démâter.
D15.mAter (dé-ma-té), «. o. || 1' Terme de ma-
rine, ôter les bas-mSts d'un bâtiment. || 2* Abattre,
rompre les mâts d'un navire. || Tirer à démâter, di-
riger le pointage à l'effet de frapper un des points
do la mâture. || 3° Y. n. Perdre ses mâts par un ac-
cident. Ce vaisseau a démâté de tous ses mâts.
114° Se déinilter, v. réft. ôter ses bas-mâts.
— ÉTYM. Dé.... prélixe, et md(.
f «lîMATÉKHLISEU (dé-ma-té-ri-a-li-zé), v. a.
Séparer de la matière. || Détourner des doctrines di-
tes matérialistes. || Terme d'ancienne chimie. Sépa-
rer une essence des matières grossières ; réduire en
esprit.
— ivTYM. Dé.... préfixe, et matériel.
D'EMBLÉE, voy. emblée.
■f i. DËME (dé-m'), s. f. Terme de métallurgie.
Loupe aplatie dans laquelle est placée l'enclume.
f 2. DE.ME (dê-m') , s. m. Terme d'histoire grecque.
Nom des bourgs ou cantons de l'Attique.
— KTYM. Ariiio;, peuple.
t DÉMÊLAGE (dé-mê-la-j'), s. m. Action de dé-
mêler la laine pour la filer. |{ Opération du brassage
de la bière.
— ÉTVM. Démêler.
i. DÉMËLfi, ÉE (dé-mê-lé, lée), jiarf. passé. Oui
n'est plus mêlé. Êcheveau démêlé. || Fig. Débrouillé,
éclairci. On parle de grandes nouvelles; mais cela
n'est pas encore démêlé, sÉv. 49. On trouve quel-
ques traces de cette vérité [partage de l'Espagne
entre Léopold et Louis XIV] dans les mémoires de
Torcy , mais elles sont peu démêlées , volt. L. XI V, 8.
Quand ces semences secrètes sont cultivées avec
soin , elles peuvent être conduites à une perfection
plus distincle et plus démêlée, rollin. Traité des
Et. Disc, prélim. p. Lxxxv,dans poogens. |{ St-Si-
mon l'a employé d'une façon qui lui est particu-
lière. [M. d'Orléans, l'évêque] C'était un homme de
moyenne taille, gros, court, entassé, le visage
rouge et démêlé, st-sim. 32, us. C'est-à-dire une
physionomie où tout est démêlé, clair, décidé.
a. DÉMÊLÉ (dé-mê-lé) , s. m. Action de se démê-
ler d'avec quelqu'un; querelle, contestation, débat.
Comme avec lui mon père a quelque démêlé, corn.
Agésil. I, 1. Il en a bien usé, et j'ai regret d'avoir
démêlé avec lui, mol. D. Juan, m, 6. Nous n'au-
rons jamais aucun démêlé ensemble, m. le llar. f. i.
X tous nos démêlés coupons chemin, de grâce, m.
Mis. n, t. Après le démêlé d'un amoureux caprice,
Ils goûtent le plaisir de s'êlre rajustés, m. Amph.
m, 2. Vous me contez fort plaisamment le démêlé
que vousavez eu avec mon ami Vivonne, sÉv. 66. Il
y avait de grands démêlés entre lui et Luther, boss.
Var. I. Ont fait un grand combat d'un simple dé-
mêlé, RAC. Théb. m, 4. Il avait eu plusieurs démê-
lés avec la belle sur ce sujet, hamilt. Gramm. lO.
C'est un démêlé de valets, et je crois que tout cela
n'aboutira pas à grand'cho.se, maintenon, Lett. à
Urne de Drinon, t. ii, p. 229, dans pougens. Sou-
vent nos démêlés étant près de finir, L'empereur a
pris soin de les entretenir, campistron, Andronic,
I, 3. L'Angleterre était trop occupée de ses démêlés
avec l'Ecosse, pour penser sérieusement à des inté-
rêts si éloignés, haynal, llist. pliil. xvn, ta. Per-
sonne n'ignore les démêlés de Philippe le Bel avec
Boniface VIII, saint-foix, Ess. s. l'aris, Œuvres,
t. ut, p. 404, dans pougens.
— ÊTYM. Démêlé *.
t DÉmP-LÉE (dé-mê-lée), s. f. Espèce d'ardoise.
+ DÉMÊLE.MENT (dé-mê-Ie-man) , s. m. Action
de démêler. Je suis dans le chaos [d'un emménage-
ment] ; vous trouverez le démêlement du monde et
des éléments, SÉV. 369. || Dénoûment d'une piècede
théâtre, d'une affaire. Tantyaqu'il se fait avec sur-
prise et qu'ainsi l'intrigue ni le démêlement ne
manquent pointa cette pièce, l'Académie, Senti-
ments sur le Cid, p. 20. Ni la bienséance.... ni la
fortune.... n'en fait point le démêlement, ib. p. 37.
Nous verrons le beau démêlement de cette intrigue,
siv. 581. Voilà l'homme à qui nous avons affaire;
voilà ce duc dans le démêlement des plus grandes
affaires; le voilà qui vous 6te votre cher Avignon,
ID. 6«t.
— liiST. XVI» S. Ils sentirent ce que leur valoit ce
vieillard, par l'appréhension de sa perle, aux pre-
miers desmeslements d'affaires, où il fallut paier de
leur suffisance, d'aub. llist. i, 322. Après l'embus-
cade do Marmande, sur le desmeslemeiit de laquelle
ca prince.... u>, tb. ii,4t7. Pariant le priez-vous
DRM
de remettre le demeslement de l'affaire k un autre
ou une autre fois, sully, Uém. t. 11, p. <04, dans
lacurne.
ÊTYM. Démêler.
DÉMÊLER (dé-mê-lé), v. a. || 1° Faire cesser l'é-
tat d'embrouillement. Démêler un êcheveau de fil.
Il Démêler les cheveux, y passer le peigne pour les
remettre en ordre. Et absolument, peigne à dé-
mêler. Il Démêler les pieds d'un cheval , les dégager
quand ils sont pris dans les traits. || Fig. Démêler
une fusée, débrouiller une afiaire, une intrigue,
se tirer d'une difficulté. Il faut vivre pour voir démê-
ler toute cette fusée, sÉv. t25. Va, va, c'est une
affaire que je saurai bien démêler, sans que tu t'en
mettes en peine, moi.. D. Juan, i, 2. || Terme
de foulon. Tirer l'étoffe de la pile et la remettre à
l'eau chaude, pour la fouler, après qu'elle est dé-
graissée. Il 2° Faire cesser l'état de mélange. Le
pain de vie qu'il reçoit est un poison, une sen-
tence de mort qu'il s'incorpore avec lui-même,
qui devient sa propre substance, de sorte qu'on
ne peut plus l'en démêler pour ainsi dire, mass.
Car. Communion. Je ne sais quels caractères di-
vins qui démêlent la religion de Jésus-Christ des
opinions et des sectes, id. Panég. St Franc, de
P. Il Par extension. Ceux au contraire que la nais-
sance démêle d'avecle peuple, la brut. ix. Il 3°Ëclair-
cir. Dans cet embarras où se trouve mon esprit, je
ne vous puis pas bien démêler ses sentiments, voit.
Lett. <B2. J'espère démêler cette confusion, cobn.
lléracl. IV, 6. Vousavez bien d'autres affaires  dé-
mêler que les débats Du lapin et de la belette, la
FONT. Fabl. viii, 4. Qui pourra démêler tout cet
embarras? boss. Jug. A. Les trois suivantes [propo-
sitions] vont démêler cette difficulté, m. Or. 1. Elle
ne pouvait démêler ses pensées confuses, fén. Tél. 1.
C'était un souvenir confus qu'il ne pouvait démêler,
m. ib. viu. ...Je démêle ma! ce que je puis penser,
VOLT. Scythes, ni, 1. 114° Mettre en ordre. Elle dé-
mêle ses affaires pour aller s'établir à Paris, sÉv.
232. Il 6° Apercevoir, reconnaître une personne, une
chose, au milieu de beaucoup d'autres. Vous ne les
pouvez démêler des autres demoiselles, sarrazin,
dans RiCHELET. Je démêlai mon fils dans le tourbil-
lon, sF.v. 660. Vous voulez qu'on sache qu'un homme
en place a de l'attention pour vous et qu'il vous dé-
mêle dans l'antichambre entre mille honnêtes gens
de qui il détourne les yeux, la bruy. ix. || 6° Dis-
tinguer, discerner. Et c'est mal démêler le cœur
d'avec le front Que prendre pour sincère un chan-
gement si prompt, corn. Rodog. iv, 6. Démêlez la
vertu d'avec ses apparences, mol. Tart. v, t. Il
sait démêler les volontés de Dieu d'avec les malices
des hommes, fléch. i, 47. Nos passions forment
des erreurs qu'il n'est pas toujours si facile de dé-
mêler de la vérité, mass. Car. Resp. hum. Oui, j'ai
cru démêler quelques traits de Cresphonte, volt.
ilér. II, 2. Entre des voix confuses et contradictoi-
res qui s'élèvent en même temps, qui démêlera le
cri de la vérité du murmure sourd et secret de la
calomnie, ou le murmure sourd et secret de la ca-
lomnie du cri de la vérité? paynal, llist. phil. v, 9.
Il Deviner, pénétrer. Cependant mon orgueil vous
laisse à démêler Quel était l'intérêt qui me faisait
parler, corn. Pomp. i, 3. Je démêle bien ce qu'on
aurait envie dedire,sÉv. 308. On sent quelque chose
sans démêler ce que c'est, boss. Or. 5. Comment
démêlera-t-il les pensées des autres? m. Polit. Il
perçait dans tous les secrets, démêlait toutes les in-
trigues, découvrait les entreprises les plus cachées
et les plus sourdes machinations, m. le TeHier. Tant
que nous regarderons l'homme par les yeux du
corps, sans y démêler par l'intelligence le secret
principe de toutes nos actions qui.... m. Duch.
d'Orl. Vos yeux démêleront ses secrets sentiments,
volt. Zaïre, iv, B. J'ai démêlé son âme et j'en vois
la noirceur, m. Sémiram. 11. t Dans ses entre-
tiens j'ai souvent démêlé Que d'une cour ingrate il
était exilé, m. Scythes, i, 1. Je saurai démêler un
pareil artifice, id. Orphel. 11, 7. Ces lettres étaient
conçues en termes si ambigus et si généraux, qu'il
était difficile de démêler si le but du roi Auguste
était seulement de.... id. Charles XII, 8. On doit
avoir assez bonne opinion du plénipotentiaire fran-
çais qui conduisait la négociation, et du ministre
qui la dirigeait, pour penser qu'ils auraient démêlé
le piège, KAYNAL, Hist. phil.x, (3. Sénèque n'avait
pas encore démêlé le caractère de son élève, Dide-
rot, Règne de Claude et Néron, n , § t.|| Il se
dit aussi des personnes dont on pénètre les senti-
ments. Marlborough, qui ne se hâtait jamais de faire
ses propositions et qui avait, par une longue ha-
bitude, acquis l'art de démêler les hommes, volt.
DÉM
Charles XII, 3. Je m'ennuie de n'être au fait de rien
et de vivre avec des gens que je ne saurais démê-
ler, montesq. Lett. pers. 48. || Il n'est pas aisé à démê-
ler, se dit de quelqu'un dont il n'est pas aisé de con-
naître le caractère , les projets. || 7° Terme de chasse.
Démêler la voie, trouver la voie du cerf couru,
au milieu d'autres cerfs. || 8° Avoir à démêler,
être en contestation, en querelle, en débat. Je
ne veux rien avoir à démêler avec ceux qui vous ap-
partiennent, VOIT. Lett. 48. Si vous teniez toujours
votre bréviaire. Vous n'auriez rien & démêler ici,
LA FONT. Psaut. Nous et nos adversaires n'avons
rien à démêler sur cette matière, boss. ttéfut. Les
hommes avoient souvent à démêler avec les san-
gliers et les lions, fén. Épicure. \\ 9° Se démêler,
«. réfl. Être démêlé. Cet êcheveau se démêle fa-
cilement. Quand toutes choses sont à ce point
désordonnées, confondues, il faut beaucoup de
temps pour qu'elles se démêlent, se redressent, pour
que chacun des éléments de la société revienne à sa
place, GuizOT, llist. de la civil, en France, 8" le-
çon. Il N'être plus emmêlé, confondu avec. L'âme,
s'étant engagée tout entière dans le corps et dans
toutes choses sensibles, ne s'en peut plus démêler;
elle ne sait plus ce qu'elle est, boss. la Vallière.
Il Par extension, échapper â une étreinte. Se dé-
mêlant avec indignation d'entre ses bras, elle se mit
à faire des cris effroyables, appelant le ciel et la
terre à son secours, hamilt. Gramm. (0. || Être
éclairci. Tout cela se démêlera avant la fin de l'an-
née, SÉV. 392. Je crois maintenant concevoir les
maximes de gouvernement que vous m'avez expli-
quées; d'abord elles me paraissaient comme un
songe, mais peu à peu elles se démêlent dans mon es-
prit, FÉN. Tél. XXIV. Il Se séparer. On verra cet homme
si obscur, si méprisé, se démêler de la foule, mass.
Car. Resp. hum. Restes d'Israël , passez à la droite;
froment de Jésus-Christ, démêlez-vous de cette
paille destinée au feu, m. ib. Pet. nomb. des élus.
Un prince pieux se démêle toujours de la foule, m.
Pet. car. Triomph. \\ Se tirer d'une difficulté, s'ac-
quitter d'une charge, d'une commission. Il s'était
démêlé si adroitement des embûches de ce traître....
vaugel. Q. C. 320. Je meurs d'envie que vous y
soyez, pour voir comment vous vous en pourrez dé-
mêler, voit. Lett. 68. Et qui fait les rois parmi vous ?
Voilà un acteurquis'endémêle parfois, mol. Impr. 1.
Parmi mes confrères que je vois se mêler de beau-
coup de petits commerces, je sais tirer adroitement
mon épingle du jeu et me démêler prudemment de
toutes les galanteries qui sentent tant soit peu l'é-
chelle, ID. l'Av. II, t. Nous verrons comme il se dé-
mêlera des Allemands, sÉv. 342. Pour se démêler
de cet embarras, boss. Etich. 2. Les chevaux an-
glais, qui vont vite comme le vent en terrain uni, se
démêlent assez mal des mauvais chemins, hamilt.
Gramm. 5. Ces difficultés qui ne viennent que de
notre part sout celles dont nous avons nous-mêmes
le plus de peine à nous démêler, fonten. Oracles,
I, <4. Mais à vous parler net, sans que l'esprit fati-
gue. Près du sexe je sais me démêler d'intrigue,
REGNARD, le JoueuT , II, 3. Il fallait la maturité de
César pour se démêler de tant d'intrigues, volt.
Réfl. sur les pensées de Pascal, 49.
— HIST. XIII' s. Sovent en iert [était] mes huis cas-
sés. Et faites maintes tex meslées, Qu'ainçois qu'els
fussent desmelées. Membres i perdoient et vies Par
haines et par envies, la Rose, (2990. ||xiv s. Se tu
veulx faire boulie, si desmele ta fleur [de farine] et
ton lait et du sel, et puis met boulir, hénagier,
II, 5. Il XV' s. 51 s'estoit desmeslé de la guerre qu'il
avoit eue contre les seigneurs de son royaulme par
largement donner , et encores plus prometioit, comm.
III, 4 2. Il XVI* s. L'ame semble se despendre [par les
larmes], se desmesler.... mont, i, 8. Ny les jeusnes,
ny la haire ne nous en desmeslent [des passions],
ID. I, 275. Le temps desmcsle et corrompt cette pre-
mière appréhension [regrets douloureux], pour forte
qu'elle soit, m. m. 299. Jeune, je couvrois mes
passions enjouées, de prudence; vieil, je desmeslé
les tristes, de desbauche [action de s'égayer], lu.
IV, t09. Il ne le feit point par courroux, ne pour
aucune querelle qu'il eust à desmesler avec luy,
AMYOT, Aie. t2. Ayans commencé à combattre en-
viron les neuf heures du matin, à peine se desmes-
lerent ilzqu'ilestoit jà nuit toute noire, m. Marcell. 40.
Comme ceux de Fontenille se relaissoient à la cor-
nette noire, Giscart ne les desmeslé point [continua
la charge] , d'aub. Hist. ii, 38. Cela chargea Lanoue
si vertement, qu'il trouva bien à propos le capitaine
Normand, pource qu'avec peu de perte il desmesk
cette retraitte, in. ib. i, 45. Il y eut de la peine à
demesler les forests en una nuict très-obscure et fort
DEVI
gljceusc, d'aub. Hist. i, )88. Il fut mesié à sa re-
traitte par Clermont, et demeslé par le baron de
Vaillac, id. ib. I, 266. Il fallut penser à desmesler
la fusée par capitulation, id. ib. 307.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et mêler.
tDÉMÊLEUR, EUSE (dé-mé-leur, leû-z'),ï. m.
et f. Celui, celle qui fait le démêlage. || Ouvrier bri-
quetier qui corroie la terre.
— ÊTYM. Démêler.
BÉ.MËLOIR (dé-mê-loir) , s. m. Instrument qui
sert à démêler. || Peigne à grosses dents pour démê-
ler les cheveux.
— ÉTYM. Démêler.
DÉMEMBRÉ, ÉE (dé-man-bré, brée), part, passé.
Coupé par membres. Une bête démembrée. || Terme
de blason. Oiseaux démembrés, oiseaux représentés
sans pieds et sans cuisses. Animaux démembrés,
animaux dont les membres sont séparés. || Fig. Par-
tagé, séparé. L'empire d'Alexandre démembré, aussi-
tôt après sa mort. One commune démembrée d'un
département.
DÉMEMBREMENT (dé-man-bre - man ), s. m.
Il 1° Action de démembrer. Le démembrement d'un
sanglier tué à la chasse. || 2° Fig. Partage, sépara-
tion. Démembrement d'une province, d'une com-
mune. Plusieurs monarchies se formèrent du dé-
membrement de l'empire romain. Tous les grands
d'Espagne désiraient un prince de France pour
succéder au roi leur maître, espérant qu'il main-
tiendrait la monarchie en son entier, sans souffrir
le moindre démembrement des Ëtats dont elle était
composée, torcy, Mém. t. i, p. 32. Ils se réunirent
pour prévenir le démembrement de la monarchie,
VOLT. Louis XIV, 17. Et nos États alors, loin d'être
partagés, Contre un démembrement fleuriront pro-
tégés , LEUEBC. Charles YI , v, <. || Terme féodal.
Démembrement de fief, action de faire plusieurs
fiefs d'un seul, d'en séparer les parties qui ne for-
ment plus un même corps de fief. || 3° Portion
démembrée. C'est [la Flandre hollandaise] un dé-
membrement des domaines de cette même Autriche
dont ils prenaient la défense, volt. Louis XV , 23.
Il Terme de droit. Démembrements de la propriété,
les droits compris dans le droit de propriété, attri-
bués à un autre que le titulaire de la propriété.
L'usufruit, l'usage, les servitudes sont des démem-
brements de la propriété.
— HIST. xm" s. Baronie et contez est despartie à
filles, et si sanz desmembrement de la baronie, Liv.
de just. 256. Il XVI* s. Si l'armée des ennemis void
peur, desmembrement, ou autre altération entre
nous, LANGUE, 563.
— ÉTYM. Démembrer; provenç. dismenbramen ;
catal. desmembramcnt ; espagn. desmembramiento ;
ital. smembramento.
DÉMEMBRER (dé-man-bré), v. a. || 1° Découper
un corps par membres. On écorche, on taille, on
démembre Messire loup; le monarque en soupa.
Et de sa peau s'enveloppa, la font. Fabl. viii, 3.
Écorcher, démembrer un pauvre animal sans dé-
fense, j. j. aouss. Ém. n. || Par exagération et fa-
milièrement, tirer quelqu'un avec violence. L'une
le tire d'un côté, l'autre de l'autre; on le démembre
peut-être à l'heure que je vous parle : est-ce que
vous soufl"rirez cela? dancourt, FotVe de Besons,
se. «. Ah I monsieur, touchez là.... — Cet homme as-
surément prétend me démembrer, beo-nard. Légat.
III, 2. Il Fig. Condillac ne fait que démembrer Locke,
et il s'égare toutes les fois qu'il marche sans lui ,
CHATEAUB. Génie, m, ii, 3. || 2" Diviser les |)arties
d'un tout; détacher quelque partie de ce qui formait
«n corps. Démembrer un Etat. Démembrer un mi-
nistère. Rome voit par leurs mains [de César et de
Pompée] démembrer sa puissance, brébeuf, l'har-
saU, i. [11 François I"l chargea l'agent de l'empe-
reur de mander à son maître la résolution où il était
de passer plutôt toute sa vie en prison que de rien
démembrer de ses Ëtats, rollin. Traité des Et.
liv. v, ('• part. § 7. Je parlerai pour démembrer les
évêchés trop étendus, parce qu'on m'a dit que ce
serait un grand bien, maintenon, Lett. au card.
de Noailles, 27 janv. (699. 11 sentait ses forces s'af-
faiblir, et craignait qu'après lui cet empire fran-
çais, ce grand trophée de tant de travaux et de vic-
toires, ne fût démembré, ségbr, Hist. de Napol.
Il, 3. Il Terme féodal. Démembrer un fief, en faire
lu démembrement. ||3» Se démembrer, i;.r^/Z. Être
démembré, être divisé. L'empire de Charlemagne
se déiTiembra sous ses faibles successeurs. Le sort
des petits F.lats est de s'étendre; celui des grands,
de se démembrer, raynal, Hist. phil. xiii, (.
— HIST. XI' s. Oui lui veist Sarazins desmembrer,
CA. de Roi. CXLV. Il XII' s. Par jugement sera tout
DÉM
desmenhrez, Honc. p. <6. X la justice puis les cu-
niande à livrer, X pendre u à ardeir u vifs à des-
membrer. Th. le mart. 27. Por le mostier ardoir et
démembrer, Gariti le Loherain, t. i, p. 42. || xiii' s.
Cis [Néron] ot le cuer plus dur que pierre. Quant
il fist occire son frère. Et si fist démembrer sa mère,
la Rose, 62(8. Les homes qui tienent fié dou chief
seignor, pevent toz leur fiés vendre par l'assise, et
partie de leur fiés doner et desmembrer por partie
dou service, Ass. de J. i, 2(6. || xV s. Et si je le
fesoie, vous m'en devriez blasmer, non pas blasmer
seulement, mais mon corps justicier et desmembrer,
FROiss. I, 1, (66. Il XVI' s. 11 ne faut point se des-
membrer de la société civile, et faire un estable et
vie à part pour mieux vaquer [à la contemplation] ,
langue, 542. Ces pierres, venans à donner dedans
celle machine, en froissèrent toute la base, et des-
membrerent et despecerent la liaison des galères qui
la soustenoient, amyot, Marcell. 24. Le sénat ne
tint compte de faire informer à rencontre de ceulx
qui avoient desmembré le pauvre Cinna, id. Brutus,
26. Il le feit desmembrer avec deux arbres haults et
droits qu'il feit courber l'un devers l'autre, m. Alex.
76. X quoi faire desmembrons-nous en divorce un
bastiment tissu d'une si joincte et fraternelle cor-
respondance? au rebours, renouons-le par mutuels
offices : que l'esprit esveille et vivifie la pesanteur
du corps, le corps arreste la légèreté de l'esprit et
la fixe, MGNT. m, (3. Nul ne prend son esbat à veoir
des bestes s'entrejouer et caresser, et nul ne fault
de le prendre à les veoir s'entredeschirer et desmem-
brer, id. II, (32. Fabius qui aima mieulx laisser des-
membrer son auctorité que.... lo. m, 20. Les filles
riches et héritières sont mariées avec les riches, d'où
sont desmembrées et anéanties aucunes maisons, et les
autres relevées et enrichies, charron, Sagesse, i, 64.
— ÉTYM. Provenç. et espagu. desmembrar ; ital.
dismernbrare; du latin demeinbrare, formé de de,
et, membrum , membre.
DÉMÉNAGÉ, ÉE (dé-mé-na-jé, jée), part, passé.
Des meubles déménagés à la hâte.
DÉMÉNAGEMENT (dé-mé-na-je-man) ,s. m. Action
de déménager, jj Transport de meubles d'un logis k
un autre. Mon déménagement m'a beaucoup fatigué.
— ÉTYM. Déménager.
DÉMÉNAGER (dé-mé-na-jé. Le g prend un e,
quand il est suivi d'un a ou d'un o; déménageons,
je déménageais), v. a.\\ 1° Retirer des raeuUes d'une
maison pour les transporter dans une autre ou même
pour les mettre sur le pavé de la rue. 11 a déménagé
ses meubles pendant la nuit. Des huissiers déména-
gent la maison de M. Jeannot, volt. Jeannot et Co-
lin. 112" V. n. Nous avons déménagé hier. Je vous
écrirai soigneusement; je déménage présentement;
ma petite maison est bien jolie, sév. (35. || 3° Fami-
lièrement, sortir du lieu où l'on est. Or sus qu'on
se retire et qu'on déménage au plus vite. Quoi I tu
continueras à me faire enrager? Aujourd'hui d'avec
moi songe à déménager, hautkroche, Crisp. mus. i ,
((.Il Fig. Sa raison, sa tête déménage, sa raison s'at-
faiblit,ses idées se troublent. || Populairement.mounr.
— REM. Déménager, verbe neutre, se conjugue
avec avoir quand on veut exprimer l'action :j'ai dé-
ménagé hier; avec être quand on veut exprimer
l'état ; je suis déménagé depuis hier.
— HIST. xiii" s. Mi gage sont tuit engagié, Et de
chiez moi desmanagié, ruteb. (7.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et ménage.
f DÉMÉNAGEUR (dé-mé-na-jeur) , s. m. Ouvrier
qui aide aux déménagements ou qui les fait. || 11 se
dit aussi au féminin, au moins familièrement. Ainsi
l'on dirait à de petites filles : laissez cela; voili de
jolies déménageuses!
— ÉTYM. Déménager.
DÉMENCE (dé-man-s') , s. f. \\ 1° Folie. On dit que
ce Mahmoud [prince persan] tomba ensuite en dé-
mence, VOLT. Russie, II, (6. [s'ils] N'avaient eu pour
monarque un mortel en démence, lemerc. Char-
les VI, I, (. Une passion sans intervalles est dé-
mence; et l'état de démence est pour l'âme un. état
de mort, buff. Nature des anim. \\ Terme de méde-
cine. Perte de l'intelligencs, avec perversion plus
ou moins complète, qui, succédant quelquefois à la
manie ou à la monomanie, est presque toujours in-
curable, ou qui, débutant d'emblée, est susceptible
de guérison. || 2° Conduite, action dépourvue de rai-
son. Étes-vous en démence? Ce monarque en dé-
mence insultait aux Danois, ducis, Uamlet, iv, 6.
— SYN. DÉMENCE, IDIOTIE. Dans le langage mé-
dical, la démence diffère de l'idiotie en ce qu'elle
est toujours accidentelle au lieu que l'idiotie est
congénitale. L'individu en démence a perdu ses fa-
cultés intellectuelles; l'idiot n'en a jamais joui.
DÉM
1045
— ÉTYM. Lat. dementia, de démens, fou (voy,
dément).
DÉMENER (SE) (dé-me-né. La syllabe me prend
l'accent grave, quand elle est suivie d'une syllabe
muette: je me démène, je me démènerai), v. réfl.
Il 1° S'agiter violemment. Un lutteur.... Oui. se tor-
dant les bras, tout en soi se démène, Régnier, Sat.
I. Toute la nuit tu cours, tu te démènes, la font.
Bere. En se démenant d'une manière si peu dis-
crète, HAMiLT. Gramm. (o. S'agite, se démène et
s'use le cerveau, boil. Éplt. xi. Rustan suait, se
démenait, se désespérait, volt. Blanc et noir. Tan-
dis que le moine se démène pour se débarrasser du
chien, Diderot, Salon de (766, Œuvres, t. xiii,
p. (8(, dans POUGENS. 112° Fig. S'émouvoir, s'irri-
ter. Se démener contre les vices du siècle. Elle a
raison: démenez-vous donc un peu, parlez-lui,
DANCOURT, Vend. Surènes, se. (O.
— HIST. XI' s. Par toutes terres [il] a son cors de-
menet, Ch. de Bol. xxxix. Plurent et crient, demei-
nent grant dolur, ib. cxc. || xu' s. Grant bruit
démènent li baron chevalier, Ronc. p. 62. Li em-
perere va tel duel [deuil] démenant, ib. p. (6(.
N'aiez pas freor [frayeur]; Que tresqu'à jor [car
jusqu'au jour] [vous] Poezdemener joie, Tiomancero,
p. 68. Quant les voit l'empereres, moult grant joie
[il] en demaine, Sax, xxx. Cel qui mesfait, deit l'um
à sun prélat livrer; Par tel lei cum il vit, le deit
l'um démener. Th. le mart. 30. ||xiii's. Ha! comme
il s'estoient loiaument démené [comportés] jusque à
celui jour! villeh. cviii. Il avoit tous jors en por-
pens De démener [faire] les grans despens, Et el
[richesse] les pooit bien sofTrir, Et tous ses despens
maintenir, la Rose, ((28. Et aussi, en le [la] cort
laie, sont li apel de degré en degré, du souget as
seigneurs et des segneurs en segneurs dusques au
roy en cas qui ne sont pas démené par gage de ba-
taille, EEAUM. 60. Et celi qui ainsi se demeinne [se
conduit] , doit l'en appeler preudomme , pource que
ceste proesse lui vient du don Dieu, JoiNV. 27 5.||xv*s.
U [le cheval] s'escueiUit et se démena tant qu'il fut
maistre du seigneur qui le chevauchoit, et l'em-
porta.... FROiss. I, I, 91. Je n'ai que faire de déme-
ner cette matière trop longuement, id. i, i, (0(.
[Le roi Anglois regarda que] tant qu'il avoit guer-
royé par les Allemands et les Flamands, il n'a voit
rien fait fors que frayé et dépendu grandement et
gro-ssement; et l'avoient mené et démené les sei-
gneurs de l'Empire, qui avoient pris son or et son
argent, ainsi qu'ils avoient voulu, m. i, i, (62. Si
fut touteffois tant démenée ceste matière que après
plusieurs années elle fut conclue, comm. i, 5. Doub-
tant [craignant] qu'il ne dist de luy ce qu'il sçavoit
touchant le demen-é dudit conte [ses offres de tra-
hison], ID. V, 6. U lui en conta largement et bien au
long tout le démené, louis xi, Nouv. xxxiii.(| xvi' s.
Que ce fol monde hault et bas se demaine. Et qu'à
son vueil il se tourne et tempeste, marot, i, 305.
....Ains tellement ennuy le pourmenoit, Que sans
repos piteux cris demenoit, id. i, 309. Au bon vieux
temps un train d'amour regnoit. Qui sans grand art
et dons se demenoit; id. u, 42(. Il appelle le roy
d'Assyrie verge de sa fureur, et la hache qu'il de-
meine en sa main, calv. Instil. (6(. Voyez déme-
ner et agiter Platon : chascun le couche du costé
qu'il le veult, mont, ii, 354. Venant mesler son ad-
vis à certain legier propos qui se demenoit tout las-
chement en sa table, id. iv, 64. Adonc luy, et ceulx
qui estoient en sa compaignie , demenans grand
bruit, tirèrent en diligence vers la ville, amyot.
Thés. 26. IIz le retrouvèrent à la fin, à grand peine,
soubz des monceaux d'autres armes et de corps
morts, dont ilz démenèrent grande joie, id. P. jEm.
35. Après avoir fait semblant de combattre, en dé-
menant leurs espées parmy l'air vague, id. Lucull.
7" Ne renforcer pas sa passion, comme une mala-
die, à force de crier hault, et de se démener, et
tourmenter, id. Comm. refréner la colère, 8.
— • ÉTYM. Dé.... préfixe, et mener; provenç. de-
menar; ital. dimenare. Démener était, dans l'an-
cien français, un verbe complet qui se conjuguait à
l'actif et au passif; aujourd'hui il est réduit à la
forme réfiéchie. .
t DÉMENT, ENTE (dé-man, man-t'), adj. Terme
de médecine. Qui est atteint de démence ; qui con-
cerne cette affection. Il Substantivement. Un dément.
— ÉTYM. Lat. démens, de la préposition de, hors, et
mens, esprit:horsde son esprit, qui a perdu l'esprit.
L'ancien français avait le verbe dementer, du latin
dementare , ôter l'esprit ; se dementer , perdre l'esprit;
très-bons mots qu'il est dommage qu'on ait perdus,
(. DÉMENTI, lE (dé-man-ti. tie) , part, pasj^ de
démentir. Qui reçoit un démenti, en parlant des
10''. fi
DEM
pcrfonnes. Démenti en Face fur ce qu'il venait de
dire. || i:n parlant (!■■» choses, dont on conteste la vé-
rité. In acie démonti. Celiillel dùmenli pour n'avoir
point (la X'inp— Pouri|uoi le démentir, puifHpi'il
n>t de ma main V MOI, l). Gnrc. ii, ». H Kig 0"i ne
saccotiiplil pas, qui no reçoit pas d'effet, en parlant
dea choses. J'ai vu tous mes projets t.inl de fois dé-
menti», BAC. Bérén. v, 2. Trop parfaite union par
le sort démentie, m. tliihr. ii, «. Et voit on se»
dlsi:our« di'menlis par la suite? lo. th. iv, I, Kt ma
bouche, alijuraiit les dieux de ma pairie, Par mon
âme en secret ne fut pas ilémentle, volt. Ali. v, 5.
Ordonne à mon cuurroui, à mes sens iutenlits Ces
(tédains aiïectés tant de fois démentis, lu. Zaïre,
IV, i. Une chimère démentie par la raison et l'ex-
périence, bayuai,, //i*(. phil. v, 35.
a, lifi.>IKNTI (dé man-li), t. m. || 1° Paroles par
lesquelles on démint ce qu'un autre a avancé, lion-
ner, recevoir un démenti. J'en recevrai peut-être un
liontcux démenti, corn. AgésH. m, *. Il y eut dans
ce repas une jolie querelle sim un rien; un démenti
se ni entendre, «kv. Uu. la juin ie7i. Il donne le
démenliàson iiialire, boss. /"icrre, t. L'accusateur
[devant la justice féodale] commençait par déclarer
devant le juge qu'un tel avait commis une telle ac-
tion; et celui-ci répnn lait qu'il en avait menti; sur
cela, le j> ge ordonnait le duel; la maxime s'établit
que, lors(|u'un avait reçu un démenti, il fallait se
lialtre, montfso. Esp. xxvui, au. || Par extension.
Donner le démenti, contredire dos assertions. Don-
ner le démenti aux impostures du poète, hamilt.
Gramm. D. Il se propo<:e des ohservaiions d'histoire
naturelle qui pourraient bien donner le démenti à
Moïse, d'alkmbeht, iett. ou roi de Prusse, 3o juin
tiet. Il 2° Il se dii aussi des choses. Ces faits don-
nent lin démenti à votre assertion. {{ 3° Familière-
ment. En avoir le démenti, éprouver le désagré-
mentdciiepasréussiren unechuse. Nous en pourrons
tous deux avoir le démenti, coim. Pulch. il, a. J'y
suis trop engagé pour en avoir le démenti, mol. Si-
cil- i. Se meitr ' en état de n'en avoir point la dé-
menti, 11AM1LT. Gramm. 3. Le marquis vient, il faut
m'assurer un parti Et, je n'en prétends pas avoir le
démenti, begnahd, le Joueur, iv, 6. Les choses
éiaient trop avancées pour qu'on voulût on avoir le
démenti, j. t. Boiss. Coiif. il. || Proverbe. Un dé-
menti vaut un soufllet, c'est-à-dire un démenti est
un outrage as»ez grave pour que celui qui le donne
s'ei|>ose à recevoir un soumet. Un démenti mérite
un soufllet; nous savons tes ruses, hauterochk, Co-
cher, »c. I».
— HisT. XVI' s. Un homme qui se venge de non
ennemi et le tue pour un démentir en est estimé
plus gentil compagnon, mabo. jVouv. xliii. Celles U
condamnent un démenti souffert, celles icy un dé-
menti revenclié, mont, i, H». Quant aux divers
usages de nos dcsmeniirs, et les loix de nustre hon-
neur en cela, id. m, "K. Les injures légère» ne se
repousseront avecques la démentie, d'autant que
ceste parole est maintenant irop odieu.se, ains avec-
ques une négation plus douce, à laquelle on ne
pourra rospondre avecques 1» démentie, lanoub,
ati». A cpsie heure une parole do néant, ou dite en
jeu, attirera un démentir, m. 247. Le pauvre diable
s'en alla sans un liard et avec le desmenli, d'aub.
Fan. tu. t. Liiy disant, qu'il allast vomir ses de>-
menieries ailleurs, carl. ix, ta.
— KTYM. Démenti >.
DÉMENTIR (dé-man-tir), je démens, tu démens,
il dément, nous démentons, vous démentez, ils dé-
mentent; je démentais; je démentis; je démenti-
rai; je dément.rais; démens, qu'il démente, déiuan-
tons, démentez, qu'ds démentent; que je démente,
que nous démentions; que je démentisse; démen-
tant; démenti, v. a. || 1- Dire k quelqu'un ou de
quelqu'un, qu'il n'a pas dit vrai. À quoi bon se mon-
trer et, comme un étourdi. Ma venir démentir de
toui ce que je di? mol. i'Elour. i, 5. Mon cœur ne
prétend pa», .seigneur, von» démentir ; El je vous en
croirai sui un simple soupir, rac. Bériln. il, i. Vous
le craigiiei; osez l'accuser la première Du crime
dont il peut vous charger aujourd'hui; Oui vous
démentira? tout parle contre lut, id. Plxéà. m, 3.
Jostplie voulut joindre i ses jlnriqutfi't l'histoire de
sa vie, durant qu'il y avait encore plusieurs per-
sonne» qui pouvaient la démentir, s'il s'éloignait
de la vérité, bollim, i/ui. anc. t. xii, liv. xxv, ch.
i, an. < , S *■ *>»ns cesse k l'excuser mon cœur in-
génieux Trouvait quelque plaisir à démentir les
dieux. Di'Cis. Ilamiet, ii, 6. || Ne p.is croir«, ne
pas ajouter foi. Lequel croire, Exupùre, et lequel
démentir? CORN. //craci. IV, 4. || Protester contre la
Moduilo do quelqu'un. Il courut démentir une mère
inlidèle, bac. Mithr. ii, 3. || Par extension, être la
preuve que la vérité n'a pas été dite. Son livre en
parai.ssant dénient tous les flatteurs, boil. Sat. tx.
Il 2" .Nier la vérité, l'exactitude de quelque cho.sa.
Démentir un acte, patbu, Pfaidoyer ♦, dans biche-
LF.T. Eût-elle démenti ce billet de Maurice? corn.
Iléracl. IV, t. Vous ne pouvez démentir l'Écriture
sainte ni les conciles, pasc. Prov. 6. Démentez donc,
seigneur, ce bruit injurieux, rac. Alex, ii, ♦. liens,
perfide, regarilo, et démens cet écrit, m. Baj. v,
4. Et bientôt, démentant le faux bruit de sa mort,
Mithridate lui-même arrive dans le port, m. Jfi-
thr. I, 4. Il Démentir sa promesse, ne pas la tenir.
Il Fig. Si tu démens tes yeux, croiras-tu mon suf-
frage? coBN, l'erthar. m, 4. || 3° N'être pas conforme
à, ne pas cnfiriner. C'est une chose que l'expé-
rience démont tous les jours. Ta raine ne dément
point le lieu ( la race ] d'où j'apprends que tu es
sorti, VAUGEL. Q. C. liv. iv, dans bichelet. Beau-
coup d'événoments ont démenti leurs causes, rotr.
Antig. I, a. Et ne voyais-tu pas dans mes einporle-
meiils Que mon cœur démentait ma bouche à tous
moments? bac. Androm, v, 3. Votre intention dé-
ment vos paroles , boss. Char. frai. 3. L'événe-
ment n'a point démenti mon attente, bac. Uuhr.
V, f. Ses sentiments ne démentaient pas ses œu-
vres publiques, MAS.S. Or. (un. JUadame. Son ca-
ractère ne démentait point sa physionomie, i. ]
Bouss. Confess. in. Ce qui se pas.sait au Louvre
ne démentait pas les fureurs de la ville, anql'et.
Ligue, Il , p. 43. Il 4° Faire des choses indignes
de. Tu m'as fait démentir l'honneur de ma nais-
sance, COBN. Cinna, iv, 6. Et je démens pour
vous la voix de la nature, m. D. Sart. v, 5. Je ne
puis démentir cette horreur magnanime Qu'en re-
cevant le jour je conçus pour le crime, in. Tiie et
Bérén. ii, t. Incapable de démentir les maximes de
ses premiers rois, BOSS. llisl. ni, 3. Au lieu de dire
comme on dit communément : cet homme dément
sa foi, je dirais presque : cet homme n'a plus abso-
lument de foi, BOUBD. 3' dim. après l'Épiph. Domi-
nic. Il dément ses exploits et les rend superllus,
BAC. Andrnm. m, 8. Vous voulez que le roi s'abaisse
et s'humilie? Qu'il démente en un jour tout le cours
sa vie? m. ililhr. iir, 1. 1| Par antiphrase, en par-
lant des choses mauvaises, odieuses. Oui vous êtes du
sang d'Atrée et de Thyesie; Vous ne démentez pas
une race funeste, bac. Iphig. iv, 4. Je n'ai point
de son sang démenti l'origine, id. Phèd. iv, a.
Il B° Être rebelle à. Soit que je n'ose encor démen-
tir le pouvoir De ce» yeux où j'ai lu si longtemps
mon devoir, bac. Bril. ii, a. || 6° Se démentir, v.
réfl. Se donner un démenti, en parlant de deux per-
sonnes. Ils se sont démentis l'un l'autre. || 7° Se dé-
mentir, se contredire. Il se dément lui-même à tout
propos. Il Manquer k sa promesse. Vous nous avez
promis votre appui ; n'allez pas vous démentir.
il Être démenti. Ce qu'il dit se dément soi-même,
boss. Pré(. Il 8° N'être pas conséquent avec soi-
même, s'écaTter de son caractère; être en contra-
diction avec ses principes. [Il] Fit ferme long-
temps et puis se démentit, tbi.st«n. 11. de Chrispe,
I, 3. Tu le démens bientôt de les bons sentiments,
MOL. Sgan. 23. Notre personnage ne se dément point,
SÉV. 328. Non, tu ne te démens point, dit mon-
sieur le prince, en l'ayant encore emlira.ssé, hamilt.
Gramm. 5. Titus n'a point pour moi paru se démen-
tir, BAC. Bérén. 1,3. Et je sens qu'à l'instant,
prompte à me démentir. Je fais des vœux secrets
pour n'en jamais sortir, volt ^aire, v, 3. || U se
dit des choses qui cessent d'être ce qu'elles étaient.
Ses bontés pour moi na sa sont jamais démenties.
Les caractères des personnages d'Homère ne se dé-
mentent jamais. X considérer cette courtoisie si
î exacte et qui na s'est jamais démentie, voit. IcU. 3.
[Que jusque-là ma gloire ose se démentir! corn.
! Poly. ni, 6. Sa vertu jusqu'au bout ne s'est point
j démentie, id. tiéracl. m, 3. L'innocence qui na s'est
i jamais démentie, boss. t, Nativ. l. Tout s: sou-
tient dans cet homme, rien encore ne se dément
dan» cette grandeur qu'il a acquise, dont il ne
doit rien, qu'il a payée, la bruy. vi. Une foi qui se
dément dans les œuvres, mass. Av- Disp. Celle
herté qu'en nous soutient la modestie. Dans mon
cœur à ce point ne s'est point démentie, volt. Zairt,
I, t. Mais je connais la sort, il peut se démaotir,
ID. Mérnpe, i, 4. || 9° Terme de manège. Se dé-
mentir, se relâcher, changer, en parlaiii du cheval.
Il iO* Terme de construciion. Ne pas garder sa soli-
dité, son arrangement. Ce bAlinienl commence à se
démentir. Cette cloison se dément. Il Fig. par exten-
sion. Je me les représente tous ces globes qui sont
en marche; ils ne s'embarrassent point l'un l'autre,
DÉM
ils ne se choquent point, ils ne se dérangent point :
si le plus petit d'eux venait à se démentir et i
rencontrer la terre, que deviendrait la terreT 14
BBUY. XVI.
— HIST. XT S. Deus me confonde, se la geste [ré-
cil] [j'] en dément, Ch. de liât. LXt. [Kien n'empê-
chera] Au brant d'acier que je ne l'en desmento,
t'b. ccLXXvi. S'or a [s'il a maintenant] parent [qui)
m'en veuille desmentir, ib. cclxxix. || xii' ». Esere-
menl en fisl, ne s'en puet démentir, Th. le mari. 40.
Il xiil' s. Mais la tour estoil si bonne qu'onques na
se démenti, Chron. de Bains, t84. Mogel, trop estas
alentiz; Par vos ai sovent desmentiz Toz les vilains
qui me disoient.... Ben. I53e«. Et se celui que Ion
appelle ensi s'en viaul [veut] aerdre à celui qui l'a
apelé de son cors contre le sien, il le deit mainte-
nant desmentir, et offrir sel à défendre de son cor»
contre le sien, Ass. de Jér. i, I50 il me dit que je
me garda-^se que je me desmentisse, ne ne desdeisse
nullui de ce que il diroit devant moi, joinv. <9t.
Il xV s. Et se monteplierent les paroles entre eux
deux, tant que ils se desmentirent, froiss. u, 11,
aai. Il xvi* s. Celuy est fol qui d'aymer se démente,
Et n'ay pas peur qu'un saige m'en desmenla.J. na-
bot, V, ai)8. Le roy en fui fort courroucé, comjie
se sentant desmenty, amyot, Arlax. lu. Nature ne
sedesmeni pas en cela de sa générale police, momt.
I, 105. Qu'on face, dict Horace, perdre k son ou-
vrage toutes ses coustures et mesures, il ne se des-
mentira point pour cela, id. i, 80. Nous sommas
advertis que lemassif se desment quand nous voyons
fendiller l'enduict et la crousle de nos parois, tu. 1,
338. Amyot ne luy a rien preste qui le desmente ou
qui le desdie, iD.ii,4<. U n'est pièce du monda qui
desmente son facteur, id. u, 4 48. De la teste nous
advouons , de.sadvouons , desmentons , bienvei-
gnons,... 10. II, 169. Pour peu que nostre raison sa
desmente du sentier ordinaire, id. 11, 268. On le*
veoit le desmentir et l'injurier, id. m, 70. U fut ouy
un horrible tonnerre avec un esclal bruyant, tout
ainsi que les grosses artilleries, dont plusieurs mai-
sons se desmentirent. PARS, Uonstres, app. i.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et menlir; provenç. et
espagn. desmentir; ilal. smentire. Du sens propre,
démentir, dans la langue ancienne et dans des signi-
fications techniques, a passé à l'acception de clioseï
qui, ne gardant pas leur solidité, se démentent pour
ainsi dire.
t DÊMERGEMENT (dé mèr-je-man), t. m. Terme
de marine. Diminution dans le tirant d'eau.
— ÉTYM. Démerger.
t DÉMERGER (dé-mèr-jé. Le 0 prend un e devant
o et 0), V. n. Terme de marine. Eprouver un démer-
gemenl.
— ÊTYM. Dd.... préfixe, et le verbe latin tn«r-
gere, plonger.
DÉ.MÉUITE (dé-mé-ri-f) , 1. m. Ce qui fait qu'on
perd de son mérite; ce qui attiro l'improbation.
Ne l'avoir pas [l'ordre du Sl-Esprit] , c'est un dé-
mérite à un "duc et pair, sEv. 6»l. Enfin M. Guy
Patin ne se d iune pas pour dévot, et un air de dé-
votion, qui n'était pas un démérite k .ses yeux, de-
vait être bien sincère et même bien aimable, fonten.
Dndarl. Les Perses croyaient qu'il était raisonnable
de mettre dans la balance de la justice le bien comme
le mal, les mérites du coupable aussi bien que ses
démérites, et qu'il n'était pas juste qu'un seul crime
effaçât le souvenir de toutes les bonnes aclions qu'un
homme aurait faites pendant sa vie, eollih, Hist,
nnc. Œuvrer, t. 11. p. 361 , dans pouotNS. Je sais
discerner l'innocent du criminel, et égaler la peine
au démérite, le p. catbou, llist. rom. dans des-
fontaines. Il Terme de dogmatique et de philoso-
phie. La mérite et le démérite, au point de vue
des récompenses et des peines d'une autre vie.
— HlST. xiv s Le pape déposa le rui de France,
non pas seulement pour ses démérites ou ini luités,
mais aussi pour ce qu'il n'estoit pas digne de gou-
verner royaume, et instifia en son lieu Pejun, Songe
du i'ergier. dans le Dict. de dochez. || xv"s. Au
dessus y a deux testes, des deux meurtrier» qui fu-
rent illec mis à mort pour leur» démentes, Perct
forest, t. VI, f* a. dans lacubne. ||xvi' s. Ren leur
le cliastiment selon les démérites, bons. 87i. Lei
me.schans qui avoient esté de ce coup, en furent
puniz selon leur démérite, amyot, Brutut, 4|. lU
en conceurent un jusie coiirruux de le puuir selon
ses démentes, id. Camil. 62
— ETYM. Dé.... préhxe, et tn^rt'l*; provenç. d$-
merit. rtemeriie; espagn. et ital. deinerilo.
DÉ.MÉRITER (dé mé -ri-té), v. n. |{ 1 Agir de ma-
nière à perdie l'estime, la bienveillance. Démériter
de quelqu'un. Démériter auprès de quelqu'ua.lj t* En
DEM
«tyle dogmatique, faire queltiufi chose qui prive de
la grice de Dieu. Dieu a donné aux hommes le libre
arbitre, pour pouvoir démériter s'ils le veulent. fEn.
t. m, p. 33:). L'atome à qui Dieu aura donné la pen-
sée [leut mériter ou démériter, volt. Ph. ignor. 28.
— SYN. pèmEriteb auprès, dèmêbiteb de. Démé-
riter auprès de quelqu'un , c'est faire quelque chose
qui, sans le toucher direclement, prive cependant de
sa bienveillance. Démériter de quelqu'un, c'est abu-
ser de la confiance qu'il nous avait accordée et dont
nous jouissions.
— ÉTYM. Dé.... préfiie, et monter. L'ancien fran-
çais disait demerir.
t DËMI^RITOIRE (dé-mé-ri-toi-r'), adj. Oui en-
traîne le (iémérite. Ces erreurs [des songes] ne me
font rien faire de méritoire ni de déméritoire, fEn.
ExiH. 237.
— RTYM. Dé.... préfixe, et méritoire.
t DÉMKSURE (dé-me zii-r') , s. f. Manque de me-
sure, violence, orgueil. || Mot tombé en désuétude,
mais qui est excellent, et qu'on pourrait rétablir à
l'aide lie démesuré.
— HisT. xii' s. Une rampoigne [reproche] [il] lui
dit par desmesure, Rnnc. p. 64. Diex ! por quoi l'aim
[l'aimé-je], quant Je ne lui puis plaire? Ore ai-je
dit fulie et desmesure; Qu'en bien aimer ne doit
avoir mesure. Coud, p. t26. Biax fu Baoul et de
gente -failure; S'en lui n'eOst un poi de desniesure
[violence, orgueil], Mieudres [meilleur] vasals [guer-
rier] ne tinsl onques droiture, Haoul de t. (9.
Il XIII' s. Li moine retendront son gage Ou li meïs-
mes en ostage; Que félon sont à desmesure, Ben.
666ii. Mes tant est fors à desmesure. Qu'il ne cre-
moit [craignait] nule armeUre, la Hose, 16661.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et mesure; proveiiç. et
espngn. desmesura; ital. dismisura.
DÉMESURÉ. ËE (dé me zu-ré, rée), adj. \\ 1° Qui
excède la mesure ordinaire. Grosseur démesurée,
VOIT. LeH. 3S. Ce qui effrayait davantage les bar-
bares, c'était ces tours d'une hauteur démesurée
qu'ils voyaient se mouvoir, ce leur semblait, d'elles-
mêmes, noLLiN, liisl. anc. Œuvres, t. vi, p. 4'J2.
C'est moi, qu'en voulez-vous dire? — Que vous êtes
un sot, repartit l'autre en lui déchargeant un dé-
mesuré coup de sa raquetie sur les oreilles, ecah-
BON, Boni. com. i, 3. || J° Fig. Extrême, excessif.
Présomption démesurée. Soif démesurée d'or, de
gloire. Brûlent- ils comme toi d'amour démesurée?
RÉGNIER, Dial. J'avais une envie démesurée de faire
parler de moi, fonten. Érostrale, Déméirius. Ses
ennemis lui reprochèrent une passion démesurée
pour les richesses, raynal, IHsl. phil. iv, 20. Nous
ne sommes que des hommes; la défiance de nous-
mêmes, la ciainte de paraître faibles peuvent entraî-
ner au delA du but; nous serons olisédés de conseils
violents,déme.«urés,»iiRABKAu,Co/iec(tort, t. i,p. 314.
— HIST. XII' s. Ton fier courage qui est desmesu-
rez, Bonc. p. (4. Dist au païen : trop es desme.-,u-
rés, ib. p. <04. || xiii' s. Sans faille tu es maus traïs-
tre Et lerres trop desmesurés; Cent mile fois fies
parjurés, la Hose, I0fl77. Ensorque tout il a plus
poine Que n'ont hermite ne blanc moine; La poiiie
en est démesurée. Et la joie a corle durée, ib. 3u83.
Et quant cil contre qui il fu rendus, oj ce, il dist
qu'il ne tenrolt }h tel dit ne tel ordenance, porce
que estoit démesurée por si petit meffet. beaum.
XLi, 35. (I xv s. Filles y avoit à foyson. Faisant chère
desmesurée, villon, Repue de Montfaucon. \\ xvi' s.
Craintes démesurées, amyot, Solon, iu.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et mesuré.
DÉMESURÉMENT (dé-me-zu-ré-man), adv. D'une
manière excessive. Il est démesurément grand.
— HIST. XI' s. Pluie et gresilz [tombent] desme-
suréemeni, Ch. de llol. cix.
— ETYM. Démesuré, et le suffixe ment.
t DÉMÊTAPHORISER (dé-mé-ta-fo-ri-zé), t>. n.
Parler sans ligure. Mot burlesque forgé parScarron:
....pour vous aujourd'hui je démétaphorise; Déméta-
phoriser, c'est parler bassement, cité dans le Vicl.
de POITEVIN.
— ETYM. Df'.... préfixe, et métaphore.
t DÉMÉTRIUM (dé-mé-iri-om'), s. m. Terme de
chimie. Métal, plus ordinairement nommé cérium.
— ETYM. Atihtittip . la Cérès des Grecs.
DÉMETTRE (dé-mfe-tr'), je démets, lu démets, il
démet, nous démettons, vous démêliez, ils démet-
tent; je démettais; je démettrai; je demeurais; je
démis; démels, démettons; que je démette, que
nous démettions; que je démisse; démettant; dé-
mis, V. a. Il 1' ôier un os de sa place. Il lui a dé-
mis le puignel, SÉV. 7-.||be démettre un membre,
éprouver une luxation de ce membre. Dom Fernand
se démit une cuisse et se trouva si mal de sa chute
DEM
qu'il ne put passer outre, scarbon, Rnm. com. i,
22. L'amante sauta par la fenôire et se démit le pied,
VOLT. Les deux consnlés. || 2' Ôter d'un emploi, d'une
fonction, d'une dignité. On l'a démis de son emploi.
Il fut démis [de la royauté], et l'on tomba d'accord
Qu'à peu de g>'ns cimvienl le diadème, la font.
Fnbl. VI, 6. Il 3° Terme de procédure. Débouter.
Il i" Se démettre, v. réfl. Être démis, déboîté. Son
poignet s'est démis. {| 6° Quitter une charge, un em-
ploi, une dignité. L'un [."^ylla] s'en est démis [du
pouvoir], et l'autre [César] l'a gardé, corn. Cinna,
II, t. Rome, avec une joie et sensible et profonde.
Se démet en vos mains de l'empire du monde, m.
ib. Y, 3. Je leur rends ce pouvoir dont je me suis
démise, id. Rodng. v, 3. Il s'est en plein sénat dé-
mis de sa pllis^ance, ID. Seilor. v, 2. Vous savez
que le cardinal de Hetz a voulu se démettre de son
chapeau de cardinal; le pape ne l'a pas voulu, sÊv.
Lelt. 27 juin 1678. Prétendre iiu'ils [les autres] nous
i pa.ssenl tout, qu'il nous cèdent tout, qu'en notre
faveur ils se démettent de tout, dourdal. Serm.
I 2)' dim. après la Penlec. Dnminic. On le força à se
démettre de son évèché, mauchoiï, Schisme, liv. i,
dans RICHELET.
j — SYN. SE démettre, ABDIQUER. Ces deux mots
signifient quitter de gré ou de force un emploi, une
dignité. Se démettre est plus général; on se démet
aussi bien du moindre emploi que de la plus haute
dignité. Au contraire, abdiquer implique une idée
de solennité, qui fait qu'on ne s'en sert que quand
il s'agit de la royaulJè ou des plus hautes fonc-
tions.
— HIST. xî* s. Ainsi [il] est neirs com peiz qui est
démise [fondue], Ch. de Roi. cxii. || xiir s. Aucun
si quident, quant il ont pris arbitrage sor eus, qu'il
j s'en puissent démettre de lor volonté, mais non font,
se ce n'est de l'acorl des parties, beaum. xli, 7. Car
circoncis fus à la lectre. Et baptizié pour nous de-
meclre Du pechié que lu nous maudeis, J. de meung,
Tr. 18. Il xiV s. Se li dix hommes [décemvirs] ne se
demettoient de leur magistrat, behcheure, f°67,
' verso. Et se demis! de son estât et bénéfice, id. f° 29,
reclo. (I xv s. Ordonné estoit du conseil du roi, que
: le connestable messire Olivier de Cliçon se desmet-
troil pour le jeudi l'eudemain, de l'ollice de la con-
nestablie, fboiss. ii, ii, i 94 .|| xvi' s. Ainsi il ne restera
rien en nous qui nous puisse enller; mats pluslost y
; aura grande matière de nous démettre et abbalre,
î CALV. Inslit. B4i. Pensons que nous n'avons nul accez
à salut, sinon en nous démenant de tout orgueil, id.
t('. 697. Et quant à l'advenir. De moy, dil-il, toute
crainle demects, marot, iv, 62 Trois muis d'an-
neaux k Carthage transmis De très-fin or, lesquels
furent desmis Des doigts des morts, ID. iv, 126. Ce
grand bastimenl ayant esté desmis et dis.soull, mont.
I, 121. Prendre devant le peuple agité une conte-
nance desmise et flatteuse, in. i, I3(i. Il usuit d'us-
tensiles d'or; et l'estime mieutx, que s'il s'en feust
desmis, Ue ce qu'il en usoil moderéemenl, id. i,
281. Ce prélat s'est si purement desmis de sa bourse,
de .sa receple et de sa mise m. i, 3(8. 11 avoii le
cœur tropgros pour se desmeltre à la bassesse de se
deffendre, id. h, 47. À quel soulcy ne nous desmel-
tonsnous pour leur commodité? id. ii, i69. Je veois
bien, dict Pacuvius, il faut desmeltre [destituer]
cetluy-ci, id. iv, 83. Les jours ensuivans, feignant
estre malade, il se desmeit à la fin de sa charge,
amyot, Cam. 66. Mitlindates marchoil après luy,
et se demelluil vouluniairemeat au second lieu, en
luy déférant, comme à son supérieur, ID. Senor.
36. Il faut que le chirurgien prenne souvent garde
que l'os ne se démette comme on l'aura réduit,
PARE, XIII, 21.
— ÊTYM. Provenç. demeire ; espagn. dimitir; ital.
dimeilere; du lalin dimitlere, du préfixe iJi, et mu-
ter» (voy. METTRE).
DÉMKUBLÉ, ÉE (dé-meu-blé, blée;, part, passé.
Une maison dèmeublée. || Fig. Une mâchoire dé-
meublée, une mâchoire qui a perdu ses dents ou
une grande parue de ses dents.
DÉ.MEUBLEMENT (dé-meu-ble-man), i.w. Action
de démeubler; état de ce qui est démeublé.
— ETYM. Pémeubler.
DÉMEt'BLER (dé-meu-blé), v. a.\\ 1° Dégarnir de
meubles. Démeubler ses appartemenl£. Il veut ren-
trer chez lui; il y trouve des huissiers qui démeu-
blaient sa maison de la part de ses créanciers, volt.
Uemnnn. || Absolument. Mme de Vauvineui faisait
déineuoler [déménager], sÊv. 20. || t" Fig. Se dé-
meubier, v. réft. Perdre ses dents, en parlant de la
mâchoire. Sa mâchoire s'est démeublée.
— HIST. xv* s. 1.6 suppliant, qui estoit fort des-
meublé à l'ediSce de sa maison et n'avoit de long-
DEM
1047
temps gueres peu proufliter en son fait de marchan-
dise, DU CANOË, miibile.
— ÉTYSi. Dé.,., préfixe, et meuble, s. m.
DEMEURANT, ANTE (de-meii-ran, ran-t'), adj.
Il 1° Qui est logé en quelque endroit. L'adresse porte
à M. un tel demeurant à Paris. || Il n'est d'usage au
féminin qu'en style de pratique. |{ Dans le xvii' siè-
cle, on était disposé à traiter, comme jadis, les
participes présents en adjectifs. Nous n'avons pas sa
parole demeurante en nous, Boss. 2 Purif. 2.
Mme de Maintenon ne pouvait goûter de repos, lant
qu'elle y [auprès du roi] voyait son ancienne maî-
tresse demeurante, st-sim. 413, i87. Aujourd'hui
on dirait demeurant dans ces deux phrases. || 2" Sub-
stantivement. Le demeurant, ce qui demeure, ce
qui n'est pas ôté, parti, enlevé. Une Heur de tant
de mérite Aurait terni le demeurant [les autres
fleurs], MALH. IV, II. Puis, sans qu'on les convie,
ainsi que vénérables. S'asseyent en prélats les pre-
miers à vos tables. Où le caquetleur maiique, et, des
dents discourant, Semblent avoir, des yiux, legfet
au demeurant, Régnier, Sat. ii. Le demeurant des
rats tint cha(iitre en un coin, la font. Fabl. ii, 2.
La vieille a soin du demeurant, id. Faucon. \\ 3° 4u
demeurant, toc. adv. Quant à ce qui demeure. One
il ne fui plus forte dujie Que ce vieillard, bon
homme au demeurant, la font. C<ic. Au demeurant
il était fort sensible À l'intérêt, aimait fort les pré-
sents, iD. Ungn. Mme Clôt, bonne femme au demeu-
rant, était bien la vieille la plus grognon que je
connus de ma vie, i. j. bouss. Conf i. Au demeu-
rant c'est un oiseau assez familier qui semble ai-
mer l'homme, s'approche des habitations et vient
se percher jusque sur les cheminées, buffon, le
Moqueur.
— REM. D'après les puristes du xvii* siècle, Vau-
gelas, Marguerite Bulîet, au demeurant était un
terme vieilli; cette condamnation n'a pas prévalu;
il a survécu, mais avec une certaine nuance de fa-
miliarité.
— SYN. AU DEMEURANT, AU RESTE. Le demeurant,
c'est ce qui demeure, subsiste; le reste, c'est ce
qu' est de reste; de là la nuance : il est emiiorle et
violent, honnête homme au demeurant; c'est-à-
dire, en ce qui demeure, subsiste, il est honnête
homme : il est emporté, violent, au reste honnête
homme; c'esi-à-dire, tels sont ses défauts, mais,
quant au reste, il esl honnête homme.
— HIST. XIV* s. El devez savoir que le demeurant
de cesl chajiistre est mal à entendre, oresme, Eth.
VI, 10. Il XV' s. Le demourant se sauvèrent ou fu-
rent morts, FBOiss. ii, a, 6e. Quand les gens d'ai--
mes qui dedans Duras estoient virent que leur ville
se coiumeiiçoit à perdre, si se retraîrenl au cbas-
teau el laissèrent convenir [capituler] le demeurant,
ID. II, 11, n. Luy print plusieurs places et eusi
achevé le demeurant, n'eust esté.... C0M.vi. i, 2. El
du faict du roy d'Anglelere ne leur challoil, au de-
mourant, comme il eu ailast, m. iv, 7. Quand je
reviens de la taverni' elle me souhaite toujours le
demourant du tonneau dans le ventre, et le tonneau
avec, LOUIS xi,iVoui.. ïcvii. ||xvi' s. Sentant la hart
de cent pas àja ronde; Au deuieuraut, le meilleur
fils du monde, marot, ii, 93. U meltoit en peu de
compte le demourant [le reste], mont, i, 90. Le roy-
telel vil des demeurants de ce monstre, id. ii, i»6.
C'est là tout le corps de la chrestienté; le demou-
rant sont isles, comme Anglelterre, Escosse, Dan-
nemarc et Suéde, qui sont comme péninsules, la-
ngue, 389. Jusques icy tous les historiens sont bien
d'accoid : mais au demeurant, non, amyot, TIUs. n.
Les gens de guerre y sont en tout et par tout sépa-
rez d'avec le demourant du peuple, ib. Lyc. 6.
— ÉTYM. Demeurer; bourguig. demourant.
DEMEURE (de-meu-r'), s. f- Il 1° Kelard, délai.
Oui, sans plusde demeure, Pourrintérëldesdieux je
consens qu'elle meure, corn. ï'Aeiid. m, 6. Le ciel
ne veut point de demeure, lamotte, dans de.sfom-
taines. Son temps venu , [il] ne fait longue demeure,
LA FONT. Berc. Sans plus longue demeure. Il iui
dit en deux mots. .. id. Fianç. Vous êtes cause qu'en
demeure Je me trouve préseuicment, tu. Cord-W Êlre
en demeure envers quelqu'un, être en relard de
bons oflices. Je n'éwis pas en demeure de ce coté-iù,
BOss. LeU. quiél. 455. Je me trompe en doutant de
tout, et je suis en demeure à l'égard de la vérité
qui se présente à moi, fên. Fxist. 24o. || Il y a pé-
ril en la demeure, le moindie retardement peut
causer du préjudice. || 2" Terme de procédure. Re-
tardement, le temjis qui court au delà du terjne QiJ
l'on esl tenu de faire quelque chose, il Mettre quel-
qu'un en demeure de, le sommer de remplir upe
obligation, Un engagement. Mise en demeure,
1048
DEM
•ommation de faire telle ou telle chose. || 3° Durée de
la résidence. Je ne ferai pas longue demeure en cette
maison. || 4° Par ejtension, habitation, domicile.
Mais qu'eussent-ils gagné par un siècle d'années,
Ou que leur avint-il en ce vite départ, Que laisser
promplement une baiî.se demeure Qui n'a rien que
du mal, pour avoir de bonne heure Aux plaisirs
éternels une éternelle part? malh. i, 4. Ce que je
trouve admirable , c'est qu'un homme qui s'est
passé, durant sa vie, d'une assez .simple demeure,
en veuille avoir une si magnifique pour quand il
n'en a plus que faire, mol. D. Juan, m, 7. Tant
que nous sommes détenus dans cette demeure mor-
telle , nous demeurons assujettis au changement ,
parce que, si vous me permettez de parler ainsi,
c'est la loi du pays que nous hiibitons, boss. Vuch,
d'Orl. Elle va descendre à ces sombres lieux, à ces
demeures souterraines, pour y dormir dans lapou.s-
sière avec les grands de la terre, id. ib. Il y a plu-
sieurs demeures dans la maison de mon l'ère, sacy.
Bible, Év. St Jean, xiv, 2. Il y a dans les sciences
plusieurs places honorables, comme il y a, si l'on
en croit l'Evangile, plusieurs demeures dans la
maison du Père céleste, d'alemuebt, Leltre au roi
de Prusse, i" mars 1705. Ils pénètrent en foule à
la demeure auguste.... volt. Orpliel. i, 2. || 5° Lieu
de résidence. Samos est leur patrie et Rhodes leur
demeure. Loin du monde elle fait sa demeure et son
gîte, BÉGNiER, Sat. xin. Où la cour faisait sa de-
meure ordinaire, boss. Hist. m, 5. Au delà do ces
lieux gardez-vous d'avancer; C'est des ministres
saints la demeure sacrée, hag. Athal. m, 2. Tivoli,
qui fut la demeure de tant d'hommes célèbres, de
Brutus, d'Auguste, de Mécène, de Catulle, mais
surtoutla demeure d'Horace, staèl, Corinne, viii, i.
Il Fig. Dieu y avait établi sa demeure, boss. Hist.
II, 8. En ce temple où tu fais ta demeure sacrée,
BAC. Athal. m, 7. Cœur où Dieu seul avait fait sa
demeure, mass. Av. Jug. || Terme de chasse. Endroit
fourré de bois où se retirent les cerfs. Bonne de-
meure, demeure bien fourrée. Demeure douce, tail-
lis de 6 ou 6 ans. || 6° Terme de rhétorique. Sorte
de figure appelée plus souvent commoration, épi-
mone, insistance, qui consiste, comme l'indique ce
dernier mot, à insister sur quelque raison. || 7° À
demeure, loc. adv. De manière à ne pas changer
de résidence. Que j'étais déjà assez dupe d'avoir si
mal employé mes quarante écus, et que je ne le se-
rais pas au point de lui cédera demeure la bonne
place, MARMONTEL, ttém. XI. Il Par extension. Quand
je retrouvais dans la poussière des bibliothèques
d'Italie les chefs-d'œuvre de l'antiquité grecque,
je n'étais pas à demeure [domicilié] dans ces biblio-
thèques, p. L. couB.i, 260. Il En parlant des choses,
de manière à n'être pas déplacé, ôté. Etablir un
châssis à demeure. Objets attachés à un fonds à
perpétuelle demeure. || Labourer à demeure, donner
le dernier labour avant de semer. Semer à demeure,
répandre la semence dans un lieu d'où la plante ne
doit pas être transplantée.
— HIST. xii* s. [Il] saisi l'espié, puis monte sanz
demor, iionc. p. 54. Comment que longue demeure
[interruption] [j'] Aie faite de chante^ Ore est bien
raison et heure Que |je] m'idoie retourner, Coud, iv.
Il XIII' s. Il avoient mandé [le marchis] par tant de
Vnessages que à paine que il ne diervoient [déses-
péraient] por sa demeure [retard], h. de valenc.xx.
La longueur de la demorro du terme ne toit au sei-
gnor son poeir, Ass. de Jér. 22(. [Dieu] Qui Jonas
garda en la mer Par grant amor. Les trois jorsqu'il
i fist demor, buteb. 2U3. Grans biens ne vient pas
un poid'hore; Ains convient mètre demore, laRose,
4(0(i. Et un pou après mons. Jehan de Waleri re-
vint, qui blasma le roy et son conseil de ce que il
estoient en demeure, joinv. 227. || xv s. De Messine '
se partit le marescbal sans y faire longue demeure, '
Bnuciq. i, ch. 30. || xvi* s. En ses sommations, do- I
lay aulcun et demeure aulcune il n'admet, rabel.
Pant. IV, 57. Elle nous commenda de ce lierre chas-
cun de nous se faire ung chappeau albanoys; ce que
futfaict sans demeure, id. ib. v, 34. Ne pense pas,
que l'amour et vrai zellc. Que te portons, jamais fi-
nisse et meure Pour ta trop longue et fascheuse de-
meure, MAROT, n, 28. Il est certain qu'au milieu
d'elle Dieu fait sa demeure éternelle, id. iv, 91. loy
je fais pour tousjours ma demeure, amyot, Ant. »i.
Pompeius luy respondit avec quelque demeure
[délai], et d'une parole mal asseurée, que.... id.
Pomp. 88. Ils [les indigènes d'Amérique] ont je ne
sçay quels prcbstros et prophètes, qui se présentent
bien rarement au peuple, ayants leur demeure aux
montaignes, uont. i, 238.
— »TYII. Voy. DSMEOREs ; proTenç. demora, t. f.
DEM
et demor, s.' m.;e.spagn. demora; ital. dimora.
L'ancien français, outre demore et demor, avait de-
morance; Berry, demirurance, dcmourance.
KEMEUKÉ, ÉE (de-mcu-ré, rée), part, passé.
Resté, laissé. Demeuré en arrière, il hâta le pas.
C'est peut-être affliger le public que de lui annon-
cer ces différents projets, demeurés sans exécution
entre des mains si savantes.... fonten. Dodart. En
faisant revenir pour sa propre défense quelques trou-
pes demeurées en Espagne, volt. S. de Louis XIV, 22.
Il Terme d'ancienne pratique. Cause demeurée sur
l'heure, cause dont la plaidoirie est demeurée inter-
rompue par la levée de l'audience. ||Qui dure, qui
survit. Une maison auguste.... qui, seule demeurée
depuis le commencement, au milieu des débris de
tant de maisons souveraines qui ont péri, semble
être, comme celle de Noé, la seule dépositaire de
toute la gloire des siècles passés, mass. Or. fun.
Dauphin.
DEMEURER (de-meu-ré), V. n. \\ i° S'arrêter, se
tenir, rester en quelque endroit. Mon cheval est de-
meuré en chemin. Nous demeurâmes en arrière.
Mais plutôt demeurez pour me servir d'otage , corn.
Nicnm. v, 7 Le vieillard était Kou de sa femme,
et fort peu la quittait. Sinon les jours qu'il allait à
lâchasse; Son fauconnier, qui pour lors le suivait,
Eût demeuré volontiers en sa place, la font. Coc.
Il est renvoyé à Lyon , le roi n'a pas voulu qu'il
soit demeuré, sÉv. t49. Demeurons toutefois pour
troubler leur fortune, hac. Andr. ii, I. Pour cacher
mon départ je demeure un moment, id. Phèd. v, t.
Auprès du fils des rois si j'étais demeurée.... volt.
Orphel. Il, 3. Il Absolument. Vous, Cinna, demeu-
rez, et vous, Maxime, aussi, corn. Cinna, ii, i.
Il Demeurer chez soi, ne pas sortir de sa maison, et,
par extension, ne pas quitter son pays, son genre
dévie. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s'il
savait demeurer chez soi, n'en sortirait pas pour al-
ler sur la mer ou au siège d'une place, pasc. Pen-
sées, XXVI, t . 11 faut en France beaucoup de fermeté
et une grande étendue d'esprit pour se passer des
charges et des emplois, et consentir ainsi à demeu-
rer chez soi et à ne rien faire, la bruy. ii. || De-
meurez chez vous, qu'il demeure chez lui, se dit
à quelqu'un, de quelqu'un qu'on veut ne pas voir
chez soi. Servez-vous du mot de madame, je vous
prie, ou demeurez chez M. votre père, dancourt,
Chev. à la mode, ii, 4, || Demeurer ferme, ne
pas être ébranlé, ne pas reculer; et, figurément,
persister avec fermeté. L'opiniâtreté de son carac-
tère se joignant à toutes ces vraisemblances, il de-
meura ferme dans l'opinion qu'on voulait le trahir
et le livrer à ses ennemis, volt. Charles XU, 6.
Il Demeurer en repos, se tenir tranquille; et, figu-
rément, ne rien faire, ne pas se donner du travail.
Que faire donc quand on est malade? — Rien, mon
frère; il ne faut que demeurer en repos; la nature
d'elle-même, quand nous la laissons faire, se tire
doucement du désordre où elle est tombée, mol.
Mal. imag. m , s. || Ne pas demeurer en place,
être continuellement en mouvement. J'ai peine, je
l'avoue, à demeurer en place, mol. Éc. des f. iv, ).
Nous, reverrons Ménechme aujourd'hui, quelle joie!
Je ne puis demeurer en place ni chez moi, reonard,
ilénechmes, i, 3. || Fig. Demeurer en arrière, de-
meurer en reste, rester débiteur. Ne pas demeurer
en reste, rendre la pareille. || Demeurer pour gage,
pour les gages, en parlant de personnes, être tué
ou pris; en parlant des choses, être perdu. Dans
cette bataille la moitié des siens demeura pour gage.
Dans la foule mon manteau est demeuré pour gage.
Ij Demeurer sur la place, être tué sur la place où
l'on combattait. Sans la valeur de ce jeune guerrier
Martian demeurait ou mort ou prisonnier, corn.
Iléracl. i, t. Il Demeurer sur la bonne bouche, ne
plus rien prendre après une chose qui laisse un goût
agréable; et, figurément, s'en tenir à une chose
qui plaît. Il Demeurer sur son appétit, ne pas se ras-
sasier de quelque chose; et, figurément, imposer
un frein à ses désirs. || Demeurer d'accord, conve-
nir, avouer. Il faut demeurer d'accord, mon frère,
qu'on peut aider la nature par de certaines choses,
MOL. Mal. imag. m, 3. Nous vous ferons demeurer
d'accord que, si quelquefois un peu d'absence fait
grand bien, une trop longue fait grand mal, SEv.
Letl. 17 juin 1687. || Se dit aussi des choses qui res-
tent. Une pluie acheva l'affaire : 11 fallut se met-
tre à l'abri; Je laisse à penser où; le reste du mys-
tère Au fond de l'antre est demeuré, Uk font. Fianc.
Il i' S'arrêter par fatigue, blessure, embarras. En
1 809 , dans la marche rapide de Napoléon sur Vienne ,
un grand nombre de soldats demeurèrent. Un de
mes beaux chevaux demeura dès Palaiseau, ssv. 5e.
DEM
Il Fig. II est demeuré au-dessous de son sujet, Il
n'a pas fait ce que le sujet exigeait. Il est demeuré
au-dessous de lui-même, il n'a pas fait ce qu'il était
capable de faire, ce qu'il faisaitautrefois. || Demeurer
en chemin, ne pas achever le trajet qu'on avait
commencé; et, figurément, ne pas venir à bout de.
Si je demeure en chemin, ce ne sera pas manque
d'argent, maintf.non, Lett. d M. d'Aubigné, tofevr.
1681.11 Fig. Demeurer en beau chemin, abandon-
ner un dessein qu'on avait entrepris, sans qu'il y ait
de notable difficulté qui nous arrête. || En demeu-
rer là, ne pas continuer. Je serai bien aise que
vous me donniez ces vers par écrit. — C'est assez
de vous les avoir dits, et je dois en demeurer là,
MOL. Escarb. i. Faut-il en demeurer là? sEv. 457.
Je vis bien que le roi n'était pas persuadé, mais je
crus qu'il n'y avait qu'à en demeurer là, maintenon,
Lettr. att card. de Noailles, 25 mai 1095. Après avoir
supputé longtemps sa dépense et ses forces, selon
le mot de l'Évangile, elle en demeure là et ne jette
pas même les premiers fondements de l'édifice, mass.
Car. Enf. prod. Et ne présume pas que Vénus ou
Satan Souffre qu'elle en demeure aux termes du ro-
man, BOIL. Sat. X. Il L'affaire n'en demeurera pas là,
elle aura des suites, des conséquences. Ils se sont
insultés; l'affaire n'en demeurera pas là, c'est-à-dire
ils auront un duel. || Demeurons-en là, n'en parlons
pas davantage, cessons, et aussi, tenons-nous-en à
ce parti, à ce choix. En ce dernier sens on dit aussi
demeurons-en à cela. ||0n l'emploiedans la même ac-
ception sans la particule en. Il écrivit sa surprise, son
désespoir d'avoir pu déplaire, représenta huit en-
fants sans nul bien ; voilà où tout est demeuré, sÉv.
392. Il Demeurer court ou tout court, manquer de
mémoire. Il est demeuré court au milieu de sa pé-
riode. Elle est demeurée court et n'a plus su que
dire. C'est le plus petit inconvénient du monde que
de demeurer court dans un sermon ou dans une
harangue, la bruy. xii. Le féliciter [un prédicateur]
Sur l'agrément et la politesse de son langage, lui
remettre l'esprit sur un endroit où il a couru risque
de demeurer court, id. xv. || Terme de jeu de boule.
Demeurer, ne paspousser la boule ju.squ'au but. Je suis
demeuré. Ma bour» est demeurée. || 3° Suivi d'un qua-
lificatif, il exprime un état piolongé. Je chauvis de
l'oreille, et demeurant pensif.... Régnier, Sat. vin.
Et, par ime constance admirable, demeurer ferme au
milieu d'un péril qui fait trembler les plus coura-
geux, voit. Leit. 13. Abondante en richesse, ou
puissante en crédit, Jedemeure toujours la fille d'un
proscrit, cobn. Cinna, i, 2. Autrement si le sort
demeure encor douteux.... id. Iléracl. v, 5. Je sou-
haite que vous ne demeuriez pas mal édifié de nous,
PASC. iPror. 6. De même que ces fleuves tant vantés
demeurent sans nom et sans gloire, mêlés dans l'o-
céan avec les rivières les plus inconnues, boss.
Duch. d'Orl. Seigneur, avec raison je demeure éton-
née, RAC. Brit. II, 3. Après avoir quitté la suprême
puissance, vous êtes demeuré avili, obscur, inutile,
abattu , FÉN. Dial. des morts anc. 38. || Ce quali-
ficatif peut être un nom précédé d'une préposition.
Je demeurai dans une sorte de stupeur. Grand roi, si
jusqu'ici, par un trait de prudence. J'ai demeuré
pour toi dans un humble silence, boil. Disc, au roi.
Il 4° Employer un certain temps à faire quelque
chose. Il a demeuré longtemps en chemin. H de-
meure longtemps à venir. Vous avez trop de-
meuré à faire ce qu'on vous avait ordonné Au
reste vous saurez Que je n'ai demeuré qu'un
quart d'heure à le faire [un sonnet], mol. His. i, 2.
Il 5° Habiter, faire sa demeure. Le ciel nous fit
ce bien qu'encor d'assez bonne heure Nous vîn-
mes au logis où ce monsieur demeure, bëgmer,
Sat. X. Quel temps avez-vous demeuré en An-
gleterre?— Sept ans, mol. Ifor. fore. 2. Démo-
phile demeurait aux environs de Constantinople, et
C"ux de sa secte le reconnaissaient toujours pour
évêque de cette ville impériale, fléch. Hist. de
Théod. II, 30. Il 6° Ne pas se faire, ne pas être em-
ployé. Et faute de servir ce plat [des chardons] Ra-
rement un festin demeure, la font. Fabl. viu, 17.
I^es soins publics seraient abandonnés: les affaires
demeureraient, mass. Pet. car. Écueils. || 7* Subsis-
ter, rester. Tout le soin qui me demeure N'est que
d'obtenir du sort.... malh. v, 3. Je vois bien.... Du
naufrage d'amour ce qui m'est demeuré, Régnier,
Plainte. Qu'il vive et s'il se peut que l'ingrat me
demeure, corn. Médée, ii, 1. La gloire m'en de-
meure, iD. ib. Il, 5. Quoi ! madame, en vos mains
elle [une croix] était demeurée ? volt. Zaïre, ii, 3.
Il 8* Fig. Persister, se borner, en parlant des per-
sonnes. Eh bien I puisque vous ne voulez pas m'é-
couter, demeurez dans votre pensée, et taites ea
DEM
qu'il vous plaira, mol. Bourg, gent. m, )0. S'ils
[les anciens] fussent demeurés dans cette retenue de
n'oser rien ajouter aux connaissances qu'ils avaient
reçues.... pasc. Pens. i, art. (. On ne doit pas re-
fuser l'absolution à ceux qui demeurent dans les oc-
casions prochaines de péclié, s'ils.... iD. Prov. 5.
C'est qu'aujourd'hui l'on prche beaucoup plus har-
diment, que l'on demeure dans son péché beaucoup
plus tranquillement, bourdal. Pénitence, 2' avent,
p. 5u3. Jusqu'à quand demeurerez- vous dans votre
impureté? SACY. Bible, Jén mie, xiii, 27. || 9° De-
meurer à, rester la propriété, l'acquisition, le propre.
Dans la vente à '.encan, ce livre, très-poursuivi,
m'est demeuré. Vous demeurez à vous, madame,
en les perdant, corn, Suri'na. i, 2. Afin que la force
demeur« toujours au souverain. Boss. Polit. S'ils
choisissent un poste incommode, il leur demeure,
LA BRUY. IX. A qui doit demeurer cette noble con-
quête'' BAC Alex. IV, 5. Ecbatnne est du moms sous
mou obéissance; C'est tout ce qui demeure aux en-
fants de Cyrus, volt. Scythes, il, 4. || 10" Être à
demeure, tenir, persister, durer, en parl.int des
choses. Et trois ou quatre seulement, Au nombre
desquels on me range. Peuvent donner une louange
Qui demeure éiernellement. malh. m, 2. Et si la
moindre lache en demeure à mon nom, corn. iVt'com.
IV, (. Paix dont le déshonneur vous demeure éter-
nel, ID. Médée, ii, 2. C'est une vériié qui demeure
éternellement, mass Car. Élus. Elle [la foi] s'en
remet pour les faveurs temporelles et les autres dons
qui ne doivent pas demeurer, aux desseins éternels I
que le .Seigneur a formés sur nos destinées, id. «6.
Prière 2. On feuillette son livre, on le discute, on
le confronte; ce ne sont pas des sons qui se perdent
en l'air et qui s'oublient; ce qui esi imprimé demeure
imprimé, la bruy. xv. Tout s'imprime, tout s'écrit,
rien ne demeure, volt. l'Écossaise, m, 3. ||Ternie
de jardinage. X demeurer, se dit de plantes qu'on
sème en pleine terre pour y rester jusqu'à ce qu'on
les consomme. On sème d'ordmaire à demeurer le
cerfeuil, les carottes, les panais. || Demeurer sur le
cœur, sur l'estomac, se dit d'un aliment qui ne passe
pas, qui cause des soulèvements. || Fig. Cela lui est
demeuré sur le cœur, c'est-à-dire il en conserve du
ressentiment. || 11° Demeurer au théâtre, ou, absolu-
ment, demeurer, en parlant d'une pièce, continuer
à être jouée. Il est arrivé de cette pièce ce qui arri-
vera toujours des ouvrages qui ont quelque bonté : les
critiques se sont évanouies, la pièce est demeurée,
BAC. llrit, 2" préface. || 12° V. imperson. Rester. Il
lui est demeuré une cicatrice. S'il vous demeure en-
cor quelque espoir pour Flavie, corn. Théod. m,
5. Il ne demeura rien de ce grand repas, tout fut
bu et mangé, vaugel. Nouvelles rem. Il y demeura
quelque cinq cents hommes sur la place, d'ablanc.
Arrien, liv. i, ch. to. Il ne lui est pas demeuré de
quoi se faire enterrer, la bbuy. vi.
— REM. Demeurer se conjugue avec l'auxiliaire
avoir, quand il marque une action : j'ai demeuré en
Angleterre un mois; avec l'auxdiaire être, quand il
marque un état: dans mon saisis.sement, je suis de-
meuré incapable de répoudre. L'action est marquée
dans ces exemples-ci : J'ai demeuré captif en Egypte,
PÉN. Tél. m. Après que l'eufant aura demeuré là
plusieurs heures, j. j. Ronss. Ém. ii. J'avais demeuré
plus d'un an chez mon maître, m. Conf. i. L'action
est beaucoup moins manjuée dans ceux-ci ; mais
il doit être permis aux poètes de l'introduire là oii
l'idée d'état est la première qui se présente à l'es-
prit: X cet objet d'horreur, l'œil troublé, le teint
blême. J'ai demeuré longtemps plus morte que lui-
même, ROTROii,. Aniig. i, 2. Et dès le premier mot
ma langue embarrassée Dans ma bouche vingt fois
a demeuré glacée, bac Bérén. ii, 2.
— SVN. 1° DKMKtiREH, LOGER. Ces (leux mots sont
synonymes dans le sens où ils signifient la résidence;
maisdemeurer sedit par rafiport au lieu lopograplii-
que où l'on habite, et loger par rapport à l'édiHce
où l'on se retire. On demeure à Paris, ou loge au
Louvre, à l'hôtel, etc. guizot. || 2° demeurer, res-
ter. L'idée commune à ces deux mots est de ne pas
s'en aller; et la diflérence consiste en ce que de-
> meurer ne pré.sente que cette idée simple et géné-
rale de ne pas quitter le lieu où l'on e>t; et que res-
ter a de plus l'idée accessoire de laisser aller les
autres.
— HIST. XI. s. La nuit [ils] demurent fresque vint
al jur clair, (h. de Btd. xi. De ce cui chaut? demu-
rut 1 ont trop [ils ont trop tanlé], i6. cxx.xiv. Li Ara-
bizde venir ne demurent, ib. ci xxii. Ce qu'estre en
doit, ne l'alez demurant [ne retardez pas ce qui en
doit advenir], ib. ccLvi.
— xii* s. [11] Ne va plus demorant, Ronc. p. 47.
DICT. DT LA LANGUe F«ANÇA1SK.
DEM
Ses [si les] vont ferir sans trestout demorer, ib.
p. 58. Mort [il] le tresbuche sans plus de demorer,
ib. p. 75. Un petitet estes tropdemorez, ib. p. *ui. Li
rois Marsile n'a pas moût demoré, ib. p. ( I7. Venez
0 moi, gardez ne demorez, ib. p. <43. Eh! respont
Charles, jà plus ne demorra [tardera], ib. p. 175.
Por Dieu [je] vous prie.... Oue nos convens [conven-
tions] teniez, vienne nu demor [soit que je vienne
ou que je demeure) , Coud, xxii. Partir m'esteut
[il me faut] de vous sans demorer [sans retard],
ib. XXIV. Sachez, cil sont trop honni qui n'iront [à
la croisade]. S'il n'ont poverte ou vieillesse ou ma-
lage; Et cil qui sain et jeune et riche sont, Ne peu-
vent pas demourer sans hontage, quesnes. Roman-
cero, p. 94. Mais demorés pour garder cest pais
[terre sainte], ib. p. loi. Quant nous lui volons
nuire, je ne voi nule part Que il demort en France
ne la corone gart, Snx. xxix. Si metomes un terme
prochain, ne demort gaire; Puis seromes ensemble
pour faire au roi contraire [pour nous opposer au
roi], ib. XXXI.
— XIII" s. Ileuques [je] demorai de lors jusque
mardi, Berle, i. Quant Pépins tint l'espié, ne vot
[voulut] plus demourer, ib. ni. En icesle matière
[je] ne veuil plus demourer, i6. m. S'en va lierte
as grans pies, n'i a plus demeuré, ib. XLV. Que il
n'est au roi Flore nul enfant demouré, ib. Lxvu. Ne
doit pas demorer [vous ne devez pas vous dispen-
ser) Que ses enfans et lui [elle] ne doiez gouverner,
ib. xcvii. Trop [vous] me faites ici longuement de-
morer, tb. cxii. Mes ce me torne à grant contraire.
Que sa merci trop me demore, la liose, 3245. Si
que par defaute de justice le [la] volentés du mort
ne demeure pas à estre fête, beaum. xi, <o. S'il de-
meure [s'il ne se fait pas) par l'un des deus, li au-
tres le pot fere contraindre à ce que mariage se face,
ID. XI, 3, Il ne demora pas en eus que lor sires ne
fu hormis par lor porcas, m. xxx, 63. L'empereis
[impératrice] vint querre seccurs au roy pour son
seigneur qui esloit en Coii-slantinoble demeurez,
joiNV. 2)2. Moult de gens li loereiit [conseillèrent]
que il attendit tant que ses gens feussent revenus,
pource que il ne h estoit pas ilemouré la tierce par-
tie de ses gens, m. 214. Le roy reçut moult debun-
nairfementses messages, et b renvoia les siens, qui
demeurèrent deux ans avant que il revenisseiit à li,
ID. 2H. Et il demanda, se il demouroit, se je de-
mourroie [en Palestine], et jelirespondi : oïl, moult
volontiers, id. 228. Et sachiez que il [ce dessein] ne
demeura [resta sans effet] que pource que B disoient
que le roy estoit le plus ferme crestien que en [on]
peu.st trouver, id. 247. Grant honneur leur est faite,
se en eulz ne demeure [s'ils n'y mettent obstacle],
ainsi comme je vous ai dit devant, id. 304.
— xv s. Ceux de Mont-Segur y descendirent vo-
lontiers [aux conditions de la trêve], et se mirent
tantcst douze bourgeois des plus suffisans en ostages,
pour accomplir les convenances et demeurer la ville
en paix, kboiss. i, i, 234. Ne demeura gueres après,
que grand infamie issit sur la mère du jeune roy
Edouard, id. i, i, 60, Et que nullement ils ne lais-
sassent le roi d'Angleterre repasser, ni prendre port
en Flandre; et si par leur coulpe en deuieuroit, il
les feroit tous mourir de maie mort, id. i, i, io6.
Si dit: monseigneur, si nous estions droites gens
d'armes et bien apperts, nous burions à ce souper
des vins de ces seigneurs de France qui se tiennent
en garnison en Bergerac. Si respondit le comte Uerby
tant seulement: jà pour moi ne demeurera, id. i, i,
217. Nulle cruaulté ne demoura à estre faicte, comm.
VI, 13. Je demeuray à partir aucuns jours, parce
que le roy fut malade de la petite vérole et en péril
de mort, id. vu, 6. Cestuy là vouloit que ces entre-
prises demeurassent de tous points [fussent conti-
nuées], ID. VIII, 16.
— XVI- s. Que nous en chaut? en douleur ils
mourront. Et nos plaisirs tousjours nous demour-
ront, marot, i, 338. Sur le beau temps ainsi tu par-
tiras. Et en ton lieu regrets demeureront, id. u, 2S4.
Demeurer court [à faire quelque chose], mont, i,
t9o. H n'e.st demeuré de luy que ce discours, id. i,
200. Il fault qu'il y en ait un à qui le champ de-
meure, ID. I, 209. Le surnom de divin luy en est
demeuré, id. ii, 262. Tant qu'elle ve.squit, le sobri-
quet pau d'asne lui demeura, dksper. Contes, cxxix.
Theseus,qui ne vouloit pas demeurer sans rien faire,
se partit pour aller combattre le taureau de Mara-
thon, AMVOT, Thés. t8. Pource que les bœufs de-
mouroient trop à venir, ilz se sou.mieirent tous deux
vouluiilairement au joug, m. Sotun, 57. Hz se ha-
sardèrent à tous dangers de la guerre, qu'ilz y de-
meurèrent presque tous, id. Ciinon, 1.
— Etym. Berry, demourer; provenç et espagn.
DEM
1049
demorar; ital. dimorare; du latin demorari, de la
préposition de, et morari, demeurer, tarder.
IiEMl, lE (de-mi, mie), aJj. sinjj. || 1° Qui estou
qui fait la moitié d'une chose. Un mètre et demi.
Un demi-mt'ire. Une heure et demie. Une demi-
heure. Il Midi et demi, minuit et demi, une demi-
heure après midi, après minuit. Il est une heure et
demie, deux heures et demie, etc. il est une demi-
heure après une heure, après deux heures, etc.
Il Fig. En diable et demi, excessivement. Battre
quelqu'un en diable et demi. La locution s'explique,
parce qu'un diable ei demi est encore pire qu'un
diable. || Ni demi, avec un substantif qui précède,
sans rien absolument de la chose dont il s'agit. Je
ne suis point de moi si mortel ennemi Que je m'aille
affliger sans sujet ni demi,' mol. Déj). am. i, I Cette
infâme. Dont le coupable feu, trop bien vérifié,
Sans respect ni demi... id. Sgiin. 16. Bref, sans
considérer censure ni demie. Je me [jlais aux livres
d'amour, la font. Ballade sur les romans. || Sans
moitié ni demi, absolument, sans restriction. || Et
demi se met après un substantif pour dire qu'il faut
plus que la chose. Songez qu'un vivant qui criti-
que un mort en possession de l'estime publi(|ue,
doit avoir raison et demie pour parler, et se taire
quand il n'a que rai.son, d'alemb. Lettre à Volt. lO
oct. 176). Il 2° Joint à un nom il marque l'infé-
riorité de rang ou de valeur. Un demi-dieu, être
mythologique qui tenait le milieu entre bs dieux
et les hommes (voy. dieu). Je n'uime ni les demi-
vengeances, ni lesdemi-fripoiis, volt. l'Écoss. Il, 3,
variante. || Souvent il exprime une idée de dénigre-
ment. Un demi-savant. Les demi-liabiles les mépri-
sent, PASC. P. div. 139. Notre siècle surtout est
plein de ces demi-fidèles, mass. Car. Vérité de la
relig. || Demi-frère, demi-sœur, celui, celle qui
n'est frère ou sœur que du côté paternel ou mater-
nel. Il 3° S. m. Termed'aritlimélique. Une moilièd'u-
nité. Deux tiers et un demi, yuatre demis valent
deux unités. Il 4° iJanf le langage général. Demie,
s. f. Une miiitié d'unité. Un quart, un tiers, une de-
mie Il Une demie, une demi-heure. La demie vient
desonner. ||5° Demi, adii, modifiant un adeciif ou
un participe, à uioilié. Quand déjà demi-clos [en-
glouti] sous la vague profonde, malh. i, 4. Le pé-
ché que l'on cache est demi-pardoiiné, Régnier,
Sat. xiu. Las>é, demi-rompu, vainqueur, mais
pour tout fruit. Dénué d'un secours par lui-même
détruit, CORN. Hiir. i, 4. [11] Se retourne, et déjà les
croit demi-domptés, id. ib. iv, 2. Elle, à cette
prière, encor demi-tremblante, ID. Théodore, iv,6.
Fussiez-vous demi -pourri dans le tombeau, il vous
ressuscitera, eoss. ii, Pénil. 2. Près du temple sa-
cré les Grâces demi-nues, volt, llenr. ix. L'armée
était demi-ruinée avant que d'arriver en Médie,
MONTESQ. Ilom. ) 5. Des traits demi- méchants, quel-
ques noirceurs oliscures, lanole. Coquette, m, 5.
Il 6° À demi, loc. adv. A moitié. El jamais insolent
ni cruel à demi, corn. Cinna, i, j. L'épouvante les
prend à demi descendus, m. Cid, iv, 3. Quant à moi,
je ne suis malheureux qu'à demi; Car, si je perds
un gendre, il me reste un ami, collin d'haklev.
Optim. IV, 8. Il A demi, modifiant un verbe, en
partie, imparfaitement. Quand la faveur du ciel ou-
vre à demi ses bras, corn. llor. m, 3. Le roi ne sait
que c'est d'honorer à demi, id. ib. iv, 2. La mort
de Séleucus m'a vengée à demi, id. Rodog. v, l.
Qui se venge à demi court lui-même à sa (lerte, id.
tb. v, 1. Mais il n'en sait encor la grandeur qu'à
demi, id. Sertor. v, 4. Croqiions-les; le galant n'en
fit pas à demi, la font. Fabl. v, 18. La peine ne se
peut remettre .à demi, boss. Satisf. Oui, oui, Po-
riis, mon cœur n'aime pointa demi, hac. Alex, v, S.
[H] N'a rien dit ou du moins n'a parlé qu'à demi,
id. Uithr. H, 1. Tant qu'il respirera, je ne vis qu'à
demi, ID. Brit. iv, 3. Ma colèie à ses yeux n'a paru
qu'à demi , W.Andr. Il , 5. Idoménée que le maiheur n'a
pu instruire qu'à ilemi, fen. Tél. x. Je m'im.iginais
n'être trompé qu'à demi, id. ib. xiii. Un prêtre cor-
rompu ne l'est jamais à demi . mass. Car. Commun.
Vos forces n'étant encore qu'à demi revenues, id. tb.
Pâques. Comme un homme sort du milieu des flots
à demi essuyé, id. Panég. Si Benoit. C'est ne vi-
vre qu'à demi que de n'oser penser qu'à demi, volt.
Lelt.Hme du Déliant, )3 oct. 1759. Nous levons à
demi ce voile ténébreux, c. delav. Vép. sicil i, i.
Il II n'y en a pas à demi, il y en a beaucoup. || Faire
les chnses à demi, ne pas faire tout ce qu'il con-
viendrait de fane. Le roi, qui ne sait pas faire les
choses à demi, donne à M. ilAgen la survivance du
gouvernement de son père, mainienon, Lettre à
Urne de St-(iéran, 4 mars )698.
— REM. 1. Demi, placé devant le substantif, est
I. — 132
1050
DKM
invariable: une demi-douzaine; mais, placé aprj»,
il s'accorde : une douzaine et demio. L'invariabilité
eit la môme au pluriel : des demi-aunes; co ne sont
que des demi-hommes. Cette règle, qui est une ex-
ception consacrée par l'usage, n'existait pas dans
l'ancienne langue. || 3. Demi, placé après un sub-
stantif, ne prend jamais la marque du pluriel, l'ac-
cord ayant lieu non avec le substantif qui précède,
mais avec un substantif suivant, qui est sous-en-
tendu, et qui est toujours au singulier: il a étudié
deux ans et demi, c'est-à-dire il a étudié deux ans
et un demi-an. || 8. On ne fait point usage du trait
d'union dans k demi mort, à demi fait, parce que
à demi est un adverbe placé devant un adjectif au-
quel il n'est pas étroitement uni. Maison met le trait
d'union quand demi est joint à un substantif, à un
adjectif ou è un adverbe : demi-vengeance, demi-
savant, demi-mort.
— inST. xi« s. Li burgeis qi ad en soun propre
chatel [bien] demi marc vnilant. Lois de Guill. 18.
Demie E.spagne [il] vous velt [veut] enfin doner,
Ch. du Roi. xxxiv llxri' s. Arrier [il] se trait demie
arliarestrée. Rone. p. «a. Grant demi pié [il] lésa
fait alonger, ib. p. I89. De demie lieue [11] ne dist
ne 0 ne non, Sax. xiv. De tut n'en pout aveir li sainz
une demie, Th. lemart. «». || xiii* s. Cinq pies [il]
ot et demi de long, plus n'en ot mie, Bertf, n. Ains
qu'ele i eUsi mes [demeuré] aiiée ne demie, ib. ix.
Se fiist [fût-elle] demie morte, ib. lxxxix. Ge n'ai,
ce croi , de sens demie; Ains fis grunt folie et grant
rago, Quant au Dieu d'Amours fis hommage, la
no«e, 4140. Il xiv s. Et quant je sui tout vostre sans
demi, HACHAULT, p. 54. Il XV* s. Et là se tint [la
roine] tout le jour et toute la nuit, ainsi que une
femme demi-morte, fboiss. n, ii, tta. Tant plain
fu de meiencolie Que je ne peuz à lui pai'er Une pa-
rolle ne demie, Et ne ces.soye de plourer, CH. o'obl.
Dépailie d'am. en bail. Car heure ne suis ne demie.
Qu'en diverse merencolie, ID. Rondeau. Et tantes-
toit en la grâce de la reine du pays, qu'elle estoit
son demi-lit, les nuits que lailite reine point ne cou-
choit avec le roi, touis xi, Souv. xxvii. Jà Dieu
ne me laisse lant vivre qu'autrui [autre] que vous ait
part ne demie en ce qui est entièrement à vous, id.
ib. xxxm. Ilxvi's. Avecques ung tiercelet d autour,
demye douzaine d'hespaignolz [épagneuls] et deux
lévriers, bab. Garg. i, 2. Une messe bien sonnée
estàdemy dicle, ID. ib. I. 4u. Deux escutz et demy
d'or, tD. ib. I, -48. Revenge n'en veux, ne demie,
HAROT, il, 243. Et Comme on voit souvent l'obscure
nue, Clereàmoyiié par célestes rayons, Ainsi nous
est demy joie advenue, id. m, 77. Cesle cogitation,
d'autant qu'elle demeure au milieu du chemin, n'est
que demie, CALV. Inslit. 432. Ils en ont, à la vérité,
à demy oublié leur office naturel, mont, i, <0». Il
me semble n'estre plus qu'à demy, m. i, 220. Mar-
cher d'une demie lieue devant quelqu'un, id. i . 2<2.
Siiiostre entendement estuit capable de la venté,
il la verroit entière aussi bien que demie et impar-
fecte, ID. II, 318. S'il n'y est soudainement remédié,
la France s'en ira demi déserte, lanoue, H. Et j'es-
time qu'en six années le royaume se peut demi res-
tablir,et en dix du tout, id. 38. Une demi douzaine,
ID. 75. Dieu ne se contente pas de demi -obéissance,
ains la veut 'oute entière, id. ib. Le mal dequoyona
bonne connoissance, est comme demi guéri, m. )58.
Faire un demi tour, id. 321. On n'y trouvera aucune
ville qui soit à demi parfaite selon les règles des
ingénieurs, id. 330. Ils iroyent reconoislre le logis
àdemi-lieue près, id. 447. Ceulx qui estoient en sa
compagnie retournèrent avec leurs galères demy
chemin, aiiïot, Timol. 44. Un caveau lequel n a air
ny lumière de dehors aucunement, ny n'a porte ny
demie, sinon une grosse pierre dont on bousche l'en-
trée, ID. Philop. 33. La lireclie n'estant que demie,
ceux de dedans s'espouventerent, d'aub //■<(. iu,4ae.
— ÊTYM. Berry, dimi; provenç. demi, demicy ;
du latin dtmidiiM.du préfixe di, et médius, moyen
(voy. Kl 1).
DEMI- avec un trait d'union et composé soit avec
un substantif, soit avec un adjectif, (demi-dieu, derai-
frtre, etc.) se trouve, quand il y a lieu, auisulistan-
tlfs et adjectifs avec lesquels il est en composition,
sauf un tr^8-petit nombre qui sont d<mnés ci-dessous.
t DEMI AlGItETTE (de-mi-è-grë-t), i. f. Espèce
de héron qui m à Cajenne. || Au plur. Des deini-
aigrettes.
f DEMI- AIR (de-mi-êr),». m. Terme de manège.
Un des sept mouvemenu du cheval. || Av plur. Des
demi-iirs.
t DEMI-AMAZONE fde-mi-a-ma-zo-n') , ». f. Es-
pèce de perroquet de la Guiane. Il Au plur. Des
aemi-«mazonea.
DEM
+ DEMI -ANGLAISE (de-mi-an-glê-z'), ». f. Garde- |
robe à l'anglaise sans robinet. || Au plur. Des demi-
anglaises.
t DEMI - ARPENTEL'SE (de-mi-ar-pan-teû-z') ,
adj. f. Chenilles demi-arpenteuses, chenilles qui
n'ont que quatorze [latles ou qui, en ayant seize,
ont la première paire tellement courte qu'elles ne
peuvent marcher que comme les véritables arpen-
teuses. Il Au plur. des demi-arpenteuses.
DEMI-AUNE ((le-mi-6-n'), ». f. La moitié d'une
aune. || Au plur. Des demi-aunes.
t DEMI AUTOUR (de mi-ô-tour), s. m. Terme
de zoologie. Autour de taille moyenne, jj Au plur.
Des demi-autours,
DEMI-BAIN (de-mi-bin), t. m. Bain dans lequel
le corps ne plonge que jusqu'à l'ombilic. Lorsque le
bassin seulement est dans le bain , et les extrémités
inférieures hors du liquide, le demi-bain est appelé
bain de siège ou de fauteuil. || Au plur. Des demi-
bains.
t DEMI-BANDE (de-mi-ban-d'), ». f. Terme de
marine. Donner une demi-bande, incliner un bâti-
ment sur chacun de ses côtés pour réparer sa ca-
rène. ||.4h plur. Des demi-bandes.
■(■ DEMI-BASTION (de-mi-ba-sti-on) , ». m. Terme
de fortification. Ouvrage qui ne se compose que
d'unflancetd'uneface. \\A\tplur. Desdemi-hastions.
t DEMI-BATTOIR (de-mi-ba-toir), s. m. Sorte de
petit baitoir pour jouer à la paume. || Au plur. Des
demi-battoirs.
t DEMI-BAC (de-mi-bô), ». m. Terme de marine.
Chacune des pièces qui composent un bau. || Au
plur. Des demi-baux.
t DEMI-BOSSE (de-mi-bo-s'), ». f. Genre de scul-
pture tenant le milieu entre le bas-relief et la ronde
bos.se. Il /tu plur. Des demi-bû.sses.
t DEMI-BOTTE (de-mi-bo-f) , ». f. Terme d'es-
crime. Action d'un effet plus avancé que l'appel ou
la feinte, et moins avancé que la botte. || Au plur.
Des demi-bottes.
t DEMI BRIGADE (de-mi-bri-ga-d") , ». f. Nom
donné, pendant la première république française,
à ce qui était auparavant et à ce qui fut defiuis dit
régiment d'infanterie et d'artillerie. || .du plur. Des
demi-brigades.
■j- DEMI-CASE (de-mi-ka-z'), ». f. Terme du jeu
de trictrac. Flèche sur laquelle il n'y a qu'une
dame, || Au pinr. Des demi-cases.
t DEMI-CEINT (de-mi-sin), s. m. |{ l» Ceinture
d'argent que les femmes de condition inférieure
avaient accoutumé de porter Non ma foil j'ai
encore un demi-ceint, deux cottes.... RÊONiEi»,
Sat. XI. La belle mit son corset des bons jours, Son
demi-ceint, ses pendants develours, la pont. Herm.
Il 2" Terme d'architecture. Nom donné quelquefois
à une colonne qui ne paraît qu'à demi hors du mur.
Il Au plur. Des demi-ceints.
— HisT. xiii* s. Richece ot ung-moult riche ceint,
la Rose, 1073. {| xvr s. Les femmes avoient encore
leur demi-ceint; les reliques estoient entières: on
n'avoit point touché aux joyaux de la couronne,
Sat. Mén. Harangue d'Auhray.
— ÊTYM. Demi, et ceint. Chiot et chiute, sorte
d'ancien vêtement, est-ce la même chose? Car cil
demi chiot ou demi peliçon , Dont elles j^les fem-
mes] sont bordées ainsinc com heriçon.... j. de
MEUNG, Test. 122».
■f DEMI - CEINTIER (de-mi-sin-tié), ». m. Celui
qui fabriquait les demi-ceints.
— HlST. XVI' s. Les petits mestiers : chainelier
demy ceintier.... ^di(, avril 1697.
DEMI-CERCLE (de-mi-sèr-kl'), ». m. Terme d'es-
crime. Sorte de parade. || On dit aussi cercle.
Il Fig. Rattraper quelqu'un au demi-cercle, refiren-
dre sur lui l'avantage c|uand il croit l'avoir. || Au
plur Des demi-cercles.
t DE.Ml-CLEP(de-rai-klé), ». ^. Terme de marine.
Sorte de nœud fait avec le bout d'un cordage qu'on
a replié sur lui-mftine. || Au plur. des demi-clefs.
t DEMI-CIIAiNE (de-mi-chè-n'), ». f. Terme de
danse. Sorte de pa.s figuré qui n'est que la moitié
de la chaîne entière (voy. cnAÎNE). Demi-chalne an-
glaise, pas figuré où les deux couples opposés exé-
cutent un traversé, les dames passant au milieu, et
s'arrèlant chacune à la place de son vis-à-vis, au
lieu de revenir à leur place par un nouveiiu traversé,
comme dans la chaîne anglaise entière. || Domi-
cbalne des dames, pas figuré où les deux dames op-
posées traversent et vont faire un demi-tour de main
avec le cavalier en face, et ne reviennent pas à leur
place comme dans la chaîne des dames entière,
il Au p(Mr. Des demi-chatnes.
t DEMI-COUPfi (de-mi-kou-pé) , ». m. Pas de danse
DÉM
qui consiste à rapporter en avant le pied qui est
derrière, ou réciproquement, en pliant les genoux
et se relevant aussitôt. Le demi-coupé, fort usiié
autrefois, particuliéremeiii d.ins le menuet, exige
deux temps: il se fait en avant, en arrière et de côté.
Il Au plur. Des demi-coupés.
t DEMI-COCRSE ( de-mi-kour-s' ), s. f.Termed»
danse. Sorte de course par laquelle le cavalier et la
dame décrivent un demi-cercle seulement, au lieu
du cercle que décrit la course entière (voy. coubsï).
Il Au plur. Des demi-courses.
i DÉMIELLER (dé-miè-lé). t>. a. Enlever de la
cire tout le miel qu'elle peut contenir.
— ÊTYM M... préfixe, et miel.
t DEMI-DOUBLE (de-mi-dou-bl'), ». m. Sorte de
dégagement dans un appartement. Mon logement
[à Versailles] tenoit la moitié du large corridor qui
est vis-à-vis du grand escalier qui communique la
galerie basse avec la haute; un demi-double sur ce
corridor, qui en tirait le jour, pour des commodités
et des sorties, st-sim. 350, no.
— ÈTYM. Demi, et double.
DEMI-FORTUNE (de-mi-for-tu-n') , ». f. Voiture
bourgeoise à quatre roues, tirée par un seul cheval.
Il Au plur. Des demi-fortunes.
— ÉTYM. Voiture ainsi dite, parce qu'elle suppose
que 1p possesseur n'est qu'à demi riche.
DEMI-LUNE (de-mi-lu-n') , ». f. || 1 Ouvrage pres-
que triangulaire, que Ton construit vis-à-vis les cour-
tines, se composant de deux faces formant un angle
saillant vers la campagne et de deux demi -gorge»
prises sur la contrescarpe de la place. Il fallait d'a-
bord attaquer [à Valenciennes] deux demi -lunes,
VOLT, iout* XIV, 13. Te souvient-il, vicomte, de
cette demi-lune que nous emportâmes sur les enne-
mis au siège d'Arras? mol. Préc. 12. || Fig. Marin :
vous voyez clairement qu'elle seule est le malire et
la maîtresse — Mirobolan : vous ne savez ce que
vous dites. — Marin : non, mais je sais que vous
venez d'être furieusement repoussé à la demi-lune,
HAUTEHOCHE, Crtspifi mrdectn, i, 4. || i' Terme d'ar-
chitecture civile. Partie circulaire à l'enlrée d'un
palais, à l'extrémité d'un jardin, à la rencontre de
plusieurs allées. || 3° Terme de marine. Sorte de
brise - lames. {| 4° Terme de zoologie. Espèce de
mouette. || Poisson du genre des spares.
— HIST. XVI' s. On adjousta la nuit une petite de-
mie-lune, d'aub. Hist. m. 34».
— ETYM. Pemt, et (une; ainsi dite à cause de la forme.
-[DEMI-MOULINET ( de-mi-mou-li-né), ». m.
Terme de danse. Voy. moulinet.
t DEMI-gUEUE DU CHAT (de-mi-keû-du-cha),
». f. Terme de danse. Voy. quel'E.
DÉMIS, ISE (dé-mî, mi-z'), pari, possède dé-
mettre. Il 1° Luxé. Bras démis. || 2° Qui a été destitué
ou qui a donné sa démission d'un emploi, d'une
fonction. Démis de sa place. |1 3° Terme de pratique.
Débouté. Être démis de son opposition.
t DEMISELLAGE ( de-mi-zè-la-j' ) , ». m. Nom
qu'on donnait, dans l'ancienne coutume, au célibat.
Il Biens en demisillage, biens qu'un homme avait
acquis avant de se marier.
— ËTYM. Demisel, le môme que damoi'jeJ.
DÉMISSION (dé-mi-sion ; en poésie, de quatre
syllabes), s. f. \\ 1° Acte par lequel on renonce à une
dignité, à un emploi. La démission des ministres a
été acceptée. Ils n'ont point donné leur démission,
sÉv. 394. Après sa démission du protictorat, Richard
Cromxvell voyagea en France, volt. Louis XIV, ».
Il 11 se dit aussi quelquefois de l'acte par lequel on
Ole à quelqu'un un emploi. Les intérêts de M de
Pomponne ne sont pas encore réglés; il a sa démis-
sion et n'a point encore d'argent, SÉv. s»6. || 2* An-
cien terme de jurisprudence. Démission de liiens,
abandon général qu'une personne faisait de ses biens
à ses héritiers présomptifs, moyennant certaines
charges et conditions. || Terme féodal Démission de
foi, aliénation que faisait un vassal d'une partie do
fief sans rétention de foi , en sorte que cetto partie
était, parle nouveau possesseur, tenue en plein fief.
— HIST. XVI' s. Autant de discorde à l'eslection,
que de convenance à la ilesmission, mont, iv, 83.
Se jouer de son (ief [le démcmiirer] sans démission
de foi [sans penire son droit de seigneur], loysel,
S41 . Déclarant par mots exprés qu'il y a entreregne,
afin que nul d'entre vous ne puisse prétendre cause
d'ignorance de cette desmission jdèchéance|, d'aub.
Ihst. u, 195, Depuis qu'il est parvenu au supresme
grade d'honneur de la ohrestienlé, par la démission
ipie luy a faicte de la couronne impériale l'empe-
reur Charles V son frère, cabl. vni, 2».
— ETYM. Lat. dtmisjio, renvoi; de di»nM»um,
supin de dimiUere (voy. DËHETTitE).
DEM
DÉMISSIONNAIRE (dé-mi-sio-nê-r'), s. m. et f.
Il !• Aurioiiueiiienl. celui, celle en faveur duquel se
fait la démission. || 2° Aujourd'hui celui ou celle qui
a renoncé h une dignité, à un emploi. || Adj. Va em-
ployé démissionnaire.
— REM Les substantifs de ce genre en oirs ont
ordinairement le sens passif : donataire, celui k qui
l'on donne: légataire, celui à qui on lègue; cela est
surtout vrai quand ils viennent de verhes où l'on
peut distinguer le sens actif et le sens passif. Dans
d'autres cas ils ont le double sens passif et actif,
comme démissionnaire, comme pensionnaire, celui
à qui (111 paye pension, et celui qui la paye. Dans
d'autres cas enfin ils n'ont que le sens actif : com-
missionnaire, celui qui fait des commissions.
— ÉTYM. Démission.
1 DÉMISSOIRK (dé-mi-3soi-r'), s. m. Voy. Di-
mssoiRE.
t DÊMITRER (dé-mi-tré), V. a. ôter la mitre,
faire perdre le rang d'évêque. Nous ne voulons pas
vous démitrer, volt, dans laveaux.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et mitre.
f DÉMIURGE (dé-mi-ur-j'), s. m. Terme de phi-
losophie ancienne. Nom donné par les Platoniciens
à l'intelligence créatrice.
— ÊTYM. Lat. demiurgus, du grec irni.iovpibi, de
S-^liiot, commun, général, public, et JpYov, œuvre
(voy. ORGANE).
DÊMOCR.ATE (dé-mo-kra-f), s. m. Celui qui est
attaché aux principes, aux institutions de la démo-
cratie. Il Adj. Je n'étais pas M. de Luxembourg ou le
prince de Conti; je n'ai pas, malgré les préjugés du
rang et les scrupules de la croyance, accueilli dans
mon chSteau J. J. Kousseau, philosophe démocrate
et libre penseur, villeuain, LUtér. fr. du, xvm' siè-
cle, II* part. 2' leçon.
— ETYM. Voy. DEMOCRATIE.
DÊ.M0(;R.AT1E (dé-mo-kra-sie) , s. f. Gouverne-
meni où le peuple exerce la souveraineté. Ce fut un
assez beau spictacle dans le siècle passé de voir les
efîoits impuissants des Anglais pour établir parmi
eux la démocratie, montesq. Exp. m, S. || Société
libre et surtout égalitaire où l'élément populaire a
l'influence prépondérante. || Étal de société qui ex-
clut toute aristocratie constituée, mais non la mo-
narchie. On dit en ce sens : la France est une dé-
mocratie. Il Régime politique dans lequel on favorise
ou prétend favoriser les intérêts des masses. La dé-
mocratie impériale à Rome. || Le parti démocratique,
la partie démocratique de la nation. La démocratie
anglaise fait des progrès.
— lllST. xiV s. Démocratie, espèce de policie en
laquele la multitude des populaires a domination,
08ESME, Time de meunier.
— ETYM. AriiioxpaTia, de 8^(io;, peuple (voy.
DÊME 2), etxpocTo;, autorité.
DÉMOCRATIQUE (dé-mo-kra-ti-k'), adj. Oui ap-
partient à la démocratie. Gouvernement démocra-
tique. Esprit démocratique. Les grenouilles, se las-
sant De l'état démocratique , Par leurs clameurs
firent tant Que Jupin les soumit au pouvoir monar-
chique, LA font. Fabl. m, 4.
— HIST. XIV» s. Les policies démocratiques sont
plus seures et plus durables que ne sont les olygar-
chiques, oresme. Thèse de meunier. Ceulx qui se
gouvernent selon policie démocratique repiitent que
liberté est la dignité selon laquele l'en doit faire
distribucion, id. Elh. )48.
— ÊTYM. ATîjioxpanxo; , de 5ii|jtoxpaTCa, démo-
cratie.
DÉMOCRATIQUEMENT ( dé-mo-kra-ti-k e-man ) ,
adv. D'une manière démocratique. Un pays régi dé-
mocratiquement.
— ÊTYM. Démocratique, et le suffixe ment.
t DÉMOCRATISER (dé-mo-kra-ti-zé). \\ !• Y. a.
Conduire à la démocratie. {| 2° V. n. Afficher des
principes démocratiques.
— HIST. xiv" s. Démocratiser, estre en démocra-
tie, oresme. Thèse de meunier.
— ÉTYM. Démocrate, et la finale iser qui signifie
effectuer.
t DÉMODÉ. ÉE (dé-mo-dé, dée) , part, passé. Qui
n'est plus à la mode.
t DÉJUOUER (dé-mo-dé), v. a. Mettre hors de la
mode. Il Se démoder, v. réfl. N'être plus à la mode.
Cette étiiffe s'est lri:i*-vitc démodée.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et mode.
t DÉMOGRAPHE (dé-mo-gra-f), s. m. Celui qui
l'occupe de démographie. Les démographes ont,
pour mesurer la vie moyenne, deux méthodes qui
conduisent au même but en se contrôlant l'une par
Vautre, Presse tcienlifique, I86(, t. i, p. 234.
— ÉTYM, Anf«o;, peuple, ettpiçîiv, décrire.
DEM
+ DÉMOGRAPHIE (dé-mo-gra-fie), s. f. Terme
didactique. Description des peuples quant à la popu-
lation considérée suivant les âges, les professions,
les demeures, etc. La démographie qui est l'histoire
ncturelle de la société, Presse scientifique, iSSt,
1. 1, p. 2.12.
t DÉMOGRAPHIER (dé-mo-gra-fi-é), v. a. Faire
la démographie. La concordance des deux expres-
sions de la vie moyenne ne pourra se vérifier com-
plètement pour les villes que lorsqu'on se sera décidé
k les démographier plus exactement qu'on ne le
fait, Presse scientifique, 186), t. l,p. 236.
— ÊTYM. Démographe.
t DÉMOGRAPHIQUE (dé-mo-gra-fi-k'), adj. Qui
appartient à la démographie. La division démogra-
phique de l'annuaire. Presse scientifique, (861, 1. 1,
p. 232.
DEMOISELLE (de-moi-zè-l'), s. f. || 1» Autrefois,
fille et même femme née de parents nobles. Ah!
qu'une femme demoiselle est une étrange affaire I
et que mon mariage est une leçon bien parlante à
tous les paysans qui voudraient s'élever au dessus
de leur condition! mol. G. Dand. i, i. Dire do celle-
là qu'elle n'est pas demoiselle, la bruy. viii. Mettre
des bourgeoises là où le roi ne veut que des demoi-
selles, c'est tromper les intentions du roi, mainte-
non, Lctt. à if. de Villette, s oct. (684. Toi qui as
tant gémi d'être née demoiselle, J. J. Rouss. Ilél.
IV, <3. Je puis vous assurer que, par son bon es-
prit, par les qualités de l'âme et par la noblesse des
procédés, elle est demoiselle autant qu'aucune fille,
de quelque rang qu'elle soit, puisse être, Marivaux,
Uarianne, T part. || Les demoiselles de St-Cyr, les
jeunes filles nobles qui étaient élevées à St-Cyr.
Renvoyez les demoiselles de St-Cyr, quand vous ne
croirez pas qu'elles sont de bonnes bernardines,
MAiNTPNON, t.ett. à Mme de la Viefville, 24 oct.
(70B. Il 2" Demoiselle a été aussi le nom des femmes
' mariées non nobles, mais bourgeoises. || 3" Aujour-
d'hui, dénomination de toutes les fillesde famille qui
ne sont pas mariées. Deux d'entre elles étaientdesde-
1 moiselles de cinquante ans, timides comme à quinze,
I mais beaucoup moins gaies qu'à cet âge, staèl,
Corinne, xiv, ). || Rester demoiselle, ne pas se ma-
rier. Il Être encore demoiselle, n'être pas encore ma-
riée. Il Demoiselle d'honneur, titre de jeunes filles
nobles qui avaient un service auprès des reines et
des princesses. || Demoiselle d'honneur se dit aujour-
d'hui quelquefois pour fille d'honneur, jeune fille
qui accompagne la mariée et quête à l'église. || 4° S.
f.plur. Nom donné, à cause de leur déguisement,
à des bandes factieuses de paysans de l'Ariége et
de la Haute-Garonne , qui commettaient des dé-
lits dans les forêts. || 5° Terme d'histoire naturelle.
Libellule, insecte à quatre ailes membraneuses. La
demoiselle, avec son corsage bleu et ses ailes trans-
parentes, se repose sur la fleur du nénufar blanc,
chateaub. Génie, i, v, to. J'attendais, d'un four-
milion si bien nourri, une demoiselle proportionnée
à son énorme corpulence; et je ne fus pas mé-
diocrement surpris quand je vis paraître une de-
moiselle dont la taille n'avait rien du tout de re-
marquable, BONNET, Observ. 40% Insectes. Ce n'est
pas l'humble ver, les abeilles dorées, La verte de-
moiselle, aux ailes bigarrées. Qu'attendent ses petits
[de l'aigle], béants, de faim pressés, v. hugo, Odes,
IV, <7. Il 6° Nom de divers oiseaux, entre autres de
la mésange à longue queue. || Demoiselle de Numi-
die, espèce du genre grue, bel oiseau d'Afrique qui
imite, comme le singe, tout ce qu'il voit faire aux
hommes; il a sur la tête une fort belle touffe de
plumes, et d'autres plumes à l'entour qui lui for-
ment comme des oreilles. [La ducbe.sse de GesvresJ
C'était une espèce de fée, grande et maigre, qui
marchait comme ces grands oiseaux qu'on appelle
denioiselleç de Numidie, st-sim. 4)3, 226. || 7° 'ferme
de pêche. Le squale- marteau, jj 8° Pièce de bois,
dite aussi hie, de trois ou quatre pieds de haut,
ronde et ferrée par les deux bouts, et munie de deux
an^es au milieu qu'on empoigne quand on veut se
servir de cet outil. La demoiselle sert aux paveurs à
enfoncer les pavés. || 9° Terme de marine. Listeau de
porte-hauban. || Cheville en fer qu'on nomme aussi
dame. || 10" Outil de bois tourné pour ouvrir les
doigts d'un gant. || Terme de moniiayeur. Verge de fer
empêchant les charbons de couler, avec la matière
fondue, de la cuiller dans le moule. || Kspèce de
jambier qui soutient le cheval des scieurs de long.
Il 11° Bouteille de grès, remplie d'eau chaude, ser-
vant à échauffer les lits. On dit aussi moine. || 12'' Va-
riété de poire. || Proverbe. C'est un temps de demoi-
selle, ni pluie ni vent ni soleil.
— REM. Dans le langage commun, on dit votre
DËM
1051
demotselU nom votre fille : Comment va votre de-
moiselle? mais cela n'est pas du bon usage; avec
le mot demnisrlle, comme avec les mots dami et
sieur, il n'est pas de bon ton d'employer les adjec-
tifs possessifs de la 2* et de la 3* personne. On de-
mande : Comment se porte mademoiselle , et non
pas votre demoiselle, ou sa demoiselle. De même on
dit comment se porte madame, et non votre dame.
— HIST. X* s. La domnizelle celle kose non con-
tredist, Eulalie. \\ xi* s. X lui vient Aude, la bêle
damLsele, Ch. de Roi. cclxx. || xu* s. Damisele Aude,
mais celer nel poons [pouvons], lionc. p. ^^o. Pur
çfl cil de sa maisun pristrent en cunseil, que il quer-
reient une dameisele ki fust devant le rei, silfsile]
servist.... Aoù, 220. || xm* s. Dames et damoiseleg
prennent à festoyer, Berte, xi. Se fié escheit à damoi-
selle qui ait douze ans ou plus, Ass. de J. i, 263.
Se ele est dame, qu'ele y envoit chevalier; et s'ele
est demoiselle, que elle y envoit escuier, beaum.
XXIX, <9. Piiisque le [la] demiselle estoit mariée,
combien que ele eust d'aage, ele estoit venue en
aage de terre tenir, id. xv, 29. |{ xv s. Piètre du
Bois s'en vint un soir chieux ce Philippe qui demeu-
roit avec sa demoiselle de mère, froiss. u, u, <o).
— ÊTYM. Provenç. et espagn. damisela; ital. da-
migella; du bas-latin domimceJio, dérivé de do-
mina (voy. DAME).
t DEMOISILLON ( de-moi-zi-llon , H mouillées),
s. /. Terme méprisant. Petite demoiselle.
— ÊTYM. Diminutif de demoiselle.
t DÉMOISIR (dé-moi-zir) , v. a. ôter les moisis-
sures attachées à un objet.
— HIST. xvi' s. Connaissant l'iniquité du père,
qui laissoit moisir sa fille, de peur de demoisir ses
eSCUS, MARQUES. Nouv. 44.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et momr.
DÉMOLI , lE (dé-mo-li , lie) , pari, passé de démo-
lir. Dont les pierres, dont les pièces ont été sé|iarées,
en parlant de murs et de charpentes. Un mur démoli.
Une cloison démolie. Le sang coule partout; nos pa-
lais démolis Dessous ces rouges flots sont tous en-
sevelis, UAiR. *. d'Asdrub. i, 3. Kt l'univers n'est
point encore démoli, tristan, Mariane, v, 3.
DÉMOLIR (dé-mo-lir), v. a. \\l° Rompre la liai-
son d'un édifice, d'une masse construite. On démo-
lit ce temple et ces autels chéris, volt. Als. u, 4.
La paix fut faite à ces conditions : qu'on démolirait
les fortifications du Pirée, avec la longue muraille
qui joignait le port à la ville, rollin, Uisl. anc.
Œuvres, t. iv, p. 91 , dans pougens. Pour punir un
SI grand outrage, il [Théodose] résolut d'abord de
confisquer tous les biens des citoyens d'Antioche,
d'en brûler toutes les maisons avec tous ceux qui
les habitaient, de la démolir jusque dans ses fonde-
ments, FLÉCB. Hist. de Th^od. m, Ta. || Terme de
marine. Mettre en pièces un navire hors de service.
Il Par extension, démolir un corps de troupe, lui
faire subir dans un combat de très- grandes pertes.
L'aide de camp répondit qu'il y faudrait la garde
pour achever : Non , reprit Napoléon , je m'en
garderai bien, je ne veux pas la faire démolir, je
gagnerai la bataille sans elle, ségur, Hisl. de Map.
VII, 9. Il 2° Populairement, terrasser. Démolir son
adversaire. || Ruiner le crédit, l'influence, la répu-
tation, surtout quand elle est usurpée. 11 faut démo-
lir cet homme. H sera bien facile de le démolir.
Il On le dit aussi en parlant de la santé. C'est un
homme démoli.
— HIST. XV' s. Lesquelzavoient jà tous les champs
couvers De gens de guerre et gros canons divers
Pour desmollir rampars et bouievers Par durs as-
saulz, coquillart, p. 80, dans lacurne. || xvi" s. Il
advient aucune fois que les sangliers foulent les
chiens du bout de la hure sans les blesser, comme
aux endroits des costes, aux hanches et lieux ner-
veux; si de fortune ils avoient quelque chose démoli
ou rompu, on les doit faire habiller, fouilloux.
Vénerie, f° 84, dans lacorne. Es ungs rumpoyt braz
et jambes, es aulires desmolloyl les reins, bab. Gar.
{, 27. Comment Gargantua démolit le chasteau du
gué de Vede, id ib. i, 34. Je ay debberé dedans
huyctainedemolirycelluy figuier, ID. Pant. vt.prol.
Rien ne prouffictoyent ses engins et molitions; lout
estoyt soubdain demoly et remparé par les Tyriens,
ID. tb. IV 37. La ville e-stoit entièrement démolie et
destruite, amïot. Corn. 62. Ils démolirent la mine
et tuèrent tous les iiiineuis, d'aub. Hist. m, 296.
— ÊTYM. Wallon, dimoûre; provenç. demoiAtr;
espagn. démolir; ital. demolire; du latin demn/iri,
de la préposition de, eimoliri, entasser, de moUi,
masse (voy. môlk).
t DÉMOLISSEUR (dé-mo-li-seur) , t. m. Il 1° Celui
qui démolit, qui aime à démolir. || Celui qui achète
1052
DÉM
les vieux édifices pour les démolir. || 2° Fig. Celui
qui ntlaque les opinion» reçues, les institutions. Je
suis grand démolisseur, volt. Leil. Mme du Def-
tant. I" juin mu. Je n'ai jamais vu en lui (Malle-
Lraiichf] (ju'un asseï hon démolisseur, mais un
mauvais architecte, o'aleub. Ull. au roi de Prusse^
8 liov. «70».
— RTVM Pémniir.
nÊMOI.ITION (dé-mo-li-sion; en poésie, de cinq
gytialies), s. f. \\ 1° Action de déruclir. La démoli-
tion est euminencée. Tliéodose reçut en même temps
la nouvelle de la démolition du temple fameux de
Sérapis dans Alexandrie, klécii. Ilisl. de Théod. m,
ta. I| 8" S. /. pi- Matériaux qui restent de ce qu'on
a démoli. Comme, en abattant un vieux logis, on en
réserve onlinairennent les démolitions pour servir
à en bâtir un nouieau, dksc. Uétli. m, e.
— HIST. XIV' S. Ceste instance de démolition et
maie aventure aux François fu pronostiquée, Chro-
niques franc, dans lacuhne. || xvi- s. 11 ajousta à
cela la ilusinolilion dus temples et des tombeaux,
d'ai'Ii. /''»•(. 11, •".
— ETVM. Proveiiç. dfmo(i (ton ; espagn. demnli-
cinn ; ilal. deinnlizione ; du latin demolùionem,
de drmnliri, démolir.
DÉMON (dé mon), s. m. ||l«Dansle polythéisme
ancien, génie, esprit bon ou mauvais. Que l'hon-
neur de mon prince est cher aux destinées! Que le
démon est grand ipii lui sert de support I malh. II.7.
Que saurait enseigner aux princes Le grand démon
qui les instruit, m. m. i. Or qu'eu un saint ou-
vrage un siint démon m'appelle, kBonikh, Poem. s.
Un plus puissant démon veille sur v^s années, cokn.
Cinna, II, 1. Leur chef nous a paru le démon des
coniliats. in. rois. I, 2. (Il) Kespecterail en lui le
démon de l'empire, m. Piikh. m. 3. ô ciel! quel
hon démon devers moi vous envoie, Madame? ID.
Ilérad. v, a. Que les hommes, les dieux, les dé-
mons et le sort l'réparent contre nous un général
efTort, ID. Ilor. il, 3 Quel démon envieux M'a re-
fusé l'honneur de mourir à vos yeux? rac. Hrit.
II, 6. Fatale furie Que le démon de Rome a formée
et nourrie, m. Uithr. v, t. Les trois Furies, les trois
l'arques, les mauv^iis ilémons. la roue d'Ixion sont
des chimères alisuriles. volt. Dial. 23. Platon avait
imaginé les démons pour former une éclielle par la-
quelle, de créatoT'' plus parfaite en créature plus par-
faite, on montât enfin jusqu'à Dieu, iuderot, O/Jtn.
des anc. pliil. {pMlosophie aiitidiluvienne). || l.e
démon de Socrate, voix mysli rieuse que Socrate di-
sait lui parler et lui donner des conseils. On ne con-
vient pas de ce qu'était ce génie, appelé ordinaire-
ment le démon de Sociale, d'un mol grecqui signifie
quelque chose qui lient du divin, conçu comme une
Toix secrète, rolun, Hist. anc. t. iv, p. 359. Le
Démon de Sacrale, titri> d'un livre où M. Lélul cher-
che à prouver que le démon de Socrate était, chez
ce philosophe, une hallucination de l'ouie. || Pig. La
peine et la récompense sont les deux démons qui
gouvernent les clioses humaines, balz. Socr. chrél.
dise. tu. Deux démons à leur gré partagent notre
vie, lit de son patrimoine ont chassé la raison....
J'appelle l'un amour et l'autre ambition, la font.
Fabl. X, (0. Il 2" Dans la religion chrétienne, les
diables, les esprits malins, par opposition aux an-
ges. Que les démons et ceux qui les adorent Soient
à jamais détruits et confondus! hac. Esth. ii , 9.
C'est une étrange vision, Lt cependMnt , ange ou dé-
mon, J'ai vu partout cette ombre amie, A. de mus-
SKT, Po('sies nouv. Huit de décembre. |{ Le diable,
Satan, prince des démons, et principe du mal. Les
ruses du démon. Ft bravant du démon l'impuis-
sant artifice. De la religion soutient tout l'édifice,
BAC. Eslh. prol. Vous ire/, crier partout qu'il faut
Otre organe du démon pour vous imputer des choses
dont il n'y a ni marque ni vestige dans vos livres,
PASC. /'roi;. )5. Il Démon du midi, sorte de démon,
signalé dans la Hible, et, par er'ensiou, nom donné
à Philippe 11, roi d'Kspagne, à cause du mal cpi'il
faisait et de sa résidence dans un pays du midi.
Il Fig.eifaiailiéremeiit, avoir de l'esprit comme uii
démon, avoir beaucoup d'esprit. || 3° Personne mé-
chante qui se plait i tourmenter les autres. Cet
homme est un vrai démon, un démon incarné.
Il Faire le démon, faire du bruit, s'emporter. || Faire
le pelii démon, même sens, avec celle nuance qu'il
s'agit alors de quelque résistance de la part d'une
jaune femme, d'un jeune homme, résistance qu'on
veut caractériser d'une façon aimable. Votre esprit
contra moi fait le petit démon, mol. l'Élnur. i, (O.
Il a fait le p. lit démon quand je lui ai du que vous
m'avie2 «nvoyé du l'argcni pour lui, d n'en a que
frre, SÉV. «67. Il Faire la démon, se dit aussi en
DEM
bonne part, en parlant d'une résistance ou d'une
attaque honorable. Le maréchal de Créqui fait tou-
jours le démon d.Tns Trêves (assiégée), sÉv. 214.
Il II seditd un enfant vif et malin. C'est un petit dé-
mon. Il Comme un démon, se dit sans y attacher né-
cessairement de mauvaise idée, pour signifier im-
pétuo-iié, ardeur, violence, etc. Le peiit-fils de
St-Hérem. qui courait comme un démon à clieval
avec le comte de Toulouse, tomba et fut trois heu-
res sans connaissance, s6v. 471. || i' La cause de
l'inspiration, des impulsions bonnes ou mauvaises.
Le démon de la guerre, des comb.its. Que faisons-
nous, Romains' Dit-il, et quel démon nous fait
venir aux mains? corn. Ilor. i, 3. Quel démon vous
irrite et vous porte à médire? boil. Sal. ix. Dès lors
que son démon commence à l'agiter. Tout, jusqu'à
sa servante, est prêt à déserter, id. Sal. vin. Eh!
que serait-ce donc si le démon du jeu Versait dans
son esprit sa ruineuse rage? m. Sol. x. Térence
n'est pas possédé de ce démon-là, DinER. Sur Té-
rence.CeUi\ qu'un vrai démon [l'inspiration] presse,
enflamme, domine. Ignore un tul supplice, il pense,
il imagine, a. chên. i2.
— HIST. xiv" s. Et semblablement à toutes cho-
ses appartenantes au cultivement des demones,
ORESME. Eth. 1 14. Il XVI' s. Comme si le daimon qui
garde nostre France Eust fait avec le tien éternelle
alliance, pasquieb, Lettres, t. I, p. 289, dans la-
CURNE.
— ETYM. Provenç. demoni; catal. dimoni ; es-
pagn. et ital. demnnin; du latin d.rmon!«)ii , de dx-
mon. de îaiijiaiv. génie bon ou mauvais.
t nÉ.tlONARCHLSER (dé-mo-riar-chi-zé), ï. o.
Ruiner dans un pays le système monarchique.
— ÉTYM. Lé.... préfixe, monarcltœ, et la finale
iser.
DÉMONÉTISATION (dé-mo-né-ti-za-sion), s. f.
Action de démonétiser. Hémoiiétisation de l'or, des
assignats II Ëlat de ce qui est démonétisé.
— ETYM. Pémoiiéliser.
DÉ.MONÉTISÉ, ÉE (dé-mo-né-ti-zé, zée), pari.
passé. Les louis démonétisés. || Fig. Qui a perdu son
crédit. Un homme démonétisé. Une opinion démo-
nétisée. '
DÉMONÉTISER (dé-mo-né-ti-zé) , v. a. Ôter à une
monnaie, à un papier-monnaie, la valeur que la loi
lui avait attribuée. || Fig. Déprécier, rabaisser. |1 Se
démonétiser, v. réjl. Être démonétisé.
— ETYM. Dé.... préfixe, et le latin moneta, mon-
naie (voy, ce mot).
DÉMONIAQUE (dé-mo-ni-a-k'), adj. || 1° Qui est
possédé du malin esprit. Une femme démoniaque.
Il 2° Substantivement. Homme, femme en proie au
malin esprit. Mais, aurait répondu le comédien, un
roi qui s'entretient tout seul avec son capitaine des
gardes parle un peu plus humainement et ne prend
guère ce ton de démoniai|ue, mol. Impr. (. || Dans
le langage de la médecine actuelle, aliéné, aliénée
qui, attiiquée de mélancolie, croit que le démon est
I logé dans son corps. || 3° Personne colère, pa.ssion-
née. Après celle comédie, jouée à ses propres dé-
pens, vous croyez bien qu'au moins il [le fantasque]
ne fera plus le démoniaqsje; hélas! vous vous trom-
pez, FÊN. I. XIX, p. 452. Il 4° Membre d'une secte d'a-
nabaptistes qui croyaientau salut final des démons.
— HIST. xiv s. Pierre Nagot a esté le plus du
temps, et par especial en temps d'esté, fol et demo-
niacle. et s'est plusieursfois voulu noyer, ducange,
d,rmoniacus. \\ xv" s. Tu ensuis les Ph;irisiens, ap-
pelant Jesus-Christ deceveur et demoniacle, mons-
tbel. liv. I, ch. 47. Il XVI' s Une garce que le
presire Relovet instruisoit à faire la démoniaque,
d'aub. Cnnf. i, 6. Selon la couslume des deminia-
cles, PARÉ. XIX, 32. J'aime l'allure poétique, à saults
et à gambades: c'est un' art, comme dict Platon, le-
giere, volage, demoniacle, mont, iv, i:i6.
— ETYM Provenç. demontayx, demnnial ; anc.
catal. dimnnini; espagn. et ital. demoniaco ; dedjs-
monincus, de ôaixo/taxà;, de 6ai|ji(ov, di-mon.
t UÉ.MOMCOLK(dé-mo ni-ko-l'), s. m. Adorateur
des démons; nom donné aux païens i^ar le^ chrétiens.
— ETYM. Démon, et le laiin c«tere, adorer.
t DÉ.MOMtSME (dé-mo-ui-sm') , i. m. Croyance
aux démons.
— ETYM. Démon.
t DÉMONISTE (dé-mo-ni-sf), t. m. Celui qui
croit à l'existence des démons bons ou mauvais.
— ETYM. Démnii.
t DÉ.MON()»;RATIE(dé-mo-no-kra-sie), î. f. In-
fluence des déiiKUis.
— ETYM. Démon, etxpàto;, autorité.
DËMONUGRAPUE (dé-mo-no-gra-r), s. m. Au-
teur qui «écrit sur les démons. Opinions maintenues
DÉM
obstinément par la plupart de nos démonographes ,
G. NAUDÉ, Apologie, préface. On distinguait parmi
les auteurs une classe de démonographes, volt.
Louis Xir, 3<.
— ETYM. Aai|«ov (voy. démon) , et Ypiçitv , écrire
(voy. GBApniouE),
t DÉMONOGRAPHIE (dé-mo-no gra-fie), ». f.
Traité de la nature et de l'influence des démons.
- — KTYM. Démonoiiraphe.
t DÉMONOLÂÏRE (dé-mo-no-lâ-tr'), ». m. Ado-
rateur des démons.
— Ety.m. Démon, et JotTptûeiv, adorer.
•j- DfiMONOLÂTRIE (dé-mo-no-lâ-trie), ». f. Ado-
ration des démons.
t DÉMONOLOGIE (dé-mo-no-lo-jie), ». f. Théo-
rie des démons.
— HIST. XVI* s. Une jeunedame instruite de de-
monologie, qui jouoit aussi bien que feu monsieur
François Villon en la diablerie St Maixant, d'aub.
Conf. 1, 6.
— ETYM. AaCp.wv, démon, et ^éyoc, traité.
t DÉMONOMANCIE (dé-mo-no-man-sie), ». f. Di-
vination par l'inspiration des démons.
— ÉTYH. Démon, et le suffixe mande.
t DÉMONKMANE (dé-mo-no-ma-n'), s. m. et f.
Celui, celle qui est affectée de démonomanie.
DÉ.MONOMANIE (dé-mo-no - manie ) , ». f.
Il 1° Terme de médecine. Variété de l'aliénaiion men-
tale,dans laquelle le malade est tourmenté de l'idée
d'être possédé du démon. S'il n'eût laissé des marques
et vestiges de son humanité dans cette démonoma-
nie, G. NAUD6, Apologie, p. 127. || J° Titre de livres
traiiant des démons el de la possession. Je lui ap-
prendrai l'astrologie, la démonomanie, volt. Za-
dig, 6.
— HIST. xvi* s. La démonomanie, titre d'un ou-
vrage de Bodin.
— ETYM. Aaîp.Mv (voy. démon), et (lavia, manie.
DÉ.MONSTRATEUR (dé-mon-stra-teur) , j. m. Ce-
lui qui démontre, enseigne une science. || Plus par-
ticulièrement, celui <|ui donne des leçons pratiques
de botanique ou d'analomie. Un jardin royal des
p'antesavec un démonstrateur appointé, j. j. roiiss.
Conf. v. 11 avait été démonstrateur en chimie au
jardin royal, mairan, Éloges, Boulduc. Le jardin
d'Upsal, remis dans un meilleur ordre, devinidigne
du démonstrateur qui, de toutes les parties de l'Eu-
rope, y attirait des disciples, condobckt, Linné.
— ETYM. Lat. demonstrator , de demonstrare,
démontrer.
DÉMONSTRATIF, IVE (dé-mon-stra-tif, ti-v'),
adj. Il 1" Qui démontre, qui sert à démontrer. Et je
prouverai en toute rencontre, par des raisons dé-
monstralivesetconvainqiiantes....MOL.lfor. forcé, 6.
Et. comme je vous fis voir l'autre jour par raison
démonstrative, il est impossible que vous receviez,
si vous savez détourner l'épée de votre ennemi de la
ligne de votre corps, m. B mrg. gent. Il, 3. Cela
est démonstratif, pascal, dans cousin. Cette raison,
qui pouvait n'être pas démonstrative, le devient, en
quelque sorte, pour M. Guglietmini. parce qu'elle
venait d'un maître qu'il chérissait, fonten. Gtigliel-
mini. \\ 2° Terme de rhétorique. Genre démonstra-
tif, celui des trois genres d'éloquence qui a pour
objet la louange ou le blâme. || Substantivement. Le
démonstratif, le genre démonstralif. || 3' Terme de
grammaire qui exprime une idée d'indication. Ce,
cet, celte, ces, sont des adjectifs démonstratifs; ce-
lui, celle, sont des pronoms. 114° Qui démontre vi-
vement tout ce qu'il a dans l'âme. Il a beaucoup
menacé, beaucoup crié: mais ne vous en effrayez
pas, il est très-démonstratif, elles effets suivent rare-
ment. Il plus particulièrement, et en bonne part,
qui témoigne des intentions bienveillantes. Cette
personne est irès-démoii.slrative.
— HIST. xiv s. Sillogisme démonstratif et évi-
dent, ORESME, Thèse de meunier. Raisons éviden-
tes, démonstratives, id. </'. Ja soit ceque l'esprevier
et l'ostour soit peus entre le pouce el le d.'ii .le-
monslratif, toutes voies les autres oiseaulx sont peûs
à plaiii poing.Ifénayier.iil, 2. jj xvi' s. Les advocats
de la transsubstantiation pensent que ce mot de-
mon.slratif, ceci, se rapporte à l'espèce du pain,
CALV. /n*(it. )H0. Laipielle proposition ne se peut
prouverpar raison denionsIralive.AMYOT.JfurcWJ. 21.
— ETYM. Provenç. dewo»lra(iu; espagn. demo-
ilraliio; portug. demonstratiro ; ital. dimwtro-
nt'o.'dii laiin demorutraittui, de demon»ira> ; , dé-
montrer.
DÉMONSTRATION (dé-mon-str«-sion; en poésie,
de cinq syllabes), ». /. |1 1* Raisonnement qui prouve
avec évidence. Le fiuit de la démonstration est la
science, Boss. Connaist. i, «3. Voilà contre tous la
DEM
plus complète démonstration que l'on pût faire,
BOss. Thénl. Je tourne ma réponse en démonstra-
tion conue l'auteur, ii>. Salisf. \\ 2" Tout ce qm sert
à démontrer. Les faits sont la muilluure démonstra-
tion de cette .^'oposition. || 3" Leçon dan^ laquelle
on met sous les yeux des élèves les olijets mêmes
dont on leur parle. (| 4° Manifestation de» disposi-
tions, des intentions. Des démonstrations hostiles.
Des démonstrations d'amitié. Ce serait une chose in-
supportable que Cliimùne en convînt [de son ma-
riage] avec Hodrigue dès le lendemain qu'il a tué
son pÎTe, et Rodrigue serait ridicule s'il faisait la
moindre démonstialion de le désirer, cobn. t" dise.
du pnéme dramatique, p. I2. Kecevoir quelqu'un
avec de grandes démonstrations de joie, patbu, Plai-
doy ir 1 , lidns hichelet. Les démonstrations i|i.e
vous recevez dans votre gouvernement, sÉv. 623.
Toutes les démonstrations qu'il nous fait, et dont
il serait honnête d'être la dupe, plutôt que d'être
capable de le soupçonner injustement , m. Lelt.
28 nov. (670. Quelque démonstration que fit Henri
de vouloir, dans cette occasion, des conseils sin-
cères, il ne pouvait retidreaux é\êi|ues la libertéqiie
ses cruautés leur avaient ôtée, noss. Var. vu, § 74.
Je m'attends à des démonstrations d'une joie bien
sincfre, maintf.non. Lettre au duc de NoniUes, 5
août t"lo. Habitué aux démonstrations orageuses
de la passion des Italiens, staël, Corinne, iv, ).
Il Terme militaire. Manoeuvre qu'on fait pour don-
ner le change sur les desseins véritables. 11 fit une
démonstration sur l'aile droite de l'ennemi. Le vice-
roi s'apercevait que la plupart de ces Moscovites,
attirés par ses démonstrations, s'étaient portés à la
gauche de la route, séotJR, Hisl. de Napnl. x, 4.
— SYN. DÉMONSTRATIONS D'aMITIÉ, TÉMOIGNAGES
b'amitié. Démonstration va tout à l'extérieur, aux
airs du visage, aux manières agréables, à un accueil
obligeant. Téiuoignajie est plus intérieur, et va au
solide, à de bons offices, à des services essentiels.
Un faux ami peut donner des démonstrations d'a-
mitié, il n'y a qu'un véritable ami qui puisse don-
ner des témoignages d'amitié. C'est une démonstra-
tion d'imitié que d'embrasser une personne; c'est
un témoignage d'amitié que de prendre ses intérêts,
bOUHotiRS, Hem. nouv.
— HIST. xm' s. Mais raison ainsino le li prueve.
Qui les demonstroisons i Irueve, la Rose. i7o:i4.
Il XIV* s. H appartient à celui qui a sapience avoir
démonstration d'aucunes choses, ORKSME, Elh. I70.
Science est par démonstration, id. Thèse de meunier.
Il xvto s. Nous avons une certaine démonstration
par laquelle toute ceste question se peut vuider,
CALV. Instit. 468 Je n'eusse pns pensé d'avoir veu
en tel temps tant de demonstiacion d'amour et d'o-
betssance, marg. Leit xxxm. Craignant que la dé-
monstration qu'il avoit faite de son désir lui fist
perdre la privauté qu'il avoit avec elle, m. Nouv.
xxn. Faire démonstration [sembler] de craindre,
MONT. I, 16 Propositions dont on ne peut trouver les
démonstrations intellectives par raisons indubitables,
AMYOT, Marcell. 2i, 27. Et comme U passast à tra-
vers le pais de la ISœoce sans aucune démonstration
de guorre, id. Flaniin. tO.
— ÉTYM. Provenç. demustratio ; espagn. démon-
strarion; ital. dimoslra^ione ; du latin demonstra-
tionem , de demonstrare , démontrer. L'ancienne
forme desmonslroison est la plus régulière comme
orot'soïi ou oraison A'orationem. L'ancien français
avait aussi demonstrance , formé comme remon-
triince et usité jusque dans le xvi* siècle, et de-
monslrement.
DÉMONSTR ATIVEMENT ( dé - mon - stra - ti - ve -
mail), adr. D'une manière démonstrative, convain-
cante. Bien que I utilité de ce système se puisse
prouver aussi démonstrativement qu'une proposition
de géométrie... vaub. Dime, p. l.')2. C'est un fait
qui ne se peut contester ni pallier [l'abandon de ses
troupes par Vemlôme], et qui prouve démonstrati-
vement tout ce que je viens de dire, st-sim. 2u4,
24u. Les lunettes font voir démonstrativement que
cebii ipii les porte est consommé dans les sciences,
MONTEsQ. Letl. pers. 78.
— ÊTYM. Péiiinnsiratire, et le suffixe ment.
t DÉMONTAGE (dé mon-ta-j'),j. m. Action de dé-
monter. |j Démontage d'un fusil, action d'en désu-
nir les pifces pour les nettoyer ou les réparer.
— f.TYM. Démonter.
DÉMONTÉ, ÉE (dé-mon-té, tée) , part, passé.
Il 1* Oui est en oas de sa monture. Les chevaliers
liien armés ne couraient guère d'autre risque que
d'être démontés, volt. Mœurs, 5i. IJQui a perdu le
cheval qu'il montait. la cavalerie du czar, presque
tout» démontée, ne pouvait plus être d'aucun se-
DÉIM
cours, à moins qu'elle ne combattît à pied, m. Russie,
II, ). Napoléon rallie ses corps d'armée; les revues
qu'il passe dans le Kremlin sont plus fréquentes:
il réunit en bataillons tous les cavaliers démon-
tés. sÊGi'B, Ilist. de N'ipoL viii, n. || Terme de
chasse. Perdrix démoulée, penlrix qui a une aile
cassée || 2° Dont les pièces sont défaites, en parlant
d'une machine, d'un outil. Un fusil démonlé. || Par
extension. U semble que tout son corps soit démonté,
et que les mouvements de ses hanches, de ses è] aules
et de sa tête n'aillent que par ressorts, mol. Criti-
que, se. 2. Il Kig. Marque d un cerveau démonté et
d'une raison déiiiavée, id. Pourc. u, t. Aiec beau-
coup de finesse et de vivacité, vous aviez beaucoup
de choses d'une tête un peu démontée, fén. Dwl.
des morts mod. 4. || Terme de marine. Mer démon-
tée, mer dont les lames ont acquis une violence ex-
traordinaire. Il 3° Oui est hors d'état d'agir ou de ré-
pondre, déconcerté. Tantôt j'étais sur un pied, tantôt
j'inclinais la tête et ne savais plus ce que je faisais:
j'étais démonté, mabivaux, faysan parv. t. m,
5« part. p. I ■; , dans polgens.
DÉ.MONTER (dé-mon-té), v. a. || 1° Renverser
quelqu'un de sa monture. Ce cheval a démonté son
cavalier, l'a jeté par terre. Dans la joute, son ad-
versaire le démoma. || Démonter quelqu'un, lui ôter
sa monture. Cn démonta la cavalerie pour atte.er
les chevaux aux canons. Il a rencontré des voleurs
qui l'ont démonté. || Démonter un capitaine de vais-
seau, lui ôter le commandement du vaisseau qu'il
montait. I| 2° Désassembler les difi'érentes pièces
dont une chose est composée. Démonter des res-
sorts, une machine, une armoire. U fit con.^truire
les vaisseaux en sorte qu'on les pouvait démonter
et charger les pièces sur des chariots, vaijgel. Q. C.
dans RicHELET. Le moindre atome qui viendrait à se
déranger démonterait toute la nature, FÉN. Exist.
)8. Démétrius fit inhumer ses morts, panser ses
blessés, et réparer avec toute la diligence possible
les machines qui avaient été démontées et misiiS
hors de service, bollin, Uist. anc. Œuvres, l. vu,
p. 235, dans pougens. Il Démonter des pierreries,
des diamants, les séparer de leur chaton, de la gar-
niture qui les sertit. Je cherche mon portrait; j'ai
besoin de quelques petits diamants qui en ornent
la boîte; je l'ai prise pour les envoyer démonter à
Paris, MARIVAUX, Surpr. de l'amour, u, 7. || Dé-
monter un canon, l'ôter de dessus son aff'ût. || Terme
de typographie. Démonter un composteur, en dé-
visser le talon mobile, pour en modifier la justifi-
cat on. Il Familièrement et par exagération, bâiller
à se démonter la mâchoire, faire de grands bâil-
lements. Il 3° Démonter une horloge, un tourne-
broche, faire qu'ils ne soient plus montés et qu'il
faille ou en tendre les ressorts, ou en hausser les
poids pour qu'ils aillent de nouveau. || 4° Terme de
guerre. Démonter une batterie, la mettre, à coups
de canon, hors d'étal de servir. || Fig. Démonter la
batterie de quelqu'un, faire avorter ses projets. On
annonce, au moment qu'il parle, un cavalier qui,
de sa seule présence, démonte la batterie de l'homme
de ville, la bruy. v. || 5" Terme de chasse. Démon-
ter une penlrix, lui casser une aile d'un coup de
fusil. Il 6° Se démonter le corps, donnera son corps
des attitudes forcées. || Se démonter le vi.sage, don-
ner à son visage l'expression que l'on veut. Le
grand jongleur se frappe les cuisses, se démonte le
visage, hurle.... chateaub. Àmér. t60. || Fig. Je
n'eus pas la docilité de démonter mon esprit pour
vous écrire, sÉv. Lelt. 6 juillet 1670. || 7° Kig. Dé-
ranger. Ces paroles démontent toutes vos espérances,
d'ablanc. Lucien, t. i, dans bicuelet. Tant il est
difficile de ne point démonter un jugement de son
assieite, pasc. Imag. 7. || Déconcerter, mettre hors
d'état d'agir, de répoiidie. Celte objection le démonta
tout à fait. Il Absolument. V. ilà une nouveile qui
démonte. || Mettre hors de soi. Votre impudence en-
fin m'étonne et me di' monte, HAtTEBOCHE, y^ppur.
troiiip. m, se. dern. Rougissez d'être e.sclave de la
coutume, au point d'être démontée de ce que votre
fils ne suit pas le train ordinaire, qui l'aurait sûre-
ment dérangé, MA1NTEN0N, Lett. (I Mme de Caylu^,
t. vt, p. i(0, dans pougfns. || Hévolter. Ne vous voil.i-
t-il pas? j'aime tous vos arais.... lit moi je n'eu ai
qu'un que j'aime pour mon compte; Et vous le dé-
testez: oh ! cela me démonte, gressf.t, le Uéchant,
i, 4. 118° Se démonter, u. réfl. Être fait de manière
à être démonté. Cela se démonte. || Se disjoindre.
Sous l'elîort du vent, les ailes du moulin se démon-
taient. Il Fig. et familièrement. La machine com-
mence à se démonter, se dit de tout ce qui commence
à se détraquer, et particulièrement d'une personne
qui, de bien portante qu'elle était, devient valétu-
DÉM
1 053
dinaire. || Son visage se démonte, il donne & son
visage l'expression qu'il veut. || t\Ç. Se déranger,
les vieilles cervelles sedémonlent commo les jeunes,
mol. Ual. imag. I" intermède, se. t. l'oujours de
plus en plus son cerveau se démonte, regnabd, Mé-
nechm, ut. 7. Mais ma tante.... à propos, je ris de
son effroi; Qu'une tête de femme aisément se dé-
monte! langue, Coquitie, iv, (. || Être déconceilé,
être hors de soi. Ma femme, sans se démonter et
sans se déranger, me dit de prendre une chaise,
MARIVAUX, Paysan parv. t. m. 6* part. p. na, data
pougkns. Quoi! ce n'est que cela? vous vous démon-
tez pour bien peu de chose, d'allainval, Éc. des
bourg, m. t.
— HlST. XIII' s. Mais de tant lor vait malement.
Que karesme i est desmontez, barbazan, Fabliaux,
t. IV, p. 94 II xiv's. Ouant vint à l'aprochier, ez les
vous desmontez ; A pié sont descendus les escus aco-
lez, Guescl. I (285. || xv s. Il est en bref en la basse
cour de son hostel descendu, où il trouva un valet
qui le démonta de son cheval [l'aida à descendre et
prit sa monture], louis xi, Ni'Uv. xvi. || xvi" s. Je
ne desmnnte pas volontiers quand je suis à cheval,
mont. 1, 360. J'ay veu un homme donner carrière à
deux pieds sur sa selle, démonter sa selle, et an
retour la relever, in. t, 308. Ils ont loy de desmon-
ter le premier passant, en luy donnant leur cheval
recreu, id. m, 86. Je louerois une aine à divers es-
tages. qui sçache se tendre et se desmonter, id. m,
278. Je me tiens à cheval sans desmonter, hiiict et
dix heures, id. iv, )04. Ces 38 canons du dehors
desmonterent 6i> pièces du dedans, d'aub. Ilist. i,
28. Figure de la trépane desmontée, paré, yiii, 20.
— ÉTYM. Dé.... [irèfixe, et monter; provenç. et
espagn. desmontar; catal. desmunlar; ital. dismon-
tare.
t DÉ.MONTOIR (dé-mon-toir),s. m. Planche sur
laquelle limprimeurpose les balles pour les monter
et les démonter.
— ÉTYM. Démonter.
t DÉ.M()NTRABlLITÉ(dé-mon-tra-bi-li-té),s. f.
Qualité de ce i|ui peut être démontré.
— ÉTYM. Démontrable.
DÉMONTRABLE (dé-mon-tra-bl'), adj. Oui peut
être démontré. Des vérités claires et démontrables.
Une forme plus concise et moins dogmatique, qu'il
convient d'afl'ecter toutes les fois que l'objet n'est
pas démontrable, dider. sur Boulanger.
— HlST. XIII' s. Or te demonsterrai sans fable
Chose qui n'est point demonstrable , la Hase, 42«4.
Il XIV' s. Ce de qiioy est science, il est demonstrable
et sceu par autre chose, oresme, Etk. tio.
— ÉTYM. Démontrer.
DÉMONTRÉ, ÉE (dé-mon-tré, trée), part, passé.
Une proposition démontrée par un syllogisme. Cela
est démontré.
DÉ.VIONTRF.R (dé-mon-tré), t;. a. || 1° Établir par
un raisonnement évident et convaincant. Démontrer
une proposition. La succession du jour et de la nuit
démontre la rondeur de la terre. Tout vous doit dé-
montrer qu'il a voulu paraître. Par ce récit menteur,
le sauveur de son maître, legouv. Épichar. et Né-
ron, III, 0. Il 2° Témoigner par des signes extérieurs.
Ses cris démontrent qu'il soiifl're. |] 3° Faire voir la
chose dont on parle, dont on fait leçon. Il démon-
trait l'anatomie. || Absolument. Il démontre bien.
Il 4° Se démontrer, v. réfl. Être démontré. Tout ce
qui se démontre en mathématique.
— SYN. démontrer, PBOuvBm. On prouve par des
témoif-'nages, par des actes, par des preuves, en un
mol; on démontre par des arguments. Un fait se
prouve, mais il ne se démontre pas. Une proposition
se démontre; mais elle se prouve au«si, quand les
arguments sont considérés comme des preuves.
— HlST. XI' s. Ouant pour feiir vous demustrai
grant ire, Ch. de Roi. xxxviii. || xiii' s. Lt dame
Diex leur avoit bien demonstré s'amor, villkh. cviii.
Et pour le bel miracle que Dieu y demonstroit [mon-
trait] . Berte, cxxxv. || xv s. Il asseiiibleroit tous les
bourgeois de la viile, et leur demonstreroit la be-
sogne, et les feroit armer, froi.ss. i, i, <k4. Mes-
sire Gautier de Mauny respoiidit et dit [aux propo-
sitions des assiégés) : j'en irai volontiers parler à
monseigneur le comte Derby; lors vint devers ledit
comte, qui n'estoit pas loin; .si lui demonstra toutes
les paroles que vous avez ouïes, id. i, 1, 234. || xvi' s.
Ils demonstrojent leur infidélité en mesprisant tout
ce qui est propre aux fidèles, calv. Instit. 642. Ce-
lui qui, en persécutant furieusement l'Evangile, se
demonstré apenement estre antechrist, m. ib. 9(6.
Plus sa vitre [de la lanterne] est claire, plus sa lu-
mière intérieure s'apperçoit; et si elle est sombre,
peu de clarté se demonstré, lanoob, 6H. Veu que
1054
DKM
MD visnge demonstroit quelque fascherle, cabl. i,
Ï6. Tant il coniluit ai8é«ment, et par uns voje
plaine et unie, ce qu'il prend à demonstrer, amyot,
Uarcpll. «7.
— F.TYM. Provenç. et espagn. dfmnitrar; porlug.
dfmnnxirnr ; ilal. ditnnsirarf ; du latin demnnttrare,
de la ()ré|if)silion de, et mnnftrnre, montrer
+ DÉMORALISANT, ANTE (dé-uio-ra-il-zan,
zan-t'), adj. Qui démoralise. Des influences démo-
ralisantes.
t DfiMORALISATEITR, TRICE ( dé-mo-ra-li-ca-
teur, tri-9'), adj. Néologisme. Oui diîmoralisc. Opi-
nions démoralisatrices. || Substantivement. Celui qui
démorniise.
— RTYM. Démnrah'ser.
.+ nfiMORALISATION (dé-mo-ra-H-za-sion) , s. f.
Néologisme. Action de démoraliser; état de ce qui
est démoralisé.
— RTYM. Démnrnlùer.
t DÉMORALISÉ. ÉE (rté-mo-ra-llzé, zéo), par«.
passé. Oui a perdu l'honnêteté. Un homme démora-
lisé. Il Oui a perdu le moral, le courage. Une troupe
démoralisée.
t DÉ.MORALISER (dé-mo-ra-li-zé), ». O |11» Ren-
dre immoral. Les mauvaises sociétés l'ont démora-
lisé. Il 2"6ier le moral, le courage, la confiance. Des
revers avaient démorali.sé l'armée. || 8° Se df'morali-
ser, 1). réfl. Perdre .s:i moralité ou son coiinige moral.
— REM. Ce mot n'était pas connu avant la Révo-
lution.
— ÉTYM. î)é.... préfixe, et moraliser.
DÉMORDRE (dé-mor-dr'), «. n. || 1° Lâcher prise
après avoir mordu. Certains animaux ne démordent
pas <|u'ils n'emportent la pièce. L'on est obligé de
se servir d'un ferrement pour le faire démordre,
BCFF. Benord. || 2° Fig. Se départir, renoncer. On
l'en fera bien démordre. Il ne démord pas de ses
prétentions. C'e.st un homme qui ne démordrait pas
d'un iota des règles des anciens, mol. Pnure. i, 7.
X ne démordre point de mon halullemenl, id. Éc.
des mnr. i, <. Je m'en trouve fort bien, et n'en veux
pas dém 'rdre, haoteroche, Appar, tromp. ii, 4.
Je ne suis pas de ces messieurs qui ne chérissent
que leurs opinions et qui, plutôt que d'en démor-
dre, aiment mieux laisser rrever un malade, iD.
Crispin méd. il, ». J'aurai peine à fléchir son es-
prit absolu. Oui ne démord jamais de ce qu'il a
voulu, SCARRON, D. Japligt, V, 4. On dit que le
prince t^uRène ne démordra pas de son entiepnse,
MAiNTENON, Letl. à M 7ne de Glapioti . 31 juillet 47)2.
Il ne démordait guère m de ses entreprises, ni de
ses opinions; ce qui assurait davantage le succès de
ses entreprises et donnait moins de crédit à ses
opinions, fonten Renau. Louvdie était plein d'es-
prit et de sens, ardent, mais droit ; et, persuadé une
fois, rien ne le fai.sait démordre, st-sim. io( , eo.
— REM. Démordre, au sens figuré, est un de ces
verbes qui sont surtout usités avec une négation.
Cependant rien n'empêcherait de dire : il démordra
de ses prétentioni>.
— HIST. xiv* s. X bon escient n'en démords:
Ou'acertes sont deux moult beaux corps Que ce so-
leil et ceste lune. Traité d'alch. a». || xvi* s. Ils y
sont asservis comme à une priuse qu'ils ne peuvent
démordre, mont. ii. 2-12. Il leur semble que leurs
enfans n'y seront jamais assez tost [à la cour] . les-
quels aussi, de leur costé, ne se font gueres presser
pour desmordre le collège, lanoue, 122. Quand il
y a en une armée nomlire de telles gens, qui sça-
vent montrer le chemin aux autres, et mordre sans
desmordre, cela fait combattre tout le reste, id. 420.
Ne plus ne moins que les chiens de gentil cueur,
qui jamais ne laissent leur prise ny jamais ne des-
mordent,que leur adver.s,aire nesoitabbatu, amyot,
Sylla el Lysand. 9. Le duc de Gui.se, qui avoit pre-
veu cet avantage, y avoit sur le ventre 3ou harque-
buziers choisis qui firent démordre les entrepre-
neurs, d'aub. Hist. 1, Jt. Les altaquans aiant
démordu furent poussez en desroute jusques dans
leur camp, m. ib. i, 36t. La guerre de Flandres n'est
plus à délibérer, elle est entamée, ne la démordez
point, ID. ib. 11,(4. Il ne laissa nul de ses morts ni bles-
sez;el ne démordit point ses prisonniers, m. tb. a»».
— F.TYM. Dé.... préfixe, et mordre.
DÉMOTIQDE (dé mo-ti-k'), ad). Terme d'anti-
quité, l'opulaire. Écriture démotique, jj Chez les an-
ciens Egypiieii», écriture démoiique ou enchoriale,
écriture qui, abrégée de l'écriture hiératique ou
oursive, fut appropriée à la langue vulgaire des der-
niers temps. Caractères démotii|ues. On trouve l'é-
criture démolique depuis l'époque de Psammétik I
jusque sou» les empereurs romains; elle se com-
pose comme l'écriture hiéroglyphique ou l'écriture
DEN
hiératique de lettres simples, de signes valant une
syllabe et de signes idéographiques, de Roucâ.
Il S. m. Le démotique, l'écriture démotique.
— ÈTYM. AriiJiotixic, popul.iire, de S-ôiio;, peu-
ple; parce que cette écriture était une écriture cou-
rante et vulgaire.
t DÉMOITCHKTER (dé-mou-cheté. Le { se dou-
ble quand la syllabe qui suit est muette ; je démou-
chette, je démouchetterai), ». a. Dégarnir un fleu-
ret de son bouton, l'aiguiser pour en faire une arme
ofTensIve.
— ETYM. Di.... préfixe, et le mot fictif mouchette,
petite mouche, dit par assimilation pour bouton.
t DÉMOULAGE (dé-mou-la-j'), «. m. Action de
retirer du moule une pièce.
— RTYM. Pémnuler.
t DÉMOULER (dé-mou-Ié), v. a. Opérer le dé-
moulage.
— ÈTYM. Dé.... préfixe, et moule, ». m.
DÉMOrVOIR (dé-mou-voir), ». a. Faire renoncer
à quelque prétention. Il n'est guère usité qu'à l'in-
finitif. Rien ne l'a pu démouvoir de cette prétention.
— HTST. IV* s. De ce propos ne peust eslredesmu,
nonobstant que plusieurs lui conseillassent que plus
n'en list, Bnuciq. II, ch. 20. Et qu'il luy avoit fait
plusieurs remonstrances pour le desmouvoir de l'a-
mytié des Anglois, comm. iv, 8. Doutant qu'il ne
la tuast, comme encore elle en doutoit, et ne se
voulait demouvoir de cette doute, louis xi, Nouv.
Lxxxvi. Il xvi' s. Il n'y a rien qui nous doive de-
mouvoir ne distraire de sa volonté [de Dieu], n'au-
cune authorité humaine, ne longueur de temps,
ne toutes autres apparences, calv. Instit. <t67. Elle
la fortifie aux endroits oïl sa structure se desmeut
et se lasche pour les coups de la mer, mont, ii, 198.
Oui desmeut nostreame, qui la jecte plus coustu-
mierement à la manie que sa force propre [le génie
du Tasse qui le rendit fou]? in. u, 213. L'ame des-
meut de son assiette par les vapeurs d'une fiebvre
chaulde, id. ii, :iOO. Je les rej^arde d'une affection
ny esmeue ny desineue par interest privé, id. m,
238. Ceste crainte commenceoi* mesme à retirer et
demouvoir ur petit tlassius des opinions d'Epicu-
rus, et avoit totalement espouvanlé ses soudards,
AMYOT, Brutns, 47.
— ÊTVM. Dé.... préfixe, et mouvoir.
DÉMLTNI , lE (dé-mu-ni , nie), part, passé. Dépour-
vu de munitions. Une place démunie. || Il se dit au-ssi,
en parlant d'argent. J'étais complètement démuni.
DÉMUNIR (dé-mu-nir), ». a. || 1° Dégarnir de mu-
nitions. Il 2° Fig. Se démunir, ». n'/ï. Se dessaisir
de ce qui peut être considéré comme munition, ré-
serve, ressource. Se démunir de son argent.
— msT. xvi' s. De vuideret desmunir la mémoire,
est ce pas le vray et propre chemin à l'ignorance ?
MONT. 11, 218.
— ÉTYM. Dé... préfixe, et munir.
DÉMURÉ. ÉE (dé-mu-ré, rée), part, passé. Une
porte murée, puis démurée.
DÉMURER (dé-mu-ré), V. a. Ouvrir une porte,
une fenêtre murée.
— HIST. XV' s. Jehanne, femme de Philipot, pour
son petit gouvernementet impudicité, fut emmurée,
jusques à ce que, du consentement d'icelui Phili-
pot, elle fut deraurée [tirée de pnsônj et baillée à
ses amis, bu cange, immurare.
— ETYM. Dé.... préfixe, et murer.
f DÉMUSELER (dé-mu-ze-lé. VI se double quand
la syllabe qui suit est muette : je démuselle, je dé-
musellerai), ». o. Enlever la muselière d'un animal.
Un chien démuselé. || Kig. Démuseler les pa.ssions
anarchiques. || Se démuseler, ». ré/l. Défaire sa mu-
selière. Si vous ne serrez pas davantage, votre chien
se démusellera.
— ETYll. Dé.... préfixe, et museau.
DÉNAIRE (dé-nô-r'), adj. Oui a dix chiffres ou
carai.tères. Arithmétique dénaire, notre arithméti-
que qui se .sert de dix chiffres, y compris le zéro,
par opposition à celles où le nombre des caractères
est différent, et qui reçoivent les épithi'-tes de bi-
naire, ternaire, etc. suivant qu'elles emploient deux,
trois ou plus de chiffres. En prenant notre échelle
dénaire dans la perfection que l'invention des carac-
tères lui a procurée, bipf. Homme, arithm. morale.
— ETYM. Lat. denarius, de dent, du, de môme
radical que dfiem (voy. dix).
DÉNANTI, lE (dé-nan-ti, tie), part, pasté de
dénantir. Un prêteur dénanti de son gage.
DÉSANTIR (dé nantir), ». a. \\i° Enlever à une
personne ce dont elle était nantie. || 2° Se dénantir,
». réfl. Abiindonner des nantissements. || Par exten-
sion, se dépouiller de ce qu'on a. Ils se sont com-
plètement dénantis.
DEN
— HIST. xv« S. Quant de si hault honneur je me
trouve desnanti, Perceforesl . t. m, f »7,
— ETYM né.... préfixe, et nantir.
t DÉNASALÉ, ÉE (dé-na-zalé . lée). part, pasif,
Syllabe dénasalée, celle qui est rendue orale de na-
sale qu'elle était. L'n de bon est dénasalé au fémi-
nin bonne et devant un substantif commençant par
une voyelle ou une h muette : bon ami, bon homme,
t DÊNASALEMENT (dé-na-za-le-man), f. m.
Acte par lequel une syllabe est dénasalée.
— ETVM. Dénasaler.
t DÉNASALER (dé-na-za-lé) OU DÊNASALISER
(dé-na-za-li-zé), ». o. Terme de grammaire, ôter le
son nasaL |{ Se dénasaler, ». réfl. Être dénasalé. L'a
de plan se dénasale dans aplanir.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et nasal.
t DÉNATIONALISATION (dé-na-si-O-na-li-za-
sion), (.' f. Action de dénationaliser. || Action de
changer de nation.
t DÉNATIONALISER, (dé-na-si-o-na-li-zé), ». a.
Faire jierdre le caractère national. || Dénationaliser
une marchandise, lui attribuer une provenance qui
en di.s.simiile la nationalité.' || Se dénationaliser, e,
réfl. Se dit d'un individu qui atlopte une autre nation.
— ETYM. Dé.... préfixe, et nadonai.
DÉNATTÉ, ÉE (dé-na-té, tée), porL passé. De»
cheveux dénattés.
DÉNATTER (dé-na-té), ». a. Défaire ce qui est ar-
rangé en nattes. || Se dénatter,», réfl. Être dénatté.
Ses cheveux se sont dénattés. || Défaire soi-même ses
natt'-'S. Dénatlez-vous.
— ÉTYM. Dé..... pr'^fixe, et natte.
t DÉNATURALISA ilON (dé-na-tu-ra-li-za-sion),
s. f. Perte de l'état de naturalisation.
t DÉNATURALISER ( dé-na-iu-ra-li-zé) , ». a.
Faire cesser l'état de naturalisation.
— ETYM. Dé.... préfixe, et naturaliser.
t DÊNATURATION (dé-na-tu-ra-sion), s. f. Ac-
tion de dénaturer. La dénaturation d'une substance.
La dénaturation des alcools, opération qui se prati-
que pour les importer en exem[ition des droits,
quand ils doivent servir à l'éclairage.
— ÉTYM. Dénaturer.
DÉNATITIÉ, ÉE (dé-na-turé, rée), part, passé.
Il 1° Dont on a changé la nature. De l'alcool Oéna-
luré. Des biens dénaturés. || 2" Dépravé. Enfant dé-
naturé. Ame dénaturée. Et je pourrais aimerdes fils
dénaturés! corn. Hodog. iv, 3. Serai-|e sacrilège ou
bien dénaturé'? bac. Théh. m, 4. N'êti s-vous l'as le
plusdénaturé et le plus ingrat des pécheurs'' MASS. Car.
comm. ind. Elle vous avait a|ipris à être dénaturé,
vous lefùlescontre elle, fEn. Pial.desmnrismiid. i*.
Ah I cœur dénaturé qu'endurcit ma tendresse I volt.
M. de Ces. u. B.||Se dit aussi en parlani des choses.
Une action dénaturée. Immoler, égorger soi-même
ses propres enfants et les jeter de sang-froid dan»
un brasier ardent! des sentiments si dénaturés, si
barbares , adoptés cependant par des nations en-
tières et des nations très-policées.... rollis . Iliit.
anc. mCuvres, t. i, p. (9&. dans pougens 113° Sub-
stantivement, et par plaisanterie, celui qui a changé
de nature. Je blâme Adhémar d'avoir changé de nom ,
c'est le petit dénaturé, si:v. Leit. 1 3 avril 1672. j| Ce-
lui qui est devenu .lépravé et sans entrailles. U fai
bien pis, le dénaturé qu'il est, LESAOE.rurc. iv, <2,
DÉNATURER (dé-na-tu-ré), ». a. || 1" Changer 1?
nature d'une chose. Dénaturer des objets volés. l| 0;
dénature un bien en le vendant pour en acquéri;
d'autres, dont on puisse disposer librement. Comme
il fait surtout des efforts pour dénaturer sa fortune,
BEAiM. Uére coup, i, 2. || Terme de jurisprudence.
Dénaturer une créance, changer une créance en une
créance d'une autre nature. || Dénaturer un fait,
lui donner une antre nature, un autre caractère,
en ajoutant, retranchant. changeant les circonstan-
ces. Il Dénaturer une |>ensée, une phrase, un lan-
gage, y faire des changements tels que lecaraciére
en soit tout à fait altéré || 2" Rendre dur. dépravé.
Ce peuple, qui depuis s'est peut-être laissé dénatu-
rer, était alors la bonté même, marmontkl, Uém.
t, I, hv. n, p. <85, dans poigens. .Son âme a dû
s'aigrir au sein de la misère: J'aurai dénaturé cet
heureux caractère, ducis, Lear, ii, 4. || 3* Se déna-
turer, ». refl. Perdre sa nature. Des biens qui se dé-
naturent aisément. Des faits qui se 'lénaturenl ei\
p.a.ssant de bouche en bouche. || D. venir dénature,
méchant. Parmi ceux-là [les soldats qui s'endurci-
rent aux excès] , quelques vagabonds se vengèrent
de leurs maux jus(|ue sur les personnes; au nidieu
de cette nature ingrate ils se dénaturèrent, SSOUE,
Hist. de Napol. iv, 4.
— HIST. xiii* S. Vos me dites que je soivre [sevie]
mon enfant et desnature et face norrir del lait d'autre
DÉN
famé, Ktrîin, f*«T, verso. De la joie qu'ele ot [elle]
fu si desnaturée [mise hors de soi], Berle, lxxxii.
Lors dist Gavains : Seffiior, veéz, Cis leiis lloup) est
tous desnaiiirés [changé de nature]. Entr'aus [eux]
dieiit lot li baron, Qu'aine si cortois leu ne viton,
Lni de MHion. Toute riens veult et aime son pareil
par n:itiire; Pour certi-pe que famé el homs seJes-
nature 0"i n'aime à ceste fin humaine créature, J.
DP. MEi'NG, Test. 92. \\ XIV' S. Tel homme se desna-
ture et dégénère ou forliRoe. oresme. Tlièse de mku-
NIEB il XV' s. Moult sont belles les euvres de nature,
Laides aussi quant au desnaturer; Une jument n'a-
roit d'un toreau cure. Ne la chievre n'a cure d'un
sangler, eust. vftscn. Fouet vieux hnmme. L'eclipse
fut toute pleniere; Environ trois heures dura; Na-
ture se desnatura, Conv. de St Pénis. || xvi* s. Des
amours desnaturées [contre nature], mont, i, H7.
— F.TYM. D^. .. préfixe, et nature avec la ter-
minaison verbale er; provenç. et portug. desnalu-
rar; ital. disnnturare.
t DENCHÉ. ÉE (dan-ché, chée), adj. Terme de
blason. Bordé de petites dents.
— ÉTYM. Dent.
tDKNfHURR (dan-chi;-r'), s. f. Terme de blason.
Filet denché au bord supérieur de l'écu,
—ÉTYM. Denchi'.
\ DKNDRACH.^TE (din-dra-ka-f) ou DF.NBRA-
GATE (din-dra-ga-l'), s. {. Terme de minéralogie.
Agate arbnrisée.
— P.TVM. ièvîpov, arbre, ex agate.
DKNDRITE (tlin-dri-f), s. f. \\ 1° Terme de miné-
raliipie. F'ierre arborisée. On appelle ces pierres fi-
gurées denilrites, quand elles représentent des ar-
bres, vnvT. Singal. ). || Nom des dessins qui sont
sur ces pierres. ||2° Arbre fo-sile.
— ÊTYM. Aev^fiTiiç, de^Évôpov, arbre.
•[DENDKITIOI'E (din-dri-ti k'), ndj. Terme d'his-
toire ii.iturelle. Oui offre des arborisations.
— f.TYM. rieridrite.
i UEM>ROBATE (din-dro-ba-f) , adj. Terme de
zoo'ogie. Oui se tient habituellement sur les arbres.
— ÉTYM. A£v5pov, arbre, et pàTï,;, qui va (voy.
JE VAIS).
•f DKffDROGRAPIIlE (din-dro-gra-fie),s. /■. Terme
didactique. Traité sur les arbres.
— f.TYM. iévSpov, arbre, et Ypi»siv, décrire.
•J- DENDROÏDE {dln-dro-i-d'), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui a la forme d'un arbre. Crypto-
games dendroîdes.
— ETYM. A;v5pov, arbre, et eBo;, forme.
tDENDROLITHE (din-dro-li-f), s.m. Terme d'his-
toire naturelle. Arbre, arbrisseau pétrifié.
— ETYM. Aév'/pov, arbre, et )i8o;, pierre.
t DENDROLOGIE (din-dro-lo-jie) . s. f. Terme di-
dactique. Traité sur les arbres. Partie de la botani-
qtie qui s'occupe des arbres.
— ÈTYM. AÉvSpov. arbre, etWYOc, traité.
)■ DENDRO.MÈTRE (din-dro-miVtr'), s. m. Instru-
ment propre à mesurer la grosseur et la hauteur
des arbres.
— ETYM. Aévîpov, arbre, et mètre.
+ DENDROMETRIOCE (din-dro-mé-tri-k'), adj.
Qui a rapport au dPiidrom("'tre.
•f DENPROPHAGE (din-dro-fa-j') , adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui mange, ronge le bois, en
parlant des insectes.
— ETYM. AsvSpov, arbre, etçays^i manger.
I DÉNÉGATEUR (dé-né-ga-teur) , s. m. Néolo-
gisme Celui qui nie.
— ÊTYM. Lat. denegator, de denegare, dénier
(voy. denier).
DÉNÉGATION (dé-né-ga-sion ; en poésie, de cinq
syllabes), s. f. Terme de jurisprudence. Action de
dénier, de contester. Dénégation d'un droit. || Dé-
claration par laquelle on soutient qu'un fait est faux.
Il Dénégation d'écriture, action de dénier l'écrit
qu'on nous oppose. || Dans le langage général, action
de nier. Ses dénégations ne furent pas crues.
— HIST. XV* s. Si leur fist l'en [l'on] sommacion
De vouloir la ville au roy remlre, Dont firent dene-
gacion, Disans qu'il?, se vouloient deffeudre, mar-
TIAL de PARIS, Vigil.de Ch. VII, t/i, p. 199, dans
LActiRNE. Il XVI' s. Dont s'en esloit eiisuyvie la perte
de la duché de Milan, et la dénégation des droits
de souveraineté de Flandres et d'Arthois, langue,
392. Trouble [de possession] s'entend, non seule-
ment par voie de fait, mais par dénégation judi-
ciaire, LOYSEL, 7B).
— ETYM Lat. denegatio, de denegare, dénier.
t DÉNÉGATOIRE (dé-né-ga-toi-r'), adj. Terme
de pratique. Exception dénégatoire, synonyme di'
dénégation.
— ÉTïM. Lat. denegare (voy. dénier).
DÉN
t DÉNÉRAL (dé-né-ral) , s. «i. Plaque ronde ser-
vant de modèle au monnayeur, pour faire une es-
pèce de la grandeur et du poids voulu. Le délierai
servant de type pour le diamAtre et le poids, il y a
pour chaque pièce un dénériil du poids précis, un
second du poids toléré au maximum, et un troisième
du poids toléré au minimum, leûoarant. || Auplur
Des dénéraux.
— HlST. XIV' s. Jehan du Solier, lieutenant du
maistre parHculier de la monnoye de Rouen, tiabu-
chnit des deniers blancs à un denarial, du cange,
denariale.
— ÊTYM. Bas-lat. dcnnn'nJi's, de denarius, denier,
DÉNI (dé-ni), s. m || 1° Action denier. Le déni que
fait le ministre d'avoir consi'nti au port des armes,
Boss. Var. B» dise. § 29. || 2" Terme de jurispru-
dence. Refus d'une chose due. Déni d'aliments.
Déni de justice, manquement d'un juge à rendre la
justice qu'on lui demande, soit par refus, soit par
négligence. |{ Dans le langage général, déni de jus-
tice, se dit de tout refus d'accorder à quelqu'un ce
qui lui est dû.
— HIST. xvi* s. Deny d'obéissance, d'aub. Vie,
Lxxxiv. Déni ou dénie de justice ou de droit, c'est
quand le seigneur justicier ou ses officiers refusent
à faire ju.stice aux parties litigantes, laurière,
Glnss. du droit français.
— ETYM, Voy. DENIER.
DÉNIAISÉ. ËE (dé ni-è-zé, zée) , part, passé. Un
garçon déniaisé par le séjour de l'aris. Il y a pour-
tant longtemps qu'il est laquais; il devrait être dé-
niai.sé, lesage. Turc, v, 4. l.a Merceret, plus jeune
et moins déniaisée que la Giraud, s. i. Rouss. Conf.w.
Il D.inslelangage libre, une fliledéniaisée, une fille
qui a perdusoii innocence. Dont Alibech non fvicor dé-
niaisée....la fotti. Dinbleeii en fir. ||Subslanlivement.
C'est un déniaisé, c'est un homme adroit et rusé.
t DÉNIAISEMENT (dé-ni-iVze-man), s. m. Action
de déniaiser, de détromperies niais,
— ETYM. Di'niniser.
DÉNIAISER (dé-ni-è-zé), V. a.\\l° Rendre quel-
qu'un moins niais, moins simple, moins gauche.
Il Ironiquement, tromper quelqu'un, abuser de sa
simplicité. On l'a déniaisé dès son arrivée à Pans.
Quelques cuisiniers brillent leurs viandes et gâtent
leurs sauces, et les chiens et les chats les déniai-
sent, d'ablancourt, Lucien, dans le houx, I)ict.
comique. || 2° Se déniaiser, v. réft. Cesser d'être
niais. Afin de me déniaiser, je suis résolu de voir
un peule monde, voit. Leit. 30. Il me doit de l'ar-
gent, mais il se déniaise; la peste I il soupe quel-
quefois chez la veuve d'un partisan, nANCOURT, Vend.
Surmes, se. 7. Le monde se déniaise furieusement,
et les cuistres du seizième siècle n'ont pas beau jeu,
VOLT. Lett. d'Argentol, 20 janv. I70S.
— REM. La Fontaine a fait déniaiser de trois syl-
labes, voy. l'exemple au participe; ce qui n'est pas
à imiter, niais étant toujours de deux syllabes.
— HIST. XVI' s. Quelle obligation n'avons nous à
la bénignité de nostre souverain Créateur, pour avoir
desniaisé nostre créance de ces vagabondes et arbi-
traires dévotions, et l'avoir logée sur l'éternelle base
de sa saincte parole! mont, ii, 343. Ma fille ne com-
mence encore qu'à se déniaiser de la naïveté de l'en-
fance, MONT, dans le Dict. de dochez. Je vous de-
mande si l'astrologie ne nous est pas fort nécessaire,
quand ce ne seroit que pour empescher qu'on nous
deniaisast, cholières, Conîes, après-ditiée 8. En-
fin le Fils de Dieu, docteur de vérité, estant venu
pour sevrer et desniaiser le monde, les a du tout
abolis, CHARRON, Sagesse,!, 39.
— ÉTYM. Pé.... préfixe, el maiis.
t DÊNIAISEUR (dé-ni é-zeur), s. m. Celui qui
déniaise. {| Celui qui trompe.
— HIST. XVI' s. Les deniaiseurs qui se trouvent
en Levant, vendent les rouelles des dents de rohart
pour cornes de licorne, paré, Licorne, ».
— ÉTYM. Déniaiser.
1. DÉNICHÉ, ÉE (dé-ni-ché, chée), part, passé
de dénicher i. || 1° Tiré du nid. Des oiseaux déni-
chés par de petits pay.sans. || 2" Découvert. Les vo-
leurs dénichés d.ins leur repaire. || 3" Cha.ssé d'un
poste, d'une retraite. Les maraudeurs dénichés du
village où ils s'étaient postés.
2. DÉNICHÉ, ÉE (dé-ni-ché, chée), part, passé
de dénicher 2. Une statue dénichée.
t. DÉNICHER (dé-ni-ché), V. a. \\ 1' Enlever du
nid. Dénicher des oiseaux, jj Fig. En parlant de tout
objet vivement désiré et sévèrement gardé que l'on
a.s,simile à un oiseau, et, en particulier, d'une jeune
fille. Joli oiseau, ma foi! difficile à dénicher, beaum
Barb. de Sév. i, 4. || 2' Découvrir la retraite de quel-
qu'un à force de recherches. Si je l'ai déniché, ce
DEN
1055
n'est pas sans peine. |J Découvrir un objet rare,
curieux. Je ne sais où il est allé dénicher cela. Ui
|Mme de ChfttiUon et son frère] cherchèrent une
fortune à boutteviUe. et ils d(^njch^rent ce mariage
du second lit de l'héritière de Piney avec M de Clor-
mont, sT-siM. 16, <89. Dans nos bois souvent dès
l'aurore. J'ai déniché de frais appas, béhang. Vieux
caporal. Un page Dénichant enfin à son tour Fille
de vingt ans neuve et sage, id. M. de Charletn.
Il 3° Fig. et familièrement, débusquer d'un poste,
d'une retraite. Dénicher les ennemis d'un fort. Dé-
nicher les voleurs de leur retraite. || 4° V. n. Aban-
donner le nid. Tous les oiseaux ont déniché ce
matin. || Fig. Sortir, s'évader avec précipitation. Dé-
nichons de céans et sans cérémonie, mol. Tart.
IV, 7. Il Fig. Les oiseaux ont déniché ou sont déni-
chés, se dit en parlant de gens partis, de prison-
niers évadés, etc.
— HEM. Dénicher, «. n. se conjugue avec l'auxi-
liaire arotr, quand on exprime l'action : les prison-
niers ont déniché ce matin; avec l'auxiliaire être,
quand on exprime l'état : ils sont dénichés depuis
ce matin.
— HIST. xit' s. Je m'en irai el règne de Poitiers;
Des traïtors i a moult herbergiez ; Mes, se Deu plest,
ges [je lesl ferai desnichier, Li coronemens Looys,
V. 1975. Il xiV s. Aussi fist Talereiit, qui crioit il
haut cri : Pierregort! Sire Dieux, aidez nous au
jourd'ui. Afin que desnicher puissons ce mal voi-
sin, Guescl. 17477. Au matin (il] se vanta devant
tout le princier 'les princes), Qu'ainçois il soit trois
jours, vous serez desuichiez [il .s'agit d'une forte-
resse], ib. (98(( , «1)835. Il XVI' s. Les géants eutre-
prindrent le haut mont Pelion imposer sur Osse, et
l'ombrageux Olympe avec Osse envelopper, pour
combattre les dieux et du ciel lesdeniger, Rabelais,
dans LACURNE. On est surprins entre la haye et le
fossé.... il fault dénicher quatre chestifs arquebusiers
d'une grange, mont, m, I6.
— ÉTYM. Pé.... préfixe, et nicher; Berry, déniger.
Au premier abord, il y a dans dénicher I , tant se-
lon l'usage actuel qu'à l'historique, des acceptions
qui peuvent convenir b. dénicher i, ôter de la niche.
Mais, si l'on prend l'Iiistorique, on voit, dans le plus
ancien exemple, faire desnichier, qui est faire sor-
tir du nid. De là desnicher a pris facilement le sens
de débusquer, sans qu'il soit nécessaire de recou-
rir h niche, malgré le voisinage des significations,
de plus la forme deniger, qui se prête à nid, parait
étrangère à niche.
2. DÉNICHER (dé-ni-ché), V. a. ôter, enlever
d'une niche. Dénicher une statue.
— ÉTYM. Pé.... préfixe, et niche.
DÉNICHEUR (dé-ni-eheur), s. m. || 1' Celui qui
déniche les petits oiseaux. || Familièrement. Un dé-
nicheur de merles, un homme adroit et qui est à l'af-
fût des bonnes occasions. Ce grand dénicheur de
merles est à terre, diderot. Salon de (765, CEu-
vres, t. XIII, p. 50, dans pougens. || Dénicheur de
fauvettes, chevalier d'industrie qui va chercher quel-
que bon nid, quelque femme qui lui fasse sa for-
tune. Il 2° Fig. Un dénicheur d'antiquités, de curio-
sités, celui qui sait trouver, découvrir les antiquités,
les curiosités. En ce sens il vient de dénicher, dé-
couvrir. Il Dénicheur de saints, celui qui, examinant,
à l'aide de la critique, la vie des saints, démontre
que plusieurs sont de faux saints. M. de Launoy
était un grand dénicheur de saints. En ce sens U
vient de dénicher, débusquer.
— ÉTYM. Dénicher i.
DÉNIÉ, ÉE (dé-ni-é, ée), part, passé. Nié. Le
feit dénié énergiqnement. || Refusé. Possédant une
amour qui me fut déniée, rac. Uithr. m, 6.
DENIER (de-nié; l'r ne se lie jamais; au pluriel,
\'s se lie: des de-nié-z argentés), s. m. || 1° Monnaie
romaine d'argent, qui d'abord valut dix as et plus
tard seize. Jusqu'à la fin de la République, le denier
fut fixé au poids de 84 à la livre; ce qui représente,
en poids, 3 gr. 85, et en valeur, o fr. 82 o. Il vend
pour trente deniers celui qui devait être la rédem-
ption du monde , bourdal. Ityst. Passion de J. C.
t. i,p. 262. Il 2" Ancienne monnaie française d'ar son t.
Le denier était la deux -cent-quarantième pariie
d'une livre d'argent, volt. Uœurs, (9. ||I1 y avait
aussi des deniers d'or. Ne pas donner une chose
pour denier d'or, l'estimer très-haut. || Sorte de
monnaie de cuivre, ayant cours pour la douzième
nartie d'un sou, et dite aussi denier tournois, denier
de prix ou de cours. Vingt pistoles rapportent par
année dix- huit livres six sous huit deniers, à ne
les placer qu'au denier douze, mol. VAv.i, 6. || Le
denier, depuis longtemps démonétisé , est devenu
uno simple monnaie de compte, jj Rendre compte
i056
DEN
DEN
DÉN
k livres, sous et deniers, rendre un compte avec la
dernière exactitude. || Net comme un denier, très-
pni|ire, sans ilouie à cause d'un denier récemment
frappé, qui est nel et brillant; car, autrement,
la circnlaiion lennt liien vile les monnaiesde cuivre.
Claire cimime un bassin, nniie comme un denier,
BftGNiEB, Sut. XI. C'Hst la parfaite Ueiopée, Un vrai
visage de |ioiipàe; Au reste, on ne peut le nier, Klle
est nette comme un denier, scahkon, Virg. Irav. i.
Il Fi(r. Un (léliiteur dont il faut exigar jusiiu'iiu der-
nier denier, ha.ss. Carême, Élus.... chacun repousse
Jeanne qui n'a pas un denier, BÈhANG. Jeanne la
Umissp. Plus d'un pauvre vient implorer Le denier
que je puis répandre. ID. Jurf errant. || l'oétique-
ment, le funêhre denier, la petite pièce de mon-
naie que, suivant la mythologie, il fallait donner à
Carnn pour |)a.ssi>r le fleuve des enfers. Une larme....
c'fst là ce funèbre denier, Ce tribut qu'à la mort
tout mortel doit payer, hmart. Hanild, 49, || Le
denier de la veuve , l'aumône faite par le pauvre.
Voilà d'étranges présents; c'est ledenier de la veuve,
SÊv.Bi I. Cette locution est fondée su ri'^tiani/. de saint
lue. XXI, t ei 2 : Kt comme Jésus regardait, il vil
des riches qui mettaient leurs dons au tronc; il vit
aussi une pauvre veuve qui y mettait deux petite^
pièces de monnaie. i| Uenicr de la veuve, se dit aussi
d'une chélive somme qui fait toute la ressource
d'une personne. Â l'égard du contrôleur général,
que Dieu absolve, il me fait aussi perdre à moi
environ cinq à six cents livres, et c'est le denier de
la veuve, d'alemb. icM. à Voltaire, M oct. (770.
Il 3° Denier fort, ou fort denier, ce qu'il faut ajou-
ter à la fraclion qui excède une somme pour avoir
la valeur de la plus petite monnaie au-dessus de la
fraclion. Le fort denier de trois francs quatre centi-
mes est un ceniime |ce qui fait un sou]. Le fort de-
nier est pour le marchaml. || 4" Denier de Si Pierre,
tribut qui se payait à Home le jour de la fête de Si
Pierre aux Liens, et, aujourd'hui, argent recueil i
parmi les catholiques pour subvenir aux besoins du
pape. Nom d'un ancien droit que l'Angleterre payait
au pape et qui fut établi en 74o par le roi Ina.
Il 6° Déniera Dieu, contiibutionqui, dans l'origine,
se payant sur tous les marchés et engagements, de-
vait être em|iloyée à quelque acte de piélé. || Aujour-
d'hui, arrhes pour une location, pour un marché.
Deux cents francs un garçon, sans le denier à
Dieu, sabots, blouse et chapeau pour la première
année, p. l. coi:r. u, 278. Le propriétaire du lieu.
Ayant en le denier à Dieu, Crut la [Didon] trom-
per et ne lui vendre Qu'autant de lieu que peut com-
prendre La peau d'un bneuf, tant grand filt-il,scAR-
RON, Virg. trav. i. || Deniers d'entrée, argent donné
en sus d'un marché, et qui, à la différence des ar-
rhes et du denier à Dieu, est remis après la conven-
tion. Il 6" Une somme d'argent indéterminée. Il fit
une grande levi'e de deniers sur les peuples, vaugel.
Q. C. liv. IV, dans richklet. Il n'est que d'être libre
et en deniers comptants, Régnier, Épit. il. Quatre
ou cinq miMeéciis est un denier considérable et qui
vaut bien la peine qu'un homme manque à sa pa-
role, MOL. Pliure, m, 9. Le pouvoir de faire jusiice
acheté à deniers comptants, la bbuï. Disc. s. Théo-
plir. Il Kn termes de jurisprudence. Deniers dotaux,
pupillaires. Deniers clairs et liquides, deniers qui
se trouvent en nature dans une succession. Deniers
à découvert, deniers qu'on exhibe en offrant le
payement || Les denijers publics, les fonds apparte-
nant à l'État, à une ville. Un comptable de deniers
publics. Je crois voir en ceci l'image d'une ville Où
l'on met les deniers à la merci des gens; Echevins,
prévôts des marcliands, ToulfaiLsa main.... l* font.
f'a6(. VIII, 7. X peine éiiez-voiis hors de l'enfance
que vousconseillAiesà vulrt- onde l'énclès d'engager
la guerre pour éviler de reU'lre compte des deniers
publics, FÊN. Dial. dis morts anc. I6. || Tirer un
grand denier, un bon denier de quelque chose, en
tirer une grande somme d'argent. Phrase peu usi-
tée présentement. Il J'y mettrais bien mon denier,
se dit d'une chose dont on ferait volontiers l'acqui-
sition si elle était à vendre. || Kig. Vendre quelqu'un
à beaux deniers comptants, le trahir pour de l'ar-
gent, par inlérêt. Votre procureur s'entendra avec
voire partie et vous vendra à beaux deniers comp-
tants, MOL. Scaptn, 11, 8. Il Cette locul'on signifie
aussi être plus fin, plus habile qu'un autre. H le
vendrait à beaux deniers comptants, il :sl plus adroit
que lui, il obtiendrait sur lui Ions les avantages qu'il
voudrait. Il Terme d'ancienne pr.tiine. Faire b-ns
les deniers, gaianiir la somme. || 7" l.a partie d'un
capital nu revenu ipii est prélevée au profil de quel-
qu'un. Le dixième denier de toute prise était dû à
l'amiral, c'est-à-dire un denier sur dix, autrement
dit le dixième; le quinzième denier est un quinzième,
et ainsi de suite. Celte locution n'est plus usitée.
Il Centième denier, nom du droit do la pauleiie
quand il fut réduit au centième du prix des offices.
H 8° Intérêt d'une somme, d'un capital. Le denier
cinq, dix, vingt, l'intérêt valant le cinquième, le
dixième, le vingtième du capiial, c'esl-à-diie 20,
10, 6 pour cent. L'argent à tout denier se prêta sans
usure, BOIL. .Sat. xii. Je commence par m'ècrier sur
le denier six ; je n'en avais point entendu parler de-
puis l'emprunt que fait le fils de l'avare dans la co-
médie de Molière; je crois que vous avez voulu dire
six et quart, qui est un denier dont j'ai entendu par-
ler en Provence, qui va, ce me semble, au denier
seize; mais le denier six est si usuraire que je ne
crois pas qu'un noiaire en voulût faire un contrat;
c'est pour inoun francs, icso livres i3 sous, sÊv.
605. L'avis de M. le contrôleur général serait de pla-
cer votre argent sur la ville au denier dix-huit,
M.MNTENON, Lelt. à M, d'iubigné, i" mars I6«4.
Cent francs au denier cin(|, combien font-ils? —
Vingt livres, boil. 8. Les rentes ijui étaient au
denier dix lonibèrent au denier vingt, monteso.
Esp. XXII, 6. Voulez-vous prendre, au denier quatorze,
cinq millf francs (lu'un honnête serrurier de ma
connaissance a amassés par son travail et par ses
épargnes? lesage, Turcaret. m, ». || Le dt-nier de
l'ordonnance, le déni' r du roi, synonyme de ce
qu'on nomme aujouril'liui taux légal, c'est-à-dire le
taux légal auquel s'estiment les inléréts adjugés, le
placement à rente d'une somme, etc. || Denier fort,
iiilérêt excédant le taux ordinaire. || Vendre une
chose au denier vingt, av lenier trente, au denier
quarante, etc. la vendre jur un prix éialili sur la
supputation que celte chose rapportera le 20", le
Su", le 40* de la valeur. Il a acheté liarbesieiix »u
denier seize, sÊv. ||0n dit dans un sens analogue
estimer au denier trente, au denier quarante. || Tou-
tes ces locutions tombent eu désuétude; elles sont
remplacées par celles-ci : 5 pour ion, 3 et demi pour
100, 2etdemi pour ino, etc. || 9" Désignai on d'une
certaine part qu'on avait dans une affaire (perte
ou gain), c'est-à-dire la 240» part (ledenier étant la
240' partie de la livre). Deux deniers équivalent à
un 120*, trois deniers à un 8o", et ainsi de suite.
Il avait deux deniers dans la ferme. || Sens vieilli.
Il 10° Terme de monnayage. Denier rie poids ou, ab-
solument, denier, le tiers du gros ou la 24° partie
de l'once et la 192» du marc, ce qui revient à la
78b" partie du kilogramme. Le marc contimits onces;
l'once, 8 gros; le gros, 3 deniers; le deftier, 24
grains; ainsi il y a au marc 8 onces, 64 gros, t92
deniers et 4608 grains, Édil sur les monnaies, t. vi,
f° 164, aux archives de.s finances. || Denier de fin,
ou. simplement, denier, chacune des parties de fin
contenues dans une quantité queU-.onque d'argent
que l'on suppose partagée en douze parties égales.
L'argent pur est du de l'argent à douze deniers. On
évalue la bonté de rarg>=nl par deniers, et celle de
l'or par carats. Les bosselles de son mors sont d'or à
vingl-lrois carats; ses fers sont d'argent à onze de-
niers, VOLT. Zadig, 3. || Denier de fin ou de loi, le
degré de pureié de l'argent. || Denier de boîte, pièce
d'or et d'argent que lesgardesdoivent prendre quand
ils font la délivrance, et qui se conservent dans une
boîte pour servir de règle dans la suite à la cour des
monnaies. || Deniers de monnayage, toutes sortes
d'espèces d'or, d'argent ou de cuivre qui ont reçu la
dernière façon. || Proverbes. Il n'y a point d'huis
qui ne lui doive denier, se dit d'un valet musard
qui s'arrête souvent en chemin. || Cette chose vaut
mieux denier i)u'elle ne valait maille, se dit d'une
chose qui. payée plus cher, vaut mieux qu'elle ne
valait payée moins cher, c'est-à-dire d'une chose
qui a été améliorée.
— HIST. xi" s. K quatre deners al c"per [geôlier],
Lois de Guill. 4. Pris l'en ad or et aveir et deners,
Ch. de Hol. lxxxviu. Sis bons escuM un dener ne lui
vaut, ib. xiv.
— XII" s. N'i perdra Charles [ce] qui vaille un seul
diner, Ronc. p. 34. Kt si ont en nos terres pris les
quatre deniers, Sax. xvi. Or volt que il li rende ses
acuntes pleniers De quanqu'ot en liaillie, quant fu
ses chanceliers, De trente mile livres de sterlins en
deniers. Th. lemart.ii. Tut saisi, en sa main, e
terres e miisiiers, E vif aveir e mort, blé, remes
e deniers, ib. 64. E 11 deniers Saint Piere fu dunkes
retenuz: Si fu al eschekier e portez e renduz, ib.
66. Là fors le prinrenl li félon loseiigier. Et nos au-
vec. par Dieu le droiiurier. Si somes povre que
n'avommes denier, Ranul de C. 278.
— xiii* s. S'il i a nulle beste qui comence à feblir,
mêlez lescostages [dépenses] pur lui sauver; car om
dit: Beneit soit li dener qui sauve la libre [la livre].
Économie rurale, liibl. des Chartes, 4* série, t. n,
p. 368 Si ne se purent à celle fois acorder, por ce
qu'il lor sembla qu'il n'avoient mie encore deniers
assez, viLLKH. viii. Et que de mes deniers chascun
d'eus [je] rachetai, Derte, vu. Il e.st acurdé et ordené
que nul meslres foulons ne preigne denrées d'ores
asant, queles que eles soient, boues ou mauve.ses,
pour leur salaires des dras parer, fors deniers ses
[secs, argent comptant] , sanz nule fraude, Lir. des
met. 400. Etvont disant que povressont. Ei les grasses
pitances ont. Et les grans deniers en trésor, tu Hose,
8147. Se vous l'avez félon trouvé; 11 iert [sera] au-
tres au derrenier; Ge le congnois cum ung denier,
ib. 3146. Et li denier qui en vienentsonl au segneur,
BEAt^M. 43. Donques. pot on veir que, se denier de
rente sont deu à cerlain jour, ou blés ou aveines,
ou ce qui est ileu de terme passé... m. xxiii. 9. Noz
entendons que marciés est fes si tosl comme il est
créantes à tenir par l'acort des parties, entre gens
qui poent fere marciés, ou si tost que denier Dieu
en est donés, m. xxxiv, 60. Erlaui de Nogent fu li
bourgeois du monde que le conte creoit le plus, et
fu si riche que il fisl le cha.stel de Nogent l'Eriaut
de .ses deniers, joinv. 205. Ne faire marcbié ne bail-:
1er denier à Dé, du cange, junctura.
— XIV" s. Niilz ne faisoit les chans arer. Les blez
soier, les vignes faire. Qui en donnast (quand on en
donnerait] triple .salaire. Non certes pour un denier
vint; Tant estoient mort [dans la pesle noirej....
MACHA ULT, p. 75.
— XV" s. J'ai loué à mes deniers celle nef pour
faire sur ce voyage ma volonté, froiss. ii, it, 2-0.
Parmi ses deniers payans [par le moyen de], lo. i,
1, 264. Je ne donrai de vos franchises trois deniers,
ID. II, II, 53. Un gros bourgeois qui compte ses de-
niers par défailli d'autre liesongne, al. chabtier,
(lunririlnge iiiveciif. .Ne hiasmez, pour ce, mou
mestier; Je ;;agne denier à denier; (l'est loings du
trésor de Venise, ch. d'orl. Rundeau. Qui du mar-
cbié le denier à Dieu prent. 11 n'y fieul plus mectre
rabat ne creue, ID. ib. Tout marché d'amour, qooy
qu'il monte. Se parfait sans deniers à Dieu, coQUiL-
LABT, p. 37. Ce fut pour le denier à Dieu: Et encore
si j'eusse dit, La main sur le pot, par ce dit. Mon
denier me fust demeuré. Patelin, v. 392 El ne
perdirent pas ung denier vaillant, mais payoit chas-
cun son escol comme s'il eusl esté en Flandres,
COMM. I, 5. Receu et nourry six ans, ayant deniers
de luy pour son vivre, id i, 12. Elle est [la duché
de Normandie] de granl estime, et se y levé de
grans deniers, id. i, i3. Le denier oublié ou mes-
conlé, grâce ne gré, leroux de lincy, Prov. U li,
p. 126.
— XVI" s. Deniers refusez ne se passent pas, Ga-
briel meurieb, dans leboux de lini:y, t. Il, p. <25.
Dénier sur denier bastit la maison, ID. it>. 11 employé
bien ses quatre deniers [il mange bien à proportion
de ce qu'il paye], id. ib. p. 126.
— ÉTYM. Bourguig. denei; wallon, denidié, de-
nigé . denier à Dieu ; provenç. dener. denier, dinier;
calai, dîner ; es|iagn. dinero ; porlug. dinheiro; ita!.
denaro ; du latin denarius, de dent, dix (voy. dé-
naipe), parce que le denier valait à l'origine dix as.
DÉNIER (dé-ni-é), je déniais, nous déniions,
vous déniiez; que je dénie, que nous déniions, que
vous déniiez, v. a. || 1° Nier. Philola.? dénia le
crime, vaugel. Q. C. liv. vi . dans richelet. Les
templiers dénièrent, à la mort, les crimes qu'ils
avaient confessés dans les tourments, hézerai, dans
R1CHFLET. Qu'il approuve sa mort, c'est ce que je
dénie, CORN. Ciniia. ii, *. Son plus grand regret.
C'est de voir que César sait tout voire secret ; En
vain il le dénie et le veut méconnaître, lu. ib. iv, 6.
Je ne dénierai point, puisque vous les savez. De
justes sentiments dans nr^n Jme élevés, ID. Ro !og.
v, 4. Les Grecs, les Jacobiles et les .N'estoriens. à
qui il [un ministre protestant) ne dénie pas qu'il
n'ait accordé le salut, Boss. Var. 3" avertiss. § I5.
Comment! chétif mortel, vous déniez vos deltes,
regnaiid, le Bat, se. I3. Jugeant l'un trés-ca|iable
de dénier ce qu'il devait, et l'autre incapable de
demander ce qu'on ne lui devait pas, rollin, Hitt.
anc. OEivres, t. xi, 2" parue, p. 641, dans pou-
gens. Il i° Kefuser. Dénier des aliments. On lui a dé-
nié toute ju.aiie. Je n'ai pu dénier cet office à leurs
larmes, botr. S/ Cen.v,6. Je medéiiie L'honneur qui
ne m'estdilque dans mon Arménie, CORN. Aft'c. m, l.
Le ciel m'a dénié celle philosophie, mol. Femmes
sav. IV, 2. On ne me peut dénier un rang parmi les
auieurs de notre langue, d'ablaNCOUkt. Arrim,
liv. 1, dans richelet. Pour obtenir les vents que lo
ciel vous dénie, Sacrifiez Ipbigénie, rac. Iphig. i, i
DEN
Le ciel vous ravira ce sang qu'on lui dénie, id. ib.
La Basse- Bretagne, à laquelle Dieu a dénié la vi-
gne, VOLT. l'Ingénu, 4. Les soldats d'un régiment,
appelés sous serment secret à cette œuvre [décapi-
tation de Charles I"], déniérer.t leu'-s bras, CHA-
TEAUB. Stuarls,Mi.\\ 3° Se dénier, o. réfl. Être dé-
nié. Ce que veut tout l'État se peut^'i dénier? roth.
Vencesl. m, a.
— HlST. xiii* s. U il volsist, u il dengnast. Au
leu [loup] covint qu'il l'emportast, mahie. Fable 82.
Dahez[malà]quichar medenea, Quant oremangier
n'enoson, Ren. 2319). S'aucunsheritages est vendus
à commune, U sires pot denier le |la] sesine à fere,
BEAUM. L, 16. Il XIV S. U denoientou refusent l'un
à l'autre aide et subside, oresme, FJh. 268.||xv"s.
Il cuidoit que ceux de Valenciennes dussent vuider
et là venir combattre; aussi l'eussent-ils très-volon-
tiers fait ; mais messire Henry d'Antoiny , qui la ville
avoit à garder, leur deneoit et defendoit, froiss.
I, I, (H. Le jeune duc n'osa denyer de le lui bail-
ler,'comm. IV, ). Il xvf s. Qui fief dénie, ou qui à
escient fait faux aveu, ou commet félonie, fief perd,
LovsEL, 648. L'aide de ma bourse ne vous sera des-
niée, pour.... LANGUE, 48(. Il n'y eut pas un de
tous ceulx que Ciceron feit exécuter par justice, à
qui on deniast sépulture, amyot, Ant. 1. Aprez
avoir attendu quelque temps qu'il [La Boëtie mou-
rant] ne parloit plus et qu'il tiroit des soupirs tren-
chants pour s'en efforcer, car des lors la langue
commenceoit fort à luy denier son office.... mont.
LeU. V.
— ÉTYM. Provenç. denegar, deneyar, desnegar,
desnedar; cspagn. denegar; ilal. dinegare; du la-
tin denegare, de la préposition de, et negare (voy.
NiEii). La forme dengner, par suppression de lï
bref, est correcte et fort ancienne. ZJenoter était une
forme usitée dans certains dialectes, comme loier
et lier, proier et prier, et, dans la langue actuelle,
ployer et plier.
f DÉNIGRANT, ANTE (dé-ni-gran, gran-t'), adj.
Qui dénigre, qui exprime le dénigrement. Un lan-
gage dénigrant. Çà, mesdames les dénigrantes. Si
cet honneur vient la trouver.... bérang. Vertu de
Lisette. M. leR.... était autrefois moins dur et moins
dénigrant qu'aujourd'hui; il a usé toute son indul-
gence, et le peu qui lui en reste, il le garde pour
lui, CHAKPFORT, Cavact. et portraits, p. lio, édit.
d'Arsène Houssaye, 1857.
UÉNIGKÊ, ÉE (dé-ni-gré, grée) , part, passé.
Dont on dit du mal. Si les gens de latin des sots
sont dénigrés, régnieh, Sat. ni.
DÉNIGREMENT (dé-ni-gre-man) , s. m. || 1° Ac-
tion de dénigrer. Ce jargon éternel de la froide iro-
nie, L'air de dénigrement, l'aigreur, la jalousie. Ce
ton mystérieux, ces petits mots sans fin, gbesset.
Méchant, iv, 7. L'impératrice d'Autriche, traitée
par Napoléon avec des égards délicats, flattée de son
accueil.... s'adoucit beaucoup, sauf à revenir à son
dénigrement habituel, lorsqu'elle seraiit de retour à
Vienne, thiers, Uist. du Cons. et de l'Emp. xliu.
Il 2° Etat de mépris. Tomber dans le dénigre-
ment.
— HIST. Tu y comprends blasphème et denigra-
tion non demeries [méritées], o. chastel. L'^pos. s.
vérité mal prise.
— ÉTVM. Dénigrer.
DÉNIGRER (dé-ni-gré), v. a. \\ 1° S'efforcer par
ses discours de rendre noir, c'est-à-dire d'efl'acer la
bonne opinion que les autres ont de quelqu'un, ou
de dépriser la qualité d'une chose. On a tantôt dé-
nigré les dames du palais d'une manière qui m'a
fait rire, sÉv. tst. Tout cela vient de ce que cha-
cun , épris de soi-même , veut tout mettre à ses
pieds et s'établir une damnable supériorité, en dé-
nigrant tout le genre humain, boss. Concupisc. )6.
J'ai loué les sots, j'ai dénigré les talents, volt. l'É-
cossaise, i, t. 11 satisfit son mécontentement secret,
en dénigrant la nation pour laquelle il voyait avec
tant de peine la prédilection de Corinne, stael,
Corinne, vi,2. || 2° Se dénigrer, v. réfl. Dire du mal
de soi-même. Ne cessant de se dénigrer par ironie,
HAMiLT. Gramm. to. |j Dire du mal les uns des au-
tres. Ces gens-là ne cessent de se dénigrer les uns
les autres.
— HlST. XVI" s. Na fréquente point avec hommes
diffamezet dénigrez pour leu r meschante vie , amïot ,
Comm. il faut nourrir les enfants, 38.
— Ktym. Dé.... préfixe, et le latin niger, noir:
rendre noir, noircir. Le provençal a denigratiu,
noircissant.
t DÉNIGREUR (dé-ni-greur), s. m. Celui qui dé-
nigre. On n'entend partout tant de dénigreurs que
parce que les hommes sont en général médiocres,
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
DEN
sots et jaloux de toute espèce de Euccês, mercier,
dans LAVEAUX.
— ÉTYM. Dénigrer.
t DÉNIVELER (dé-ni-ve-lé. L'î se double quand
elle est suivie d'une syllabe muette : je dénivelle, je
dénivellerai), v. a. Ôter le niveau. Cela dénivellera
le terrain.
— ÉTYM. D^.... préfixe, elniveler.-
t DÉNIVELLATION (dé-ni-vè-Ia-sion), s. f. Ac-
tion de déniveler; résultat de cette action. Un ac-
cident avait causé la dénivellation des rails. Les
facules du soleil sont attribuées à la hauteur de cer-
taines dénivellationsdela photosphère, paye. Comp-
tes rendus de l'Àcad. des ,?c. t. xlix, p. 704.
t DÉNIVELLEMENT (dé-ni-vé-le-man), s. m. Le
résultat de la dénivellation; variation de niveau.
Ce coup de vent a produit des dénivellements de
plusieurs mètres, legoarant.
— ÉTYM. Déniveler.
t DÉNIZATION (dé-ni-za-sion), s. f. Sorlede natura-
lisation accordée en Angleterre. Lettre de dénization.
— ÉTYM. Anglais, denixation, de deniscn, étran-
ger admis à la jouissance des droits civils, sauf ce-
lui de succession.
t DÉNOIRCIR (dé-noir-sir), t). a. \] 1° ôter la
couleur noire. |{ 2° Fig. Se dénoircir, v. réfl. Dissi-
per les calomnies dont on a été l'objet. Que faire
d'ailleurs pour se dénoircir auprès du roi paqueté
de la sorte? st-sim. 363, 28.
— HIST. XVI' s. C'est peindre en l'eau, et c'est
vouloir encore Prendre le vent et desnoircir un more ,
BONS. 185.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et noircir.
DÉNOMBRÉ, ÉE (dé-non-bré, brée), part, passé.
Le peuple romain dénombré à chaque lustre par les
censeurs.
DÉNOMBREMENT (dé-non-bre -man), *. m.
Il 1° Compte de personnes. Il ne se dit guère qu'en
parlant d'un très-grand nombre. Tout ce dénombre-
ment, madame, est inutile; CentHeclors pourraient-
ils me payer un Achille ?p. Troade, iv,4. Voici le dé-
nombrement des fils de Sem, Cham et Japhet,
enfantsdeNoé;etcesfi!s naquirent d'eux après le dé-
luge, SACY, Bible, Genèse, x, l. || Terme d'adminis-
tration. Compte des personnes qui habitent un pays.
Ce que je dois dire à cet égard suppose un dénom-
brement exact de toutes les personnes qui habitent
ce royaume, vahban, Dime, p. 67. Voyous combien
vous avez d'hommes; passons-en le dénombrement,
FÉN. Tél. xii. C'est là le dénombrement des en-
fants d'Israël, qui fut fait par Moïse, par Aaron
et par les douze princes d'Israël, chacun étant mar-
qué par sa maison et par sa famille, sacy. Bible,
Nombres, i, 44. U est prouvé que la France ne
contient qu'environ vingt millions d'âmes tout
au plus, .par le dénombrement des feux exacte-
ment donné en 1751, volt. Dial. 24, i«' entretien.
Il 2° Ênumération, en parlant des choses. Il a pris
le soin de faire le dénombrement de tous les cas
qui.... PASC. Prov. 8. Tous les péchés dont Ézé-
chiel fait le dénombrement, boss. Conc. Il serait
mal aisé de faire le dénombrement de tous les ef-
fets de la grâce, iD. in, Peut. 1. Le Saint-Esprit a
voulu entrer dans un dénombrement exact de tous
les ornements de la vanité, id. la Valliére. Quand,
sur une si belle montre, l'on a seulement essayé
du personnage et qu'on l'a un peu écouté, l'on re-
connaît qu'il manque au dénombrement de ses qua-
lités celle de mauvais prédicateur, la bruy. xv. Les
obstacles dont elle faisoit le dénombrement, ha-
MiLT. Gramm. 8. U harangua le peuple, et se crut
en droit de lui reprocher avec force son injustice,
son ingratitude et sa perfidie, en faisant le dénom-
brement de beaucoup d'illustres généraux dont il
avait payé les services par une mort infâme, kol-
LiN, Uist. anc. Œuvres, t. i, p. 206, dans PotiGENS.
Le dernier précepte était de faire partout des dénom-
brements si entiers et des revues si générales, que
je fusse assuré de ne rien omettre , desc. ilélh. u, 10.
Il 3° Terme de fief. Déclaration par é.rit, donnée
par le vassal, des héritages, cens et autres droits
qu'il tient de son seigneur. || 4° Terme de logique.
Dénombrement imparfait, faute de raisonnement
par laquelle on tire une conclusion générale de
plusieurs cas examinés, lorsqu'on a oublié précisé-
ment ceux qui rendent la conclusion fausse. Par
exemple si de ce que les quadrilatères, les penta-
gones, les hexagones, etc. peuvent avoir des angles
rentrants, on concluait que tous les polygones peu-
vent avoir des angles rentrants, la conclusion serait
fausse, puisque dans le dénombrement des poly-
gones on aurait justement oublié les triangles, qui
ne peuvent pas a-oir de tels angles.
DÉN
1057
— HIST. xvi' S. Dénombrement [état détaillé de
ce que le vassal avoue tenir de son seiijneur] baillé
sert de confession contre celui qui le baille, mais
ne prejudicie à autrui, ni au seigneur qui le reçoit,
LOYSEL, 608. Après tous ces esbatemens fut faille la
reveue et le dénombrement accoustumé du peuple,
amyot. César, 71. Et aprez tout ce dénombrement
d'opinions, mont, ii, 289.
— ÉTYM. Dénombrer.
DÉNOMBRER (dé-non-bré), v. a. Faire un dé-
nombrement. Joseph et Marie vinrent se faire dé-
nombrer à Bethléem, volt. Phil. ii, 177. Démétriu?
les dénombra, comme dans un marché l'on compte
les esclaves, monteso. Esp. m, 5. [Peuples]! Dieu
vous dénombrera d'une voix solennelle, v. hugo,
Odes, 111, 1. Il Se dénombrer, II. réfl. Être dénombré.
Le peuple romain se dénombrait à chaque lustre.
— HIST. XVI* s. Faussement il dénombre tels in-
convénients, coNDÉ, Mémoires, dans \e Dict. de do-
chez.
— ÉTYM. Lat. denumerare, de la préposition de,
et numerare, nombrer.
DÉNOMINATEUR ( dé-no-mi-na-teur ), s. m.
Terme d'arithmétique. Celui des deux termes d'une
fraction qui marque en combien de parties l'unité
est divisée.
— HIST. XVI* s. Lesquelz numérateur et dénomi-
nateur se peuvent composer en tant de différences
de nombre que l'on voudra, est. oe la roche, Ari-
smetique, ^ 45.
— ÉTYM. Lat. denominator , de dcnominare (voy.
dénombrer); ainsi dit parce que ce terme dénomme
l'espèce des unités que l'on considère, l'autre ne
faisant que les compter.
DÉNOMINATIF, IVE(dé-no-mi-na-tif, ti-v'), arfj.
Qui sert à nommer. Terme déuominatif.
— ÉTYM. Provenç. denominatiu; ital. denomina-
tivo; du latin denominativus (voy. dénommer).
DÉNOMINATION (dé-no-mi-na-sion; en poésie,
de six syllabes), s. f. Désignation d'une personne
ou d'une chose par un nom. Les dénominations ne
sont pas des choses indifférentes, et il serait à sou-
haiter que celles par lesquelles on désigne les êtres
de la nature réveillassent toujours dans l'esprit l'idée
de quelqu'un des caractères principaux par lesquels
ces êtres s'offrent d'abord à nous, bonnet, Coti-
templ. natur. I2'part. ch. 21. || En arithmétique,
réduire des fractions à même dénomination, leur
donner le même dénominateur. Cette expression
ne s'emploie plus guère ; on dit réduire au même
dénominateur.
HIST. xvi' s. Et reste zéro pour denominacion
du nombre à partir, est. de la hoche, Arismeti-
que , f" 44 , verso.
— ÉTYM. Provenç. denominatio ; espagn. deno-
minacion; ital. denominasione ; du latin denomi-
nationem, de denominare (voy. dénommer).
DÉNOMMÉ, ÉE (dé-no-mé, mée), part, passé.
Un tel dénommé dans l'acte.
DÉNOMMER (dé-no-mé) , v. a. || 1* Terme de
pratique. Nommer une personne dans un acte.
Il 2° Dans le langage général, assigner un nom. Les
plantes ont été dénommées par les botanistes d'a-
près des considérations très-diverses. 1| 3° Se dénom-
mer, 13. réfl. Être dénommé. Ces parties se dénom-
ment d'après leur usage.
— HIST. xii' s. [U] Li denome del lonc, délié [en
long et en large], Tule la moitié del régné [royaume].
Si cum les citez sunt asises, benoIt, ii, 47io.
Il xiv* s. Et dient une chose estre indéterminée et
non bonne, pour ce que, selon elle, l'en [l'on] est
dénommé et dit tel plus ou moins, oresme, Elh.
298. Elle précède telles operacions aussi comme les
ars précèdent les operacions qui de eulx sont de-
nommées, ID. ib. 40. Il xv« s. Et pour ce que excuser
ne se deust de non cognoistre les dits participans,
il les dénomma en ses lettres, viriville. Geste des
nobles, p. I3i. || xvi* s. Le nom du quel nous l'a-
vons dénommée, mont, i, 69. De toute ancienneté
on denommoit et specifioit les années par le nom
de celui qui estoit prevost, amyot, Démétr. 13.
— ÉTYM. Provenç. denotnmar; espagn. denomi-
nar; ital. denominare; du latin denominare, de la
préposition de, et nominare, nommer.
DÉNONCÉ, ÉE (dé-non-sé, sée), part, passé.
Il 1° Déclaré. La guerre dénoncée par les Boniams
aux Carthaginois. |! 2° Annoncé. Les châtiments dé-
noncés par les prophètes au peuple juif. || 3° Indi-
qué soit à la justice soit à une autorité supérieure.
Le fait dénoncé au commissaire de police. Dénoncé
à la convention nationale comme coupable de me-
nées royalistes. '
DÉNONCER (dé-non-sé. Le ç prend une cé/lille
I. — 133
1058
DEN
(levant aoao: nous dénonçona, ja dénonçai), i'. a.
Il 1* Déclarer, publier. On vient de dénoncer la
giierr». 11 envoya un des principaux de sa cour
vers lu» Scythes leur dénoncer qu'ils ne passassent
point le Tanaïs, vacoel. 0- C. liv. vu, eh. 6. 11 lui
envoya dénoncer qu'il eût & lui payer le tribut, id.
i6. liv. viii, ch. 13. Il Dénoncer la fin du l'armistice,
ou, simplement, dénoncer l'armistice, annoncer la
reprise (lus hostilités. || Dénoncer un traité, faire
connaître aux puissances contractantes l'expiration
dec8 traité, ordinairement sous des conditions sti-
pulées. Il Dénoncer un excommunié, ou dénoncer
quelqu'un pour excommunié, déclarer publique-
ment, selon les formes ecclésiastiques, que quel-
qu'un est excommunié. |l 2* Faire connaître. Le
maître de» jeux veut qu'on ne l'envoie [une tra-
gédie] qu'à lui seul, il me dénonce expressément
cette volonté despotique, volt. Lett. d'ArgeiUol,
t» juillet (773. Le roi, le roi lui-même à son
heure dernière , Démmca devant moi leur rage
meurtrière, BBiKFAUT.iVinui//,!, 1. 1| Annoncer avec
menace. Il leur dénonce de rigoureux châtiments,
BO.ss. Ilist. II. 4. Les sages lui dénoncèrent qu'il
mettait tout l'Etat en péril, iD. Heine d'Anglet.
Il S" Déférer à l'autorité, signaler à la justice. Il dé-
nonça deux chevaliers romains, d'ahlanc. Tacite,
Ànnalet, liv. xi, dans bichelet. i qui dois-je le
bien de m'avoir dénoncé? kotr. S( Gen. n, 8. U'où
vient que, pour paraître, il [votre zèle] s'avise d'at-
tendre Qu'à poursuivre sa femme il ail su vous sur-
prendre, Et que vous ne songez à l'aller dénoncer
Que lorsque son honneur l'oblige à vous chasser?
MOL. Tart. v, 7. Connais-tu le complot que ce bil-
let dénonce ?c. delav. Vépr. sicil. m, B. || 4° Terme
de jurisprudence. Faire connaître exlrajudiciaire-
ment quelque chose à quelqu'un. Dénoncer une
opposition. Il 6' Se dénoncer, v. réfl. Être déclaré. La
guerre se dénonce d'une manière extraordinaire et
terrible, chateaub. ylmffr. t4B, || Se révélera la jus-
tice. Le mallieureux se dénonça lui même. Il Faire
des dénonciations les uns contre les autres. Ceux qui
tvaient pris part au complot se sont tous dénoncés.
— lllST. XII' s. Pur treis choses pur vus, que vus
foil denuncier. Que od vus parler en ai mult grant
ilesirier, T'A. le mart. 78. Sa cause et sun eissil lur
aveit denuncié; Li buens reis Loewis en ad eu pi-
tié, E sil volt retenir par mult grant amistié. ib. 52.
Il XIII" s. Frère, fait-il, ge te dénonce Que tn's be-
neûrô morusse, S'onc famé espousée n'eOsse, la
/(o.>e, 8790. Note que l'en ne doit pas solement de-
noncier le pechié de mariage, mes l'empeeche-
ment; et chascun est tenuz au dire, Liv. de just.
200. S'il est denoncié au bailli qu'aucuns face anui
à sainte Eglise, il les doit penre et emprisonner,
BBAUH. H. Il se doivent tantost trere à le [la] jus-
lice et denoncier le fet.in. lix, 6. Sire, je vous de-
nonce que Jelians a fet tel fet qui apartient à voz
à vengier, m. vi, (2. || xiv* s. Il est voir que l'euvre
dénonce et déclare de fait la puissance de celuy
qui l'a faite, OBESME, Elh. 275. Les rois jadis denon-
çoient au peuple ce que il avoient conseillié, et ceux
ilu peuple eslisoient, id. id. 69. Et de chose qu'on die
homme n'irez créant. Jusipi'à tant que celui qui
ira murmurant En aura raconté par devers moi au-
tant Comme dit en aura derrière en dénonçant,
Cuescl. (7905. Il XV* s. Le jour qui estoit dénoncé,
approcha, Fnoiss. i, i, 57. Et afin que la dite fête
fut fçue et connue en toutes marches, le roi d'An-
gleterre l'enviiya publier et dénoncer par ses hé-
rauts en France, en Escosse.... lo.i, i, 2)3. |{ xvi' s.
Par laquelle [menace] une vengeance particulière
est dénoncée sur tous ceux qui auront prins le iiom
de Dieu en vain, calv. Iiulii. 291. N'entreprenant
guerre, qu'aprez l'avoir dénoncée, mont, i, 24.
— ETYM. Provenç. et espagn. denunciar; ital. di-
nunziare; du latin denunliare , de la préposition do,
et nundVire, annoncer (voy. nonce). •
DÉNONCIATEUll, TUICÉ (dé-non-si-a-teur, tri-
»), t. m. et f. Il 1* Celui, celle qui dénonce, qui
accuse.Voici un grand crime dont Tubéron s'est rendu
dénonciateur, d'ablanc. Trad. de Cicéron, dans ni-
CRELRT. Les deux dénonciateurs des templiers pé-
rirent misérablement: l'un fut pendu pour ses crimes,
at l'autre fut assassiné par ses ennemis, mézerai,
d.ins mciiKLKT. D'Alembert vous croit l'ennemi des
gens de lettre» et l'ami de Séguier, leur dénoncia-
teur; voilà pou-quoi il ne vous aime pas, marmont.
Vém. II. Il Ce terme est d'ordinaire pris en mauvaise
part. Il »• Teeme de droit criminel. Celui qui fait con-
naître un crime à la justice. 11 demanda à un des
procureursde son siège, comment il se fallait pren-
dre pour faire un procès à un sorcier; on lui dit qu'il
bUait BWir premièrement quelque dénonciateur, fu-
DÈN
BETiÈBE, Boman bourg, liv. ii, p. 253. Il y a plus
d'un an que nous nous sommes rendus dénoncia-
teurs contre le livre de l'Apologie; nousl avunscom-
•bittu par divers écrits, comme un livre détestable
et qui renversait toute la doctrine de l'Evangile,
PASC. 8' faclum des curés de J'aris. \\ 3° Adj. Tel est
le morceau qui a allumé la bile dénonciatrice de
M. de.... LiNGUET, Journ. pnl. et liU. t. ix, p. 227.
— HIST. xiir s. À tôt ce li rois respont, que cil
baillis ne fut pas csliseor ne quencseor; mes il fu
denunceor. Liv. de jusl. 42. Et se le cors [la cour]
n'en pot savoir la vérité par eus, si le [la] doit ele
savoir par les tesmoins que li denonceres atrait,
BEAUM. LXVU, 20.
— ETYM. Provenç. dfnunciador; espagn. dcnun-
ciador;\U\. denunzialore ; (ii> latin denutUiatorem,
de drnunliare , dénoncer. L'ancien français denon-
ceres est au nominatif de deminlidtur , l'accent sur
rid; le provençal denunciVidor est au régime, de
denunlialàrem ; le français denunceor est aussi la
forme du régime, employée fautivement au sujet.
t «ÉNONCIATIF, IVE (ilé-non-si-a-tif, ti-v'), adj.
Oui dénonce. Mémoires dénonciatifs.
— HIST. XVI* S. Une lettre detioncialive du fait ad-
venu à la personne de son sieur et mary, u. du
BELLAY, 484.
— ETYM. Lat. denuntiativus , de denunliare,
dénoncer.
DÉNONCIATION (dé-non-si-a-sion; en poésie, de
six syllabes), s. f. || 1° Déclaration, publication. La
dénonciation de la guerre. || 2° Terme de droit. Acte
qui fait connaître au débiteur l'opposition formée sur
lui entre les mains d'un tiers. || Acte par lequel le
porteur avertit le tireur et les endosseurs qu'il a fait
dresser un protêt. || Dénonciation de nouvel œuvre,
action qui a pour objet de faire suspendre les tra-
vaux commencés par un proprittaire sur son propre
fonds et pouvant nuire aux voisins. || 3° Accusa-
tion, délation. Une dénonciation calomnieuse. Phi-
lippe le Bel, roi de France, sur la dénonciation de
deux templiers scélérats, fit arrêter en I307 tous les
autres templiers de son royaume, mézerai, dans ri-
ciiELET. Il Terme de droit criminel, déclaration, faite
à la justice, d'un crime ou délit par celui qui en a
connaissance.
— HIST. xir.* s. Contenz [procès] que le convent
de Font Evraut entendoit à esmover par requeste
ou par complainte ou par denunciation, Ilibl. des
Charles, 4* série, t. iv, p. 79. L'autre voie qui est
fête de dénonciation, si est d'une autre manière,
BEAUM. VI, 12. Si tost comme la dénonciation du
damace vient à eus, id. xvi, i7. Pierres propose
contre Jehan, par voie de dénonciation fêle au juge,
II), xxxix, (2. ||xvi*s. Cesie dénonciation [déclara-
tion, menace] n'est pas vaine ne frivole, combien
(lu'elle c'ait pas tousjours lieu, calv. Inslit. 288.
— ETYM. Provenç. denunciatio ; esp.ign. denun-
cincion; ital. denuniiazione ; du latin denunliatto-
ni'in, i\c. dennniiare , dénoncer.
DÉNOTA TION (dé-no ta-sion ; en vers, de cinq sylla-
bes),*./■. Désignation d'une chose parcertains signes.
— HIST. xvi* s. Aux autres chars eut denolance
mainte [il s'agit des attributs d'un triomphe dont
étaient ornés différents chars], j. marot, v, (7(.
— ETYM. Lat. denotalio, de denotare, dénoter.
DÉNOTÉ, ÉE (dé-no-té, tée), part, passe. Les
dispositions de l'âme dénotées par signes extérieurs.
DÉNOTER (dé-no-té), v. a. || 1° Désigner par cer-
taines manpies ou notes. Toutes les choses qui dé-
notent quelijue imperfection, iiEsc. Médit. 3. || 2» Se
dénoter, ii. ré/l. Être dénoté. Les actes par lesquels
son caractère s'est dénoté.
— HIST. XIV* s. Elle passe libéralité en magnitude
ou grandeur, et ainsi le dénote le nom de magnili-
ci'nce qui signifie grandeur de despenso, oresme,
Elh. ) 12. Mais pour mieulx dénoter la note, 'Voyons
ce que dict Aristote, l'Alchim. à nat. B70. || xvi" s.
Il ha ausé prescripue, de son authorilé privée, quelles
choses seroyent dénotées par les couleurs, rab. Garg.
1,9. St Augustin en quelque lieu voulant dénoter
cela, CALV. Inslit. tu3(. Porte l'habit qui dénote
simplosse, Honnestement.... j. marot, v, 207.
— ETYM. Provenç. et e.spagn. dcnolar; ital. de-
ncitare, dinnUite; du latin denotare, de la préposi-
tion de, et nnlare, noter.
i DÉNOUABLE (dé-nou-a-W) , ady Qui peut se
dénouer.
— HIST. XV* s. Par le lien de mariaige. Non des-
nouable et plus estraint Qui toute l'raiichise reslraint,
E. DE.«cii Poésies nus. f* 495, dans lacubne.
— ETYM. Dénouer.
DÉNOUÉ, ÉE (dé-nou-é, ée), part, passé. || !• Dont
le nœud est défait. Une ceinture dénouée. ||»«Fi(r.Oui
DEN
s'est débarrassé de quelque obstacle. Le corps de cet
enfant dénoué par l'exercice et par le séjour à la
campagne. La langue dénouée par l'iniérèt. Quand
sa langue sera dénouée, sa poitrine plus forte et l'ha-
bitude de lire plus grande, fEn. Éduc. des fiiirs, cil. v.
Il S" Qui a un débroiiillement, un dénuûment.Une in-
trigue heureusement dénouée. Pièce mal dénouée.
DÉNOUEMENT (dé-nou-man), t. m. Voy. dénoû
ment.
DÉNOUER (dé-nou-é), v. a. j] 1* Défaire un nœud;
détacher ce qui est retenu par un nœud. Ce que les
Lapons font le plus facilement, c'est de vendre le
vent à ceux qui en ont besoin; ils ont pour cela un
mouchoir qu'ils nouent en trois endroits différents
qu'ils donnent à celui qui en a besoin; s'il dénoue
le premier, il excite un vent doux et supportable;
s'il a beso;:. d'un plus fort, il dénoue le second,
regnaud, Foi/, de iaponie, t. iv, p. 278. L'éléphant
dénoue les cordes avec sa trompe, buff. Éléphant.
Il Par extension. [Et vous étoiles] Qui, cadençani
vos pas à la lyre des cieux. Nouez et dénouez vos
chœurs harmonieux, lamart. Béd. 11, 8. || Fig. Re-
lier tant de fois ce qu'un brouillon dénoue, C'est
trop de patience, mol. l'Étour. m, t. [Home] Ré-
pudie Octavie et me fait dénouer Un hymen que le
ciel ne veut point avouer, rac. Brit. 11, 3. St Louis
regardait ce vœu comme un lien qu'il n'était pas
permis aux hommes de dénouer, volt. Uceurs, 58.
Il 2° Dénouer la langue, faire parler. La douleur
malgré toi la langue te dénoue, Régnier, BioI. Ma
langue n'attend point que l'argent la dénoue, BOiL.
Sat. IX. Il Dénouer sa langue, parier. Enfin il dénoua
sa langue, Et fit cette belle harangue, scarron,
Virg. trav. vi. Comme autrefois le fils de Crésus,
qui avait été jusque-là muet, se dénoua la langue
par un grand effort qu'il fit pour avertir son père
qu'on voulait tuer, fubetiêhe, Boman bourgeois,
liv. Il, Ilist. de Charrnsselles , p. 221. || 3" Dégager
jiar l'uxorcice, par un bon régime, par des moyens
orlhopédiiiues les parties du corps qui étaient nouées.
Dénouer un enfant. || Dénouer le corps, le rendre
plus souple, plus dégagé. Il me restait un juste in-
tervalle pour faire de l'exercice qui dénouât le corps
sans le travailler, dalz. le Prince, avant-propos.
M. de St Geran lui a appris l'exercice du mousquet
et de la pique; c'est la plus jolie chose du monde;
vous aimeriez ce petit enfant, cela lui dénoue le
corps, sÉv. 365. Il Fig. Ronsard n'avait pas tort de
tenter quelque nouvelle route pounlénouer notre ver-
sification naissante, fén. t. xxi.p. I9l. [H" Terminer
une intrigue, la mener à sa fin, en parlant d'une
pièce de théâtre. On dénoue une pièce avec un oncle
à succession. Molière a dénoué le Tartufe par un
ordre du roi. || 6" Se dénouer, i\ réfl. Être dénoué.
Ce cordon se dénouera. || 6° Se débarrasser d'un obs-
tacle. Sitôt que la langue enfantine se sera un peu
dénouée, Boss. m. Nativité, l.||Fig. Avec un tel
secret leur langue se dénoue, corn, le Uent. IV,
I. Il 7' Se développer. Que leur corps se dénoue et
se désengourdisse, Pour être plus adroit à le faire
service, Régnier, Sat. i.
— HIST. XII' S. Kar entre nos e Franceis toz [elle]
Nos ert [sera] liem d'amor e noz [nœud]. Sens rom-
pre mais, senz desnoer, benoît, u, 6301. || xm' s.
Car des mains au deable maint pecheor [la vierge]
desnoe, Berte, xxxiii. || xiv s. Un cop sur l'espaule
dont il lui desnoua [luxa] le bras, nu cangu, deno-
dare. || xv* s. L'enfant s'avança de la table ; le comte
ouvrit lors son sein et desnoulla lors son giiion et
prit un coutel et coupa les pendans de la boursetle,
FROiss. II , m , 1 3. Il XVI* s. Malgré leurs dens le neu
est desnoué, mabot, ii, 425. J'estime que nos âmes
sont desnouées, à vingt ans, ce qu'elles duibvenl
eslre, mont, i, 4o7. Et aucuns qui vouloient aller
aux escarmouches, se rompoyent ou desnouoyent
les bras ou les jambes, lanoue, 66». Remettre en
leur naturel les joinctes des membres desnouez et
deboitez, amyot, Cimon et I.ucull. 5. Finablemenl
la fortune luy dénoua la difficulté de ce noeud, id.
Fnmp. 68. En fuyant par la plaine Thriasie, il sa
dénoua la jambe, et luy fallut faire plusieurs inci-
sions pour le guarir, id. Aralus, 4t. Le roi de Na-
varre, de qui la vertu et l'honneur guerrière com-
mença à se desnouer en ce temps- là. s'oppiniastra
à son dessein, d'aur. Hist. u, 350. La colère dat-
noua ce nœud, id. t6. 425.
— ETYM. Picard, déneuer; provenç. denoxnr;
calai, dcsnuar; ital. di>no(fnre; du laiiii denodare,
de la préposition de, et n«diis,nœud (voy. ce mol).
DÉNOC.MENT (dé-nou-man), s. m. || 1' Action de
dénouer. Le dénoûment d'une corde. || Par exten-
sion, le dânoùment de la langue. || 2' Le point où
aboutit et se résoud l'intrigue d'une épopée, d'uii
DEN
drame, d'un roman, ainsi dit, parce qu'Arislote
avait nommé noeud l'ensemMe des incidents d'une
pifice, et sobitinn ou dénoûment l'incident final. Un
dénoûment bien amené. Voilà justement ce qu'il
faut pour le dénoûment que nous cherchions, mol.
Critùiue, se. dern. || Par extension. Puis s'appe-
santissant, ils le voyaient passer ses longues heures
à demi couché, comme eugourdi, et attendant, un
roman à la main, le dénoilment de sa terrible his-
toire, SÉGUH, llist. de Napol. viii, H. || 3° Solution
d'une chose difficile, embrouillée, par as.similaliou
i la solution finale d'une pièce de théâtre. On nous
donne un dénoûment à la principale difficulté, Boss.
Avrrt. 3. On y trouve un pvirfait dénoûment de la
ilifficiiUé, m. D^f. comm. Ces solutions .servent de
dénoûment à tous les passages de St Clément, id.
Or. 0. Les dénoùments qui découvrent les crimes
les plus cachés paraissent si simples et si faciles
qu'il .semble qu'il n'y ait que Dieu seul qui puisse
EM être l'auteur, la bruy. xvi. Lui seul connaît le
dénoûment de toutes ces malheureuses affaires,
MAiNTENON, iett. à Mme des Ursins, 18 juillet 1706.
Voilà, pour abréger, le dénoûment de celte premii're
intrigue, hamilt. Gramm. 3. Tel sera le dénoûment
redoulable qui nous développera les mystères de la
Providence, mass. Car. Avenir.
— REM. Il y a lieu à demander pourquoi l'A-
c.idémie écrit dénoûment avec un accent circon-
flexe et dévouement avec un e, mois qui sont faits
de même, l'un de dénouer, l'autre de dévouer.
— SYN. DÉNotJMENT, catastrophe, par rapport au
théâtre. Le dénoûment défait le noeud, comme le
mot le porte; la catastrophe fait la révolution. Le
dénoûment est la dernière partie de la pièce; la ca-
tastrophe est le dernier événement de la fable. Le
dénoûment démêle l'intrigue; la catastrophe termine
l'action, BouBAUD. 11 faut ajouter que le dénoûment
est heureux ou malheureux, tandis que la catastro-
phe no se dit que d'un dénoûment malheureux.
— HIST. XVI* s. En nourrice, et avant le premier
desnouement de ma langue, mont, i, 493.
— f:TYM. Dénouer.
DENREE (dan-rée), s. f. || 1° Toute espbce de mar-
chandise. Denrées alimentaires. Les denrées qui
sont dans les magasins. Si l'on emploie des soins
dispendieux ou pénibles pour conserver une denrée
plus longtemps, c'est seulement parce que l'augmen-
tation du prix delà denrée doit récompenser de ces
soins, coNDoncET, Duhamel. Les essences et autres
menues denrées d'amour, hamilt. Gramm. 6. || Den-
rées coloniales, productions des colonies. Elles se-
raient mieux nommées marchandi.ses ou denrées
équinoxiales, parce qu'elles croissent dans la zone
torride et dans le voisinage des tropiques, j. b. say,
TraM, )S4( , p. 231. || c'est une chère denrée, c'est-
à-dire cela est mis à très-haut prix ou à trop h:iut
prix. Il II vend bien sa denrée, c'est-à-dire il sait
se faire valoir. || 2° Mauvaise marchandise. Il n'y a
que de la denrée dans cette boutique. || Fig. et en
parlant d'un vaurien: Voilà une belle denrée! || 3" En
un sens plus restreint, toute production de la terre
destinée à la vente et employée pour la nourriture.
Grosses, menues denrées. Tu ne vends pas Comme
tu veux tes herbes, ta denrée. Tes choux, tes aulx,
enfin tout ton tracas, la font. Jum. Je ne croyais
pas que les denrées fussent si chères, mai.ntenon,
Lelt. à Mme de la Viefville, 23 fév. )7uo. Du gland,
un navet, ou quelque autre pareille denrée, s. j.
Rouss. Ém. IL II 4° Marchandise mise en vente, non
pour être revendue, mais pour être consommée, soit
qu'elle soit destinée à la subsistance, soit qu'il s'a-
gisse de tout autre genre de consommation; tant
qu'elle est achetée pour être revendue, elle con-
serve le nom de marchandise, j. b. say, Épitome,
au mot Denrée. || 5° Nom, dans quelques provinces,
d'un petit pain blanc.
— IIIST. XIII" s. Et s'est trop viez li marchiés
[c'est se prendre trop tard pour faire un marché].
Quant on acate denrée K'uns autres a adesée, liM.
de» Chanen, i' série, t. v, p. 337. Onques de lui
[sur elle] [ils] n'aprirent maiUie ne denrée [la valeur
d'une maille ou d'un denier], lierte, civ. Onques
mais en ma vie n'oi [je n'eus] de joie denrée. Qui
ore ne me soit à cent doublas doublée, ib. cxxvi.
Et li quens lor jura que jà, ne à mort ne à vie,
naveroit denrée de sa terre ; et d'iluec en avant
Ot il à non Jehan-sans-terre, Chron. de Kains, 84.
tt s'ai bien mengié deus denrées De novel miel
enfresches rées, /(en. <023b. Se li strjaiis a l'ad-
mmislralion de vendre blés, aveines, ou autres
«enrées, il convient qu'il conte du pris, beaum. xxix,
14. Cil qui sunt tenu por vilain cas en prison, lor
vie est establie à avoir cascun jor denrée de pain
DEN
et de l'yaue, id. li, 7. Je vous di liien veraiement.
Il font maint mauves serement. Et si jurent que lor
denrées Sont et bones et esmerées Tels foiz que c'est
mençonge pure, ruteb. 223. Les gens le roy leur
loerent les estaus pour vendre leur danrées chier,
si comme l'en disoit, comme il porent, joinv. 2t7.
Il XIV' s. Et telle chose avient aucune foiz en tem-
pestes à ceux qui pour leur neif alegier jettent lour
denrées en la mer, oresme, Eth. 48. || xv's. Ne
renchérirent les vivres qu'on n'eust la denrée pour
un denier, aussi bien qu'on avoit par avant qu'ils
vinssent, fboiss. i, i, 32. Jusques au marché des
denrées, id. ii, ii, 54. || xvi' s. S'il sanglouttoyt,
c'estoyent denrées [botte valant un denierl de cres-
son, RAiî. Pant. IV, 32.
— ETYM. Bcrry, darrh ; provenç. denairada ;
espagn. dinerada; ital. derrata ; du bas-latin dena-
nolo, la valeur d'un denier, du latin denon'us, denier
(voy. denier). Denrée a signifié primitivement ce qui
vaut un denier, cequi s'acquiert parde«ter,parargent.
DENSE (dan-s'), adj. \\ 1° Dans son sens primitif,
épais, compacte, dont les parties nous paraissent
plus épaisses ou plus serrées. Un air dense. Une va-
peur dense. || 2° Par extension, et c'est le sens le
plus habituel, il se dit d'un corps dont le poids fait
supposer que les molécules sont très-serrées les unes
contre les autres; l'or, le plomb, le mercure, sont
très-denses; le platine est le plus dense des métaux.
Il 3° Par comparaison, on nomme dense tout corps
qui, sous un même volume, pèse plus qu'un autre.
L'eau est plus dense que l'air ; l'hydrogène est moins
dense que l'azote.
— SYN. dense, compacte. Compacte est un terme
général qui indique que les parties sont serrées les
unes contre les autres. Dense, en tant que terme
de physique, indique que les molécules sont serrées
les unes contre les autres. La foule était compacte;
le platine est le plus dense des métaux.
— HiST. xvr s. Les bestes hardies et courageuses
ont le cœur petit et dense, paré, Introd. ta.
— ÉTYM. Lat. densus, épais, dense.
t DENSIFLORE (dan-si-flo-r') , adj. Terme de bo-
tanique. Qui porte des fleurs serrées les unes con-
tre les autres.
— ÉTYM. Lat. densus, dense, et fleur.
tDENSlEOLIÉ, ÉE ( dan-si-fo-li-é , ée), ad].
Terme de botanique. Qui porte des feuilles nom-
breuses et serrées.
— ÉTYM. Dense, et le latin folium, feuille.
DENSITÉ (dan-si-té), »•. f. \\ i' Qualité de ce qui
est dense. La densité du brouillard. || 2° Le poids
des corps qui nous paraissent lourds. La densité du
mercure, de l'acide sulfiirique. || 3° Supériorité de
poids sous un même volume. La densité de l'eau est
plus grande que celle de l'alcool. || 4° Terme de phy-
sique. Rapport de la masse d'un corps à son volume,
ou, autrement, le quotient de la masse divisée par
le volume. La pesanteur spécifique étant le rapport
du poids au volume, on voit que l'expression numé-
rique en est la même que celle de la densité. La
densité du globe terrestre est de B,24, celle de
l'eau distillée étant ). La densité de la lune est les
trois quarts de celle de la terre, et cette dernière
quatre fois la densité du soleil. La densité d'un corps
dépend du nombre de ses points matériels renfermés
sous un volume donné; elle e.st donc proportionnelle
au rapport de la masse au volume, laplace, £xp.
m, 3.
— HIST. xvi" s. Ainsi voyons-nous la grosse estre
plus ferme et presque charneuse en densité et du-
reté.... paré, i, 6. Les baings excitent [alors] hor-
reurs, frissons et douleurs, densité de la peau, ID.
XXV, 42.
— ÉTYM. Lat. densitas, de densus (voy. dense).
DENT (dan ; le » se lie : une dan-t aiguS ; au plu-
riel, Vs se lie : des dan-z aiguës), s. f. || 1° Cha;un
des petits os recouverts d'émail, qui, enclavés dans
la mâchoire, servent à mâcher. Une dent gâtée. Le
mal de dent. Avoir mal aux dents. Des dents blan-
ches et bien rangées. Je l'ai trouvée fort belle à une
dent près, qui lui fait un étrange effet au devant de
la bouche, sÉv. 321. La reine disait de lui [le car-
dinal de Retz] qu'on n'était jamais laid quand on
avait les dents belles, dider. iiègiie de Claude et
Néron, i, § 47. || Une rage de dénis, une violente
douleur de dents. || On dit qu'on a les dents molles,
lorsqu'elles n'ont pas leur fermeté ordinaire et
qu'elles sont agacées par quelque substance. || Dents
de lait, les premières dents, qui sont au nombre de
vingt, et qui, ordinairement complètes à deux ans
ou deux ans et demi, sont destinées à tomber pour
être remplacées; elles portent aussi le nom de dents
primitives, de dents temporaires. Dents de la se-
biiïV
1059
conde dentition, celles qui remplacent les dents de
lait et qui sont destinées à rester. Dents de sagesse,
dents de la seconde dentition qui poussent les der-
nières. Il Avoir la mort entre les dents, être très-
vieux, voisin de la tombe, ou bien être très-malade.
Il Tenir la mort entre les donts, mêms sens. Il bave
comme un pulmonique Qui tient la mort entra les
dents, Régnier, Stances. || Arracher une dent àquel-
qu'un, la lui ôter de la mâchoire; et fig. tirer de lui
quelque argent ou autre chose qu'il est contraint de
donner malgré lui. Quand on lui demande quelque
chose, il semble qu'on lui arrache une dent, se dit
d'une personne qui ne donne qu'avec peine.|| Mentir
comme un arracheur de dents, être fort accoutumé
à mentir. || C'est vouloir prendre la lune avec les
dents, se dit d'une chose impossible. || Il lui vient
du bien, lorsqu'il n'a plus de dents, se dit de quel-
qu'un à qui il vient du bien sur la fin de ses jours.
Il Donner des noisettes à ceux qui n'ont plus de
dents, donner à quelqu'un des choses dont il n'erit
plus en état de se servir. || Il y a longtemps qu'il
n'a plus mal aux dents, il y a longtemps qu'il est
guéri du mal de dents, il est mort depuis longtemps.
Il Substantivement et au féminin, une sans dent,
une femme qui n'a plus de dents. Qu'entend ce rus-
tre, et que nous veut-il dire? S'écria lors une de nos
sans dents, la font. Lunettes. \\ Être armé jusqu'aux
dents, être garni d'armes défensives, qui couvrent
le corps entier jusqu'aux dents, et, par extension,
être pourvu de toutes les armes nécessaires à l'atta-
que et à la défense. Dans ce penser il s'arme jus-
qu'aux dents, LA font. Cag. Habillés à la légère
parmi des gens cuirassés jusqu'aux dents, montesq.
Leitr. pers. 67. || Fig. et par plaisanterie. Être sa-
vant jusqu'aux dents, être très-savant; locution prise,
a-t-on dit, de ce qu'autrefois on ne tenait personne
pour savant, s'il n'était docteur, et que le doctorat
amenait à sa suite de fort grands repas où l'on exer-
çait bien ses dents, mais qu'il semble bien plus na-
turel de rattacher, par extension, à la locution :
armé jusqu'aux dents, la science étant comparée à
une armure. N'étant point de ces rats qui, les livres
rongeants, Se font savants jusques aux dents, la
FONT, l'abl. viii, 0. Vous en qui la sagesse abonde,
Vous enfin savant jusqu'aux dents, scahron, Kiigr.
Irai'. III. Il 11 ment par ses dents, sorte de formule de
démenti. Quelle incongruité! vous mentez par les
dents, RÉGNIER, Sat. x. \\ Dents artificielles, faus-
ses dents, dents d'imitation, ou, simplement, dents,
nom donné aux dents que l'on substitue à celles
qui ont été arrachées ou qui sont tombées. Se faire
mettre une dent. || 2° Locutions figurées ou autres
dans lesquelles dent figure pour l'action démanger.
Prendre l'écuelle aux dents, se mettre à manger. Au
fond d'un antre sauvage Un satyre et ses enfants Al-
laient manger leur potage Et prendre l'écuelle aux
dents, LA FONT. Fabl. v, 7. || N'avoir pas de quoi
mettre sous la dent, n'avoir pas de quoi manger, de
quoi vivre. || Manger de toutes ses dents, manger vite
et beaucoup. || Manger du bout des dents, manger à
contre-coeur. || Il n'y en a pas pour sa dent creuse,
se dit quand on sert peu de chose à un homme de
grand appétit. Ici creux a un sens figuré et signifie
avide par vacuité. || Familièrement. Il n'en tâtera,
n'en croquera, n'en cassera que d'une dent, il n'en
aura point. Faites moins la sucrée et changez de lan-
gage. Ou vous n'en casserez, ma foi, que d'une dent,
CORN, le Ment, iv, 9. Ahl ah! vous n'en lâterez, ma
foi, que d'une dent, fagan. Pupille, se. 2). || Mor-
dre à belles dents, mordre vigoureu.sement. Il mor-
dit dans la pomme à belles dents. Et fig. Que l'usure
ait trouvé.... Tant elle a bonnes dents, que mordre
dessus moi, Régnier, Sat. vi. || Fig. Avoir les dents
longues, bien longues, avoir grand'faim, après être
resté longtemps sans manger. On a le temps d'avoir
les dents longues, lorsqu'on attend, pour vivre, le
trépas de quelqu'un, mol. Méd. malgré lui, n, 2.
Il Ne pas perdre un coup de dent, manger sans que
rien puisse interrompre. Un domestique accourt,
l'avertit qu'à la porte Deux hommes demandaient à
le voir promptement; Il sort de table, et la cohorte
N'en perd pas un seul coup de dent, la font. Fabl.
I, 14. Je n'ai pas perdu uu coup de dent ni une
partie de volant, quand j'ai trouvé des joueuses
comme Mlles vos filles, p. l. cour. Lett. ii, 60.
Il Fig. N'en pas perdre un coup de dent, ne pas se
soucier de choses refirésentées comme fâcheuses, de
menaces faites. Il a beau agir et parler contre moi,
je n'en perdrai pas un coup de dent. |{ 3° Claquer
des dents, choquer incessamment les dents l'une con-
tre l'autre, ce qui est un effet ou de froid ou de
frisson ou de peur. [111 Claque des dents, tremble et
frissonne, l.a font. Urais. || Grincer, de^ dents, ser-
1060
DEN
rer les denti fortement, rfe manière qu'elles font
entendre un bruit. Il grinçait des dents. Les dent»
lui grinçaient. Malgré son aigre voix qui fait grincer
les dents, Il apprend de Lambert les airs les plus
touchants, reonabd, Épit. i. || Parler entre les
dents, p.irler peu distinctement. Je m'arrête con-
traint; d'une façon confuse, Grondant entre mes
dents, je m.nrmotte une excuse, bégnier , Sat. i.
....Entre tesclents, je pense, Tu murmures je ne sais
quoi, MOL. Amph. i, 2. Elle n'eût dit ces mots entre
ses dents, la tont. Herc. Tant que le jour est long,
il gronde entre ses dents: Kais ceci, fais cela; va,
viens, monte, descends, regnard. Fol. amour, i,
1. Le cardinal Albéroni parut choqué du discours
que le colonel fSlanhope] lui tenait entre ses dents,
ST-siM. 490, <38. M. do Richelieu laissa dire M. de
Luxemlx)urg et lui répondit après quelques honnê-
tetés entre ses dents, ID. <9, 226. De le frapper je
suis las, Mais dans ses dents monsieur gronde, bé-
RANG. Jf. d'école. Il Familièrement. Rire du bout des
4 dents, s'efforcer de rire sans en avoir envie. Et le
ciel qui des dents me rit à la pareille, bégnier , Sat.
X. Ce sera donc du bout des dents qu'il y rira, mol.
Impr. 3. Il Desserrer les dents, se mettre à parler,
rompre le silence. Si quelqu'un desserre les dents,
C'est un sot; j'en conviens; mais que faut-il donc
faire? Parler de loin ou bien se taire, la font. Fabl.
X, 2. Il 4° Nom des petits os qui garnissent la bouche
des animaux et qui leur servent à manger, à atta-
quer, à se défendre. Il fallait labourer les tristes
champs de Mars Et des dents d'un serpent ensemen-
cer la terre, COHN. Médée, ii, t. Il [le ratj fit tant de
pieds et de dents Qu'en peu de jours il eut au fond
de l'hermitage Le vivre et le couvert, la font. Fahl.
VII, 2. Il tira un fer de son petit sac, arracha les
quarante dents du lion et mit à leur place quarante
diamants d'une égale grosseur, volt. Princ. de Ba-
hyl. I. Il Kig. La dent, ce qui sert à mordre et à dé-
chirer. Le moins qu'on peut laisser de prise aux dents
d'autrui , C'est le mieux.... la font. Fabt. x, ».
Il Avoir une dent contre quelqu'un, lui en vouloir.
Vous avez deviné qu'on n'aura point de dent contre
elle, sÉv. 324. Je vois que Votre Majesté a toujours
une dent secrète contre la géométrie, D'ALF.MB.itïf. au
roide Prusse, e mars t77l. || Avoir une dentde lait,
garder une dent de lait contre quelqu'un, avoir une
vieille inimitié, une inimitié pour amsi dire sucée
avec le lait. C'est que vous avez une dent de lait
contre lui, mol. Mal. imag. m, 3. || Déchirera
belles dents, dévorer. Sinon à belles dents Je te
déchire, la font. Rich. Je le déchirerais, le traî-
tre, à belles dents, scarron, Jodelet , ii, 7. Et,
figurément , médire sans aucune retenue. Halis-
sot avait fait une comédie intitulée le Satirique,
dans laquelle ilse déchirait lui-même i belles dents,
pour pouvoir déchirer à son ai.se les pliilosophes,
d'alemb. Lelt. à Voltaire, 2 juiil. (770. || Coup do
dent, morsure; et, figurément, mot piquant, mé-
disant. Il Tomber sous la dent, être mordu; et, fi-
gurément, essuyer de quelqu'un .soit des propos là-
cheux, soit un mauvais traitement. || Montrer les
dents, se dit d'un animal qui menace et montre les
dents. Le chien montrait les dents. Et, figurément,
montrer les dents à quelqu'un, lui parler sévère-
ment, durement. Tellement qu'il faisait le maître
Parmi les autres prétendants. Qui n'osaient lui
montrer les dents, scarr. Yirg. trav. liv. vu.
Il Quand la gueule de l'animal menaçant va jusqu'à
montrer ses grosses dents, sa colère est encore plus
grande et plus dangereuse : de là, figurément, par-
ler à quelqu'un des grosses dents, le réprimander
fortement, le menacer. || Malgré les dents, sans
craindre les dents' menaçantes d un animal; et de
là, figurément, malgré ses dents, malgré lui. Et là
malgré mes dents rongeant et rêvassant, Régnier,
Sat. XV. Ils m'ont fait médecin malgré mes dents,
MOL. If^d. malgré lui, m, i. Je veux, je veux ap-
prendreà vivre à votre mère; Et, pour la mieux bra-
ver, voilà, malgré ses dents, Martine que j'amène
et rétablis céans, ID. F. sav. v, 2. Mais eOt-ill'hu-
meur sombre et noire. Avec l'époux, malgré ses
dents, Mettez-vous bien, hamilton, Gramm. 4. || En
dépit des dents, même sens les autres accidents
Qui nousviennenthapperendépildenosdents, mol.
Sgan. )7. Nous l'aurons, dis-je, en dépit de vos
denl», iD..Çt'cil. 9. Il B° Les dents duchevaL || Prendre
■ lemorsaux dents seditd'unchevalqui s'emporte sans
que le cocher ou le cavalier puissent le retenir, le
mors n'opérant pas plus d'effet sur les barres que si
le cheval le tenait serré entre les dents, y Fig. Pren-
dre le mors aux dents, se livrer à ses passions, à
son emportement, à sa fougue. || En un autre sens,
prendre le more aux dent», se mettre en colère.
DEN
s'emporter subitement. On lui a fait un léger re-
proche, il a pris le mors aux dents. || En un autre
sens encore, prendre le mors aux dents, se livrer au
travail, aux affaires avec ardeur, après être resté
dans l'inaction, dans l'indolence. X présent il étu-
die beaucoup, il a pris le mors aux dents. ||Le che-
val est sur les dents, quand, fatigué, il appuie ses
dents sur le mors; et, figurément, être .sur les dents,
être accablé de fatigue. Mettre sur les dents, exté-
nuer de fatigue. Qu'elle m'ait déconfit et mis dessus
les dents, Régnier, Sat. xiii. La pauvre Françoise
est presque sur les dents, à frotter les planches
que.... MOL. B. gent. m, *. Le voilà sur les dents,
la font. Fabl. ii, 9. L'incommoder, la mettre sur
les dents, id. Mandr. Tout cet embarras met mon
esprit sur les dents, mol. Amph. i, 2. || 6° Les dents,
la dentition. Beaucoup d'enfants meurent aux dents.
Cet enfant a beaucoup de peine à faire ses dents.
Il 7" En termes de zoologie, nom donné à tous les
organes calcaires ou cornés qui servent à divi.ser les
substances alimentaires, quelle que soit la situation
de ces organes. || 8° Dent d'éléphant, une défense de
l'éléphant. || Dent de narval, longues défenses qui
arment la mâchoire supérieure des narvals. || 9° Nom
des pointes qui garnissent certains instruments. Les
dents d'une scie. Les dents d'un peigne. Souffrez
qu'on peigne un peu.... — Sottise sans pareille ! Tu
m'as d'un coup de dent presque emporté l'oreille,
MOL. Fâch. I, 1. D'obstacles infinis mille ont su
triompher, Cécile des tranchants, Prisque des dents
de fer [instrument de torture] , rotr. St Gen. m, 8.
Il y aurait plus de crimes dans un monde où il n'y
aurait ni peines ni récompenses, comme il y aurait
plus de dérangements dans une montre dont les
roues n'auraient point toutes leurs dents, d'alemb.
l^tt. au roi de Prusse, 3o nov. <770. |{ Terme de
botanique. Saillie plus ou moins aiguë, mais tou-
joursdepetitedimension, du bord des organes mem-
braneux. Il Dent de broderie, broderie en forme de
dent ronde ou pointue qui termine ordinairement la
broderie tout en l'ornant ; elle se fait presque tou-
jours au feston. Dent simple. Dent pleine. Dent en
crête de coq. Dent de feston de rose, espèce de dent
pleine formée de petites dents. Broderie, découpure
à dents de loup, broderie, découpure formant une
suite d'angles aigus. || Dents de passement, appelées
aussi engrelures, et qui sont des pointes aux bords
du passement. || Sommet prismatique et anguleux
d'une montagne. || Terme de serrurerie. Refentes sur
le museau du panneton d'une clef. || 10° Brèche qui
est au tranchant d'une lame. Ce couteau a des dents.
Il 11° Dent de chien, ciseau de sculpteur, formé
d'un fer fendu en deux pointes. || 18° Dent-de-loup,
cheville pour arrêter la soupente d'une voiture.
Il Terme d'architecture. Espèce de gros clou de ta
à 15 centimètres de longueur, servant à attacher
les grosses pièces de bois. |j Terme de charpentier.
Grosse broche de fer servant dans les pans de bois
à arrêter les tournisses. || Terme de serrurier. Trin-
gle recourbée pour supporter des ustensiles de cui-
sine. Il Instrumeiit de doreur qui sert à brunir l'or.
Il Terme de marine. Sorte de levier employé dans
les purts pour soulever de lourds morceaux de bois.
Il 13'Dentde chien, nom vulgaire del'f^rj/f/irone dent
de chien (liliacées), dite aussi vioulle, s. f. || Dent
de lion , nom vulgaire du pissenlit commun, ou du
taraiacum dent de lion (synanthérées) appelé aussi
couronne de moine. |{ Doubledent, espèce de mousse.
Il 14° Terme de minéralogie. Dent de cochon, va-
riété de carbonate de chaux en cristaux hexaèdres.
Il Dent de cheval, variété de topaze bleu-verUâtre.
Il Proverbes. C'est Geoffroi à la grand' dent, se dit
de celui qui a quelque dent qui avance plus que les
autres. || Œil pour œil, dent pour dent, se dit en
parlant d'une vengeance égale à l'offense. || Telia
dent, telle morsure, c'est-à-dire l'effet répond à la
cause. Il Le vin trouble ne casse point les dents.
— HIST. XI* s. [Il] Tranche le nés et la bouche et
les dens, Ch. de Hol. cixiil. [Il] Tranche la teste
d'ici qu'as denz menus, l'b. cxliv.
— XII* s. Et par la grant angoisse toiiz les dens
rechigner, flonc. p. 200. Le nez moult très bien
fait, les danz menus et blanz, Sax. v. Es danz del
peigne ot des chevos [cheveux] Celi [de celle] qui
s'enestoit peigniée, la Charrette, <354.
— XIII* s. De paour [elle] va à dens sur la terre
coucher, Berte, xix. Et Berte gist à dens par des-
sus la bruiere, t'b. xx. Puis [elle] dist entre ses dens,
que nuls ne l'a oit.... ib. lui. Parles denz bieu, ce
dist li uns, C'est Bruns li ors [l'ours j , li chaz Tybert , Ne
li âuramestier haubert Qu'autre foiz m'ont il felda-
mage, Ren. 9228. Tucommencerasàfremir, X tres-
saillir, à démener, Sor coslô l'estovra torewr Une
DEN
heure envers, une eure adens, Cum fait honsçii a
mal as dens, la Rose, 2444. Mecine [médecine] en-
contre dens dolur; De petis maus estle peur [p rc],
Ms. St Jean.
— XIV* s. Il ne scet homme ou monde en tout le
firmament X qui on doie faire de l'espée présent. Se
ce n'est à vous, sire; chascun y a la dent, Guescl.
<7242. Il sont touz affamez, je le .sai vraiement; Ne
pueent plus durer, car chascun a long dent. »'&.
4I3H4. C'est Bertran du Guesclin qui vient si faite-
ment; Il nous tientà brebis, il nous monstre la dent,
16. <I63. Le Besque de Vilaines, qui m'a grevé for-
ment, Olivier de Mauny, que je hé durement, Et
ses frères aussi qui me monstrent la dent, ib. )too4.
— xv s. Là les povres gens leur chantoient une
note entre leurs dents tout bas, froiss. ii, m, 44.
Je meurs de soif auprès de la fontaine; Chaull comme
feu, et tremble dent à dent, en. d'orl. Bail. (06.
Et icelui respondit fellement qu'il mentoit par ses
dents, monstrel. liv. i, ch. i07.Du journ'avoie men-
gé des dents; S'avoye grand soif et grand faim, la
FONT. 28. Parquoi, comme le roy lui monstroit la
dent, avoit bien loy aussi de monstrer son orgueil
envers le roy, G. chastel. Chron. des d. de Bourg, m.
ch. 200. Malgré leurs dents, s'en vindrent toujours
combattant, Bouciq. i, ch. 30. Le mareschal, qui
toujours y avoit la dent, encore se voult mettre en
son devoir de s'essayer, avant que aux Florentins
aulcune vendition en fust faite, ib. m, ch. 8. Car,
dit le proverbe, où la dent deult, la langue va, et,
dit l'Escriture, qui de terre est de terre parle, llist.
de J. Boucicaut, in-4'', Paris, 1620, p. 378, dans
LACL'RNE. C'est à meshuy, j'ay beau corner. Or ça
il s'en fault retourner Maulgré sez dentz en sa mai-
son, VILLON, Arch. de Bagn.
— xvi*s. Maugré ses dens, calv. Instit. 7. Cecy
est pour blanchir vos dents, Si par temps ils devien-
nent ords, St GEL. (21. Je vy naguère un cheval
qui prenoit Son mors aux dents.... id. 200. Comme
ne peut s'appaiser Tadent par ire accrochée, m. 240.
Ses dentelettes d'ivoyre, dubell. vu, 37, recto. Le
prince se retira en son camp, riant (mais entre les
dents), LANGUE, 662. Les magistrats catholiques, re-
mis en leurs estais, avoient bien souvent quelque
dentde prendre la revanche des huguenots, casiei^
nau, 177. Ayant la mort entre les dents, il songe
encore à la guerre contre Mithridate, amïot. Ma-
rius et Pyrr. (4. Il ne faisoit mourir .seulement
ceulx contre qui il avoit particulièrement quel-
que vieille dent, id. Lysand. 35. Le beguoyement
de leur parler entre leurs dents, id. Sertor. 40.
Celle herbe que l'on appebe dent de chien, id. Cé-
sar, 68. Si on luy commande de parler des grosse»
dents à un fascheux beau père, il est sans honte et
sans mercy, id. Comm. dise, le flatl. 41. Lesadvo-
cats n'en meurent guère, Qui boivent avec leurs
clients: Ayant une bonne matière. Ils s'en lavent
fort bien les dents, jean le houx, Yau de Vire, l.
Là l'infanterie demeura sur les dents, comme aians
foit trois lieues plus que leurs ennemis, p'aub. llist.
III, 9. L'apophyse dresséeau corps superieur'du se-
cond spondyle, que Hippocrates appelle dent, paré,
IV, 16. Si les dents sont corrodées, creuses et per-
tuisées jusques à la racine, id. xv, 26. Les orfèvres
garnissent ces dents [de lamieou requin] d'argent,
les appelans dents de serpent, id. Monsir. app. i.
i douleur de dent n'ayde viole n'instrument, Le-
roux DE LiNCY, Prov. t. I, p. 214. Battre le tambour
avec les dents [trembler] , id. 16. Bonnes sont les
dents qui retiennent la langue, id. ib. Les gour
mands font leurs fosses avec leurs dents, id. ib.
Dent contre dent se consume, gésin. Récréations,
t. II, p. 237. On met mieulx entre ses dens qu'on ne
le rejette quand est dedans, iD. ib. p. 248. 11 por-
toit une dent à Guesclin depuis qu'il avoit enlevé le
chasteau de Fougeray sur Robert de Bambroo, Mém.
s. du Guescl. ch. v.
— ÉTYM. Picard, deint, s. m.; wallon, den; gé-
nev. cet enfant met ses dents, pour il fait ses dents;
provenç. denl; espagn. dienle; ilal. dente; du latin
dens; grec, ôSoiç; angl. tooth ; aliem. Zahn; island.
tan; bas-breton, dant ; sanscrit, dama , qui paraît
être originairement le participe pré.sent acûinla,
mangeant, du verbe sanscrit ad, manger (latin ed-
ère), dont la voyelle initiale serait conservée dans le
grec iio<i(. Dans l'ancien français, dent était mas-
culin comme en latin; il est resté tel dans quelque»
patois : rire des gros dents, se dit en Lorraine; il
commence à devenir féminin au xiv* siècle.
l.I)ENT.\IRE (dan-tê-r), adj. Qui appartient,
qui a rapport aux dents. || Terme d'anatomie. Canaux
ou conduits dentaires, canaux osseux qui livrent
passage aux misseauz et nerfs denlaiies. || Noyau
DEN
dentaire, nom donné à la papille ou pulpe dentaire,
qui est centrale et sur laquelle la dent se moule.
Il Arcade dentaire, réunion de la série des dents,
décrivant toujours une li^ne plus ou moins courbe.
Il Cavité dentaire, cavité existant dans toutes les
dents peu éloignées de l'époque de leur éruptioii et
contenant la pulpe dentaire. || Terme de vétérinaire.
Cul-de-sac ou cornet dentaire, cavité existant à la
surfjoe de frottement des incisives, des solipèdes,
qui disparaît par suite de l'usure de la dent, et dont
la disparition est un des signes utilisés pour la con-
naissance de l'âge. || Terme do zoologie. Formule
dentaire, disposition de chiffres adoptée pour indi-
quer d'une manière abrégée le nombre des dents do
chaque espèce, chez les mammifères; exemple:
formule dentaire du cheval: inc. f, can. j=f, mol.
1=1 = 40; c'est-à-dire 12 incisives, 6 en haut, 6 en
bas; 4 canines, en haut I àdroiteet) àgauche, en bas
) h droite et < à gauche; 24 molaires, en haut 6 à
Jroiteet 6 à gauche, en bas e àdroiteet 6 à gauche.
— RTYM. I.at. dentarius, de dens, dent.
a DENT.41RE (dan-tê-r') , s. f. Terme de botani-
que. Genre de plantes crucifères, ainsi nommées
parce que les racines en sont dentées, dont trois es-
pèces denforia pjnnafa, Lamarck, detilaria penta-
phyllos, L. , et denlaria bulbifera, L., ont été re-
gardées comme carminatives et vulnéraires.
— ÉTYM. Dentaire l.
DENTAL, ALE (dan-tal, ta-1'), adj. \\ 1° Terme
d'anatomio. Qui appartient aux dents. Nerfs den-
taux. Il 2° Terme de grammaire. Lettres dentales,
lettres qui ne peuvent être prononcées sans que la
langue touche aux dents, telles que d, t, n, s. Les t
et les d dentaux du sanscrit, sorte de ( et de d,
propres à cette langue. Une consonne dentale. || S.
f. Une dentale, c'est-à-dire une consonne dentale.
Les dentales sont d, (, s, z, n ; en anglais il faut y
ajouter le th dans ses deux prononciations.
— ÉTYM. Lat. dentalis, de dens, dent ; provenç.
et espagn. dental; ital. dentale.
f DENTALE (dan-ta-l') , s. m. Genre de mollus-
ques marins (voisins des gastéropodes), à coquille
calcaire, univalve. dont l'espèce la plus commune
sur les côtes d'Asie et d'Europe est le denlalium
elephantinum , Martini. || Espèce de poisson du
genre des spares.
t DENTALITHE ( dan-ta-li-t'), s. f. Nom donné
aux dentales fossiles.
— ÉTYM. Dentale, et ).î9oi;, pierre.
DENTÉ, ÉE (dan-té, tée), part, passé. \\ 1° Garni
de pointes uniformes et placées à égale distance les
unes des autres. Roue dentée. Il fit réflexion que
dans les machines où il y a des roues dentées, c'est
aux dents que se fait tout l'effort, et que, par consé-
quent, le frottement, qui détruit toujours une grande
partie de l'effet des machines, est à ces endroits plus
grand et plus nuisible que partout ailleurs, fonten.
Lahire. \\ Terme de botanique. Feuille dentée. Le
bord est doublement denté, lorsque chaque dent
porte elle-même une dent plus petite. Bord denté
en scie, bord oil chaque dent est dirigée vers le
sommet de l'organe denté. || 2" Terme de bla-
son. Ne se dit que des animaux dont on voit les
dents. Il 3" Terme de diplomatique. Charte den-
tée, papier poli avec une dent d'animal. || 4° S. m.
Poisson de la Méditerranée (dentatus vulgaris).
— HIST. XV' s. Chascuns promet, mais que vaut
telz convenz. Quant sur mentir le principe est en-
tez? Tel/, prometteurs sont de cens decepvenz. Qui
de voir dire n'ont plus les dens dentez, e. nEscn.
Poésies mss. f" 222, dans lacurne. || xvi" g. Perdre
une saillie gaillarde et piquante d'esprit, ou un mot
denté et plein d'aiguillon, pasquier, Lett. t. m,
P 93, dans LACURNE. Ses habits estoient tous de-
schirez, et luy denté [morduj en plusieurs parts,
cuouÈRES, Contes, f" 208, dans lacuhne.
— ËïYM. Provenç. dentat; espagn. dentado; ital.
denlato; du latin dentatus, de dens, dent.
DENTÏiE (dan-tée), s.f.\\ 1° Coup de dents qu'un
chien donne au gibier. || 2° Coup que le sanglier
donne avec ses défenses.
— HIST. XVI' s. Et la beauté tant vantée Qui du
foudroyant sangler Sentit la fiere dentée, ddbell.
v, 53, rerso.
— ÉTYM. Denté, comme rossée, de resté.
DENTELAIRE (dan-te-lê-r'), s. f. Terme de bota-
nique. Genre de plantes ainsi nommées , parce
qu'une des espèces était jadis employée contre le
mal de dents, et dont une espèce (plumbago euro-
pa-a, L.) a une racine irritante et employée pour
produire la rubéfaction. || Plante nommée aussi herbe
au cancer et malherbe.
— ËTYM. Voy. DENTELER.
DEN
DENTELÉ, ÉE (dan-te-lé, lée), adj. || l» Taillé en
forme de dentelle. Un roc dentelé. Arête visible de
loin, âprement dentelée, et qui sépare le torrent
affluent du Gardon d'avec le Mimente, affluent du
Tarn, fouhnet , Acad. des se. Comptes rendus,
t. LU, p. )H7. Il Terme de botanique. Se dit des par-
ties d'une plante qui sont inégalement découpées,
par opposition à denté, oïl les découpures sont égales.
Il Terme d'anatomie. Ligament dentelé, bandelette
blanchâtre, trîs-résistante, située dans le canal ver-
tébral. Il Le grand dentelé, muscle qui s'attache aux
huit ouneuf premières côtes. Les petits dentelés pos-
térieurs, muscles qui s'attachent à la dernière ver-
tèbre cervicale et aux deux premières dorsales. Le
petit dentelé antérieur, le petit pectoral. |I Terme
de diplomatique. Charte dentelée, charte dont la
marge détachée de la sotiche est dentelée. 112° Terme
de blason. Qui est à petites dents, en parlant de la
croix, delà bande, etc. || 3° Terme de numismatique.
Médailles dentelées , médailles dont la tranche est
garnie de dents.
— REM. En parlant des roues, on se sert exclusi-
vement de l'adjectif denté, et non de dentelé.
— HLST. XVI' s. Un' espine qu'ils [certains pois-
sons] ont dentelée comme une scie, mont, ii, I9B.
La suture des os est dentelée ou crénelée à la façon
des dents de scie.,., ou escaillée,PARÉ,iv, 43. Il est
fort dentelé et furieux, tuant et dévorant les autres
poissons, ID. Mrinstr. app. 1. Certains muscles ser-
vant à la respiration que nous appelions dentelés
postérieurs, id. i, 8. Le grand dentelé, sortant de
la base du paleron, m. ib. Le rhomboïde (nommé
aussi petit dentelé), m. iv, 7.
— ÉtYM. Voy. DENTELLE.
t DENTELER (dan-te-lé. VI se double, quand la
syllabe qui suit est muette: je dentelle; je dentel-
lerai), V. a. Faire des entailles en forme de dentelle.
— ÉTYM. Voy. DENTELLE.
f DENÏELET (dan-te-lè) , s. m. Terme de con-
struction. Carré sur lequel on taille les ornements
appelés denticules.
— ÉTYM. Diminutif de dent.
DENTELLE (dan-tè-1'), s^ f. ]\ 1° Sorte de passe-
ment à jour, à mailles très-fines. Dentelle de fil, de
soie, d'argent. || Dentelle réseau, sorte de dentelle
en point d'Alençon. || Dentelle bride, dentelle dont
le tissu est plus fort que le réseau. || 2° AKsolument.
La dentelle de fil. Elle travaillait devant la Fan-
chon qui faisait de la dentelle, J. J. rouss. Hél.
v, 3. Il S. f. plur. Objets de parure faits de den-
telles. Parée de diamants et de dentelles. || 3' Terme
d'architecture. Dentelle de jiierres, pierres taillées
en dentelle. || 4° Ornement d'imprimerie, servant
d'entourage aux pages, ou de vignette aux titres
des chapitres. || Dessin poussé sur le bord des li-
vres ou sur le plat de leur couverture. || 5° Den-
telle de mer, nom de plusieurs polypiers. || Den-
telle de Vénus, nom vulgaire d'un très-joli polypier
réticulé.
— msT. xvi's.Dentille, ornementdesfrises, oudin.
— ÉTYM. Provenç. denlelh. dentHh, créneau : ital.
den/pMo, même sens; àn\AVm denticuhis , diminutif
de dens, dent. De'i'eHe est la forme féminine de ce mot.
■j- DENTELLIÈRE (dau-tè-liô-r'), s. {. Ouvrière
qui fait de la dentelle.
— ÉTYM. Dentelle.
DENTELURE (dan-te-lu-r') , s. f. Ijl» Ouvrage de
sculpture fait en forme de dents. |{ 2° Découpure en
forme de dents. Au bord de la partie éclairée du
disque lunaire, les montagnes se présentent sous la
forme d'une dentelure qui s'étend au delà de la ligne
de lumière, laplace, Exp. 1, 4. Leurs dentelures
[des monts] se traçaient avec une pureté extraordi-
naire sur le ciel, chateaub. Italie, H. Les limites
des rivages de la Provence sont circonscrites dans
un cercle de même rayon que celui qui enferme les
dentelures des rives occidentales de la Corse, ville-
neuve -flayosc, .Icad. des se. Comptes rendus,
t. Liv, p. 200. Il Terme de botanique. Dentelures,
dents en scie, c'est-à-dire aiguës et dirigées vers
le sommet de l'organe denté.
— HIST. xvi" s. Les dentelures des rochers, d'aub.
Hist. m, 406. Des parapets de quatre pieds de gasons
et de motines qui se flanquoient par leurs dante-
lures, m. ib. 1, 20.
— ÉTYM. Denteler.
t DENTER (dan-té), v. a. Munir de dents un us-
tensile. On a commencé à denter cette roue.
— ÉTYM. Dent.
+ DENTlCIDE(dan-ti-si-d'), adj. Terme de botani-
que. Déhiscencedenticide.déhisoence se faisant parl'é-
cartement des dents quisontau sommetdes carpelles.
— lïTYM. Dent, et le latin r.a:dere, fendre.
DEN
10G«
t DENTICORNE (dan-ti-kor-n') , adj. Terme d'en-
tomologie. Oui a les antennes ou cornes dentées.
— ÉTYM. Dent, et corne.
DENTICIILE (dan-ti-ku-1'), s. m. || 1° Terme d'his-
toire naturelle. Dent très-petite. || 2° Par extension,
lég'TO dentelure. || Terme de menuiserie. Petites
parties saillantes carrées par leur plan, et dont la lar-
geur est à la hauteur comme 2 esta 3. Il 3" S. /■. plur.
Terme d'architecture. Les denticules, membre des
corniches ioniques et corinthiennes, qui a plusieurs
entaiUures semblables à des dents. Les denticules
se placent ordinairement dans la corniche ionique et
dans la corniche corinthienne, Z))c(. de l'Académie.
— ÉTYM. Lat. denticulus, diminutif de dens, dent,
t DENTICCLÉ, ÉE (dan-ti-ku-lé, lée), adj. Terme
didactique. Qui est garni de très-petites dents, de
denticules. || Terme d'architecture. Se dit des orne-
ments en forme de moulures carrées qui font partie
de la corniche. || Terme de. blason. Écu denticulé,
écu dont la bordure est formée de denticules.
— ÉTYM. Denlicule.
DENTIER (dan-tié; Vr ne se lie jamais; au pic-
riel, l's se lie : des dan-tié-z-habilement faits), s. m
Il 1° Rang de dents. Un beau dentier. Terme fami
lier et peu usité. || 2° Terme de dentiste. Série de
dents artificielles montées sur une même pièce, et
disposées de manière à représenter une des arcades
dentaires. || 3° Outil qui sert à diviser chaque pair,
de savon en loves.
— ÉTYM. Dent.
t DENTIEICATION (dan-ti-fl-ka-sion), s. f. Terme
de physiologie. Génération de la dentine ou sub-
stance propre des dents.
— ÉTYM. Dent, et le suffixe latin ficare, faire.
t DENTIFOUME (dan-ti-for-m') , adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui a la forme d'une dent.
— ÉTYM. Dent, et forme.
DENTIFRICE (dan-ti-fri-s') , s. m. || 1° Médica-
ment, ou poudre qui sert à nettoyer les dents, er.
les frottant. || Adj. Poudre dentifrice. || 2° Nom
donné, par extension, à certaines préparations al-
cooliques, l'eau de Botot par exemple, destinées à
la conservation des dents.
— HIST. XVI' s. Qu'on les frotte avec dentifrices
faits de.... PARÉ, XV, 29.
— ÉTYM. Latin dentifricium , de dens, dent, et /'(t-
care, frotter (voy. friction).
t DENTIGÈUE(dan-ti-jê-r'), adj. Terme d'histoire
naturelle. Qui est muni de dents.
— ÉTYM. Dent, et le latin gerere, porter.
t DENTINE (dan-ti-n'), s. f. Terme de chimie.
Nom donné à la substance propre des dents.
— ÉTYM. Dent.
t DENTIROSTKE (dan-ti-ro-str') , adj. Terme de
zoologie. Dont le bec offre une ou plusieurs dents.
Il S. m. Nom d'une famille de passereaux caractéri-
sée par une éohancrure à l'extrémité du bec, par
exemple le merle.
— ÉTYM. Dent, et le latin rostrum, bec.
DENTISTE (dan-ti-st'), s. m. Chirurgien ou ar-
tiste ne s'occupant que de ce qui concerne les dents.
Il Adj. Un chirurgien dentiste.
— ÉTYM. Dent. Paré a dit dentateur : Ne faut que
les barbiers et dentateurs se hastent trop subit les
arracher, xv, 28.
DENTITION (dan-ti-sion ; en poésie, de quatre
syllabes), s. f. Eruption naturelle des dents aux di-
verses époques de la vie.
— REM. C'est une faute de dire une belle denti-
tion pour une belle denture.
— ÉTYM. Latin, dentitio, de dens, dent.
t DENTO-LABIAL, ALE (dan-to-la-bi-al, a-l'),
adj. Terme de grammaire. Lettre dento-labiale, ou,
substantivement, une dento-labiale, consonne qui,
comme le 1; et Vf, se forme par l'imposition des
dents sur la lèvre inférieure.
— ÉTYM. Dent, et labial.
DENTURE (dan-tu-r"), s. f. || 1° As.semblage de
dents, naturel ou artificiel. || Ordre dans lequel les
dents sont rangées. Une belle denture. || 2° Terme
de mécanique et d'horlogerie. Le nombre des deuts
d'une roue.
— HIST. xin' s. Qu'aprent poulain en denteûre.
Tenir le veut tant come il dure, gautier decoinsi,
dans le Dict. de docuez. (| xiv s. Dit on que ce que
on aprent en denteûre, on veult teniren vieillesse^
GASTON piiÉBUS, Chasse, ms. p. t34,dans lacurne.
il xv* s. J'aim par amour la plus belle figure Que
nulz homs puist de ses yeux regarder; Courte et
grosse est, et s'a la denteiire, Groin et cheveux corn
hure de sanglier. Barbe au menton; elle méfait trem-
bler, E. DEscii. Poésies mss. f° 220, dans lacurnï.
— ÉTYM. Dent.
10G2
DEN
DÊNUDATION (rlé-nu-da-sion; en vers, de cinq
«yllalics), t. f. Il !• Terme do chirurgie. Etat d'une
partied6pouilléedeso«enve!o|ipesnatiirelle3. ||2"Par
eitension. Uéiiuilalron d'un arbre, état d'un arbre
dé|ioiiilléde son teorce ou doses rouilles. |j Terme
de «ôologio. Dénuil.ilion d'un teriain, enlèvement
des couches qui le recouvrent habituellement.
rilST. XVI* s. De peur de douleur et denuda-
tioa, tant ilu nerf que do l'os, pauê, xiii, (7.
— tTYM. Lat. denudationem , de dmxtdare (voy.
dénueb).
t DfiiVUDÉ, ÊE (dé-nu-dé, dée), part.'piusé. Un
03 dénudé.
f l)ftNLiF)KR (dé-nu-dé), r. o. |1 1° Terme de
chirurgie. Mettre un os, une partie à découvert.
Il 2° Par extension, dépouiller un arbre de son
écorce. || 3° Se dénuder, v. réfl. Se dépoudier de son
enveloppe. Cet os commence à se dénuder.
— f.TYM. Lat. deimdare (voy. dénuer).
DCNCE, ÊE (dé-nu-é, éc), part, passé. Privé.
Plulon est seul, enlre les dieux. Dénué d'oreilles
et d'yeux À quiconque le sollicite, MAi.ii. vi, to.
Pauvres et dénués des secours de la terre. Mais ri-
ches en glace et vertu, corn. Itnit. i, <8. Être dé-
nué de toutes choses, patru. Plaidoyer 4 , dans ni-
ciiELET. Dénué d'un secours par lui-même détruit,
CORN. //or. I, 3. Alexandre, dénué de ces avanta-
ges, n'eilt pas marchaddé pour passer le [tubicoii,
et c'est en partie celle hanliessequi lui a fait attri-
buer le surnaturel et le merveilleux, la font. Let-
tres, XII. Il faut être bien dénué d'esprit, si l'amour,
la malignité, la nécessité n'en font pas trouver, la
URUY. IV. La valeur, dénuée de toutes les autres ver-
tus, ne peut rendre un homme digne d'une vérita-
ble estime, srgrais, dansRiciiELEi. L'Espagne était
alors incapable de se défendre elle-même, épui.sée
d'argent, dénuée de troupes et de vaisseaux, ToncY,
Mi'm. 1. 1, p. 3.1. Dénuée de support et chargée d'un
enfant, bern. de s.-p. Paul et Virg. || Absolument.
Les plus dénués furent secourus.
— SYN. DÉNUiî.DÉPOL'Bvu. Dépourvu est celui qui
est sans provision : dénué est celui qui est mis à nu.
Dénué exprime donc une nuance plus forte que dé-
pourvu.
DÉNUEMENT (dé-nu-man), s. m. Voy. rÉNÛ-
UENT. Dénuement est une orthographe qu'on trouve
couramment dans le xvii* siècle et qui n'est plus
usitée.
DÉNUER (dé-nu-é); v. a. \\l' Dépouiller de cho-
sr^s nécessaires. || 2° Se dénuer, v. réfl. Se dénuer
du nécessaire pour ses enfants.
— HIST. xu' s. Cil ki est denueiz az espées de ses
anemis, Joh, 444. Non ferai, dame, par les iex de
mon chief; Quar tosjors mais me seroit reprochiés,
Hons dcsnués [dé.sarmé] n'iert jà par moi louchiés,
Raoul de C. 203. ||xni' s. Mies autres metaus des-
nuent De lor formes, si qu'il les muent Kn lin argent
par médecines, la Rose, 1034.1. Et quanlillecse voit
cheûe, Sa chiere et son habit remue, Et si se des-
nue [se met nue] et desrobe, Ou'ele est orfeuine de
robe, i(). a 176. Et Jupiter li fisl [à Argus] trenchier Le
chief, por lo revcnchier,Ou'ilavoit en vache muée,
Do forme humaine desnuéo, ib. 14692. ||xiv' s. Au-
cunes choses sont desiiuelles se un homme est des-
nué et que il ne les a pas, sa félicité en est aussi
comme honie ou anullée, obesne, £(h, 20. Les
mors ont dénué et les armeures pris, Guescl. 780.
Chil qui furent en l'ost ont les mors desnuez. Et
puis, en une fosse, si les a-on getés, Uaud. de Scb.
IX, 189. Il xv s. El disaient que on feroit un grand
outrage, si on denuoit le royaume d'Angleterre do
deux mille hommes d'armes, nioiss. ii, ut, I8.
Il XVI' s. M'advertissans de la froide venue Du triste
liyvcr, qui la terre desnue, marot, i, 223. Desnué
d'espérance, ID. u, 4 2. Job recognoist que c'est Dieu
qui l'a desnué de tout son bien, calv. Instit. lOu.
Il feil marcher les siens contre les Lacedsenioniens,
qui avoient les fiaiicz desnuez de gens de cheval,
AMYOT, Philop. 18. Et no demouroit au roy que le
nom de royaulté seulement dénué de toute puis-
sance, m. Lys. 43. L'histoire est dénuée de foi par
ceux qui U r'emplissent de miracles, d'aib. llisl. i ,
48». La diftcullé des approches estoit principale-
ment eu faute de terre, de laquelle toute l'isle e.st
ùiisnuée.iL. t(). aie. Si ros,estanl desnué, on frappe
desiu».... PARE, vm, a.
— f.TYM. Provcnç. dcnudar, d«inudar;ital. dù-
niidare; uu latin dmiidare.de la préposition de, et
Miidu», nu (ï..y. nu). Dénuer et dénuder, tirés tous
deux de denudare, témoignent de leur date par leur
fuiffittion : la second est un calque, le premier est
ur.e modification du m.it latin commandée par l'o-
mUle de nos aïeux.
DEP
DÉnCMENT (dé-nu-man), i. m. Dépouillement,
dos choses nécessaires. Cette famille est dans le dé-
nùment le plus complet. La roule avait détruit leur
chau.ssure.... ils cachaient avec soin leur dénû-
ment devant leur em[>ereur et se paraient de leurs
armes éclatantes et bien réparées, ségur, Ilist. de
Napol. VIII, 4 1 . D'abord le vin manqua, puis la biùre,
même l'eau-de-vie, enfin l'on fut réduit a l'eau, qui
souvent manqua & son tour; il en fut de même pour
les aliments, do même pour les autres nécessités
de la vie; et dans ce dénùineni graduel le découra-
gement de l'âme suivait l'affaiblissement successif
du corps, ID. ib. VI, 8. || Terme de la vie spirituelle.
Le dénûment des biens sensibles, disposition con-
traire au goût et à l'attachement naturel qu'on a
pour les objets des sens.
— TiEM. Au xvii" siècle, dénûment était rejeté par
les puristes; Douhours, Kouv. rem. dit : « Dénue-
ment ne vaut rien , ni dans le propre ni dans le fi-
guré; il n'est pas mtme français. Il faut avouer
néanmoins que les dévots s'en servent; mais il faut
vivre comme eux, et ne pas toujours parler comme
eux. » L'histori(iue montre qu'il était bien français.
— HIST. XV' s. Elles avoient donnez leurs joyaux
et leurs habits de si grant cueur aux chevaliers,
qu'elles ne se appercevoient de leurs desnuement et
desvestement, Pcrcf/'orest, t. i, f° 165. ||xvi*s. Ca-
rie de l'os, desnuement avecques perdition de la
couverture, paré, xiii, 4.
— ETYM. Dénuer,
t DÉONTOLOGIE (dé-on-to-lo-jie), s. f. Terme
didactique. Science des devoirs.
— f.TYM. To Sioi . le devoir, et Xéyoi;, doctrine.
t DÉONTOLOGIQUE (dé-on-to-lo-ji-k'), adj. Qui
est relalif à la déontologie.
t DftoPERCULÉ, ÉE (i!é-o-pèr-ku-lé, lée), adj.
Terme d'histoire naturelle. Qui est privé d'opercule.
— f.TYM. Dé.... préfixe, et opercule.
] DÉPAILL.4GE (dé pà-lla-j", /( mouillées), s. m.
Action de dépailler une chaise, un tabouret, etc.;
résultat de cette action.
— f.TYM. DépnUler.
t DÉRAILLÉ, ÉE (dé-pâ-Ué, liée, U mouillées),
part, passé. Dont la paille a été enlevée. Chaise dé-
paillée.
t DÉPAILLER (dé-pâ-llé, Il mouillées, et non
dé-pâ-yé), r. o. Dégarnir de paille. Les chats,
avec leurs ongles, dépaillent les chaises. || Se dé-
pailler, V. réfl. Perdre sa paille. Celte chaise se dé-
paille.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paille.
t DÉPAISSANCE (dé-pê-san-s') , s. f. Action de
paître, de faire pattre; lieu où les bestiaux vont
paître; droit de faire paître les bestiaux.
— f.TYM. Dé.... préfixe, et paifre.
\ DÉPALEU (dé-pa-lé), v. n. Terme de marine.
Un navire dépale, quand le vent ou le courant l'en-
traînent hors de sa position.
t DÉPALISSAGE (dé-pa-Ii-sa-j') , i. m. Action de
dépalisser.
t DÉPALISSER (dé-pa-li-sé), v. a. Terme d'horti-
culture. Détacher les rameaux et les branches d'un
arbre qui étaient palissés.
— f.TYM. Dé.... préfixe, et palisser.
t DÉl'ÂMEK (SE) (dé-pa-mé), v. réft. Revenir
de pâmoison.
— HIST. XVI* S. X peine avois-je dit, quand Thoi-
net se depame. Et à soy revenu alloit après sa dame,
noNs. (04.
-f.TYM. Dé.... préfixe, et pdmer.
t DÉPANNEAUTEK (dé-pa-nô-té), e. a. Terme
de jardinage, ôler les panneaux de dessus les cou-
ches, melons, etc.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et panneau.
DÉPAQUETÉ, ÉE (dé-pake-té, lée), port, passé.
Des livres dépa(iuetés.
DÉPAQUETER (dé-pa-ke-té. Le ( se double, quand
la syllabe qui suit est muette : je dépaquette; je dé-
paquetterai; l'Académie ne conjugue pas ce verbe;
on pourrait aussi mettre un seul ( et l'accent grave ■
je clépa(iuèle),t). a. Défaire un paquet, tirerceijui est
empaqueté. || Terme de marine. Dépaqueter une voile.
— f.TVM. Dé.... préfixe, et paquet.
t DÉPARAGEMENT ( dé-pa-ra-je-man ), s. m.
Terme d'ancienne jurisprudence. Mariage inégal.
— ÊTVH. Déparager.
t DÉPARAGER (dé-pa-ra-jé. Le g prend un « de-
vant oeto: déparageant), v. a. Ancien terme do
coutume. Marier une iille à une personne de condi-
tion inégale.
— ETYM. Dé.... préfixe, et parage.
DÉPARÉ, ÊE (dé-pa-ré, rée), part, passé. Dont
on a ôté les ornements. Un autel déparé. || Qui offre
DEP
moins d'agrément. Un visage déparé par un nez trop
long.
t DÉPAREIL, ElLLE(dé-pa-rèll, rè-ll'), adj. Qui
n'est pas pareil. || Vieux mot lion à reprendre.
— HIST. XIII" s. Et cil qui font les mariages. Si ont
trop merveilleus usages Et couslume si despareille,
Qu'il me vient à trop grant merveille, la lUis-, 8703.
Il xiv's. Le suppliant rompy le pctitcoffre, où il trouva
un esperon à despareil, du cange, disparxlitas,
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et pareil.
DÉPAREILLÉ, ÉE (dé-pa-ré-llé, liée, K ircull-
lées), part, passé. Des gants dépareillés, un man-
chon tout pelé, RÉGNIER, Sat. XI. Deux pantcufies
dépareillées. Dont l'une fut au grand Hector, scab-
RON, Ft'rj. trav. v. Que d'ouvrages restèrent dépa-
reillés chez la Tribu! j. j. rouss. Conf. i.
DÉPAREILLER (dé-pa-iè-llé, U mouillées, et
non dé-pa-rè-yé), v. a. Séparer une chose d'une
autre avec laquelle elle était appareillée, et par suite
ne point la remplacer ou la remplacer par une au-
tre qui n'y est pas pareille. On dépareille un ouvrage
quand on en perd un tome, ou quand on remplace
le tome perdu par un qui n'est pas de la même édi-
tion, de la même reliure, etc. J'ai perdu ou dépa-
reillé des multitudes de livres, par l'habitude que
j'avais d'en porter partout avec moi, j. j. bols».
Confess. vi. || Seilépareiller, v. réfl. Éfre dépareillé.
Je ne sais comment cet ouvrage s'est dépareillé.
— HIST. XV* s. Combien que les deux parties fus-
sent despareillées [inégales], ce bon chevalier vain-
quit et rebouta ces quatre ribauds, louis xi, Nouv.
xcvin.
— ÉTYM. Dépareil; provenç. desparelhar ; es-
pagn. desparejar.
DÉPARER (dé-pa-ré), v. a. || 1* ôler ce qui pare.
Il Déparer une église, en ôter ce qui la pare. Il faut
(léparor l'église pour la tendre en deuil. || 2° Déparer
la marchandise, choisir le dessus d'uu panier de
fruits, prendre ce qu'il y a de plus beau. 113" Ren-
dre moins agréable, changer en mal l'aspect, la
physionomie, etc. Plus de place; on se fourrait où
on pouvait : cela dépara toute la fête, st-sim. 64,
109. Déparer par le laticlave la robe modeste du phi-
losophe, DiDER. Ess. s. Claude. {| Kig. ôler la beauté
inlellecluelle, morale, etc. Ce trait ne déparerait pas
la vie d'un grand homme. Hé bien ! ce neveu-là est
bon à montrer, il ne dépare pas la famille, uari-
vAux, Fausses conf. i, 4. || 4* Se déparer, c. refi.
Être déparé.
— HIST. xii* s. Metez jus vostre cruiz, faites vus
desparer, Et faites vo.stre cruiz devant vus là por-
ter. Th. le mart. 38.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et parer; provenç. des-
parar , démanteler, dépouiller; itaL disparate,
mémo sens.
-\ DÉPARESSER (dé-pa-rè-sé) , v. a. Chasser la
paresse.
— HIST. XVI* s Nature ingénieuse. Voyant les
cœurs humains d'une paresse oiseuse S'engourdir
lentement, pour les deparesser S'en vint au mont
Pholois à Chiron s'adresser, bo.ns. 938.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, el paresse.
DÉPARIÉ, ÉE (dé-pa-ri-é, éej, part, passé. Des
pigeons dépariés.
DÉPARIER (dé-pa-ri-é) , je dépariais , nous dépa-
riions, vous dépariiez; que" je déparie, que nous dé-
pariions, que vous dépariiez, t). a. || 1" Ôler l'une
des deux choses qui forment une paire. Déparier
des gants, des souliers. || 2° Séparer un couple d'a-
nimaux. Il S* Se déparier, t). réfl. Cesser d'être par
couple. Ces pigeons se sont dépariés.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et paire; provenç. des-
pariar ; liai, dispaiare.
DÉPARLEU (dé-par-lé), f . n. Discontinuer de
parler. U ne s'emploie qu'avec la négation. Ah! que
je hais les gens qui sur les moindres cas Commen-
cent de parler pour ne déparler pas! hauteboche,
Crispin music. i, 7. Ils ne déparlent pas, si j'ose
ainsi parler, jusqu'à ce qu'ils aient épui.sé la ma-
tière, SCABRON, Rom. corn, u, ch. 17. Il aurait bien
été sans déparier un mois que j'aurais peu parlé,
ID. Épitre chagrine à M. Delbe.ne Ma joie est
extrême D'y voir certaines gens, tout fiers de leur
maintien. Oui ne déparlent pas et qui ne disent rien,
HEGNARD, Démocr. il, 6. Il ne déparie point, ç jand
il devrait cent fois lui répéter les mêmes cUtses,
BARON, i'//omme d bonnes fortunes, m, 1. Jusqu'au
soir nous ne déparlâmes pas un moment, j. j. rouss.
Coii^ m. Point ne manquait du don de la parole
L'oiseau disert; hormis dans les repas. Tel qu'une
nonne, il ne déparlait pas, gresset, Ver-rert, ch. n.
Il On pourrait dire aussi avec l'interrogation : Quand
déparlerez-vous î
DEP
— HIST. XII' S. Et dist li rois : tôt ce laissiés ester;
Li dons est faiz; ne m'en puis desparler [dédire],
Haoul de C. <2. || xv''s. Iceluy seigneur de l'isle
Adam fut moult deparlé et hlasmé, pour ce qu'ainsi
négligemment par faute de guet, il avoit laissé per-
dre la dicte ville de Ponthoise, monItbelet, t. i,
1* 37!l, dans LACURNE.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et parler; desparler ou
déparoler signifiait dans l'ancien français médire,
Id.lmer, se dédire.
f DÉI-AROUEMENT (dé-par-ke-man), s. m. Ac-
tion de déparquer.
— HIST. XV* s. Lesquels Flamens, quant ils ouy-
rent nouvelles de la venue du Hoy, s'enfuyrent et
desparquerent; et, audit desparquement [décampe-
menl) faire, frappèrent nos gens sur les dossusdils
Klamens, jean ue tboyes, Chronique, (477.
— ÉTYM. Déparquer.
t DIÎPARQUER (dé-par-ké), ti. a. Terme rural.
Faire sortir les moutons d'un parc. || Terme de vé-
nerie. Pousser la bête hors d'un parc. || Terme de
pôclie. Déparquer des huîtres, les tirer du parc où
on les engraisse, pour les vendre.
— HIST. XVI' s. 11 le mena chasser en un bois pro-
chain de son chasleau, où tous deux ils coururent
un cerf desparqué, ïver, p. 685. Voyant le desar-
roy, je deparquay [je m'eik allai] du lieu, rabel.
dans LACUBNE.
— Èt\M. Dé.... préfixe, et parc.
DÉPART (dé-par; le ( ne se lie pas : un dé-par
inattendu ; au pluriel, des dé-par inattendus ; quel-
ques-uns lient l'ï ; des dé-pai-z inattendus), s. m.
Il 1° Action de partager, séparer, trier. U y a dans
les contes de fée une princesse malheureuse à qui
on commande dans un grand tas de blé et d'a-
voine de faire le départ de ces grains. {| Ternie de
chimie. Opération par laquelle on sépare certains
métaux et, en particulier, l'or et l'argent, d'autres
substances métalliques, par l'emploi de certains
acides. || Eau de départ, ancien nom de l'eau régale.
112° Fig. Action de séparer, de distinguer. Faire le
départ entre les diverses attributions. || 3" Action de
partir. Dans l'ombre de la nuit cache bien ton dé-
part, couN. Cid, m, 4. Demain elle entendra ce
peuple furieux Me venir demander son départ à ses
yeux, RAC. Birén. m, ). Quoi! ce départ n'est donc
qu'un cruel stratagème? id. ib. v, 6. Gardez que
ce départ ne leur soit révélé, id. Iphig. iv, lo. || Être
sur son départ, être sur le point de partir. Quoiqu'il
fût sur son départ, uamilt. Gramm. 9.
— HIST. xvi" s. Quelques pantagruelistes moder-
nes, evitans le labeur des mains que seroyt à faire
tel départ [triage], usent de certains instrumens,
RAB. Pant. tu, 4». Quant je pense es prodiges les-
quels veismes apertement cinq ou six jours avant
son départ, ID. ib. iv,27. Mort pourra bien du corps
faire départ; Mais nul malheur n'aura jamais puis-
sance De mettre un cœur des deux autres à part,
Les Marguerites de la Marguerite, f° 368, dans la-
cuRNE. Chascun eut son départ et quartiei', Mém. de
Ch. IX, t. 1, f 333, dans lacurne.
— ETYM. Voy. DÉPARTIR. Départ signifie propre-
ment partage; et de là vient sans peine le sens de
s'éloigner d'un lieu. Pour départ dans le sens d'ac-
tion de partir, l'ancien français disait deparfw.
DÉPARTAGÉ, ÉE (dé-par'-ta-jé, jée), par(. passé.
Des experts départagés par un tiers.
DÉPARTAGE» (dé-par-ta-jé. Le g prend un e de-
vant o ou o: nous départageons, je départageais),
«. o. Terme de juri.sprudence. Faire cesser le par-
tage ou l'égalité des voix, dessufi'rages, par un suf-
frage nouveau qui établit une majorité. Le duc de
Coislin me dit qu'il sera plaisant de voir la grand'
chambre s'aller faire départager à une chambre des
enquêtes, st-sim. 264, 31. || Se départager, v. réjl.
Etre départagé. Une assemblée se départage quand
la voix du président compte double.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et partager.
DÉPARTEMENT (dé-par-te-man), s. m. || l" Ac-
tion de départir, de partager : ce sens a vieilli. Aus-
sitôt que les nouveaux consuls furent en exer-
cice, la première affaire qu'ils mirent sur le tapis fut
le département des provinces, malh. texxxiii" livre
de Tile Live, cb. 25. Cela fait, les préteurs firent
leur.4 départements au sort, id. ib. ch. 26. || Ancien-
nement, terme de finances. Distribution, assigna-
tion qu'on faisait des Utiles et autres impositions sur
les élections et les paroisses. || Étendue de pays sur
laquelle on avait quelque pouvoir, conformément à
la charge ou à la commission qu'on exerçait. Parmi
les génies qui président aux empires du monde,
Ituriel tient un des premiers rangs, et il a le dé-
partement de la haute Asi?, vni.T. Tlahunc. H Terme
DÉP
DÉP
1063
en usage parmi les prêtres de l'Oratoire pour désigner
la province dont un visiteur devait faire la visite. Le
père N. fera cette année le premier défiartement.
Il Assignation de logement qu'on faisait à des trouiies.
Ce régiment a obtenu cette année un bon départe-
ment pour passer son quartier d'hiver. || 2° Aujour-
d'hui, partie de l'administration des affaires d'État
dont la connaissance est attribuée à un ministre. Le
département de la justice, des cultes. M. le duc
abandonna tout le département de l'Eglise à l'évêque
de Fréjus, \olt . Louis X f , 3. \\ Fig. Je ne prends
point, madame, tant de liberté avec M. le duc iju'a-
vecvous; mais c'est que j'imagine que vous avez un
peu plus de temps que lui, quoique vous n'en ayez
guère, et que votre département de faire du bien
vous occupe beaucoup, VOLT. Lett. Mme de Choiseul,
2 sept. 1770. Il Familièrement. Cela est ou n'est pas
de son département, dans son département, cela ne
le regarde pas, n'est pas de sa compétence. || 3°Cha-
cune des quatre-vingt-six, et, actuellement, depuis
la réunion de la Savoie et du comté de Nice, des
quatre-vingt-neuf grandes divisions administratives
du territoire français. Les départements furent sub-
stitués aux provinces en (790. Chaque départe-
ment est administré par un préfet. || La province,
par opposition à Paris. Le bruit en a couru dans
Paris et dans les départements. Il faut être un peu
de son département pour croire qu'il s'agit du roi,
lorsqu'on crie : Vengez le roi, p. L. cour, i, 24.
Il 4° Terme d'architecture. La première partie du
devis, qui consiste dans l'ordonnance des parties
dont un édifice doit être composé. {{ 5° Département
s'est dit autrefois pour appartement, logis. Le plus
haut étage est le département ordinaire des domes-
tiques. Us demeuraient autour du temple du Sei-
gneur chacun dans leur département, afin que,
quand l'heure était venue, ils en ouvrissent eux-mê-
mes les portes dès le matin, sacy, Bible, Paralip. i,
IX, 27.
— HIST. xiii* s. Departemenz est diz de la diver-
sité à cens qui sont assemblez par mariage, ou por
ce que cil qui despiecent leur mariage s'en vont en
diverses parties. Digeste, f° 272. Car les bons sans
département Aront joieuse vision. Et les maulvais
confusion Qui durra pardurablement, j. de meunb,
Tr. 69. Il xiv" s. Département [limite] de deux ter-
res ou de deux piaïs, du cange, bijinium. \\ xv s.
Et après le département du roi de France et de son
ost du Mont de Sangaltes, fboiss. i, i, 320. Et gi-
rent à l'ancre cette première marée devant les di-
gues de Hollande sur le département de la terre,
iD. i, I, 18. Par vous soit doncques honnourée, Et
servie soingiieusement; Tant comme vous aurez du-
rée Sans point faire département, cii. d'or. Bal. 34.
Il xvi" s' J'ay esté conseillé de donnera chacun des
quatre mareschaux de France ung département de
toutes les provinces.... leur départant la France en
qu:itre.... CARL. X, 1. De manière qu'ilz l'eussent à
dextre vers le levant, qui on département leur es-
toyt à senestre, rab. Pant. iv, (. Quand Florinde
se trouva seule après le département de son servi-
teur, MABG. Nouv. (0. i peine est il nulle commu-
nauté si cheslive, qui n'aye en soy des hommes as-
sez pour fournir commodément à chascun de ses
offices, pourveu que le despartement et la triage
s'en peust justement faire, mont. Lettres, 4.
— ÉTYM. Voy. dépabtir; Berry, département, ac-
tion de départir; provenç. depaniment, départe-
ment; anc. espagn. despartimiento ; ital. diparti-
mento. Outre le sens de partage, circonscription,
département, dans l'ancien français, aaussi le sens
de action de partir.
DÉPARTEMENTAL, ALE (dé-par-te-man-tal, ta-
1'), adj. Qui a rapport au département, division
administrative du territoire. Dé|ien;.es départemen-
tales. Les budgets départementaux. La presse dépar-
tementale, les journaux qui sont rédigés dans les
départements.
— ÉTYM. Département.
t DÉPARTEMENTALEMENT (dé-par-te-man-ta-
le-man) , adv. Par rapport au département.
t DÉPARTEUR (dé-jiar-teur), s. m. Ouvrier qui
fait le départ de l'or et de l'argent.
— HIST. XIII' s. Dame, c'est un tains [teint, tein-
ture] de folie Qui par le païs est espars; Li depar-
terre en fist granz pars , Lai du conseil. \\ xvi' s. Les
affineurs et departeurs d'or et d'argent ne fondront
et n'affineront aucune matière d'argent audessous
de 10 deniers de loy, Édit, 14 juin (649.
— ÉTYM. Voy. DiîPABiia. Ceparlcrre dans l'ancien
français est le nominatif dont deparfeor serait le ré-
gime, tirés l'un et l'autre, suivant l'accent, d'un
bas-latin fleportflor, lieprirti^iran.
^DÉPARTI, lE (dé-par-ti, tie), part, passé de dé-
partir. Distribué, partagé. Ses biens aux pauvres dé-
partis, LA FONT. Oies. Ce second empire (des esprits
sur les esprits] me paraît d'autant plus équitable
qu'il ne peut être départi et conservé que par la
mérite, pasc. dans cousin. || Autrefois, les com-
mis.saires départis, les intendants des provinces.
Il m'appelle commissaire départi par le roi auprès
des fermiers généraux, pendant que je suis op-
primé départi par ces messieurs, volt. Lett. Mme du
Delfunl, 26 nov. (775.
DÉPARTIE (dé-par-tie) , s. f. Départ, action de
partir. Que l'extrême regret ne m'ait point empê-
ché De me laisser résoudre à cette départie.... malh.
V, (6. Cruelle départie. Malheureux jourl Que ne
suis-je sans vie Ou sans amour, dan^- la chanson
Charmante Gabrielle, attribuée à Henri IV. || Terme
vieilli.
— HIST. xi« Moût ainz le vespre grof [grief] erl
[sera] la départie, Ch. de Roi. cxxix. S'onques nuls
bonis por dure départie Ot cuer dolent, je l'aurai
par raison, Couci, xxiv. Alii ! amours, com dure
départie Me conviendra faire de la meilleur Qui on-
quesfustaimée ne servie, QUESNES, Romancero, p. 03.
Il XIII* s. Biaus très dous fius, comentpora li miens
cuers endurer la départie de moi etde vous?r/iron.
de Rains, (98. Li evesques del Pui de bien faire lor
prie, l.a porte lor ouvri el non sainte Marie, De l'aive
beiieoile lor fait grant départie [distribution], Ch.
d'Ant. viii, (93. Ceste départie [partage] ne se pot
fere sans l'acort des deus parties, beaum. xviti, 2(.
Il XV' s. As.vez tost après sa revenue en France, et
la départie des osts dessus dits, fkoiss. i, i, 212.
— ETYM. Départi; provenc. departida, departia.
DÉPARTIR (dé-par-tir), je dépars, tu dépars, il
départ, nous départons, vous départez, ils dépar-
tent; je départais; je départis; je déjiarlirai; je dé-
partirais; dépars, qu'il départe, départons, dépar-
tez, qu'ils départent, que je départe, que nous
départions; que je départisse; défiartant, départi,
11. a. Il 1» Distribuer, partager. Entre autres den-
rées, ce marchand trafiquait d'esclaves; si bien
qu'allant à Éplièse pour se défaire de ceux qu'il
avait, ce que chacun d'eux devait porter pour la
commodité du voyage fut départi selon leur em-
ploi et selon leurs forces, la font. Vie d'Ésope.
Il Terme de pratique. Partager des procès entre les
juges et leur distribuer les pièces qui en dépendent.
Il Terme de chasse. Départir la quête, assigner à
chaque veneur le canton de sa quête. || 2° Accorder.
....Bien qu'elle ne m'ait sa faveur départie, Régnier,
Sat. II Tout ce que la faveur départ aux favoris, ID.
i6. XIV. C'est toi qui règles les états. C'est toi qui
dépars les couronnes, corn. Tois. v, 7. Sa main
seule départ ses bbéralités, id. Othon, ii, 4. Auteur
de la victoire, Ainsi qu'il vous plaira départez-en la
gloire, ID. ilédée, iv, 3. Il est vrai que du ciel la
prudence infinie Départ à chaque peuple un diffé-
rent génie, id. Cinna, ii, I. Auteur de ma nais-
sance aussi bien que du jour. Qu'à regret tu dépars
à ce fatal séjour, id. Médée, i, 4. Du Dieu qui t'a
commis dépars-moi les bontés, rotrou, St Gen. iv,
6. La prudence est un don de Dieu qui départ ses
grftces à qui il lui plaît, boubdal. Pensées, t. ii,
p. 477 II [St Paul] ne visite les frères répandus dans
la Macédoine et dans l'Illyrie que pour leur départir
les richesses d'une grâce spirituelle, mass. Confér.
Coud, des clers d. le monde. Le ciel nous a-t-il dé-
parti quelques-uns de ces talents rares parmi le com-
mun des hommes.... id. Panég. St Thomas. || 3° Se
départir, v. réfl. Se désister. Tu ne t'es pas départi
d'y prétendre? mol. l'Av. iv, 6. U ne s'est point dé-
parti des droits qu'il avait sur son ouvrage, mass.
Car. Voc. Il est à croire qu'il ne s'est pas départi de .
ses sûretés sans raison, patru. Plaidoyer (0, dans
RICIIELET. Il S'écarter. Ce n'est pas une règle dont
on ne puisse se départir, id. ib. 8, ib. Ne vous
départez point d'une si noble audace, corn. Nicom.
1, 3. Un reste de scrupule Dont mon cœur soup-
çonneux ne peut se départir, id. Théodore, ii,
4. Prenez, Dieux, contre Christ, prenez votre parti
Dont ce rebelle coeur s'est presque départi, botrou,
St Gen. II, 4. Us déclarèrent en (648 que c'était sans
se départir de leur première confession, qui, encore
qu'elle leur eût fait rejeter celle d'Augsbourg, à ce
coup s'y trouva conforme, Boss. Var. xv, § (25.
Loi dont il n'y a pas un seul exemple que les Ro-
mains se soient départis, id. Hist. m, 6. Les Etats
où la multitude gouverne.... se départent aussi fa-
cilement des lois que du culte de leurs pères, mass.
Pet. car. £cuei/s. || Etre réparti, accordé, octroyé.
Les biens et les honneurs qui se départent souvent
liu h:c;:i;J.
1064
DEP
— HIST. XI" ». E le surplus les orphenins e les
parens départent entre els, LoU de Guill. 9. Cop en
auras, ainz que nous départons, Ch. de Itol. CXL.
L'ame du cors me soit hui départie [partie], tb. ccvii.
Djel [deuil] i aura ainçois qu'elo [la bataille] dé-
parte [se sépare] , ib. ccuv. , , .
— XII* s. Ali»andres apela ses nobles barons, qui
eitoient od lui norri dès enfance, e si lor départi
ion roaume, Machab^et, i, t. Las! quel amors à
duel [deuil] est départie [séparée], Roncisv. p. «3.
Si ceste amors se departist ainsi, ib. p. (70. Carde
ma joie [}'] estoie départis, Couci. v. Ne regarder
[je] n'os [ose] son simple visage. Tant []'] en redout
mes ieuz à départir, ib. xix. Quant il m'esteut dé-
partir de m'amie, ib. xxii. Il départi ses oz [son
armée] et renvoia sa gent, Sax. xii. X itant des mes-
sages [messagers], [il] se desevre et départ, ib. xxix.
Au départir do li [elle] [il] l'a doucement baisie, ib.
VII. Se tut le mund aveies as povres départi, La cruiz
eusses prise e Jesu-Crist sewi [suivi], Th. le mart.
74. Mult m'esmerveil pur quei li reis si le haï. Se
pur ço nun qu'il ot sun servise guerpi, E sun con-
seil dol tout out de lui départi, ib. 37. Ses darz ad
trait, e departid ad les bons des mais, Rois, 207.
Puis, vesqui tant qu'il ot le poil flori; Et quant Dieu
plot, del siècle départi , Raoul de C. *.
— xiirs. Mais ele [la reine Blanche] en done [de
son bien] et départ à foison, hues de la ferté,
Romanciro, p. <83. La maladie li enforsa si dure-
ment qu'il feist sa devise [son testament] et départi
ce qu'il devoit porter outre mer à ses homes, villeh.
XXII. Tous li gaains seroit aportés ensemble, et de-
partis communément si comme il devroit, id. ci. Li
proudome de l'ost, qui ne voloient mie le mal, vin-
drent à la meslée tout armé, et les commencierent
à départir [séparer], id. xlix. Lors furent li ostel de-
parti à chascun endroit soi, tel come il aferoit, id.
xux. Et sachiés que mainte larme i ot plourée au
départir de lor pays, et de lor gent et de lor amis,
ID. XXX. Mainte ame en fut de cors sevrée et dépar-
tie, Berte, ii. Au départir chascune à pleurer se ras-
saie, ti>. VIII. Cest grant signour que je vous ai
nommé departoient France entre aus [eux], Chron.
de Rains, <48. Qui en mains leus son cuer départ,
Par tout en a petite part, la Rose, 2266. A li se tint
de l'autre part Li diex d'amors, cil qui départ Amo-
rettes h. sa devise, ib. 870. Fai départir la nuit obs-
cure, Et son anui qui trop me dure, ib. 26)6. C'est
le gieu de boute-en-corroie Que Fortune set si par-
tir Que nus, devant au départir, Ne puet avoir science
aperte S'il i prendra gaaing ou perte, ib. 0884. 11
avient aucune fois qu'on fet son testament, selonc
son estât, au départir de son pais, deaum. xii, 41.
Quant il ont esté ensanble tant qu'il ont eu enfans,
et sainte Eglise le set, ele départ [rompt] le ma-
riage, ID. xviii, 7. Sire de Waleri, distle roy, nous
avons acordé que le légat vous baillera les six mille
livres, à départir là où vous cuiderés que il soit
miex, JoiNV. 216.
— xiv* s. Or disons de ce dont nous estions de-
partiz, ORESME, Eth. v, ». Adonques le cuer ou le
pouvoir leur fault, et se départent ou délaissent à
ouvrer, iD.t'ft. 82. Et pourceceux qui par contrainte
ne par paour ne se départent de lour bon jugement
et ne laissent lour bon propos, il sont à loer et les
autres à vitupérer, id. ib. 4e.
— XV* s. Par ainsi se délit cette grosse chevau-
chée, et départit le roi anglois ses gens, et leur
ionna congé de raller en leurs hostels, fboiss. i,
I, 194. Si ordonna à départir et déloger, id. i, i,
318. Ces deux icy n'avoient jamais eu dilTerant ne
riens à départir, comm. u, «. Si départis [dispersés]
qu'à grand peine sçait on qu'ils soient devenus, id.
VII, H. Et sevoirent une fois ou deux seulement
sur le bort de la rivière qui départ les deux royaul-
mes, id. II, 8. Les biens et les honneurs ne se dé-
partent point à l'appétit de ceulx qui les demandent,
ID. Prol, Que toutes ses grâces leur procedoient de
Dieu qui les départ là où il lui plaist, id. i, 2. Son
intention [à Louis XI] cstoitde traicter de paix et de
départir la compaignie [l'armée de la guerre du bien
public], id. i, ». Hz commencèrent à avoir division
ensemble quant ce fut à départir le butin, id. i, 46.
— XVI* s. Là estoyent les belles grandes librai-
ryesen grec, hebrieu, etc. departyes par les divers
«staiges selon yceulx languaiges, rab. i, 63. Dé-
parti d'icy présentement, et demain soye relire en
le* Urres, id. i, 3(. Par Dieu ilz se feront mal, qui
ne les départira [séparera], id. Pant. u, a». La lune
reiteri Mnglante et ténébreuse : à quel propous luy
Jep«r1iroyt le soleil sa lumière? il n'y estoyt en rien
tenu.iD. t*. m, a. Il nous faut ensuivre l'exemple de
eeui qui se départent d'un lieu à l'autre, pour y ha-
DËP
biler à perpétuité, calv. Itutit. 662. Si le seigneur
doit départir à ses esleus de sa gloire, vertu et ju.s-
tice,iD. i6. 806. Je ne me départirai pas de la forte
opinion que j'ai, que.... maho. Nouv. x. L'armée,
je double, ne se départira sans guerre, id. Letl.
8. Vous me ferez plaisir de me faire souvent savoir de
vos nouvelles; je feray revanche de vous despartir
de celles d'icy, id. ib. ». U me semble que vous avez
tant participé en mon ennuy que je vous ferois tort
sy je ne vous departois de ma consolation, id. ib. (46.
Il ne se debvoit dcspartir de l'asseurance qu'il avoit
do la volonté de Gracchus, mont, i, 213. Chascun
se donne si entier à son amy, qu'il ne luy reste rien
à despartir ailleurs, id. i, 216. Les amiliez commu-
nes, on les peult despartir [partager entro plusieurs],
ID. I, 248. Toute la philosophie est despartie en ces
trois genres, id. u, 229. Je suis d'advis qu'elles dé-
voient toutes trois départir [partager] les deux cents
escus, DESPER. Contes, v. La dame, leur départissant
également la faute, dit en riant, yver, p. 698. Quant
à toy, tu feras bien toutes choses, pourveu que tu
ne te départes point d'avec toy mesme, amyot, Préf.
XXII, 60. Hz abandonnèrent leurs villes en proyo à
Romulus, et leurs terres à départir à qui il voudroit,
ID. itom. 20. Lycurgus feit de nouveau départir les
terres, ID. Lyc 12.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et partir, dans !e sens
de partager (voy. partir) ; provenç. départir; es-
pagn. despartir; ital. spartire.
DÉPASSE, ÉE (dé-pà-sé, sée), part, passé. Au
delà duquel on est allé. But dépassé |] Devancé. Le
premier coureur finalement dépassé par celui qui ve-
nait après Il Retiré d'une coulisse. Un cordon dépassé.
DÉPASSEMEXT (dé-pS-se-man), s. m. Action
^'excéder. Des dépassements de crédit.
DÉPASSER (dé-pâ-sé), v. a. \\ 1° Aller plus loin,
aller au delà. Nos pilotes ont été bien étonnés de
voir terre, ils croyaient avoir dépassé l'île de Cocos,
CHOISI, dans hichelet. L'empereur s'était arrêté à
Lyadi , à quatre lieues du champ de bataille ; la nuit
venue, il apprend que Mortier, qu'il croit derrière
lui, l'a dépassé, ségur, Hist. de Nap. x, 6. || Fig.
ô mon Dieul les désirs de l'homme dépassent tou-
jours les dons que vous lui faites, stael, Delph.
part. V, fragment 3. || 2° Laisser en arrière, en al-
lant plus vite. Il nous a dépassés à moitié route.
Il Fig. En politique, pousser plus loin une opinion
déjà relativement extrême. On est bien vile dépassé
en révolution. || 3° Être plus grand, plus haut, plus
long. Il le dépasse de toute la tête. || Être plus
saillant. Cette maison dépasse les autres. Ce soldat
dépasse la ligne. || 4° Dans un sens tout différent,
retirer un ruban, un cordon passé dans une bou-
tonnière, dans une coulisse. || Terme de marine.
Dépasser un câble, en faire sortir le bout par son
écubier. Dépasser un mât de hune, de perroquet, le
faire descendre assez pour que la tête en sorte du
chouquet et des barres. || 5° Se dépasser, v. réfl.
Aller plus loin l'un que l'autre. Ils s'efforçaient de
se dépasser.
— HIST. XV* s. Bel oncle, vous avez failli à votre
entente; un autre vous despasse de la femme que
vous vouliez avoir, froiss. u, m, <30. ExiUe getla
un coup merveilleux après ung dépasser qu'il fist
pour en rompre ung autre, Perceforest, t. v, f" 8,
dans LACURNE.
— ÉTVM. Dé.... préfixe, ei passer; provenç. des-
passar. Dans dé-passcr, aller au delà, le préfixe
dé.... est augmentatif; dans dé-passer m rubon, il
exprime l'action inverse à celle de passer.
t DÉPASSIONNER (dé-pa-sio-né) , v. a. Effacer
les traces d'une passion. Dépassionner une discus-
sion. Il Se dépassionner, v. réfl. Se délivrer de sa
passion.
— HIST. XVI* s. [Cela] le fait, de chaude fureur,
courir deçà, delà, d'un costé et d'autre, despitaiit,
menaçant, provoquant, battant les hayes et buis-
sons à grandz coups d'espée ruez en vaiu par ire
dépassionnée [poussée par la passion] , Alector, ro-
man, !°vi, dans LACURNE.
— KTYM. Dé.... préfixe, et passion.
tDÉPÂTISSER (dé-pâ-ti-sé), v. a. Terme d'im-
primerie. Distribuer les caractères d'imprimerie mê-
lés, mis en pâte.
— Rtym. Dé.... préfixe, et pdte.
t DÉPAVAGE (dé-pa-va-j'), t. m. Action dedépaver.
— KTYM. Di-paver.
DÉPAVÉ, ÉE (dé-pa-vé, vée), par», passé. Les
rues dépavées.
DÉPAVER (dé-pa-vé), V. a. Oter le pavé. On dé-
pare les boulevards. || Se dépaver, r. réfl. Être dé-
pavé. Bientdt les rues se dépavent, des barricades
s'élèvent.
DEP
— IIIST. XVI* S. On eust donné commission aux
femmes de dépaver les rues, paré, t. m, p. 706.
— ETYM. Dé.... préfixe, et paver.
DÉPAYSÉ, ÉE (dé-pè-i-zé, zée), part, passé.
Il 1° Mis hors de .son pays. Le Français une fois dé-
paysé. Il Substantivement. Elle faisait donc son pos-
sible. Que ces pauvres dépaysés. Pour la plupart
dévalisés.... SCARRON.-Ft'rg. trav. s. || 2* Fig. J'étais
tellement dépaysée par Marseille, sÊv. 628. || Se
trouver dépaysé dans une société , y rencontrer
un grand nombre de visages inconnus, nouveaux,
n 3° Traduit. Hippocrate dépaysé, Pari» 4654.
t DÉPAYSEMENT (dé-pè-i-ze-man), s. m. Aciio
de dépayser. || Changement d'habitudes, d'occui)a-
tions, d'idées.
— ÉTYM. Dépayser.
DÉPAYSER (dé-pê-i-zé), v. a. \\ 1* Faire changer
de pays, de lieu. || Par extension, c'est dépayser un
homme mal à propos, que de vouloir, après sa
mort et sans sa participation, tourner un nom qui
doit lui être propre en un nom tout différent et qui
lui sera toujours étranger. Auteurs déguisés, p. 338.
Il Fig. Ils essayent de civiliser la doctrine en la dé-
pay.sant du collège, balz. liv. vu, lett. 49. || 2° Faire
qu'une personne ne puisse retrouver son chemin.
Les sinuosités de la route le dépaysèrent tellement
qu'il ne savait plus où il était. || Fig. Faire prendre
le change, détourner de la voie. Il ne manqua pas
de .se munir de circonspection et d'égards pour
dépayser le public, mais le public n'est pas si sot
qu'on pense, hamilt. Oramm. lo. || Il se dit aussi
de choses auxquelles on donne une apparence qui
les masque. Voilà donc ce cher paquet, le voilà:
vous avez très-bien fait de le déguiser et de le dé-
payser un peu, SÉV. 391. Nous étions convenus d'un
Bècret entier qui nous faisait cacher nos conversa-
tions et les dépayser, st-sim. 46, 472. Il n'y au-
rait qu'à faire mettre dans les gazettes que V. M. va
à Spa pour dépayser les nouvellistes, volt. Roi de
Prusse, 44. Il 3° Mettre une personne sur un sujet
nouveau pour elle, sur des matières auxquelles elle
n'est point préparée. || 4° Se dépayser, v. réfl. Quiller
son pays. Que mon cœur fut navré I je ne vis plus
pour elle d'autre ressource que de se dépayser, J. J.
Rouss. Con[. VIII.
— HIST. xm* s. Chi [ici] paroUe de chiaus [ceux]
ki sunt despaïsié, pierre de fontaine, ch. »7, dans
DU GANGE, dispatriare. Or sachiés ke cil ki sunt des-
païsié [bannis], ki sunt reslabli, il sunt restabll en
quatre coses: la première.... id. ib. \\ xvi*s. On con-
noist toujours de quelle nation est un homme, ou
par le langage, ou par sa façon de vivre ordinaire,
ou par l'habillement, ou bien par quelque trait na-
turel de son ramaige qui lui eschappe quand il s'ou-
blie, pour quelque dépaysé qu'il soit, carloix, ii, i.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pat/s; picard, dépaysé.
f DÉPEÇAGE (dé-pe-sa-j'), s. m. Action de dé-
pecer. Le dépeçage des vieux bateaux.
— ÊTYM. Dépecer.
DÉPECÉ, ÉE (dé-pe-sé, sée), part, passé. Mis en
morceaux. Une volaille dépecée. || Tuile dépecée,
tuile échancrée.
DÉPÈCEiMENT (dé-pè-se-man) , t. m. Action par
laquelle on dépèce, on met en pièces. || Fig. Déjà
même, avant l'entrevue d'Erfurt, quand Sébastiaiii
était revenu de Constantinople, quoique Napoléon
parût tenir encore à ce dépècement de la Turquie
d'Europe.... ségur, Bist. de Nap. i, 3.
— Rtym. Dépecer.
DÉPECER (dé-po-sé. La syllabe pe se change en
pc, quand la syllabe qui suit est muette : je dépèce,
je dépècerai; le c prend une cédille devant a ou o;
nous dépeçons, je dépeçai), ». a. \\ 1* Mettre en
pièces, couper en morceaux. Dépecer un vieux ba-
teau. Eux venus, le lion par ses ongles compta. Et
dit : nous sommes quatre à partager la proie; Puis
en autant de parts le cerf il dépeça, la tont. Fabl.
i, 6. Ces vils magistrats, dont Juvénal, non moins
satirique mais plus plaisant et plus gai qu'à son ordi-
naire, ra.ssemble les successeursautour d'un énorme
turbot, délibérant gravement sur les moyens de
l'apprêtersans le dépecer, omEROx, Règne de Claude
et Néron, i, 28. Ses figures sont placées sur trois
lignes parallèles, en sorte qu'on pourrait dépecer
son tableau en trois mauvais tableaux, id. Salon tir
1767, (HCuvret, t. xiv, p. 309, dans pougens. || Par
extension. Des peuples barbares ravagèrent ce pay-î,
le dépecèrent, montesq. Lelt. pers. 13«. || Fig. Les
Grecs et les Chinois ont été des fripons et des igno-
rants qui ont dépecé chacun ce grand système, Di-
derot, Musique des anc. \\ 2° Tb.-me de métier. Ou-
vrir les peaux à faire des gants en les étirant dans
tous les sens. |1 3° Se dipecer, r. réfl. Être .-"épecé.
DÉP
DÉP
DEP
10GS
Ce poulet se dépèce facilement. || Fig. M. du Maine
se dépeça en excuses de la peine que l'on prenait
de le visiter], st-sim. 296, 64.
— HIST. XI' s. Entre mes poings [il] me depeçout
ma hanste, Ch. de Roi. lxv. || xii' s. Les murs abat-
tre et depetier, Ronc. p. BO. Et son bliaut [il] lui
prist à despecer, ib. p. 97. Sore [il] lui court pour son
corps dépecer, ib. p. <89. Tu les pieres, et sur
cesle piere ferai M'iglise, e ma meisun i édifierai,
E les portes d'enfer pur li dépècerai. Th. lemart. 79.
Il xiii" s. La partie de ceus dont vous avés oï, qui
voloient l'est depeoier, parlèrent as messages et leur
distrent.... villeh. xlvii. Sa cage [un lion] a des-
rompue ettoutedepecie,Bcr(e, II. S'il le puent [peu-
vent] tenir de près, Il li dépèceront lapel. Si li fe-
ront rouge chapel, Ren. <6B<4. Miex vodroie à
[avec] cotiaus d'acier Pièce à pièce estre despeciés,
Que vous en fussiés correuciés [courroucé] , la Rose ,
2907. Un batel que il urent, tout i fud dépeciez; As
roclies se ferit, qui lut antis et viez, Rom. de Uorn,
p. 10. Pour toutes tex [telles] causes poent estre
compaignies [sociétés] depecies, beaum. xxi, *. Des
plès qui naissent de mariage depecier, iD. xviii, <7.
Il xiv s. Et qui lui depecheroit sa robe tant que l'en
veist son braz ou sa poitrine nuement, sa biauté na-
turel s'en monstreroit mieulx, oresme, Hth. 25.
Esnierez tient la mâche [masse, massue] dont moult
granz copz frapa ; Le bord de la navie tellement des-
pecha, Que petit s'en failli que l'iauwe n'i entra,
Baud. de Seb. iv, 657. || xV s. Et la bannière du
comte fut ruée par terre et toute despecée, froiss.
II, II, 54. Mais ne tint pas le dict voyage : car avant
qu'il peust estre mis sus du tout, l'hyver vint si fort
que despecer le convint, Bouciq. i, ch. 13. || xvi* s.
Seul, ses armés despecées, mont, i, 4. Quand on
despeceoit ces faisands, id. i, 393.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pièce; picard, dépié-
cher ; provenç. despessar, despesar, detpechar.
f DÊPECEÙR(dé-pe-seur), s. m. Dépeceur de ba-
teaux, celui qui met en pièces les vieux bateaux.
— ÉTYM. Dépecer.
DÉPÊCHE (dé-pè-ch') , s. f. || 1° Lettre concernant
les affaires publiques. Une dépêche du gouvernement.
Il a bien des affaires, à cause des dépêches qu'il faut
écrire partout, et à cause de la guerre, sév. 123.
Le comte de Creutz, qui dans un coin lisait une dé-
pêche, MAHMONTEL, MéiH. IX. J'avais quelque envie de
t'emmener à Londres, courrier de dépêches, beaum.
Mar. de Fig. m, 6. || ilu plur. Lettres d'un com-
merçant , d'un banquier à ses correspondants.
Il 2° Dépêche télégraphique, ou, simplement, dé-
pêche, toute communication publique ou privée en-
voyée par le télégraphe. Recevoir une dépêche.
Mander par une dépêche.
— HIST. xvi's. S'elle estoit plus vieille d'un tiers.
Je la prendrois plus volontiers. Car la depesche en
seroit prompte, mahot, m, 478. Les dicts ambassa-
deurs faisants une depesche au roy de ces choses,
MONT. I, 69. Quelques censeurs de ce temps ont des-
couvert que nous n'en feuiUetasmes pas un, mais
que l'après disnée fut passée à jouer au cent et à la
depesche, d'aub. Conf. 11, 6. Le peu de respect que
portent à la royne ceux qui font tous les jours des
conseils à part, puis lui font passer ce qu'ils ont
arresté, font des depesches, puis les lui commu-
niquent, coNDÉ, Mémoires, p. 669.
— ÊTYM. Voy. DÉPÊCHER. Dépêche a signifié dans
Marot l'action de dépêcher, d'en finir avec, et dans
d'Aubigné une sorte de jeu.
DÉPÊCHÉ, ÉE (dé-pê-ché, chée), part, passé.
Il 1° Fait hâtivement. Ses affaires dépêchées, il sor-
tit. || Un dîner dépêché, mangé vite. Il a° Expédié,
envoyé. Une nouvelle dépêchée par le télégraphe.
Un courrier dépêché porte cette nouvelle, ïristan,
M. de Chrispe, iv, 2.
DÉPÊCHE COMPAGNON (Â) (dé-pê-che-kon-pa-
gnon), loc. adv. Travailler à dépêche compagnon,
travailler vite et négligemment, ne chercher qu'à
finir. Il Se battre à dépêche compagnon, se battre
sans quartier.
— Étym. Dans le premier sens c'est : hâte-toi,
compagnon , dans le second c'est : à dépêcher , à tuer
le compagnon.
DÉPÊCHER (dé-pê-ché), V. a. || 1° Faire prompte-
ment, hâter l'exécution d'une chose. Dépêchez ce
que vous avez à faire. Il dépêcha ses petites affai-
res. Il Absolument. Se hâter. C'est trop perdre de
temps à souffrir ces discours; Dépêche, Octavian,
COHN. Uéracl. y , 3. Dépêche seulement et cours
vers ma rivale Lui porter de ma part cette robe fa-
tale, m. Médée, iv, i. Dépêchez.... faites tôt, et hâ-
tez nos plaisirs, mol. F. sav. ni, ). |{ 2° Familiè-
rement, faire vite quelque chose. Ayant dépêché
DICT. DE SA LANGl.£ l'HANÇAISB.
toutes ces bonnes actions avec ce sang-froid actif
qui m'étonnait toujours, volt. Jenni, 5. || Manger
vite. Il dépêcha le sien [son gâteau] pour me de-
mander le troisième, J. i. Rouss. Ém.n. || Dépêcher
quelqu'un, expédier vite son affaire. Il n'est pas de
ces médecins qui marchandent les maladies ; c'est
un homme expéditif qui aime à dépêcher ses mala-
des, MOL. Pourc. I, 7. Il Familièrement, se défaire
de quelqu'un en le tuant. Pendant qu'il criait au
secours , les brigands qui l'avaient arrêté le dé-
pêchèrent. Ils se mirent h. assassiner les soldats ro-
mains; s'ils en avaient de logés chez eux, ils trou-
vaient moyen de les dépêcher, malh. Le xxxiu*
livre de T. Lire, ch. 29. C'est que cet enragé sait
déjà la façon Dont il faut dépêcher ceux de notre li-
gnage, SCARRON . Jodelet, iv, s. Oui, j'ai juré sa
mort; rien ne neut m'empêcher : Où je le trouve-
rai, je le veux dépêcher, mol. Sgan. 21. Un vieille
tante qu'un grand médecin dépêclia dans l'autre
monde, volt. PII. aux 40 écus, Lettre à l'homme....
De jeunes médecins de Venise viennept dépêcher
les cadis et les agas, chateaub. Itin. 96. || 3° En-
voyer, expédier en toute diligence. Dépêcher une
nouvelle. On vient de lui dépêcher un courrier,
sÉv. 300. Comme Portiand ignorait les intentions
du roi son maître sur une proposition toute nou-
velle et d'une telle importance, il demanda le temps
de lui dépêcher un courrier et de recevoir ses or-
dres, TORCY, Uém. t. I, p. 43. Cet accord étant fait,
les deux rois dépêchèrent chacun dans leur pays un
ordre exprès d'assembler une armée de trois cent
mille hommes pour enlever Formosante, volt. Prtnc.
de Babyl. 1. Ajoutez à cela les courses de ce même
laquais dont je vous ai parlé, que mon fils dépèche
quatre fois par jour et avec qui, quand il revient,
il a toujours de fort longs entretiens, marivaux.
Vie de Marianne, 4* partie, p. 225. || Absolument.
Envoyer des dépêches, faire ses dépêches. Il les fit
avertir qu'il dépêchait en Macédoine, vaugel. Q. C.
395. Ce fut avec Grimaldo que je traitai en Espa-
gne, et que j'y trouvai le seul ministre avec qui le
roi dépêchait, st-sim. 458, <80. Si mon frère était
mort, doutez-vous que son roi. Pour m'apprendre
sa mort, eût dépêché vers moi? volt. Adélaïde,
I, 3. Il 4° Se dépêcher, v. réfl. Se hâter. Dépêchez-
vous, Cléone, aidez mon faible bras, cohn. Médée,
V, 4. Il 5° X dépêche compagnon, voy. dépèche com-
pagnon.
— HIST. xiii* s. Car maintes fois cis qui preesche,
Quant briefment ne se despeeche, En fait les audi-
teurs aler, Par trop prolixement parler, la Rose,
17674. Il XV' s. Il despescha deux de ses bourgeois,
et leur bailla certains articles, comm. u, 3. Et tin-
drent conseil comment ils pourroient chasser ces
Bourguignons eteulxen despescher, m. i, B. llavoit
maintes espies et messagiers par pays la pluspart
despeschez par ma main, id. v, i. ||xvi' s. Par ma
figue, vous seriez bien empeschez, je vous en de-
pesche, et vous dy que.... rau. Pant. m, 62. Pour-
tant quiconque de vous aultres aura à se pendre,
s'en depesche promptement, m. ib. 4. Prol. J'ay
expressément depesche Malicorne, à ce que je soys
acertainé de ton pourtement, m. ib. iv, 3. Bref un seul
passage nous despeschera de leurs deux objections,
CALV. Inst. 65. Les subterfuges que cerchent ici
les Sorbonistes pour évader, ne les despeschent
point, iD.tb. 9<2. Despescher un député vers.... MONT.
II, 267. Il les feit despescher [tuer] touts trois, m.
III, <4*. Ainsi qu'ils se despeschassent promptement
de vuider leur terre, m. iv, 2). J'entre souvent dans
la chambre de Sylla: j'ay le bras assez fort pour en
despescher la ville, m. iv, 363. S'il estoit question
de (juelque affaire de peu de conséquence, ilz leju-
geoient et despeschoient eulx mesmes tous seuls,
AMYOT, Timoléon, Bi. Pelopidas fut despesché pour
y aller comme ambassadeur, m. Pelopidas, 49.
Il le tua, estant bien adverty de la bonne vou-
lunté que luy portoient les premiers et princi-
paux personnages du royaume, qui l'exhortoient à
se despescher de Neoptolemus, m. Pyrrh. lo. Si
soubstindrent toutefois les Romains, et endurèrent
tant qu'ilz eurent espérance que les Parthes, après
avoir depesche toutes leurs flesches, cesseroient de
combattre, ID. Crassus,il. Ilzadviserent que chas-
cun d'eulx, à son tour, despecheroit les affaires six
heuresdu jour et six heuresdelanuict, iD.Numa, 4.
S. fin que, après les avoir mis en seureté de leurs
vies , il se depeschast luy mesme de la sienne, id.
Cat. d'Utiq. 81. Non suivant les mémoires que la
haine espagnole peut avoir produits; mais ce qu'un
secrétaire de l'ambassadeur en a depesche à un des
principaux conseillers de ce roiaume d'iub, Ilist.
|ni, 516.
— ÉTYM. Wallon, dispSchi, débarrasser; bourg.
dépoché; espagn. et portug. despachar; ilal. dis-
pacciare , spacciare, substantif, dispaccio, spaccio.
Il est bien naturel de considérer comme identiquci
d'une part le français, de l'autre l'espiignol et l'ita-
lien : aussi, admettant cette identité, Diez rejette
l'étymologie de dis-pedicare , débarrasser, empe-
dicare, embarrasser, empêcher, et se demande
si impingere, frapper stir, arrêter, ne serait pas le
radical d'empêcher, par l'intermédiaire d'une forme
impactare (la discussion pourem-p^c/ier est la mêaia
que pour dé-pécher). Quoi qu'on pense de l'étymo-
logie des mots espagnols et italiens, il ne faut pas
les faire intervenir ; car l'identité n'en est qu'appa-
rente avec le français; en recourant à la plus an-
cienne forme, on reconnaît que le mot n'est pas,
comme l'espagnol ou l'italien, de trois syllabes,
despachar, dispacciar, mais de quatre, depeecher;
il est donc composé comme preecher (prêcher) do
prxdicare, et conduit nécessairement au bas-latiu'
dis-pedicare, de pedica, piège (voy. piège). Pieg-a
est monosyllabe (en ne comptant pas la finale) parce
que pédica a l'accent sur pe, et peech-er est dissyl-
labe parce qu'il vient de pedicare, où, comme cel.i
arrive dans le passage des mots latins en français,
la consonne intermédiaire est tombée, pe-i-care. Il
aurait été possible que la formation du français filt
autre, et qu'au lieu de perdre la consonne inter-
médiaire, le mot latin eût perdu \'i bref, ce qui ar-
rive souvent aussi : pedcare ou pedciare, ce qui eût
donné en français piéger. En tout cas, la forme
despeecher ne peut être rapportée à l'origine indi-
quée par Diez, et il faut la réserver pour l'espagnol
et l'italien; tout en admettant qu'il y a eu peut-être,
dans la langue d'oïl, confusion et assimilation entre
depeecher, venant de pedica, et dépêcher, venant de
dis-poctare(yoy. empêcher).
t DÊPEÇOIR (dé-pe-soir), s. m. Outil ou couteau
propre à dépecer.
— ÉTYM. Dépecer.
DÉPEINDRE (dé-pin-dr'),je dépeins, tu dépeins,
il dépeint, nous dépeignons, vous dépeignez, ils
dépeignent; je dépeignais; je dépeignis; je dépein-
drai; je dépeindrais; dépeins, qu'il dépeigne, dé-
peignons; que je dépeigne, que nous dépeignions,
que vous dépeigniez, qu'ils dépeignent; que je dé-
peignisse; dépeignant; dépeint, t). a. Il 1° Peindre
d'une manière distincte. Dépeindre des devises sur
un pavois. || Sens propre à peine usité aujour-
d'hui. Il 2* Représenter parle discours d'une ma-
nière assez vive pour qu'on puisse le comparer à
une peinture. Les poètes tragiques anciens ont beau-
coup mieux réussi à exprimer les quabtés des héro.'i
qu'à dépeindre la magnificence des grands rois,
ST-ÉVREMOND, Traité des tragédies, dans hiche-
LET. Comme les femmes ont un empire absolu sur
l'esprit des hommes, elles y dépeignent ou les par-
ties des beautés qu'elles ont ou celles qu'elles es-
timent, PASC. Amour. Les poètes n'ont pas raison de
nous dépeindre l'amour comme un aveugle , m. dans
COUSIN. On nous dépeint ici M. de Marseille ^répée
à la main, aux côtés du roi de Pologne, ayant eu
deux chevaux tués sous lui, et donnant la chasse
aux Tartares comme l'archevêque Turpin la donnait
aux Sarrasins, sÉv. 229. Si je veux d'un galant dé-
peindre la figure, boil. Sat. 11. S'U rencontre un
palais, il m'en dépeint la face, iD. Art p. i. Et ces
mêmes fureurs que vous me dépeignez, rac. Iphig.
III, 6. Quand lu me dépeignais ce héros intrépide
ID. Phèd. I, 1. Il 3° Se dépeindre, v. réfl. Faire par
le discours son propre portrait. Byron s'est dépeint
en ses poèmes. |1 Être dépeint. Cela ne saurait se dé-
peindre.
— HIST. XVI' s. Là où il [Xénophon] a avec un
gentil pinceau dépeint de naïfves couleurs, soubs
le nom de Cyrus, quel seroit un roy s'il s'en trou-
voit au monde de parfait, amyot, Épit. dédie. Mo-
ral, p. 10. De grands pavois, où estoienl dépeintes
les devises de chaque combatant, castelnau, 169.
— ÉTYM. Hourguig. dépoindre; provenç. depen-
her, despenher; ital. dipingere ; du latin depingere,
de la préposition de, et pingere, peindre (voy.
peindre).
DÉPEINT, EINTE (dé-pin, pin-t'), part, passé
de dépeindre. Narbas leur est dépeint comme un
traître, un transfuge, volt. Mérope, i, 4.
t DÉPELOTONNER (dé-pe-lo-to-né) , v. a. Dé-
faire un peloton. || Se dépelolonner, e. réfl. Être
dépelotonné. Ce fil s'est dépelotonné.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et peloton.
DÉPENAILLÉ, ÉE (dé-pe-nâ-Ué, liée, U mouil-
lés, et non dé-pe-nâ-yé), adj. Qui est en haillcms.
Il Dont la mise est .tout à lait négligée, dans un
I0G6
T)ÈV
désordre exlrême. Il ejtsale et tout dépenaillé. |; Fig.
Visage dépenaillé, Tisage flétri. Fortune dépenaillée,
fortune en déiwrroi. || Ce mot est du langage fe-
milier.
niST. XVI* s. Leurs grands panaches blancs et
noir», tout brisés et dépenaillés de coups, suli-t,
Jans le Dût. de dochk/-.
— Btym. Dé.... préfixe, et un dérivé {■penaille)
de l'ancien français lertf ou panf, drap, étolTe. L'an-
cien français disait dexpené. despané, mis en lam-
beaux. U finale aille, ailler, est presque toujours
péjorative. Voy. penaiu,on.
DEl'KN.'Vn.LHMKNT (dé-pe-nft-lle-man, Il mouil-
lées, et non dé-pe-nâ-ye-man) , ». m. Accoutre-
ment .sale et misérable.
— RTYM. Dépenaillé.
DfiPENDAMMHNT (dépan-da-man), adv. Avec
dépendance, d'une façon dépendante. L'âme agit
dépendamment des organes. Les histoires ne nous
présentent proprement que des squelettes, c'est-à-
dire des actions toutes nues ou qui paraissent dé-
pendre de peu de ressorts, quoiqu'elles n'aient été
faites que dépendamment d'une infinité de causes,
auxquelles elles étaient attachées et qui leur ser-
vaient de soutien et de corps, Nicole, Ess. de mor.
t" traité, ch. 6. St Pau', ne laissait pas de souhaiter
d',illcr prêcher l'Evangile à Rome, quoiqu'il ne le
souhaitât que dépindaiiiment de la volonté de Dieu,
ID. 16. 2* traité, ch. 3. Si le monde a l'être dépendam-
ment, d ne le peut avoir nécessairement, boss. Li-
bre arb. 4. Dieu, l'auteur de l'être, ayant voulu le
donner aux enfants dépendamment de leurs parents,
II). Connaiss. iv, ((. Kn cela consiste le bienheu-
reux en(!ragemenl qu'a la créature raisonnable et in-
tollipente à n'user de sa liberté et de ses droits que
dépendamment de Dieu son seigneur et son souve-
rain, Botini). Carême, i, p. 609.
— ÊTYM. Dépendant, et le suffixe ment.
DÉPENDANCE (dé-pan-dan-s"), ». f. || !• Sorte de
rapport qui fait qu'une chose dépend d'une autre.
Les événements y ont une dépendance l'un de l'au-
tre, CORN. Ex. de Pomp. L'ordre général des causes
et la dépendance des effets, buff. Théor. de la terre,
l" dise. Il i° Il s'est dit d'une contrée, d'une terre
qui relève d'une autre. La Bresse est des premières
dépendances de la couronne, pathu, Plaidoyer 4,
dans BiCHELKT. Platon fait le royaume de Troie une
dépendance de l'empire des Assyriens, BOss. Hist.
111,4. Il lui demanda de lui rendre Tyr et Sfdon,
qui étaient des dépendances de la Syrie, dont il était
roi, ROLUN, Hist. anc. Œuvres, t. vii, p. 270,
dans P0UGF.NS. Carthage avait sept cent mille habi-
tants, et trois cents villes de sa dépendance dans le
seul continent d'Afrique, id. ib. Œuvres, t. x , p. 490,
dans pouoENS |{ 8° Au plur. Tout ce qui tient,
comme accessoire, à une chose principale. Vendre
une terre avec toutes ses appartenances et dépen-
dances. On lui a adjugé la terre avec toutes ses cir-
con,stances et dépendances. Votre château avec tou-
tes ses dépendances, sèv. 276. S'il arrive qu'on fasse
la même réflexion, on se persuade aisément qu'elle
est nouvelle, tant elle offre de circonstances et de
dépendances qu'on avait laissées échapper, vauven.
Kax. x.ll*" Subordination, sujétion. Les enfants
«ont dans la dépendance de leurs parents. Ils vou-
dront par ce choix se mettre en a.ssurance. Et n'en
pré.senteront que de leur dépendance, corn. Othon,
I, 4. Quelque éclairé que soit on sujet, sa condition
est toujours rabaissée par la dépendance, pasc. dans
COUSIN. Votre sexe n'est là que pour la dépendance,
MOL. Éc. desfemm. m, 2. Cette régularité vous tient
dans la dépendance, boss. m. Vêt. t. Il avait mis
les plébéiens dans la dépendance des patriciens, id.
Hist. III, «. C'est ce qui doit tenir les princes dans
une entière dépendance, m. ib. m, 4. Vivez dans
la dépendance intime de la grâce, id. Lett. ahb. ne.
Ce qui dépend de moi est dans la dépendance de la
reine, id. Leit. ï63. Kt c'est pour m'affranchir de
cette dépendance.... hac. Brit. 11, 2. Trop instruit
de ses droits, trop plein de sa naissance, Il ne sau-
rait soulfrir la moindre dépendance, id. Androm.
1, a. Le dernier devoir de ce dépouillement religieux
est la soumission et la dépendance des supérieurs,
MASS. Prof. rel. 3 La dépendance irrite, Quand
on n'estime pas ceux qui donnent la loi , la motte.
Fables , 1 , (0. Tout ton être en un mot est dans ma
flôpendance, volt. Mérope, y, ». L'homme était-il
donc né pour tant de dépendance? m Orj)h<>«. v, 5.
Le système adopté par tous les gouvernements de
1 Europe, de tenir les colonie» dans la dépendance
la plu» absolue de la métropole, a toujours rendu
luipecta» à beaucoup de politiques espagnols les
lianoni du Mexique avec l'Asie, baynal, Ihti. plul.
DEP
VI, 23. Ils sont toujours comme à la dépendance
d'autrui , ib p. courhevillr , dans df.sfontaines.
Soumis à mes travaux, aimant ma dépendance. J'ai
senti les bienfaits de mon adversité, diicis, Abufar,
I, 6. 115° Terme de grammaire. Syntaxe de dépen-
dance, la partie de la syntaxe relative aux régimes
ou compléments des différentes espèces de mots.
— hist. XIV* s. Ces biens devant du, qui sont de
diverses espèces, sont appeliez biens pour ce que il
ont aucune dcspendence d'une chose ou attribucion
à aucune chose, okesme, Eih. vu, I2.||xv*s. Et
que ainsi ces trois principales raisons, avec leurs
dépendances, lui font sembler la chose trop péril-
leuse et douhteiise pour luy, Bouciq. m, ch. iS.
— ÉTVM. Dépendant.
PÉPENDANT, ANTE (dé-pan-dan, dan-t'), adj.
Il 1° Qui dépend de, qui tient à. Ces deux choses
sont dépendantes l'une de l'autre. Les effets dépen-
dants des causes. Nos cœurs n'étaient point faits dé-
pendants l'un de l'autre, bac. i4ndr. iv, 6. || Terme
de jurisprudence féodale. Qui relève d'un autre. Fief
dépendant. || 2° Qui dépend d'un autre pour des au-
torisations nécessaires et aussi pour sa fortune. Je
le sais comme vous, Sainville e.st dépendant. Jamais
il n'obtiendra l'aveu du président, la chaussée,
Gouvern. xi, lO. ||3° Soumis. Un moment a vaincu
mon audace imprudente; Cette âme si superbe est
enfin dépendante, BAC. Phéd. 11, 2. || Substantive-
ment. Notre firince a des dépendants Qui, de leur
chef, sont si puissants Que chacun d'eux pourrait
soudoyer une armée, la font. Fahl. l, 42. On veut
voir des dépendants [des gens au-dessous de soi] et
qu'il n'en coûte rien, la bruy. iv. || 4° Terme de
marine. Tomber en dépendant, approcher d'un lieu
à petites voiles, en faisant vent en arrière. Un vais-
seau vient du dépendant, lorsqu'il est au vent d'un
autre vaisseau et qu'il s'en approche peu à peu pour
le reconnaître. On dit dans le même sens porter en
dépendant, gouverner en dépendant.
— HIST. xiv s. Le peuple cuidoit sa liberté estre
dépendant de ladampnacion [condamnation j du dit
Ceson, BEBCHEtiRE, f° 64, ferso. || XVI* S. Martius,
prenant avec lui ses dependans et ceulx qu'il peut
induire par bonnes paroles à le suivre, alla courir
tout le territoire des Antiates, amyot, Cor. t«.
— ÉTYM. Dépendre ï.
t DÉPENDKUR (dépan-deur), ». t»v. Terme de
pêche. Ouvrier qui dépend les harengs, lorsqu'ils
sont fumés. || Très-populairement, dépendeur d'an-
douilles , homme grand , maigre , q ui a les bras longs ;
mauvais sujet, chenapan, à qui sa haute taille per-
met de dépendre, c'est-à-dire d'enlever les saucis-
sons ou andouilles que les charcutiers suspendent
devant leurs boutiques pour servir d'enseignes.
— étym. Dépendre (.
1. DÉPENDRE (dé-pan-dr'), v, a. || 1° Détacher
une chose qui était pendue. Il est même assez ordi-
naire de pousser les exécutions jusqu'à dépendre les
portes des maisons après avoir vendu ce qui était
dedans, vabb. Dtme, p. 29. [Il] Dérange les fau-
teuils, dépend lustre et tableaux, collin d'harlev.
Malice pour mal. i, 8. || Détacher une personne qui
était pendue. La foule accourut et dépendit l'homme
qui pendait au gibet. || 2° Fig. Se dépendre, v. réfl.
Se détacher, renoncer. L'âme ne se peut dépendre
elle-même de ces pensées, boss. Ben. 4.
— RBM. On dit : je suis à vous à pendre et à dé-
pendre, ami à pendre et à dépendre, pour dire tout
dévoué. C'est une locution altérée pour à vendre et
à dépendre (voy. dépendre 3), qui, n'étant plus
usité dans ce sens, et restant usité avec le sens de
détacher, a fait changer vendre en pendre.
— HIST. xiu* s. Li chevaliers li a cunté Que mult
li ert mesavenu Dou lairon qu'il ot despendu, ma-
ris. Fable 33. Avant que l'empereur de Perse alast
devant la chamelle, il amena le conte Gautier de-
vant Jaffe, et le pendirent par les bras à unes four-
ches, et li dirent que il ne le despendroient point,
j usq ues à tant qu'il auroient le chastel de JafTe , joinv.
27). Il XV* s. Velà le mort, je vous le monstre, Jo-
seiih; or le povezdespandre, /aPasifondeJV.S. J.C.
Il xvr s. Encores les despend on, à force, du col
de leurs mères pour les rendre à leurs espoux, mont.
I, 270. Le prevost le fit dépendre, desper. Contes,
i.xin. Et elle voyant le corps de son filz mort es-
lendu, et sa mère encore pendue au gibet, aida elle
mesme aux bourreaux à la despendre, amyot, ii^t»
et Cléomène, M.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pendre, v. a.
ï. DÉPENDRE (dé-pan-dr), v. n. || 1* Être dans
certain rapport qui enchaîne une chose à une autre.
L'effet dépend de la cause. La conclusion dépend
des prémisses. De là ne dépendent pas lus destinées
DEP
de la France, balz. liv. vi, lett. 7. Souvien»-toi....
Que tes jours me sont chers; que les miens en dé-
pendent, CORN. Cinna, 1, 3. Comme si le salut de
la religion en dépendait, pasc Pror>. 48. C'est faire
dépendre le christianisme de la prtiitique, boss.
Var. XV, § 4 33. Tout dépend du secret et de la dili-
gence, BAC. Iphig. IV, 40. Leur sûreté [des rois]
souvent dépend d'un prompt supplice, 10. Alhal.
Il, 6. Il vit que son salut Dépendait de lui plaire,
et bientôt il lui plut.iD. Baj. x, 4. Mon bonheur dé-
pendait de l'avoir pour époux, id. Mithr. m, 6. Né'
cessités dont ils font dépendre tout leur bonheur,
FÉN. Tél. viii. On vit manifestement, pendant le peu
de temps que dura la tyrannie des décemvirs, à quel
point ragrandi.ssement de Rome dépendait de sa li-
berté, montrsq. Rom. I. Il Impersonnellement. Il ne
dépendra pas devons de me laisser ici; plutôt mou-
rir que de vous voir partir sans moi, f8n. Tél. iv.
Il 2° Se rattacher à. Dans les choses qui dépen-
dront de notre métier, mol. Mal. imag. n, 6.
Il 3° Faire partie de quelque chose. Ce territoire ne
dépend pas de la France. Ce parc dépend de votre
propriété. || Appartenir à. Cette cure dépend de tel
diocèse. Ces juffes dépendent de tel tribunal. || En
matières béiiéficiales. Ce prieuré dépend de telle
abbaye, la nomination en appartient au titulaire de
telle abiiaye. |{ Terme de jurisprudence féodale.
Relever de. Ce fief dépend de telle baronie. |{ 4* Être
sous la domination, l'autorité de. Mais peut-être
qu'un jour je dépendrai de moi, cobn. Nie. n, 3.
Dépendre, c'est selon la plus claire notion et la plus
évidente être tenu d'obéir, boubd. Exhortation sur
l'obéissance relig. t. i, p. 202. Il est triste de dé-
pendre de gens qu'on n'aime point, maintenon,
LettreàMmedeCaylus.Tl ik\. «746. Vous dépendez
ici d'une main violente, bac Mithr. iv, 2. Ces gar-
des, cette cour, l'air qui nous environne. Tout dé-
pend de Pyrrhus et surtout d'Hermione, id. Andr.
m, t. Quand de mes seules mains ce co>ur voulait
dépendre.... m. Bér. iv, 6. Les rois ne pouvant ja-
mais s'accoutumer à dépendre des autres et à leur
être soumis, bollin, Hist ane. Œuvres, t. vin,
p. 389, dans POUGENS. Ma mère qui était la seule
dont je dépendais alors, car mon père était mort....
MARIVAUX, Paysanparv. t. n, 4* part. p. los, dans
POUGENS. Il Absolument. Les faibles veulent dépen-
dre afin d'être protégés. Il faut suer, veiller, fléchir,
dépendre, pour avoir un peu de fortune, la bboy. vi.
Il Par extension, être à la merci de. On dépend
servilement d'un serrurier et d'un menuisier, selon
ses besoins, la broy. xiv. || S" Termede mer. On dit
du vent qu'il dépend de l'un des quatre vents car-
dinaux ou de l'un des huit vents principaux, quand
sa direction le rapproche de l'un de ces vents. Le
vent dépend du tribord, il vient de tribord.
— HIST. xm" s. Et de toutes ces choses traite-
rons nous en cest chapitre, parce que l'un dépend
de l'autre, BEAim. xv, l. || xiv* s. Accident est dé-
rivé et dépend de substance, oresme, Eth. Y, 40.
Aucunes operacions faites selon vertus morales dé-
pendent et viennent pour causedu corps, id. ib. ïns.
Et toutes teles amistés dépendent et viennent de
ami sté paternel, id. 16. 260. || xv* s. Leduc de Berry
remontra au destroit conseil des nobles de France,
auxquels principalement pour le temps de adonc les
choses du royaume toutes se dependoient, et dit
ainsi.... FROiss, 11, 111, 47. Et les autres maux qui dé-
pendent de la guerre, comm. n, «. ||xvi* s. Le lion-
heur qui dépend de la tranquillité de l'esprit, mont.
I, 67. Quand il visitoit les villages qui despendoient
de luy,iD. 1, 247. L'honneur d'un homme tiendroit
à bien peu de chose, s'il dependoit du fait d'une
femme, desper. Contes, vi.
— ÊTYM. Lat. dependère, de la préposition de, et
pendêre, être suspendu (voy. pendre, v. n.).
3. DÉPENDRE (dé-pan-dV) , v. a. Dépenser. Je
vais vous montrer qu'il n'est rien de si peu de frais,
si vous craignez de dépendre, malh. Le traité des
bienf. deSénèqtte, n, 30. L'épargne est une science
de ne rien dépendre mal à propos, id. ib. 11, 3t.
Et n'avoir de crédit qu'au prix qu'on peut dépen-
dre, RéONiER, Sat. n. || Aujourd'hui mot inusité
excepté dans ces deux phrases proverbiales : «• Qui
bien gagne et bien dépend n'a que faire de bourse
pour serrer son argent; ï* Ami à vendre et à dé-
pendre, ami tout dévoué. Je suis à vous k vendre
et à dépendre, c'est-à-dire vous pouvez disposer de
moi; locution qui signifie que vous pouvez me
vendre et faire , de l'argent, l'emploi qu'il vous
plaira, et qu'on peut voiràThistorique, au propre,
comme terme du langage juridique. Bien qu'i!
m'eût à l'abord doucement fait entendre Qu'il était
mon valet, à vendre et à dépendre {despendrcj.
DEP
RiîGNiKB, Sal. VIII. Bissy était ù vendre et à dépen-
dre corps et âme, pour sa fortune, aux jésuites, ST-
SIM. 289, 201.
— hEM. 1» On dit souvent à pendre et à dépen-
dre; c'est une méprise (voy. dépendbe •!). || 2" Au
xvii" siècle, dépendre, qui a vieilli depuis, était
aussi bon que dépenser; c'est du moins ce que dit
Marg. Buffet, Observ. p. 3*.
— HIST. xn' s., Vous qui robez les croisés, Ne
despendez mie l'avoir ainsi, quesnes. Romancero,
p. 06. Il xiii's. Après refuLargece assise, Quifu bien
duite [habile] et bien aprise De faire lionor et de
despendre, la Rose, U36. VaiUans bons suel [j'ai
coutume] estre clamés. Et de tous compaignons
amés, Et despendoie liament En tous leus plus que
largement. Tant cum fui riches bons tenus, ib.
804B. Quant la ville de Bapaumes fu sans meor
[maire], li ior^ois despendirent moult en eslection,
Liv. dejust. 4«. Que elle peuist [pût] le [la] maison
qui devant est dite, vendre et .despendre, et boire
et mangier, et faire toute se [sa] volonté, taiixiar,
Itccueit, p. <78., Il xiv* s. Et c'.est legiere chose à
fere que despêndre, oresme , Eth. <09. Robert a
obligié sey et ses hers [hoirs], touz ses biens moe-
bles et immoebles presenz et avenir, à vendre et à
despendre par la main de la justice, Livre vert de
la bibliothèque d'Avranches. || xv* s. Et disoient
Anglois : Messire Jean de Montfort nous a joué de
ce tour que travailler nos corps et lever nos gens et
faire despendre l'argent du roi, froiss. ii, m, 03.
Se mocquoient du duo de Courgongne qui despen-
doii argent à vouloir deffendre la mer, comm. m, B.
Esloit de très petit cueur et enduroit tontes choses
pour ne despendre riens, m, iv, ) . Ma beauté et mes
tendres ans ne peuvent endurer que temps dépende
et consume ainsi mes jours en vain, (.cuis xi , JV^ut). c.
Il XVI* s. Et prendrai autant k gloyre qu'on die de
moi que plus en vin aye despendu que en buyie,
que feit Demosthenes quand de luy on disoyt que
plus en huyle que en vin despendoyt, rab. Gar. ( ,
prol. A amasser, je n'y entends rien; à despendre,
je m'y entends un peu, mont, iv, 78. Souffrir les
cruautez, non pas d'un camp barbare contre lequel
il faudrait despendre son sang et sa vie devant;
mais d'un seuil id.iv, 388, Tarquinius à faire les
fondemens.de ce temple, despendit la somme de
quarante mille marcs d'argent, amyot, Publ. 29.
Luther osa respondre à une lettre du roi Henri d'An-
gleterre, qui le menassoitde dépendre sa couronne
pour faire perjr luy et sa doctrine, d'aub. Ilist. i, 68,
Qui promet et point ne tient, ses paroles en vain
despend, génin, Récréations, l. u, p. 248. Qui des-
pend plus qu'il ne gagne, il meurt pauvre et rien
negagne, leroux de lincy, Prov. i. n, p. 16B. Qui
plus dttspend qu'il n'a vaillant, il fait la corde où il
se pend, id. ib. Trop tard se repent qui tout des-
pent, iD. ib.
— ÊTYM. Lat. dependélre, dépenser; de la prépo-
sition de, ef. pendêre, payer (voy. pension); wallon,
disparité, dépenser; provenç. despendre; catal. des-
pendrer ; espagn. despender ; ital. dispendere.
L'historique prouve évidemment que dans |a locu-
tion à vendre et àdépendre.dependre veut dire non
pas détacher ce qui est pendu, mais dépenser.
<. DÉPENDU, DE (dépan^du, due), part, passé
de dépendre, I, Détaché. Un larron dépendu.
2. DEFENDU, UE (dé-pan-du,, due), part, passé
de dépendre 3. Dépensé. || Inusjté.
DÉPENS (dé-pan; l'î se lie: les dé-pan-z exigés),
s. m. plur. ||1° Déboursés. Il n'est guère usité (hors
de la locution : aux dépens) que dans cette phrase: Ga-
gner ses dépens, qui se dit d'une personne dont les
services compensent les dépenses qu'elle occasionne.
il 2° Aux dépens, aux frais de. Apprenez que tout
flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute, la font.
Fabl. 1,2. U y fut nourri aux dépens de sa patrie,
PÉN. Tél. xxiv. Mummius, en recommandant le soin
de cet amas précieux à ceux à qui il le confiait, les
menaça très-sérieusement, si les statues et les ta-
bleaux venaient à se perdre, de les obliger à en four-
nir d'autres à leurs dépens, ROLLiN, Hist. anc. Œu-
vres, t. IX, p. 246, dans pougens. || Fig. Je fis ma
cour à vos dépens, sév. 4(0. Martine: U me plaît
d'être battue. — Robert: D'accord. — Martine: Ce
n'est pas à vos dépens, mol. Uéd. m. lui, i, 2. Quand
j'ai vu qu'à toute force ils voulaient que je fusse mé-
decin, je me suis résolu de l'être aux dépens de qui
U appartiendra, id. tb. m, t . Au lieu qu'ordinairement
ils [les princes] n'apprennent qu'aux dépens de leurs
sujets et de leur propre gloire à juger des affaires
dangereuses qui leur arrivent, Boss. Hist. Dessein
général. Ils se sont raccommodés k vos dépens, fén.
TU. xill. Il Rire aux dépens de quelqu'un, s'amuser
DEP
à son sujet, en faire le but de ses plaisanteries. Vous
apprendrez, maroufle, à rire à nos dépens, mol.
Sgan. il. Aux dépens de Japhet Je veux me diver-
tir, scARRON, D. Japhet, m, 4. J'ai bien à vos dé-
pens jusqu'ici plaisanté, piRON, Métrom. v, d. Rire
aux dépens d'autrui, quel talent, quel plaisir I col-
lin d'harlev. Malice pour mal. i, 4. || Faire la guerre
à ses dépens, avancer son argent sans profit, sans
qu'il en soit tenu compte. Qui est-ce qui va jamais
à la guerre à ses dépens? qui est-ce qui plante une
vigne et n'en mange point du fruit? sacy. Bible,
St Paul, i" Ép. aux Cor. ix, 7. || Faire la guerre
à ses dépens signifie encore,i faire, dans un emploi,
dans une fonction, plus de dépenses qu'on ne reçoit
d'argent en traitement. || Devenir sage à ses dépens,
le devenir à la suite de quelque fâcheuse expérience.
Ayant à mes dépens appris cette sentence : Qui gai
fait une erreur, la boit à repentance, réonier, Sat.
XI. [Rome] Savante à ses dépens de ce qu'il [An-
nibal] savait faire, corn. Nie. i, 6. Aux dépens de
Néarque il doit se rendre sage, id. Poly, lu, a. || On
dit dans le même sens : je l'ai appris à mes dépens.
Il Par le sacrifice, la perte de. La basse-cour a été
agrandie aux dépens des remises. La paix allait se
faire aux dépens de ma tête, corn. Médée, i, (.11 va
vous obéir aux dépens de «a vie, iD. Cinna, m, 6.
Et n'accepte aucun bien aux dépens de l'honneur,
ID. ib. III, 4. Aux dépens de sa propre vie, boss.
Hist. m, 6. Je défendrai sa vie aux dépens de mes
jours, rac. Andr. i, 4. i vos. plus chers amis j'ai
disputé ce rang ; Je l'ai disputé même aux dépens
de mon sang, id. liérén. v, 7. Aux dépens du bon
sens gardez de plaisanter, boil. Art p. m. || 3° Terme
de procédure. Frais que la partie qui perd doit payer
à la partie qui gagne , par opposition aux frais pro-
prement dits, lesquels sont dus par la partie à son
avoué. Il a été condamné aux dépens. 11 a payé les
dépens. Tous deux avec dépens veulent gagner leur
cause, BoiL. Épit. ii. Arrêt enfin; je perds ma cau.se
avec dépens, rac. Plaid, i, 7. 1) Dépens compensés,
dépens mis à la charge de chacune des parties li-
tiganies. || Distraction dos dépens, droit qu'a l'avoué
de se payer sur les dépens adjugés à la partie.
Il Fig. Ce ne fut pas la première fois que je m'aper-
çus que l'on paye souvent les dépens de sa bonté,
RETZ, UI, <(6. . . .
— HIST. xiii* S. Si manda au pape qu'il ne s'en
mouveroit de çà, adont qu'il raveroit au moins ses
despens, Chr. de Hains, <24. Et qui par malice tra-
vaille son aversaire est condempné en pêne et en
despans, Liv. de just. I4. Quant li aucun sont se-
mons por aidier lor segneur ou leur mesons à gar-
der, li sires lor doit livrer lor despens resnablement
[raisonnablement], beaum. 49. Et elle leur dit que
jà par famine ne s'en iraient ; car je ferai acheter
toutes les viandes en ceste ville, et vous retieing
touz desorendroit ans despens [à la solde] du roy,
joiNV. 2B2. Il XIV* s. Il n'avient pas souvent que il
superhabundent en dons ou en despens ou regart de
la multitude de leurs possessions, oresme, Eth. i06.
Il xv*s. Ne fay passer despens ta revenue, e. desch.
Poésies mss. t" 42, dans lacurne. || xvi*s. Aux des-
pens d'aultruy, MONT. I, (05. Je trouverois, raison-
nable que le prince, à ses despens, en gratifiast la
commune, id. i, i99. Il ne se montroit au partir de
là que trop sage et trop advisé aux despens de nos
affaires, iD. ii, 16. Estre nourry aux despens de la
chose publique, amyot. Sol. 65. U renvoya les Grecs
en leurs païs, leur donnant argent pour faire leurs
despens par les chemins, id. Lucull. 57. L'advocat
vpulut faire sa paix aux despens d'une perfidie, d'aub.
Hist. i, (00. Deux mille hommes pouvoient empoi-
gner toute l'isle aux despens d'une petite tranchée
(en la faisant], id. ib. i, 336. Et moururent en tout
de 6 à 7000 hommes [ennemis], aux despens de 20U0
qu'y perdirent les estats, ID. ib. m, 534. L'honneur
s'achepteaui despens de la peine, rons. 598. Ne com-
bas point, à fin que, n'estant le plus fort. T'achètes
une honte aux despens de la mort, id. 757.
— ÉTYM. Picard, dépins; provenç. despes, des-
pens; du supin depensum, de dependere, dépenser
(voy. dépendre 3). Paisgrave; p. 28, observe que
despens se prononce dépehs.
DÉPENSE (dé-pan-s'), s. f. || 1* Argent employé à
toutes choses, privées ou publiques, qu'on se pro-
cure, qu'on fait ou fait faire. 11 ne faut pas que lu
penses Trouver de l'éternité En ces pompeuses déi
penses Qu'invente la vanité, malb. u, 2. L'aumône
ne se fait pas sans dépense; mais le profit surpasse
la perte, maucroix, Hotn. <B, dans ricIiklet. Gens
de grosse dépense; la pont. Ben. Cela ekiipêche
que l'on ne fasse la dépense d'une corde pour se
pendre, siîv. 221. La grande dépense que vous faites
DEP
10G7
à Aix, id. 404.11 Dépense sourde, dépense secrète
et qui ne parait pas. Cet homme se ruine en dépen-
ses sourdes. || Dépenses secrètes d'un gouverne-
ment, s'est dit quelquefois comme fonds secrets.
Il Faire de la dépense, dépenser de l'argent. Je n'en-
tends pas que vous fassiez de dépense, mol. Pourc,
1,(0. Us avaient de l'esjirit et faisaient de la dé-
pense, HAMiLT. Gramm. 4. 11 ne trouve plus à pro-
pos d'y faire de la dépense, sÉv. ,607. Faisant de la
dépense dans Jérusalem, MASS. Car. Riche. J| Se
mettre en déi>ense, faire une dépense qui n'est pas
ordinaire. || Fig. Vous eûtes de la complaisance. Mais
vous en deviez moins avoir. Et ne vous pas me(tre en
dépense, Pourne medonnerquel'espoir, uoi.. Uis. i,
2. Il Mettrequelqu'un en dépense, être pourlui cause
de dépenses. || Faire la dépense, être chargé du dé-
tail des frais. || Forcer la dépense, les dépenses,
augmenter la dépense, ou l'évaluer, la compter
plus grande qu'elle n'est. || En termes de jurispru-
dence, dépenses nécessaires, celles qui sont faites
par celui qui n'est pas propriétaire d'une chose,
pour la conserver; utiles, pour l'améliorer; volup-
tuaires, de pur agrément. 112° Compte où se trouve
relatée chaque somme déboursée. Porter en dé-
pense. Chapitre de dépense. La dépense se monta
chaque mois à tant. Nos pères comptaient en toutes
choses avec eux-mêmes : leur dépense était propor-
tionnée à leur recette, la bbuy. vu. |1 Terme de mé-
nage. Écrire la dé|>ense, écrire chaque jour ce qui
a été dépensé dans la journée. Qu'une autre écrive
la dépense.... Je veux que mon maître de danse...
BÉRANG. Éduc. Il 3° Fig. Emploi d'une chose quel-
conque. 11 avait coutume de dire.... que la plus forte
dépense que l'on puisse faire est celle du temps, la
BRUY. Disc, sur Théophr. \\ En cet emploi, dépensa
se dit quelquefois avec une nuance d'ironie et comme
pour signifier que la dépense ne servira à rien.
Il a fait une grande dépense d'érudition, d'esprit.
114* Dans un château, dans une maison royale, dans
une communauté, lieu où l'on reçoit et où l'on
distribue les objets en nature. 1| Dans les maisons
particulières, lieu où l'on serre les provisions et dif-
férents objets destinés à la table. Ces pommes étaient
au fond d'une dépense, j. J. rouss. Conf. 1. 1| Dans
les vaisseaux, lieu où l'on distribue les vivres, au-
jourd'hui cambuse. |{ B°Terme d'hydraulique. Quan-
tité de liquide fournie, dans un temps donné, par
un orifice d'écoulement. || Proverbe. Le gain n'en
vaut pas la dépense, c'est-à-dire la chose coûte
plus qu'elle ne rapporte.
— HIST. xiii* s. Li philosophe apeloient l'estomac
despense du cors; car ausi coin vous veés que de
le [la) despense de l'ostel sont auiinistré li norrisse-
mentàciaus [ceux] del'osiel.... alebrant, f° -J». Ses
cors meîsmes ira avec vous eu la terre d'outremer,
ou envolera, se vos cuidiésquece.soit miels [mieux],
à tous dis mil humes de sa de^pense [à ses frais] ,
villeh. li. Renart l'a moult bien esgarJée; Com il
l'a vit et si s'apense Que il ea fera sa despense, Jien.
22844. Foulz est qui contre mort cuide trover def-
fense; Des biaux, des fors, des sages fait la mort
sa despanse; La mors mort Absalon et Salomon et
Sance [Samson], buïeb. (4i. Au chief du cloistre
d'autre part estoient les cuisines, les panneieries,
les bouteilleriesetles despenses, joinv. 206. || xiV s.
Nous posons et mettons que despense soit doiiacion,
oresme, Eth. (08. Il XV* s. Mais quant ce vint au
fait de la despenca. Il restraingnit eufs. chandelle
et mousiarde. Et oublia pain, vin, ciiai et finance:
Tout se détruit, et par default de garde, E. desch.
Admin. de l'hôtel du prince. Ils trouvent les laçons
de dissimuler à ouyr les parties et les tesmoings,
pour tenir la personne et destruire en despense, et
attendent lousjours si nul ne se veult plaindre da
celluy qui est détenu, comm. y, (8. || xvi* s. Allez-
vous-eh à la despense [office] demander à desjeu-
ner; desper. Contes, lxxv. Les oreilles [oreillettes]
du cœur ont esté faites de telle capacité, à fin qu'elles
peussent (comriie une despense) recevoir le sang
ou air qui durant le temps du diastole pourroit eâ-
tre introduit au cœur.... pab4, u, ((. Outra lequel
rapport, la vigne donne du vin de despenca pour le
mesnage, qu'on fait avec de l'eau sur le iliarc dés
raisinS; 0. DE SERRES, 145. Daris deul dtl troià jours
le premier trempé ou despénce sera tité de la cuv6
et entonné comme le vin, id. 12u. Selah l'entrée la
despense; sage n'est qui bien n'y pense, le ROiJk
uK lincy, Prov. t. u, p. 4(4.
— ÊTVM. Provenç. despensâ, dèi'pessa; portug.
despesa, dfspeia; ital. dispenià; dû supin depen-
sum, dfe dependere, dépenser (vo^. dèpenure 3).
DÉPENSE, ÉB (dé-pan-sé, sée), part, passé. Db
l'arrcnl follement dépensé. || Fig. Jeunesse dépensée
10G8
DÉP
dsnB les plaisir». || Proverbe. Joumde gagnée,
loumée dépensée, >e dilde ceux qui n'épargnent rien ,
qui dépensent l'argent à mesure qu'ils le gagnent.
DÉPKNSER (dé-pan-aer). t). a. || 1* Employer de
l'argent à quelque clioso. 11 ne dépende pas un sou
mal à pro[)Os. || Absolument. Je n'aime pas à dépen-
ser. Il n'y a qu'à dépenser; les richesses nous vien-
nent comme un torrent, KBN.Ot'oJ. des morts onc. 42,
Pnmpée, Cémr. Il ne faut point de bourse à qui
veut dépenser, brgnahd, Vendanges, <. || Il ne dé-
pense guère en espions, se dit d'un homme qui
n'est pas informé des choses qu'il lui serait impor-
tant de découvrir. || Kig. La mémoire du temps passé
Que j'ai follement dépensé, bégrier, S(anc«« reiig.
Four dépenser sa vie en peu d'instants.... Dans un
grenier qu'on est bien à vingt ans! bèrang. Gren,
Jeunesse aux jours dorés, je t'ai donc dépensée,
V. Huoo, F. d'aul. 3«. Il i' Se dépenser, v. Hfl.
Être dépensé. L'argent se dépense vite en voyage.
Il Proverbe. Autant dépense cliiche que large; quand
on se met en frais, il n'en coûte pas plus de bien
faire les choses que de les faire mal.
— REM. Vaugelas dit que de son temps dépendre
(voy. DRPENnBK 3) et dépenser sont usités, mais que
dépendre se dit plus à la cour, et déjienser & la ville.
Ménage et Th. Corneille constatent que dépendre
est tombé en désuétude. Quant à Malherbe , voici
ce que Racan rapporte dans sa Vie de Malherbe:
a Un jour M. de liellegarde, qui était, comme l'on
sait. Gascon, lui [à Malherbe] envoya demander le-
quel étiit le mieux dit de dépensé ou dépendu; il
répondit sur-le-champ que dépensé était plus fran-
çais, mais que pendu, dépendu, rependu, et tous
les composés de ce vilain mot qui lui vinrent en la
bouche, ét.iient plus propres pour les Gascons. »
— HIST. xV s. Et tous despensant si largement
qu'il sembloitqueargent leur plust desnues, fboiss.
I 1, 66. Il XVI* s. Us m'empeschoient de dormir, me
despensoient en fauconniers et en hongres.... d'aub.
Fan. 1, 6.
— ÊTYM. Dépense; provenç. despensar; anc. es-
pngn. despesar.
DÉPKNSIER, 1ÈRE (dé-pan-?ié, siê-r'), adj.
II 1° Oui aime la dépense, qui dépen.se excessive-
ment. Vous êtes dépensière, mol. Tan. I, t. 11 y a
une autre sorte de curiosité qui est une curiosité
dépensière : on ne saurait avoir trop de raretés,
trop de bijoux, tropde pierreries.... Boss. Concupisc.
8. Il était extrêmement dépensier, surtout quand il
s'agissait de ses plaisirs, Marivaux, Pat/sa» parv.
I" part. p. 30, dans pougens. || Substantivement.
C'est un grand dépensier. C'est une dépensière.
(] 2" S. f. Dépensière, la religieuse qui, dans un
couvent de femmes, a soin de la cave et de toute
la dépense. || 3° S. m. Celui qui, dans une commu-
nauté, dans un établissement public, est chargé de
la dépense. |{ Le dépensier d'un vaisseau, celui qui
di.stribue les vivres, aujourd'hui cambusier. |{ D.ms
les lycées, homme chargé de faire les achats pour
la cuisine sous la surveillance de l'économe.
— HlST. XII* s. Les napes nietent sergant et des-
pencier; Au dois [dais, table] s'asient li vaillant
chevalier, Baoul de C. 76. Geste meslée fustjà ven-
due cbier. Quant là acorent sergant et despencier,
ih. <»o. Il XVI* s. Ayant eiipousé une femme jeune et
despensiere, amyot, P^rtc. 88. Les despensiers em-
boufis de bonbance, bons. 94 i. Les bourdons ou
frelons sont au reste grands despensiers, devorans
le miel, o. dp. serbes, 445. Plusieurs mesprisent ce
mcsnnge, comme fantasque, pénible, despensier
[coûteux], ID. 460. Une humeur vaine et despen-
siere, MONT, m, 290. Despensiers et fille de cham-
bre ont bien volontiers grand langue, lerodx de
Li.NCV, /"rou. t. II, p. <6B. Despensiers et marmitons
«ont souvent grands compaignons, lo. ib.
— ÊTYM. Lat. dispensare, qui signifie adminis-
trer et partager do l'argent, et qni est du même ra-
dical que depfndere, d'où dépense; provenç. despe-
cier, despessier, despenser ; anc. catal. despensier,
drspenser , dispenser; espagn. despmsero ; liai.
dispmsiere. Dans l'ancien français, despensier si-
gnifiait celui qui administre la dépense d'une mai-
son; avec le sens de celui qui dépense, on disait
despendere, despendeor.
t Kf.l'ENSlF, !VE (dé-pan-sif, si-v"), adj. Qui
cause de la dépense, coiiteux.
— HIST. xvr s. Ceux-ci [sont en .servage] de l'y-
»rongnerie, ceux-là d'une ambition et magnificence
•olta et depensive, la boetib, tib.
— RTYM. Dépenser.
nftPKBDlTlON (dé-pèr-di-sion; en vers, de cinq
•yllalies), ». f. \\ f Perte qui se fait graduellement.
U déperdition de la chaleur. || Terme de chimie.
On dit qu'il y a déperdition, lorsque, dans une opé-
ration, on ne retire pas toute la substance qu'on
avait mise. Il Terme de botanique. Déperdition in-
.sensible, nom donné à une partie de la transpira-
tion des plantes, laquelle, beaucoup plus lente que
l'exhalation aqueuse , se fait au travers de leurs
tissus sans pores apparents. ||a* Perte, diminution.
C'est un fait bien constaté que les étoiles de dixième,
de onzième grandeur, et même au-dessous, ont été
vues au travers de la partie centrale des comètes,
sans déperdition sensible de leur éclat, babinet,
dans Presse scvtntifique , t. i, p. 4 34. || Terme de
chirurgie. Déperdition do substance, plaie avec
destruction des tissus lésés.
— HIST. XVI* s. Fracture du crâne avec déperdi-
tion ou enleveure, en laquelle la pièce est empor-
tée, dont il y a perdition de substance, paré, viii, (.
— ETYM. Anc. français, depcrdre, du latin deper-
dere, de la préposition de, et perdere, perdre; pro-
venç. deperdicio ; espagn. desperdicion.
DÉPÉRI , lE (dé-pé-ri , rie) , part, passé de dépérir.
Qui a perdu la plus grande partie de ses forces. Ses
brebis, de langueur sèches et dépéries, X la merci
des loups erraient par les prairies, sf.grais, AIhys,
i. Croissy prit congé du roi de Suède qu'il laissa
au milieu des ruines de Stralsund avec une garni-
son dépérie des deux tiors, volt. Ch. XII, 8.
DÉPÉRIR (dé-pé-rir), v. r». || 1° Périr peu à peu,
.s'affaiblir graduellement. Sa santé dépérit tous les
jours. La nôtre [armée] était fort dépérie depuis la
dernière victoire, voit. Lett. 74. Elle va toujours
en dépérissant, boss. m, Paq. 3. Je sens de jour
en jour dépérir mon génie, boil. ÉpUr. viii. On en
voit quelquefois [des enfants] qui dépérissent d'une
langueur secrète, parce que d'autres sont plus ai-
més et plus caressés qu'eux, fén. Éduc. des filles,
ch. B. Il sèche et dépérit au milieu de son abon-
dance, MASS. Pet. car. Tent. Pendant que la métro-
pole dépérissait, il n'était pas possible que les colo-
nies prospérassent, ratnal, Hist. phil. vin, 31. Ses
jours [de Démodocus] dépérissaient, il marchait à
grands pas vers le tombeau, chateaub. Uart. ii,
216. L'État n'a point dépéri. Je reviens gras et fleuri,
bérang. Ventru. || 2° Terme de jurisprudence. Les
preuves dépérissent par la longueur du temps, c'est-
à-dire se perdent à mesure que les témoins dispa-
raissent. Il Ces créances dépérissent, elles deviennent
difficiles à recouvrer. |{ 3° Se détériorer, se déla-
brer, tomber en ruine. Ces meubles, ces monuments
dépérissent.
—REM. Dépérir se conjugue avec l'auxiliaire at'oiV,
quand on veut marquer mieux la manière en tant
qu'elle a été continue ou successive : il a déj>éri
rapidement; avec l'auxiliaire être, quand on v« 't
marquer l'état ou résultat final, complet : l'agricul-
ture est dépérie.
— IIIST. XVI* s. Les choses mal acquises dépéris-
sent, rab. Pont, ni, 4. Pour chasser les connins
[lapins] desperissans la vigne, brouttans les pre-
miers de ses rameaux, o. de serres, 198.
— ETYM. Provenç. dépérir; du latin deperire, de
la préposition de, etperire, périr.
DÉPÉRISSEMENT (dé-pé-ri-se-man),s.m. Il 1° État
de ce qui dépérit ou de ce qui est dépéri. De peur
qu'il ne tombe dans le dépérissement, pasc. Préf.
Vide, Il apprendrait par ce moyen les accroissements
et les dépérissements de ses peuples et ce qui les
cause, val'b. Dtme, p. 182. Comme ce dépérisse-
ment [du corps] est une suite de mon âge de soixante-
quatre ans, de longs travaux dont ma pauvre tête
est fatiguée.... d'alemb. Lett. au roi de Prusse,
29 juin 1781. Le dépérissement d'esprit et de corps
qu'entraîne le chagrin joint à la vieillesse, condor-
cet, Bourdelin. Ceux qui sont préposés à la con-
servation des bois se plaignent eux-mêmes de leur
dépérissement, buff. Expér. sur les végét. 2* Mém.
Hiéroclès, aux yeux de la foule, paraissait encore
tout-puissant; mais un œil exercé voyait en lui des
signes de dépérissement et de décadence, chateaub.
Ifar». II, 2B6. Il 2° Terme de jurisprudence. Le dé-
périssement des preuves, l'affaiblissement qu'elles
reçoivent par la perte de ce qui peut les constater.
Il 8° Délabrement, détérioration. Il ordonne, pour
éviter ce désordre ou dépérissement, que l'aîné
aura seul la maison, patrh. Plaidoyer 12, dans
bichelet.
— ÊTYM. Dépérir. On a dit, au xvi* siècle, depe-
ri'tt'on; Que durant le siège des autres [places]
l'admirai s'advanceroit vers les estrangers, et les
recevroit sans peine quand les forces seroient en de-
perition, d'aub. //««. i. 1B7.
t DÉPERSÊCOTER (dé-pér-sé-ku-té) , V. a. Cesser
de persécuter. Peut-être y aura-t-il enfin des âmes
DEP
raisonnables qui rougiront de cet exemple de bar-
barie au xvm* siècle, et qui tâcheront d'effacer celle
flétri,ssure en faisant dépersécuter le compagnon df
cet infortuné, volt, dans laveaux.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, ei persécuter.
t DÉPERSCADER (dé-pér-su-a-dé) , v. a. ôter
une persuasion. Depuis cette rare crédulité de Mon-
seigneur dont Mme la duchesse de Bourgogne l'a-
vait dépersuadé, je n'avais osé me commettre i
Meudon, st-sim. 291, 217. Avant de le déclarer in-
nocent, il faut que je le croie; et je crois si décidé-
ment le contraire que vous aurez peine à me dé-
persuader, j. j. Bouss. /. à dirernois, Jo juill. I76r,.
— ETYM. Dé.... préfixe, et persuader.
DÉPÊTRÉ, ÉE (dé-pê-tré, trée), port, passé. Dé-
barrassé d'entraves. Un-cheval dépêtré, jj Fig. Rus-
tic voudrait être dépêtré d'elle, la font. Diable.
DÉPÊTRER (dé-pê-tré) , v. a. || 1" Débarrasser les
pieds d'une entrave. Dépêtrer un boeuf. {| 2° Fig. Dé-
livrer. Nous faisons nos efforts pour le dépêtrer d'un
engagement si dangereux, sêv. 36. || 3* Se dépêtrer,
V. réfl. Se tirer hors. Se dépêtrer d'un bourbier.
Il Fig. Se débarrasser. Moi pour m'en dépêtrer, je
lui dis tout exprès: Je vous bai.se les mains.... eé-
GNiER, Sat. VIII. La pauvreté est si gluante qu'on
ne s'en saurait dépêtrer, d'ablancourt, Lucien,
dans richelet. Je ne me puis dépêtrer de cet homme,
LA FONT. Coc. Plus VOUS raisonnerez, plus vous pes-
terez contre cette jeune veuve, plus je croirai que
vous aurez de peine à vous dépêtrer d'elle, bhuey.'î,
Xuet, I, 4.
— HIST. XVI* s. Ainsi Hannibal s'estant à la fin
despestré de Marcellus, et ayant son armée délivre....
AMYOT, Marcell. 44. Estans bien aises quand ilz se
pouvoient despestrer de leurs autres affaires pour
s'y en aller, id. LucuU. 83. Prenons de bonne heure
congé de la compaignie; despestrons-nous de ces vio-
lentes prinses qui nous engagent ailleurs et esloin-
gnentde nous, mont, i, 279. Il sent avoir du mal, et
vouidroitenestredepestré; mais de ce mal pourtant,
son cœur n'en est pas abbattu et affoibli, id. u, 21 i.
— ETYM. Dé.... préfixe, et peslrer, qui tient au
bas-latin pastorium, entrave qu'on met au cheval
(comparez empêtrer); ital. spastojare. L'étymolo-
giedede,et petra, hors de la pierre, ne peut se sou-
tenir, soit à cause rie \'s (de pestrer), soit à cause du
sens. L'italien spastojare, formé régulièrement de
pasiorium, indique, comme le sens, que depestrer
est du même radical; mais il faut supposer une forme
anomale pastrium au lieu de pasiorium. Pasto-
rium vient de pastor, pasteur, et signifie l'usteu-
sile qui fait paître le cheval en un lieu déterminé.
t DÉPÉTRIFIER (dé-pé-tri-fi-é) , v. a. Faire sor-
tir de la stupéfaction. || Se dépétrifier, v. réfl. Sortir
de la stupéfaction. Dépétrifiez-vous, jeune amant,
touchez là, dufbént, Mar. fait et rompu, a, 3.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, el pétrifier.
DÉPEUPLÉ, ÉE (dé-peu-plé, plée), part, passé.
Qui a perdu ses habitants. Cette Syrie, me disais-jo,
aujourd'hui presque dépeuplée, comptait cent villes
puissantes, volnet. Ruines, u. |fl'"ig. Que me font
ces vallons, ces palais, ces chaumières. Vains ob~
jets dont pourmoilecharme est envolé? Fleuves, ro-
chers, forêts, solitudes si chères. Un seul être vous
manque, et tout est dépeuplé I lamart. Kéd. i, i.
DÉPEUPLEMENT (dé-peu-ple-man), >. m. Action
de dépeupler un pays; état d'un lieu dépeuplé. Les
guerres continuelles causent le dépeuplement des
États. Le pape choisit St Bernard pour être l'organe
d'un nouveau dépeuplement [ une croisade , que
Voltaire nomme ainsi par dénigrement] , volt.
Mœurs, B4. || Dépeuplement d'une forêt, coupe ou
destruction des arbres. {| Dépeuplement d'un étang,
pêche qui en enlève la plus grande partie des pois-
sons. Il Dépeuplement d'un canton de chasse, des-
truction du gibier dans ce canton.
— ETYM. Dépeupler.
DÉPEUPLER (dé-peu-plé), v. a. || l" Dégarnir
d'habitants une ville, un pays. Quoi I ces tyrans
cruels.... Qui dépeuplentla terre.... volt. Ali. ii, 2.
On avait banni, dans tous ces États, un usage in-
sensé qui énervait et dépeuplait plusieurs pays mé-
ridionaux, id. Princ. de Babyl. 6. || Par extension.
Quoil Roxane , seigneur, qu'Amurat a choisie
Entre tant de beautés dont l'Europe et l'A.sie Dépeu-
plent leurs états et remplissent sa cour, bac. Bajai.
1, 1. Il 2* Dégarnirunlieudelaplusgrande partiedes
animaux qui s'y trouvaient. Dépeupler une forêt,
un étang. I| Dépeupler une pépinière , en tirer trop de
plants ou beaucoup de plants. || 3* Se dépeupler,
». réfl. Perdre ses habitants, hommes ou animaux.
Le pays s'est dépeuplé. Cette garenne commence
à se dépeupler. On voyait, chez les Carthaginois
DEP
les Tilles se dépeupler tous les ans de leur plus
florissante jeunesse pour obéir il l'ordre barbare
de leurs oracles et de leurs dieux, «ollin , //is(. anc.
(Euvres, t. v, p. 46, dans pougens.
— HIST. XV* s. Le grand maistre de Prusse, ac-
compagné de plusieurs de ses chevaliers, entrèrent
au royaume de Lictuaire jLithuanie] pour le des-
truire etdepopuler, monstrel. i, 69. Le roy vouloit
(ue, pour bien repeupler sa ville de Paris, qu'il di-
sait avoir esté fort depopulée, que quelques gens,
de quelque nalion qu'ils fussent, poussent de là en
avant venir demourer en la dicte ville, Jean de
TROYES, Chron. i405. Il XVI' s. Les seigneurs de Car-
thage voyants que leur pays se depeuploit peu à
peu, MONT. 1, 233. Et s'ils en eussent voulu dépeu-
pler leur terre, il y a longtemps qu'elle fust toute
déserte, langue, 386. Comme.... noz villes, arse-
iiacz, magasins.... ayent esté desgarnis et depopulés
d'artillerie, pouldres et autres munitions, Ordonn.
févr. <682.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et peupler; provenç. de-
popular; espagn. despohlar; portug. despovoar;
ital. dipopolare.
t DÉPHLKGMATION (dé-flè-gma-sion), s. f.Yoy.
UÉFLEGMATION.
t DfiPHLOGtSTIQUÉ, ÉE (dé-flo-ji-sti-ké, kée),
adj. Terme d'ancienne chimie. Qui a perdu son
phlogistique. Air déphlogistiqué, nom de l'oxygène
dans l'école de Stahl avant l'établissement de la no-
menclature chimique par Guiton Morveau, Lavoi-
sier, BenhoUet et Foutcroy.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et phlogistique.
tBÉPICAGE (dé-pi-ka-j'), s. m. Voy. DÉPIQUAGE.
+ DRPICATOIRE (dé-pi-ka-toi-r'), adj. Terme d'a-
griculture. Oui concerne le dépiquage.
DÉPIÉCÉ, ÉE (dé-pié-sé, sée), part passé. Dont
on peut ôter ou dont on a ôté une ou plusieurs piè-
ces. Vêtement dépiécé.
I DlÎPIÈCKMENT (dé-piè-se-man), s. m. Action
de dépiécer; état d'une chose dépiécée.
<— ÉTYM. Dépiécer.
DfiPIÉCER (ilé-pié-sé. L'accent aigu de pié se
change en accent grave, quand la syllabe qui suit
est muette : je dépièce; excepté au futur et au con-
ditionnel oil l'accent aigu est conservé: je dépiéce-
rai; je dépiécerais; le c prend une cédille devant o
et o: dépiéçant; dépiéçons),u. o. Enlever les pièces;
démembrer. 11 y avait une douve gâtée à ce ton-
neau ; il a fallu le dépiécer.
— HIST. XIII* s. Quant j'oi illec esté grant pièce,
Li diex d'Amors, qui tout despiece Mon cuer, dont
il a fait bersaut [but] , Me redonne ung novel assaut,
la Rose, 4828. Là où sa manche li despiece, D'au-
tre drap i met une pièce, ruteb. ii, 2)0. Parquoy
nous doutons que quant vostre nef venra en la haute
mer, que elle ne puisse soufrir les cops des ondes,
qu'elle ne se despiesce, jomv. 283. || xv* s. Les Gan-
tois allèrent prendre Jean BouUe et querre en son
hostel et l'emmenèrent en-my la rue ; et là fut des-
piece pièce à pièce; chacun en emportoit une pièce,
PBOiss. II, II, 88. Et plusieurs autres le suivirent,
pour gravir et monter sur un pont qui làestoit, dont
les ennemis avoient despiece plusieurs ais, Bouciq,
I, ch. <4.
— ÉTYM. Le même que dépecer.
t»ÉPIÉTER (dé-pié-té), v. a. Terme de fabri-
cant de drap. Cotonner le drap, le rendre partout
égal, uni.
t t. DÉPILAGE (dé-pi-la-j'), s. m. Action d'ôter
des peaux le poil et l'épiderme.
— ÉTYM. Dépiler.
I 2. DÉPILAGE (dé-pi-la-j'), s. m. Voy. dépile-
MENT.
t DJÎPILANT, ANTE(dé-pi-lan, lan-t'), adj. Qui
fait tomber les poils. Poudre dépilante.
DIÎPILATIF, IVE (dé-pi-la-tif, tiV), adj. Qui
fait tomber le poil, les cheveux.
— ÉTYM. Dépiler; provenç. depilatiu.
DÉPILATION ( dé-pi-la-sion ; en vers, de cinq
syllabes), s. f. Action de dépiler; résultat de cette
action. La dépilation est le résultat, soit de certai-
nes maladies de la peau, soit de l'application des
médicaments vésicants.
— HIST. xv:* s. La teigne délaisse souvent, après
estre curée, une dépilation, et reproche au chirur-
gien, PARÉ, XV, 2.
— ÉTYM. Dépiler ; provenç. depilaeio.
DÉPILATOIRE (dé-pi-la-toi-r'), s. m. Drogue,
préparation qui fait tomber le poil. Les dépilatoires
sont en général des préparations caustiques, faites
soit de chaux vive, soit de quelque autre substance
alcaline ou de sulfure d'arsenic. || Adj. Pommade
dépilatoire. Onguent dép'Wtoire.
DEP
-- Jlisr. XVI' s. Par l'indeue application des dépi-
latoires, PARÉ, XV, t.
-- ÉTYM. Dépiler.
rÉPILÉ, ÉE (dé-pi-lé, lée), part, passé. Peaux
dépliées.
^ DÉPILEMENT (dé-pi-l8-man),ï. m. Enlèvement
des piliers réservés dans une couche.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pile ou piMer.
PÉPILER (dé-pi-lé), v.a.\\ 1° Faire tomber les che-
veux, les poils. On dépile les peaux avant de les
tanner. || 2° Se dépiler, v. réfl. Perdre son poil, en
parlant d'un animal.
— HIST. XVI" s. Les parties hautes de la teste dé-
pliées [sans cheveux] , paré, iv, 3. La partie que
voudrez depiler, id. xxv, 47.
— ÉTYM. Provenç. depilar; du latin depilare, de
la préposition de, et pilus, poil.
I DÉPINGLAGE (dé-pin-gla-j') , s. m. Action de
dépingler.
t DÉPINGLER ( dé-pin-glé ) , v. a. Enlever les
épingles d'une toile tendue par les bords.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et épingle. La forme ré-
gulière serait désépingler.
t DÉPIQUAGE (dé-pi-ka-j'), s. m. Action défaire
sortir le grain de son épi, mode de battage, prin-
cipalement en usage dans le Midi, qui s'oprre à
l'aide du piétinement de mulets ou de chevaux,
quelquefois même de bœufs.
— ÉTYM. Dépiquer 2.
1. DÉPIQUÉ, ÉE (dé-pi-ké, kée), part, passé de
dépiquer <. Qui n'a plus de piqûres. Étolfe dépiquée.
Il Fig. Qui n'est plus piqué, fâché.
f 2. DÉPIQUÉ, ÉE (dé-pi-ké, kée), part, passé
de dépiquer 2. Grain dépiqué.
i. DÉPIQUER (dé-pi-ké), )'. a. \\ 1° Défaire les
piqûres faites à une étoffe, jj 2° Terme de jardinage.
Enlever un jeune plant qu'on a fait venir de graine
et qu'on va planter, repiquer ailleurs. || 3° Fig. et
familièrement, dissiper la pique, l'humeur, le mé-
contentement qu'une chose donne à quelqu'un. Ce
gain-li me dépique de toutes mes pertes, voit. Lett.
99. Il 4° Se dépiquer, v. réfl. Cesser d'être fâché. Je
me suis dépiqué avec le roi de Prusse, qui est beau-
coup plus régulier [à écrire] que lui [le maréchal de
Richelieu], volt. Lett. Mme de Graffigny , 22 mars
1758. Il Se dédommager, se venger. Rebuté de ne
pouvoir prendre avec les jésuites , Fénelon se
tourna aux jan.sénistes pour se dépiquer, par l'esprit-
et par la réputation quil se flattait de tirer d'eux,
de la fortune qui l'avait méprisé, st-sim. 31 , 105.
Philippe le Bel, pour se dépiquer, chassa tous les
Juifs du royaume et s'empara de leur argent, volt.
Mœurs, 66. C'est à quoi [jouer la comédie] nous
avons passé notre hiver, pour nous dépiquer du
malheur de nos armées, id. Lett. Voisenon, mars 1 768.
Et en vérité, un homme qui a le malheur d'avoir
lu la cosmologie de Christian Wolf, a besoin de la
vôtre pour se dépiquer, id. Lett. Maupertuis,
10 août 1741.
— REM. Se dépiquer, cesser d'être fAché; mot
fort à la mode présentement à la cour, de cailliê-
res, 1690.
— HIST. XIII* s. Il m'ont atorné malement, Il
m'ont tôt dépiqué le dos, Ren. 4261. Tu qui si
m'en mors et dépiques.... la Rnse, 7)46.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et piquer. Dépiquer,
dans l'ancien français, signifiait piquer fortement.
2. DÉPIQUER (dé-pi-ké), v. a. Opérer le dépi-
quage.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et épi, anciennement es-
pie (voy. ÉPI).
t DÉPIQUEUR (dé-pi-keur), s. m. Ouvrier qui
conduit le dépiquage.
— ÉTYM. Dépiquer 2.
DÉPISTÉ, ÉE (dé-pi-sté, stée), part, passé. Dont
on a trouvé la piste. Un sanglier dépisté. || Fig.
Chanter sans guitare à Sévi lie I vous seriez bientôt
reconnu ma foi, bientôt dépisté, BEAUM.Barb.de
Sév. I, 6.
DÉPISTER (dé-pi-sté), r. a. || 1° Terme de
chasse. Découvrir la Irace, les pistes du gibier, et le
poursuivre en conséquence. Dépister un lièvre.
11 2° Fig. et familièrement, chasser, poursuivre
comme un gibier dont on a trouvé la trace. Il a dé-
pisté l'auteur de cette fausse nouvelle. || Il se dit des
choses, dans le même sens. Dépister une intrigue.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, indiquant ici non l'action
de quitter, mais l'action de suivre, et piste.
t . DÉPIT (dé-pi; le t se lie d'ordinaire : le dé-
pi-t amoureux; au pluriel, l's se lie : des dé-pi-
z amoureux), s. m. || 1° Chagrin mêlé d'un peu de
colère. M'ayant fait oublier tous les dépits qu'elle
I m'a faits, je ne me souvians plus ({ue des excellen-
DEP
1009
tes qualités qui la rendent aimable et admirable,
VOIT. Lett. 23. Je crève de dépit, mol. l'réc. il.
J'en ai dans le cœur davantage; Et, pour exprimer
tout, ce cœur a du dépit De ne. point trouver de lan-
gage, ID. Amph. II, 6. De grand dépit Richard elle
interrompt, la font. Rich. Les victoires de Maurice
firent mourir de dépit Chosroès, bo.ss. Hist. i, h.
Tous ces présents, Albine, irritent mon dépit, HAC.
Brit. 1, 1. Quoi qu'il en soit, Néron, d'aussi loin
qu'il mevit, Laissa sur son visage éclater son dépit,
ID. th. Crois que dans son dépit mon cœur est
endurci, id. Androm. ii, l. Que vous importe, 0
dieux, sa joie ou son dépit? m. ib. ii, 6. Entre
amants tel dépit n'est qu'une bagatelle; Je veux
dès aujourd'hui vous remettre avec elle, regnare,
Ménechmes, iv, 4. Ces paroles le remplissaient de
dépit contre Mentor, fén. Tél. vu. Il laissa tomber
sa lyre de dépit, id. ib. viii. Les divisions, les dé-
goûts, les dépits ne peuvent y avoir aucune en-
trée, iD. ib. XIV. Pour faire dépit au maître des
choses, VOLT. Taur. 3. Croyez-moi, ces dépits que
l'orgueil vous déguise. Sont partout dangereux et
surtout à Venise, Ducis, Othello, i, 6. || Se couper
le nez pour faire dépit à son voisin, se nuire pour
une vengeance qu'on n'obtient même pas. || On dit
qu'une chose croît par dépit, quand elle croît sans
qu'on en prenne aucun soin. || 2° En dépit de, loc
prép. Malgré. Adieu; fais lire an prince, en dépit de
l'envie, Poursoninstruction,rhistoiredetavie, corn.
Cid, i, 3. Mais lorsqu'on dépit d'eux on en a voulu
d'autres.... m. Ilor. m, 6. Des cheveux assez, pour
ne point porter perruque; j'en ai beaucoup de blancs,
en dépit du proverbe, scarbon. Portrait de Scar-
rim fait par lui-même. Je vous l'avais prédit qu'en
dépit de la Grèce De votre sort encor vous seriez la
maîtresse, rac. Androm. m, 8. || Fig. et familière-
ment. Faire une chose en dépit du sens commim,
du bon sens, etc. la faire très-mal. Tes écrits, il
est vrai, sans art et languissants Semblent être for-
més en dépit du bon sens, boil. Sat. ii. Ils ont
l'air d'être faits en dépit de l'art, mderot. Sainte
de 1767, (Muxfres, t. xv, p. 6, dans pougens. || En
dépit qu'on en'ait, c'est-à-dire quoi qu'on fasse. Quel-
quefois en dépit que j'en aie, DEsc. Aff'rfi'f. 2. J'ai caché
si longtemps l'ennui qui me dévore Qu'en dépit que
j'en aie enfin il s'évapore, corn. Pulch. ii, l. J'ai
beau voir ses défauts et j'ai beau l'en biftmer, En
dépit qu'on en ait, elle se fait aimer, kol. Mis. i, l. Il
faut que je lui sois fidèle en dépit que j'en aie, mol.
/'. Juan, i, 1, Je me sens pour vous de la tendresse
en dépit que j'en aie, id. l'Av. lu, 6. Ahl vous y
resterez, en dépit qu'on en ait, collin d'harlev.
Vieux célib. iv, 10.
— REM. 1. Voltaire remarque au sujet de ces
vers de Corneille : Et je m'ose assurer qu'en dépit
de mon crime. Mon sang leur servira d'assez pure
victime, Cinna, iv, 7 : « On ne peut pas dire en dé-
pit de mon crime, comme on dit malgré mon crime.
parce qu'un crime n'a point de dépit. On dit bien
en dépit de ma haine, de mon amour, parce que
les passions se personnifient. » Cette remarque n'est
pas fondée; car elle atteindrait aussi malgré , at-
tendu qu'un crime n'a ni gré ni mauvais gré. || 2. Il
faut appeler l'attention sur la locution : en dépit qu'il
en ait. La construction ne peut s'en faire; seule-
ment on comprend comment elle est née ; la locu-
tion correcte serait : dépit qu'il en ait, comme mal-
gré qu'il en ait; c'est-à-dire : quelque mal gré qu'il
en ait; tandis qu'il est impossible de dire : quelque
en dépit qu'il en ait. Mais là il y a eu confusion et
fusion avec la locution en dépit; d'où est résultée
la locution en dépit qu'il en ait. Toutefois, venant
du XVI* siècle, comme on peut voir par l'histori-
que, elle a été consacrée par les meilleurs écrivains
du XVII* siècle.
— HIST. xir s. Et si unt Adonie sun fil àrei eslit;
Abiathar le volt [voulut] sacrer al Deudespit, Th. le
mart. 27. || xiii* s. Or ne pui je pas dire que m'eûst
endespit Li bonspreudoms iiermites... Berte, lui. Si
ne tenez pas en despit Les genz por lor petit d'avoir,
Lai du conseil. Li l'es [le fait] touquoit [touchait]
à despit au segneur, beaum. xxx, 20. Il me demanda
se je lavoie les pies aus poures le jeudy absolu ; et
je li respondi que nanin, que il ne me sembloit pas
bien; et il me dit que je ne le dévoie avoir en des-
pit; car Dieu l'avoit fait, joinv. 293. || xv s. Et
tantost messire Robert CanoUe fit ouvrir une poterne
hors du chastel, et sur les fossés il fit descoler, au
despit des François, tous les prisonniers qu'il te-
noit, FROiss. 11, III, 8. Et trouvèrent cinq povrea
prisonniers anglois que les Escots avoient liés tous
nuds aux arbres, par despit, et deux qui avoient
les jambes brisées, m. I, l, 44. Messire Jean de
1070
DEP
Hainaut.qui lulavoilfait.si comme ilestoit informé,
plusieur» despits, vHOiss.i, i, «8. || xvi" s.Jelaco-
giioi», c'est une noire, Noire faite en despit des
oieui, MAHOT, m. »*. Kn despit qu'ils en ayent, il
faudra qu'ils confessent.... OLV. Instit. UH. lisse
tuèrent, en despil de son humanité, mont, ii, 37.
Dedans peu da jours il eust contrainct les Laoedae-
moniena de venir à la bataille contre eulx, en des-
pit qu'ils en eussent, amyot, Aie. 7fl. Et sembloit
qu'ils le feisl par despit d'eulx tant seulement, et
pour leurdesplaire expressément, m. Alcib. et Cor.
comp. B. Son cheval se tourna et l'emporta en ar-
rière en despit qu'il en eust, id. ilarceU. ». Ter.
Culeo, pour leur faire despit, persuaila au peuple
de le commander ainsi, iD.t'lamin. 36.
— ÊTYM. Bourguig. dépey ;norm. dépit, mépris;
provenç. despieg, despieyt; auc. calai, despeit ; es-
pagn. de*pec/io ; ilal. di»pc((o ; du latin de^pectus,
de despicere, regarder de haut en bas, mépriser,
delà préposition d«, et spicere, regarder (voy.
specthe).
+ 2. DÉPIT, ITE (dé-pi, pi-t'), adj. Qui a du
dépit, de la mauvaise humeur. Kérie honteuse et
dépite, LA FONT. Coupe. || Inusité présentement.
— HIST. XIII' s. Sachez qu'ele en a fait que mau-
vaise et despite, Berte, 64. Car poure chose, où
qu'ele soit, Est adès boutée et de.spite, la llose, 459.
Il XYi" s. S'il advenoit qu'il feu.st despit, courroussé,
fasché ou marry.... hab. Garg. i, 7. On la peut
nommer despite, vindicative, opiniâtre et muable,
MAHQ. Nnuv. 4 6. Ils sont allez feindre cette sotte
image (delà philosophie] triste, querelleuse, des-
pite, mineuse.... mont, i, <76. Jesuisdespit dequoy
nostre vie s'embesogne toute à cela, iD. i, t93.
Les Corinthiens furent bien despits de se voir en
ceste sorte abusez et mocquez par Icetes, amyot,
Timol. (3.
— ÉTVM. Dépit i .
DÉPITÉ, ÉE (dé-pi-té, tée) , port, passé. Qui
éprouve du dépit. Tant je suis dépité contre ma des-
tinée, MALii. V, (6. Mais à l'offre des vœux d'un
amant dépité, Trouvez-vous, je vous prie, entière
sûreté? MOL. Femm. sav. i, i.
DÉIMTEU (dé-pi-té), v. a. || 1° Causer du dépit à
quelqu'un. Rien ne nous dépite davantage que de
voir.... PASC. Imag. K ||2° Se dépiter, v. réft. Con-
cevoir du dépit. Contre sa fureur ma raison se dé-
pite, RÉGNIER, Sat. XV. Un croquis informe sort de
dessous sa main [de l'élève]; il se dépite, chateaub.
Dessin, 273. || Familièrement. Se dépiter contre
son ventre, se priver de manger par dépit ou hu-
meur; et fig. refuser par dépit ce qu'on désire
au fond.
— BEM. Dans le commencement du xvu* siècle on
donnait à dépiter le sens de braver, outrager, ac-
cuser. Où la troupe maudite Son seigneur attaché
par oulrage dépite, malh. i, 4. Ali! j'en rougis de
honte et dépite mon âge.... Régnier , Élég. i. Je
semble dépiter.... l'infortune, id. Sat. vu.
— HIST. xiii* s. Et quant Mahomuiet se fu mis en
la seigneurie du peuple, si des[iita son oncle et l'es-
loigna de Ii, joinv. 280. |i xvr s. 0 que vous jourez
bien! je despile la dyahlerie de Saulmur, de Doué,
voyre, par Dieu, de Poictiers, en cas que ils puis-
sent eslre à vous parragonnez, hab. Pant. iv, ta.
Oudartrcnioytetdespitoytlesnopces, id. tb. iv, t5.
J'ai un mari qui me fuit, qui me hait et me despite
plus qu'une chambrière, marg. Notiv. xv. Quand il
s'en va, son aller nous despite (chagrine], barot
m, 2u. Cette poictrine que, despitée, tu bals s'i
cruellement, mont, i, 22. Je me suis souvent des-
pite de veoir ez comédies italiennes tousjours un
pédante pour badin, id. i, t3g. Despite contre sa
besogne, id. i, 254. Si je traduis, ma plume s'en
despite D'estre asservie à tourner un ouvrage. Qui
n'est pis mien, en un autre langage, la boétis,
481. Son ambition faisoit qu'il se despitoit, courrou-
çoit et douloit quand il se sentoit mespriser, amtot,
Aie. et Cor. comp. ». Vitri en sortant du mesme con-
seil, en jurant et despitant la causerie: il vaut bien
mieux, dit-il, servir le brave Huguenot, d'aub.
UÙI. m, 293.
£TYM. Norm. et Berry, dépiter, défier^ bra-
ver; provenç. despechar, despeytar; catal. deipitar;
aspagn. despechar; ital. dispetlare; du latin despec-
Utre, de la préposition de, et spectare, regarder
(voy. 8PHXTACLE).
t DÉI'ITEUX, EUSE (dé-pi-teû, teû-i'), adj. Qui
eit plein de dépit. On a vu les élans de sa résistance
[du roi] et dese.i dépiteux regrets; il ne put résister
A ce qu'ils (le duc du Maine et Mme de Maintcnon]
enexlorquèrenl, st-sim. 416, 237. || Mot tombé en
désuétude. || Terme de fauconnerie. Ciseau dépi-
DEP
teux, oiseau dressé à la chasse qui ne revient pas,
quand il a perdu sa proie.
— HIST. xiu* 6. Larmes ne sont pas despiteuses,
Meïsmement as gens piteuses, la Rose, 75u). Bien
sembloit maie créature Et despiteuse et orgueilleuse,
Et mesdisant et ramponeuse, ib. I8t.|lxiv's. Et
pour ce semble il à aucuns que les magnanimes
soient despiseeurs ou despiteux, ohesme, Eth. lit.
Il xv« s. Portingalois sont chauds, bouiUans, et mal
souffrans; et aussi sont les Anglois fols, despiteul
et orgueilleux, froiss. ii, m, 8». || xvt* s. Mais ceste
gent fut aspre et despiteuse, Blasmant les dieux,
de meurdres convoiteuse, mahot, iv, 20.
— ETYM. Dépit.
DÉPLACÉ, ÉE (dé-pla-sé, sée), part, passé.
Il 1° ôté de sa place. Ce livre, déplacé, ne put être
retrouvé. || 2° Kévoqué d'une fonction, d'un emploi.
Aucun des ministres déplacés ne fut exilé, condoh-
CET, Maurepas. || Changé de résidence, ordinaire-
ment par punition. Un professeur déplacé, un pro-
fesseur changé de lycée, d'une vUie à une autre.
Il 3" Fig. Oui n'est pas dans un lieu, dans une situa-
tion, dans un emploi convenable. Cette personne
est déplacée dans cette société. Il faut encore louer
les enfants de tout ce que l'amitié leur fait faire,
pourvu qu'elle ne soit point déplacée ou trop ar-
dente, FÉN. Éduc. filles, ch. 6. Si, par une affec-
tion déplacée, il eût porté des secours à quelque
autre.... il eût été coupable d'injustice , dider.
Ess. s. la vertu. Dans ce monde, toutes les vertus
sont déplacées, aussi bien que les vices; les bons
et les mauvais cœurs ne se trouvent point à leur
place, MARIVAUX, Paysan pore. t. i, 4'*partie, p. 78,
dans pouGENS. || Qui manque de mesure, inconve-
nant. Propos déplacés.
DÉPLACEMENT ( dé-pla-se-man ) , s. m. || 1" Ac-
tion de déplacer ou de se déplacer. On ne saurait
dire où gît le principe de son déplacement [du rep-
tile], car il n'a ni nageoires, ni pieds, ni ailes,
CHATEAUB. Génie, 1, m, 2. || Déplacement d'un vais-
seau, le volume d'eau que déplace un vaisseau, la
place qu'occupe dans l'eau toute la carène. || Terme
de pharmacie. Procédé de lixiviation, dans lequel
les couches de liquide se déplacent mutuellement.
Il Terme de pathologie. Le déplacement d'un organe,
le changement de situation que quelques organes
peuvent éprouver. Le déplacement de l'utérus. I( 2° Ac-
tion d'ôter un emploi, une fonction. Ces cabales que
l'on voit dans toutes les cours et qui se terminent
d'ordinaire dans les nôtres par quelque déplace-
ment de ministre ou tout au plus par quelque exil,
VOLT. Charles XII, fl. || Action de faire changer un
fonctionnaire de résidence, ordinairement par pu-
nition. On se plaint de ce pi'éfet; son déplacement
devient très-probable.
DÉPLACER (dé-pla-sé. Le c prend uiie cédille de-
vant o ou 0; nous déplaçons; je déplaçais), v. a.
Il 1° Changer une chose de place. Il déplace tout
dans sa chambre. Kt loi de qui la voix inspire l'âme
aux arbres. Enchaîne les lions et déplace les mar-
bres, CORN. 'fois, d'or, V, 6. Il Terme de procédure.
Enlever quelque chose d'un lieu, d'une maison, et
le transporter ailleurs. || 2° Déplacer quelqu'un,
prendre sa place. Vous étiez là, je n'ai garde de
vous déplacer. || Sans déplacer, loc. adv. Sans chan-
ger de lieu, sans rien changer. Nous terminâmes
l'affaire sans déplacer. || 3° Déplacer quelqu'un, lui
ôter son emploi. Le ministre a déplacé les créatures
de son prédécesseur. || Faire changer un fonction-
naire de résidence. || 4° Fig. Déplacer le point de
la question, changer le point sur lequel porte la
difficulté. Comme ils connaissent toute son anxiété,
ils admirent la force de son génie et la facilité avec
laquelle il déplace et fixe où il lui plaît toute la
puissance de son attention, ségor, Uist. de Napol.
viu, H. Il B' Se déplacer, v. réfl. Changer de place,
de lieu. L'homme a un penchant naturel à se dé-
placer, DIDER. Ess. s. Claude, liv. 11.
— HIST. xvi* s. Si vous supply (]ue de bénigne
grâce Vous me donniez congié (|ue je desplace [que
je marche] Avec mes gens voz bons pensionnaires,
Pour aller veoir un peu noz adversaires, i. marot,
V, 131. Mais puis que luy, et le temps et l'affaire
Veulent tous trois que ta bonté desplace [que tu
partes]. Monts et torrents te puissent faire place,
ID. 11, 182. Favas remontra le péril de desplacer à
la VBue de l'ennemi et en lui parant le costé, d'aub.
llist. m, 60. Fol se doit nommer en face. Qui
bien assis se dcsplace, cotghave. Les ennemis com-
mencèrent à desplacer et à prendre le chemin droit
â moi, mostluc, ilém. t. it, p. 79) , dans lacurne.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et place; picard, dépla-
cher.
DEP
DÉPLAIRE (dé-plê-r^, je déplais, tu déplais, il
déplaît, nous déplaisons, vous déplaisez, ils déplai-
sent; je déplaisais; je déplus; je dé|ilairai; je dé-
plairais; déplais, déplaisons; que je déplaise, que
nous déplaisions; que je déplusse; déplu; déplai-
sant, V. n. Ill* Ne pas plaire, être désagréable. Et
je crois que ce nom ne vous déplaira pas, cobn. Ho-
dog. V, 3. De nos désirs errants rien n'arrête le
cours; Ce qui plaît aujourd'hui déplaît en peu de
jours, ST-ÉVHEMOND, dans bichelet. Cette action
que David avait faite déplut au Seigneur, sacv,
iiibl». Ilots, II, II, 27. Il vous aurait déplu s'il pou-
vait vous déplaire, rac. 4wlrom. u, 4. Je sais que
tout déplaît aux yeux d'une captive, ID. Iphig. u,
i. Je ne me suis jamais donné le soin d'examiner
en moi en quoi j'avais pu lui déplaire; mais je sa-
vais bien, moi, ce qui me déplaisait en lui, har-
montel, Mém. VI. || 2' Donner du chagrin, irriter.
La délicatesse d'une conscience qui se redoute elle-
même, ou l'excès d'un amour qui craint de déplaire,
boss. Anne de Gonz. S'ils sont d'un ennemi qui
cherche k vous déplaire, bac. Androm. lu, 7. Si
quelqu'un me déplaît en ce moment, c'est vous,
REGNAHD, Distrait, n, 6. Qu'ai-je donc fait, Tau-
crfcde? ai-je pu vous déplaire? volt. Tancr. iv, 6.
Il 3» Impersonnellement. Croyez qu'il me déplaît et
très-sensiblement, De vous devoir dédire une fois
seulement, rotrou,' .4n(ig. 11, 2. Ma mère.... em-
pêchait ma sortie.... Dont il m'a bien déplu.... id.
ib. u, 3. Il Familièrement. Qu'il ne vous en déplaise,
ou, elliptiquement, ne vous déplaise, formule qui se
dit comme une sorte d'excuse: que cela ne vous
déplaise pas, ne vous fâche pas Ma bru, qu'il
ne vous en déplaise. Votre conduite en tout est tout
k fait mauvaise, mol. Tart. i, <. Nuit et jour à
tout venant. Je chantais, ne vous déplaise, la
font. Fabl. I, t. Ce fut alors, dame, ne vous dé-
plaise, Que le courroux lui montant au cerveau....
ID. Rémois. Mais que fais-je donc tant, monsieur,^ ne
vous déplaise. Pour trouver ma conduite & tel ex-
cès mauvaise? regnard, le Distrait, i, «. j] N'en
déplaise à, malgré, en dépit de. N'en déplaise aux
arrêts de notre parlement, hégnieh. Soi. xiv. Je di-
rai, n'en déplaise à monsieur votre amour, mol.
Di'p. am. i, 1 . Et parfois, n'en déplaise à votre aus-
tère humeur, U est bon de cacher ce qu'on a dans
le cœur, m. Mis. i, 1. 1| 4° Se déplaire, déplaire i
soi-même, être mécontent de soi-même. Elle s'est
déplu , aussitôt qu'elle connut ses défauts. Pour
plaire à Dieu, il faut nous déplaire à nous-mêmes;
et, pour nous déplaire à nous-mêmes, il faut nous
voir, isomïiJii.. Jugement dern. l" averti, p. 8is. Ce
n'est pas parce qu'on est ennemi de Dieu qu'on se
déplaît, c'est parce qu'on est & charge à soi-même
MASS. Car. Passion. Il Se déplaire, déplaire l'un a
l'autre. Ils se sont déplu mutuellement. || 5° S'en-
nuyer, se trouver mai à son aise. Se déplaire avec
quelqu'un. Je me déplais en cette ville. Mme Le-
vàsseur parut s'y déplaire et trouver l'habiiatioii
trop seule , J. J. rouss. Confess. ix. || 11 se dit des
animaux. Les bœufs se déplaisent en cette localilé.
Il U se dit, par extension, des plantes qui ne vien-
nent pas bien en certains endroits. La vigne se dé-
plaît en une telle exposition. || Fig. Mon sang se dé-
plaît dans mes veines, rotrou. Et Geii. u, 7.
— REM. L'Académie ne dit pas comment elle ac-
corde,dans les temps composés de se d<ylaire , le parti-
cipe avec le sujet, mais au mot plaire, qui est équi-
valent,elle fait le participe passé toujours invariable;
on dira donc: elle s'est déplu; ils se sont déplu;
elles se sont déplu. Cependant des grammairiens ont
dit que, quand se déplaire signifie s'ennuyer de, se
trouver mal à l'aise, il devient un verbe réfléchi,
comparable à se taire, & s'enfutr, à s'icrier, et
que dès lors le participe passé devait s'accorder avec
le sujet : elles se sont déplues à la campagne ; il pa-
raît que ces arbres se sont déplus dans ce terrain.
L'assimilation de se déplaire, en ce sens, avec d'au-
tres verbes nputres réfléchis, est plausible; la re-
marque, qui doit s'étendre à se plaire et à se com-
plaire, mérite d'être prise en considération.
— HIST. xii* s. Mais [ils] n'i voient riens qui fasse
à desplaire. Coud, 11. Amours, amours, je meur,
et sans droiture [justice] ; Certes ma mort vous de-
vroit bien desplaire, ib. p. t26. Son prent, paf
droit, d'un larron la justice, Doit-on desplaire as
loiaus, de néant? quesnes, Komattcero, p. 8*. Sei-
gneur baron, fait-il, forment vous doit desplaire
De ce roi orgueilleux qui manda tel contraire [tell^
chose contrariante] , Sax. xxxi. (k)ntredire U [une
loi] deit cha.scuns hum qui ad fei : Car par tut des-
plaiseit al celestien rei , Th. le mart. 83. || iiii* s.
Durement [cela] lui desplait «t niout lui destalents.
DEP
DÉP
DÉP
1071
Perte, cxxxiv. Examples fu de penitance E drois
mireors d'ingnorance, Si com briefment m'orrez re-
trere, Mes qu'il ne vous doie deplere, riiteb. Il,
)li7. One nuls en tôt le jor vos face Chose qui pran-
ment vos desplace, Ben. 7Bbb. || xiv s. Oui tout
desprise, à tout liesplait, Mi'nngier, I, ». || xV s.
Toutesvoies ne te desplaise, je te dis que lu en fais
sur tous le plus à blasmer, al. cïartier, O^iadri-
loque inrectif. Certez, ft qui qu'il en despleust, Au-
tre que moy pas ne l'eQst, N'est pucelle qui la re-
semble, Natir. de N. S. J. C. De tout cecy despleut
bien au duc Phelippe, comm. i, 2. Il me desplait à
dire ceste cruaulté, id. m, O. || xvi" s. L'un va rith-
mant la Fere contre affaire, Et l'autre aussi frère
contre desplaire, marot, ii, 208. La sagesse ne se
de.splaist jamais de soy, mont, i, (2. Il me desplaist
que l'Ialon n'aye eu la cognoissance de ces nations,
m. I, 235. Ceste ordonnance despleut encore plus
aux pauvres, amtot, Solnn, 26. Et luy mesme se
puisse à luy mesme desplaire, rons. (9t. Je me
dcsplais des lieux où la jeunesse X escrimer et à
luicter s'adre.sse; Les arcs aysez de cormier me des-
plaisent, LA BOÉTIE, 327.
Btym. Provenç. desplazer; catal. desplaurer;
espagn. desplacer; portug. desprazer; ital. dispia-
cere;(t{i latin displicere, de dis, préfixe, et pliccre
ou placere (voy. plaire). Le français déplaira sup-
pose un verbe lalin displtcéfre, où, l'e étant de-
venu bref, l'accent s'est reporté sur l'antépénul-
tième, displicere. Mais, à côté de cette irrégularité,
la vraie accentuation s'est conservée dans déplaisir,
qui est un infinitif pris substantivement. Desplace
ou di'splase est l'ancien subjonctif de desplaire.
t DÉPLAISAMMENT (dé-plè-za-man), adv. D'une
manière déplaisante.
— HIST. XV' s. Et disoit qu'il vivoit desplaisam-
ment, quand il fiilloit qu'il se donnast de garde de
ceux en qui il se devoit fier, math, de coucy, Hist.
de Charles VII, p. 702, dans lacurnk.
— KTYM. Dtfplaisant, et le suffixe ment.
DÉPLAISANOK (rié-plè-zan-s'), s. f. \\ 1° Oualité
de ce qui est déplaisant. La déplaisance de cette ha-
bitation. Prendre quelqu'un en déplaisance. || 2° Ac-
tion de se déplaire à. [La contrition] Ce n'est pas
même une simple déplaisance de la raison, qui, na-
turellement droite, ne peut s'empêcher d'apercevoir
le désordre du péché et de le condamner, bourdal.
Pensées, t. i, p. 289.
— HIST. XIII' s. De peresce renessent négligence
et oiseuse [oisiveté]. Desplaisance de Dieu qui trop
est périlleuse, Mauvese acoustumance , faintise l'ou-
blieuse, j. DE MEUNG, Test. (738. || XIV S. Celui qui,
en telles choses soutenir, a tristeceet desplaisance,
il est couart, ohesme, Eth. 38. La chose faite pour
ignorance, de laquelle l'en a tristesce, desplaisance
et pesance ou repentance, elle est involuntaire, id.
ib. fto. Il XV' s. [Le pape Grégoire] Quand il vit qu'il
ne pouvoit trouver nulle paix entre le roi de France
et le roi d'Angleterre, dont trop lui venoit à de-
plaisance.... s'avisa que il iroit revisiter Rome,
FROiss. II, II, 20. Je prends à grand desplaisance à
estre avecques mon mari, ID. ii, m, ta. Et trouve-
ray, ce m'a dit espérance, Par le pourchas du re-
gard de mes yeux, Autant de bien que j'ay de des-
plaisance, CH. d'obl. liai. t). Il print desplaisance
de demeurer à l'hostel en oisance, louis xi, Nouv. c.
Il XVI' s. Hors de sa trousse une sagette [il] tire De
bois mortel, empenné de vengeance. Portant un
fer forgé par desplaisance Au feu ardent de rigou-
reux refus, marot, i, ^60. Je suis tant loing d'en
estre en desplaisance, id, i, 308. Ilsnousfontaccroire
qu'ils en ont grande desplaisanoe et remors au de-
dans, mont, m, 268. La pauvre dame avoit vescu
en grande desplaisance, amyot, LucuU. 32.
— Etym. Déplaisant; provenç. desplaxensa; ital.
dispiacema.
DÉPLAISANT, ANTE (dé-plè-zan, zan-t') , orf;.
Il 1' Qui déplaît, quifâohe,quichagrine. Un homme
déplaisant. Des manières déplaisantes. Un séjour
déplaisant. L'ime végétale développe dans les espè-
ces innombrables des animaux toutes les formes
imaginables depuis les plus gracieuses jusqu'aux
plus déplaisantes, bern. de s.-p. Harm. liv. v,
Ilarm. animales. \\ 2° Mécontent, qui se déplaît.
Nous allâmes à l'Ëtang où nous trouvâmes Chamil-
lart fort déplaisant d'une si désagréable nouvelle,
I mais peu alarmé, ST-siM. t9», <64.
— HiST. XV' s. Les bourgeois et les notables hom-
mes sont très bonnes gens et très desplaisans de la
folye du neuple, comm. ii, 4. || xvi' s. Je suis bien
desplaisant [lâché] qu'ils en vaillent moins, mont.
ir, 9». Des offices de l'amitié, celuy là est le seul
iesplaisant, ID. IV, no. Theseus un peu après y re-
tourna, qui fut fort desplaisant de ceste mort, amyot,
Thésée, 2t. Quand on veit que le nom de monar-
chie estoitdesplai.sant au peuple, iD. Puhl. u. Si sa
mort fut desplaisante aux alliez de Thebes, elle leur
fut encore plus profitable, in. Pélop. 04. La royne,
très-desplaisante de ceste nouvelle, luy dist.... carl.
vin, 42.
DEPLAISIR (déplè-zir), s. m. || l' Sentiment
que cause ce qui déplaît Je veux seulement mal-
gré mon déplaisir Remettre mon visage un peu plus
h loisir, CORN. Cid, i, B. Combien nos déplaisirs pa-
rurent lors extrêmes! id. Hor. i, 3. J'épargne à sa
vertu d'éternels déplaisirs, id. Nicom. m, 2. J'en ai
le déplaisir, vous en aurez lahonle, m. ib. ni, 7.
Une nouvelle qui lui donne beaucoup de déplaisir,
sÉv. 6. Vous croyez donc que les déplaisirs et les
plus mortelles douleurs ne se cachent pas sous la
pourpre? ross. Marie-Thér. Il se forme dans les
grandeurs une nouvelle sensibilité pour les déplai-
sirs, dont le coup est d'autant plus rude qu'on est
moins préparé à le soutenir. ID. tb. || Contrariété,
mécontentement. Il a été accablé de déplaisirs dans
ce poste. Si je me trompe, on me ferait déplaisir
de me déloger de mon erreur, dider. sur Térence.
Il 2° Par extension, douleur, amertume de cœur. Et
je doute comment vous portez cette mort. -=- Sire,
avec déplaisir mais avec patience, corn. Hor. V,
■i. Les faibles déplaisirs s'amusent à parler, id.
Porrip, V, t. Parmi les déplaisirs que vous en re-
cevrez, ID. D. Sanch. v, 5. Les plus grands déplai-
sirs sont les moins éclatants, m. Perthar. iv, 3, Le
grand déplaisirquesentmonsieurmon maître [àl'oc-
casion de la mort de son père] , mol. l'Étour. ii , 4.
Parmi les déplaisirs où mon âme se noie ,aAC. Andr.
I, *. Un cœur accablé de tant de déplaisirs, id. tb.
II, <. Mais toujours quelque espoir flattait mes dé-
plaisirs, id. Bérén. i, 4, ô filles de Lévi, troupe
jeuneet fidèle, Enfants, ma seule joie en mes longs
déplaisirs, ID. Athal. i, 3. Le Cyclope chante ainsi
ses déplaisirs, en promenant ses yeux sur- les flots,
CHATEAOB. Génie, n, m, e. Sa prétendue trépassa
bientôt par grand déplaisir, iD. ib. iv, m, 3.
— syn. DÉPLAISIR, DÉPLAisANCE. Ces deux mots ne
diffèrent que par la finale. Déplaisir est l'ancien in-
finitif du verbe déplaire (voy. déplaire à l'étym.
et PLAISIR, ancien infinitif du verbe plaire), et signi-
fie proprement le déplaire ; déplaisance est le sub-
stantif de l'adjectif déplaisant. Déplaisir signifie
donc le déplaire; et déplaisance, la qualité de ce
qui est déplaisant.
— H!RT. xiV s. Et celui qui, en delessier telx de-
siers [désirs], a tristece et desplaisir, il est desa-
trempé, oresme, Eth. 38. Mentir li faisoit tristece
et desplaisir, ID. tb. 494. ||xvi'9. Marcellus, l'ayant
emportée d'assault [une ville], ne feit aucun des-
plaisir aux naturelz habitants, amyot, Marcell. 49.
Ainsi estans ces douleurs et desplaisirs domestiques
conjoincts avec les publiques, iD. Pyrrhus, 60.
— Etym. Voy. déplaire; picard, déplaisi; pro-
venç. desplazer; anc. catal. desplaer, despler ; es-
pagn. desplacer; portug. desprager; ital. dispia-
cere.
tDÉPLANCHER (dé-plan-ché) , v. a. ôter les
planches, le plancher;
— HIST. XV' s. Ce petit grenier estoit d'ancien
édifice, tout desplanché, tout deslatté, et pertuisé,
et rompu en plusieurs lieux, louis xi, Nouv. xxxiv.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et planche.
t DÉPLANTAGK (dé-plan-ta-j') , s. m. Voy. dé-
plantation.
t DÉPLANTATION (dé-plan-ta-sion), s. f. Action
de déplanter un arbre.
— ETYM. Déplanter.
DfiPLANTÉ, fiE (dé-plan-té, tée), pore, passé. Un
arbre déplanté. -
DÉPLANTER (dé-plan-té), 'v. a. \\ i" ôter une
plante, un arbre de terre pour le replanter. || 2° Re-
tirer de terre ce qui y est enfoncé. Déplanter un
piquet. Il Terme de marine. Déplanter une ancre,
l'arracher du fond de la mer. || Ce navire déplante,
son ancre quitte le fond. ||3" Dépouiller de ce qui
est planté. Déplanter un parterre, un bosquet.
— HIST. xvi' s. Il conseilloit de mettre son ar-
gent en une terre qui fust oisive et desplantée, la
BOliTlK, 256.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et planter.
t DÉPLANTEUR (dé-plan-teur), s. m. Celui qui
arrache des plantes Ah ! malheureux, ahl traî-
tre, Qu'as-tu fait là? dit-il au déplanteur; Ces ar-
bres auraient fait le plaisir de ton maître, lamotte,
Fabl.\y,u .
— ÉTYM. Déplanter.
DÉPLANTOIR (dé-plan-toir) , s. m. Instrument
de jardinage qui sert à déplanter et replanter les
fleurs.
— ETYM. Déplanter.
t DÉPLÂTRAGE (dé-plâ-tra-j'), s. m. Action de
déplâtrer,
t DÉPLÂTRER (dé-plMré), v. a. ôter le plâtre.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et plâtrer.
t DÉPLÉTIF, IVE (dé-Dlé-tif, ti-v') , adj. Terme
de médecine. Qui peut diminuer la masse des li-
quides animaux. Une saignée déplétive.
— ETYM. Voy. DliPLÉTION.
t.l>ÉPLÉT10N (dé-plé-sion), s. f. Terme do mé-
decine. Action de la saignée ou de tout autre éva-
cuant qui diminue la masse des humeurs.
— EiV.M. L-a. di'pktio, action de désemplir.
t DEl'LI (dé-pli), s. m. État du ce qui est déplié.
Aux déplis de son éoliarpe blanche, mustûn, Valdésie
DÉPLIÉ, ÉE (dé-pli-é, ée), part, passé. Une ser-
viette dépliée. Une lettre dépliée.
DÉPLIER (dé-pli-é), je dépliais, nous dépliions,
vous dépliiez; que je déplie, quenousdépliions, que
vous dépliiez, v. a. || 1» Défaire une chose qui était
pliée. Déplier un drap, une serviette. || Absolument.
Étaler. La pluie qui survint empêcha les marchands
de la foire de déplier. || Fig. et familièrement. Déplier
toute sa marchandise, montrer tout ce qu'on a de
mieux. || Terme de chasse. Déplier le trait, allonger
la cordede crin qui tient à la botte du limier. || 2° Fig.
Je vous porterai en revanche des nouvelles du désert,
et nous les déplierons chez M. de Chaudebonne,
BALZ. liv. viu, lett. 29. C'est ainsi que Dieu.... dé-
pliera les cieux devant ers millions de réprouvés,
MASS. Car. Mauv. riche. || 3' Se déplier, v. réfl. Être
déplié. Ce linge s'est déplié. || Fig. L'histoire de
notre cœur se dépliera.
— ÉTYM. M.. ..préfixe, et ph'cr. Dépiter, d(fp?ot/cr,
dépleyer sont des prononciations provinciales dont
deux se sont fixées dans le français moderne (voy
DÉPLOYER).
t DÉPUSSAGE (dé-pli-sa-j'), s. m. Action de dé-
plisser.
DÉPLISSÉ, ÉE (dé-pli-sé, sée), part, passé. Une
collerette déplissée.
DÉPLISSER (dé-pli-sé), v. a. \\ l- Défaire les plis
d'une étoffe, d'une toile. || 2° Se déplisser, v. réfl.
Cesser d'être plissé. Cette chemise s'est déplissée.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et plisser.
DÉPLOIEMENT (dé-ploî-man), s. m. || 1° AcUon
de déployer; état de ce qui est déployé. Le déploie-
ment d'un drapeau. || Terme militaire. Manœuvre
par laquelle on développe en ordre de bataille une
troupe qui était en colonne. || 2° Fig. La France
fait un déploiement de forces considérables. Quand
la nation s'élance du néant de la servitude vers la
création de la liberté, quand la politique va con-
courir avec la nature au déploiement immense de
ses hautes idées, mirab. dans laveaux.
— ETYM. Déployer. On trouve desploi dans le
xvi* siècle : De là on marche à l'entreprise de Chau-
raont; elle ne fut pas trouvée raisonnable au des-
ploi des eschelles, d'aub. Hist. m, 62.
t DÉPLOMBAGE (dé-plon-ba-j'), s. m. Action de
déplomber.
t DÉPLOMBER (dé-p!on-bé), v. a. Enlever les
plombs mis par la douane sur un ballot.
— ETYM. Dé.... préfixe, et plomb.
DÉPLORABLE (dé-plo-ra-bl'), adj. || 1° Qui mérita
d'être déploré. La déplorable situation de cette mul-
titude d'hommes, de femmes, de filles que la faim
dévore et dont la vie est moins une vie qu'une mort
lente, bourdal. Exhort. Charité envers les pauvres,
1. 1, p. 19. Le monde est ridicule, et j'en ris; il est
déplorable, et vous en pleurez, fén. Dial. des morts
anc. Démocr. Heraclite. De ce sang déplorable Je
péris la dernière et Ja plus misérable, rac. Phèd.
I, 3. Déplorable Sion, qu'as-tu fait de ta gloire? id.
Esth. 1, 2. Longtemps J'ai parcouru nos déplorables
villes, c DEL AV. Vépr. sicil. i, 4. || 2' Malheureux,
dont le sort mérite des pleurs, en parlant des per-
sonnes et dans le style soutenu ou poétique. Ce dé-
plorable chef du parti le meilleur, corn. Pomp. i, 4.
Vous voyez devant vous un prince déplorable....
RAC. Phèd. u, 2. Phèdre épargnait plutôt un père
déplorable, id. tb. iv, 1. Prêt à suivre partout le dé-
plorable Oreste, id. Andr. Vous n'irez point, ô mère
déplorable, volt. Mérope, m, B. Achille revenait
de traîner avec joie Le vainqueur de Patrocle autour
des murs de Troie , Et, dans sa tente assis, il vendait
à prix d'or Le corps défiguré du déplorable Hector,
MALFiL. Génie de Virgile. Si tes pressentiments
étaient fondés et que ton déplorable ami ne fût plus,
le meilleur parti qui resterait à prendre serait de
laisser son histoire et tes malheurs ensevelis aYef
1072
DÉP
lui.J. 1. Houss. Ilél. IV, 2. Il 3° Kàcheux, funeste. Un
choix déplorable. Une déplorable polémique. Le roi
vil, et ce miséraMe [Chatel, assassin de Henri IV],
Ce monstre vraiment déplorable Qui n'avait jamais
éprouvé Due peut un visage d'Alcide, A commencé
le parricide, Mais il ne l'a pas achevé, malii. h, *.
Il Familièrement. Très-mauvais. Un style déplorable.
— f.TVM. Di'plnrer.
DÉPLOKABLEMENT (dô-plo-ra-ble-man), adv.
D'une manière déplorable ; très-mal.
— ÉTVM. Déplorable, et le suffixe ment.
t DÉPLOKATION (dé-plora-sion; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. Action de déidorer. Usit6 seule-
ment comme nom de certaines poésies qui contien-
nent des lamentations.
— ÉTYM. Lat. deplorationem, de deplorare, dé-
plorer.
UÉPLOBÉ, ÉE (dé-plo-ré, réel, part, passé.
Il 1° Sur quoi on a pleuré. Des malheurs longtemps
déplorés. || 2° Désespéré, dont on désespère. Tu re-
mettras en assurance Leur salut qui fut déploré ,
MALH. 111, 2. Nous nous assurons en quelque chose
de divin qui accompagne votre personne, et qui
porterait bonheur à des affaires encore plus déplo-
rées que les nôtres, balz. Disc, à la rég. .Plus que
ne m'a permis un sort si déploré , cohn. D. Sanch.
ni, i. Ce qu'il [Lauzun] a perdu est sans prix; mais
les bonnes grâces du roi, qu'il a conservées, sont
fans prix aussi, et sa fortune ne paraît pas déplo-
rée, sÉv. (4. lia rétabli sa poitrine entièrement dé-
plorée, iD. 404. Sa santé est tellement déplorée de-
puis quelque temps, iD. 682. L'embarras devint
grand : notre affaire se regardait comme déplorée,
ST-siM. ts, 2(5. Votre sort est comme déploré aux
yeux de Dieu, mass. Car. Parole. 11 n'est presque
point de pécheur, quelque déplorée que soit sa vie,
qui.... ID. ib. Samar. Les pécheurs les plus déplo-
rés trouvent encore en eux des sentiments de jus-
tice, ID. ib. liesp. hum. Ses miséricordes pour les
âmes les plus déplorées, ID. ib. Conf.
— REM. Déploré, dans le sens de désespéré, est
un latinisme, et présentement peu usité ; mais il l'a
été beaucoup au xvu' siècle; et, en l'employant
bien, on pourrait encore s'en servir; il faudraitsur-
toiit se régler sur les exemples de Massillon.
DÉPLORER (dé-plo-ré), v. a. Plaindre avec un
profond sentiment de pitié, de regret. Fuyez etlais-
sez-les déplorer leurs malheurs, corn. Èor. ii, 7.
Nous voyons que Dieu seul est sage; et, en déplo-
rant vainement les fautes qui ont ruiné nos affaires,
une meilleure réflexion nous apprend à déplorer
celles qui ont perdu notre éternité, avec cette sin-
gulière consolation qu'on les répare quand on les
pleure, Boss. Reine d'Ànglet. Tous ces désordres
que nous déplorons assez, mais que nous ne corri-
geons pas, BOUHD. 4" Dim. après l'Épiph. Domi-
nic. t. 1, p. 47. Mais non, fais mine un peu d'en
être mécontent, Pour la voir aussitôt, de douleur
oppressée, Déplorer la vertu si mal récompensée,
Boiu Sol. X. Il Enparlantdespersonnes,dansle style
soutenu ou poétique. Ils s'estiment heureux alors
qu'on les déplore, corn. Hor. m, 2. Infortunés tous
deux depuis qu'on vous déplore, rac. TItéb. v, 2.
— HIST. xvi* s. Le grand seigneur, la voyant dé-
plorée [éplorée] outre mesure , l'envoya en grande
pompe à Constantinople, yver, p. 644. Hz se mei-
rent à regretter et déplorer ensemble leurs misères
et leurs malheurs; encore avoient ils quelque débile
espérance que leurs affaires n'estoient pas de tout
point déplorez, tant comme Alcibiades serait vivant,
/MïOT, Aie. 78. Souventes fois l'on voit plusieurs
playes et autres maladies, après avoir esté délais-
sées et déplorées, guérir, PAaè, x, 28. Si le cœur
en est saisi , la vie est déplorée et briefve, et les ma-
lades meurent souvent en mangeant, beuvant, et en
cheminant, ID. xxiv, 37. Il leur demanda de rechef
si pour certain ils le tenoient tous pour déploré
[perdu, mort], m. m, 744.
— ÊTYM. Lat. deplorare, de la préposition de, et
plorare, pleurer.
DÉPLOYÉ, ÉE (dé-plo-ié, iée), part, passé. Qui
n'est plus ployé. Les drapeaux déployés. Une ser-
viette déployée et jetée négligemment, dideiiot,
Soiond* 4765, Œuvres, t. xiii, p. 425, dans pou-
OENS. Il Familièrement. Rire à gorge déployée, rire
de toute sa force. Ils riaient à gorge déployée de la
visite, HAMiLT. Gramm. 7. || Manifesté. Le courage
déployé en cette circonstance.
DÉPLOYER (dé-plo-ié; plusieurs disent dé-ploi-
lé) , je déploie, tu déploies, il déploie, nous déployons,
TOUS déployez, ils déploient; je déployais, nous dé-
ployions vous déployiez; je déployai; je déploie-
rai; jo déploierais; déploie, déployons; que je dé-
DEP
ploie, que nous déployions, que vous déployiez,
qu'ils déploient; que je déployas.se; déployant, dé-
ployé, V. a. Il 1° Etendre ce qui était ployé. Dé-
ployez en son nom cet étendard fatal, bac. Jlaj. 1,4,
Il nous a déployé l'ordre dont Amurat Autorise ce
monstre à ce double attentat, id. ib. v, 44. Lors-
qu'on vit déployer ces drapeaux suspendus, volt.
Semiram. i, 4, Comme un cygne argenté qui s'é-
lève et déploie Ses blanches ailes sur les eaux, la-
MAHT. Ilarm. i, 4 0. || Poétiquement. On déploie au-
jourd'hui l'étendard de la guerre [on déclare la
guerre], volt. Alx. m, 2. jj Familièrement. Dé-
ployer ses jambes, s'en aller, s'enfuir précipitam-
ment. Il 2° Terme de chasse. Déployer ou déplier
le trait, allonger la corde de crin qui tient à la
botte du limier; ce qui se fait pour entrer en quête.
Il Terme de la théorie militaire. Déployer la co-
lonne, passer de l'ordre en colonne à l'ordre de
bataille. Déployer une armée, lui faire occuper un
plus grand espace de terrain. Il envisage aussitôt
et le mal et le remède : il s'arrête , fait volte-face, dé-
ploie ses divisions à droite du grand chemin, et
contient dans la plaine les colonnes Tusses qui
cherchaient à lui faire perdre cette route, séour,
Hist. de Nap. ix, 40. || 3° Fig. Faire paraître, mani-
fester. Quelque sévérité que sur eux on déploie,
cOHN. Poly. 1, 3. J'ai son pouvoir en main; mais,
s'il me l'a commis, C'est pour le déployer contre ses
ennemis, m. ib. m, 3. Pour les mettre en déroute
eux et tous leurs complices, Je n'ai qu'à déployer
l'appareil des supplices, id. Pomp. iv, 6. Quelques
efforts qu'on fasse et quelque art qu'on déploie....
ID. Tite et Béréu. iv, 2. Allons à ses pieds avec joie
Nous louer des bontés que son cœur nous déploie,
MOL. Tart. V, 8. Vous pouviez déployer, sincère im-
punément, La fierté d'un héros et le cœur d'un
amant, volt. Sémiram. ii, 4. Non, je n'ai point as-
sez déployé ma colère, id. Orphel. v , 4. || 4° Se dé-
ployer, V. réfl. N'être plus ployé. Déjà dans les vais-
seaux la voile se déploie, rac. Iphig. m, 3. \\ Par
extension. Le feu, dont la flamme en ondes se
déploie, BOiL. Sat. vi. || Fig. Vos caresses bientôt
pourront se déployer, cobn. Hor. iv, 2. Que la rage
du peuple à présent se déploie, id. Poly. v, 4. Souf-
frez donc qu'avec vous tout mon cœur se déploie ,
ID. Agésil. I, 4. Vous verrez tout ce cœur soudain
se déployer. Suivre ce qui lui plaît, braver ce qui
l'irrite, m. Attila, ii, 3. La liberté française en ces
vers se déploie, boil. Art p. ir. Et tandis qu'à l'envi
leur amour se déploie, bac. Iphig. ii, 4. Les chiens
à qui son bras a livré Jézabel, Attendent que sur
toi sa fureur se déploie, id. Athal. ui, B. L'histoire
secrète de notre cœur se déploiera alors tout en-
tière devant nos yeux, mass. Av. Jug. dern. Ma-
dame, il faut enfin que mon cœur se déploie, volt.
Uérope, i, 3. Cet esprit d'orgueil était si fort enra-
ciné dans eux [les jésuites], qu'il se déployait avec
la fureur la plus indécente, dans le temps même
qu'ils étaient tenus à terre sous la main de la jus-
tice, ID. Dict. phil. jésuites. Quel nuage soudain
sur vos traits se déploie? c. delav. Vép. sicil. i, 4.
Il Se déployer, se dit aussi d'une troupe qui passe de
l'ordre en colonne à l'ordre en bataille. || 6° Y. n.
Terme de marine. Synonyme de déferler.
— HIST. XII* s. Le brief [il] desploie, Ronc. p. 25.
Es roides lances les gonfanons desplois [déployés] ,
ib. p. 4 30. Chascuns d'eus ofTre son gage à des-
plier, ib. p. 4 87. Bêle lolans en chambre coie Sur
ses genouz pailes desploie, Coust un fîl d'or, l'au-
tre de soie. Romancero , p. 63. Jusqu'à Paris irons
baniere desploïe, Sax. xxxii. || xiii* s. Lors baissent
les lances et peignent les chevaus, en escriant :
Lombars, banieres desploîes, H. de valenc. xxv.
Prise sera [la seigneurie], sans cop sentir De man-
gonel ne de perriere. Sans desploier au vent ba-
niere, ia/ioie, 4 4484. Quand elaot[ouit] lecomande-
inent. Le pan de la chemise prent, Legierement le
despleiat, marie, Ougemer. Li reis comanda à des-
pleier son oriflambe, Uist. occid. des croisades, t. ii,
p. (82. ||xiv* s. Moult est la science mauvaise. Qui
n'est moustréc [montrée] ne desploiie, j. de condet,
p. (04. i bannières desploiées, BEHCHEORE, f° 36,
verso. Il XVI* s. On veit soudainement les soixante
naves de Cleopatra dresser les matz, et desployer
voiles pour prendre la fuitte, amyot, Antoti. 85.
Quandilvouloit desployer sa faconde, id. Péricl. 6.
11 allachargerCleombrotus,avant qu'il peust desployer
et eslargir la poincte droitte de sa bataille, m. Pé-
lop. 40. Il se mocque et gaudist d'euix à gorge des-
ployée, ID. Comment discerner le flatteur, 25.
Amour a fait ma langue desployer. Et ma maindex-
tre à l'escrire employer, mabot, i, 325. Ils la pour-
ront [leur hainej en premier lieu desployer contre
DÉP
les diables, langue, 75, Quand vous toui promer.ez
au palais de Paris, et passez devant les boutiques
des peintres, vous vous arreslez bien deux heures à
contempler quelque belle peinture, qui y sera des-
ployée, ID. 4 52. Toyqui desployessur ton semblable
des condamnations éternelles, m. 74.
— ÉTVM. Dé... préfixe, et ployer; Berry, dépié-
ger, dépleyer; frovenç. desplegar, despteiar ; es-
pagn. desplegar; portug. despregar; ilal. dispie-
gare.
DÉPLUMÉ, ÉE (dé-plu-mé, mée), part, passé.
Le geai déplumé et chassé par les autres geais.
Il Avoir l'air déplumé, se dit de quelqu'un qui, ayant
eu l'extérieur de l'opulence, a aujourd'hui celui de
la misère.
DÉPLUMER (dé-plu-mé), v. a. \\ 1° Ôter les plu-
mes. Quand les petits garçons déplument leurs moi-
neaux.... VOLT. Ùial. XXIV, 4. Il Fig. Si quelque autre
personne veut déplumer le hibou [tracasser, per-
sécuter le hibou, Voltaire], il ira tout doucement
mourir ailleurs, id. Lett. Mme de St Julien, 3 mars
1769. Il 2° Se déplumer, v. réfl. S'arracher les
plumes l'un à l'autre. || Perdre ses plumes. Les oi-
seaux se déplument pendant la mue. || FamiUère-
ment. Perdre ses cheveux. Vous commencez à vous
déplumer.
— HIST. XV* s. Y est Colart de Tangues desplumez
[sans cheveux], e. desch. Poésis mss. f° 224, dans
LACURNE. Notre curé, se voyant ainsi déplumé d'a-
mendes et de condamnations, louis xi, Nouv. xciv.
Il XVI* s. Le signe de parfaite cuisson est, que l'on
metle une plume d'oye, et elle sera subit desplu-
mée, PARÉ, xxv, 47. Prenés deux pigeons blancs,
desplumés-les, o. de serres, »74. Il tente la voye
des cieux. Croyant en des ailes de cire. Dont Phœ-
bus le peult déplumer, du bellat, ih, 44, recto.
J'aimeray quelqu'un qui me sache déplumer [ôter
les plumes du geai , reconnaître ce que j'emprunte
aux anciens], mont, ii, e».
— Etym. Dé.... préfixe, el plumer.
j DÉPOCHER (dé-po-ché) , v. a. Tirer de la po-
che. Il Absolument. Débourser.
— HIST. XVI* s. Lors Forgier en toute simplessa
approcha, tirant ung unzein [sorte de petite mon-
naie] de son baudrier , pensant que Marquet luy
deust despocher de ses fouaces, rab. Garg. i, 25.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et poche.
t DÉPOINTAGE (dé-poin-ta-j') , s. m. Action de
dépointer.
t DÉPOINTER ( dé-poin-té ) , v. a. Couper les
points qui tiennent les plis d'une pièce d'étoffe.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pot'nt.
t DÉPOLARISATION (dé-po-la-ri-za-sion) , s. f.
Terme de physique. Action de dépolariser.
f DÉPOLARISER (dé-po-la-ri-zé) , v. a. Termi
de physique. Faire perdre l'état de polarité. Dépo-
lariser un barreau aimanté, lui faire perdre ses pro-
priétés magnétiques, et, par conséquent ses pôles.
Il Faire cesser l'état de polarisation de la lumière.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et polariser.
4. DÉPOLI, lE (dé-po-li, lie), part, passé de
dépolir. Qui n'est pas ou n'est plus poli. Du verre
dépoli, verre qui a subi le dépolissage.
2. DÉPOLI (dé-po-ii), s. m. État de ce qui est
dépoli. Le dépoli d'une surface.
DÉPOLIR (dé-po-lir), v. a. || 1° ôter le poli de
quelque chose. || 2° Se dépolir, v. réfl. Perdre le
poli. Le fer se dépolil promptement.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et polir.
t DÉPOLISSAGE (dé-po-li-sa-j') , s. m. Action do
dépolir un verre, une glace, un cristal, ce qui fait
que la lumière passe il est vrai à travers, mais non
l'image des objets.
— ÉTYM. Dépolir.
t DÉPOLISSEMENT (dé-po-li-se-man) , s. m. Sy-
nonyme de dépolissage.
DEPONENT (dé-po-nan), adj. m. Terme de gram-
maire latine. Un verbe déponent et, substantive-
ment, un déponent, verbe qui a le sens actif et la
forme passive. || On dit aussiau féminin : une forme dé-
ponente; la conjugaison déponente. || Semi-déponent
ou demi-déponent, nom proposé par Burnouf pour
les verbes latins qui comme gaudeo ont la forme ac-
tive au présent et aux temps qui s'en dérivent, et la
forme passive gavisus sum au parfait et aux temps
qui s'en tirent. Les verbes français qui se conjuguent
avec l'auxiliaire être sont des semi-déponents dans
ce sens.
— ÉTYM. Lat. deponens, de deponere, déposer,
quitter, parce que le verbe dépose le sens passif;
delà préposition de, et ponere, poser (voy. pondre).
t DÉPOPULARISATION (àé-po-pu -la-fi-za-sion)
(. f. Perte de la popularité.
DEP
DEP
DEP
1073
UÉPOPULARISÉ, ÉK (dé-po-pu-la-ri-zé, zée),
pari, passé. Le ministre dépopularisé par les me-
sures fiscales qu'il prit.
DÉPOPCLARISER (dé-po-pu- la-ri-zé), V. a.
|l 1° Kaire perdre l'affection, la faveur du peuple.
|l 2" Se dépopulariser, v. réfl. Perdre sa popularité,
l'homme-peuple est le plus sot et le plus méchant
des hommes; se dépopulariser ou se rendre meil-
leur, c'est la même chose, dideb. Règne de Claude
et Néron, u, 36. Un mmislère qui ne veut pas cou-
vrir l'insuffisance des revenus par des impôts pour
ne pas se dépopulariser, penchaud liamiuier (en
1780), dans MOLUEN, Mém. d'un ministre du trésor,
t. I,p. 74.
— REM. Dépopulariser ne se trouve dans le Dic-
tionnaire de l'Académie qu'à partir de l'édition
de 1835.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et populariser.
t DÉPOPULATECR (dé-po-pu-la-teur) , s. m. Ce-
lui qui dépeuple. Ses seclaieurs croyaient l'hono-
rer en l'appelant le dieu des armées, le pÈre du
carnage, le depopulateur, l'incendiaire, baynal,
tlist. phil. V, (. Il Adjectivement. La petite vérole,
fléau dépopulateur. Hordes dépopulatrices.
— ÉTYM. Voy. dépopulation; provenç. depopu-
laire; esp,gn. depopulador ; ital. disprpolatore. Le
provençal depopulaire est le nominatif, du latin
depopnlâtor; le régime serait depopulador , de de-
populatôrem.
DÉPOPULATION (dé-po-pu-la-sion ; en poésie, de
six syllahes) , s. f. L'état d'un pays dépeuplé, ou
dont la population diminue.
— HiST. XIV* s. Pour chiscune de ces quatre cau-
ses peut venir déluge particulier ou dépopulation,
ORESME, Thèse de meunier. || xV s. La dépopulation
des ouvriers du dict msstier qui estoit provenue en
la dicte ville à l'occasion des guerres, Statuts des
tanneurs de Coulommiers , dans Bulletin du comité
de la langue, t. m, p. 563. Quans chasteauli et
faulx bour{.'3 brûlez, Quans édifices mis par terre,
Quans pays robes et pillez Par ceste malheureuse
guerre! Quel mal en est-il advenu! Quelle depopu-
lacion ! martial de paris. Vigiles de Charles VII,
t. I, p. (0, dans LACURNE. Si devons de ce avertir le
roy en luy requérant et conseillant qu'il y mette
remède et fasse faire justice et raison de ceux qui
sont cauae de la dépopulation du peuple, duclos.
Preuves de Louis XI, p. 289, dans lacurne.
— ÉTYM. Lat. depopulationem, ravage, de la pré-
position de, etpopulari, ravager.
DÉPORT (dé-por; le ( ne se lie pas; au pluriel,
Vs ne se lie pas), s. m. || 1° Terme de procédure.
Action de se récuser soi-même. Le déport d'un juge,
d'un expert. || 2° Terme féodal. Droit qu'avait un
seigneur de jouir du revenu d'un fief, la première
année après la mort du possesseur. || Terme d'église.
Droit que certains évêques avaient de prendre le re-
venu des églises paroissiales qui vaquaient par mort,
il cause qu'ils avaient soin d'y faire célébrer l'office
divin. Imposer des taxes sur les bénéfices sous le
nom de successions, déports, incompatibilités, volt.
Louis XIV, 35. Il 3° Terme de procédure. Délai, re-
tardement; il ne s'emploie que dans la locution ad-
verbiale : sans déport, c'est-à-dire incontinent, sur-
le-champ. Il 4° Terme de bourse. Différence du loyer
des titres sur l'intérêt de l'argent quand elle est à l'a-
vantage des titres, l'acheteur à découvert voulant
continuer son opération et se trouvant dans la né-
cessité d'emprunter des titres. La quantité de titres
de chaque nature est limitée ; ainsi il y a un nombre
limité de rentes, un nombre limité d'actions ou d'o-
bligations de chaque chemin de fer, etc. : supposons
que l'on ait vendu à terme et à une même époque
une certaine somme de rentes sans avoir les titres en
main, ce qui s'appelle, en termes de bourse, vendre
à découvert; comme on ne doit livrer ces titres qu'à
l'expiration du marché à terme, on conçoit parfaite-
ment qu'une personne, dans l'espérance de voiries
cours baisser avantl'expiration du marché, ait vendu
à découvert, c'est-à-dire sans posséder de titres, se
promettant de racheter avant l'arrivée de la liqui-
dation; mais si, loin de baisser, les cours se sou-
tiennent, ou montent même, il est certain qu'à l'ex-
piration du marché il faudra, ou que le vendeur
perde une différence en rachetant ce qu'il a vendu
à découvert, ou bien qu'il continue son opération,
comptant réussir à ne pas perdre ou même à gagner
s'il a du temps devant lui. Dans ce dernier cas il
devra chercher des prêteurs de titres, leur offrant
un avantage qui sera d'autant plus fort que le nom-
bre des personne} dao» le même cas sera plus grand,
que le nombre des prêteurs sera restreint, et sur-
tout que ces prêteurs auront intérêt à faire monter
DlCT. DE LA LANGUE FRANÇAIS?.
les cours, et pour cela à contraindre les vendeurs
à découvert à s'exécuter, c'est-à-dire à racheter.
C'est le prix du .service rendu, en ce cas, par le prê-
teur de titres que l'on appelle déport, courtois.
Des opérations de bourse. || B° Nom donné, dans
certains départements, à une portion de terrain im-
posable, enclose ou non, attenant soit à une mai-
son d'exploitation rurale, soit à une simple maison
rurale, et servant de lieu de décharge ou de lieu de
dépôt. Cette maison de ferme contient un are soixante
centiares, sous-sol et déport, i.egoarant.
— HIST. xiii* s. Je desparti de lui [d'elle] outre
mon gré; C'estoit la riens dont je plus me douloie;
Or a la mort le déport coiifermé, anonyme, dans
Couci. Et quant vint au jour, si contremanda un
jour de déport [délai] , CAron. de Bains, 24o. Et s'ele
a trop grosses espaules, Por plaire as dances et as
baules, De délié drap robe port. Si perra de mains
lait déport, la Rose, 13546. Ge ne di pas que bien
n'en port. Et par solas et par déport, Una; joelet,
se ses amis Le li a lionné ou tramis, ib. 4696. Et
il avenoit que, quant li segneur commandaient au
sergant qu'il meîst sor aucun quatre gardes, il n'i
en metoit que deus, par déport ou por bonté qu'il
en avoit, beaum. liv, h. Deux jovenciaux mena au
port, Où mener soloit son déport [amusement],
ruteb. 11, (10. Il XV" s. Sitost que j'encontrerai un
homme, et je vous fais un tel signe, si le tuez sans
déport [délai], comme grand ni comme haut qu'il
soit, sans attendre autre parole, froiss. i, i, 65.
Car, par son bon commandement, Lieutenant vous
veult ordonner De son cueur, en joyeulx déport,
CH. d'orl. Bal. 68. Il xvi" s. Pour toute aultre chose,
on les empale, ou descapite sans déport, mont, iv,
200. Le pape ne peut lever aucune chose sur le re-
venu du temporel des bénéfices, sous prétexte d'em-
prunt, impost, vacant, despouille, succession, de-
port, incompatibilité, p. pithou, t4.
— ÉTYM. Voy. déporter; Berry, déport, retard;
provenç. déport, amusement; espagn. déporte ; ital.
dipnrto. Outre le sens de délai, déport, dans l'an-
cienne langue, a le sens de manière d'être du corps
et celui d'amusement.
DÉPORTATION (dé-por-ta-sion ; en poésie, de cinq
syllabes), s. f. Action de déporter hors du pays.
Il Dans l'ancienne Rome, espèce de bannissement,
qui différait de l'exil et qui commençait par l'inter-
diction de l'eau et du feu, ce qui obligeait le con-
damné de s'éloigner du lieu dans les limites duquel
cette sentence avait toute sa force ; elle était pour
toute la vie; autre différence d'avec l'exil et la
rélégation qui pouvaient ne durer qu'un temps. || Au-
jourd'hui, peine qui consiste à exiler quelqu'un
dans un lieu déterminé, et, plus spécialement, à lui
faire subir sa détention hors du territoire français.
Us sont condamnés à la déportation.
— ÉTYM. Lat. depor(o(io , dedeporfore, déporter.
DÉPORTÉ, ÉE (dé-por-lé, tée), par*, passe. Con-
damné à la déportation. Déporté à Cayenne. || Sub-
stantivement. Un déporté. Les déportés.
DÉPORTEMENT (dé-por-te-man) , s. m. || 1° Con-
duite bonne ou mauvaise. Les mauvais déportements
des jeunes gens viennent le plus souvent de leur
mauvaise éducation, mol. Scapin, ii, t. Je crois
qu'on ne voit rien dans mes déportements Qui puisse
mériter ces mauvais traitements, tristan, Marianne,
II, 2. Il Ce sens a vieilli. || 2° Au plur. Mauvaise con-
duite, mœurs dissolues. Sur leurs déportements il
faut fermer les yeux, rotrou, Vencesl. iv, t. Ses
déportements donnent prise à tout le monde, le
COMTE DE Bussi, dans richelet. Qu'il peste contre
vous d'une belle manière. Quand vos départements
lui blessent la visière, mol. l'Ëlour. i, 2. Si vous
êtes las de me voir, je suis bien las aussi de vos dé-
portements, ID. Festin, IV, 6. || 3° Terme de mode-
leur. Dimension superflue, destinée à compenser
le retrait qu'un modèle en terre doit éprouver.
— HIST. xvi* s. Ayant tant faict d'insignes et va-
leureux gestes , braves et admirables deportements,
carl. VI, 29. Ce doibt estre un grand contentement
à un père vieil de mettre luy mesme ses enfants en
train du gouvernement de ses affaires, et de pou-
voir pendant sa vie contrerooUer leurs deportements,
MONT. II, 77.
— ÉTYM. Déporter.
DÉPORTER (dé-por-té), v. a. \\ 1° Transporter
quelqu'un dans un lieu d'oii il ne doit point sortir.
On a déporté les coupables. || 2° Se déporter, v. réfl.
Se désister, s'abstenir. Ce magistrat s'est déporté
par délicatesse. Quant au cardinalat, le prince de
Conti s'en déporterait, ou la cour demanderait deux
chapeaux, la rochef. Mém. 47. Ils se garderaient
bien de leur témoigner le moindre mépris ni de s'ar-
roger une supériorité dont ils se déporteraient vo»
lontiers en leur faveur, bourd. Pensées, t. ii, p. ï02.
11 faut que cette fille se déporte de sa poursuite, à
condition que M. Guillaume consentira à ce mariags^
BRUEVs, Avocat pat. m, 9.
— HIST. xti' s. Soz une olive se sist por déporter
[avoir du plaisir], Ronc. p. I. Beie pour qui |je|
chant etdeport [joue], merci! Couci, IV. Car Charce j
les déporte [favorise] et nous tient si destrois, Sax.
xviii. Il XIII' s. Et por ce qu'ils sevent <iue je sui à
si grant meschief, voelent que je me déporte [re-
nonce à] de toute cette tierie, H. de valenc. xix.
Et lors faire jurer à ces quatre preudomes noveaus
esleus les sermenz devant diz, et lors doit il les qua-
tre premiers esleus déporter de leur services, Liv.
des met. t34. Et ki onques trespasseroit cest ban,
il seroit à dix livres [d'amende], et si perdeioit l'oe-
vre ki ne seroit ouvrée au fuer [titre] ki est dis,
et se li convenroit déporter de l'ouvrage un an,
TAiLLiAR, Recueil, p. 240. La roche porte un bois
doutalile. Dont li arbre sont merveillable : L'un e^t
brehaigne et riens ne porte; L'autre en fruit porter
se déporte [se complaîtj, la Rose, 5974. Amors l'a-
voit [la flèche] faite à ses mains, Por les fins aman.s
conforter. Et por lor maus miex déporter [adoucir],
ib. 1866. Se il connoist les loiax des triceurs, il
porra et devra les loiax traire près de li et conforter
et déporter, s'il ont mestier de confort et de depo' t,
BEAUM. 24. 11 avient souvent que li rice, qui .suiit
gouverneur des besongnes de le [la] vile, metent
mains [moins] qu'il ne doivent, eus et lor parens,
et déportent [déchargent] les autres rices homes,
por ce qu'il soient déporté, et ensi cort tous li très
sor le commun des povres, id. l, <o. Puisqu'eles
sunt prudes femes de lor cors, elles doivent estre
déportées moult d'autres vices, id. lvii, 6. Et aussi,
se li accusés se veut desporter d'eslre tesmoins, il
ne convient pas qu'il en face plus se il ne veut, id.
VI, 16. Il XV' s. Li maire et les pers jureront que nulz
de la commune par amitié ilz ne déporteront [exemii-
teront], ou niilz par inimitié ne blecheront [sur-
chargeront], Ordonn. sept. U85. Et lui fit prier que
pour Dieu il se voulust déporter et retraire, froiss.
1, I, 88. Or nous deporterons-nous de parler de la
matière des deux rois.... id. i, i, t46. Et se tail-
loient les riches [de Gand] , et deportoient [e.xemp-
taient] les pauvres, m. ii, ii, 12I. Et escripvit au
roy, lui suppliant qu'il se voulsist déporter de ceste
entreprinse, comm. ii,6. || xvi' s. Aulcuns lui tin -
drent compaignye , les aultres s'en depourtarent,
rab. Car. i, 4i. De tout ce négoce je me depour-
loys [remettais] sus vostre bonne voulenté et pater-
nel commendement, id. Pant. m, 48. Comme de
fait je me suis toujours déporté de paroles outra-
geuses et piquantes, et ai presque partout tellement
attrempé mon style, qu'il a esté plus propre à en-
seigner qu'à tirer par force, cal vin, 29. Deporte-toi
de m'affliger, et je serai remis en vigueur, id. toi.
J'ai si grand honte de raconter telles vilenies, que
je me déporte de passer outre, id. Instit. 64. Si
cuida Theseus au commencement user de force,
mais il fut contraint par les brigues et menées de
ses adversaires de s'en déporter, amyot. Thés. 43.
Les ambassadeurs dirent que Tarquinius se depor-
toit de plus vouloir rentrer en son royaume et de
faire la guerre, id. Puhl. 4. Cest Antiphates avoit
autrefois esté beau jeune garson, et lors s'estoit
déporté [conduit] fièrement envers luy sans en faire
compte, ID. ïhém. 35.
— ÉTYM. Berry, se déporter, s'exempter; pro-
venç. et espagn. deportar; ital. diportare; du latin
deportare, de la préposition de, elportare, porter.
I DÉPORTUAIRE (dé-por-tu-ê-r'), s. m. Terme
de droit canon. Celui qui était chargé du déport
d'uu bénéfice pendant l'année où il était vacant,
— ÉTYM. Déport.
t DÉPOSABLE (dé-pô-za-bl") , adj. Qui peut être
mis en dépôt. Cette somme est déposable à la caisse
d'épargne.
— ÉTYM. Déposer.
DÉPOSANT, ANTE (dé-pô-zan, zan-t') , ad).
Il 1° Terme de procédure. Qui fait sa déposition devaiit
le juge.- Tels et tels témoins déposants. || Substanti-
vement. Tous les déposants disent la même chose.
La déposante a ajouté. || Plus n'en sait le déposant,
formule de pratique, dont on se sert aussi làmiliè-
rement pour indiquer qu'on a dit tout ce qu'on sa-
vait. Il 2° Celui qui fait un dépôt. |{ Celui, celle qui
fait un dépôt à la caisse d'épargne, ou dans tout
autre établissement. U y a eu cette semaine à la
caisse d'épargne presque autant de déposantes q'.e
de déposants.
t DÉPOSE (dé-pô-z'), s. f. Terme de constructiou,
1. -- 136
1074
DÉP
Enlèvement d'un objet scellé, «l'une pièce de char-
pente, etc. Il On (lit dans le mfimo sens dépose de
ridaaiix de lit ou de fenêtre.
— ETYM. Voy. DEPOSER.
DËl'OSÉ, JÎK (dé-pO-zé, zée), part, passé. \\ 1° Mis
bas. Un fardeau déposé. || 2'' Mis en dépôt. De l'ar-
gent déposé cliez un banquier. || 3° Abdiqué. La di-
gnité impériale déposée par Cliarles-Quint.H 4° A qui
on a ôié une dignité. L'empereur Louis le Débon-
naire déposé par ses sujets. Mustapha fut pris, dé-
posé en cérémonie, et son frère tiré du sérail pour
devenir sultan, volt. Charles XU, 6.
«ÉPOSEH (dé-pô-zé), v.a. Il 1° Poser une chose
que l'on portait. Il déposa son fardeau. Du tonnerre
vengeur s'en va tout embraser, Et, tranquille, à ses
pieds revient le déposer, kac. Esih. prol. \\ Déposer
son fardeau, se dit quelquefois d'une femme qui ac-
couche. Il Déposer le masque, ôtcr le masque qui
couvre le visage; et fig. se montrer tel qu'on est,
ne plus rien dissimuler. || Kig. Déposer sa fierté,
quitter la fierté qu'on avait. Je dépose à vos pieds l'é-
clat de leur faux lustre, corn. Po/y. v, 6. Celui qui se
propose de trouver la vérité déposera ses préjugés,
BiDF.FOT, Opin. (tes anc. phil. {Thomasius). Comme
un poids importun , déposez votre haine, delav.
Paria, v, 2. Déposer le fardeau des misères hu-
maines, Est-ce donc li mourir? lamart. ilédit.i, 27.
Il 2° Mettre (sans idée accessoire). U est défendu de
déposer des ordures le long de ce mur. |1 Déposer
son fardeau, se dit trivialement de quelqu'un qui
va à la selle. || 3" Laisser aller au fond les parties
épaisses, en parlant d'un liquide. Le Nil dépose cha-
que année un limon fécond. || Alreolument. Cette
liqueur dépose. Ce vin a beaucoup déposé. || 4° Mettre
pour quelque temps une chose dans un lieu. Dé-
poser sa canne à la porte d'un spectacle. Déposer
des marchandises en lieu sûr. || 6° Mettre en dépôt.
Déposer un testament chez le notaire. Déposer de
l'argent à la caisse d'épargne. Le cultivateur s'est
vu forcé de déposer ses récoltes dans les magasins
du gouvernement, raynal, Ilist. philos, v, (4.
Il Déposer une plainte, remettre une plainte à l'au-
torité judiciaire. (I Par extension, remettre. Le cœur
me battaitde joie durant la roule, et le moment où je
déposai cet argent dans ses mains, me fut mille fois
plus doux que celui où il entra dans les miennes,
j. J. Roiiss. Confess. vi. || Fig. Il dépose .ses secrets
dans le sein de son ami. Voulez -vous sauver quelque
chose de ce débris si universel, si inévitable? don-
nez à Dieu vos affections; nulle force ne vous ra-
vira ce que vous aurez déposé en ses mains divi-
nes, Boss. Duch. d'Orl. \\ 6° Donner en garantie.
Déposer un cautionnement.. || 7° Se démettre, abdi-
quer. Sylla déposa la dictai ure. Il me semble sur-
tout incessamment le voir Déposer en nos mains son
absolu pouvoir, corn. Cinna, m, 2. || 8° Dépouiller
une personne d'une magistrature, d'une dignité
élevée. Patrobe, Polyclète, et .Narcisse et Pallas Ont
déposé des rois, ont donné des États, corn. Othon,
II, 2. Les évêques que l'Église veut déposer, pasc.
Prov. ta. On ordonna que tous ceux qui refuseraient
de souscrire à ces deux nouveaux articles de foi, se-
raient exclus et déposés du ministère et de toute
fonction ecclésiastique, BOSs. Far. xiv, §I2|. Jepuis
faire les rois, je puis les déposer, rac. Bérén. ui, l.
Il 9° Terme de construction. Démonter un objet
posé à demeure, faire la dépose. || On dit dans le
même sens, déposer des rideaux de lit ou autres.
Il 10" V. n. Faire sa déposition comme témoin, ren-
dre témoignage. Déposer en faveur de quelqu'un.
11 déposa qf'il avait vu r.iccusé. Il déposa avoir
entendu dire que. Des témoins qui déposent de
la même vérité, BOSs. Hist. ii, < a. Il déposa d'un
fait qu'il ne pouvait ignorer, id. Uesse. Pourtjuoi
contre vous-même allez-vous déposer? rac. Phèd.
III, 3. C'est l'ennemi de Jésus-Christ qui dépose
en faveur de son innocence, mass. Car. Pass. Les
mondains déposent tous contre le monde , m.
Cor. Mélange. || Fig. Ce monument [un Mémoire
écrit par Louis XIV à propos de la guerre de la suc-
cession] dépose à la postérité en faveur de la droi-
ture de son Ame [de Louis XIVJ, volt. Louis XIV,
*8 Sont autant de témoins dont le cri glorieux
A déposé pour vous au tribunal des dieux, m. Sé-
miram. i, 5. ion génie dépose contre tes prin-
cipes, J. J. Rouss. Ém. IV. Il U* Se déposer, v. réft.
Etre mis en dépôt. Les sommes qui se déposent à
U caisse d'épargne. || Abdiquer, quitter le pou-
voir, une dignité. Les empereurs qui se déposaient,
BOSS. 7/«(. I, )o. Il Aller au fond, en parlant des
impuretés d'un liquide. Le limon se dépose quand
i'eau est tranquille.
— USM L'Académie, en parlant de déposer, faire
DIÎP
une déposition, dit qu'il est ordinairement neutre;
et elle ne donne aucun exemple de l'emploi à l'actif.
Mais au mot déposition elle dit que ce mot signi-
fie ce qu'un témoin dépose et affirme par devant
le juge qui l'entend; dans ce qu'un témoin dépose
elle le fait actif. Déposer est naturellement actif;
et l'on peut dire déposer un témoignage et puis,
elliptiquement ou intransitivement, déposer en jus-
tice, déposer contre quelqu'un. Cela remarqué, il
semble que déposer ne peut être actif en ce sens
qu'avec témoignage ou un mot analogue; et que ,
partout ailleurs , le plus sûr et le plus clair paraît
être d'en faire un verbe neutre, et de dire non dé-
poser un fait, mais déposer d'un fait.
— HIST. XII* s. Il déposât les puissanz del siège,
eshaiçat les humies, liber psalm. p. 253. Le roi de
France cui je [pensé-jel tost desposer, Et de son
chief fors la corone ester. Bat. d'Àleschans, v.
2808. Que s'il le vunt devant l'apostolie apeler,
K'ensi le purrunt bien de sun sié déposer. Th. le
mart. 42. Et se nul ad tenu séculiers poestez, E par
celés purchast [acquière] divines dignitez, Ostez seit
(le comune e del tut déposez, ib. 127. Kar li reis
nel fait pas pur nului déposer. Mais pur ço qu'il
voldreit l'arcevesque mater. Se à sa volenté ne le
peust aturncr, ib. 26. || xui* s' Roi, je t'ai servi dès
t'enfance; Mais cil qui tiennent ta balance M'ont de-
posé, Un dit de verilé. Des murs de Douai l'ost [ils]
esgardent, Qui les biens d'environ (lespose[gardeJ,
G. GL'iART, Ifs. f° 294, dans LACL'RNE. || XV' S. Quand
il sut comment le roi [Edouard 11] avoit esté pris et
déposé de sa couronne, froiss. i, i,28. Pour un il en
trouvera dix, Qui contre moi déposeront [témoigne-
ront]. Patelin. \\ xvi" s. Il feut déposé de Testât de
capitaine gênerai, mont, m, (96. Un gendre entre
les mains de qui je déposasse en toute souveraineté
la conduite de mes biens, id. iv, 7B. Cela mesme
qu'un tesmoing deposoit pour l'avoir veu de ses
yeulx, ID. IV, 183. Collatinus se déposa luy mesme
voluntairement du consulat, amyot, Publ. <2. 11
voulutque le temple de Saturne fustle trésor publi-
que, auquel on (ieposeroit fout l'argent qui se le-
veroit sur le peuple, ID. Publ. 22. Il produisit au
conseil quelques esclaves ,lesquelz déposèrent qu'Alci-
biadeset autres siens familiers avoient ainsi mutilé
quelques autres images, id. Àlc. 33. Qu'il falloitque
la promesse de la vie ou autre chose lui eussent
faict déposer contrôla vérité, d'au». Uist. i, iso.
— ÈTYil. Dé.... préfixe, el poser ; provenç. de-
pausar ; espagn. deposar. Voy. poser pour la con-
fusion des radicaux entre poser (pauser) , et le latin
posilum.
t DÉPOSEUR (dé-po.-zeur) , *. m. Celui qui dé-
pose, qui ôte une dignité. Or est-il que Ravaillac,
Grégoire VII et consorts, assassins et déposeurs de
rois, n'étaient brin philosophes, u'alembert, Lett.
à Voltaire, < 8 juin 1773.
— ÉTYM. Déposer.
DÉPOSITAIRE (dé-pô-zi-tè-r") , ». m. et f. || 1° Per-
sonne à qui l'on confie un dépôt. Dépositaire d'un
trésor, d'une lettre. Un dépositaire infidèle. C'est mon
dépositaire , c'est celui chez qui je fais mes dépôts. Et
de dépositaire et de libérateur U s'érige en tyran et
lâche usurpateur, corn. Rodog. ii, 3. || 2° Par ex-
tension . il se dit de celui ou de celle à qui l'on re-
met quelque chose de comparé à un dépôt. U a voulu
demeurer le dépositaire de ses propres charités, pa-
TBU, Plaidoyer 3, dans richelet. Lorsque les pè-
res cessent de vivre, ils rendent les mères dépositai-
res de leur pouvoir, id. ib. 27. Si de mes jeunes ans
il est dépositaire, corn. Nicom. i, 1. Ces dieux vos
souverains et le roi votre père De leur pouvoir sur
vous m'ont fait dépositaire, id. ib. m, <. Et qui la
sacrifie [la justice] aux tendresses de père, Est d'un
pouvoir si saint mauvais dépositaire, id. Tois. d'or.
Il, B. Dépositaire du vrai, pasc. dans cousin. Les
Juifs, qui étaient les dépositaires de la religion,
BOSS. Uist. II, 6. Delà religion les saints dépositai-
res, BAC. Baj. II, 3. Roxane vit le prince; elle ne
put lui taire L'ordre dentelle seule était dépositaire,
id. )6.i, (, Elleestdemsssermentsseule dépositaire,
10. Iphig. IV, 0. Vous devenez le dépositaire des se-
crets, FÉN. Tél. XIV. Recommandant votre enfance
à la tendre et respectable dépositaire de votre pre-
mière éducation, mass. Pet. car. Exempl. des gr.
L'Académie, dépositaire des bienséances et de la
pureté du goût, id. Remerc. à l'Acad. franc. Dépo-
sitaire des plus secrets sentiments de ceux mêmes
qui passent pour les heureux du siècle, id. Pro-
fess. relig. i. Les grands sont les auteurs du bon-
heur du vulgaire; Le vulgaire, à son tour, est le
dépositaire De la célébrité des grands, gilb. U Prince
de Satm. Je plains ton abandon , ta douleur solitaire;
DÉP
Pas un cœur qui, du tien zélé dépositaire, Vienne
adoucir ta plaie, apaiser ton elTroi, Et consoler tes
pleurs et pleurer avec toi! a.chén. Ép. i. ô Lycusl
l'homme lieureux, tel qu'un dieu sur la terre. Des
biens de l'indigence est le dépositaire, uillev. Élég.
liv. II, Homère. \\ 3° Fig. Il se dit des choses. Sou-
vent ce cabinet superbe et solitaire Des secrets de
Titus est le dépositaire, rac. Bérén. i, (. On dirait
que les temps écoulés sont tous dépositaires à leur
tour d'un bonheur qui n'est plus, m"' de .stael, Co-
rinne. Il 4° Dans les communautés religieuses, celui,
celle qui a la garde de l'argent, des archives. Ladé-
posi taire fait toute seule et la recette et la dépense,
patru. Plaidoyer (6. dans richelet. Tandis qu'elles
cherchaient là-dessous du mystère, Passe un Mazet
portant à la dépositaire Certain fardeau peu néces-
saire, LA font. Tableau.
— HIST. XVI' s. Cest accord faict entre eulx, ilz
eleurent pour dépositaire, tesmoing et arbitre Ca-
ton, AMYOT, Cat. d'Utiq. B9. De longue main chez
moy, nous avons part à la louange de Lycurgus Athé-
nien, qui estoit gênerai dépositaire et gardien des
bourses de ses concitoyens, mont, iv, 93.
— ÉTYM. Lat. dcpositarius, de depositum, Bupin
de deponere, de la préposition de, et ponere, poser
(voy. pondre); provenç. depoîitan; espagn. elital.
depositario.
t DÉPOSITECR, TRICE (dé-pô-zi-teur, tri-s'),
s. m. et f. Celui, celle qui a fait un dépôt de mar-
chandises.
— ÉTYJI. Lat. depositor, de depositum, supin de
deponere, déposer (voy. dépositaire).
DÉPOSITION (dé-pô-zi-sion ; en poésie, de cinq
syllabes) , s. f. || 1° Action de déposer, de poser hors,
de remettre. La déposition d'inscriptions de rente.
Peu usité en ce sens qui est le sens propre. ||2° Ac-
tion de déposer, de destituer une personne élevée
en dignité. La déposition d'un empereur, d'un évo-
que. Il lui enjoint de comparaître sous peine de la
perte de son royaume et de sa déposition, mau-
CBOix, Schisme, liv. i, dans richelet. Pour une
déposition dans les formes, il fallait une assemblée
générale de tous les évêques de la province, fléch.
Uist. de Théodose, iv, 68. || 3° Terme de procédure.
Action de déposer, de remettre un témoignage; ce
qu'un témoin affirme en justice. Oui, voilà M. le
commissaire qui a reçu sa déposition, mol. l'Av.
V, B. Les juges n'ont la liberté de juger que selon
les dépositions des témoins et selon toutes les autres
formes qui leur sont prescrites, pasc. Prov. 14. Tous
disent qu'ils ontvu, et leur déposition a toute l'au-
thenticité possible, DIDER. Pens.phil. B4.
— HIST. XV* s. Nous sommes acertés de la trahi-
son que ces rihauds moines nous ont fait, par la
déposition de l'un d'eux et par nos femmes, loijisxi,
iVouD. XXXI. Il XVI* s. l'ar où l'on cognut évidem-
ment, que toute sa déposition estoit fausse, amyot.
Aie. 36. Montluc parloit de devenir collonel par la
déposition de Dandelot, d'aub. Hist. i, <04.
— ÉTYM. Voy. dépositaire; provenç. depositio ;
espagn. deposicion; ital. deposixione ; du latin de-
positionem.
t DÉPOSITOIRE (dé-pô-zi-toi-r'), t. m. Nom
donné, dans quelques localités, au lieu où l'on dé-
pose les corps des morts, avant de les enterrer, et
jusqu'à ce que la décomposition putride commence
à se manifester.
— ETYM. Déposer.
DÉPOSSÉDÉ, ÉE(dé-po-sé-dè,dée), part, passé.
Qui a été privé d'une possession. Dépossédé du bien
de ses aïeux. Qui se trouve malheureux de n'être pas
roi, sinon un roi dépossédé? pasc. Grand. 8. Toi
qui devais toujours craindre d'être trahi, dépossédé
et puni de ton usurpation, fén. Dial. des morts anc.
Solon, Pisistrate.
DÉPOSSÉDER (dé-po-sé-dé. La syllabe si prend
un accent grave, quand la syllabe qui suit est
muette : je dépossède; excepté, suivant l'exception
anomale de l'Académie, au futur et au conditionnel :
je déposséderai, je déposséderais), v. a. Enlèvera
quelqu'un la possession de quelque chose. Dépos-
séder quelqu'un de ses biens. Romulus et Rémus
rétablirent dans le royaume d'Albe leur grand-père
Numitor que son frère Amulius en avait dépossédé,
BOSS. Uist.i, 7. Le roi de son pouvoir se voit dé
possédé, RAC. Jphig. v, 3. Un étranger venu de
Phénicie, ayant dépossédé le roi légitime, avait pris
sa place, bollin, Uist. anc. Œuvres, t. iv, p. 30»,
dans pouGENS.
— HIST. XIII* s. 0 dieux, d'entre les tiens feels les
oste vertueusement, et si les desposse de terrienne
seigneurie. Psautier, f" 70. || ivi* s. Le roy de Pers»
faisoit préparer une grosse armée de mer, pour
I
DEP
débouter et déposséder les Lacademoniens de la sei-
gneurie de la marine , amyot , Â gésil. 7 . N'inachetuen,
seigneur indois, ayant senti le premier «vent de la
délibération du vice roy portugais de le desposseder
de la charge qu'il avoit en Malaca, mont, ii, 35.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et posséder; provenç. dei-
posseiir; catal. desposseir; espagn. desposeer.
DÉPOSSESSION (dé-po-sè-sion ; en poésie, de
cinq syllabes;, s. f. Terme de jurisprudence. Action
de déposséder quelqu'un; état d'une personne dé-
possédée.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et possession.
DÉPOSTÉ, ÉE (dé-po-sté, stée), part, passé.
L'ennemi déposté des hauteurs qu'il occupait.
DÉPOSTER (dé-po-sté), V. a. Terme de guerre.
Chasser l'ennemi d'un poste, d'une position. Le
prince d'Orange avait mis toute sa science pour dé-
poster M. de Luxembourg, st-sim. < , 30. Il y avait
deux partis à choisir, l'un de déposter les ennemis
de vive force, l'autre de jeter des secours dans Lille,
ID. 208, B3. Il Se déposter, v. réfl. Quitter un poste.
Les ennemis ont été forcés de se déposter. Lettre
du roi sur la prise de Namur, du 4 oct. <74G, dans
HICIIELET.
— ETYM. Dé.... préfixe, et poste, s. m.
DÉPÔT (dé-pô;le( ne se lie pas; au pluriel, !'*• se
lie : des dé-p6-z en argent), s. m. || 1» Ce qu'on a
déposé, donné en garde, pour être rendu ou em-
ployé à la volonté du déposant. Retirer un dépôt. Le
dépôt fut rendu fidèlement. Le dépôt est une chose
sacrée. Nier, violer un dépôt. || Caisse des dépôts et
consignations, caisse créée le 28 avril isie, spé-
cialement destinée à recevoir et à administrer les
fonds provenant de consignations judiciaires, de cau-
tionnements, de dépôts volontaires, etc. et à faire
le service d?s fonds de retraite. || Être en dépôt,
être confié. Mettre en dépôt, confier. Avoir en dé-
pôt, garder à titre de dépôt Sais-tu parquet
mysière Je les laissais tous deux [les deux prin-
ces] en dépôt chez mon frère? corn. Ilodog. u,
s. Jusqu'à ce que les passages [les défilés] soient mis
en dépôt dans vos mains , fén. Tél. xi. Adraste
avait mis cette ville en dépôt entre les mains des
Lucaniens, m. Tél. xx. Du droit de commander je
ne suis point jaloux. Je ne l'ai qu'en dépôt et je vous
l'abandonne, corn. Sertor. m, 2. Ce peuplr, auquel
il a mis en dépôt les prophéties, pasc. Fig.l. J'aime
à mettre mes sentiments en dépôt entre les mains
d'un homme comme lui, sÉv. Bt. |{ Laisser en dé-
pôt, négliger. Locution peu usitée. Au compas du
devoir il n'gle son courage. Et ne laisse en dépôt
pourtant son avantage, Régnier, Sat. x. || Fig. [Les
vestales] Gardant fidèlement le dépôt précieux D'un
feu toujours ardent qui brûle pour nos dieux.... rac.
Brit. v, 8. Cette grftce efficace, qui avait été mise
comme un dépôt entre vos mains, pour avoir, dans
un saint ordre [les dominicains] à jamais durable,
des prédicateurs qui la publiassent au monde jusqu'à
la fin des temps, se trouve comme délaissée pour
des intérêts si indignes, pasc. Prov. 2. Ceux à qui
le Seigneur a confié le dépôt de la foi, mass. Car.
Pass. C'est un dépôt sacré que l'Église nous met en-
tre les mains, id. Pan. S. Et. Il ne suffit pas qu'il y
ait, dans une monarchie , des rangs intermédiaires; il
faut encore un dépôt de lois; ce dépôt ne peut être
que dans les corps politiques, qiii annoncent les lois
lorsqu'elles sont faites et les rappellent lorsqu'on les
oublie, MONTESQ. Esp. Ii, 4. Ils [les Arabes] nous ont
transmis avec gloire le dépôt des connaissances
qu'ils avaient reçues des Grecs, disciples eux-mêmes
des Égyptiens, laplace. Exp. v, 4. || Un dépôt pré-
cieux, une personne à qui l'on tient beaucoup. J'at-
tends Antiochus pour lui recommander Ce dépôt
précieux que je ne puis garder, rac. Bérén. m, 2.
On voit paraître aussi sa fidèle nourrice Qui, cachée
en uu coin de ce vaste édifice. Gardait ce cher dé-
pôt.. ID. Alhal. V, 1. Il 2° Action de déposer, de
mettre une chose en un lieu. Le dépôt d'un corps
dans un caveau provisoire. || 3° Action de confier
quelque chose en garde à quelqu'un; la convention
laite en déposant quelque chose entre les mains
de quelqu'un. Le dépôt est un contrat de bonne foi.
La loi du dépôt. Dépôt volontaire, contrat de dépôt
qui se fait par le consentement réciproque du dépo-
sant et du dépositaire. Dépôt nécessaire, contrat de
dépôt qui est la suite d'une circonstance impérieuse,
telle qu'un incendie, etc. || Dépôt des signatures et
paraphes des notaires, dépôt que les notaires, avant
d'entrer en charge, doivent faire de leur signature
et de leur paraphe, tant au greffe du tribunal de
première instance de leur département, qu'au se-
crétariat de 11 mairie de leur résidence. || 4° Nom
donné aux matières solides et molles qui se dépo-
DÉP
sent au fond d'un vase contenant un liquide impur
ou hétérogène. || Terme de géologie. Couches de
roches aqueuses formées lors du s'jour des eaux.
Le dépôt des eaux tranquilles. || 5° Terme de patho-
logie. Abcès. Il se forma un dépôt à la tête, par
suite du coup qu'il y avait reçu. || Collection for-
mée par des matières sorties de leurs voies natu-
relles et épanchées dans le tissu cellulaire. Dépôt
urineux. || 6° Lieu où l'on dépose certains objets. Dé-
pôt de cannes, de parapluies. {| Le dépôt des archi-
ves, lieu où l'on conserve lesarchives. || Dépôt de la
guerre, lieu où l'on conserve les documents du mi-
nistère de la guerre etqui renferme un grand nombre
de cartes, plans, topographies, mémoires d'expédi-
tions, etc. Le dépôt de la guerre a été établi en (088.
Il Dépôt de la marine, département où les caries,
plans, etc. de la marine sont construits, etqui est sous
la direction d'un vice-amiral. || 7° Terme de com-
merce. Magasin où un homme, qui vend loin de sa
résidence propre, met tout ou partie de ses marchan-
dises à la disposition des acheteurs. Ce propriétaire a
établi un dépôt de ses vins à Paris. || Autrefois le
lieu où l'on déposait du sel, du tabac, en attendant
de les voiturer au lieu de leur distribution. || 8° Terme
de guerre. Lieu de résidence des soldats qui ne peu-
vent suivre le régiment. || Lieu où l'on organise les
cadres et où l'on exerce les recrues. || Les soldats,
les recrues qui sont au dépôt. Le dépôt reçut l'ordre
de se mettre en marche. || 9° Terme de procédure
criminelle. Mandat de dépôt, ordre d'appréhender
et d'incarcérer celui contre lequel il a été lancé.
Il Dépôt de la préfecture de police, salles où l'on dé-
pose provisoirement des prisonniers. Courier satisfit
à tout et fut mis en dépôt, c'est le mot, à la salle St-
Martin,?. l. cour, ii, 327. || Dépôt de mendiciié,
établissement où l'on recueille les pauvres. || 10°Cof-
fre à argent et coffre aux archives dans une com-
munauté.
— HiST. XIV» s. Se un rent à l'autre son gage ou
son depost, okesme, Elh. 158. || xvi" s. Il le meit
en depost enl'isle de Lemnos, amyot, Péricl. 48.
— F.TYM. Provenç. deposit, deposite ; espagn. et
ital. deposito ; du latin depositum, supin de depo-
nere, de la préposition de, signifiant en bas, à terre,
et ponere, poser (voy. pondre).
f DÉPOTAGE (dé-po-ta-j'), s. m. Voy. DÉfOTE-
MENT.
DÉPOTÉ, ÉE (dé-po-té, tée),porJ. passé. Changé
de pot ou de bouteille. Des plantes dépotées. Du vin
dépoté.
t DÉPOTEMENT (dé-po-te-man), s. m. Action de
changer de vase des liqueurs. || Action de dépoter
une plante.
— ÉTYM. Dépoter.
DÉPOTER (dé-po-té) , v. a. \\ 1° Dépoter du vin,
des hqueurs, les changer de vase. Il les dépotait
[des barriques] pinte par pinte pour les vendre à ses
buveurs.... on aurait pu alors les dépoter et s'assu-
rer de leur contenance. Arrêt du conseil d'État, il
sept. 4705. Ij 2° Terme de jardinage, ôter une plante
d'un pot avec sa terre afin de la transplanter. || Par
plaisanterie, tirer d'un pot. Si Ragotin n'eût pu....
se dépoter le pied.... sa colère eût pour le moins
duré le reste du jour, scarr. Rom. com. a, 8.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pot.
f DÉPOTOIR (dé-po-toir), s. m. Lieu où l'on
verse et réunit les matières encore fraîches prove-
nant des vidanges.
— ÉTYM. Dépoter.
DÉPOUDRÉ, ÉE (dé-pou-dré, drée), part, passé.
Une tête dépoudrée.
DÉPOUDRER (dé-pou-dré), v. o. ôter la poudre
des cheveux," d'une perruque. || Enlever la poussière
dont un corps est couvert. || Se dépoudrer, «. ré/l.
Faire tomber la poudre de ses cheveux, de sa per-
ruque.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et poudre; wallon, dt-
poutriner.
DÉPOUILtE (dé-pou-ir, Il mouillées, et non dé-
pou- ye), s. f. Il 1° En général, la peau enlevée à un
animah La dépouille d'un lion. Trouvant dans les
dépouilles des bêtes de quoi se défendre des injures
du temps, rollin, Hist. anc. Œuvres, t. m, p. 85.
Il Fig. Dépouille mortelle, le corps d'un homme
après la mort. Que mon fils ait perdu sa dépouille
mortelle. Ce fils qui fut si brave et que j'aimai si
fort, MALH.vi, 37. Ah! s'il l'était assez [magnanime]
pour nous laisser du moins Au tombeau qu'à ta cen-
dre [ô Hector] ontélevé mes soins, Etqiie, finissant
là sa haine et nos misères, 11 ne séparât point des
dépoudles si chères! rac. Andr. m, 6. J'ai dénoué
ses bras [de Laurence] du corps froid de son père. Et
j'ai rendu cesoirladépouille à la terre, lamart. Joc.
DÉP
1075
III, 99. Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
ID. Méd. I, 1. Il 2° La peau rejetée par les serpents et
les insectes lors de leur mue. La plus diligente de
mes chenilles s'étant dépouillée, je trouvai sa dé-
pouille arrêtée contre les parois de la boîte par des
fils de soie, bonnet, Observ. iT, Insectes. || 3° Par
extension. Les ronces dégouttantes Portent de ses che-
veux les dépouilles sanglantes, rac. P/iéd. v, 6. De
la dépouille de nos bois L'automne avait jonché la
terre. Et sur la branche solitaire Le rossignol était
sans voix, millev. CftiiJe des /"eut'HfS. || 4° Vêtements
et tout ce que laisse un mourant. Il eut la dépouille
du défunt. La dépouille d'un moine appartenait à
l'abbé. Il La succession d'une personne, c'est-à-dire
tout ce qu'elle laisse vacant et disponible par son
abandon, par sa retraite, par sa cbute. Il est assez
de geais à deux pieds comme lui Qui se parent sou-
vent des dépouilles d'autrui Et que l'on nomme pla-
giaires, LA FONT. Fabl. IV, 9. Mais lui qui fait ici
le régent du Parnasse, N'est qu'un gueux revêtu des
dépouilles d'Horace, boii,. Sat. a. Un vizir aux sul-
tans fait toujours quelque ombrage.... Sa dépouille
est un bien qu'ils veulent recueillir. Et jamais leurs
chagrins ne nous laissent vieillir, rac. Baj. i, i. Va,
perds ces malheureux, leur dépouille e.st à toi, id.
£'s(/i.n,t.Dansles changements qui surviennent Les
dépouilles nous appartiennent, BÉRANG.rieuihaMfs.
Il 5" Toute chose dont on s'empare au détriment
d'autrui. Tout l'empire n'est pas la dépouille d'un
maître, rac. Brit. i, 2 On le verra bientôt pom-
peux, en cette ville. Marcher encor chargé des dé-
pouilles d'autrui, boil. Sat. i. \\ Terme de guerre.
Tout ce que l'on prend à l'ennemi. Il a remporté de
riches dépouilles. Tu céderas ou tu tomberas sous
ce vainqueur, Alger riche des dépouilles de la chré-
tienté, Boss. Uarie-Thér. Après la prise de Troie,
tu enverras de riches dépouilles à Péan, ton père,
sur le mont Œla; ces dépouilles seront mi.ses sur
mon tombeau, comme un monument de la victoire
due à mes flèches, fén. Tél. xv. Ils [les anciens Ro-
mains] se contentaient pour eux-mêmes de maisons
fort modestes, qu'ils ornaientdes dépouilles des en-
nemis, et non de celles des citoyens, rollin. Traité
des Éludes, Discours prélim. Ensuite venaient les
étendards, les timbales, les drapeaux gagnés à ces
deux batailles, portés par les officiers et les soldats
qui les avaient pris : toutes ces dépouilles étaient
suivies des plus belles troupes du czar, volt. Char-
les XII, B. De Gjatz à Mikalewska, village entre
Dorogohouje et Smolensk. il n'arriva rien de re-
marquable dans la colonne impériale, si ce n'est
qu'il fallut jeter dans le lac de Semlewo les dépouil-
les de Moscou : des canons, des armures gothiques,
ornements du Kremlin, et la croix du grand Yvan
y furent noyés, ségor, Ilist.deNap.ix, <). || Terme
d'histoire romaine. Dépouilles opimes, dépouilles
remportées par le chef de l'armée romaine, après
avoir tué de sa propre main le chef de l'armée en-
nemie. || Fig. Déjiouilles opimes, se dit pour dési-
gner un succès, un résultat important. || 6° La ré-
colte des fruits de l'année. Vendre la dépouille de
son jardin, de ses vignes. || Dans un sens analogue,
bien qu'inusité présentement. Quoique j'aie rencon-
tré à SéviUe toute la dépouille de la flotte des Indes
[tout ce que cette flotte portait] , et que l'on m'y
ait fait voir six millions d'or en une seule chambre,
voit. Lett. 42. Il 7° Terme de modeleur. Synonyme
de déportement. || Terme de graveur. Tailler en
dépouille, creuser moins profondément en bas, di-
minuer les traits par en bas.
— HIST. xui' s. N'est nus [nul] qui despoillier
nés [ne les] vueiUe; Tuit s'afublentde lor despueiUe,
la Rose, U7iO. Car jàfame n'iert si ardans. Ne ses
mors [mœurs] si bien gardans. Que de son chier
ami ne vuelle Et les deniers et la despuelle, ib,
8336. La tierce cause si est quant pies est de res-
cousse d'eritage, et il tient les despuelles [récoltes]
en se [sa] main à la requeste du rescoueur, beauji.
53. Je deraant.... les despuelles de tel héritage qui
furent à tel, id. vi, 3. || xvi's. Voicy celuy qui des
cruels desroys Guidons rapporte , enseignes, pal-
lerroys,Captifz liez, despoiUes et charroys, j. ma-
ROT, p. tB5, dans laourne. L'im court après tout
ireux; L'autre défend sa despouille.... HONS. 467.
— ETYM. Wallon, dtsootc ; provenç. despuetha;
ital. spoglia; du préfixe de ou des, et du latin spo-
lium, dépouille.
DÉPOUILLÉ, ÉE (dé-pou-llé, liée. Il mouillées,
et non dé-pou-yé), part, passé. \\ 1° Â qui la peau a
été enlevée. Le bœuf tué et dépouillé. || 2° Par ex-
tension. Les arbres dépouillés de leur feuillage.
Il 3' Fig. Privé de. La voilà telle que la mort nous
l'a iaiîe -. encore ce reste tel quel va-t-il disparaître;
4076
D]?P
Musl'allon» voir dépouillée m6me de cette triste dé-
coration, BOSS. Duch. d'Or/. Pensez-vous qu'il y
ait quelqu'un au monde qui puisse, à mon goût,
surpasser Mme do Grignan.en me supposant même
dépouillée do tout l'intérêt que j'y prends? sÉv. 44.
Il Absolument. Oui a perdu ses biens, ses posses-
aions. Los Porlugais, dépouillés partout, se main-
len»ient encore avec i|ueli)ue éclat dans cette partie
de l'Inde, pWNAL. Ilist. phil. Il, (7. || Substantive-
ment. Le dépouillé du jour devenait le spoliiiteur
du lendemain, am. tiiif.rbv, cité dans le Dict. de
POITEVIN. Il Le roi dépouillé, sorte de jeu des en-
fants. Jouer au roi dépouillé , ôler pièce à pièce
les babits ilo celui qu'on a fait roi dans ce jeu; et,
ligurément, enlever à quelqu'un ce qu'il possède,
le ruiner. Comme si notre jeu fût au roi dépouillé,
RÉGNIER, Sal.xi.
DÉPOUILLEMKNT (dé-pou-Ile-man , î/ mouillées,
et non dé-pou-ye-man) , s. m. || 1° Action de dépouil-
ler; état de celui qui est dépouillé de ses biens. Le
comte de Toulouse signa son dépouillement, moyen-
nant i|U0i il fut reconnu pour bon catholique, volt.
Mœurs, «2.|| 2" Fig. Une profonde connaissance de la
nature et un dépouillnment entierde tous préjugés,
BUFF. Anim. ch. 9. || 3"Terme de dévotion, tenonce-
mentau monde et à ses biens. Elle [la loi de DieuJ
condamnerait aux larmes, aux jeûnes, àla pénitence,
au dépouillement, ces infortunés.... mass. Car. Im-
mulah. de la loi. Elles doivent vivre dans le dépouil-
lement, in.Pro^.rei. 3. Je sais qu'il [Jésus-Christj est
venu dans le dépouillement et dans la bassesse, ID.
Av. Circonc. Elle porte ce dépouillement avec joie,
ID. Uyst. Ass. Ces saintes veuves qui consacraient
si généreusement & Jésus-Christ la succession de
leurs ancêtres.... les monuments éternels de leur
modestie et de leur dépouillement pourraient-ils
devenir entre nos mains des prétextes d'ostentation
et de luxe? jn. Confér. Revenus ecclés. ||4° Relevé,
examen d'un compte, d'un inventaire. || DépouiUe-
nieni d'un scrutin, action de compter les sulTrages.
Il Dépouillement d'un livre, relevé de tout ce qu'il
contient.
— HlST. xvi* s. C'est aussi du naturel de toutes
autres pèches , que d'estre pellées et sechées pour
le facile despouiliemeat de leurs noiaui, o. de
SERRES, 878.
— Etym. Dépouiller; provenç. despoillament , des-
pulhament.
DÉPOUILLER (dé-pou-Ué, Il mouillées, et non
dé-pou-yé), V. a. || 1" ôterla peau d'un anima!. Dé-
pouiller un lièvre, une anguille. || 2" ôter à quel-
qu'un ses vêlements. On T'a dépouillé de tous ses
lîabits leurs habits charmés, malgré nos vains
efforts, Sont des brasiers secrets attachés à leurs
corps; Oui veut les dépouiller, lui-môme les dé-
chire, coR^i. ilédée, V, I. Il 3° Enlever aux arbres
leurs fruits, leurs feuilles, à la terre ses moissons.
L'hiver dépouille les arbres do leurs feuilles. Si des
gens fussent venus pour dépouiller vos vignes, ne
vous auraient-ils pas laissé quelques raisins? saci,
Jlible,Jérémie,yLLix., 9. Tantôt, comme une abeille
ardente en son ouvrage. Elle s'en va de fleurs dé-
pouiller le rivage, boil. Art p. n. || Absolument,
liécolter. Le fermier a dépouillé cette année pour
mille écus de grains. C'est au fermier à dépouiller
cette année. Il 4" Quitter en parlant d'un vêtement,
et, en général, de ce qui nous enveloppait; en ce
sens, il ne s'emploie que dans le style soutenu. Dé-
pouiller ses vêtements. Le ver à soie dépouille alors
sa première forme, et devient papillon. || Fig. Si vo-
tre ambition ne va qu'à la couronne, Je dépouille
pour vous l'éclat qui m'environne, rotb. Anlig.
I, 6. [Elle] Semble avoir dépouillé cet orgueil in-
domptable....corn. /•«rlhar. ii,&.Ahl c'en est trop en-
fin, et mon Sme blessée Dépouille un vieux respect
où je l'avais forcée, id. Hirad. v, 3. Prenez mes
sentiments et dépouillez les vôtres, rotr. Vencesl.
I, 3. Dépouillez devant eux l'arrogance d'auteur,
boil. Art p. 1. Non, il faut à tes yeux dépouiller l'ar-
tifice, BAC. Esth. II, t. Je tremble qu'Athalie.... Et
d'un respect forcé ne dépouille les restes, m. Alhàl.
1, *. Avez-vnus dépouillé cette haine si vive? ID.
ib. II, 6. On est bien aise de voir que Mithridate
n'avait pas dépouillé toute humanité, rollin, Hist.
anc. OKuiirts, t. x, p. 224, dans pougens. Zamore
au même instant dépouillant sa colère, volt. Ali.
V. ». Celui-ci [le czar] n'ayant pas dépouillé la ru-
desse de son éducation et de son pays, aussi terri-
Lie à ses siijo s quidmirable au» étrangers, id.
Charles XII, 4. | D poudler l'hnmme. perdre les
sei.timei ts humains, ou les faiblesses humaines.
Ou on a de peine à d. pouiller entièrement Ihoiiime,
dit Pyrrhon, pé.-i. Pyr. \\ En termes de l'Écriture, dé-
Dl^lP
pouillerle vieil homme, se dépoutUerduvieil homme,
quitter ses anciennes et mauvaises habitudes. Ma
raison s'est troublée et mon faible a paru; Mais
j'ai dépouillé l'homme et Dieu m'a secouru, cob-n.
Théod. V, 3. Il 5° Enlever à quelqu'un ce qu'il a.
Les voleurs l'ont entièrement dépouillé. Tâche à
t'en revêtir [de ma gloire], non à m'en dépouil-
ler, ID. Hor. IV, 7. Plus il me ferait honte et
mettrait en lumière Le crime d'en avoir dépouillé
l'héritière, rac. Brit. ii, 3. C'est par cette dernière
grâce que la mort change de nature pour les chré-
tiens, puisque, au lieu qu'elle semblait être faite
pour nous dépouiller de tout , elle commence ,
comme dit l'Apôtre, à nous revêtir et nous assure
éternellement la possession des biens véritables,
Boss. Duch. d'Orl. Le rude hiver des années der-
nières acheva de la dépouiller de ce qui lui restait
de superflu.... et l'aumône lui apprenait à se re-
trancher tous les jours quelque chose de nouveau.
ID. Anne de Gonz. Chaque femme demandera à sa
voisine et à son hôte-^se des vases d'or et d'argent,
et des vêlements précieux; vous en habillerez vo-
fils et vos filles, et vous dépouillerez l'Egypte, saci.
Bible, Exode, m, 22. Je n'aurais point pour eux dé-
pouillé l'orphelin, volt. Tancr. i, t. Quand il sut....
que les paysans russes.... qu'il faisait payer géné-
reusement afin d'en attirer d'autres, étaient dépouil-
lés de ces vivres qu'ils nous apportaient, par nos
soldats affamés.... sÉGun, Ilist. deNap. viii,8. || Dans
le même sens, avec un nom de chose. Les vain-
queurs dépouillèrent les musées. L'inquiétude dont
il était ressaisi se décelait par des ordres de colère,
ce fut alors qu'il fit dépouiller les églises du Krem-
lin de tout ce qui pouvait servir de trophée à la
grande armée, séguh, Hist. de Nap.viu, io. ||Fig.
Faut-il qu'un seul sentiment dépouille ainsi toute la
vie? STAËL, Corinne, xvii, 8. || 6° Peler, dénuder.
L'eau bouillante lui a dépouillé toute la jambe. La
gangrène a dépouillé l'os. || 7° Terme de mouleur.
Dépouiller une figure moulée, ôter toutes les piè-
ces du moule et tout ce qui a servi au travail.
Il 8° Terme de marine. Dépouiller une côte, tomber
sous le vent de cette côte. Peu usité. || 9° Faire le
relevé, l'examen sommaire; établir le compte de.
Dépouiller un inventaire. Dépoudler le scrutin. || Dé-
pouiller un livre, un registre, en faire des extraits,
en tirer tout ce qui s'y trouve d'utile, ou de remar-
quable. Il 10° Se dépouiller, v. réfl. 3'ôter ce qui en-
veloppe. Il s'est dépouillé de ses habits pour se jeter
i la nage. Les serpents se dépouillent tous les ans.
Quoi! Seigneur, dit-elle, vous voulez détruire cette
parure? Pour prévenir votre colère, je commence-
rai moi-même à m'en dépouiller, boss. la Vallière.
L'homme ne périt pas tout entier : il ne fait que se
dépouiller de son enveloppe terrestre, et n'est que
transformé, bonnet, Œuvres mél. t. xvui, p. 205.
Il Par extension. La terre se dépouille de sa ver-
dure. Liban, dépouille-toi de tes cèdres antiques,
RAC. Esth. III, 9. Les arbres toujours verts transpi-
rent moins en temps éi;al que ceux qui se dépouil-
lent, BONNET, Conlempl. nat. 6« part. ch. 3. || Se
dénuder. La gangrène s'étant étendue, l'os se dé-
pouilla. Il Se dépouiller en faveur de quelqu'un, se
dessaisir de ce qu'on possède. Amasser du bien avec
(le grands travaux, élever une fille avec beaucoup
de soin et de tendresse, pour se dépouiller de l'un
et de l'autre entre les mains d'un homme qui ne
nous touche de rien, mol. Am. me'd. i, B. Ne pou-
vant encore se dépouiller d'un héritage qu'il n'a pas,
il se dépouille au moins par avance de ses droits,
ROLHD. 3" dim. après Pâques, Domin.t. u, p. 103.
Les femmes se dépouillèrent avec joie de tous leurs
ornements pour fournir aux frais de la guerre , rol-
lin, Hist. anc. Œuvres, t. i, p. 35), dans pou-
gens. Il Fig. Renoncer. César, se dépouillant du pou-
voir souverain, Nousôtait tout prétexte à lui percer
le sein, cobn. Cinna, m, 4. Je me dépouillerai de
toute passion, rotr. Vencesl. iv, 0. Dépouillons-
nous ici d'une vaine fierté, boil. Soi. x. De son amour
pour toi ton Dieu s'est dépouillé, rac. Âtlial. m, 7.
Il Se dépouiller se dit aussi d'un liquide qui, par le
repos ou en vieillissant, se débarrasse des particu-
les qui en troublaient la transparence. Mettez ce vin
en bouteille; il s'y dépouillera. L'air se dépouille
ainsi des vapeurs nuisibles, bonnet, Contempl. nat.
B* part. ch. (4. || Proverbe. Il ne faut pas se dépouil-
ler avant que de se coucher, c'est-à-dire il ne faut
pas se dessaisir de son bien , le partager à ses en-
fans ou héritiers, de son vivant.
— SVN. nÊpoL'iLLEB Un vêtement, se dépouiller
d'un vêtement; dépouiller l'orgueil, l'amour, se
DÉPOUILLER de l'orgueil, de l'amour. Des auteurs
ont cherché à établir une différence entre ces locu-
DÉP
tions, mais, quelque attention qu'on y porte, on
ne peut distinguer entre elles aucune nuance réelle.
— HIST. XII' s. Touz nuz soit despoillez ses cor»
et ses façons, Ronc. p. 200. Mais quant il ot chanté,
n'esteit pas despuilliez [de ses ornements pontifi-
caux]; Mais iloec s'est asis einsi apareilliez, Th. l
mari. 35. Il vos convint primerains despoillier : Ec
la fontaine entrerez tes premiers, Raoul de C. 293
Il xin' s. Tantost il fait la pucelle desioiller [desha-
biller] et desceindre; Et la bâtit d'un frein là où
[il] la put ateinilre, addefr. le bast. Romancero ,
p. 14. Et Aliste ma fille je ferai despoillier [désha-
biller], Berie, xi. Le drap dessus sa robe [ils| lui
font tost despoillier, ib. xix. Sachiez, ne m'est mie
legier De ma police despoillier, Tien. (9584. L'en
ne doit rien priser moillier [femme] Qui homme bée
à despoillier, la Rose, 4594. Se aucuns est depollez
et requiert estre resaisiz, il ne souffist pas lanl so-
lemant de dire que il ait esté despolliez, Liv. de
just. 21. Et si ne li dent on pas despouillier sa robe
qu'ila acoustuméàvestirà cascun jor, deaum. liv, 7.
Il XV' s. Cesie nuyt, qui fut la tierce, le dit duc ne
se de.spotiilla oncques, seiillement se coucha par
deux ou trois fois sur son lict, comm. ii, ». || xvi's.
C'est le prix de l'espée que vous cherchez, non de
la gaine : vous n'en donnerez à l'adventure pas un
quatrain, si vous l'avez despouillée, mont, i, 325.
Il deffendoit aux siens de despouiUer leurs ennemis
vaincus, id. i, 353. Les pères disent : je ne me veulx
pas despouiUer devant que m'aller coucher, id. ii,75.
Nostre ame leur faiot desvestir et despouiUer leurs
conditions corruptibles, id. ii, 198. Hercules et Bac-
chus, qui par l'exceUence de leur vertu despouille-
rent ce qu'il y avait de mortel et de passible en
eulx, amyot, Pélop. 30. Parquoy, après avoir dressé
un trophée, etdespouilléles morts, s'en reiournerent
en leurs maisons bien joyeux, id. ib. 32. Hz ne des-
pouillerent leurs armes, ne desbriderent leurs che-
vaulx, nyne feirent penser leurs playes, que.... m.
ib. 6t. Alors il quitloit et despouilloit le manteau
de capitaine, iD. Crassus et Nicias, s.Ompbale oste
secreltement le masque à Hercules, et luy despouiUe
sa peau de lion, m. Anton, et Démet. *. La demoi-
selle de la Mothe qui ne despouilloit point [ne se dés-
habiUait], et avoit du feu en sa chambre, r'allie quel-
ques soldats.... d'aub. Hist. ii, 6u. Tout abricot
despouille nettement son noiau, au contraire l'au-
berge [l'alberge] le tient fermement, o. de serres,
678. Quand tes sages propos dépouillèrent l'escorce
De tant d'opinions que frivoles j'avois, rons. 252.
— ÉTYM. Voy. dépouille; waUon, dispouii ; pro-
venç. despuelhar, despolhar; catal. despullar; es-
pagn. despojar; ital. spogliare ; du latin despoliare,
de de, et spoliare.
■f DÉPOUILLECR (dé-pou-lleur, U mouiUées), s.
m. Celui qui dépouille.
— HIST. XIV' s. Et celui qui est despoilleur de
mors, ORESME, Eth- m.
— ÊTVM. Dépouiller; provenç. despolhador; es-
pagn. despq/odor; ital. spogliatore.
t DÉPOIIRPRER (dé-pour-pré), v. a. ôter la pour-
pre, rendre pâle.
— HIST. XVI' s. QueUe palleur depourpre le sein
beau, Qui pair à pair combat avec l'aurore? hons. 09.
— ETYM. Dé.... préfixe, et pourpre.
t DÉPOUURISSAGE (dé-pou-ri-sa-j'), s. m. Ac-
tion d'enlever la partie pourrie d'un fruit, d'une
grappe de raisin, etc. Le dépourri.ssage des poires
en emportera près d'un quart. Plusieurs grappes de
raisin sont devenues de simples grappillons par les
dépourrissages successifs, legoarant.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, el pourrt'r.
t DÉPOCRRISSEMENT (dé-pou-ri-se-man), s. m.
Synonyme de dépourri.ssage.
DÉPOURVOIR (dé-pour-voir. Bien quel' Académie
dise qu'il n'est guère usité qu'au prétérit et à l'infi-
iiilif , il n'y a aucune raison p.iur ne pas le conjuguer
à tous ses temps comme pourvoir : je dépourvois ; je
dépourvoyais; je dépourvus; je dépourvuirai; je dé-
pourvoirais; dépourvois, dépourvoyons; que je dé-
pourvoie, que nous dépourvoyioiis, que vous dé-
pourvoyiez; que je dépourvusse; dépourvoyant,
dépourvu), i'. o. || 1° Dégarnir de ce qui est néces-
saire. Il le dépourvut de tout. Une faut pas dépour-
voir de munitions une place de guerre. || %' Se dé-
pourvoir, V. réfl. Se dégarnir, se dessaisir. Il s'est
dépourvu de tout pour ses enfants.
— HIST. XIII' s. To.st porrions avoir contcere, S«
nos, issi desporveQ, Estions sor eus embatu, Itrn.
577t. Moult refu certes deceûs Bel acueil 1; despor-
veQs, la Rose, 15096. ||xv' s. Lesdits Bourguignons
cuidans prendre àdespourveu les habitans viudrent
à grand fureur, j. de trotes, Chron. I4«». !|m's.
1
p
l« Seigneur n'apparoist point aux préceptes de la
loy rémunérateur sinon de parfaite justice, de la-
quelle nous sommes tous desprouveus, calv. Instit
*"* ^t "" pouvant la [Vénus] frauder de sa
pomme, [Palias] La veut par vous despourvoir de
tout l.omme, s. gel. 62. lU prindrent port en An-
gleterre au dépourvu d'un chacun. ïver, p. ois.
Encores qu'il les ait surpris à la despourveue, m. du
BELL. 348. Ik allèrent surprendre leurs ennemis au
despourveu, de manière qu'ilz les desfeirent, amyot
Rom. 49. Il se tourna tout court. vers la poincté
droitte des ennemis, espérant la surprendre des-
pourvue (le chef qui commandast, ID. Sylla, 62
L homme, sans secours estrangier, armé seulement
de ses armes, et despourveu de la grâce et con-
gnoissance divine, qui est tout son honneur, sa
force et ie fondement de son eslre, mont, ii, (62.
— ËTYM. Dé..,, préfixe, etpourvoir; provenc. det-
prorezir.
DÉPOCBVU, m (dé-pour-vu, vue), part, passé
de depourvoir II l-Qui n'est paspourvu, qui manque
ûe De toute élection mon âme est dépourvue Et
nul objet certain ne limite ma vue, régnieh Sat
VII. Des gens qui, dépourvus des biens de la for-
tune. Sous le nom de chrétiens font gloire du tré-
pas, ROTR S. Gen. v, 2. De mémoire, en ce lieu.
vous semblez dépourvue, trjstan, Panihée iv
^ . En ce discours dépourvu de science, id. M de
Chnspe^iv, <. La personne qu'il aime et qu'il doit
épouser Est brillante d'attraits, mais d'esprit dé-
pourvue, boissï, Dehors tromp. n, ). || Absolument.
Lacgale.... Se trouva fort dépourvue Uuandlabise
l^l 'ITk '* ™^'- '^"'"- '- '• Il 2° Au dépourvu,
loc adv. Sans qu'on soit pourvu, préparé. Comme
Il faut peu de chose à le mécontenter. Le prendre
au dépourvu ce serait tout gâter, HAUTER.Crùp
mus. IV, 4. Tu peux sans trahison le prendre au dé-
pourvu, rotr. Brtù. „, ,«. Je n'étais point en garde
contre ce récit tout naïf, et j'ai été prise au dé-
pourvu. sEv. if «. (0 nov. (684
t DÉPRAVANT, ANTE (dé-pra-van, van-t'), adj.
Oui cause la dépravation. La réponse trouvée à cette
redoutable quesuon par St-Just et Robespierre fut
sincèrement nous le croyons, que la civilisation des
siècles précédents était fausse et dépravante car-
bel, t. V, p. 415. '
tDÉPRAVATEDR, TRICE (dé-pra-va-teur, tri-
r), s. m. et f. Celui, celle qui déprave.
— HlST. XVI' s. Depravateur, monet, Dict.
— ÉTVM. Dépraver.
DÉPRAVATION (dé-pra-va-sion; en poésie, de
çtnq syllabes), s f. || 1" Changement moral en mal!
^JflTrTvf", ''^'='"' des mœurs. Encore que
et une entière dépravation du sens humain, elle
voulait se parer de quelque raison, boss. /yùt.ii, i2.
La tyrannie des passions et la prodigieuse malignité
T^ T^^I , o°"'ù" '°"l°"rs porté à faire le mal; la
postérité de Seih, fidèle à Dieu malgré cette dépra-
J'TT ' '"■ fr' ' ■ ^' ''""'= " ^"- °é des sectes dans
ancienne Égbse, c'a été par la commune et'invé-
térée dépravation du genre humain, m. For. xv
.Jh^■ ^•■^^'" ^^^ P^'^^ '"'" Jes périls vous à
caché jusqu'ici toute la dépravation d'un monde cor-
rompu, MASS. Profession retig. serm. ( Il réenait
partout une extrême dépravation de mœurs et de^sen-
timents, fonten. Czar Pierre. Une dépravation de
Sr;,? '^°" ;?!?-«'• tout esprit 'raisonnable
HOLLiN llut. anc. Ctuvres, t. vi, p. 628, dans pou-
vie^de l'hl''"' "'"'' '* f'' ^^"-^g'ne] ia véritable
vie de 1 homme, et que la société n'es qu'une dé-
pravation artificielle, volt. Uial. 8. Il 2° Terme de
médecine. Altération. La dépravation du sang des
humeurs |1 Dépravation du goût, de l'appéfi't de
'odorat,étatdanslequelcesseLti;ns, produite 'par
les organes de nos sens, se montrent ^vec un carac-
dan, '\ - f " ^"'T\ Il ^'e- l^" P="-'«»' d" goût
KOÛ danflT ? ''' •'««"^-"t^- La dépravation du
fuite de .u/ri','°/'""^'^'^ "" indice et une
Et ote <;=''^,'1« 'a littérature, bolun. Traité des
se,ntnJ T- ^:. """"'' ''^"^ •'"'-'CENS- Il 3» Il
coDi t.s I i^H °" " "" •"'<= *"<='«" altéré par les
SrpXr;i'Z;r '^ '- Plu.arque^donna
p.avée™i"l^^T°''' '='""'""«>''• Une âme dé-
d'être\o„l^'^ar °!'?''"''"' ""« ^-^e qni a ces.sé
corrom'prVu;e^re"qT:.e^,^";r^Ce"%''"^
mots exorimpnf H,^„„ \ sesr, gatee. Ces deux
cette n?a cTque dépravation""'^'"';"' '" ï"^'' '^'^'^
procédé qui ap\"odu& atlon-'îaùrn™" '"' ''
lion montre qu'il y a eu r„n.^ '?"^'=°''''"P-
«cntatioc d'élémeJtsimpurs.'^''''' "''*"««' ^"-
niïp
— HIST. XVI' S. Â fin qu'ils n'acquièrent ignorance
au lieu de sçavoir, et dépravation, au lieu de te-n!
perance, lanode, 123. Tout cela perdra son lustre
et ne sera mis en conte, si leurs dépravations con-
tinuent, m. (89. La défectuosité, corruption et dé-
pravation misérable du texte original grec, amyot,
3lora,.Épit. p. 16. Nos jugements sont malades eî
suyvent ladepravation de nos mœurs, mont, i, 264
^Jïyi'''':.''*''™*''""''''''^''^'"'"''!", dépraver.'
DÉPRAVÉ, ÉE (dé-p,-a-vé, vée). part, passé.
Il t Qui a éprouvé moralement un changement en
mal. Un homme dépravé. L'homme est tombé en
ruine par sa volonté dépravée, boss. la Vallière
Mœurs dépravées, maucroix, Schisme, liv. i dans
nicilELET. Les goûts dépravés de mes passions qui
me font aimer ce que je devrais souverainement
nair, bourd. Instruct. sur la communion, Exhort
t. II, p. 466. Il Z' Terme de pathologie. Goût dé-
pravé, goût qui a subi la dépravation. || Fig Elle a
I esprit léger et le goût dépravé, tristan, Panthée
I, (. Comme il est des goOts physiques dépravés'
II est aussi des goûts moraux dépravés, bonnet'
tss. analyt. Ame, ch. (9. '
DÉPRAVER (dé-pra-vé),t). o. || !• Faire éprou-
ver un changement moral en mal. Les mauvais
exemples l'ont dépravé. Son cœur a été dépravé par
le besoin de jouissances. || »' Terme de médecine
Altérer, changer en maL Ces aliments dépravent
les humeurs. || 3° Se dépraver, v. réfl. Se changer
en maL Son appétit se déprave. Les mœurs elle goût
se dépravèrent en même temps.
-- HIST. xvf s. C'est donc dépraver ce lieu, que
de le tirer à ceste sentence, calv. Instit. 237. Quand
la justice est si lasche et si dépravée, que l'impu-
nite des vices règne, langue, 20. Une démocratie
du tout dépravée, comme estoit l'athénienne m'
65. Si Cleombrotus n'eust eu le jugement dépravé
par ambition et vaine gloire, amyot, Agis, et Cléom
(9. Toutes les copiestranscrittes d'un original défec-
tueux ou dépravé retiennent les faultes du premier
exemplaire, id. Moral. Épit. p. 8. Le bras demeura
impotent et paralytique ; d'avantage la' parole gran-
dement dépravée, paré, vin, 30. A quelque chose
sert le ma.heur : il faict bon naistre en un siècle fort
dépravé; car, par comparaison d'aultrui, vous estes
estimé vertueux à bon marché, mont, m, 60.
— ÉTYM. Provenc. et espagn. deprava'r; ital de-
pravare; du latin depravare, de la préposition de
et proTOs, qui n'est pas droit, perverti, méchant '
t DÉPRÉCATIF, IVE (dé-pré-ka-tif, ti-v'), adj.
! 1 Terme didactique. Qui a rapport à la dépréca-
tion. Il 2° Terme d'église. Forme déprécative ma-
nière d'administrer quelques-uns des sacreme'nts en
forme de prière. Chez les Grecs, la forme de l'ab-
solution est déprécative, étant conçue en ces termes •
Oue Dieu vous absolve, au lieu qu'e dans l'Église la-
tine on dit en forme déclarative : Je vous absous
— HIST. XIV s.. Et n'est pas deprecatif ou depriànt
autres, pour teles choses, oresme, Eth. (24.
— ÉTYM. Lat. deprecatiius (voy. déprécation)
DÉPRÉCATION (dé-pré-ka-sion), s. f. \\ 1° Prière
faite avec soumission pour obtenir le pardon d'une
faute. Il 2° Terme de rhétorique. Figure par laquelle
on s'interrompt au milieu d'un discours pour de-
mander aux dieux d'écarter un malheur ou un dan-
ger. Par exemple dans Phèdre de Kacine iv 4
Thésée dit : Qu'on appelle mon fils, qu'il vienne se
défendre: Qu il vienne me parler, je suis prés de
1 entendre. Ne précipite pas tes funeste.s bienfaits
Neptune.... Ce dernier vers forme une déprécation'
— HIST. xiv- s. Teles plaintes et teles deprecations
font ceulx qui mettent leur estude et leur cure vers
teles choses, oresme, Eth. (24. ||xvi"s. Après les
deprecations, oraisons et cérémonies faites par mon
dit sieur cardinal, du Bellay, Mém. t. vi o (64
dans lacurne. ' '
— ÉTYM. Lat. depreeatio, de deprecari, signifiant
demander avec prières, détourner par des prières-
de la préposition de, et precari (voy. prikr) '
t DÉPRÉCATOIRE (dé-pré-ka-lii-r'), a'a. Qui
écarte par la prière. Formules déprécatoires.
— ÉTYM. Lat. deprecatorius, de deprecari (vov
déprécation). ^ ''
t DÉPRÉCIATEUR, TRICE ( dé-pré-si-a-teur
tri-s), adj. Oui déprécie. Un langage déprédateur!
" - étym' ofpré^eT" "' '''"''"'' '"''"^'^''•
DÉPRÉCIATION (dé-pré-si-a-sion), ..,'. Action
de déprécier; état de ce qui a perdu' de'son prix
La deiireciat on d'une marchandise, du panier-mon
naie. La dépréciation de l'or est ianife ? depuis
quelques années. "cpuis
— ÉTYM. Déprécier.
DÉP
1077
DÉPRÉCIÉ, ÉE (dé-pré-si-é, ée), part, pas.é.
OUI a perdit de son prix. Les assignats dépréciés
parce que l'émission en fut excessive. || Par exten-
sion Un livre beaucoup trop déprécié.
DÉPRÉCIER (dé-pré-si-é), je dépréciais, nous dé-
préciions vous dépréciiez; que je déprécie, que
nous dépréciions, que vous dépréciiez, v. o.||î'Ra-
baisser la valeur d'une chose. Déprécier uiie mar-
chandise. Il 2- Par extension. Déprécier une action
.T°r!77 îi '"'''ir"P/" '><"°">«- Il 3° S« déprécier,
V. refl Ils se déprécient mutuellement, ils disent
du mal 1 un de l'autre. || Être déprécié. Ces valeur,
se déprécieront rapidement. L'or se déprécie depuis
quon en a trouve tant de gisements.
— ÉTYM. Provenc despreciar, despretar; espagn.
desprecar; ital. disprejzare, dispregiare- dn htm
depretiare, de la préposition de, qui exprime né-
gation ou cessation, et pretium, prix (voy prix)
L'ancien français disait deprUer, tiré directement
de prix.
DÉPRÉDATEUR, TRICE (dé-pré-da-teur, tri-s')
s. m et/-. Celui, celle qui fait des déprédations. Dé-
prédateurs du peuple et fiers tyrans des rois volt
Sophon. IV, 3. Je sais bien qu'il y a de fameux dépré-
dateurs qui redoutent la vertu éclairée; je .sais que
des fripons murmurent contre le bonheur public
'°-/.^"- /l'ic*. < I janv. (770. Il sera encore plus
difficile de crier efficacement économie à nos dé-
prédateurs que de crier modération à Voltaire et de
le persuader, d'alemb. Lett. au roi de Prusse 8
nov. (771. On le retrouve aussi [Philippe le Bel
au Purgatoire de Dante] dans ce déprédateur ef-
fronté qui, non content d'avoir, nouveau Pilate fait
prisonnier le Christ dans son vicaire, entre à pleines
voi lesdans le temple , Hist. litt. de la France, dans le-
CLERC, Disc t. XXIV, p. 665. || Adj. Ministredépréda-
teur. Elle [la Grande-Bretagne] avait été longtemps
esclave des héros dépre'dateurs des sept montagnes
[les Romains], volt. Princ. de Babyl. (o. L'histoire
ainsi que les nations déprédatrices et conquérantes'
semble avoir pris pour règle d'équité le mot de Bren.'
nus: Vx vtctis (malheur aux vaincus), marmontel
Elém. de Uttérat. t. iv, liv. ii, dans girault-duvi.
viER. Les peuples ne voulaient plus travailler pour
des étrangers déprédateurs ou pour des oppresseuri
domestiques, raynal, Uist. phil. iv, 2i.
— ÉTYM. Lat. deprœdator, de deprxdari (vov
dépbedeh). ' '
tDÉPRÉDATIF, IVE (dé-pré-da-tif, li-v'), adj
Qui porte le caractère de la déprédation.
— ÉTYM. Dépreder.
DÉPRÉDATION (dé-pré-da-sion ; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. || l- Pillage avec dégât. Les dé-
prédations des corsaires. Faire des déprédations.
Voilà dans un Anglais le premier modèle de la ré-
formation anglicane et de la déprédation des égli-
ses Boss. rar. XI, § 164. Après la déprédation de
tant de maisons régulières [couvents], les peuples
se trouvèrent chargés d'impôts, maucroix, Schisme
IdAnglet. liv. i, p. ,66, dans richelet. Louis XIV
s attendait encore moins que son arrière-petit-fils
[sur le trône d'Espagne] abandonnerait les Français
pendant quatre ans aux déprédations de l'Angleterre
maîtresse de Gibraltar, volt. Lett. Choiseul, (3 juil-
let 176 ( Nous épuiserions la nature, si elle n'était
inépuisable SI par une fécondité aussi grande que
notre déprédation, elle ne savait se réparer elle-
même et se renouveler, buff. Anim. carnassiers.
Dans la mer, toutes les espèces sont presque égale-
ment voraces, mais la fécondité y est aussi grande
que la déprédation, id. Bœuf. || 2° Malversation.
Les déprédations qui se commettent dans un État
11 est vrai que faire le procès du surintendant [Fou-
quetj, c'était accuser la mémoire du cardinal Maza-
rin; les plus grandes déprédations dans les finances
étaient son ouvrage, volt. Louis II r, 25. Comme
les chefs de la colonie avaient partagé avec les offi-
ciers subalternes le prix de cette déprédation, il ne
se trouva personne qui pût rétablir l'ordre, raynal
lisl. phil. IV, 2t. Deux siècles de déprédations et
de brigandages ont creusé le goufire où le royaume
est près de s'engloutir, mjrabeau. Collection, t. ii
p. 183. Il On dit aussi, en affaires privées, la dé^
prédation des biens d'un pupille.
— ÉTYM. Lat deprxdalio ,Ae deprajrfori, dépreder
DÉPRÉDÉ, ÉE (dé-pré-dé, dée), part. p<ùsé. Sei
ront au.ssi les sentences concernant la restitution des
choses dépiédées ou pillées dans les naufrages exé-
cutées nonobstant et sans préjudice de l'appel Or-
donn. de I68i, titre xiii, art. ( '
DÉPREDER (dé-pré-dé. La syllabe pré prend un
accent grave, quand la syllabe qui suit est muette-
je dépréde, excepté au futur et au conditionnel • je
1078
m?
dépréderai , je dépréderais) , v. a. Piller avec dég»t.
Il TfiVpeii usité.
— F-HM. Lat. rffprrdar», delà préposition de,
et prrila. prnie (voy. ce mot).
Df.PKENDRE (dé-pran-dr') , je déprends, tu dé-
prends, il déprend, nous déprenons, vous déprenez,
ils déprerinent; je déprenais; je dépris; je dépren-
dr.ii; je déprendrais; déprends, qu'il déprenne; dé-,
prenons, qu'ils déprennent; que je déprenne, que
nous déprenions; que je déprisse; déprenant; dé-
pris, V. a. Il 1° Séparer deux choses prises ensem-
ble. On dépnt de part et d'autre les crampons de
fer, ECAnn. Ilom. corn, ii, 19. || 2" Fig. Détacher,
faire qu'on ne soit pas attaché. Ils y tiennent et s'y
allarhent si fort qu'il n'y a point de moyeu de les
en déprendre, balz. 4' dise, sur la cour. Jésus-Christ
nous a dé|iris du commerce des choses de la terre,
Traduction des lettres de St Augustin, dans rjche-
LET. Les années, bien loin de déprendre leur cœur
de ce qu'ils ont aimé jusqu'à ne pouvoir se résou-
dre d'y renoncer pour Dieu , ne servent au contraire
qu'à les y attacher davantage, boubdal. Purifie, de
la Vierge, Mijst. t. ii, p. 283. || 3° Se déprendre,
V. réfl. Se déliarrasser, rompre ses liens. Cet oiseau
s'était pris à la glu et ne pouvait s'en déprendre. La
douille serre [l'ancre] ne s'est pas plutôt déprise de
la chevelure de l'abîme, qu'un mouvement se fait
sentir dans le corps entier du vaisseau, chateaub.
Hatch. vu, 318. Il Fig. Les mélancoliques ne se dé-
prennent pas aisément de leurs passions, balz. liv.
VII, lett. 6. Des biens dont nos cœurs ne se peuvent
déprendre, «oss. Fr.d'Ass.i. Elle ne se peut dé-
prendre de ces pen.sées sensuelles , id. l'urif. < .
Fortifiez-moi par la douleur pour achever de me dé-
prendre de tout, FÊN. t. XVIII, p. <(i5. Plus vous pa-
raissez né d'un caractère facile, léger, inconstant,
plus il vous sera aisé de vous déprendre de vos at-
tachements criminels et de revenir à votre Dieu,
MASS. Car. Pécher. Si vous ne pouvez vous dépren-
dre de rien, vous retrancher sur rien.... id. ib. Des
liens indissolubles dont on ne peut plus se dépren-
dre, ID. l'rof. Tel. Serm. 2. Un secours qui lui aidât
[à l'âme] à se déprendre des filets où le monde et
le démon l'avaient enlacée, id. Confér. Exccll. du
sacerd. Nous ne pouvons nous déprendro de nous-
mêmes; nous n'osons rompre des liens qui nous ac-
cablent, ID. Panig. St Benoit. Ma mère dont, mal-
gré la mort, son cœur n'avait pu se déprendre,
j. J. Bouss. Conf. V.
— lirsT. xm* s. Povres et esgarés, essiliés et des-
pris, Berte, xxx. Ouand ma fille en est si de cuer
triste et desprise.... ib. Lxxvi. || xvi« s. L'ame semble
se desprendie [par les larmes], se desmesler.... mont.
I, 8. Faire bouillir un corps pour desprendre la chair
d'avecques les os, id. i, 6. Se desprendre [détacher]
de la vie, id. i, 79. Se desprendre des opinions et
mœurs receues, id. i, H6. Vous ne les desprenez
pas à votre poste [les chevaux fougueux] , quand ils
se sont une fois harpez, id. i, 3B9. Pythagoras faict
Dieu un esprit universel, d'où nos âmes sont des-
prinses, in. ii, 248. X quoi ils s'opiniasirercnt tel-
lement, que la dame eut toutes les peines du monde
à les deprendre [séparer] , yver, p. B98. Ars et Rion
se mettent à les desprendre, ce qu'ils ne pouvoient
faire sans le secours d'un seau d'eau ; ce duel estant
séparé.... d'aud. Fœn. m, 23. ]1 est nécessaire que
peu à peu les tendons et les membranes soient des-
jointes, ou deprisesconire la cicatrice, paré, xm, 29.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et prendre; bourguig.
déprarre, départe.
I «ÉPUÉPUCÉ (dé-pré-pu-cé), adj. m. X qui le
prépuce a été coupé, circoncis. || Substantivement.
Superstitieux que tu es, tu trembles au sabbat des
déprépucés, volt. Phil. v, 322. Ces déprépucés
d'Israël, id. lett. de Lisle , i6 déc. <773.
— Etvm. Dé.... préfixe, et prépuce.
t DÉPRESSER (dé-pré se) , r. a. Ôter de la presse
un livre rralchement relié. || Enlever aux draps le
lustre qu'ils avaient acquis â la presse.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et presse. Dpspresser si-
gnifiait anciennement tirer de la foule, écarter la
foule: Il rompit la presse, et, quant les archers se
virent despressés, ils chargèrent hardiment, ilém,
d'Ol. de la Marche, liv. i, p. 383, dans lacurne.
t DÉPRESSICAUDE (dé-prè-ssi-kôd'), ad). Terme
de zoologie. Oui a la queue aplatie.
— ÉTYM. Lat. depressus, comprimé, et cauda,
queue.
t DÉI'RESSICOLLK fdé-pré-ssi-ko-1') , adj. Terme
de zoologie. Qui a le cou ou le corselet aplati.
— ÉTYM. Ut. deprtstut, comprimé, et collum,
cou.
t DÉPBESSICORNE (dé-prè-ssl-kor-n-), adj. Terme
DÉP
de zoologie. Qui a des cornes ou des antennes apla-
ties.
— ÉTYM. Lat. depressus, aplati, et corne.
t DÉPRESSIF, IVE (dé-prè-ssif, ssi-v'), adj. Terme
didactique. Oui déprime, qui cause un enfoncement.
Les actions dépressives qui ont formé les bassins des
fleuves. Il Fig. Qui abat. Passions dépressives.
— ÉTYM. Lat. depressum, supin de deprimere,
déprimer.
I DÉPRESSIOMÈTRE (dé-prè-ssio-mè-tr'), s. m.
Terme de marine. Petit appareil pour apprécier la
dépression de l'horizon.
— REM. Ce mot est aussi mal fait que possible; on
ne peut abréger dépression en dépressio. Le mot
formé avec ces éléments devrait être dépressimètre,
mot hybride sans doute, mais du moins qui ne se-
rait point barbare et contraire à tous les usages
étymologiques.
— ÉTYM. Dépression, el mètre, mesure.
DÉPRESSION (dé-prèsion; en poésie, de quatre
syllabes), s.f.\\l° Abaissement, mise en bas, en-
foncement. On sait depuis longtemps que certaines
cultures n'ont pas lieu dans des dépressions de ter-
rain et réussissent sur des collines; des végétaux
sont atteints par la gelée dans des fonds et ne le
.sont pas sur des hauteurs peu élevées, becquerel,
Acad. des se. Comptes rendus, t. liv, p. 312. || Terme
d'astronomie. Dépression de l'horizon, abaissement
de l'horizon visuel au-dessous de l'horizon vrai.
Il Terme de physique. Abai.ssement qu'éprouvent
certains liquides dans des tubes capillaires. Consi-
dérons le principal de ces phénomènes, celui de
l'ascension et de la dépression des liquides dans des
tubes étroits, laplace, Exp. iy,tT. \\ Terme d'a-
natomie. Aplatissement naturel. On remarque une
légère dépression dans cette partie. || Terme de chi-
rurgie. Abaissement accidentel dans certaines par-
tics du corps. Dépression des os du crâne. || 2° Fig.
Action de rabaisser. Des hommes qui n'ont pas bonne
grâce à chercher, dans la ruine et la dépression les
uns des autres, de coupables succès, des trophées
d'un jour, nuisibles à tout, môme à la gloire, «mK-
w.w, Collection, t. m, p. 379. 113" Diminution, en
parlant des cours des marchés. La dépression d'une
valeur, du cours d'une marchandise.
— HIST. xvi* s. Il restera tousjours quelque de-
pression en la partie, avec dépravation de la jambe,
PARÉ, VIII, 37. Quelquesfois il n'y a qu'une dépres-
sion et enfonceure [du sternum] au dedans sans
fracture, id. xiii, io.
— ÊTYM. Provenç. dépressio; espagn. depresion;
ital. depresiione ; (la latin depressionem, âedepres-
sum, supin de deprimere, déprimer.
■]- DÉPRESSOm (dé-prè-soir), s. m. Instrument
dont on se sert, après l'opération du trépan, pour
abaisser la dure-mère et placer le sindon.
— ÉTYII. Un verbe inusité dépresser (voy. dé-
pression), et la finale oir, qui indique en général
l'instrument.
t DÉPRËTRER ( dé-prê-tré ) ou DÊPRÊTRISER
(dé-prè-tri-zé), v. a. Dépouiller de la qualité de prê-
tre. Il Se déprêtriser, v. réfl. Rejeter la qualité de
prêtre. || Mot qui ne se dit que dans le langage
familier et par une sorte de dénigrement.
— HlST. XVI' s. Il s'estoit desprestré et fait impri-
meur, PALISSY, <04.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, etprêtre. Déprêtriser, qui
est moins bien fait que déprétrer , vient de prêtrise.
t DÉPRÉVENIR (dé-pré-ve-nir), ï. a. ôler les
préventions. Deprévenu enfin sur le compte de cette
personne. |{ Se déprévenir, t). réfl. Perdre ses pré-
ventions.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, etpr^tiemV.
t DÉPRI (dé-pri), s. m. Terme dont on se servait,
en parlant de la remise demandée au seigneur de
fief, pour les lods et ventes d'une terre qu'on vou-
lait acquérir. |{ Déclaration que l'on faisait au bureau
des aides de l'intention où l'on était de transporter
des marchandises pour les vendre.
— ÉTYM. Voy. DÉPRIER.
DÉPRIÉ, ÉE (dé-pri-é, ée), part, passé. Prié à
dîner, puis déprié.
DÉPRIER (tlé-pri-é),jedépriais, nous dépriions,
vous dépriiez; que je déprie, que nous dépriions,
que vous dépriiez, v. a. || 1° Retirer une invitation
qu'on avait faite. La partie étant rompue, il a fallu
déprier tous les invités. Je vais contremander le
souper et déprier nos gens, boissy, f ranpats d Lon-
dres, se. 0. Il 2° Terme de droit féodal. Demander
une remise au seigneur. || Faire le dépri au bu-
reau des aides.
— HIST. xvf s. [La priëre de Midas fut exaucée]
mais il lui fallut desprier ses prières, mont, u, 340.
DÉP
—ÉTYM. Dd.... préfixe, et prier. Dans le français
le plus ancien , deprier répond au latin dtpfecari,
prier pour détourner un mal : xii's. Puis joint ses
mains, si va Deu depriant, flonc. p. 92. Sire, li
reis Henris, fait li li messagier, Vus requier e de-
prie, ciim sun père très chier, Que dous [deux] tels
chardenals li faciez enveier, Th. le mart. BG;xiii*s.
Moult [il] deproia l'empereor Que Renart [il] Il
doinstpar amor, Ben. 4BI45. C'est à ce sens que sg
rapportent les termes de droit féodal dépri t.l dé-
prier.
f DÉPRIMAGE (dé-pri-ma-j') , *. m. Terme d'a-
griculture. Action de déprimer les prairies.
— ÉTYM. Déprimer.
DÉPRI.MÉ, ÉE (dé-pri-mé, mée), part, passé.
Il 1° Mis plus bas. Le sol déprimé en cet endroit.
Il Terme didactique. 11 se dit des parties du corps
dont la forme est aplatie. Une tumeur déprimée a
le centre peu saillant. Cet oiseau a le bec déprimé.
Un front déprimé. || 2° Terme de botanique. Tige
déprimée, tige qui est couchée. Rameaux dépri-
més, rameaux abaissés vers la terre. || Déprimé in-
dique aussi un corps globuleux qui semble avoir
été aplati par pression de haut en bas. Graine dé-
primée. Il 3° Terme de médecine. Pouls déprimé,
pouls faible qui disparaît sous la moindre pression
du doigt. Il 4° Fig. Mis au-dessous du mérite réel,
de la valeur réelle. Cet auteur déprimé par les cri-
tiques. Il Dans un sens analogue, en parlant des
choses. Les vertus déprimées et les vices honorés.
115° S. m. plur. Terme de zoologie. Les déprimés,
tribu de la famille des coléoptères, à courts élytres,
comprenant ceux qui ont le corps aplati de haut
en bas.
DÉPRIMER (dé-pri-mé), v. a. || !• Produire un
enfoncement, une dépression dans une surface. Le
coup a déprimé les os du crâne. |{ 2" Fig. En par-
lant des personnes, mettre au-dessous de la valeur
réelle. On^aimaitàle louer pour déprimer son frère,
MAiNTENON, Lettre à UmedeCaijlus, 16 avril (7)8.
On m'accusera peut-être de vouloir déprimer Ra-
cine;ma réponse sera courte, d'aleub. vi, 4«. Moi-
même ami des grands, parfois je les déprime, gilb.
Mon apol. Il Dans un sens analogue, en parlant des
choses. Si vous ne sentiez pas en lui [le prochain]
quelque excellence, par laquelle vous voulez croire
que vous êtes déprimé, vous auriez pour lui des dis-
positions plus équitables, Boss. Pensées chrét. xii.
[Les panégyristes] Dans une autre occasion ils dé-
primeront les vertus qu'ils ont élevées, en faveur
de quelque autre sujet qu'ils voudront flatter, fén.
t. XXI, p. 25. Et souvent des étrangers, qui n'avaient
pas le même intérêt de déprimer sa réputation,
ont été frappés de la contradiction qu'ils observaient
entre l'opinion des sociétés de Paris et le juge-
ment de l'Europe , condorcet, d'Àlembert. Les
uns faisaient valoir le pouvoir des États, d'autres le
déprimaient, anquet. Ligxte, m, p. 254. || Humilier.
Si l'homme s'estime trop, tu sais déprimer son or-
gueil, BOSS. Mort, 4. Le gouvernement turc a dé-
primé les Grecs et abruti les Égyptiens , volt.
Mœurs, 3. || 3° Terme d'agriculture. Faire paître,
au printemps, les premières pousses des prairies ou
des champs de céréales. || 4° Se déprimer, v. réfl.
Se rabaisser. Les envieux se dépriment les i^ns les
autres. |1 Être déprimé, enfoncé. 11 arrive, dans un
coup violent sur la tèle, que les os se dépriment.
— HIST. XII* s. Li sires fait povre e fait riche, or-
gueil depriemt, li humble eslieve. Bois, 7. || iiv*s.
La cité estoit grevée et déprimée par guerres et par
chierté de vivres, bercheube, f" 46, recto. || xvi* s.
Mais par défaut d'e.spritcelestiel. En t'aymant trop,
tu me hays et déprimes, marot,iii, 284. 11 ne faut
pas entendre qu'il ait tellement receu nostre malé-
diction, qu'il en ait esté couvert et accablé; mais
au contraire, en la recevant, il l'a déprimée, rom-
pue et dissipée, calv. Instit. 392. Et pourtant ne
fault-il pas du tout ravaller ny déprimer si fort la
nature humaine, amyot, de la tranq. d'âme, 30. Et
où il adviendroit que l'os seroit rompu et déprimé
d'un costé seulement, sans que toute la pièce fust
enfoncée.... paré, viii, 6. Il n'y a aulcun de nous
qui s'offense tant deseveoir apparier à Dieu, comme
il faict de se veoir déprimer au reng des aullres ani-
maux : tant nous sommes plus jaloux de nostre in-
terest que de celuy de nostre Créateur, mont, n,
2(1. Je sçais bien, quand j'ois quelqu'un qui s'ar-
reste au langage des Essais, que j'aimerois mieulx
qu'il s'en teust; ce n'est pas tant eslever les motg,
comme desprimer le sens, d'autant plus picquam-
ment que plus obliquement, id. i, 293.
— ETYM. Provenç. depremer ; espagn. depri-
mir; ital. deprimere; du latin deprimere, do la
DEP
préposition de, eXpremerc, presser (voy. pression).
L'ancienne conjugaison était depreinre, formé ré-
gulièrement snr deprimere où l'accent est sur pri.
4. DÉPRIS, ISE (dé-pris, pri-z'), part, passé do
déprendre. Séparé de ce qui avait pris. Deux cram-
pons dépris l'un d'avec l'autre. Ces deux lutteurs
dépris l'un de l'autre. || Fig. Comme on est [par la
simplicité] intérieurement dépris de soi-même par
le retranchement de tous les retours volontaires,
on agit plus naturellement, fén. t. xvui, p. 457.
2. DÉPRIS (dé-pri), s. m. Sentiment par lequel
on déprise, et qui est moins fort que le mépris.
Il Vieilli.
— HiST. XVI' S. Bacchus tant feut des Indiens des-
prisé qu'ilz ne daignarent luy aller encontre.... en
cestuy despriz, Bacchus tousjours guaignoyt pays,
BAB. Pant. V, 39. Peut-estre que le despris que do-
rénavant j'en ferai tous chastiera, maeoheh. Kou-
vell. VI.
— ÉTYM. Voy. DÉPBISER.
t DÊPRISABLE (dé-pri-za-bl') , adj. Qui mérite
d'être déprisé.
— HIST. xvi* s. Tu te rends desprisable à un cha-
cun, le Prince de Uachiavel, p. 97, dans lacurne.
j DÉPRISANT, ANTE (dé-pri-zan, zan-t'), adj.
Qui déprise. Employer une expression déprisante.
DÉPRISÉ, ÉE (dé-pri-zé, zée) , pari, passé. Des
marchandises déprisées. Les forces de l'ennemi trop
déprisées. De là sur l'Hélicon deux partis opposés
Régnent, et l'un par l'autre à l'envi déprisés, Gil-
bert, A' Vlll^ siècle.
] DÉPRISEMENT (dé-pri-ze-man), s. m. Action de
dépriser.
— IlIST. XVI' s. Courage invincible, asseurance
parfaicte, deprisement de tout ce pour quoy les hu-
mains tant veillent, courent, travaillent, naviguent
et bataillent, rab. Garg. i. Prologue.
— ÉTYM. Dépriser; provenç. despreziament ; anc.
espagn. despreciamiento ; ital. dispregiiamento ,
disprcgiamento.
DÉPRISER (dé-pri-zé), V. a. \\ 1» Diminuer le
prix, le mérite d'une chose, d'une personne. Ne
déprisez pas cette propriété. Plus il [l'écrivain sacré]
entasse de choses ensemble, plus il déprise ce qu'il
entasse avec soin, boss. Concupisc. 12. N'est-ce
pas s'avilir soi-même que de dépriser à ce point toute
l'humanité? mass. Pet. car. Humanité des gr. Je
ne prétends pas dépriser Corneille; mon commen-
taire n'est ni un panégyrique ni une censure, volt.
Sur Poly. Apprenez à aimer tous les hommes et
même ceux qui les déprisent, j. j. houss. Ém. iv.
Il Absolument. On ne déprise avec affectation que
parle chagrin de ne pouvoir mépriser, nucLos, dans
le Dict. de poitevin. || 2° Se dépriser, ti. réfl. Rabais-
ser ce qu'on est, ce qu'on vaut. Attentif à guetter
l'opinion qu'on avait de lui, il lui arrivait souvent
de parler de lui-même avec une humilité feinte,
pour éprouver si l'on se plairait à l'entendre se
dépriser, marmontel, Uém. v. || Se rabaisser réci-
proquement. Ces deux hommes se déprisent sans
cesse.
— SYN. DÉPHiSEH, MÉPRISER. Dépriser, c'est di-
minuer le prix; mépriser, c'est ôter le prix. L'envia
s'efforce de dépriser les belles actions. La grandeur
d'âme méprise la vengeance.
— HlST. xiii's tant [il] se hait et desprise Qu'il
perl sa force et sa vigueur, audefr. le hast. Ro-
mancero, p. 9. Plus les servent, plus les desprisent,
la Rose, 7582.... Por ce que il me semble que il a des-
prisié et despité le seignor, Ass. de J. (05. || xiV s.
Et par ces deux manières il desprisent ou font pe-
tis les profis par eulz receus, oresme, Eth. 255.
Il xv s. Je ne dis pas pour despriser les autres na-
tions, mais ceulx-là ont eu de grandes victoires,
COMM. II, 2. Il XVI' s. Nous les obscurcissons [les
grâces des autres], ou desprisons le plus qu'il nous
est possible, calv. Instit. 541. Afin qu'il connoisse
de combien vous desprisez [méprisez] sa folie, marg.
Nouv. IV. Se louer soy mesme est aussi importun,
comme se despriser et blasmer, amyot, Arist. et
Coton comp. < i . X fin que (|uelque jour ils acquis-
sent cesie louange, d'avoir remis en prix ce qui es-
toit desprisé, langue, 280 Comme les fins mar-
chands qui desprisent ce qu'ils ont plus grande envie
d'acheter, yver, p. 532. Bacchus tant feut des In-
dians desprisé que ilz ne daignarent luy aller encon-
tre, RAB. Pant. V, 39. Il me semble qu'aussi sou-
vent on me loue qu'on me desprise , oultre la raison ,
MONT. IV, 4)4.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et prix; provenç. despre-
sar, despreciar; espagn. despreciar; portug. des-
yreiar; ital. dispreizare, dispregiare.
t DÉPRISONNEMENT (dé-pri-zo-ne-man) , t. m.
BEP
Action de déprisonner ; état de celui qui est dépri-
sonné.
— HIST. xvi° s. Deprisonnement , monet, Dict.
— ÉTYM. Déprisonner.
t DÉPRISONNER (dé-pri-zo-né) , v. a. Tirer de
prison.
— mST. xiii' s. Par foi, font il, cis fox [ce fou]
nous trufe [trompe], Quant si le vùet desprisonner
Et nous traîr par sermonner, la Rose, 4 6263. ||xv"s.
Oultre fut dit et ordonné Que Ferrieres leur cappi-
taine Rendroit Gaucourt desprisonné Avec ung autre
chevetaine, martial de paris, Vig. de Charles Vil,
t. I, p. 4 77, dans LACURNE. Je vous deprisonnerai
de votre veu, J. de Saintré, p. 34 9, dans lacurne.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et prison.
DEPROFUNDIS (dé-pro-fon-dis'), s. m. Le sixième
des psaumes de la pénitence qu'on chante aux ser-
vices funùbres. Dire un De profundis. Se mettre
dans un cercueil et chanter son De profundis, volt.
Mœurs, 4 26. || Familièrement et par ironie. Gai
comme un De profundis, fort triste.
— ÉTYM. De profundis, premiers mots du psaume
cxxix, qui est le sixième des sept psaumes de la
pénitence ; de la préposition de, et profundis, pro-
fond : Des lieux profonds j'ai crié vers toi, ô Sei-
gneur.
t DÉPROniBER ( dé-pro-i-bé ) , «. O. Cesser de
prohiber, annuler une prohibition.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pro/ii'fcer.
t DÉPROIIIBITION (dé-pro-i-bi-sion), s. f. Levée
d'une prohibition.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, el prohibition.
f DÉPROMETTRE (dé-pro-mè-tr'), je dépromets,
nous dépromettons; je dépromettais; je dépromis;
je dépromettrai; dépromets; que je dépromette; que
je dépromisse; dépromettant; dépromis, v. a. Reti-
rer une promesse. Si je te l'ai promis, je te le dépro-
mets, mol. Pourc. II, 6. Je crois, encore un coup,
qu'il vous l'a promise [ma fille, en mariage]; mais
il peut vous la dépromettre ; car, apparemment, il
n'en sera rien, hauteroche, Crispin médecin, i,
3. Je me suis bien promis qu'en faveur de l'affaire
Vous feriez de vos biens donation entière.... —
Vous vous êtes promis?... il faut vous dépromettre,
REGNARD, Uéncchm. 1, 5.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, ti promettre.
+ DÉPROPRIEMENT (dé-pro-pri-man), s. m. Nom
qu'on donnait au testament du grand maître ou des
chevaliers de Malte.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et propre, ce qui appar-
tient.
t DÉPROUVER (dé-prou-vé) , V. a. Détruire une
preuve.
— HIST. XIII' s. Et por pe que aucun porroient
dira que ce ne pot estre que je puisse desprover ce
qui est prové contre mi.... beaum. xxxix, 23.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et prouver.
t DÉPROVINCIALISER (dé-pro-vin-si-a-li-zé) ,
V. a. Faire perdre les manières provinciales, jj Se
déproviucialiser, v. réfl. Perdre les manières pro-
vinciales.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et profinciaZ.
t DÉPUCELAGE (dé-pu-se-la-j'), s. f. Terme très-
libre. Action de dépuceler.
— HIST. XVI' s. Zenon, parmi ses loix, regloit
aussi les escarquillements du despucelage, mont.
m, 330.
— ÉTYM. Dépuceler.
DÉPUCELÉ, ÉE (dé-pu-se-lé, lée), part, passé.
DÉPUCELER (dé-pu-se-lé. Vl se double, quand
la syllabe qui suit est muette), v. a. Terme très-
libre, ôter le pucelage. Hercule .... écrasant les
monstres, dépucelant les filles, dideb. Salon de
4 767, Œuvres t. xv, p. 4 03, dans pougens.
— HIST. xii* s. Por de besanz plaine mine com-
blée, Ne vos voudroie avoir despucelée, Guill. d'O-
range, Variantes, t. ii, p. 294. || xm" s. Â force la
vousistes avoir despucelée, Berte, cxvi. || xV s. Ils
cuidoient, à la vérité, qu'elle jetast ce cri à la des-
pucelée, comme c'est la coustume en ce royaume,
LOUIS XI, Nouv. xxix. Il XVI' s. Vous vous trouveriez
mal appointé, et peut estre vous feroit on accroire
que vous avez dépucelé une nourrice, cholières.
Contes, t. I, matinée 3, f° 74, dans pougens.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, eipucelle; provenç. des-
piucelar; ital. spulcellare.
t DÉPUCELEUR (dé-pu-se-leur) , s. m. Un dépu-
celeur de nourrices, se dit par moquerie, dans un
langage très-libre, d'un fanfaron en amour, et fig.
de celui qui se vante, comme de choses extraordi-
naires, de ce que tout le monde a fait avant lui.
— ÉTYM. Dépuceler.
t DÉPUCELLEMENT (dé-pu-sè-le-man), s. m.
DEP
1079
Terme de drcit coutumier. Action de dépuceler,
nom du droit Ju seigneur dans certains pays. || Il
s'emploie auss! dins le langage libre comme dépu>
celage.
— ÉTYM. Dépuceler.
DEPUIS (de-pui; l'sselie: de-pui-z un an).
Il 1° J'r^p. marquant un rapport de lieu, l'intervalle
d'un point à un autre. La France s'étend depuis les
Alpes jusqu'à l'Océan. Il Fig. Quelle distance depuis
l'instinct d'un Lapon ou d'un nègre jusqu'à l'inteUi-
genced'un Archimède ou d'un Newton! marmontel,
dans girault-dovivier. |1 Depuis marquant un rap-
port d'ordre, de succession. Je les ai tous vus depuis
le premier jusqu'au dernier. Depuis le prophète
jusqu'au prêtre, toutes les actions ne sont que men-
songe, SACi, Bible, Jérémie, vin, 40. || Depuis mar-
quant un rapport de temps. Je vous attendrai de-
puis cinq heures jusqu'à six. Depuis le lever du
soleiljusquesà la nuit, les troupesde Darius ne ces-
sèrent de défiler, vaugel. Q. C. liv. m, ch. 2, dans
richelet. L'un à l'autre attachés depuis notre nais-
sance, VOLT. Zaïre, ii, 2. [[Depuis, avec un nom
de personne ou un pronom personnel, signifie pos-
térieurement à. Il est venu depuis moi. || De-
puis quand? depuis combien de temps? Et depuis
quand, seigneur, tenez-vous ce langage? rac.
tphig.i, 4. Quel ornement, madame, étranger en
ces lieux! Depuis quand l'avez-vous? id. ib. ii, 3.
jl Depuis peu, depuis peu de temps. Il est arrivé
depuis peu. || Depuis lors, depuis ce temps-là. Il se
comporta d'une manière inconvenante; depuis lors
on ne l'a pas revu. Humbert dit, dans le Glossaire
genevois, que cette locution ne se trouve que dans
J. J. Rousseau, de Saussure et les écrivains suisses.
En tout cas , c'est une locution commune, rationnelle,
et formée comme dès lors. \\ 2° Adv. 11 est parti
il y a un an, je ne l'ai pas revu depuis. Et tu sais
que depuis , à chaque occasion , Je suis tombé
pour toi dans la profusion, cokn. Cinna, v, t. «
Et depuis, jusqu'ici, chaque jour, ses courriers
M'apportent en tribut ses vœux et ses lauriers ,
m. Pomp. II, 4. Depuis, comme à votre heur toute
chose conspire. Votre oncle encor vivant vous ré-
signa l'empire , rotrou , Bélis. v , 6. Mais qui
sait si depuis Je n'ai point en secret partagé vos
ennuis? rac. Andr. ii, 2. 11 me fallut depuis gé-
mir de votre absence, volt. Zaïre, ii, 2. || 3° De-
puis que, loc. conj. suivie de l'indicatif, depuis le
temps où.... Depuis qu'elle [Rome] se voit lamaîtresse
du monde. Depuis que la richesse entre ses murs
abonde, corn. Cinna, il, 4. Depuis que le Sei-
gneur m'a reçu dans son temple, sac. Athal. iv,
I. Depuis que je suis né, j'ai vu la calomnie....
VOLT. Tancr. Il, 3. Non, depuis qu'en ces lieux
mon âme fut vaincue. Depuis que ma fierté fut ainsi
confondue.... ID. Orphel. ii, 8. || 4» Depuis, dans le
même sens, avec l'infinitif. Depuis avoir connu feu
M. votre père, j'ai voyagé par tout le monde, mol.
Bourg, gentilh. iv, 6. Villacerf ne remit pas le pied
à la cour depuis s'être démis des bâtiments, st-sim.
70, 458. Il Cette tournure, quoique peu usitée pré-
sentement, mérite d'être employée. || S" Depuis que,
dans le sens de dès là que , dés lors que , lors-
que. Il n'est rien qui ne cède à l'ardeur de régner;
Et, depuis qu'une fois elle nous inquiète, La nature
est aveugle et la vertu muette, corn. Nicom. ii, 4.
Les rois ne sont plus rois depuis que leur puissance
Laisse à la calomnie opprimer l'innocence, rotrou,
Bélis. V, 5. Mais depuis qu'une vie est tombée en
tes mains, Ô mort, pour la ravir tous nos efforts
sont vains, id. Antig. v, 8. Voltaire, dans ses notes
sur le Menteur de Corneille, a condamné cette tour-
nure. De fait elle a cessé d'être en usage.
— REM. 1. Du depuis est une locution qui est tout
à fait tombée en désuétude, et hors du bon usage.
On la trouve dans des auteurs de la première moitié
du XVII' siècle: Je craignais tous ces traits que j'ai
sus du depuis, Régnier, Élég. 3. Le cardinal avait
témoigné une douleur sensible de l'injustice qu'il
m'avait faite et qu'il avait clairement reconnue du
depuis, RETZ, II, 466. Il 2. Dans depuis qtie, la lo-
cution complète est depuis ce que, comme on peut
le voir à l'historique.
— HIST. XIII' s. [La ville] Fut Namur apelée de-
puis communaument, Berte, ix. Despuis en fut la
vile assez plus asservie, ib. lx. Despuis qu'ele ot de
vous la nouveleescoutée, ib. lxxxii. Signer, moult
se demontoit Floire, Despuis qu'il revint de Mon-
toire, FI. et Bl. 793. {| xiV s. Depuis ce qu'ils es-
toient couchiés, Ménagier, i, 6. || xV s. La roina
d'Angleterre et son fils en aima depuis le cheva-
lier et la dame à toujours, froiss. i, i, 42. || xvi' s.
Depuis qu'Adam fust tempté de vipère, (k>nceu a*
1080
DÉP
fut sans péché créature, j. marot, v, 334.CeJxqui
nient que Jesus-Christ ait esté fils de Dieu que de-
puis avoir vestu nostre chair, ne font que caviller
malicieusement, calv. Instit. 374. D'puis au dis-
ner jusques au souper, une larme n'attendant 1 aul-
tre, elle ne cessa de me prescher, maro. Lettre 20.
Depuis mercredy Madame s'est trouvée beaulcoup
plus mal qu'elle n'avoit esté despuis qu'elle a com-
mencé h se lever, id. ib. 40. Ces paroUes achevées,
s'escarla de la compaignie; depuys, ne feut possi-
ble tyrer de luy mot quelconque, rab. Pant. m, 46.
l'asquil ha faict depuvs nagueres ung chansonnet
auquel il dict.... id. Ep. (3. Depuis qu'on est planté
en butte aux canonades.... mont, i, 49. Il ne veit
oncques ce discours, depuis qu'il luv eschajipa, id.
I, 206. Depuis le jour que je le perdis, id. i, 2|o.
Il soufTroit la mesme passion en son cueur, que" Je-
mistocles longtemps depuis [après] souffrit, amïot,
Thésée, 8. Au reste depuis [après] la mort de son
père iiîgeus, il entreprit une chose grande à mer-
veille, ID. t'b. 28. X Sparte, depuis que l'enfant estoit
né, le père n'en esloit plus le maistre,iD. Lyc. 32.
Kt se feit porter de[mis la cour du roy jusques à la
coste de la mer Mediterrane, ID. l'élop. 66. Aussi
n'estoit-il point cholere , n y prompt à se courrou-
cer; mais depuis qu'une fois il l'estoit, on avoit
beaucoup affaire à le rappaiser, id. Cat. d'Utiq. <.
— ÈTYM. Dé.... préfiie, et puis ; Berry, dépens,
dépuye, dépuire; bourguig. depext, depô; wallon,
dipeû, dispeû, di«pdi'e;provenç. despuuis, depueis,
depos; anc. catal. depus, depuys; espagn. despues;
portuK- depnis; ital. dopo.
DÉPURATIF, IVE (dé-pu-ra-tif, tiv'), ad). Terme
de médecine. Oui passe pour avoir la propriété de
dépurer le sang, les humeurs. Remède dépuratif.
Il S. m. Un dépuratif. Les dépuratifs sont ou des
diurétiques ou des diaphorétiques.
— Rtym. Dépurer; provenç. depuratiu.
« DÉPURATION (dé-pu-ra-sion), s. f. \\ 1» Action
par laquelle on dégage un corps quelconque des
matières qui en altèrent la pureté. La dépuration
d'un métal. |{ 3" Terme de pharmacie. Séparation
spontanée qui se fait dans un liquide trouble lors-
qu'on le laisse en repos dans un vase cylindrique.
La dépuration n'est le plus souvent qu'un prélimi-
naire de la clarification. || 3" Terme de pathologie.
Travail par lequel l'économie animale se purifie ou
plutôt se débarrasse de ce qui la trouble. La petite
vérole n'était qu'une simple dépuration du sang,
VOLT. Jenni, 9.
— HIST. XIII* s. Ne voit l'en comment de fogiere
Font cil et cendre etvoirre nestre Qui de voirrerie
sunt mestre Par depuracion legiere? laRose, 46302.
Il xiv s. Les ungs [métaux] par dépuration Reçoi-
vent grant perfection , Nat. à l'alch. err. )23.
— ÊTYM. Dépurer; provenç. depuracio; espagn.
depuracion; ital. depuraxione.
DÊPURATOIRE (dépu-ra-toi-r'), adj. Qui sert à
dépurer. Machine, fontaine dépuratoire. || Terme de
médecine. Maladies dépuratoires, maladies qu'on
croyait servir à dépurer la masse des humeurs : la
variole, la rougeole, etc.
- ÊTYM. Dépurer.
DÉPURÉ, ÉE (dé-pu-ré, rée), part, passé. Un li-
quide dépuré.
DÉPURER (dé-pu-ré), v. a. Terme de chimie et
de médecine. Purifier. Dépurer un métal. Dépurer
le sang. || Se dépurer, v. réfl. Devenir pur. Le sang
continue à se dépurer, par le mouvement de la cir-
culation, de tout ce qui lui restait de molécules non
organiques, bupf. Animaux, HeproduUion.
— SYN. DÉPUBER. ÉPURER. Ces deux mots ne dif-
fèrent que par la préposition : de, signifiant ôter de;
e, signifiant faire aller hors. Dépurer un liquide,
épurer un liquide sont vraiment synonymes. Mais,
au delà, il n'y a plus de synonymie: dépurer ne se
dit qu'au propre, tandis que épurer s'emploie très-
bien au figuré.
— HlST. xiV s. Mais luy, estant dans son mer-
cure. C'est à dire nonc séparé De la mine, ains
fort desDure, Traité il'a'ch. :i76. || xvi' s. On pourra
mesler ces huiles avec les sucs dépurés de pourpié,
de laictue, pare, xx bis, (0.
— ETYM. il'.... préfixe, et pur; provenç. et es-
pagn. depiirar; ital. depurare.
DÊPUTATION (ilé-pu-la-si»n;en poésie, de cinq
syllabes), s. (. || l» Envoi solennel de personnes
chargées d'un message pour quelqu'un. Essayons
de ramener les esprits par une seconde députation ,
VAUOEt.. Q. C. dans riciielet. Il proposa de faire
une députation au roi, eév. 233 Ils ne vont pas en
députation au-devant de M. de Grignan, id. 689.
\[i' Fonction de député à une assemblée délibé-
I/ÉQ
rante. Aspirer à la députation. C'est dans le temps
que nous voulons la députation pour mon fils, dont
apparemment M. de Chaulnes sera le maître cette
année, sÉv. 668. |{ La députation d'un département,
tous ses députés. || Députation des États, nom, dans
plusieurs gouvernements constitutionnels, d'un co-
mité revêtu de certaines attributions en l'absence
(les États. Il Assemblée des États de l'empire germa-
manique, dans laquelle se réglaient certaines af-
f..ires renvoyées par la diète.
— HIST. XVI' s. Sire, j'ai esté député des églises
malgré moi, et pendant que bien d'autres briguoient
cette députation, d'al-b. Vie, cix.
— ÉTYM. Lat. deputationem, répartition, de depu-
tare (voy. DépuTEB).
'. DÉPUTÉ, ÉE (dé-pu-té, tée) , part, passé. Les
membres du conseil députés pour aller faire des re-
présentations au ministre.
2. DÉPUTÉ (dé-pu-té), s. m. || 1° Celui qui est
chargé de certain message solennel auprès d'un
prince ou d'une puissance. Le député vint donc, et
fit cette harangue : Romains, et vous, sénat assis
pour m'écouier.... la font. Fabl. xi, 7. Les dépu-
tés du peuple et les chefs des soldats, volt. Irène,
IV, 2. Puisque les actionnaires se sont réservé en
commun le cajiital hypothéqué de leurs actions et
qu'ils ont une caisse particulière et des députés pour
veiller à leurs intérêts, raynal, Hist. phil. iv, 27.
Il 2" Celui qui devient, par élection, membre d'une
assemblée délibérante. Les députés aux états géné-
raux. Il Particulièrement, celui qui fait partie de ce
qu'on appelle ordinairement seconde chambre, par
opposition à chambre des pairs, à sénat. La chambre
des députés. Les députés au corps législatif. || Pro-
verbe. Les députés de Vaugirard qui viennent en
corps, et ne sont qu'un, se dit par raillerie des so-
lennités qui se font pour peu de chose.
— HIST. xiV s. Le visiteur ordenera un depputé
à chascun passaige, qui les dites laines pèsera, Or-
donn. dans le Dict. de dochez. || xvi" s. Députés
[hommes choisis, désignés pour faire une chose],
AMYOT, Lyc. 35. Ce député est choisi au sort, mg.nt.
Il, 267.
— ÊTYM. Député i.
DÉPUTER (dé-pu-té), ». o. || 1" Envoyer comme
député. Madame, le sénat nous députe tous deux
Pour vous jurer encor qu'il suivra tous vos vœux,
CORN. Pulch. v, 2. L'ambassadeur est l'homme du
prince qui le députe, bodrd. Pensées, 1. 11, p. 491.
Cet homme ainsi blti fut député des villes Que lave
le Danube; il n'était point d'asiles Où l'avarice des
Romains Ne pénétrât alors et ne portât les mains,
LA font. Fabl. XI, 7. || 2" Absolument. Envoyer une
députation. L'erreur alla si loin qu'Abdère députa
Vers Hippocrate, et l'invita X venir rétablir la rai-
son du malade, la font. Fabl. vui, 26. On court,
on s'assemble, on députe A l'oiseau : seigneur Cor-
moran, D'où vous vient cet avis? Quel est votre ga-
rant? id. Fabl. X, 4. 11 déclara ouvertement qu'il
ne se séparerait point d'eux, et leur conseilla de
députer vers le prince, pour savoir de lui-même
contre qui il prétendait les mener, rolun, Hist.
anc. t. IV, p. 145, dans POLGB^s.
— HIST. xv s. Lieu que nous avons député et or-
donné, On/onn. dans le Dict. de dochez. || xvi' s.
Sans en faire plus longue inquisition, ils ont député
un anneau à cet usage, beau et riche, ne considé-
rant point la pauvreié en laquelle a vécu la sainte
Vierge, Calvin, t6t. La dernière portion [des
biens] estoit députée pour la réparation des temples
et autres despenses extraordinaires, id. Inslit. 880.
Depuis que l'enfant estoit né, le père n'en estoit
plus le maistre, ains le portoit en un certain lieu à
ce député, là où les plus anciens de la lignée visi-
loient l'enfant, amyot, Lyc. 65. On députa les pre-
miers et principaux personnages de l'une et de l'au-
tre partie pour envoyer devers luy, ni. Numa, 6.
Le cynosarges estoit un parc di'puté aux exercices
des jeunes gens, id. Thém. t. Si ne feust pas plus
tost député à celle charge, qu'il.... ID. Caton, 2t.
— ÉTïM. Provenç. deputar ; espagn. deputar, di-
putar ; ital. dcputore; du latin di'pulare, tailler,
assigner, de la préposition de, et pulare, tailler,
penser (voy. putatif). Députer, c'est proprement
assigner, puis, de là, confier une mission.
t DÉQUALIFICATION ( dé-kali-fi-ka-sion ) , s. f.
Perle d'une qualification.
— ÊTYM. Déqualifier.
t DÉQUALIFIER (dé-ka-li-fi-é), v.a. Enlever une
qualification, une qualité.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et qualifier.
t DÉQUILLER (dé-ki-llé, /i mouillées), v.a.
Terme du jeu de quiUas, Frapper une quille avec
DÉR
la boule, de manière à lui faire quitter sa place, à
la jeter hors du carré du jeu. || Fig. et familière-
ment, déposter, chasser d'un poste, d'une fonction.
On l'a déquillé à son grand regret. Vous voilà dé-
quillé.
— HIST. XVI' S. Duras, voulant prendre sa place,
l'accusa en mesme temps aux deux cours d'estre
double, et, pour peu d'indice qu'il en pjst appor-
ter, le desquilla facilement de l'une et de l'autre,
d'aub. Hist. II, 222.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et quille.
t DÉRACINABLE (dé-ra-si-na-bl') , adj. Qui peut
être déraciné, au propre et au figuré.
— ÊTYM. Déraciner.
DÉRACINÉ, ÉE (dé-ra-si-né, née), part, passé.
Dont les racines ont été arrachées de terre. Des ar-
bres aussi anciens que le monde sont déracinés, ou
leurs débris dispersés, ray.nal, Hist. phil x, 6.
Il Fig. Une opinion déracinée par la parole et par
les livres. Le plus noble orgueil y germa sur les
débris de la vanité déracinée, j. j. houss. Conf. a.
DÉRACINEMENT (dé-ra-si-ne-man) , s. m. Action
de déraciner un arbre. Le déracinement d'un chêne.
Il État de ce qui est déraciné.
— ÊTYM. Déraciner.
DÉRACINER (dé-ra-si-né), v. a. \\ 1° Renverser ce
qui tient au sol par racines. Le vent redouble ses
efforts Et fait si bien qu'il déracine Celui de qui la
tête au ciel était voisine Et dont les pieds touchaient
à l'empire des morts, la font. Fabl. i, 22. Ce grand
Dieu qui se vante de déraciner par son souffle les
cèdres du Liban, tonne pour ab.ttre les feuilles
des arbres, boss. la Valliire. Je le voyais déraciner
sans peine d'une main les hauts sapins, fén. Tél.
XV. Il Fig. Vous avez été choisi pour déraciner ma
vie de la terre; j'y tenais par un lien trop fort,
STAËL, Corinne, xx, 3. ||2"' Par extension. Déraci-
ner un cor, l'extirper. || Faire sortir de sa place. Et
d'un grand maître tireur d'armes, qui vient avec ses
battements de pied, ébranler toute la maison et nous
déraciner tous les carreaux de notre salle, mol. B.
gcnt.m, 3. Il 3° Fig. Ôter, enlever, faire disparaî-
tre. Chacun se doit connaître et, par un exercice,
Cultivant sa vertu, déraciner son vice, Régnier,
Sat. XV. Par là de nos trois cœurs l'amitié ressaisie
En déracinerait et haine et jalousie, corn. Othon,
II, 4. Oui pourrait l'affermir dans un saint exercice
Qui du cœur tous les ans déracinât un vice, id. Imit.
I, Il Regarde en autrui Tout ce qui t'y déplaît,
tout ce qu'on y censure. Et déracine en toi ce qui
te choque en lui, id. ib. 1, 25. St Dernard fît un
voyage dans ces pays-là pour y déraciner ce mau-
vais germe, et les miracles qu'il y fit en confirma-
tion de la vérité cathoUque sont plus éclatants que
le soleil, boss. Var. xi, § 36. Commencez à déraci-
ner vos vicieuses inclinations, mass. Car. Jeûne.
Il Déraciner les abus, les faire disparaître. || 4° Se
déraciner, v. réfl. Perdre son enracinement. Cet
arbre se déracine. {| Fig. Les opinions anciennes ne
se déracinent pas facilement. Souvent le vain or-
gueil par là se déracine, L'amour- propre se mine,
Et fait place aux vertus avec facilité, corn. Imit.
II, 2.
— HIST. xiv S Et si t'enfourme [conduis-toi
de telle manière], K'orruel de ton cuer desrachin-
nes, J. DE CONDET, p. (58. || xvi' s. Timoleon pensa
d'affranchir aussi les autres villes, et de tout poinct
exterminer et déraciner les tyrannies de Sicile,
AMYOT, Timol. 34.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et racine ; picard, déra-
cheiner, déracher; provenç. desraygar, desratigar ;
anc. catal. desreygar ; espagn. desraigar ; ital. dis-
radicare. Le provençal, l'espagnol et l'italien sont
formés de raii, radice, racine.
t DÉRACINEUR (dé-ra-si-neur) , s. m. Celui qui
déracine. Los niveleurs étaient de plusieurs espèces :
les uns, les fouilleurs et les déracineurs, s'empa-
raient des bruyères, ciiateaub. Suarts, 248.
— ÊTYM. Déraciner.
t DÉRADELPHE (dé-ra-dèl-P), adj. Terme de
tératoliigie. Monstre déradelphe, et, substantive-
ment, un déradelphe, monstre composé de deux
individus réunis par le cou.
— ÊTYM. Aéfti, cou, et à&ii.ifi;, frère.
t DÉRADELPUIE (déia-dèl-fie), i. f. État du
monstre déradelphe.
DÉRADER (dé-ra-dé), e. o. Terme ue mar.ne.
Emporter, en parlant d'un gros temps, d'un vent
violent, un vaisseau hors de la rade, avec ses an-
cres. Il Terme de pèche. Désagréer un bateau quand
la saison de la pèche est finie.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et rade.
t DËRAIOIR , voy. déboidir.
f DfiRAII.fi, ÉE (d<5-i-ô-16, 16e), part, passé. Sorti
hors des rails. Un convoi dérailé.
t DÊRAILEMENT (dé-rè-le-man) , ». m. Action
de dérailer; résultat de cette action.
— REM. Ce mot se trouve écrit d'ordinaire dc'raiV-
lement, et est prononcé dé-ra-lle-man , avec II mouil-
lées; mais c'est une erreur de la prononciation et
de l'orthographe. Voy. dérailer.
■;• DÉRAILER (dé-rè-lé), v.n. Sortir des rails, en
parlant d'un convoi sur un chemin de fer.
— REM. Ce mot est écrit d'ordinaire dérailler, et
prononcé dé-ra-Ué, K mouillées; mais c'est une er-
reur, puisqu'il vient de l'anglais rail, prononcé en
anglais r'i. Il vaut mieux suivre la prononciation
anglaise, que cette mauvaise prononciation qui rap-
proche dérailer de railler, et ne pas tenir compte
de l'orthographe, pas plus qu'on ne fait pour kecp-
sake qu'on prononce non comme il est écrit, mais à
l'anglaise, ki-psè-k'.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et angl. rail, rail de che-
min de fer (voy. rail).
DÉRAISON (dé-ri^-zon) , ». f. Manque, absence de
raison dans les paroles ou les actions. Qu'est-ce que
le péché, sinon une erreur et une déraison? fén.
t. III, p. 3(7. La raison parfaite va plus loin: elle
supporte en paix la déraison d'autrui , id. Dial. des
morts anc. Socr. Alcib. et Timon. Cela nous paraî-
tra d'une grande déraison, montcrif, dans desfon-
TAINES. Qui t'anime aujourd'hui ? par quelle déraison
Rappeler les malheurs de toute ma maison? lemerc.
Agatnemnon, iv, 6.
— HIST. XII* s. Tel poesté ne puet nul chardenaus
aveir; Par mei n'aura nul d'els de desraisun poeir,
E poesté de pape n'aura par mun voleir. Th. le
mart. 68. ||xiii" s. Certes, moult est laide chose et
vilaine, que il est de çaiens forclos, et moult i est
grans la mesproison por vous, et la desraisons de
che que il oncques le fust, n. de valenc. xviii. Et
cil monstrerent la besoigne et la desraison que lor
dame lor faisoit, Chron. de Rains , 228. Seigneur,
vous iesles tout mi home, et je suisvostre sires.... et
vous ai moultamés.... et donné du mien largement,
et ne vous fis onkes tort ne desraison, ains vous ai
toujours menés par droit, ib. 4 47. [On blâme une
dame] De la desraison qu'ele fait. Qui loial amant
morirlait [laisse], Bi. et Jeh. < 007. En tex [tels] dons
n'a pasdesreson.ta Ziose.saeo. Oiez, prélat et prince
et roi, La desreson et le desroi Qu'on a fet à mestre
Guillaume, RUTEB. 7t. || xiv's. N'oncques puis je ne
m'assenti De faire à nulluy desraison, N'autre chose
contre raison, bruyant, dins Ménagier , t. ii, p. 33.
— Etym. Dé.... préfixe, et raison; provenç. des-
raso; ital. disragione.
DÉRAISONNARLE (dé-rè-zo-na-bl'), adj. || !• Qui
n'est pas raisonnable. C'est un homme tout à fait
déraisonnable. |1 2° En parlant des choses. Conduite
déraisonnable. Ce qu'a fait Massinisse est si dérai-
sonnable Qu'à peine mon esprit le trouve imagina-
ble, MAiR. Sophon. IV, 4. Votre dernière plainte
n'est pas moins déraisonnable, pasc. Réfut. de la
rép. à la 12' prov.
— HIST. XIV* s. Dire que un homme qui fait adul-
tère ne veuille pas estre incontinent, c'est un dit
desraisonnable, oresme, jBfft. 73.|| xvi's. Il n'exaulce
point leurs prières, attendu qu'elles sont desraison-
nables, AMYOT, P. Mm. 32. X une femme desrai-
aonnable il ne couste non plus de passer par dessus
une raison que par dessus une aultre, mont, u, 84.
Et des humeurs desraisonnables des hommes, il
semble que les philosophes mesmes se desfacent plus
tard et plus envy de cette-cy [l'amour de la gloire]
que de nulle aultre, m. i, 320.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et raisonnable.
DÉRAISONNABLEMENT ( dé-rê-zo-na-ble-man ) ,
adv. D'une manière déraisonnable. Il a parlé dérai-
sonnablement. U a déraisonnablement agi. Ils furent
assez inconsidérés pour prêcher la raison déraison-
nablement, VOLT. Foy. de la raison.
— ETYM. Déraisonnable , et le suffixe ment.
t DÉRAISONNEMENT (dé-rè-zo-ne-man), s. m.
Action de déraisonner. La fureur et le déraisonnement
le plus inepte était leur réplique, st-sim. 427, (77.
— ÉTYM. Déraisonner.
DÉRAISONNER (dé-rè-zo-né), V. n. Tenir des
discours dépourvus de raison, de sens. Le malade
commençait à déraisonner. Il ne fait que dérai-
sonner. Ils déraisonnaient à qui mieux mieux.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, elraisonner. L'ancienne
forme était desranier, et signifiait exposer, contester.
t DÉRALINGCER (dé-ra-lin-ghé) ,v.a. Terme de
marine, ôter les ralingues d'une voile. |{ Déchirer,
en parlant du vent, une voile le long des ralingues.
— ÉTYM, Dé.... préfixe, et ralingue.
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAIS?
f DÉRAMAGE (dé-rama-j') , s. m. Action de dé-
ramer.
f DÉRAMER (dé-ra-mé) , v. a. ôter de dessus les
branchages, en parlant des cocons des vers à soie.
— HIST. XVI* s. Tarderplus de sept à huit jours à
desramer les cocons, seroit se constituer au hazard
de convertir la soie en filozelle, o. de serres, 489.
— ÉTYM. W.... préfixe, etrame,ausensdebranche.
DÉRANGÉ, ÉE (dé-ran-jé, jée), part, passé.
Il 1° Mis hors de son rang, de sa place. Des meu-
bles dérangés. Cette chambre où j'entrais toujours,
hélas! j'en trouvai les portes ouvertes, mais je vis
tout démeublé, tout dérangé, SÉV. t4. || Un cabinet
dérangé, un cabinet où l'on a mis le désordre.
Il 2° Mis hors de ses heures. Je suis tout dérangé
quand je suis absent de la cour trois jours, locution
de la cour, suivant de cailliêres, (690. || 3° Fig.
Une fortune dérangée, une fortune grevée de beau-
coup de dettes. Jacquinet: Ce retour imprévu ne
dérangerait-il point un peu vos petites affaires? —
Merlin: oh! non, elles sont toutes dérangées, de
par tous les diables, hegnard , Retour imprévu,
se. 9. Il II se dit des personnes dans le même sens.
Le mari de la mère était fort dérangé; en mourant,
il ne laissa rien, beaumahch. Mère cottp. ii, 3. || 4° Il
a le cerveau dérangé, il n'est pas dans son bon
sens. Les courtisans assurèrent que l'abbé de Savoie
serait toujours un esprit dérangé, volt. Louis XIV,
(8. Il 5* Jeté dans le désordre moral. Un homme dé-
rangé par les mauvaises compagnies. || 6° Avoir le
corps dérangé, être affecté de diarrhée. || Absolu-
ment, dans le même sens. Être dérangé.
DÉRANGEMENT (dé-ran-je-man) , s. m. H 1° Ac-
tion de déranger; état de ce qui est dérangé. Le dé-
rangement des meubles dans une chambre. Causer
du dérangement dans une assemblée. || 2° Fig. Chan-
gement qui incommode. Je crains de vous causer
du dérangement. Le dérangement que cela fera à
notre commerce [correspondance], sÉv. t9l.|| 3" Dés-
ordre d'affaires qui compromet la fortune. J'ai déjà
ouï dire dans une maison qu'il y avait du déran-
gement dans ses affaires, lesage, Turcarel, iv, t2.
Il Gêne d'argent. C'est moi que cette charge accable,
et je voudrais au moins que pour prix de tout le dé-
rangement qu'il me fait.... sÉv. 438. Il 4° Désordre
moral. Son dérangement lui attire tôt ou tard des
remontrances de la part de celles qui sont établies
pour veiller sur sa conduite, mass. Profess. relig.
Serm. 4. Cette ressource était encore plus nécessaire
à de jeunes gens que la première effervescence de
l'âge des plaisirs avait entraînés dans les excès de
la débauche et du dérangement, raynal, Hist. phil.
XIV, 3. Il 5° Dérangement de corps, ou, simplement,
dérangement, diarrhée.
— ETYM. Déranger.
DÉRANGER (dé-ran-jê. Le g prend un e devant a
ou o;nousdérangeons, jedérangeais), v. a. || l°ôter
une chose de son rang, de sa place. Déranger des
papiers, un meuble. A l'empressement qu'on eut de
déranger les branches d'arbres qui masquaient des
forces qu'on avait tant d'intérêt à cacher, ils devi-
nèrent le péril où ils allaient se jeter, raynal, Hist.
phil. XVI, 20. Il Déranger une chambre, en déplacer
les objets. || Déranger une machine, une montre, y
apporter quelque trouble qui l'empêche de bien al-
ler. Il Fig. Vous n'entrez plus dans les desseins do
la miséricorde de Dieu sur votre salut : vous déran-
gez l'ouvrage de votre justification, mass. Car. Pâ-
ques. On croit qu'en dérangeant les desseins qu'on
avait pour l'automne, on dérangera aussi la fièvre
de M. le Dauphin, qui la prend dans cette saison à
Saint-Germain; pour cette année elle y sera attra-
pée, elle ne l'y trouvera pas, sÉv. 69. Ce coup dé-
rangea les mesures de Charles, du cardinal et de
l'assemblée de Varsovie, volt. Charles XII, 2.
Il Terme d'ancienne marine. Déranger la bonnette,
la déboutonner du corps de la voile. || 2° Déranger
quelqu'un, lui faire quitter sa place, je ne veux pas
déranger ces dames. || 3° Déranger quelqu'un, l'in-
terrompre dans ses occupations. Dubriage : Mais
cela te dérange. — George : Un peu; mais le plai-
sir.... Il faut bien se donner un moment de loisir,
COLLIN d'harlev. Vieux célib. ir, 2. || 4° Déranger
le temps, lo faire passer du beau au mauvais. Cet
orage va déranger le temps. |{ 5° Altérer un peu la
santé. J'ai mangé un peu plus qu'à l'ordinaire, et
cela m'a dérangé. || Occasionner la diarrhée. Cet en-
fant a mangé des fruits verts; cela l'a dérangé.
Il 6° Fig. Déranger le cerveau, troubler la raison.
Que c'est un dangereux poison. Qu'une délicate
louange! Hélas! qu'aisément il dérange Le peu que
l'on a de raison ! chaul. Au marquis de Dangeau.
C'esC ^ien dommage que son chagrin lui dérange
DER
1081
quelquefois l'esprit, volt. Piinç. de Babyl. 5. L«
trouble et la frayeur ont dérangé sa tête, imbert.
Jaloux sans amour, v, (5. || 7° Jeter dans le désor-
dre moral. Les mauvaises compagnies l'ont dérangé.
Et cette jeune fille qui vous dérange, qui fait que
vous manquez à votre parole, il se trouve que c'est
moi, MARIVAUX, Marianne, ** partie. || 8° Se déran-
ger, V. réfl. En parlant d'une machine, ne pas aller
régu'iièrement. Cette montre se dérange facilement.
Il Se déranger, en parlant de la fortune, être grevé
de dettes, d'hypothèques. Ses aff'aires se dérangent
beaucoup. || 9° Quitter son rang, sa place. Je me
suis dérangé pour le faire mieux placer. Ne vous
dérangez pas, je reviendrai plus tard. || Quitter ses
occupations, ses affaires. Mme de Coulanges m'a
menée ces derniers jours; elle s'est toute dérangée
pourmoi,ellen'asongéqu'àmoi,sÉv. 347. || 10° Avoir
la raison troublée. On prétend que son esprit [de
Charles-Quint] se dérangea dans la solitude de St-
Just, VOLT. Moeurs, (26. || Tomber dans le désordre
moral. Ces cœurs convertis qui se dérangent et qui
retomberont bientflt dans leurs affections terrestres,
FLÉCH. Sermons, n, 44. Une fille qui se dérange et
qui ne vit pas selon la règle, bourdal. Exhort. sur
l'observ. des règles, t. i, p. 23(. L'abbé de Caudelet
a passé le reste de sa vie sans s'être dérangé un mo-
ment, st-sim. 64, <64. S'étant tout à fait dérangé,
il s'est enfui du pays laissant sa femme.... J. J.
Bouss. Hél. VI, 10.
— HIST. XI* s. Od mil Franceis de France la lur
terre, Gautier desrenget [se range le long] les des-
treiz et les tertres, Ch. de Roi. Lxni. || xii* s. Quant
un vaslez les fit tous desrengier.... Bo^ic. p. (87.
II XIV* s. Après muet [s'avance] li dux de Bourgo-
gne Contre qui Brebançons desrengent [se déta-
chent], G. GUIART, Ms. !" 126, dans lacurne.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et ranger; provenç. det-
rengar, desrencar, desranear.
t DÉRAPÉ, ÉE (dé-ra-pé, pée), part, passé. Une
ancre dérapée, une ancre qui a lâché le fond.
f DÉRAPER (déra-pé), 1). n. Terme de marine.
Une ancre dérape quand, bien que mouillée, elle
n'est plus fixée au fond et laisse dériver le vaisseau.
Il Se dit aussi d'une ancre au moment où elle est
arrachée volontairement du fond de la mer.
— ÉTYM. Formé, avec le préfixe dé...., sur Ij
modèle del'italienar-roppare, ar-raffare, rappare ;
espagn. ropas; venant du germanique : hoU. rapen;
suéd. rappa; allem. rafTen, saisir.
f DÉRÂPER (dé-râ-pé), v.a. Terme de vigneron,
ôter la grappe du raisin, avant de presser le grain
pour faire le vin.
— ÉTYM. fl^.... préfixe, etrdpe (grappe).
DÉRATÉ, ÉE (dé-ra-té, tée), part, passé. || 1° X
qui on a ôté la rate. || Courir comme un chien dé-
raté, et, substantivement, comme un dératé, cou-
rir avec une grande vitesse et longtemps. || Fig. et
substantivement, personne vive, alerte, sans rete-
nue. C'est un dératé, une dératée. |{ Une petite dé-
ratée, celle qui en sait plus qu'on n'en sait d'ordi-
naire à son âge.
DÉRATER (dé-ra-té), v. a. Extirper la rate; opé-
ration qu'on prétendait propre à rendre les chiens
meilleurs coureurs (ce qui n'est pas), et qui était
suggérée par la douleur ressentie au côté gauche
dans une course longue et rapide, douleur attribuée
à la rate.
— ETYM. Dé.... préfixe, et rate.
t DÊRAVER (dé-rè-ié), v. n. Terme d'agricul-
ture. Tracer le dernier sillon d'un champ, pour le
séparer du champ voisin. || Terme de relieur. Ren-
dre, pour la reliure, les peaux minces et d'égale
épaisseur.
— ETYM. Dé.... préfixe, et raie.
t DÉRAYURE (dé-rè-iu-r'), s. f. Sillon distin-
guant deux champs l'un de l'autre.
— ETYM. Dérayer.
DERECHEF (de-re-chef), adv. De nouveau, une
seconde fois. Irai-je derechef les dieux sollicitant?
RÉGNIER, Élég. IV. Leurs six petites poches [des ca-
vités du coeur] se referment, et les cinq delà veine
cave et de l'artère veineuse se rouvrent et donnent
passiige à deux autres gouttes qui font derechef en-
fler le cœur, desc. Méth. v, 6. Mais derechef je veux
ne rien approfondir, corn. Attila, j, 2. Derechef
jugez mieux de la même vertu, id. Théodore, iv,
6. Ou derechef j'atteste Le souverain pouvoir de
la troupe céleste, id. Hor. iv, *. Les voilà donc
derechef en chemin, la font. Henn. Me voilà saisi de-
rechef D'étonnement et d'épouvante, ID. Fabl. i, 12.
La victime innocente que mes crimes ont derechet
immolée, chateaub. Mart. (35. || Encore une fois.
Derechef, veuillez être discret, mol. Ec. des f. i, 6.
I. — 136
1082
DER
— fflST. xm«9.Ce«t règne [pays] [les Normands]
iveient eisillid [ruiné]; Or de rechef sunt repairiéS
destruire le rcmanant, benoIt, i, v. 1035. Lores
m'estut de rechief comencer, Uonc. p. ta*- Dere-
cliief AchimasparladàJoal), si lidist -.quels mais est,
Bi jo en vois [vais] aprfcs ensi? Rois, <88. || xm' s.
Derechief, les autres prevoz, les baillifs et les ser-
ians jureront que il garderont loialment nos rentes
et nos droiz, joinv. 294. Le roy et nous qui estions
avec li deniourez, si comme Dieu voult, feismes
voille derechief, ID. 2)3. Adont [il] lidist totdere-
kief, FL et Blanchef. 1039. || xiV s. Or retournons
de rechefaubiendequoy nous queirons et disons....
OBESMF, Eth. VII, 43. || XV* S. De rechief Commanda
ledit duc que.... comm. v, 6.
— ÉTYM. De, re indiquant retour, et chef, dans
le sens de tête, bout, extrémité.
DÉRÉGLÉ, ÉE (dé-rè-glé, glée), part, passé.
Il 1» Qui n'est plus réglé. Avoir le pouls déréglé. Une
machine déréglée. Je ne comprends rien aux pos-
tes, elles sont déréglées, sÉv. 28. Afin qu'il n'y ait
rien de déréglé dans notre commerce, ID. 420.
Il 2» Oui n'est pas soumis à la règle. Vie déréglée.
Homme déréglé. Ambition déréglée, mair. Sophon.
V, 2. Esprit déréglé, d'aulancourt. Tac. atm. liv. iv,
dans RiCHELET. Seigneur, est-il donc vrai qu'une
reine aveuglée Vous préfère d'un roi la valeur déré-
glée? RAC. Alex, m, 6. Des chefs sans art condui-
saient dans des pays inconnus des multitudes dé-
réglées, VOLT. Mœurs, 5*. || 3° Qui est dans le
désordre moral. Que devrait-on faire si, en considé-
rant son état présent, on le trouvait déréglé et con-
traire à Dieu? NICOLE, Ess. mor. 2» traité, ch. 9. La
jeunesse romaine déjà presque généralement déré-
glée et corrompue par le luxe et la licence que les
richesses et les nouvelles conquêtes avaient intro-
duites à Rome, rollin, ffist. ane. Œuvres, t. i,
p. B68, dans POUOENS.
DÉRÈGLEMENT (dé-rè-gle-man), s. m. 1| 1° État
de ce qui est déréglé. Le dérèglement du pouls,
d'une horloge. Les maladies ne se forment que du
dérèglement des humeurs, maucroix. Homélie io,
dans RICHELET. Le dérèglement des saisons leur
avait donné l'épouvante, d'ablanc. Tac. liv. i, ch. 4,
dans RICHELET. Ces personnes qui, nées dans une
condition obscure, se .'Jpnteut du dérèglement des
saisons, du malheur des temps.... MASS. Car. Jeûne.
Jupiter et Saturne s'attirent plus fortement l'un
l'autre quand ils sont plus proches, et parla la ré-
gularité du reste de leur cours est sensiblement
troublée; on peut aller jusqu'à déterminer la quan-
tité et les bornes de ce dérèglement, fonten. New-
ton. Il 2° Cours de ventre, dérangement. Je suis chez
votre abbé, qui a depuis deux jours un petit dérè-
glement qui lui donne de l'éî'.otion; je n'ensuis
pas encore en peine, mais j'aimerais mieux qu'il se
portât tout à fait bien, sÉv. H 23. ;,• 3° Conduite dé-
réglée. Il faut bien des années ,i^ dérèglement et
de libertinage pour arriver à ce comble d'infamie,
PATRU, Plaidoyer i*, dans bjchelkt. Et si le peu-
ple y voit quelques dérèglements [cîi.'îz les princes].
C'est quand l'avis d'autrui corrompti;:U's sentiments,
CORN. Pomp. II, (. Ceux qui sont lîr.us le dérègle-
ment disent à ceux qui sont dans l'ordre.... paso.
P. div. 44. Quand son exercice [de la raison] com-
mence à devenir plus parfait, les grands dérègle-
ments de la sensualité commencent eà même temps
à se déclarer, boss. Concupisc. 7. N'entend-on
pas dire sans ces.se que tout est i inversé dans
le monde, que le dérèglement y est^-énéral, qu'il
n'y a ni âge, ni sexe, ni état qui en r;oit exempt?
BOUHD. Pensées, t. i, p. 436. Le dérèglement des
ecclésiastiques et des prêtres est p;-njudiciable à
tout le monde chrétien, dont ils doivent être les
guides et les conducteurs, ID. Exhmt. Char. env.
un sém. t. i, p. 4 63. 11 répand des larmes sur
les dérèglements d'une ville infidfie, mass. Av.
Cire. Vos infirmités ne sont pas un dérèglement
de votre cœur, id. Car. Tiéd. 4. Sciiiion n'avait pris
aucune part aux dérèglements et aux débauches
qui régnaient alors presque génèrsiement parmi la
jeunesse romaine, rolun, //is(. a<;!:. OBuvrei, t. i,
p. B73, dans pouGENS. C'est le dérèglement de vos
actions qui me fait parler, begn.;bd, Retour impr.
«c. 4.
— REM. On ne voit pas pour^juci l'Académie met
un accent aigu à déréglemen', tandis qu'elle met
un accent grave à rhjlemern; l'accent grave est
d'ailleurs l'orthographe conf;:-iQe à la prononciation.
— SYN. dérèglement, lif.sANGEMENT. Ces mots
expriment deux nuances '\-\ désordre moral. Ce qui
est dérangé est hors de !;.).i rang, hors de sa place ;
ce (^11 est déréglé est nors de la règle. Le dérégle-
DER
ment exprime donc un état plus grave que le dé-
rangement.
— HIST. xvi' s. J'ay aultrefois apprins que le vice
n'est que desreglement et faulte de mesure, mont.
Il, 3.
— ÉTYM. DMf/'er.
DÉRÈGLEMENT (dé-rê-glé-man), adv. D'une ma-
nière déréglée. Il a vécu dérèglement.
— HIST. xvi" s Ou que ses mois fluent dérè-
glement et immodérément, paré, xviii, 44.
— ÉTYHL Déréglé, et le suffixe ment.
DÉRÉGLER (dé-rè-glé. La syllabe re prend l'ac-
cent grave, quand la syllabe qui suit est muette:
je dérègle, excepté, suivant l'usage de l'Académie
en cas semblabes, au futur et au conditionnel : je
déréglerai , je déréglerais; dans dérégler et ses
compo.sés, la syllabe re, malgré l'accent aigu, se
prononce comme dans règle ) , v. a. || 1° Faire
qu'une chose ne soit plus réglée. Le froid, le chaud
dérèglent les pendules. Cette machine [le corps] ,
quoiqu'unie si étroitement à un esprit, n'est ni im-
mortelle ni incapable d'être troublée et déréglée,
NICOLE, Ess. de mor. 4" traité, ch. 3. Le mouve-
ment le plus violent que pût avoir un vaisseau ne la
déréglait point [une certaine clepsydre] , au heu
qu'il dérègle infailliblement les autres horloges,
FONTEN. ^montons. Il 2° Par extension, troubler la
discipline. Dérégler un collège. || 3° Fig. Jeter dans
le désordre moral. Dont les métiers ne serviraient
qu'à dérégler les mœurs, fén. Tél. xn. Vous avez
déréglé votre imagination, mass. Car. Prière, 4.
Il 4° Se dérégler, v. réfl. N'être plus réglé. Ma pen-
dule s'est déréglée. La saison se dérègle; on voit
une espèce de déluge au milieu de l'été, fén. t. xxi,
p. 132. Voilà un plaisant respect qu'on a pour elle [la
terre] ; je ne me fierais guère plus à la terre qu'à
une pendule : les mêmes choses à peu près qui dé-
régleront l'une dérégleront l'autre; je crois seule-
ment qu'il faut plus de temps à la terre qu'à une
pendule pour se dérégler sensiblement; c'est tout
l'avantage qu'on lui peut accorder, fonten. Mondes,
6' soir. Il Fig. Tomber dans l'indiscipline, dans le
désordre moral. Les victorieux se dérèglent pendant
ce temps de confusion, fén. Tél. v. || Proverbe. 11
ne faut qu'un mauvais moine pour dérégler tout le
couvent.
— HIST. XIV' s. Il est jeunes assez, par la Vierge
honnerèe, Pour avoir assez sens et honnourà durée;
11 ne fait nés [même] un mal, ne chose desrieulée,
Guescl. 276. Helas que je suis malheureuse. Et sur
toutes plus doloreuse, Quant je pense à toy, genre
humain. Qui sur toute autre créature Te de.sreigles
tant de nature ! Nature à Valchim. err. 8. || xv* s. En-
cores poet moult bien selonc m'entente Li orlogiers,
quant il en a loisir. Faire sonner les clochetes pe-
tites. Sans derieuler les heures dessus dites, froiss.
Poésies mss. p. 67, dans lacurne. Si commencèrent
archers et compaignons à piller et fourrer les mai-
sons pour butiner et pour gaigner, et se dereigle-
rent tellement que les enseignes demourereut toutes
seules, ilém. d'Ol. de la Marche, liv. i, p. 362,
dans LACURNE. Il xvi* s. Licence desreglèe, amyot,
Solon, 41.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et règle. Desrieuler est
régulier; régula ayant donné rieule et règle.
t DÉRENCÉPUALE (dè-ran-sè-fa-1'), adj. Terme
de tératologie. Monstres dérencéphales, et, substan-
tivement, les dérencéphales, monstres qui ont un
cerveau imparfait implanté sur le cou.
— ÉTYM. AÉpvi, cou, et encéphale.
t DÉRETOURNER (dé-re-tour-né), v. a. Remettre
à l'endroit ce qui avait été retourné, mis à l'envers.
Déretourner un bas. Les bouches qui se forment sur
le milieu du corps d'un polype déretourné en par-
tie.... BONNET, Contempl. nat. Œuvres, t. vin,
p. 244 , dans POUGENS. Il Se déretourner, v. réfl. Ces-
ser d'être retourné. Le polype S'aime pas à demeu-
rer retourné ; il tâche à se remettre dans son pre-
mier état, il se déretourne en tout ou en partie, id.
Consid. corps org. Œ.urres, t. v, p. 3B6.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et retourner.
DÉRIDÉ, ÊE (dé-ri-dé, dée), part, passé. Qui n'a
plus de rides. La peau déridée par quelques cosmé-
tiques. Il Fig. Un front déridé, un front oii un air
sérieux, soucieux ne paraît plus.
DÉRIDER (dé-ri-dé), v. a. \\ 1° Effacer les rides.
Pommade pour dérider la peau. || 2° Fig. Dérider la
front, ôter au front toute apparence sérieuse ou
soucieuse. J'aime mieux Arioste et ses fables comi-
ques Que les auteurs toujours froids et mélancoli-
ques Qui, dans leur sombre humeur, se croiraient
faire affront, Si les Grâces jamais leur déridaient
le front, boil. Art v. m. Le géomètre dérida un
DER
peu son front et se mit à rire, montesq. Lett. fers
128. La gaîté qu'il savait répandre Eût déridé le
front d'un roi, bérang. Violon brisé. || Se déridei
le front, quitter l'air sérieux, devenir gai. Le P. ?*■
tau, bien moins âgé, mais naturellement plus ri-
gide que son confrère, se dérida le front en faveur
d'un jeune provincial qui.... d'olivet, Ilist. de l'A-
cad. t. II, p. 303, dans pougens. || Rendre gai. Rien
ne saurait le dérider. Le riant Épicurien Y déridait
l'âpre Stoïcien, delillp;, Convers. Prologue. || 3° S«
dérider, v. réfl. Perdre ses rides. Ce visage, ridé
par la maladie, s'est déridé par la convalescence
et l'embonpoint. || F'ig. Devenir gai. Il ne se déride
jamais. Alors il n'était point de lecteur si sauvage
Qui ne se déridât en lisant mon ouvrage, boil.
Éptt. X. Rouillé, procureur général de la chambre
des comptes, ne se déridait qu'avec des filles et en-
tre les pots, st-sim. 95, 7.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et ride.
t DÉRIMER (dé-ri-mé), v. a. Terme d'histoire
littéraire. Mettre en prose un ouvrage en vers. Nos
anciens poëmes ont été dérimés au xv* siècle.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et rtme.
t DÉRISECR (dè-ri-zeur), s. m. Celui qui tourne
en dérision des choses respectables.
— HIST. xiv* s. Il est mendre [moindre] en mal-
vestey que n'est le deriseur, ohesme, Eth. 4 37.
— ÉTYM. Lat. derisor, de derisum, supin de dcrt-
dere, de la préposition de, eiridere, rire (voy. rire).
DÉKISION (dé-ri-zion; en poésie, de quatre syl-
labes), s. f. Moquerie méprisante. Peu s'en faut
qu'elle ne s'emporte jusqu'à la dérision [de la reli-
gion], qui est le dernier excès et comme le triomphe
de l'orgueil, BOSS. Anne de Gons. Tourner le nom
de Dieu en dérision , m. Vict. 4 . Ils les portèrent
en dérision par toute la ville, maocroix, Schisme,
liv. I, dans eichelet. Et tout le peuple même avec
dérision Observant la rougeur qui couvrait mon vi-
sage.... RAC. Esth. m, 4. Faire des dérisions injus-
tes de la piété même, mass. Car. Inconst. Ils ont
regardé la pénitence comme des dérisions publiques
des sacrements, id. ib. Notre zèle, loin de ramener
les pécheurs, leur fournit contre nous des dérisions
et des censures, id. Confér. Cond. des cl. d. le
mond. Et qu'est-ce que la gloire? un vain son ré-
pété. Une dérision de notre vanité! lamart. Ilarm.
m, ». Il Familièrement. C'est une dérision, c'est-à-
dire c'est se moquer. C'est une dérision que d'offrir
cent francs pour un pareil travail.
— HIST. xlv" s. Il semble que l'en face de eulx
une dérision, quant l'en les loe, oresme, Eth. 28.
Mes seroit par aventure une dérision de vouloir bien
au vin que l'en aime, m. ib. 232. Et il defl"endent
aucunes contumelies et dérisions estre dites, id. ib.
4 37. Estre à moquerie et à dérision de ses anemis,
BERCHEURE, f° 20, vcrso. Il cuida quc la dame lui dist
dérision, Guescl. 4 02. || xV s. Et pourtant iceux,
voyant qu'ils ne pouvoient rien besogner, se dépar-
tirent de là en faisant plusieurs dérisions [pilleries]
sur le pays, monstrel. ii, ch. 4 6 9. Aucuns de ce
conseil le prindrent à desrision tant à cause de son
petit estât que des termes qu'il tenoit, comm. v, 4 4.
Il xvr s. Panurge luy fist la babou en signe de dé-
rision, BAB. Pant. IV, 57.
— ÉTYM. Provenç. àerriiio; ital. derisione, di-
risione; du latin derisionem (voy. dériseur).
DÉRISOIRE (dé-ri-zoi-r') , adj. Qui est dit ou fait
par dérision. Propos dérisoires. Offres dérisoires.
— HIST. xv" s. Luy escrivoit lettres dérisoires, et
en se moquant de luy mandoit.... juv. des ursins,
Ilist. de Charles VI, dans lacurne.
— ÉTYM. Provenç. derisori ; ital. derworto ; du
latin derisorius (voy. dériseur).
f DÉRISOIREMENT (dé-ri-zoi-re-man), adu. D'une
façon dérisoire.
— HIST. XV' s. C'est ung homme de basse con-
dicion que fortune desrisoirement avoit monté,
G. CHASTEL. Chr. des ducs de Bourg. 2* part. 4.
— ÉTYM. Dérisoire, et le suffixe ment.
t DÉRITOIR (dé-ri-toir) ou DÉRITOIRE (dé-ri-
toi-r'), s. m. Madrier qui fait partie d'un moulin 4
olives.
— ÉTYM. Ce parait Être une corruption de détri-
toir.
t DÉRIVABLE (dé-ri-va-bl'), adj. Qu'on peut
dériver. Ce principe est dérivable de tel autre.
— ÉTYM. Dériver 2.
DÉRIVATIF, IVE (dé-ri-va-tlf, ti-v"), ad/.(| l'Tenno
de médecine. Qui sert à opérer une dérivation. Em-
ployer des moyens dérivatifs. || S. m. Les dérivatifs.
Il 2° Terme de grammaire. Qui dérive. Verbes déri-
vatifs. Il 3» Terme de philosophie. Ils entendent pai
les forces dérivatives celles qui résultent de l'action
I
DER
DER
DER
1083
combinée ds différentes monades ou de différents
agrégats, bonnet, Œuvres mêlées, t. xviii, p. «o,
dans pouGENS.
— ÉTYM. Provenç. derivatiu; espagn. derivalivo;
du latin derivativxts , de derivare, dériver (voy.
DÉRIVER 2).
(.DÉRIVATION (dé-ri-va-sion; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. || 1° Action de dériver des eaux
courantes. La dérivation d'un fleuve. La dérivation
de la Durance. || Canal de dérivation, canal par le-
quel on fait venir les eaux pour les porter dans un ré-
servoir. Il 2° Terme de médecine. Action par laquelle
le sang ou les humeurs sont attirés vers une par-
tie, à l'effet de les détourner d'une autre où
ils pourraient causer des accidents. Dans plusieurs
affections du cetveau, on agit par dérivation sur le
canal intestinal à l'aide de purgatifs. || 3° Terme de
grammaire. Manière dont les mots d'une même
racine se forment les uns des autres par le chan-
gement de désinences. Les règles de la dérivation.
114° Fig. Le titre de chevalerie que les rois d'Angle-
terre donnent aux citoyens est une dérivation de
l'ancienne chevalerie, volt. Mœurs, 97.
— HIST. xvi* s. Chercher la dérivation des com-
paratifs, MONT. I, 4 76. Elle [l'éducation] ne nous a
pas apprins de suyvre et embrasser la vertu et la
prudence, mais elle nous en a imprimé la dérivation
et l'etymologie, id. m, 69. Ventouses avec scarifi-
cations pour faire vacuation, dérivation, et révul-
sion des humeurs superflus coulans sur quelque par-
tie, PARÉ, Inlrod. 2. Jupiter surnommé ferestrien,
suivant la dérivation de r.este parole grecque [9épetv],
qui signifie porter, amyot, Marcel. 41.
— ÉTYM. Provenç. derivatio; espaga. deritacion;
ital. lierivaxione ; du latin derivationem , de deri-
vare, dériver a.
2. DÉRIVATION (dé-ri-va-sion; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. || l" Terme de marine. L'action
de sortir de sa route. La dérivation d'un vaisseau.
Il 2° Terme de balistique. Ecart que fait hors de sa
direction un projectile en vertu de sa forme et de la
résistance de l'air.
— fiTYM. Dériver 3.
DÉRIVE (dé-ri-v'), s. f. Terme de mer. La quan-
tité dont un navire, poussé par le courant ou l'ef-
fort du vent, s'éloigne de la route qu'il s'était pro-
posé de suivre; cette quantité est mesurée par l'angle
que fait la quille avec la direction donnée du bâti-
ment, JAL. Lettre portant qu'il a été fait [à Toulon]
une troisième épreuve, sur un moyen-vais.seau, de
la nouvelle invention du sieur Caze, pour empêcher
la dérive et le roulis des vaisseaux , et que tous les
officiers qui y ont assisté en sont très-édifiés. Le roi
à Colbert de Terron, dans jal. Les navigateurs sont
souvent obligés d'attribuer à l'action des courants
la dérive de leur vaisseau , buff. Théorie de la terre,
article xiii. || Il se dit aussi du nombre de brasses
qui sfc trouvent entre le lieu où l'on a jeté la sonde
et le lieu du vaisseau. || L'angle de la dérive ou,
simplement, la dérive, l'angle que la quille du bâ-
timent fait avec la direction réelle de sa route. || La
dérive vaut la route, c'est-à-dire le bâtiment qui est
en panne ou à la cape est poussé par la dérive du
c6té où il doit aller. || Il y a de la dérive, avoir belle
dérive, se dit quand on est assez loin d'un endroit
dangereux pour ne pas craindre d'y être entraîné
par la dérive. || Ce bâtiment va en dérive , il est dé-
tourné de sa route par les vents, par les courants.
]| Aller, être en dérive, se dit aussi d'un bâtiment
qui, ne gouvernant plus ou n'étant plus amarré, est
entraîné par le courant. || Être en dérive, flotter au
gré du vent, des flots. Un radeau en dérive. || Dé-
rive ou drive, se dit, dans un bâtiment à plates va-
rangues, de chacune des deux ailes dont on se sert
pour empêcher le navire de dériver.
— ÉTYM. La première idée qui se présente est de
rattacher dMt'fi à dériver 2, qui signifie proprement
sortir du ruisseau (lat. de rivo, hors du ruisseau).
Mais cela ne peut se concilier avec la forme très-
réelle quoique plus rare qu'on trouve: drive et dri-
ver. Il faut donc en venir, comme a fait de Cheval-
let, à l'anglais to drive, qui a ce sens et qui sera
entré très-facilement parmi les populations mariti-
mes. Néanmoins il faut admettre qu'il y a eu con-
fusion entre l'anglais to drive et le français dériver.
L'anglais to drive est l'anglo-saxon drifan, hoUand.
dryven, danois driver, allem. treiben, pousser.
DÉRIVÉ, ÉE (dé-ri-vé, vée), pari, passé de dé-
river 2. Il 1° Détourné de son courant, de son lit. Une
rivière dérivée dans des prés qu'elle fertilise. || 2° Qui
prend sou origine. C'est de cette source que la beauté
et la grâce sont dérivées, Boss. Démons, 4. Notrt
àme est dérivée de celle de Dieu, bzrn. de st-p.
Mort de Socrate. || 3° Terme de grammaire. Qui se
forme d'après un autre mot, par le changement de
la désinence. Batteur, battage, battoir, sont des
mots dérivés de battre. ||S. m. Mot formé d'un au-
tre mot. Le verbe courir et ses dérivés. || 4° Terme
de mathématique. Fonction dérivée ou, substan-
tivement, une dérivée, nom donné par Lagrange
aux divers coefficients différentiels, parce qu'en
effet ces fonctions se dèduisen't de la fonction pri-
mitive au moyen de procédés analytiques invaria-
bles. La méthode des dérivées, le calcul différentiel.
— SYN. DÉRIVÉS, CONJUGUÉS (en grammaire). 4» Le
terme de conju(/ui est plus général, il peut compren-
dre même les composés; 2° Il comprend les mots
qui se rattachent à la même origine, .sans venir di-
rectement l'un de l'autre : aimer, arr-our sont des
conjugués, et ne sont pas des dérivés l'un de l'autre.
3" Le mot dérivé ne s'applique pas aux formes di-
verses d'un même mot. On ne dira pîts que savants,
savante sont des dérivés de savant, ni que j'aimais
est un dérivé d'otmer; mais ce sont des conjugués.
4. DÉRIVER (dé-ri-vé), v. n. Quitter le rivage. 11
est temps de partir, dérive! || Tern e de flottage.
Écarter des bords d'un ruisseau les ;i;'îches qui s'y
sont jetées et leur faire enfiler le canal oi; li goulette.
— HIST. xm* s. El [elles] font les fluevts dériver
[déborder], la Rose, 48134. La Seine si sfl dériva
[déborda], Chr. (r.mss. deNangis, sous l'a,i 4 280,
dans LACuiiNE.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, eirive; Berry, dériycv,
dériber, déborder. Ce dériver-ci est composé comme
arriver; le sens et la forme du Berry témoignent
qu'il ne faut pas le confondre avec dériver 2, qui
vient de rivtis.
2. DÉRIVER (dé-ri-vé), v. a. \\ i° Faire sortir les
eaux du fil de leur courant, les détourner de leur
cours au moyen d'un canal de dérivation. {| Par ex-
tension, en termes de médecine, dériver les hu-
meurs, les faire couler d'un côté différent de celui
où elles se portaient. || 2° Fig. Terme de grammaire.
Faire provenir. D'où dérivez-vous ce mot-là, c'est-à-
dire quelle racine lui donnez-vous? || 3° V. n. Être
détourné de son lit, en parlant des cours d'eaux. Ou a
pratiqué des rigoles par lesquelles les eaux du fleuve
dérivent dans ce canal. 1| 4° Fig. Avoir sa cause,
prendre son origine. C'est de là que dérivent tous
nos malheurs. Et maintenant ces deux âmes pieuses,
toucliées sur la terre du même désir de faire régner
les lois, contemplent ensemble à découvert les lois
éternelles d'où les nôtres sont dérivées, BOSS. le Tel-
licr. Les rapports nécessaires qui dérivent de la na-
ture des choses, montesq. Espr. I, 4. || Terme de
grammaire. Tirer sa formation d'après certaines rè-
gles. Le plus grand nombre des mots français déri-
vent du latin. {[ B" Se dériver, v. ré/l. Être dérivé.
Ces eaux se dérivent d'une rivière. Ces mots se dé-
rivent aisément les uns des autres.
— HIST. XII* s. Cant il font paroles d'exhortation,
soi ellievent par dedens, de ce ke la grasce de pré-
dication est parmi eaz [eux] dérivée. Job, 492.
Il XIII* s. Car Diex li biaus outre mesure, Quant il
biauté mist en nature. Il en i fist une fontaine Tous-
jors corant et tousjors [ilaine. De qui toute liiauté
desrive, la Rose, 46439. || xiv" s. Se le non de
desattrempance est dit et dérive de l'autre ou.au
contraire, oresme, Eth. 99. Et pour ce son nom est
dérivé de meur et en diffère peu, ID. tb. 33. Accident
est dérivé et despent de substance, id. tb. vi (40).
Il XVI' s. Ils avoient bien accoustumé de tout temps
de prendre soigneusement la protection des villes
extraittes et dérivées de la leur, amyot, Timol. 3.
Pour dériver toute la suspicion du faict sur Agesi-
laus. ID. Àgésil. 38. Sur luy se dériva partie de la
haine que l'on portoit à ce Fulvius, id. Gracqucs,
44. Tout ainsi comme du chef sourdent et se déri-
vent les nerfs, instruments du sentiment "et du mou-
vement, ID. Moral. Epît. p. 7. La matière sera dé-
rivée en ouvrant les veines proches de la playe,
PARÉ, vni, 4 4. Souhaitant que cette esmotion cha-
leureuse [des guerres civiles] qui est parmy nous se
peust dériver à quelque guerre voisine, mont, m, 99.
— ÉTYM. Provenç. deribar, derivar, derrivar;
espagn. deritor; ital. derivare; du latin derivare,
de dp, etrifws, ruisseau.
i. DÉRIVER (dé-ri-vé) ,v. n. \\ 1° Terme de naviga-
tion. Suivre le courant, aller à la dérive, en par-
lant d'un bateau. |{ 2° Terme de marine. S'écarter
plus ou moins de sa route par l'effet des vents ou
des courants. Un vaisseau se laisse dériver, lorsqu'il
s'abandonne aux vents et aux flots. J'avais un vais-
seau dont je nie défiais, parce qu'il dérivait beau-
coup ; cela m'obligeait à ne rien négliger pour me
tenir au veut des autres vaisseaux de la division dont
j'avais U tète, Mémoires de Yillelte, 4678, dansjAL^
Prep.ci'-; garde, jeune pilote, que le vaisseau ne dé-
rive, J. 1. Rouss. Ém. i. Je ne tardai pas à juger
que nous dérivions'^ l'ouest, m. ib. v. Sur les mers
irritées, Dérivent, démâtées, Nefs par les nefs heur-
tées, V. HUGO, Orient. 6.
— HIST. XVI* s. Est deffendu à tous batteliors de
laisser driver leurs bateaux, Nouv. coutum. génér.
t. I, p. 3(3. Nous le voyons n'avoir eu affaire qu'à
se laisser dériver au courant et à la favorable marée
de sa prospérité, d'aub. Ilist. l'réf. 6. Enfin, les
Turcs estans sortis du deslroit, Hali qui engageoit
tousjours Pertan, dérive l'armée ennemie un peu
au large, id, tb. ii, 80. 11 y vouloit faire driver par
la rivière quelques bateaux, id. tb. m, 30.
— ÉTYM. Dérive.
t 4. DÉRIVER (dé-ri-vé), v. a. Limer la rivure
d'un clou pour le faire sortir de son trou. {[ Se dériver,
perdre sa rivure. |{ Terme d'horlogerie. Dériver une
roue, la chasser de son pivot.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et river.
f DÉRIVETTE (dé-ri-vè-f) , s. f. Sorte de pêche,
qui se fait avec des manets qu'on laisse dériver au
gré du courant.
— ÉTYM. Dériver 3.
t DÉRIVEUR (dé-ri-veur) , s. m. Terme de ma-
rine. Voile pour le mauvais temps.
— ÉTYM. Dériver 3.
t DÉRIVEIR (dé-ri-voir) , s. m. Terme d'horlo-
gerie.. Instrument pour dériver les pignons et les
séparer des roues, sans les gâter.
— tITYM. Dériver 4.
t DÉIllVt):t:f,T«K (dé-rî-vo-mè-tr') , s. m. Terme
de marine. Instrument pour mesurer la dérive.
— ÉTYM. Dérive, et mètre, mesure.
t DÉRIVOTE (dé-ri-vo-f), s. ^. Grande perche
pour éloigner un train de bois de la rive.
— ÉTYM. Dériver i.
t DERLE (dèr-1'), s. f. Terre à porcelaine; argile
propre à faire de la belle faïence, de la porcelaine.
Il sera levé et perçu sur la derle ou terre propre à
faire porcelaine, qui sortira des villes et lieux con-
quis par Sa Majesté.... la somme de 40 livres pour
last (le 4 2 tonnes ordinaires. Arrêt du conseil d'Etat,
6 juillet 4888.
t DERMAPTËRE(dèr-ma-ptê-r'), adj. Terme de
zoologie. Qui a des ailes coriacées. || S. m. Famille
de mammifères comprenant ceux qui voltigent au
moyen d'une membrane. || Nom du deuxième ordre
des insectes, caractérisé en ce que les ailes infé-
rieures, après s'être repliées en travers, se plient en-
suite en long comme un éventail ou manquent. || Fa-
mille de l'ordre des poissons holobranches. || On dit
aussi dermoptère.
— ÉTY'M. AÉpua, cuir, et ittêpiv , aile ou nageoire.
t DERMATALGIE (dèr-ma-tal-jie), s. f. Terme
de médecine. Synonyme de dermatodynie.
— ÉTYM. Aéç\i.a, peau, et âXyo;, douleur.
t DERMATITE (dèr-ma-ti-f) ou DERMITE (dèr-
mi-t') , s. f. Terme de médecine. Inflammation de
la peau.
— ÉTYM. Aépiia, peau, et le suffixe médical ....ite.
t DERMATOBRANCIIE (dèr-ma-to-bran-ch') , adj.
Terme de zoologie. Dont la peau fait office de bran-
chies. Il S. m. plur. Les dermatobranches, section de
l'ordre des mollusques gastéropodes,- comprenant
ceux qui res|iirent par des branchies extérieures.
On dit aussi dermobranches.
— ÉTYM. A£p[j.a, peau, et branchies.
f DERMATODE (dèr-ma-to-d'), s. m. Terme d'en-
tomologie. Genre de coléoptères, famille des curcu-
lionides, ayant pour espèce principale le dermalode
austral de la Nouvelle-Hollande.
— ÉTYM. AspixaTÛôyjî, coriace.
■j- DERMATODONTE (dér-ma-to-don-f ), adj.
Terme d'histoire naturelle. Qui est garni de denti-
cules membraneuses.
— ÉTYM. Aipii-a, peau, et 48oi;, ôSôvtoî, dent.
t DERMATODYNIE (dèr-ma-to-di-nie), s. f. Terme
de médecine. Douleur à la peau.
— ÉTYM. AÉpiia, peau, et àSOvri, douleur,
t DERMATOGASTRE (dèr-ma-to-ga-str'), s. m.
Terme de botanique. Nom d'une tribu de champi-
gnons.
— ÉTYM. Aépfia, peau, et yauxTip, ventre.
t DERMATOGRAPHE (dèr-ma-to-gra-f), /. m.
Auteur d'une dermatographie.
t DERMATOGRAPUIE (dèr-ma-to-gra-fie), s. f.
Terme d'anatomie. Description de la peau.
— ÉTYM. Ac'pua, peau, et ypâçeiv, décrirf.
t DERMATOÏDE ( dèr-ma-to-i-d' ) , adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui a l'apparence du cuir.
— ÉTYM. Aipiia, cuir, et tlSoj, forme.
1084
DER
t DERMATOLOGIE (dèr-ma-to-lo-jie), s. f. Terme
de physiologie. Traité de la peau. || On dit aussi der-
moioRie.
— f.TTM. Mf\ia, peau, el yéyo;, traité.
t nEKMATOLVSIE (dtr-ma-lo li-/,ie), s. f. Terme
de méileciiie. Affection caractérisée par un relâche-
ment de la peau, qui s'étend, se plie en double et
retombe.
— Etym. Ae'piia, peau, et XOeiv, relâcher.
f DEBMATOPATHIE ( dtr-ma-to-pa-tie ) , s. f.
Terme de médecine. Maladie de la peau en général.
— ÊTYM. AÉp|j,a, peau, et itiOuç, maladie.
f UEKMATOPATHOLOGIE (dtr-ma-to-pa-to-lo-
jie), s. f. Traité des maladies de la peau.
— ÊTYM. Aépfia, peau, et pathologie.
+ DERMATOPUIDE (dèr-ma-to-fi-d'), adj. Terme
de zoologie. Qui a la peau nue, en parlant des rep-
tiles. Il S. m. plur. Les dermatophides, section des
reptiles ophidiens, comprenant ceux qui ontlapeau
nue.
— ÉTYM. Ae'piia, peau, et ôfic, serpent.
t DERMATOPUILE (dèr-ma-to-fi-l'), s. m. Terme
d'histoire naturelle. Genre d'insectes, ayant une seule
espèce, le dermatophiie pénétrant, qui est la puce
pénétrante de certains auteurs.
— ÉTYM. Aso|jia, peau, et le suffixe phile.
t DERMATOPNONTE (d6r-ma-to-pnon-t'), adj.
Terme de zoologie. Qui respire par la peau. || S. m.
plur. Lesdermatopnontes, animaux invertébrés qui,
comme les polypes, respirent par la surface du corps.
— ÉTYM. Aépixa, peau, et tiveîv, respirer."
t DERMATOPODE (dèr-ma-to-po-d') , adj. Terme
de zoologie. Qui a les pieds couverts d'une peau.
Il S. m. plur. Les dermatopodes, classe d'oiseaux
comprenant ceux qui ont les pieds recouverts d'une
peau épaisse et rugueuse.
— ÉTYM. Aipua, peau, et noûç, TtoSoç, pied.
t DERMATOSE (dèr-ma-tô-z'), s.f. Terme de
médecine. Nom générique des maladies de la peau.
Le lichen, l'eczéma est une dermatose.
— ÉTYM. AÉpiJia, peau.
t DERMATOSQCELETTE (dèr-ma-to-ske-lè-f ),
*. TH. Terme d'analomie. Squelette cutané, squelette
extérieur.
— ÉTYM. 4Ép[i«, peau, el squelette.
+ DERMATOTOMIE (dèr-ma-to-to-mie) , s. /'.Terme
d'anatomie. Dissection de la peau.
— ÉTYM. Aépua, peau, et xoji.:?!, dissection.
DERME (dùr-m'), s. m. Terme d'anatomie. Tissu
qui fait le corps de la peau et qui en forme presque
toute l'épaisseur.
— ÉTYM. AÉpiwt, peau, de SÉpEiv, écorcher.
t DERMÉK (dèr-mée), s. f. Terme de botanique.
Genre de petits champignons épiphytes, croissant
sur les parties mortes des végétaux.
— ÉTYM. Aépfia, peau.
t DEK.MESTE (dèr-mè-sf) , j. m. Terme de zoo-
logie. Insecte nuisible au lard et aux fourrures.
— ÉTYM. Aepii/iairiî, de 5ip\i.a, peau, et IdOeiv,
manger.
t DERMIQUE (dèr-mi-k'), adj. Qui a rapport au
derme. Portion dermique de la peau.
— ÉTYM. Derme.
+ DER.MOBRANCHE (d6r-mo-bran-ch'),a(ij. Terme
de zoologie. Dont les branchies sont situées sur la
peau.
— ÉTYM. Aî'paa, peau, et branchies.
t DERMOCUÉLYDE (dèr-mo-ké-li-d'), s. f. Terme
de zoologie. Genre de tortue dont la carapace res-
semble à du cuir. || On dit aussi dermalochélyde.
— ÉTYM. Aîpiii, cuir, et x^Wj, tortue.
f DERMODONTE (dèr-mo-don-f) , ailj. Terme de
zoologie. Dont les dents sont implantées dans la
peau seulement.
— ÉTYM. Aspjia, peau, et èSoiç, dent.
f DERMOÏDE (d6r-mo-i-d'), adj. Synonyme de
dermatoide. Le système dermoïde, le derme.
— ÉTYM. Aepiia, derme, et eiSo;, forme.
t DËRMOPHAGE (dèr-mo-fa-j'), s. m. Genre de
coléoptères pnntamères; espèce unique : le dermo-
pbage pectine île l'Amérique septentrionale.
— ÉTYM. Aépfia, peau, etçaytîv, manger.
+ DER.MOPTÈRE (dèr-mo-ptê-r') , adj. 'terme de
loologie. Oui a des ailes ou des nageoires membra-
neuses (voy. dermaptêrr).
— ÊTYM. AÉpua, peau, et itTtpèv, aile.
t DEUMOKRIIINQUE (dèr-mo-rin-k'), adj. î.-'mc
de zoologie. Qui a le bec couvert de peau ou co-
riace. Il S. m. Les dermorrhinques, famille de la
tribu des oiseaux nageurs, comprenant ceux qui ont
le bec recouvert d'un épiderme, comme les ca-
ntrds.
— tlVM. Aipiioi, peau, ot fûfXOM l)ec.
DER
DERNIER, 1ÈRE (dèr-niê, niê-r'), adj. || l" Qui
vient après tous les autres. Le dernier soldat de la fiie.
La dernière année de son règne. Les derniers rangs
d'une troupe. Le sort m'y réservait le dernier de ses
coups, RAC. BMn. i, 4. Iji guerre est le dernier
des remèdes : avant que de l'employer, il faut avoir
essayé de tous les autres, roi-lin, Hist. anc. Œu-
vres, t. XI, t" part. p. 296, dans pougens. Les der-
nières levées étaient trop jeunes et trop faibles, il
est vrai; mais l'armée avait encore beaucoup de ces
hommes forts et tout d'exécution, accoutumés aux
situations critiques et que rien n'étonnait, SÉGUR,
IHst. de Nap. ni, 3. || Dernier à, avec un infinitif,
en parlant des personnes. Dernier à faire une chose,
celui qui la fait après tous les autres. Nous serons
les derniers à faire ce que nous avons écrit et ce que
les autres nations exécutent, d'alemb. Lettre au roi
de Prusse, ^^ oct. t7st. || Dans les phrases qui sui-
vent, dernier n'est qu'en apparence construit avec d;
exemple à.... qui est le dernier, chose à.... qui est
la dernière. Le dernier exemple à imiter, l'exem-
ple qu'on ne doit imiter qu'après tous les autres
Dans un ouvrage de philosophie ou de littérature,
les beaux vers , les sentences sont les dernières
choses à louer, niDEBOT, Règne de Claude et Né-
ron, n, § 7. Il C'est le dernier homme à qui je me
confierais, c'est-à-dire il n'y a point d'homme à qui
je ne me confiasse plutôt qu'à lui. || Manger des ce-
rises à la dernière; trois ou quatre personnes se
réunissent autour d'un panier de cerises et les man-
gent une à une et tour à tour jusqu'à la dernière;
celui à qui elle échoit paye les cerises, ou, si elles
ont été payées, en paye de nouvelles. || Terme de
jeux. Qui ne doit jouer qu'après tous les autres. Le
dernier en cartes. Au piquet, où on n'est que deux,
le dernier est le second , et on dit substantivement :
c'est moi qui suis en dernier. || Dernier venu, der-
nière venue, qui vient le dernier, la dernière; et,
substantivement, le dernier venu, la dernière ve-
nue. Mais ce champ ne se peut tellement moisson-
ner Que les derniers venus n'y trouvent à glaner,
LA FONT. Fabl. m, 1. || 2'" Précèdent. L'année, la
semaine dernière. Etiez-vous à la dernière séance?
Dimanche dernier, nous sommes allés nous prome-
ner. Il II s'emploie, en ce sens, substantivement,
pour désigner, entre plusieurs objets, celui qui a
été nommé après les autres. Votre ami et son frère
sont venus; ce dernier a dit.... Il y a plus d'ou-
tils que d'ouvriers, et, de ces derniers, plus de
mauvais que d'excellents, la eruy. u. || 3° Le plus
éloigné dans l'avenir. Les derniers temps. La der-
ni're postérité. || 4° Le seul qui reste, la seule chose
qui reste. Il a employé jusqu'à son dernier sou. Je
n'ai point mainlenantde tes lettres sur moi; Mais j'en
ferai du feu jusques à la dernière, mol. Dépit am.
IV, 4. Mon dernier fils, ma fille, aux chaînes réser-
vés, VOLT. Zaïre, ii, 3. Conserve au moins le jour
au dernier de mes fils, ID. Orphel. i, 2. Il est
temps que mon cœur De ses derniers replis t'ouvre
la profondeur, m. Fanât, ii, 4. || Terme du jeu de
whist. Dernier en atout, celui qui en possède en-
core quand les autres ont épuisé les leurs. || Au do-
mino, avoir le dernier dé, le dernier deux, le der-
nier trois, c'est-à-dire avoir encore un deux, etc.
quand les autres n'en ont plus. || 5° Final, défini-
tif.'C'est la dernière ici des imporlunités Que vous
aurez jamais de mes vœux rebutés, mol. Dépit
am. IV, 3. Tout ce que j'aimerai jusqu'au dernier
soupir, BAC. Bérén. m, i. J'ai fait de mon courage
une épreuve dernière, id. tb. v, 7. Elle m'a dé-
claré sa volonté dernière, ID. Baj. m, 2. Hélas I si
vous m'aimez, si, pour grâce dernière. Vous dai-
gnez d'une amante écouter la prière.... id. Iphig.
m, 6. Peut-être nous touchons à notre heure der-
nière, ID. Athal. V, t. Cet effort généreux que je
n'altemlais pas Porte le dernier coup à mon âme
éperdue, VOLT. Taucr. n,o. || Rendre le dernier de-
voir,les derniers devoirs, prendre part aux cérémo-
nies religieuses après la mort de quelqu'un. || Au der-
nier mot, c'est-à-dire sans rien rabattre. || En dernier
lieu, à la fin, après tout le reste. Ce fut en dernier
lieu qu'il parla de ce qui l'inti'ressait le plus. || Met-
tre, donner la dernière mam à un travail, l'ache-
ver, lui donner toute la [lerfection possible. || 6° Qui
occupe la moindre place dans une hiérarchie, qui est
infime. Si vos Romains ainsi choisissentdes maltres-
ses, A vos derniers tribuns il faudra des princesses,
CORN. Sert. II, 2. Quand nous aurions été les der-
nières personnes du monde, mol. l'réc. I. U aurait
eu honte, disait-il, de dépenser i)lus pour sa table
et pour ses habits que le dernier des Thébains, bol-
un. Traité de El. liv. v, 3' part. ch. 2. Ramper au
dernier rang des derniers citoyens, volt. Fanal.
DER
1,4. Il 7° Extrême, le plus considérable, le meilleur.
Montre d'un vrai Romain ]a dernière vigueur, cobn.
Cinna, vr, 6. Tu promis au sénat, par les derniers
serments. Que tu suivrais la loi de ses commande-
ments, MAIB. Uort d'Asdr. i, 4. Des affaires de la
dernière conséquence, mol. Festin, j, 3. Je vous
vois accabler un homme de caresses. Et témoigner
pour lui les dernières tendresses, id. Uis. i, 4.
Nous vous serons obligés de la dernière obligation
si vous nous faites cette amitié, id. Préc. rid. se. 10.
C'est là où vous verrez la dernière bénignité de la
conduite de nos pères, pasc. Prou. 9. Vous employez
les derniers efforts pour faire croire..., in.Proi'. <8.
Le cardinal pour lequel j'ai le dernier respect, noss.
I,ett. 95. Il Extrême, le plus bas, le pire. Tous les
dieux irrités Dans les derniers malheurs nous ont
précipités, corn. Nicorri. v, 8. Vos serments m'ont
réduit au dernier désespoir, id. Pulch. v, 6. Eter-
nise ton nom parle dernier des crimes; Que tes en-
fants et moi te servent de victimes, MAIR. Mort d'Asdr.
Il, 3. C'en est trop; ma douleur, à cette triste vue, X
son dernier excèsest enfin parvenue, bac. Bérén. y,
0. Ce n'est pas à un père de les y engager [au cou-
vent], et ce serait le dernier abus, de leur faire pour
cela violence et de les forcer, bourd. Dominic.i, De-
voir despères, te. Toute prudence incompatible avec
le salut, lui parait la dernière des folies, mass. ilysl.
Soum. Ils regardent la mort comme le dernier des
malheurs, m. Avent, Hortdu pécheur. || Au dernier
point, autant qu'il est possible. Le peuple aime
Maurice ; en perdre ce qui reste Nous rendrait ce tu-
multe au dernier point funeste, corn. Hérael. i, s.
Il Le dernier supplice, la peine capitale. L'espoir
d-! deux maisons, le destin le plus beau. Par le der-
ii er supplice enfermés au tombeau, volt. Tancr.
IV, 'i. Il Le dernier avec un adjectif pris substanti-
vement, ce qu'il y a de plus.... Ah ! certes, cela sera
du dernier beau, mol. Préc. se. to. Ah! mon père,
ce que vous dites là est du dernier bourgeois, id.
ib. 5. Ne me regardez pas, je suis du dernier laid
aujourd'hui, id. l'Impromptu, se. 3. Savez-vous
qu'ils [des vers] sont du dernier galant? Jamais les
Voiture ni les Pavillon n'en ont fait de pareils, le-
SAGE, Turc. I, 7. Il Être du dernier bien avec quel-
qu'un, être très-lié avec lui; avec une femme, avoir
ses bonnes grâces. On dit qu'avec liélise il e.st du
dernier bien, mol. Uis. ii, 6. || 8° Substantivement.
Ledemier, la dernière, celui, celle qui vient, qui
est après tous les autres. Il est le dernier de sa classe.
On s'étonna qu'il arrivât des derniers dans cette oc-
casion,HAMiLT.Cramni. 7. Il Brutus et Cassius furent
lesderniers des Romains, c'est-à-dire ils furent, parmi
les Romains, les derniers qui combattirent pour la li-
berté. Philopémen a été appelé le dernier des Greci,
comme Brutus le dernier des Romains, rollin , Hist.
anc GCuires, t. viii, p. 513, dans pougens. ll 9° Ce-
lui qui occupe le rang le plus humble dans le monde.
On doit tout quelquefois au dernier des humains,
VOLT. Tancr. u, t. || 10° Le dernier, la dernière,
la personne, la chose qui est la pire de toutes. Je le
tiens pour le dernier des hommes. Ma fille, c'est à
vous de montrer qui nous sommes, Et de ne voir
en lui que le dernier des hommes, bac. Iph. ii, 4.
Il 11" Terme de certains jeux de course. Ne pas avoir
le dernier, n'être pas le dernier touché. Le duc de
Coislin avait la fantaisie de ne pouvoir souffrir qu'on
lui donnât le dernier, plaisanterie qui fait courre
après celui qui l'adonné, et qui ne passe pas la pre-
mière jeunesse, ST-siM. tio, t»5. IjFig. N'ayez pas
le dernier, mol. Dépit, iv, 3. || Fig. 11 veut tou-
jours avoir le dernier, se ditd'un opiniâtre qui veut
toujours répliquer ledemier, porter un coup le der-
nier. Cinq heures sonnèrent; personne n'avait dîné,
et MM. les présidents eurent le dernier, betz. II,
253. Il 12° Terme de jeu de paume. Chacune des
deux ouvertures de la galerie qui sont les plus éloi-
gnées de la corde. || Proverbes. Aux derniers les bons,
c'est-à-dire ce qui reste après le choix des autres est
souvent le meilleur. || Le premier au bois et le der-
nier à l'eau, se dit de celui qui, toujours prêt au
plaisir, ne l'est jamais au travail, à la peine.
— KEM. 1. Cet adjectif se metordinuirement avant
son subst.intifj cependant, au féminin, on le met
quelquefois après, surtout dans le style élevé : une
grâce dernière. {| 2. Dernier a évidemment le sens
d'un .'.uperlatif et ne reçoit aucune graduation; il a
une sorte de comparatif dans ultérieur, jullien.
— HIST. XII* s. En aventure (peut-être; [je] co-
mens [commence] Ma daerraine chançon, Couci,
XV. Il xni* s. Au darrain jor, envoia li empereres,
por garder ses coureurs, Ansiel de chaien [céan-s] ,
viLLEH. CLxxvu. Où la derraine fois fu Berte d'eus
sevTée [séparée] . Berte, civ. Et li prisons estoit jà
DER
Df:R
DÉH
1085
si eslongiés qu'il esloit as derraines tentes, Chron.
de. liains. Portraite fu au darrenier Povreté qui ung
seul denier N'eiist pas, s'el se deûst pendre, Tant
jeûst bien sa robe vendre, la Itoxe, 443. Kn ung
trop biau leu arrivé Au darrenier [h la fin] où je
trouvé Une fontaine sous un pin, ib. <434. Noz di-
sons que, se li deerains ensoines est de son cors,
sans fraude et sans baiit, li sires de son office, por
cause de pitié, ledoit garder de damache, beaum. 70.
En ses darrenieres paroles reclamoit il Dieu et ses
sains, joinv. 201. || xv s. Si m'a donné tant à
faire en mon temps (Nostre Seigneur, Dieu) et au
dernier entreprins de tant dure et grieve maladie
[c'est Robert Bruce qui parle], froiss.i, i, 47. Avint
que le derrain jour que il vint [Y vain de Galles), ce
fut assez matin etfaisoit bel et clair id. n, ii, 30.
Les blancs chaperons furent ceux qui premiers vin-
rent au marché et qui darreniers s'en partirent, id.
II, it. 60. Lui mettoient sus [les Anglais au minis-
tre d'Edouard II] que les Escots avaient reconquis
Bervick et au dernier eux tous destruits et descon-
fits, ID. I, I, 5. Si ne sera mie d'oresnavant des der-
niers en toutes besongnes belles et honnorables où
employer se pourra, Bouciq. i, 8. Je vous dy pour
aussi vray que évangile, que jones filles ne doivent
jamais manger cerises à la derraine avec leurs amou-
reux; car souvent avient que cellui à qui vient la
derreniere demeure le derrenier à tous à marier,
Évangiles des quenouilles, {"journée, ch. 10. La
mort lui sera le derrain remède, louis xi, Kouv, xxi.
]| XVI* s. Si te supply qu'en ton divin prétoire Nous
vueille mettre à l'heur et jour derrains, j. marot,
v,33. D'où le roi encourut sa dernière ruine, mont.
:, 23. Ces derniers venus apportèrent aux premiers
'jn.... ID. II, 179. L'honneur n'a point de si dernière
place. Que des plus grands désirer ne se face, la
BOÉTIE, 479. Silanus interpréta son opinion, disant
qu'il n'avoit point entendu qu'on les deust faire mou-
rir, pource qu'il estimoit le dernier supplice à un
sénateur romain estre la prison, amyot, Cicéron, 24.
Le duc de Mercœur, ne voulant pas avoir le der-
nier, fit ralier ses forces avec Dom Jouan, d'aub.
//lit. III, 407 On se deffait des aigneaux les plus
mal qualifiés primerains ou dernierains, o. de ser-
bes, 320. Qui vient le dernier pleure le premier, Le-
roux DE LINCY, PrOV. t. II, p. 4(0.
— ÉTYM. Picard, de'rain, darain, derne, der-
gner ; Berry, dnrgne, dergnc, darricr, derrier ; Wal-
lon, diérain; namuiois, dérain; rouchi, darrain ;
bourguig. rfarei; génev. en rfernicr, en dernier lieu;
provene. derrier, dcrrer, derier, derer, darrier;
catal. derrer, darrer; d'un mot fictif d«rf(ranus,
de de-re(ro (voy. derrière). Deretranus a donné dé-
rain. d'où derainier, dercnier, dernier.
DERNIÈREMENT (dèr-niê-re-man), adv. Depuis
peu de temps, récemment. 11 a dit dernièrement
que....
— KEM. La comète de dernièrement ne me fut
guère moins funeste qu'à l'empereur Rodolphe, balz.
liv. II. lett. \. Cet emploi de la préposition de avec
un adverbe de ce genre est tout à fait fautif; ces
adverbes-là ne se prennent jamais substantivement.
— HlST. XIII' s. Etavint après ce que lu [la] feme,
derrainement espou.^iéedu chevalier, morut, beaum.
XVIII, 18. [| xV s. Et dit comment il s'estoit mis
en saisine et possession de la duché de Bretagne
qui escliue lui esloit par la possession du duc
son frère, dernièrement trespassé, froiss. i, i,
152. Il xvi" s. Je veis dernièrement [il y a peu de
temps] que.... mont, i, 20. Il dcbvroit commencer
parsoy.... secondement pour son fils, et dernière-
ment pour l'e.strangier, ID. IV, 46. Ne sçais tu pas
bien, Munatius, que tu ne fus pas dernièrement ab-
soulz en jugement pour ton innocence, mais....
AMïOT, Cicéron, 3o.
I- ÉTYM. Dernière, et le suffixe ment; picard,
darainement ; bourguig. darèrement.
DÉROBÉ, ÉE (dé-ro-bé, bée), part, passé. \\ 1° En-
levé, soustrait. Une liasse de papiers importants dé-
robée sur le bureau même. Mais quand tu récitais
des faits moins glorieux. Sa foi partout offerte et
reçue en tous lieu.x, Hélène à ses parents dans
Sparte dérobée, rac. Phèdre, i, I. \\ Fig. Qui se
cache , qui se dérobe. J'examinais les contenan-
ces; toutes marquaient une surprise honteuse, ti-
mide, dérobée, st-sim. 60, H. || Heures dérobées,
heures qu'on soustrait au courant des occupations
«t que l'on consacre à quelque autre chose. Kaire un
travail à ses heures dérobées. || 2° A qui on a fait un
vol. Cet homme dérobé par son domestiipie. || 3° Terme
d'agriculture. Culture dérobée, cuUure«les racines
semées après une récolte principale faite dans l'an-
néo. Il 4° Ternie da vétérinaire. Pied dérobé, pied du
cheval duquel des portions de corne ont été enlevées,
soit par éclat, soit par usure. || 5° Escalier dérobé,
corridor dérobé, porte dérobée, escalier, corridor,
porte qui sert de dégagement secret à un apparte-
ment. Elle mène Candide, par un e.scalier dérobé,
dans un cabinet doré, volt. Candide, 7. || 6° Fèves
dérobées, fèves dont on a enlevé l'enveloppe. || 7° X
la dérobée, loc. adv. En cachette, avec mystère. Ly-
curgue voulait que les nouveaux mariés ne se vis-
sent qu'à la dérobée, d'ablanc. .i4pop/i(/i. dans riche-
LET. 11 ne prenait le sommeil qu'à la dérobée,
changeant même souvent de lit sans garder les bien-
séances de son rang, rollin, Ilist. anc. Oliuvres,
t. I, p. .'i02, dans pougens. Ils ont toujours quel-
ques caresses à se faire à la dérobée, Diderot, Sa-
lon de 4767, CEuvres, t. xiv,p. 1 96, dans pougens.
f DÊROBEMENT (dé-ro-be-man), s. m. Terme
de maçonnerie. Voûte, arc pardérobement, voilte,
arc pour lequel les pierres ont été taillées non par
panneaux, mais seulement sur l'épure rapportée di-
rectement à la pierre équarrie.
— ÉTYM. Dérober.
DÉROBER (dé-ro-bé), v. a. \\ 1° Enlever par lar-
cin, prendre furtivement se qui appartient à autrui.
On m'a dérobé mon argent, mol. VAv.n, 7. L'im-
possibilité de subsister jusqu'au temps de leurs ré-
coltes les força de descendre dans la plaine pour y
dérober des vivres, raynal , Uist. phil. xiv, ne.
Il Familièrement. S'il a du bien, il ne l'a pas dérobé,
il l'a bien gagné. || Absolument. Vous ne déroberez
point, et nul ne trompera son prochain, saci. Bi-
ble, Lévit. XIX, H. Il Terme de fauconnerie. Un fau-
con dérobe les sonnettes, quand il s'en va sans être
congédié. || Fig. Dérober à quelqu'un la gloire qui
lui est due. Et je n'ai jamais su dérober mes succès,
CORN. Sertor. v, 7. Jamais on ne m'a vu dérober la
victoire, rac. Alex, iv, 2. || Dérober se dit d'u-n au-
teur qui s'approprie des pensées, des expressions,
des passages d'un autre auteur. C'est un plagiaire;
ce que vous louez, il l'a dérobé. || 2° Prendre pur
surprise ou par adresse. Dérober un baiser. Faut-il
que je dérobe avec mille détours Un bonheur [devoir
Junie] que vos yeux m'accordaient tous les jours?
rac. Brit. II. 6. Chaque fois que je suis tenté de
vous dérober la moindre caresse, j. j. Rouss. Uél.
1, 10. Il Poétiquement. Vous avez donc perdu ces
puissantes merveilles Oui dérobaient les cœurs et
charmaientlesoreilles, maib. Sophon. v, 9. || 3° Avec
un complément direct de personne. Dépouiller quel-,
qu'un par larcin. Ce domestique dérobe ses maîtres.
Pour aller ainsi vêtu il faut que vous me dérobiez,
MOL. rAv.i,b. Il Kig. Nos aïeux ont pensé presque tout
ce qu'on pense ; Leurs écrits sont des vols qu'ils nous
ont faits d'avance; Mais le remède est simple, il faut
faire comme eux: Ils nous ont dérobés, dérobons
nos neveux, piron, Métrom. m, 7. || 4' Faire perdre.
Chaque instant nous dérobe une partie de nous-mêmes.
U ne cessait de se plaindre de sa destinée qui lui
dérobait la victoire, vaugel. Q. C. liv. m, dansni-
CHELET. Il 5° Dérober quelques moments à ses affai-
res, prendre sur ses occupations des moments que
l'on con.sacre à autre chose. Quoi! pour vous con-
fier la douleur qui m'accable, À peine je dérobe un
moment favorable, rac. Brit. Il, 6. || 6° Soustraire
à, .eiJever à, préserver de. A ses premiers trans-
ports dérobe ta présence, corn. Cid, m, 1. Je ne
l'ai pas voulu dérober ta victimo, id. ib. m, 4. Son
trépas dérobait sa tête à ma poursuite, id. tb. iv, 6.
Dérobe au moins la tète à ce pressant danger, id.
Ciiina, I, 4. Et sa têle qu'à peine il a pu dérober,
id. Pomp. I, {. Cet homme périt sur mer avec ses
enfants et sa femme en voulant dérober leur vie aux
persécutions, mol. l'Av. v, 5. U fut dérobé à la fu-
reur de son aïeule, boss. Uist. i, 6. Josabeth, fille
du roi, prit Joas, fils d'Ochozias, et le déroba du
milieu des autres enfants du roi, lorsqu'on les mas-
sacrait, SACI, Bible, Paralip. ii, 22, tt. Ma fu-
neste amitié pèse à tous mes amis; Chacun à ce
fardeau veut dérober sa tète, rac. Milkr. m, 1. Quels
empressements Vous dérobent .sitôt à nos embrasse-
menls? id. Iphig. 11, 2. Les petites afiaiies vous dé-
roberaient aux grandes, fén. Tél. xxni. Bientôt la
mort va me dérober au présent qui m'attriste et à
l'avenir qui m'effraye, maintknon. Lettre au card.
de Noaitles, 31 déc. 174 1. V.l je reprends ma gloire
et ma félicité En dérobant mon sang à l'irifidélilé,
VOLT. Zaire, II, 3. i dérober vos jours au fer des
assassins, ID. Triumv. m, 2. Je dérobai une vic-
time à mes ennemis, monïesq. Letl. pers. 8. Je prie
le ciel qu'il te dérobe à tous les dangers, id. ib.
Il 7° Cacher à la vue, aux regards, à la connais-
sance. Un mur lui déroliait la vue de la campagne.
Faut-il qu'à vos yeux seuls un nungo odieux Dérolia
sa vertu qui brille à tous les yeux? rac. Phèa. v, 3.
Peut-on de nos malheurs leur dérober l'histoirel
ID. Athàl. II, 7. Une noire tempête déroba le ciel à
nos yeux, fén. Tél. i. Pour dérober aux amants de
Pénélope le retour de Télémaque, rn. ib. ix. Un
tourbillon de flamme le déroba presque à ma vue,
ID. ib. XV. Mes larmes malgré moi me dérobent sa
vue, VOLT. Zaire, u, 2. Mars entra dans la mêlé*,
une poussière épaisse commença à le dérober, mon-
TESQ. Gnide, 1. ô crime! ô honte I ô cruel souve-
nir! Fatal voyage! aux yeux de l'avenir Que ne peut-
on en dérober l'histoire! cress. Verl-Yert, cb. 11.
Il Terme d'art militaire. Dérober une marche, une
étape, la faire à l'insu del'ennemi. U est piqué au
vif de l'habileté du maréchal de ViUars, qui lui a
dérobé une marche, maintenon. Lettre à Mme de
Glapion, si juillet 47(2. || Terme de chasse. Un
chien dérobe la voie, quand il chasse sans crier,
étant à la tète de la meute. || Terme de marine. Cette
voile, cette côte dérobe le vent, l'intercepte. Un vais-
seau dérobe le vent à un autre, quand il passe trop
près de lui du côté du vent. || 8° ôter l'enveloppe
de certaines graines. Dérober des fèves. {] 9° Se
dérober, v. réfl. Disparaître, sa soustraire. Se dé-
rober à tous les yeux, aux recherches. Non pour
me dérober aux rigueurs du supplice, corn. Poly.
IV, 4. Dérobons-nous, mon frère, à ces âmes cruel-
les, Et laissons-les sans nous achever leurs que-
relles, ID. Rodogune, m, B. Quiconque se dérobe à
l'humble obéissance Bannit ma grâce en même temps,
ID. Imit.ni, 43. Je me suis dérobée au bal pour l'a-
mour d'eux, MOL.^c. des maris, m, 9. Le docteur....
Se dérobe à sa furie, la font. Contr. Je me dérobe à
cet embarras, sÉv. 367. On la vit souvent se déro-
ber à sa dignité, flêch. War. Thér. Je l'ai vu dans
leurs bras quelque temps se débattre, Tout sanglant
à leurs coups vouloir se dérober, rac. ylndr. v, 3.
Fidèle à sa douleur et dans l'ombre enfermée, Elle
se dérobait même à sa renommée, id. Brit. 11, 2.
Souffrez que, de vos cœurs rapprochant les liens, Je
me cache à vos yeux et me dérobe aux siens, id. ib.
iir, 8. Elle se donne au public avec autant d'em-
pressement qu'elle s'y dérobait, maintenon. Lettre
à d'Aubigné, 25 juin 4684. Pour se dérober à la fu-
reur des persécutions, mass. Car. Temples. X la
proscription peu se sont dérobés, volt. Triumv.
1,4. Quoi ! vous voulez vous dérober à moi ? id. iVaii.
II, 3. Il 10° Se dérober de, quitter. Je me dérobai de
mes camarades qui ne s'y attendaient pas, scarr.
Rom. com. II, ch. 44. U vous dira.... que, durant
qu'il dormait, je me suis dérobée d'auprès de lui,
mol. g. Dand. m, 4 2 ....cet homme se dérobe D'avec
sa femme, la font. Serv. Télémaque se dérobe du
camp pendant la nuit, fén. Tél. xviii. || Absolu-
ment. M. de Cbarost se déroba et vint avertir mon
grand-père, st-sim. 40, H8. Me puis-je avec hon-
neur dérober [enfuir] avec vous, rac. Phèd. v, 4.
Il Fig. Ma plainte se dérobe et m'échappe du cœur.
RÉGNIER, Elég. V. Il 11° Se cacher. Le chevreuil est
plus adroit à se dérober, plus difficile à suivre que
le cerf, buff. Chevreuil. \\ Être caché. Quels rap-
ports moraux, politiques ou religieux se sont dé-
robés à Pascal ? ciiateaub. Génie, \i\, II, 6. || 12° Man-
quer , faire défaut. La mer agitée semblait se
dérober sous le navire, fén. Tel. IV. || Fléchir, man-
quer, en parlant des genoux. Et mes genoux trem-
blants se dérobent sous moi, rac. Phèdre, 1, 3. Mes
genoux se dérobaient sous moi, fén. Tél. iv. Ses
genoux commençaient à se dérober sous lui, id. ib.
XX. Il 13° Terme de manège. Ce cheval se dérobe
de dessous l'homme, se dit d'un cheval qui, toutà
coup et par un mouvement irrégulier, s'échappe de
dessous l'homme qui le monte. || Proverbe. Est bien
larron qui larron dérobe.
— SYN. DÉROBER, VOLER. Dérober, c'est priver de
ce qui s'appelait autrefois robes, désignant tout ce
qui composait l'équipement et l'approvisionnement
d'un homme. Voler, c'est prendre par fraude oupai
violence un bien quelconque appartenant à autrui.
Voler est doncplusgénéral. Un marchand qui trompe
sur le poids, vole sa pratique, mais ne la dérobe
pas. De plus, dérober, c'est prendre en cachette et
sans violence quelque chose de matériel ou que l'on
considère comme tel; c'est pour cela que d la déro-
bée veut toujours dire en cachette, sans être aperçu.
Qui dérobe vole; mais celui qui vole à force ouverte
ne dérobe pas.
— HIS r. xiii* s. Que de son pucelage l'eussiez des-
robée, Berie, cxv. Et quant iileo se voit cheûe. Sa
cliiere et son habit remue, Et si se desnua et des-
robe, Qu'ele est orfenine de robe, la Rose, ans. Le
sire du Chastel estoit criez [accusé parle cri public]
do desrobcr les pelorius et les march.iiis..'ûi^v.2iii'.
4086
DER
l| xrv* B. Et trestoute la ville au baron s'acorda ; Et
il lor rendi ce que on leur desroba, Baud. de Seb. ix ,
87«. Il XV* s. Un de ses gens avoil desrobé en une
église lo tabernacle. — Comment avez vous osé ro-
l)er celte église? louis xi, Nom. v. || xvi' s. Frère
Jean de la main se pend aux branches, cependant
que le cheval se desrobe dessoubz luy, bab. Garg.
1, 42. Sa femme, le voyant pensif, cuydoyt qu'on
l'eustau marché desrobbé, ID. Pant. iv, 47. Les pil-
lars desrobboyent grain et pain par les champz, id.
ib. IV, 6). La crainte, le désir, l'espérance nous des-
robcnl le sentiment de ce qui est, mont, i, ti. De
nuict et comme à la desrohéo, id. i,3a. Victoire des-
rohée [obtenue par surprise], id. i, 2». Tout ce que
VOUS vivez, vous le ilesrobez à la vie, c'est à ses
despens, id. i, 86. Desrobbons icy la place d'un
conte, id. i, 140. Je me desrobois de tout aultre
plaisir pour les lire, ID. I, f»6. Un simple garson-
net de Lacedemone ayant desrobé un regnart, jd. i,
aoe. Je feus contrainct, par sa cruauté, de me des-
robber de luy et de m'en fuyr, id. ii, <83. En so
desrobbant tout à faict du sentiment [par la mort],
id. II, 301. Une jouissance desrobbée [secrète], lU.
III, 351. Les vices, quand ils se desrobberont à la
vue de l'humaine justice, id. ii, 304. Si j'ay volé ou
desrobbé quelqu'un, id. iii,24b. Desrobber ung lar-
ron [voler un voleur], DESPÉR. Cymbal. 78. Nous avons
desrobé le prince et patron des robeurs, id. ib. 89.
Nature reluit aux bastards et enfants desrohés [faits
à la dérobée], yveh, p. 602. Les Toscans s'effroyerent
tellement, (jue la plus part se desroba du camp et
s'escarta çà et Ii, asiyot, Piibl. <6. Le chargeant
d'avoir soubstraict et desrobbé partie du butin de
la Thoscane, id. Cam. 20. Tous ceulx qui avoient
manié les finances de la chose publique avoient
grandement pillé et desrobbé le public, id. Arist. i o.
11 les envoya par petites trouppes et à la desrobbée,
ID. Titnol. is.
— ETYM. i)^.... préfixe, et le vieux français ro-
ber, enlever par vol (voy. robe) ; wallon, dérober;
picard, rauber, prendre, ravir. Hobe a signifié ce
qui équipe et approvisionne, et aussi la robe, le vê-
tement que l'on porte; de là le sens de dérober des
fèves, leur enlever leur robe, leur enveloppe.
t DÉnOBEUR, EUSE (dé-ro-beur, bed-z'), s. m.
et f. Celui, celle qui dérobe.
— f-TVM. Dérober.
t DÉKOCUAGE (dé-ro-cha-j') , s. m. Action de
«lettoyer et d'affiner la surface de l'or, de l'argent
et du cuivre.
— ÉTYM. Dérocher.
t DÊROCUER (dé-ro-ché), V. a. \\ i° Terme de fau-
connerie. L'oiseau déroche les bétes à quatre
pieds, lorsque, les attaquant, il les force de se pré-
cipiter de quelque rocher pour éviter les serres.
Il ï" Exécuter le dérochage, c'est-à-dire ôter de la
surface du métal ce qui reste de la roche.
— HIST. xii* s. Et 11 mur se desrochent [s'écrou-
lent], ainz n'i ot mangonel, Sax. s. Li malvais qui
cuidierent le rei servir à gré, E garçuns et putains
unt saint Thomas hué Et derochié de torches.... Th.
le mart. te. Et Semei alad al pendant del munt en
costé; sil mal diseit, sil derocbout, et puldre je-
tout sur els, Ttois, t79. Et cil qui lor mains escha-
poient. Là où il miex guérir cuidoient, Aux grans
faloises desrocoient, Brut, Us. S° 4, dans lacurne.
— ÈTYM. Dé.... préfixe, et roche; provenç. dero-
ear, desrocar; espagn. derrocar ; ital. dirocctore.
t DÉRODYME (dé-ro-di-m'), adj. Monstres déro-
dymes, et, substantivement, les dérodymes, mons-
tres qui ont deux têtes et deux cous.
— ETYM. Aépr), cou, et îiêu|j.o;, jumeau.
DÉROGATION (dé-ro-ga-sion; en poésie, de cinq
syllabes), t. f. Action de déroger aux dispositions
d'une loi , «l'un acte. Dérogation expresse. Déroga-
tion à nos droits, à l'usage.
— SYN. DÉROGATION, ABROOATiON. Ce sont des ac-
tions législatives opposées à l'autorité d'une loi, mais
chacune à sa manière. La dérogation laisse subsister
la loi antérieure. L'abrogation l'annule absolument.
La loi dérogeante ne donne atteinte à l'ancienne
que d'une manière indirecte et imparfaite; la loi qui
abroge est directement et pleinement opposée à l'an-
cienne, BEAUZÉE.
— ETYM. I.at. d<T09attonem,de derojare, déroger.
DÉROGATOIRE (dé-ro-ga-toi-r"), a(ij. Oui con-
tient, qui emporte une dérogation. Acte, clause dé-
rogatoire.
— HlsT. XVI* 8. Si ont dix sols pour un préposé ,
cinq sols pour un dérogatoire , cinq sols pour un
retraict.... A'ouvsau cousium. ginér. t. i, p. i09.
— ETYM. Lai. derogatoriiis ,de derogare , déroger.
DÊROGEANCE (dè-ro-jan-s'), i. f. \\ l' Action
DER
par laquelle on perdait les droits et privilèges atta-
chés à la noblesse Et par la recherche des pièces
justificatives de la dôrogeance de plusieurs p:irticu-
îiers, Arrél* du comeil contre les usurpations de
noblesse, t4 oct. toofl. || 2" Par extension, diminu-
tion de droits, de privilèges. Un maître des requêtes
répondit qu'il n'y avait ni dérogeance dans sa qua-
lité ni amoindrissement dans son crédit, pour la
ferme générale, qui allait se trouver aussi rappro-
chée par son nouveau titre, qu'elle l'était par ses
fonctions, de deux honorables régies.... moluen,
lHém. d'un viinistré du trésor, t. i, p. 00. X cette
époque, sa puissance et sa grandeur [de Napoléon)
étaient parvenues à un tel degré que personne ne
pouvait être tenté d'accuser de dérogeance tous ces
princes qui venaient prendre le second rang à sa
cour,iD. tfc. t. m, p. 77. Il Fig. La fidélité n'est qu'un
respect pour nos engagements; l'infidélité une dé-
rogeance, VAUVEN. Espr. hum. 45.
— ETYM. Dérogeant.
DÉROGEANT, ANTE (dé-ro-jan, jan-t'), adj.
Oui déroge. Un acte postérieur dérogeant au pre-
mier. Des actions dérogeantes à la noblesse.
— iiisT. XYi' s. Il estoit contraint de conseiller
beaucoup de choses desrogeantes à la dignité de sa
ville, AMYOT, l'hocion, i. Toutefois il ne fut point
contrainct do faire ne de dire chose aucune dero-
gante à sa dignité, id. Ct'c^ron, 49. On lui apprit
que, ne prestant point de serment, il pouvoit, sans
reproche, estre dedans leur armée comme ennemi,
mesmement s'il se pouvoit garder de prononcer pa-
roUes desrogeantes à ce qu'il estoit, d'aub. Ilist. ii,
t7B. Le roi de Navarre estoit bien aise d'avoir à se
plaindre de quelques points desrogeans à l'edit, m.
ib. Il, 330.
DÉROGER (lié-ro-jé. Le g prend un e devant a ou
o; nous dérogeons, je dérogeais), v. n. || 1° Terme
de jurisprudence. Prendre des dispositions qui sont
différentes de dispositions antérieures ou qui y sont
contraires. Déroger à une transaction par une au-
tre. Les deux parties ont dérogé à leur contrat. || 11
se dit aussi de lois ou de disposition.» qui en modi-
fient ou révoquent une autre. Les privilèges déro-
gent au droit commun. X la place de l'héritier que
la nature appelait, ils mirent celui que demandait
la conjoncture, se persuadant que la nécessité a ses
lois qui dérogent à toutes les autres, rollin, Ilist.
anc. t. VI, p. tB, dans pougens. Leurs lois ont dé-
rogé aux lois de la nature pour assurer la tranquil-
lité, pour encourager l'industrie, pour affermir la
liberté, baynal. Hist. phil. xvi, ts. ||2° Ne pas se
conformer à, porter atteinte à. Déroger aux droits
de quelqu'un. Je sais bien que toute la gloire de la
sainte Vierge vient de ce qu'elle est mère du Sau-
veur ; et je dis de plus qu'il y a beaucoup de gloire
au Sauveur d'être le fils de la Vierge; n'appréhen-
dez pas, chrétiens, que je veuille déroger à la gran-
deur de mon maître par cette proposition, boss.
2* serm. Comp. de la sainte Vierge, i. Vous diriez
qu'on déroge à l'amour de Dieu en se plaisant à
le voir, id. Or. 5. Maxime qui, bien loin de dé-
roger à la grandeur des souverains de la terre,
ne sert au contraire qu'à la relever et à lui donner
plus d'éclat, boordal. 2' dise, après Pdq. Domi-
nic. t. II, p. 10. Dieu, en vous donnant ces biens,
n'a jamais eu intention de déroger à ses droits,
iD. Dim. de la srptuagés. Dominic. t. i, p. 36).
Il 3° Déroger à noblesse, ou, absolument, déroger,
faire une chose qui entraînait la perte des droits
et dos privilégies de la noblesse. Déroger en se met-
tant dans le commerce. || Par extension. Lo com-
merce dérogeait, il faisait que le noble qui commer-
çait n'était plus noble. Il faut avouer que la nation
française, aussi polie qu'aucune i;ation, est encore
dans cette barbarie, qu'elle doute si les sciences
poussées à une certaine perfection ne dérogent point,
et s'il n'est point plus noble de ne rien savoir, fon-
rr.ti. l'IIospital. || Fig. Quant aux romans tout à
fait inventés, ils étaient continuellement, quelle
que fût l'époque et le nom des personnages, la re-
proiluction de l'élégante politesse du xvn* siècle ; ils
ne dérogeaient pas jusqu'à la vérité, villemain,
L-'t. fr. xviii* siècle, 2* iiart. 1« leçon. || 4° Faire
une chose indigne de. Ne dérogez pas à votre carac-
tère par une si lâche complaisance, Dict. de l'A-
cad. X Dieu ne plaise que je prétende en aucune
sorte déroger àla vérité et à la sainteté de cette mo-
rale, DOïRD. Pensées, liv. i, p. 26. ||6* Déroger se
dit, surtout avec ironie, pour condescendre, s'a-
baisser à. Il voulut bien déroger jusques-là. Que des
traces du monstre [la chicane] on purge la tribune;
J'y monte; et mes talents, voués à la fortune. Jus-
qu'à la prose encor voudront bien déroger, pibom,
DER
Métrom. lu, 7. Il Déroger se conjugue avecl'auxi-
liairo avoir.
— HIST. XIV* s. Nul droit positif ne peut desro-
guer à droit naturel, ne obligier à faire contre droit
naturel, oresme, Elfc. 182. ||xvi*s. Carcueur, par-
lant soubz bouche desloyalle, TJ'est qu'arcenic de-
dans le miel logé; Car trop desrogue à dignité
royalle, j. marot, v, 194. Ainsi nous avons deux
choses à considérer, quand nous parlons de cette
humanité; c'est que nous no lui estions pas la vérité
de sa nature, et que nous ne desrogions rien à sa
condition glorieuse, calv. 2oi. L'homme mortel
usurpe l'office de Dieu, et derogue à sa majesté,
quand il se fait juge de ses prochains, ID. 30». II.
n'est point à nous de rien deroguer à Dieu, quoy
que nous en parlions imperti nomment, id. Jnstil.
23. On ne peut pas d'iceux [passages] inférer que
Dieu ait rien derogué à son premier conseil , m. ib.
169. Je ne veux point, dit-il, par ambition deroguer
à personne, ID. ib. 905. Les Athéniens, derogans à la
loi de leur ostracisme, rappelèrent tous ceulx qu'ilz
avoient reléguez, amyot, Arist. 21. Derogant en
cela la dignité du souverain magistrat, et rendant,
par manière de dire, le consulat un tribunat du
peuple, ID. Pomp. 6a. Cela ne desroge à la gloire
de ces anciens aucteurs qui.... uont. m, 354. Mon
histoire ne desrogera pas à la bien-seance, de vous
conter ce qui.... d'aub. Ilist. l, 70. Or, tout cecy ne
derdge aucunement à la doctrine commune, que le
monde est faict pour l'homme, et l'homme pour
Dieu, CHARRON, Sagesse, i, 42.
— ETYM. Provenç. et espagn. derogar; ital. aé-
rogare, dirogare; du latin derogare, déroger aune
loi, en letraiicher une disposition; de la préposition
de, et rogare, porter une loi , demander (voy. roga-
toire).
t DÉROI (dé-roi), s. m. Nom de la somme qu'on
payait chaque jour à la maison où étaient logés les
officiers de la bouche du roi , lorsque la cour était
en marche.
— ETYM. Déroi est l'ancien français desroi, ayant
le même sens que désarroi (voy. ce mot); le déroi
était le dérangement et, par suite, l'indemnité pour
le dérangement.
DÉROIDI, lE (dé-roi-di, die, ou dé-rè-di, die),
part, passé. Les bras déroidis par des frictions.
DÉUOIDIR (dé-roi-dir; la prononciation dé-rè-
dir est aujourd'hui beaucoup plus usitée) , v. a.
Il 1° Faire perdre à quelque .chose sa roideur, faire
cesser l'état de roideur. || 2° Se déroidir, v. réfl.
Les membres engourdis par le froid se déroidissent
auprès du feu. || Fig. Son caractère commence à se
déroidir.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et rotd«; Berry, de-
rediir.
t DÉROMPAGE ( dé-ron-pa-j' ) , s. m. Terme de
papeterie. Action de dérompre.
t DÉROMPOIR (dé-ron-poir), s. m. Terme de pa-
peterie. Table garnie d'un instrument tranchant, oii
se coupent les chifi^ons au sortir du pourrissoir.
— ÉTYM. Dérompre.
t DÉROMPRE (dé-ron-pr'), v. a. || 1* Ancien
terme de guerre. Dérompre harriois, rompre l'ar-
mure d'un chevalier. Ils [Grammont et son ami
Matta] valaient bien ces deux frères [Amadis et Ga-
laor] ; car, s'ils ne savaient pas autrement pourfen-
dre géants, dérompre harnois et porter en croupe
belles demoiselles , sans leur parler de rien, ils sa-
vaient jouer, et les autres n'y connaissaient rien,
HAMILT. Gramm. i. || 2* Terme de fauconnerie.
L'oiseau de proie dérompt un oiseau, lorsqu'il le
heurte si rudement qu'il rompt son vol, l'étourdit
et le fait tomber. || 3* Terme de papeterie. Couper
les chiffons pourris avant de les porter dans les
piles à effilocher. || 4° Terme d'agriculture. Dérom-
pre un pré, le transformer en une autre culture»
— HIST. XI* s. Nen ai tel gent qui la sue derumpe,
Ch. de Bol. il. || iii* s. La soe broigne [cuirasse]
desrote etdessartie, Boncisv. i, 58. || xiii* s. Sa cage
[il] a derompue et toute depecie, Berte, ii. Maint
haubert derompu, mainte teste tranchie, t6. cxuv.
Quant il orent por lor pechié Li bois deront et des-
pecié.... Ren. 19806. Et quant elle [la nef] vint en
la haute mer, elle ne pot soufrir les cops des ondes,
ainçois se dcsrompi, jorav. 284. || xv* s. Une bande
de queli)ues hommes d'armes desrompus, comm. viiij
6. Il XVI* s. Pour desrompre la violence des eaux,
on a mis grande quantité de bois debout, au devant
des dits piUiers, palisst, i7S.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et rompre; provenç. des-
rompre, disrompre; ital. disrompere.
f DÉROMPO, UE (dé-ron-pu, pue), part, passé
do dérompro. Un biroa dérompu par le faucon.
DER
PER
DER
1087
f DÉROSTOSfE (dé-ro-sto-m'), s. m. Terme de
zoologie. Genre de planaires (helminthes), dont la
bouche s'ouvre sous la partie inférieure du corps, à
une petite distance de son extrémité antérieure.
— ÉTYM. Aépii, cou, et (TT6|ia, bouche.
DÉRODGI, Iï; (dé-rou-ji, jie), part, passif. Un
drap rouge, dérougi par l'action de l'air et de la
pluie.
DÉROtJGIR (dé-rou-jir). || 1° V. a. Oter la rouge,
ce qui rend rouge. || 2° V. n. Perdre de sa rougeur.
Cela dérougira à l'air. || 3° Se dérougir, v. réfl. Ces-
ser d'être rouge. Cette étoffe, qui était d'un beau
rouge, s'est dérougie.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et rouge.
DÉROUILLÉ, ÉE (dé-rou-Ué, liée, ÎJ mouillées,
et non dé-rou-yé), por(. passé. Une clef dérouillée.
Et vois comme le fer, par le feu dérouillé, Prend
une couleur vive au milieu de la flamme, corn.
Imit. Il, 4.
t DÉROUILLEMENT (dé-rou-lle-man,ii mouillées,
et non dé-rou-ye-man), s. m. Action de dérouiller;
état de ce qui est dérouillé.
— ÉTYM. Dérouiller.
DÉROUILLER (dé-rou-Ué; Il mouillées, et non
dé-rou-yé), v. a. || 1° Enlever la rouille. Dérouiller
des armes. || 2° fig. et familièrement , faire montre
de quelque connaissance mise depuis longtemps en
oubli. Qu'il y aurait un beau gémissement à faire
là-dessus, qui me ferait encore dérouiller du latin et
des passages! st-sim. 299, H3. || 3' Instruire, fa-
çonner, polir quelqu'un. L'air du monde dérouille
i'esprit. Il 4° Se dérouiller, i>. réfl. Perdre la rouille.
Le fer se dérouille par le frottement. || Fig. Se re-
mettre au fait d'une chose qu'on a jadis apprise,
pratiquée, etc. Il y a longtemps qu'il n'a vu de la-
tin; il aurait besoin de se dérouiller. || Se façonner,
se polir. Ce jeune homme commence à se dérouiller.
— lllST. XIV* s. Le baignier [l'épervier], qui le
fait avancier, desrouillier et mettre à point ses plu-
mes, Ménagier, m, 2. || xvi' s. L'aise y sema les
vices, comme la chaleur les serpents; la roine de
Navarre eut bien tost desrouillé les esprits, et fait
rouiller les armes, d'aub. Hist. ii, 344.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et rout'He.
DÉROULÉ, ÉE (dé-rou-lé, lée), part, passé. Les
livres anciens étaient des rouleaux de papyrus dé-
roulés au fur et à mesure qu'on lisait.
DÉROULEMENT (dé-rou-le-man), s. m. Action
de dérouler. || Terme de géométrie. Production d'une
courbe par l'arrangement des rayons d'une autre
courbe.
— ÉTYM. Dérouler.
DÉROULER (dé-rou-lé), V. a. \\ 1° Développer ce
qui était roulé. Dérouler une pièce d'étoffe, un ta-
bleau. Quelques feuilles brûlées des manuscrits qui
ont été trouvés i. Heroulânum et h Pompéi , et que
l'on essaye de dérouler à Portici, staël, Corinne,
XI 4. Il Terme de géométrie. Dérouler une courbe,
la former par la disposition des rayons d'une autre
courbe. |1 Terme de typographie. Dérouler une
presse, faire retourner en arrière le train d'une
presse , à l'aide de la manivelle et du rouleau.
Il 2° Étendre peu à peu. Un fleuve déroule ses eaux
dans les campagnes. Dans un riant vallon, la jeune
et vive Alan [nom d'une rivière] , Déroulant sur les
fleurs une onde plus pai.sible, S'égaye, en s'échap-
pant des rocs du Mont-Terrible, masson, Ilelvétiens,
viu. Il 3° Fig. Faire connaître par une sorte de dé-
veloppement. Il déroula devant nous le tableau de
ses chagrins. Qu'ordounes-tu de nous? qu'est-ce que
lu décides"? Déroule en un seul jour tes tables ho-
micides, ARNAUD, Sylla, u, 8. Il Dérouler les an-
nales des temps passés, en retracer l'histoire. || 4° Se
dérouler, «. réfl. Être déroulé. Le rouleau de papier
qui contenait le testament, se déroulait peu à peu.
Il Par extension. Pendant que cette catastrophe s'ac-
complissait [à la Bérézina] , les restes de la grande
armée ne formaient plus sur l'autre rive qu'une masse
informe qui se déroulait confusément en s'écoulant
vers Z'embin, ségur , Uist. de Nap. xi, (O. || Fig.
Un tableau magnifique se déroula à nos yeux au
•ommet de la colline. Je promène au hasard mes
regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se
déroule à mes pieds, lamart. Médit, l, 1.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et rouler.
t DÉROUTANT, ANTE (dé-rou-tan, tan-t'), adj.
Qui peut déconcerter, rompre les mesures.
DÉROUTE (dé-rou-f) , s. f. jj i' Fuite de troupes
rompues et en désordre. Et contre son beau-père
ayant besoin d'asiles. Sa déroute orgueilleuse en
' cherche aux mômes lieux Où contre les titans en
trouvèrent les dieux, corn. Pomp. i, <. Je me vis
en déroute avec toutes mes forces, id. Attila, i, t.
A Paris on dit et on croit savoir que c'est une vraie
déroute; toute l'infanterie a été défaite, et la ca-
valerie en fuite et en désordre, SÉV. 206. Les Assy-
riens furent mis en déroute, boss. Uist. m, 4. Res-
tait cette redoutable infanterie de l'armés d'Espagne,
dont les gros bataillons serrés demeuraient inébran-
lables au milieu de tout le reste en déroute et lan-
çaient des feux de toute part, id. Louis de Bourbort.
Mais sans doute l'empereur croit, en datant cinq
jours de cette ville, donner à une déroute l'appa-
rence d'une lente et glorieuse retraite, ségdr, Jlist.
de Nap. x, 2. || 2° Déroute se dit aussi de la décon-
fiture ou déconvenue qu'éprouve une personne ou
un parti. Pour les mettre en déroute eux et tous
leurs complices. Je n'ai qu'à déployer l'appareil des
supplices, corn. Pomp. iv, 6. Le cavalier en désor-
dre sortit en déroute, croyant être ensorcelé [il
s'agît d'aiguilletles nouées] , sÉv. 37. || Mettre quel-
qu'un en déroute, le battre dans une discussion,
le mettre hors d'état de répondre. || Familièrement.
Être, se mettre en déroute, se déranger. Il ne tra-
vaille plus depuis huit jours, il s'est mis en déroute ,
enpleinedéroute; le voilàencoreen déroute. || 3° Fig.
Renversement total des affaires de quelqu'un. Elle
en use comme on en use dans la déroute des familles,
MASS. Car. Jeûne. C'est ainsi que souvent par une
forcenée Une triste famille à l'hôpital traînée Voit
ses biens en décret sur tous les murs écrits De sa
déroute illustre effrayer tout Paris, boil. Sat. x.
J'ai parlé de la déroute de la Touanne et de Sauvion ,
ST-SIM. 99, 63.
— ÉTYJI. Ancien participe dcrouf ou deronf, qui
signifie rompu, dispersé, du latin diruptus , de
de ou di, et ruptus, rompu (voy. roi'TE et rompre).
DÉROUTÉ, ÉE (dé-rou-té, tée), part, passé. Qui
a perdu la bonne voie. Les chiens déroutés par le
lièvre. || Fig. Les jansénistes sont un peu déroutés
de leur voir tant de conscience, dont ils ne les soup-
çonnaient pas, d'alemb. Lett. à Voltaire, 2 mars
i7B4.
DÉROUTER (dé-rou-té), V. a. \\ 1° Faire perdre
le bon chemin. Le lièvre a dérouté les chasseurs et
les chiens. Nous étions dans le bon chemin, vous
nous avez déroutés. || Par extension. Je lui proposai
de nous établir dans une solitude agréable, dans
quelque petite maison assez éloignée pour dérouter
les importuns, j. J. rouss. Confess. v. || 2» Fig. Faire
perdre le fil qu'on tenait, la trace d'une affaire qu'on
suivait. Cette réponse le dérouta. On m'assure que
les comédiens ne laisseront pas de donner la pièce
au i" de mars; il n'y a autre chose à faire qu'à y
travailler encore pour dérouter les polissons, volt.
Lettr. Richelieu, 4"févr. 1773. || Rompre les me-
sures prises par quelqu'un, déconcerter. Cet événe-
ment l'a totalement dérouté. Un conquérant, dis-je,
peut dérouter tout, montesq. Espr. x, 4. || 3° Se dé-
router, 0. réfl. Perdre la bonne voie. Le chien se
dérouta. || Fig. Ils se sont souvent déroutés dans ces
vastes pays de l'antiquité, aoss. Âvert. 6. On s'y
perd [dans cette vie], on s'y déroute comme dans
une plaine vaste et inhabitée, où il n'y a ni vallon
ni coteau, et où les pas des hommes n'ont point
marqué de sentier, BOSS. dans le Dict. de dochez.
Au milieu de sa course il s'est arrêté, il s'est dé-^
routé, il a quitté son chemin; et qui sait quand il
le reprendra? bourd. Pensées, t. ii, p. 388,
— HIST. xtii" s. Mult durement se desrouta Li liè-
vres, qui les chiens douta, Asseiz foï et longuement,
Et cil le chassa durement, ruteb. 290. || xiv s. Adonc
dirent Anglois: nous sommes desconfis; Cilz sera
bien méchant [malheureux] qui plus demourra ci;
Lors se sont desrouté, plusieurs s'en sont fuî, Guesd,
2258( -22683. || xv S. Si chevauchèrent les batailles
ainsi rangées tout le jour, sans desrouter, par mon-
tagnes et par vallées, froiss. i, i, 35. [Les cheva-
liers Escots] se desroutoient l'un de l'autre et per-
doient leur chemin, id. 11,11, )7.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et route.
t DERRI (dè-ri) , s. m. Couche de tourbe qui se
trouve à quelques centimètres au-dessous de la sur-
face du sol.
DERRIÈRE (dè-riê-r'), pr^p. || 1° En arrière de,
au dos de, au revers de. Avoir les mains liées der-
rière le dos. U s'est retiré derrière un retranche-
ment, d'ablancourt, ylm'e», liv. I, dans RicHELET.
U se lève, et soudain pour signal, Achillas Derrière
ce héros tirant son coutelas.... corn. Pomp. 11, 2.
U se met derrière celui qui parle, la bruy. vi. Ve-
nez, derrière un voile écoutant leurs discours....
RAC. Esth. n, 8. Il laissait tous les autres derrière
lui, FÉN. Tél. V. Son grand-père défendit que je
montasse derrière aucun carrosse, et que je suivisse
personne hors de la maison, j. j. rouss. Conf. m.
Chevaliers, criait-il d'une voix plus terrible, Devant
nous l'ennemi , derrière nous les eaux; Sachons
vaincre ou mourir.... masson, Ilelvétiens, vu. Ces!
à cent lieues plus loin que Smolensk, dans une po-
sition plus resserrée, derrière les marais de la Bé-
rézina, c'est à Mins'ï qu'il lui faut aller chercher
des quartiers d'hiver dont quarante marches le sé^
parent, ségur, Hist. de Napol. ix, 5. || Regarder
derrière soi, tourner la tête pour regarder en ar-
rière. || Fuir sans regarder derrière soi, fuir à la
hâte et précipitamment. Allons, mon maître, suivont
le conseil de la vieille ; partons et courons sans re-
garder derrière nous, volt. Candide, <4. ||2° A la
suite. Ses gens venaient derrière lui. || Fig. Le
'désappointement marche derrière l'enthousiasme.
Il Laisser quelqu'un bien loin derrière soi, ou, ad-
verbialement, bien loin derrière, le surpasser. Au
XV* siècle, l'Italie laissait bien loin derrière elle tout
le reste de l'Europe, raynal, Hist. phil. i, Introd.
Il 3° Adv. En arrière. Nous demeurâmes un peu
derrière, fén. Tél. 1. Eucharis, rougissant et bais-
sant les yeux, demeurait derrière, toute interdits,
sans oser se montrer, id. ib. vu. Hâtons-nous de
courir, de peur d'être laissés derrière, id. t. xviii,
p. 83. Il Sens devant derrière, loc. adv. En mettant le
devant à la place du derrière. Elle a mis son bonnet
sens devant derrière (voy. sens). || Terme de chasse.
Derrière 1 commandement pour arrêter un chien et le
faire demeurer derrière. || 4° S. m. La partie posté-
rieure d'un objet. Le derrière de la maison. Le der-
rière de la tête. Un lapin des plus agiles sort par les
derrières du terrier et va avertir un berger voisin,
FÉN. t. XIX, p. 52. M. du Maine monta dans le car-
rosse de M. le duc avec M. le prince de Conti, tous
deux au derrière et lui au devant avec M. le comte
de Toulouse, st-sim. 20, 237. || Terme de marine.
Synonyme d'arrière et de poupe. || Terme de pein-
ture. Synonyme de champ ou de fond. || 5° Le der-
rière, l'arrière-corps d'un logis. Il est logé sur le
derrière ce logis avait sur le derrière De quoi
pouvoir introduire l'ami, la font. Gag. On ne veut
point de bruit, on est sur le derrière, sÉv. 389.
Il Porte de derrière, porte pratiquée dans le derrière
d'un bâtiment. Je vis sortir M. le duc de Chartres
d'une porte de derrière de son appartement, st-sim.
2, 42. Pour la fuite du roi, il paraît que le prince
d'Orange l'a bien voulu; le roi [Jacques II] était fort
bien gardé par le devant de sa maison, tandis que
toutes les portes de derrière étaient libres et ouver-
tes, SÉv. 605. Il Fig. Porte de derrière, un faux-
fuyant, une échappatoire. Nous nous réservons une
porte de derrière pour sortir d'affaire avec le par-
lement, RETZ, II, 3<2. Il faut avoir une pensée de
derrière et juger de tout par là, pasc. Pens. div.
183. Quand on a compté sur un mariage de cette
autorité, il ne se trouve plus de porte de derrière,
et il leur [aux MaiUy] fallut sauter le bâton d'assez
mauvaise grâce, st-sim. 3,56. Chacun parlant tout
haut devant tant de témoins, il n'y avait plus de
porte de derrière, id. 49, 72. || U a toujours quelque
porte de derrière, se dit d'un homme peu sincère
qui trouve toujours quelque subterfuge. || 6° La par-
tie inférieure et postérieure du corps. Après ce
joli compbment, Qu'elle fit un peu brusquement,
Elle lui tourna le derrière D'une dédaigneuse
manière , scarron , Virgile trot), iv. Mme de
Castries aurait passé dans un médiocre anneau; ni
derrière, ni gorge, ni menton, st-sim. 42, 252. Le
baron chassa Candide à grands coups de pied dans
le derrière, volt. Cand. 4 . Et quand c'eût été George,
s'écrie Turenne en se frottant le derrière.... 3. 3.
ROuss. Ém. IV. Le canard s'assied sur son derrière
et remue doucement la queue, chateaub. Amer.
xviii. Il Populairement. Montrer le derrière, avoir
des vêtements en si mauvais état que l'on peut
apercevoir le linge ou le corps lui-même par des
trous. Il signifie^ de plus fuir dans un combat, et
aussi manquer aux promesses que l'on avait faites.
Il Grossièrement. S'en torcher le derrière, faire peu
de cas de quelque chose. Des lois du sort la dame '
fière Se torche souvent le derrière , scarron , Virg.
trav. liv. vi. ||Fig. et familièrement. Faire rage des
pieds de derrière, faire tous ses efforts pour réussir.
Il 7° Les derrières d'une armée, les corps qui vien-
nent les derniers. Fondre sur les derrières de l'en-
nemi. Il Le côté auquell'armée tourne le dos; le pays
qu'elle laisse derrière elle. Assurer ses derrières,
les mettre en défense contre les attaques de l'en-
nemi. Il 8° Terme de marine. Derrière carré, nom
donné à une sorte de navire de charge dont l'ar-
rière avait, dans ses œuvres mortes, la forme d'un
carré. Un derrière carré de i 50 tonneaux , chargé
de sucre et de coton. État des prises faites par
1088
1)!ÎR
Vctcadre du sieur Renau, dans jal. || 9» Par der-
rière, loc. adv. l'ar lo côté du dos. On peut donc
liier par derrière.... pasc. Prov- 7. J'ôterai ensuite
ma main, et vous mo verrez par derrière, mais vous
ne pourrez voir mon visage, saci, Bible, Exode,
XXXIII, 23. Il Aller au-devant par derrière , prévenir
adroitement quelque disgrâce, se préparer un avan-
tage par quelque précaution. || Par derrière, loc.
frrépositive. X la vue de Krasnoé, les troupes de ce
maréchal se débandèrent et coururent à travers
cliamps, pour dépasser la droite de la ligne enne-
mie, par derrière laquelle elles arrivaient, ségur,
Hist. de Nap. x, 6. || Proverbe. X passage et k ri-
vière, Laquais devant, maître derrière. || Il ne faut
pas regarder derrière soi, en certaines entreprises,
c'est-à-dire il faut aller hardiment en avant.
— HIST. XI* s. S'arere-garde [il] lairrat derere
sei, Ch. de Uol. xlii. Sonent cil graile et derere et
devant, ib. cxxxvi. Il est darere od celle gent bar-
bée, ib. CCXL. Il xn- s. [Il] Fiert Olivier enmi les dos
deriez, Ronc. p. 8». Souvent [il] regarde et derrier
et devant, ib. p. <62. Sun lit unt [ils ont], veant
tuz, enz el musiier porté, Detries le grant autel e
fait et aturné , Th. le mart. *8. Ferid les e turmen-
tad en la plus privée partie de lur cors, à lur de-
tries. Rois, (8. ||xm' s. La vieille et sa fille orent
pourparlé en derrière, Berle, xii. Derrier le haterel
[ils] lui ont si fort noué [la corde], ib. xv. X destre
et à senestre, et devant et derrière, ib. xxviii. Par
derrière l'autel s'ert [s'était] la bêle mucie [cachée],
ib. cix. .là hom qui est bien droituriers Ne jugera
autre en derriers, Ren. (80)8. Par devant dient qu'il
TOUS aiment, Et par derriers putain vous claiment,
la Rose, 9280. Là ne sunt pas li tesmong oy en der-
rière des parties, beaum. xxxix, 78. Derrière ces
trois barons avoit bien trente de leurs chevaliers en
cottes de drap de soie pour eulz garder, joinv. 205.
X tant es vous [voici que] un Turc qui vint devers
la bataille leroy qui dariere nous estoit, et feri par
darieres Monseigneur Pierre de Nouille d'une mace,
ID. 228. Il tournèrent ce devant darieres, et s'en-
fouirent, ID. 216. Il XIV" s. La nuit qu'il s'i logèrent,
le gait en ordenoit Pour les bestes sauvages que
chacun y veoit : Il estoit devourez qui tout devant
aloit; Aussi estoit perdus qui derrier se tenoit,
Guescl. 8209. Il XV* s. Les enfans sire Jean Mahieu
se desparlirent au plutost qu'il porent, les uns par
devant, les autres par derrière, froiss. ii, ii, 64.
De quoy aucunes gens furent encoulpez en derrière
couvertement, ID. i, i, 49. [Le roi Charles, les dou-
tes de la mort lui commençant à approcher] manda
ses trois (reres es quels il avoit greigneur fiance, et
laissa derrière son second frère, le duo d'Anjou, pour
tant qu'il lé sentoit trop convoiteux, ID. ii, ii, 70.
Et vous dis que à aucuns qui demeurèrent derrière,
on faisoit des torts assez, id. ii, ii,^2I5. Tantost
celle femme là venue, elle se tourna, et leva ses
draps, c'est à savoir sa robe et sa chemise, et mon-
tra son derrière aux Hainuyers, Hollandois et Ge-
landois et à toute la compagnie qui voir le voult,
ID. III, IV, 50. Et si le roy avoit loué ses œuvres en
derrière, encores le loua il mieulx en sa personne,
COHH. u, (3. Il xvi* s. Voyez le derrière du rideau,
MONT. I, 327. Quelqu'un des siens, par le derrière
prenant sa teste, luy tord le col, m. m, (30. Nos
yeulx ne veoient rien en derrière: nous nous moc-
quons de nous sur le subject do nostre voisin, id.
IV, 45. Ce singe commença à aller du derrière [foi-
rer] tout le long do la chambre et sus les tapisse-
ries, DESPER. Contes, xci. N'aiant point soif de
louanges, cachez derrière eux mcsraes, et condam-
nez du ciel à pourrir moisis sur le puant fumier d'une
salle oisiveté, d'aub. hisl. ii, 4S9. S'il y en avoit
quelqu'un [des chiens] qui emportast la voye du
lièvre cent pas ou plus devant les autres, il le fau-
droit arrcster en lui di.sant derrière, et non haye;
ce mot de haye ne se doit dire qu'aux chiens qui
sont en faute, comme quand ils chassent le change,
SALNOVE, Véner. p. 209, dans lacubnk.
— ÊTYM. Picard, darière; bourguig. darrei; gé-
nev. les derrières, le derrière de la maison; eitre
ntr lei derrières, ne pas se tenir au courant de ce
qui se passe; provenç. dereire, dareyre; catal. dar-
rera; itaL dietro, drieto; du latin rie et rclro, qui
a subsisté dans l'ancien français riere. L'ancienne
fortne detriet, qui, comme le vers le montre, doit
se lire detriét, est correspondante à l'italien dietro;
pnr une grande singularité l'r est tombée: deirirs
fouTde-reIries, dieiro pour di-rc(ro; quant à la finale
tel, elle indique un ablatif pluriel d'une forme bar-
bare rerraliu, misenarrièrc, et avec la préposition:
de rrtratis, deriit; compare» certes et t)o(oriiteri.
DERVICHE (dèr-Ti-ch') ou DERVIS (dèr-vi),
DÈS
s. m. Espèce do moino musulman. Les durvichos
se livrent particulièrement à la prièru ot nu soin des
malades; ils portent constamment sur eux un cha-
pelet. Oui désigné-je, à votre avis, Par co rat, si
pou Bccourablo'? Un moino? noUrmais un dervisj
Jo suppose qu'un moloo est toujours charitable, LA-
FONT. Fabl. VII, 3.
— ÉTVM. Persan, derom'ich, pauvre.
DES (de; Vs se lie: dê-z hommes), art. plur.
contracté pour de Us, et qui se dit pour le mascu-
lin et le féminin. N'es-lu pas dans ces lieux Où la
haine des rois, avec le lait sucée.... bac. Rérén. iv,
4. S'il n'est pas des plus beaux , il est des agréables,
MOL. lÉtnur. 1,6. Je lui ai bien fait entendre que
vous n'étiez point une dupe, pour vous demander des
cinq ou six cents pistoles, id. Scapin, ii, 8. || Pris
partitivement, quelques. Des hommes recomman-
dables pensent que....
— UEM. Pris partitivement, il faut, quand un ad-
jectif précède, dire en général de et non des: de
bons vins, de bonnes gens. Mais on pourra se servir
derics, quand le mot, en raison de l'usage, peut être
considéré comme ne formant qu'un seul mot avec
son adjectif: des jeunes gens, des jeunes hommes.
On reviendra à de, si on met devant l'adjectif un
mot qui le modifie : de tout jeunes gens.
— HIST. XI* s. Blancandriiis fut des plus saives
païens, Ch. de Roi. m. Là où cist furent, des au-
tres i ot bien, ib. vni. || xii* s. La disme escbelle
est des barons de France, Ronc. p. 134. Faisons des
bierres de verges et de peaus, ib. p (50.
— ÉTYM. De (voy de), et les (voy. le, la).
t DES ou DÉS, préfixe qui signifie l'action d'ô-
ter, de retirer, de défaire, par exemple dés-osser, et
qui vient des prépositions latines de-ex (voy dès) ;
à moins que l'on ne veuille y voir simplement une
autre forme de dé.... préfixe : dé devant une con-
sonne ; dés devant une voyelle. Et l'on me déso-
sie enfin Comme on vous désamphitryonne, mol.
Atnph. III, 8.
DÈS (de; Vs se lie: dê-z aujourd'hui; dans dès
que, Vs ne se prononce pas et c'est à tort que plu-
sieurs disent dès' que; dans dès hier, la prononcia-
tion varie, les uns disant dè-zièr, et les autres
dô-ièr), prép. || 1" X partir de, à dater de, à
compter de. L'homme dès sa naissance.... Nous
nous aimions tous deux dès la plus tendre enfance,
Bkc.Théb.u, (.Demain, dès cette nuit, je prendrai
des mesures, id. Athal.y, 2. || 2° Dès, placé de-
vant un adverbe ou nom de temps. Peut-être dès
demain, dès la nuit, dès ce soir. J'en verrais des
effets que je ne veux pas voir, corn. Poly. v, (.
C'est donc dès maintenant et sans différer que nous
devons donner nos soins à.... boubd. Pensées, liv. i,
p. (03. Cependant le sénat.... Dès hier vous nomma
gouverneur de l'Asie, volt. Catil. n, 3. || Dès long-
temps, depuis longtemps. Et vos soins trop pru-
dents Les ont [mes amis] tous écartés ou séduits
dès longtemps, bac. Brit. m, 6. Vous m'aimez dès
longtemps; une égale tendresse Pour vous depuis
longtemps m'afflige et m'intéresse, id. Mithr. ii, «.
Il Dès avant, même avant. Moi je vins hier? — Sans
doute; et dès avant l'aurore Vous vous en êtes re-
-tourné, mol. Amphit. ii, 2. || 3° Dès, placé devant
un nom de ville ou un adverbe de lieu et signifiant
à partir de là. Vous savez qu'il tomba malade dès
Amboise, maintenon, Lelt. à l'abbé Gobelin, 27 oct.
(675. Mme de Chaulnes prend ses mesures dès ici
pour s'en aller à Chaulnes trois jours après son ar-
rivée, sÉv. Lelt. (« oct. (687. Ce grand sacrifice
était déjà commencé dès Smolensk; Rostopchine
l'acheva, ségur. Hist. de Nap. viu, 2. || 4° Dès lors,
loc. adv. Dès ce moment, dès ce temps, aussitôt.
Il avait dès lors imaginé ce moyen. Dès lors il com-
mença ses poursuites. Il me .souvient pourtant que,
s'il fut notre appui, Nous vous dûmes dès lors au-
tant et plus qu'à lui, corn. Pomp. m, 2. Ahl si
d'un autre amour le penchant invincible Dès lors à
mes bontés vous rendait insensible, rac. Uilhr. iv,
4. Mais, seigneur, c'est un roi malheureux et
soumis, Et dès lors je le compte au rang de mes
amis, m. Alex, v, i. jj Dès lors que, du moment
que, par cela que. Les grands se font honneur
dès lors qu'ils nous font grâce, la font. Fabl. i,
(4. Il B* Dès là, Joc. adv. X partir de là, en consé-
quence. Les mêmes raisons mettent Jésus-Christ
au-dessus d'une si vaine accusation, qui dès là,
comme nous l'avons remarqué, ne sert plus qu'à
justifier que ses miracles sont incontestables, boss.
Ilist. II, (î. Cette vie n'est pas une vie chrétienne,
et dès là c'est une vie de réprobation et d'Infidélité,
HASS. Car. Salut. J'insista- sur l'inutilité et dès là
sur l'indécence d'un article qui ne réglait rien, sT-
DfiS
giv. 299, 87. Il [Uescai'tes] communce par supposer
que l'âme ne peut avoir aucune influence sur la
corps, et dès là il s'avance trop, volt. Newton, I.
Il Dès là que, loc. conjonctive. Puisque, attendu que.
Quand lo cerveau et le cœur demeureraient en leur
entier, dès là que les esprits manquent, les ressorts
cessent faute do moteur, boss. Connaiss. ii, 12.
Dès là que Jésus-Christ nous donne son corps, dès
à..., id. Euch. 2. Dès là quo vous vous prêtez à tous
vos poncbanls, pourvu qu'ils n'aillent pas jusqu'i
l'infraction visible et grossière du précepte.... dé»
là vous renoncez au désir de votre perfection, mass.
Car. Tiéd. 1. Vous appartenez à Jésus-Christ, dès là
que le monde vous réprouve, id. ib. Resp. hum. Dès
là qu'elle dépend de sa conscience, il faut.... J. J,
rol'ss. Ém. v. Dès là qu'il [Dieu] existe, il est né-
cessaire que son existence remplisse tout l'espace et
tous ses ouvrages, volt. Dial. xv, (. ||6° Dès que,
Inc. conj. Aussitôt que, quand. Dès qu'on se sent en
colère, il ne faut ni parler, ni agir. Seigneur, vous
serez roi dès que vous voudrez l'être, id. Brulus,
m, "). Il Dès aussitôt que, tout aussitôt que. Dès
aussitôt que je comprends quelque chose.... desc.
Ilédit. 5. Il Cette locution a vieilli. || 7° Dès que,
signifiant puisque. Dès que vous en êtes tombé d'ac-
cord, je n'ai plus rien à dire. Dès que l'homme
est l'ouvrage de Dieu, l'homme ne peut plus vivre
que conformément à la volonté de son auteur; et
dès que Dieu a fait de l'homme son ouvrage et son
ouvrage le plus parfait, il n'a pu le laisser vivre au
hasard sur la terre, mass. Car. Évid. de la loi.
— HIST. XI' s. Dès or [il] comence li conseils que
mal prist, Ch. de Rnl. xii. Dès les apostres ne fut
hom tel prophète, td. CLxiv. [Des péchés] Que je ai
fait dès i'hore que nés [je] fu, ib. clxxii. || xii* s.
Dès les porz d'Aspre de ci qu'en Durestant, Honc.
p. 39. Dès le matin jusqu'à soleil couchant, ib. p. 68.
Li clers fut sages dès qu'il issi d'enfance, ib. p. (65.
Bien [je] cuidai vivre sans amour Dès ore en pais
tout mon aé [âge]. Coud, m. Qu'il s'en prennent
à mon maistre d'Oisi Qui m'a apris à chanter dès
enfance, quesnes. Romancero, p. 98. Dès le mont
St Michiel jusqu'àChaslel-Landon, Sax. xxv. || xiu's.
Toute ceste navie vous tenrons nous pour un an,
dès le jor que nous du port de Venise départirons,
viLLEH. XIV. Uns miens amis me vint dès ersoir
acointer, Berte, xi. Par la forest du Mans, dès qu'il
fu ajourné [jour], ib. XLv. Dès lors, se je le fusse
[si j'étais Berte], l'eQfsé-je gehi [avoué], ib. cxviu.
Dame, par Diex, se ge peûsse. Volontiers voslre
grâce eusse, Dès lors que au sentier entrasse. Bel
acueil de prison gelasse. Qui leens est emprisonnés,
la Rose, (0276. Et aussi dès avant qu'il soient semé,
li gaaignage de teres est contés pour muebles, beaum.
xxiii, 4. Dès là nous alames en Ausonne [Auxonne],
JOINV. 2(0. Et en alames à tout nostre hernoiz que
nous avions fait mettre dès Ausone jusques à Lyon,
ID. ib. Dès illecen avant [dorénavant] fu mon prestra
bien cogneu en l'ost, et le monstroient l'un à l'au-
tre, id. ib. 23 (. Il vouloit que dès lors en avant feus-
senttoutun, lo.ib. 200. || xiv* s. Dès ce que l'enfant
est né, il se delette à goûter le laictde sa nourrice,
ORESME, Elh. 39. Et dès maintenant peut asses apa-
roir quele chose est science, id. 16. ( 73. || xv s. Et aussi
messire Charles de Behaigne son fils, qui dès lors
s'appeloit roi d'AUemaigne, et en estoit roi notoire-
ment.... FROiss.i, i, 269. Le lendemain dès ce qu'il
fut arrivé, comm. i, 2. Dès ce qu'ils vindrent à U
rivière, id. i, 6. Le désir que le roy avoit dès long-
temps, ID. IV, 7. Il xvi* s. Dès lors retint et donna le
droict nom De la pucelle à ses flustes rurales, ma-
ROT, IV, 6(. Pantagruel, lequel j'ay servy à gaiges
dès ce que je feus hors de paige jusques à présent,
rab. Pant. II, Prol. Je me suis dez tousjours entre-
tenu des imaginations de.... mont, i, 77. Dez la pre-
mière nuict d'aprèz ses oblations, id. i. 9a. Dez sa
tendre enfance, id. i, (64. Elle eut tel remords,
que, dès lors en là, elle ferma la porte à tous ses
amoureux. — Et dès l'heure [le roi] lui donna Testât
de procureur gênerai, desper. Contes, vi. Les va-
riables accidens que la vieillesse du temps a pro-
duits dès et depuis l'origine du monde, amïot, l'r^f.
XIV, 42. Ces cimens résistent à l'eau dès incontinent
estre posés, o. de serres, 768.
— ETYM. Berry, drés (je vois beaucoup de per-
sonnes qui sont en cette prononciation : drès que je
serai en état, remarque Marg. Buffet, Observ. p. IS3,
(668); bourguig. dos ici, dès ici; provenç. des, dès,
des que, deis que, dès que; anc. espagn. des que, dés
que; du latin de-ex, double préposition, comme
dons, qui représente de-intus. La conjonction com-
posée dès que est une ellipse pour dès ce que, comme
on le voit par l'historique
DIÎS
DÉS
DÉS
1080
t DÉSABONNEMENT (dé-za-bo-ne-man ), s. m.
Action de se désabonner. Ce genre de nouvelles à la
main [des nouvelles déjà connues et sans intérCt]
ne tarda pas à attirer aux propriétaires du Corsaire
inom d'un journal] quelques lettres dans lesquelles
on leur demandait un désabonnement de faveur,
H. MURGER, Propos d« Ville et propos de théâtre,
p. 70.
t DÉSABONNER (dé-za-bo-né) , V. a. Faire cesser
l'abonnement. Vous me désabonnerez dès le mois
prochain. || Se désabonner, v. réft. Cesser de s'a-
bonner.
— ÉTYM. nù.... préfixe, et abonner.
t DÉSABORDER (dé-za-bor-dé) , V. a. Faire ces-
ser l'abordage.
— HIST. xvi* s. X l'abordage, le feu s'estant mis
dans une caque de poudre, lui et tout l'équipage
faillirent à périr; cela pourtant servit à faire que
l'amiralle ledesabordast, d'aub. Hist. ii, 209.
— ÊTYM. Dés.... préfixe, et aborder.
t DÊSABRITER (dé-za-bri-té), V. a. Enlever un
abri.
HIST. xm" s. Nud ne desabrié. Mort de faim
ou de soif, Fabl. mss. durai, n°76)B, 1. 11, f° U3,
dans LACURNE.
— ÈTVM. Dés.... préfixe, et abri.
t DÉSABUSABLE (dé-za-bu-za-bi'), adj. Qui peut
être désabusé.
— ETYM. Désabuser.
DÉSABUSÉ, ÉE (dé-za-bu-zé, zée), part, passé.
Oui n'est plus abusé. Dé.çabusé par une rude expé-
rience. Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée,
CORN. Poly. V, B. Je suis désabusée des projets des
hommes, sÉv. 574. Ce superbe croit s'élever au-des-
sus de tout et au-dessus de lui-même, quand il s'é-
lève, ce lui semble, au-dessus de la religion, qu'il
a si longtemps révérée ; il se met au rang des gens
désabusés, boss. Anne de Goni. Et de son vain cour-
roux trop tard désabusé, rac. Alex, m, 2. Cher ami,
si mon père, un jour désabusé, Plaint le malheur
d'un fils faussement accusé, id. Phèd. v, 6. De ton
espoir frivole es-tu désabusé? id. Athal. v, 5. De
mon aimable erreur je fus désabusée, id. Bérén. 11,
2. Roxane méprisée Bientôt de son erreur sera désa-
busée, ID. Baj. I, 4. Voir Télémaque si désabusé
des victoires et des conquêtes, fén. Tél. xxii. Mais
de ce style enfin la cour désabusée Dédaigna de ces
vers l'extravagance aisée. Distingua le naïf du plat
et du bouffon.... boil. Art p. i. La vérité est que ce
secret-là n'est qu'une chimère.... je n'en ai été désa-
busé qu'ici-bas, fonten. Artémise, Raimond Lxille.
Si vous êtes désabusé du monde, mass. Car. Resp.
hum.
t UÉSABUSEMENT (dé-za-bu-ze-man) , s. m. Ac-
tion de désabuser; résultat de cette action. 11 y a
des erreurs agréables qui valent mieux que ce qu'on
appellerait le désabusement, bussy rabutin, dans
RICHELET. Ce désabusement, si l'on peut parler ainsi,
est un des principaux avantages que nous devions
essayer de tirer de l'oraison, l'abbé reignier, dans
BOUHOiiRS, Nouv. rem.
— ÉTYM. Désabuser.
DÉSABUSER (dé-za-bu-zé), v. a. || i' Faire qu'on
ne soit plus abusé, trompé. Je t'aime encore assez
pour te désabuser, corn. Héracl. i, 2. Quoi! pour
désabuser une aveugle furie.... m. ib. iv, H. Il faut
que le monde nous désabuse du monde ; ses appas
ont assez d'illusion, ses faveurs assez d'inconstance,
ses rebuts assez d'amertume, boss. la Vallière. X
l'erreur de Roxane ai-je dû m'opposer, Et perdre mon
amant pour la désabuser? rac. Baj. i, 4. Il me sem-
ble déjà que ces murs, que ces voiltes Vont prendre
la parole, et, prêts à m'accuser. Attendent mon
époux pour le désabuser, id. Phèd. m, 3. || Ab-
solument. La mort donne les plus grandes leçons
pour désabuser de tout ce que le monde croit mer-
veilleux, FÉN. Dial. des morts anc. Scipion, Anni-
bal. Du héros l'homme désabuse, Kt l'admiration
confuse S'enfuit et fait place au mépris, lamotte.
Odes, t. I, p. 2S9, dans pougens. || 2° Se désabuser,
V. réjl. Cesser d'être abusé. Ii s'est désabusé des
vanités du monde. Surtout, mortels, désabusez-vnus
de la pensée dont vous vous flattez, qu'après une
longue vie la mort vous sera plus douce et plus fa-
cile. BOSS. le Tellier. Plus je vis, et plus je me
désabuse des soins et des projets à venir, mainte-
XON, Lett. à d'Aubigné, 7 sept. I783. Désabusez-
vous de cela, s'il vous plaît, hamilt. Gramm. 4.
— SYN. DÉTROMPER, DÉSABUSER. On est détrompé
quand on n'est plus trompé; on est désabusé quand
on n'est plus abusé. Or abuser, c'est, étymologi-
quemcnt, u.ier mal de quelqu'un, faire un mauvais
usage de ses léfauts pour l'induire en erreur. Là
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE
est l'indication de la nuance entre détromper et dés-
abuser. Les charlatans, dit Laveaux, abu.sontla po-
pulace par de faux raisonnements, |)ar des faits con-
trouvés et absurdes, et, quand ils l'ont abusée, ils
la trompent en lui vendant de mauvaises drogues
pour des remèdes efficaces; on est détrompé quand
on voit que les drogues n'opèrent point; mais on
n'est pas désabusé, si l'on n'a pas perdu toute con-
fiance dans les discours du trompeur. •
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et obwi. Désabus se Irouve
dans le Dict. d'ouDiN.
t DÉSACCEPTER (dé-za-ksè-pté), t'. o. Refuser ce
qu'on avait accepté.
— HIST. xv s. Pour nul trésor je ne vouldroye
desaccepter ne refuser l'honneur de ceste feste,
Perceforest, t. m, f" 6).
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et accepter.
t DÉSACCOINTANCE (dé-za-koin-tan-s'), s. f.
Cessation d'accointance, de fréquentation, d'amitié
avec quelqu'un.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et accointance.
t DÉSACCOINTER (dé-za-koin-té), v. a. Rompre
l'accointance, la société. ||Se désaccointer, v. réft.
Cesser de fréquenter.
— HIST. xm* s. Ensi furent desacointié 11 Franc
et li Grieu [Grecs], villeh. xci. Nostie oslel verrez
bel et cointe ; Mes mainte gent s'en desacointe.
Qu'au soir i vient, s'en va au main, huteb. 11, 49.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et accointer.
+ DÉSACCOMMODER (déza-ko-mo-dé), t). a. Ces-
ser d'accommoder.
— HIST. XVI" s. La première particularité gist en
la situation, où l'on void une chose qui desaccom-
mode merveilleusement la ville, et l'autre qui l'ac-
commode, LANGUE, 680.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et accommoder.
t DÉSACCOMPAGNER (dé-za-kon-pa-gné), «. n.
Cesser d'accompagner. Il s'en alla désaccompagné.
— HIST. XVI' s. Quoy voyant, un magicien qui
ne l'avoit jamais voulu desaccompagner pour le pro-
fit qu'il tiroit, du vivant d'elle, de son art, paré,
XIX, 31.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et accompagner.
DÉSACCORD (dé-za-kor; le d ne se lie pas: un
dé-za-kor accidentel; au pluriel, l's ne se lie pas:
des dé-za-kor accidentels; mais quelques-uns lient:
des dé-za-kor-z accidentels), s. m. || 1° Dissenti-
ment, désunion. Le désaccord est dans ce ménage.
Il 2° Par extension, état de ce qui n'a plus l'accord.
Le désaccord de (leux instruments.
— HIST. xvi' s. Cet ancien joueur de lyre, que
Pausanias recite avoir accoustumé à contraindre ses
disciples d'aller ouir un mauvais sonneur, qui logeoit
vis-à-vis de luy, où ils apprinssent à haïr ses desac-
cords et faulses mesures, mont, iv, 34. Le ciel n'a
point veu un si poisant desaccord [entre la justice
de la cause et le succès] que celuy de César et de
Pompeius, ny ne verra pour l'advenir, id. iv, 16).
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et accord.
DÉSACCORDÉ, ÉE (dé-za-kor-dé, dée), part.
passé. Il 1° Désuni. Des cœurs désaccordés. Tout
est désaccordé, plus d'ensemble, plus d'unité, plus
de beauté, dider. Regr. s. sa robe de chambre.
Il 2° Par extension, qui a perdu l'accord. Un piano
désaccordé. || Terme de peinture. Couleurs désac-
cordées, couleurs qui ne sont pas convenablement
nuancées.
DÉSACCORDER (dé-za-kor-dé), V. a. \\ 1» Pro-
duire le désaccord, la désunion. Des calomnies ont
désaccordé ces familles. || 2° Terme de musique.
Faire que les cordes d'un instrument ne soient plus
d'accord. La chaleur a désaccordé ce piano. Son
oreille [au musicien] est un instrument qu'un sou
discordant démonte et désaccorde, nvvF. Nature des
animaux. \\ Par extension , mettre le désaccord
dans des couleurs, dans un tableau. Cette draperie
rouge, dont vous l'avez chamarré, blessait l'art et
désaccordait le tableau, diderot. Salon de I7(i5,
Œuvres, t. xm. p. I4, dans pougens. || 3" Se désac-
corder, V. réft. Cesser d'être d'accord. Cette harpe
s'est désaccordée.
— HIST. XVI" s. Il faut tellement prendre sa sen-
tence qu'elle ne desaccorde point d'avec Christ....
CALVIN, Instit. 641. Lors la cité, ne plus ne moins
que si son harmonie eust esté desaccordée et con-
fuse, tomba en dissensions civiles, amyot, Arat. 2
Après, si nous voulons considérer comme les sujets
entr'eux estoyent bien accordans, que ferons-nous
sinon nous esmerveiller de quoy ils se sont depuis
tant desaccordez? lanoue, 62.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et accorder.
DÉSACCOUPLÉ, ÉE (dé-za-kou-plé, plée), part.
passé. Des draps désaccouplés.
t DÉS.\CCOUPLEMENT (dé-za-kou -ple-man),
s. 771. Terme d'histoire naturelle. Cessation de l'ac-
couplement des animaux.
— ÉTYM. Désaccoupler.
DÉSACCOUPLER (dé-za-kou-plé), v. a. \\ 1» Sépa-
rer des choses qui étaient par couple, par paire.
Désaccoupler des draps. || Désaccoupler des chiens,
leurôter la couple. || 2" Sedésaccoupler,v. r^/î. Cesser
l'accouplement. Ces chiens se sont désaccouplés.
-- ÉTYM. Dés.... préfixe, et occoupZcr.
■f DÉSACCOUTRER (dé-za-kou-tré), v.a. Oter
l'accoutrement. || Se désaccoutrer, e. réfl. Se débar-
rasser d'un accoutrement.
— HIST. XV' s. 11 se desacoustra et se coucha,
Perceforest, t. v, f° 28.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et accoutrer.
DÉSACCOUTUMANCE (dé-za-kou-tu-man-s') , s. f.
Perte d'une coutume, d'une habitude. Lorsque les
nerfs optiques, par une longue désaccoutumance de
souffrir la lumière même réfléchie, sont exposés
tout à coup à une grande lumière, boss. Cotit!. m, 3.
— HIST. XIII' s. Que les lois soient abatues par
desacostumance, Liv. de just. 6. Se famés nés [ne les]
noment en France, Ce n'est fors desacoustumance,
la Rose, 7i72. ||xvi' s. Mon latin [ma connaissance
du latin] s'abastardit incontinent, du quel depuis
par desaccoustumance j'ay perdu tout usage, mont.
I, 196. C'a esté plus par desaccoui-tumance que par
loy expresse, charron. Sagesse, i, 48.
— ÉTYM. Désaccoutumer.
DÉSACCOUTUMÉ, ÉE (dé-za-kou-tu-mé, mée),
part, passé. Qui n'a plus la coutume, l'habitude. Les
savants doivent d'autant plus s'intéresser à ces sor-
tes d'honneurs rendus à leurs pareils qu'ils en sont
aujourd'hui plus désaccoutumés , fûnten. Sébas-
tien. Venir nous alléguer des inclinations désaccou-
tumées de tout joug, MAss. Car. Samar.
DÉSACCOUTUMER (dé-za-kou-tu-mé), v. a.
Il 1° Faire perdre une coutume, une habitude. L'oi-
siveté l'avait désaccoutumé de faire aucun effort.
En vain de son train ordinaire On le [naturel] veut
désaccoutumer : Quelque chose qu'on puisse faire.
On ne saurait le réformer, la font. Fabl. 11, (8.
La mortification lui rend la mort familière, le déta-
chement des plaisirs le désaccoutume du corps; il
n'a point de peine à s'en séparer, boss. Or. fun.
Bourgoing. \\ 2° Se désaccoutumer, v. réft. Perdre
l'hahitude. Il faut se désaccoutumer de souhaiter
quelque chose, sÉv. 144. Je souhaite de tout mon
cœur que vous ne vous désaccoutumiez ni de m'é-
crire ni de me parler, maintenon, Lett. au card.
de Noailles. 9 janv. 1704. L'incrédule, qui a se-
coué le joug de la foi, se désaccoutume bientôt
du joug de l'obéissance, mass. Or. fun. Dauphin.
Comme la raison s'accoutume à examiner, elle S8
désaccoutume de croire, id. Panég. St Thomas.
Il Absolument. Le commandeur: on s'est accou-
tumé. — D. Japhet : qu'on se désaccoutume, scar-
RON, D. Japhet, m, 4.
— HIST. xiv s. Jà ne me puist aidier li Pères qui
ne ment, Se je ne descoutume, ains mon départe-
ment. Ce servaige villain, qu'ensi honnist la gent,
Baud. de Seb. viii, 888. || xvi' s. Celui qui par déli-
cate paresse desdaigne ou desaccoustume d'em-
ployer ses mains à frotter son propre corps, amyot,
Alex. 72.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et accoutumer.
t DÉSACCUMULER (dé-za-ku-mu-lé), v.a. Dé-
truire un amas, une accumulation.
— ÉTYM. Dés.... préfixe , et accumuler.
t DÉSACHALANDAGE (dé-za-cha-lan-da-j'), s. m.
Perte de chalands; état d'une boutique désachalandée.
DÉSACHALANDÉ, ÉE ( dé-za-cha-lan-dé, dée),
part, passé. Boutique désachalandée.
DflSACHALANDER (dé-za-cha-lan-dé), v.a. Éloi-
gner les chalandsd'unmarchand, d'une boutique; lui
faire perdre ses pratiques. || Sedésaclialander,D.r^/î.
Perdre ses chalands. Ce magasin s'est désachalandé.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et achalander.
t DÉSACIDIFICATION (dé-za-si-di-fi-ka-sion), s.
f. Action de désacidifier.
t DÉSACIDIFIER (dé-za-si-di-fi-é), v. a. Terme
de chimie. Détruire l'état d'acidité d'une substance.
— ÉTYM. Dés.... préfi.xe, et acidifier.
t DÉSACIÉRER (dé-za-.sié-ré. La syllabe «V prend
l'accent grave quand la syllabe qui suit est muetle:
je désacière, excepté au futur et au conditionnel:
je désaciérerai), ti. a. Faire perdre les propriétés de
l'acier. La partie de la lame, qui a subi riiifiuenca
de l'hydrogène et qui a perdu son azote, est entiè-
rement désaciérée, fremv. Comptes rendus, Acad,
des se. t. LU, p. 626.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et acier.
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DÉS
tKfiSAFFAlRÊ ÉE (dé-za-fè-ré, rée), od;. Qui
nfest |)oint affairé, qui esl sans affaires.
— ÉTYM. Déa.... préfixe, et affaire.
t UÉSAFFAMER (dé-za-fa-mé) , ». o. Oter la
iiiST. XVI" s Que je no puis ma faim desaf-
famer Qu'en l'admirant ou voyant sa peinture, RO^s.
8(. Plus tost donc dessous la mer Le feu s'abaisse
Qu'on nous voie desaffamer De nous aimer, yveh,
p. 66t.
— f.TVM. Vis.... préfixe, et affamer.
t DÉSAFFKCTION (dé-za-fè-ksion ; en poésie, de
cinq syllalHs), s. f. Néolo(îisme. Perte de l'affection.
La désaffection des citoyens.
— f.TYM. I)i<s.... préfixe, et affection.
tDÉSAFFECriOiNNÉ, ÉE (dé-za-fè-ksio-né, née),
part, passé. Qui n'a plus d'affection. Des peuples
désaffectionnés.
t DÊSAFFKCTIONNEMENT (dé-za-fè-ksio-ne-
man), s. m. Néologisme. Enlèvement de l'affection;
renoncement à l'affection, en parlant du refroidis-
sement de l'amour du peuple pour le souverain.
— ÉTYM.. Désaffectionner.
t DÉSAFFECTIONNER (dé-za-fè-ksio-né), V. a.
Néologisme. Oter, faire perdre l'affection. || Se désaf-
fectionner, V. réfl. Perdre l'affection qu'on avait. Le
peuple se désaffectionne.
— ETYM. Désaffection.
t DÉSAFFLEUREMENT (dé-za-fleu-re-man), s. m.
État de ce qui est désaffleuré.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et affleurement.
t DÉSAFFLEURER (dé-za-lleu-ré), t'. a. Faire
ressortir certaines parties d'une surface sur les
autres.
— ÉTYM. Dés.,., préfixe, et affleurer.
DÊSAFFOURCIIÉ, ÉE (dé-za-four-ché, chée),
part, passé. Ancre dcsaffourchée.
t Di5SAFF0URCHE.MENT (dé-za-four-che-man) ,
s. m. Action de désall'ourcher. Le désaffourchement
de l'ancre.
DÉSAFFOURCHER (dé-za-four-ché). || 1° F. n.
Terme de marine. Leverl'ancred'affourche, la remet-
Ire à bord. On commanda de désaffourcher. |{ 2° V.a.
Désaffourclier l'ancre.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et affourche.
t DÉSAFFRANCHIR (dé-za-lran-chir), V. a. Ré-
voquer un affranchissement.
— f.TYM. Dés.... préfixe, et affranchir.
t I . DÉSAFFRONTER (dô-za-fron-té) , V. a. Faire
réparation d'un affront. Vous n'avez rien senti des
coups que j'ai reçus. Et c'est moi seulement qu'il
faut qu'on désaffronte, th. corn, les Engagements
du hasaril, ii, 6.
— ETYM. Dés.... préfixe, et affront.
t 2. KÊSAFFRONTER (dé-za-fron-té), f. a. Terme
de construction. Faire cesser un affrontement.
— ETYM. Dés.,., préfixe, et affronter.
fUÉSAFFUBLER (dé-za-fu-|jlé), v. a. ôter l'af-
fublement. Puis sa tOte il désalfubla, scarron, Yirg.
trav. 1. Il Se désaffubler, v. réfl. Se débarrasser de
ce qui affuble.
— lliST. xiu* s. Mes que desafublés me soie De
ceste cliasulile de soie, la liose, 4O03( . || xvi* s. De-
moslhenes, sentant que le poison avoit desjà pris et
gaigné sur luy. se dosaffubia, et, regardant Arcliias
fermement au visage, lui dit.... amyot, Démosth. 43.
— ETYM. Pés.... préfixe, ut affubler.
t DÉSAOKNCE.MKNT (dé-za-jan-se-man), s.m.
Action de désagericer; état de ce qui est désagencé.
— HIST. XVI' s. Desagencement, cotgraye.
— ÉTYM. Désogencer.
t D2SAGENCER ( dé-za-jan-sé. Le c prend une
cédille avant a et o ; nous désagençons) , v. a. Dé-
truire l'agencement. Désag-.ncer une machine. |{ Se
désagencer, v. réfl. Perdre son agencement. Cette
machine se désagencé.
— iliST. xm* s. Lors esperonne, et U renc meu-
vent. Uns et autres se desajancent, goill. cuiart,
t. II, p. 201 , V. ti2U4 [I4193J.
— ETYM. Dés.... préfixe, et agencer.
(UÉSAGRAFER (dé-za-gra-fé), «. a. Mauvais
raol pour d'agrafer.
DESAGRÉABLE (dé-za-gré-a-W) , adj. Qui dé-
plaît. Figure, aspect désagréable. Personne, humeur
désagréable. U m'est disagréable de le voir. [Je de-
mande votre fille] il des conditions qui peut-être
ne vous seront pas désagréables, haute iiocim. Cris-
pin médinn, i, 3. Vous vous moquez; la tranquil-
lité en amoar est uu calme désagréable, mol. Sca-
pin, m, ). Celle passion vous remplira l'esprit de
mille idées, de mille vues, de mille réflexions désa-
gréables, BOURU. Pensées, t. i, p. 3»). Dieu a ses
ra.j0U3 pour laisser ici-bas les âmes les plus justes
DES
dans un état en quelque sorte violent et désagréable
h la nature, mass. Carême, DégoiUs. Il est injuste
de chercher une félicité et des consolations humui-
nes dans un séjour si triste et si désagréable aux
enfants de Dieu , id. ib. [St Bernard] Cherchant dans
ses discours, non pas à se rendre agréable au pé-
cheur, mais à rendre le pécheur désagréable à soi-
même, ID. Panég. SI Bern. Quintius, qui n'était
pas désagréable à la multitude, aborde les tribuns,
VEKTOT, Révol. rom.m, 27). Les uns [de nos sol-
dats] crevaient d'indigestion, les autres coulaient
des jours fort désagréables (expression que me four-
nit bien à propos le style moderne), p. l. cour.
Lett. I, 28.
— HIST. XIV' s. Si grief et si tristre jugement et
si désagréable au pueple, bercheure, f° <6, verso.
Celle dedicion a esté nient mains [nullement moins]
désagréable que si la ville eust esté prinse par force,
ID. f" 33, verso. Il xvi* s. C'est, de tous les actes de
Timoleon, celuy qui me semble le plus desaggreable
[blâmable], amïot, Timol.ii.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et agréable; provenç.
desaqradable.
DÉSAGRÉABLEMENT (dé-za-gré-a-ble-man),
adv. D'une manière désagréable. Passer désagréa-
blement sa vie. Mettre quelqu'un désagréablement
enjeu, le comte de bussi, dans richelet.
— Etym. Désagréable, et le suffixe ment.
DÊSAGRÉÉ, ÉE (dé-za-gré-é, ée), part, passé
de désagréer 2.
i, DÉSAGRÉER (dé-za-gré-é) , je désagréais.nous
désagréions; je désagréerai ; je désagréerais; que
je désagrée, que nous désagréions, t>. n. Ne pas
agréer. Si cela ne vous désagrée pas. Retenez la plus
petite parole qui puisse désagréer à Jésus-Christ,
Boss. Visite, 2. Il a le malheur de désagréer à tout
le monde, richelet.
— HIST. xiu* s. Car me monstrez la voie, s'il ne
vous desagrée, Berte, xlvi. Et no baron s'entor-
nent, n'i font plus demorée. Tôt ont perdu l'engien,
n'i a mais recovrée, Et del pont n'ont il mie, qui
moult lor desagrée, C/t. d'^liU. iv, 408. Sire vesque,
fait il, ice me desagrée: Ançois istrai là fors soste-
nir la meslée, ib. viii, 1B9. |{ xiV s. Moult fu dolant
Henry et moult li desagrée Que Brenesque li fu tel-
lement deveée, Guescl. 8192. || xvi* s. Le corps ainsi
enchâssé apparoissoit au travers le verre, sans ren-
dre mauvaise odeur, et sans désagréer aucunement,
paré, Uumie, n. Si le trop de profit que cestui là
fait sur vostre bien vous est odieux, la perte de
ceslui-ci vous desagrée, o. de serres, b3. Si que,
possible, aucunes [dames] qui en liront des contes
d'elles mesmes, ne s'en desagreeront, brant. Da-
mes illtistr. p. 104, dans laclrne.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et agréer.
2. DÉSAGRÉER (dé-za-gré-é), je désagréais,nous
désagréions; je désagréerai; je désagréerais; que
je désagrée, que nous désagréions, u. o. Terme de
marine. Ancien synonyme de dégréer.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et agrès.
t DÉSAGRÉGATION (dé-za-gré-ga-sion), s. /■.
Terme didactique. Séparation de parties agrégées,
qui se réduisent en grains ou en poussière.
— Etym. /)rfs.... préfixe, et agrégation.
t DÉSAGRÉGÉ, ÉE (dé-za-gré-jé,jée) ,part. passé.
Des parties désagrégées.
t DÉSAGRÉGEANT, ANTE (dé-za-gré-jan ,jan-t') ,
adj. Il 1° Terme didactique. Qui désagrège. ||2°Terme
de médecine. Qui disjoint des choses agrégées. || 5.
m. Employer les désagrégeants pour résoudre les
fausses membranes de la diphthérite.
t DÉSAGRÉGER (dé-za-gré-jé. Le 9 prend un e
devant o et 0; désagrégeant, désagrégeons; la syl-
labe gré prend un accent grave quand la syllabe
qui suit est muette : je désagrège, excepté au futur
et au conditionnel : je désagrégerai) , v. a. Terme
didactique. Disjoindre ce qui était agrégé. || Se désii-
gréger, e. réfl. Être désagrégé. Ces cavités [dans
des dépôts de silice] s'opposent à ce que la substance
ait de la cohésion dans toutes ses parties, aussi , en
se desséchant, se désagrège-t-elle en fragments plus
ou moins petits, becquerel, Acad. des se. Comptes-
rendus, t. lui, p. 4(98.
— Etym. Dés.... préfixe, et agréger.
DÉSAGRÉMENT (dé-za-gré-man) , s. m. || 1" Chose
qui désagrée, sujet de contrariété. U s'est attiré des
désagréments. Je crains qu'il n'essuyé bien des désa-
gréments, maintenu.-», Leit. à Mme des Ursins,
7 août <706. Des plaisirs qu'il a fallu acheter bien
cher et dont il n'a presque jamais que le désagré-
ment et l'amertume, mass. Avent, Mort du Péch.
Au lit de la mort, oserez-vous présenter à Jésus-
Christ vos fatigues et les désagréments journaliers
DÉS
de votre emploi? id. di>jis le Diet. de dochez. J i' Dé-
faut qui nuit aux agréments extérieurs. Cette tache
au visage est un grand désagrément. M. de Saint-
Ruth, quel homme, bon Uieu! et que le désagré-
ment de sa physionomie donne de grandes idées des
qualités qu'on ne connaît pas! SÊV. 49.
— REM. Bouhours, dans ses Remarques, dit que
le mot est nouveau et commence à s'établir; et il
signale comme une locution précieuse: ce fut un
grand désagrément pour moi. Aujourd'hui le mot
est établi et n'a plus rien de précieux.
— ETYM. Dés.... préfixe, et agrément.
fDÉSAGUERRlR (dé-za-ghè'-rir), e. a. Désac-
coutumer des dangers de la guerre. Une population
désaguerrie.
— HIST. xvi* s. Entre les autres maux et inconve-
niens qui t'adviennent pour estre desaguerri, il faut
compter que tu te rends desprisable à un chacun,
le Prince de Machiavel, p. 97, dans lacubne. Il y a
des princes qui, pour tenir leur estât en main as-
surée, desagguerissent, tant qu'ils peuvent, leurs
sujets, ib. p. (35.
— ETYM. Dés.... préfixe, et aguerrir.
tDÉSAIGUIR (dé-zè-grir). || 1° V. a. (JterVaigreur,
les qualités aigres. On désaigrit un liquide avec un
alcali. Il 2° V. n. Cesser d'être aigre. Ces cerises sont
encore aigres; elles désaigriront en mûrissant.
— UIST. xvi' s. Me plaist lascher, pour desaigrir
ma peine. Aux pleurs, aux criz et aux souspirs la
bride, no bellay, :i, 21, recto. Lequel, ains que
son espée Au sang haineux fust trempée, Du miel
de sa langue molle Se desaigrit le souci, rons. 347.
— ETYM. Dés.... préfixe, et aigre.
t DÉSAIGlJILLETER(dé-zè-gui-lle-té, Il mouil-
lées; ut comme dans huile. Le ( se double quand la
syllabe qui suit est muette : je désaiguillette) , v. a.
Défaire les aiguillettes.
— Etym. Dés.... préfixe, et aiguillette.
t DÉSALMANTER (dé-zè-man-té), v. a. Terme
de physiiiue. Détruire l'aimantation. || Se désaiman-
ter, ». réfl. Perdre son aimantation.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et aimanter.
t DÉSAIMER (dé-zè-mé) , «. o. Cesser d'aimer.
Pourquoi les Français ne diraient-ils pas désaimer,
quand ils aiment si vite et désaiment si vite encore
d'après le caprice du moment? mercier. Néologie,
mot désaimer. En vivant avec lui [St-Simon, l'au-
teur des mémoires], j'ai passé par plus d'une phase;
je l'ai adopté, critiqué; je l'ai aimé et désaimé, Mi-
CHELET, Louis XIV et le duc de Bourgogne, p. 451.
— REM. Le mot est ancien, et non, comme le
croyait Mercier, un néologisme.
— HIST. xui* s. Cils me veut bien desnuer De
joieuse vie, Qui m'exhorte à desamer Dame si jolie
Et qui tant fet àloer, Poésies mss. avant 1300, t. iv,
p. 1396, dans LACURNE. || xvi' s. L'ardent ennui de
ma froide poison Un autre aimant, je mesuisdésaimé;
Ainsi je meur, vivant sans estre aimé, Poésies de
Loys le Caron, f" 12, dans lacurne.
— ÉTYM. Dés,... préfixe, et aimer; provenç. de-
xamar.
t DÉSAIUER (dé-zè-ré) , i\ o. Terme de fauconne-
rie. Tirer les oiseaux de l'aire ou de l'endroit où on
les nourrit.
— HIST. xvi" s. Prendre et desairer oyseaux de
proye, Coustumier génér. t. u, p. 759.
— ETYM. Dés.... préfixe, et aire.
f DÉSAISE (dé-zè-z') , s. m. hicommodité, ma-
laise. Peu usité.
— HIST. XV* s. Car mieux me vault tout i un cop
morir, Que longuement en desaise languir, cii.
D'ORL. 4 0.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et aise.
DÉSAJCSTÉ, ÊE (dé-za-ju-sté, stée), part, passé.
Pièces désajustées dans une machine. || Terme de
manège. Cheval désajusté, cheval dont les bonnes
allures sont dérangées.
+ DÉSAJCSTE.MENT (dé-za-ju-ste-man), s. m. Ac-
tion de désajuster une machine.
— ETYM. Déiajuster.
DÉSAJUSTER ( dé-za-ju-sté), t'. a. Déranger ce
qui était ajusté. Désajuster un canon. Désajuster la
parure de quelqu'un. Si le soin que l'on aura de
l'éviter [un mauvais sou] d'un côté, fait que de l'au-
tre on dèsajuste sa période, il vaut mieux tomber
dans l'inconvénient du mauvais son, pourvu qu'il
ne choque pas trop rudement l'oreille, que de çom-
pre la juste cadence d'une période, vaugel. Ilem,
t. I, p. 33, dans polgkns. |{ Se dés.ijuster, v. réfl
Être désajusté. La machine s'est désajustée.
— HIST. ivi* s. Desadjuster, cotorave.
— ETYM. Dés.... préfixe, et ajuster.
t DÉSALIGNEMENT ( dé-za-li-gne-man ) , s.m.
DÉS
DES
DÉS
1091
Tonne d'art militaire. Désordre dans l'alignement
d'une troupe.
— ÉTYM. Désaligner.
t DÉSALIGNER (dé-za-li-gné), i). a. Détruire un
alignement. || Terme d'art militaire. Causer un dés-
alignement.
— ÊTYM. Df's.... préfixe, et aligner.
t DÊSALITEK (SK) (dé-za-li-té), V. réft. Cesser
d'être alité.
— ÈTYH. Dés.... préfixe, et aliter.
t DÉSALLAITEMENT (dé-za-l&-te-man) , s. m.
Cessation de l'allaitement.
t DÉSAFXAITER (dé-za-lè-té), V. a. Ne plus al-
laiter.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et allaiter.
fDÉSALLIER ( dé-za-li-é ) , V. a. Faire cesser
l'alliance, l'union. || Se désallier, v. réft. Rompre
une alliance.
— HiST. xvi' s. Ces deux amants estant, par la
faveur céleste, miraculeusement ralliés.... ils furent
desalliés par la faute de la trop belle espousée, yver,
p. B49. Ainsi de son rosier la fleur on desallie Pour
en faire un bouquet.... m. p. 613.
— ETYM. Dés.... préfixe, et allier.
t DÉSALTÉRANT, ANTE (dé-zal-té-ran , ran-f),
adj. Qui désaltère. Son vin noir et grossier, mais
dés.-iltérant et sain, J. J. rouss. Ém. m.
DÉSALTÉRÉ, ÉE (dé-zal-té-ré, rée) , fart, passé.
Dont la soif est apaisée. Dans son sang inhumain
les chiens désaltérés, rac. Àlhal. i, t. Monstres
désaltérés dans le sang des mortels, volt. Ml. ii, 2.
DÉSALTÉRER (dé-zal-té-ré. La syllabe té prend
l'aci-'ent grave, quand la syllabe qui suit est rnuette :
je désaltère; excepté (exception inconséquente) au
futur et au conditionnel: je désaltérerai; je désal-
térerais), t'. a. Il 1» Apaiser, en parlant de la soif. Ce
verre d'eau m'a désaltéré. || Absolument. L'eau rou-
gie désaltère mieux que l'eau pure. || Fig. La rosée
désaltère les plantes. Constance dans son sang pourra
désaltérer Cette brûlante soif qui nous fait soupirer,
TRISTAN, jlf. de Chrispe, iv, 7. || Par extension, four-
nira quelqu'un sa boisson. Pour l'avoir sans relâche
un an , sur sa parole, Habillé, voiture, coiffé, chaussé,
ganté. Alimenté, rasé, désaltéré, porté, regnard,
le Joueur, m, 4. || 2° Se désaltérer, v. réft. Satis-
faire sa soif, boire. Un agneau se désaltérait Dans le
courant d'une onde pure, la font, fafti. i, <o.
— lliST. XVI" s. Que fera il si on le presse de la
subtilité sophistique de quelque syllogisme? Le jam-
bon faict boire, le boire désaltère; par quoi le jam-
bon désaltère, mont, i, (90. Je ne sceus avaller une
seule goutte, et feus privé de boire pour le besoing
mesme de mon repas; je me trouvai saoul et désal-
téré par tant de bruvage que mon imagination avoit
préoccupé, m. m, 66.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et altérer.
t DÉSAMARRER (dé-za-ma-ré) ,v. a. Terme de ma-
rine. Détacher un bâtiment, un objet qui est amarré.
— ÉTY.M. Dés.... préfixe, el amarre.
t DÉSAMASSER (dé-za-mâ-sé) , V. a. Cesser d'a-
masser; dissiper ce qu'on a su amasser.
— HIST. XVI* s. Desamasser, oudin.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et amasser.
I DÉSAMONCELER ( dé-za-mon-se-lé), je désa-
moncelle, je désamoncelais, je désamoucellerai,
ti. a. Défaire un monceau.
— HIST. XIII* s. Se desamonceler, GtiiLL. omART,
ms. f" 285, danSLACDKNE.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et amonceler.
DKSAMORÇAGE (dé-za-mor-sa-j'), s. m. Action de
désamorcer.
+ DÉSAMORCER (dé-za-mor-sé. Le c prend une
cédille devant a et o : désamorçant, désamorçons),
V. a. Oter l'amorce d'une arme à feu. || Désamorcer
une pompe, Ôter l'eau qui est dans le tuyau et qui per-
met au vide de se faire et au piston de fonctionner.
— ÉTYM. Dés. . préfixe, et amorcer.
jDÉSAMODR (dé-za-mour), s. m. Cessation de
l'amour, refroidissement.
— HIST. XVI* s. Vostre desamour et nonchalence
d'aimer, Nature d'amour, f° 305, dans lacurne.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et amour; provenç.
ilesamor ; espagn. disamor; ital. disamore.
t DÉSAMOCRACHER (dé-za-mou-ra-ché), t'. o.
Faire cesser une amourette. || Se désamouracher,
D. réft. Renoncer à une amourette.
—.HIST. XVI* s. Se desamouracher, oudin.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et amouracher.
t DÉSANCUER (dé-zan-ché), v. a. Terme de mu-
bique. ôter l'anche d'un instrument à vent.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et anche.
DÉSANCRER (dé-zan-kré) , v. n. || 1° Terme de
marine. Lever l'ancre. || 2° Fig. et actif. Arracher
quelqu'un d'un lieu où il se plaît, où il est depuis long-
temps retenu par quelque attrait. Est-ce qu'on ne
pourra pas le désancrer de cette maison ?Désancrer
quelque chose, l'ôter de l'esprit. On eut beaucoup de
peine à désancrer une opinion si fortement ancrée.
— HIST. xiii* s. Et puis si se fist desancrer ; Dres-
sent les voiles, si s'en vont, Fl.el Blancheft. Ms. de St
G.(° <93, dans LACURNE. Et maintenant il nous des-
ancrerent et nous remenerentbien unegrant lieue
ariereversBabiloine [le CaireJ, joinv. 248. || xv* s.
Lendemain, ils se desancrerent et se mirent à che-
min, PROiss. 1,1,4 8. Si entrèrent en leurs vaisseaux
qui chargés estoient, et desancrerent du havre de
Pleumonde, ID. 11, ii, 33. || xvi's. Le marinier qui
prend terre ets'arreste, Pour la fureur de l'orage et
tempeste,Desancrealorsque les flots sont amis,MAROT,
II, <85. Sans double l'amiralle de Bryon l'avoit des-
ancré du cœur et de l'amitié du feu Roy, carl. ii, 9.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et ancre.
t DÉSANIMÉ, ÉE ( dé-za-ni-mé, mée), part,
passé. Qui a cessé de vivre. De sorte qu'à présent
deux corps désanimés Termineront l'exploit de tant
de gens armés, corn. Clil. ii, 3.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et animé.
f DÉSANIMER (dé-za-ni-mé), t). a. ôter l'âme,
la vie. Il Se désanimer, v. réft. Perdre l'âme, la vie,
l'animation.
t DÊSANOBLIR (dé-za-no-blir) , v. a. Faire per-
dre la noblesse.
— REM. DésanoWir n'est pas un mot bien fait; il
faudrait d^nobitr.Désanoblir signifie cesser d'anoblir;
et, comme l'anoblissement n'est pas une chose qui
se continue, désanobllr pêche contre l'exactitude.
— HIST. XVI* s. Pauvreté n'est point vice et ne
desanoblit point, loysel, 34.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et anoblir.
DÉSAPPAREILLÉ, ÉE ( dé-za-pa-rè-Ué, liée. Il
mouillées), part, passé.
DÉSAPPAREILLER (dé-za-pa-rè-Ué, Il mouillées,
et non dé-za-pa-rè-yé). || 1° V. a. Ôter une ou plu-
sieurs choses d'un certain nombre de choses pa-
reilles, dont la réunion forme une sorte d'assorti-
ment. On dit plus ordinairement et beaucoup mieux
dépareiller. \[2°V. n. Terme de marine. Faire le con-
traire d'appareiller. Mot donné par quelques lexico-
graphes, mais qui ne se trouve pas dans les diction-
naires de marine. || 3° Se désappareiller, v. réft.
Cesser d'être appareillé.
— HIST. XI* s. Et s'il fust desapereilé que il ne
out ne chival ne les armes, iois de Guill. 24. || xv" s.
Icelluy Huguet par son yvresse se desappareilla et
esta ce qu'on avoit mis sur icelle playe, du cange,
apparamcnta. Â tant se partit la demoyselle, qui
plus ne dit mot, et le preux Gallafar demoura, qui
commença à soy desappareiller pour soy coucher au
lict, Pereeforest, t. v, f° 6i.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et appareiller.
DÉSAPPARIÉ, ÉE (dé-za-pa-ri-é, ée), part, passé.
Des pigeons désappariés.
DÉSAPPARIER (dé-za-pa-ri-é), je désappariais,
nous désappariions, vous désappariiez; que je dés-
apparie, que nous désappariions, que vous désappa-
riiez, V. a. Séparer un couple d'oiseaux. Désappa-
riez ces perdrix.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et apparier.
t DÉSAPPÊTISSER (dé-za-pé-ti-sé), t). a. Faire
perdre l'appétit. Cette odeur est si fade qu'elle me
désappétisse. || Se désappétisser, v. réft. Perdre l'ap-
pétit.
— HIST. xvi* s. Désappétisser, cotgrave.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et appétissant.
t DÉSAPPLICATION ( dé-za-pli-ka-.sion), s. f.
Terme de métier. Action de désappliquer. || P'ig.
Cessation de l'application.
— ÉTYM. Désappliquer.
t DÉSAPPLIQUER (dé-za-pli-ké),». a. || l°Terme
de métier. Enlever un objet qui est appliqué sur un
autre. || 2° Fig. Détacher du travail. Le temps me
désappliquera des objets qui m'occupent , l'ort-
royal, Education d'un prince, p. 4 13, dans Hi-
CHELET. Il 3° Se désappliquer, v. réft. Cesser d'être
appliqué au travail.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et appliquer.
DÉSAPPOINTÉ, ÉE (dé-za-poin-té, tée), part.
passé. Trompé dans son attente. 11 s'en retourna
désappointé.
DÉSAPPOINTEMENT (dé-za-poin-te-man) , s. m.
Il 1° Anciennement, action de désappointer dans le
sens de ôter, rayer quelqu'un de l'état des soldats
ou officiers de guerre entretenus. || 2° Attente déçue.
Mon désappointement politique me donna sans doute
l'humeur qui me fit écrire la note satirique contre
les quakers, chateaub. Amer. 3I4.
— HIST. XV* s. Il vint à sa cognoissance que It
duc de Berry très impatiemment portoit son désap-
pointement du dit gouvernement, juv. les i.rsins,
dans le Dict. de dochez. || xvi* s. L'on y mesloit de
la vengeance contre uns et autres grands seigneurs,
dont on requeroit le desapointement, pasq. llecher-
chcs, p. 80, dans lacurne.
— ÉTYM. Désappointer.
DÉSAPPOINTER (dé-za-poin-té), v. a. || 1* Au-
trefois, rayer un militaire des contrôles de l'arm.ée.
Désappointer un capitaine. || 2° Fig. Décevoir quel-
qu'un dans son attente. Cela dut bien le désappoin-
ter. Il 3* Terme de commerce. Désappointer une pièce
d'étoffe; couper les points de fil ou de ficelle qui
tiennent en état les plis de cette pièce.
— HIST. XV* s. Messire Arnaidd de Corbie, chan-
cellier de France, feut desappoincté [destitué], et
en son lieu mis un nommé maistre Kustache de Lai-
tre, juvÉN. Charles VI, <4I3. Sages et notables
chevaliers que le roy Loys avoit tous desappoinctez
à l'heure qu'il vint à la couronne, comm. i, 3. {| xvi" s.
Il voulut user du conseil des princes de son sang,
et autres serviteurs du feu roy, et n'en desapoiiita
un seul, mais les maintint en leurs estais, m. du
BELL. 13.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et appointer dans le
sens de nommer à un emploi.
DÉSAPPRENDRE (dé-za-pren-dr') , je désapprends,
tu désapprends, il désapprend, nous désapprenons',
vous désapprenez, ils désapprennent; je (lésa]ipre-
nais; je désappris; je dés.ipprendrai; je désappren-
drais; désapprends, désapprenons; que je désap-
prenne, que nous désapprenions; que je désapprisse;
désapprenant; désappris, v. a. \\ 1° Oublier ce qu'on
avait appris. Antistliène disait que la science la plus
difficile était de désapprendre le mal, fên. Anlisth.
Il Absolument. Quand l'écolier se né5:lige, il désap-
prend. Il 2° Se désapprendre, v. réft. Être désappris.
Une langue étrangère .se désapprend vite, si on ne
continue à lire ou à parler.
— HIST. XIV* s. Je puis faire d'un fol un sage. Se
je le met en mon servage; Car nulz ii'iert jà si desa-
pris, Se je le preing, ne soit apris De sens, d'on-
neur, de courtoisie, machault, p. 18. || xvi* s. Là
response d'Aiitisthenes à celuy qui luy demandoit le
meilleur apprentissage : desapprendre le mal, mont.
n, 423.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et apprendre; provenç.
desaprendre, desaprenre, desaprener; espagn. desa-
prender ; ital. disapprendere.
DÉSAPPRIS, ISE (dé-za-pri, pri-z'), part, passé
de désapprendre. Des leçons bientôt désapprises.
DÉSAPPROBATEUR, TRICE (dé-za-pro-ba-teur,
tri-s'), adj. || 1° Oui désapprouve. Langage désap-
probateur. Il 2° Substantivement. C'est un désappro-
bateur des banalités.
— ÉTYil. Dés.... préfixe, et approbateur.
DÉSAPPROBATION (dé-za-pro-ha-sion ; en poé-
sie, de six syllabes), s. f. Action de désapprouver.
— ÉTY'M. Dés.... préfixe, et approbation.
DÉSAPPROPRIATION (dé-za-pro-pri-a-sioi^, s. f.
Il 1° Abandon d'une propriété. || 2° Renoncement à
toute sorte de biens. Dieu ne demande pas de nous
un renoncement qui soit égal; il y en a qu'il élève
à une condition plus parfaite et qu'il engage par
une désappropriation extérieure des biens, des hon-
neurs, des plaisirs.... Éclaircissements sur la vie
monastique, dans hichelet. La doctrine des philo-
sophes cyniques qui était l'esprit de désappropria-
tion, VOLT. Phil. III, 300.
— ÉTYM. Désapproprier.
DÉSAPPROPRIÉ, ÉE (dé-za-pro-pri-é, ée), part.
passé. Désapproprié de ce qu'il avait possédé.
t DÉSAPPROPRIEMENT (dé-za-pro-pri-man), s.
m. Synonyme de désappropriation.
— ÉTYM. Désapproprier.
DÉSAPPROPRIER (dé-sa-pro-pri-é) , je désappro-
priais, nous désappropriions, vous désappropriiez;
que je désapproprié, que nous désappropriions, que
vous désappropriiez, v. a. || 1° ôler, faire perdre à
quelqu'un la propriété d'une chose. || Terme de dé-
votion. Produire la renonciation à tous biens. Il n'y
a que la perte, et la perte que Dieu opère lui-
même, qui nous désapproprié véritablement, fén.
t. XYiii, p. 418. Il 2° Se désapproprier, v. réft. Faire
abandon de sa propriété. Il ne dit pas que le livre
soit de lui, il s'en est désapproprié, uoss. leli.
quiét. 464. Il Terme de dévotion. Renoncer à toute
sorte de biens.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et approprier.
DÉSAPPROUVÉ, ÉE (dé-ïa-prou-\é, vée), part.
passé. Désapprouvé de ses onfrères. Sa conduite
désapprouvée par son père.
1092
DES
DÉSAPPROUVER (déza-prou-vé) , ». a. Ne pas
approuver. Tout le monde le désapprouve. Son livre
a été désapprouvé. Vous en pouvez jouir et le desap-
prouver, COBN. Pomp. m, s. J'enlends ce qu'on es-
time et ce qu'on désap|irouve, hothou, Antig. iv,
a. Secourons sa valeur qui devient imprudente El
cet emportement que nous désapprouvons, volt.
TuncT.y. s. Il Désapprouverque.avecleverbeausub-
juuclif. Ne désapprouvez pas, 6 généreux monar-
ques, Que nolrealTeclion vous prodigue ses marques,
ROTBOU, St Gen. i, 7. || Absolument. Depuis, .sa con-
duite désavoua sans désapprouver, ségub, Ilitl.de
Hapol. VIII, 2. Il Se désapprouver, v. rijl. Se refu-
ser à soi-même l'approbation. Je l'ai fait, mais je
me désapprouve moi-môme.
— SYN. DÉSAPPBOUVEB, IMPHOUVER, BÉPBOUVER.
Désapprouver, c'est ne pas approuver. Improuver,
c'est être contre l'approbation; il exprime donc quel-
que chose do plus que la désapprobation. Réprouver
enchérit sur irnprouver, et exprime une condamna-
tion profonde, absolue. On désapprouve ce qui ne
parait pas bien ; on improuve ce qui parai t mauvais ; on
réprouve ce qui parait odieux, criminel, détestable.
— IllST. xvi' s. l.e cardinal a toujours desap-
prouvé telles procédures violentes, principalement
pour ce qui touche ma vie, henri iv, dans le Dict.
de DOCHEZ.
— f.TYM. Vis.... préfixe, et approuter.
\ DÊSAPPUYÉ, ÉE (dé-za-pui-ié, iée), adj. Privé
de l'appui.
— HIST. XVI' s. Ce seroit les induire à l'attaquer,
s'ils le voyoient desappuyé de ceux dont la puissance
leur est espouvantable, langue, 379.
— f.TYM. Dés.. . préfixe, et appuyé.
t DÉSARIIOBEU (dé-zar-bo-ré), V. o. Abattre ce
qui est arboré || Terme de marine. Alialtre des mSts.
— Hi.ST. XVI* s. Ses bandes arrivées au camp , fu-
rent piiblicquement et en signe d'ignominie leurs
enseignes ostées et desarborées, M. nu bellaï, 4uo.
— ÉTIeTH. Dés.... préfixe, et arborer.
DÉSARÇONNÉ, ÉE ( dé-zar-so-né , née), part.
passé. Il 1° Jeté hors des arçons. Désarçonné dans
la joute. Il î" Fig. et par plaisanterie, qui a le des-
sous dans une discussion, dans une affaire. || Décon-
certé. Il fut désarçonné par cette brusque apostro-
phe. Il Destitué de la place qu'on occupait. Vous
voilà dé.sarconné.
DÉSARÇONNER (dé-zar-.so-né), v. a. \\ 1° Jeter
liors des arçons, renverser de cheval. Le premier
chevalier qui courut contre lui le désarçonna, volt.
Zadig, 1». Il 2" Fig. Désarçonner quelqu'un, lui
faire perdre sa position, son emploi. Keppel désar-
çonna Portland pendant sa courte ambassade de
France, st-sim. 485, i». ||3» Confondre, déconcer-
ter. Voilà, dit Xantus, la pâtisserie la plus méchante
que j'aie jamais mangée; il faut brûler l'ouvrière
[la femme de Xantus].... Att^dez, dit le paysan, je
m'en vais quérir ma femme, on ne fera qu'un bû-
cher pour toutes les deux; ce dernier trait désar-
çonna le philosophe, la font. Vie d'Ésope. Laliriffe
tombait dans mille panneaux que Harlay lui tendait
tous les jours , et dont il le relevait avec un air de
supériorité qui désarçonna l'autre, st-?im. t7, 202.
Il 4°Se désarçonner, v.r^/!. Se faire perdre les arçons
l'un à l'autre. Ils se sont désarçonnés. || Fig. Être dé-
concerté. Ainsi pressé de questions, il se désarçonna.
— MIST. xvi' s. Et s'il y pouvoit parvenir [au con-
sulat], il avoit bien délibéré de désarçonner Caius,
de tant pins mesmement que son crédit commen-
ceoit à se finir, amyot, Graeques, 4B.
— EiYM. Dés.... préfixe, et arfon.
DÉSARGENTÉ, ÉE ( dé-zar-jan-té, tée), part.
passé. Des couverts désargentés. || Dans le langage
familier, qui a dépensé tout son argent.
DÉSARGENTER (dé-zar-jan-té), t). a. || 1° Enle-
ver la légère couche d'argent sur un ebjet argenté.
Il 2' Epuiser tout l'argent comptant. Les frais de
noce l'ont entièrement désargenté. || 3° Se désar-
genter, V. réfl. Perdre la couche d'argent. Ces chan-
deliers se désargentent. || Dépenser son argent. À
Paris on se désargente promptement.
— Etym. Dés.... préfixe, et argent.
DÉSARMÉ, ÉE (dô-zar-mé, mée),parl.passé. || 1°
Oui n'a plus ses armes. Mars désarmé parvenus. Tu
me vois désarmé; comment puis-je répondre? volt.
ilér.y, s. Mais seuls et désarmés, esclaves et vic-
tinies.... iD. Orph. v, 6. ||2°Par extension. Venir en
visite amoureuse avec... un chapeau désarmé de
plumes, MOL. Pric.rid. B. Kt le front dé.sarmé de ce
regard terrible, CORN. Sert, m, î. Ne pourrai-je sur-
prendre un regard favorable. Un regard désarmé de
toutes ces rigueurs? id. Nicom. i, a. || S- Qui n'a
pltii des «enliments de haine, de colère, de ressen-
DÉS
liment, etc. Hais, malgré ses soupçons, le cruel
.\murat N'osait sacrifier ce frère à sa vengeance Ni
du sang ottoman proscrire l'espérance; Ainsi donc
pour un temps Amurat désarmé Laissa dans le sé-
rail liajazet enfermé, rac. llaj. I, ). Un roi qui....
L.iisse aux pleurs d'une épouse attendrir sa victoire,
Kt, par les malheureux quelquefois désarmé. Sait
imiter en tout les dieux qui l'ont formé, m. Iphig.
m, 4. [Je pensais] Que son fils me la dût renvoyer
désarmée, id. Àndrum. ii, B. Croirai-je que vos yeux
à la fin désarmés.... id. ib. iv, 3 J'ai ri, me
voilà désarmé, piron, Méirom. m, 9. || 4° Terme
d'histoire naturelle. Oui est dépourvu de piquants,
d'aiguillons, de cornes. || 6° En parlant des jietites
armes à feu , dont la batterie est au repos. Fusil,
pistolet désarmé. || Terme d'artillerie. Canon dés-
armé, canon dont on a ôté le boulet. || 6° Terme de
blason, qui se dit de l'aigle sans ongles.
DÉSARMEMENT (dé-zar-me-man), s. m. || 1° Ac-
tion de faire rendre les armes à une troupe ou de
les lui enlever. Le désarmement de la garnison,
d'un régiment. || 2" Action d'une puissance qui
passe du pied de guerre à l'état de paix. Pendant
longtemps en Europe, les circonstances n'ont pas
permis le désarmement. || État d'une puissance qui a
réduit ses forces permanentes. || 3° Terme d'escrime.
Action de faire sauter l'arme des mains de l'adver-
saire. Un coup de désarmement. |] 4» Aclion de dés-
armer un navire. Le désarmement de l'escadre.
— HIST. xvt" s. Il fut ordonné aux cours de parle-
ments de tenir la main aux publications, et puis aux
desarmemens, d'aub. Uist. i, 260.
— ÉTYM. Désarmer.
DÉSARMER (dé-zar-mé), ». a. || 1° Débarrasser
quelqu'un de son armure. |{ 2° Enlever à quelqu'un
ses armes ou le contraindreàles rendre. On désarma
la garde nationale. Désarmez les vaincus sans les
désespérer, bac. Alex, m, 7. Et pour le désarmer il
avance le bras, id. Théb. v, 3. || Fig. Hercule à dés-
armer coûtait moins qu'Hippolyte, Et, vaincu plus
souvent et plus tôt surmonté. Préparait moins de
gloire aux yeux qui l'ont dompté, id. Phèdre, u, t.
Il 3" Terme d'escrime. Désarmer son adversaire, lui
faire sauter l'épée hors de la main. || 4° Terme de ma-
nège. Désarmer les lèvres d'un cheval, désarmer un
cheval, tenir ses lèvres hors de dessus les barres.
Il 6" Fig. Apaiser Vous pouvez d'un mot désar-
mer sa colère, corn. Pomp. iv, 2. Plût aux dieux....
Que sa bonté [de César] touchât la beauté qui me
charme. Et la pût adoucir comme elle me désarme 1
id. Cinna, m, 2. Mais je vous ai laissé désarmer
mon courroux, id. Rodog. v, 4. Il ne faut qu'un peu
de patience pour désarrter la colère des belles, ha-
milt. Gramm. 9. Cette action acheva de le désar-
mer, ID. ib. 8. [Rome] Ne désarma point sa fu-
reur vengeresse Qu'elle n'eût accablé l'amant et
la maîtresse, rac. Bérén.u, 2. Vos pleurs, votre
présence N'ont point de ces cruels désarmé l'inso-
lence, ID. Brit. II, 6. Rarement l'amitié désarme sa
colère [de Mithridate], id. Mithr. i, 6. Sans doute,
ce chagrin qui vient de m'alarmer N'est qu'un léger
soupçon facile à désarmer, m. Bérén. ii, 5. Il ne
propose son système qu'avec une modestie qui en
répare la faiblesse et désarme les critiques, fonten.
Guglieltnini. Vous n'êtes point ici sous vos antiques
rois Qui laissent désarmer la rigueur de leurs lois,
VOLT. Orphel. v, 2. Le vieux divan [les vieilles non-
nes], désarmant sa vengeance, De l'exilé borna la
pénitence, gresset, Vert-Vert, iv. U sut triompher
des difficultés par les deux moyens les plussilrs peut-
être pour désarmer l'amour-propre, la modestie et
la pureté d'intentions et de conduite, condorcet,
Duhamel. \\ 6" Dépouiller, priver. Ces princes que
la mort a désarmés de leur puissance. Mais [ô Dieu]
désarme d'éclairs ta divine éloquence; Fai.s-la couler
sans bruit au milieu de mon cœur, corn. Imit.
III, 2. Il 7° Terme de marine. Désarmer un vaisseau,
lui 4ter son artillerie, ses agrès, etc. le rendre inu-
tile pour la guerre. Nous gagnâmes enfin Toulon ;
on avait commencé à y désarmer les vaisseaux arri-
vés avant nous, ilém. de Villette en 1674, dansjAL.
Il Absolument. La llolte doit désarmer. Ce vais-
seau alla désarmer à Brest. || Désarmer les avirons,
les rentrer après qu'ils ont nagé. {| 8° Terme de
guerre. Désarmer un canon, en ôter le boulet
Il Désarmer un fusil, mettre sa batterie à l'état de
repos. Il 9° V. n. Cesser de se tenir sur le pied de
guerre, congédier des troupes. Les puissances, la
paix conclue, désarmèrent Qu'ils ne désarme-
raient point qu'on ne leur eût mis entre les mains
les auteurs de la division, vaugel. Q. C. 579. U
(Clément XI] arma, et s'en repentit bientôt; il vit
que les Romains, sous un gouvernement tout sacer-
DES
dotal, n'étaient pas faits pour manier l'épée; il
désarma, volt. Louis XIV, 2t. jl Terme de marine.
Être congédié et quitter un bAtiment. Ces matelots
dé.sannent. L'équipage désarme. || 10° Se désarmer,
». réfl. ôter son armure, quitter ses armes. || Fig.
Se laisser fléchir. Heureux, sage Nestor, si le fils
de Thétis, Touché de nos malheurs, se désarme à
ce prix, desfontainks.
— HIST. XI' s. Icele nuit [il] ne se velt desarmer,
Ch. de Hol. clxxix. || xu' s. De moi desarmer fu
adroite, Qu'ele le fist et bien et bel, Et m'afubla
d'un cort mantel, cbestien de teoies. Cheval, au
lyon, v. 228. Dist lur que il alassent à lui tut dés-
armé; Il mirent jus lur armes, quant ço luroutmus-
tré; Vindient à l'arcevesque.... Th.lemart. (26. Pur
coqu'iertdezarmés, tut premiers le siwi, E bienfuco-
neUz e al vis e al cri ; Une cote vert out e mantel
mi-parti, ib. I6u. Grant honte en ot por lesaperle-
naus; Rien sot qu'estoit Bernier ses max vuellans;
Desarmeis ert, s'en fu mu et taisaus, Raoul de C. 92.
Desarmés [ils] ont les Grii [Grecs] soupris; Assez en
ont et mors et pris,CAUT. d'abras, p. 300, verso,
col. 4. Il XIII* s. Dont se désarmèrent corne cil qui
moût estoient lassé et tiavaillié, villeh. lxxxiii. Chil
clievauchierent tout desarmé comme chil qui nedou-
toient que nus encombriersleur deust avenir, ii. de
valenc. XIV. Li cors le comte de saint Pol fu desar-
més et fu vuidiés et embaussemé et fu mis en un
lonc coffre, Chron. de Rains, <76. Puis qu'il pert
les armes esqueles il se présente, il demore, quant
il est desarmés, en pure se [sa] quemise, beaum.
lxiv, 2. Si l'ot tost mort, car il estoit armez, et
Hanguis desarmez, Merlin, f° 43, verso. \\ xiV s. Se
vient à l'assaillir, par la vierge sauvée ! Point n'y fau-
dra aler à teste desarmée, Cuesci. t98il-)9836. || xv
s. Kt s'en alla chascun desarmer et coucher, comh.
1, 6. Il s'en va au petit lit, et tout coiement de sa
robe se desarme [dévêt], louisxi, Aou».ix. Lors sur
la meschine se desarma de [lui remit] l'estamioe et
du bluteau,iD. tb. xvii. Elle lui manda que, du plutost
qu'elle sauroit se desarmer de son mari, qu'elle vien-
droit vers lui, ID. ib. xxxix. || xvi* s. Si nous nous des-
armons, le roi nous mesprisera, d'aub. Hiil. ii, 42&
Il la desarme [dépouille] maintenant de ses pierre-
ries et riches joyaulx, carl. u, 41. Ces instantes
prières luy désarmèrent ce martel de la fantaisie,
et le firent plier à miséricorde, id. vu, 4. La confes-
sion généreuse et libre énerve le reproche et de-
saime l'injure, mont, iv, <I4.
— ÊTYM. Dés.... préfixe, et arme; provenç. et es-
pagn. desarmar; ital. disarmare.
t DÉSARRANGER (dé-za-ran-jé. Le g prend un e
devant a ou o : nous désarrangeons, je désarran-
geais), ». o. ôter des choses de leur arrangement.
Il ne les désarrange pas pour cela, desc. Metéor. e.
Les meubles furent aussi remis en place, non pas du
tout si entiers que lorsqu'on les désarrangea, scarr.
Rom. coin. I, 3.
— Ety'M. Dés.... préfixe, et arranger; provenç.
desarengar ; portug. desarranjar.
t DÉSARRIMAGE (dé-za-ri-ma-j") , s. m. Terme
de marine. Action de désarrimer.
f DÉSARRIMER (dé-za-ri-mé), ». a. Terme de
marine. Déranger les objets arrimés dans la cale
d'un navire.
— ËTYM. Dés.... préfixe, et arrimer.
DÉSARROI (dé-za-roi), s. m. || 1° Trouble qui sur-
vient dans les choses, confusion. Je trouvai les che-
mins et les postes en grand désarroi, st-sim. t4, isa.
L'abbé de la Proustière, leur parent [de Chamillart],
mit leurs affaires en désarroi, id. 236, i38. |j 2° Fig.
Le désarroi des opinions, des doctrines.
— HIST. XII' s. Grant desroi mènent cil destrier
sojornez [tenus longtemps au repos], Ronc, p. 46.
Lors dist à ses barons : s;i parole a desroi [est désor-
donnée], ib. p. 199. Dune dist li reis Henris: einsi
le vus otrei. Or nus leissiez, funt-il: nus en pren-
drum conrei : Car tut li abatrun , voil u nun , le des-
rei. Th. le mari. 42. || xiii' s. Et li cris lieve en
l'ost et s'en issirent à desroi, et chascicrent les Com-
mains, villeh. cxlii. Ert [elle était] sage, sans mal
et sans desroy, Berte, cxvi. Moult est Renart de
grant desroi. Qui si contre le roi s'afete, Ren. J8488.
S'il estoit aperte coze que mes cevaus m'emportast
par dure gole, ou pardesroi, je me porroie escusor
du meffet, beaum. lxix, 6. || xiv* s. Dans cest es-
trange desarroy Nature, n'y pouvant que faire. Leur
laisse demesler l'affaire. Trait, d'atch. 438. ||xv' e.
Ils ne pouvoient plus supporter les desrois et les
faits que le roi faisoit au pays par le conseil dudlt
messire Hue, froiss. i, i, 9. || xvi' s. Il les pria de
tirer oultre à la plus grande diligence qu'ilz pour-
roieat ,afin qu'ilz peussent surprendre leurs «nnemif
DES
DES
DÉS
1093
en desarroy, amyot, Timol. 46. Après lesquelz
siiyvoient les autres nations pesle mesle, et pas-
soient en foule avec grand desarroy, id. tl>. 36. Qu'il
venoit d'esire rencontré à une demie lieue de là par
un sien ennemy.... qu'ayant esté surprins en desar-
roy et plus foible en nombre, il s'esloit jecté à ma
porte à sauveté, mont, iv, 220.
— ÉTYM. Des.... préfixe, etarrof fvoy. ce mot).
Dans l'ancien français, la forme ordinaire était
desroi.
t DÊSARRONDIR (dé-za-ron-dir) , v. a. Détruire
la rondeur d'un corps. || Se désarrondir,». rc/î. Per-
dre sa lorme arrondie.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et arrondir.
t DÉSARTICULATION ( dé-zar-ti-ku-Ia-sion ) ,
s. f. Terme de chirurgie. Désunion des surfaces
articulaires des os. || Amputation dans l'articula-
tion.
— ÉTYM. Désarticuler.
t DÉSARTICULER (dé-zar-ti-ku-lé), v. a. Désu-
nir une articulation. || Terme de chirurgie. Séparer
des surfaces articulaires; faire une amputation dans
l'articulation. M. Spallanzani m'ayant invité à dés-
articuler les membres des salamandres, je n'ai pas
manqué de faire cette expérience, bonnet, 3" mém.
Reprod. salamandres. \\ Sedésarticuler,»;. rd/I. Sortir
de l'articulation. L'os de l'épaule s'est désarticulé.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et article.
I DÉSASSAISONNEMENT (dé-za-sè-zo-ne-man) ,
s. VI. Action de désassaisouner ; état de ce qui est
désassaisonné.
f DÉSASSAISONNER (dé-za-sé-zo-né), «). a. Oter
l'assaisonnement.
— HlST. XVI' s. Il [un fruit] a esté desassaisonné
et cueilly avant le temps, pasquiek, Lettres, t. m,
p. 221 , dans LACURNE.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et assaisonner.
t DÉSASSEMBLAGE (dé-za-san-bla-j'), s. m. Ac-
tion de désassembler ou de se désassembler.
DÉSASSEMBLÉ, ÉE (dé-za-san-blé, blée), port,
passe. Des pièces de menuiserie désassemblées.
t DÉSASSEMBLEMENT (dé-za-san-ble-man), s.
m. L'action de désassembler.
— HIST. XIV' s. Ne demoura pas longuement Après
le desassemblement Des dessus dites alaïnes [que-
relles], DU GANGE, assembleia. || xvi* s. 11 faut
que tu démembres et desassumbles ces vers de leur
nombre, mesure et pieds.... si tu trouves, après
tel desassemblement de la ruine du bastiment, de
belles et excellentes paroles.... rons. 588.
— ÉTYM. Désassembler.
DÉSASSEMBLER (dé-za-san-blé), v. a. || 1° Dis-
joindre de? pièces de charpente, de menuiserie.
Il Par extension. Et désassembler Du firmament le
riche ouvrage, bégnier, Stances rel. \\ i' Fig. Mais
l'invincible amour qui joint leurs coeurs ensemble
Ne permettra jamais que rien les désassemble, tris-
tan, Panlhée, u, <. ||3° Se désassembler, v. réjl.
Être désassemble.
— HIST. XII" S. Entre merci et biauté Sont pour
moi desassemblé [il y a séparation entre merci et
beauté]. Quant en vous, dame, n'ai trouvé Merci....
Couci, IV. Il XIII' s. Car ambedui [tous deux], ce
sai, morron [nous mourrons] Plus tost, espoir, que
ne vorron ; Mais ce n'iert pas, espoir, ensemble.
Car mort tous compaignons dessemble, la Rose,
8178. Il xvr s Il me semble Quequant faux rap-
port desassemble Les amants qui sont assemblez,
MAROT, p. 318, dans lacurne. Grandes cuves et au-
tres gros ustensiles, qui ne se peuvent des-assem-
bler ni transporter sans incommodité, sont tenus
pour immeubles, loysel, 218. 11 prand le courrier
et le meine au lieu de la conférence, qui ne s'es-
toient point desassemblez, carl. ix, 5i. Les pierres
de plâtre, de talque et d'ardoise s'eslevent et se des-
assemblerit par feuilleis, palissy, 300.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et assembler.
t DËSASSIÉGEMENT (dé-za-siè-je-man),s. m. Le-
vée d'un siège; état d'une place que l'on cesse d'as-
siéger. Peu usité.
t DÉSASSIÊGER (dé-za-sié-jé. La syllabe sié garde
l'accent aigu dans toute la conjugaison; ce qui n'est
pas conforme à la prononciation, l'e se prononçant
OJvertdansjedésassiége. Le 9 prend une devant oou
0 : nous désassiégeons, je désassiégeais), v. a. Cesser
d'assiéger. i| Absolument. Lever un siège.
— HIST. XV' s. Et les feroit armer, s'il pouvoit,
pour aller desassiegerle chastel de Faouet [faire le-
ver le siège] , froiss. i, i, 484. || xvi' s. Se resjouir
d'estredesassiegé de la pauvreté, langue, 6I7. Cre-
»an sur Yonne fut de ce nombre; desassiegée pour-
«nt pour aller.... d'auh. Hist. 1, 229. Que les plus
grandes louanges de César avoient esté méritées,
par ce que, sans desassieger, il donnoit de» batail-
les, ID. 1&. II, 443.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et assiéger.
t DÉSASSIMILATECR, TRICE (dé-za-ssi-mi-la-
teur, tri-s'), adj. Terme de physiologie. Qui produit
un efi'et contraire à l'assimilation. Faculté désassi-
milatrice.
— ÉTYM. Désassimiler.
t DÉSASSIMILATION (dé-za-ssi-mi-la-sion), s.
f. Terme de physiologie. Travail par lequel une es-
pèce de composé, faisant partie de la substance de
l'organisme, s'en sépare et cesse de participer aux .
actes qu'elle accomplit. |
— ÉTYM. Désassimiler.
t DÉSASSIMILER (dé-za-ssi-mi-lé), r'. a. Terme ^
de physiologie. Séparer par désassimilation.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et asstmiier.
t DÉSASSOCIATION (dé-za-sso-si-a-sion),s. f. Ac-
tion de désassocier.
— SYN. DÉSASSOCIATION, DISSOCIATION. Ces dsux
mots donnent un exemple assez rare de ceux où tous
les éléments des composés ont gardé leur significa-
tion exacte. Ladissociationestle contraire de l'union :
la dissociation des éléments d'un composé; la désas-
sociation est la fin, la cessation de l'association,
c'est-à-dire d'une union formellement voulue et con-
sentie. L'Académie n'admet ni l'un ni l'autre de ces
deux mots; et c'est bien étonnant pour le second
qui est tout latin et que personne n'hésiterait à em-
ployer.
f DÉSASSOCIER (dé-za-sso-si-é), v. a. Détruire
une association. || Se désassocier, v. réfl. Cesser
d'être associé.
— HIST. XVI' s. Ménageons le temps; encore nous
en reste il beaucoup d'oisif et mal employé ; nostre
esprit n'a volontiers pas assez d'autres heures à
faire ses besongnes, sans se de.sassocier du corps en
ce peu d'espace qu'il luy faut pour sa nécessité,
MONT. t. ni, p. 608, dans lacurne.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et associer.
DÉSASSORTI, lE (dé-za-sor-ti, lie), part, passé
de désa.ssortir. Qui n'est pas assorti. Des ètolTes dés-
assorties. Il Fig. C'est une chose toute désassortie que
de porter dans cette diligence une langueur amou-
reuse, SÉV. 371.
t DÉSASSORTIMENT (dé-za-sor-ti-man), s. m.
Action de désassortir; état des choses mal assorties.
Il État de marchands qui sont désassortis de ce qu'ils
devraient avoir. Le désassortiment d'un marchand,
d'une boutique.
DÉSASSORTIR (dé-za-sor-tir) , v. a. Séparer des
choses qui étaient assorties. On a désassorti ces por-
celaines. Sans altérer la bonté de leurs couleurs
et sans les désassortir de leurs nuances, Mst. génér.
pour la teinture, (8 mars (674, art. 217. || Faire
qu'un marchand n'ait plus un assortiment. Désas-
sortir un marchand, une boutique. || Se désassortir ,
v.réft. Être désassorti.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et assortir.
j DÉSASSOTER (dé-za-so-té), v. a. Empêcher
d'être assolé, de perdre le bon sens.
— IllST. XIII' s. Bien le vous sot [sut] raison no-
ter, Mes ne vous pot desasoter, la Rose, 40200.
ÉTYM. Ws.... préfixe, el assoté.
f DÊSASSURER (dé-za-su-ré) , v. a. || 1° Déper-
suader. S'il le croit fermement, il faut l'en désassurer,
RiCHELET. Il 2° Ne pas laisser sous la garantie d'une
compagnie d'assurances. Il a désassuré sa maison.
Il 3° Se désassurer, v. réfl. Il s'est désassuré, c'est-
à-dire il a fait cesser l'assurance sur sa vie, sur sou
navire, etc.
— HIST. XVI' s. Desa.sseurer, oudin.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et assurer; provenç.
desassegurar ; espagn. desasegurar.
DÉSASTRE (dé-za-str'), s. m. Infortune très-grave.
Mais de qui savez-vous ce désastre si grand? corn.
Sicom. v, 8. Les siens en ce désastre, à force de ra-
mer, L'éloignent de la rive et reg-agnent la mer,
m. Pomp. II, 2. Les désastres d'Othon ainsi que moi
vous frappent, id. Olhon, v, B. D'où vient que les
mêmes hommes qui ont un flegme tout prêt pour re-
cevoir indiiïéremment les plus grands désastres, s'é-
chappent et ont une bile intarissable sur les plus pe-
tits inconvénients? la bruy. xi. L'escadre sur
laquelle il est a souffert mille désastres, j. j. rouss.
Hél. IV, 4. Je ne sais s'il en avait véritablement le
projet; mais, quand il l'aurait eu, mes désastres
m'auraient empêché d'en profiter, id. Confess. xii.
Le maréchal de Contades montrait de sa main le
plan de campagne et le désastre de Minden, mar-
MONTEL, Mém. IX. La vieillesse, les maladies, les
blessures, tous les désastres de l'humanité étaient
rassemblés sous mes yeux, stael, Detph. part, v.
lett. 2. Une vaste flamme s'élevait en tourbillonnant,
couvrait Smolenslt et la dévorait tout entière avec
un sinistre bruissement; un si grand désastre, qu'il
crut son ouvrage, efi'raya le comte de Lobau , siîgur,
Hist. de Nap. vi, 4. {| Déconfiture d'un commerçant.
— SYN. DÉSASTRE, CALAMITÉ, CATASTROPHE. L'éty-
mologie indi(]ue ici, comme cela arrive souvent, la
nuance fondamentale : la calamité est, d'origine, un
fléau quiravageles moissons, de làun fléau naturel
Le désastre est l'influence d'un astre qui cesse d'ê-
tre favorable, c'est un revers, un malheur infligé
par la fortune. La catastrophe est un renversement
sens dessus dessous. Une peste, une inondation est
une calamité. L'incendie d'une ville, considéré en
soi, est un désastre, non une calamité; mais il de-
vient une calamité pour tous ceux qui y ont perdu
toutesleurs ressources. La catastrophe est un désastre
qui produit dans un ordre de choses, dansl'existence
d'un individu, etc.unbouleversementcompletouune
finviolenteilacatastrophedeFouquet sousLouisXIV.
11 est encore une difl'érence que l'on peut indiquer,
c'est que la catastrophe ne se prend pas en général
comme les deux autres mots, mais demande à s'ap-
pliquer à un objet : l'invasion des barbares fut une
catastrophe pour l'empire romain ; on ne peut pas
dire qu'elle fut une catastrophe en général. On dirait
plutôt dans ce sens qu'elle fut une calamité ou un
désastre. Il faut ajouter que la catastrophe est tou-
jours instantanée ou à peu près, et qu'enfin elle peut
être heureuse ou malheureuse, quoiqu'elle s'entende
presque toujours dans ce dernier sens.
— HIST. xvi* s. Lesdesastres militaires.... langue,
328. Il lui survint un desastre inopiné, qui renversa
son dessein, id. 665.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et astre dans le sens de
bonne fortune; provenç. desasfre; espagn. désastre;
ital. disastro.
DÉSASTREUSEMENT (dé-za-streû-ze-man) , adv.
D'une manière désastreuse. La fête a fini désastreu-
sement.
— ÉTYM. Désastreuse , et le sulfixe ment.
DÉSASTREUX, EUSE(dé-za-streû,streû-z'),adi.
Il 1» Qui est de la nature du désastre, ô nuit désas-
treuse! ô nuit effroyable! où retentit tout à coup,
comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nou-
velle : Madame se meurt. Madame est morte! boss.
Duch. d'Orl. La mort désastreuse du roi Sébastien
fit bientôt oublier une sorte de riches.sesdont l'État
ni les citoyens n'avaientjusqu'alors tiré aucun avan-
tage, baynal, Hist. phil. ix, 23. Les désastreux
orages Et des minorités et des sanglants partages,
lemerc. Frédég. et Bruneh. i, B.|) 2° X qui il arrive
un désastre, en parlant des personnes. Tout le
monde fut satisfait, à la réserve du désastreux Rago-
tin, scARR. Rom. com. 11, 47.
— REM. Ce mot a été employé, en parlant des
personnes, pour signifier: qui cause un désastre.
Redemandant ses fils, un père malheureux Errait et
gémissait près de ce champ funeste [un champ de ba-
taille]; Il aperçoit de Flue : 6 vieillard désastreux,
ô liberté fatale! 6 jour que je déteste! Hélas! j'avais
cinq fils, je n'en ai plus que deux, masson, Hel-
vét. VII. Cet emploi n'est pas à recommander.
— HIST. xvi's. Il print si à cœur cesie désastreuse
nouvelle, qu'il en fust fort malade, cabl. ix, 34.
— ÉTYM. Désastre.
t DÉSATTELER (dé-za-te-lé. La syllabe tel prend
deux n, quand la syllabe qui suit est muette : jedé-
sattelle, je désattellerai), v. a. ôter d'attelage. On ■
dit plus souvent dételer.
— HIST. XV" s. Le suppliant prit à desateler les
bœufs de la dite charrette, du cange, attelatus
Il XVI' s. Il arriva que les chevaux, qu'ils n'avoient
pas desatelez, au premier bruit emportèrent et bri-
sèrent tout, d'aub. Hist. III, 92.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et atteler.
I DESATTESTER (dé-za-tè-sté) , «. a. Cesser d'at-
tester; détruire son attestation.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et attester.
t DÉSATTISER (dé-za-ti-zé), v. «.Cesser d'atti-
— HIST. XVI' S. Alors, belle, tu me baisas, Et
doucement desattisas Mon feu d'un gracieux visage,
RONS. 4 78.
— ÉTYM. Ws.... préfixe, eto((iser.
f DÉSATTRISTER (dé-za-tri-sté) , e. a. Faire ces-
ser la tristesse. || Se désattrister, v. réfl. Cesser d'ê-
tre triste. Donnez-lui le loisir de se désattrister, KOI.
l'Étour. II, 4.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et attrister.
t DÊSAUBAGE (dé-zô-ba-j') , t. m. Action de dé-
sauber.
— ÊTYM. Désauber 2.
imi
DÉS
t 4. PteAlIBER (dé-zfl-bé), «. a. ôter la robe
blanche que l'on mettait aux catéchumènes le jour
do leur baplême.
— t.l ï'M. xiri' s. [Rou après avoir reçu le bap-
tême] X Kiiem s'en vint, n'i targa plus; X grant
onourfu receQs; Al quint jour fu Roudesaubés, pii.
MOUSKES, Jfs. p. 360, dans LACURNE.
— Etvm. Dés.:, préfixe, et aube, vêtement.
f 2. DÊSAUBER (dé-7.6-bé), V. a. ôter les aubes
d'un bateau à vapeur qui peut aller à la voile et dont
les roues à aubes gênent la marche.
— f.TYM. Dés.... préfixe, et aube de moulin.
t nÉSArOMENTER (dô-zô-gman-té) , ». a. Cesser
d'augmenter.
— illST. XVI' s. Voy, s'il te plaist, que le temps
qui s'absente, Depuis sept ans en rien ne desaug-
mente Le plaisant mal que j'endure pour toy, Ron-
sard, 64.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et augmenter.
t DÉSACTORISER (dé-z6-to-ri-zé), t). o. Cesser
d'autoriser, détruire une autori.sation.
— IllSï. xvi" s. Les ministres du roy commen-
çoient à s'adresser à ces gens-là pour desautoriser
le dit duc, et faire leurs besognes sans luy, Mém. de
Villeroy, t. i, p. (83, dans lacurne. La reine mère
d'autie costé, qui haïssoit et se voyoit haïe du duc
d'Alençon, et avoit par ses espions et mouchards
découvert ce qui se projettoit pour la desauthoriser
et empescher le retour du roy de Pologne, sully,
lf(!ni. t. I, p. 8", dans lacurne.
— RTYM. Dés.... préfixe, et autoriser; provenç.
desaulorgar.
t DfiSAVANCEJfENT (dé-za-van-se-man) , s. m.
Action de désavancer.
— HIST. XV* s. Le mareschal, tousjours tendant
au bien de la clirestienté, comme celui qui desiroit
la confusion et le desavancement des Sarrasins, ifou-
eiq. II, 4 3.
— KTYM. Désavancer.
t DÉSAVANCER (dé-za-van-sé. Le e prend une
cédille devant a ou o .• nous désavançons, je désa-
Tançais), t). a. ôter l'avancement, faire reculer.
— IllST. xiii" s. Il apert plus que la chose soit des-
avancôe par l'olrage que non, Liv. de just. 407. Li
tcnsqui enviellist nos pères. Et vieillist rois etem-
pereres. Et qui tous nous enviellira, Où mort nous
desavancera.... la Rose, 380. S'il ne chiet [tombe]
en désespérance Qui les pecheors de.savance, ib.
6870. ||xv' s Cuerde noblesse Doit accomplir sa
convenance [promesse]; Qui ne le fait, il desavance
Son honneur.... E. nESCHAMPS, Qu'il faut tenir sa
parole. Volontiers se fussent peines de de.sadvancer
la grande prospérité où ils virent les Genevois en-
trés, llouciq. n, 42. ||xvi' s. Je ne veux pour vous
que maison suit déshonorée et les filles que j'ai eues
de vous, desavancées, marg. Nouv. xxxvi. Dessous
Bourbon fut son heur couronné; Dessous Bourbon
s'en va desavancé, marot, i, 238.
— ÈTYM. Dés.... préfixe, et avancer.
DÉSAVANTAGE (dé-za-van-ta-j) , s. m. || 1» Perte
d'avantage, préjudice. L'affaire a tourné h son dé-
savantage. Ils en eussent reçu moins de désavan-
tage, TRISTAN, Panthée, i, 4. Si je l'entretins hier
et lui fis bon visage. N'en imaginez rien qu'à son
dé.^avantage, corn. Ilor. i, 2. || Se présenter avec
désavantage, se présenter d'une manière peu favo-
rable. Il Voir quelqu'un à son désavantage, le voir
sous UH jour défavorable. || 2° Infériorité dans quel-
que genre que ce soit, combat, lutte, jeu, dispute.
Avoir du désavantage au jeu. J'apprends plus contre
vous par mes désavantages [à la guerre].... corn.
SerMii, ï. Il 3° Infériorité qui résulte de quelque
ci rconslance. Le désavantage des armes , du poste, etc.
Ils furent vaincus par le désavantage du lieu, d'a-
BLANCOURT, Arrien, liv. i, dans ricuelet.
— HIST. xvi* s. X fin que tant de princes et ex-
cellens chefs ne reçussent ce desavantage, que de se
voir assiégez dans des villes, langue, «45. Un sei-
gneur italien tenoit une fois ce propos en ma pré-
sence, au desavantage de sa nation.... mont, ii, 4 2).
— ET^TH. Dés.... préfixe, et avantage.
t DÉSAVANTAGER (iléza-van-ta-jé. Le g prend
un e devant o ou o ; nous dé.savantageons, je désa-
vantageais), ». o. Il 1° Faire subir un désavantage,
6ter unavantage. {| Désavantager des marchandises,
b'ur filer la bonne apparence qui en facilite la vente.
112° Diminuer, en faveur d'un héritier, la part des
autres. Il a désavantagé un de ses neveux. Un héri-
tier désavantagé.
1 7 'î."'^" ""'' ^- ^'"® f<""'ifi«e à la moderne, sur
le hord du Gave, et dans des sables qui la désavan-
tagent, d'aub. llùt. î, 295. Car, comme a esté dict,
les plus avantagés aux sens sont souvent les pluf
DÉS
desavantagés en science, cnAHRON, Sage'se, i, 44.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et avantager.
DÉSAVANTAGECSE,MENT ( dé-za-van-ta-jeû-ze-
man), odr.D'unemaniéredésavantageuse. Et comme
je ferme la bouche à ceux qui veulent parler désa-
vanlageusement de nos affaires, balz. A Iticlielieu.
Oui l'ouït jamais parlerdésavantageusement de per-
sonne'/ FLiîcH. Dauplt.
— ÉTYM. Désavantageuse, et le suffixe ment.
DÉSAVANTAGEUX, EUSE (dé-za-van-ta-jeil, jeû-
z'), adj. Il 1° Qui a le caractère du désavantage. On
pense de vous cent choses désavantageuses, Acad.
Observ. sur Vaugel. p. 99, dans pougens. || 2° Oui
cause du désavantage. Une clause désavantageuse.
Il 3° Oui fait paraître quelqu'un à son désavantage.
Assurément [Grillus] vous n'avez point la taille
belle : un gros corps courbé vers la terre, de petits
yeux, un groin horrible, une physionomie très-dé-
savantageuse, FÉN. t. XIX, p. 440. Il 4° Oui offre du
désavantage. Ce poste est désavantageux.
— HIST. XVI* s Contraindre les Turs, ou à un
combat desavantageux, ou au levement du siège,
d'aub. Hist. I, 244.
— ÉTYM. Désavantage.
t DÉSA VENANT, ANTE (dé-za-ve-nan, nan-t'),
adj. Oui n'est pas avenant.
— HIST. xm* s. Mariage desavenant, beaum. xii,
47.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et avenant; provenç.
de-iavinent ; espagn. desaveniente ; ital. disavve-
nente.
DÉSAVEU (dé-za-veu),s.m.|| l''Termededroit féo-
dal. Refus de prêter foi et hommage, le contraire de
l'aveu. Il 2* Terme de droit. Acte par lequel on dé-
clare n'avoir point autorisé quelqu'un à faire ce qu'il
a fait ou dit. Désaveu d'un mandataire, dun avoué.
Il Désaveu d'un enfant, désaveu dfl paternité, l'acte
par lequel un mari refuse de recornaltre un enfant
dont sa femme est accouchée. Former une action en
désaveu. || Par extension, déclaration par laquelle
on atteste qu'on n'est pas ''auteur d'un livre, ou
de toute autre chose qui nous est attribuée. Je
vous exhorte là-dessus au désaveu le plus au-
thentique, d'alemb. Lettre à Volt. 43déc. 4750.
Il 3° Rétractation de ce qu'on avait avancé. Il fit
un désaveu public de sa doctrine. || 4° Refus de
reconnaître qu'une chose soit. Une sincère hu-
milité. Une parfaite charité. Un ferme désaveu
de toute propre estime, corn. Imit. m, 7. Ma fille,
il ne faut point rougir d'un si beau feu. Ni cher-
cher les moyens d'en faire un désaveu, ID. Cid, v,
7. L'éclatant désaveu d'une telle action, id. Ilor. m,
0. Et par le désaveu de cette obéissance Ce tijjre
assouvirait sa rage et leur vengeance, id. Attila,
v, 2. Ouoi que vous soupçonniez, il m'importe si
peu, Oue j'aurais du regret d'en faire un désaveu,
MOL. Don Gare, m, 3. Des sentiments d'un cœur si
fier, si dédaigneux. Peux-tu me demander le désa-
veu honteux? rao. Phèd. i, 4. {| Par extension, ce
qui contredit. Sa vie entière est un désaveu des
principes qu'on lui suppose, Dict. de l'Académie.
— HIST. xiu*s. En tex [tels] desaveus qui sunt fet
à tort contre les segneurs, a moult de perix (périls]
de perdre vilainement, beaum. xlv, 4. || xvi* s. Oui
outre pas.se sa charge [mandat, procuration] chet
en desaveu, loysel, 372.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et aveu.
DÉSAVEUGLÉ, ÉE (dé-za-veu-glé, glée), part.
passé. Désaveuglé par de sages conseils.
tDÉSAVEUGLEMENT(dé-za-veu-gle-man), i. m.
État d'une personne désaveuglée, désabusée.
— ÉTYM. Désaveugler.
DÉSAVECGLER (dé-za-veu-glé), v. o. Tirer quel-
qu'un de son aveuglement, de son erreur. || Se dés-
aveugler, ». réfl. Cesser d'être aveuglé.
— REM. Ce mot est, dit-on, dû à Port-Royal. Bon-
heurs {Nouv. remarques), qui le signale comme
nou\eau, dit qu'il est assez mal reçu et qu'on lui
préfère désentèter. Au contraire Vaugelas dit que
c'est un fort bon mot.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et aveugler.
t DÉSAVOUABLE (dé-za-vou-a-bl'), adj. Que l'on
peut, que l'on doit désavouer.
— ÉTYM. Désavouer.
DÉSAVOUÉ, ÉE (dé-za-vou-é, ée), part, passé.
Il 1° Qui n'est pas avoué, approuvé, en parlant des
personnes. Vous n'en serez pas désavoué par Aris-
tote,coHN. Ex. de Sertor. Ordonnez de moi, vous ne
serez désavoué sur rien, j. j. rouss. ]Iél. m, 2i.
Il 2" Oui n'est pas ratifié, en parlant des choses. Ce
langage fut désavoué, jj Par extension, qui est en
contradiction avec. Un zèle désavoué par une con-
duite reprochable est un jeu de thé&tre qui n'a de
DÉS
sérieux que l'abus du minisliro, mass. Confér. Zèle
c. l. scand.
DÉSAVOUER (dô-za-vou-é), v. a. || 1° Itefuseï
d'avouer une personne en ce qu'elle a dit ou fait. Le
désavouerez-vous? et du don qu'il méfait Voudrez-
vous retarder le bienheureux effet? corn. Cinna,
m, t. La reine qui m'entend peut me désavouer,
RAC. Bérén. v, 7. J'attaquai les Romains; et ma
mère éperdue [qui avait trahi son mari Mithrid.iteJ
Me vit, en reprenant cotte place rendue, X mille
coups mortels contre eux me dévouer. Et chercher
en mourant à la désavouer, id. Mithr. i, 4. |l Dans
le même sens, désavouer quelqu'un de quelque chose.
Rends-moi mon fils, ingrat. — Il m'en désavouerait,
corn. Hér. IV, 6. El vous avez eu peur de le désa-
vouer Du Irait qu'à ce pauvre homme il a voulu jouer,
mol. Tart. iv, 3. C'est un homme né pour les alléei
et venues, pour aller plus loin que sa commission,
etenêtre désavoué, LA BRUY.ii. || Absolument. Ouel-
ques-uns pensent qu'aucun homme dans tout l'em-
pire, hors l'empereur, n'aurait osé se charger d'une
si terrible responsabilité [l'incendie de Moscou] ; de-
puis, sa conduite désavoua sans désapprouver, SÉ-
CUR, Hist.de JVap. viii,2. || Terme de jurisprudence
Déclarer qu'on n'a pas autorisé quelqu'un en ce qu'il
a fait. Désavouer un mandataire, un agent, un am-
bassadeur. Il 2* Ne pas avouer, ne pas ratifier, en
parlant des choses. On doit désavouer de pareils
moyens. Nous désavouons tous le meurtre de 'la-
pire, VOLT. Fanât. V, 4. Le roi va désavouer la let-
tre de son confesseur, maintenon. Lettre au card.
de Noailles, 40 mars 4697. || Désavouer un dépôt,
nier qu'on l'ait reçu. Je la [une chose baillée en
garde] pourrais r?ndre quelquefois de telle façon, et
devant tant de personnes, queje ferais mieux de la
désavouer tout à fait, malii. le Traité des bienf. de
Sénèque, iv, 9. 1| 3° Être en contradiction avec. De
la religion c'est ainsi qu'ils se jouent; lisent un air
pieux répandu sur le front Oue leurs actions désa-
vouent, deshouliêhes, Ép. chagrine. || 4° Préten-
dre qu'on n'a pas dit ou fait quelque chose. Vous l'a-
vez dit, vous ne sauriez le désavouer. Désavouer
hardiment les choses les plus évidentes. Ces fem-
mes ne songèrent qu'à désavouer leur faute, fén.
Tél. X. Pourquoi [6 Homère] viens-tu me désavouer
[à moi Achille] que tu me dois la gloire de ton plus
beau poème? id. t. xix, p. 4 33. || Ne pas désavouer,
ne pas nier, convenir. Je ne désavoue pas que j'en
aie été fâché. || 5° Ne pas reconnaître comme sien.
Désavouer quelqu'un pour son parent. Il désavoua
efl'rontément son seing. Ma valeur n'a point lieu de
te désavouer, corn. Ci'ci, m, 6. Je le désavouerais
pour frère ou pour époux, id. Ilor. ii, o. Celte no-
ble fierté désavoue un tel père, id. D. Sanch. v, B.
Ainsi donc vous descendez en vain des aïeux dont
vous êtes né, ils vous désavouent pour leur sang,
MOL. Festin, iv, 6. Le désavouerez-vous pour n'a-
voir pas de seing? — Pourquoi désavouer un billet
de ma main? id. jlfis. iv, 3. Ou révoquez ou désa-
vouez une lettre qui déshonore.... Boss. Lett. lai.
Qui moi? moi de Phébus te dicter les leçons? Moi
dans l'ombre ignoré, moi que ses nourrissons Pour
émule aujourd'hui désavoueraient peut-être, A. ciiÉ-
NIF.R, Flég. 48. Il Plus particulièrement. Désavouer
quelqu'un, dire qu'on ne l'a pas pour ami. ou, si c'est
une femme qui parle, pour amant Xipharès n'a
point trahi soi\ père ; Vous vous pressez en vain de le
désavouer, rac. ilithr. ii, *■ || 6» Renier, condamner.
Lui-même désavoua les doctrines qu'il avait soute-
nues. Des principes que la morale désavoue, Dicl.
de l'Académie. Qu'il s'en prenne à ses vers que
Phébus désavoue, boil. Sat. ix. Va faire chez tesGrecs
admirer ta fureur; Va, je la désavoue, et tu me fais
horreur, RAC Andr. v, 3. Son cœur désavoue ces ex-
pressions divines, mass. Car. Uort. || 7° Se désa-
vouer, ». n^I. Être désavoué. De pareilles paroles ne
se désavouent pas aisément.
— HIST. XIII* S. Et Arlus li dist : pe vos pri que
vos ne me desavocz pas de fil [pour fils] ; car ge ne
sauroie où aler, Uerlin, S' 74, recto. Cil re garde
pas bien .se [sa] foi vers son segneur, qui desavoue
ce qu'il doit tenir de li, beaum. xlv, 4. Li sires ne
pot pas desavouer le fet de son serjant, ID. xxix, 3
De tix [tels] cas pot li sires desavouer le fet de son
sergant, s'il n'est atains de ce qu'il h feist fere,lD.
u, 21. Il XV' s. Et que eulx se trouveroient desad-
vouez, COMM. v, 48. Il ivi* s. Desadvouant [niant]
mesme avoir sceu que.... mont, i, 39. C'est aux des-
pens de nostre honneur que nous desadvouons nos-
Ire pensée, id. iv, I69. La peincture mesme qu'en
faict l'académie ne me desadvouera pas, comme je
pense, de dire ainsi de sa part.... id. i, 240. Le vas-
sal est tenu avouer ou désavouer son seigneur,
DES
sinon qu'il y eust coiiteation de lenure enlre deux sei-
gaeurs, loysel, 045. Le vassal mal desavouant [qui
iiifuse à tort de reconnaître son seigneur] , perd son
fef, m. o»7.
t DÉSAZOTATION (dé-7.a-zo-ta-sion), s. f. Action
dBdésazoter. 11 est probable que la résistance à^la
désazotalion varie avec les différentes qualités d'a-
cier, FRKMT, Comptes rendus, Àcad. des se. t. lu,
p. 627.
t DÉS.4Z0TEU (dé-za-zo-té),r. a. Terme de chi-
Dve. Faire perdre l'azote. La partie de la lame qui
n'a pas été désazotée a conservé tous les caractères
de l'acier, fremy. Comptes rendus, Àcad. des se.
t. LU, p. 62«,
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et afoter.
DESCKLLÊ, ÊE (dè-sè-lé, \ée). part, passé. Dont
on a été le sceau. Lettres descellées. || Qui a été ôlé
de sa place ou scellement. Une pierre descellée. La
poutre du toit descellée Ploie.... v. nuGO, Orient.
28.
t DESCELLEMENT (dè-sè-Ie-man), s. m. Action
de desceller.
DESCELLER id6-sè-Ié), V. a. || 1° Ôter le sceau
d'un acte, d'un titre. || 2° Arracher ce qui était scellé.
Il faut desceller ces gonds. || 3" Dégrossir une glace
jusqu'à ce que la règle porte exactement sur toute
la surface. || Se desceller, t'. re'fl. Être descellé. Une
pierre qui se descelle.
— HIST. XIII" s. Et s'il est fet autrement, que par-
tie voie venir en cort les escris desseelés, il pot de-
batre que li jugemens ne soit pas fes sus, beaum.
XL, 31.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et sceller.
DESCENDANCE (dè-san-dan-s'), s. f. Filiation.
Eh! qu'a de commun la vocation toute gratuite du
ciel avec le cours inévitable d'une descendance char-
nelle? MASS. Car. Vocal. Oui a conservé à la pos-
térité la descendance de tant de noms illustres que
nous re.spectons aujourd'hui? id. ib. Aumône. Les
Césars ont pris leur descendance d'Iule, le p. ca-
TROu, dans desfontainf.s. || Les descendants d'un
individu. La descendance de Hugues Capot.
— IIIST. xiu' s. Se mes pères et me [ma] mère
me marient de lor muebles communs, et, apr<;s,
mes pères muert, je voil partir à la descendance de
li, je ne suis tenus à raporter que la moitié....
BEAUM. vu, <9.
— ÉTYM. Descendant.
). DESCENDANT, ANTE (dè-san-dan, dan-t'),
adj. Il 1° Qui descend, qui va en bas. Serait-ce abu-
ser de la permission de conjecturer que de supposer
qu'il y a aussi un suc descendant ou dont la direc-
tion est en sens opposé? bonnet, Consid. corps orcj.
Œuvres, t. vi, p. 51 , dans pougens. || 2° La marée
descendante et, absolument, le descendant, se dit,
par opposition à marée montante, de la mer qui
baisse et s'éloigne de son rivage. || 3" Il se dit en
parlant des bateaux qui descendent habituellement
une rivière. Il profita d'un bateau descendant. Les
bateaux descendants et les bateaux montants.
Il Terme de chemins de fer. Trains descendants,
trains qui gagnent le bas, les côtes de la mer, par
opposition à trains montants, ceux qui gagnent le
haut, l'intérieur des terres. |{ 4" Terme de guerre.
La garde descendante, celle qui cède le survice d'un
poste à la garde qui le reprend, et que, par oppo-
sition, on désigne sous le nom de garde montante.
Il B° Terme de généalogie. Ligne descendante, ceux
qui sont issus d'une même personne, par opposition
à ligne ascendante. || 6° Terme de musique. Gamme
descendante, la suite des tons de la gamme du haut
en bas. j| 7° Terme d'arithmétique. Progression des-
cendante, progression dont les termes vont en
décroissant. 118° Terme d'astronomie. Signes des-
cendants, ceux par lesquels passe le soleil du sol-
stice d'été au solstice d'hiver. || Nœud descendant,
point oii une planète traverse l'écliptique en allant
du nord au midi. {{ 9" Se dit, en botanique, des par-
ties des végétaux qui se dirigent vers le sol, et, en
anatomie, des parties qui se dirigent vers la partie
inférieure du corps. Aorte descendante.
2. DESCENDANT, ANTE (dè-san-dan, dan-t'), î. m.
et f. Il 1° Celui, celle qui tire son origine d'une per-
sonne, qui descend d'une race. Une descendante de
ces Grecs.... 11 apparaît de temps en temps sur la
terre des homme» rares; ils n'ont ni aïeuls ni des-
cendants; ils composent seuls toute leur race, la
BRUY. n. La dispersion des descendants de Noédans
les différentes contrées de la terre où ils s'établi-
rent, ROLi.iN, llist. anc. Préface. Et quel autre ja-
mais qu'un descendant d'Alcide.... volt. Mérope,
V, 7. Vous serez bien étonné en voyant les descen-
dants de nos vainqueurs, lu. Pri/ic. de Babyl. s. Un
DES
prêtre de ce pays déclara de la part de Dieu le des-
cendant do tant de rois incapable d'hériter, id.
louis XV, 39. Il i° S. m. pi. Les descendants, la
postérité, sans idée de descendance de famille.
Nos descendants jouiront des travaux de leurs an-
cêtres.
— HIST. XIII* s. Tuit li enfant giuqu'au tiers ne-
voz sontapeléz fiz, et li autre sont apelé deçadant,
Liv.de just. 226. || xvi' s. Quand vous seriez le cin-
quantiesme descendant de Hercules, mont, i, ho.
— ÉTYM. Descendant <.
t DESCENDERIE (dè-san-de-rie),s. f. Galerie pr.i-
tiquée, dans les mines, suivant la pente de la cou-
che à exploiter.
— ÉTYM. Descendre.
DESCENDRE (dè-san-dr') , je descends , tu des-
dends, il descend, nous descendons, vous descen-
dez, ils descendent; je descendais; je descendis; je
descendrai; je descendrais; descends, descendons;
que je descende, que nous descendions; que je des-
cendisse; descendant; descendu, v. n. \\ l' Aller du
haut en bas. Descendre de sa chambre, d'un arbre.
Descendre de cheval, de voiture. Descends tel qu'au-
trefois la mer te vit descendre.... bac. Esther, i, 5.
Tu n'aurais pas à la légère Descendu dans ce puits,
LA FONT. Fab. m, 6- |{ Venir d'un lieu élevé. Il
descendait du palais. Et quelle ardeur soudaine Vous
a fait tout à coup descendre dans la plaine? bac.
Théb. I, 3. Il Suivre le courant d'une rivière. Enfin
Alexandre, après avoir employé neuf mois entiers à
descendre par les rivières, arriva à l'Océan, bollin,
Hist. anc. Œuvres, t. vi, p. B43, dans pougens.
Il Fig. La corruption ne tarda pas à descendre des
hautes classes parmi le peuple. Et des dieux quel-
quefois la longue patience Fait sur nous à pas lents
descendre la vengeance, volt. Mérope, i, 4. Dieu
tout-puissant, éclate en ta bonté. Fais descendre ta
grAce en ce séjour profane, id. Zaïre, v, 2. Cette
activité descend de l'atome à l'élément, de l'élément
au composé, et varie selon toutes les compositions
possibles, DIDEROT, Opin. des anc. philos. Épicu-
réisme. En descendant de perceptions claires en per-
ceptions claires, car c'est la manière de philosopher
de l'auteur et la bonne, id. Lettre sur les aveugles.
Non non, dans son cœur seul mon secret doit des-
cendre, DELAV. Paria, m, 2. || Descendre du trône,
se démettre de l'autorité royale; être détrôné. Ty-
ran, descends du trône et fais place à ton maître,
CORN. Iléracl. i, 2. Je ne suis plus surprise que la
reine Christine soit descendue du trône pour vivre
avec plus de liberté, maintenon, Lettre à Urne de
St-Géran, 24 août (696. || 11 se dit, dans le même
sens, de tout haut emploi. Il aima mieux descendre
du ministère que de s'y dégrader, mahmontel , Mém.
xn. Il Absolument, dans le même sens. Et monté sur
le faite, il aspire à descendre, corn. Cinna, u, 1.
Il Descendre au tombeau, dans la tombc,au cercueil,
mourir. Sire, ainsi ces cheveux blanchis sous le har-
nois.... Descendaient au tombeau tout chargés d'in-
famie, CORN. Cid, II, 9. Mais quand tu le verrais
descendre chez Pluton, m. Pomp. ii, 2. Mourez
donc, et gardez un silence inhumain; Mais, pour
fermer vos yeux, cherchez une autre main; Quoi-
qu'il vous reste à peine une faible lumière, Mon
ame chez les morts descendra la première, rag.
Phèdre, i, 3. Triste destin; il descend au tombeau,
Plus faible, plus enfant qu'il ne l'est au berceau, l.
RAC. Relig. ch. u. Un plus noble chemin pour des-
cendre au tombeau, volt. Orphel. ly, 6. Là le Tasse,
brûlé d'une flamme fatale. Expiant dans les fers sa
gloire et son amour, Quand il va recueillir la palme
triomphale Descend au noir séjour, lamart. Mcd.
1, t4. Il Descendre en soi-même, dans sa conscience,
s'interroger, s'examiner. Apprends à te connaître et
descends en toi-même, corn. Cinna, v, ) . || 2"'Terme
de marine. Descendre à terre, débarquer pour un
moment. || 3° Faire irruption, en parlant d'une in-
vasion qui se fait par mer ou par des ennemis ve-
nant d'un pays plus élevé. Les Goths, les Lombards
descendirent en Italie. Ce grand homme [Colomb]
avait découvert la terre ferme de l'Amérique, mais
sans y descendre, haynal, Uist. phil. vu, 2. Peut-
être dans nos ports le verrons-nous descendre, bac.
Àndrom. i, 2. |1 4° Mettre pied à terre, soit de che-
val, soit de voiture, soit même hors d'un bateau.
La reine alla hier faire collation à Triauon, elle des-
cendit à l'église, puis à Clagny, où elle prit Mme de
Montespan dans son carrosse et la mena à Trianon
avec elle.... sév. Lett. fi juin (675. Je vous con-
jure, ma chère enfant, si vous vous embarquez
[sur le Rhône], de descendre au pont du Saint-Es-
prit, id. 18. Il Loger en voyage. 11 descend toujours
au mémo endroit. Descendre chez un ami. Venez
DES
1095
donc descendre cheznous, scarron, Virg. fraD.viii.
Il S» Terme de procédure. La justice a descendu chez
lui, les officiers de la justice se sont transportés
chez lui et ont fait visite dans sa maison, l'ont in-
terrogé, etc. Il 6° S'abaisser, aller plus bas, en par-
lant des choses. La marée descend. Le ballon des-
cendit rapidement. Le thermomètre a descendu de
quatre degrés depuis hier. Dans nos ports la marée
emploie un peu plus de temps à descendre qu'à mon-
ter; et, à Brest, la différence de ces deux temps est
d'environ dix minutes et demie, laplace, Exposit.
IV, H. Il 7" Pendre. Les cheveux lui descendent jus-
qu'à la ceinture. Sur son dos descendait la peau
d'un léopard, lamotte, dans desfontaines. 1| S'Al-
ler en pente. Ce sentier descend vers le village. La
route descend beaucoup en cet endroit. || 9° Condes-
cendre, se baisser jusqu'à. De ses importantes occu-
pations elle descend humainement dans le plaisir dg
nos spectacles, mol. Critique, Dédicace. Comment
elle et son mari pouvaient descendre à leurs domes-
tiques sans que ceux-ci fussent tentés de s'égaler à
eux à leur tour, J. j. eouss. i/^J.iv, 10. || Descendre
dans le détail d'une affaire, s'y appliquer avec une
minutieuse attention. Sa facile bonté sur son front
répandue Jusqu'aux moindres détails est d'abord
descendue, RAC. Brit. v,3. U descendait dans le détail
des différends de ses sujets, mass. Pet. car. Écueils.
Il Descendre dans le détail, signifie aussi rapporter
les détails, les circonstances particulières. || 10° S'a-
baisser, se ravaler. Quoil je pourrais descendre
à ce lâche artifice, corn. Rodog. m, 3. A-t-elle
pu descendre à la moindre prière? m. Médée, ii,
3. C'est à toi d'élever tes sentiments aux miens.
Non à moi de descendre à la honte des tiens, id.
Hor. IV, 7. C'est avoir fait beaucoup que d'avoir
jusque-là Fait descendre l'orgueil des héros de Sylla,
ID. Sertor. i, 2. Un grand roi descend-il jusqu'à cet
artifice? rac. Mithr. iv, l. Je veux bien avec toi
descendre à me commettre, volt. Tancr. m, 8. La
honte où je descends de me justifier, id. Zaïre, iv,
6. Jamais les grands rois n'ont descendu à ces bas-
sesses [les confiscations], lo. Moeurs, tl7. Dans la
suite il ne dépendit pas de cette fière Agrippine,
mieux conseillée, de descendre à des complaisances,
DiDER. Essai s. Claude. || 11° Déchoir. L'horreur de
voir une autre au rang qui vous est dû Et le juste
chagrin d'avoir trop descendu, corn. Othon, m, B.
Il 12° Terme de musique. Passer de l'aigu au grave.
Descendre d'un ton, d'une quinte. La voix ne peut
descendre plus bas. || 13° Terme de marine. I.e vent
descend, lorsqu'il change dans la direction du nord
vers le sud. || 14° Être issu. En ce sens il se con-
struit toujours avec l'auxihaire être. Ils croient être
descendus d'Hercule, vaugel. Q. C. liv. iv, dans
richelet. Je ne vois pas comment on pourrait dou-
ter du manichéisme des Albigeois, ni qu'ils ne
soient descendus des manichéens de la Bulgarie,
boss. Var. x, § B(i. Le sang de ces héros dont tu
me fais descendre, rag. Iphig. v, o. Il dp.scend
comme moi Du sang infortuné de notre premier roi,
ID. Eslh. m, 4. Fussiez-vous descendu du lugubre
Heraclite De père en fils, parbleu, vous rirez do ce
trait, REGNABD, Distrait, i, 8. Le corps, né de la
poudre, à la poudre est rendu; L'esprit retourne au
ciel dont il est descendu, louis rac. la lielig. ch. ii.
Il [Maimonides] se vantait d'être descendu de la
maison de David, comme font la plupart des Juifs
d'Espagne, dider. Opin. des anc. phil. (Juifs).
Il 15° V. a. Mettre plus bas. Il faut descendre un
peu ce tableau. || Descendre un bateau, un navire,
le faire aller en aval. || Populairement, faire tomber,
abattre, tuer. Tu vois là haut cet écureuil, tAcbe de le
descendre. U le descendit d'un coup de fusil. || 16° Des-
cendre un escalier, une montagne, aller du haut de
cet escalier, de cette montagne vers le bas. Les de-
grés que nous avons descendus si vite. Ménalque
descend l'escalier du Louvre, la bruy. xi. Les mi-
nistres sacrés Du temple en un moment descendent
les degrés, c. delav. Paria, iv, 2. Repose-toi, mon
âme.... L'amitié te trahit, la pitié t'abandonne. Et,
s»ule, tu descends le sentier des tombeaux, lamaht.
Médit. I, 6. Il 17° Descendre un fleuve, une rivière
se rapprocher de l'embouchure, du confluent. Les
bateaux qui descendent la rivière. Rosette reçoit, à
une lieue de l'embouchure occidentale du Nil, les
denrées qui descendent le fleuve sur les bateaux,
raynal, Uist. phil. XI, 3. || 18° Terme de guerre.
Descendre la tranchée, descendre la garde, se re-
tirer après l'avoir montée pour faire place à ceux
qui doivent succéder. Voilà des lettres de votre en-
fant; il vient de descendre la tranchée; Monseigneur
y est tous les jours, sÉv. Lett, Jour de la Toussaint
(888. Il Fig. et populairement. Descendre la garde.
1096
DES
tomber, faire une chute, et &u»si mourir. || 19« Met-
tre, déposer à terre. On a descendu plusieurs pas-
sagers dans cette île. Mon fiacre fut obligé de ma
descendre à quelques pas de chez elle, Marivaux,
raytan parv. t. m, b* part. p. 77, dans poijgens.
Il 20° Terme de musique. Descendre un instrument
de quelques tons, en relâcher les cordes. || Descen-
dre la gamme, la parcourir en allant de l'aigu au
grave.
— RF.M.l. Descendre, v. n. se conjugue avec
l'auxiliaire avoir, quand il marque une action : il a
descendu à terre, aussitôt que le vaisseau futabordé;
avec l'auxiliaire être, quand il marque un état; les
pa,ssagers .sont descendus à terre depuis longtemps.
C'est pour cela que descendre, au sens d'êlre issu,
se conjugue toujours avec l'auxiliaire être. \\ i. St-Si-
mon a dit descendre un cheval, pour descendre
d'un cheval; cela n'est pas à imiter: Jî fis trois
charges sur un excellent courtaud bai brun que je
n'avais pas descendu depuis quatre heures du matin,
li, )a9. ||3. Descendre un escalier, c'est, logique-
ment, descendre le long d'un escalier; descendre
la garde, la tranchée, c'est descendre de la garde,
de la tranchée. Mais l'usage a prévalu de traiter en
ceci descendre comme un verbe véritablement actif.
— HIST. XI* s. Et li message [les messagers] des-
cendirent à pied, Ch. de llol. viii. Devers la teste
sur le cuer [la mort] lui descent, ib. clxxi. Li gen-
tilz reis descendut est à pied, ib. CLXXVii. || xii' s.
Li cons [le comte] Rolant descent du pui aval, Itonc.
p. 49. Li arcivesque descent enmi le pré, ib. p. 5B.
Sains Gabriel est à lui descendu, ib. p. )46. Que ma
dame fasse pitié descendre, Couci, v. Li messages
iriés descendi au perron, Sax. xiv. Li cuens Guil-
laumes au corage aduré Descent sa nièce del pale-
froi loé. Bal. d'Alescham, v. 7937. Lors descendi-
rent maint querant jugement e droiture el deserl,
Uachabées, i, 2. || xiu* s. Et menèrent avec eus le
fil l'empereour de Constantinoble et tous les vesques
et ks aiibés de i'ost, el descendirent de lor chevaus,
viLLEH. ux. Au perron de la salle la royne descent,
, Berle, ix. Il sont tout descendu à terre sur l'erbier,
ib. XIX. Si que l'eve du cuer sur la face en des-
' cent, ib. xlvii. Li rois vint et si conpaingnon, De-
; vant la sole descendié, V.i cil li est cheU au pied,
I Ken. t8773. Savoir convient, d'où descent le non de
droit, Liv. de just. i. Se j'ai pej'e et se j'ai enfans et
je muir, mesheritagesdescent à mes enfans et non à
mon père, beaum. xiv, 22.Tex [telles] demandes sont
mellées; cai eles sont personix [personnelles], porce
que eles touquent le fet de le [la] persone, et si sont
reeles, porce que le [la] fins de le [la] demande des-
cherit sor l'eritage, iD. vi, 32. Le roy descendi k
terre le jour de la Pentecouste, jomv. 2)3. Un cor-
dclier vint à 11 au chastel de Yeres [Hières], là où
nous descendîmes de mer, id. 499. Il se descendist
de la nef, lo. 283. Il ostoit descendu d'une des seurs
le roi l'helippe, que l'empereur meismes ot à femme,
ID. 265. De loi descendent toutes bontez, l'sautier,
(° 149. Jou Jehans.... fas savoir que par loial dis-
crétion je sui descendus et consentis à la proiere de
religieus houmes l'abbé et le convent.... Charte
d'octobre (299, Liasse de l'abbaye de l'oigny. || xv's.
Si se descendirent et se firent leurs logis sur ces
beaux prés sur la rivière de Dordogne, froiss. ii,
II, 3. Us [les cardinaux qui voulaient amener la
paix entre les deux partis] les trouvèrent si durs et
si mal descendans à accord, qu'ils ne les pouvoient
approcher de nulle paix, id.i,i, 2h. Et si tost que
aux hostels, sur le chemin que nous fesismes en-
semble, descendu estois.... ID. ii, m, 12. La guerre
entre deux grands princes est bien aisée à commen-
cer, mais très mauvaise à appaiser pour les choses
qui y adviennent et qui en descendent, comm. ii, &.
Au descendre de la montagne on veit le plein pays
de la Lombardie, id. vin, 6. 11 se leva toutefois, et
l'autre se descendit, louis xi, iVout;. xxxiv. || xvi' s.
Que les plus parfaits descendent en leur conscience,
et amènent leurs œuvres à conte, calv. Instit. 600.
Toute la nuict je passay sans dormir Sur ce grand
arbre.... et au matin.... Me descendy, triste, morne
et pallie, marot, a, 7. Lors montent [les marins]
a,, ciel haut; Puis aux gouffres descendent, id. iv,
3{8. Il descendoit originellement des dieux, mont, ii,
S73. Cela fut cause de faire descendre les autres
Grecs à son opinion, et se préparer à combatre par
mer, amïot, Thémist. 2(. Si descendit habilement
ses gens en terre de miict, et alla mettre le feu de-
dans leur camp, id. l'hilnp. 24. Il traversa U mer
sans fortune, et alla descendre en Epire, m. Fla-
mtn. 4. Et ne fault pas oublier de descendre tou-
jours en soy mesme, et dire à part soy : ne suis-ie
point tel? ID. Comment U faut ouir, s
DES
— ÉTYM. Provcnç. deissendrc, dùsendre; calai.
descendir ; espagn. dexcender; ilal. descendere; du
latin descendere, du préfixe des, elscendere, pour
scandere, marcher (voy. scander).
DE-SCENDU, CE (dè-san-du, due), par», passade
descendre. || 1° Qui est allé d'un lieu plus élevé à un
lieu plus bas. Descendu dans la mine. Descendu à
terre. || Fig. Le malheur de U fille au tombeau des-
cendue Par un commun trépas, malh. vi, (8. 0
toi qui vois la honte où je suis descendue, HAC.
Phèdre, m, 9. Dans un gouffre profond Sion est
descendue, id. Athal. m, 8. Je vois la vérité dans
ton cœur descendue, volt. Zaïre, n, 3. Dans l'a-
bîme effroyable où je suis descendue, id. Tancr.
Il, 8. Ne crois pas qu'à ce point de mon rang
descendue, id. Sémiram. m, <. Vingt siècles des-
cendus dans l'éternelle nuit T'ont dit comme tout
change.... id. Ép. en. Sommes-nous descendus à
ce point de détresse.... c. dblav. Vép. sicil. m, 2.
Il 2" Issu. J'aime en elle le sang dont elle est des-
cendue, BAC. Baj. I, t. Et le jeune Agrippa, de son
sang descendu, Se vit exclu d'un rang vainement
prétendu, id. Brit. ni, 3. Misérable! et je vis, et je
soutiens la vue De ce sacré soleil dont je suisdescen-
due, w.Phèd. iv, 6. Toi qui, de Benjamin comme moi
descendue, Fus de mes premiers ans la compagne
assidue, id. Eslh. l, t. Sans respect des aïeux dont
elle est descendue, BOiL. Sat. v. Tibérius et Caïus
Gracchus, descendus par leur mère du fameux Sci-
pion , soutinrent par un rare mérite l'éclat de leur
naissance, rollin. Traité des Et. 3' part. ch. 2. Ce
héros malheureux de Bouillon descendu..,, volt.
Zaïre, n, 1. || 3° Qu'on a mis plus bas. Ce tableau
descendu afin qu'il fiît mieux en vue. Un canapé des-
cendu par la fenêtre. || Jeté à terre, blessé ou tué.
L'écureuil descendu d'un coup de fusil. Â chaque
coup il y en avait un de descendu. || En ce sens il
est familier. Il 4° Parcouru d'amont en aval. Le
fleuve descendu parla flottille. Un escalier descendu
lentement. La côte descendue au grand galop.
t DESCENSION (dé-san-sion), s. f. || 1" Terme
d'artillerie. Courbe de la bombe descendant, à par-
tir du plus haut point de son ascension. || 2° Terme
d'astronomie. Distance entre le point équinoxial et
le point de l'équateur qui descend sous l'horizon en
même temps qu'un astre. La descension est dite
droite ou oblique suivantqu'on la rapporte à la sphère
droite ou à la sphère oblique.
— ETYM. Lat. descensio , de descendere, descendre,
t DESCENSIONNEL , ELLE (dè-san-sio-nèl', nè-
1'), adj. Terme didactique. Qui a une tendance, une
marche de haut en bas. Mouvement de-scension-
nel. Il Terme d'astronomie. Différence descension-
nelle, celle qui existe entre la descension droite et
la descension oblique d'un astre.
— ETYM. Descension.
DE.SCENTE (dè-san-f) , s. f. || 1° Action de descen-
dre, d'aller d'un lieu élevé en un autre lieu plus bas.
La descente de Jésus-Christ aux enfers. La descente
d'un ouvrier dans une carrière. Le sénat n'épargnait
promesse ni menace. Et rappelait par là son esca-
dron mutin [le peuple soulevé] Et du mont Quirinal
et du mont Aventin, Dont il l'aurait vu faire une
horrible descente, corn. Nicom. v, 2. Esprit saint,
esprit pacifique, je vous ai préparé les voies en prê-
chant votre parole; ma voix a été semblable peut-
être à ce bruit impétueux qui a prévenu votre des-
cente, Boss. la Vallière. La solennité que nous
célébrons n'est point, comme les autres fêtes de l'an-
née, une simple commémoration, mais le mystère
même de la descente du Saint-Esprit, bourd. Mfist.
Pentecôte, t. i, p. 429. Saint Pierre, dès sa pre-
mière Êpître, ne nous parle de cette descente aux
enfers que comme d'une mission divine qu'y fit le
Sauveur du monde, id. Commémor. des morts , Myst.
t. II, p. 612. On ne peut pas même vous ôter la
louange d'avoir fait la descente d'Ënée aux enfers
plus belle que n'est l'évocation des ftmesqui est dans
l'Odyssée, fén. Dial. des morts anc. Horace, Vir-
gile. Il De.-icente de lit, petit tapis de chambre à
coucher, placé de manière qu'on y pose les jiieds
quand on descend du lit. || X la descente, pendant
le moment où la personne dont il s'agit descend de
quelque part. Il alla le recevoir à la descente de la
voiture, de l'escalier. J'y trouvai Wild remet et
quelques autres Biennois qui m'attendaient à la
descente du bateau, j. j. rouss. Confess. xii. |i 2° Il
se dit aussi des choses qui vont de haut en bas. La
descente des eaux. La descente d'un aérostat. || Terme
de géométrie. Ligne de la plus courte descente (au-
trement appelée brachistochrone), cycloîde, courbe
suivie par un corps qui, obéissant à l'action seule
de la pesanteur, passe, dans le moindre temps
DES
possible, d'un point donné à un autre. La cycloMo
a un grand nombre de propriétés très-singulières:
et celle d'êlre la courbe de la plus vite descente
n'est pas une des moins remarquables, d'alemb.
Éloges, Bemou/li. (| 3° Action de porter en bas une
chose. La descente de cette cloche ne sera pas facile.
Il Terme de peinture. Une descente de croix, ta-
bleau représentant le corps de Jésus-Christ qu'on
détache et descend de la croix. || Terme de manège.
Descente de main, mouvement par lequel, quittant
les rênes de la main gauche, on fait aller la droite
jusqu'au bouton pour s'assurer de leur égalité.
Il 4° Pente. La descente est rude. Nous allons trou-
ver une descente à quelque distance. Judas le pour-
suivit à la descente de Betharan jusqu'à la plaine,
SACi, Bible, Machab. i, m, 24. || Terme d'exploita-
tion. Galerie dirigée sur la pente de la couche ou
du filon. Il B° Terme de guerre. Débarquement de
troupes pour attaquer quelque ville ou quelque pays.
Nous espérons que la guerre d'Irlande fera une puis-
sante diversion, et empêchera le prince d'Orange de
nous tourmenter par des descentes, SÉV. Lett. i
mars 1689. Je désirais qu'il fît une descente dans
l'île de Carpathie, fén. Tél. xiii. M. le comte d'Hé-
rouville, à qui l'on avait confié les préparatifs d'une
descente projetée sur les côtes de la Grande-Breta-
gne, CONDORCET, d'Arci. Il Invasion , en parlant d'une
troupe qui arrive d'un lieu supposé plus élevé. La
de.scente des Lombards en Italie. || 6° Terme de faucon-
nerie. Action de l'oiseau de proie qui fond sur le gi-
bier pour l'assommer. Un faucon qui fait une belle
descente surla perdrix, LA brut. XII. ||7°Terraede pa-
lais. Descente de justice, recherche, perquisition
faite en un lieu par les agents de justice. || Des-
cente de lieux, transport d'un juge sur les lieux
contentieux pour procéder à leur examen. |( 8° En
termes de siège, les descentes sont des taillades
qu'on pratique par les sapes dans les terres de la
contrescarpe, au-dessous du chemin couvert, et qui
se font jusqu'à fleur d'eau, aux fossés pleins pour
les combler ensuite de fascines; elles se poussent
jusqu'au fond pour les fossés secs. || 9* Terme d'ar-
chilecture. Voûte rampante qui couvre une rampe
d'escalier; et aussi la rampe elle-même. La descente
biaise est celle qui est de côté dans un mur. || Tuyau
de descente, ou, simplement, descente, tuyau d'é-
coulement pour les eaux de pluie ou déménage. Une
descente de plomb. || Terme de construction. Pote-
rie ou chausse d'aisance. || 10° Nom vulgaire de la
hernie. Mme de la Vallière mourut d'une descente
dans de grandes douleurs, st-sim. 278, 4. En lais-
sant pleurer les enfants, on leur fait gagner des
descentes, ). J. ROUss. Ém. 1. 1| Dans le langage vul-
gaire, on dit aussi descente de matrice, pour abais-
sement de matrice.
— HiST. xiii* s. Un pui [montagne] descendent
en un val ; En la descensse d'un costal Un pèlerin
ont encontre, FI. et Blanchefl. ils. de St-G. f° 19,
dans LACURNE. Vraie foy de nécessité. Non tantseu-
lement d'équité. Nous fait de Dieu sept choses
croire.... Son descens en la chartre noire. Et sa re-
surreccion voire, S'ascension d'auctorité.... j. de
MEUNG, Tr. 66. Il xvi* S. Celluy est fol qui d'aymer
se démente; C'est un chemin obscur et lourde sente,
Dont riens ne vault la montée et descente, j. ma-
rot, p. 245, dans LACUBNE. Soudain il luy prit au
milieu de son parler un esvanouissement , et une des-
cente de reume, amtot, Flam. lo. Jugurtha ne fut
pas plus tost pris, que les nouvelles vindrent à Rome
de la descente des Teutons et des Cimbres, id. Ma-
rius, 17. Quant ce vint à la descente de quelques
coteaux assez roides, id. Anton. 57. Cette race bour-
bonnoise, qui fait meilleure preuve que moi de sa
descente de S. Ixiuis, Sat. Mén. p. 48. Descente de
matrice, PARé, i, 34. Aucuns l'appellent descente,
rhume ou catarrhe, parce que le nom de goutc
est odieux, principalement aux jeunes gens, id.
XXI, 1.
— ÉTYM. Berry, descende. L'ancien français di-
sait aussi descendement , et, au masculin, descem,
provenç. deisses, disses. Le supin descensum adonné
régulièrement descensse, qui se trouve; descensut a
donné descens, et le provençal deisses; mais des-
cente a été formé de descendre, à l'imitation de
rente, qui vient de redditus, de vente, qui vient de
venditus , etc.
f UÉSCEPTRKR (dé-sè-ptré) , V. o.ôter le sceptre ;
détrôner.
— HlST. XVI* s. Desceptrer, ouniN.
— ETYM. Dé.... préfixe, et sceptre.
f DESCRIPTEUR (dè-skri-pteurj, t. m. Celui qui
décrit. Linné le descripteur et le classificateur des
plantes et des animaux.
DÉS
— ÉTYM. Lat. descriptor, de describere, décrire
(ïoy. ce mot).
DESCRIPTIF, IVE (dè-skri-ptif, ti-v'), adj. Qui
a pour objet de décrire. La poésie descriptive. Co-
ras réussit quelquefois dans le vers descriptif, cha-
TEAUB. Génie, il, i, 4. ^ Style descriptif, style rem-
pli de descriptions,propre aux descriptions. {| Poëme
descriptif, sorte de poëme où l'on ne fait que des
descriptions plus ou moins brillantes. || Genre
descriptif, genre auquel on rattache les poèmes de-
scriptifs de tous ordres. Les Saisons de St-Lam-
bert sont du genre descriptif. Ce mot se prend le
plus souvent en mauvaise part, parce que la de-
scription est un ornement du discours et ne doit pas
être le fond d'un ouvrage. || Géométrie descriptive,
ensemble de méthodes générales pour résoudre
graphiquement les problèmes à trois dimensions.
Il Analomie descriptive, cours d'anatomie, livre d'a-
natomie où l'on décrit les diverses parties du corps.
— ËTYM. Voy. DESCRIPTION.
DESCRIPTION (dè-skri-psion; en vers, de qua-
tre syllabes) , s. f.\\i° Discours par lequel on décrit,
on dépeint. Comme c'est une personne extraordi-
naire, il est à propos d'en faire la description,
BussY-RAB. dans richelet. Il les en faut croire [les
papes ] ; et il est bien aisé de s'imaginer par
quelle voie on arrive à les surprendre; saint Bernard
en fait la description dans la lettre qu'il écrivit,
PASC. Prov. (S. Il se promet de faire une description
exacte de votre personne, sÉv. 439. Dans la descrip-
tion d'un tableau, j'indique d'abord le sujet, je
passe au principal personnage.... diderot, Pensées
tur la peinture, GEuvres, t. xv, p. 202, dans
POUGENS. Depuis son institution, l'Académie [des
sciences] s'est occupée de la description des arts,
objet immense qui embrasse les principes de toutes
lessciences, condorcet, Duhamel. || 2° Terme de
rhétorique et de littérature. Ornement du discours
qui consiste à peindre sous les couleurs les plus
vives ce que l'on croit être agréable au lecteur. Soyez
riche et pompeux dans vos descriptions, boil. Art
poét.m. L'autre [Théophile], sans choix, sans exac-
titude, d'une plume libre et inégale, tantôt charge
ses descriptions, s'appesantit sur les détails.... tan-
tôt il feint, il exagère,... la bruy. i. || 3° Terme de
logique. Définition imparfaite, jl 4° État, tableau dé-
taillé, inventaire. La description d'une province,
d'un mobilier. || Terme de pratique. Etat sommaire
de titres, papiers et meubles, opposé à inventaire.
Procès-verbal de description. || 5° Terme de géo-
métrie. Action da décrire, de tracer une ligne, une
surface. La description d'une ellipse.
— HIST. xiii' s. Armes plus noires qu'atrement
[encre] [il] Ot sans autre discreption , Fabliaux
mss. t. H , f° 190, dans lacurne. Or me plut la de-
scription Ici dire de sa façon. Roman de la Poire.
Si la description semble trop obscure, J. de meung,
Végèce, 11, 4. || xvi' s. Si furent nombrez par la de-
scription et l'enrollement qu'^Emulius lors en feit,
337452 hommes, AMYOT, P. jEm. 61. La description
de l'armée, que ceste ligue devoit soudoyer en com-
mun, estoil de quinze mille hommes de pied.,..iD.
Démosth. 24. Ils [les poètes d'à présent] demeurent
bien aussi court à imiter les riches descriptions de
l'un [Ronsard] et les délicates inventions de l'autre
[du Bellay], mont, i, i90.
— ÉTYM. Provenç. descriptio; espagn. descrip-
eion; ital. descriiione ; du latin descriptionem, de
descriptnm, supin de describere (voy. décrire).
tDÉSÊBORGNER(dé-zé-bor-gné),v. o. ôter ce qui
éborgne. Ô vous qui êtes l'apôtre de la vérité, re-
cevez les hommages du petit coin de mon esprit pu-
rifié de la rouille de la superstition, et déséborgnez
mes compagnons, volt. Lettre au roi de Prusse,
dans LAVEAUx.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et éborgner.
DÉSÉCUOUÉ, ÉE (dé-zé-cliou-é, ée), part, passé.
La frégate déséchouée.
DÉSÉCIIOUER (dé-zé-chou-é), v. a. Remettre &
flot un navire échoué. || Se déséchouer, v. réfl. Se
remettre à flot, cesser d'être échoué.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, el échouer.
DÉSEMBALLAGE (dé-zan-ba-la-j'), s. m. Action
de désemballer.
— ÉTYM. Désemballer.
DÉSE.MBALLÉ, ÉE (dé-zan-ba-lé, lée), part,
passé. Des marchandises désemballées.
DÉSEMBALLER (dé-zan-ba-lé), v. a. Relirer des
marchandises du ballot d'envoi.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et emballer.
t DÉSEMBARGO (dé-zan-bar-go) , s. m. Cessation
de l'embargo. .
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et embargo.
DICT. DE LA LANGUE FHANÇAI.SE.
DÉS
DÉSEMBARODÊ, ÉE (dé-zan-bar-ké, kée),part.
passé. Les marchandises désembarquées.
DÉSEMBARQUEMENT (dé-zan-bar-ke-man), t.
m. Action de désembarquer.
— ÉTYM. Désembarquer.
DÉSEMBARQUER (dé-zan-bar-ké), v. a. Tirer,
faire sortir d'un navire. Désembarquer des troupes,
des marchandises. || Se désembarquer, v. réfl. Sor-
tir d'un navire pour venir à terre. M. de Vivonne
s'embarqua pour le suivre [Ruyter] ; mais les séna-
teurs de Messine étant venus, peut-être par son or-
dre, lui représenter combien sa présence était
nécessaire pour contenir les Messinois, il se dé-
sembarqua et laissa à M. du Qiiesne l'honneur en-
tier du second combat. Mémoires de Yillette, en
(675, p. 33, dans JAL. Il Être désembarqué. Les
marchandises se désembarquèrent à la hâte.
— HIST. xvi* s. Il feit desembarquer sa dite artil-
lerie, et la remener en son camp, m. du bell. 4<2.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et embarquer.
t DÉSEMBARRASSER (dé-zan-ba-ra-sé), t). a.
Délivrer de ce qui embarrasse. Attendez tant soit
peu, vous le [le soleil] verrez désembarrassé de ce
nuage, et luire aussi clair et net qu'il était aupara-
vant, MALn. le Traité des bienf. de Sénèque, v,
6. Un esprit sans corps et désembarrassé de la ma-
tière n'agirait pas d'une autre façon, balz. les
Romains. Sitôt que je serai désembarrassé de vi-
sites importunes, je ne perdrai pas un moment,
ID. liv. vir, lett. (4. || On dit mieux et plus souvent
débarrasser.
— ÉTYM. Déi... préfixe, et embarras.
t DÉSEMBATONNÉ, ÉE (dé-zan-bâ-to-né, née),
adj. Oui a perdu son bâton et aussi sa lance (bâton
dans le xV et le xvi' siècle signifiant lance). Qui
s'enfuyait bien étonné De se voir desemb;\tonné De-
vant le fier fils de Pelée, scarron, Virg. trav. i.
— ÉTY.M. D(/s.... préfixe, en, préposition ,etbdlon.
t DÉSEMBELLIR (ilé-zan-bè-lir). \\ 1" V. a. Dé-
truire des embellissements. || 2° V. n. Devenir moins
beau. Il Sedésembellir, ï.re/I. Perdre son embellis-
sement.
— HIST. XVI* s. Desembellir, cotgrave.
— ÉTY.M. Dés.... préfixe, et embellir.
t DÉSEMBELLISSEME.VT (dé-zan-bô-li-se-man) ,
s. m. Action de désembellir; état de ce qui est dés-
embelli.
t DÉSEMBOÎTER (dé-zan-boi-té), v.a. Terme de
menuiserie. Disjoindre las planches d'une cloison.
Il Se désembolter, v. réfl. Etre désemboîté.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et emboîter.
t DÉSEMBO0GER (dé-zan-bou-jé) , v. a. Terme
de métalluigie. Ôier la burasse d'un marteau.
DÉSEMCOURBÉ, ÉE (dé-zan-bour-bé, bée),par(.
passé. Un chariot désembourbé et remis en marche.
DÉSEMBOURIiER (dé-zan-bour-bé), v. a. Retirer
de la bourbe. || Se désembourber, v. réfl. Se retirer
de la bourbe. La troupe se désembourba à grand'
peine. || Être désembourbé. Les chevaux donnèrent
un coup de collier, et la charrette se désembourba.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et embourber.
t DÉSE.MBRASER (dé-zan-brà-zé) , v. a. Faire
cesser l'embrasement.
— HIST. xvi" s. Un demy-dieu me feroit son bai-
ser. Sein contre sein, mon feu desembraiser, Un de
ces dieux qui mangent l'ambrosie, rons. 26.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et embraser.
f DÉSE.MBRASSER (dé-zan-bra-sé), v. a. Faire
cesser l'embrassement.
— HIST. xiii* s. Toute nuit [je] songe que l'acol,
Et qu'ele m'estraint et embrace; Li esveilliers mo
desembrace. Laide l'ombre.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et embrasser.
t DÊSEMBRAYAGE (dé-zan-brè-ia-j'), s. m. Ac-
tion de désembrayer.
t DÉSK.MBRA YER (dé-zan-brè-ié) , je désembraye,
tu désembrayes, il désembraye ou désembraie, nous
désembrayons, vous désembrayez, ilsdésembrayent
ou désembraient; je désembrayais; je désembrayai;
je désembrayerai ou désembraierai ou désembraî-
raijje désemi)rayerais ou désembraierais ou désem-
bralrais; désembraye, désembrayez, v. a. Désunir,
désagréger les parties d'une machine compliquée,
afin que l'une ou chacune d'elles fonctionne sépa-
rément; intercepter la communication entre deux
pièces de machine qui se commandent.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et embrayer.
t DÉSEMMANCHER (dé-zan-man-ché), t>. o. ôter
le manche d'un outil, d'un instrument. || Se désem-
mancher, v. réfl. Quitter, perdre son manche. La
pioche s'est désemmanchée.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et emmancher.
\ DÉSEJIMUSELER (dé-zan-mu-ze-lé. La syllabe
DÉS
4097
sel double VI quand la syllabe qui suit est muette ;
je désemmuselle, je désemmusellerai) , v. a. Terme
de manège. Oter la muselière d'un cheval.
— ÉTYM. Dés.... préfixer, et emmuseler.
DÉSEMPARÉ, ÉE (dé-zan-pa-ré, rée) , part.patsé.
Une frégate désemparée par un coup de vent, || Fig.
Un cœur désemparé de ses illusions, v. hugo. Voix
intér. 28.
t DÉSEMPAREMENT (dé-zan-pa-re-man), s. m.
Action de désemparer un navire; état de ce qui est
désemparé.
— HIST. XV' s. Et après le dit deseœparement [ac-
tion de quitter] , tous les gens de guerre estans au dit
siège s'en vindrent retraire et loger aux Chartreux,
JEAN DE troïes. Chroniques, 1405. || xvi* s. Eucli-
das voyant ce desemparement et ceste séparation
des gens de pied des ennemis d'avec leurs gens de
cheval, amyot, Philop. 8.
— ÉTYM. Desemparer; provenç. desamparament ;
anc. espagn. desamparamiento.
DÉSEMPARER (dé-zan-pa-ré). || l' Y. n. Quitter
le lieu où l'on est, abandonner la place. Je n'ai
point désemparé de la ville. Les ennemis qui étaient
devant la place ont désemparé. || Sans désemparer,
sans quitter la place. L'assemblée voulut statuer
sans désemparer. Et, figurément, faire, achever,
régler une affaire sans désemparer, s'en occuper
d'une manière suivie, sans interruption. || Active-
ment. Et depuis les charmantes conversations de
Poitiers, vous n'avez point désemparé mon cœur,
REGNABD, Attendei-moi sous l'orme, tt. L'Anglais
[Douglas] recommanda bien à son valet de ne pas
désemparer le pas de la porte, st-sim. 43(, 237.
Leur opiniâtreté [des moineaux] à ne pas désempa-
rer les lieux qui leur conviennent, buff. Morceaux
choisis, p. 275. Il 2" V. a. Terme de marine. Dés-
emparer un vaisseau, le mettre hors d'état de servir
en lui ôtant ses mâts et tous ses agrès. 11 eut bien-
tôt désemparé le vaisseau ennemi. Comme mon vais-
seau en était entièrement désemparé et hors d'état
de faire de la toile. Rapport de Jean Bart, t694,
dans JAL. Il On l'a dit aussi autrefois pour démante-
ler, en parlant d'une ville Mais franchement et
sans rien déguiser on leur [aux députés d'Antiochus]
déclara qu'il fallait que leur maître désemparât les
villes qu'il tenait en Asie, malh. Le xxxui" livre de
Tite Live, ch. 34.
— HIST. xiv* s. Comme le bailli de Meleun eust
mandé à tous nos sergens que les dits moustier et
maison feissent desemparer, abastre et arraser, do
cange, desemparare. || xv* s. Toute la nuict enten-
dirent à reparer leurs paliz qui estoient desemparés
et à remettre à point tout ce qui faisoit besoin,
FROiss. liv. II, p. 267, dans lacurne. Le vent pous-
soit le Peu contre ceulx du roi, lesquels commencè-
rent à desemparer, comm. i, i. Ils désemparèrent
la place et s'enfuyrent, id. m, 3. Le duc voulut
faire desemparer Mondidier, mais pour l'affection
qu'il veit que ce peuple de ceschastelleniesluy por-
toit, il la fist reparer et y laissa gens, id. m, to.
Il XVI" s. Les nations barbares ont estimé aussy fa-
cile de molir le firmament, que desemparer vostre
alliance, rab. Gar. i, 3i. Car [Dieu] terre adono
du ciel desempara. De terre aussi les eaux il sépara,
MAROT, IV, <2. Ma mémoire desempare ce que j'es-
cris, comme ce que je lis, mont, m, 57. Je ne
desempare jamais les loix, id. iv, 203. Ils n'eurent
pas grandement canonné , qu'ils n'eussent tout
desemparé un parapect, m. du bell. 327. Il eust esté
plus expédient de laisser la ville ouverte et désem-
parée à l'ennemy, que de la fortifier insuffisam-
ment, ID. 400. Ceux qui desemparoient et abbatoient
Iss maisons pour remparer et deffendre la brèche,
ID. 449. [Le duc de Guise] Devoit penser que le roy
se ressouviendrolt à jamais de la honte qu'il avoit
receue, d'avoir desemparé sa ville capitale. Consi-
dérations sur le meurdre du duc de Guyse, p. 2a.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et emparer; provenç. et
espagn. desemparar : proprement, cesser d'emp^j-
rer, de tenir.
t DESEMPÊCHER (dé-zan-pê-ché) , v. a. ôter ce
qui empêche.
" — HIST. XIV* s. Loppier, lieutenant gênerai....
tout empeschement mis en ses biens.... desempesche
et met à délivrance, du cange, desembargatus.
Il XV* s. Prist la visière de sa salade de sa main des-
tre, et l'arracha, et demoura le visage moult fort
découvert, et ce fit il pour ce qu'il estoit jiomme de
courte veue, et la vouloit desempescher, Mém. d'oL.
DE LA MARCHE, liv. I, p. 3)8, dans LACURNE.
— ÉTYM. Dés préfixe, et empêcher; provenç.
et espagn. desempachar ; catal. dcseinpalxar.
DÉSEMPENNÉ, ÉE (dé-zan-pè-nné, nnée), 0((>.
I. — 138
1098
DÉS
Oui n'est plus empenné. || Pig- H va comme un trait
désempentié, il va tout de travers.
REM. Désempenné no se dit que des plumes
dont on «arnil une flèche pour en assurer le vol.
On ne dirait pas un oiseau désempenné, mais un
oiseau dèpUiiné. On ne dirait pas non plus un vo-
lant désempenné, mais un volant qui a perdu ses
plume».
— hijT. xvi* s. J'ay dict cecy, à fin que ceux
qui vont, comme matr.is desempennez, où il y a
rumeur, se souviennent (|u'avec f.icililé on part, et
avec beaucoup de difliculié on retourne, lanoue, i uo.
— f.TVM. Dés.... préfixe, et emi>enné.
DÊSKMI'KSÊ, F.E (dé-zan-pe-zé, zée), part, passé.
Un Imnnet désempesé.
Df.SK.MPKSEK (dé-zan-pe-zé. La syllabe pe prend
un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette :
jedésempèse, je désempéser;ii), v. a. ôter l'empois
d'une élcjfTe, la ramollir. L'humidité a désempesé
sa collereile. || Se désempeser, v. réjl. Perdre son
empois. Mon jabot s'est Inut à fait désempesé.
— ETVM. Dés.... préfixe, et empeser.
f Dfi.'^K.MI'P.THKR (dé-zan-p6-tr6), V. a. Tirer de
ce qui empêtre. {{ Se désempèlrer, ». réfl. Se tirer
de ce qui emp(Mre.
— f.TVM Dés.... préfixe, et emparer.
DÊSKMPLI. lE (dé-zan -pli. plie), part, passé de
désemplir. In ballon désempli.
DfiSK.Mri.IR (ilé-zan-plir). || 1» F. a. ôter ce qui
remplissait une chose. || Car extension Les pay-
sans qui, les jours de dimanches et fêtes, ne désem-
plis.seni point les cabarets, val'ban, Dtme, p. )I6.
Il Kig l'our désemplir un peu ma ti'te des maux
passés. SBv. 2110. il j° V. n. Cesser d'être empli. Sa
maison ne désemplit pas de Normands, iiussï, dans
Hlciiiii.KT. Toujours graiid'chère et bon feu; la mai-
son ne désemplit point, dancoi.ht, liaison de cam-
pagne, se. i. Le couvent que j'ai hâli pour vivre
en so'it.iire ne désemplit pas d'éiran^ers, volt.
Leil. d'ATgeiilal, 3 nov. I76ii. La maison ne désem-
plissait pas de charl.itans, j. t. houfs. Cunf.y. Ma
ch^imbre ne désemplissait pas de pens qui, sous
divers prétextes, venaient s'emparer démon temps,
ID. t'i». VIII. Il 3* Se désemplir, v. réfl. Devenir dés-
empli Ce canal se désemplit,
— IIIST. XIV* s. Car par eux les fossez furent bien
tost emplis De fagots, de tonneaux qui furent desem-
plis, Guescl. 2<3I5. Celiers desemplis, liaud. de
Seb. XII. 70.
— Rtvm. Dés.... préfixe, et emplir.
t DÉSKMPI.OTOIR (dé-zan-plo-loir), s. m. Terme
de fauconnerie. Ker avec lequel on tire de la mu-
lette des oiseaux de proie la viande qu'ils ne peu-
vent digérer.
1 1)CSE.MPLU.MER (dé-zan-plu-mé), r. a. || 1° Ôter
les plumes. {| 2" Fig. Faire éprouver des pertes à
quelqu'un. || 3° Se désemplumer, i'. réfl. Perdre ses
plumes; et fig. faire des pertes de .brtune.
— IllST. xvi* s. Bien est vray, que quelques par-
ticuliers trop volontaires se sont aucunement desem-
plumez, et la noblesse des frontières a aussi souffert
quelques pertes, lanour, 4iio.
— ETVM. Dés.... préfixe, et emp/iimer.
t Df-SEMI'OIXTER (dé-zan-pointé), ï. a. Couper
les points d'une étoile pour la déplier et l'étendre.
+ 1)P.SEM1'()1S0.NXEMKXT ( dé-zan-poi-zo-ne-
man). >. m. Action de désci|^oisonner.
t DÊSE.MI'OI.IONNKR ( dé-zan-poi-zo-né ) , v. a.
Cesser d'emiwisonnor quelqu'un ; lui administrer du
contre-poison. Sainte-Croix, qui ne voulait point
d'une femme aussi méchante que lui, donnait du
contre-poison à ce pauvre mari; de sorte qu'ayant
été ballotté cinq ou six fo.s de cette sorte, et tantôt
empoisonné, Uintôl désempoisonné, il [Brinvilliers]
est demeuré en vie, s£v. 270.
— lllST. XVI' s. tl tout ainsi qu'il print opinion
avoir esté empoisonné, aussi fit-il d'eslre desem-
poisonné par le dit syrop, paré, Introd. 2«.
— f.TVM. Dés.... préfixe, et empoiironner.
t DftSE.MPOISSO.VNEU (dé-zan-poi-so-né), ». a.
ÔHr, détruire le poi.sson d'une rivière, d'un étang.
11 Se désempoissonner, ». réfl. Ne pas conserver le
poisson. Cet étang se désempoissonne.
— Etym. Dés.... préfixe, en, préposition, et poii-
ton.
t DÊ.SEMPRISONNER (dé-zan-pri-zo-né), t. c.
Mettre hors de prison , cesser de tenir en prison.
|l Par extension, faire sortir quelqu'un d'un lieu où
il était retenu malgré lui. Maintenant nous vous
dés«mpri»onnoas. || Se désemprisonner, ». réfl Se
tirer de prison.
— HlST.iVs. Si fut desemp-.uinné parmi ce
convcnt Là cette condition], pRù,*a. i, i, a34. Se
DÉS
vous le voulez deprisonner, je m'en rapporte k vous,
LOUIS XI, iVou». xxvii. Il xvi* s. La volaille deschargo
s.'i colère sur le plus précieux des jardinages, quand
elle y peut atteindre et a moien de se desemprison-
ner du poulailler, o. uesehres, 3o(. Nos esprits,
las! en cent mille façons, Deprisonnez de l'humaine
closture. Dessus les flots errent à l'aventure, ron-
SAIin, «(3.
— f.TYM. Dés.... préfixe, et emprisonner.
t DESENAMOL'RÉ, F.E (dé-7.an-na-mou-ré, rée),
parl.'passé. Oui n'a plus d'amour, qui n'est plus
amoureux. Mais est-ce un coup bien sûr que votre
seigneurie Soit désenamourée, ou si c'est raillerie?
MOL. Dépit am. I, 4.
t I)ft.SENAl»IOURER (dé-zan-na-mou-ré, a» pro-
noncé comme dans atilique), v. a. Faire perdre l'a-
mour. Les mauvais procédés de cette femme le dés-
enamourtrent. || Se désenamourer, v. réfl. Cesser
d'être amoureux.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, en, et omour.
t DÉSENCAPUCIIONNER (dé-zan-ka-pu-cho-né) ,
V. a. ôter un capuchon; faire quitter un habit de
moine.
— f.TYM. Dés.... préfixe, en, et capuchon.
t DfiSEN'CARTER (dézan-kar-té), ». a. Terme
d'imprimerie et de brochage, ôter, retirer ce qui
est enc:irté.
— f.TYM. Dés.... préfixe, et encarter.
t Df.SENXASTAGE (dé-zan-ka-sta j'), t. m. Ac-
tion de (lésencasler. ,
•j DF;SENCASTER (dé-zan-ka-sté), ». o. Dégarnir
les pièces de poterie des supports qui les entourent.
— f.TVM. Dés.... préfixe, et encusier.
t Df.SENCIIAÎ.\ER (dézaii-chè-né), ». a. ôter ce
qui enchaîne. || Se désenchaîner, ». réfl. Briser ses
chaînes.
— IIIST. XVI' s. Désenchaîner, ouniN.
— f.TYM. Dés.... préfixe, et encltainer.
DÉSENCHANTÉ, f.E (dé-zan-chan-té, tée), part.
passé. Tiré d'un enchantement. On vit, dans les ro-
mans, des palais enchantés et dé.seiichantés, xort-
TESQ. Espr. xxviii, 22. Il Oui n'est plusdans l'illusion.
Mon Ame révoltée Crut pour jamais être désenchan-
tée, VOIT, dans biciiei.et. Vous m'avez délaissé, doux
rêves delà vie. Plaisirs, gloire, bonheur, patrie et
liberté, Vous fuyez loin d'un cœur vide et déseu-
chanlé, M. i. cnÉN. la l'ioinenade.
DÉSE>'CIIA.NTEME>T (dé-zan-chan-te-man), s.
m. Il 1° Action de désenchanter. Le désenchantement
des palais d'Arniide par l'edet d'un charme plus fort.
Il 2" Fig. Sentiment que fait éprouver la désillusion.
Hyron est mort en I8i4, à l'heure où les désenchan-
tements et les ilégoùts allaient commencer, cha-
TEAL'B. dans le Dict. de dociiez.
— ÉTYM. Désenchanter.
DÉSEN'CHANTER (dé-zan-chan-té), ». a.|| 1"> Rom-
pre un charme, un enchantement. L'anneau de Bru-
nel qui, dans l'Arioste, désenchantait tout ce qui
était enchanté. |{ 2° Fig. Faire revenir quelqu'un de
ses illusions. Qu'ai-je donc appris qui pût me désen-
chanter de toi? STAËL, Corinne, xv, i.\\ Par exten-
sion. Ne croyons pas qu'en nous découvrant les
bases sur lesquelles reposent les passions, le chris-
tianisme ait désenchanté la vie, chateaub. Génie,
II, III, t. Il 3' Se désenchanter, r. réfl. Perdre son
enchantement, ses illusions. Il se désenchanta peu
à peu en présence de la réalité.
— lllST. XVI' s. Eslans desenchantez, chacun s'en
alla où il voulut, sans se ressouvenir de ce qui es-
toit passé, LANOUE, 52.
— ETYM. Dés.... préfixe, e\. enchanter.
t DÉSE-NCllANTEUR, ERESSE (dé-zan-chan-teur,
te-ré-s'), adj. Qui désenchante. Un langage désen-
ciianteur. Sans prévenir son ami, dont il redoutait
la raison désenclianteresse, en. de bebnard, l'An-
neau d'argent, § 6. ||S. »i. Celui qui désenchante.
N'écoutez pas ce sceptique; c'est un désenchauteur.
— ÉTYM. Désenchanter.
tDf.SEN CHASSER (dé-zan-châ-sé), ». o. Tirer
une pierre précieuse de sou chaton, une relique de
sa châsse.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enchâsser.
_ t DfiSENCLOUAGE (dé-zan-klou-a-j'), s. m. Terme
d'art militaire. Action de désenclouer une pi^ce de
canon. Il Terme de vétérinaire. Action de tirer un
clou du sabot d'un cheval.
DÊSENCLOUÉ, ÉE ( dé-zan-klou-é, ée), part,
passé. Les canons désciicloués par les vainqueurs
et tournés au.ssilôt contre la ville.
DÉSE.NCLOUER (dé-zan-klou-é) , je désenclouais,
nous désenclouions; que je désencluue, que nous
désenclouions), «•. a. Défaire ce qui était encloué.
Il Désenclouer un cheval, tirer un clou qui le fai-
DES
sait boiter. || Désenclouer un canon, êter le c'.ou
enfoncé dans la lumière pour mettre la pièce hors
de service. De 23 pièces de canon qu'ils (les enne-
mis] avaient enclouées, ils virent et entendirent
qu'on avait trouvé le moyen d'en désenclouer vicgt
et une, st-sim. i44, «i.
— IIIST. xvi* s. lis enclouerent les pièces; mais
le courage du peuple eu desencloua, rompit les buis
des magasins, et les porta à repousser il coups de
canon les vaisseaux espagnols, d'aub. Hist. u, 67.
— Etym. Dés... préfixe, et enclouer.
t UÉSE.VCO.MBREMEXT (dé-zan-kon-bre-man),
j. m. Action de désencombrer; état de ce qui est
encombré.
t DÉSENCOMBRER (dé-zan-kon-bré), ». a. || 1' Dé-
barrasser de décombres. Lord Elgin a fait désen-
combrer cette colline, CHATEAUB. Ilin. (83. 112° Pai
extension, éter les empêchements; faire cesser l'en-
combrement. On vit de toutes parts arriver à l'en-
trée du pont, auquel l'armée ru.sse était adossée,
la cavalerie, les canons, les voitures et les batail-
lons.... on fut plusieurs heures à pouvoir désencom-
brer et faire dégorger ce passage, sêguh, llist. de
Napol. IX, B. Il 3° Se désencombrer, ». réfl. Être
désencombré. Le passage se désencombra peu à
peu.
— IIIST. XIII' s. 11 ne deit demorer que il ne res-
ponde du dit fié au requérant, et que il ne le desen-
combre puisqu'il l'a encombré, Ass. de J. i, 251,
Il xv s. Deux ou trois couples d'ennuis J'ai tous-
jours en ma maison, Desencombrer ne m'en puis,
Quoi qu'à mon povoir les fuis. ch. d'obl. Chant.
104. Faire neioyer, curer et descombrer les rivières
de Sarle et Yaigne, Ordonn. sept. U«8.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, ei encombrer ; provenç.
desencomhrar.
t Df.SENCROÛTEMENT (dé-zan-krou-te-man),
s. m. Action de dégager ce qui est encroûté. Lei
Cartésiens parlaient de l'encroûtement et du désen-
croûlement des tourbillons que Descartes avait ima-
ginés.
— ETYM. Désencroùter.
+ DfiSENCROCTER (dé-zan-krou-té), v.a. Opère,
le désencroûtement. || Fig. et famili" rement, ôter
l'ignorance, les préjugés qui encroûtent, {j Se dés-
encroùter, r. réfl. Cesser d'être encroûté d'igno-
rance, de préjugés.
— ÉTYM. /)^.v.... préfixe, et encroiKer.
fDÉSENDETrER (SE) (dé-zan-dè-té) , », réfl.
Payer ses dettes,
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et endetter. L'ancien
français disait desdeter: Oui trop vell baréter [trom-
per] j Ne.se peut desdeter, Pro», du »«/om, Ms. di
St-G. f° t75. dans lacurke.
t DÉSESDORMIR (dé-zan-dor-mir) , ». o. Ré-
veiller. || Fig. ôter à quelqu'un l'air endormi, apa-
thique.
— IIIST. xvi' s. Apollon brusle et s'avance; La
chienne oit [entend] comme il s'eslance. Froissant
des coudres le fort; Elle aboyé à sa présence. Et la
nymphe desendort, baïf, (Jiuvres, f* 28, dans la-
CURNE.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et fndormt'r.
I DËSENUUIRE (dé-zan-dui-r') , ». a. ôter l'en-
duit.
— HIST. XVI' s. Desenduire, ounin.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enduire.
DÉSENFILÉ, ÉE (ilé-zan-fi-lé, lée), part, passé.
Une aiguille désenfilée.
DÊSENKILER (dé-zan-fi-lé), ». O. Défaire ce qui
était enfilé. Désenfiler des perles. 1| Se désenfiler,
». réfl. Mon aiguille s'est désenfilée, le fil qui était
dans le chas en est sorti.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enfiler.
t DÉSENFLAMMER (dé-zan-fia-mé) , ». o. Etein-
dre la flamme. On s'efforçait de désenflammer les
draperies qui avaient pris feu. || Se désenflammer,
». réfl. Cesser d'être enflammé. Ce bois brUle mal;
dès qu'on cesse de le souffler, il se désenflamme.
Il Fig. Cesser d'être épris.
— IIIST. ivi' s. Bien que le ciel, l'envie et la for-
tune pleuve Sur nous tout ce qu'ils ont d'angoisseux
et d'amer. Jamais ils ne pourront nos cœurs desen-
flamer, desportes, (JEiarei, p. <U2, dansLACURNS.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et en/Minmrr.
DÉSENFLÉ, ÉB (dé-zan-flé, flée), part, passé.
Oui n'est plus enflé. La main est toute déseuflée,
SËV. 247.
t DÉSENFLKMENT (dé-ian-fle-man) , s. m. Ces-
sation de renflement.
— ÉTYM. Désenfler. ,
DÉSENFLER (dé-zan-flé), v. a. || 1' ôter ce qui
enfle. Désenfler un ballon. || Fig. ôter lenflura
J
DES
morale. Désenfle-la si bien [la superbe et l'ambition] ,
qu'elle soit toujours prête X voir que chacun sur ta
tête Par un dernier mépris ose imprimer ses pas,
COHN. Imit. III, 13. Il ôler l'enflure du langage. Les
dieux, quand leur esprit est sage, Désenllent pour
nous leur langage, Et veulent bien être entendus,
fABNY, Mélanges, A quelques poêles. \\ 2° Y. n. De-
venir moins enflé. Son bras commence à désenfler.
Il 3° Se désenfler, v. réfl. Cesser d'être enflé. Le ballon
8e désenfla. || Fig. Insensiblement je croyais voir sa
tête se désenfler du vent dont elle était remplie,
MARMONTEL, Ml'xn. II.
— HIST. xiii's. Emplaistre caut sur les mameles
^ui sont enflées par l'abundance de lait ; si les desen-
i!e, ALKBRANT, f" 42. |{ XVI' S. Il Se resjouissoit de
veoir les eaux couler, et son ventre désenfler, paré,
VI, 12. Faut différer la réduction ju.sques à ce que
la partie soit desenflée, id. xiii, 3. Et delà son ven-
tre se desenflolt, id. xviii, 89. Voyant les difficultés
de parler à sa sainteté, et que sa bourse desenfloit,
NOËL DU FAÎL. Contes d'Eutraj: ch. <7.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enfler; provenç. desen-
flar. deseflar; catal. desinflar.
nÉSENFLCRE (dé-zan-flu-r' ) , S. ^. Diminution
d'enflure.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enflure.
t DÉSENFOCRNER (dé-zan-four-né) , v. a. Tirer
du four. Il Absolument. Vider le four. 11 fallut désen-
fourner à la hâte.
— IllST. XVI' s. Plusieurs de mes créditeurs ac-
coururent dès le matin , quand je commençois à
desenfourner, palissy, 3I8.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enfourner.
f DÉSENFUMER (dé-zan-fu-mé), v. a. Chasser la
fumée d'un lieu. Désenfumer une chambre. || Fig.
Raviver les couleurs ternies par la fumée. Désenfu-
mer un tableau.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enfumer.
t DÉSENGAGEMENT (dé-zan-ga-je-man) , s. m.
Action de désengager ou de se désengager.
— lllST. XV* s. Le rachat et desengagement que
nous en avons fait [d'un bien], comm. Hém. t. m.
Preuves, p. 36, dans lacurne. || xvi' s. Les sauts,
les entrelasseures, les desengagemens, le port de la
jarretière et la grâce des filles portoient je ne sçay
quelle petite la.sciviié mignarde, brant. Dames gai.
t. II, p. 306, dans LACURNE.
— ÉTYM. Désengager.
t DÉSENGAGER (dé-zan-ga-jé. Le g prend un e
devant o ouo: nous désengageons; je désengageais),
t). a. Retirer d'un engagement || Retirer une invita-
tion. Il Terme militaire. Annuler l'enrôlement. |{ Se
désengager, v. réfl. P.etirer un engagement qu'on a
pris, l'accoplalion qu'on avait faite d'une invitation.
— HIST. XVI' s. Se trouver desengagé de la néces-
sité qui bride les aullres, mont, il , 232. Desengager
celui qui me dolbt en usant de luy, ou m'eiigager
envers celui qui ne me doiht rien, ce m'est un, m.
IV, 08. Sucrâtes plaingnoit l'argentde sesamisà des-
engager savie, iD. IV, (U3. Si le maistrede ceux qui
estoient là eust esté desengagé [délivré], la besogne
estoit faiste, d'aub. Hisl. ii, i(9. Le cheval ayant
esté tué sous luy, après qu'il s'en fust desengagé, vint
le capitaine de Castaldo à cheval, qui le prit prison-
nier, RRANT. Cap. fr. t. I, p. 81, dans LACURNE.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et engager. On dit plus
souvent et mieux dégager.
fDÉSENGEANCER {dé-zan-jan-sé. Le c prend une
cédille devant o ou o: nous désengeaiiçons, je dés-
engeançais), v. a. Débarrasser d'une engeance.
— HIST. XVI' s. Geste plante se plaist contre les
murailles es vieilles mazures, oii s'estant une fois
attachée, difficilement l'en peut-on desengeancer,
0. DE SERRES, 573.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et engeance.
t DÊSENGOURDIR (dé-zan-gour-dir), v. a. Reti-
rer de l'engourdissement. || Sedésengourdir, v. réfl.
Sortir de l'engourdissement. Que leur corps se dé-
noue et se désengourdi.sse.... Régnier, Sat. i.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et engourdir.
t IlÉSENGUENER (dé-zan-gre-né. La syllabe gre
prend un accent grave quand la syllabe qui suit est
muette : je désengrène, je désengrènerai), v. a. Dé-
tacher un engrenage. || Se désengrener, v. réfl.
Sortir de son engrenage.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et engrener.
t DÊSENGRENECR (dé-zan-gre-neur), s. m.
Terme de marine. Pièce de fer qui aide à désengre-
ner les maillons des câbles-chaînes.
— ÉTYM. Désengrener.
DÉSENIVRÉ, ÉE (dé-ïan-ni-vré, vrée), part,
passe. Il but avec excès, puis, désenivré, il s'effraya
des discours qu'il avait tenus.
DÉS
t DESENIVREMENT (dé-zan-ni-vre-man), s. m.
Action de désenivrer ou de se désenivrer.
— ÉTYM. Désenirrer.
DÉSENIVRER (dé-zan-ni-vré, on prononcé comme
dans antique), v. a.\\ 1° Faire passer l'ivresse. L'effet
du vin, par haut et par bas, fut tel qu'on en fut en
peine, et ne la désenivra pas [la duchesse de Berry],
ST-sm. 281 , 74. Il Absolument. Cet homme ne dés-
enivre point. Celte marche si désordonnée et si dis-
solue [d'Alexandre] dura sept jours, pendant lesquels
l'armée ne désenivra point, ROLim, Ilist. anc. Œu-
vres, t. VI, p. 647, dans pougens. || 2° Fig. Tout roi
que la peur désenivre Nous prodigue aussi les jou-
joux, BÉRANG. Nègres. || 3' Se désenivrer, v. réfl.
Sortir de son ivresse. || Fig. Sortir d'un transport,
d'un ravissement, d'une illusion. Je suis en danger
de ne me désenivrer que l'année prochaine, balz.
liv. IV, lett. <4. Pour me désenivrer, je viens vite
à la prose, volt. Lett. Pruss 39.
— HIST. XII' s. Va, bonne femme, à tun ostel dor-
mir; si te desenivreras par le dormir, Jlois, p. 4.
Il XIV' s. Quant il est desenyvré ou bien esveillé, et
les fumées sont passées et disgerées, adoncques II
a ses sens desliés et desempeschiés, oresme, Thèse
de MEUNIER. Il xvi' s. Les uns disent, quanti il eut
prins son pli, que depuis il ne desenivra, desper.
Contes, lxxix. Estant desenivré, et se voyant ainsi
logé, YVER, p. 505. Ils ne purent qu'ils ne fissent
savoir leur soubçon à l'amiral, le priant de se des-
enyvrer des famées de la cour et de penser à sa
seureté et à la leur ensemble, d'aub. Uist. ii, 8.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enivrer.
f DÉSENLACEMENT (dé-zan-la-se-man) , s .m. Ac-
tion de déseiilacer.
— ÉTYM. Désenlacer.
I DÉSENLACER (Jé-zan-la-sé. Le c prend une cé-
dille devant a ou o: nous désenlaçons, je désenla-
çais), t). a. Tirer hors des lacets. || Fig. Délivrer
d'un piège. || Se désenlacer, ii. réfl. Se délivrer des
lacets, des pièges.
— HIST. XVI' s. Desenlacer, oudin.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enlacer.
\ DÉSENLAIDIR (dé-zan-lè-dir), v. a. Atténuer
la laideur. || V. n. Cesser d'enlaidir.
— ÉTY'M. Dés.... préfixe, et enlaidir.
f DÊSENNUI (dé-zan-nui), s. m. Cessation de
l'ennui.
— HIST. XVI* S. [11 chassait] pour son passetemps,
et pour donner desennui à son neveu, qui tant y
prenoit plaisir, J. de st-gelais, Hist. de Louis XH,
p. <79, dans lacurne.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et ennui.
DÉSENNUYÉ, ÊE(dé-zan-nui-ié, iée), part. pass^.
Désennuyé par un spectacle si nouveau pour lui.
DÉSENNUYER (dé-zan-nui-ié, an prononcé comme
dans anlique), je désennuie, tu désennuies, il dés-
ennuie, nous désennuyons, vous désennuyez, ils
diseiinuient; je désennuyais, nousdé.sennuyions; je
désennuyai; je désennuierai; je désennuierais; dés-
ennuie, désennuyons; que je désennuie, que nous
désennuyions; que je désennuyasse; désennuyant;
désennuyé, v. a. \\i° Délivrer de l'ennui. Mon fils
vous embrasse mille fois, il me désennuie extrême-
ment et songe fort à meplaire, sÉv. 56. || Absolu-
ment. La lecture désennuie. || 2° Se désennuyer, v.
réfl. Chasser l'ennui qu'on a. Jouons pour nous dés-
ennuyer. Le comte Ory disait pour s'égayer Qu'il vou-
lait prendre le couvent Farnioulier, four plaire aux
nonnes et se désennuyer, Chanson du comle Ory.
— HIST. XVI' s. Ils ne chanloient autre chanson,
et mesmes en cheminant pour se désennuyer, brant.
JJourbon.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et ennuyer; Berry, dcn-
nuyer.
t DÉSENORGUEILLIR (dé-zan-nor-gheu-llir, Il
mouillées, an prononcé comme àa.ns antique) , v.a.
Rabattre l'orgueil de quelqu'un.
— ÉTYM. Des.... préfixe, et enorgueillir.
DÉSENRAYÉ, ÉE (dé-zan-rè-ié, iée),part. passé.
La roue désenrayée.
t DÉSENRAYEMENT (dé-zan-rê-man), s. m. Ac-
tion de désenrayer.
— ÉTYM. Désenrayer.
DÉSENRAYER (dé-zan-rè-ié), je désenraye, tu
désenrayes, il désenraye ou désenraie, nousiiésen-
rayons, vous désenrayez, ils désenrayentou dèsen-
raientjje désenrayais, nousdésenrayions; je désen-
rayai ; je désrenrayerai , ou désenraierai , ou
désenraîrai; je désen rayerais, ou désenraierais, ou
désenraîrais; désenraye, désenrayez; que je désen-
raye, que nous désenrayions, que vous désenrayiez,
qu'ils désenrayent; que je désenrayasse; désen-
rayant; désenraye, v. a. Débarrasser une roue de
DÉS
1099
ce qui la tenait enrayée. || Absolument. Il faut dés-
enrayer. Il Se désenrayer, v. réfl. Être désenraye,
La roue se désenraye.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enrayer.
DÉSENRIIU.MÉ, ÉE (dé-zan-ru-mé, mée), part.
passé. Cet acteur désenrhumé et pouvant dire son
rôle.
DÉSENRHCSIER (dé-zan-ru-mé), v. a. Faire ces-
ser le rhume. Le beau temps m'a désenrhumé. || Se
désenrluimer, v. réfl. Cesser d'être enrhumé.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enrhumer.
t DÉSENRt'iLEMENT ( dé-zan-rô-le-man ), t. m.
Action de désenrôler.
■[ DÉSENRÔLER (dé-zan-rô-lé), v. a. Casser un
enrôlement.
— HIST. XVI' s. Desenroullé, bob. est. Dict.
— ÉTYM. /)^s.... préfixe, et enrôler.
DÉSENROUÉ,ÉE (dé-zan-rou-é, ée), part, passé.
Désenroué par le repos de la voix et par la chaleur,
t DÉSENROCEMENT (dé-zan-rou-man), s. m.
Cessation de l'enrouement.
— ÉTYM. Désenrouer.
DÊSENROUER (dé-zan-rou-é), v. a. Faire cesser
l'enrouement. || Se désenrouer, v. réfl. Cesser d'être
enroué. Il se désenroua en buvant quelque chose
de chaud.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et enrouer.
t DÉSENSABLER (dé-zan-sa-hlé), v.a. Dégager
un bateau ensablé. On eut bien de la peine à désen-
sabler le bateau.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et ensabler.
t DÉSENSEIGNER (dé-zan-sè-gné), V. a. Faire
oublier ce qui avait été enseigné.
— HIST. xii* s. Amors le me desen.seigne, Couci,
IX. Il XIII' s. Maistre qui desensaigne. Son aprenant
mehagne [estropie], Prov. mss. de St-G. f" tu, dans
LACURNE.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et en.çei'gncr; provenç.
desensenlmr ; aitni. desenscnyar ; espagn. desensenar.
t DÉSENSELLER (dé-zan-sè-lé), v. a. Faire per-
dre la selle, jeter à bas de cheval.
— HIST. XIII" s. Si rudement le desenselle. Le
cuer lui part dessoubs l'esselle. Roman d'Athis,
dans DU canoë, sella 2.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, en, et selle.
DÉSENSEVELI, lE (dé-zan-seu-ve-li, lie), part.
passé de désensevelir. Tiré de la sépulture. Un corps
désenseveli. Il Fig. Ce sont deux hommes que l'É-
glise regarde comme deux saints rlésensevelis de la
mémoire de ses annales, balz. liv. iv, lett. 30.
DÉSENSEVELIR (dé-zan-seu-ve-lir; comme il y
a deux e muets de suite, le premier se renforce et
prend le son de eu), v. a. Tirer de la sépulture.
— ÉTYM. Dés ... préfixe, et ensevelir.
t DÉSENSEX ELISSEMEXT (dé-zan-seu-ve-li-se-
man) . s. m. Action de désensevelir.
— ÉTYM. Désensivplir.
DÉSENSORCELÉ, ÉE (dé-zan-.sor-se-lé, lée), part,
■passé. Désensorcelé à la fin, il s'aperçut que cetîe
femme le jouait.
DÉSENSORCELER (dézan-sor-se-lé. La syllabe ctl
prend deux II, quand la syllabe qrri suri esl muette:
je désensorcelle; je désensorcellerai), v. a. \\ 1" Dé-
livrer de rerrsorcelleiuent. || 2° Fig. On ire peut le
désensorceler de cette fatale passion. || 3° Se désen-
sorceler, t'. réfl. Ces.ser d'être ensorcelé. || Fig. N'a-
voir plus l'esprit captivé.
— HIST. xvi* s Que d'Aubigné appelloit ouver-
tement la comtesse ^fe Gurche sorcière, l'accusant
de l'avoir ensorcelé, qu'd avoit mesme consulté là-
dessus le médecin Holteman sur des philtres qui
pouvoient le desoiceler, d'aub. Vie, Lxxiv. Que
quelque bon prédicateur non pédant soit sorty des
villes rebelles pour aider à désensorceler le srmple
peuple, Sat. ilén. Catholicon, I9.
— ÉTYM. Des.... préfixe, et ensorceler.
DÉSENSORCELLEMENT (dé-zan-sor-sè-le-man) ,
s. m. Action de désensorceler; état de celui qui est
désensorcelé.
— ÉTYM. Désensorceler.
t DÉSEN'I'ASSE.MENT (dé-zan-tà-se-man) , *. m.
Action do désentasser.
tDÉSENTASSEU (dé-zan-tà-sé), ti. o. Défaire
ie tas. Désentasser des matelas, des plumes.
— IllST. XVI" s. Lors l'on desenlasse les pommes,
les portans sous la meule tournante pour y estre es-
cachées à la mode de l'huile, o. IjE serres, 248.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et entasser.
IDÉSENÏERRER (dé-zan-tè-ré), v.a. Hetirer
de la terr'e, et, dans un sens restreint, de la sépul-
ture. Désenterrer un trésor. On lui a désentarré
son argent. Désenterrer un corps.
— HÎST. XV' s. Un homme en peut estre accusé
1100
DES
[d'hertjie] tprès samort.... et s'il advient qu'il soit
convaincu et atteint d'heresie, il doit esire desen-
lorré, et ses os mis dans un sac, monsthelet, i, 39.
— ÊTYM. nés.... préfixe, et enterrer. On dit plus
«ovfent et mieux déterrer.
DÉSENTÊTÉ, ÉE (dé-zan-t6-té , tée), part, passé.
Désenteié des préjugés qui longtemps s'étaient em-
parés de .son e.sprit.
* DÉ.SENTfiTEMENT (dé-zan-tê-te-man), ». m.
Action do riésontêter ou de se désentfiler.
DfiSENTÊTER (dé-zan-tê-té), V. a. || 1" Faire ces-
ser V'entêtement, la prévention. On ne peut le désen-
lêler de cette opinion. Il sera difficile De le désen-
tfler du traître Procinville, dui'bény, Réconcil. nor-
mand. IV, 3. Ij Dans un autre sens, faire cesser le
mal de tête. La promenade m'a désenlfité. On dit
que le café désentête. || 2» Y. réfl. Se désentêter,
perdre les préjugés, les opinions qui nous entê-
taient.
— REM. Ce mot est assez nouveau; mais il plaît
à beaucoup de gens, et je ne doute pas qu'il ne s'é-
tablisse un jour: se désentêter de quelqu'un, Bou-
HOURs, Souv. rem.
— ËTVM. nés.... préfixe, et entêter.
tDÉSENTOlLEn (dé-zan-loi-lé), B. o. ôter les
toiles des ailes d'un moulin. Le vent ayant cessé, le
meunier désentoila.
— ÉTYM. Dés... préfixe, en, et toile.
t DÉSENTORTILLER (dé-zan-tor-ti-llé, H mo\iil-
lées), V. a. Démêler ce qui était entortillé. Quel-
quefois on parvient à désentortiller le fil et à faire
de-scendre le nid qu'il tient suspendu, bonhet, Ob-
serv. T, Insectes. |{ Se désenlorliller, v, réfl. Cesser
d'être entortillé, et fig. sortir d'un embarras.
— SYN. UÈSENTORTILLER, DÉTORTILLEH. La diffé-
rence entre ces mots est la même qu'entre entor-
tiller et tortiller. Tortiller est le fréquentatif de tordre ;
il se dit très- bien d'une seule chose : un fil, une fi-
celle se détortille. Entortiller se dit plutôt de plu-
■ieurs choses qui se mêlent et se tordent les unes
sur les autres : ces cordons sont mêlés, je ne pour-
rai les désentortiller.
— HlST. xvi' s. Degentortiller, oudin.
— ÊTYM. nés.... préfixe, et entortiller.
t UÉSENTRAVER (dé-zan-tra-vé), v. a. ôter les
entraves , les liens employés pour assujettir les ani-
maux dans le travaU d'un maréchal.
— ÉTYM. Dés ... préfixe, et entrave.
i DÉSENTRELACKR (dé-zan-tre-la-sé. Le c prend
une céddle devant a ou o: nous désentrelaçons; je
désentrelaçais), v. a. ôter d'un entrelacement. ||Se
déseutrelacer, v. réfl. Cesser d'être entrelacé.
— UIST. xvi* s. Les autres quatre ou cinq nerfs,
après s'estre entrenieslés et entrelacés, non seule-
ment dés leur oiigine et source, ains s'estant desen-
trelacés sous l'esselle, paré, iv, 24.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et entrelacer.
t 1)É.SENVEL0PPER (dé-zan-ve-lo-pé) , v. a. Re-
tirer ce qui enveloppe. On désenveloppa la pendule.
— SYN. nÉSENVELOPPER, DÉVELOPPER. Il y a ici
une analogie et des différences analogues à celles
qui existent entre désentortiller et détortiller. Dés-
envelopper suppose une enveloppe réelle, et que l'on
peut filer. Développer est plus général; il s'applique
aussi à ce qui n'enveloppe que moralement ou in-
tellectuellement : développer ses idées; développer
la surface d'un cylindre.
— HlST. xiu* s. Tout ce est otroié à celi à qui l'en
done juridiction desenvoloper, Liv. de jxist. 76.
— ÊTYM. Dés.... préfixe, et envelopper.
t DÉSENVENIMER (dé-zan-ve-ni-mé), v.a. ôter
le venin. || Fig. ôter oequi envenime. Il s'eiïorçade
désenvenimer le langage qui avait été tenu.
— HlST. XVI* s. Qu'ils ne pourront estre qu'à peine
Desenvenimez de leur haine, et. jodslle, Eugène
com. m, 1.
— ÊTYM. Dés.... préfixe, et envenimer.
t DfiSENVERGUER (dé-zan-vèr-ghé) , v. a. Terme
de marine. Détacher une voile de la vergue à la-
quelle on l'avait liée par des rabans ou par une ai-
guillette.
— ÊTYM. Dés.... préfixe, en, et vergue.
t DIÎSEPERONNER (dé-zé-pe-ro-né), v. a. ôter
les éperons.
— ÊTYM. Dés.... préfixe, et éperon.
t PÉSÉQUIPER (dé-zé-ki-pé), v. a. Terme de ma-
rine. Ili'siirincr, retirer l'équipage.
— ÊTYM. Dét.... préfixe, et équiper.
T DÉSERGOTER (dé-zèr-go-té), v. a. || !• Couper
les ergots d'un coq. || 2' Terme de vétérinaire. Cou-
per les pi.rtion» de corne nommées ergots au pied
du cheval.
•^ 6TYM. iWi.... préflxa, et ergot.
DES
1. DÉSERT, ERTK (dé-zêr, dé-zèr-t'), adj.
Il 1° Qui est sauvage et sans habitants. Une cam-
pagne déserte. île déserte. C'est un instinct commun
à tous les êtres sensibles et .souffrants de se réfugier
dans les lieux les plus sauvatres et les plus dé-
serts, BERN. DE ST-P. Paul et Virg. L'Ile était dé-
serte, lorsque les Français y abordèrent en 1720
et changèrent .son nom de Maurice en celui d'Ile
de France qu'elle porte encore, raynal, //ist. phil.
IV, 20. Une contrée déserte et inhabitée est la seule
qu'on puisse s'approprier, id. ib. viii, i. Tantôt sur
les sommets de ces roches antiques , Tantôt aux
bords déserts des lacs mélancoliques, lamart. Méd.
I, 6. Dans dos sables brûlants, sur des rochers dé-
serts, VOLT. Fanal, ii, 4. || Vide, dépeuplé. Chiens,
chasseurs, villageois s'assemblent pour sa perte....
C'est par là que de loups l'Angleterre est déserte,
LA FONT. Fabl. X, «. Il 2'' Par exagération, très-peu
fréquenté. Rue déserte. Quartier désert. Ces porti-
ques, ces lieux que vous voyez déserts. De nom-
breux citoyens seront bientôt couverts, VOLT. Tancr.
m, 3. Enfants infortunés d'une ville déserte.... id.
Triumv. III, t. Il Fig. Où n'est plus la personne, la
chose qui faisait le charme du lieu. Dans l'Orient
désert quel devint mon ennui I rA6. Bérén. i, 4.
Il 3° Terme d'ancienne pratique. Un appel était dé-
sert, quand celui qui l'avait interjeté ne l'avait pas
relevé par lettres dans les trois mois.
— SYN. DÉSERT, INHABITÉ. Le lieu Inhabité est
celui qui est sans habitants, sans habitations. 'Jn
lieu désert non-seulement est inhabité, mais encore
offre à l'esprit quelque chose de sauvage, de reculé
loin de toute culture et môme de toute civilisation.
— HlST. XI* s. Puis [depuis] icel jour en fut cent
ans déserte, Ch. de Roi. lu. De tels barons corne
ore [la France] maint [demeure] déserte I tb. cxxvi.
Il XII* s. François mourront, désert iert [sera] li pais,
Ronc. p. 42.' Il XIII* s. Ele ert [était] en la forest
toute la plus déserte, Berte, xxxv. ||xiv*s La
vertu moienne.... est innomée aussi comme se elle
fust déserte, oresme, Eth. (27. || xv* s. 11 n'y au-
roit jamais nul recouvrer que nous et nos hoirs ne
feussions destruits, et toute l'Angleterre déserte et
en ruine, froiss. ii, ii, <H. || xvi* s. Craignant de
voir habiter en sa cité un désert (homme sans res-
sources] nécessiteux et indigent, sans héritage ne
maison, amyot, Àrist. et Caton comp. 6. Lors il se
trouvoit [Aratus] pauvre, désert et affligé, et en
grand danger de sa propre personne, lu. Arat. 6i.
— ÊTYM. Bourguig. dézar; provenç. et catal.
désert ;espagn. desierto ,ital. deserto ; du \a.lin deser-
tus, de deserere, abandonner. Dans l'ancienne lan-
gue, désert avait sa signification complète et s'ap-
pliquait aux personnes dans le sens d'abandonné ,
de privé de.
2. DÉSERT (dé-zêr ; le f ne se lie pas : un dé-zêr
affreux; au pluriel, l's ne se lie pas : des dé-zèr af-
freux; cependant quelques-uns lient : des dé-zêr-z
affreux), s. m. \\ 1° Lieu, pays sauvage et désert.
L'esprit de Dieu conduit Benoît au désert, mass.
Pariég. St Benott. Quel climat, quel désert a donc
pu te cacher? rac. Esth. i, 4. Les déserts autre-
fois peuplés de sénateurs Ne sont plus habités que
par leurs délateurs, id. Brit. i, 2. Étant partis
d'Horeb, nous passâmes par ce grand et effroyable
désert que vous avez vu, saci. Bible, Deutéron.
I, (9. Voici le plus beau désert qu'on puisse voir;
n'admirez-vous pas ces ruisseaux qui tombent des
montagnes, ces rochers escarpés, et en partie cou-
verts de mousse? fén. Dial. des morts tnod. Léger,
Ébroin. De déserts en déserts errant, persécuté,
VOLT. Mérope, v, l. Ses sorties journalières [de Na-
poléon], qu'éclairait toujours un soleil brillant, dans
lequel il s'efforçait de voir et de montrer son étoile,
ne le distrayaient point; au triste silence de Moscou
morte se joignait celui des déserts qui l'environ-
nent, et le silence encore plus menaçant d'Alexan-
dre, sÉGUR, Hist. de Nap. viii. <o. \] Fig. Je ne me
plais qu'avec le monde, et tout sans lui m'est un
désert et m'ennuie, bouhd. Pensées, t. ii, p. 393.
Ils voudraient être au fond des déserts, mais ils
n'ont pas la force de se faire un désert du monde
lui-même, mass. Profess. relig. Sermon i. Le seul
qui m'entendît encore dans ce désert peuplé, stael,
Corinne, xiv,3. ô toi qui m'apparusdans ce désert
du monde , Habitante du ciel, passagère en ces
lieux, ô toi qui fis briller dans celte nuit profonde
Un rayon d'amour à mes yeux, lamart. Médit, i, (7.
J'ai vécu ; j'ai passé ce désert de la vie. Où toujours
sous mes pas chaque fleur s'est flétrie, ID. ib. i, *s.
Il 2° Par extension, lieu, pays peu habité, retiré.
Il n'y a rien ici, c'est un désert, sÉv. (6). El parfois
il me prend des mouvements soudains De fuir dans
DES
un désert l'approche des humains, mol. Jfti. >, 4.
Le seul bruit de leur approche fait un désert des
contrées les plus habitées, haynal, Ilist. phil. v, 34.
Il Par exagération. Faire un désert de sa maison, ne
recevoir personne. Je ne ferai point un désert de
ma maison, parce qu'il s'y passe des choses qui me
déplaisent comme à vous, didebot, Père de famille,
m, 7. Il Familièrement. Parler, prêcher dans le dé-
sert, n'être pas écouté. || Se retirer au désert, dans
le langage de Port -Royal, s'enfermer dans une
étroite retraite. || Aller entendre la parole de Dieu
au désert, locution des protestants qui, après la ré-
vocation de l'édit de Nantes, se réunissaient dans
des lieux écartés et déserts pour entendre le prêche,
qui était interdit sous des peines très-sévères.
Il 8° Fig. Absence complète, manque absolu. Quel
plan de philosophie plus simple [que celle de Pla-
ton]! quelles vues plus nobles! mais quel vide! quel
désert de spéculation ! buffon , Animaux. SyiHn4
de génération.
— HIST. xii* S. Auquant home s'en estoient aie el
désert, Jfachab.i, 2. Eli reisSedechiass'enfuid parla
champainedel désert. Rois, p. 434. El cest vin, que
ces [ceux-là] en beivent qui se alasseront [lasseront]
par aventure al désert, tb. 478.Deusenseverad [mit
à part] lelignage Levi, et eslit et retint especialment
à son servise del tabernacle, qui primes fud levez
al désert de Sinai, ib. 2. [Le mal] Que nous sou-
frons en cest désert sauvage, Ronc. p. 8<. || xin* s.
Or vois comme Fortune sert Çà jus en ce mondain
désert, la Rose, 6366. {| xiv* s. Ne tint voie ne
sente li drommons soufisans, Vers Inde le [la]
majour,es desersd'Abrahans, Baud. deSeb.x, (005.
Il XVI* s. Ceulx de qui la mer, les montagnes et les
déserts inhabitables ne peuvent arrester l'avarice,
AMYOT, Pyrrh. 23.
— ÊTYM. Provenç. et espagn. désert; espagn. de-
sierto; ital. deserfo; du latin deier(um(voy. lésert)).
t DÉSERTABLE (dé-zèr-U-bl') , adj. Que l'on doit
fuir.
— HlST. XV* s. Quant il vit la seigneurie Et le juge-
ment de sa vie Desertable [odieuse] parle cours....
E. DESCH. Poésies mss. S°*lt , dans lacurnk.
— ÉTYM. Déserter.
DÉSERTÉ, ÉE{dé-zèr-té, tée), part, passé. Aban-
donné, laissé, dont on s'en est allé. La ville désertée
pour la campagne. Je vis en moins de rien Tout mon
camp déserté pour repeupler le sien, corn. Sertor.
I, 4. Ses honneurs abolis, son palais déserté, bac
Brit. Il, 3.
DÉSERTER (dé-zèr-té) , v. a. || 1* Quitter un lieu,
le fuir. Déserter le royaume, la province. Déserter
leur pays pour inonder le nôtre, rac. Uilhr. m, \.
Il Abandonner. Déserter son poste, la maison pater-
nelle. Et l'ennemi vaincu, désertant ses remparts.
Au-devant de ton joug courait de toutes parts, boil.
^pf(. au roi. Nous pouvons dire que c'était le reflux
de son esprit qui, comme un grand océan, se re-
lire et déserte ses rivages, id. Longin, 7. Il vient
injustement de chasser Bourguignon; Si cela dure,
il faut déserter la maison, boissy. Dehors trom-
peurs, I, I. Il 2° Terme militaire. Abandonner son
drapeau. Déserter le service, l'armée. || Par exten-
sion. Déserter la bonne cause. Déserter son parti,
en changer. Déjà de votre camp un grand nombre
transfuge Déserte votre cause et prend le roi pour
juge, LEMERC. Frédég. et Bruneh. i, i. || 3° Terme
de mer. Déserter quelqu'un, l'empêcher de retour-
ner au vaisseau, et le laisser dans quelque lieu
malgré lui. || 4° Rendre désert. Ce sens a vieilli.
Mars qui met sa louange à déserter la terre Par des
meurtres.... malh. vi, b. C'est en quelque sorte vou-
loir déserter la cour que de combattre l'ambition
qui est l'&me de ceux qui la suivent, boss. Sermon
du 4* dim. de carême. Voici le temps que le Sei-
gneur désertera toute la terre, il la dépouillera et
lui fera changer de face, Isate, ch. xxiv, dans ri-
chelet. Il 6* F. n. S'en aller d'un lieu, avec l'idée
que ce lieu n'est pas tenable. Le bruit des voisins
m'a fait déserter de ma chambre. Et lorsque son dé-
mon commence à l'agiter. Tout jusqu'à la servante
est prêt à déserter, boil. Sa*, viii. || 6" Terme de
guerre. Abandonner son drapeau. Déserter devant
l'ennemi. Désertera l'intérieur, quitter le drapeau,
mais ne pas quitter le pays. Déserter à l'ennemi, quit-
ter le drapeau et passer dans l'armée ennemie. J'ai
même déserté deux fois dans la milice, rrcnahd.
Folies amour, i, 7. || Fig. Il leur est dur de voir dé-
serter les galants, mol. Tart. 1,4. J'étais effrayé du
dépit qu'elle [Mme de Maintenon] concevrait de voir
Chamillart lui déserter et passer du côté de ses en-
nemis, ST-siM. 490, 44. La liberté déserte avec ses
armes, bérang. F. jerjcnj. Il 7* Se déserter v.'é/l.
DES
Être déserté, abandonné. Les campagnes et les vil-
les se désertaient pendant les ravages des Nor-
mands.
— HIST. xn' s. Hé! France belle I corne es hui dé-
sertée De bons vassaus.... Ilonc. p. 9t. Sire, fait-
ele , E.spagne est désertée, ib. p. H6. Mais l'abes
de Cisteaus à saint Thomas manda Par dan Guarin
J'aW tut ço qu'el brief trova, Que li reis les manace
qu'il les désertera, Th. le mart. 97. |{ xiii' s. Maufé
[les diables] vos ont si déserté Qu'en ne vos putt
prendre en verte, Ren. (739. Lessiés le [bouton]
croistre et amander; Nel voudroie avoir déserté
[éloigné] Du rosier qui l'a aporté, Por nule riens vi-
vant, tant l'ains [tant je l'aime], la Rose. 2929. Li
bon baron de France ne vourent arester, En estran-
ges pais s'alerent déserter, Là devinrent sauvage
por lor âmes sauver, Ch.d'Ant. i, <<o. Quel gent a
Diex laissie por garder sa maison? Sa vigne est de-
siertée, n'i laboie mais hom, ruteb. 237. || xv" s.
Et plusieurs chevaliers et escuyers se plaignoient des
bois que on leur avoit coupés et désertés [ravagés],
FROiss. II, II, 238. Deux mille frans et plus lui a
cousté C.este guerre, dont il [Deschamps] est déserté
[ruiné], EUST. desch. Suppi. ait roi. ||xvi* s. Il fut
d'opinion que l'on rasast entièrement la ville, et
que l'on desertast [rendit désert] le pays, amyot,
Lysaiid. 29. Ainsi advint il que de la désolation et
destruction d'une ville désertée, plusieurs furent re-
bastjes et repeuplées, id. I.ucuU. 67. Voir devant
ses yeux son domaine se déserter et en ses bois et
en toutes sesautres parties, 0. de serres, 6B. Lors
le brochet, encore qu'il dévore quelques petits pois-
Bons, ne désertera pourtant l'estang, m. 426. Les
poissons se mangeans les uns les autres, finalement
l'estang de lui-mesme se désertera, si.... m. 427.
Par la révolution du temps les forests se sont déser-
tées [ruinées] , id. 749.
— ÉTYM. Désert * ; provenç. et espagn. desertar;
ital. desenare.
t DÉSERTES (dé-zèr-te) , s. f. ylur. Forces (sorte
de ciseaux) peu tranchantes dont se servent les ton-
deurs de drap.
DÉSERTEUR (dé-zèr-teur) , s. m. || 1° Celui qui dé-
laisse, abandonne, avec une idée de réprobation. Il
donne de la terreur aux déserteurs d'une si sainte
société, PATRU, Plaidoyer )B', dans richelet. Un
homme.... qui, sans se déclarer ouvertement, mais
par la malheureuse possession où il s'est établi
d'agir selon son gré et en libertin [esprit fort] ,
est devenu, si j'ose m'exprimer ainsi, un déserteur,
ou, si vous voulez, un apostat de la Providence de
Dieu, boi;rd. Car. Sur la Providence. Je ne puis
admirer ces dangereux auteurs Qui. de l'honneur
en vers infâmes déserteurs. Trahissent la vertu sur
un papier coupable, boil. Art p. iv. Mathan de nos
autels infâme déserteur, bac. Athnl. i, t. Moi seul,
donnant l'exemple aux timides Hébreux, Déserteur
de leur loi, j'approuvai l'entreprise, id. »b. iii,3.
Ces murs sont encor pleins de tes premiers ex-
ploits. Déserteur de nos Dieux, déserteur de nos
lois, VOLT. IfoAom. 1 , 4. [Un sénat] Qui, lâche dé-
serteur de son autorité. N'en a plus que l'orgueil
pour toute dignité, volt. Catil. iv, 2. || 2° Particu-
lièrement, militaire qui déserte. Poursuivre, arrê-
ter un déserteur. || Fig. et familièrement. Je vous
ramène notre déserteur, l'ami qui nous avait quit-
tés. Je veux le faire saisir où je le trouverai comme
déserteur de la médecine, mol. Pourc. 11, <.||I1 se
dit souvent des écoliers qui se sauvent du collège,
des enfants qui se sauvent de la maison paternelle.
Il Par abus, celui qui ne se rend pas à un appel, qui
ne se fait pas inscrire sur un rôle. Exempt d'impôt,
déserteur de phalange [non inscrit dans la garde na-
tionale], Je suis pourtant assez bon citoyen, bé-
BANG. Nouv. Diog.
— SYN. DÉSERTEUR, TRANSFUGE. Celui qui déserte,
abandonne son drapeau ; mais le mot ne dit pas par
soi-même où le déserteur va ; au lieu que transfuge
signifie que le déserteur va de l'autre côté et passe à
l'ennemi.
— HIST. XIV* s. Déserteurs de leurs banieres.BER-
CHEBRE, {° 49, recto. \\ xvi* Ils ne purent trouver en
ce courage nerf qui tendit à estre déserteur de ses
amis, d'aub. Hist. 11, 233. Déserteurs de l'honneur
de Dieu et du bien de son eghse, condé. Mémoires,
p. 668. Aultrement [si nous nous donnons la mort] ,
comme déserteurs de nostre charge, nous sommes
punis et en celuy-cy et en l'aultre monde, mont.
Il, 26,
— ETYM. Lat. desertor, de deserere (voy. désert t).
tDÉSERTICOLE (dé-zèr-ti-ko-1'), adj. Terme de
botanique. Qui afl'ectionne les lieux déserts.
— ÈTïM. Désert, et le latin tolère, habiter.
DÉS
DÉSERTION ( dé-zèr-sion ; en vers , de quatre
syllabes), s. {. || 1° Action de délaisser, d'abandon-
ner. Vous m'aviez promis de me soutenir, et vous
m'avez abandonné; quelle désertion I Je vais tourner
mes recherches vers un pays étranger, vers une au-
tre littérature; cependant ce n'est pas une désertion
timide de mon sujet qui me conduit en Angleterre,
viLLEMAiN, liltér. franc. Tabl. du xviii" siècle, 2« par-
tie,2« leçon. Il 2° Particulièrement,en termes de droit
militaire, action de déserter, de quitter soncorpssans
permission. Désertion à l'intérieur. Désertion à
l'ennemi. || 3° Changement de parti. Après les ré-
volutions, les désertions sont fréquentes. || 4° An-
cien terme de palais. L'inconstance ou la négli-
gence, qui empêche de relever un appel, au terme
prescrit. Il Désertion d'un héritage, conduite d'un
propriétaire négligent qui laisse un héritage en fri-
che. Il 5" Dépopulation. Vieilli en ce sens. Nous sup-
posons que la lieue carrée contient plus de BBO per-
sonnes, mais nous ne croyons pas qu'il faille étendre
le nombre au delà quant à présent, à cause des
mortalités et des grandes désertions arrivées dans
le royaume, vauban, Dtme, p. 90.
— HIST. XVI" s. Il vit son ost ainsi renversé, abatu,
et mené à telle desercion, il fut si désespéré que
luy mesmes se voulut occire de sa propre main,
Triomphe des neuf preux, p. 381, dans lacurne,
— ÉTYM. Lat. desertionem , de deserere ( voy.
désert 4),
DÊSESPÉRADE (dé-zè-spé-ra-d'), s. f. Air de dés-
espoir, acte de désespoir. Ceux qui surent cette déses-
pérade de la Feuillade ne doutèrent pas qu'elle ne
fût un jeu pour faire pitié à son beau-père et au roi
même, st-sim. 164, tes. \\ i la désespérade, loc.
adv. X la manière d'un désespéré. Cette locution
vieillit.
— HIST. xvi* s. Et n'y pouvant parvenir, il ne faut
pourtant pas qu'il aille à la desesperade se précipi-
ter en des entreprises inconsidérées, langue, <82.
— ÉTYM. Désespérer. Désespérade est une forme
espagnole, o la desesperada, qui s'est introduite
durant le xvi* siècle. La forme française est à la
désespérée, qu'on trouvera à l'historique de déses-
pérer.
t DÉSESPÉRAMMENT (dé-zè-spé-ra-man) , adv.
D'une façon désespérante. On ne pouvait être plus
gratuitement, plus continuellement, plus désespé-
ramment méchante que Mme d'Heudicourt, st-sim.
218, 182.
— ÉTYM. Désespérant , et le suffixe ment.
t DÉSESPÉRANCE (dé-zè-spé-ran-s') , s. f État
d'une âme qui penl l'espérance. Il ne vous a pas
dit que, poète et prophète, il a traîné dans les fo-
rêts de la Floride et sur les montagnes de la Judée
autant de désespérances, de tristesses et de passions
que vous avez d'espoir, de joie et d'innocence, ciia-
TEAUB. dans le Dicl. de dochez. Sa désespérance de
l'humanité, id. ib.
— HIST. xiu* s. On le poroit si espoenter de ses
peciés [péchés] qu'il en kieroit [choirait, tomberait]
en desesperanche, Chron. de Itains, p. (05. Toute
nostre gent s'enfuirent si laidement, que il en y ot
pluseurs qui de désespérance se noiereiit en la mer,
joiNV. 271. Il xiV s. Il met différence entre ceulx
qui meurent pour fortitude et ceulx qui meurent
par désespérance, oresme, Eth. 82. ||xv' s. Et crie
par desperance, Ferant [frappant] ma poictrine du
poing, en. d'orl. Rondel. 69. || xvi' s. Adono Cleo-
patre, craignant sa fureur et sa désespérance, s'en-
fouit dedans la sépulture qu'elle avoit fait bastir,
AMYOT, Anton. 99.
— ÉTYM. Désespérant ; provenç. desperansa; ca-
tal. desesperança ; anc, espagn. desesperamsa ; ital.
disperama.
DÉSESPÉRANT, ANTE (dé-zè-spé-ran , ran-t'),
adj. Il 1" Qui fait désespérer, qui cause un grand
chagrin. Une nouvelle désespérante. || Familière-
ment. C'est désespérant, cela est triste, fâcheux.
Il 2" Qui nous ôte l'espoir, en parlant des personnes.
Vous êtes désespérant. Lisette m'apprit hier une
nouvelle qui me mit au désespoir. — Ehl que vous
a-t-elledit, cette désespérante Lisette? lesage, Cris-
pin riv. de son maitre, se. t .
tDÉSESPÉRATION(dé-zè-spé-ra-sion),i.^. Action
de mettre au désespoir, de se jeter dans la déses-
poir.
— HIST. XVI' s. La mort est une desesperation ex-
trême à ceux qui ne pensent que de la vie présente,
CALV. Instit. 337. Il apporteroit un grand préjudice
et desperation à l'attente et issue de son entreprise,
il. DU BELLAY, 365
— ÉTYM. Désespérer.
DÉSESPÉRÉ, ÉE (dé-zè-spé-ré , rée), port, passé.
DÉS
1101
Il 1" Qui est livré au desespoir. Désespérée de la
mort de son fils. Le roi, la reine. Monsieur, toute
la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est
désespéré, Boss. Duch. d'Orl. Non , je l'avoue en-
cor, ce cœur désespéré Contre ce seul malheur
n'était point préparé, rac. Bril. m, 7. Combien
ai-je passé dans les pleurs, les sanglots. Des jours
désespérés et des nuits sans repos! lagrangk-chan-
CEL, Athénaïs, iv, 7. || Il se dit aussi des douleurs
physiques. Souffrirai-je mille et mille douleur» qui
me feront mourir désespérée? sÉv. <î8. H 2» Fami-
lièrement. Très-fâché, très-contrarié. Je suis dés-
espéré de vous avoir fait attendre. J'étais aigri,
fâché, désespéré contre elle, mol. Êc. des f. n, *■
Il 3° Qui ne laisse plus d'espoir d'un bon succès.
Mais quoi, messieurs, tout est-il donc désespéré en
nous? Dieu, qui foudroie toutes nos grandeurs
jusqu'à les réduire en poudre, ne nous laisse-t-il
aucune espérance? BOSs. Duch. d'Orl. La paix dès
ce moment n'est plus désespérée, rac. Théb. m,
4. J'ai ouï dire que c'était un homme admirable
pour les procès désespérés, baron. Coquette et
fausse prude, i, 4. C'est alors que le retour [à la
piété] est comme désespéré, mass. Car. Inconsl. Do
me mêler des affaires d'autrui pour de l'argent , de
faire souvent réussir les plus désespérées, cham-
FORT.ilfarcft. de Smyrne, se. )0. |1 Qui ne donne plus
d'espoir, en fait de maladie. Une guérison désespérée.
Ce malade est désespéré. Un malade désespéré de
guérison, malh. le Traité des bienf. de Sénèque, rv,
n. On me mandait de Paris qu'elle étaitdésespérée,
sÉv. 4;i3. N'est-il pas quelquefois des maladies dés-
espérées à un point que les remèdes ne peuvent
qu'avancer la mort? rollin, llist. anc. t. viii, p.
55, dans pouGENS. || Être désespéré des médecins,
être dans un état désespéré. || Dont on ne peut at-
tendre la réformation, l'amendement. C'est un jeune
homme tout à fait désespéré. Si, n'ayant pas la foi,
nous vivions selon la chair et selon les sens, quelque
désespérés que nous fussions, il n'y aurait rien dans
nos désordres que de très- naturel , bourd. Car. i,
Relig. chrét. 30. || 4» Extrême, en tant que résul-
tant de toute perte d'espoir. Un parti désespéré, ôdo
ma passion fureur désespérée! volt. Brutus, m,
6. Ce coup désespéré peut vous être funeste, m.
Triumv. iv, 3. || Par analogie Mon bras dés-
espéré N'a porté dans son sein qu'un coup mal as-
suré, VOLT. AlX. V, 4. Il 6° Substantivement. Un
désespéré. Une désespérée. L'un voit aux mains
d'autrui ce qu'il croit mériter. L'autre, un déses-
péré qui peut trop attenter, corn, i^oit/. ui, i. Faire
la furieuse et la désespérée, id. Perthar. m, 3.
Et ce désespéré s'en veut venger sur soi, mairet.
Mort d'Asdrub. v, 2. Tu veux, désespérée, ôter par
ta furie. Un ministre à l'Etat, un père à la patrie,
rotr. Bélis. m , B. Je n'eus toute la nuit chez
moi que des pleureurs et des désespérés, retz, m,
162. Ces irrésolutions et ces retours vers la vie qui
font la peine de ceux qui meurent, et dont les
plus désespérés ne sont pas exempts, la font.
Psyché, i, p. 109. Notre désespéré le [trésor] ra-
masse et l'emporte. Laisse là le licou, s'en retourne
avec l'or, iD. Fabl. ix, (6. || Familièrement. Crier,
courir, etc. comme un désespéré, crier, courir de
toutes ses forces. Le maréchal combattit comme un
désespéré, sÉv. 214.
DÉSESPÉRÉMENT (dé-zè-spé-ré-man), adv.
Il 1° D'une façon désespérée. Les autres apprennent
à guérir les âmes par des austérités pénibles; mais
vous montrez que celles qu'on aurait crues le plus
désespérément malades se portent bien, pascal,
Pro». 4. Il 2° Avec excès, éperdument, surtout avec
l'idée de manquer d'espoir dans le succès. Désespé-
rément amoureux.
— HIST. xvi' s. Ill'aimoit si désespérément, qu'un
jour il ne se put tenir de lui en parler, marguer.
Nouv. *t. Il donne si désespérément sur ces gens
de guerre, que.... d'aub. Hist. I, 349. Si s'apper-
ceut qu'il estoit desesperéement amoureux de l'une
de ses propres filles, amyot, Artax. 33. Infinis lieux
[du texte] y sont desesperéement estropiez et muti-
lez, ID. Moral. Épit. p. <5.
— ÉTYM. Désespéré, ou, archaïquement, désespé-
rée, et le suffixe ment; espagn. desesperadamente.
DÉSESPÉRER (dé-zè-pé-ré, La syllabe pé prend
l'accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
je désespère, excepté (exception inconséquente) au
futur et au conditionnel : je désespérerai , je désespé-
rerais), V. n. Il 1* Perdre l'espoir. Désespérer du suc-
cès de ses efforts. Un tas d'hommes perdus de dettes
et de crimes , Que pressent de mes lois les ordres légiti-
mes, Et qui , désespérant de les plus évi ter , Si tout n'est
r«nveisé ne sauraient subsister, qosh, Cinna, v, it
1102
DÉS
Ils ont désespéré de pouvoir vaincre l'erreur publi-
que, Boss. llist. II, e Les Romains n'ont jamais
désesjiéré de leurs affaires, m. ib. m, «. Dans la
plus grande fureur des guerres civiles, jamais on
n'a douté de sa parole ni désespéré de sa clémence,
ID. Reine d'Ànglel. Vous n'avez rien à craindre que
de désespérer de ses bontés [de Dieu], m. Arme de
Goni. Ainsi de le (léchir Messala désespère, volt.
Bnttus, m, 2. Par quel asservissement désespére-
rions-nous do voir éclore de nouveaux prodiges de
l'esprit humain, de nouveaux genres de beautés et
de plaisirs, de nouvelles créations? grf.sset, Disc,
de réception à l'Acad. On verra que l'ardeur du l'ran-
çais est peut-être également promple à s'allumer et
à s'éteindre; qu'il espère tout lorsqu'il commence,
qu'il désespère de tout lorsqu'il est arrêté par un
obstacle, baynal, ilist. phil. xviii, 60. || Désespé-
rer, suivi de que et du subjonctif. Quelque ardeur
qu'un chrétien fasse paraître pour la cause de son
Dieu, je me défierai toujours, ou plutôt je désespé-
rerai toujours que de la délicatesse des repas, des
habits, de l'équipage et du train, il accepte de pas-
ser à la rigueur des prisons, des roues et des cheva-
lets, bourd. Cari'mc, t.i, p. 232. || Absolument. Que
de sujets de craindre et de désespérer îcohn. Cinna,
IV, 5. Ne désespère point du vivant de Caton, id.
Pomp. II, 2. Le vérilable zélé de la charilé ne dés-
espèiejamais, mass. Confir.Zèle c. l. tices. || 2° Dés-
espérer de quelqu'un, ne pas espérer qu'il tourne à
bien, qu'il revienne à bien. Corrigez votre enfant et
n'en désespérez pas , et ne prenez pas une ré-
solution qui aille à sa mort, saci. Bible, Prov.
de Salom. xix.ts. || Désespérer de quelqu'un, ne
plus espérer qu'il réussisse. || Désespérer d'un ma-
lade, regarder sa mort comme inévitable. || 3° V.
a. Réduire au désespoir, causer une vive douleur.
Hélas! ton intérêt ici me désespère, cokn. Cid ,
m, ♦. ô devoir qui me perd et qui me désespère!
ID. Poly. n , 2. Désarmez les vaincus s:ins les
désespérer, rac. Alex, m, 7. Il met tout son plai-
sir à vous désespérer, ID. ib. iv , <. Elle aime
mon rival, je ne puis l'ignorer; Mais je mettrai
ma joie à le désespérer, id. Brit. u, 8. Na dés-
espérez point une amante en furie, m. Baj. ii, l.
J'ai pu désespérer le cœur de son amant, volt.
■Zaïre, iv, ). || 4' Se désespérer, v. réft. S'abandon-
ner au désespoir, à la plus vive douleur. Quand il
sut ce qui était arrivé, il se désespéra. Son maître
était jusqu'au cou dans les boues.... Il acheva de se
désespérer, lorsque la neige, en lui donnant aux
joues, Vint à flocons, et le vent qui fouettait, la
FONT. Orais. Vous saurez que ma maltresse a perdu
un petit chien qu'elle aime éperdument, qu'elle s'en
désespi're et qu'elle en met la faute sur moi, hau-
TEHQCiiF., Crispin médecin, ii, 7.
— IlEM. Après désespérer, v. n. précédé de ne et
suivi de la conjonction que, la phrase complémen-
taire qui suit demande qu'on mette ne et le subjonc-
tif: On ne désespérait pas que vous ne devinssiez ri-
che. Cependant on peut aussi supprimer le ne.
— HIST. xii* s. Comment que je me desespoir.
Bien m'a amours guerredonné, Couct , ni. Dun nesez
qiiequant l'um de vie se despeired, que l'um se met
en grant péril, Tiot'j, 127. E nostre sires ferid le
enfançunet que David out engendred de la feme Urie,
e enmaladid e fud désespérez, ib. tuo. || xm* s. Li
dnsconfort m'a si désespéré Que je ne sai que puisse
devenir, le comte d'anjou. Romancero, p. tu.
Or se despoire, or se deshaite Cil qui cuidoit avoir
tout pris. Lai del'ombre. lit se vous en pechiéma-
nez [demeurez], Onques ne vous désespérez. Lai du
conseil. || xv s. Fais ce que je dis, dit le chevalier,
nous serons bien d'accord, et si laisse ce méchant
désespéré clerc, froiss. ii, m, 22. Et quand il vit
son maléfice descouvert, il s'enfuit isnellement delà
cité de Paris, comme désespéré, monstrel. i, 47.
Il XVI* s. /a suis quelquefois huit jours sans le sen-
tir [l'enfant] et à l'heure [alors] désespérée [n'espé-
rant plus] de l'estre [enceinte], haro. Lettre (ta.
Tout le monde, fors moy seulement, estoit déses-
péré de sa vie,iD. t'6. 47. Où desperé d'avoir mieux.
Je m'en iray rendre hermile, dubell. vu, to, verso.
Si est-il à craindre que la honte les désespère, mont.
I, 58. Pour s'estre estonné et désespéré du premier
refus, ID. I, 87. Virius, désespéré du salut de la
ville assiégée par les Romains, et de leur miséri-
corde, iD. II, 36. Les académiciens ont désespéré de
leur queste, etjugé que la vérité ne se pouvoit con-
cevoir par nos moyens, id. h, ï30. C'est un coup
désespéré, auquel il fault abandonner vos armes
pour faire perdre & vostre adversaire les siennes,
ID. III, (19. Lors M. de Bourbon se désespéra de
Uouwr graoe enven U roy, ii. du bell. 86. Deses-
DÉS
perant de pouvoir jouir do ses amours, il se noya;
de quoy Thesaeun estant adverty, et aussi de la
cause pour laquelle il .s'estoit ainsi désespéré, en fut
fort dolent et marry, amtot, Thésée, 32. Une au-
dace désespérée, ID. Numa, <3. Une mauvaistié ef-
frontée, et désespérée méchanceté, in. Aie. 20. Si
le pria de ne vouloir rien faire témérairement, ny à
la désespérée, in. Nicias , 38. C'est une impudence
trop désespérée à lui, de tirer ainsi par les cheveux
le passage du pseaume, Calvin, Inst. io»i. C'estoit
un crime abominable, voire aux plus désespérez bri-
gands du monde, ID. ib. 83i. Un mal désespéré, ID.
ib. 870. Le corps du désespéré [suicide] est traîné à
la justice comme convaincu et condamné, loysel,
838. Avec ung bruict désespéré d'harquebuzades,
trompettes.:.. CAïa. ix, 6. Ils font des cures désespé-
rées, pauS, Introd. t . Je suis désespéré [sans espoir]
De parvenir au bien tant désiré, bons. 8)9.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et espérer; provenç. et
espagn. desesperar; ital. disperare.
DÉSESPOIR (dé-zè-spoir) , s. m. \\ 1° Perte de l'es-
pérance. La reine au désespoir de n'en rien obtenir,
CORN. Rodog. I, 4. Il ne faut pas s'imaginerque cette
doctrine mette les hommes au désespoir, aoss. Or. lO.
Ce qui a damné Judas, ce n'est point proprement la
trahison qu'il avait commise, mais le désespoir où
il s'abandonna après sa trahison, bourd. Exhort. t.
la trah. de Judas, t. i, p. 460. Pour ne pas vous je-
ter dans le désespoir, mass. Car. Impén. La péni-
tence n'est plus qu'un désespoir sans confiance, id.
ib. Inconst. Ces détails transportèrent de joie Na-
poléon : crédule par espoir, par désespoir peut-être,
il s'enivre quelques instants de cette apparence, et,
pressé d'échapper au sentiment intérieur qui l'op-
presse, il semble vouloir s'étourdir en s'abandon-
nant à une joie expansive, séour, llist de Nap. viii,
10. Il En désespoir de cause, façon de parler adver-
biale , tirée des habitudes du barreau, et qui signifie
qu'on est à bout de raisons, qu'on a épuisé tous les
moyens, qu'on ne peut plus résister à ce qui est
demandé. J'ai cédé en désespoir de cause. Nous
avons longtemps débattu l'affaire; j'ai, en déses-
poir de cause, accepté ses conditions. || Faire une
chose en désespoir de cause, essayer d'un dernier
moyen, d'une ressource extrême, sans espérance
de succès. || 2° Par extension, ce qui désespère
comme inimitable, impossible à surpasser. Ce ta-
bleau est le désespoir des peintres. Si l'on avait
exhumé ce morceau, on en ferait le désespoir des
modernes, didebot , Salon de 1765, (JEuvres,
t. XIII, p. 340, dans pougens. || 3° Résolution ex-
trême inspirée parun grand péril Qu'il mourût. Ou
qu'un beau désespoir alors le secourût, corn. Hor.
m, 6. Seigneur, vous emporter à cette extrémité
Est plutôt désespoir que générosité, id. Cinna,
IV, 3. Souvent les désespoirs [des vaincus] aux vain-
queurs sont funestes, mair. Mort d'Asdrub. ii, 3.
Et Rome unique objet d'un désespoir si beau, bac.
Milhr. m, t. Ce peuple poussé au désespoir recom-
mencera la guerre, fén. Tél. xxi. Le désespoir tient
lieu de force et de courage, volt. Orphel. m, 4.
Par les choses que fit le désespoir dans Carthage
désarmée, on peut juger de ce qu'elle aurait pu faire
avec sa vertu, lorsqu'elle avait ses forces, montesq.
Espr. III, 3. Il 4° Affliction extrême. Cette nouvelle
l'a plongé dans le désespoir. Tomber dans le dés-
espoir. Vous avez mis son âme au désespoir, id.
Cinna, m, 6. Et l'accord que son père a conclu
pour ce soir La fait à tous moments entrer en dés-
espoir, MOL. rort.iv, 2. De quelque désespoir qu'une
âme soit atteinte , La douleur est toujours moins
forte que la plainte, la font. Uatrone. Partout du
désespoir je rencontre l'image, rac. Bérén. v, 7.
Du moins ce désespoir convient à mon malheur,
ID. Milhr. III, \. Un mortel désespoir sur son visage
est peint, id. Phèdre, v, 5. Elles [des raisons] doi-
vent être bien faibles, mon père, contre le déses-
poir où vous me voyez, boindin, les Trois Gascons,
se. 3. Il Prendre conseil de son désespoir, ne pren-
dre conseil que de son désespoir, se résoudre à toutes
les extrémités que le désespoir suggère. {| Faire le
désespoir de, désoler, attrister. Ce mauvais sujet
fait le désespoir de ses pareuls. || 5* Par exa-
gération, contrariété, déplaisir. Je suis au déses-
poir de ne pouvoir faire ce que vous désirez de
moi. Je suis au désespoir de ne pouvoir me pro-
mener avec vous, voit. Lett. 79. Ces copies dont
je suis au vrai désespoir, sÉv. 343. Je vois que toutes
ces femmes de bien sont au désespoir de ce qu'on
m'a honorée de cette qualité, fonten. Jug. de Plu-
ton. Si j'avais des coups de bâton à lui donner, ce
serait comme Alcidas à SganareUe , dans le Mariage
forcé, avec de grandes protestations de respect et
DES
de désespoir d'y être obligé, d'alemb. Mt. à Volt
31 juillet 1702. Il Être au désespoir que.... avec la
subjonctif. Elle a été au désespoir que vous m'ayez
écrit, sÉv. 4. U est au désespoir que mon fils ne soit
pas député, id. 692. || Mettre au désespoir, causer
une vive affliction, une grande contrariété. 1| •' i4tt
plur. Et parles désespoirs dune chaste amitié Nous
aurions des deux camps tiré quelque pitié, corn.
Hor. m, 2. De mille dése.spoirs mon cœur est as-
sailli, ID. la Place royale, n, 3. La maladie de Fia-
vie, sa mort, et les violences des désespoirs de sa
mère, qui se venge, ont assez de justice, id. Examen
de Théod. Ses remords en auraient été plus animés
et ses désespoirs plus violents, id. 2" discours. La
Vallière eut des jalousies et des désespoirs inconce-
vables, M~* de la FAYETTE, llist. d'Ilenr. d Angle-
terre, 3" partie. Des avarices insatiables, des dés-
espoirs au milieu du bonheur, maintenon. Lettre à
Mme de Glapion, 28 sept. t. m, p. (92, dans poo-
OENS. Indigné d'y trouver, dans son sommeil paisi-
ble. Âmes longs désespoirs la nature insensible,
Ducis, Jtom^o, IV, B. Et, dans ses désespoirs dont
Dieu seul est témoin. S'appuyer sur l'obstacle et
s'élancer plus loin, lamart. Ilarm. ii, 7. Les sépa-
rations et les longs désespoirs K'ont-ils pas éclair-
ci, dis-moi, ses cheveux noirs? id. Jocel. t' épo-
que. Ces lieux de nos bonheurs et de nos déses-
poirs, Où le drame divin de tout notre jeune âge
Avait à chaque site attaché son image, ID. ib.
9* époque.
— BEM. Désespoir a été employé au pluriel par
Corneille, par Mairet, par .Mme de Maintenon, par
Mme de La Fayette, par Ducis, par Lamartine. Rien
n'empêche de les imiter.
— HtST. XII' s. Ainsi me tient amorsen desespoir.
Coud, IX. Il XVI' s. Les saincts n'ont jamais plus
grande matière de desespoir, que quand ils sentent
la main de Dieu dressée pour les confondre, calv.
Instit. 437. L'homme qui se met à mort par deses-
poir, confisque envers son seigneur, loysel, 837.
Les princes aussi leur doyvent porter telle bien-
vueillance. qu'un père à ses enfans, et ne les jetter
jamais en telle nécessité, qu'ils leur facent embras-
ser le desespoir, langue, 388. Réduits au dernier
desespoir, m. 45i. Ses amis ne l'abandonnèrent
point en ce desespoir, amyot, Timol. 7. Quand la
fortune en se jouant nous pert. Le desespoir en lieu
de raison sert, bons. 63t. Le desespoir qui tourne
encontre soy les armes, id. 976. Au desespoir s'ou-
blie l'honneur, le roux de lincy, Prov. t. n,
p. 232. En desespoir vertu croist, id. ib. p. 293.
— ÉTYM. Dés... préfixe, et «potr; provenç. et
anc. catal. desesper.
t DÊSESTIMER (dé-zè-sti-mé) , v. a. Cesser d'es-
timer, retirer l'estime.
— SYN. DÊSESTIMER, mésestimer. Déscstimer,
c'est cesser d'estimer, retirer son estime; mésesti-
mer est plus fort et signifie avoir une mauvaise opi-
nion de quelqu'un.
— HIST. xvi' s. Cicero mesme, sur sa vieillesse,
commença à desestimer les lettres, mont, ii, 228.
Un galant homme en estplainct, non pas de.seslimé,
ip. III, 347. Si par fortune cet anneau se perd, la
femme est desestimée comme ayant donné sa foi à
un autre qu'à son mari, marg. Saur. vni. Entre les
Espagnols, on n'y verra pas en six mois une que-
relle, pour ce qu'ils desestiment les querelleux. et
se plaisent d'estre modestes, langue, 209. Tous les
plaisirs que j'estimois. Alors que libre je n'aimois,
Maintenant je les deseslime, rons. t(8.
— ÊTYM. Dés.... préfixe, et estimer.
tDÊSEXCOMMUNIER (dé-zèks-ko-mu-ni-é), 1). a.
Relever d'une excommunication.
— HIST. xvi* s. Desexcomunier, h. est. Apolog.
d'Hérod. p. 36) , dans lacurne.
— ETYM. Dés.... préfixe, et excommunier,
t DÉSUABILITATION (dé-za-bi-li-ta-sion), s. f.
Terme de jurisprudence. Action de déshabiliter, de
rendre inhabile à....
t DÉSHABILITER (dé-za-bi-li-té) , ». a. Terme de
droit. Rendre inhabile.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et habile.
t. DÉSUABILLK, ÉE (dé-za-bi-Ué, liée, U mouil-
lées) , part, passé. Qui a quitté ses vêtements. Dés-
habillé et prêt à se baigner.
2. DÉSHABILLÉ (dé-za-bi-llé, H mouillées, et
non dé-za-bi-yé), s. m. Habillement négligé que
les femmes portent dans leur intérieur. Déshabillé
du matin. Elle était avec un déshabillé couleur de
rose, BDssi, dans bichelet. Le déshabillé du bain
est d'une grande commodité, hamilt. Gramm. li.
Dans un galant déshabillé, lesaoe, CitfiJoi, vin, *i.
J'y allais le matin, et elle était «n déshabilla, J. i.
DES
DES
DÉS
1103
Rouss. Conf. V. Elle parut d'abord à cette cour ido-
lâtre dans les charmes d'un déshabillé simple, mon-
iiso. Utt. pers. l*t. \\ Fig. Se montrer, paraître
en déshabillé, dans son déshabillé, se montrer tel
que l'on est.
— ÉTYM. Déshabillé t.
DÉSHABILLER (dé-za-bi-llé. Il mouillées, et non
dé-za-bi-yé), v. a. || 1° ôter à quelqu'un ses habits.
Iiéshabiller un enfant pour le mettre au lit. |{ Fig.
Déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul, re-
médier à un inconvénient par un inconvénierit pa-
reil. Il Par extension , dépouiller, mettre à la misère.
Seigneurs, banquiers et notaires La feront encor
briller; Puis encor des mousquetaires Viendront la
déshabiller, BÉRANO. Frélillon. |1 î" Fig. Déshabiller
quelqu'un, mettre ses intentions, ses projets à nu.
Il 3» V. n. Quitter ses habits. H a veillé sa femme
malade, et n'a pas déshabillé de toute la semaine.
Il 4» Se déshabiller, v. ré(l. ôter ses habits. Il a été
quinze jours sans se déshabiller, sans se mettre au
lit. Il Par extension, changer de vêtements, se dit
d'un prêtre qui quitte ses habits sacerdotaux, d'un
magistrat, d'un acteur, qui quittent leur costume,
et aussi de celui qui quitte son habit de ville pour
se mettre plus à son aise. Je vais me déshabiller et
je reviens à l'instant. || Proverbe. Il ne faut pas se
déshabiller avant de se coucher, il ne faut pas se dé-
pouiller de ses biens avant sa mort.
HlST. xvr s. Ce gentilhomme n'estoit refusé
d'estre à son habiller et deshabiller, où toujours il
Toyoit occasion d'augmenter son affection, mahguer.
JVoui). IV. En se deshabillant, il trouva à dire sa
chaîne, yver, p. 536.
— ÊTYM. Dé$.... préfixe, et habiller; namurois,
disbii.
DÉSIIABITÉ, ÉE (dé-za-bi-lé, tée), adj. Qui n'est
plus h bité. Ayez dessein aux dieux; pour de moin-
dres beautés Ils ont laissé jadis les cieux déshabilés,
RÉGNIER, Sat. xiii. Ce sera peut-être un palais dés-
habité, B*LZ. liv. III, lelt. s.i. Dans le secret de ces
galeries déshabitées, ciuteaub. tlém. t. vi, p. (58.
— SYN. DÊSHABITÉ, INHABITÉ. Désliabilé se dira
d'une ville, d'un pays qui a perdu ses habitants;
inhabile, d'un endroit qui n'a pas d'habitants, sans
qu'on sache s'il y en a eu ou non.
f DÉSUABITKK (dé-za-bité), v.a. Cesser d'habi-
ter. Il Se déshabiler, ». réft. Devenir déshabité. Ce
pays se déshabité.
— HlST. xir La terre [de France] est mais des-
abitée, E la genz morte e afamée, benoIt, u, 6(09.
Il XV* s. Par défaut de justice, le royaume a esté
pre.sque tout ruiné et destruit et en i)lusiuurs con-
trées dépeuplé et deshabité, J. chartier, llist. de
Charles VU, p. 109, dans lacurne. || xvi' s. Ce
bourg fut tellement fouï et cave par les connins
[lapins], que finalement il fut ruiné et deshabité,
PARÉ, Animaux, <6. Le monde fust un désert so-
litaire -.Villes et bourgs, bourgades et citez. Mai-
sons, chasteaux seroient deshabitez , hons. 821.
Quand par longues guerres, pestes, famines, et au-
tres changemens, esquels les hommes sont sujets,
les païs se des-habitent, o. de serres, 784.
— ETYM. Dés.... préfixe, et habiter.
t DÉSUABITUDE (dé-za-bi-tu-d') , s. f. Perte d'une
habitude.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et habitude.
DÊSUABlTUÉ,ÉE(dé-za-bi-tu-é,ée),par(.pai4-^.
Qui n'a plus l'habitude. Déshabitué de boire du vin.
DÉSHABITUER (dé-za-bi-tu-é), v. a. Faire per-
dre l'habitude de quelque chose. Il Se déshabituer,
V. réft. Perdre l'habitude. Je me suis déshabitué du
tabac.
— HlST. XVI' s. Deshabituer, palsgrave, p. 30 , qui
recommande de prononcer l's, l'/t étant non aspirée.
— ÊTYM. Dés.... préfixe, et habituer.
t DÉSIIARMONIE ( dé-zar-mo-nie) , t. f. Néolo-
gisme. Discordance. || Perte de l'harmonie.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et harinanie.
t DÉSIIARMONIQUE (dé-zar-mo-ni-k'), adj. Néo-
! logisme. Qui cesse d'être harmonieux, en harmo-
i nie. Des mouvements irréguliers et désharmoni-
' q'aes.
— ÉTYJI. Dés.... préfixe, et harmonique.
t DÉSUAUMONlSATlCm (dé-zar-mo-ni-za-sion),
s. f. Action de désharmoniser.
\ DÉSIIARMONISEU (dé-zar-mo-ni-zé), v. a.
I Néologisme. Troubler l'harmonie des choses, des
opinions. || Se désharmoniser, v. réfl. Se mettre en
désaccord. || On dit aussi désharmonier.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et harmoniser.
DËSUÊRENCË (dé-zé-ran-s'), s. f. Terme de ju-
i risprudence. Défaut d'héritiers ordinaires, par suite
I duquel la succession revient à l'Etat. Succession en
déshérence. Tomber en déshérence. || Autrefois le
droit de déshérence était celui qui autorisait un sei-
gneur de fief à se mettre en possession des biens
vacants d'un mort, à qui le même fief avait appar-
tenu, lorsqu'il ne se présentait point d'héritiers.
— HlST. XVI' s. Cas de déshérence, la thaumas-
siÈRE, Coût, de Berri, p. I66, dans lacurne.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et hoir ou heir, héritier
(voy. hoir).
DÉSHÉRITÉ, ÉE (dé-zé-ri-té, tée), port, passé.
Privé d'un héritage. Déshérité par son oncle. || Fig.
Déshérité du ciel. Un homme déshérité de la nature.
Il Substantivement. Un déshérité. Je venais en aide
à ce déshérité.
+ DÉSHÉRITEMENT (dé-zé-ri-te-man) , s. m. Ac-
tion de déshériter; état de celui qui est déshérité.
— HlST. xm' s. Et puis que je sai le malisse tant
apiert en eus, et que il ainsi chacent mon desire-
tement.... H. de. valenc. xxi. Et por garder le
droit heir de travaill et de perillet de deseriteraent,
Àss. de Jér. i, 228. Se c'est chose dont on deit sou-
frir mort ou honte ou deseritement, t6. 65. Et il me
respondi que à nulfeur il ne feroit le mariage, jus-
ques à tant que la pez fust faite, pour ce que l'en
ne deist que il mariast ses enfans ou [au] desherite-
ment de ses barons, joinv. 289.
— ÉTYM. Déshériter; provenç. deieretamen; ca-
tal. desherelament ; anc. espagn. desheredamiento.
DÉSHÉRITER (dé-zé-ri-té), v. a. Priver quel-
qu'un d'une succession. Fauste est un dissolu, un
prodigue, un libertin, un ingrat, un emporté qu'Au-
rèle n'a pu haïr ni déshériter, la bhuï. xi. || Faire
perdre l'héritage. Il vient déshériter ses fils par son
retour, corn, liodog. l, 6. Votre abord en ces lieux
les eût déshérités, ID. Rodog. v, 4. Je ne puis voir
d'un cœur lâche et soumis La sœur de mon époux
déshériter mon fils, ID. h'erthar. i, 2. Vous qui, dés-
héritant le hlsdeClaudius, Avez nommé César l'heu-
reux Domitius, rac. Brit.i, <. || Fig. Priver de ce
qui est assimilé à un héritage. La nature a déshérité
ce pays. Puis ma chanson favorite Aux guerriers
qu'on déshérite Ferait chérir le hamesau, bérang.
Pet. oiseau.
— HlST. XII' s. Et tout vo roi seront déshérité
[dépossédés], Ronc. p. 19. Car qui [celui que] amors
destruit et deshirete. Ne l'en doit-on blasmer, Couci,
VI. Il XIII' s. Tu leur cries merci que il aient de toi
pitié, et de ton père, qui, à si grand tort, a esté
déshérité, villeh. xlii. En nom Dieu, dist li quens
de lilois, jou m'en irai en Franche et crierai le roi
merchi, car je me doute moult que je ne soie desy-
reté [dépossédé], Chron. de iiaiiu, p. 42. Et celle
guerre mutentr'iaus [eux] por ce que le dit Uirart de-
seri.ta un sien home, sans esgart et sans conoissance
de cort, dou fié que il tenoit de lui, Ass. de J. I,
2)4. Li tesiamens, làù il est veu qu'aucuns est des-
liirelé en lais [legs] fais.... ce n'est pas max [mal]
d'alcr contre tel testament, beaum. xu, 20. Li dons
quilifufez parfusttrop oultrageus et trop desheri tans
les autres hoirs, m. vu, 2U. Et le soudanc a paour
qu'il ne le tuent ou que il ne le déshéritent [dépos-
sèdent], si les fait prendre et mourir en sa pri.î0n,
joiNV. 235. Il xiv s. Et quant Piètre le voit, li sans
lui est muez; A soi meïsme dit : je sui déshéritez,
Guescl. 14784. Signeur, dist Bauduins, vous parlés
folement; D'autrui déshériter chertés [certes] je n'ai
talent. Ne tolir à autrui terre ne chasement, Beaud.
de Seb. vm, H 53. || xvi' s. Du tout me veux déshé-
riter De ton amour, car proufiter N'y pourrois pas
par longue espace, marot, ii, 40U.
— ETYM. Dés.... préfixe, et hériter; provenç. des-
herelar, deseretar ; espagn. desheredar ; portug.
desherdar; ital. diseredare.
DÉSHEURÉ, ÉE (dé-zeu-ré, rée), part, passé.
N'ayant pas trouvé la personne que je cherchais, et
dès lors désheuré.
DËSHEDRER (dé-zeu-ré). || 1° Y. a.ç^Déranger
l'heure, les heures de certaines occupations habi-
tuelles, particulièrement celles des repas. Celte vi-
site me désheuré. || 1' V. n. On dit qu'une horloge,
une pendule désheuré, quand elle sonne une heure
autre que celle qui est marquée par les aiguilles.
113° Se désheurer, v.réfl. Être hors de ses heures
habituelles. J'ai observé qu'à Paris , dans les émo-
tions populaires, les plus échaufl'és ne veulent pas
ce qu'ils appellent se désheurer, hetz, ii, 43(.
— HEM. Ce mot, comme beaucoup d'autres, s'em-
ploie de préférence dans les locutions négatives : il
n'aime pas à se désheurer.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et heure.
DÉSUONNÊTE (dé-zo-nê-f) , adj. Qui est contre
l'honnêteté ou la pudeur. Pensées, paroles, actions,
manières deshonuêtes. Elle peut, tombant sur la
tête. Montrer quelqu'endroit déshonnête, scarron,
Virg. trav. iv.
— SYN. DÉSHONNÊTE, MALHONNÊTE. Déshonnêta
est contre la pureté, la pudeur; malhonnête esl
contre la civilité, et, quelquefois, contre la bonno
foi. Une parole déshonnête est une parole sale; un
procédé malhonnête est un procédé incivil, ou, en
un autre sens, déloyal.
— HlST. XIII' s. Et s'aucun baille aucun service
deshoneste à feme et damaces l'en vient, beaum.
XXIX, 49. Se je voi mon fil, me [mal fille ou me
[ma] mère, ou celé qui doit estre mes hoirs, mener
si deshoneste vie, que ce soit escanlles à li et à son
lignage, id. xii, i7. || xiv s. I3onbanz et vaine
gloire, vesture deshoneste. Les ceintures dorées, la
plume sur la teste. Complainte sur la bataille de
Poitiers, Bibl. des Charles, 3' série, t. ii, p. 26).
Et qui ne creint tel chose, il est sans verecunde st
deshoneste, oresme, Eth. 78. Bien est vérité que
raison dit que toute chose delettable deshoneste est
à fuir, ID. ib. )99. || xv s. [La galerie où mourut
Charles VIII] Et estoit le plus deshonneste lieu de
leans : car tout le monde y pissoit.... comm. vm, )8.
Il XVI' s. Deshoneste, PALSGRAVE, p. 19, qui dit quel'/»
est muette. Que c'est une farouche alliance de marier
le divin avecques le terrestre, le raisonnable avec-
ques le desraisonnablt, le severe à l'indulgent,
l'honnesle au deshonneste, mont, iv, 304. Je suys
le langage commun, qui faict différence entre les
choses utiles et les honnestes; si que, d'aulcunes
actions naturelles, non seulement utiles mais néces-
saires, il les nomme deshounestes et sales, id. m,
244.
— ÊTYM. Dés.... préfixe, et honnête; provenç.
deshonest; espagn. deshonesto; ital. disonesto.
DÉSUONNETEMENT (dé-zo-nê-te-man), adv.
D'une manière déshonnête. Parler déshonnéte-
ment.
— HlST. XVI' s. Mais les dames, devant lesquelles
elle parloit si deshonnesteraent, la condamnèrent
qu'elle y relourneioit, mabo. Nouv. lx.
— ÉTYM. Déshonnête, et le suffixe ment.
DÉSHO.NNëTETÉ (dé-zo-nê-te-té), s. f. Vice de
ce qui est déshonnête.
— HlST. XIII' s. Deshonneste Ne peut dedans
mon cuer remaindre, jubinal, Lay d'amours, t. ii,
p. )93. jjxiv's. Incontinence et lubricité ou deshon
nesieté. — En aucunes deshonestetez , oresme,
Thè.<:e de meunier. || xvi" s. Qu'ils remettent au des-
sus la discipline ancienne pour ruprimer ladeshon-
nesteté qui se commet entre eux, Calvin, Iiistit,
)006.
— ÉTYM. Déshonnête ; provenç. deioneslat, des-
honestetat ; catal. deshonesledat ; espagn. deshones-
(tdad/ital. disonestà.
DÉSHONNEUR ( dé-zo-neur ), s. m. Perte de
l'honneur, de la considération. Couvrir le iléshon-
neur de sa famille, patru. Plaidoyer )), dans ri-
ciiELET. Mourant sans déshonneur, je mourrai sans
regret, corn. Cid, ii, 9 Qui veut tout pouvoir
doit oser tout enfreindre. Fuir comme un déshon-
neur la vertu qui le perd, m. Pomp. i, ). En mon
seul déshonneur bornait tous ses désirs, rotr. Yen-
cesl. u, ). Le déshonneur d'un nom à qui le mien
s'allie, RAC. Iphig. m, 3. Je trouve qu'un pourrait
rechercher leur tendresse Sans se faire déshonneur,
mol. Psyché, i, ). Bien loin de tenir à déshonneur
de réformer un jugement, pascal, Prov. )8. [Les
femmes de l'Occident] Libres sans déshonneur et sa-
ges sans contrainte, volt. Zaïre, i, ). Le iléshon-
neurest dans l'opinion des hommes, l'innocence est
en nous, diderot, Règne de Claude et Néron, i,
§ 75. C'est ainsi que, suivant le conseil d'un des
plus grands hommes de l'antiquité, il ne considéra
ni la fausse gloire ni le faux déshonneur, et que ni
les louanges ni les murmures ne purent jamais le
détourner de sou devoir, fléch. Lamoignon. \\ Prier
quelqu'un de son déhonneur, solliciter de lui ce qui
pourrait le déshonorer; et, figurément, lui deman-
der ce qui lui déplaît. Demander de l'argent à un
avare, c'est le prier de son déshonneur. |{ Ne pas
faire déshonneur, se dit, dans un sens adouci,
pour exprimer quelque honneur qui reviendra. Cet
élève ne fera pas déshonneur à son maître. Ce jar-
din ne fait pas déshonneur au jardinier.
HlST. XI' s. Sur un somier [bête de somme]
[ils] l'ont misàdeshonor, Ch. deiîol.cxxxv. ||xii's.
Mon parastre [il] est, [je] ne voil qu'ait desenor,
Ronc. p. 44. En lui (elle] [il y] a tant de vigorQu'el
hee sa deshenor, Couci, l. No jo ne quier al rei ne
mal ne deshonur ; N'a homme en tut le siècle qui
plus desirt s'onur. Th. le mart. 37. || xiii' s. Lori
[ils] regretent lur bon segnur Cui il firent la desho-
1104
DÉS
nur, MABiE, t. Il, p. U». Il n'i porent trover pais
ea nule manière que ce ne fust à lor destruction et
àlor deshouneur, Chron. de Itains, 121. X desenor
muert à bon droit Qui n'aime livre ne ne croît,
Jten 3» Il xiv s. Se l'en fait à un homme lionneur
ou déshonneur, oresme, Eth. 22. || xv s. Kn nul vi-
lain cas qui pust tourner à la deshonneur de li et de
son mari, fboiss. i, i, < 92. || xvi" s. Avecques l'exer-
cice continuel on le peut réduire en disposition d'a-
prendre assez de civilité, pour ne faire deshonneur
à ses parens, langue, U2. X la fin on reputoit à
deslionneur d'avoir peu contribué, id. «26. Là il se
fait un blasphème et deshonneur intolérable à Jesus-
Christ, CALVIN, Instit. ))49.
— ÊTYM. Dés .... préfixe, et/ionneur; provenç. des-
honor. desonor; espagn. deshonor; ital. disonore.
Dans l'ancienne langue deshoneur est, comme hon-
neur, du féminin.
DÊSIIONORABLE (dé-zo-QO-ra-bl') , od;. Qui n'est
pas honorable.
— REM. L'Académie dit que déshonorable est peu
usité; cela est vrai ; déshonorant lui a fait tort.
Comme les adjectifs en able, il peut avoir deux sens :
l'un passif, qui peut être déshonoré, ce sens n'a pas
d'emploi; l'autre actif, qui déshonore, comme se-
courable, favorable; celui-ci se confond avec dés-
honorant, qui, plus clair, l'éclipsé.
— HIST. XV* s. Prenez autre imagination , car celle
est déshonorable, fhoiss. ii, m, 84. Cher sire, le
père glorieux vous veuille conduire et ester de mau-
vaise et vilaine pensée et deshonorable, id. i, i,
<68. Il xvi* s. Ce me scroit chose importable, etnon
moins deshonorable pour vous, mabg. iVouv. lui.
Voyant qu'elle estoit en danger d'un refus deshono-
rable, ID. ib. LXI.
— RTYM. Dés.... préfixe, elhonorable.
t DÉSIIONORABLEMENT (dé-zo-no-ra-ble-man),
adv. D'une manière déshonorable.
— ÊTYM. Déshonorable, et le suffixe ment.
DÉSHONORANT, ANTE (dé-zo-no-ran, ran-t'),
adj. Oui déshonore. Outrage déshonorant. Action,
conduite déshonorante. Il confie à mes soins l'em-
ploi déshonorant De conserver ses jours, de garder
un tyran, legouvé, Épichar. et Néron, 11, 7.
DÉSUONORÊ, ÉE (dé-zo-no-ré, rée),par«. passé.
Xqui on a flté l'honneur. Puis-je vivre et vous voir
morte ou déshonorée? corn. Théod. m, 3. Constan-
tin, déshonoré par la malice de sa femme, reçut en
même temps beaucoup d'honneur par la piété de sa
mère, boss. Ilist. i, fi. J'ai suivi tes conseils, je
meurs déshonorée, hac. Phèdre, m, 3. || Je veux
être déshonoré si.... sorte de formule d'affirmation,
de serment, dans le style familier. C'est un joli gar-
çon ; mais je veux être déshonoré si jamais on vient
à bout d'en faire un bon sujet, m-" siuoNS-CANDEaLE,
la Belle Fermière, m, 4.
DÉSHONORER (dé-zo-no-ré), v.a. \\ fôteràquel-
qu'un l'honneur, le priver de la considération, de
l'estime. Cette action vous déshonore. Être désho-
noré par celle que j'adore, corn. Cinna, v, 2. Et
me déshonorant par d'injustes alarmes. Pour atten-
drir mon cœur on a recours aux larmes, bac. Iphig.
III, 6. Il 2" Déshonorer une femme, la séduire, et aussi
lui faire violence. Cela vaut mieux que de cuire des
hommes etde déshonorer des filles, comme a fait mon
cousin don Carocucarador, inquisiteur pour la foi,
VOLT. Jenni. s. || 3° Flétrir, dégrader. Déshonorer sa
famille.... Par un autre hymen vous me déshono-
rez, CORN. Sertor. m, 4. Vous l'a-t-elle donné [ce
titre] pour mériter sa haine En le déshonorant par
l'amour d'une reine? id. Nicom. 1, 2. De la main de
ton père un coup irréparable Déshonorait du mien
la vieillesse honorable, id. Cid, m, 4. Je n'ose m'é-
blouir d'un peu de nom fameux Jusqu'à déshonorer
le trône par mes vœux, id. Serlor. n, 2. Toi d'avoir
par sa mort déshonoré ta main, id. Ilor. v, I. L'é-
clat du diadème et cent rois pour aïeux Déshonorent
ma flamme et blessent tous les yeux, kac. Bérén.
m, 4. Il va du Dieu des morts déshonorer la couche,
ID. Phèdre, 11, 6. Et ma gloire, plutôt digne d'être
admirée, Ne doit point par des pleurs être déshono-
rée, in. Mithr. v, 5. 11 est certain que ce péché,
déshonorant nos corps, déshonore le corps de Jésus-
Christ, BOURD. Annonciat. de la Vierge, Myst. t. n,
p. M. Il déshonora le nom français chez les sauva-
ges par une infime perfidie, raïnal, Hisl. philos.
XV, 7. Il 4» Faire tort à. Les vices déshonorent les
talents. Ces récits déshonorent la pudeur de vos
oreilles, MASS. Or. fun. Prof. 3. N'avoir jamais dés-
honoré l'usage de son esprit par aucun abus de la
poésie, GRESSET, Msc. de réception à VAcad. On ne
me verra point déshonorer sa cendre Par d'inutiles
cris.... VOLT. Trtumv. iv, ». Ces imaginations dés-
DÉS
honorent la physique, id. Mœurs, Chang. || B° ôter
la beauté, l'éclat. Quelle affreuse pâleur déshonore
sa face! rouciikr. Mois, io. Les vertus les plus lé-
gères, s'il en est de telles, sont attachées comme la
fouille au rameau qu'on déshonore en l'en dépouil-
lant, DIDEROT, Règne de Claude et Néron, n, «.
Il Déshonorer des arbres, en couper la cime et
les branches. Déshonorer une statue, la mutiler.
Déshonorer un bâtiment , en altérer la forme.
Il 6» Se déshonorer, v. réfl. Perdre l'honneur. Vous
vous déshonorerez par une telle conduite. Je ne veux
plus me déshonorer pour l'amour de vous; et, si
vousneme faites des satisfactions de ce reproche,
je suis résolu de vous écrire des lettres toutes pures
d'amour, pleines de feux, voit. Lett.i». Ce sont les
opinions, ce sont les erreurs par lesquelles l'homme
abusé se déshonore lui-même, BOSS. Duch. d'Orl.
— HIST. XII* s. Quant il vus volt tolir vostre
curt e fauser, E apele autre curt, si le poez grever;
Car iluec vus volt il granment desonurer. Th. le
mart. 44. Cum li reis fud venuz à sun palais, ses
dix suignantes [concubines] que Absalon ses fiz out
deshunurées, fist enclore, ilôts, <97. || xin* s. Cier-
tes, dist li rois, c'est bien drois, et bien l'ai des-
siervi, car par moi est la tiere de cha mer pierdue,
et crestientés deshonnorée, Chron. de Bains, 38.
Il XVI* s. Dieu est grièvement deshonnoré, si on se
perjure en son nom, Calvin, Inslil. 290. Le zèle est
une ardante afl"ection de l'ame qui tend à l'honneur
de Dieu et au salut du prochain, dont s'ensuit aussi
qu'elle s'irrite quand on le deshonnoré, lanoue, 68.
Par icelles [doctrines] Dieuestmesconnuet deshon-
noré, ID. 76. Ceux qui, portans ce magnifique titre
de chrestien, le vont neantmoins deshonnorant par
leurs iniquitez, id. 379. Dieu serait (ainsi qu'on doit
espérer) favorable à ceux qui l'adorent, contre ceux
qui le deshonorent, ID. 442. Cela n'estoit pas tant
honorer sa mère que déshonorer son païs, amyot.
Aie. et Cor. 6. Lucius s'ala seoir es plus reculez siè-
ges du théâtre; ce que voyant, le peuple en eut pi-
tié et ne peut supporter de le voir ainsi deshonoré,
id. Flam. 38. Elle tourmenta et déshonora grande-
ment .son mari qui en estoit passionné de jalousie
et d'amour, id. Pyrrh. 60.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et honorer; provenç. de-
sonorar, deshonrar, deshondrar; esp. et port, des-
honrar; ital. disonorare.
t D^UUILER (dé-zui-lé), v. a. Enlever l'huile
d'un corps, d'une étoffe.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et huile.
t DÉSHUMANISER (dé-zu-ma-ni-zé) , V. a. Dé-
pouiller des sentiments humains. Il ne faut pas dés-
human iser l'homme en faveur du héros ,st-évremond,
dans mcHELET. Un cœur déshumanisé. |1 Se déshu-
maniser, V. réfl. Perdre les sentiments humains.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et humaniser.
t DÉSHYDRATATION (dé-zi-dra-ta-sion ) , i. f.
Terme de chimie. Action de faire cesser l'état d'hy-
drate.
t DÉSHYDRATER (dé-zi-dra-té), t). o. Terme
de chimie. Enlever l'eau qui est en combinaison
avec un autre corps et qui le rend hydraté. || Se dés-
hydrater, V. réfl. Devenir déshydraté.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et hydrate.
t DÉSHYDROGÉNATION (dé-zi-dro-gé-na-sion),
s. f. Terme de chimie. Soustraction de l'hydrogène
qui entre dans la composition d'une substance.
— ÉTY'M. D^î.... préfixe, et hydrogène.
t DÊSHYDROGÉNÉ, ÉE (dé-zidro-jé-né, née),
part, passé. Terme de chimie. Qui a perdu tout ou
partie de son hydrogène.
t DÊSHYDROGÊNER (dé-zi-dro-jé-né. La syllabe
gé prend l'accent grave quand la syllabe qui suit est
muette : je déshydrogène, excepté au futur et au
conditionnel : je déshydrogénerai), v. a. Terme de
chimie. Enlever l'hydrogène d'une substance.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et hydrogène.
t DÊSHYPOTHÊQCER (dé-zi-po-té-ké), V.a.
Terme d'administration. Lever une ou plusieurs hy-
pothèques.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et hypothèque.
t DESIDERATA (dé-zi-dé-ra-ta), s. m. pi. Choses
qui manquent et qu'on désire dans unescience, dans
une doctrine, etc. Les desiderata de la physiologie du
cerveau sont très-nombreux. || On le dit aussi au sin-
gulier : un desideratum. Le desideratum d'Euclide.
— ÊTYM. Lat. desiderata, choses désirées (voy.
DÉSntER).
t DÉSIDÉRATIF, IVK (dé-zi-dé-ra-tif, ti-v"), adj.
Terme de grammaire. Qui exprime le désir. Forme
désidérative. Verbes désidératifa.
— ÊTYM. Lat. desiderativus , de desiderare (voy.
DÉSntER).
DÉS
t DESIDERATUM (dé-zi-dé-ra-tom*), ». m. Voy.
DESIDERATA.
DÉSIGNA'nF, IVE (dé-zigh-na-tif, ti-v*, d'api è»
l'Académie; mais il n'y a aucune raison pour ne pas
prononcer ce mot comme désigner : dé-zi-gna-tif,
ti-v'), adj. Qui désigne et distingue. La cotte d'ar-
mes de nos rois était bleue, semée de fleurs de lis.
d'or; ils portaient une écharpe blanche de temps
immémorial; le blanc a été la couleur désignative
de notre nation, comme le rouge paraît l'avoir tou-
jours été de la nation anglaise, saint-foix, Ess. Pa-
ris, OEucret, t. iv, p. <08, dans pougens.
— ÉTYM. Supin latin designatum, de designare,
désigner ; provenç. designatiu.
DÉSIGNATION (dé-zi-gna-sion ; en vers, de cinq
syllabes), s. f. || 1* Indication par des expressions
ou par des marques distinctives. Désignation d'un
lieu, d'un individu. Désignation précise. ||ï* Choix,
nomination. lia fait la désignation de sou succes-
seur.
— ÉTYM. Provenç. detignacio ; espagn. designa-
cion; ital. designasione; du latin designalionem , de
designare, désigner.
DÉSIGNÉ, ÉE (dé-zi-gné, gnée), part, passé. La
personne désignée dans le passe-port. Quand le roi
des forêts [un chêne], victime désignée. Doit fati-
guer enfin le fer de la cognée, mass. Ilelrét. m. \\ X
Kome, consuls désignés, nom qu'on donnait aux
consuls depuis leur élection jusqu'à ce qu'iU entras-
sent en fonction.
DÉSIGNER (dé-zi-gné; en <70S on n'adoucissait
pas Vs et on prononçait dé-si-gné), v. a. || 1* Indi-
quer de manière à faire reconnaître. Désigner les
lieux. Qui pourra le définir [le temps]? et pourquoi
l'entreprendre, puisque tous las hommes conçoivent
ce qu'on veut dire en parlant du temps sans qi.'on
le désiijne davantage? pasc. Pens. part, i, art. 3.
Oui désigné-je à votre avis Par ce rat si peu secou-
rable? la font. Fabl. m, 7. Les traits découvrent
la complexion et les mœurs, la mine désigne les
biens de la fortune, la bruy. vi. || 2° Être le signe.
Cet hiéroglyphe désigne une telle chose. || 3° Fixer.
Désignez-moi le temps et le lieu. U sacrifia aux
Dieux que l'oracle lui désignait, d'ablancourt, Ar-
rien, liv. m, ch. i, dans bichelet. || 4* Signaler.
Désigner quelqu'un à la haine publique. On cher-
che en vain à le corriger par des traits de satire qui
le désignent aux autres et où il ne se reconnaît pas
lui-même, la bruy. xi. || 5* Choisir, nommer d'a-
vance. Auguste désigna Tibère pour son successeur.
On le désigna pour cet emploi. Mon père veut un
gendre, Il désigne Indatire, et je sais trop enten-
dre, VOLT. Scythes, 11, t.Ului faut un guerrier
qui la serve après moi. Je peux le désigner, et es
guerrier c'est toi, docis, Othello, rv, B. || 6° Se dé-
signer, V. réfl. Se signaler soi-même, appeler sur
soi la vue, l'attention. Il se désignait lui-même,
par un unifornce éclatant, aux coups de l'ennemi.
Se désigner au choix de ses concitoyens. || Être dé-
signé. A Rome les consuls se désignaient dans le»
comices.
— HIST. XVI* s. Je diray quelles et quantes cou-
leurs sont en nature, et quoy par une chascune peut
eslre designé, rab. Car. i, 9. Ou'il y eust ez villes
certain lieu designé auquel ceulx qui auraient be-
soing de quelque chose se peussent rendre, mont.
i, 256. Cette marque [un nom] peult elle designer
etfavorir l'inanité [moi mort]? id. m, 23. Il com-
manda que promptement on luy trassast et designast
[dessinât] la forme de la ville selon l'assiette du lieu,
AMYOT, Alex. 60. Toutes telles villes sont mal desi-
gnées [dessinées], palisst, )(4. Il se mit à justi-
fier son desespoir par les maux qu'elle lui faisoit
prévoir, le duc de Guize desja tenu pour connes-
table, le ducd'Alençon et les Bourbons desinez à la
mort, d'alb. Ilist.u, <2<. Le lendemain sous couleur
de parlementer les Refforraez dessignerent une sortie
vers le parc, id. ib. n, 15». La ruine du peuple fran-
çois estant conjurée, monopolée et designée par les
rebelles, m. ib. 11, 22B. Tot.t cela fait un coude de-
dans lequel Favas desseigna une escallade en plain
jour.iD. ib.n, 263. Sa première besongne fut de laser
les faux-bourgs, après il desseigna plusieurs forti-
fications et augmenta la carnison, id. ti>. m, 350.
Les sages voisins jugerenroù alloit le dessein parla
mérite du desseignant, mesuroient ses pensées à sa
puissance.... id. 16. m, 543. U lui falloit encore quel-
ques jours pour préparer le magnifique équipage
avec lequel il de.signoitde se présenter devant le roy,
sl'llt, Mém. t. 11, p. 177, dans lacurnb.
— ÉTYM. Provenç. designar, deiigrar, desegnar;
espagn. designar; ital. desiguare; du latin designa-
re, de la préposition de , et signum, signe, marque.
DÉS
DÉS
DfîS
1105"
•}• DÉSILLUSION (dé'-zil-lu-zion; en vers, de
cinq syllabes), t. f. État d'un esprit, d'une âme qui
a perdu ses illusions.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et illusion.
+ DÊSILLUSIONNEMENT (dé-zil-lu-zio-ne-man),
s. m. Perte des illusions.
— ÉTYM. Désillusionner.
I DÉSILLUSIONNER (dé-zil-lu-zio-né), V. a. Faire
cesser les illusions. Désillusionné du monde. |{ Se
désillusionner, v. réfl. Perdre ses illusions.
— ÉTYM. Désillusion.
\ DÉSINCAMÉRATION (dé-zin-ka-mé-ra-sion) , s.
/". Révocation d'une incamération. L'intention deS. M.
Très-Chrétienne a toujours été que la désincaméra-
tion de Castro avec la concession du nouveau délai
servît de préliminaire à tout accommodement, Traité
de Pise, (2 fér. (664.
— ÉTYM. Désincamérer.
t DÉSINCAMÉRER (dé-zin-ka-mé-ré. La syllabe
mé prend un accent grave quand la syllabe qui suit
est muetle: je désincamère, excepté au futur et au
conditionnel : je désincamérerai) , f. a. Révoquer
une incamération. Sa sainteté.... désincamérera,
c'est-à-dire révoquera et annullera l'incamération
des états de Castro et de Ronciglione, Traité de
Pise, (2 féï. <604.
ÉTYM. Dés.... préfixe, et incamérer.
t DÉSINCORPORATION (dé-zin-kor-po-ra-sion),
s. f. Terme militaire. Renvoi d'hommes qui avaient
été incorporés dans une compagnie militaire.
— ÉTYM. Désincorporer.
DÉSINCORPORÉ, ÉE (dé-zin-kor-po-ré, rée),
part, passé. Ces hommes placés dans le régiment,
puis désincorporés.
DÉSINCORPORER (dé-zin-kor-po-ré), V. a. Sépa-
rer une chose de celle avec laquelle elle était incor-
porée. I! Terme militaire. Ôter d'un corps. Ces com-
pagnies furent désincorporées du régiment.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et incorporer.
t DÉSINCULPATION (dé-zin-kul-pa-sion) , s. f.
Action de désinculper.
t DÉSINCULPER (dé-zin-kul-pé) , V. a. ôter une
inculpation.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et inculper.
DÉSINENCE (dé-zi-nan-s') , s. f. || 1° Terme de
grammaire. Terminaison des mots. Ce sont les dési-
ufinces qui marquent les cas des noms, les modes,
les temps et les personnes des verbes. || Désinences
semblables, nom d'une figure de mots appelée aussi
homéotéleutes, où toutes les sections des phrases se
terminent par des consonnances. j| 2° Terme de
botanique. Manière dont un organe se termine.
Désinence acuminée, aiguë.
— ÉTYM. Lat. dest'nere, finir, se terminer.
fDÉSINENTIEL, ELLE (dé-zi-nan-sièl, siè-l"),
adj. Qui a rapport aux désinences. Langues dési-
nentielles, langues qui ont des cas. Le latin est une
langue désinentielle.
— ÉTYM. Désinence.
t DÉSINFATUATION (dé-zin-fa-tu-a-sion), s. f.
Action de désinfatuer, de se désinfatuer.
DÉSINFATUÉ, ÉE (dé-zin-fa-tu-é, ée), part,
passé. Désinfatuée de la coquetterie.
DÉSINFATUER (dé-zin-fa-tu-é) , V. a. Faire
revenir quelqu'un de son infatuation, de préven-
tions aveugles. Dans nos derniers temps, les hom-
mes ont étédésinfatués des sortilèges, volt. If œurs,
<04. Il Se désinfatuer, v. réfl. Perdre son infatuation.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et infatuer.
t DÉSINFECTANT, ANTE (dé-zi n-fè-ktant, ktan-t'),
adj. Qui détruit ou fait disparaître l'infection, les
miasmes, les virus. || S. m. Les désinfectants, sub-
stances qui détruisent chimiquement les mauvaises
odeurs. Il Par abus , on nomme aussi désinfectants
les substances qui ne font que masquer les mau-
vaises odeurs, comme le vinaigre en vapeur, le su-
cre brûlé, etc.
DÉSINFECTÉ, ÉE (dé-zin-fè-kté , ktée), part,
passé. Un lieu désinfecté par des aspersions avec la
liqueur de Labarraque.
DÉSINFECTER (dé-zin-fè-kté), v. a. Procurer la
désinfection. On ne remit des malades dans cet hô-
pital qu'après l'avoir désinfecté. || Absolument. C'est
surtout avec les préparations de chlore que l'on
désinfecte. || Se désinfecter, v. réfl. Devenir désin-
fecté. La prison se désinfecta peu à peu.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et infecter.
f DÉSINFECTEUR (dé-zin-tè-kteur), adj. m. Qui
Bt propre à désinfecter. Appareil désinfecteur.
— ÉTYM. Désinfecter.
DÉSINFECTION (dé-zin-fè-ksion), ». f. Action
d'enlever à l'air, à un appartement, aux vêtements,
aux divers tissus organiques, ou à un corps quel-
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
conque, lès miasmes dangereux ou les odeurs désa-
gréables qui les infectent.
— ÉTYJL Dés.... préfixe, et infection.
t DÉSINSUFFLATION (dé-zin-su-fia-sion) , s. f.
Terme de métier. Action de percer les boyaux secs
avec une pointe de ciseaux pour en chasser l'air.
— ÉTYM. Dés.,., préfixe, et insufflation.
DÉSINTÉRESSÉ, ÉE (dé-zin-té-rè-sé, sée), part.
passé. Il 1° Qui n'est engagé dans une affaire par
aucun intérêt. Êtes-vous désintéressé dans l'entre-
prise? En cette Apologie, de laquelle situ veux juger
étant désintéressé.... G. naudé. Apologie, Préface.
Il 2° Qui n'agit pas par intérêt. Un homme désinté-
ressé. Un juge désintéressé. Ce jeune prince éleva
et abaissa trop Arbogaste, un capitaine des Francs,
vaillant, désintéressé, mais capable de maintenir
par toute sorte de crimes le pouvoir qu'il s'était ac-
quis sur les troupes, Boss. Ilisl. i , n . Il faut rendre
justice à cette fille [la Choin] et convenir qu'il est
difficile d'être plus désintéressée qu'elle l'était, ST-
SIM. 294, 4. Marton : C'est le garçon de France le
plus désintéressé. — Le comte : Tant pis, ces gens-
là ne sont bons à rien, Marivaux, Fausses confid.
II, 4. Il Substantivement. Ces payements déguisés
sous la forme de présents et qui font souvent une
agréable violence aux plus désintéressés, fonten.
Fagon. || Dans le même sens, en parlant des choses.
Conseils, sentiments désintéressés. Action, con-
duite désintéressée. Ce zèle n'était pas tout à fait
désintéressé, hamilt. Gramm. 9. La gloire désin-
téressée est le vrai salaire de la vertu, rollin, Hist.
anc. Œuvres, t. m, p. 38, dans pougens. Tout ce
qui était désintéressé lui plaisait beaucoup, stael,
Corinne, xii, 1. 1| Terme de théologie. Amour dés-
intéressé, amour qui porte l'homme à aimer Dieu
pour lui-même, et sans la vue de la récompense.
DÉSINTÉRESSEMENT (dé-zin-té-rè-se-man), s.
m. Détachement de tout intérêt propre. Faire preuve
de désintéressement. Qui rendront témoignage à
tout Paris de son parfait désintéressementdans cette
affaire, pasc. Prov. te. L'on y voit de si grands
exemples do constance, de vertu, de tendresse et
de désintéressement, de si beaux et de si parfaits
caractères.... la bruy. i. Son désintéressement ne
venait pas de fortune, il venait de son caractère;
car il n'est pas rare qu'un homme riche veuille s'en-
richir, FONTEN. Bourdelin. L'esprit républicain qui
est un esprit de désintéressement, raynal, Hist.
phil. xiv, 45.
— ÉTYM. Désintéresser.
DÉSINTÉRESSEMENT (dé-zin- té- tè-sé-man),
adv. D'une façon désintéressée. || Très-peu usité.
— ÉTYM. Désintéressé , et le suffixe ment.
DÉSINTÉRESSER (dé-zin-té-rè-sé), v. a. || 1° Met-
tre quelqu'un hors d'une affaire en donnant salis-
faction à ses intérêts. Vous n'y perdrez rien, on
vous désintéressera. || Fig. 11 ne songeait guère à la
désintéresser à la manière de nos mystiques, boss.
Or. 8. Il 2° Se désintéresser, v. réfl. Sortir d'une af-
faire, avec ses intérêts saufs. Il se désintéressa de
cette affaire par une autre qu'il trouva à sa conve-
nance. I! Fig. 11 n'est pas possible à la charité de se
désintéresser à l'égard de la béatitude, boss. Or. io.
Un honnête homme se paye par ses mains de l'ap-
plication qu'il a à son devoir, par le plaisir qu'il sent
à le faire, et se désintéresse sur les éloges, l'estime
et la reconnaissance qui lui manquent quelquefois,
LA BRUY. ir.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et intéresser.
t DÉSINVERTIR (dé-zin-vèr-tir), v. a. Terme
d'art militaire. Remettre une troupe dans son ordre
naturel, dans un ordre qui n'est plus inverti.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, eiinvertir.
t DÉSINVEST(R(dé-zin-vè-stir), v. a. |j 1° Cesser
d'investir, d'entourer, de bloquer. Désinvestir une
place de guerre. || 2° Fig. Retirer un droit, une
fonction dont on était investi. Désinvestir la cham-
bre de l'examen des lois. || 3° Se désinvestir, v. réfl.
Renoncer à. Les attributions dont le ministre de
l'intérieur s'est désinvesti en faveur des préfets.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et investir.
t DÉSINVESTISSEMENT (dé-zin-vè-sti-se-man) ,
s. m. Il 1° Action de désinvestir, de lever le blocus.
Il 2° Fig. Privation d'un droit, d'une fonction.
— ÉTYM. Désinvestir.
fDÉSINVITER (dé-zin-vi-té) , v. a. Rétracter
une invitation.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et inviter.
f DÉSINVOLTE (dé-zin-vol-f), od;. || i' Qui est à
l'aise, sans embarras ni gêne, dégagé, alerte. En
sa place [de Rosen], le roi mit Artagnan, homme
désinvolte, et qui n'entendait pas moins bien les
souterrains de la cour, st-sim. 10», I4a. Après tou-
tes les scènes de carnage dont il venait d'être té-
moin, Birton était aussi gai et aussi désinvolte que
s'il était revenu de la comédie, volt. Jenni, 7. Ne
suis-je pas un grand politique? et cette politique
n'est-elle pas très-désinvolte t id. Lett. d'Argen-
tal, ^^ sept. fieo. \\ 2» S. m. Le cardinal de Rohan
avait une facilité de parler admirable et un désin-
volte merveilleux pour conserver tous les avantages
qu'il pouvait tirer de sa princerie et de sa pour-
pre, ST-SIM. 245, 32.
— ÉTYM. Ital. disinvolto, du préfixe négatif dis,
et involto, enveloppé, embarrassé, de in, en, et
tioKo, participe du verbe volgere, formé irrégulière-
ment du latin volvere (voy. volume) : qui n'est pas
enveloppé, qui est dégagé.
f DESINVOLTURE (dé-zin-vol-tu-r') , s. f. Tour-
nure désinvolte, pleine de laisser-aller. La désin-
voiture de ce cavalier. || Il se dit aussi des choses.
Selon le privilège des hommes maigres, il avait
conservé toute la désinvolture de sa taille, ch. de
BERN. la Chasse aux amants, § <. || Fig. Ce style a
de la désinvolture.
— ÉTYM. Ital. disinvoUura, de disinvolto, dés-
involte.
DÉSIR (dè-zir; plusieurs, dit l'Académie, écrivent
desiretprononcentde-zir),ï. m. || 1° Envie d'obtenir,
d'avoir quelque chose. Ma troisième maxime était de
tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune,
et à changer mes désirs que l'ordre du monde, et
généralement de m'accoutumer à croire qu'il n'y a
rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos
pensées, desc. Méth. m, 4. C'est en la paix que toutes
choses Succèdent selon nos désirs; Comme au prin-
temps naissent les roses. En la paix naissent les
plaisirs, malh. m, 2. Le désir de l'immortalité est
le plus violent aussi bien que le plus fort de tous
nos désirs, patru. Plaidoyer (2, dans riciielet.
Comme notre esprit.... Toujours vers quelque objet
pousse quelque désir, corn. Cinna, ii, t. J'ai perdu
le désir avecque l'espérance, rotr. Vencesl. m, 4.
Former des désirs pour leur damnation, pasc. Prov.
tl. Je suis venu pour vous découvrir toutes cho-
ses, parce que vous êtes un homme rempli de dé-
sirs, SACi, Bible, Daniel, n, 23. Maintenant, que
le temps a mûri mes désirs.... j'aime mieux mon
repos.... BoiL. Ép. v. Pour contenter ses frivoles dé-
sirs, L'homme insensé vainement se consume, rac.
Esth. Il, 9. Rions, chantons, dit cette troupe im-
pie; De fleurs en fleurs, de plaisirs en plaisirs Pro-
menons nos désirs, id. Athal. ii, 9. Une esclave em-
pressée Qui courait de Roxane accomplir le désir,
ID. Baj. HT, *. L'on est né quelquefois avec des
mœurs faciles, de la complaisance, et tout le désir
de plaire, la bruy. xi. Un vain désir de gloire a sé-
duit mes esprits, volt. Mérope, n, 2. Le désir est
une volonté exaltée, bonnet. Œuvres méléts,
t. xviii, p. 233, dans pougens. |{ 2° Bon désir, désir
conforme à la volonté de Dieu, bonne intention.
Daignez écouter là-dessus mon désir, si c'est un
bon désir, bourd. Pensées, t. i, p. 42. Ils forment
mille bons désirs, mass. Or. fun. Prof. i. \\ Dans
un sens général. Compte mes bons désirs commo
autant de services, corn. Au roi, sur Cinna, Pom-
pée, etc. Il 3° Désir a quelquefois le sens de désir
ardent. || Il signifie aussi le sentiment qui pousse un
sexe vers l'autre. Chemin faisant, Hispa] expliquait
ses désirs Moitié par ses discours, moitié par ses
soupirs, LA FONT. Fianc. Son miroir lui disait :
prenez vite un mari; Je ne sais quel désir le lui
disait aussi, id. Fabl. vu, 6. Et, sans parler du
reste, on sait bien que Célie A causé des désirs à
Léandre et Lélie, mol. lÉtour.Y, t3. || 4° L'objet
même du désir. Léon seul est ma joie, il est mou
seul désir, corn. Pulch. m, 2. Tout ce qui de mon
cœur fut l'unique désir, rac. Bérén. m, t. Tous
vos désirs, Esther, vous seront accordés, id. Eslh.
m, 4. Il 5» Terme d'ancienne pratique. Au désir de
l'ordonnance, au désir de la coutume, suivant l'or-
donnance , suivant la coutume.
— HIST. XII' s. Assez aim [j'aime] mieus mourir
en bon désir Que vivre irez et m'amie haïr. Coud,
IX. Mais fol désir fait souvent cuer penser En si haut
lieu qu'il n'i peut avenir, ib. x. Et si [jej me suis
mis à sa volenté Que nuls travaus mon désir ne
refreigne, ib. xiv. [Cela] Me fait resouvenir De là
oùtuit mi bon désir Sont et seront jusqu'au mourir,
tb. xvm. Au mont [monde] [je] ne truis [trouve] tant
bêle ne si sage, Ne nule riens n'est tant à mon de-
sir, ib. XDC. Mais bien me pourra grever Lons de-
sirs sans conforter, ib. p. t<9. jjxm' s. Pour Dieu
[je] la pri, qui tant l'a honorée Que chascuns qui
la voit en a désir, Qu'ele ait merci de moi sans de-
meurée, vidame dech. flomanccro, p. ui. Moût [il]
I. — 139
1106
DÉS
fu en prant désir que il puist venir, Berte, xm. En
la serve [il] avoit mis cuer [cœur] et cor et désir,
ib. Lxm. Tant ele ot (çrant désir de venir à sa fille,
ib. Lxiivii. D'amour ot de désir tout li cuers lui es-
prent, tb ex. Et vont trançant parmi ces rues, Pour
veoir, por eslre veUes; l'or faire as compaignons
désir De voloir avec eus gésir, lo Rose, 9070. |1 xV s.
Je n'en savoye nul avoir Qui peust contenter mon
désir, Se non quant vous povoye voir, Ma joye,
mon seul souvenir, CH. d'orl. Bal. I7. Mon cher
dezir, 0 bouteille m'amie. Secourez-moi, bassklin,
xu. Il xvi- s. Et s'il luy estoit possible luy mesme y
estre en personne, c'est le plus grand désir que pour
ceste heure il faict, mabg. Lett. I4. J'ay corgneu de
long temps à vous ung désir au soulagement des sub-
jects du roy sigrant,que....iD.iî).<69. Maisdequoy
sert le désirer. Sinon pour l'homme martirer? Le
désir n'est rien que martire, bons. 471. Désir ne
peut mourir, le boux de lincy, Pro». t. ii, p. 288.
— ÊTYM. Voy. désiher; provenç. dexir, désire;
ital. désire. Désir n'est pas formé du latin deside-
rium, qui avait donné dans l'ancienne langue, à
cfité de désir, destrier; c'est un substantif créé par
les langues romanes sur le verbe désirer ; former un
substantif sur le verbe est un procédé très-commun
dans les langues vulgaires. L'ancien français disait
aussi desirance.
DÉSIRABLE (dé-zi-ra-bl' ; plusieurs, dit l'Acadé-
mie, écrivent désirable et prononcent de-zi-ra-W),
ad). Oui mérite d'être désiré, ôdésirable finde leurs
peines passées, MAiH.i, ♦. Elle ne peut laisser ce lieu
tant désirable, voit, dans eichelet. Je te vois at-
tendue à ce port désirable, rotb. St Gen. m, 7. Ëtat
oublié parmi nous où la viduité est regardée, non
plus comme un état de désolation, car ces mots ne
sont plus connus, mais comme un état désirable oii,
affranchi de tout joug, on n'a plus à contenter que
soi-même, aoss. Anne de Gonx. U serait désirable
pour le plaisir des honnêtes gens et pour la ven-
geance publique qu'un coquin ne le fût pas au point
d'être privé de tout sentiment, la brut, xi Un
bien si désirable Est trop prompt et trop grand pour
être vraisemblable, volt. Triumv. ii, 2.
— HIST. xiV s. Delettacion est désirable et plaist,
ORESME, Elh. 98. Désirable chose, c'est estre sain,
m. ib. 20. Il xvi* s. Je ne vous souhaiteray rien Des
dons que les cieux favorables Font aux dames plus
désirables, st-gel. 224.
— ÉTYM. Désirer.
t DÉSIRANT, ANTE (dézi-ran, ran-t') , ad;'. Qui
désire. Les saintes âmes que Dieu purifie sont dési-
rantes, boss. Lett. Corn. <63.
DÉSIRE, ÉK (dé-zi-ré, rée; plusieurs, dit l'Aca-
démie, prononcent de-zi-ré, rée), part, passé. Peut-
être nous touchons au moment désiré, corn. Sert.
m* 4. Commander est bon; être riche est bon; et
ces bonnes choses, mal prises et mal désirées, font
néanmoins tout le mal du monde, boss. Libre arb.U
Il Louis le Désiré, surnom donné à Louis XVIII, à
cause du désir de le revoir qu'avaient eu si long-
temps et en vain ses partisans, et du désir de paix
que la France éprouvait après les longues guerres
de l'Empire. || Substantivement. Le désiré des na-
tions [le Messie] était venu, BOSS. Hist. u, 7.
DfiSIRKR (<lé-zi-ré; plusieurs, dit l'Académie,
écrivenidesireretprononcentde-zi-ré),i). o. {| l°Avoir
désir de quelque chose. Il désirait de combattre
avec sa cavalerie, vauoel. Q. C. m, 2i. Pour ce
qui est de moi, je désire seulement d'avoir bientôt
l'honneur de vous voir, voit. Lett. 36. Quatre Ma-
thusalem bout à bout ne pourraient Mettre à fin ce
qu'un seul désire, la font, t'abl. vni, 25. ô femme,
votre foi est grande ; qu'il vous soit fait comme vous
le désirez, SACi, Bible, Év. St Math, xv, 28. Et les
choses que nous désirons, désirons-les peu, non-
seulement parce qu'elles ne méritent pas d'être au-
trement désirées, mais parce que, les désirant beau-
coup, elles deviennent le sujet de millu peines,
boubd. Pensées, t. I, p. 379. Nous ne demandons
que faiblement le royaume de Dieu que nous ne dé-
sirons pas avec affection, flèch. Serm. 11, 147.
Phédimo, au nom des dieux, fais ce que je désire,
bac. Kithr. IV, <. Voilà ce que vous désirez de sa-
voir, FÉN. r^J. x. U y a de certains biens que l'on
désire avec emportement et dont l'idée seule nous
enlève et nous transporte, la brot. xi. On ne peut
désirer ee qu'on ne connaît pas, volt. Zaïre, I, 1.
Il Familiôremont. Se faire désirer, ne pas se rendre
à l'empressement que les autres ont de nous voir.
Il Ne laisser rien à désirer, être achevé, parfait en son
g»nrB. Voyant ma Caliste si belle Que l'on n'y peut
rieij désirer, «alh. iv, lo. U débauche lapins im-
Bodârée laisse quelque chose à désirer au dérégle-
DÊS
ment des sens, mass. Carême , Prod. \] Dans le sens
contraire. Il y a quelque chose, beaucoup de choses à
désirer; c'est-à-dire il ya quelque défaut, beaucoup
de défauts, j, 2 Absolument. L'homme désire sans
cesse. Lorsqu'on désire, on se rend à discrétion à
celui dequione.spère, la SRirr. xi.La vie est courte
et ennuyeuse, elle se passe toute à désirer, ID. ib.
I.'àme se lassera enfin de désirer, et elle tombera
dans une sorte d'inaction, bonnet, Ess. analyt.
âme, ch. 47. Il S" Souhaiter. Je vous désire toutes
sortes de prospérités. Il est à désirer qu'il réussisse.
Je vous désire tout ce que je vois de beau, voit.
Lett. (28. C'est le bien qu'à tous deux Polyeucte
désire, corn. Polyeucte, iv, 4. || 4° Convoiter.
Vous ne désirerez point la femme de votre prochain,
ni sa maison, ni son champ, ni son serviteur, ni
sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune
chose qui lui appartienne, sACi, Bible, Deuléron.
v, 2). C'est un vilain amant qu'un homme qui vous
désire plus qu'il ne vous aime, Marivaux, JSa-
ri'anHe.l" part. Il 5" Se désirer, v. réft. Avoir du
désir l'un pour l'autre. Ces deux personnes se dési-
rent sans cesse. || Être désiré. De tels biens se dé-
sirent justement.
— REM. 1. Désirer avec que gouverne le subjonc-
tif : je désire que vous partiez. || 2. L'Académie es-
saye d'établir une distinction entre désirer suivi
d'un infinitif avec ou sans de, disant qu'avec de cela
exprime un désir dont l'accomplissement est incer-
tain, éloigné, difficile: il désire de réussir; et sans
de un désir dont l'accomplissement est prochain,
facile, dépendant de la volonté: il désire vous par-
ler. Mais l'usage réel ne fait aucune différence.
Autrefois on disait aussi désirer d;voy. l'historique.
— HIST. XI* s. Sire Alexis, tans jurs t'ai desirret,
St Alexis, xcv. Ententivement se purpensent cil qui
les jugemens ont à faire, que si jugent corn si dési-
rent quant il dient : dimitte nobis débita nostra.
Lois de Guill. il. Comme il le vit, à ferir le [il] de-
sire, Ch. de Roi. cxii. || xii' s. D'aler en l'aive [eau]
estoit moût désirant, Ronc. p. toc. La mort me
vient, que tant ai désirée, ib. p. 175. J'aim et de-
sir ce qui de moi n'a cure; LasI que en puis-je?
Amor le me fait faire, Coud, p. <26. Et la chair
vaincre et plagier Qui tousjours est de péché desi-
rans, quesnes. Romancero, p. 98. Deus ne li volt
[voulut] encore duner le fruit desired de sun ven-
tre, Rots, 2. Kar les tuens comandemenz je desi-
rowe [désirais]. Liber psalm. p. (94. |{ xiii' s. Et
arbrissel désirent qu'il fussent parfieuri, Berte, i.
Pour sa fille Bertain qu'el [elle] désire veoir, 16.
lxv. Pour ce que longuement [elle] vous avoit dési-
rée, t'b. Lxxxii. Requis avons ma dame de cuer très
désirant, ib. cvii. [Qui les vit] Bien de'ist que ce fust
joie de desirier, ib. cxxix. Ce n'estoit pas merveille
se on la [Berte] desiroit, ib. cxxxv. Et li rois Fer-
rans h remanda qu'il l'auroit volentiers, et moult
en estoit desirans, Chron. de Rains, p. 76. Et s'il
vient que li cas désire qu'elles soient mises en pri-
son, beaum. 4t. En tele manière qu'il soit seilrs de
le [la] partie d'avoir son salaire , selonc ce que le [la]
jornée désire, m. v, 19. || xv* s. Si venoient souvent
les compagnons qui desiroient les armes et leurs
corps à avancer, escarmoucheraux barrières, froiss.
II, II, 3. Pour combattre aux Escols qu'ils desiroient
moult à trouver, m. i, t , 38. La connoissance en
vint au gentil comte Guy de Blois, comment Bre-
tons, Bourguignons et autres gens qui ne desiroient
que pillage, menaçoient le bon pays de Hainaut, id.
II, n, 101. [Le roi d'Angleterre en débarquant en
Normandie tombe; ses chevaliers l'engagent à dif-
férer son débaniuement] Pourquoi [répond le roi] ?
mais est un très bon signe pour moi, car la terre
me désire, id. i, i, 260. Nul ne desiroit plus de com-
battre, coMM. i, 4. Il desiroit à la prendre d'assault,
ID. III, to. Il XVI' s. Sans point de faute un bien fort
retiré Est d'un chascun beaucoup plus désiré, st-
gel. 204. Je ne vous en diray plus pour ceste heure,
sinon que je prie nostie seigneur vous donner l'aise
que vous désire vostre etc. marg. Lett. a. Madame
m'a dict qu'elle désire merveilleusement à vous
voir en ce lieu, id. ib. n. C'est une vertu et suffi-
sance qui ne laisse rien à désirer de soy, id. m,
404. Secourans l'un l'autre au besoin, de nos vies
et moiens, comme l'occasion le désirera, en toutte
diligence et promptitude, d'aub lliit. 11, 22G. Hz
crioient qu'ilz ne vnuloient la guerre qu'aux Ro-
mains, et au demeurant desiroient d'eslre amis de
tout le monde, amtot, Cam. 3o. Nous ne sommes
pas tousjouis incitez à désirer faire ce que nous
trouvons bien fait, id. Péric. t. Ayant nouvelles que
Antigonus estoit mort, de manière que les affaires
le desiroient etl'appelloient, id. Agis, et Cléom. S7.
Et l'homme mort est bienheureux: Heureux qui
plus rien ne désire, bons. 47(. Mai? de quoy sert le
désirer, Sinon pour l'homme martirer? Le désir n'est
rien que martire, id. ib. Coeur qui soupire n'a pas ce
qu'il désire, leroux de lincy, Prov. t. u, p. 475. Ne
prends pas tout ce que tu desires, id. ib. p. 3b4.
— ÉTYM. Provenç. desirar; catal. desitjar; es-
pagn. desear; portug. desejar ; itaL desiare; du la-
tin desiderare.
tDÉSIRELTl (dé-zi-reur), s. m. Néologisme. Ce-
lui qui désire. Caligula et Néron, ces grands cher-
cheurs de trésors, ces désireursde l'impossible, ALEX.
DDMAS.
DÉSIREUX, EUSE (dé-zi-reû, reû-z'; plusieurs,
dit l'Académie, écrivent désireux et prononcent de-
zireû, reû-z'), adj. Qui désire avec ardeur. Ce prince
désireux d'en apprendre davantage, vaugel. Q. C.
dans bouhours, Nouv. rem. Les soldats désireux de
savoir, id. tî>. Il était désireux d'étendre davantage
ses conquêtes, id. ib. liv. x, dans richelet. Il est
désireux de son salut, Lettres de St Augustin, dans
bichelet. Je suis si peu désireuse de briller dans
votre cour de Provence.... sÉv. Lett. 4 6 mars 4672.
— REM. Bouhours, JVout;. rem. dit que désireux
a fort vieilli et que ceux qui écrivent poliment ne
s'en servent point. Depuis Bouhours, désireux s'est
rajeuni et il est en plein usage.
— HIST. Il* s. Ainz que t'vedisse, si'n fui mult
desirruse, St Alexis, xcii. || xiii' s. Qui aime sans
tricherie Ne pense n'a trois n'a dous [deux]; D'une
seule est desierrous. Poésies mss. du Vatican, dans
LACDRNE. Il XVI* s. Desireux d'ouïr et d'apprendre,
AMYOT, Solon, 62. Renommée dont ils doivent estre
plus desireux que de la conservation de leur propre
vie, ID. Moral. Épit. p. 4 4. Content ne vit le dé-
sireux, BONS. 474. 0 heureuse nouvelle, 0 desireux
[désiré] rapport De la santé de qui la maladie Estoit
fin de plus d'une vie, st-gel. 4 77. Ils estoient plus
desireux de grande que de bonne réputation, mont.
m, 22.
— ÉTYM. Désir; provenç. deïiros; catal. desiljos;
espagn. deseoxo; portug. dese/oso ; ital. desideroso.
DÉSISTEMENT (dé-zi-ste-man), s. m. || 1° Terme
de jurisprudence. Action de se désister. Désiste-
ment verbal, écrit. || 2° Acte par lequel on se dé-
siste. Faire son désistement. Donner un désistement
Il faudra saisir aux fermes générales sans difficulté
et ne donner son désistement que quand il aura payé
tout ce qu'il doit, VOLT. iel(./>u(cr(re, 48 janv. 4777.
— HIST. XVI" s. Vous redoutiez dans la conduite
de cette affaire les desistemens du roi, sullt, dans
le Dict. de dochez.
— ÉTYM. Désister.
DÉSISTER (SE) (dé-zi-sté) , V. réfl. || 1* Terme de
jurisprudence. Renoncer à une poursuite. Se désis-
ter d'une plainte, d'une demande, d'un appel. ||Dans
le langage général, renoncer, se départir. Se dé-
sister de ses prétentions. || 2° Désister, v. n. Re-
noncera,cesserde Va-t'en donc et désiste De plus
m'offrir une aide à mériter Caliste, corn. Clit. i, 2.
Il Vieilli en cet emploi, qui était celui du xvi* siècle.
— HIST. XIV* s. Je vous conseille que vous vous
désistez de boire ou mangier à nuit ou vespre, Mé-
nagier, i, 3. Et pour ce qu'ils ne voudrent désister
des choses qu'ils faisoient, ne encliner à noslre re-
queste, nos gens se départirent d'euls. Lettre dt
Marcel, prévôt de Paris, dans Hist. litt. de la Fr.
t. XXIV, p. 428. Il XV* s. Quand le mareschal vit que
les Pisans ne se vouloient désister de la mauvaise
volonté que ils avoient vers leur seigneur, Bouciq,
part. III, ch. 6. D'en plus parler je me désiste; Ce
monde n'est qu'abusion ; 11 n'est qui contre mort ré-
siste Ne qui trouve provision, villon. Ballade dt
seigneurs du temps jadis. || xvi* s. Le nom et tiltre
de vostre alliance entendu, ont soudain désisté de
leurs entreprises, rab. Car. I, 34. Lors Panurge
désista pourter le hault de ses chausses, id. Pant.
III , 7. Désistez doncques vous esbahyr de ce nou-
veau mien accoustrement, to. t'b. C'est une faculté de
raison et volonté, par laquelle on élit le bien, quand
la grâce de Dieu assiste, et le mal, quand icelle
désiste, calv. Inslit. I6I. Quand l'homme voyant
qu'il fait mal, ne désiste pas pourtant, mais pour-
suit, ID. ib. 204. Oui empeschera que celui qui aura
fait un vœu par ignorance, ayant cognu son erreur,
désiste de le garderTiD. l'b. 1025. Socrates ne désista
cette hardie entreprinse, qu'à la remonstrance de
Theramene mesme, mont, iv, 198. Il désista d'aller
aux banquets où l'on le convioit, amyot, Péric. 1t.
Elle usoit d'une instance véhémente et pressante,
qui ne desistoit jamais qu'elle ne fust venue i cliel
de son entreprise, id. Brutus, 6.
— ÊTYM. Provenç. et espagn. desistir; iUl. desit
DÉS
DÉS
DÉS
1107
tere; du latin desistere, de la préposition de, et sis~
tere, arrêter, forme dérivée de stare (voy. stable).
DES LORS (dê-lor) , loc. adv. Voy. dès.
t DESMAN (dé-sman) , s. m. Mammifère insecti-
vore, à museau ou trompe mobile, à queue longue,
écailleuse, aplatie; il vit le long des rivières.
t DESMANTUE (dè-sman-t*) , s. m. Terme de bo-
tanique. Genre de la famille des mimosacées.
— ÉTYM. Ae<i(io(, lien, et àvôo;, fleur.
t DESMIDIE (dè-smi-die), s. f. Terme de bota-
nique. Genre de phycées, comprenant des algues
microscopiques.
— KTYM. A£(T|jLèi;, lien, et e^So;, forme.
t DESMITE (dè-smi-f), s. f. Terme de médecine.
Inflammation des ligaments.
— ÉTYM. AEiTjjiii;, ligament, et le suffixe médical t(e.
+ DESMOCÈKE (dè-smo-sê-r') , s. m. Terme de
zoologie. Genre de coléoptères, famille des longi-
cornes. Espèce : le desmocère bleu, des États-Unis.
— ÉTYM. Ae(r(j.o?, lien, et xépa;, corne.
t DESMODE (dè-smo-d'), i. m. Terme de zoolo-
gie. Genre de mammifères chiroptères, qui a pour
type le desmode roux ou cendré du Brésil, qui suce
habituellement le sang des animaux.
— ETYM. Ae<j|jio<;, lien, et ôSoù«, dent.
f DESMODÈKE (dè-smo-d ê-r' ) , s. m. Terme de
zoologie. Genre de coléoptères, famille des longi-
cornes. Espèce : le desmodère variable, du Brésil.
— ÉTYM. AeTiLoç, lien, et SÉpr), cou.
f DESMOGOMPHES (dè-smo-gon-f) , s. m. plur.
Famille d'animalcules infusoires dont chacune des
mâchoires a la forme d'un étrier sur lequel sont
étendues les dents, qui y tiennent à la fois par la
base et le sommet.
— ÉTYM. Ae<j(j.è;, lien, elyô\ufo<;, moyen de réu-
nion, clou.
t DESMOGRAPHIE (dè-smo-gra-fie) , s. f. Terme
d'anatomie. Description des ligaments.
— ÉTYM. AEff(j-à;, ligament, etYpiç^i^, décrira,
■j- DESMOLOGIE (dè-smo-lo-jie), s.f. Terme d'a-
natomie. Traité sur les ligaments.
— ÉTYM. Aeoni;, ligament, et XéY°?, traité.
\ DESiMOPATHIE (dè-smo-pa-tie) , s. /. Terme de
médecine. Maladie des ligaments.
— ÉTYM. A£<Tnà;, ligament, et ïciOoç, maladie.
j DESMOPHYLLE (dè-smo-fi-1') , s. m. Terme de
zoologie. Genre de polypiers pierreux.
— ÉTYM. AeTiio?, lien, et çûUov, feuille.
f DESMOSOME (dè-smo-so-m') , s. m. Terme de
zoologie. Genre de coléoptères tétramères. Espèce
unique : le desmosome longipède, du Brésil.
— ÉTYil. Ae<T|AO(;, lien, et a(i\ia, corps.
tDESMOTOMIE ( dè-smo-to-mie) , s.f. Terme
d'anatomie. Préparation anatomique des ligaments.
— ÉTYM. Aeiiiè;, ligament, etton^i, dissection.
DÉSOBÉI, lE (dé-zo-bé-i, ie),par(. passé de dés-
obéir. Désobéi par ceux qui auraient dû respecter
ses ordres. Ce père désobéi de ses enfants. Eh
bien! est-il puni? — 11 ne l'est pas encor. — Je
suis désobéi, volt. Oreste, v, 4. ||Bien que neutre,
désobéir a un participe passif.
DÉSOBÉIR (dé-zo-bé-ir), e. n. || 1° Ne pas obéir
à quelqu'un. Cet enfant désobéit sans cesse à sa
mère. Qui m'a désobéi mérite le trépas, rotr. Àn-
tig.iY, 6. Quoi! vous craignez si peu de me déso-
béir! RAC. Bérén. ra, 3. [Je] Fis vœu sur leurs au-
tels de leur désobéir, id. Iphig. i, i.\\ Absolument.
Le roi vous aime encor; apaisez son courroux; Il a
dit: je le veux; liésobéirez-vous? — Monsieur, pour
conserver tout ce que j'ai d'estime. Désobéir un peu
n'est pas un si grand crime, corn. Cid, ii, <. Égis-
the va se perdre à force de courage: Il désobéira :
la mort est son partage, volt. Métope, v, B.|| 2° Ne
pas se soumettre, enfreindre. Désobéir à la loi. 11
fut contraint malgré lui de désobéir à l'oracle, d'a-
BLANCOUHT, Arrien, liv. vu, dans bichelet.
— HIST. xm' s. Orguel desobeist,orguel fiert [frap-
pe] et desroie ; Orguel vuelt achever quan qu'il pense et
enroie, j. db meung, Tul. (705. || xiv's. A tous cens
qui estoient désobéis, le cuer leur douloit, Ména-
gier, i, 6. || xV s. Si ne l'ose désobéir Pour dobte de
le courroucier ; Aussi je laisse le dormir, CB. d'ohl.
Bal. 8. Il xvi* s. Car j'ayme mieux dueil en obéissant,
Que tout plaisir en désobéissant, marot, i, 373.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et obéir; provenç. deso-
bedir; cat. dcsobetr; espagn. et portug. desobedecer ;
ilal. disubbidire.
DÉSOBÉISSANCE (dé-zo-bé-i-san-s') , s. f.\\ 1° Ac-
tion de désobéir. Ma désobéissance est ce que vous
vouliez, CORN. rWod. II, 4. Vous connaissez la malé-
diction Qui punitàjamais la désobéissance , volt. Fa-
nal. IV, ». Il 2" Habitude de désobéir. La désobéis-
sance est le défaut princijsj de cet enfant. Il 3° Un
acte de désobéissance. Une seule désobéissance Ta
fait punir. Ses désobéissances sont continuelles.
Nos révoltes contre Dieu, nos désobéissances k la loi
de Dieu, bourdal. Hyst. Naliv. de J. C. 1. 1, p. )0.
— HIST. xm* s. Donques pourroient il fere fere
par lor serjans les désobéissances à lor segneurs,
EEAUM. XXIX, 3. Il xV s. Arrestz les quelx n'ont peu
estre mis à execucion pour les grans rebellions et
deshobeissance que le dit seigneur de Pons a fait à
l'encontre. Lettre du temps de Louis II, Bibl. des
Chartes, 4» série, p. )9..
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et obéissance.
DÉSOBÉISSANT, ANTE (dé-zo-bé-i-san, san-t'),
adj. Qui désobéit. Enfant désobéissant. Fille déso-
béissante. Le corps cessa d'être soumis, dès que l'es-
prit fut désobéissant; la révolte des sens fit connaî-
tre à l'homme sa nudité, boss. Concupisc. 7.
— HIST. XIII' s. S'il sont désobéissant à son com-
mandement, es cozes esqueles il doivent obéir à 11,
BEAUM. y, <9. Il XIV" s. X ceulz qui sont inobediens
et desobeissans à raison , l'en leur doit mettre peines
et punicions, oresme, Eth. 326.
DÉSOBLIGÉ, ÉE (dé-zo-bli-jé, jée) , part, passé.
X qui on a rendu un mauvais service. Désobligé en
secret par un rival. || Qui éprouve le déplaisir causé
par la désobligeance. Désobligé d'un refus si peu at-
tendu.
DÊSOBLIGEAMMENT ('dé-zo-bli-ja-man ) , adv.
D'une manière désobligeante. Il m'a répondu déso-
bligeamment.
— ÉTYM. Désobligeant, et le suffixe ment.
DÉSOBLIGEANCE (dé-zo-bli-jan-s'), s. f. Disposi-
tion à désobliger. Il est d'une désobligeance extrême.
— ÉTYM. Désobligeant.
DÉSOBLIGEANT, ANTE (dé-zo-bli-jan, jan-t'),
adj. Qui désoblige. Un homme désobligeant. Pro-
cédé désobligeant. Action, parole désobligeante. Vous
ne me persuaderez pas de soulTrir les immodestii^s
de cette pièce, non plus que les satires désobli-
geantes qu'on y voit contre les femmes, mol. Criti-
que, 7. La vie est bien exposée, si, pour de sim-
ples médisances ou des gestes désobligeants, on peut
tuer le monde en conscience, pasc. Prov. 7. Il ne
faut presque rien pour être cru fier, incivil, mépri-
sant, désobligeant, la brut. v. Enfin, ma bonne,
vous dites vrai , il y a des choses bien désobligeantes
dans la vie, sÉv. Lett. 6 mai 1672. Pour moi, je suis
toujours traversée dans ce que je souhaite le plus; la
vie assurément est fort désobligeante, ID. 4 mai (772.
DÉSOBLIGEANTE (dé-zo-bli-jan-f), s. f. Sorte de
voiture étroite qui ne peut contenir que deui per-
sonnes.
— ÉTYM. Désobligeant.
DÉSOBLIGER (dé-zo-bli-jé. Le g prend un e de-
vant o ou 0 : nous désobligeons, je désobligeais),
V. a. Il 1° Rendre un mauvais office. Et ne pensez
pas leur faire plaisir [aux prophètes] de leur prêter
si libéralement et sans qu'ils en aient besoin, vos épi-
thètes et vos métaphores.... ces ornements les dés-
honorent, ces faveurs les désobligent, balz. Socr.
chrét. Disc. 7. Hélas! de tous côtés le sort me dés-
oblige, DESMAHETS, Uirame , m, 3. Érophile, à qui
le manque de parole, les mauvais offices, les four-
beries, bien loin de nuire, ont mérité des grâces et
des bienfaits de ceux mêmes qu'il a ou manqué.de
servir ou désobligés, la bruy. xi. || Absolument.
Mais je sais que l'amour ne peut désobliger, corn.
Tile et Bérén. ni, 2. || 2° Causer le genre de déplai-
sir qui résulte d'actions ou de paroles qui ne sont
pas obligeantes. Vous me désobligerez beaucoup en
n'acceptant pas. Tout à l'heure en deux mots elle
m'a fait juger Qu'elle va voir le roi pour le désobli-
ger, TRISTAN, ifartane, ii, 4. Il a si peu d'égards au
temps, aux personnes, aux bienséances, que cha-
cun a son fait sans qu'il ait eu intention de le lui
donner; il n'est pas encore assis qu'il a déjà, à son
insu, désobligé toute l'assemblée, la bruy. v. Ma
foi, je ne sais plus ce que j'y pourrais faire; Où
trouver un moyen qui peut m'en dégager? Quand
tout ce qu'elle fait vient me désobliger. L'air dont
elle le fait ne saurait me déplaire, montbeuil, Épi-
tre envoyfe à un rival. || 3° Se désobliger, v. ré(l.
Se rendre l'un à l'autre de mauvais services. Us se
sont désobligés tant qu'ils ont pu.
— HIST. XV s. Or sommes nous desobligées; car
nous vous eussions tenues pour luyque,àcesle fois,
il auroit dame choisie, et vous veez que ce n'est de
celles aucunes, Pelit J. de Saintré, p. 99, dans la-
CURNE. Elle se tient pour acquittée et desobligée de
la promesse qu'elle jadis lui fit, louis xi, Nouv.
xxvi. Il XVI* s. J'aime tant à me descharger et des-
obliger, que j'ay parfois compté à proufit les ingra-
titudes, uot^T. lY, >6, Il estait monté à cheval avec
«es voisins, leur disant qu'il falloit aller à la chasse,
ou à la foire des amis, et prendre le temps de l'af-
fliction pour s'obliger autrui et se désobliger envers
le devoir d'un gentil-homme, d'aub. Hist. n, 46).
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et obliger.
DÉSOBSTRUANT, ANTE (dé-zob-stru-an, an-t'),
adj. Terme de médecine. Qui est propre à dissiper
les obstructions. Nom donné, d'après des théories
vieillies, à des médicaments que l'on croyait capa-
bles de désobstruer les canaux du corps, et notam-
ment les vaisseaux capillaires. || S. m. Ce remède
passe pour un désobstruant.
DÉSOBSTRDCTIF, IVE (dé-zob-stru-ktif, kti-v'),
adj. Même sens que désobstruant.
— ÉTYM. Désobstruer.
t DÉSOBSTRDCTION (dé-zob-stru-ksion) , *. f. Ac-
tion de désobstruer.
— ÉTYM. Désobstruer.
DÉSOBSTRUÉ, ÉE(dé-zob-stru-é, ée),part.passé.
La voie étant désobstruée.
DÉSOBSTRUER (dé-zob-stru-é), v. a. \\ 1* Débar-
rasser de ce qui obstrue, bouche, encombre. Dés-
obstruer une rue, un passage, un canal. || 2° Terme
de médecine. Faire cesser une obstruction || 3° Se
désobstruer, v. r^/Z. Être désobstrué. Des vaisseaux
qui se désobstruent.
— ÉTYM. Dés ... préfixe, et obstruer.
DÊSOCCUPATION (dé-zo-ku-pa-sion; en vers,
de six syllabes), s. f. État de celui qui n'a point
d'occupation. || État de celui dont l'âme n'est pas
prise (par une passion quelconque). Je me hâtai de
me servir de sa désoccupation [du duc d'Orléans après
le renvoi de Mme d'Argenton], ennuyeuse et pénible
dans ce subit changement de vie, pour l'attacher à
Mme la duchesse d'Orléans, st-sim. 2B6, (91.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et occupation.
DÉSOCCUPÊ, ÉE (dé-zo-ku-pé, pée), adj. Qui n'a
rien à faire, qui ne s'occupe à rien. Ce premier jour
nous toucha; il [M. de Pomponne, après sa disgrâce]
était désoccupé, et commençait à sentir la vie et
la véritable longueur des jours, sév. 388. Le prê-
tre mondain, seul au milieu du monde, est l'homme
le plus inutile et le plus désoccupé qui soit sur la
terre, mass. Confér. Fuite du monde. Votre cœur
désoccupé de ses passions, id. Car. Inconst. Que
n'employez-vous aux édifices publics, pendant cent
jours, les artistes désoccupés? volt. Dial. i. L'arti-
san est plus heureux que le riche désoccupé, cha-
TEAUB. Génie, iv, m, 4. || Par extension. On croit
qu'une vie désoccupée ne peut presque être inno-
cente, MASS. Av. Concept. || Substantivement. Ils [les
Romains] comptent leur argent, courent au specta-
cle ou chez leurs maltresses ; c'est la vie des désoc-
cupés, VOLT. Uemmius, xm.
— SYN. 1. DÉSOCCUPÉ, INOCCDPÉ. Dans la rigueui
étymologique, inoccupé veut dire qui n'est pas oc-
cupé, et désoccupé veut dire qui a cessé de l'être.
Mais, dans l'usage, cette petite difi'érence disparaît,
et ces deux mots sont le plus souvent identiques.
Il 2. DÉSOCCUPÉ, DÉSŒUVRÉ. L'homme désoccupé n'a
point d'occupations; l'homme désœuvré n'a point
d'œuvre qu'il fasse. Un homme désœuvré est donc
un paresseux aimant à ne rien faire. Un homme dés-
occupé est simplement celui qui n'a pas d'occupa-
tion actuelle, etqui, quand il en aura, pourra mon-
trer activité et zèle.
t DÉSOCCCPER (dé-zo-ku-pé), v. a. || 1° Débar-
rasser, défaire de ce qui occupait. Dieu entraîne
l'âme et la désoccupé d'elle-même en l'occupant de
lui, FÉN. t. xvin, p. 447. Il 2° Se désoccuper, v. réft.
Il faut se désoccuper de tout autre soin que de....
Son principal soin était de se désoccuper. Vie de
dom Bartiiélemy des Martyrs, liv. m, ch. 20, dans
RiCHELET. Ks s'appliquaient avec toute leur attention
à ce qu'ils devaient à Dieu, et se désoccupaient de
tout autre soin, Port-Iioyal, Catéchisme de jubilé,
p. 203, uans RICHELET. || Cesser de s'occuper.
DÉSOEUVRÉ, ÉE (dé-zeu-vré, \Tée),adj. Qui ne
fait œuvre quelconque. || Substantivement. C'est un
désœuvré. Il y a tant de désœuvrés, tant de gens ac-
tifs sans occupation, maintenon, Lettre au card.
de Noailles, t. iv, p. ((5, dans pougens.
— REM. Mot qui commence à s'introduire, de cail-
LIÈBES, (690.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et CBUvre.
DÉSOEUVREMENT (dé-zeu-Yie-man), s. m. Etat
d'une personne désœuvrée. Il passe sa vie dans la
désœuvrement. Alors il eut un ennemi terrible à com-
battre : le désœuvrement avec l'ennui qu'il traîne à
sa suite et qui en est pour ainsi dire la punition,
CONDORCET, Courtanvaux. || Terme de papeterie. Sé-
paration des feuilles de papier.
— ÉTYM. Voy. DÉSŒUVRi.
1108
DÈS
i DÊSOEUVRICR (dé-ieu-vré) , V. a. Terme de pa-
peterie. Séparer les feuiUes de papier les unes des
kutres. Il Se désœuvrer, v. réft. Se séparer, se déta-
cher. ,, ...
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et œuwe (de papeterie).
■fDÉSOLABLE (dé-zo-la-W), ad;. Oiïi peut être
désolé.
— ETYM Désoler. Au xvi* si6cle, désolàble avait
le sens actif : qui désole, qui excite la désolation.
Plusieurs autres lamentations desolables feit le pau-
vre chevalier, J. d'auton, Aiin. de Louis Xll, de (606
et 1607, p. 33, dans LACURNE.
DÉSOLANT, ANTE (dé-zo-lan,lan-t'),a4;'. || fOui
désole, qui cau.se une grande afiliction. Une nou-
velle désolante. Si de tous les hommes les uns mou-
raient, les autres non, ce serait une désolante af-
fliclion que de mourir, la brut. xi. Perdu dans cet
abîme de pensées désolantes, il [l'Empereur] tombe
dans une si grande conlention d'esprit qu'aucun de
ceux qui l'approchent n'en peut tirer une parole,
SÉOUR, Ilist. de Napol. ix, 3. || »• Se dit, par exa-
gération, d'une simple contrariété. Il se fait bien
attendre; cela est désolant. Elle ne me quitta pour-
tant qu'un quart d'heure pour une visite qui lui at-
tira des importunités désolantes et des invitations
qu'elle eut garde d'accepter, j. J. Rouss. Confess. vi.
Il Kn parlant des personnes, insupportable, en-
nuyeux , fatigant. Cet homme est désolant avec ses
vers. Sun maudit commis fut plus désolant que ja-
mais, J. J. ROUSs. Conf. II.
DÉSOLATEUR (dé-zo-la-teur), t. m. || 1° Celui qui
déaole, ravage. Les désolateurs de provinces, scar-
ROK, Virg. trav.yi. De ce monde usurpé désolateurs
perfides, voltaire, Mx. ii, i. || Familièrement, ce-
lui qui tourmente, désole, contrarie extrêmement.
Aux amants heureux ou tranquilles Redoutable par
ses complots, Désolateur de .ses rivaux. Fléau des
discours inutiles, ciuulieu, ÉpUre de M. d'Hamil-
ton. Il 2° X(ij. Désolateur, désolalrico, qui désole,
qui ravage. Un conquérant désolateur. Des hordes
désolatrices.
— REM. Ce mot ne se trouve dans le Dictionnaire
de l'Académie qu'à partirde l'édition de t762.
— UIST. XVI* s. Et do ce peuple estre seur tes-
moing Titus Cosar, désolateur d'icelle nostre triste
site, JOSEPiiE, Prol. Trad. de Descssarts.
— f.rv.M. Désoler.
D(ÎSOL.\TION (dé-zo-la-sion ; en vers, de cinq
syllabes), !./■. || 1° Action de désoler; résultat du celte
action. 11 mit en désolation le sanctuaire, pascal,
l'rnph. 28. Lorsque vous verrez une armée environ-
ner Jérusalem, sachez que sa désolation est proche,
SACi, Bible, Év. S. Luc, xxi, 20. En regardant de
loin fumer leurs villes et leurs maisons réduites en
cendre, ils pleuraient la mort de leurs proches et la
désolation de leur pays, flécu. Ilisl. de Théodose,
l, 32. Se peul-il qu'en ce temps de désolation....
VOLT. Orphel. i, 1. 1| En style de l'Ecriture, l'abomi-
nation de la désolation. 112° Par extension, extrême
afn iction. La veuve qui passe sa vie dans les plaisirs ,
est morte toute vive, parce que, oubliant le deuil éter-
nel et le caractère de désolation qui fait le soutien
comme la gloire de son état, elle s'abandonne aux
joies du monde, Boss. Ann. de Goni. De là naissent
les mélancolies et les tristesses, de là le? désolations
et les désespoirs, bourd. Nativ. de J. C. t" Avent,
p. 2B6. Toute la désolation qu'inspire un amour vio-
lent, MASS. Uyst. Assompt. Il lui restait bien des
griefs; et surtout les galanteries des dames, et les
désolations qui en devaient être la suite le remplis-
«aientd'inquiétude et d'effroi , volt. Babouc.\\ 3" Vive
contrariété. Vous me voyez dans la désolation, je
n'ai pu obtenir ce que vous désiriez.
— llIST. XIV* s. Cilz qui devant cstoient en deso-
lacion Furent tuit repleni de consolacion, Girarl de
Ross. V. 2653. Il XV* S. Si fut le roi anglois moult
courroucé do la désolation de ses gens [à cause du ra-
vage de Southampton parles Normands] , froiss. i,
I, 07. Pour faire ceste désolation [brûler la ville à
trois fois], cohu. ii, 44. Leurs désolations estoient
»i grandes et leur paour, qu'ilz ne sçavoient ne que
dire ne que faire, id. v, *6. Tendra à la totale de-
•truciion de nostre royaume et à la très grand fouUe
eldesolacionde nostre peuple, t«((re de Charles VIll,
Bulletin du comité de la langue, t. m, p. 687.
Il ivi* s. La désolation et destruction d'une ville,
AUTOT, Lucull. b7.
— ÊTYM. l.At. desolationem , dedesolare, désoler.
DÉSOLÉ, ÉE(dé-zo.lé, lée), part, passé. || 1° Où
M fait la solitude, ravagé. Une ville désolée par la
peste. Prép»rez-vous à voir vos pays désolés, corn.
*ficom. m, 4. Du Danube asservi les rives désolées,
RAC. BaJ. Il, 4. Éphralm lera désolé au jour que
DÉS
j'ai marqué pour son châtiment, saci. Bible, Osée,
V, ». Vois du nord au midi l'univers désolé, volt.
Fanât, ii, b. || Un lieu désolé, un lieu qui présente
l'image d'une solitude, effet d'un ravage. Neptune,
qui secoue l'Iitna et dont le trident entr'ouvre la
terre jusqu'au centre et montre la rive désolée du
Styx, DIDEROT, Salon de 4767, Œuvres, t. xv,
p. 77, dans pouGENS. || 2" Laissé seul, laissé dans la
solitude. On s'empresse à vous voir, on s'efforce à
vous plsire; Mon palais prés du vôtre est un lieu dé-
solé, corn, il i/^tZ. m, 4. Que le monde voit peu de ces
veuves dont parle saint Paul, qui, vraiment veuves
et désolées, s'ensevelissent, pour ainsi dire, elles-
mêmes dans le tombeau de leurs époux I Boss. Ann.
de GoM. Car il n'est point d'auteur si désolé Qui
dans Paris n'ait un parti zélé; Uien n'est moins rare:
un sot, dit la satire. Trouve toujours un plus sot qui
l'admire, J. b. ts.o\is,s. Épllre , liv. I, 4, Aux muses.
Il 3° Plongé dans l'affliction. De grâce montrez moins
à mes sens désolés.... corn. Poly. n, 2 Et de
tous les mortels ce secret révélé Me rend le plus
content ou le plus désolé, id. llodog. i, 2. Le prince
sera désolé, et les mains tomberont au peuple de
douleur et d'étonnement, boss. Duch. d'Orl. Ainsi
Dieu conforta cette âme désolée, corn. Imit. I,2B.
Une femme désolée s'arrache les cheveux, maucroix,
Homélie B, dans richelet. Et redonnant le calme
à vos sens désolés, rac. Alex, iv, 2. Sa présence
a surpris mon âme désolée, id. Baj. v, 4. De quoi
vienstu flatter mon esprit désolé ?id. l'hèd. m, 4. À
mes sens désolés, ombre à jamais présente, volt. Ali.
m, 4. Des vieillards massacrés, des mères désolées ,
lemerc. Agam. m, 2. || 4° Par exagération, con-
trarié, fâché. Je suis désolé do vous avoir fait at-
tendre.
DÉSOLER (dé-zo-lé), v. a. || 1° Faire la solitude,
ravager. Désoler la campagne, vauoel. Q. C. liv. m,
dans richelet. La mort a désolé sa pauvre famille,
pathu. Plaidoyer 8, dans richelet. Le Jourdain
ne voit plus l'Arabe vagabond, Comme au temps
de vos rois, désoler ses rivages, rac. Alhal. il, s.
Nous nous sommes mis en étal de désoler ces bar-
bares, FÉN. Tél. X. Dans les champs que l'hiver dé-
sole, Flore vient rétablir sa cour,j. u. rouss. Can-
tate, Circé. Il 2" Causer peine et tourment par ce qui
ravage, appauvrit, etc. Celle taille [taxe] désole
C'-lto éleclion'et réduit les trois quarts de ses habi-
tants au pain d'orge el d'avoine et à n'avoir pas un
écu d'habitssur le corps, VAUBAN, Cime, p. 4C2. On
verra, sous le nom du plus juste des princes, Un
perfide étranger désoler vos provinces, rac. Eslh. m,
i. Il 3° Causer une grande afiliction. La mort de son
ami le désole. Rien ne peut égaler l'ennui qui la
désole, TRISTAN, If. de C/irispe, 1, 3. Et c'est, grands
du monde qui m'écoutez, ce qui devrait aujourd'hui
vous affliger ou même vous désoler, bourd. Nativ.
de J. C. 2* Avent, p. 629. Ces neveux affamés, dont
l'importun visage De mon bien à mes yeux fait déjà
le partage.... Je me fais un plaisir, à ne vous rien
celer, De pouvoir, moi vivant, dans peu les désoler,
BoiL. Sot. X. Quoi toujours de ce juif l'image vous
désolel rac. Eslh. m, 2. || 4° Par exagération, con-
trarier. Ce contre-temps me désole. Le froid nous
désole. Il prit les mœurs des Perses pour ne pas les
désoler, montesq. Espr. x, 4 4. || Importuner, incom-
moder. Les solliciteurs le désolent. Les guêpes dé-
solent ce cheval. || B" Se désoler, v. réfl. S'aban-
donner à une grande affliction. U se désole nuit et
jour. Car tu ne seras point de ces jaloux affreux.
Habiles à se rendre inquiets, malheureux. Qui,
tandis qu'une épouse à leurs yeux se désole, Pen-
sent toujours qu'un autre en secret la console, boil.
Sat. X. Il Être contrarié. Je me désole de ce qui vous
arrive. |1 Se causer réciproquement de grandes afflic-
tions. Cet homme et cette femme, mal mariés, se
désolent l'un l'autre.
— HIST. iiv* s. Toutes choses à Rome estoient
troublées et désolées, BEHcnEURE,f° 67, recto. 11 gi-
soit en son lit tristes et désolez, m. f* 40, tirrîo. Les
tyrans qui par violence désolent et gastent les ci-
tés, ORESME, Eth. 444. Li uus occist un prestre à
son col une cstole; Li autres un mouslier par safo-
leur désole, Guescl. 47547. Ahi ! sire, font-il, pour
Dieu de trinité, Faites laissier l'assaut: tout sommes
désolé Par Gaufrois le tra'istre qu'est plains do
cruauté, Baud. de Seb. iv, 306. || xv* s. Malt es-
toient de la mort de lui [Jacques d'Artevelle] cour-
roucéset désolés, froiss. i, i, 249. Sera l'isle de tous
poins désolée. Qui depuis fut Albions appellée, K.
desch. Proph. de Uerlin. Et puis quant Mont-Aguil-
lon fut rendu, le conte de Salsebri le fist abatre et
du tout désoler, fenin, 4 423. Car souvent [ils]
ont fait déceler Plusieurs nobles, et desoller Leurs
DÉS
lieux et habitations, La bataille du Liège. \\ xvi* «
Et par autant qu'ung royaulme ainsy désolé seroyt
faciUement ruyné, rab. Garg. i. 60. Par luy la foy
se fausse, et mille mauxdivers Par luy le sont cam-
pez en ce grand univers, Qui de toute bonté les
terres désolèrent, rons. 800.
— f.TY.M. Provenç. et espagn. desolar; ital. deto-
lare ;du latin desolare, de la préposition de, et lo-
lus, seul : rendre seul, désert. La série des sens est;
rendre seul, ravager; rendre seul, délaisser, affli-
ger. Le sens d'affliction ne peut venir du latin so-
lari, consoler, avec le préfixe de; il n'y a rien dans
l'historique qui autorise une telle admission. La sé-
rie des sens suffit sans qu'on introduise une doubla
racine. Tout au plus peut-on penser que consoler et
désoler, qui d'ailleurs sont du même radical, ont
réagi l'un sur l'autre, et que désoler en a pris plus
facilement le sens d'affliger.
+ DÉSOLLICITER (dé-sol-li-si-té) , v. a. Cesser
de solliciter. M. de Montausier a sollicité et puis il a
désollicité. Lettre de m"* de longueville.
— UEM. Ce verbe est un de ceux qui n'ont guère
d'existence que par opposition avec leur simple.
— ETYM. Dé.... préfixe, et solliciter.
t DÉSOPILANT, ANTE (dé-zo-pi-lan, lan-t'), adj.
Qui fait rire, qui réjouit beaucoup.
DÊSOPILATIF, IVE (dé-zo-pi-la-tif, ti-v"), adj.
Terme de médecine. Propre à désopiler. Remède
désopilatif.
— ÉTYji. Désopiler.
DÉSOPILATION ( dé-zo-pi-la-sion ) , t. f. Terme
de médecine. Guérison d'une obstruction.
— ÉTYM. Désopiler.
DÉSOPILÉ, ÉE (dé-zo-pi-lé, lée), part, passé.
Les vaisseaux désopilés.
DÉSOPILER (dé-zo-pi-lé) , v. a. Terme de méde-
cine. Déboucher, détruire les obstructions. Déso-
piler la rate. || Ce mot a vieilli au propre. || Fig.
Désopiler la rate, faire beaucoup rire; locution qui
vient de ce que l'on croyait que la rate, obstruée,
causait des vapeurs, la mélancolie, et que, dans
l'ancienne médecine, on regardait la rate comme le
siège de l'atrabile, de l'humeur noire et, par suite,
de la mélancolie. || Se désopiler la rate, rire beau-
coup. Il Se désopiler, v. réft. Se mettre en gaieté.
— REM. Mme de Sévigné a employé se désopiler
pour signifier sortir de sa position , se dégager :
M. de Monterey [un général ennemi] est un habile
homme; il fatigue notre armée, et la met hors d'é-
tat de sortir.... il n'aura qu'un pas à faire pour se
retirer; en attendant, M. de Luxembourg ne sau-
rait se désopiler, SÉV. 480. Ce sens est complètement
inusité.
— HIST. XVI* s. Laquelle vous espanouit le cer-
veau, ouvre l'appétit, délecte le goust, tempère le
sang, desopile la râtelle, rabel. dans le Dict. de
D0CIIEZ.
— ÈTlii. Dés.... préfixe, et le latin oppiJore, bou-
cher, de ob, et pilare, presser (voy. pile).
DÉSORDONNÉ, ÉE (dé-zor-do-né, née), adj.
Il 1° Livré au désordre, mal réglé. Une maison
désordonnée. La justice de Dieu ne laisse rien de
désordonné, fléch. Serm. li, 246. Je ne finirais p.is
si je vous disais les projets désordonnés dans les-
quels elle veut me faire entrer, maintenon. Lettre
à Mme de Cayliùs, 26déc. I747. Restes des passions
par le temps effacées, Combat désordonné de vieux
et de pensées, lamart. Méd. I, 4 8. ||2* Excessif.
Des dépenses désordonnées. Uu appétit désordonné.
Il Déréglé, dissolu. Mener une vie désordonnée.
.... Femme désordonnée. Sans mesure et sans règle
au vin abandonnée, boil. Sat. x. Ces âmes désor-
données que le monde et les passions entraînent,
MASS. Car. Laxare.
DÉSORDONNÊMENT ( dé-zor-do-né-man ) , adr.
D'une manière désordonnée, avec Ucence et désor-
dre. Vivre désordonnément. || Excessivement, sans
mesure. Ce qt'ils aiment désordonnément, Boss.
}mp. 2. Ils recherchent la science désordonnément,
id. Cath. 4 .
— HIST. XIV* s. MoUece refuit desordenéement
toute tristece, obesme, rWte de meunier. {| xv s. lis
reculèrent si désordonnément que.... froiss. i, i,
288. Il XVI* s. Notre devoir est d'admonester ceux
que nous voyons vivre désordonnément, Calvin,
4 96. Il se desborda de rechef à vivre voluptueuse-
ment et désordonéement comme devant, ahyot,
Anton. 24. Nations si diverses, si csloingnèes, si
mal affectionnées, si desordonnéement commandées
et injustement conquises [par Rome] , mont, iv, 85,
— ÈTYM. Désordonnée, et le suffixe ment.
t DÊSORDONNER (dé-zor-do-né) , v. a. Troubler
l'ordre. Atinas même fuit, et de ses vétérans Un
J
DÉS
tumiiUe confus désordonné les- rangs, delille,
Enéide, xi, <<6l. || Se désordonner, ». réfl. Se dé-
ranger, se confondre, sortir de l'ordre. Mais h son
Dieu déjà tous ses sens s'abandonnent; Ses cheveux,
son regard, ses traits se désordonnent, id. ib. vi.
— HIST. XI* s. [Vous avez] règnes conquis et
desordenét [défait] reis, Ch. de Roi. ccxi.viii. ||xii'
s. Pur ço voleit li reis, e il e si barun, Que se nuls
ordenez [prêtre] fust pris à mesprisun, Cumme de
larrecin u murdre u traïsun, Dune fust desordenez
[flté de la prêttisej par iteleraisun, E puis livré à
mort e à desfactîun, Tti. le mart. 26. || xiii' s. Mes
tu l'as [ta cure, ton soin] autre part tornée, Par
ceste amor desordenée, la Uose, «83*. 0 très glo-
rieuse naissance. Qui humilias la puissance X qui
nulle ne se compère. Qui feïz du sens Dieu enfance.
Oui desordonnas ordonnance Quand tu feïz de fille
mère, i. de meung, Tr. isa. ||xiv s. Or es-tu bien
desordonné, Se tu ne congnois et entends Que ce
hault bien oii tu prétends. En tant qui touche à créa-
ture, Est le grant secret de nature, JVat. à l'alch.
err. 668. || xV s. Ne soyez pas plus desordonnez
que les maindres bestelettes, ne plus negligens ou
moins enclinez à voslre commune salvation, al.
CHART. Quadrilogue invectif. Par volonté desordon-
née, coMM. V, )8. Il XVI* s. Comme ils commen-
ceoient à se desordonner [à aller en désordre], il
en vint aysement à bout, mont, i, 343. Toutes gran-
des mutations esbranlent Testât et le desordonnent,
ID. IV, 83. La nature de la guerre est de desordon-
ner toutes choses, langue, 6U. Il estoit dissolu en
amours de folles femmes, et desordonné en ban-
quets. AMYOT, Aie. 27. U disoit qu'il ne l'avoit pas
fait pai mal ny par desordonné appétit de prendre
son plaisir, id. rb. 44. Homme téméraire, dissolu et
desordonné en sa vie, id. Marcel, i. X la veue et
approche des asnesses, ils [les baudets"; font mille
algarades, desordonnans tout un marché, o. de
SElIliES, 3)1.
— lî.TYM. Dés.... préfixe, et ordonner.
DÉSORDRE (dé-zor-dr') , s. m. || 1° Manque d'or-
dre, dérangement, confusion. Ses vêtements étaient
en désordre. Les désordres réels ou apparents qui
rJ'gnent dans l'ordre moral et ils;is l'ordre physique,
DiDER. Opin. des anc. philos. Belbuch. On se fait
une idée précise de l'ordre, mais non pas du dés-
ordre, BERN. DE ST-p., Paul et Yirg. Qu'il est
doux.... De la voir devant vous accourir au pas-
sage. Ses cheveux en désordre épars sur son visage !
A. CHÉN. Élég. xviii. Il II se dit aussi des affaires, de
l'administration. Le désordre de ses affaires. 11 rè-
gne un grand désordre dans l'administration. Colbert
trouva l'administration des financesdanstout le dés-
ordre où les guerres civiles et trente ans de rapine
'.''.v.ient plongée, volt. Dial. 4. || Il se dit encore des
corps, des bandes, des troupes où la confusion se
met. La cour est en désordre et le peuple en alar-
mes, CORN. Cid, iii, 6. Le désordre se met parmi
eu.x, Boss. Ilist. Il, 7. Et le camp de Taxile Garde
lîsns ce désordre une assiette tranquille, bac. Alex.
III, t. Et si, dans les horreurs de ce dé.çordre ex-
trême, Votre père frappé tombe et périt lui-même,
iii. Jph. V, 2. Mentor ayant achevé de mettre les
I eiji.'emis en désordre, fén. Tél. i. || 2° Avec une
[ Cj-iihète, désordre peut se prendre en un sens favo-
rable. Un aimable désordre embellira la fête, col-
'.:':; d'hahlev. Chdt. en Esp. iv, 3. ||Dans la poésie
lyrique, désordre signifie les écarts et les digres-
r,l-'".% que la passion du poète rend excusables et
::irime louables, à la condition qu'il n'en résultera
aucune obscurité. Son style impétueux [de l'ode]
souvent marche au hasard ; Chez elle un beau dés-
É ordre est un effet de l'art, bgil. Art p. u. \\ 3° Pil-
[ lage, dégât. Les troupes ont passé sans faire aucun
désordre. || 4° Trouble de l'âme. L'ébranlement sied
I bien aux plus fermes courages; Et l'esprit le plus
j mâle et le moins abattu Ne saurait sans désordre exer-
cer la vertu, CORN. Uor. I, 4. Il me fit ensuite cent
mauvaises railleries, et me mit dans un tel désordre
que Verville en eut pitié, scarron. Roman corn, i,
i3. Elle s'efforça de parler pour cacher son désordre,
! LE comte de bussy, dans richelet. Combien de fois,
hélas 1 puisqu'il faut vous le dire. Mon cœur de son
désordre allait-il vous instruire! bac. Brit.ui, 7.
il peut dans ce désordre extrême Épouser ce qu'il
bai! et perdre ce qu'il aime, id. Andr. i, -l. Et ma
bouche et mes yeui du mensonge ennemis, Peut-
êtte dans le temps que je voudrais lui plaire. Fe-
raient par leur désordre un effet tout contraire, id.
Baj. Il, B. J'ai cru dans son désordre entrevoir sa
t«ndresse, id. ib. m, 6 Quand je m'examine.
Je crois de ce désordre entrevoir l'origine; Phénice,
ii aura su tout ce qui s'est passé; L'amour d'Antio-
DÉS
chus l'a peut-être offensé, id. Bérén. ii, 5. Je veux
voir son désordre et jouir de .sa honte, m. ib. iv,
6. J'ai couru; le désordre était dans ses discours,
ID. Ëslh, II, i. De vos sens étonnés quel désordre
s'empare! ID. Alhal. m, 5. || 5° Désordre d'esprit,
désordre d'imagination, état d'un esprit, d'une ima-
gination mal réglée. C'est le désordre de l'imagina-
tion qui invente ces systèmes, c'est la nouveauté
qui les accrédite, c'est l'intérêt qui les perpétue,
DIDER. Opin. des anc. phil. l'ylhagorisme. || 6° Dis-
sensions intestines, tumulte séditieux. De graves
désordres éclatèrent dans celte province. Suis-je
venu porter le désordre dans l'armée des alliés? fén.
Te'l. XVI. Une époque où l'on e.st réduit même, dans
les occasions difficiles, à céder par sagesse, à con-
duire le désordre pour le retenir, Mirabeau, Col-
lection, liv. ii, p. 289. || Fig. La raison outragée
enfin ouvrit les yeux, La chassa [la pointe] pour
jamais des discours sérieux.... Ainsi de toutes parts
les désordres cessèrent, eoil. ^r( p. ii. || 7° Dérè-
glement de mœurs. Vivre dans le désordre. Plus cet
effort nous trompe et force à remarquer Les désor-
dres secrets qui souillent notre vie, corn. Irait, i,
8. Un prêtre qui serait tombé dans un tel désordre,
PAsc. ProD. 6. Combien de fois as-tu protesté aux
complices de tes désordres, que tu ne leur serais
jamais infidèle ? boss. Pensées chrét. ix. Pour corri-
ger les abus, pour arracher les désordres, fléch.
Serm. ii, 3io. Il était bon dans le fond; mais il avait
vécu dans de si grands désordres que je puis dire
qu'il ne m'a donné, en toute sa vie, d'autre joie que
celle d'être mort saintement, maintenon. Lettre au
card. de Noailles, 9 juin (703. U faut fermer les
yeux à des désordres que vous autorisez par vos
mœurs, mass. Pet. car. Yices cl vertus. || 8° Pertur-
bation dans les fonctions du corps. L'intempérance
produit des désordres dans l'économie. La raison,
alors dans sa force, devrait produire, mais elle est
refroidie et ralentie par les années, parla maladie,
par la douleur, déconcertée ensuite par le désordre
de la machine qui est vers son déclin, la bruy. xi.
Il Altération des tissus. Le poumon avait subi de trop
graves désordres pour que la vie put se prolonger.
— REM. Corneille dans le Cid a dit: rétablir le
désordre, pour apaiser le désordre. L'Académie a
condamné, ajuste litre, cette locution.
— HIST. xvi* s. La souvenance de toutes ces tur-
pitudes et desordres nous doit donner une grande
compunction en nos cœurs, lamoue, b8.
— ÉTYM. Dés... préfixe, et ordre; provenç.
dcsorrfe; espagn. desorden; portug:. desordem; ital.
disordine. Le vieux français avait desordonement
et dfsordonance.
t DÉSORGANISATECR, TRICE (dé-zor-ga-ni-za-
teur, tri-s'), adj. Terme de médecine. Qui désorga-
nise. Un travail d'inflammation désorganisateur des
tissus. Il Fig. Qui attaque la morale, la société. Prin-
cipes désorganisateurs. Passions désorganisatrices.
— ÉTYM. Désorganiser.
DÉSORGANISATION (dé-zor-ga-ni-za-sion), s. f.
Il 1° Terme de médecine. Altération profonde dans
la texture d'un organe ou d'une portion d'organe,
qui, lui faisant perdre ses caractères, l'empêche de
remplir son office. La désorganisation du foie.
Il 2° Fig. La désorganisation d'une administration.'
Quant à la faiblesse et à la désorganisation de l'ar-
mée ennemie, personne n'y croyait, ségur, Hist.
de Napol. vi, b.
— ÉTYM. Désorganiser.
DÉSORGANISÉ, ÉE (dé-zor-ga-ni-zé, zée), part,
passé. Un poumon désorganisé. || Fig. Un service
désorganisé.
DÉSORGANISER (dé-zor-ga-ni-zé) , «. a. 1 1 1» Terme
de médecine. Détruire l'organisation d'une partie,
d'un tissu. Le cancer désorganise les tissus qu'il
envahit. |{ 2° Fig. Désorganiser un service pubUc,
un corps. || 3° Se désorganiser, v. réfl. Perdre son
organisation. Le foie se désorganise rapidement sous
l'influence des pays chauds. || Fig. X l'approche des
barbares l'empire romain se désorganisait.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et organiser.
DÉSORIENTÉ, ÉE (dé-zo-ri-an-té, tée), part, pas-
sé. Placé hors de l'orientation. Un cadran désorienté.
Il Fig. Voyant une personne qui n'a pas sa gaieté ordi-
naire, on dira qu'elle est toute désorientée, le terme
est fort bon, marg. buffet, Observ. p. 40, <668.
DÉSORIENTER (dé-zo-ri-an-té), t!. a. || 1° Faire
perdre sa situation à quelque chose qui devait re-
garder l'orient. Ce cadran ne marque pas juste,
parce que la pierre sur laquelle il est tracé a été
désorientée. || 2° Faire perdre la connaissance du
côté où le soleil se lève. || Par extension, faire per-
d.-e la direction S suivre. La brume acheva de nous
DIÎS
1109
désorienter. Il 3* Fig. Déconcerter, embarrasser. Je
vois qu'il a été un peu désorienté par deux causes
malheureuses qu'il a perdues coup sur coup, volt.
Lell. d'Argental, a oct. <760. Une certaine coquet-
terie désoriente les soupirants, j.j. rouss. Ilél.vi, r..
Il 4° Se désorienter, v. réfl. Perdre la direction. En
revenant plusieurs fois sur ses pas dans la forêt, il
se désorienta.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et orienter.
DÉSORMAIS (dé-zor-mê), adv. de temps. || !• X
partir de ce moment-ci. Que reste-t-il désormais à
faire? On portera le joug désormais sans se plaindre,
COBN. Cinna, v. 3. Je ne vais désormais penser qu'à
vous venger, rac. Mithr. m, 3. Et désormais certain
du malheur de ses armes, U n'a plus aspiré qu'à
s'ouvrir des chemins Pour éviter l'affront de tomber
en leurs mains, id. ib. v, <. De ses jeunes erreurs
désormais revenu. Par un indigne obstacle il n'est
point retenu, id. Phèd. i, 1. 1| 2° Désormais que, loc.
conj. Désormais que ma muse, aussi bien que mes
jours, Touche de son déclin l'inévitable cours. Et
que de ma raison le flambeau va s'éteindre, Irai-je
en consumer les restes à me plaindre ? la font. Poé-
sies mêlées, lxix.
— REM. On a dit que désormais ne s'employait
qu'avec un verbe au futur ; mais les exemples ci-des-
sus montrent qu'il n'en est pas ainsi.
— HIST. XII* s. Pour ce, dame, vous loue [je vous
conseille] à escuser; Que cil ne soit ateins de l'he-
resie [suspects d'être hérétique en amour] , Qui désor-
mais ne vous verront [voudront] aimer, quesnes.
Romancero, p. 409. || xiii* s. Des ore mais reven-
rons au roi Phelippe qui estoit entrés eu mer, Chron.
de Rains, p. 48. Soffrés que Bel-Acueil li face Dès
ores mes aucune grâce, la Rose, 3722. Si commen-
cerons des ore mais nostre livre en la manière que
ensuit , BEAUM. I B. Veschi [voici] le [la] rente de ceste
anée.... et desoremais je ne le [la] voil plus tenir,
ains voz laisse des ores mes en avant, id. xxiv, IO.
Il XV* s. User ma vie me fauldra En languissant des-
oresmais, en. d'orl. Lett. en complainte à Fredel.
Il XVI* s. C'est désormais assez discouru sur ce point,
AMYOT, Xns(. et Caton, 9 Qu'ilz les affranchis-
soient de toutes tailles, pour désormais vivre à leurs
loix anciennes en pleine liberté, id. Flamin. lo.
— ÉTYM. Dès, or ou ore, heure (voy. or), et
mais, davantage : mot à mot, dès l'heure en avant.
fDÊSORNAGE (dé-sor-na-j") , s. m. Terme de mé-
tallurgie. Triage des scories.
— ÉTYM. Désorner 2.
+ ). DÉSORNER (dé-zor-né), v. a. Enlever les
ornements.
— ÉTYM. Dés... préfixe, et orner.
■\ 2. DÉSOUNER (dé-sor-né), v. a. Séparer des
sornes. {| Désorner la fonte, la séparer des scories
qui sont adhérentes aux parois de la forge.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et sorne.
DÉSOSSÉ, ÉE (dé-zfl-sé, sée), part, passe. Dinde
désossée. || Il se dit aussi de certains poissons dont
on a été les arêtes. || Substantivement. Il se plie et
se lord comme un désossé.
DÉS0SSEMENT(dé-z6-se-man), s. m. Action de
désosser. Désossement d'un lièvre.
— ÉTYM. Désosser.
DÉSOSSER (dé-zô-sé), t;. a. || l* Terme de cui-
sine. Ôter les os d'un poulet , d'un lièvre, etc. soit
pour en mettre la chair en pâté, soit pour rempla-
cer les os et emplir la bête d'un hachis, etc. comme
dans une galantine. || Terme de pêche. Désosser une
morue, lui ôter la grosse arête. || Il se dit aussi
d'autres poissons dont on 6te les arêtes. || 2° Fig.
Décomposer, disséquer, examiner. Il n'y a qu'à
désosser cette composition [représentation des états
généraux par le parlement], et l'on trouvera qu'elle
ne sera pas plus heureuse à imposer que l'équivo-
que du nom de parlement, st-sim. 375, 65. || Péné-
trer dans l'intérieur d'une personne. U faudra les
déchirer, les désosser, fouiller dans leurs entrail-
les palpitantes, J.J. ROuss. Prom. 7. || 3° Se dés-
osser, V. réfl. Être désossé. Cette volaille se désosse
facilement. || Fig. Prendre en des tours de force
toute sorte d'attitudes. Ce clown se désosse.
— REM. St-Simon l'a employé dans le sens de dé-
membrer, disjoindre, d'une façon qui ne parait pas
correcte. Ce groupe de tant de choses [petits em-
plois] accumulées et qui éblouissaient les sots lui
parut [à Vaudemont] trop aisé à désosser pour se
pouvoir flatter d'en faire réussir quelque chose de
solide st-sim. <78, (23. Désosser un groupa n'est
pas une métaphore où les idées se suivent.
— HIST. ïvi* s. Désossez ceste venayson, palso»,
p. 7*7.
— ÉTYM. Dés..
préfixe, et os.
■
1110
DES
fDËSODCI (dé-sou-si), f. m. Cessation du souci.
Sùnetjue irailanl du courage que donne la vertu, et
41 désouci de l'avenir, wdeuot, dans laveaux.
— f.TYM. /)^.... préfixe, etjouc;.
DESOURDI, lE (dé-zour-di, die), port, patte. Une
toile désourdie.
DÉSOURDIR (dé-zour-dir), t>. o. Défaire ce qui
était ourdi. Pénélope désourdissait la nuit la toile
qu'elle avait faite le jour.
lllST. XVI* s. Desordir, monet, Diet.
— ETYM. Dés.... préfixe, et ourdir.
+ DÉSOXYDANT,ANTE (dé-zo-ksi-dan , dan-t'),
adj. Oui désoxyde. Une action désoxydante.
DÉSOXYDATION(dé-zo-ksi-da-sion),i-. /'.Terme de
chimie. Action d'enlever l'oxygène d'un métal oxydé.
— ETYM. Désoxyder.
DÉSOXVDÊ, ÉE (dé-zo-ksi-dé, à&e), part, passé.
DÊ.SOXYDER (dé-zo-ksi-dé), ». a. Terme de chi-
mie. Réduire un oxyde, lui enlever tout ou partie de
son oxygène. La clialeur désoxyde un très-grand
nombre d'oxydes. || Se désoxyder, v. réft. Perdre son
oxygène, en parlant d'un oxyde.
— ETYM. D(fs.... préfixe, et oxyde.
DÊSOX YGÊNATION (dé-zo-ksi-jé-na-sion), s. f. Ac-
tion de désoxygéner. État de ce qui est désoxygéné.
— ÊTYM. Désoxygéner.
DÉSOXYGÊNEK (dé-zo-ksi-j6-né. La syllabe gé
prend un accent grave quand la syllabe qui suit est
muette : je désoxygène, excepté (exception inconsé-
quente) au futur et au conditionnel : je désoxygé-
nerai, je désoxygénerais), «. o. Soustraire, en to-
talité ou en partie, l'oxygène qui entre dans la
composition d'une substance. || Se désoxygéner, v.
réfl. Perdre son oxygène.
— REM. Ce terme n'est pas synonyme de désoxy-
der : on désoxyde les oxydes et les .sels formés d'oxy-
des : on désoxyde l'hyperchlorate de potasse pour
avoir l'oxygène qui y est contenu, au moyen d'une
cornue de verre sur un feu assez doux; mais on
désoxygène les corps qui ne sont pas des oxydes, des
sels, ou dans lesquels l'oxygène est en simple mé-
lange et non en combinaisun chimique. Ainsi le
sang arrive désoxygéné, et non désoxyde, au pou-
mon. L'eau, qui n'est bonne à boire qu'autant qu'elle
a absorbé une certaine quantité de l'oxygène de
l'air, se désoxygène par la distillation.
— ETYM. Dés.... préfixe, et oxygène.
tDESl*ECTUEUX,EUSE(dè-spèktu-eû,eû-z'),adj.
Qui a peu da respect. 11 est contraire à toute espèce
de convenance de laisser prononcer des paroles aussi
déspectucuses et violatrices de la décision de l'assem-
blée, MIBABEAU, Collection, t. v,p. 4(6. Il Peu usité.
— ÉTYM. Lat. despectus, manque de respect, qui
a donné dépit (voy. ce mot).
t DESPONSATION (dè-spon-sa-sion), t. f. Mot an-
ciennement employé pour exprimer les fiançailles
de la sainte Vierge.
— ETYM. Lat. desponsatio , âe despondere, promet-
tre,fiancer, dede, et spondere, sponsus (voy. époux).
■fOESPOTAT (dè-spo-ta), s. m. Dignité de des-
pote, sorte de prince; territoire soumis à l'autorité
d'un despote.
— ETYM. Despote 2.
4. DESPOTE (dè-spo-f), s. m. ||l°Princequi gou-
verne avec une autorité arbitraire et absolue. Les
despotes de l'Asie. Comment l'honneur serait-il souf-
fert chez le despote? il fait gloire de mépriser la vie,
et le despolo n'a de force que parce qu'il peut l'ô-
ter, MO.NTESO. iLspr. m, 8. Ces despotes altiers par-
tagent l'univers, VOLT. Tancr. i, (. Le hardi Japo-
nais n'attend pas qu'au cercueil Un despote insolent
le plonge d'un coup d'oeil, id. Orphel. v, 5. Trop
souvent le danger rallie i. la domination absolue, et
dans le sein de l'anarchie un despote même parait
un sauveur, Mirabeau, Collection, t. i, p. 36o. Et
nous n'aurons rien fait en entrant au tombeau Qu'a-
vancer le pouvoir d'un despote nouveau, leoouvé,
Épichar. et Néron, i, ». || Par extension, prince qui
abuse ou que l'on suppose abu.ser d'une autorité qui
en soi n'est pas absolue. Ouelques-uns traitent
Louis XIV de despote. ||ï°Kig. Personne qui s'arroge
une autorité tyrannique. Cet homme, cette femme
est un despote dans sa famille, jj Par extension, ce-
lui, celle qui abuse de son autorité en un moment
donné pour faire faire à un autre ce qui ne lui con-
vient pas. Quel diable de petit despote mou oncle
s'est donné là [aa femme] I BAYAaD et potron, Laure
tt Delphine, u, 44.
T "u*^' ^"' *■ ^" ^reo despotes, c'est seigneur
de la chose de laquelle il puet dire : ce est mien
ORESUK, Thite dt heunier.
— ETYM. AioTioTTi;, mallro, qu'on rattache aune
origine sanscrite : data, contrée, et patxs, maître.
DES
a. DESPOTE (dè-spo-f), s. m. Ancien titre de plu-
sieurs princes grecs, tels que ceux de Servie, de Va-
lachie. On entendait autrefois par un despote un
petit prince d'Europe vassal du Turc et vassal amo-
vible, une espèce d'e.sclave couronné gouverneur
d'autresesclaves,voi.T. Dial. xxiv, ). || Titre honori-
fique que les empereurs grecs se réservèrent dans
l'origine et qu'ils accordèrent ensuite à leur famille.
— HlST. xvi* s. Une ville qui est au dispos de Re-
manie clamée Tarrassine, Hist. de Loys III duc de
Bourbon, p. 32) , dans lacuhne. La renommée qui
s'estendoit parvint aux oreilles du Grand Seigneur,
nommé Soliman , auquel il fut présenté par le des-
pote de Servie, yver, p. 540.
— ÉTYM. Bas-lat. despotes, despotus, de &iaiz6-
TT);, maître (voy. despote 1).
DESPOTIQUE (dè-spo-ti-k'), adj. Oui est d'un
despote. Gouvernement despotique. Dans les États
despotiques où il n'y a point de lois fondamentales,
il n'y a pas non plus de dépôt de lois, montesq.
Espr. Il, 4. Il résulte de la nature du pouvoir des-
potique, que l'homme seul qui l'exerce, le fasse de
même exercer par un seul, iD. ib. ii, 4. Ce n'est point
l'honneur qui est le principe des Etats despotiques :
les hommes y étant tous égaux, on n'y peut se pré-
férer aux autres; les hommes y étant esclaves, on n'y
peut se préférer à rien, id. ib. m, 8. Tu vois de ces
tyrans la fureur despotique, volt. Ali. iv, 3. 11 y
a longtemps que dans les pays despotiques sauve
qui peut est la devise des sujets, id. Lelt. l'omaret,
4 4 oct. 4 774. Il Kig. Vous n'avez pas sur moi un pou-
voir despotique, sÉv. 353. Vous avez sur ses vers un
pouvoir despotique, boil. Art p. i. Un bourgeois,
un paysan sont tout aussi despotiques dans leurs
opinions que des sultans, bern. de st-p. Harmon.
liv. vu, Harm. (rat. \\ Substantivement, le despoti-
que, l'état despotique. 11 n'y a point de patrie dans
le despotique; d'autres choses y suppléent, l'inté-
rêt, la gloire, le service du prince, la bruy. ï.
— HIST. XIV' s. Un fait despotique, ohesme, Thèse
de MEUNIER.
— ÉTYM. Despote.
DESPOTIQUEMENT (dè-spo-ti-ke-man ) , adv.
D'une manière despotique. Gouverner despotique-
ment. Toutes ces passions qui gouvernent si despo-
tiquement les autres hommes étaient de trop faibles
mobiles pour un génie aussi ferme et aussi vaste,
SÉOUR, Ilist. de Napol. i, 4.
— HIST. xiv* s. Estre subject despotiquement,
c'est à dire servilement, ohesub. Thèse de meu-
nier.
— ÉTYM. Despotique, et le suffixe ment.
t DESPOTISER ^dè-spo ti-zé) , v. a. Soumettre à
un régime despotique. Tout ceci finira par un arrêl
du conseil; nous serons chambrés et despotisés par
le fait, d'autant plus infailliblement que tous les
aristocrates tendent à l'opinion par ordre, miraoeau,
Collection, t. i, p. 205. || Absolument. 11 faut quel-
quefois despotiser, c'est-à-dire passer sur les lois
ou les règlements
— ÊTYM. Despote.
DESPOTISME (dè-spo-ti-sm') , s. m. \\ 1" Pouvoir
d'un desjioie, pouvoir absolu et arbitraire. La Mé-
sopotamie et la Perse où l'influence d'un éternel
despotisme et des révolutions toujours sanglantes
n'ont pu anéantir encore ni la fertilité naturelle
du sol ni même l'industrie, condorcet, Ifourepas.
Que la dette contractée par le despotisme ne puisse
plus être distinguée de celle qui a été contractée
depuis la révolution, et je défie monseigneur le des-
potisme, s'il ressuscite, de reconnaître son ancienne
dette, lorsqu'elle sera confondue avec la nouvelle,
CAMuoN, Rapport, 4 4 août 4793, p. 73. Il Pouvoir
exercé à la manière d'un despote, pouvoir oppressif.
Le despotisme d'une assemblée. Le despotisme ty-
rannique des souverains est un attentat sur les droits
de la fraternité humaine, fén. Direction pour la
conscience d'un rot, p. 88, dans richelet. || 2" Par
extension, toute autorité tyrannique. Cet homme
a établi le plus grand despotisme dans sa maison.
11 savait obliger sans faste et sans jamais faire
éprouver, soit avant, soit après ses services, ce
despotisme des bienfaiteurs qui fait plus d'ingrats
encore que la perversité ou l'orgueil de ceux qu'on
oblige, CONDORCET, UauTepat. fout citoyen qui,
môme en ne voulant que le bien, craint d'exercer
quelque genre de despotisme que ce soit, fût-ce ce-
lui de la bienfaisance.... MIRABEAU, Collection, 1. 1,
p. 48. Il Par une autre extension, mais toujours avec
le même sens, tout acte qui contrarie vivement un
esprit passionné. Ici j'ose en parlant crier que c'est
infâme; Que c'est une injustice, un despotisme af-
freux; ChutI on vient, taisons-nous, c dïlavwne,
DES
Prineetse Aurélie , v, 7. || Fig. Quand s«n système
[de Ptolémée] eut fait place à celui de la nature,
on se vengea sur son auteur du despotisme avec le-
quel il avait régné trop longtemps ; on accusa Pto-
lémée de s'être approprié les découvertes de ses pré-
décesseurs, laplace. Expos. V, 2.
— ÉTYM. DespoU.
t DESPUMATION (dè-spu-ma-sion), ». f. Opéra-
tion par laquelle on enlève l'écume et les impureté!
rassemblées par l'action du feu à la surface d'un li-
quide en ébuUition.
— ÉTYH. Lat. despumatio, de la préposition de,
etspuma, écume (voy. écdme).
t DESPUMER (dè-spu-mé), v. a. Terme de phar-
macie. Clarifier une liqueur, en la faisant chauffer
et bouillir pour en 6ter l'écume ou toute autre im-
pureté.
— HIST. xvi* s. Meslés y autant de bon miel des-
pumé qu'il sera requis pour en faire syrop, o. de
serres, 936.
— ÉTYM. Voy. despuhation.
DESQUAMATION ( de - skoua - ma - sion ) , t. f.
!| 1" Terme de pharmacie. Opération par laquelle
on enlève les squames ou tuniques qui recouvrent
certaines racines bulbeuses. || 2° Terme de méde-
cine. Exfoliation ou séparation de l'épiderme sous
forme d'écailles. La desquamation qui survient après
la rougeole.
— ÉTYM. De, et squama, écaille (voy. souameox).
t DESQUAMER (dè-skoua-mé), v. a. Terme di-
dactique. Détacher des parties qui s'enlèvent par
plaques ou écailles. || Se desquamer, t;. réft. Éprou-
ver la desquamation.
— ÉTYM. Voy. DESQUAMATION.
DESQUEI.S, DESQUELLES, voy. QUEL.
t DESSAULER (dè-sa-blé), v. a. Enlever le sable.
— ETYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et sable.
t DESSA BOTTÉ, ÉE (dè-sa-bo-té , tée), adj. Che-
val dessabotté, cheval dont le sabot est détaché, soit
par une cause violente, soit par une maladie.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour d^.... avec une t
de prononciation, et sabot.
t DESSACKER (dè-sa-kré), v. a. ôter le sacre, le
sacrement.
— HIST. XII* s. Cornent serunt li mot del sacre-
ment osté? E qui puet dessacrer ce que Deus ad sa-
cré? Th. le mart. 30.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pourd^.... avec une t
de prononciation, e\ sacrer.
t DESSAIGN'ER (dè-sè-gné), v. a. Enlever le sang
et les ordures des peaux fraîches venant de la bou-
cherie.
— ETYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une t
de prononciation, et sang.
DESSAISI, lE (dè-sè-zi, zié), part, passé de des-
saisir. De.ssaisi des pièces qui attestaient ses dires.
t DESSAISIE (dèsè-zie) ou DESSAISINE (dè-sè-
zi-n'), s. f. Ancien terme de droit. Formalité à l'aide
de laquelle on opérait l'aliénation d'un héritage.
DESSAISIR (SE) (dè-sè-zir), v. réft. Terme de ju-
risprudence. Céder à un autre ce qu'on avait en sa
possession. Elle a de la peine à se dessaisir de l'ori-
ginal, Boss. Lettr. abb. 85. La dureté de ces pères
et de ces mères qui, tout occupés d'eux-mêmes et
ne voulant se dessaisir de rien, laissent languir de
jeunes personnes sans établissement, bourd. 4" dt'm.
après l'Épiph.Dominic. t. i, p. 35. || Transporter un
droit ou y renoncer. || Dans le langage général, re-
mettre à des tiers ce qu'on tient. Oh bien, quoi que
vous en disiez, je m'en croirai plutôt qu'un autre,
et je ne me des.saisirai point du diamant, dancourt,
Bourg, à la mode, v, 4 2.
— HIST. XII' s. Car dessaisiz ne volt pur nule rien
plaidier; Ço ne voleit li reis en nul sens otrier. Th.
le mart. loe. || xiil' s. El dist que il le conte de»
Blans dras delivrasl, et le mesisl en possession de
la baiUiede Salenyque dont il l'avoit dessaisi, h. de
valhnc. xxviii. Li cuers est vostres, non pas miens,
Car il convient, soit maus [mal], soit biens. Que il
face vosire plaisir : Nusinul] ne vous en puet dessaisir,
la Rose, 4 998. Quant aucun dessaisist autre d'au-
cune chose, et celui qui a esté dessaisi viaut [veut]
recouvrer sa saisine, Ass. de J. 4U3. || xv* s. Il les
avoit dessaisis de toute leur force et puissance,
COMM. vu, 8. Il xvi* s. Le seigneur de fief ne plaide
jamais dessaisi [en cas de saisie féodale il reste la
main garnie, nonobstant opposition ou appellation],
loysel, 677. [Le vassal peut démembrer son fief]
sans s'en dessaisir, ou la main mettre au baston,
qui est ce que l'on dit : se jouer de son fief sans
démission de foi, id. 644. Séquestre garde, et la main
de justice ne dessaisist et ne prejudicie à personne,
i
DES
10. 769. AprSs avoir perdu un si grand empire de
citez et de villes et avoir esté dessaisy de la prir.ci-
paulté de toute la Grèce, amyot, Agésil. ei.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et saisir.
DESSAISISSEMENT (dé-s6-zi-se-man), s. m. Ac-
tion de se dessaisir. Dessaisissement d'une créance.
— ETYM. Dessaisir.
DESSAISONNÉ, ÉE (dè-sè-zo-né, née), part,
passé. Des terres dessaisonnées.
t DESSAISONNEMENT (dè-sè-zo-ne-man) , s. m.
Terme d'agriculture. Action de dessaisonner.
DESSAISONNER (d&-sè-zo-né), V. a. Terme d'a-
griculture. Déranger l'ordre de la culture et des se-
mailles. Il y a de l'inconvénient à dessaisonner les
terres. || Changer l'époque de la floraison d'une
plante; faire croître et fructifier une plante hors de
l'époque naturelle.
— HiST. XVI* s. Dessaisonner les bois ou les es-
tangs, DU CANGE. satio.
— ÊTYM. Des.... préfi-te, pour dé.... avec une «
de prononciation , et saison.
t DESSALAISON (dè-sa-lè-zon), s. f. Voy. des-
salement.
DESSALÉ, ÉE (dè-sa-lé, lée), part. passé.\\ l'Donl
on a ôté le sel. Morue dessalée. || 3° Fig. et familiè-
rement. Un homme dessalé, un homme fin, rusé.
J'aurais bon le demander à l'errette, elle ne l'avoue-
rait jamais, elle est trop dessalée, LA FONT. /a Coupe
enchantée, se. 6. Ce monsignor me paraît bien
dessalé ; je me forme beaucoup avec lui, volt. Ama-
bedfii' lettre. || Substantivement.Vous faites la sour-
noise, mais je vous connais il y a longtemps, et
vous êtes une dessalée, mol. G. Dandin, i, 6.
— REM. Dessalé, au sens de rusé, est assez diffi-
cile à expliquer. On peut conjecturer que, la morue
ayant besom d'être dessalée pour être mangée, l'es-
prit a saisi cette circonstance pour donner à dessalé
le sens de bon à la chose, fin, rusé.
t DESSALEMENT (dè-sa-le-man) , s. m. Action de
dessaler. Le dessalement de l'eau de la mer.
— ÉTYM. Dessaler.
DESSALER (dè-sa-lé), V. a. Enlever le sel dont
une chose est imprégnée. Dessaler des harengs. C'est
lui [Fr. de Bremond] qui a veillé à l'édition des Ex-
périences physiques de M. Haies sur les diverses
manières de dessaler l'eau de la mer et de la rendre
potable, mairan, Éloges, Bremond. || Se dessaler,
V. réft. Être dessalé. L'eau de mer se dessale par la
distillation.
— HIST. iiii* S. X lor cotiaus qu'il ont trenchans
et afilés [ils] Escorchoient les Turs, aval parmi les
prés; Volant Païens, les ont par pièces découpés;
En l'iave et el carbon les ont bien cuisinés ; Volen-
tiers les menjuent sans pain et dessalés, Ch. d'Ant.
V, 34. Il XIV" S. Pour dessaller beurre, mettez le en
une escuelle sur le feu pour fondre.... Ménagier,
u, 5.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pourd^.... avec une s de
prononciation, e\ saler.
DESSANGLÉ, ÉE (dè-san-glé, glée), part, passé.
L'âne étant dessanglé, le bât tourna.
DESSANGLER (dè-san-glé), v. a. Lâcher ou dé-
faire la sangle d'un cheval, d'un mulet, etc. || Se
dessangler, v. réft. Être dessanglé. Ce cheval s'est
dessanglé.
— HIST. XIII' s. Mes ses chevaux forsva [marche
mal] tremblant; Il le descengle, si le let, Kn mi
le pré vautrer le fet, marie, Lanval. || xvi' s. Des-
cenglez mon cheval et ostez luy sa selle, palsgr,
p. 768.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et sangle.
t DESSAQCER (dè-sa-ké), v. a. Vider un sac;
tirer d'un sac.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et sac.
DESSÉCHANT, ANTE (dê-sé-chan, chan-t'), adj.
Qui dessèche. Un vent desséchant. || Fig. Oui des-
séche l'âme, rend les sentiments arides. L'égoïsme
est desséchant.
DESSÉCHÉ, ÉE (dè-sé-ché, chée), part, passé.
Il 1" Mis à sec. Un étang desséché. || 2° Dont l'humi-
dité est partie. Un tronc desséché. Quand un lis vir-
ginal penche et se décolore, Par un ciel brûlant
desséché.... delav. Paria, ii, 6. || Fig. Qui est privé
de douceur, de sympathie, d'onction. Cherchez hors
de cette sainte unité, vous n'y trouverez guère que
des cœurs hautains et desiiéchés, fén. t. ii, p. 207.
DESSÈCHEMENT (dè-sè-che-man) , s. m. || f Ac-
tion de dessécher, de faire écouler ou évaporer les
«aux. Le dessèchement d'un marais. || Action de re-
tirer l'humidité. Le dessèchement d'une plante.
DES
Il Kg. Le dessèchement des cœurs, la perte de la
sympathie, de la douceur, de l'onction. || 2° Grand
amaigrissement d'une partie du corps. Vous devez
toujours craindre le dessèchement, sÈv. 343. Le
pauvre Saint-Aubin est dans un dessèchement qui
le menace d'une fin prochaine, id. 479.
— REM. On ne voit pas pourquoi l'Académie met
un accent aigu, et non un accent grave, à ce mot.
La prononciation y met un accent grave.
— ÉTYM. Dessécher.
DESSÉCHER (dè-sé-ché. La syllabe se prend l'ac-
cent grave, quand la syllabe qui suit est muette:
je dessèche; excepté (exception anomale) au futur
et au conditionnel : je dessécherai ; je dessécherais),
V. a. Il 1° Mettre à sec. Dessécher un étang. Il est
sûr que ce pauvre prêtre qui dessèche les marais
Pontins.... d'alembert. Lettre au roi de Prusse,
I" mars 1782. || 2° Rendre sec ce qui était humide.
Dessécher une préparation anatomique. C'est ainsi
qu'il assembla dès lors et qu'il dessécha un grand
nombre de plantes, mairan, Éloges, Petit. \\ 3° Par
extension, amaigrir, réduire à un état de consomp-
tion. Un moine que le repentir dessèche dans son
cloître, volt. Mœurs, <39. Cent beautés que vos ap-
pas font dessécher de jalousie, id. Goût. Le chagrin
des.séchait la fleur de son printemps, id. Guébr. iv,
6. Il i° Fig. Dessécher le coeur, le rendre froid, in-
sensible. Dessécher l'esprit, l'imagination, en tarir
les sources. || 5° Se dessécher, v. réfl. Devenir sec.
Des troncs d'arbres qui se dessèchent. || Devenir
maigre. Dans la vieillesse toutes les parties du corps
se dessèchent. Ses vives couleurs s'efiacent, elle lan-
guit, elle se dessèche, fén. Tél. vu. Ma peau est
devenue toute noire sur ma chair, et mes os se sont
desséchés par l'ardeur qui me consume , saci, Bible,
Job, XXX, 30. Il Fig. Devenir froid et dur. Son âme
s'est desséchée.
— HIST. XII* s. X ces paroles de.scendid U fus [feu] ,
e la busche alumad, et tut le sacrefise esbrasad; e
neis les pierres esmiad, e l'ewe ki dessus fud, tute
desechad, Bots, 3(8. || xin* s. Li baigniers d'ewe
caude, pour longement demorer, escaufe le cors et
deseke, alebrant, f° 9. || xiv* s. Se vostre faulcon
deseche ou amaigrie, Modus, f° xciii. || xvi' s. Un
arbre qui n'est pas planté a.ssez profond pour jetter
racines vives, deseiche et meurt, calvin, Instit.
428. Duquel le germe ne dessèche et ne périt ja-
mais, m. ib. 437. La terre ne se resserra pas aufeu,
en estant toute l'humidité desséchée, amyot, Publ.
25. Ses serviteurs avoient oublié d'en faire escouler
ou dessécher la cervelle, va. Pomp. B9.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et sec.
DESSEIN (dè-sin; l'n se lie dans le parler sou-
tenu: un dè-sin-n habile; au pluriel, Vs se lie : des
dè-sin-z habiles), s. m. || 1° Mode déterminé d'après
lequel on conçoit quelque chose, plan. Le dessein
de ce poème est très-heureux. Quiconque connaîtra
l'homme verra que c'est un ouvrage de grand des-
sein qui ne pouvait être ni conçu ni exécuté que
par une sagesse profonde, boss. Connaiss. iv, t.
Après avoir expliqué le dessein de cet ouvrage, id.
Ilist. Préf. Pour recueillir tout mon dessein et tout
le caractère de saint Charles en peu de mots, fléch.
Panég.u, p. 282. || 2° Ensemble de combinaisons
pour obtenir un résultat. Si le roi de Suède s'est
jeté dans le péril plus avant que ne devait un homme
de ses desseins et de sa condition, voit. Lettre 74.
Vous savez les desseins de tout ce que j'ai fait, corn.
Jléracl. II, 3. Elle [Sémiramis] soutint les vastes des-
seins de son mari, boss. Uist. iii, 4. Peut-être, au
défaut de la fortune, les qualités de l'esprit, les
grands desseins, les vastes pensées pourront nous
distinguer du reste des hommes, m. Dueh. d'Orl.
Qui peut de vos desseins révéler le mystère. Sinon
quelques amis engagés à se taire? rac. Baj. iv, 7.
Il Dessein sur, vue sur l'avenir de quelque personne
ou de quelque chose. Les desseins qu'il a sur son
peuple , BOSS. Hist. ii , ( . Il ne leur prédit que les des-
seins de Dieu sur eux, mass. Car. Voc. Ainsi le Sei-
gneur dans ses desseins de miséricorde sur vous....
iD. ib. Accomplir les desseins éternels de la Pro-
vidence sur les justes, id. Car. Mélange. Et com-
ment connaîtrez-vous les desseins de Dieu sur vo-
tre destinée? m. Car. Voc. Il faut que vous soyez
instruit, même avant tous, Des grands desseins de
Dieu sur son peuple et sur vous? rac. Athal. iv, 2.
Il Avoir des desseins sur, former des entreprises
pour gagner, pour attaquer, etc. Us ne cesseront de
faire de nouveaux desseins sur.... boss. Hist. i, 8.
Ces Grecs ont craint que nous n'eussions des des-
seins sur leur liberté, fén. Tél. x. {| Avoir dessein
pour ou sur une femme, songeràgagner son coeur,
DES
IHf
& en faire sa maltresse. Villarceaa, en parlant au
roi d'une charge pour son fils, prit habilement l'oc-
casion de lui dire qu'il y avait des gens qui se mê-
laient de dire à sa nièce que Sa Majesté avait quel-
que dessein pour elle, SÉV. 406. Pour cacher le3
desseins qu'il avait sur Mme de Senantes, hamilt.
Gramm. 4. || Il se dit aussi des projets d'une femme
pour gagner le cœur d'un homme. Avant que la Val-
lière eût aucun dessein sur le cœur du roi, volt.
Louis XIV, 25. Il Dans le même sens, mais archaï-
quement. Toutes ba.sses amours sont pour vous trop
petites; Ayez dessein aux dieux, Régnier, Sat. xni.
Tous deux ont eu dessein dessus ma liberté, hotr.
Vencesl. iv, 6. || Dessein contre, plan formé contre.
Peut-elle contre vous former quelque dessein? bac.
Phèd. I, 1. Il 3° Détermination à quelque chose. Il est
parti dans le dessein de faire telle chose. Lors était
tout mon dessein Du jeu d'amour et de la talile, Ré-
gnier, Stances rel. Je pense qu'en me dissuadant de
ce dessein et en ayant peur pour moi, on a eu peur
de moi aussi, voit. Lett. 28. Je suis venu à bout. Dieu
merci, de mon dessein, id. Lett. 42. Dans un si
grand dessein rien n'est à négliger, corn. Sertor.
II, 2. Je forme un beau dessein que son amour
m'inspire, m. Rodog. n, 4. Arrache-lui du cœur ce
dessein de mourir, id. Cinna, m, 5. Que direzt
vous, madame, Du dessein téméraire où s'échappe
mon âme? id. Sertor. n, 2. Si vous aviez dessein
d'attaquer cette place, m. Nicom. i, 3. Vous avez
bien vu que j'ai fait mes efforts Pour rompre son
dessein et calmer ses transports, mol. Tart. iv, 5. Le
ciel parfois seconde un dessein téméraire, id. Dép,
amour, iii, ( . Il forma le dessein de le perdre, pasc.
Prov. 2. En suite de tant d'occasions si surprenan-
tes on a pris le dessein d'examiner leurs livres pour
en faire le jugement, id. Prov. 3. U [Pépin] sut la
soutenir [la puissance] par un grand mérite et prit
le dessein de s'élever à la royauté, boss. Hist. i, U.
Antiochus conçut le dessein de perdre ce peuple, m.
ib. II, 6. Voulez-vous qu'un dessein si beau, si géné-
reux.... RAC. Androm. i, 4. Dans ce dessein vous-
même il faut me soutenir, m. Mithr. ii, 6. Le des-
sein en est pris, je pars, cher Théramène, id. Phèd.
I, i. Rien ne me retient plus, et je puis dès ce jour
Accomplir un dessein qu'a formé mon amour, id.
Baj. II, 1. Ma mère a ses desseins, madame, et j'ai
les miens, id. Brit. ii, 3. On ne sait point d'où part
ce dessein furieux, id. Phèd. y, 5. Je médite un
dessein digne de mon courage, m. Mithr. ii, 2. Gar-
dez qu'avant le coup votre dessein n'éclate, iD.^ln-
drom. III, t . Protésilas est entré dans le dessein de
Philoclès, FÉN. Tél. xiii. Qui change ses desseins
découvre sa faiblesse, volt. M. de César, m, 5. Lan-
terne en main, dans l'Athènes moderne Chercher un
homme est un dessein fort beau, bérang, Nouv. Diog.
Il Bon dessein, c'est-à-dire bonnes intentions. Non
que je désapprouvasse les lois, qui, pour remédier
à l'inconstance des esprits faibles, permettent, lors-
qu'on a quelque bon dessein, qu'on fasse des vœux
ou des contrats qui obligent à y persévérer, desc.
Méth. III, 2. Ils ont regret du passé et bon dessein
pour l'avenir, pascal. Prou. <o. || Faire dessein,
avoir l'intention de.... Ayant fait dessein de ruiner
ma foi.... malh. v, 6. Il n'y a point d'apparence
qu'un particulier fît dessein de réformer un État,
en y changeant tout dès le fondement et en le ren-
versant pour le redresser, desc. Méth. n, 2. Depuis
que j'ai fait dessein de douter de touteschoses.... id.
Médit. 4. Si tu faisais dessein de m'éblouirlesyeux....
coRN. Héracl. i, 2. Je te promets, marquis, qu'il
fait dessein d'aller sur le théâtre rire avec tous les
autres, mol. Impromptu, 3. || 4° Absolument. In-
tention arrêtée, vues arrêtées. Il y a là du dessein.
Vous avez du dessein, de la prudence, sév. 432.
Plus ces historiens font voir de dessein dans les con-
quêtes de Rome, plus ils y montrent d'injustice,
BOSS. Hist. m, 6. Le peuple agit par sa fougue et
non par ses desseins, montesq. Espr. ii, 3. || 5- Sans
dessein, sans intention. Ce qu'elle en a fait a été
sans dessein, mol. Sicil. te. U marche sans des-
sein, ses yeux mal assurés N'osent lever au ciel leurs
regards égarés ,_rac. Brit. v, 8. ||X bon dessein, à
bonne intention". Toutefois cela peut avoir et'- fait à
bon dessein, voit. Lett. 42. I our lui avoir coupé le
bord de sa robe, quoique ce fût à bon dessein, boss.
Polit. Il De dessein formé, de propos délibéré. Être
mauvais plaisant de dessein formé, mol. Critique,
se. i. Qui, bien loin d'être touchés de la perte d'une
âme, affectent d'y contribuer positivement , y travail-
lant de dessein formé.... bourd. Sur le scandale,
I" Avent, p. to\. Il 6* X ce dessein, dans cette in-
tention, à cet effet. Attale à ce dessein entreprend
sa maltresse, corh *'*»»». i, b. Hais elle-même
1112
DES
rient; liélasi àquel desseinîcORN. Théod. v, 3. || La
locution à ce dessein peut très-bien et trfts-correc-
tcraent remplacer la mauvaise locution dans ce but,
qui s'écrit et se dit si souvent. || 7» A dessein, loc.
odverb. Avec une intention toute particulière. 11 a
été incivil à dessein.X dessein d'éblouir le roi, Rome
st U cour, CORN. Nicom. i , B. C'était donc à dessein
iju'ello cachait ses yeux Comme rouges do honte en
sortant de ces lieux, ID. Théodore, iv, 8. C'est peut-
être à dessein de vous entretenir, bac. Bril. iv, l.
Orcan, qui me dictait ce cruel stratagème, La ser-
vait à dessein de la perdre elle-mêmB, id. liajaî.
V, <l.||X dessein que, avec le subjonctif. Cela a été
dit k dessein que vous on fissiez votre profit. Mais il
n'est arrivé ce dessein qui mo tue. Qu'à dessein que ta
gloire en prenne plus d'éclat, corn, [mitai ion, \tt,iO.
— REM. 1. Voltaire, sur ce versd'Héraclius, ii,7;
Quel dessein faisiez-vous sur cet aveugle inceste?
remarque qu'on ne dit pas faire des desseins, mais
faire des projets. Toutefois Corneille a encore ailleurs
cette locution : J'avais fait ce dessein avant. que de
l'aimer, Cinna, v, 2. Bossuet aussi a dit faire des
desseins, dans le sens d'entreprendre contre. Ces
raisons font croire que le scrupule de Voltaire n'est
pas fondé. || 2. On a reproché à Racine d'avoir dit
achever un dessein : Et ne le forçons pas par ce
cruel mépris D'achever un dessein qu'il peut n'avoir
pas pris, Alex, i, 3; attendu, dit d'Olivet, qu'un
dessein, un projet n'est pas une chose commencée.
— SYN. DESSEIN, PROJET. Ces deux mots expri-
ment une détermination de faire quelque chose. Le
dessein est ce qu'on dessine ou désigne d'avance
(car dessiner et désigner sont deux mots identi-
ques); le projetés! ce qu'on jette en avant. Dessein
exprime donc quelque chose de plus arrêté que projet.
— HIST. xvi* s. Et si n'estoit point l'apprest qu'il
faisoit, moindre ne moins suffisant que requeroit le
desseing de son entreprise, amyot, Déméir. 60. Son
desseing [le but de la philosophie] est de chercher
la vérité, mont, n, 230. Projecter le desseing [plan]
d'un livre, m. rv, 220. Un tas de gens, interprètes
et contrerooUeurs ordinaires des desseings de Dieu,
faisants estât de trouver les causes de chaque acci-
dent, ID. I, 24»,
— ÊTYll. Voy. DESSIN, qui n'est qu'une autre or-
thographe de dessein; ital. disegno.
DESSELLÉ, ÊE (dé-sè-lé, lée), part, passé. Un
cheval débridé et dessellé.
DESSELLER (dè-s^-Ié), v. a. Oter la selle à un che-
val, à un mulet, etc. ||Se conjugue comme seller.
— HIST. xv s. Je voy vertuz aux piez fouler , Je
voy amictié desseler [renverser de cheval], Raison
voy musser à la porte, CH. d'orl. Rondeau.
— ETYM. Des.... préfixe, pour d^.... avec unes de
prononciation, et selle.
f DESSEMELER (dè-seu-me-lé. L'J se double quand
la syllabe qui suit est muette : je dessemelle, je des-
semellerai. L'Académie, qui n'a pas dessemeler, a
ressemeler qu'elle écrit sans accent; mais la pro-
nonciation, qui n'aime pas deux syllabes muettes
de suite, renforce en eu le son de se dans tous les
temps où l'J n'est pas doublée) , v. a. ôter la semelle
d'une botte, d'un soulier.
— ÊTYM. Des.... préfixe, pour dé... avec une s
de prononciation, e\, semelle.
DESSERBE (dè-sê-r^, s. f. Usité seulement dans
cette phrase familière : être dur à la des.serre, se
dessaisir avec peine de son argent pour donner ou
payer. Je sais qu'à la desserre Vous êtes dur; j'en
suis fâché pour vous, la font. Pays. Si je le [un
obligé à qui on redemande un bienfait] connais de
si fâcheuse desserre qu'il faille plus d'un simple
avertissement pour en tirer quelque chose , j'aime-
rai mieux ne lui dire mot, et ne penserai pas qu'il
soit digne que je le presse de faire son devoir, malii.
le Traité des bienf. de Sénêque, v, 21. {| Terme de
pêche. Relâchement d'une rivière glacée quand le
dégel arrive
— HIST. XVI' s. C'estoit plaisir, car touchant la
desserre Ne doubtez pas qu'ilz semblent l'arbaleste
Vieille et caducque, & desbender mal preste, J. ma-
rot, v, S3. Il ressemble les arbaleste? de Cognac; il
•st de dure desserre, se dit d'un avare. Proverbe
du XVI» tiède.
— ÉTYM. Voy. desserrer.
DESSERRE, ÊE (dè-sô-ré, rée), part, passé. Les
cordes qui le liaient étant desserrées. || Par exten-
sion. Rangs desserrés, rangs entre lesquels il y a
plus d mtervalle qu'il ne faut. Chaque matin les ré-
giments partaient en ordre de leurs bivouacs; mais
dès les premiers pas leurs rangs desserrés s'allon-
geaient en file» lâches et interrompues, sBgi R Ilist.
"e Nap. yt,«. '
DES
DESSERRER (dèsè-ré), v. a. \\ f Relâcher ce
qui était serré. Desserrer sa ceinture. Desserrer un
lien. Il Desserrer un noeud, le rendre moins serré;
cl, fi^çurément, desserrer les nœuds de l'amilié, ren-
dre l'amitié moins étroite. Apprends do cet exemple
à desserrer les nœuds Par qui l'alîection , par qui
le .sang te lie, corn. Imit. u, ». || Terme de typo-
graphie. Desserrer une forme, chasser les coins
dans le sens rétrograde au moyen d'un décognoir
et d'un marleau. Desserrer la lettre. Desserrer une
forme de distribution. || Desserrer les dents, ouvrir
la bouche. La convulsion des mâchoires était si forte
qu'on no put lui de.sserrer les dents. Car, lâchant le
bâton en desserrant les dents, Elle tombe.... la
FONT. Fabl. X, 3. Il Fig. et familièrement. Desserrer
les dents de quelqu'un , le faire parler. Quel intérêt
assez pressant lui fait faire une telle école, desserre
les dents d'un tel homme? reaum. Mère coupable,
II, 7. Il Des.serrer les dents, parler A peine ai-je
eu le temps De dire quatre mots, de desserrer les
dents, BOISSY, Babillard, se. )B. || No pas desserrer
les dents, ne pas dire un mot dans une société, se
taire obstinément. Je ne desserre pas la bouche seu-
lement, MOL. le Dép. II, 7. Si quelqu'un desserre
les dents. C'est un sot, j'en conviens : mais que
faut-il donc faire? Parler de loin ou bien se taire,
LA font. Fabl. X, 2. Si je puis desserrer mon gosier
qui n'est pas en état de chanter, sÉv. 423. Vous
nous dites les plus belles choses du monde; quand
vous serez devant elle, vous ne pourrez desserrer
les dents, baron, ffomme d bonnei fortunes, m, t.
Il 2° Desserrer un coup de pied, un coup de fouet,
un soufflet, l'appliquer soudainement et avec vio-
lence. Maître jÉneas un coup desserre D'épée ou
bien de cimeterre, scarron, Virg. Irav. vi Le
cheval lui desserre [au loup] Un coup et hautle pied,
LA font. Fabl. XII, t7. Il 3° Se desserrer, ». réfl. De-
venir moins serré. Le nœud se desserre. Cette tresse
s'est desserrée. || Fig. Avoir moins d'angoisse. X
cette bonne parole, mon cœur s'est desserré.
— HIST. XII* Li venz vanta devers la terre. Qui
les nefs tost del port deserre, benoIt, ii, <og7.
Il xni' s. Veez com Hersent est ci prise; Se je l'aïde
à desserrer Et dou pertuis à destouper, Por ce si
estes esfraez. Tien. 629. A grant joie chevauchent la
gent qui Dieu vont querre. Et costoient un val dus-
qu'à la plaine terre, A un pont à arvolt [à arche
voiltée] où une aiguë desserre, Ch. d'Ant. m, 38.
Il XV' s. Quand vint le soir, la poterne fut desserrée
[ouverte] , LOUIS xi, Nouv. 1. ||xvi' s. Et permettez
que ce bras angevin Par l'air françois desserre un
traict qui vole Mieux que jamais de l'un à l'autre
pôle, dhbell. m, 3, recto France durant la
guerre Nouveaux enfans de son ventre desserre, in.
III, 7, recto. Quand l'obscurité desserre Ses ailes
dessus la terre, id. m, 79, recto. Le tout inventé
pour la commodité des gens de pied, et pour des-
serrer [tirer, lancer] balles et dragées, paré, k,
Préf. Le feu de la poudre enflammée lorsqu'on des-
serre la harquebuse, id. ix, te. Puis un grand coup
de maillet luy desserre Entre les yeux: le taureau
tombe à terre, rons. 603.
— ÉTYM. Des..., préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et serrer; bourg. des,<:ar<fi; pro-
venç. dessarrar, deyssarrar, desserrar; ital. dtss«-
rare.
t DESSEBROIR (dè-sè-roir) , s. m. Outil servant
à desserrer.
— ÉTYM. Desserrer.
DESSERT (dè-sêr; le t ne se lie pas: un dè-sêr
abondant; au pluriel, l's ne se lie pas: des dè-sêr
abondants; cependant plusieurs lient: des dè-sêr-z
abondants), s. m. || 1° Le dernier service d'un re-
pas, composé de fromage, de confitures, de fruits
et de pâtisserie. || 2° Le moment du dessert. 11 ar-
riva au dessert. || 3' Fig. et familièrement. On lui
annonça pour son dessert la bonne nouvelle de son
avancement. || Ironiquement. Il a eu pour son des-
sert une verte réprimande.
— REM. On en est au dessert, façon de parler
bourgeoise, il faut dire au fruit, de cailliêres,
1690. Aujourd'hui on ne dit plus qu'en être au des-
sert.
— HIST. XVI' s. Tout le sert et dessert feut pourté
par les filles pucclles mariables du lieu, belles je
vous affye, rab. Pont, iv, 51. On dessert du pre-
mier melz, feut par elles mélodieusement chanté
ung epode à la louange des sacrosainctes decrcta-
les.iD. 16. El au dessert chastaignes et nèfles, paré,
xiii, 29. Le semblable fit-il quelque temps après,
de sept pains et quelques petits poissons, à une au-
tre grande troupe de gens, et lors aussi les apos-
tres. recueillirent sept corbeilles pleines du dessert,
DES
PASQOiER, Lettres, t. 11, p. «20, dans LACn»it«. 11
adveitit Marcellinus qu'il ne seroit pas messeant,
comme le dessert [la desserte] des tables se donne
aux assistants, nos repas faicis, aussi la vie finie,
de distribuer quelque chose à ceuli qui en ont esté
les ministres, mont, ii, 388.
— ÉTYM. Substantif formé irrégulièrement de
desservir (voy. ce mot), comme le sert (voy. & l'his-
torique l'exemple de Rabelais) est formé de servir.
DESSERTE (dè-sèr-V), s. /. || 1° Mets qu'on a des-
servis. Donner la desserte aux dome.stiques, aux
pauvres. || 2° Fonction du desservant attaché au ser-
vice d'une cure, d'une chapelle. Il est chargé de la
desserte de cette succursale. || 3° Terme des ponts
et chaussées. Chemin de desserte, celui qui dessert
une propriété, une forêt, c'est-à-dire qui la met '.'.
communication avec le grand chemin. || 4' Il s'est
dit aussi pour l'action de faire un service de bureiii
ou autre. 11 sera tenu par les gardes-jurés ou par
nos préposés, pour la desserte desdits bureaux de
visite et de marque, des registres paraphés parles
juges des manufactures, Lctt. patent, l" juin (780,
art. to.
— HIST. xiv s. II apporteront la desserte des mêla
aux escuiers de cuisine, Ménagier, 11, 4.
— ÊTYM. Voy. DESSERT. Dans l'ancien français
déserte signifiait ce qu'on mérite, venant de deset'
t'i'r qui signifiait mériter : xiu' s. Mal m'avez rendu
les désertes De ce que je servi vos é [ai], Ren. 25289,
Bien voient qu'il auront de leur fait la déserte, Berte,
XCIV.
DESSERTI, lE (dè-sèr-ti, lie), part, passé.
DESSERTIR (dè-sèr-tir) , v. a. Terme de joaillier.
Dég.iger un brillant de son chaton, un médaillon
de sa monture. || Couper la sertissure d'un diamant
un peu au-dessous du feuilletis.
— ÊTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec unes
de prononciation, et sertir.
DESSERVANT (dé-sèr-van), s. m. Prêtre qui des-
sert une cure, une chapelle. || Dans un sens plus
général. On appelait ministres les desservants des
églises protestantes, volt. Mœurs, 138.
— SYN. DESSERVANT, CURÉ. A présent on donne
le nom de curé au chef ecclésiastique d'un chef-lieu
de canton, tandis que, dans toute commune autre
que les chefs-lieux de canton, le chef du service
ecclésiastique est appelé desservant. Le territoire
(l'un desservant est également nommé paroisse; il
est aussi dit spécialement succursale.
— ÉTYM. Desservir.
DESSERVI, lE (dè-sèr-vi, vie), part, passé de des-
servir. Il 1' Enlevé de dessus une table. Les mets des-
servis. Il Débarrassé des mets. La table étant des-
servie. Il 2° A qui on a rendu un mauvais office.
Desservi auprès du ministre par des ennemis secrets.
Elle craignait d'être oubliée ou desservie, J. j. Rouss.
Confess. v. || 3° Donton fait le service. Une cure des-
servie par un tel prêtre.
t DESSERVICE (dè-sèr-vi-s'), s. m. Mauvais of-
fice, action de desservir. M. du Maine, avec de l'es-
prit je ne dirai pas comme un ange, mais comme
un démon auquel il ressemblait si fort en malignité,
en noirceur, en desservices à tous, en services à per-
sonne, st-sim. (77, m. On ne cessait de me faire au-
près de lui [le roi] les desservices les plus noirs, id.
«28, 161.
— HIST. XVI' S. Ces rapines excessives qui tour-
nent au très grand desservice du roy ne se peuvent
corriger que par chastimens exemplaires, langue,
106.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et sert'ice.
DESSERVIR (dè-sèr-vir), je dessers, tu dessers,
il dessert, nous desservons, vous desservez, ils des-
servent; je desservais; je desservis; je desservirai;
je desservirais; dessers, qu'il desserve; que je des-
serve, que nous desservions; que je desservisse;
desservant; desservi, v. a. jj 1' Avec le sens négatif
du préfixe des. Enlever les plats de dessus la table.
Desservez la table. || Absolument. Lui hors de table,
ondessert au plus vite, la font. Orais. Si têt que du
nectar la troupe est abreuvée, Ondessert.... BOlt.
Lutrin, i. || 2' Avec le même sens du préfixe det.
Rendre un mauvais office à quelqu'un. Il vous a
desservi auprès d'un tel. Un homme tel que moi.
Quand il est mécontent, peut desservir le roi,
CORN. Agésil. m, t. [il] Met à me desservir ses
plaisirs les plus doux, rotrou, Vencesl. i, 1. Le
fourbe trop longtemps a gouverné mon père Ft
desservi mes feux avec ceux de Valère, mol. Tart.
m, 4. C'est ainsi que le zèle indiscret du peupie
a, dans tous les temps, desservi le mérite et perdu
l'innocence, dider. Règne de Claude It Néron, l,
DES
DES
DES
1113
§ K5. Lépine a cru que je le Jessei'vais auiici de
vous, HABiVAUX, Ic l.cijs, tc. 23. || Alisolument. Ils
ne desservent point, mais ils veulent servir à leur
mode, BALz. 6* dise. s. la cour. \\ 3° Avec le .sens de
continuité du préfixe des. Faire le service d'une cure,
d'une chapelle. Si j'avais quelque pauvre cure de
bonnes gens à desservir, J. J. rouss. ^7n. iv. || Par
extension, ô île de Sayne, je suis demeurée seule
des neuf vierges qui desservaient voire sanctuaire,
CHATEAi'B. ilan. 'MB. \\ Dans un sens tout à fait gé-
néral, faire un service. Cette diligence dessert tous
les lieux situés dans les environs. || 4° Se desservir,
V. ré(l. Se rendre de mauvais offices l'un à l'autre.
Ces deux hommes qui se font des semblants d'amitié
se desservent sous main.
— HIST. XI' s. [Il] N'a deservit [mérité] que altre
bien il ait, (h. de Itol. cclxxii. || xii' s. Dist Olivers :
Bien l'avez rieservie [ma coltre], Honc. p. 82. S'on-
i[nes grans biens dut estre desservis Pour mal avoir,
bien dûi [je] merci atendre, Couci, v. Sire, fait-il,
la pape qui m'a enveié ça, Cum avez deservi, par
raei vus salua; Tenez, lisiez lesletres k'enveiées vus
a. Th. le mart. (24. |{ xiii* s. Et nonporquant, vos
avés servi tant moi et lui que, se l'en vos donoil
tout l'empire, si l'avés vos plus que deservi, villeh.
Lxx.xvn. Ce que n'ai deservi convient que je com-
père [paye], Berte, xviii. Bien avez deservi que
vous soiez mes drus [mon ami], ib. xxiv. Car qui
ainsi le fait, paradis en désert [mérite], ib. xxxiv.
Car bien [il] a deservi que pas [nous] ne lui fail-
lons, ib. Ele eilst deservi destruire et lapider [mé-
rité d'être lapidée], ib. xcvil. Or n'i a fors de bien
servir. Se ge voil son gré deservir, la Rose, 4200.
El quant il faillent lor segneur en tel besoin, il de-
servent à perdre lor fief, beaum. 49. Comment que
uns autres enport les fruis d'un fief duquel je suis
hoirs, je suis tenus à obéir et à deservir [faire le
service] le fief pour reson de l'hommage que j'ai
fet, ID. xn, 12. Une capelerie [chapelle] à deservir
perpetuelment, tailliar, Recueil, p. (77. ||xiv"s.
Et c'est la dernière et souveraine fin, excepté para-
dis et la grâce, par quoy l'en le désert [mérite],
OHESME, Eth. (I. Deux serviteurs pour chascune
table, qui serviront et desserviront, Ménagier, ii,
4. Il XV* s. Sire de Herbannes, retournez à l'Escluse
et ne les gardez point longuement; faites les tous
mourir, ils ont bien desservi mort, VROiss. ii, il,
231. Il ne les peut avoir de droit, mais il les a bien
desservies [gagnées] en autre manière, louis xi,
JVouti. xxvii. Et le fait de sa coustrerie [custode,
office de sacristain] recommanda à un jeune et gen-
til clerc, pour la desservir jusqu'à son retour, ID. ib.
XLii. Il xvi" s. Grand mercy, dis je, monsieur, vous
me faictes du bien plus que n'ay deservy envers
vous, RAB. Panl. ii, 32. Nostre repas deffaict. En
desservant les metz à nous submiz, marot, v, 353,
Le serviteur reçoit ce qu'il a desservi [mérité],
pource que le maistre est indigné contre lui, calv.
Inslit. 5(4. Les martyrs par leur mort ont plus de-
.servi de Dieu qu'il ne leur estoit besoin, m. ib. 624.
11 lui faschoit fort, qu'après avoir travaillé toute la
matinée, il fust desservi, avant se mettre à table,
DESPER. Contes, xx. Que ce n'estoit pas mal em-
ployé, que ce meschant Cherronesien fust puni se-
lon qu'il l'avoit deservy [mérité], amyot, Eum. :)7.
— ÉTVM. Iles.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et seri'tV; provenç. desservir, de-
servir, de'<sirvir, desirvir. Suivant que le préfixe
implique destruction, renversement de l'action, ou
renforcement de l'action, desservir signifie 6ler ce
qui est servi, rendre un mauvais service, ou, comme
dans l'ancien français, mériter. Le latin deservire
veut dire servir avec zèle et a donné , par exten-
sion, l'ancien français deservir au sens de mériter,
et le français moderne au sens de faire un service.
Quant aux autres sens où le préfixe a une significa-
tion négative, ils sont, comme déchanter, un exem-
ple curieux du changement de sens des mots par la
force de l'analogie des éléments.
t DESSERVlTOltERlE (dè-sèr-vi-to-re-rie), s. /".
Office ou bénéfice qui oblige à desservir une église,
un chœur.
— ÊTYM. Desservir.
t UESSICCANT, ANTE (dé-si-kan, kan-t'), adj.
Oui dessèche. Soumettre les soies à l'aclion dessic-
cante.
— ÉTYM. Lat. desiccare, de la préposition de, et
siccare (voy. sécher).
t UESSICCATEUU (dé-si-ka-teur), s. m. Bâtiment
dans lequel on fait sécher les draps. On dit plutôt
séchoir.
-- F.TY.M. Voy. DESSICCANT.
DESSICCATIF, IVE ;dè-si-ka-tif, ti-v'),ad;.ll fQui
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
a la propriété do dessécher. || Subslaiitivenicnt. En
méditant de nouveau siH- ces faits, j'avais été con-
duit à envisager l'étiolement comme une enfance
prolongée et la lumière comme une sorte de des-
siccatif, BONNET, Us. des feuilles plant. SuppL 2«.
Il 2" Terme de médecine. Oui dessèche les plaies ou
quelque parlie trop humide. Onguent dessiccatif.
Il Substantivement. Un dessiccatif, un topique pro|ire
à dessécher. || 3° Terme de peinture. Huile dessicca-
tive, huile qui rend les couleurs auxquelles on la
mêle, propres à sécher promptement. || Substantive-
ment. Cette huile est un excellent dessiccatif.
— HIST. XVI* s. Le médicament sera résolutif et
dessicatif, car toute ulcère requiert estre desseichée,
PARE, V, (3. Le sécher des fruits tarde quelque peu
plus, parce que le miel n'est tant dessicatif que le
sucre, 0. de serbes, 873.
— ÉTYM. Provenç. dessicatiu, desicatiu; espagn.
desecativo ; \Isl\. disseccativo ; du latin desiccativtts ,
de desiccare (voy. dessécher).
DESSICCATION (dù-si-ka-sion) , s. f. Action de
dessécher, de faire évaporer l'humidité qui se trouve
dans un corps. La dessiccation d'une plante.
— HIST. XVI* s. Le sang par ceste dessication et
élaboration dégénère en substance charneuse, paré,
II, ((. Et faudra augmenter ou diminuer la desic-
cation de l'ulcère qu'on verra estre besoin, id. x, 9.
— ÉTYM. Provenç. deiicalio; espagn. desecacion;
du latin desiccalio, àedesiccare{voy. dkssècuer).
DESSILLÉ, ÉE (dè-si-llé, liée, «mouillées), pari.
passé. Fig. Qui n'est plus fermé à la lumière. Mes
yeux sont dessillés; le crime est confondu, rac.
Esih. m, 7. Â mes yeux dessillés la vérité va luire,
LAMART. Médit. IV, (8.
DESSILLER (d"'-si-IIé, Il mouillées, et non dè-
si-yé), V. a. || 1° Séparer les paupières qui étaient
jointes. || 2° Fig. Dessiller les yeux de quelqu'un ou
à quelqu'un, le désaveugler, lui faire voir la vérité.
Le temps dessillera les yeux, patru, Plaidoyer 16,
dans RicHELET Purgeant notre âme et dessillant
nos yeux, corn. Polyeucte, i, (. [Son sang] M'a des-
sillé les yeux et me les vient d'ouvrir, id. ib. v, 6.
Il me semble que tu m'as dessillé les yeux, et je
vois clairement la vanité des choses, d'ablancourt,
Lucien, t. i, dans richelet. Sitôt que le respect
m'a dessillé la vue.... rotrou, Vencesl. u, 2. Il [le
ciel] a touché mon âme et dessillé mes yeux, mol.
Fesl. de P. v, (. Hélas! que ferait-il si quelque au-
dacieux Allait pour son malheur lui dessiller les
yeux? HOIL. Sttt. IV. La ban(|ueroute, causée et fon-
dée en principes et en droit par l'exposé de l'édit,
dessille tous les yeux, st-sim. 39b, (23. L'on com-
mença à dessiller les yeux du peuple sur les super-
stitions, VOLT. Louis XI V, 2B.|| 3° Se dessiller, v. réfl.
S'ouvrir â la lumière. Mes yeux se dessillèrent, et
je reconnus mon erreur. A ce signe d'abord leurs
yeux se dessillèrent, la font. l'hil. et Banc.
— REM. Dessiller est une mauvaise orthographe,
puisque le mot vient de cil. L'Académie l'a préférée
à la bonne {déciller), qu'elle consigne pourtant à
son rang alphabétique et qu'elle abandonne pour
suivre une vicieuse tradition.
— HIST. XIV" P. El luy soit coupé [au faucon
de chasse] le fil de quoy il est chillé, et soit des-
chillé de tous poins, J/oduï, f° lxxix, eerso. DèsJa
deuxième fois que l'esprevier sera peu, le convient
dessillier [découdre les paupières], Ménagier, m,
2. Il XVI* s. Alors, Forget, alors ceste erreur an-
cienne. Qui n'avoit bien cogneu ta princesse et la
mienne, La venant k revoir, se dessilla les yeux,
DUBELL. VI, 48, rccto. DessUlez-moy l'ame assopie
Et ce gros fardeau vicieux, rons. 365. Se reveillant,
tu t'esveiiles joyeux, Et pour le voir tu dessilles tes
yeux, id. 958.
— ÉTYM. Dès.... préfixe, et cil (du moins la plus
ancienne orthographe dans l'historique est des-chil-
ler ; mais on pourrait aussi avoir dé-ciller) ; mot
tiré de l'usage où l'on était, dans la fauconnerie,
de ciller ou coudre les paupières de l'oiseau de
proie, pour le dompter et dresser.
DESSIN (dé-sin; \'n ne se lie pas: un dè-sin élé-
gant; au pluriel, l's se li'e : des d6-sin-z élégants),
s. m. Il 1° Représentation à l'aide du crayon, de la
plume, du pinceau. Dessin lithographie. Dessin au
trait, celui qui n'a aucune ombre. Dessin haché, ce-
lui où les ombres sont exprimées par des lignes sen-
sibles et le plus souvent croisées. Dessin lavé, celui
où les ombres sont faites au pinceau, avec l'encre de
la Chine. Dessin colorié, celui dont les lignes sont
relevées de quelques couleurs de peinture. Dessin
arrêté, celui dont les contours des figures sont ache-
vés. Dessin linéaire par opposition au dessin de la
figure, celui des meubles ornements, vases, que
l'industrie a l'occasion de produire, et qu'on ensei-
gne dans les écoles primaires comme préparatoire
aux états de tourneur, menuisier, ébéniste, etc. ; on
l'appelle linéaire, parce qu'il ne consiste que dans
le trait ou les lignes. La nature féconde Varie à l'in-
fini les traits de ses dessins, volt. Scythes, iv, 4
Il 2° L'art qui enseigne les procédés du dessin. Ap-
prendre le dessin. Les arts du dessin, la peinture,
la sculpture, l'architecture. Le dessin est la base
d'un grand nombre d'arts. Le dessin est de rigueur
en sculpture, diderot , Pensées sur la peinture,
Œuvres, t. xv, p. 2i3, dans pougens. || 3° Déli-
néation des figures, des contours. Dessin correct,
pur. On oppose le dessin à la couleur. || Ordonnance
générale d'un tableau. || 4° Figures d'ornement
dans certains tissus. Cette étoffe est d'un joli dessin.
Le dessin d'un papier de tenture. Faire des dessins
de broderie, FÉN. Tél. m. L'esprit se relâchait, pen-
dantquedes mains industrieusemeiit occupées s'exer-
çaient dans des ouvrages dont la piété avait donné,
le dessin, boss. Anne de Conx. || 6° Terme d'archi-
tecture. Plan d'un bfitiment, d'un jardin, etc. Ce
parterre est fait sur le dessin de M. le Nôtre, sÉv.
588. Il en fit tous les dessins [du temple], boss. llist.
II, 4. Ce monument éternisera la honte de l'archi-
tecte; car il fait voir que l'ouvrier n'a pas su penser
avec assez d'étendue pour concevoir le dessin géné-
ral de tout son ouvrage, fén. Tél. xxii. || 6° Dans
un ouvrage littéraire, le plan et les principaux inci-
dents, à l'exclusion du style. Corneille admirable
surtout par l'extrême variété et le peu de rapport
qui se trouve pour le dessin entre un si grand nom-
bre de poèmes qu'il a composés, labruy. i. || 7" Terme'
de musique. La disposition de diverses parties d'un
morceau.
— ÉTYM. Voy. dessiner. Dessein et dessin sont le
même mot; il n'y a pas longtemps que l'orthogra-
phe les a distingués pour l'œil; et dans le xvn" siè-
cle dessin s'écrivait souvent dessein. Dessein n'est
que dessin pris figurément, c'est-à-dire ce que l'on
dessine ou désigne, car ces deux mots sont iden-
tiques.
DESSINATEUR, TRICE (dr>si-na-teur,tri-s'),s. m.
et/. Il 1° Celui, celle qui exerce l'art du dessin. Un bon
dessinateur. || 2° En parlant des peintres, celui qui est
habile à dessiner. Raphaël est un grand dessinateur.
Il II se dit spécialement par opposition à coloriste.
Ce mot dans ce sens est surtout pris par relation. 11 y
a dans la peinture le dessin et la couleur; de sorte
qu'on distingue parmi les peintres les dessina-
teurs et les coloristes; c'est la division que P. Dela-
roche a suivie dans l'hémicycle de l'École des beaux-
arts; il a mis les uns à droite, les autres à gauche.
Hubensest bien plus coloriste que dessinateur; David
et Girodet sont bien plus de,s,siiiateurs que colo-
ristes. Il 3° Celui qui trace le dessin, le pian d'un
bâtiment, d'un jardin, etc. Dieu ne fut pas un si
méchant dessinateur des bocages de l'Êden que les
incrédules le prétendent, chateaub. Génie, i, iv,
4. Il 4° Nom des artistes qui font des modèles pour
les ouvriers, pour les manufactures d'étoffes et de
tapisseries, pour les broderies. Un dessinateur de
fabrique. Dessinateur en broderie.
— ÉTYM. Dessiner.
DESSINÉ, ÉE (dè-si-né, née), part, passé. Tracé
suivant l'art du dessin. Une figure bien dessinée.
Il Fig. Énée et Turiius ne sont beaux que dans
deux ou trois moments; Mézence seul est fièrement
dessiné, chateaub. Génie, ii, ii, (0. Le chapitre 27
du livre xix [de l'Esprit des lois] est un portrait de
votre Angleterre, dessiné dans le goût de Paul Vé-
ronfse, des coideurs brillantes, de la facilité de
pinceau et quelques défauts de costume, volt.
Dial. xxiv, t" entretien.
DESSINER (dè-si-né), v. a. ||1° Faire le dessin
de quelque objet. Dessiner une figure d'après nature.
Dessiner un paysage, des arabesques, un plan.
Il 2° Terme de musique. Faire le dessin, concevoir
l'ordonnance d'un morceau. Dessiner un point d'or-
gue. Il 3° Figurer. Ces galeries écroulées dessinaient
les places publiques, volney. Ruines, i. Ses cheveux
[dePhédon],effleurésdusourflede l'automne, Dessi.
naientsur sa tète une pâle couronne, lamart. Socr.
346. Il Un vêtement qui dessine bien les formes,
c'est-à-dire qui fait bien ressortir les formes du
corps. Il 4° F. n. Dessiner au crayon, à la plume.
Dessiner est un très-joli plaisir, mais écrire est un
plaisir utile, maintenon. Lettre au duc de Noailles,
l( déc. (700. Il Terme de peinture Tracer les con-
tours des figures d'un tableau. Ce peintre colorie
mieux qu'il ne dessine. || 5" Se dessiner, t'. réft. Se
montrer avec des contours bien arrêtés. Les Alpes
se dessinent à l'horizon. Quelques têtes do chameau
1. - i'>o
111/l
DES
se dessinaient dans l'ombre, chateaub. Mart. il,
226. Il Fig. Être marqué, être apparent. Deux gran-
des opinions, deux grands partis se dessinaient.
—REM. On a écrit autrefois dessigner : Comme un
liomme Qui dessigne de l'œil mille cbâteaux en l'air,
BliGNIER, Élég. II.
— ÊTYM. Autre forme et ancienne prononciation
do di'signer (voy. ce mot).
4. DESSOLÉ, ÉE (ilè-so-lé. Me), part, passé de
dossoler 1. Un bœuf dcssolé. || Terme de chasse.
Chien dessolé, cliien qui, lorsque la terre est dure,
a la peau du dessous des pieds enlevée par la mar-
che et le frottement.
2. DESSOLÉ, ÉE (dè-so-lé, lée), part, pasié (le
dessoler 2. Une pièce de terre dessolée.
t UESSOLEMENT (dè-so-lc-m;in), s. m. Terme d'a-
griculture. Action de dessoler;état de ce qui est dessolé.
— ÉTY.M. Dessoler i.
1. DESSOLEK (dè-so-lé), V. a. ôter la sole d'un
cheval, d'un mulet.
— HIST. XIV* s. Tant orent de meschief lor che-
vaux, ce sait on, Que dessolé en sont deux cent ou
environ, Ciie.sc/. (8329.
— ÊTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une «
de prononciation, et sole de cheval.
2. DESSOLER (dè-so-lé), V. a. Terme d'agriculture.
Changer l'ordre des soles d'une terre labourable.
— ËTYM. Des.... préfixe, pourd^.... avec une s de
prononciation, et soie de la terre.
t i.DESSOLURE(dè-so-lu-r'),s. /'.Terme de vété-
rinaire. Enlùvement de la sole d'un cheval , d'un bœuf.
— ËTYM. Dessoler 1 .
f 2. DES.SOLURE (dè-so-lu-r'), s. f. Terme d'a-
griculture. Changement du mode d'assolement d'une
terre.
— f-TYM. Dessaler 2.
t DESSOUCHER (dè-sou-ché), t). o. Termed'agri-
culture. Arracher les souches.
— ETYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s de
prononciation, et souche.
DESSOUDÉ, ÉE (dè-sou-dé, dée), part, passé.
Une cafetière en fer-blanc dessoudée.
DESSOUDER (dè-sou-dé), v. a. ôter la soudure,
disjoindre des parties soudées. 1| Se dessouder, v. réfl.
Cesser d'être soudé.
— HIST. XVI' s. Ores leurs fors bras dessoudent
Leurs ponts, écluses et ports, dubell. n, 51, verso.
— ETYJl. Des.... préfixe, pour d^.... avec une s
de prononciation, et souder.
t DESSOUDURE (dè-sou-du-r') , s. f. Action de
dessouder; état de ce qui est dessoudé.
— ÉTYM. Dessouder.
t DESSOUFFLER (dè-sou-flé), V. a. Terme de
boyaudiers. l'ratiquer la désinsufflation.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et souffler.
t DESSOUFRAGE (dè-sou-fra-j'), s. m. Action de
dessoufrer.
t DESSOUFRER (dè-sou-fré), v. a. Enlever le
soufre qui se trouve dans une substance.
— ETYM. Des. .. préfixe, pour dé.... avec une f
de prononciation, et soufre.
■f nKS.>iOUn.LER (dè-sou-llé, !i mouillées), v. a.
ôter la siiuilliire. || Se dessouiller, v. réfl. Se laver
d'un opprobre.
— HIST. xvr s. Desouiller, Poésies de Loys le Ca-
ron, f°*l , verso, dans lacurne.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et souiller.
DESSOLLÉ, ÉE (dè-sou-lé, lée), part, passé.
Dont l'ivresse est passée.
DESSOULER (dè-sou-lé), v. a. Dissiper l'ivresse.
La peur l'a dessoûlé. || Absolument. 11 ne dessoûle
pas, il est toujours ivre. {| Se dessoûler, v. réfl. Sor-
tir de l'ivresse. Il s'est dessoûlé en prenant un peu
d'ammoniaque.
— REM. Pourquoi l'Académie, qui écrit soûl, soû-
ler avec l'accent circonflexe, écrit-elle dessoûler sans
accentcirconfiexe? c'est une inconséquence qui com-
plique l'orthographe.
— ÊTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et soiller.
DESSOUS (de-sou; l's se lie : de-souz et dessus;
au contraire, Chifllet, Gramm. p. 210, xvii' siècle,
remarque que Vs ne se prononce pas, même devant
une voyelle), adt). || fil marque qu'une chose est .sous
une autre. J'ai cherché sur la table et il était des-
«ous. J'ai crainte ici dessous de quelque manigance,
MOL. VEtour. I, 4. Ce blocenfarinéneme ditrienqui
vadle, S'écria-t-il de loin au général des chats; Je
soupçonne dessous encor quelque machine, la font.
Fabl. m, 48. Il Mettre dessous, renverser dans une
lutte. Il Udia de me mettre dessous, fé«. Tél. v.
DES
Il Terme de jeu de paume. Mettre dessous, lancer
une balle assez bas pour qu'elle ne soit arrêtée ni
par la corde, ni par le filet. || Terme de marine. La
barre dessous! dessous toute I ordre au timonier de
placer la barre du gouvernail tout à fait sous le vent.
Il Sens dessus dessous, voy. cette locution à sens.
Il 2° Là-dessous, odi). Sous cela. Mettez ce paquet là-
(lessou.s. Il Fig. Il y a quelque piège là-dessous. Don!
bon! quelque chose là-dessous ; que pourrait-ce être?
DANCOURT, Gai. jardin, se. t. || 3° Ci-dessous, adv.
Sous le lieu où l'on est. Ci-dessous gît un tel. || Ci-
après. La note ci-dessous explique la chose, 'ifous
trouverez ci-dessous les propres termes de l'auteur.
Il 4° S. m. La partie, le côté, l'endroit qui est sous
le dessus. Le dessous d'une table, d'une étoffe. Il
t'importera peu que le monde s'en joue, Et t'ofi're
de la roue Ou le dessus ou le dessous, corn. Imit.
11, 4. Il Les dessous d'un théâtre, les étages à plan-
ches mobiles qui sont au-dessous do la scène.
Il y a jusqu'à trois de ces étages qu'on nomme le
premier, le second et le troisième dessous. || Fig.
Être enfoncé dans le troisième dessous, être très-
mal dans ses affaires, être le plus bas possible.
Il Terme d'eaux et forêts. Les dessous, nom donné
aux branchages inférieurs et buissons qui se trouvent
dans les bois. || 5° Le dessous des cartes, la partie
des cartes que l'on tient en dessous, c'est-à-dire
qu'on ne laisse pas voir à l'adversaire. || Fig. Le
dessous des cartes, les ressorts secrets d'une in-
trigue, d'une afTaire. N'ya-t-il point moyen de voir
le dessous du jeu? pasc. Pensées, x, l , éd.Lahure,
(880. L'on voit clair quand on voit le dessous des
cartes, sév. 202. Je crois que vous m'aimez; c'est as-
surément le dessous de vos cartes, comme la vérita-
ble tendresse que j'ai pour vous est le dessous des
miennes, sÉv. Lett. 5 août 167B. Les gazettes di-
rent que leur vaisseau [des philosophes qui étaient
allés faire des observations sous le cercle polaire]
échoua aux côtes de Bosnie, et qu'ils eurent bien
de la peine à se sauver; mais on ne sait jamais
dans ce monde le dessous des cartes, volt, ilicro-
mégas, 4. || On dit aussi le dessous de cartes. Une de
nos folies a été de souhaiter de découvrir tous les
dessous de cartes de toutes les choses que nous
croyons voir et que nous ne voyons point.... sEv.
t97. Il Absolument. Un dessous, quelque chose
de caché dont il faut se défier. || 6° Avoir le des-
sous, avoir le désavantage dans un combat, dans
une discussion. Soit que Rome y succombe ou
qu'Albe ait le dessous, corn. Jlor. i, 3. Est-il pos-
sible que toujours j'aurai du des.sous avec elle? mol.
G. Dandin, ii, t3. Nous avons toujours du dessus
et du dessous, de plus habiles et de moins habiles,
de plus élevés et de plus misérables, pour abaisser
notre orgueil et relever notre abjection, pasc. Pen-
sées. Monval m'a conté une affaire vive à la Caldie-
ra; les nôtres auraient eu du dessous, p. l. cour.
Lett. II, 87. Il 7° En dessous, loc. adv. Dans le des-
sous, dans la partie qui est dessous. Un pain brûlé
en dessous. || Fig. Regarder en dessous, regarder
sans lever les yeux. D'abord ils [les noirs] ne sa-
vent qu'en dire [des marionnettes]; lisse regar-
dent en dessous, bérang. Nègres. Son re!;ard en
dessous observait tout avec une ombrageuse atten-
tion, MARMONTEL, méin. IV. Il Être en dessous, être
morne et dissimulé. Il a l'air en dessous, il a l'air
dissimulé. || 8" Par-dessous, loc. adv. Par le côté
qui est dessous. Il le jirit par-dessous. || Par-dessous,
prép. Par-dessous ses vêtements. Passer par-dessous
la barrière. || Fig. et familièrement. Par-dessous la
jambe, avec promptitude et facilité. Il fait cela par-
dessous la jambe. || 9° Au-dessous, loc. adv. Plus bas.
Notre village est situé près du pont; le vôtre est
bien au-dessous. La citadelle est sur la colline; la
ville s'étend au-dessous. || Fig. Être au-dessous, être
inférieur. Jamais il [Racine] n'ira plus loin qu'An-
dromaque; Bajazet est au-dessous, au sentiment de
bien des gens et au mien , si j'ose me citer, sév. ( 26.
Il Au-dessous de, /oc.pr(?p. L'eau ne nous venait qu'au-
dessous du genou. Être logé au-dessous de quelqu'un.
Le thermomètre est au-dessous de zéro. 1| Terme de
marine. Être au-dessous du vent d'un vaisseau, être
placé de manière que ce vaisseau reçoit le vent le
premier. || Par extension. 11 marque l'infériorité
par rapport à un terme. On enrôla tous les hommes
au-dessous de cinquante ans. Une somme au-des-
sous de mille francs. .Vendre au-dessous du cours.
Les enfants de l'âge de deux ans et au-dessous.
Il Fig. Être au-dessous de sa place, n'être pas en
état de la remplir. Cet emploi est au-dessous de
lui, cet homme est capable et digne d'occuper un
poste plus élevé. Je n'ignore pas qu'à cause de votre
noblesse vous me tenez fort au-dessous de vous,
DES
MOL. Georges Dandin, ii, 3. Lo Mercure Galant est
immédiatement au-dessous du rie»; il y a bien d'au-
tres ouvrages qui lui ressemblent, la bbuy. i. La
faveur met l'homme au-dessus de ses égaux, et sa
chute au-dessous, id. viu. || lO" De dessous, loc.
adv. Vêtement de dessous, vêtement qui se porte
ordinairement sous d'autres. || De dessous, loc. prép.
exprimant que l'on tire de quelque chose qui est
dessus. Vous ne trouverez pas bon qu'une magi-
cienne fasse sortir une armée de dessous terre, mon-
TESQ. Lett. pers. 437. Hommes noirs, d'où sortez-
vous? Nous sortons de dessous terre, bérang. Jés,
Il Voy. aussi au-dessous, à son rang alphabétique.
— REM. Dans la première partie du xvii' siècle,
dessous a été employé couramment comme préposi-
tion ; Ce sera dessous cette égide Qu'invincible de
de tous côtés.... malh. m, 2. Si dessous sa valeur
ce grand guerrier s'abat, corn. Cid, ii, B. Et que
dessous les cieux Auprès de mon honneur rien ne
m'est précieux, id. ib. v, <. Je le tiendrai long-
temps dessous votre fenêtre, id. lfen(. ii, t. Rome
est dessous vos lois par le droit de la guerre, id.
Cinna, ii, l. Ou qu'enfin s'il tombait dessous votre
puissance, ID. Pomp. III, 2. Malheureux que je suis
d'avoir dessous ce masque Été, sans y penser, ta
faire cette frasque! mol. l'Étour. m, <2. Je saii
qu'il est rangé de.ssous les lois d'un autre, id. Dep.
amour, ii, 3. Le lièvre était glté dessous un maître
chou, LA FONT. Fabl. IV, 4. Ses sacrilèges mains
Dessous un même joug rangent tous les humains,
RAC. Alex. II, H. Il est fâcheux que les puristes du
xvii' siècle aient voulu, sans aucune raison gram-
maticale ni étymologique, ôter à dessous le rôle de
préposition; il en résulte que de beaux passages de
nos classiques nous paraissent ou archaïques ou fau-
tifs. Aujourd'hui la règle s'est établie, et ce serait
une faute d'employer dessous comme préposition.
Cependant V. Hugo a essayé de faire revivre l'an-
cien usage ■ fllsj Poursuivent un oeil noir dessous la
jalousie X travers l'éventail, F. d'aut. 28.
— HIST. XI' s. Desuz un pin, delez un églantier,
Ch. de Roi. viii. Lur [leurs] chevalz [ils] laissent
de desuz un olive, t6. cxci. || xu* s. Dessus mespiez
charront [ils tomberont sous mes pieds], Hois,
p. 209. Desoz un pin, Ronc. p. n. Au pié d'un mont
par desoz un lorier, «6. p. 40. [Je] N'en donroie le
désir Pour tout l'avoir desouz ciel, Couct, xii. Adonc
m'est vis que jel sente [le vent] Par desoux mon
manteau gris. Dame de Faiel, dans Couci. As prez
desoz Golaneseviennent hebergier. Soi. vi.||xiii's.
H se sont arestés desouz un olivier, Berte, xix. La
dame fut au bois desous un arbre assise, ib. xxx.
Quant la seconde esciele [bataillon] des Espaignois
vit au des.sous sa partie, si se ferirent entre ans
[eux] isnelement, Chron. de Rains, p. 70. Sien ft
moult dolans et envoya maintenant un légat en
France et un en Engleterre et un en Alemaigne et
par toutes les terres de sous la loi de Rome, ib. 33.
On doit miex croire le tesmognage de l'apostoles
que le par desous [le témoignage de l'inférieur],
BEAUM. xviil, (3. Il XIV* s. Et de telles ars et doc-
trines aucunes sont dessoubz une antre; si cotomu
art de fjire frains est dessoubz art de chevaucher,
ORESME, Fth. II. Il XV* s. Et d'autre part il voyoit
bien que il ne pourroit mauvaisement mettre au
dessous le grand royaume de France, froiss. i,
I, 62. La comté d'Evreux estoit revenue aux enfans
du roi de Navarre qui estoient de.ssous âge et au
gouvernement du roi Charles de France, leur on-
cle, ID. Il, II, 19. Et aussi quant Picars les trou-
voient à leur dessoubz, ils leur faisoient assez de
peines, FENIN, I4li. Messire Enguerrant, trèsbien
accompaigné, le -tenant par dessoubz le bras, tout
à genouillons le présenta au roy, Jeh. de Saintré,
ch. 32. Toutesfois estans Vénitiens pres(|ue au des-
sous, au moins ayant le pire et fort ruinez d'ar-
gent.... COMM. vit, 2. Il XVI' s. J'entreprends de mar-
cher sus l'herbe des prez, sans que elle (lechisse
dessoubs moy, rab. Pant. ii, 24. Osté qu'il sera [ce
masque], nous ne trouverons au dessous que.,..
MONT. I, »o. Il se coucha dessoubs un arbre, ID. i,
341. Il luy mettoit sa trompe dans le sein, par des-
soubs son collet, id. ii, 185. /Egeus luy laissa une
espée et des souliers, lesquelz il cacha dessoubs une
gro.sse pierre, amtot, Thésée, 4. Theseus soubleva
facilement la pierre, et print ce qui estoit dessoubs,
id. ib. 6. Elle trahit dessoubs ceste espérance Le roi
son père avec sa demourance, id. Rom. 26. 1.e dessui
du bourbier estoit crousté; mais le dessoubs enfon
droit, iD. ib. 27 Ou sous le frais d'un antre, o»
dessous la froideur D'un chesne dont les bras s'op-
posent à l'ardeur, bons. su. L'air retentit dessous
le cri des mères, u>. 968.
DES
DES
DES
1115
— ÉT'i'M. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et sous; bourguig. deso ; Berry,
deisour; picanl, desous, edxous; provenç. desotz,
desosti ; ital. rfisoHo.
tDESSOCVENIR (SE) (dè-sou-ve-nir), e. réfl. Ne
pas se souvenir.
— , HIST. xiu" s. Pour eslongier ne départir, Ne
pour longuement demourer, Ne doit dame dessou-
Tenir Son loial ami, Poésies mss. du Vatican, dans
LACL'RNE.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et souvenir.
t nESSUINTAGE (dè-suln-ta-j'), s. m. Opération
qui a pour but de débarrasser la laine de son suint.
t DESSUISTER (dè-suin-tèj , v. a. Terme de tein-
turier. Enlever le suint de la laine.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et suint.
DESSUS (de-su ; l's se lie : de-su-z et dessous; au
contraire, Chifflet, Gramm. p. 216, au xvif siè-
cle, remarque que l's ne se prononce pas, même de-
vant une voyelle), adr. \\ 1° Exprime la situation su-
périeure, et est opposé à dessous. Ce qui est sous la
table mettez-le dessus. Si notre être, si notre sub-
stance n'pst rien, tout es que nous bâtissons dessus,
que peut-il être? Boss. Duck. d'Orl. || Mettre dessus,
se couvrir, mettre son chapeau. Cette locution est
populaire. Mettez donc dessus, s'il vous plaît, mol.
ilar. forcé, 2. {| Terme de jeu de paume. Mettre des-
sus, pousser ou relever une balle avec la raquette,
assez haut pour qu'elle passe au-dessus de la corde.
Il Terme de marine. Avoir le vent dessus, être mas-
qué ou avoir ses voiles. coilTées. || Sens dessus des-
sous, voy. cette locution au mot sens. || 2° Là-des-
sus, ado. Sur cela. Mettez ce livre là-dessus. |1 Sur
ce sujet, sur ce point. Pourquoi revenir toujours
là-dessus? Passons là-dessus. Vous pouvez compter là-
dessus, sur cet engagement, cette promesse. || Apris
cela, aussitôt après. On lui déclara qu'il n'obtien-
drait rien, là-dessus il se retira. Ses troupes là-dessus
ont été dispersées Pour rompre dès l'abord ces
pointes avancées, tristan, l'anthée, v, t. Là-des-
sus un grand cri tout autour s'entendit, id. lla-
riane, v, 2. || 3' Ci-dessus, adu. Plus haut, en
parlant de quelque chose qui est consigné par
écrit. Voyez ce qui a été exposé ci -dessus. Comme
ci-dessus. || Elliptiquement. De tout ce que des-
sus j'argumente très-bien Qu'ici-bas maint talent
n'est que pure grimace, la font. Fabl. xi, 5. || 4° S.
m. Le côté d'une chose qui forme la partie supé-
rieure. Le dessus d'une table, d'une étoffe. Le
dessus est plus beau que le dessous. || Ce qui est
en dessus. Je vous donne avec plaisir le dessus de
tous les paniers, c'est-à-dire la fleur de mon esprit,
de ma tête, de mes yeux, de ma plume, de mon
éoritoire, et puis le reste va comme il peut, sÉv.
234, Il L'étage supérieur d'une maison. || Le haut
d'un omnibus. || 5" Il se dit de diverses choses qui se
mettent sur d'autres. Qn dessus de table. || Terme
d'architecture. Dessus de porte , ornement de boise-
rie, de peinture ou de sculpture, placé dans unenca-
drem»nt au-dessus du chambranle d'une porte. Mais,
me réjiond l'artiste, vous no savez donc pas que ces
vertus sont des dessus de porte pour un receveur gé-
néral des finances? DIDEROT, Salon de t767, Cit'u-
vres, t. Xiv, p. 87, dans pougens. Il ne peindra ja-
mais que des dessus de portes, J. J. rouss. Ëm. m.
Il 6° Les dessus d'un théâtre, les étages qui sont
au-dessus de la scène et dans lesquels peuvent re-
monter certaines machines, certaines décorations.
Il 7° Petite glace qui sert comme de molette pour
dégrossir ou adoucir une autre glace. |j S" Adresse,
suscription d'une lettre, d'un paquet. En fermant
le paquet, j'écrirai le dessus, corn. Ment, iv, 4. Le
cabasset cacheta sa lettre, mit le dessus [l'adresse] à
M. de Chaulnesau lieu de M. de Pontchartrain , st-
siM. 42, 239 J'ai fini, je n'ai plus qu'à cacheter
ma lettre et mettre le dessus, régnard. Distrait,
IV, 9. Est-ce à moi qu'on écrit? regardons le dessus,
lachaussée, Gouvern. ii, o. ||9° Terme de marine.
Le dessus du vent, l'avantage du vent. Avoir, gagner
le dessus du vent Presque en arrivant Un pirate
survient, prend ledessusduvent, Les attaque, les bat,
i.A font. Filles de Minée Un vaisseau de corsaires,
Ayant pris le dessus du vent. Les attaqua; le combat
fut sanglant, id. Fiancée. \\ Fig. Avoir le dessus du
vent,avoirl'avantagesurquelqu'uD. || Ledessusd'une
voile , la face tournée vers l'avant quand la vergue
de la voile est brassée carré. || 10» Avantage, supé-
riorité. Avoir le dessus, avoir l'avantage dans un com-
bat, dans une lutte quelconque. La fortune n'avait
pas encore le dessus dans son esprit, vaegel. Q. C.
m. (2. Ils estiment que c'est bien davantage d'em-
porter le dessus au conseil sur leurs compagnons,
que de battre à la campagne leurs ennemis, balz.
3' dise, sur la cour. Us savent oublier quand ils ont
le dessus, CORN. Nicom. v, 7. Et sur notre Arménie
Orode eut le dessus, m. Suréna, i, i. Avec plus de
raison nous aurions le dessus, Si mes confrères [les
lions] savaient peindre, la font. Fahl. m, to. Le
plaisir d'avoir le dessus sur la reine, sév. 298. Votre
frère l'emporte et Phèdre a le dessus, rac. Phèdre,
II, 6. Que la passion n'ait pas le dessus sur la raison,
BOSS. SU. 3. Il Avoir le dessus de quelqu'un, l'empor-
ter sur lui. Si de nos ennemis Rodrigue a le des-
sus.... CORN. Cid, IV, B. Comme le vrai mérite a
ses prérogatives Qui prennent le dessus des haines
les plus vives, id. Sertor. m, 2. || Celte tournure est
moins usitée que avoir le dessus sur. || Prendre le
dessus, devenir prépondérant par les armes, par la
force, par l'influence, etc. Tenir le dessus, avoir la
supériorité. Lucullus prenait le dessus en Orient,
BOSs. Hist. I, 9. La Macédoine y tenait le dessus,
id. ib. m, c. César prit le dessus, id. ib. m, 7.
Tu disputes contre Dieu à qui emportera le dessus,
ID. Pén. 3. Il 11» Terme de musique. La partie la
plus haute par opposition à la basse. Premier, second
dessus. Les pinsons chantaient le dessus avec les ber-
gères, VOLT. Babyl. 4. || Haut dessus, s'est dit de la
partie supérieure parmi les dessus chantants. On dit
aujourd'hui premier dessus. || Personne qui chante
le dessus. Un beau dessus. 11 vous faudra trois voix,
un dessus, une haute-contre et une basse, mol.
Bourg, gent. ii, ).||12° En dessus, dans la partie
supérieure. Cela est noir en dessus. || 13° Par-
dessus, loc. adv. Par la partie supérieure; en outre.
Il avait un habit et une redingote par-dessus. 11 eut
ce qui lui avait été promis et quelque chose par-
dessus. Il Par-dessus, loc. prép. Il porte un gros
manteau par-dessus .son habit. Il sauta par-dessus
la barrière. Ne souffrez pas qu'une réputation si
juste que la vôtre soit si limitée, ni qu'elle de-
meure aux pieds des Pyrénées, par-dessus les-
quelles tant d'autres ont passé, voit. Lett. 40. || Kig.
Dont il avint qu'il sauta par-dessus Ces longs sou-
pirs et tout ce vain martyre, la font. Berc. || Terme
de marine. Passer par-dessus le bord, se dit d'une
personne qui s'est cachée à bord et qui ne se mon-
tre que quand le navire est en mer. || Fig. En avoir
par-dessus les yeux, par-dessus la tête, être ex-
cédé d'une chose. || Être dans quelque chose par-
dessus les yeux, en être complètement absorbé.
Mme de Coulanges s'en va; Mme de Lavardin est
dans la noce par-dessus les yeux, sév. 432. {[ Par-
dessus les maisons, se dit en parlant de choses exor-
bitantes. Il fait des demandes par-dessus les mai-
sons. Et qu'a-t-ildemandé? — Oh I d'aborddes choses
par-dessus les maisons, mol. Scapin, ii, 8. || Faire
quelque chose par-dessus l'épaule, ne point le faire.
Il l'a payé par-dessus l'épaule. |1 Outre , en plus que.
Il lui a donné dix francs par-dessus ce qu'on lui de-
vait. Il Par-dessus tout, loc. adv. Principalement,
avant tout, surtout. Ce qu'il veut par-dessus tout,
c'est recouvrer son argent. || S. m. Par-dessus de
viole (voy. par-dessus). || Pardessus, sorte de vête-
ment (voy. PAR-DESsus). Il 14° Au-dessus, ioc. adv.
Dans la situation supérieure, plus haut. Au-dessus
étaient écrits ces mots. Le confluent desdeux rivières
est ici; le village est au-dessus. || Au-dessus de, loc.
prép. Plus haut que. Au-dessus du genou. Le soleil
est au-dessus de l'horizon. Quinze degrés au-des-
sus de zéro. La Marne se jette dans la Seine au-
dessus de Paris, en amont. Tandis qu'à peine à
tes pieds tu peux voir, Penses-tu lire au-dessus de
ta tête? la font. Fabl. n, <3. C'est ainsi que dix-
huit mille Italiens et Français, ramassés au fond
d'un ravin, ont vaincu cinquante mille Russes pla-
cés au-dessus de leurs têtes et secondés par tous les
obstacles que peut offrir une ville bâtie sur une
pente rapide, ségur, llist.de Nap.ix, 2. || Au-dessus
de, sur la partie supérieure. Nitocris est cette reine
qui fit de si grands ouvrages à Babylone; elle avait
placé son tombeau au-dessus d'une des portes les
plus remarquables de la ville, rollin, Hist. anc.
Œuvres, t. ii, p. 82, dans pougens. || Par exten-
sion, il marque la supériorité par rapport à un terme
indiqué. Tous les hommes au-dessus de cinquante-
cinq ans. Les enfants de cinq ans et au-dessus. || Fig.
Au-dessus de, exprime une supériorité due au rang,
au mérite, au crédit, etc. L'archevêque est au-des-
sus de l'évéque. Bossuet est au-dessus de tous les
orateurs chrétiens de son temps. J'ai cherché long-
temps dans mon esprit qui pouvait être ce petit
homme de qui on dit de si grandes choses et que
l'on met si fort au-dessus et au-dessous de moi, voit.
Leit. 28. L'émulation.... qui rend l'ftme féconde,
qui la fait profiter des grands exemples, et la porte
souvent au-dessus de ce qu'elle admire, la brut.
XI. Tous mes amis en usent ainsi, et vous êtes au-
dessus de tous mes amis, maintenon, lett. au card.
de Noailles, 7 oct. (697. Un homme aussi au-dessus
de ses contemporains ne pouvait manquer d'exciter
leur jalousie, diderot, Opin. des anc. phil. (sco-
lasliques). Quel dérèglement de jugement, par le-
quel il n'y a personne qui ne se mette au-dessus de
tout le reste du monde et qui n'aime mieux son
propre bien et la durée de son bonheur et de sa vie,
que celle de tout le reste du monde, pasc. Pensées,
XXV, 2, éd. Lahure, fsao. || Être au-dessus de soi-
même, se surpasser soi-même. Ne sentez-vous pas
que Minerve vous a transformé en un autre homme
au-dessus de vous-même, pour faire par vous ce que
vous avez fait? FÉN. Tel', xxu. || Être au-dessus de
sa place, mériter mieux. || Etre au-dessus dus fai-
blesses humaines, être incapable d'y succomber. Une
grande âme est au-dessus de l'injure, de l'injustice,
delà douleur, de la moquerie, la bruy. xi. || On dit
dans un sens analogue qu'une chose est au-dessus
d'une autre pour exprimer qu'elle est plus forte, plus
grande, plus puissante. Cela est au-dessus de ses for-
ces, cela surpasse ses forces. Courage au-dessus des
périls, très-grand courage. Ma douleur est au-des-
sus de toute douleur, mon cœur est tout languis-
sant au dedans de moi, saci, Bible, Jérémie,
VIII, 18. Il Être au-dessus de certaines choses, n'y
être pas astreint. En disant ceci, ne croyez pas,
s'il vous plaît, que je me plaigne de cette rare per-
sonne que son mérite et son peu de santé mettent
au-dessus de toutes sortes de devoirs, voit. Leit. 19.
Il Être au-dessus de l'opinion, ne pas s'en inquié-
ter. || Être au-dessus de ses affaires, avoir une for-
tune établie, avoir plus de revenu que de dépense à
faire, ou, en parlant d'un commerçant, avoir un
établissement qui prospère. || Fig. Être au-dessus du
vent, n'avoir rien à craindre, être so"ti d'embarras,
de gêne, de péril. (Cette locution n'est pas usitée au
propre dans la marine, où l'on dit avoir le dessus
du vent). Les voilà donc tous transportés de joie,
au-dessus du vent et de tous les procès, sêv. Lett. I3
juin 1083. Il 15° De dessus, prép. qui exprime qu'une
chose n'est plus placée sur une autre chose, ôtez
cela de dessus le buffet. Il ne leva jamais les yeux
de dessus lui, vaugel. Q. C. ni , C Détournant
leurs yeux de dessus la mort, boss. Or. fun. Gor-
nay. Aussitôt il essuya lapoussière de dessus son vi-
sage; et le roi d'Israël reconnut qu'il était du nombre
des prophètes, saci. Bible, Bois, m, xx, 41'. Ses
yeux ne se détournent pas de dessus elle, mass. Prof,
rel. 2. Il Voy. au-dessus, à son rang alphabétique.
— REM. 1. Dans la première partie du xvii* siècle,
dessus a été couramment employé comme préposi-
tion : Depuis où le soleil vient dessus l'hémisphère,
MALii. I, I. Venez en robes où l'on voie Dessus les
ouvrages de soie Les rayons d'or étinceler, id. iu, 3.
Qu'elle ait un sentiment qui la fasse pleurer Dessus
ma sépulture, id. v, i. En vain dessus Parnasse
Apollon on appelle, Régnier, Sat. iv. Le ciel agit
sans nous en ces événements. Et ne les règle point
dessus nos sentiments, corn. llor. m, 3. Le bon-
homme tout vieux chérit fort la lumière. Et ne
veut point de jeu dessus cette matière, mol. l'Étour.
m, B. Faites parler les droits qu'on a dessus mon
coeur, ID. Dép. am. i, 2. Dessus quel fondement
venez-vous donc, mon frère...? id. Éc. des maris,
m, 9. Si j'avais dessus moi ces paroles nouvelles,
ID. Fâcheux, I, B. Plus brusquement qu'un chat des-
sus une souris, id. l'Ét. iv, B. Comme un mouton
qui va dessus la foi d'autrui, la font. Fabl. ii, to.
C'était tout, car les précieuses Font dessus tout les
dédaigneuses, id. ib. vn, B. Mais dessus quel en-
droit tombera ton tonnerre, Qui ne soit tout couvert
du sang de Jésus-Christ? desbarreaux, ou l'abbé
de lavau. Sonnet du pécheur repentant. La nou-
velle comtesse de Mailly entra dessus [portée par]
toute la gloire de la toute-puissante faveur de Mme
de Maintenon, st-sim. in, B6. Mettez le pied dessus
le cou des rois, volt. Phil. iv, 224. Voyez sur cet
emploi la remarque au mot dessous. Aujourd'hui
dessus est exclusivement un adverbe. || 2. Pour-
quoi par derrière sans trait d'union et par-dessus,
par-dessous, avec un trait d'union? Le tiret ne peut
se justifier, excepté dans les cas où por-dessws forma
le nom d'un objet unique : un par-dessus de viole.
— HIST. XI* s. Les ches [têtes] [il] en prist es puis
[monts] desuzHaltile, Ch. de Uol. xiv. Allez sedeir
desur cel paile [manteau] blanc, ib. xix. Assez or-
rez [nuirez] la quele [épée] ira desure, ib. lixii.
Il xii* s. La reregarde desor lui si jugier[lui impo-
ser ainsi de faire l'arrière gardej, honc. p. 34. OU-
1110
DES
ver» est desor un pui [tertre] montez, Ronc. p. 45.
Au front riessus [l'escu] ot trois bandes il'or mer [pur],
«6. p. 50. Mais ains alons desor jiaiens ferir, l'b.
p. 87. Repairez est li cens [le comte] de là dessus,
ib. p. 03. Kl par dessus [ilj le prist fort à lier, th.
p. 97. ]Elle] l'rent le suaire de desus l'estaver, i6.
p. <7). Desor tous autres rois [vous] auriez le dan-
fier [domination], Sax. vi. Demain [je] les ferai
pendre [les messagers] jiar desor cest rivage, ib.
XXVI. C'est le plus jouenes des quatre Herbert lilz,
Mais desor toz estoit il de grant pris, Raoul de C.
99. jl xiii' s. Li empereres qui moul avoit bien fais
ses afaires, etcuidast bien del tout estre au desus,
s'enorgueilli moût envers les barons, villeii. xcii.
lierte remest pasmée desur le pavement, Uerle, ix.
Et lierte gist â dens par desus la bruiere,«i). xx. Des-
sur les marcheans [elle] fist coustume [impôt] as-
seSr, ib. LXiii. Et se li mestre et li juré truevent
pain trop petit, il le pueent prendre et doner le
por Dieu, si comeileslditpar desus, Liv. desmét. t7.
Mes li rain [rameaux] furent lono et haut, Et por le
leu [lieu] garder de chaut, Furent si espès par de-
seure, Que li solaus en nesune [aucune] eure Ne
pooit à terre descendre, Ne faire mal à l'erbe tendre,
la Rose, I3"fl. Por ce porrez estre audesseure [avoir
le dessus, l'emporter], ib. 7438. Cortoisie est que
l'en sequeiirre Celi dont l'en est au desseure, ib.
3294. X la quinzeinne aprfis, les Turs, pour nous
affamer, dont moult gens s« raerveiUerent, prirent
pluseurs de leurs galies desus [qui se trouvaient au-
dessus de] no.stre()st, elles firent treinner parterre,
jomv. 236. Ou llum devant le roy avoit une galiede
Genevois, là où il ne pareil que un seul homme de-
sur, ID. 249. Ce Henri desus dit fusl conte de Cham-
paingne et de ISrie.io. 204. ||xiv' s. Et nul n'esluit
[élit]" félicité pour les choses dessus dilies ne pour
autres quelconques, onESMB,Ê/h. via [14 . || xv's.
Ces trois, dessus tous les autres, en avoient la charge,
FBOiss. I, I, 446. Dessus l'âge de quinze ans et par
dessous l'âge de soixante ans, ID. i, i, loi. Oue les
Anglois sont communément envieux sur toutes es-
tranges gens, quand ils sont à leur dessus, lu. i,
I, 4 0. El si Dieu m'iiïst [m'aide], le courage m'en
sied trop bien que nous en viendrons à notre des-
sus, ID. I, 1, 47. i leur département ils trouvèrent
quatre nefs anglesches chargées de pourveances et
de chevaux, qui s'estoient tenues au dessus de la
bataille, ID. 1, I, 4 00. Les raisons dessus dictes,
coMM. Prol. La joie fut très grande au roi de se veoir
au-dessus de tous ceux qu'il liajoit, lu. v, 42. In-
continent que ung discord se mouvoit en Angle-
terre, en dix jours au moins l'ung ou l'autre estoit
au dessus, m. vi, 2. Estre au dessus de ses affaires,
ID. VI, 43. jjxvi* s. Les traictz passoyenl oultre par
dessus sans nul ferir, rab. Car. i, 47. Le dessus cou-
vert d'ardoyse fine,iD. «6. 1, 53. Homme sçavaut des-
sus la capacité du temps de maintenant, m. Pant.
II, 40. 11 chantoit bien la basse contre : Et les ma-
ris la malenconlre. Quand les femmes font le des-
sus, maiiot, II, 434. Dessus le soir, lu. ii, 434. Luy
donnera, pour plus son cueuraiser. Quelque autre
don par dessus le baiser, id. ii, 279. Pourobeïràun
clin de tes yeux. Je tournerois dessus dessous les
cieux, LA B0KriE,*82. De dessus un bastion, mont.
I, 28. Le coup ne luy rasa que le dessus de la te.ste,
Ib. 1, 60. Disons que.... et là dessus roidissons nous,
ID. 1, 78. J'avois des opinions au dessus de mon
aage, i». i, 4 96. Les pires escripts ont gaignô le
dessus du vent populaire, id. iv, 91. Donnez la ca-
pacité d'un excellent dessus à un chantre qui a les
poulmons pourris, id. iv, 4 56. Theseus se faisant
fort, et promettant hardiment qu'il viendroit au des-
sus du Minolaure, amyot. Thés. 20. Mettant un cha-
peau de laurier par dessus sa longue perruque, id.
Rom, 26. Un bourbier plus profond (ju'il ne sembluil
à le veoir par dessus.... pource que le dessus estoit
crousté, id. ib. 27. Il avoit une autre maLson dessus le
mont Quirinal, id. A'umo, 24. Il vouloit chastier Mi-
nutius, lequel pardessus son expresse défense avoit
combattu contre l'ennemy, id. Fab. 24. Ceulx qui
avoient de revenu la valeur de cinq cents minois
de bled et au dessus, id. Arist. 4. Si qu'en mar-
chant il me sembloit marcher Sur un espieu ou de-
iur un rocher, rons. 816. Et me plantant dessus le
haut du mont. Droit vers Paris me fit tourner le
front, id. ib. Quand ces cartilages sont comprimés,
ils feront la voix gresle, comme un dessus, parb,
IV, 4». ' '
~ ÊTïM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une t
de prononciation, et tus ou sur; picard, desseure;
Berry, génev. norm. dusur; provenc. desobre; ital.
Uisopra.
DESTIN (dè-stin), ,, m. || 1" Leuchalnement des
DES
choses confédéré comme nécessaire. La mythologie
faisait du destin une divinité supérieure à Jupiter
môme. Des arrêts du destin l'ordre est invariable,
CORN. Tois. d'or, v, 7. Le destin , aux grands cœurs si
souvent mal propice, Serésoutquelquefoisàleurfaire
justice, ID. Poly. i, 4. Le plus heureux destin sur-
prend par les divorces, Du trop de confiance il aime
à se venger, id. Sertor. Ii, 2. Qu'au livre du destin
lesmorlelspeuvent lire,LA font. FaW. Il, 4 3. Le bien
nous le faisons, le mal c'est la fortune. On a tou-
jours raison, le destin toujours tort, id. ib. vu, 44.
....Quand le mal est certain, La plainte ni la peur
ne changent le destin, iD. ib. vin, 4 2. Mais un heu-
reux destin le conduit en ces lieux, rac. Andr. li, 3.
Souffrez que je suive ce que les destins ont marqué,
FÊ.N. T('l. VI. Il est des êtres malheureux qui se pro-
mettent de tromper le destin en fuyant devant lui,
RAïNAL, llist. p/ii7. V, 4 9. |] 2" Sort, issue. Sola-
mir veut tenter le destin des batailles, volt. Tancr.
m, B. J'ignore du combat quel sera ledeslin, id.
Scythes, iv, 7. || 3° Condition que le destin assigne.
On ne peut fuir son destin. Mais elle était du monde
où les plus belles choses Ont le pire destin; Et rose,
elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un
matin, mai.ii. vi, 48. Laissez à son destin celte in-
grate famille, corn. Poly. iv, 6. Là, je menai l'ob-
jet qui fait seul mon destin, m. aient, i, 5. Jusqu'ici
don Louis.... A caché ses destins aux yeux de tout
l'état, MOL. D. Gare, i, 2. Et soudain il [le sénat]
commet aux soins de ce grand homme La fortune
du monde et le destin de Rome, urédeuf, Phars.
v. Pour savoir nos destins j'irai vous retrouver, rac.
Andr. I, 4. Vous l'accusez, seigneur, de ce destin
iiizarre, ID. it. m, I Elle amène aussi cette jeune
Ériphile, Que Leslios a livrée entre les mains d'A-
chille Et qui de son destin qu'elle ne connaît pas
Vient, dit-elle, en Aulide interroger Calchas. id.
[phig. i, 4. Oui seul fait à son gré le destin de la
terre, noiL. Poés. dit). 48. Connais-tu ton destin?
sais-lu quelle est ta mère? volt. Zaïre, II, 3. Mal-
heureux.... ce mot seul déjà vous importune! On
craint d'être forcé d'adoucir mes destins! Rassurez-
vous, cruels.... GiLB. le Poète malli. || 4° Vie, exis-
tence. Lélie : Le trépas me doit seul prêter son assis-
tance. — Mascarille : Voilà le vrai moyen d'achever
son destin, mol. l'Étour. v, 4 0. C'est dans votre festin
Que ce soir, par votre ordre, on tranche son destin,
CORN. Sertor. i, l. Si dans mes alarmes Le ciel me
permettait d'abréger un destin.... volt. Orphel. i, 6.
— SYN. DESTIN, destinRe, SORT. Le destin est co
qui destine, c'est-à-dire l'enchaînement nécessaire
des choses. La destinée est ce qui est destiné, c'est-
à-dire ce qui résulte de cet enchaînement nécessaire.
Le destin conduisit Alexandre à lîabylone où une
fièvre devait finir sa destinée de victorieux et de con-
quérant. Mais ces deux mots sont si voisins, que,
pour peu qu'on en abuse conformément à cet abus
qui est permis en toutes les langues, ils retombent
l'un dans l'autre. Sort répond soit à destin, soit à
destinée, avec celte nuance qu'au lieu de considé-
rer la nécessité qui enchaîne les choses, on con-
sidère ce qu'elles ont de fortuit.
— HIST. xii' s. Et tel destin m'ontdoné li félon....
Couct, VI. ]] xiu' s. Et ses filles andeux [toutes
deux], Dieu leur doint bon destin, Uerle, Lv. Si est
le moustiers de latin Fais en l'onnour et el des-
tin [à la destination] De la douce mère saintisme,
PH. MOUSKES, ms. p. 280, dans lacurne. || xvi' s.
Cela est escrit es deslins, rab. Pant. iv. Prologue
de l'auteur.
— ÉTYM. Voy. DESTINER ; provenç. desli; espagn.
et ital. destina.
DESTINATAIRE (dè-sti-na-tê-r'), s. m. et ^. Ce-
lui, celle à qui une chose est destinée. || Celui ou celle
qui doit recevoir par la poste, par le roulage, etc.
une lettre, un ballot expédiés par une autre per-
sonne. Le destinataire de ce ballot a changé de domi-
cile. Je cherche la destinataire de celte lettre.
— ÉTY.M. Destiner.
t DESTINATECR, TRICE (dè-sli-na-teur, tri-s').
s. m. el f. Celui, celle qui destine une chose à telle
personne, à tel but, par opposition à destinataire.
— ETVM. Destiner.
DESTINATION (dè-sti-na-sion; en vers, de cinq
syllabe.s), s. f. \\ 1» Action de celui qui deslin<î. [Le
dauphin] réglant toujours ses volontés sur celles
du roi [Louis XIV] , les prévenant dès qu'il avMit pu
les connaître, formant ses goûts et ses désirs sur
les siens, respectant ses vues et ses destinations,
MASS. Or. fun. Dauphin. || i' Ce à quoi une per-
sonne e.st destinée, réservée. Une doctrine qui ne
lui donne ni fin ni destination, id. Ccr. Avenir.
L'homme seul, de toutes les créatures, capable d'une
DES
destination Sérieuse, id. tli. |]Ce à quoi une cho-o
est destinée. La destination de cet édifice. La desti-
nation des ports [d'une contrée] est d'empêcher toute
liaison d'affaires avec les peuples du continent voi-
sin, RAYNAL, Hist. phil. 1, 2. || 3° Terme de juris-
prudence. Disposition déterminée. On ne doit pas
changer la destination des fondateurs. ]] Immeubles
par destination, choses mobilières de nature, qu'on
rend immobilières en les affectant au service ou à
l'exploilation d'un immeuble, ou en les y attachant
à perpétuelle demeure. ]| Destination du père de fa-
mille, état où un héritage est mis ou laissé par le»
précédents propriétaires. Servitude établie par des-
tination du père de famille. )] 4° Le lieu où l'on doit
se rendre, où une chose est adressée. Partir pour
sa destination. Ces marchandises sont arrivées à
leur destination. Paquet rendu à destination. Ce gé-
néral arrive à sa destination dans les premiers jours
de 1037, RAYNAL, llist. phil. v, 9. Le plus grand
désordre y régnait; de nombreuses colonnes de ca-
valerie, d'infanterie, d'artillerie, s'y présentaient
de tous côtés; elles se disputaient le pas.sage; cha-
cun, irrité par la fatigue et la faim, était impatient
d'arriver à sa destination, séguh, llist. de tiapol.
IV, 7.
— HIST. XVI' S. Ne sçay si c'est par destination.
Mais lant y a, que je croy, que fortune Desiroil fort
de nous estre importune, marot, i, 326. Destina-
tion de père de famille vaut titre, leroux de lincy,
Prov. t. II, p. 4 26.
— ETVM. Provenç. destinacio; espagn. destina-
cion; ital. desdnoîtone; du latin deslinationem , de
deslinnre, destiner.
t DESTINATOIRE (dè-sti-na-toi-r'), adj. Terme
de pratique. Qui assigne l'emploi, l'usage d'une
chose. Clause destinaloire.
— ÊTYM. Destiner.
DESTINÉ, ÊE (dè-sti-né. née) , pari. patsé.\\ 1" Qui
a été ordonné par le destin, en parlant des choses.
Écoutez, mes enfants; vos noces ordonnées De tout
temps ont été dans le ciel deslinées, garnjkh , hra-
damante, v, 0. Ce jour fatal destiné pour le juge-
ment du monde, bourd. Avent, Jugement dernier,
319. Ces grâces n'ont point élé destinées de Dieu
pour vous fortifier, ID. Carême, Tentations. 191.
Sous l'ombre du plus saint mariaf » qui ait été des-
tiné dans le ciel et qui ail été conl.aclé sur la terre,
fléch. I, p. 217. ]|Oui a reçu l'ordre du destin, en
parlant des personnes. Ce Jésus était destiné pour
une plus haute mission, bolbd. Avent, Natirilé de
J. C. 443. Qu'y a-t-il de plus grand et de plus ap-
prochant de Dieu que d'être destiné pour la féli-
cité publique et pour le bonheur de tout un em-
pire? ID. 2« dim. après Pdq. Dominic. t. Il, p. 40.
Il %' Par extension, qui est déterminé par une sorle
de destinée, en parlant des personnes et des cho-
ses. Un homme destiné à de grandes choses. Cap-
tive des ennemis de l'Eglise; par conséquent des-
tinée premièrement par sa glorieuse naissance et
ensuite par sa malheureuse captivité, à l'erreur et
à l'hérésie, -boss. Duch. d'Orl. || Qui a reçu emploi
ou objet, en parlant des personnes. Jeune homme
destiné au commerce. || Qui a reçu emploi ou objet,
en parlant des choses. Bâtiment destiné à re' evoir
des malades. Il ne fallait pas remettre des supplices
à une saison qui devait être toute destinée à la joie,
VOIT. Lelt. 9. Tout vice aura sa peine à lui seul des-
tinée, corn. Imit. I, 24. Il Absolument. Us souffraient
que toutes leurs heures fussent destinées [eussent
une destination, un emploi marqué], boss. Uist
m. 3.
DESTINÉE (dè-sti-née), s. f. \\ 1" L'effet du destin.
Le cours des destinées. C'est sa destinée d'être par-
faitement aimé, sÉv. 496. On rencontre sa destinée
Souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter,
LA FONT. Fabl. viii, 4 6. Les Juifs atiachaient au
temple leur destinée, boss. llist. ii. 8. Sous un nom
emprunté sa noire destinée Et ses propres fureurs
ici l'ont amenée, rac. Iphig. v, «. Celui par qui le
ciel règle ma destinée Sur ce secret encor tient
ma langue enchaînée, id. Esth. i, 4. Chacun doit
suivre courageusement sa destinée, fén. Tél. xiii.
Et puis qu'on dise qu'il n'y a pas de destinée: c'esl
vous, madame, qui m'avez valu celte destinée-là;
c'rst à vous que je dois votre grand-maman [la du-
chesse de Cboiseul qui rendit des services à Vol<
taire], volt. UtI. Kme du Deffant, 4" juin 4770.
L'essentiel, pour être le moins mal possible, est da
se soumettre à sa destinée, d'alemb. letl. au roi
de Prusse, 46 déc. 4780. || ./(u p/ur. Remplir, ac-
complir ses destinées. N'en craignez point, seigneur,
les tristes destinées, corn. Ct'nna, ii, 4. {| Par exten-
sion. La destinée des passions, ce que les passion:
DES
DES
DES
un
font de nous. Cette tendresse née avec nous, cetta
destinée des penchants , hass. Car. Enf. prof
Il Le destin. Mais enfin le succès dépend des desti-
nées, BAC. B«J. I, I. Votre plus jeune fils, à qui les
destinées Avaient à peine encore accordé quatre an-
nées, VOLT. Zaïre, ii, 3. Mon cœur est à vous, mais
la destinée n'est à personne; elle se moque de nous
tous. ID. Lett. Richelieu, 8 nov. 4769. La mort de
cet homme, tué précisément au lieu de lui et parce
qu'il l'avait voulu sauver.... lui fit croire que sa des-
tinée, qui le conservait si sin^'ulièremenl, le réser-
vait h l'exécution des plus grandes choses , id. Char-
les XII, 2. Ne touchons pas à la destinée: elle fait
tant de peur, quand on veut s'en mêler, quand on
tâche d'obtenir plus qu'elle ne donne ! stael, Co-
rinne, VIII, 4. Que peut-elle cette destinée sur les
êtres vulgaires et paisibles? ils suivent les saisons,
ils jiarcourent docilement le cours habituel de la
vie, II). ib. XIII, *. || 2° Condition, .sort. Jamais tu
n'as vu journée De si douce destinée, malh. ii, 5.
Il devait subir la destinée de tous les autres, boss.
Jlist. III, t. La destinée ordinaire de ceux qui re-
fusent de prêter l'oreille à la vérité est d'être entraî-
nés à leur perte par des prophètes menteurs, m. ib.
II, 8. Celui qui a la conscience d'avoir bien mérité
de son pays.... ne doit attendre sa moisson, sa des-
tinée, la seule qui l'inléres.se, la destinée de son
nom, que du temps, juge incorruptible qui fait jus-
tice ,"1 tous, MIRABEAU, CollcCtiOn, t. III, p. 357.
Il 3" Vie, existence. Vous pouvez d'un seul mot tran-
cher ma destinée, CORN. Ilor.y, \. Sache donc que
je touche à l'heureuse journée Qui doit avec Clarice
unir ma destinée, \n.Ment.\v, 2. Et mes sanglantes
mains sur moi-même tournées Aussitôt malgré lui
joindront nos destinées, kac. Andr. iv, 3. On dit
qu'Iphigénie . en ces lieux amenée. Doit bientôt à
son sort unir ma destinée, in. Iphig. i, 2. Cette
cliarraante mère, avant sa destinée [mort], mol.
Mélic. Il, 2. Chercher une nouvelle destinée dans
l'île de Chypre, fén. Tél. iv. || Proverbe. On ne peut
fuir sa destinée.
— msT, xii° s. Ah ! Dex de gloire, com mide des-
tinée! Honc. p. 33. Frère Olivier, com dure desti-
née! ib. p. t7B. Oïl, par Dieu, tels est ma destinée,
Conci, VI. Entre lui e le rei resurst mult grant
ineslée Des fous clers ki esteient par maie destinée
l.arriin e murdrisur e felun i celée, T/t. le mart. 26.
X icest mot l'a Dernier acolée. Et ele lui, grant joie
ont démenée, L'un baise l'autre par bone destinée,
Raoul de C. 225. || xiii* s. Bien diriez que [je] n'ai
coulpe en ceste destinée, Berte, xvi. Saluez moi roi
Klore par bonne destinée, ib. i.xviii. Ah! Dieu, loés
soiez de ceste destinée, ib. cxxvi. Ce fut par pute
destinée Oue Renart s'est dedenz couchiez; Ysen-
grin est par tens iriez, Ken. 6866. ||xiv' s. Quant
le dieu de fortune ou destinée donne du bien ajsez,
que! mestier est il de amis? nul, oresme, Eth. 282.
Livres sibilins en quelx estoient contenues les des-
tinées futures de l'empire de Rome.BERCiiEURE, f°2,
verso. Il xvi' s. Ce sont, pour vrai, choses déterminées
Par l'immuable arrest des destinées, marot, i, 229.
Incessamment ma destinée tourne Comme une roue,
et jamais ne séjourne.... amyot, Déméir. 64.
— ÉTYM. Destiné; provenç. destinada; ital. des-
tinata.
DESTINER (dé-sti-né; au xvi' siècle, selon Pals-
grave, p. 62, on prononçait detiner), v. a. \\ 1° Fixer
par l'enchaînement des choses. Dieu ne destinejamais
la fin sans préparer les moyens, mass. Car. Voc.
Les récompenses que Dieu a destinées à ceux qu'il
aime, boss. Ilist. ii , 6. || Par extension. J'étais donc
encore destiné à rendre ce devoir funèbre à très-
haute et très-puissante princesse, m. Duch. d'Orl.
C'eût été un trop grand soulagement pour un homme
qui était destiné à être malheureux, voit. Lett. 6B.
Il 2° Fixer, déterminer l'emploi, l'objet d'une per-
sonne. Destiner son fils au barreau. La jurisprudence
à laquelle on le destinait (car quel est le père qui
aimât assez peu ses enfants pour les destiner aux ma-
thématiques?).... FONTEN. Lagny Bien que leur
naissance au trône les destine, corn. Nicom. ii, 4.
Il Fixer, déterminer l'emploi, l'objet d'une chose.
Je destine cette somme à l'achat d'une terre. Il se
vit forcé de destiner sa place à un autre, boss.
Polit. Hé bien! filles d'enfer, vos mains sont-elles
prêtes?..,. X qui destinez-vous l'appareil qui vous
suit? RA3. Andr. v, 6. Quoi! ce prince aimable....
qui vous aime. Verra finir ses jours qu'il vous a des-
tinés? in. Baj. IV, 3. Il Préparer, réserver. On lui des-
tinait de grandes récompenses. Je sais i. son retour
l'accueil qu'il me destine, bac. Baj. i, t. Votre père
à l'autel vous destine un époux, id. Iphig. m, 4.
y Destiner avec de et un infinitif, avoir la résolu-
tion de. J'ai destiné de faire cela. || 3" Se destiner,
V. n'.fl. Avoir pour vue, pour carrière. 11 se destine
à l'Église. Il Se destiner à quelqu'un, avoir le dessein
des'uniràlui parmariage. Ceprince... i qui même
en secret je m'étais destinée, bac. Andr. v, t.
— HIST. xiii'' s. Je prenroie maintenant la crois,
et iroie avec vos vivre on mourir, lequel que Diex
m'aura destiné, villeh. xxxix. || xV s. Prince, chas-
cun doit ensonjosne aé [âge] Prandre le temps qui
lui est destiné, E. desch. Profiler delà jeun. || xvi' s.
Pour une plus grande commodité de l'exécution qu'il
avoit destinée, mont, i, 299. Ce doibt estre une ac-
tion destinée et rassise [l'étude des saintes Ecritures],
ID. I, 398. Nul vent faict pour celuy qui n'a point
de port destiné, id. ii, 9, Les dieux ont fatalement
destiné l'estat de Rome pour exemplaire de.... id.
IV, 86. Dez l'heure que je vous eus veue, je vous
destinai un de mes livres, id. iv, 336. Quand je les
destine [certains de mes membres] à certain poinct
et heure de service, cette preordonnance les rebute,
ID. m, B5. Numa dit qu'il falloit destiner la fon-
teinne qui sourdoit au lieu mesme, aux religieuses
vestales, amyot, Numa, 23. Théâtre ou auilitoire
de musique destiné à ouir les jeux des musiciens,
ID. Péric. 29.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. destinât; ital. de-
stinare; du latin destinare, de la préposition de, et
stinare, pour stanare, fixer, qui paraît une forme
allongée de stare, être debout, ferme.
DESTITUABLE (dè-sti-tu-a-bl') , adj. Qu'on peut
destituer. Fonctionnaire destituable.
— HIST. XVI' s. Un officier royal n'est destituable
que en certains cas, condé, Mémoires, p. 598.
DESTITUÉ, ÉE (dè-sti-tu-é, ée) , part, passé.
Il i' X qui on a ôté une place, un emploi. Un em-
ployé destitué pour malversation. Je n'ai point d'em-
ploi ; je ne cours aucun risque en ne souscrivant pas
[à l'nchat de Chambord] d'être df'stitué, p. L. cour.
II, 20. Il 2° Dépourvu, dénué de. Destitué de bon
sens, de raison. Être destitué de tout secours, pa-
thu. Plaidoyer H, dans bichelet. Les barliares,
destitués de chefs, se dispersèrent çà et là, selon
que la peur ou l'espérance les guidait, roi.lin, Ilist.
anc. CEuvrcs, t. vi, p 391 , dans pougens. Son col-
lègue qui savait que la témérité, outre qu'elle est
destituée de raison, avait toujours été ju.sque là très-
malheureuse.... m. Traité des Et. 3' part. ch. ).
DESTITUER (dè-sti-tu-é), D. a. \\ i° Renvoyer un
fonctionnaire public de son emploi. Deslituer un
préfet, un maire. C'était à l'Académie à s'en faire
justice elle-même, puisque ses statuts l'autorisent
et même l'obligent à destituer un académicien qui
aura fait quelque action indigne d'un homme d'hon-
neur, e'olivet, Hist. de l'Aead. t. u, p. 47, dans
POUGENS. Il 2° Dépourvoir, priver. Le naufrage qui
jeta Robinson dans son lie l'avait destitué de toute
sorte de ressources. Après avoir clairement désigné
une chose, on lui donne un nom que l'on destitue
de tout autre sens, pasc. Géom. sect. t. Nous avons
accusé Dieu d'avoir, contre sa promesse, destitué son
Église des moyens ordinaires qu'il a établis pour
la conduire, fén. t. ii, p. 20.
— HlST. xiv" s. Pour osier le cours des mauveses
monoyes qui corrent en nostre royaume, en grand
déception de nous et de nostre peuple, lesquelles
y ont esté aportées et mises pour greigniour pris
qu'elles ne valoient, pour coy les nostres ont esté
destituées et gastées et portées hors de nostre
royaume, Ordonn. des rois de France, t. i, p. 770.
Il XV" s. Sans ce que aucuns des supports d'iceluy
collège en soit ou puisse estre desapointé, demis ou
destitué sa vie durant, Lett. patent, nov. (482.
XVI' s. Le as-tu esprouvé tant destitué de gens,
d'argent que il ne peu.st résister à tes inicques
assaults? rab. Car. i, 3l. Et comme Minutius dic-
tateur eust nommé pour maistre de la chevalerie
C. Flaminius, il en fut destitué, et mis un autre en
sa place, pour.,., amyot, Marcel. 5.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. destituir; du latin
destituere, de la préposition de, et slituere, pour
statnere. poser, fixer (voy. statuer).
DESTITUTION (dé-sti-tu-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. {. Action d'ôter à un fonctionnaire sa
place. Il a reçu sa destitution. La destitution qui l'a
frappé.
— ÉTYM. Lat. destitutio, de destituere (loy. des-
tituer).
f DESTOUR (dè-stour) , s. m. Nom des prêtres
la religion de Zoroastre qui sont versés dans l'in-
telligence des livres de la loi.
— ÉTYM. Persan, destûr, prêtre, anciennement
ministre.
DESTi'.IER (dè-stri-é; l'r ne se lie jamais; au plu-
riel, Vs se lie: des dè-stri-é-z agiles), s m. Dans le
langage de la chevalerie et des guerres du moyen
âge, cheval de bataille. J'errais de xilaine en plaina
Au gré du destrier, beaum. Mar. de Fig. ii, 4.
— HIST. XI' s. En Tachebrun son destrer [il]
est montez, Ch. de Bol. lxxxviii. Puis sont mon-
tez sur leur couranz destrers, ib. || xir s. Il lui
donna un merveilles destrier, Ilonc. p. 30. On lui
amené un destrier de Ongrie, ib. p. bb. En demen-
tres s'armèrent là fors 11 chevalier, E estèrent les
cotes, ceinstrent les branz d'acier; Car tiiit vindrent
armé, chascun sur son destrier. Th. le mart. ta.
Ne unkes ne volt un sul de ses chevals mener. Mais
quatre fors destriers fist là for.« amener, Cum s'il
fussent as estes qui deùssent errer, ib. 48. Il les
alla venir sur un destrier gascon, Sax. xxii. Messi-
resGauvains fu armez. Et si fist à deus escuiers Me-
ner en destre deus destriers, la Charrette, 254.
Vostre sera cis [ce] destriers sejornez [cheval fraie],
Etcishaubersetciselmes jemez, La bonne espée, Ii
bons escus listés, Raoul de C. t6a. || xiii's. Lois
veissiés maint chevalier avoec maint bel serjant is-
sir des nés [navires], et maint biau destrier traire
des huissiers [sorte de vaisseaux], villeii. xlv. Sa-
chiez, ce jour [il] i ot maint grant destrier couru,
Berte, cxxxvii. Atant guerpissent les palefrois, si
sont es destriers monté, h. de valenc. vu. Qui
achapte un destrier cent livres. Paie les, si en iert
délivres, /a Sose, t08H. Et de vous promener ne fine.
Si cum l'en fait destrier à vendre. Et prent et vous
enseigne à prendre, ib. 9395. Et encoste [à côié île]
les nés menoit on les grans destriers, joinv. 2(0.
— ÉTY.M. Provenç. destrier, destre; ital. destrier»,
destriero; du bas-latin dextrarius, de dexlra, dex-
tre, main droite, à cause que l'on conduisait ces
chevaux avec la main droite avant de les monter
pour la bataille. Destrier élait, dans l'ancienne ver-
sification, de deux syllabes; on peut conjecturer
que, dans les mois de ce genre, une des conson-
nes qui précèdent l'r ne se prononçait pas : de-
trier, ou que l'i ne se prononçait pas : des-trer; du
moins certains dialectes n'écrivaient pas cet i. Dans
tous les cas. ce n'est que vers le milieu du xvu*
siècle, comme on le voit dans le Traité de poésie
française dupèreMouTguesi'i' part.ch. i) qu'il fut dé-
cidé que les deux liquides l et r désuniraient 1'»
d'avec \'e qui le suit, lorsqu'elles seraient précé-
dées d'une consonne dans la même syllabe. Le fait
est que, pour nous, elles sont si bien désunies, qu'il
nous est impossible de prononcer destrier, ouvrier
en deux syllabes.
DESTRUCTEUR, TRICE (dè-stru-kteur, ktri-s') , s.
m. et y. Il 1» Celui, celle qui détruit. Ce destructeur
fatal des tristes Lesbiens, rac. Iphig. ii, I. Le l'a-
meux Scipion, destructeur de Carthage, qui eut
toujours auprès de lui le philosophe Panétius, bol-
LiM, Hist. anc. CEurres, t. m, p. 376, dans pou-
gens. Ce destructeur des rois, de leur sang abreu-
vé, volt. Orphel. i, <. Et tout nous abandonne
aux mains des destructeurs, id. ib. i, t. Ils avaient
fait en chaire le panégyrique des destructeurs nom-
més conquérants, id. IHal. xxviii, I. Le Hollan-
dais est, par état, un citoyen du monde ; le Suisse
[qui se louait comme soldat] est, par état, un des-
tructeur de l'Europe, ray.nal, Ilist. phil. xix, 2. En
somme, ces gens-ci [les gens de la bande noire],
ces destructeurs de terres font grand bien à la
terre, divisent le travail, aident à la production....
p. l. cooh. Lett. v. Il Fig. Destructeur des abus
112" Adj. Les enfants sont iiaturelleiueiit destruc-
teurs Ce chefarrogant d'un peuple destructeur,
volt. Tancr. i, l. Éteins entre leurs mains leurs fou-
dres destructeurs, ID. Alz. l, 4. Si la conquête n'était
pas destructrice, montesq. Espr. x, 4.
— SYN. destructeur adj., destructif. Destruc-
teur se dit de ce qui détruit; destructif, de ce qui a la
puissance de détruire. Dans la rigueur des termes,
destructeur imlique l'acte; et destructif, la disposi-
tion. L'acide fluorique est un des corps les,plus des-
tructifs; et il l'est toujours, même quand il n'est
pas destructeur, comme dans un vase de plomb.
Destructeur se dit également des personnes «t des
choses; destructif ne se dit que des choses.
— HIST. xm' s. Voirs est [il est vrai] que Ii leohe-
res [le gourmand] Est mainte fois pecheres ; De cr
n'a Diex mestier; Mais Ii péchiez trichieres De l'ania
est destruieres. N'est preus [n'est bon] à hebergier.
Proi;. du comte de Bret. ms. dans lacubne. Bnins
aumosniers et sans feintise Langue ki ne savoit
mentir, Drois jugieres de cuer entier, Destruisiere
dj Sarrasins, pu. mouskes, ms. p. 2)9, dans la-
cuRNE. Il XVI' s. Ceux que l'on avoit estimés per-
dus et entièrement destruits réduisirent en plusieurs
1118
DES
lieux leurs destructeurs sur la (iefeosWa, sy-LY,
dans le Dicl. de uociiEZ.
f.TYM. Provenç. desiruydor; catal desti-uetor ;
espapii. dettruidor; ital. di.v(ru((«re; du liitin de-
tlruclorem. de destrucre (voy. détruire). Le vieux
français dcstruiere est le nominatif, du latin des-
(riic(or;le régime sera destruior {destruidor ,qu\ se
trouve dans le provençal, est un régime), du latin
deslrucUrem.
BESTRCCTIBILITÊ (ilè-stru-kti-bi-li-té), s. f.
Qualité de ce qui peut être ilélruit.
— ÊTYH. Destructible.
f DESTRPCTIBLE (dè-stru-kti-hV), adj. Qui peut
è're détruit. Le fer, le jilus destructible des métaux,
possède une ténacité qui se rapproche beaucoup de
celle de l'or, bonnet, Contewpl. nat. 3' part. cb. 4.
— ÉTYM. Latin, destructibilis , de destruere {voy .
détruibe).
DESTRUCTIF, IVE { dè-stru-ktif , kti-v'), adj.
Qui a la vertu do détruire. Malgré de tels vices, et
dont la plupart étaient si destructifs de la société ,
c'était [Mme de Nangis] la fleur des pois h la cour
et à la ville, pt-sim. 39, <»3. Cette idée seule est
destructive de toute administration, volt. 7'/n7. ii,
303. De là les scènes les plus bonteuses et les plus
destructives de la subordination et de la disciplmo,
m. Louis XV, 34. Philosophie destructive de toutes
les croyances, stael, Allemagne, m, 6. Mettre 'os
fondations à l'abri d'une humidité constante et in-
sensiblement destructive, ORiMAUD, Comptes rendui.
Acad. des se. t. ui, p. 89.
— f.TYM. Provenç. deslructiu; espagn. destruc-
livo; ital. distruttivo ; du latin destructivus , iXe de
tiruere (voy. hêtkuirk).
DESTRUCTION (dè-stru-ksion', en vers, de qua-
tre syllabes), s. f. Action de détruire; résultat de
cette action. Souvenez-vous de ce que Platon nous
apprend de la destruction de l'Ile Atlantique, abî-
mée il n'y a pas plus de dix mille ans, volt. Vial. 29.
Sfe peut-il qu'en ce temps de désolation, Kn ce jour
de carnage et de destruction.... II). Orphel. I, i. Je
serais fort porté à penser que la destruction de no-
tre globe n'arrivera que lorsque les hommes auront
épuisé la connaissance des objets qu'il renferme,
H0N.NET, Consid. corps organ. ÙCuvres, t. v, p. 93 ,
danspouGENS. 11 est entre les animaux des guerres
éternelles; mais les choses ont été combinées si sage-
ment que la destruction des uns fait la conservation
dos autres, m. Contempl. nat. 6' part. ch. to. La
vue du désjrdre ne déplaît pas toujours; elle étonne
quelquefois; celle de la destruction afflige, haynal,
Ilist. phil.vn, 28. Enfin [sous le feu de l'artillerie
française] les Kusses s'arrêtèrent, n'osant avancer
davantage et ne voulant pas reculer, soit qu'ils fus-
sent saisis et comme pétrifiés d'horreur au milieu
de cette grande destruction, ou que dans cet instant
Bagration ait été blessé, séguh, llist. de Napol.
VII, 40.
— HIST. xii* s. La reregarde de la grant ost Char-
Ion Sera par nous mise à destrucion, Honc. p. 40.
Or vont li nostre à grant destrucion, ib. p. 76. Il ot
de soif si grant destrucion [souffrance], ib. p. too.
Lors est fait de son cors si grant deslrucions, ib.
p. 200. Kar li serjant le rei erent en la maisun. Qui
al partir la mistrent en tel destructiun, N'i trovis-
siez d'estor nis [même] le menur chapun, Th. le
mari, fli . || xni* s. Et Johannis prist homes et femes
et enfans et proies, et en fist grant destruction,
viLLEH. CLXiv. Il n'i porent trover pais en nule ma-
nière que ce ne fust à lor destruction et à lor des-
honneur, Chron. de Ilains, 4 2). Cil qui queroient
ma destrucion disoient : quant morra il ? Psautier,
f" 51. Pieres [l'hermite] s'en va fuiant tous seus, sans
compaignons; Desci que dedens Rome n'oublia es-
pérons, Et conta l'apostoile de lor destructions, Ch.
d'Ant. 1, 065. Il XIV* s. La mort est destrultion de
Tie, ORESME, Eth. 22. Il XV' s. Encore ressoignoit-il
[craignait-il] la guerre pour un autre cas, c'est à
«avoir grands destructions de corps et de chevance,
rBOISS. 11, 11, 52.
— ÊTYM. Provenç. deslruccio; espagn. destruc^
tion; ital. distruiione ; du latin destructionem, de
desiruere (voy. héthuire).
+ DESTRUCTIVITÉ (dè-stru-kti-vi-té) , s. f. Terme
da phrénologie. Penchant à détruire.
— ÉTYM. Destructif.
tDÊSUDATlON (dé-suda-sion), s. f. Terme de
médecine. Eruption de petits boutons semblables à
de» grains de millet, que l'on observe particulière-
ment chez les enfants et qui est spécialement occa-
nonnée par le défaut de propreté.
— ETYM. Lat. desudMio, sueur, de de, et su-
dare, uitr.
DES
DÉSUÉTUDE (dé-su-é-tu-d') , t. f. Cessation, par
laps de temps, d'une coutume, d'une pratique, d'une
loi, d'un usage. Cette loi est tombée en désuétude.
La désuétude d'une locution. L'ignorance qui laisse
tomber en désuétuile des mots utiles, Diderot, Hè-
gne de Claude et Néron, ii, § 20.
— ETYM. Lat. desuctudo, de la préposition de, et
suettido, habitude.
t DÉSUINTAGE (dé-suin-ta-j'). voy. DESSUiN-
TAGE.
t DfiSUINTER Wé-suin-lé), voy. dessuinter.
t DÉSCISSER (SE) (dé-sui-sé), V. réfl. Quitter
le rôle de Suisse. Si vous êtes d'accord par un bon-
heur extrême, Je me désuisse donc et redeviens
moi-même, mol. l'Etour. v, 7.
— ETYM, Dd.... préfixe, et suisse.
t DÊSULl'URATION (dé-sul-fu-ra-sion) , s. f.
Terme de chimie. Action de dôsulfurer; résultat de
cette action. || Perte du soufre contenu dans les eaux
sulfureuses.
t DÉSULFCRER (dé-sul-fu-ré), v. a. Terme de
chimie. Enlever à un corps le soufre avec lequel il
est combiné. || ôter le soufre d'une eau minérale.
Le contact de l'air désulfure les eaux sulfureuses.
Il Se désulfurer, v.réjl. Perdre son soufre. Ces eaux
se sont désulfurées.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et soufre.
\ DÉSULTEUR (dé-sul-teur) , s. m. Terme d'anti-
quité. Cavalier qui sautait d'un cheval sur un autre.
Les Romains avaient des désulteurs très-habiles,
— ÊTYM. Lat. desultor, de desultare, fréquenta-
tif de desilire, de de, et satire, sauter (voy. saillir).
DÉSUNI, lE (dé-zu-ni, nie), part, passé de dés-
unir. || 1° Qui n'est plus uni , joint. Desplanches dés-
unies. Le corps de l'empire est désuni, boss. Ilist.
111,7. Il 2° Fig. Qui est en mésintelligence. Des cœurs
désunis. Un ménage désuni. Â deux consuls jaloux
et désunis sans cesse, volt. Catil. in, i. || 3° Terme
de manège. Galop désuni, galop dans lequel, la piste
d'un pied antérieur étant la plus avancée, celle du
pieii postérieur du même côté reste en arrière de la
piste du pied postérieur opposé. Le galop désuni
ôte au cheval toute solidité. C'est un beau cheval
dont le pas est presque toujours désuni, volt. Lett.
en vers et en prose, ai. || Cheval désuni, cheval dont
le galop est désuni. Cheval désuni du devant, che-
val qui, en galopant à main droite, part de la jambe
gauche antérieure. Cheval désuni du derrière, che-
val qui, en galopant à main droite, tient la jambe
postérieure droite plus en arrière que la gauche.
Il 4° Terme de minéralogie. Cristal désuni, cristal
dans lequel des facettes produites par une loi com-
pliquée s'interposent entre d'autres facettes pro-
duites par des lois très-simples.
DÉSUNION (dé-zu-ni-on), s. /•. |i 1° Cessation de
l'union des parties d'un tout; état de ce qui est dés-
uni. La désunion des ais d'une cloison. |i 2° Par ex-
tension, séparation. La désunion de deux cures. Per-
sonne ne sent mieux que moi les désunions de
l'absence, sÉv. 461. Cette union [de l'âme et du
corps] se fait sans que nous nous en apercevions; la
désunion doit s'en faire de même sans exciter aucun
sentiment, vm'f. De la vieillesse et de la mort.
\\ 3° Fig. Cessation de l'union morale, mésintelli-
gence. De ceux qu'unit le sang plus douces sont les
chaînes. Plus leur désunion met d'aigreur dans leurs
haines, corn. Tite et Bdr. iv, 4. Par leur désunion
Rome .sera sauvée, volt, Catil. i, 6, On a fait sur
notre désunion beaucoup d'histoires qui ne sont pas
vraies, d'alkmbert, Lettre à Voltaire, 25 févr. )75s,
— HIST, xvi' s. Estât que vous perdez par vostre
desunion, d'aub, Hist. ii, 270, Considérant le mal
et le déshonneur qui luy escheroient de la desunion
de son bon frère, brant, Ferdinand I.
— RTYM. Des.... préfixe, et union,
DÉSUNIR (dé-zu-nir), v. a. \\ i° Séparer ce qui
est uni, joint. Désunir les pièces d'un ouvrage de
menuiserie. Les forces qu'on emploie pour désunir
deux corps contigus, paso. l'esant. de l'air, ii.
Il 2° Par extension Rendre à une si éminente
vertu les honneurs qu'elle mérite, et à une si vio-
lente affliction le soulagement qu'elle désire; mais
j'ai tort de désunir ces deux choses, puisque votre
charité les a si parfaitement unies, voit. Z,e((. 13.
S'il vous a désunis, sa mort va vous rejoindre, corn.
Poly. IV, 4. Le devoir désunit l'amitié la plus forte,
iD. Othon, v, <. Tant d'Etats, tant de mers qui vont
nous désunir, bac. Alex, m, 6. {{ 3" Fig. Rompre
l'union, l'accord entre les personnes. Des querelles
d'intérêt ont désuni ces deux familles qui étaient
étroitement liées. Unissant nos maisons, il désunit
nos rois. corn. Hor. i, 2. Ne désunissez point deux
cœurs faits l'un pour l'autre, boubsault, Fabl. d'É-
DET
sope, ni, 3. Ce piège n'est tendu que pour nous dés-
unir, RAC. Ilérén. m, 3. Mon cœur se gardiit bien
d'aller dans l'avenir Chercher ce qui pouvait un jour
nous désunir, m. ib. iv, 6. Il faut espérer que les
démêlés des dames désuniront l'hôtel des C. et les
.XoailleSjMAiNTENON, Lett. à MmedeCaylus, (Ojanv
(7(8. A subir cet arrêt je dois me préparer; Mais,
sans nous désunir, on peut nous séparer, lachaus-
sÉE, Goui'crnan(c,iii, 2. Ardents à désunir le peu-
ple et le sénat, volt. lirutus, iv,7. || 4" Se désunir,
V. réfl. Cesser d'être joint. Quoi qu'un amant volage
excite de colère. Son change est odieux, mais sa
personne est chère. Et ce qu'a joint l'amour a beau
se désunir. Pour le rejoindre mieux il ne faut qu'un
soupir, CORN, Perthar. ii, 1. 1| Tomber dans la més-
intelligence. Après une longue liaison, ces deux
hommes se sont dé.sunis, || Terme de manège. Chan-
ger de jambe en galopant. Ce cheval se désunit,
— HIST, XVI" s. Ils s'entrecraignent, et ne veulent
pas en se desunissant rendre la force moindre, la
BOÉTiE, 73, Ce sont celles là qui gastent le [ilus et
deunissent la compagnie du mariage, m, 290, De
là sur cette union il montre l'impossibilité de des-
unir cette province, de lui faire (estant unie) ac-
cepter par force la division qu'ils ont à conlre-cœur,
d'aid. Ilist. II, 261, Le pape ne se desunit pas, id. ib,
I, 384. Monopolez, trahissez.,., desunissez les prin-
ces. Sut. mén. p, 6. L'union s'en va desunie, Tesmoin
Vitry et Villeroy, ib. p. 212. Et estoit force, pour
l'inégalité et malaisance des lieux, que la bataille fust
entreouverte et desunie en plusieurs endroits, amïot,
Flarn. 13.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et «ntV.
t DÉSUNISSANT, ANTE (dé-zu-ni-san, san-t'),
adj. Qui désunit. Le péché qu'on veut confes.ser n'a
plus cette force désunissante, boss. dans le j^ict. de
IWCHEZ.
t DÉSUSITÊ, ÉE (dé-zu-zi-té, tée), adj. Qui a
cessé d'être usité. Son confesseur l'avait assujetti à
ces pratiques peu convenables et aujourd'hui désu-
sitées, volt. Louis XIV, 28.
— SVN. désusité, inusité. Inusité signifie qui
n'est pas en usage; un mot est inusité, quand per-
sonne ne s'en sert. Désusité signifie qui n'est plus eu
usage; un mot désusité est un mot qui, étant jadis
employé, ne l'est plus actuellement.
— HIST. XVI* s. Desusité, oudin.
— ÉTYM. Dés.... préfixe, et usité.
1. DÉTACUÊ, ÉE (dé-ta-ché, chée), part, passé
de détacher 1 . Dont on a ôté les taches. Une robe
détachée.
2. DÉTACHÉ, ÉE (dé-ta-ché, chée), part, passé
de détacher 2. || 1° Qui n'est plus attaché. Un chien
détaché. Lai-ssez-moi relever ces voiles détachés ,
RAC. Bérén. iv, 2. Comme un fruit par son poids
détaché du rameau, lamart. Médit. 11, 22. || Terme
de botanique. Stipule détachée, stipulequi ne tient
au pétiole que par la base. || Par extension. Tes mâ-
nes parla mort de ton corps détachés, rotr. Aiilig.
I, 4. Il 2° Pièces, pensées détachées, fragments de
prose ou de vers, pensées sans liaison. Ce genre d'é-
crire est plutôt une poésie détachée qu'une pro.se
régulière, balz. liv. vu, lett, 7, Ce sont des paro-
les détachées, boss, Euch. 3. 11 ne fit plus que jeter
sur le papier des pensées détachées, travail propor-
tionné à son état, d'ùlivet, Ilist. Acad. 1. 11, p. 400.
Il 3° Terme de musique. Note détachée, se dit,
par opposition à coulé et à martelé, de celle qui
est précédée, dans le chant et sur les instruments à
vent, d'un coup de langue, et sur les instruments â
cordes d'un coup d'archet en sens contraire du mou-
vement précédent. La harpe, le piano et la guitare
n'ont guère que des sons détachés, parce qu'il faut
un coup nouveau pour chacun. || Substantivement,
au masculin,un détaché. Il faut faire un détaché. Les
détachés sont difficiles sur la clarinette. || En pein-
ture, on dit d'un tableau que les figures sont bien
détachées, lorsqu'étant bien dégagées l'une de l'au-
tre, elles sont tout à fait séparées. || 4° Terme de
fortification. Pièces détachées, celles qui sont sé-
paréesdu corps de la place. Forts détachés. || Il se dit,
en un sens analogue, de bâtiments qui ne tiennent
pas à un corps de logis. Il y avait dans notre jar-
din une salle basse, peinte et fort enjolivée, où
l'on mangeait en été et qui était détachée du reste
de la maison, scarbon, Rom. corn, i, 4B, || 5° Fig.
Sans liaison d'amitié ou d'afTaires. Quand je les
croyais détachés l'un de l'autre, ils s'étaient rappro-
chés,;. J. Bouss. Confess. xii. || 6* Qui n'a plus d'atta-
chement. Peux-tu voir tant de pleurs d'un œil si
détaché? Peux-tu voir tant d'amour sans en être
touché? CORN. Poly. V, 3. Votre âme n'en est pas
encor si détachée Qu'il puisse aimer ailleurs sans en
DRT
DET
DËT
1119
être touchée, corn. Olhon, n, t. Le favori n'a point
do suite : il est sans engagement et sans liaison; il
peut être entouré de parents et de créatures, mais
il n'y lient pas : il est détaché de tout et comme
isolé, LA BRUY. X. Vous êtes trop détaché des ri-
chesses pour.... FÉN. Tél. VI. Je no suis pas si déta-
chée du bien public que du bien particulier, main-
TENori, Lettre à Mme deDangeau, (Onov. <7)5. La
disgrâce confirmée trouva le |ihilosophe détaché de
toutes ces importantes frivolités, diderot. Règne de
Claude et Néron, i, § 90. || Terme mystique. Qui est
dans le détachement. Il est toujours en soi détaché
de soi-niêm=, CORN. Imit. i, 3. Ce ministre si fortuné
et si détaché tout ensemble, boss. le Tellier. Vivez
détachée de tout jusqu'auxmoindres choses, ID. Lett.
Corn. 26. Conserverie cœur détaché de ce qui nous
environne, MASS. Pro/esi. 3. |{ 7° Terme militaire. En-
voyé en détachement, llest détaché avec plusieurs
troupes pour aller en Allemagne, sÉv. 291.
DÉTACUEMENT (dé-ta-che-man), s. m. \\ 1° État
de celui qui est détaché, délivré d'un sentiment,
d'une opinion, d'une passion. Il est dans un grand
détachement de ses intérêts personnels. || 2° Terme
mystique. État de l'âme qui, séparée de tout atta-
chement au siècle, n'a plus d'autre aspiration que
vers le cieL Dans la retraite la plus sainte II n'est
si haut détachement Qui,. des tentations affranchi
pleinement, N'en sente quelquefois l'atteinte, corn.
Imit. I, <3. Romps jusqu'au.\ moindres nœuds qui
puissent t'engager; Dans le détachement tu trou-
veras des ailes Qui porteront ton cœur jusqu'aux
pieds de ton Dieu, ID. ib. n, 8. La haine du monde
et de vous-même, le détachement du monde et
de ses biens, Bouno. Nativité de J. C. 2" avent,
p. 523. Quand vous aurez bien considéré ce que c'est
qu'un détachement parfait et solide, peut-être aussi
avouerez-vous que vous en êtes encore bien éloi-
gné, iD. Instruct. sur la mort , Exhort. t. 11 , p.
325. X l'égard du détachement de cœur de toutes
les choses de la terre, mass. Or.fun. profess. rel. 3.
Le déiachement de toutes les créatures qu'il vous
impose, id. Car. Élus. || 3° Terme de guerre. Par-
tie de troupe que l'on sépare du gros de l'armée et
que l'on charge d'une mission spéciale. Former,
envoyer un détachement. Il commanda ce déta-
chement qui fit en Alsace les merveilles que vous
savez , Boss. Louis de Bourbon. Si un général
d'arniée a un détachement délicat à faire, il est forcé
de le donner au balourd qui est à marcher, st-sim.
409, 120. Ufonditsur la cavalerie du roi, qui, n'étant
p,''int soutenue par le détachement de Creuts, fut
rompue à son tour, volt. Chartes XII, i. || Par ex-
tension. Louise Hollandine, sœur d'Edouard, .se fit
catholique à Port-Royal ; elle suivit un détachement
qui se fit de ce célèbre monastère, st-sim. 219,
1 98. Il Terme de marine. Partie de l'équipage ou partie
des bâtiments d'une armée. Réunion d'embarcations
qu'on envoie pour quelque service particulier.
— ÉTVM. Détacher.
i. DfiT.\C.UER (dé-ta ché), v. a. Enlever les ta-
ches. Détacher un habit. || Absolument. Savon à dé-
tacher.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et tache.
2. I)ÉTACHF,U(dé-ta-clié),D. o. |1 1" Dégagerquel-
qu'un d'une attache. Détacher un forçat, un chien.
Il 2° Faire qu'une chose ne soit plus attachée. Déta-
cher une tapisserie. On détacha le bateau et on le
mit au fil de l'eau. Si tous mes amis ne me le défen-
daient, je prendniis, au sortir d'ici, le plus court che-
min pour vous aller trouver, et j'eusse moi-môme
détaché, en passant, les tableaux [effigies] que vous
dites que l'on a mis de vous sur la frontière, voit.
Lett. 3b. Il Par extension. Détacher les yeux d'un
objet, cesser de le regarder. |{ Fig. De son front
grave, elle y vient détacher Tous ses ennuis avec
son diadème, millev. Narcisse, ch. m. || 3°ôter,
défaire ce qui sert à attacher. Détacher un ruban ,
une épingle. || 4° Séparer ce qui était joint, adhérent.
Détaclier une pêche du rameau qui la porte. Les
doux fruits que leur main de l'arbre a détachés, c.
DFLAV.Pan'o, I, t. Il 5° Écarter, séparer. Détachez
vos bras du corps. || Isoler. Détacher les notes du
texte par un filet. || Disjoindre. Il a détaché ce traité
de son grand ouvrage. Détacher un pré d'une
ferme. || 6° Terme de musique. Détacher des notes,
les articuler dans le chant et sur les instruments à
vent par des coups de langue; dans les instruments
à cordes, par des mouvements d'archet en sens con-
traire , c'est-à-dire successivement de gauche à
droite et de droite à gauche. || Terme de peinture.
Faire ressortir le relief des objets. Ce peintre ne
sait pas détacher ses figures. || 7» Fig. Inspirer le
détachement, rompre des attaches morales. De tout
autre intérêt vos pleurs m'ont détaché, tristan,
Slort de Chrispe, iv, t. Sans que mille accidents
ni votre indifférence Aient pu me détacher de ma
persévérance, mol. l'Étour. v, 3. Lorsque par les
rebuts une âme est détachée. Elle veut fuir l'objet
dont elle fut touchée, m. le Dép. i, <. Ni crainte,
ni respect ne m'en peut détacher, rac. Iphig. iv,
4. Il fallut donc chercher Quelque nouvel objet qui
l'en pût détacher, id. Esth. i, t. L'hymen qui nous
attache en une autre famille Nous détache de celle
où l'on a vécu fille, coiin. Ilor. m, 4. Il crut qu'on
le voulait détacher de l'amour de sa maltresse, le
comte de bussi, dans richelet. Des principes de la
secte il n'embrassa que ceux qui détachent de la vie,
de la fortune, de la gloire, de tous ces biens au
milieu desquels on peut être malheureux, diderot.
Règne de Claude et Néron, i, § t3. Longtemps même
avant la mort, quelque chose de doux et de rêveur
nous détache par degrés de l'existence, staël, Co-
rinne, xvii, 7. Il Détacher quelqu'un d'un parti,
d'une alliance. Il fait ce qu'il peut pour nous déta-
cher M. de Paris et moi, boss. Lett. quiét. I07. Ils
craignaient que ses discours ne détachassent leurs
alliés, FÉN. Tél. XI. Il Terme mystique. Produire
le détachement. Cet acte nous détache à fond de
nous-mêmes, boss. Or. to. Purifier l'âme, la dé-
tacher du monde, mass. Car. Jeûne. \\ 8° Terme de
guerre et de marine. Envoyer partie d'une troupe,
d'une escadre, en détachement. On détacha mille
hommes pour investir la place. On détacha de
la flotte deux frégates. Quand il fut arrivé à Thè-
besdansla haute Egypte, il détacha cinquante mille
hommes contre les Ammoniens, rollin, Uist. anc.
Œuvres, t. n, p. 321. || 9° Envoyer à, contre, par
comparaison avec un chien qu'on détache et qui s'é-
lance. Détacher des gendarmes contre quelqu'un.
Après avoirdétaché un cavalier de sa garde vers eux,
iiAMiLT. Gramm. 5. Je détachai l'abbé de Chauheu
expert en pareilles matières, chacl. à la duch. du
Haine. Ce Dieu à détaché [à ces peuples] des lions,
et voilà que ceslions les tuent, volt. Phil. iv, 4(6.
Il 10° Familièrement. Détacher un soufflet , une
ruade, l'appliquer soudain avec force. Et bravement
vous lui détache Un coup de poing sur la moustache,
vADiî, Pipe castie, ch. 1. 1| 11° Se détacher, v. réft.
Cesser d'être tenu par quelque chose qui attache.
Votre manteau se déUche. Et ma peau qu'avec eux
votre secours m'arrache, Pour suivre votre main de
mes os se détache, corn. Sfédée,v, 3. Il paraîtra
toujours aux yeux de l'univers, qu'eux et la secte
qu'ils ont établie se seront détachés de ce grand
corps et de cette Église ancienne que Jésus-Christ a
fondée, boss. Hist. 11, (3. Deux gros rochers, s'é-
tant détachés de la montagne, écrasèrent la plupart
de ces troupes, rollin, Uist. anc. CEuvres, t. m,
p. 232. Il Par extension. Ses yeux ne pouvaient se
détacher de ce spectacle, il ne pouvait cesser de le
considérer. || 12° Être isolé. Ces notes ne se déta-
chent pas assez du texte. || Être apparent, être en
saillie. Ces fleurs rougrs se détachent bien sur ce
fond noir. || 13° S'écarter de personnes avec qui l'on
est. Mlle Vurthon, qui s'était détachée de nus deux
dames, approchait pendant qu'elles se promenaient,
MARIVAUX, iUana/iKe, sopartie. Il 14° Fig. Roraprece
qui liait, attachait. Sous ce prétexte heureux vous
verriez les Romains Se détacher de Rome et vous
tendre les mains, corn. Attila, i, 2. [Ils] N'ont ja-
mais conçu ce que c'est que la cour ; Un homme
comme moi jamais ne s'en détache, id. 0(/ion, i, i.
Crois-moi, détache-toi de cette erreur extrême, Tu
te flattes, mon cher, et t'aveugles toi-même, mol.
Mis. m, 1 . Je me détache un peu de ce qui s'appelle
le monde, sÉv. 283. Il leur apprend à se détacher
de toutes les choses sensibles, boss. Ihst. 11 , 6. Portez
ailleurs les dons que vous me proposez. Détachez-
vous d'un cœur qui lésa méprisés, volt. Orphel.iv,
4. Prêt à me détacher de tout ce que j'aimais, delav.
Paria, v, 2. Dans sa mort il s'est totalement détaché
des péchés, et c'est en ce moment qu'il a été reçu
de Dieu, PASC. Lettre sur la mort de son père, il
octobre 1651. || Absolument. Il y a plus d'un jour
que je me défie de Moncade, mais se détache-t-on si
aisément? baron, Homme à bonnes fortunes, iv, 3.
Il 15° Être assené comme un coup qu'on détache.
Et son jaloux dépit qu'avec peine elle cache, En
tous endroits sous main contre moi se détache, mol,
ilfis. lu, 3. Il Terme de musique. Être articulé. Les
notes se détachent difficilement sur la clarinette.
— HlST. xiii° s. Li mondes est roons et detachiés
de cascune partie, Comput, f° \3. Etli soudans prist
le coulon [pigeon], et 11 destaka la lettre de desous
Telle, et la fist lire, Chron. de Rains, 95. {| xvi» s.
Destache plustost que de rompre ce que tu as mal
noué, MONT. I, 361. Je ne puis soun"rir d'aller de*
boutonné et destaché, id. i, 26O. Les forts destaché»
estoient tous aigus, petits et de peude valeur, d'ahb
Uist. II, 37. Le mareschal destacha do ses bataillons
de droitte et de gauche, de l'un huit files, et de
l'autre dix, m. ib. 464.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et tache (voy. TACiie,
dont le sens primitif est quelque chose qui s'attache,
qui adhère) ; provenç. et espagn. destacar; ital. dis-
taccare.
t DÉTACHES (dé-ta-ch'), S. f. pi. Filets de su'b-
stance minérale grasse qui se confondent avec les
salbandes d'une couche ou d'un filon.
—ÉTYM. Détacher 2.
t DÊTACHEUR (dé-ta-cheur), s. m. Celui qui 6te
les taches des habits; dégraisseur.
— ÉTYM. Détacher t .
t DÉTACHOIR (dé-ta-choir) , s. m. Pièce de la
machine qui sert à couper les flans des médailles et
des monnaies.
— ÉTYM. Détacher 2.
DÉTAIL (dé-tall. Il mouillées), s. m. || 1° Partage
d'une chose en plusieurs parties , en morceaux. Le dé-
tail d'un quartier de viande. || 2° Terme de commerce.
Vente de marchandises par petites quantités, en petits
nombres. Ce marchand en gros fait aussi le détail. Ma-
gasin de détail. On appelle marchand en détail celui
qui vend la marchandise dont il (ait négoce, à plus
petites mesures et à plus petits poids qu'ilne l'aache-
tée , qui la coupe et qui la divise pour en faire le
débit, savary, /)ic<. du Corn. <759. Le marchand en
détail est unentremetteurnon-seulement utile, mais
indispensable, :. b. say, Cours, (840, t. 11, p. 3)2.
Il Terme d'économie politique. Commerce de détail,
celui qui consiste à revendre aux consommateurs et
par petites portions, dans des boutiques ou sur des
étalages , ce que l'on achète par portions plus fortes
chez les marchands en gros ou chez les fabricants.
Il Droit de détail, droit perçu sur la vente des bois-
sons en détail. || 3° Par extension, énumération des
parties. Les détails d'un compte. || Terme de marine.
Service concernant les approvisionnements, les con-
sommations, la police, etc. Rapport que chaque ca-
pitaine fait au retour d'une campagne sur les bon-
nes ou mauvaisesqualitésde son bâtiment. Il 4° Exposé
circonstancié d'une affaire, d'un événement. Des-
cendre dans le détail. J'entre plus encore dans le
détail de la pratique, pasc. Prov. 8. Je lui contai
tout le détail de nos misères, sÉv. 464. Ne vous char-
gez jamais d'un détail inutile; Tout ce qu'on dit de
trop est fade et rebutant, boil. Art p. i. Il lui fait
un long détail d'un repas où il s'est trouvé, la eruy.
Théophraste, 3. Le chevalier apprit ledétail de celte
conversation, hamilt. Gramm. S. Et pour approfon-
dir encore cette vérité et entrer dans un détail qui
vous la rende plus sensible, mass. Car. Prière, t.
Tout cela est d'un détail immense et capable de las-
ser la patience la plus opiniâtre, fonten. de Liste.
Cette proposition [d'aller déhvrer Charles XII à Ben-
der], qui marquait plus de courage et d'aOéction
qu'elle n'était utile, fut écoutée avec plaisir (iuoi(iue
rejetée, et on ne manqua pas d'en instruire le roi
en lui envoyant le détail de la bataille d'Helsinbourg,
VOLT. Charles XII, 5. ||5° Au plur. Les détails, les
circonstances particulières. Les détails île ce procès
excitent la curiosité. Je n'ai pu m'empêcher de me
jeter dans les détails, sÉv. 406. Vous savez que nous
avons réglé que l'on hait autant les détails des gens
que l'on n'aime guère, qu'on les aime de ceux que
l'on aime beaucoup, id. 23. Vouloir examiner tout
par soi-même, c'est défiance, c'est petitesse, c'est
se livrer à une jalousie pour Iss détails qui consume
le temps et la liberté d'esprit nécessaires pour les
grandes choses, fïn. Tél. xxii. Vous savez les pro-
jets que votre amant médite; En pénétrez-vous bien
les détails et la suite? volt. Catil. 11, 1. Les détails
de Ricbardson déplaisent et doivent déplaire à un
homme frivole et dissipé; mais ce n'est pas pour cet
homme-là qu'il écrivait, diderot. Éloge de Richard-
son. Je voyais assez que ses récits étaient très-im-
parfaits et beaucoup trop dépourvus de ces détails de
pratique que présentent les écrits des grands maî-
tres dans l'art d'observer, bonnet, i'mém. Abeilles.
Ces détails se gravaient dans mon cœur agité, M. J.
CHÉN. Gracques, i, 4. || Absolument, le détail, l'ha-
bileté à s'occuper du détail des choses. Qu'il [le duc
deNoaiUes] avait la prévoyance de Turenne , la va-
leur de Créqui, je ne sais quoi de la Frézelière, ot
le détail de Jacquier, maintenon. Lettre au card.
de Noailles, 6 févr. <7H. || 6° Minutie, la petite be-
sogne. Il a l'esprit de détail. C'est un homme de dé-
tail. Un esprit épuisé par le détail est comme la lie
du vin qui n'a plus ni force ni délicatesse, fén. Tél.
1120
DET
XXII. Idoménée s'applique trop au détail, rtn. Tél.
xxu. Il ne faut pas qu'un roi fasse le détail, id.
ib. Il C'est un détail, se dit en parlant de quelque
mésaventure que l'on traite légèrement. Je suis tombé,
et je me suis cassé une dent, c'est un détail. || 7° Ce
qui se fait peu à peu. Contentez-vous, dans le détail
de vos occupations, d'une vue confuse de Dieu,FÉN.
1. xviii, p. 262. Il 8" Terme de littérature et de beaux-
arts. Petite partie d'un ensemble. Exceller dans les
détails. Des beautés de détail. D'assez grands génies
ne paraissent avoir eu que l'invention de détail, vau-
VEK. du Génie. Il ne faut jamais interrompre de gran-
des masses par de- petits détails; ces détails las ra-
petissent en m'en donnant la mesure, didebot,
Pensées SUT la peint. Œuvres, t. xv, p. 206, dans
poucENS. Il II se dit, en pernlure, des poils, des pe-
tit» accidenta de la peau, des draperies, des brode-
•■iss, daB feuilles des arbres, et, en architecture,
des rosaces, des modillons, des feuillesd'acanthe , etc.
Il 9° Guerre de détail, guerre de partisans et qui
use l'ennemi en détail. || 10» En détail, /oc. adv. Par
parties. Vendre en détail. || Fig. Dans toutes les
parlii'S, dans toutes les particularités. Voici l'afTaire
en détail, sÊv. 47. Il m'a conté en détail l'histoire
de celte province, id. 2I9. Les hommes fripons en
détail sont en gros de trés-honnêtes gens, moktesq.
Espr. XXV, 2. Il Peu à peu, par parties. L'homme
meurt en détaiL
— REM. Bouhours n« voulait pas qu'on dît détail
au pluriel, sinon quand il s'agissait du détail de plu-
sieurs affaires. Mais l'usage, de son temps même,
prévalait de l'employer au pluriel, au sens de pe-
tite portion, qai d'ailleurs est le sens étymologique
de ce mot.
— IIIST. xm* s. Quiconque acatera piscon en gros
ne fruit ne autre viande puis k'ele ert mute [sera
mise en mouvement, sera expédiée] à venir en ceste
vileaumarkiet, pour revendre à detal.... tailuar,
hectieil , p. «04. Nus chanevassiers de Paris ne
doit point de coustume de toiles, qui vend à dé-
tail à son estai ou [auj marchié le Hoy de Paris....
iiv. des met. 460. Moult me sanle que ce soit gas
|moquerie], Que vos dras vendes à détail. Fi. et Bl.
(722. Un buef ou une truie que l'on vent à détail,
Chastie-Musart. Lorsditqu'il n'a cure de vivre. Point
le cheval, esTurs se livre, De son bras et de du-
rendal Fait de païens moult grant de.stal [carnage],
PH. MouSKES, ms. p. 206, dans iacurne. || xvi* s.
Oui en jugeroit [des hommes] en détail et distinc-
tement, pièce à pièce, rencontreroit plus souvent à
dire vray, mont, il, 2. Tout cecy me faict souvenir
de ces anciennes opinions : qu'il est force [on est
forcé] de faire tort en détail, qui veult faire droict
en gros, m. iv, 241.
— ETYM. Voy. DÉTAILLER ; provenç. detal. Le sens
propre, qui est action de couper en morceaux, se
trouve à l'historique.
DÉTAILLANT, ANTE (dé-ta-Uan, llan-t', Il mouil-
lées, et non dé-ta-yan, yan-t'), adj. Qui vend en
détail. Sans les autres avanies faites par la police au
marchand détaillant, p. l. cour, ii, 283. \\S. m. et
f. C'est un détaillant, une détaillante. H Un détail-
lant, un marchand de vin au détail.
DÉTAILLÉ, ÉE(dé-ta-llé, liée, /J mouillées) , part,
passé. Il 1° Coupé par morceaux. De la viande détail-
lée. Il %' Vendu en détail. Le viii détaillé est plus cher
que le vin vendu en gros, jj 3" Circonstancié. Récit
détaillé. Critique détaillée. Il aurait fait à l'instant
même un portrait d'elle plus juste, plus vrai, plus
détaillé, STAËL, Corinne, ii, t.
DÉTAILLER (dé-ta-Ué, Il mouillées, et non dé-
ta-yé), V. a. || 1° Couper par morceaux, distribuer
parparties. Détailler un bœufà la boucherie. || 2° Ven-
dre en détail. Les épiciers détaillent lesdenrées qu'ils
ont achetées en gros. || 3''Kaconteravecdétail. 11 nous
a détaillé toute l'histoire. || Absolument, en termes
de littérature et de beaux-arts, entrer dans les dé-
tails. Plus on détaille, plus l'image qu'on présente
à l'esprit des autres diffère de celle qui est sur la
toile, DIDEROT, Salon de t767. Œuvres, t. xiv,
p. 41), dans POUOENS. || 4° Se détailler, v. réft.
Être débité par morceaux. Ce bœuf s'est détaillé en-
tre les (lilTérents bouchers. || Se vendre au détaiL II
y a des marchandises qui ne se détaillent pas.
— HlST. xiir s. [Ils] N'épargnent vergiers ne
vignobles. Que partout & bandon ne saillent. Et tôt
entrepent et détaillent [coupent], Fabliaux mss.
t. II , I* 1 88 , dans LACUBNE. Qu'il sache aventure no-
yele, Et face tant que la novele De l'aventure par-
tout aille, Et que son vrai fraiiçois détaille Pour faire
œuvre plus déliée, ib. ^ 188. Par quoi li rois seroit
deceu de sa coustume, se li home forain destail
imant, Ltv. des mit. «6o. jj xiv s. Un bouchier
DET
avoit.... Une beste faisoit aporter un colier [par
un charrtier], Bt geler sus Testai, tamps fu du des-
peschier; Perdut avoit dix sols à l'autre detaillier,
Baud. de Seb. vu, 404. jj xv s. Et abattirent ce grand
engin, et le détaillèrent tout par pièces, froiss. i,
I, (77. Il XVI" s. .Se veoir dcstaiUer en pièces et ar-
racher une balle d'entre les os, mont, i, 3o3. Plu-
sieurs se détaillant les morceaux de leur propre
chair vifve.... JD. ii, 30. Il fut à la fin luy mesme
abhatu par terre, et trouvé entre les morts tout de-
taillé de coups, jturoT, Marcel. U. La grole,
pensant que ledit renard fust mort, se va poser sur
son ventre, pensant de son membre que ce fusKjuel-
que chair desjà commencée à détailler, palissy, 8S.
Son domaine, par telle juste proportion ainsi détaillé
et bien raesnagé, se rendra capable d'entretenir
une grande et honorable famille, o. de serres, (6.
Les cliaircutiers de Paris ont une particulière ma-
nière à détailler les lards, id. 838.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et tailler, couper en
morceaux (voy. détail).
DÊTAILLEUR (dé-ta-Ueur, Il mouillées, et non
dé-ta-yeur), s. m. Celui qui vend en détail ; aujourd'hui
on dit plutôt détaillant. Entre les détailleurs de
poisson de mer, frais et salé, de Paris.... et les mar-
chands en gros de saline de Paris, Arrêts du con-
seil privé, (7 mars Iflis. Le délailleur fait souvent
venir des ports de mer ou des fabriques les mar-
chandises qu'il vend en détail, J. B. say. Court,
1840, p. 312. Il On a dit au féminin, détailleresse.
Défense aux dits détailleurs et détailleresses de se
fournir et prendre marchandise de poisson de mer,
autrement que sous la vente des vendeurs. Rè-
glement du parlement, 20 févr. toto. || Nom qu'on
a donné autrefois dans l'armée à des fourriers , à
des sous-officiers qui remplissaient l'office d'écri-
vains.
— ÉTYM. Détailler.
t DÉTAILLISTE (dé-ta-lli-sf, Il mouillées) , s. m.
Néologisme. Écrivain qui se complaît ou qui excella
dans lesilétails.
— ÊTYM. Détailler.
DÉTALAGE (dé-ta-la-j') , s. m. Action de détaler
des marchandises.
— ÉTYM. Détaler.
DÉTALÉ, ÉE (dé-ta-lé, lée), part, passé. Qui
n'est plus étalé. Des marchandises détalées.
DÉTALER (dé-ta-lé), v. a. \\ 1" Resserrer, rem-
baller la marchandise qui était étalée. || Alisolument.
Les marchands ont détalé. || 2° ¥. n. Dans le langage
familier, décamper, s'en aller au plus vite, lln'est plus
temps de rimailler; On m'a dit qu'il faut délaler,
scARRON, Testamertt, p. (33, dans pougens. Allons,
que l'on détale de chez moi, mol. Avare, i, 3. À la
porte de la salle Us entendirent du bruit; Le rat de
ville détale; Son camarade le suit, la font. Fabl.
I, 9. Il met sur pieds sa bête et la fait détaler, in.
il), m, I Ami, je te conseille De fuiren attendant
que ton maître s'éveille; Il ne saurait tarder: dé-
tale vite, et cours, id. ib. vm, (7. Us ont enfin dé-
talé d'ici, après avoir fait l'un et l'autre le diable à
quatre, brueys, Grondeur, u, 2. || Terme de ma-
nège. Un cheval détale bien quand il court avec lé-
gèreté et grâce. || Terme de marine. On dit qu'un
navire détale bien, quand il est fin voilier.
— RE.M. Détaler, v. n. se conjugue avec l'auxi-
liaire ai'otr, quand on exprime l'action : ils ontdé-
talé ce malin; avec l'auxiliaire être, quand on ex-
prime l'état : ils sont détalés depuis ce matin.
— HIST. xv s. Puissent aller et venir aus dites
foires et y amener, vendre et destaler [étaler] toutes
denrées et marchandises quellesconques, franche-
ment et quittement, godeeroy, Observ. sur Char-
les VIII, p. 029, dans lacurne.
— ÉTYM. D pour dé.... préfixe, et étaler; bour-
gu»g. détalai, s'en aller.
DÉTALINGUER (dé-ta-lin-ghé), v. n. Terme de
marine. Ôter le cAble d'une ancre.
— ÊTYM. D pour dé.... préfixe, e\.élaling\ter.
t DÉTAPER (dé-la-pé), V. a. Terme de marine,
ôter les tapes de liège qui ferment la bouche des ca-
nons. Nous nous trouvions si près 4e l'ennemi qu'on
ne prit pas le temps de détaper, et on lui envoya
la volée avec les tapes, legoaraMt. || Terme de mé-
tier, ôter les tapes des formes, chez les raffineurs
de sucre.
— HIST. XVI* s. Detapper, déboucher, oddin, Dict.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et tape.
t DÉTAPISSER (dé-la-pi-sé), c. a. ôter les lapis,
les tapisseries. Uélapisser une chambre. L'un déta-
pisEe, l'autre emballe, scarron, Baron, Œuvres,
t. I, p. ïlo, dans pougens.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et tapis.
DliT
] DIÎTASSER (dé-lA-sé), r. a. Défaire un tas.
— HIST. xvr s. Quant Engloiz virent lever le feu
cont.'emont, si furent moult dolens, et commenr^-
rent à destasser le foing pour destaindre le dit feu,
MENARD, llist. de du Guetclin, p. 603, dans la-
curne.
— ÊTYJl. Dé.... préfixe, et tas.
t DÉTAXE (dé-ta-ks'), s. f. Terme d'administra-
tion. Remise de tout ou partie d'une taxe.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et taie.
t DÉTAXER (dé-ta-ksé), v. a. Faire une réduc-
tion sur une taxe. L'administration du chemin de
fer a détaxé de trois francs par mille kilogrammes
cette marchandise. || Réduire la taxe mise sur une
lettre, sur un paquet. Cette lettre était surtaxée, je
l'ai fait détaxer. || Détaxer le pain, la viande, etc.
en supprimer la taxe.
— ÉTli'M. Voy. détaxe.
DÉTEINDRE (dè-tin-dr'), je déteins, tu déteins,
i! déteint, nous déteignons, vous déteignez, ils dé-
teignent; je déteignais; je déteignis; je détein-
drai; j» déteinilrais; déteins, déteignons; que je
déteigne, que nous déteignions, que vous détei-
gniez; que je déteignisse; déteignant; déteint, e.
a. Il 1° Faire perdre la couleur, la teinture. Le vi-
naigre déteint les étoffes. |{ 2' V. n. Cette étoffe dé-
teint beaucoup. || Fig. Son caractère avait déteint
sur ceux qui vivaient avec lui, c'est-à-dire ilsavaient
pris quelque chose de son caractère. || 3* Se détein-
dre, t). réfl. Perdre sa couleur. Ces draps-là ne se
déteignent point.
— HIST. xiii's. Amoui d'homme envers famé n'est
mie tainte en graine ; Por trop pou se destaint, por
trop pou se desgraine, j. de meung, 437. || xv s.
Non-pour-quant pas n'en fu estainte La maladie,
qui destainte M'avoit la couleur et la face, froiss.
kspin. amour. Bien savez de plaisance paindre Et
d'espoir, quand prenez depport. Après effacer et
destaindre Toute joye, sans nul support, en. d'orl.
Bal. 91, Il xvf s. De fermeté le grand guidon sui-
vrons, Le quel, pour vrai, fermeté a fait paindre
De noir obscur, qui ne se peut destaindre, marot,
1, 338.
— ETYM. ©^....préfixe, et teindre; provenç. des-
tcngner; calai, destenyir ; espagii. destenir; portug.
destingir.
DÉTEINT, EINTE (dè-tin, tin-t'), part, pa.t».-
de dùteindre. Qui a perdu sa couleur. Un chàle dé-
teint. Une robe déteinte.
t DÉTELAGE (dé-le-la-j'), s. m. Action de dételer
les chevaux d'une voiture.
— ÉTYM. Dételer.
DÉTELÉ, ÉE (dé-lo-lé, lée) , part, passé. Les che-
vaux dételés et menés à l'écurie.
DÉTELER (dé-te-lé. L'i se double quand la syl-
labe qui suit est muette : je dételle, je détellerai),
V. a. Détacher l'attelage de la charrue, de la voi-
ture. Dételer des bœufs. Dételer un équipage. || Ab-
solument. Dételez. C'est ici l'hôtellerie où pour tou-
jours le charretier a dételé, et où le paria repose,
bern. de st-p. Chaum. imi.
— HIST. XV s. Ils firent desteler les chevaux et
les chassèrent dedans la porte, froiss. i, i, (60.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et un radical pour lequel
il faut voir atteler; Bcrry, dr^&ielcr. L'ancien fran-
çais avait un verbe desteler. '.lui paraît plutôt une
forme de détaler que de détela : xiv s. Le renc des
Champenois deslele [s'avayicej Contre Flamens.
lances baissiées, g. guiart, Us. f I24, dans la-
curne. Une grant roule [troupe] de deables Qui par
devant lui destela [détala], tb. f" (45. Puisqu'ils au-
ront amené et deschargé ou deslelé les bleds, fa-
rines ou autres grains, Ordonn. des rois de France,
X. II. p. 364.
t DÉTEND AGE (dé-lan-da-;'), s. m. Action de dé-
tendre la chaîne d'une étoffe '| Terme de typogra-
phie. Action de détendra le p-.i'ier qu'où a fait «C-
cher.
— ÊTYM. Détendre.
t DÊTENDOIR (dé-lan-dor), s. m. Instrument
pour tendre et détendre la ch:ilne d'une étoffe.
— ÊTYM. Détendre.
DÉTENDRE (dé-tan-dr'), je détends, tu détends,
il détend, nous détendons, vou.J détendez, ils dé'-
lendent; je détendais; je détendis, je détendrai; je
détendrais; détends, détendons; q le je détende,
que nous détendions; que je détendisse •. détendant ;
détendu, d. o. || !• Relâcherce iiui étiil Itnilu. D< -
tendre une corde, un arc, un ressort, .'.'u détendit
le piège. || Kig. Détendre l'arc, se donner quelque
relâche d'esprit. || Poétiquement. Le temps, . 'ri«le
adversité Délend les cordes de ma lyre, volt. . '•"ft.
38. Il Fig. Faire cesser un état da tension mckle ou
DÉT
intellectuelle. Ces discussions détendirent quelque
peu les âmes irritées. Un prince qui a de pareils
ministres.... peut détendre la contention de son
esprit, sans que ses affaires en pâti.ssent, HALZ. Avis
écrit. Il 2° Détacher ce qui était tendu, déployé,
dressé. Détendre une tapisserie, un lit. On le déten-
dra [le tabernacle du témoignage], et on le dressera
de nouveau dans le même ordre, saci. Bible, Nom-
bres, H, <7. Il On dit dans le même sens, détendre un
.<alon, une chambre à coucher. Va demain, le plus
matin que tu pourras, me chercher un tapissier jjOur
ilétendre mon cabinet et ma cliambre, Marivaux,
Pays. parv. t. i, 2- part, p. 63, dans pougens. || Ab-
solument. Défaire les tentures. On détendit après
que le saint sacrement eut passé. || Défaire les tentes
d'un camp. On avait déjà détendu dans tout le camp.
L'armée eut ordre de cliarger les gros bagages avec
défense de détendre et de rien remuer, st-sim.
47, 49. Il 3° Se détendre,»). r(?/î. Cesser d'être tendu,
se relâcher. Un ressort qui se détend, jj Fig. Si le
sens de vos vers tarde à se faire entendre, Mon es-
prit aussitôt commence à se détendre, bo:l. Art p. i.
Il Se détendre se dit aussi du temps qui devient
moins froid , de la température qui commence à
s'adoucir. Le vent du nord a cessé, le temps s'est
détendu. || Dans le style du journalisme. Les rapports
entre les cabinets de Vienne et de Paris se sont dé-
tendus, c'est-à-dire iln'ya plus entre eux l'hostilité,
suite de différends.
— HIST. XII" s. Plustost [le cheval] lui court que
carraus deslendus [lancés par l'arc], Ronc. p. 64.
Il XIII" s. Et il s'en fu destornés vers Constantino-
ble, et avoitfait destendre très [tentes] etpaveillons,
ViLLEH. Lxxi. Tangrés li fis Marquis n'i va plus de-
morant, Ains fait soner ses grailes, ses très va des-
tendant. Tout droit au castelet en sont venu errant,
Ch. d'Ant. IV, 503. S'il veut porter arc et sajeles,
port [qu'il porte] l'arc destendu et les sajetes en la
main ou en forrel, beaum. lviii, (3. Et se tans
[mauvais temps] monte dont on destenge muelins,
et il [le meunier] ne le destent, s'il en mesvient,
damages en est sien, tailliar. Recueil, p. 462. Li
arz est tendus et tout presl de destendre. Fabliaux
mss. t. II, f° 144, dans lacurne. || xiv" s. Tant
comchevauspeuent destendre [s'élancer], g. guiaht,
Ms. f° 228, dans lacurne. Au lundi malin se des-
tendent, Touz ordenez comme à bataille, ib.f" 33 7.
.... Tu tenderas ton trebuchet, lequel se deslen-
dera tout par luy quand le chevreul tirera à la
viande [pâture] que tu luy auras donnée, Uodus,
f° Lxxi. Il XV" s. Reboutez vos espées, et dites à vos
archers qu'ils destendent les arcs; car la ville est
vostre sans coup ferir, froiss, ii, m, 43. Ainsy se
détendit [sépara] cette armée, o. de la marche,
Uém. liv. 1, p. 481, dans lacurne. || xvi" s. Com-
mençans jà à destendre leurs tentes, à serrer bagage,
AMYOT, Pomp. 8.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et tendre, v. o. ; provenç.
destendre; ital. distendere.
DÉTENDU, CE (dé-tan-du, due), part, passé de
détendre. Qui n'est plus tendu. Un ressort détendu.
DÉTENIR (dé-te-nir),je détiens, tu détiens, il dé-
tient, nous détenons, vous détenez, ils détiennent;
je détenais; je détins; je détiendrai; je détiendrais;
détiens, qu'il détienne; détenons, détenez, qu'ils
détiennent; que je détienne, que nous détenions,
que vous déteniez; que je détinsse; détenant; dé-
tenu, V. a. Il 1° tenir entre ses mains. L'on veut
absolument que, contre mon intérêt visible, j'aie
mutilé ce morceau, que je venais de détenir et dont
j'étais maître, p. l. cour, i, 96. || 2° Terme de ju-
risprudence. Garder en sa possession ce qui appar-
tient à d'autres. Détenir le bien d'autrui. || 3° Rete-
nir quelqu'un contre sa volonté. L'Angleterre, avant
de déclarer la guerre en 1766, attaqua les navires
français et détint les matelots. || Par extension. Tant
que nous sommes détenus dans cette demeure mor-
telle, nous vivons assujettis au changement, parce
que, si vous me permettez de parler ainsi, c'est la
loi du pays que nous habitons, boss. Duch. d'Orl.
Il Terme de législation. Détenir quelqu'un en prison ,
ou, simplement, détenir, le retenir en prison. Ses
créanciers le détiennent à Clichy depuis quelque
temps. Il 4" Se détenir, v. réfl. Être détenu. Des biens
qui se détiennent illégalement.
— HiST. XII" s. Ensi qu'il la veriteit de Deu de-
tienent en menzonge, si cum pluisor gent suelent
faire à la fieye [parfois] , s. bern. p. 673. || xiii" s. Ne
pourquant n'oserent-il mie détenir la cité de Car-
rliople, et l'endemain la guerpirent et revindrent à
la cité du Curlot, villeh. cxxxvn. Et je m'en irai
devant, pour détenir nostre gent qui grant mestier
en ont. id. cxlvi. Se sovrains sires le détient, por ce
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
DÉT
qu'il a à fere de li, se pot li pièges escuser, beaum.
xLiii, 36. Le conseil le roy leur offri que il dete-
nissent un des frères le roy tant que il reussent Da-
miete, jojnv. 237. || xv" s. Ils prièrent à monsei-
gneur de Hainaut qu'il voulust encore demeurer
jusques après Noël, et qu'il detinst les compagnons
avec lui le plus qu'il en pourroit détenir, froiss. i,
I, 26. 11 ne cessa mie de faire grands promesses
[Edouard aux Flamands] pour détenir leur amitié,
ID. I, I, 310. Et encore détint le dit brigand le dit
chastel et le garnit bien, et en guerroya le pays,iD.
I, I, 324. La dignité que vous détenez, monstrel.
1. 1, ch. 9. Il XVI" s. Je ne détiendrai point mon lec-
teur de tous les disners, visites et circonstances du
grand festin fait à la table de marbre, d'aub. Hist.
II, 104. Or estoit, entre les prisonniers que l'on de-
tenoit pour leur faire leur procès, l'orateur Andoci-
des, AMYOT, Aie. 37. Elle sera mariée et dottée hon-
nestement selon la faculté des biens, au détenu [à
proportion] de la maison dont elle procède, JVout;.
coust. génér. t. I, p. 908. Detenuz prisonniers aprez
avoir rendu la place, contre ce qui avoit esté capi-
tulé, MONT. III, 63.
— ÉTYM. Provenç. detener, destener; catal. déte-
nir; espagn. detener; portug. deter; ital. ditenere;
du latin detinere, du préfixe de, et tenere, tenir,
qui devient tinere en composition.
DÉTENTE (dé-tan-f), s. f. \\ 1° Pièce de la bat-
terie d'une arme à feu, qui sert à détendre le res-
sort. Presser la détente. Tirer la détente. || Les ar-
muriers donnent le nom de pièce d'écusson ou de
pièce de détente à une pièce qui , placée sous le
pontet, est fendue pour laisser passer la détente.
La pièce de détente et le pontet forment la sous-
garde, LEGOARANT. || Terme d'horlogerie. Levier qui
fait partie de la sonnerie d'une pendule. || Fig. C'est
[les larmes] chez elle un ressort, un jeu dont la
détente s'échappe à volonté, langue, Coquette cor-
rigée, m, 4, Il 2» Action de lâcher la détente. Fusil
dur, aisé à la détente. || Fig. Être dur à la détente,
être avare, ne se résoudre que difficilement à payer,
à donner de l'argent. Cette expression a le même
sens que être dur à la desserre (voy. desserre) ; mais
elle est moins exacte. || 3° Relâchement de quelque
tension morale ou intellectuelle. Il y avait sur son
visage une détente visible d'esprit et d'inquiétude.
— HEM. Lâcher la détente est une expression im-
propre, eu ce que cette pièce ne fonctionne nulle-
ment comme un ressort. C'est un simple levier qui
sert à faire partir la gâchette contre la grande bran-
che de laquelle il agit à l'intérieur de la platine,
LEGOARANT.
— ÉTYM. Détendre.
DÉTENTEUR, TRICE (dé-tan-teur, tri-s'), i. rn.elf.
Terme de jurisprudence. Celui, celle qui retient une
chose, qui en est en possession. Légitime, injuste dé-
tenteur. Il Celui qui possède une chose & un titre
légal. Guillaume le Conquérant chargea les terres
envers lui de redevances annuelles et d'un droit
payable à la mort de chaque détenteur, fén. t. xxii,
p. 405. Il Adj. Tiers détenteur, l'acquéreur d'un ob-
jet sur lequel on prétend un droit de propriété ou
de créance, contre le vendeur.
— HIST. XV" s. En la fin de la dite réponse fut
conclu par le roi d'Angleterre qu'il ne se desisteroit
pas de son voyage, entreprise et armée, mais des-
truiroit de tout en tout à son pouvoir le royaume
et le roi de France son adversaire et détenteur d'i-
ceux pays injustement, monstrel. liv. i, ch. Ha.
Il XVI" s. Son détenteur [celui dont il était prison-
nier] le mena chasser, yver, p. 586. Le tiers-dé-
tenteur, déguerpissant après contestation, est quitte
en rendant tous les fruits qu'il a perçus, loysel, 6J3.
— ÉTYM. Lat. delentorem, de detinere (voy. déte-
nir); provenç. et espagn. detenedor ; catal. dete-
nidor; ital. ditenitore.
t DÉTENTILLON (dé-tan-ti-Uon, Il mouillées),
s. m. Terme d'horlogerie. Détente levée par la roue
des minutes.
— ÉTYM Détente.
DÉTENTION (dé-tan-sion ; en vers, de quatre
syllabes), s. f. \\ 1° Terme de jurisprudence. Action
de détenir, de garder en sa possession. La détention
des effets d'une succession. Souvent on oppose la
simple détention à la possession légale. || 2° État de
celui qui est détenu en prison. Détention préventive,
arbitraire. || Terme de droit criminel. Peine qui con-
siste àêtre enfermé dans une forteresse pendant 5 ans
au moins et 20 ans au plus. La détention occupe
le cinquième rangparmi les peines afllictives et infa-
mantes. Être condamné à cinq ans de détention.
— HlST. XVI" s. La roine [Catherine de Médicis]
avoit aussi ceux (lui commandoient en la chambre
DÉT
1121
et en la garderobe [de Henri de Navarre, prison-
nier ], tous affidez à la détention de ce prince,
d'aub. Hist. II, t84. On deviendra propriétaire de
semblables fonds et rentes, par l'une de cinq ma-
nières, sçavoir par succession, par transport, par
prescription de temps que l'on nomme teneure ou
détention, par purge et éviction en justice, et par
donation. Nouveau coust. génér. t. i, p. 713.
— ÉTYM. Provenç. détention; espagn. detencion ;
ital. detenzione; du latin detentionem (voy. détenir).
DÉTENU, UE(dé-te-nu, nue), part, passé de dé-
tenir. Il 1° Dont la possession reste entre les mains.
Un bien détenu injustement. |{ 2° Qui est retenu
contre sa volonté. La fille de Stenon Promise à Fré-
déric, détenue en esclave, piron, Gust. Wasa, ij
t. Il 3° Retenu dans un lieu de détention. Détenu
pour dettes. || Substantivement. Un détenu. Les dé-
tenus. Les jeunes détenus, les enfants repris de jus-
tice avant l'âge où la loi leur donne la responsabi-
lité de leurs actions, et privés de leur liberté par .
mesure de précaution.
t DÉTENUE (dé-te-nue) , s. f. Terme de juris-
prudence. Action de détenir. La détenue d'un bien,
d'un gage.
— HIST. XIV" s. Vous entendez à persévérer à vos-
tre injurieuse détenue [du royaume de France],
Chron. de St Denis, t. ii, f" 499, dans lacurne.
— ÉTYM. Détenu.
DÉTERGÉ, ÉE (dé-tèr-jé, jée), part, passé. Une
plaie détergée avec soin à chaque pansement.
DÉTERGENT, ENTE (dé-tèr-jan, jan-t'), adj.
Terme de médecine. Qui déterge. |{ Substantivement.
Un détergent. Les détergents.
DÉTERGER (dé-tèr-jé. Le g prend un e devant a
ou o: nous détergeons, je détergeai), v. a. Terme
de médecine. Nettoyer, purifier. Déterger les intes-
tins, les nettoyer à l'aide d'un purgatif ou d'un
lavement. || Absolument. Prenez, prenez, monsieur;
c'est pour déterger, déterger, déterger, mol. l'oure.
1, (6. Il Déterger une plaie, la débarrasserdu pus et
du sang épanchésà sa surface. || Se déterger, v.rép,.
Devenir détergé. La plaie s'est détergée depuis hier.
— HlST. XVI" s. Ces pouldres seichent et détergent
sans acrimonie ny picqueure, paré, vin, 4.
— ÉTYM. Lat. detergere, de la préposition de, et
tergere, nettoyer; Berry, déterger, désaltérer.
t DÉTÉRIORANT, ANTE (dé'-té-ri-o-ran , ran-t'),
adj. Qui détériore. Des causes, des actions détério-
rantes.
DÉTÉRIORATION (dé-té-ri-o-ra-sion), s. f. Ac-
tion de détériorer; résultat de cette action. Respon-
sable des détériorations faites au logis occupé.
Il Fig. La détérioration de l'art, chateaubk. cité
dans le Dict. de poitevin.
— ÉTYM. Détériorer. On trouve, dans Oudin, de-
teriorement et deteriorité.
DÉTÉRIORÉ, ÉE (dé-té-ri-0-ré, rée), part, passé.
Une arme détériorée.
DÉTÉRIORER (dé-té-ri-o-ré) , v. a. || l» Rendre
pire, gâter. Détériorer une habitation, un héritage.
Faire une imposition sur les marchands et négo-
ciants, ou plutôt sur les marchandises, telle que le
commerce la pourrait supporter sans être altéré ou
détérioré, vaub. Dtme. p. 87. || 2° Se détériorer,
V. réfl. Eprouver des dégradations, se gâter. Celte
maison se détériore. || Avec ellipse du pronom se.
On a laissé détériorer ces marchandises.
— HlST. xvi" s. S'ils [les médecins] servent à la
santé des malades, ils détériorent la leur par la con-
tagion, la veue continuelle et praticque des mala-
dies, MONT, i, 274.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. deteriorar ; ital
deteriorare; du latin deterior, comparatif de deter,
mauvais.
t DÉTERMINAHLE (dé-tèr-mi-na-bl') , adj. Qui
peut être déterminé. Une quantité déterminable.
— ÉTYM. Lat. determinabilis , de dtterminare,
déterminer.
t DÉTERMINANCE (dé-tèr-mi-nan-s'), s. f. Dans
l'ancienne université, acte qui se composait de thè-
ses soutenues sur plusieurs des ouvrages qui sei-
vaient de base à l'enseignement public.
— ÉTYM. Déterminant.
DÉTERMINANT, ANTE (dé-tèr-mi-nan, nan-t') ,
adj. Qui détermine. Ce motif est déterminant. ,I'ex-
pose celles de mes raisons que je pouvais dire sans
compromettre Mme Levasseur et sa famille; car les
plus déterminantes venaient do là, et je les lus,
j. J. nouss. Confess. viii. || En grammaire, proposi-
tion déterminante, plus souvent nommée proposi-
tion secondaire, celle qui en détermine une autre.
DÉTERMINATIF, IVK (dé-tèr-mi-n.i-tif, ti-v'),
adj. Terme de logique et de grammaire. Qui a if
I. — 141
H22
DET
propriété do déterminer. Adjectif détenninatif , celui
qui détermine seulement les rapports de» objets,
comme ce, mon, queli/ue, aucun, chaque, par op-
position auxailjcclirsqualiflcatifi, qui expriment dos
qualité», comme rond, carré, utile, etc. || Pro-
position déleiminative, toute proposition qui en dé-
termine une autre. Dans un sens spécial, on l'en-
tend aussi d'une proposition restrictive : L'homme
nui est venu, par opposition à une proposition ex-
plicative : L'homme, qui est un animal raisonnable.
Il S. m. Terme de grammaire. Un déterrainalif, un
mot ou lin affixe qui détermine la signification.
L'article est un détenninatif. M. Rawlinson distin-
guait, dans l'écnturo assyrienne, des déterminatifs
comme en ont les hiéroglyphes, vivien de st-mar-
TIN, 7(di. genn. t. xix, p. soi.
— f.TYM. Délerminer.
DÉTKRMINATION (dé-tèr-mi-na-sion; en vers,
de six syllabes), s. f. || 1" Action de déterminer, de
définir, do caractériser. La détermination d'une es-
pèce, en botanique, en zoologie. || Etal de ce qui
est déterminé. Noire monde est un système dont
toutes les pièces sont dépendantes les unes des au-
tres, et c'est dans celte dépendance que se trouve la
raison secrète des déterminations de chaque pièce,
BONNET, Lett. div. Œiirres, t. xn, p. 405, dans
pouOENS, au mot dépendance. \\ Terme de gram-
maire. i;(Tel de limitation que le mut qui en suit un
autre auquel il se rapporte, produit sur ce mot-là.
Dans l'omoiir iftin père pour ses enfanis, un père
a un rapport de clétcruiiiiatlon avec oiiiowr, c'est-à-
dire qu'il déterra ne l'amour à être prccisémenl l'a-
mour qu'a un père, el non l'omoiir qu'a un autre.
Il Terme de malliématique. Action de déterminer
les inconnues d'un problème. || 2° RéiioUition prise
aprîs avoir balancé entre plusieurs partis. Je n'at-
tends que .sa ilélerminalion. Jusques ici la volonté
hiimaiiie est comme environnée de tous côtés par
l'opération divine; mais celle opération n'a rien en-
core qui aille immédiatement à notre dernière dé-
termination ; et c'est à l'ilme seule à donner ce coup,
Boss. l.ilire arb. vm. Lilierté c'est choix, autre-
ment une détermination volonlaire au bien ou au
mal. lA nniY. xvi. Quel est le principe général de
mes délciniinalions? [luiirquoi me iléierminé-je par
tel ou tel motif, dans tel ou tel cas parliculier?
BONNET, Œuires mêl. t. xviii, p. 201, dans pou-
cens. Il Terme de métaphysique. Une des phases de
la volonté, celle qui se manifeste entre la délibéra-
tion el la vfiliiion. || 3' Caractère de l'homme déler-
miné. La détermination qu'il montra en ce danger.
Il marcha avec délerminaiion à l'assaut. || 4" La dé-
termination du mouvement, ce qui détermine la
direction d'un corps en mouvement. || Terme de mé-
decine. Délerminaiion morbide, tendance qu'a une
aiïeclion à se manifester plus particulièrement en un
organe. Dans l'intoxicalion par le virus variolique,
il y a une détermination essentielle vers la peau.
— IIIST. xiv* s. Ce que aucuns dient que toute
ville où il a un evesque est cité et non autre , c est
une détermination ou descri|ition vulgaire et qui
n'est pus à propos, orksme , Thèse de meunier.
Il xvi' s. 11 eut en dormant une vision, qui decla-
roit quelle devoit eslie la détermination et i>sue de
celte enirepri>e, amvot, Pètnètr. 23. Klle ne croit
rien avec deierminaliou, mais sous cette condition
adjointe, si la foy de l'Kglise est telle, calv. Inslit.
41 H. La delermination [décision] de l'Kglise est sans
appel, m i6. »»•!. Kn ces retraites ici aparoit beau-
coup de delermination, mais peu d'art, lanoue,
»I7. Jiisquesà la convocation et détermination [action
d'en fixer l'ouverture] du concile, m. du bellay, t84.
— ÊTYM. Piovenç. determiiiacio, dctermenacio ;
espagn. delermination; IUtI. delermiiiaiioM; du
latin delerminationem (voy. déterminer).
DÉTKRMlMî. ÉE (dé-tèi-miné, née), part, passé.
Il 1° Oui a' reçu un caracière précis. tJn genre de
plantes déterminé par les liotanistes. Quantité déter-
minée. Des idées déterminées. Les densités des mé-
langes alcooliques qui servent de base au tarif des
droits établis sur les liqueurs spiritueuses, sont dé-
terminées avec assez de précision pour qu'il n'y ail
aucun motif de procéder à de nouvelles recherches
sur ce sujet, pouillkt. Comptes rendus, Acad. des
se. t. Li, p. toOB. Il Kn grammaire, proposilion dé-
terminée, plus souvent nommée principale, celle dont
un des termes est déterminé par une autre proposi-
tion, qui est alors secondaire ou déterminante.
Il Terme de niaihématique. Problème déterminé,
celui qui a un nombre limité de solutions, par op-
posit'on à problème indéterminé, celui dont le nom-
bre ie solutions e.st indéfini. || î" Kixé, arrêté. Celle
valeur ait déterminée à six ducats, pasc. l'rov. <4.
DÊT
Noire sort sans retour est-il déterminé? volt. Or-
phel.i,t . Il 3° Poussé vers. Voici quels sont leurs prin-
cipes [de certains théologiens] : Nulle créature libre
n'est déterminée par elle-même au bien ou au mal;
car une telle delermination détruirait la notion de la
liberté, noss. Libre arb. vi. L'usage n'est autre chose
que le consentement tacite des hommes qui se trou-
vent déterminés à une chose plutôt qu'à une autre
par des causes souvent inconnues, mais qui n'en
sont [las moins réelles, Préface du Dict. de l'Acadé-
mie, édit. de 1718. Les liqueurs sont mieux en équi-
libre, le sang est plus déterminé vers le cœur, mon-
teso. Esp. XIV, 2. Il 4° Oui a pris une résolution.
Bien déterminé à ne pas céder. X suivre mon de-
voir je suis déterminée, mol. Sgan. I8. Que je
sache jusqu'à quel point un de mes amis est déter-
miné à me plaire, je saurai certainement jusqu'à
quel point je pourrai disposer de lui. boss. Libre
arb. vit. Un homme déterminé à mourir est bien
fort et bien redoutable, bollin, 7/isl. anc. Œuvres,
t. VI, p. tM, dans pougens. X ce héros armé con-
tre la tyrannie Dont le cœur inflexible au bien
déterminé.... volt. M. de Ces. m, 2. À soutenir mes
droits je suis déterminé, m. j. ciién. Tibère, i, 3,
Il B° Adonné sans réserve. Chasseur, joueur, buveur
déterminé. || 6° Que rien ne détourne ou ne fait re-
culer. SoUlat déterminé. Une poignée d'hommes dé-
terminés. Avoir un air déterminé. Ces gens si dé-
terminés qui devaient percer la Franco jusqu'aux
Pyrénées, qui menaçaient de piller Paris el d'y ve-
nir reprendre jusque dans Notre-Dame les dr.ipi-aiix
de la bataille d'Avein, voit. Lett. 74. [Turennel
résolu et déterminé au <tedans, lors même qu'il
paraissait emb.irrassé au dehors, boss. Louis de
llourbon. Il fit combattre ses compagnons avec un
courage si déterminé que les soldats romains se dé-
bandèrent et prirent la fuite, vertot, Jlérol. rom.
XI, p. (41. Il Substantivement. Un vrai déterminé,
un homme audacieux, capable de violences et d'ex-
cès. Cet enfant est un petit déterminé. Il faut dire,
en ilétorminé, mort, tête, sang, oombaud, dans
HiciiKi.ET. Jurer en déterminé, ID. «h. Patience, je
suis un déterminé; j'ai peu de temps à vivre; je di-
rai la vérité. voLT. Lett. d'Àrgental, 17 nov. (761.
DfiTEK.tUNÉ.MENT (dé- lèr-mi-né-man), adr.
Il 1° D'une façon qui caractérise, qui détermine,
expressément. Parler d'une chose détenninément,
PATRU, l'iaidnxjer 14, dans riciielet. Si vous me
promettez, mais déterminément, bois-robert. Cas-
sandre, IV, 0. Il 2° Avec résolution, détermination.
11 y a des gens qui veuler.t déterminément une chose,
LA ERUV. IV. Le sujet choisi pour le cardinalat par
le roi de Pologne refusa la nomination si détermi-
nément qu'il fallut songer à un autre, st-sim. t82,
194. Il 3° Avec intrépidité. Les troupes allèrent dé-
terminément à l'assaut.
— IIIST. XIV' s. Chascundes citoyens ara mil filz,
et ne seront pas siens delerminéement, oresme,
Thèse de meunier. Nous eslisnns meismement les
choses que nous savons deterniiiiéement ou cuidons
fermement estce bonnes, m. Elh. C5. ||xv' s. Si fut
conseillé delerminéement pour le meilleur, que le
duc de Lancaslre iroit sur les frontières d'Éscosse,
KROiss. Il, II, )04. Kt respondirenl adonc [les villes
de Flandre à Charles VI sur la question des papes
Urbain et Clément], que ils en auraient avis et en
respondroient delerminéement dedans Pasques, m.
II, II, 204. ||xvi« s. Et enfin venir déterminément
à coups d'espée, lanoue, 677. El quant à ceulxipii
estiment qu'il y ait delerminéement quelque spé-
ciale sorte de vie qui soit sans aucune fascherie,
comme.... amvot. De la tranq. d'dme, 4.
— étym. Déterminée, et le suffixe ment; provenç.
determenadament , determinadamen; espagn. de-
terminadamenle; ital. determinatamente.
«ÉTERMINEn (dé-tér-mi-né), v. a. || 1° Préciser
les termes, les limites, les caractères. Déterminer
une espèce de plante, d'animal. Jussieu a le pre-
mier déterminé les familles des plantes. || Reconnaî-
tre, indiquer avec précision la solution d'un pro-
blème. Déterminer la distance qu'il y a du soleil à
la terre. La raison n'y peut rien déterminer, pasc.
dans COUSIN. || Terme de grammaire. Préciser, fi-
xer l'étendue, le sens d'un mot. Dans cette phrase :
le livre de Pierre, les mots de Pierre déterminent le
sens de livre. \\ l' Terme de philosophie. Donner
une certaine manière d'être. Ou'est-co qui déter-
mine ce corps à se mouvoir en ligne courbe plutôt
(|u'en ligne droite? Les motifs qui déterminent la
volonté. || 3' Décider, arrêter, régler. C'e^t un point
que l'Rglise a déterminé. Les femmes détermineni
souvent cet original [de beauté], pascal, Disc, sur
l'amour. 11 y a de la témérité d'entreprendre de déter-
DÉT
miner jusques où s'étend la puissance de Dieu, fo-
vtkVT, Physique, dans Rien blet. L'Égliseadéterminé
le commandement général de se mortifier à un
commandement particulier qui est le jeûne du ca-
rême, BOURDAL. Car. t. I,p. 23B. Je tiens en t'écri-
vant ma plume d'une main. Et de l'autre un poi-
gnard prêt à percer mon sein; Détermine mon sort;
parle, qu'on me l'annonce; Didon, pour se frapper,
n'attend que ta réponse, oilb. Didon à Énée. [Lui]
Qui, ramenant ici les temps du premier âge. Déter-
minait des biens un plus égal partage, m. j. chèn.
Gracques, l, 2. || 4" Faire prendre à quelqu'un une
résolution, un parti. C'est moi qui l'ai déterminé à
cela. Ce qui le détermine, c'est le moment, la cir-
constance. Messieurs, je vous conjure de détermi-
ner mon esprit, et de me dire, sans passion, ce que
vous croyez le plus propre à soulager ma fille, mol.
V Amour méd. ii, B. Enfin rencontrer où arrêter tes
yeux et déterminer tes pensées, in. la Princ. d'Él.
II, 4. Et cet homme est monsieur, que je vous dé-
termine [ordonne] X voir comme l'époux que mon
choix vous destine, id. F. sav. m, 6. Nous sentons
que nous sommes nécessairement déterminés par
notre nature même à désirer d'être heureux, Boss.
iibrc arb. ii. Encore que notre âme soit libre, elle
n'agit jamais sans raison dans les choses un peu im-
portantes : elle en a toujours une qui la détermine,
ID. ib. VII. L'amitié ni la haine ne le conduisaient
pas [Albani]; l'intérêt présent le déterminait, st-
sim. Bol , 68. Parlez, déterminez ma fureur égarée,
VOLT. Fanât, iv, 3. L'éloquence sejoue des passons
humaines, les émeut, les calme, les pousse, les dé-
termine à son gré, vauven. De l'éloquence. || Abso-
lument. Le plus ou moins de pièces de monnaie dé-
termine àl'épée, à la robe ou à l'Église, la bruy. vi.
Il Avec la préposition de et un verbe à l'infinitif,
prendre une résolution. Il a déterminé de rebâtir sa
maison. || Terme de manège. Déterminer un cheval,
le porter en avant, ipiand il résiste ou se soutient.
]| 5° Occasionner, causer, produire. Les écarts de
régime déterminent des maladies. L'âge ne déter-
mine point ni le commencement ni la fin de ces
deux passions, pascal, Duc. -lur l'amour. Si Minerve
n'eût déterminé la victoire en sa faveur, fénel.
Tél. XVI. C'est la religion qui détermine la catastro-
phe [dans Paul et Virginie], ciiateaub. Génie, H,
III, 7. Il 6° Se délerminer, v. réft. Être déterminé,
recevoir une détermination, une limitatinn, un ca-
ractère. Cette pensée ne se détermine pas facilement.
L'amour se déterminant autre part que dans la pen-
sée, PASC. i)iw. sur i'amoMr. || 7° Se résoudre à. pren-
dre un parti. Déterminez-vous à quelque chose. Je
ne vous dis pas de vous déterminer sur mes raisons,
mais de les peser. Son âme à l'imiter s'était déter-
minée, CORN. Ilodog. I, 6. Ils ont peine à se déter-
miner sur ce sujet, pasc Prov. 15. Ne parlons plus
ici de Claude el d'Agrippiiie; Ce n'en point par leur
choix que je me détermine, bac Brit. ii, 3. 11 se
détermina à ne plus attaquer que la nuit,BOUiiouRS,
Aubusson, 1. iv, dans riciii-'let. Dans le doute ils
tiennent pour règle de se déterminer du coté de la
rigueur, montesq. Lett. pers. 29. || Absolument. Sa-
chez enfin vous déterminer. Il ne faut pas se déter-
miner légèrement. Pensez-y bien; j'attends pour mo
déterminer, rac. Ifi(/ir. iv, 4.
— HIST. XII' s. Pris [ils] unt jor e détermine, Que
lorhome soient josté, Etlorosz [armée] et lor genz
garnie, benoît, ii, t4492. || xiii' s. Vuil (je veux] e
otroi que ceste chose soit déterminée dedenz le pro-
chain parlement à venir, Hibl. des Chartes, t' aèrie,
t. IV, p. 79. Et autres auteurs que cascuns deliermi-
nera en son capitle 11 uns par l'autorité de l'autre,
ALEBRANT, I. {] xiii's. Car c'ostde tous maus la raciuo ,
Si cum Tulles le détermine Ou livre qu'il fisl deviel-
lesce.Qu'illoe etvantplusquejonesce, la Rose, 4444.
Car porquoi s'en conseilleroient. Ne besoignes por
quoi feroient. Se tout iert [était] avantdestiné l,t par
forcedelerminé? ib. I744K. Li pies qui est commen-
ciés par assise doit estre démenés et déterminés par
assise, beaum. lxv, 9. Li tans est déterminés, par
lequel on pot perdre sa demande, ID. vm, 1. 1| xiV ?.
Et par ce qu'il en déterminera, apparoitra que for-
tune n'est pas cause de félicité, oresmb, Elh. 2».
Mes cecy est à delessier à présent, car déterminer
la certa;;:<!té '*'" teîies choses appartient et est plut
propre à autre p{iii!~.=ophie, in. ib. vu, 1 2. j| xv" s. Si
me tairai un |)CiH d'eux et parlerai de messire Char-
les, qui devoit avoir la duché de Bretagne de par
.sa femme, ainsi que vous avez oui déterminer ci-ds-
vaut, Fsoiss. I, i, t52. Peuples s'esmuel, l'Eglij»
est sulwurnée; Noblesce fault, tant est mal ordon-
née; Dont il s'ensuit cho.se déterminée. De pis avoir
pour le pueple et l'Eglise, e, oeschampi, Souffr du
DÉT
DÉT
IjET
1123
peupU. Un poure acès de fièvre l'omme efface, Ou
aageviel qui est déterminé, k.defciiamps, Premier de
la jeun. Ils s'assembloient autour de lui, et il oyoit
leurs causes et en determinoil, et leur faisoit droit,
Bouciq. part, i, ch. 2. Quant à moi Je me déter-
mine D'entrer chez voisin et voisine Et d'aller voir si
le pot bout, VILLON, Baillev. et ilalep. ||xvi* s. Ceux
qui trouvent les images bonnes, s'arment qu'il en a
ainsi esté déterminé en un concile, calv. Instit. 64.
11 a déterminé par sa loy ce qui est bon et droit, et
par ce moyen a vnulii astreindre à certaine norme,
ID. i'6. 69. Quand Dieu a déterminé de foudroyer sur
les péchez des hommes, langue, 2*. C'estoit le plus
long terme de porter dueil que le roy Numa Pom-
pilius eust déterminé, ainsi comme nous avons
escrit en sa vie, amyot. Cor. 63. En nombre déter-
miné, lu. Serlor. t. À l'espreuve on connoit qu'une
petite troupe d'ennemiz déterminez met tout cela à
vau de roule, lanoue, 262. Voilà en peu de paroles
pourquoy j'appelle un esprit romain celui que le
courtizan du jour d'huy appelle déterminé, mot au
quel je ne trouve pas grand fondement pour luy
donner vogue, encores que je le voye authorizé par
les bouches de plusieurs gens de cour que je n'esta-
bUray jamais pour juges du bien parler, combien
que te commun peuple se persuade le contraire,
PASQUiER, Lettres, t. i, p. 554, dans lacurne.
— ÉTYM. Bourguig. detarmignai , \ia déterminé;
provenç. et espagn. detenninar; anc. catal. deter-
menar; ital. determinar ; du latin determinare, de
la préposition de, et terminus (voy. terme).
t DÉTERMINISME (dé-tèr-mi-ni-sm'),«. m. Terme
de philosophie. Un des systèmes de la scolasttque qui
subordonnait nos déterminations à l'action provi-
dentielle. Il Système qui admet l'influence irrésisti-
ble des motifs.
— ÉTYiM. Déterminer.
t DÉTERMINISTE (dé-tèr-mi-ni-sf) , s. m. Terme
de philosophie. Partisan du déterminisme.
DÉTEIIUÉ , ÉE (dé-tê-ré , rée) , part. passé. \\ l'Tiré
hors de terre. Des carottes déterrées. || 2° Tiré hors
de la sépulture. Un corps déterré. |{ Substantive-
ment. Avoir l'air d'un déterré, avoir le visage paie
et défait. En sortant de ma chambre j'avais l'air
d'un déterré, i. J. Rouss. Conf. v.
t DÉTERREMENT (dé-tê-re-man), s. m. Action
de déterrer.
— HlST. XVI' s. Desterrement, oudin, Dict.
— ÉTYM. Déterrer.
DÉTERRER (dé-tô-ré), V. a. || 1» Retirer de terre
ce qui avait été enfoui. Déterrer un trésor. || Reti-
rer de terre ce qui avait été ou s'y étaifcaché. Le
renard déterre les lapereaux dans les garennes, buk-
FON, dans le Dict. de poitevin. || 2° Tirer un corps
de la sépulture. La justice a fait déterrer le corps.
Il Fig. Contraire à ces rêveurs dont la muse inso-
lente, Cen.'iuraiit les plus vieux, arrogamment se
vante De réformer les vers, non les tiens seulement.
Mais veulent déterrer les Grecs du monument [re-
jeter les modèles grecs], Régnier, Sat. ix. || 3" Dé-
couvrir ce qu'on cherche, ce qui était caché, igno-
ré. Il est vrai que te voilà bien, et je ne sais où tu
as été déterrer cet atlirail ridicule, mol. Fest. de P.
m, t. Clément déterra les anticiuilés du paganisme,
BOSS. Ilist. 1, tv. 11 ne lui fallut pas déterrer de
loin les traditions de ses ancêtres, id. Ilist. n, 3. Le
savant qui m'a déterré cette édition prodigieusement
rare, VOLT. Lett. Duclos, 23 avril 4 702. Colbert déter-
rait le mérite dans l'obscurité, ID. Louis XIV, )4.
Essayons de déterrer quelques monuments précieux
sous les ruines des siècles, id. Mœurs, Inlrod.
Changements dans le globe. Les tourments qu'il se
donne pour déterrer une coutume opposée, j. j.
ROUSS. Ém. IV. Ce M. Mussard déterra ma demeure
chez le comte de Gouvon, id. Conf. m. || Déterrer
quelqu'un, parvenir à savoir où il est. Il déterrait
les malheureux pour les secourir, les officiers qui
perdaient leur équipage à la guerre ou leur argent
au jeu, HAMiLT. Gramm. 3. Quelques beautés qu'il
n'avait pas laissé de déterrer, id. ib. 6. Colbert, qui
avait des espions pour découvrir le mérite caché ou
naissant, déterra M. RoUe dans l'extrême obscurité
où il vivait, et lui donna ime gratification qui devint
ensuite une pension fixe, fonten. Uolle. Mme de
Nemours déterra un vieux bâtard obscur du dernier
comte de Soissons, st-sim. 25, 40. Ahl grâce au
eiel, enfin jevous déterre, piron, Métrom. i,«. || Dé-
terrer que. Il eut le bonheur de déterrer que lui
[le roi de. Prusse] se joindrait à la France, volt.
Lett. d'Argental, nov. <75».
— lilST. xni* s. .Puis desterrent les mors de la
gentde Persie; Chascun trenchent la teste par des-
sous loroïe, Quiuze cent en i ot, nel mescreezvous
mie, Ch. d'Ant. iv, 480. Or oiez des barons que
Diexa tant amés. Qui en la cité furent dont li murs
est pavés; Les portes desterrerent à grans pels acé-
rés, id. VI, 843. Il XIV* s. Li rois Phehpes prent Ven-
dosme, Pour ce que li quens c'on desterre [le comte
qu'on dépouille de sa terre], Se tient devers ceux d'An-
gleterre,Et s'aliance leur oblige, o.GuiART,nis.f° 26,
dans LACUUNE. ||xvi* s. Bertrand, ravy de les avoir
déterrez, fit aussitôt tout préparer pour le combat,
Héin. s. du G. ch. 9. Et comme Le père a déterré
[fait perdre la terre] le simple gentil-homme Par
procez embrouillé, les fils en sont vangeurs, Et des
biens paternels gouspilleurs et mangeurs, rons. 9|8.
— Etym. Dé.... préfixe, et terre.
t DÉTERREUR (dé-tê-reur) , *•. m. || 1» Homme qui
fait métier de déterrer furtivement les cadavres pour
les vendre aux chirurgiens, en Angleterre. 1| 2° Celui
qui est habile à découvrir les raretés, les curiosités.
— ÊTYM. Déterrer.
DÉTERSIF, IVE (dé-tèr-sif, si-v'), adj. Terme de
médecine. Propre à nettoyer les plaies et les ulcè-
res. Topique détersif. || S. m. Un bon détersif.
— HlST. XVI* s. Le médecin qui en l'ulcère de la
cornée de l'œil appliqueroit medicamens aussi acres
et détersifs, comme à l'ulcère de la jambe, paré,
Introd. 22. Injections detersives, id. vi, s.
— ÉTYM. Làlin, detersum, supin de detergere, dé-
terger.
t DÉTERSION (dé-tèr-sion; en vers, de quatre
syllabes), s. f. Terme de médecine. Action de déter-
ger; résultat de cette action.
— HlST. xvi* s. Devant l'union faut mener la playe
contuse à suppuration et detersion, paré, vu, 4.
— ËTYM. Latin, detersionem, dedelergere, déterger.
DÉTESTABLE (dé-tè-sta-bl'), adj. \\ 1° Qu'on doit
détester. Les détestables feux de son ambition, corn.
Cinna, m, I. Lâche, tu viens ici braver encor des
femmes. Vanter insolemment tes détestables flam-
mes, ID. Sertor. v, 4. Venez et terminez mes détes-
tables jours, RAC. Théb. v, 6. Voilà de ton amour
le détestable fruit, id. Androm. v, 3. Moi seule,
j'ai tissu le lien malheureux Dont tu viens d'é-
prouver les détestables nœuds, id. Baj. v, t2. El le
roi, qui ne sait où trouver le coupable. N'impute
qu'aux seuls Juifs ce projet détestable, id. Esth.
HT, 2. Il 11 se dit aussi des personnes. 'La détestable
Œnone a conduit tout le reste, id. Phèdre, v, 7. On
verra de David l'héritier détestable Abolir tes hon-
neurs, profaner ton autel. Et verger Athalie, Achab
et Jézabel, id. Ath. v, 6. Oubliez-vous que notre dé-
testable Marie, fille de Henri VIII, fut lieureuse jus-
qu'à sa mort? volt. Jenni, 7. || 2'' Par exagération,
très-mauvais en son genre. Le temps est détesta-
ble. Je la trouve [l'École des femmes] détestable,
morbleu! détestable, du dernier détestable, ce qu'on
appelle détestable, mol. Critique, 6. Qui dit froid
écrivain dit détestable auteur, boil. Art p. iv. Béni
sois-tu, vin détestable! Pour moi tu n'es point re-
doutable, BÉRANG. les Car.
— HIST. XIV* s. Lequel Besançon estoit de très
détestable vie, et qui ne vivoit que de ce que jeu-
nes femmes folieuses gaignoient à un chascun aux
champs ou ailleurs, du cange, foHis. || xvi* s. Les
calomnies de nos adversaires pueront et seront dé-
testables à toutes gens de sens rassis et d'intégrité,'
CALV. Instit. tli4.
— ÊTYM. Lat. detestabilis, de detestari, détester.
DÉTESTABLEMENT ( dé-tè-sta-ble-man ), adv.
D'une manière détestable, très-mal. Chanter, écrire
détestablement. On m'a mandé que Nanine avait
été jouée détestablement et reçue de même, volt.
Lett. Richelieu, 27 févr. t765.
— Rtym. Détestable, et le suffixe ment.
DÉTESTATION (dé-tè-sta-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. \\ 1° Action de détester. Le plaisir de
rire se change en détestation et en horreur, balz.
I, 186. Il s'est attiré la détestation de tout le monde,
costar. Lettres, dans richelet. La même détesta-
tion de la viande et du mariage, le même mépris
du baptême, la même horreur pour la communion,
la même répugnance à croire la vérité de l'incarna-
tion et de la passion du Fils de Dieu, BOSS. Variât.
XI, § 27. Il 2° Terme de dévotion. Horreur qu'on a
du péché. Quand nous en reconnaîtrons le mal
[d'une proposition] , nous l'aurons en détestation,
PASC. Prov. 3. Ce que j'appelle ici détestation sin-
cère du péché, BOURD. Avent, Pénit. 488. Une détes-
tation sincère de vos crimes, mass. Myst. Résurr.
— HlST. XV* S. La voix de tristesse s'appelle au-
trement douleur.... détestation, gerson, dans le
Dict. de DOCHEZ. || xvi* s. Ils se frappoient et bat-
toient en détestation [regret] du defuncl , pake, i/u-
mie, t . Comme on a accoustumé de leur taire tout
ce qui les divertit de leur route, ils [les rois] se treu-
vent, sans le sentir, engagez en la haine et détes-
tation de leurs peuples, mont, iv, 252.
— ÊTY.M. l'rovenç. dctestalio; espagn. deto(ac{on;
ilal. detestnzione; du latin detestationein , de dc-
Icslari, détester.
DÉTESTÉ, ÉE (dé-tS-sté, stée) , part passé.
Il 1" Condamné par iiaroles de réprobation. 11 me
semble que c'est condamner bien faiblement une
fourberie et une perfidie aussi noires que celle-ci,
dont le succès le plus heureux ne peut couvrir l'hor-
reur et qui ne peuvent être assez détestées, rollin,
Hist. anc. Œuvres, t. vi, p. t89, dans pouoens.
Il 2° En butte à une haine violente, à une violente
répugnance. Un homme partout détesté. Un séjour
détesté. À la vérité cette opinion, loin de prévaloir
parmi les Juifs, y a été détestée, BOSs. Hist. ii, to.
Et détestés partout, détestent tous les hommes, luc.
Esth. u, t. Quel événement et quels dieux irrités
Ont amené Julie en ces lieux détestés? volt. Triuinv.
II, 4.
DÉTESTER (dé-tè-sté). || 1* V. n. Jurer, pester.
Pour venir au chartier embourbé dans ces lieux. Le
voilà qui déteste et jure de son mieux, la font.
Fabl. VI, 4H. Il 2" V. o. 'Condamner par paroles de
réprobation. Tous accusent leurs chefs, tous détes-
tent leur choix, corn. //or. m, 2. U déteste sa vie
et ce complot maudit, m. Cinna, iv, 1. Quand,
dis-je, par un sort à mes désirs propice. Il revien-
drait m'oflrir sa vie en sacrifice. Délester à mes
pieds l'action d'aujourd'hui, mol. Dépit am. 11, 4.
Maudissez Jacob, bâtez -vous de délester Israël,
SACi, Bible, Nombres, xxiii, 7. Quelquefois elle
déplore son aveuglement, d'à ulrcs fois elle le déteste,
BOURu. Carême, u, Aveuglement spirit. 34G. 11 pleura
son crime, il le détesta, id. ib. i. Cendres, 69. Vous
vous laissez aller à ces impiétés, êtes-vous les pre-
mières à les détester? id. Aient, Resp. hum. 372.
J'ai conçu la grièveté de mon péché et je l'ai délesté,
id. 16. Pénit. 4 99. S'ils persistent dans leur infamie,
détestez-la hautement, mass. Oise, synodaux, Ob-
serv. des stat. et ord. du dioc. Santeuil reçut les
.sacrements, et édifia autant qu'il fut regretté d'une
compagnie peu portée à l'édilication, mais qui dé-
testa une si cruelle expérience [le tabac dans le
verre], st-sim. 60, 85. || 3" Avoir en horreur. Je res-
pecte autant l'un que je déteste l'autre, corn. Ro-
dog. III, 4. Détestant ses rigueurs, rabaissant ses
attraits. Je défiais ses yeux de me troubler jamais,
RAC. Andr. i, t. Objet infortuné des vengeances cé-
lestes. Je m'abhorre encor plus que tu ne me dé-
testes, ID. Phèd. II, 5. Rappelons-nous ce moment
de la découverte, cette première entrevue des deux
mondes, pour détester le notre, raynal, Ilist. phil.
VI, 5. Il 4° Ne pouvoir endurer, supporter. Je déteste
l'Iiiver. Je déteste les faiseurs de compliments, jj S" Se
détester, ». réft. Avoir horreur de ses fautes. Se con-
damnant et se détestant pour avoir prêté les mains
à une si coupable action. || Avoir une haine violente
l'un pour l'autre. Ces deux hommes se détestent.
— HlST. XV* s. Somme, plus ne diiay qu'iirig mot;
Car 'commencer vueil à tester; Devant mon cier
Fremin qui m'ot [m'entend]. S'il ne dort, je vueil
protester. Que n'entends hoiiime détester En ceste
présente ordonnance, villon, Grand teslain. || xvi's.
Détester toute voye de tromperie, mont, i, 24. K
quoyTheano s'opposa, disant qu'elle estoit religieuse
pour prier et bénir, non pas pour délester et maul-
dire, amyot. Aie. 4i. Kabricius, détestant la mes-
chanceté de ce médecin, escrivit une lettre à Pyr-
rhus, id. Pyrrh. 44. Celui-ci, détestant contre ses
compagnons, s'ofl'rit à remonter le bastion, d'aub.
Ilist. u, 363.
— ÉTYM. Lat. detestari, de la préposition de, et
testari, attester (voy. tester). Le premier sens de
detestari est rejiousser avec serment une assertioa
ou une accusation; et de là vient l'idée d'horreur
pour les personnes ou pour les choses.
f DÉTIARER (dé-ti-a-ré), v. a. Ôter la tiare.
Nous ne voulons pas vous démitrer, vous détiarer,
VOLT, dans laveaux.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et tiare.
DÉTIRÉ, ÉE (dé-ti-ré, rée), part, passé. Du linge
déliré, au moment où l'on se prépare à le repasser.
DÉTIRER (dé-ti-ré), v. a. Tirer en tout sens. Dé-
tirer des dentelles. |{ Très-familièrement. Se déti-
rer, V. réfl. Allonger ses membres, comme quel-
qu'un qui bâille en étendant les bras.
— HlST. XIII* s. Moult fort commence à sopirer Et
ses cevols [cheveux] à délirer, lien. (2460. Sin'orent
lance ne espée Qui ne fust froissée u copée, Fom
que Durandal et Corlain, Dont Ogiers se combat
à plain, Lor batailles brise et destire, ru. Mousrïs,
1124
DEr
mt. p. tas, liai" lACt-RNB. Il XIV' s. J'olroio qu'on
me voist [m'aille) à chevaux délirant, Se le chastel
n'avons ains [avant] le soleil couchant, fiiu'scJ. «oo.
l'xvi's. Ilr leurdonnoicnt la (.■elienne, ilz les deli-
roienl sur le clievalet, amyot, Lucull. 35. Mais
je laisse aux i)ervers tyrans, Oui, par mauvaise
inienlion. Sont les laboureurs iletirans, Ktleur font
iribulaiion, moliset, p. «89, dans lacurne.
f.TYM. J)(!.... préfixe, et tirer.
nfiTISlî, ÉE (<lé-ti-zé, zée), part, passé. Le feu
étant (lélisé.
I)ÉTISER(dé-ti-zé),». a. Séparer les lisons qui brû-
lent. On délise le feu le soir quand on va se coucher.
— ETYM. Dé.... préfixe, et tison.
DÈTISSÊ, ÉE (dé-ti-sé, sée), part, passé. Dont
on a défait le tissu. Une étotfe détissée.
DÊTISSEK (dé-ti-sé), V. a. Défaire un tissu. Par-
filer c'est effiler une étoffe, la détisser fil à fil et
en séparer l'or, volt. Dial. I3. {| Se détisser, v. ré/l.
Être détissé. Cette étoffe se détisse.
— Kty.m. Dé.... préfixe, et tisser.
t DÉTITRER (dé-ti-tré), v. a. Enlever un titre,
une qualité.
— ETYM. Dé.... préfixe, et titre.
DÉTONANT, ANTE (dé-to-nan, nan-t') , adj.
Oui est susceptible de détoner. Poudre détonante.
Mélange détonant, par exemple le mélange d'un vo-
lume d'oxygène et de deux d'hydrogène.
DÉTONATION (dé-to-na-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. Bruit plus ou moins violent qui se
fait entendre, soit dans de rapides combinaisons ou
décompositions chimiques , soit quand un corps
change brusquement d'état ou de volume. La déto-
nation de la poudre à canon. Ce fut lui encore qui
fournit ou qui exécuta les détonations chimiques et
quelques-unes des autres expériences de cette es-
pèce, qui furent faites devant le roi dans l'assemblée
du î2 juillet I7t6, MAIRAN, ÉtoQes , Lemery.
— HEM. Legoarant voudrait que détonation (ex-
plosion) s'écrivit détonnation, par analogie au radi-
cal tonnerre; et que détonner (sortir du ton) s'écri-
vit détoner, par analogie à intonation, qu'en effet
l'Académie écrit avec une seule n. Mais à cela on ob-
jectera que le latin detonare n'a qu'une n, de sorte
que l'étymologie demande qu'on n'en mette qu'une;
et que, pour détonner, il est ordinaire que, dans
ces cas, une consonne finale se double. Mais il n'en
reste pas moins entre détonner et intoruition une
anomalie que l'Académie devrait faire disparaître,
en suivant la règle donnée par Dumarsais et Duclos,
qu'il est mauvais de doubler les lettres qui ne se
prononcent pas, quand l'étymologie ne les exige pas.
Elle n'aurait d'ailleurs en bien des cas qu'à suivre
l'orthographe du moyen ftge, qui ne doublait pas les
lettres.
— ÊTYM. Détoner.
DÉTONER (dé-to-né), v. n. Faire un bruit explo-
sif. Faire détoner de la poudre. Le mélange détona,
et il y eut des personnes de blessées.
— ÉTYM. Lat. detonare, de la préposition de, et
tonare, tonner.
t DÉTONNATION (dé-to-na-sion) , s. f. Action de
sortir du ton.
— ETYM. Détonner.
DÉTONNÉ, ÉE (dé-to-né, née) , part, passé.
Chanté hors du ton. Une chanson bachique dé-
tonnée.
t DÊTONNELER (dé-to-ne-lé. L'I se double, quand
la syllabe qui suit est muette: je délonnelie), v. a.
Tirer du vin ou une autre liqueur d'un tonneau.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et (onneou.
DÉTONNER (dé-to-né) , c. n. || 1» Terme de musi-
que.Sortir du ton, chanter faux. Ce chanteur détonne
souvent. Tous mes sots à la fois, ravis de l'écouter.
Détonnant de concert se mettent & chanter, boil.
Sot. m. C'est comme une musique qui détonne, la
BRUT. v[. Il Fig. Pour liatylo aux fraîches couleurs
Quand Anacréon détonne [ il s'agit des amours
grecs], BÉRANO. Filles. |{ 2" Fig. Être ou faire dis-
parate, en parlant des choses. 11 y a dans ce livre
des pages qui détonnent. {| 3" V. a. Chanter à Voix
bruyante et peu musicale. Ils passent la nuit à
table & détonner quelques chansons obscènes, vau-
TBN. les Jeunes gens.
— ETYM. Dé.... préfixe, et ton.
DÉTORDRE (dé-tor-dr') , je détords, tu détords,
il détord, nous détordons, vous détordez, ils détor-
dent; je détordais; je détordis; je détordrai; je dé-
tordrais; détords; que je détorde; que je détordisse;
détordant; détordu, v. a. ]\ 1° Défaire ce qui était
lardu. Détordez ce linge pour l'étendre. || 2° Se dé-
tordre le pied, le poignet, s'y donner une foulure.
Cet emploi dani laquel détordre a un sens ancien
DET
qu'on trouvera àriiisloriquc, celui de tordre, a vieilli.
Il S' Se détordre, v. réfl. Cesser d'être tordu. Ce fil
se ilélord. 1| Fig. Combien j'avais été insensé do nie
détordre moi-même pour redresser les autres I bern.
DE ST-p. Pr. à l'Àrcadie.
— IllST. XI' s. Il duist sa barbe et detuerst [tord]
son grenon, Ch. de llol. lx j] xii- s. Andeux ses
poins (.ses deux poings] va li rois détordant, iionc.
p. 1 61. Il XIII' s. .Ses très beles mains blanches raout
souvent [elle] detordoit, llerte, xxviii. Quant 11 pay-
san l'oî , si detorst ses puis [poings] , et deschira ses
cheviaus,et démena le plus grant duel du monde,
Chron. de Rains, 237. Molt [elles] aloient afoibloiant;
Adiès [sans cesse] detorgoient lor mains, iai d'I-
gnaurès. Avarice qui tant est orde. Volonté ai que
m'en destorde , f'aftiiaua; mss. t° 203, dans lacurne.
Brandist la hanste, detort le confenon, Gérard de
Vienne, dans raynouard. Ne vous i puis adroit tenir ,
Tant me faites et tors et gauches De bras, de trumiaus
et de hanches, Et tant vous aies delortant, la Rose,
8899. Cil prendront les (lors; ses emportent; Si sont
cargié, que tôt détordent, FI. et Bl. 23(4. || xv s.
Son très-ennuyé père détord ses mains et dessire ses
cheveux, louis xi, JVoud. ii. || xvi* s. i fin de ré-
duire les muscles qui peuvent avoir esté destors de
leur deue situation naturelle, paré, xiii, 20. 11 me
fauldra estre aveugle formé, avant que je sente la
décadence et vieillesse de ma veue; tant les parques
destordent artificiellement nostre vie! mont, iv, 292.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et tordre; Berry, detor-
ser; provenç. deslorser; espagn. destorcer; ital. dis-
torcere. Destordre, dans l'ancien français, a très-
souvent le sens de tordre, et alors dé.... a le sens
augmentatif.
DÉTORDU, UE (dé-tor-du, due) , part, passé
de détordre. Qui n'est plus tordu. Du fil détordu.
DÉTORQUÉ, ÉE (dé-tor-ké, kée), part, passé.
Une propo.sition détorquée.
DETORQUER (dé-tor-ké) , v. a. Donner un sens
forcé, une interprétation fausse pour en tirer avan-
tage. Détorquer un texte, un passage.
— HIST. XVI' s. Ce que les politiques detorquoient
en mauvais .sens, et disoient que les trois calotiers
estoient tigneux, Sat. Mén. p. 2.
— ÉTYM. Lat. delorquere, .détourner, de la prépo-
sition de. et tnrquere, tordre (voy. tordre).
DÉTORS, ORSE (dé-tor, tor-s'), adj. Qui n'est
plus tors. Du fil détors. De la soie détorse.
— ETYM. Dé. . préfixe, et tors.
DÊTORSE (dé-tor-s'), s. f. Terme de chirurgie.
Foulure. Ce mot n'est plus usité, on dit entorse.
— HIST. XVI' s. Estimant principalement ceux qui
plus me sembloyent donner des detorses et inter-
pellations au chemin dé la vertu, VÂmant ressuscité,
p. 28) , dans LACUHNE. Il fut conclud que pour le
meilleur il menast avecques soy quelqu'ung qui con-
gneust les voyes et destorses, bab. Garg. i; 33.
— ÉTYM. Détors. Détorse a signifié aussi chemin
détourné.
DÉTORTILLÉ, ÉE (dé-tor-ti-llé, liée. Il mouil-
lées) , part, passé. Une tresse détortillée.
DÉTORTILLER (dé-tor-ti-llé. Il mouillées, et non
dé-tor-ti-yé) , v. a. Défaire ce qui était tortillé. Dé-
tortiller ce cordon. Quand vous ferez les mords,
avant que d'endosser , Détortillez les nerfs jusque
dans leur racine, lesné, la Reliure, p. 53. || Se dé-
tortiller, V. réfl. Etre détortillé. Cet écheveau ne se
détortillera pas facilement.
— HI.ST. XII' s. Dame Guiborc nel volt pas anoier;
Un e.scrin vet moult tost destorteiUier, Bat. d'Ale-
schans, v. 4753. jj xiii' s. Moult m'engigna à icele
ore; El seel [seau] entrai sans demore. Et la corde
se destorteille. Tu ieres jà en l'autre .seille, Ken.
H34(. ||xiv' s. Se le heriçon ne se veult destortil-
lier, l'en le doit mettre en l'eaue chaude, et lors il
s'estendra, Kénagier, ii, 5.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et tortiller.
t DÉTORTOIR (dé-tor-toir), s. m. Terme de vé-
nerie. Bâton pour parer les branches en traversant
un taillis. || Mot vieilli.
— ÊTYM. Détordre.
t DÊTOUCHER (dé-tou-ché) , v. n. Terme de ma-
rine. Se remettre à fiot après avoir touché.
— ETYM. Dé.... préfixe, et toucher.
t DÊTOIIPER (dé-tou-pé), i-. o. || 1» ôter l'étoupe
qui bouchait un trou. || Fig. Détouper ses oreilles,
écouter avec attention. || 2° Terme d'agriculture.
Détouper des terres, ôter les épines qui les couvrent.
— HIST. xvi' s. Veux-tu l'ouir, detoupe tes oreilles.
Dit la chanson , et tu orras merveilles, Sat. Mén.
p. 200. Cette eau est excellente pour provoquer l'u-
rine et destouper les voyes d'icelle, paré, xv, 5».
— fiTYM. D pour di.... préfixe, et étouper.
DÉT
t DÉTOUPILLONNER (d4-tou-pi-llo-né, i. mouil-
lées), V. a. ôter les toupillons, les rameaux inu-
lilf's d'un oranger.
DÉTOUR (dé-tour), s. m. \\l' Changement de di-
rection. La rivière fait là un détour. Le détour d'une
rue, d'un promontoire. Un de mes gens la garde au
coin de ce détour, mol. Éc. des f. v, 2. Allez m'at-
tendre au prochain détour; je vous dirai dans un
momentcequ'ilfaudrafaire, REGNAHD, Sérén. se. 20.
Il 2" Voie sinueuse et difficile à reconnaître et k
suivre. Il le fit avancer, afin de reconnaître les dé-
tours des montagnes, val'gel. Q. C. liv. m, dans
BicHELET, Pour osquivor sa flamme et ses discours,
F.lle cherchait les plus secrets détours, hf.pjserade,
Rondeaux, dans richelet. Nourri dans le sérail,
j'en connais les détours, rac. Baj. iv, 7. C'est moi,
prince, c'est moi dont l'utile secours Vous eût du
labyrinthe enseigné les détours, id. Phèd. u, 8.
J'errais dans les détours de ce grand monument,
VOLT. Sémiratn. v, 6. || 3° Par extension, voie dé-
tournée, allongée. C'est un détour de plus d'une
lieue. Je veux vous remercier d'avoir pris un détour
pour éviter ces petits ruisseaux, sÉv. 481. Les en-
nemis ont fait un grand détour pour éviter les pas-
sages gardés, FÉN. Tél. X. Ajoutez à cela les diffé-
rents détours que fit Alexandre, premièrement pour
aller à l'extrémité de la Cilicie, où se donna la ba-
taille d'Issus, jusqu'au temple d'Ammon dans la Li-
bye, et pour revenir de là à Tyr, bollin, Ilist. ane.
(jliuvres, t. VI, p. 189, dans polgens. X la nuit,
au hasard, que je dois rendre grâce! De détours en
détours m'amener jusqu'ici! C'est conduire fort bien
que s'égarer ainsi I colin d'bablev. Chdt. en Etp.
II, 3. Il Fig. Où l'on voit tous les jours l'innocence
aux abois Errer dans ces détours d'un dédale de
lois, BOIL. Sat. I. Et sans qu'un long détour t'arrête
et t'embarrasse, X peine as-tu parlé qu'elle-même
[la rime] s'y place, id. Sat. n. Revenu des erreurs
après de longs détours, Comme moi vous aurez re-
cours, Quelque jour, aux leçons de la philosophie,
CHAUUEU, A l'abbé Courtin. Les Perses, dit-il, au
lieu de tant de détours et de circuits pour apaiser
la faim, prennent un chemin bien plus court pour
arriver au même but: un peu de pain et de cresson
les y conduisent, rollin, Hist. anc. Œuvres, t. il,
p. (40, dans pougens. |1 Les détours du cœur, ses
replis secrets. || 4° Moyen subtil, ruse, biais. Les
détours de la chicane. Mais certes le détour est un
peu surprenant, corn. Sertor. ii, 2. C'est ce qu'il
y a de bon en vous, que vous n'allez point chercher
de détours, mol. Fest. de P. iv, l. Ahl le détour
est bon Çt l'excuse admirable I iD. Mis, iv, 3. Ce
détour ridicule est en vain pris par vous, m. Amph.
II, 6. Je ne veux point chercher de détours et vous
nier la chose, ID. l'Avare, v, 3. Ce n'est point à
des avocats qu'il faut aller; car ils sont d'ordinaire
sévères et s'imaginent que c'est un grand crime que
de disposer en fraude de la loi ; ce sont gens de dif-
ficultés et qui sont ignorants des détours de la con-
science, ID. Mal. imag. i, 9. De quelque belle ap-
parence que l'iniquité se couvrît, il en pénétrait les
détours, et d'abord il savait connaître, même sous
les fleurs, la marche tortueuse de ce serpent, boss.
le Tellier. Je serais très-blessée que vous eussiez
ces détours, maintenon, Lctt. à Mme de la Viif-
rille, 5 févr. (708. Et pourquoi te cachais-je avec
tant de détours Un secret si fatal au repos de tes
jours? BAC. Alex, iv, t. Faut-il que je dérobe,
avec mille détours, Un bonheur que vos yeux m'ac-
cordaient tous les jours? id. Brit. ii, B. Vous ne
me trompez point, je vois tous vos détours , id.
i6. IV, 2. Ahl loin de m'ordonner cet horrible
détour. Si votre cœur était moinsplein de son amour,
Je vous verrais sans doute en rougir la première,
id. Baj. II, 6. X prendre ce détour qui l'aurait
pu forcer? id. lfi(/ir. iv, t. Ciel! comme il m'é-
coutait! par combien de détours L'insensible a
longtemps éludé mes discours I id. Phèdr. m, *.
Une autre chose contribue beaucoup aux longs dis-
cours des femmes, c'est qu'elles sont nées artifi-
cieuses et qu'elles usent de longs détours pour venir
à leur but, fén. Èduc. filles, ». Je sais que ce dé-
tour blesse la vérité, Ducis, Othello, m, 7. ||Sans
détour, sans rien cacher, sans subterfuge. Vos or-
dres sans détour pouvaient se faire entendre, bac.
Iphig. IV, 4. Il Être sans détour, être franc, ouvert,
loyal.
— HIST. XII' S. Cil sait moût bien les destors do
païs, Ronc. p. 462. || xill's. Grains [chagrin] et mar-
riz, fist tint par sa maistrise [habileté], Que à la dame
en un destour A fait sa plainte et sa ciamour, An-
DEFH. LE BAST. Romanccro , p. «. En ung destorf'i
li cuvera [perfide] D'erbes et de fuelles couvers,
DKT
DÊT
nicT
1125
Por cens fispfrr ft forprcmlre Qu'il voit as roses la
main tendre, /« liose, 284 (. Où sera leur destors,
où sera leur refuses, Fabliaux mss. t. ii, f <43,
dans LACURNE. Se li puis est en destor, et non pas
hantôs de Rent, on doit moult penre garde s'il
(l'homme assassiné] estoit liays ou maneciés de nu-
iui. BKAUM. Lxix, fo. Il XVI' s. Et l'eiist voulentiers
veu en personne, ne feust que Xenomanes l'en des-
couraigea, tant pour le grand destour du chemin,
que.... ]D. Pant. iv, 20. Le plaisir estoyt grand
veoir les ruses et destours desquelz ilz usoyent pour
surprendre l'ung l'autre, m. ib. v, 25. Depuysdescen-
dismesung degré, là estoyt ungrepous; puys troysà
destours, et repouspareil.iD.ib.v, 36. Les Romains,
n'ayans pas les deslours et retraittes qu'ilz avoient
eues le jour précèdent, furent contraints de venir
au combat tout de front par pais ung et plain,
AMVOT, Pyrrh. 48. Laissant leur fallacieux destour
du droit chemin, m. Lucull. 37. Comment la philo-
sophie.... qui me doibt roidir le courage pour fouler
aux pieds toutes les adversitez humaines, vient-elle
à cette mollesse de me faire conniUer par ces des-
tours couards et ridicules? mont, ii, 218.
— ÈTYM. Dé.... préfixe, et (our; bourguig. détor.
t DÊTODKNE (dé-tcur-n') , s. f. Action de diriger
toutes les têtes et les pointes des aiguilles chacune
de son côté.
— ÊTYM. Détourner.
DÉTOURNÉ, ÉE (dé-tour-né, née), part, passé.
Il l" Oui ne suit plus son chemin direct. Une fois dé-
tourné de sa roule, il n'hésita pas à aller plus loin.
Il Fig. A qui on a fait perdre la droite conduite.
Détourné de son devoir par de mauvais conseils.
Il Absolument. Une mineure détournée, une jeune
fille soustraite par fraude à ses parents. || 2° Qui
fait une sinuosité. Un fleuve détourné de son cours.
Il Chemin, sentier détourné, chemin écarté et peu
fréquenté. Il vous mènera de là dans une rue dé-
tournée, BEBN. DE ST-p. Mort de Socrate. Je reçois
votre paquet par une voie détournée, sÉv. 39). On
imagina, dans des temps de guerre, cette route dé-
tournée pour éviter les croisières ennemies, raynal,
Hist. phil. n, 25. Il Fig. Voie détournée, moyen
indirect, biais pour arriver à un but. Ce n'est que
par faiblesse et faute de connaître le droit chemin
qu'on prend des chemins détournés et qu'on a re-
cours à la ruse, fénel. Dial. des morts mod. Ri-
ehel. Mazar. Il y a, pour arriver aux dignités, ce
qu'on appelle la grande voie ou le chemin battu;
il y a le chemin détourné ou de traverse qui est le
plus court, LA BRUY.viii. Il Termede grammaire. Sens
détourné, toute signification qui n'est pas la signi-
fication propre du mot, et spécialement celles qui
semblent le plus s'en éloigner. Demeure signifiant
d'abord retard, délai, le sens d'habitation, de domi-
cile est un sens détourné. || Louange détournée,
louange délicate, qui ne s'adresse pas directement à
la personne qu'on veut louer. || On dit de la même
façon, reproche détourné, pour reproche indirect.
Il à'Touriiéd'unautrecôié.Ilavait la tête détournée.
J'étais détourné, je ne le voyais pas venir. || 4° Qui
est à l'écart. Qu'il [l'homme] se regarde comme égaré
dans ce canton détourné de la nature, et que, de
ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'uni-
vers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes,
les villes et soi-même à son jusie prix. pasc. Pen-
sées, i, t, édit. Lahure, <860. ||6° Dont on est pré-
servé. L'orage détourné, on n'y pensa plus. Des
malheurs détournés à grand'peine. || 6° Dont l'em-
ploi est chanf<é, fn parlant d'argent et choses sem-
blables. Un fonddélournédesadestination. || 7°Sous-
trait frauduleusement. De l'argent détourné par cet
employé. || 8" X qui l'on cause un dénngement. Ma
mère en ce devoir craint d'être détournée, rac.
Athal. m, 1. Il 9° Uélorqué. Un texte détourné de
son vrai sens. || 10° Dissuadé. Détourné de la dange-
reuse entreprise qu'il avait eu le dessein de tenter.
t DÉTOURNEMENT (de- tour-ne-man ), s. m.
Il 1" Action de détourner. Des femmes qui par leurs
détournements de tête et leurs cachements dévisage
firent dire cent sottises de leur conduite, mol. Crit.
de l'Ée. des /. m. \\ 2° Soustraction frauduleuse. Dé-
tournement de fonds, de deniers, de papiers, de ti-
tres. Il s'est rendu coupable de détournement. 11
masquait ses détournements, en falsifiant les livres.
Il Détournement de mineur, de mineure, action de
soustraire illicitement un jeune garçon, une jeune
fille au domicile.
^ — HIST. XVI» s. Ceste torse du regard qui tord
l'ame quant et quant, et ce destournement en est
laid, AMVOT, De la curios. 20.
— ftTYM. Détourner.
DÉTOURNER (dé-tour-né), v. a. \\ 1» Faire pren-
dre une autre direction. Détourner quelqu'un do son
chemin. Détourner un coup. || Fig. Détourner les
soupçons. Détourner sa pensée d'un objet désagréa-
ble. Ce zèle sur mon sang détourna votre perte,
CORN. Iléracl. 11, 6. Mais toi, par quelle erreur
veux-tu toujours sur toi Détourner un courroux qui
ne cherche que moi? rac. Androm. m, t. C'était
une cérémonie commune et généralement observée
dans tous les sacrifices d'imposer les mains sur la
tête de la victime, de la charper d'imprécations et
de prier les dieux de détourner sur elle tous les mal-
heurs dont les Egyptiens pouvaient être menacés,
ROLLiN, Ilist. anc. Œuvres, t. i, p. 69, dans pou-
gens. (Quelle perte, sire, comme l'observe très-bien
votre majesté, quand nous aurons le malheur de la
faire! j'en détourne ma pensée, d'alemb. Lett. au
roi de Prusse, 23 févr. <776. || Absolument. Dé-
tourner, faire tourner les soupçons d'un autre côté,
faire perdre la piste. Détournez, détournez; ses
questions nous embarrassent. Antonio: Il n'y a que
moi qui prends soin de votre jardin; il y tombe un
homme, et vous sentez que ma réputation en est
effleurée. — Suzanneà Figaro: Détourne, détourne.
— Figaro: Tu boiras donc toujours, Beaumarchais,
Uar. de Fig. 11, 2) . || 2° Changer le cours. Tel qu'un
ruisseau docile Obéit à la main qui détourne son
cours, RAC. Esth. 11, 9. Platon est celui de tous qui
a le plus SmC* rtotnère ; car il a puisé dans ce poète
comme aans «ae vive source dont il a détourné un
nombre infini de ruisseaux, boil. Longin, H. Pour
faciliter la construction de la plupart des ouvrages,
il avait fallu détourner le cours de la rivière, rol-
HN, Hist. anc. Œuvres, 1. 11, p. 29, dans pocgens.
Les divers gisements des îies, leur forme sphérique
ou angulaire pré.sentent à ces effroyables torrents
d'air [les ouragans] des surfaces plus ou moins
obliques qui détournent le courant, kaynal, Hist.
phil. X, 5. Il 3° Terme de chasse. Détourner un cerf,
un sanglier, c'est tourner autour de l'endroit où la
bête est entrée et s'assurer qu'elle n'en est pas sortie,
pour la courre ensuite. Comme on envoie un pi-
queur détourner un cerf avant qu'on aille au ren-
dez-vous de chasse, volt. Leit. d'Argental, nov.
I7B9. Il Découvrir, par le moyen du limier, le lieu
où le cerf a sa reposée et en marquer l'enceinte pour
se reconnaître. || 4° Tourner d'un autre côté. Dé-
tourner son visage. Il détourna la tête pour ne pas
me voir. N'a-î-il point détourné ses yeux vers le
palais? BAC. Andr. v, 3, Mais quoi, sans me répon-
dre. Vous détournez les yeux etsemblez vous con-
fondre, ID. Bérén. Il, 4. Et toujours détournant ma
vue avec horreur, id. Iphig. 11, t. Un bruit confus
s'élève et du peuple surpris Détourne tout à coup
les yeux et les esprits, id. Athal. 11, 2. Jusqu'à
quand, seigneur, m'oublierez- vous? sera-ce pour
toujours? jusqu'à quand détournerez-vous de moi
votre face? saci. Bible, Psaume xii, (. Levez le
bras, frappez; je détourne les yeux, volt. If. de
Ces. III, 2. Il Fig. Détourner les oreilles, ne pas
écouter. Détourne, roi puissant, détourne tes oreilles
De toutconseil barbare et mensonger, rac. Esth. m,
3. Il Fig. Détourner les yeux, ne pas donner atten-
tion. J'ai vaincu ses mépris; j'ai détourné ma vue
Des malheurs qui dès lors me furent annoncés, rac.
Brit. IV, 2. Il faut détourner les yeux de ces temps
sauvages qui sont la honte de la nature, volt.
Mœurs, Avant-propos, lhb détournez point vos yeux
de dessus eux, après que vous les t.i;rp.? renvoyés
libres, puisqu'ils vous ont servi pendant si*, ans,
SACI, Bible, Deutéron. xv, I8. || B° Tourner en sens
contraire. Détourner une corde , une manivelle.
Il 6° Écarter de manière à préserver. Détourner
un fléau. Il est en ma puissance De détourner le
coup qui si fort vous offense, mol. l'Étourdi, 1,
to. J'ai détourné le coup et tant fait que par
crainte Le pauvre Trufaldin.... m. ib. i, <i. Hé
bien, aimez Porus, sans détourner sa perte, rac.
Alex. V, 2. Je reconnus Vénus et ses feux redou-
tables; Par des vœux assidus je crus les détour-
ner, iD. rhèd. I, 3. De tant de maux, Abner,
détournons la menace, id. Aihal. v, 2. Dieu, dé-
tourne de moi ces noirs pressentiments , volt.
Zaïre, v, 3, Ciel, détourne les coups que ce mo-
ment prépare; id. Alx. m, 5. || 7° Donner une au-
tre destination. Détourner des fonds de leur emploi.
Tout ce que je faisais pour Thérèse était détourné
par sa mère en faveur des affamés, j. j. rouss. Con-
fess. VII. Il 8° Soustraire frauduleusement. Détourner
des fonds, des papiers. Comme on eut à dessein dé-
tourné une coupe d'or en ce festin, vaugel. Q- C.
629. Ces personnes avaient détourné cet argent pour
l'employer contre l'Etat, pasc. Prov. )6. Les prin-
cipaiu citoyens détournaient à leur profit les reve-
nus publics, MOMEFC). Espr. viii, (4. |] Par exten-
sion. Au bout de quelques jours il détourne l'ei^faiit
Du perfide voisin, puis à souper convie Le père qui
s'excuse et lui dit en pleurant: ....J'aimais un fils
plus que ma vie.... On me l'a dérobé.... la font.
Fabl. IX, t. Il Détourner un mineur, une mineure,
en faire le détournement. ||9° Écarter quelqu'un de
sa voie, de ses intentions, de ses projets, par des
discours, par des conseils, par des influences mo-
rales. Détourner quelqu'un de son devoir. Délour-
ner du mal. Il s'imaginait qu'il serait aisé de le dé-
tourner d'un si terrible dessein, VAL'GEL. Q. C. liv.
X, dans richelet. Que la considération des mi-
sères présentes et celle des misères futures vous dé-
tournent de l'impureté , maucroix, Homél. (4,
dans richelet. L'un [desreproches]que l'amiral [de
Coligny] a su le crime [l'assa.ssinat du duc de Guise],
l'autre qu'il n'a voulu ni détourner ni découvrir le
criminel, boss. Var. Déf. i"disc. §3b. Ses femmes
à toute heure autour d'elle empressées Sauront la
détourner de ces tristes pensées, bac Bérén. iv, 6.
Mais quoi ! cet intérêt et si juste et si tendre De tout
autre intérêt peut-il vous détourner? volt. Mérope,
i, <. Il Détourner le dessein de quelqu'un, en dé-
tourner quelqu'un. Non, mamÎTe.... ni mes sœurs....
Ne détourneraient pas le dessein que j'ai pris, ro-
TROU, Antig.i, fl. Croyez-vous pouvoir venir à bout
de détourner ce fâcheux mariage que mon père s'est
mis en tète? mol. Poxirc. i, 3. Pourquoi détournais-tu
mon funeste dessein? rac. P/ièd. m,). || 10° Dé-
ranger. Vous êles occupé, je crains de vous détour-
ner de votre travail. Le roi était mécontent des fré-
quents voyages deBarbezieux à Paris, où les plaisirs
le détournaient, ST-siM. B, 68. || 11° Détorquer. Dé-
tourner le sens d'un passage, d'une loi. Embarras
que vous essayez d'éluder en détournant la ques-
tion, pasc. Prov. (2. C'est ainsi qu'il [Josèphe] dé-
tournait l'Écriture sainte pour autoriser sa flatterie,
BOSS. Hist. II, 10. Nous contredirions même les in-
tentions du Sauveur, en détournant le sens et l'es-
prit de cette histoire et détruisant tout le fruit qu'il
se propose d'en tirer, mass. Car. ilauv. riche.
Il 12° V. n. Tourner. Vous n'avez qu'à suivre cetle
route, messieurs, et détourner à main droite, vous
serez au bout de la forêt, mol. Fest. m, 2. || 13° Se
détourner, v. réfl. Sortir de son chemin. Au lieu do
se détourner de son chemin pour l'éviter, pasc.
Prov. n. Israël s'est détourné du seigneur comme
une génisse qui ne peut souffrir le joug, saci, Ih-
ble. Osée, iv, )6. C'est le chemin, je crois, poui
aller en Provence. — Eh mais, quand il faudrait se
détourner un peu. Cent milles de chemin ne sont
pour moi qu'un jeu , collin d'iiarlev. Chdt. en Esp.
Il, 4. Il Se tourner d'un autre côté. Le cardinal de
Bouillon n'est pas connaissable [ pour le chagrin
delà mort de Turenne], il jeta les yeux sur moi,
et, craignant de pleurer, il se détourna, sÉv. 202.
Ses yeux comme effrayés n'osaient se détourner,
rac Athal. II, 2 Non, demeurez, ne vous dé-
tournez piis. De vos regards du moins honorez mon
trépas, VOLT. Scythes, m, 2. || Être écarté, en
parlant d'un coup, d'un mal, etc. Que votre co-
lère et voire fureur se détournent de votre cité de
Jérusalem et de votre montagne sainte, saci. Bible
Daniel, ix, lo. || Fig. Perdre les attaches, les senti-
ments qu'on avait. Un homme qui ne se détourna
jamais de ses devoirs, pléch. M. de Mont. Si ton
cœur encore D'un père infortuné ne s'est pas dé-
tourné, VOLT. Tancr. iv, 6.
- HIST. xi° s. Ferir l'en volt, se [il] n'en fust
desturnet, Ch de Roi. xxxii. Ceste bataille nen ert
[sera] mais deston.i?; ib. cclx. || xii" s. La meie
generaciuns toleite est [est "p'cïco], e desturnede
est de mei , Liber psalm. p. 233. Bêle dame LuP pria
de chanter.... Je ne m'en sai ne m'en puis deslor-
ner, Couci, x. Cornent, fait dune li quens, puet
estre deturné. Quant vus li devez fei, humage et li-
geé? De lui tenez grans fins e honurs eu barné.
Th. le mart. 4B. Pur poi Randuif de Broc n'out le
vaslet tué; Mais il nel pout trover; car Deux l'a des-
turné, ib. <24. De part li rei li unt icel respitduné;
Dient: li reis voldra l'endemain par verte Ses acun-
tes oïr, n'iert pur rien desturné; Il i ira, ço dit, 0
il s'en sunt turné, ib. 35. Li rois en volt avoir la
lei de la cuntrée. Mais l'arcevesques ad celé lei des-
turnée, 16. 20. Mais se il volsist traire la gent cha-
perunée, Mult peûst avoir bien sa mort dune cs-
chivée : Car en icele iglise ad mainte desturnée
[détour] ; De suu gré suffri mort en la maisun sa-
crée, ib. ib3. Il XIII* s. Vo fille sera arse [brùlée5,
jà n'en ert [sera] destornée, Berte, xvi. [Que Dieu]
Destourt mon corps de honte, que [jel ne soie mal
mise, ib. xxja. Mes l'autrie" oi [j'eus] la jambe
4126
DEl
quaise; En un broion (piège] par mescheance , Là
m'avient ceste meseslaiice: Onques ne me poi des-
lorner, lien. 7323. Et s'il so destornent qu'il ne pui&-
lent cstre pris, li deslorné Joivent estre contraint
par K-inlcs et parapiax, et mener dusques au b;i-
nissement, beaum. i.x, (2. Et se li deteres [débiteur]
■e destorne, si que li créanciers ne pot demander
se [sa] dele.... ID. lv, 35. || xiv* s. Cy devise la ma-
nière comme on doit deslourncr le cerf, Uodus,
^ XI. Il XV' s. Et monta à cheval et s'en vint sur les
rues; et destourna ce jour à faire cruauté et plu-
sieurs horribles faits qui eussent e.sté faits, si il ne
fust allé au devant, froiss. i, i, 272. Ceux qui l'ai-
moient le prièrent pour Dieu que il ne le fist, car
trop y sont les lieux divers et destournés, linuciq.
u, ch. ao. Il XVI" s. Ces considérations ne destournent
pas un homme d'entendement de suyvre.... mont. 1,
<20. Cela les destourne de meilleures occupations,
ID. I, tsr. Ils se destournent de leur voye un quart
de lieue pour courir après un beau mot, id. i, (11.
Destourner la face pour ne veoirle coup, id. 11, 304.
Une interpretalion deslournée, conlraincte et biaise,
ID. IV, 239. Femme qui recelé ou deiourne n'est
plus recevable à renoncer, ains est réputée com-
mune, 1.0YSEL, 307. Le peuple alloit souvent forceant
ou destournant les propositions du sénat, en y os-
tant ou adjouxtant quelque chose, amïot, Lyc. io.
Numa distribua des terres aux pauvres, pour des-
tourner le peuple au labourage, id. Huma, 28. Quant
à ses biens, ses amis en détournèrent et sauvèrent
une bonne partie, qu'ils luy envoyèrent en Asie,
ID. Thém. 4». Le peuple se meil après l'eau du lac
pour la deslourncr, id. Cam. 0. On le chargea d'a-
voir destourné des toiles et des pents de retz à chas-
ser, ID. Pomp. 7. Quand Antigonus lut à l'endroit
d'une ruelle par où il faull destourner pour monter
conlremont au chasteau, iD. Aratus, 20. L'argent
vif par sa ponderosité deslourne [détord] l'iutesiin
qui estoit entors et replié, paré, xv, 05 lis.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et tourner; bourguig.
détonai.
t DÊTOURNEUR, EUSE (dé-tour-neur, neû-z'),
». m. et f. Terme d'argot. Celui, celle qui vole des
marchandises dans l'iniérieur des boutiques.
— frrVM. Détourner,
t DÉTKACTATION (dé-tra-kla-sion) , s. [. Syno-
nyme peu usité de détraction.
— KTVM. Détracter.
DÊTRACTÉ, ÉE (dé-tra-kté, ktée), part, passé.
Dont on dit du mal, dont on rabaisse le mérite. Dé-
tracti'i par ses ennemis politiques.
UÉTUACTEll (dé-tra-kté), v. o. || 1* Rabaisser le
mérite de quelqu'un ou de quelque chose. Délracter
quelqu'un. Pétracter la vertu. || AbsolumenL C'est
un homme enclin à détracter. Moi qui n'ai point de
part dans tout ce beau commerce. Je crois qu'à dé-
tracter votre langue s'exerce, iiauteroche, Appar.
Jromp. II, 6. Il 2" Se détracter, v.réft Dire du mal
de .soi-même. Ne vous détraciez pas vous-même.
Il Dire du mal l'un de l'autre. Ces deux rivaux se
détractent en toute occasion.
— Hisr. xvi" s que nous ne mtsdisions ne
detiactiuus de ses œuvres, calvin, Instit. 288. Dites
bien de ceux qui vous detractent, id. ib. 315. Ce n'est
pas son intention de detracter en rien qui soit de la
vraye foy, id. ib. 642. Les Pères n'ont point detracté
si fort de l'honnesteté du mariage, id. ib. (oOfl. En
blasmant , detractant, mocquaiit, et injuriant les
choses contraires, tacitement ilslouentet approuvent
les vices et imperfections qui sont en cçulinuils
flattent, amyot. Comment liiicerR;, jê flatt. 20.
Sa mort rendit sa renotnuiié Véritable, quand ceux
qui en_ ^fjttSl'ent xe" trouvèrent absent, d'aud.
Util. II, 88. La mesme peine qu'on prend à detrac-
ter de ces grands noms et la mesme licence, je la
prendrois volontiers à leur prester quelque tour
d'espaule aies haulser, mont, i, 265.
— ÉTYM. Lat. detractor, détracteur, de detrac-
lum, supinde detraliere, médire, proprement retran-
cher, composé de la préposition de, eltruhere, tirer
(voy. TRAIRE) , et qui est dans les langues congénères :
proveiiç. detraire; espagn. detraer; portug. detra-
hir ; liai, detrarre./^elratre, qui était aussi dans l'an-
cien français, signifiait tirer.
DÉTRACTEUR (dé-tra-kteur) , ». m. Celui qui ra-
baisse le mérite, la valeur de quelqu'un ou de quel-
que chose. C'est un contre-poison contre les séduc-
teurs. Oui dissipe toutes leurs postes, Et confond
tout l'elTort des plus noirs détracteurs, corn. Imit.
111, 4. le détracteur secret ne trouvait en lui qu'un
silence d'indignation et de sévérité, mass. Or. /Un.
Dauphin. Ne pourrait-on pas dire avec justice à ces
ditractcur.s d un homme supérieur, si avides de
DET
chercher ses défauts ; Quel droit avcz-vous de lui
reprocher des fautes qui ne l'ont pas enipèclié de
valoir encore mieux que vous? condorcet, Mar-
graaf. Il demanda pour toute peine que son détrac-
teur fût chassé do la maison du comte d'Artois, mar-
MONTEL, ilém. XII. Il Adj. m. Un esprit détracteur. Un
langage détracteur. Les làcbesclameurs de l'envie Te
suivent jusque dans les cieux; Crois-moi, dédaigne
d'en descendre. Ne t'abai.sse pas pour entendre Ces
bourdunneinents détracteurs, lamart. lléd. i, I9.
— IIIST. XVI' s. Nous n'avons point si mal profité
en l'Evangile, que nostre vie ne puisse estre à ces
détracteurs exemple de chasieté, calv. Instit. dé-
die. Le détracteur vit de fien humain. Qui dict mal
et celé le bien, lehoux de lincy, Vrov. 1. 11, p. 329.
— ÊTYM. Provenç. detractor, detraidor; espagn.
defracfor; ital. dc(ra((orc; du latin de(rac(orcm (voy.
létiiacter).
DÊTRACTION (dé-lra-ksion; en vers, de qua-
tre syllabes), s. f. jj l'Action de délracter. Ladétrac-
tion contre le prochain. Penses-tu, m'amusant avec-
que des sottises, Par tes détractions rompre mes
entreprises? corn. Uélite, m, 4. Voilà toute la ma-
tière de la détraction, c'est à quoi se réduisent tous
les entretiens d'aujourd hui , flécii. Serm. i, 336.
Un demi-silence qui n'a fait qu'animer le feu de la
détraction, mass. Car. Parti, des offenses. Le crime
de la détraction, quel remède, quelle vertu peut le
réparer? id. ib. médisance. \\ 2» Terme de jurispru-
dence. Droit de détraction , droit par I»quel le sou-
verain distrait une partie des successions qu'il per-
met aux étrangers de recueillir.
— HIST. XIII' s. Mes tous vis [vifs] menguent les
homes 0 [avec] lesdensdedelraccionPar venimeuse
entencion, la Rose, 16473. Nulz ne soit si hardi
devant toy, que il die parole qui atraie et esmeuve
péché, ne qui mesdie d'autrui par derieres en de-
tractions, JOINV. 301. Il xiv s. La quarte branche
de envie si est detraction, c'est à dire quant une
personne dit mal et parle en derrière, Hénagier,
i, 3. Il XV* s. Là est orgueil, luxure et glolonnie.
Convoitise, mentir, detraction, e. desch. De l'inté-
rieur des cours. La faulse convoitise attisée et en-
flambée par l'ennemy d'enfer à cœurs d'aucuns pré-
lats de l'Eglise, aveuglés par détestable et mauvaise
detraction, Bouciq. m, ch. 19. || xvi' s. Le temps a
monstre sa detraction et mesdisance vaine et faulse,
AMYOT, Calon, 48. La loy de médecine gist en addi-
tion et detraction [retranchement], paré, xxi, 19.
— ÊTYM. Provenç. ddroccio, deirocd'o ; espagn.
detraccion; ital. detraiione; du latin detractionem
(voy. DÉTRACTER).
t DÉTRANXUÉ, ' ÊE (dé-tran-ché, chée), adj.
Terme de blason. Coupé par une bande qui part de
dexlre, mais non pas de l'angle.
— ÉTYM. Dé. .. préfixe, et trancher. Destrancher
était, dans la vieille langue, un mot usuel et signi-
fiait couper par morceaux : Il troveront nos [ils nous
trouveront] et morz et detrenchez, Ch. de Hol. cxxx.
DÉTRANGER (dé-tran-jé. Le g prend un e de-
vant a et 0 ; nous délrangeons), v. a. Terme de
jardinier. Faire la guerre aux taupes, aux mulots,
et autres animaux nuisibles.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et ijronjer : proprement
mettre dehors , chasser.
t DÉTRANSl'OSER (dé-tran-spô-zé), u. a. Terme
de typographie. Remettre des pages à léurvraieplace.
— ÉTÏH. '/)(,'.... préfixe, et transposer.
t DÊTRANSPOSITION (dé-tran-spo-zi-sion), s. f.
Terme de typographie. Action do détransposer.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et transposition.
t DÉTRAPER (dé-tra-pé) ,v.a. Tirer du piège , de
la trappe. La f jrtune me détrapera (les anciennes
éditions portent détromper) de bien des gens que je
n'aime point, bussy, dans sÉv. Lett. 278, de la
nouvelle édition de 1862, par Ad. Régnier. || Inu-
sité aujourd'hui.
— REM. Voy. l'observation à atthafeu ; il faudrait
écrire détrapper ou trape.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et trappe.
DÉTRAQUÉ, ÉE (dé-tra-ké, kée), part. pass^.
Il 1° Oui a perdu ses bonnes allures. Cheval détra-
qué. Il 2° Mis, par un dérangement, hors d'état de
fonctionner régulièrement ou de fonctionner du tout.
La sonnerie de cette pendule est détraquée. || Fig.
Le temps est entièrement détraqué depuis six jours,
SÉV. 377. Maint rimailleur indigent Dont la cervelle
est détraquée, volt. l£lt. en vers et en prose, 08.
t DÉTRAQUEMENT (dé-tra-ke-man), s. m. Action
do détraquer; état do ce qui est détraqué. J'ai des
étourdlssemeiits et un affaiblissement de tête qui
m'annoncent le détraquement de la machine , d'a-
Luu. Letl. à Volt, a» jaov. I77u,
DET
— HIST. xvr s. Saint Paul, reprochant le détra-
quement des gentils, les accuse d'avoir esté gcni
sans affection, st fr. de sales, p. 6iii.
— ÊTYM. Détraquer.
DÉTRAQUER (dé-lra-ké) , v. a. || f Faire perdre
à un cheval ses bonnes allures. Celui qui a monté
ce cheval l'a détraqué. || 2° Par extension, déranger
un mécanisme. Détraquer un tournebroche. Je vous
avoue que j'avais déjà été un peu lAcbé pour le duc
de IJour(.'ogne qu'il eût écrit à Mme de Maintenon
contre le duc de Vendôme, et qu'il se fût amusé à
détraquer une montre avant la bataille d'Oudenarde,
VOLT. Leit. à Villevieille, 30 avril 1777. || Terme
de chasse. Détraquer un piège, le faire partir, en
en décochant la gâchette ou le triquet. || 3° Fig. et
familièrement, troubler. Cela lui a détraqué le cer-
veau, l'esprit. Deux yeux, deux yeux charmant»
avaient, pour ma ruine. Détraqué les ressorts de
toute la machine, reonard, Dèmocr. v, 5. || 4' Se
détraquer, v. réfl. Perdre ses bonnes allures. Ce
cheval s'est détraqué. || 6° Perdre la faculté de fonc-
tionner, en parlant d'un mécanisme. Cette machine
s'est détraquée. || Avec ellipse du pronom te. Je m'é-
tais mis à étudier l'anatomie, et passant en revue
la multitude et le jeu des pièces qui composent ma
machine, je m'attendais à sentir détraquer tout cela
vingt fois le jour, i. J. Bouss. Conf. vi. || Fig. Sa
tête se détraque. Me faire enfermer! voilà la ma-
chine qui se détraque, çà, çà, changeons de pro-
pos, EEGNARD, le Rctour imprétu , se. 16.
— HIST. xV s. Et conclurent ensemble d'eux de-
tracquer et départir par divers chemins, pour eulx
rendre tous auprès de Nemours, et illec attendre
l'un l'autre, Us. relatif à Louis XI, Bibl. des Char-
tes, *' série, t. i, p. 273. || xvi' s d'avoir si bien
et si tost remis et restabli les choses tant désespé-
rément destraquées, 0. de serres. Dédie. Présen-
tez-vous toujours en l'imagination Caton, Phocion
et Aristides, en la présence desquels les fols mes-
mes cacheroient leurs faultes, et establissez-les con-
treroolleurs de toutes vos intentions; si elles se dé-
traquent, leur révérence vous remettra en train,
MONT. I, 287. Je veux qu'on veoye mon pas naturel
et ordinaire, ainsi destracqué qu'il est; je me laisse
aller comme je me treuve, id. ii, 99.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et traquer: proprement
détourner de la trace; Berry, détraquer, détourner
de la voie.
DÉTREMPE (dé-tran-p'), s. f. || !• Terme de pein-
ture. Couleurs détrempées avec de l'eau et de la
colle, à la gomme, au blanc d'œuf, sans graisse,
ni résine, ni chaux. Peindre en détrempe. Pein-
ture en détrempe. || Fig. et familièrement. Mariage
en détrempe, commerce illicite sous quelque appa-
rence de mariage C'est quand en même temps
On fait sympathiser, pourvu qu'un tiers y trempe,
Un mariage en huile avec un en détrempe, mont-
FLELRY, Femme juge et partie, v, 4. || 2" Se dit
aussi de la peinture faite en détrempe. Acheter une
détrempe. || 3° Fig. Ouvrage en détrempe, se dit
d'une œuvre littéraire qui est une faible imitation
d'un autre. (I Une ressemblance en détrempe, se dit
de deux personnes qui ont quelque ressemblance
entre elles. Je lui trouvais une ressemblance en dé-
trempe qui ne le brouillait pas avec moi , .sêv.
Lett. 6 sept. 1871.
— HIST. xvi* S. Il falloit que je maçonnasse tout
seul , que je destrempasse mon mortier , que je ti-
rasse l'eau pour la destrempe d'iceluy, valissy, 214.
— ETYM. Voy. DÉTREMPER.
1. DÉTREMPÉ, ÊE (dé-tran-pé, pée), part, passé
de détremper 1. Amolli ou délayé avec un li-
quide. Ces chemins détrempés par la pluie. Son âme
dans le crime est toujours occupée, Ce n'est que de
la boue en du sang détrempée, thistan, Panthée,
I 4. Les mers immenses ne paraissent aux immor-
tels que comme des gouttes d'eau dont ce morceau
de boue est un peu détrempé, fên. Tél. ix.
2. DÉTREMPÉ, ÉE (dé-tran-pé, pée), part, passé
de détremper 2. Qui a perdu sa trempe. Un couteau
détrempé.
1. DÉTREMPER (dé-tran-pé), v. a. || 1° Amollir
ou délayer avec un liquide. Détremper de la farine
avec du lait, de la chaux avec de l'eau. On détrem-
pait l'Eucharistie en quelque bqueur, Boss. Comm.
Et trop souvent pour détremper leur miel. Pleurs
douloureux leur servent de rosée, millev. Abeilles
d'amour. \\ Fig. L'on m'envoya chercher, un de ces
jours passés. Pour détremper un peu l'humeur mé-
lancolique D'un homme dès longtemps au lit para-
lytique, REONARD, Fol. amour. 11, 7. || 2* Se détrem-
per, t). réfl. Être délayé, amolli. Le» couleur» s«
détrempent, jj Fig. Cette armée victorieuse de l'Asie.
DKT
iprès s'être flétrpmpi'ie ilans les délices l'espace Je
trente-quatre jours, vai'Gei.. Q. C. 285.
— HIST. xiii* s. Que de la santé [elle] fu à tel
point destrempée, nerte, ixxxii. Sa tainture avoit
destrempée, Et au miex qu'il pot atremp^îe, Iten.
H 993. Li murs ne doit pas faire faute l'or enpin
qu'on saiche getier; Car l'en destrempa le mortier
De fort vin -aigre et de chaus vive, (a71ose,3850. Et
leur assiet [la fortune] comme marastre Au cuer
un dolereiix emplastre Deslrempé, non pas de vin
aigre. Mais de povreté lasse et maigre, 16. 49 IB.
Il XIV" s. Dont a mainte couleur de fin or destrem-
pée. D'argent et de vernis en i ot mainte ouvrée Et
d'asur et de geules; n'i espargna riens née, Baud.
de Seb. xi, 326. || xv s. Ils détrempent un peu de
leur farine et d'eau.... froiss. i, i, 34. Festin qu'on
destrempe d'ea'j N'est point beau; Faut de vin que
tu le mouilles, basselin, xxix. || xvi' s. Comme si
quelqu'un destrempoit du bon vin d'eau boueuse et
amere, calv. Instit. 245. Tout cela destrempe et
relasche cette soudure fraternelle, mont, i,' 208. Ils
sacrifioient aux muses pour destremper par leur
doulceur cette furie martiale, id. m, 253. Et menez
m'amie ici Pour détremper [tempérer] mon souci,
tvi:r, p. 552. Puis déliant doucement sa langue de-
trempée au miel le plus savoureux, ib. p. 643. 11
avoit du poison qu'il gardoit pour une telle occa-
sion, et l'ayant destrempé dedans une coupe....
AMYOT, Flamin. 4i. Les Scythes, en beuvant et
yvrongnant ensemble, font parfois sonner les chor-
des de leurs arcs, comme si cela servoit à rappeler
et retenir la vigueur de leur courage, laquelle s'es-
couleroit et se destreniperoit autrement par la vo-
lupté qu'ilzprenent, ID. Démétr. 24. Le pais estoit si
détrempé que l'on ne pouvoit quasi marcher, carl.
IV, 32. Cest humeur séreux est gardé pour délayer
et destremper le sang trop gros, paré, Intrnd. a.
— ÉTYM. Dé..., préfixe, et tremper; provenç. des-
temprar, desirempar; espagn. destemplar ; ital. dis-
temperare. Dans l'ancien français , destremper a
aussi le sens de déranger ce qui est bien tempéré;
d'où l'anglais distemper, maladie.
2. DÉTREMPER (dé-tran-pé), t'. a. Faire perdre
à l'acier sa trempe, en le faisant rougir au feu. || Se
détremper, v. ré(l. Perdre sa trempe. L'acier se dé-
trempe quand on le passe au feu.
— ÈTYM. Dé.... prélixe, et trempe. On a aussi des
exemples où desiremper n'a que le sons du simple
tremper; alors dé.... est augmentatif: Atteint au vif
d'un trait de ses yeux dont elle avoit destrempé la
pointe langoureuse en ses plus délicates mignardi-
ses, YVEH, p. 554.
t DfiTUKMPEUU (dé-itran-peur), s. m. Ouvrier
qui détrempe l'acier.
— ETYM. Détremper 2.
DÉTRESSE (dé-trè-s'), s. f. || 1° Serrement de
cœur, angoisse causée par un besoin, parun danger,
par une souffrance. Quand il se vit abandonné par ses
compagnons dans ce lieu solitaire, sa détresse fut
grande. Cris de détresse. Et confite en détresse,
Imite avec ses pleurs la sainte pécheresse, Régnier,
Sat. XIII. Me voici donc en ce lieu de détresse Em-
bastillé, logé fort à l'étroit, volt, la Bastille. Sa
détresse [de Napoléon à Moscou] augmente : il sait
qu'il ne doit p:is compter sur l'armée prussienne; un
avis d'une main trop sûre, adressé à Berthier, lui
fait perdre sa confiance dans l'appui de l'armée au-
trichienne, SÉGL'R, Ilisl. de Napnl. viii, lo. || 2° Dé-
nûment extrême, danger pressant. Son fils à vos se-
cours, dans sa détresse extrême, N'a-t-il pas tous les
droits qu'il aurait eus lui-même? ducis, Oscar, m,
(. Sommes-nous descendus à ce point de détresse....
DELAV. Tépres sicil. Il, 2. Vous qu'afflige la détresse.
Croyez que plus d'un héros Dans le soulier qui le
blesse Peut regretter ses sabots, bérang. les Gueux.
il 3° Terme de marine. Signal de détresse, signal
par lequel un bâtiment annonce qu'il est en danger
et qu'il a besoin de secours. Canon de détresse, coup
de canon tiré en signal de détresse. || Fig. Signal de
détresse, tout ce qui fait présumer qu'une personne
est dans un embarras pressant.
— HiST. xiii* s. De large cuer adés [toujours]
largesse, Et de cuer dur tous jours detresce [resser-
rement, refus], LEROUX de lincy, Prov. 1. 11, p. 283.
Hé lasse! que ferai? tant sui en grant destrece,
AUDFFR. LE BAST. iiotjianccro, p. t3. LI quens Looys
ala fourrer [fourrager] le jor de Pasques flories pour
la destresce de viande, villeh.cxli. De duel [deuil]
et de destresse [elle] est ilueque pasmée, Berle, xvi.
Ensi furent de la Toussaint jusques au quaresme
prendant [prenant] en tel détresse, et lor fali del
tont viande, Chr. de Bains, 207. Atten et sueffre
la destrece Qui orendroil te cuit et blece, la Rose,
DÉT
204). Par grant travail quierent richeces; Paor les
tient en grant destreces. Tandis cum du garder ne
cessent, ih. 5)40. |{ xv s. La pauvrette estoit en
grand destresse de cœur , louis xi , Nouv. xxvi.
Il XVI' s. [Chagrin] Si fut incontinent tout le camp
adverty du deuil qu'en menoit jEmulius, et de la
destresse en laquelle il en estoit, amyot, P. jEm.
36. Ainsi qu'il advint ordinairement en telles extre-
mitez de destresse, il leur sembloit toujours le plus
seur de fnuir du lieu où ilz se trouvoient, id. Ma-
rius, 65. Hz crioyent d'angoisse pour la destresse
de douleur qu'ils sentoient, m. Crassus, 47. 11 [l'ar-
chevêque de Mayence] entend, non sans grande de-
tresse de cœur, que quelques grans personnages
disputent aujourd'hui de la primauté du pape,
SLEiDAN, f° 25. De l'angustie ou petite.s.se de la ma-
trice : Il se fait aussi des monstres pour la détresse
du corps de la matrice, paré, xix, )0 De luy
donner mille ennuis et destresses, st gelais (6).
— ÉTYM. Provenç. destressa, detreissa; mot tiré
d'une forme latine irrégulière destriclia (pour ren-
dre raison delà finale esse, comme dans pnrcsye,
depigritia), de destrictum, supin de destringere,
étreindre, de la préposition de, et stringere (voy.
étbeindre).
f DKTRESSER (dé-trè-sé), v. a. Défaire des tresses.
Il Se délresser, v. réfl. Défaire ses tresses.
— Êtym. Dé.... préfixe, et tresse.
f DÉTRET (dé-trè) , s. m. Terme de serrurerie.
Êtau à main.
— ÉTYM. Ce n'est que la prononciation normande
de dp'trotf.qui, proprement, signifie ce qui est serré.
t DÉTRICIIAGE (dé-tri-cha-j'), s. m. Première
façon qu'on donne aux laines avant de les peigner.
t DÉTRICHEU (dé-tri-ché), l'. a. Exécuter l'opé-
ration du détrichage.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et le latin trica-, entor-
tillement, qui a donné aussi tresse (voy. ce mot).
t DÉrRICHEUR, El'SE (dé-tri-cheur, cheû-z'),
s. m. et f. Ouvrier, ouvrière qui détriche les laines,
qui les sépare les unes des autres en plusieurs qua-
lités difTérentes.
DÉTRIMENT (dé-tri-man) , s. m. [j 1° Dommage,
préjudice. Causer, recevoir un notable détriment.
Cet arrangement s'est fait à mon détriment. Et fût-
ce au détriment de mon propre intérêt. Moi-même
je m'en fais un immuable arrêt, rotrou, llélis. m,
7. Il Terme d'artrologie. On disait qu'une planète
était en son détriment quand elle se trouvait dans
un signe opposé k sa maison. || 2° Terme d'histoire
naturelle. Débris de corps. Des détriments de co-
qudles ont formé nos montagnes calcaires. Au lieu
de détriment, on dit aujourd'hui détritus.
— HIST. xv s. Au détriment de la chose public-
que, Statuts des tanneurs de Coulommiers , Bulle-
tin du comité de la langue, t. ni, p. B63.
— ÉTYM. Lat. detrimetitum , liedelerere, user, de
la préposition de, et lerere, frotter, par l'intermé-
diaire du supin detritum.
t DÉTRIPLER (dé-tri-plé), v. a. Réduire ce qui
était triple. Il Détripler les files d'un bataillon, les
composer de deux hommes au lieu de trois.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et triple.
f DÉTRITAGE (dé-tri-ta-j'), s. m. Action de pas-
ser les olives sous la meule.
— ÉTYM. Détriter.
f DÊTRITER (dé-tri-té), v. a. Terme rural.
Broyer, écraser des graines, des olives.
— ÉTYM. Lat. detritum, supin lie deterere, broyer.
f DÉTRITION (dé-tri-sion), s. f. Usure par frotte-
ment. Leur conservation [des coquilles fossiles] n'est
pas moins parfaite; l'on n'y obse've le plus souvent
ni détrition ni ruptures, rien qui^nnonce un trans-
port violent, cuvier, Révol. p. )4.
— ÉTYM. Lat. detritio (voy. détriter).
f DÉTRITIQUE (dé-tri-ti-k'), adj. Terme de géo-
logie. Qui se compose de détritus. Terrain détritique.
— ÉTYM. Voy. DÉTRITUS.
t DÉTRITOIR (dé-tri-toir), s. m. Moulin où l'on
écrase les olives avant d'en exprimer l'huile.
— ÉTYM. Détriter.
DÉTRITUS (dé-tri-tus') , s. m. Résidu, amas des
débris d'une substance ou d'un corps quelconque
défait, désorganisé. Le détritus des roches calcaires.
Des détritus végétaux ont formé les houillères. On lui
broya la pierre dans la vessie, le détritus fut expulsé
avec l'urine.
— ÉTYM. Lat. détritus, usé, part, passé de dete-
rere (voy. DÉTRIMENT).
DÉTUOIT (dé-troi ; le t ne se lie pas dans le par-
ler ordinaire; au pluriel, l's se lie: les dé-troî-z et
les lies) , s. m. || 1° Proprement espace resserré ; il
ne se dit en ce sens qu'en termes de géographie.
DÉT
H27
Il Bras de mer resserré entre deux continents, en-
tre une lie et le continent, entre deux l'.es pou éloi-
gnées l'une de l'autre. Je suis venu jusqu'à la pointe
de Gibraltar, d'où, aussitôt que l'on aura équipé
une frégate, j'espère passer le détroit, voit. Lctt.
39. Il [Alexandre] ne se proposait pas moins que
d'aller, en partant du golfe de Perse, faire le tour
de l'Arabie et de l'Afrique, et de rentrer dans la
Méditerranée par le détroit de Gibraltar, appelé alors
les Colonnes d'Hercule, rollin, Hist. anc. Œuvres,
t. VI, p. 550, dans pouoens. || Passer le détroit, se
dit quelquefois, quand la phrase ne laisse aucun
doute, pour passer la Manche. || Fig. Quelquefois
les savants ne sont pas fâchés de se trouver dans
ces sortes de détroits, d'où ils ne peuvent sortir
qu'à force de savoir, fonten. Dch'sie. J'agissais pour
tâcher d'annuler l'arrêt qu'il [Luxembourg] avait
obtenu et le réduire à l'ancien détroit d'option entre
son érection nouvelle ou n'être point pair, st-sim.
297, 62. Craindre les écueils de la bonne fortune,
et passer avec courage les détroits de l'adversité,
marmontel, ilém. i. Pour mieux goûter le calme, il
faut avoir passé Des pénibles détroits d'une vie ora-
geuse Dans une vie enfin plus douce et plus heu-
reuse, a. chén. Élég. 27. Il Défilé. Le détroit des
Thermopyles. L'armée de Darius fut défaite dans les
détroits de la Cilicie, vaugel. Q. C. Hv. m, dans
riciielet. Il envoya le comte Andragatius, avec or-
dre de fortifier les Alpes Juliennes et d'en garder
tous les détroits, FLÉCH. Théodiise,iii,9i. \\ Kn ce
sens il n'est plus guère usité; on dit de préférence
défilé. Il 2° Terme d'anatomie. Nom de deux rétré-
cis.sements que présente la cavité pelvienne et
que l'on distingue en supérieur ou '"' ioiuinal et
inférieur ou périnéal. || 3° Terme ue marine. An-
cre de détroit, celle qui est tenue sous le beaupré
par son orin. || 4° Ancien terme de palais et d'ad-
ministration. Étendue d'une juridiction. Il n'avait
pu être déposé par un seul évêque que hors de
son détroit et sans avoir été ouï, flécii. Théo-
dose, II, 6). Il District; sens auquel il n'est plus
usité. Quand des chiens étrangers passent en quel-
que endroit Qui n'est pas de leur délroit, la font.
Fabl. X, 15. Il District est la forme latine du mot
dont détroit est la forme française, comme strict
et étroit.
— SYN. détroit, défilé, gorge, col, pas. Ces
mots désignent des passages étroits. Le détroit est
composé du mot étroit et signifie passage resserré. Le
défilé est le passage où l'on ne peut aller qu'à la file.
Quand détroit s'applique aux passages resserrés sur
terre, il n'y a entre lui et défilé que la nuance qui
résulte de l'étymologie: le détroit ou le défilé des
Thermopyles, suivant que l'on considère seulement
le resserrement de ce pa.ssage ou la nécessité d'y
aller à la file. Mais aujourd'hui détroit ne se dit plus
guère que des passages resserrés dans la mer; dès
lors le sens en e.st tout à fait distinct de défilé qui
ne s'applique jamais à la mer. La gorge, dite méta-
phoriquement de la gorge des animaux, est une en-
trée qui conduit dans les montagnes, un passage
entre des collines escarpées et de hauts rochers, ce
qui la distingue du défilé, qui peut aussi être en
terrain plat, par exemple quand il est formé par
une langue de terre entre un marais et une rivière.
Le col appartient aussi aux montagnes et indique le
passage élevé qui conduit d'un versant à uu autre.
Enfin le pas, limité à quelques localités, le pas de
Calais, le pas de Suze, le pas des Thermopyles, in-
dique seulement qu'il y a là, sur terre ou sur mer,
en plaine ou en montagne, un passage resserré.
— hist. XI' s. Les roches bises, les destreiz mer-
veilleus, Ch. de Roi. lxiii. Pour son seigneur doit
hom souffrir destreiz [peine], ib. lxxvii. Ne lui fau-
dront pour mort ne pour destreit, ib. ccxlvui. La
b.Ttaille ert de merveilleus destreit, ib. ccxlvui. Veez
les porz et les destreiz passages, 16. Lvii. || xii' s. Vez
[voyez] les destreiz merveilloz et pesanz, Hnnc. p. 34.
Et gésir mainte nuit au vent et à l'orage, Maint des-
troit encontrer ou maint autre passage, Sax. xxvi.
Il XIII' s. Cil jurèrent sur sains au conte Baudoin
de Flandres qu'il iroient par les destrois de Maroc,
viLLEH. XXX. Et la terre estoit plaine de montaignes
et de destrois, id. clxxvi. || xV s. Espargnez vos
gens.... car vous trouvères encore des destroits, des
passages, des assauts et des rencontres plusieurs,
FROiss. I, i, 272. Et se tenoient tous bien rangés
sur le destroit du passage de la rivière, dont les An-
glois estoient durement rencontrés, quand ils ve-
noient à l'issue de l'eau pour prendre terre , id. i, i,
27». Gens d'armes ne vivent point de pardons, ni
ils n'en font point trop grand compte, for-, au des-
troit de la mort, id. u, 11, 207. Quand ceux de '<*
1128
DET
ville de ISrislo virent qu'autrement ils ne pouvoient
venir k paix ni sauver leurs biens ni leurs vies, au
destroil ils s'y accordèrent et ouvrirent les portes,
moiss. 1, I, 20. Klle [une ville] estoit tr6s-iaal pour
veuede vivres, et yavoitassezet trop <le gens pour la
tenir à destroit, comm. v, 6. Ils estoiont en embusche
en un lieu destroit par oïl notre bon curé devoit
passer.... et s'adviserent de faire en ce destroit uu
très beau piège, LOUis XI, Nouv. Lvi. || xvi' s. Kl
sera nomnié cestuy destroict la mer picrocholinc,
BAU. Car. I, 33. Hérodote récite, de certain des-
troict [district] de la Libye, qu'on s'y mesle aux
femmes indilTereniment, mont, ii, 88. Ayant reugé
par un siège les liabitans si à destroict que.... in.
lU, ti>9. Il passa avecques un seul vaisseau le des-
troict de l'Hellespont, m. m, (72. On n'avoit jamais
veu aulcun de ce destroict [localité] à l'aumosne,
ID. m, 224. Estant un jour assiégé fort à destroit
par les Clitoriens, amyot, Lyc. 2. S'estans retirez
tous les capitaines au destroit de l'entrée du l'elo-
ponnese, ID. ib. 33. Ils n'oxerent plus s'arrester aux
pas.sages, où ilz avoient esté ordonnez, ains, aban-
donnant les destroits, se meirent à fouir vers leur
grand camp, jd. Fab. )7. Combien qu'il feussenl
assez à destroit de vivres, jamais toutefois ilz ne
prirent rien sur le pais, id. Vlumin. 8. Il feit aussi
venir tous les princes et roys compris dans le destroit
de .sa cliarge [ressort, rayon], id. Pomp. *7. Ceulx
qui tumbent en telz destroits de nécessité, lu. An-
lon. 21.
— ÉTYM. Proveiiç. destreyt, destret, destreg; es-
pagn. distrilû; ital. dislrelto; du participe passé
distnclus, resserré, de la préposition de, et sln'n-
gere, serrer (voy. étheinure). Destroit, dans l'an-
cienne langue, avait souvent le sens de détresse.
DËTROMPÉ, ËE (dé-tron-pé, pée), part, passé.
Qui n'est plus trompé, qui est revenu d'une erreur.
Détrompé par les avis d'un sage ami sur le compte
d'un fripon. Détrompé de la vanité des idoles, mass.
Car. Hesp. hum. Mais que, de ces grandeurs comme
un autre occupée, Vous m'en ayez paru si longtemps
détrompée, bac. Ilrit. m, 7. Qui lui-même craignait
de se voir détrompé, m. Baj. iv, B. Ne donnons
point le temps aux mortels détrompés De rassurer
leurs yeux de tant d'éclat frappés, tolt. Fanât, ii,
4. Des jeunes gens ambitieux de paraître détrompés
de tout cet enthousiasme, stael, AUem. m.
t DÉTROMPEMENT (dé-tron-pe-man), s. m. Ac-
tion de détromper ; état de celui qui est détrompé.
— ÊTYM. Détromper.
DÉTROMPER (dé-tron-pé) , V. a. || 1° Tirer d'er-
reur. Il croit qu'on le dessert secrètement; il faut
le détromper. 11 veut par cet affront qu'elle soit dé-
trompée, bac. Brit. 1, 2. La diète fut bientôt dé-
trompée de la fausse nouvelle de la mort du roi de
Suède , VOLT. Charles XII, 2. Le bonheur m'aveu-
gla; la mort m'a détrompé, ID. AU. v, 7. || Absolu-
ment. Avant d'instruire, il faut détromper, mon-
TESQ. dans le Dicl. de bescherelle. || Détromper
de quelqu'un, 6ter à quelqu'un l'opinion qu'il avait
d'une autre personne. On est quelquefois moins mal-
heureux d'être trompé de ce qu'on aime que d'en
être détrompé, la ROCUEFOUCAtJLT, dans eichelet.
Le des.sein d'épouser Lucinde devient un dessein
très-inutile, si l'on ne la détrompe de Moncade, ba-
ron. Homme à bonnes fort, i, 1. 1| Détromper se dit
des choses dans le même sens. J'irai, bien plus con-
tent et de vous et de moi, Détromper son amour
d'une feinte forcée Que je n'allais tantôt déguiser
ma pensée, bac. liaj. m, 4. Détrompez son erreur,
Héchissez son courage, id. l'hèd. i, 5. || 2° Se dé-
tromper, V. réft. Sortir d'une erreur. C'en serait as-
sez pour se détromper de tels docteurs, Boss. dans
LAVEAUX. Uien n'aule tant à se détromper du monde
que le monde môme, mass. Car. Resp. hum. Les
meilleurs princes sont souvent trop crédules; et,
quand ils ont donné leur confiance à quelqu'un de
leurs sujets, ils ont peine à la retirer et ne se dé-
trompent pas aisément, rollin, Hist. anc. Œuvres,
t. III, p. 120, dans pougens.
— KEM. Vaugelas dit qu'il a vu venir détrompvr
à la cour, qu'on le trouvait étrange au commence-
ment, mais qu'aujourd'hui il est entièrement en
usage.
— HIST. XVI* s. Pour donner quelque sorte de co-
gnoissance des choses tant importantes et détromper
le monde des impertinences qu'en veulent faire croire
des escrivains de ce temps, sullv, dans le Dict. de
DOCBBZ.
— ETYM. Dé.... préfixe, et tromper.
t DÉTRONCA'nON (dé-tron-ka-sion), s. f. Terme
d'obstétrique. Séparation de la tête d'avec le tronc
du foetus, qui .s'opère soit par des tractions trop vio-
DËT
lentes, soit par une opération chirurgicale sur un
enfant mort dont la sortie ne peut être efl'ectuée au-
trement.
— ÉTYM. Lat. detrunealio , de la préposition de,
et truncus, tronc.
DÉTRÔNÉ, ÉE (dé-lrô-né, née), part, passé. A
qui on a Clé le trône. Louis XVI détrôné par la ré-
volution. Sur cent rois détrônés, accablés de ma
gloire, VOLT. Orpli. m, *. Le roi Auguste détrôné
ne craignait plus d'irriter les Polonais en abandonnant
leur pays aux troupes moscovites, id. Charles Xll, 3.
Elle seule [la maison des Stuarts], parmi tant de
familles détrônées, a vu, dans l'espace de soixante
ans, deux têtes couronnées tomber sous la hache
des bourreaux, condorcet, d'Arci. || Kig. Un roi
détrôné, un homme déchu du haut rang, de la
gloire qui devaient lui appartenir. Impose donc si-
lence aux plaintes de ta lyre; Des cœurs nés sans
vertu l'infortune estl'écueil; Mais, toi, roi détrôné,
que ton malheur t'inspire Un généreux orgueil!
LAMART. hédit. I, t4. || Jouer au roi détrôné, sorte
de jeu d'enfants, dans lequel il s'agit d'enlever par
une sorte de lutte une position élevée qu'un des en-
fants occupe sur un banc, sur un tas de sable, etc.
||Fig. Jouer au roi détrôné, se dit de personnes
qui s'enlèvent successivement des places qu'elles ne
peuvent conserver.
t DÉTRÔNEMENT (dé-trô-ne-man) , s. m. Action
de détrôner; état d'un souverain détrôné. Tous ces
succès étaient les avant-coureurs du détrônemeiit du
roi Auguste, volt. Charles Xll, 2. La Turquie ac-
coutumée à voir la mort de ses princes suivre tou-
jours leur délrônement, m. ib. B.
— ÉTYM. Détrôner.
DÉTRÔNER (dé-trô-né), v.a.\\ 1° Déposséder du
trône. Détrôner un roi, un empereur. Pépin, maire
du palais des rois de France, gouverna sous plu-
sieurs rois et détrôna Childéric 111 , mézerai ,
Childéric III. Et lorsqu'Antioclius fut par eux dé-
trôné.... CORN. Nicom. II, 3. Quand je devrais res-
ter ici cinquante ans, je n'en sortirai point que je
n'aie détrôné le roi de Pologne [paroles de Char-
les Xll] , volt. Charles Xll, 2. j] 2° Fig. Faire per-
dre la prééminence. Cette dame, qui régnait dans
les salons, a été détrônée par une beauté qui l'a
éclipsée. Il 11 se dit aussi des choses auxquelles on ôte
la prééminence. Ne prétends plus, Fréron, par tes
savants efforts Détrôner le faux goût qui règne sur
nos bords, Gilbert, XVIII" '<ièdc.
— HlST. XVI' s. Il avoit détrôné les maréchaux de
camp, bassompierre, Uém. t. ii, p. 228, dans la-
CURNE. Il ne pensoit pas que sa personne deust estre
détrônée [qu'il dût perdre un emploi qu'on lui ôtait],
ib. t. IV, p. t)3.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et trône.
DÉTROUSSÉ, ÉE (dé-trou-sé, sée), part, passé.
Il 1° Qui n'est plus troussé. || Fig. et par plaisante-
rie. Rendre visite en robe détroussée, rendre visite
en grande cérémonie. || 2° X qui on a enlevé ce qu'il
avait sur soi et avec soi. Détroussé par des voleurs
de grand chemin.
t DÉTROUSSEMENT (dé-trou-se-man) , s. m. Ac-
tion de détrousser; état de celui qui est détroussé.
— HIST. xvi* s. Je me retirai secrètement en ma
maison, pour ne voir les meurtres, reniemens et
destroussements qui se faisaient es lieux champes-
tres, PALissY, tu.
— ÉTYM. Détrousser.
DÉTROUSSER (dé-trou-sé) , v. a. || 1» Laisser re-
tomber ce qui était troussé. Détrousser sa robe.
Il 2" Dépouiller sur la voie publique. Voit-on les
loups brigands.... Pour détrousser les loups courir
les grands chemms? boil. Sat. vrii Voilà peut-
être de ces gens Qui vont par les forêts détrousser
les passants, regnabd, Démocr. i, 6. On détrousse
les passants, on fait le contraire aux filles; on vole,
on viole, on massacre, p. L. cour. Lett. i, tSB.
Ij Absolument. On détrousse, on pille. || Terme de
fauconnerie. L'oiseau détrousse, quand il ôte la
proie à un autre; le chien, quand il l'ôte à l'oiseau.
Il 3" Se détrousser, v. réft. Détrousser son vête-
ment.
— HIST. xii* s. Uns escuiors as degrés de la sale.
Est descendus, si destrosse sa maie, Romancero,
p. 40. De detrusser ses hummes, de ses coffres cer-
gier, De prendre tuz les briefs qu'il poilt purcha-
cier X Rome.... Th. le mart. (22. {| xm* s Dist
Renart: or i gardons; Descendez et si destrossons
[défaisons nos paquets] , ilen. 2ti42. Et i puet l'en
sa nef ariver, et ses cordes lier as arbres qui sont
nés, et secbier sa raiz, et destroser sa nef et mètre
à terre sèche, Liv. de just. 64. Il font destorser les
torsiaus [trousseaux , paquets] , Puis establerent lor
DÉT
cevaus, FI. et Bl. <429. |]xv*s. Les compaignons se
a-ssemblerent et en tuèrent granil planté et les des-
trusserent, fenin, (4i7. Qu'il ayderoit à destrousser
le roy d'Angleterre et toute sa bande [armée], cohm.
IV, M . Lesquelz Anglois ont prins et destroussé au-
cuns navires, du cange, abotinare. || xvi* s. Lysi-
machus, rencontrant en son chemin des vivres qu'on
luy portoit [à Pyrrhus], chargea ceulx qui les con-
duisoient, et les destroussa, amïot, Pyrrh. 2B. Et
que puis après ilz iroient incontinent destrousser
ce bagage de leurs ennemis, m. Eum. is. En las-
sant, je feus destroussé des briguaus, bas. Pant.
Il, 32.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et trousse; provenç. des-
trossar, décharger. D'abord, dans l'historique, dé-
trousser n'a le sens que de défaire ses paquets; puis
il prend celui d'enlever le bagage.
DÉTROUSSEUR (dé-trou-seur), s. m. Brigand
qui détrousse les passants. Détrousseur de grand
chemin.
— ÉTYM. Détrousser.
DÉTRUIRE (dé-trui-r"), je détruis, tu détruis, il
détruit, nous détruisons, vous détruisez, ils dé-
truisent; je détruisais; je détruisis; je détruirai; je
détruirais; détruis, détruisons; que je détruise,
que nous détruisions, que je détruisisse; détruisant;
détruit, V. a. || 1° Renverser une construction de
manière qu'il n'en reste plus d'apparence. Détruire
un palais. Troie fut détruite de fond en comble par
les Grecs. Vous ferez passer aussitôt au fil de l'épée
les habitants de cette ville, et vous la détruirez avec
tout ce qui s'y rencontrera jusqu'aux bêtes, saci,
Bible, Deutérun. xiii, tB. Le seigneur a détruit la
reine des cités, rac. Alhal. m, 7. Le czar aspirait
à plus qu'à détruire des villes; il en fondait une alors
peu loin de Nerva même, au milieu de ses nouvelles
conquêtes, c'était la ville de Pélersbourg.... volt.
Charles XII, 3. Une nuit détruisit Pergame, la-
motte. Odes, t. I, p. 347, dans pougens. || 2" Par
extension, ruiner, anéantir. Les barbares ont dé-
truit l'empire romain. Le temps détruit tout. Le dé-
bordement détruisit la récolte. Détruire les animaux
nuisibles. Les Russes ne l'attendirent pas, ils dé-
campèrent et se retirèrent vers le Borysthène, gâ-
tant tous les chemins, et détruisant tout sur leur
route pour retarder au moins les Suédois, volt.
Charles XII, 4. Dans celte extrémité, le mémorable
hiver de 1709, plus terrible encore sur ces fron-
tières de l'Europe que nous ne l'avons senti en
France, détruisit une partie de son armée, id. th.
Il Absolument. Gengis-khan, que le ciel envoya |io;ir
détruire, Vient toujours implacable, ID. Orphel. i,
3. Il conclut qu'il est plus aisé de détruire que de
bâtir, ID. Vlnijénu, to. Pour vivre il faut Jétruire,
buff. Bœu(.\\i° Fig. N'eùt-ce pas été, à force de
vouloir établir la religion, la détruire par les fon-
dements? Boss. Hist. 11, 13. Cette fausse imagina-
tion [que Dieu ne gouverne pas le monde] est dé-
truite par la claire notion qu'on a de Dieu, id. Lib.
arb. 3. Il [Néron] commence, il est vrai, par où
finit Auguste; Mais crains que, l'avenir détrui-
sant le passé, Il ne finisse ainsi qu'Auguste a com-
mencé, bac Bn't. l, t. Il faut d'autres elforts pour
rompre tant de nœuds ; Ce n'est qu'en expirant
que je puis les détruire, id. Bérén. v, 7. Vous
seul pouvez, seigneur, détruire votre ouvrage, id.
Iphig. m, 4. J'ai détruit l'instrument qu'employa
ta vengeance, volt. Fanât. \ , t. Des périls à
prévoir, des complots à détruire, id. Orphel. iv,
i. Il 4° Perdre, en parlant des personnes aux-
quelles on enlève la vie, la fortune, le pouvoir, l'a-
mour, l'amitié, etc. Le pauvre lu détruis, la veuve
et l'orphelin, Régnier, Sat. xv. J'attendrai du ha-
sard qu'il ose le détruire [AugusteJ, corn. Cinna,
I, 2. Pour vous je l'ai dompté, pour vous je l'ai dé-
truit, ID. SiTtor. v, 4. Jason m'a trop coûté pour
le vouloir détruire, id. Uedée, ii, t. Quel mal vous
ai-je fait, madame, et quelle offense. Pour armer
contre moi toute votre éloquence. Pour me vouloir
détruire, et prendre tant de soin De me rendre odieux
aux gens dont j'ai besoin? mol. Femmes sav. iv, 2.
11 faut de celui-ci conserver l'amitié. Ou s'efforcer
de le détruire. Avant que la griffe et la dent Lui
soit crue et qu'il soit en état de nous nuire, la
font, l'abl. XI, t. SaOl cherchait à détruire un in-
nocent à qui Dieu avait donné la royauté, fén. t. xxii,
p. 4B8. Un poëteavidedenuire, Deceuxqu'ils'obstine
à détruire. Trace d'infidèles tableaux, lamotte.
Odes, t. I, p. 340, dans pougens. Héritier de l'in-
grat qui détruisit mon père, voi.r. Triumv. m, 4.
Il Détruire quelqu'un dans l'esprit d'un autre, l'y
décréditer entièrement. Je vous fais u? présent ca-
pable de me nuire ; Chez vous Quintilien s'en va
DET
DET
DET
1 1 2'.»
tous nous détruire, Car enfin qui le suit? qui de
nous aujourd'hui S'égale aux anciens tant estimés
chez lui? LA FONT. Poésies mêlées, lxx (à Huet, en
lui envoyant un Quintilien). Il est vrai qu'en son
cœur j'ai voulu le détruire, volt. Catil. ii, 2. || 5" Se
détruire, e. rf'/l. Tomber en ruine. Ces bâtiments se
détruisent tous les jours. |{ Être en opposition les
unes avec les autres, en parlant des choses qui se
combattent. Comme on voit tous ses vœux l'un l'au-
tre se détruire! bac. Phèd,. i, 3. Tous ses projets
semblaient l'un l'autre se détruire, ID. Athal. m, 3.
Eusèbe soutient qu'il serait facile de montrer qu'une
grande partie de ses narrations se détruisent d'elles-
mêmes, et qu'elles ne sentent que la fable et le ro-
man, ROLLiN, Hist. anc. Œuvres, t. xi, 2- part.
p. 644, dans pouGENS. Il 6° Se donner la mort l'un
à l'autre. Ils [les hommes] ont depuis enchéri de
siècle en siècle sur la manière de se détruire réci-
proquement, LA BRUY. X. Il Se donner la mort à soi-
même. Ce malheureux s'est détruit. || 7° Se nuire
l'un à l'autre, en se discréditant réciproquement,
en se rendant de mauvais offices. Messieurs les cour-
tisans, cessez de vous détruire; Faites, si vous pou-
vez, votre cour sans vous nuire, la font. Fabl. viii,
3. Il Se nuire à soi-même. Soyez persuadée, ma très-
chère, que M. de Grignan se soutiendra toujours
très-bien, pourvu qu'il ne se détruise pas lui-même,
sÈv. lett. (3 nov. 1673.
— SW. DÉTRUIRE, DÉMOLIR, ABATTRE, RUINER,
RENVERSER. On abat un mur, cela signifie simple-
ment qu'on le met à terre; ruiner un château, ce
n'est pas l'abattre, il reste un château en ruine ;
renverser joint, à l'idée d'abattre celle de violence ;
la démolition est une œuvre de maçon et non une œu-
vre de destruction. Détruire, c'est défaire la struc-
ture : un château abattu est détruit dès que la forme
générale n'existe plus. On le dira d'une tour ren-
versée , si les pierres se disjoignent de manière
à ne plus laisser subsister l'apparence d'une tour;
les matériaux ne sont pas détruits, la tour l'est cer-
tainement. U en est de même de tous les ouvrages
d'art : un tableau sera détruit si le feu par exemple
ou un caustique en a gâté les couleurs au point
qu'on ne puisse plus reconnaître les personnages.
— niST. XI' s. Par Guenelun sera destruite France,
Ch. de Itol. Lxv. || xn" s. Si i mist fuc [feu], e des-
truit [détruisit] les maisons, Machahées, i, i. Par
son orguel assez destruis en a [de Français] , Ilonc.
p. <38. ie règne d'Alemagne [ils] vous ont mis à
charbon. Et Cologne destruite, et mort le duc Mi-
lon, Sax. xiv. [Us] nesufferunt [souffriront].... K'um
destruie les lius qu'il unt à Deu conquis. Th. le
mari. 96. Etlesleis [lois] quevusdites, à quel li reis
s'alie, Ne sunt de leauté, anz [mais] sunt de feiunio
Contre Deu et raisun, pur destruire clergie, ib. 40.
Il xiu' s. Il avoit peor que descorde ne venist en-
ir'aus [eux] et les Grieus; et, se ce li venoit, la cité
en porroit bien estre destruite, villeii. lxxxvii.
faites la [cette femme] tost destruire, jà n'en aiez
pitié, Berte, xv. Parcui maint Sarrazin furent mort
et destruit, ib. xxxvi. Sire, nous sommes destruict
et hounit, car li rois s'en va en France, et bien set
par le conte Phelippe çou que nous avons traitié,
Chr. de Rains,^. 46. Si prit une partie de sa gent,
et les envoia es marches pour destruire le pays, ib.
p. 72. Iréement à soi parole : Renart, fet-il, Diex te
destruie, lien. \M\b. Diex, destrue langue gen-
glouse [menteuse], Kt leivre qui est envieuse. Psau-
mes en vers, dans Liber psalm. p. 268. Et par cel
jugement pot on veoir que toutes fraudes, là où
eles sunt connues ou provées, doivent estre des-
truites, BEAUM. xxxiv, 49. Les barons vindrent ar-
dant et deslruiant d'une part, le duc de Bourgoigne
d'autre, joinv. 203. || xv s. U entre en plus grande
jalousie que devant, il se destruit, et entre en grand
pensée, il espie, il enquiert; dont il fait que fol;
car noble cœur d'homme ne doit point enquérir du
fait des femmes, Les quinze joyes du mariage,
p. 401 , dans lacurne.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. destruit; ital. àis-
Iruggere; du latin destruere , de la préposition de,
et struere, bâtir (voy. structure). Destruit [dé-
truisit] est régulièrement formé du prétérit latin
destruxit, avec l'accent sur tru.
t DÉTRUISANT, ANTE (dé-trui-zan^ zan-t'), adj.
Qui détruit. Cet amour détruisant est difficile à por-
ter, Boss. Letl. Corn. 44.
DÉTRUIT, ITE (dé-trui, trui-t'), part, passé do
détruire. || 1° Défait de manière qu'il ne reste plus
apparence de la structure. Une ville détruite par un
tremblement de terre. Et de vos murs détruits ré-
tablissant la gloire, VOLT. Alt. v, 7. || Par exten-
sion. Une terre non plus n'est pas détruite, c'est pure
DICI.-EE LA LANGIIK FRAN'^aSB.
façon de parler; bien le peut être un marquisat, un
titre noble , quand la terre passe à des vilains, p. l.
COUR. Lett. v. Il Fig. Mes ans se sont accrus, mes
honneurs sont détruits, rac. Milhr. m, B. || 2» Perdu
dans son crédit, dans sa puissance, dans sa gran-
deur. Vous-même n'allez point, de contrée en con-
trée, Montrer aux nations Mithridate détruit. Et
de votre grand nom diminuer le bruit, rac Mithr.
III, 1. David, David triomphe, Achab seul est dé-
truit, ID. Athal. v, 6. Il 3° Mis à mort. L'impie
Achab détruit, et de son sang trempé Le champ que
par le meurtre il avait usurpé, bac. Athal. i, \.
DETTE (dè-t') , s. f. Il l» Ce qu'on doit à quelqu'un.
Être criblé de dettes. Être noyé de dettes, avoir
des dettes par-dessus la tête , devoir beaucoup plus
qu'on n'a vaillant. Eh bien! je prends sur moi la
dette tout entière, Tristan, tlort de Chrispe, i,
3. Un tas d'hommes perdus de dettes et de crimes,
CORN. Cinna, v, 1. Je dis une vérité sur le malheur
d'avoir des dettes : ceux qui nous pressent sont pres-
sants; ceux qui ne nous pressent pas le sont encore
davantage, sÉv. 50). Je veux premièrement qu'on
acquitte mes dettes, regnard , Légat, iv, 6. Affran-
chissez-les tous de la dette usuraire Dont vos cruels
secours accablent leur misère, M. 3. chén. Gracques,
II, 3. Il Dettes criardes, sommes dues àdes ouvriers,
â de petits marchands, à des fournisseurs de tous
les jours, et qui sont réclamées avec insistance.
Il Dettes d'honneur, dettes contractées sur l'honneur,
et, particulièrement, dettes de jeu (les dettes de jeu
étant ainsi nommées parce qu'on ne peut les faire
valoir en justice). Mes dettes de Venise, dettes
d'honneur, si jamais il en fut, me pesaient sur
le cœur, i. j. rouss. Conf. vu. || Dette véreuse,
celle dont le remboursement n'est pas sûr. || î° Terme
de jurisprudence. Dette privilégiée , celle pour la-
quelle on a un privilège, de sorte qu'elle est payée
avant toutes les autres. || Dette réelle, dette à laquelle
on n'est tenu qu'à raison d'un immeuble que l'on
détient. Dette propre, celle à laquelle l'un des con-
joints est tenu sur ses biens personnels. || Avouer
une dette, avouer la dette, nier, désavouer ladette,
convenir, nier qu'on doit la somme dont il est ques-
tion. Il Fig. Avouer la dette, nier ladette, avouer
une chose qu'on voudrait cacher, la nier. La prin-
cesse : Non je ne puis soufi'rir qu'il soit heureux
avec une autre, et, si la chose était, je crois que
j'en mourrois de déplaisir. — Moron : Ma foi, ma-
dame, avouons la dette, vous voudriez qu'il fût à
vous, MOL. la Princ. d'Élide, iv, 6. Parlons à cœur
ouvert, et confessons la dette : Je suis un peu co-
quet, tu n'es pas mal coquette, regnard, le Distr.
IV, 3. Il J'en fais ma dette, je m'en rends caution.
Il Dette hypothécaire, dette garantie par hypothè-
que. Il Dettes actives, celles dont on a le droit d'e.xi-
ger le payement; dettes passives, celles qu'on est
obligé de payer. || 3° Terme de finances. Dettes
publiques, les sommes que l'État a empruntées et
pour lesquelles il paye un intérêt annuel nommé
rente. 11 est étonnant, mais il est vrai, que cette
immense dette [2 600 000 ooo, à la fin de Louis XI VJ
n'aurait point été un fardeau impossible à soute-
nir, s'il y avait eu alors un commerce floris-
sant, un papier de crédit établi, et des compagnies
solides qui eussent répondu de ce papier comme
en Suède, en Angleterre, à Venise et en Hollande,
volt. Louis XIV , 30. Les dettes publiques ont, de
l'aveu de tous les hommes éclairés, sensiblement
affaibli les Provinces-Unies et altéré la félicité gé-
nérale par l'augmentation progressive des impôts
dont elles ont été la source, saynal, Hist. philos.
II, 26. Le poids de la dette publique pesait sur les
contribuables de manière à attaquer tous les moyens
do reproduction, montesquiou, Rapport, 27 août
4 790, p. 4 . La dette arriérée dont vous avez ordonné
la liquidation, id. ib. p. 6. Ladette constituée, tant
perpétuelle que viagère , dont ï 622 694 livres seraient
éteints par le remboursement de la dette exigible,
ib. p. 7. Il Dette flottante, la partie de la dette pu-
blique qui se compose d'emprunts momentanés rem-
boursables dans des termes assez rapprochés. Les
bons du trésor font partie de la dette flottante.
1 1 Dette consolidée , l'ensemble de la dette qui se trouve
inscrite au grand-livre. M. de la Place a demandé
une explication sur le sens de l'expression dette con-
solidée, employée pour la première fois depuis 4 81 4,
Dise, de la loi du io juin (833, duvergier, Collecl.
des lois, t. xxxiii, p. I96, note t. || 3° Prison où
les créanciers font détenir leurs débiteurs. U est
à ladette. || 4° Fig. Tout devoir dont l'accomplis-
sement est indispensable. Aciiuitter la dette de
la reconnaissance. La dette que nous contractons
envers nos parents. |1 Payer sa dette à la patrie,
se dit du jeune homme qui entre au service mili-
taire, ou bien de l'homme qui, se mariant, donne
des enfants au pays. [11] ....cesse de devoir quand
la dette est d'un rang S ne point l'acquitter qu'aux
dépens de son sang, corn. Pomp. i, t. Si vous lui
devez tant, ne me devez-vous rien? Et lui faut-il
payer vos dettes de mon bien? id. Sertor. ii, 2. i
présent que la gratitude Ne peut passer pour dette
en qui s'est acquitté, id. Agésil. v, 7. Elle rend
cette dette volontiers, boss. Char. (rat. 2. Les Juifs
oublièrent que sa bonté seule [de Dieu] les avait sé-
parés des autres peuples, et regardèrent sa grâce
comme une dette, n.Ilist.n, 5. Si la modération est
une vertu, l'exécution des lois est une dette et uns
justice, MIRABEAU, CoHec(ton,t. m, p. 45. 1| Payer sa
dette à la nature, payer la dette de la nature, mou-
rir. Il Proverbes. Cent ans de chagrin ne payent pas
un sou de dettes, ou le chagrin ne paye poi nt les dettes,
c'est-à-dire se chagriner d'une dette ne .sert à rien ,
il faut s'évertuer pour la payer. || Qui paye ses dettes
s'enrichit. || Qui épouse la veuve épouse les dettes.
— HIST. xii* s. E tote la dette real e ço que est à
venir au rey de dete des ore en avant, je te par-
doing, Machab. i, 16. Cil sevent la deite e l'onor
Qu'il [Dieu] quiert, qu'il volt que l'om li face, be-
noît, i, v. 204. De mil soupirs que je lui doi par
dete , Couci , vi. || xiii" s. Tere [il] avoit bien cinq cens
livrées. Se toutes fuissent délivrées De detes et d'as-
senemens, Bl. et Jeh. 59. Si avint que li rois lor
pères moru, et li convint paier le debte que nous
paierons tous, Chron. de Rains, p. 2. Chevalier ne
puet ne ne doit, par l'assise dou reaume de Jérusa-
lem, estre aresté por dette que il deit, j4ss. deJér. i,
4 88. Cil à qui les dettes sont deues, ne poent pas
toutes lor detes demander à l'un des oirs, eeaum.
VI, 27. Il XIV" s. Il avoit emprunté autrui argent, et
soy obligié à grosse debte, bercheure, f 35, verso.
Il xv s. Et quand on nous aura rendu et restitué
ce en quoi le roi d'Angleterre et le royaume est par
dette endetté et obligé envers nous, le roi d'Angle-
terre et ses gens auront belle entrée de venir en
Flandre [Philippe d'Artevelle aux Gantois] , froiss.
II, II, 4 66. Il XVI' s. Lesquels sans géhenne et con-
trainte confessèrent librement la dette, et fut leur
procès fait et rapporté au roi, marg. Nouv. i. Il s'en
retourna à sa femme, à laquelle il confessa sa dette
[sa faute, et combien il lui étoit obligé]; et que,
sans le moyen de cette grande douceur et bonté, il
estoit impossible qu'il eust jamais laissé la vie qu'il
menoit , id. ib. xxxviii. Dettes privilégiées sont
celles qui sont adjugées par sentences, salaires
des mercenaires , louages de maisons , loysel ,
684. Une dette n'empesche point l'autre, id. 704.
Compensation n'a lieu, si la dette qu'on veut com-
penser n'est liquide et par escrit, id. 705. Toutes
dettes du roi sont payables par corps, id. oo8. U y
avoit dangier qu'un marchand luy feist mettre la
main sur le collet à cause d'un vieux debte, mont.
I, 296. Un si gros debte comme celuy de ma totale
conservation, m. iv, 99. C'est autant d'acquit et
descharge de ma debte, id. iv, 95.
— ÉTYM. Latin, debitum, chose due, de debere
(voy. devoir, v. a.). Le genre de dette a varié;
tantôt on l'a fait masculin à cause de l'étymologie;
tantôt on l'a fait féminin à cause de la finale fémi-
nine; c'est ce genre qui a prévalu.
t DETTEUR (dè-tcur), s. m. Débiteur, celui qui
doit. Ainsi bien souvent vous qui êtes créancier se-
rez condamné envers votre detteur, pource qu'Use
trouvera qu'il n'a pas tant du vôtre comme vous avez
du sien, malii. le Traité des bien f. deSénèque, vi, 4.
Jeconnais maintdetteur, quin'est ni souris-chauve,
Ni buisson, ni canard, ni dans tel cas tombé....
LA FONT. Fabl. xn, 7. || Inusité présentement.
— HIST. xui' s. Por ce que fins et agréable Fusse
vers tous mes bienfaitors. Si cum doit faire bons de-
tors, Rendi grâces dix fois ou vint, la Rose, 22044.
Les dettes son père [il] paia; Ses detteurs trestous
apaia, Bl. et Jehan, 2144. || xvi* s. Il n'est point de
presteur, S'il veut prester, qui ne fasse un debteur,
MAROT , Ép. au roi pour avoir été dérobé.
— ÉTYM.Lat. débiter, de debere, devoir (voy. de-
voir, verbe).
t DÉTUMESCENCE (dé-tu-mè-ssan-s'), «./■. Terme
de médecine. Résolution d'une tumeur, d'un gon-
flement qui se désenfle.
— ÉTYM. Lat. detumescere, se désenfler, de la
préposition de, eltumescere, s'enfler (voy. tumeur).
j- DÉTURBATRICE (dé-tur-ba-tri-s') , adj. f. Terme
d'astronomie. Force déturbatrice, force perpendicu-
laire au plan de l'orbite de la planète troublée.
— ÉTYM. Lat. deturbare, déranger, de la prépo-
sition de, etiurJore, troubler.
I. — 142
1130
DEU
DEDIL (deuil, Il mouill-cs), t. m,||l' ITofondo
IrislMse causée par une grande calamité, par la
perle do quelqu'un. La perle de plusieurs navires,
eorpj et lilen», jeta ce port de mer dans le deuil.
Le jour de sa naissance fut un jour de deuil pour sa
intre L'cxtr<\nie deuil dont mon Ame est at-
teinte, MAiB. Sophon. I, 3. Il est trts-assuré que je
mourrais de deuil, Si le glaive des miens l'avait mis
au cercueil, m. «6. ii, ». Kt la peur d'être ingrat
éloulTe votre deuil, corn. Toit. I, t. Où prends-tu
celte audace et ce nouvel orgueil De paraître en
des lieux que tu remplis de deuil? ID. Cid, m, t.
Et vous, allez au temple Y changer l'allégresse en
un deuil sans pareil, m. Ilodug. V, t. Une consola-
tion si peu flllendiie rcJoulile son deuil, st-évi\e-
MOND , tfa/rone d'ÉpUhe, dans biciif.i.kt. Sa mort
mit en deuil une année de trois cent mille hom-
mes, et fit pleurer tous les princes chrétiens, skv.
S30. Achille mit vingt fois tout llion en deuil, Boa.
Ép. I. Ils pleurèrent beaucoup Joiiathas et ceux qui
étaient avec lui, et tout Israfil en fit un grand deuil,
SAci, Bible, ilachab. i, xii, B2. Votre fin soudaine et
surprenante répandra le deuil parmi nous, mass.
Car. Impénit. Les marques de deuil, chez les Is-
raélites, ét.-iient de déchirer ses habits, sitôt que l'on
apprenait une mauvaise nouvelle, fleury. Mœurs
des Israélites, titre xviii, 2* part. p. 222, dans pou-
cens. On venait d'apprendre la mort d'Alfieri ; c'é-
tait un deuil général pour tous les Italiens qui vou-
laient s'enorgueillir de leur patrie, STAËL, Corinne,
XIX, 5. Toutes [les nymphes] frappant leur sein, et
traînant un long deuil. Répétèrent hélas I autour
de son cercueil, a. ciiên. ÉÙg. 20. Les cieux nous
enviaient Sombreuil ; Ils ont repris leur exilée :
Nous tous, bannis, traînons le deuil! v. iiuco,
Odes, II, 0. Il Familièrement. Faire son deuil d'une
chose, n'y plus compter, et se résigner à sa perle.
Il 2° Fig. et poétiquement. Le deuil delanature, l'as-
pect triste de la nature par l'effet de l'hiver ou de
toute autre cause. La terre qui s'ébranle et se cou-
vre de deuil, mass. Car. Passion. De la croix où ton
œil sonda ce grand mystùre, Tu vis la mère en
pleurs et la nature en deuil, lamart. Médit, il, 22.
Salut ! derniers beaux jours; le deuil de la nature Con-
vient à la douleur, et plaît à mes regards, m. ifc. i,
20. Il 3° Il se dit des signes extérieurs du deuil. On
prend ici le deuil de M. le duc d'Anjou, sÉv. 60.
Mlle Duplessis en grand deuil, id. 43|. Elle est en
deuil de son beau fière.iD. 45a. On prend aujourd'hui
le deuil de la reine d'Espagne, id. 623. 11 faut por-
ter un deuil éternel au dehors, Boss. Lett. Corn. 83.
Ce long deuil que Titus imposait à sa cour, rac.
Bérén. i, 4. Ses nymphes de regret prirent toutes
le deuil, m. .Poésies, 1. Un amant en grand deuil
a toujours son mérite , hf.cnard, Distrait, 11, 7.
C'est à Miséne, dans le lieu mémo où nous sommes,
que la veuve de Pompée, Cornélie, conservajusqu'à
la mort son noble deuil, stael, Corinne, xiii, 4.
Il Grand deuil, le costume de deuil dans toute sa
rigueur pendant les premiers temps qui suivent la
mort do la personne perdue. Petit deuil, costume de
deuil devenu moins sévère à mesure qu'on s'éloigne
davantage de l'époque de la mort. Une dame là-bas,
monsieur, avec sa suite, Qui porte le grand deuil,
vient vous rendre visite, hegnard. Légat, m, B.
Il Deuil de cour, costume do deuil que prend la cour
quand meurt quelqu'un de la famille régnante ou
quelqu'un des princes des maisons souveraines de
l'Europe. No vois-tu pas, Hector, que c'est un deuil
de cour? reonabd, le Joueur, u, 14. || 4° Couleur
de deuil. Le deuil est noir pour les particuliers. Le
violet est le deuil des rois. || Trfis-familièremerit.
Avoir les ongles en deuil, les avoir noirs, mal-
propres. Il B' Dépenses faites pour prendre le deuil.
Donner tant à une veuve pour son deuil. || 6" Le
temps du deuil. Elle attend la fin de son deuil.
Il 7* Cortège de pannls et d'amis dans les funérailles.
Il Conduire le deuil. Cire en tète du cortège funé-
raire. Le chevalier n'aura point un enlerrement
magnifique, comme on prétend.iit : ils voulaient
un prince du sang pour conduire le deuil; M. le
prince a dit qu'il était incommodé; M. le duc, que
cela était bon du temps passé, et que les princes
du sang de ce siècle-ci sont plus grands seigneurs
qu'ils n'étaient, sÊv. 127. || 8' Les étufi'es, ordinaire-
ment noires, dont on tend une chambre, une
église, etc. Tendre une chambre, une église de
deuil. Il 9* Demi-deuil, moitié du temps du demi.
Il Costume que les parents d'un défunt portent après
que U moitié du temps de leur deuil est expirée.
U demi-deuil nest pas aussi sévère que le grand
deuil. Il Kig. X l'heure où de la nuit le lugubre '
flambeau D'un pâle demi-deuU revêt les sept collines.
DEU
LAMABT. Médit. Il, ïo. Il 10» Dans la botanique et
l'entomologie, deuil se dit d'êtres qui, dans leur
coloration , offrent un mélange de noir et de
blanc. Il Grand deuil, petit deuil, espèces de papil-
lons. Il Denii-ileuil, nom vulgaire de l'ari;^ galalée
(lépidoptères diurnes), appelée aussi galalée, et par
certains auteurs, satyre galalée; tandis que d'autres
la nomment satyre demi-deuil, leooabant. || Pro-
verbe. Faire le deuil sur la fosse, acquitter sur-le-
champ une dette peu honnête du défunt.
— lllST. II' s. Donc [il] ad tel doel, pour poi
d'ire ne fent, Ch. de llol. xxii. Lient François :
Dcus! quel doel de [de la mort du] prodhome, 16.
cxv. Charles se gist, mais doel a de Rolant, ib.
cLxxx. Ce dist li reis : Seigneur, vengez vos doels,
ib. ccLxv. Il XII* s. Les dox [régime pluriel], iionc.
p. 4. Voir, dit Rolant, ce est diaus et pitiés, 16.
p. 68. Comenciez est li dex et li estriz, ib. p. 72.
Charles fait duel, onques hon ne fit tel, ib. p. t49.
Car cil qui voit tel amor desevrer [séparer], A as-
sez plus de duel etdepesance Que n'auroit jà li rois
s'il perdoit France, Couci, xxiv. De duel [ileure li
diix, et de pitié souspire, Sax. x. Deus! quel duel
lies prelaz que lur mestier ne funti Mucie est la lu-
mière qui esclaire le munt [le monde]. Th. le
mart. 69, ||xiii* s. Blanchelleurs fait tel duel, que
prés li cuerslui fent, Berte, ix. Qant li dels fu un
poi lessiez Et il fu del lot abessiez, Emperere, font
li baron.... Ben. )0l3i. Du duel lessier moult lare-
qiiistrent, Moult de bêles raisons li distrent, ia TJose,
8059. Mais ele qui son duel menoit, Ung coutel en
son sein tenoit Repost [caciié].... ib. 8071. Por
quo cis duel plus ne te tiengne, De Mainfroi voit
qu'il tesoviengne. De Henri etdeCorradin, ib. 6777.
l-.l [tristesse] ne se vosist [voulût] pas retraire Ne
reconforter à nul fuer Du duel qu'ele avoit à son
cuer, 16. 310. Maint grant deul en furent en cest
monde, et maintes grans joies en sont en paradis,
joiNV. 201. Il xiv* s. Si comme Dido la royne, qui
mourut de deul que elle perdit son amant, obesme,
Klh. 83. Il n'est doelz c'en n'oublie à terme bien
prochain, Daud. de Seb. i, 805. || xvi" s. Pense il
que la pelade soulage ledueil [affliclion]? mont.i, 22.
Les chiens se laissent mourir de dueil de la perte de
leurs maislres, id. i, toi.
— ÉTYM. Voy. DoiLoiR. Picard (Boulonnais), doi;
Mayenne, duel; wallon, doiJ; rouchi, doel; pro-
venç. dol ; espagn. duelo; ital. ditolo. U est très-
probable que l'auteur du jeu des trois rois (mystère
du XV* s.) prononçait duel comme on prononce
dans la Mayenne; car il fait rimer avec liardel ce
mot, qui pour lui est de deux syllabes, tandis que
dans les textes plus anciens duel, prononcé deul,
est constamment monosylliibe : Tuer nous fault, par
grand desruy. Tous les enfans que trouverons....
Tant qu'arons tué le hardel. Qui tant de peine et de
duel Nous fait; avant, ne lessons rien. Dans l'an-
cienne langue, au nominatif, li dels, li dex, li
diaux. au régime, le duel.
tDEUTF.IlGlE (deu-tèr-jie),î./. Terme de méde-
cine. Ensemble des efTets secondaires, consécutifs
des médicaments.
— ÉTYM. li-jxh;, secondaire, et Ipfov, œuvre,
office.
t DECTÉRIE (deu-té-rie), s. f. Terme de méde-
cine. Nom donné par quelques-uns aux accidents
que produit la rétention de l'arrière-faix.
— ÊTYM. AeviT^piov, arrière-faix, de SeOxepoç, se-
cond.
DEUTÉROCANOXIOUE ( deu-té-ro-ka-no-ni-k') ,
adj. Terme de théologie. Livres deutérocanoniques,
livres saints qui n'ont pas été mis d'abord dans les
canons de l'Ecriture.
— ÉTYM. iE'JTEjjo;, second, de îOw, deux (voy.
DEUX), et canonique : canonique en -second lieu.
t DEUTÈROG.^ME (deu-té-ro-ga-ra'), s. m. elf.
Terme didactique. Celui, celle qui se marie en se-
condes noces.
— f.TYM. As'JTspoc, second, et fiiio;, mariage,
t DEUrÉHOGAMIE(deu-téro-ga-mie), s. f. État
du deutérogrimo.
1 1 . DEUTÉRGLOGIE (deu-té-ro- lo-j ic), s. /■.Terme
de médecine. Traité sur la nature, les usages elles
connexions de l'arrière-faix.
— ETYM. Ta SeÛTtpa, l'arrière-faix, les secondi-
nes, et )6yo;, traité.
t 2. DEUTÉROLOGIE (deu-té-ro-lo-jie), s. f.
Terme d'antiquité. Réplique que devant les tribunaux
atliéniens faisait un défenseur officieux en place de la
partie toujours obligée de faire le premier discours.
— RTVM. AsOtEpo;, second, et )6yo;, discours.
DELTÉRO.NO.MB (dcu-té-ro-no-m') , *. m. Nom
du cinquième livre du Pentateuque.
DEU
— ÉTYM. A£UTtpovô|iiQv , de îiûvepoç, second, el
vôao;, lo: (voy. nome); ainsi nommé parce que
Moïse a ajouté, dans ce livre, d'autres lois, de se-
condes lois.
t DEUTÉnOPATIIIE (deu-té-ro-pa-lie),ï. f. Terme
de médecine. Affection secondaire ; état morbide qui
se développe sous l'inHuence d'une autre maladie.
— ÉTYM. AïÛTepo;, second, et TtiOo;, maladie.
t DEL'TÉROPATIIIQUE (deu-léro-pa-ti-k'), adj.
Qui a le caractère de la deuléropalliie.
t DEUTEROSCOPIE (deu-lé-ro-sko-pie), s. f.
Terme de médecine. Hallucination de l'esprit, qui
porte dans le monde le nom de soconde vue; c'est
un état nerveux dans lequel les patients croient
voir des choses qui sont éloignées ou futures.
— ÉTYM. Ae-JTtpo;, second, etirxoTteïv, voir: avoir
la seconde vue.
t DEUTIODCRE (deu-li-odu-r'), s. m. Terme de
chimie. Composé qui contient deux proportions
d'iode. Plus souvent biiodure.
— ÉTYM. Deut, abréviation de deulo.... préSxe,
et iodure.
f DEUTO.... préfixe dont se servent les chimistes
pour indiquer le rang d'un composé ou la proportion
relative de son élément électro-négatif; ainsi deu-
toxyde d'étain indique le 2* oxyde de ce méial ou
celui qui renferme deux fois autant d'oxygène que
le premier; il s'emploie avec la même signification
pour les sulfures, les chlorures, les iodures, les
bromures, les cyanures, etc. C'est le grec SsuTà;,
second, secondaire.
— SYN. DEUTO , Bi. Deuto indique l'ordre des com-
posés des mêmes éléments, et bi la quantité abso-
lue de l'élément négatif. Ainsi, le proloxyde de
manganèse contenant une partie de manganèse et
une partie d'oxygène, l'oxyde rouge, qui contient
4 d'oxygène sur 3 de manganèse, serait undeutoxyde
par rapport au premier. Mais il est loin d'être le bi-
oxyde qui contient 2 d'oxygène contre t de manga-
nèse. Les préfixes sesqui, bi, tri, etc. représunlent
donc des quantités relatives beaucoup mieux con-
nues que prolo, dcuto, trito, etc. et se rapportent à
une connaissance plus avancée. Aussi sont-ils préfé-
rés aujourd'hui.
t DEUTOCARBONÉ, ÊE (deu-to-karboné, née),
adj. Terme de chimie. Qui est carboué au second
degré.
— ÉTYM. Detito. et carboné.
t DECTOCliLORURE (deu-to-klo-ru-r') , s. m.
Terme de chimie. La seconde des combinaisons que
le chlore forme avec un corps simple, quand .1 peut
en produire plusieurs.
— ÉTYM. Deuto, et chlorure.
t DEUTOSÉLÉMURE (deu-to-sé-lé-ni-u-r'), s. m.
Terme de chimie. La seconde des combinaisons que
le sélénium forme avec un corps simple, quand il
peut en produire plusieurs.
— ÉTYM. Dniio, el sélcniure.
t DKUTOSULFURE (deu-to-sul-fu-r'), s. m. Terme
de chimie. La seconde des combinaisons que le
soufre forme avec un corps simple, quand il peut
en produire plusieurs.
— ÉTYM. ;)eii(o, Bisulfure.
t DEUTOXYDE (deu-lo-ksi-d'), s. m. Terme de
chimie. Second degré d'oxydation d'un corps qui
peut se combiner en plusieurs proportions avec
l'oxygène.
— ÉTYM. Deuto, et oxyde.
DEUX (deù : 1'* se lie : deù-z homrae.s). || !• Adj.
numér. des deux genres signifiant un nombre double
de l'unité. Deux hommes. Deux francs. Deux et deux
font quatre. Ils sont deux. Jusques à quand aurons-
nous deux consciences, deux mesures, deux l>a-
lances, l'une en notre faveur, l'autre à la ruine
du prochain? ray.nal, llisl. pbil. xviii, 32. JiTous
deux, tous les deux, locution qui signifie soit l'un et
l'autre, soit ensemble. Allons-y tous deux. Ils sont
partis tous les deux. Vous me semblez tous deux fa-
tigués du voyage, la font. Phil. et Bauc. || Fami-
lièrement. N'en faire ni un ni deux, n'en pas faire
à deux fois, se décider sur-le-champ. U ne fit ni
un ni deux et croqua la poire. ||0n dit aussi, au
féminin, n'en faire ni une ni deux, en sous-enten-
dant le mot fois. || Cela est clair comme deux et
deux font quatre, cela est évident. || Il n'y a pas
deux voix là-dessus, tout le monde est d'accord là-
dessus. Il n'y a pas deux voix sur ce personnage,
LA bruy. VIII. Il Deux à deux, par couples. Considé-
rez toutes les œuvres du Très-Haut, vous les trou-
verez ainsi deux à deux et opposées l'une à l'autre,
S(CI, Bible, Ecclésiastique, xxxiii, 15. Oh! queue
viennent-ils, comme nous, deux à deux Habiter ici des
cabanes I FAV^aT, inneile elLubin, se. 3. || Marcher
DEU
DEU
DÉV
1131
doux à deux comme frères mineurs, marcher en
rang, en bon ordre. || En deux, en deux parties.
C'est un mnpicien malaiiroil qui casse en deux sa
baguette, dider. Salon de <767, Oeuvres, t. xiv,
p. 211, dans pouGENS. Il [liur<,'oyneJ avait conçu le
dessein de réunir les troupes du Canada à celles de
New-York par les rives de l'Hudson; ce projet était
grand et hardi; s'il eût réussi, il coupait en deux
l'Amérique septentrionale, et peut-être il terminait
la guerre, haynal, Uist. phil. xviii, 45. || De deux
en deux, se dit pour exprimer un retour périodique
après deux (actes ou choses). De deux en deux ans
il va visiter sa terre, c'est-à-dire que, chaque fois
que deux ans sont écoulés, il s'y rend. || Donner,
piquer des deux, appuyer des deux éperons à la
fois, c'est-à-dire exciter le plus possible le cheval,
aller le plus vite possible. Le drôle, ayant vu de loin
tout le cas.... Donne des deux, gagne devant la nuit
Cliiteau-tiuillaume.... la font. Orais. Il donna des
deux vers Bapaume.iiAMiLT. Gramm. 6. Dès la pre-
miôre poste, le courrier donne des deux, s'échappe
et arrive le premier, st-sim. 2, 37. || Fig. Faire
grande diligence. Piquer des deux pour réussir dans
uneafîaire. || Ce sonldoux, ou,plusfamiliérement,ça
fait deux, se dit dans la conversation pour exprimer
que deux choses ne peuvent se comparer. Pour une
armée, la Seine à passer ou un ruisseau ce sont deux.
Il On dit dans le même sens : c'est deux. Promettre
et tenir, c'est deux. || 2° Petit nombre indéterminé.
J'ai deux mots à vous dire. Il n'est qu'à deux pas
d'ici. Â moi, comte, deux mots, corn. Cid, ii, 2.
Il 3° Deuxième. Article deux. Page deux. Tome deux.
Henri deux, roi de France. Catherine deux, impéra-
trice de Russie. Puis [il] souffre un coup avec grande
constance; Au deux il dit.... la font. Pays. ||Dans
les noms propres, où le cardinal est pris pour l'ordi-
nal, on écrit plus ordinairement deux en chiffres :
Henri II, Catherine II. |j 4° Substantivement. Le pro-
duit de deux multiplié par deux. {| Le deux du mois,
ou, simplement, le deux, le deuxième jour. Le deux
de mars, de mai, ou, par abréviation, le deux
mars, le deux mai. Voltaire mettait toujours la pré-
position de ; Racine l'omettait. || Chilire qui marque
le nombre deux. EfTacer, ajouter un deux. Ce deux
est mal fait. || Terme du jeu de cartes. Le deux de
cœur, de pique, etc. la carte qui porte deux cœurs,
deux piques, etc. || Terme du jeu de dés. Le doux,
la lace du dé qui a deux points. Rafle de deux, coup
de dés qui amène sur la face du deux tous les dés,
quand on joue avec plusieurs dés. || Terme du jeu de
dominos. Le double deux, le domino sur lequel le
point de deux est répété. || Terme du jeu de trictrac.
Amener le double deux, amener le deux sur chacun
des deux dés. Il Terme de chasse. Le deux, sorte de
plomb à tirer, moins gros que celui qui s'appelle
l'un, et plus gros que celui qu'on nomme le trois.
On emploie ordinairement le deux pour la chasse
du lièvre. || S° Terme de blason. Deux un, se dit de
la disposition ordinaire de trois pièces en armoiries,
don', deux sont vers le chef et une vers la pointe,
corac.e les trois fleurs de lis de France.
— RliM. 1. Il est difficile de se rendre un compte
exact de la locution tous deux, tous les deux. Klle
répond, pour le sens, à l'ancien français a?nbedui,
nominatif, ombcdeiia;, régime, et, par contraction,
andui, andeux. Il semble que le pluriel tous joint
à deux fait une sorte de contradiction; car peut-on
dire tous en parlant de deux? Si on disait: allons-y
deux, cela signifierait que nous sommes plusieurs
et que deux d'entre nous vont y aller; au lieu que
allons-y tous les deux signifie i;ue nous ne sommes
que deux qui y allons l'un et l'autre. C'est pour ex-
primer cette nuance que, ayant perdu amtedut, on
l'a remplacé en joignant (o»s avec deux; adjonction
qui a été facilitée par l'ancienne préposition à tout
ou atout et qui signifiait ensemble. Cette locution,
n'étant pas dans l'historique , paraît née dans le xvu*
siècle. Outre ambedui, qui est tout à fait ancien,
on exprimait la môme idée en joignant à deux le
pronom personnel : allons-y nous deux; ils y al-
laient eux deux; et dans les vers de la Fontaine,
cités ci-dessus, on aurait dit : Vous me semblez
vous deux fatigués du voyage. || 2. Faut-il distinguer,
avec certains grammairiens, tous deux et tous les
deux; allons-y tous deux , signifiant allons-y ensem-
ble; allons-y tous les deux, signifiant allons-y l'un et
l'autre? Il y a là, comme dans plusieurs synony-
mes, une différence grammaticale qui disparaît dans
l'usage. Tous les deux a, grammaticalement, un
sens emphatique que n'a pas tous deux. Mais ce sens
emphatique dil à l'article a si peu d'importance dans
le langage que personne n'y fait attention et qu'ainsi
les deux locutions deviennent svnonymes.
— HIST. XI* S. Dous de vos contes al paien tra
mesistes, Ch. de Roi. xiv. Li dui message [messa-
gers] descendent au peron, ib. cxc. Deus fasse hui
entre nous dous le dreit ! ib. ccLXXxv. || xn* s. En ces
deus orent [eurent] paien mauvais voisin, Jionc.
p. 51. Si que la teste [il] lui fist en deus p.artir, ib.
p. 74. Il xiir s. Avec ces contes se croisiercnt dui
moult haut baron de France, villeii. m. Or [il]
n'ot que deus enfans, n'est drois qu'on m'en desdie,
Derle, n. En tant que les deux tiennent Tybert le
renié, tb. xxi. Car deux larron venoient de mar-
cheans guetier, tb. xxxviii. Bien surent les deux
fille d'or et soie ouvrer, tb. lvii. Vous deux dedens
ma chambre ensemble [je] coucherai, ib. lvii. Car
puis fu par eus deus mainte gent essilie, tb. LX. Cil
dui sont mi enfant de vo fille ma drue [femme], ib.
Lxxx. Or s'en vont 11 doi roi, n'i firent longue atente,
tb. cxxxiv. Parla, soit esté, soit ivers, S'encorent
dui fiueves divers, la Rose, 6004. Puis furent doi
et doi ensamble enchaîné ; Les puins detriers les dos
lor ont estroit noé, Ch. d'Ant. i, 615. ||xiv* s. En-
tre deux [pendant ce temps], les diz legaz com-
mencierent à traitier diverses choses, bercheure,
f° 28, verso. Il XV" s. Se temps avoie dou parler. Et
que ci fuissiemes nous doi. Je le vous diroie par
foi, FROiss. Espinette amour. Là furent du comte
de Bouquenghen appelés Chandos et Aquitaine, doy
rois d'armes, id. ii, u, 67. Vostre conseil avoir
m'en fault: L'advis de deux mieuh que d'un vault,
CI!, d'orl. liéponse de Frédet. Entre deux [entre
nous], je ne vouldroye Estre en lieu où eiist joye,
Com souloye. Car ma douleur doulileroit, m. Ron-
deau. Si ne lui cela guère ce qu'il avoit sur le cœur,
et, sans aller de deux en trois, il demanda l'aumone
amoureuse, LOUIS XI, A'^out). xviii. Une femme de Paris
a bien trouvé moyen de tyrer hors du Lou-re Mon-
seigneur de Ponts. Alors le bastard respondit : Le
Louvre et la Bastide [Bastille], ce sont deux, Ms. re-
latif à Louis XI, Bibl. des Charles, 4« série, t. i,
p. 267. Il XVI' s. Le secrétaire fut si joyeux qu'en-
core qu'il eust la bouche parfaitement laide et grande
en faisant de deux, la rendit si petite que l'on n'eust
pas cuidé qu'il eust su mordre dedans le jambon,
MARG. Nouv. xxviii. Ce n'est pas une ame, ce n'est
pas un corps, qu'on dresse ; c'est un homme : il n'en
fault pas faire à deux, mont, i, iSi. Ils alloient
deux à deux armez à cheval à la guerre [deux sur
un cheval], id. i, 308. Lors culx deux ensemble
mangent la proye, id. ii, <96. Et se sauvoieiit au-
cuns d'entre eulx nageans entre deux eaux, et s'en
fuyoient, akiot, Brulus, 39. Le cavalier donnant
des deux à son cheval, le rejetta une seconde fois
par terre tout couvert de sang, d'aub. Vie, xxvi. U
demeura sur l'heure en suspens et, comme l'on dict,
entre deux et as, s'il en devoit parler à son bon
compère, carl. ii, 8.
— Etym. Picard, deusse; provenç. dut au nomi-
natif, dos au régime; espagn. dos; portug. dous,
doas; ital. duo, due; du latin duo; grec, ôùu; bas-
breton, daou; angl. two ; allem. awei; sanscrit,
dva. Dans l'ancien français doi ou dut est le nomi-
natif, et deus, dous le régime, du moins dans les
textes corrects.
t DEOX-CENT-VINGT-ET-UN (deû-san-vin-té-
un), s. m. pi. Chiffre de la majorité parlementaire
qui, votantune adresse hostile au ministère Polignac,
amena les ordonnances, l'insurrection de juillet i830
et la chute de Charles X.
t DEUX-DENTS (deû-dan) , s. m. Nom vulgaire
du dauphin bidenté, dit aussi dauphin diodon.
DEUXJEME (deu-7.iê-m'), adj. ord. Second, qui
vient après le premier. Je suis le deuxième sur la
liste. Article deuxième. Loger au deuxième étage,
et, simplement, au deuxième. |[ Terme d'hippiatri-
que. Deuxième sang, ou demi-sang, race de che-
vaux anglais employés à la chasse (voy. sang).
— ÉTYM. Deux; houTgmg. deugeime.
DEUXIÈMEMENT (deû-ziè-me-man) , adv En se-
cond lieu.
— ÊTVM. Deuxième, et le suffixe ment.
•)■ DEUX-MATS (deû-mâ), s. m. Terme de ma-
rine. Bâtiment à deux m;Us. Un deux-mûts.
t DECX-1'OINTS (deù-poin), s. m. plitr. Terme
de grammaire. Signe de ponctuation indiquant une
suspension plus forte que la virgule, et même que
le point et virgule. Le même que comma.
f DEUX-PONTS (deû-pon), s. m. Terme de ma-
rine. Vaisseau à deux ponts ou à deux batteries
couvertes. Un deux-ponts.
t DEUX-OUATllE (deû-ka-tr") , s. m. Terme de
musique. Mesure qui contient deux noires. C'est un
deux-quatre, c'est-à-dire un morceau où la mesure
est en deux-quatre. Une mesure en deux-quatre.
— ÉTY5I. Ce mol vient de ce que cette mesure se
marque par un 2 sur un 4 , comme une fraction dont
on aurait retranché la barre. Elle vaut en effet deux
quarts, c'est-à-dire la moitié de la mesure complète
marquée par la ronde : et au lieu de dire deux
quarts, ce qui serait le vrai sens, on a nommé les
deux chiffres par leurs noms spéciaux.
t DfiVA (dé-va), î. m. Nom des dieux ou bons
génies dans la religion indienne. || Nom des mauvais
génies dans la religion parse.
— ÉTYM. Sanscrit, deva, divin; grec, Sîo;; la-
tin, dinis {voy. divin).
DÉVALÉ, ÈK (dé-va-lé, lée), part, passé. Du vin
dévalé à la cave.
t DÉVALE.MEN'T (dé-va-le-man) , s. m. Action de
dévaler; état de ce qui est dévalé. || Mot vieilli et
populaire.
— ÉTYM. Dévaler; provenç. devdlament; ital.dt-
vallamcnto.
DÉVALER (dé-va-Ié) , t). a. \\ I» Faire descendre
quelque chose. Dévaler du charbon à la cave. Un
sac que je dévalais à terre avec une corde, j. j.
ROuss. Prom. B. || Dévaler les degrés, les descendre.
Il 2° Y. n. Descendre, aller en bas. Ouvrez de par
le roi; au diable 1 un qui dévale! Régnier, Sat. xi.
Payen [nom propre], sauvons-nous de ta salle; Voilà
le nuage crevé; Oh! comme à grands flots il dévale;
Déjà tout en est abreuvé, st-amant, Œuvres, 79.
Pauvres enfants [AuvergnaLs] qui dévalentbien tris-
tes de leurs montagnes, cuateaub. Cletmont, <22.
Il Fig. On ne montera point au rang dont je dévale,
CORN. Roilog. II, 2. Il 3° Se dévaler, v. réfl. Être dé-
valé, descendu. La chenille qui .s'est dévalée à l'aide
d'un fil de soie extrait de sa filière, remonte assez
vite et avec une adresse admirable en saisissant avec
ses premières jambes une portion plus élevée du fil
qui la tient suspendue, bonnet, Observ. 6", Insectes.
— UE5I. Ce mot, dans le sens propre, est vieilli et
populaire; cependant on peut le rajeunir par un em-
ploi heureux, comme a fait Chateaubriand, ou par
un emploi technique comme Bonnet; mais, dans
un sens figuré, comme chez Corneille, il est tout à
fait hors d'usage.
— HIST. XII' s. Li cops [le coup] dévale par delez
le blason [bouclier], Jionc. p. 88. || xin' s. Peor ot
Renart de morir. Si a esté moult e(rreez,Mes li cox
[coq] est jus desvalez, Ren, 2078. Et viellesce, scez
où demore? Dire le te vueil sans demore : Car là te
convient-il aler. Se mort ne te faitdesvaler Ou tens
de jonesce en sa cave, /a iiosc,4B36. As ciex firent
lor habitacles, N'onc puis, se ne fu par miracles.
N'osèrent çà jus dévaler, ib. 54i7. Comment Raison,
de Dieu aimée. Est jus de sa tour dévalée. Qui l'a-
mant chastie et re|irent De ce que fol Amour em-
prent [entreprend], ib. 2978. ||xiv' s. Ay sire! font
ilz, par Dieu le roi amant, Nous avons oy gent qui
vont en dévalant La voie du chastel.... Guescl. 16557.
Il XV' s. Et ordonnèrent trois batailles sur le déva-
ler de la montagne où ils estoient logés, froiss. i,
I, 41. U .se hasta tant de dévaler la montée, qu'il
ostoit près hors d'haleine comme il vit son pore,
LOUIS XI, Nour. LI. X l'aide d'une corde qu'elle lui
dévala, il fit tant, qu'il fut en la chambre, iD.ib. lvii.
Il xvi' s. Par ycelluy avecques deux mains mon-
toyt, puys devalloyt si roiddemeut que.... rab. Car.
1, 23. Je me vois semblable X ceux qu'on dévale au
tombeau, karot, Ps. <43. Les yeux me troublent
à monter devant une grande lumière comme à dé-
valer à l'ombre, mont, i, 224. Il se devalla la nuict
avec des cordes par une petite fenestre estroile le
long de la muraille, amyot, J'.AÎm. 42. Couvert de
sa petite housse. Qui jusqu'au bas luy devalloit, Sat.
Mén. p. 216.
. — ÉTYM. Dé.... préfixe, et val: aller le long d'un
val. Bourguig. devaulai; provenç. davalar, deva-
lar; ital. dirallare.
DÉVALISÉ, ÉE (dé-va-li-zé, zée), part, passé.
Dépouillé par des voleurs d'un bagage de voyageur.
Jupin et son fils déguisés En deux marchands déva-
lisés, scARRON, Giganloin. v.
t DÉVALISEMENT (dé-va-li-ze-man), s. m. Ac-
tion de dévaliser; état de celui qui est dévalisé.
— lliST. XVI' s. Desvalisement, oudin, Vict.
— ÉTYM. Dévaliser.
DÉVALISER (dé-va-li-zé), V. a. ||1° Voler à quel-
qu'un sa valise, ses hardes, son argent. Une escort»
(le BO hommes armés qui souvent dévalisent ceux
qu'ils accompagnent, p. L. couR. Lett. i, 66. || 2" Par
extension. Et le gros marchand, vous l'avez dévalisé
[gagné au jeu]? nA.\iiLT. Gramm. 3.
— lllST.xvi* s. Ils furent en divers lieux et diver-
ses occasions chassez, devarisez, d'aub. Ilist. i
222. Dévaliser, id. Hist. li, 282. Il se jectoient sut
1132
DEV
Im marchands et les desvalisoicnt de l'argent de
leurs marchandises, cabl. vi, 3. Le soldat de Lu-
cullus ayant esté desvalisé par les ennemis, mont.
11, B. Il fut poursuivy, tué et desvaliséde toutes ses
despesches, bbant. Pescayre.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et valise.
•;• DÉVALISKCR, KUSK (dé-va-!i-zeur, zeû-z"),».
m. 01 f. Celui, celle qui dévalise. 11 a crié le premier
a'i voleur, comme Arlequin dévaliseur de maisons,
VOLT. Utt.iCÀrgcntal, 2 nov. <764.
-- f.TYM. Déialiser.
t DÉVANÂGAllI (dé-va-na-ga-ri), t. m. Sorte d'é-
criture ou do caractère pour écrire le sanscrit. Le
dévanilgari a été remplacé postérieurement par le
bengali, qui en est une forme plus cursive. |{ Adj.
Le caractère dévanAgari.
— ÉTYM. Sanscrit, deva, divin, et ndgari, sorte
d'écriture.
DEVANCÉ, ÉE (de -van -se, sée), part, passé.
Il 1° Avant qui on arrive. L'armée devancée par sa
cavalerie. || Fig. La raison devancée par l'instinct.
Il 2° Surpassé. I.e maître devancé par son disciple.
DEVANCER (de-van-sé. Le c prend une cédille de-
rantoou o;je devançais; nous devançons), v. a.
Il 1" Dépasser en gagnant les devants. Devancer
quelqu'un à la course. La reine dont ma course a
devancé les pas, rac. Iphig. i, 4. Sans murmure à
l'autol vous l'alliez devancer, m.Mithr. iv, ). 11 crai-
gnait que je ne passasse entre la borne et lui; car
mes chevaux, mieux ménagés que les siens, étaient
en élat de le devancer, fén. Tél. v. || Il se dit aussi
des choses avant lesquelles on arrive. Quel impor-
tant besoin Vous a fait devancer l'aurore de si loin?
HAC. Iphig. I, (. Ce matin j'ai voulu devancer la
lumière, m. Èsth.it, t. Abner chez le grand prêtre
a devancé le jour, id. Ath. ii, 6. Devançant la rai-
ton, croissant avec notre Sge, volt Fanât, m, 3.
Il Parexlension, faire quelque chose avant quelqu'un.
Il croyait être le premier à demander cette place,
mais d'autres l'avaient devancé. Le peuple, tout ravi,
par ses vœux le devance, corn. Itodog. v, 2. || 2° Al-
ler en avant. Les éclaireurs devancent l'armée.
I 3* Avoir le pas sur quelqu'un dans les cérémonies.
II 4* Précéder dans l'ordre des temps. Ceux qui nous
ont devancés dans la carrière. Votre père et les rois
qui vous ont devancés, rac. Théb. jv, 3. || 5° Sur-
passer, dépasser. 11 devança tous ses rivaux. Il De-
vancer le temps, l'âge, être plus avancé que ne
comporte l'âge qu'on a. Il rompt l'ordre commun
et devance le temps, mol. Mélic. i, 4. Et déjà son
esprit a devancé son âge, rac. Ath. i, 2. 1| Devan-
cer son siècle, lui être supérieur par quelques con-
naissances que l'on a acquises et qui ne sont pas
encore devenues la propriété de tous. Celui qui de-
vance son siècle, celui qui s'élève au-dessus du plan
général des moeurs communes, doit s'attendre à peu
de suffrages, diderot. Salon de (767, Œuvres,
t. XV, p. 13, dans pougens. Combien peu d'hommes
savent devancer leur siècle, et combien il doit être
rare que le hasard les conduise aux grandes places!
CONDOBCET, Maurepas. || 6° Se devancer, aller plus
loin l'un que l'autre. Ils s'efforçaient de se devancer
dans la carrière.
— SVN. DEVANCER, PRÉCÉDER. Devancei vient de
devant, et précéder a en composition la préposition
latine prx qui veut dire en avant. De là vient que
celui qui devance arrive le premier, et que celui
qui précède marche en avant, en tète, le premier.
Cette différence est purement étymologique et gram-
maticale, et, dans l'usage, les deux mots se pren-
nent fréquemment l'un pour l'autre.
— HIST. xu* s. Assez [je] vel mieux devancer
mon aage [mourir avant le temps], Ronc. p. 47.
Il XIII* s. Mes [mon] morirs devancira ratendre,i4n-
ciennes poésies mss. t. i, p. 3(6, dans lacubne.
Il XVI' s. Souvent la renommée a devancé l'accident,
MONT. I, 203. Pour faire .le hardy et devancer ses
compaignons, m. ii, 52. J'ay des affaires et du mes-
nage en main, depuis que ceulx qui me devan-
ceoient en la possession des biens que je jouys m'ont
quitté leur place, id. m, B». Le premier qui s'advl-
sora de se poulser en faveur et en crédit par cette
vGye là [la bonté et la justice], je suis bien deceu
»i, à bon compte, il ne devance ses compaignons,
lu. III, BO.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et avant; picard, devan-
cher; provenç. devancir. La conjugaison en ir se
trouve aussi dans l'ancien français.
DEVANCIER, 1ÈRE (de-van-sié, siê-r'), s. m. et
f. Celui, celle qui a précédé un autre dans une car-
rière, un emploi. Ce peintre n'imite point ses de-
vanciers. Je liens cela de mon devancier. Les armes
il« SM devancières [celles qui étaient ei charge
DEV
avant elle] se voient en beaucoup de lieux, pathd.
Plaidoyer ta. \\Auplur. Aïeux. Imitez l'exemple do
vos illustres devanciers.
— HIST. xiii's. As us et as coustumes que si de-
vancier l'ont gardé par devant lui, Liv. des met. 4.'>.
Toutes ces choses a usé cil Guerins et si devancier
très letensaubon roi Phelippe, ib. 263. On pot sivir
[suivre] les oirs du plet qui fu commenciés contre lor
devanciers, beaum. vi,20. Sire, nous nous merveil-
lons moult que vostre volonté est tele, que vous
voulez donner au roy d'Angleterre si grant partie de
vostre terre que vous et vostre devancier avez con-
quise sus li et par leur meffait, joinv. 292. ||xv' s.
Or m'est avis que c'est grand ennui de piteusement
penser et aussi considérer que ces grands bourgeois
et ces nobles bourgeoises et leurs beaux enfants,
qui d'esloch et d'extraction avoient demeuré, et
leurs devanciers, en la ville de Calais, devinrent,
FHOiss. I, I, 323. Il n'a riens de bon en la ville Dont
je ne soye devancière [que je n'aie le premier] , e.
DEScii. Poésies mss. f» 378, dans lacubne. || xvi* s.
Ils [les principes d'Aristote]ne sont non plus exempts
du boute-hors qu'estoient leurs devanciers, mont.
II, 330.
— ÉTYM. Derancer. Dans E. Deschamps , devan-
cière est le nominatif dont le régime serait devan-
ceor (devanceur) ; débris de cas qui au xV siècle
disparaissaient très-rapidement.
DEVANT, (de- van ; le t se lie: de-van-t un arbre),
prép.\\i° En avant, dans la direction de l'avant,
en face. 11 se promenait devant la maison. Assis de-
vant le feu. Passer devant quelqu'un. Mettre le
siège devant une ville. U était d'avis que ce trop
fidèle disciple fût fouetté devant la porte du collège
par la main du bourreau, pasc. Prov. 6. |l Fig. Les
services d'Hipal en ce même moment Lui reviennent
devant la vue, la font. Fiancée. Un roi sage....
Craint le Seigneur son Dieu, sans cesse a devant lui
Ses préceptes.... rac. Ath. iv, 2. || Allerdevant .«oi,
cheminer sans s'écarter de son chemin; et fig. Être
simple d'esprit. Alix était fort neuve sur ce point;
Le trop d'esprit ne l'incommodait point.... La pau-
vre dame allait tout devant elle, la font. Faiseur.
Il 2° En présence de, avec cette nuance que les per-
sonnes sont supposées nous regarder. Je vous jure
devant Dieu. Cela fut dit devant plus de vingt per-
.sonnes. La parfaite valeur est de faire, sans té-
moins, ce qu'on serait capable de faire devant tout
le monde, la Rochefoucauld, dans riciielet. Un
plus noble dessein m'amène devant vous, rac. Phèd.
V, 4. Je nomme à M. Basnage, M. lîasnage lui-
même, et je lui demande devant Dieu quel intérêt
il peut prendre à excuser, comme il fait, une si noire
entreprise, boss. Déf. Var. 4" dise. § (8. Vous êtes
souples devant les hommes et orgueillaux devant
Dieu, BOURDAL. Purifie, de la Vierge, Myst. t. ii,
p. 103. Tous les cœurs des Romains.... Dans ces
solemnités volent devant Titus, volt, llrutus, m, 2,
Tâchons de mourir aussi saintement qu'eile; nous
nous reverrons devant Dieu , marmontel, ilém. xi.
(I Être devant Dieu, être mort. {| Par extension. De-
vant quelqu'un, à ses yeux, à son esprit. Un tel
abrégé, monseigneur, vous propose un grand spec-
tacle; vous voyez tous les siècles précédents se dé-
velopper, pour ainsi dire , en peu d'heures devant
vous, BOSS. tlist. Dessein général. Que peuvent de-
vant vous tous les faibles humains? rac. Jphig. iv,
9. Quant à Daniel, depuisce jour-là et dans la suite
du temps, il devint grand devant le peuple, saci,
Uible, Daniel, xiii,64. Nous sommes tous égaux de-
vant Dieu, mais devant les hommes ce n'est pas de
même, KAEivAtJX, Pat/s. part), t. ii, 3' part. p. 37,
dans POUGENS. Ces prêtres ombrageux M'ont dépeint
devant vous comme un monstre, un impie, df.lav.
yépres sicil. m , 2. {| Fig. Les gouvernements devant
l'opinion publique. Devant la home qu'il allait encou-
rir, il s'arrêta. Devant de tels objets l'amour a peu
de charmes, volt. Taner. i, 2. Ces Castillans, au-
trefois si redoutés, sont aussi petits devant la super-
stition que des esclaves asiatiques en présence de
leur despote, rayn.Il, Ilist. pltil. vu, 3i. Nun, je
ne le puis croire, et ma raison tremblante Devant
le châtiment recule d'épouvante, delav. Yépr. sicil.
m, t. Il Terme de pratique. Cette affaire a été portée
devant tel tribunal, elle est soumise à son jugement.
Il 3° En avant de. Porter quelque chose devant soi.
Je me figure encor sa nourrice éperdue Qui devant
les bourreaux s'était jetée en vain, rac. Ath. i, 2.
Il Avoir du temps devant soi, avoir du temps de reste
pour faire quelque chose. || Avoir de l'argent de-
vant soi, avoir une réserve d'argent disponible.
Il 4° Préposition d'ordre par rapport au lieu, à la
place et par opposition à après. C'est mon ancien ,
DEV
il passe devant moi. || Fig. L'intérêt de l'honneur
va devant l'amitié, botrou, Bélis. Vf, ». La vie
va devant toutes choses, malh. Traité des bicnf.
de Sénèque, i, (O. X vous parler franchement,
l'intérêt du directeur va presque toujours devant
le salut de celui qui est sous .sa direction, et-évrem.
ContJ. du P. Canaye. Je mettrai désormais ma
santé devant toutes choses, sÉv. 20 1. Tant que
vous mettrez toutes sortes de choses devant votre
santé.... ID. 305. En France j'ai des parents, à
Rome j'ai des amis, et je mets l'amitié bien loin de-
vant la parenté, p. L. cour. lett. i, 259.115° Pré-
position d'ordre par rapport au temps et mar-
quant l'antériorité. Devant cet ouvrage Vous n'en
vîtes jamais qui fût digne de vous, malh. iv, 8. Le
ciel devant les temps avait marqué pour lui Ce tré-
sor amoureux qu'il possède aujourd'hui, rotrou,
Bélis. IV, 2. Devant ce temps [vingt ansj l'on est
enfant, pasc. Sur l'amour. Devant toutes choses je
lus quatre de vos lettres, sÉv. (06. Je ne vous dis
ici que ce qu'a dit Voiture: L'ami de Mécénas, Ho-
race, dans ses sons. L'avait dit devant lui; devant
eux la nature L'avait fait dire en cent façons, la
PONT. Poésies mêlées, lvhi. De ce qu'on le faisait
lever devant l'aurore, id. Fabl. vi, il. Si les Egyp-
tiens n'ont pas inventé l'agriculture, ni les autres
arts que nous voyons devant le déluge, boss. //i*f.
m, 3. Un peu devant sa mort, id. ib. i, 3. Ils ajou-
taient deux points dignes d'une particulière consi-
dération : l'un, que tous les enfants des fidèles étaient
sanctifiés, et qu'aucun de ces enfants, qui mouraient
devant l'usage de la raison, n'était damné; l'autre....
ID. Yariat. ti.\\6°Adv. Exprimant un rapport de
situation en avant. Courez devant. Mettez cela de-
vant; moi, je mettrai ceci derrière. Vous alliez de-
vant; lui allait après. Nos amis sont devant; allon-
gez le pas, vous les rattraperez. || Terme de marine.
Être vent devant, se dit d'un navire qui est debout
au vent, qui reçoit le vent sur ses voiles en le pre-
nant de devant. Donner vent devant, présenter sa
proue au vent par suite d'une manœuvre. Prendre
vent devant, présenter sa proue au vent par suile
d'un accident. || Fig. Cet homme est vent devant, il
ne .sait quel parti prendre. || Terme de vénerie. Un
valet de limier met devant, quand il déploie le trait
et commence sa quête. || 7° 11 exprime un rapport
d'antériorité dans le temps, auparavant. Ses flots....
Sont trouvés par ceux qui les boivent Aus.si peu sa-
lés que devant, malh. iv, b. Avecques un bon jour
amis comme devant, Régnier, Sat. m. Que si,
comme devant, il vous faut encor suivre. J'y con-
sens.... mol. l'Étour. V, 3. Quelque accident fait-il
que je rentre en moi-même. Je suis gros Jean comme
devant, la font. Fabl. vu, lo. Le père avait long-
temps devant Cette fille légitimée. .. id. Coupe.
....La joie que me donne souvent l'avance d'années
que j'ai sur vous; vous savez que je ne suis pas in-
sensible à la tristesse de cet état; mais je le suis
encore moins à la pensée que les premiers vont de-
vant [meurent d'abord] , et que vraisemblablement
et naturellement je garderai mon rang avec ma
chère fille, sév. 6I3. On s'arrête là [à une époque)
pour considérer comme d'un lieu de repos tout ce
qui est arrivé devant ou après, et éviterpar ce moyen
les anachronismes, boss. Ilist. Dessein général. Une
constance qu'il n'avait jamais connue devant, ha-
milt. Gramm. H. L'aumônier [de l'Evêque] man-
geait devant, à la table du maître d'hôtel, st-sim.
32, (20. Il 8° Ci-devant, (oc. ado. Précédemment.
Comme nous avons dit ci-devant. {| Autrefois. Il de-
meurait ci-devant en tel endroit. Ci-devant employé.
Il Adj. invar. Les ci-devant récollet", les récoUels
qui ne le sont plus. Un ci-devant noble, un noble
qui ne l'est plus. || Pendant la Révolution on a dit
populairement, par abréviation, un ci-devant pour
un noble, les lois révolutionnaires ayant aboli la
noblesse. Les ci-devant. {| Il s'emploie encore dans
le style familier et par moquerie devant un qualifi-
catif. Un ci-devant jeune homme. Un ci-devant
beau. Il 9° Sens devant derrière, loc. adv. Voy.
sens. Il 10* Devant derrière, en mettant le devant
à la place du derrière. Trébuchant par le cul s'en
va devant derrière, Régnier, Sat. x. {| 11* Devant
que, loc. conj. gouvernant h subjonctif, avant
que. Ils pourraient facilement détruire le cardinal
Mazarin, devant qu'il eilt le temps de s'établir,
LA ROCiiEF. Mcm. te. Je crie toujours : voilà qui est
beau, devant que les chandelles soient allumées,
MOL. Préc. (0. Et devant qu'il vous pût ôler à mon
ardeur, Mon bras de mille coups lui percerait le
cœur, ID. Éc. des maris, m, 2. Devant que l'Amour
fût le mari de Psyché, c'était son amant, la pont
Psyché, M , p. (36. Cependant devant qu'il fût nuit
DEV
Ilarriva nouvel encombre, la font. Fa6(. ix J 9. Celle-
ci prévoyait jusqu'aux moindres orages, Et devant
qu'ils fussent éclos, Les annonçait aux matelots, m.
ib. 1, 8. Vous l'apprendrez devant qu'il soit demain,
iD. PsaM. Deux ans devant qu'il [Galérius] eût obligé
Dioclétien à quitter l'empire, Boss. Ilisl.i, to. Il était
devant qu'Abraham fùtfait.in. ib.ii, o. Couronnons-
nous de roses, devant qu'elles soient flétries, in. ii,
Pénit. 3. Cesvéritéssubsistent devant tous les siècles
et devant qvi'il y ait eu un entendement humain,
ID. Connaiss.iv, 5 Et devant que votre âme, Pré-
venant mon espoir, m'eût déclaré sa flamme, rac.
Baj.-v, 4. Ah! devant qu'il expire.... ID. -4ndr. V, <.
.... Devant qu'il soit deux ans Je veux que l'on me
voie avec des airs fendants, Dans un char magnifi-
que.... BEGNARn, Ménechmes, iv, 2. Et devant que
je meure, Consolez mes vieux ans dont vous faites
l'espoir, VOLT. Tancr.i,*. || Devant que de, avec
l'infinitif, même sens. Le sang.... est plus subtil
et plus vif, et plus chaud après en être sorti [du
cœur], c'est-à-dire étant dans les arti;res, qu'il n'est
un peu devant que d'y entrer, c'est-i-dire étant dans
les veines, desc. Mélh. 5, 8. Depuis que je suis parti
de Madrid, j'ai fait, devant que de venir ici, deux
cent cinquante lieues d'Espagne, qui n'en valent
guère moins que cinq cents de France, voit. Le(t.
a. Devant que de prendre connaissance do ces
distinctions, hamilt. Gramm. i. Il lui demanda,
devant que de l'acheter, à quoi il lui serait pro-
pre, LA font. Vie d'Ésope. Devant que de procé-
der i l'ordination, boss. Var. 7. |1 Devant que, avec
l'infinitif, même sens. Et devant que mourir ou
d'une ou d'autre sorte, Régnier, Éldg. i. Si devant
que sortir des confins d'Italie, la font. Joc. Autre-
ment il mourrait devant qu'être à la ville, m.
Fabl. VI, 16. Si, devant que mourir, la triste Bé-
rénice Vous vent de son trépas laisser quelque ven-
geur, ID. Bérén. iv, 5. || 12° S. m. La partie anté-
rieure. Le devant de la tête. Les pieds de devant.
Le devant d'un édifice. Loger sur le devant. Ran-
gez cela [une déchirure i un vêtement] du côté
de k muraille, et présentez toujours le devant au
monde, mol. Avare, iir, 2. Paul Scarron et sa femme
[depuis Mme de Maintenonj n'avaient pour tout lo-
gement que deux chambres sur le devant, séparées
par l'escalier, une cuisine sur la cour, et un cabi-
net où couchait un petit laquais, saint-foix, Ess.
Paris, t. m, p. 303, dans pougens. |{ Fig. et fami-
lièrement. 11 bâtit sur le devant, se dit d'un homme
qui engraisse et prend du ventre. Elle bâtit sur le
devant, se dit d'une femme enceinte. || Terme de
vétérinaire. Cheval serré du devant, cheval dont
les membres antérieurs sont trop rapprochés. Large
du devant, ou trop ouvert , disposition inverso. || De-
vant de perruque, les cheveux bouclés qui couvrent
le front. || Terme de marine. Synonyme d'avant ou
même de proue. || 13° Ce qui se met devant quelque
chose. Un devant d'autel. |{ 14° Le devant, ce qui
précède dans un écrit. Les décisions d'Escobar sont
commodes, en ce qu'étant indépendantes du devant
et de la suite, et toutes enfermées en de petits arti-
cles, elles ne sont pas sujettes â vos distinctions,
PASc. Prov. 12. Il 15° Les devants d'un tableau, les
premiers plans. || On le dit aussi au singulier. On
voit sur le devant un soldat mort ou blessé, dide-
?ot. Salon de <765, Œuvres, t. xiii, p. <69, dans
POUGENS. Il L'avance qu'on a. Prendre, gagner le de-
vant, les devants, partir avant quelqu'un ou le de-
vancer en route. Alors que le roi passe, il gagne le
devant, hégnier, Sat. x. Il leur ordonna de pren-
dre les devants, hamilt. Gramm. 5. Le duo de
Mayenne prit toujours le devant avec un corps d'en-
viron dix mide hommes, anquet. Ligue, m, p. 160.
Il Fig. Prendre les devants, prévenir quelqu'un, le
gagner de diligence en quelque affaire. Ainsi je me
comptais de ses premiers suivants. Mais déjà Vinius
avait pris les devants, corn. Othon, i, ). Ils vous
écriront; pour moi je prends les devants, sÉv. 67.
Il Prendre les devants, prendre d'avance toutes les
mesures nécessaires. M. l'abbé de Choisy fut reçu
sans opposition [îi l'Académie] ; il avait pris tous les
devants qu'il fallait auprès des gens qui auraient
pu lui faire de la peine, rac. Lettre à Boileau, B.
Il Terme de vénerie. Prendre le.s devants, se dit
quand on a perdu la voie d'une bête et que l'on fait
un grand tour pour en rencontrer d'autres. Prendre
les rievantsd'une enceinte, c'est en faire le tour avec
un limier, afin qu'il se rabatte des voies qu'il ren-
contrera. Prendre les grands devants, rechercher,
dans un défaut, la voie d'une bête de meute, en
avant de l'endroit où le défaut a lieu. || 16° Au-de-
vant de, loc. prép. X la rencontre de. La foule se
portait au-devant du prince. 11 va au-devant des en-
DEV
nemis, fén. Tél. x. || Fig. Aller au-devant de, pré-
venir. Aller au-devant d'une objection. La loi vient
au-devant de l'Evangile, boss. Ilist. ii, )3. Il va au-
devant de tout ce que je puis souhaiter, fén. Tél.
XIII. Il Au-devant, loc. adv. A la reni;ontre. Aller au-
devant. Il se porte au-devant, lui parle, le cajole,
RÉGNIER, Sot. vni. Il Fig. Aller au-devant, faire les
premiers pas, être le premier à entamer une affaire,
â se réconcilier, etc. Quand nous avons quelque dif-
férend ma sœur et moi, si je fais la froide et l'in-
différente, elle me recherche; si elle se tient sur
son quant-à-moi, je vais au-devant, la font. Psy-
ché, II, p. UO. Il Courir au-devant, s'exposera. Tel
qui les craint [les tentations] court au-devant; Tel
qui lesfuits'y précipite, corn. Imit.l, <3. || 17° Par-
devant, loc. adv. Par la partie antérieure. Il le sai-
sit par-devant. C'est toujours par-devant qu'ils se
trouvent blessés, Tristan, Panlhée, iv, 2. Ils avaient
reçu leurs blessures par-devant, vaugel. Q. C.
liv. m, ch. H, dans riciielet. || Terme de palais.
Par-devant, loc. prépos. En présence de. L'arran-
gement se fit par-devant notaire. Je ne donne mon
cœur que par-devant notaire, regnard. Joueur,
IV, 9. Il 18° Dès devant, dès avant. Et les sergents
et les procès Et les créanciers à la porte Dès devant
la pointe du jour, la font. Fabl. xii, 7. || Proverbe.
Les premiers vont devant, c'est-à-dire les plus dili-
gents ont l'avantage, jj Voy. au-devant, à son rang
alphabétique.
— REM. 1. Devant que ou devant de , avec un
verbe, a été condamné comme une expression vieil-
lie; mais, cette locution étant autorisée comme elle
est, on pourrait très-bien s'en servir, surtout en
poésie. Il 2. Il lui est allé au-devant est une locution
incorrecte; il faut dire : Il est allé au-devant de lui.
Cependant on la trouve quelquefois : Vous semble-
t-il point que vostre cœur se tourne de son costé et
en certaine façon luy va au-devant? st fr. de sa-
les, p. B58. Voy. aussi l'hist. au xv° s. || 3. Pourquoi
au-devant avec un trait d'union, et au delà sans
trait d'union? Le mieux, c'est-à-dire le plus simple ,
serait de supprimer le trait d'union.
— HIST. XI' s. N'i a castel qui devant lui remai-
gne, Ch. de Roi. i. Blancandrins vint devant l'em-
pereor, i'&. xxxi. Terre major moût est loin ça de-
vant, ib. cxxxii. Si com li cers s'en va devant les
chiens, ib. cxxxix. De devant sei [il] fait porter son
dragon, ib. ccxxxvii. Seigneur baron, devant che-
vaucherez, t6. ccxxxvni.
— xii* s. Devant le roi vint dus Naymes errant,
Ronc. p. 35. Tout primerains devant [en avant de]
sa compegnie Vademandant pris de chevalerie, ib.
p. 58. L'eve de Sebre lor estoit de devant, ib. p. (09.
Li amiraus a parié tout devant [le premier], ib.
p. (19. Tout droit à Blaive [ils] en sont devant alô,
ib. p. (66. Et [il] s'est assis sur moi en mon devant,
ib. p. (63. Une |jeauté m'est venue devant. Qui me
semontet prie que je chant [chante], Couci, v. Car
sa beautez me fait tant esbahir Que je ne sai devant
li [elle] nul langage, ib. xix. Et que pourront dire
si ennemi [de Dieu] , Là où li saint trembleront de
doutance Davantceli quionques ne menti '/quesnes.
Romancero, p. sa. Et Gilemers l'Escot dit outrage
et folie, Quant de ceste besogne devant tous vous
desfie, Sax. xx. Salomons les apele devant le duc
Richart, ib. xxix. E pis que nuls qui devant lui out
ested, envers nostre Seignor uverad [il agit] , Rois,
p. 309.
— xin" s. Et passèrent par-devant Constantinoble,
si près des murs qu'on peust traire desus etseur les
tours, viLLEH. Lxii. Halasl (juels damages leur avint
el quaresmes, devant ce qu'il [avant que] deussent
movoir, m. xxix. Devant en la poitrine bien il [le]
sut assener [le coup], Berle, m. [Elle] Fut devant
le roi Flore son père à genous mise, ib. vi. Â destre
etàsenestre, et devantet derrière, ib. xxviii. [Que]
Leur maie tralson devant tous en appert, ift.xxxiv.
Devant la mienuit li tems un peu s'escure, ib. xlii.
J'ai dit à la royne que [vous] ne venrez noient , De-
vant que il sera près de l'avesprement, ib. lxxxiii.
Il a tantost Morant par devant lui mandé, ib. cm.
Mais or en savons mains [moins] que ne savions de-
vant, ib. cvii. Ci devant [en face] maint [habite]
Symons, preudoms est durement, ib. cx. Vers la
terre viennent siglant : Livens lor est venus devant;
Ne porent prendre cil le port; Adont i ot grant
desconfort, Lai de Melion. Et ainsi comme les an-
ciens dient, les roys de Jérusalem qui furent de-
vant le roy Jehan, tindrent bien ceste coustume,
JOINV. 2)7.
— XIV* s. Et au devant il sont paisibles sans es-
tre esmeus, oresme, Eth. 82. Quant deux person-
nes sont amis, c'est sainte chose que devant [de
DEV
1133
préférence] honnorer et préférer vérité, ib. îb. vi,
(O.Làfurent li Juif ainsi comme devant, Et sauvé de
la mort, ainsi conje vous chant, Guescl. 9723. Les
sajettes de coili fer furent trenchant. Retournèrent
sour iaus [eux], che que derier devant, Baud. de
Seh. V, 250.
— XV* s. Là [à Bristol] furent pris ledit messire
Hue le père et le comte d'Arondel, et amenés par
devant la roine, froiss. i, i, 20. En devant ce
temps, en l'an de grâce mil trois cent soixante-
quinze, estoit advenu une cruelle justice en la cité
de Bordeaux, id. ii, ii, 2. Là furent toutes les pa-
roles au devant dites relatées et proposées, enten-
dues, accordées, id. i, i, 96. Ainsi chevauchoit le
comte Derby le pays d'un lez et d'autre; ni nul ne
lui alloit au devant, et conqueroit villes, cités et
chasteaux, m. i, i, 243. Plusieurs horribles faits qui
eussent esté faits, se il ne fust allé au devant, dont
il fist aumosne et gentillesse, id. i, i, 272. Quand
la roine ouit ces nouvelles, si fut plus desconfortée
et esbahie que devant.... m. i, i, (2. Etavoientune
grande haye et ung fossé au devant d'eulx, comm.
I, 3. Leur remonstroit et leur mettoit au-devant les
dommages qui estoient pretz de leur venir, id. m, 3.
Le dit prince print congié du dit duc le soir devant
la bataille, id. v, 3. Hz en tuèrent une partie de-
vant que ilz sceussent gaignerla ville, id. m, 3. Ja-
mais robe ne vestira Que de blanc, ne ne partira
Dont il est, que les pieds devant, Pa(«iin. À. trom-
per devant et derrière, Estoit un homme diligent,
VILLON, 1" Repue franche. Et entreprint le chirur-
gien à guarir cet œil, Dieu devant [après Dieu],
louis XI, iVoui;. lxxxvii.
— xvi* s. Je me suis veautré six ou sept tours
parmy le lict, devant que me lever, rab. Gar. i, 2i.
En plaine nuict, davant que soy retirer, alloyent
veoir la face du ciel, id. ib. i, 23. Soubdain, davant
boyre ny manger, se transpourtarent on capitoly,
et là, devant leur roy.... II). l'ft. i, 28. Laquelle nou-
velle entendue, sortirent on devant de luy tous les
habitans de la ville, id. Pant. ii, 3|. Voyez moy
devant et derrière : c'est la forme d'une toge anlic-
que, m. ib. m, 7. Si toust que nous saurons vostre
partement, nousgaignerons les devans, marg. Lett.
m. Il estoit hier tout davant moy quant je vous dis
adieu, iD.ifc. (22. Je vousaycy devant faict bien am-
ple responce à toutes vos lettres, id. ib. 1 5) . lisent con-
traint les pouvres gens en porter plaincte à la jus-
tice par devant le seneschal de Beaucaire, id. ib. (59.
Il veit devant ses yeulx.... mont, i, 27. Courir au
devant des conjurations par supplices, id. i, (33.
L'armée que les Romains luy envoyoient au devant,
ID. I, 230. Il envoya devant quelque bouteille de
vin empoisonné, m. i, 252. César marchoit tous-
jours devant sa troupe, la teste descouverte, id. i,
200. Il n'auroit ny devant ny derrière luy rien qui
ne.... ID. I, 356. J'en ay allégué par cy devant des
exemples, id. ii, 29. Je ne me veulx pas despouil-
1er devant que de m'aller coucher, id. ii, 7B. De-
vant qu'ils se laissent assubjectir, il fault, ou qu'ils
soient contraincts, oudeceus, id. iv, 358. Les Athé-
niens sacrifient un mouton le jour de devant la
grande feste de Theseus, amyot, Thés. 4. Theseus
ne feitraire que le devant de sa teste seulement, id.
ib. 6. La cause pour laquelle ilz se faisoient ainsi
tondre par devant, estoit.... id. ib. II se jetlala teste
devant en une rivière, où il se noya, id. ib. 32. Les
deux armées furent longuement l'une devant l'autre
sans combattre, id. ib. 33. X la fin elle se délivra de
deuxenfansjumeaux; ce qui feit encore plus grande
peur que devant à Amulius, id. Rom. 4. Ayant pris
ceste resolution, il s'en alla devant toute œuvre en
la ville de Delphes, id. Lyc. 8. Ne te souvient-il pas
que devant hyer, ainsi que nous dinions chez toy....
ID. Comm. refrén. la colère, 33. Ce grand prince,
quelques heures devant mourir, CARL. i, 47.
— ÉTVM. Berry, daront; provenç. daran, devant;
catal. devant, davant; anc. espagn. delant, devant ;
espagn. mod. de/ante;portug. diante ; ital. dinan-
si. Le français devant est de.... préfixe, et avant;
l'espagnol delante est del, de le, et le latin ante,
avant; l'italien est le préfixe di , de, in, en, et
ansi, du latin ante, avant.
DEVANTIER (de-van-tié; Vr ne se lie jamais; au
pluriel, l's se lie : des de-van-tié-z en toile), ». m.
Tablier que portent les femmes du peuple. Vieux et
familier.
— HIST. XVI* s. Pour le buffet estoit un jeune pas-
teur qui tiroit une bergère par son devantier, yver,
p. 552. Et y avoit de jeunes hommes ceints à tra-
vers le fond du corps de beaux devantez ouvrez à
l'aiguille, AMYOT, P. Mm. 56.
— ËTYM. Devant.
1134
DÉV
DEVANTIERE (de-Tan-tie-r"), i. f. Sorte de jupe
fendue que portent les femmes quand elles montent
à cheval à la manière des hommes.
— lilST. XVI* s. Ceulxqui, parmi les jeux, refu-
ient les opinions sérieuses, font, dict quelqu'un,
comme celui qui^ craint d'adorer la statue d'un saint,
si elle est sansdàvantiere, mont, m, 369.
— f.TYM. Derant.
•)■ DKVANTOT (de-van-to), t. m. Terme de ma-
rine, ïalilier d'une voile. Peu usité.
— ÉTYM. Derant.
DEVANTURE (de-van-tu-r"), i. /. || 1» La face an-
térieure d'une maison. |1 2" Devanture de boutique,
revêtement en boiserie du devant d'une boutique.
Il 3" Boiserie qui forme l'encadrement d'une alcflve.
Il 4° Plâtres do couverture par lesquels les couvreurs
raccordent les tuiles au bas des souches de cheminée
ou de tout autre plan verticalauquelserattacheun toit.
— lirST. xiii* s. Par devant li vilain s'est trez,
Autressi con s'il fust contrez [contrefait], Par de-
vant li, grantaleOre, Tant qu'il vint à la devanture,
Son chief covert d'un mantelet, Ren. 7884.
— ÉTYM. Devant.
DÉVASTATEUR, TRICE (dé-va-sta-teur, tri-s'),
adj. Il 1° Oui dévaste. Un torrent dévastateur. || 2° S.
m. Celui qui dévaste. Et, courbant ses drapeaux de-
vant l'arche de Dieu, Dévastateur du monde, [Cy-
rus] enrichit le saint lieu,GuiR*UD, Machab.n, e.
— ÊTYM.Lat. devastalor, de devastare, dévaster.
DÉVASTATION (dé-va-sta-sion; en vers, de cinq
syllabes), î. f. Action de dévaster. Les dévastations
des torrents.
— ETYM. Lat. devastatio, de devastare, dévaster.
DÉVASTÉ, ÊE (dé-va-sté, stée),port. passé. Les
campagnes dévastées par l'ennemi, par un ouragan.
Il Par extension. Alors son langage si abondant et
si riche, sa diction si virile et si noblement accen-
tuée, sa pantomime si spontanée, si heureuse, tout,
jusqu'à sa physionomie dévastée [défigurée par les
ravages d'une maladie), était expression, mouve-
ment, peinture, entraînement, caruel. Œuvres,
t. v, p. 218. Il Dans un sens moqueur. Moi aussi,
j'ai eu la physionomie dévastée et une chevelure
renouvelée des rois mérovingiens, reybaud, Jér.
Paturot, i, t. Il Un crâne dévasté, un crùne de-
venu chauve.
DÉVASTER (dé-va-sté), V. a. \\ 1« Rendre désert
d'une façon quelconque. Cet excès de démence, ac-
crédité pendant des siècles, avait dévasté la terre au-
tant que les guerres les plus cruelles, volt, l'rinc.
de Babyl. «. || Rendre désert par le ravage. Les
ennemis ont dévasté cette province. || 2° Kig. L'a-
mour dévaste les âmes où il règne, chateaub. Gé-
nie, II, 32. Une grande pensée s'élève , par inter-
valles, dans une âme que le temps et le malheur ont
dévastée, id. René, <76.
— ÉTYM. Lat. devastare, de la préposition de, et
raslus,vaste (voy. vaste) : rendre vaste, désert.Deuas-
tare donna, dans l'ancien français, déguster, remplacé
chez les modernes par dévaster, calqué sur le latin.
t DÉVEINE (dé-vè-n'), s. f. Terme de jeu. Suite
de chances défavorables : c'est le contraire de la
veine. Il ne sait à quoi attribuer sa déveine.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, el veine.
t DÉVELOPPARLE ( dé-ve-lo-pa-bl' ) , adj. Qui
peut être développé. || Terme de géométrie. Surface
développable , surface courbe que l'on conçoit comme
se développant ets'appliquant en totalité sur un plan.
Ainsi la surface du cylindre et celle du cône sont
développables, parce que ces deux corps, en se dé-
roulant sur un plan, le touchent successivement par
tous leurs points, et peuvent être conçus comme y
laissant complètement leur empreinte. Au contraire,
la surface de la sphère n'est point développable,
parce que, ne touchant jamais le plan qu'en un point
à la fois, elle n'y aura, après un tour entier, appli-
qué qu'un seul de ses cercles.
— ÉTYM. Développer.
t DÉVELOPPANTE (dé-ve-lo-pan-f), adj. Terme
de géométrie. Courbe développante, ou, substanti-
vement, une développante, courbe produite par le
déroulement d'un fil enroulé sur sa développée.
DEVELOPPE, ÉE (dé-velo-pé, pée) , part. pass^.
Il 1" Oui n'est plus enveloppé. Un paquet développé.
Il Fig.Touche, Verbe éternel, ces âmes curieuses; Ce-
lui que ta parole une fois a frappé. De tant d'opinions
vaines, ambitieuses Et souvent dangereuses, Lst
bien développé, corn. Imitation, i, 3. ||2' Qui n'est
plus plié, enroulé. Une pièce d'étoffe développée.
Un rouleau développé. || Fig. Un cœur comme le
mien, qui ne vous a jamais été assez développé
[connu], volt. Roide Pr. m. || 3« Qui a pris son
développement , sa croissance. Un corps développé.
DÉV
Un germe lentement développé. || Fig. Zoon n'ai-
mant donc rien, ne s'airaant|)as lui-même, Vitlole
endormie, et le voilà frappé; Voilà sou cœur déve-
loppé... HFONT. Filles de Uinée. || 4°0uiaune éten-
due considérable, en parlant de ce qui est dit ou
écrit. Un récit très-développé. Une histoire déve-
loppée. Il 6* lîxpo.sé, expliqué. L'affaire développée
avec beaucoup de soin par l'avocat. || 6" Mis au jour,
débrouillé. Ce mystère développé à grarid'peine.
DÉVELOPPÉE (dé-ve-lo-pée), s. f. Terme de géo-
métrie. Courbe par le développement de laquelle on
peut supposer qu'une autre courbe est formée;
courbe qui est le lieu de tous les points de rencon-
tre des normales infiniment voisines menées à une
courbe donnée.
— ÉTYM. Développé.
DÉVELOPPEMENT (dé-ve-lo-pe-man ), s. m.
Il 1° Action de développer, de déployer, de dérou-
ler.Ledéveloppementd'unepiùced'étolVe. Il 2"Termo
d'architecture. Extension, sur une surface plane,
des surfaces qui enveloppent un voussoir ou toute
autre pièce de trait. || Dessin des plans des coupes,
et des élévations sur toutes les faces d'un édifice.
Faire le développement d'une pièce de trait, se ser-
vir des lignes de l'épure pour eu lever les différents
panneaux. || 3° Terme de géométrie. Action par
laquelle on développe une courbe pour lui faire dé-
crire une développante. || Terme d'algèbre. Forma-
tion d'une série qui représente une funclion analy-
tique. Il i'Terme d'escrime. Aisance que l'on montre
eu tirant , et par laquelle le corps se déploie.
Il 5° Terme de médecine. Développement du pouls,
se dit du pouls qui devient plus ample et plus fort.
Il 6° Terme de peinture et de sculpture. Ampleur
dans la pose d'une figure et dans la ligne qui forme
la suite des parties. |{ 7° Croissance des corps orga-
niques. Le développement d'un bourgeon, d'un
germe. L'instant ou ce développement [du germe]
commence est ce que nous nommons improprement
génération, bon.net, Ess. piychol. ch. 85. Tout n'est
que changement et que développement, id. ib. || 11 se
dit, en histoire philosophique, du mode suivant le-
quel croît la civilisation. Le développement de l'hu-
manité. Il Par analogie. Le développement d'une ma-
ladie, d'une tumeur. || Par une autre analogie. Le
développement des passions, des sentiments, leur
naissance et progrès dans l'âme humaine. C'est la
force de la nature et non la frivolité du cœur, qui,
sous un climat énergique, hâte le développement
des passions, stael, Corinne, vu, 3. || 8° Exposition
détaillée. Cela exigerait d'assez grands développe-
ments. 119° Fig. Le développement d'un caraotire,
d'une situation, la série par laquelle passent un
caractère, une situation pour se dessiner. || On dit
dans le même sens, au théâtre, le développement
d'une intrigue. || 10° Étendue. Ce général avait
donné trop de développement à son aile droite.
— ÉTYM. Développer.
DÉVELOPPER (dé-ve-lo-pé), V. a. || 1° ôter l'en-
veloppe qui contient quelque chose. Développer un
paquet. |{ Fig. Mon âme en toute occasion Déve-
loppe le vrai caché sous l'apparence, la font. Fabl.
VII, 48. Il II .se dit, ou plutôt il s'est dit des person-
nes, et signifie alors tirer d'un embarras Ne lui
serions-nous pas injurieux si nous pensions qu'il y
eût monstre qui put échappera sonépée, ni laby-
rinthe d'où sa prudence ne fût capable de nous dé-
velopper? MALH. à U. de Luynes, Trad. du xxxiii'
liv. de T. Lire. || 2° Déployer, dérouler. Développer
du drap, une tapissc-ie. Le rouleau fut développé.
Il voit deux légions nouvelles Qui pour l'environner
développent leurs ailes, saurin, Spartac. v, u.
Il Par extension. Les paquebots des messageries im-
périales parcourent tous les ans 917680 milles ma-
rins, c'est-à-dire 42 fois et demie le tour de la terre;
autrement dit, chaque navire développe, dans son
année, presque le tour du monde, Comptes rendus,
Acad.dessc. t. li, p. tu74. ||Fig pour en dévelop-
per l'embarras incertain fdu labyrinthe]. Ma sœur
du fil fatal eût armé votre main, rac. Phèdre, u, 6.
[Il] Sut de leur noir complot développer le fil, m.
Eslh. Il, 3, Il 3° Terme d'algèbre. Développer une
fonction, une série, trouver les différents termes
qui y sont implicitement renfermés. || 4" Terme d'ar-
chitecture. Rapporter, sur un plan, toutes les dif-
férentes faces d'une pierre, et même les parties
d'une voûte. || 6° Terme de médecine. Développer
le pouls, lui donner plus d'ampleur et de force.
Il 6' Terme de peinture et sculpture. Donner à
une figure une pose ample et d'un aspect agréable.
Il 7° Donner croissance, en parlant des êtres orga-
nisés. La chaleur développe les germes des plan-
tes. Des exercices propres & développer le corps.
DÉV
Il Dans un même sens, en parlant des facultés in-
tellectuelles ou morales. Développer l'intelligfnce
d'un enfant. Son cœur fut développé par les affec-
tions de famille. Qui veut être heureux et dévelop-
per son génie, doit, avant tout, bien choisir l'ai-
mosphère dont il s'entoure immédiatement, staei.,
Corinne, xiv, <. || 8° Exposer, présenter en détail.
Développer le sujet d'un ouvrage. L'avocat déve-
loppa l'affaire avec éloquence. Et afin que tout con-
vienne, les promesses spirituelles sont développées
par la prédication de l'Évangile, dans le temps
que le peuple juif, qui n'en avait reçu que de tem-
porelles, n'a plus de grandeur à espérer, boss.
Ilist. Il, 13. Il 9° Faire connaître. Pour déve-
lopper tout ce mystère, il faut dire.... patru. Plai-
doyer 6, dans eichelet. Je crois que quelque aven-
ture un jour me viendra développer une naissance
plus illustre, mol. Préc. rid. 6. Il faut développer
ce mystère à vos yeux, kac. Brit. m, o. U [l'esprit
de Dieu] nous développe toute la corruption de nos
penchants, toute l'enllure de notre cœur, mass.
Myst. Pentec. Volturéius, qui sous la promesse de sa
grâce développa tout le secret des conjurés, veriot,
Hécol. Tom. XII, p. 209. Il 10° Mettre en usage. Ile
éternellement mémorable par les conférences de
deux grands ministres, où l'on vit développer toutes
les adresses et tous les secrets d'une poliiique si
différente, où l'un se donnait du poids par sa len-
teur, et l'autre prenait l'ascendant par sa pénétra-
tion, BOSS. ilarie-Tliér. \\ 11° Se développer, v. réfl.
N'être plus ployé, enroulé. Les rouleaux ou volu-
mes trouvés à Herculanum ne se développent qu'à
grand'peine et très-imparfaitement. || S'étendre.
L'armée se développa dans la plaine, jj Fig. Que je
méprise ces philosophes qui, mesurant les conseils
de Dieu à leurs pensées, ne le font auteur que d'un
certain ordre général, d'où le reste se développe
comme il peut! boss. Heine d'Anglet. Un tel abrégé,
monseigneur, vous propose un grand spectacle;
vous voyez tous les siècles précédents se dévelop-
per, pour ainsi dire, en peu d'heures devantvous,
ID. Hist. i. Dessein générai. || 12° Se développer,
se dit du pouls devenant plus ample et plus fort.
Il 13° Se débarrasser Que les Grecs devaient
prendre garde que, se voulant garantir des in-
commodités qu'ils avaient à leur porte, ils ne fis-
sent ouverture à d'autres qui les fâcheraient bien
davantage et dont il ne leur serait pas si aisé de se
développer, malii. Le xxxni' livre de T. Live, ch.
12. Il 14° Prendre croissance. Les organes se déve-
loppent lentement. Cet arbre se développe rapide-
ment. Madame de la Tour, voyant sa fillese dévelop-
per avec tant de charmes, sentait augmenter son
inquiétude avec sa temiresse , bern. de st-p. Paul
et Yirg. \\ Même sens en parlant des facultés intellec-
tuelles ou morales. Son génie ne se développa que
lentement. Cet enfant fait de grands progrès, il s'est
beaucoup développé depuis quelque temps. || Use dit.
aussi des maladies qui naissent. Il était malade, on
ne savait ce qu'il avait : une variole se développa.
Une tumeur s'est développée sur le tibia. Une ma-
ladie contagieuse, comme on n'en avait pas vu
depuis longtemps, se développa tout à coup dans
Rome, STAEL, Corinne, xv, 3. || 16° Passer par une
série de phases. L'action de cette pièce ne se déve-
loppe que lentement.
— lllST. xiii* s. Tant gonfanon de soie au vent
devolepé, Ch. d'Ant. viii, 320, ||-xiv' s. Chascun la
lance au poin et l'espée au costé, Banieres et pe-
nons au vent desvolospé, Guescl. 22187. Or il a
commandé les trompettes sonner, Les baimieres
dresser, au vent desvoloper, ib. 20092. Se le san-
glier n'avoit bien clos le laz, il se porroit desvo-
loper, Modus, f° xlvii, verso. La glu n'y puet tenir,
ets'enestung oisel tantostdesveloppé, ib. f°cxxxm.
Il XV* s. Et fit on apporter sa bannière devant son
hostel et la développer, froiss. i, i, nu. Dame,
dist il, desveloppez vous; si verrons si vous estes
la royne. Elle se desveloppa, et il voit que c'est
elle, Lancelot du Lac, t. ii, f° 2, dans lacurne.
Il XVI* s. U s'empestre comme en des pièges, dont
il ne se pourra jamais desvelopper, calvin, [nstit.
774. Se desvelopper d'un argument, mont, i, h.
Amyot a développé si heureusement Pluiarque, ID.
II, 41. Desvelopper des énigmes, id. iii, 68. Ayant
faict grands faicls d'armes de sa personne pour se
desvelopper [il était investi] , id. lu, 93. Pourvoyant
tout en un coup à infinies difficultez, pour s an sça-
voir dextrement desvelopper, amyot, ilarius et Pyr-
rhus, 2. Quand ilz ont achevé d'escrire, ilz desve-
loppentle parchemin et l'envoyent à leur capitaine,
ID. Lysand. 36. Quand il fut sur le pont, il desve-
loppa son manteau, et jetta leur rcquestes toutes
DEV
DEV
DEV
1135
ensemble dans la rivière, m. Démé(r. BS. Le malin
les cheveux seront desveloppés de ladite pasto , paré,
XXV, 46.
— ÉTMI. Berry, déloper; provenç. desvolopar,
devohipar; ital. sriluppare ; du préfixe dé.... des....
t..., et viluppo, enveloppe. Oripine ultérieure in-
certaine. Du latin volup? demande Diez; de sorte
que riltippar si, serait proprement se tenir à l'aise.
Mais il remarque que l'italien a aussi luffn, eniliar-
ras. d'où, par changement de consonne, vi-lu-
ppo; mais cela est encore plus douteux que tolup.
DEVENIR (deu-ve-nir; deux e muets se suivant,
le premier crend un son plus fort, celui de l'eu),
je deviens, tu deviens, il devient, nous devenons,
vous devenez, ils deviennent; je devenais; je de-
vins; je deviendrai; je deviendrais; deviens, deve-
nons; que je devienne, que nous devenions; que je
devinsse; devenant; devenu, v. n. |1 1° Prendre
une certaine manière, une certaine qualité. Deve-
nir grand, riche, sape. Cela commence à devenir
fat'fçant. Il devint général. Ou'ils deviennent sujets
;ins devenir esclaves! corn. Jlor. I, 4. Aussitôt
,u'un Éiat devient un peu trop grand.... id. Nicom.
V, t. Il [un capucin] a commencé par me parler de
la Provence, de vous.... je voudrais que vous eus-
siez vu ce que m'est devenu ce bon père dès le mo-
ment qu'il m'a paru si bien instruit, sÉv. 284. Le
roi, devenu amoureux d'Anne de Boulen, fit venir
sa conscience au secours de sa passion, et son ma-
riage, lui devenant odieux, lui devint en même
temps douteux et suspect, Boss. l'or, vu, § 61.
Dieux! si, devenant grand, souvent on devient pire!
BAC. Thcb. IV, 3. Devenant malheureux, il m'est
devenu cher, id. ib. V, 2. Dans l'Orient désert quel
devint mon ennui! id. Béréii. 1, 4. Quel devins-je
au récit du crime de ma mère! id. ilWir.i, i.
....Les secrets de son cœur et du mien Sont de tout
l'univers devenus l'entretien, id. Uérén. ii, 2. Je
crois te voir, cherchant un supplice nouveau. Toi-
même de ton sang devenir le bourreau, id. Phèd.
IV, 6. Si vous êtes né vicieux, ô Théagène, je vous
plains; si vous le devenez par faiblesse pour ceux
qui ont intérêt que vous le soyez.... souffrez que je
vous méprise, la bbiiy. ix. Les moindres circon-
stances deviennent essentielles quand il s'agit de la
mort d'un homme tel que Charles XII, volt. Char-
les XII, 8. Il y a une infinité d'erreurs politiques
qui, une fois adoptées, deviennent des principes,
BAYNAL, llùt. pliil. IX, 29. Je me croyais grec ou
romain ; je ilevenais le personnage dont je lisais la vie,
j. j. Eorss. Conf. 1. 1| Que devenez-vous? c'cst-i-dire
où ailez-vous, que voulez-vous faire? Qu'ôles-vous
devenu? c'est-à-dire où étiez.-vous allé? Qu'est deve-
nue telle chose, où est-elle ? || 2' Dans les phrases
interi-ogatives et dubitatives, avoir tel sort, tel ré-
sultat, telle issue. Je ne sais ce que tout ceci devien-
dra. Que sont devenus vos serments'! Ne vous infor-
mez pas ce que je deviendrai, rac. Baj. Il, 5. || Que
voulez-vous devenir? c'est-à-dire quelle carrière vou-
lez-vous suivre? Dites-moi donc quelle résolution vous
prenez, me répondit le ministre; que voulez-vous
devenir? HÀKWAVTi, Mcniamie, 7' part. || Que devins-
je à ces paroles, à ce spectacle, quelle ne fut pas
ma douleur, mon saisissement, etc.?||3°Que de-
?enir, quel sera le sort? Elle ne sait que devenir
it n'a recours qu'à moi, sÉv. «9. {{ Familièrement.
We savoir que devenir, être dans un malaise ex-
trême. J'ai oublié ma tabatière, il y a une heure
que je ne sais que devenir, Marivaux, Paysan
parv. t. II, part. 4*, p. 29, dans pougens. ||4^ De-
venir à rien, diminuer, se réduire considérable-
ment. Cela est devenu à rien en cuisant. Cet en-
fant devient à rien, dépérit, maigrit extrêmement.
Valère : Sous ses heureuses mainj^ [du joueur] le
cuivre devient or. — Hector: Et l'or devient à rien,
HEGNABD, Joueur, m, o. || 5° S. m. Terme de phi-
losophie. Le devenir, le mouvement progressif par
lequel les choses se font. Le devenir incessant du
monde. On oppose le devenir à l'être.
— KEM. 1. Devenir se conjugue avec l'auxiliaire
être. Il 2. Corneille a dit; A quel point ma vertu de-
Tient-elle réduite? //or. iv, 7 Les plus dignes
isoins d'une fiammo si pure Deviennent partagés à
toute la nature, Pulchdr. i, t. Mais alors quel es-
prit n'en devient point troublé? Cinna, m, 2. Vol-
taire a condamné cet emploi du verbe devenir. Est-ce
avec raison? La distinction entre l'adjectif et le par-
ticipe est si subtile que cette condamnation ne sera
pas généralement admise. On dit très-bien : deve-
nir enllé, dégoûté, etc. Il ne faut donc pas con-
tester à Corneille cet emploi qu'il fait de devenir.
— HIST. XI" s. [QuiJ Ne soit ocis ou ne devient
chrestien, t'h. de iioi. viii. Udevendrat, jointes ses
mains, lis [ton] homs, ib. xv. Qu'est devenuz li gas-
conz Engolers? i6. ci-xxxni. || xii* s. Hél gentis
cuens, qu'estes vous devenuz? Konc. p. 93. Deven
mes homs, joteferaidoaire, tb. p. 145. || xiii"s. Et cil
Guillaume la dona à JofTroi de Ville-Hardoin, et cil
en devint ses hom, et la garni de sa gent, villeh.
cxxxv. Je vous demanderai [ce] que cil [cet homme]
est devenu, Berte, cxvii. 11 deviennent si home,
chascun en foy [il] baisa, ib. cxxxi. Mêlions, fait
li rois Artus, Tes grans sens qu'est-il devenus? Lai
de Melion. \\ xv" s. Là endroit devinrent moult de
nouveaux chevaliers, phoiss. i, i, 4(. Dictes-moi,
avant que je n'oublie, que la rivière de Garonne est
devenue, car je ne la vois plus, ID. ii, m, 7. Au
contraire celluy qui gaigne devient en réputation et
estime, comm. ii, 2. Hors du sens devainue [de-
vienne]. Qui me requerra de combattre, e. desch.
Poe'sies mss. f°349, dans lacurne. |1 xvi" s. Il se
pouvoit vanter d'estre devenu fol par sagesse, mont,
i, 91. Je ne sçais ce que tout cela est devenu, non
plus que ses poèmes grecs, id. iv, 339.
— ÉTYM. Provenç. devenir; ital. divenire; du la-
tin devenire, de la préposition de, et venire, venir.
Le latin deienire, conformément à son origine, si-
gnifie arriver, se rendre; de ce sens d'arriver, les
langues romanes ont tiré celui dedctiem'r, parce
qu'en effet devenir, c'est passer d'un état à un
autre. Palsgrave, p. 4, remarque que il devient se
prononce déviant.
t DÊVEXTER (dé-van-té), V. n. Terme de marine.
Déventer les voiles, brasser au vent, pour empê-
cher que les voiles ne portent. || Placer une voile ou
un bâtiment derrière un objet qui intercepte le
vent.
— ÉTYM. De'.... préfixe, et vent.
DEVENU, XIE (deu-ve-nu, nue), port. pass^ de de-
venir. Cet enfant devenu grand. Cet homme devenu
riche. C'est à présent que, devenu véritablement em-
pressé déplaire, Ëmilecommenceàsentir le prix des
talents agréables i|u'il s'est donnés, j. j. rouss. hm.
v. Ce Denys, réduit maintenant presque à la men-
dicité, et de roi devenu maître d'école, était une
grande leçon pour les personnes élevées en dignité,
ROLLiN, Ilist. anc. Œuvres, t. v, p. 32B, dans pou-
gens. Home, devenue la maltresse du monde par
ses victoires, en devint l'admiration et le modèle
par la beauté des ouvrages d'esprit qu'elle produisit
presque en tout genre, m. Traité des Et. Disc, pré-
lim. )" partie.
t DÉVERDIR (dé-vèr-dir), v. n. Terme de métier.
Perdre la couleur verte, en parlant des étoffes sor-
tant de la cuve au pastel, l'air leur enlevant la teinte
verte, pour leur faire preudre un ton bleu.
— ÉTYM. Dé.... prétixe, et vert.
DÉVEUGONDAGE (dé-vèr-gon-da-j'), s. m.\\ i' Li-
bertinage scandaleux. || 2° Par extension. Dévergon-
dage d'esprit, d'imagination, excès auquel se livre
un esprit déréglé.
— ÊïY.M. Dévergonder.
DÊVEUGONDÊ, ÉE (dé-vèr-gon-dé, dée), port.
passé. Qui est sans honte dans son libertinage. 11
avait été si épouvantablement dévergondé que....
SÉV. 43. Il Substantivement. Quel dévergondé! C'est
une dévergondée La mauvaise intention la fai-
sant rougir; car elles rougissent aussi, les déver-
gondées, SCARRON, Roman corn, ii, <0.
t DÉVEUGONDE.MENT (dé-vèr-gon-de-man) , s.
m. Action de se dévergonder. Quand la débauclie
et le dévergondement sont poussés à un certain point
de scandale, je suis persuadée que cet excès fait plus
de tort aux hommes qu'aux femmes, sÉv. 308.
— ÉTYM. Voy. DÉVERGONDER.
t DÉVERGONDER (SE) (dé-vèr-gon-dé), v. réft.
Perdre toute honte dans le libertinage, dans la dé-
bauche. Plus qu'une femme elle se dévergonde,
UEKSERADE, Jlondcau, dans richelet.
— HIST. XVI" s. Aubigné fut si desvergogné [eut
si peu de vergogne, de réserve] que, le roy luy fai-
sant une honnesle réception à Senlis,et luy ayant
demandé familièrement ce qu'il disoitde ce coup de
Cousteau que Jean Chastel luy avoit donné dans la
lèvre, ce rustre respondit.... d'aub. Conf. ii, 7.
— ÉTY.M. Dé..,., préfixe, et vergogne, du latin
verecundia, qui avait donné aussi vergonder; pro-
venç. desvergonhar , desvergoignar; espaga. desver-
gonînr.
\ DÉVERGUER (dé-vèr-ghé), v. a. Terme de ma-
rine. Voy. DÉSENVERGUER.
f DÉ VERNIR (dé-vèr-nir), v. a. Oter le vernis
d'un objet. || Se dévernir, «. ré(l. Perdre son vernis.
— ÉTY.M Dé.... préfixe, et t-ernis.
t DÉVERROUILLER (dé-vè-rou-llé. Il mouillées,
et non dé-vè-rou-yé) , v.a. Ôter les verrous.
— HIST. XIII" s. Le postiz [il] va desverroillier; El
Chantecler.... Voitque la porte estoit ouverte.... Tien.
20271. Il XIV" s. Ce .sont li boquillon [bûcherons]
qui nous viennent aidier. Et leur famés aussi qui
viennent du monstier ; Blanches vesteUres ont; allons
desveroillier, GuPidm, 933. || xvi" s. Enfin, après
tant d'ennuis, Foi, qui du ciel est portière. Des-
verrouilla le saint huis X une blême prière, yver,
p. 627,
— ÉTYM. Dé... préfixe, et «errou.
i. DEVERS (de-vêr; l'i ne se lie pas: de-vêr un
bois; cependant quelques-uns lient : de-vêr-z un
bois), prép. || 1° Du côté de. L'autre se relevant de-
vers nous vint so rendre, Régnier, Soi. x. Le prê-
tre avait à peine obtenu du silence. Et devers l'O-
rient assuré son aspect.... corn. Poly. m, 2. Tout
un grand peuple armé fuyait devers le port, id.
Pomp. V, i. Mais quel mauvais démon devers nous
le conduit? id. Iléracl. m, t. Quel bon démon do-
vers moi vous envoie? id. ib. v. C'est devers vous
qu'il penche, id. Attila, ii, 6. Mille fois pour vous
voir il a de ces remparts Devers Thèbes jeté les yeux
de toutes parts, rotrob, ^n(ig. m, 7. Enfin, la Ran-
cune l'ayant tourné dans sa chaise devers le feu
dont l'on avait chauffé les draps, il ouvrit les yeux,
SCARRON, nom. com. I, ch. n. Tourne un peu ton
visage devers moi, mol. C. Dand. ii, ). Celui qui
maintenant devers vous est venu, id. Sgon. I o. La
faisant tourner un peu devers lui, id. Sicil. <2,
Pour s'enfuir devers sa tanière, la font. Fabl. n,
< 4. Il s'en allait devers Cbàteau-Guillaume, id. Orais.
11 se rendra devers mon cabinet, id. Confid. J'ai des
cavales en Egypte qui conçoivent au hennissement
des chevaux qui sont devers Babylone, id. Vie d'K-
sope. Ne tournez point tant la tête devers eux, iia-
milt. Gramm. 10. C'est ainsi devers Caen que tout
Normand raisonne , boil. Épitre xi. Plus que jamais
confus, humilié. Devers Paris je m'en revins à pié,
VOLT. Partv. diable. Lorsqu'à Berlin vous commen-
çâtes X prendre ce vol immortel Devers la gloire où
vous volAtes, ID. Ép. lv. Proclès, ayant fait venir
ses petits-fils devers lui, les chérissait comme on
peut croire, p. l. cour ii, tes. || 2" Approchant.
Il a poussé sa chance. Et s'est devers la fin levé long-
temps d'avance, mol. Fâcheux, i, t. || 3° Par de-
vers, loc. prép. En la possession de. Il avait par
devers lui des preuves suffisantes du contraire, iia-
MiLT. Gramm. 8. Quand on a par devers soi de longs
services, dans richelet. || Par devers soi, au fond
de son esprit ou de son cœur. Tout fut secret; et
quiconque eut du bon, Par devers soi le garda sans
rien dire, la font. Berc. || Par devant. Se pourvoir
par devers le juge, se pourvoir à son tribunal.
— REM. Devers a vieilli ; cependant il est si bien
autorisé (]u'on pourrait sans scrupule en faire usage.
— lllST. XI" s. Devers Ardene [il] vit venir un
leupar, Ch. de Bol. lvi. Devers vous est li orguelz
et li torz, ib. cxviii. || xii" s. Par devers nous est li
noiaus [le gros de l'armée ennemie] tornés, Ronc.
p. 81. Devers les piez le prist premièrement, ib.
p. 163. Se devers lui [elle] ne vient ma délivrance,
Couci, XVII. Li dux Miles se tint devers un cimetire
[cimetière]. Et voit environ lui ses chevaliers ocire,
Sax. X aval par devers Frise, Alemagne [ils] ont
destruite et Cologne malmise, ib. xxiii. Et pis que
nuls ki devant lui ont ested, devers nostre seigneur
uverad [il agit]. Rois, p. 309. || xiii" s. Li marchis
de Monferrat garda l'ost par devers les chans, vil-
leh. Lxxvi. Li Venicien si orent la partie devers
riaue où les nés [navires] estoient, et li François
orent l'autre, id. xlix. â la fin l'en convint [il lui
fallut pour cela] tenir devers le pire, Berte, lxiv.
Devers l'autel [elle] s'incline, puis s'en ist [sort]
erramment, ib. ex. Cil qui apela par devers le
[la] justice comme de faux apel, beaum. 7u. Quant
le roi vit ce, il se mist ou péril avec les autres;
car pour un homme que le roy avoit, quant il fu
passé devers les Anglois, les Anglois en avoient
mil, JOiNV. 206. Là fu la de.sconfiture si grant, que
pluseurs de nos gens recuiderent passer à noue [à
la nage] par devers le duc de Bourgoingne, id. 227.
Quant nous eûmes oy la messe, un vent grief et fort
qui venoit devers Egypte, leva en tel manière que....
id. 2)3. Il XIV" s. Nous voion souvent d'aucunes
choses que les enfans ont par devers eulz, que il les
cuident et reputent estre très bonnes et très pré-
cieuses, ORESME, Elh. 3)2. Il XV" s. Si escpipsit de-
vers Messire Jean d'Armignac , froiss. ii, ii, i
Estant à Tours devers le roy, comm. i,(. Et y entrè-
rent devers le soir, id. m, to. {j xvi" s. Comment
Ulrich Guallet feut envoyé devers PicrochoUe, rae.
Car. I, 30. Prenez Epistemon de compaignie, et
vous transpourtez par devers elle, et oyez ce que
<<36
DEV
TOUS Uiia, 10. Panl. m, tH- 1-es Atljetiieiis, vcaans
de devers les quartiers du Palladium, Ardettus et
Lycium, rembarrèrent leur pointe droitte jusques
dedans leur camp, amyot, Thés. 34.
6TYM. De.... priMije, et vers, préposition;
bourRuig. devé: deiè ché to, chez vous.
DÉVERS, EllSE (dé-vêr, vèr-s'), adj. || V Qui
n'est pas droit ni d'aplomb. Ce mur est dévers.
Il 2° S. m. Terme de charpenterie. Le dévers d'une
pièce do bois en est le gaucliissement ou la pente.
Il faut marquer ce bois suivant son dévers. || 3° Cro-
chet dont les ouvriers se servent pour manier le fer
dans les grosses forges. || 4° Écroulement des cou-
ches dans une carrière d'ardoise.
— ÉTYM. Lat. deversus, de la préposition de, et
versus, tourné (voy. version).
DÉVEKSÊ, ÉE (dé-vèr-sé, sée), part, possède
déverser 1 . Du bois qui est gauche s'appelle bois
déversé.
t *. DÉVERSEMENT (dé-vèr-se-man), s. m. Ac-
tion de déverser, de s'incliner, de pencher de côté.
— ÉTYM. Déversr.r t.
t 2. DÉVERSEMENT (dé-vJr-se-man) ,s. m. Terme
d'hydraulique. Action de déverser les eaux d'un ca-
nal; action des eaux qui se déversent.
— ÉTYM. Déverser 2.
(.DÉVERSER (dé-vèr-sé). || l' V. a. Courber.
Déverser une pièce de bois, c'est aussi l'incliner.
Il i'V.n. Pencher, s'incliner, devenir courbe. Un
mur qui déverse. || 3° Se déverser, v. réfl. Devenir
déversé. Du bois qui se déverse.
— ÉTYM. Dévers.
t 2. DÉVERSER (dé-vèr-sé). || 1° V. n. S'épancher,
en parlant du trop-plein d'un étang, d'un canal,
h'eau déversait par-dessus la chaussée. || 2° V. a.
Kaire couler des eaux d'un lieu dans un autre. Dé-
verser les eaux d'un canal. || 3° Se déverser, v. réfl.
Passer d'un lieu dans un autre, en parlant des eaux.
Les eaux se déversèrent dans le canal.
— REM. 1. Déverser, dans le premier sens, ne se
trouve pas dans le Dictionnaire de l'Académie; mais,
donné par quelques dictionnaires, il est justifié par
dérersoir. || 2. Déverser le blâme ou le mépris sur
quelqu'un est une locution qui se répand beaucoup;
pourtant il n'y a aucune bonne raison pour tirer
déverser de son emploi technique ; il vaut mieux
dire : verser le blâme, etc.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et verser; provenç. de-
versar.
DÉVERSOIR (dé-vèr-soir) , s. m. || 1° Endroit par
où déverse, s'épanche le trop-pleiu des eaux d'un
étang, d'un canal. Le déversoir est destiné à per-
mettre l'écoulement des eaux superflues qui, sans
cette facilité, passeraient par-dessus la chaussée, et
cela même arrive lorsque la longueur du déversoir
est insuffisante, lkgoahant. On sait que le niveau
d'un canal commence à partir d'un certain point A
de la surface en amont du barrage, et que la hau-
teur effective sur le seuil du déversoir est plus pe-
tite que celle du niveau du point A au-dessus de ce
seuil, DRASctiMANN, Comptes rendus, Acad. des se.
t. LUI, p. (H 2. Il 2° Nom donné à la vanne même
qui sert de décharge. || 3° Terme de pavage. Ran-
gée de pavés posée diagonalement sur l'accotement
d'une chaussée pour renvoyer les eaux dans le ruis-
seau ou le fossé.
— ÉTYM. Déverser 2.
tDÉVESTITURE (dé-vè-sti-tu-r'), s. f. Déposses-
sion. La dévestiture d'une charge, d'un bénéfice.
— ÉTYM. Formé sur le modèle d'investiture (voy.
ce mot).
t DÉVÊTEMENT (dé-vê-te-man) , s. m. Action de
dévêtir; état de ce qui est dévêtu.
— ÉTYM. Dévêtir.
DÉVÊTIR (dé-vê-tir), je dévêts, tu dévêts, il
dévêt, nous dévêtons, vous dévêtez, ils dévêtent;
je dévêtais; je dévêtis; je dévêtirai; je dévêtirais;
dévêts, dévêtons ; que je dévête, que nous dévêtions ;
que je dévêtisse; dévêtant; dévêtu, v. a. || 1° ôter
un vêtement. Etant parti de la ville homme de paix,
il arriva grand capitaine à l'armée et dévêtit ea robe
longue pour gagner d'abord une bataille, balz. les
Romains. || 2° Se dévêtir, v. réfl. Se dégarnir d'ha-
bits. Il est dangereux de se dévêtir trop tôt. || Fig.
On se dévêtait des sentiments de l'un pour se re-
vêtir des sentiments de l'autre, pascal. || Terme
de jurisprudence. Se dessaisir. Se dévêtir d'un
héritage.
— HIST. XHi' s. Le peliçon vesti einsi, Et puis
après le dovesli Por la qeuo qui ert deseure, lien.
UBo. La damed'iluec se leva, Devesli soi, si se lava.
Et rist assez de l'avanture, ruteb. li, (90. L'apos-
toiles (le pape] meïsmes canta la messe entr'aus
DÉV
[euxj; Quant il fu desvietu, s'issirent des postaus,
Ch. d'Antioche, i, 785. || xv* s. Et se devestirent là
ces six bourgeois tous nus en leurs braies et leurs
chemises [au siège de Calais], yaoïss.i, i, 32).l|xvi'
s. Jusques à ce qu'eslans devestus de nostre chair cor-
ruptible, nous soyons transfigurez en la gloire,
CALVIN, Jnstil. 320. Nostre ame se glorifie.... do ren-
ger les choses qu'elle estime dignes de son accoin-
tance, à desvestir et despouiller leurs conditions
corruptibles, mo.nt. ii, (9«. J'ay dressé à Raimoud
Sebond un accoustrement à la françoise; je l'ay de-
vestu de ce port farouche que.... id. iv, 337. Pour
acoustumer les homes, qui se veulent revestir des
fiefs, de se devestir aussi de leurs mauvaises mœurs,
LANGUE, 239. Il faisoit l'hermite en son prieuré de
Crato, ne croyant pas qu'il fallust devestir le prestre
pour vestir le roi, d'aub. llist. ii, 397. Après avoir
devesti et découvert l'os de son périoste, paré, x,
21 . Devostant l'habit qui les tenoit en bonne et hon-
neste contenance, ils se remplissent incontinent de
toute dissolution, amyot. Comment il faut ouir, l.
Devestir le tige de feuilles, bab. Vaut, m, 60. Du
manteau vert les prez se devestirent, marot, m, 297.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et vêtir; provenç. deves-
tir, desvestir; ital. divestire.
DÉVÊTISSE-WENT (dé-vê-ti-se-man) , s. m. Terme
do jurisprudence. Dessaisissement de ce qu'on pos-
sède.
— ÉTYM. Dévêtir.
DÊVËTP, TJE (dé-v6-tu, tue), part, passé de dévêtir.
Dépouillé d'un vêtement. Le tronc de branches dé-
vêtu, RÉGNIER,. SfaHces rel. ||Fig. Et le prudontsera
de raison dévêtu, S'il -se montre trop chaud à sui-
vre la vertu, m. Sat. xvi.
t DÉVIATEUR, TRICE (dé-vi-a-teur, tri-s'), adj.
Qui produit la déviation. Il faut que l'instrument,
par quelque effet déviateur des rayons, procure l'é-
quivalent de la décentration et présente aux deux
yeux les rayons efiectifs sous une convergence dé-
terminée, GiBAun-TEULON, Comptes rendus , Acad.
des se. t. LU, p. 23. Le général Didion offre au lec-
teur deux formules de déviation [du boulet], dans
lesquelles la force déviatrice est comparée soit à la
pesanteur, soit au vent, Presse scientifique, année
(881, t. m, p. 2(1,
— ÉTYM. Dévier.
t DÉVIATIF, IVE (dé-vi-a-tif, ti-v"), adj. Terme
didactique. Qui tend à dévier, à faire dévier.-
— ÉTYM. Dévier.
DÉVIATION (dé-vi-a-sion; en vers, de cinq syl-
labes) , s. f. Il 1° Terme de physique. Quantité dont
un corps pesant s'écarte de la verticale, en vertu
de la force centrifuge ou de l'attraction d'une mon-
tagne voisine. || Terme de balistique. Déviation ver-
ticale, force dirigée do bas en haut, qui retarde la
chute du projectile et augmente la portée; elle pro-
vient de ce que la pression de l'air est plus grande
au-dessous qu'au dessus du boulet. Déviation hori-
zontale, déviation qui dépend du sens de l'hélice de
l'arme; dans le sens habituel, elle est de gauche à
droite pour un observateur placé derrière le canon.
Il Terme d'astronomie. La quantité dont une lu-
nette méridienne ou un quart de cercle mural s'é-
carte du plan méridien. || 2° Direction vicieuse que
prennent certaines parties. Déviation de la colonne
vertébrale. || Déviation du sang ou de la bile, passage
de ces humeurs dans des vaisseaux qui ne leur sont
pas destinés. || 3° Fig. Écart moral. Une déviation de
principes. || 11 se dit, en histoire philosophique, des
écarts que subit le développement de la civilisation.
— ÉTYM. Dévier.
t DÉVIDAGE (dé-vi-da-j'), s. m. Action de dévi-
der, de mettre, d'appliquer sur le dévidoir.
— ÉTYM. Dévider.
DÉVIDÉ, ÉE (dé-vi-dé, dée), part, passé. Mis en
écheveau ou en peloton. De la soie dévidée. || Fig.
C'est à toi que je dois ces jours Qui , dévidés d'or et
de soie, Entre l'indolence et la joie N'auront plus
qii'un paisible cours, cuaulieu, l'Epicurien.
DÉVIDER (dé-vi-dé), v. a. || 1° Mettre en éche-
veau, au moyen du dévidoir, le fil qui est sur le
luseau. Il Mettre en peloton ce qui est en écheveau.
Il 2° Poétiquement. Dévide aux ans de leur dauphin
Un bonheur qui n'a point de fin, malh. ii, 3. Les
Parques d'une même soie Ne dévident pas tous nos
jours, ID. m, 4. Il 3° Par extension, faire passer entre
ses doigts. C'est l'aveugle que guide Le mur accou-
tumé. Le mendiant timide Et dont la main dévide
Son rosaire enfumé, lamart. Harm. m, to. || 4° Fig.
Expliquer, débrouiller Qui dévidât mieux un
cas de conscience, begnier, Sat. x. Votre mon-
sieur a très-bien dévidé mon esprit, sÉv. 60. Nous
dévidons beaucoup de chapitres, id. 353. Nous ap-
DEV
pelons cela dévider tantôt une chose, tantôt une
autre, IB. 609. |{ 6° V. n. Terme de manège. Un
cheval dévide quand, en marchant des deux pistes,
les épaules vont trop vite et que sa croupe ne suit
pas. Il 6° Se dévider, v. réfl. Être dévidé. Celte soie
se dévide très-bien.
— HIST. xjii" S. Qui que tisse, chascuns desvuide,
Fabliaux mss. t. m, f" flt, dans lacuhke. Quicon-
qucs veut estre fillares.se de soie à grans fuiseaus à
Paris, c'est à savoir desvuidier, filer, doubler et re-
cordre.... Liv. des met. 80. Himer me covient de
cest monde, Qui de tout bien se vuide et monde;
Por ce que de tout bien se vuide ; Diex soloit tistre
[tisser] et or desvuide; Par tens li ert faillie traime,
BUTEB. 220. Tu qui contre eulx ne fines de ton venin
vuidier, Ne sez, espoir, leur texte jusqu'au vif des-
vuidier, Et pour ce te devroies d'eux blasmer re-
froidier, j. nE meung. Test. 8(i. La femme qui file
au touret. Quant pour vendre desvide. Du meilleur
filé dessus met, Dit des peintres. \\ xvfs. Ils avoient
eventré (6 ou (6 corps morts des Bourguignons, et
devidoient leurs trippes comme trippiers à la rivière,
CARL. IV, 32. Voilà une partie des difficultés qui
m'ont esté mises en avant, lesquelles, amy lecteur,
tu dévideras, si c'est ton plaisir d'en prendre la
peine, Contes de cholières, P 264, dans laclrne.
Il n'est que de trouver le bout du fil, on en desvide
tant qu'on veult, mont, iv, (80.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et vide (comme montre
l'ancienne forma des - vuiier , vide s'étant écrit
vuide); dévider, c'est rendre uide le fuseau. Cette
étymologie est acceptable à condition qu'on prendra
le préfixe dé.... avec le sens augmentatif. Mais voyez
à dévidoir ces formes-ci d'Eust. Deschamps; desvo-
doir, desvondoir ; elles ne s'accommodent guère de
rider, et elles font penser à vinder ou guinder, de
l'allemand winden, enrouler, d'où devinder ou dé-
vider, dérouler; ce qui serait satisfaisant pour le
sens.
DÉVIDEUR, EUSK (dé-vi-deur, deû-z'), s. m. et f.
Celui, celle qui dévide. Que les maîtres, ouvriers tra-
vaillant à façon, et devideuses, seront tenus de
montrer.... aux dits marchands.... les soies qu'ils au-
ront reçues pour ouvrer ou dévider, Stattits des
marchands de draps d'or, 9 juillet (667, art. 36.
— ÉTYM. Dévider.
DÉVIDOIR (dé-vi-doir), s. m. || 1° Instrument pour
dévider. || 2» Nom vulgaire d'une coquille du genre
des arches. C'est l'arclie bistournée.
— HIST. XV" s. Or a fille [filet], or aserans, Dcs-
vodoirs et petiz et grans, e. desch. Poésies vist.
f° 6(3, dans LACURNE. D'aguiUes, canouUe [que-
nouille] et fu.seaux. De desvondoirs, de buretteaux,
ib. f° 6(4. Ilxvrs. De la façon des fourneaux, des
bassins, des roues ou tours, nommés à Paris desvi-
doirs, et à Tours guindres, o. de serres, 494.
— ÉTYM. Dévider; Berry, dévidoué.
DÉVIÉ, ÉE (dé-vi-é, ée), part, passé. Qui a perdu
sa direction, sa rectitude. La colonne vertébrale dé-
viée. Il Terme de botanique. Feuille déviée, feuille
dont la face supérieure n'est pas tournée vers le
ciel.
DÉVIER (dé-vi-é) , je déviais, nous déviions, vous
déviiez; que je dévie, que nous déviions, que vous
déviiez. || 1° Y. n. Se détourner ou être détourné de
sa direction. Dévier de son chemin. Vous dont le
char dévie Après un cours heureux , bérang. Roger
Dont. Il Fig. Il n'a jamais dévié des principes de
la justice. Il 2° V. a. ôter la rectitude. Une attitude
vicieuse peut à la longue dévier la colonne verté-
brale. Il 3° Se dévier, v. réfl. Sortir de la rectitude,
La colonne vertébrale se dévie par différentes causes
Sa taille se dévie, il devient contrefait.
— HIST. XII» s-Les autres devriez mener e aveier,
E vus les faites Tuz chaîr [choir] e trebuohier; Nis
[môme] le rei del païs faites vus desveier. Th. le
mart. 28. || xivs. En tele manière que lu dévies et
vaises [ailles] nors de vérité, oresme, Elh. (63.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. desviar; ital. dii-
viare; du latin deviare, de la préposition de, et via,
voie. Il y avait aussi, dans l'ancien français, un dé-
vier,qni signifiait mouriret qui venait de de, etvita,
vie.
f DÊVIGOGNER (dé-vi-go-gné). ||l°r. a. Dégau-
chir, déformer. |(2° V. n. Terme de marine. Étreea
mauvais état, en parlant des câbles , des mâts, etc.
Ij Inusité.
DEVIN, INE (de-vin, vi-n'), i. m. et f.\\l' Ce-
lui, celle qui prétend découvrir ce qui est caché,
,soit dans le passé, soit dans le présent, soit dan»
l'avenir. Moi, devine! on se moque; Eh! messieurs,
sais-jelire?LAFONT. Fahi. vu, 4 6. Entre tous les de-
vins fameux dans la Chaldée....HAC. Esth.u, (. J'a"
DEV
des savants devins entendu la réponse, id. ib. m, (!.
Ne consultez pointlesdevins.depeur devoussouiller
en vous adressantà eux, saci, Ilible, Lévit. xix, 3i.
Il envoya des ambassadeurs à Balaam, fils de lîeor,
qui était un devin et qui demeurait prrs du fleuve
du pays des enfants d'Ammon, id. ib. Nomb. xxii,
6. I| Fis;. Je ne suis pas devin, c'est-à-dire je ne
pouvais prévoir cela, et aussi je ne comprends pas ce
qu'on veut dire. || Pour le féminin devineresse , plus
usité que devine, voy. dfvineur. |{ 2° Le devin, ou,
adjectivement, le serpent devin, un des noms vul-
gaires du boa constricteur (ophidiens). {| Nom de
plusieurs espèces d'insectes du genre mante (ortho-
ptères). Il Proverbe. Il ne faut pas aller au devin pour
en être instruit, se dit en parlant d'une chose qui
est assez connue.
— SYN. DEVIN, PROPHÈTE. Le prophète prédit ce
qui doit arriver, grâce à des communications sur-
naturelles qu'il a avec la divinité. Le devin , qui non-
seulement prédit l'avenir, mais encore découvre ce
qui est caché, doit sa prétendue connaissance aux
sciences occultes et à tous les procédés divinatoires
qu'a imaginés la superstition ou la supercherie.
- HiST. xiir s. Seigiior, ce dient li devin. Il est
escrit en parchemin Que cil a sovent mau matin Qui
près de lui a mau voisin. Tien. 7383. Si sunt devin
qui vont par terre, Quant il preeschent por acquerre
Honors ou grâces, ou richoces.... la Hose, 6H7.
Il xv s. Donc il est devin? dis-je, ou il a des mes-
sagers qui chevauchent de nuit avecque le vent?
FBOiss. II, m, 22. Sans aller parler au devin, L'ung
prist ce pasté de façon, L'autre emporta ung broc
de vin, villon. Repue de Uontfaucon. |{ xvi* s. Cer-
tains pronostiqueurs et faulx devins l'avoienl abusé
de vaine espérance, amyot, Cic&on, 20. Poètes,
-peintres, pelegrins, à faire et dire valent devins,
GÉNiN, Récréai, t. ii, p. 247. Par la dislocation que
les passions a|)porlent à nostre raison, nous deve-
nons vertueux; par son exstirpation , que la fureur
ou l'image de la mort apporte, nous devenons pro-
phètes et devins, mont, ii, 327.
— ÉTYM. Provenç. devin, devi, devin; devina,
devineresse; anc. espagn. devino; du latin divinus,
celui qui a des clartés divines, surhumaines (voy.
divin).
1;EVL\ABLE (de-vi-na-bl'), adj. Qu'on peut de-
viner, facile à deviner.
— ÉTYM. Divintr.
fUEVlNAILLK (dé-vi-nâ-U', «mouillées), s. f.
Art ou profession de devin. 11 faut en devinaille être
matlre Gonin, kEgnier, Sat. x. || Terme vieilli et
qui ne se dirait plus qu'en plaisantant ou pour railler.
— IIIST. XII' s. La gent Herbert ne sont mie fra-
paille; Il t'ociront, c'en est la devinaille, Raoul de
C. 43, Il XIII" S. Reiiart respont: c'est devinaille, Bien
verron à la definaille, Lequel que soit plus deceO,
Ren. U885.
ÉTYM Lat. divinacula, ta (laviela, dans un texte
du VI» siècle; voy. Rev. critique, M mai t870, p. 346.
DEVINK, ÊE(de-vi-né, née), par», puise. || 1° Dé-
couvert par l'art du devin. Un événement deviné
et prédit fortuitement. || 2° Pénétré parle raison-
nement. Un secret deviné. Des desseins devinés et
traversés. {| 3° Dont on trouve le mot. Une énigme
devinée.
t DKVINEMENT (de-vi-ne-man), s. m. Action de
deviner.
— IllST. XII* s. Pur ço comandad Saul que l'om li
quesist une femme qui seUst de sorcerie, que par
son devinement seUst corne la bataille se pren-
dreit. Bois, p. <09. || xvi* s. C'est une bien grande
folie, si leur devinement les trompa, de recourir îi
la fortune, calv. /ns(i(. 142. Devinemens, arts ma-
giques, necromantie, id. ib. 8i5.
— ÉTYM. Deviner; provenç. devinamen, avec le
sens de médisance; ilal. divinamento.
DEVINER (de-vi-né), v. a. || 1° Découvrir par des
procédés surnaturels ce qui est caché dans le passé,
le présent ou l'avenir. Le devin ne put deviner où
le trésor était caché, ni quel avait été le voleur.
Il Absolument. Piaiiquer l'art de deviner. Un homme
qui se mêle de deviner, pasc. Prov. 8. La coupe que
vous avez dérobée est celle dans laquelle mon sei-
gneur boit, et dont il se sert pour deviner , saci ,
Bible, Genèse, xliv, 6. || 2° Par extension, inter-
préter, discerner par voie de conjecture. Il reconnut
ou devina votre écriture en voyant le dessus, et je
ne niai pas que c'en fût, voit. ieK. 23. Je reviens à
Pompée, et pense deviner Quels motifs jusqu'ici peu-
vent nous l'amener, corn. Sertor. i, 2, Je connais
les détours et devine tes ruses, id. le Ment, ii, 3.
Les politiques ne se mêlent plus de deviner ses des-
seins [de Louis XIV]; quand il marche, tout se croit
DICT. DE LA LANGLE FRANÇAISE.
DEV
également menacé, jtoss. Marie -Thér. Apprends
qu'on devine Dans ces rustiques lieux ton illustre
origine, volt. Sqithes, 1, 3. On n'avait jamais fait en
France de dénombrement [sous Charles IX] ;on était
trop ignorant pour soupçonner seulement qu'on pût
deviner le nombre des habitants par celui des naissan-
ces etdes morts, lo.Dmi. xxiv, i"entr. Exemple re-
marquable des erreurs auxquelles on s'expose en
cherchant à deviner les lois de la nature par les
vues qu'on lui suppose, laplace. Expos, m, 5. || Ab-
solument. Quoi que vous me cachiez, aisément je
devine, CORN, iîodojr. i,5. Devine si tu peux, et choi-
sis si tu l'oses, ID. Héracl. iv, 6. Qui devine est
souvent sujet à se méprendre, id. Suréna, iv, 3.
Il 3° Trouver le mot. Deviner une énigme, une cha-
rade, un logogriphe. || C'est une énigme à deviner,
se dit de ce qui est obscur. || Je vous le donne à de-
viner en dix, en cent, se dit d'une chose tout à fait
inattendue, improbable, et que la personne à qui
l'on parle ne s'imaginera sans doute jamais. || Fami-
lièrement. Il faut toujours le deviner, se dit de quel-
qu'un qui parle ou écrit avec obscurité. || Devinez
le reste, c'est-à-dire ce qu'il reste à vous apprendre
peut se conjecturer sans peine. || On dit dans un sens
analogue, vous devinez le reste. || Je vous le laisse à
deviner, vous n'aurez aucune peine à deviner de
qui ou de quoi il s'agit. Je ne connais au monde
qu'un seul homme qui, arrivant en ce moment à
Paris, eût partagé avec M. de Voltaire l'enthousiasme
et l'admiration publique, et cet homme, sire, je vous
le laisse à deviner, d'alemb. Lett. au roi de l'russe,
1" juillet (778. Il Deviner les fêtes quand elles sont
venues, dire des choses que tout le monde sait.
Il 4° Se deviner, v. réjl. Être deviné. Cela se devine
aisément. || Se pressentir l'un l'autre. Ces deux
âmes s'étaient devinées. Les mêmes mots sont ra-
rement synonymes d'eux-mêmes; ils présentent di-
vers sens selon qu'on les applique; on se devine
plus qu'on ne s'entend dans la conversation, tur-
GOT, Ébauche du 2» dise. Progrès de l'esprit hu-
main, p. 259.
— HIST. xii* s. Vos prouesses, vos bonnes mains
Ont deux fois vaincu les Romains, Kt sachiez que
mes cuer devine Que encore hui les vainquerois
[vaincrez]. Roman du Brut, ms. f° 94, dans la-
CURNE. Qui devinent, ains qu'il puist avenir, Les
biens d'amour, Diex les puist maleïr, Coud, xix.
Il XIII" s On devine plus sovent De çou [ce] c'on
a millior talent [qu'on désire le mieux] , Poésies mss.
t. III, p. (025, dans LACURNE. On va jà dieuant c'on
veut faire abeesse De le [la] feme Alissandre, le [la]
suer dame mairesse, Por çou [ce] qu'en li n'a point
ne barat ne cafarde, ih. t. iv, p. (333. Onkes cres-
tienté ne rechut si grant damage comme elle reche-
vrahui cest jour, si comme mes cuers le me devine,
Chr. de Rains, 205. Dont [elles] sorent bien, sans
deviner. Le terme de lor enfanter, FI. et Bl. (6(.
Il XIV' s. Il semble que tous ceulz qui diftinissent
vertu divinent ou sentent aucunement que vertu est
tel habit qui est selon prudence, oresme, Elh. (89.
Il XVI' s. Les âmes, dans le sommeil, divinent, pro-
gnostiquent et voyent des choses que.... mont, ii,
209. C'est à deviner, si la constance s'y feust trou-
vée, ID. n, 384. Celuy qui n'a pas remply sa force,
il vous laisse [à] deviner s'il a encores de la force au
delà, ID. IV, 48. L'art de deviner les choses à ad-
venir, AMYOT, Niciaset Crass. 8. Où sont les trépieds
de Clare, Les devihoirs de Patare, Où tu devines de
loing? BAÎP, Œuvres, f° 28, dans lacurne.
— ÉTYM. Devin; bourguig. devenuy; provenç. de-
vinar; anc. espagn. divinar; ital. divinare. On re-
marquera l'ancienne forme dieuer.
DEVINERESSE (de-vi-ne-rè-s' ) , i. f. Voy. devi-
NEUR.
DEVINEUR, BRESSE (de-vi-neur, ne-ré-s'), s.
m. et f. Il 1° Celui, celle qui a la prétention de de-
viner. Quoiqu'ignoranle à vingt et deux carats. Et
logée en un galetas, Une devineresse avait empli sa
bourse, la font. Fabl. vu, (B. Jeanne d'Arc fut
qualifiée de superstitieuse, devineresse du diable,
VOLT. Mœurs, 80. || Il y a aussi le féminin devineuse.
Chez la devineuse on courait Pour se faire annon-
cer ce que l'on désirait, la font. Fabl. vu, (5.
Il 2° Fig. et familièrement, celui qui juge par voie
de conjecture. Quel devineuri {| En ce sens, le fé-
minin est devineuse, non devineresse. On dira aussi
une devineuse, non une devineresse, en parlant de
charades, d'énigmes, etc.
— HIST. XIII' s. Car il sont bon devineour Tout
cil qui aiment par amour, FI. et Bl. 337. || xiv s.
Si come feindre estre bon médecin et estre sage di-
vineeur, ORESME, £(h. 135. || xvi' s. Sa femme estoit
devineresse, amyot, Crats. (4.
DEV
1137
— ÉTYM. Deviner; bourguig. deviqnour; provenç.
devinaire, devinador ; \V<û. divinatore. Dans le pro-
vençal devinaire est le nominatif, d'un bas-latin dt-
vinàior; devinador est le régime, de divinalàrem, ,
dans le français les formes parallèles sont devinere
et devineor. Ifevin ne peut donner devineresse,
mais devineur le donne, comme demandeur, de-
manderesse, chasseur, chasseresse. Ces noms ont sou-
vent un double féminin : demandeur, demandeuse
et demanderesse.
t DÊVIRAGE (dé-vi-ra-j') , s. m. Terme de ma-
rine. Action de dévirer. || État d'une pièce de bois
dont tous les points d'une même face ne sont pas
situés dans le même plan. Cette pièce a du dévirage.
On dit aussi dévirance.
— ÉTYM. Dévirer.
tDËVIRER (dé-vi-ré), V. a. Terme de marine.
Détourner un cabestan, pour donner du mou à un
cordage qu'on avait roidi en virant. Dévirer une
manœuvre, la faire tourner sur son axe dans le sens
opposé à son commetlage. || Terme de construction
navale. Donner du renllement à des pièces de bois.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et virer.
t DÉVIRGINER (dé-vir-ji-né), v. a. Latinisme,
ôter la virginité.
— ÉTYM. Lat. devirginare, de de, et virgo,
vierge.
t DÉVIRGINEUR (dé-vir-ji-neur), s. m. Celui qui
ête la virginité. On les nommait les trois dévirgi-
neurs, tiers ci (^ dans bescherelle. || ^dj. [le merle
blanc] Commeil parlait, entre dans la cuisine, Et le
vieillard saisit sa carabine Pour ajuster l'oiseau dé-
virgineur, baour-lormian, dans bescuerelle.
t DÉVIROLAGE {dé-vi-ro-la-j') ou DÉVIUOLE-
MENT (dé-vi-ro-le-man), s. m. Action de déviroler
les pièces nouvellement frappées.
t DÉVIROLER (dé-vi-ro-lé), v. a. Retirer delà
virole les flans qui ont été frappés par le coin.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et virole.
DEVIS (de-vi; l's se lie : un de-vi-z important),
s. m. Il 1° Descriction des travaux qu'on doit exécu-
ter pour la constructiond'un bâtiment, avec l'estima-
tion des ilépenses. Faire un devis. Les dépenses vont
presque toujours au delà des devis. || Terme de ju-
risprudence. Di^vis et marché, acte par lequel sont
réglés la forme, le poids, la mesure, la quantité,
la quotité et le prix d'un ouvrage, et les obligations
respectives de celui qui fait faire l'ouvrage et de ce-
lui qui l'entreprend. {| 2° Menus propos, entretien
familier. De joyeux devis. Qui plus suffisamment
entrant sur le devis, Régnier, Sa(. x. Un jour qu'ils
étaient en devis, LA font. Rich. Tuez-vous donc vite;
ahl que de longs devis, mol. l'Ét. ii, 7.
— HIST. XII' s. Car j'ai esté longtemps à son de-
vis [à son service], Et serai mais tant com je serai
vis [vivant], Couci, p. (24. Or est l'amors conetie
et proïée; U'oren avant [je] serai à vos devis, qles-
nes. Romancero, p. (07. Herupois sont mandé pour
voir le vos devis, Sax. xxiv. Nous en ferons justice
tout à nostre devis, ib. xxvi. || xiii' s. Trop par fu
bien fet le chastel, Onques nus bons ne vit si bel.
Or vos en ferai le devis [la description], Ren. 21999
Qui autel vieavoir porroit, De mieudre bien se sof-
ferroit [se passerait]. Qu'il n'est nul greignor para-
dis Qu'avoir amie à son devis, la Rose, (308. Ce ne
pot estre fet ne par devis ne par testament, beaum.
Lxx, 8. Et estoit contenus en son testament, que ses
devis fust paies de ses cozes, id. xii, 2. ||xv's. Après
cesdevis [propos] je prins congé d'eux, comm. viii, 7.
Il oyoit les bons devis [propos] qui à cette cause se
faisoient, LOi'is xi, Nouv. lxxiii. Assez s'en dou-
toit, attendu le regard, devis et esbattement qu'il
avoit vu entre eux deux, id. ib. lxxvi.|1xvi' s. Oc-
troyez moi de funder une abbaye à mon deviz [à mon
gré], RAB. Gar. i, B2. Sa leçon se fera tantost par
devis [causerie], tantost par livre, mont.i, (74. Je
choisirois plus tost de sçavoir auvray les devis qu'il
tenoit en sa tente à quelqu'un de ses privez amis, la
veille d'une bataille, que les propos qu'il teint le
lendemain à son armée, id. ii, (07. De bons et
graves devis, amyot, Lyc. (9. Quant à l'Odeon, on
dit que Pericles en bailla le devis et l'ordonnance,
ID. Péricl. 29. La maçonnerye cy après declairée,
selon le divis et ordon'nance à eulx faicte par le dit
maistre maçon. Marché fait, Bibl. de l'Ecole du
Chartes, 4' série, t. m, p. 63.
ÊTYM. Provenç. devis; ital. di«tso;du latin di-
fi'sum, divisé : pro|)rement, chose divisée , division,
de là choix, gré, propos.
DÉVISAGÉ, ÉE (dé-vi-za-jé, jée), port, poss^,
Dévisagé à coups d'ongles.
DÉVISAGER (dé-vi-za-jé. Le g prend un e devant
a et 0: nous dévisageons, je dévisageais), v. a.
I. — U3
4138
DEV
g !• Déchirer le vin.ifrc avnc les ongles ou les griffes,
rrenez garde de vous faire dévisager par ce chat.
Je vais chercher le chevalier, mailame, et je le dé-
risagerai si jeletrouve, I)Ancoi;rt, Cheralier à la
tnodf, m, 4 t. Vous n'entrerez pas, monsieur, je vous
assure;je nesouflrirai pas que vousalliez vous faire
•Jévisager. lesagb, Crispin rival, se. 17. || Kig. Je
ne suis point du tout pour ces prudes sauvages Dont
l'honneur est armé de griffes et de dents Kt veut
RU moindre mot dévisager les gens, moi,. Tart.
•v, ». Mais sa Diuse [de lloiloau] a toujours quelque
malignité, Kt, vous caressant d'un côté. Vous dé-
visagerait de l'autre, ciuulieu, Ép. d'ilamilton.
Il 2" Populairement. Dévis:iger quelcpi'un, faire ef-
fort pour reconnallre les traits doquelqu'un. Il était
1.1 à mo dévisager, j'étais pouriant bien sûrdenele
pas connaître. |j 3° Se dévisager, v. rvfl. Se déchirer
le visage l'un à l'autre. Ces deux furies se sont dé-
visagées. Il Populairement. Chercher à se reconnaî-
tre l'un l'autre.
— IIIST. xvi' s. Chevau légers estropiés, canon-
oiers jambes (le bois, petardiers dévisagés.... d'aub.
Conf. I, V. J'eus la fiebvre quarte, quatre ou cinq
mois, qui m'avoit tout desvisagé, mont, iv, 281.
— RTYM. Dé.... préfixe, et visage.
DEVISE (de-vi-z').f. (. \\i' Terme de blason. Di-
vision de quelque pièce honorable de l'écu. Ainsi
une fasce qui n'a que le tiers de sa largeur com-
mune est une fasce en devise. || Division étant le sens
propre <ie ce mot , comme de diviser on passe à
l'idée de tracer, dessiner, on arrive au sens qui suit.
Il 2° Figure emblématique avec quelque sentence
concise qui l'explique. J'ai vu une devise qui me con-
viendrait assez; c'est un arbre sec et comme mort,
et autour ces paroles : Fin chc sol ritorni (jusqu'à ce
que le soleil revienne), sÉv.iefJ. isdéo. (07fi.Voil;"i
leurs bouchers, leurs lances, leurs devises, volt.
Tnn'r. m, <. || Le corps de la devise, la figure.
Il L'âme de la devise, lu sentence. IJLes devises des
armoiries se mettent dans des listons autour de
l'écu, ou en cimier, et quelquefois aux côtés ou au-
dessous. Les devises des ordres se mettent sur les
colliers. || 3° Petite phrase, ou sentence qui n'est
quelquefois composée que d'un mot, pour signifier
quelque qualité qu'on attribue aux choses ou aux
personnes. Le trépas vient tout guérir; Mais ne bou-
geons d'où nous sommes; Plutôt souffrir que mou-
rir, C'est la devise des hommes, la font. Fabl.
I, 10. Diversité c'est ma devise, ID. Pdié. Fais ce
que voudras est la devise d'ici, siîv, 480. Il prit
pour sa devise : malheur est bon à qielque chose,
VOLT. Ingénu, 20. Hier encore ne disiez-vous pas :
vivre obscur et près d'elle? — Aujourd'hui la devise
me semble trop cliampétre, ch. dr bernaud, un
Homme sérieux, § xvin. || Devise républicaine, de-
vise de la preniière république qui était : liberté, fra-
ternité, on 1 1 mort. Liberté, ordri- pulilic, était la de-
vise du goiiveiiipinent do Louis-Phiiip|ie. || Devise
de bonbons, petit papier contenant un dicton en
vers ou en prose et dont on enveloppe les bonbons
les bcjnbons mêmes qui sont enveloppés dans la de-
vise. Il 4" En sculpture . la devi.se est un ornement en
bas-relief, qui est compcsé de figures et do paroles
— HiST. XI' s. Si'n face la justice [qu'il en f.isse
la justice] àlapriraeredevise [tnçon], Lois de Gnill. 6.
Sire, ce di.st Girarz, or ooz [oyez] ma devise [dis-
cours] .... San. xxin. En dous [deux] ordres de gent est
faite saint igli.se; Del pueplo e del clergié, ele est
f'.ite e asise, E par dreit aûnie [réunie] est en ce.ste
divise, Th. le mart. 79. || xiir s. Se ele est d'amour
esprise, Malement lui est membre [souvenu] Com-
ment j'ai à sa devise Sans nul contredit esté, auh.
DE SEZANNE, Romanc. p. 126. Lors parlèrent li eves-
ques et li clergiés au peuple, et leur monstrerent
qu'il fussent confès et feist chascuns d'aus [eux] sa
devise vii.i.Eii. t.xx. Li qnons Joltiois del Porche
s'aci inlia de maladie, et list sa devise [testament]
en tel inanicre que il cnmmand.i... id. xxix. La ma-
ladie li enforsa si duiemontqH'il flst sa devise (par-
l.igoj et départi ce qu'il d.'vnit porter outre mer à
SCS linmes, II). XXII. Blanche (elle) fu et vermeille
et plaisans à devise, llerte, vi. Alublé un ininlel,
grant en lut la devise [l'ornementj, i(). xxxi. Main-
tenant li vilain .se lieve, Si a fait tout S sa devise. /(en.
62»&. Tant ai ol de vous bien dire, Que meire veil
tout à devise Cuei et cors en vostre servise, la Dose,
t»27. S'ainsinc fust qu'aucuns la haîsl. Si cuit-gc [je
pense] que de ceus feîst Ses amis par son biau ser-
vise; Et por ce ol-ele à devise l.'amor dos povres et
dos riches, tb. usa. lionnes 'bornes] si sont unes
choses, qui sont fichées en la devise d'une chose
.tomme pierres ou pei [pieux] , et fet chascun cerl
uun parou son héritage vel ,Liv. dejusl. 1 19. Li baillis
DEV
ne pot fere bonnage [bornage] ne devise de I iretage
son segneur vers autrui, deauh. 44. J'entent de bon-
nes [bornes] qui ont fet devi.ses de lonc tans, id.
ntx, 27. Il XV s. Si fit on la devise pourvoir et ap-
pareiller de tout ce qu'il falloit, si honorablement
comme à telle damoiselle, qui devoit estre roine
d'Angleterre, afferoit, froiss. i, i, 46. Toutes les
paroles et les devises et le convenant du messager,
comment il avoit esté pris devant Auberoche, et Tes-
tât de la lettre, et la neces.sité de ceux de dedans
furent sçues et rapportées à iiordeaux, ID. I, I, 220.
Ha I dit Philippe , vous me comptez trop do devises ;
ce sera trop tard; allez, allez à nostre logis, id. ii,
II, •8'). Après ces devises [propos] je pris congé du-
ilit duc de Milan, comm. vjii, (2. || xvi' s. La tierce
nauf pour divise [devise] avoyt ung beau et profond
banap de pourcelaine, bau. Panl. iv, I . Ce de quoy
plus il s'esmerveiUa, fut la multitude des lumières
et flambeaux suspendus en l'air et esclairans de tous
costez, si ingénieusement ordonnez et di.sposez à
devises les uns en rond, les autres en quarré, que....
AMYOT, Anton. 32. Les devLses [propos] de Pylha-
{.'oras, et les enseignemens de Platon, ou les pré-
ceptes de Chilon, m. Comment lire les poètes, 55.
De battre et forger de la monnoie au coing de leurs
armes, avec divises faictes à plaisir, carl. vi, 0.
....Que ses messagers ont esté blessez par gens ves-
tus à ma devise, m. du bell. 487, etc.
— ÉTVM. Voy. devis; Berry, devise, subterfuge,
discours; wallon, divize, propos; provenç. devisa;
ospagn. et ital. divisa.
t DEVISÉE (dc-vi-zée), s. f. Conversation, en-
tretien familier.
— liiST. xiv s. Porter fist en la nef tout à sa de-
visée [comme il le voulait], Guescl. «seo.
— ÊTYM. Deviser.
DEVISER (de-vi-zé), V. n. Anciennement, arran-
ger, dispo.ser en divisant, puis former un plan, un
devis; enfin exprimer, dire son plan,savolonté.|| Au-
jourd'hui, en un sens plus restreint, et avec l'ac-
ception diniinutive et familière que prennent sou-
vent les termes archaïques, échanger avec quelqu'un
de menus propos. Pourquoi ne voulez-vous pas que
sur le soir notre ami vienne deviser au loiçis? balz.
liv. VI, lett. 5. Tout en devisant, nous voici arrivés
à la ville, d'ablancourt, Lucien, t. ii, dans riche-
LET. C'e.st, monsieur, une question qui vient à pro-
pos et que je vous fais tout en devisant, Marivaux,
l' Ileure^ix stratag . lu , i. C'est ainsi, ô Rtné, qu'un
ignorant sauvage devisait avec les plus grands hom-
mes de ta vieille patrie, chateaub. Natch. vi, 246.
Il II se conjugue avec l'auxiliaire aeotr ; Ils ont
longtemps devisé.
— IIIST. xii' s. L'haste fu grosse, ne vous sai de-
viser [l'exprimer], lionc. p. 125. Et Pinabaux jura
quanque cil devisa [prononça], ib. p. (92. Sire,
prenez en un [jugement] com m'orrez [ouïrez] de-
vi.ser, ih. p. 200. Tous tems m'est li cuers en joie.
Quant je sa beauté devis. Sa cheveledre bloie, Ses
blans dois Ions et traitis, Couci, p. 4 20. || xiii' s. Or
a la bêle Idoine quanque ses cuers devise [désire],
audefr. le bast. Itomancero. p. <o. Einsi comme
il devisèrent [décidèrent] fu fait, vili.eh. xlix. Et,
se il te vuellent aidier, tu feras quanques il devise-
ront de bouche; et espoir il leur en prendra pitié,
ID. xlii. Et briement la matière esponJre et devi-
ser, lierle, m. Tout droit à celui tems que je ci vous
devis. 16. V. La traîson [ils] devisent entre eus trois
à lois r, ih. XIII. Ainsi ont no ministre cest ordre
[monastique] devisé [réglé], ib. xlv. [Je] Ne sau-
roie pas tout deviser lire à tire, 16. lxiv. Puis qu'aingi
est la chose et venue et aléo Et que ele mcïsmes la
vous a devi.sée, 16. cxv. Les armes [blason] qu'il
portèrent, li rois les devisa [compasa], t'ft. cxxxi.
Ensi come il fu devis, et ensi fu fait, Chr. de Rains,
86. Et li chevaliers en son testament ordena et de-
visa qu'on preîst le devis de son testament sor le bois ,
BEAUM. xxvii, 43. Encore pot on fere procureur, li
quix n'ara povoir fors de ce qui sera fait en le [la] jor-
née, se le [la] procuration le devise en tele manière,
iD. t6. 78. Les seremens que les amiraus [émirs]
dévoient fere au roy furent devisez [rédigés] et fu-
rent tiex [tels].... joiNv. 54i).Se nous le faisons ain-
sinc, nostre sire nous donra plus do bien en cest
siècle et en l'autre, que nous ne saurions deviser,
ID. 496. De la bouche fu il si sobre, que onques jour
do ma vie je ne li oy deviser [demander] nulles
viandes, lu. 4 93. || xv s. Celui [Artevelle] esloit
entré en si grand fortune et en si grand grâce à
tous les Flamands, que c'estoit tout fait et bien fait
quant qu'il vouloil devi.ser et commander ppr tout
Flandre, froiss. i, i, 06. Jean Pruniaux estoit lianni
de Oiind cl de Flandre; pour ce, estoit-il devisé
DEV
[énoncé] en son bannissement, qu'il estoit allé pren-
dre Audenarde sans le sçu de ceux de Gand, id. 11,
II, 02. Ce temps pendant [Edouard à Amiens] eut
mainte parolle et ordonnance faite et devisée, id.
I, I, 62. Et luy commanda aller taster aux gens des
susditz veoir s'ilz n'avoient point de brigandincs
soubz leurs rohbes, et qu'il le fist comme en se de-
visant à eulx sans trop en faire de semblant, comm.
VI, 4 2. Et puis [Charles VIII] regarda longtemps les
joueurs et devisoit à tout le monde, id. viii, 4 8.
Boire et manger largement du souper de ceux qui,
entretemps, au lit se devisoient [causaient], à son
grand préjudice, louis xi, Sowo. i. Elle divisoit
avec lui décent mille besognes, id. 16. xxiii. Et fut
heure de souper et ne se rattelerent point au devi-
ser, tant qu'ils furent au lit couchés , id. ib. xxvi.
n xvi* s. M. de Soissons est parti, qui a porté à
Mme la maresrhalle une bonne lettre du roy, que
lui mesme a devisée [dictée], marg. Lelt. 4 23. Tant
que vous et madame avez esté icy, je prenois plus
de plaisir à vous ouïr deviser de ce lieu que de le
regarder, in. ib. liv. Ceux qui aymeiit le vin , devise-
ront [causeront] de boire, dubell. vi, f>, recto. Bref
il est si poltron, pour bien le deviser, Que depuis
quatre mois, qu'en ma chambre il demeure. Son
umbre seulement me fait poltronniser, id. vi, 48,
verso. Je devisois si cette façon d'aller tout nud est
l'originelle, mont, i, 268. Une dame estrangere di-
visant avec elle luydisi, amvot, I yc. n, 6. Ces ga-
lères avoient esté très bien faities et devisées par
Themislocles , tant pour cingler légèrement , que
pour tournoyer facilement, id. Cimon, 4».
— ÉTYM. Devis OM devise (dans le sens ancien);
génev. et ISerry, diviser; provenç. et anc. espagn.
devisar; ital. divisare.
DÉVISSÉ, ÊE (dé-vi-sé, sée), part, passé. Une*
plaque de fer dévissée.
t DÉVISSEMENT (dé-vi-se-man), s. m. Action
de dévisser.
DÉVISSER (dé-vi-sé), V. a. || 1° ôlcr la vis ou les
vis qui fixent une cho.se. || 2" Séparer une chose
adaptée à une autre avec des vis. Dévisser la ser-
rure. Il Se dévisser, v. réfl. 'Cesser d'être vissé. Cela
se dévisse sans peine.
— f.TYM. Dé.... préfixe, et ri«.
t DÉVITRIFIABLE (dé-vi-tri-fi-a-bl') , adj. Terme
de chimie. Qui peut être dévitrifié.
t DÉVITKIFICATION (dé-vi-tri-fi-ka-sion), t.{.
Terme de chimie. Action de dévitrifier; résultat de
cette action. La dévitrificalion n'est autre chose
qu'une cristallisation, fournet, Acad. des se. Comp-
tes rendm, t. iiii, p. 4 80.
t DÉVITRIFIER (dé-vi-tri-fi-é), «. a. Terme de
chimie. Détruire l'état de vitrification d'une sub-
stance. Il Faire perdre l'apparence de verre. Les ver-
res dévitrifiés selon le procédé de Réaumur sont plus
durs, plus denses, meilleurs conducteurs de l'élec-
tricité et du calorique que la masse non dévitrifiée,
fournet, Acad. dessc. Comptes rendus, t. un, p. 480.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, el vitrifier.
DÉVOIE.MENT (dé-\oî-man), s. m. \\ 1° Terme
d'architecture. Action de dévoyer, d'incliner un
tuyau de cheminée ou de descente. || Terme de ma-
rine. Position de certains couples dans lesquels le
plan des branches n'est pas perpendiculaire i. la
quille. Il 2° État du corps qui est dévoyé, Dux de
ventre, déjections alvines liquides. Il était incom-
modé d'un dévoiement, sÉv. 4 48. M. de Beauvillier
se crevait de quinquina pour arrêter une fièvre opi-
niâtre accompagnée d'un fâcheux dévoiement, ST-
siM. 83, 89. Un dévoiement rend souvent un homme
pusillanime, volt. Oreilles, 7. || Fig. Le duc d'Or-
léans, dont la facilité se pouvait appeler un dévoie-
ment, accorda les honneurs du Louvre à Dangeau,
ST-SIM. 460, 34.
— HIST. XVI" s. Estant tombée en un grand des-
voyement d'estomach [vomissement] et fiebvre.
MONT, i, 101. Il luy prit tout soudain une resverie
et un desvoyement d'entendement, auquel il mou-
rut trois jours après, amtot, 1'. yEm. 62.
— f.TYM. Dévoyer.
DÉVOILÉ, ÉE ;dé-voi-lé, lée), part, passé.]] I" Dont
ou a ôlé le voile. La statue d'Isis dévoilée par une
main téméraire. || Religieuse dévoilée, religieuse qui
a quitté le voile. 112" Par extension, découvert. Le*
images des saints sont dévoilées, le feu nouveau est
bciii devant l'autel, chateaub. Mart. n, 4 69. Du
Saint des Saints ému les feux se découvrirent. Tous
les cieux un moment brillèrent dévoilés, v. hugo,
Odes, 1, 5. Il 3» Fig. Porté à la connaissance. Un mys
1ère dévoilé. Leurs intrigues sont dévoilées. Eh bien 1
il vos regards mgn &me est dévoilée, volt. M. di
Cet. m, ï.
DEV
DEV
DEV
<139
DÉVOILEMENT (dé-voi-le-man), s. m. || l'Action
le dévoiler. Le dévoilement de figures qui étaient cou-
vertes. || Fig. Le dévoilement des figures de l'Ancien
Testament. || 2° Action de porter à la connaissance.
On verra dans la suite combien cette digression est
nécessaire pour l'éclaircissement et le dévoilement
de ce qui se présentera à raconter, st-sim. m, <<3.
— ÉTY.M. Dévoiler.
DÉVOILER (dé-voi-lé) , r. a. || 1" Découvrir en le-
vant, enôtantun voile. Dévoiler une femme, une sta-
tue. Il Montrer sans voile, sans rien qui cache. La na-
ture, pendant la nuii, en dévoile [de secrètes beautés]
à son amant, Bernard, de st-pierre, Chaumière
ind. Il Fig. Dévoiler une religieuse, la relever de ses
vœux. Il 2» Découvrir ce qui était secret. Et ce fa-
meux secret vient d'être dévoilé, mol. D. Gare, v,
6. Cessons de nous troubler; notre Dieu quelque
jour Déioilera ce grand mystère, rac. Athal. m, 8.
Hélénus nous a dévoilé l'avenir, fén. Tél. xv. Pour
ne pas dévoiler l'iniquité des subalternes, mass.
Car. Prosp. Le temps voile et dévoile tout, imbert,
Jaloux sans amour, v, tb. Dévoiler la honte d'un
père, ce serait un crime, beaumarch. Hère coup,
n, 20. Il 3° Se dévoiler, e. ré/l. Ôter, relever son
voile. Il Kig. J'ignore si de Dieu l'ange se dévoilant
Kst venu lui montrer un glaive étincelant, rac.
Alhal. H, 2. Il 4° Être porté à la connaissance. Le
mystère se dévoile. || Se découvrir, se trahir. Ils se
sont dévoilés en faisant cette démarche. || Apparaî-
tre. Un autre monde se dévoilait à nos regards, J. J.
Rouss. dans le Dict. de poitevin.
— HlST. xvi" s. Nos religieuses qui se sont dévoi-
lées et ont quitté leurs habits, brant. dans le Dict.
de DOCHEz.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et voile.
i. DEVOIR (de-voir), je dois, tu dois, il doit, nous
devons, vous devez, ils doivent; je devais; je dus;
je devrai; je devrais; que je doive, que tu doives,
qu'il doive, que nous devions, que vous deviez,
qu'ils doivent; que je dusse; devant, dû, due, v. a.
Il 1° Avoir à payer une somme d'argent, ou à four-
nir toute autre valeur. Il doit plus qu'il ne possède.
Devoir de l'argent, plusieurs journées de travail.
Je dois quatre cents francs à mon marchand de vin.
Un fripon qui demeure au cabaret voisin, regnard,
le Légat, iv, 6. \\ Devoir plus d'argent qu'on n'est
gros, être très-endetté. || Devoir du retour, de-
voir quelque argent en sus, après avoir fait un
troc; et lig. Et d'autant que l'honneur m'est plus
cher que la vie, D'autant plus maintenant je te dois
de retour, corn. Cid, m, 6. || Absolument. Il doit
de tous côtés. Brid'oison : Mais si tu dois et que tu
ne payes pas...? — Figaro : Alors, monsieurvoit bien
que c'est comme si je ne devais pas, beaum. Ma-
riage, III, (3. Il Devoir à Dieu et k diable, à Dieu
et au monde, au tiers et au quart, devoir de l'ar-
gent à un très-grand nombre de personnes, j] Fig.
Devoir tribut, être obligé de se conformer à. Aux
usages reçus il faut qu'on s'accommode; Une femme
surtout doit tribut à la mode, boil. Sat. x. || Fig.
et familièrement. Il m'en doit, ou je lui en dois,
il m'a offensé et je m'en vengerai. C'était moi;
je t'en devais , il y a bien longtemps , babon ,
Homme à bonnes fort, v, 8. || N'en devoir rien,
n'en devoir guère, ne pas céder à, ne pas être in-
férieur. Sans répandre leur sang comme Pyrame
et ïhisbé, ils ne leur en durent guère en ten-
dresse impétueuse, scarbon, Rom. com. ii, ch. io. Si
votre majesté Est curieuse de beauté, Qu'elle fasse
venir mon frère: Aux plus charmants il n'en doit
guère, la font. Joc. J'ai vu les beautés de la Seine,
ses bords n'en doivent rien à ceux de la Loire, sÉv.
647. Il lroniquement.il ne lui en doit guère, il nevaut
pas mieux que lui. D'Arlincourt est venu à la cour
et a dit: Voilà mon Solitaire et mes autres romans
qui n'en doivent guère au Christianisme de Chateau-
briand, p. L. couK. 11, 261. Il Ils ne s'en doivent
guère, se dit de gens qui ont des torts réciproques
ou qui ne valent pas mieux l'un que l'autre en cer-
taines choses Je crois, à parler à sentiments
ouverts, Que nous ne nous en devons guères, hol.
Amph. Prologue. Thésée : Ne parlons plus d'amours ;
sur ce chapitre honteux, nous ne nous en devons rien
[l'un à l'autre, moi et Hercule], fén. t. xix,p. 129.
Il Terme de comptabilité. Doit, par opposition à avoir ,
partie d'un compte établissant ce qu'une personne
doilet ce qu'elle a reçu. Tenir ses comptes par doit et
par avoir. Il 2° Être redevable à, avoir obtenu par.
Je lui dois tout. Je lui dois la place que j'occupe. On
n'aime point à voir ceux à qui l'on doit tant; Tout
ce qu'd a fait parle au moment qu'il m'approche.
Et sa seule présence est un secret reproche, corn.
Sicnm. ii, t. L'un imite Sopliocle, l'autre doit plus
à Euripide, la bruv. i. Si Menzikoff fit cette ma-
nœuvre de lui-môme, la Russie lui dut son salut;
si le czar l'ordonna, il était un digne adversaire de
Charles XII , volt. Charles XII , 4. Les chrétiens
vous devraient une tête si chère, id. Zaïre, ii, 2.
L'un tient de moi la vie, à l'autre je la dois, id.
Alz. m, 5. Si Racine doit à Tacite la belle scène
entre Agrippine et son fils. Corneille doit à Séuèque
celle d'Auguste et de Cinna, dider. Règne de Claude
et Néron, ii, si. || Devoir, avec de et un verbe à
l'infinitif, même sens. Nous servions dans le même
régiment, dont je vous dois d'être major, beau-
march. ^/èrp cowj). I, 8. Il Devoir se dit aussi quelque-
fois en mauvaise part. Je lui dois tous mes maux.
Il Être redevable îi des choses, avoir obtenu par des
choses. Fais devoir à ton roi son salut à ta perte
[fais que ton roi doive son salut à ta mort], corn.
Cid, m, 0. Il y a de certains grands sentiments,
de certaines actions nobles et élevées, que nous
devons moins à la force de notre esprit qu'à la
bonté de notre naturel, la bruy. xv. Devrai-je au
dépit qui le presse Ce ([ue j'aurais voulu devoir à
sa tendresse? volt. Brutus, m, 4. Les nations
avaient déjà donné à Pierre Alexiovitz le nom de
grand , qu'une défaite ne pouvait lui faire per-
dre, parce qu'il ne le devait pas à des victoires, id.
Charles XII, 4. || En parlant de ce qui a obtenu
quelque chose par une certaine circonstance. Cette
colline doit son nom à tel événement. || 3' Être
tenu, obligé envers. Il ne doit compte de ses actions
à personne. Ne me dites plus rien; pour vous j'ai
tout perdu ; Ce que je vous devais, je vous l'ai
bien rendu, corn. Cid, iii, 6. Je vous devrai
beaucoup pour un si bon office, id. llor. iv, 2.
Vous qui devez respect au moindre des Romains,
ID. Pomp. m, 2. Si vous lui devez tant, ne me de-
vez-vous rien? id. Sertor. ii, 2. Il est temps de
montrer cette ardeur et ce zèle Qu'au fond de votre
cœur mes soins ont cultivés. Et de payer à Dieu ce
que vous lui devez, rac. Athal. iv, 2. Nous avons
beaucoup moins de peine à faire plus que nous ne
devons qu'à faire ce que nous devons, bourdal. Sé-
vérité évang. 2" avent, p. 448. Pardonne-moi, mon
fils, SI je trouble ton récit par les larmes que je dois
à ton père, fén. Tél. xv. En un mot il [Dieu] doit
à toutes ses perfections la punition du péché, mass.
Car. Pass. Que pouviez-vous? hélas! — J'ai fait ce
que j'ai dû, volt. Orphel. v, \. \\ Absolument. Je
dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père, corn.
Cid, I, (0. Ressouvenez-vous que, hors d'ici, je ne
dois plus qu'à mon honneur, mol. Don Juan, va,
5. Il Se devoir à soi-même, être tenu en vertu de sa
propre considération. Je sais ce que je suis et ce que
je me dois, corn. Don Sanche, i, i. Dieu se devait
;"! lui-même de rendre son image heureuse, boss.
llist. II, 1 . Il Je vous dois cet avis, votre intérêt me
commande de vous donner cet avis. |{ 4° Devoir,
suivi d'un verbe à l'infinitif, exprime qu'une chose
arrivera infailliblement. Tous les hommes doivent
mourir. || Il exprime une obligation morale. Un bon
fils doit respecter son père. Si la bonne foi était exi-
lée du reste de la terre, elle devrait se retrouver
dans le cœur des vois , Parole du roi Jean. \\ Il
marque qu'il y a une sorte de justice ou de raison à
ce qu'une chose soit. On devrait planter des arbres
le long de cette route. J'ai dû continuer, j'ai dd
dans tout le reste.... Que sais-je enfin? j'ai dû vous
être moins funeste. J'ai dû craindredu roi les dons
empoisonnés, rac. Milhr. iv, 2. Le zèle de Joad n'a
point dû vous surprendre, m. Athal. ii, 4. S de
moindres fureurs je n'ai pas dû m'attendre; Voilà,
voilà les cris que je craignais d'entendre, id. ib. iv,
5. ' Q jour seul perdu devrait donc nous laisser des
"■'«ijrets, mille fois p,us vifs et plus cuisants qu'une
: rande fortune manquée, mass. Car. Temps. A ces
biens fugitifs votre amour doit survivre, c. delav.
Paria, ii, 5. || On s'en sert pour marquer l'inten-
tion. Je dois aller demain à la campagne. || Il marque
aussi un futur indéterminé. Il doit partir domain.
Il devait sortir hier. Nous devons chanter ce soir.
Il doit y avoir demain une assemblée des actionnai-
res. Je dois prochainement recevoir de l'argent.
Il Devoir exprime quelquefois une supposition. C'est
lui qui doit avoir fait cela, on suppose que c'est lui
qui a fait cela. Les deux accusateurs que lui-même a
produits. Que pour l'assassiner je dois avoir séduits,
COBN. Nicom. III, 8. Il II indique en d'autres cas
une simple croyance. Et Léonce doit être incapable
de crime Puisqu'il a mérité l'honneur de ton es-
time, ROTBOU, Bélis, 1, 6. Un Voile ténébreux Nous
dérobe le jour qui doit nous rendre heureux, L. rac
la Grâce, ch.i. || Ces faits-là doivent être communs,
je pense qu'ils sont communs. Des act<is d'une na-
ture si sublime doivent être rares, ratnal , Uist ■
phil. XI, 22. Il 5° L'imparfait du subjonctif, placé
en tête de la phrase, s'emploie dans le sens de
quand même. Dussé-je être blâmé [quand même
je serais blAmé ] , je vous soutiendrai. Dusses-tu
y perdre de l'argent, il faut entrer dans cette af-
faire. Dût cela mal tourner, nous ne vous quitte-
rons pas. Dussions- nous échouer, dussiez -vous
échouer, dussent-ils échouer, nous essayerons. DiH
le peuple en fureur pour ses maîtres nouveaux De
mon sang odieux arroser leurs tombeaux. Dût la
Parthe vengeur me trouver sans défense. Dût le ciel
égaler le supplice à l'offense. Trône, à t'abandonner
je ne puis consentir, cokn. Rodog. v, i. Crois-moi,
dût Auzanet t'assurer du succès, Abbé, n'entre-
prends point même un juste procès, boil. Ep. n. Dût
tout cet appareil retomber sur ma tête, rac. Iphig.
m, B. Dût Mme d'Acigné m'accuser d'être injuste,
ou M. de Richelieu d'être ingrate, maintenon,
Lell. au card. de fioailles, lo août )70i. |] 6" Se
devoir, v.re/Î.Être dû, être obligatoire. Cela se doit.
Il 7° Être obligé de se consacrer à. Le sage s'accom-
mode aux changements divers, Et l'homme géné-
reux se doit à l'univers, brébeuf, Phars. II. Sa mort
vous laisse un fils à qui vous vous devez, rac. Phèd.
I, B. Un roi se doit à tous les hommes qu'il gou-
verne, FÉN. Tél. IX. Mon âme tout entière Se doit
aux grands objets de ma vaste carrière, volt. Or-
phel. II, 6. Il Proverbes. Fais ce que dois, advienne
que pourra, se dit de celui qui accomplit son devoir,
sans se laisser éhraider par la pensée de ce qui peut
en arriver. || Quand on doit, il faut payer ou agréer,
c'est-à-dire il faut donnera son créancier de l'argent
ou du moins de bonnes paroles. || Qui nous doit, nous
demande, c'est-à-dire celui dont nous avons sujet de
nous plaindre nous accuse. || 11 croit toujosrs qu'on
lui en doit de reste, il n'est jamais content de ce
(|u'on fait pour lui, Dict. de l Académie. \\ Il semble
que Dieu lui en doive de reste, se dit d'un homme
qui fait mal ou grossièrement son ilevoir. || Qui a
terme ne doit rien, c'est-à-dire qu'on ne peut rien
lui demander jusqu'au terme. || Qui doit a tort,
signifie qu'il faut payer ou être condamné aux dé-
pens. Il Va où tu peux, mourir où tu dois, se dit à
celui qu'on abandonne à son sort.
— RE.M. 1. Les poètes du xvii' siècle et même du
xviii" ont écrit je doi sans s: La mort a respecté ces
jours que je te doi. Pour me donner le temps de
m'acquitter vers toi, volt. Alz. ii, 2. C'est un ar-
chaïsme, dans l'ancien français, la 4" personne
n'ayant pas la lettre s, qui était réservée à la 2* pei-
sonne (comme en latin) ; ce qui était mieux. L'usage
irrégulier a prévalu; mais on peut du moins conser-
ver aux poètes la faculté d'employer cet archaïsme.
Il 2. Vous devriez était de deux syllabes: Mais vous
devriez, ma fille, en l'âge où je vous voy.... Régnier,
Sat. xiii. C'est ainsi qu'on faisait de deux syllabes
sanglier. C'était aussi un archaïsme, tout à fait
tombé en désuétude. || 3. Marg. Buffet, Observ. p. (38
(en <6G8), dit que quelques-uns prononcent : je dais
de l'argent; il dait beaucoup; et qu'il faut pronon-
cer; je dois, il doit. C'était la prononciation nor-
mande qui n'était pas encore complètement exclue
— HIST. ix" s. Si cum om per dreit son fradre
[frère] salvar dist [doit] , Serment.
— x" s. Chi [qui] sil [ainsi le] feent [font] cum
faire lo deenl [doivent], Fragm. de Valenc. p. 4C9.
— xi' s. Si hom occit altre, et 11 seit conusaunt
[connaissant], et il deive faire les amendes.... Lois
de Guill. 8. DeUz servises et moût grant amistez,
Ch. de Itol. m. En France ad Ais s'en doit bien re-
pairer, ib. [Dieu] Le glorius que deUsse [je dusse]
aorer, ib. ix. Quant [il] le dut prendre, si lui cheït
à terre, ib. xxv. Li siens orgueilz le devreit bien
confondre, ib. xxviii. Qui ce jugeât [décida] que
doûssiez aller, tb. xxvi.
— xii" s. Bien deûst estre escoutez et ois, Ronc.
p. 24. S'en [quand même] devroie estre occis, ib.
Jamais n'iert [ne sera] jor, ne me doiez [que vous
ne me deviez] amer, ib. p. 3u. Bien l'avez fait,
moût [je] vous en doi amer, ib. p. 33. Oncle Girart,
quant [je] me dui [dus] esveiller, i6. p. H 64. Ma ba-
taille Ij'Joffre, cui qu'en doie peser [à qui qu'il en
doive peser, être désagréable] , ib. p. <9I. Mais à
dame de valor Doit on penser nuit et jor, Couct, i,
Ore est bien raison et heure Que [je] m'i doie retor-
ner, ib. iv. De mil souspirs que je lui doi par dete,
ib. VI. Mais en cel point que dui [je dus] avoir mon
don, ib. Jà nel [ne le] deust ne sofrir ne voloir La
douce riens, qui tant est bien aprise , ib. xvii. On-
ques vers li [elle] [je] n'oi [n'eus] faus cuer ne vo-
Lige; Si m'en devrait pour tant mieuz avenir, ib.
xix. Chascuns quatre deniers ainsi comparer dot
11/io
DEV
[dut payer], Sax. xvii. Maintenir le devons; ce [je]
emoigne et connois, 16. xvm. Se [nous] lui devons
rhcvage.couslume ne toiilieu [impôt], ib. xxiv. Ici
de Charlemaine [je] me doi ore bien taire, ib. xxxi.
— xin's. Il voloil aler avec eus por ce qu'il sem-
bloient bien gent qui grant terre doient coiiquerre,
viLLKii. LX. A l'aïe do bleu fu desconfis li empercres
Marcliulles, et il meîsmes i dut estre pris, ib. xcix.
Dame, ce dist Pépins, on ne doit pas douter....
BerU. m. [Il] Assemble ses barons en qui se dut
fier, ib. Li jors que elo dut sa voie avoir emprise,
ib. M. L'en doit bien reculer pour le plus loin sad-
lir, ib. XJii. Il semble à s:i manière qu'ele doie dos-
ver [être folle], ib. xvii. Ma volenté ferez, quoi qu'il
doie cousiter, ib. cxii. Wiex me venist estre al6 pen-
dre Au jor que ge dui famé prendre. Quant si cointe
famé acointai, la Itose, 8878. Sa mère que envieil-
lir [il] voit, Et son père qui moult devoit [qui avait
des dettes), Bt. et Jeh. 7(. Et je ne cuit que le de-
fendant puisse chose dire par quoi la court dée es-
garder que il ne li dée rcspondre à cel claim qu'il lors
fist.... Ass. de Jl,p. 84. Et ce qu'on dist que voirs
est [est vrai] que li sires doit autant foietloialléà son
home como li bons fet à son segneur, ce doit estre
entendu en tant comme cascuns est tenus li uns vers
l'autre, beaum. lviii, 26. Sire, je oi [j'eus] le ceval
et dui ces vingt livres; mais j'en ai fet plain paie-
ment, :d. IX, 6. Hane: Cestes ont cent diables ou
cors , Se je fui onques fiex [fils] men père. — Aduns :
Aussi a dame Eve vo mère. — Hane: Vo feme,
Adan, ne l'en doit vaires [guïre] , Li jus Adan
(ADAM DE LA HALLE, dans Ancien tltédlre français).
— xiv s. Onneur crie partout et vuet : Fay que
doys, aveingne que puet, machaut, p. H2. Et
aussi nous voulons estre beneurés et disons que de-
vons vouloir avoir félicité, mais nous ne disons pas
que nous la doions eslire, ohesme, Eth. 64. Tant
lui est deu plus de honneur se elle est bonne, id.
ib. 47.
— XV* s. Et que voulez-vous, dit le roi, que je
fasse? Il n'est chose que je ne doive faire pour nous
sauver, froiss. m, iv, 76. Seigneurs, vous n'estes
mie en arroy ni en ordonnance, que le roi doye
maintenant parler à vous, in. 11, :i, tlO. Et puis
chevauchèrent tout souef jusques adonc qu'ils vin-
rent au loRÎs du duc. Quand ils durent approcher,
ils ferirent chevaux des espérons tous d'une randon
e* se plantèrent en l'ost du duc, m. 1, i, tt 1. Je ne
pense pas avoir dit ne fait chose dont me doyez sa-
voir mal gré, louis xi , Nouv. xxiv. Vous en dévo-
riez estre content, id. «6. xxxviii. Vous n'estes pas
telle que vous deussiez estre, id. ib LXviii.
— xvi» s. Là elle veoit une lumière telle, Que,
pour la veoir, mourir devrions vouloir, marot, 111,
301, Laquelle en beauté et bonne grâce ne devoit
rien -à son mari, maro. Nouv. u. Le jour mesme
qu'elle [la sentence] debvoit eslre prononcée, mont.
j, 40. 11 debvoit plus à la fortune qu'à sa dili-
gence, ID. I, 41. La peur emporta nostre juge-
ment hors de sa deue assiette, id. i, 6). Tout cela
tesmoigne qu'ils ne nous debvoient rien en clarté
d'esprit naturelle et en pertinence, id. iv, t7. Le
roy s'en meit en si grande cholere contre luy, que
l'on pensoit qu'il ne luy deust jamais pardonner,
AMYOT, TMm. 63. Bon citoyen et faisant le deu de
son office, id. Flamin. ï7. Voici le destroit où les
poures consciences sont merveilleusement vexées et
affligées, quand elles voyent que ceste contrilion
deue [pleine, entière] leur est imposée, calv. In-
Slit. 486.
— ÊTYM Bourguig. devoi; provenç. dever; eatal.
deurer; espagn. deber; ital. devere; du latin debere,
que les étymologistes regardent comme composé de
de habere, ne pas avoir, avoir perdu la possession.
2. DEVOIR (de-voir), ». m. || 1° Ce qu'on doit
faire, ce à quoi l'on est obligé par la loi ou par la
morale, par son état ou les bienséances. Elle [Chi-
méne] est dans le devoir; tous deux (prétendants]
sont dignes d'elle; Tous deux formés d'un sang no-
ble, vaillant, fidèle, cobn. Cid, i, (. Je sais ta pas-
sion et suis ravi de voir Que tous les mouvements
cèdent à ton devoir, id. ib. 11, 2. Tous ces devoirs
forcés 01^ tout le coeur s'oppose, N'acquièrent à l'es-
prit ni liberté ni paix, id. /mil. i, ». L'amour n'est
qu'un plaisir, l'honneur est un devoir, id. Cid, m,
«. Un pas hors du devoir nous peut mener bien loin,
ID. .Surtna, iv, 3. Je suis encor Sévère, ot tout ce
grand pouvoir Ne peut rien sur ma gloire et rien
lar mon devoir, id. Poly. iv, 6. X suivre mon de-
voir, je suis déterminée, mol. Sgan. 18. C'est l'hon-
neur qui les doit [les femmes] tenir dans le devoir,
JD. Ec. des mom, i, a. i.e bon esprit nous découvre
notre devoir, la srut. ii. Je conçois vos douleurs;
DEV
mais un devoir austère. Quand mon père a parlé,
m'ordonne de me taire, rac. Andr. m, 4. Contem-
plez mon devoir dans toute sa rigueur, id. Bérén.
IV, 6. Tu n'as manqué à aucun devoir envers les
hommes? fên. Tel. xvm. Quoique la philosophie,
ditCicéron, .soit un pays où il n'y a point de terres
incultes ni de laiules, et qu'elle soit fertile et abon-
dante d'un bout à l'autre, elle n'a point de contrée
plus riche que celle qui traite des devoirs, hûllin,
Ilist. anc. liv. xxvi, 2- part. ch. 11, art. 2. Le de-
voir peut être déliiii l'obligation rigoureuse de faire
ce qui convient à la société, raynal, JJist. phil.
XIX, 14. Mon devoir me suffit, tout le reste n'est
rien, volt. il. de Ces. m, 2. Laisse-moi les hon-
neurs du devoir qui me lie, id. Ali. iv, 4. Trem-
blez en contemplant tout le devoir des rois, id. Brû-
las, III, 6. Si les femmes que tu gardes voulaient
sortir de leur devoir, tu leur en ferais perdre l'es-
pérance, MONTESQ. Lelt. pers. <l. Si nous voulons
entrer là-dessus en jugement avec nous-mêmes et
considérer sérieusement nos devoirs, bouiid. Vomin.
octave de l'Ascension, Dominic. t. 11, p. 237. || De-
voir conjugal, la conjonction charnelle due entre
mari et femme. |i II est du devoir, le devoir oblige
à. Il est de mon devoir de vous donner cet avis. 11
est du devoir des défenseurs de la vérité de.... pasc.
Prov. 11. Il 2° Faire son devoir, agir comme on doit
agir. Qui sert bien son roi ne fait que son devoir,
coiiN. Cid, II, t. Je ferai seulement le devoir d'un
sujet, ID. ib. IV, 3. Je pense continuellement à
vous; c'est ce que les dévots appellent une pensée
habituelle; c'est ce qu'il faudrait avoir pour Dieu si
l'en faisait son devoir, SÉV. (5. 11 était trop honnête
homme pourne faire pas toujours son devoir, id. 2ii.
Quoi qu'en pense le libertinage, il y a toujours un
avantage infini à faire son devoir, sourd. Pensées, 1. 1,
p. 403. Vous savez que, dans les grands malheurs,
ne faire que son devoir, ce n'est pas le faire, main-
tenon, Lettre au duc de Noailles, 22 juin (709. Mais
j'ai fait le devoir d'un ami, d'un chrétien, c. delav.
Paria, ui, 2. || En parlant d'un régiment, d'un sol-
dat, faire son devoir, combattre vaillamment. || En
un autre sens, faire son devoir, se bien acquitter,
parler, agir. La langue du cocher a bien fait son de-
voir, CORN, tient. I, 4. 11 faisait parfaitement son de-
voir auprès de Mlle de St-Germain,HAMiLT. Gramm.
4. Chacun fit son deioir de dire à l'aldigée.... la
FONT. Uatr. Us avaient lu qu'en amour on soupire;
Ils tâchaient donc d'en faire leur devoir , id. Bém.
Il 3° Être, rentrer dans son devoir, dans la soumis-
sion, le respect, l'obéissance où l'on doit se tenir.
On oublie aisément les fautes des enfants lorsqu'ils
rentrent dans le devoir, mol. l'Av. iv, 6. 11 fait
rentrer son fils dans le devoir , uoss. Thom. 2.
Fuyons.... Mais si l'ingrat rentrait dans son devoir,
RAC. Andr. 11, t . [Les gardes du sérailj Sortis de leur
devoir, n'osèrent y rentrer, lu. Baj. i, t. || En un
sens un peu différent. Être dans son devoir, se met-
tre dans son devoir, se tenir dans l'état où l'on doit
être devant les personnes à qui l'on veut témoigner
du respect. || Ramener, ranger quelqu'un à son de-
voir, tenir dans le devoir, obliger à faire ce qui doit
être fait. Le général ne put tenir dans le devoir sessol-
dats, Boss. Uist. 1, 9. Des enfants qu'il remet dans leur
devoir par le châtiment, lo. ib. 11, 4. Elles tenaient
dans le devoir les vUles voisines, id. ib. m, b. Le
jeune Louis.... prend les villes, ramène les provinces
au devoir, mass. Panég. St Louis. \\ Se ranger à son
devoir, faire ce qu'on doit faire. || Je lui apprendrai
son devoir, je le rangerai à ce qu'il doit. || 4* En
devoir de, prêt à. Il était déjà en devoir de vous al-
ler trouver. Nous étions à table, plusieurs, joyeux,
en devoir de bien faire , p. L. cour. Pamphlet
des pamphlets. || Se mettre en devoir de faire une
chose, la commsncer ou s'y préparer. Il se mit en
devoir d'arrêter son maître , d'arlancourt. An-
cien, t. II, Amitié, dans riciielet. à moins qu'elle
ne se mit en devoir d'ohteuir un congé, uoss. Lett.
abb. 2. L'homme doit se mettre en devoir de se con-
venir, iD. Avert. 2. On se mit en devoir de démé-
nager les meubles, j. j. bouss. Conf. m. || 6" Être à
son devoir, être à son poste. M. de Marsillac est
déjà retourné à son devoir, sÊv. 4)6. Le chevalier
est à son devoir, id. 417. Jaloux, désespéré, j'ose,
pour vous revoir, Abandonner des lieux commis à
mon devoir, chSbillon, Rhad. 1, 2. || 6* Terme de
féodabté. Devoirs seigneuriaux, droits que le vassal,
devait à son seigneur. || 7" Par extension du sens
ftodal. Devoir, et, plus souvent, au pluriel, devoirs,
marques de civilité, de politesse. Rendre ses de-
voirs à quelqu'un, lui présenter ses hommages, lui
faire une visite de politesse. Le rang de l'offensé,
la grandeur de l'ofTense Demandent des devoirs et
DEV
des soumissions Qui passent le commun des satisfac-
tions, corn. Ctd, 11, t. II peut aller, s'il veut, dessus
son monument Recevoir ses devoirs et son remer-
ctment, id. Pomp. i, 3. Agréer ses devoirs et le re-
voir encore, rotrou, Vencesl. 11, 5. || Rendre des
devoirs, s'est dit des services que des valets remplis-
sent auprès de leurs maîtres. Notre P. Bauny a ap-
pris aux valets à rendre tous ces devoirs-là innocem-
ment à leurs maîtres, en faisant qu'ils portent leur
intention, non pas aux péchés dont ils sont les en-
tremetteurs, mais seulement au gain qui leur en re-
vient, PAsc. Prov. 6. On rend différents devoirs aux
différents mérites, id. P. div. 3|. Elle a commencé
à rendre ses devoirs au Louvre, sÉv. tl. J'ai fait
votre devoir à l'abbé Arnauld, id, 3'j5. J'en reviens
toujours à dire qu'il y a des sortes de devoirs dont
on ne peut se dispenser sans une grossièreté pleine
d'ingratitude, id. 306. Vous saurez que je n'ai
rien dit à ce Caton sur la mort de sa femme, et j'a-
vais dessein de l'aller voir avec la marquise d'Uxel-
les; et, au lieu d'attendre ce devoir, il vient s'in-
former comme je me porte de mon voyage, id. 292.
On se rend des devoirs, mais on ne se rend pas l'a-
mour, MASS. Panég. St Etienne. Le grand plai-
sir que je me promets, c'est de rendre mes devoirs
à Mme Clavier, p. l. colr. Lett. 1, 63. {j 8° Les
derniers devoirs, les devoirs funèbres, les funé-
railles. Rendre à quelqu'un les derniers devoirs,
présider ou, simplement, assister à ses funérailles.
Dis-moi quel bon démon a^ mis en ton pouvoir De
rendre à ce héros ce funèbre devoir? cokn. Pomp.
V, 1. Tu veux à ce héros rendre un devoir suprême,
id. ib. V, 4. Ces pieux devoirs que l'on rend à sa
mémoire, fléch. Uont. Andromaque elle-même, à
Pyrrhus si rebelle. Lui rend tous les devoirs d'une
veuve fidèle, rac. Andr. v, 6. Pour rendre à ses
cendres le dernier devoir, fén. Tél. xvii. Rendez-
moi [à moi Phalanle] les derniers devoirs que vous
avez rendus à mon frère [Hippias] , id. ib. || 9° Terme
de collège. Travail, exercices donnés à un élève.
Faire ses devoirs. Un devoir difficile. M. Lambercier
était un homme fort raisonnable qui, sans négliger
notre instruction , ne nous chargeait point de devoirs
extrêmes, j. j. bouss. Conf. i. || 10° Devoir pascal,
l'obligation de communier à Pâques, ipil" Asso-
ciation d'ouvriers unis par les liens du compagnon-
nage. Compagnons du devoir. Des ouvriers apparte-
nant à des devoirs dilTérenis. || 12° Anciennement,
sorte de service de surveillance X la charge
qu'il fera faire tant le jour que la nuit, rondes,
devoirs et diligences requises et accoutumées pour
éviter tels accidents , Bail Boute, LUI. pat. 27 juin
1680. Il 13° Terme de droit. Devoir parfait, celui dont
l'accomplissement peut être exigé, qui a un droit
corrélatif. || Devoir imparfait, celui dont l'acccm-
plissement ne peut être exigé, qui n'a pas de droit
corrélatif. {| Dans l'ancien droit, devoirs de loi
exprimait toutes les formalités du nantissement.
Il 14" Terme de fauconnerie. Devoir de l'oiseau, sa
part de la curée du gibier qu'il a pris.
— SYN. DEVOIR, OBUGATiON. Le devoir est ce que
nous devons. L'obligation est quelque chose qui
nous lie, qui nous oblige. Le devoir est toujours
quelque chose de moral. L'obligation n'a pas c«
caractère; elle peut dépendre de causes très- diffé-
rentes.
— HIST. xin* s. |Le roi] En fist tout son devoir,
ne dust estre repris, Befie, xcix. 11 font bien tres-
tuit lor devoir, la Bose, mie.t. || iiv s. François
font lor devoir; ne les devez blasmer. Car qui fait
ce qu'il doit, j'ose bien dire au cler. Que de riens
ne melTait.... Guescl. 19334. || xv* s. Le comte, à la
complainte des hérauts, commanda que on ardist
tout, si des rachats à argent ils n'avoient fait leur
devoir, froiss. u, 11, 06. Eu lui mandant qu'en fai-
sant mon devoir, J'ay tous les maulx que nul pour-
roit .souffrir, en. d'orl. Bal. 19. Dieu nous doinl
bonne destinée. Et chascun face son debvoir; Ainsi
ne sera redoublée Par bon eur et loyal \ouloir, id.
th. Lasse! or [je] me voy aujourd'hui si perie. Que
nul ne fait envers moy son devoir, E. ues^hamps.
Complainte de la France. Et sur ce respondit qu'il
en parleroit au roy et qu'il en feroit son devoir,
JLVÉN. Charles 17, 1 380. Cil passa l'avaiigarde moult,
Pour faire en l'estour son devoir, la Bataille du
Liège. \\ xvi' s. Les règles du debvoir de l'homme,
uont. i, 30. Les malades ausquels le debvoir m'iu-
teresse, id. i, 91. Ne vaudroit-il pas mieux que par
ces bons exemptes de vie vous vous missiez en de-
voir de les convertir? lanouk, 84. Les autres Giec»
ne feirent aucun devoir de les secourir, amyot,
Thim. 17. C. Lentulus, l'ayant apperceu, se mei(
en devoir de la sauver, id. Fab. is.
DEY
DRV
Di:v
1U1
»
— ÊTTM. Infinitif du verbe devoir, pris substan-
tivement; provenç. dever; catal. deurer; espagn.
ieber; ital. derere.
t DÉVOIRANT (lié-voi-ran) ou DÉVOUANT (dé-
vo-ran), s. m. Ouvrier compagnon du devoir. |1 On
prononce en général dévorant, ce qui forme une
iiomonymie absolue avec le participe présent du
verbe déiorer et prête à un sens péjoratif. Tonay-
rion est un dévorant, je suis un dévorant [il s'agit
d'une association de jeunes gens]; il est vrai qu'à ce
métier nous n'avons guère dévoré l'un et l'autre que
notre fortune , CH. de bernahd, la l'eau du lion,
Sxii.
— ÉTYM. Devoir.
nÉVOLE (dé-vo-1'), s. f. Terme de jeux de cartes.
ï'ole manquée. 11 a fait la dévole.
— ÉT^'TH. Dé.... préfixe, eivole.
DÊVOLER (dé-vo-!é) , V. n. Terme de jeux de car-
es. Être en dévoie.
— Ktvm, Déiole.
i. DÉVOLU, DE (dé-vo-lu, lue), adj. Terme do
lurisprudence. Qui est transporté, transféré, échu,
acquis par droit. Héritage dévolu à la ligne pater-
nelle. Cet objet lui a été dévolu à la criée. Ils sont
à nous dévolus par l'édit, la font. Fapef. || Dans le
langage général, acquis. Les honneurs me sont dé-
volus, J'ai cinquante écus, bérang. 60 écus. || Ré-
servé, destiné. Mes jours au deuil sont dévolus, c.
DELAV. dans le Dict. de poitevin.
— HIST. xiv s. Et la majesté consulaire estoit à
eux dévolue, iiebcheuee, f" 52, verso. Quant Tulles
fil mors, l'empire de Rome fut dévolu es pères, les-
quels ont tantost esleu un interroy, id. f° 17, verso.
Il XVI* s. Ceux mesmes qui se dient exempts des au-
tres jurisdictions ecclésiastiques, et immédiatement
sujets, quant à ce, au saint juge apostolique ou
dont les causes y sont légitimement dévolues....
i>. piTiiou,45, Ceulx des plus nobles maisons estoient
ievenus pauvres, et les richesses estoient dévolues
uitre les mains des petits personnages qui avoient
es cueurs bas, amyot, Cicéron, I3.
— ÉTYM. Lat. devolutus, roulé vers, attribué;
de devolKere, i/o la préposition de, et volvere,
rouler (voy. volume).
2. DÉVOLU (aé-vo-Iu), s. m. Terme de droit
canonique. Provision d'un bénéfice vacant par in-
;apaciié du collataire. Obtenir un dévolu. Faire si-
gnifier un dévolu, faire signifier qu'on l'a obtenu.
I.e prince lui avait donné [à Villebrune] un bénéfice
de quatre mille livres de rente; quelqu'un parla d'un
dévolu, à cause de ce que vous savez; l'abbé du
Piessis le prévint à Rome et l'obtint; et, contre le
sentiment de toute sa famille, il le fit signifier,
croyant, disait-il, faire un partage de frère avec
Villebrune, SÉV. 292. Un dévolu sur un bénéfice fut
cause de la première [aventure] qui fit un procès
entre un parent de M. de Vardes et un de mon père,
ST-siM. to, 1 19. Il Jeter un dévolu sur un bénéfice,
y former une prétention juridique, en vertu de quel-
que faute commise par celui qui le possède. Pourvu
qu'on ne jette point de dévolu sur Balzac, je suis
trés-salisfait de ma condition présente, balz. liv. y,
lett. (3. Il Fig. Jeter son dévolu, un dévolu sur quel-
qu'un, sur quelque chose, fixer son choix, arrêter
son idée sur.... Mais nos soins empressés ne nous
ont rien valu. Et le diable a sur nous jeté son dé-
volu, REGNARu, Disirait, II, i.
— HIST. XVI' S. La regale n'est sujette aux facul-
tez de légats, dispenses, devolutz, nominations, et
pareilles subtilitez du droict canon, p. pithou, ce.
— ÉTYM. Dévolu I.
DÉVOLUTAIKE (dé-vo-lu-tê-r') , s. m. Celui qui a
obtenu un dévolu.
— ÉTYM. Dévolu 2.
DÉVOLUTIF, IVE (dé-vo-lu-tif , ti-v'), adj.
Terme de jurisprudence. Qui fait qu'une chose passe
d'une personne à une autre. Appel dévolutif, appel
par lequel un procès est dévolu à un juge supé-
rieur.
— HIST. XVI* s. Toutes appellations ont effet sus-
pensif et devolutif, sinon que, par roidoiiuance,
les jug<;mens soient exécutoires, nonobstant oppo-
sitions ou appellations quelconques, loïsel, s8B.
— ÉTYM. Dévolu < .
DÉVOLUTION (dé-vo-lu-sion), s. f. || 1° Terme de
jurisprudence. Attribution des biens à une ligne
successorale par suite de l'extinction ou do la re-
nonciation de l'autre. A défaut d'héritiers tout l'hé-
ritage d'un défunt revient à lÉtat par dévolution.
Il Guerre de dévolution, guerre avec l'Kspagne, à
l'occasion des prétentions de Louis XIV sur les Pays-
Bas, en vertu de son mariage avec Marie-Thérèse.
Il 2° Kn matière bénéficiale, élat d'un bénéfice
torubé en dévolu, et aussi droit de conférer un béné-
fice, lequel droit passait au supérieur immédiat,
quand le collateur ordinaire négligeait de le con-
férer.
— ÉTYM. Dévolu ) .
t. DÉVORANT, ANTE (dé-vo-ran, ran-t'), adj.
Il 1° Qui dévore. Des lambeaux pleins de sang et
des membres affreux Que des chiens dévorants se
disputaient entre eux, hac. Atlial. ii, 6. Que son
corps.... Des vautours dévorants devienne la pâture,
VOLT. Œdipe, i, 3. || Un appétit dévorant, un très-
grand appétit. Faim dévorante, Ducis, Othello, iv,
t. Il Fig. Qui est avide d'argent, de faveurs. L'of-
frande n'est jamais pour le saint, ni nos épargnes
pour les rois, mais pour cet essaim dévorant, qui
sans cesse bourdonne autour d'eux depuis leur ber-
ceau jusqu'à St-Denis, p. l. cour. Simple discottrs.
Il 2° Qui détruit, comme fait un animal qui dévore.
Sur un autel sanglant l'affreux bûcher s'allume, La
foudre dévorante aussitôt le consume, i. b. rouss.
cantate, Circé. Portant partout le glaive et les feux
dévorants, VOLT. Orphel. l, 2. || Air, climat dévo-
rant, air, climat funeste aux habitants. Tu n'as pas
senti De ces vents du désert la dévorante haleine,
Di.cis, Àbufar, iv, 6. || 3° Fig. Un mal dévorant.
Une ardeur dévorante. Des soucis dévorants c'est
l'éternel asile , la font. l'hil. et Bauc, L'envie
que j'ai est une chose si dévorante pour moi que....
siîv. 53. Le monde où les plus grands plaisirs sont
toujours la source des inquiétudes les plus dévoran-
tes, MASS. Profession religieuse. Sermon 4. Quels
soucis dévorants viennent nous consumer 1 volt.
Tiiumv. I, 5.
t 2. DÉVORANT, s. m. Voy. dévoirant.
t DÉVORATEUR, TRICE (dé-vo-ra-teur, tri-s'),
adj. Qui dévore. Les lions dévorateurs de proies vi-
vantes. Il Cylindre dévorateur, cylindre qui sert dans
les féculeries à réduire en pulpe les tubercules.
Il Substantivement. Le temps est un impitoyable
dévorateur.
— KEM. Dévorateur est dans le Dictionnaire de
l'Académie de <7i8; et il n'y a aucune raison pour
le retrancher et ne pas continuer à l'admettre.
— HIST. xvr s. Les serpens dévorateurs de Lao-
coon, DESACCORDS, Bigarr. descript. pathétiques.
— ÉTYM. Provenç. devoraire, dcvorador; espagn.
devorador; ital. dit'orafore; du latin devoratorem,
de devorare, dévorer. Dans le provençal, devoraire
est le nominatif, et devorador le régime.
DÉVORÉ, ÉE (dé-vo-ré, rée), port. passé.\\ 1° Saisi
à belles dents et mangé. Le mouton dévoré par le
loup.li Fig. Etl'orplielin n'est plus dévoré du tuteur,
BOIL. Lutr. VI. Il 2° Consumé. Le palais dévoré par
l'incendie. Il faut que tout soit dévoré par les flam-
mes, FÉN. Tél. xvii. Il Par extension, consumé peu
à peu par un mal rongeant. Dévoré par la fièvre.
Nous avons fait un lieu considérable d'un méchant
hameau où il n'y avait que quarante misérables dé-
vorés de pauvreté et d'écrouelles, volt. Lett. d'Ar-
gental, 20 sept. 4771. 113° Fig. En proie à. Il n'est
point dévoré du désir de faire sa cour, sÉv. 398. Je
suis déjà dévorée de curiosité, m. iiio. Il est dévoré
de cette rage, m. 560. Je ne saurais douter que je
ne sois dévorée de l'amour de la justice, m. 567.
De l'ardeur d'obéir son âme est dévorée, volt. Fa-
nât. IV, 4. Mon âme déchirée Succombe au repentir
dont elle est dévorée, m. Als. v, 7. La fière ambi-
tion dont il est dévoré Est inquiète, ardente, et n'a
rien de sacré, id. Uérope, v, (. || 4° Dissipé d'une
façon prodigue. Une immense fortune dévorée en
peu de temps. || 5° Lu avec une excessive ardeur.
Un roman dévoré en une nuit.
DÉVORER (dé-vo-ré), e. a. \\ 1° Saisir à belles
dents et manger une proie. Les bêtes l'ont dévoré.
Où dit-on que le sort vous a fait rencontrer? — Parmi
des loups cruels prêts à me dévorer, hac. Atlial.
II, 7. Tu es ici dans un antre où les hommes te dé-
voreront, CHATEAUB. Natch. n, 2(8. Et je lui porte
enfin mon cœur à dévorer, id. Androm. v, 6. Quand
voulez-vous donc, disait-elle quelquefois au sultan
son fils, aider mon lion [Charles XII] à dévorer ce
czar? VOLT. Charles XII , 5. Sous notre heureuse
demeure. Avec celui qui les pleure, Hélasl ils dor-
maient hier! Et notre cœur doute encore. Que le
ver déjà dévore Celte chair de notre chair! lamart.
Ilarm. n, 1. 1| par extension. Les chenilles ont tout
dévoré. Il Très-fumilièrement. Se dévorer le bras,
la jambe, se gratter le bras, la jambe, avec une
sorte du rage. || 2° Manger avidement. Cet homme
dévorait son repas. || Absolument. Cet enfant dévore.
Je ne sais pas s'il digère bien, mais je sais qu'il dé-
vore, MAiNTENON, Lettre à l'abbé Gobelin, 8 mai
t075. Il Fig. Être raoace. N'est-ce pas Double-Main
le greffier? — Oui, c'est qu'il mange à deux râteliers.
— Manger! je suis parant qu'il dévore, beaumauch,
lltar. de Fig. m, l». || 3° Fig. Dissiper, se nâter
d'user en prodigue d'un bien. Et tous trois à l'eu -i
s'empresser ardemment X qui dévorerait ce rc^t.e
d'un moment, corn. Oihon, i, ). L'héritier pro-
digue paye de superbes funérailles et dévore le
reste, la eruy. vi. César jouit de tout et dévore
le fruit Que six siècles de gloire à peine avaient
produit, volt. ifor( de César, ii, 3. || 4° Consu-
mer, détruire. Le temps dévore tout. La flamme
vole et dévore le vaisseau, fén. Tél. vu. La gloire
des méchants en un moment s'éteint ; L'affreux
tombeau pour jamais les dévore, bac. Eslh. ii,
9.... que le feu dévore Le seul lieu sur la terre où
Dieu veut qu'on l'adore, id. Athal. v, 2. Ah! plutôt
que du ciel la flamme me dévore! id. l'Iièd. m, 3.
Je vois déjà l'hymen, pour mieux me déchirer. Met-
tre en vos mains le feu qui la [Troie] doit dévorer,
ID. Iphig. in, 4. Si vous m'irritez contre vous, l'é-
pée vous dévorera, saci, Bible, Isaie, i, 20. Élie
lui répondit : Si je suis homme de Dieu, que le feu
descende du ciel, et vous dévore avec vos cinquante
hommes, m. ih. Rois, iv, i, io. Mes soins l'ont en-
fermé [un orphelin] dans ces asiles sombres Où des
rois ses aïeux on révère les ombres; La mort, si
nous tardons, l'y dévore avec eux, volt. Orphi'l.
IV, 6. [La Naissance et la Mort, deux fantômes vol-'
lés] L'un produit l'inconcevable moment do notre vie
que l'autre s'empresse de dévorer, chateacb. Gé-
nie, I, 2. Les flammes qui dévoraient avec un bruis-
sement impétueux les édifices entre lesquels il [Na-
poléon à Moscou] marchait, dépassant leur faîte,
fléchissaient alors sous le vent et se recourbaient
sur nos têtes , ségcr, //«st. de Hapol. viii, 7.
Il C'est une terre qui dévore ses habitants, se dit
d'un pays malsain qui cause une grande morta-
lité. Les pays équatoriaux dévorent les Européens.
Il Par extension, faire maigrir, altérer le teint, l'ap-
parence. Mandez-moi comme vous vous portez de
l'air de Grignan, s'il vous a déjà bien dévorée, et
comme je me dois représenter votre jolie personne,
sÉv. 189. Il B° Piller, épuiser. L'armée dévorait le
pays. Sous prétexte de vos longues prières, vous
dévorez les maisons des veuves, saci, Bible, I^v
S. Math, xxiii, 14. Grecs, Arabes, Français, Sar-
rasins nous dévorent, volt. Tancr. i, <. Il [Voltaire]
a profité de la circonstance d'un contrôleur gé-
néral vertueux et zélé pour le bien, pour deman-
der que le pays de Gex où il habite ne soit plus dé-
voré par les financiers, d'alemb. Lettre au roi de
Prusse. 23 févr. (776. || Fig. L'excès de sa douleur
dévore sa parole [l'intercepte] , tbistan, K. de Chrispe,
I, 8. 116" Fig. Faire éprouver une sensation péni-
ble, en parlant de la soif, de la fièvre, de la chaleur.
La soif, la fièvre le dévore. Un lion que la cruelle
faim dévore, fén. Tél. l. Pour apaiser la faim qui
le dévore, mass. Car. Riche. Déjà l'ardente soif le
sèche et le dévore, ducis, Abuf. i, 3. Courbés par
le midi dont l'ardeur les dévore, delav. Paria, n, 6.
Il Danslemèmesens, en parlant des passions. Uien ne
peut-il charmer l'ennui qui me dévore? bac. Bérén.
II, 4. Qu'un soin bien différent me trouble et me
dévore! id. Phèd. ii, 6. Du zèle qui pour toi l'en-
flamme et le dévore, id. Esth. Prol. Le chagrin me
dévore, id. Androm. \, 2. Célèbre par le zèle saint
qui le dévorait, mass. Car. Resp. Le souvenir af-
freux dont l'horreur me dévore, volt. Zaïre, u, i.
Gens que l'avarice dévore, Pour votre or soudain
j'ai frémi , bérang. Ma dem. chans. Dans les villes
qui paraissent jouir de la paix et où les arts fleuris-
sent, les hommes sont dévorés de plus d'envie, de
soins et d'inquiétudes qu'une ville assiégée n'é-
prouve de fléaux, volt. Candide, 20. Assez de mal-
heureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour
eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévo-
rent, Oubliez les heureux, LAMART. Méd. i, (3. || 7° Dé-
vorer un livre, le lire avec avidité. Ce que je vous dis
là ne sont pas des chansons. Et vous devez, du cœur
dévorer ces leçons, mol. Éc. des femmes, m, 2. Je
m'arrêtais pour ne pas dévorer votre lettre si promp-
tement, SÉv. 52. Tant qu'on a cru voir dans ce li-
vre [les Caractères de la Bruyêrt-] les portraits de
gens vivants, on l'a dévoré pour se nourrir du triste
plaisir que donne la satire personnelle, d'olivet,
Ilist. Acad. t. ii, p. 354, dans pougens. Dévorant
les poètes fameux Je n'aspirai jamais qu'à m'illus-
trer comme eux, LiicouviS, Épichar. et Néron, ii, 3.
8° Dévorer en espérance, convoiter avidement
quelque chose. Il dévore en espérance tous mes tré-
sors, VAUGEL. Q. C. liv. VIII, ch. 1. Au reste soyez
sijrs que vous posséderez Tout ce qu'en votre
cœur déjà vous dévorez, cosn. Nicom. u, 3. D
1142
DËV
ion avide orgueil je sais qu'il nous dévore, bac.
Alex. II, 2. D'un œil d'impatience il dévoraitsa proie,
VOLT. Ilenr. x. || Dévorer des yeux, jeter des re-
gards pleins d'ardeur et de convoitise. Il dévore des
•»eux et du cœur cent beautés, la font. Scam. Il
îévore des yeux le fruit de tous ses crimes, volt.
Catil. IV, 4. Ici une amante affligée exprime sa lan-
.içueur, une autre dévore des yeux son amant, mon-
lESQ. l.ett. pen. '^s. Mes yeux dévorent des charmes
Jont ma bouche n'ose approcher, i. J. Rouss. Ilél.
I, 8. Il 9" Dévorer le temps, anticiper avec impa-
tience sur le temps. L'impatient Thierry dévore les
instants, LEMERC. Bruneh. m, 6. Et semble d'un
regard dévorer l'avenir, ijuas, Uacheth, ii, 6, Son
fier regard semblait, dévorant l'avenir, Poursuivre
avidement une gloire lointaine, ancelot, Fiesque,
I, f. Il 10" Ne pas laisser paraître, renfoncer en soi-
même. Dévorer ses larmes, ses chagrins. Rongée de
soucis, je suis obligée de paraître gaie et contente;
il faut que je dévore mes larmes, maintenon, Lelt.
à Urne de St-Géran, 4" avril (079. Je me suis tu,
j'ai dévoré ma peine, fén. Tél. vu. Toujours verser
des pleurs qu'il faut que je dévore! HAC. Bérén.l,i.
Sous un maître odieux dévorant ma tristesse, volt.
Uérope, ii, 7. Comment avez-vous pu dévorer si
longtemps Une douleur plus tendre et des maux
plus touchants? id. Brulus, ii, <. Dévorant mon
dépit et mes soupirs honteux, id. Orphel. m, *. Eh
bieni je dévorais une haine funeste, ducis, Àlxi-
far, m, 4. || Dévorer un alTront, l'endurer sans en
faire paraître aucun ressentiment. Quiconque ne
saitpas dévorer un affront,... Loin deras|)ectdes rois
qu'il s'écarte, qu'il fuie.RAC. Eith. m, t. On dévore
les rebuts les plus outrageants, mass. Car. Loï. Vous
dévorerez leurs inégalités et leurs caprices, id. Car.
Pardon. Le roi présent dévore la menace; Son âme
altière est contrainte à fléchir, millev. le Itancenil-
lier. Il 11° Dévorer les difficultés, venir courageuse-
ment à bout de ce qui est difficile. Les affaires n'eu-
rent jamais rien d'obscur qu'il n'éclaircit, rien de
douteux qu'il ne décidât.... rien de pénible qu'il ne
dévorât, MASS. Or. fun. Viller. \\ 12° Se dévorer,
V. réfl. Se dévorer l'un l'autre. Les brochets se dé-
TOrent les uns les autres. || Se dévorer soi-même.
11 est juste qu'une espèce si perverse se dévore elle-
même, volt. Dial. <4. Il Très-familièrement. Se
dévorer, se gratter avec une sorte de rage. Empê-
chez donc cet enfant de se dévorer. || Fig. Se bvrer
à l'impatience, au chagrin. Je me dévore de cette
envie, sf.v. 30. Et là-dessus on s'abat, on se dé-
Tore soi-même , on renonce presque à l'espérance de
son salut, mass. Profess. relig. Serm. t.
— HlST. xii° s. Li sire en la sue ire les conturbe-
Tat, et sis [si les] devurerat fus [le feu]. Liber psal.
p. 24.Turbé sunt e moud [ému] si cumeivre,e tule
la sapience d'els devorede est, ib. p. 46B. Tuit chi
uvrent felunie, chi dévorent le mien pople sicume
»iande de pain, ib. p. 70. Dévorer le verrez par mil
divisions [morceaux] , JRonc. p. 200. De Joseph li
sovint cui si altre noef frère Vendirent pur deniers
e distrent à lur père Que dévorez esteit d'icele beste
fere, Th. le mart. 05. Si jo sui hume Deu, dune
descende! li feus delciel e d«vurt tei êtes cinquante
cumpaignuns.flots, p. 340. || xiii' s. Ne de beste sau-
vage [que je ne sois] devourée ne prise, Berte,
XXXI. Je croi bien que les bestes l'ont morte et dé-
vorée, ib. civ. Qui dont les deûst devourer, [ils] Ne
se tenissent de plourer; Leur cuer furent de pitié
tendre. Quant vint au point de congié prendre, BL
etJeh. (B47. PordantUenartquel'en devoure.Ploure
Grinbert et prie etoure, Ren. hc3b Li vilain
s'en atant. Et Tybert s'en vait dévorant [maudis-
sant] Les vilains et la pute au prestre, ib. 21892.
Et li cors qui les biens dévore. Si sera converti en
cendre, Guersai. || xiv* s. Il fendoit et ouvroit les
femmes grosses et trahoit les enfans de leurs corps
et les devoroit, oresme, Eth. 2U3. Nulz homs n'o-
zoit passer, environ ni entour. S'il ne creoit en
Dieu, la père crealour, Qu'il ne fuist devourez à
honte el à douleur, fiaud. de Seb. VI, 240. Li lions en
.1 teil despit Qu'il liceurt [court] sus sans nul respit,
Et si l'estranle et le deveure, j. be condet, p. (G.
— Etym Provenç. et espagn. devorar; ital. d:io-
rof«;du l.itin devm-are, de la préposition de, et
vorare (voj . vorace).
t DÉVOREUR, ECSE(dé-vo-reur, reûz'),s. m.
et f. Celui, celle qui dévore. Dans les festins d'Ho-
mère, on tue un bœuf pour régaler ses hôtes, comme
on tuerait de nos jours un cochon de lait; en lisant
qu'Abraham servit un veau à trois personnes , qu'Eu-
mée fit rêtirdeux chevreaux pour le dîner d'Ulysse,
et qu'autant en fit Rébecca pour celui de son mari,
on p«ut juger quels terribles dévoreurs de viande
DEV
étalent les hommes de ce temps-là, j. j. bouss. dans
LA veaux. Il Kig. Un dévoreur délivres, un homme
qui lit avidement. Pauline, cette dévoreuse de li-
vres, SÉV. 0(4.
— Rtym. Dévorer.
DEVOT, DÉVOTE (dé-vo, dé-vo-f), adj. || l'Atta-
ché aux pratiques religieu.ses. Ce prince était dévot,
généreux, équitable, Tristan, Panlhée, i. 4. C'est
dans ce calme et le silence Que l'âme dévote s'a-
vance Et que de l'Écriture elle apprend le secret,
corn. Imit. I, 20. 11 est connu pour n'être pas dé-
vot, PASC. Prov. 7. Pour être dévot, je n'en suis pas
moins homme, mol. Tan. m, 3. 11 n'y a rien que
je souhaitasse plus fortement que d'être dévote, sév.
Lett. 6 févr. 1690. Gardez toutes vos pratiques de
dévotion, j'y consens, et je vous y exhorte même
très-fortement; mais, avant que d'être dévot, je veux
que vous soyez chrétien, bourd. Pensées, 1. 1, p. 458.
Songez que, dès qu'on n'est pas assez dévot pour
être capucin, il n'est rien de plus beau que de se
faire tuer, maintenon, Lelt. à M. d'Aubigné, 4 9 sept.
1672. Il Être dévot à.... avoir une dévotion particu-
lière pour la Vierge, pour un saint, pour une église.
Vous n'êtes point dévot à la Vierge, sÉv. 290. || 2° Qui
a le caractère de la dévotion, en parlant des choses.
Air dévot. Ardeur dévote. Lis un livre dévot, simple
et sans éloquence Avec plaisir pareil Que ceux oii
se produit l'orgueil de la science En son haut appa-
reil, CORN. Iinil. I, 5. Un sermon où il apporte un
zèle tout dévot, pasc. dans cousin. Kien n'est plus
agréable et plus dévot que cette église souterraine
(à Bethléem], chateaub. Itin. 11, IBO. Il avait pris,
à leur école, un certain jargon dévot dont il usait
sans cesse, J. J. rouss. Confess. u. || 3° 11 se dit
quelquefois par dénigrement, soit d'une mauvaise
dévotion, soit de l'hypocrisie qui feint la dévotion.
Louis XI fut un prince dévot et cruel. Moi dévote I
qui, moi? m'écriai-je à mon tour. L'esprit blessé
d'un terme employé d'ordinaire Lorsque d'un hy-
pocrite on parle sans détour, deshoulières, au P. de
la Chaise. Sais-tu bien cependant, sous cette humi-
lité. L'orgueil que quelquefois nous cache une bi-
gote, Alcippe, et connais-tu la nation dévote? boil.
Sat. X. Celui qui depuis quelque temps à la cour
était dévot et par là, contre toute raison, peu éloi-
gné du ridicule, pouvait-il espérer de devenir à la
mode? labruy. xiu. De quoi n'est point capable un
courtisan, dans la vue de sa fortune, si, pour ne
pas la manquer, il devient dévot? iD. 16. Le cour-
tisan autrefois avait ses cheveux, était eu chausses
et en pourpoint, portait de larges canons, et il était
libertin [esprit fort] : cela ne sied plus; il porte une
perruque, l'habit serré, le bas uni, et il est dévot:
tout se règle par la mode, id. ib- Car d'un dévot sou-
vent au chrétien viritable La distance est deux fois
plus longue, à mon avis. Que du pôle antarctique
au détroit de Davis, boil. Sat. xi. |{ 4° Substantive-
ment. Un dévot. Une dévote minutieuse. Ces dévots
indiscrets dont le zèle incommode, Pour les rendre
saints à leur mode. Leur forme une conduite et fait
des lois à part, Au lieu de s'avancer par un secret
mérite, Perdent ce qu'en commun dans la règle on
profite, X force de vivre à l'écart, corn. Imit. m,
13. Ces dévols à demi, sur qui la chair plus forte
Domine encore en quelque sorte. Penchent à tous
moments vers ses mortels appas, id. 16. i, 0. Il est
de faux dévots ainsi que de faux braves, mol. Tari.
i, 6. Mais les dévots de cœur sont aisés à connaître :
Jamais contre un pécheur ils n'ont d'acharnement;
Ils attachent leur haine au péché seulement, id. ib.
Les dévots qui ont plus de zèle que de science, pasc.
dans COUSIN. Il y a des dévots indiscrets qui ne croient
jamais dire assez s'ils n'en disent trop, thiers. Dis-
sert, sur le portail de Heims, dans richelet. || Dévot
déplace, faux dévot qui affiche les pratiques. Que
ces francs charlatans, que ces dévots de place, mol.
Tart. I, e. Il Dans la dernière moitié du xvji° siècle,
dévot se prenait en mauvaise part pour faux dévot,
hypocrite. Fâche-t-on un dévot, c'est Dieu qu'on
fâche en lui; Ces apôtres du temps, qui des pre-
miers apôtres Ne nous font point ressouvenir. Par-
donnent bien moins que nous autres, deshouliêres,
au P. de la Chaise. Un dévot est celui qui, .sous un
roi athée, serait athée, la bruy. xiu. Les dévots ne
connaissent de crime que l'incontinence; parlons
plus précisément, que le bruit ou les dehors de l'in-
continence, id. 16. X force de voir la conduite des
hommes, la lâcheté des braves, les faiblesses des
philosophes, les bêtises des politiques, la fausseté
des dévots, je suis parvenue à ne les pas plus esti-
mer que les femmes, qui sont pourtant de jour en
jour plus méprisables, maintenon, Lelt. Card. de
Nnaillcf, 3 sept. 17I0. Les dévots fâchent le monde,
DÈV
et les gens pieux l'édifient, Marivaux, Payt. parti
t. I, part. 1", p. 98, dans pougens. || C'est une de
ses dévotes, se dit d'une des femmes qui sont noM
la direction d'un prêtre. || Kig. Homme dévoué à un
homme, à une doctrine. Il est un des dévot» de
Descartes. Vous êtes un dévot de la philosophie mo-
derne. Il 5° Votre dévot fils, formule usitée chez Ità
souverains qui écrivent au pape.
— SYN. dévot, dévotieux. L'homme dévot est ce-
lui qui a de la dévotion ; l'homme dévotieux est celui
qui est rempli de dévotion, la finale eux donnant
d'ordinaire un sens de ce genre aux adjectifs. Il faut
ajouter que dévot est très-usité, et que dévotieux
l'est pou.
— lilST. XII* S. Por ce ke il puist ferir et ocire les
dévotes pensées, s'atapist il desoz la covreture de
(lolor. Job, p. 440. Geste apiiaricions noslre Segnor
clariHet ui cest jor, et li devocions et li honoremens
des rois le fait dévot et honravle, st hern. 65I.
(I xiii* s. Ne seroit baillif ne prevost. Tant seroit li
pueple devost, la llose, 6û84. || xivs. Cil le renvoya
[un moine] en son propre tlevot lieu [couvent],
Chr. de Si-Denis, 1. 1, f° 164, dans lacl'Rne.|| xv* s.
Et firent [les Gantois] par les églises plusieurs pro-
cessions et dévotes oblations , froiss. u, ii, ib8.
Avec ce que le mareschal est très charilaUe, il aime
Dieu et le redouble surtout et est très dévot, Bou-
ciq.iv, ch. 3. Il xvi° s. C'est une religieuse liaison
et dévote que le mariage, mont, i, 220. Ils senti-
ront leurs âmes plus dévotes envers Dieu, et leurs
cœurs plus secourables envers leurs prochains, la-
NOUE, 538.
— ÊTVM. Provenç. dévot; espagn. devoto; ital.
divolo; du latin dévolus, dévoué, de la préposition
de, et totîfTe, vouer (voy. vœu).
DÉVOTEMENT (dé-vo-te-man) , odo. D'une ma-
nière dévote. Entendre dévotement la messe. H
soupa, lui tout seul, devant elle. Et fort dévote-
ment il mangea deux perdrix, mol. Tart. i, 5.
— HlST. XIII* s. Et puis rechurent corpus Domini
cascun endroit soi au plus dévotement que il pot,
H. DE valenc. VI. Le servise de sainte Ésglise es-
coute dévotement et de cuer et de bouche, joinv.
300. Il XVI* s. Il pria Dieu dévotement, d'aub.
Vie, LV. Remerciant Dieu dévotement, amyot,
Cam. 55.
— ÊTYM. Dévole, et le suffixe ment; provenç. de-
votamenl, devolamen; espagn. devotamenle; ital.
divolamenle.
DÉVOTIECSEMENT ( dé-vo-si-eû-ze-man ) , ado.
D'une manière dévotieuse.
— HIST. XV* s. Tant que tous les varlets de son
hostel servent Dieu en jeusnes et dévotions, et se
contiennent à l'Eglise aussi devotieusement que fe-
roient religieux, Bouciq. iv, ch. 6. || xvi* s. Pour
ceste contribution si nécessaire : dont dependoit le
contentement de ceux qu'on avoit si devotieusemen».
[ardemment] attendus, lanoue, 025.
— Etym. Dévotieuse, et le suffixe ment.
DÉVOTIEUX, EUSE (dé-vo-si-eû, eù-z"), odj.
Rempli de dévotion. C'est un homme fort dévotieux.
Que le taureau soit prêt, quand j'aurai dans les
cieux Poussé le zèle saint d'un cœur dévotieux,
ROTROU, Hercule mourant, m, 1. 1| Substantivement.
Les dévotieux, G. naudé. Apologie, p. 24.
— HlST. XVI* s. La Rochelle, qui jà leur estoit dé-
votieuse [aux réformés], ayant embrassé l'Evangile,
et rejette la doctrine du pape, lanoue, 643. Le peuple
des villes.outre les choses ilevotieuses, ne laisse aussi
d'appliquer son esprit aux arts, id. 541. Cette Roxe-
lane e.sclave fit la dévotieuse, d'aub. Hist. 1, 31.
— ÊTYM. Voy. DÉVOT.
DÉVOTION (dé-vo-sion; en vers, de quatre syl-
labes), V. f. Il 1° Attachement aux pratiques reli-
gieuses. Personne pleine de dévotion. Il a beaucoup
de dévotion. Et qui, jeune, n'a pas grande dévotion,
RÉGNIER, Sat. xui. Faire de son devoir son mérite
par rapport à Dieu, son plaisir par rapport à soi-
même, et son honneur par rapport au monde ; voilà
en quoi consiste la vraie vertu de l'homme et la so-
lide dévotion du chrétien, bouhdal. Pensées, 1. 1,
p. 397. C'est dans le grand monde qu'on trouve ces
dévotions aisées et commodes, ces dévotions que
l'on veut accorder avec les maximes du siècle, ID.
Exhort. Ste Thér. t. i, p. 3u4. Certain air de dévo-
tion, Lorsque l'on n'est plus jeune, atoujours bonne
grâce, DESHOULIÊRES, au P. de ta C/iawc. Je saiscom-
bien crédule en sa dévotion Le peuple suit le freia
de la religion, hac. Baj. i, 2. Mme de Montespac
s'est jetée dans la plus grande dévotion; il est bien
temps qu'elle nous édifie, maintenon, Leltre à
Mme de St-Géran, 10 sept. 188.1. Je ne suis point
dévote, mon cl'.cr frère: mais je veux l'ftreijc suis
DEV
DEV
DEV
1143
liiTsiiadéo quo la dévotion est la. source de tout bien ,
MAiNTENON.ietlre àd'Aubigné, H juillet <6S4. La dé-
votion d'Italieprendassezsouventune formequi n'est
guère de notre poilt d'aujourd'liui, fontpn. ilarsi-
gli. Se ne connais pas de meilleure école de logique
et de dévotion philosophique que les polypes et les
animalcules des infusions, BONNET, Z,c/(. div. Œu-
vrer, t. xii, p. <33, dans polgens. || Avoir dévotion
à, adresser particulièrement ses pratiques religieu-
ses à un saint, il une église, à une image, etc.
Sainte Barbe à qui son frère Jetser avait une grande
dévotion, VOLT. Mœurs, ta». Ce portrait était une
petite miniature représentant l'ermite Paul; Mar-
guerite y avait une grande dévotion, bern. de s. -p.
Paul et Virg. p. t24. || Dans le courant du xvii» siè-
cle, dévotion se prend en mauvaise part pour fausse
dévotion, hypocrisie. On peut impunément, pour
l'intérêt du ciel, Être dur, se venger, faire des in-
justices; De la dévotion c'est là l'essentiel, deshou-
LiÈREs, au P. de la Chaise. Celui qui a pénétré la
cour connaît ce que c'est que vertu et ce que c'est
que dévotion, et il ne peut plus s'y tromper, la
BBtY. XIII. F.Ti.e servir la piété à son ambition,
aller à .son salut par le chemin de la fortune et des
dignités, c'est du moins jusqu'à ce jour le plus bel
effort de la dévotion du temps, id. ib. \\ 2" Prati-
(|ues de dévotion. En ces jours consacrés à la dévo-
tion, Il faut mieux épurer l'œuvre et l'intention,
CORN. Imit. I, to. Pratiquant la dévotion de saluer
les images de la Vierge, pasc. Prov. 9. Vous étiez
en dévotion, sÉv. 37. Nous fîmes hier de grandes
dévotions, id. 76. On dit que vous [Commines] n'a-
vez pas oublié mes petites dévotions [de Louis XI],
surtout à la fin de mes jours, fén. t. xix, p. 308. Lors-
que nous eûmes fait nos dévotions sur le tombeau
de la vierge qui a mis au monde douze prophètes,
MONTESQ. Lett. pers. l. |{ Faire ses dévotions, rem-
plir ses devoirs religieux à certaines époques de
l'année. On m'a défendu de faire mes dévotions à la
Pentecôte, sÉv. I8S. Je ne fis point mes dévotions,
in. 232. Il avait fait ses dévotions à la paroisse,
Boss. Lett.quiét. 413. || Livres, tableaux de dévotion,
livres, tableaux sur un sujet de piété. Je lis des li-
vres de dévotion, sÉv. 432. {| Fête, jeûne de dévo-
tion, fête, jeûne qui n'est pas d'obligation. Beau-
vau, évêque de Tournay, publia des dévotions pour
implorer la bénédiction de Dieu sur nos armes, ST-
siM. 208 , 46. Il 3° L'offrande est à dévotion, on donne
ce qu'on veut à l'offrande. || X l'offrande, qui a dé-
votion, c'est-à-dire que celui qui a dévotion aille à
l'otfrande, en d'autres termes, va qui veut à l'of-
frande. Il 4° Attachement comparé en quelque sorte
à celui qu'on a pour les choses de piété. Ma dévotion
pour vous est sans bornes. On peut aussi avoir de la
dévotion pour son prince, desc. Pass. 83. J'aurai
toujours pour vous, 6 suave merveille. Une dévotion
à nulle aulre pareille, mol. Tart. m, 3. || Être à la
dévotion de quelqu'un, lui être entièrement dévoué.
(Cette locution serait inintelligible si l'on ne remar-
quait que, tandis que iiio déioHonpour vous signi-
fie la dévotion que j'ai pour vous et a un sens ac-
tif, il est à ma dévotion a un sens passif et doit se
comprendre de la dévotion qui est pour moi dans le
cœur de la personne dont il s'agit). En la place de
tous tant qu'ils sont, le courtisan ambitieux met dos
personnes à sa dévotion, balz. t dt<c. s. la cour.
On lui manda que la ville était à sa dévotion, d'a-
BLANcouRT, Arrien, liv. i, ch. o, dans riciiulet. Il
avait gens à sa dévotion, la font. Fér. Le portier est
personne Entièrement à ma dévotion, id. Comm.
l'espr. Le peuple se flattait, ayant un consul à sa
dévotion, de faire nommer les commissaires et de
procurer enfin le partage des terres, vertot. Ré-
vol, rom. m, p. 243. || Proverbe. Il n'est dévotion
que de jeune prêtre, c'est-à-dire on fait les choses
avec un grand zèle quand on est nouveau en quelque
charge, eu quelque profession.
— HlST. xii» s. En grant devotiun celé messe ad
chantée, EàDeu sun seignur ad sa cause mustrée,
E pria qu'il le guard de maie destinée, Th.lemart.3û
Il xm' s. Ensi le firent moult volentiers par tout
l'ost, et par moult grant devocion le firent, villeh.
Lxx. Parquoy cil qui venront à son autel, que il y
eussent plus grant dévotion, joinv. 304. || xiv» s.
Sachent touz que nous à nostre amé et féal Jehan
conte de Brelaigne et à ses hoirs, en nostre feauté
et on nostre dévotion demouransàtousjours mais....
octroions, Ordonn. des rois du France, t. i, p. 329.
Du sepoucre [ils] venoient acquerre le pardon, Ainsi
qu'à pluseurs gens en prent devocion, Gueici.t 5429.
Là prist à Bauduin grande dévotion D'aller outre la
mer, sans nulle arrestison, Baud. de Seb. vii!,707.
Il XV s. Le ,iour de la feste N, D. en mi aoust.... al-
lèrent en pèlerinage à N. D. de Vregny.... Leur dé-
votion faite, ils vinrent en une taverne au ditVre-
gny, DU GANGE, devotiones. Et fit là en droit le roi
(Jire grand foison de me.sses pour accommunier ceux
qui dévotion en aurnient, fhoiss. i, i, 41. Maint
homme [les femmes] ont fait briser s'entencion. Que
l'en tenoit de très ferme couraige , Et delaissier
toute devocion. L'un par amours, l'autre par ma-
riage, E. iiEsctf. Empire des femmes. Ainsi traversa
le chevalier la rivière, et vint aborder à l'isle où il
devoit combattre, et là sailli hors de son batteau,
vestu d'une longue robe de drap d'or gris fourrée de
martres; il avoit sa bannerolle en sa main figurée
de ses dévotions [images auxquelles il avait dévo-
tion], dont il sesignoit, cl. db. la marche, lUém.
liv. I, p. 297, dans lacurne. ||xvi« s. Comme il es-
toit en dévotion sur certain poinctdela messe, mont.
I, 254. Combien d'hommes, et en Turquie surtout,
vont nuds par dévotion? id. i, 259. Les rivières, les
passages, à sa dévotion, luy conduiroient et vivres
et deniers, id. i, 356. Les tyrans ont ils jamais failli
de trouver assez d'hommes vouez à leur dévotion?
ID. Il, 108. X Rome tout estoit quasi à sa dévotion
[de Pompée], langue, 6bi. Quand toute leur puis-
sance, qui se trouva très grande, et en bonne dévo-
tion de bien faire, fut assemblée en un camp, amyot.
Cor. 43. Estant tousjours prest à faire de bien en
mieulx pour ceulxqui luy estoient redevables, à fin
de les entretenir etgarder tousjours en sa dévotion,
ID. Flamin. 4. L'orateur Callistratus devoit plaider
en jugement la cause d'Oropus, et attendoit un
chascun en grande dévotion le jour de ce plaidoyer,
ID. Démosth. 7. [Une chapelle] où mesme Soliman
vint faire ses dévotions, d'aub. Hist. i, 3|.
— ÉTYM. Provenç. iievotio; catal. devociô; es-
pagn. devocion; ital. devoiione; du latin devolio-
nem (vov. dévot).
DÉVOUÉ, ÉE (dé-vou-é, ke:),part. pcissé. \\ i' Con-
sacré par un vœu. Décius. dévoué suivant le rite,
se précipita dans l'armée ennemie. Une jeune fille
dévouée à la vie religieuse. Les Juifs massacrèrent
les enfants et les femmes, parce qu'ils avaient été
dévoués [dévoués à la mort], volt. Moeurs, 147.
Victime dévouée à notre État vengé, id. Tancr. v, 4.
Il 2° Disposé à tout pour le service, le salut de. Être
dévoué à sa patrie. Il lui est tendrement dévoué. Il
serait à désirer que ces horribles maximes ne fus-
sent jamais sorties de l'enfer, et que le diable, qui
en est le premier auteur, n'eût jamais trouvé des
hommes as'^ez dévoués à ses ordres pour les publier
parmi les chrétiens, pasc. Prov. <4. Je ne sais s'ils
me blâment de vous aimer, mais sûrement ils ne me
blâmeront pas d'être dévouée à vous, quand je vous
aime, stael, Corinne, viil, I. |{ En parlant des
choses, employé à. Tous vos moments sont-ils dé-
voués à l'empire? rac. liérén. Il, 4. || 3° Je suis vo-
tre dévoué serviteur, votre tout dévoué, voire dé-
voué,formule de salutation, par laquelle on clôt une
lettre dans la correspondance familière.
DÊVOUEiMENT ou, comme quelques-uns écrivent,
dit l'Académie, DÉVOÛMENT (dé-vou-man), s. m.
Il 1° Action de dévouer. Le dévouement de la fille
de Jephté. Ne m'aimeriez-vous donc pas assez pour
trouver du bonheur dans ma tendresse, dans le dé-
vouement de tous mes instants? stael, Corinne,
XV, 2. Il Action de se dévouer. Le dévouement des
Spartiates qui se firent tuer aux Th£rmopyles. L'his-
toire nous apprend qu'en de tels accidents On fait
de pareils dévouements, la font. Fabl. vu, i.
Ils n'ont point laissé sans punition ce crime soli-
taire au milieu de mille dévouements d'une ten-
dresse sublime, ségur, Ilistde Napol. x, 8. || 2" Par
extension , disposition à servir quelqu'un , avec
une abnégation personnelle. Acte de dévouement.
Un dévouement sans bornes. Son dévouement pour
sa famille. Et de mon dévouement vous me payez
le prix, BRiKFAUT, Ninus, v, 7. || Agréez, recevez
l'assurance de mon dévouement, une des formules
de salutation, par lesquelles on clôt une lettre.
Il Disposition à servir l'humanité, la société, à se
sacrifier pour elle. La doctrine du dévouement.
— 11E.M. L'Académie n'a pas de règle fixe pour
écrire les substantifs venant des verbes en ouer:
écrivant dénoûment sans écrire dénouement; se-
coùment sans écrire secouement; et, en sens inverse,
ébrouement, échouement, etc. sans ébroûment,
échoûment, etc. Au reste les deux orthographes sont
bonnes.
— ÊTYM. Dévouer.
DÉVOUER (dé-vou-é) , v. a. || 1" Consacrer par un
vœu. Sénalus-consulte par lequel on dévouait aux
Dieux infernaux quiconque passerait le Rubicon,
MONTESQ. Rom. 1 1, Je dévoue à l'exil ta tête crimi-
nelle, c. DELAV. Paria, iv, 6. |1 Par imprécation.
Dévouer quelqu'un à la haine, à l'exécration publi-
que, appeler sur lui la haine, l'exécration. |{ Dé-
vouer sa tête, .s'exposer résolument aux menaces,
aux périls. Pendant cinq ans il dévoua sa tête aux
fureurs civiles, BOss. le Tellier. Ce moment vous
dévoue à leur haine fatale, volt. Oresle, m, 2. X
vos persécuteurs j'ai dévoué ma tète, lemerc. Fré-
dég. et Bruneh. iv, 3. || Immoler en sacrifice. Uù
loup quelque peu clerc prouva par sa harangus Qu'il
fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce ga-
leux, d'où venait tout le mal, la font. Fabl. vu, -l.
Il 2" Par extension, consacrer au service de.... par
zèle, amour ou un motif quelconque. Vous lui dé-
vouez vos personnes, et lui il se livre tout entier à
vous, BOURDAL. FxhoTt. RenoxiveL des vœux, t. 1,
p. 26). Il 3° Se dévouer, v. ré/l. Se consacrer par
un vœu. Se dévouer à la vie monastique. Je me dé-
voue à ces dieux immortels, rac. Brit. v, 8. || Fig.
Lâche qui se dévoue aux amours de Tullie, volt.
Catil. II , < . Il Se sacrifier par humanité, par patrio-
tisme, par un motif quelconque. Codrus se dévoua
à la mort pour le salut de son peuple, boss. Hist.
I, 5. [Elle] Me vit, en reprenant cette place rendue,
X mille coups mortels contre eux me dévouer, rac.
Ilithr. I, t. Achille fait ranger autour de votre fille
Tous ses amis pour lui prêts à se dévouer, id. Iphig.
v, 5. 11 se dévoua pour son peuple dans une ba-
taille, FÉN. Tél. XIX.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et vouer.
t DÉVOULOIR (dé-vou-loir), je déveux, tu dé-
veux, il déveut, nous dévoulons, vous dévoulez, ils
déveulent; je dévoulais; je dévoulus; je dévoudrai;
je dévoudrais ; déveuille, qu'il déveuille, déveuillons,
déveuillez, qu'ils déveuillent; que je déveuille, que
tu déveuilles, qu'il déveuille, que nous dévoulions,
que vous dévouliez, qu'ils déveuillent; que je dé-
voulusse; dévoulant; dévoulu, v. a. Cesser de vou-
loir ce qu'on voulait. Serait-il possible que celui vou-
lût, qui peut dévouloir en un moment? malh. dans
VAUGELAS, Rem.
— REM. L'Académie, dans ses Observ. sur Vau-
gelas, dit : « Dévouloir ne s'est point établi dans no-
tre langue: c'est un mot factice qu'il faut éviter. »
L'Académie se trompe; dévouloir n'est pas un mot
factice; il est aussi ancien que la langue (voy. l'his-
torique).
— HIST. XII* s. Et ce que Deus en apareille. Qui
tote .sainte ovre conseille. Ne. devez desamonoster,
Nedesvoleir, ne destorber, benoît, ((439-42. Mais
vostre lige chevalier Serrai ù que jo unques seie,
Eisi [ainsi] que riens ne desvoidreie. Que vos pleûst
à comander, id. n, (972-5. {| xiii' s. Se vous pais
volés faire, jà ne le desvourons, Ch. d'An t. v, 104.
. ...je leur di voir [vrai], nulle ne les desvueille, j. de
MEONG, Tes». (325. Il XV" s. Ces capitaines ne Se pou-
voient accorder ensemble; car ce que l'un vouloit
une semaine, l'autre ledevouloit, froiss. ii, m, 90.
Il XVI' s. Un obstiné qui une mesme chose Veut et
deveut cent fois en un instant, st-gelais, 4.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et i;ouio!r.
DÉVOYÉ, ÉE (dé-vo-ié, iée, ou dé-voi-ié, iée),
part, passé. \\ 1° Mis hors du bon chemin. Dévoyé
par son guide. || Terme de marine. Couples dévoyés,
couples qui ne sont pas parallèles au couple de le-
vée. Il 2° Fig. Entraîné dans l'erreur. Erreur.... Que
ces clercs dévoyés forment en leur cervelle, Régnier,
Sat. IX. En ce lieu où l'Église appelle ses enfants
dévoyés, Boss. Égl. 3. || Substantivement. Ramener
les dévoyés, ramener ceux qui ne sont pas dans la
voie du salut. Priez pour l'Église et pour les dé-
voyés, BOSS. [.ettr. abb. 264. || 3° Dévoyé, qui a le dé-
voiement. Destin soupa fort sobrement, et Mlle de
la Rappinière, tant qu'elle en fut dévoyée, scahron,
Rom. com. i , 4.
DÉVOYER (dé-vo-ié; plusieurs prononcent dé-
voi-ié. Vi remplace l'y grec toutes les fois qu'il est
suivi d'un emuet: je dévoie; je dévoierai), v, a.
Il 1" Écarter de la voie, du chemin à suivre. Ce
guide l'a dévoyé. || Terme de charpenterie. Mettre
quelque chose hors de l'équerre de son plan.|| Terme
de marine. Dévoyer un vaisseau, détourner les cou-
ples d'un vaisseau, de manière qu'ils ne soient pas
parallèles à la quille ou au couple de levée. || Terme
de construction. On dévoie une chausse d'aisance, un
tuyau de cheminée, lorsqu'on les détourne de leui
aplomb. Il 2° Fig. Entraîner dans l'erreur. Tu pleures
sur les enfants du prophète que le détestable Omai
a dévoyés, montesq. Lett. pers. (23. || 3" Causer la
diarrhée. ||4° Se dévoyer, v. réft. S'égarer. Il s'est
dévo/é en voulant prendre un chemin de traverse.
Il Fig. Tomber dans l'erreur. Employez toutes vos
forces à rappeler dans cette unité tout ce qui s'en
1U4
DEX
e»td^Toyé, et à f8i.-9 écouter l'Église, par laquelle le
Sâinl-Esprit prononce «es oracles, Boss. Hisl.ii, U.
— HIST. xiir s. Ilcriesi les desvoie [leur fait pren-
dre le change], Ou» Symons 3t Constance tous ses
Iwns lui olroie (font ce qu'elle veut], Bcrte, cvi.
Car Diex maint dosvoié bien à voie ramaine, 16. L.
I,i foi flou] qui trop se devoia, Uen. 7340. Bien me
fet Henarl dcsvoier De mon besoing et destorber;
Malgré mien, mestuet sejorner. ib. (601)0. Le chief ai
Tuil et cstoné Du duel (deuil), et de l'ire et dol pens,
Dont tôt est desvoiez mon sens, ib. )6900. Tout li
mondes vait ceste voie, C'est li diex qui tous les
desvoie, la Rose, 4350. Par quoi li cuer (les cœurs]
si se desvoient Por la plesant impression De lor ima-
ginacion, ifc.8i)62. Cis flueve vatant tournoiant,Par
tant de destrois (Jpsvoyant 0 [avec] tout son venin do-
lereus, Qu'il cliiet ou (tombe au] flueve doucereiis, ib.
0090. Je di fortune est non voianz. Je di fortune ne
voit gnute. Ou en son sens est desvoianz; Les uns
atrct, les autres boute, rutkb. 88.|| xv's. Nous voulons
avoir compte du grand trésor de Flandre, que vous
avez dévoyé sans titre de raison [le bruit s'était ré-
pandu qu'il l'avait envoyé en Angleterre], froi.ss.
I, I, 248. (( XVI* s. Mille routes desvoyent du blanc,
une y a, mont, i, S7. Elle nous dcsvoye du beau
et plain chemin que nature nous a tracé, id. i, 225.
Une troupe errante et desvoyée au sentier de perdi-
tion, iD. II, 224. Pour divertir les opinions et con-
jectures du peuple et desvoyer les parleurs, id. m,
300. Les veneurs n'endurent pas que leurs chiens se
desvoyent, amïot. De la curiosilé, t9. L'odeur
seule d'icelle [mtdecine] luy desvoya tellement
le ventre, qu'il fut contraint d'aller sept fois à ses
afl'aires à l'instant, pabé, Introd. xxu.
— Etvm. Dé,.... préfixe, et voie.
jDÊVRILLER, (dé-vri-llé). Il mouillées), V. a.
Terme de pêche. Détordre une corde.
— ETYM. Dé.... préfixe, et vrille.
t DËVULGARISER (dé-vul-ga-ri-zé), V. a. ôter
le caractère vulgaire. L'Hôtel de Rambouillet fut le
rendez-vous des précieuses qui se chargèrent de dé-
vulgariser la langue que Malherbe avait, dit-on,
dégasconnée.
— ÊTYM. Dé.... préfixe, et vulgaire.
t DEXIAIRES (dè-ksi-ê-r') , s. f. plur. Terme de
zoolosie. Nom d'une sous-tribu de diptjres.
— ÉTYM. AeEiô;, droit.
DEXTÉRITÉ (dèk-sté~ri-té), s. f. \\ I» Adresse de
main. Il a fait cela avec dextérité. L'habitude lui a
donné de la dextérité. Le jeune inconnu se jette
dans l'arène; il coupe la tête du lion avec la même
dextérité qu'on a vu depuis, dans nos carrousels, de
jeunes chevaliers adroits enlever des têtes de maures
ou des bafoues, volt. Babyl. 1. || 2° Fig. Adresse
d'esprit. Il faut un peu de dextérité dans toutes les
conditions, patru, Plaidoyer II, dans richelet.
Il fût venu lui-même avec moi vous chercher, Si ma
dextérité n'eût su l'en empêcher, corn. Cinna, j,
4. Obtenir de Médée avec dextérité Ce que refuserait
son courage irrité, id. Uédée, 11, 5 Je te vou-
drais mal de celle violence Que ta dextérité ferait
à mon silence, id. Itodng. 1, 7. Va plus outre, et par
zùle ou par dextérité Joins le vouloir des dieux à
leur autorité, id. Thdod. i, t. César eut une dex-
térité admirable à ménager les Gaulois, st-ëvre-
HOND, dans riciifleT. Oui, vos dextérités veulent
me détourner D'un éclaircissement qui vous doit
condamner, mol. D. Car. iv, 8. Je sais les tours
rusés et les subtiles trames Dont, pour nous en plan-
ter, savent user les femmes. Et comme on est dupé
par leurs dextérités, Contre cet accident j'ai pris
mes sûretés, id. Éc. des f. i, t. On ne pouvait assez
louer son incroyable dextérité à traiter les affaires
les plus délicates, k terminer tous les différends d'une
manière qui conciliait les intérêts les plus opposés,
BOss. Duch. d'Orl. Autant je les charmais par ma
aextérité. Autant.... rac. Atlial. m, 3. Il vient rem-
pli d'orgueil ou de dextérité, volt. Brutus, 1, 4.
— SVN. DEXTÉRITÉ, ADRESSE. Ëlymologiquement,
la dextérité est ce qui se fait avec la dextre, la main
droite, et, par conséquent, mieux qu'avec la main
gauche. L'adresse est ce qui se fait en allant, comme
on disait dans l'ancicQ français, adroit, c'est-à-dire
juste au but. Par là on voit que adresse est plus gé-
rerai que dextérité ; la dextérité étant proprement
l'adresse demain, et l'adressa étant l'adresse pour
toute chose.
— HIST. xvi« g. Subtilité, industrie ou dextérité,
s'il est licite d'ainsi parler, h. est. Apol. pour lié-
rod. p. 160, dans lacurne. Ce que les uns attri-
buent à la vivacité et dextérité de son entendement,
qui de sa nature estoit ainsi ai.^é; les autres le re-
feront à un travail extrême, amïot, Marcel. 27. Tou-
DEX
tes ces paroles dites avec grâce et dextérité aux âmes
qui sont simples, ont une merveilleuse force pour
les reculer do toutes bonnes ajiprehensions [pen-
sées], LANGUE, 407.
— ÉTYM. Lat. dexlerilas, do dexler, droit (voy.
dextbe). Dextérité était un néologisme au xvi* siè-
cle; du moins H. ICstienne s'excuse de l'employer.
t DEXTIL (dék-stil), s. m. Terme d'astrologie:
Voy. PÊcii..
DEXTRE (dék-str') , adj. || l* Terme de blason. Le
côté dextre, le cfité droit. A dextre, à droite. || Terme
do zoologie. Coquille spirivalve dextre, coquille dont
le bord terminal se trouve placé à la droite de l'ani-
mal. Coquille univalve dextre, celle dont le sommet
penche à droite, la coquille étant supposée sur le dos
do l'animal. || 2* Adroit. Il est dextre et agile. Vieilli
en ce sens. || 8° S. f. La main droite. Et de tant de li-
gueurs par sadextre vaincus, Régnier, Éplt. i. Vous
ses premiers sujets qu'attache à son côté La splendeur
de la race ou de ladignité,Vousdignes commandants,
vousdextres aguerries. Troupes aux champs de Mars
dès le berceau nourries, corn. Victoires du roi.
Dieu, qui nous a prêté sa dextre triomphante, Dans
un cœur raffermi ne laisse plus d'effroi, flor.
crrét. Jephté, I, 3. i quoi peut-on attribuer un
changement si heureux qu'à la dextre du Tout-Puis-
sant, MAUCROix, Schisme, liv. m, dans richelet. Il
tira du manteau sa dextre vengeresse, boil. Lutr. v.
Il Peu usité, et ne l'étant d'ailleurs que dans le style
élevé et surtout quand on parle de la main de Dieu,
ou dans le style héroï-comique et par ironie, comme
dans l'exemple de lioileau. || 4° Le côté droit. La ville
marcha après la chamliredes comptes du côté senes-
tre, la cour de parlement etdesaidestenantladextre,
ST-siM. 44B, 206. || Tombé en désuétude en ce sens.
— HIST. XI* s. Dist Blancardins : par ceste meie
destre.... Ch. de Uol. iv. Garde [il regarde] suz des-
tre parmi un val herbuz, 16. lxxviii. Li empereres
lui tent son gant le destre, ib. xxv. || xii* s. En la
main destre, Ronc. p. 24. i tel sacre ne dut pro-
dome mètre destre, Th. le mari. t27. || xiii' s. X des-
tre etàsenestre moût souvent [elle] regardoit, Berte,
xxvm. Uns rainsiaus l'ot ateinte parmi sa destre
joue, ib. xxxiii. || xiv s. Nous voion que, par na-
ture, la main dextre est la meilleur et la plus vigo-
reuse, obesme, Elh. t56. Aucune foiz, quant il les
cuide mouvoir à dextre, il tournent pour la maladie à
senestre, id. ib. 31. || xv* s. Et toujours leur venoient
gens à dextre et à senestre de tous costés, froiss.
i, i, 19. Et n'ay point souvenance d'avoir veu plus
sage gentilhomme ne mieulx à dextre pour conduyre
grans matières, comm. v, 16. || xvi* s. Il le faisoit
courtourner en ung cercle, tant à dextre comme à
senestre. rab. Garg. 1, 23. Jeune, guallant, bien à
dextre, hardy, in.ib. i, 26. Amour a fait ma langue
desployer. Et ma main dextre à t'escrire employer,
MAROT, I, 326. Il me disoit en me tenant la dextre,
ID. II, 406. Les dames sont comme un petit sion.
Oui to'jsjours ployé à dextre et à senestre, id. u,
393. Je ;e prie et te conjure par la révérence que
lu doibs à ceste grande lumière du soleil, et à la
dextre royale, que tu me dies la vérité, amyot,
Alex. 68. Le flatteur est soupple et dextre à se trans-
muer en toutes similitudes, id. Comment discer-
ner le flatt. U. Le plus honneste et le plus dextre
moyen de le faire, en ce cas, est, quand celuy qui
reprend s'enveloppe luy mesme en ce dont il accuse
les autres, id. ib. 57. François premier de ce nom,
de bonne grâce, bien parlant, dextre de sa per-
sonne, FR. de bonnivaed, dâns Bibl. des Chartes,
2* série, t. Il, p. 304.
— ÉTYM. Provenç. destra, dextra; espagn. et
ital. désira; du latin dexler, signifiant qui est à
droite et qui a de la dextérité, et présentant la forme
comparative d'un radical dcx qui se trouve dans le
grec Ssjiè; et le sanscrit daxa.
DEXTREMENT(dèk-stre-man), adv. Avec dexté-
rité. Manier dextrement les desseins de nos princes,
RÉGNIER, Sal. XIV. Vous coupez dextrement les trois
peaux qui l'enveloppent, df.sc. Diopt. 6. Un peintre
peignit un rideau si dextrement qu'on s'avisa de le
tirer, d'ablancourt, Apophlh. dans richelet. Conte-
lui dextrement le naturel des femmes, corn. Uen-
teur, IV, 8. Sans rien mettre au hasard, je saurai
dextrement Accorder vos soupçons et son contente-
ment, ID. Médée, iv, «. Un médecin assez indus-
trieux pour manier dextrement une partie et si ma-
lade et si délicate, boss. dans la paye, Dict. de
Syn. p. 647. Uosen alla trouver le roi, s'excusa, et
s'en tira si dextrement que le roi ne put lui savoir
mauvais gré, st-sim. 108, 446. Apprends-^moi l'an
de tromper dextrement, i. B. uouss. Allégorie du
Masque de Laverne.
DI.\
— HIST. XVI* S. Il se savoit dextrement accommo-
der à toutes compaignies, amyot, Péric. 8. Il se
porta fort sagement et dextrement en cest office,
ID. P. £m. 59. Il s'aidoit dextrement bien de It
halebarde, carl. vi, 6.
— ÉTYM. Dextre, et le suffixe ment.
-[ DEXTRINE (dék-siri-n'), ». f. Terme de chimie.
Matière de nature gommeuse, en laijuelle se trans-
forment les globules d'amidon sous l'influence des
acides, des oxydes, de la diasiase, etc.
— ÉTYM. Lat. dextra, dextre, main droite, à cause
que la dextrine fait tourner à droite plus que toute
autre substance le plan de polarisation de la lumière ;
ce qui la dislingue de la gomme.
t DEXTHINÉ, ÉE(dèk-stri-né, née), adj. Enduit
de dextrine. Bandage dextrine.
tDEXTRINlQUE (dèk-stri-ni-k'), ad/. Qui dépend
de la dexlrine. Catalyse dextrinique.
t DEXTROCIIÈKE (dèk-stro-kô-r'), s. m. Terme
de blason. Bas droit représenté dans un écu avec la
main, et par opposition à senestrocbère , qui se dit
du bras gauche.
— ÉTYM. Bas-lat. dextrotherium, de dexter, droit,
et xEÎp, main.
t DEXTROGYBE (dèk-stro-ji-r') , adj. Terme de
physique. Oui dévie à droite le plau de polarisation.
Substances dextrogyres.
— ÉTYM. Lat. dexler, droit, et gyrare, tourner.
t DEXTRO-VOLUBILE (dèk-stro-vo-lu-bi-l') , adj.
Terme de botanique. Volubile à droite. Les tiges
dextrovolubiles sont celles qui se dirigent en mon-
tant vers la droite, c'est-à-dire de gauche à droite.
Le chèvre-feuille est dextro- volubile.
— ÉTYM. Dextre, et volubile.
DEY (dé) , s. m. Titre du chef barbaresque qui
gouvernail la régence d'Alger.
— ÉTYM. Turc day ou dey, oncle maternel
(comp. le Journal asiatique, janvier 1802, p. 85.
Ce titre était anciennement porté par les souve-
rains d'Alger qui gouvernaient sous la protection
d'un pacha.
f t. DI.... préfixe grec qui vient de 5U, et qui
signifie deux fois.
f 2. DI.... préfixe latin équivalent à dis.... et si-
gnifiant séparation, éloignement, etc.
DIA (dia), expression invariable. Cri des charre-
tiers pour faire aller les chevaux à gauche. l|Fig.
11 n'entend ni à hue ni à dia, ni à dia ni à huhau,
on ne peut lui faire entendre raison. || L'un tire )
hue et l'autre à dia, l'un tire à dia et l'autre à hu-
hau ou hurhaut, se dit de deux personnes qui, agis-
sant en sens contraire, se nuisent au lieu de s'aider.
Et l'on voit que l'un lire i dia, l'autre à hurhaut,
MOL. le Dépit, IV, 2.
— HIST. XVI* s. Qui te mèneront à dy ay et liori
ho, NOËL DUFAiL, Conics d'Eutrop. ch. IX.
— ÉTYM. Breton, dia, diai, diliai, dicha, déha,
dia; dérivés de diou, dihnu, déhou, qui est à
droite; gallois, deou; irl. deas, adroite; du même
radical que le latin dexler (voy. dextre).
f DIABASE (di-a-ba-z'). || 1" S. m. lerme de zoo-
logie. Genre de diptères, de conformation intermé-
diaire entre les taons et les chrysops. || 2° S. f. Terme
de minéralogie. Synonyme de diorile.
— ÉTYM. A-.iêïoiî, passage, de Sii, et pàmt, ac-
tion d'aller, base (voy. base); dénomination qui vient
de ce que les diabases [diptères] sont des passages,
des intermédiaires. Quant à la diabase, roche, ce
mot, mal fait puisque l'auteur, M. Brongniart, avait
voulu qu'il signifiât roche à deux bases, fut aban-
donné par M. Brongniart lui-même.
DIABÈTE (di-a-liè-f) , t. m. || 1" Terme de physi-
que. Vase muni dun siphon, et d'où la liqueur s'é-
coule tout entière dès qu'on le remplit jusqu'au bord.
On l'appelle aussi vase de Tantale. || 2° Terme de
médecine. Maladie caractérisée par l'émission d'une
urine abondante et contenant une matière sucrée.
— ÉTYM. Ai»6^Tri; de SiaêaivEiv, traverser, de
S'.à, à travers, et paiveiv, aller (voy. base, et je
vais). Dans le sens médical, diabète exprime le
passage incessant d'une urine qui abonde.
DIABÉTIQUE (di a-bé-ti-k) , adj. H 1* Terme de
médecine. Qui tient du diabète. Une affection dia-
bétique. Il 2° Qui est affecté du diabète. USubstanli-
vement. Un diabétique.
— ÉTYM. Diabète.
t DIABÉTOMÈTRE (di-a-bé-to-mè-tr") , t. m. Mo-
dification du polarimètre qui permet de déceler la
présence du sucre dans les urines, et d'en détermi-
ner les proportions.
— ÉTYM. Diabète, et méire, mesure.
DIABLE (dia-bP; en vers, diable est aujourdTiui
de deux syllabes ; il était jadis de trois) , (. m
DIA
Terme de théologie. || 1* Le principe du mai moral
oa général. Le diable tenta nos parents dans le pa-
radis terrestre. || Ce nom est devenu celui des anges
déchus; il implique toujours une idée de malice;
mais comme, à côté de la malice, le diable peut
avoir certaines qualités, diable a fini par exprimer
ces qualités, mais toujours avec un peu de moque-
rie et dans le style familier. Il 2» Par antonomase,
Satan, le prince des mauvais anges. Eh! quel ob-
jet enfin à présenter aux yeux Que le diable tou-
jours hurlant contre les cieux? boil. Art poét. m.
Il Avocat du diable, celui qui est chargé, dans la
chancellerie romaine, de contester les mérites d'une
personne dont la canonisation est proposée; et aussi
l'un des deux interlocuteurs dans les conférences
religieuses faites sous forme d'un débat simulé.
Il Ne craindre ni Dieu ni diable, n'être arrêté par
aucune crainte. || Brûler une chandelle au diable,
flatter un pouvoir injuste pour en obtenir quelque
chose. Il Le diable est bien fin, se dit par avertis-
sement à une personne pour qu'elle prenne garde à
elle et qu'elle ne se laisse pas aller aux tentations,
ni séduire ni suborner. || Cela se fera à moins que le
diable ne s'en mêle, c'est-à-dire pour peu qu'il n'y
ait pas impossibilité. || Cela ne se fera pas si le dia-
ble ne s'en mêle , c'est-à-dire s'il ne survient pas
quelque facilité inespérée. || Le diable n'y verrait
goutte, se dit d'une affaire bien embrouillée. || Fi
au diable! exclamation de mépris, d'aversion, de
chagrin. || Dans le même sens. Le diable s'en pende 1
Il Crever l'œil au diable, faire quelque chose en dé-
pit de l'envie, s'avancer malgré les envieux. || Mou-
cher !a chandelle comme le diable moucha sa mère,
éteindre la chandelle, ou bien couper le lumignon
si basque la chandelle s'éteigne. Locution qui vient,
dit-on , de ce qu'un scélérat nommé Le diable,
ayant demandé à voir sa mère avant d'être exé-
cuté, lui emporta, en l'embrassant, le nez avec les
dents, lui reprochant la mauvaise éducation qu'il
avait reçue d'elle, ou plutôt de ce que le diable,
sous prétexte de moucher sa mère, lui fait quel-
que mauvais tour. || Loger le diable dans sa bourse,
n'avoir pas le sou. Uu homme n'ayant plus ni crédit
ni ressource, El logeant le diable en sa bourse, C'est-
à-dire n'y logeant rien, la font. Fabl.ix,te.\\ Veuille
Dieu, veuille diable, je le ferai, c'est-à-dire mal-
gré tous les obstacles. Soyez sur, quelque chose
qu'ils fassent, qu'homme. Dieu, ange, ni diable ne
m'en feront pas dire davantage, u'alembeht. Lettre
à Voltaire, 20 janv. )7B8. || Quand le diable y se-
rait, malgré tout. Quand le diable y serait, vous ne
me feriez pas croire cela. || Populairement. Le dia-
ble bat sa femme et marie sa fille, se dit quand il
pleut et qu'il fait du soleil eu même temps. || Il n'est
pas plus dévot que le diable n'est saint, se dit d'un
homme tout à fait indévot. || Le diable n'y perd rien,
se dit d'une personne qui ne maîtrise ou ne con-
tient ses sentiments qu'en apparence ou passagère-
ment, et aussi d'une personne qui dissimule ses
souffrances. Vous saviez bien que vous seriez vengé
sans coup férir, et que le diable n'y perdrait rien,
p.L.couR.i, 57. Il Le diable nelelui ferait pas faire,
ne "en ferait pas démordre, se dit d'un homme en-
têté, obstinément attaché à ses sentiments. || Pont
du diable, pont hardi, de construction moderne, jeté
sur la Reuss. || Pont du diable, Passage du diable,
sont les noms de quelques localités de difficile accès.
Il Terme de musique. Sonate du diable, ainsi dite
en raison d'une vision du diable en rêve qu'eut le
musicien Tartini, sonate hérissée de difficultés. || Il
fait comme le valet du diable, il est comme le valet
du diable, se dit quand quelqu'un fait plus qu'on
ne lui commande. Vous faites l'office du diable quand
vous voulez faire plus que je ne vous demande,
MAiNTENON, Lettre à Mme de Caylus, t. vi, p. 6,
dans pouGENS. [I C'est la poupée du diable, femme mal
habillée, sale. || Le diable était représenté dans le
moyen âge avec une queue et des cornes; de là
quelques locutions. || Tirer le diable par la queue,
être dans une position gênée. Si je faisais des vers
aussi bons.... je ne serais pas réduit à tirer le diable
par la queue, scarb. Jlom. corn. ch. t). || Il man-
gerait le diable et ses cornes, se dit d'un grand
mangeur. || 3" En général, nom des anges rebelles
précipités avec Satan dans l'enfer, depuis le prince
jusqu'aux plus infimes. Les diables de l'enfer. || Fig.
Comme diable en miracle ou en miracles, sans rai-
son. Le personnel entre le cardinal de Noailles et
les évêques de la Rochelle et de Luçon, où celui
de Gap s'était fourré depuis comme diable en mi-
racles, ST-siM. 3t6, 108 II Être battu du diable,
être sans repos. [ Tallard ] Beaucoup d'esprit et
de grâce dans l'esprit, mais sans cosse battu du
PIHT. PE I.A LaNOUE KRANgAISE.
DIA
diable par son ambition, ses vues, st-sih. ue, h.
Il Le diable était beau quand il était jeune, c'est-à-
dire la jeunesse a toujours quelque beauté, même
dans les personnes laides. || La beauté du diable,
les seuls attraits de la jeunesse. || Par forme de ser-
ment. Je n'en ferai rien de par tous les diables.
Elles sont toutes dérangées de par tous les diables,
BEGNAHU, le Iletour impr. se. 9. || Les diables bleus,
nom que les Anglais donnent à une sorte de mélan-
colie, de vapeurs. || Être possédé du diable, avoir,
selon la croyance de l'Eglise catholique, dans le
corps un diable qui se substitue à la volonté de l'in-
dividu et parle et agit pour lui. Les diables qui pos-
sédèrent les religieuses de Loudun. Et, figurément,
être livré à des passions violentes, à une excessive
ardeur. || Fig. Avoir le diable au corps, être vif,
emporté, vigoureux, passionné Avez-vous le
diable dans le corps, Pour ne pas succomber à de
pareils efforts? mol. Coc. imag. ii, t . Je pense, sauf
correction, qu'il a le diable au corps, id. l'Avare,
I, 3. Votre Durance a quasi toujours le diable au
corps, sÉv. 366. 11 aie diable au corps, hac. Plaid.
II, 41. Elle a le diable au corps pour la danse, ha-
MILT. Gramm. 7. || Avoir le diable au corps, excel-
ler en certaines choses de courage, d'adresse, de
talent, d'esprit. Ou, comme Michel-Ange, eût-il le
diable au corps, Régnier, So(. xi. || Etre croustil-
leux. Segrais nous montra un recueil qu'il a fait des
chansons de Blot; ces chansons ont le diable au
corps; mais je n'ai jamais vu tant d'esprit, sÉv. 49.
Il 4° C'est le diable à confesser, se dit d'un aveu
difficile à obtenir, d'une chose presque impossible.
Il C'est le diable! Voilà le diable! C'est là le dia-
ble! se dit de ce qu'une chose présente de fâ-
cheux, de difficile. Mais le diable est que nous n'a-
vons point d'argent, regnaru , Sérénade , se. 8. Entre
tant de parents ce serait bien le diable. S'il ne s'en
trouvait pas quelqu'un de raisonnable, m. Légat.
III, B. Mais voyons donc enfin ce que j'ai fait écrire.
— Ah! voilà bien le diable.... m. ib. v, 7. Amoureux
et gueux, ces deux qualités, qui séparément ne sont
pas fort bonnes, c'est bien le diable quand le ha-
sard les met ensemble, dancodrt, Cur. Compiègne,
se. 3. Il 5° Donner son âme au diable, faire un pré-
tendu pacte avec le diable, qui, eu retour de l'âme
qu'on lui abandonnait, assurait pendant un certain
temps au contractant la richesse, la puissance, les
plaisirs. Faust avait vendu son âme au diable. || Fig.
Se donner au diable, se désespérer. Cela me ferait
donner au diable. || Se donner à tous les diables,
éprouver une excessive impatience. || .Se donner
au diable, prendre beaucoup de peine. Vous avez
fait ce coup sans vous donner au diable, mol. l'É-
toar. II, a. || Il ne faut pas se donner au diable
pour faire cela, c'est-à-dire la chose n'est pas diffi-
cile. Il Je me donne au diable; je veux que le diable
m'emporte si.... le diable m'emporte si.... ou, sim-
plement, du diable si.... au diable si.... locutions
qu'on emploie, par forme de serment, pour nier ou
pour affirmer. Vous venez de Poitiers ou je me donne
au diable, corn, le Ment, i, 3. Mes gens se donnent
au diable qu'il n'y a pas dix écus dans la maison,
HAMiLT. Gramm. 2. Je me donne au diable si dans
quinze jours.... id. ib. 4. Je me donne au diable si
on me voyait.... m. ib. 7. Diable emporte si je le
suis [médecin], mol. Méd. m. lui, i, 6. Diable em-
porte si j'entends rien en médecine, id. ib. m, t.
Je veux que le diable m'emporte, si je comprends
rien à ce génie, à ces lauriers, à cette épée, Dide-
rot,.Soion de 1767, CEuvres, t. xiv, p. 86, dans
POUGENS. Il 6° Il se dit par forme d'imprécation, d'a-
version, de répulsion , d'impatience. Envoyer au
diable, à tous les diables, à tous les cinq cents dia-
bles. Donner au diable. Qu'il s'en aille au diable, à
tous les diables ! Au diable l'importun! Puissiez-
vous être à tous les diables! mol. Préc. se. 4 9. Nous
donnerions tous les hommes au diable, id. Amyh.
II, 5. Matta le donnait au diable avec ses Allobro-
ges, HAMILT. Gramm. 4. Il ne voulut pas se confes-
ser et envoya tout au diable, sÉv. 4 42. J'ai donné,
de fureur, tout le festin au diable, boil. Sal. m. Je
donnais au diable toute cette maudite cohue, J. s.
Rouss. Conf. m. A moins de douze couplets. Au dia-
ble une chansonnette ! bérang. Margot. \\ 7 ' Être au
diable, être on ne sait où, fort loin. Il m'a fait aller
au diable vauvert (et non, comme on dit communé-
ment, par erreur ; au diable au vert; voy. vauvert),
il m'a fait aller très-loin. || 8° S'en aller au diable,
à tous les diables, être perdu sans retour. L'afl'aire
s'en va au diable. Il faudra , si je veux, Que le man-
teau s'en aille au diable, la font. Fabl. vi, 3. Si
vous ne daignez vous en informer, le Temple duGoût
iraàtouslfcsdiables, yon. Lett. mversetenprose,'it<.
D[A
1145
Tout va au diable, mes anges, et moi aussi, id.
Lelt. d'Argental, 4 mai 4 767. || Être au diable, à
tous les diables, être perdu sans retour. Mon projet
est à tous les diables. Les affaires de Bohême ont
bien changé de face depuis un mois; voilà, je crois,
ma pension à tous les diables; mais j'en suis d'avance
consolé, d'alembert, Lett. à Voltaire, 2 1 juillet (757.
Il Envoyer au diable, à tous les diables, perdre,
dissiper. Il envoya les marquisats au diable, là
font. Faucon. \\ 9° Faire le diable, le diable à qua-
tre, faire grand bruit, grand tumulte, se donner
beaucoup de monvement pour une chose. Je m'en
irais chez eux faire le diable à quatre, hauteroobe,
Soup, mal appr. se. 3. Oui, l'autre moi, valet de
l'autre vous, a fait Tout de nouveau le diable à
quatre, mol. Amph. m, 8. Coudoyez un chacun;
point du tout de quartier; Pressez, poussez, faites
le diable , id. Remerctment au roi. Je ferai le diable
à quatre, pour faire accepter sa pancarte, volt.
Lett. en vers et en prose, 4 85. || Faire le diable
contre quelqu'un, lui faire le plus de mal qu'on
peut. Il Dire le diable contre quelqu'un, en dire
beaucoup de mal. || 10° Cela ne vaut pas le diable,
cela ne vaut absolument rien. || 11° Diable, employé
comme complément déterminatif, est augmentatif et
signifie extrême, excessif. C'est un désordre du dia-
ble. Je lui veux un mal de diable. Avoir une peur
de diable. Il fait un froid, un vent de tous les
diables. || lî° Suivi d'un complément déterminé,
diable signifie singulier, bizarre, méchant, dan-
gereux, etc.; ou plutôt, gardant sa signification
propre, il se construit avec la préposition de et un
substantif, comme bonhomme, faquin, coquin : ce
bonhomme de paysan, coquin de valet (voyez, pour
cette construction, la préposition de au n° 3). Un
diable d'homme. Ces diables de gens. Un diable de
ménage, corn. Suite du Ment, i, 4. Quel diable de
jargon entends-jeî mol. les Préc. B. Et tu m'oses
jouer de ces diables de toursl id. Sgan. 6. Queldia-
ble de babillard! id. Mar. forcé, 6. Quel diable de
langage est-ce là, id. Méd. m. lui, ir, 6. Ayez le
temps de me mander si vous vous mettez sur ce dia-
ble de Rhône, sÉv. 46 Un diable de neveu Me
fait par ses écarts mourir à petit feu, piron, Métrom.
11, 4. De vos diables de vers détestant la manie, ro.
ib. i, 8. Mon diable d'homme qui craignit qu'elle
n'en parlât pas à son gré, i. J. rouss. Confess. ii. Que
voulez-vous ! ce diable d'homme a toujours ses po-
ches pleines d'arguments irrésistibles, beaum. Barb.
de Sév. IV, 8. Il On remarquera que, en cet emploi,
diable, si le substantif construit est féminin , devient
adjectif. Cette diable de femme. Quelle diable de cé-
rémonie I HAMILT. Gramm. 4. || 13° Personne très-
méchante, emportée, ou bien d'une turbulence,
d'une pétulance extrême. C'est un diable , un vrai dia-
ble, un diable incarné, un petit diable. Elle compte
que je serais un diable dans le monde, hamilton,
Gramm. 3. Comme sur les maris accusés de souf-
france. De tout temps votre langue a daubé d'im-
portance. Qu'on vous a vu contre eux un diable dé-
chaîné. Vous devez marcher droit pour n'être point
berné, mol. Éc. des femm, i, 4. C'en est fait, jo
renonce à tous les gens de bien ; J'en aurai désor-
mais une horreur effroyable. Et m'en vais devenir
pour eux pire qu'un diable, in. Tart. v, 4. Et je ne
vis de ma vie Un dieu plus diable que toi, id. Amph.
m, 10. Une autre fois quelque diable fit une satire
cruelle sur Madame, le comte de Guiche, etc. ST-
siM. 92, 208. Je ne laisse pas, tout diables qu'ils
sont [vos enfants] , de leur enseigner quelquefois dis
polissonneries de mon temps, p. L. cour. icM. ii, 77.
Il Un méchantdiable, un mauvais homme. || Lesmille
diables, fameux voleurs du xvi" siècle. |{ Diable noir,
ancien sobriquet des reîtres. || 14° Comme le diable,
à côté de sa malice, peut avoir quelque qualité,
diable a été pris pour exprimer quelque chose de
peu blâmable, ou même quelque chose de louable.
Il Un grand diable, un homme grand et dégingandé.
Il Un grand diable, se dit aussi de choses qui sont
très-longues. L'archevêque vient de faire contre lui
[J. J. Rousseau] un grand diable de mandement qui
donnera envie de lire sa profession de foi à ceux
qui ne la connaissent pas, d'alembert. Lettre à
Voltaire, 8 sept. 4762. || Un bon diable, un homme
facile, de joyeuse humeur. Il me parut, comme à
vous, un assez bon diable, et d'ailleurs je lui trouvai
quelques connaissances mathématiques , d'alemu..
Lettre à Voltaire, 22 déc. 4759. I| Un pauvre dia-
ble, une personne misérable, une personne àplain-
dre. Voilà un pauvre diable de mari en bonne maint
dancourt, Moul. Javelle, se. 6 C'est qu'il est in-
croyable Que moi, qui près de vous ne suis guuD
pauvre diable , Sois plus heureux pourtant.*
1. — ]'i'i
H40
DIA
coiuw D'HAliLKV. Ft>iu! céUb. II , » || 16* Comme
tous lei diablei, beaucoup, extrêmement, iiifiiii-
m»nt. Avoir un esprit de tous le» diables. Les nefs
lur lai eaui favorables Vont comme tous lei nulle
diables, gcAHROr», Virg. trav. viii. La justice est
sévère comme tous les diable», particulièrement
sur ce» sortes do crimes, mol. Pourc. ui, î. Elle
est obstinée comme tous les diables, ID. le Fesi.
Il, 6. Voilà du bois qui est salé comme tous les dia-
bles, TD. U Uéd. m. lui.l, t. Je suis bibeui comme
tous les diables, ID. Bourg, genlilh. il, 0. Phe-
lypeaux avait de l'esprit comme cent diables et
autant de malice qu'eux, ST-sm. «7, 34. || Pour un
dialile, avec une négation, non absolument. Je n'ai
qu'elle [de fille], et p;is pour un diable elle ne veut
se marier, marmontel, Uém. ii. || 16' X la diable,
loc.adv. À la hâte, suns soin. Cela est Tait à la diable.
Il Etre Tait &la diable, Être mal vêtu ou habillé avec
désordre. |{ Avec un caractère de violence et d'exa-
gération. Les Anglais disent que toutes nos tragé-
dies sont à la glace; il pourrait bien en être quelque
chose; mais les leurs sont à la diable, volt. Lett.
Cideville. 22 fév. 4764. || 17" En diable, loc. adv.
Fort, extrêmement. Cela tient en diable. Avoir de
l'esprit en diable. Pour moi, j'y suis sévère en diable
[dans les formalités], à moins que ce ne soit entre
amis, MOL. Amour méd.n, a.Lajustice en ce pays-ci
est rigoureuse en diable contre celle sorie de crime,
10. Pourc. Il, 12. U était fourbe en diable et demi,
LESACE, Gusman d'Alfarache, iv, 1. La nuit est
noire en diable, Beaumarchais, Mariage de Fig.v,
3. 1118" Diablei inlerj. de surprise, d'impuissance.
Diable! Que diable faire? Oii diable va-t-il prendre
tout ce qu'il dit ? Que diable est-ce là, les gens de ce
pays-ci sont-ils insensés? mol. Pourc. i, t2. 11 ne
comprenait pas comment diable il avait fait, hamilt.
Gramm. 6. Il ne pouvait s'imaginer à qui diable
elle en voulait, id. ib. il. Et, pour toute conclu-
sion, lui demanda do quoi diable il s'avisait de
lui faire présent de deux méchantes perdrix rou-
ges, iD. ib. 4. Ma filleule, où diable a-t-on pris
Le pauvre parrain qu'on vous donne? eérano. Fil-
leule. Il On dit dans le même sens : que diable I Mon-
sieur n'est pas ici , que diable I à si bonne lieure , rë-
6NIER, Sat. XI. Il 19" S. m. Toupie d'Allemagne dou-
ble, très-bruyante. || Sorte de jouet fait à peu près
comme la toupie d'Allemagne, percé de deux trous,
qu'on fait tourner sur une corde tenue à deux ba-
guettes et qui, quand il tourne très-vite, produit un
ronflement très-fort. || Terme de médecine. Bruit de
diable, nom donné à un bruit particulier dont l'aorte
et les grosses artères du cuu sont le siège dans cer-
tains cas. Il Autre jouet ayant la forme d'une boite
qui, lorsqu'on l'ouvre, fait sortir vivement un dia-
ble au moyen d'une spirale qui se développe brus-
quement. Il 20* Machine à deux ou à quatre roues
ordinairement basses, employée au transport des
Caisses d'orangers ou autres f.irdeaux. || Espèce de
calèche dans laquelle on peut se tenir delioul. || 21° Ma-
chine pour carder et nettoyer le coton, le crin. || Le-
vier à l'usage du fabricant de glaces et du maréchal.
Il Instrument pour constater le bon état de l'inté-
rieur des canons. || Dans la marine marchande,
tire-bonde pour les futailles. || 22" Terme de physi-
que. Diables cartésiens, petits plongeons de verre
qui fiint tous les mouvements qu'on veut, dans un
Tase plein d'eau. |23° Le diable en haie, la clématite,
en Normandie. | Diable des bois, espèce de singe.
Diable de Java, pangolin et espèce d'iguane, jj Sorte
d'oiseau de la Guadeloupe. Nous étions pour alors
diins la saison de l.i chasse de certains oiseaux qu'on
appelle diables ou diablotins.... je ne sache p .s qu'il
s'en rencontre dans les Iles autre part qu'à la Gua-
deloupe et à la Dominique.... cet oiseau est à peu
près (le la grosseur d'une poule.... il a les ailes lon-
gues et fortes, les pieds comme ceux des canards,
mais garnis de fortes et longues griffes.... il a de
grands yeux à fleur de tête, qui lui servent admira-
blement bien pendant la nuit, mais qui lui sont tel-
lement Inutiles le jour qu'il ne peut supporter la
lumière ni discerner le jour, ladat, Nouveau xoy.
OUI lies, v part. ch. «». || Demi-diable, insecte hé-
miptère. || Terme de pèche. Diable de mer, plu-ieurs
poissons d'une forme hideuse. La baudroie. || l'ro-
jrerbes. Il regarde le diable sur le poirier, il est
louche, c'est-à-dire il a le regard aussi mal assuré
que s'it eût aperçu tout à coup le diable sur un poi-
rier. || Il n'est pas si diable qu'il est noir, ou le
diable n'est pas si noir qu'il en a l'air, c'est-à-
dire il n'est pas si méchant qu'on le dit ou qu'il le
paraît. || Le diable n'est pas toujours à la porte dun
paiivre homme, c'est-à-dire on n'a pas toujours le
malbeur, U mauraiie chance contre soi. || 11 vaut
DIA
mieux tuer le diable que non pat que le diable voua
tue, ou, comme on dit plus souvent aujourd'hui, que
si ledialile vous tue, c'est-à-dire il vaut mieux dans la
défense personnelle infliger à l'ailversaire le mal qu'il
veut faire. || Le diable pourrait mourir que je n'Iié-
nterais pas de ses cornes, c'est à-diro personne ne
me donne rien. || Quand il dort, le diable le berce,
et, absolument, le diable le berce, se dit d'un
homme inquiet et inquiétant. || Les menteurs sont
les enfants du diable. || Quand le diable fut vieux,
il se fit ermite, ou. quand le diable devient vieux, il
se fait ermite, c'est-à-dire libertin dans la jeunesse,
dévot dans la vieillesse. || Le di.nble est aux vaches,
est bien aux vaches, c'est-à-dire tout est en confu-
sion, ou bien il y a de la discorde. || Les diables sont
déchaînés, il y a de grands mouvements, il arrive
de grands malheurs.
— RE.M. 1. Loger le diable dans sa bourse; l'ori-
gine de cette expression est racontée dans une petite
pièce de vers de St-Oelais: un charlatan avait pro-
mis de faire voir le diable ; pressé de remplir sa pro-
messe, il ouvrit, en présence de la foule qui l'en-
tourait, une bourse vide: Et c'est, dit-il, le diable,
oyez-vous bien. Qu'ouvrir sa bourse et ne voir rien
dedans {Recueil dei poètes fr. depuis Villon jusqu'à
Benserade, éd. (752, t. i, p. 14U). D'un autre côté
Génin dit: Les Italiens ont le proverbe: 1 Abbiamo
Irovalo il diavolo nel cattno, nous avons trouvé le
diable dans le plat, le plat était vide. L'usage en
Italie était de peindre au fond des plats une figure
hideuse, une ligure de diable qui était cachée, tant
qu'il restait quelque chose au plat, Récréât, t. l,
p. (07. j> C'est de là, selon lui, que vient notre lo-
cution. M. Jullien, au contraire, pense que l'expli-
cation de St-Gelais est la bonne, et qu'une bourse
vido étant un mal, on s'est servi du nom du diable
pour exprimer ce mal. |{ 2. Kaire le diable à quatre,
locution tirée de ce que dans les mystères il y avait
la grande et la petite diablerie, et que, pour jouer
la grande, il fallait quatre personnages, fabre,
Éludes sur la baioche, p. 248.
— SYN. DIABLE, DÉMON. Êlymologiquement, lo
diable est le calomniateur, de là vient qu'il est tou-
jours pris en mauvaise part; c'est un esprit malfai-
sant et de ténèbres (sauf les restrictions indiquées
dans l'article, telles que avoir de l'esprit en diable,
un bon diable, etc.). Démon, s'étant dit dans la
mythologie grecque pour toute espèce de divinités,
peut avoir une acception favorable: un poète est
inspiré par le démon de la poésie; un bon démon
amène un homme au moment où l'on a besoin de
lui. Quand il a son acception défavorable, il est alors
synonyme de diable , sauf que démon se prend
pour l'instigateur des mauvaises passions : le démon
de la jalousie , de l'ambition ; diable ne peut rece-
voir cet emploi.
— HlST. X' s. [Ils] Yoldrent [voulurent] la faire
diavie servir, Eulalie.
— XI* s. Si lui a dit: vous estes vifs diables [un
diable vivant] , Ch. de Bol. Lvii. L'ame de lui as vifs
diables [il] done, ib. cclxvi.
— xii" 3. Diable en ont l'ame, s'en font grant
baptesial [fête], Ronc. p. «1. Diable l'esmolurent
qui le firent forger, ib. p. i»5.
— xiii* s. Ou en aiguë noiée ou au deable alée,
Berte, xvi. Car des mains au deable maint pecheor
[la Vierge] desnnue, ib. xxxiii. Quel deable ont la
voie [à] Blancbelleur ci aprise? ib. Lxxvi. Tuil trois
s'estoient coi tenu, Quant li deable i sunt venu.
Que li glous [le coquin] i fis,t assembler, la Rose,
7308. Li fiist estoient et li fer Plus noirs que dea-
bles d'enfer, «6. 984.
— XIV* s. Je vous al déporté [épargné] pour le duc
qui est là. Et por tant que je sui venus au lez de
çà; Mais se plus m'atenilez, li deables y sera, Guetcl.
(81 (, Le deable est philosophe, il scet Testât et la
manière d'omme et sa complexion, Ménagier, i, ï.
— Xï* s. Et faisoient les Anglois mener après eux
un diable d'engin si grand et si merveilleux que on
ne le pouvoit destruire, froiss. 11, m, 65, Par quel
diable de lieu sont venus ces gens, et où ils ont
passé la rivière du Lys? m. 11, 11, Idî. Ils recorde-
rent comment ils avoient bien exploité, et fussent
venus à paix et à appointement envers le comte, si
ce diable de chastel n'eusl esté ars, id. ii, u, h».
Et comment diable y pourrois-je aller ni tout mon
avoir porter? id. m, iv, (4. Et que diable ne se
délivre ce roi de passer outre en Angleterre, s'il
doit? iD. II, m, 46, Kt peuvent dire et pourront ceux
qui celte matière liront ou lire feront, que ce fut
oeuvre du deable; car vous savez et avez oui dire
aux sages que le deable subtile et attire à bouter
guerre et haine là où il avoit pais, id. n, 11, M. Ces
DIA
I archers avoient le diable au corpe et traoient [u-
I raient] dispersement pour tout tuer, seigneuis et
varlets, id. 1. i, 3(. El qu'est cecy? est-ce à mes-
I buy? Dyable y ait part, aga quel prendre? Patelin.
I Au diable je me vois [vais] donner. Quant mon mais-
I tre ay ainsi grevez, la Past. de N. S. J. C. Qui
dyable vous a avisé De ce dire? estes vous yvresT
Calphas, gardez [regardez] en vos livres, Où la droite
créance est mise, ib. Le diable n'est pas toujours à
ung huis, LEROUX de linct, Prov. 1. 1, p. ts. Quand
Dieu donne farine, le diable clost le sac, 10. ib.
Qui au diable doit aller, il n'a que demeurer, id. ib.
— XVI* 8. Il se recommanda cent fuis au deable
comme tout désespéré , Mém. s. du G. ch. 18. Tou-
jours un pire diable met l'autre dehors [la plus lio-
lente passion l'emiiorte], marg. Nouv. xxvi. De jeune
angelot vieux diable, H. est. Précellence, p, 183,
Du diable vint, au diable retourna, id. ib. p. <7fi. Il
y a eu, de nos jours, six mille aventuriers françoii
qui ont pris le nom de diables, parce que leurs œu-
vres étaient diaboliques, du tillet, Recueil des R.
de Fr. p. 7, dans lacurne. Faire d'ung diable deux
[faire deux fautes en pensant en corriger une], Le-
roux HE LINCT, Prov. t. 1, p. 12, Malheureux est le
pays Au quel le diable est en haut prix, id. ti>. On
connoist le diable à ses griffes, id. ib. Où le dinble
ne peut aller, Sa mère tasche d'y mander, ID. ib.
Paroles d'angelot, ongles de diablot, m. ib.
— ÊTYM. Picard, wallon et bourguig.diol«;B€rry,
ghidble, ghidbe; provenç. diab e; espagn. diablo;
portug. diabo; ital. diabolo; du latin dtabnlui; du
grec îiiêoAoc, diable, proprement calomnialeur, de
i:0LêiXitiw, calomnier, jeter à travers, deôià.et^X-
)etv, jeter. L'ancien français, pour diable, disait
très-fréquemment maufait, c'est-à-dire le malfait,
ou Varersier, c'est-à-dire l'adversaire, l'ennemi.
DIABLEMENT (dia-ble-man), adv. En diable,
excessivement. Cela est diablement ch^ud. Nous
avons diablement couru. Je vous le dis encor, vous
risquez diablement, mol. Éc. desf.i, I. Je suis dia-
blement fort sur l'impromptu, id. Préc. 10. Ainsi
parlait la reine Aimée, Qui fut diablement enflam-
mée, SCABRON, Virg. trav. vu. La flotte est arrivée
avec les galions; Cela va diablement hausser nos
actions, reonard. Joueur, m, 6. || Il a de l'argent
diablement, il a diablement d'argent; la premièie
construction est plus exacte; la seconde e^t plus
reçue par l'usage, comme pour infiniment. J'ai dia-
blement d'esprit, on écrit mes sentences, kecnabd,
Distrait, v, 7.
— ÉTVM. Diable, et le suffixe ment.
DIABLERIE (dia-ble-rie), t. (. || 1" Opération ma-
gique dans la<|uelle le diable intervient, ou est sup-
posé intervenir. Ces diableries n'abusent plus \>et-
.■^onne, Qiioil te mèlerais-tu d'un peu de diablerie?
MOL, l'Élour. I, 4. J'acquis de toute diablerie La
pratique et la théorie, scarbon, Ktrj. trav. vi. M. de
Richelieu attaque la personne de M. de Luxembourg
par sa prison pour les poisons et les diableries, par
la sellelte sur laquelle il avait été interrogé, st-sim.
tv, 223. Les livres qui contiennent quelque espèce
de diablerie, exécrables selon la plupart des gens,
pitoyables selon moi, montesq. Ult. pert. <35.
Il 8" Possession, c'est-à-dire introduction d'un dia-
ble dans le corps d'une personne. Les diableries de
Loudun. Il 3* Ancien spectacle, pièce populaire,
conte où le diable joue le principal rôle. Si nous
étions des sylphes, nous pourrions vous conter
quelque diablerie, pêv. »5. ||4° Machinalion secrète.
Il y a quelque diablerie là-dessous. || 6" Méchanceté
de diable' Avec toute sa diablerie II faut que
je l'appelle et mon cœur et m'amie, M'il. F. xac. u,
9. Ils ne sont pas capables d'une telle diablerie,
VOLT. lett. d'Argental, i» juin «772, || 6" Con-
duite mauvaise el déréglée, lin et un font deux,
C'est le nombre heureux En galanlerie; Mais quand
une fois Un et un font trois. C'est la diablerie, f/ion-
son, dans BicntLET, Il a une cométiienne, il paye
les soupers; enfin c'est une vraie diablerie, sêv. it.
II 7* Petit dessin noir représentant le dialile. || Petit»
dessins en couleurs trans|>arenles, représentant des
diables sur des verres pour la lanterne magique.
— HIST, xii* s. Persévérer el mal est diaulie, »T
bern. p, B25, Il XIII* s. Car plus faisoii la serve oulrage
et dyablie, Berte, lx. Diei! fail-el«, dont vient si
faite deablie? ib. LXXii, Mes dire les choses à taire,
C'est trop grant deablie à faire, la Rose, 706».|| xv».
Or regardez la grande diablerie qui secommenceoil
à eslever en France, froiss. ii, 11, (28. Qui lelx er-
reurs veult soustenir. C'est droite diablie, c'esl rage,
Martyre de S. Et. Quelles diableries (injures) il me
disoit, lanulot du lac, t. m, t" 1», dans LACi'Rin!
Il XVI* s. Il fut le premier qui enseigna aux Vénitien*
\
DU
DIA
DIA
H47
l'usage de ceste diaWerie [l'artillerie], paré, ix,
Prif. Si ainsi e.'toit, depuis que les démons sont
créés, qu'ils eussent peu en engendrer d'autres, il
y auroit bien de la diablerie sur les cliamps, m.
XII, S». En l'antre avoit provision de fil etd'eguilles
dont il faisoit mille petites diableries [méchancetés],
RAB. Pant. Il, )«.
— ÊTYM. Dmhfe ; provenç. diablia; espagn. dia-
blura; porlug. diabrura; ital. diaroleria. Diablerie
ne commence qu'au xiv* ou iv* siècle; auparavant
on disait diabb'e.
DIABLESSK (ilia-blè-s'), i. ^ Il 1* ™fble femelle.
On trtiuve ilans quel |ues écrits, dit le ralibin Elios,
que, pendant lanans qu'Adam s'abstintducommerce
de sa femme, ilfut visité pardesdiablessesqui devin-
rent grosses de ses œuvres, collin de plancy, Vie-
lion, infernal, au mot succube i. Illl° Femme aca-
riâtre. C'est une diablesse, une vraie diablesse. Ces
dragons de vertu, ces honnêtes diablesses. Se re-
tranchent toujours sur leurs sages prouesses, mol.
Éc. des f. IV, 8. Il Adj. Je veux une vertu qui ne soit
point diablesse, mol. Tart. iv, 3. Mais (|uand elle
serait mille fuis plus diablesse, Je ne la connais
point, elle ni sa maîtresse, begnabd, Uénechm.
IV, 3. Il 3" Une mi'chante femme. Celte diablesse
[la Prinvilliers] accuse vivement Penautier qui est
en prison par avance, sÉv. 2»o.\\Adj. Une femme
diablesse est quelquefois pire qu'un vrai diable, dan-
court, Chev. à la mode, iv, 1. 1|4° Kamilirreraent.
Une bonne diablesse, une femme de caracière fa-
cile. Il Une pauvre diablesse, une femme qui excite
de quelque façon la pitié. Moitié par adresse, moi-
tié par force, il retira les lettres de cette pauvre
diable.sse, sÉv. 44. || Une grande diablesse, une
grande femme dégingandée. || 6° Suivi de la préposi-
tion de et d'un complément et exprimant le carac-
tère vif, singulier, diabolique, etc. de la personne ou
de la chose dont on parle. Il est vrai qu'elle l'aime,
comme vous a dit celle diablesse de Mme de R....
SÉV. Lett. 4 7 janv. 1689. X Sans-Souci 7 mais qu'y
fera votre diablesse d'imagination? volt. Roi de
Prusse, 129 (voy. diable au n" 12, pour une con-
struction semblable).
— liiST. XVI' s. Us se mettent en la teste de ces
vieilles simpiterneuses, et les rendent diablesses
parfaites, despeb. Contes, xv.
— ÊTYM. Diable; bourguig. diaUsse.
t l)l.\BLKTKAU (dia-ble-ti5), s. m. Petit diable.
Pour satisfaire au lot du diableteau.... la font. Pa-
■pef.
— HIST. XVI" s. Diableteau, ohdin.
— ÉTYM. Diable.
BIABLCZOT (dia-ble-7,0), sorte d'exclamation du
langage familier, signifiant vous ne m'y prendrez
pas, je ne suis pas assez sot pour cela. Vous me
voulez faire croire cela, diablezot. Vieux.
— ETYM. Suivant Kuretiùre, la locution complète
est: au diable zot. On peut croire que jso( est la par-
ticule populaire de mépris qui se dit aujourd'hui
zut.
i DIABLIFIER (SE) (dia-hli-fi-é) , v. réjl. Mot bur-
lesque pour dire : se donner au diable. La vierge,
tandis qu'il priait, Diablement se diablifiait, scar-
RO.N, Virg. trav. liv. vi.
— ÉTV.M. Diable, et le suffixe latin ficare, faire,
f niABLON (dia-lilon), s. m. Terme An marine.
Petite voile qui se hisse au-dessus du diablotin.
t DIABLOTEAU {(lia-blo-tô), s. m. Nom du ster-
coraire pomarin, oiseau.
— ÊTYM. Autre forme de diableteau.
DIABLOTIN (dia-blo-tin), J. m. || 1" Petit-diable.
Diablotins, par ribambelle. Viennent baiser ses pieds
nus, BÉBANG. Enfer. \\Ad). Aleclon ne l'aborda pas
Avec ses infernaux appas. Et sous la forme diablo-
tine. Mais sous celle d'une béguine, SCARRON, Virg.
trav. vu. Il 2' Petit enfant vif, espiègle. C'est un
vrai diablotin. || 3° Terme de confi.seur. Dragée de
chocolat, couverte de nonpareille. || Petit pétard et
sorte de devise qui accompagne quebiues objets
de confiserie. || Nom donné à des pastilles réputées
aphrodisiaques, qui venaient d'Italie, et qui avaient
pour principal ingrédient la poudre de cantharides.
Il Terme de cuisine. Plat d'entremets qui consiste
en de la crème aux œufs parl.Tgée en petits carrés
après refroidissement et frite ensuite. || 4° Ouvrier
qui fait le travail du moulin aux olives, et qui, la
pelle à la main, amène les olives sous le passage
de la meule, ce qui se dit paître la meule. || 5" Terme
de marine. Voile d'élaidu perroquet de fougue. || Pe-
tit nuage irrégulier, dans les lempsd'orage. Il 6° Cuve,
dite aussi reposoir,qui reçoit l'indigo nageant en-
core dans les eaux mères. || 7* Nom d'un oiseau
des Antilles (voy. diable)
— HIST. XVI' s. Lequel quidam diablotin mit en
l'entendement de ce roi do.... despeb. Contes, xv.
Il sortit certains diabletons du chasteau de Taille-
bourg.... PALISSY, ) U.
— ÉTYM. Diminutif de diable; bourguig. dia-
Idlin.
DIABOLTODE (dia-bo-li-k'), adj. || 1' Qui vient du
diable. Tentation diabolique. S'il a employé l'art
diabolique, PASC. Prov. 8. Vous croyez bien que les
devins ne sont pas sorciers; ainsi ce n'est pas l'art
diabolique que vous craignez en eux, fén. t. xxi,
p. 20. Il 2» Kig. Méchant, pernicieux. De diaboliques
intentions. || 3° DifSciie. pénible. Une allaire diabo-
lique. Parlons de la traverse d'Autun ici, qui est un
chemin diabolique, sév. ^bi.
— HIST. xV s. Monseigneur, respondit : messire
Pierre, c'est une bien diabolique chose; je crois que
tous les diables d'enfer à qui il est, l'ont gardé et dé-
livré de mes mains, fboiss. m, iv, 28. Pécher est
chose humaine, mais persévérer est chose diaboli-
que, MONSTREL. liv. i, ch. 4"'. IJ eït notoire com-
ment au pa^s et en la terre d'Italie court d'ancien-
neté la diabolique ancienne cousiume semée entre
eulx par l'ennemy d'enfer , Bouciq. il, ch. H . || xvi* s.
Artifice diabolique, cabl. vi, 47.
— ETYM. Provenç diabolic; espagn. et ital. di'a-
bolico; du latin diaboii'cus, du grec îia6o)ixà;, de
SidêoXo;, diable. On trouve aussi au xvi' siècle dia-
bulesijue et diablesque.
DL\B0L1QUEMENT (dia-bo-li-ke-man),adt!. Avec
un esprit, une méchanceté diabolique. C'est une
chose diaboliquement inventée.
— ÉTYM. Diabolique , et le suffixe ment.
f DIABROSË (di-a-brô-z') , s. f. Terme de méde-
cine. Érosion.
— ÉTYM. Atci6pM(Ti{, action de ronger, de 8ià, et
Ppûiffi;, action de dévorer (comp. vobace).
t DIABROTIQCE (di-a-bro-ti-k'), adj. Terme de
médecine. Qui produit une érosion. Une substance
diabrolique. || Substantivement. Un diabrotique.
— ÉTYM. Voy. DiABBOSE; grec, SiaêpwTixà?.
t DIACANTUE (di-a-kan-f) , adj. Terme d'histoire
naturelle. Qui porte deux épines au-dessous de cha-
que feuille.
— ETYM. Di... .préfixe, signifiant deux, etâxavOa,
épine.
t DIACADSIE (di-a-kô-zie), s. f. Terme didacti-
que. Êchauffement par une grande chaleur.
— ÉTYM. Aiâxaudi-, grand êchauffement, de 5cà,
et xaCeiv, briller (voy. caustique).
t DIACACSTIQUE (di-akô-sii-k'), adj. || 1° Terme
de géométrie. Courbe diacaustique, ou, substantive-
ment, la diacaustique, courbe caustique par réfrac-
tion (voy. caustique). || 2" Terme de physique. Caus-
tique par réfraction; telles sont les lentilles au
moyen desquelles on rassemble les rayons solaires
pour opérer une combustion.
— ÊTYM. Aià, et caustique.
t DIACHALASIE (di-a-ka-la-zie), s. f. Terme de
chirurgie. Solution de continuité dans les sutures
du crâne, ou séparation des os qui le forment. || On
trouve aussi diachalase.
— ÉTYM. Ai=i/_à),ot(îii:, de îià, et x*^^i céder,
s'affaisser (voy. caleb).
t DIACHÈNE (di-a-kê-n'), s. m. Terme de bota-
nique. Fruit formé par la réunion de deux achènes
ou fruits mono-spermes secs (dans les ombellifères).
— ÉTYM. Di.... préfixe, signifiant deux, et
achène.
t DIACHORÈSE (di-a-ko-rè-z'), s. f. Terme de
médecine. Evacuation alvine. || Inusité.
— ÉTYM. Aiaxiipioi?, de 6tà, par, et xwpeïv,
aller.
f DlACnRÔME (di-a-krô-m'), s. m. Terme de
zoologie. Genre de coléoptères pentamères, qui a
pour type le diachrôme d'Allemagne.
— ETYM. Ali, par, etyf,û(;,a, couleur.
DL\C11YL0N ou DIACHYLUM (di-a-chi-lon) , s.
m. Terme de pharmacie. Nom de deux emplâtres
résolutifs, faits des sucs de certaines plantes. Dia-
chylon simple. Diachylon composé ou gommé. || Toile
de diachylon, ou, simplement, diachylon, toile sur
laquelle on étend le diachylon et qui se colle aux
parties. Des bandelettes de diachylon.
— HIST. xvi« s. Emplastre de diachylon magnum,
PARÉ, V, te. Une emplastre de diachilon ireafum,
ID. ib. 12.
— ÉTYM. Aià, par, et x^'^îi suc : fait à l'aide
de sucs de plantes,
DIACODE (di-a-ko-d'), s. m. Terme de pharma-
cie. Sirop préparé avec des têtes de pavot blanc.
Il Adj. Sirop diacode.
— ETYM.Aià, par, avec, et xu!î«, tête de pavot
t DIACOMMATIQUE (di-a-ko-mma-ti-k') , adj.
Terme de musique. Genre diacommatique, genre d«
transitions harmoniques au moyen desquelles la
même note, restant en apparence sur le même de-
gré, monte ou descend d'un comma.
— ÉTYM. A.o, par, et xojjnii, comma.
DIAGONAL, ALE (di-a-ko-nal, na-l'), adj. Qui
a rapport au diacre. Offices diaconaux.
— ÉTYM. Bas-latin, diaconalit, de dtaconuf (Toy.
DIACRE).
DLACONAT (di-a-ko-na; le ( ne se lie pas), j. m.
Office de diacre. Mélétius éleva saint Chrysostoma
au diaconat, dans lequel il demeura cinq ans, mad-
CROIX, Préf. dans richelet.
— ÊTYM. Ba.s-latin, di'aconatuj, de dtaconu» (voy.
diacre).
DIACONESSE (di-a-ko-nè-s') ou DIACONISSE
(di-a-ko-ni-s'), s. f. || !• Nom de veuves ou filles
qui, dans la primitive Église, recevaient l'imposi-
tion des mains, et rendaient aux personnes de leur
sexe des services religieux, que les diacres ne pou-
vaient rendre avec bienséance. Je vous recommande
notre sœur l'hébé.diaconisse de l'Église qui est au
port de Cenchrée, saci. Bible, Ép. de S. Paul aux
Romains, xvi, I. lina jeune veuve de qualité qui,
vraisemblement par une dévotion peu solide, s'était
élevée au rang de diaconisse, fit une confession
de toute sa vie passée au pénitencier, qui lui im-
posa, pour l'expiation de ses fautes, des jeûnes et
des prières extraordinaires, fliîch. Hist. de Théo-
dose, IV, 16. Théodose, pour remédier à ces abus,
ordonna qu'aucune veuve ne fût reçue au rang de
diaconisse, qui n'eût soixante ans, suivant le pré-
cepte de saint Paul, id. xb. iv, 17.||2' Nom qu'ont
pris des dames anglaises se consacrant, comme les
sœurs de charité catholiques, au service des hôpitaux.
— ÉTYM. Bas-latin, diaconissa, de dt'aconuî (voy.
diacre) .
t DIACONIE (di-a-ko-nie), s. f. Nom de quelques
chapelles et oratoires qui étaient dans la ville de
Rome, gouvernés par chaque diacre en sa région.
C'étaient des hôpitaux pour les veuves, les orphelin»
et les vieillards.
— ETYM. Bas-latin, diaeonia, de diaconut (voy.
diacre).
tDIACONIQTJE (di-a-ko-ni-k'), s. m. || 1* Lieu
voisin de l'église où l'on conservait autrefois les va-
ses sacrés et les ornements. || 2' Partie du sacré
tribunal dans laquelle siègent les diacres à la droite
du pape. Il 3" Livre de l'église grecque où sont ex-
pliquées les fonctions des diacres.
— ÉTYM. Ataxovtxoç, de îiâxovo; (voy. DIACBE).
t DI AGONISER (di-a-ko-ni-zé), v. a. Conférer lo
diaconat.
— ÉTYM. Lat. diaconus (voy. diacre).
t DIACONISSE, I. f. voy. diaconesse.
t DIACOPE (di-a-ko-p"), s. f. || 1' Terme de chi-
rurgie. Incision faite au crâne par un in.strumeat
tranchant qui n'a point emporté la pièce. || 2° Terme
de grammaire. Figure qu'on appelait aussi tmèse,
ou hyperbale grammaticale.
— ÊTYM. AiaxonVi, de 6-.à, et xoiiteiv, couper.
t DIACOUSTIQUE (di-a-kou-sli-k') , s. f. Terme
de physique. Science qui traite des propriétés du
son réfracté dans son passage à travers des milieux
de densité différente.
— ÉTYM. A.à, et acoustique.
t DIACRANIEN, IENNE (di-a-krâ-niin, niè-n'),
adj. Terme d'anatomie. Qui s'articule avec le crâne.
Mâchoire diacrânienne, la mâchoire inférieure,
parce qu'elle n'est unie au crâne que par une arti-
culation lâche et mobile.
DIACBE (di-a-kr'; du temps de Chifllet, Gramm.
p. (83, au xvii' siècle, on prononçait diacre), s. m.
Il 1° Serviteur dans la synagogue juive. Il y avait
des prêtres ou anciens et des diacres ou serviteurs
nommés hazanin pour garder la synagogue , fleuby,
Mœurs des Israélites, titre xxxii, 3' part. || 2''-Dan3
l'Église catholique, celui qui est revêtu du second
des ordres sacrés. Que les diacres de même soienl
honnêtes et bien réglés, qu'ils ne soient point dou-
bles dans leurs paroles, ni sujets à boire beaucoup
devin, S.4CI, Bible, S. Paul, t" ép. à Timotliée. m,
8. Arsène, diacre de l'Église romaine, fléch. Ilist.
de Théodose, in, I4. De peur que quelqu'un ne le fît
marier (le fils de la duchesse de Piney], ils le firent
ordonner diacre, st-sim. I6, 185.
— HIST. XII' S. Pruveires [prêtres] e diaciies plu-
surs en i ot pris, Laruns, murdreisears en la rei pri-
son mis. Th. le Wart. 26 El cant li dyacones creoit
k'ele chaîst [tombât], la volt [voulut] elleveir [éle-
ver, soulever], mânes [aussitôt] perdit la vie, Job,
p. 475. E mustrad le ordenement e les destinctiuns
1148
niA
duj pruveires e des diacnes e des ordenez, Rois,
p. ««♦. Il XIII' s. Et li reis est vestu comme diaque,
la teste descoiiverte,i<«. deJ. i, 30. Par tex [telles]
cozes conceléesonl aucun segnour perdu plusors de
leur sers, par cix [ceux] qui devenoicnt prestre,
diacre ou soudiacre, beaum. xiv, 28. ||xvi' s. La
sollicitude des poures a esté commise aux diacres,
CALV. Intlit. 862.
— ÉTYM. Provenç. diacre, dianue; catal. diaca;
espagn. et ital. dtocono; du latin diaconus, du grec
Jiixovoc, messager, serviteur, de ôcaxoveîv , servir ,
proprement courir à travers la poussière, de êià, et
xévt;, poussière (comp. cendrk). Diacre a, en fran-
çais et dans les autres langues romanes, l'accent
sur a comme en latin ; l'r y a remplicé l'n comme
elle a remplacé l'I dans titre pour title.
■)• DIACKISE (di-a-kri-z"), s. f. Terme de méde-
cine. Crise qui conduit à la distinction exacte d'une
maladie d'avec toute autre et à la détermination pré-
cise de ce qui y appartient; l'évacuation même qui
constitue la diacrise.
— ÉTYM. Ali, etcrtje.
t DIACRITIQUE (di-a-kri-ti-k') ,adj. \\ i' Terme de
grammaire. Ouisertàdistinguer. Signes diacritiques,
signes qui n'ont d'autre but que d'empêcher la con-
fusion des mots ; tels sont certains accents. Ainsi
l'accent grave est mis sur otl adverbe pour le
distinguer de ou conjonction; telles sont aussi les
grandes lettres opposées aux petites, et les italiques
opposées aux lettres droites ou romaines. || Points
diacriti(|ue3, points mis sur certaines lettres de l'al-
phabet arabe qui ont même forme et ne se distin-
guent que par ces points. {| 8" Terme de médecine.
Signes diacritiques, signes qui distinguent exacte-
ment une maladie de toutes les autres.
—ÉTYM. Aià , et xpîveiv , distinguer (voy. cbitioue) .
tDIADELPUE (di-a-dèl-f), adj. Terme de bota-
nique. Étamines diadelphes, étamines réunies par
leurs filets en deux faisceaux égaux.
— ÉTYM. Di.... préfixe, deux, et à8e)<pà;, frère.
UIADELPHIE (di-a-dèl-fie), s. f. Terme de bota-
nique. Classe du système de Linné qui comprend les
plantes à plusieurs étamines réunies par la base en
deux faisceaux distincts.
— ÉTYM. Diadelphe.
t DIADELPHIQUE (di-a-dèl-fi-k') , adj. Terme
de botanique. Oui appartient à la diadelphie.
— ÉTYM. Diadelphe.
DIADËME (di-a-dê-m'), s. m. || 1° Bandeau de
laine, de fil ou de soie, enrichi de pierreries, bro-
deries et autres ornements, dont les souverains se
ceignent le front. Le diadème de Charlemagne avait
huit bandes. Le triple diadème du pape est sur-
monté d'un globe et d'une croix. Et fût-il dans l'é-
clat de la grandeur suprême , Son propre diadème
Ne l'y peut attacher, cohn. Imit. i, 3. Il lui mit [à
Esther] sur la tète le diadème royal et la fit reine
à la place de Vasthi, saci. Bible, Esther, ii, n.
Le jour que sur mon front on mit ce diadème, rac.
Uilhr. IV, *. Cachaient mes cheveux blancs sous
trente diadèmes, id. ib. m, 6. Il l'épouse; il lui donne,
avec son diadème, La foi que vous venez de rece-
voir vous-même, id. Andr. iv, 2. Et [je] crois que
votre front prête à mon diadème Un éclat qui le rend
respectable aux dieux même, iD. Esth. ii, 7. Voilà ce
roi des rois [l'empereur Charles VIJ, et ses grandeurs
suprêmes; La mort a déchiré ses trente diadèmes,
voLT.Odevii.il Ceindre le diadème, devenir roi. Il Fig.
La royauté même. Prenez le diadème et laissez-la
[Rome] servir, COBN. Sertor. iv, 2. c'est périr en effet
que perdre un diadème, id. Rodog. iv, 3. Pour moi le
diadème aurait de vains appas, rotrou, Yencesl. ii,
2. ||a° 11 se dit d'une coiffure de femme, composée
ordinairement d'un cercle. || On dit aussi arranger
ses cheveux en diadème. || 3° Terme de blason.
Cercle ou bandeau qui ceint les têtes de more sur
les écussons. |{ Cercle rond sur la tête d'un aigle.
Il 4* Terme de zoologie. Genre de lépidoptères diur-
nes. [] Genre de mollusques. || Espèce d'araignûe or-
biculaire et déprimée.
— lllST. XV* s. Une petite image d'or de St Jean-
Baptiste, lequel a un diadème derrière la teste, In-
vtntaire de la sainte chapelle de Bourges, dans de
LABORDE, Émaux, p. 247. Il xvi" s. Les tiens subjectz
faprestent dyadesmes De gloire et los et couronnes
«upresmes, i. marot, v, 2io.
— ÉTYM. Provenç. espagn. et ital. diadema; du
Utind<ai/pma, du grec SiàSri(ia , deSià, etSeîv, lier.
t DIADEME, ÊK (di-a-dé-mé, mée), adj. Terme
de numismati.|u(.. Qui est décoré d'un diadème.
— ÉTYM. Diadème.
t DtAGNOSE (<li-ag.nô-z'), s. f. \\ 1" Terme de mé-
decine. Connaiisance qui s'acquiert par l'observation
(les signes diagnostiques. || 2" Terme d'histoire natu-
relle. Phrase descriptive substantielle et concise,
renfermant les principaux caractères d'un genre,
d'une espèce, etc.
— ÉTVM. Voy. diagnostique; grec, îiâfvwai?.
DIAGNOSTIC (di-ag-no-stik), s. m. Terme de mé-
decine. Art de reconnaître les maladies par leurs
symptômes et de les distinguer les unes des autres.
Le diagnostic différentiel. Le diagnostic de cette
maladie.
— ÉTYM. Voy. DIAGNOSTIQUE.
DIAGNOSTIQUE (di-ag-no-sti-k'), adj. Terme do
médecine. Qui sert à reconnaître. Signes diagnos-
tiques, signes d'après lesquels on peut établir la
nature d'une maladie, et reconnaître l'état actuel
du malade. Les signes diagnostiques de la pneumo-
nie sont la matilé et le râle crépitant. || Substanti-
vement. Les diagnostiques de la pneumonie. Vieux
en ce dernier sens.
— ÉTYM. AiaYvuffTixôc, de ôià, et y''ûv«i, con-
naître (voy. gnose).
t DIAGNOSTIQUER (di-ag-nosti-ké), v.a. Terme
de médecine. Reconnaître par les signes diagnosti-
ques une maladie. Les médecins diagnostiquent
aujourd'hui avec une grande sûreté beaucoup de ma-
ladies pour lesquelles on n'avait autrefois que des
probabilités. || Absolument. Bien, mal diagnostiquer.
Il Se diagnostiquer, v. rdfl. Être diagnostiqué. La
pneumonie se diagnostique facilement.
— ÉTYM. Voy. DIAGNOSTIQUE.
t DIAGOMÈTRE (di-a-go-mè-tr'), s. m. Terme
de physique. Appareil pour comparer les conducti-
bilités électriques des diverses substances.
— ÉTYM. Aiâyeiv, conduire, et (itTpov, mesure.
fDIAGOMÉTRIE (di-a-go-mé-trie), s. f. Compa-
raison des conductibilités électriques.
t DIAGOMÉTKIQUE (di-a-go-mé-tri-k'), adj. Qui
a rapport à la diagométrie.
DIAGONAL, ALE (di-a-go-nal, na-l'), adj.
Il 1° Terme de géométrie. Qui va d'un angle à un autre,
dans une figure rectiligne. Ligne diagonale. ||2° S.
f. La diagonale, ligne menée d'un angle d'une figure
quelconque, à un des angles non adjacents. Tirer
une diagonale. Nous plierons par la diagonale les
deux moitiés du carré, J. i. Rouss. Ém. II. || En
diagonale, obliquement. || 3* S. m. Terme de ma-
nège. Diagonal droit, le pied droit de devant et le
pied gauche de derrière. Diagonal gauche, le pied
gauche de devant et le pied droit de derrière.
— msT. xiii' s. Le [la] ligne dyagonal, si com
on le [la] puet plus prendre près, Comput, f° 22.
— ÉTYM. Lat. diagonalis ; grec, Stafwvioc, de
Sià, et ywvio, angle {comp. coin).
DIAGONALEMENT (dia-go-na-le-man) , adv. En
diagonale.
— ÉTYM. Diagonale, et le suffixe menf.
t DIAGRAMME (di-a-gra-m'), s. m.\\ 1» Délinéa-
tion. Le diagramme du type des animaux vertébrés.
Il Fig. Le diagramme de l'histoire de l'humanité.
Il 2° Terme de géométrie ancienne. Figure ou con-
struction de lignes destinées à la démonstration d'une
proposition. || 3° Terme de musique ancienne. C'était
dans la musique ancienne la table ou le modèle qui
présentait à l'oeil la table générale de tous les sons
d'un système, ou ce que nous appelons aujourd'hui
échelle, gamme, clavier, j. i. rouss. Dict. de mu-
sique, au mot diagramme. || 4° Terme de zoologie.
Genre de poissons voraces de l'Atlantique.
— ÉTYM. AiâypaiJina, de 6ii, et •jfpâçeiv , tracer
(voy. GRAPHIQUE).
t DIAGRAPHE (di-a-gra-f) , s. m. Terme de des-
sin. Instrument servant à transporter sur le papier
la représentation des objets, sans connaître le des-
sin et la perspective.
— ÉTYM. A'.à, et Tpâîeiv, dessiner.
t DIAGRAPHIE (di-a-gra-fie), s. f. Art de dessi-
ner avec le diagraphe.
t DIAGRAPHIQUE (di-a-gra-fi-k'), adj. Oui a rap-
port à la diagraphie.
t DIAGRAPHITE (di-agra-fi-f), I. m. Sorte de
roche schisteuse dont on fait des crayons à dessin.
— ÉTYM. Aià, et YpîçE'v, dessiner.
t DIAGRËDE (di-a-grè-d'), s. m. Terme de phar-
macie. Ancien nom de la scammonée.
— ÉTYM. Corruption de dacrydiiim, de Saxp05iov,
petite larme, diminutif de ôoxpvi; le diagrède étant
ainsi dit, parce qu'on préparait la scammonée, en
enfermant le suc exprimé du convolvulus scammo-
nia dans un coing qu'on faisait cuire sous les cen-
dres chaudes.
t DIAIRE (di-ê-r'), adj. Terme de médecine. Sy-
nonyme peu usité d'éphémère. Fièvre diaire.
— ÉTYM. Lat. diart'iu, journalier, de dits, jour.
DIA
I DIAKÈNE (di-a-kè-n'), s. m. Voy. DiACniNi.
DIALECTE (di-a-lè-kl'),«. m. Parlerd'une contrée
d'un pays étendu, ne différant des parlers voisin»
que par des changements peu considérables qui n'em-
pêchent pas que de dialecte à dialecte on ne se com-
prenne, et comportant une complète culture litté-
raire. La Grèce avait quatre dialectes principaux:
l'ionien, l'attique, le dorien et l'éolien. Hérodote
a écrit son histoire en ionien; Thucydide, en atti-
que. L'ancien français avait plusieurs dialectes: la
normand, le picard, le bourguignon. On a remar-
qué qu'il [Aristonique] possédait si parfaitement tous
les dialectes de la langue grecque, qui formaient
comme autant de langages diifférents, qu'il pronon-
çait ses arrêts selon la langue particulière de ceux
qui plaidaient devant lui, rolun, Ilist. anc. (ou-
vres, t. IX, p. 364, dans pougens. Le dialecte vé-
nitien est doux et léger comme un souffle agréable,
STAËL, Corinne, xv, 8. L'italien est la seule langue
de l'Europe dont les dialectes différents aient un
génie à part, id. ib. xvi,t. || Abusivement. langue.
C'est un verbe visible, c'est une langue de feu, qui
parle tous les dialectes de la terre, chateaub. Gé-
nie, 1, 3.
— HEM. Dialecte a été d'abord féminin suivant le
genre que ce mot a dans le grec d'où il est tiré; et
on ne voit pas pourquoi on ne l'a pas laissé fémi-
nin: Les dialectes du langage celtique étaient af-
freuses, VOLT. Moeurs, Arant-propos (éd. de 1757).
Vous vous indignez du ton de 1).... mais ne connais-
sez-vous pas son caractère et sa dialecte t dider.
Leur, à L...
— SYN. DIALECTE, PATOts. Tant que, dans un
pays, il ne se forme pas de centre et, autour de ce
centre , une langue commune qui soit la seule écrite
et littéraire, les parlers différents, suivant les diffé-
rentes contrées de ce pays, se nomment dialectes;
on voit par là qu'il est tout à fait erroné de dire les
dialectes dérivés de la langue générale; le fait est
que la langue générale, qui n'est qu'un des dialectes
arrivé par une circonstance quelconque et avec toute
sorte de mélanges à la préséance, est à ce titre pos-
térieure aux dialectes. Aussi quand cette langue gé-
nérale se forme, les dialectes déchoient et ils de-
viennent des patois, c'est-à-dire des parlers locaux
dans lesquels les choses littéraires importantes ne
sont plus traitées. Avant le xiv siècle il n'y avait
point en France de ]>arler prédominant; il y avait
des dialectes ; et aucun de ces dialectes ne se subor-
donnait à l'autre. Après le iiv" siècle, il se forma
une langue littéraire et écrite, et les dialectes de-
vinrent des patois.
— ÉTYM. AiàXtxTo;, de Ualé-ftii , parler, de ôià,
et Xé-cEiv, dire (voy. ure).
DIALECTICIEN, lENNE (di-a-lèkti-siin, sien'),
s.m.elf. Celui, celle qui cultive la dialectique,
qui raisonne suivant les règles. Un habile dialecti-
cien. La mort de Socrate laissa la douleur et la ter-
reur parmi les philosophes; ils se réfugièrent à Mé-
gare chez le dialecticien Euclide, dider. Opin. des
anc. phil. (platonisme). Si elle avait été un peu dia-
lecticienne, n'aurait-elle point altéré le dépôt? bon-
net, Palingén. xxi, 2.
— HIST. XIII* s. D'escriture li fist aprendre , Op-
poser autre et li deffendre; El mont [monde] n'i oî
dialetien Qui vaincre le peûst de rien, Vie du saints,
ms. dans lacuhne. || xvi* s. Ce trait dialecticien et
cet usage de propositions divisées et conjoinctes....
MONT. II, (72.
— ÉTYM. Dialectique < .
4. DIALECTIQUE (di-a-lè-ktik') . || 1* Adj. Qui a
rapport à l'art de raisonner, de discuter. Les procédés
dialectiques. || 2° S. f. Dans l'ancienne philosophie,
argumentation dialoguée par laquelle Zenon d'Ëlée,
qui en est dit l'inventeur, établissait la doctrine da
l'immobilité et des idées contre les partisans de l'ex-
périence sensible et du mouvement. || D'après Pla-
ton, la dialectique signifiait trois choses : le dialogue
employé comme méthode d'investigation scientiS-
que; le procédé logique, qui tantôt décompose l'u-
nité en ses éléments naturels, tantôt ramène la mul-
tiplicité à l'unité; la science des idées ou de l'être
en soi. || Pour Aristote, la dial clique eït, en géné-
ral , l'art de discuter ; sens qui est devenu et resté
le sens actuel.
— SYN. dialectique, logique, grammaire. La lo-
gique est la connaissance des procédés par lesquels
l'intelligence découvre ou constate la vérité. L«
grammaire est l'art de parler ou de trouver, pour
chaque pensée, pour chaque notion de l'intelligence,
le signe qui lui est propre. La dialectique usa des
procédés de la logique et de la grammaire pour fair«
ressortir l'évidence des vérités et la fausseté det
m A
trreura. En ce sens la dialectique est l'application
ou la pratique de l'art dont la logique est la théo-
rie; mais cette différence disparaît dans les dérivés
dialecticien et logicien, qui tous deux expriment
celui qui déduit ses raisons avec une rigoureuse
exactitude.
— HIST. xtif s Ce dit Renarz: Je sai plus de
toi les set arz; Sez tu rien de dialectique? Ren.
il 205. Il XVI' s. Cicero reprend aulcuns de ses amis
d'avoir accoustumé de mettre à l'astrologie, au droict,
à la dialectique et à la géométrie, plus de temps que
ne meriloient ces arts, mont, ii, 239.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. diaUclica; ital.
dialeltica; du latin dialecUca; du grec Sia>£XTtxT|,
de 6ia>,£Yt'^'i discourir (voy. dialecte).
+ î. DIALECTIQOE (di-a-lè-kti-k') , adj. Qui ap-
partient à un dialecte. Les différences dialectiques.
— ÉTYM. Dialecte.
DIALECTIQCEMENT Mi-a-lè-kti-ke-man) , adv.
Selon les formes de la dialectique. Raisonner dia-
lectiquement.
— ÉTYM. Dialectique < , et le suffixe ment.
t DIALEGMATIQUE (di-a-lè-gma-ti-k') , ad;. Terme
didactique. Sciences dialegmatiques, celles, suivant
Ampère, qui étudient les signes servant à transmet-
tre les idées, les sentiments, les passions.
— ÉTYM. AiaUytif, discourir (voy. dialecte).
t DIALLAGE (di-al-la-j') , i. f. Terme de miné-
ralogie. Silicate de magnésie et de chaux ou de fer,
d'un vert plus ou moins foncé et se divisant en lames
brillantes.
— ÉTYM. AiaXXaf^i, échange, division, sépara-
tion.
tDIALLAGIQCE (di-al-la-ji-k'), adj. Terme de
minéralogie. Qui tient de la diallage.
t DIALLÈLE (di-al-lti-r) , s. f. Terme de rhéto-
rique. Sorte de renversement ou d'antimétathèse,
comme dans cette phrase : C'est le plus riche des sa-
vants et le plus savant des riches.
— ÉTYM. AiâW.Yi^oç, réciproque, deSià, et âX),y)-
).oç, l'un l'autre, de àXXoî, autre (voy. autre).
DIALOGIQCE (di-a-lo-ji-k') , adj. Qui esten forme
de dialogue. Traité dialogique.
— ÉTYM. Dialogue.
t Dl A LOGIQUEMENT (di-a-Io-ji-ke-man), adv.
Terme didactique. En observant la forme du dia-
logue.
— ÉTYM. Dialogique, et le suffixe ment.
t DIALOGISER (di-a-lo-ji-zé), )). o. Traiter par
dialogues. Platon a dialogisé sa philosophie.
— mST. xvi* s. Dialogizer, Contes de chouères,
Épitre, !° t , dans lacurne.
— ÉTYM. Dialogue.
DIALOGISME (di-a-lo-ji-sm'), s. m. L'art, le
genre du dialogue. || Figure de rhétorique qui con-
siste à mettre sous la forme de dialogue les idées ou
les sentiments que l'on prête à ses personnages,
comme dans ces vers de la Fontaine : Est-ce as-
sez, dites-moi? N'y suis-je point encore ? — Nenni.
M'y voilà donc? — Point du tout. — M'y voilà?
— Vous n'en approchez point, Fabl. i, 3.
— HIST XVI* s. Le conducteur de ses dialogismes
[de Platon] , Socrates, va tousjours demandant et
esmouvant la dispute, jamais l'arrestant, jamais
satisfaisant, mont, ii, 239.
— ÉTYM. Dialogue.
DL4L0GISTE (di-a-lo-ji-sf), s. m. et f. Celui ou
celle qui a faitun dialogue, des dialogues. Peu usité.
— ÉTYM. Dialogue.
DIALOGUE (di-a-lo-gh') , s. m. || 1* Entretien
entre deux personnes. Voici le dialogue qui s'établit
entre le père et le fils. Il a eu un dialogue admi-
rable avec Rahuel, SÉV. 171. || 2° Par extension,
ouvrage littéraire en forme de conversation. Les
dialogues des morts de Lucien, de Fontenelle. Sa
pièce est toute en dialogue. || Dialogues de Platon,
entretiens sous la forme desquels Platon a exposé
toute sa philosophie. || 3" La manière dont un au-
teur dramatique fait parler ses personnages. Le dia-
logue de cette pièce manque de vérité. || 4° Terme
de musique. Parties qui se répondent, et qui souvent
se réunissent.
— HlST.xvi's. Platon me semble avoir aimé cette
forme de philosopher par dialogues, à escient, pour
loger plus décemment en diverses bouches la diver-
sité et variation de ses propres fantaisies, mont, ii,
3>0.
— ÉTYM. Lat. dialogws, de SiàXafoç, de îiaXéYew,
discourir (voy. dialecte).
DIALOGUE, ÉE (di-a-lo-ghé , ghée), part, passé.
lit" Mis en dialogue. Un discours dialogué avecjus-
lesse,L'AB.HODTEViLLE,dansDESFONTAiNES. L'églogue
dialoguée telle que la troisième de Virgile , Dissert.
DIA
s. le p. épique, dans ue^fùntaines. H 2° Uii l'art du
dialogue est observé. Un premier acte plus poli que
n'était l'autre, plus dialogué et plus convenable,
VOLT. Lett. d'Argental, 13 août 1783.
DIALOGUER (di-a-lo-ghé), D. n. || 1° Dans le style
familier, converser. Nous avons longtemps dialogué
ensemble sans nous comprendre. || 2" Écrire, parler,
chanter en dialogue. Les personnages de Molière
dialoguent avec beaucoup de naturel. Il me parait
entendre à merveille ce que personne n'entend : c'est
l'art de dialoguer, volt. Lett. Chabanon, 20 nov.
1707. Il Terme de musique. Faire dialoguer deux
voix. Il 3" V. a. Bien dialoguer une scène, faire que
les différents personnages parlent comme ils doi-
vent parler.
— ÉTYM. Dialogue.
f DIALOGUECR (di-a-lo-gheur), s. m. Celui qui
écrit un dialogue, qui conduit le dialogue d'une pièce
de théâtre. Dancourt est un agréable dialogueur.
— ÉTYM. Dialoguer.
■j- DIALTHÉE (di-al-tée), s. m. Terme de phar-
macie. Onguent composé avec le mucilage de la ra-
cine de guimairve.
— ÉTYM. Aià, et àX6a(a, guimauve.
+ DIALYPÉTALÉ, ÉE (di-a-li-pé-ta-lé , lée) , adj.
Terme de botanique. Quia les pétales distincts dans
la corolle polypétale.
— ÉTYM. AïoîXOw, séparer, elpétale.
t DIALYSE (di-a-li-z'), s. /■. |1 1° Terme de chimie.
Séparation et purification de certaines substances
à l'aide du dialyseur. || 2° Terme de chirurgie. Solu-
tion de continuité. || 3° Terme de rhétorique gréco-
latine. Sorte d'hyperbate dans laquelle l'ordre du
discours est interrompu par l'interposition d'une
sentence. || Figure par laquelle on omet certaines
conjonctions, par exemple la conjonction et.
— ÉTYM. AiâX^JcTK; , de 6ià, et XOcrii;, action de délier,
t DIALYSÉPALE(di-a-li-sé-pa-r), adj. Terme de
botanique. Calice dialysépale, calice dont les sépa-
les ne sont pas soudés entre eux; tels sont le pavot,
le tilleul, etc.
— ÉTYM. AiaXOw, je sépare, et sipale.
I DIALYSER (di-a-li-zé) , V. a. Terme de chimie.
Séparer par le dialyseur les substances susceptibles
de se dégager d'un mélange; substances dites dif-
fusives et qui sont la silice hydratée, l'alumine
hydratée, l'amidon, la dextrine, etc.
— ÉTYM. AiaXÛM, je sépare.
t DIALYSEUR (di-a-li-zeur), s. m. Terme de chi-
mie. Instrument composé d'un papier-parchemin
tendu sur un cerceau de bois, en forme de tamis;
on verse le fluide à dialyser sur le papier, de ma-
nière à ne former qu'une couche d'un centimètre
d'épaisseur, et l'on place le dialyseur dans un bas-
sin plein d'eau ; c'est dans cette eau que passent les
substances susceptibles de se séparer.
— ÉTYM. Dialyse.
fDIALYSTAMINÉ, ÉE (di-a-li-sta-mi-né, née),
adj. Terme de botanique. Dont les étamines ne sont
pas soudées.
— ÉTYM. AiaXÛM, je sépare, et étamines.
t DIALYTIQUE (di-a-li-ti-k') , adj. Qui se rapporte
à la dialyse.
— ÉTYM. Voy. DIALYSE.
t DIAMAGNÉTIQUE (dia-ma-gné-li-k'), adj.
Terme de physique. Corps diamagnétiques, ceux
qui se placent équatorialement, c'est-à-dire dans
une direction perpendiculaire à la ligne des deux
pôles d'un aimant.
— ÉTYM. Aià, et magnétique.
t DIAMAGNÉTISME (di-a-ma-gné-ti-sm'), s. m.
Terme de physique. Ensemble de phénomènes of-
ferts par les corps diamagnétiques.
DIAMANT (dia-man; en vers, de trois syllabes),
s. m. Il 1° Pierre précieuse, la plus brillante et la
plus dure de toutes, et qui est du carbone pur. Le plus
beau diamant qui brille à ma couronne, tbistan,
il.deChrispe,ïv,l. Et, sans mêler à l'or l'éclat des
diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux
ornements, boil. Art poét. u. L'or et les diamants
brillent sur ses habits, volt. Scythes, i, l. Le vrai
diamant ou le diamant le plus pur présente un
octaèdre, bonnet, Contempl. nat. 3> part. ch. 4. De
toutes les matières qui représentent l'éclat de l'opu-
lence, le diamant est la plus précieuse, raynal,
Hist.phil. IX, 2t. On n'a pas l'idée que le diamant
ait été soumis à l'action du feu avant 1694 et 1695,
que le célèbre Averani en exposa un au foyer d'un
miroir ardent pour l'instruction de Jean Gaston de
Médicis, son élève, id. ib. Enfin M. Darcet entreprit
en France, en 1768, de soumettre le diamant au
feudeporcelaine, id. ib.Ilen résulte très-clairement
[des essais de M. Darcet] et de ceux qu'on a répétés
DIA
1149
après lui, que le diamant s'évapore et brùie assez
rapidement au feu et à l'air libre, id. ib. On trouve
ordinairement le diamant empâté dans une sorte da
ciment naturel rougeâtre, assez analogue à nos bri-
ques de terre glaise ferrugineuse, babinet, Revue
des Deux-Mondes, 1855, 15 février, p. 806. Les an-
ciens ne paraissent pas avoir soupçonné que le dia-
mant pût être taillé ; ils ne connaissaient que la
diamant à pointes naturelles, ayant huit faces trian-
gulaires et formant en tout sens une double pyra-
mide, iD. ib. Il Diamant brut, celui qui n'a pas été
taillé. Il Diamant faux, pierre naturelle ou factice
qui imite le diamant ; et aussi nom sous lequel on a
désigné la variété incolore ou limpide du zircon.
Il Diamant rosette, ou diamant rose, diamant taillé
en rose, taille qui consiste à laisser au diamant une
large face plane en dessous et à recouvrir le dessus
de plusieurs facettes pour obtenir par le reflet sur
la face d'en dessous des feux semblables à ceux
du brillant. || Diamant brillant, celui qui est taillé
à facettes par-dessous comme par-dessus. || Dia-
mant de nature, diamant qui n'est pas d'une belle
eau. Il Diamant savoyard, diamant qui est coloré en
noir ou en brun. || Diamant d'Alençon, du Canada,
quartz hyalin noir. || Diamant du Rhin, quartz
hyalin limpide. || Diamant .spathique, corindon.
Il 2° Bague qui a un diamant. 11 lui passa un dia-
mant au doigt. Mais il m'a demandé mon diamant
pour gage, corn. Nicom. v, 10. Je me trompe
fort, ou la beauté de ce diamant fera pour vous
sur son esprit un effet admirable, mol. Bourg,
genl. m, 6. || 3° Fig. C'est un diamant, se dit
d'un petit ouvrage d'art ou de littérature d'une exé-
cution parfaite. J'étais le grain de sable, je résolus
de devenir diamant, volt. Zadig, 16. || Édition dia-
mant, impression en caractères très-fins, mais
bien nets etjolisàl'œil. || Diamant se prend souvent,
au figuré aussi, comme le symbole de la dureté ex-
trême. Croyez-vous que vos dents impriment leurs
outrages Sur tant de beaux ouvrages? Us sont pour
vous d'airain, d'acier, de diamant, la font. Fabl.
V, 16. Âmes de bronze, humains, celui-là fut sans
doute Armé de diamant, qui tenta cette route , Et
le premier osa l'abîme défier, m. ib. vu, 12.
Il 4° Terme de miroiterie ou de vitrerie. Instru-
ment au bout duquel est enchâssée une pointe de
diamant et qui sert à couper le verre. || 5° Terme
de marine. Le diamant d'une ancre, la jonction des
deux bras avec la vergue. || G" Terme d'architecture.
Pointes (le diamant, pierres qui, dans les parements
à bossages, sont taillées à facettes comme des dia-
mants, DE LABORDE, Émaux, p. 253. || 7'' CouleuT
diamant, sorte de peinture dont la ba.se est le gra-
phite (substance très-réfractaire comme le diamant).
Tôle vernie avec la peinture dite couleur diamant,
Presse scientifique, t. I, p. 95. || 8° Diamant de
verre, faux diamant. Ne pensez pas leur faire plaisir
[aux prophètes et aux apôtres] de leur prêter si li-
béralement, etsans qu'il en aient besoin, vos épithè-
tes et vos métaphores, de les charger de votre chimie
et de vos diamants de verre, balz. Socr. chr^f. ch. 7.
— HIST. xiii' s. Pelles [perles], coraus et crisoli-
tes Et diamans et amecites, FI. et Dl. 667. Ceste,
se Ii actor [auteur] ne ment, Perceroit pierre d'aï-
ment, Por qu'ele fust bien de 11 pointe; Car ele a
trop ague pointe, la Rose, 15696. || xiV s. Trois
grantz rubis en aneaus, une amiraude, un diamant
de grand pris en une boiste d'argent enamillé, qui
fust trové sur ledit Pierre quant il fust pris, de la-
borde. Émaux, p. 250. Ceste pierre est si dure
que elle n'est despecée ne par fer ne par feu; ne
elle n'est pas escliaufée. Toutesfoys elle est despecée
par le sang du bouc quant il est chault et nouvel.
Et des pièces qui en saillent on entaille et perce les
aultres pierres, ID. il\x). 250. ||xvs. Deux ce d'or,
garnys d'un grand ayamant à huit costez, mis
en ung œul d'or esmaillé de blanc, m. ib. p. 261.
Seize dyamans de plusieurs tailles, id. ib. Un annel
d'un dyamantgros, de quatre losenges en la face
dudit dyamant et de demies losenges par les costez
dudit dyamant, id. ib. p. 254. Vos blanches dents
ou plustost diamans Sont la prison des esprits des
amants, st-gelais (26).
ÉTYM. Provenç. diaman; catal. diamant; ital
diamanle; du latin adamantem. Adamantem, qui
a donné régulièrement oïman», aimant {adamas a
eu aussi dans la basse latinité le sens d'aimant), a
donné par interversion dtaman»; et, signifiant le
fer, une chose très-dure et, en particulier, le dia-
mant, il vient du grec à5à|juxç, de à privatif, et
Sa|xâw, dompter (latin domare, voy. dompte»): ce
qui ne peut être dompté, vaincu.
1. DI.4MANTAIRK (dia-man- tê-r') , s. m. Celui
1150
DIA
qui Tcnd ou qui Uillede» dUœanU. On dit plus sou-
Tant lapiilaire.
— STYM. Ihamant.
t ». DIAMA.NTAIRE (dia-man-té-r") , adj. Terme
didiCliciUB Oui a un éclat approchant de celui du
diamant.
+ IIIAMANTË. ÊB (dia-msn-té, tée), port, patié.
Couvert de dramanls. || Qui a le reileldu diamant,
rieur» (liamaniée.i, fleur» arlificielles tamisées avec
le verre brnyé ou avec de la poudre d'acier.
t DIAMANTKR (dia-man-lé; en vers, de quatre
syllabes), v. a. Orner, couvrir de diamanls. || Kaire
briller comme un diamant,
— RTYM. niamnnt.
t DIAMANTIKÈIIE (diaman-ti-fê-r') , adj. Oui
contient ilu diamant. ïerraiii diamiintirère,
— F.TVM. Diamant, et le latin ferre, porter.
t DIAMANTIN, INE dia-m^in-lin, li n', en vers,
de quatre syllabes), adj. Qui a la dureté du dia-
mant.
— IIIST. XVI' s. Si vous saviez de quelles fortes et
diamantines chaînes... ïver, p. oao.
— ÊTYM. Diamant.
niAMETIlAL, ALE (rti-R-mé-tral, tra-1'), adj.
||1* Oui appartient au diamètre. LiKiie diamétrale.
||i"Terniede péométrie. Plan diamétral . plan parta-
geant le» surfaces en deux portions éi|uivalentes. Les
plans diamétraux d'un ellipsoïde. || 3' Terme de ma-
rine. Plan diamétral, plan vertical passant parla mi-
lieu dt! la quille, de l'élrave et de l élanibol.
— HlST. xiV S. Une ligne dyametral ou bieae [en
biais], OBESME, Thés» de meunier.
— fiTVM. Diamètre.
niAMÉTBALEMENT (di-a-mé-tra-le-man) , ode.
D'une exirémité du diamîslre à l'autre. Les deux
pèles sont diamétralement opposés. |{ Fig. L'esjint
du monde, bien différent de celui du chrétien, ren-
ferme quatre sortes d'e-priis diamétralement opposés
k la charité, noss. Pensées ehrét. xii. Je crois voir
toutes choses diamétralement opposées au bon es-
prit, LA BRUT. m. Il est impossible que ces philoso-
phes, quoique diaméiralemenl opposés, se trom-
pent dans leurs calculs, volt. Newton, i, to, La
vérité est diamétralement opposée au ton de la bonne
compagnie, r. l. coub. ii, 303.
HIST. XVI' s. On ne m'y appelle gueres [aux
choses d'ambition], et je m'y convie aussi peu; la
liberté et l'oysirveté, qui sont mes maistresses qua-
lités, sont qualités diamétralement contraires à ce
mestier-là, mont, m, 9.
— ETYM. Diamétrale, et le suffixe ment.
DIAMETRE (di-a-m.'i-tr'), s. m. Hl" Terme de
géométrie. Ligne droite qui va d'un point delà cir-
ccnférence d'un cercle au point opposé, en passant
l)ar le centre. Nous plierons par le diamètre les deux
demi-cercles, j. j. rouss. Éin. ii. || Terme d'astro-
nomie. Diain'ire apparent, angle sous lequel les
rayons lumineux venus de deux points diamétrale-
ment opposés du disque d'un astre se croisent dans
l'oeil. Il Demi-diamètre, le rayon d'un cercle. || 2* Di-
mension transversale de divers objets. Le diamètre
de la tête. Combien comptez-vous d'ici i la luiieV
— Soixante demi-diamètres de la terre en nombres
ronds, volt, ilicmméga^, 7. || Diam'lie d'une co-
lonne, ri;.'iie droite que l'on tire d'un des points de
la circonférence à l'autre en passant par le centre.
Une colonne, pour être régulière, doit avoir au
moins sept diamètres de hauteur. || Lediamètred'uii
pilastre est la largeur de sa face.
— HIST. xiii* s. Se lu veus trover le dyametre du
cercle escrit en l'octogone.... Comput, I* I7. n xiv s.
La moitié du dyameire qui part du centre est ap-
pelée semi-dynmetie, obesmk, Thèse de meumer.
Il xvi< s. Diamètre du cercle est une certaine ligne
droicte passant par le centre, fin<e d'une part et
d'auire & la circonférence, forcadel, ÈliimenU
d'Euclide, p. 3.
— F.TYM. âix|)ieTpo;, de 8ià, et hétoov, mesure,
f DIANDRE (di an-dr'), od;. Terme de botanique.
Qui a deux étamines.
— F.TVM. Di.... préfixe, et ivrjp, mSle, élaminé.
DIA.NDRIE (di-an-drie), t. f. Tenue de botani-
que. Classe du système de Linné, qui renferme les
plantes !» deux étamines.
— F.TVM. Diandrr.
t DlANlMliyi'E (di-an-dri-k"), adj. Terme de bo-
tanique. Qui appartient à la diandrie. || Qui est
pourvu de deux éiaraiiies. Fleur diandrique.
— ETVM. Diandre.
■t *. DIANE (dia-n'), s.f. || 1» Déesse de la chasse
et aussi déesse de la lune, chez, les Lalins. || Poélique-
ment U lune. || 2- Dans le langage des alchimistes,
1 argent, qui se disait aussi la lune. I| Terme d'an-
DIA
cienne chimie. Arbre de Diane, assemblage de cris-
taux produit par une dissolution de nitrate d'argent
et de mercure. Un peu de mercure jeté dans une so-
lution d'argent par l'esprit du sel ammoniac procure
celte végétation, en attirant l'argent et le divisant en
irés-peu de temps dans des rameaux et des feuillages
qui représentent cet arbre chimique, Uém. delà soc.
royale de llertin. p. 62, dans ricuelet. || 3" lispèce
de guenon d'Africjue. || Espèce de papillon diurne.
— ÉTYM. Lat. Diana, contraction de Pjdna,
déesse femelle répondant à Janus (voy. janus).
2. DI.\.\E (di-a-n'), s. f. batterie de tambour qui
SB fait à la pointe du jour. Battre la diane. Ce n'é-
mit pas Madrid, le Kremlin et le Phare, La diane
au matin fredonnant sa fanfare, v. iiuoo, Crép. 6.
— HIST. XV]' s. Faire un grande diligence la nuict,
et arriver à la diane, indubitablement on les snr-
prendroit, lanooe, I)07. Ils firent partie pour aller
à une diane attaquer deux compagnies françoLses,
d'auii. Jlist. I, 327. Aller en embuscade et bailler la
diane, hougmet, Serées,Uv. i, p. 4ii3, dansLACUBNE.
Ô fortuné celui qui bien loin de la guerre.... Qui ne
sçait quel mot c'est que cargue, camisade, Senti-
nelle, diane, escarmouche, embuscade, ro.ns. O-ifi.
— ETYM. Espapn. dioHa, diane; ital. stelladiana,
étoile du matin; d'un ancien adjectif diano, dérive
de dia, jour;d;a vient du latin dies, jour (voy.
DIl'KNE).
tDIANGIÉ.ÉEfdi-an-ji-é.ée), odj. Terme de bo-
tanique. Dont les fruits sont doubles ou à deux loges.
— ETYM. Di.... préfixe, elàyTreiov, loge.
t DIANTHE (di-an-l'), adj. Terme de botanique.
Oui porte deux Meurs; qui se compose de deux fleurs.
Synonyme de biflore, qui est plus usité.
— ETYM. Di.... préfixa, etâvôoi;, fleur.
t DIANTIIÈRE (di-an-té-r), adj. Terme de bo-
tanique. Dont les étamines portent deux anthères.
— Êtyji. Di.... préfixe, et anthère.
DIANTRE (dian-tr'), t. in. || 1° Mot qu'on emploie
par euphémisme pour diable. Mais quand il faut
payer, au diantre le teston, BÊGNinii, Sa(. xiu.|| Dian-
tre soit de.... se dit pour envoyer au diable la per-
sonne ou la chose qui importune. Que le diantre
vous emporte I s«v. 343. EncorI diantre «oit fait
de vous! Si.... je le veux, mol. Tari, n, ♦. Diantre
soit de la folle avec ses visions ! id. F. sav. i, 5.
Diantre soit des femmes qui fourrent des épingles
partout! beaum. Mar. de Fùj. iv, 9. || On peut sup-
primer la préposition de. HolM ho! doucement;
(lianire soit la coquine! MOL. Bourg, gent. m, 3.
Il Cela ne vaut pas le diantre, cela est très-mauvais.
Ah! ah! ceci ne vaut pas le diantre pour M. Mi-
gnard, dancourt, Cheral. à la mode, i, ». || 2° Il
s'emploie comme une sorte d'exclamation ou de ju-
rement. D'où diantre a-t-il sitôt appris cette aven-
ture? MOL. Éc. des femmes, m, 4. Et qui diantre
vo'js pousse à vous faire imprimer? m. Misanlhr.
I, 2. C'est une chose sacrée que l'argent du jeu;
diantre, ce sont des fonds pour le plaisir, où l'on
ne touche point pour le nécessaire, dancoukt, Bourg,
d la mode, l, I2. Et que diantre voulez-vous que je
vous dise, mesdames? id. ib. v, «. Qui diantre me
poussait à vouloir être de l'Académie'/ p. L. cota, i,
120. Il 3° Diantre suivi d'un complément a le même
sens que diable en un même emploi, et signifie sin-
gulier, mauvais, diabolique. Ou'on est aisément
amadoué par ces diantresd'animaux là! mol. Bourg,
gent. m, to. Quelle diantre decérémonie est-ce là?
iD. Avare, lu, 5. Il me sera aisé do lui faire des
plaintes de ces dianlres de chemins, sÉv. SU. Le
Rhône, ce diantre de Uhône, id. 39. Je voudrais
que vous fussiez étranglé par votre gorge avec votre
diantre de collier, beonard, Sérén. se. t.
— HIST. XVI' s. Il couroit à travers pays, comme
si le diantre l'eust emporté, despér. Contes, xxix.
— ETYM. Euphémisme pour déguiser le motdiiiofe,
comme bleu pour /)iCM dans (.'ort/eii (corps de Dieu).
niAPALME (di-a-pal-m'), t. m. Terme de phar-
macie. Sorte d'emplMre siccatif composé essentiel-
lementde lilharge, de sulfate de zinc, et decorpsgras.
— F.TVM Ali, et valme; à cause qu'on y faisait
entrer autrefois une décoction de feuilles de palmier,
et qu'on remuait le mélange avec une spatule de
bois du même arbre,
t DIAPASME (di-a-pa-sm'), ». m. Terme de phar-
macie. Poudre propre à parfumer le corps, dont on
saupouilrait soit les vêtements, soit la peau.
— ETYM. Aiiîiiioiia, de 6ià, et nâoseiv, sau-
poudrer.
DIAPASON (di-a-pa-zon), ». m. ||1* Terme de mu-
sique. Nom de l'octave chez les (Irecs et le» Latins.
Il V L'étendue des notes d'une voix ou d'un instru-
ment, du son le plus grave au plus aigu. Le diapa-
DIA
son de la clarinette a cinq ou six notes de pliu que
celui de la llùte. || Fig. La manière d'être générale,
en parlant des mœurs, des opinions. Joignez le dia-
pason des mœurs nationales, et vous entendrez le
vieil Horace dira de ton fils: Qu'il mourût! didb-
BOT, .S'ur les caruct. || Fig. Se mettre au diapason
de quelqu'un, se conformer k sa manière de voir, de
sentir. ||0n lui fera baisser le diapason, on lui fera
baisser le ton. || Hausser le diapason, élever la voix,
éleier ses prétentions. ||3' Petit instrument d'acier
à deux branches qui donne le ta, ou, plus générale-
ment, une note délerminée. L'invention du diapason,
til qu'il est aujourd'hui connu de tout le monde, peut
être approximalivemenl fixée au premier quart du
XVIII' siècle, LAFAGE, De l'unité tonique et de la
fixation d'un diapason universel, <jx. || Le diapason,
appliqué vibrant au verlex ousur les dents, produit,
pour celui (|ui l'écoute ainsi, un son très-intense, sur-
tout quand on bouche le conduit auditif externe; il
sert à faire distinguer les surdités qui dépendent
d'une lésion de l'oreille, de celles qui proviennent
du nerf auditif ou du cerveau, || Sorte de petit
Instrument à vent qui sert au même usage que
le diapason. Le siffiet-diapason était un véritable
sifflet, ayant le bec et la lumière disposés comme
ceux de nos flageolets, lafaue,!^. § vu. || Diapason
normal ou officiel, celui qui a été arrêté le ta fé-
vrier 1869, par le ministre d'Etat, comme devant
régler le conservatoire et tous les théâtres subven-
tionnés. Le la y fait 870 vibrations par seconde,
à la température de tb". || 4° Échelle dont le» fon-
deurs se servent pour connaitie la grandeur, l'é-
paisseur et le poids des cloches.
— HIST. XIII' S. Lidouz ton diatesalon, Diapante,
diapason. Bataille des.l arts.
— ETYM. Latin, diapason, octave; de êi«, par,
etnaràv, toutes (les notes) : en parcourant toutes
les notes.
t DIAPASONNER (di-a-pa-zo-né), v. a. Terme
de musique. Mettre au diapason, à un diapason.
Il Se diapasonner, v. réft. Se régler sur le diapason.
La flùie proprement dite se diapa.sonue en ré, c'est-
à-dire qu'elle doit rendre le re du diapason quand
elle n'a encore aucune autre ouverture latérale que
l'embouchure, legoarani.
— ErYM. Diapason.
DIAPÉDËSE (di-a-pé-dè-z"), ». f. Terme de mé-
decine. Éruption du sang à travers les tissus.
— HIST. XVI* s. Les aneurismes se font par ana-
stomose et diapedese, ruption, érosion et plaie,
PARÉ, V, 30.
— ÉTYM. AiamiSinoiç.de îio, à travers, et ir»iî«v,
jaillir.
t DIAPENTE (di-a-pin-f), ». f. Terme de musi-
que grecque. Quinte.
— HIST. xiv s. Les uns font semithon mineur.
Les autres font semithon majeur, Diapenthe, dia-
pazon, GAGE DE LA BLIGNB, daus Bist, litt. d* la
France, t. xxiv, p. 76 1.
— F.TYM. ikià, par, et ksvts, cinq.
DIAPHANE (di-a-fa-n'), adj. Qui, tout en n'é-
tant percé d'aucun pertuis visible, donne passage
à la lumière. Un milieu diaphane agit d'une manière
différente sur les rayons du diverses couleurs: c'est
en vertu de cette dififérence qu'un rayon de lumière
blanche, en traversant un prisme transparent, se
décompose dans une infinité de couleuni, laplace,
Expos. IV, 17. Combien de fois le palais diaphane
Eût éclairé nos jeux aériens! millev. Charlem. à
Parie, ch. i. L'allégorie habite un palais diaphane,
LEMIEBRE. || Par exagération. Mais Harpagon aride
et presque diaphane Par les jeilnes cruels auxquels
il se condamne, begnabd, Sat. contre les maris
— SVN. DIAPHANE, TRANSPARENT. Diaphane est
un terme du langage didactique, qui pourtant est
entré dans le langage commun, mais qui est ré-
servé pour les substances laissant passer, sans
qu'elles aient d'interstice apparent , la lumière.
Transparent, qui est du langage usuel, est plus gé-
néral : Il s'applique même aux tissus qui, n'étant
point serrés, n'interceptent pas le jour: cette gaxe
est transparente.
— HIST. xv R. Le brouillas du temps bruineux no
se peult parfaiclement esclaircir iiy reslabiir à sa
diaphanique luminosité, que grande altération 00
suit faicte, AL. ciiABT. Quadrilogue inrectif. || xvi'».
Le saphir a un corps diafaiie, et la lunjuoise et le
lapis ont un corps ténébreux, palisst, 288. En vais-
seaux de verre dia|ihanes et transparens, PARti
jHiimtc, 3.
— F.TYM. Provenç. diafan; espagu. et liai, di'fl-
fano; de ila<fa■^■^|t; , de i\à, i. travers, et ^bcetai
paraître (voy. PHiNOMtxi)
DIA
DIAPIIANÉrTÊ (di-a-fa-n*-i-té), s. f. Propriété
qu'ont les corps d'être diaphanes.
— HIST. XVI' s. Sa diafanité ou transparence nous
donne bien à connoislre que la plus grand part de
son essence n'est autre chose que de l'eau, palissy,
294.
— ÊTYM. Diaphane, et la terminaison ité, qui,
étant toute latine, s'applique assez mal à un mot
grec.
tniAPHANIPENNE(di-a-fa-ni-pè-n'),ody. Terme
de zoologie. Oui a des ailes transparentes.
— ËTVM. Diaphane, et le latin penna, aile.
t DIAPllANO.MÈTRK (di-a-fano-mè-lr'), s. m.
Terme de physique. Appareil pour apprécier les va-
riations de diaph^inéité de l'atmosphijre.
— ÊTVM. Diaphane, et mètre, mesure.
t DlAPIIANO.MfiTRlE (di-a-fa-no-mé-trie) , s. f.
Mesure de la dia|diaiiéité.
t DIAPIIANOSIÉTRIOUE (di-a-fa-no-mé-tri-k'),
adj. Oui a rapport à la diaplianométrie.
t DIAPHANOUAMA (di-a-fa-no-ra-ma) , s. m.
Tableau d'une ville ou d'un pays représenté en per-
spective et convenablement éclairé.
— ÊTYM. Diaphtne, et 8pa|ia, vue.
t riAPHËMC (di-a-fé-nik) ou DIAPHOENIX (di-
a-fé-niks'), s. m. Terme de pharmacie. Électuaire
drastique ilont la substance activées! la scammonée.
— ETYM. Ali, et çoïviÇ, datte, à cause que la pulpe
de d:itt('S en fait la base.
f t. DIA PIIOHE(di-a-fo-r'). s. ^. Figure de rhétori-
que où l'on répète un mot déjà employé en lui don-
nant une nouvelle nuance de signification.
— ÉTYM. Aiaçopà, différence, de ôià, etçépEtv,
porter.
fa. DIAPHOHE(di-a-fo-r')«. m. Termede zoologie.
Genre de lé|udopières nocturnes. || Genre de diptères.
BIAPIIOKÈSE (di-a-fo-rè-z'), s. f. Terme de mé-
decine. Transpiration plus abondante que la trans-
piration naturelle et moins que la sueur.
— ÊTYM. Aiaçopriii;, de 8ià, à travers, et çopè;,
qui porte, de 9=pEiv, porter.
DlAPUOUÉTIÇiCE (di-a fo-ré-ti-k') , adj. Terme
de médecine. Oui excite la diaphorèse. {| Substanti-
vement. Un diaphoréti(|ue.
— illST. XVI' s. Des médicaments résolutifs, le
diaphoretique, par chaleur plus grande que le ra-
refactif, dissipe in.sensiblement ce qui est arresté et
impacle en une partie, paré, xxv, )(. Les diapho-
retiques ou digestifs sont simples ou composés,
ID. ib.
— ÉTYM. Aiacpopiritixô; (voy. DIAPIIOBÈSE).
DIAPHRAGMATIQUE (di-a-fra-gma-tik'), adj.
Il 1° Ternie d'analomie. Oui a rapport ou appartient
au diaphragme. || Anneau diaphragmalique, nom
de l'ouverture irrégulièrement quadrilalèie par la-
quelle la veine cave inférieure traverse le dia-
phragme. Il 2° Terme de botanique. Gousse diaphrag-
malique, gousse divisée en loges par des cloisons
transversales.
— HIST. xvi* s. La seconde ramification, estant
double, va au diaphragme tant d'un cosié que d'au-
tre, et pour ce nous la pouvons appeler diaphrag-
matique, paré, i, 22.
— ÊTYM. Diaphragme.
■f DIAPURAGMATOCÈLE (di-a-fra-gma-to-sè-V),
s. f. Terme de médecine. Hernie des viscères abdo-
minaux à travers le diaphragme.
— ÊTYM Diaphragme, et Kf{>.r\, tumeur.
DIAPUHAGME (di-a-fia-gm'), i. m. |1 1» Terme
d'anatomie. Muscle très-large et fort mince qui sé-
pare la poitrine de l'abdomen. Les poumons que les
muscles du diaphragme peuvent [iresser , desc.
Pass. 10/. Il Par extension, toute espèce de cloison.
Il i' Terme dhistoire naturelle. Cloison transver-
sale qui sépare un fruit capsulaire. || Lame droite
qui partage la cavité de certaines coquilles unilo-
culaires. || 3° Terme de [ihysique. Cloison qui coupe
transversalement les tubes de divers Instruments.
I: Cloison qui divise l'intérieui' d'un soufflet, d'un ré-
cipient, etc.
— HIST. XIV s. La 21 rebriche [rubrique] de l'a-
naiomie du dyafîragme, h. de mondeville, f° i.
Ilivi* s. Le dyapbragme est comme une haye ou pa-
lissade pour faire séparation des parties viialesd'avec
les naturelles;au moyen de quoy est ditdiaphragme,
comme un mur miltoyen, pabé, ii, 8.
— ÉTYM. Aiàspafna, de oio, en travers, et çpàa-
ottv, obstruer, boucher.
t DIAPIIRAGMITE (di-a-fra-gmi-f), ». f. Terme
deméilecine. Inllammation du diaphragme.
— ÊTYM. Diaphragme, et la finale médicale ile
qui exprime inflammation, maladie.
tDUPUYSB (di-a-fl-z'), s. f. Terme d'histoire
DIA
naturelle. Séparation, cloison. |J Terme d'anatomie.
Corps des os longs.
— ÊTYM. Aiiçuaiî, de 8ià, et fûoii;, nature.
f DL\PNOÏ(.>UE (di-a-pno-i-k'), adj. Oui excite
une légère transpiration. || Substantivement. Un
diapnoique.
— ÉTYM. Aiânvota, de 8ià, à travers, et itvtTv,
.souffler.
UIAPRP,, ÉE (di-a-pré, prée), part, passé. Mar-
qué de couleurs diverses. Un pré Tout bordé de ruis-
seaux et de Heurs diapré la font. Fabl. iv, I2.
Ouatre lutins à l'aile diaprée, Sont les coursiers de
son char nébuleux, millev. Charkm. à Pavie, ch. i.
Si quelque zéphyr se glisse dans la forêt diaprée,
il'abord les plus frêles épis courbent leurs tètes,
CHAïEAUB. Uarl. II, (09. Souvent sa robe diaprée
[de la demoiselle, insecie], Souvent son aile est dé-
chirée Aux mille dards des buissons verts, v. hugo.
Odes, IV, 48. Il Terme de blason. Se dit des pièces
bigarrées de diverses couleurs. || Prune diaprée, es-
pèce de petite prune d'un noir violet qui est plus
sucrée que la prune de monsieur.
DIAPRER (di-a-pré), v. a. Varier de vives cou-
leurs. L'écorce variée des pastèques diapraitagréa-
blementla campagne, chateaub. Itin. il, 3|. || Par
extension. Comme ungredinquela main de Thémis A
diapré de nobles (leurs de lis, volt. Pauvre diable.
Il Se diaprer, v. réfl. Prendre diverses couleurs.
— HIST. xiii* s. D'azur, mes que [si ce n'est que]
de blanc un peu les [armes] dyaspra Li muistres
qui les fit.... Berte, cx.xxi. || xiv s. Un autre chasu-
ble, dalmatique et tunique de dyapre blanc à mol-
lettes d'or, DU GANGE, dijappré. || xvi' s. Et voyant
res[iée et fourreau tantdiaspré, hab. Car. i, 47. Ils
pensent que la vertu n'aparoit sinon lors qu'elle est
bien diaprée, et avec grosse suite, langue, 206.
Celui qui cuide estre assis dessus [le trône] comme
une image diaprée sur un autel, à fin qu'on l'ad-
mire et magnifie, ID. 540. Elle n'es(iargne aulcune
despence pour décorer et diaprer sa maison et ses
couches, CABL. Il, 12. Trois bons grands batteaulx
bien couverts et diaprez des armoiries de M. de
Vieilleville, m. viii, 8. De ce mois de may la face
diaprée, am. jamin. Poésies, f° 2i, dans lacubne.
.... Les jardins et les prez. Quand ils sont revestus
d'ornemens diaprez, id. t'b.
— ETYM. Ane. franc, diaspre, sorte de drap à
fleur (Un covertor de deus diaspres Ot estendu de-
sor la couche, la Charrette, v. 1200, xii* siècle);
provenç. diospe, diaspre, même sens; ital. diajpro,
jaspe; espagn. diaspero, même sens; du latin J0.1.-
pis, Jaspe, par le changement, comme le remar-
que Diez, du j en di, ce qui arrive dans quelques
paiois italiens, diacre, de jacere, et ce qui sans
doute indique que le mot provient de l'italien dans
les autres langues romanes. L'italien, disant effecti-
vement diaspre, pour le jaspe, ne laisse point de
doute sur l'étymologie de diaprer.
blAPRUN (di-a-prun), s. m. Terme de pharma-
cie. Sorte d'électuaiie où l'on incorpore les ingré-
dients à l'aide de lapuljie de pruneau.
— ÉTYM. Aià, avec, el prune.
IJL4PRUKE {di-a prur'), s. f. État de ce qui est
diapré. La diaprure des prés.
— HIST. xvi' s. Tant pour les beautez, que pour
toutes aultres dyapreures, dont les dames se sça-
vent embellir, carl. vi, 39.
— ÉTYM. Diaprer.
f «lAPTOSE (di-a-plô-z'), s. f. Terme de musi-
que. Iiitercidence ou petite chute. C'estdansle plain-
cliant une sorte de périélèse ou de passage qui te
fait sur la dernière note d'un chant, ordinairement
après un grand intervalle eu montant; alors pour as-
surer la justesse de cette finale, ou la marque deux
fois, en séparant celte ré|iétition par une troisième
note, que l'on baisse d'un degré en manière de
note sensible, comme u(« ut, mi ré mi, j. j. rouss.
Dict. de mus.
— ÉTYM. AiinTuoiç, intercidence, de Stà, et
irxùjffi;, chute.
■[ DIAPYÉTIQCE (di-a-pi-é-ti-k'), adj. Terme de
médecine. Oui mène à suppuration. || Substantive-
ment. Un diapyétiqiie.
— ÉTYM. AioituT,ti)i6;, de 5ià, etnùov, pus (voy.
pus).
DIARRUÉE (di-a-rée), j. f. Terme de médecine.
Flux de ventre, évacuation fréquente de matières
alvines.
— HIST. XVI' s. Ils sont subjets aux flux de ventre
appelles diarrhées et dysenteries, paré, Inlrod. a.
— ÊTYM. Aiâp^oto, de 8ià, et f eïv , couler (voy.
RUUUE).
t DIAKRHÉIQUE (di-aré-i-k'), 0(V. Qui a rapport
DIA
1151
à la diarrhée. Flux diarrhéique. || S. m. Un diar-
rhéique, un malade affecté de diarrhée.
— ÉTYM. Diarrhée.
t DIARRIIOliON (di-a-rro-don), s. m. Terme de
pharmacie. Préparation tonique et asiringente (pou-
dre, trochisqiies, électuaire) dans la(|uelle les roses
rouges entraient en quantité notable.
— ÉTYM. Ali, avec, et ^6So/, rose.
t DIARTIIRODIAL.ALE (diar-tro-di-a!,a-l'), adj.
Terme d'anatomie. Oui a rapporta la diarthrose;
qui a lieu par diarthrose. Articulation diarthrodiale.
Ligaments diartlirodiaux.
— ÊTYM. Voy. DIABTIIROSE.
t DIARTHROSE (di-ar-trôz') , i. (. Terme d'aua-
tomie. Articulation qui permet aux os des mouve-
ments en tous sens. L'articulation de l'humérus avec
l'os de l'omoplate est une diarthrose.
— HIST. xvi* s. Diarthrose est une conjonction
d'os, en la quelle le mouvement est manifeste gî
apperceu à veue d'oeil; diarthrose a sous soy enar-
throse, arthrodie et ginglyme, paré, iv, 43.
— ÉTYM. Aià, et âpOpov, articulation (voy. ar-
thrite).
I DIASCÉVASTE(di-a-ssé-va-st'), s. m. Terme de
philologie. Criticpiequi arrange et corrige: s'est dit
des cri tiques grecs, particulièrement de ceux d'Alexan-
drie, qui se sont occupés des poèmes d'Homère, de
l'arrangement des chants, de l'authenticité de cer-
tains vers, et de la correction du texte.
— ÉTYM. Aiaoxtoao-criç, de ôiaoxeoàîitiv, arran-
ger, de ôià, et (rxiùo;, ustensile.
DIASCORDIUM (di-a-skor-di-om'), s. m. Terme
de pharmacie. Électuaire dans lequel entrent, ea
a.ssez grande quantité, les feuilles de sooidium, et
qui a des propriétés astringentes et sédatives.
— ÉTYM. Ali. et oxopo-.ov, scordium.
t DIASÉBESTE (di-a-sè-bè-st'), s. m. Terme de
pharmacie. Électuaire purgatif dont .les sébestes font
la base.
— ÉTYM. Aià, et sébesle.
t DIASÈNE ou DIASENNE (di-a-sè-n') , s. m.
Terme de pliarmacie. Électuaire purgatif dont le séné
fait la base.
— HIST. XVI* s. Les purgations seront de catholi-
cum, de hiera, diasene, polypode.... PAUâ, v, 33.
— ETYM. Ai, et séné.
t DIASOSTIQUE (di-a-so-sti-k'), s. f. Partie de la
médecine qui a pour objet la conservation de la
santé. Il Adj. Qui contribue à entretenir la santé,
hygiénique. Régime diasostique. {| Mot très-peu usité.
— ÊTYM. Aioi(j<i;£iv, sauver, de Sià, et oiiîiEiv.
t DIASPIDE (di-a-spi-d), J, /■. Nom d'un genre
d'hémiptères, renfermant des insectes qui semblent
placés dans une espèce de bouclier.
— ÊTYM. Ali, dans, par, età<ral;, bouclier.
t DIASPORK (di-a-spo-r'), s. m. Terme de miné-
ralogie. Minéral fort rare qui se disperse en paillettes
brillantes lorsqu'on le chauffe et qui est un hydrata
d'alumine.
— ÉTYM. Aiasnopà, dispersion, de Stà, et anti-
ptiv, semer.
t DIASPOROMËTRE (dl-a-spo-ro-mè-tr'), s. m.
Terme de physique Instrument qui mesure l'angle
nécessaire pour établir l'achromatisme de deux
prismes d'un verre diflférent.
— ÉTYM. Ai«ff7topà, dissémination, et mètre,
mesure.
t niASPOROMfiTRIE (dl-a-spo-ro-mé-trie), s. f.
Em|)loi du diaspoiomètre.
t UIASTALTIOl'E ( di-a-3tal-li-k' ), adj. Terme
d'anatomie. Arcs iJiastaltiques, nom donné à un en-
semble de nerfs considérés k la fois comme sortant
de la moelle épiiiière (moteurs), comme y entrant
(sensitifs), et comme s'unissanl à travers la moelle
épiniére pour finalement faire coniracler les mus-
cles. Il Action diasiallique, ensemble d'actes com-
prenant la sensibilité dans les nerfs sensibles, la
réaction de la part des centres nerveux et la trans-
mi-ssion motrice ou excito-motrice aux muscles (lors-
que cette transmi-ssion n'est pas accompagnée de
sensation, elle correspond à l'action réfiexe).
— ÉTYM. AiaoTa)vTixoi;, propre à séparer, de Sio-
(îTE/.Xîiv, de ôii, et mt/Xeiv, poser, ilispo,-er.
DIASTASE (di-a-sta-z'),». /■. || l°l'erme de chirur-
gie. Espèce de luxation qui consiste dans la sépara-
tion ou écartement de deux os qui étaient contigus,
par exemple du liliia et du péroné. |{ 2* Terme de
chimie. Matière blanche, azotée, que l'on extraiî
de l'orge, de l'avoine, du blé, des pommes de terre ,
et qui possède la propriété de faire subir à l'amidon
une espèce de fermentation qui le gonfle, le dis-
tend et sépare la partie gommeuse de 1» partie
tégumeataire; d'où h) nom.
1152
DU
— *TYM. AiioTaffK, écartement, de Sià, et otô-
(TIÇ (voy. STASE).
t BIASTASIMÈTRE (di-a-sta-zi-mè-tr'), s. m. Nom
d'un instrument proposé pour mesurer les distances
dans les opérations géodésiques.
— ÉTYM. Aià<rco(ji;, distance (voy. dustase), et
mètre, mesure.
t DIASTATOMME (di-a-sta-to-m') , ». m. Terme
do zoologie. Genre de névroptères formé par des
insectes qui habitent la Chine.
— ETYM. Ata(TT(iTèc, séparé, et î(ji(ia, œil.
t UIASTÉMATIE (■li-a-sté-ma-tie), .v./'. Terme de
tératologie. Déviation organique ayant pour carac-
tère la présence d'une fissure ou fenle sur la ligne
médiane du corps.
— ÉTYM. Voy. DIASTÊME.
t DIASTÉMATIQUE (di-a-slé-ma- ti -k' ), adj.
Terme de musique ancienne. Voix diastématique ou
discrète, nom que les anciens donnaient à la voix
chantante, par opposition à la voix parlante, qu'ils
nommaient voix continue.
— ÉTYM. Diastème.
f DIASTÉMATO...., préfixe employé en anato-
mie et qui indique séparation, par exemple : dias-
iématochilie , fente anormale d'une lèvre, etc.
t DIASTÊME (di-a-stê-m'), s. m. || 1° Terme didac-
tique. Espace qui, chez le plus grand nombre des
mammifères, existe entre les dents canines et les
molaires : on l'appelle vulgairement harre. || 2° Terme
de physique. Nom donné aux pores qui, dans les
corps, ne peuvent être démontrés que par la péné-
tration des liquides. || 3" Terme de musique. Inter-
valle simple, savoir le ton et le demi-ton dans le
genre diatonique; le demi-ton et le Ion et demi dans
le genre chromalique; le quart de ton et le diton
(double ton) dans le genre enharmonique.
— ÉTYM. AiàaxT|(ia, intervalle, de 6ià, et aiita,
être debout (voy. stable).
DIASTOLE (di-a-slo-l') , s. f. || 1» Terme de phy-
siologie. Dilatation active du cœur qui fait pénétrer
le sang dans les oreillettes et de là dans les ventri-
cules. Y étant poussé par la diastole, il passe dans
les veines, desc. Fœtus, 4. || Dilatation passive des
artères au moment où le sang y entre, projeté par
le cœur. 112' Terme de philologie. Sorte de virgule
par laquelle les grammairiens grecs séparaient deux
syllabes susceptibles de se confondre en un seul mot.
— IllST. XVI' s. Diphtongue est une contraction
de deux voyelles en une syllabe, comme en ceste
diction naistre; a et t ne sont qu'une syllabe, et a
la diphtongue son contraire qui est diastole, car en
deux voyelles elle retient deux syllabes, comme
hais, ici a et t sont deux syllabes, Poétique de Bois-
stère, p. 232, dans LACURNE.
— ÉTYM. AtatrtoXrl, distension, de 8cà, et a^ù.-
Xeiv, tirer (voy. étole).
t DIASTOLIQUE (dia-sto-li-k*), adj. Terme de
physiologie. Oui a rapport à la diastole.
t DIASTROPHIE (di-a-stro-fie) , s. f. Terme de
médecine. Nom générique comprenant les luxations
des os, le déplacement des muscles, des tendons, etc.
— ÉTYM. Aca^TpoçTi, distortion, de Sià, et oxpé-
çnv, tourner (voy. strophe).
DIASTYLE (di-a-sti-r), s. m. Terme d'architec-
ture. Édifice dont les colonnes sont éloignées l'une
de l'autre à la distance de trois diamètres de leur
grcsseur.
— ÉTYM. Ali, et oTÛXo;, colonne (voy. style).
t DIATESSAUON (di-a-tè-ssa-ron), s. m.|| 1» Terme
de pharmacie. Ëlectuaire composé de quatre médi-
caments: racines de gentiane et d'aristoloche ronde,
baies de laurier et myrrhe. || i' Terme de musique
grecque. Quarte.
— HlST. XIV" s. Les uns font semitbon mineur,
les autres semilhon majeur, Diapenthe, diapazon.
Les autres diathessaron , uace de la bligne, dans
Uist. li(t. de la France, t. xxiv, p. 762.
— ÉTYM. Aiaieffaipaiy , de 6ià, et ■céaaa.ati,
quatre.
t piATHERBIANE (di-a-tèr-ma-n'), adj. Terme
de physicjuo. Qui laisse passer librement le calori-
que, comme un corps diaphane laisse passer la lu-
mière.
— ÉTYM. Aià, et Otpiièç, chaud. La finale ane est
barbare ; elle a été forgée pour mettre dialhermane
en parallélisme avec diaphane; maisanfl, dans dia-
phane, est radical et non suffixe. Le vrai mot aurait
été diatherme.
t DIA.TUKRMANÊITÉ (di-a-tèr-ma-né-i-té), s. f.
Terme de physique. Qualité de ce qui est dialher-
mane. La dialhermanéité d'un corps.
— triu Ihathermane, avec la flnt.e latine ité.
Le vrai mol aarait été dialhermie.
DIA
t DIATHEBHANSIE (di-a-tèr-man-sie) , s. f.
Terme de physique. Faculté qu'ont certains rayons
de chaleur de traverser plus facilement que d'autres
un milieu donné, comme certains rayons lumineux
traversent avec plus de fncilité quelques milieux.
La diathermansie des rayons les plus voisins du
rouge ou du violet.
— ÉTYM. Formé irrégulièrement de diather-
mane, ou représentant, cam me porait/îte représente
itapdtXuiii;, le mot Siaôépuavaiç, mais qui aun autre
sens, puisqu'il signifie prand échaufTement.
i DIATHÉSATION (di-a-té-za-sion) , s. f. Terme
de médecine. Généralisation d'une affection d'abord
locale. C'est par diathésation qu'une suppuration lo-
cale devient diathèse purulente. Diathésation de la
syphilis.
— ÉTYM. Diaihése.
DIATUÈSE (di-a-tè-z') , s. f. Disposition générale
en vertu de laquelle un individu est atteint de plu-
sieurs affections locales de même nature.
— HIST. XVI' s. Et font que les esprits s'altèrent,
et acquièrent une mauvaise diathèse ou qualité et
corruption, pabé, t. m, p. 728.
— ÉTYM. AiâfJEiTi;, disposition, de 5ià, et ôésiç,
position (voy. thèse).
t DIATUESIQUE (di-a-té-zi-k') , odj. Terme de
médecine. Qui dépend d'une diathèse antécédente.
Maladies diathésiques.
f DIATON (di-a-ton) ,s.m. Terme de musique pro-
posé par Choron pour distinguer l'intervalle qui sé-
pare les sons des sons eux-mêmes. Ainsi ut est un
ton; ré est un autre ton; mais nous disons aussi
qu'il y a un ton d'u( à ré. Dans cette phrase ton si-
gnifie l'intervalle, tandis que dans les précédentes
il indique les sons eux-mêmes. C'était pour ce son
d'intervalle que Choron réservait le mot diaton ; il
disait de même que de mi à /<« il y a un semi-dia-
ton, quand nous disons qu'il y a un demi-ton.
— ÉTYM. Ali, entre, et tôvoç, ton.
DIATONIQUE (di-a-to-ni-k'), adj. Terme de mu-
sique. Qui jirocède par tons et demi-tons. Chant
diatonique. || Genre diatonique, chez les anciens,
façon particulière de diviser la quarte en un demi-
ton et un ton, comme si, ul , ré, mi. Le chant
de l'Eglise est dans le genre diatonique, qui est
le plus grave et qui convient le mieux au culte
divin, ROLLiN, Uist. ane. Œuvres, t. xi, t" part,
p. 245, dans poL'GENS. Macrobe dit que l'enhar-
monique n'est plus en usage à cause de sa dif-
ficulté, que le chromatique est décrié parce que la
musique en ce genre est trop molle et tropefféminée,
et que le diatonique tient le milieu entre les deux,
ID. ib. p. 249. Il Chez nous, le genre diatonique s'en-
tend de la succession des notes par deux ou trois
tons de suite suivis d'un demi-ton. Telle est la
gamme naturelle majeure; dans le mode mineur il
peut y avoir jusqu'à quatre tons de suite, mibémol,
fa, sol, la et si naturel.
— ÉTYM. Aià, et TÔvoç, ton.
DIATOMQUEMENT ( di-a-to-ni-ke-man ), adv.
Terme de musique. Par degrés diatoniques.
— ÉTYM. Diatonique, et le suffixe ment.
DIATKAGACANTE (di-a-tra-ga-kan-f), s. m.
Terme de pharmacie. Poudre dont le principal ingré-
dient est la gomme adraganteetquiestadoucissante.
— ÉTYM. Aià, par, etTpaYaxavOoi; (voy. adragant).
DIATRIBE (di-a-tri-b'), s. f. || 1° Dissertation cri-
tique : sens ancien et à peu près tombé en désué-
tude. || 2° Par extension, écrit, discours violent et
injurieux; critique amère. L'Anti-Caton de César
était un libelle ; mais César fit plus de mal à Caton
par la bataille de Pharsale et par celle de Thapsa
que par ses diatribes, volt. Dict. phil. Libelle. Si
quand la diatribe autour d'un nom s'élance. Vous
voyez une femme écouter en silence, Et douter....
v. uuGo, Crép. 30.
— ÉTYM. AtaTpiê^, leçon, étude, et aussi amu-
sement, proprement action de broyer, d'où perte
de temps et de là les autres sens; de êià, et Tpî-
êeiv, broyer.
t DIATRITAIRE (di-a-tri-tê-r'), *. m. lerme d'his-
toire de la médecine. Médecin de la secte des mé-
thodistes, qui traitaient tous les malades en ne leur
donnant des aliments que le quatrième jour de la
maladie, puis le sixième, le huitième et le dixième,
c'est-à-dire chaque troisième jour.
— ÉTYM. Aià, et TpiTOî, troisième, de ««!< (voy.
TROIS).
t DIATRYPËSE (di-a-tri-pè-z'), t. f. Terme d'a-
natomie. Sorte de suture du crâne.
— ÉTYM. Ali, et TpuTiâv, percer, perforer.
tDIATYPOSE (di-a-ti-pô-z'), s. f. Terme de lit-
térature. Représentation, image.
DIC
— HIST. xvi's. Rien à personne ne debvez, fort
amour et dilection mutuelle ; vous m'usez ict de
belles graphides et diatyposes, et me plaisent tii^s
bien, rab. t. m, p. 29, dans lacurne.
— ÉTYM. AioTÛitwdi;, de 5ii, et TÛno;, type.
+ t.DIAULE(di-ô-l'), t.m.Termedegymnastiqu»
ancienne. Double stade, c'est-à-dire stade que le
coureur parcourait en allant et eu revenant. |j Adj.
Course diaule, course dans laquelle on parcourait le
diaule.
— ÉTYM. AiauXoç, de iXf, deux, et oùX^, espace,
t 2. DIAULE (di-W), t. f.Terme de musique grec-
que. Flûte double, à deux corps.
— ÉTYM. Al;, deux, et aùXà;, flûte.
t DIAZONE (di-a-z6-n'), s. f. Genre d'acéphales
sans coquilles (tuniciers), ayant pour type la dia-
zone violette de la Méditerranée.
— ÉTYM. A'.i, par, et Çûvti, ceinture.
t DIBAPTISTE (di-ba-ti-sf), s. m. Sectaire grec
du IX' siècle qui prétendait que le chrétien doit être
baptisé deux fois.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et panxîileiv, baptiser.
tDIBOTIIRIDE (di-bo-tri-d'), odj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui est creusé de deux fossettes.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et po9poc, fo»se.
t DIBRANCUE (di-bran-ch'), ad}. Terme de zoo-
logie. Qui a deux branchies, ou des branchies de
deux feuillets.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et branchies.
t DIBRAQUE (di-bra-k'), s. m. Pied d'un vers
grec ou latin composé de deux brèves.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et Ppaxùc, bref.
t DICACITÉ (di-ka-si-té), *. f. Latinisme qui se
trouve dans quelques auteurs. Penchant à dire des
mots piquants, ou les mots piquants eux-mêmes. Il
sentait mieux que personne les ridicules, ce qui
donnait matière à ses dicacités, desfontaines, dans
le Dict. de bescherelle.
— ÉTYM. Lat. dicacitas, de dicere, dire.
fDICARPE (di-kar-p'), adj. Terme de botanique.
Dont le fruit est double ou géminé.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et xapnij, fruit.
t DICARPELLAIRE (di-kar-pellê-r'), adj. Terme
de botanique. Qui a deux carpelles.
— ÉTYM. Di.... préfixe grec, et carpelle.
t DICÉLYPUE (di-sé-li-f), adj. Terme d'histoire
naturelle. Qui a une double enveloppe, une double
coquille.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et xtXuçoc, enveloppe.
t BICÉPHALE (di-sé-fa-1'), adj. Terme d'histoire
naturelle. Qui a deux tètes ou deux sommets. Cap-
sule dicéphale. || Terme de tératologie. Un monstre
dicéphale ou, substantivement, un dicéphale, un
monstre à deux tètes.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et xEyaXi^, tête.
t DIGÈRE (di-sê-r') , od;'. Terme de zoologie. Qui
porte deux cornes, deux tentacules ou deux an-
tennes.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et xepoK, corne.
t DICHËLE (di-kè-l'), adj. Terme de zoologie. Qui
a deux pinces ou deux sabots; synonyme de bisulce.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et xr,>.ri, pince.
t DICHOGAMIE (di-ko-ga-cùie), s. f. Terme de
botanique. Mode de fécondation dans les plantes
unisexuées, dont les fleurs mâles et les fleurs fe-
melles ne se développent pas en même temps.
— ÉTYM. Ai'xa, séparément, et yàiioi;, mariage.
tDICHOLOPHE (di-ko-lo-f), adj. Terme de zoo-
logie. Qui [lorle une huppe séparée en deux.
— ÉTYM. Aix», séparément, et Xoço;, huppe.
t DICHOPÉTALE (di-ko-pé-ta-P) , adj. Terme de
botanique. Oui a des pétales bifides.
— ÉTYM. Aî/a, séparément, el pétale.
f DICUOPTÉRE ( di-ko-pto-r' ) , adj. Terme de
zoologie. Qui a les ailes échancrées ou partagées en
deux.
— ÉTYM. Ai/a, séparément, et itvepov, aile.
DICIIORÊE (di-ko-rée),s. m. Terme de prosodie
grecque et latine. Pied d'un vers grec ou latin com-
posé de deux chorées.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et xop'ioî i chorée
(voy. CHOBÉE I).
t DICHOTOMAL, ALE (di-ko-to-mal, ma-l'), adj.
Terme de botanique. Qui natl de l'angle formé par
une partie dichotome. Pédoncule dicbotomal.
— ÉTYM. Dichotome.
DICHOTOME (di-ko-to-m'), adj. || 1° Terme de
zoologie. Qui a le corps bifurqué. H Terme de bota-
nique. Qui se partage en deux. || 2' Terme d'astro-
nomie. La lune est dichotome quand on n'en voit que
la moitié.
— ÉTYM. AixÔTO|io;, coupé en deux, de Si'x«, e
deux (voy. deux), et ténvttv, couper (voy. tomi
DIG
DICUOTOMIK (di-ko-to-mie), s. {. || !• Terme
de bolaïuque. Mode de division par deux des ra-
meaux et des pédoncules sur la tige. || Fig. Classifi-
cation, raisonnement qui procède par dichotomie,
c'est-à-dire en divisant chaque chose, chaque pro-
position en deux, dont on prend l'une, et divise
aussi l'autre en deux, et ainsi de suite. || 2* Terme
d'astronomie. l'hase de la lune où elle ne montre
que la moitié de son disque.
— ÉTYM. VOy. DICHOTOME.
I DICHOTOMIQUE (di-ko-to-mi-k'), adj. Terme
didactique. Qui se divise et se subdivise de deux en
deux. Méthode dichotomique de Lamarck, moyen
artificisl de déterminer les noms des plantes.
— ÉTYM. Dichotomie.
t D^CHOTOMOPHYLLE (di-ko-to-mo-fi-l'), adj.
Terme de botanique. Qui a des feuilles dichotomes.
— ÉTYM. Dichotome, et çCÀXov, feuille.
t DICIIROANTHE (di-kro-an-f), adj. Terme de
botanique. Qui a les fleurs de deux couleurs.
— ÉTYM. Aixpooç, de deux couleurs, et Moç,
fleur.
tDICHROÉ, ÉE (di-kro-é, ée), adj. Terme de
physique. Qui est de deux couleurs.
— ÉTYM. Aixpooî, bicolore, de ôîç, deux fois,
et xpô«. couleur.
I'dICHROÏSME (di-kro-i-sm'), s. m. Terme de
physique. Propriété qu'ont certaines substances mi-
nérales transparentes d'offrir une couleur différente
suivant qu'on les regarde par réflexion ou par ré-
fraction; telle est la tourmaline.
— ÉTYM. Voy. mCHROÉ.
t niCHROÏTE (di-kro-i-f). || l' Adj. Voy. mcHRoé.
Il 2° S. m. Terme de minéralogie. Nom générique
des minéraux à un seul axe de réfraction, qui ne
montrent que deux couleurs.
— ÉTYM. Voy. DICHBOÉ.
t DICHROIVIATIQUE (di-kro-ma-ti-k'), nrfj. Terme
de physique. Qui est susceptible d'offrir deux couleurs.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et/piSjia, couleur (voy.
CHEOME).
t UICHROMATOPSIE (di-kro-ma-to-psie), s. f.
Terme de médecine. Etat de la vue où l'on ne per-
çoit que deux couleurs, toutes les teintes claires
paraissant blanches, et toutes les teintes foncées
paraissant noires. || On nomme aussi cet état dalto-
nisme dichromatique.
— ÉTYM. Di... . préfixe, ypôifia, couleur, et ôJ/t;, vue.
t DICÏIRONE (di-kro-n'), adj. Terme de botani-
que. Plantes dichrones, plantes dont la végétation
est suspendue pendant une partie de l'année et ac-
tive pendant l'autre.
— ÉTYM. Dt..... préfixe, etxpovoî, temps.
t DICHROUrE (di-kro-u-r'), adj. Terme de zoo-
logie. Dont la queue est de deux couleurs.
— ÉTYM. Aîxpooç, de deux couleurs, et oOpà,
queue.
t DICIBLE (di-si-bV), adj. Qu'on peut exprimer.
11 est opposé à indicible. Si toutes les choses dont
TOUS parlez sont indicibles, en voici une fort dicible,
LEGOARANT.
— ÉTYM. Lat. dicibilis, de dieere, dire. On trouve
disdble dans le xui' siècle : Moult est grant se [sa]
pietés. Et nondisablese [sa] bontés, Fiej des saints,
m», dans lacurne.
t tlCLINE (di-kli-n*), adj. Terme de botanique.
Plantes diclines, plantes chez lesquelles chaque in-
•dividu n'a que asi fleurs miles ou femelles.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et xXîvti, lit.
t DICLINIE (di-kli-nie), s. f. Terme de botanique.
Qualité d'être dicline. || Nom collectif sous lequel on
embrasse toutes les plantes diclines.
— ÉTYM. Dicline.
fDICLINISME (di-kli-ni-sm'), s. m. Terme d'his-
toire naturelle. Séparation des deux sexes, dont
chacun appartient à un individu distinct,
— ÉTYM. Dicline.
tDlCLISIE (di-kli-zie), s. f. Terme de botanique.
Sorte de fruit composé de la graine soudée avec la
base endurcie et persistante de la corolle.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et xXeïtri;, fermeture.
On trouve dans les dictionnaires diclésie; mais xXei
donne cli et non clé.
t DICONQUE (di-kon-k'), adj. Terme de zoologie.
Qui se compose de deux valves.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et conque.
t DICOQUE (di-ko-k"), adj. Terme de botanique.
Fruits d icoques, fruitsqui sont formés de deux coques.
— ÉTYM. Di. .. préfixe, et coque.
fDICOTYLE (di-ko-ti-1'), adj. Synonyme, dans
quelques auteurs , de diootylédone.
—ÉTYM. Di.... préfixe, etxotijXïi, cavité.
DIOOTYLÉDONE (di-Ro-ti-lé-do-n^.|l IMd;'. Terme
DICT. DE LA I.ANfîUE FRANÇAISE.
DIC
de botanique. Quiadeuxlobes ou cotylédons. || i'.S.f.
Plante dont l'embryon a deux lobes ou cotylédons.
Les dicotylédones sont les végétaux les plus complets,
ceux dont l'organisation est la plus compliquée.
— ÉTYM. Di.... préfixe, el Cotylédon.
t DICOTYLÉDONÉ, ÉE (di-ko-ti-lé-do-né, née).
Il l'Adj. Synonyme de dicotylédone, adj. || 2° S. f.
Synonyme de dicotylédone, s. f.
t DICOTYLÉDONIE (di-ko-ti-lé-do-nie), s. f.
Terme de botanique. Embranchement renfermant
les plantes dycotylédonées.
t DICRANORRANCIIE (di-kra-no-bran-ch'), adj.
Terme de zoologie. Qui a des branchies bifurquées.
— ÉTYM. Aîxpavo:, qui a deux tètes; de Stç ,deux
fois, xpâvov, tête, et branchie.
t DICRANOCËRE (di-kra-no-sê-r'), adj. Terme
de zoologie. Quia lescornesou les antennes fourchues.
— ÉTYM. Aixpavo; (voy. le précédent), et xépaç,
corne.
t DICROOPHYTE (di-kro-o-fi-f), s. m. Terme de
botanique. Plante dont les anthères sont bifurquées.
— ÉTYM. ACxpooç, à deux pointes, etçuTÔv, plante,
t DICROTE (di-kro-f), adj. Terme de médecine.
Pouls dicrote, poulsqui, à certaines pulsations, sem-
ble battre deux fois, tel que le marteau qui, frap-
pant sur l'enclume, rebondit et achève son coup.
— ÉTYM. Di.... préfixe, et xpÔTo?, bruit d'un
battement.
DICTAME (di-kta-m'), s. m. Plante labiée fort
aromatique, qui passait, chez les anciens, pour un
puissant vulnéraire. Le dictame de Crète (dictam-
nus creticus des pharmaciens; origanum dictam-
nus, /..). Le roi scythe rentra dans son quartier
pour appliquer le dictame sur ses blessures, volt.
Babyl. t. \\ Fig. Je sens que tout à coup mes regrets
adoucis Laissent en liberté les ressorts de mon âme;
Ma raison par ta bouche a reçu son dictame, cobn.
Mélite, V, 2. La douceur néanmoins est le meilleur
dictame Que l'on puisse appliquer aux maux d'une
belle âme, mair. Soph. iv, 4. Et moi sur qui la nuit
verse un divin dictame,.... Quel instinct de bonheur
me réveille? fl mon ime! Pourquoi me réjouis-tu?
LAMART. ffarm. I, 3. [Quand bocrate mourut] Pleins
d'un saint dictame. Nous sentîmes en nous comme
une seconde Sme, m. M. de Sncr. 37S. GrAce au
merveilleux dictame que l'amour-propre tient tou-
jours en réserve pour ses blessures, au lieu de cher-
cher la cause de sa déconvenue dans l'emphatique
prolixité de son discours, il l'attribua sans hésiter
à la jalouse envie de ses auditeurs, en. de Bernard,
un Homme sérieux, § xiil.
— HIST. XVI* s. Tormentille, dictam, semence de
genevre, paré, xxiv, 8. Dictam est plante de ter-
roir sec et aride, o. ns serbes, 6n.
— ÉTYM. Lat. dictamnum, de 8(xTa|jivov; pro-
venç. diptamni; espagn. dictbmo; ital. dt((amo.
DICTAMEN (di-kta-mèn') , s. m. Le dictamen de
la conscience, ce que dicte la conscience. Je choi-
sis alors, et je ne suis pas le dictamen de mon en-
tendement qui me représente le meilleur, volt.
Newt. I, 4. Je me suis toujours bien trouvé de ré-
soudre ces questions par le dictamen de ma con-
science, J. J. Bouss. Prom. 4. || Peu usité.
— ÉTYM. Lat. dictamen, de dictare, dicter; pro-.
venç. et espagn. dictamen; portug. dictame.
t'oiCTAMNE (di-kla-mn'), s. m. Terme de bota-
nique. Nom d'un genre de plantes de la famille des
rutacées, écrit à tort dictame par certains auteurs.
On y distingue le dictamne blanc, dit vulgairement
fraxinelle, legoarant. || Dictamne royal, nom donné
par les habitants de la Havane au pédilanthe tit-
thymaloïde (euphorbiacées).
— ÉTYM. C'est le même mot que dictame; seu-
lement on a conservé l'orthographe grecque et, par
là, distingué des plantes qui n'ont rien de commun.
DICTATEUR (di-kta-teur), s. m. || 1° Magistrat
souverain qu'on nommait à Rome, en certaines cir-
constances critiques; son pouvoir était absolu, et
fixé à une durée légale de six mois; mais d'ordi-
naire le dictateur abdiquait avant ce terme quand
le danger était passé. Les dictateurs se tiraient quel-
quefois de la charrue, qu'ils reprenaient quand
l'expédition était achevée, st-évbkm. Génie du peu-
ple rom. ch. 2 , dans richelet. Quand notre dictateur
devant les rangs s'avance.... corn. Hor. i, 4. Du
nom de dictateur, du nom de général. Qu'importe,
si des deux le pouvoir est égal? id. Sertor. ni, 2. X
Rome, dès qu'on avait nommé un dictateur, toute
autorité cessait, excepté celle des tribuns du peu-
ple,rollin, Ilist.anc. OKuurcs, 1. 1, p. 420, dans pou-
gens. Syllafut honoré du nom de dictateur.... volt.
M. de Ces. i, 3. || Fig. M. de Meaux [Bossuet], le dic-
tateur de l'épiscopat et de la doctrine, fut celui qui
TC
1 1 i'Pt
le [Fénelon] sacra, st-sim. 3| , no. || Familièrement
Ton de dictateur, ton impérieux, alisolu. || 2° Dans
les temps modernes, nom donné à quelques chefs
qui réunissent temporairement tous les pouvoirs en
leurs mains. || 3° Nom du secrétaire de l'électeur de
Mayence. Il 4° Dans l'ancienne université, titre de
l'écoUer qui avait été trois fois le premier. Cela se
pratique encore dans les lycées de Paris.
— HIST. xiv s. n fesoient aucune fois un ditta-
teur qui avoit si gênerai et si grant pooir que....
BEBCHEURE, f° 2, refSO.
— ÉTYM. Lat. dictator; de dictare, commander,
proprement dicter; provenç. dicfoire, au nominatif,
du latin dictator; dictadnr, au régime, de dicta-
tôrem; ital. detlatore.
DICTATORIAL, ALE (di-kta-fo-ri-al, a-l'), adj.
Qui appartient au dictateur. Des pouvoirs dictato-
riaux.
— ÉTYM. Dictateur.
DICTATURE (di-kta-tu-r'), s. f. || 1» Dignité, pou-
voir de dictateur, à Rome. Sylla, si vous voulez,
quitta la dictature, cobn. Serinr. m, 2. || Temps pen-
dant lequel on exerçait la dictature. Durant sa dic-
tature. Il 2° Dans les temps modernes, pouvoir ab-
solu remis temporairement entre les mains d'im
homme ou d'une assemblée. La dictature de la
Convention. || 3° Assemblée des secrétaires de léga-
tion réunis dans la ville où se tenait la diète ger-
manique.
— ÉTYM. Lat. dictatura (voy. dictatehr).
DICTÉ, ÉE (di-kté, ktée), part, passé. || 1° Pro-
noncé à haute voix pour qu'on écrive ce qui est
prononcé. Version dictée aux écoliers par le profes-
seur. Il 2° Suggéré, en parlant de paroles, de dis-
cours. Langage dicté par la passion. || 3» Imposé,
prescrit. Telle est la loi des dieux à mon père dic-
tée, RAC. Iphig.v , 2. Sa réponse est dictée, et même
son silence, id. Brit. i, i. Brutus, par ce seul mot
ton devoir est dicté, volt. W. de César, m, 2.
t. DICTÉE (di-ktée), s.f. \\ 1° Action de dicter.
Faire une dictée à des écoliers. Pour écrire sous sa
dictée et pour copier, j. i. rouss. Conf. in. || i' Ce
qui a été dicté. 11 y a bien des fautes d'orthographe
dans cette dictée. La dictée du matin a été fort
longue.
— ÉTYJl. Dicté, participe.
t 2. DICTÉE (di-ktée), s. f. Terme d'astronomie.
La constellation d'Ariane.
— ÉTYM. Lat. Dictsea, de la montagne de Dicté
en Crète : Ariane Dictée.
DICTER (di-kté), v. a. || 1» Prononcer plus ou
moins lentement et à haute voix ce qu'on fait écrire
au fur et à mesure par quelqu'un. Dicter une lettre
à son secrétaire, un thème à des écoliers. L'empe-
reur, ne pouvant plus douter de la bataille, rentra
dans sa tente pour en dicter l'ordre, ségur, Ilist. de
JVap.vii,7. Il Absolument. Je vous conjure, par toute
l'amitié que vous avez pour moi, de ne m'écrire
qu'une feuille tout au plus; dites à quelqu'un de
m'écrire, et môme ne dictez point, cela fatigue,
sÉv. lett. 10 janv. 1680. Il 2° Fig. Suggérer, en par-
lant de paroles, de discours, d'écrits. On a dicté à
cet accusé toutes ses réponses. C'est l'humilité qui a
dicté ces paroles, boss. Or. 9. Sans doute la douleur
TOUS dicte ce langage, rac. Brit. ii, 6 Mais quels
discours faut-il que je lui tienne? — Ah! daignez sur
ce choix ne me point consulter; L'occasion, le ciel
pourra vous les dicter, id. Baj. ii, 5. Quoi ! vous re-
pentez-vous des généreux discours Que vous dictait
le soin de conserver ses jours? id. ib.nx, <. Va,
ne perds point de temps; ce que tu m'as dicté, Ja
veux de point en point qu'il soit exécuté, ID. Esth.
Il, 6. Il finit par lui dicter un testament où il réduit
son fils à la légitime, la brut. iv. Notre conscience
nous dicte tout bas les maximes de la vie éternelle,
MASS. Panég. S. Etienne. Comme les honnêtes gens
évitent de se servir des termes que dicte l'emporte-*
ment ou qui blessent la pudeur, on les a exclus du
Dictionnaire, Acad. Dict. de )740, préface. Je ne
sais si c'est l'esprit ou le cœur qui me dicte cet ar-
ticle-ci, montesq. Esp. XV, 8. Il Absolument. Arbi-
tre des beaux vers, Apollon, loin de moi! Pour cé-
lébrer d'Arnaud, pour chanter sa grande Jme, Mon
coeur dicte, il suffit, qu'ai-je besoin de toi? gilb. à
M. d'Arnaud. |{ 3° Prescrire, imposer. La raison nous
dicte cela. Le sénat chaque jour et le peuple irrités
De s'ouïr par ma voix dicter vos volontés , rac. Bril.
IV, 2. Et faisons qu'à ses fils il ne puisse dicter Que
les conditions qu'ils voudront accepter, id. Mithr.
I, 5. Quelque loi qu'il vous dicte, il faut tous y sou-
mettre, ID. Phèdre, m, 3. Vous-même avez dicté
tout ce triste appareil, ro. Esth m, 1. Quoi! ces
affreux serments qu'on vient de te dicter.... volt,
I. — li'.
1154
DIC
Alx. m. 4. César aurait dicté cet arrêt sanguinaire!
ïnLT. TrhimrAV, i. Voire cœur a-ti! pu, sans être
époiiviuilé, Avoir un scnlimenKiueje n'ai pasdiclé ?
ID. l'anal, m, 3. l'euteire l'amour même avait
(Sicié ce choit, in. Tancr. ii, 0. || 4° Se dicter, v.
réfl. Rive diclé, suggéré, prescrit. Une telle réponse
ne se dicte pas.
iiisr. XII* s. Salomons de Bretaigne le serre-
ment dita, /(oiic p. i»3. Li eves(iues de Lundres
une epistle enveia Saint Ihomas ultre mer, mes sun
mm i cela, E el nun des evesques de! pais le diia
E des autres personps, mais nul n'en i numa, TU.
le mart. m. S'oïr volez les leitres, jes [je les] vus
sai très tiien dire. Si cum li reis les list e diter e
escrire, ib. tiH. 1] xiii" s. El bien lesmoigne .loiïrois
li niarescliaus de Clianipaigne. qui Ctste œvre diia.
viLi.Eii. xcvi. Il XIV* s. Par elle eslit l'en si comme
droite raison conimaiiile et dite, obesme, t'(/i. 37.
Il XV* s. El ce noiiol)st:iiit, si em|ins-je assez liaiilie-
nient, moi issu de l'es oie. à rimer et à dicter les
guerres dessus dites, froiss. Prol. Cy commence
l'art de ilicler |composer des vers], et faire des
chansons, halades, virelais et rondeaux, kust. uksch.
Poésies mss. f* 3b4, dans laclkne. A l'endeniain,
l'aulre, garni d'une lellrc, Dieu sait comment dic-
tée [rédigée]. Vint rencontrer sa daine, louis xi,
A'oun XXXVII. Il XVI* 3. Les lettres iliclées et sigiii'es,
Grandgousier.... bab. 6''ir. i,:»'. S.iy gouverner au
son d'une cloche, et non an ilicié de lion sens et en-
tendeineni, ID. ib. I, hl. I'uisi|ue, par une faveur
particulière de la bonté iliviiie, curiaine façon de
prière nous a esté prescripte et dictée mot à mot
. par la liouclie de Dieu. mont, i, 3»*.
— ÉTVM. l'rovenç. elespagn. diciar: ital. ditlaTe;
du '.«lin dicture, fiéiiueulutif de dicere, dire(voy. ce
mol)
l)iCTIO\ (di ksion-, en vers, de trois syllabes),
t. f. Il 1" .Manière de dire, de déhitcr un di.-.Couis,
des vers. liiclioKluurde. irainanle. 112* Manière de
dire, eu égard au choix et à rarrangeiiient des mois.
L'on doit avoir une diction pure, la hkly t. [Avant
Corneille] Les anieuis aussi igiiuranls (|ue les spec-
taieiirs, la phip.irt des sujets extravagants et ué-
Bués de vraisemblance, point de mœurs, point de
caracières, la dicliiin encore plus vicieuse que
l'acllun, BAC. l)i.\cours de reeeplion de 77». t'or-
neiUi: Il [Voilnre| fit ces vers espagnols que toui
le monde croyait être de Lope de Vega, tant la
diction en était pure, pei.lisso:». "'»'• <ie l'Acud.
t. 1, p. 27», diins pocGENS. Je corrigerai ju.siiu'à
ce que la force de la diciion puis.<e fane passer l'a-
triiciié du sujet, VOLT. Uti. d'ArijiulaL, ii juin
4700. Uacine qui a mis dans la d.clion un churine
inconnu ju.squ'à lui, lu. Leii. Smiiaroltaf, 28 lév.
4TU1». Lii dicluni desainl Chrysoslome est pure, mais
laborieuse, cirATKALB. (,Vnie, iir, iv, 2. On voit que
jieiistr iradnire Hérodote d.ins notre langue acadé-
mique, langue de cuur, céréoionieuse, roide, ap-
pièlée, pauvre d'ailleurs, muiilce par le bel usage,
c'est éliangemeiil s'abuser; il y faut employer une
dii:iion naïve, franche, populaire el riclie coiiune
celle de la Konlaine, p. L. COUB. l'rus-peclm d'une
trud. d'Ilirvd. Les écrits coriecls et s.ivants de
l'oil-Hoyal excitaienldaiis le (larti contraire, jusque-
là tout empieinl <le barbarie scola^tique, une ému-
lation de délicatesse, un soin scrupuleux de la dic
tion , qui lui, apr's les ouvrages de génie, le
secours le plus unie à la pureté de la langue, vil-
LEMAiN, Uict. de l'Acad. Préface, p. xvu. Us uni
tout du théâtre français, excepté celle grùce adaii
ruble de diction qui brille dans Esilter ou dans
Iphiijénie, lu. Liuér. Tubl. du xviii' siècle, 2* par
tie, 2* leçon. || 3' Mut. Les synonymes sont piu-
sieur.^ dictiuiu (jui signilieul uiia màmu chose,
LA BVl'Y. I.
— SY.N. DICTION, STYLE. La diction est la manière
de dire; le siyl* est la maniùe d'écrire. Comme
dira se prend, en certainea circonsiances, pour
écrire, diction se prenJ aussi pour stjle, et eu est
le synonyme, sans autre nuance que ceile-ci, à sa-
voir que »i)le est d'un usaga beaucoup plus géné-
ral que tliclion.
— liiM. xvf s. Ili s'arrestent k cette diction, du
tout: biqiielle louteafuis ne su lappurle pas au verbe
qui ■^l là uis, CALV. Inslit. 2VI. Eli ces premiers
temps là il y a\oit encore beaucoup de dictions
grecques meslées parmy le langage latin, amiut,
Jluictl. II.
_~- ETYM. Provcnç. di'cd'o, diM'on; «spagn. di'c-
nsn; iUL duiune; du laliu diclio/i«m, de dii4re
(voy. umK).
DlCno»NNAlRK(dl-kiio-né-r'; envers, de cinq
iyllal.e»), ». m. || f Recueil des moU d'une lan-
DIC
(jne, des termes d'une science, d'un srt, rangés
par ordre alphabétique ou autre, avec leur significa-
tion. Un bon diclinnnaire. Feuilleter un diction-
naire. Ce travail m.>me qui nous est commun, ce
dictionnaire qui de soi-même semble une occupation
si sèche et si épineuse, nous y travaillons avec plai-
sir: tous les mots de la langue, toutes les syllabes nous
paraissent précieuses, parce que nous les regardons
comme autant d'inslruments ipii doivent servir à la
gloire de notre auguste prolerleur, rac. Disc, à la
réciption de l'ahbé Cntbeit. Après que l'Académie
française eut été établie par les leitres paleiiles du
feu roi, le cardinal de Hichelieu, qui par les mêmes
lettres avait élé nommé proiecleur et chef de celle
compagnie, lui proposa de travailler premiérenieni
à un diciionnaire de la langue française el ensuite
à une grammaire, à une rliélorii(ue. à une poétique,
i4c(id. I)'C(. de icuo, l'rrfnce. Le Dictionnaire de
l'Académie a élé commencé el achevé dans le siècle
le plus (loiissant de la langue française; el c'est
pour cela qu'il ne cite poiiii, parce que plusieurs
de nos plus célèbres oraieurs et de nos plus grands
poètes y ont travaillé, et qu'on a cru s'en devoir te-
nir à leur sentiment, Acnd. Dict. de iiî9c, Préface.
11 ne suffit pas qu'un ilict'oiina:re contienne tous les
mots d'une langui; el leur exidication; il doit en-
core sur cliaiiue mot en parlicnlier en faire sentir
tous les divers usages, déterminer s'il est du stjle
soutenu ou du siyle familier; si on l'emploie en
l'écrivant ou s'il n'est que de la conversation; si les
gens polis s'en servent ou s'il n'esi que dans la hou
clie du peuple; enlin il doit suppléer, autant qu'il
esl possible, à tout ce qu'on ne pourrait acquérir
qu'avec beaucoup de peine par la leciure d'nngiand
nombie de livres et par le séjour de plusieurs an-
nexes dans le paysilont on veut apprendre la langue,
Acad. Dict. de I7i», Vrèfuce. S'il y a quelque eu-
viage ipii demande d'êlre evécuié |iar une compa-
gnie, c'est le diciionnaire d'une langue vivante
comme 11 doit donner l'explicalion de» sens diflé-
reiits des mots qui sont en usage, il faut que ceux
qui eiitrepiennent d'y travailler aient une mulli-
inde de coniiaisSiiiiC«> qu'il esl comme impos.silile
de trouver rasseiiihlées dans une môme personne,
Acad. Ilicl. de I74n, Pnfice. Le Dictionnaire de
l'Académie française, dans lequel on n'avait d'abord
eu poui objet ipie d'êlre mile à la nalioii, esl devenu
un livre pour l'Europe; la pnlili.|ue et le commerce
ont rendu noire langue presipie aussi nécessaiie aux
étrangers que leur lanj-'ue naturelle, Acad. Vicl. de
I7ii2,/;p ail roi L'Académie lad aujourd'hui paraître
la sixième édition d'ur. Dictionnaire commencé il y
a deux siècles el devenu le dépôt des formes dura-
bles el des variations de notre langue, pendant l'in-
lervaile oi^ elle a éie le mieux p. niée et où elle a
pris un empire presque universel en Europe, /Iciid.
Uici. de I8a5, VILLEMAIN, l'rrface. Le Dictionnaire
de l'Académie, ouvrage d'aulant plus utile que la
langue commence à se corrom|ue\ volt. Lctt, l)u-
clos, i" mai 1701. Il me semble aussi <|u'on s'é-
lail fait une loi [dans le Dictionnaire de l'Acadéinie]
de ne point citer; mais un dictionnaire sans citation
esl un squelette, m. Ldt. Dttclos, ii aoilt l'Gu.
Il Traduire à coups de diciionnaire, se dit de ceax
qui ne sont pas encore familiarisés avec une langue
étrangère, et qui ne peuvent en lire un livre sans
recourir à leur dictionnaire. || Kig. Un dictionna:ie
vivant, un homme très-érudit. || 2° Un donne aussi
le nom de dictionnaire à des encyclofiédies qui
contiennent par ordre alphaliéiiqiie ou par ordre de
matières une science ou tout ce .|ui concerne un art.
Dictionnaire de mathématiques, demédaciiie, d'ar-
chilectiire. La police a Mippiimé l'Sncyclopédie;
peut-être y avail-il des choses qui n'élaifiit pas de
l'essence d un dictionnaire el qu'il aurait été plus
convenable de ne pas y metire. volt. Mal. 3o. |i On
lionne encore le nom de diciionnaire àdes livres qui
oITienl, par ordre alpliabélique, do., fans, des noms.
Diciionnaire biogiaplnqua, géographique. Diciion-
naire das conleinporains.
— SYN. DICTIONNAIRK, VOCABULAIRE, GLOSSAIRK,
LEXIQUE. Ils signilienl en général luul ouvrage où
un Kiand iiumiiie de mois sont rangés suivant un
certain ordre, pour les retrouver plus (.icdemenl
quand on en a besoin; mais il y a celle dillérciice:
)" que vocabulaire ei glossaire ne s'a|>pliqueni guère
qu'à de purs d cliunnaires de mots, au lieu que dic-
lioiiiiaiie, en général, comprend non-seuleuiFiil les
dictionnaires de langiias, mais encore les diciion-
naiies Insiorique», et ceux Ues .«cieuces el des ans;
i* que dans un vocabulaire les mois peuvent n'êlie
pas distribués par ordre alphabétique, et peuvent
m^me n'être pas expliqués ou ne l'être qu'en un seul
DID
mot, sans raisonnement; 3* que glossaire ne s'ap-
plique guère qu'aux dictionnaires de mois peu con-
nus, barbares ou surannés: le Glossaire de du l'.ange;
4* que lexique, qui s'appliquait dans l'antiquité à
un dictionnaire de mots rares et de formes difficiles,
désigne aujourd'hui surtout un recueil des mots
d'un auteur, par exemple le lexique d'Homère, et
que. dans les classes, lexique se dit desabiégés des
dictionnaires de mots. .
— ÊTY.M. Diction.
DICTON (di-lclon) , ». m. || 1* Mot, sentence qui a
pas'é en proverbe. Un vieux dicton. Un dicton po-
pulaire. Un manant lui coupa [au loup] le pied droit
et la tète: Le seigneur du village à sa porte les mit.
Et ce dicton picard à l'entour fut écrit.... la eomt.
Fabl. IV, 1(1 Les quatrains ue Pibrac et les doctes
tablettes Du conseiller Mathieu; l'ouvrage est de
valeur. Et plein de beaux diclnns à réciter par cœur,
MOL. Sgan. se. t. Je Irouve cela bien troussé; il y a
là dedans de petits dictons assez jolis, ID. B. yent.
1, 2. Il 2^ Mot plaisant et aussi mot piquant contre
quelqu'un. Donner à chacun son dicton.
— IIIST. xvi* s. Ceste senlenceestoit usitée entre le
peu|)le comme un dicton commun, calv. /n»Ii( (i36.
— ETVM. Lat. dictum, dit, participe passif de di-
cere (voy. uirk). Au XVI* siècle, l'alsj-'rave, p. 23,
et lieze disent qu'on prononce dilnn. Diclun est le
latin diclum; et la prononciation de cette finale
monlie qu'à l'origine de nuire langue du moins la
finale latine um ne s'éloignait pas beaucoup du son
de notre sjllatie on.
DICTl'.'tï (di ktom'), ». m. Dispositif d'un juge-
ment, d'un arrêt.
— hist. XV" s. Duquel dictum et sentence il se
trouva fort perpleux et non sans cause, J. de troyes,
Cliriiii. 1475. Il ivi* s. Je prie ceux-là de se souvenir
que les causes qu'on vient de prononcer en mon dic-
ton ne sont pas celle» pour le>quelles je meurs,
d'alb. Ilist 11, tai. La sentence estant leue, un
advocat de sa compagnie disputoil de bailler sa lail-
gue [au bourreau], pourceque le dicton n'en fai>oit
pas mention; mais elle [une protestante condamnée
au siipplicej résolut ses compagnons, disaiil: il est
raisonnable que la langue qui a le |irivilege de
louer Dieu ail celui de sauter la première sur l'au-
tel du sacrifice, lu. ib. i, 8u. Quand le greffier eust
achevé de lire son diduin.... cabluix, vi, m. Les-
quels prevosls des mareschaux.... sont tenus de re-
présenter les dictons ou exiiailsdeleurs sentences,
rBOUMENTËAL', l'iiiances, 3* livie, p. ion.
— KTYM. lat. diclum, dit, de dicere (voy. dibe).
t 1)H:TVI I E (di-kti-i-l'), ». f. Terme de médecine.
Inhammaliun de la rétiiiC.
— KtYM. Aixvjov, rels. rétine.
t DlCTYOCAIirE (di-kti-o kar p'), adj. Terme
de botanique, ijui a des fruits réiieulés.
— KTYM. iixTvcf», lilel, el xof.nô;, fruit.
] DlCÏ\OUE (dikti o-d'), adj. lerme d'histoire
naturelle. Oui ressemble à un réseau, qui est ré-
ticulé.
— flTYM AixTvov, filet.
t DlCTVni'SlB (diktio-psie), ». f. Terme de mé-
decine. Aiïeclion de la vue dans laquelle on aperçoit
des ombres ramifiées semblables à uu réseau lia ou
à une toile d'araignée.
— f.TV.M. iixTuov, filet, et iijii;, vue.
I DIC.TVOl'rfiUE nli-kii-o-pté r), adj. Terme de
zoologie. Qui a les aile» réticulées.
— ÈrVM. Ai/.Tuo». lilel, el itttpov, aile.
t DiCTVOHIllIlZE (di ktiorri-z'), adj. Terme de
botanique. t;iii a des racines réticulées.
— ETVM. Ai/.T'jov, lilel, et fiU, racine.
DIDACTIQUE (di-ila-kti-k'), adj. || 1* Terme de
littérature, yui e.si propre à renseignement, qui sert
à l'instruction. Le genre didactique. Une épine di-
ilaciique. Loin ces rimeurs cruinlifs dont l'esprit
llegmatlque (jarde dans se» fureur» un ordre didac-
tique, noiL. An p. II. L'Aiiii-Luciéce esl un luéma
latin du nombre de ceux qu'un appelle didactiques,
parce qu'ils ont pour but d'enseigner das vérités
inipoitanles ou quelque art utile à la vie. maihan,
liliiges, Card. de l'alignac. Il importerait de donner
à ces fables un oidre plus didactique, J. i, boL'ss.
Éni. IV. Il 2° Qui appartient à une .science. Les ter-
mes didactiques. Il 3* À. m. Le didactique, le lan-
gage, le genre didactique. || 4* S. f. Là didactique,
l'art d'enseigner.
— ETVM. .^.£axTix6(, de iiSâ<rxttv, enseigner,
d'un radical iaax. le même que le radical du latin
ditc-iTf, apprendre (voy. hiscikle).
UIDACTIQlEllE.NT (di-da- kti-ke-mao/, adv.
D'une manière didactique,
— ETYH. Didactique, et le suffixe menl.
DID
+ DIDAC'H'I.K (di-da-kti-T), adj. || 1» Terme de
rciolofîle. Oui "'» que iluui doigls k cliaqne pied;
tels sonl le lioeuf, le moiiluii, la clièvre. || 2* Tenue
de mélnque ancienne. l'ied composé de deui dac-
tyles, comme innumernbilis.
— KTYM. /)!.... préliie, et 2âxTu),o«, doigt.
t DIDASCAI.IE (di-da-ska-lie). t. f. Chez les
Grecs, insinicliOM donnée par le poêle aux acteurs;
et aussi trawnl critiiiue sur le nomlire el répoi|ue
des pi'res jouées. Le ciioyen Scli»ei(iliieuser ra(>-
porie le (lire de l'édilicn d'Aide [d'Aihénée] accom-
pai-'lié d'une es|iéce de didascalie fort curieuse, p. L.
COUB. II, ajii. (I clipz les Latins, petite noie placée
en tête d'une pièce de iliéàire et indi<|uaiil l'origine
de la pii'^ce, l'époipie de la représentation, etc.
— ÉrY.M. Ai&aouïXia, de ôiôà<jv.eiv (voy. DIDAC-
TIOLE).
t IUDEAU (di-dd), ». m. Terme de pêche. Nom
d'un grand filet de pèche, dunl on liarre une rivière
pour arrêter le poisson ou autre clio*e. On dit aussi
diéileaii, dif.'iiial, guideau. Les lilels de Sl-Cloud
ébiieiit des dideanx. A» pont île Sl-Cloud il y a un
grand dideau suspendu par des potences et des pou-
lies qu'on tend et qu'on lâche suivant les occasions,
BICIllîLKT.
t llIltfiCAl-DUE (di-dé-ka-è-dr"), aiij. Terme de
minéralogie. Cristaux didécaèdres, cristaux dont les
facDS odrent la combinaison de deux solides à dix
faces.
— f.TVM. Pi.... préfixe, U^%, dix, et lôpa, face.
+ DIOELI'HK (di-dèl-n, atlj. Terme de zoologie.
Pniit la ni.itrice e-t doulile. || .Ç. m. Groupe il'ani-
niaiix ilont les Temelles pré>enient une poclie cuta-
née alxloinin.'ile, soutenue par ileux os, à la l'ace |'os-
térieiire ou supérieure de laipielle se trouvent les
mamelles. || On dit aussi didelphion.
— ÉTYM. m.... préfixe, etceXî-J;, matrice; parce
que ces animaux ont pour ainsi dire une double
matrice.
t IHKKLIMIOYDE (di-dèl-fo-i-d'), adj. Terme de
zoologie. Oui ie>semlile à un didelplie.
— ÊTVM. Iiidelphe, et elôoc, forme.
t IUDIPLASE (dinli-pla-z'), ndj. Terme de miné-
raldgie. Cristal didiplase, cristal composé de deux
rhomlioïdes et de deux dodécaèdres. Chaux carbo-
natée didiplase.
— ETVM. W.... préfixe, et înt>,i.no;, double.
t DIOLSOUE (di-di-.^k'), s. m. Genre d'ombelli-
fères orifiinaires de la Nouvelle- Hollande.
— frrVM. Di.... préfixe, et dùqne.
+ DlOOOftCAÈDUE {di-do-dé-ka-è-dr*), adj. Terme
de mméialogie. Cristaux didodéca<;dies, cristaux
produits par l'union de deux dodécaèdres difTiJrents.
— ÊTYM. Z/t'.... préfixe, îwotxa, douze, et Êôpa,
face.
t DinBACUME (di-dra-gm'), «. ^. Une double
drachme.
— f.TYM. Hi'.... préfixe, et drachme.
•t DIDfC.TKl'R (di-du-kteur). adj. Terme d'ana-
tomtc. Muscles diducteurs ou, substantivement, les
diductpiirs, muscles qui déterminent la diduclion.
— f.TVM. Voy. lilntCTION.
t DIlllCTlO.V (li-du-ksion), s. f. Terme de phy-
siologie. Mouvement latéral exécuté par la niAclioue
inférieure chez tous les herbivores pendant la mas-
tication et, chez ceux qui ruminent, pendant la ru-
min.ition.
— ETYM. Lat. didtirtin, de diductiim, supin de
didurere, mener çà et là, de di, préfixe laiiii qui
signifie disjonction, et durere, mener (voy. duike).
t I>I1)VMAI.(".1E (di-di-mal-jie), j. /. Terme de
médecine. Diiuleur îles testicules.
— f.TVM. A'î'jaoï. testicules, et iî)yo;, douleur.
t. DIDYMK (di-di-m"), adj. Terme de botanique.
Oui est loinié de deux parties plus ou moins arron-
dies et réunies par un point de leur pén|iliérie.
— f.TVM. i'.vj(io;, douille, jumeau. C'est un ré-
duplicaiif de Kj'i, de;ix (voy. deux).
t 2. DIDYMK (di-di-m'), s. m. Métal nouveau,
découvert dans la cénle, [uésentant avec lecérium
et le lanthane la plus grande analogie, el dit pour
cela jumeau (ôtîuiji',;).
] DIDVMKS (di-di-m'), s. m. plur. Terme d'as-
tronomie. Ancien nom de la cun.stellation des Gé-
meaux.
— f.TVM. Aiîup.01, gémeaux (voy. DIDYME t).
i DIDYMITE (di-di-mii), s. f. Terme de méde-
cine, liillanmiaiion des lesiicules.
— f.TVM. Ai'/usiO'., testicules, et ile, finale mé-
dicale qui indicpie inflammation.
I UIDVNAME (di-di-na-m'), adj. Terme de bota-
mque. Êtammes didynames. éiamines qui sont au
nombre de quatre, dont deux plus longues que les
DIE
autres et semWant les dominer. |] Plante didyiiame,
plante appartenant à la diilynamie.
— f.TVM. Vi.... préfixe, et SOvaiiii;, force (voy.
DYNAMIOIT).
DIDVNAMIE (di-di-na-mie), s. f. Classe du sys-
tème de Linné qui renferme les plantes \ élumiues
didynames.
— f.TVM. D'dxjrtnme.
t DIIiVNAMlOl'E (di-di-nami k'), adj. Terme
de botanique. Oui appartitnt à la didynamie. l'Iante,
Heur diilynamiqne, celle dotii les élamines sont di-
dynames, c'esl-.'i-dire disposées en deux paires,
dont l'une est plus grande que l'autre.
t DIKCTA.'SH.il'E (di-è-kla zi-k') , adj. Terme de
minéralogie. Cristaux diectasiques, cristaux qui ré-
siilient de deux décioisements sur un même loid
ou sur un même angle, l'un en longueur, l'autre
en largeur.
— ÉTYM. A'.e'xTKTi;, écartcment, de t\i, ix, el
Tà(7tç. Jiction d'éieiidre.
t DlîatliK (di-è-dr'), odj. Terme de géométrie.
Angle dièdie, angle formé par la rencontre de deui
plans.
— ÉTYM. Pi.... préfixe, et ESpi, plan,
t DIKF (di-éO, s. m. Voy. niÈvE.
t DIKNNÉAt:DHE (di-è-nné-a-è-ilr'), adj. Terme
de minéralogie. Cristaux tliennéaèdres, cristaux of-
frant ilix-bnil faces, neuf à chaque sommet.
— f.TVM. Di..,. préfixe, iwsa. neuf, el lôpi,face.
Dlf.nf^E (ili-é-ré-z"), .î. /'. Il 1' Terme de gram-
maire grecque el latine. Division d'une dipblhongue
en deux sylliibes. Dans riini, ai est une diéièse
pour iï7,r, de tïta, la vie. !| On donne aussi ce nom
an signe qui indique la diérèse el que nous appelons
iréma. || On dunne quelquefois ce nimi à la Iraèse.
il 2° Sorte de mélaplasme iiui consiste à faire en-
tendre dans nn mol une syllabe de plus qu'il n'en
a onlinairemenl; a.isi diamant est de deux sylli-
bes en pr.tse. et il en a trois en vers, le(;o.\Rant.
Il 3" Terme de logique. Division d'une chose en ses
parties con>titulive5. |] 4° Terme de chirurgie. Nom
générique par lequel on désigne les divers procédés
usiiés pour diviser les tissus organiques; c'est l'op-
po.sé de synthèse.
— ÊTV.M. AiiipeiTi;, de 8ià, et otpedcç, action de
prendre, d'enlever (voy. iiebEsie).
t Dlfinfi.SILE (di-é-ié zi-l'), s. /. Terme de bota-
nique. Kruit ca|isulaiie sec formé de plusieurs loges
rangées autour d'un axe commun et produites par
les valves rentrantes,
— ETYM. Diérhe.
t Dlf.llfiSILlEX, EXTfE (di-é-ré-zi-liin, liè-n"),
adj. Oui a les caraMéies de la diérésile.
t Dlf.nf.TlOl'E (ili-é-ré-li-k'), adj. Terme de chi-
rurgie, Qui, in fait d'agents mécaniipies ou chimi-
ques, est propre à opérer la division d'un tissu.
— ETYM. Voy. DIÉRÈSE.
Dlf'.SE (di-é-z'), s. m. || i' Dans la musique an-
cienne, qiieli|nefois le demi-ton, plus souvent le
quart de ton. || 2" Dans la musique moderne, signe
ainsi fnrmé », et qui indique qu'il faut hausser la
note d'un demi-ton. DiJse accidentel, celui qui est
mis avant une noie, par opposition à ceux qu'un
met & la clef. Double dièse, signe (|ui augmente la
note d'un ton entier. || Se dit des notes haussées
d'un demi-ton, abstraction faite des signes. Il y a
deux diè.ses dans le ton de ré. || Adj. Nute dièse,
note marquée d'un dièse. |1 On a dit aussi diésis.
Je sens qu'en tons heureux ma verve se dégorge ;
l'ouah! c'est un diésis que j'avais à la gorge, re-
GNABi), Fol. amour, ii, 6.
— ÉTYM. AiEiji;, un quart de ton dans l'ancienne
musique, deôur.iu, laisser écouler, de iià, et lr,y.i,
envoyer.
DIÉSfi, f.E (di-é-zé, zée), part, passé. Marqué
d'un dirse. Note diésée.
Dlf.-'iEn (di-é zé La syllabe di4 prend un accent
grave quand celle qui suit est muette: je dié.se, ex-
cepté au futur et au comlitionnel: je diéserai : je
diéserais), r. a. Terme de musitpie. Mar(|uer une
note d'un ditse, la hausser d'un demi-ton. || Se dié-
.ser, V. réfî. Ktre diésé. Quelles sont, daus tel lou,
les notes qui se diùsenlT
— ÉTYM. lUèae.
\ Dlf.SlS (di é-zis'), j. m. Voy. dièse.
I. DIKtK (di-é-l'), s. f. Il 1" Ternie de médecine.
Maniiire d'employer réguln remeiit tout ce qui est
nécessaire pour c.nserver la vie, soil dans la sanié
soit dans la maladie. La diète est une partie essen-
tielle de la médecine. Je ne laisse pourlant pas d'al-
ler et venir, et les médecins m'assurent que tout
ira bien, pourvu que je sois exact à la diète qu'ils
m'ont ordonnée, et je l'observe avec une attention
DIE
1155
incroyable, bac. UUre à son fils, 83. il fThéodose]
eiitreiena'î sa santé par un exe-cice modéré el par
la diète, flRcii. lUsl. de Tlieod. iv, so. || Diète sè-
che, régime dans lequel on s'abstient de boire le
plus possible et cpii est prescrit dans ceriaines alfec-
tions. On dit aussi xéroph.igie. |l 2°Héginie qui cun-
si>te surtout dans l'abstention des aliments et qui
s'applique parliculièrement aux nialade.i. M fut mis
à la diète. Une diète rigoureu.se. Il ne laut pas pro-
longer la diète au delA de ce qui est nécessaire.
Il l'rivation de nourriture. Ouoi )ne voraces, les
loups supportent aisément la diéle, biff. Lnup.
— iiisr. xtif s. Ki vient le (laj mélancolie pur-
gier, si convient user le |la] dicte ke nous vous
avons dite, alebbant, ^ 1». Krmenjait dit bien et
rccorde One la dame soveiit s'acurde Au vivre de
^'ailler diete ; Que sa complesion nel mete lin mala-
die.... BLTEu. Il, 2ti. Il XV' s. Maiuies gins ont
esté péris Kt sulToqnez par trop soupper, l'ar trop
boire et par trop laper D ypucras, de viande et de
vin; Si fais à ma dielle fin, E. descii. l'oe'sies mss.
{' tM, dans LACUH.XE. || xvi' s. Disant la chirurgie
estre plus diflicile que les deux autres parties, sça-
voir pharmacie et diette, pabê, l'réf. Il est fort né-
cessaire de cognoislie les maladies qui demandent
diette estroitie ou large, in. Intmd. n. S'il y a re-
pletion en tout le corps, faut ordonner la dielle,
vacuer, saigner, faire frictions el baings, ii>. v, 5,
Faisant une très grande diette pour lendro iiauire
famélique, m. v, m. Lors ne luy faudra ordonner
une diete si exquise que Les diètes de panades
ne sont si propres aux François qu'aux Italiens, ID.
IX, B. La diete de gaiac est fjrt|uopie, principalo-
meiii pour la cure des nodus,iu. xvi, ». Kt cespen-
seis ficvreux me font resver si fort Que d.ete no jus
ni section de veine Ne me sauroieul giiarir, ho.ns.
Amours, liv. il, m. Nosire dernier roy Herry troi-
sième, faisant un jour la diele [retrnie, repos] à
St-Germaiu où il s'estoil retiré à part hors de la cour,
i]uil avoit laissée à l'aris, avec la reyne .sa mère,
URANT. Cnpit. éirang. t. il, p. 210, dans lacukne.
— ETYM. Aiaita, régime de vie; provenç. espagn,
et ital. di^la.
2. DifCTE (dl-6-t'), s. (. Il 1» En chancellerie ro-
maine, le cliemin qu'on peut faire en un jour, évalué
à dix lieues. || 2° Par extension du sens du mut hitia
dies, jour, à celui de réunion à jour fi.\e, assemblée
où l'on règle les alVaires pub iqiies en certains Riais.
La diète helvétique. On se prépara.t à la célèbre diète
d Augsbourg (jne Charles V avait convoquée jiour y
remédier au» troubles ipie le nouvel Évangile cau-
sait en Allemagne, iioss. Var. m, jj 1. 1| Ladièiede
Krancfori, réunion des envoyés des dillérents Etats
delà confédération germauiipie, qui délibèrent sur
les afl'aiies communes à cette coulédératiun. || As-
semblée de tous les chapitres de certains ordres reli-
gieux. Il Chez les béuédiuliiis, nom donné au petit
chapitre.
— f.TVM. Bas-latin, àiela, espace d'un jour,
voyage, cours, de dies, jour. D'après Ménage,
SiaiTa, di.via ayant .signilié salle à manger, le sens
de salle avait été seul gardé, et ou l'avait ajipliqué
au lieu de séance d'une a-semblée, puis à l'assem-
blée elle-même. Mais diète m ce sens étant d'un
usage germanique où il est toujours employé pour
jour d'assemblée, en allemand Tag, U'ichulag ,
Tagaaliiitig, il faut de toute nécessité y voir le bas-
laiiii diXa, qui vienl en effet de dies.
} UlfirfiUlDl': (di-é-té-ri-d'j, s. f. Cycle de î an-
nées lunaires plus 11 jours, imaginé par les astro-
nomes grecs pour faire concorder l'année solaire
avec raniiée lunaire.
— ÉTYM. AiETT.pi;, espace de deux années, de 8i{,
deux, el {to;, année.
Dlfil'ÉriOl'K (di-é lé-ti-k'), || 1" /(d;. Terme de
médecine. Oui concerne la diète. Hégime diététi-
que. Il 2'" S. f. ISranclie de la médecine qui s'i'Ccnpe
des règles i suivre dans la diète, c'est-ii-dire dans
l'usage des choses qui font la matière de Ibjgièue
privée,
— SYN. hiEtétioue, iiTGiÊNE. Tant que l'hygiène
s'est bornée às'occu|ier delasanté îles individus, elle
a été striclement synonyme de diététique, s'occu-
|iaiil, comme celle-ci, de régler le régime général
rpii convient à une personne ou à un animal. Mais
de|iuis que l'bygiène s'aiipliqne aux règles de la sa-
lubriié dans les villes, daus les cani| agites, dans
les prisons, oans les bopitaux, dans l'exercice des
métiers el des industries, etc. elle a pris un sens
qui déliasse beaucouj) celui de la diététique ; eede-
ci se restreignant à signifier rbygiêue des Indi-
vidus,
— HIST. XVI' ». La seconde partie de la measoioa
1156
DIE
Mt dicta diététique, laquelle donne secours aux ma-
ladies par bonne manière de vivre, pabé, Préface.
— ÊTYU. AiauTiTixi;, do Siaitâv, de iiana. (voy.
DI8TE !)•
t niETÉTIQUEMENT (di-é-té-ti-ke-man), adv.
Conformément aux préceptes de la diététique.
t DIÉTÉTISTE (di-é-té-ti-sf) , s. m. Nom donné à
une classe de médecins anciensqui n'employaient dans
le traitemen l des maladies que des moyens diététiques.
— f.r\w. Diète i.
UIÉTINE (di-é-ti-n'), s. f. Dièto particulière. Les
d^étines do Pologne.
— ÉTYH. Dièle 2.
DIEU (dieu), s. m. \\ 1* Nom du principe, unique
ou multiple, qui, dans toutes les religions, est placé
au-dessus de la nature. || 8° L'Être infini créateur
et conservateur du monde dans la religion chré-
tienne, et aussi dans le mahométisme, dans le ju-
daïsme, et parmi ceux qu'on nomme déistes. En
ce sens il est employé sans article. C'est Dieu qui nous
lait vivre. C'est Dieu qu'il faut aimer, malii. i, 3. Et
Dieu qui tient votre àme et vos jours dans sa main ,
coKN. l'oly. I, (. Dieu ne veut point d'un cœur où le
inonde domine, id. ib. l, <. Dieu laitpart au besoin
de sa force infinie, id. ib. il, 6. Dieu tout juste et
tout 1)011, qui litdans nos pensées. N'impute pointde
trime aux actions forcées, id. Théodore, m, t. Ce qui
nous vient de Dieu, seul exempt do la mort, Est seul
indépendant et du temps et du sort, KOiR.Bélis.v, 2.
L'Écriture qui connaît mieux les choses qui sont de
Dieu, PASC. dans cousin. Considérez, messieurs, ces
grandes puissances que nous regardons de si bas;
pendant que nous tremblons sous leur main, Dieu
les frappe pour nous avertir, uoss. Duch. d'Orl.
Tout est vain en l'homme si nous regardons ce qu'il
donue au monde; mais au contraire tout est impor-
tant, si nous considérons ce qu'il doit à Dieu, ID.
ib. L'homme que Dieu a fait à son image n'est-il
qu'un» ombre? m. ib. Tantôt presque prise [la
reine d'Angleterre] , changeant de fortune à cha-
que qiart d'Iieure, n'ayant pour elle que Dieu et
son co*rage inébranlable, id. Heine d'Anglet. Dieu
a tenu douze ans sans relâche, sans aucune con-
solation de la part des hommes, notre malheu-
reuse reine (donnons-lui hautement ce titre, dont
elle a fait un sujet d'actions de grâces), lui taisant
étudier sous sa main ces dures mais solides leçons
[les leçons du malheur], id. ib. La première épo-
que nous présent-^ d'abord un grand spectacle :
Dieu qui c'éele ciel et la terre par sa parole, et qui
fait l'homme à son imago, lu. llist. i, t. J'aurais
une extiÊme curiosité de voir celui qui serait per-
suadé que Dku n'est point; il me dirait du moins
la raison invincible quia su le convaincre, la bruï.
XVI. Profanes amateurs de spectacles frivoles. Dont
l'arreille s'ennuio au son de mes paroles, Fuyez de
mes plaisirs la sainte austérité; Tout respire ici Dieu,
la paix, la vérité, rac. Esth. Prol. Dieu tient le
cœur des rois entre ses mains puissantes, id. ib.
i, t. Ce Dieu, maître absolu de la terre et descieux.
N'est pas tel que l'erreur le figure à vos yeux; l'É-
ternel est son nom, le monde est son ouvrage; 11
entend les soupirs de l'humble qu'on outrage. Juge
tous les mortels avec d'égales lois, Et du haut de sou
trône interroge les rois, id. «6. m, 4. Et comptez-
vous pour rien Dieu qui combat pour nous? id. Àth.
I, 2. Dieu laissa-t-il jamais ses enfants au besoin?
id. ib. a, 7. Dieu défend-il tout soin et toute pré-
voyance? Ne l'offense-t-on point pur trop de con-
fiance? m. ib. m, 6. Un profond philosophe [Male-
branche] et qui aurait saisi la vérité s'il n'avait
voulu la mêler avec les mensonges des préjugés, a
dit que nous voyons tout en Dieu; mais c'est plutôt
Dieu qui voit tout en nous, qui fait tout e.". nous,
puisqu'il est nécessairement le grand, le .seul, l'é-
ternel ouvrier de toute la nature, volt. Vial. 26.
Quel commerce entre nous et Dieul quelle élévation
cela ne donnait-il pas à la nature humaine! qu'il
était étonnant d'oser trouver des conformités entre
nos jours mortels et l'éternelle existence du maître
du mondel cuateaud. Génie, m, 6, e. II est bon,
il est beau, quoi qu'on en dise, que toutes nos ac-
tions soient pleines de Dieu, et que nous soyons
sans cesse environnés de Dieu, id. ib. m, B, 6. Ame
de l'univers, Dieu, père, créateur. Sous tous ces
i.oms divers je crois on toi, Seigneur;Et, sansavoir
besoin d'entendre ta parole, Je lis au front des cieux
mon glorieux symbole, lamaut. héd. l, ii. Et
moi, pour te louer. Dieu des soleils, qui suis-je? id.
llarm. \, 2. Tu voyais tour à tour passer sur ces col-
lines L'esprit de la tempête cl le souffle de Dieu ,
ID. Harm. i, ti. Porte ailleurs ton regard sur
Dieu seul arrêté ; Rien ici -bas qui n'ait en soi sa va-
DIE
nité; La gloire fuit à tire-d'aile; Couronnes, mitres
d'or brillent, mais durent peu; Elles ne valent pas
le brin d'herbe que Dieu Fait pour le nid de l'hiron-
delle, y. HUGO, F. d'automne, 4. || Il est devant
Dieu, c'est-à-dire il est mort. || Dieu sur tout, lo-
cution dont on se sert pour dire que l'avenir est
inconnu et qu'il adviendra selon la volonté de Dieu.
If Entre Dieu et soi, secrètement. || Par la grâce de
Dieu, formule qu'emploient les princes souverains
pour indiquer qu'ils tiennent leur pouvoir de Dieu.
Il II ne relève que de Dieu et de son épée, se dit d'un
souverain qui n'en reconnaît aucun autre au-dessus
de lui, et se disait autrefois particulièrement du roi
de France. |j Paix ou trêve de Dieu, paix imposée,
durant le moyen âge, par l'autorité religieuse aux
seigneurs féodaux à des époques déterminées. |j Ad-
jectivement. L'Homme-Dieu, Jésus-Christ, par al-
lusion au mystère de l'Incarnation. || 11 est aussi
adjectif dans cette phrase de Bossuet : Tout était
dieu, excepté Dieu lui-même, //i4(. ii , 3. || 3° Locu-
tions composées où le nom de Dieu est employé.
Il Familièrement. Cela va comme il plaît à Dieu;
cola va Dieu sait comme, se dit d'une affaire dont
la conduite est négligée. {| S'il plaît à Dieu, avec
l'aide de Dieu, Dieu aidant, se dit pour exprimer
le désir, l'espoir qu'on a de réussir. |{ Dieu merci,
grâce à Dieu, se dit pour exprimer le contente-
ment. Il Ne craindre ni Dieu ni diable, se dit d'un
méchant homme ou d'un homme déterminé que
rien n'arrête. || C'est un homme de Dieu, tout de
Dieu, tout en Dieu, se dit d'un homme fort pieux, fort
dévot. Il Cela lui vient de la grâce de Dieu, lui vient
de Dieu grâce, se dit de tout ce qui arrive d'avanta-
geux sans qu'on y ait contribué par ses soins. || De-
vant Dieu, Dieu m'est témoin. Dieu m'en est té-
moin, sur mon Dieu, formules d'affirmation. || Dieu
sait, locution qui exprime la négation ou le doute.
Dieu sait si j'en ai la pensée, c'est-à-dire je n'en
ai certainement pas la pensée. Dieu sait ce qu'il en
arrivera, c'est-à-dire ce qui arrivera est caché dans
l'avenir. || Dieu le sait, locution qui exprime l'affir-
mation ou qui indique qu'on ignore. Je suis inno-
cent, Dieu le sait. Où serons-nous l'an prochain?
Dieu le sait. || Plaise à Dieu, plût à Dieul locution
qui exprime le désir. Plaise à Dieu qu'il en soit
ainsil Plût à Dieu qu'il vécût encore! || Ou dit dans
le môme sens ; Dieu le veuille! || À Dieu ne plaise!
locution exprimant la crainte. Â Dieu ne plaise
qu'une vie si précieuse soit tranchée I || Dieu vous
bénisse, Dieu vous assiste. Dieu vous entende, Dieu
vous soit en aide; façons de parler qu'on emploie
(ou plutôt qu'on employait, car cette habitude se
perd) quand quelqu'un éteruue,et aussi pour adou-
cir le refus qu'on fait à un pauvre de lui donner
l'aumône. Ne fût-ce que pour l'heur d'avoir qui vous
salue D'un, Dieu vous soit en aide, alors qu'on éter-
nue, MOL. Sgaii. i, 2. || Dieu vous entende signifie
aussi : Plaise à Dieu. Votre enfant guérira. — Dieu
vous entende 1 |{ Dieu vous gard' ou vous garde, an-
cienne façon de parler qui s'employait pour sa-
luer quelqu'un en l'abordant. Dieu vous gard',
mon frère, MOL. F. sav.u, 2. || Dieu merci et vous.
Dieu merci et à vous, locution dont le peuple se
servait autrefois pour exprimer la reconnaissance
d'un service. || Pour l'amour de Dieu, dans la
seule vue de plaire à Dieu et, par suite, sans au-
cun intérêt. || Pour l'amour de Dieu, signifie aussi
je vous prie en grâce. || Comme pour l'amour de
Dieu, ironiquement, exprime qu'une chose a été
dite ou faite à contre-cœur. Ou lui en a donné
comme pour l'amour de Dieu. || 4" Locutions archaï-
ques conservées où Dieu est joint sans préposition
au mot qu'il détermine. Le lever-Dieu , le mo-
ment de la messe où le prêtre élève l'hostie. || La
fête-Dieu, la fête du Saint-Sacrement. || Hôtel-Dieu,
nom donné à l'hôpital principal de plusieurs villes.
Il B" Il s'emploie explétivement, dans le langage fa-
milier, pour ajouter à la force de l'expression. Belles
comtés. Beaux marquisats de Dieu qu'il possédait,
LA FONT. Faucon. Diamants, brillants, et belles gui-
nées de Dieu, iiauilt. Oramm. a. \\ 6° Diverses in-
terjections, exclamations, où le nom de Dieu est
employé. Dieul Mon Dieu! Grand Dieul Juste Dieul
Bon Dieul Pour Dieul Bon Dieul je tremble, corn.
Cid, II, ♦ Mon Dieul laissons là vos comparaisons
fades, MOL. i/ù. I, i. Oui frappe l'air, bon Dieul de
ces lugubres cris? boil. Sat. vi. Pour Dieul laissez
pousser l'arlire comme il lui plaît, diderot, Lettre à
Mme Riccoboni. Dans mes calculs, Dieul quel dé-
boire. Si de ton héros je parlais! bérang. Poète de
cour. Ij Jour de Dieu, exclamation de colère, d'in-
dignation. Jour de Dieul je l'étranglerais de mes
propres mains s'il fallail qu'elle forlignât de l'hon-
DIE
nèteté de sa mère, mol. 0. Dandin, i, 4. || Ain>'
Dieu m'aide ou me soit en aide, vieille formule al
firmant avec solennité. || Dieu me pardonne, excla-
mation par laquelle on s'excuse de quelque chose
qu'on a fait ou qu'on allait faire. || Dieu me pardonne
exprime aussi surprise, indignation. Dieu me par-
donne, il m'a pris mon argent! || Dieu me damne,
sorte de jurement. Je confonds. Dieu me damne, et la
mère et la fille, hauteboche, Bourgeois de qualité.
Il 7° Avec un article ou autre déterminatif, Dieu
considéré à un point de vue particulier. Le Dieu des
juifs. Le Dieu des chrétiens. Le dieu de Polyeucte
et celui de Néarque.... corn. Poly. m, 2. Quel
dieu ? —Tout beau, Pauline, il entend vos paroles, id.
ib. IV, 3. Les bontés de mon Dieu sont bien plus
à chérir, id. ib. iv, 3 C'est eu vain qu'on se
met en défense; Ce Dieu touche les cœurs lorsque
moins on y pense, u>. ib. iv, 3. Les chrétiens n'ont
qu'un Dieu, maître absolu de tout, id. ib. iv, 6. El
ne dédaigne pas de m'instruire en ta foi. Ou toi-
même à ton Dieu tu répondras de moi, id. ib. v, 2.
Je n'adore qu'un Dieu maître de l'univers, id. ib.
v, 3. Et, fabuleux chrétiens, n'allons point dans
nos songes, D'un Dieu de vérité faire un Dieu de
mensonge», boil. Art p. m. Quatre cent vingt-six
ans après le déluge, comme les peuples marchaient
chacun en sa voie et oubliaient celui qui les avait
faits, ce grand Dieu, pour empêcher le progrès d'un
si grand mal, au milieu de la corruption commença
à se séparer un peuple élu, Boss. Uiat. i, 3. Je suis
le Dieu de votre père, le Dieu d'Abraham, le Dieu
d'Isaac et le Dieu de Jacob, SAa, Bible, Exode,
m, 6. Oui, c'est un Dieu caché que le Dieu qu'il
faut croire; Mais tout caché qu'il est, pour révéler
sa gloire. Quels témoins éclatants devant lui ras-
semblés! Répondez, cieux et mers! Et vous, terre,
parlez, l. racine, lieligion, i. Du Dieu que nous
servons le tombeau profané, volt. Zaïre, il, l. Au
delà de leur cours [des astres] et loin dans cet espace
Où la matière nage et que Dieu seul embrasse. Sont
des soleils sans nombre et des mondes sans fin ; Dans
cet abîme immense il leur ouvre un chemin; Au
delà de ces cieux le Dieu des cieux réside, id. llenr.
vu. Le Dieu que nous servons est un Dieu de bouté,
M. 1. ciiÉNiKR, Charles IX, n, 2. Ce Dieu quittant
le monde y laissa l'espérance; Lui-même a tant souf-
fert ! il plaindra ma soulfrance, c. uelav. farta, v,
i. Que ma raison se taise et que mon cœur adorel
La croix à mes regards révèle un nouveau jour;
Aux pieds d'un Dieu mourant puisje douter encore?
Xoii; l'amour m'explique l'amour, lamart. Uéd. i,
20. Soleil, premier amour de toute créature, Vastes
cieux, qui cachez le Dieu qui vous a faits, id. ib.
I, 28. Quel fruit porte en son sein le siècle qui va
naître? Que m'apporte, ô mon Dieu, dans ses dou-
teuses mains Ce temps qui fait l'espoir ou l'effroi
des humains? id. Harm. i, 4, Ou si d'un Dieu qui
dort l'aveugle indifl'érence Laisse au gré du destin
trébucher sa balance, El livre, en détournant ses
yeux indifférents, La nature au hasard et la terre
aux tyrans, id. Méd. i, 20. Donnez, pour être aimés
du Dieu qui se fit homme, Pour que le méchant
même en s'inclinant vous nomme. Pour que votre
foyer soit calme et fraternel, v. UUGO , F. d'au-
tomne, 32. Il 8° Le Dieu vivant. Dieu, l'Éternel. Le
Dieu vivant m'est témoin que son ange m'a gardé,
SACi, Bible, Judith, xiii, 20. Ainsi du Dieu vivant
la colère étincelle, rac. Eslh. ii, 7. || Le Dieu fort,
le Dieu jaloux, le Dieu des armées, noms que Dieu
a dans l'Écriture sainte et que les orateurs chrétiens
lui donnent souvent eu chaire. ||Dans un emploi
analogue. Ô serments, ô Palmire! ô vous dieu des
vengeances! volt. Fanal, m, 8. 119° Le bon Dieu,
Dieu. Un enfant répète après sa mi re une prière au
bon Dieu, ciiateauu. Génie, i, VI, 4. || Par exten-
sion, l'hostie consacrée et particulièrement le via-
li(|iie. Porter, recevoir le bon Dieu. {| Un homme du
bon Dieu, un homme simple, doux . crédule. Un vrai
Parisien de Paris, un archiparisien dubon Dieu, j.i
Rouss, Conf. IV. Il 10° Dieu, être surhumain du po-
lythéisme qui iirésidaitaugouvernemcnt d'une classe
de phénomènes, d'un astre, d'un domaine de la na-
ture. Les dieux desgentils. Les douze grands dieux,
Jupiter, Mars, Neptune, Pluton, Vulcain, Apollon.
Junon, Vesta, Minerve, Cérès, Diane et Vénus
Mercure était le dieu ducoiumerte. Un dieu Gaulois.
Rome ouvrit son Panthéon aux dieux des nationi
qu'elle avait soumises. Les dieux du premier, duse-
cond ordre. Trop favorables dieux, vous m'avez écou-
tée. Quels foudres lancez-vous quand vous vous ir-
ritez? CORN. Uor. III, (. Pensez-vous que les dieux
vengeurs des innocents D'une main parricide a?- .
ceplenl de reoc*ns? id Uor. v, s. Nos aïoui à
DIE
DIE
DIF
1157
leui gré faisaient un dieu d'un homme, cohn. Puly-
IV, «. Des crimes les plus noirs vous souillez tous
vos dieux, ID. ib. v, 3. J'approuve cependant que
chacun ait ses dieux, Qu'il les serve à sa mode et
sans peur de la peine, ID. ib. v, 6. Les dieux à
qui les sert font espérer des grâces, id. Tite et Bé-
rén. IV, S. Et je l'aurai promis à la face des dieux,
iD. Agésil. 1, 2. Les dieux, premiers auteurs des
fortunes des hommes, rothou, St Gen. v, 5. Les
ommes portèrent la peine de s'ôtre soumis à leurs
sens; les sens décidèrent de tout et firent, malgré
la raison, tous les dieux qu'on adora sur la terre,
Boss. Hist. II, <. Tous les dieux des peuples sont des
Idoles ; mais c'est le Seigneur qui a fait les cieux,
SACi, Bible, Paralip. i, te. Voilà de ces grands
dieux la suprême justice, hac. Théb. m, 2. Je con-
çois qu'on reçut d'abord les oracles avec avidité
et avec joie, parce que rien n'était plus commode
que d'avoir des dieux toujours prêts à répondre
sur tout ce qui causait de l'inquiétude ou de la cu-
riosité, FONTEN. Oracles, ii, 7. La parole des dieux
n'est point vame et trompeuse. Leurs desseins sont
couverts d'une nuit ténébreuse, volt. Oresle, i, 2.
S'il est des dieux cruels, il est des dieux propices,
ID. Cuèbr. IV, 6. Je ne vous demande pas si une
planète est dieu, si le bélier d'Ammon est dieu, si
le bœuf Apis est dieu, et si Cambyse a mangé un
dieu en le faisant mettre à la broche, id. Dial. 29.
Des dieux que nous servons connais la différence,
ID. Àl2. v, 7. Il Les dieux de la fable, les dieux du
polythéisme, considérés comme appartenant non
plus à une religion, mais à la mythologie. || En
dieu, comme un dieu, comme un être divin, su-
périeur. Agir , parler , punir ou pardonner en
dieu, VOLT, fanât, i, 4. || Familièrement. Comme
un dieu, très-bien, parfaitement. Il parle comme
un dieu. || Dieux! Justes dieuxl Grands dieux!
Bons dieux ! loc, interj. dont on se sert pour expri-
mer des sentiments très-divers. Quelles grâces, bons
dieux, ne lui dois-je point rendre! corn. Théodore,
IV, 2. Il Jurer ses grands dieux, affirmer avec de
grandes protestations. La femme, neuve sur ce cas
Ainsi que sur mainte autre affaire. Crut la chose
et promit ses grands dieux de se taire, la font.
Fahl. vni, 6. Magdeleine.... jurait ses grands dieux
D".... ID. Jum. Elle jura ses grands dieux qu'elle
ne l'écouterait de sa vie, hamilt. Grainm. iu. Elle
jure ses grands dieux qu'elle se porte bien, sév. 243.
Il 11° Demi-dieu, être surhumain d'un ordre infé-
rieur dans le polythéisme, ou homme né d'un dieu
et d'une mortelle, comme Hercule. || Par extension,
héros, homme supérieur à l'iiumanité. C'est par
elle [la justice] qu'un roi se fait un demi-dieu, corn.
Hor. V, 2. De ces fameux proscrits, ces demi-dieux
mortels, id. Cinna, i, 3. Un homme issu d'un sang
fécond en demi-dieux, boil. .S'a*, v. J'ai vu ce demi-
dieu [Alexandre] devenu le plus cruel des barbares,
après avoir été le plus humain des Grecs, volt. Vial.
XXIX, i.[Essex, d'Aumale] Tels qu'aux remparts de
Troie on peint les demi-dieux, id. Uenr. vi. || 12° Par
extension, les dieux de la terre, les rois, les puis-
sants du jour. Ce qui fiatte les ambitieux, c'est une
image de la toute-puissance qui semble en faire des
dieux sur la terre, BOSs. Po/tl!V/ue,x, 2, B. || 13" Per-
sonnage qui excite l'enthousiasme, la vénération , l'a-
mour. Ils le regardaient comme leur sauveur et leur
dieu. Pour eux c'était un dieu, jl Vous êtes un dieu,
se dit à quelqu'un dans l'ivresse de l'admiration et de
la reconnaissance. Ilest le dieu du peuple et celui des
soldats, coRN.iVt'com. II, 3. Antoine est-il peureux un
dieu plus favorable? volt. Triumv. iv, 4. || Celui qui
aune grande supériorité, qui domine. Le dieu do la
poésie. Vestris fut surnommé le dieu de la danse.
Il 14° Fig. L'objet d'un culte. L'argent est le dieu
du jour. Délaissés des faux dieux en qui vous aviez
mis votre espérance, mass. Car. liech. \\ Faire son
dieu, se faire un dieu de quelqu'un ou de quelque
chose, avoir pourquelqu'un, pour quelque chose un
attachement excessif. 11 n'aime que les richesses; il
en fait son dieu. Elle se fait un dieu de ce prince
charmant. Et vous doutez encor qu'elle en fasse
un amant? rac. Alexand. i, t. Faire son dieu de
soi-même, mass. Car. Immut. Cette engeance,
qui ne connaît, comme vous le dites si bien ,
que deux dieux, l'intérêt et l'orgueil, d'alemb.
Lettre au roi de Prusse, <o juillet <775. || Prover-
bes. Ce que femme veut. Dieu le veut, c'est-à-dire
les femmes viennent ordinairement à bout de ce
qu'elles veulent. || La voix du peuple est la voix
de Dieu, d'ordinaire le sentiment général est fondé
sur la vérité. Le récit précédent suffit PoM mon-
trer que le peuple est juge récusable; En quel sens
«il ik'uc véritable Co que j'ai lu dans certain lieu,
Que sa voix est la voix de Dieu? la font. Vabl. viii,
26. Il Qui donne aux pauvres prête à Dieu, c'est-
à-dire que Dieu récompense ceux qui font l'aumône.
Il L'homme propose et Dieu dispose, c'est-à-dire
l'issue de ce que l'homme projette est dans les mains
de Dieu. || Chacun pour soi. Dieu pour tous, se dit
pour exprimer que chacun défendses intérêts, sous la
protection de Dieu, qui veille sur tous les hommes.
— KEM. 1. Quand Dieu signifie le créateur incréé
du monde, il prend un grand D; dans les autres
cas, il prend un petit d. || 2. Hôtel-Dieu, lever-Dieu,
fête-Dieu sont non pas des ellipses de la préposition
de, mais un archaïsme. L'ancien français, ayant
conservé du latin deux cas seulement, le sujet et le
régime, marquait la possession en mettant le com-
plément au cas régime. || 3. Dans Dieu vous gard',
gard' ne devrait pas avoir d'apostrojihe , n'étant
pas pour garde. Dans l'ancien français le présent
du subjonctif se distinguait du présent de l'indicatif
eu supprimant Ve muet.
— lUST. ix" s. Pro Deo amur. Serment. In quant
Deus savir et podir me duuat [me. donne de savoir
et pouvoir] , ib.
— x° s. Voldrent la veintre li Deo inimi [les enne-
mis de Dieu voulurent la vaincre], Eulalie.
— XI' s. Li reis Marsile la tient [l'Espagne] ki Deu
nen aime, Ch. de Roi. t. Dient François : Deus!
que pourrat-ce estre? ib. xxv. Cil premier cop est
nostre, Deu merci, ib. xcui. Por Deu, [je] vous
prie que ne seiez fuiant, ib. cxiv.
— xu* s. La loi Deo [de Dieu], Rontisv. p. ^.
Beau sires niés [neveu], entendez moi pour Dé, ib.
p. 35. Qui par nos dex [dieux] veut avoir sauvi-
son, ib. p. <28. Mi dame deu [mes seigneurs dieux],
je vous ai moût servi , ib. p. t4t. Maisse Dieuplaist,
ce ne m'aviendra mie, Couci, ii. Jà puis Dex ne me
doint Joie en ma vie, ib. u. Diexl car [je] la peûsse
tenir Unseul jouràma volentél ib. m. Douce dame,
car m'otroiez pour Dé Un douz regard de vous....
ib. XIV. L'apostole [il] salue de Deu et de son nom
[en son nom] , Sax. xiv. Au jour du jugement quant
Dex tiendra ses plais, ib. xv. E que vous eussiez
merci e pieté De mei qui sui meiidis en estrange
rogné; Mais Deu merci jo ai à mun vivre à plenté,
Th. le mart. 77. Mes fiz [mon fils] estes en Deu: si
vus dei chasiier, ib. 78.
— xui" s. Car il ne plut à Dieu qui tout a à gar-
der, Berte m. Berte s'est esveillie, si se commande
à Dé, ib. XV. Une marastre [j'] avoie, le cors Dieu
la gravent, ib. xlvu. Cele dame morut, l'ame en
puistDiex garder, ib. m. Au départir lor fis la loupe;
Or m'en repent, Diex moie coupe, Ren. t08)8. Re-
nart, dist Grinberz, par ma foi, Ce est le miaudre
que g'i voi, Et faitessi, nedeloiez, Et je m'en vois,
à [avec] Dieu soiez,tb, <«200. Trestuitseclaimentde
Renart, Et font une noise si grant Que en n'oïst pas
Dieu tonant, ib. 1 1898. Dieu merci, teles malveses
coustumes ne cueurent pas, bealm. xxxviii, h 5. Se
Diusm'ahit [m'aide], et li Paint, et toutes les saintes....
id. lxiv, to. Dix commanda que on amast son
proisme [prochain] comme soi meisme, id. 12. Ce
nous sanle [semble] grans porfis, se noz, par nostre
travail, à l'ayde de Diu, lors poons parfere cest li-
vre, iD. ib. Se Diex morut en la croiz, ainsi fist-il
[S. Louis], joiNV. t92. Dex hait moult poure or-
gueilleux, jeune paresseux, et vieil luxurieux, le-
BOUX DE LINCY, PrOV. t. I, p. <8.
— XIV' s. Quant le dieu de fortune ou destinée
donne du bien assez, quel mestier est il de amis?
nul, ORESME, Eth. 282. Et se il est nul autre don
fait des diex as hommes, il est raisonnable que fé-
licité soit don de dieu, id. ib. 20. Quand il y a trop
grant distance, si comed'un qui soit fait dieuàl'au-
troqui est encor home, adonquos n'y est pas amisté,
ID. ib. 242.
— xv s. [La roine d'Angleterre passa la mer pour
voir son mari] Et eut si bon vent. Dieu mêrcy,
qu'elle fut tantost outre, froiss. i, i, 308. Connes-
table, dit le roi. Dieu vous en oye ! m. 11, it, t90.
En nom Dieu, dit messire Robert, le royaume vous
loué-je bien vuider, et traire devers l'empire, m. i,
1,12. En nom de Dieu, seigneurs, ce respondirentles
fuyans....iD.i,i,f33. [Le capitaine voulaitqu'on aban-
donnât les fauxbourgs, les bourgeois dirent :J qu'ils
se trairoient sur les champs et attendroient là la
puissance du roi d'Angleterre... . quand le connestable
ouït leur bonne volonté, si respondit : ce soit au
nom Dieu, et vous ne combattrez point sans moi et
sans mes gens, id. 1, 1,27). La fin de ceulx qui as-
savourent les choses terriennes est la mort, les quels
aussi font de leur ventre leur dieu, Jeh. de Saintré,
ch. B. Ma fille [JeauHe d'Arc], estes- vous venue
pour lever le siège d'Orleanst à quoy elle respoud't :
en nom Dé, dist elle, Chron. du, siège d^OrUans,
<429, Bibl. des Chartes , 'i' sévie , t. m, p. B04.
— xvi' s. Dieu a cent mille aies [aides] , lekouX
DE LiNCY, Prov. t. I, p. 4 5. Dieu sçait qui est bon
pèlerin, id. 16. p. 17. Best riche que Dieu aime,
il est poure que Dieu hait, 11. est. Precellence ,
p. t68. Contre Dieu nul ne peut, id. 16. En peu
d'heures Dieu labeure, id. ib. L'homme propose
et Dieu dispose, id. 16. Dieu paie tout, id. 16. Qui
du sien donne. Dieu lui redonne, id. ib. Il ne perd
rien qui ne perd Dieu, id. *. Qui en son vivant
met Dieu en oubli, X la mort ne luy souvient de
luy, id. ib. Qui s'abbaisse,Dieu l'essauce [exhausse],
ID. ib. Dieu donne le fil à toile ourdie , Leroux
DE HNCY, Prov. t. I, p. t6. Dieu est au prendre et le
diable au rendre, m. ib. Dieu me garde de quatre
maisons. De la taverne, du lombard [lieu de prêt].
De l'hospita! et de la prison , id. ib. Dieu donne le
froid selon la robbe, id. th. p. t6. X qui Dieu veut
ayder, sa femme meurt, id. ib. p. 18. De Dieu vient
le bien, et des aveilles le miel, id. ib. 19. Dict
sans faict à Dieu deplaict; Dict faisant à Dieu plai-
sant, ID. ib. Faites loyaulté, et Dieu vous la fera,
ID. ib. Il ne croit en Dieu que sur bons gages [il
est quelque peu athée], id. ib. p. 21 . Salus nous doint
Dieu et florins, Que prou trouverons de cousins, id.
ib. p. 22.
— ÉTYM. Picard, guiu, diu, djiu; bourguig. dei;
franc-comtois, due; provenç. deus, dieus; catal.
deu; espagn. dios; portug. deos ; ital. dio; du latin
deus. Dans le vieux français, deus, dex, diex, au
nominatif; deu, dieu, au régime.
t DIEU-CONDUIT (dieu-kon-dui), s. m. Terme de
marine. Nom qu'on donnait à un cadre qui portait
l'image du Christ, de Marie ou d'un saint, sous la
protection de qui le navire était placé. || Au plur.
Des dieu-conduit.
— ÉTYM. Dieu conduit.
DIEDDONNÉ (dieu-do-né), s. m. Donné de Dieu,
surnom attribué à des fils de princes dont la nais-
sance est regardée comme une faveur directe du ciel.
— Ktvm. Donné de Dieu.
f DIÈVE (diè-v'), s. f. Terme de géognosie. Nom
donné, dans le nord de la France, aux dépôts argi-
leux qui se trouvent dans le terrain houilleux et sur
lesquels sont souvent les nappes d'eau souterrai-
nes. Il On dit aussi dief, s. m.
— ÉTYM. Angl. decp , profond.
f DIFFAMABLE (di-fi'a-ma-br) , adj. Qui peut
être diffamé; qui mérite d'être diffamé.
— HIST. xiV s. Et pour ce est le vice de desat-
trempance plus reprouvable et plus diffamable que
le vice de paour ou couardie, oresme, Eth. 98. Tou-
tesvoies ne s'ensuit il pas, se un vice est plus diffa-
mable que un autre, que pour ce il soit pire, id. ib.
— ÉTYM. Diffamer
DIFFAMANT, ANTE (di-ffa-man, man-t') , adj.
Qui diffame, qui flétrit la réputation. Cela est bien
diffamant. Ton fils court, indigné d'horreurs si ré-
voltantes. Déchirer sur les murs ces feuilles diffa-
mantes, lemierre, Barnevelt, iv, 2.
DIFFAMATEUR, TKICE (di-ffa-ma-teur, tri-s'),
s. m. et f. Celui , celle qui diffame par ses discours
ou par ses écrits.
— HIST. xv« s. Gens diffamateurs, S. d'Orl. p. 70'i.
DIFFAMATION (di-ffa-ma-sion; en vers, de
cinq syllabes) , s. f. Action de diffamer. U n'y a que
voire seule société qui recevrait véritablement quel-
que plaisir de la diffamation d'un auteur [Janse-
nius] qui vous a fait quelque tort, PASC. Prov. 18.
Il Terme de jurisprudence. Allégation d'un fait précis
qui porte atteinte à l'honneur et à la considération.
— HIST. XIII" s. Car si nous saura atraper. Que
ne li porrés eschaper Sans honte et sans diffame-
ment, S'il n'a du vostre largement, la Rose, 11347.
Car se tu meffais ou mesdis. Ou par tes fais , ou par
tes dis, Secréement t'en puis reprendre. Pour toi
chastoieret aprendre. Sans blesme et sans diffame-
ment, Ou vengierneïs [même] autrement, «6. 7047.
Il xiv s. La diffamation de honneur et mauvaise
renommée mise sur un roi à tort et sans cause est
vergoigne et deshonneur de tous les autres rois
clirestiens du monde, Lettre de Charles, roi de Na-
varre, dans Ilist. litt. de la France, t. xxiv, p. 427.
Il XVI' s. Le roi, voyant leur obstination. Leur fier
reffus et diffamation, Tout animé fait marcher son
Cliantli, J. MAROT, v, 163.
— ÉTYM. Provenç. difamacio; espagn. difama-
cion,disfamacion; ital. diffamàiione ; du latin di(-
famaiionem, de diffamare, diffamer. Le mot usue.
dans l'ancien français était diUamement, et surtout
diffame, s. m.
DIFFAMATOUIE (di-ffama-toi-r'), adj. Qui nuit
1158
DIF
publiquement & la rfpulïlion de quelqu'un. Les au-
teurs ilun écrit (liiïaiiinloire. p»sc. /Vt. •". Oh'h"
UU-lle injurieux el ilia^iinaloire *e rlét«;le dans le
piiMic et que nous nous y Irouvi.ins noté», nous
remueroii» Iciiil [loiir en Mvoir l'auteur. uoi.hnAL.
Dtm. (kinre (le l'AncniS'On, Pnmiinc. t. II. |>. 2">-
SV>. 1* i.iFKAWATOiBK. iiiKF»MANT. DilTani.itiiire
se "lit des panùe.s ou des écrits qui ont |«iiir hut de
dilTamer quelqunii; il a loiijour» un svns olijeciif.
Diffamant est plus général et se dit de tout ce
qui allai|ue la ri|Uilai:oii, soil au sens actif, quand
on «itai|ue la répiiiiilion : des disr.iiurs dilTamaiiis;
soit au sens passif, quand ce qui est dilLuuaiil
apit sur celui ^ni a f"!' ce qui dillatne; une aclniii
din.-ini.inle. Il 2' divkamant, infamant. Ce qui dif-
fame rend la r«'piiiali(in mauvaise; ce qui est iiifa-
m.iiil la rend inf.line. On se didame par des actes
que la monde répiiiuve; ou se rend Inranie par des
actes qui ne relèvent pas seulement de ri)]iiiiioii pu
blique, mais qui louibeiil sous le coup de la ré-
pression de la justice.
— HIST. XV s. Giand foison de litielles diffama-
toires, GF.RSdM, tlitrpnijiie au roi Chartes Vl, p. ta.
Kn renioniranl comment on avoit proposé et semé
paroles diffaiiiatoircs, monsthkl. liv. i, ch. ih.
Il XVI' s. Ayant eu plusieurs fois le cliapilre el le
fouet diffam.iloire pour ses larcin», Sut. Méii. p.
72. Ariest diffamatoire, d'aub. llisl. Il, 2u4.
— f.TVM. Hillamer.
niKKA.MÉ, f,K (di-ffa-mé, mée), part, pasxi.
Il !• Uoiu la réputation est devenue mauvaise. Dif-
famé pour ses niaiivaisps inn'urs. Comme si, pour
être v.iire ami, ce m'était un nioiudie murage d'i>-
trc dilTanié dans son esprit, uol'huai.. i' dim. uprh
la Hentecùle, llon.inic. l. m, p. î'i». |i l'^n parlant
des chuses. Au milieu des S.;ylles el dos Cliarjlides,
lieux dillaniés par lanl de naulraj-'es, flf.lII. il, 1 1 3.
|l 2'''lermede lilasuii. Lion d.ll'amé, lion sans queue,
il Armes dilTamées, armes dont un a reiranclié quel-
que pièce, ou auxquelles on a joint quelque cliuse
du déslionoranl, en punition de quelque crime com-
mis par celui qui les porte.
DIPFAMKIt (di-lla-mé) , V. a. || 1" Attaquer dans la
réputation On aessayéde le dilTamerdansdeslibelles
odieux. Pour mieux les dillanier el les rendre odieux,
BOTBOU, St den. IV, 7 {| Faire perdre la rtimiaiiuii.
Reste de ces es|irits jadis si lenomniés, Que d'un
coiipdesonarlMilièreadiffamés, BOlL.Sal x.|| 2" Dés-
honorer. Trouves-tu beau, dis-moi, de dill'amer ma
fille, Il faire un lel scandale à toute une famille?
HOL. Dép. ain. m, s. Au moins rien île lumieux ne
nous diffamera, thistan. If. de Chrtspe , ii, i.
Écouler ton amour, ohéir à sa voix. C'était m'en
rendre indigne et ddlamer ton choix, cokn. Cid,
II), *. Emprunter le secours d'aucun pouvoir hu-
main. D'un reproche éternel diflame.'a.l ma main,
ID. hi-dée, IV, 6. Ce lonij amas d'uieux que vousdif-
famez tous Sont autant de témoins qui parlent con-
tre vous, BOiL. Hat. V. Dieux vains dont le cuite
diffame Leurs insensés adoialeurs, gilb. Ode au roi.
Il 3* Défigurer, s;ilir, giiter. Vieux en ce sens. Je
TOUS croyais la béte, Dont à me diffamer j'ai vu la
gueule prêle, mol. Pt. d'Él. i, S. le l'amasse tur-
tout, fécond en imposteurs. Diffama le pajuer par
ses propos menteurs, boil. Ép. ix. jj 4" Se diffamer,
V. rifl. ^e faire tort dans l'opiiiion publique, itesalir.
J'aime sur le lliéiUre un agréable auteur Oui, sans
se dillauier aux yeux du spectateur, l'ialt par la
raison seule.... id. Art p. m.
— IIEJU. Dillamer et les mots qui en dérivent de-
vraient se prononcer dillamer, etc. comme fituie.
infâme. En le prononçant d.-ffa mer. comme un
fail, on semble le rapprocher de affamer. C'est une
confusion radieuse lutruduile par la négligence de
la prononciation.
— lil.sT. xii' s. Mais (nous nous plaignons] de ço
qu'il nus ad à tel turl démenez, lUimme nialvaistis
genz huniz e defamez, 7'b. le mari. I3&. || xiir s.
Que nulsnn nule du dit meslier ne sousiiengne, en
leurs me.sons ou estuves, bordeaus de jour ne de nuit,
oesiaus ne meseles (lépreuxj, re\euis ne autres
gensibffame/. de nuit, ^ic. dr.> ni^(. ino. Si ne Vi>iI-);<-
œie blasmer Iteligion, ne diffamer, En qiieli|ue abit
quegelatiuisse [irouvej. la Rose, i lu&t. (jcites nia-
lemeni l'eu Jillames; l.esse plnrer enfan» et famés,
Besles heblesel varn,>ie»; Et lu soies fers el esUddes.
tb. ««Jl ji se sunt maint Tante de maintes, l'ar pa-
roles fautes et faintes, Uiiil lescorsaruir ne pooioni,
Lor nuD t grain lorl diffaraoïenl. i/>. »iiiii<. Li arbi-
tres a reknable cause de soi démettre de l'arbitrage,
qnant il est dif.imés ou despisiés de l'une des par-
ties qui se misirem sor li, beaum. xu, n. || iiv s.
Omux qui (ont notez et diffamez d'aucun vice ou
DIF
crime, otifsme, TTh"»!" d? MEumm. ||tt« s. Ainsi di-
soieiit les Kscots en Escosse à la venue des seipneiiis
lie France, et n'en lai-oisnt nul compte, mais les
liayoieiit en coiira).'e et les diffamoient en leur lan-
gage ce qu'ils poiivoieiil, Fuoiss. il. il, 2îi». Jules
('.(■s.ir. qui fut si vaillant conquereur, lanl comme
il fut en la contrée d'Egyi le, en fut très vilaine-
ment diffamé, llnuriq. iv, chap. 7. || xvi- s. En ce
faisant (un parjure] il ne tient point h nous qu'il
|I)ieu] ne son diffamé de mensonge, caiv. /n.ïl>l.
■290. Il se vautra dans la litière des chevaux, se dif-
famant la face de telle sorte, que.... yvf.r, p. u4:i.
Il luy coupa la queue.... ch.isciin le blasmoit fort
il avoir diffamé un si beau chien, amyot. Aie. i*.
Arisiides par sa pauvreté a diffamé el rendu odieuse
la justice, comme c>;lle qui fait l'homme pauvre,
m. .,4ri.v(. r( Calnii, «. liien peu souvent se departoit
rassemblée, que la tribune aux harengiies ne fu.st
souillée et diffamée de .sang, id. Ci'sar, ia. Les sol-
dats |iroveiiçaux s'estans jetiez parmi liiiicl ou neuf
vingts garces qu'ils pilloient el diffamoient de coii|is,
d'aih. IIùI. l, 335. L'on ne vauldra jà niieulx de
diffamer autruy, li;rou.\ de li.ncy, l'rov. t. il,
p. 339.
— ÊTYM. Provenç. diffamar; espagn. difamar,
di.ifnniar; liai, d i If ani are ; tiu latin di/fainurt'; de
di, sigiiifianl retranchement, el fama, renommée
(voy. famkux).
OIHKf.Ilfi, fiE (di-féré, rée), part, pa'isé. Hen-
voyé k un aune temps. Cet hymen différé ne rom|il
point une loi Oui, .sans marquer de temps, lui des-
tine ta foi, coii.N. Cid, V, ». Oiie je hàiais l'assaut
si longtemps différé! volt, t'aiiat. Il, 1. 1| Proverbe.
Ce qui est diilé é n'est pasjierdii, sÊv. 691.
DlFI'f.nE.M.MENr (di-fé-ra nian) . adr. D'une ma-
nière <lilTéreiile. Chacun ajiporle dilléremnieiit son
opinion sur celle grande nouvelle, balz. liv. i. letl.
II. Tous deux différemment allèrent sa mémoire,
ROTROU, Sl-Cen. 1, I. Je me contredis, il est vrai:
acciisez-en les hommes, dont je ne fais i|iie rapior-
ler les jugements, je ne dis pas des difféieiits hom-
mes, je dis les mêmes qui jugent si difféienimeiit,
LA BRUY. xii. Ou'esl-ce <iue Jupilerî un corps sans
coriiiai.s.sance. D'où vient dune que son inlluence
Agit différemment sur ces deux hommes-ci? la font.
/'ij61. viu, 16. Si tout cela n'était pas arrivé, vous
semez que les affaires des maisons de France et
d'Autriche auraient tourné différeuimenl; le sys-
tème de l'Kuiope aurait changé , volt. Dial. li.
Il Avec un coniplémeiil. Les pri.ices agisseut dillé-
remnient des |jariiculiers.
— itlST. XIV* s. Differamment soit bien, soit mal,
0RKS.MÏ, Kth. 70. Il xvi- s. Differeutemeni, amyot,
Lyc. I.
— ÉTYM. Différent, el le suffixe ment. Quand la
langue changea et que dijfi'rnit ht au féminin dif-
férente. on forma régulièrement, au xvr siècle,
l'adverbe dijferentement.
DlKFf.KENCE (di-fé-ran-s'), s. f. \\ 1° Étal de
ce qui est différent, de ce qui est autre. La diffé-
rence de ces deux objets 'l'ontefois je pense Que
nos deux intérêts ont quelque différence, CORN. Pomp.
Il, 3. Seigneur, nous n'avons pas si grande ressem-
blance tu'il faille de bons yeux jiour y voir diffé-
rence, ID. A'icoin. IV, 3. Voyant de plus près la dif-
lérence qu'il y a de vous à elle, je vous aimerai
toute ma vie, le comte de nussi, dans hichklet.
Quelle différence y a-l-il donc entre eux et les jaii-
séiiisies? PASO. Prov. 1. Cherchez, imagiiitz parmi
les hommes les différences les plus remarquables,
vous n'en trouverez pas de mieux marquée m qui
vous paraisse plus effeclive que celle qui relève le
victorieux au-dessus des vaincus, Boss. y^ui/i. dOrl.
Du moment que des esprits sublimes, pas.sanl ue
bien loin les bornes communes, se disl.nguent,
s'iuimortalisent par des c'ii fs-d'ii-uvre, comme ceux
do Id. votre frère, (|uelqiie étrange inégalilé que,
durant leur vie, la foilune nielle entre eux elles
plus grands héros, apiës leur mort cette différence
cesse, HAC Disc, de réciplion de Th. Cortu'i le. En-
tre le lion sens el le lion goût, il y a la différence
de la cause À son effet, la bhiy. xil. Des dieux que
nous servons connais la différence, volt. Ali. v, 7.
Les mortels sont égaux, ce n'est pas la nais.sance,
C'e.si la seule vertu (|ui fait la ditléreiice, id. fan.
I, 4. Il Faire la différence, sentir la différence,
mettre de la différence, coiinaitie, apprécier, distin-
guer. Ijni lions esprits.... Oui savent, avisés, avec-
que différence. Séparer le vrai bien du fond de l'ap-
parence. REGNIER. Sut. v. Un monarque entre nous
met quelque différence, corn». Cid. 1, S. Je refuse
d'un cœur la va.ste complaisance Qui ne fail du mé-
rite «ucune différence, mol. Mit. i, 4. U Mt Tni,
DrF
d'elle k vous je sais la différence, m. Mélie. I, 8,
Peui-èlre que son cœur fera la dilTéicnce Des froi-
deurs de Titus À ma pei.sé>éraiii:e. rai:. Itrrrn. m, 2,
Il .semble qu'on vent leur faire sentir avec osienLi-
tioii (aux prêtres qui .s'égareni] la différsnce qu'il y
a d'eux i nous, mass. Confér. Ileiruili' pour d«s
curés. Il X la différence de, (oc. prép. Faisant d'une
manifire différente, faisant autrement. À la diffé-
rence de ces philosophes qui disent qu'on ne jouit
que du présent, il ne jouit que du passé, mo.ntf.sq.
/,('((. pers. 4«. 112" Terme de logique. Ce qui distin-
gue entre elles les espèces d'un même genre. L* dé-
finiiKin est composée du genre et de la différence.
i;3° rernio de niaihémalique. Excès d; grandeur, dfl
longueur, du quaniité.de |"jids d'une cho.se sur une
nuire. La différence entre deux quaiUilés. Le résultat
de la soustraction s'ap|ielle reste. excèsoii différence.
Ilt;alcul des différences, calcul qui, considéré dans
toute sa généralité, c'est-à-dire comme embrassant
le calcul dilléreiiliel, a pour objet les Uns de la va-
riation des quantilés. || Calcul aux différences limes
(voy. CA1.CLL). Il Terme de marine. Excédant du ti-
rant tl'eau de l'arriére sur celui de l'avant. || 4* Terme
de liourse. Dans les marchés des effets publics à
terme, différence qui existe entre le prix d'achat et
le prix de vente, ou entre le prix de vente et celui
de rachat.
— .SVN. 1° différence, diversité. Elymologique-
menl, la différence esl ce qui est écarté, séparé; la
diversité esl ce qui esi tourné de plusieurs côtés.
De là résulte que la différence esl relaiive à des ob-
jets (|iie l'on compare, tan. lis que la diversiiè jieut
être relative à un .seul el même objet. Deux hom-
mes offrent des différences; un même homme offre
de la diversité. L'homme esl divers, dit Moniaigne;
SI on avait voulu exprimer la même idée avec diffé-
rent, il aurait fallu y donner un complemenl et
dire: différent de lui-même. || 2" i>1'-fE«e.ni;e, disi-a-
ritê. Li disparilé se dit d'objets qui ne soni pas pa-
reils, qui n'offrent point de paiilé. Ce mot e~t donc
plus fort que iliffùrence, qui se borne à indiquer
(pi'il y a des poinis où ces objets diffèrent. La diffé-
rence de ces deux propo.sitioiis est lég're. La di.spa-
rité de ces deux propositions est com|ilète. || 3" uir-
FÉREN E, VARIÉTÉ. La variété est ce qui. varie, ce
qui présente un ensemble de formes non seiubli-
blés. Iji variété des vi.sages humains se caractérise
par Certaines différences.
— lllST. xiii* s. Mais entre aus [eux] a grant dife-
rance, Jten. 21255. Et grant ieference a entre ces
deus poursuites, beaum. lxvii, <i. Ne sel qu'est
maus Imal], qui aine (onquej bien ne senti; La dif-
férence k conoistre l'aprent, mâtz>eb, p. «3. |l xV $.
Ils ne font point grande différence au (lays d'Iuli«
d'un enfant liasiard à un légitime, comm. vu, 2.
.. .Qu'ils lui conteroient toute la manière de la-lite
différence [différend] et noise entre ledit Jean Stot-
ton et Thomas Uramplon, loi;is xi, Aouo. tut.
— f.TVM. Lat. di If ereni ta {voy. diffEber).
f mFFfiRK.NCl.ATION (di fé ran-si a-sion) , ». f.
Action de différencier. La différenciatioa de deux
minéraux.
DIFFfillENCTÉ, ÉE (di-fé-ran-si-é, ée), part.
passé. Marqué par une différence. Il se trouve si
différencié des autres exilés, sEv. 2in. Il me semble
qu'un prédicateur devrait abandonner toutes ces ai-
visions si recherchées, si relouinées, si remaniées,
si différenciées, i.a rbuv. xv.
DlFFfiRENClEK (di-fé-ran-si-é), je différenciais,
nous différenciions, vous différenciiez; que je diffé»-
rencie, que nous différenciions, que vous diffé-
renciiez, f. a. Il 1" Séparer pu la différence. Ces
deux propositions si analogues, non» le» différen-
cierons par ceci.... Je jure comme vous quand le
jeu me transporte: El ce qui |«eut tous deux nous
différencier. Vous jurez dans la chambre el moi sur
l'escalier, bfgnabd, Ménéclim. 1, 2. L'ac^eni grava
ne nous .sert que pour ditférencier ceruins mots,
d'oliv. Protod. franc, lueurs yeux, leurs or.i. le»,
leur nez les [les Lapon») différencient de tous les
peuple», VOLT. Unurt, >i*. l'endant ces trois mois
de tempête. Que faire san» cdeiidner? llomiuenl
placer les jours de fête? Coinnienl les différeiicicrt
ghfsset, le Carême tmprniiifHu. l.oni<|u'on sait i|u«
(OUI esl nuancé dans la nature, ou n'est |>oint sur-
pris des diflicultés qu'on éprouve lorsipi'il «agit d«
différencier les êtres, bon.\et, Cofitempl. Mal. X,
2». Il 2* Se différencier, t. réfl. Etre distingué, ca-
ractérisé. Kontenelle se différencie des écrivain» d«
son temps par une connaissance profomie de» scien-
ces |>osilives jointe t i'esprit le plus fia al le pluf
discret
— &EM. U ne faut pas coofoodre différencie .
DIT
DIF
DIF
1159
mettre une différence, et différentier, prendre la
différeiiliolle (terme de matliémiilique). Ces deiii
mots sont les mômes; mais l'orthographe les ilifT6-
rencie : difîénnce qui d'ailleurs ne s'appuie sur au-
cune lionne raison.
— ETVJl. Vilprence. Au xvi* slèele on disait dif-
frreiiter, de dilferenl. On le promeiiie et l'insère à
toiiids opinions; et le diffurenle l'on à soy mesme.
selon le difl'urenl cours des choses, mont, il, :i54.
Il/ niesloient cesie privaulié de parler franchement
à luy parniy leur llatierie, comme une ruze de des-
gniser et dilTerenler les viandes avec quelque saiilse
aigre el picqnanle, amyot, Anion. 2'J.
t DIKFIÎUEXC.IO.METRE (di-fé ran-si-o-mè-tr'),s.
m. Terme de marine. Instrument de marine qui sert
à mesurer la différence, c'est-à-dire l'immersion
plus çrande de l'arrière que de l'avant.
— f.TVM. Diférence, el mètre, mesure.
DlKFf.UKND (di-fé-ran), s. m. || 1° Contestation
sur quelqui- point détermijié. Si vous conveniez de
pari el d'autre du vérilahle sens de Jan^éiiius, el
que vous ne fussiez jdus en did'érend qut de savoir
si ce sens est héréiique ou non, pasc. Prov. I8.
Viitre différend n'étant que sur ce point, m. ib. Et
noyons dans l'oubli ces petits différends t.iui de si
bons guerriers font de mauvais parents, corn. Ilor.
1, 4. Tous nos vieux dilTérunds de leur fline exilés,
ID. Undny. V, 2. Changez cesilidérendsen ile« vœux
mutuels, RoTR. Vencesl. 1,2. Roi je n'hérite point des
différends du prince, m. ih. v. 2. Et ipiand je crois
jouird'unreposapparent,LaquereiIed'autrui devii ni
mon différend, m. lif'lis. iv. 8. .le veux hien aussi
me rapporter à loi, maître Jacques, de notre dillé-
rend, MOL. l'Arare, iv, 4. (^uand nous avons quel-
que différend ma sri'ur et moi, la font. Psyché,
L, p. t4o. iMitre deux honrgeois d'une ville S émut
jadis un dilTérend, ID. l-'abl. viii, 1». Il juge les ilif-
férends de son voisinage, fen. Tél. vi. On différend
qui s'élait élevé entre.... et entre m. 16. xxiii.
Vous nèles p,is hrouillés; aniis de tous les leiups,
Vou.>^ êtes au-dessus de tous les dii'éreiids. gbesset,
Mi'diaiU, IV. 7. Il 2" Le différend q;ii s'élève lui su-
jet du prix demandé el du prix offert, quand il s'a-
gil d'achais. l'ariagerle dillérend, diviser par moi-
tié la différence qui est entre les deux prix et
aclieter ou vendre à ce prix ainsi inoddié.
— KEM. L'Acailémie, dans les quatre premières
éditions (Le son Uiclionnaire, a écrit d If^renl par un
I, comme l'adjeclif. C'est depuis la ciniiuiènie édilion
qii'e le écrit dijjirend par un d. 11 est ct-rlain que
d'l[i!rent adj. el di7/(!/eHd sulisl. sont le même mol.
Etiiblir une différence orihographique, esi-ce une
raison suflisanie pour rompre l'analogie? Cela tsl
d'auiajit moins nécessaire que dans d'auires mois
. on n'a pins le même soin et qu'on n'écrit pas l'ii-
cidend sulist. et iiicidtnt adj., expédiend subst. el
expédient ailj.
— ËTVM. niFFÊREND, DÉMÊLÉ. Avoir un différend
avec quehpi'un, c'est contester avec lui sur quelque
chose; avoir un démêlé avec quelipi'un, c'est avor
quelque chose à débrouiller avec lui. Le diiréreiid
porle donc sur un point déierminé; le démêlé, sur
quehpie chose de compliqué. Ainsi dans l'exemple
de la Kouialne cité ci-dessus, ce n'est pas un dé-
mêlé qiii s'éleva entre deux liuurgeois d'une ville sur
la prééminence entre la richesse et la science,
— IIIST. XV* s. Le |iays d'Ant;lelerre estoil en
branle el en différend l'un contre l'autre, froiss. 11,
II, 4. Il XVI' s. Dieu sera juste estimateur de noslre
différent, rab. G'jrg i, 40. Uicles vous enlelechie
ou endelechie? Sans cause sus ce différent [diM'é-
reucej nous ne vous mlerroguons, iD. Pant. v, 19.
11 y a un différent per| eiuel et qui ne se peut
appointer entre l.i justice et l'iniquiié, calv. Inslil.
3»7. Il y a peu de différent aux paroles, miiis il est
grand en la chose, lu. ib. mu?. Le senni, sur le dif-
férend d'eiiire luy el le peuple.... mont. 1, l:!2.
S'estant emeu quelque débat et différent entre les
pasteurs.... AMVOT, /loin. 7. Hz accordèrent enire eulx
qn'ilz decideioieut ce différend par le vol des oi-
seaux, iD. ib. 14.
— Ktym. Le même une différent.
DIFFÉUK.NT , KK 1 K (di-fé-raii , ran-t'), adj.|| 1" Oui
diffère, qui est autre, lis sont différents d'humeur
et de langage. Vous êies très-difféientde voire frère.
Mais elle voit d'iiii œil bien dillérenl du vôlre Son
sang dans une armée et son amour dans l'autre,
CORN. Ilor. 1, I. Seigneur, l'occasion fait un cœur
dit(>Teiit. m. Nicom. iv, (.. Les tiires différents ne
tout rien à la chose, lo. Sertiir. ni, 2. Tous l»s hum-
un;3 sont semblables par les paroles, ce n'ast que lus
lUions qui les découvrent différtnts. mol. Aiiare,
I, t. L'aigle, reine des airs, avec Margot la pie, Dif-
férentes d'humeur, de langriga el d'esprit, Et d'ha-
bit, Traversaient un bout de prairie, la pont. Fabl.
Xli, II. Hélas! qu'il est déchu de ce honlieur su-
prême! Que vous le Irouvenezdillérentdelui-mêine!
ID. Vuésifs viélées, xxviu. Et celles jles .iclions) i|ui
sont d'elles-mêmes é.'ales et indifférentes, devien-
nent inégales et différentes, lorsque l'on y ajoute
crtie raison d'uniformilé dans les mêmes eveicices,
NICOLE, Eus. mnr. 3' traité, ch. 8. Si vous regardez
par quelles mains elles [les viandes) passent, et
toutes les formesdifférenies qu'elles prennent avant
de devenir un mets eX(|uis, la bruy. vi. Quand ils
éuiieiit d'avis différents, ils étaient si modérési sou-
tenir ce qu'ils pens.iient de part el d'autre, i|u'on
aurait cru qu'ils étaient tous il'uiie même opinion,
FÉN. Tél. V. Elles [les lois somplualres de Suéde]
ont un objet rlifféient de celles d'Aragon, moniKso.
Kspr. vu, 5. Il Cela est différeni, bien différent, lo-
culinn familière qui s'emploie pour exprimer qu'on
ne s'aiieiidaii pas à ce qui est du ou voulu. || Ces
deux choses soni différentes comme le jour el la
nuit, c'esl-dire elles sont extrèmeineni difféiemes.
Il 2* Avec un nom an pliiiiel, plusieurs, ccruiins.
Employer différenis moyens. Différentes per.soniies
me l'oiil dit. Démélrms fii construire beaucoup d'au-
tres machines de diilérenle grandeur et pour diffé-
rents usages, BOLLiN, llist. anc. Œurres, t. vu,
p. 2211, dans POUCKNS. || 3° .S. m. Différent, nom
(|iie les monnayeiirs uonnaient à une marque qui
indi(|uait le heu oii les es|ièces avaient été fabri-
quéiis.
— IIIST. XV* S. Sans l'aide des Anglois je ne me
puis bonnement défendre contre les Krunçois, au
cas que en ce pays nous sommes dilTurens ensem-
bly divisés], fkiuss. h, II, 51). || xvi* s. Le prince
de Coudé esloit dt diffeienle opinion à l'admiiul,
disant que la bataille ne se pouvoit éviter, CASitL-
NAU, 125.
— f.rY.M. mtfi'rer 2.
t DIKKÊKK.NTIATIOV (di-fé-ran-si-a-sion ), s. f.
Ternie de malliémaiiipie. Upéralion par laipielle,
une fonction éuinl donnée, ou en trouve la diffé-
rentielle.
— f;TYM. Viff ''rentier.
Dll'Kf.llKN'ITfi. f.K(di-fé-ran-5i-é, ée), part, pas-
sé. Oui a subi 1 cqiér.iiioii Ue la différeniialion.
DIKKCkK.NTIEL. elle idi fé-ian-si-U, è-l'i, adj.
Il 1° Terme de niailirmaiique. Qui procèile par ilil-
férences inliniment poules. Uuaniiié diff.:rentielle.
Il Calcul différenliel, calcul dans lequel les accrois
semenis des varialili/s sont considérés comme iiili-
ninieiil peins. Voy. calcul. || S. /'. Une différen-
tielle, accroissemenl InHiumenl pitit d'une quant té
varialile; elle a pour caracljnsiiipie la leure d ; dx
est la différentieile de X. || 2" leinie d'histoire natu-
relle. Oui conci-rne les ilill'érences de deux ob|el-.
Diagnusùc différentiel. || 3° Terme de cuinnierce.
Lroii d.fféreiiliBl, laxe douanière cnil varie selon la
provenance des marchandises. || Tard' diffère. iliel,
tarif d'un canal ou d'un chemin de fer i|ui, entre
les divers poiins d'une même ligne, n'esi pas exac-
tement proporiionnel aux distances, par ojiposition
à tarif kiluiuétni|ue.
— KlY.M. DilfiTenre.
Ull'KfillE.NTIEK (di-fé-ran-sl-é), v. a. Terme de
mailiémalique. C.dcufer cei laines propriétés d'une
courlie, elc. d'après les différences inliniinent |ie-
tiles qui existent enlre deux |iosiiions successives
et forl rapprochées de ses coordonnées. || l'raliqiier
les opérations qui constituent le calcul différentiel;
prendre la dillérenlieile.
— i;tvm. Dilférfiice.
I. DlFKfiltEll (di-fé-ré. La syllabe fé prend l'ac-
cenl grave quand la syllabe qui suit est miieile :
je diffère; excepté au futur el au conditionnel, je
différerai, je dillérerais, exce|ilion qui n'est pas jus-
tiliêe), V. a. || 1° Itemettre à un auire temps. Il dif-
féra longtemps le pajeiueni de cette de.ie. Ne me
diffère point la peine i;ui m'est due, tuistan, ila-
ri ne, v, 2 Et lois d nous fautcroire Que nous
n'y sommes pas dignement préparés à la mort], Et
que ces doux moments ne nous soûl dillérés On'a-
fin que nous puissions mériter plus de gloire, corn.
/r/it'l. 1, I». SI mon cœur de tout temps facile à les
désirs. N'a jamais d'un moiuetit dill'éré les plaisirs,
BoiL. tuir. II. Mais qui me vient ici dilléier ma ven-
geance' raC. Iloj. IV, 6 Je leur écris qu'Achille a
changé de pensée. Et qu'il veul désormais, jusi|ues
à son retour , Différer cet hymen que pressait son
amour, in. Iplug 1, t. Mon amant m'adorait et j'ai
tout différé, VOLT, iiaîre, v, a. || 2° V. 11. Tarder à.
J ai différé à le dire. On ne doit pas différer à bien
vivre, d'ablancouht, i,uct'en, t. 1, dans ricuelst.
.le croyais moi-même arriver plus tôt, j'ai toujour»
différé à vous taire réponse jusqu'à présent, sBt.
I.ill. 211 mai iii«7. Jusques à quand ilillérerez-vousà
nous faire jiislice el à venger nos frères? saci, Hi-
hle, Haclinb.i, vi, 22. || On le constriiil aussi avec
la préposition dp et _un iufiniiif. Différer u'èlra
heureux après son incnnstance, C'est montrer.... th.
CORN. Ariane, iv, 2. Qui pourra ilifférer de venger
la querelle? volt. Catil.i\, 2. || Ahsolunieiil. Qu'y
a-l-il donc, chrétiens, qui puisse nous empêcher de
recevoir, sans différer, ses inspirations (de la
grâce] ? Boss. Ducb. d'Orl. Des amis d'Aristie assu-
rons le secours, A force de promettre, en différant
toujours, COBN. Seilor. iv, 2. Demain, sans différer,
je prétends que l'aurore Découvre mes vaisseaui
déjÀ loin du Bosphore, rac. ilithr. m, I. Mais ne
din'érez point, clia {ue moment vous lue, in. Plii-
dre, I, i. C'est un maître doux et patient.... qui
diffère afin qu'on le prévienne, qui menace pour
une désarmé, mass. Car. Fatuse cou fw tue. || 3* Sa
différer, v. réjl. Éire renvoyé à un autre lemus. Ce
mariage se ililV're de jour en jour. Ce grand choir
ne se peut différer à demain, corn. Sophon. n, 4.
D'une heure encore, ami, mon bonheur se diffère,
VOLT. Zaïre, m, I.
— IIIST. xiv* s. La chose avoit esté différée pour
l'absence de lu y, lequel |irincipalineiitil desiroit à oc-
cire. RF.RciiEURE, f" 21. rccio. Kl Se l'uu de eulx estoit
malvès, l'autre devroilfuirou différer à lui niinistrer
ilusien,ORKSME, t'//i.25«.|| xvi's. Je diffère d'en trai-
ler jii.sques au passage de la Uedeniption, calv. In-
xlit. 77.i;ela est enquérir sur les secrets donlla [ileine
revelalion esl différée an ilernier jour. lu. ib. lu». Eu
différant nos désirs à l'henre de sa volonté, lu. ib,
732. Jl p.nivoii advenir que le différer à les lire eust
psté d'un grand préjudice, mont, ii, 42. H feint,
il ployé, il diffère, selon le hesoing des circonstan-
ces, tu. l^a. Il envoya l'un de ses f.imiliers leur dire
qu'i'z différassent leur enliejirise jusipies à une au-
tre meilleure occasion, amyot, Péiop. 14.
— IÎTYM. Lai. dill'rrre. de rii. exio-imant écarle-
ment. et ferre, porter : fiorler au I tn.
2. DIFFf.llEll (d.-fé-ré. La syllabe fé prend l'ac-
cent sirave, qn.nid la syllabe qui suit est muette :
je diffère, excepté au futur et au condilionnel ; je
différerai, je difféi'erais), v. n. Être antre, n'étro
pas le même. H disait qu'un roi qui ne f.iisail pas
la guerre ne difféimil en rien de son palefrenier,
n'Ant.A.NCOiTiT, Apniililh. dans richklet. Le mien
d'avec le voue en ce point seul diffère, corn. Cinna,
v, 2 Le sang Ne nous empèclie pas de différer
de rang. m. Simm, i, 2. Connue nus iniérèts, nos
sentiments diffirent,'"iD. Pump. v, 2 Nous ne
différons ni de cœur ni de sang, botjiou, \'enctni,
1, 2. Tous les hommes sont fous, et. malgré loiis
leurs soins. Ne dînèrent enire eux que du plus ou
du moins, BOIL. .S'ul. tv. || IJifférer d opinion, d'avis,
et, absolument, diffénr. Différer du blanc au iiuir.
Il 11 se ciMijngiie avec l'auxiliaire aïoir.
— IIIST. XIV» s. C'esi la seconde raison à monk-
irer que eletlion et volenté differeni, oresme, /i(/>.
64. Comme elles [les plaies de tète] se iliffeient en-
ire elles, aussi se diffère ro;ieiaiion manuel en
iceles, it. ue monueville, f" ta. || xv s. Toutefois
moi et mon jardin. Nous différons eu une choie;
Je me vueil abreuver de vin, El d'eau nu:. Ire
courtil s'airose, basselin, xvu. || xvi* s. Il ne
diff'ere en rien à un funiosme. calv. /n,ï(il. 20i. Puis
après nous verrons comment ils différent l'unda-
vec l'autre, in. ib, 7.j. De deux hoiuiiies qui na
différent rien en mérites, Dieu en laisse l'un der-
rière et choisit l'anlre, m. i(). 7i.o. Nulle forme ne
diffère l'une de l'aultre eiitierement, mont, iv, 2a».
Les grands rois ut les empereurs Ne differeni aux
laboureurs. Si quelcun ne chaule leur gloire,
RONS. s"o.
— êtym. Lat. dilferre, être différent, m même
que diffi'rre, différer I.
DIFFICILE (di-fi si-1'), adj.\\f Qui n'est pas fa-'
cile. 11 esi difficile d'imaginer rien de plus beau.
Vous avouerez à la fin ipi'il n'y a peut êire lien
de si difficile que de rendre hérétiques ceux qui ne la
sont pas, PASC. Prov. i». Lesfautesdes-olssonl quel-
quefois SI lourdes el si dil'licdes à prévoir, qu'elles
mènent les sages en défaut, la uuuy. xi. || 2* Dif-
flcile se dit aussi des lieux, chemins, fleuves dont
le parcours n'est pas commode. Ainsi vous élargirez
un peu les voies du ciel el rélabliiez le chemin que
sa hauteur et son ilprelé rendroni loujouis asscz dif-
ficile, BOSS. Heine d'Amilei L'enlrée de la rwiere
de Surinani est assez difficile à cause de ses Uincs
de sable, baYNal, llist. phil. xu , 27. Le Pérou est
un pays très-difficile, où il laul contiuuelleuieot
nco
DIK
cravir desmonlaRnos, r.iarcher sans cesse dans dos
Rorges et des défilés, hjtTNAL. ib. vu, 6. || 3° Oui
donne peine, eiïort, labc-jr. Un travail difficile. Un
proMi'mo difficile à résoudre. Un auteur, un texte
difficile. De si hautes leçons, seiRneur, sont diffi-
ciles, CORN. Sertor. ni, 2. La musique aujourd'hui
n'est plus que l'art d'exécuter des choses difficiles,
e. ce qui n'est que difficde ne plaît point à la lon-
gue, voi.T. Candide, 26. || 4° Qui donne du tour-
ment. Nos passions avaient été difficiles et pénibles;
notre vertu devient commode et tranquille, mass.
Car. rassion. J'ai lieu de soupçonner qu'elle est
dans une situation difficile, Marivaux, Marianne,
.y part. Il Temps difficiles, les temps de troubles,
do misère et de guerre, durant les(|uel3 les gouver-
nements ont peine à régir les peuples, et les par-
ticuliers à se conserver dans leur état et à vivre.
Qu'on dise après cela que les temps sont difficiles,
qu'on a bien de la peine à se maintenir dans son
état, lîOijBDAL. 3» dim. après l'âq. Uominic. t. ii,
p. toi. Il 6° Homme difficile, difficile à vivre,
homme d'un caractère exigeant, ciipricieux, peu
liant, peu accommodant. Depuis quelque temps vous
devenez si difficile h servir, baron, Homme à bon-
nes fort. I, 4. Il fut, quelque temps après, obligé
de répudier Azora, qui était devenue trop difficile à
vivre, volt. Zadig, 3. || Cheval difficile, cheval
cmbrageux. |1 Cheval difficile à ferrer, cheval qui
résiste quand on veut le ferrer. || Kig. U est difficile
à ferrer, se dit d'un homme qui se laisse difficile-
ment persuader, conduire. 1| 6" D'une délicatesse
exigeante. Etre difficile sur tout. Difficile sur le
choix des mots. Ne soyons pas si difficiles; Les
plus accommodants, ce sont les plus habiles, la
PONT. Fabl. VII, 4. L'ordinaire destin des beautés
difficiles Est d'avoir des retours de chagrins inu-
tiles, BOURSAULT, Ésope à la COUT , I, 4. Je crains
furieusement le chagrin où vous met votre mala-
die, et qui vous rendrait peut-être assez difficile
pour ne rien trouver de bon dans mon ode, rac.
Lettres à quelques amis, m. l'eulètre trop d'a-
mour me rend trop difficile, m. Haj. i, 3. Le roi
est content de vous; mais cela ne suffit pas; il faut
que Dieu le soit aussi, et il n'est pis pins difficile
que les hommes, maintenon, Lett. à d'Aubigné,
40 oct. (685. Je savais qu'elle était difficile en con-
versations et qu'elle avait droit de l'être, j. J. rouss.
Confess. x. Il ne faut pas 6tre difficile sur les re-
pas, lorsqu'on est si près de Sjiarte, ciiaïiîalb.
/(in. 30. Il Substantivement. Faire le difficile, yue
si les Luthériens font encore ici les difficiles et ne
veulent pas se laisser persuader aux sentiments de
Calixte, qu'ils nous montrent donc ce qu'a fait de-
puis Luther l'Eglise romaine pour déchoir du titre
de vraie église, Boss. Var. xv, (J 1 69. || Proverbe.
Jeunesse est difficile à passer, c'est-à-dire dans la
jeunesse on a bien de la peine à modérer ses passions.
— REM. Avec le verbe être se rapportant à un su-
jet déterminé, dt/Vicfie veut à devant les verbes: Il
est difficile il contenter. Mais quand le verbe être
est pris impersonnellement, il faut mettre de : U
est difficile de bien écrire.
— msT. XV* s. Ce qui me sembloit mal-aisé à
faire, mais je ne vouloye rien rompre, ne faire dif-
ficile, COMM. VIII, 7. Ijxvi"?. Il pourroit sembler à
aucuns que cesto superbe nation feroit la difficile à
entrer en alliance avec les chrestiens; mais c'est au
contraire, langue, 371. Ce grand mal si enraciné
est difficile à arracber, m. 2.55. El m'ayant dit qu'il
estoit difficile à vomir, je luy conseillay qu'il cra-
pulast [s'enivrflt] , paré, xxi, 14.
— ÉTYM. Provenç. difficil; espagn. dificil; ital.
difficile; du latin difficilis, do di.... préfixe, et
ficilis pour facilis, de faccre, faire. Si le mot était
ancien, il aurait, à cause do l'accent latin diffici-
lis , la forme difeile, comme fraile, de fragilix.
DIFFICILEMENT (di-fi-si-le-man) , adv. Avec dif-
ficulté, avei^ ■^ine. Tout va bien ; c'est moi qui vous
le dis, moi qui espère si difficilement, maintenon,
Lett. d'Aubigné, 16 oct. (072.
— REM. Quelquefois on le met au commencement
de la phrase, mais alors on place d'ordinaire le pro-
nom, sujet du verbe, après son verbe: Difficilement
trouvera-t-on des gens qui veuillent.
— ÊTYM. Difficile, et le suffixe ment; provenç.
âiUcilmmt; espagn. dificilmenle ; ital. difficilmente.
DIFFICULTE (ili-fi-kul-té), *. f. || 1° Qualité de
ce qui est difficile. La difficulté des chemins. La
difficulté d'un travail. La difficulté d'un problème.
On dira que je cède à la difficulté, mol. l'Étour.
m, i. J'avoue, en la commençant [l'histoire des
malheurs d'Henriette] , que je sens plus que jamais
la difficulté de mon entrepri.se, boss. neine d'An-
DIE
glet. Télémaque trouva de grandes difficultés pour
se ménager parmi tant de ruis jaloux, fén. Tél. xvi.
Il Manque de facilité. Il ne parte qu'avec difficulté. Ce
lilessé éprouve de la difficulté à marcher. || 2° Chose
difficile. Je crus donc qu'il lie cardinal de Richelieu]
surmonterait toutes sortes de difficultés, et que ce-
bii qui avait pris la Rochelle malgré l'Océan, pren-
drait encore bien Corbie en dépit des pluies et de
l'hiver, voit. if». 74. ...les difficultés sont le champ
des vertus, rotrou, Vencesl. u, 3. Et les difficultés
dont on est combattu Sont les dames d'atour qui
parent la vertu, mol. l'Étour. v, 1 1. || Obscurité d'un
texte. Les difficultés de Thucydide. || Passage diffi-
cile d'un morceau de musique. Les difficultés de
cette sonate. || 3° Traverse, opposition. Je n'y vois
point de difficulté. Une grave difficulté. Cette af-
faira est pleine de difficultés. Apporter une diffi-
culté. Il passa par-dessus la difficulté. Kaire naître
des difficultés. Les hommes.... sont.... si héris-
sés de difficultés.... que je ne sais par oii et com-
ment se peuvent conclure les mariages, les contrats,
les acquisitions, la paix, la trêve, les traités, les
alliances, la bruy. xi. Il y a de nouvelles diffi-
cultés sur la paix; je la recommande à vos prières,
MAINTENON, /,<■((. OU cord. de Noailles, 4 9 oct. 4 697.
Il Cela peut souffrir, peut éprouver des difficultés, de
grandes difficultés, c'est-à-dire il est possible que la
chose dont il s'agit soit empêchée, ne réussisse pas.
Dans le sens contraire, cela ne reçoit pas, ne souffre
point de difficulté. || Cela ne fait aucune difficulté,
je n'y vois point de difficulté, il n'y a pas de diffi-
culté, locutions qui s'emploient familièrement pour
exprimer l'acquiescement. || 4° Objection, chose em-
barrassante. Les dHficullés qui pouvaient m'être
faites par les athées, desc. Rép. ii. Mais avant que
d'entrer en ces difficultés. Souffrez que je réponde
à vos civilités, cobn. Sertor. m, 2. J'ai besoin de
conseil dans ces difficuliés, m. Héracl. n, 7. H me
vientunedifficultédansl'esprit, pasc. Prov.6. Pour
lever les plus grandes difficultés, id. ib. 8. Que est
éclaircissement était nécessaire et qu'il lève de dif-
ficultés ! ID. ib. 4 8. Nous avons résolu les deux pre-
mières difficultés, BOSS. Or. 8. Ce qui tranche, en
un mot, toute difficulté, id. Ilist. i, 7. Dieu a tran-
ché la difficulté, ID. ib. ii, 4. Une autre fois l'un
du conseil des douze élève une difficulté ; et, comme
(in ne tombait pas d'accord, il propose de la consul-
ter en .Sorbonne, anquet. Ligue, m, 200. Malgré
loutes les difficultés que le mal répandu .sur la terre
fait naître dans mon esprit, je m'affermis pourtant
dans l'idée qu'un Dieu préside à notre globe, volt.
Dial. xxix, s. Couvrez le reste de la toile, et celte
figure ne vous montrera plus qu'un pharisien qui
propo.se quelque difficulté à Jésus-Christ, diderot.
Salon de 470B, OKurres, t. xiii, p. 22, dans pou-
gens. L'éclaircis.sement d'une difficulté dépend sou-
vent de la solution d'une autre, et celle-ci d'une
précédente, bkrn. de st-pierbe. Chaumière ind.
Il Faire de la difficulté, faire difficulté, être sujet à
objection, en parlant des choses. Je ne présume pas
tant de moi que de croire pouvoir prévoir tout ce qui
pourra faire de la difficulté à un chacun, desc. Mé-
dit. Préf. 40. Il Faire difficulté de quelque chose,
élever des objections à l'encontre, y avoir de la
répugnance; éprouver du scrupule à s'en mêler.
Vous ne faites pas difficulté de permettre l'autre,
pasc. Prov. 4 3. M. Arnaud ne fera pas de diffi-
culté de l'admettre, id. ib. 4a. Les difficultés qu'ils
ont faites de les recevoir, id. ib. Vous n'en de-
vez faire aucune difficulté, sÉv. (06. Je ne fais
nulle difficulté de vous parler des Rochers, id. 225.
Le .sénat ne fit point difficulté do leur déclarer,
BOSS. Ilist. III, 6 Je ferais quelque difficulté D'a-
baisser jusque-là votre .sévérité, rac. Srit. m, 4.
On dit qu'un pape, pénétré de son incapacité, fit
d'abord des difficultés infimes, montesq. Espr. ii,
B. Il 6° Différend, contestation. Avoir une diffi-
culté avec quelqu'un. || 6° Sans difficulté, loc. adv.
Sans empêchement, sans faire d'objections Et
je tiens, quant à moi. Que tous tels sorts sont re-
cettes frivoles; Frivoles sont, c'est sans difficulté,
LA font. Or. Elle était, sans difficulté, la plus an-
cienne ville du monde, noss. Bonté, 2. J'ai des amis,
je les conserverai, puisqu'ils n'auront rien à me dis-
puter; je n'aurai jamais d'humeur avec eux ni eux
avec moi, cela est sans difficulté, volt. Memnon.
Il Proverbe. Cet homme est le père des difficultés,
c'est-à-dire il fait naître sans cesse desdifficultés, on
ne peut rien conclure, terminer avec lui.
— SYN. difficulté, obstacle. La difficulté im-
plique qu'une chose est difficile à faire. L'obstacle
n'implique pas cette idée et signifie qu'une chose
est dsbout devant nous et s'oppose.
niF
— niST. xv .-i. l-oiir avoir repos, et leur fille,
qu'on fai.soit difficulté de leur rendre, comm. vii, 3.
Il XVI* s. I^e regret et difficulté que feit Grandgousier
d'entreprendre guerre, babel. Garg. l, 28.
— ÉTYM. Berry, diffigulté; provenç. difficuUat,
defecultat; espagn. dificultad; portug. difliculdade ;
Ital. difficultà; du latin difficultatem , de difpcilis
(vov. difficile et faculté).
t DIFFICCLTUEUSEMENT (di-fi-kul-tu-eû-ze-
man ) , adv. D'une manière difficultueuse.
— ÉTYM. Difficultueuse, et le .suffixe ment.
DIFFICULTDEUX, EUSE (di-fi-kul-tu-eû, efl-z').
adj. Oui est enclin à élever ou faire des difficultés à
tout propos. Un homme difficultueux. Un esprit dif-
ficultueux. Un caractère difficultueux. Des difficul-
tés! oh! ma comtesse n'est point difficultueuse, le-
SAGE, Turcaret, iv, 2.
— REM. Bouhours , Nouv. rem. : <t C'est un mot
de conversation qui passera dans les livres, si je
ne me trompe. » La prédiction de Bouhours s'est
vérifiée.
— ETYM. Mot formé irrégulièrement de difficulté,
à l'imitation de vertueux et autres formés réguliè-
rement.
t DIFFLUENCE (di-fnu-an-s'), s. f. Terme didac-
tique. Etat ou qualité de ce qui est diffiuent.
— ËTYM. Diffiuent.
t DIFFLUENT, ENTE (di-ffiu-an, an-l') , adj.
Terme didactique. Qui s'écoule, se dissout ou s'é-
panche de tous les côtés. || Terme d'astronomie.
Etoiles diffluentes, étoiles qui se confondent entre
elles.
— ÉTYM. Diffluer.
-j- DIFFLUER (di-ffiu-é) , «. n. Terme didactique.
S'écouler de tous côtés, se dissoudre.
— ÉTYM. Lat. diffluere, de di.... préfixe latin, et
fluere, fluer.
t DIFFORMATION (di-for-ma-sion) , s. f. Action
de difformer.
— IIIST. XVI* s. La difformation mauvaise et dam-
née, que ont accoustumé mener les religieux au dit
prieuré. Lettre de Louis XII, t. i, p. 468, dans la-
CURNE. Ils reçoivent les anciens conciles tenus avant
la difformation [dérèglement], d'aub. Ilist. i, ob.
U alloit vers la reformalion par la dernière des di-
formations, mont. t. m, p. 467, dans lacurnb.
— ÊTYM. Difformer.
DIFFORME (di-for-m'), adj.\\l° Dont la forme
irrégulière est laide et déplaisante. Visage difforme.
Une jambe difforme. On ne saurait dire si Ésope eut
sujet de remercier la nature ou bien de se plaindre
d'elle; car, en le douant d'un très-bel esprit, elle
le fit naître difforme et laid de visage, la font. Vie
d'Ésope. Il est si prodigieusement flatté dans toutes
les peintures que l'on fait de lui, qu'il paraît dif-
forme près de ses portraits, la bruy. vin Quel
aspect! non l'œil humain jamais Ne vit de plus af-
freux, de plus difformes traits, ducis, Macbeth, ii,
6. Il Ce bâtiment est difforme, il est construit sans
.symétrie, sans art. || 2° Fig. Rien n'est plus difforme
que le vice. Le difforme contraste de la passion qui
croit raisonner et de l'entendement en délire....
I. J. Rouss. dans laveaux.
— HIST. XVI* s. Tableaux pour le vi.sage de Mon-
sieur assez difforme de lui mesmes, oil il estoit flatté
à l'envers, d'aub. Ilist. n, 496. S ils en recevront
moins d'incommodité que d'endurer (comme l'on a
fait par le passé) deux difformes [différents] exer-
cices de religion, ID. ib. ii, 253. Et le col [il] luy
dessembla Loin de ses testes difformes, rohs. 34o.
— ETYM. Lat. difformis, de di.... préfixe, et
forma, forme.
DIFFORME, lÎE (di-for-mé, mée), part, passé.
Médaille ilifiormée.
DIFFORMER (di-for-mé), ». a. Dénaturer la forme
propre d'une monnaie, d'une médaille. Il est dé-
fendu aux orfèvres de difformer les monnaies.
— HIST. XV* s. S'en paix veulx ta vie finir. Quel-
que cbiere que femme face, U te fault encliner sa
face [t'incliner devant elle] Soit belle, ou laide, ou
difformée, e. desch. Poésies nist. !*■ 377, dans la-
CURNE. Il XVI* s. Que trois vices principaux diffor-
moient les ecclésiastiques, l'ignorance, l'avarice et
la pompe, d'aub. Ilist. i, 406. Le Poyet et les Lans
quenets s'avançoient à ce bataillon demi formé, qui
desjà se difformoit; car la queue gagnoit les vignes,
id. ib. i, 334. Avec un visage tout difforme de pleurs,
qu'elle avoit jettez jour et nuict depuis les mauvai-
ses journées, ID. i6. Il, 30. Les trouppes du prince
deCondéqui de Refformezs'estoientrendusdiformez,
ID. ib. II, 273. Il [le langage français] cscoule tons
les jours de nos mains, et, depuis que je vis, s'est
altéré de moitié; nous disons oi'*'' ?«• asture [à cette
DIF
heure] parfaict; autant en dict du sien chaque siè-
cle; je n'ay garde de l'en tenir là, tant qu'il fuyra
et se difTormera comme il Taict, mont, iv, )I9.
— ETYM. Difforme. Anciennement difformer si-
gnifiait défigurer, dérégler, désordonner.
DIFFOHMITÉ (di-for-mi-té), s. f. \\i' Vice de la
conformation extérieure du corps qui la rend con-
traire aux conditions de beauté propres à l'espèce.
Les difformités de la taille. Ne pouvant lui sauver
l'œil, du moins il lui sauva la difformité, rollin,
Ilist. anc. Œuvres, t. vi, p. 41. || Par extension.
Les Russes, de leurs collines, virent tout l'intérieur
de l'armée, ses faiblesses, ses difformités, ses par-
lies les plus honteuses, tout ce que d'ordinaire on
cache avec le plus de soin , seoun, Ilist. de Napol.
X, 3. Il 2» Fig. Ce sentiment [ne pouvoir souffrir
Dieu qu'on a offensé] est faible en cette vie, où nous
ne concevons qu'imparfaitement la difformité du
péché, NICOLE, Ess. mor. 2' traité, ch. 40. Les oc-
cupatior.s extérieures et continuelles de nos fonctions
nous cachent à nous-mômes cet état d'infidélité, ou
ne nous laissent pas le loisir d'en approfondir la
difformité, mass. Conf. Retraite pour les curés. La
difformité d'une âme en qui le péché habite, m.
Carfme, Laiare. Il est impossible (|ii'elle [une Ame
mondaine] montre dans toute leur laideur des dif-
formités qu'elle ne connaît pas et qu'elle aime en-
core, m. ib. C'est une grande difformité dans la
nature qu'un vieillard amoureux.... la bruy. xi.
— BEM. Voiture, Lettre 125, observe: Il faut dire
difformité; déformité est mort depuis dix ou douze
ans. Déformiié est en effet resté en désuétude.
— SYN. DIFFORMITÉ, LAIDEUR. Ces dcux mots sont
synonymes en ce qu'ils sont également opposés à
l'idée de beauté, quand on les applique à la figure
humaine. Mais la difformité implique quelque grande
irrégularité qui n'existe point dans la laideur. Un
visage laid n'est point un visage difforme. Dans la
difformité la forme est altérée, perdue ; dans la
laideur elle est conservée, mais elle n'a pas les ca-
ractères de la beauté.
— IIIST. xiv's. En ceste très grant déformité,
BERCHEURE, ^ 35, verso. \\ XVI' S. Nostre corruption
et déformité de nature, calv. ln.itit. (20. La beauté
de la duchesse n'estoit que laideur et difformité au
prix, MARG. Nouv. Lxx. Il y avoit au pais de Lace-
demone très grande difformité [différence] et inéga-
lité entre les habilans, amyot, Lyc. )2. l'outes ses
statues presque ont l'armet en teste, n'ayant pas les
ouvriers voulu luy reprocher celle difformi'.é, ID.
Péric. 3. Le reste du doigt demeure; mais c'est as-
sez souvent sans ongle et avecques difformité, paré,
VI, 21. Quelque remarquable et énorme difformité
corporelle, mont, ii, 86. Difformité est indice de
virginité, lerolx de lincy, Prov. t. i, p. 2(4. Dif-
formité n'est pas vice, id. «6.
— ETYM. Difforme.
\ DIFFRACTÉ, ÉE (di-ffra-kté, ktée), part, passé.
Qui a subi la diffraction. Rayon diffracté.
+ DIFFRACTER (di-ffia-klé) , v. a. Terme de phy-
rique. 0[iérer la diffraction.
— ËTYM. Lat. diffractum, supin de diffringere
(voy. diffhingent).
tDlFFRACTIF, IVE (di-ffra-ktif, kti-v'), adj.
Terme de physique. Qui produit la diffraction. Pou-
voir diffractif.
— ETYM. Voy. diffraction.
DIFFRACTION (di-ffra-ksion; en vers, de quatre
syllabes), s. (. Terme de physique. Inflexion que
les rayons lumineux éprouvent, lorsque, en passant
près des extrémités d'un corps, ils s'écartent de leur
route directe,
— SYN. diffraction, réfraction. La réfraction a
lieu lorsque les rayons lumineux, dérangés de la li-
gne droite, sont tous brisés dans le même sens et dans
un ordre invariable. Un faisceau lumineux qui tombe
sur un prisme de cristal, est réfracté ou éprouve la
réfraction, parce que les rayons s'étalent de manière
à former le spectre solaire. Au contraires! ce faisceau
tombe sur des houppes soyeuses, les divers rayons
étant réfractés selon l'occurrence des brins de soie,
il résulte dans l'easemble une réfraction qui semble
désordonnée et que nous nommons diffraction.
— ETYM. Diffracter.
I DIFFRINGENT, ENTE (di-ffrin-jan, jan-t'),
adj. Terme de physique. Qui opère la diffraction.
Surface diffringente.
— ETYM Ut. diffringere, de di.... préfixe, et
frinqere pour frangere, briser (voy. fragile).
DIFFUS, USE (di-ffu, fu-z'), adj. || 1° Terme di-
dactique. Qui est répandu au travers. L'esprit est dif-
fus dans toute la substance de l'âme, comme l'âme est
diffuse dans toute la substance du corps , dideh. Opin.
mer. DE lA LANGUE FRANÇAISE
DIF
des anc. phil. (Épicuréisme). La force par laquelle
nous agissons, nous sentons, nous pensons, est dif-
fuse dans toute la matière, id. ib. (Pliilos. péripat.).
Il Terme de pathologie. Anévrismediffus, tumeur for-
mée par le s;ing épanché hors d'une artère blessée.
Phlegmon diffus, phlegmonqui n'est pas circonscrit.
Il Terme de botanique. Plantes diffuses, plantes qui
étalent lâchement leurs ramifications. ll Terme de
physique. Lumière diffuse, lumière répandue, bien
que la source dont elle émane soit voilée. || 2°Qui ade
l'ampleur, de l'étendue. Plus l'esprit se fait simple....
Plus lors sa connaissance est diffuse et certaine. Et s'é-
lève sans peine Jusqu'aux plus hauts sujets, corn. Imi-
tation, I, 3. Il Peu usité en ce sens. Il 3° Qui délaye,
étend la penséeoutre mesure. Un avocat, un écrivain
diffus. Langage diffus. Quelque soin qu'on apporte à
être serré et concis el quelque réputation qu'on ait
1 d'être tel, ils [certains esprits vifs] vous trouvent dif-
I fus, LA BRUY. 1. Il Style diffus, sorte de style redon-
dant, où se trouvent beaucoup de pensées qui ne
tiennent pas directement au sujet que l'on traite.
— SYN. DIFFUS, PROLIXE. Défauts du style con-
traires à la brièveté. Le diffus abonde en accessoires
superflus, en idées hors d'oeuvre. Le prolixe abonde
en paroles qui délayent la pensée et l'expression.
— HIST. XVI' s. Pis ne fit onc la teste de Méduse,
Et toutesfois le mal je n'en refuse, Puis que par luy
se voit ample et diffuse Ma loyauté, st-gel. 72.
Ceste chaleur est diffuse et estendue par tout le corps,
PARÉ, XX, 3.
— ÉTYM. Lat. diffusus, répandu, part, passif de
diffundere, de di.... préfixe, et fundere , verser
(voy. fusion).
t DIFFUSÉ, ÉE (di-ffu-zé, zée), part, passé.
Terme didactique. Répandu par diffusion. Les plan-
tes montrèrent combien est rapide l'action de la lu-
mière qu'elles reçoivent comme par une sorte de
sens diffusé dans leurs corolles, faye, Comptes ren-
dus, Acad. des se. t. Li, p. 998.
DIFFUSÉMENT (di-ffu-sé-man), adv. D'une ma-
nière diffuse, en délayant outre mesure la pensée.
Je le fais [je vous en parle] par écrit dans la crainte
deraaplénitude, qui est telle que j'aurais appréhendé
de vous parler trop diffusément, st-sim. 208, H9.
— HIST. XV' s. Contenant au long et difi'usement
la manière du dit homicide et les causes pour les-
quelles il fut commis et perpétré, monstr. liv. i,
ch. 77.
— ÉTYM. Diffusé, ou, dans l'ancienne langue,
diffuse, et le suffixe ment.
{diffuser (di-lfu-zé), v. a. Terme de physi-
que. Répandre de çà et de là, répandre à travers.
Ce reflet qui diffuse la lumière dans toute l'étendue
du plan perpendiculaire aux stries, Léon foucault,
J. des Débats, 5 juin 186 1.
— ÉTYM. Lat. diffusum, supin de diffundere, ré-
pandre (voy. diffus).
t DIKFUSIBLE (ili-ffu-zi-br),adj. || 1° Qui peut
se répandre dans tous les sens, de tous les côtés.
Une odeur difl'usible. || 2° Terme de physiologie. Qui
excite tous les tissus vivants d'une manière vive
mais passagère, et réagit promptement sur le cer-
veau : tels sont l'alcool et i'éther. || S. m. Tous les
diffusibles sont odorants, inflammables et sujets à
s'évaporer.
— ÉTYM. Voy. diffus.
t DIFFUSIF, IVE (di-ffu-zif, zi-v'), adj. Terme
didactique. Qui a une vertu de diffusion. [[Substan-
ces diffusives, substances susceptibles de se séparer
d'un mélange soumis au dialyseur: telles sontla si-
lice et l'alumine hydratées, l'amidon, la ilextrine, etc.
— ETYM. Voy. diffusior; provenç. diffusiu; es-
pagn. difusivo ; ital. diffusivo.
DIFFUSION (ili-ffu-zion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1° Terme de physique. L'action de se
répandre. La diffusion de la lumière, du son. || Par
extension. La diffusion de la richesse. La diffusion
des ouvrages écrits dans une langue comprise de
tout le monde, Ilist. liltér. de la France, t. xxiv,
p. 303. Il 2° Nom donné à la condition qui fait que,
dans une réunion de gaz de densité différente, mal-
gré leur superposition par ordre de densité, et par
couches horizontales d'abord, le mélange finit par
devenir intime grâce au déplacement réciproque de
ces gaz. Il 3° Terme de médecine. Diffusion d'un
médicament ou d'un poison, sa distribution molé-
cule à molécule dans tous les tissus par la circulation
ou l'assimilation. ||4° Défaut du langage, du style
diffus. 11 n'y avait pas jusqu'à Néaulme qui, dans la
diffusion de son bavardage, ne me montrât du re-
gret de s'être môle de cet ouvrage, j. i. houss.
Confess. xi. La diffusion nuit sans doute à la clarté,
quand on parle à des hommes accoutumés à une at-
DIG
1161
tention soutenue, qui savent saisir des nuances
fines, qui peuvent recevoir à la fois un grand nom-
bre d'idées et suppléer aux idées intermédiaires que
l'on a supprimées, condorcf.t, Duhamel.
— ÉTYM. Provenç. diffusin ; es^iagn. difusion;
ital. diffusinne ; du latin diffusionem (voy. diffus),
t DIGAME (di-ga-m'), adj. Terme d'histoire natu-
relle. Qui possède à la fois les deux sexes.
— ÉTYM. A:ç, deux, et ■(i[i.oi, mariage.
t DIGAMMA (di-ga-mma) s. tu. Signe que les
Éoliens plaçaient en tête des mots commenç:int par
une voyelle, ou entre deux voyelles dans le corps
du mot, et qui équivalait dans les autres dialectes
grecs à l'esprit rude, dans le latir. au k ou à Vf. \\ Au
plur. Des digamma.
— ETYM. AU, deux, et gamma; ainsi dit parce
qu'il ressemble à deux gamma l'un sur l'autre.
DIGASTRIQUE (di-g,a-stri-k'), adj. Terme d'ana-
tomie. Qui a deux ventres, deux parties chi.fnues
réunies par un tendon intermédiaire. Le muscle di-
gastrique, et, substantivement, le digastrique.
— ÉTYM. lU, deux, et yaoTr.p ventre.
t DIGÈNE (di-jê-n'), adj. Te-me d'histoire natu-
relle. Oui naît ou s'accroît par doux surfaces. || Qui
est muni de deux sexes.
— ÉTYM. Ai;, deux, et y^vo;, race.
t DIGÉME (di-jé-nie), s. f. Terme d'histoire na-
turelle. Génération qui s'effectue par le concours des
deux sexes.
t DIGEON (di-jon) , s. m. Terme de marine. Pièce
de bois triangulaire qui remplit le vide existant sous
la figure du navire. Voy. digon.
t DIGÉRANT, ANTE (di-jé ran, ran-t'), ad}. Qui
digère. La faculté digérante étant absolument anéan-
tie chez moi, je ne m'expose plus au danger, volt.
Leit. Mme du Deffant, 8 fév. (768.
DIGÉRÉ, ÉE (di-jé-ré, rée), part, passé. || 1* Mis
en ordre. Tout était écrit, tout était digéré par
l'ordre des temps, boss. Hist. ii, 4. Il [l'ambassa-
deur] a son fait digéré par la cour [sa marche lui
est tracée], la bruy. x. Le sentiment, guide aussi
sûr, disons incomparablement plus sûr qu'un savoir
mal digéré, d'olivet, Ilist. Acad. t. il, p. 104,
dans pougens. || 2" Qui a subi la digestion. Les ali-
ments digérés par l'estomac. || 3" Fig. Supporté,
quoique fâcheux. Un affront reçu et digéré.
DIGÉRER (dijé-ré. La syllabe gé prend l'accent
grave quand la syllabe qui suit est muette : je
digère, excepté au futur et au conditionnel : je di-
gérerai, je digérerais, exception qui n'est pas justi-
fiée),r.n. '1 1° Mettre en ordre, d'après le sens primi-
tif du latin ùigirere, qui est porter deçà et delà. Le
sénat devait digérer toutes les affaires, boss. Ilist
III, 7. Lois qu'un roi a digérées, in. ib. ni, 3. L'his-
toire qu'il avait digérée dès l'origine du monde,
id. ib. 1,4. Il 2° Transmuer par la digestion les
aliments introduits dans l'estomac. II ne peut di-
gérer que des viandes légères et délicates. Sun esto-
mac digère tout. 11 n'a pu difiérer son dîner. || Fig.
L'on se couche à la cour et l'on se lève sur l'intérêt:
c'est ce que l'on digère le matin et le soir, le joi:r
et la nuit, la bruy. viii. jj Absolument. Il digère
bien. Il digère mal. Un verre d'oigeat l'empêcha de
digérer. Il a tout : il a l'art de plaire. L'art de nous
donner du plaisir. L'art si peu connu de jouir. Mais
il n'a rien, s'il ne digère, volt. LeIt. en vers et en
prose, 81. Digérer un peu et rire beaucoup, voilà
à quoi je borne mes prétentions, d'alembeht, Lett.
d Volt. 29 août (764. Il 3° II se dit, en un sens ana-
logue, dans le langage médical, de ce qui procure
la maturation de quelque humeur. Onguent propre
à digérer une inflammation suppurative. || 4° Terms
de pharmacie. Faire digérer une substance, en ex-
traire par digestion un principe utile. {| 5° Fig.
Mener à maturité par un travail de l'esprit comparé
à la digestion de l'estomac. J'ai conçu, digéré,
produit un stratagème, mol. l'Étour. ii,(4. Je vous
laisse digérer ces réflexions, sÉv. 4(t. Je laisse a
votre bon cœur cette pensée à digérer, id. i7(. U
faut du temps pour bien digérer ce que m'envoie
M. Phelippeaux, boss. Lett. quiét. 288. Pour bien
lire, il faut digérer la lecture, in. Obi. 3. U a
écrit longtemps après le commencement de la ré-
forme prétendue, de sorte que, les matières ayant
déjà été fort agitées et les docteurs ayant eu plus de
loisir de les digérer, la doctrine de Calvin paraît
plus uniforme que celle des autres, lu. Vur. ix,
§ 84. Peu lire et penser beaucoup à nos lectures est
le moyen de les bien digérer, J. J. Rouss. Ilél.i, ta.
Je digérais le plan déjà formé de mes institutions po-
litiques, dont j'aurai bientôt à parler, id. Confess.
VIII. Il Absolument. Un esprit qui dévore plus qu'il
ne digère, jj 6° Supporter en silence quelque chose de
1. — 146
1162
DIG
fâcheui n ne peut digérer les cinq cents écus que
je lui arrache, MOL. Scapin, li, l (. Ces coups do
bAtiin me reviennent au cœur; je ne les saurais
digérer, in. Ue'dec. m. lui, i, 6. i,e|)è'e lui laisa
digérer .sa disgrâce, la font, Fabl. vi, 21. J'ai été
forcé de lui citer un mot qu'elle a eu hien de la
peine i digérer, ;. j. nouss. Ilél. v, 2. J'ai un esto-
mac (|ui me joue d'aussi mauvais tours que si je l'o-
bligeais à d gérer tout ce qui se Tait et tout ce qui
se dit en France, d'alembeht, Lett. d Ko((. Bjuill.
47114. Il En c« sens il se construit avec que et le sub-
jonctif. Nous avons peine k digérer que tel ou tel de-
puis si longtemps nous rendent do mauvais offices,
BounoAL. Serm. il' dim. après la l'entec. Uominic.
t. IV, p. 28-2. Il II se construit aussi avec de. Il ne pou-
vait digérer (le voir ses livres méprisés du public,
RACINE d.ins le Dict. de poitevin. |{ Refuser d'ac-
cepter, de croire. Dites tout ce que vous voudrez,
je ne saurais digérer cela, non plus que le potage
et la tarte à la crème, dont madame a parlé tantôt,
MOL. Crit. se. 7. Il ne put faire digérer aux Suisses sa
présence substantielle, Boss. l'or. 4. Ne pouvant di-
gérer la folie que le mondt; trouvait dans l'Évaugile,
ID. Ilisl. II, 12. Il Cela est bien dur à digérer, cela est
difficile àsupporterouàcroire. || 7''Sedigérer,«.r('/i.
Être digéré. Cet aliment ne.se digère pas bien. || Fig.
Être médité. Ces lectures se digèrent, se classent
dans l'esprit et y fructifient. || Être supporté, ac-
cepté. Il soutenait que du principe de Descartes
s'ensuivrait la possibilité du mouvement perpétuel
artiiiciel, ou d'un efl'et plus grand que sa cause,
conséquence qui ne se peut digérer ni en mécani-
que ni en métaphysique, fontbn. Leibnitz.
— llisr. XIV' s. L'en ne les apaise pas par per-
suasions ne paroles, mes convient long temps pour
leur ire digérer, ohf.sme, lith. )2». Or sçavez que
trois choses faict L'art d'alchymie : c'e.st qu'il par-
faict Le métal et le viviRe;Tout premier elle purilie,
Et digère son esperit : En ce faisant, rien ne périt,
l'Alchim. à nat. 705. || xv« s. J ai l'estomac deljilité.
Si bien qu'à grant peine il digère, basselin, xii. Mis
en prison plus merancolieuse que mort, et plus
du K que cop de douloire par non povoir digérer
»on ennui, G. ciiastkl. Expos, s. vérité mal prise.
Il XVI' s. Tel me pensoit empesché à digérer à pan
moy quelque jalousie, mont, i, 77. Je ne digère
pas bien cette différence de mots fje ne la comprends
pas], ID, I, 142. Que nous sert il d'avoir la panse
pleine de viande, si elle ne se digère? id. i, I44. Il
ne la fil pas longue après ce refTus, non plus que le
comte de Tendes, avec souhçon pour l'un et pour
l'autre d'un morceau mal digéré [d'un empoisonne-
ment], d'al'B. Ilist. II. 28. IJmplastre digen.nt les
playes prolumles, angustts et caverneuses, paré,
viii; 32. En subtiliant l'Iiumeiir par choses emo-
lientes et digerenies, o. de serhes. flco.
— ÊTVM. Provenç. digorir, degerir; espagn. di-
gerir; ital. digerire ; du latin digerere, de di.... pré-
fixe, et gercre, porter (voy. geste) : porter çà et là,
parfaire, m il ri r.
t DltlF-STA (dijé-sta), s. m. piur. Terme d'hy-
giène. Mot latin employé pour désigner ceux des
agents hygiéniques qui sont ingérés ou digérés,
comme les aliments et les bois.sons.
— f.TVM. Ua. digesltts, participe passé de dige-
rere, dijéier.
DIGESTE (di-jè-sf), y. m. Nom du recueil de
déciaions des jurisconsultes, composé par l'ordre de
l'empereur Justinien, qui lui donna force de loi.
Les ciiaiions qu'on en lire se man|uenl par ce signe
ff. I.e Digeste, qu'on nomme aussi les l'andectes, est
divisé en cinquante livres. Il entreprit ensuite un
nouveau travail par ordre de l'empereur; ce fut de
tirer les plus belles décisions qui se trouvèrent dans
les deux mille volumes des anciens jurisconsultes
et de les réduire en un corps qui fut publié en 033
sous le nom de Digeste, bollin, Ilist. anc. liv.
XXVI, 2' part. art. 3. Il fallait que la rage à l'univers
funeste All.Al encor de luis embrouiller le Digeste.
BOIL. Sol.viii. Du Digeste et du Code ouvre-nous le
dédale, Et montre-nous cet art connu de les amis.
Oui dans ses propres lois embarrasse ïhémis,
ID. Luir. v.
— Hisr. XIII' s. En la digeste, el titre qui se com-
mence de re judicata , Ordonn. des rois de Fr.
1. 1, p. 109. En la digeste de chose jugie'e, ib. p.
»»». Il XVI' s. Sçavoir si la science des loix réduite en
digestes sous rauilioritè de Justimen a esté autie-
r.us enseignée en l'université de Paris, pasouier,
Hecherches, p. 813. dans lacihnb.
— KTYN. Lai. digesia, participe passif au neutre
pluriel, les choses digérées, mises en ordre, de
dtgerere (voy. dioereb). Ce nom vient de ce que
DIG
cet ouvrage est compo.<ié par ordre de matières. Dans
l'ancien français difiesle était féminin, suivant la
rfgle qui transformait en subslantifs féminins les
siibsianiifs latins du neutre et du pluriel : la l)i-
ble, btblia, merveille, mirabtlia, aumaille, ani-
malia . etc.
t DIGESTfi (di-jÎ!sté), t. m. Terme de pharma-
cie. Nom donné aux produits de l'opéralion phar-
maceutiijue appelée digestion.
— ETV.M. Lai. diyestus, participe passif de dige-
rere, digérer.
UIGKSTKUR (di-jè-steur), s. m. Vase de cuivre
trésépais, berméliquement fermé au moyen d'un
couvercle assujetti par une forte vis de pression. Ce
vase, construit pour retarder l'évapuration des li-
quides et en élever la température beaucoup au delà
du point d'éliullition, est propre à cuire prompte-
ment les viandes el à dissoudre la gélatine des os.
— KTYM. Voy. niGESTION.
I UIGESTIBII.ITÉ (di-jè-sti-bi-li-té), s. f. Qualité
de ce qui e.st dig-istible. Il est des sulistiinces répu-
tées d'une grande digoslibilitè, qui sont rejeiées par
le vomissement et occasionnent des troubles gastri-
ques très-sérieux, legoarant.
— ETYM. IHgestibU.
t DIGESTinLE (di-jè-sti-bl'), adj. Oui peut être
digéré; qui .se digère facilement. Aliment digestible.
— lllST. xiv s La chair d'oyseaulx volans E-t
plus saine el plus digestible Que nulles autres chairs
ne sont, oace de la signe, ms. f° 44&, dans la-
CL'RNE.
— ÊTVM. Provenç. et espagn. digestible ; ital. di-
gestibile; du lalin digestibilis, de digesium, supin
lie diijrnre , digérer.
DIGESTIF, IVE(dijè-stif, sti-v'), adj. || !• Terme
d'anatomie. Oui sert à la digesiion. Appareil diges-
tif, l'ensemble des organes qui concourent à l'ac-
complissemenl de la digestion. Tube digestif, l'en-
semble des canaux qui font partie de l'appareil
digestif. Il 2° Oui aide à la digestion. Poudre diges-
tive. Les substances réputées digestives sont en
général de légers excitants. || S. m. L'eau de Seltz
est un digestif. || 3' Terme de pharmacie. Oui aide
à la suppuration des plaies. Un onguent digestif. || S.
m. Un digestif. Le digestif ou digestif simple, es-
pèce d'onguent.
— HIST. xvi« s. Médicament digestif [ pour les
plaies], PARÉ, V, )0. Dedans la playe on mettra un
digestif fait de jaune d'ceuf, térébenthine, et huile
rosat, ID VI, 18.
— ÉTVM. Provenç. digestiu; espagn. et ital. di-
gestiro; du latin digestivus , de digesium, supin de
digerere, iligérer.
DIGESTION (di-jè-slion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1" Terme de physiologie. Fonction
caraciérisée par la dissolution, la liquéfaction et
babsorption des aliments venus du dehors, avec dé-
jection des résidus. Elle se décompose en digestion
stomacale, celle qui se fait dans l'estomac à l'aide
du suc gastrique; digestion intestinale, celle qui se
fait dans l'intestin après le mélange des aliments
avec la bile; et digesiion des matières grasses, celle
qui se fait à l'aide du .suc pancréatique. || 3° Ëlabo-
ration des aliments dans les voies digestives. Diges-
tion pénible. Digestion laborieuse. Digestion facile.
Un homme ne se lèverait pas de table à la hâte, de
peur de troubler la digestion, balz. Lie. m . iHt. 23.
Cliton n'a jamais eu toute sa vie que deux affaires,
qui sont de d!ner le matin et de soujier le soir; il
ne semble né ipie pour la dige.slion, la bruv. .yi. Il
passe sa vie à faire la digestion, id. xu. On ne
mange point du métal, les pistoles sont de mau-
vaise dige.slion, FÉN. l. xix, p. 49. Les tempéraments
chez, qui la digestion est un peu lente et l'esprit
prompt et à qui la casse fait un bon ellet, durent
d'ordinaire plus longtemps que les corps frais el do-
dus, VOLT. Leit. Mme du Deffnnt, i7 mai (775. Les
sucs salivaires en facililent la digestion (des ali-
ments], j. J. Bouss. Èm. I. Il Fig. Cela est de dure
digestion, cela est difficile à souffrir, à croire, à
surmonter, etc. Je dis à M. le prince que M. le car-
dinal pourrait fort facilement se tromper dans ses
mesures, at que Paris serait un morceau de dure
digestion, retz, 11, (81. L'affectionné serviteur est
d'une dure digestion, sév. 223. Ces retranchements
[fortifications], examinés el tournés, furent trouvés
de digesiion II op dure; ilfallul prendre des détours,
ST-siM. ii8,3i.||i:e livre est de dure digestion, est
un morceau de dure digestion, c'est-à-dire il est
difficileà entendre, ou pénible à lire. ||3'Terme de
pharmacie. Séjour d'une subslance médicinale dans
un liquide propre à en extraire quelques principes à
l'aide d'une température plus élevée que celle de l'at-
DIG
mosphère. ||4*Termede médecine. Maturation d'une
humeur ou de tumeurs considérées comme crues.
La digesiion d'une lumeur à l'aide d'un onguent.
— SYN. COCTION, DIGESTION, MACÉRATION. La COC-
lion a pour but de préparer,* l'aide d» feu, certains
alimenis pour la nourriture, et certaines autres
choses pour des emplois divers (par exemple, cuire
des briques). La digestion pharmaceutique a pour
but d'extraire, à l'aide d'un liquide el d'une tempé-
rature plus élevée que celle de l'atmosphère, cer-
tains principes d'une substance. I^ macéraiinn a le
même but queUdigestion, emploie, comme elle, un
liquide, maissefail à la température atmosphérique.
— lIlST. XIII' s. El [les choses] pueent [peu-
vent] lor compieccions , Par diverses digestions,
Si changer entre aus [elles], que cis changes Les
met souz espèces eslranges Et leur toit [ôiej l'es-
pèce première, la /(ose, 02»4. || xiv s. La nutri-
tion ou digesiion se fait mieux en donnant, ohesme,
Elh. 30. Comme en médecine se aucuns savoient
en gênerai que chars legierea sont de bonne diges-
tion et .saines, id. ib. fso. || xvi' s. Cela eust esté
trouvé un peu de mauvaise grâce et de difficile
digesiion, choliéres, Contes, apresdin. 1.
— ÊTYM. Géiiev. digession; provenç. digestio;
espagn. digestion ; ital. digeslione; du latin digestio-
nem, de digesium, supin de d'gerere, digérer.
DIGITAL, ALE (di-ji-ta-l', ta-l). || l°.4d;. Terme
d'analomie. Oui appartient aux doigts. Nerfs digi-
taux, ceux qui se distiibuenl aux doigts. || Appe.i-
dices digitaux, appendices ou diverlicules que pré-
senlenl les intestins, et que l'on a ainsi appelés par
analogie de forme avec les doigts d'un gant. || Im-
pressions digitales, dépressions superficielles que
présente la face interne des os du crâne el qui cor-
respondent aux circonvolutions cérébrales. || 2° S.
m. Terme de botanique. Champignon appelé plus
ordinairement clavaire.
— F.TYM. Lat. digiialis, de digitus, doigt (voy
doigt).
t. DIGITALE (di-ji-ta-l'), s. f. Terme de botani-
que. Plante de la famille des scrofulariées. ainsi
dite de la forme de sa corolle, qui ressemble à un
doi^lier renversé. || Digitale pourprée, doiglier,
ganielée, doigt de Notre-Dame {digitalis purpurea,
L.), reconnais.sahleà ses longs épis de grandes fleuri
pourprées campaniformes, tachetées, dans l'inlé-
neur de la corolle, de points noirs entourés d'un
cercle blanchâtre. Elle est diurétique et diminue la
fréquence des baltements du cnur. || Fausse digi-
tale, nom vulgaire du dracocépliale lirginien (la-
biées). Il l'etile digitale, nom vulgaire de la gra-
tiole officinale.
— ÊTYM. Digital.
f 2. DIGITALE (di-ji-ta-l'),s. f. Terme dépêche.
Jeune saumon, très-petit. 1| Pointe d'oursin fossile.
— f.TYM. DiqitaK
I DIGITALE, ÉË (di-ji-la-lé, lée), ad;. Terme de
botanique. Qui ressemble à une digitale.
— ETYM Pii/itale I.
f DIGITALIKOK-ME ( di-ji-ta-li-for-m') , adj.
Terme de botanique. Quia la formed'undé àcoudre.
— ETYM. Lat. digitale, dé (voy. vé 2), et forme.
t DIGITALINE (di-ji-ta-li-n'), s. f. Terme de
chimie. Principe actif de la digitale pourprée.
— ETYM. Digitale t.
t DIGITALIQUE ( di-ji-ta-li-k' ), adj. Terme de
chimie. Acide digitalique, acide découvert dans la
digitale pourprée.
— ETYM. Digitale t.
j DIGITATIO.N (di-ji-ta-sion), s. f. Terme de bo-
taiiiipje. Découpure des feuilles digitées. || Terme de
zoologie. Marque ou impression en forme de doigts.
Il Terme d'analomie. Nom donné à ries faisceaux de
fibres musculaires isolés et disposés à peu près
comme les doigts de la main tenus écartés.
— ETVM. Digili.
DIGITÊ.ÉE(di-ji-lé,tée),odj. |[ l'Oui est en forma
de doigt. Racine digitée. || Terme de botanique. Dé-
coupé en forme de doigts, en parlant de feuilles
composées de plus de trois folioles. || Terme de zoo-
logie. Oui offre des digilalions. Aile, coquille di-
gitée. IJÏ'S. m. pJur. Terme de zoologie. Lesdigités,
onire de mammifères, contenant ceux qui ont le»
doigts libres aux quatre pieds.
— ETYM. Lat. digitalus, muni de doigts, de dt-
gitus, doigt (voy: doigt).
t DIGITIFOLIfi, ÉE (di-ji-ti-fo-li-é, liée), aij.
Terme de botanique. Qui a des feuilles digitées.
— ETYM. L.il. digitus, doigt, el falium, feuille,
t DIGITIFOIIMK (di-ji-li-lor-m'), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui a la forme d'un doigt.
— ÊTYM. Lat. digitus, doigt, etformt.
à
DIG
DIG
DIG
1163
I DIGITIGRADE (di-ji-ti-gra-d'). || i'Adj. Terme
de zoologie. Oui marche sur le bout Jes doigis.
Il i° S. m. Nom des carnassiers carnivores qui , ayant
le tarse si le métatarse redressés dans le sens des
os de la jambe, marchent sur les doigis seulement.
— ÊTYM. Mot latin hypothétique digitigradus,
formé sur le modèle de lardigradus ; de digilus,
doigt, et gradi. marcher (voy. ghade).
t DIGifiNKRVÉ, ÉE (di-ji-ti-nèr-vé, vée), adj.
Terme de botaniiiue. Qui a des nervures digitées,
c'est-à-dire partant du sommet du pétiole en diver-
geant.
— ÊTYM. Lat. digitits, doigt, et nervus, nervure,
t DIGITIPALMÉ, ÊE (di-ji-ti-pa-lmé, mée),adj.
Synonyme de digitipenné.
— ETYM. L<l. digilus, doigt, et palma, paume.
t DIGITIPENNÉ, ÉE (di-ji-ti-pé-nné, née), adj.
Terme de botanique. Feuille digitipennée, feuille
dont le pétiole est terminé par des pétioles secon-
daires portant les folioles.
— ETYM. Lat. digitus, doigt, el penna, aile.
I DIGITIPINNÉ, ÉE (di-ji-ti-pi-nné, née), adj.
Synonyme de digitipenné.
— ETYM. Lat. digilus, doigt, et pinnatus, ailé.
f DIGITOLÉINE (di-ji-to-lé-i-n'), s. (. Terme de
chimie. Matière grasse trouvée dans la digitale pour-
prée.
— ÉTYM. Digit.... abrégé de digitale, et le latin
cleum. huile.
t DIGirULE (di-ji-tu-l'), s. m. Terme d'anatomie.
Le petit doigt de la main et du pied. || Inusité.
— ETYM Diminutif du latin digitus, doigt.
t DIGLYPUE (di-gli-T), s. m. Terme d'archi-
tecture. Console ou corbeau qui a deux cannelures.
— ETYM. AîyJuçoi:, deôi;, deux fois, et ylûfnv,
ciseler.
DIGNE (di-gn'; au xvi' s. Palsgrave, p. 23, dit
qu'on prononçait dine), adj. || 1" Qui mérite, en
parlant des personnes. Il est digne de récompense.
Digne d'être admiré. Il est faux que noussoyonsdignes
que les autres nous aiment; il est injuste que nous
le voulions, pasc. Pensées, art. xxiv, B6, éd. La-
hure, (800. Approchez, 6 vous qui courez avec tant
d'ardeur dans la carrière de la gloire, âmes guer-
rières et intrépides; quel autre fut plus digne de
vous commander? noss. Louis de Bourbon. Digne
de notre encens et digue de nos vers, boil. Sal.vii.
Je mourais ce matin digne d'être pleurée, rac.
Phèd. m, 3. Jamais femme ne fut plus digne de
pitié, ID. t6. II, 6. Il Oui mérite, en parlant des cho-
ses. Conduite digne d'éloges. Langage digne d'être
applaudi. Exemple digne d'imitation. Il l'ofl're une
oraison, il t'offre des louanges. Dignes de se mêler
à celles de tes anges, corn. [mit. m, 48. || Digne
de créance, digne de foi, se dit des personnes et
des choses. || 2° En mauvaise part. Il est digne de
punition, de mépris. Celte aclion est digne d'un
châtiment. Car c'en est une [trahison] enfin bien
digne de supplice Qu'avoir d'un tel secret donné
le moindre indice, corn. Iléracl. ii, l. El toutes
les hauteurs de sa folle fierté Sont dignes tout
au plus de ma sincérité, mol. F. savantes, i, 3.
Voilà le digne fruit de tant de travaux et, dans
le comble de leurs vœux, la conviction de leur
erreur; venez, ra.«sasiez-vous, grands de la terre,
saisissez-vous, si vous pouvez, de ce fantôme de
gloire, à l'exemple de ces grands hommes que vous
admirez, boss. Louis de Bourbon. Qu'elle nous
parut au-dessus de ces lâches chrétiens qui s'i-
maginent avancer leur mort quand ils préparent
leur confe.ssion; qui ne reçoivent les saints sacre-
ments que par force; dignes certes de recevoir pour
leur jugement ce mystère de piété qu'ils ne reçoi-
vent qu'avec répugnance I ID. Vuch. d'Orléans.
Il 3° Absolument. Honnête, honorable; en ce sens
digne se met toujours avant son substantif. Un digne
homme. Un digne magistrat. El demandons aux dieux,
nos dignes souverains.... coBN. Nicom. y, tu. Ro-
d-igue aime Chimène, et ce digne sujet De ses af-
fections est le plus cher objet, id. Cid, i, 7. Quand
je semais partout la terreur et l'eiïroi. J'étais un
grand héros, j'étais un digne roi, id. Perlhar. i, 4.
Que pouvait penser le prince, si ce n'est que, pour
accomplir les plus gramles choses, rien ne manque-
rait à ce digne fils que les occasions? BOss. Louis
ie Bourbon. Paraissez, cher enfant, digne sang de
nos rois, rac. Alhal. v, 5. Il se jeta au milieu d'une
colonne romaine, où il périt en di^'ne fils d'Amil-
car et en digne frère d'Annibal, rolun, llist. anc.
(Euvres,t. i p. 460, dans pougens. Dis-leur que j'ai
donné la mort la plus affreuse X la plus digne
femme, à la plus vertueuse, volt. Zaïre, v, to.
Capaljle. C'est un digne sujet. Et s'il n'avait laissé
dans de si dignes mains L'infaillible secret de vain-
cre les Romains, corn. Nie. lu, 2, || Cependant, si di-
gne, en ces em|ilois, est modifié par quelque autre
mot, on peut le meltre après son substaniif. Quand,
à la fin du repas, il [Pierre I"] vit son portrait
qu'on venait de peindre, placé tout d'un coup dans
la salle, il sentit que les Français savaient mieux
qu'aucun peuple du monde recevoir un hôte si ili-
gne,voLT. llist. de Itu-ssie, ii, h. || On le dit aussi des
cho.ses; et alors digne se met encore après son sub-
slantiL Une conduite digne. Rien de plus digne
que sa conduite. || 4° Convenable, mérité; il se met
en ce sens, avant son substantif. On regarde sa
mort comme un digne supplice, corn. Tais, d'or,
IV, 1. Choisissez-lui, Lépide, un «ligne apparte-
ment, ID. Pnmp. III, 4. Digne emploi d'un minis-
tre.... BAC. Brit. III, 3. Digne objet de leur crainte,
ID. Andr. i, 4. Le plus froid mépris De vos caprices
vains sera le digne prix, volt. Zaire, iv, ï. Vous
daignàles bientôt, soit grandeur, soit pitié. Soit plu-
tôt digne efiet d'une pure amitié.... id. ib. u, 2.
Il 5° Qui est en rapport, qui a de la convenance, de
la conformité avec. Il montra partout une vertu
digne de sa naissance. Si je n'eusse produit un fils
digne de moi. Digne de son pays et digne de son
roi, coiiN. C)d, II, 9. Mais si par d'autres soins plus
dignes démon âge, rac. Baj. m, 2. Songez-y donc,
madame, et pesez en vous-même Ce choix digne
des soins d'un prince qui vous aime. Digne de vos
beaux yeux trop longtemps captivés, Digne de l'u-
nivers à qui vous le devez, m. Brit. ii, 3. y U régit
que avec le subjonctif. 11 est bien digne que vous
fassiez quelque chose pour lui. Il n'était pas digne
qu'on fit quelque chose pour lui. Etes-vous digne
qu'on fasse quelque chose pour vous? || 6° Grave,
réservé, fier, en pariant du ton, des manières; di-
gne se met alors toujours après son substantif.
Avoir, prendre un air digne. C'était une personne
froide, digne, silencieuse, staël, Corinne, xiv, i.
Il U se dit quelquefois, par dénigrement, d'une af-
fectation d'importance. Elle a un petit air digne qui
me déplaît.
— KEM. Digne, employé avec une négation, ne
se dit que du bien : 11 n'est pus digne de récom-
pense, il n'en mérite pas. C'est dune une incorrec-
tion dédire : il n'est pas digne de votre courroux,
pour : il ne mérite pas que vous soyez en courroux
contre lui. Autrement, il n'est pas digne de votre
courroux, est très-correct, signifiant : il est au des-
sous de votre courroux, vous lui feriez trop d'honneur.
— HIST. XI* s. Qiiar il ad Deu bien et à gret ser-
vit, Et il est digne d'entrer en paradis, St Alexis,
XXXV. Il XII' s. Chers [riches] est li lieus, si est digne
l'église, Itonc p. 171). || xui* s. De la lolie as femes
m'esnierveil ge souvent ; Femme est plus orgueilleuse
que lions ne serpent; Par femes sommes nous tres-
tuit rais à torment; Feme nos gita fors du disne
firmament, Chasiie-Uusart , m.ï. f t07, dans la
CURNE. Il xiv s que dame Dieu qui maint en
Bethleent VueiUe garder de mal, par son disne com-
manl, Bertran.... Gucscl. 5357-53ii3. || xv s. Celle
oriflambe est une digne bannière et enseigne,
FROiss. II, II, tsa. Et si leur bataille tourne et leurs
gens viennent pour les secourir, nous sommes bien
dignes [capables] de les deconfire tous, le Jouven'
cel, ms p. 2J4, dans lacurne. || xvi* s. Elle com-
mença à lui dire tous les propos qu'elle pensoit di-
gnes [capables] de le retirer du heu où il estoit,
MAUG. flouv. LXiv. Ce porteur a vu tout ce qui est
digne d'escripre de ce pays, id. Lett. tM. Le bien
de vous voir est digne d'oublier toute aultie chose
pour y parvenir, id. ib.ix. Si j'estoys digne d'estro
crue sur ces affaires, id. ib. xciv. Je le vous en-
voie pour vous rendre conte de moy et de tout ce
qui me semble digne de vous estre dit, id. ib. cxix.
Ceulx-lâ sont reputez sages et dignes , à qui l'on
mette en main les resnes des grands gouverne-
mens, amyot, Préf. vu, 32. A fait d'exil les aucuns
revenir, Injustement les autres forbannir. Ou met-
tre à mort sans digne forfaitture, id. Thém. 41. Ce
sénat vilain, servile, et corrompu, et digne d'un pire
maistre que Tibère, mont, ii, 91.
— ÊTYM. liourguig. doigne ; provenç. digne,
deing; espagn digno; ital. deyno ; du latin dignus.
DIGNEMENT (di-gne-man), adv.\\l° D'une ma-
nière digne, méritée, en bonne et aussi en mauvaise
part. Il a été dignement récompensé. Il a été châtié
d.gnement. Et la giâce que Dieu mesure à sa con-
stance [de l'homme], D'autant plus dignement l'en
fait venir à bout, corn. Imit. i, 25. Puisse le juste
ciel dignement le payer ! rac. Phèd. iv, 6.112° Con-
venablement, très-bien. Vous venez de parler du
mien [amant] si dignement, corn. AgésU. I, 4. Un
exemple si grand dignement soutenu, id." Sertor.
v, t. C'est assez dignement répondre â tes bienfaits
Que d'avoir dégagé ion fils de tes forfaits, id. Ilé-
racl. IV, 5. Peut-on plus dignement mériter la "lu-
ronne? ID. Hodog.i, 0. Il ne peut dignement vous
confier qu'aux mains A qui Rome a commis l'empire
des humains, rac. Brit. n, 3. Toute philosophie ne
parle pas dignement de Dieu, de sa puissance, la
BBL'Y. XVI.
— HlST. XII* s. Le premier roi de France fist
Diex par son commant Couronner à ses anges di-
gnement en chantant, Sax. i. ||xiv* s. Quiconques
queit [cherche] delettacions selon aucune de ces
trois manières réprouvées, il les aime plus que il
ne doit dignement, oresme, Eth. 88.
— ÉTYM. Digne, et le suffixe ment; provenç. dt-
gnamen; espagn. dignamente ; ital. deynamente.
t UIGNIFIKR (di-gni-fi é), V. a. Rendte digne,
respectable. Dignifier le travail.
— HIST. xvi' s. Dignifié [revêtu de dignité], nicot,
au mot révérence.
— ETYM. Digne, elle \a.t.faeere, faire.
DIGNITAIRE (digni-lê-r'), f. m. Personnage re-
vêtu d'une dif,'iiité. Les grands dignitaires de l'Etat.
Il Grand dignitaire de l'empire, personnage pourvu
d'une des premières charges, sous le premier em-
pire français. Il y avait six grands dignitaires de
l'empire. Il Se dit au féminin dans les communau-
tés religieuses. Les dignitaires, les religieuses revê-
tues des principaux offices.
— ETYM. Voy. DIGNITÉ.
DIGNITÉ (di-gni-lé; au xvi* siècle, Palsgrave,
p. 43 et B7, dit qu'on prononçait diniié), s. f.
Il 1" Fonction éminentedans l'État ou l'Église. La di-
gnité é|iiscopale. Le roi qui s'en souvint â son heure
fatale. Me laisse comme à vous la dignité royale,
CORN. Pomp. I, 3. Toutes les dignités que tu m'as
demandées, Je te les ai sur l'heure et sans peine ac-
cordées, ID. Cinna, v, I. Quitte ta dignité comme
tu l'as acquise, id. ib. iv, 2. Ma vie est en vos
mains, mais non ma dignité, id. Nie. m, i. Soute-
nir jusqu'au bout la dignilé de reine, id. D. Sanche,
II, ). De votre dignilé soutenez mieux l'éclat, hoil.
Lutr. I. Qu'est ce qu'une dignité, j'entends surtout
dans les principes du christianisme, sinon une spé-
cieuse servitude, dit saint Basile de Séleucie? iiour-
DAL. Dim. de la Septuagés. Dominic. t. i , p. 368. Il
y a pour arriver aux dignités ce qu'on appelle la
grande voie ou le chemin battu; il y a le chemin
détourné ou de traverse, qui est le plus court, la
BtiUY. VIII. Les versions grecques ni les versions la-
tines ne nous donnent point d'idées justes des di-
gnités chaldéennes marquées dans Daniel et dans
Êzéchiel,FLEURY,i/œur4- des /ira^/. lit. xxv,2"part.
p. 325, dans POUGENS. Ils [les Pharisiensl étaient des
hommes constitués en dignilé, volt. PA//-. ii, (65.
Il 2" En quelques églises, certains bénéfices aux-
quelsest annexée quelque juridiction ecclésiastique,
quelque prééminence ou quelque fonction parti-
culière dans le chapitre, comme celles, de prévôt,
doyen, trésorier, anhidiacre, ou dans le chœur,
comme celle île chantre, etc. || Personnes qui pos-
sèdent ces bénéfices. U ya des cathédrales où toutes
les dignités portent la robe rouge. |l 3° Se dit des
choses où l'on sent éminence et noblesse. U com-
prit toute la dignité de son sujet. Quand on n'aurait
point de considération pour une telle grandeur que
celle de Dieu, il en faudrait avoir pour une lellt
vieillesse que celle de sa parole, et reconnaître le
mérite des cbo-ses anciennes, quand on ne pourrait
pas comprendre la dignité des choses divines, balz.
Socr. clirét. dise. 7. Madame, pour lais.ser toute sa
dignité X ce dernier effort de générosité , corn.
llérac. II, 7. Pour donner plus de dignité à l'action,
ID. lix. de Poly. Je sais peu de mes droits quelle est
la dignité, volt, ilérnpe, iv, 2. || Sens analogue,
en parlanldes personnes. Toute la dignité de l'homme
est en la pensée; mais qu'est-ce que celte pensée?
qu'elle est sotte! pasc. Pensées, art. xxiv, 53, éd.
Lahure, 1 800. On ne sent pas les ténèbres d'une raison
déchue de sa dignité, mass. Sfys(. Assomp. || 4° Res-
pect qu'on se doilà soi-même. Compromettre sa di-
gnité. Il a perdu toute dignité. || S° Gravité dans les
manières. Ses manières sont pleines de dignité. Par-
ler, agir avec dignilé. Son port avait de la dignité.
Une gravité trop étudiée devient comique, ce sont
comme des extrémités qui se touchent, et dont la
milieu est dignité, la bruy. xii. El de tout cela en-
semble se forme un air de dignité qui n'appartient"
qu'à la vertu et que les dignités mêmes ne donnent
point, PONTEN. Dodart. Là brillaient sans orgueil mais
non sans dignité Les Périclès, et les Alcibiades, db-
UW.E, Convers. Prol. |{ 6° Affectation d'importa
<!64
DIG
de grandeur. Son airdediRnitéfail rire. || 7' Terme
d'ïitrologie. Si l nation d'une planète dans le signe
où elle a le plus d'influence.
— lllST. XI' s. Que nous perdons l'onur neladein-
le'i Ch. de Rnl. m. || xif s. Nel ferai, fait li il; di-
Tlns dignité Ne rendrai à lai ((laïque] humme en
trestut mon eé [ilge], Th. le mart. *i. ICt quand je
fui à Londres esliz et alevez X ceste dignité.... ib.
44. Il xiii' s. El rescril ne vaut riens en tel qu:is,
s'il ne fet mention de ladigneté, lit), de Jost. (4.
Il XIY* s. Il sont pires en tant comme il ne ont en
euli nulle dignité ou espérance do bien, oiiesme,
Elh. 88. Le fort œuvre et sueiïre toutes choses se-
lon la dignelé de la vertu, id. i6. 80. || xvi* s. Nous
sommes quelque chose, non point p:ir noslre di-
gnité [mérite] , mais en tant qu'il [Dieu] nous en
estime dignes par sa grâce, cai.v. Inslil. 442. [Ar-
chimèdej pensoit en cela [p:ir dos applications pra-
tiques] avoir corrompu la dignité de son art, mont.
I, <4I.
— f.TYM. Provenç. dignital, dijncfaf; espagn. di-
gnidad; Uni dignilà, degnilà; du latin dignitalem,
de digiivs, digne. La forme originale est deintet ;
les autres ont été refaites sur le laiinau xii* siècle.
t BIGON (di gon), s. m. || 1° Terme de marine.
PiJce de bois posée entre la gorgére et l'étrave.
Il naton qui porte une flamme ou un pavillon, et
qu'on attache au bout d'une verfiue. || 8° Terme de
pêche. Ker barbelé que l'on .-ijuste à une perche
pour prendre le poisson plat entre les rochers à la
basse mer.
■j- DIGONE (di-go-n'), adj. Terme d'histoire natu-
relle. 0"! a deux angles.
— ÈTYM. Aiç, deux, et ym-zo;, angle.
t DIGOT (di-po), s. m. Terme de pèche. Petit in-
strument appelé aussi aiguillette, pour tirer du sa-
ble certains cmiuiUages de mer appelés vulgaire-
ment manches de couteau.
1 UIGKAMME (di-gram'), s. m. Terme de gram-
maire. Groupe de deux lettres dont la valeur pour-
rait s'exprimer par un seul caractère. Gn mouillé
est un digramme. PU pour /'est un digramme. Ou
est iindigramme pour figurer un son qui n'a qu'une
lettre dans |.liisieiirs langues. C'est encore par des
digrammes qu'on représente les voix dites nasales,
an, en, un, etc.
— f.TYM. Di.... préfixe grec, et •YpôiJip.a , lettre.
fDIGRESSKR (di-gré-sé), V. n. Néologisme. Kaire
de< iligression.s.
t DIGUESSIF, IVE (di-grè-sif, si-v'), adj. Terme
didactii]ue. Qui consiste dans une suite de digres-
sions.
— ÉTYM. Voy. DIGRESSION.
DIGUESSION (di-grè-sion; en vers, de quatre
syllahi's), s. f. || 1° Terme d'astronomie. Écartement
apparent des planètes par rapport au soleil. L'éten-
due des plus grandes diirressions ou de ses plus
grands écarts de cha(|ue côté du soleil, varie de-
puis ilii-hiiil jusqu'à trente-deux degrés, laplace,
Kxpcs. I, 5. Il 2" Ce qui dans un di.scours s'éloi-
gne du sujet. Faire une digression, une longue di-
gression. Mais, sans nous égarer dans ces digres-
sions, BoiL. Sat. viii. J'aimerais beaucoup mieux le
roman de Télémaque, s'il n'était pas tout en digres-
sions et en déclamations, volt. Dial. XMv, M' en-
trelien. Mes longues digressions, pardonnables à
mon !lge et à mes dernières amitiés, bern. de st-p.
P. et Virq.
— lllsT. xii* S. Or vus ai fait ici mult grant di-
gressiun; Car ne vuoil en l'afaire mètre coruptiun,
Th. le mart. «3. || xvr s. Quant à la partie de quoy
il [Guicciardin] semble se vouloir prévaloir le plus,
qui sont ses digressions et discours.... mont, ii, 113.
— ETYM. l'rovenç. disgressio ; espagn. digresioii;
ital. digretsione; du latin digressionetn , de digres-
tum, supin de digredi, de di préfîxe latin, et
gradi, aller, marcher (voy. crade).
t DIGBESSIONNAIRE (di-grè-sio-nê-r'), t. m.
Celui qui fait des digre.ssions. Le discours de Pala-
prat sur le Grondeur et autres, lui firent donner le
nom de grand digressionnaire, beauchahps, ileift.
des théâtres, t. ii, p. 43t , dans lacurne.
— ÊTYM. Digression.
+ DIGHESSIVEMEXT ( di-grè-si-ve-man ), adv.
Par digression. Parler digressivement.
— ETYM. Digressive, et le suflixo ment.
t DIGUAIL (di-gall, Il mouillées), s. m. Terme de
pêohe. Sorte de grand filet terminé par une nas.se
et établi au pied des digues. || Au plur. Uiguaux.
Il On dit aussi diguial.
DIGUE (di-gh'), ». f. || i' Levée en terre ou en
maçonnerie pour contenir des eaux. Les digues de
Hollande. Couper une digue. Votre miséricorde prend
DIL
plaisir à surtncnter ma mi.sère; elle s'élève comme un
torrent au-dessusd'une digue, FÉN. t. xviii, p. (64. On
vous annonce qu'il faut, dans un moment, ou se ré-
soudre il ouvrir les portes de votre ville, ou à crever
vos digues, BAYNAL, IHst. pMl.u , 20. Il II se ditaussi
de portions de terrains qui jouent le rôle de digues.
Où la mer rompant ses digues séjfara la terre, vén.
TH. viii. Il 2" Fig. Obstacle. La licence a ravagé tou-
tes ces digues, PATBU, Plaidoyer 9, dans lacurne.
Par sa mort, la digue qui les retenait fut rompue,
Boss. Ilist. i, ». Les passions rompirent les digues
de la justice, klêch. le Tellier. Ou sont ces grands
guerriers dont les fatales ligues Devaient à ce tor-
rent opposer tant de digues? boil. An p. iv. Cet
élément furieux [la mer] ne saurait rompre sa di-
gue invincible sans causer des désordres dans l'u-
nivers, MASS. Panég. Si. Thom.
— HIST. XV' s. Deux autres villes plus avant en
allant sur la marine et sur les dicques lesquelles on
appelle Tourne-Hourgue et Wurdeques, FROISS. ii ,
m , 54. Devant les digues de Hollande, id. i, i, 18.
— ETYM. Ital. diga ; espagn. dique, qui est mascu-
lin; du germanique : liolland. dtjk ; angl. diu ; allem.
Deich; angl. saxon, die. Le celtique a aussi le mot :
gaélique, dig, fosse.
t DIGUE, ÉE (di-ghé, ghée), part, passé. Garni
de digues. Une rivière diguée.
I DIGUEMENT (di-ghe-maii) , s. m. Action de di-
guer. Il Ensemble des digues qui contiennent un
lleuve, une mer.
— ÉTYM. Diguer l .
t 1. DIGUEK (di-ghé), V. a. Munir de digues. Di-
guer un torient. || Se diguer, v. réfl. Être digue.
Ce torrent se diguera dificilement.
— SYN. DIGUER, ENDiGUEB. Diguor, c'est Con-
struire une digue. Endiguer, c'est clore en une di-
gue. Mais dans l'usage ces mots sont équivalents.
— HIST. xV s. U détourna rivières de leurs cours,
il digua un bras du Khin, cl. de la marche, Mém.
p. 71), dans lacurne.
— ÉTYM. Digue.
f 2. DIGUER (di-ghé), V. a. Terme de manège.
Diguer un cheval, lui donner de l'éperon avec force;
c'est l'opposé de picoter.
— ÉTYM. Est-ce une forme pour daguer?
f DIGYNE (di-ji-n'), adj. Terme de botanique.
Oui a deux pistils distincts ou un style surmonté
de deux stigmates. Fleur digyiie. || Terme de
tératologie. Qui a les organes du sexe féminin
doubles.
— ÉTYM. AU, deux, et yuvri, femme, pistil.
t DIGYNIE (di-ji-nie), s. f. || 1° Terme de botani-
que. Nom de plusieurs classes du système de Linné,
comprenant les plantes digynes. || 2» Terme de té-
ratologie. Classe de monstres ayant pour caractère
la présence du sexe féminin double chez un individu.
— ÉTYM. Digyne.
j DIUÉLIE (Ji-èlie), I. f. Terme d'astronomie.
Nom donné quehjuefois à l'ordonnée de l'ellipse ter-
restre, quand cette ordonnée passe par le foyer où
se trouve le soleil.
— ÉTYM. Aià, par, et fi).to{, soleil.
t DlUEPTAl'OUE (di-è-pta-po-d'), adj. Terme de
zooloj.'ie. Qui a quatorze pattes.
— ÉTYM. Al;, deux fois, énTà, sept, et noûç,
jioSè;, pied.
t DIHYDRIQUE (di-i-dri-k'), adj. Terme de chi-
mie. Composé dihydrique, composé contenant deux
proportions d'hydrogène pour une proportion de
l'autre composant.
— ÉTYM. Aiç, deux, etht/dr.... radical d'hydrogène.
t DIIaMBE (di i-an-b'), s. m. Pied des vers grecs
ou latins, composé de deux ïambes.
. t DIÏAMBIQUE (di-i-an-bi-k'), adj. Qui a rapport
au diiambe.
— ÉTYM. A'k, deux, et iambe.
DILACÊUATION (di-la-sé-ra-sion; en vers, de
six syllabes), s. f. Action de dilacérer. La dilacéra-
tion d'un papier. La dilacération de la peau par un
corps vulnérant.
— HIST. ïvi's. Si la hargne ne peut estre curée,
k cause de la trop grande dilacération ou rupture de
la production du péritoine, paré, vi, to.
— ÉTYM. Lat. dilaceralionem , de dilacerare,
dilacérer.
DIL ACÉRÉ, ÉE (di-la-sé-ré , rée), porl. passé.
Une plaie dilacérée.
DILACÉRER (di-la-sé-ré. La syllabe U prend un
accent grave, quand la syllabe qui suit est muette :
je dilacère, excepté au futur et au conditionnel : je
dilacérerai, je dilacérerais, exception qui n'est pas
justifiée), e. a. Mettre en pièces. Dilacérer un acte.
U fallut dilacérer les parties pour extraire le corps
DIL
étranger enfoncé dans le ventre. || Se dilacérer. m.
réfl. Être dilacéré. Le papier se dilacéra, pendant
que ces gens voulaient se l'arracher.
— HIST. XII' s. Que ocist e delazcrad, lit', dei
Rois, p. 64. Il XVI" Comment seroit il possible de
couper et dilacérer le col de la vessie, et y mettre
plusieurs instrumens sans une extresme douleur 1
PAPÉ, Introd. 2. Ce tendon, pour bien legiere oc-
casion, comme pour quelque petit sault, pour une
mal-marclieure, se rompt et dilacere, id. viii. 37.
— ÉTYM. Lat. dilacerare, de di.... préfixe, et lace-
rare, lacérer.
DILAPID.\TEUR, TRICE (di-la-pi-da-leur, tri-s'),
adj. Qui dilapide. || Substantivement. C'est un dita-
pidateur.
— ÉTYM. Dilapider.
DILAPIDATION (di-la-pi-da-sion; en vers, de
six syllabes), s. f. Action de dilapider. I.a dilapida-
tion des finances de l'État. Coiipablededilapidation.
— ÉTYM. Lat. dilapidcuionem, de dilapidare,
dilapider.
DILAPIDÉ, ÉE (di-la-pi-dé, dée), part, passé.
Un trésor dilapidé en peu de temps.
DILAPIDER (di-la-pi-dé), i). a. Dissiper par une
dépense excessive et sans règle. Ce ministre a dila-
pidé les finances.
— HIST. XIV' s. Que l'empereur ou le roi dilapide
et détruise son royaume ou qu'il soit tyran, toute-
fois au pape n'appartient pas de le déposer, Songe
du vergier, dans le Dicl. de DociiEz. || xvi' s. En
moins de quatorze jours il dilapida le revenu certain
et incertain de sa cbastellenye pour troys ans, bab.
Pant. III, 2.
— ÉTYM. Lat. dilapidare , de di.... préfixe latin,
et lapidare, jelter des pierres (voy. lapider) : pro-
prement disperser comme des pierres qu'on jette.
DILATABILITÉ (di-la-la-hi-li-té), s. f. Terme de
physique. Propriété de se dilater, c'est-à-dire d'aug-
menter de volume par l'effet de la chaleur, sans
changer de masse.
— ÉTYM. Dilatable.
DILATABLE (di-la-ta-bl'), atij. Terme de physi-
que. Qui e.st su>ceptible de dilatation.
— HIST. xvi« s. Dilatable, oudin.
— ÉTYM. Dilater; provenç. et espagn. dilatable.
DILATANT, ANTE (di-la-tan, tant'), adj. Terme
de physique. Qui produit la dilatation. || S. m. Terme
de chirurgie. Nom donné à des corps soit mous, soit
spongieux, soit même [ileins et non .spongieux, qui
servent à dilater des trajets, à maintenir des cavités,
à tenir libres certaines ouvertures.
— ÉTYM. Dilater.
DILATATEUR (di-la-ta-teur), s. m. || 1' Terme de
chirurgie. Nom de certains instruments qui servent
soit à tenir libres et ouverts les canaux naturels ou
des trajets accidentels, soit à les dilaterou à les agran-
dir. Il 2° Adjectivement. Muscles dilatateurs, ou,
substantivement, les dilatateurs, muscles qui, lors-
qu'ils se contractent, dilatent les cavités aux parois
desquelles ils ont leurs insertions.
— ÉTYM. Dilater.
DILAT.ATION (di-la-ta-sion; en vers, de cinq
syllabes), s.f.\\l' Action de dilater. La ddatation
d'un ballon par l'introduction du gaz hydrogène. La
poitrine et le poumon ont un mouvement de dilata-
tion et de contraction qui commence dés que l'en-
fant est sorti du sein de sa mère, mairan, Éloges,
Bremand. \\ 2° Terme de chirurgie. Agiandissement
contre nature d'un canal ou d'une ouverture, comme
dans les anévrismes, les varices. || Piocédé opéra-
toire qui a pour but d'augmenter ou de rétablir le
calibre d'un canal, d'entretenir le trajet de certaines
fistules. Il 3° Augmentation dans tous les sens qu'é-
prouvent, sans changer de constitution, les corps
qui sont soumis à faction de la chaleur. || 4" Fig.
Terme mystique. Expansion du cœur. U faut rece-
voir ces dons de Dieu avec dilatation, BOSS. Lett. abb.
140. La personne dont vous me parlez doit marcher
en dilatation, id Lett. Corn. 4(2.
— HIST. xiv s. Pour ce que el [l'artère] soit plus
tost obéissant au poinon à dilatation et à constric-
tion en portant le froit air au cuer, u. de monde-
ville, t" 24. Il XVI* s. Ils disent que ce sont cer-
taines pointures d'aiguillons, et certaines contric-
tions et dilatations qui reçoivent plus ou moins par
raison, amïot. De la terlu morale, 23. Par la di-
latation du cœur et des artères, l'esprit vital, par
l'air ambiant attiré, est nourri, par£, Introd. s.
— ÉTYM. Provenç. dilatacio: esy>»gn. dilatacion;
ital. dilalaiione; du latin dilatationcm, de di<a-
tare, dilater.
DILATATOIRE (di-la-ta-toi-r"), s. m.Synooyme
peu usité de dilatateur.
DIL
DIL
DIL
11G5
— HIST. m* s. Figure d'un diialatoire pour ou-
vrir la bouche, les dents estant serrées , paré , vu , h .
— ÈTYM. Dilater.
DILATÉ, ÉK(.li-la-té, tée), part, passé. || l" Rendu
plus ample, plus large. Un trajet fistuleux dilaté à
l'aide d'une éponge préparée. || Terme de botanique.
On nomme dilatée toute partie qui s'élargit en lame ,
de la base vers le sommet. {| Terme d'entomologie.
Corselet dilaté, celui dont les bords latéraux sont
grands et avancés. || 2° Qui, par l'action de la cha-
leur, a augmenté de volume sans changer de masse.
Les gaz dilatés par la chaleur. || 3» Fig. Cœur di-
laté par la joie. Entrailles dilatées par la charité.
DILATER <di-la-té), v. a. || 1° Rendre plus am-
ple, plus large. Dilater un ballon. Dilater le canal
de l'urètre. || 2'' Terme de physique. Faire changer
de volume à un corps par l'inlluence de la chaleur.
Il Fig. Dilater ses voies, étendre le cercle de ses
idées, de ses actions. Dilalez vos voies, et laissez
CCS choses Irès-indiiïérentes, Boss. Leti. Corn. 108.
Il 3° Fig. Dilater le cœur, le rendre plus content,
plus accessilile aux bons sentiments. L'espérance
qui nous dilate présentement le cœur, sÉv. 466.
Dilatez vos cœurs par la charité, uoss. Pcrf. rel.
Il 4° Se dilater, v. réfl. Être dilaté. L'air se dilate
par la chaleur. Le sang, étant conduit dans le cœur,
s'y échauffe et s'y dilate par la chaleur naturelle à
cette partie, BOSS. Connaiss. n, 1 1. || Devenir plus
large. Que je veuille regarder loin, la prunelle de
l'œil .'îe dilate, et au contraire elle se resserre quand
je veux regarder de près, ID. ib. m, <2. {| S'étendre.
Le bien n'est qu'un bien commencé, s'il ne s'a-
chève en se dilatant, balz. 2» Disc. s. la cnur. Le
nouveau peuple se dilate jusqu'aux extrémités de la
terre, boss. Hist, u, 7. Il y a dans l'esprit comme
un levain d'orgueil qui s'enfle et se dilate par la
science, fléch. Parig. ii, p. 233. Qui ne sait que
l'esprit du siècle est Uii poison qui s'enflamme et se
dilate par de tels exemples? id. Marie-Thér. \\ En
termes mystiques, laisser épaiidre son cœur. Renou-
velez-vous, dilatez-vous sur l'oraison, boss. Lelt.
ahb. t43.
— HlST. XIV' S. Et e.st illiberalilé un vice qui
moult se dilate et extent et à pluseurs gens , oresme ,
Elh. 410. Il XVI' s. C'est lui qui a pris possession
de tous peuples, et de toutes régions du monde,
en dilatant son royaume partout, calv. Inslit. 80.
Ces consilerations feront qu'autant que nostre cœur
est enserré en la croix, d'autant il sera ddaté de
joie spirituelle, id. ib. 567. Les choses aperitives....
ouvrant les passages et les dilatant, monï. m, 219.
Un instrument qui se dilate et ouvre par le bénéfice
d'une vis, paré, vu, 11.
— ÉTVM. Provenç. et espagn. dilalar ; ital. dt'/o-
tare, du latin dilalare, de di.... préfixe, et latus,
large (voy. liîV
t DILATICORNE (di-la-ti-kor-n') , adj. Terme de
zoologie. Qui a des antennes dilatées sur (m certain
point.
— ÉTYM. Lat. dilatus, dilaté, el corne.
I DILATION (di-la-sion), s. f. Action de difl'érer,
de retarder. La dilation du baptême laissait un
grand nombre d'enfants dans la malédiction, pasc.
— HIST. xiv s. U a bientost délivré et regardé
et conclus que est à faire, et procède briefment à
l'exécution sans grand dilation, osesme, Eth. 88.
Il xv* s. Au jugement n'eut nulle dilation de souf-
france ou de merci, froiss. i, i, 60. || xvi' s. Une
dilation providente estoit représentée honeste couar-
dise, AMYOT, Comment discerner le flatteur, 23.
L'on compte entre les plus grandes taultes que ja-
mais feit Antonius, la remise et dilation de la ba-
taille, ID. Ant. 75.
— ÉTY.M. Provenç. dilation; espagn. dilacion ;
ital. dilazione ; du latin dilationern, de di.... pré-
fixe, et latin, action de porter.
DILATOIRE (di-la-toi-r'), adj. Terme de juris-
prudence. Qui fait dilléier, gagner du temps; qui
tend à retarder le jugement d'un procès. Moyen di-
latoire, liaisons dilatoires. Exceptions dilatoires.
Il Dans le langage général. Les formes dilatoires
de la prudence, nodier, dans \e Dict. de poitevin.
— HIST. XIII" s. Les unes [exceptions] por aloii-
gier la demande qui est fête contre ii, et celés apel'on
exeptions dilatoires, iieai;m. vu, 2. jj xvi' s. Qui
de barres se veut aider, doit commencer aux decli-
natoires pour venir aux dilatoires, et finalement aux
peremptoires; et si la dernière met devant, ne se
peut aider des premières, loysel, "02.
— ETVM. Provenç. dilatori; du latin dilatorius
(voy. DILATION).
t DILATOIREMENT (di-la-toi-re-man ) , adv.
Terme de pratique. D'une manière dilatoire; avec
des délais ou retards. On jugeait une affaire pé-
remptoirement quand on no faisait pas d'écriture, et
dilatoirement quand on en faisait.
— HIST. XIV' s. Que l'en y procède et face les
parties procéder, et à ce soit tenues par pures pe-
remptoires, et sans mettre en escript de par ces dites
parties, se elles conjointement ne s'accordent au
contraire, c'est assavoir au bailler par escript dila-
toirement y procéder, Ordonn. des rois de France,
t. m, p. 068.
— ÊTYM. Dilatoire, et le suffixe ment.
DILAYÉ, ÉE (di-lè-ié, iée), part. pa«s^. Retardé.
DILAYER (di-lè-ié), je dilaye, tu dilayes, il di-
laye ou il dilaie, nous dilayons, vous dilayez, ils
diïayent ou dilaient; je dilayais, nous dilayions,
vous dilayiez; jedilayai; je dilayerai ou dilaierai ou
dilalrai; je dilayerais ou dilaierais ou dilaîrais; di-
laie, dilayez; que je dilaye, que nous dilayions,
que vous ddayiez, qu'ils diïayent; que je dilayasse;
dilayant; dilaye, v. a. Renvoyer à un temps plus
éloigné. Dilayer un payement. || Absolument, llser
de remise. [Le vieillard] imbécile, douleur, qui vou-
drait et qui n'ose, Dilayant, qui toujours a l'œil sur
l'avenir, Régnier, Sat. v. || Vieux et se dit à peine,
même en parlant d'affaires.
— HIST xvi' s. Je luy ordonnerois cette recepte,
pour l'esveiller et tenir en force bien avant dans les
ans, et le dilayer des prinses de la vieillesse, mont.
m, 379. Ce que je veulx faire pour le service de la
mort, je n'oserois le dilayer d'un seul jour, id. iv,
H8. Les ambassadeurs, dilayans ainsi soubs ces
couleurs, corrompirent deux des plus anciennes
maisons de la ville, amyot, Publ. 5.
— ÉTYM. Voy. délai. La plus ancienne formation
était dclaier: Ces pensées, qui m'ont occupée, m'ont
éloigné et délayé celles que j'avais apportées de
Provence, sÉv. Lett. 27 oct. <673.
DILECTION (di-lè-ksion ; en vers, de quatre syl-
lalie.s), s. f.\\l° Terme de dévotion. Tendresse qui
chérit. La dilection du prochain. Rien ne lui est
cher [à Dieu] que ces enfants de sa dilection éter-
nelle, que ces membres inséparables de son fils
bien-aimé, rien ne lui coûte pour qu'il les sauve,
BOSS. Duch. d'Orl. U n'y a rien de plus noble dans
l'Evangile que cette loi de dilection [aimez vos en-
nemis], FLÉcii. Serm.i, 2a2. Qui êtes-vous vous-
même, qu'un enfant de dilection, et l'ouvrage des
miséricordes du Seigneur? mass. Av. Dél. de la
corners. Il 2° Titre ou qualité qui se donnait en Alle-
magne aux électeurs. On disait Sa Dilection, comme
on dit Sa Grandeur pour un évêque. || J'ai écrit à
Votre Dilection, disait l'empereur d'Allemagne. || Sa-
lut et dilection, forme de salut qu'employaient le
pape et l'empereur d'Allemagne en écrivant à cer-
tains princes.
— HIST. xiv s. Charles par la grâce de Dieu roy
de France, à nozamez et feaulx, salut et dileccion,
Bibl. des Charles, 2' série, t. m, p. 68. || xV s. Le
bien commun [il] doit sur touz préférer, Son peuple
avoir en grant dilection, E. DESCii. Des vertus du
prince. || xvi' s. 11 [Dieu] est esmeu par la pure et
gratuite dilection qu'il nous porte, à nous recevoir
en grâce, calv. Instil. 387. Ce qui est occasion de
rompre tant la dilection fraternelle que la concorde
publique, LANOUE, 69. Ne retirant point du tout
nostre dilection de leurs personnes, encores que
leurs erreurs et meschancetez soyent condamnées
de nous, id. 76.
— ÊTYM. Provenç. dilection; espagn. dileccion;
ital. dileiione ; iu \:\i\tï dileclionem,Ae dilectum,
supin de dih'jere, chérir, dedt.... préfixe, et légère,
choisir (voy. lire).
f DILEMMATIQtlF. (di-lè-mma-ti-k'), adj. Qui
est de la nature du dilemme. Raisonnemeat dilem-
matique.
— ÉTYM. Dilemme.
DILEMME (di-lè-ni') , s. m. Terme de logique. Ar-
gument présentant deux propositions contraires et
oonditioiinelles dont on laisse l'alternative à l'adver-
saire, certain que l'une comme l'autre le convaincra.
Poser un dilemme, il fut enfermé dans un dilemme
dont il ne putse tirer. On peut définir un dilemme,
un raisonnement composé où, après avoir divisé un
tout en ses parties, on conclut affirmativement ou
négativement du tout ce qu'on a conclu de chaque
partie, Porl-iloyai, Logique, m, 16. Par exemple,
ayant à prouver qu'on ne saurait être heureux en ce
monde, on peutlefaireparcedilemme : lOnnepeut
vivre en ce monde qu'en s'abandonnant à ses pas-
sions ou en les combattant, etc. » ib. Un philosophe
qui a autant d'esprit que Sénèque, ne s'expose point
à un pareil dilemme, surtout quand il sollicite une
grâce, DIDEROT, Règne de Claude et Nér. 11, § 9i.
— ÊTYM. AftiKit".», de Sic, deux, et ).ii|i(»a, argu-
ment : argument à deux fins (voy. lemme).
t DILÉI'IDE (di-lé-pi-d), adj. Terme d'histoira
naturelle. Qui a deux écailles.
— Rtym. Ai;, deux, et ^ETciç, écaille.
t DILETTANTE (di-lè-ttan-f) , s. m. Amateur da
musique, surtout de musique italienne. || Par ex-
tension, celui qui s'occupe d'une chose en amateur.
Il Au plur. Des dilettanti.
— ÊTYM. Ital. dilettante, mot à mot qui se dé-
lecte; de diletlare (voy. délkcter).
t DILETTANTIS.ME (di-lè-ltan-ti-sm') , s. m. Goût
très-vif pour la musique, surtout pour la musique
italienne. Quelques dandys essayaient de faire acte
de dilettantisme en battant la mesure à faux, en. DB
BERNARD, la Femme de 40 ans, § t.
— ÊTYM. Dilettante.
DILIGEMMENT (di-li-ja-man) , adi). || 1» Avec
soin, attention. J'ai cherché, examiné diligemment.
Il 2° Avec diligence, avec promptitude. Allez dili-
gemment vous saisir de ce traître, tristan, ila-
riane, m, 3. Le duo le ramassa diligemment, HA-
MiLT. Gramm. 10. Les ordres de l'amirauté furent
diligemment exécutés cl avec une exactitude qui
accompagne rarement la diligence, mairan, Éloges,
Ilalley.
— HIST. xii' S. Et si penseiz dilijentrement à la
raison de cet avènement, et bern. 622. ||xiii* s. Et
cil qui ceste garde enprendent, le doivent fere dili-
gamment et rendre conte une fois en l'au au se-
gneur, BEAUM. lvi, g. Quant ce vint l'endeniain,
l'abbé revint, le roy l'oy moult diligenment et moult
longuement, joinv. 288. || xv s. [Cliarles de Na-
varre] leur requeroit et prioitque ils [les Anglois à
Bordeaux] se voulsissent prendre et appareiller dili-
gemment de conforter ses gens et lever le siège,
FROiss. Il, II, 38. Très doulces gens, or entendez.
Et diligaument regardez : Noble chose voirrez ra-
traire [représenter], le Jeu des trois rois. Voyant la
jeune jouvencel regarder l'escu diligentement ,
Prrceforest,t. m, f" 96. || xvi's. Nous en avons plu»
amplement et plus diligemment escrit ailleurs,
amyot, Cam. 35.
— ÊTYM. Diligent, et le suffixe ment; provenç.
diligentment, diligenmen; espagn. et ital. diligen-
tem'nte. Il y eut un moment où la langue, cessant
de former en ces adjectifs le féminin comme le mas-
culin, dit régulièrement diligentement.
DILIGENXE (di-li-jan-s'), s. /-.Kl- Soin attentif
et appliqué. Bien que la femme eût connaissance du
mauvais effet que sa diligence à se parer opérerait
et au corps et en l'âme de ceux qui la contemple-
raient ornée de riches et précieux habits, iasc.
Prov. 9. On a employé à examiner cette matière la
plus grande ililigence qui se puisse désirer, id. tb. 1 9.
J'ai donc feint une lettre avecque diligence. Comme
d'un grand seigneur écrite à Trufaldin, mol. l'E-
tour. Il, t4. Ah ! quittez d'un censeur la triste di-
ligence, RAC. lirit. I, 2. Vous auriez vu dans Esaïe
les élus aussi rares que ces grappes de raisin qu'on
trouve encore après la vendange et qui ont échappé
à la diligence du vendangeur, mass. Car. Petit nom-
bre des Élus. Il Faire ses diligences, faire toutes ses
diligences, apporter beaucoup de soin. Alexandre
faisait toutes les diligences imaginables pour décou-
vrir.... VAUGEL. Q. C. 226. Je faisais pour lui toutes
les diligences qu'il eût dû faire pour moi, soarron,
Rom. eom, 11, U. Celles qui avaient été nommées
avaient fait leurs diligences, sÉv. 399. J'ai fait les
diligences qu'il fallait pour vous procurer les ta-
bleaux, BOSs. Lett. quiét. 66. Comme il paraît par
les lettres qu'on a encore en original dans la biblio-
thèque du roi où il rend compte de ses diligences,
id. Var. VII, § 01. Je vais faire mes diligences pour
être payé de mes gages, volt. Jeannot. || Terme
de jurisprudence. Â la diligence d'un tel, sur la de-
mande et la re{juète formée par une personne. On
dit aussi poursuites et diligences d'un tel. Dans ce
sens: Faire .ses diligences contre quelqu'un. || 2° Ac-
tivité qu'on apportedans l'exécution d'une chose. S'il
revient demain avec la commission faite, sa dili-
gence aura été trè.s-graiide. Il mit peudediligence à
faire un si court trajet. Faire acte de diligence. Aux
desseins importants la diligence importe, rotrou,
Vencesl. m, 3. H faut user de diligence extrême, la
FONT. Orais. Nous nous sommes plaints que la mort
a eff.icé pour ainsi dire sous le pinceau môme,
un tabUB-u qui s'avançait à la perfection avec une
incroyable diligence, bOss. Duch. d'Orl. En effet,
quelle diligence I en neuf heures l'ouvrage est ac-
compli, i' [Dieu] s'est hâté de la tirer du milieu
des iniquités, id. 16. Tout dépend du secret et de la
diligence, rac. lphi.g. iv, to. De Narbas à mes yeux
1166
DIL
l'adroite diligence, volt. Kéroj>e, i, ♦. Il Faire
diliperice, se dépêcher, se hâter. Quelque dili-
gence que j(3 puisse faire, siîv. isi. Adraste avait
fait une Incroyalile diligence pour faire le tour
d'une montagne presque inaocessihle, fén. Tél. xvi.
Il En diligence, loc. adv. Promplement, en toute
hâte. Si vous me l'ordonnez, j'y cours en diligence,
CORN. Poltj. IV, t. Sur nous à main armée il fond
sn diligence, m. Rndog. i, 6. Prince, que lanlez-
vous? parlez en diligence, rac. Brit. v, 2. Il se
tourna en diligence vers le camp des alliés, fén.
Tél. XIX. Il 3" Terme d'enseignement religieux. De-
voir écrit, sorte de résumé de la leçon du prêtre
que font surtout, parmi les jeunes filles, celles qui
sont les plus diligentes. || Dans l'enseignement
profane, ddigcnce se dit souvent d'un devoir fait
ou d'une leçon apprise du bon gié de l'élève, le
professeur ne l'exigeant pas. || 4° Voiture pulilique
de voyage, ainsi nommée i cause de la rapidité que
les diligences prometlaienl et qu'elles ont en partie
effectuée pour le parcours. Premlre la diligence de
Bordeaux. Il est parti par la diligence. Bureau de
diligence. || Kamilièrement. C'est la diligence em-
bourbée, se dit d'une personne trop lente dans ce
qu'elle fait. Il Les personnes qui sont dans une dili-
gence. I-a diligence dîne en tel endroit. || Cheval de
diligence, catégorie de chevaux admise par les hip-
pologues et propre au service des postes et des dili-
gences. Il Diligence d'eau, ou, simplement, dili-
gence, se disait pour coche , bateau public de
voyage. |{ Dans les chemins de fer, on nomme dili-
gences des wagons de première classe qui, devant
recevoir moins de voyageurs, ont en effet la forme
d'une caisse de diligence. || Diligence est une locu-
tion abiégée pour carosse de diligence, qui s'est
dit d'abord (voy. carrosse).
— HlST. xui' s. Le roy, qui metoit grant dili-
gence comment le menu peuple feust gardé, joinv.
3»7. Il XV' s. Monseigneur Jean le Bel, qui grand
cure et toute bonne diligence mit en cette matière,
FROiss. Prol. [Dans la cour).... ami n'y a, n'amie,
Congnoissance, diligence, raison. Manière, .sens,
boneur, discrétion, E. OEScii. De l'inlér. des cours.
Aucuns dient que diligence passe sens; mais qui tous
les deux peull avoir en.semble, il ne fault mie à at-
teindre maintsgrands biens, llisl. de J. Bouciq. Pa-
ris, tB20, p. 332, dans LACURNE. Et fist grant dili-
gence d'envoyer vers ces deux princes, comm. m, H.
Il xvj' s. Sus l'heure envoya le basque son lacquay
quérir à toute diligence Gargantua, eab. Car. i, 2h.
En diligence [à la h.MeJ, langue, 62t. Changeant
de chevaulx pour faire diligence, mont, m, 95. Ils
font des extrêmes diligences, m. m, 86. Ils marchè-
rent en toute diligence vers Home, amyot, Cam. 29.
11 ne défendit pas à ses citoyens ceste diligence de
mesnager, in. Arist. et Calon, 5 Passant les di-
ligences De leurs grands tours [des astres], st-gelais
(25), Diligence passe science, cotgbave.
— ÉTY.M. Provenç. et espagn. diligencia; ital.
àiligenzia; du latin diligentia, de diligens, diligent.
DILIGENT, ENTE (di-li-jan, jan-t'), odj. || 1° Qui
a de la diligence, qui s'applique avec attention. Un
écolier diligent. Il est diligent en ses affaires. || Qui
a le caractère de la diligence, en parlant des choses.
Sans l'avis diligent que j'ai cru vous devoir, desm.
trigone, m, 3. Le berger plut au roi par ses soins
diligents ; Tu mérites, dit-il, d'être pasteur de gens,
LA FONT. FaU. X, 10. Il 2° Qui fait avec activité et
rap'dité. Valet diligent. Ouvrière diligente. 11 est
diligent à exécuter les ordres qu'on lui donne. Un
iémon diligent qui sans cesse regarde Les dépôts
que le ciel a commis à sa garde, thistan. Mariant,
IV, I. Lorsqu'occu|ié d'un cûié, il envoie reconnaî-
tre l'autre, le dihgeul officier qui porte ses ordres
s'étonne d'être prévenu et trouve déji tout ranimé
par la présence du prince, iioss. Louis de Hourbon.
Imposez au notaire et soyez diligent. Autant que
vous pourrez, à toucher cet argent, reonahd, ilé-
nechmes, ii, 1. 1| Terme de jurisprudence. Partie la
plus diligente, celle qui agit la première dans une
poursuite dont le droit lui élMl commun avec d'au-
tres. Il Kapide, en parlant des choses, bous leurs pas
diligents le chemin disparaît, boil. Lulr. v. || 3'.S'.
m. Le diligent, machine pour dévider l'or en hrins.
il 4" .S. f. Diligente, variété de tulipe prinlamére.
— aEM. Marguerite Buffet, Observ. p. 33, en 4668,
signale la mauvaise prononciation déligent.
— SYN. diligent, prompt. Ce qui différencie ces
deux mots, c'est que diligent implique toujours une
idée d'application, d'intention qui n'est pas dans
prompt.
— HIST. xni' s. Soiei diligens d'avoir bons pre-
vos et bons baillis, jou.v. 3oi.||xiv«s. Soient les
DIL
maistres deligens de veoir les tiltres, Ordonn. des
mis de France, t. vu, p. 770. || xv s. Le bien com-
mun doit [le prince) sur toiiz luefeter, .Son peuple
avoir en grant dilection, Kslre saige et diligent,
E. DESCll. Des vertus du frince. \\ xvi* s. Quand la
pauvreté se trouve en un personnage bien vivant,
lahorienx, diligent, juste, vaillant, alors elle est
une grande preuve de magnanimité, amyot, Arist.
et Calon comp. «. Ceux qui ne sont diligens d'ob-
server telles différences, LANGUE, 89.
— ÊTYM. Provenç. diligent; espagn. et ital. dili-
gente; du latin diligenlem, proprement qui aime,
qui chérit, et, de là, soigneux, diligent, de dili-
gere, aimer avec choix (voy. dilection).
DILIGENTE, ÉE (di-li-jan-té, tée; , "part, passé.
Cet écolier diligente par son professeur.
UILIGENTER (di-li-jan-té), v. a. \\ i' Presser
quelqu'un de mettre de la diligence. Le maréchal de
Joyeuse se tint au pont pour maintenir l'ordre et
diligenter tout, st-sim. 22, 201. Vendôme se mit à
faire tout ce qui étoit en lui pour diligenter une
conquête si différente de ce qu'il se l'était figurée,
ID. 28:), 94. (] Absolument. Mettre de l'activité. Il
faut diligenter. || 2° Se diligenter, v. réfL Mettre de
la diligence à ce qu'on fait. Notre galant s'étant di-
ligente Se relira.... la font. ilul.
— ntST. xV s. Lesquelz ambassadeurs avoient si
bien diligente que.... cgmm. Il, 7. || xvi' s. J'ay faict
ce que j'ay peu pour diligenter mon voyage, marg.
Lelt. 30. Je vous prie vous diligenter en sorte que
vous ne demeurés après le roi, id. ib. 1 13. Je voys
[vais] coucher à Medine, où je pense trouver Brion,
et ne fauldray à le vous diligenter, ID. ib. 22. Has-
ter les mariniers de diligenter et de se sauver,
mont. 1, 03. 11 diligenta si bien qu'il devancea de
beaucoup ses sommiers qui portoient les vivres,
AMYOT, Brutus, 31. Fut tellement diligente [on se
hâta tellement], dubellay, Mém. liv. viii, f» 248,
dans LACURNE.
— ÊTYM. Diligent.
f DILOBÉ, ÊE (di-lo-bé, bée), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui a deux lobes.
— ÊTYM. AU, deux, et lobe.
f DILOGIE (di-lo-jie), s. /■. || 1° Nom donné par
quelquesautenrs modernes à l'antanaclase. Il 2''Drame
qui se déroule en deux pièces distinctes.
— ÊTYM. Ai;, deux, et Joyoi;, pièce.
f DILOPUE (di-lo-f), adj. Terme d'histoire natu-
relle. Qui porte une double crête ou deux huppes.
— ÊTYM. Aiç, deux, et Xitpo;, huppe.
t DILUCIDATION (di-lu-si-da-sion), *. f. Lati-
nisme. Éclaircis.sement.
— ÊTYM. Dilucider.
t DILUCIDER (di-lu-si-dé), t). o. Latinisme. Ëclair-
cir.
— HIST. XVI* s. Dilucider, gudin.
— ÊTYM. Lat. dilucidare, de di.... préfixe, et luci-
dus, clair (voy. lucide).
t DILUÉ, EE (di-lu-é, ée), part, passé. De l'al-
cool dilué.
f DILUER (di-lu-é), v. a. Terme technique. Éten-
dre d'eau une liqueur quelconque. || Séparer, par la
suspension dans l'eau, les parties des corps plus di-
visées d'avec les plus grossières. || Oiérer la dilution
homœopalhique. || Se diluer, v. réjl. Être étendu
d'eau.
— ÊTYM. Lat. diluere, de di.... préfixe, et luere,
laver (voy. lotion).
t DILUTION (di-lu-sion), s.f.\\ 1° Terme technique.
Action d'étendre d'eau une liqueur, une dissolution.
Il Chez les homœopathes, opération par laquelle ils
atténuent la dose d'un médicament, délayant, pai
exemple, cinq centigrammes d'un certain médica-
ment dans une certaine quantité de liquide, puis
prenant cinq centigrammes de cette liqueur et la
délayant ensuite dans une quantité égale au liquide
employé la première fois, et ainsi de suite jusqu'à
la 30* dilution. || 2° Procédé qu'on emploie, en dé-
layant une substance dans un liquide, pour séparer
les parties les plus ténues, qui, après l'agitation,
restent les dernières en su.spension, et sont enle-
vées par la décantation. '
— ETYM. Lat. di7u(io»iem (voy. diluer).
fDlLUVIAL, ALE (di lu-vi-al, a-1'), adj. Syno-
nyme de diluvien. Terrains diluviaux.
t DILUVIÉ, ÉE (di-lii-vi-é, ée), adj. Terme de
géologie. Submergé par un déluge.
— ÊTYM. Voy. diluvilm.
DILUVIEN, lENNE (di-lu-viin, viè-n'), adj. Terme
de géologie. Qui a rapport au déluge. Roches dilu-
viennes. Eaux diluviennes. || Dépôt diluvien ou di-
luvial, dépôt fort irréguher de sable, d'argile, de
gravier à gros grains, dont la formation est due à
DIM
d'anciens courants considérables. |{ Terrains dilu-
viens, ceux qui ont été formés par les alluvions an-
térieures aux temps historiques. Les teirains dlu-
viens recouvrent une grande partie de la surface
habitable du globe. || 2° Kig. Pluie diluvienne, pluie
très-abondante.
— ÊTYM. Lat. diliivium (voy. déluge).
t D1I.UVIUM (di-lu-vi-om'), s. m. Terme de géo-
logie. Matière des alluvions antérieures aux temps
historiques. Le diluvium, examiné dans une grande
surface, se montre tantôt calcaire, tantôt siliceux;
dans quelques endroits , vers l'embouchure du
Rhône, par exemple, il consiste en de vastes dé-
pôts de cailloux roulés.
— ÊTYM. Voy. DÉLUGE.
t DÎMABLE (di-ma-bl'), adj. Qui est sujet à la
dîme.
— HIST. xvi' s. Dimable, mgnet, Dict.
— ÊTYM. ntmer.
DIMANCHE (di-man-ch'), s.m.\\t° Le premier
jour de la semaine, celui qui est consacré aux exer-
cices de dévotion chez les chrétiens Le premier
dimanche du mois. Observer, sanctifier le dimanche.
Mîre Jeanne avec ses habits de dimanche, c'est la
plus aimable femme de village que j'aie jamais vue,
sÉv. (41. Il Brave comme un dimanche [très-bien
paré], Ilisl. du Thédire fr. t. viii, p. 184, dans la-
curne. Il Fig. Jour de fête, de plaisir. Grâce à l'or
de mon jpune amant, Là ioiismi-> j^uis soi.t desdi-
manclies, bérang. Citiq étages. || Le dimanche gras,
celui qui précède le mercredi dos Cendres. || Di-
manche se dit quelquefois pour u,, temps à venir
iniléti>rminé, surtout en parlant à celui qui fait ac-
tuellement ce qu'on ne lui demande pas et qu'il n'a
pas le temps de faire. Tu eternueras dimanche |Iiar-
tliolo parlant à un domestii|ue qui étarnuait sans
cesse]. BEAUM. Barbier, ii, 7. || Air de dimanche, air
de fête, de gaieté. Il y a un petit air de dimanche
gras répandu sur cette lettre, qui la rend d'un goût
nonpareil. SÉv. 125. || 2° Terme de marine. Palan
portatif. Il Le plus petit des palans dont on fait
usage dans les grands bâtiments. || Proverbe. Tel qui
rit vendredi dimanche pl-urera, rac. l'Iaid. i, t.
— HIST. XII' s. L;\ le truevent li mes [messagers]
à jour de diemaine, Sax. xxx. || xiii' s. Adonc as-
sembla tous li pueples de Venise à un diemenclie
qu'il fu moult grans feste de saint Marc, villeil
xxxix. Tout droit un diemenche, ainsi com je l'en-
ten, Berte, ix. C'iert [c'éloil] diemanclie par ma-
lin, Iten. 8901. Ce fu une diinence que l'os [armée]
fu estorniie. Dont oïssiés mil grades soner à la l)on-
die; Crestiien et paien chascuns s'enseigne escrie,
Ch. d'A7it. I, 422. Donc devez vous croire ferme-
ment touz les articles de la foy . lesquiei les apostres
tesinoingnerit aussi comme vous oez chanter au dy-
manche en la credo, joiNv. i9s. || xvi" s. Naquit un
dimanche ou fiste. Qui n'aime que besogne faite,
LEROUX DE lincy, Prov. t. I. p. 97.
— ÊTYM. Génev. une dimanche; bourguig. di-
mainche; provenç. diniange. dimergue, dilzmergue;
anc. catal. digmenge; espagn. et poriug. domingo;
ital. domentca. L'italien, l'espagnol et le portugais
viennent du latin dominica ou dominicus, sous-en-
tendu dicv, jourdn Seigneur, dominus; voy. dom. Le
fiançais est pour didemaine ou di-demenche , jour
.i^ ninical, contracté en diemenche, de quatre syl-
laDes. Il est masculin ou féminin siihant qu'on fit,
(.cmme en latin, dies mascidin ou féminin. Demaine
v'çnl de l'adjectif fictif dominius, et demcncht de
domtnicus.
t DIMANCUIER, lËRE (di-man-chié, chiè-r'), ».
m. et f. Personne qui fête régulièrement les di-
manches. Il Terme populaire.
— ÊTYM. Dimanche.
DÎME(dî-m'),s./'.|| 1° Prélèvement qui se faisait sur
les Juifs du dixième des fruits de la terre pour offrir
au Seigneur ou pour donner aux lévites. Le Seigneur
votre Dieu vous ayant bénis, vous ne pourrez lui ap-
porter toutes ces dîmes; vous vendrez tout, et en
aurez de l'argent que vous porterez en votre main,
SACi, Bible, Deulèronome, xiv, 24. Ceux qui, étant
de la race de Lévi , entrent dans le sacerdoce, ont
droit, selon la loi, de prendre la dîme du peuple,
m. i6. Ép. aux Ilébr. de St Paul, vu, 5. || Il :e dit
aussi d'un dixième prélevé pour tout autre cbjet.
Alors Abraham lui donna [à MelchisédcchJ la dîme
de tout ce qu'il avait pris, id. ifc. Cenè,-:e, xtv, 30.
C'ert à lui [Melchisédecli] qu'd paye la dlme du bu-
tin qu'il avait gagné sur les rois \aincus. Boss. Uisi
1, 3. Il 2° Prélèvement que l'Eglise ou le seigneur
fai»it sur les récolles, et qui en était ordinairement
le dixième. Lever, payer la dîme des blés, du vin.
11 y avait des dîmes qui faisaient la dotizième partie.
DIM
la treizième partie. Les dîmes s'alTermaient. Toute
votre piété se réduit à certaines cérémonies, à cer-
taines coutumes, k payer certaines dîmes dont li loi
ne fait pas mention, EOuanAL. 5' dim. après la
Pentec. Dnminic. t. ii, p. 441. La dlme n'est point
une propriété; la propriété ne s'entend que de celui
qui peut aliéner le fonds; et jamais le clergé ne l'a
pu, MIRABEAU, Colleclinn, t. il, p. H. Il Grosses dî-
mes, dîmes qu'on levait sur les gros fruits, comme
le liléet le vin. Il Menuesdîmes, cellesquise levaient
sur les menus grains et sur le menu bétail. || Vertes
dîmes, celles qu'on levait sur les légumes, le chan-
vre, etc. Il Dlme inféodée, dîme aliénée par l'Église
et possédée par des laïques. || Dlme saladine, impôt
du dixième des revenus dont furent frappés ceux qui
ne prirent point part à la 3' croisade. || Dîmes ecclé-
siastiques, dîmes possédées sans aucune charge féo-
dale. Il Dîmes mixtes, dîmes perçues sur les choses
qui provenaient en partie des héritages et en partie
de l'industrie. || Fig. Lever la d!me, faire un prélè-
vement non permis. D'anciens Gaulois.... Levaient
la dlme sur les caves Du maître qui les opprimait,
BÉBANR. Escl. !5ra«/ots. Il 3° Dlme royale, titre d'un
ouvrage de Vauban. Son Altesse Royale ayant formé
le dessein de faire dans le royaume quel(|ues essais
d'une taille proportionnelle ou dlme qu'avait propo-
sée feu M. de Vauban et qui devait remédier aux an-
ciens et intolérables abus de la taille arbitraire,
FONTEN. Renau.
— HlST. xii" s. No devez as prclaz défendre u co-
mander .... ne des dismes causer, Tli. le mart. 79.
Il xiii' s. Etntli elleus [l'élu] (le Biauvais ladismede
par l'apostole [pape], Chr. de /ianis.oo. De <lroit
commun, toutes les dismes doivent estre à sainte
Eglise, BEAUM. XI, 38. Il XV" s. Qu'elles estoient te-
nues (le rendre à Dieu disme de tous leurs biens,
LOUIS XI. Nouv. XXXII. Il XVI" s. I.e droitde tenirdix-
mes en fief (dîmes inféodées] par gens purs iLics,
p. PiTiiou, 74. La principale cause de la malveillance
que le peuple luy pnrtoit vint de la décime des
dépouilles.... il feil vœu qu'il offriroit aux dieux la
dixme du butin, amyot, Cam. 14. Un veau de
disme [un grand sol], oudin. Peu de gloire me
semble accroistre à ceulx qui seulement employent
leurs yeulx.... baislent aux mouches comme veaulx
de disme, kaii. Panl. Prot.'iu liv. m. itente est
plus seure que dismes, leroux ue lincy, Prov.
t. I, p. 24.
— ETYM. Berry, le dime; provenç. desme, deime,
deyme, dettme, deme, s. m. et aussi décima, s. f.;
catal. delme; e.spagn. dieimo et décima; ital. dé-
cima; du latin decimus, dixième, dé decem (voy.
DIX).
t DÎ.MÉE (dî-mée), s. f. Droit de lever la dîme.
Avoir In dlmée.
DIMKNSION (di-man-sion; en vers, de quatre
syllabes), s. f. \\ i° Étendue d'un corps en tout sens.
Les corps ont trois dimensions, longueur, largeur
et profondeur. Prendre les dimensions d'un édifice.
Il Kig. Prendre ses dimensions, prendre toutes ses
mesures pour exécuter une chose. || 2" Timbre de di-
mension, timbre tarifé en raison de la dimension du
papier. Se dit par opposition à timbre proportion-
nel. Il 3' Terme d'algibre. Degré d'une puissance ou
a'une équation. || 4" Terme do dessin. Itapport d'un
objet artificiel avec le même objet prison nature. La
dimension d'un portrait, d'un paysage, d'un tableau.
— IIIST. XVI" s. Les muses continuellement occu-
pées, l'une à contemplation des astres, l'aultre à sup-
putation des nombres, l'aultre à dimension des corps
géométriques, i\ab. Pant. m, 31.
— ÉTYM. Provenç. dtmencio; espagn. dimensinn;
ital. dimensione; du latin dimcnsionem, de di'mm-
:um, supin de d/melirt, mesurer, de dt.... pré-
fixe, et inclirt, mesurer (voy. mesure).
UÎMEK (di-mé), v. n. || 1° Lever la dlme. Dlmer
dans un champ, sur un vignoble. L'abbé dîmait dans
tous ses villages. || 2° Fig. Faire un prélèvement.
Nous laissant dîmer sur un bien Qui ne vous coOte
presque rien, la font. Cord. || Activement. Sans
■qu'il me vint à l'idée de dîmer sur M. Vinat le pro-
duit de ses asperges. J. i. Rouss. Conf. i. Sur la
table un pain noir sous une nappe blanche, Dont
chaque mendiant vient dîmer une tranche, lamabt.
.lue. VI, 507.
— I\EM Dlmer pris active.ment s'appuie sur d'an-
ciens exemples (voy. I'histobique).
— lllST. XII" s. Ne jà, pour nul desirier. [je] Ne
remaiiir.ll [resterai] avccquea ces tirans, Qui sont
croisé à luiur Pour dimer clevs et liourjois et ser-
gens, oiEs^K.s, Homimcero , p. 97. Vos blez, los
fruia des vignes il les dismcnis. as ses serjans il les
duri-ad [donnera], Kois SJ. U xiii" s. Et se je ne le
DIM
fes, je peque [pèche] et suis tenus à rendre ce que
je disme malve.sement, beaum. xi, 39.
— ÉTYMi- Provenç. desmar ; cataL rfeîtnar; es-
pagn. dezmar; portug. dezimar; ital. decimarc; du
latin drcnnare (voy. iiîme).
f niMÈllE (di-mê-r'), adj. Terme de zoologie.
Qui est composé de deux parties, de doux segments
ou articles.
— ETYM. Ai;, deux, et [lépo;, partie.
■f DÎ.MERIE (di-me-rie), s. f. Étendue d'un terri-
toire sur liquel on avait droit de dlmer.
— IIIST. XVI' s. Coutumierement en dismeries d'é-
glise n'y a point de suite, mais bien en patrimo-
niales, loysel, îflti.
— ETYM. Dimer; provenç. deimaria.
1 DIMÈTRE (di-mè-tr'), 'adj. Terme de prosodie
grecque ou latine. Qui est de deux mesures, en par-
lant des vers îambiques de quatre pieds.
— ETYM. Ai;, deux, et mètre.
DÎMEUR (di-meur), s. m. Celui qui était commis
au prélèvement de la iltme.
— HlST. XVI" s. Les gros dismeurs doivent fournir
les livres des paroisses, loysel, 205.
— ÉTYM. Dimer.
t DIMIDIÉ, ÉE (di-mi-di-é, ée), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui est réduit de moitié, qui ne s'est
développé qu'à demi.
— ÉTYM. Lat. dimidiatus, de dimidius (voy. demi).
DIMINUÉ, ÊE (di-mi-nu-é, ée), part, passé.
Rendu moindre. La fièvre diminuée, mais non cou-
pée par une première dose de quinquina. Son
royaume est diminué de dix tribus, Boss. Ilist. u,
4. Il Terme d'architecture. Colonne diminuée, co-
lonne qui va en se rétrécis.sant de bas en haut.
Il Terme de musique. Intervalles diminués, inter-
valles rendus plus petits au point de n'être plus con-
sonnants. La quinte juste contient trois tons.et demi;
la quinte si fa, qui n'est que de deux tons et deux
demi-tcns, est une quinte diminuée (autrefois fausse
quinte); la tierce mineure ul mi bémol est conson-
naiite ; la tierce ut dièze mi bémol e.st une tierce di-
minuée. Le.s intervalles non consonnants sont dimi-
nués quand, étant déjà mineurs, ils sont encore
diminués d'un demi-ton; ut si est une septième; ut
si bémol est une septième mineure, ut dièze si bé-
mol est une .septième diminuée.
t Dl.'^lINL'ENDO (di-mi-nu-in-do), adv. Terme
de musique. En diminuant. Indique iju'il faut passer
du forte au piano, et du piano au pianissimo, par
une gradation insenr.ible. Il est opposé à crescendo.
— ÉTYM. Ital. diminuendo, de diminuere, di-
minuer.
DIMINUER (di-mi-nu-é). || 1" V. a. Rendre moin-
dre. Diminuer la portion de quelqu'un. Diminuer
l'épaisseur d'une planche, la hauteur d'un bâtiment,
la longueur d'une robe. Diminuer sa dépense. Di-
minuer le prix d'une marchandise. Ma part de votre
ennui diminuera la vôtre, nornou, Venccsl. m, 2.
Vous-même n'allez point.... Et de votre grand nom
diminuer le bruit, bac. ililhr. m, ). Mais soit que
cet enfant devant elle amené Kilt d'un songe ef-
frayant diminué l'alarme.... iii.Athal. m, 3. Le di-
rai-jel mais pourquoi craindre que la gloire d'un si
grand l.omme puisse être diminuée par cet aveu ?
BOSS. Louis de Bourbon. \\ 2° V. n. Devenir moin-
dre, se réduire, bai.sser, s'alTaiblir. La rivière di-
minue. La fièvre a diminué. Sa santé diminue tous
les jours. Ouau'l sur moi je jette les yeux. Mon cœur
de frayeur diminue, bégnier. Stances rel. Mon es-
prit diminue, au lieu qu'à chaque instant On aper-
çoit le vôtre aller en augmentant, la font. Fabl.
XII, I. Je m'en vais, je suis emporté par une force
inévitable; tout diminue, tout fuit, tout disparaît
à mes yeux, boss. Anne de Onni. Ne crois pas que
pour lui ma haine diminue, rac. Thél. iv, l. Je
suis toujours très-languissant, mon âge avance, ma
force diminue, mais mon attachement |iour vous ne
diminuera jamais, volt. Letl. d'.irgence, 21 mars
("67. Ils se sentent diminuer dans l'estime du peu-
ple, MASS. J/ysf. Pass. || Maigrir. Cet enfant dimi-
nue tous les jours. || Terme de marine. Diminuer de
voiles, serrer les voiles qui sont dehors, afin d'af-
faiblir le sillage du vaisseau. || 3° Se diminuer, ti. réft.
Devenir moindre. La vie humaine, qui se poussait
jusques à près de mille ans, se diminua peu à peu,
BOSS. Ilist. II, 1.
— HlST. xiV s. Et à celui qui est povre ou dimi-
nué en pecunes pour la communité, l'en li fet dons
utiles, OBF.SME, Eth, iùl. Il XV" s. De jour en jour
va en diminuant De ce monde la revolucion; Et les
estas vont en continuant De mal en pis à leur des-
trucion, E. de.scii. Poésies mss. f° (22, dans la-
CURNE. Nous sommes diminués d'aage, et la vie des
DIM
1167
hommes n'est si longue comme elle le souloit, comm.
Il, 6. Il XVI" s. Fay seulement ce que je te commande,
sans y adjoiister ne diminuer, calv. Inslit. 274. 1.»
mort de Selym estant arrivée, la crainte des princes
se diminua, et par conséquent le désir d'entrepren-
dre, LANOL'E, 4)8. Escrivant en un siècle auquel la
créance des prodiges commenceoi t à diminuer, mont.
IV, 04.
— ÉTYM. Berry, diminuiser, diminuer; provenç.
diminuât, diminuir, denienir; catal. disminuir ;
espagn. diminuir; ital. diminuire; du latin dimi-
nuere, de di.... préfixe, et minuere, rendre moin-
dre (voy. MENU). Avant le xiv" siècle on trouve de-
menuiser : xii" s. Noz despiezons et demenuisons
[ces choses]. Job, 448.
DI.M1NCTIF, IVE (di-mi-nu-tif, ti-v'),adj.|| 1" Terme
de grammaire. Qui afl'aiblit ou adoucit l'idée, en
parlant de certains dérivés par rapport au mot dont
ils proviennent : fillette, diablotin sont des expres-
sions diminutives par rapport à fille et à diable.
!l S. m. Un diminutif. Les diminutifs expriment une
chose comme petite : une mai.sonnetle est une pe-
tite maison; un globule, un petit globe. || 2° Il se dit
d'un objet qui est en petit ce qu'un autre est en
grand. Qui sont comme des "Uminutifs de la foudre,
DEsc. Météor. 7.
— HlST. xvi" s. Aulcuns [dieux] moyens entre la
divine et l'humaine nature, médiateurs, entremet-
teurs de nous à Dieu, adorez par certain second or-
dre d'adoration et diminutif, mont, ii, 277.
— ETYM. Provenç. diminutiu; espagn. et ital.
diminutivo ; du latin diminulivus , de diminuere,
diminuer.
DIMINUTION (di-mi-nu-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. /l || 1° Action de devenir moindie, de
rendre moindre. La diminution de l'eau dans lès
puits. Il y a une grande diminution dans sa for-
tune. Diminution des prix. Diminution de la fièvre.
L'homme du meilleur esprit est inégal; il souffre
des accroissements et des diminutions, la bruy. xi.
Ma tête est plus pesante |par le vin] : mes idées ne
sont plus si nettes; je n'ai jamais éprouvé cette di-
minution de moi-même dans mon pays, volt. Dial.
8. Il Absolument. Diminution de prix. Demander,
obtenir une diminution. {{ 2° Terme d'architecture.
Le rétréci.ssement d'une colonne, depuis son tiers
jusqu'au haut du fût. || 3" Terme de grammaire. Fi-
gure par laquelle on retranche quel pie lettre dans
un mot. comme quand on écrit apercevoir au lieu
d'appcici'oir qu'on écrivait autrefois. On dit aussi
sou.^traction. || Kigiite de (lensée plus souvent appelée
atténuation, litote. || 4° Terme de musique. Divi>ion
d'une note longue en plusieurs notes de moindre va-
leur. Après avoir varié en croches un air écrit en
blanches et en noires, on fait une nouvelle diminu-
tion en donnant une variation en doubles croches.
115° Se dit, au crochet, d'une ou plusieurs mailles
du tour précédent passées sans y faire de mailles;
au tricot, de deux mailles tricotées ensemble ou
d'une maille prise sur l'aiguille sans être tricotée
et rejetée sur la maille suivante une fins que cette
dernière est tricotée elle-même. || 6° Diminution
d'espèces, retranchement sur la valeur légale des
espèces monnayées.
— HlST. XVI" s. Il faut travailler à la diminution
de cette ample domination de la maison d'Autriche,
SULLY, dans le Dicl. de dochez.
— ÉTYM. Provenç. diminulio ; espagn. diminu-
cion; ital. dt'mt'niiïione; du latin diminutionem , do
diminuere, diminuer.
t DIMINUTIVEMENT((li-mi-nu-ti-ve-man), adv.
D'une façon diminutive, en diminutif. Le change-
ment qui au xiv" siècle fit que la langue française
perdit ses deux cas est comparable, diminutive-
ment, au changement qui, du latin ayant six cas,
fit la langue d'oil ayant deux cas.
— ÉTYM. Diminutive , et le suffixe ment.
KIMISSOIRE (di-mi-ssoi-r'), s. m. Lettre par la-
quelle; un évêque consent qu'un de ses diocésains soit
con.sacré par un autre évêque. Obtenir un dimissoire.
— REM. On a dit aussi, mais moins correcte-
ment, démissoire. Canaples prétendait donner les
démissoires et se mêler de la discipline intérieure
du clergé, st-sim. no, 182. Lorsque j'allai deman-
der à l'archevêque de vouloir bien obtenir pour moi
ce qu'on appelle un démissoire pour recevoir lea
ordres de sa main, marmontel, llém. ii.
— Ety.M. Lat. dimissorius, de dimissum, supia
de dtmiMcre, renvoyer, de dt'.... préfixe, etmittere,
envoyer (voy. mettre)
DIMISSORIAI,, ALE (di-mi-sso-ri-al, a-l'), adj.
Qui a -.pport à un dimissoire. Lettres dimissorialos.
— ÉTYM. Dimissoire.
1168
DIN
t DIMORPHE (di-mor-n, adj. Terme d'histoire
naliirelle. Oui est suBceptible de prnndre deux for-
mes différentes. || Terme de minéralogie. Substance
(limoriilie. substance qui peut flonner des cristaux
appartenant à deux systèmes différents, ou apparte-
nant au même système, mais avec de telles diffé-
rences d'angles, qu'on ne saurait les dériver d'une
forme fondamentale commune.
— Rtym. Aie, doux, etiiopç^, forme.
f ni.MORPlIlK (di-mor-fie), ». /■. ou DIMOR-
PIIISMK (di-mor-fi-sm'), s. m. Terme de minéralo-
gie, l'ropriété qu'ont certains corps <le présenter
deux formes cristallines différentes et incompatibles
géométriquement.
— KTYM. Dimorphe.
flURJY.AlHE {(limi-i-f), adj. Terme de zoolo-
gie. Oui a deux musclos, ou deux impressions mus-
culaires sur chaque valve.
— ÈTVM. Ai;, deux, et |xû;, (luô;, muscle.
f DiNAOE (di-na-d'), s. f. Terme local d'agricul-
ture. Quantité de vit;nes qu'un homme peut labou-
rer depuis le malin jusqu'à l'heure do son dîner.
— f.TYM. Dîner.
DINANDERIE (di-nan-de-rie), s. f. Ustensiles de
cuivre jaune, tels que des poêlons, des chaudrons ,
les plaques, etc.
— ÈTYM. La ville de Dinant, au diocèse de Liège
(Belgi(|ue). Ville très-riche, dit Commines, ii, t, à
cause d'une marchandise qu'ils faisoient de ces ou-
vrages de cuyvre qu'on appelle dynanderie.
f DINANDIER (di-nan-dié), î. m. Marchand ou
fabricant d'ouvrages de dinanderie.
— ÊTYM. Dinant, ville de Belgique.
tDÎNATOlRE (ili-na-toi-r'), adj. m. Usité seule-
ment dans cette locution, déjeuner dînatoire, dé-
jeuner qui .sert en même temps de dîner. On dit
mieux déjeuner-dîner.
— ÊTYM. Diner.
DINDE (din-d'), s. f. |1 1» La femelle du dindon.
Il Fig. et familièrement. C'est une dinde, une grande
(iiiide, c'est une femme sans intelligence. || II se dit
aussi, sans distinction de sexe, du poulet d'Inde.
Jamais je n'ai mangé ni de meilleures perdrix ni
des dindes si succulentes ni des truffes si parfu-
mées, MARMONTEL, Mém. II. || 2° S. m. Par abus.
Dindon, coq d'Inde. Un gros dinde.
— lllST. XVI' s. Celui a bien rencontré, qui com-
pare la despence des d'Indars et d'Indes à celle des
mulets, 0. DE SERRES, 365. Ouelle que soit la poule
couvante les œufs rie d'Inde, pour le naturel des
œufs, emploiera à les esclorre environ un mois, ID.
365. L'imporlun piolement des dindes, ID. 367.
— ETYM. De et Inde (Ainérique; l'Amérique fut
d'abord nommée Inde), à cause de la patrie de ces oi-
seaux. On a dit d'abord uncoqd'fndc.unepouied'/Hde,
un poulet d'Inde; ei^^uitc, supi)rimanl les mots coq,
poule ou poulet, on a dit un dinde, et une dinde,
DINDON (din-don), ». m. Coq d'Inde, gros oiseau
do basse cour, de l'ordre des gallinacés, remar-
quable par sa tête dépourvue de plumes et garnie de
caroncules érecliles, dont une, placée au-dessus de
la base du bec, pend sur le côté; et par une queue
arrondie et pouvant se relever en éventail comme
celle Uu paon. Un troupeau de dindons. Un dindon
faisant la roue. Ce bel oiseau fut importé du Mexique
en ICurope; les Espagnols lenommaientja/io-paio,
à cause de sa ressemblance avec le paon; toutefois
les Européens perdirent bientôt de vue la véritable
histoire de cet oiseau , et le nom de dindon fit naître
la croyance populaire de son origine orientale. Note
43, p. 124 du t. I de la Trad. franc, de la Conq. du
Mexique, jiar phéscott La voili donc compagne
De certaines Phillis qui gardent les dindons, la
voKT.Fabl. VII, 2. Contre les assauts d'un renard Un
arbre à des dindons servait de citadelle, m. ib. xii,
t8. Il Garder les dindons, vivre relégué à la cam-
pagne. Il Je n'ai pas gardé les dindons avec lui, il
est plus grossièrement familier que nos relations ne
l'y autorisent. || Bête, colère, gourmand comme un
dindon, c'est-à-dire d'une façon grossière. |l Familiè-
rement. Il en sera le dindon , il sera le dindon de la
farce, il sera dupe dans cette affaire. || Fig. C'est un
dindon, un franc dindon, c'est un homme stupide.
— lllST. XVI" s. Dès que les petits d'Indoiis seront
esclos, les faudra mignardement gouverner, o. de
8KRRES, 30 5, elC.
— ETYM. Dinde.
tDINDONNADE (din-Uonad'), s. f. Maladie pro-
pre aux dindons et qui a pour caractère des pustules
survenant aux environs du bec et aux parties dé-
nuées de plumes.
DINDONNEAU (din-do-nft), ». m. Jeune dindon,
jeune dinde. Elever des dindonneaux.
DIN
— ÉTYM. Dindon.
t DINDONNER (din-do-né), t). a. Terme familier.
Attraper, traiter comme un dindon, duper. Je ne
veux pas me laisser dindonuer. Avec toute sa finesse
il a été dindonné.
DINDONNIER, 1ÈRE (din-do-nié, niê-r'), ». m.
et f. Il 1° Celui; celle qui garde les dindons. Et par-
fois était dindonnière lie la paternelle maison, scar-
RON, Œuvres, 1. 1, p. 307, dans i-ocgens. En ce petit
garçon On voit le dindonnier, le page et l'échanson ,
coLi'm d'harlev. Baronde Crac, se. 4. || Dindonnière
s'est dit autrefois, par dénigrement, d'une demoiselle
de campagne. || 2° Adj. Dans le style plaisant, la
dindonnière gent, lesdindons. Lalune, alors lui.sant,
semblait contre le sire [le renard] Vouloir favoriser
la dindonnière gent, la font. Fahl. xii, 18.
— ÉTY.M. Dindon.
t DINDOULETTE { din-dou-lè-t'), s. f. Un des
noms vulgaires de l'hirondelle.
DÎNÉ (di-né) , s. m. Voy. dîner 2.
DÎNÉE (di-née), s. f. || 1° Le dîner que l'on fait
à l'auberge. Il nous en a coûté tant pour la dînée.
Mais dès la dînée le panier [aux provisions] fut en-
tamé, la font. Vie (i'7;so)je. Il 2° Le lieu où l'on
s'arrête pour dîner en voyage. Il n'y a jilus qu'une
lieue d'ici à la dînée. Nous nous reposons à la dî-
née, sÉv. 289, X la dînée, à peine y avait-il un quart
d'heure que nous étions arrivés qu'il m'aborda d'un
air d'impatienceî J. J. rouss. Ilél. ii, 2.
— HIST. xni* s qui a pris disnée, Mix [mieux]
puet [peut] perdre repas de la vcsprée Que 11 jeUns
[que celui qui est à jeun]... Bibl. des Chartes, i'
série, t. V, p. 352. || xvr s. Elle s'entretint depuis la
dînée jusqu'à la soupée, Marg. JVoub. xv. L'aultre
façon, de repaistre en chemin, en tumulte et haste,
pour la disnée, nomméement aux courts jours, est
incommode, mont, iv, 40b.
— ÉTYM. Voy. dîner; provenç. dinada, dinnada,
dinnea; ital. desinata, desinea.
f DINËME (di-nè-m'), adj. Terme de zoologie.
Oui est muni de deux filaments ou tentacules de
chaque côté.
— f.TYM. Al;, deux, etviip.a, fiL
t. DÎNER (di-né), v.n. || 1° Prendre le repas,
qui se prenait jadis et qui se prend encore à la cam-
pagne et dans les petites villes , à midi ou un peu
avant. Allons dîner. Bien dîner, mal dîner, faire
un bon, un mauvais dîner. Le véritable Amphitryon
Est l'Amphitryon où l'on dîne, mol. Amph. m, 5.
Compère le renard se mit un jour en frais, Et re-
tint à dîner commère la cigogne, la font. Fabl. i,
(8. Tout est réglé [à Vichy) , tout dîne à midi, tout
soupe à sept, tout dort à dix, tout boit à six, sev.
356. Alexandre disait que son gouverneur Léonidas
lui avait enseigné que, pour dîner agréablement, il
fallait se lever matin et .se promener, du ryer,
Svppl. de Quinte- Curce, liv. ii, ch. 8, dans Ri-
cnKLET. Cliton n'a jamais eu, toute sa vie, que deux
affaires, qui sont de dîner le matin et de souper le
soir, LA BRUY. XI. Je sors de chez un fat qui, pour
m'empoisonner, Je pense, exprès chez lui m'a forcé
de dîner.... Ce matin donc, séduit par sa vaine pro-
messe, J'y cours midi sonnant, au sortir de la messe,
HOiL. Sal. m. Nous allâmes l'autre jour prendre l'air
à Auteuil, et nous y dînâmes avec toute la petite
famille, que M. Despréaux régala le mieux du monde,
RAC. Lett. à son fils, 61. J'attends M. de Bennes à
dîner, sêv. 80. Je doniiai hier à dîner à la l'ruche,
ID. t38. Elle aimerait bien à vivre règlement, et à
dîner à midi comme las autres, id. Lett. e juill.
1676. Il Dlner-souper, faire un dîner qui serve de
souper. Le czar fut de là [de la revue] dîner-souper
à Sl-Ouen, chez le duc de Troesmes, st-sim. 407,
Mi). Il 2" Aujourd'hui, à Paris et ailleurs, prendre
le repas qui se prend de cinq heures à sept heures du
soir. Nous dîneronsce soir ensemble. Après que nous
aurons dîné, nous irons au spect;icle. || Dîner avec
quelqu'un, se trouver à même table que lui. Il a
dîné avec les ambassadeurs. Nous sommes engagés
à dîner demain chez elle avec Mme Guibert et sa
fille, PICARD, la l'élite fille, ii, i. ]\ S'DIiierde,
manger à son repas. Nous dînâmes de soupe et de
bouilli. L'oiseau n'est plus, vous en avez dîné, la
FONT. Faucon. || Cela est plus élégant et plus cor-
rect que de dire, employant avec; nous dînâmes
avec de la soupe et du bouilli. \\i' Cet homme dîne
bien, il mange beaucoup. || Dîner par cœur, se pas-
ser involontairement de dîner. || Son assiette dîne
pour lui, se dit d'un homme qui , absent d un dîner
de table d'hôte, n'en paye pas moins son dîner.
|| Familièrement. Il me semble que j'ai dîné quand
je le vois! mol. Bourg, m, 3. Locution familière qui
s'emploie en parlant d'un homme incommode pu-
DIN
nuyeux. |{ B° Dîner à l'infinitif, pris substantive-
ment. Il a raison de faire grand cas du dtner et du
dormir, VOLT. Utt. Damilaville, 8nov. 1702 |! Pro-
verbes. Quand Alexandre avait dîné, il laissait dîner
ses gens, c'est-à-dire il faut laisser le loisir aux va-
letsdedinerà leur tour. ||Oui dort dîne, c'est-à-dire
le sommeil tient lieu de nourriture. C'est aussi
une manière plaisante de rappeler à quelqu'un que
la paresse est le moyen de n'avoir pas à manger.
Il Oui s'attend à l'écuelle d'aiilrui a souvent mal
dîné, c'est-à-dire on est souvent déçu quand on
compte sur l'aide d'autrui. || S'il est riche ou s'il est
si riche, qu'il dîne deux fois, se dit d'un riche qui,
faisant étalage de ses richesses, ne peut pourtant
que dîner une fois comme tout le monde; se dit
aussi dans le sens que la richesse ne donne pas l'ap-
pélit et qu'avec une fortune très-médiocre on peut
être aussi content que les plus opulents.
— HiST. XII' s. En un chalant entra quant fu di-
gnez [cum fuit cœnatus, quand il eut dîné]. Bat.
d'Aleschans, v. 7011. Li poples, jesque il vienge,
ne mangera, k,ar il la viande benistrad, puisod ses
liostes se dignerat. Bois, 30. Se li poples se fust
disné, dun ne serreit de mielz aisied ses enemis à
pursievre? il). 49. Bespiindi li fais prophètes, 11 fel
viellarz: vien od mei, à mun ostel, karod [avec] mei
tedigneras, ib.isn. Venu sunt al quint jur de la na-
tivité X Cantorbire cil, quant gent orent digne. En
l'endemain que furent innocent decolô, Th. le mart.
137. Il XIII' s. Devant lo roy [ils] enmainent le mes
[messager], là filj a disné, Bcrte, lxvii. En maies
mains vos ai gilé, X Brun lors, qui est sanz pilé; De-
main de vos sedisnera, Ce disner moult me costera,
lien. 15703. Il xiv s. Il n'est tampz ne .saison qu'on
ne voie passer; I.egierement le passent chil [ceux]
qui ont à disner, Baud. de Seb. vin, 760. H xv's.
Quand ils [les Anglais] se furent dinés, ils chevau-
chèrent tous contreval la rivière de Tuide, froiss.
II, 11, (9. Il n'y eut jamais de si bonnes nopces qu'il
n'y en eust de mal disnez, comm. i, t4. Dimanche
vous ne pouvez faillir d'estre mieux diné, louis xi,
Kouv. xcix. Il xvr s. Pour ce l'on dit en un com-
mun langaige: En toute feste en a de mal disnez,
J. MAROT, v, 92. Ils s'assemblent pour disner de luy
[le manger] , mont.i, 244. Qui se pourroit disner <le
la fumée du rost, feroit il pas une belle espargneî
ID. m , 304. Ils disneront devant le jour au temps
des plus longues nuicts, afin que dès l'aube du jour
chacun se renge à sa besongne, 0. de serres, 32.
Disne honnestement et suupe sobrement, Dors en
hault et vivras longuement, leroux le lincv, Frov.
t. Il, p. 195. 'C'est bien disnés, quand on eschappe
En torchant .son nez à la nappe. Sans desbourcer
pas un denier Et dire adieu au tavernier, ID. 16.
— ETYM. Bourguig. daignai; provenç. dinar,
dinnar, disnar, dirnar; anc. catal. disnar; catal.
mod. dinar; ital. desinare, disinare. Mot très-con-
troversé. On a proposé le grec Se'.tiveîv ; le sens se-
rait très-convenable; mais on ne trouve nulle pari
un p dans les anciennes formes, et surtout on ne voit
pas comment ce mot grec, qui n'est ni dans la lati-
nité classique ni dans la ba.sse latinité, .serait entré
dans les langues romanes. Comme dignare, domine
sont les premiers mots d'une prière latine qui se dil au
commencement du repas, on a pensé que le din'T en
avait pris son nom;le faitest qu'on irouvedt'sncr dans
les anciennes formes; et cette orthographe montre
que les gens qui s'en servaient admettaient en effet
di'gnore comme l'origine du mot dlfier. Mais, quel-
que ancienne que soit cetie orthographe, puisqu'elle
appartient à des textes du xii' siècle, cependant il
y en a une encore plus ancienne, c'est dt»nar«, qui se
trouve dans des textes du ix' .siècle : disnari me 161,
dans les Closes du Vatican, publiées par 'W. Grimm.
Cette s est dans l'italien, et on la voit reparaître
dans plusieurs formes du provençal et du vieux fran-
çais. Cela ne peut èiro écarté; et il faut chercher
une étymologie qui comporte I'». Diez a proposé de-
cœnare; de ayant le sens qu'il a dans de-vorare, de-
pascere. Cœnare est en effet très-probable; il aura
donné un composé de-canare ou dicœnare. Que co;-
nare piii.s.se se changer en ci'ner (ital. disinare, de-
sinare), c'est ce que prouve l'ancien français re-ct-
ner, faire un second repas; que di-cœnare puisse
se changer en disner, disnar, c'est ce que prouve
l'italien biisna, de buccina. M. Scheler, qui donne
son assentiment à dt'cœnare, cite l'italien piat'snare,
coUatioiiner après souper, qui vient de pos«, après,
et ccrnare, et qui offre un exemp'e du changement
de cœnare en signare. On peut encore citer, â l'ap-
pui du changement déco latin en », le mît suivant:
Dcicola, nom d'un Irlandais compagnon de saint
Gall dans le vi* siècle, devenu Vesle dans la langue
DIO
DIO
DTO
116S
TulRaire. Dicœnare a pris le sens actif : donner
le repas appelé cœna, sens déj?» fourni parle latin,
ccenatus, celui rjni a dîné; c'est ainsi que dès le
IX" siècle on a dit disnari me, j'ai dîné. Tout cela
rend la conjecture de Diez extrêmement probable.
2. DÎXER {di-né; \'r ne se lie jamais; au pluriel,
l's se lie: des di-né-?. excellents) ou DÎ\É (di-né),
t. m. Il 1° Repas qui se faisait autrefois et qui, à la
campagne et dans les petites villes, se fait encore
vers midi. Ouaiul on fait le dîner à midi, on soupe
le soir. Alexandre disait que, pour faire un souper
délicieux, il fallait faire un sohre dîné, du ryer,
Siippl. de Quinle-Curce, liv. ii, ch. 8, dans riche-
LET. Votre dîné pourtant serait prêt tout 5 l'heure,
MOL. Sr/an. 7. Mais cependant il a honte, il enrage
De n'avoir pas chez soi pour lui donner Tant seule-
ment un malheureux dîner, l* font. Fauc. Et je
vais vous donner un dîner d'ami. — Non. Je crains
ces dt!iers-l;\. j'aime la bonne chère, boissy. Dehors
tromp. Il, 10. Il Hepasqui se fait aujourd'hui de cinq
à sept heures du soir. î'aire un bon dîner. Faire,
servir le dtncr. Quels dlnés Les ministres m'ont
donnés! bKiuNG. Veniru. \\ Dîner de garçons, dîner
où il n'y a que des hommes, et où d'ordinaire l'ap-
prêt, la réserve en paroles, la modération dans le
boire et le manger sont moins observés. X ce dî-
ner de garçons régnait nne liberlé franche, m*r-
MONTEi,, Hém. IV. Il Déjeuner-dtner, voy. dèjkuner.
Il 2" Tout ce qui compose un dinor. Vn grand dîner,
i l'heure dite, il courut au logis Do la cigogne 'On
hôtesse. Loua trÈs-lort sa politesse, Trouva le dî-
ner cuit l'i point, LA FONT. Fabl. i. t». Reprenez
vos esprits, et souvenez-vous bien Qu'un dîné ré-
chauffé ne valut jamais rien, BOiL. Lutrin, i. \\ Pro-
verbe. Qui garde de son dîner, il a mieux à souper,
c'est-à-dire il est bon de se préparer des ressources
pour l'avenir.
— HIST. XII» s. Faites un bel digner à lur oes fà
leur gré] aturner, e mangeront e lieverunl, e puis
à lur seignur en irunt, llois, 30S. || xiii" s. Et à son
disner le siervi li rois Henri d'Engleterre à genous,
et tailla devant lui, Chr. de Rains, )0. Après ce
digner povre et gaste, rutf.b. u, 174. || xv s. Au
lever du disner, on mena le dit herault devers le
roy, COMM. IV, 7. Ijxvi's. Courle messe et long di-
ner. C'est la joie au chevalier, leroux oe lincv,
frov. t. II, p. iD.'i. Court sermon et long disner, id.
ib. Petit disné longuement attendu n'est pas donné,
mais chierement vendu, id. ib. p. 370. Disner d'avo-
cat fun bon dîner], oudin. Court disner, appert
[adroit] valet, id ib.
— ÉT'VM. Piner I.
t DIXÈUE (di-nê-r'), s. f. Genre de diptères qui
a pour type la diiière impériale trouvée souvent sur
les plantes ombellifères.
DÎNKrTE (di-nè-f). s. f. Petit repas réel ou si-
mulé que font les enfants en jouant. Faire la dî-
nette.
— f.TYM. Diminutif tiré de dîner.
DÎNEUR (di-neur), s. m. || 1° Celui qui assiste à
un dîner comme convive. || 2° Celui qui fait du dîner
son principal repas. || Un beau dîneur, un grand
mangeur. Pleins d'appétit et beaux dîneurs, lafo.nt.
Cord.
— IIIST. xvi' s. C'est un beau dineur [un gros
mangeur], oidin.
— ÊTYM. Diner.
t ItlNEURE (di-neu-r'), s. m. Genre d'hyménop-
tères qui a pour type la dineure de Geer, d'Angle-
terre.
— ÊTYM. Aï;, deux, et vcOpov, nerf.
t DINITE (di-ni-f), s. f. Terme d'histoire natu-
relle. La vermiculaire fossile.
— ËTYM. Aivo;, dan^e en rond, et ite, finale in-
diquant en géologie un fossile.
t DI\OSAURIEN (di-no-sô-riin), s. m. Terme de
géologie. Reptile gigantesque découvert dans l'oo-
iithe de la Grande-Bretagne.
— ÉTYM. AsiMo;, terrible, et uoûpa, lézard.
t DINOTIIÉRIUM (di-no-té-ri-om'), s. m. Terme
de zoologie. Grand mammifère pachyderme fossile
des terrains tertiaires ou des sédiments supérieurs,
long de 8 mètres, et ponant à la mAchoire infé-
rieure deux énormes défenses tournées vers la terre.
— Rtym. Acivô:, terrible, et ÔTifiov, animal.
DIOCÉSAIN, AINE (di-o-sè-zin, zè-n'), s. m. et^.
Il 1" Celui, celle qui est du dioc'se. La rai.son [de
les quitter] qu'il [l-'leury, évoque de Kréjus] allégua
à ses diocésains était l'état de sa santé, volt.
tout» XV. 3. Il 2° Adj. Clergé diocésain, le clergé
du diocèse. || Evêque diocésain, et, substantivement,
le diocésain, l'évêque du diocèse. J'avais un ami
fort singulier à mon âge; c'était l'évêque de Char-
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
très; il étaitmon diocésain àlaFerté, st-sim. 61, <9.
L'on va quelquefois à la cour pour en revenir, et se
faire par l,*! respecler du noble de sa province ou de
son diocésain, la brdy. vni.
— HIST. xvi' s. Aimé et honoré de ses diocésains,
comrne prince qu'il estoit, dfsper. Conlfs, xvii. Les
papes, archevesqiies, ny evesques, mesme le dio-
césain, n'y ont que veoir, carl. m, 5.
— r.TYJl. Dincèe; provenç. diocesal.
DIOCfiSE (di-o-sè-z'), s. 'm. \\ i° Nom de cir-
conscriptions administratives établies dans l'Asie
mineure par les Romains. || Plus lard grande sous-
division de l'empire romain, sous Constantin, dont
chacune élait gouvernée par un vicaire. || 2" Éten-
due de pays sous la juridiction d'un évoque. Les cours
semblent être devenues des diocèses communs,
MASS. Or. fun. Villars. L'histoire de notre pieux
prélat n'est mêlée qu'avec celle de son diocèse,
ID. ib.
— HIST. xiii' s. II firent une autre abbaie en la
diocise de Soissons, qui est de chanoines, th. Bibl.
imp. Suppl. fr. n" 632-5, f. 220, rerso. Ou s'il se-
monnent plus de deux jornées loin ou're les metes
de U dioces dont il sont, beaum. 59. || xvi" s. Cha-
cune cilé avoit sa diocèse, laquelle elle prouvoyoit
de prestre, calv. Instit. 868. Chacun evesque or-
donnoit les prestres de son diocèse avec le conseil
des autres prestres, ID. ib. 80s. En une parùis.se du
diocèse du Mans, desper. Contes, xxiv.
— KTYII. àioiy.r,Gt;, diocèse, administration , gou-
vernement, de Siiiy.Eïv, administrer, faire le mé-
nage, de cià, et o'ixîa, maison (voy. œcuménique).
Provenç. dincesa, dioccsi; espagn. diocesis ; por-
tug. diocèse; ital. dincesi. Diocèse a d'abord été fé-
minin, conformément à l'étymologie.
t DIOCTAÈDRE (di-0-kla-è-dr'), adj. Terme de
minéralogie. Cristal dioctaèdre, cristal offrant, dans
l'ensemble de ses faces, la combinaison de deux oc-
taèdres différents.
— ETYM. A!;, deux, et octaèdre.
t DIOCTONAL, ALE (di-0-ktonaI, na-1'), adj.
Terme de minéralogie. Cristaux dioctonaux, cris-
taux dont les faces offrent la combinaison de deux so-
lides, tous deux à huit faces, mais différents l'un
do l'autre.
— ETYM. Al;, deux, et octono!.
I DIODGN (di-o-don) , s. m. Terme de zoologie.
Faucon à bec bidenté. || Poisson des mers tropi-
cales.
— EtYM. A!;, deux, et oôoù;, oSovtoç, dent.
t DIODONXfiPHALE ( di-o-don-sé-fa-1' ), adj.
Terme de tératologie. Monstre diodoncépbale, ou,
subilantivement, un diodoncépbale, monstre dont
la tête porte une double rangée d'os dentaires.
— ÉTYM. Al;, deux, oSoij;, dent, et xssoiXri, tête.
DIOECIE (di-è-sie), ,5. f. Terme de botanique.
Classe du système de Linné, qui renferme les plantes
dont les fleurs miles sont sur un pied et les fieurs
femelles sur un autre.
— ETYM. Aiç. deux, et oîxi'a, maison.
t DIOECIQUE (di-è-si-k'), adj. Appartenant à la
diœcie: ayant rapport à la diœcie. Plante diœcique.
t DIOCboÈDRE (di-o-gdo-ô-dr'), s. m. Terme de
minéralogie. Cristal offrant le phénomène deladiog-
doédrie.
— ÉTYM. A!;, deux, SySoûç, huitième, et ëôpa,
face,
t DI0GD0I5DRIE (di-o-gdo-é-drie), s. f. Terme
de minéraldgie. Eiat d'un cristal formant deux py-
ramides à base carrée, dont les faces ont deux à
deux le même mode d'inclinaison sur la base.
— ÉTYM. Diogdoèdre.
f DIOGGOT (di-o-go), s. m. Huile pyrogénée,
mêlée de goudron, qu'on obtient en brûlant dans
des vaisseaux clos l'épiderme du bouleau, et qui
donne au cuir de Russie son odeur particulière,
legoarant.
DIOÏQUE (di-o-ï-k'), adj. Terme de botanique.
Qui est relatif à la disposition des fleurs mâles et fe-
melles sur deux individus différents, indépendam-
ment de toute classification. Une plante dioique, et,
substantivement, une dioïque. Le chanvre est une
dioique.
— ÉTYM. Voy. DIŒCIE.
tDIONCOSK (di-on-kô-z') , s. f. Terme de l'an-
cienne médecine. Nom donné par les méthodistes à
la pléthore produite parla diffusion des liquides ou
par la rétention des humeurs.
— ÉTYM. Atôyxwii;, deSià, eto^'-to;, tuméfaction.
DIONEE (di-o-née), s. f. Terme de boianiqiie. La
sensilive d'Amérique, plante dont les feuilles, en
forme de coquille, se contractent au moindre attou-
chement. En retournant à notre camp , nous traver-
sâmes un ruisseau tout bordé de dionées, chaTeaub
Voy. Amer. 422.
— ETYM. A'o')v7i, im des noms de Vénus.
DIONYSIAOITE (di-0-ni-zi-a-k'), adj. \\ 1» Terme
d'antiquité. Qui concerne Racchus. || Artistes diony-
S'aques, ou artistes de Racchus, nom donné chez
les Grecs aux comédiens. || 2" S. f. pi. Les dionysia-
ques, fêtes que les Grecs célébraient en l'honneur
de Bacchus dans le mois de septembre.
— HIST. xiv s. Les dyonizialz c'estoit ce que l'en
appelé i Paris les gieuz où l'en faii dictiez et rimes
et aucunes foiz on se met en diverses figures,
oresme. Thèse de meunier.
— ÉTYM. Aiovuitay-è;, de Atôvuffo;, nom de Bac-
chus en grec.
I I. DIONVSIEN, lENNE (di-0-ni-ziin, ziè-n'),
adj. Qui appartient â Denys. || Période dionysienne,
période invenlée par Denis le Petit, abbé, qui vécut
dans le vi* siècle.
— ÉTYM. AiovOiTtc;, de Aiôvuto;, Bacchus.
t 2. DIONYSIEN, lENNE (di-o-ni-ziin, ziè-n').
adj. Terme de médecine. Oui porte sur les parties
latérales du front des végétations cornées compa-
rées aux cornes avec lesquelles la Fable représente
quelquefois Bacchus.
— ÉTYM. Atôvuoo;, Bacchus
t DIOPSIOE (di-o-psi-d'), s. m. Terme de miné-
ralogie. Minéral du Piémont, d'un gris verdàtre,
identique avec le pyroxène.
— Etym. Ai;, deux, etê'lt;, vue.
t DIOPTASE (di-o pta-z').' s. f. Terme de minéra-
logie. Silicate de cuivre, dont les cristaux demi-
transparents laissent voir à l'intérieur leurs cli-
vages.
— ETYM. Aià, à travers, et ôtitoiisi, voir.
t t. DIOPTRE (di-o-pti'), s. m. ferme de chirur-
gie. Sorte de spéculum.
— ÉTYM. AioTiTpov, de 8ià, à travers, et îitro-
[Aat, voir.
t 2. DIOPTRE (di-o-ptr'), s.f. Terme d'arpentage.
Quart de cercle, instrument armé de pinnules à tra-
vers lesquelles on voit les objets pour mener les
angles.
— ÉTYM. A'.ÔTTTpa, instrument d'arpentage, de
8ià. Ji travers, et 67TTop.ai. voir.
DIOPTRIOUE(di-o-plri-k'), s. f. Partie de la phy-
sique qui traite de la lumière réfractée et des phé-
nomènes qu'elle produit en travers;int des milieux
de densité différente. Ces choses appartiennent plu-
tôt à la médecine que non pas â la dioptrique,
DESC. Diopt. 7. Ouvrez la Diopirique de Descnries,
et vous y verrez les phénomènes de la vue rappor-
tés à ceux du toucher, dioer. Lelt. s. les aveugles.
Il Adj. Télescope dioptrique. Le système dioptrique
de l'œil.
— ÉTYM. AioTTTpixi;, de 5i6irTpa, dioptre 2.
t DIORAMA (di o-ra-ma). s. m. Terme de pliy-
sique. Tableau sur toiles de grande dimension, ten-
dues sur un |ilan vertical, éilairées par le comble
et au besoin par derrière à l'aide de grands châssis
vitrés, et que Ies»spectateur.>, jilacés dans l'obscu-
rité, voient à travers une espèce de corridor noir
— ÉTYM. Aiii, à travers, et ôpana, vue.
tDIORA.MIQUE (di-ora-mi-k'J, adj. Qui arap-
port au diorama.
t DIORCIIITE (di-or-ki-f), s. f. Terme d'histoire
naturelle. Pierre qui a la forme de deux testicules
accolés.
— ETYM. Al;, deux, et ôpyi;, testicule.
t DIORITE (di-o-ri-f), s. m. Terme de minéra-
logie. Roche nommée Grûnslein par les Allemands,
qui se compose essentiellement de feldspath et d'am-
phibolile, et qui passe souvent à une masse homo-
gène. Le diorite porte aussi le nom de diabase.
— ETYM. Aiopiw, dislinguer, de 5ià, et ôfiia,
voir : pierre formée de parlies distinctes.
t DIORITIQUE (di-o-ri-ti-k') , adj. Terme da mi-
néralogie. Qui contient du diorite.
t DIORTIIOSE (ili-or-lô-z'). s. f. Terme inusité de
chirurgie qui signifie redressement, réduction.
— ÉTYM. Aiôp^MTi;, de 6ià, et oc.06;, droit.
I DIOSCOREE (di-o-sko-rée), s. f. Terme de bota-
nique. Nom moderne du genre igname et dans le-
quel on distingue; la dioscorée cultivée, dite igname
blanche, et la dioscorée ailée, appelée vulgairement
igname, qui, originaire de l'Inde, esl cultivée aux
Antilles et dans d'autres pays inlertroplcaux, ie-
goarant.
f DIOSCORIEN. lENNE (di-o-sko-riin, riè-n'),
s. m. Faitisan des doctrines de Dioscore, fauteur
d'Eutychès, qui fut un célèbre hérétique du v*
siècle.
t DIOSCURES (di-o-sku-r'), s. m. plur. Terme de
I. — m
1170
DIP
mythologie. Nom donné aux jumeaux Castor et Pol-
lui. Les Dioscures. || La constellation des Gémeaux,
dans l'astronomie grecque.
— ÉTYM. Aiôoxoupoi, de Ai4{, génitif de Zeù<,
Jupiter, et xoOpo;, uls.
+ DIOSCURIES (di-o-sku-rie), *. f. plur. Fête en
l'honneur des Dioscures.
t DIPE (di-p'), s. m. Terme de géologie. Nom
moderne du genre gerboise.
Rtym. Aîitoy;, de 81;, deux, et noOc, pied; ainsi
dit parce que les jambes antérieures des différentes
espèces sont très-courtes, et les postérieures fort
longues.
f «IPÉRIANTIIÉ, ÉE (di-pé-ri-an-té, tée), adj.
Terme do botanique. Qui a deux périantlies ou en-
veloppes florales.
— ÊTYM. Ai;, deux, et périanthe.
I DIPÉTALE (di-pé-ta-l') , adj. Terme de botani-
que. Qui a deux pétales; qui est formé de deux pé-
tales. Corolle dipétale. || On dit aussi dipélalé.
— f.TYM. Ai;, deux, ei pétale.
t DIPUTIIERE (di-ftêr'), s. f. Nom donné, dans
l'antiquité, aux peaux d'animaux préparées pour
écrire dessus.
— ÊTYM. AcçOépa, peau préparée, deîsçciv, pro-
prement humecter, puis manier, amollir.
t DIPHTUÊniE (di-fté-rie) ou DIPIITHIÎRITE
(di-fté-ri-f) , s. f. Terme de médecine. Maladie qui
a pour caractère la tendance à la formation de faus-
ses membranes, et qu'on observe sur les membra-
nes muqueuses et même sur la peau.
— ÉTYM. Aiçfispa, membrane (voy. diphthère),
et la finale médicale ite.
t DIPIlTIlÉniTIQUE (di-fté-ri-ti-k'), adj. Qui
appartient à la diphthérite.
t DIPIITHONGAISON (di- fton -ghè-zon), s. f.
Terme de grammaire. Formation en diphthongue.
11 y a diphthongaison quand, dans l'ancien français,
on changeait l'o de donner en la diphthongue oi:
je doin, tu doins, il doint.
— F.TYM. Difihlhonguer.
DIPUTUONGCE (di-fton-gh'), s. {. Terme de
grammaire. Syllabe formée de la combinaison de
deux voyelles qui, prononcées par une seule émis-
sion de voix , font cependant entendre un double son :
rien. Dieu, pied, premier, etc. Diphthongues propres,
syllabiques, auriculaires, ce sont les vraies diphthon-
gues , celles qui font entendre deux sons en une seule
émission de voix. Diphthongues impropres, fausses,
oculaires, orthographiques, ce sont les groupes de
voyelles comme ou, eau, au, qui ne représentent
qu'un son unique. || Adj. Son diphthongue.
— ÉTYM. AiçOo-ifYci;, de 5i;, deux, et çôôyyo;, son ;
provenç. diptonge; catal. diftongo; espagn. dt'p-
tongo; ital. dillongo.
t DIPHTUONGUER (di-fton-ghé), v. a. Donner
le caractère de la diphthongue.
— ÊTYM. Diphthongue ; provenç. et espagn. dip-
tongar; ital. dittongare.
+ DIPUYLLE (di-fi-l'), adj. Terme de botanique.
Oui porte deux feuilles ou deux folioles, ou qui est
composé de deux feuilles; tels sont le calice dans le
pavot, 1.1 spathe dans l'ail.
— ÉTYM. Ai;, deux, et çûUov, feuille.
+ DIPIIYLLOBRANCHE (di-fil-lo-bran-ch'), adj.
Terme de zoologie. Qui a des branchies formées de
deux feuillets.
— ÊTYM. Diphylle, et branchies.
Y KIPLASIASME (di-pla-si-a-sm'), ï. m. Redou-
blement d'une consonne, comme appercevoir pour
apercevoir.
— ÉTYM. Aia-iaffiaoïio;, redoublement.
t DIPLE (di-pl"), î. f. Signe «,>) servant aux
critiques grecs à indiquer des variantes dans les vers
d'Homère ou il noter des vers suspects , et servant
aussi i indiquer les citations des saintes Ecritures.
— ÉTY.M AwÀti, féminin de SitiWu;, double
t DIPLOCÉPHALE (di-plo-sé-fa-1*), adj. Qui est
affecté de diplocéphalie.
— ÉTYM. Aiit>ôo;, double, et ntifak-f), tête.
t DIPLOCÉPHALIE (di-plo-sé-fa-lie), t. f. Terme
de tératologie. Monstruosité caractérisée parla pré-
sence de deux têtes sur un même corps.
— ÉTYM. Diplocéphale.
t niPLOfi ( di-plo-é ), s. m. Il !• Terme d'anato-
mie. Nom donné autrefois aux deux tables de tissu
compacte dont les os du crftne sont formés. || i' Au-
jourd'hui, nom exclusivement donné à la substance
•pongleuse qui sépare ces deux tables. || Tissu de
œêma naturs que l'on trouve dans l'épaisseur des
M plats en général.
— HIST. xvi- s. Les cosles à leur milieu ont res-
Oge de diploé pour U réception des veines et artères
DIP
qui leur baillent nourrissement, PARÉ, n, ♦. Au crâne
sont deux tables, entre lesquelles est le diploé, qui
est une substance spongieuse où s'internent plusieurs
veines et artères, et quelque similitude de chair,
iD. m, *.
— ÉTYM. Aiit)6ri, diploé, féminin de Stnlio;,
double.
t DIPLOÈDRE (di-plo-è-dr*), s. m. Terme de mi-
néralogie. Forme cristalline produite par la combi-
naison da deux rhomboèdres.
— ÉTYM. AmXôo;, double, et 25pa, face.
• t DIPLOGÉNÈSE (di-plojénè-z'j , s. m. Terme de
tératologie. Monstruosité qui, consistant dans la du-
plication plus ou moins complète du corps entier,
résulte de la fusion de deux fœtus plus ou moins
comi)létement développés.
— ÉTYM. A!5t).ôo;, double, et févEdi;, engendre-
ment (voy. genèse).
t DIPLOirÉMIËDRIE f di-plo-é-mi-é-drie), t. f.
Terme de minéralogie. Élat d'un cristal offrant une
hémiédrie double, mais d'inégale inclinaison, et
sans parallélisme.
— ÉTYM. A:7t>éo;, double, et hémiédrie.
I DIPLOÏQUE (di-plo-ik'), adj. Terme d'anato-
mie. Qui a rapport au diploé. Substance diploïque.
— ÊTYM. Voy. DIPLOÉ.
DIPLOMATE (fli-plo-ma-f), s. m. || 1° Celui qui
est chargé d'une fonction diplomatique ou qui s'oc-
cupe de diplomatie. || Fig. C'est un habile diplomate,
c'est un homme qui sait bien mener une affaire.
Il 2° Adj. Qui entend bien la diplomatie. Un minis-
tre diplomate.
— ÉTYM. Voy. DIPLÔME. Le diplomate a été ainsi
nommé, parce que les diplômes sont des actes qui
proviennent des princes.
DIPLOMATIE (di-plo-ma-sie), s. f. \\ i° Connais-
sance des rapports internationaux, des intérêts res-
pectifs des États. || Relations entre les Etats entre-
tenues au moyen des ambassadeurs. || Le personnel
des ambassades. La carrière de la diplomatie. Se des-
tiner à la diplomatie. || 2° Fig. Manèges dans la vie
privée comparés à ceux des diplomates. C'est un
homme plein de diplomatie. Je n'entends rien à
toute cette diplomatie. Il a dépensé bien de la
diplomatie. Si vous voulez, ma chère amie, que je
vous parle, là, franchement, diplomatie à part, je
vous mets sous la protection de madame.... scribe
et G. DELAViGNE, le Diplomate, i, 3. || Faire de la
diplomatie, user d'adresse, de subterfuges.
— ÉTY.M. Diplomate.
t . DIPLOMATIQUE (di-plo-ma-ti-k'), adj. Qui
appartient à la diplomatie. Agent, document diplo-
matique. Le corps diplomatique, les ambassadeurs
et les ministres étrangers, résidant auprès d'une
puissance. Vous ne me croyez pas en état de rédi-
ger un protocole; et c'est tout au plus selon vous si
j'ai la capacité nécessaire pour porter des dépèches
diplomatiques, scribe et g. delà vigne, le Diplo-
mate, I, 4. Il Par plaisanterie. J'étais seul dans une
chaise de poste que je remplissais tout entière de
ma capacité diplomatique, id. ib.
— ÉTYM. Diplomate.
2. DIPLO.MATIQUE (di-plo-ma-ti-k") , adj. || l-Qui
appartient aux diplômes; qui est d'usage pour les
chartes et diplômes. Écritures diplomatiques. || 2" S.
f. La diplomatique, l'art de déchiffrer les anciens
diplômes, tels que les titres des Églises, des monas-
tères, les chartes authentiques, etc. || Les connais-
sances qui sont nécessaires à ce déchiffrement et à
l'explication de ces titres.
— ÉTYM. Voy. diplôme.
t DIPLOMATIQUEMENT (di-plo-ma-ti-ke-man),
adv. D'une manière diplomatique, à la façon des
diplomates. Je te nomme, ou, pour parler diploma-
tiquement, nous te nommons notre résident à Mi-
lan, p. l. cour. Lett. I, 236.
— ÉTYM. Diplomatique < , et le suffixe ment.
t DIPLOMATISTE (di-plo-ma-ti-sf), s. m. Celui
qui s'est livré à l'étude de la diplomatique. Savant
diplomaliste.
— ÉTYM. Voy. DIPLÔME.
*. DIPLÔME (dl-plô-m'), s. m. || l" Acte revêtu
d'une autorité convenable, par lequel on accorde à
quelqu'un quelque droit ou quelque privilège. Di-
plôme impérial, pontifical, etc. Presque tous ces
seigneurs avaient des diplômes de vicaires du saint-
siège, VOLT. Uceurs, 65. Avec ce brillant diplôuie
de chevalier, on me donna mon humble patente de
pèlerin, chateaub. Itin. m, 40. |{ 2° Acte émané de
l'universué ou d'une faculté, conférant un titre ou
un grade dans un corps savant. Le diplôme de ba-
chelier, de licencié, de docteur. || 3" Charte, litre,
acte public émané des princes o» seigneurs.
DIP
— ÉTYM. AiTr>û)iia, diplôme, de 8tit).£ii>, plier ea
double, .^ cause de la manière dont on le pliait.
f 2. DIPLO.ME (di-plôm'), s. m. Vasa à parois
doubles, entre lesquelles on verse de l'eau, avant
de le mettre sur le feu.
— ÉTYM. A(Tt).Mna, de îi7t/ô<o, doubler.
t DIPLOXEURE ( diplo-neu-r' ) , adj. Terme do
zoologie. Qui a un double système nerveux.
— ÉTYM. AiTt'/oo;, double, et vcûpov, nerf.
f DIPLOPIE (di-plo-pie), i. f. Terme de médecine.
Lésion de la vue, dans laquelle on voit les objets
doubles.
— ÉTYM. AiitXôo;, double, et înToptai, voir.
t DIPLOPTÈRE (di-plo-ptè-r'), ad;. Terme de
zoologie. Oui a les ailes doubles ou pliées en deux.
— ÉTYM. A'.TiWo;, double, et TiTepàv, aile.
f DIPLOSOME (di-ploso-m'), adj. Qui est affecté
de diplosomie.
— ÉTYM. à'.-nlôoi, double, et <j«5|ta, corps.
t DIPLOSO.MIE (di-plo-so-mie), s. f. Terme de
tératologie. Monstruosité caractérisée par l'existence
de deux corps complets, mais réunis par une ou
plusieurs parties.
— ÉTYM. Voy. niPLOSOME.
t DIPLOSTÉ.MONE (di-plosté-mo-n'), adj. Terme
de botanic|ue. Fleur diplostéraone, fleur à étamines
en nombre double des pétales.
— ÉTYK. Ai7t).6o;, double, et anîfiMv, filament.
f DIPLOTÉGE (di-plo-tè-j'), s. m. Terme de bota-
nique. Fruilsec, indéhiscent et ensagé dans le calice.
— ÊTYM. Ai7:),ôo;, double, et ■zéyoi;, toit.
tDIPNEUMONÉ, ÉE (di-pneu-mo-né, née), adj.
Terme de zoologie. Qui est muni de deux poumons
ou de deux sacs pulmonaires seulement.
— ÊTYM. Ai;, deux, et tiveOiiwv, poumon.
t DIPNOÉ, ÉE (di-pno-é, ée), adj. Terme de
zoologie. Oui a deux modes de respiration; qui res-
pire par des branchies et par des poumons.
— ÉTY'M. Ai;, deux, et nvori, respiration.
t DIPODE (di-po-d'), adj. Terme de zoologie. Qui
n'a que deux pattes.
— ÊTYM. Ai;, deux, et Ttoù;, itoîè«, pied.
t DIPODIE (di-po-die) , s. f. Terme de la métrique
grecque ou latine. Assemblage de deux pieds de
vers. Sliserorum comprend ensemble un pyrrhique
et un trochée ; c'est une dipodie. || Mode de scander
les vers en prenant deux pieds à la fois.
— ÊTYM. Anto8(a, do Si;, deux, et noO;, jtoîè;,
pied.
t DIPSACÉ . ÉE (di-psa-sé, sée) , adj. Terme de bo-
tanique. Qui ressemble à la cardère. || S. f. Les dip-
sacées, famille de plantes dont la cardère est le type.
— ÉTYM. Lat. dipsacus, cardère.
t DIPSADE (di-psa-d'), s. f. Serpent dont la pi-
qûre produit une ciialeur et une soif excessives. Un
désert vaste et affreux où il y avait des serpents qui
brûlaient par leur souffle, des .scorpions et des dipsa-
des, SACi, Deutéron. viii, (5. Aulus, d'une dipsade
ayant souffert l'atteinte, En sent i)eu de douleur et
conçoit peu de crainte: U ne peut pas d'abord com-
prendre le danger Ni croire le trépas dans un coup si
léger; Ce poison toutefois, qui s'insinue à peine, Se
mêle enfin au sang et court de veine en veine; Il
allume partout un brasier indompté Qui dans tous
les vaisseaux tarit l'humidité, brébeuf, Fhars. ix.
— ÉTYM. Ai't'à;, de SiiJ/a, soif. ,
t DIPSOMANIE (di-pso-ma-nie), s. ^. Terme de
médecine. Nom donné quelquefois au delirium Ire-
mens. appelé aussi folie des ivrognes; affection dans
laquelle le malade délire et est affecté de tremble-
ment.
— ÊTYJI. Aï'}'», soif, et ijtovCot, folie.
<. DIPTÈRE (di-ptô-r'), adj. || 1* Terme de zoolo-
gie. Oui a deux ailes. Insecte diptère. || S. m. Les
diptères, insectes caractérisés par deux ailes , der-
rière lesquelles est un appendice appelé cuiUeron,
et par une bouche organisée pour la succion seule-
ment, tels sont les mouches, les taons, les cousins.
Il 2° Terme de botanique. Graine diptère, graine qui
est garnie de deux ailes.
— ÊTYM. Ai;, deux, et irvepàv, aile.
2. DIPTËRE ;di-ptê-r'), s. m. Terme d'architec-
ture. Temple de l'ancienne architecture, entouré de
deux rangs de colonnes, qui formatent t.ne sorte de
portique, nommé aile.
— KTVM. AiTTTcpo; (voy. diptère <).
I niPTÉHIQUE (di-pté-ri-k'), adj. Terme d'a:-
chilecture. Oui a rapport an diptère. Vitruve dit que
la figure de ce temple était diptéricue, c'es<-fi-dirs
qu'il régnait tout à l'enlour deux rangs ae coionnet
en forme de double portique, rollin, Iliit. aut
Œuvres, t. XI, t" part. p. 34, dans poucsiiis.
— ÊTYM. Diptère i.
DIR
tDlPTÊROCARPÉE(di-pté-ro-kar-p6e),s./'. Terme
de hotaiiiquo. Lesiliptérocarpées, plantes renfermant
de très-grands arbres résineux de l'jnde et de l'ar-
chipel Indien; tel est le camphrier de Bornéo.
— ÉTYM. AinTEpo;, qui a deux ailes, et xtxpitèi;,
fruit.
+ DIPTÉROLOGIE (di-pté-ro-lo-jie), s. f. Traité
des insectes diptères.
— ÉTYM. Diptère H, et Wyoc, traité.
t DIPTÉRYGIEN, lENNE (di-pté-ri-jiin, jiè-n'),
adj. Terme de zoologie. Qui a deux nageoires.
— ÉTYM. Ai?, deux, et TiTÉpuÇ, TtTSfUYo;, nageoire,
t DIPTOTE (di-pto-f), adj. Terme de grammaire.
Qui n'a que deux cas. Noms diptotes.
— ÉTYM. Aï;, deux, etTtiûui;, finale, chute.
DIPTYQUES (di-pti-k'), s. m. plur. \\ 1» Terme
d'antiquité. Deux tablettes réunies par une charnière.
Il Tablettes où l'on inscrivait le nom des consuls et des
principaux magistrats. || 2° Anciennement, registres
où les monastères et certaines églises inscrivaient les
noms des évèques et des bienfaiteurs dont il devait
être fait mémoire à la messe et dans les prières.
Il 3° Se dit aujourd'hui, abusivement, de tableaux
ou bas-reliefs, recouverts par deux volets dont la
surface intérieure est également peinte ou sculptée.
— ÉTYM. Aiixrjxo;, de 5î;, deux, et utOsoeiv,
plier.
t DIPYRÉNÉ, ÉE (di-pi-ré-né, née), adj. Terme
de bot^mique. Dont le fruit renferme deux noyaux.
— ÉTYM. Ai;, deux, et itupï)v, noyau,
t DIPYRRHIQUE (di-pi-rri-k'), s. m. Terme de
prosodie ancienne. Pied de vers composé de deux
pyrrliiques ; c'est-à-dire de quatre brèves comme
ànimiilà.
— ÉTYM. Al;, deux, et pyrrhique.
DIRE (di-r'), je dis, tu dis, il dit, nous disons,
TOUS dites, ils disent; je disais; je dis, nous dîmes;
je dirai; je dirais; dis, qu'il dise; disons, dites,
qu'ils disent; que je dise, que tu dises, qu'il dise,
que nous disions, que vous disiez, qu'ils disent ; que
je disse; disant, dit , v. a. i° Exprimer par la pa-
role; 2° on dit; 3° dire, pris absolument ; 4» nom-
mer, désigner; 5° énoncer par écrit; 6° réciter,
lire, débiter; 7° raconter; 8° juger, penser, être
tenté de croire; 9" avertir, prévenir, ordonner;
^o° offrir, proposer; M° exprimer, en parlant de
choses auxquelles on attribue une expression ;
<2» voidoir dire; (3" trouver à dire; (4° en dire;
lô» se le faire dire; ^6° que dis-je? l7°-30'' locutions
diverses; 31° se dire. || 1° Exprimer par la parole.
Que dit-il? J'ai quelque chose à vous dire. Vous lui
direz bien des choses honnêles de ma part. Il m'a
dit qu'il fallait partir. 11 n'a dit qu'un mot. Il dira
quelques paroles, et se retirera. Il fait son idole de
son sujet et tombe dans l'intempérance de ces ora-
teurs violents qui vont toujours plus loin que leur
but et ne croient jamais en dire assez s'ils n'en di-
sent trop, B.iLZ. Socr. clirét. Disc. lo. Te dirai-je
un penser indigne, bas et lâche? corn. Poly. iii,6.
Et si nous n'aimions point à nous brouiller l'esprit
Ou de ce que l'on fait ou de ce que l'on dit, ID.
Imitation, i, 4 1. Ne considère point si l'auteur d'un
tel livre Fut plus ou moins savant; Mais s'il dit vé-
rité, s'il t'apprend à bien vivre, Feuillette-le sou-
vent, ID. ib. I, 5. Je n'ai point sur ma langue un
assez grand empire; De ce que je dirais je ne ré-
' p(mdrais pas, mol. ilis. v, 1. Tous les autres comé-
diens en ont dit tous les maux du monde, in. Crit.
de l'Éc. des f. 7. Je reçois tous .ses soins avec beau-
coup de joie. J'admire ce qu'il dit, j'estime ce qu'il
I est, ID. Mis. IV, 3. Je vous trouve plaisant d'user
I d'un tel empire Et de me dire au nez ce que vous
m'osez dire, lo. i7). iv, 3. Donc, de ce que je dis on ne
[ fera nul cas? m. Tart.n, 2. Et depuis un long temps
nous nous sommes tout dit, iD. Amphitr. i, 4. Ne
vous ai-je pas recommandé de me venir dire d'a-
bord tout ce que vous voyez? m. Mal. imag. u, it.
Parlerai-je, monsieur, selon ma conscience, Ou
tomme auprès des grands on le voit usité? Faut-il
dire la vérité, Ou bien user de complaisance? id.
Amph. u, I. On dit à la cour du bien de quelqu'un
pour deux raisons: la première, afin qu'il apprenne
que nous disons du bien de lui; la seconde, afin
qu'il en dise de nous, la eruy. vni. Il dit ridicule-
ment des choses vraies, et follement des choses sen-
fées et raisonnables, id. xii. Combien tout ce qu'on
dit est loin de ce qu'on pense! kac. Brit. v, t. Et
peut-être, après tout, que, sans trop .se forcer. Tout
ce qu'il a pu dire, il a pu le penser, m. Bajaz.
m, 3. César, que me dis-tu de tes fils, de partage?
VOLT. St. de Ces. i, 1. Nous sommes dans un siècle
de raison: nous trouvons aisément ce qui nous pa-
rait la vérité, et nous osons le dire, id. Les oreilles, i.
DIR
On peut avec ce revenu assuré dire tout ce qu'on
pense de la compagnie des Indes, du parlement, de
nos colonies, du roi, de l'être en général, de
l'homme et de Dieu, id. ib. 3. Lorsque les yeux
chercheront sous les rides Les traits charmants qui
m'auront inspiré. Des doux récits les jeunes gens
avides Diront : quel fut cet ami tant pleuré? bérang.
Bonne fteiHe. Il Qui vous dit, qui vous a dit que....
c'est-à-dire sur quoi vous fondez-vous pour dire ou
croire...? Il Dire un secret, le révéler. Elles [lesfillesj
veulent qu'on leur dise tout, et elles veulent aussi
tout dire, fénel. Éduc. des filles, 2. En disant ce
secret ou faux ou véritable, volt. M. de Ces. m, 2.
Il Dire des injures à quelqu'un, l'injurier. Épargnez-
moi cette peine, je vous supplie, et épargnez-vous
à vous-même de grosses injures que je pourrais bien
vousdiredans ma mauvaise humeur, RAC. Lett. à quel-
ques amis, x\. || Dire à quelqu'un ses vérités, lui re-
présenter sans ménagement les défauts qu'il a. N'ap-
prêtons point à rire aux hommes En nous disant nos
vérités, MOL. Amph. Prol. Vous ne lui voulez mal et
ne le rebutez Qu'à cause qu'il vous dit à tous vos vé-
rités, ID. Tan. I, <. Il Dire à quelqu'un son fait, lui
parler vertement, le malmener en paroles. Il me
donna unsoufllet, mais je lui dis bien son fait, mol.
Pourc. I, 6. Il Dire son avis, sa pensée, exprimer ce
qu'on pense, l'opinion qu'on a. N'allez point là-dessus
me consulter ici; l'eut-ètre y pourriez -vous être mal
adressée. Et je suis pour les gens qui disent leur
pensée, mol. Mis. v, 3. C'est un particuUer qui a
dit son avis dans un gros livre qu'on ne lit point,
VOLT. Dial. 2. Il Dire son mot, ajouter son avis aux
avis déjà exiirimés, et aussi révéler ses intentions
secrètes. || Sans mot dire, sans dire mot, sans pro-
noncer une parole, et aussi sans protester. || Je vous
l'avais bien dit, sorte de reproche que l'on adresse
à quelqu'un que l'on a averti de ce qui allait lui
arriver. Quelquefois il lui disait : je vous l'avais
bien dit; singulière manière de consoler; satisfac-
tion que la vanité se donne aux dépens de la dou-
leur, STAËL, Corinne, xviii, 1. || Dire la bonne
avenlure, prédire l'avenir. || Dire pis que pendre de
quelqu'un, dire le diable de quelqu'un, en dire
toute sorte de mal. || Se dire quelque chose à soi-
même, faire en soi-même des réflexions, un rai-
sonnement. Je me le suis dit vingt fois. || Se dire
l'un à l'autre, se dire réciproquement quelque chose.
Ils se sont dit qu'ils s'aimaient. || En dire de sèches,
faire des contes satiriques et libres, dire des vile-
nies, mais d'une manière qui ne manque pas de sel.
Il Mon petit doigt me l'a dit, cela se dit aux enfants
de ce qu'on a appris par des voies qu'ils ignorent.
Argan à Louison : Prenez-y bien garde au moins; car
voilà un petit doigt qui sait tout, qui me dira si vous
mentez , mol. Mal. imag. ii , H . || 2° On dit,o'est-à-dire
le bruit court. On dit que nous allons avoir la guerre.
On dit une singulière nouvelle. On dit, et sans hor-
reur je ne puis le redire. Qu'aujourd'hui par votre
ordrelphigénieexpire, rac. Iph. iv, 6. || S. m. C'est
un on dit. Ce sont des on dit. 11 ne faut pas ajouter
foi à tous ces on dit. || On dit, s'emploie aussi lorsque
nous voulons parler d'une locution ou expression
usuelle. On dit en français savoir gré pour être re-
connaissant. Il 3" Dire pris absolument. C'est, comme
vous dites, une mauvaise action. Il faut se bien
comporter et laisser dire. De pas mis avec rien lu
fais la récidive. Et c'est, comme on t'a dit, trop
d'une négative, mol. F. sav. ii, 6. Le bonhomme
disait: ce sont là jeux de prince; Mais on le laissait
dire.... LA FONT. Fabl. iv, 4. Quiconque ne voit
guère N'a guère à dire aussi, m. Fabl. ix, 2. Ils
étaient pêle-mêle avec les ennemis, la rivière entre
deux, comme disent les goujats , sÉv. 1 03. Oui, mais
avec tout cela, diriez-vous bien pourquoi Cyrus a
tant conquis de provinces? BOiL. Héros de romans.
Il Comme dit l'autre, locution familière qui équi-
vaut à : comme on dit, ou comme dit le proverbe.
Toutça, comme dit l'autre, n'a été que de l'onguent
milon-mitaine, mol. Méd. m. lui, m, 2. || Poétique-
ment, j'ai dit, il dit, se mettent à la fin d'un ré-
cit. Elle dit, et du vent de sa bouche profane Lui
souffle avec ces mots l'ardeur de la chicane, boil.
Lulr. I. Il J'ai dit, équivaut aussi à je n'ai plus rien
à dire. |] Quand, citant un discours, des paroles
textuelles, on intercale le verbe dire, ce verbe et son
sujet subissent une inversion, le sujet se mettant
après le verbe. Vous allez , m'a dit notre ami , à Paris.
Je ferai, dit-il, la choseendiligence.Mais, dira-t-on,
cela est impossible. Il a, m'a-t-on dit, l'intention de
[larler. Cela, dis-je, est impossible. La résolution en
est prise, vous dis-je, mol. Mfi. v, l. L'épouse que tu
prends, sans tache en sa conduite. Aux vertus , m'a-
t-on dit. dans Port-Roval instruite.... boil. Sal. x.
DIR
1171
Il Dire d'un, dire d'autre, tenir un langage qui varie.
Qu'est ceci? s'écria le mangeur de moutons : Dire
d'un, puis d'un autre! est-ce ainsi que l'on traite Les
gens faits comme moi? lafont. Fahi. iv, I6. ||Dir9
d'or, dire, promettre tout ce qui peut être désiré.
Il Dans le même sens. Il dit d'or, et n'a pas le bee
jaune. || Dire d'or signifie aussi, par une sorte d'iro-
nie, parler disertement, mais hors de propos, ou
sans utilité. Dans ce conseil de sages, de héros. On
entendait les plus nobles propos : Le bien public, la
vertu les inspire.... Ilsdisaientd'or et ne concluaient
rien, volt. Pue. 1. 1| Bien dire, parler d'une façon
convenable, s'exprimer en bons termes, dire ce qu'il
faut. Ce sera là que ma lyre. Faisant un dernier
effort, Entreprendra de mieux dire Qu'un cygne près
de sa mort, malh. n, 2. Soyez beau, bien disant, la
FONT. Coupe. Mes paroles sont assez bonnes; je les
rangecommeceuxquidisent bien,sÉv. 74. Nous avons
eu une (>i,nversation où j'ai bien dit, ce me semble,
ID. 158. Ainsi berné le novice interdit Comprit en
soi qu'il n'avait pas bien dit. Et qu'il serait mal-
mené des commères, GRESSET, Vert-Vert, m. Vous
avez bien raison, mon cher maître; on veut tou-
jours dire mieux qu'on ne doit dire; c'est le défaut
de presque tous nos écrivains, d'alemb. Lettre à
Volt. 26 janv. 1767. Quelque génie qu'on ait, on ne
dit pas mieux qu'Homère quand il dit bien, dider.
Lettre sur les sourds et muets. \\ L'art de bien dire,
l'éloquence. || Substantivement, le bien-dire. Ces
grands orateurs romains qui avaient l'art de per-
suader ce qu'ils voulaient par la force et les charme»
de leur bien-dire, marg. buffet, Observ. p. (20,
(6B8. Il Être sur son bien-dire, sur son beau-dire,
être en train de parler, et aussi affecter de bien
parler, ou parler d'un sujet de prédilection. On dit
dans le même sens se mettre sur son bien-dire
(voy. BIEN-DIRE). Il Bien-disant, voy. bien-disant.
Il Proverbe. Le bien-faire vaut mieux que le bien-
dire, les bonnes actions sont préférables aux belles
paroles. || L'Académie, au mot bien-dire, dit que le
trait d'union ne se met que dans la locution : être
sur son bien-dire; mais que, dans le proverbe rap-
porté ci-dessus, on écrit le bien dire sans trait d'u-
nion ; puis, citant de nouveau ce proverbe au verbe
DIRE, elle met le trait d'union: le bien-dire. Il est
donc loisible de mettre ou d'omettre le trait d'union ;
et il vaut mieux le mettre. || 4" Nommer, expri-
mer. Vous bénirez le mal qui vous est avenu, Si l'on
peut dire un mal un fortuné veuvage, mairet,
Soph. v, 6. Qui dit froid écrivain dit détestable
auteur, uoil. Art p. iv La source du comi-
que : je dis de celui qui.... la bruy. Disc. s. Tliéo-
phr. Mais, mon cher Sidrac, pourquoi diies-vous
toujours ma faculté pensante? que ne dites-vous
mon âme tout court?vOLT. Les oreilles, 4. || 5° Enon-
cer par écrit. Je vous ai dit dans ma dernière
lettre que.... Tel auteur a dit là-dessus d'excel-
lentes choses. Cicéron dit dans son traité de la
République.. Presque tous les historiens ont dit ce
que je fais dire ici à Mithridate, bac. Préface de Mi-
Ihridale. \\ Il se dit del'écrit même. Que ditlaloiî
X ce que dit l'histoire. Comme dit le proverbe.
Il 6° Réciter, lire, débiter. Dire sa leçon. Cet acteur
a mal dit son rôle. Je vous dirai, si vous voulez,
pour vous désennuyer, le conte de Peau d'àne ou
bien la fable du Corbeau et du Renard qu'on m'a ap-
prise depuis peu, mol. Mal. imag. ii, t). La dé-
mangeaison de dire ses ouvrages est un vice attaché
à la qualité de poète, id. Comtesse, i. || Absolu-
ment. Cet acteur dit bien, il a un bon débit. ||Dire
la messe, célébrer la me.sse. Faire dire une messe
pour quelqu'un. Direlesvêpres, leschanter. || Terme
de musique. Il dit bien les récitatifs, il les chante
bien. Dire un morceau, exécuter un morceau de
musique. j| 7' Raconter. Dis-moi de mon époux le
véritable jort corn. Perthar. i, 3. Je pourrai de
mon père émouvoir la tendresse, Et lui dire un
amour qu'il peut vouloir troubler, rac. Phèdre,
m, 6. Et moi je suis venu, détestant la lumière,
Vous dire d'un héros la volonté dernière , m. ib.
v, 6. Je dirai les exploits de ton règne paisible,
BoiL. Épit. i. Je vais dire les douleurs de l'Église
persécutée, chateaubr. Mart. 4. || Poétiquement.
Muses, dites.... Muse, dis la colère d'Achille. 118° Ju-
ger, penser, être tenté de croire. Qu'en dites-vous?
Que dira-t-on de vous? Alléguant un grand rhume :
il ne pouvoit que dire. Sans odorat. ..la font. Fab.
vu, 7. Il Qui l'eût dit? signifie : aurait-on pu le pen-
ser, l'imaginer? Il Substantivement. Le qu'en dira-
t-on, les propos qui se tiennent sur le compte de
quelqu'un. Se moquer, être au-dessus du qu'en dira-
t-on. Braver le qu'en dira-t-on. Etre sensible au
qu'en dira-t-on. || Savoir qu'en dire, avoir passé par
il72
DIR
lè, atoireu l'expArience de la chose. Notre mélanco-
liaiie en savait bien iiuedire . bègnieb . Sal. vu. Beau-
coup il'lionni>teH gens en pourraient bien (|uedire,
MOI.. J?i-. di'i f. m, ï. Vrniment je sais l)ien quen
dire «ev.ftBl. ||Ne .savoirque dire, élreemliarriissé.
Cela'faisait i|"-' '« l>on sire Ne savait tantôt plus i|ii'y
dire.L* fOHT.Ann. || Alisolument. Vousiiiriezque.on
dirait (|ue.... avec l'imlicatir.on penserait, on s'ima-
ginerait. On liiiait, quand tu veux, qu'elle |la rime]
te vient chercher, BOIL. Sut. ii. On dirait que le ciel
est soumis à sa loi, Et que Dieu l'a iiétn d autre li-
mon que moi, iD. Sat. v. || Vous diriez que, on di-
rait que.... avec le subjonctif. On dirait que le ciel,
qui se fond tout en eau, Veuille inonder ces lieux
d'un déluge nouveau, boil. Sat. vi. On dirait que,
pour plaire, instruit par la nature, Homère ail à
Vénus dérobé sa ceinture. ID. Art p. ni. On dirait,
à vous voir assemblés en tumulte. Que Rome des
Gaulois craigne encore une insulte, ckébillon, Ca-
lil. IV, t. Vous (liriez qu'il snit devenu im autre
David, BO.SS. le Tellier. Vous diriez qu'il ne fasse
rien en ce monde, ID. Loi de Dieu, 3. || Vous di-
riez,on dirailii'un fou.d'un homme ivre, c'est-à-dire
il se conduit, il parle comme s'il était fou, ivre (la lo-
cution s'explique par une ellipse : on dirait d'un fou,
c'esl-à-dire on dirait cela d'un fou, on dirait que ce
qu'il dit ou fait est d'un fou, et, elliptiquement : on
dirait d'un fou), lit l'on dirait d'un tas de mouches
reluisantes Qui suivent en tous lieux un doux rayon
de miel, mol. Méiic. i, 3. Les trois vieilles femmes
brillaient un des roseaux de la gerbe; on aurait dit
des l'arques coupantle premier fil de la vie de René,
ciiATEAUBR. Natch. 300. Voyez même, comme les
traits du même homme varient.... vous diriez de plu-
sieurs êtres différents, bern. de s.-p. Uarm. liv. v,
llarm. anim. \\ 9" Avertir, prévenir, ordonner,
conseiller. Allez lui dire de venir. Ah! mon papa,
je vous demande pardon; c'e.st que ma sœur m'a-
vait dit de ne pas vous le dire, mol. Uni. imag. !i, 1 1.
Dites-leur qu'elles descendent, ID. les Préc. 3. Dites
au roi, seigneur, de vous l'aliandoiiner, rac. Es-
Iher, 11, I. Qu'on dise à Josabeth Que Maihan veut
ici lui parler en secret, m. Alliai, m, 1. \\ Absolu-
ment. Vous n'avez qu'à dire, locution qui signifie :
parlez et je ferai ce que vous voudrez. Comment, co-
quin! — Monsieur, vous n'avez rien qu'à dire. Je
mentirai si vous voulez, mol. Ainph. Il, l. |{ 10° Of-
frir, proposer. J'ai trouvé ces objets si chers que je
n'ai rien dit. Dites-en un prix raisonnable. || 11° Ex-
primer, en parlant des choses auxquelles on at-
tribue une expression. Un silence respectueux dit
beaucoup. Et puisi|u'aucun soupçon ne dit rien à
l'hoca.", Soyez encor son lils et ne vous montrez
pas, CORN. Héracl. ii, 2. Et malgré tous vos soins
et votre adresse à feindre, Mon astre me dirait ce
que j'avais à craindre. MOL. Ilis. iv,3. Qu'ai-je fait?
que veut-il? et que dit ce silence? rac. Bére'n. Il, B.
Ce front satisfait Dit assez à mes yeux que Poriis est
défait, iD.Alei. m, l. Et ce poison vous dit les vo-
lontés du roi, iD. Uilitrid. v, 2. Tout cela dit assez
que le trône m'est dû, m. TItéb. iv, 3. Et son si-
lence même, accusant sa noblesse, Nous dit qu'elle
nous cache une illustre princesse, id. Iphig. i, 2.
.... Vous portez, madame, un gage de ma foi , Qui
TOUS dit tous les jours que vous êtes à moi, ID. llillir.
II, ♦. Ma pensée au grand jour partout s'olfre et
s'expose; Et mon vers bien ou mal dit toujours quel-
que chose, BOiL. Éptl. IX. Le cœur ne me dit rien
pour les devoirs de la religion, mass. Car. l'rospe'r.
Il Le cœur me le disait bien, j'en avais le pressen-
timent. Il Cette femme a de beaux yeux, mais ils ne
disent rien, ils sont sans expression. || Cela ne dit
rien au cœur ni à l'esprit, cela ne les louche point,
ne les émeut aucunement. |i Familièrement. Cela ne
dit rien, cela n'importe pis à l'alTaire, cela n'em-
pêche pas. il Ne dire rien, se dit aussi des personnes
dont b'S paroles n'ont guère de sen.s. Voilà bien des
paroles sans rien dire, Boss. Var. xii, § 2. || Fami-
lièrement. C'est beaucoup parler pour ne rien dire.
Il 12' Vouloir dire, signifie faire entendre, insinuer,
en parlant des personnes. Que voulez-vous dire?
De quoi s'offense-t-il? et que veut-il me dire? Y va-
l-ilde sa gloire à ne pas bien écrire? mol. Jfii.iv, t.
Que voulez-vous donc dire, mes pères? comment en-
treprenez vous de*outeiiir après cela qu'aucun jésuite
n'est d'avis qu on puisse tuer pour des médisances?
PASc. Prov. 13. Que me voulez-vous dire do péni-
tence cl do p.irdoii? sÉv. 374. Ce qu'une judicieuse
prévoyance n'a pu mettre dans l'esprit des hommes,
une maîtresse plu» impérieuse, je veux dire l'expé-
rience, les a forcés de le croire, BOSs. Hiine d'An-
g-et. Il Que veut il dire? s'est dit dans le sens de
pourquoi. Son Louis soupire Après ses appas; Que
DIR
veut-elle dire De ne venir pas? malii. vi, 7. || Dé-
noter, en parlant des choses. Je ne s.iis ce que
cela veut dire. Que veut dire ce retard? .... Ache-
vez, seigneur, ce mais, que veulil dire? corn. JVt-
com. III, 7. Il Signifier. Que veut dire ce mot ,
cette phrase? Cela est mal construit et ne veut rien
dire II 13" Trouver à dire, c'esl-à-dire trouver à blâ-
mer. Il y a. il y a lirai t b-en à dire, il y aà reprendre,
à biftmer. Vous trouveriez quelque chose à dire dans
le ciel, si je n'y étais avec vous, balz. liv. i.lelt. H.
Ce que je trouve à dire en la confidence <iue fait
Cléopâtre, corn. Ex. de Pompée. On trouve à dire
à la frugalité de vos re|ias,sRV. 427. L'empereur ne
trouve rien à dire à ces censures, BOSs. Leil. (94.
Ayant eu la bonté de déclarer qu'elle [Voire Ma-
jesté] ne trouvait rien à dire dans celte comédie
qu'elle défendait de produire en public, mol. \" pla-
ce! aurai. || Trouvera dire, regretter l'absence.
Metlez-vous donc bien en tète que je vous trouve à
dire plus que je ne voudrais dans toutes les parties
oïl l'on m'entraîne, mol. Itlis. v, 4. Rien ne me
flattait plus que de penser que je manquais au bon-
heur de l'heureux Soliman, et qu'on me trouvait à
dire dans le sérail, fonten. Soliman, Juliette.
Il Trouver à dire, ne pas avoir son compte. On trou-
vait dix ou douze voix à dire, patru. Plaidoyer te,
dans RiciiF.LET. || Avoir à dire, manquer de. Il faisait
parade d'un visage remaroiiable par de grandes plaies
et par un œil qu'il avoit àdirO; BAi.z. liv. v, tot. 9.
Il A dire, manquant. Le fourrage revint en abondance,
il n'y eut pas un cheval de perdu, ni un homme à
dire, st-sim. 47, 48. || 11 y a bien à dire, il y a une
grande différence. 11 y a bien à dire entre ces deux
personnes. Dans le même sens, il y a lout à dire,
il 11 y a bien à dire, il .s'en faut de beaucoup. H y
a bien à dire que je n'aie mon compte. || 14° Kn
dire forme une locution qui a différents sens. || Le
cœur en dit, on y a inclination. Si le cœur vous en
dit, si cela vous agrée. Et quand le cœur m'en
dit, j'en prends par où je puis, coi\n. ilent. i, 4.
Et puis-je mais, cliélif, si le cœur leur en dit? mol.
le Dép. V, 3. Pour peu que le cœur lui en d't,
IIAMILT. Cramm, 4. Qu'on s'aime de part et d'autre
autant que le cœur en dira, fonten. taure, Suplw.
Il Par extension. Si le sort nous en dit [nous est fa-
vorable] , tout sera bien réglé, mol. l'Étour. v, 2.
Il En vouloir dire, être prêt à faire. D'abord, dit-il,
j'allais tout doucement Auprès du lit écouter si le
sire .S'approcherait, et s'il en voudraitdire, la font.
Uandr. || En dire, faire des reproches. S'en dire, se
faire des reproches. Mou cœur s'en est plus dit que
vous ne m'en direz, rac. Brit. m, t. Et mon cœur
soulevant mille secrets témoins, M'en dira d'autant
I plus que vous m'en direz moins, id. Andr. iv, B.
1 il 15° Se le faire dire, hésiter beaucoup à faire une
i chose; ne pas se le faire dire, montrer beaucoup
j d'empressement. Charles exigea une lettre d'Auguste
j à Stanislas: le roi dèlrûné se le fit dire plusd'uae
i fois; mais Charles voulait cette lettre, et il fa:iut
■ l'écrire, volt. Charles XII, 3. \\ 16° Dnns le style
! élevé. Que dis-je? sorte de retour sur soi, de transi-
tion, d'aggravation. Il la abandonné, que dis-je? il
I l'a dépouillé. P'uyons dans la nuit infernale.... Mais
j que dis-je?... mon père y tient l'urne fatale, rac.
Phèd. IV, 0. Il 17" À dire vrai, à vrai dire, lociit. ailv.
I En disant la chose telle qu'elle est. X dire vrai, il n'a
i pas rempli l'attente qu'on avait conçue de lui. || â dire
vérité même sens. Et s'il avait mon cœur, à (lire vé-
rité, Il tournerait ses vieux d'un tout autre côté, mol.
i His. IV, l. Il Pour ainsi dire, locution dont on se sert
pour atténuer une expression, pnur la faire passer. Ils
I sont, pour ainsi dire, morts à loules les joies. || Pour
mieux dire, locution dont on se sert pour préciser
, davantage sa pensée. Contrainte d'accepter ces mê-
I mes conditions, sans avoir pu en rien retrancher, y
i rien ajouter, ou, pour mieux dire, sans avoir pu, avec
! tous leurs efforts, s'écarter d'un seul pas du cercle
étroit qu'il lui avait plu de leur tr.icer, bac. Disc, de
réception de Th. Corneille. || 18° Dire s'emploie quel-
quefois à l'impératif pour appeler l'attention. Dites-
moi, venez-vous dîner avec moi? D'où vient donc, je
vous prie, un tel emportement I Avez-vous, dites-moi,
perdu le jugement? MOL. ilis. iv, 3. Dites-moi un
peu, s'il vous platt, combien avicz-vous d'années
lorsque nous fîmes connaissance? m. Mar. fore. 2.
Dis, penses-lu qu'un jour mon père nous pardonne?
Ducis, Othello, 1, 8. Il Disons mieux, .sorte de com-
pliment ou de correctif. Il est l'avocat ries pauvres,
disons mieux, il en est le père. || Disons-le s'emploie
lorsqu'on va dire quelque vérité fâcheuse. Disons-le :
les mesures violemes ne peuvent qu'irriter les es-
prits. Disons-le sans figure, il parle comme un fou
et pense comme un homme sage, la bruy. xil.
DIR
I 11 19* Qu'est-ce à dire ? s'emploie pour qu'est-ce que
' cela signifie? Qu'est-ce à dire? vous murmurez.
Celte locution exprime la surprise, le mécontente-
ment. Qu'est-ce à dire, monsieur? j'apprends par
le notaire Qu'au contrat vous trouvez quelque chose
à refaire, dlfbény, Jfar. fait et rompu, i, 9.
Il Ce n'est pas à dire pour cela que... Ce n'est pas à
dire que.... locution gouvernant le subjonctif, et
qui a un sens de redification. Vous m'avez rencon-
tré parmi eux, ce n'est pas à dire que je soi« des
leurs. Ce n'est pas à dire qu'ils aient effectivement
parlé pour la dernière fois, fonten. Oracles, cli. ni,
2« part. Il Ce n'est pas pour dire, locution très-fa-
milière qui signifie sans se vanter. Ce n'est pas pour
dire, mais je saurais en faire autant. || 20° C'est-à-
dire, loc. conj. qui annonce l'explication, la consé-
quence de ce qui vient d'être dit. Les quatre lettres
I. N. R. I. qui sont au haut de la croix de Notre-
Seigneur signiiient Jcsus Sazaremis, rex Judœo-
rum, c'esi-à-dire Jésus de Nazaretli, roi des Juifs.
Et qu'on l'honore ici, mais en dame romaine, C'est-
à-dire un peu plus qu'on n'honore la reine, corn.
Powp.m, 4. Le génie humain pensant, c'est-à-dire
la cent-millième partie du genre humain tout au
plus, \OLT. Aventure de la mémoire. || C'est-à-dire
que, avec un verbe qui suit, même sens C'est-à-
dire que j'ai consenti à la transaction. C'esi-à-dire
que je paye la somme demandée. || 21° C'est tout
dire ou c'est tout dit, il n'y a rien à ajouter, cela
achève, complète. Il est fort enfoncé dans la cour,
c'est tout dit; Et la cour, comme on sait, ne tient
pas pour l'esprit, mol. Femm. sav. iv, 3. Sur l'ar-
gent, c'est tout dire, on est déjà d'accord; Ton beau-
père futur vide son coffre-fort, boil. Sat. x. Qui dit
Sillery dit tout; Peu de gens en leur estime Lui re-
fusent le haut bout, la font. Fabl. viii, 43. Il Cela
est bientôt dit, se dit, par antiphrase, d'une chose
difficile, ou sur l.iquelle on conserve des doutes
Vous parlez de trouver d'ici à ce soir dix mille francs;
cela est bientjt dit. On a, dites-vous, perdu les
bonnes épigrammes grecques; cela est bientôt dit;
mais qu'est-ce qui le prouve? || C'est beaucoup dire,
c'est poser une limite extrême qui probablemenl
ne sera pas atteinte. Posons le cas que vous ayez
tout le bien qu'il faudrait, et c'est beaucoup dire,
HAMiLT. Cramm. 7. || 22° Cela vous plaît à dire,
exprime que l'on ne convient pas de ce qui vient
d'être dit, ou sert à énoncer un refus. i| 23° Cela va
sans dire; il va sans dire que.... Cela va de soi et
est si naturel qu'il n'est pas besoin d'en parler, de
le stipuler. Cela va sans dire. sÉv. loo. || 24° U n'y a
pas à dire, c'est-à-dire l'affaire est décidée, il n'y a
pas d'observations à faire, il n'y a pas à revenir là-
dessus. Il On dit de même : il a beau dire. Celle der-
nière femme eut beau faire, eut beau dire: Moi
devine 1 on se moque: eh! messieurs, sais-je lire?
....Point de raisons; fallut deviner et prédire, LA font.
Fabl. vil, (8. Il 25° Cela soit dit en passant, ou soit
dit en passant, exprime qu'on mentionne seulement
une chose à propos d'une autre, ou qu'on fait quel-
que légère plainte, quelque léger reproche en peu
de mots. |! 26° Ce qui est diiestdil. c'est-à-dire la pa-
role donnée sera tenue Va, tranquillise-toi; Ce que
j'ai dit est dit; repose-toi surmui, REGNABn, Ugat.
I, 2. Il Voilà qui est dit, locution dont on se sert pour
affirmer qu'une chose est convenue, entendue. || Je
ne vous dis que cela, locution qui. suivant le ion,
exprime dévouement ou menace. Mon ami, dès qu'il
s'agit de ton repos.... je ne te dis que cela; tu dois me
connaître. Si vous y revenez.... je ne vous dis que
cela. Il Prenez que je n'ai rien dit, locution qui an-
nuli> g-'elque chose qu'on a dit. C'était dans voire in-
térêt; mais, si cela vous contrarie, prenezque je n'ai
rien i''.l. \\ C'est moi qui vous le dis, sorte d'affirma-
tion très-familière. Et laisse venir demain; tu verras
comme il sera fait ; c'est moi qui te le dis, Marivaux,
Marianne, il. ||27° F.iniilièremenl. S'il vient à bout
de son entreprise, je Tirai dire à Rome, locution dont
on se sert pour exprimer qu'on regarde la chose
comme impossible. Créqui prétend qu'Oresie est un
pauvre homme. Qu'il soutient mal le rang d'ambas-
sadeur; Et Créqui de ce lang connaît bien la splen-
deur; Si quelqu'un l'entend mieux, je l'irti dire à
Rome, RACINE, Épigr. contre Créqui qui avait cri-
tiqué Andromaque. \\ 28° S'il ne dit mol, il n'en pense
pas moins, c'est-à-dire il éccute en silence cl fait
ses réflexions, ou bien il se tait, mais il est mécon-
tent. Il 29° X qui le dis-tu? à qui le dites-vous? lo-
cution qui exprime que celui qui parle sait, con-
naît, a éprouié aussi bien que qui que soit ce dont
il s'agit. Il est difficile de faire son chemin; à qui le
dites-vous îli 30° Comme qui dirait, locution fanii-
liére qui siguifie une sorte de. Sa coiffure attira not
regards, c'était comme qui dirait un turban (voy.
l'explication de cette locution à comme). || 31° Se
dire. v. réfl. Se donner, se faire passer pour. 11 se dit
YOlre parent. Se dire malade. Ces perfides tous deux
se sont dits aujourd'hui Et subornés par vous et su-
bornés par lui. CORN. Mcom. m, 8. Kt de quel droit
.se diraient-ils héros, s'ils n'étaient point amoureux?
n'est-ce pas l'amour qui fait aujounl'hui la vertu
héroïque? boil. Héros de romans. || Se dire, être dit.
Cela se dit partout. Cotte phrase se dit très-bien. La
première et principale cause pourquoi on n'a pu
entendre assez clairement aucune des choses qui se
sont dites de Dieu et del'ftme, desc. Kép. ii, 4. Il y
a un certain nombre de phrases toutes faites que l'on
prend comme dans un magasin ; bien qu'elles' se
disent souvent sans affectation et qu'elles soient re-
çues sans connaissance, il n'est pas permis de les
omettre, la bruy. viii. || Soi-<lisant, voy. soi-disant.
Il Proverbes. Quand les mots sont dits, l'eau bé-
nite est faiie, se dit des marchés qui sont conclus.
Il Oui dit tout n'excepte rien. || Qui ne dit mot con-
sent, c'est-à-dire le silence est pris pour l'acquies-
cement.
— REM. 1. Die, pour dise, au subjonctif est un ar-
cha'isme. Non, je croyais tout d'elle, il faut que je
le die, bégnier, Êlég. m. Pourquoi, h votre avis,
tant de périls et tant de combas? vous plalt-il, ma-
dame, que je vous le die? bai.z. De la gloire. Ils
n'ont pas besoin que je leur die rien davantage,
DESC. ilélh. Cl. Enc'jre qu'on die que la foi a pour
objet des choses obscures, ii). Ur'p. ii, 36. Mais en-
core une fois souffrez que je vous die, corn. Cin-
na, I, 1. Votre ardeur vous séduit, mais quoi qu'elle
vous die.... ID. J'oly.v, 4. Ah! ce n'est pas ces soins
que je veux qu'on me die, ID. Pomp. v, a. Veux-tu
que je te die? une atteinte secrète Ne laisse point
mon âme en une bonne assiette, ttOL. le Dép. I, i.
Ah! souffrez que je die, Valère, que le coeur qui vous
est engagé.... ID. ib. v, 9. Faites-la sortir, quoiqu'on
die, De votre riche a|)partement, ID. Fetiim. sav.
m, 2. Gardez-vous.... d'ouvrir.... que l'on ne vous
die.... LA FONT. Fabl. iv, ts rois et dieux met-
tent, quoi qu'on leur die, Tout en même catégorie,
ID. ib. v, 18. Et puisqu'il faut que je le die, Rien où
l'on soit moins préparé. id. ib. viii, t. Quiconque
aime le die ! m. Court. Mais, quoi que je craignisse,
il faut q\ie je le die, rac. Bérén. v, 6. Cet archaïsme,
ainsi autorisé, peut encore être conservé dans la
poé.sie. Il 2. Direde, avec un infinitif, signifiant com-
mander, ordonner, sont signalés par Vaugelas et Th.
Corneille comme un gasconisme qu'd fall.dtéviter.Ce-
pendant.dès le tem|)s de ces puristes, cette locution
était employée par les meilleurs auteurs, et elle est
restée en plein usage. X cette époque, l'Académie
ne l'approuvait qu'avec hésitation: «Comme c'est
bien parler que de dire: Il lui ordonna d'aller, 11 le
pria de faire, l'u.sage semble avoir permis de dire:
Il lui dit d'aller. Il lui dit de faire, Acad.- Observ.
sur Vaugelas, p. 308. » || 3. La deuxième personne
plurielle rous dites représente la forme latine dici-
tis, avec l'accent sur la première syllabe.
— HIST. X' s. E si distrent, Fragment de Valen-
ciennes, p. 467. Si cum dist e le [en le] evangelio
lieu de avant dist, ib. p. 469.
— XI' s. Hom qui plaide en curt, à qui curt que
çoseit.fi hom 11 mette sur qu'il ait dit chose.... Lois
de Guill. 28. Dis e set ans, n'en fut nient à dire
[il n'y en a rien à dire, à rabattre], Penatsun cors
et damne Deu servise, St Alexis, xxxiii. Et dist au
roi : or ne vous esmaiez, Ch. de Hol. m. Dient
paien : ainsi peut-il bien estre, ib. iv. Respondent
Franc : Ske, vous dites bien, ib. clxxvii.
— xirs. Qu'après nos mors n'en soit dit negun [nul]
mal, iionc. p. 49. [X] mon seigneur dites qu'il me
viegne venir, ib. p. (22. S'uns autres homs deïst tel
legerie, ib. p. I08. I.i cuiverz [le pervers] ne dit
mot, l'ame s'en est alée, ib. p. (ou. Ne tout [je] ne
cel [cèle] mon cuer, ne tout [je] nel [ne le] di,
Couei, vil. Je ne di pas que je fasse folage, ib. xix.
As fins amans proi [je prie] qu'il dient le voir [la
vérité], ib. xx. Et quant uns sens [un seul] en re-
manoit de ça [n'allait pas à la croisade] , Il [Que-
ues] lui disoit et honte et reprouvier, hues d'oisi,
Romancero, p. (04. [Je] N'en oi [ouis] nului parler,
qui moult de bien n'en die, Sax. vu. Si diromes de
Cliarle, qui tant fait à louer, ib. xui. Puis lui dites
coment Guiteclins de Sassogne envers nous entre-
prent, ib. xxi.
— xiii' s. Si vous dirons des pèlerins dont grant
partie estoit jà venue en Venise, villeh. xxxi. Et
dient cil qui morir le virent, que ce fu uns des
homes du monde qui plus bêle fin fist, ID. xxiii.
Daine, ce dist Pépins, ou ne doit pas douter....
DIR
Berle, m. De ce ne vous ert [sera] ore nuls Ions ra-
contes dis, ib. V. Quant la messe fut dite, ib. x. En
son lit en séant [elle] prist ses heures à dire, ib.
xiv. Qu'ele ne deïst mot ne que n'osast noiser, ib.
xnc. D'eus [je] lairrai à piirler, n'en dirai ore plus,
ib. xxiv. Forment se repeiit Berte que son nom | elle]
leur a dit, ib. lui. Laissez tout ce aljr, n'en soit
parole dite, ib. Liv. Sans les autres richesses que je
ne sai conter, Qu'à peine les peut-on ne dire ne
esmer [estimer], ib. xcvii. Car [elle] sait bien que
c'est ele [Berle] .... Li cuers lui dit, pour voir bien
l'en asseûra, i6. cxxii. A peine [elle] put mot dire,
tant li cuers lui failli, ib. cxxvu. Dist li vilain :
I Par saint Marcel, Ta pel ert mise en mon mantel. »
Mes moult a entre dire et fere; Qar Renart li fera
conirere, lien. 78SB. Maintes gens disent que en
songes N'a .se fables non et mençonges, la Rose, l.
D'omroe tra'istre g'en di fi; Puisqu'il n'a foi, point
ne m'i fi, ib. 7807 Il le secorra Detretout quan-
ques il porra. Plus liés [joyeux] du faire, au dire
voir. Que ses amis du recevoir, ib. ilM or
dis-tu que sage, ib. 10421. Au voir dire [à vrai
dire], ib. J7465. Qui droitement veut apeler, il doit
dire ainsi, se c'est por murdre : Sire, je di sor tel,
et le doit nommer, qu'il malvesement.... beaum.
LXi, 3. Nus lais [legs] ne vaut s'il n'est fes de per-
sone qui soit en bon sens et en bonne memore, et
s'il ne le dit de se [sa] bouche, m. xxi, 8. Le pris
qui est en leur chevalerie si est tel, que quant il
sont si preus et si riches que il n'i ait que dire....
JOINV. 235. Et li [au comte de Monfort] distrent que
il venist veoir le cors nostre Seigneur qui estoit de-
venuz en sanc et en char entre les mains au pros-
tré, ID. 1 98. Sire, se vous ne me lessiez dire que vous
soies cousin au roy, l'en vous occirra touz et nous
avec, ID. 240. El pour ce se doit on garder et en tele
manière defi'endre de cest agait, que en die à l'en-
nemi [au démon] quant il envoie tele temptacion ;
va t'en, id. i97. Bien est, ki dit, s'il est ki fait, pii.
MOL'SKES, ms. p. 200, dans LACURNE.
— XIV" s. Il est voir [vrai] disant et véritable,
ORESME, Elh. J24. 11 avienl aucune fois que par sus-
picion et par opinion l'en dit faulz, m. ib. 173.
— xv° s. Et (messire Galéas] avoit telle grâce de
tontes gens en Lombardieque chacun l'aimoit et di-
soit bien de lui; .... et toutes gens disoient mal et
se plaipnoient couvertement do messire Barnabo,
FROiss. II, II, 226. [Les cardinaux] distrent et ima-
ginèrent que il ne leur ferait jà bien [Urbain VI], et
que il n'estoit pas digne de gouverner le momie,
ID. n. H, 48. En lisant nul n'osoit parler ni mot
dire, car il vouloit que je fusse bien entendu, id.
II, III, <3. Et arriva à un port que on dit Cepsée
(Chertsey en CornouailleJ, id, i, i, (52. Et me-
noient ma dite dame d'Orléans messire Jaquemesde
Bourbon et messire Philippe d'Artois, id. m, iv, t.
Vous Tarez, puisque jel'ay dit, la Pass. N. S. J. C.
Afin que ils ne s'en poussent excuser et que plus
ne sceussent que dire.... Boueic. i, ch. M. La plus
belle compagnie qu'on sçauroit dire, comm. viii, 7.
Je vous prie que vous me diez oiije pourrai parler
à vous à part, louis xi, No\iv. xlvi.
— XVI' s. Ce dire de S. Pierre a tousjours esté
vray que...,CALViN, Instit. 327. L'aage me condui-
soit Sans peur, ne soin, où le cœur me disoit, mx-
ROT, 1, 210. Et croyez à mon dire, Ô charité, ô bonté
indicible! ID. i, 265 Pour vous certes, je treuve
Facile chose à faire un impossible, Et fort aisée à
dire un indicible, id. i, 359 Quand tout est dit
[après tout], en tous les lieux Où je voulois tourner
les yeux, Tout me rioit.... id. iv, (81. Vous savés
combien vostre paine est nécessaire aux affaires
dont vous portés le faix, et où vos amis vous trou-
vent bien à dire, maro. Lett. 64. Il n'y a nulle raison
en leur affaire, j'espère les trouver bien toust; je
croy que leur diray leurs vérités, id. ib (14. Il vous
treuve tant à dire que vous diriés qu'il est tout seul,
m. ib. (22. Monseigneur, quant tout est dit [après
tout], mon principal souci est do votre santé, id.
ib. 24. C'est à dire que les painctres ont la liberté
de paindre ce qu'ilz veulent, rab. Pant. n, 5. Vun-
tecbrist est desjà né, ce m'a l'on dict, id. t'b. m, 26.
Si nous avions à dire l'intelligence des sons de l'Iiar-
monie et de la voix, cela apporteroit une confusion
inimaginable à tout le reste de nostre science,
MONT. II, 359. Que .sait-on si.... plusieurs etiects
des animaux qui excédent nostre capacité sont pro-
duits par la faculté de quelque sens que nous ayons
à dire.... id. ii, 368. Si on veult dire [exprimer]
qu'un homme n'a point de sens, id. i, 33. H disoit
mieulx [parlait] sans y avoir pensé, id. i, 4(. Cyrus
s'estant enquis que c'estoit à dire [de ce que cela
voulait dire], id. i,65.II falloit raisonner leur dire
DIR
1173
[en donner les raisons], m. I, 5). Ce qu'il y a à
dire [la difl'érence] entre la licence et la liberté, id.
I, (72. Aprez qu il les eust bien laissez dire, il res-
pondit.... m. I, (89. Il y a bien à dire (pie ce ne
soit le mieulx qu'il peust faire, id. i, 206. Callicles
dict l'extrémité de la philosophie estre dommagea-
ble, ID. I, 224. J'aurois prins une voye plus natu-
relle, qui est à dire, vraye.... ID. i, 228. Si vous
dictes : il fait beau temps, et que vous di.ssiez vé-
rité.... ID. II, 205. En se deshabillant, il trouva à
dire sa chaîne, yver, b30. Le dire de Thucidides
s'accorde mieux avec les chroniques, amyot,
Thém. 48. Il commanda que les autres par ordre
dissent consécutivement leurs advis, id. Cam. 65
Il n'y avoit capitaine qui eust osé dire de non aux
soudards qui en demandoient le pillage, id. Mar-
cell. 28. Je suis marry qu'il faut que je vous die,
que.... id. Arist. (0. Antigonus le comparoit à un
joueur de dez, à qui les dez disent fort bien, mais
qui ne se sçait .servir des chances qui biy viennent,
id. Pi/rrh. 57. Qu'il se tcinst tousjours auprès de
son armée de mer, à fin que si la fortune luy disoit
mal sur terre, il eust incontinent les forces de la
marine toutes prestes pour.... id. Pomp. un. Il ren-
contra par cas d'adveiiture Gœsylus lacedaemonien,
soy disant estre envoyé de Lacedœmone, id. Dion , 62.
Quant à cela, il n'y a personne qui die du contraire,
ID. Brutus, (. La mémoire de cette bataille qui es-
toit encore récente, d'autant qu'il n'y avoit pas cinq
ans à dire, les avoit ainsi enflammez, carloix, i, 3.
Cent ou six-vingts picqueurs, qui avec leurs trompes
disoient la mort du ceif, id. iv, (2. Dire d'un et
penser d'autre, ii. est. Apol. d'Hérodote, p. 26,
dans LACURNE. Qui dit ce qu'il sçait et donne ce qu'il
a n'est pas tenu à davantage, leroux de lincy, Proï.
t. II, p. (27.
— ÉTYM. Provenç. dir, dire; catal. dir ; espagn.
decir; portug. dizer ; ital. dire; du latin dicere.
Comp. le grec 5£Îxvu|j.i, montrer, goth. taiha, al-
lem. zeigen, montrer; mots où est le radical iden-
tique dir., deik, taih.
2. DIRE (di-r'), s. m. || 1° Ce qu'on dit, ce qu'on
avance, ce qu'on déclare. Le dire des témoins. Leurs
dires ne sont pas concordants. Les armes en la main,
[vous] .soutiendrez voire dire, gahnier, Bradamanle,
IV, 4. Sitôt que cette nymphe en son dire enfiam-
mée, RÉGNIER, Épit. i. Font que mourir et vivre à
leur dire n'est qu'un , m. Sat. vi. Et chacun en son
dire [à l'entendre] a droit en sa requête, id. Sat. ii.
X leur dire, c'étaient des gens qui voulaient périr,
BALZ. Socrate, Disc. 3. Suivant le dire d'un ancien,
MOL. l'Av. III, 5. Tous les gens querelleurs, jus-
qu'aux moindres matins, Au dire de chacun étaient
de petits saints, la font. Fabl. vu, (. Au dire du
proverbe ancien L'amitié ne remonte guère; Boa
petit-fils, je n'en crois rien Quand je pense à vous,
ma grand'mère, bérang. B. maman. || Au dire des
experts, selon leur avis. || A dire d'experts, en vertu
d'une estimation d'experts; et fig. avec force, sans
retenue. Mentir à dire d'experts. || 2° Terme de pra-
tique. Pièce signifiée d'avoué à avoué et renfermant
les moyens et réponses des parties. || Toutes obser-
vations faites sur un procès-verbal ou sur un cahier
des charges. || 3° Le bien-dire, voy. dire ( , à la Ra
du n' 3.
— HIST. Voy. l'historique de dire ( .
DIRECT, ECTE (di-rèkt, rè-kt'; au pluriel mas-
culin Vs ne se lie jamais : des avis di-rekt' et pres-
sants; la prononciation de la finale et, cis, au mas-
culin singulier ou pluriel est mal assurée; on entend
quelquefois prononcer di-rè, comme plusieurs pro-
noncent rè-spè, respect; ce qui est plus doux et
plus analogique (voy. respect), adj. || 1° Qui est en
ligne droite. Roule directe. Mouvement direct,
Voiedirecte. || En lignedirecte, sans détour. || Train
direct, celui dans lequel on se rend à destination
sans changer de wagon. || Terme d'astronomie. Les
planètes sont directes, quand elles paraissent se
mouvoir vers l'orient, en suivant l'ordre des signes
du zodiaque. || ferme de marine. Pointage ou tir
direct, celui dans lequel la pièce est au milieu du
sabord. Ordre direct ou naturel, celui dans lequel
chaque vaisseau d'une armée suil le vaisseau qui a
été désigné comme son matelot d'avant. |{ 2' Par
extension, sans intermédiaire, immédiat. Corres-
pondance, communication, action directe. || Fig At-
taque directe, argument direct, attaque, argument
qui va droit à la peraoïine, à la chose. || 3° Formel
Preuve directe. Être en confadiction, eu opposi-
tion directe avec queliju'un. || 4° Terme de jurispru»
dence. Ligne directe, suite des degrés de parenté
entre des personnes qui descendent l'une de l'autre.
Héritier direct, héritier non collatéral. || Terme da
1174
DIR
féodalité. Setgneur direct, le seigneur de qui une
terre relève iramédialomcnt. Seigneurie directe,
droits d'un seigneur sur une terre qui relève imm6-
diaiement de lui. H 6' Terme de grammaire. Ordre
direct, conslrudion directe, ordre, construction des
mot» selon leur ordre analytique : sujet, verbe, attri-
but. , Complément ou régime direct, celui qui com-
plète'la «ignilication du verbe sans le secours d'au-
cune préposition; exemple: j"aime mon père. || Mode
direct, l'indicatif. || Dans les langues classiques, cas
dirocis, le nominatif et l'accusatif. || Discours direct,
discours où l'on parle à la première personne. || Ha-
rangue directe, celle que, dans une histoire, l'histo-
rien met dans la bouche du personnage, à la première
personne. || 6° Terme delogique. Proposition directe,
toute proposition considérée par opposition à la
proposition inverse (|ui est celle qui résulte du ren-
versiîment dos termes. || 7° Terme de mathématique.
La raison directe de deux quantités, le rapport de la
première quantité à la seconde, dans l'ordre môme
où elles sont énoncées. |{ 8° Terme de musique.
Intervalle direct, celui que l'on compte en montant
à partir de la busse. Ut sol est une quinte, parce
qu'il y a cinq degrés nt, ré, mi, fa, sol. 11 se dit
par opposition à l'intervalle renversé, qui a lieu
quand on transporte la note aigu5 au grave, ou ré-
ciproquement la note grave àl'aigu : soi «(. Il L'accord
direct, l'accord qui a le son fondamental au grave,
et dont les parties sont distribuées selon leur ordre
le plus rapproché, ut mi sol. Il se dit de même par
opposition à l'accord renversé, mi soi ut, sol ut mi.
Il Mouvement direct ou semblable, celui que foifl
deux parties qui montent ou descendent en même
temps.
— ÉTYM. Lat. direclus, part, passif de dirigere
(voy. diriger) ; provenç. direct; espagn. directo; ital.
dirello.
DIRECTE (di-r6-kt'), s. f. Terme de féodalité.
Droit d'un seigneur sur le fonds qui relevait de lui
en fief ou en censive, et du bailleur à emphytéose
sur le fonds emphytéotique. Une terre en directe
de tel seigneur est celle qui lui doit les lods et vente.
— HIST. xvi' s. Le cens et la directe son", aussi
imprescriptibles, loïsel, 736.
— ÉTYM. Direct.
DIRECTEMENT (di-rè-kte-man) , adv. \\ 1° En
droite ligne, tout droit. Les deux pôles sont directe-
ment opposés. Il Directement en face, tout à fait vis-
à-vis. Il Fig. Cela est directement opposé, contraire
à vos vues. Ces deux hommes sont directement op-
posés. Ne commettre aucun désordre, et ne faire
aucune action qui tende directement ou indirecte-
ment à violer cette paix et amitié, volt. Char-
les Xl[, 0. Il 2° D'une manière directe, sans détour.
Aller directement à .son but. Je vais me rendre
directement i Paris. Le soleil darde directement ses
-a/ons sur la place. || 3" Sans intermédiaire, sans
entremise. Il s'est adressé directement au roi. Cor-
respondre directement avec le ministre.
— IIlST. xvi' s. Et directement contre mes pre-
miers exemples, mont, i, 4. C'est une umbre qui
tumbe sur le corps de la lune, à cause que la terre
se treuve directement entre elle et le soleil, amyot,
Dion, 29.
— ETYM. Directe, et le suffixe ment; provenç. di-
rectnmenl; espagn. directamenle ; \U\.direttamente.
DIRECTEUR , TRICE (di - ré - kteur , ktri-s') , s. m.
et f. Il 1° Colui,celle qui dirige. || Celui qui dirige une
administr.'^tion, une exploitation, une entreprise.
Le directeur d'une compagnie, d'une usine. Le di-
recteur d'un théâtre. || Fonctionnaire chargé d'exer-
cer en chef des fonctions de surveillance sur une
branche de l'administration publique. Ahl combien
de cousins, d'oncles et de maris j'ai faits directeurs
enmaviel j'en ai envoyé jusqu'en Canada, lesage.
Turc. Il, 3. Il Directeur général, celui qui dirige uu
service public avec plusieurs directeurs sous ses
ordres ou agents ayant un autre titre. Le directeur
général des postes. {| Dans le ministère de la ma-
rine, nom des chefs de division. || Directrice de
poste, femme qui est préposée à un bureau de
poste. Il Directeur du jury, magistrat chargé de
diriger les opérations du jury d'accusation. || 2* Le
directeur do l'Académie française, son président.
Il II se dit aussi d'autres compagnies littéraires ou
savantes. André Sigismond Margraaf, directeur de
la cla.sse de (ihilosophie expérimentale dans l'Aca-
démie de lierlin, conborcet, Iforffroa/'. || Titre des
chefs de certains collèges, Rollin, Ste-Barbe. par
exemple. Le directeur d'une maison d'éducation,
i; 8" Directeur do conscience, ou, simplement, direc-
teur, ecclésiastique qui dirige la conscience d'une
personne. Consulter son directeur. Chercher un
DIR
guide fidèle, un directeur éclairé et désintéressé,
BouiiDAL. Serm. <«• dim. après la Pentecôte, Do-
minic. t. iv, p. 148. Mais de tous les mortels,
grâce aux dévotes Smes, Nul n'est si bien soigné
qu'un directeur de femmes, BOiL. Sat. x. C'est ce
qu'en vain le ciel voudrait exiger d'elle; Et peut-il,
dira-t-elle, en effet l'exiger? Elle a son directeur,
c'est à lui d'en juger, m. if;. J'insiste et je vous de-
mande: qu'est-ce qu'une femme que l'on dirige? je
vous entends, c'est une femme qui a un directeur,
LA ERUY. III. Si le confesseur et le directeur ne con-
viennent point sur une règle de conduite, quel .sera
le tiers qu'une femme prendra pour surarbitre? id.
tî). Le capital pour une femme n'est pas d'avoir un
directeur, mais de vivre si uniment qu'elle s'en
puisse passer, id. ib. Je vois bien que cela seul a fait
imaginer le spécieux et irrépréhensible prétexte du
soin des ftmes, et semé dans le monde cette pépi-
nière intarissable de directeurs, id. m. || Par ex-
tension. Je pourrais rapporter des passages de cet
incomparable directeur des âmes , boss. Or. s.
Il 4° Pendant la Révolution, titre de chacun des cinq
membres du directoire exécutif. |1 B" Adj. Comité
directeur, comité qui dirige.
HIST. xvi' s. Le jugement de la raison doit es-
tre le directeur et le maistre du donner et de la li-
béralité gratuite, non pas la honte de refuser, amyot,
De la mauvaise honte, 9.
— ÉTYM. Lat. director, de directum, supin de di-
rigere, diriger.
t DIRECTIF, l'VE (di-rè-ktif, kti-v"), adj. Oui a la
force, la propriété de diriger. Les princes ne sont
pas soumis aux peines des lois; ou, comme parle la
théologie, ils sont soumis aux lois, non quant à la
puissance coactive, mais quant à la puissance direc-
tive, BossuET, Politique, iv. i, 4.
— ÉTYM. Lat. directum, supin .de dirigere, diriger.
DIRECTION (di-rè-ksion ; eii vers, de quatre
syllabes), s. f. \\ 1° Action de diriger. Il connaissait
les chemins et se chargea de la direction de la troupe.
Il prit en main la direction des affaires. || 2» Terme
de dévotion. La méthode particulière que suivent
les gens d'Église pour conduire les âmes dévoles
dans la voie du salut; fonction d'un directeur de
conscience. On se jetterait dans des embarras infi-
nis, si on changeait la direction en dissertation,
BOSS. Lett. ahb. co. Souvent une mère, préoccupée
de son directeur, est mécontente de sa fille jusqu'à
ce qu'elle prenne sa direction, et sa fille le fait par
politique contre son goût, FÉN.t. xviij p. 79. || Par
extension. Mme de Maintenoneut la maladie des di-
rections qui lui emporta le peu de liberté dont elle
pouvait jouir, st-sim. 4t3, 176. || 3° Terme de ca-
suistique. Action mentale, par laquelle, dans un
acte douteux ou mauvais, on dirige l'intention vers
un côté qui n'est ni douteux ni mauvais. Pascal re-
proche aux casui-stes d'effacer le péché de simonie
parla direction d'intention, quand, ne considérant
plus le trafic des choses saintes, le simoniaque con-
sidère le prix non comme le prix de la chose vendue,
mais comme le motif qui le détermine à la trans-
férer. Pour vous faire voir l'alliance que nos pères
ont faite des maximes de l'Évangile avec celles du
monde par cette direction d'intention, pasc. Prov.
7. ô mon père, lui dis-je, voilà un beau fruit de la
ilirection d'intention, m. ib. Montrez-moi, lui dis-
je, avec toute cette direction d'intention, qu'il soit
permis de se battre en duel, id. ib. || 4° Administra-
tion. Sous la direction d'un tel. On lui a confié la
ilirection de cet établissement. La direction générale
des postes. || Fonction de directeur. Je lui donnerai
une direction en province, lesage, Tiircar. ii, 3.
Il Ensemble, réunion des directeurs. || Attributions,
étendue et circonscription d'une direction. Cela n'est
pas dans ma direction. || Résidence du directeur.
Il 5» Terme de procédure ancienne. Régie que les
créanciers faisaient par le ministère de leurs syn-
dics ou directeurs de biens abandonnés par le débi-
teur. Il assiste chaque jour à quelque assemblée de
créanciers, partout syndic de direction, la bruy. xi.
Ceux-ci la firent enfermer comme foUe et firentmet-
tre ses biens en direction, bern. de st-p. Paul et
Virginie. \\ 6" Cté vers lequel une personne ou une
chose va, marche. Quelle direction ont-ils prise en
partant? Les grands fleuves prennent leur direction
vers la mer. Napoléon se dégagea en silence de l'im-
mense attirail qu'il entraînait après lui, et s'avança
sur la vieille route de Kalougha; il poussa dans
cette direction pendant quelques heures, annonçant
qu'il allait vaincre Kutusof sur le champ môme de sa
victoire, ségur, Ilist. de Nap. ix, (. ||Ètre dans la
direction d'un objet, l'avoir en face. ||Fig. Donner
une bonne direction à une alTaire. Le gouvernement
DIR
ouvrit les yeux sur ces inconvénients, et donna une
nouvelle direction au commerce des pelleteries,
RAYNAL, Ilist. pliil. XV, 10. Il Prendre une bonne, une
mauvaise direction, se lancer dans la voie du bien ou
dans celle du mal. || 7° Côté vers lequel on dirige ses
recherches, ses travaux. Des essais dans une bonne
direction. L'a.5tronome, réduit à spéculer sur des
phénomènes fugitifs , complètement inaccessibles
sauf pour un seul de ses sens, abordables à l'obser-
vation .seule et nullement à l'expérience, doit s'es-
timer heureux d'avoir reconnu la direction où il faut
marcher pour arriver à la découverte de la vérité,
faye. Comptes rendus , Acad. des se. t. lu, p. 9U.
Il 8° Terme de mécanique. Direction d'une force,
droite suivant laquelle elle tend à mouvoir les corps
qui en éprouvent l'action. || Terme d'astronomie.
Mouvement d'une planète, suivant l'ordre des signes.
Il Terme de géologie. Ligne que suit une couche ou
un filon dans le sens de sa longueur. || Terme de
physique. Direction de l'aimant, la propriété par
laquelle il se tourne toujours vers les pôles de la
terre. || Terme militaire. Changement de direction,
opposé à changement de front, changement d'une
troupe en marche. {| 9° Terme d'astrologie. Calcul
par lequel on prétendait trouver l'explication de l'a-
venir, dans les rapports des différents points du ciel.
— ÉTYM. Lat. directionem, de directum, supin
de dirigere, diriger.
f DIRECTITE (di-rè-kti-f), s. f. Terme de cou-
tume employé pour directe.
DIRECTOIRE (di-rè ktoi-r'), s. m. || 1* Conseil
chargé d'une direction publique. Le directoire fédé-
ral de la Suisse. || Le directoire exécutif et, plus
ordinairement, le Directoire (mais alors avec un D
majuscule), corps composé de cinq membres auquel
la constitution de l'an III avait délégué le pouvoir
exécutif. Le Directoire, établi par la (Convention, fut
renversé par le coup d'Ëlat du )8 brumaire (lO no-
vembre 1799), et remplacé par le gouvernement
consulaire. || Directoire de département, de district,
administration collective du département, du dis-
trict, de )790 à l'an VIII. || Juridiction établie autre-
fois à Strasbourg. || 2° Terme de liturgie. Livre où
les offices de chaquejoursont-sxactement marqués,
avec les ornements et les cérémonies de l'Église.
Il 3° Rùglement qui fut fait en 1C44, par une a.ssem-
blée de théologiens anglais, pour la forme et la
nature des prières publiques.
— ÉTYM. Lat. director, directeur.
t DIRECTORAT (di-rè-kto-ra), s. m. Fonctions
de directeur, leur durée. || Fonctions de directeur
de l'Académie. Je me souviens d'avoir ouï dire à
M. de Gombaud que, sous son dircctorat, messieurs
de l'Académie ayant opiné plusieurs pour condamner
une stance de Malherbe. ...malh. Édition deUénage,
p. 292.
— ÉTYM. Lat. director, directeur.
DIRECTORIAL, ALE (di-ri-klo-ri-al , a-l"), adj.
Oui appartient au Directoire, qui en émane. Pouvoir
directorial. Arrêtés directoriaux. || Partisan du Direc-
toire. Lesdéputésdirectoriaux, et^ substantivement,
les directoriaux.
— ÉTYM. Lat. director, direcleur.
t DIRECTRICE (di-ièktri-s'), s. f. ||l*Voy. di-
recteur. Il 2" Terme de géométrie. Ligne le long de
laquelle on fait glisser ou autour de Inquelle on fait
tourner une autre ligne ou une surface, dan» la gé-
nération d'une figure plane ou d'un solide. La di-
rectrice de la parabole est une ligne droite telle que
tous les points de la courbe sont & égale dislance du
foyer et de cette droite.
— ÉTYM. Directeur.
DIRIGE, ÉE (di-ri-jé, jée), porf.paiïrf. Il !• Con-
duit vers, tourné vers. La route dirigée vers la ri-
vière. Ses regards dirigés vers l'orient. || Fig. Ou»
la loi soit droite et toujours dirigée au bien public,
j. j. Houss. Ori'g. 2. Ses travaux, dirigés vers le bien
public, le montraient à ses compatriotes comme un
citoyen utile, condorcet, Unné. || 2° Qui reçoit une
direction. Des fouilles dirigées avec intelligence.
Une affaire bien dirigée. Un jeune homme mal di-
rigé dans ses études. || 3° Qui est soumis à un di-
recteur de conscience. Dirigé par un bon prêtre.
Il Substantivement. 'Vous persuadez à vos dirigés de
vous donner leur bieni volt. Phil. ii, 3«9.
DIRIGEANT, ANTE (di-ri-jan, jan-t'), adj. Qui
a la principale direction. Minùstre dirigeant. Une
secte dirigeante.il Terme de médecine. Métlicament^
dirigeants, ou, substantivement, les dirigeants, mé-
diciimenls auxquels on attribuait la vertu de diriger
vers tel ou tel organe l'action des substances médi-
cinales auxquelles on les associait.
DIRIGER (di-ri-jé. Le i; prend un e devant a ou o:
ors
OIS
DIS
1175
je dirigeai», nous dirigeons) , v. a. || 1° Tourner d'un
côt6. Diriger ses regards sur un objet, ses pas vers
un endroit. |1 Fig. Diriger son attention sur quelque
chose. On dirigea des poursuites contre lui. || Fig.
Son intérêt seul le dirige. || Diriger ses passions, les
régler. Il î° Conduire, administrer. Diriger des tra-
vaux. Diriger une compagnie, une maison d'éduca-
tion. Il 3° Diriger la conscience de quelqu'un, être
son directeur de conscience. Qu'est-ce qu'une femme
que l'on dirige? l\ eruy. iit. Je voudrais qu'il me
fût permis de crier de toute ma force à ces hommes
saints qui ont été autrefois blessés des femmes :
Fuyez les femmes, ne les dirigez point, laissez à
d'autres le soin de leur salut, id. ib. L'inquisition
ayant fait mettre Ignace en prison parce qu'il diri-
geait des dévotes, volt. ¥œ«rs, 139. Il Par extension.
Je me suis toujours repentie d'avoir voulu diriger
des femmes; les hommes sont plus traitables et plus
dociles, MAiNTENON, Lett. à Mme de Fontenai, t. ii,
p. 467, dans POUGENS. 114° Terme de casuistique. Di-
riger l'intention, tourner, dans un acte mauvais,
son intention vers ce qui, dans cet acte, est indif-
foriint, de manière que le péché n'existe plus. Vous
m'avez assuré qu'en dirigeant bien son intention on
peut selon vos pères, pour conserver son honneur
et même son bien, accepter un duel, l'offrir quel-
quefois, tuer en cachette un faux accusiiteur, pasc.
Prov. 7. Notre grande méthode de diriger l'inten-
tion, dont l'importance est telle dans notre morale
que j'oserais quasi la comparer à la doctrine de la
probabilité, id. ib. Ainsi, pour éviter l'étornelle mi-
sère. Le vrai zèle au chrétien n'étant plus néces-
saire, Tu sus, dirigeant bien en eux l'intention, De
tout crime laver la coupable action, boil. Sat. xii.
Il 5° Terme d'astrologie. Tirer une ou plusieurs di-
rections. Il 6° Se diriger, v. rêjl. S'avancer vers. 11
se dirigeait vers le château.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. dirxgir; ital. di'ri-
gere, dedi.... préfixe, et le latin regere, régir.
DIKIMANT, ANTE (di-ri-man, man-t'), adj.
Terme de droit. Qui rend nul. Empêchement diri-
mant , empêchement qui emporte la nullité d'un ma-
riage. L'Église a fini par déclarer empêchements
dirimants de mariage tous les degrés d'affinité,
ciiATEAL-B. Génie, i, i, to. || Par extension. Que plus
d'une fois des raisons dirimantes ont ou gêné les
vues de la compagnie ou repoussé son suffrage,
n'ALEMB. Acad. franc, v, p. (02.
t DIRIMER (di-ri-mé), v. o. Régler, trancher.
Son autorité ne pouvait dirimer les dillérends aux-
quels donnaient lieu les prétentions opposées, la-
MEN.NAis, dans le Dict. de poitevin.
— ÉTYM. Lat. dirimere, séparer, partager, de
dir pour dis.... préfixe, et emere, prendre, ache-
ter.
t DIRK (dirk), s. m. Poignard des montagnards
écossais.
t DlRnUOMBOÉDRIQnE (di-rron-bo-é-(lri-k'),
od/. Terme de minéralogie. Cristaldirrhomboédrique,
cristal produit par la réunion de deux rhomboèdres
pareils.
— ÉTYM. Al;, deux, et rhomboédriquc.
■'{ DIRRIIYNOUE (di-rrin-k'), adj. Terme de zoo-
logie. Qui a deux becs ou deux suçoirs.
— ÉTYM. A!;, deux, et ^<if/_o-, bec.
+ DIUUPTIF, IVE (di-ru-pti'f, pli-v'), adj. Terme
de pathologie. Qui produit la rupture. Carie den-
taire diruptive , carie s'étendant obliquement en
bas et laissant intacte la couronne qui, à un certain
moment, se sépare par la rupture de la racine
cariée.
— ÉTYM. Di .... et le latin ruptum, supin de rum-
pere (voy. rompre).
f DIS.... préfixe latin, devenu français, qui si-
gnifie écartement, retranchement, comme dans d«s-
(rahere, distraire. Il est le même que le préfixe di....,
et les étymologistes latins y reconnaissent la pré-
position grecque &ii. Ce préfixe a quelquefois, en
latin comme en français, le sens négatif : dissem-
blable, dissimuler.
f DISANT (di-zan), adj. Voy. bien-disant. Et
c'est aux mieux disants une témérité De parler où
le ciel discourt par tes oracles, Et ne se taire pas
où parlent tes miracles, Régnier, Sat. i.
t DISBRODER (di-sbrodé) , v. a. Laver la soie
dans l'eau, après qu'elle est sortie de la teinture.
t DISBUODURE (di-sbro-du-r'), i. f. Eau dans la-
quelle on a lavé la soie sortant de la teinture.
DISCALE (di-ska-1'), s. f. Terme de commerce.
Déchet dans le poids d'une marchandise, par suite
de l'évaporation de son humidité.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et l'ital. calo, déchet, de
calare, baisser (vov caler).
f DISCALER (di-ska-lé) , v. n. Terme de com-
merce. Perdre de son poids.
— ÉTYM. Discale.
f DISCANT (di-skan) , s. m. Ancien terme de mu-
sique. Voy. DÉCIIANT.
t DISCEPTATION (di-ssè-pta-sion), s. f. Terme
didactique. Discussion de vive voix ou par écrit.
— IIIST. XVI" s. La disceptaiion et agitation des
diverses et contraires ratiocinations que la matière du
droict souffre, mont, ii, 24 i.
—ÉTYM. Lut. disceptatio , de dîsccpîare, discuter,
de dis.... préfixe, et captare, prendre : prendre de
diverses façons.
t DISCERNABLE (di-sèr-na-bl'), adj. Qui peut
être discorné.
— ÉTYM. Discerner; lat. discernibilis.
DISCERNÉ, ÉE (d\-sèr-né, né), part, passé.
Il 1° Séparé, mis àpart. On verra l'innocent discerné
du coupable, rac. Esth. ii, 6. Abraham, seul dis-
cerné de tout le re,ste des hommes, mass. Carême,
Élus. Il 2° Reconnu à l'aide de la TU3. Une petite
planète discernée à l'aide d'un fort télescope. || 3°Me-
suré suivant le discernement qu'on fait des person-
nes ou des choses, Avec cette grande hauteur, elle
[la maréchale de Villeroy] avait une grande poli-
tesse, noble, discernée, qui est devenue si rare et
qui touches! fort, st-sim. 2H, 96.
DISCERNEMENT (di-sèr-ne-man), s. m. || 1° Ac-
tion de séparer, de mettre à part. 11 enverra les
anges exécuteurs de ses volontés et ministres de sa
justice, pour faire le discernement des justes et des
pécheurs, bourd. b» Dim. après l'c'piph. Dominic.
t. I, p. 2)9. Si Jésus-Christ paraissait dans ce tem-
ple pour nous juger, pour faire le terriMe discerne-
ment des boucs et des brebis, mass. Car. Élus.
Grand Dieu I et alors que d'oeuvres sur lesquelles
j'avais compté, se trouveront mortes à vos yeux!
que ce discernement sera terrible I id. Avi-nt. Jitg.
univ. Son honneur n'entre pour rien dans le discer-
nement que nous faisons des choses permises et dé-
fendues, m. Car. Fautes légères. C'est un trait de
feu vif et perçant qui va jusque dans le cœur faire
en un instant le discernement délicat de la passion
et de l'équité, ID. Or. fun. Villeroy. \\ 2° Action de
discerner, de distinguer les objets à l'aide de la vue.
 une telle distance le discernement des couleurs
est impossible. || 3° Au moral, distinction qu'on fait
entre des objets. Ne vous exposez plus à ce torrent
d'injures. Qui, ne faisant qu'aigrir votre ressenti-
ment, Vous donne p^a de jour pour ce discerne-
ment, CORN, néracl. iv, 5. Il a voulu que chaque
particulier fît discernement de la vérité, bossuet,
Église, 2. De là ces sanglantes satires contre le ca-
rême, contre le discernement des viandes à cer-
tains jours, contre les pratiques de pénitence les
plus usitées par les saints, dourdal. Exhortât, sur
Ste Thér. 1. 1, p. 3I6. Sans se faire un monstre d'un
vain discernement de viandes, mass. Carême, Yér.
culte. Il Distinction des personnes suivant ce qui leur
est dû. Il n'a nul discernement des personnes, la
bbuy. v. Il 4° Faculté de bien ajiprécier les choses.
Avec discernement punit et récompense, corn.
Cinna,n, H. D'un fin discernement sa grande âme
pourvue Sur les choses toujours jette une droite
vue, MOL. Tart. v, 7. Ils en feront un chapitre jiar-
ticulier qu'ils intituleront : De l'esprit de discerne-
ment que Dieu avait donné à la sainte mère, racine,
2' lettre en réponse à celles de }1M. Dubois et Bar-
bier d'Aucourt. Il n'a point le discernement d'un
capitaine, fén. Tél. xii. Après l'esprit de discerne-
ment, ce qu'il y a au monde de plus rare, ce sont
les diamants et les perles, la bruy. xii. || L'âge de
discernement, en matière criminelle, se dit de l'âge
où commence la responsabilité des actions. || Agir
sans discernement, sans avoir conscience si l'on fait
bien ou mal.
— SYN. discernement, jugement. Celui qui dis-
cerne use de la vue et distingue ce qui est con-
fondu ou caché; celui qui juge usedela raison et ap-
précie les conditions. Aussi jugement dit-il plus que
discernement. L'homme de jugement se conduit
avec raison et sagesse; l'homme de discernement
n'a pas nécessairement ces deux qualités, mais il a
la netteté d'esprit, qui, semblable à la netteté de
la vue, aperçoit les choses fines, délicates, difficiles
à voir.
— ÉTYM. Discerner.
DISCERNER (ili-sèr-né), v. a. \\ 1° Séparer, mettre
à part. S'ils disent que la grâce de Jésus-Christ
nous discerne, pasc. P. jés. 46. Qui vous a discernée
de ces âmes infidèles dont le monde est si plein?
MASS. Or. fun. Prof. )• || U se dit aussi des choses qui
sépal-ent. Los mil^acles discernelit la doctrine, et la
doctrine discerne les miracles, pasc. Penséet, xxiii,
f, éd. Lahure, 18G0.|| 2° Séparer, distinguer, recon-
naître, à l'aide de la vue. X l'aide du microscope on
discerne les plus petits objets. Je ne pus pas bien
discerner qui était avec vous, pour ce qu'à cette
heure-là j'avais la tête en bas, voit. Lett. 9. Cha-
cun, seul témoin des grands coups qu'il donnait, Ne
pouvait discerner où le sort inclinait, corn. Cid,
IV, 3. Vos yeux ont discerné les hommages du
mien [cœur], volt. Zaïre, i, 2. || Reconnaître,
en parlant d'un autre sens que de la vue. Il s'élève
un grand bruit, et mille cris confus Ne laissent
discerner que vive Héraclius, cobn. lléracl. v, 7.
Il 3° Fig. Faire la distinction. Il discerna la vérité.
Il s'applique à discerner la cause du juste d'avec
celle de l'injuste. Que tu discernes mal le cœur d'a-
vec la mine! id. Polyeucle, v, t. Nous avons peu de
jour à discerner la feinte D'avec la pure vérité, ID.
[mit. II, B. Faisons par vos travaux et ma recon-
naissance Du maître et du sujet discerner la puis-
sance, ROTROU, Vencesl. m, 6. Discerner la vérité
d'avec le faux, pasc. Pens. part, i, art. 2 Sa-
chez de l'ami discerner le flatteur, boil. Art p. ch. i.
Discernez-vous si mal le crime et l'innocence? rac.
Phèd. V, 3. Vos enfants qui ne savent pas encore
discerner le bien et le mal seront ceux qui entre-
ront en cette terre, saci. Bible, Deutéron. i, 39.
Il Absolument. Mes pareils sans péril se rangent à
sa suite; Le mérite et le sang nous y font discerner,
corn. Olhon, I, t. Il 4° Se discerner, i;. ré/l. Être re-
connu. Tout ce qui est mérité se sent, se -iiscerne,
se devine réciproquement, la bruy. v.
— HEM. On dit discerner d'avec : discerner le bien
d'avec le mal, et discerner de : discerner le bien
du mal ; et enfin sans préposition discerner le bien
et le mal. Dans les deux premiers cas on compare;
dans le troisième on aperçoit seulement l'un et l'au-
tre, mais pour les reconnaître et les séparer.
— lirST. xiv s. Mucius ne sceut discerner se ce
estoit Ii roys Porsennes, berciieure, f° 32, recto.
Nous eslisons et prenons à conseilliers gens qui sce-
vent discerner et congnoistre de grans choses et
notables, oresme, Eth. 65. || xv's. Et en ces dctrian-
ces [retards] on envoieroit du conseil notables per-
sonnes devers le comte de Hainaut, pour avoir sen
plus discerné pour respondre, fboiss. m, iv, 16.
[Ces gens] Qui, pour gouster les bons vins. Sont
bien fins, Sachans comme on les discerne, iiasse-
lin, xxix. Il XVI* s. La raison est propre à nostre na-
ture, pour nous discerner d'avec les bestes brutes,
CALV. Instit. 195. C'est un sentiment de la con-
science par lequel elle discerne entre le bien et le
mal suffisamment, id. ib. 200. Dieu a accoustumé
de s'orner de certains titres, par lesquels il se dis-
cerne d'avec les idoles des payens, id. ib. 281. La
nuict n'estoit si obscure que l'on ne veist du tout
rien, ne si claire que l'on peust assuréement discer-
ner à l'œil ce qui se presentoit, amyot, Nicias, 39.
Il est bien difficile de discerner et juger, lequel des
deux y procéda plus seurement, m. Nicias et Cras-
sus, «. Les sages nous apprennent assez à nous gar-
der de la trahison de nos appétits et à discerner les
vrays plaisirs et entiers, des plaisirs meslaz et L'i-
garrez de plus de peine, mont, i, 283.
— ÉTYM. Lat. discrrnere, de dis.... préfixe, et
cernere, voir (voy. cerner).
t DISCESSION (di-ssè-sion), s. f. Terme d'iiistoire
ancienne. Manière de voter, dans le sénat romain,
en se groupant autour de celui dont on adoptait
l'avis.
— ÉTYM. Lat. discessio, de dis.... préfixe, et ces-
sio, de cedere, aller (voy. céder).
f DISCIFÈRE (di-ssi-l'ô-r'), adj. Terme d'histoire
naturelle. Qui porte un disque.
— ÉTYM. Mot latin hypothétique disciferus, de
discus, disque, et ferre, porter.
f DISCIFLORE (di-ssi-flo-r'j, adj. Terme de bota-
nique. Qui a les fleurs munies d'une sorte de disque
à la base.
— ÉTYM. Mot latin hypothétique disciflorus, de
discus, disque, et flos, fleur.
f DISCIFORME (di-ssi-for-m'), adj. Terme didac-
tique. Qui est plat et orbiculaire, en forme de dis-
que.
— ÉTYM. Mot latin hypothétique disciformis, de
di,ïC!4s, disque, et forma, forme.
t DISCICTNE (di-ssi-ji-n'), adj. Terme de bota-
nique. Dont l'ovaire est implanté sur un disque,
— ÉTYM. Disque, etyuvT), femelle, pistil. 11 vau-
drait mieux dire discogyne, pour éviter un mol hy-
bride.
DISCIPLE (di-si-pl'), s. tn. || 1° Celui qui reçoit
un enseignement. Aristote fut le disciple de Platon.
1176
DIS
SJ Chrysoslome fut disciple de I.ibanius, qui était
un fameux sophiste, maccboix, Priif. sur Ifshom.
de St Cnrys. dans iuchplet. || 2° Celui qui adlièreà
renseignement, aux doctrines d'un mnllre. Un dis-
ciple docile, fidùle. L'on dit que ses disciples, qui
oniouraient son lit lorsqu'il mourut, lui ayant
demandé s'il n'avait v'f.n à leur recommaniler....
LA BRLV. Disc, sur Théopliraste. Xénophon fut
certainement un des plus illustres disciples de So-
crale; mais il ne forma point de secte, noLLiN, llist.
anc. liv. XXVI, l" part. cli. t. Consultant les bota-
nistes les plus célèbres, et se rendant leur disciple
pour se montrer bientôt digne d'être leur rival, con-
fioncET, Linné. Quand on voit, dans les témoignages
du temps, la réputation du grand Arnauld, et qu'on
la cherche dans ses œuvres, on sent que cet homme
fut nécessairement supérieur à ce qu'il a laissé, et
qu'il domina surtout par l'action de ses entretiens
et de ses disciples et par la rapidité et l'à-propos
de ses écrits, villemain, Dict. de l'Acad. Préface,
p. XVII. Il Les discijiles de Jésus-Christ, ceux qui
écoutaient sa parole et ses enseignements, et aussi
ceux qui aujourd'hui sont fidèles k la doctrine chré-
tienne. N'osfjr se déclarer son disciple [de Jésus-
Christ], c'est être son persécuteur, mass. Pancg.
St Etienne. \\ 3° Par analogie. On me croit son
disciiile [d'Annilial] , et je le tiens à gloire, corn.
Nicnm. n, ï. Un si vaillant disciple aura bien
le courage D'en mettre jusqu'au bout les leçons en
usage, li). t(). ni, 2. Le disciple [le renard voulant
devenir loup] aussitôt droit au coq s'en alla, Je-
tant bas sa robe de classe, Oubliant les brebis, les
leçons, b régent, la font. Fabl. ix, ta. Disciple
jeune encor de ces maîtres fameux. Sans gloire et
cependant calomnié comme eux, ciLauRT , Mon apo-
logie. Il Fig. Les disciples de la vérité. La Provi-
dence dont M. de Pomponne est adorateur et disci-
ple, SÉV. 388.
— SYN. DISCIPLE, ÉLÈVE. Disciple est peu usité
dans son premier sens, qui est le senspropre; mais
il l'est beaucoup dans son sens emphatique. En ce
sens, le disciple est celui qui adhère aux sentiments
d'un maître, sans rien indiquer sur la manière
dont a été prise connaissance de cette doctrine.
'élève est celui qui apprend d'un maître quelque
cience ou quelque art. Les disciples de Platon; les
élèves du peintre David, tandis que ses disciples
«ont ceux qui partagent ses principes en peinture.
Ainsi on dit les élèves d'un professeur, les élèves
d'un peintre, les élèves de l'école de droit, de l'é-
cole de médecine, de l'école polytechnique , de
l'école normale. Au contraire on dit les disciples
de Condillac, de Kant; aujourd'hui encore on peut
être le disciple d'Aristote; mais c'est Alexandre qui
fut son élève.
— lllST. xiii' s. Mi deciple qui o moi avoient de-
moré, s'esloignierent de mui. Psautier, f° 48.
Il xiv" s. Arislole fu disciple Platon, okksme, Kth.
VI, to. Il XV* s. Jamais disciple eslongné de son
maistre ne croistra en science, Perceforesl, t. v,
f" 43. Il xvi* s. Disciple passe bien souvent le mais-
tre, BHANT. Capit. fr. t. IV, p. 219, dans lacurne.
Tel pedagoge, tel disciple, leroux de lincy, Prov.
t. 11, p. 423.
— ÊTYM. Provenç. disciple; espagn. discipulo;
il&\. discepolo ; du latin discipu/us, de discere , ap-
prendre.
DISCIPLINABLE (di-si-pli-na-bl') , adj. Capable
de se soumettre à la discipline. Des hommes disci-
plinables. Une population disciplinable. Tel peuple
est ilisciplinable en naissant, j. j. holss. Conir. ii,
8. 11 Kig. Làge me gagnait: il n'était plus question
de jeunesse, ni d'autre artifice pour paraître Jeune;
mon visage là-dessus n'était i)lus disciplinable, Spéc-
ial, fr. t723, dans desfqntaines.
— HIST. XV' S. Il faut qu'il soit disciplinalile et
corrigible, non protorve ni rebelle, llist. de la loi-
ion d'or, dans le Dicl. de dochez. [jxvi's. Cette fa-
cilité que nous reconnaissons [chez les oiseaux qui
parlent] à nous fournir leur voix et haleine si sou|ile
et si maniable, pour la former et l'astreindre à cer-
tain nombre de lettres et de syllabes, tesmoigne qu'ils
ont un discours au dedans qui les rend ainsi disci-
plinables et volontaires ,1 apprendre, mont, ii, (72.
— ETYM. Uisciplmer; provenç. et espagn. disci-
plinable; porlug. ttisciplinaiel ; ital. disctplinabile.
DISCIPLINAIRE (di-si-pli-nê-r ), adj. (.lui cou-
cerne la ilisciplme. Le pouvoir disciplinaire. Le dê-
Teloppement croissant (sous saint Grégoire] des ques-
tions canoiiuiues et disciplinaires, qui tendaient à
icii)placer les questions dogmatiques suffisamment
cl.aborées dans les cinq conciles généraux qui s'é-
lajent tenus jusque-là, montalembert, Uoines d'Oc-
DIS
cidenl, t. ii, p. (39. || Peines disciplinaires, celles
qui regardent les fautes contre la discipline, et qui
sont appliquées par les conseils spéciaux dans cha-
que corps, ou par les cours supérieures et non par
les tribunaux ordinaires. La suspension d'un insti-
tuteur,avec ou sans privation de traitement, est une
peine disciplinaire.
— ETYM. Discipline.
i DISCIPLINAIKE.MENT (di-si-pli-nè-re-man ),
adr. Conformément à la discipline, suivant les rè-
gles de la discipline. Condamné disciplinairement.
— ÊTYM. Disciplinaire, et le suffixe ment.
t DISCIPLINANT, ANTE (di-si-pli-nan, nan-t'),
adj. Oui établit, produit la di.scipline.
DISCIPLINE (ili-si-pli-n'), s. f. || 1° Instruction
et direction morale. Nous voulons qu '. chacun soit
sous la discipline, Qu'il souffre la correction. Et
nousnevoulons pointqu'aucun nous examine, Qu'au-
cun censure en nous une imperfection, corn. Iinit.
I, t6. Dompte sous une exacte et forte discipline Ces
inséparables llatteurs Que l'amour d« toi-même à
te séduire obstine, ID. ib. i, 21. Ce héros élevé sous
une discipline sévère, noss. llist. m, 4. Sous la
discipline du prince d'Orange, son oncle m.iternel,
il [Turenne] apprit l'art de la guerre en qualité de
simple soldat, fléciiier, Turenne. \\ 2° Il se dit des
relations de maître à disciple. Phili|)pe Milanch-
thon qui se rangea sous sa discipline [de LutlierJ
dès le commencement de ces disputes, et ijui fut le
plus capable aussi bien que le plus zélé de ses dis-
ciples, ROSS. Var, i, § ;)5. Ils venaient faire péni-
tence sous sa discipline [de St BRriiardJ , id. Bern. 2.
Démocrite, après avoir demeuré longtemps sous la
discipline de Leucippe, résolut d'aller dans les pays
étrangers, fén. Démucr. || Par extension. ...Ce peu-
ple barbare Sous notre discijiline est devenu romain,
COBN. Sertor. i, t. Mes peuples aguerris sous votre
discipline, m. th. v, 1. Les troupes de la disci-
pline dEpaminoiidas, noss. llist. i, ». || 3° hègle de
conduite commune à une multitude, aux membres
d'un corps. Hbscrver, maintenir la discipline. On
réglait hi discipline ecclésiastique, Boss. Hist. 1,11.
Par cette admirable discipline, un peuple sorti d'es-
clavage et tenu quarante ans dans un désert, arrive
tout formé à la terre qu'il doit occuper, id. ib. ii, 3.
Dans la pensée qu'ils [les Novaliens] avaient que
leur vie était plus pure que celle des autres, à cause
de la sévérité de leur discipline, ID. Var. xi, § 22.
Je voudrais qu'un prédicateur expluiuiM les tradi-
tions, les disciplines, l'oflice et les cérémonies de
l'Ëglise, FÉ.N. t. XXI, p. lue. Les uns ont fait valoir
l'ancienne disciplinede l'Église, qui, seloneux, per-
mettait le mariage des prêtres, chatealb. Génie, i,
i, 8. Il Par extension. Quelle entreprise quand il faut
renverser tous les préjugés de l'esprit et toute la
discipline du cœur humain! fléch. Panég. ii, p.
300. Les plaisirs ne troublèrent point la discipline
de ses mœurs, id. le Tellier. Pour rétablir la dis-
cipline (les mœurs si défigurée parmi les chrétiens,
MASS. Car. Jeûne. Les lois s'évanouissent et la dis-
cipline des mœurs périt, m. ib. Avenir. \\ 4° Manière
de se conduire suivant les règles d'une profession;
ensemble des règles et devoirs professionnels impo-
.sés aux membres d'un ordre, d'une corporation.
Il Discipline judiciaire, celle qui a pour objet les
devoirs des magistrats, des avocats ou des officiers
ministériels envers leurs compagnies, les justicia-
bles ou les magistrats. |i Conseil de discipline, con-
seil instilué entre les avocats pour maintenir la dis-
cipline de l'ordre et veiller à l'observation des règles
de la profession. Il Chambre de discipline, chambre
chargée des mêmes fonctions parmi les avoués, les
notaires et les huissiere, que le conseil de discipline
parmi les avocats. || On se sert aussi du mot de dis-
cipline pour exprimer la règle qui règne dans un
rollége, dans un établissement d'instruction. Il ne
parlait qu'avec enthousiasme des mœurs, de la disci-
pline, des études de Sainte-Barbe, marmontei., Mém.
XI. Il 5" En particulier, règle des armées, rapport du
commandement et de l'obéissance. La discipline fait
la force des armées. La discipline est la dernière
chose qui s'y [à Rome] est perdue, Boss. //ii'(. m, 6.
Ayant eu soin de mettre une exacte discipline dans
le camp, fén. Tél. xviii. c'est au temps à aguerrir
les troupes, et à la discipline à les rendre invinci-
bles, VOLT. Charles Xll , 2. I^ discipline, la subor-
dination, l'expérience lui manquent [à la pospolite
polonaise]; mais l'amour de la lil)erté qui l'anime la
rend toiruurs formidable, ID. ib. 2. La discipline
militaire doi.na l'empire aux Césars dont tu connais
l'histoire; la discipline monastique donne une autre
espèce d'empire à ces vice-Dieu qu'on appelle pa-
pes, u>. Amâbed, 46* Utire. || Conseil de discipline,
DIS
tribunal tiré des bataillons de la garde nat onale
où l'on juge les infractions à la discipline de
ce corps. Il Compagnie de discipline, corps formé
de militaires condamnés et soumis à un régime
rigoureux ; ces .soldats se nomment aussi pion-
niers ; on les applique aux travaux de terrasse-
ment. Il 6" Doctrine , science. Claudius proposa
ensuite quelque règlement touchant la science qui
juge de l'avenir par les entrailles des animaux, pour
empêcher qu'une discipline si ancienne dans l'I-
talie vint à se perdre par négligence, perrot, Ta-
cite, 319. Allez, vous êtes un impertinent, mon
ami, un homme ignare de bonne discipline, ban-
nissable de la république des lettres, moi.. Mar.
forcé, B. Il Poétiquement. Heureux qui, se livrant
aux sages disciplines, Nourri du lait sacré des an-
tiques doctrines. Ainsi que des talents a jadis hé-
rité D'un bien modique et sûr qui fait la liberté! A.
CHÉN. Poésies diverses, à il. de Panrje. \\ 7" Instru-
ment de flagellation, fouet fait de cordelettes ou de
petites chaînes dont les religieux et aussi les per-
.sonnes laïques se servent pour se mortifier ou pour
chiltier ceux qui .sont sous leur conduite. Laurent,
serrez ma liaire avec ma discipline. mol. Tart. il, 2.
Recevoir à genoux.... De son prieur cioltré vingt
coups de discipline, volt. Disc. \. || Coups de disci-
pline. Donner la discipline. || 8° Terme de botani-
que. Discipline de religieuse, amarante à queue.
— hist. XI' s. Des Sarazins [il] verrat tel disci-
pline [destruction, carnage], Ch. dellol. cxli.H xii's.
E la tue discipline castiat [chAtia] niei,e la lue dis-
cipline mei enseigneriit , Liber psalm. p. 20.
il xiii* s. [Elle] Ne briseroit son veu pour soufrir
discepline, Berle, lvi. Iluec passent h Turc (que li
cors Dieu maldiel); De no crestienté font moult
grantdesceplie |carnaïe], Cti.d'Ant. iv, 325. Encor
viendra tout à tens l'eure, Que li maufé [diables],
noir comme meure, Les tendront [tiendront] en lor
desciplines, riîteb. lOO. Pour recevoir la descipline
De componcion entérine, m. il, 212. || xiV s. La
paour (les anemis et la discipline de chevalerie et
le labour des armes, berchelre, f" 1 3. Et sont les
vertus plus permanens et plus durables que ne sont
les disciplines ou .sciences, oresme, Eth. 24. Elle
ordonne devant toutes quelles disciplines et ars doi-
vent estre aux cités, ID. t/j. m. Il XVI' s. Ils jeûnent
et prennent de très grandes disciplines, maro. Souv.
XXX Crassus lui feit donner le fouet, estimant l'in-
terest de la discipline plus que.... mont. t. 80. La
façon de leur discipline, c'esloit de leur faire des
questions sur le jugement des hommes et de leurs
actions, id. i, i6I.
— ÉTYM. Provenç. espagn. et ital. disciplina; Au
latin disciplina {voy. disciple).
DISCIPLINÉ, ÉE (di-si-pli-né, née), pari, passé.
Où règne une bonne règle. Une maison bien disci-
plinée. Il Assujetti à la discipline militaire. Une ar-
mée bien disciplinée. Il [Pierre I"] fit petit à petit
de nouveaux régiments; et enfin, se sentant maître
de troupes disciplinées, il cassa les stréUtz, qui n'o-
sèrent désobéir, volt. Charles Xll, i. \\ 11 se dit
aussi d'autres que des militaires. Des écoliers bien
disciplinés. ,
■[ DISCIPLINEMENT(di-si-pli-ne-man),i. m. Ac-
tion de discipliner. S'occuper du disciplinement des
troupes.
— ETYM. Discipliner.
DISCIPLINER (di-si-pli-né), r. a. || 1' Soumettre
à une règle. Discipliner une maison. || 2° Assujettir,
former à la discipline militaire. Discipliner une
troupe. Le czar poursuivant toujours le dessein de
discipliner ses troupes, pendant qu'il civilisait ses
sujets, volt. Charles XII, 2. || 3» Donner la disci-
pline. Il 4" Se discipliner, v. réfl. Se former à la
discipline. || Se donner des coups de discipline.
— HIST. XII' s. En peu de terme l'ont tout deci-
pliné [mis à mort, mis en pièces] , Konc. p. 2U2. Car
en cel jur meesmes qu'il fu si decolpez. Eut esté
saint Thomas treis feiz disciplinez. Th. le mari. 150.
Encor faiseil il plus al cor mal endurer; Chascune
nuit faiseit sa char discipbner, E à verges tren-
chanz e batre e descirer, ib. 102. || xiv s. Il appar-
tient à tout homme bien discipliné enquérir de chas
cune chose lacertaineté selon la manière et en tan!
comme la nature d'elle le peut recevoir, oresmk,
Elh. un. Enseigner et discipliner les enfants,
ORESME, Thèse de meunier. || xv s. Car par hostels
et par maisons Ka. soient les enfants cerc.ier. Et de
leurnatureencerchier, L.'ioùleplus il s'inciinmei.1;
Et à ce les disciplinoient. En quelque labour que
ce fust, froiss. Poésies mss. p. 339, dans laci'RNB.
—ÉTYM. Discipline; provenç. et espagn. discipli-
nar; ital. disciplinare.
I
DIS
_ mSCOBOl E (di-sko-bo-1'), s. m. Il l- Athlète m,,
• exerçait à lancer le disque ou le palet. || 2» Terme
de zoologie. Famille de poissons qui ont les nageoi-
res ventrales réunies en disque sous la gorge.
^ ÉTYM. Ai<rxo66Xoç, de Sîaxoç, disque, et 8âX-
Adv, lancer (voy. balistique).
i DISCOÏDAL, ALE (di-sko-i-dal, da-l'), adj.
Terme didactique. Qui ressemble à un disque
— ÉTYM. Discoïde.
t DISCOÏDE (di-sko-i-d'), adj. Terme d'histoire
naturelle. Oui a la forme d'un disque ou d'une sphère
aplatie. || Animal discoïde, animal qui offre un dis-
que coloré au milieu d'un fond d'une autre teinte
ou qui est presque orhiculaire. '
— ÉTYM, May-Of, disque, et eTSo?, forme.
t DlSCOÏnÉ, ÉE (di-sko-i-dé, dée), adj. Terme
didactique. Qui est aplati en manière de disque
— ÉTYM. Discoïde.
t DISCOLORE (di-sko-Io-r'), adj. Qui présente,
dans son étendue, deux colorations distinctes || En
botanique, feuilles discolores, feuilles dont les deux
faces offrent une couleur différente.
— ÉTYM. Dû... préfixe, et le latin co^or, couleur
t DISCOMPTE (di-skon-f), s. m. Ancien syno-
nynie d'escompte. Les pertes que Sa Majesté a
souffertes dans les marchés pour les fournitures des
armées, causées par des payements en papier- le dis-
compte que les ministres ont été obligés de donner
pour convertir ces papiers en argent, law, 2- mé-
moire sur les banques.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et compte.
f DISCONTINU, UE (di-skon-ti-nu, nue), adj.
1,1 lermedidactique. Oui n'est pas continu, qui offre
des solutions de continuité. || Terme de mathéma-
tique. Fonction discontinue, fonction qui ne varie pas
d une manière insensible pour des variations infini-
ment petites de sa variable. || Terme de musique an-
cienne. La VOIX discontinue, la voix chantante qui
marche par tons ou demi-tons, par opposition à la voix
continue qui est la simple parole. ||2° Oui n'est pas
continuel Un phénomène continu ou discontinu
Il ferme de droit. Servitudes discontinues, celles qui
ont besoin du fait actuel de l'homme pour être exer-
cées; tels sont les droits de passage, puisage, pacage.
«„7 '"^li •"'^^ ^- Proportionnalité discontinue,
onESME, Thèse de meunieb. '
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et continu.
DISCONTINUATION (di-skon-ti-nu-a-sion), s. f
Etatde qui tst discontinu; action de discontinuer La
( iscontinuation des travaux. Les actions généreuses
de mes aïeux, qui se montraient à tout le monde
sans discontinuation, faisaient même confesser leur
noblesse à l'envie, Francion, liv.iv, p. (64. Une suite
de fruits qui soit si bien entendue que, sans disconti-
nua non, on puisse espérer d'en avoir l'été, l'automne
et 1 hiver, la QniNTiNYE, Jardins, Préface, p. xlii
— HIST. xivs. L'un après l'autre sans disconti-
nuacion, OBESME, «tèsc de meunier. || xvf s C'est
alors que les pères doyvent plus prendre garde qu'il
n y ait discontinuation à ce qui ne se peut former
quen se continuant, langue, iM. La discontinua-
tion des fortifications commencées par son prédéces-
seur, d'aub. Uisl. 1, 342.
— ÉTYM. Discontinuer.
DISCONTINUÉ, ÉE (di-skon-ti-nu-é, ée), part.
passé. Les jeux longtemps discontinués, boss. liist.
DIS
DISCONTINUER (di-skon-ti-nu-é). Ui' V a In-
terrompre une chose commencée. Les pluies ayant
commencé on discontinua le siège. L'artillerie ayant
fa. peu d'effet à Crecy, on en avait discontinué
1 usage, VOLT. Mœurs, 76. Tout d'un coup il me fit
entendre que Mme Dupuis trouvait mes visites trop
fréquentes et me priait de les discontinuer, j. j eouss
Confess. vii || 2» V. n. Il a discontinué dé travailler'
La pluie a discontinué. Jean Hus n'a jamais discon-
tinué de direja messe, boss. Déf. comm. Je pour-
rais vous en parler un mois de suite sans disconli-
S ,» '/°"-,^"i- ^"'' '-Il 3° Se discontinuer, «. réll.
Etre discontinué. Le débarquement se discontinu!,
à cause du changement du vent.
— HIST. xiv's. Quant les maris voient qu'elles
d.scon muent leur service.... Uénagier,i,l.Tj,Ts
Laquelle pénible diligence, discontinuée pour peu
des a'rbr:'' '''"='''^°" "' ^'•^" P^^^ ^^ mort'certainë
aes arbres, o. de serres, 808. Et ce fut \\ nn'il
commença à se reposer un peu de ses ravaux^gu
s-rporu^ce^u.""; :i "^'=°""""- -« ^'^--
- ÉTYM. T)is.... préfixe, e\. continuer
t DISCONTINUITÉ (di-skon-ti-nu-Mé) s f Dé
n'ut, absence de continuité. La séparatio^n des'^^mas'
DlC
D2 LA LANGUE KKANÇA1S2.
f„ nf, ■?^"^"*' [.^°"" '^' Sardaigne] produite par
tttl» «tle trait principal, l'accidenï le plus Re-
marquable de leur forme; ce trait de discontinuité
se reproduit dans les chaînes de montagnes, dans les
\ZTJ tn-"^"', '' ''"' ""==' "^^""^ "=^ bassins boni !
lers et sédimentaires, Villeneuve - flayosc .Icad
des se Comptes rendus, t. liv, p. 2oi. || Terme de
^^^Tn- ^"''!'' '^'' f°"'="°"^ discontrues
TnT^I^;,?"'^''""""' Provenç. diseontinuilat.
t DISCONVENABLE (di-skon-ve-na-bl'), adj. Qui
ne convient pas. '' •' ^
et 7n" 'w ™?' ^^ 'ï"^' '^^°^^ seroit desconvenable
et du tôt contre raison, Ass. de Jérus. 108. Se ie
demande à aucun ce que je li aroie preste, en lieu
desconvenable de mi paier, beaum. xxxvii, Ù\ xw s
Ces belles âmes si disconvenables et si dispropor-
tionnées à nostre corruption, mont, iv, 82.
- iTYM. Dis.... préfixe, etconvenablei provenç
desconvenable, descnvenable ' ^'
mln^'f^'^l^"^'"'™,^'''^ (di-skon-ve-na-ble-
man) adv. D une manière qui ne convient pas
DISCONVENANCE (di-skon-ve-nan-s'), s. f.\\ l-ni.
faut de convenance, c'est-à-dire de rapport de pro-
portion Toute la nature est pleine de'^con^enances
et de disconvenances, de proportions et de dispro-
portions, selon lesquelles les choses ou s'ajustent
ensemble ou se repoussent l'une l'autre, boss. Co«n.
V, -. Je crois que les idées du juste et de l'injuste
sont aussi claires que les idées de convenance et de
disconvenance, volt. Phil. ignor. 32. Selon la dis-
convenance que nous trouvons entre nous et ces ob-
iZi l'^- ''°'"'- •^'"^ '• " ^^f^"' «^^ convenance,
cest-â-dire manque de ce qui convient, agrée La
passion n'est dans eux que l'amour de leurs conve-
nances et la haine de leurs disconvenances, bern
DE ST-P. Ilarmon. liv. v, Harmon. anim. || 2°Termé
de grammaire. Etat de mots qui ne s'accordent pas
— HIST. XVI' s. La disconvenance aux mœurs pré-
sentes de nostre estât, mont, iv, 79. Ce temps n'est
propre qu à nous amender à reculons, par disconve-
nance plus que par accord; par différence, que par
similitude, id. iv, 34. ^
- ÉTYM. Disconvenant; provenç. disconveniencia,
tnien^r'"' ^''^^^''' '*«*<'<""'«"'«»"a; ital. discon-
t DISCONVENANT. ANTE (di-skon-ve-nan, nan-t'),
ad}, lerme didactique. Qui ne convient pas avec
qui ne s accorde pas avec. Au lieu que celle fia con
vie ion] qui est 'effet de l'évidence est nette, cla™e
et distincte, qu'elle n'est combattue par aucune idée
contraire ou disconvenante; mais plutôt qu'elle ex-
clut absolument l'incertitude, boulainvilliers, né-
fut. de Sinnosa, p. t2â. '
AiiT-^À^'^' '^T^-.Tele povreté est disconveniente à
dignité sacerdotal, oresme. Thèse de meunier
desconvxnent, de..con,;,„cn; espagn. desconvenienté ;
ital. disconvemente.
DISCONVENIR (di-skon-ve-nir) , je disconviens,
tu disconviens, il disconvient, nous disconvenons
vous disconvenez, ils disconviennent; je disconi
venais; je disconvins; je disconviendrai; le dis-
conviendrais ; disconviens, disconvenons; que je
disconvienne, que nous disconvenions; que le dis-
convinsse; disconvenant, disconvenu, v. n II 1° Ne
pas convenir d'une chose, la nier; il ne s'emploie
guère en ce sens qu'avec la négation. Il ne pouvait
disconvenir de ces vérités, hamilt. Gramm.i Les
gentils n ont pu en disconvenir, boss. Hist. n I2
Les Epicuriens vous disent froidement qu'ils ne' dis-
conviennent pas que la nature a tout fait, que c'est
là le grand être volt. Dial. 29. On ne peut discon-
venir que les plantes ne soient des corps organisés
e vivants j. j. rouss. Botanique, Dictionnaire
p;an(es.|| En ce sens, disconvenir se conjugue avec
1 auxiliaire être. || 2" Ne pas convenir à. Une recon-
stitution de la dette peut convenir très-mal à la
nation débitrice et ne disconvenir pas moins à une
multitude de ses créanciers, hibabeau. Collection,
t. IV p. 81. Il N avoir pas de convenance réciproque
Ces deux propositions disconviennent. || En ces deux
sens, il se conjugue avec le verbe ai;otV
— rem. Après disconvenir, on peut indifférem-
ment supprimer le ne, ou l'employer : Je ne dis-
conviens que cela ne soit ou que cela soit. On met
d ordinaire le subjonctif, mais on peut mettre aussi
I indicatif : Je ne disconviens que cela est; alors on
ne met jamais le ne. .
.1»" "!*^'-if'' *■ "^"^'^ ^''"°"' ™ye^ Themisto-
cles et mille autres, combien ils se sont disconve-
nus à eux mesmes [combien ils ont changé en gran-
dissant!, MONï. I, 168, Il est tousjours proclive aux
DIS
1177
femmes de disconvenir à leurs maris, m „ «i
Mes moeurs qui ne disconviennent dé celles âul
o™, à peine de la largeur d'un Jouice'.! ^^:
-- ÉTYM. Dis.... préfixe, et cowentr
tDISCOPHORE (di-sko-fo-r-) o^rTerme d'hl
toire naturelle. Qui porte un disque. ^'™' "'^'
poner ^'"°?°P°î. de«£.xoç, disque, et ç.'pe.v,
discords étouffer, VéoLln %lf f 'p''°""^°'. "«s
mscords, id. m corn, n, s. Mais leurs sanglants dis-
cords qui nous donnent des maîtres, iD. sltor i
foTRor F "' f'°'<^'^^"' nos embrassem nts-
pet^N die T'^-'' '• ^' ^'^'""'^ passant sur d^
me e u?n,!,' ?'•• f"" "' '■ " ""^"^it «"'^e vous
mettre un plus grand espace, Et que le ciel vnn«
mit pour finir vos discords, L''un parmi les vivant"
1 autre parmi les morts, bac. Théh. y , cà mî
reine épousons malgré notre disœrd, regnIr?
pZIT'' ^; «-"«"^«piKr. Dissensions ci "es'
Pensant aux funestes discords Qui.... bac. Poéses'
<. Dans nos discords j'ai fait plus d'un nauf âge
Sans fuir jamais la France et son beau ciel bébanp'
fi;u'rNl1"r- 'l.r^V^'^-' -^ na'stte Ime:
cTateaT '" ""'" '"''' °°^ ^""«s discords, id.
— REM. L'Académie dit que ce mot vieUht- le,
exemples ci-dessus prouvent qu'il n'en e t Hen et ce
mot reste très-bon en poésie et dans la prose élevée
.„T ■ J „'"^'^°'"'' wscorde. Le discordest le
contraire de l'accord; la discorde est le contraire de
la concorde. Discorde *t donc plus et aute chose
que discord ; car être en accord ne veut pas dfre et e
estrr'!- ' f ""'"'T' T^'''^''- ^' "ésaccord
est la perte, la cessation de l'accord. Le discord
m m^^'àmr T ^'T°''^ "'' régné antécédem-
ment. Bailleurs discord est un mot du style poéti-
que, et désaccord est de tous les styles
descort ne félonie, audefr. le bast. Romancero
p. 27. Et veschi [VOICI] Salehedin, qui moult es
sages et poissans, et n'aient autre chose que le des-
Zl. r n ,?"' .'' ^ ™"'' ^^'- '^' «°^»*. P- <»•
XIV' s. Quelle chose est que félicité, de ce sont
Il à discort, ORESME, m. IV. Descort fust meu pour
cause d une aumusette ou barrette, du cange, a«-
mucella. || xv s. Les tenir tous deux en crainote par
nf°JT p," '^''^°'^ °" "^ e^toient, comm. „i,^.
Il XVI' s. Plusieurs maisons ruinées par le discord
et plusieurs enrichies parle bon accord des parent'
LANOUE, 45 Et de mille luths joyeux Le discord
mélodieux Dans mes oreilles resonne, yver, p 627
— ETYM. Voy. discorder ; provenç. descort.
2. DISCORD (di-skor), adj. m. Terme de musi-
que. Qui n est pas d'accord. L'âme n'est pas aux sens
cequest à cette lyre L'harmonieux accord que notre
main en tire; Elle est le doigt divin.... Et qui des
sons discords que rendent chaque sens Forme au
wl ,'.. îi"^'^'/ ooncerts ravissants, lamart.
i0CT-a(e, 355. Il Fig. Inconséquent. Un esprit discord
— ÉTYM. Voy. discorder.
t DISCORDAMMENT (di-skor-da-man), adv. D'u.ie
façon discordante.
— HIST. XI' s. Joinct qu'à l'adventure ay je quel-
que obligation particulière à ne dire qu'à demy à
''^™gOonfusement, à dire discordamment, mont.
— ÉTYM. Discordant, et le suffixe ment.
DISCORDANCE (di-skor-dan-s') , s. f. || 1' État de
ce qui n'est pas d'accord moralement. Discordance
de caractères. || Par extension. Discordance de cou-
leurs. Toutes les recherches et descriptions utiles [des
plantes] étaient perdues, faute de pouvoir décider de
quelle plante chaque auteur avait parlé.... c'était
certainement une perte que ces pièces devinssent
inintelligibles par la seule discordance des mots j j
Rouss. Botanique. Introduction. \\ i° Caractère dé
ce qui est discord. La discordance des sons. Inter-
rompre un concert où ta seule présence Cause des
contre-temps et de la discordance, hegnard, Fol.
am. II, 7. Il Terme de musique. Manque d'accord
— HIST. XIII' s. Amitié est nommée l'une- C'est
bonne volenté commune De gens entr'eus sans des-
cordance SelonlaDieu benivoillance, iofloje,' 4703.
1. — iw
<«78
DIS
K XIV* 8. Une vraye doctrine n'a pas en soy de con-
trariété ; mais en la fausse [il y] a souvent descor-
dance, oresme, Thèse de meunier. ||xvi' s. Jem'es-
bahy s'il y a aucun qui ignore que le vice ne soit
une inégalité et une discordance de mœurs qui se
répugnent à soymesme, amyot, Nicias et Crassus,2.
Quoyqiie la variété et discordance des événements
les [ceux qui interprètent les volontés de Dieu] re-
jecle de coing en coing et d'orient en occident, ils
ne laissent de suyvre pourtant leur esteuf, et de
mesme creon [crayon] peindre le blanc et le noir,
MONT. I, 248.
— f.TYM. Discordant.
DISCORDANT, ANTE (di-skor-dan , dan-t*), adj.
Il 1° Oui est en dissentiment, qui ne s'accorde pas.
Opinions discordantes. Caractères discordants.
.... Tant de discordants et fâcheux mariages, bois-
ROBERT, Cassandre, i, 6. ||2" Qui manque de pro-
portion. Les parties de ce bâtiment sont discordantes.
Il 3° Oui n'est pas d'accord. Instrument discordant.
Voix discordante. || Qui manque d'harmonie. Des
vers discordants. Une poésie discordante. || 4° Terme
de géologie. Stratification discordante, celle dont
le système est formé de plusieurs couches qui ont
une inclinaison dilTérente.
— HIST. xm' s. Et toz les nons de cix [ceux] qui
s'en descordent doivent estre mis en escrit comme
descordant, beaum. 81. Comment s'acordent en un
point Deux choses ainsi discordant, Roman de la
poire. Il XIV* s. Aucuns peu sachans dient que en
ceste question sont contraires et discordans théolo-
gie et les drois [le droit], oresme , Jï(/i. -l 02. |1 xvi' s.
Celui qui s'accordera bien avec son père ne sera
discordant aux commandemens de son roi, LANGUE, 47.
Discordans avec leurs plus proches voisins, id. 4fl.
DISCORDE (di-skor-d') , s. f. || 1° Grave dissension
publique ou privée. Ëtat en proie à la discorde. Les
discordes civiles. Il semble qu'à ces mots notre dis-
corde expire, corn. Hor. l, 4. Lorsqu'on voyait de
toutes parts tant de haines éclater, tant de ligues se
former, et cet esprit de discorde et de défiance qui
soufflait la guerre aux quatre coins de l'Europe, rac.
Disc, à l'Acad. fr. Quand la discorde règne dans les
familles, rien n'y peut demeurer secret, rollin,
Ilisl. anc. Œuvres, t. vin, p. <44, dans pougens.
La discoïde civile est partout sur sa trace [suit par-
tout Mahomet], volt. Fanât, ii, 5. || Poétiquement.
La discorde en fureur frémit de toutes parts, rac.
Prol. Esth. Déjà de tout le camp la discorde mal-
tresse Avait sur tous les yeux mis son bandeau fa-
tal, ID. Jph. v,6. La discorde a toujours régné dans
l'univers; Notre monde en fournit mille exemples
divers, la font. Fabl. xii, 8. || 2° Terme de mytho-
logie. Déesse cause des dissensions. La Discorde aux
crins de couleuvres. Peste fatale aux potentats. Ne fi-
nit ses tragiques œuvres Qu'en la fin même des États,
MALH. m, 2. La déesse Discorde ayant brouillé les
dieux. Et fait un grand procès là-haut pour une
pomme. On la fil déloger des cieux; Chez l'animal
qu'on appelle homme. On la reçut à bras ouverts,
LA FONT. Fabl. VI, 20. Quand la Discorde encor
toute noire de crimes. Sortant des cordeliers pour
aller aux minimes, Avec cet air hideux qui fait fré-
mir la paix, S'arrêta près d'un arbre auprès de
son palais, eoil. Lutrin, i. Viens près de ces lares
tranq\iilles, Tu verras de loin dans les villes Mugir
la Discorde aux cent voix, v. hugo. Odes, iv. 2.
Il Pomme de discorde, sujet de discussion, locution
tirée de la pomme que la déesse Discorde jeta entre
les dieux avec cette inscription : à la plus belle, et
qui émut entre Junon, Minerve et Vénus une que-
relle d'où sortit plus tard la guerre de Troie. || La
discorde est au camp d'Agramant, phrase prover-
biale employée pour exprimer des discussions gra-
ves entre les hommes faisant partie d'un même
corps, qni devraient conserver entre eux la paix.
Cette expression est fondée sur un passage du llo-
land furieux, où St Michel envoie la Discorde dans
le camp d'Agramant , empereur des Barrasins, et
cette déesse fait naître coup sur coup entre les prin-
cipaux guerriers des querelles que l'empereur ne
peut calmer et qui vont ruiner son parti. || 3° Terme
du jeu de l'hombre. La réunion des quatre rois.
— HlST. xni* s. Einsi estoit l'os [l'armée] en dis-
corde comme vous oés [entendez] , villeh. lu. La
griindre [la plus grande] descorde qui i fu, si fu
dou conte Baudoin de Flandres et del marchis Bo-
niface de Monferrat, id. cix. Il avoit peor [peurj que
(lescorde ne venist entr'aua [eux] et les Grieus, id.
Lxxxvii. Mais or lor aîst [aide] Diex, qui tout a
k sauver; Quar moult a grant discorde entre faire
et penser, Ch. dAnt. vii, 725. || xir- s. Les privées
discordes, beucusurb. f» 43 verso. || xvt* s. Par
DIS
la di.scorde les choses grandes sont amoindries et
ruinées, langue, B4.
— ÉTYM. Provenç. espagn. et ital. discordia; du
latin discordia (voy. discorder).
DISCORDER (di-skor-dé), V. n. || 1° Être en dis-
corde. Ces caractères discordent. || 2° N'avoir pas de
convenance réciproque. Puis il [un tableau] est de
la plus mauvaise couleur et fait pour discorder, Di-
derot, Salon de t7(i5, Qiuvres, t. xm, p. H8,
dans pougens. || 3° Terme de musique. Être discor-
dant. Ces instruments discordent. Un piano qui dis-
corde. Dans un concert d'hymen, lorsque quelqu'un
discorde, Je sais juste baisser ou hau.sser une corde,
regnard, leBal,to. || Il se conjugue avec l'auxi-
liaire avoir.
— IllST. XIII* s. Et ne vous merveilliés mie de la
laie [laïque] gentse il se descordoient, quant li blanc
moine deCitiaus quiestoient en l'ost se descordoient
aussi, villeh. lu. Parfo:,dist li rois, piiisque vous
vous accordés tant, je ne me discorde mie, Chron.
de Rains, 2B. |{ xiv* s. Et à chose false le voir [vrai]
se descorde bien tost, oresme, Eth. M. \\ xvi* s.
J'ay bien voulu noter en passant ces poincts, afin
que le lecteur entende en quoy je discorde d'avec
les docteurs scolastiques, calvin, /ns(i(. 186. Ils ne
peuvent faillir ne discorder du jugement de Dieu,
puis qu'ils ne jugent que par sa loy, id. tb. 974.
— ÉTVM. Provenç. descordar; espagn. discordar;
ital. discordare; du latin discordare, de discors,
qui est en discorde, de dts.... préfixe, et cor, cor-
dis, cœur. C'est par extension que le mot est entré
dans le vocabulaire musical ; on est passé , ce qui est
rare, d'une signification morale aune signification
physique. Chorda, corde, n'arien à faire ici, le la-
tin n'écrivant jamais dtsc/iordare ou conchordare.
t DISCOSOiME (di-sko-so-m') , adj. Terme de zoo-
logie. Qui a le corps en forme de disque. || S. m.
Nom d'un genre d'arachnides, et d'un genre de po-
lypiers.
— ÉTYM. Atcxaç, disque, et (iw|xa, corps.
DISCOUREUR, EUSE (di-skou-reur,reû-z'), s. m.
et f. Celui , celle qui tient de longs discours , beaucoup
de discours. Mais de ces discoureurs il ne s'en trouve
point, Ou pour le moins bien peu, qui connaissent
ce point, Régnier, Sat. v. Pour la discoureuse dont
vous vous plaignez.... elle ne fait pas à beaucoup
près des fautes si dangereuses , balz. liv. vu,
lett. 43 Impudent discoureur, Tu sauras si mon
bras.... MAIRET, Soliman, v. 6. Paix, discoureuse,
MOL. Am. méd. il, 2. Fade discoureur, qui n'a pas
plutôt le pied dans une assemblée, qu'il cherche
quelques femmes auprès de qui il puisse s'insinuer,
LA BRUY. V. Vous ne songerez qu'à finir votre entre-
prise, sans daigner même songer à faire rougir les
discoureurs, maintenon, Lclt. au duc de Noailles,
25janv. 17t(. Je frémis quand je pense que les ar-
mes [d'Achille] faites par le dieu Vulcain et que ma
mère m'avait données, ont été la récompense d'un
discoureur artificieux [Ulysse], fén. Dial. des morts
anciens, B. Nous aurions bien moins de peine à ju-
ger nos criminels qu'à vider les différends de tous
ces discoureurs, fonten. Jug. de Piufon.ô dis-
coureuse insupportable, pensa le vicomte, ton pa-
thos me permettra-t-il enfin de placer le seul mot
que j'aie à te dire? cii. de Bernard, un Homme sé-
rieux, § XIV. Il En bonne part. L'aimable discou-
reur jamais ne nous occupe De ses talents, de
son emploi, delille, Coni;ers. m.
— HlST. XVI* s. Les esprits que l'on estime les
plus subtils et grands discoureurs.... iia.ro. Nouv. u.
— ÉTYM. Voy. DISCOURIR.
DISCOURIR (di-skou-rir), je discours, tu dis-
cours, il discourt, nous discourons, vous discourez,
ils discourent; je discourais; je discourus: je dis-
courrai; je discourrais; discours, qu'il discoure,
discourons, discourez, qu'ils discourent; que je dis-
coure, que tu discoures, qu'il discoure, que nous
discourions, que vous discouriez, qu'ils discourent;
que je discourusse; discourant, discouru, v. n.
Il 1° Proprement, courir çà et là Ta bonté dis-
court au bien de tes sujets, Régnier, Sat. i. || Ce
sens, qu'on trouve dans le xvi* siècle, est tout à fait
hors d'usage. || 2° Fig. S'étendre sur un sujet, en
parler avec une certaine méthode et quelque éten-
due. Je te veux discourir comme je trouve étrange
Le chemin.... Régnier, Sat. v. Philosophes rê-
veurs, discourez hautement; Sans bouger de la
terre, allez au firmament, id. Sat. ix. Selon l'in-
térêt tout le monde discourt, id. Sat. xii. Lors-
que , nous discourant des choses de la terre ,
¥ol. Sgan, i. On peut discourir sans fin sur tout
cela, Boss. Lett. Corn. 84. On croirait à vous voir,
dans vos libres caprices, Discourir en Caton des ver-
DIS
tus et des vices.... boil. Sat. ix. Lamoignon, n^us
irons, libres d'inquiétude. Discourir des vertus dont
tu fais ton étude, id. Épit. vi. 11 [Phédon] n'est ja-
mais du nombre de ceux qui forment un cercle pour
discourir, la bruy. vi. La sotte envie de discourif
vient d'une habitude qu'on a contractée de parler
beaucoup et sans réflexion, id. Théophraste , m. Il
est plus aisé de bien discourir que de bien écrire,
maintenon, Lett. à d'Àubigné, IB mars 1678. [On]
Préférait l'art de bien vivre  l'art de bien discou-
rir, J. B. Rouss. Odes, IV, 3. |1 Fig. Et c'est aux
mieux disants une témérité De parler où le ciel
discourt par tes oracles, Et ne le faire pas où par-
lent tes miracles, Régnier, Sat. i. || Familière-
ment. Discourir sur la pointe d'une aiguille, dis-
courir de choses très-futiîes ou très -subtiles.
Il 3° Tenir de longs propos. Auteurs d'aventures tra-
giques, De quoi n'osez-vous discourir? malh. v, 23.
11 montre tes faveurs, tout haut il en discourt, Ré-
gnier, Élég. II Marchons sans discourir, corn.
Cid, II, 2. Force-les au silence, et, sans plus dis-
courir. Sauve ta renommée en me faisant mourir,
iD. ib. Hi, ♦ Laissons-la discourir. Et ne nous
perdons point de crainte de mourir, id. Othon, ii, a.
Nous avons fort discouru de toutes vos afl"aires, sÉv.
(18. Il Quelquefois discourir ne signifie rien de plus
que parler. Eux discourant, pour tromper le che-
min. De chose et d'autre.... la fout. Or ne par-
lons plus de querelle : c'est fait; Discourons d'autre
affaire, MOL. Femmes sav. u, 8. || Ne faire que dis-
courir, ne dire que des choses frivoles et inutiles.
Il 4° S. m. Le discourir, les longs discours .... Mais,
ami, laissons le discourir, Régnier, Sat. viil.
— KEM. 1. Il se conjugue avec l'auxiliaire ocoir.
Il 2. Dans la tragédie de Clitandre par Corneille, Py-
mante, à qui Dorise crève un œil avec une aiguille,
fait un long monolot-'ue adressé à cette même ai-
guille. L'éditeur de l'édition de 1738 (in-l2) se de-
mande (t. I, Avertissement, p. ix) si ce n'est pas de
là qu'est né le proverbe : discourir sur la pointe
d'une aiguille. Mais il n'est pas, ce semble, besoin
d'aller si loin; la locution s'explique d'elle-même,
comme la locution grecque : être sur le tranchant
d'un rasoir.
— SYN. DISCOURIR DE, DISCOURIR SUR. DisCOurir
sur quelque chose, c'est en parler avec quelque mé-
thode. Discourir d'une chose, c'est en parler comme
on en parle dans la conversation.
— HIST. XVI* s. Assez y a en ceste nation, Sans
discourir d'un à autre hémisphère. De quoy trop
plus qu'à mes vœus satisfaire, st-gel. 2ib. Tel dis-
court bien en privé, qui harangueroit mal un peu-
ple, MONT. IV, <33. Democritus présupposant une
opinion et une doctrine fausse en la philosophie, et
qui induit les hommes en superstitions infinies, qu'il
y ait des images bonnes et mauvaises qui discou-
rent [errent] par l'air, amtot, P. jEm. t. i la fin il
commencea à entrer en propos, et à leur discourir
de la fortune et de l'incertitude des choses humai-
nes, ID. ib. 4B. N'ayant jamais au paravant discouru
à par soy en son entendement, qu'ils esbranloient,
en ce faisant, tout l'empire des Lacedaemoniens, ib.
Pélop. 14. Et n'y avoit celuy qui ne se meslast de
discourir combien d'avantage ilz auraient sur leurs
ennemis si....iD. Marcel. 47. En discourant plusieurs
grandes entreprises qu'il mettoit en son entende-
ment, il.... ID. Pyrrh. U. La reyne [Cath. de Médi-
cis] qui sçavoit discourir de toutes choses très-bien
à propos.... brant. Marignan. Quant je vais discou-
rant et des yeux et d'esprit Sur les perfections qu'en
toy le ciel escrit, amad. jamin, Poésies, p. 173, dans
1ACURNE.
— ÉTYM. Lat. discurrere, de dû.... préfixe , et
currere, courir.
DISCOURS (di-skour; l't ne se lie pas: un di-
skour audacieux; cependant quelques-uns la lient ".
un di-skour-z audacieux), j. m. || 1° Propos de con-
versation, d'entretien. [Ils] Dressent cent fois le jour
en discours une armée, Régnier, Sa(. vi. Qu'a de
fâcheux pour toi ce discours populaire î corn.
Cid, IV, 2. Les discours ordinaires des hommes
sont tout pleins des éloges qu'ils se donnent les
uns aux autres pour les qualités d'esprit, nicole,
Ess. de mor. l*' traité, ch. 6. Je sais bien les dis-
cours dont il le faut bercer, mol. l'Étour. i, « Ton
discours de son cœur est-il bien l'interprète? id. Dép.
I, 2. Tenez, tous vos discours ne me touchent point
l'âme, ID. Éc. des f. v, 4. Je veux que l'on soit
homme, et qu'en toute rencontre Le fond de notre
cœur dans nos discours se montre, id. Mit. l, l.
C'est à vous, s'il vous plaît, que ce discours s'a-
dresse, id. ib. », 2. Tous ces discours sont des sot-
tises, Partant d'un homme sans éclat; Ce seraien
DIS
DIS
DIS
1179
paroles exquises Si c'était un grand qui parlât, m.
Amph. Il, <. Que ce discours grossier terriblement
assomme I id. Femm. sav. ii, 7. Cessez de m'oppo-
ser Tos discours imposteurs. Confesseurs insensés,
ignorants séducteurs, boil. Epit. xii. Un discours
trop fincère aisément nous outrage, id. Sal. vu.
Pens( :-vous qu'ébloui de vos vaines paroles, J'ignore
qu'en effet tous ces discours frivoles Ne sont qu'un
badinage, un simple jeu d'esprit? id. Sat. x. k ces
discourspressautsquesaurail-on répondre? id. Épit.
XII. J'ai voulu devant elle en ouvrir le discours, rac.
Bérén. ii, 2. Ses super'oes discours tourneront à sa
honte, ID. Théb. I, 6. Madame, quel regard et quelle
voix sévère Malgré votre discours m'assure du con-
traire ! ID. Baj. IV, 6. Mais que sert d'affecter un
superbe discours? id. Iphig. i, i. Oui, vos moindres
discours ont des grâces secrètes, id. Esther, m, 4.
Qui attaquent par des discours de blasphème les pra-
tiques du culte, MASS. Car. Culte. \\ Fig. Que les
pleurs d'une amante ont de puissants discours I corn
Hor. II, 6. Il Faire des discours, parler de. Tous les
discours que je fais, comme une innocente, de l'hor-
reur qu'il faut avoir pour les femmes qui poussent
cette tendresse un peu trop loin, et du mépris que
cela leur attire, sÉv. 236. Au discours qu'il m'a fait
que saurai-je comprendre? mol. l^Étour. u, ti.
Ces vains discours que vous faites contre la piété ,
MASS. Car. Avenir. Pendant que Mentor faisait ce
discours, FÉN. T^/. v. || Tenir un discours, tenir des
discours, môme sens. Est-ce à moi que l'on tient de
semblables discours? Tu gagnerais autant à parler
à des sourds, la font. Fabl. xii, 6. Mais quels dis-
cours faut-il que je lui tienne? — L'occasion , le ciel
pourra vous les dicter, bac. Baj. ii, 6. ||De beaux
discours, se dit de paroles, de raisonnements que
l'on qualifie de beaux, pour n'en tenir que peu de
compte. Je sais que vous parlez, monsieur, le mieux
du monde ; En beaux raisonnements vous abondez
toujours; Mais vous perdez le temps et tous vos
beaux discours, mol. lUis. v, t. X tous ces beaux
discours j'étais comme une pierre, boil. Sot. m.
Il C'est un autre discours, il ne s'agit pas de cela.
Il Cela est bon pour le discours, ce sont de ces
choses qu'on dit, mais qu'on n'exécute pas. || 2° Il
se dit quelquefois de toute espèce de composition
considérée surtout par rapport à la diction. Ils at-
tifent leurs mots, enjolivent leur phrase. Affec-
tent leur discours tout si relevé d'art. Et peignent
leurs défauts de couleur et de fard, Régnier, Sat. ix.
De vouloir sottement que mon discours se dore Aux
dépens d'un sujet que tout le monde adore, id. ib.
VI. Voulez-vous du public mériter les amours. Sans
cesse en écrivant variez vos discours, boil. Art p.
1. Vous savez que c'est le goût de notre siècle d'ai-
mer le naturel dans le discours, bayle, Lelt.93, )8
mai (691 , t. I, p. 319. Il Cribler le discours, le pas-
ser au crible, voir s'il est vrai. Mais pour nous,
moins hardis à croire nos raisons. Qui réglons nos
esprits par les comparaisons D'une chose avec l'au-
tre.... Qui criblons le discours.... Régnier, Sat. ix.
Il 3" Absolument. Le talent de discourir. Auguste
eut le discours prompt et facile qui convient à un
souverain, dider. Claude et Nér. i, 37. || 11 s'est dit
anciennement pour conversation. Un de mes amis
me mena un jour chez une demoiselle appelée Luce,
me disant que c'était la femme du meilleur discours
qui se pût voir, Francion , liv. vi, p. 226. || 4" Terme
de grammaire. La suite des mots ou des phrases,
en tant qu'ils expriment nos pensées. || Les dix
parties du discours , les différentes espèces de
mots. Il Terme de rhétorique. Le discours familier,
le parler familier. Le discours écrit, le parler tel
qu'il est quand, écrivant, on soigne la diction.
Il 5° Ce qui, dit en public, traite d'un sujet avec
une certaine méthode, et une certaine longueiir.
Prononcer un discours. Un discours éloquent. Ce
discours fit une vive impression sur l'assemblée.
....Ce discours un peu fort Doit commencer à vous
léplaire, la font. Fahl. xi, 7. Un discours qu'il fit
'.ux ennemis de l'empire, boss. Ilist. i, <t. Aucun
:héteur encore, arrangeant le discours. N'avait d'un
Xrt menteur enseigné les détours, boil. Ép. ix. Ceux
fui, interrogés sur le discours que je fis à l'Acadé-
nie française, le jour que j'eus l'honneur d'y être
eçu, ont dit sèchement que j'avais fait des carac-
■ères, croyant le blâmer, en ont donné l'idée la plus
.vantageuse que je pouvais moi-même désirer, la
iRUY. Disc, à VAcad. franc. Préface. J'ai pris soin
te m'écarter des lieux communs et des phrases pro-
'.crbiales usées depuis si longtemps pour avoir servi
t >m nombre infini de pareils discours depuis la
taissanoede l'Académie française, iD.tfc. Un discours
ae prouve jamais rien par lui-même; il tire tout son
caractère, toute sa force de l'avant-propos, de l'a-
vant-scène, de la nature du moment, de l'espèce
des interlocuteurs, Mirabeau, CoUection , t. iv,
p. 198. Il Discours en vers, nom donné par Voltaire
et depuis par tout le monde à une sorte de disser-
tation en vers sur un sujet ordinairement moral,
comme l'égalité des conditions, le bonheur, etc.
Il Se dit aussi d'ouvrages en prose. Discours sur
les passions de l'amour, par Pascal. C'est à peu
près ce que nous intitulons Essai aujourd'hui.
Il Composition que l'on donne dans les collèges
et qui consiste à développer en latin ou en fran-
çais une esquisse dictée par le maître et relative au
discours d'un personnage connu en une circon-
stance donnée. Au concours général, le prix d'hon-
neur est attaché au discours latin. || 6° Dans le style
élevé, récit, histoire. J'en sais tout le discours, mais
dis-moi.... Régnier, Dial. Si l'on nous fait un fidèle
discours, rac. Iph. iv, t. On sème de sa mort d'in-
croyables discours, id. Phèd. ii, i. || 7° Discours
sur-le-champ, s'est dit pour improvisation.
— SYN. DISCOURS, harangue, oraison. Discours
est le terme le plus général; il se dit de tout ce qui
est prononcé avec une certaine méthode et une cer-
taine longueur: discours dans les assemblées légis-
latives; discours académiques; les discours de dis-
tribution des prix. La harangue est un discours qui
a de la solennité, et qui s'adresse à un corps, à un
roi, à un personnage constitué en dignité, à une
armée; on donne souvent le nom de harangues aux
discours que les anciens historiens rapportent comme
ayant été adressés par les généraux à leurs troupes.
Oraison se dit ou plutôt s'est dit des discours des ora-
teurs anciens : les oraisons de Démosthène, de Cicéron .
— HIST. xvi' s. Et lui conta tout le discours [plan]
de l'entreprise bien au long, marg. Nouv. ux. Il se
présenta avecques un beau discours prémédité sur... .
mont. I, 4 89. Lui qui estoit homme de bon discours
[sensé], raisonnoit en soi mesme que.... desper.
Contes , VI. Les Peloponesiens se fussent bien tost
lassez de la guerre, ainsi que Pericles leur avoit
prédit, s'il n'y eust eu quelque divine puissance, qui
eust secrettement empesché le discours de la raison
humaine, amvot, Péric. 65. Il feit depuis peindre
tout le discours de ceste histoire au long en un ta-
bleau, ID. Marins, 7). Contrainte fut d'empescher
le discours De leur propos.... les marguerites de la
marguerite, f° 382, dans lacurne. Discours au vieux
loup [discours inutile], oudin.
— ÉTYM. Bourguig. discor; ital. discorso; du la-
tin discursus, proprement excursion; àe discurrere ,
dédis.... préfixe, et currere, courir.
DISCOURTOIS, OISE (di-skour-toî, tol-z'), adj.
Qui n'est pas courtois, qui est impoli. Langage dis-
courtois. Un chevalier discourtois. || Substantive-
ment. Les paladins allaient punir l'audace Du dis-
courtois dont l'altière menace Se mêle aux jeux des
paisibles tournois, millev. Charlem. à Pavie, v.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, dans le sens négatif, et
courtois.
t DISCOPRTOISEMENT (di-skour-toi-ze-man),
adv. D'une manière discourtoise.
— HIST. xvr s. Ceste ambassade ouye, trop dis-
courtoisement fut respondu que.... bhant. Ferdi-
nand l.
— ÉTYM. Discourtoise, et le suffixe ment.
DISCOURTOISIE (di-skour-toi-zie), s. f. Manque
de courtoisie.
— HIST. XVI' s. Ce seroit une notable discourtoi-
sie, de.... mont. I, 8). Aiant receu quelques dis-
courtoisies en passant par les villes des refformez,
d'aub. 7/tsf. Il, 267.
— ÉTYM. Discourtois.
DISCRÉDIT (di-skré-di; let ne se lie pas dans la
conversation), s. m. Diminution, perte de crédit, en
parlant des choses et des personnes. Le discrédit
des assignats, des billets d'un négociant. Ce minis-
tre fut dès lors en discrédit auprès du roi.
— REM. D'après Bescberelle, discrédit date de
t7)9, époque où ce mot fut employé dans divers ar-
rêts du Conseil pour exprimer le peu de confiance que
le public avait aux actions de la Compagnie des Indes.
Le fait est qu'il n'est dans le Dictionnaire de l'Aca-
démie qu'à partir de l'édition de <740. Mais le verbe
discréditer est ancien; on le trouve dans Pasquier.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et crédit.
DISCRÉDITE, ÉE (di-skré-di-té, iée), part. passé.
Tombé dans le discrédit.
DISCRÉDITER (di-skré-di-té), V. o. Faire tomber
eu discrédit. Discréditer une marchandise, un papier-
monnaie, une personne. || Se discréditer, v. réfl.
Perdre son crédit.
— SYN. discréditer, décbéditer. Des grammai-
riens, voulant séparer ces leux mois, ont dit : on
discrédite les choses, on décrédite les personnes; la
marchandise discréditée perd de sa valeur; l'homme
décrédité perd de sa considération. Mais discré-
dit s'appliquant à la fois aux personnes et aux choses,
ne permet pas cette distinction. U faut dire : dis-
créditer s'applique à la fois aux personnes et aux
choses; décréditer ne s'applique qu'aux personnes.
— HIST. XVI" s. Brunehaut, jalouse de cette belle
amitié, craignant d'estre desautorisée ou discréditée,
fait tant par ses charmes que Thierry ne peut habiter
avec sa femme, pasquier, dans le Dict. de dochez.
— ÉTYM. Discrédit.
DISCRET, ËTE (di-skrè , skrè-t') , od;. || 1» Terme
didactique. Séparé, misa part. |1 Terme de mathéma-
tique. Quantité discrète, quantité qui se compose
de parties séparées. Les nombres sont des quantités
discrètes, par opposition à l'étendue qui est une ■
quantité continue. || Terme de médecine. Variole
discrète , variole dont les pustules sont distinctes
et séparées les unes des autres, par opposition à
variole confluente. || 2° Fig. Retenu dans ses paroles
et dans ses actions (le discret étant comparé à celui
qui se sépare, se met à part). Adieu; je me retire
en confident discret, corn. Cinna, m, 2. En sage
et discrète personne Maître chat excusait ces jeux,
LA FONT. Fabl. xu, 2. J'étais hardi chez mon père,
libre chez M. Lambercier, discret chez mon on-
cle, J. J. Rouss. Confess. i. || Père discret, mère
discrète, religieux, religieuse qui assiste au conseil
du supérieur. || Vénérable et discrète personne, ti-
tre d'honneur qu'on donnait jadis aux prêtres et aux
docteurs. || Par extension, en parlant des choses. Sa
conduite a été fort discrète. Cette sincérité sans
doute est peu discrète, bac. Brit. ii, 3. L'amour le
plus discret Laisse par quelque marque échapper
son secret, id. Baj. m, 8. || Style discret, style qui
a le caractère de la retenue, et où l'on évite l'orne-
ment et le développement. || 3° Qui sait garder un
secret. C'est une femme discrète. Je ne puis vous
dire combien je suis surpris de trouver une chose
que j'attendais si peu de vous, et de voir que j'eusse
été si peu discret en la première faveur que vous
m'aviez faite [en laissant voir à d'autres le cadeau
que vous me faisiez], voit. Lett. 23 Veuillez
être discret. Et n'allez pas, de grâce, éventer mon
secret, mol. te. des f. i, 7. || Substantivement. Faire
le discret, affecter de taire un secret. Matta qui vou-
lait faire le discret, hamilt. Gramm. 4.
— HIST. XII* s. Lipoine [la peine] del cors nepuet
estre estaule [stable] entre les richesces, ne b obé-
dience senz la poine ne puet mie estre legierement
discrète, st eern. B68. ||xm' s. Et eskievins doit il
estaulir, ki soient ci tain [citoyens] discret et de bonne
opinion, tailliar, Recueil, p. B09. || xiV s. Certes,
je l'aim autant de bonne amour discrée.... Baud. de
Seb. I, 983. Il XV' s. Les chroniques rassemblées par.
vénérable homme et discret seigneur monseigneur
Jean le Bel, froiss. Prol. Les gentils hommes de
son royaulme luy vindrent dire qu'ilzvouloient avoir
ung roy, et que l'aisné de ses filz estoit bien au
point d'estre chevalier, et assez homme discret pour
gouverner le royaulme. Perce forest, t. iv, f t45.
— ÉTYM. Provenç. discret; espagn. et ital. dts-
creto; du latin discretus, séparé, divisé (d'où ré-
servé, prudent, etc.), participe passé de disccrnere
(voy. discerner).
DISCRÈTEMENT (di-skrè-te-man) , ad». || 1° Avec
retenue, réserve. Il s'est conduit discrètement. Voilà
une roupie pour réparer le mal que j'ai fait.... m'é-
tant ainsi tiré d'affaire discrètement.... volt. Baba-
bec. Je continuerais ici, monseigneur, bien volon-
tiers ce discours; mais je crains de n'user pas assez
discrètement de la liberté que l'on m'a donnée,
VOIT. Lett. 6B. Il 2° Sans dire ce qui doit être tu. U
a gardé discrètement le secret confié.
— HIST. XV' s. J'ay parlé comment peu discrette-
ment luy fut signifié le mot, comm. vi, <2.
— ÉTYM. Discrète, et le suffixe ment; provenç.
discretamen; catal. discretament ; espagn. et ital.
discretamente.
DISCRÉTION (di-skré-sion ; en vers , de quatre
syllabes), s. f. \\ 1° Qualité par laquelle on discerne,
on juge. L'âge de discrétion, l'âge de raison. Un in-
nocent qui n'a pas encore l'âge de discrétion, volt.
Phil. m, US. 112° Par extension, réserve, retenue
prudente dans les paroles ou dans les actes. Agir
avec discrétion. Son zèle est sans discrétion. User
d'une chose, d'une permission avec discrétion. Il
y a parmi les morts une honnêteté, une discrétion
la plus grande du monde; jamais on n'en voit sa
plaindre du médecin qui l'a tué, mol. Sléd. m. lui,
m, I. Les convives [dans l'Eldorado] étaient pour la
1180
DIS
plupart des marchands et des voiluriers, tous d'une
politesse extrême, qui firent quelques questions à
Cocambo, avec la discrétion la plus circonspecte,
VOLT. Candide, *T. Bien n'y passait les bornes
de la discrétion, J. J. Rouss. Confess. ii. Les An-
glais sont les hommes du monde qui ont le plus de
discrétion et de ménagement dans tout ce qui tient
aux affections véritables, STAËL, Cortnrre, VI, 4. || S'en
mettre, s'en remettre à la discrétion de quelqu'un,
c'est-à-dire s'en rapporter à son jugement dans une
affaire. Pourtant, pour cette grande et fameuse
action, Vous en mites le prix à sa discrétion, rotr.
Vencesl. i, 1. Je t'apprendrai, dit en soi-même le
Phrygien, à spécifier ce que tu souhaites, sans t'en
remettre à la discrétion d'un esclave, la font. Vie
d'Ésope. Il Par extension, se mettre à la discrétion
de quelqu'un, se livrer entièrement à sa volonté.
Un homme dangereux et hardi pourrait livrer mon
caractère et l'innocence de mes mœurs à la discré-
tion de son audace, Spécial, franc. MU, dans des-
FONTAiNES. || Être à la discrétion de quelqu'un, dé-
pendre de sa volonté. Le salut de l'Hespérie sera à
votre discrétion, fén. Tél. xi. || 11 se dit en parlant
d'une femme qui s'est rendue aux désirs. Votre per-
sonne sera k ma discrétion, mol. le Mar. f. 4. Le
vainqueur l'eut à sa discrétion, la font. Mandr.
Il Je laisse cela à votre discrétion, vous arrangerez
cela comme vous le jugerez bon. Le bénéfice est de
tant; vous me ferez ma part; je laisse cela à votre
discrétion. || X discrétion, loc. adv. X volonté. Pour
le pain vous en aurez à discrétion. Boire à discré-
tion. Ce point B est pris à discrétion dans l'ellipse,
DESC. Viopt. 8. Elle [la belette] sortait de maladie;
Là vivant à discrétion, La galante fit chère lie, la
FONT. Fabl. III, -17. Dans une île presque déserte
dont le terrain était à discrétion, elle ne choisit
point les cantons les plus fertiles, behn. de si-p.
Paul et Yirg. || Vivre à discrétion, se dit de gens,
et surtout de gens de guerre, qui se font donner
par les habitants d'un lieu tout ce qu'ils veulent.
Les troupes allemandes vécurent neuf mois à discré-
tion dans Rome, volt. Mœurs, 24. Si vous n'êtes
chez mon capitaine demain matin à quatre heures,
vous aurez ici, à cinq, trente soldats logés à dis-
crétion, BRUEYS, Grondeur, m, 4 3. || Se rendre
à discrétion, se mettre à la merci du vainqueur.
Ixirsqu'on désire, on se rend à discrétion à celui de
qui l'on espère, la bruy. xi. || 8° Discrétion des
prix, taux modéré. || 4° Ce qu'on gage ou ce qu'on
joue sans le déterminer précisément et qu'on
laisse à la volonté de celui qui perdra. Gagner une
discrétion. Si je n'eusse point gagé de vous don-
ner votre portrait pour une discrétion, je n'eusse
jamais cru qu'une personne de ma qualité et de
mon humeur eût pu avoir de la répugnance à payer
ses dettes. Mémoires de Mlle de Montpensier , p. 319.
Il 5° Qualité par laquelle on sait garder un secret. Il
est plein de discrétion. Une discrétion éprouvée. Il
le conte au docteur; discrétion française Est chose
outre nature et d'un trop grand effort, la font. Rot
Candaule. Mais quoi? vous ne pouvez rien taire; un
peu de discrétion est bien rare aujourd'hui; les gens
crèveraient plutôt que de ne point jaser, p. l. cour.
S' lettre particulière.
— REM. On ne dit pas : cette ville s'est rendue à
)a discrét'.on du général; il s'est rendu à votre
discrétion; mais cette ville s'est rendue à discrétion
au général ; il s'esl rendu à vous à discrétion. On
le disait autrefois; mais se rendre à discrétion forme
aujourd'hui une locution dans laquelle il n'est per-
mis de rien intercaler.
— SYN. DISCRÉTION, RÉSERVE. Dans dIscrétion, il
y a, élymologiquement, discerner; la discrétion
est donc une réserve qui discerne, qui est éclairée;
au lieu que réserve n'implique que le sentiment qui
fait qu'on ne s'avance pas et qu'on a de la retenue;
l'idée de discernement n'y est pas incluse.
— HIST. XII' s. Si mostrat il par sormonte de dis-
crétion, par com grant songe [soin] on doit en-
querre les péchiez. Job, BU. Ll clers estcorunez;
Deus deit en lui seeir; Aprendre deit tuz dis; mult
li covient saveir; Discretiun e sens deit en tuz liuz
aveir. Th. le mart. 30. Quand [ils] orent lor aage,
sen [sens] et discrecion.... Sax. m. jjxiii's. Cil qui
sunt fol de nature, si fol qu'il n'ont en eusnuledis-
eration, par quoi il se puissent ne sacent mainte-
nir, ne doivent pas tenir tere , beaum. lvi, ».
Il xiv s. El pour ce en tel cas est mestier de la sen-
tence et discrétion du juge, orksme, Eth. teo. Il
donne à chascun sans discrettion, id. ib. <08. Ce
doit estre laissié en la discrecion, prudence et ju-
gement des sages en chascun cas particulier, id.
lA. M. Il XV s. Très chers et puissants seigneurs, à
DIS
vos très nobles discrétions plaise vous savoir que nous
avons reçues très aimables lettres, froiss. ii, ii,
170 ami n'y a [dans la cour] , n'amie, Congnois-
sance, diligence, raison. Manière, senz, honeur,
discrétion, E. deschamps, Intér. des cours. Si pour-
roit par aclventure sembler que forte chose soit que
un homme, sans avoir grandement estudié, puisse
avoir si bel et si orné langaige; mais ce ne doibt
sembler merveille à nul qui a discrétion, Bouciq.
IV, ch. to. Il xvi" s. En somme, il prétend à ce seul
but, d'ester discrétion du bien et du mal, à ce qu'on
ne fasse plus conscience de rien, quand on attri-
buera le tout à Dieu, calvin, 30). Nous voyons, en
icelluy , discrétion des odeurs manifeste, rab. Faut.
111,32. L'empereur leur ha dénoncé que il n'en-
tend point que ses gens vivent à discrétion, c'est à
dire sans payer; mais à discrétion du pape, qui est
ce que plus griefve le pape, id. Épi. Se rendre à la
discrétion de l'ennemy, mont, i, 26. On corrompt
l'office du commander, quand on y obéit par dis-
crétion [volonté], non par subjection, id. i, co. On
y mange toute sorte d'herbes , sans aultre discrétion
que de refuser celles qui semblent avoir mauvaise
senteur, id. i, Ui. Les vieils doibvent vivre à leur
discrétion, sans obligation à nul certain office, id.
I, 280. Un personnage hazardeux oultre mesure, et
hardy sans discrétion es périls de la guerre, amyot,
Pélop. 1 . Les Gaulois se soubmirent entièrement
eulx et leurs biens à la discrétion des Romains, id.
Marcel. 9. Sans discrétions de trêves ni de paix
[sans y avoir égard], cabl. iv, 29. Ilavoit fait faire
en ses pays, discrétion de seize mil hommes, pour
venir au secours dudit seigneur, m. du bell. 432.
On donne les offices et promotions, et non prudence
et discrétion, leroux de lincy, Prov. t. ii, p. 360.
— ÉTYM. Provenç. discretio; espagn. discrecion;
ital. discrezione; du latin dticrcd'onem, de discre-
tum, supin de discernere (voy. discerner).
DISCRÉTIONNAIRE (di-skré-sio-nè-r' ), adj.
Terme de palais. Pouvoir discrétionnaire, faculté
donnée à un juge de décider en certains cas selon
son appréciation personnelle. 11 se dit aussi du pou-
voir illimité qu'un gouvernement prend ou reçoit en
certaines circonstances. La dictature est un pou-
voir discrétionnaire.
— ÉTYM. Discrétion.
DISCRÉTOIRE (di-.skré-toi-r') , s. m. Terme de
couvent. Lieu où se tiennent les assemblées des su-
périeurs. Les yeux en pleurs, les sens d'horreur
troublés. En manteaux longs, en voiles redoublés,
Au discrétoire entrent neuf vénérables, gress. Vert-
Vert, ch. IV. Il L'assemblée elle-même.
— HIST. xvi* s. Les Augustins assemblez en leur
chapitre et discrétoire, fav. Thédt. d'honn. t. i,
p. 678, dans LACURNE.
— ÉTYM.Lat. discretorium, de discretum, supin
de discernere, séparer, mettre à part.
t DISCRIMEN (di-skri-mèn'), s. m. Terme de chi-
rurgie. Nom d'un bandage pour la saignée du front.
— ÉTYM. Lat. discrimen, séparation (du même
radical que discernere , discerner) , apparemment
parce qu'il divise la tête en deux parties égales.
t DISCULPATION (di-skul-pa-sion), s. f. Action
de disculper autrui ou de se disculper. Sa disculpa-
tion n'a pas paru convaincante.
— REM. Il se trouve dans l'édition du Dict. de
l'Académie de t798.
— ÉTYM. Disculper.
DISCULPÉ, ÉE (di-skul-pé, pée), part, passé. Qui
est lavé d'accusations. Disculpé des charges qui pe-
saient sur lui.
DISCULPER (di-skul-pé), v. a. || l" Justifier quel-
qu'un. Ses amis le disculpèrent de ce qu'on lui im-
putait. Ne serai-je pas bien condamnable, et qui me
disculpera auprès de Dieu? bourdal. Instruct. Paix
avec le proch. Exhorl. t. ii, p. 350. Du premier des
Césars on vante les exploits; Mais, dans quel tribu-
nal, jugé suivant les lois, Eùt-il pu disculper son
injuste manie? boil. Sat. xi. Ce qui disculpe le fat
ambitieux de son ambition est le soin que l'on prend,
.s'il a fait une grande fortune, de lui trouver un mé-
rite qu'il n'a jamais eu, la bruy. vi. J'aimai mieux
être moins disculpé d'un blâme aussi grave, et mé-
nager la famille d'une personne que j'aimais, J. J.
Bouss. Confess. ix. Oui bientôt Odéide, en défen-
dant son frère, Saura le disculper dans l'esprit de
son père, Ducis, Abufar, iv, t.\\i° Se disculper,
i>. réfl. Se justifier. 11 se disculpera sans peine,
croyez-moi. Je me suis disculpé de l'avoir fait [le
discours de réception à l'Académie française] trop
long de quelques minutes, la sruy. Disc, à l'Àcad.
franc. Préface.
— HIST. xm* s. Et, so tu viens, bien te porras
DIS
Devant no soigneur descouper, Saint Graal, v. t380.
Le [la] tresisme reson, si est quant aucuns est ape-
lés por ocisions, et li mors, avant qu'il morust,
nomma cix qui ce li firent, et descoupa celi qui est
apelés, BEAUM. Lxiii, 2. Il xv:' s De vouloir dire
seulement ce qui servirait à le decoupler, sans coul-
per autruy, et ce qui seroit préjudiciable à son
homme, M. du bell. 496.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et le latin eulpa, faute
(voy. coulpe).
DISCURSIF, IVE (di-skur-sif, si-v'), adj.\\ 1« Terme
de logique. Qui tire une proposition d'une autre par
le raisonnement. L'homme a la faculté discursive.
Il Terme de philosophie. Méthode discursive, se dit
quelquefois pour synthèse ou déduction. La théolo-
gie est essentiellement discursive. || Terme de gram-
maire. Mot discursif, nom donné par Beauzée, d'a-
près l'abbé Girard, aux conjonctions (voy. Encycl.
art. mot), parce qu'elles sont les liens des proposi-
tions, en quoi consiste la force, l'Ame et la vie du
discours. Il 2° Terme de dévotion. Inquiet, agité.
Cette foi qui fait le passage de l'état discursif à l'é-
tat contemplatif, boss. Lett. àbb. 4 93. Les actes qui
étaient alors supprimés sont premièrement les dis-
cursifs.... id. Or. 8.
— ÉTYM. Provenç. discursiu; espagn. et ital. dis-
eursivo ; du latin discursus, raisonnement, discours
(voy. ce mot).
DISCUSSIF, IVE (di-sku-sif, si-v"), adj. Terme
de médecine. Qui a la vertu de dissiper les humeurs
d'une tumeur ou d'un engorgement. Topiques dis-
cussifs. On dit aujourd'hui résolutif. || Substantive-
ment. Les discussifs.
— HIST. xvi* s. Komentations résolutives, carmi-
natives, discutives et dessiccatives, paré, xxi, 26.
— ÉTYM. Lat. discussum, supin de discutere, dis-
siper et aussi discuter (voy. ce mot).
DISCUSSION (di-sku-sion; en vers, de quatre
syllabes), s. f. || 1° Examen par débat. Cela peut être
sujet à discussion. La discussion d'un projet de loi.
II s'éleva une discussion fort animée. Les discussions
du corps législatif. Les affaires d'État ne sont pas
traitées avec la même discussion que par le passé,
montesq. Lett. pers. 430. || Terme de mathémati-
que. La discussion d'une formule, d'une courbe,
d'une équation, l'étude qu'on en fait pour en tirer
tout ce qu'elles contiennent. || 2° Par extension, dis-
pute, contestation. Il a eu une discu.ssion au jeu.
Il 3° Terme de jurisprudence. Recherche et exécu-
tion des biens d'un débiteur pour en obtenir paye-
ment. Il Terme de pratique. Sans division ni dis-
cussion, c'est-à-dire solidairement. || Bénéfice de
discussion, faculté pour la caution de demander que
le débiteur principal soit préalablement poursuivi.
. — HIST. xir s. Esdrecier l'entencion del cuer après
les vertuz, et nettoier par destroite discussion de
rencerchement tôt ce ke l'om fait, Job, 498. || xiv s.
Les aucteurs et les pratiques de médecine font discu-
cion de cette présente malire [l'hydrophobie], H. de
mondeville, f° 89.
— ÉTYM. Provenç. discussion; espagn. discusion;
ital. discussione; du latin discussionem, de discus-
sum, supin de discutere (voy. discuter).
t DISCUTABLE (di-sku-ta-bl'), adj. Qui peut être
discuté, qui est susceptible de discussion. Cela n'est
pas discutable, cela ne vaut pas la peine qu'on en
discute, et, plus souvent, cela est tellement évi-
dent qu'il n'y a pas à discuter.
— ÉTYM. Discuter.
DISCUTÉ, ÉE (di-sku-té, tée), part, passé. Sou-
mis à la discussion. Un projet longtemps discuté.
DISCUTER (di-sku-té), v. a. |{ 1° Examiner par
un débat. Discuter un fait, un point de droit. Nous
discutâmes la question de savoir si.... 11 n'est pas
ici question de discuter les motifs de l'amour de
Dieu, BOSs. 4' écrit. || Discuter quelqu'un, discuter
ses droits, ses prétentions à une admission, à une
candidature. || Absolument. Nous avons longtemps
discuté là-dessus. Discutons, ne disputons pas. En-
fermé dans les faits, il dénombrait et il détaillait, ra-
rement ii discutait, haiban. Éloges, Petit. || 2" Terme
de jurisprudence. Opérer la discussion. Discuter les
biens. Discuter un débiteur en ses biens, dans ses
biens. || 3° Se discuter, être discuté. La chose se
discuta avec beaucoup d'habileté de part et d'autre.
— HIST. xv s. Si fut la chose moult bien discu-
tée, comme il affiert à si pesante besongne, Bou-
ciq. m, 4. Il XVI* s. Je ne discute point si Jesus-
Christ a pu imprimer sur une pierre la forme de son
pied, mais je dispute seulement du fait, calv. «67.
Il dit avoir expérimenté la fiante de chèvre à discu-
ter [dissiper] les tumeurs scirrheuses, paré, v, 23
— ËTYU. Lat. discutere, dissiper, secouer, o
DIS
flgurément, examiner, discuter, de dis.... préfixe,
et cutere, frapper.
t DISCCTECR (di-sku-teur), s. m. Celui qui dis-
cute, qui soutient des discussions. Ami silencieux
de Mirabeau, il [Talleyrand] s'était tenu toujours à
l'ombre de ce grand discuteur dans l'assemblée con-
stituante, LAMAST. dans le Dict. de dochez.
— ÊTYM. Discuter.
f DISÉPALE (di-sé-pa-1'), adj. Terme de bota-
nique. Qui est formé de deux sépales distincts.
— ÉTYM. Aï;, deux, et sépale.
DISERT, ERTE (di-zêr, zèr-t'), adj. Oui parle
avec abondance et non sans élégance. Un homme
disert. Cet avocat est disert un panégyrique [du
roi Henri IV], Où, mollement disert, sous un sujet
îi grand Dès le premier essai mon courage se rend,
îîSNiER, Sat. I. Un charlatan se vantait d'être En
éloquence un si grand m'altre Qu'il rendrait disert
un badaud, la font. Fabl. vi, 49. Veut-on de di-
serts orateurs, qui aient semé dans la chaire toutes
les fleurs de l'éloquence? la bru y Disc, à l'Acad.
Cicéron dit qu'il a vu bien des gens diserts, c'est-
à-dire qui parlaient avec agrément; mais qu'on ne
voit presque jamais de vrai orateur, fén. t.xxi, p. 45.
Cicéron loue Varron comme un homme d'un esprit
pénétrant et d'un savoir profond, non comme un
îiomme fort disert et fort éloquent, kollin, Hist.
anc. OEumes, t. xi, 2° part. p. 0)6, dans pougens.
C'est, cette habileté à orner et à embellir un dis-
cours qui met de la différence entre un homme di-
sert et un homme éloquent, id. Traité des El. liv.
m, ch. 3, § 3. L'homme disert, c'est-à-dire qui s'ex-
plique seulement avec clarté et solidité, laisse son
auditeur froid et tranquille, id. ib. \\ Par extension.
Un discours disert.
— SYN. DISERT, ÉLOQUENT. L'homme disert est
simplement abondant, facile, non sans quelque élé-
gance. L'homme éloquent a de plus la grandeur, la
force, le feu, la sublimité.
— HIST. xvi" s. Sa voix estoit doulce, sa langue
diserte, et sa parole aisée, amyot, Véric. <i.
— ÉTYM. Lat. disertus. Les étymologistes latins
varient : les uns le tirent de disserere, mettre en
ordre; mais on ne voit pas comment l't serait de-
venu bref, disertus; d'autres, avec plus de vrai-
semblance, le tirent de dis.... préfixe, et ars, art
(comparez inerte).
DISERTEMENT (di-zèr-te-man), adv. D'une ma-
nière diserte. Il peut arriver qu'un pervers écrive et
parle aussi disertement de la vertu qu'un homme
vertueux, dider. Essai sur Claude.
— HIST. XVI" s. J'avois assez disertement publié
au monde mon insuffisance en tels maniements pu-
blicques, MONT. IV, 176. Ceste epistre tesmoigne
disertement [clairement] qu'il [l'iutarque] a esté
précepteur de Trajan, amyot, Préf. xxni, 50. Il
avoit le langage à main et propre pour déduire di-
sertement un plaidoyer, id. LucuU. 2.
— ÉTYM. Diserte, et le suffixe ment.
DISETTE (di-zè-f), s. f. || 1° Manque de choses
nécessaires et particulièrement de vivres. Année de
disette. Cette année sera une année de disette. La
disette de (812. La dépendance où la disette réduit
le pauvre, bourdal. 8" dim. après la Pentec. Do-
minic. t. m, p. loo. Mais quoi ! dans la disette une
muse affamée Ne peut pas, dira-t-on, subsister de
fumée, BoiL. Art p. iv. La disette, la faim nous
ont ravi nos frères, du belloy, Siège de Calais, i,
6. Séparés par la stérilité du terrain et la disette
d'eau, EAYNAL, Hist. phil. vi, 23. || 2° Fig. Manque.
Disette de mots, d'idées. C'est ce retranchement de
livres qui vous jette dans les Oraisons du P. Cotton
et dans la disette de ne savoir plus que lire, sév.
6)2. Nous sommes dans une grande disette de prê-
tres, Eoss. Lett. rel. 6. On dit que nos dames, par
trop de délicatesse, sont cause, en partie, de cette
disette où notre langue court risque d'être réduite,
ROLLiN, hist. anc. liv. xxv, ch. 2, art. I, § 2. Vous
vantez avec raison l'extrême richesse de votre lan-
gue [italienne] ; mais permettez-nous de n'être pas
dans la disette, volt. £e((. l'oi'OZït, 24 janv. )70).
Quelques-uns ont voulu réparer notre disette [en
fait de poésie épique] en donnant au Télémaque le
titre de poëme épique; mais rien ne prouve mieux
la pauvreté que de se vanter d'un bien qu'on n'a
pas, m. Ess. poésie ép. ch. 9. {| 3° Nom de la bette-
rave, qui a porté le nom de racine d'abondance et
de disette.
— HIST. XIII' s. Et si veult Sainte, qui deseure
est nomée, que, se ele avoit besoigne ne disgete,
loialment que ele peuist le [la] maison qui devant
est dite, vendre et despendre et boire et mangier et
fuire toute se [sa] volonté, tailliar, Recueil, p. 178.
DIS
Se Richaus me [ma] feme caoit [tombait] en poverte,
ne [efjeïeeust besoigne ne disette, in. jb. p.i96. Huit
jours ot que dormi [il] n'avoit. Dont il moult disete
en avoit, Bl.etJeh. 4 397. S'il y a si très grant famine
que il aient par disete jeUné trois jours ou quatre,
on ne doit pas merveiller se on vuide le liu sauve
se [sa] vie, beaum. 67 Baron, or m'entendes,
Asés avez soufertes disietes et lastés; Li vilains bien
le dist, et si est vérités. Que mieus nous vaut par
arme avoir les chiés [cheTs, têtes] coupés Que lon-
guement soufrir les grans caitivetés, Ch. d'Ant. viii,
458. Et [que il] les taigne si près que il les face
traire maugré els loig de la rivière as plains chans;
et quant il seront esloigné, si auront moult grant
disiete d'ewe, Merlin, f° 60, recto. Après plenté
[abondance] vient grant disette, leroux de lincy,
Prov. t. II, p. 240. Ijxiv s. Car par ses grans ou-
traiges [dépenses excessives] il giete Lui et sa femme
en grant disette, j. de condet, p. )32. Car li vivres
estoit vilainement faillis; Grant disette y avoient li
grans et li petis, Guescl. (5233. || xV s. Dont les
Anglois eurent moult de disette et de cher temps,
froiss. I, I, 159. ||xvi°s. Il ne faut que deux jours
de pluye, et vingt et quatre heures de disette, pour
mettre en murmure un regimen, lanoue, 203. La
nécessité et disette de vivres où il se treuve le con-
trainct à ce faire, amyot, Arist. 35.
— ÉTYM. On a indiqué un mot hypothétique de-
sita, formé sur le modèle de desilus, manque; mais
Diez remarque avec raison que dans desila ou dest-
tus l'accent est sur de, et que par conséquent di-
sette n'en peut venir, et il indique desecta, chose
rognée, de desecium, supin de desecare, retrancher,
de la préposition de, et secare, couper (voy. section).
Pourtant il faut remarquer la forme disgete (peut-
être, vu cette forme, faut-il lire disjete là où l'on
trouve disiete), qui indiquerait le verbe jeter: la
disgete, l'action de jeter hors, de priver.
DISETTEUX, EUSE (di-zè-teû, teû-z'), adj.
Il 1° Qui a le caractère de la disette. Si l'on consi-
dère la haine que les sauvages se portent de horde
à horde, leur vie dure et disetteuse, la continuité de
leurs guerres.... raynal, Hist. phil. xv, 4. || 2° Qui
est dans la disette. Une famille di.setteuse. || S. m.
et f. Celui, celle qui manque habituellement des
choses nécessaires à la vie. Un disetteux. Une di-
setteu.se. || Comme substantif, il a vieilli.
— HIST. XIII" s. Et cil d'AndrenohIe , qui leur chars
avoient amenés avec aus [eux], et povres et diseteus
estoient de la viande, en chargierent à moult grant
plenté, V1LLEH. CLXXVi. Que petis biens diseteus es-
leece [réjouit celui qui manque] , Poésies mss. du
Vatican, dans lacurne. || xvi" s. Au temps passé
l'on estimoit un gentil-homme estre disetteux, et ne
mériter d'estre appelé riche, quand.... lanoue, m.
— ÉTYM. Disette.
DISEUR,EOSE(di-zeur,zeû-z'),s. m. et/". || 1° Ce-
lui, celle qui dit. Et je ne hais rien tant que les contor-
sions De tous ces grands faiseurs de protestations,
Ces affables donneurs d'embrassades frivoles. Ces
obligeants diseurs d'inutiles paroles, mol. Mis. i, ).
J'admire la rage et l'inutilité de ces diseurs de nou-
velles, MAINTENON, Lettre à Mme des Ursins, )8juill.
1706. Il Diseur de riens, parleur qui ne dit que des
choses futiles. La plupart grands diseurs de rien, Au
grand malheur des gens de bien, scarron, Virg.
Irav. VI. Il Diseur de bons mots, homme qui affecte
la recherche des bons mots. Dieu ne créa que pour
les sots Les méchants diseurs de bons mots, la font.
Fabl. VIII, 8. Diseur de bons mots, mauvais carac-
tère, PASC. Pensées, vi, 22, éd. Lahure, )880. Di-
seurs de bons mots, mauvais caractère; je le dirais
s'il n'avait été dit, labruy. viii. || Diseur, diseuse de
bonne aventure, homme , femme qui prétend pré-
dire l'avenir consulter. Sur le sort de sa géni-
ture. Les diseurs de bonne aventure, la font. Fabl.
VIII, 46. La masse des superstitions lucratives d'une
contrée suit la proportion de ses prêtres, de ses de-
vins, de ses augures, de ses diseurs de bonne aven-
ture, et de tous ceux en général qui tirent leur
subsistance de leur commerce avec le ciel, dider.
Opinions des anc. phil. (Égyptiens) . || Diseur de mots,
sorcier. Il consultait matrones, charlatans. Diseurs
de mots, experts sur cette alfaire, la font. Mandrag.
l'i 2° Un beau diseur, ou, absolument, un diseur, un
homme qui affecte de bien dire. Tu fais toujours le
beau diseur et le grand esprit ; apprends que j'en sais
plus que toi, hauteeoche, Crispin médecin, i, s. Ils
ne se moquent pas de lui comme d'un beau diseur d'a-
griculture,!. J. Eouss.^m. IV. Il Un diseur, un homme
qui fait des phrases, des promesses. Monsieur, je
ne suis point un diseur, mais je vous prie de croire
que.... SÉV. 204. [1 Proverbe. L'entente est au diseur,
DIS
1181
c'est celui qui a parlé, qui sait le mieux le sens Je
ce qu'il a dit.
— HIST. xiii" s. Et ot discort entre aus feux|, et
se misent [mirent] en diseurs en la roine de France,
Chron. de Rains, 243. || xiv" s. Un bon ami.... ne
croira jà telz diseurs, oeesme, Eth. 236. || xv" s.
Et est à savoir sur ce pas cy, que sauve la grâce
des diseurs, qui ont dict que nos gens y fuirent et
allèrent comme bestes sans ordonnance, que ce
n'est mie vray, Bouciq. i, ch. 24. || xvi" s. Mes li-
vres tant beaux diseurs, mahot, iv, 465. Que
M. l'admirai avoit disposé de la guerre par des maxi-
mes ministrales et vouloit donner les diseurs pour
juges aux faiseurs, d'aub. Hist. i, 4 66. Communé-
ment un grand diseur Se trouve enfin petit faiseur,
LEROUX DE LINCY, PrOV. t. Il, p. 427.
— ÉTYM. Dire; provenç. digedor, deiidor, diii-
dor; portug. diiedor; ital. dicitore.
t DISEXUEL, ELLE (di-sè-ksu-èl, è-l'), adj. _
Mauvais mot pour bissexuel.
DISGRACE (di-sgrà-s') , s. f. ||1» Perte des bonnes
grâces d'une personne puissante. Encourir la dis-
grâce du prince. Il a soutenu héroïquement sa dis-
grâce, SÉV. 348. Le meilleur de tous les biens, s'il
y a des biens, c'est le repos, la retraite, et un en-
droit qui soit son domaine; N*'* a pensé cela dans
sa disgrâce, et l'a Oublié dans la prospérité, la
BROY. VIII. La disgrâce éteint les haines et les ja-
lousies, ID. XII. Rien n'est si voisin de la faveur que
la disgrâce, maintenon, Lett. d'Aubigné, 3 juillet
4 680. Pour languir dans l'éclat d'une illustre dis-
grâce, volt. Sémiram. ir, 4, La disgrâce jette je
ne sais quoi de touchant sur les grandes vertus et
les qualités éminentes, mairan, Éloges, Card.Poli-
gnac. Albuquerque mourut à Goa en 4 54 5, sans ri-
chesses, et dans la disgrâce d'Emmanuel, auquel
on l'avait rendu suspect, raynal, Hist. phil. i, 4 7.
Il Par analogie. Tous les hommes sont dans la dis-
grâce de Dieu, paso. Juifs, ). Lorsque nous avons
été assez malheureux que de tomber dans la dis-
grâce de Dieu, MASS. Car. Temples. L'homme est
maintenant en disgrâce chez tous ceux qui pensent,
VADVEN. Max. ccxix. Nous sommes tombés d'un
tourbillon dont nous étions le centre, dans le tour-
billon du soleil d'aujourd'hui; d'astres que nous
étions nous sommes devenus lune, ayant par faveur
autour de nous une autre petite lune pour nous con-
soler dans notre disgrâce, volt. Dial. xxix, 4 0.
Il 2° Etat, par rapport aux événements, comparé
à la disgrâce par rapport à une personne. Enfin
donc ton amour ne craint plus de disgrâce, corn.
le Ment, iv, 2. J'ai le cœur au-dessus des plus fière»
disgrâces, ID. Cid, il, 4. Voilà ce que c'est que du
monde; la moindre disgrâce nous fait mépriser
de ceux qui nous chérissaient, mol. Préc. 48. J'en
juge par moi-même; et la moindre disgrâce. Lors-
que je suis à jeun, me saisit, me terrasse, id. Sga-
nar. 7. J'ai cru que notre mariage n'était qu'un
adultère déguisé, qu'il nous attirerait quelque dis-
grâce d'en haut, ID. le Fest. i, 3. Ah! malheur!
ah! disgrâce, ah! pauvre seigneur Sganarelle, mi
pourrais-je te rencontrer? id. l'Am. méd. i, 6. Et
qui peut mieux que vous consoler sa disgrâce? rac.
Bérèn. m, 2. La mort n'est point pour moi le com-
ble des disgrâces, id. Baj. n, 3. La Discorde, qui
voit leur honteuse disgrâce, Dans les airs cependant
tonne, éclate, menace, B0iL.I«(rtn, iir. Je cours
trouver Lucain ; plein d'une noble audace. De la li-
berté sainte il chanta la disgrâce, legouv. Épichar.
et Nér. 1, 3. Il 3° Mauvaise grâce. Elle a de la dis-
grâce dans le maintien. Cet homme met de la dis-
grâce jusque dans le bien qu'il fait. On aura craint
sans doute la disgrâce attachée à la forme didacti-
que, qui effarouche la plupart des lecteurs, Mém. sur
les finances de l'Anglet. trad. de l'anglais, Mayence,
4 708, introd. p. 4. C'est à de tels contrastes [la
rudesse et la servilité] qu'il faut attribuer la dis-
grâce allemande, que l'on se plaît à contrefaire dans
les comédies de tous les pays, STAËL, Allem.m, 44.
— HIST. XVI" s. Lors de la disgrâce dudit d'Aubi-
gné, il voulut à toute force suivre la fortune du
disgracié, d'aub. Vie, LVI.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, dans le sens négatif, et
grâce.
DISGRACIA, ÉE (di-sgra-si-é, ée), part, passé.
Il 1° Qui est tombé dans la disgrâce. Un ministre
disgracié. Rien n'est bien d'un homme disgracié ;
vertus, mérite, tout est dédaigné ou mal expliqué,
LA bruy. XII. Plus frappés des talents personnels
que du pouvoir ou du crédit, ils regardaient alors
comme leur chef Bolingbroke disgracié, mais à qui
la disgrâce avait laissé son éloquence, son courage et
l'élévation de son caractère, condokcf.t, Tronchin^
M 82
DIS
Il Subslantivement. les disgraciés ont peu d'amis
à la cour. || î* Kig. Le café est disgracié ici et par
conséquent je n'en prends plus, sÊv. 486. || Un
amant disgracié, ui; amant qui a perdu les bonnes
grâces de sa dame. Matta ne savait cependant pas
qu'il fût disgracié, hamilt. Gramm. 4. || On le dit
aussi, bien que plus rarement, d'une maîtresse
qu'on quille. La Castelmaine est disgraciée, c'est
ainsi qu'on en use dans ce royaume-là [il s'agit
d'une maltresse renvoyée pa: le roi d'Angleterre),
sÉvioNÈ, 128. Il 3° Disgracié de la nature, et, abso-
lument, disgracié, qui a quelque difformité d'un
aspect désagréable. Il y a des personnes à qui Its
défauts siéent bien, et d'autres qui sont disgraciées
par leurs bonnes qualités, la nocHEF. /le/î. 251.
Ce fut une fortune pour Mlle d'Aubigné d'épouser
cet bomme disgracié de la nature, volt. Louis XIV,
27. Il 4° Terme de marine. Marin disgracié, marin
qui est en instance pour son rapatriement, et avant
qu'il l'ait obtenu.
DISGRACtEU{di-sgra-si-é),J8disgraciais, nous dis-
graciions, vous disgraciiez; que je disgracie, que
nous disgraciions, que vous disgraciiez, v. a. Uetirer
.ses bonnes grâces à quelqu'un. Le roi l'a disgracié.
— mST. XVI' s. Toute hospitalité me semblcroit
disgraciée, si la nécessité m'y avoit enchevestré,-
MONT. IV, 07. Une vieillesse nécessiteuse et disgra-
ciée, ID. IV, 204. Et ce sera contre ceux qui se plai-
gnent, disans que l'homme est le seul animal dis-
gracié delà nature.... chakron, Sagesse, i, 36.
— ÉTYM. Disgrâce.
BISGRACIEUSEMENT ( di-sgra-si-eû-ze-man ) ,
adv. D'une manitre di.sgracieuse.
— REM. Disgracieusement n'est dans le Diction-
naire de l'Académie qu'à partir de l'édition de t835.
— Etym. Disgracieuse, et le suffixe ment.
DISGRACIEUX, EUSE (di-sgra-si-eû, eû-z'),adj.
Il 1» Oui est tout à fait ilépourvu de grâce, d'agré-
ment. Un homme di.sgracieux. Un enfant disgra-
cieux. Il 2° Oui cause une di.sgrâce, un déplai.sir.
Cela est tout à fait disgracieux. Son accueil fut dis-
gracieux. Il faut passer vite sur ce que peut nous
offrir de disgracieux celte aventure.
— REJ). Disgracieux n'est dans le Dictionnaire
de l'Académie qu'à partir de l'édition de 1702.
— ÈTYM. Dis.... préfixe, dans le sens négatif, et
gracieux.
t DISGRÉGATION (di-sgré-ga-sion) , s. f. Terme
didactique. Destruction de l'état d'agrégation. La
disgrégation des particules d'un corps. || Terme d'op-
tique ancienne, qui se disait de la propriété attri-
buée à certaines couleurs, d'écarter les rayons vi-
suels et de rendre la vision plus nette.
— HIST. XVI* s. Disgrégation, ouniN.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, dans le sens négatif,
et un radical qu'on verra dans aguégation.
DISJOINDRE (dis'-join-dr') , V. a. || 1° Séparer ce
qui était joint. La sécheresse a disjoint les jantes
de celle roue. || 1' Terme de procédure. Séparer deux
ou plusieurs causes pour les juger à part. Disjoin-
dre deux instances. || Absolument. Sauf à disjoindre
s'il y échet. {| 3° Se disjoindre, v. réft. Devenir dis-
joint. Les ais commencent à se disjoindre.
— HIST. xjii* s. Li rois tint un coutel à pointe;
Dou col a la teste desgointe, Ren. 20I6. Il fu juglé
que, puisque Pierres avoit joint aveques son fief ce
qui estoit tenu de li en vilenage, il nel pooit des-
joindre ne eslongier, beaum. xlvii, 9.||xiv* s. De
la proportionalilé qui est appellée disjointe ou divi-
sée, il est manifeste que elle est en quatre termes,
ORESME, fc'(/i. (46. Des autres mois soit [mars] des-
joins et osiez Et de nature oubliez et haïs, machault,
p. (30. Il XV* s. Le traicté par lequel [le duc] ne se
desjoingnoit d'eulx, comm. ii, 9. || xvi* s. Depuis que
la bataille [phalange] macedoniene est une fois entre-
ouverte et disjointe , elle perd toute sa force ,
AMïOT, Flamin. 43. Lesdits os se disjoignent et sé-
parent, PAKE, XVIII, 4 3.
— P.TVM. Provenç. desjonher, dejonher ; anc. ca-
tal. dvijunyr; ilal. disgiiignere; du latin disjungere,
dédis.... préfixe, et /ungere (voy. joindre).
DISJOINT, OINTE (dis'-join , join-t'), part, passé
de disjoindre. Qui n'est plus joint. Des planches dis-
jointes. || Terme de musique. Degré disjoint, pas-
sage d'une note à une autre qui ne la suit pas immé-
diatement dans la gamme. || Terme de minéralogie.
Variété disjointe, variété dans laquelle les décrois-
lements font un saut brusque , comme de On à quatre
ou à SIX.
UISJONCTIF, IVE (dis'-jon-klif, kti-v'), adj.
Il i" lermede grammaire. Oui séiiare les idées tout
en unissant les expressions. Ou, soit, ni, sont des
mots disjonctifs. ParUcules disjonctives. || S. f. U
DIS
disjonclive ou. || 2° Terme de logique. Proposition
disjonctive, celle qui est composée de deux mem-
bres entre lesquels se trouve une particule disjonc-
tive. Il Syllogisme disjonctif, celui où la majeure est
séparée en deux ou plusieurs membres par une con-
jonction disjonctive. || 8* Terme do botanique. In-
sertion disjonclive, insertion dans laquelle les pé-
tales cl les éianiines sont attachés sous le disque,
par exemple les simaroubées.
— HIST. xiii* s. Et por ce que son aversaire ne
conoist pas la desjoinlive à la première parole, que
se il dit, au premier, le et, et il dit, an donner des
gages, le ou.... Ass. de Jér. i, I44 || xvr s. Il se
vante de deux choses l'une, et fait son compte de la
première partie de la disjonctive, ou qu'il sera roy
de France, ou moy empereur, M. do bell. 3oo.
— ÉTYM. Provenç. disjunctiu; espagn. disyunc-
tivo; ilal. disgiunlivo;ûu laiin dis/uncfùuî, dediï-
junctum, supin de disjungere , disjoindre.
t DISJONCTIFLORE (dis'-jon-kti-ffo-r') , adj.
Terme de botanique. Qui a des fleurs écartées les
unes des autres.
— ÉTYM. Lat. disjunctus, disjoint, el (los, fleur.
DISJONCTION (dis'-jon-ksion; en vers, de qua-
tre syllabes), s. f. \\ 1° Séparation de deux choses
qui étaient jointes. La disjonction de deux planches.
Il Terme de tératologie. Anomalie par disjonction,
anomalie caractérisée par la séparation de parties
ordinairement continues. || 2" Terme de rhétorique.
Sorte d'ellipse par laquelle on supprime, pour obtenir
plus de rapidité, les conjonctions copulatives qui
seraient naturellement exigées, comme dans ce vers
de Boileaa : Le faux est toujours fade, ennuyeux,
languissant. || 3° Terme de procédure. Séparation
de deux instances, de deux procédures.
— HIST. XVI* s. Nature ne se sert d'autre moyen
pour détruire et ruiner toutes les créatures, que de
discorde et di.sjonclion, yver, p. B66. Le chirurgien
est deceu, esiimant qu'il y ait luxation, et non dis-
jonction de l'epiphyse dudit os, paré, xiii, 2).
— ÉTYM. Lat. disjunctio, de disjunctum , supin
de disjungere , disjoindre.
t DISLOCATEUR, TRICE (di-slo-ka-teur, tri-s'),
adj. Qui disloque. Très-probablement l'avenir fera
découvrir d'autres influences dislocatrices [dans les
couches géologiques], en permettant de distinguer
certaines directions qui sont simplement rappro-
chées, FOURNET, Àcad. des se. Comptes rendus,
t. LV, p. 801.
DISLOCATION (di-slo-ka-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. \\ i° Séparation des pièces d'une ma-
chine. La dislocation de la voiture qui avait roulé
dans un ravin. || Fig. Le travail et la sueur du para-,
phraste [des psaumes] se lisent avec ses pointes et
ses antithèses.... les ciseaux, les marteaux el les
tenailles, les dislocations et les ruptures se voient et
se sentent dans chaque vers, balz. Socr. chrét. Disc.
7. Il 2° Terme de chirurgie. Luxation d'un membre.
La dislocation de l'épaule. || Terme de géologie.
Rupture des couches terrestres. Tout porte à croire
que les canaux qui amènent à la surface les eaux et
les gaz des sources minérales actuelles, ne sont que
le résidu des conduits infiniment plus nombreux et
plus vastes qui se sont ouverts à chaque époque de
dislocation et d'épanchemenl, l. cordier, Acad. des
se. Comptes rendus, t. liv, p. 297. || 3° Terme de
guerre. La dislocation d'une armée, la répartition
de ses corps en divers cantonnements. Mural profila
de cette incertitude pour s'arrêter plusieurs jours à
Gumbinen et pour diriger sur les différentes villes
qui bordent la Vistule les restes des corps; au mo-
ment de cette dislocation de l'armée il en réunit les
chefs, sÉGtR, Hist. de Napol. xii, B. || La disloca-
tion d'un empire, sa dissolution en moindres Étals.
La dislocation de l'empire d'Alexandre.
— HIST. xiv* s. Le quart trailié sera des disloca-
tions, n. DE MONDEViLLE, f° 4. || XVI* S. La luxation
qui se fait par elongation ou eslargissement des
ligamens, n'est pas vraie dislocation, mais est un
chemin à ce faire, paré, xiv, 4. Ceci est plaisant
à considérer: par la dislocation que les passions ap-
portent à nostre raison, nous devenons vertueux,
mont. II, 327.
— ÉTYM. Disloquer; provenç. dislocacio; espagn.
dislocacion.
DISLOQUÉ, ÉE (di-slo-ké, kée), part, passé.
Il 1° Oui a perdu ses emboîtements. Une machine
disloquée. Il a* Luxé. Une cuisse disloquée. Il lui
faisait un détail de bras cassés , de jambes dé-
mises , d'épaules disloquées et d'autres aventures
curieuses el divertissantes, hamilt. Gramm. 7.
Il Etre disloqué, tout disloqué, avoir une infirmité
grave qui rend la station et les mouvements très-
DIS
difficiles. || Dégingandé. 11 a l'air tout disloqué.
Il 3* Par extension. Une armée disloquée, une ar-
mée dont les différents corps ont été répartis en
leurs garnisons ou cantonnements. || Un empire dis-
loqué, un empire qui se divise en moindres Éiats.
Il Terme de littérature. Discours disloqué, pièce
disloquée, discours ou pièce dont les diverses parties
ne se répondent pas ou ne tiennent pas ensemble,
t DISLOQUEMENT (di-slo-ke-man), s. m. Étal de
ce qui est disloqué. L'Africain se mit à gambader
malgré le disloquement de ses membres, chateaub.
Xatch. III, 4 24.
— ÉTYM. Disloquer; provenç. delogament; ital.
dislocamento.
DISLOQUER (di-slo-ké), ». a. || !• Débotter des
pièces d'une machine. Cette lorgnette est disloquée.
Il 2* Luxer. Disloquer le bras, les os du bras. Se dis-
loquer le bras. Il Rompre les articulations, soit par
un accident, soit par un supplice. C'est elle [la sy-
nagogue] qui veut qu'on l'étende sur la croix [Jésus-
Christ], et qu'en l'y étendant on lui disloque tous
les membres, bourdal. Exhort. Crucif. et mon de
J.-C. t. II, p. 475. Je ne crois pas qu'on le con-
damne à être disloqué et brûlé à petit feu, volt.
Roi de Prusse, 4 59. Malheureusement on ne convient
pas trop quels sont les indices assez puissants pour
engager un juge à commencer par disloquer les mem-
bres d'un citoyen, .son égal, par le tourment de la
question, m. l'ol. et législ. La méprise d'Arras.
Il 3° Disloquer une armée, en répartir les corps en
leurs cantonnements, en leurs garnisons. La paix
se fit, el on disloqua l'armée. || 4° Se disloquer,
t!. réfl. lîlre disloqué. Le tourne-broche s'est dislo-
qué. Il tomba et son bras se disloqua. || Être dispersé.
Notre société s'est disloquée.
— HIST. XVI* s. Quand les sages-femmes, tirans
les bras des enfans, disloquent les jointures de l'es-
paule ou de la cuisse, paré, xiv, 3. Toutes join-
tures se peuvent delouer,iD. iiv, 6. Mon ame n'au-
roit jamais la force de porter les alarmes et esmotions
qui suivent ceulx qui embrassent tant; elle seroit
incontinent disloquée par celle agitation intestine,
MONT. IV, 447. Tesmoin Gallus Vibius, qui, pour
avoir trop bandé son esprit à comprendre l'essence
et les mouvements de la folie, disloca et desnoua
son jugement si qu'il ne le peusl remettre, char-
ron. Sagesse, I, 4 7.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et le latin locare , pla-
cer, de locus, lieu:chasser desonlieu, de sa place;
provenç. deslocar, desloguar, dislocar; espagn.
dislocar; portug. deslocar; ital. dislocare, dùlogaie,
dishiogare. Delouer dans Paré est équivalent au
latin delncare, comme louer à locare.
+ DISO.ME (di-so-m'), adj. Terme de tératologie.
Qui a deux corps.
— ÉTY.M. Ai;, deux, et aûiii, corps.
f DISPACUE (di-spa-ch') , î. f. Terme de droit ma-
ritime. Espèce de discussion el d'arbitrage entre les
assureurs et les assurés.
— ÉTYM. lui. dispaccio, le même que dépédie
(voy. ce mol).
t DISPACHECR (di-spa-cheur), t. m. Arbitre en
matière d'assurances maritimes.
DISPARAISSANT, ANTE (di-spa-rè-san, san-l'),
adj. Qui disparaît. Il regarde sa vie.... comme l'om-
bre qui s'étend, se rétrécit, se dissipe, sombre,
vide et disparaissante figure, pléch. Dauphi::e.
DISPARAÎTRE (di-spa-rê-lr'), je disparais, tu
disparais, il disparaît, nous disparaissons, vous dis-
paraissez, ils disparaissent; je disparaissais; je dis-
parus; je disparaîtrai; je disparaîtrais; disparais,
qu'il disparaisse, disparaissons, disparaissez; que
je disparaisse, que nous disparaissions; que je dis-
parusse; disparaissant, disparu, v. n. || 1* Cesser
de paraître, d'être visible. Les astres ont disparu
descieux. Le joura disparu. Calypso était sans cesse
tournée vers le côté où le vaisseau d'Ulysse, fen-
dant les ondes, avait disparu à ses yeux, fén. Tél. i.
La mer a disparu sous leurs nombreux vaisseaux,
delille, Enéide, iv. C'est pitié de voir quand un<
terre tombe entre les mains de ces gens-là [ceux qui
l'achètent pour la revendre par petits lols| : elle se
perd, disparaît, p. L. coiîr. Lettre v. Encore une
étoile qui file, Qui file, file cl disparaît, bërang ,
Les étoiles. || 2* Par extension, cesser d'êfe, d'exis-
ter. Où va donc se rendre cette multitude infinie de
créatures qui disparaissent tous les jours à nos yeuxî
MASS. Carême, Elus. Faisons disparaître La honte
de cent rois et la mienne peut-être, hac. Mithr.
m, 4. Nous disparaîtrons, moi qui suis si peu
de chose, et ceux que je contemplais si avidement
el de qui j'espérais toute ma fortune, la brl'T.
viii. Une république fameuse, remarquable par la
DIS
DIS
DIS
1183
singularité de son origine.... a disparu de nosjours,
sous nos yeux, en un moment, paru, Hist. de la
républ.de r!nisc,l. i,p. i. J'ai plongé cent peuples
fameux Dans un abîme de ténèbres Où vous dispa-
raîtrez comme eux, bérang. Temps. || On dit dans
le mCme sens disparaître de. Troie a disparu de la
surface de la terre. Aussitôt de la terre ils disparu-
rent tous, BAC. Esth. II, t. Il On dit aussi disparaître
à. Mourir, disparaître à tout ce qui nous envi-
ronne, entrer dans les abîmes de l'éternité, mass.
Carême, Mort. WZ'Fig. Être éclipsé, effacé. Toute
autre gloire disparut devant la sienne. Tout dispa-
raît dans Rome auprès de sa splendeur [de l'empe-
reur], BAC. Bérén. m, 2. || 4° Se retirer dans la so-
litude, dans la retraite, dans un couvent. C'est
maintenant. Seigneur, que je vais disparaître avec
joie pourtoujours au monde, mass. Confir. Fuite du
monde. \\ Disparaître de la scène du monde, et,
absolument, disparaître, cesser de se montrer dans
le monde. Il [Paracelse] quitta l'Alsace, il revint
en Suisse, il disparut pendant onze ans, dider. Opi-
nions des anc. phil. (Théosophes). || 6» Se reti-
rer, s'éloigner. Et qui peut faire ainsi disparaître
la reine? corn. Sertor. iv, 3. Cette grande armée
[la (lotte hollandaise] qui devait empêcher cette
jonction [de Tourville] , et qui était à une île très-
proche do Belle-Ile, est disparue; on ne sait où elle
est ailée, SÉV. 670. Pour tirer l'homme enfin de ce
désordre extième, Il fallut qu'ici-has Dieu, fait
homme lui-même. Vint du sein lumineux de l'éter-
nel séjour.... A l'aspect de ce Dieu les démons dis-
parurent. loiL. Soi. XII. Un homme habile sait s'il
convient ou s'il ennuie; il sait disparaître le mo-
ment qui précède celui où il serait de trop quelque
part, LA BRUY. V. Et sans doute elle attend le mo-
ment favorable Pour disparaître aux yeux d'une
cour qui l'accable, rac. Bér. i, 3. Un dirait que je
suis une ombre qui veut encore rester sur la terre,
quand les rayons du jour, quand l'approche des vi-
vants la forcent à disparaître, stael, Corinne,
iviil, 5. Il S'éloigner à la hâte. Les Tyriens, jetant
armes et boucliers, Ont par divers chemins disparu
les premiers, RAC. jl(/ia!. y, 6 Disparaissant à
mon œil désolé. Vous avez traversé cette foule san-
glante, VOLT. Scythes, v, 4. || S'esquiver furtive-
ment. Cet agent de change a fait banqueroute et il
a disparu. On dit que cette jeune fille a disparu
avec son amant. Cependant cette fîUe disparaît, et
vous êtes convaincu de l'avoir emmenée, Diderot,
Père de famille, iv, 7. || 6° Venir à manquer subi-
tement, en parlant des personnes. 11 [le roi] est parti
à dix heures sans que personne l'ait su.... au lieu
, d'aller à Villers-Cotrets, il est allé à Nanteuil, où
l'on croit que d'autres se trouveront, qui sont dis-
parus aussi, SÉV. <34. Il II se dit aussi des choses.
Oui a pris l'argent qui était sur cette table? Je n'ai
fait que tourner la tête et il a disparu.
— REM. Disparaître se conjugue avec l'auxiliaire
avoir, quand on veut exprimer l'action : ces feux
I ont disparu tout à coup; avec l'auxiliaire être, quand
1 on veut exprimer l'état : ces feux sont disparus de-
', puis longtemps.
— HIST. XIII* S. Quant [il] out ço dit, of [avec] la
luurll disparaît devant le jur. Éd. le conf. v. I8i3.
Il XVI' s. Pour leur ester la veue de son corps. Jésus
Christ ne s'est point fait invisible, mais seulement
s'est disparu, calvin, Instit. H24. Comme, adve-
nante la lumière du cler soleil, disparent tous lui-
tins. EAB. Pant. III, 2*. Peu de jours après Romu-
lus disparut si estrangement que l'on ne sceut
jamais ce qu'il devint , amyot , Rom. 43. Ceste
torche.... alla disparoir au propre endroit où les
pilotes avoient délibéré d'arriver, id. Timol. <).
— Etym. Dis.... préfixe, dans le sens négatif, et
paraître; ital. disparere. Tandis que disparaître
Tient d'un latin fictif disparescere, disparoir, de
l'historique, vient du latin fictif disparere. Dispa-
reiit est formé aussi de disparere, comme il appert
de apparet.
t. DISPARATE (di-spa-ra-f), s. f. Terme vieilli.
Incartade , action capricieuse et déraisonnable.
Quelle disparate je vais faire ! sÉv. 388. Ce sont ces
disparates-là qui font que je vous crains près de
moi, maintenon, Lettre, à d'Aubigné, 25 oct. 1685.
Ce qu'il fallut essuyer de disparates de sa part [du
duc de Rohanjne se peut imaginer, st-sim. g4, 69.
Ij On trouve aussi disparade. Ils [le roi et la comtesse
de Grammont] se raccommodèrent, à condition d'y
plus faire [qu'elle ne fît plus à Port-Royal] de ces
disparades, id. H8, 42.
— ÉTYM. Genevois, un disparat; de l'espagnol dis-
parate, sottise, extravagance. L'Académie a fait
iitparate du féminin, bien qu'il soit masculin en
espagnol. L'espagnol disparate tient au verbe dis-
parar, faire des sottises, des incartades, qui est le
latin disparare (voy. disparate 2).
2. DISPARATE (di-spa-ra-f). || i'Adj. Qui tranche
fortement sur. L'accueil si contradictoire et si dispa-
rate fait au comte de Neuilly et au duc de Surrey,
d'alemb. vlcad./'r. t. V, p. 680. Les lois générales en-
chaînent les uns aux autres les phénomènes qui
semblent les plus disparates, laplace, Exp.w, 14.
Il 2° 5. f. Une disparate, défaut d'analogie entre
les mots, entre les idées, entre les choses. Il y a
trop de disparate entre ces couleurs. Ces choses font
disparate. Ce mélange de magnificence et de rusti-
cité forme une disparate et non -un contraste,
deux choses très-diflérentes et que le mauvais goût
confond souvent, m""" de genlis, îcç. d'une gouv.l. il,
p. 396, dans POUGENS. Tout ce que les empereurs
ont touché à Athènes forme une disparate sensible
avec les chefs-d'œuvre du siècle de Périclès, cha-
teaub. Itin. 228.
— SYN. DISPARATE, CONTRASTE. Un Contraste est
agréable, une disparate est toujours choquante; en
général, on peut appeler disparate une opposition
trop forte et trop tranchante; et contraste, une op-
position délicate qui ne produit qu'une surprise mo-
dérée et un sentiment plus doux et plus profond
que violent, m"' de genlis, Leç, d'une gouver-
nante, t. Il, p. 397.
— ÈTYM. Lat. disparatus, inégal, différent, de
disparare, de dis.... préfixe, et parare (voy. pa-
rer). Disparate 2 et disparate i ont deux origines
différentes, l'un dans le latin, l'autre dans l'es-
pagnol.
t DISPAREIL, EILLE(di-spa-rèll, è-11', Il mouil-
lées), adj. Qui n'est point pareil.
— HIST. xvi" s. Des compaignons si dispareils,
MONT, m, <54.
— ÉTVM. Dis.... préfixe, et pareil.
DISPARITÉ (di-spa-ri-té), s. f. Qualité do ce qui
n'est pas pareil, manque de parité. J avoue que je
ne comprends pas sur quoi l'on peut fonder la dis-
parité de cette économie, puisque.... boullainvil-
LIERS, Réfut. de Spinosa, p. t34. Ces vues si dés-
honnêtes et si communes, qui compensent aux yeux
des parents l'extrême disparité d'âge, dider. Essai
s. Claude, i, § 8B. Ont-ils bien examiné la di.sparité
des cas, ceux qui comparent l'exemption de toute
retenue [sur les rentes àe l'État] avec des conditions
usuraires? Mirabeau, Collection, t. iv, p. 2C0.
— HIST. xvi" s. Ils trouvoient chose délicieuse de
charger les Suisses, quelque disparité qu'ilyeustde
mille chevaux contre une juste armée, d'aub. Ilist.
I, 20t. Si nous considérons un paysan et un roy,
un noble et un vilain, un magistrat et un homme
privé, un riche et un pauvre, il se présente soub-
dain à nos yeulx une extrême disparité, qui ne sont
différents, par manière de dire, qu'en leurs chaus-
ses, MONT. I, 320. La disparité si grande les met
hors du commerce des hommes, charron. Sagesse,
1, 6i.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et parité; provenç. dis-
paritat; espagn. disparidad; ital. disparité.
DISPARITION (di-spa-ri-sion; en vers, de cinq
syllabes) , s. f. Action de disparaître. La disparition
d'une comète. || Absence subite d'une personne ou
d'une chose. Il n'a pas été trouvé à son domicile;'
cette disparition excite les plus étranges rumeurs.
La disparition d'une somme d'argent considérable.
— HIST. xvi" s. Disparition, amyot, Rom. 44.
— ÉTYM. Voy. DISPARAÎTRE. Génev. disparution.
DISPARU, UE (di-spa-ru, rue), part, passé de
disparaître. Qui ne paraît plus, qui n'est plus visi-
ble. On cherchait encore de l'œil à l'horizon le na-
vire disparu. Le jour est disparu. Quoi! de quelque
côté que je tourne la vue , La foi de tous les cœurs
est pour moi disparue? rac. Millir. m, 4. Mèdes,
Assyriens , vous êtes disparus; Parthes, Carthagi-
nois, Romains, vous n'êtes plus, L. rac. Relig.
ch. III.
t DISPENDIEUSEMENT (di-span-di-eû-ze-man) ,
adv. D'une manière dispendieuse.
— Etym. Dispendieuse, et le suffixe ment.
DISPENDIEUX, EUSE (di-span-di-eû, eil-z'), adj.
Qui exige une grande dépense. Une dispendieuse
entreprise. Un état de maison dispendieux. Dans ie
cas où ils murmureraient du sacrifice de leurs ri-
chesses au rétablissement dispendieux des temples
caducs, DIDER. Lett. à Galiani.
— REM. Dispendieux n'est dans le Dictionnaire
de l'Académie qu'à partir de l'édition de 1762.
— Etym. Lat. dispendiosus , de dispendium, dé-
pense, de dispendere, dépenser (voy. dépendre,
dans le sens de dépenser).
t DISPENSABLE (di-span-sa-Wp, ad;'. Pour lequel
on peut accorder dispense. Cas dispensable.
— HIST. XVI" s. Son mariage estant déclaré nul,
et la dispense nulle, comme donnée sur un cas non
dispensable, m. du bell. iH.
— ÉTYM. Dispenser.
DISPENSAIRE (di-span-sê-r'), i. m. || 1" Terme
de médecine. Ouvrage contenant la description des
médicaments simples ou composés, et les formules
des préparations officinales. || Laboratoire où l'on
prépare les substances qui entrent dans les médi-
caments composés. Il 2° Établissement de bienfai-
sance institué pour donner gratuitement des soins
et des médicaments aux malades indigents qui peu-
vent être traités dans leur domicile. || Dispensaire
de salubrité, et, absolument, dispensaire, établis-
sement destiné à la visite des filles publiques.
— ÉTYM. Voy. DISPENSER.
t DISPENSATAIRE (di-span-sa-tê-r'), s. m. et^.
Celui, celle qui a reçu une part dans la dispensa-
tion de quelque somme. Chaque dispensataire des
largesses du prince, legoahant.
— ÉTYM. Dispenser.
DISPENSATEUR, TRICE (di-span-sa-teur, tri-s'),
s. m. et f. Celui, celle qui dispense ou distribue.
La justice est la dispensatrice des peines et des ré-
compenses, FURETiÈRE. Ils sont les dispensateurs
des trésors célestes, patru, Plaidoyer 5, ^ans ri-
cnELET. Grand roi, de l'innocence auguste protec-
teur, Des peines et des prix juste dispensateur,
ROTROU, Vencesl. iv, 6. Les riches sont seulement
dispensateurs de leur snperfiu, pasc. Proi;. )2. [Les
juges] afin d'y agir [dans les condamnations à mort]
comme les fidèles dispensateurs de cette puissance
divine d'ôter la vie aux hommes, ID. ib. H. Le chan-
celier est le dispensateur des rémissions et des grâces
du roi, LE MAÎTRE, Plaidoyer 2, dans richelet.
Sacrés dispensateurs de la parole évaiigélique, mass,
Or. fun. Villeroy. Sans remonter au souverain dis-
pensateur des choses humaines, id. Petit, car. Res-
pect. Ce sont les dispensateurs ignorants et infidèles
du sacrement de pénitence tout seuls qui ont changé
la face du christianisme, id. Confér. excell. du sa-
cerdoce. Des vrais lauriers sages disp,ensatrices,
Muses, jadis mes premières nourrices, i. b. rouss.
Epitr. i, -1. Un grand ministre est celui qui est le
sage dispensateur des revenus publics, montesq
Esp. XIII, t5. Prince, ne croyez pas que ces hom-
mes vulgaires Soient les dispensateurs de l'immor-
talité, volt. Ép. <2. Le hasard, des hauts rangs ais-
pensateur suprême, gilb. Au prince de Salm.
— HIST. III' S. E tut cil qui laburent el champ
nostre Seignur, Ne soient dechacié n'esté de lur te-
nur: Car serf Jesu-Crist sunt e si despensatur,
Th. le mart. 73. || xiv' s. Les dispensateurs et orde-
neurs de la policie, oresme. Thèse de meunier.
Il XVI' s. Les anges sont dispensateurs et ministres
de la libéralité de Dieu envers nous, calvin, Instit.
(06. Aussi n'en sommes nous que dispensateurs [de
nos biens], langue, 17.5. Ayant à payer à tant de
gents selon qu'ils ont deservy, un roy en doibt es-
tre loyal et advisé dispensateur, mont, iv, 9.
— ËTVM. Provenç. despessaire, despensador, dis-
pensador ; espagn. dispensador; ital. dispensalore ,
du latin dispensaforem, de dispensare, dispenser.
Dans le provençal, despessaire est le nominatif du
latin dispensàtor, avec l'accent sur sa; despensa-
dor est le régime, de dispensatôrem , avec l'accent
sur to.
t KISPENSATIF, IVE (di-span-sa-tif, ti-v'), adj.
Qui dispense de. Nul ne doit être exempt de la règle
faite pour tous, et nous ne devons pas reconnaître
dans les mains du ministre un pouvoir dispensatif
des lois. Rapport administratif, cité dans legoa-
RANT.
— ÉTYM. Dispenser. On trouve dispensatif dans
le xiv siècle, mais avec le sens de: qui distribue,
qui répartit: Mes est tant seulement juste dispen-
satif, ORESME, .Ç(h. <69.
DISPENSATION (di-span-sa-sion ; en vers, de cinq
syllabes) , s. f. \\ 1° Action de dispenser, de répartir.
La dispensation des grâces, des récompenses. La
dispensation de prélatures, patru. Plaidoyer 4,
dans RICHELET. Quels pères, quels enfants, quels
citoyens n'eussiez-vous pas faits de nous par la seule
dispensation de l'honneur et de la honte? raynal,
Hist. phil. 1,8. Il 2° Administration, conduite. Je
sais qu'une sage dispensation a obligé l'Eglise de se
relâcher des épreuves publiques de la pénitence ,
MASS. Car. Élus. J'ai reconnu deux sortes de dispen-
salions dans l'ordre physique: la première est celle
qui détermine ce que j'ai nommé la cours ordinaire
de la nature ; la seconde u:t celle qui détermine ces
1184
DIS
événements extraordinaires que j'ai nommfo des mi-
racles, BONNET, Palingén. te' part. ch. 2. || 3« Terme
de pharmacie. Opération consistant à peser, con-
formément aux doses prescrites pour les médica-
ments, les drogues simples, et à les arranger dans
l'ordre où elles doivent être mises en usage.
mST. XII» s. Dunkes par une mervilhouse dis-
pensation avient ke.... Job, 468. || xm* s. Autri pro-
priété, n'autri possession, Ci ne puet clieoir grâce,
ne dispensacion, J. de meung, Test. 4)48. ||xv's.
Kt le roi de Portingal demaria [rompit le mariage
de] la fille du fils du comte de Cantebruge par la
dispensation du pape, froiss. ii, il, t*7. Pour lais-
ser le gouvernement Avec la dispensacion [admini-
stration] De l'ostel et de la maison, e. desch. Poé-
lies mss. f° 601, dans lacuhne. Leur dist: mes amis,
vous faites comme celuy qui espouse sa cousine,
puis en demande dispensation, J. de Saintré, p. 535,
dans LACUBNE. || xvi" s. Ils sont maudits, s'ils ne
preschent l'Evangile, veu que la dispensation leur
en est commise, calvin, Inslit. sm. Une si difficile
dispensation et ordonnance de divers noms d'hon-
neur [en tète des lettres], mont, i, 293.
— ËTYM. Provenç. dispensation; espagn. dispen-
sacion; ital. dispetisaiione ; du latin dispensatio-
nem, de dispensare, dispenser.
ÈISPENSE (di-span-s') , s. f. || 1" Au sens posi-
tif, qui dérive directement de dispenser, distribuer,
autorisation, permission. Dispense de manger de
la viande. Le pape ne donne point de dispense de
ce qui est contre le droit divin. X Rome on ne lit
point Boccace sans dispense, la font. Bail, sur les
romans. || Dispense de mariage, proprement dis-
pense relative aux empêchements, mais aussi, dans
le droit canonique, aux publications et au domicile.
On attendait la dispense de Rome pour aller à l'au-
tel, BABMONT. lUéin. VIII. il Indulgence, remise. On
écrit que l'Eglise donne des dispenses des crimes
les plus atroces, Boss. Avert. 4. || 2° Au sens néga-
tif, permission de ne pas faire, exemption. Dispense
de jeûner. Dispense de faire maigre. L'administra-
tion accorde des dispenses d'âge, d'examen en cer-
tains cas qui paraissent les comporter. La rigueur
de la mort se voulut assouvir. Et mon afl"ection n'en
put avoir dispense, malh. vi, 20 Enfin il était
homme; On n'a point pour la mort de dispense
de Rome, mol. l'Étour. ii, 4. D'abord il [Halley, cé-
lèbre astronome anglais] prit ses degrés de maître
es arts, ayant obtenu des dispenses honorables à l'oc-
casion de son voyage, mairan. Éloges, Halley. || Par
extension. Vos souffrances seraient donc le désaveu
de votre doctrine; votre croix, la dispense de vos
préceptes crucifiants, et votre mort douloureuse,
l'adoucissement de votre Évangile ?mass. Car. Pas-
sion. Il 3° La pièce qui constate la dispense. Voyons
votre dispense.
— HIST. XV» s. Mais de vin [il] se faut abstenir;
Ne pourroi-je point obtenir Pour cet efl'et quelque
dispense? basselin, un. || xvi° s. Son mariage es-
tant déclaré nul, et la dispense nulle, comme don-
née sur un cas non dispensable, M. du bell. ist.
— ÉTYM. Voy. DISPENSER.
DISPENSÉ, ÉE (di-span-sé, sée), part, passé.
Il 1° Réparti. Des récompenses dispensées à ceux
qui les méritaient. || 2° Qui a exemption de.... Dis-
pensé de jeûner. Dispensé du service militaire, en
raison de ses infirmités.
DISPENSER (di-span-sé), t'. a. \\ 1° Départir, dis-
tribuer. Et qu'à bien dispenser les choses, 11 faut
mêler, pour un guerrier, i peu de myrte et peu
de roses. Force palme et force lauriers, malh. iv,
6. L'autorité de l'homme est de peu d'importance,
Et passe en un moment; Mais cette vérité que le
ciel nousdispense Dure éternellement, CORN. Imit.i,
B. Les siens qu'il agrandit, les grâces qu'il dispense,
HOTROO, Vencesl. I, 6. Au point que la nuit semble
effacer les couleurs, Dispense le sommeil et charme
les douleurs, brébeuf, Phars. ii. Il est besoin d'une
grande sagesse pour dispenser la connaissance de
la vérité, arnauld. Fréquente communion. Pré-
face. Quant à son temps, bien sut le dispenser:
Deux parts en fil, dont il soûlait passer L'une à dor-
mir et l'autre à ne rien faire, la font. Son épitaptie
(aile par lui-même. Qui dispense la réputation?
l'ASC, dans cousin. La sagesse qui dispense les grâ-
ces, Boss. le Tellier. Dieu qui dispense les maux
selon les forces, fléch. Aiguillon. 11 leur dispense
avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur
des nuits, bac. Athal. \, i. Elle dispensa de grandes
louanges à l'éducation qu'on donnait à Saint-Cyr,
MAINTKNOH, Ult. à Mm» de Caylus, 18 nov. (7t6.
Gouverner les celliers et dispenser le vin, rollin,
//l'tl anc. Gf-.'uire», t. vu, p. 258, dans pougens. Il
DIS
[le soleil] dispense les jours, les saisons et les ans
A des mondes divers autour de lui flottants, volt.
Ilenr. vi. || 2° Terme di? pharmacie. Préparer. Vieux
en ce sens. Di.spenser la thériaque. Les statuts des
épiciers portent que les aspirants à la maîtrise dis-
penseront leurs chefs-d'œuvre en présence de tous
les maîtres, furetière. [J 3° Au sens positif, qui dé-
rive directement du sens de distribuer, mais qui a
vieilli. Dispenser à, autoriser, permettre de faire
quelque chose qui est défendu. Quoi I s'il aimait ail-
leurs, serais-je dispensée X suivre à son exemple
une ardeur insensée? corn. Poly. m, 2. || 4° Au sens
négatif qui est seul usité aujourd'hui. Dispenser
de, permettre à quelqu'un de ne pas faire quel-
que chose qui est ordonné. Dispenser du jeûne.
Dispenser de faire maigre. Le grand âge dispense
d'aller à la guerre. Seigneur, c'est me ranger plus
que vous ne pensez Sous ces austères lois dont vous
me dispensez, bac. Plièd. ii, 2. || Fig. Et le soin
de sa gloire à présent la dispense De se porter
pour vous à cette violence, corn. Nicom. iv, 6. Dis-
pense ma valeur d'un combat inégal, id. Cid, ii, 2.
11 [Pilate] se contente de demander qu'on le délivre,
ou qu'on le dispense de le condamner [Jésus-Christ] ,
MASS. Car. Pass. Il en était de ces dîners comme de
beaucoup d'autres où la société, jouissant d'elle-
même, dispense l'hôte d'être aimable, pourvu qu'il
la dispense de s'occuper de lui, marmont. Mém. x.
Votre bras, votre gloire ont combattu pour vous, Et
dispensent d'aïeux un guerrier comme vous, Ducis,
Othello, I, 7. Il Absolument. L'occasion convie,
aide, engage, dispense, cobn. Suite duMenleur, m,
B. Il 5° Dispenser, sans régime indirect, absoudre
ou relever d'une faute commise. Le pape seul peut
dispenser en cas de simonie. Il faut qu'on soit dis-
pensé pour obtenir deux bénéfices. || 6° Il se dit en
termes de civilité à l'impératif, pour demander la
permission de ne pas faire quelque acte de politesse.
Dispensez-moi de vous reconduire. Dispensez-moi
de vous aller voir si souvent. Il faut que tes conseils
m'aident à repousser.... Madame, au nom des dieux,
veuillez m'en dispenser, corn. Rodog. m, (. Adieu,
dispensez-Tnoi de parler là-dessus, id. Sertor. iv, 3.
Il II se dit, aux autres modes, pour décharger, d'une
façon polie, du soin de faire, de dire. Je l'ai dis-
pensé de m'accompagner. Je vous dispense d'en
dire davantage. Il 7° Se dispenser, v.réjl. Être dé-
parti. Les honneurs se dispensent quelquefois au
hasard. || 8° Se dispenser à, prendre la permission
de faire. Quand je me dispensais à lui mal obéir,
corn. Rodog. i, B. Ma curiosité pour ce demi-quart
d'heure S'osera dispenser.... id. Uél. m, 6. Et c'est
aussi pourquoi ma bouche se dispense X vous ouvrir
mon cœur avec plus d'assurance, mol. Dép. am. n,
I. Je finis, mon très-cher monsieur, en vous deman-
dant pardon de ma longueur, mais surtout de ce que
je me dispense si familièrement à m'écarter de mon
sujet avec vous, qui avez l'esprit si juste et si déli-
cat, BAYLE, Lett. à Minutoli, 3i janv. t673. || On a
dit, dans le même sens, se dispenser de. On passe
aisément d'un degré à l'autre; ce qui s'est fait par
une nécessité invincible, on prend droit, on se
dispense de le faire sans nécessité, patru. Plaid.
6. Il Se dispenser avec doude, en ce sens, a vieilli.
Il 9° S'exempler de, prendre la permission de ne
pas faire. Il s'est dispensé d'aller à son bureau.
C'étaient des superstitions respectables par leur
ancienneté, autorisées par les lois de l'Empire et
par le consentement de presque tous les peuples,
dont il fallait se dispenser, mass. Car. hnmut. de
la loi. Il S'excuser de faire, s'abstenir. Comme assez
près des murs il avait son escorte, Je me suis dis-
pensé de le mettre plus loin, corn. Sertor. iv, 3.
Dans les visites qui sont faites Le renard se dispense
et se tient clos et coi , la font. Fabl. m, 3.
— REM. On notera dispenser à, se dispenser à,
dans Corneille et dans Molière. Dispenser à, c'est
permettre de; dispenser de, c'est exempter de. Au
reste, dispenser à a vieilli, et la signification s'en
est obscurcie.
— HlST. xiii* s. Puisque li mariages fu malvès el
commencement, il ne pot jamés estre bons, se toute
le [la] vérité du meffet n'est contée en sainte Eglise,
et que li apostoles [le pape] ne voille sor ce dispenser,
BEAUM. LVii, H. Il XV' S. Le rol qui s'escript de Por-
tingal et qui n'a nul droit à la couronne, car il est
bastard non dispensé, froiss. ii, m, 19. ||xvi*s. Il
dispensoyt son temps en telle faczon que il s'esveil-
loyt entre huit et neuf heures, rab. Gar. i, 2i. Puis
que voulez que je poursuive, o sire, L'œuvre royal
du Pseautier commencé : ....D'y besongner me tiens
pour dispensé [autorisé], marot, iv, 208. Par les
anges il dispense ses bénéfices envers les hommes,
DIS
et fait ses autres œuvres, calv. [nstil. (08. Au rest
la pluspart se dispense [permet] de faire la collalioj
morselloire, comme ils disent, in. ib. 100(. Il faat
se soubmettre du tout à l'auctorité ou du tout s'en
dispenser, mont. 1, 204. Mal dispenser son loisir,
m. i, 289. Il y en a qui conseillent de se dispenser
quelques fois à boire d'autant, pour relascher l'ame,
ID. Il, 14. Les voylà à dispenser [disposer] leurs en-
gins, ID. III, <20. Ils ne jouirent point du privilège
de l'aage, qui les dispensoit d'aller à la guerre,
AMYOT, llarcell. t. Que le pape ne pouvoit dispen-
ser [excuser, donner dispense] une femme d'avoir
espousé les deux frères, m. du bell. 488. De peur
que, .se voulant dispenser [permettre] de tailler ces
arbres hors saison, cela ne les fist périr, o. de ser-
res, 810. De dispenser [permettre] la mère de fa-
mille de se lever tard, ordinairement, ne se peut,
ID. 819.
— KTYM. Provenç. dispensar, despensar; espagn.
dispensât; ital. dispensare ; i\x latin dispensare, de
dis,... préfixe, et pensare, distribuer, peser (voy.
penser). Le sens primitif est répartir, distribuer;
puis on passe au sens de accorder permission, ce
qui est une répartition, distribution; là le sens se
partage , et dispenser veut dire tantôt permettre da
ne pas faire (par exemple dispenser déjeuner), tan-
tôt permettre de faire.
t DISPEUMATIQUE (di-spèr-ma-ti-k'), adj. Sy-
nonyme (le disperme.
t DISPERME (di-spèr-m'), odj. Terme de botani-
que. Qui renferme deux graines seulement. Fruit
disperme.
— ÉTYM. AU, deux, et <m6p(ia, graine.
DISPERSÉ, ÉE (di-sper-sé, sée), part, passé.
Il 1° Jeté, poussé çà et là. D'un frère dans la mer
les membres dispersés, corn. Médée, l, ♦. C'est
une mère ravie X ses enfants dispersés Qui leur tend
de l'autre vie Ces bras qui les ont bercés, lamart.
llarm. ii, (. || Détruit, en jetant les débris çà et là.
Le bûcher par mes mains détruit et renversé Dans
le sang des bourreaux nagera dispersé, rac. Iphig.
v, 2. Il Fig. Et pour fruit de cette sortie [du cloî-
tre] On n'a qu'une âme appesantie Et des désiis
flottants dans un cœur dispersé, corn. Imit. i, 20.
i| 2° Réparti çà et là. Les troupes dispersées dans les
cantonnements. || Seditdes personnes ou des choses
écartées les unes des autres. On apercevait dans la
campagne quelques hameaux dispersés. || 3° Dissipé,
mis en fuite. Les attroupements dispersés par la
gendarmerie. Après un long combat tout son camp
dispersé, bac. Milhr. i, 4.
DISPERSER (di-spèr-sé), v. a. \\ l' Jeter, pousser
çà et là. Disperser les débris de quelque chose.
Il Détruire en jetant çà et là les débris. Ils disper-
seront vos cabanes, ils se jetteront sur vos trou-
peaux, raïnal, Uist.phil.n, 48. || 2° Répartir ci
et là, diviser. Disperser des troupes en cantonne-
ment. Quel dommage de disperser une collection
aussi précieuse 1 Le printemps dispersa cette bril-
lante société. Il 3° Mettre en fuite, dissiper. La force
armé» dispersa les séditieux. Le seul bruit de ce
prince au palais arrêté Dispersera soudain chacun
de son côté, corn. Iléracl. m, 4. Que de ton nom
la terreur les disperse! rac. Esth. m, 3. Vous, ce-
pendant, allez Disperser promptement vos amis as-
semblés, id. Baj. IV, 6. Roi, peuple...., tout se vit
disperser, id. Eslh. m, 4. || 4° Se disperser, v. réft.
Être dispersé. La foule se dispersa. Hé quoi ! tout
se disperse et fuit sans me répondre ? rac. Athal.
m, 4. Le général Stenau fit ferme un moment avec
deux régiments; le moment d'après, il fut lui-même
entraîné dans la fuite générale de son armée, qui
se dispersa avant d'être vaincue, voltaire, Char-
les xn, 2.
— HIST. XT* S. S'on n'y pourvoit, royaumes, tu
te pers; Un cuer vaillant puet ton fait radrecier; Si-
non, partout sera cilz mos dispers : François per-
dent leur temps à conseillier, e. deschamps, Con-
seils des François. Il XVI' s. Lesligamensse dispersent
pareillement es membranes et muscles pour les ren-
forcir, PARÉ, I, 4 0.
— ÊTYM. Lat. dispersum, supin du verbe di'spw-
gere, de di.... préfixe, dans le sens distributif, el
spargere, répandre (voy. épars); provenç. disper-
ger; catal. dispergir;\\3.\. dispergere. L'ancien fran-
çois avait dispers, formé directement du participe
passif dispersus.
t DISPERSIF, IVE (di-spèr-sif, si-v'), adjectif.
Il 1' Terme de physique. Oui produit le phénomène
de la dispersion. {| Phénomène dispersif, décompo-
sition de la lumière blanche. Il Pouvoir dispersif d'une
substance, le quotient qu'on obtient en divisant sa
dispersion par son indice moyen diminué d'una
DIS
ns
DIS
1185
moitié (l'indice moyen de réfraction est celui qui
appartient à la lumière moyenne du spectre).
Il 2° Kig. Qui a le caractère de la dispersion, qui
n'est pas concentré. Dans le moyen âge le gouver-
nement était dispersif.
— f.TY.M. Disperser.
DISPERSION (di-sp^r-sion ; en vers, de quatre
syllabes), s. f. || 1° Action de disperser, état de ce
qui est dispersé. La dispersion des villages dans cette
campagne. La dispersion des Juifs. La dispersion
des corps d'armée étant indispensable pour qu'ils
pussent trouver des subsistances dans ces déserts,
celle nécessité tenait Napoléon loin des siens, SÉ-
GUR, Uist. de fiapol. v, 2. || Dans le langage bibli-
que, les dispersions d'Israël, les parties disjointes
d'Jsraël. Vous avez rassemblé les dispersions d'Israël,
MASS. Car. Culte. || 2° Mise en fuite. Le czar apprit,
à moitié chemin, la bataille de Nerva et la dis-
persion de tout son camp, volt. Charles XI l, 2.
I| 3° Terme de physique. Quantité dont un rayon de
lumière s'élargit par l'eiïet de la réfraction. || Point
de dispersion , le point où commence la réfraction
des rayons-
— ÉTYM. Provenç. dispersio; espagn. dispersion;
Mal. dispersione ; du latin dispersionem, de disper-
sum, supin de dispergere, disperser.
DISPONDÉE (di-spon-dée) , s. m. Terme de pro-
sodie grecque et latine. Double spondée ou pied
composé de deux spondées ou de quatre longues.
— ÉTYM. Lat. dispondeus , de SiuiiôvScio;, de Si?,
deux, et (T7tov5eîoc, spondée (voy. ce mot).
DISPONIBILITÉ (di-spo-ni-bi-li-té) , s. f. \\ l' Qua-
lité de ce qui est disponible. La disponibilité d'une
grosse somme d'argent. Recouvrer la disponibilité
de ces deux armées [armées russes employées con-
tre la Turquie] était d'une extrême importance,
quelque plan de campagne qu'on adoptât, thiers,
7/is(. du cons. et de l'emp. xliii. || 2° Terme de ju-
risprudence. Faculté de disposer de ses biens. Dis-
ponibUité de biens. La disponibilité des biens est
entiJre toutes les fois qu'il n'existe au moment du
décès ni descendants ni ascendants. || 3° État de mi-
litaires en non-activité, mais qui peuvent, au pre-
mier moment, être rappelés. Ofticieren disponibilité.
Il Dans les administrations civiles, étatdes employés
qui sont provisoirement écartés de leur emploi par
punition ou autrement. || 4° Au plur. Terme de
banque. Les disponibilités, les fonds disponibles.
L'encaisse n'avait pas diminué, et même les dispo-
nibilités avaient plutôt augmenté.
— ÉTYM. Disponible.
DISPONIBLE (di-spo-ni-bl'), adj. \\ 1° Dont on
peut disposer. Somme, revenu disponible. || 2° Terme
de jurisprudence. Biens disponibles, portion, quo-
tité disponible, biens dont on a la faculté de dispo-
ser à titre gratuit. Les meubles et les acquêts sont
des biens disponibles. || 3° Terme de bourse. Se dit
des marchandises vendues au comptant et placées
en entrepôt hors Paris, pour éviter les droits d'oc-
troi. || Substantivement. Le disponible, l'ensemble
de ces marchandises. || 4° Qui est en disponibilité.
Officier disponible.
— HIST. XIV' s. Son mieulx doncq n'est li mieulx
possible, Ains ce que luy est disponible, Tr. d'alch.
762, Il XVI' s. Héritiers d'un trespassé mobibaires
sont capables de debtes et contracts du trespassé,
comme aussi sont les héritiers des acquests ou au-
tres biens disponibles, où qu'ils soient situez, Cou-
tiimier gén. t. i, p. 703.
— ÉTYM. Mot latin hypothétique disponibilis , de
disponere, disposer, de dis.... préfixe, dans le sens
iistributif, etponere, mettre (voy. pondre).
DISPOS (di-spô. Chifflet, Gramm. p. 2t6, dit que
l's ne se prononce pas, même devant une voyelle;
aujourd'hui, dans le parler soutenu, on la lie : un
homme di-spô-z et agile), adj. m. Propre à tout ce
qui demande de l'agilité. [Il] Le traversa d'un dard
par un jaloux ennui De le voir plus dispos et plus
léger que lui, Tristan, Panihée, i, 4. Mon élo-
quence est sans seconde, Je suis de la langue dis-
pos, Et n'ai su me taire à propos, benserade. Bal-
let de la nuit, 2» entrée de Protée, dans richelet.
LOrs, dispos du talon, je vais comme un chat mal-
gré, RÉGNIER, Sat. XI. Que le mo' que voici, chargé
le lassitude, A trouvé l'autre mo\ frais, gaillard et
lispos, MOL. Amphit. ii, <. || Il se dit aussi de l'es-
jrit, du moral. L'échange des penscrs veut une âme
dus vive , Des sens moins paresseux , un esprit plus
lispos, UEULLE, Convers. ii.
— HEM. Cet adjectif n'a point de féminin. 11 est
lommage qu'on ne reprenne pas ce féminin qui est
lans l'historique et il faut louer ceux qui tentent de
a remettre en usage : Pour les pauvres toujours
mCT. DE LA LANGUE FRANÇAISK.
attentive et dispose. Elle leur détaillait jusqu'à la
moindre chose, bhizeux, dans ie Dict. de poitevin.
— HIST. XV* s. Qui trop au mesnage pense El qui
compte sa despense. N'ayant en l'esprit repoz. Ne
peut vivre bien dispoz, basselin, xxxii. || xvi" s.
Les plus dispos des Basques qui sautoient la mu-
raille apprirent à leurs ennemis à la franchir aussi,
d'aub. Uist. I, 295. 11 les trouvèrent toutes trois
belles, disposes et esveillées, desper. Contes, v.
Comba, qui estoit dispost et fort, le poussa et ren-
verse par terre, carl. vi, 40. Ny baladins aux dis-
postes gambades, rons. 778.
— ÉTYM. Lat. dispostus, contracté de dîsposi'/Ks,
participe passif de disponere, disposer, de dis....
préfixe, et ponere, mettre (voy. pondre).
t DISPOSANT, ANTE (di-spfl-zan, zan-t'), s. m.
et f. Celui, celle qui fait une disposition par dona-
tion entre vifs ou par testament.
DISPOSÉ, ÉE (di-spô- zé , zée), part- passé.
Il 1° Arrangé. Les feuilles disposées autour de la
tige. Toutes choses disposées en un ordre admira-
ble. Il 2° Préparé pour, en parlant des choses. Une
salle disposée pour un bal. || Absolument. Jamais
sédition ne fut mieux disposée, rotrou, Vencesl.
V, 8. Il 3° Préparé à, en parlant des personnes. Les
cœurs disposés par la parole du prédicateur à pro-
fiter d'une bonne doctrine. Il est fort bien disposé
pour sa conscience, sÉv. 4<2. || Absolument. Je suis
catholique aussi soumis qu'aucun autre aux déci-
sions de l'Église, et tellement disposé que personne
ne craint davantage de préférer son sentiment par-
ticulier au sentiment universel, eoss. Var. Pré-
face. Il 4° Porté à. Disposé à servir ses amis. Je me
sens disposé au travail. Est-elle enfin disposée à
partir? rac. Bérén. iv, 6. Je vois qu'à m'obéir vous
êtes disposée, id. Uithr. m, 5. || Être bien ou mal
disposé pour quelqu'un, être pour lui dans des dis-
positions favorables ou défavorables. Je vous assure
qu'il est bien disposé. Quelques-uns des principaux
d'Étolie se plaignirent, mais d'un ton modeste, que
les Romains, depuis la victoire, ne paraissaient pas
aussi bien disposés pour leur nation qu'ils l'avaient
été auparavant, rollin, Ilist. anc. Ctiuxres, t. viii,
p. 29B, dans pouoENS. Il B" Qui a une certaine dis-
position de corps ou d'esprit. Il est disposé à s'en-
rhumer. Il est disposé aux mathématiques.
DISPOSER (di-spô-zé), v. a. \\ 1° Arranger, dis-
tribuer d'une certaine manière. L'architecte a bien
disposé les appartements de cette maison. Disposer
un jardin. Disposer avantageusement les troupes et
l'artillerie pour le combat. J'en ai l'ordre et je vais
disposer ma cohorte A garder cependant les dehors
de la porte, corn. Théod. v, 2. Ce ne fut que dans
ce temps, selon M. Dodwell, que ''liucydide tra-
vailla réellement à la composition de ^on Histoire
dont il avait jusque-là ramassé et dispose 'es maté-
riaux avec un soin incroyable, rollin, Hisi anc.
XXV, ch. II, art. 5.112° Approprier, préparer pour
une circonstance. On a disposé cette salle pour le
bal X vous servir je vais tout disposer, rac.
Iphig. m, 7. Un architecte ne fait pas le marbre
qu'il emploie à un édifice, il le dispose, vauven.
invention. \\ Par extension. Disposer utilement son
temps. Et maître de soi-même, en soi-même il dis.-
pose Tout ce qu'il se propose De produire au dehors,
CORN. Imitation, i, 3. Nous ne pensons presque
point au présent; et, si nous y pensons, ce n'est que
pour en prendre des lumières pour disposer l'ave-
nir, pasc. Pensées, i, art. 6. || Disposer les affaires,
les arranger de manière que telle fin soit atteinte.
Il 3° Préparer quelqu'un à quelque chose. Disposer
quelqu'un à la mort. L'horreur d'un mal plus grand
vous y doit disposer, corn. Héracl. v, 6. Le mal-
heur vainement à la mort nous dispose; On la brave
de loin; de près c'est autre chose, J. B. rouss. le
BiUheron et la Mort. \\ Disposer quelqu'un pour uns
opération, ou à une opération, le disposer à ou pour
prendre les eaux, etc. le préparer par certains moyens
médicaux à une opération, aux eaux, etc. i| Donner
au corps une certaine propension vers ceci ou cela.
Votre peur vous dispose plus à la petite vérole que
la présence de la petite vérole même, "maintenon,
Lelt. Urne de Caylus, 6 oct. 1716. || Absolument.
Une alimentation insuffisante et une habitation
froide et humide disposent à la pbthisie. || 4° Enga-
ger, déterminer. On ne la put disposer à donner
cette satisfaction au roi, maucroix, Schisme, liv. i,
dans RICHELET. Ciel, dispose à la paix le cœur de
Polynice, rac. Théb. i, o. Cette princesse chré-
tienne qui passa la mer avec un évêque de Soissons,
disposa son mari à recevoir le baptême, comme
Clotilde avait soumis Clovis, volt. Moeurs, Religion
du temps de CharUm. || B° Y. n. Régler, prescrire,
décider. La loi ne dispose que pour l'avenir. Vous
êtes maître ici, commandez, disposez, corn. Sert.
v, 4. Il On dit dans le même sens, en disposer. Tu
vois comme le ciel autrement en dispose, id. Cid,
v, 7. La prudence des dieux autrement en dispose,
ID. Uor. III, B. Il Dans ce sens et en style adminis-
tratif, on dit disposer que. Le premier article de ca
règlement dispose que tous les employés doivent
être à leur poste à neuf heures. Cet emploi n'est
pas élégant. || 6° Aliéner des biens. Les mineurs
ne peuvent disposer de leur bien. Disposer de son
bien par testament, patru. Plaidoyer 2, dans ri-
chelet. Il dispose de ce qu'il a en votre faveur,
SÉV. 115. On trouva [à Rome] un moyen de conci-
lier à cet égard [testaments] les lois avec la vo-
lonté des particuliers : il fut permis de disposer de
ses biens dans une assemblée du peuple, et chaque
testament fut en quelque façon un acte de la puis-
sance législative, montesq. Espr. xxvii. |{ 7° Kaire
de quelqu'un ou de quelque chose ce que l'on veut,
l'avoir à sa disposition. Disposez de moi pour vous
servir. Croyant en leur esprit que de tout je dispose
[c'est la Fortune qui parle] , Régnier, Sat. xiv. Mais
pour en disposer, ce sang est-il à vous? corn, l'ohj.
IV, 3. Comme sans leur avis les rois disposent d'elles
[les princesses] Pour affermir leur trône ou finir
leurs querelles, id. Rodog. m, 4. Elle seule en ces
lieux d'elle-même dispose, m. Nicom. ii, 3. II suivit
à la fin de plus sages conseils ; Au lieu de ses amours
il servit sa patrie ; Son prince disposa du reste de sa
vie, la FONT. Poésies mêlées, 63. Vous disposez des
péchés à votre gré, pasc. Prov. 16. Je sais que l'É-
glise peut disposer diversement de cette discipline
extérieure, id. ib. 14. Les gens de guerre dispo-
saient de l'empire, boss. Uist. m, 7. Cependant, à
les voir enflés de tant d'audace. Te promettre en
leur nom les faveurs du Parnasse, On dirait qu'ils
ont seuls l'oreille d'Apollou, Qu'ils disposent de
tout dans le sacré vallon, boil. Disc, au roi. Que
le ciel à «on gré de ma perte dispose! rac. Théb.
II, 2. Chacun peut à son gré disposer de son âme,
ID. Andr. m, i . Ne pourrai-jo sans vous disposer de
ma fille? id. Iphig. iv, 6. L'on a bientôt disposé de
son autorité et de ses suffrages [d'un homme public],
dès qu'on a connu sa fai blesse, mass. Car. Passion.
Il Fig. Le dépit, la vengeance et la honte et l'a-
mour. De mes sens soulevés disposent tour à tour,
VOLT. Brutus, 1,1. Il Dieu a disposé de lui, il est
mort. Il 8° Se disposer, v. réft. Être placé, arrangé
d'une certaine manière. Comme les feuilles se dis-
posent admirablement sur leurs tiges! Il Être pré-
paré pour. Et que tout s8 dispose à leurs contente-
ments, CORN. Cid, I, 2. Quel spectacle pour elle
aujourd'hui se dispose! rac Andr. n, 5. || Faire ses
dispositions, se tenir prêt à. Il se disposait à partir.
Je vois qu'il faut le perdre; et plus je m'y dispose,
Plus je doute si je le puis, corn. Agésilas, m, 1. Tu
ne peux, me dis-tu, souffrir beaucoup de choses;
En vain tu t'y résous, en vain tu t'y disposes, id
Imit. m, 12. Je me dispose à commencer l'office
cette après-dînée, boss. Lett. abb. 102. Je sais qu'i\
se dispose à venir me parler, rac. Alex, iv, i. X
marcher sur mes pas Bajazet se dispose, id. Baj.
III, 2. Il Proverbe. L'homme propose et Dieu dis-
pose, se dit pour exprimer que la réussite des pro-
jets de l'homme ne dépend pas de lui, mais d'une
puissance supérieure. Quoi que nous proposions,
c'est Dieu seul qui dispose; Et, pour trouver sa voie,
homme, il te faut sa main, corn. Imit. i, 19.
— HIST. XIV' s. Quant j'avoie lieu et espace e'
temps, je ne me disposoie pas à ce, Ménagier, i, 3.
Ceulx qui sont bien disposez selon le corps jugent
bien et selon vérité des viandes, oresme, Ëlh. 70.
|] XV' s. Baise moi , mon pauvre cueur. Et de mol
dispose, basselin, l. Et disposèrent les aucuns de
leurs consciences [se confessèrent] , car l'entreprins
estoit bien doubteuse, comm. n, 13. || xvi' s. C'est
l'entendement qui dispose tout, qui agit, qui do-
mine.... MONT. 1, 163. Ce qu'on sçait droictemtnt,
on en dispose, sans regarder au patron, m. ib.
Comme des corps mal unis qu'on empoche sans or-
dre, treuvent d'eulx mesmes la façon de se joindre
et s'emplacer les uns parmy les aultres, souvent
mieux que l'art ne les eusl sceu disposer, in. iv, 80.
Tout cela ensemble les disposa aux maladies, amyot,
Corn. 48. Après avoir ordonné et disposé des plus
grandes et principales charges de son estât, il
tumba en une maladie, id. ib. 62. Et comme on
l'importuna de disposer de son enterrement, j'or-
donne , dit-il, que mon corps soit escorché....
d'aub. Uist. i, 67.
— ÉTYM. Vis.... préfixe, et poser; mais pose/-
étant d'uu tout autre radical que le latin ponere, il
I. — UO
1186
DIS
faut admcltre dans disposer une influence, pour le
iens, (lu latin ditporilus, de dispnnare.
i. DISPOSITIF, IVE (ili-spa-7.i-lif, ti-v"), adj.
Terme de médecine. Qui prépare, qui dispos». Peu
usité.
IlIST. xiv s. Des causes [des ulcères] les unes
•ont materiaulz [matérielles], les autres dispositives,
II. DE MONDEVILLE, S° 72, fCrsO.
— ÉTYM. Voy. DISPOSER.
J. DISPOSITIF(di-sp8-7,i-tif), s. m. || l' Terme de
jurisprudence. Les dispositions d'une loi. |{ La partie
du jugement. qui contient la décision des juges.
Il 2° Terme de mécanique. Plan suivant lequel une
chose a été établie. On a fait à l'Opéra l'essai d'un
nouveau dispositif de la rampe, destiné à éclairer
les acteurs pendant les représentations, mobin.
Comptes rendus , Àcad. des se. t. lu, p. 454.
— IlIST. xv« s. Ce n'estoient que paroles narra-
tives, et non dispositives ne eflectuelles, juven. dks
URsiNS, tlist. de Charles VI, p. 294, dans lacurne.
— fTYM. VOV. DISPOSER.
DISPOSITION (di-sp«-zi-sion ; en vers, de cinq
syllabes) , s. f. || 1° Distribution selon un certain or-
dre. La disposition des parties du corps vivant. La
disposition des lieux était favorable à la cavalerie.
La disposition d'un appartement. Je crois vous avoir
déjà mandé la disposition de tout l'été, et que
Mme la dauphine le passera ici, par une raison qui
plaît à tout le monde, maintenon, Lett. d'Aubigni! ,
21 mai 1083. Il Fig. Les mesures qu'il [Dieu] a pri-
ses dans la disposition de mon salut, bourdal. Ca-
rême, I, Prddcstin. 382. Se tirer de la disposition
de Dieu [sortir de l'ordre établi par lui], fléch. m,
278. Il 2° Terme de rhétorique. La seconde des par-
ties do la rhétorique, celle par laquelle on dispose
dans le meilleur ordre ce que l'on a trouvé par l'in-
vention. Il Dans le langage commun, la distribution
des parties d'un discours. La disposition est une
partie essentielle et qu'on ne peut négliger. || 3°Terme
de littérature. La disposition d'un ouvrage, le plan
de cet ouvrage. || 4° Terme de tactique militaire.
Arrangement des troupes pour livrer bataille. Pren-
dre ses dispositions. Vauban a fait des dispositions
admirables, maintenon, Lett. Mme de St-Géran,
t nov. tess. Soit qu'une première disposition
échouant, leurs généraux n'en sussent pas chan-
ger. SÉOUR, Ilist. de Nap. vu, lO. || 5° Terme d'as-
trologie. État des astres et de leurs aspects. L'ho-
roscope ou le thème n'était, dans cette prétendue
science , autre chose que la disposition des as-
tres, du ciel et des aspects des planfetes au point
de la naissance de quelqu'un. || 6° Au plur. Pré-
paratifs. Il faisait ses dispositions pour partir.
Il 7° Manière d'être, en parlant du tempérament,
do la santé. La disposition habituelle du corps. Il est
visible que l'Ame se trouve assujettie par ses sensa-
tions aux dispositions corporelles, Boss. Conn. m,
2. Il Etre en bonne disposition, se porter bien. Être
en mauvaise disposition, se porter mal. Comprenez-
vous bien la joie que j'aurai , si je vous revois avec
cet aimable visage qui me plaît, un embonpoint
raisonnable, une gatté qui vient quasi toujours de
la bonne disposition ? sÉv. 341 . || Fig. Nous les trou-
vâmes qui nous attendaient en bonne disposition,
c'est-à-dire à table et mangeant. || Manière d'être de
l'âme, des sentiments. Sonder les dispositions de
quelqu'un. 11 s'agit encore de l'honorer [Dieu], et
pour cela de joindre à cette disposition de nécessité
les dispositions de convenance, de piété, de perfec-
tion, DOURDAL. Dim. oct. du S. Sacrem. t. n, p. 3H.
Mentor profita de cette heureuse disposition , fén.
Tél. XI. Steinbeck profita de cette disposition des
esprits qui, dans un jour de bataille, vaut autant
que la discipline militaire, volt. Charles XII, 6.
Cependant va chercher ta maltresse , et l'instruis
Des dispositions oiS tu vois que je suis, piron, Mê-
trom. IV, 3. Il 8" Tendance. La taille de cet enfant
a quelque disposition à se contourner. || Fig. Il se
sent une grande disposition à être votre ami. J'avais
déjà quelque disposition à cette crainte, voit. Lett.
23. Il 9° Aptitude, en bonne ou en mauvaise part.
Il a de grandes dispositions à l'étude. Les mauvaises
dispositions de ce jeune homme. Le choix des études
doit être subordonné aux dispositions naturelles de
l'esprit, BONNET, CEuvrts mêlées, t. xviii, p. <78,
dans POnoENs. || Absolument et alors toujours pris
en bonne part. Il a beaucoup do dispositions. || lO" In-
tention, dessein. Sa disposition à vous servir est
manifeste. Il était en disposition de tout révéler,
BOSS. Déf. U honte du pénitent, jointe au peu de
disposition de s'examiner, flech. Serm. ii, 250.
Il 11- Terme de philosophie scolastique. Disposition
prochaine, état prochain où est une chose pour re-
DIS
cevoir une nouvelle qualité, une nouvelle forme;
en sens contraire, disposition éloignée. || 12'" Pou-
voir, faculté de disposer. Ce ministre a la disposi-
tion de beaucoup d'emplois. Tout est ici à ma dis-
position. Il laissa la place à la disposition des alliés,
d'ablancourt, ylrrien, liv. tv, dans bichrlet. Ma
santé n'ayant pas encore été telle qu'elle me puisse
laisser la libre disposition de moi-même, balz. liv. 1,
lett. 6. Elle laisse à la seule disposition de sa volonté
les suites de sa destinée, mAss. Car. Prière 2.
Avoir en sa disposition de grands biens, iD. Confér.
Us. d. m'en. cccUs. Il Je .serai, je me mets à votre
disposition, c'est-à-dire selon le cas, je vous obli-
gerai si vous en avez besoin , j'attendrai que vous
veniez me parler, je vous donnerai satisfaction, etc.
!| 13° Manière d'employer, de disposer de. Rendons
justice à l'esprit de sagesse et d'équité qui a fait
concourir M. le comte de Maurepas à une disposition
si utile des fonds publics, condobcet, Haurepas.
Il Action de régler par testament, par volonté der-
nière. Les dispositions les plus sages des princes
mourants sont souvent peu respectées après leur
mort et rarement exécutées, rollin, Mist. anc. Œu-
vres, t. X , p. 43, dans pougkns. I| Terme de jurispru-
dence. Action dedispoiîer de son bien. Di.sposition à
titre gratuit. Cette disposition que Jésus-Christ a faite
en notre faveur [dans son testament], BOSS. m, Pass.
t. Il En ce sens, il se dit souvent au pluriel. Dispo-
sitions testamentaires. (| 14° Chaque point réglé par
une loi, par un arrêt. Se conformer aux disposi-
tions d'une loi. d'une ordonnance. La loi des douze
tables est pleine de dispositions très-cruelles, mon-
TKSQ. Expr. VI, <6. Mais vous n'avez pas voulu don-
ner à cette disposition un effet rétroactif, Décret du
23 floréal, an 11, rapport Cambon, p. 92. Vous ne
ferez que généraliser une disposition dont le despo-
tisme avait senti quelquefois la nécessité, ib. || Ab-
solument. La disposition de la loi, ce que la loi or-
donne, prescrit. Cela est de la disposition du droit,
patru. Plaidoyer 3, dans ricmf.let. || Et par oppo-
sition, la disposition de l'homme, ce qu'une per-
sonne peut prescrire par acte entre-vifs. C'est une
maxime que la disposition de l'homme fait cesser
la disposition de laloi.|| Dispositions d'un jugement,
le dispositif d'un jugement par opposition au préam-
bule et aux motifs. || 15° Etat d'un corps qui est dis-
pos. La fête des jeux isthmiens était proche; c'est
un spectacle où de tout temps il aborde un nombre
infini de monde pour deux raisons: l'une, que, s'y
fai.sant toutes sortes de combats d'adresse, de force
et de disposition.... halh. Le xxxiii* livre de Tite
Live, chap. 32. Il a toujours servi le roi à genoux,
avec cette disposition que les gens de quatre-vingts
ans n'ont jamais, sF.v. Lett. du 17 j'utn t087.
Il Vieilli en cette acception.
— HIST. xn' s. De ces ténèbres soi vit avironneit
li prophètes, qui ne pout trespercier les deventrai-
neteiz [choses intérieures] de la divine disposition,
Jnb, 469. Ilxiv's. Tu n'es pas toutes heures en une
disposition, ains trouveras que ce qui aucune fois
te semblera bon de faire, l'autre fois te semblera
mauvais, Ménagier, i, ». || xv* s. Les choses en ce
royaume estoient en bonne disposition, et avoit faict
plusieurs notables conquestes, juvén. df.s desins,
Charles Yl, <380. Et allégua la disposition du temps
et la saison, comm. iv, 8. || xvi* s. Il appert que le
tout advient par son ordonnance et disposition [de
Dieu], CALV. Instit. 763. Madame a fort bien reposé
ceste nuict; je continueray à vous escripre de sa
disposition [santé], maho. Lett. 68. La bienséance
extérieure, la disposition de la personne se doibt
façonner quand et quand l'ame, mont. 1, 482. La
disposition [l'ordre] de cette armée n'est aulcune-
ment barbare, id. i, 230. D'addresse et de disposi-
tion, je n'en ai point eu, et suis fils d'un père très
dispos, iD.iii, 43. Les devis [projets], dit-il, sont en
ma pleine disposition , et les efTects en celle de fortune
et du roy, amyot, Préf. xx, 48. Ce fut le premier
qui attribua la disposition et le gouvernement du
monde à une pure et simple intelligence, id. Péric.
6. Ce qui avoit esté ordonné par le testament ou
autre disposition de dernière volonté, P. piTnou, 25.
Et en ung bal royal, il avoit, par sa disposition et
bonne grâce, la principale vogue, carl. vi, 3«.
— ÉTYM. Provenç. dispositio, despoxition, des-
poseeio ; espagn. disposicion; ital. disposiiione ; d\x
latin dispositionem , de dis.... préfixe, et porilïo,
action de mettre (voy. posiTios).
DISPnOPORTION (di-spro-por-sion ; en vers, de
cinq syllabes), ,î. f. ||1° Défaut de proportion entre
deux ou plusieurs choses. Il y avait trop de dispro-
portion entre la corruption et la beauté, BOSS. i.
Prof. 2. Toute la nature est pleine de convenances
DIS
et de disconvenances, de proportions et de dispro-
portions selon lesquelles les choses s'ajustent ensem-
ble ou se repoussent l'une l'autre, id. Connaiss. v,
2. Si l'on ne le voyait de ses propres yeux, pour-
rait-on jamais s'imaginer l'étrange disproportion que
le plus ou le moins de pièces de monnaie met entre
les hommes? la bruv. vi. C'est dans la dispropor-
tion de nos désirs et de nos facultés que consiste
notre misère, J. J. fooss. Ém. 11. || 2° Dispropor-
tion se dit aussi dans le même sens en n'énonçant
qu'un seul terme de la comparaison et en omettant
l'autre ou les autres. Une disproportion de fortune.
La grande disproportion d'âge et l'extrême répu-
gnance de la jeune personne me firent concourir
avec la mère à détourner ce mariage, j. j. rolss.
Confess.xn. Jene reconnais pointde disproportion;
La nature et l'amour ne l'ont jamais admise, la
CHAi.ssÉE, Gouvem. v, b. |{ Disproportion du corps,
se ditdu corps d'une personne, d'un animal dont
toutes les parties n'ont pas entre elles la proportion
convenable.
— HIST. xvi' s. S'ils consideroyent bien la dispro-
portion qu'il y a de la vertu antique à la moderne,
ils seroyent plus retenus, langue, 354. Ma haulteur
[d'un roi] m'a mis hors du commerce des hommes;
il y a trop de disparité et de disproportion, mont.
I, S34.
— ÉTYJl. Dis.... préfixe, dans le sens négatif, et
proportion.
DISPROPORTIONNÉ, ÉE (di -spro-por-sio-né,
née), adj. Qui n'est pas proportionné, qui manque
de proportion, en parlant d'objets que l'on compare.
Los jambes et le buste de ce bossu sont dispropor-
tionnés. Leurs âges sont trop disproportionnés. || 11
se dit dans le môme sens, en n'énonçant qu'un seul
termede la comparaison. Une taille disproportionnée.
Il Oui n'est pas en proportion, en rapport. Des liai-
sons disproportionnées. || Il se construit avec la pré-
position d.Tout ce qui lui est disproportionné, p.asc.
dans COUSIN. Des louanges disproportionnées à vos
actions, FÉN. Tél. iv. Pour que le prince puisse lever
un droit si disproportionné à la valeur de la chose , ,
MONTESO. Espr. XIII, 8. Il St-Simon l'a construit avec
la préposition de ; ce qui, bien que moins usité, ne
paraît pas fautif. Lorsqu'une fille [en Espagne] s'est
mise en tête d'épouser un homme, quelque dispropor-
tionné qu'il soit d'elle, elle et le galant le font savoir
au vicaire de la paroisse delà fille, st-sim. 90, <86.
— HIST. XVI' s. La gravité et perfection de sa vertu
estoit trop disproportionnée à la corruption de ce
siècle là, ahyot, Phocion, 4. Il avoit un peu la
teste longue et desproportionnée en grosseur au reste
de sa personne, ID. Péricl. 3. Ces belles âmes si
di.sconvenaliles et disproportionnées à nostre cor-
ruption, MONT, rv, 82. L'orgueil rend l'ame aussi
disproportionnée, que l'hydropisie fait les corps,
LANGUE, 328.
— ETYM. Disproportion.
+ DISPROPOKTIONNEL, ELLE (di-spro-por-sio-
nèl, nè-l'), adj. Terme didactique. Qui n'est point
proportionnel. Des quantités disproportionnelles.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, dans le sens négatif, et
proportionnel.
t DISPROPORTIONNELLEMENT (di-spro-por-
sio-nè-le-man), adv. D'une manière qui n'est pa»
proportionnelle.
— ÉTYM. Disproportionnel.
f DISPROPORTIONNÉMENT (di-spro-por-sio-né-
man), adv. D'une manière disproportionnée.
— ÉTYM. Disproportionné, et le suffixe ment.
t DISPROPORTIONNER (di-spro-por-sio-né), v.
a. Rendre disproportionné; détruire les proportions.
Il en est de même des répartitions qui se font par
feux ou fouages, comme en Bretagne, Provence ei
Dauphine, où, quelque soin qu'on ait pris de les
bien égaler, la suite des temps les a dérangées et
disproportionnées comme les autres, vauban, Dlme,
p. 9.
— ÉTYM. Disproportion.
DISPUTARLE (di-spu-ta-bV) . adj. Oui peut être
disputé, contesté. Chez les philosophes, tout ce qui
n'est point de la foi ni des principes est dispulahle,
COBN. la Suivante, tpitre. Prétendez-vous être un
docteur grave? cela serait fort disputable, pascal,
Héfut. de la rép. à la tv lett.
— HIST. XVI' s. Ceste partie de la vie de Caton,
est disputable et mal aisée à soudre, amyot, Cat.
d'Vtiq. 30. Les advanlages, que l'homme prêtent!
sur les bestes, mais qui sont disputables, et qui
peust-estre sont au retours pour les bestes contre
les hommes.... charron. Sagesse, i, 35.
— ÉTYM. Lat. disputabilis , de disputare, dis-
puter.
DIS
t DISPUTAILLBR (di-spu-ta-llé, Il mouillées,
et non di-spu-la-ié), v. n. Terme familier. Disputer
fréquemment et longtemps.
— HrsT. xvr s. DisputaiUer, cotgrave.
— ÉTYM. Disputer.
t UISI'DTAILLERIE (di-spu-ta-lle-rie, Il mouil-
lées, et non di-spu-ta-ye-rie), s. f. Terme familier.
Disputes longues et fréquentes.
— ÉTYM. DisputaiUer.
t DISPUTAILLEUU, EUSE (di-spu-ta-lleur, lleû-
z', H mouillées), s.m. et f. Terme familier. Celui,
celle qui disputaiUe, qui aime à disputer.
— Ktym. DisputaiUer.
t DISPUTANT (di-spu-lan) , s. m. Celui qui dispute.
I! ne fut plus question des trois hypostases entre
les disputants, volt. Phil. ii. 387. Je distinguai
toujours do la religion Les malheurs qu'apporta la
superstition.... J'ai dit aux disputants, l'un sur l'au-
tre acharnés : Assez, impertinents, assez, infortu-
nés, Très-sots enfants de Dieu, chérissez-vous en
frères, Et ne vous mordez point pour d'absurdes
chimùres, m. Ép. 97.
f DISPUTATION (di-spu-ta-sion), s. f. Discussion
régulière entre deux ou plusieurs personnes. A bas
les disputations cardinales et quodlibétaires, v.
HUGO, dans le Dict. de poitevin. || Écrit en forme
de discussion.
— IIIST. XIII' s. Il me conta que il [y] ot une
grand disputoison ou moustier de Clugni, joinv.
198. Il xv° s. Avant l'entreprise du quel voyage il
eut mainte disputation, sçavoir s'il iroit ou non,
COMM. VII, Prol. Il xvi* s. Je n'emploierai pas grand
peine à polir ceste disputation, calv. 32.
— ÉTYM. Provenç. disputatio ; ital. disputaiione;
du latin disputationem , de dispulare , disputer.
Disputoison est la forme ancienne et régulière; dis-
putation est refait et calqué sur le latin.
DISPUTE (di-spu-f), s. f. || 1° Discussion entre
deux ou plusieurs personnes sur un point de théo-
logie, de philosophie ou de science. De quoi sert
une longue etsiUitile dispute Sur mille ohscurités où
l'esprit est déçu? corn. Imitation, i, 3. Ceux qui
ont voulu entrer en dispute.... pasc. Prov. 4. C'est
ouvrir une nouvelle dispute, boss. i" écrit. Cet ou-
vrage, qui d'abord pourrait paraître contentieux,
se trouvera, dans le fond, beaucoup plus tourné h
la paix qu'à la dispute, ID. Var. Préface. Leurs dis-
putes, leurs contradictions et leurs équivoques
rendront témoignage à la vérité catholique, id.
ib. Combien de nos adversaires me diront, quoi-
que sans sujet, que je suis sorti de mon carac-
tère et de mes maximes en abandonnant la modé-
ration qu'ils ont eux-mêmes louée et en tournant les
disputes de religion à des accusations personnelles
et particulières! id. ib. En sorte que l'ardeur de
leurs disputes insensées et leur religion arbitraire
est devenue la plus dangereuse de leurs maladies,
ID. Heine d'Anglel. Ces disputes [sur l'épiscopat et
la liturgie] n'étaient encore que de faibles commen-
cements par où ces esprits lurbulants faisaient
comme un essai de leur liberté, id. th. Quant à la
méthode de cet ouvrage, on y verra marcher les
disputes et les décisions dans l'ordre qu'elles ont
paru, sans distinction des matières, id, Var. Préf.
On ne sait point précisément dans quel temps Quinte
Curce a vécu; c'est le sujet d'une grande dispute
parmi les savants, rollin, Hist. anc. liv. xxv,
ch. II, art. 2. Les disputes métaphysiques ressem-
blent à des ballons remplis de vent que les combat-
tants se renvoient; les vessies crèvent, l'air en sort,
ilne reste rien, volt. Jentii, 7. || Être en dispute,
avoir une discussion. En quoi êles-vous en dùspule
avec les jansénistes? pasc. Ptov. 4. || Être en dis-
pute, être l'objet d'une discussion. Elle n'explique
rien de ce qui pouvait être en dispute, pasc. Prov. 3.
Ce sont des bibliothèques vivantes, prêtes à fournir
diverses recherches sur tout ce qui peut tomber en
dispute; mais ces richesses semées sur un fonds qui
ne produit rien de soi, les laissent souvent dans
l'indigence, th. corn. Disc, de récept. à l'Académ.
Il L'esprit de dispute, l'inclination h disputer sur
des questions subtiles. L'esprit de dispute et d'abs-
traction qui gâta pendant tant de siècles la philoso-
phie de nos écoles, raynal, Uist. phil. i, 8. || Dis-
putedemots, discussion qui roulesur unedistinction
de mots. Les disputes de mots sont toujours des dis-
putes de choses; car tous les gens de bonne foi con-
viendront qu'ils ne tiennent à tel ou tel mot que par
préférence pour telle ou telle idée, stael, Allem.
Ui, ti. Il Hors de dispute, sans dispute, incontes-
table. 11 est hors de dispute que le religieux qui a
pour soi une opinion probable n'est point tenu d'o-
béir.... PASC. prov. 6. La justice est sujette i dispu- '
DIS
tes;laforce esttrès-reconnaissableetsansdispute, id.
Pensées, 1. 1, p.274,édit. Lahure. LeducLanti, beau-
frère du duc de Bracciano, le premier laïque de Rome
sans dispute d'aucun, ST-siM. 63, )4t.||2° Dispute,
actes ou discussions publiques, qui se faisaient dans
les écoles sur des questions de théologie ou de philo-
sophie. Il 3° Débat où l'on a querelle. Il y a eu une
dispute entre eux. Je n'étais pas fort satisfait de sa
conduite, et nous avions le plus souvent dispute en-
semble, MOL. Am. Méd. i, f. Entrer en dispute avec
un bourru, hamilt.. Gramm. 4. Nous venons d'avoir
une dispute, le bon abbé et moi, si!v. 2B9. || Être
en dispute, se disputer. || Querelle. 11 y a une dis-
pute dans la rue. || Chercher dispute. Il cherche dis-
pute à ses voisins. || 4° Action de disputer une chose.
Va-t'en, et ne rends plus la victoire douteuse, La
dispute déjà m'en est assez honteuse, corn. Ilor.
II, 0. L'âme regarde ces honneurs que le monde
vante : et aussitôt elle en voit le fond, elle voit l'or-
gueil qu'ils inspirent, et découvre, dans cet or-
gueil, et les disputes et les jalousies et tous les maux
qu'il entraîne, BOSS. la Vallière. || Mettre une chaire
à la dispute [la mettre au concours], gui patin,
Lelt. Dccxcii. Locution tombée en désuétude.
— SYN. 1. DISPUTE, DÉBAT. La dispute est une con-
versation entre deux ou plusieurs personnes à l'oc-
casion d'un point de théologie, de philosophie ou
même de science, sur lequel elles sont d'avis différent.
Le débat est un échange de discours entre deux ou
plusieurs personn ;s sur un objet soumis soit à une
assemblée soit à un tribunal, || 2. dispute, discus-
sion, voy. disputer. Il 3. dispute de mots, discus-
sion DE MOTS, Dispute de mots, débat dans lequel
on croit disputer des choses, et où l'on ne dispute en
réalité que sur les mots; discussion de mots, exa-
men du sens exact et rigoureux des mots.
— HIST. XVI' s. Au reste, en laissant la dispute
des mots, je commenceray à traiter de la chose,
CALV. Instit. "4. La doctrine de Platon, venant à
estre publiquement receue, osta la mauvaise opinion
que la commune avoit de toutes telles disputes,
AMYOT, Nicias, 42.
— ÉTYM. Voy. disputer; provenç. espagn. et ital.
disputa.
DISPUTÉ, ÉE (di-spu-té, tée), part, passé. Mis
en dispute, en discussion. Ces neuf années s'écou-
lèrent avant que j'eusse pris aucun parti touchant
les difficultés qui ont coutume d'être disputées entre
les doctes, desc. Méth. m, 7. || Fig. Qui est l'objet
d'une lutte. Victoire longtemps disputée.
DISPUTER (di-spu-té), ii. n. || 1» Avoir une dis-
pute sur un point de théologie, de philosophie, de
morale, de science, etc. Je ne dispute jamais du
nom, PASC Prov. f. Quand je croyais que vous dis-
putiez de la vérité ou de la fausseté des proposi-
tions, je vous écoutais avec attention, car cela tou-
chait à la foi, id. ib. tl. De quoi disputiez-vous,
sinon du sens de cet auteur? id. ib. <8. Disputez,
me dit-il, contre le P. Bauny, je vous fais un ré-
cit et vous contestez contre moi; il ne faut jamais
disputer sur un fait, m. ib. B. Le libertinage d'es-
prit, la fureur de disputer des choses divines sans
fin, sans règle, sans soumission, bOss. Reine d'Angl.
Une autre fois je mettrai mes raisonnements par
écrit pour disputer avec vous, mol. D.Juan, i, 2. Je
me sens en humeur de disputer contre vous, id. ib.
in, <. Le chemin étant long et partant ennuyeux.
Pour l'accourcir ils disputèrent, LAF0NT.fa6J.ix, (4.
Nous disséquons des mouches, dit le philosophe,
nous mesurons des lignes, nous assemblons des
nombres, nous sommes d'accord sur deux ou trois
points que nous entendons, et nous disputons sur
deux ou trois mille que nous n'entendons pas, volt,
ilicrom. 7. || Disputer si, débattre la question de
savoir si. On dispute dans l'école si la logique est
une science ou un art. || Ne pas disputer que, avec
le subjonctif, ne pas contester. On ne dispute pas
qu'il ne soit écrit,,., boss. Hist. ii, 13. || 2" Avoir
sur une chose quelconque une vive discussion. Nous
disputons en vain et ce n'est que folie De vouloir par
sa perte acquérir Emilie, corn. Cinna, m, ). Mon
nom seul est coupable, et, sans plus disputer. Pour
te faire innocent tu n'as qu'à le quitter, id, lléracl.
IV, 4, Quoi qu'en votre faveur Marcelle lui dispute.
Il mande Théodore, et la veut prom|itement Faire
conduire au lieu de son bannissement, id. Théod.
IV, 2. Il eut contentement : non-seulement on dis-
puta, mais on se querella, et on se sépai-a sans
avoir trop envie de se revoir de plus de huit jours,
RAC. Lettres à Boileau, 6. Ah ! vous deviez du moins
plus longtemps disputer, id. Brit. m, 7. Eh bien!
i-égnez, cruel, contentez votre gloire; Je ne dis-
pute plus.... ID. Bérén. iv 5. Je viens pour vous
DIS
1187
combattre et non pour disputer, volt. D. Pèdre,
IV, 2. Je dispute toujours le plus tard que je puis,
C0LI.1N d'harlev. Optimiste, iv, 7. || Disputer sui
la pointe d'une aiguille, avoir une dispute pour dei
choses sans valeur. || Disputer de la chapoàl'évêque,
disputer à qui appartiendra une chose qui ne peut
être à aucun de ceux qui .se la disputent. || Poéti-
quement. Nous étions contraî'nts de disputer contre
les flots pour rattraper le dessus de ce mât, fénel.
Tél. VI. Il 3° Fig. Rivaliser. Ne voudriez-vous point
disputer de la gloire, de la bonté, avec la femme
d'Auguste? BALZ. Disc, à la régente. Je crois que
c'est principalement en ceci [être content de son
sort] que consi.stait le secret de ces philosophes qui
ont pu autrefois se soustraire à l'emiiire de la for-
tune, et, malgré les douleurs et la pauvreté, dis-
puter de la félicité avec leurs dieux, desc. Méth
in, 4. Quoiqu'elles soient filles du soleil et do l'au-
rore et qu'elles disputent de l'éclat avec les perles
et les diamants, voit. Lelt. 73. Ce jeu où les peuples
ont disputé de la puissance, bqss. Hist. iii, 2. Ua
peu de prospérité fait disputer de faste le publicain
avec les princes du peuple, mass. Car. Rich. Dans
la corruption une cour endormie, Avec son empe-
reur disputant d'infamie, legouvé, Épich. et Néron,
1, 2. Il Fig. Ce n'est pas que le mensonge ne se glo-
rifie souvent des mêmes titres, et qu'il n'y ait parmi
les hommes de vieilles erreurs qui semblent dispu-
ter avec la vérité de l'ancienneté de leur origine,
MASS. Car. Vérité de la rel'igion. || Disputer à. Je
suis un pauvre pâtre, et ce m'est trop de gloire Que
deux nymphes d'un sang le plus haut du pays Dis-
putent à se faire un époux de mon fils, mol. Mcli-
certe, i, 4. Le peuple disputait avec la noblesse à
qui agirait le plus par cesmaximes, BOss.//ii(. m, o.
Il 4° V. a. Faire de quelque chose l'objet d'une lutte
contre quelqu'un. Cet écolier a disputé la première
place. Le régiment, bien commandé, disputa long-
temps le terrain contre des forces supérieures. Et
que serait heureux qui pourrait aujourd'hui Dispu-
ter cette place et l'emporter sur lui ! corn. Nicom.
I, 2. Une troupe hardie M'a voulu de nos murs dis-
puter la sortie, rac. Théb. i, 3. Mais par de vrais
combats, par de nobles dangers, Leur disputer les
cœurs du peuple et de l'armée, id. Baj. m, 4. C'est
ainsi que Néron sait disputer un cœur, id. Brit.
m, 8. Quand de Britannicus la mère condamnée
Laissa de Claudius disputer l'hyménéo, id. ib. iv, 2.
11 excelle à conduire un char dans la carrière , X dis-
puter des prix indignes de ses mains, id. ib. iv, 4.
Que ces rois, qui pouvaient vous disputer ce rang,
Sont prêts pour vous servir de verser tout leur sang,
ID. Iphig. I, 3. Quoi! vous ne savez pas Que le rhi-
nocéros me dispute le pas? la font. Fabl. xir, 21.
Ils n'avaient rien à lui disputer sur l'équipage et la
magnificence, ham'.lt. Gramm. 6. Pendant que nos
soldats luttaient encore avec l'incendie et que l'ar-
mée disputait au feu cette proie [Moscou], sKgur,
Uist. de Napol. viii, 6. Les femmes de Livie, cel-
les qui, consacrées jadis aux soins de sa beauté,
luttaient pour elle contre le temps et disputaient aux
années quelques-uns de ses charmes, sont placées à
côté d'elle en de petites urnes, stael, Corinne,
v, 2, Il Fig. Disputer le terrain, soutenir vivement
ses opinions, ses intérêts dans un débat. || Terme de
marine. Disputer le vent, courir des bordées pour
gagner le vent sur d'autres bâtiments. || Le disputer
à quelqu'un, prétendre l'égaler. Thèbes le pouvait
disputer aux plus belles villes de l'univers, lioss.
Hist. lit, 3. Il Se disputer une personne, une chose,
c'est-à-dire disputer entre soi une personne, une
chose, se dit de plusieurs personnes qui veulent la
posséder. Ces deux femmes se sont longtemps dis-
puté un amant. Chacun se disputait la gloire de l'a-
battre, RAC. Andr. v, 3. Entre Sénèque et vousdis-
putez-vous la gloire, S qui m'effacera plus tôt de sa
mémoire, id. Brit. i, 2. Des lambeaux pleins de
sang et des membres affreux Que des chiens dévo-
rants se disputaient entre eux, id. Athal. ii,5. Plu-
sieurs villes se disputent l'honneur d'avoir donné le
jour à Homère, barthél. /Inach. /nlrod. i" partie.
Il Fig. Mille objets se disputaient nos regards, Àcad.
Il 5° Familièrement. Disputer quelqu'un, lui faire
querelle. Mme de Pontchartrain le disputa [le ba-
ron de Breteuil], et pour fin lui dit qu'elle pariaii
qu'il ne savait pas qui avait fait le Pater, st-sim.
62, 48.
— REM. 1. Disputer quelqu'un, pour dire lui faire
querelle, n'est pas dans le Dictionnaire de l'Acadé-
mie; mais il est du langage familier et autorisé par
ijuelques écrivains. |1 2. Se disputer, v. réfl. Avoir
une querelle : ils se sont longtemps disputés enseiu-
ble; il se disputa avec son portier. Cette locution
t<88
DFS
est aussi dii langage tout à fait familier; mais elle est
condamnée par les grammairiens qui veulent qu'on
diu •. ils ont longtemps disputé ensemble ; il disputa
âTec son porlier. Le fait est que cette locution n'a en
M hveur ni la grammaire ni l'autorité des écrivains.
SYN. pispuTEn, DiscuTEH. Ces deux mots ex-
priment une opposition de pensée ou de sentiment;
mais, d'aprts leur élymologiu, l'opposition dans le
dernier tombe sur la nature de la chose dont on dis-
cute, et dans le premier elle est plulflt dans les es-
nriis qui pensent différemment. Do lit l'idée do
querelle qui s'attache toujours à la dispute, tandis
qu'elle n'est pas dans la discussion. Oui discute a
raison, et qui dispute a tort, dit Huhlières dans le
poSme des Disputes.
— HIST. xir* s. De pluisurs altres choses unt en-
tr'elsdesputé, Dunt um ne m'a encore acointié n'a-
certé, No tut ne puet pas estre en mun livre noté,
Th. le mart. m. E des bestes e des oisels e des
peissuns desputad. Rois, 24(. || xiif s. Aussi vous
di je, fistli roys, que nulz, se il n'est très bon clerc,
ne doit disputer à eulz [les Juifs], joinv. tes.
Il xiv s. Les autres esludient ou desputent ensem-
ble, OBESME, Eth. a82.
— ÉTYM. Lat. dispitlare, de dis.... préfixe, et
jmiare, penser (voy. putatif); provenç. desputar;
espagn. disputar; ital. disputare.
DlSl'UTEUR, EUSE (di-spu-teur, teû-z'), s. m.
et f. Il 1° Celui, celle -qui aime à disputer d'objets de
controverse. Zwingle fut tué dans une bataille, et ce
disputeur emportésut montrer qu'il n'était pas moins
hardi combattant, boss. Var. iv, § 3. Les Grecs,
grands disputeurs, ne cessèrent d'embrouiller la re-
ligion par des controverses, montesq. Rom. 22.
Il Adj. Ils étaient vains, indiscrets, disputeurs, tou-
jours occupés de mots et de faits inutiles, pleins de
subtilités qui ne persuadent personne, fén. Dial.
des morts mod. 4. On se querellait depuis long-
temps sur la Trinité, lorsque Arius se mêla de la
querelle dans la disputeuse ville d'Ale,xandrie, volt.
dans LAVEAUX. X force de di.sputer contre l'Église
romaine, le clergé protestant prit l'esprit disputeur
et pointilleux, J. J. Bouss. dans la veaux. || 2° Celui,
celle qui aime à élever des discussions sur quoi que
ce soit. C'est un disputeur insupportable. Mais je n'ai
point encor tracé le disputeur, Dans le choc des
avis intrépide lutteur, delille, Cnnvers. Ii.
j — ÊTYM. Disputer; provenç. disputaire, di.îpu(a-
dor; espagn. disputadnr ; ital. disputatore. On trouve
.di'spufateur dans Montaigne: Ces disputateurs qui,
'pour combattre Épicurus et se donner beau jeu....
U, (16.
DISQUE (di-sk'), t. m. || !<■ Sorte de palet très-
pesant, ordinairement en pierre, quelquefois en
fer, et de forme ronde et aplatie, que les anciens
s'exerçaient à lancer. Le jeu du disquo. Que j'ai-
mais à le voir.... Lancer le disque au loin d'une main
assurée I lamaut. Uéd. ii, 3. || 2° Nom donné géné-
ralement à un corps solide, mince, de forme circu-
laire, ayant deux surfaces parallèles. || Plateau. Une
table.... vient offrir à son avide main Et les fuman-
tes chairs sur les disques d'airain, Et.... a. chên.
r. I . Il S" Terme d'astronomie. Le corps rond du soleil
ou de la lune, tel qu'il se présente à notre vue. Le
disque de la lune. L'astre des nuits, perçant un
nuage funèbre, Roulait au haut des cieux son dis-
que ensanglanté, m. j. chiîn. Charks IX, v, 2.
Il 4* Terme d optique. Grandeur d'un vjrre de lu-
nette. Il 6* Terme de botanique. Partie de la sur-
face d'une feuille qui est comprise entre les bords.
Il Portion centrale d'un assemblage de fleurs con-
stituant une ombelle. |1 Surface élargie d'un pédon-
cule de synanthérée, qui supporte les fleurons. || Les
fleurons du centre dans une fleur radiée. || Corps
charnu qui, dans beaucoup de plantes, placé sur
le réceptacle, tantôt est resserré sous l'ovaire (dis-
que hypogync), tantôt le déborde un peu, ou s'é-
tend bien avant sur la partie interne du calice (dis-
que périgyne), ou semble repousser l'insertion des
étamines vers l'orifice de ce dernier (disque épi-
gyne). ||6° Terme de zoologie. Partie de l'aile des
insectes qui se trouve comprise entre les bords.
i| Partie convexe d'une coquille bivalve. || Corps
ou dernier tour de spire d'une coquille univalve.
Il 7* Terme de chemin de fer. Plaque ronde, habi-
tuellement rougo d'un côté et blanche de l'autre,
qui tourne et indique par sa couleur que la voie est
libre ou non. || 8° Demi-disque, nom vulgaire d'une
espuce du genre girelle (poussons).
■• 7" '■^J*'' '■"'■ ''""".■ erec. 8t<Txo;; comparez
lallem.riscJi; danois, riùHr; angl. desk, table. Voy.
DAIS, qui est le même mot.
BISQUISITION (di-ski-zi-sion),»./. Recherche
DIS
curieuse. Que l'on regarde ce que vous avez lait de-
puis dix ans, vos disquisitions , vos dissertations ,
vos réflexions, vos considérations , vos observations,
on n'y trouvera aucune chose, sinon que les propo-
sitions ne sont pas dans Jansénius, bac. ('• lettre
à l'auteur des imaginaires. De froides disquisitions
sur les faits sont les charges et les servitudes de
l'histoire, chateaubr. dans le Dict. de poitevin.
— ÉTYM. I.al. disquisitionem , de disquisitum ,
supin do disquirere, rechercher, de dis.... préfixe,
et qiuirere, chercher (voy. querib).
t DISUESPECTDEDX, EUSE (dis'-rè-spè-ktu-eù,
eù-z') , adj. Qui manque de respect pour. Ce con-
tempteur si déterminé de l'immortalité, cet homme
si disrespectueux de la postérité, dider. Salon de
1707, Œuvres, t. xiv, p. 37, dans pougzns. || l'eu
usité. On dit irrespectueux.
— ÊTYM. Dis.... préfixe, dans le sens négatif, et
respectueux.
t DISRUPTION (dis'-ru-psion) , s. f. Terme di-
dactique. Rupture, fracture.
— ÉTYM. Lat. disrupdoncm, de dwrup(um, su-
pin de diVrwmpere, de dis.... préfixe, et rumpere ,
rompre (voy. homphe); provenç. disruptio.
t «ISSECTELU (di-sè-kteur), s. m. Celui qui dis-
sèque.
— ÉTYM. Voy. DISSECTION.
DISSECTION (di-sè-ksion ; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1° Action de disséquer, c'est-à-dire
opération par laquelle on divise méthodiquement et
l'on met à découvert les différentes parties d'un corps
organisé pour en étudier la disposition et la struc-
ture. La dissection d'un animal. Qu'on fasse ajuster
cette salle proprement, afin d'y bien recevoir tous
ceux qui me feront l'honneur de se trouver à la dis-
section du corps que me doit envoyer le maître des
hautes oeuvres, nAUTEROCiiE, Crispin médecin, u,
I . Puis d'une femme morte avec son embryon II faut
chez du Verney voir la dissection, boil. Sat. x. On
faisait dans son Académie [de Pierre le Grand] des
dissections de quelques morts, volt. Charles XII,
t. Il Blessure de dissection, piqûre qu'on se fait en
disséquant et qui donne quelquefois lieu aux acci-
dents les plus graves. || Terme de chirurgie. Partie
de certaines opérations où l'on dissèque les organes
comme un anatomiste fait sur un corps mort. Dans
quelques cas de hernie étranglée, on fait la dissec-
tion de la tumeur couche par couche. || 2° État d'un
corps disséqué. Venez voir une dissection bien faite.
Il On dit aujourd'hui de préférence préparation.
Il 3° Fig. Examen attentif, scrupuleux. Faisons, au-
tant qu'il nous est possible, la même dissection de
notre âme que Dieu en fera dans son jugement der-
nier, BOURDAL. Pensées, t. i, p. 364.
— HlST. xvi* s. Ils se sont estudiés d'entendre son
architecture admirable par dissections anatomiques,
paré, Préf.
— ÉTYM. Lat. dissectionem , de dissectum, supin
de dissecare, de dis.... préfixe, et secare, couper
(voy. section).
DISSEMBLABLE (di-ssan-bla-bl') , adj. \\ 1» Qui
n'est pas semblable. Objets tout à fait dissemblables.
Horrata et Dioxippe se battent enfin en duel avec des
armes dissemblables, vaugel. Q. C. 498. Après des
fortunes si différentes et des mœurs si dissemblables ,
tous deux [le juste et l'injuste] tomberaient égale-
ment dans un oubli étemel, m/lSS. Âv . Jugem. univ.
Les vertus les plus dissemblables ne réussissent qu'à
s'attirer les mêmes reproches, id. Car. Injust. du
monde. || Dissemblable à. Une volonté particulière
contraire ou dissemblable à la volonté générale. Je
leur suis cependant dissemblable en ce point, mair.
Soliman, iv, 4. Reprochons-nous les vices qui ne
nous permettent pas de ressembler aux gens de bien ,
loin de leur reprocher les vertus qui nous les ren-
dent dissemblables, mass. Car. Injust. du monde.
Il Dissemblable de.... dans le même sens. L'Église,
en cela dissemblable des autres mères qui mettent
hors d'elles-mêmes les enfants qu'elles produisent,
noss. Fr. Bourgoing. Tout ce qui est inférieur à
l'infini en est infiniment dissemblable, fén. Kxist.
275. Il %■> S. m. Les dissemblables, nom donné aux
Ariens, parce qu'ils enseignaient que le Verbe était
en tout dissemblable au Père.
— HIST. XIV* s. Cestui Hostilius ne fu pas tant
seulement dissemblables à Numa, berciieube, f" U.
Personne non pareille et dissemblable, ID. ^ 22,
fcrio. L'une significacion est loing et dessemblable
de l'autre, oresmk, Eth. Ki\. En toutes amistés de
personnes dessemblables ou non pareilles, faire à
chescun reirihucion selon proporcion est ce qui fait
equalité, id. 16. 247. || xvi* s. Puis que tant de cau-
tères et saignées de auoY on s'est aidé, depuis vingt
DIS
et deux ans, n'ont en rien profité, il faut nécessai-
rement se servir de moyens dissemblables [autres],
LANGUE, 9). Je n'enten pas mettre en ce rang [des
flatteurs] les vertueux courtisans, que j'estime leur
estre aussi dissemlilables que l'or et l'argent sont
du plomb, ID. 499. L'un rendroit la portniicturo
difforme, et l'autre dissemblable [non ressemblante
au modèle], amyot, Cim. 5.
— ÉTYM. Vis préfixe, dans le sens négatif,
et semblable.
t DISSEMBLABLEMENT (di-ssan-bla-ble-man),
adi;. D'une manière dissemblable.
— ÉTYM. Dissemblable, et le suffixe ment.
DISSEMBLA^XE (di-ssan-blan-s'), t. f. Manque
de ressemblance. || Sorte d'opposition par laquelle
on remarque les différences entre deux objets.
— HIST. xii* s. En eus aveit plusors formances,
Varielez e dessemblances, benoît, ii, t420. || xiV s.
11 fut esgardé que nul ne pust faire monnoie sem-
blant à la monnoie le roy, qu'il n'y eust dessem-
blance aperte, et devers crois et devers piles, Or-
donn. des rois de France, t. i, p. 6(4.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et l'ancien français sem-
blance (voy. semblant); provenç. dessemblama,
dessemlama; catal. desscmblansa.
+ DISSEMBLANT, ANTE (di-ssanhian, blant'),
adj. Synonyme peu usité de dissemblable. Le Lapon
et le Nègre si dissemblants entre eux, buffon, dans
le Dict. de poivevin.
t DISSEMBLER (di-ssan-blé), ». n. Ne pas res-
.sembler, être dissemblable. Rien ne dissemble plus
de lui que lui -môme, DIDEROT, le Neveu de Rameau.
— HIST. XV* s. Foulz est vieulz homs qui jeûna
famme prenl.... di.çsemblés sont en leur marier,
EUST. DESCH. Ballade du temps présent.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, dans le sens négatif, et
sembler; ou plutôt Diderot a fait ce terme d'après
dissemblable, comme sembler se rattache à «em6(a(/ie.
DISSÉMINATION (di-ssé-mi-na-sion ; en vers, de
six syllabes), s. f. || 1° Action par laquelle les graines
se dispersent naturellement sur la terre, à l'époque
de la maturité; manière dont les plantes répandent
leurs graines mûres. La dissémination des graines.
Il Dissémination des germes, hypothèse dans laquelle
on suppose que les germes, étant préexistants, sont
disséminés et vont se loger là où ils doivent se déve-
lopper. Dans cette hypothèse de la dissémination , les
germes d'une espèce donnée ne peuvent se dévelop-
per que dans les touts organiques de même espèce;
ils sont les seuls qui renferment les conditions né-
cessaires au développement, bonnet, Contempl. nat,
QCuvres, t. viii, p. 67, dans pougens. |12° Par ex-
tension. Ijt dissémination des idées. La dissémina-
tion des Européens sur toute la surface de l'Amérique.
— ÉTYM. Disséminer.
DISSÉMINÉ, ÉE (di-ssé-mi-né, née), part, passé.
Il 1° Semé çà et là. Le pollen disséminé par les vents.
Il 2° Par extension. Les troupes disséminées ne pu-
rent opposer de résistance nulle part. Des colons
disséminés d;ins de vastes contrées. Les opinions
nouvelles disséminées parmi le peuple. || Terme de
géologie. Parties disséminées, parties accessoires
d'une roche qui sont réunies en paquets ou pelotons
dans certains points de celle roche.
t DISSÉ.MINEMENT ( di-ssé-mi-ne-man ), s. m.
État de ce qui est disséminé. Le disséminement des
troupes autrichiennes depuis Bâle jusqu'à Manheim,
THiERS, Ilist. de la Révol. dans legoarant.
— ÉTYM. Disséminer.
DISSÉMINER (di-ssé-mi-né), V. a. || fSeme-,
éparpiller çà et là. Le vent dissémine les graines de
certains végétaux. || Par extension. On dissémina les
troupes dans les différentes villes de la province.
Disséminer les erreurs. Ainsi, l'empereur, fatigué,
souffrant, accablé de trop de soins de toute espèce,
et forcé à des ménagements pour ses lieutenants,
disséminait le pouvoir comme ses armées, malgré
ses préceptes et ses anciens exemples, .=égur, llisl.
de Nap. vi, 10. || 2° Se dis.séminer, ». rif/l. Être dis-
séminé. Les graines se disséminent par le vent. Ces
bruits alarmants se disséminèrent rapidement.
— HIST. XVI* s Ceste veine est appellée mesente-
rique, pource qu'elle est di.sseminée presque par
tout le mésentère, paré, i, 21.
— ÉTYM. Lat. disseminare. de dis.... préfixe, et
seminare, semer, de semen, semence (voy. séminal).
DISSENSION (di-ssan-sion; en vers, de quatre
syllabes),*./'. Diversité des sentiments ou des in-
térêts. Si les maux et les dissensions de l'Église
semblent croître et s'aigrir chaque jour de plus en
plus, MASS. Confir. Excell. du sacerd. || Discorda
causée par cette diversité. Dissension domestique.
Les dissensions civiles. Celui qui sème desdissensioni
_.^aSÈÊÉÊÊÊÊÊÊÊÊÊaÊÈSUim^.
DIS
DIS
DIS
1189
enlre les frères, SACI, Bible, Prov. de Salomon,
71, 49. On le vil foudroyer un prince dont le crédit
fomentait la dissension, mass. Vanig. St Bern.
— HIST. XIV' s. Une ville souvent se pert Par inal
soing ou par traïson. Par famine ou discencion,
MA:iiAtiT, p. <I4. On ne savoit en tout le monde.
Tant comme il tient à la reonde, Païs, règne ne
ret;ion Qu'il n'i eilst dissention, id. p. 69. La dis-
sension tousjours commence par autre et la paix par
toy, Uénagicr, i, o. Entre les consuls avoit dissen-
cion, li quels des deux dedieroit la maison de Mer-
cure, BERCiiEURE, (° 37, reclo. || XVI* S. Je di qu'il ne
faut pas par dissention legierement abandonner une
Kglise, en laquelle est gardée en son entier la doc-
trine principale de nostre salut, calv. [mtit. 822.
Arracher la semence des dissensions, m. ib. 858.
Homme aimant dissention , d'aller donner à un tiers
chose qui n'estoit pas sienne, pour le mettre en dé-
bat contre les anciens possesseurs, mont, iv, 20.
— ÉTVM. Provenç. dissenlio, dieentio, dessession,
accession; espagii. discension; ital. dissensione ; du
latin dissensionem , de dissensum , supin de dis-
sentire (voy. dissentir).
t DISSENTER (di-ssin-teur), s. m. Mot anglais
qui signifie non-conformiste, ne reconnaissant pas
la religion anglicane. Un vicaire, un dissenter as-
siègent leurs derniers moments [des Anglais], volt.
Phil. II, 238. \\Au plur. Des dissenlers.
— ÉTYM. Voy. DISSENTIR.
t DISSENTÉRISME (di-ssin-té-ri-sm'), s. m. Ëtat
des dissidents ou dissenters d'Angleterre; leurs opi-
nions.
— f.TYM. Dissenter.
DISSENTIMENT (di-ssan-ti-man), s. m. Diffé-
rence dans la manière de sentir, de voir. Ils sont
en dissentiment. Les dissentiments font naître les
discordes.
— HIST. XVI' s. La vengeance divine présuppose
nostre dissentiment entier, pour sa justice et pour
nostre peine, mont, dans lacurne.
— ÉïYM. Dissentir.
t DISSENTIR (di-ssan-tir), je dissens, tu dissens,
il dissent, nous dissentons, vous dissentez, ils dis-
sentent; je dissentais; je dissentis; je dissentirai;
je dissentirais; dissens, dissentons; que je dissente,
que nous dissentions; que je (iissentisse; dissen-
tant; dissenti, v. n. Être en dissentiment. Pierre
a la grâce efficace pour un tel bon vouloir précis,
j'en conviens; donc il formera ce bon vouloir pré-
cis, je le nie; peut-être n'en fera-t-il-rien; qui sait
CB qu'il choisira? qui sait si, pouvant dissentir, en
cas qu'il le veuille, il ne voudra pas effectivement
dissentir? fén. t. m, p. 295.
— HIST. XVI' s. Il leur avoit déclaré les causes
mouvantes iceus protestants, en certains principaux
points, à dissentir de l'Eglise romaine, m. du sel-
lât, 306. Afin qu'il vienne consentir ou dissentir,
PASQuiER, Recherches, p. 747, dans lacurne.
— ÉTYM. Lat. dissentire, de dis.... préfixe, eisen-
lire, avoir une opinion (voy. sentir).
t DISSÉPALE (di-ssé-pa-l'), adj. Terme de bota-
nique. Qui e.st muni de deux sépales.
— ÉTYM. Acç, deux, et sépale.
t DISSÉQUANT, ANTE (di-ssé-kan, kan-t'), odj.
Terme de médecine. Anévrisme disséquant, tu-
meur disséquante, anévrisme, tumeur qui sépare
les tissus comme ferait une dissection.
DISSÉQUÉ, ÉE (di-ssé-ké, kée), part, passé.
tl 1° Préparé par dissection. Les nerfs de la face ha-
bilementdisséqués. || Fig. Examiné minutieusement.
Cet écrit disséqué par la critique. || 2° Terme de bo-
tanique. Feuilles disséquées, feuilles étroites qui
semblent être coupées en long comme avec un
scalpel.
DISSEQUER (di-ssé-ké. La syllabe se prend un
accent grave quand elle est suivie d'une syllabe
muette : je diss"que, excepté au futur et au condi-
tionnel : je disséquerai, je disséquerais, exception
qui n'est pas justifiée) , v. a. \\ 1' Terme d'anato-
inie. Ouvrir, diviser les parties d'un cadavre ou
d'une plante pour en étudier la structure. La partie
fut disséquée avec soin. On a disséqué les plantes,
iei animaux, et, si l'on veut, la lumière; on a ana-
lysé l'air; en connaissons-nous mieux la strucfure
inlime des plantes et des animaux? bonnet, l'alin-
gén. 12" partie, ch. 4. Vain espoir! s'écriera le trou-
peau d'Epicure, Et celui dont la main, disséquant
la nature. Dans un coin du cerveau nouvellement
décrit. Voit penser la matière et végéter l'esprit,
lamakt. Médit, i, 5. || Absolument. Il dissèque
bien. Se piquer en disséquant. || 2° Fig. Disséquer un
ouvrage d'esprit, en faire une analyse minutieuse
pour le critiquer.
— Etym. Lat. dissecare, de dis.... préfixe, et ie-
care, couper (voy. section).
DISSÉQUEUK (di-ssé-keur), s. m. Celui qui dis-
sèque. Certain fraler grand disséqueur do corps, J.
B. Ror.ss. Ép. I, to.
— SYN. mssEcrEUR, disséqueur. Ces deux mots
signifient exactement la même chose, mais dissec-
teur est un terme purement technique : c'est un ha-
bile dissecteur. Disséqueur se prend par moquerie
ou par ironie pour celui qui a la manie de disséquer,
comme dans l'épigraname de Rousseau.
— ÉTYM. Disséquer.
DISSERTATEUR (di-sèr-ta-teur), s. m. Celui qui
disserte, avec un sens, peu favorable, de pédan-
tisme ou de bavardage. Et nombre de dissertateurs
qui raisonnent à l'infini manquent du sentiment,
VAUVEN. Du goût. Notre dissertateurperd bientôt de
vue les romans pour s'égarer dans une digression
sur les tragédies modernes. Année littéraire, 1767,
t. II, p. 69.
— ÉTYM. Lat. dissertator, de dissertare, dis-
serter.
t DISSERTATIF, IVE (di-sèr-ta-tif, ti-v'), adj.
Qui appartient à la dissertation; qui a quelque rap-
port avec une dissertation.
— ÉTYM. Disserter.
DISSERTATION (di-sèr-ta-sion ; en vers, de cinq
syllabes), s. f. Examen de quelque point de doc-
trine, soit de vive voix, soit par écrit. Une disser-
tation savante. Vingt-cinq à trente dissertations ou
mémoires que donna M. Halley dans l'espace de
neuf à dix ans qu'il demeura à Londres, presque
tous remplis d'idées neuves, singulières et utiles,
mairan. Éloges, Halley. J'ai lu deux ou trois cents
dissertations sur ce grand objet [l'âme]; elles ne
m'ont jamais rien appris, volt. Dial. xxiv, 2.
Il Sorte de composition qu'on donne à faire aux éco-
liers dans les classes de philosophie des lycées ou
collèges et aux aspirants à la licence dans les facul-
tés des lettres. Dissertation latine. Prix de disser-
tation française.
— ÉTYM. Lat. dissertationem, de dissertare,
disserter.
DISSERTER (di-sèr-té), t'. n. Faire une disserta-
tion; discourir méthodiquement. Il a longuement
disserté. Près de lui [un général] , des officiers d'ar-
mes savantes dissertaient encore ... dans notre siè-
cle, que quelques découvertes encouragent à tout
expliquer, ceux-là, au milieu des souffrances aiguës
que leur apportait le vent du nord [en Russie, dans
l'hiver de<8l2], cherchaient la cause de cette con-
stante direction, SÉGUR, Hist. de Nap. XI, 10. {| Il
se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
— REM. St-Simon a employé au sens passif le
participe passé : S'il se met quelque matière en
délibération fictive ou effective , cela retombe dans
les cas qui viennent d'être dissertes, et ne tient
que par hasard à la cérémonie, 398, <84. Cela ne
doit pas être imité.
— ÉTYM. Lat. dissertare, fréquentatif de disse-
rere, de dû.. ..préfixe, et serere, enlacer (voy. série,
sermon) : proprement, étendre en lacs, en série, et
d'une façon distincte à cause de dis.
t D1Ss'eRTEUR,EUSE (di-sèr-teur, teû-z'), s. m.
et f. Celui, celle qui soutient, développe une opi-
nion. Ne craignez point de faire la disserteuse, ne
craignez point de joindre aux grâces de votre per-
sonne la force de votre esprit, volt. Corresp. dans
LA veaux.
— ÉTYM. Disserter; lat. dissettor, de disserere
(voy. disserter).
DISSIDENCE (di-ssi-dan-s'), s. f. État d'esprits
qui ne s'accordent plus. Dissidence d'opinions. Cette
proposition a produit une dissidence fâcheuse.
— ÉTYM. Lat. dissidentia, de dissidens, dissident.
DISSIDENT, KNTE (di-ssi-dan , dan-t') , adj.
Il 1° Oui est en dissidence sur un point de doctrine
avec le plus grand nombre, ou avec une église offi-
cielle. Secte, faction dissidente. || 2° Substantive-
ment. Les presbytériens sont des dissidents en An-
gleterre. Le ministère est trop occupé des parlements
pour songer à persécuter les dissidents de France,
VOLT. iett. Pomaret, 24 oct. <77). Ces dissidents
persécutés deviendront persécuteurs, lorsqu'ils se-
ront les plus forts, diderot. Salon de 4767, QBu-
rrcs, t. XV, p. <«8, dans pougens. || Les dissidents
de Pologne, les luthériens et les grecs schisinati-
ques.
— ÉTYM. Lat. dissidrns, de dissidere, être dissi-
dent, proprement, être écarté, dedîs.... préfixe, dans
le sens de séparation, et sedere, être assis (voy. seoir).
i DISSIGNE (di-ssi-gn'). || l'.S. m. Terme d'algèbre.
Variation de signe. |] i" Adj. Quantités, lermesdissi-
gnes, quantités, termes qui ont des signes diffé-
rents. Est opposé à consigne. |{ Peu usité.
— ÊTYM. Dis.... préfixe, dans le sens négatif, et
signe.
DISSIMILAIRE (di-ssi-ml-lê-r'), adj. Qui est
d'un autre genre, d'une autre espèce. On distingue
deux sortes de parties dans les corps organisés : les
parties similaires et les parties dissimilaircs, bon-
net, Contempl. nat. tO'part. ch. 26. || Terme de
physique. Corps dissimilaire, corps dont la poussière
diffère sensiblement par sa couleur de la couleur
de la masse. || Terme de minéralogie. Cristal dissi-
milaire, cristal dont les bords et les angles sur les-
quels agissent les décroissements, en subissent cha-
cun deux, à l'exception d'un bord ou d'un angle qui
ne subit qu'un seul décroissement. || Terme de zoo-
logie. Opercule dissimilaire, opercule qui n'a pas
la forme de la coquille. || Charnière dissimilaire,
charnière d'une coquille bivalve qui n'est pas sem-
blable sur les deux valves.
— HIST. XVI" s. Les parties composées sont dites
dissimilaires au contraire de ce que nous avons dit
[parce qu'on les peut diviser en parties différentes] ,
PARÉ, I, Préf.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, dans le sens négatif , et
similaire.
t DISSIMILARITÉ (di-ssi-mi-!a-ri-té), s. f. Qua-
lité de ce qui est dissimilaire. Quoi qu'il en soit de
la similarité ou de la dissimilaritô organique des
germes dans le même individu.... bonnet, Consid.
corps organ. Œuvres, t. vi, p. 45, dans pougens.
— ÉTYM. Dissimilaire.
t DISSIMILITUDE (di-ssi-mi-Ii-tu-d') , s. f. Dé-
faut de similitude, de ressemblance. || Terme de
rhétorique. Figure de pensée qui développe les dif-
férences de deux objets rapprochés d'abord comme'
analogues.
— HIST. XIV' s. Et les vices extrêmes ont plus
grant dissimilitude l'un à l'autre que eulx n ont au
moyen, 0RESME, frt. 32. |1 xvi' s. Dissimilitudo ,
LANGUE, 638.
— ÉTYM. flî's.... préfixe, et. similitude.
DISSIMULATEUR, TRICE (di-ssi-mu-la-teur, tri-
s'), s. m. et f. Celui, celle qui dissimule. Arsace et
Valons, qui avaient fait phis d'une fois une fausse
abjuration de l'arianisme, étaient de subtils dissi-
mulateurs et féconds en expressions trompeuses, boss.
Var. 2' instr. pastor. § m. Le monde est plein de
dissimulateurs de la vérité, mass. Avent, Épiphan.
Ainsi dans les mages elle [l'étoile d'Orient] forme
des adorateurs; dans les prêtres, des dissimula-
teurs; dans Hérode, un persécuteur, id. t6. Les gens
de bien tout seuls vous excusent, vous justifient,
sont les apologistes de vos vertus, ou les sages di.s-
simulateursdevos vices, id. Car. Injust. du monde.
\\Jdj. Un silence dissimulateur.
— HIST. xvi' s. Je vous prie dire que j'ay eu af-
faire aux plus grans dissimuleurs et gens où il se
treuve aussy peu d'honneur qu'il est possible, marg.
Lett. 47. Dissimulatrice, cotorave.
— ÉTYM. Lat. dissimulatorem, de dissimulare,
dissimuler.
DISSIMULATION (di-ssi-mu-la-sion ; en vers, de
six syllabes), s. f. \\ 1° Action de dissimuler ses sen-
timents, SOS desseins. User de dissimulation. Avoir
recours à la dissimulation. La dissimulation n'est
pas aisée h. bien définir.... c'est un certain art
do composer ses paroles et ses actions pour une
mauvaise fin, la bruy. Théophr. i. On ne donne
presque jamais aux princes qu'une maxime, qui est
celle de la dissimulation; elle est fausse, et fait tom-
ber dans de grands inconvénients, maintenon. Avis
à la duch. de Bourg, t. m, p. 209, dans pougens.
.\ l'abri delà dissimulation, les courtisans s'embras-
sent, les femmes se complimentent, et les auteurs
se saluent de loin, DUFRESNY, Double veuvage , m , 2.
Il 2° Caractère de l'homme dissimulé. Il est d'une
dissimulation profonde. || 3° Acte de dissimulation;
feinte de ne pas voir ou savoir. Je ne pouvais, avec
mes petites dissimidations, parer l'évidence de son
amour, Marivaux, Mariane, 2» part.
— HIST. XV' s. Jean Lyon savoit tout de certain
qu'il avoit jà tant courroucé le comte que jamais
n'en viendroit à paix; et, s'il y venoit par voie de
dissimulation, bien savoit qu'il en mourroit, Fnoiss.
II, II, 55. Ceste paoureuse dissimulation clost à tous
la bouche, gerson, Harengue au roi Charles Yt ,
p. 4 8. Il XVI' s. La dissimulation que vous faites d'es-
tre tant chaste ne vous a de rien servi, marg. Nouv.
XXII. Ils devindrent plus violents en commandant à
leurs subjec'.s, après qu'ilz eurent osté ;e masque et
la dissimulation de leur puissance absolue, iMTOi
Démétr. 22
1190
DIS
— ÉTYN. ut. dissimulationem, de dissimulart ,
diisimnler.
DISSIMULE, ÉE (di-ssi-mu-lé, lée), part.passé.
Il 1° Caché par dissimulation. Ses vrais sentiments
longtemps dissimulés. Recours des impuissants,
haine dissimulée, cobn. Hodog. ii, (. || 2° Oui est
accoutumé à dissimuler. C'est un homme dissimulé.
Un homme di.ssimulé.... loue ouvertement et en
leur présence ceux à qui il dresse de secrùles em-
bûches, et il s'afflige avec eux, s'il leur est arrivé
quelque disgrSce, la bruy. Théophr. i. Inquiùte,
troublée, Je ne me sentais pas as.se/. dissimulée; De
mon front effrayé je craignais la pâleur, rac. Brit.
m, 7. Il Substantivement. Un dissimulé. Vous n'ùtos
qu'une dissimulée, du fbesnï, E^pr. contrad. 3.
Il II se dit aussi des choses dans le même sens. Un
caractère dissimulé. Il [Callisthfne] n'était pas né
pour la cour, oi'i il faut avoir un esprit souple,
pliant, accommodant, quelquefois même fourbe et
perfide, mais au moins dissimulé et flatteur, bol-
lin, Uist. anc. OKmres, t. vi, p. 477, dans pou-
gens. Un extérieur plus dissimulé que moduste,
MARIVAUX, Paysan pan. 2' part.
DISSIMULER (di-ssi-mu-l('>) , ». a. \\ 1° Ne pas
laisser apercevoir ce qu'on a dans l'flmo. Dissimuler
sa haine. II dissimula sa joie. Dissimulez, Seigneur,
cet aveugle courroux, rac. Esth. m, <. || Ab.solu-
ment. Il ne sait pas l'art de dissimuler. Qui ne sait
pas dissimulernesaitpas régner, Parolede Louis XI.
Dissimulez, seigneur, c'est tout ce que je veux,
RAC. Andr. m, t. On peut bien dissimuler un pou
pour rendre service à ses amis, maintenon, Lelt.
à Mmede St Géran, 2 févr. 1887. Hors dix ou douze
amis, à qui je puis parler. Avec toute la cour je
vais dissimuler, volt. Inriiscr. 2. || 2° Cacher, taire.
On lui dissimula son malheur. C'est en ces actions
dont l'honneur est blessé, Qu'un père tel que vous se
montre intéressé.... Lui-même il y prend part lors-
qu'il les dissimule, cobn. //or. v, t. Et lorsqu'on dissi-
mule un cri me domestique, iD.Poiy. III, 6. || Dissimu-
ler une partie de sa fortune, sonactif. || Sediss'muler
quelquechose àsoi-môme, ne pas s'avouer, ne pas
reconnaître une chose. Je ne me dissimule pas le
danger oii je suis. Il se dissimula longtemps sa
faiblesse. || 3°. Paraître ne pas remarquer, ne pas
ressentir. Dissimuler un affront, une injustice.
....Que Home dissimule Ce que dès sa naissance
elle vit en Romule, corn. Hor. v, 3. Il dissimule
les mauvais offices, la bruy. viu. Asdrubal aima
mieux dissimuler de petites injures que de s'atti-
rer une guerre ouverte et déclarée, vertot, Ué-
vol. rom. IX, p. 372. || Absolument. ThéoBose était
informé de ces désordres et dissimulait sagement
jusqu'à ce qu'il fût en état d'y remédier, fléch.
Hist. de Théodose, II, u. || 4° Rendre moins appa-
rent. Cette robe dissimule les défauts de la taille.
Il 5° Se dissimuler, v. réfl. Être dissimulé, caclié.
L'amour ne peut se dissimuler longtemps. || Fami-
lièrement. Ne pas se laisser voir, se cacher, en par-
lant des personnes. Il se dissimula au milieu de la
foule. Il Se retirer d'un salon sans bruit, de manière
que personne ne se dérange.
— REM. Di.ssimuler suivi de que veut le subjonc-
tif: il dissimula qu'il eût eu part à cette affaire. Ne
pas dissimuler veut l'inilicatif : je ne dissimule pas
que j'ai changé d'avis; ou le subjonctif avec ne :. je
ne dissimule pas qu'il n'en soit ainsi. Ne pas se dis-
simuler veut le subjonctif ou l'indicatif: je ne me
dissimule pas que mes sentiments ont beaucoup
changé, ou n'aient beaucoup changé. Le subjonctif
n'est employé que quand il est lui-même précédé
de la particule ne qui paraît bien être la cause pro-
chaine de ce mode.
— SYN. NE PAS dissimuler, NE PAS SE DISSIMULER.
Je ne dissimule pas veut dire je ne cherche pas à
tacher : je ne dissimule pas qu'il en est ainsi. Je ne
me dissimule pas veut dire je ne me fais pas illu-
sion, je conçois sans pouvoir en douter: je ne me
dissimule pas qu'il en est ainsi.
— HIST. XIV" s. Servius se est asis en la sée royiU,
et aucuns jugemens a déterminé; les autres il a re-
mis au jugement du roy, et a dissimulé qu'il s'en
consoilleroit ovecques lui, bebcheube, f 2), recto.
Il dissimuloient leur injures, m. f" «2, verso.
Il XV' s. Le chevalier dissimula au mieux qu'il put,
et se départit de la présence des seigneurs, kboiss.
n, II, 45. Esgrans cours fault souvent faire le soiirt,
Qu'on ne voit rien et qu'on ne .scet parler, Kaire
plaisir, soufrir, dissimuler, e. deschamps. De la
manière désire à la cour. Et disoient aucuns que
di.ssimuler estoit un rain [rameau] de trahison,
CHU. DE pisAH, Ilist. de Charles Y, m, 26. Et al-
lant «n cet habit dissimulé, il fut prins par ung ap-
DIS
pelle Robinet le Ueuf, comm. v, 7. S'il n'y a ma-
tière, ilz [les juges] trouvent la façon de dissimuler
à ouyr les parties et les tesmoings pour tenir la per-
sonne et destruire en despcnso, in. v, (8. || xvi* s.
Et d'autant plus se déclara apiès sa mort [d'un
homina], qu'elle s'cstoit dissimulée durant sa vie,
HABG. Nouv. IX. Et quelquefois alloit par villes en
habit dissimulé, pour mieux entendre la vérité de
toutes sortes d'affaires, desper. Contes, vi. S'il eust
pu dissimuler que le prince de Condé avoit eu part
à la conjuration.... castelnau, (O. Le roy, après
l'avoir reconforté de sa maladie, qui toutesfois es-
toit dissimulée [simulée], m. du dell. 84. Il eu fut
toujours, tant qu'il vescut, amoureux, et ne le dis-
simuloit pas.encor qu'il fut hors d'aaged'eslre aimé,
AMYOT, Sylla, 72. Pour retenir un amant en ser-
vage. Il faut aimer et non dissimuler [feindre],
BONS. 218. En vain elle dissimule Ne sentir le mal
qui croist; Sa flame, qui son cœur brusle, Claire
au visage apparoist, id. 49I. J'aime mieulx estre
importun et indiscret que flatteur et dissimulé,
MONT, m, 63.
— ÉTY.M. Lat. diisimulare , de dis.... préfixe,
et .limulare (voy. simuler). La plus ancienne forme
éuil dissembler, d'où l'anglais dissembler, celui qui
dissimule.
DISSIPATEUR, TUICE (di-si-pa-teur, tri-s'), s.
m. el f. Celui, celle qui dissipe sa fortune dans le
désordre. Quel dissipateur! Un insensé dissipateur.
\\Adj. Une cour follement dissipatrice. Un fils dissi-
pateur succède à un père avare, raynal, Uist.
phil. IV, 1. Le public parut trembler un moment
que l'urgence des besoins ne vous rendît moins scru-
puleux sur les engagements d'une administration
dissipatrice, Mirabeau, Collection, t. iv, p. 281.
— SYN. dissipateur, prodigue. Dissipateur dit
plus que prodigue. Un homme est prodigue quand
il fait facilement de la dépense et qu'il n'épargne
pas son bien; mais cela n'implique pas qu'il le dis-
sii)e; sa prodigalité peut ne pas aller jusqu'à enta-
mer absolument sa fortune. Au contraire le dissipa-
teur fait si bien que bientôt il ne lui reste rien de
la sienne.
— HlST. XV* s. Tu n'es femme que de despence Et
dissiperesse de biens, e. desch. Poésies mss. f- 379,
dans LACUBNE. || xvi' s. Selon, le bon législateur.
Qui fut des maulx le vray dissipateur, les Tri. de
Pétrarque, trad. du baron d'Oppède, i'ee, dans
lacurne.
— ÉTYM. Lat. dissipator, de dissipare, dissiper;
provenç. dissipayre; c'atal. dissipator; espagn. di-
sipalor ; ital. dissipatore. Le provençal dissipayre
est au nominatif, du latin dissipator; le régime est
dissipador, de dissipatàrem.
DISSIPATION (di-si-pa-sion; en vers, decinqsylla-
hes),s.f. Il 1° Action de dissiper, de disperser, de faire
disparaître. Tous les combats s'y passent [sur mer] en
coups de canon, en dissipation de vaisseaux que l'on
croit avoir coulés et qui se retrouvent au bout d'un
mois, sÉv. 577. Je ne trouve que des occasions de le
[trouble] faire naître et de l'augmenter dans ceux
dont j'en avais attendu la dissipation, pasc. dans cou-
sin. Je lus l'endroit où vousme marquiez votre peine
sur la dissipation des biens de Port-Royal par une
garnison, maintenon, /,«((. Card.de Noailles, (7 nov.
1707. Il 2° Action d'évaporer, déperdition. La dissipa-
tion de l'humidité de la terre. La dissipation des es-
prits animaux. Cela adoucissait le sang, réparait les
dissipations, sÉv. sol. || Kig. Vous représentez l'es-
prit de la république après la dissipation de son
corps, balz. liv. v, lett. 2. || 3° Emploi prodigue et
mal entendu. I.a dissipation des finances. Ils bâtis-
sent leur maison du débris et de la dissipation de
tout un royaume , balz. 7* discours sur la cour. Les
dissipations du patrimoine de Jésus-Christ en meu-
bles, en trains, en équipages, bourd. Sévérité érang.
2« avent, p. 436. || Kig. La dissipation que vous avez
faite de ses grâces [de Dieu], mass. Aient, Délai.
Il Au plur. Dépenses folles et ruineuses. Il s'est
ruiné par ses dissipations. || 4° Relâchement d'appli-
cation, liberté qu'on s'accorde de se réjouir, pour
soulager l'esprit et le corps. Il vous faut un peu de
dissipation. Je me persuade tous les jours de plus
en plus que la solitude est nécessaire pour servir
Dieu, et que la di,ssipation est très-dangereuse, mais-
tenon, Lett. abbé Gobelin, 20 mai 1675. j| Etat
d'un esprit qui ne s'applique pas. La dissipation de
son esprit est cause qu'il ne fait rien. Que si le com-
merce des hommes et la dissipation de l'esprit, iné-
vitable dans les grands emplois, ont laissé quelque
impureté dans une vie aussi sage et aussi chré-
tienne.... FLÊcii. le Tellier. || Vie où l'on se livre à
tous les amusements. Vivre dans la dissipation. La
DIS
dissipation, l'ivresse de son âge, Une ville où loi l
plaît, un monde où tout engage, gresset, lléch.i. c
— HIST. XVI* s. S'esjouis.sant [la divinité] de la
ruyne et dissipation des choses par elle créées et
conservées, mont, ii, 250.
— ÉTYM. Provenç. dissipasion; espagn. dissipa-
don; ital. dissipaiione ; du latin dissipationem, de
dissipare. dissiper.
DISSIPÉ, ÉE (di-si-pé, pée), part, passé.
Il 1° Qu'on a fait évanouir. Les vapeurs dissipées
par le soleil. Un orage dissipé avant qu'il éclalTit. La
vaiiilé des choses humaines, tant de fois étalée
dans cette chaire, ne se montre que trop d'elle-
même, sans le secours de ma voix, dans ce sceptre
sitôt tombé d'une royale main et dans une si haute
majesté si promptement dissipée, boss. Uarie-Thér.
Il 2° Dispersé. Les groupes séditieux dissipés par la
force armée. Les forces de l'Egypte et de l'Orient
qu'Antoine menait avec lui sont dissipées, id. Ilitt.
I, 9. [Il] Rassemble les débris d'un parti dissipé,
VOLT. Sémiram. v, l. || 3" Perdu en \aines dépen-
ses. Cet archiduc, qui était venu conquérir le
royaume d'Espagne, n'avait pas de quoi payer son
chocolat; tout ce que la reine Anne lui avait donné
était dissipé, volt. Jenni, 4. C'est son bien dissipé
[du vieillard], c'est son fils, c'est sa femme. Ou les
douleurs du corps si pesantes à l'âme, a. chénibh,
Élég. 33. Il 4° Oui se laisse partager, distraire par
les soins, les occupations, les amusements. Cet es-
prit simple, uni, stable, pur, pacifique. En mille
soins divers n'est jamais dissipé, cobn. Imitalion,
I, 3. Vous m'offririez le laurier d'Euripide, Si,
comme lui, dans quelque roche aride, Pour re-
cueillir mon esprit dissipé. J'allais chercher un sé-
pulcre escarpé, :. B. Rouss. Ép. i, i. ||Être dissipé,
manquer d'attention, être très-léger. || Vie dissipée,
vie livrée aux distractions et aux amusements. Je ne
confonds point cette gaieté dissipée avec le plaisir
sensible et passionné que doit causer la vue de ce
qu'on aime, du fresny. Double veuvage,!, i.
L'homme dissipé est également incapable d'aiïtC'
tiens profondes et durables, baynal, //ts/. phil. xv,
4. Il .S', m. el f. Un jeune dissipé. Une jeune dissipée.
DISSIPER (di-si-pé), v. a. \\l° Faire évanouir en
disséminant, en écartant. Le brouillard fut dissipé.
Le soleil dissipe les ténèbres. Le sommeil dissipe
les fumées du vin. Vous avez fait un amas et un
trésor, mais c'était un amas de poussière que le
vent a emporté et dissipé, bourdal. 3* dim. après
l'Épiph. Dominic. t. i, p. 124. Les Syracusains ne
rasent pas seulement la citadelle, mais tous les pa-
lais des tyrans, et fouillent jusqu'à leurs tombeaux
qu'ils renversent et dissipent, rollin, Uist. anc.
CEuvres, t. v, p. 328, dans pougens. || Dissiper un
orage, l'empêcher d'éclater. || Et, figurément. L'es-
time où l'on vous tient a dissi|ié l'orage. Et mon
mari de vous ne peut prendre d'ombrage, mol.
Tart. IV, 6. Il Fig. Dissiper les illusions, les doutes
de quelqu'un, l'en délivrer. Le coup de cette indi-
gnité Rabat en nous la vaine gloire, Dissipe ses va-
peurs, et rend à la mémoire Le souci de l'humilité,
CORN. Imit. 1, 12. Il Écarter loin de soi. Ah! dissi-
pez ces indignes alarmes. Il a trop bien senti le pou-
voir de vos charmes, rac. Andr. ii, 1. 1| 2° Disper-
ser. La gendarmerie dissipa les attroupements. Lui
.seul mit à vos pieds le Parthe et l'Indien, Dissipa
devant vous les innombrables Scythes.... rac £»//i.
m, 4. Que fera-t-il , madame? et qui peut dissiper
Tous les flots d'ennemis prêts à l'envelopperT id.
Iphig. V, 3. Décimus, l'ayant poussé [Antoine] hors
de l'Italie, écrivit au sénat qu'il avait dissipé son
armée, vertot, Rév. rom. xiv, p. 332. La tempête
ayant dissipé la moitié de leurs vaisseaux, une par-
tie do ces conquérants, échappés au naufrage, fu-
rent mis à la chaîne, volt. Uceurs de l'Esp. el des
Uusutm. Tancrède a dissipé Le reste d'une armée
au carnage échappé, id. Tancr. v, 4. || Par analo-
gie. Dissiper les factions. Accourue pour dissiper la
conjuration, BOss. Uist. i, 6. Vous dissiperez l'en-
nemi [le démon] avec toute sa malice, lu. Lett.
Corn. 100. Que peuvent contre lui [Dieu] tous les
rois de la terre? En vain ils s'uniraient pour lui
faire la guerre; Pour dissiper leur ligue, il n'a qu'à
se montrer; Il parle, et dans la poudre il les fait
tous rentrer, rac. Esth. i, 3. || 3° Consumer en dé-
penses folles, excessives. Dissiper son patrimoine.
[Nos ancêtres] Moins appliqués à dissiper ou à gros-
sir leur patrimoine qu'à le maintenir, [ils] le lais-
saient entier à leurs héritiers, la brut. vu. Il ne
songeait qu'à dissiper les trésors que.... fên. Tél. u.
Il Dissiper son temps, sa jeunesse, perdre son
temps, sa jeunesse. Elle voit dissiper sa jeunesse
eu regrets, Mon amour en fumée, et son bien en
DIS
DIS
DIS
iV3\
proc^s, SAC. Plaid, i, 6. [( Cette phrase a été criti-
quée i on a dit qu'il fallait se dissiper; mais on peut
entendre : elle voit qu'on dissipe.... 1| 4° Distraire,
récréer. Venez avec nous; cela vous dissipera. Ce
qui nous dissipa fut la visite d'un de nos amis. Loin
que la joie et les plaisirs dont tout le monde paraît
enivré, me dissipent et m'amusent.... gbaffiony,
lettres péruv. 28. || Absolument. La promenade dis-
sipe. Il Jeter dans la dissipation. Les compagnies
qu'il fréquentait l'ont dissipé. Les affaires nous dis-
sipent, le repos nous amollit, mass. Car. Pricret.
Le monde, au milieu duquel vous vivez, a deux
pernicieux effets : il nous dissipe et il nous cor-
rompt, BOURD. w dim. après la Pentec. Dominic.
t. ni, p. 383.11 5° r.n. Terme de physiologie. Per-
dre par le mouvement vital. On dissipe par l'exer-
cice. Les unaus dissipent peu et engraissent par le
repos, nuFF. Unau. || B' Se dissiper , v. réft. Être
dissipé, se perdre. L'eau se dissipe dans le vide à
la température ordinaire. L'orage se dissipe et les
cieux sont ouverts, botr. Herc. monr. v, 3. Un
nuage qui se dissipait de dessus mes yeux, fén.
Tél. IV. Il Fig. Mes craintes se sont dissipées. Et tout
co bruilflatteur de notre renommée, Comme il n'est
que fumée, Se dissipe en vapeur, corn. Imit. i, 3.
Sa flamme se dissipe et va s'évanouir, ID. Poly.i, t.
Voilà comment se dissipent les meilleurs avis et com-
ment aussi se ruinent les plus puissants empires,
iiOLLiN, nist. anc. aiurres,t. viii, p. 371, dans
rouGENS. Il 7" Se disperser. La foule ameutée ie dis-
sipa. Tous s'étant dissipés çà et là, vaugel. Q. C.
301. Il 8° Être perdu en dépenses folles ou excessi-
ves. Que leur famille s'éteindrait; que tous leurs
grands biens se dissiperaient, nioole, Ess. de mor,
)" traité, ch. 4. || 9° Se distraire. Vous travaillez
trop; il vous faut dissiper. Pour me dissiper en des
pensées inutiles de l'avenir, pascal, dans cousin.
11 faut promptement que je me dissipe, sévig. 75.
Adieu, madame, dissipez-vous, soupez, mais sur-
tout digérez, volt. Lett. Mme du DcffanI, 30 mars
j <775. Il Être livré àla dissipation. Le duc, se livrant
sans cesse à de nouvelles folies, se dissipait par ses
inconslances, hamilt. Gramm. to.
— HIST. XIV* R. Les choses qui encores erent jeu-
nes et nouvelles eussent esté dissipées et destruites
par discordes, BEnciiEuiiE, f" 28, recto. || xv" s. Par
ces vices se dissiperoit non pas seulement Testât de
la royale seigneurie, mais chascun des trois estaz
suhjetz qui gardent et entretiennent cest estât sou-
verain, GERSON, Harengue au roi Charles VI, p. <6.
Il XVI* s. Des mouches mesmes pourront dissiper
une armée, mont, ii, t90. Nostre veiller n'est ja-
mais si esveiUé qu'il purge et dissipe bien à poinct
les resveries, m. ii, 309. Je n'ay rien acquis,
non plus que dissipé, m. iv, 69. Depuis, la roine
fit dissiper les arbres, jardins, allées et cabinets, et
de plus les édifices de plaisir des Tournelles [où
Henri II avait été blessé mortellement], cette place
luy estant en exécration, d'aub. Hist. i, 85.
— ÉTYM. Provenç. dissipar, discipar, decipar;
espagn. disipar; ital. dissipare; du latin dissipare,
de dis.... préfixe, et de l'ancien latin supare, jeter
(dans F'estus), rattaché au sanscrit xip, jeter; al-
lem. schippen.
t DISSITIFLORE (di-ssi-ti-flo-r'), adj. Terme de
hotanique. Dont les fleurs sont écartées les unes des
autres.
— ÊTYM. Lat. dissitus, séparé, de disserere, de
dis.... préfixe, et serere, semer (voy. saison), et
flos. fieur.
t DISSITIVALVE (di-ssi-ti-val-v'), adj. Terme de
loologie. Qui est formé de plusieurs valves distinctes
et écartées les unes des autres.
— ÉTYM. Lat. dissitus (voy. le précédent) , et
xalve.
t DISSOCIABLE (di-sso-si-a-bl'), adj. Qu'on peut
dissocier ou séparer.
— HlST. xvr s. 11 n'est rien si dissociable et so-
ciable que l'homme : l'un par son vice, l'autre par
sa vertu, mont, i, 274.
— ÉTYM. Lat. dissociabilis , de dissociare, dis-
socier.
t DISSOCIATION (di-sso-si-a-sion), s. f. Action
de dissocier. La dissociation des éléments d'un corps.
— HIST. XVI» s. Il a rompu, par le passé, les au-
tres traictés qui ont esté faits de me marier; dont,
entre autres, y en eut un si proche, que la disso-
ciation en fut comme un miracle de Dieu, l'Amant
retsuscité, p. 414, dans lacurne.
— ÉTrM. Dissocier.
•t DISSOCIÉ, ÉE (di-sso-si-é, ée), part. pas.ié.
Les éléments des corps organiques dissociés après
U mort par les affinités chimiques.
f DISSOCIER (di-sso-si-é), je dissociais, nous dis-
sociions, vous dissociiez; que je dissocie, que nous
dissociions, que vous dissociiez, v. a. || 1° Rompre
une association, dissoudre une société. || 2° Disjoin-
dre, désagréger. Dissocier les éléments d'un corps.
Il 3° K. rc/7. Se dissocier, se disjoindre, se désagré-
ger. Les poudres fulminantes sont dos composés
dont les éléments .se dissocient si facilement et si
subitement que le moindre frottement suffit pour les
faire éclater.
— HlST. XVI* s. Dissocier, oddin, Dict.
— ÉTYM Lat. dissociare, de dis.... préfixe, et
sociare, associer (voy. social).
DISSOLU, 0E (di-sso-lu, lue), adj. \\ i° Livré à
ladissolution, à la débauche. Des pécheurs dissolus,
scandaleux, devenus tout d'un coup des pénitents
humiliés, mass. Confér. Excell. du sacerd. Monique
pleurait Augustin dissolu et infecté des erreurs les
plus monstrueuses; mais Monique ne le pleurait pas
comme perdu, m. Confér. Zèle contre les vices.
Il 2* En parlant des choses. Vie dissolue. Si cela est,
on n'entendra plus, à vos tables, de ces discours
dissolus dont elles ont été jusqu'à présent tant de fois
profanées, bourdal. 6* dim. après la Pentec. Do-
minic. t. III, p. 39. Qui porte, dans toutes les na-
tions étrangères, des mœurs dissolues, fén. Dial.
des morts anc. 1 5. Un souverain pieux entouré d'une
cour dissolue, mass. Car. Mot. de conv.
— HIST. XIV* s. Ainsi font les mauvais pasteurs
qui errent toute jour es lieux dissolus, et vont à la
taverne, Modus, f» lxvi, verso. Rertran de Guës-
chn, qui ci est descendus, A fait de France issir
deables dissolus, Guescl. 8424. ||xv* s. Et quant la
matière eut fort esté débattue, fut le conseil fort
dissolu [irrésolu], et entre les serviteurs des princes
y avoit plusieurs paroles, juvén. Charles VI, <380.
Il xvr s. En habitz pompeux, dissoluz et lascifz,
RAB. Pant. IV, Prol. Le commun populaire, qui
paravant se passoit à peu, en devint superflu, sump-
tueux et dissolu, amyot, Péric. t6. Ceste vie disso-
lue fut cause de luy augmenter sa maladie, ID.
SyUa, 73. Sans souffrir que l'on y feist ne que l'on
y dist aucune chose dissolue, in. Sertnr. 40. Défen-
dant de passer obligation en lieu dissolu [taverne,
mauvais lieu]. Nouveau coût, géne'r. t. ii, p. t3(,
dans lacurne.
— ÉTYM. Provenç. dissolut; espagn. disoluto ;
ital. dissoluto; du latin dissolutus, de dissolvere,
dissoudre (voy. dissoudre). Le sens propre est déta-
ché, délié, déchaîné; et de là le sens de : rui a
perdu le lien, le frein moral.
t DISSOLUHILITÉ (di-sso-lu-bi-li-té), s. f. Etat
de ce qui est dissoluble.
— ÉTYM. Dissohible.
DISSOLUBLE (di-sso-lu-W), adj. \\ 1° Terme de
chimie. Qui peut être dis.sous. Celte substance est
dissoluble dans Teau. || 2° Terme de jurisprudence.
Qui peut être rompu. Cet officiai ne pensa pas comme
celui de Strasbourg, que le mariage de Lévi avec
Meiidel-Cerf fût nul ou dissoluble, volt. Dict. phil.
Mariage.
— HIST. xiv* s. Et, pour certain, teles amistés
sont legierement dissolubles et de legier deffaites,
0RESME, Eth. i33.
— ÉTYM. Lat. dissolubilis , de dissohere {disso-
lucre] (voy. dissoudre).
DISSOLUMENT (di-sso-lu-man) , adv. D'une ma-
nière dissolue. Vivre dissolument.
— REM. L'Académie devrait mettre d'accord dis-
solument, qui n'a point d'accent circonflexe, avec
résolument, qui en a un.
— HIST. xiii* s. Borgois qui vivent dissoluement ,
Liv. de just. 3t .
— ÉTYM. Dissolu, et le suffixe ment.
t DISSOLUtE (di-sso-lu-té), s. m. Terme de phar-
macie. Résultat d'une dissolution.
— ÉTYM. Voy. DISSOLUTION.
DISSOLUTIF, IVE (di-sso-lu-tif, ti-v') , adj. Qui
a la vertu de dissoudre. || On dit plutôt aujourd'hui
dissolvant; cependant il est vrai de dire qu'il y a
une difl'érence entre ces deux mots : dissolvant ex-
prime l'acte, et dissolutif la puissance.
— HIST. xvi' s. Les figues ont un sel en elles si
fort corrosif et dissolutif, que.... palissy, 235.
— ÉTYM. Provenç. dissolutiu; espagn. disolu-
tivo ; ital. dmoiutu'O; du latin dtssoiulum , supin
de dissolvere (voy. dissoudre).
DISSOLUTION (di-sso-lu-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. \\ 1° Séparation des parties d'un corps
par voie de décomposition. Tomber en dissolution.
il Terme d'ancienne pathologie. Dissolution des hu-
meurs, du sang, la trop grande luidité du sang,
des humeurs. [| 2° Terme de rhétor.que. Nom donné
quelquefois à la figure appelée ordinairement dis
jonction. || 3° Terme de chimie. Action de dissoudr i
une substance dans un liquide. La dissolution d':
sel dans l'eau. || Union moléculaire d'un liquide avpc
un corps solide, liquide ou gazeux, de manière a
former un nouveau liquide homogène. La dissolu-
tion a lieu le plus souvent entre un solide et un li
quide, et plus rarement entre un gaz et un liquide,
ou entre deux liquides. Dissolution ou solution sa-
turée, dissolution renfermant, du corps dissous, la
plus grande quantité qu'elle en puisse contenir sans
en rien laisser déposer ou cristalliser. Un sel en
dissolution dans de l'eau. || Le liquide même qui en
résulte. 11 avala la dis.solution. Je pris dans un fla-
con de la dissolution d'alcali fixe, j. j. houss. Ém. m.
Il 4° Fig. Disjonction. La dissolution du corps et de
l'Ame. Il Absolument. Mort naturelle. Nos dissolutions
sont toujours prochaines. ||5° Ruine. L'État parut
menacé d'une entière dissolution. || 6° Séparation des
personnes qui composent une réunion quelconque.
La dissolution d'une confrérie. || Retrait des pou-
voirs d'une assemblée. Ladissvjlution delà chambre,
d'un conseil municipal. Le droit de dissolution, le
droitqu'ale pouvoir exécutifdedissoudre uneassem-
blée, legislativeouautre.il 7° Terme de jurisprudence.
Anéantissement d'un état juridique. La dissolution
d'une société, de la communauté, d'un mariage,
signifie que la société, la communauté, le mariage
n'existe plus. || Dans le langage général, rupture,
cessation. J'avais vu renverser tous mes anciens
projets par la dissolution de mon ménage et par
l'établissement d'un nouveau, j. 3. rouss. Confess.
XII. Il 8° Dérèglement de moeurs, débauche. Vivre
dans la dissolution. Ne vous laissez point aller aux
excès du vin, d'ov^ naissent les dissolutions, saci,
Bible, St Paul, Ép. aux Éph. v, ta. Salomon n'a-
dora les dieux des femmes étrangères que pour se
calmer sur ses dissolutions, mass. Car. Vér. de la
relig. Les discours des impies, les dissolutions des
mondains, id. ib. Passion. Les dissolutions de vos
mœurs passées, id. ji'>. Samarit. Les dissolutions du
paganisme, id. Myst. Absoute. Tant de dissolutions
capables d'attirer la colère du ciel sur les plus justes
entreprises, in. Or. fun. Louis le Grand.
— HIST. xiii* s. Par jonesce s'en va li bons En
toutes dissolucions. Et siut [suit] les maies com-
paignies Et les desordenées vies, (a Rose, 4466.
Il XIV* s. Celui qui est cause de la dissolucion ou
départie de tele amisté, oresme, Eth. 264. Chas-
cun des corps où ceste dissolution se arreste est in-
divisible, iD. Thèse de meunier. L'en y mengoit et
buvoit à excès, et y faisoit l'en pluseurs dissolucions,
ID. ib. L'en puet [on peut] fere par dissolucion , au
feu, sain [graisse] de bestes.H. de mondeville, f" 40.
Il xvi* s. Nous appelons improprement desespoir
cette dissolution volontaire [le suicide], mont, h,
39. La manière dont usoit Alcibiades au maniement
des affaires de la republique, estoit pleine d'afi'ele-
rie, de dissolution et de flatterie, amyot. Aie. et
Cor. comp. 2. La dissolution qu'ont soufferte les
morts Les prive de leur sens, mais ne destruit les
corps, d'aub. Trag. liv. vu. A la desolution du ma-
riage. Nouveau coutum. ginér. t. ii, p. 216.
— ÉTYM. Provenç. dissolucio ; espagn. disolucion;
ital. dissolusione ; du latin dissolutionem , de disso'
lutum, supin de dissolvere (voy. dissoudre).
DISSOLVANT, ANTE (di-ssol-van , van-l'), adj.
Il 1° Terme de chimie. Qui a la propriété de dissou-
dre, en parlant d'un liquide. L'action dissolvante de
l'eau. Il 2° S. m. L'eau régale est le dissolvant de
l'or. Les alchimistes supposaient l'existence d'un dis-
solvant universel, qu'ils appeloient alcahest. Le dis:
solvant que l'estomac rend par les glandes dont il est
comme pavé dans son fond pour y faire la diges-
tion.... Boss. Connaiss. m, 6. || Fig. Cause qui amène
la dissolution , l'affaiblissement des pouvoirs publics,
de l'opinion publique, des mœurs communes.
— ÉTYM. Lat. dissolvens, de dissolvere (voy. dis-
soudre).
DISSONANCE (di-sso-nan-s') , s. f. || 1° Réunion
de sons qui ne s'accordent pas, qui ne vont pas en-
semble, qui font à l'oreille un effet désagréable.
Il Par analogie. Certaines couleurs jointes forment
comme une dissonance pour les yeux. || 2° Disso-
nance dans le style, mélange disparate de formes
Il Terme de grammaire. Réunion de plusieurs syl
labes dures. || 3° Terme de musique. Accord disso-
nant, c'est-à-dire composé de notes qui, prises en-
semble, forment un son composé agréable, mais
qui demande pourtant à se résoudre sur un autre.
Dans l'accord soi si ré fa, cette septième fa est
une dissonance qui appelle l'accord parfait ut sol
mi pour s'y résoudre. Préparer une dissonance, faire
1192
DIS
•nleiidie la n.tjmo note comme consonnance dans
un accord précédent. Résoudre une dissonance, la
faire descendre diatoniiiuement sur une conson-
nance. Sauver une dissonance, la préparer et surtout
la résoudre. |{ Fig. Sauver une dissonance, faire
disparaître quelque difficulté. Vous avez lésiné sur
les frais; et, dans l'harmonie du bon ordre, un ma-
riage inégal, unjugement inique, un passe-droit
évident sont des dissonances qu'on doit toujours
préparer et sauver par l'accord parfait de l'or,
BEAUM. Barbier de Sév. ii, 8. |1 Dissonance majeure,
celle qui su sauve en montant. Dissonance mineure,
celle qui se sauve en descendant. Dissonance propre,
celle qui est soumise à la préparation ; dissonance
impropre, celle qui n'y est pas soumise.
— IlEM. En mettant deux n dans sonner, son-
nant, résonnance, consonnance, etc. on ne conçoit
pas ce qui a porté r.\cadémie à n'en mettre qu'une
dans dissonance, dissonant, dissoner, legoarant.
— ÉTYM. Lat. dissonanlia, de dissonans, dis-
sonant.
niSSON.^NT, ANTE (di-sso-nan, nan-f), adj.
Il 1° Qui ne s'accorde pas, qui forme ensemble un
son désagréable à l'oreille. Cris dissonants. Voix dis-
sonante. Instrument dissonant. ||Fig. S'il est au fond
de l'àme du personnage qu'il introduit un sentiment
secret, écoutez bien et vous entendrez un ton dis-
sonant qui le décfclera, dider. El. de Hichardson.
Il 2* Terme de grammaire. Désagréable à l'oreille
parla réunion de syllabes dures. Phrase dissonante.
Style dissonant, || 3° Terme de musique. Accord dis-
sonant, celui qui ne peut terminer un chant et qui
doit se résoudre sur un accord parfait. Note disso-
nante, dans un accord, celle qui forme dissonance
avec la basse , et qui demande à se résoudre sur une
note de l'accord suivant. Dans l'accord de septième
sol si ré fa, sol si ré forment un accord parfait. La
septième fa est dissonante et doit se résoudre sur
le mi dans l'accord d'ut sol mi.
— HIST. xni* s. Cil fleuves court si joliement Et
maine si grant dissonent. Qu'il resone, tabourne et
timbre Plus souef que tabour ne timbre, la Rose,
dans LACURNE. || xvi' s. Tout ce mien procéder est
un peu bien dissonant à Los formes, mont, m, 242.
DISSONER (di-sso-né) , «. n. Faire dissonance, ou
être dissonant, dans le premier sens seulement,
car dissoner n'est pas un terme de musique.
— HIST. XV* s. Se riens y a qui dissone à hon-
neur, je y renonce, révoque et desavoe, G. chastel.
Expos, sur vérité.
— ÉTYM. Provenç. dissonar; espagn. disonar;
du latin dissonare, de dis.... préfixe, et sonare,
sonner.
DISSOUDRE (di-ssou-dr), je dissous, tu dissous,
il dissout, nous dissolvons, vous dissolvez, ils dis-
solvent; je dissolvais; point de passé défini (pour-
tant rien n'empêcherait l'Académie d'adopter je dis-
solus, et, par conséquent, l'imparfait du subjonctif,
que je dissolusse); je dissoudrai; je dissoudrais;
dissous, qu'il dissolve, dissolvons, dissolvez, qu'ils
dissolvent; que je dissolve, que nous dissolvions;
dissolvant; dissous, dissoute, e. a. || 1° Défaire.
Dénouer. Ce réseau me retient; ma vie est en tes
mains; Viens dissoudre ces nœuds, la font. Fabl.
viii, 22. Il i° Terme de chimie. Opérer la dissolu-
tion d'un corps solide, c'est-à-dire le combiner avec
un liquide de manière à détruire complètement
l'agrégation de ses molécules. L'eau dissout le sel, le
sucre. Suivant cet habile physicien [le Roi], l'air dis-
sout l'eau, comme l'eau dissout les sels, bonnet, Us.
feuill. plant. 2* xvppl.\\ far extension. Tantôt c'est
un feu qui va di.ssoudre les montagnes, mass. Car.
Parole. || 3" Terme de médecine. Faire disparaître,
rissoudre un engorgement. || 4° Fig. Défaire, ruiner
comme par dissolution. Son ouvrage [du Créateur]
était concerté avec tant d'ordre qu'il eût pu défier
la durée des siècles et que rien d'étranger n'en eût
pu jamais dissoudre ni altérer même l'harmonie,
MASS. Car. Mort. Law dissolvait la monarchie par
ses chimériques remboursements, montesq. Espr.
II, ♦. Il Produire la mort naturelle, ô Lycoris, c'est
ici qu'avec toi je voudrais être dissous par le temps,
BERN. DE st-p. Yoy. en Silésie. || 6° Terme de juris-
prudence. Annuler. Dissoudre une société de com-
merce. Dissoudre un mariage, une communauté.
Il Dans le langage général, faire cesser. Pressé par
le bonhomme Deluc et par mon propre penchant,
je ne songeai à retourner à Paris que pour dissou-
dre mon ménage, j. j. nouss. Conf. vm. || 6" Reti-
rer les pouvoirs. Dis,soudre une assemblée politique.
Dissoudre par une ordonnance, user légalement de
la faculté que le pouvoir exécutif a de renvoyer une
chambre avant l'expiration des pouvoirs qu'elle tient
DIS
des électeurs. Dissoudre par la force, ôter par la
violence et un coup d'État à une chambre ses pou-
voirs. Il 7° Se dissoudre, tJ. réfl. Subir la dissolution.
Le sucre se dissout dans l'eau. Il voyait chaque jour
sur la terre arrosée, L'aurore se dissoudre en perles
de rosée, Les bois se revêtir de leurs manteaux flot-
tants, lamart. Uarm. ii, t». || Avec ellipse du pro-
nom se. Faire dissoudre une substance dans un
acide. Il Être annulé. Le mariage se dLssout par la
mort d'un des conjoints. La société se dissout dans
le moment que les associés n'agissent plus en as-
sociés, PATRU, Plaidoyer 6 , dansBicuELET. || Cesser
ses fonctions en parlant d'un corps élu. L'assemblée
s'est dissoute. || Se séparer en parlant de personnes
qui s'étaient réunies. Le rassemblement insurrec-
tionnel s'est dissous. || Être détruit. Les derniers ef-
forts d'une âme qui se défend contre le trépas et
d'une machine qui se dissout, mass. Car. Impéii.
finale.
— REM. La conjugaison de ce verbe est difficile.
Il n'est point de ciment que le temps ne dissoude
(il faut dissolve), scarron, Sonnet. La majeure
partie du fromage se dissoivit, thenard. Chimie,
t. IV, p. 573, édit. de 1832 (il faudrait se dissolut,
si ce passé était usité, comme il devrait l'être).
— HIST. xm* s. Mes quanque, par bonne raison,
Volt Diex conjoindre et atremper. Fors et bons et
sages sans per, Jà ne voldra ne n'a volu Que ce soit
jamès dissolu, la Itose, <9296. 11 loist [il est loisi-
ble] à cascun, quant il li plest, à demander se [sa]
part de le [la] marceandise, selon ce qu'il en paia,
et ainsi dessource la compaignie, beaum. xxi, 3.
Il xiv s. Comme les membres ou parties du corps
d'un homme qui sont dissolûtes et hors de leur fer-
meté et bonne disposition par une maladie appellée
tremeur, oresme, Eth. 3(. Se tele amistédoit estre
tantost dissolue et cesser, m. ib. 264. Mieux te vau-
droit faire autre office Oue tant dissoudre et distil-
ler Tes drogues.... Nat.à l'alchim. err. 37.||xvi' s.
Des vapeurs estoyent formées grosses nues, les-
quelles dissolues en pluyes, toute la région estoytà
plaisir arrousée, rab. Pant. iv, 61. Voila comme
il faut rejoindre la charité qui auroit esté dissoute
par nostre faute, cal vin, Instit. 490. Us dissoudent
ou rompent autant qu'en eux est le lien d'unité,
ID. ib. 815. Ce grand bastiment ayant esté desmis et
dissoult, mo.nt. I, 12). Ces pierres se dissolvoyenlà
l'humidité du temps, paiissy, 43. Elles se dissou-
dent, et lors la langue tronve aisément le goust,
ID. 53. N'ai os qui n'ait lajoiwture dissoute, marot,
IV, 26). Castoreum dissout aveo fort vinaigre, pari!,
XX bis, 4. Dissoudant dedans syro;) violât, ID. ib. <5.
— ÉTYM. Provenç. dissolvre, dicsolver; espagn.
disolver; ital. dissolvere; du latin iissolvere, do
dis.... préfixe, et solvere, délier (voy. ,V)lution).
DISSOCS, OCTE (di-ssoû, ssou-t'), j.'r^. passé
de dissoudre. || Qui a subi la dissolution dans un
liquide. Un sel dissous dans l'eau. Cléopàtre prit une
grosse perle, qu'elle jeta dans une tasse, et, quand
elle l'eut vue di.ssoute, elle l'avala, citri. Trium-
virat, 3' partie, ch. 12, dans richelet. || Annulé.
Une société dissoute par un jugement. || Détruit.
L'empire d'Alexandre dissous après sa mort.
DISSUADÉ, ÉE (di-ssu-a-dé, dée), part, passé.
Dissuadé par ses amis de prendre part à cette af-
faire.
DISSUADER (di-ssu-a-dé), v. a. Détourner par
conseil. Dissuader quelqu'un d'une entreprise. Je la
dissuadai de se donner à lui, corn. Pulchér. n, l.
Il me blArae, il me dissuade, il m'arrête, et c'est
pour me trahir! dider. Père de famille, m, 5.
— HIST. XVI' s. Phocion n'en fut pas d'avis, ains
le dissuada [cela], amyot, Phoc. 22. Le devin dis-
suada à Pyrrhus de jurer, dLsant.... id. Pyrrh. 12.
Il ne s'estoit pas mis en devoir de leur dissuader
qu'ils ne feissent ligue olTensive et défensive avec
eux, ID. Aie. 22.
— ÉTYM. Lat. dissuadere, de dis.... préfixe, et
îuodere, persuader.
t DISSUASIF, IVE (di-ssu-a-zir, zi-v"), adj. Qui
dissuade; propre à dissuader.
— HIST. XVI' s. Dissoiiif , H. estienne, Dict.
— ÉTYM. Voy. DISSOAMION.
DISSUASION (di-ssu-a-zion; en vers, de cinq
syllabes), t. f Action de dissuader. Cette lettre, qui
devait dessiller les yeux à cet amant passionné, aug-
menta sa flamme; et, ne s'arrètant pas encore uux
dissuasions de sa maîtresse, il la poursuivit plus ar-
demment, PERROQUET, Vie de R. Lulle, p. o.
— HIST. xvi' s. Et comme les hommes difficile-
ment s'esloignent de leurs inclinations, aussi les
dissuasions dont usèrent les chefs furent différen-
tes, LANOl'E, 634.
DIS
— ÉTYM. Lat. dissuasiohem, Aedissuasum, su-
pin de dissuadere , dissuader.
DISSYLLABE (di-sil-la-b'), adj. Terme de gram-
maire. Oui est de deux syllabes. Mot dissyllabe.
Il S. m. Ce vers est composé de dissyllabes.
— ÉTYM. Lat. disyllabus, de iiuMaBoQ, de 8l<,
deux , et ouX/oêi^ , syllabe. Vs a été doublée dans
ce mot pour lui conserver le son dur.
DISSYLLABIQUE (di-sil-la-bi-k'), adj. Terme de
grammaire. Quia deux syllabes; qui est de deux
syllabes. Mot, vers dissyllabique. || Qui est composé
de tous mots de deux syllabes. Vers dissyllabique.
— ÉTYM. Dissyllabe.
tDISTACHYÉ, ÊE (di-sta-ki-é, ée), adj. Terme
de botanique. Qui porte deux épis; dont les fleurs
sont disposées en deux épis.
— ÉTYM. Al;, deux, et axr/yi, épi.
DISTANCE (di-stan-s') , s. f. \\'l' Espace qui sépare
un lieu d'un autre. La distance de Paris à Versailles est
de dix-huit kilomètres. Il parcourut rapidement cette
longue distance. Mais comme assez souvent ladistance
des lieux Affaiblit dans le cœur ce qu'elle cache aux
yeux, CORN. Tais, d'or, ii, t. Nous sommes trop éloi-
gnés ou trop proches pour être dans la distance qu'il
faut pour en faire un juste discernement, la brut.
Disc s. T'/K'oph)-. Ils l'avaient accompagné jusqu'à une
certaine distance delà caverne, fEnel. Tél. xviii.
Tunnebrige est à la même distance de Londres que
Fontainebleau est de Paris, iiamilt. Cramm. <o.
Dans celte vaste domination, des courriers placés
de diilance en distance instruisaient rapidement la
cour de tout ce qui arrivait dans les provinces les
plus reculées, haynal, Hisi. phil. vi, ». Le temps,
qui accroît les forces, abrège les distances, ID. ib.
VII, 18. Entre nous l'Océan mit en vain sa distance,
c. delav. Paria, n, l. || Terme de droit. Dislance
légale, éloignement en raison duquel les délais de
justice sont calculés. Chaque dislance de trois my-
riamètres augmente ces délais d'un jour. || Terme
d'art militaire. L'espace laissé entre les rangs ou les
subdivisions d'une colonne, par opposition à l'in-
tervalle qui est l'espace qui isole les groupes princi- .
paux d'une ligne de bataille. || Terme d'astronomie. !
Distance apparente de deux astres, angle sous le- '
quel on voit de la terre l'espace qui est entre eux.
Distance polaire, zénithale d'un astre, la dislance
angulaire de cet astre au pôle, au zénith. || Terme
d'architecture. Point de distance, point d'où il faut
considérer l'élévation d'un édifice pour en bien sai-
sir l'ensemble. || Terme de perspective. Point de
distance, point de concours à l'horizon sous un an-
gle de 45 degrés. || Distance explosive, le plus grand
intervalle qui puisse exister entre un corps conduc-
teur électriséetun corps à l'état neutre qui en sou-
tire l'éleclricilé par étincelle, jj Tenir à dislance,
empêcher d'approcher. Le général tenait toujours
l'ennemi à distance. Tenez-le toujours à quelque
distance de votre personne, i. J. Rouss. Ém. y.
Il Fig. Tenir à distance, repousser la familiarité par
une réserve calculée. Je puis l'instruire au moins
combien sa confidence Entre un sujet et lui doit
laisser de distance, rac. Brit. i, 2. || 2° Intervalle
qui sépare dans le temps. La distance entre l'élablis-
sement de l'empire à Rome et sa chute est d'envi-
ron quatre siècles et demi. Ceux que la dislance des
temps et des lieux éloigne de nos regards. ]| 3" Fig.
La distance qu'il y a entre vouloir et faire. De le
croire à l'aimer la distance est petite, corn, le Kent.
IV, 9. Vous savez combien votre naissance Entre
l'empire et vous avait mis de distance, rac. Brit.
IV, 2. Ce rang entre elle et vous met-il tant de dis-
tance ?id. Bérrfn. i, 1. La distance qu'il y a de l'hon-
nête homme à l'habile homme s'affaiblit de jour à
autre, la bruy. xu. Des distances l'amour peut rire,
L'amitié n'en supporte point, bérano. Com. de Lise.
— HEM. On dit : la distance des lieux; la distance
d'un lieu à un autre; la distance entre ces deux lieux.
— HIST. XIII* s. Si font bien diverses dislances.
Sans mireors, grans descevances. Sembler choses
entr'eus lointaines Estre conjointes et prochaines,
la Rose, 1840». || xvi* s. Sylla les alla charger en
ce trouble, ayant passé en diligence ce qu'il y avait
de dislance entre les deux armées, AMïOT,.Çy/io, 40.
Ce que je veux et ce que je mérite Sont séparé." d«
si longue distance Que mes faveurs et ma force petits' |
Font l'un à l'autre ennuy et résistance, st-oel. isi.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. dislancia; ital. dii-
lanxia; du latin dislanlia, de dislans, distant. |
t DISTANCÉ, ÉE (di-stan-sé, sée), adj. Dépassé j
à la course. Ce cheval d'abord distancé par les au- !
très coureurs. || Fig. Distancé dans la carrière de$
honneurs par des compétiteurs plus heureux. ||Ab- j
solument. Un cheval distancé. Vous aérez distaooé. ,
DIS
•) DISTANCER (di-stan-sé. Le c prend une cédille
devant o et o; distançant, nous distançons), *'. o.
l'erme de course et de paris sur les chevaux qui cou-
rent. Il se dit du cheval qui en dépasse un autre dans
la course. || Fin. Cet élive distance ses camarades.
— ETYM. Dislance.
DISTANT, ANTE (di-stan, stan-t'), adj. Q\i\ est
à une certaine dislance, en parlant des lieux. Ces
deux villes sontdistanlesl'unede l'autre de cent kilo-
mètres. Un homme qui était à cùté rie Josèphe, re-
çut un coup de pierre qui lui emporta !a tC'ie; cette
pierre était lancée par une machine distante de 375
pas, BOLLiN, Hist. anc. CEuvres, t. xi, 2" partie,
p. 613, dans PO'JOENS. N'est-il pas infiniment plus
simple de supposer au globe que nous habitons un
mouvement de rotation sur lui-même, que d'imagi-
ner, dans une masse aus.si considérable et aussi
distante que le soleil, le mouvement extrêmement
rapide qui lui serait nécessaire pour tourner en 'un
jour autour de la terre'? la place, Expos, ii, t.
Il II se dit aussi en parlant du temps. Ces deux épo-
ques ne sont pas fort distantes. Comme la vieillesse
est l'âge le plus distant de l'enfance, pasc. Préface,
Vide. Il Terme de botanique. Se dit d'organes de
même nature qui sont plus écartés sur la tige ou sur
les rameaux que ne le sont d'ordinaire les organes
semblables. || Terme d'entomologie. Antennes dis-
tantes, celles qui sont écartées l'une de l'autre à
leur origine.
— KIST. xiv S. Et nous disons de ce qui est plus
distant et plus dissemblable aumoien, que il lui est
plus opposé et plus contraire, oresme, K(h. 53.
Il XVI" s. Et trouva l'on que la. victoire avoit esté
gaignée le mesme jour que le bruit s'en estoit levé
à Rome, combien que les lieux soient distans l'un
de l'autre de plus de douze cents cinquante lieues,
AMYOT, /'. i£m. 41.
— ETYM. Lat. di'Hans, de di.... préfixe, et stans,
qui est debout . de stare (voy. stable).
t DISTÉGE (di-.stè-j') , adj. Terme de minéralogie.
Cristal distége, cristal qui offre deux sommets su-
perposés.
— ÊTYM. A;«, deux, et TÉfo;, toit.
t DISTÉ.MONE (di-sté-mo-n'), adj. Terme de bo-
tanique. Qui a deux étamines.
— ETYM. Aï;, deux, et jTr,[).u>i, filament.
DISTENDRE rdi-stan-dr'), je distends, tu distends,
il distend, nous distendons, vous distendez, ils, dis-
tendent; je distendais; je distendis -.je distendrai; je
distendrais; distends, distendons; que je distende,
que nous distendions; que je distendisse; distendant,
distendu, v. o. || 1° Causer'. un gonllement excessif.
Des aliments lui distendaient l'estomac. On distendit
le ballon en y introduisant le gaz. || Causer une ex-
tension trop considérable. Cet effort lui dislendit l'ar-
ticulation du poignet. Il 2° Se distendre, v. réfl. Être
distendu. La peau se distend par l'effet de certaines
enflures. Dans ce mouvement nocturne, silencieux,
à travers champs, d'une colonne composée d'hommes
affaiblis.. de blessés et de femmes avec leurs enfants,
on n'avait pu marcher assez serrés pour ne pas se
distendre, se désunir et perdre dans l'obscurité la
trace les uns des autres, sEgur, IHst. de Nap. x, 8.
— IIIST. xvi* s Survient tumeur à la partie,
laquelle distend les lèvres, et estant distendues, le
fil les coupe, PARÉ, vil, 5.
— • ÉTYM. Lat. diilendere, de dis.... préfixe, et
tendere. tendre.
DISTENDU, UE (di-stan-du, due), part, passé
de distendre. La panse des ruminants distendue par
les gaz.
DISTENSION (di-stan-sion ; en vers, de quatre
syllabes), s. f. || 1" Tension considérable qui résulte
d'un'gonfiement intérieur. La distension d'un esto-
mac chargé d'aliments. || i' Extension trop considé-
; rable. La distension d'une courroie. || Terme de mé-
I decine. Tiraillement, en sens opposé, des tissus,
i des parties ligamenteuses d'une articulation, qui,v
I ^ortéeà un certain degré, constitue l'entorse. || Terme
': de vétérinaire. Synonyme d'entorse. Distension du
I boulet, de l'épaule, de la cuisse. On dit aussi dis-
I tension miLsculaire, pour signifier la lésion des
1 muscles qui subissent une extension trop forte.
— HIST. XVI* s. P,ar dessus le nombril le péritoine
est plus espais, afin qu'il enilure et soutienne la
distension illeo faite par 1», ventricule, paré, i, <2.
-- ÉTYM. Lat. disiensinnem, de distensum. su-
pin de dislcnderc, distendre.
î DISTHivNE (di-sté-n'), s. m. Terme de minéra-
logie. Minéral qu'on trouve presque toujours sous
la forme de deux cristaux allongés.
— ÉTYM. Ai;, deux, et oOévo;, force, par allu-
sion à sa double vertu électrique.
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
DIS
t DISTICniASE (di-sli-ki-a-z') ou DISTICHIASIS
(di-stiki-a-zis'),s. m. Terme de médecine. Anoma-
lie caractérisée par une rangée de cils surnumérai-
res dont une direction vicieuse porte la pointe sur
le globe de l'œiL
— ÉTYM. AuTTixi'am;, de SU, deux, et atlya^,
rangée.
I niSTICHOPHYLLE (di-stiko-fi-1') , adj. Terme
de botanique. Qui a les feuilles disposées sur deux
rangs.
— ÉTYM. Ai;, deux, oTtx';> rangée, et çûWov,
feuille.
t DISTIGMATE (di-sti-gma-f), nd;. Terme de bo-
tanique. Qui est muni de deux stigmates.
— ÉTYM. Ai;, deux, et stigmate. '
f DISTIGMATIE (di-sti-gnia-sie), s. f. Terme de
botanique. État d'une plante qui a deux stigmates;
section de plantes munies de deux stigmates.
— ÉTYM. Distigmate.
t DISTILLABLE (di-sti-la-bV), adj. Qui peut être
distillé.
— HiST. xtT S. Touchant les herbes, infinies es-
pèces y en a il de distillables, o. DE sehbes, 890.
— ÉTYM. Distiller.
DISTILLATEUR (di-sti-la-tenr), s. m. Celui qui
obtient par distillation les alcools, les eaux-de-vie
et autres produits. Le baume n'est baume que tel
qu'il coule de l'arbre qui le produit; ce qui passe
par les mains des distillateurs, par l'alambic des
apothicaires, est quelque autre chose, balz. Socr.
chrét. Disc. 7. || Fig. Le sommeil est un grand dis-
tillateur de pavots et de mandragores, et il sait
faire des fards qui valent mieux, sans comparaison,
que tout le blanc et tout le rouge d'Espagne, voit.
t.ett. 128.
— HIST. xvT S. Je loue grandement les distilla-
teurs et tireurs d'essences, palissv, 209; Un petit
fourneau semblable à ceux des distilleurs, 0. de
SERRES, 870.
— ÉTYM. Latin fictif dùtillator, de distillare, dis-
tiller.
DISTILLATION (di-sti-la-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. || 1° Opération par laquelle on sépare,
au moyen du feu et dans des vaisseaux clos, les
parties "volatiles d'une substance d'avec ses parties
fixes. Il Distillation des grains, opération par laquelle
de l'alcool est tiré des grains. La distillation des
L'rains fut prohibée, baynal, llist. phil. v, 9.
I| 2° Terme de chimie. Art de distiller. Distillation sè-
che, celle qui s'opère sans addition d'eau, et qui a
presque toujours pour effet de décomposer les corps.
I! 3° Produit obtenu par distillation. Voilà de belles
distillations. P.eu usité en ce sens.
— HIST. xvi' s. Distillation est une extraction et
effusion d'humeur, découlante goutte à goutte par
alambic, paré,xxvi, I. Et le tout ensemble soit mis
en l'alembic de verre, et distillé tu balnco Maria;
et de ceste distillation, en soit souvent mis aux
yeux, ID. XV, 21.
— ÉTYM. Provenç. distillatio; espagn. destila-
cion ; ital. dittilazione ; du latin dislillationem, de
distillare, dùstiller.
DISTILLATOIRE (di-sti-la-toi-r') , adj. Oui appar-
tient h la distillation. Appareil, opération distilla-
toire. Il Terme de botanique. Plante dislillatoire,-
plante dont la feuille se remplit d'un liquide sécrété
par les parois mêmes. La népenthe distillatoire.
— HIST. XVI" s. Que les vaisseaux distillatoires
soient ou déterre plombée ou de verre, paré, xxv, 3.
— ÉTYM. Disliller.
DISTILLÉ, fiE (di-sti-lé, lée), part. passd.W l' Sou-
mis à la distillation. De l'eau distillée. || 2° Qui est
filtré goutte à goutte. Ton sang qui chaque jour à
longs flots distillés S'échappe vers ton frtre et six
rois immolés, corn. Attila, v, 3. 113° Fig. Qui est
raffiné comme si la distillation y avait passé. Si la
Marans et l'abbé Testu ne vous avaient accoutumée
aux choses fines et distillées, sÉv. 2<17. || S'emploie
aussi très-familièrement dans quelques jeux. Voilà
un carambolage distillé.
DISTItLER (di-sti-lé), v. a. J| 1" Laisser cotiler
goutté à goutte. Ses lè.vres sont comme des lis qui
distillent la plus pure myrrhe, saci, Cant. descant.
V, )2. Il Par extension. La lune, qui se penche au
bord de la vallée. Distille un jour égal, une aurore
voilée. Sur ce golfe silencieux, lamart. Uarm. i, tu.
Il Fig. F.pancher. Il distilla sa rage en ces tristes
adieux, boil. Sat. u En blâmant .ses écrits, ai-je,
d'un style affreux. Distillé sur sa vie un venin'dan
gereux?iD. Sat. ix. Au leverde Sejan.... 11 distille à
longs traits son absurde malice, volt. Disc. 3. -Ma
haine sans péril distilla ses poisons, c. delav. Vê-
pres sicil. I, I. Dans les palais et sous le chaume.
DIS
1193
Moi, dit la sœur, j'ai de mes mains Distillé la
miel et le baume SITr les souffrances des humains,
BÉRANG. Les deux sœurs de charité. \\ 2° Va])oriser
un liquide par la chaleur, pour en condenser en-
suite les vapeurs par le refroidissement et les re-
cueillir goutte à goutte. Distiller du vin, des grains,
pour en faire de l'eau-de-vie. Distiller des plantes
aromatiques, pour en extraire l'essence. || Fig. Se dis-
tillerle cerveau, soumettre son cerveau à une sorte
de distillation, se donner beaucoup de peine de tête.
Tous oes gens-là se distillent le cerveau pour fairs
accroire que.... volt. Phil. 11, 258. Je me suis avisé
de mettre par écrit les raisons qui pourraient justi-
fier ces juges; je me suis distillé la 'tête pour trou-
ver de quoi les excuser, m. Lett. Damilaville,
24 janv. (763. Il Par extension, .distiller du miel, se
dit du travail lie l'abeille. Comme on voit les frelons,
troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'a-
beille distille, BOIL. Sat. 1. || 3° Fig. et tiès-familiS-
rement. Distiller un coup, l'exécuter avec habileté.
Distiller un carambolage. || 4° V. n. Coaler lente-
ment. Des gouttes d'eau distillent de la voûte. De ta
couronne.... Le miel abondamment et la manne dis-
tille, RÉGNIER, Sat. 1. Un soldat coupant du pain, on
aperçut des gouttes de sang qui en distillaient, vaugel.
Q. C. IV, 2. Que dirai-jedes lieux où le baume odo-
rant Distille goutte à goutte en larmes précieuses?
MALFiL. Génie de Virg. \\ Fig. Ce peuple réprouvé [les
Juifs] ne sert plus qu'à montrer la malédiction et la
vengeance divine qui distille sur lui goutte à goutte,
FÉN. t. XVII, p. 29t. Il 5° Se distiller, v.rcjl. Etre
distillé. Les vins se distillent pour la fabrication des
eaux-de-vie. L'action qui convertit le suc des vian-
des en sang n'est-elle pas aisée à connaître, si on
considère qu'il se distille, en passant et repassant
par le cœur, plus de cent ou deux cents fois en cha-
je jour? DESC. Uéth. v, 8. || Fig. Mais je m'arrête
trop et je laisse mon maître Se distiller en pleurs et
s'enivrer peut-être, regnard, ic i?ai, se. 3. || Fig.
Employer des tours fins et délicats. Le duc de Cois-
lin veut retourner à la couchée déceler le vilain, et
se distiller en honte et en excuses, sx-siM. 05, 84.
Villars se distilla publiquement et tous les jouis en
respect pour le maréchal de BoiifMers. iD. 259, 221.
— HIST. XIV" s. Mieulx te vaiidroit faire aulreiOf-
fice Que tant dissoudre et distiller Tes drogues....
Nature à l'alch. err. 37. || xvi' s. C'est trop fringue
pour une jeune fille. Car on congnoist au parler
i[ui distille De vostre bec, iiu'estes grant escolliere,
j. MAROT, v, 260. Tu te distiUes le cerveau Pour
faire un poème nouveau ,idubell. iv , te,, recto. La
soleil donne vie, agite, et sa chaleur Distille dans
les os sa céleste vigueur, id. iv, 7{, verso. Et fut le
poison, à ce qu'ilz disent, une eaue froide comme
filas, qui distille d'une roche estant au territoire de
la ville de Nonacris, amyot, Alex. (23. Distiller,
c'est un art et moyen par lequel la liqueur ou hu-
midité d'aucunes choses, par la vertu et force du
feu, ou de chaleur semblable, est extraite et tirée,
estant premièrement subtilisée en vapeur, puis res-
serrée et espaissie par froideur, aucuns appellent
cest art sublimer. — On peut distiller sans chaleur
[filtrer], comme nous voyons es choses qui sont dis-
tillées en forme de collatures,.PARÉ, xxvi, I. Faut-il
qu'en pleurs je distille ma vie? R0NS..63a.
— ÉTYM. Provenç. dislillar; cat?). destillar; es-
pagn. destilar; ital. distillare; du latin distillare,
de di.... préfixe, etsd'îto, goutte. Le latin dit aussi
destillare, dont distillare n'est peut-être qu'une al-
tération, car ici le sens du préfixe de est bien pré-
férable à celui du préfixe dis.
DISTILLERIE (di-sti-le-rie), s. f. Établissement
oii l'on distille. Une distillerie d'eau-de-vie. || Métier
de distillateur. Il s'est mis dans la distillerie.
— ÉTYM. Distilleur, qui se trouve dans l'histori-
que de mSTILLATEUR.
DISTINCT, TE (di-stin, stin-kt'; il y a trois ma-
nières différentes de prononcer ce mot au masculin :
les uns disent di-stinkt', les autres di-stiiik'; d'au-
tres enfin di-stin ; cette dernière maniibre a pour elle
l'analogie; c'était celle du temps de Chifflet, qui dit,
Gramm. p. 208 : le 0 ni le ( ne se prononcent; au
plur. masc. le c ni le ( ni.l's ne se prononcent :
dis-tin), ad/. Il 1° Que l'on distingue, différent. Les
articlesd'un compte doivent'être distincts. Ces deux
questions sont ilistincles et séparées l'une de l'autre.
Avant que le soleil eiU enfanté les ans. Que tout
n'était qu'un rien , et que même le temps, Confus, n'é-
tait distinct en trois diverses faces, Régnier, Poème
sacré. || Terme de botanique. Se dit d'un organe qui
n'a ni connexions ni adiiércnces avec les organes
voisins 112° Qui s'aperçoit, se discerne. Peu à peu
les objets devinrent distincts. || Qui se fait bien
I. — 150
H94
DIS
entendre. Une voix distincte. Des paroles distinctes.
Il 8° Clair, précis. Notion distincte. Nous conser-
vons un souvenir plus ou moins distinct des divers
traits, soit physiques, soit mnrauj, par lesquels ils
[les olijets] so sont montrés à nous successivement,
BONNET, Ess. analyt. Ame, cli. 24.
lllST. XIV' s. Mais quand ces deux spermes
[éléments] disloincls Sont as.seml)lez et bien con-
joincls Kn leurs plus petites parties. Trait, d'aï-
chim. 81. .Sus la jointure du coûte n'est pas nus
[nul] os distincte ne devisé des autres, H. de hon-
BEVII.LE, (° 32.
— f.TYM. Lat.di'ilinclu», iedistinguere (voy. ms-
TINOttKn).
DISTINCTEMENT (dl-stin-kte-man),adtf.I| l'D'une
manière distincte, qui fait discerner, entendre. Pro-
noncer distinctement. J'ai oublié de vous dire que,
pendant que j'étais sur le mont Pagnole à regarder
l'atlaque, le It. P. de la Chaise était dans la tran-
chée et même fort près de l'attaque, pour la voir
plus distinctement, bac. LelU à Boileau, <8. En
s'en approchant comme de plus pr6s pour connaître
jilus distinctement ces différentes parties, on voit
que le corps est une machine composée d'une infi-
nité de tuyaux et de ressorts.... nicole, Ess. de mor.
<" traité, ch. 3. || 2'" D'une manière distincte, qui
fait comprendre, s.iisir nettement. Assez distincte-
ment on me l'a fait entendre, Tristan, ilort de
Chrispe, iv, 2. Mais les songes suivis Et (|ui distinc-
tement marquent les aventures, hotrou, Vencesl.
IV, (. Les hommes ont commencé par donner diffé-
rents noms aux choses qui leur ont paru distincte-
ment différentes, buff. Rat.
— ItEM. Distinctement est un provincialisme, fau-
tif d'ailleurs, qu'il faut éviter et qui se trouve dans
cette phrase de Saussure, Alpes, t. i, p. 604: Je ne
voyais pas distinctement.
— IIIST. XVI' s. Il nous faudra distinctement [en
faisant une di.stinction] considérer ces deux chcses,
CALV. Inslit. tvo. Oui en jugeroit en détail et dis-
tinctement, pièce à pièce, rencontreroit plus sou-
vent à dire vray, mont, ii, 2. La pluspart ne peut
pas distinctement entendre ce qu'il avoit dit, amyot,
Flamin. (9.
— ÉTVM. Distincte, et le suffixe ment; provenç.
distinct ament; espagn. et ital. distintamente.
DISTLNCTIF, IVE (di-stin-ktif, kti-v'), adj. Qui
sert à distinguer. Les caractères distinctifs d'un
genre, d'une espèce.
— ItF.M. Distinctif n'est dans le Dictionnaire de
l'Académie que depuis l'édition de t740.
— ÊTYM. Distinct.
DISTINCTION (di-stin-ksion; en vers, de quatre
syllabe.s), s. f. || 1° Action de distinguer. U fait trans-
porter les blessés sans distinction de Français ou
d'ennemis, mass. Or. fun. Conly. Tu sais trop la
distinction des péchés véniels d'avec les mortels,
Boss. Marie-Tliér. Si vous savez faire la distinction
de l'état des uns et des autres, m. Anges. Dans la
guerre la distinction entre le héros et le grand
homme est délicate, la bruy. ii. Vous me trouverez
sur les livres de Platon, qui traitent de la spiritua-
lité de l'âme, de la distinction d'avec le corps, ou
la plume à la main pour calculer les distances de
Saturne et de .lupiter, id. vi. D'où est venue dans
l'Eglise cette distinction de ceux qui sont du monde
d'avec ceux qui n'en sont pas? mass. Car. Samar.
Si l'Évangile avait des distinctions à faire.... id. ib.
Immul. L'universalité, jointe à l'éminence des ver-
tus guerrières, était le caractère de distinction do
l'invincible Condé, bouhours, Nouv. rem. Rien n'y
manque que l'intelligence et !e pinceau de Rubens,
la magie de l'art, la distinction des plans, dider.
Salon de t787, Œuvres, t. xv, p. 40, dans pou-
OF.NS. Il La distinction du bien et du mal, connais-
sance morale de ce qui est bon et de ce qui est mau-
vais. Il 2" Terme de logique. Explication des sens
divers d'une proposition. Par le moyen d'une dis-
tinction, il échappera à la difficulté qu'on lui fait.
Vous n'avez pu désavouer cela, mais vous y faites
une distinction, pasc. i'roi'. 18. On a vu un sem-
blable succès de l'opinion de tuer pour des médi-
sances; car elle est aujourd'hui arrivée à une per-
mission pareille sans aucune distinction, m. tb. i3.
Oue d'inutiles questions, Oue de distinctions fri-
voles! CHAUL. Contre l'esprit. Les distinctions du
dialecticien sont utiles dans le cours de la vie, iuder.
Opin. des ane p/iil. {pyrtiwnisme p/ii'l.). Entre le
conseil, l'approimlion et le silence, n'est-il point de
(lislinclion à faire? id. liègne de Claude et ffér. i,
S 78. Il Terme de droit canonique. Titre contenant
plusieurs questions. || S- Ce qui établit une préfé-
rence, une prérogative. La dùtinclion des rangs.
DIS
Traiter quelqu'un avec distinction. Les distinctions
qui plaisent à ceux qui les reçoivent offensent les
autres, Trévoux. De quelque superbe distinction que
se flattent les hommes, ils ont tous une même ori-
gine, et cette origine est petite, boss. Duch. d'Orl.
U y avait entre eux des distinctions extérieures qui
empêchaient qu'on ne prit la femme du praticien
pour celle du magistrat et le roturier ou le simple
valet pour le gentilhomme, la druy. vu. Il n'y a
que les distinctions qui affligent dans les commu-
nautés, parce qu'elles humilient, maintenon, Lett.
Urne Clapion, 31 mars t700. C'était une grande
distinction, lorsque quelqu'un pouvait avoir le bon-
heur d'entretenir un moment Pythagore, fén. Pyth.
Toutes les petites distinctions furent pour lui, volt.
Zadig, lO. Content de son sort, il ne désirait ni for-
tune ni distinctions; et il n'en avait point obtenu,
parce qu'il est plus commode de les accorder il ceux
qui les demandent qu'à ceux qui savent les mériter,
condorcet, d'Alembert. || Un officier de distinction,
officier remarqué pour son mérite. || Un personnage
de distinction, personnage d'un rang élevé. || Em-
ploi, charge de distinction, emploi important, ho-
norable. Il En un sens ironique et défavorable. X
quelles marques peut-on ici vous reconnaître, qu'à
des distinctions de crime et d'ignominie? mass. Car.
Passion. \\ 4° Ce qui, dans la tenue, a un caractère
d'élégance, de noblesse et de bon ton. Avoir de la
distinction, un air de distinction. La distinction des
manières. || Ce sens paraît être récent; car on ne le
trouve pas dans les auteurs anciens.
— HIST. xii" s. E mustrad [et il montra] le orde-
nement e les destinctiuns des pruveires [prêtres]
e des diacnes e des ordenez, itois, 244. || xiv* s. Et
sont moult de gens qui glorifient et honorent indiffe-
rentementsans distinttion et les bons et les malvès,
ORESME, Eth. t22. Il xV S. Ayjodit en mon prologue,
que je traicteray de noblece de courage, chevalerie
et sagece, en distinction do trois parties, christ, de
PISAN, Charles V, i, ch. 3. || xvi' s. Il faut lors ob-
server l'autre distinction entre les crimes et fautes
plus legieres, calv. Instit. 980. Sans distinction de
parenté [sans regarder à la parenté], mont, i, tt4.
Le philosophe Antisthene ostoit toute distinction
entre leur vertu [des femmes] et la nostre, id. m,
388. Au paravant les chevaliers romains seoientpesle
mesie parmy le menu peuple ainsi que chascun se
rencontroit, et le premier qui y meit distinction fut
M. Otho, AMYOT, Cicéron, 18.
— ÉTYM. Provenç. distinctio, distiminn; espagn.
distincion; ital. dislimione ; du latin distiiiclionem ,
àedistinclum, supin de distinguere, distinguer.
t DISTINCTIVEMENT (di-stin-kti-ve-man), adv.
D'une manière distinctive. Que toutcequiest est en
soi et par soi, auquel cas je l'appelle substance; ou
qu'il est distinctivement en autrui et par autrui, et
pour lors je l'appelle mode de substance, boullain-
villiers, Réfut. de Spinosa, p. 1 1.
— ÉTYM. Distinctire, et le suffixe ment.
DISTINGUÉ, ÉE (di-stin-ghé, ghée), part, passé.
Il 1° Oui n'est pas confondu. Ces jumeaux à peine
distingués l'un de l'autre par leurs parents. Les di-
vers sens d'un mot distingués avec sagacité. La con-
sécmtion et la manducalion sont des actions distin-
guées, BOSS. Euch. 2. Il 2° Reconnu par quelqu'un
des sens. Les traits du voleur distingués à la clarté de
la lune. Les émanations du lièvre distinguées par le
nez du chien. || 3° Oui reçoit des marques de distinc-
tion. Ils furent fort distingués à la cour, hamilt.
Gramm. 4. Elle eut l'honneur d'être distinguée par
Tambonneau, id. l'b. 9. || 4° Oui porte le caractère de
la disiinction, del'émînence, en parlant des person-
nes. Un personnage distingué. Des savants distin-
gués. Il me suffit de vous faire souvenir qu'il se dis-
tingua dans une compagnie si distinguée, fléch.
Montausier. Si la personne doit être distinguée [dans
la tragédie], sa douleur doit être commune, c'est-
à-dire d'une nature à être sentie de tous, ciiateaub.
Génie, ii, li, 8. || En parlant des choses. Naissance
distinguée. Estime distinguée. Je lui dis tout bas que
je ne voulais point de linge si distingué, Marivaux,
Mariane, 1" partie. Il faut convenir que ce temps a
bien changé [l'infériorité de la chirurgie], s'il faut
en juger par les marques distinguées de protection
dont Sa Majesté les honore, dider. Lett. s. la chi-
rurgie. Il On termine souvent une lettre en disant :
je suis avec une considération très-distinguée votre
très-humble et très-obéissant serviteur.
DISTINGUER (di-stin-ghé), i). o. || 1* Ne pas con-
fondre. Distinguer les temps, les lieux. Distinguer
les objets par des noms différents. La nature a dis-
tingué les diverses races d'hommes par des traits
fraDDants. l votre avis est-ce pour avoir vaincu les
DIS
Suisses que François I" est appelé grand, ou pour
le distinguer du petit? balz. liv. i, lett. ». Que l'on
a bien fait de distinguer les hommes par l'extérieur
plutôt que par les qualités intérieures! qui passera
de nous deux? qui cédera la place à l'autre?... il a
quatre laquais, je n'en ai qu'un, cela est visible, il
n'y a qu'à compter, c'est à moi de céder, pasc.
Pensées, v, 7, éd. Lahure, 1800. Ma muse, en l'at-
taquant, charitable et discrète. Sait de l'homme
d'honneur distinguer le poète, boil. Sa(. ix. Faire
par les couleurs distinguer ses valets, id. Sa(. v. Éle-
vée avec lui dans le sein de sa mère, J'appris à dis-
tinguer Bajazet de son frère, rac. Baj. i, 4. Distin-
guait-on entre les premiers fidèles ceux qui étaient
du monde, de ceux qui n'en étaient pas? mass. Car.
Samar. || 2' Terme de logique. Spécifier chaque sens
qu'une proposition peut recevoir. Pour raisonner ri-
goureusement, il faut distinguer les points essen-
tiels de la question. || Absolument. Votre proposition
est trop générale; distinguons. La science de dis-
tinguer n'est connue que des sages, patru. Plai-
doyer 1 , dans BiciiELET. || 3' Reconnaître par quel-
qu'un des sens. Il était si tard qu'on ne pouvait plus
distinguer les objets. Di.stinguer les voix, les odeurs,
les sons. On ne les distinguait pas à la parole, la
BRUY. v. Il Fig. Discerner par l'opération de l'esprit.
Distinguer les divers sens d'un mot. Distinguer la
vérité d'avec les figures, fléch. Serm. i, 71. Atten-
tif à distinguer le mérite, fén. Tél. xvi. Ils ne peu-
vent plus distinguer un sentiment d'avec un senti-
ment, MONTESQ. Gnide, iv. Distinguons la sensation
du sentiment, buff. dans laveaux. || 4° Élever au-
dessus du commun, en parlant des choses qui dis-
tinguent. Voilà ce qui distingue ce grand siècle.
Oue si son rang la distinguait, j'ai eu raison de
vous dire qu'elle était encore plus distinguée par
son mérite, boss. Duch. d'Orl. Les Hollandais, pre-
miers fondateurs de la colonie, y établirent cet es-
prit d'ordre et d'économie, qui distingue partout
leur nation, raynal, Hist. phil. xvii, 28. || Abso-
lument. Comme vous voulez être regardé, vous vou-
lez aussi regarder; et rien ne vous touche ni dans
les autres ni dans vous-même que ce qui étale de la
grandeur et ce qui distingue, boss. Concupisc. 9.Vous
I aimez, dans la vertu même, tout ce qui distingue.
I tout ce qui attire les regards publics, mass. Myst.
I CEuvr. de Miser. || 6" Élever au-dessus du commun
ipar quelque marque. Je veux qu'on me distingue,
et, pour le trancher net, L'ami du genre humain
n'est pas du tout mon fait, mol. Vis. i, 1. Il a passé
des premiers à la nage, on l'a distingué, sÉv. 149.
Vous avez bien caressé, ménagé, distingué la bonne
baronne, id. 229. Je vous distingue en tout, sur
tout et partout, maintenon, Lett. à l'abbé Gobelin,
t. Il, p. 2, dans POuuENS. Le maréchal d'Humières
était bien avec !e roi, qui le distinguait fort, st-sim.
23, 12. Il me semble qu'on le distingue beaucoup
et qu'on a de grands égards pour lui, montesq.
Lett. pers. 48. || Distinguer, se dit aussi d'une femme
qui remarque un homme avant de s'attacher à lui.
Dans le fond, je le distinguais, voilà tout; et dis-
tinguer un homme, ce n'est pas encore l'aimer,
MARIVAUX, l'Heur, stratag. i, 4. Mais celui que vos
yeux justement distinguèrent, volt. Tancr. i, 6.
Il 6° Se distinguer, v.réfi. Être séparé, n'être pas
confondu. [L'âme] Se mêlant tout à fait avec ce corps
qu'elle anime, à la fin elle a peine à s'en distinguer,
BOSS. Conn. v, 1 . Les sciences ne se distinguent pas
moins par leurs méthodes que par leur objet, et il
n'est pas toujours bon de tran.sporter de l'une à l'au-
tre les procédés d'investigation et les habitudes in-
tellectuelles nées de l'emploi continu de tel ou tel
genre de recherche, faye. Comptes rendus, Acad.
des se. t. LU, p. 00. || Apparaître, se montrer. Le»
maisons commençaient à se distinguer sur le rivage.
Il Être distingué comme éminent. Se distinguer dans
les lettres. Son style se distingue par l'élégance. Ils
ne songeaient qu'à se distinguer des autres hommes,
BOSS. Ilist. II, 5. On se fait honneur de celte hon-
teuse nécessité [de manger], et, bien loin de s'en
humilier, on s'en sert à se distinguer des autrea,
quand on est en état d'y apporter plus d'appareil et
d'ostentation, nicole, Ess. de mor. i" traité, ch. 6.
[Il] S'est distingué dans Rome en ces jours de car-
nage, volt. Trium». III, 4. || H s'emploie quelquefois
en mauvaise part, dans ce sens : Néron s'est distin-
gué, entre les premiers Césars, par ses cruautés.
— REM. Des grammairiens ont cherché à établir
une nuance de sens entre distinguer une chose d'une
autre, et distinguer une chose d'avec une autre.
Miis, avec quelque attention qu'on examine la pré-
position composée d'aree, il est impossible d'aper-
cevoir une différence sensible avec le simple emploi
DIS
DIS
DIS
1195
de Is préposition de. Cependant on peut, par motif
de clarté, préférer d'avec, quand il y a, dans la
phrase, plusieurs mots entre les objets qu'on dis-
tingue; par exemple, dans ce passage de d'Alem-
Ijert : Le temps fera distinguer ce que nous avons
pensé d'avec ce que nous avons dit, d'aleub. Lett.
à Volt. 21 juillet (767.
— SYN. DISTINGUER, DISCERNER. Distinguer est
plus général que discerner. On distingue à l'aide de
tous les sens; on ne discerne que par le sens de
la vue. Ajoutons que distinguer se rapporte plus
aux apparences extérieures, et discerner aux limi-
tes : je distingue le vice de la vertu en général, et
je discerne le iioint précis où la vertu poussée à
l'excès devient vice.
— HlST. XIII' s. Nul ne set si bien distinter, Qu'il
en ose ung seul mot tinter, la Rose, H099.|| xvi» s.
En Thrace le roy estoit distingué de son peuple,
d'une plaisante manière, mont, i, 328. Ils ont des
offices distinguez [distincts] de potagers et de ros-
tisseurs, id. m, 21». Us ont distingué de nous mes-
mes la honte excessive, la honte simple, et la ver-
gongne, amïot, Uauv. honte, 3.
— ÉTYM. Provenç. dislinguir, destinguir; catal.
dùlingir; espagn. distinguir ; ital. distinguere; du
latin distinguere, de di.... préfixe, et stinguere,
proprement piquer, ficher (voy. stigmate).
t DISTINGUO (di-stin-go). Terme d'argumenta-
tion scolastique, signifiant je distingue, et qu'on
emploie pour indiquer que, dans une proposition,
l'on accorde une partie (concède) et nie l'autre (nego) ,
ou, simplement, que l'on fait une distinction. Dis-
tinguo, mademoiselle; dans ce qui ne regarde point
sa possession , concedo; mais dans ce qui la regarde,
nego, MOL. Mal. imag. n, 7. || S. m. Mais, mon père,
ne me donnez-vous pas une fausse joie? n'est-ce
point ici quelque chose de semblable à cette suffi-
sance qui ne suffit pas? j'appréhende furieusement
le distinguo; j'y ai déjà été attrapé, pasc. Proi'. i.
— ÉTYM. L3.i. distinguo, je distingue (voy. ms-
tingder).
(. DISTIQUE (di-sti-k'), *. m. Terme de prosodie
grecque et latine. Deux vers renfermant un sens
complet, surlout lorsque l'un est hexamètre et l'au-
tre pentamètre. {{ Terme de versification française.
Pièce composée de deux vers seulement. Guichard,
d'un long quatrain tu fais un long distique; Retran-
che encor deux vers, tu seras laconique, leiîrun,
Épigr. contre Guichard.
— ÉTYM. Ai<jTi-/.oç, de 51;, deux, et <rtîy,oi;, ran-
gée et, par extension , vers, de oTiîJstv, piquer (voy.
Étiquette et stigmate).
t 2. DISTIQUE (di-sti-k'), adj. Terme de botani-
que. Rangé en deux séries le long d'un axe com-
mun.
— ÉTYM. Le même que le précédent.
I DISTOME (di-sto-m'), adj. Terme de zoologie.
Qui a deux bouches. || S. m. Nom d'un genre d'en-
tozoaires. Le distome du sang {distomum hœmalo-
bium) , entozoaire qui existe dans la veine porte et
ses ramifications, et qui est commun chez l'homme
en Egypte.
— ÊTYM. A!;, deux, et oréiia, bouche.
t DISTORDRE (di-stor-dr'), je distords, tu dis-
tords, il distord, nous distordons, vous distordez,
ils distordent; je dislordais; je distordis; je distor-
drai; je distordrais; distords, qu'il distorde, distor-
dons; que je distorde, que nous distordions; que je
distordisse; distordant; distordu, v. a. || 1° Altérer
par une torsion la configuration d'un objet. || 2° Don-
ner une distorsion ou entorse. || 3" Se distordre, v.
réfl. Être distordu. Dans une attaque d'épilepsie, la
bouche se distord. |! Verbe usité et qui manque daus
le Dictionnaire de l'Académie.
— HIST. xvi' s. Les malades se distordent les mem-
bres avec tremblement, PARÉ, XXIII, 44.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et tordre.
t DISTORDU, UE (di-stor-du, due), part, passé
de distonire. Une articulation distordue.
t DISTORS, ORSE (di-stor, stor-s'), adj. Terme
didactique. Qui est de travers ou contourné.
— ÉTYM. Dis.... préfixe, et tors.
DISTORSION (di-stor-sion; en vers, de quatre
syllabes), s. f. \\ 1" Action de distordre. La paralysie
du nerf facial produit la distorsion de la face. Si
l'irradiation propre de l'objet était aussi considérable
que nous sommes ici obligés de le supposer, les
images en contact auraient présenté des particula-
rités de distorsion bien connues qui auraient éveillé
.'attention des observateurs, paye, Comptes rendus,
Acad. des se. t. lu, p. 88. |1 2° Terme de chirurgie.
Action de tiraillement qui produit l'entorse. La dis-
torsion des ligaments. La distorsion d'un bras.
— HIST. XVI' s. Par solution de continuité, comme
playe, dislocation, fracture, distorsion, contusion,
PARÉ, V, 21.
— ÉTYM. Lat. dislortionem, de dis.... préfixe, et
tortio (vey. torsion).
t DISTRACTIF, IVE (di-stra-ktif, kti-v'), adj.
Synonyme de distractile.
— ÉTYM. Lat. distraclum, supin de distrahere
(voy. nlSTRAIRE).
t DISTRACTILE (di-stra-kti-1'), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui s'écarte naturellement. || Terme
de botanique. Connectif distractile, celui qui tient
sensiblement écartées les loges de l'anthère.
— ÉTYM. Lat. distractum, supin de distrahere
(voy. DISTRAIRE).
DISTRACTION (di-stra-ksion; en vers, de quatre
syllabes), s. f. || 1° Démembrement, séparation
d'une partie d'avec son tout. Tout cela nous a en-
couragés à demander la distraction de notre petit
pays d'avec les fermes générales, volt. Lctt. Du-
pont, io sept. (775. Il Distraction d'une somme d'ar-
gent, action de l'employer autrement qu'on ne doit
ou qu'on ne s'est proposé. || Ancien terme de chimie.
Désunion des éléments qui composent un corps,
lorsqu'elle s'opère avec difficulté. || 2° Terme de ju-
risprudence. Répétition, par un tiers, d'une terre,
d'un objet compris à tort dans une saisie. Faire une
demande en distraction. || Distraction de juridiction,
action d'ôter à un juge, et d'attribuer à un autre la
connaissance d'une cause. || Distraction de dépens,
attribution, pour ses honoraires et frais, à un avoué
des dépens adjugés à sa partie. || 3° Inattention aux
choses présentes. Faire une chose par distraction. Il
sortit soudainement de sa distraction. L'incivilité
n'est pas un vice de l'âme, elle est l'efi'et de plusieurs
vices, de la sotte vanité, de l'ignorance de ses de-
voirs, de la paresse, de la distraction, du mépris
des autres, de la jalousie, la bruy. xi. La vie de
b Fontaine ne fut, pour ainsi dire, qu'une distrac-
tion continuelle; au milieu de la société, il en était
absent, diderot. Notice sur la Fontaine. \\ Chose
faite par distraction. Voilà une distraction un peu
forte. X mes distractions faites grâce, madame; Nul
autre objet que vous ne règne dans mon âme, ké-
GNAHD, Distrait, v, 7. Et ma main qu'il portait à sa
bouche, répondis-je, mon père, est-ce encore une
distraction? Marivaux, Marianne, 3* part. 114» Toute
diversion qui détourne l'âme ou l'esprit. Chercher
des distractions. Une distraction agréable. Les dis-
tractions du monde. Heureux qui peut bannir de
toutes ses pensées Les vains amusements de la dis-
traction! CORN. Imit. 1,21. Cette aventure n'a fait
aucune distraction à sa rêverie, SÉV. 4o. Rien ne me
donne de distraction, je suis toujours avec vous,
iD. (5. Les hommes dans un grand temple de cèdre;
les femmes dans un autre, de peur des distractions,
VOLT. Princ. de Babyl. 3. Pour dérober Piccini aux
distractions de Paris, je l'engageai à venir travailler
près de moi dans ma maison de campagne, mar-
MONTEL, Mém. X. Elle savait par expérience que la
réflexion et les sacrifices ont moins de pouvoir sur
les hommes passionnés que la distraction, stael,
Corinne, vi, (. Quand on s'est habitué à une vie
de distractions, on éprouve toujours une sensation
mélancolique en rentrant en soi-même, dût-on s'y
trouver bien, id. ib. xv, 3.
— lllST. xvi' s. On ouit soudain le bruit et la dis-
traction de ceulx qui estoient à la cueue de leur ar-
mée [attaqués par une embuscade], amyot, Ma-
rius, 37.
— ÉTYM. Lat. distractionem, de distractum, su-
pin de distrahere (voy. distraire).
DISTRAIRE (di-strô-r'l , je disirais, tu distrais, il
distrait, nous distrayons, vous distrayez, ils dis-
traient; je distrayais, nous distrayions, vous dis-
trayiez; point de parfait défini; je distrairai; je
distrairais; distrais, qu'il distraie, distrayons, dis-
trayez, qu'ils distraient; que je distraie, que nous
distrayions, que vous distrayiez, qu'ils distraient;
point d'imparfait du subjonctif ; distrayant; distrait,
t'. a. Il 1° Séparer, démembrer. On a distrait cette
province de sa domination. La nature divine ne peut
être ni séparée, ni distraite, boss. Trin. \\ Distraire
une somme d'argent, l'employer à un objet autre
que celui auquel elle était destinée. De cette somme
il faut distraire tant. || 2° Terme de jurisprudence,
ôter, enlever quelque partie d'un tout. Distraire
une terre d'un apanage. || Opposition à fin de dis-
traire, opposition qui a pour objet une distraction
ou répétition de quelque chose compris à tort dans
une saisie. || Distraire quelqu'un de ses juges na-
turels, le traduire devant une juridiction excep-
tionnelle. [I Terme d'ancienne jurisprudence. Dis-
traire la juridiction, se pourvoir devant un juga
incompétent, jj 3° Détourner. Rien n'a pu le dis-
traire de cette résolution funeste. Je l'encourage-
rais au lieu de le distraire, corn. Ilor. ii, 6. Césut
la voit partir sans oser la distraire, id. ib. v, 8. Et j'y
cours de ce pas, rien ne m'en peut distraire, mol,
Sgan. I8. Si de son amitié j'ai voulu vous distraire,
sac. Brit. IV, 3. Les dieux de ce dessein puissent-ils
le distraire! id. i6. iv, 4. || 4° Détourner l'esprit d'un
objet, d'une occupation. Il ne faut pas distraire les
gens qui travaillent. || On dit dans le même sens,
distraire d'une personne, en détournerla pensée qui
s'y fixait. Tout ce qui me distrayait d'elle ne pou-
vait que m'être désagréable,!, j. nouss. Confuss.iV.
Il Détourner l'esprit d'une pensée triste. 11 faut tâ-
cher de distraire les affiigés. Quoi! de ces noirs en-
nuis rien ne peut vous distraire? ducis, Ahiifar,
II, 2. Il Dans le même sens, distraire la douleur,
l'inquiélude, y faire diversion. Adieu; puisse du
moins ce peu que je te donne De ta triste mémoire -
effacer tes malheurs. Et, .soigné par tes mains, dis-
traire tes douleurs! A. chén. Idylles, la Liberté.
Il Absolument. Eh bien! cela distrait toujours un
peu : il vaut mieux quereller que soupirer, mari-
vaux, Secr. surp. de l'amnur , i, l. ||5°Se distraire,
v.réfï. Etre séparé, disjoint. Un fief, une fois réuni
au domaine de la couronne, ne pouvait plus s'en
distraire. || Fig. Détourner son esprit. Il s'est distrait
de son affliction par un voyage. De son image en vain
j'ai voulu medislraire, rac. Bn'I.n, 2. || Absolument.
Se distraire, se livrer aux distractions, aux amuse-
ments. J'ai besoin de me distraire. C'est une misé-
rable condition de la nature humaine, que cette
nécessité de se distraire, stael, Corinne, xvi, 7.
Il Se distraire, devenir distrait, être en proie à dos
absences d'esprit. Sans se distraire à force de com-
battre les distractions, et sans s'inquiéter de leur
fréquent retour, fén. Êduc. des filles, p. 295, dans
POUGENS.
— REM. 1. J. J. Rousseau a dit (Confess. i) : Trop
d'autres goiîts me distraiseiit ; et {Confess. vi) : L'exer-
cice me distraisantsur mon état. Ce sont de grosses
fautes; il faut : distraient et distrayant. || 2. Si le
parfait défini de l'indicatif et l'imparfait du subjonctif
manquent aujourd'hui, c'est seulement par défaut
d'habitude. Autrefois ces temps existaient, et l'on
pourrait les reprendre : je distrayis, que je dis-
trayisse.
— SYN. distraire, divertir. De ces deux mots,
l'un signifie, élymologiquement, tirer de côlé et
d'autre, l'autre tourner de côlé et d'autre. Mais de
là ils ont pris respectivement une signification qui
les dilTérencie : le divertissement est beaucoup plus
que la distraction; on se divertit quand on se livre
à divers amusements, tels que spectacles, bals,
fêtes, repas; pour se distraire, il n'est pas besoin
de tout cela; il suffit de quelques plaisirs môme so-
litaires, de quelques simples satisfactions.
— HIST. xv* s. De leurs meurs ne te distrais, Ains
y soies entendus, e. descu. Laij du roy. || xvi' s.
Or vous ay dit, sans aller au contraire De vérité,
le triumpliant mystère, Ainsy qu'ay peu d'œil et
plume distraire, J. hauot, p. 109, dans lacirne.
Poulser le mespris de la mort jusques à tel degré
que de l'employer pour se distraire des [s'arracher
aux] honneurs, richesses, mont, i, 2 50. La philoso-
phie veult qu'au chastiment des ofl'enses receucs,
nous en distrayons la cholere, id. IV, t63. Lysima-
chus, se trouvant de loisir audemourant, et non dis-
trait d'autres affaires, s'en alla incontinent faire la
guerre à Pyrrhus, amyot, Pyrrhus, 25. Hz alloicnt
espians les moyens de le distraire et divertir qu'il
n'assistas! au sénat, id. C. d'Utiq. 29. S'approchans
deLiUiers, ville distraitte de deux lieues par de là
Pernes, du bellay, Mém. liv. viii, f° 2*9, dan?
lacurne.
— ÉTYM. Wallon, distrit; provenç. distraire; ca-
lai, disiraurer; espagn. distraer; portug. distrahir;
ital. distrarre; du latin distrahere, de dis.... pré-
fixe, et trahcre, tirer (voy. traction, traire).
DISTRAIT, AITE (di-strè, strê-t'), part, passé
de distraire. Il !• Démembré, séparé. Une province
distraite de l'empire. Une somme d'argent distraite.
Il 2° Un accusédistraitdeses juges naturels. || 3° Dé-
tourné, déconseillé. Distrait par ses amis d'une en-
treprise hasardeuse. || 4° Qui est détourné de l'ap-
plication, de l'attention. Nos esprits étaient donc
également distraits, corn. Sertor. iv, 3. Je me fuis, je
m'oublie, et mes espritsdistraits Se plaisent à les sui-
vre [les Muses], et retrouvent la paix, a. ciitn. Élég.
4. Je ne m'étonne plus qu'interdit et distrait Votre
père ait paru nous revoir à regret, rac. Iphig. ii, ♦.
Il 5° Qui a des distractions, des absences d'esprit.
119G
DIS
Il est ainguli&rement distrait. Il vous dit non pour
OUI, eui pour non; il appelle Une femme monsieur,
et moi mademoiselle; Prend souvent l'un pour l'au-
tre et va sajis savoir où; On dit iiu'il est distrait;
moi je le prends pour fou, hkgnar», Distrait, il,
<. Siiuveiit pensif, plus souvent distrait, mais le
plus charmant des convives, lorsque, sans distrac-
tion, il se livrait à nous, marmonï. ift'm. vi. || Sub-
stantivement. La Bruytrea peint le distrait Vous,
monsieur le distrait. Vous êtes là debout p.nnté
comme un piquet, bkgnaro, le Distrait, v, B. || Kn
parlant des choses. Air distrait. Regarder d'un oeil
disirait, regarder sans apporter une grande atten-
tion Je fuis des yeux distraits Qui, me voyant
toujours, ne me voyaient jamais, bac. Bérén. i, 4.
t DISTUAYANT, ANTE (di-slrè-ian, i-in-t'), adj.
Oui donne une distraction. Lecture 0 strayante.
l'armi ces exercices il comprend les occupations les
l'ius distrayantes, Boss. Or. t. Les discours inutiles
et distrayants, id. Visite, î.
t «ISTRIDUABLE (di-stri-bu-a-bl'), ad}. Qui peut,
qui doit être ilistifbrié.
— REM. D'ordinaire, les adjeclits en ahle, qui
ont bien le sens passif, ne prennent pas le régime
des verbes pa'^sifs. Aussi ne faut- il pas imiter cet
exemple de Saint-Simon : Le fils du comte de Ton-
nerre donne toono livres aux pauvres, distribuables
par le cardinal de Noallles, st-sim. ib7, 240.
— HIST. XVI* s. Et de plus la somme de CnOOO li-
vres distribuables à St Auban et à ses compagnons,
DAUB. Ilist. II, 374.
— ÊTVM. Distribuer^
DISTKinUÉ, ÉE (di-stri-bu-é, ée), part, ■passif.
Il 1° Héiiarli. Les aumônes distribuées par des mains
bienfaisantes. L'eau distribuée dans la campagne
par de nombreuses rigoles. Je ne comprends pas, je
vous l'avoue, pourquoi on veut empêcher de répan-
dre dans le royaume et en Europe quatre mille exem-
plaires de l'Encyclopédie, lorsqu'il y en a déjà qua-
tre mille de distribués, d'alemb. iett. à Voltaire,
» mars 1770. Si les eaux de l'Artibonite sont jamais
distribuées avec intelligence, une partie considé-
rable de ce quartier se couvrira silrement de cannes,
BAYNAL, Ilist. phil. xiir, 40. Il 2° Des appartements
bieir distribués, mal distribués, c'est-à-tlire dont la
disposition est commode, mal commode. || Terme
de peinture. Un ouvrage bien distribué. Des jours
bien distribués. Des ombres mal distribuées.
DISTRIBUER (di-slribu-é), v.a \\ 1" Répartir,
partager entre, dispenser. Distribuer des aumônes,
une somme d'argent. Ces rares talents qui sont dis-
tribués aux hommes extraordinaires. Distribuer des
annonces aux pas.sants. Si pour distribuer et le prix
et les peines, rotbou, Bélis. v, 5. Il [Cyrus] ne
prodiguait pas leo gr'àces, il les distribuait, ROLLtN,
Ilist. anc. OCtares, t. iv, p. 460. Le public, qui
laisse assez paisiblement les mathématiciens (dont
il ne connaît que les noms) régler les rangs entre
eux et se distribuer la gloire à leur gré,, n'eut pas
la même indulgence pour un géomètre, littérateur
et philosophe, condohcet, d'^/emk'rl. || Distribuer
un travail entre des ouvriers. || Répandre en divi-
sant. Ces conduits distribuent l'eau dans les diffé-
rents quartiers de la ville. || 2° Terme de jurispru-
dence. Distribuer un procès, commettre iin juge
pour l'examiner. || 3° Diviser en disposant en un cer-
tain ordre. Cet auteur a distribué avec art toutes les
parties de son sirjBt. Distribuer avec goût les orne-
ments d'un édifice. Servius qui avait distribué les
citoyens en six^classes, montesq. Esp. xi, 49. Il y
a un art inspiré par. le bon goilt dans la manière
rie distribuer les images, diuer. Salon de t767,
t. XIV, dans pOLCtNS. Il remplissait toutes les par-
ties des instruments ou de la voix, distribuant des
traits de mélodie et d'harmonie, ainsi qu'un peintre
habile aurait distribué sur la toile les couleurs et le.s-
ombres pour en composer son tableau, HAKjtiONT.
ilém. X. Il Dislribtrer un appartement, en disposer
les pièces selon certains usages. || 4° Terme d'im-
primerie. Distribuer les lettres, et, absolument, dis-
tribuer, répartir dans les cassetins les différertts
caractères après le tirage. || Distribuer les balles,
répartir l'encre bien également sur la surface des
cuirs. On dit' dans le même sens distribuer le rou-
leau. Il 5° Appliquer, en parlant de cou|is, de ho-
rions. Distribuer des oups de poing, des bourrailes.
C'était [le pape Jules II] un vieux soldat turbulent
qur aimait la guerre comme un fou, toujours à che-
val, toujours le casque en tète, distribuant des bé-
nédictions et des con|>s de sabie, volt. Amabed,
47* leiire. || 6" Se drstribuer, v. refl. Être distribué,
réparti. Le médiateur par qui se distribuent les bien-
faits. Il Etre répandu par des canaux ou des routes
DIS
réglées. Le aang se distribue du cœur dans les ar-
tères. ,
— IIlST. xiv* s. Leur distribuant les terres que l'en
avoit tolues [enlevée*] aus anemis, behcheiire, f° 22,
verso. Il distribuoierit les champs, vingnes, mesonsà
ceux qui là vouloient aler demourer, id. f° 2. Mal
distribuer ce qui doit eslre donné pour Dieu, àléna-
gier, I, 3. Et est manifeste que un homme ne peut pas
bien convivre avec(|ues grant multitude familiaire-
ment, ne soy distribuer entre tant de gens, oresme,
Eth. 287. Affin qu'il puissent justement distribuer
les honneurs et les paines, id. t6. 47. || xvi* s. Si
tost qu'ilz estoient arrivez à l'aage de sept ans, il
les prenoit et les distribuoit par trouppes pour les
faire nourrir ensemble, amïot, Lyc. 33.
— lîTVM. Provenç. et esjiagn. distribuir; ital.
distribuire ; du latin distribuere, de dis.... préfixe,
et tribuere, accorder (voy. tribut).
t DISTRIBUTAIRE (di-stri-bu-tê-r"), s. m. et f.
Celui, celle qui a reçu une part dans les distribi/-
tions de quelques objets. Chaque distributaire des
secours communaux. || Mot proposé par Legoarant
et formé sur le modèle de donataire.
— KTYM. Distribuer.
DISTUIBUTECR, TRICE (di-stri-bu-teur, tri-s'),
9. m. et/". Celui, celle qui distribue. Je ne suis pas sûr
lie ceux qui sont les maîtres et les distributeurs des
grâces, BOURDAi.. Sur larécomp. dessaints, t"avent,
p. 9. Il la rend la distributrice de ses grâces, mass.
Mysi. .^isonipl.lj Dans certaines communes de France
où il n'y a pas de direction des postes, il se trouve
un bureau de distribution tenu par un distributeur
ou une distributrice, legoarant. Il demeure chez
la distributrice des lettres. || Distributrice se disait
autrefois d'une marchande qui vendait des rafraî-
chissements à la Comédie française. Il y avait deux
distributrices, l'une auprès des loges et l'autre à
l'entrée du parterre.
— HIST. xiv" s. Dieu, qui est roy des roys et dis-
tributeur des royaumes, obesme. Thèse de meunier.
fl XV" s. Sages dislribueurs et conseillers loyaulx de
la personne du roy, christ, de pisan, Charles V,
II, t7. Il XVI' s. 11 eslablit Lysander pour toute pro-
vision, commissaire des vivres et distributeur des
chairs, amyot, Lysand. 44.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. distribuidor; ital.
distribulore; du latin distribulorem, de distribu-
tum, supis de distribuere , distribuer.
DISTRIBUTIF, IVE -(di-stri-bu-tif, ti-v'), adj.
Il 1° Oui a la vertu de distribuer, le caractère de la
distribution. Les propriétés distribulives qui procu-
rent dans le corps vivant la nutrition. {| Justice dis-
tributive, celle qui répartit les récompenses et les
peines. C'est un acte de ta justice qu'on appelle dis-
tributive, uoss. Aumône, 2. || 2° Terme de gram-
maire et de logique. Qui sépare et individualise,
par opposition à collectif. Sens distributif, celui dans
lequel on considère une multitude, suivant tous les
individus qui la composent. Ce qui est vrai dans le
sens distributif ne l'est pas toitjours dans le sens
collectif. Il Noms de nombre distributifs, en latin
les mots singuli, bini, terni, etc. en français les
locutions : un à un, deux à deux, trois à trois, etc.
— HIST. xiv s. Prince [principal] distributif,
ORESME, Thèse de meunier. || xvi" s. Les parties re-
tentrices, concoctrices, distributives, assimilatives
et expulsives, paré, i, t.
— ÉTYM. Provenç. distributiu; espagn. et ital.
distributivo ; du latin dislribuUvus , de distribuere,
distribuer.
DISTRIBUTION (di-slri-bu-sion ; en vers, de cinq
syllabes), s. f^ \\ 1° Action de distribuer. La distri-
bution du saiig dans les artères. La distribution des
rôles. La distribution du travail. La bonne distribution
de l'eau est une condition essentielle delà salubrité
des grandes villes. Les conditions économiques d'une
distribution d'eau aux habitants de Paris. Tenez la
main à ce que la distribution du vin aux équipages
des vaisseaux se fasf,o avec de pareilles mesures [con-
formes aux étalons], seignelay. Aux intendants,
1679, dans JAL La consolation D'avoir fait de
ses biens la distribution Répand au fond du cœur
un repos sympathique, Certaine quiétude et douce
et balsamique, regnard, Ugat. iv, 6. L'économie
des revenus et des frais de perception, l'abolition
des privilèges onéreux au commerce et à l'agricul-
ture, et une plus égale distribution de l'impôt sur
toutes les classes, étaient les remèdes qu'il fallait
appliquer à la grande plaie de l'P.tat, harmontel,
ilém.xu. Il La distribution des prix, solennrté par
laquelle on donne des récompenses, dans un col-
lège, d;ins un concours, dans une académie, dans
un comice agricole, à ceux qui lès ont méritées.
DIS
Il Ëtat de ce qui est distribué, réparti. l,a distribu-
fion des animaux suivant les régions, des plantes
suivant les altitudes. || T Service du" facteur qui
l>oi te les lettres à domicile. La distribution des let-
tres. Il Lettres à distribuer. Voilà de la distribution.
Il 3° Ternie d'économie politique. Distribution des ri-
chesses ou des revenus, ensemble de conditions sui-
vant lesquelles la richesse est répartie entre les
différents membres de la société. || 4" Terme de pro-
cédure. Répartition, entre les créanciers, des de-
niers provenant de la saisie d'un débiteur. Distribu-
tion par contribution. |{ Ancien terme de palais. Re-
gistre dans lequel le greffier garde-sacs au parlement
insérait toutes les requêtes de commtttttur, pour
qu'elles fussent ensuite remplies par le président.
Il 6° Ce que l'on distribue à des chanoines pour leur
droit de présence au service divin. Recevoir double
ilistribution. Distribution manuelle. |l 6" Disposition
par division, ordonnance. La distribution d'une ma-
tière |)ar chapitres. La distribution des parties d'un
discours. Il y a dans cetouvrage [Introducliort à l'his-
toire de Charles- Quint] un calme de raison, une
.sagedistriliution de parties, quelque chose de régu-
lier et de progressif à la fois, qui plaît à la pensée,
viLLEM. LiiV-r. franc, xviii* siècle, 2' part. *• leç.
Il Terme de peinture. La distribution du jour et
des ombres dans un tableau. Pour former ce vil
coloris, ces distributions de lumières, ces dégrada-
tions de couleurs, fén. Eiist. 8. || Terme de rhéto-
rique. Figure qui consiste à énumérer par ordre
les qualités d'un sujet. || 7° Division intérieure d'un
appartement. Une distribution bien entendue.
il 8° Terme d^imprimerie. Action de répartir les ca-
ractères dans leurs cassetins après le tirage. |{ Les
caractères mêmes à distribuer.
— HIST. xiv* s. Estoient redevables à Rome, Par
païer distribucions [tributs], Peuples de toutes na-
cions Que le jour queuvre de lumière, c. guiart,
Us, (° 140, dans lacurne. Tous confessent et dient
que, en faisant justice, il convient en distribu-
cions faire selon la dignité des personnes, ohesue,
Eth. 146. Il XV" s. Que chascun sanz faire arres-
tée, Viegne à César sanz delaier, Sa dislribucion
[taxe] paier, Nativ. de J. C. Mystère. \\ xvi' s. La
distribution estoit telle, qu'on prouvoyoit i la nour-
riture des ministres, et qu'on-ne laissoit point les
lioures en arrière, Calvin, Institut. 864. La distri-
bution et ordre d'un convoy, mont. I, t7.Ces distri-
butions de deniers, amyot, Péric. n.
— ÉTYM. Provenç. dislribucio; espagn. distribu-
cion; ital. di.ï(ri(;uîione; du latin dislributionem, de
distribuere, distribuer.
DISTRIBUTIVEMENT(di-stri-bu-ti-ve-man),adr
Terme de logique. En un sens distributif. Que Ifc
connaissance de ces procès appartienne distributi-
vement, savoir est à nostre cour de parlement pour
ce qui concerne la police, et à nos dits élus pour ce
qui concerne la perception, Ordonn. du 20 juillet
4022.
— ÉTYM. Distributive, et le suffixe ment.
DISTRICT (di-strik':]irononciation mal fixée: les
uns disent di-slrikt', en prononçant toutes les con-
sonnes finales; les autres disent di-strik; d'autres
enfin di-stri ; nos anciens, qui de districlutn avaient
fait détroit, avaient évité cette accumulation de con-
sonnes finales toujours peu agréable à notre oreille),
s. m. Il 1° Terme de pratique ancianne. Étendue
d'une juridiction. Un juge ne peut juger hors de
son district. || Fig. Cela n'est pas de mon district,
cela n'est pas de ma compétence. || 2' Subdivision
de déparlement établie par la loi du 22 décembre
1789. Les districts étaient moins étendus que les
arrondissements actuels. Le directoire du district.
Il Par extension, un territoire quelconque d'une él«n-
due limitée. Un petit district, qui y avait conservé
son indépendance, la conserve encore; ce canton
fortuné.... raynal, Ilist. phil. m, 27. || 3' Par ana-
logie, compartiment. Les différents districts de la
nature. M. Polier était profondément versé dans
toutes les sciences qui étaient proprement l'objet de
sa vocation et dont le district est si étendu; il n'y
en avait aucune sur laquelle il ne fût instruit, tis-
SOT, Santé des gens'de lettres, p. 76, édit.Techener.
Il Département, charge. Le poste n'était pas mauvais,
parce qu'ayant le district des pan.seaients et des
drogues, je vendais souvent aux hommes de bonnes
médecines de cheval, beaum. Varb. deSév. l, a.
— HIST. xni' s. bours et chastiaux et viles, fer-
metés et destrois, Derte, Lxi. \] xvt's. Us se disoient
des environs du dislric de Gibraltar, carl. v, H.
— ÉTYM. VOV. l'ÊTROIT.
t DISTRIGLYPUE (di-strlgli-P), voy. WIRI-
GLYPUE.
DIT
DIT
DIV
H97
f 4. DISTYLE (di-sti-l"), s. m. Terme d'architec-
ture. Porche formé de deux colonnes.
— f.TYM. Ai«, deux, et otOXo;, colonne.
f 2, UlSTï'LE (di-sti-l'), odj.Terme do botanique.'
Qui a deux styles.
— ÉTYM. Aie deux, et style.
>. DIT, DITE (di, di-t'), part, passé de dire.
Il I» Ces paroles dites avec fermeté. Un discours
bien dit. Cela dit. il partit. Aujourd'hui ce qui ne
vaut pas la peine d'être dit, on le chante, bkaum.
Ilarb. de Sév. i, 2. || Tout est dit,- tout est expliqué,
convenu. |1 Tout est dit. signifie quelquefois tout est
fini, terminé. Tout est dit, le pauvre m.illieureux
a cessé de soun"rir. || Voilà qui est dit, voilà qui est
arrêté. || C'est une chose dite, c'est une chose ré-
solue. Il C'est bien dit, s'emploie pour marquer ap-
probation. Il Je ne veux pas qu'il soit dit que....
il ne sera pas dit que.... c'est-à-dire je ne veux pas
que telle ou telle chose arrive. || Se le tenir pour
dit, ne plus oser revenir à la charge. Il se le tint
pour dit, et n'en parla plus. Son cousin ne se le
tint pas pour dit, hamilton, Gramm. 8. || Se te-
nir pour dit, être assuré que.... Je saurai, de ma
part, expliquer ce silence. Et me tiendrai pour dit
tout le mal que j'en pense, mol. ilis. v, 2. Je me
tins pour dit que je n'avais pas besoin de trans-
pirer, SÉV. 363. Il faut vous tenir une bonne fois
pour dit que .... Boss. iet(. abf). <70. Je me tiens
pour dit qu'ils ne m'imiteront pas, j. J. Rouss. ^m.
IV. Il X l'heure dite, à l'heure fixée. X l'heure
dite, il courut au logis De la cigogne' son hôtesse,
LA FONT. Fab. 1, (8. ||. C'est bientôt dit, ce n'est
pas aussi facile à faire qu'àdire. || Mettons qu'il n'y
ait rien de dit, je retire ma proposition, n'en par-
lons plus. Il 2° Surnommé. Charles V, di-t le Sage.
Il 3' Terme de pratique. Ledit sieur, ladite maison,
audit lieu, mondit seigneur, locutions employées
pour rappeler qu'il a été déjà question de ces per-
sonnes, de ces choses. || On remarquera que, dans
ces façons tecluiiques de parler, on a pris l'habitude,
San.? motif grammatical, peut-être par imitation de
monsieur, madame, etc. d'écrire sans les séparer
dit et l'article ou les pronoms possessifs auxquels ce
mot est joint : ledit, ladite, lesdits, audit, auxdits,
mondit, sondit, nosdits, vosdits, sesdits. || On dit
dans le même sens : susdit, ci-dessus dit, ci-devant
dit, ci-après dit. Ces locutions ont vieilli, sauf sus-
dit, qui s'écrit en un seul mot.
2. DIT (di; le ( se lie; au pluriel, l's se lie: des
di-7. inexacts), s. m. \\ l" Mot, propos, maxime no-
table. Un dit mémorable. Les dits et gestes des an-
ciens. En ces mots Minerve plaida.... A ses dits le ciel
s'accorda; Et chacun dit vive d'Avaux, voit. l'oé-
sies, dans richelet. Vous savez que ses dits sont
remarquables, sÊv. <36. On ne conte que ses dits
pleins d'esprit, id. 413. [NavaiUes] C'était un grand
homme, maigre, jaune, poli, qui ne laissait pas
d'avoir des dits et des naïvetés étranges, ST-siM. 74,
2)5. Il Dits et redits, beaucoup de propos s.ur un
môme sujet. Voilà, mon cher comte, ce qui s'est
passé; je n'y ajouterai pas les dits et les redits des
dames sur l'ecclésiastique qui a servi au salut de
mon frère , maintenon, Lett. à U. de Noailles,
4t juin (703. Onques ne fut plus parfaite donzelle;
Tant par miroirs que par dits et redits (La belle sut-
de la beauté le prix, chaul. À lime de Valois. || C'est
un normand, il a son dit et son dédit. Une vieille
coutume normande permettait d'annuler ou de ra-
tifier un contrat dans les vingt-quatre heures qui
suivaient; de là la locution : avoir son dit et son dé-
dit, être sujet à se dédire, à revenir sur sa promesse.
Il 2" Terme d'ancienne procédure. Pièce exposant les
faits. J'écris sur nouveaux frais ; je produite, je four-
nis De dits, de contredits, d'enquêtes, compulsoi-
res.... RAC. Plaid. 1, 7. || 3° Titre qu'on donnait,
dans le moyen âge, à certaines compositions narra-
tives et qui signifiait récit, fable. Le dit du bœuf.
— msT. xn* s. Et si orons [cuirons] son dit et
son penser, Itonc. p. (80. Vous povez bien savoir
par ma chançon Et^t-mes dis que je n'aim se vous
non, Couci, ii. Bien [je] me deUsse targier [tarder]
De chanson faire et de dis et de chans, quesnes.
Romancero, p. 66. Si l'ocist felenessement pur ven-
gier, à sun dit, la mort sun frère Asael, Rois, 432.
Il xui" s. S'il dit par amendement, li dis pot estre
dis par li ou par aucun des autres, beaum. v, 8.
li xiv" s. Et se il ne ont en eulz tele dignité ou va-
leur, leur dit est une dérision., oresme, Elk. 244.
— ÉTYM. Lat. diclum. de dicere, dire (voy. niKE).'
t DITAXION (di-ta-ksi-on), s. m. Terme de bo-
tanique. Fruit capsulaire contenant deux rangées
de loges.
— tTYM Ai;, deux, et tàÇi;, rangée.
tDITÉTRAÊDRE (di-té-tra-è-dr"), adj. Terme de
minéralogie. Cristaux difétraèdres, cristaux qui pré-
sentent deux tétraèdres.
— Etyh. Ai;, deux, et tétraèdre.
•f DITIIÉISME (di-té-i-sm'), s. m. Système reli-
gieux dans lequel on reconnaît deux premiers prin-
cipes, dont l'un est le principe du bien, l'autre ce-
lui du mal. La religion de Zoroastre est un dithéisme.
— ETYM. Ai;, deux, et théisme.
t DITUIONIQUK (di-ti-o-ni-k'), adj. Terme' de
chimie. Acides dithioniques, acides du soufre qui
renferment 2 équivalents de radical. Tels sont l'acide
hyposulfureux, l'acide hyposulfurique.
— ETYM. Al;, deux, et6eïov, soufre.
DITHYRAMBE (di-ti-ran-b'), s. m. || 1° Terme
d'antiquité. Poème lyrique en l'honneur de lîacchus
et du vin. || Danse accompagnée de chant et de
musique instrumentale en l'honneur de Bacchus.
|12''Aujourd'hui, poème qui se rapproche de l'ode
par le mouvement et l'enthousiasme et qui en dif-
fère par l'irrégularité des slauces. || 3° Fig. et fami-
Uèrement. Grandes louanges. Il entonna un dithy-
rambe en son honneur. || En ce sens, dithyrambe a
souvent un sens moqueur, qui vient de la niiture
même de ce poème : le dithyrambe éiant consacré
au dieu du vin, les poêles essayaient de peindre
leur ivresse par un style et des pensées décousues.
— ÉTYM. Ai6'Jpauëo;, surnom de Bacclius.
DITIIYRAMBIOIIE (di-ti-ran-t)i-k') , adj. |l 1° Qui
appartient au dithyrambe, Poésie dithyrambique.
J'entonne sur les troubadours Un chant dithyram-
bique, BÉRANG. Troubad. || 2° Fig, et familièrement.
Des louanges dithyrambiques. || Même remarque
que pour dithyrambe.
— liiST. XVI' s. Pean dithyrambique à la santé,
BAÏF. Passe-temps, II.
— ÉTYM. Dithyrambe.
t DITUYRE (di-ti-r'), adj. Terme de zoologie.
Qui est formé de deux valves.
— ETYM. AiOypo;, de Si;, deux, et Oûpot, porte.
t DITION (di-sion), s. f. Empire, autorité De
voir cette femme [Mme du Maine], qui avait tant
osé assurer qu'elle renverserait l'État, de la voir
rager entre quatre murailles de la dition de M. le
duc, ST-siM. B23. Il Inusité.
— ÉTYM. Lat. ditionem, autorité, de dore, don-
ner (voy. datif).
DITO (di-to). Mot invariable. Terme de^ommerce.
Déjà dit, énoncé. On l'emploie pour éviter la répé-
tition d'un objet déjà désigné. Vingt sacs de café
à tant; trente dilo à tant.
— ÉTYM. Mot qui semble formé de dit (voy. dit t),
comme secundo l'est de secundus.
t DITO ME (di-to-m'), adj,. Terme d'histoire na-
turelle. Qui est fendu en deux, bivalve.
— ÉTYM. Ai;, deux, et xéiiveiv, couper (Yoy.
tome).
DITON (di-ton), s. m. \\ 1° Terme de musique an-
cienne. Espace de deux tons considérés d'ensemble
et sans les diviser. || 2° Terme de musique moderne.
Intervalle qui comprend deux tons dans la propor-
tion de quatre àcinq(tierce majeure). La proportion
du semi-diton est de cinq à six. Ceux qui ont l'o-
reille la plus délicate ne sont pas encore assez sen-
sibles pour reconnaître la différence qu'il y a entre
certains sons.... il y en a qui ne mettent point de
différence entre une octave et trois ditons, malebr.
Recherche, vi, 4.
— ÉTYM. AiTovo;, de Si;, deux, et xôvo;, ton.
t DlTRlGLYPHE (di-tri-gli-T), s. m. Terme d'ar-
chitecture. Espace compris entre deux triglyphes.
— ÉTYM. Ai;, deux, et triylyphe.
t DITRINOME (di-tri-no-m'), adj. Terme de mi-
néralogie. Cristal ditrinome, cristal produit par trois
lois de décroissement qui agissent chacune sur deux
points différents.
— ETYM. Al;, deux, Tp't;, trois, etv6|io;, loi.
t DITROCUÉE (di-tro-chée), s. m. Terme de mé-
trique ancienne. Pied grec ou latin composé de deux
trochées, comme flùctûôsd. On l'appelle aussi di-
•chorée. *
— ÉTYM. Ai«, deux, et trochée.
f DITROPE (di-tro-p'), adj. Terme de botanique.
Ovule diti'ope, ovule réfléchi, dont le funicule dé-
crit un tour de spire venant placer l'ovule dans la
posiiion d'un ovule droit.
— ÉTYM. Ai;, deux, ettpiTteiv, tourner.
f DIITIER (di-tié), s. m. Nom, dans la poésie
du moyen âge, d'une sorte de composition analogue
au dit (voy. wt 2).
— HIST. xv s. Et je ai esté bien de toutes les par-
ties et des hostels des rois, et par especial de la
noble roine Mme Philippe de Haynaut.... et la ser-
vois de beaux dittiés et traités amoureux, proiss.
m, IV, t. Il XVI' s. Mais ceste vierge en voix mieux
accordée Que orgues ne luZj chanta ce beau dicté,
MABOT, II, 2G3.
— ÉTYM. Dicter, qui avait pris la signification de
compenser en vers ou en prose.
t DITTOLOGIE (ditto'-lo-jie), s. f. Terme de gram-
maire. Nom donne quelquefois à la synonymie.
— ÉTYM. AiTTo;, double., et Xôyo;, trailé: traité
des sens doubles.
t DIURÈSE (di-u-rè-z'l, s. f. Terme de médecine.
Excrétion abondante d'urine.
— ETYM. AïoOpriOi; (voy. hhjbétioue).
DIURÉTIQUE (di-u-ré-ti-k'), adj. 111" Terme de
médecine. Qui augmente la sécrétion de l'urine. Le
vin blanc est diurétique. Remède diurétique. Quel-
que bon Lavement fort et diurétique; Voilà ce qii'il
vous faut, REGNAHD, Légat. 11, li.||S. m. Un bon
diurétique. Les diurétiques. || 2° Qui urine fréquem-
ment. Et je ne voudrais pas jurer que quelques-uns
de ces maudits ci'bns.... ne pissassent contre les
orgues renversées, ces animaux étant fort diuréti-
ques de leur nature, scarron, Rom. com. ch. t6.
Il Inusité en ce sens.
— HIST. XVI' s. Galien recommande fort le miel
et les diurétiques.... d'autant qu'ils provoquent et
esmeuvent les urines, parÊ, xi, io.
— ÉTYM. Aioupr.Tixo;, de 6ià, à travers, et où-
petv, pisser.
t. DIURNAL(di-ur-nal).s. m. Nom d'une sorte de
bréviaire, oii l'on a recueilli les prières qui sont
chaque jour à l'usage des gens d'Église. || Au plur.
Des diurnaux.
— ETYM. Lat. diurnalis, de diurnus, diurne.
t 2. DIURNAL, ALE (di-ur-nal, nal'), adj. Terme
d'antiquité romaine. Les actes diurnaux, sorte de
journal qui paraissait dans l'ancienne Rome et in-
formait le public des actes du gouvernement et des
principales nouvelles. Les actes diurnaux, ces jour-
naux profanes qui succédèrent aux annales consa-
crées.... le clerc, des Journaux ches les Romains,
p. t34v||On ditaussi actes diurnes.
— ÉTYM. Diurnal t.
DlURNE(di-ur-n'), arfj.ll l'Quisefaildansunjour.
Tous les astres participent au mouvement diurne de
la sphère céleste, la place. Expos, t, 2. ||. Mouve-
ment diurne de la terre, sa rotation sur elle-même.
Il Mouvement diurne d'une planète, se djt du nom-
bre de degrés que yiarcourt la planète dans l'es-
pace de 24 heures. || Cercle diurne, cercle, paral-
lèle à l'équateiir, qu'un astre semble parcourir dans
un jour par l'effet delà rotation de la terre.jl Terme
de physique. Variations diurnes, mouvements ré-
guliers et périodiijues que l'aiguille de déclinaison
éprouve en un jour à L'est ou à l'ouest du méridien
magnétique. || 2° Terme de botanique. Qui s'ouvre
et se ferme pendant le jour. Fleur diurne. || Terme
de zoologie. Oiseaux diurnes, ou, substantivement,
les diurnes, les oiseaux de proie qui volent le jour,
le vautour, le faucon, par opposition aux rapaces
nocturnes, comme la chouette, le duc. || Substan-
tivement. Le diurne, sorte de papillon de jour.
Il Terme de médecine. Se dit des maladies, et parti-
culièrement des fièvres dont les paroxysmes re-
viennent pendant le jour. Fièvre diurne. Névralgie
diurne. || 3" Actes diurnes, voy. diurnal 2.
— SYN. DIURNE, quotidien, JOURNALIER. Diurne
se dit de ce qui occupe un jour entier : le mouve-
ment diurne de la terre. Quotidien se dit de ce qui
revient régulièrement chaque jour : notre pain quo-
tidien. Journalier se dit de ce qui se présente tous
les jours mais sans les remplir comme dans le cas
de diurne, et sans être régulier, comme dans le
cas de Quotidien : l'expérience journalière.
ÉTYM. Lat. dius, conservé dans la locution
tub dio. Comparez l'allem. Tag, l'angU day, jour.
t DIV (div'), s. m. Voy. dive 2.
t DIVA (di-va), adj. f. Mot italien qui .signifie
divine et se dit quelquefois en parlant des cantatri-
ces en renom" La diva Malibrau.
t DIVAGATEUR, TKICE (di-va-ga-teur, tri-s'),
adj. Néologisme. Qui divague, qui aime à divaguer.
Un esprit divagateur.
— ÉTYM. Divaguer.
DIVAGATION ( di-va-gasion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. || 1° Terme de jurisprudence. Action
de vaguer ou de laisser vaguer çà et là. La divaga-
tion des animaux mallais?nls est interdite. Il Sortie
hors du Ijt, en parlant d'une rivière. Une couplede
pignons établie sur une r.vière non encaissée et non
endiguée.,., met une limite aux divagations possi-
bles de celle-ci en amont, dausse, Comptes ren-
dus, Âcad. des se. t. lv, p. 766. || 2° Fig. Action de
1198
DIV
DIV
DIV
divaguer, de s'écarter de son sujet, en parlant
ou en écrivant. Se jeter, se perdre dans de» divaga-
tions intei minables. || Par extension, les divagations
d'un aliéné.
— HisT. XVI* s. Dieu, qui donne cette paix, ne
l'esté pas pour tels mouvements nécessaires ni pour
les distractions et divagations de l'esprit, quand
elles sont involontaires, si François de sales, dans
le Dict. de dochez.
— ÉTYM. Voy. DIVAGUES.
niVAGUER (di-va-ghé), V. n. || 1» Errer çîi et là.
Qu'il est dur au contraire et scandaleux d'en voir
[des religieux] S'égarer chaque jour du cloître et du
devoir. Divaguer en désordre et s'empresser d'affai-
res.... CORN. Imit. 1, 25. Lo monde et ses plaisirs
s'écoulent et nous gônent; Et quand à divaguer
nos désirs nous entraînent. Ce temps qu'on aime à
perdre est aussitôt passé, id. ib. i, 20. || Cet emploi
a vieilli; mais on pourrait, imitant Corneille, le ra-
jeunir comme a fait M. de Lamartine : Je n'étais plus
qu'une âme errante qui divaguait çà et là dans la
camp:igne pour user les jours, Ùrasiella, iv, 2.
Il 2° Sortir de sonlit.enparlantd'une rivière. || Terme
de jurisprudence. Errer à l'abandon, en parlant
des animaux malfaisants ou des fous. Laisser diva-
guer un fou. Ces bestiaux divaguent. || 3° Fig.
S'écarter sans raison de son sujet. Cet homme ne
suit aucun raisonnement, il ne fait que divaguer.
Il On dit dans ce sens qu'un aliéné divague. || Il se
conjugue avec l'auxiliaire avoir.
— HiST. xvi* s. Se dissipent et divaguent par ci
parla, MONT. t. Il, p. 3J9, danSLACURNE.
— ETYM. Lat. divagari, de di, préfixe, et vagari
(voy. vaguer).
+ DIVAGUEUR, ECSE (di-va-gheur, gheû-z'),s.
m. et /". Néologisme. Celui, celle qui divague.
— ÉTYM. Divaguer.
DIVAN (di-van), s. m. || 1° Chambre du conseil
d'État de Turquie, qui est dans la seconde cour du
sérail. Il L'assemblée même de ce conseil, présidée
par le sultan ouïe grand vizir. Le grand vizir est le
chef du divan. Le sultan indigné tit assembler un
divan extraordinaire, et y parla lui-même, ce qu'il
ne fait que très-rarement, volt. Charles XII, 6.
Il Audience donnée par le grand seigneur. || Tribunal
de justice. Un troisième vous déférera au petit divan
d'une petite province, et vous serez légalement em-
palé, VOLT. Dict. phil. Sens commun. || Chancellerie
de la Porte. || Ministère ottoman. Pour engager le
divan à déclarer la guerre au czar, volt. Russie,
I, (9. Il 2° Par extension et par plaisanterie. Quand
on fut sûr de la conversion. Le vieux divan [les
vieilles nonnes] , désarmant sa vengeance. De
l'exilé borna la pénitence, gresset, Verl-Vert ,
IV. Il 3° Sorte de sofa. Je me couchai sur un divan
dans l'angle de la salle, cuateaub. llin. 72. || Salon
garni de coussins. || 4° Se dit d'une collection de
poésies arabes dontchacune s'appelle ghazel. Goethe
a composé un recueil de poésies orientales qu'il a
nommé divan.
— ÊTYM. Arabe, dioudn, conseil, recueil de
poésies.
t DIVANI (di-va-ni), s. m. Kom d'une écriture
particulièrement usitée dans les divans ou bureaux
de la chancellerie à Constantinople.
— ÉTYM. Divan.
t DIVARICATION (di-va-ri-ka-sion), s. f. Terme
didactique. Action d'écarter deux parties qui se joi-
gnent à leur origine; état des parties divariquées.
— ÉTYM. Divariqué.
t DIVARIQUÉ, EE(di-va-ri-ké, kée), adj. Terme
de botanique. Rameaux divariqués, rameaux qui
s'écartent brusquement les uns des autres dès leur
origine. Pédoncules divariqués, pédoncules dont
les ramifications s'écartent les unes .des autres sans
former des angles très-ouverts.
— ÉTYM. Lat. dirorica/us, de di.... préfixe, et
varicare, écarter les jambes.
i. DIVE (di-v') , adj. f. Divine. Vieux mot qui
ne se dit plus guère que dans cette phrase de Ua-
belais : I.adive boutedie.
— ÉTYM. Lat. divus; grec, 6ïo?; sanscrit, deva,
dieu, de div, ciel.
2. DIVE (di-v'), s. f. Sorte de déesse subalterne
dans la mythologie persane. Les dives et les péris.
Il On le trouve aussi au masculin et écrit div comme
nom de démons dans la mythologie persane.
— ÉTYM. Persan, diu, le même que le latin di-
vus, le grecSio;, le sanscrit dera, divin, dieu.
t DIVKLLE.NT, ENTE (di-vàl-lan, lan-l'), adj.
Terme didactique. Qui arrache qui sépare. || Terme
d'ancienne chimie. Affinité uivellento, celle à la-
quelle on attribuait la double décomposition do deux
solutions salines mises en présence, et qui semblait
arracher les bases aux acides.
— ÉTYM. Lat. diveltere, de dû... préfixe, et vel-
lere, arracher.
DIVERGENCE (di-vèr-jan-s'), ï. f. || !• Terme de
géométrie. Situation de deux lignes qui vont en s'6-
cartant. || Terme d'optique. Divergence des rayons
lumineux. || Terme de minéralogie. Disposition d'ai-
guilles, de cristaux ou de tissus filamenteux ou ca-
pilliformes, en manière de rayons qui s'écartent
d'un même centre. || 2° Fig. La divergence des
opinions, des idées.
— ÉTYM. Divergent.
DIVERGENT, ENTE (di-vèr-jan, jan-t'), adj.
Il 1" Terme de géométrie. Qui va en s'écartant l'un
de l'autre, en parlant des lignes, des rayons. Li-
gnes divergentes. || Terme d'algèbre. Série diver-
gente, celle dont les termes croissent continuelle-
ment et qui est impropre au calcul. Il Terme d'optique.
Rayons divergents, ceux qui, partant d'un même
point, vont toujours en s'éloignant l'un de l'autre,
comme les deux côtés d'un angle rectiligne.|| Terme
de botanique. Qui s'écarte d'un centre conamun.
Il Terme de jardinage. Rameau divergent, rameau
très-écarté de la tige. || Terme de grammaire. Alté-
rations divergentes, changements successifs qui ont
produit des mots difiérents, quoique le primitif soit
le même : tels sont article et orteil, venus l'un et
l'autre d'articulus. \\ 2° Fig. Qui ne s'accorde pas.
Ces deux hommes ont des idées fort divergentes.
Les opinions divergentes qui se forment dans le
public.
— ÉTYM. Diverger.
t DIVERGENTIFLORE (di-vèr-jan-ti-flo-r'), adj.
Terme de botanique. Qui a des fleurs divergentes.
— ÉTYM. Divergent, et le latin flos, floris, (leur.
DIVERGER (di-vèr-jé. Le g prend un e muet quand
il est suivi d'un a ou d'un o ; nous divergeons, je
divergeais), v. n. S'écarter de plus en plus l'un de
l'autre, en parlant des lignes, des rayons. Ces deux
lignes divergent. Quand le soleil était descendu à
l'horizon, ses rayons, brisés par les troncs des ar-
bres, divergeaient dans les ombres de la forêt, en
longues gerbes lumineuses, bern. de st-p. l'aul et
Virg. Il Par extension. Les autres [poissons] se ba-
lancent mollement sur les vagues, ou divergent d'un
centre commun, comme d'innombrables traits d'or,
cuateaub. Génie, l, v, 4. L'obscurité, le doute, ont
brisé sa boussole [de la foi] , Et laissent diverger au
vent de la parole L'encens des nations, lamart.
Harm.i, 6. || Fig. Des opinions qui divergent beau-
coup l'une de l'autre.
— REM. Diverger ne se trouve dans le Diction-
naire de l'Académie qu'à partir de l'édition de ^ 836,
et divergence, et divergent, à partir de l'édition
de 1762.
— ÉTYM. Lat. divergere, de d«.... préfixe, eiver-
gere, s'incliner.
t DIVERGl-NER^^e, ÊE (di-vèr-ji-ner-vé, vée),
adj. Terme de botanique. Qui a des nervures diver-
gentes.
— ÉTYSI. Diverger, et nervure.
DIVERS, ERSE (di-vêr, vèr-s'; Vs se lie : di-ver-
z ouvrages), adj. || 1° Qui présente plusieurs faces,
plusieurs côtés, plusieurs aiiparences. Un objet di-
vers. On continua la campagne avec des succès di-
vers. Ah! Dieul qu'un divers mal diversement me
point 1 RÉGNIER, Dial. Selon l'objet divers le goût
est différent, corn. 0(/»o;i,iv, 4. On voit d'un œil
divers des nœuds si différents, m. llor. m, i. Je
sais leur divers ordre [des vertus], et de quelle na-
ture Sont les devoirs d'un prince en cette conjonc-
ture, ID. Cinna, iv, 4. Où vous eûtes trois ans la
fortune diverse, id. Iléracl. iv, 4. Tout en tout est
divers; ôtez-vous de l'esprit Qu'aucun être ait été
composé sur le vôtre, la font. Fabl. ix, ri. Du
reste, en quoi répond au sort toujours divers Ce train
toujours égal dont marche l'univers? id. ib. n, <3.
Il 11 se dit, dans le même sens, des personnes. C'est
ce qui m'oblige d'avouer, à la honte dç la nature
humaine, que l'homme est un animal bien divers
et bien bigarré, BALZ. Socr. chrét. Disc. <o. Ô com-
bien l'homme est inconstant, divers, Faible, léger,
tenant mal sa parole I la font. Cioch. \\ 2° Différent.
Les divers sens d'un mot. Mille astres divers. Les
opinions diverses. La fable offre à l'esprit mille agré-
ments divers, boil. Art p. m. De tant d'objets di-
vers le bizarre assemblage Peut-être du hasard vous
parait un ouvrage, hac. Athal. Il, 5. La nature fé-
conde, ingénieuse et sage, Par ses dons partagés
ornant cet univers. Parle à tous les humains, mais
sur des tons divers, volt. Temple du goût. \\ 3° Au
ptur. Quelques, plusieurs. H a parlé à diverses per-
sonnes. Il envoie i diverses fois ses serviteors, boss.
Uist. II, )3. La ville est partagée en diverses so-
ciétés qui sont comme autantde petites républiques,
la BRUV. VII.
— HIST. XI' s. Et Hongre et Boulgre et tante gent
diverse, Ch. de Uol. ccvi. || xu* s. Pierres i a de di-
verse color, Konc. p. 79. Il XIII' s. Mainte diverse gent
leur convint trespasser, Ilerle, m. Moulfu la fausse
vieille et diverse [fourbe] et renoite [renégate], ib.
cxxxvi. Se li tens fust un poi divers [mauvais], la
Iluse, 448. Virgiles meisme tesmoipne Quejà famé
n'iert tant estable Qu'el no soit diverse et muable,
ib. <G53|. Le Nil est divers de toutes autres ri-
vières, joiNV. 219. Seneschal, fist-elle, vraiement
je le feroie volontiers; mez le roy est si divers que,
si il le savoit que je l'eusse promis sanz li, il ne me
leroit jamez aler, id. 28*. || xiV s. Estoit Frede-
gonde diverse et de grant cruauté, Chron. de St-De-
nis, t. i, f° B8, dans lacurne. |1 xv's. Se une femme
avoit mauvais mari, rude et divers, elle venoit au
remède vers ce bon maistre, LOUis xi, JVou». lxxix.
Il XVI' s. Jecroisayséementd'un aultre deschosesdi-
versesàmoy, mont, i, 202. Nos âmes sontsouventagi-
tées de diverses passions, m. i, 209. Certes c'est un
subject merveilleusement vain, divers et ondoyant,
que l'homme; il est malaysé d'y fonder jugement
constant et uniforme, iD.i, 4.Tousjours l'eau va dans
l'eau et toujours est-ce Mesme ruisseau, et tousjours
eau diverse, la boétie, 480. Contemplant divers ta-
bleaux , diverses tapisseries , divers animaulx ,
poissons, oyseaulx, et autres marchandises qui es-
toient par les halles du port, rabel. Pant. iv, 2.
— ÉTYM. Bourguig. divars; provenç. divers; es-
pagn. et portug. diverso ; du latin diversut, de di.. .
préfixe, et versus, tourné (voy. version).
DIVERSEMENT (di-vèr-se-man), adv. De diverse
manière. On parle diversement de sa mort. Chacun
.selon son sens en croit diversement, rotr. St-Gen.
II, 8. Chacun diversement soupçonne quelque chose,
CORN. Cinna, iv, B. Là nous n'avons rien su que de
la renommée. Qui par un bruit confus diversement
semée.... iD. Rodog. 1, t. La même erreur les fait
errer diversement, boil. Sat. iv. Ainsi, pour Vol-
taire et pour lui, la vie avait été perpétuellement mais
diversementagitée, marmontel, J/e'in. r. Les Russes
parlent diversement de leur général et de leur em-
pereur; pour nous, comme ennemis, nous ne pou-
vons juger nos ennemis que par les faits; or telles
furent leurs paroles, et leurs actions y répondirent,
SÉGUR, Uist. de Nap. viii, 9.
— UIST. xiii* s. Ki divers cuntes veut traitier,
Diversement deit comencier, marie, Uilon. De for-
tune me tourne diversement la roe, Berte, xxxiu.
Il xiv s. Toute vertu est faite etcorrumpueparunes
meismes choses faites diversement, oresme, £(/i.34
— ÉTYM. Diverse, et le suffixe ment.
t DIVERSICOLORE (di-vèr-si-ko-lo-r') , adj. Terme
d'histoire naturelle. Dont la couleur varie d'un indi-
vidu à un autre.
— ÉTYM. Latin fictif, diversicolor , de diversus,
divers, et color, couleur.
t DIVERSIF, IVE (di-vèr-sif, si-v'), adj. Néolo-
gisme. Qui opère une diversion. Mouvement di-
versif.
— ÉTYM. Voy. DIVERSION.
t DIVERSIFIABLE (di-vêr-si-fi-a-W), adj. Néo-
logisme. Que l'on peut diversifier.
— ÉTYM. Diversifier.
t DIVERSIFICATION (di-vèr-si-fi-ka-sion), s. f.
Action de diversifier.
— HIST. xiv S. Selon la diversification de la re-
flexion de lumière causée de l'aer ou d'aucunes va-
peurs, ORESME, Thèse de meunieb.
— ÉTYM. Voy. DIVERSIFIER.
DIVERSIFIÉ, ÊE (di-vèr-si-fi-é, ée), part, passé.
Rendu divers. Des nuances diversifiées. Et elle [la
loi de Dieu] n'exigerait rien de pénible de ceux dont
les jours ne sont diversifiés que par la diversité des
plaisirs I uass. Car. Immut. de la loi. Toute notre
vie n'est qu'un art diversifié d'éviter l'ennui, )D.
Car. Temps.
DIVERSIFIER (di-?èr-si-fi-é), je diversifiais, nous
diversifiions, vous diversifiiez; que je diversifie, que
nous diversifiions , que vous diversifiiez , v. a.
Il 1" Rendre divers. 11 faut diversifier les choses si
l'on veut qu'elles plaisent. Diversifier les attitudes
en un tableau. En diversifiant nos passions nous ne
faisons que diversifier nos amertumes, mass. Car.
Dcgoiils. Comme il [Richardson] a diversifié le re-
mords et le repenlirl comme il a diversifié le regret
du mécompte et la douleur de la faute commise 1
vuxemain, Littérature (ranç. xviii' siècle, 2» part.
{"leçon. Il Absolument. Eh bien ! dit Xantus , qui
DIV
prétendait l'attraper, achète-moi demain [pour un
repas] ce qu'il y a de pire ; ces mêmes personnes
viendront chez moi, elje veux diversifier [faire ser-
vir d'autres mets] , la font. Vie d'Ésope. \\ 2° Se di-
versifier, v.re'ft. Devenirdivers. Des nuances qui se
diversifient à l'infini. Les passions se diversifient à
la présence ou à l'absence des ol)jets et par la faci-
lité ou par la difficulté de les acquérir, eoss. Con-
l.iaiss. m, 1 1.
I — HIST. xin' s. Nuls ne porroit trover en terre
jDous [deux] homes, tant seûst enquerre, Qu'insin
par tôt se ressemblassent, Qu'il ne se diversifias-
sent, Tmage du monde, t, de nature, cornent ele
mrc. Les mesures se diversifient selonc la coustume
de cascune vile, eeaiim. xxvi, t Amours me ta-
rie [tourmente]. Et tant me diversefie Qu'on en di-
roit articles plus de cent, Ane. voés. fr. Vatican,
dans LACUBNE. Il XV s. Elle [la chair de brebis] di-
verseffie son nourrissement selon l'aage; car tous
aigneaux, quant ils allaitent, sont mauvais à man-
gier, Ms. de Turin , f° BO. || xvi» s En meslant et
diversifiant la vie de l'homme du sentiment de bien
et de mal, à fin qu'il n'y en ait pas un qui la passe
entièrement pure et nette de tout malheur, amyot,
P. Mm. 57. Notre guerre a beau se multiplier et di-
versifier en nouveaux partis, mont, m, o. L'église
peuii eslendre et diversifier les prières selon le be-
soin de notre instruction, ID. I, 39B. Nulnesepour-
roit dire asseuré, ayant affaire avec un prince infi-
niement diversifié [inconstant], pasquieh, Lettres,
t. I, p. 4 56, dans LACtlRNE.
— ÉTYM. Provenç. diversifiar, diversificar ; es-
pagn. diversificar ; ital. diversificare ; latin fictif,
diversificare , de diversus, divers, et le suffixe fi-
care, faire.
t DIVERSIFLOKE (di-vèr-si-fio-r'), adj. Terme
de botanique. Dont les fleurs ne se ressemblent pas
toutes, les unes régulières, les autres irrégulières.
— ÉTYM. Latin fictif, diversiflorus, de diversus,
divers, et flos, fleur.
t DIYEBSIFOLIÉ, ÉE (di-vèr-si-fo-li-é, èe),adj.
Terme de botanique. Qui a des feuilles à formes dis-
semblables entre elles.
— ÉTYM. Latin fictif, diversifolius , de diversus,
divers, et folium, feuille.
t DIVERSIFORJIE (di-vèr-si-for-m') , adj. Terme
d'histoire naturelle. Dont la forme est sujette i varier.
— ÉTYM. Lat. fictif, diversifùrmis, de diversus,
divers, et forma, forme.
DIVERSION (di-vèr-sion; envers, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1° Opération par laquelle on détourne
l'ennemi ou on le force à se détourner. La diver-
sion qu'il voulait faire en Syrie, Boss. Jlist. i, 9. Il
ordonna aux cavaliers de se disposer pour faire di-
version, HAMILT. Gramm. 6. Si Darius eût fait une
puissante diversion daus U Macédoine, comme le
lui conseillait Memnon,l'un de ses généraux.... rol-
UN, Hist. anc. Œuvres, t. xi, 2' part. p. 300, dans
POUGENS. Le général Amherst, qui devait faire une
diversion du côté des lacs, ne paraissait point, ray-
NAL, Hist. phil. XVI, 2). Il Par extension et familiè-
rement, diversion se dit d'une maladie attaquant
une autre partie que celle où elle était d'abord fixée.
La diversion que la goutte fait aux entrailles de
M. de Grignan.sÉv. 580. || 2° Fig. Action d'agir sur
l'esprit ou le cœur comme fait une diversion mili-
taire sur l'ennemi. Des diversions agréables. Des di-
versions honnêtes. Cette diversion rompit à propos
•l'entretien. Je ne trouve pas que nulle chose puisse
faire diversion à l'application que j'ai pour vous,
SÉV. 38S. Peut-on voir un spectacle plus digne de
faire de grandes diversions? ID. 605. Cela me fait
une diversion, sans m'éloigner de mon sujet, id. 24.
Je comprends que, n'ayant nulle diversion et n'é-
tant entourée que de cette afiaire, vous n'avez au-
cun repos; vous ne dormez point, vous tomberez
malade, ID. Lett. <3 nov. 4 073. Elle ne cherchait
qu'à faire diversion à sa douleur, le comte de bussi,
dans BICHELET.
— HIST. xiV s. Saigniée faite pour la diversion
des humours qui courent encore , ii. de mondeville ,
f° 43, verso. Ilxvi* s. Lequel renfort serviroit beau-
coup, mesmementpourl'oposer aux Tartares, si les
Turcs les faisoyent donner dans les pals des chres-
tiens, pour faire diversion, lanoue, 440. Les pen-
sionnaires estoient trompez à tous coups pour la di-
version des deniers au cabinet, d'aub. Hist. m,
t88. Je me sauve de telles trahisons en mon propre
giron, non par une inquiète et tumultuaire curio-
sité, mais par diversion plus tost et resolution , mont.
M, 82.
— ÉTYM. Lat. diversus, écarté, détourné, de di-
terfere (voy. divebtib).
DIV
t mVERSISPORfi, TÎE(di-vèr-si-spo-ré, rée),adj.
Terme de botanique. Qui contient des graines de
formes diverses.
— ÊTYM. Divers, et spore.
DIVERSITE (di-vèr-si-té), s. f. État de ce qui est
divers. Des diversités manifestes. Telle est la loi du
ciel dont la sage équité Sème dans l'univers cette
diversité, corn. Cinna, u, 1. Et la diversité soit
des temps soit des lieux Demande à notre ardeur
de difl'érents offices, in. /mi(. i, )9. Diversité c'est
ma devise, la font. Pâté. .... Ce n'est pas sur l'ha-
bit Que la diversité me plaît, c'est dans l'esprit,
ID. Fabl. IX, 3. Je vous plains de ne pas aimer
les histoires; il y en a de si belles; on est si aise de
se transporter un peu en d'autres siècles; cette di-
versité donne des connaissances et des lumières,
SÉV. 612. Patariens, Poplicains, Toulousains, Albi-
geois, Cathares, c'était, sous des noms divers et
souvent avec quelque diversité, des sectes de Mani-
chéens venus de la Bulgarie, boss. Var. xi, § 56.
La diversité du terroir dont toutes les provinces du
royaume sont composées, vauban, Dime, p. 164.
Quelque diversité qui se trouve dans les complexions
ou dans les mœurs, le commerce du monde et la
politique donnent les mêmes apparences , la bruy. xi.
Chaque jour le génie et la diversité Viennent nous
enrichir de quelque nouveauté, gresset, Méch.
II, 7. Eh! la diversité Des forces, des talents, des
esprits, des courages Aurait ava»t trente ans con-
fondu vos partages, M. J. chén. Gracques, ii, 3.
— HIST. xiii* s. La diversité des frères ne croist
pas le numbre [des degrés] ; car il n'a [n'y a] nulle
difl'erence de par qui aucun soit mon frère, Liv, de
jost. 226. Tels esteit la diversetez De cels qu'en cel
champ ad troVez, mabie. Purgatoire, 987. Ge haï
les diversitez de péchiez. Psautier, f° )l9.||xiv«s.
L'empereur osta Seguin le comte, de leur terre,
pour son méfait, et pour ses maulvaises meurs, et
pour la diversité [méchanceté] qui en luy estoit, et
si cruelle que à peine le povoit on souffrir, Chrnn.
de St-Denis, t. i, f" teo, dans lacurne. Grant di-
versité de langage, Ménagier, n, 5. || xv" s. [Une
grosse tempête vint interrompre la bataille sur mer
de messire Robert d'Artois à l'encontre de messire
Louis d'Espagne] si n'en sait on à qui bonnement
donner l'honneur, car ils se partirent tous maugré
eux et par la diversité du temps, froiss. i, i, 197.
En ce temps que je empris à faire mon chemin et
de aller devers le comte deFoix, pourtant que je res-
soignois [craignais] la diversité du pays où je n'a-
vois oncques esté ni entré, id. ii, m, 6.
— ÉTYM. Provenç. dit'ersi(ot;espagn. diversidad;
ital. dit;ersi(d; du latin diversitatem, de d'iversus,
divers.
DIVERTI, lE (di-vèr-ti, tie), part, passé de divertir.
11 1° Tourné d'un autre côté, distrait. Une douleurs!
forte et si peu divertie, malh. v, 16. Je l'écoutais
avec une attention si peu divertie, qu'il ne m'échap-
pait pas un seul mot de ce qu'il disait, balz. Arist.
ou de la cour, avant-propos. Alors la puissance
du royaume n'était point -divertie ailleurs; toutes nos
forces furent jointes ensemble pour cet effet [le siège
d'Amiens], et toute la France se trouva devant une
place, VOIT. Lett. 74. Si l'homme était heureux, il le
serait d'autant plus qu'il serait moins diverti, comme
les saints et Dieu, pasc. Pensées, t. i, p. 275, édit.
Lahure Hé quoil toujours ma flamme divertie 1
MOL. Fdch. II, 2. Il 2° Amusé, récréé. Diverti par
le spectacle. || 3° Dilapidé par malversation. De l'ar-
gent diverti. Les levées se trouvaient retardées, les
deniers divertis ou mal appliqués; on fatiguait mal
à propos le soldat, anquet. Lig. m, 364. L'un vient
secrètement implorer mes avis Sur les fonds d'une
caisse un peu trop divertis, poisson, Procureur
arbitre, se. 2.
tDIVERTICULE ( di-vèr-ti-ku-1' ) , s. m. Terme
d'anatomie. Appendice creux et en forme de cul de
sac, comme ceux que présente quelquefois l'intestin
grêle.
— ÉTYM. Lat. diverticulum , de divertere (voy.
divertir).
DIVERTIR (di-vèr-tir), v. a. || 1° Tourner d'un
autre côté, détourner, écarter. X ce coup vainement
j'ai voulu résister; Je ne l'ai diverti ni n'ai pu l'évi-
ter, ROTROu, Antig. v, 3. Après de si beaux coups
qu'il a su divertir, mol. l'Étour. m, 1. Votre feinte
douceur forge un amusement Pour divertir l'efl'et
de mon ressentiment, id. D. Garde, iv, 8. 1| 2° Fig.
Divertir quelqu'un, détourner son esprit vers un au-
tre côté. Divertir quelqu'un de ses occupations. Elle
n'a plus d'attraits pour autre que pour lui; Qui l'en
veut divertir perd son temps et sa peine, racan,
Herg. l, 2, Licidas. Dans les grandes affaires que
DIV
1199
vous îràiîez maintenant, je croyais que c'eût été
être perturbateur du repos public, que de vous di-
vertir, par une mauvaise lettre, de la moindre de
vos pensées, voit. Lett. 2. Quand de sa folle erreur
vous l'aurez diverti, corn. Othon, i, 1. Je pense
qu'à la fin je pourrai bien sortir; Yiendra-t-il point
encor quelqu'un me divertir? mol. Fdch. m, 3.
Le dessein était de découvrir les intentions de ce
prince, de le divertir de son entreprise, fléch.
Hist. de Théodose, m, 71. Quoi de plus digne de
son ministère et de plus respectable môme aux yeux
du monde, de ne pouvoir être diverti par toutes les
sollicitations humaines ni de la sainteté do ses fonc-
tions, ni du service de ses frères? mass. Confér.
Fuite. Un esprit.... qui, sans beaucoup d'effort, re-
trouve en un instant la pensée et le souvenir des
vérités éternelles dont on l'avait diverti, id. ib. Je
ne prétends pas amuser la victime pour la divertir
de la pensée du glaive et du bûcher, m. Prof, re-
lig. IV. Il Détourner, en parlant de l'esprit, des
idées, etc. Les autres ne feraient que divertir votre
attention, desc. Diopt. 3. Quelle heure de repos a
diverti mes craintes? malh. v, 2i. Pour divertir un
peu son esprit de cette tristesse, vaugel. Q. C. 693.
Cherchant à divertir cette tristesse, nous sommes
allés nous promener sur le port, mol. Scapin, n,
1 1 . Comme il faudrait des exemples et entrer dans
un détail qui pourrait divertir notre idée de l'objet
principal de ce traité, boullainvilliers, Iléfut. de
Spinosa, p. 153. || 3° Amuser, récréer. Il faut le
divertir. Le bal la divertit beaucoup. L'ayant cher-
ché longtemps:, afin de divertir L'ennui que de sa
perte il pouvait ressentir, corn. Rodog. v, 4. En-
core une lettre, direz-vous, mon cher maître! oui
vraiment, et c'est pour vous divertir d'une idée qui
m'a passé par la tête, d'alemb. Lett. à Volt. 12 janv.
1776. Il Absolument. Cléante: J'ai cru vous divertir.
— Argan : Les sottises ne divertissent point, mol.
Mal. imag. ii, 6. || 4° Dilapider par fraude ou mal-
versation. On l'accuse d'avoir diverti des titres qui
lui avaient été confiés. Divertir des effets d'une suc-
cession. Divertir les fonds de l'Étal. (| 5° Se divertir,
V. réfî. S'écarter, se détourner. Tu ne t'es jamais
diverti De suivre le juste parti, malh. iv, 5. || Se
distraire, se récréer. Il faut vous divertir par un
autre entretien, rotrob, Antig. m, 2. Tout est cou-
vert d'un air gai [à la cour], et vous diriez qu'on
ne songe qu'à se divertir, boss. Anne de Gons. Met-
tez-vous donc en tête que je ne me divertis pas si
bien que vous pensez, mol. Mis. v, 4. La médisance,
pour se divertir, disait que le roi de Pologne, pour
se divertir aussi, avait eu quelques légères disposi-
tions à ne pas haïr la mère, et que ce petit garçon
était son fils, sév. Lett. 25 sept. 1876, || Se divertir
à. Se divertir au jeu, à la chasse. Elles se divertis-
saient à danser. |1 Se moquer, se rire de. Tous ces
Normands voulaient se divertir de nous; On ap-
prend à hurler, dit l'autre, avec les loups, bac.
Plaid. 1, 1. Cela sera plus sûr que de se divertir
de lui ; car, à la fin , il pourrait bien se divertir de
vous, MARIVAUX, Paysan parv. i" part. p. 29, dans
POUGENS.
■ — HIST. XV' S. Or povez vous bien voir comment
mon songe est diverti à ma grant perte, Percefo-
rest, t. II, f" 19. Il XVI* s. Lui qui les eaux profondes
En désert convertit. Et les sources des ondes As-
sèche et divertit, marot, iv, 3I9. Nos courages
s'amollissent et divertissent par l'accouplage des
femmes, mont, ii, 75. Combien de fois m'a cette
besongne diverti de cogitations ennuyeuses? id. m,
76. L'argent provenu des amendes, es quelles avoient
esté condemnez ceulx qui desroboient et divertis-
soient l'eau publique à Athènes, amyot, TMm. 55.
Tout ce que les devins ordonnèrent estre fait pour
divertir les menaces des sinistres prodiges, fut fait,
ID. Fab. 37.
— ÊTYM. Lat. divertere, de di.... préfixe, et ver-
tere, tourner (voy. version).
t DIVERTISSABLE (di-vèr-ti-sa-bl'), adj. Néolo-
gisme. Qu'on peut divertir. Cet homme n'est pas fa-
cilement divortissable.
— ÉTYM. Divertir.
DIVERTISSANT, ANTE (di-vèr-ti-san, san-t'),
adj. Il 1° Qui divertit, récrée. C'est un homme diver-
tissant. Spectacle tout à fait divertissant. Bannissant
la tristesse, ordonnez à vos sens De vous entretenir
d'objets divertissants, TRISTAN, Panthée,n,2. || 2° Qui
plaît, qui excite l'intérêt. Après tout on verra bien que
cette histoire [des Variations] est d'un genre tout par-
ticulier; qu'elle a dû paraître avec toutes ses preuves
et munie, pour ainsi dire, de tous côtés; et qu'il a
fallu hasarder de la rendre moins divertissante, pour
la rendre plus convaincante et plus utile, boss Vv-
1200
DIV
préface. Plus le po6te dans l'épopée gavue un juste mi-
lieu entre les choses divines et les choses humaines,^
plus il devient divenissanl, pour parler comme Des-
préauT, ciiATF.Aim. Ccni'c, II, 1,2. i| Vieilli en ce sens.
DIVKRTISSKMENT (di- vtr- ti-se-man ), s. m.
Il 1° Action de divertir, de récréer. Les divertisse-
ments du carnaval. Se livrer aux divertissements.
Ils ont pris leur plaisir et leur divertissement de
toutes les actions de la vie humaine, balz. liv. vi,
lett. 6. Hors des fonctions d'ambassaileur et aux
heures de divertissement, il s'entretenait avec les
hons livres, id. Socr. chrét. Disc. tn. Je me prépare
désormais à me donner du divertissement et à ré-
parer comme il faut le temps que j'ai perdu, mol.
Kar. forcé, *. 11 ne manque jamais d'y avoir auprès
des personnes des rois un grand nombre de gens
qui veillent à faire succéder le divertissement à leurs
affaires, et qui observent tout le temps de leur loisir
pour leur fournir des plaisirs et des jeux, pasc.
Pensées, jv, 1, éd. Lahure, tsoo. La seule chose
qui nous console de nos misères est le divertisse-
ment, et cependant c'est la plus grande de nos mi-
sères, car c'est cela qui nous empêche princi|ia-
lemenl de songer à nous et qui nous fait perdre
insensiblement, iD. ib. On change, cela faitdu diver-
tissement, sÉv. 602. Un lecteur sage fuit un vain
amusement. Et veut mettre à profit son divertisse-
ment, DoiL. Art p. IV. On se gâte le goût pour les
divertissements comme pour les viandes; on s'ac-
coutume tellement aux choses de haut goût, que les
viandes communes et simplement assaisonnées de-
viennent fades et insipides, fén. Éduc. filles, ch. v.
Pour moi, j'aurais craint que vous ne vous fussiez
donné le divertissement de me prendre par mes
propres paroles, ponten. Aur)USte,Arétin. || 2° Terme
de thé.ltre. Nom d'intermèdes de danse et de chant
dans un opéra. Pièce h divertissements. J'eus le
temps, dans cet intervalle, de faire l'ouverture et
le divertissement; ce divertissement, tel qu'il est
gravé, devait être en action d'un bout à l'autre,
>. J. Bouss. Confess. vin. || Terme de musique. Mor-
ceau d'un genre facile et léger, composé pour un
ou plusieurs in.struments. Passages de la fugue d'é-
cole qui servent de transitions pour promener le su-
jet principal dans différents tons. || 3° Action de dé-
tourner, par fraude ou malversation, des effets, des
fonds. Le divertissement des deniers publics.
— HIST. XVI' s. Eux feroyent une saillie, de la
Tille, avec cinq ou six mille chevaux et quelques
harquebusiers, pour troubler et faire un divertisse-
ment [diversion], langue, 451. Jusques à ce que,
par ce fourvoyement et divertissement [les pommes
d'or jetées à Atalanle], l'advantage de la course luy
demeura [à Hippomène], mont, m, 294.
— ÉTYM. Divertir.
DIVIDENDE (di-vi-dan-d'), s. m. \< l' Terme d'a-
rithmétique. Nombre à diviser dans'l'opépalion ap-
pelée division. Le quotient exprime combien de fois
le dividende contient le diviseur. i| Adj. La fraction
dividende, la fraction qui est à diviser par une au-
tre. Il 2° Terme de commerce. Part qui revient,
dans la liquidation, à chaque créancier ou associé,
il Intérêt qui revient à chaque associé ou action-
naire dans le revenu d'une compagnie. Ledividende
est de tant par action. Toucher un dividende. Mal-
gré l'autorité de la Sorbonne qui avait déclaré le
dividende des actions usuraire, raynal, Ilist. phil.
IV, 20.
f.TYM. Lat. dividendus, devant être divisé, de
dividere, diviser (voy. ce mot).
t DIvrDIVI (di-vi-di-vi), s. m. Nom indigène du
ca-salfinia coriaria, légumineuse de la Colombie
dont les gousses comprimées renferment une pulpe
astringente et amère.
DIVIN, INE (di-vin, vi-n'; devant une voyelle,
la Syllabe in garde le son nasal comme dans indigne,
et l'n se lie: di-vin-n amour; d'autres filent la na.sa-
lilé: di-vi-n amour), ad;'. || !• Oui est de Dieu, qui
appartient, qui est propre à Dieu. La divine Provi-
dence. La justice divine. Aucun n'est digne ici de
ces gr.lces divines. Qui parmi tant de maux et parmi
tant d'épines Versent du haut du ciel la consolation,
CORN. Itnit. i, 20. La volonté divine étant elle-même
sa règle, boss. Loi de Dieu. Les mœurs antiques
qu'ils [Homère et Hésiode] nous représentent, et
les vestiges qu'ils gardent encore, avec beaucoup
de grandeur, de l'ancienne simplicité, ne servent
pas peu à nous faire entendre les antiquités beau-
coup plus reculées et la divine simplicité de l'Écri-
ture, m. Ilisi, I, fl. Après cela, docteur, va pAlir
sur la Uible, Perce la sainte horreur de ce livre di-
vin. Confonds dans un ouvrage et Luther et Calvin,
BOiL. Soi. vm. Est-ce l'esprit divin q>ii s'empare de
DIV
moi? Rxc. Alhal. ni, 7. ô divine, ô charmante loi I
ô justice! fi bonté suprême I Que de raisons, quelle
douceur extrême D'engager à ce Dieu son amour et
sa foi! ID. ib. I, 4. Un caractère divin qui perdrait
son existence au delà d'une circonférence donnée se-
rait un caractère chimérique et illusoire, mibaueau.
Collection, t. iv, p. 34(. Leur tombe est sur la cbl-
line; Mon pied le .sait, la voilà; Mais leur essence
divine. Mais eux, Seigneur, sont-ils là? lamart.
llarm. ii, t. 1| Les personnes divines, les trois per-
sonnes de la Trinité. Le Verbe divin, le Fils de Dieu.
Il L'Etre divin. Dieu. Comme il ne se peut rien filer
de ce qui fait la perfection de l'Etre divin, il ne se
peut aussi rien filer à la créature de ce qui fait la dé-
pendance de l'être créé, BOSs. Libre arb. m. || 2° Oui
est dû à Dieu. Le service divin. Le culte divin. Ô
qu'il est doux de voir une ferveur divine Dans les
religieux nourrir la saintetél cobn. Unit, i, 25.
Il II s'applique aussi aux dieux du paganisme et à ce
qui s'y rapporte. Les êtres divins. Les oracles divins.
Les Romains décernaient les honneurs divins i leurs
empereurs. || Mis au nombre des dieux. Le divin
Auguste. Il 3°Fig. Oui est au dessus de la nature. Il
y a là quelque chose de divin. || 4° Excellent, par-
fait en son genre. Une divine poésie. Tant, selon
leurs discours, leurs oeuvres sont divines, hégnier,
Sat. II. J'oserais bien juger que vos divins appas....
CORN. Pomp. II, I. Mille pierres de prix sur ses bords
étalées D'un mélange divin éblouis.sent les yeux, m.
Medée, 11, B. Je chante bien ses airs, il en fait de
divins, SÉV. (44. Le divin Cicéron, dont le nom glo-
rieux.... VOLT. Triumv. 11, 1. 1| Dans le même sens,
mais familièrement. Vous êtes divine. Cela est di-
vin. Il 5° On donne quelquefois à divin les degrés
de comparaison, de la môme façon qu'on les donne
à humain. || Dans le sens propre. Et des pleurs
de la nuit le sillon^boit la pluie, Et les lèvres des
fleurs distillent leur encens. Et d'un sein plus lé-
ger l'homme aspire la vie. Et l'esprit plus divin
se dégage des sens, lamart. llarm. 11, «. || Dans
le sens figuré, bon par excellence. El le plus ado-
rable et plus divin objet, rotbou, Vencesl. 11, 2. Il
faut que je revienne encore à vous pour vous dire
la joie que j'ai de l'estime que je vous vois pour le
second tome d'Abadie; vous savez de quelle manière
je vous en ai parlé; c'est le plus divin de tous les
livres, sÉv. Lett. (3 août 1688. Sans la langue en
un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi
qu'il fasse, un méchant écrivain, boil. Art p. i.
Il 6° S. m. Le divin, ce qu'il y a de divin, de dû à
des causes occultes, supérieures. Le divin dans les
maladies, selon Hippocrate.
— HlST. XIV* s. Non mye comme luy, mais comme
très sage divin [théologien], Chron. de St Denis,
t. I, f° 320, dans LACUBNE. De toutes 1er. choses qui
sont en nous c'est la très plus divine, oresme, Eth.
317. Et semblablement des hommes, nous béatifions
ceulx qui sont très parfects et comme divins et très
bons excellemment, id. ib. 28.
— ÈTYM. Provenç. devin, divin; espagn. et itaU
divino ; du latin dirinus, du radical div (voy. Div).
Divin a eu le sens de théologien, sens qui, passé
de France e'n Angleterre, est resté dans ce dernier
pays.
t DIVINATEUR, TRICE (di-vi-na-teur, tri-s'),
î. m. et/'. Celui, celle qui pratique la divination.
Il Adj. Oui devine, qui prévoit. Sens divinateur.
— ETYM. Voy. DIVINATION.
DIVIN.ATION (di-vi-na-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. \\ 1" Art chimérique de savoir et de
prédire l'avenir par des sortilèges ou de fausses
sciences, telles que l'astrologie, la chiromancie,
l'interprétation des songes, etc. Monsieur, des gens
m'ont dit que vous étiez fort savant en médecine et
surtout en l'art de divination, hauteroche, Cris-
pin méd. 11, 8. Si un homme ou une femme a un
esprit de Python, ou un esprit de divination, qu'ils
sotent punis de mort, SACi, Bible, Lévit. xx, 27.
Les plus sensés'd'enlre les païens savaient bien ce
qu'il fallait penser de tout ce qui regarde l'art de la
divination, bollin, Ilist. anc. Œuvres, t. v, p. 27,
dans pouGENS. || Par extension. C« fut par une sorte
de divination que Champollion pénétra le .sens de
maint hiéroglyphe. J'admets dans ce travail [l'his-
toire conjecturale] de hautes qualités de l'esprit, la
sagacité, la divination du bon sens et celle de l'é-
rudition, viLLF.M. Litt. franc. 18* siècle, 2» part.
4' leçon. Il 2° Pratiques" divinatoires. Les Romains
avaient plusieurs sortes de divinations.
— ETYM. Provenç. divinacio; ital. divinazione;
du latin dirinationem, de divinare (voy. deviner).
DIVINATOIRE (di-vi-na-toi-r'), adj. Qui appar-
tient à la divination. Les arts divinatoires; Sa tasse
niv
divinatoire [de Joseph] dans laquene 11 prena ses
augures, volt. Phil. iv, t to. || Baguette divinatoire,
bapuelte qui est faite en forme de fourche et qui,
tournant dans les mains de celui qui en tient les
deux fourchons au moment où il passe au-dessus
d'une source, d'une mine, est supposée lui indiquer
que là est une source, une mine. || Dans le langage
de l'école, interprétation divinatoire, interprétation
conjecturale, arbitraire.
— HIST. XVI* 's. Par cette voye se gaigne le crédit
des fables divinatoires, mont._ii, 363.
— ETYM. Voy. DIVINATION.
DIVINEME.NT (di-vi-ne-man ), ad». || 1* Par la
vertu divine. Noé, ayant été divinement averti de ;
ce qui devait arriver.... mass. Panég. SI Benoit.
Il 2° Par extension, excellemment, parfaitement.
Elle s'habille divinement. Bourdaloue prêche divi-
nement bien aux Tuileries, sÉv. 7. Tout est meublé
divinement, tout est magnifique, m. 299. Je l'ai
vu, il est divinement bien logé à ce faubourg, m.
322. Aristote a parlé divinement, quand il a dit de
l'entendement et de sa séparation d'avec les organes
ce que nous venons de rapporter, bops. Connaiss.
I, 17. Esther est divinement écrite, et ne peut être
jouée, VOLT. Lett. Chabanon, t3janv. 1706.
— REM. Ce n\o\. divinement, soit seul, soit suivi
du mot bien, est blâmé par Henri Estienne (.Vo'io,
Inng. p. 427, 4 30), comme une profanation, dîas
ces phrases; il parle divinement bien, il chante di-
vinement bien, il joue du luth divinement, etc.
L'usage en a prévalu malgré cet anathème ou pé-
dantisme qui dénonce comme profanation les hyper-
boles les plus naturelles à l'homme.
— HIST. xvi* s. Il se trouva divinement remis dès
la première iiuict d'âpre! ses oUations et sacrifices,
MONT. I, 98.
— ETYM. Divine, et le suffixe ment.
t DIVINISATION (di-vi-ni-za-sion), s. f. Action
de diviniser. La mythologie est la divinisation conti-
nue des phénomènes de la nature et, subsidiaire-
ment, des vertus et des passions humaines, bêville,
Itev. germ. \" févr. I803, p. 442.
— ftTVH. Diviniser.
DIVINISÉ, ÉE (di-vi-ni-zé, zée), par'.patsé. Mis
au rang des dieux. Les empereurs romains divinisés
après leur mort.
DIVINISER (di-vi-ni-zé), «. O. || 1° Attribuer le
caractère divin, mettre au rang des dieux. Les an-
ciens divinisaient les héros. || Par extension. Platon
divinisa le monde en lui donnant une âme, volt.
Dial. XXIX, 6. Les palens.ont divinisé la vie, el ies
chrétiens ont divinisé la mort, staël, C'iriune, iv ,
2.11 2° Kig. Exalter au-dessus de tout. Non-seulement
dè'les permettre [certaines actions] et de les tolérer,
mais de les approuver, mais de les canoniser, mais,
si j'ose me servir de ce terme, de les diviniser,
iioubdal. 6* di'm. après l'Épiph, Dominic. t. j,
p. 289. Les cruels dont la rage, au nom de ta jus-
tice Divinise le meurtre.... d'à vrigny, Jfanncd'vlrc.
IV, t. Il Absolument. 11 honore ou flétrit, accuse ou
divinise; A sa voix la vertu triomphe et s'éternise,
millev. Plaisirs dii poêle.
HIST. xvi* s. Sainte et sacrée ivresse, qui, au
contraire de la corporelle, nous aliène non du sens
spirituel, mais des sens corporels, qui ne nous he-
besle ni abestit pas, ains nous angelise et, par ma-
nière de dire, divinise, st fbançois de sales, dans
le Dict. de dociiez.
— ETYM. Divin.
DIVINITÉ (di-vi-ni-té), t. f. Il 1* Qualité de ce
qui est divin. Les oracles deviennent galimatias par
la mauvaise disposition de l'organe qui les rend; ils
perdent l'opinion de leur première divinité, et n'ac-
quièrent point les grâces de l'éloquence humaine,
BALZ. Socr. chrét. Disc. <o. || Divinité de Jésus-
Christ, nature divine par laquelle il est une des
personnes de la Trinité el qui avuit été niée par les
Ariens. Arius et ses partisans y furent appelés [an
concile]; on les ouït, on les convainquit, on les
condamna; la divinité de Jésus-Christ fut reconnue,
FLiîcH. Hist. de Théod. n, s. || 2* Parla métonymiedu
concret pour l'abstrait, l'être divin lui-même, dieu
ou dénsse. Les divinitésdu Styx. Sombresdivinités,
les dieux infernaux. Divinité favorable. Divjnité ter-
rible. Avant qu'un culte impie se fût taillé des divi-
nités de bois, mass. Carême, Vérité. On peut ré-
duire à trois points et à trois questions prim ipales
les sentiments des anciens piiilosophes sur la divi-
nité : I* si la divinité existe; '.i'quelle'Cst .sa nature;
3" si elle préside au gouvernement du momie et
si elle prend soin des affaires du genre humain,
ROLUN, Hist. ane. liv. xxiu, ch. ii^ art. 1. [ Dans 1«
poème épique] Chaque vertu devient une divinité,
DIV
BOiL. Art p. m. Il 3° Par antonomase, le vrai Dieu.
Il semble que ce sentiment [de la toute-puissance
de Dieu] n'est pas moins gravé dans l'esprit des
hommes que celui de leur liberté, puisqu'ils com-
prennent, dans les vœux qu'iU font et dans les ac-
tions de grAces qu'ils rendent à la divinité, plu-
sieurs choses qui ne leur arrivent que par leur liberté
ou celle des autres, boss. Libre arb. 3. Du séjour
bienheureux de la divinité, rac. Esth. l'rol. Un en-
voyé de la divinité Eût semblé moins terrible au
peuple épouvanté, delav. Vêpres sicil. v, 2. || 4° Par
extension, ce qu'on adore, ou qu'on est censé ado-
rer. Je jure donc par vous, ô pitoyable reste. Ma di-
vinité seule après ce coup funeste.... cobn. W. de P.
v, I. Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heu-
reux; Ces deux divinités n'accordent à nos vœux
Que des biens peu certains, des plaisirs peu tran-
quilles, LA FONT. Phil. et Baucis. Une divinité vo-
lage [la mode] Nous anime et nous conduit tous,
BEHNis. Il 5° Fig. Femme très-belle. C'est une divi-
nité. Sachez que je m'impute à trop de lâcheté
D'entendre mal parler de ma divinité [la femme que
j'adore], mol. l'Élour. m, 3
— HIST. XIII" s. Ainsinc preeschier le soloient Ja-
dis par Paris la cité Li mestre de divinité [théolo-
gie], la Rose, <t496. ||xiv' s. Si seront 20 escolier
enfant en gramaire et 30 en logique et en philoso-
phie et 20 en théologie ou en divinité, du cange,
ars.
— ÉTYM. Provenç. divinitat; espagn. divinidad;
ital. divinità; du latin divinitatem, de divinus,
divin. Dans l'ancien français ce mot signifie théolo-
gie, d'où l'anglais divinily, qui a ce sens.
DIVIS (di-vi),s. m. Terme de jurisprudence.
Partage. Demander le divis. Posséder par divis.
— ÉTYM. Lat. divisus, part, passif de dividere
(voy. diviser).
t DIVISANT, ANTE (di-vi-zan, zan-t"), adj. Qui
divise. Dieu n'a pas fait la mauvaise volonté; mais,
en la divisant d'avec la bonne, il l'assujettit à l'or-
dre et la fait servir à la beauté de l'univers et de
l'Église; il faut donc entendre dans Dieu, lorsqu'il
agit dans les pécheurs, cette opération divisante,
BOSS. dans le Dict. de dochez.
t DIVISE (di-vi-z'), s. f. Terme de blason. Pièce
qui n'a que la moitié de sa largeur ordinaire ou qui
est divisée. || Fasce qui n'a en hauteur qu'une demi-
partie des sept de la largeur de l'écu.
— ÉTYM. I,at. divisa, part. fém. passif de divi-
dere, diviser (voy. ce mot).
DIVISÉ, ÉE (di-vi-zé, zée), part, passé. \\l' Sé-
paré par parties. Un parterre divisé en plusieurs
compartiments. Voilà les enfants de Dan divisés par
familles, SACi, Bible, Nombres, xxvi, 42. || Se dit,
en botanique, de tout organe qui, bien que formé
en apparence d'une seule pièce, se partage profon-
dément en plusieurs partiesqui vont jusqu'à sa base.
Il Terme de blason. Se dit de la fasce, de la bande
qui n'ont que la moitié de leur largeur. || 2" Qui n'a
pas de contact avec, de rapport avec. Du reste des
humains ils semblent divisés, rac. Esth. ii, i.|| Fig.
Cette àme, d'avec soi tout à coup divisée. Reprend
de ses remords la chaîne mal brisée, corn. Sertor.
I, <. Il 3° Terme de mathématique. Qui a subi l'opé-
ration de la division. <oo divisé par 10 donne lo.
a divisé par x s'écrit |. || 4° Qui est en discorde.
Tenez toujours divisés les méchants; La sûreté du
reste de la terre Dépend de là.... la font, fables,
vu, 8. Vos yeux ne verront plus tous ces chefs en-
nemis Divisés d'intérêt et pour le crime unis, volt.
ifér. I, t.
t DIVISÉMENT (di-vi-zé-man), adv. Séparément.
11 [Dieu] est sa propre cause : il existe par lui-même,
infini comme il est; et rien ne peut être conçu di-
visément dans son être substantiel, boullainvil-
LiEBS, Réfulalion deSpinosa, p. 67.
— HIST. xiv' s. Ordonnons que inventoire soit fait
de tous les escriptz de la Chambre, et les corrigiez
mis d'un part, et les autres d'autre, et chascuns es-
criptz d'un pays mis ensemble en huches devisie-
ment, Ordon». janv. 4319. Ils usent de teles amis-
lés diviséement, ORESME, Eth. 240,
— ÉTYM. Divisée, et le suffixe ment.
DIVISER (di-vi-zé), v. a. || 1° Séparer par par-
ties. Diviser un corps avec un instrument tranchant.
Diviser un sermon en trois points. Mais parce qu'elle
voit avec la Bithynie Par l'ci.? eceptres conquis trop
de puissance unie. Il tant la diviser, corn. Nicom.
II, 3. Si la reine en eût été crue, si, au lieu de di-
viser les armées royales et de les amuser, contre
»on ivis, aux sièges infortunés de HuU et de Gloces-
ler, on eût marché droit à Londres, l'affaire était
déridée , et cette campagne eût fini la guerre, Boss.
nUT. DE LA LANGUK FRANÇAISE.
DIV
Heine d'Angkt Rohault assure qu'un cube d'or de
5 lignes et </7 est divisé par des ouvriers en 051690
parties égales à la base.ROLUN, Traité des El. \iv.vi,
art. 3 et 4. Ce mage divisa en plusieurs parties ce
qui n'avait pas besoin d'être divisé, volt. Babouc.
Il Terme de typographie. Diviser un mot, le séparer
en deux parties, dont la première reste à la fin d'une
ligne. Il Fig. Il faudra que je perde ou divise son
cœur, ROTR. Iferc. m.otir. n, 2. |[ Séparer par par-
ties pour partager. Je divisai mon argent entre eux.
X ce tendre dépôt du sort abandonné Je divisai le
pain que le .sort m'a donné, volt. Guèb. iv, e. Il
fonde les cités, familles immortelles. Et, pour les
soutenir, il élève les lois. Qui, de ces monuments
colonnes immortelles. Du tem|ile social se divisent
le poids, LAMART. Harm. ii, 1. || Absolument. Éta-
blir des divisions. Diviser et classer. || 2° Par ex-
tension, séparer l'un de l'autre. 11 fuit pour mieux
combattre, et cette prompte ruse Divise adroite-
ment trois frères qu'elle abuse, corn. Hor. iv, 2.
Il 3° Diviser se dit avec de et d'avec. Vous diriez
qu'il [Jésus-Christ] ne saurait se passer d'eux, et
que son royaume ne lui plairait pas s'il ne le pos-
sédait en leur compagnie et s'il ne leur en faisait
part; il ne veut pas même que son père les divise
de lui dans son afTection , boss. 2» serm. pour la
Toussaint, m. Ces mers qui divisent la Grèce d'avec
l'Italie, FÉN. Tél. xii. Rien de plus matériel que la
théogonie antique; loin qu'elle ait songé, comme
le christianisme, à diviser l'espri,t du corps, elle
donne forme et visage à tout, même aux essences,
même aux intelligences, v. hugo, Cromwell, préf.
Il Ces exemples prouvent que Voltaire a eu tort de
blâmer Corneille d'avoir dit : Une Ame d'avec soi
divisée (voy. divisé). || 4° Terme de mathématiques.
Diviser un nombre, une quantité, une grandeur par
une autre, chercher combien de fois cette autre est
contenue dans la première. || 5° Semer la discorde,
la désunion entre les personnes. Lorsque deux fac-
tions divisent un empire, corn. Sertor. m, 2. J'au-
rai pu jusqu'ici brouiller tous les chapitres. Diviser
cordeliers, carmes et cèlestins, boil. Lutr. i. Si une
maison est divisée contre elle-même, il est impos-
sible que cette maison subsiste, saci. Bible, Év.
S( Ifarc, m, 25. Mais que notre intérêt jamais ne
nous divise, volt. Triumv. i, 4 Diviser les es-
prits. Aigrir des gens brouillés ou brouiller des
amis, GBEssET, Méchant iv, 4. Cet arrangement
mêlait trop des hommes qui ne pouvaient s'unir, et
la jalousie divisa bientôt ceux qu'un intérêt mo-
mentané avait unis, raynal, Hist. phil. xiv, 44.
Il Absolument. Diviser pour régler. || 6° Se diviser,
V. réfl. Être séparé en parties. L'armée se divisa.
Seul on s'acquitte mieux d'une grande entreprise;
Le travail s'affaiblit alors qu'il se divise, rotr. Antig.
m, 6. Tout le temps de l'histoire romaine depuis
Romulus jusqu'à Auguste, qui est de 763 ans, peut
se diviser en cinq parties, rollin. Traité des Et.
liv. y, chap. 4, 3" psrt. §4. || Fig. C'est en cetle sorte
que les esprits une fois émus, tombant de ruines en
ruines, se sont divisés en tant de sectes, boss. Reine
d'Anglet. Si Dieu tire un si grand bien de l'hérésie
même, il le tire d'une manière encore plus douce
et plus avantageuse des troubles qui s'excitent
parmi les enfants de l'Église, sans qu'aucun d'eux,
pour cela, se divise de son unité, arnauld. Apolo-
gie poitr les saints Pères, préf. || 7° Terme d'arith-
métique. Contenir un certain nombre de fois. Vingt-
cinq se divise exactement par cinq. || 8° N'être pas
de même opinion. Les juges se divisèrent sur la
question de droit, ciiateaub. Natch. u, 243. || Etre
en dissension. Les esprits se divisèrent bientôt.
— REM. Lorsqu'on dit diviser en, les substantifs
qui suivent doivent être employés sans article : Le
poème dramatique se divise en tragédie et en comé-
die, et non pas : en la tragédie et en la comédie.
— SYN. diviser, partager. Diviser, c'est séparer
les parties d'un tout; partager, c'est faire les parts
ou portions; de sorte que, dans partager, il y a
une idée d'attribution qui n'est pas dans diviser. On
divisa l'armée, c'est-à-dire qu'on en fit deux ou plu-
sieurs corps séparés; on partagea l'armée, c'est-à-
dire qu'on en attribua les parts à tel ou tel officier,
à telle ou telle occupation. Pourtant diviser étant
plus général que partager, peut s'employer pour'ce
verbe ; seulement alors la nuance d'attribution dis-
paraît.
— HIST. XII' s. [Dieu] chi devisât la Ruge mer en
divisiuns. Liber psalm. p. 242. || xiii" s. Quant tu
avéras tôt devisé que li nombres deseuie sera men-
res [moindres] de celi desous.... Comput, S° 4 6.
Il xiv* s. Au pié de la montaigne qui devise France
et Italie, Mcnagier, i, ». || <"■" s. Quand il entre
DIV
1201
au cœur de l'homme de se diviser d'une congréga-
tion, CALV. /ns(t(. 824. Pourquoy se diviseroyent-
eltes d'ensemble? id. ib. 842. La mer a joinct des
terres qui esloyent divisées, comblant.... mont, i,
234. Aussitost que la raison perd ce grand chemin,
elle se va divisant et dissipant en mille routes di-
verses, in. Il, 250.
— ÉTYM. Lat. divisttm, supin de dividere, de di,
préfixe, et d'un radical vid^re, que quelques-uns
rattachent à l'étrusque iduo (voy. ides), et d'autres
kvidêre, voir, par abréviation de la voyelle. Dans
les autres langues romanes la dérivation est faite
de l'infinitif: provenç. devire, devexir, dividir , di-
viiir; espagn. dividir; ital. dividere.
DIVISEUR (di-vi-zeur), s. m. Hl» Terme d'arith-
métique. Nombre par lequel on en divise un autre.
Il Commun diviseur, nombre qui en divise plusieurs
autres. Le plus grand commun diviseur, le plus
grand nombre qui est commun diviseur entre plu-
sieurs nombres. || Diviseur premier, nombre qui en
divise un autre, mais qui, étant lui-même un nom-
bre premier, n'a pas de diviseur. Les diviseurs pre-
miers de 48 sont 2 et 3. || Fraction diviseur. On di-
vise une fraction par une fraction en multipliant la
fraction dividende par la fraction diviseur renver-
sée. Il Adj. Le nombre diviseur. |{ 2° Terme de mé-
tier. Appareil diviseur, se dit d'un certain système
de vidanges.
— HIST. XVI' s. En division ne sont requis que deux
nombres, c'est asçavoir le diviseur ou partiteur et
le nombre à partir, de la hoche, Arismetique,
î° 9, verso.
— ÉTYM. Lat. divisor, de divisum, supin de di-
videre (voy. diviser).
DIVISIBILITÉ (di-vi-zi-bi-li-té), s. f. Qualité de
ce qui peut être divisé. La divisibilité de tout nom-
bre pair par 2. || Propriété générale de la matière
pondérable, en vertu de laquelle elle peut être sé-
parée en parties de plus en plus ténues, jusqu'à ce
qu'elles échappent à nos sons et à nos instruments-
L'esprit se perd dans la divisibilité de la matière;
le sentiment le plus reçu est que, quelque division
qui ait été faite de la matière, quelque petites que
soient ces parties, elles peuvent encore être divisées
à l'infini, rollin. Traité des Et. liv. vi, art. 3 et 4.
La divisibilité de la matière à l'infini est une vérité
géométrique et une erreur physique, bonnet, OEu-
vres mêlées, t. xviii, p. 80, dans pougens.
— ÉTYM. Divisible.
DIVISIBLE (di-vi-zi-bl'), adj. || 1° Qu'on peut di-
viser. Plusieurs philosophes ont prétendu que la
matière est divisible à l'infini. Tout ce qui se di-
vise, se divise en parties divisibles; et ces parties,
en d'autres parties divisibles; donc il n'y a point
de divisible qui soit le plus petit divisible, dide
ROT, Opin. des anc. phil. (Ifobbisme). || 2° Terme
de mathématiques. Qui contient exactement un cer-
tain nombre de fois. Six est divisible par deux et
trois. Il 3" Terme de législation. L'obligation est
divisible ou indivisible selon qu'elle a pour objet
une chose qui dans la livraison, ou un fait qui
dans l'exécution est ou n'est pas susceptible de
division, soit matérielle, soit intellectuelle {Code
civil).
— HIST. XIV* s. L'en doit savoir que, en toute chose
continue et divisible, l'en peut prendre ce qui est
plus et ce qui est moyen etcequiest egual, oresme,
Elh. 44.
— ÉYTM. Lat. divisibilis, de divisum, supin de
dmdcre.(voy. diviser).
fDIVISlBLEMENT (di-vi-zi-ble-man), adv. D'une
manière divisible.
— ÉTYM. Divisible, et le suffixe ment.
t DIVISIF, IVE (di-vi-zif, zi-v'), a4j. Qui di-
vise, qui sert à diviser. Propriété divisive. || Terme
de chirurgie. Bandages divisifs, ceux qui tiennent
certaines parties écartées l'une de l'autre.
— ÉTYM. Lat. divisum, supin de dividere (voy.
diviser) ; provenç. diviiiii.
DIVISION (di-vi-zion; en vers, de quatre sylla-
bes), s. f. Il 1» Opération par laquelle on réduit un
corps solide en parties plus ou moins ténues. On
trouve, dans l'art et dans la nature, des divisions
qui vont infiniment plus loin qu'on ne peut l'imagi-
ner, hollin. Traité des Et. liv. vi, art. 3 et ♦.
Il Terme de minéralogie. Division mécanique, pro-
priété qu'ont un grand nombre de cristaux de se
partager dans des directions planes. || Terme de chi-
rurgie. Séparation fortuite et accidentelle de parties
naturellement réunies; dans ce sens il est synonyme
de solution de continuité; ou séparation méthodique
de ces parties opérée par le chirurgien dans des vues
de guérison. i| Terme d'imprimerie. Petit tiret qui sa
4202
DIV
met au bout d-'une ligne, entre une parité d un mot
et ceUe qui est rejette à la ligne suivante. || 2' Dis-
tribution par parties. La division d'une histoire par
chapitres. La division de la France en départements.
La division de la circonférence en degrés. La divi-
sion d'un immeuble, d'un héritage. La division d'une
somme d'argent. || Terme d'économie politique. Di-
vision du travail, organisation du travail de telle sorte
que chaque ouvrier, n'en faisant qu'une seule partie
toujours la même, acquière ainsi un grand degré
d'habileté. Adam Smith a très -ingénieusement re-
marqué combien ce qu'il a le premier appelé la divi-
sion du travail, augmente sa puissance productive,
j. B. SAï, Cours, 1840, t. I, p. t66. || En général,
division du travail, division des opérations indus-
trielles, de manière que chacune soit accomplie
par une personne différente. L'essence de la divi-
sion du travail est que chaque travailleur fasse con-
stamment la même besogne, ID. ib. t. i, p. <"*.
Il Terme de pratique. Bénéfice de division, exception
par laquelle la caution obtient que le créancier divise
sa demande entre tous les oofidéjusseurs. || Sans di-
vision ni discussion, solidairement l'un pour l'au-
tre, et un seul pour le tout. || En langage de corps
délibérants, division de la question, de l'article, dé-
libiralion séparée sur les divers points que présente
une question, ou sur les divers paragraphes d'un
article. Il Dans le parlement anglais, manière de
consulter l'opinion de la chambre, en faisant pas-
ser d'un côté de la salle tous les membres qui adop-
tent la mesure proposée, et de l'autre tous ceux qui
la rejettent. || Scrutin par division, vote individuel,
par opposition au vote par assis oulevé.||3° Par-
tie divisée, séparée d'un tout. Une division terri-
toriale, administrative. Les divisions du mètre sont
le décimètre, le centimètre, le millimètre. Les divi-
sions d'un livre. || En botanique, division se dit pour
segment ou découpure naturelle d'une feuille, lobe
d'un calice, d'une corolle. Corolle à cinq divisions.
Il 4° Terme de guerre. Division active, réunion de
deux et quelquefois de trois brigades d'infanterie
ou de cavalerie, toujours accompagnées d'artille-
rie, de génie et d'équipages militaires. Général de
division. Les soldats de Ney et ceux de la division
Gudin, veuve de son général, y étaient rangés sur
les cadavres de leurs compagnons et sur ceux des
Busses, au milieu d'arbres à demi brisés, sur une
terre battue par les pieds des combattants, sÉGun,
flist. de Nap. vi, 8. || Terme de manœuvre. Réunion
de deux compagnies ou de deux pelotons. Former
les divisions. || Division militJiire, circonscription
territoriale composée généralement de plusieurs
départements et placée sous le commandement d'un
général de division. || B" Terme de marine. Réu-
nion de trois bâtiments de guerre au moins, sous
la direction du chef le plus haut en grade ou le
plus ancien par date de brevet, si les trois capi-
taines sont de même grade. Une armée navale se
divise en trois escadres, et chaque escadre en
trois divisions. || Chef de division, autrefois capi-
taine de vaisseau pourvu d'une commission qui lui
donnait le droit de commander plusieurs vais-
seaux. Il Compagnie de marins organisés militai-
rement. Il 6° Terme d'administration. Réunion de
bureaux sous la direction d'un commis supérieur.
Un chef de division. || 7" Dans un lycée ou un
collège, portion d'une même classe placée sous la
direction d'un professeur distinct. Les deux divi-
sions de la troisième. || 8° Terme de calcul. Opéra-
tion qui a pour but, connaissant un produit et un
de ses facteurs, de trouver l'autre facteur ; et, parti-
culièrement, en arithmétique, opération par la-
quelle on cherche combien de fois un nombre est
contenu dans un autre. || 9" Terme de rhétorique.
Partie d'un discours qui consiste à diviser en plu-
sieurs points tout ce que l'on a à dire. La division
rentre dans les parties destinées à instruire; elle
en est souvent la première. || 10° Fig. Désunion,
discorde. U arriva de grandes divisions parmi les
Phrygiens, d'ablancourt, Arrien, liv. ii, dans
RiCHELET. L'abondance, augmentant les forcés,
engendrait les divisions, id. Tacite, liv. i, dans ri-
CHELET. Et leur division que je vois à regret, Dans
iron esprit charmé jette un plaisir secret, corn.
Cid, u, 6. Et rendre un calme heureux à nos di-
visions, ID. Sertor. m, 4. I.a division se mit dans
la nouvelle réforme, boss. Var. a. Quel ropect
n'avait-elle pas pour le souverain pontife vicaire de
Jésus-Christ et pour tout l'ordre ecclésiastique? qui
pourrait dire combien de larmes lui ont coûté ces
divisions toujours trop longues et dont on ne peut
demander la fin avec trop de gémissements! le nom
même et l'ombre d? division faisait horreur à la
DIV
reine, comme à toute âme pieuse, id. Uarie-Thér.
Les deux Gracques, en flattant le peuple, commen-
cèrent les divisions qui ne finirent qu'avec la répu-
blique, ID. Hist. 1, ». Jeter la division parmi leurs
ennemis, id. ib. m, 6. Cependant et ma haine et
ses prétentions Sont les moindres sujets de nos di-
visions, RAC. Uilhr. 1, t. U y a entre les sciences
et les richesses une ancienne et irréconciliable di-
vision, fo.itek. JloUe. Et laissant Rome heureuse et
sans divisions, volt. M. de César, i, 3. U est -op
vrai que les divisions Ont régné trop longtemps
entre nos deux maisons, id. Tancr. i, I. Différents
dans leurs genres, mais placés dans la même car-
rière, rivaux sans divisions, concurrents dignes de
s'estimer.... les Corneille, les Bossuet, les Racine,
les Fénelon.... gresset. Dise, de réceptionà l'Acad.
— HIST. xn» s. Faiz fu ses heumes [son haume]
pargrant division [habileté], llonc. p. Bl. Qu'il nous
en fasse voire division [vraie séparation] ,ib. p. 166.
Dévorer le verrez [aux lions] par mil divisions, ib.
p. 200. Gardez [ayez soin] que li message [les mes-
sagers] soient mis en prison; Nous en ferons justice
à no devision [à notre volonté], Sas. xxv. || xiii's.
Se feme requiert que division soit fête des biens
son mari, du vivant du mari, on ne doit pas obéir
à sa requeste, beaum. lvii, 2. Se tu as bien devisé,
multeplie celé devision; et quant tu l'averas multe-
plié.... Comput, f" 15. Il XIV* s. Le samedi devantla
division des apostres, l'an mcccxxi, Bibl. des Char-
tes, 4« série , t. m , p. 272. || xvi' s. L'espérance que
ceste licence augmenteroit les parts et les brigues
de la division et empescheroit le peuple de se reii-
nir et de se fortifier contre lui par leur concorde et
unanime intelligence, mont, m, 84.
— ÉTYM. Provenç. devision, deveiio; espagn.
division; ilal. divisione; du latin divisionem, de
dtDisitm, supin de dividere (voy. diviser).
DIVISIONNAIRE (di-vi-zio-nê-r"), odj. Qui appar-
tient à une division, à une circonscription. Inspec-
teur divisionnaire. || Professeur divisionnaire, Ou,
substantivement, un divisionnaire, professeur d'une
division, quand le nombre trop grand des élèves
oblige à diviser une classe. Le professeur de la <"
division est le titulaire, et les autres professeurs
sont dits professeurs divisionnaires; ils ont aussi
porté le titre de professeurs agrégés, professeurs
adjoints. |1 Terme de guerre. Général divisionnaire,
et, substantivement, un divisionnaire, général de
division. Le plus ancien divisionnaire de l'armée.
Capitaine divisionnaire, capitaine qui dirige les
mouvements d'une division. || Monnaie division-
naire, monnaie qui représente les divisions de l'u-
nité monétaire, chez nous du franc, telles que les
pièces de 50 centimes et de 20 centimes.
— ÉTYM. Divinion.
DIVORCE (di-vor-s'), s. m. || l» Rupture légale du
mariage du vivant des époux. Prononcer le divorce.
Le divorce, autorisé par le Code Napoléon, fut aboli
dans les premières années de la Restauration. Il y
a cette différence entre le divorce et la répudiation,
que le divorce se fait par un consentement mutuel,
à l'occasion d'une incompatibilité mutuelle; au lieu
que la répudiation se fait par la volonté et pour l'a-
vantage d'une des deux parties, indépendamment
de la volonté et de l'avantage de l'autre, montesq.
Espr. XVI, 16. Le divorce aujourd'hui si commun
aux Romains, corn. Pomp. ii, 1. Régnez; qui fait
les lois peut bien faire un divorce, lo. Othon, l, 3.
.... Tite fit tôt après De Bérénice à Rome admirer les
attraits; Pour elle avec Martie il avait fait divorce.
id. Tite et Bérén. i, 1. Le landgrave, sans faire
divorce avec sa femme, en prit une autre, boss.
Avert. 4. Moïse fut le premier qui permit le di-
vorce, à cause de la dureté de cœur des Juifs,
LE MAlTHE, Plaidoyer «, dans richflet. Trop heu-
reux, si bientôt la faveur d'un divorce Me soulageait
d'un joug qu'on m'imposa par force, rac. Brit. ii,
2. Il 2° Fig. Séparation. Une vertu brutile Que son
mérite aveugle et qu'un faux jour d'honneur Jette
en un tel divorce avec le vrai bonheur, corn. Aicom.
III, 2. Que le bon soit toujours camarade du beau....
Mais comme le divorce entre eux n'est pas nouveau,
LA FONT. Fabl. VII, 2. Ce divorce avec le monde a
été plus de corps que d'esprit, bourd. Pensées, t. ii,
p. 462. L'état de chrétien sur la terre, un état de
divorce avec les sens, mass. Av. Disp. Ne devait-il
pas exiger de vous un divorce entier et sans retour
avec les objets de nos passions? id. ib. Commxtnion.
Les paroles et les pensées N'étaient point en divorce
encore, la motte, Fabl. ii, 7. || Faire divorce avec,
renoncer à. 11 a fait divorce avec les plaisirs. Et qu'il
est malaisé de faire un plein divorce Avec la douce
amorce Que chacun porte au cœurl corm. Imit. i,
DIV
3. Avec les faux Romains ell'i [Rome] a fait plein
divorce, id. Sertor. m, 2. U demeure à ces mots
sans parole et sans force. Tous ses sens d'avec lui
font un soudain divorce, id. Attila, v, 6. Rien n'é>
chappe à sa vue, et le sommeil sans force Fait avec
sa paupière un éternel divorce, id. Toi», d'or, l, 4.
Nous y 'aisons divorce pour un moment avec ros
passions, mass. Car. Confess. || 3" Dissension entre
parents, amis, etc. Il est en divorce avec tout le
monde. Ils ont assez longtemps joui de nos divor-
ces, CORN. Ilor. 1, 4. La ville calmée N'a plus à re-
douter le divorce inte.stin Du soldat insolent et du
peuple mutin, id. Pomp. iv, 3. L'hymen où je pré-
tends ne peut trouver d'amorces Au milieu d'une
ville où régnent les divorces, id. Sertor. iv, 2. Tu
mets dans tous mes sens le trouble et le divorce; Je
veux ne t'aimer plus, et n'en li pas la force, id.
rois, d'or, II, 2.
— HIST. XVI* s. On appelle hérétiques et schisma-
tiques ceux qui, en faisant un divorce en l'Eglise,
rompent l'union d'icelle, calv. Instit. 839. La féli-
cité de ces frères apporta le divorce [désunion],
fondé sur ce que Mahomet le cadet ne voulut point
payer de tribut à Hamet son aisné, d'aub. Hist.
I, 35.
— ÉTYJI. Provenç. divorsi; espagn. divorcio; ital.
divorzio; du latin dnordum, de di.... préfixe, et
vertere, tourner (voy. version).
DIVORCÉ, ÉE (di-vor-sé, sée), part, passé. Qn\
a fait divorce. Femme divorcée. || Substantivement.
Un divorcé. Les divorcés.
DIVORCER (di-vor-sé. Le c prend une cédille de-
vant o ou o: nous divorçons; je divorçais), v. n.
Il 1° Faire divorce. On divorçait très-facilement k
Rome. Les deux époux demandèrent à divorcer. Par
malheur sa femme était sige; Mais aussi Robin di-
vorça, bérang. Ami Robin. \\i' Fig. Les anges cé-
lèbrent les noces de ces femmes qui ont divorcé avec
la terre pour s'unir au ciel, chateaub. Natch. iv,
177. Le divorce est en pratique Aujourd'hui pour
bien des gens; Plus d'un grave politique Divorce
avec le bon sens; Le financier qui nous pille Divorce
avec le crédit; Et plus d'un auteur qui brille Fait
divorce avec l'esprit, étienne, dans girault-duvi-
VIER.
— KEM. Divorcer se conjugue avec l'auxiliaire
avoir, quand on veut exprimer l'action : cette femme
a divorcé hier; avec l'auviliaire é(re, quand on veut
exprimer l'état: celte ftmme est divorcée depuis
longtemps.
— HIST. xiv* S. Mariage divorcé, boutillier,
.Somme rurale, p. 727, dans laclrne. || xvi* s. Vous
avez mis en butte Ciceron, comme s'il estoit à louer
de s'estre diverse d'avec sa femme Terenlia, Contes
de cholières, f° 193, dans lacurne.
— ËTYM. Bas-lat. divortiare, de dirorttum, di-
vorce. 11 y avait l'adjectif desvorce: Tant que de
son corps soit desvorce L'ame.... j. Ije meung, Tr.
1161.
t DIVULGATEUR, TRICE (di-vul-ga-teur. tris'),
s. m. et f. Celui, celle qui divulgue, qui publie.
— HIST. xvr s. Divulgateur, ocdin, Dict.
— ÉTYM. Divulf/uer.
DIVULGATION (di-vul-ga-sion; envers, de cinq
syllabes), s. f. Action de divulguer; résultat de cette
action. La divulgation d'un secret. Effrayons d'abord
la Suzanne sur la divulgation des offres qu'on lui
fait, beaumarch. Ilar. de Fig. i, 4. Afin de provo-
quer pour la mémoire de Fouquet un réveil de
l'attention publique, il faudrait apporter un con-
tingent de divulgations nouvelles, carné, Revue
des Deux-Mondes, 16 mars 1803, p. 342.
— HIST. XVI' s. Si vous tiendrai -je ma promesse:
c'est de jamais plus ne nous voir, après la divulga-
tion de nostre amitié, marg. Nouv. lxx.
— ÉTYM. Lat. divutgationem (voy. divulguer).
DIVULGUÉ, ÉE (di-vul-ghé, ghée), part, posté.
La nouvelle bientôt divulguée. Mes faits par la ga-
zette en tous lieux divulgués, corn. Uent. i, 3.
DIVULGUER (di-vul-ghé), V. a. Porter k la con-
naissance du public ce qui était ignoré. Divulguer
un secret. Ils n'ont point de faveur qu'ils n'aillent
divulguer, mol. Tart. m, 3. Je ne sais qui m'arrêta
et retient mon courroux, Que, par un prompt avis
de tout ce qui se passe. Je ne coure des dieux di-
vulguer la menace, RAC Iphig.iv, 1. Ce fut Pliiio-
laQs qui divulgua la doctrine de Pythagore, didkb.
Opin. des anc. phil. (Pythagorisme). S'il arrive
qu'une invention favorable aux progrès des sciences
et des arts parvienne à ma connaissance, je brûle
de la divulguer, in. Peinture en cire, OEuiTcs,
t. IV, p. 371 , dans pougens. || Se divulguer, v. réfl.
Etre divulgué. Des mystères qui se divulguent.
DIX
DIZ
DOC
1203
— HIST. xvt' S, La chose en fut toute divulgjée
par la ville, amyot, Ponp. 02.
— ÈTYM. Provenc. et espagn. divulgar; ital. di-
tolgare; rtu latin divulgare, de di.... préfixe, et
tutgui, le public (voy. vulgaire).
t «IVULSION (di-vul-sion) , s. f. Terme didacti-
que. Action d'arraclier, do séparer avec violence.
— HIST. XVI' s. Le plus voisin mal qui nous me-
nace [nous, la Francel, ce n'est pas altération en
la masse entière et solide, mais sa dissipation et di-
Vulsion, MONT. IV, 87.
— ÉTYM. Lat. divulsionem, de di.... préfixe, et
vtilsio, arrachement.
DIX (on prononce dis', quand il est seul et quand
il est final : nous sommes dis'; on prononce aussi
dis', quand il est substantif: un dis' de cœur; Vx se
lie et se prononce i devant une voyelle et une h
muette: di-z arbres, di-z hommes; il devient muet
devant une consonne ou une h aspirée : di francs,
di harengs; quand dix fait partie d'un nombre com-
posé, il se prononce comme s: diz' sept, diz' huit,
diz' neuf), adj. numéral cardinal, des deux genres.
111° Nombre formé de deux fois cinq. Neuf plus un
égale dix. Le nombre dix. Dix écus. Nous sommes
dix. Et trois; Quand nous serons à dix, nous fe-
rons une croix, mol. l'Élour. i, n C'est folie
De compter sur dix ans de vie, la font. Fabl. vi,
H S). Aussitôt l'édit fut affiché dans Suse, et les dix
fils d'Aman furent pendus, saci. Bible, Esther, ix, t4.
Il Par exagération. On vous l'a dix fois répété, c'est-à-
dire plusieurs fois, souvent. || Dix lignes, une courte
lettre, quelques mots par écrit. Ma sœur de Radouay
trouve le moyen de louer en dix lignes toute la
communauié, maintenon, Mme du Perron, (saoùt
<7n.||Terme de chasse. Cerf dix cors, celui qui
est dans sa ?• année. Cerf dix cors jeunement, celui
qui n'a que 6 ans. || En composition. Soixante-dix ou
soixante et dix; quatre-vingt-dix, quatre-vingt et
dix. Quel âge croyez- vous bien que j'aie? — Je crois
que tout au plus vous pouvez avoir vingt-six ou
vingt-sept ans. — Ah! ah! ah! ah! ah! J'en ai qua-
tre-vingt-dix, mol. Mal. imag. m, U. || 2° Pris pour
un adjectif numéral ordinal, dixitme. Chapitre
dix. Livre dix. Louis dix, dit le Hutin. || 3° S. m. Le
dix dii mois, le dixième jour du mois. || Sans de: le
dix mai (voy. de). || Absolument, le dix, quand le
mois est connu d'ailleurs. Nous sommes le dix.
Il 4° Nom de certaines cartes marquées de dix points.
Le dix de cœur. Un quatorze de dix. || Le chiffre x.
Un dix romain. || 5° Conseil des Dix, tribunal su-
prême composé de dix nobles à Venise.
— HIST. XI* S. Ou diz ou vint, Cli. de Roi. m.
Il XII* s. De l'or d'Espagne vaut dis mille mangons,
liuiic. p. 29.
— ÉTYM. Provenç. deix, dex; catal. deu; espagn.
diei; portug. des; ital. dieci; du latin decem; grec,
BÉxa; goth. laihun ; allem. zchn; angl. ten; bas-
bret. dek; zend, data; sanscrit, daça.
DIX-HUIT (diz'-uit; pour la prononciation du t
dans huit, voyez huit), adj. numér. cardinal, des
deux genres. Nombre qui se compose de dix et huit.
Il Se dit pour dix-huitième. Louis dix-huit. Page dix-
huit. On écrit d'ordinaire Louis XVIH, le < 8 du mois.
Il En ce sens il se comporte comme un substantif
masculin. Le dix-huit du mois. || Terme de ty-
pographie. In dix-huit, format d'un livre dans le-
quel la feuille, pliée en dix-huil parties, forme
trente-six pages. Il s'indique ordinairement par
in-18.
fDIXHUITAIN (diz'-ui-tin), s. m. Terme de
commerce. Se disait, dans le midi, d'une espèce de
drap dont la chaîne était formée de dix-huit cents
fils.
— ÉTYM. Dix-huit.
DIX-UUITIËME (diz'-ui-tiê-m'), adj. numér.
Nombre ordinal de dix-huit. || La dix-huitième par-
tie ou, substantivement, le dix-huitième, chaque
partie d'un tout divisé en dix-huit parties égales.
Il S. f. Au piquet, une dix-huitième, série des huit
cartes d'une couleur, ainsi dite parce qu'elle compte
dix-huit points.
— HI6T. xii" s. El dise uitme an lu rei Josie, ki
lores en Jérusalem regnad, Itois, 429.
DIX.-1IUIT1ÈMEMENT (diz'-ui-tiè-me-man), adv.
En dix-huitième lieu.
DIXIÈME (di-ziê-m'). || 1» Adj. numér. Nombre
ordinal de dix. Le dixième jour. La dixième fois. Je
suis le dixième. Chapitre dixième. || 2° S. m. La
dixième partie. Il s'en faut d'un dixième. || Dixième
de guerre, décime pour franc perçu en sus des droits
d'enregistrement. || Impôt extraordinaire que le roi
levait autrefois. On n'osa imposer le dixième que
dans l'année 47to ; mais ce dixième, levé à la suite
de tant a autres Impôts onéreux, parut si dur qu'on
n'osa pas l'exiger avec rigueur; le gouvernement
n'en retira pas vingt-cinq millions annuels, à qua-
rante francs le marc, volt. Louis XIV, 30. |] 3° S.
f. Terme de musique. Intervalle de 9 degrés diato-
niques ou d'une octave et d'une tierce.
— HIST. XI' s. La disme eschele [escadron], est
des barons de France, Ch. de Uol. ccxxiii. || xii° s.
Guiteclins de Sassoigne 0 [avec] son frère Gozon , Lui
di.seme des rois du lignage Mahom, Sont entré en
ta terre.... Sax. xiv. |j xiii' s. Ele en la buscherie
prent la disisme boise [bûche], Berte, LXii. Et fist
Salehedins par sa courtoisie renvoïer la dame, li
[elle] desime de crestiens et dix demoisieles en Acre ,
Chron. de Bains, f 12. Et passâmes de là à tout vint
chevaliers, dont il estoit li disiesme et je disiesme,
jciNV. 208. Il XVI' s. La dixième partie, amyot,
Cam. B.
— ÉTYM. Provenç. deien; catal. desé ; espagn.
deceno; ital. decimo; du latin decimus. Decimxis
avec l'accent sur de a donné régulièrement, dans
l'ancien français, disme ; dixième ou dmsme est une
forme allongée par l'addition de la finale ordinale
esimuç.
DIX1ÈMEME5T (di-ziê-me-man), adv. En dixième
lieu.
— ÉTYM. Dixième, et le suffixe ment.
DIX-NEUF {diz'-neuf; voy. neuf, pour la pro-
nonciation de i'/), adj. numér. cardinal, des deux
genres. Nombre qui se compose de dix et neuf. |{ 11
s'emploie pour dix-neuvième. Page dix-neuf. || Subs-
tantivement, le dix-neuf du mois.
DIX-NEU"VIÈME (diz'-neu-viê-m'), adj. numér.
Nombre ordinal de dix-neuf. Le dix-neuvième nu-
méro. Il S. m. Un dix-neuvième, chaque partie d'un
tout divisé en dix-neuf parties égales. || S. f. Terme
de musique et d'acoustique. La dix-huitième note
après une première, c'est-à-dire la double octave de
la quinte. Une corde sonore se divise spontanément
en six parties égales, et fait entendre la dix-neu-
vième de la note fondamentale.
— HIST. xii* s. Ço fud li dise-nofme an del règne
lu [le] rei de Babilonie, Rois, 435.
DIX-NEUVIÈ.MEMENT (diz'-neu-viê-me-man ) ,
adv. En dix-neuvième lieu.
— ÉTYM. Dix-neuvième, et le suffixe ment.
DIX-SEPT (diz'-sè; voy. sept pour la prononcia-
tion), adj. mimer. cardtno(, des deux genres. Nombre
qui se compose de dix et sept. || Il se dit pour dix-
septième. Page dix-sept. Louis dix-sept. || Substan-
tivement, le dix-sept du mois.
DIX-SEPTIÈME (diz'-sè-tiê-m'), adj. numér. Nom-
bre ordinal de dix-sept. || S. m. Un dix-septième,
une partie d'un tout divisé en dix- sept parties
égales. Il S. f. Au piquet, une dix-septième, une suite
de sept cartes de la même couleur, de l'as au huit
ou du roi au sept, ainsi dite parce qu'elle compte
dix-sept points. || Terme de musique et d'acousti-
que. La seizième note après une première, c'est-à-
dire la double octave de la tierce. Une corde sonore
se divise d'elle-même en cinq parties égales, et fait
entendre la dix-septième en même temps que le son
fondamental.
DIX-SEPTIËMEMENT (diz'-sè-tiê-me-man), adv.
En dix-septième lieu.
— ÉTYM. Dix-septième, et le suffixe ment.
DIZAIN (di-zin), s. m. || 1° Petite pièce composée
de dix vers. 1| 2° Nom de dix grains de chapelet, qui
ont, à l'un et l'autre bout du dizain, un gros grain
dit pater. \\ 3° Paquet de dix jeux de cartes. Un
dizain de cartes.
— REM. L'Académie écrit dizain par un i et sixain
par un x; pourtant dix a un a; comme six, et sixain
se prononce comme dizain. C'est une anomalie à
corriger, c'est-à-dire qu'il faut mettre dans les deux
cas i ou X.
— ÉTYM. Dix.
DIZAINE (di-zè-n') , s. f. || l" Total composé de
dix personnes ou de dix choses. Une dizaine de per-
sonnes. Une dizaine de francs. || Une dizaine se dit
quelquefois pour un nombre indéfini qui approche
de dix. Il y avait là une dizaine de personnes.
Il 2° Terme d'arithmétique. Collection de dix unités.
Les dizaines et les centaines. || 3° Anciennement.
Nom d'une certaine division d'un quartier d'une ville.
— HIST. XVI' s. Les romains tyrans s'adviserent
encores d'un aultre poinct, de festoyer souvent les
dizaines publiques, abusant cette canaille comme il
falloit, qui se laisse aller, plus qu'à toute autre
chose, au plaisir de la bouche, LA boétie, De la
servitude volontaire.
— ÉTYM. Dix; provenç. desena; espagn. deema;
ilal. dierina
DIZEAU (di-zî) , ». m. Tas de dix gerbes de blé ,
de dix bottes de fom. Mettre les gerbes en dizcau.
Il Les agriculteurs de certaines localités emploient
ce mot pour désigner, en général, un tas de gerbes.
Il Au plur. Des dizeaus.
— ÉTYM. Dix.
DIZENIER (di-ze-nié) ou DIZAINIEU (di-zè-nié),
s. m. Autrefois, chef d'une dizaine ou portion d'un
quartier de ville. Les dizeniers de Paris. Des dize-
niers, des centeniers furent astreints à des devoirs
journaliers, volt. Mœurs, 59.
— HIST. XV' s. [Jean Lyon] ordonna secrètement
à tous les capitaines des blancs chaperons.... aux
deceniers, et leur dit.... froiss. ii, ii, B3.
— ÉTYM. Dizaine; bourguig. dixenei; provenç.
desenier, dexenier; anc. calai, desener.
f DJÉRID (djé-rid), s. m. Nom arabe d'une course
à cheval, où l'adresse consiste à lancer en l'air et à
rattraper une sorte de javelot ou bâton nommé aussi
djérid, leooarant. L'exercice du djérid, qui exige
beaucoup d'adresse, est d'un grand usage en Tur-
quie et fait essentiellement partie de l'éducation
militaire, pihan, Gloss. de mois tirés de l'arabe.
— ÉTYM. Arabe, djérid, javelot.
t DJERME (djfcr-m') , s. f. Terme de marine. Nom
d'un petit navire qui fait la navigation de la côte
d'Alexandrie et du Nil.
t DJINN (djin'), s. m. Nom, chez les Arabes,
d'un mauvais esprit ou démon. Les djinns funè-
bres. Fils du trépas. Dans les ténèbres Pressent
leurs pas, hugo. Orient. 28.
— ÉTYM. Arabe, djinn, démon invisible qui in«
spire ou tourmente les hommes.
D-LA-RÉ (dé-la-ré). Ancien terme de musique
par lequel on désignait le ton de ré.
t DO (do), s. m. Nom par lequel les Italiens d'a-
bord et après eux presque tous les maîtres de chant
ont remplacé dans la solmisation la syllabe ut qu'ils
trouvaient, avec raison, sourde et peu favorable au
chant. Ces do n'étaient pas bien marqués. || Au
plur. Des do.
— ÉTYM. Ital. do.
t DOBOLE (do-bu-l'), s. m. Terme d'iohthyologle.
Un des noms vulgaires du leucisque dobule, appelé
aussi meunier et qui est Table dobule de certains
auteurs, leooarant.
f DOCÈTE (do-sè-f), s. m. Partisan du docé-
tisme.
— ÉTYM. AoxriTriç, de Soxeîv, croire à une appa-
rence.
t DOCÉTISME (do-sé-ti-sm'), s. m. Secte chré-
tienne du II" siècle qui prétendait que Jésus n'était
né, mort et ressuscité qu'en apparence.
— ÉTYM. Docèle.
t DOCHMAÏQUE (do-kma-i-k'), s. m. Terme da
poésie grecque et latine. Pied composé de cinq syl-
labes, une brève, deux longues et deux brèves.
— ÉTYM. Aoxp.o!îxoi;, de Soy.n^n, nom d'une cer-
taine mesure de longueur.
fDOCHMIAQUE (do-kmi-a-k'), adj. Le vers
dochmiaque, ou, substantivement, le dochmiaque,
sorte de vers grec ou latin dans lequel entrait la
pied nommé dochmius.
tDOCHMlUS (do-kmi-us'), s. m. Terme de métri-
que grecque et latine. Pied de cinq syllabes, com-
posé d'un ïambe et d'un crétique, ou d'un bacchius
et d'un ïambe, c'est-à-dire d'une brève, deux lon-
gues, une brève et une longue.
— ÉTYM. Aôyjxtoç, de 8oxp.T|, nom d'une certaine
mesure de longueur.
DOCILE (do-si-1'), adj. Il 1° Qui a de la disposi-
tion à se laisser instruire, conduire. Un enfant do-
cile aux leçons de ses maîtres. On dit que le grand
peintre, ayant fait un ouvrage. Des jugements d'au-
trui tirait cet avantage, Que, selon qu'il jugeait qu'ils
étaient vrais ou faux. Docile àson profit, réformait
ses défauts, bégnier, Sat. xii. Heureux, heureux
mille fois L'enfant que le Seigneur rend docile à ses
lois, RAC. Athal. 11, 9. Cette vérité n'avait pu trou-
ver leurs esprits dociles, mass. Car. Fausse con-
fiance. Je voudrais qu'à mes vœux heureusement
docile.... VOLT. Fanât. 1, ). || Substantivement. Le
docile et le faible sont susceptibles d'impressions :
l'un en reçoit de bonnes, l'autre de mauvaises, la
BBUY. xvl'II 2° En parlant des animaux. Un bœuf
docile au joug. Le cheval et l'éléphant sont doci-
les. Rendre docile au frein un coursier indompté,
BAC. Phèd. I, t. Il 3° Il se dit aussi des choses qui
se prêtent, qui obéissent. Tu fais d'un sable aride
une terre fertile, Et rends tout mon jardin à tes lois
si docile, BOiL. Épit. XI. Il fallut qu'au travail son
corps rendu docile Forçât la terre avare à devenir
fertile, iD. ib. m. Tel qu'un ruisseau docile Obéit
1204
DOC
i la main qui détourne son cours, bac. Fsth. ii, 9.
Les penchants, d'abord si dociles, se soulèvent con-
tre le joug, MASS. Or. (un. l'rofess. relig. Serm. 2.
Sous votre joug heureux baisser un front docile,
voi.T. Àli. I, t. Ibrahim, dont le bras docile à l'E-
ternel.... ID. Fanât, m, 6. Éclairez seulement ma do-
cile ignorance, ID. ib. m, 8. Sur une onde tran-
quille Voguant .soir et malin. Ma nacelle est docile
Au soul'flo du destin, bërano. Ma nacelle.
— HIST. XVI' s. Combien, et aux loix de la reli-
gion, et aux loix politiques, se treuvent plus dociles
et aysez à mener, les esprits simples et incurieux,
que les esprits surveillants et paidagogues des cau-
ses divines et humaines I mont, ii, 235.
• — ÉTYM. Lat. docilis, de docere, enseigner, qui
avait donné le verbe docer: E ne doceiet lor salut,
Fragm. de Valenc. p. 408.
DOCILE.MENT (do-si-le-man), adv. Avec doci-
lité. Recevoir docilement les avis. Il a écouté doci-
lement mes leçons. Afin que les peuples, soumis
aux lois de l'État comme à celles de la nature et re-
connaissant le même pouvoir [divin] dans la forma-
tion de l'homme et dans celle de la cité, obéissent
avec liberté et portassent docilement le joug de la
félicité publique, i. 3. Rouss. Contrat, il, 7,
— ETYM. Docile, et le suffixe ment.
tDOClLlSER (do-si-li-zé), «. a. Rendre docile.
— HIST. XVI' s. Dociliser, oudin, Dict.
— ÉTYM. Docile.
DOCILITÉ (do-si-li-té) , s. f. Disposition naturelle
& se laisser instruire, conduire. La docilité des es-
prits. Il se soumit avec docilité. Il n'est pas donné
à tous de monter eu chaire et d'y distribuer en mis-
sionnaire ou en catéchiste la parole sainte; mais qui
n'a pas quelquefois sous sa main un libertin à ré-
duire et à ramener, par de douces et insinuantes
conversations, à la docilité? la bruy. xvi. Il sait
qu'en nous condamnant les uns les autres, nous au-
torisons le monde à nous refuser à tous également
son re.spect et sa docilité, mass. Conférences, Zèle
contre les vices. Non, des mystères saints l'auguste
obscurité Ne me fait point rougir de ma docilité,
louis BAC. Relig. vi. Le peuple se façonne à la do-
cilité, volt. Oryhel. m, 4.
— HIST. XV' s. Estre flexible à toute docilité et à
la compréhension du hault savoir, jehan lemaire,
Pallas parlant à Paris.
— ÉTYM. Lat. docilHas, de docilis, docile.
DOCIMASIE (do-si-ma-zie), s. f. || 1° Partie de la
chimie qui enseigne à connaître la nature et les pro-
portions des métaux utiles contenus dans les mélan-
ges naturels ou artificiels. |{ 2" Terme de médecine
légale. Docimasie pulmonaire, ensemble des épreu-
ves auxquelles on soumet les poumons d'un fétus,
à l'effet de constater s'il a respiré, et, par consé-
quent, s'il est sorti vivant du sein de la mère.
— ÉTYM. Aoxijiaaia, épreuve.
DOCIMASTIQUE (do-si-ma-sti-k') , adj. || 1° Qui ap-
partient à la docimasie. Le roi, désirant porter au
plus haut point les connaissances sur la métallurgie
et exploitation des mines, crée, enl'Hùlel des mon-
naies à Paris, une chaire de métallurgie docimasti-
que, Arrêt du conseil d'État, H juin t778. 112° S.f.
La docimastique, l'ensemble de tout ce qui se rap-
porte à la docimasie.
— HEM. Docimasique qu'on trouve quelquefois
est un barbarisme.
— ETYM. Aoxi|j,aoTixi; , de ioxniâÇeiv, éprouver,
reconnaître.
t DOCK (dok), s. m. || 1" Vaste bassin entouré de
quais, dans lequel entrent les vaisseaux pour dépo-
ser leurs cargaisons ou opérer leur chargement.
Il i° Cale couverte pour la construction des vaisseaux.
l| Dock de carénage à flot, ou dock flottant, sorte
de cale rectangulaire, ancrée dans un bas.sin assez
vaste pour contenir les plus grands navires du com-
merce, et servant là où l'abatage en carène est dif-
ficile ou impossible. || 3° Établissement commercial
comprenant des bassins et des magasins et un sys-
tème de warrants et de consignations pour l'entre-
pôt des marchandises. || Anciennement dogue. Puis-
que le nommé de Noos a achevé le dessin et le plan
du dogue qui doit être construit à lirest, seigne-
lAY, d du Sueil, (67», dans jal. ||.au plur. Des
docks.
— ÉTYM. Holl. dok, bassin.
DOCTE (do-kt'), adj. || 1» Instruit, versé en toute
sorte de connaissances littéraires. L'homme docte
sert moins que l'homme pacifique, cor.n. Imit.
u, 3. [11] N'a point, pour les tromper, une assez
docto main,R0TH0u,S{Ccn. i,7. Et jamais, comme
nous, en bonne com[]agnie, On ne voit chez les
gens souper voire génie ; Dans nos doctes cafés par
noc
hasard entrez-vous, l'un vous montre du doigt,
l'autre sort en courroux, Gilbert, Ifon apologie.
Il Par raillerie, une docte matrone, une femme sa-
vante. Il Fait habilement, en parlant des choses. Je
laisse aux peintres à admirer le docte mélange des
couleurs aussi bien que leur application, l'ablan-
coujtT, Lucien, Zeuxis ou Antiochus. Et que va
devenir cette docte harangue? cohn. Agésil. v, 7.
Il 2° On donne quelquefois l'épithèle de doctes aux
Muses; de là doctes veilles peut prendre le sens
d'oeuvre poétique. || 3° En un sens plus restreint,
qui est versé dans les choses d'érudition. Le docte
Saumaise. Cet auteur [TiUemont] a fort examiné
les sources, est judicieux, net et docte, précis
dans sa chronologie et dans ses citations, qui sont
très-copieuses, bavle, Lett. 9t , 28 mars )69t, t. i,
p. 316. Une personne humble, qui est ensevelie
dans le cabinet, qui a médité, clierclié, calculé,
confronté, lu ou écrit pendant toute sa vie, est un
homme docte, la bruy. ii. Ahl bon, voilà parler
en docte janséniste, Alcippe, et sur ce point si sa-
vamment touché. Desmares dans Saint-Koch n'au-
rait pas mieux prêché, BoiL. Sat. x. || En parlant
(les choses. De doctes leçons. || 4° 5. m. pi. Les doc-
tes, les gens habiles dans les choses littéraires,
et, plus particulièrement, dans les choses d'érudi-
tion. Ce cours d'études au bout duquel on a cou-
tume d'être reçu au rang des doctes, desc. Méth.
I, 0. Les doctes font difi'érentes supputations pour
faire cadrer ce temps au juste, boss. llist. ii, 4.
Souvent où le riche parle et parle de doctrine, c'est
aux doctes à se taire, à écouter, à applaudir, s'ils
veulent du moins ne passer que pour doctes, la
BRUV. XII. Annat n'était ni docteur, ni docte, volt.
Louis IIV, 37. De vrais doctes quoique docteurs,
ID. Louis Xr, 43.
— SYN. DOCTE, savant. Savant est plus compré-
hensifque docte. On dit d'un homme qui possède
les sciences mathématiques, les sciences naturelles
qu'il est savant et non docte. On dit d'un homme
qui est versé dans les choses d'érudition qu'il est
docte; mais on dit aussi qu'il est savant.
— HIST. XVI' s. U n'y a passage, affin de parler
niaisement aussi bien que les doctes, qui ne soit
farcyde science, iloyen deparvenir, dans lacurne,
au mot niaisement.
— ÉTYM. Ital. dotio; du latin dodus, participe
passif de docere, enseigner.
DOCTEMENT (do-kte-man), adv. || 1° D'une ma-
nière savante, habile. Traiter doctement une ma-
tière. Quel colosse de bronze et taillé doctement,
TRISTAN, Ifort de Chrispe, i, 3. Avoir le pouvoir
prochain de voir, lui dis-je, c'est avoir bonne vue,
et être en plein jour, car qui aurait bonne vue dans
l'obscurité n'aurait pas le pouvoir prochain de voir,
selon vous, puisque la lumière lui manquerait; sans
quoi on ne voit point. Doctement, me dit-il, pasc.
Prov. t. Il 2° Ironiquement, avec pédanterie. Il nous
a prouvé doctement les vérités les plus triviales.
— ÉTYM. Docte, et le suffixe ment.
DOCTEUR (do-kteur), s. m. || l" Celui qui ensei-
gne, qui dogmatise. Vous devriez brûler tout ce
meuble inutile, Et laisser la science aux docteurs de
la ville, MOL. F. sav. u, 7. Notre docteur bientôt va
lever tous ses doutes, boil. Sot. x. On chassa ces
docteurs prêchant sans mission, id. Art p. m. Soyez
donc vous-même, 6 mon Dieu, le docteur intérieur
des fidèles qui m'écoutent, mass. Car. Jeûne. \\ Les
docteurs de l'Église, ceux qui enseignent les vérités
du christianisme, et, particulièrement, les Pères de
l'Kglise dont les doctrines ont dominé, tels que
saint Athanase, saint Augustin, etc. || Il se dit aussi
des principaux maîtres de la scolastique; et alors
docteur est d'ordinaire accompagné d'une épilhète.
Le docteur angélique, saint Thomas. Le docteur sé-
raphique, saint Bonaventure. Le docteur admirable,
Roger Bacon. Le docteur subtil, Jean Duns ou Scot.
Le docteur invincible, Ockam, chef des nominaux.
Le docteur illuminé, R. LuUe. || Les docteurs de la loi
dans l'Ancien Testament, ceux qui enseignaient et
interprétaient la loi judaïque. Malheur à vous, doc-
teurs de la loi, qui vous êtes saisis de la clef de la
science, et qui, n'y étant point entrés vous-mêmes,
l'avez encore fermée à ceux qui y voulaient entrer,
SACi, Bible, Év.St Luc, xi, 76. C'était [ÉléazarJ un
vénérable vieillard, âgé de quatre-vingt-dix ans,
docteur de la lui, dont la vie avait toujours été pure
et innocente, hollin, Hisl. anc. Œuvres, X. viii,
p. 629, dans POUOENS. |{ En mauvaise part. Va, ne
présume pas que, quoi que je te jure. De tes nou-
veaux docteurs je suive l'imposture, corn. Poly.
V, 2. Leur subtil conducteur [Croniwell] qui, en com-
battant, en dogmatisant, en mêlant mille person-
DOL
nages divers, et faisant le docteur et le prophète
aussi bien que le soldat et le capitaine.... boss. Riine
d'Anglet. Les docteurs d'une science orgueilleuse
promettaient la sagesse à leurs disciples, hass. Pa-
raphr. Ps. xviii. || Dans un sens général. Faire le
docteur, prendre le ton de docteur, faire l'hoome ca-
pable; se donner un air capable. || 2' Celui qui es»
habile en quelque chose que ce soit. N'y ayant rien
de plus injuste que de blâmer la doctrine, à cause
des fautes où tombent les docteurs, boss. Var. u. Ce
serait multiplier étrangement les docteurs et, à force
de doctrine, renverser toute l'économie et toute la
conduite du monde, boubdal. Peniies, t. it, p. 340.
Il Par extension. Et les femmes docteurs ne sont point
de mon goût, mol. Femm. sav. i, 3. || Fig. Que fil-ilî
le besoin, docteur en stratagème. Lui fournit celui-
ci..., la FONT. Fabl. X, 4. Il 3° Celui qui est promu
au plus haut grade d'une faculté, après avoir écrit
et soutenu une ou deux thèses, suivant la faculté.
Docteur en théologie, en droit, en médecine. Doc-
teur es lettres, es sciences. Le docteur es lettres
doit présenter et soutenir une thèse latine et une
thèse française. Le grade de docteur. Être reçu doc-
teur. Passer son examen de docteur. Laisse là saint
Thomas s'accorder avec Scot, Et conclus avec moi
qu'un docteur est un sot, boil. Sat. viii. C'est ce
schisme [entre les chrétiens d'Orient et ceux d'Occi-
dent] que quelques docteurs de l'université de Paris
crurent éteindre tout d'un coup en donnant un mé-
moire à Pierre le Grand, volt. Russie, ii, 9. {| Doc-
teur-médecin, médecin qui a le titre de docteur.
Il Docteur-régent, se disait autrefois d'un docteur
qui enseignait publiquement || Anciennement. Doc-
teur in utroque jure, et, elliptiquement, docteur
in utroque, docteur en droit civil et en droit canon.
Il Fig. et famihèrement, homme instruit à la fois
dans deux branches de connaissances. 114° Médecin
(par ellipse pour docteur en médecine). Consulter
son docteur. Faire venir le docteur. ||B" Instrument
qui sert à racler ou à essuyer le cylindre graiù
qu'on emploie pour l'impression sur toile.
— HIST. XII' s. Si cum Ii saint escrit mustrent e
Ii doctur, Deus rove les apostles e que lur succes-
sur E tut cil qui laburent el champ nostreSeignur,
Ne seientdechacién'ostédelurtenur, Th. lemarl. 73.
Il xiv" s. Ne au père ne doit l'en pas le honeur que
l'en doit à un sage comme à son dotteur ou mais-
Ire, obesme, Eth. 202. Il IV' s. Manyant toute la
viande. Comme docteur en médecine, Qui tient ma-
lades en commande, villon. Hep. [ranch. j| xvi' s.
Docteur en toute lourdise [ignorant], oudin. Cu-
riosités. De jeune docteur argument cornu, lebolx
DE USCY, Prov. t. II, p. 4 28.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. doctor; ital. dil-
tore; du latin doctorem, de doctum, supin de doce-
re, enseigner.
t DOCTISSIME (do-kti-ssi-m'), adj. Très-docte.
Terme de plaisanterie.
— ÉTYM. Lat. doctissimxis , superlatif de dodus,
docte.
DOCTORAL, ALE (do-kto-ral, ra-l"), adj.\\ 1* Qui
appartient au doctorat. Bonnet doctoral. Les exa-
mens doctoraux. Faut-il avoir reçu le bonnet docto-
ral. Avoir extrait Gamache,Isambert et Duval?BoiL.
Ép. xii. Il 2° Par extension. Ton doctoral, ton tran-
chant et plein d'une supériorité superbe. Des airs
doctoraux.
— HIST. XVI' s. Nous n'avons que faire de consul-
tations et interprétations doctorales, mont, iv, 276.
U yaignorance abecedairo,qui va devant la science,
une aultre doctorale, qui vient aprez lasuience, id.
I, 389.
— ÉTYM. Voy. docteur.
t DOCTORALEMENT (do-kto-ra-le-man), adv.
D'un ton doctoral. Prononcer doctoralement que
ces réponses ne sont pas satisfaisantes, sans se met-
tre en devoir de le prouver, dider. Essai t. Claude,
II, § t09.
— ÉTYM. Doctorale, et le suffixe ment.
DOCTORAT (do-kto-ra; le ( ne se lie pas), t. m.
Le plus haut grade d'une faculté, le grade de docteur.
Parvenir au doctorat. Les épreuves du doctorat. Ii
[le prince] est traité d'altesse sérénissime, et le pro-
viseur de Sorbonne la lui donne dans ses lettres de
doctorat, st-sim. b8, 224. || Les examens du docto-
rat. Pas,çer son doctorat.
— ÉTYM. Voy. DOCTEUR.
DOCTORERIE (do-kto-re-rie) , s. f. Enseiflhle des
actes qu'on fait en théologie pour être reçu docteur
— ÉTYM. Voy. DOCTEUR.
t DOCTORESSE (dokto-rè-s'), s. '. Femme doc-
teur, terme de plaisanterie employé par J J Rous-
seau. Ce motif, qui n'agit que sur les imes vraiment
DOC
ïimantes, est nul pour tous nos dvictetirs et nos
doctoresses, Prom. 8,
— ÊTYM. Voy. DOCTEUR.
t rOCTORlFIER (do-kto-ri-fi-é), V. a. Terme de
j/laisanlerie. Donner le litre de docteur, faire docteur.
— Ilisr. XV" s. Thomas de Pisan, doctorifiéàBoIon-
gne la Grasre en science de médecine, christ, de
pisAN, dans i'IIist. lilt. de la Fr. t. xxiv, p. 47).
— ÉTYM. Latin fictif doctorificare , de doctor,
docteur, et ficare pour facere, faire.
DOCTRINAIRE (rto-ktri-nê-r'), s. m. || 1° Prêtre
ou clerc séculier de la doctrine chrétienne. Le mot
de religionnaire n'est pas français; il vient du même
pays que celui de doctrinaire; et ce fut sans doute
un prédicateur gascon qui le débita le premier dans
les chaires de Paris, balz. Socr. chret. Disc. HO".
\\Adj. Un prêtre doctrinaire. || 2° Terme politique
introduit sous la Restauration. Homme politique
dont les idées, subordonnées à un ensemble de doc-
trines, étoient semi-libérales et semi-conservatri-
ces. M. Guizot , par la nature de son esprit aussi
bien que par ses antécédents, appartenait à une
fraction de la chambre [en tsic] qui, tout en sou-
tenant le ministère, s'était plus d'une fois distinguée
de lui, et dont le chef reconnu, M. Royer-CoUard,
recevait déjà du fiain jaune réfugié [journal fran-
çais créé à Bruxelles] un nom devenu célèbre de-
puis, le nom de doctrinaire, duvergier de hau-
RANNE, Ilist. du gouvern. parlement, t. m, p. 634.
Il Adjectivement. Les opinions doctrinaires. La pla-
nète doctrinaire Qui sur Gand brillait Veut servir
de luminaire Aux gens de juillet, bérang. liestaur.
— HIST. XIV" S. Philosophes cachent haults sens,
Oui ne s'adressent aus enfans; Quant citent les me-
taulx vulgaires, C'est par figures doctrinaires, Tr.
d'akh. 502
— ÊTYM. Doctrine.
t DOCTRINAIREMENT (do-ktri-nê-re-man) , adv.
Selon le système des doctrinaires.
— ÈTYH. Doctrinaire, et le suffixe ment.
I. DOCTRINAL, ALE (do-ktri-nal , na-F), adj.
Il 1° Qui se rapporte à une doctrine quelconque. Un
résumé doctrinal. On pense à Rome à faire une ex-
position doctrinale, boss. Lett. quiét. 365. jj Dialo-
gues doctrinaux, dialogues de Platon où il a établi
dogmatiquement les points fondamentaux de sa doc-
trine. Il 2° Qui se rapporte aux matières de doctrine
dont s'occupaient les docteurs des universités. Un
jugement doctrinal. || Avis doctrinal, sentiment d'un
docteur en théologie. Avis doctrinal de Luther, de
Bucer et de Mélanchthon en faveur de la poly-
gamie, Boss. Yar. vu, Sommaire. \\ Par extension.
Le cardinal de Rohan était attentif à se mettre bien
avec les évèques, à se les attirer, et à se conserver
rattachement de toute la gent doctrinale, st-sim.
246, 32.
— IllST. XV* S. Ma chiere dame, dist le jeune Ga-
difer,jepensoye estrevenuàjourdejoyeetdesoulas;
mais il me semble que je revoys [revais] à l'escole.
Gadifer, beau fils, dist la royne, la joye que le père
et la mère font à leurs enfans doit estre doctrinale,
l'erceforest , t. ni, f° 85. || xvi' s. Par la succession
doctrinale de leur costé, ils mettent en avant le ca-
talogue des tesmoins de vérité, d'aub. Uist. i, 65.
— ETYM. Provenç. et espagn. doctrinal; portug.
doutrinal; ital. doctrinale; du latin doclrinalis ,
de doctrina, doctrine.
t 2. DOCTRLNAL (do-ktri-nal), s. m. Nom, dans
le moyen âge, d'ouvrages qui étaient destinés à
l'enseignement.
— HJST. xiu" s. Dant Agrecisme et Doctrinal Lui
escloperentson cheydd, Bataille des sept arts. \] xvi"s.
Le doctrinal de sapience, d'aub. Conf. i, 2. Ce n'est
pas aux hommes de buffeler [souflletler] les femmes;
ne te souvient-il pas de ce que dit le petit doctrinal?
Merlin Coccaie, t. i, p. (54, dans lacurne.
— ÉTYM. Doctrinal t.
t DOCTRINALEMENT (do-ktri-na-le-man), adv.
D'une manière doctrinale.
— ÉTYM. Doctrinale, et le suffixe ment.
t DOCTRINARISME (do-ktri-na-ri-sm') , s. m. Sys-
tème politique desdoctrinaires. || Parextension, tout
système dogmatisant. 11 faisait le procès à cet esprit
de goguette et de malice, à ce bon sens grivois qui
profane tout, qui réduit tout à sa moindre valeur, et
qui ne se sauve de tous les fanatismes, de tous les
doctrinarismes comme de toutes les préciosités,
qu'aux dépens du respect et de l'idéal, sainte-beuve,
Sur Itenan, Constitutionnel, 9 juin 4862.
— ÉTYM. Doctrinaire.
DOCTRINE (do-ktri-n'), s. f. \\ 1° L'ensemble des
[dogmes, soit religieux soit philosophi(iues, qui di-
rigent un homme dans l'interprétation des faits et
DOD
dans la direction de sa conduite. La doctrine de Pla-
ton, d'Aristote, de .iiint Thomas. Il n'y eut jamais
de maître plus rigoureux que Luther, ni de tyran-
nie plus insupportable que celle qu'il exerçait dans
les matières de doctrine, boss. Yar. v, § <6. Quoi-
que, dans la doctrine des Pères, la justification d'un
pécheur soit le plus grand de tous les ouvrages de
Dieu, bourd. t3" dim. après la Pentec. Dominic,
t. m, p. 363. Il [le prêtre] les nourrit du pain de
la doctrine et de la vérité, mass. Confér. Excell. du
sacerd. S peine a-t-il embrassé la saine doctrine,
qu'il en devient le défenseur, fléch. Tur. C'est
ainsi que Luther, au Vatican rebelle. Établit iuk-
ment sa doctrine nouvelle, m. j. ciién. Charles IX,
m, 2. Il 2° Théorie relative îi un point particulier de
la religion, de la philosophie ou de la science. La
doctrine de la métempsycose. La doctrine des con-
ditions d'existence opposée à la doctrine des causes
finales. Les doctrines médicales. Persuadés que toute
doctrine des moeurs doit tendre à les réformer, la
bruy. Dises. Théophr. || 3° Opinion. Doctrine politi-
que. Doctrine juridique. Flotter à tout vent de doc-
trine. Il 4° Savoir dans les choses d'enseignement, de
dogmes, de philosophie. Homme d'une profonde
doctrine, il éclaira toute l'Église par sa doctrine.
Arruntius, célèbre par sa doctrine, perrot, Tac- 299.
Toi qui de ta doctrine assistes les chrétiens, roth.
St Gen. IV, 4. Si l'âge des hommes eût pu s'étendre
à un plus grand nombre d'années, il serait arrivé
qut ieur vie aurait été cultivée par une doctrine
universelle, et qu'il n'y aurait eu dans le monde ni
art ni science qui n'eût atteint sa perfection, la
BRUY. Disc. s. Théophr. Elle [la science acquise par
l'élude] montre beaucoup de doctrine et ne fait
point de conversions, fléch. Pane'g.n, p. 05. Étant
entrés dans cette fonction difficile et formidable [le
sacerdoce] sans vocation, sans doctrine, sans con-
naissance des règles, mass. Confér. Excell. du sacerd.
Il Terme d'école. Décisions et commentaires des au-
teurs. Interprétation par voie de doctrine. || 5° Doc-
trine chrétienne, nom d'une congrégation de clercs
réguliers, instituée par César de Bus, en (592, à
Avignon, pour enseigner la religion au peuple. Les
Pères de la doctrine chrétienne, dits aussi doctri-
naires. || 6° Frères de la doctrine chrétienne, reli-
gieux laïques institués à Reims en 4 680 par J. B.
de la Salle, pour enseigner gratuitement aux en-
fants du peuple les principes de la religion et les
éléments de l'instruction primaire. On les nomme
aussi les Frères ignorantins, ou, absolument, les
Frères. Cet enfant va à l'école des Frères. || 7° Sous
la Restauration, la doctrine, système politique qui,
voulant concilier la monarchie avec la liberté, cher-
chait à y parvenir par un ensemble de dogmes po-
litiques. Il L'ensemble des personnages politiques qui
adhéraient à ce système.
— HIST. xiii's. Plus [elle] l'aime [Berte] que ses
filles pour sa bone doctrine, Berte, lvi La gent
de par le raine [royaume] Venoient tuit à sa doc-
trine En l'église de Palestine Por aprendre à chas-
tement vivre, HUTEB, II, 126. Il XIV" s. Comme aucun
chante bien ou fait ymaiges ou aultres besognes
sans art et sans doctrine par son engin qui est à ce
naturellement enclin.... oresme, Prol. || xv s. Pe-
tis enfans fait doubteus [il est difficile] dotriner ; Cir
dotrine leur est trop haineuse, e. desch. Femm. et
enfants. Comment, beau neveu, dit la dama, vou-
lez-vous yssir de ma doctrine qui ne tend fors à
l'honneur et au prouffit de vous et de nostre lignage?
Madame, dist le chevalier, de vostre doctrine ne de
vostre conseil ne veulx yssir, Perceforest, t. y,
f° 98. Il xvi" s. Sur la doctrine la force ne domine,
LEROUX DE LINOY, PrOV. t. II, p. 418.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. doctrina; ital. dot-
trina; du latin doctrina, de doctum, supin de do-
cere, enseigner. Palsgrave, p. 61, remarque qu'on
prononçait dotrine.
DOCtJMENT (do-ku-man), s. m. \\ 1° Chose qui
enseigne ou renseigne; titre , preuve. Un document
précieux. Les documents font défaut pour établir ce
point d'histoire. Documents relatifs à l'histoire de
France. |{ 2° Anciennement, leçon, enseignement.
Faites voir que vous profitez des bons documents
qu'on vous donne, mol. Comtesse, 19. Mettez-vous
bien dans la mémoire, et retenez ces documents,
HAMiLT. Grarnm. 4.
— ÉTYM. Provenç. document; espagn. et ital. do-
cumenta; du latin documentum, de docere, ensei-
gner.
t DODÉCA.... préfixe signifiant douze, de Sii-
ôexa, de fSÙM, deux, et 6éxa, dix.
t DODÉCACORDE (do-dé-ka-kor-d') , s. m. Terme
de musique. Système de musique par lequel on
DOD
1205
ajoute quatre nouveaux tons aux huit qui existent
déjà dans le chant ecclésiastique romain.
— ÉTYM. Dodéca.... préfixe, et corde.
t DODÉCADE (do-dé-ka-d'),s. f. Douzaine, groupe
de douze choses ou personnes. Les éonsdes gnosti-
ques étaient classés par dodécades.
— ÊTYM. AoiSixa, douze.
DODÉCAÈDRE (do-dé-ka-è-dr'), s. m. Terme de
géométrie. Solide terminé par douze faces. || Dodé-
caèdre régulier, ou, absolument, dodécaèdre, so-
lide régulier formé de douze pentagones égaux. Que
Dieu se proposa d'arranger les quatre éléments sui-
vant les dimensions d'un dodécaèdre, \oi.t. Dial.
XXIX, 6. Il Terme de minéralogie. Cristal dont la sur-
face est composée de douze facettes triangulaires,
quadrangulaires ou pentagones, toutes égalijs et
semblables. J
— ÉTYM. AuSexâeSpoç, deStiîexa, douze, etfïSpa,
face. /
t DODÉCAIÎDRIQUE (do-dé-ka-é-dri-k' ), adj.
Terme didactique. Oui a rapport au dodécaèdre.
— ÉTYM. Dodécaèdre.
t DODÉCAGONAL, ALE (do-dé-ka-go-nal , na-I'),
adj. Qui a douze angles. Champs dodécagonaux.
Figure dodécagonale. || Il se dit aussi d'un solide
dont la base est un dodécagone. Pyramide' dodéca-
gonale. Prismes dodécagonaux.
— ÊTYM. Dodécagone.
DODÉCAGONE (do-dé-ka-go-n'). || 1° Adj. Ancien
synonyme de dodécagonal. || 2° S. m. Polygone de
douze côtés. Dodécagone régulier, celui dont tous
les côtés et tous les angles sont égaux.
— ÉTYM. AuSsxâywvo;, de SwSexa, douze, etyiiiS-
vo;, angle.
tDODÉCAGYNE (do-dé-ka-ji-n'), adj. Terme de
botanique. Qui a douze pistils, en parlant d'une
fleur. Il Qui appartient à la dodécagynie.
— ÉTYM. Dodéca... préfixe, et fj^-^i, femelle,
pistil.
t DODÉCAGYNIE (do-dé-ka-ji-nie), s. f Terme
de botanique. Ordre du système de Linné renfer-
mant les plantes qui ont douze à dix-neuf pistils.
— ÉTYM. Dodécagyne.
t DODÉCANDRE (do-dé-kan-dr'), adj. Terme de
botanique. Qui a douze étamines. || Qui appartient à
la dodècandrie.
— ÉTYM. flodeco.... préfixe, et àvrip, mâle, éta-
mine.
DODÈCANDRIE (do-dé-kan-drie) , s. f. Terme
de botanique. Classe du système de Linné qui ren-
ferme les plantes dont les fleurs ont de douze à dix-
neuf étamines.
— ÉTYM. Dodécandre.
t DODÉCANOME (do-dé-ka-no-m') , adj. Terme
de minéralogie. Cristal dodécanome, cristal dans
lequel on observe douze lois de décroissembnt.
— ÉTYM. jOod^co.... préfixe, etv6[jioç, loi.
tDODÉCAPÉTALE(do-dé-ka-pé-ta-l'), adj. Terme
de botanique. Dont les fieurs ont douze pétales.
— ÉTYM. Dodéca.... préfixe, et p^(a/e.
t DODÉCAPÉTALÉ, ÉE (do-dé-ka-pé-ta-lé, lée),
adj. Terme de botanique. Qui a douze pétales. Fleur
dodécapétalée.
— ÉTYM. Dodécapétale.
t DODÉCASTYLE (do-dé-ka-sti-0, adj. Temple
dodécastyle, temple grec ayant douze colonnes sous
le fronton.
— ÉTYM. i)od^ca.... préfixe, etoTÛXo;, colonne,
t DODÉCATÉMORIE (do-dé-ka-té-mo-rie), s. f.
Terme d'astronomie ancienne. Nom donné aux trento
degrés dont chaque signe du zodiaque est composé.
— ÉTYM. AwoexaTïijAÔptov, de ôwSéxaToç, dou-
zième, et |j.6piov, partie; la dodécatémorie étant la
douzième partie du zodiaque.
t DODELINEMENT (do-de-li-ne-man), s. m. Ac-
tion de dodeliner. Le dodelinement grotesque de ce
palmipède [le canard], déjà assez disgracié de la
nature. Presse scientifique, taei , t. i, p. 302.
— ÉTYM. Dodeliner.
t DODELINER (do-dé-li-né) , V. a. Bercer, cares-
ser, remuer doucement. Dodeliner un enfant. || Do-
deliner la tête, ou de la tète, la remuer doucement
comme quelqu'un qui dort sur une chaise. La plu-
part des jeunes femmes.... dodelinaient la tête avec
une mignardise toute séduisante, CH. de Bernard,
la Femme de 40 ans, § 1. 1| Vieux mot qui se dit
encore dans le langage familier.
— HIST. XVI* s. Ainsi marmotant de la bouche et
dodelinant de la teste, alloit voir prendre quelquu
connilaux fiUets, bab. Garg. i, 82.
— ÉTYM. Voy. DODINER.
■f DODINAGE (do-di-na-j') , s. m. Mouvement me-
suré que l'on communique, dans la sens de sa Ion-
V20G
DOG
gueur. Ma chausse d'un blutoir à farine || Manière
(le polir les clous à tapissier.
— ETYM. Dodtner.
f DODINE (ilo-di-n'), t. f. Ancienne sorie de mets.
Ija repas était plein de plusieurs et divers mangers
eitrêmemcnl bons... comme de la dodine, de la
menestre, et d'autres telles sauces friandes et déli-
cates, les Œuvres de Lucian, etc. Paris, Bicher,
«6(3, liv. 1, 1* 266, dans franc. HiCBEL,ilr(;ot, me-
nestre.
«ODINER (do-di-iié). Wl'V.a. Bercer, balancer.
Il 2° V. n. Terme d'horlogerie. Osciller. Ce pendule
dodine bien. Sur quoi Legoarant remarque : « Plu-
sieurs horlogers, en m'assurant ne pas connaître ce
terme, omis dans les ouvrages de Berthoud, m'ont
dit qu'on se sert, en ce sens, du verbe osciller, et
que dès lors dodiner était employé seulement par
l'horloger qui en aura donné connaissance à un
membre de l'Académie. » || S" Se dodiner, v. réfl.
Se bercer, et fig. avoir beaucoup de soin de sa per-
sonne. Il est toujours à se dodiner.
— HIST. XV' s. Et en lui piquant la teste et dodi-
minant de douce main, on lui coppe les cheveulx
en forcelant, Chron. des ducs de Bourg, ii, 26. Vin
par trop prins trouble, rougit les yeux, et affoiblit
la vue et le cliief, et fait dodiner et trembler, le
ciiEV. DE LA TOUR, Instruct. à ses filles, f" 44, dans
LACURNK.
— ÉTYM. Ce mot, dont le sens propre est remuer,
semble se rattacher à un radical dod, signi5ant ba-
lancement, et qui fierait dans l'anglais U> doddle,
se laisser aller nonchalamment, et, nasalisé, dans
l'italien dondnlare, dodiner, dandiner. Cependant
d'autres raltaclient dodiner à dodo.
t DODINETTE (do-di-nè-f), î. ^. Usité seuleruent
dans cette chanson des berceuses : Dodol dodinette 1
dodol dodino!
— RrY.M. Dodiner.
DODO (do-do). Il l" Sorte d'interjection du lan-
gage des nourrices qui signifie dors. Au soir des
ans doit sembler doux Ce chant qui nous a char-
més tous : Dodo, l'enfant do. L'enfant dormira tan-
tôt, BÉRANG. Nourrice. || 2° S. m. Par extension,
sommeil. Faire dodo, dormir. || 3° Lit dans le lan-
gage enfantin. Il est dans son dodo. Aller à dodo.
Il 4" Un des noms vulgaires du dronte.
— HIST. XV s. Quant n'ont assez fait dodo Ces
petitz enfanchonnés.... CH. d'obl. Chans.
— ÊTYM. Dodo semble une altération de dors,
dors, par un adoucissement de prononciation habi-
tuel aux no\irrices.
f DODONÉE (do-do-née), s. f. Terme de botanique.
Genre de sapindacées renfermant de petits arbres
ou des arbrisseaux qui croissent sous les tropiques.
DODU, CE (do-du, due), adj. \\ 1° Oui est bien
en chair. Ces pigeons sont dodus, mangez sur ma
parole, boil. Sat. m. Comme ils sont dodus et gras.
Ces bons citoyens du Maine 1 bérang. Chapons.
Il 2" Oui a un embonpoint ferme et de bonne na-
ture. Les tempéraments chez qui la digestion est un
peu lente et l'esprit prompt et à qui la casse fait un
bon effet, durent plus longtemps que les corps frais
et doilus, VOLT. Lett. M. du Deffant, (7 mars <775.
Bras dodas, bouche rosée, beaum. Barbier de Sév.
Il, 2. Il Suh'.tantivement. Oh! pour cela, madame, il
n'y a rien à dire; vous avez pris là un mari de bonne
mine, un gros dodu que tout le monde aimera,
MARIVAUX, Pays. parv. 6* part. t. m, p. 67, dans
POUOENS.
— ÊTYM. Origine inconnue. II y avait dans l'an-
cien français dondat'ne, sorte de cornemuse; il y a
encore dondon; dodu s'y rattacherait-il, à cause
que la cornemuse est gonflée et, pour ainsi dire,
dodue? Scheler indique le frison dodd, bloc, masse,
ou bien le radical dod qui est dans dodeliner, dodi-
ner, le rapport de balancement et de corpulence
n'ayant, dit-il, guère besoin d'être justifié.
DOGARESSE (do-ga-rè-s'), s. f. La femme d'un
doge. Sa femme [du doge] , qu'on 'appelait la do-
garesse et qui jusque-là [le xvi" s.] avait été cou-
ronnée, ne peut plus porter la couronne ni se faire
accompagner hors du palais par d'autres femmes
que par celles de sa famille, daru , Uist. de Venise,
vaux, 9.
— ÊTYM. Ital. dogaressa (voy. doge).
DOGAT (do-ga), s. m. La dignité de doge; durée
de celte magistrature. L'nistoire de la dignité du-
cale pourrait se diviser en trois périodes : la pre-
nuiire, de l'an 697, époque à laquelle on rapporte
la création du dogat, jusqu'au commencement du
II' siècle, vers l'an tosï...; la seconde époque
commence avec le xi» siècle et finit vers le milieu du
xin'.., ; c'est àpaitir du xiu* que commence un nou-
DOG
vel ordre de chose».... à chaque vacance, on ajoule
au serment du doge des formules qui restreignent
son autorité, daru, Ilist. de Venise, xxxix, 9.
— CTVM. Doge.
DOfiK (do-j') , s. m. Chef de l'ancienne république
de Venise dont l'autorité était plus nominale qu'ef-
fective. L'amour prête son nom à un nomhre infini
de commerces qu'on lui attribue, et oiS il n'a non
plus de part que le doge à ce qui se fait à Venise,
LA ROCHKF. liéflex.ll. La dignité de doge fut tou-
jours élective; on pouvait y être appelé sans siéger
actuellement dans les conseils, sans y avoir même
siégé.... on voit assez ce que pouvait être un ma-
gistrat, asservi par une représentation continuelle,
privé de toute autorité, n'ayant pas la liberté de
sortir de la capitale sans permission, réduit à la
condition de simple particulier dts qu'il était séparé
de son conseil, doté d'un revenu si médiocre qu'il
suffisait à peine à sa dépense, toujours entouré
dans ses fonctions et continuellement surveillé dans
sa vie domestique, enfin à qui on avait interdit jus-
qu'à la faculté de donner sa démission; il avait,
comme les rois de Sparte, la majesté d'un roi et
l'autorité d'un citoyen, daru, hist. de Ven. xxxix, 9.
Il Ordre du doge, nom, à Venise, d'un ordre mili-
taire dont le Doge était le clief et qi!'. -.iit pour
marque une croix à douze pointes. |' Chei de l'an-
cienne république de Gênes.
— ÉTYM. Ital. doge, doge, proprement duc (voy.
duc).
t DOGESSE (do-jè-s'), s. f. La femme d'un doge.
On trouve plus souvent dogaresse.
— ÉTYM. Doge.
t DOOLINGE (do-glin-j'), S. f. Terme de pêche.
Kspèce de baleine.
DOGMATIQUE (do-gma-ti-k'), ad). \\ 1° Qui a
rapport au dogme. Terme dogmatique. {| 2° Qui at-
tache de la certitude à un certain nombre d'opi-
nions, particulièrement d'opinions philosophiques.
Platon est un philosophe dogmatique. Seulement
pouvons-nous dire qu'en fait de sciences les hommes
sont nés dogmatiques et hardis, et qu'il leur en
coûte plus d'effort pour être timides et pyrrhoniens,
FONTEN. Mery. || Théologie dogmatique, exposition
des croyances chrétiennes. || Philosophie dogmati-
que, se dit, par opposition à philosophie .sceptique,
de celle qui établit des dogmes. {| 3° Qui dogmatise,
qui s'exprime d'une manière impérieuse et tran-
chante. Un esprit dogmatique. C'est la profonde
ignorance qui inspire le ton dogmatique, la brut. v.
Mes notes au bas des pages des pièces de Corneille
pourront former une poétique complète, sans avoir
l'insolence et l'ennui du ton dogmatique, volt.
Lett. d'Ârgental, 26 juin 1 70). || Style dogmatique,
style qui procède par dogmes, par affirmations. Il
semble qu'il fuie le style dogmatique, balz. liv. vi,
lett. 5. Il 4° S. m. Partie dogmatique d'un ouvrage.
Cet historique [de l'instruction sur les états d'orai-
son] apprit des choses infinies et fit lire le dogmati-
que, st-sim. 46, 23. Bûlingbroke a séparé le dog-
matique d'avec l'historique, volt. Philos, m, 5.
Il 5° Style dogmatique. Cela n'est usité que dans le
dogmatique. || 6° Partisan du dogmatisme; celui qui
est attaché à une doctrine dogmatique. Un dogmati-
que. Il Anciens philosophes qui raisonnaient sur des
principes qu'ils croyaient certains, par opposition aux
pyrrhoniens et aux autres sceptiques qui croyaient
tout douteux. Il Les dogmatiques ou, adjectivement,
les médecins dogmatiques, nom d'une secte de
médecins, dans l'antiquité, qui s'occupaient parti-
culièrement à rechercher par le raisonnement l'es-
sence même des maladies et leurs causes cachées,
mais qui, par compensation et en vertu même de
leurs idées, recommandaient l'élude de l'anatomie.
Il Celui qui dogmatise. Missionnaires d'athéisme et
très-impérieux dogmatiques, J. J. rouss. l'rom. 3.
Il 7° S. f. La dogmatique, l'ensemble des dogmes
d'une religion. La dogmatique chrétienne.
— ÉTYM. AoYliaTixè;, de Sôyiia, dogme.
DOGMATIQUEMENT (do-gma-ti-ke-man), adi:
Il 1° D'une manière dogmatique. Philosopher dog-
matiquement. Il 2° D'un ton décisif. Aussi atteiul-il
que chacun se soit expliqué sur le sujet qui s'est of-
fert, pour dire dogmatiquement des choses toutes
nouvelles, la bruy. v.
— ÉTYM. Dogmatique, et le suffixe ment.
DOGMATISER (do gma-li-zé) , v. n. || 1° Établir
des dogmes. Mais, sans nous égarer dans ces di-
gressions. Traiter, comme Senaut, toutes les pas-
sions. Et les distribuant par classes et par titres,
Dogmatiser en vers et- rimer par chapitres, boil.
Sat. VIII. Les grands hommes dogmatisent, le peu-
ple croit, VAOVEH. Nouv. mea. 4 3. || 2° Enseigner
DOG
une doctrine religieuse ou philosophique. Comme
il [Cromwell] eut aperçu que, dans ce mélange infini
de sectes qui n'av.nient plus de règles certaines, le
plaisir de dogmatiser, sans être repris ni contraint
par aucune autorité ecclésiastique ni séculière, était
le charme qui possédait les esprits, boss. Heine
d'Anglel. J'ai prêché publiquement, dit-il à Caïphe
qui l'interrogeait sur ce point, et je n'ai jamais do-
gmatisé, boubdal. 6' dm. après l'iipiph. Dominic.
t. I, p. 286. Il 3° Se mêler de raisonner là où rien
ne nous y autorise. C'était principalement des fem-
mes qui dogmatisaient sous le voile de la sainteté,
BOss. Étais d'orais.i, H. Si vous saviez comme
elle dogmatise sur la religion, sÉv. 36. Ceux qui
dogmatisent sur ce qu'ils n'entendent pas, volt.
ifœurs, 45. Il Débiter ses discours d'un ton senten-
cieux et tranchant. 11 dogmatise sur tout. || 4" Acti-
vement J'ai dogmatisé l'inconstance Et prêché
l'infidélité, chaulieu, dans le Dict. de poitevin.
L'emploi actif se trouve dans l'historique.
— HIST. XV* s. Au commencement de l'église,
pluseurs dogmatisèrent contre la perdurable virgi-
nité de nostre Dame, gerson, dans le Dictionn. de
DOCHEz. Il XVI' s. Il a esté basti pour prêcher cl
dogmatizer une nouvelle religion, carl. viii, t2.
— ÉTYM. Dogme.
DOGMATISEUR (do-gma-ti-zeur ) , s. m. Celui
qui jirend le ton dogmatique. C'est un grand dogma-
tiseur.
— ÉT'YJI. Dogmatiser.
t DOGMATIS.ME (do-gma-li-sm'), i. m. Doctrine
de ceux qui ont des dogmes, c'est-à-dire de ceux qui
admettent des certitudes. || Disposition de l'esprit à
affirmer et à croire, par opposition à scepticisme.
— HIST. xvi' s. Qu'irai-je choisir? ce qu'il vous
plaira, pourvu que vous choisissiez; voilà une sotte
response, à laquelle pourtant tout le dogmatisme ar-
rive, MONT. II, 232.
— ÉTYM. Dogmatiser.
DOGMATISTE (do-gma-ti-sf), s. m. Celui qui,
partisan des doctrines du dogmali.sme, aflirme des
certitudes philosophiques. Vous êtes donc les plus
absurdes des dogmatistes ou les plus outrés des pyr-
rhoniens, DiDER. Souv. Pens. phil. 65.
— HIST. XVI' s. Le prince des dogmalistcs et
philosophes, Aristote , qui pen,se si bien avoir as-
seuré sa doctrine sur des raisons inexpugnables,
cholières. Contes, t. ii. Après dinée 4, p. 130,
dans pouGENS. Voilà comment des trois générales
sectes de philosophie, les deux font expresse pro-
fession de dubitation et d'ignorance; et, en celle des
dogmatistes qui est troisième, il est aysé à descou-
vrir que la pluspart n'ont prins le visage de l'asseu-
rance que pour avoir meilleure mine, hont. il, 236.
— ÉTYM. Dogmatiser.
DOGME (do-gm'), s. m. || 1° Terme de théologie
et de philosophie. Point de doctrine établi comme
fondamental, incontesté, certain. Les dogmes de la
religion. Le dogme de la vie future. Les dogmes de
la philosophie cartésienne. Encore que ces senti-
ments n'eussent point passé en dogme, BOSs. Hist.
Il, 6. Et par un dogme faux dans nos jours enfanté,
Des devoirs du chrétien rayer la charité, boil. Ép.
XII. Malgré l'exemple impur d'une cour despotique
[ils] Gardent l'austérité des dogmes du Portique,
legol'vé, Épichar. et Héron, i, 3. El tant d'écrits
savants entassés drns nos murs Ont chargé mon es-
prit de leurs dogmes obscurs, delav. Porto, u,2.
Il 2° Collectivement, le dogme, l'ensemble des
dogmes de la religion chrétienne. La formation du
dogme. Professeur de dogme. Bossuet fut l'oracle
du dogme.
— HIST. xvr s. Je suis bien marry que nous
n'ayons une douzaine de Laertius [Histoire des phi-
losophes anciens par Diogène Laerce], ou qu'il ne
soit plus estendu ou plus entendu; car je ne consi-
dère pas moins curieusement la fortune et la vie de
ces grands précepteurs du monde que la diversité
de leurs dogmes et fantaisies, mont, dans le Dict.
de DOCiiEz.
— ÉTYM. à6yu.a, opinion, pensée, dogme.
DOGRE (do-gr'), *. m. || 1" Bâtiment dont la na-
vigation ordinaire était de la Hollande au Dogre-
banc (mer du Nord) sur lequel il allait pêcher la
morue, jal. Non-seulement avec la petite escadre
que vous commandez, vous pouvez extraordinaire-
ment incommoder le commerce de Hollande, mais
encore ruiner entièrement leur pêche, en mettani
à rançon tous les dogres que vous trouverez sur le
Dogrehanc, eeignelay, à Panctié, (678, dans ial.
Il 2' Aujourd'hui bâtiment dont la mâture consiste
en un grand mât, un mât d'artimon et un beaupré,
et qui fait le grand cabotage et le long cours.
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1207
— ÉTYM. HoU. doggcr, nom d'une espèce de
navire.
DOGUE (do-gh'), s. m. 111° Gros chien de garde à
nez écrasé et à lèvres pendantes. Ce loup rencontre
un dogue aussi puissant que beau, la font. Fabl.
I. 6. Les dogues gémissants, en hurlements funè-
bres App9i!ent-ils leur maître errant dans les ténè-
bres? Ducis, Oscar, i, 2. || Être d'une humeur de
dogue, avoir de l'humeur comme un dogue, et,
simplement, être comme un dogue, être de très-
mauvaise humeur. Je ne réponds pas maintenant,
parceque, en vérité, je suis d'une humeur de do-
gue, p. L. COUR. Lett.i, Ml. Il 2° Homme violent
qui se lance ou qu'on lance contre quelqu'un. Du
faubourg Saint-Médard les dogues aboyèrent. Et les
renards d'Ignace avec eux se glissèrent, volt.
Ép. xcv. Nous ajoutons que les fanatiques ignorants
qui ont écrit contre lui [Montesquieu] avec tant
d'amertume et d'insolence n'ont connu aucune de
ses véritables erreurs, et que nous révérons avec les
honnêtes gens de l'F.urope tous les passages après
lesquels ces dogues du cimetière Saint-Médard ont
aboyé, m. Dict. phil. Lois (Esprit des). || 3° S. m.
pi. Terme de chasse. Chiens dont on se sert pour
assaillir et coiffer les sangliers et les loups. || 4° Terme
de marine. Dogue d'amure, trou pratiqué dans le
plal-bord du navire, entre le grand mit et le màt
de misaine, mais plus près de celui-ci que de l'au-
tre; ainsi dit, parce qu'il avait à son orifice exté-
rieur un masque de chien aboyant, jal. Aujourd'hui
le dogue d'amure est supprimé.
— HIST. XV* s. En un matin, en m'esbatant X
une fille qui a vogue, Seurvint une grant vielle do-
gue De la quelle nefuz content, Œuvres de It. Col-
lerije, p. 149, dans lacurne. ||xvi's. Qui le maslin
villageois, A veu tombé sous la force Du généreux
dogue anglois, dubell. ii, 5o, verso.
— ÉTYM. Angl. dog, chien.
t DOGUER (SE) (do-ghé), ». ré(l. Se heurter de
la tête, se battre à coups de tète, en parlant des
' moutons et des béliers. Les béliers se doguent sur-
tout dans le temps de la monte, legoarant.
— ÉTYM. Dogxie.
t DOGUET (do-ghè), s. m. Terme de pêche. Pe-
tite morue. || Nom de l'aigrefin à Dunkerque.
DOGUIN, INE (do-ghin, ghi-n'), s. m. et f. MAle
et femelle de petits dogues. Le doguin vient du
dogue d'Angleterre et du petit danois, buffon,
Chien.
— ÉTYM. Diminutif de dogue.
DOIGT (doi ; le ( se lie dans le parler soutenu : un
doi-t effilé; au plur. \'s se lie : des dot-z effilés), s.
m. Il I" Chacune des parties distinctes et mobiles
qui terminent les mains et les pieds de l'homme. Le
doigt indicateur, le doigt qui vient après le pouce.
Le doigt du milieu, le doigt le plus long. Le doigt
annulaire, celui qui vient après le doigt du milieu.
Le petit doigt. Ton aiguille à mon doigt est un faix
bien léger, roth. Herc. m. i, 4. D'abord avec son
haleine II se réchauffe les doigts, la font. Fables,
y, 7. Il se fit une quatrième guerre à Geth, où il se
trouva un grand homme qui avait six doigts aux
pie'ls et aux mains, c'est-à-dire vingt-quatre doigts,
SACl , Bible, Rois, ii, 21, 20. Cydias, après avoir
toussé, relevé .sa manchette et ouvert les doigts,
débite gravement ses pensées quintessenciées, la
BBUY. V. Leur doigt mystérieux [des sorcières] se
posait sur leur bouche, ducis, tlacbeth, ii, 6 La
biche.... Broutait entre ses doigts [de Jocelyn] de
tendresjetsde saule, lamart. Joc. m, <09. || Comp-
ter sur ses doigts ou avec ses doigts, faire par ce
moyen un calcul qu'on ne peut faire de tête. |j Par
extension. Compter sur ou par ses doigts, supputer
avec attention. Moi.... Qui compte tous les jours vos
défauts par mes doigts, boil. Sa(. ix. Cent fois dans
la route il avait calculé par ses doigts le fond de sa
fortune, dider. Regrets s. sa robe de chambre.
Il Terme de pêche. Pêcher au doigt, se dit quelque-
fois pour, tenir la ligne à la maii) sans canne. || Les
doigts lui démangent, se dit de quelqu'un qui a en-
vie de se battre ou d'écrire contre ([uelqu'un. || Ka-
milièremenl. X lèche-doigts, se dit des choses à
manger qui sont données en trop petite quantité.
Le plat était bon, mais il n'y en avait qu'à lèche-
doigts. Il Mettre son doigt au feu d'une chose, en
être tellement sûr qu'on se condamnerait à mettre
le doigt dans le feu si elle faisait défaut. Notre lé-
giste eût mis son doigt au feu Que son épouse était
toujours fidèle, la font. Cai. |1 Montrer du doigt,
faire avec le doigt le geste de montrer. D'un œil
moqueur les Grâces infidèles Montrent du doigt mon
réduit délaissé, béhang. f ui(e de /'omour. || Fig.
Montrer quoiqu'un du doigt, au dcrgt, s'en moquer.
Faut-il que désormais à deux doigts on te montre.
Qu'on te motte en chansons et qu'en toute rencontre
On te rejette au nez le scandaleux affront Qu'une
femme mal née imprime sur ton front? mol. Sgan. 9.
Aussi plus elle [sa femme] brille, Plus on le montre
au doigt, SÉI1ANG. Pel. h. gris. || Mettre le daigt sur la
bouche, signe qui indique de garder le silence. Son-
gez qu'Harpocrate, l'un de nos plus grands dieux,
a toujours le doigt sur la bouche, volt. Taureau
blanc, ch. i. || C'est une bague au doigt, se dit
d'une chose de prix dont on peut toujours se dé-
faire avec avantage, et aussi d'un avantage consi-
dérable, dignité, place, faveur, etc. qui échoit à
un homme. || Familièrement. Il croit que pour
réussir il ne faut que remuer et soufder les doigts,
c'est un homme avantageux qui croit que tout lui
est facile. || Familièrement. Mon petit doigt me l'a
dit, phrase dont on se sert avec les enfants, pour
leur faire croire que l'on sait la vérité sur quelque
chose qu'ils ne veulent pas avouer; on fait souvent,
en disant ces mots, le geste de mettre son petit
doigt dans son oreille. Voilà mon petit doigt qui me
dit quelque chose que vous avez vu et que vous ne
m'avez pas dit, mol. liai. imag. n, il. || Donner
sur les doigts, infliger une correction manuelle.
Il Par extension. Donner sur les doigts, faire éprou-
ver un échec. Nicératus, ayant considéré que, pour le
mépris que les ennemis faisaient de sa faiblesse, ils
ne marchaient jamais qu'en désordre, s'imagina
qu'il y avait moyen de leur donner sur les doigts,
MALii. Le xxxiii' livre de Tite Live, chap. 14. || Fig.
Donner sur les doigts, réprimander, châtier. Momus
en donne [de sa marotte] sur les doigts Du grand
que l'on encense, bérang. Marotte. || Avoir sur les
doigts, être châtié, réprimandé, moqué. Le railleur
sera raillé et il aura sur les doigts, ma foi, mol. Im-
promptu, 3. Il Mordre ses doigts, acte réel qui est
un signe d'impatience, d'embarras, de préoccujia-
tion. J'ai beau frotter mon front, j'ai beau mordre
mes doigts, boil. Sat. vu. || Fig. Se mordre les
doigts, se repentir d'une chose. Il a refusé, main-
tenant il s'en mord les doigts. En leur rivage dis-
courtois [ils] En ont depuis mordu leurs doigts,
SCARBON, Virg. trav. vi. Les trois en ont regret et
se mordent les doigts, la font, ilazet. || Ils sont
comme les deux doigts de la main, se dit de deux
amis très-intimes. Vous êtes présentement les deux
doigts de la main, sÉv. 447. Monsieur de Marseille
vint hier au soir; nous dînons chez lui; c'est l'af-
faire des deux doigts de la main, m. Lett. 23( , t. m ,
p. 87, danspouGENS. Mme de Roquelaure et Mme de
la Vieuville étaient de tout temps les deux doigts de
la main, st-sim. t90, 158. Dans celte !amille-là, ils
sont unis comme les doigts de la main, G. sahd,
dans le Dict. de poitevin. |1 Familièrement. 11 y met
les quatre doigts et le pouce, se dit d'un homme qui
prend avidement et malproprement dans un plat ce
qui est à sa portée; et, par extension, de celui qui
agit sans ménagement et sans délicatesse |{ Ne faire
œuvre de ses dix doigts, vivre dans la fainéantise.
Il Atis ne vaut pas seulement un doigt du person-
nage [il lui est très-inférieur] , la font. Petit chien.
Il Toucher du doigt, toucher au doigt, voir, compren-
dre clairement. C'est-à-dire qu'il faut toucher au
doigt la chose, mol. Sgan. I2. Viens, maraud, viens,
je te veux bien faire toucher au doigt ta poltro-
nerie, prends garde, m. Fest. de Pierre, m, 7.
J'espère trouver le moyen de faire toucher au doigt
sa mauvaise foi, boss. Avert. e. L'espérance qui
nous fait toucher au doigt le temps où nous serons
ensemble, SÉV. 456. Oyez-le bien, vous toucherez
au doigt Que l'Iliade est un conte plus froid Que
Cendrillon, Peau-d'Âne ou Barbe-Bleue, j.b. rouss.
Épigr. II, 14. j'i On trouve voir au doigt et à l'œil,
ce qui ne paraît pas bon. Elle a fait voir au doigt et
à l'œil que.... SÉV. 32t. || On trouve aussi tou-
cher au doigt et à l'œil, ce qui ne paraît pas bon
non plus. Il est à propos d'en donner une idée plus
sensible et qui fasse toucher au doigt et à l'œil la
grandeur du défaut, vauban, Dlme, p. 229. || Se
mettre le doigt dans l'œil, se faire un tort, du mal.
En vendant sa campagne pour acheter des rentes, il
s'est mis le doigt dans l'œil. || Être servi au doigt et
à l'œil, être servi ponctuellement. |1 Familièrement
et par plaisanterie. Cette montre va au doigt et à
l'œil, elle est mauvaise, il faut toucher souvent à
l'aiguille. Il Vous avez mis le doigt dessus, c'est-à-
dire vous avez deviné. Chacun a justement mis le
doigt sur la source du mal, boss. Ftsite, 2. Vous avez
mis le doigt sur le but, la plupart des sermons sont
des raisonnements de philosophes, fén. t. xxi , p. 97.
Sire, Votre Majesté a mis le doigt dessus, volt.
Dial. 27. Il 2° Les cinq doigts, la main entière. Je
lui donnai de mes cinq doigts Au beau milieu ds
son minois, scarron, Virg. trav. ii. Je répondis
en lui couvrant la face De mes cinq doigts.... volt.
Pauvre diable. || 3° Le bout du doigt. Si jamais
un philosophe aveugle et sourd de naissance fait
un homme à l'imitation de celui de Descartes, j'ose
vous assurer, madame, qu'il placera l'âme au bout
des doigts, dider. Lett. sur les aveugles, Cliuvres,
t. 11, p. 200, dans pol'gens. || Fig. Il se gratte la
tête du bout du doigt, se dit de quelqu'un qui a
quelque chagrin, quelque inquiétude. || Au boutdeg
doigts, d'une manière facile, aisée, sans peine. Ce
taponnage vous est naturel, il e.st au bout de vos
doigts, SÉv. 42. Il Avoir mal au bout du doigt, avoir
un mal léger. Lui [Monsieur] et Madame n'avaient
pas mal au bout du doigt que le roi n'y allât dans
l'instant, st-sim. 93, 217. || Prendre au bout des
doigts, saisir violemment; locution inusitée aujour-
d'hui. La peste [qui a sévi dernièrement] était une
petite maladie en comparaison de celle-ci qui prend-
tout le monde au bout des doigts, balz. livre iv,
lett. 26. Il Avoir des yeux au bout des doigts, avoir
le toucher très-fin, faire avec habileté des ouvrages
demain délicats. || Avoir de l'esprit au bout des doigts,
être adroit aux ouvrages de la main. {| Avoir de l'es-
prit jusqu'au bout des doigts, avoir beaucoup d'es-
prit. Il Toucher du bout du doigt, toucher légère-
ment, ne pas trop appuyer. Il ne toucha que du
bout du doigt l'endroit endolori. Et fig. C'est un sujet
délicat, il ne faut y toucher que du bout du doigt.
Il Toucher une chose du bout du doigt, la toucher
du doigt, se dit en parlant d'une chose qui esi près
d'arriver. Nous touchons du bout du doigt de bien
graves événements. || Savoir une chose sur le bout
du doigt, la savoir parfaitement. Savoir une per-
sonne sur le bout du doigt, la connaître parfaite-
ment. Il sait sa leçon sur le bout du doigt. Je sais
mon donJuan sur le bout dudoigt,MOL./''es(.i, 2. Je
sais tout cela surl'extrémité du doigt. — Quelle pi lié I
on dit savoir une chose sur le bout du doigt, et non
.sur l'extrémité du doigt, boil. frajm. d'undialogue
contre ceux qui font des vers latins. \\ 4° Terme de
musique. Avoir des doigts, de bons doigts, c'est-
à-dire avoir les doigts très-agiles, très-forts, très-
exercés. Il Terme d'escrime. Avoir des doigts, conser-
ver à ses doigts le jeu convenable, lorsque la main
s'enlève en déployant un coup ou en se replaçant.
Il 5° Doigt mouillé, manière entre enfants de décider
certains litiges, et où un d'eux, après avoir mouillé
un de ses doigts, les présente tous à ses camarades
pour qu'ils en choisissent chacun un; celui qui
prend le doigt mouillé gagne ou perd suivant ce qui
a été convenu. Tirons au doigt mouillé à qui aura
cette bille. || 6° Le doigt de Dieu, sa puissance, son
intervention. Le doigt de Dieu a paru visiblement
en celte rencontre. I.e doigt de Dieu était dans
cette œuvre, boss. llist. ii, 12. Ses divins attributs
[de Dieu] paraissent-ils mieux dans les cieux qu'il a
formés de ses doigis, que dans ces rares talenls
qu'il distribue comme il lui plaît aux hommes extra-
ordinaires? ID. Louis de Bourbon. Je vois le doigt
de Dieu marqué dans nos malheurs, volt. Alg. v, 7.
Il 7° Terme de zoologie. Nom donné aux prolonge-
ments qui terminent les membres, à partir des os
métatarsiens et métacarpiens. Les doigts des chats
sont armés de griffes. || Terme d'Iiippiatrique. E.'itré-
mité du pied du cheval formée de trois phalanges,
l'os du paturon, l'os de la couronne et l'os du pied.
Il Chacun des deux articles de la pince des crusta-
cés. Il 8° Par analogie, les doigts d'un gant. || 9° Doigt,
grandeur équivalente à un travers de doigt. Il s'en
fautseulementde deux doigts. Un mouchoirnoir, de
deux grands doigts trop court, LA font. Or. Ce vent
vous avait jetée sous une arche à deux doigts du pi-
lier, sÉv. 36. Oh I la pesante croix ! Dit M. de la Marti-
nière, Carie nom de Martin était crû de trois doigts,
LAMOTTE, Fabl. V, 17. || Un doigt de vin, une très-
petite quantité de vin. Il est bon de prendre tous
les matins un doigt de vin avant de sortir. Ma
grand'mère, un soir à sa fête. De vin pur ayant bu
deux doigts, bérang. Ma grand'mère. || Par exagé-
ration. Cette femme met un doigt, deux doigts de
rouga, elle met beaucoup de rouge. || Faire un doigt
de cour à une femme, lui dire des galanteries, lui
faire un moment la cour. || Être à deux doigts de sa
ruine, de sa perte, en être fort proche. Ahl Cliton.
je me trouve à deux doigts de ma perte, corn.
Ment, m, 8. La guerre est pour sa vie un agréable
orage Qui le porte sans cesse à deux doigts du nau-
frage, MAIR. Soliman, i, 1. Ils étaient à deux doigts
de tomber dans la rivière, sÉv. 363. Être toujours
à deux doigts de la mort, id. 628. || Terme de pê-
che. Se dit quelquefois de la graadeur des mailles.
1208
DOI
Deux doigts, six doigts. || 10° Terme (l'astronomie.
Un doigt, une des douze parties égales on lesquelles
on divise le disque du sol«il et de la lune. Cotte di-
tigion sert à mesurer la grandeur des éclipses.
|i 11- Mesure de longueur égyptienne et grecque,
yalant dix -huit millimètres. || 12» Doigt marin,
le solen manche de couteau, sorte de coquillage.
Il 13' Petite pièce de la cadrature d'une montre ou
pendule à répétition, qui entre carrément sur l'arbre
du barillet du ressort du petit rouage; autre pièce
servant à faire sonner les quarts. || Proverbes. Il ne
faut pas mettre le doigt entre le bois et l'écorce,
ou entre l'arbre et l'écorce il ne faut pas mettre le
dnigi, c'est-à-dire il ne f:mt pas s'ingérer dans les
alTaires des personnes naturellement unies. |i Les
cinq doigts de la main ne se ressemblent point,
c'est-à-dire il ne faut pas exiger une exacte ressem-
blance entre les personnes, entre les caractères,
entre les choses.
— IIIST. xt* s. Del dei après le polcier [pouce],
toi* de Guill. 13. Contre deus deies [à deux doigts
près) l'ad du forrer [fourreau] jetée [son épée], Ch.
de Roi. XXXIII.
— XII' s. Ses blanches mains, ses doigts Ions et
tretis, Couci, v. N'es hrabenchuns n'est pas de la
fin demurance. N'es Klamencs, n'es Engleis, ne en
tuz cels de France, Car en sun petit dei en tient
Deus la balance. Qui met tant cum li plest noz mes-
faizen suffrance, Th. le mari. <57.
— XIII* s. Car onques mieudres dame n'otenson
doi anel, Bvrte, lxxxv. Symons vient à licrtain, si
la prent par la doie, ib. cxvii. Por ce veus tu la
rose avoir; Mes tu n'en es pas à deus doie, C'est ce
qui la pel t'amegroie, la Base, 402i. Je n'oserai nu-
lui vcoir : Entre gent ne devrai seoir. Que l'en mi
monsterroit au doi : Or ne sai-je que fere doi, nu-
TEB. II, 80. Laquelle Nichole se trouva si perdue en
toutos les parties de son cors qu'ele n'en sentoit
riens, fors sanz plus en deux doiz de la main dés-
ire, c'est à savoir en celui que l'en apele mire [le
doigt médecin, le doigt annulaire], et en celui que
l'en apele le moion ou le lonc, du cange, digilus,
— XIV" s. Et monstre n'en doit esire au doit, Puis
qu'il ne fait que ce qu'il doit, bruyant, dans Ména-
gier, t. ii, p. <9.
— XV' s. Et se tenoient par la main au doigt les
deux enfans, fboi.ss. ii, ii, i20. D'icelui cop fut ble-
r.ié le (lit Pierre au doi médicinal de lamain dextre,
DU CANGE, digilus. Nuz com le doy [nu comme la
main) , e. desch. Poésies mss. f» 66t , dans lacubne.
Valsons raison et justice à dix doigts[de tout notre
pouvoir], iD. ib. f" 104. Aimer du petit doy [aimer
faiblement], Perceforest, t. v,f° 43. Aidez à vostre
serviteur, Qui est mieulx pris que par le doy. Ou
mort me voy, en. d'orl. Uondel de Fredet. Tu de-
monstres, comment Dieu se retire à mi.sericorde et
clémence, et que pourung doy de service à luy fait
de bon cueur humble, il en rend fruit à cent dou-
bles, CHASTELAiN, Exposit. S. Vérité. Mez n'en estes
-pas à deux doie. Que la pucellc à vous atouche;
Vous n'avez mais dens en la bouche : Elle aroitbeau
mary en vous! Naliv. de S. S. J. C.
— xvi' s. Recepte de laquelle il ne se fault servir
tant qu'il y a un doigt d'espérance de reste, mont.
II, 30. Séjournant quelque peu à Villeneuve pour
boire un doigt, despeb. Contes, xxvi. Je m'en vai
escrire au roi de Navarre deux doigts de pappier....
d'aub. Ilist. II, 4 1 3. Les compagnies de chevaux légers
curent sur les doits par ceux d'Avignon, id. ib. i,
920. Ces deux sieurs, que l'on appelloit les deux
doigts de la main, cabl. ii, ii. Nous disons d'une
viande apprestée fort friandement ; vous en mange-
riez vos doigts; ils en ontcuidé manger leurs doigts,
H. est. Conformité, p. )28. Ne mets ton doigt en
anneau trop estroit, le roux de uncy, Prov. t. ii,
p. 3B4. Qui a mal au doy gésir en doit, id. tb. 381.
Faire voir à l'œil et loucher au doigt, ATuits de Stra-
parole, t. ii, p. m», dans lacurne. La veue [visite
des juges en des lieux] doit eslre faite aux quatre
angles de l'héritage, de bout en bout, de long en
long, à l'oeil et au doigt, Grand Covtumicr de la
Fr. p. 370, dans lacurne. Nous ne sommes si pro-
ches du port que nous puissions espérer si tost le
fonds. — Au contraire, respondit-il, pour toutseur,
je sens et csgratigne la terre des petits doigts [or-
teils], {Amantressusc.p. 25, dans lacurne.
— ETYM. Nivernais, dei; ital. di(o, et, au fémi-
nin, dila; du latin digilus, rattaché au radical san-
scrit diç, montrer. Dans l'ancien français, à côté de
floit, on troBve doie, au féminin, comme dita dans
l'italien.
«.DOIGTÉ, ÉE (doi-té, tée), part, passé. Mor-
ceau bien doigté, c'est-à-dire écrit de manière à ne
DOL
[las contrarier le mouvement naturel des doigts sur
tel ou tel instrument. Un morceau très-bien doigté
pour le piano peut l'être fort mal pour le violon, et
réciproquement.
2. DOIfiTR (doi-té), ». m. Voy. doigter.
t. DOIGTKR (doi-té). || 1* V. n. Terme dé musi-
que. Poser les doigts comme il convient pour jouer
de certiiinsin.slruments. || 2° V. a. Exécuter un mor-
ceau en employant les doigts comme il convient.
Doigtez bien ce passage. || Indiquer sur la miisi(]ue,
par des chiffres, le doigt dont l'exécutant doit se
servir pour chaque note. Doigter un air, un passage.
— F.TYM. Doigt.
2. DOIGTER ou DOIGTÉ (doi-té), s. m. Terme
de musique. Manière d'employer les doigts sur le
clavier d'un piano, le manche d'un violon, d'une
guitare. Cette sonate est belle, mais le doigter en
est très-difficile.
— f.TYM. Doigt.
DOIGTIER (doi-tié ; l'r ne se lie jamais ; au plur.
l's se lie : les doi-tié-z et....), s. m. || 1° Doigt de
gant qu'on met pour couvrir un doigt. Un doigtier
de cuir. || Espèce de fourreau en forme de doigt de
gant, dont on revêt un doigt malade. || 2° Mouchoir
de toile porté au petit doigt de la main gauche par
les clianoines de Keims célébrant au grand autel.
Il 3° Dé de cuivre à l'usage du passementier. || 4° Un
des noms vulgaires de la digitale pourprée et de la
clavaire digitée.
— lllST. xv" s. Un doittier de cinq dyamants en
aneaulx d'or esmaillez, c'est assavoir un annel en
façon de rabot, de laborde. Émaux, p. 264. Le
.suppliant print furtivement aucuns annaus ou ver-
gesd'argentestansenung doittier [éorin], ducange,
digitale. ||xvi' s. L'artifice de mettre un poucierou
doigtier (édit. de IBM : dettier) , paré, xVii,. io.
— lîTYM. Doigt; wallon, detikè.
■(■ DOINT (douin), anc. 3" pers. du sing. du subj.
du verbe donner. Or, prions Dieu qu'il leur doint
paradis, rouss. Épig. m, 24.
— HIST. XII* s. Jà puis Dex [Dieu] ne me doint
Joie en ma vie.... Couci, ii. || xvi* s. Dieu tout-puis-
sant te doint pour t'etretiner Les quatre coins du
monde à gouverner. Tout pour le bien de la ronde
machine Que pour autant que sur tous en es digne,
MAROT, Épitre au roi pour avoir été dérobé par
son valH.
f DOIS (dot), s. m. Voy. DOIT 2.
I. DOIT (doi), s. m. Terme de commerce. Voy.
DEVOIR, verbe.
f 2. DOIT (doi) ou DOIS (doi), s. m. Petit cours
d'eau, terme usité en Normandie, en Bretagne et
ailleurs. Au passage d'un pont ou sur le bord d'un
dois, la FONT. Letl. xix. || En Normandie on pro-
nonce doué.
— HIST. XII* s. [Dans l'été] Que reclarcist li dois
en la fontaine, Couci, xiii. Les oreilles sont voie et
dois Par où vient ju.squ'au cuerlavoix, ciirestifn
DE TROYES, dans lacurne. Enscment [semblable-
ment] va com loutre par vivier, Quant les poissons
fait en la dois mucier, Garin le loh. i, 264. Vin-
drent jusque al muni dei duit dei ewe. Rois, <2".
Il XIII* s. En tout le monde n'ot si bele, L'iaue est
tousdis [toujours] fresche et novele. Qui miitet jour
sourt à grans ondes Par deux doiz creuses et par-
fondes, la liose, lB4o.
— ÊTYM. Latin, ductus, conduit, de ducere, con-
duire (voy. duibe). Le féminin la dois vient de duc-
do, conduite, et est un des très-rares exemples où
la forme française dérivée du nominatif des noms
latins en o, onis, nous a été conservée.
t DOITE (doi-f), s. f. Terme qui sort à compa-
rer la grosseur, l'égalité du fil, dans un môme ou
dans plusieurs écheveaux, etc. Voilà deux pelotons
qui p.nraissent de la même doite, tandis que ce
troisième est d'une doite plus grosse. Ce que vous
filez là, est d'une jolie doite, legoahant.
— ÊTYM. Doigt.
t DOITÊE (doi-tée) , t. f. Une petite longueur de
fil.
— SYN. DoiTitE, AIGUILLIÎE. L'aiguillée a une lon-
gueur presque déterminée, et il en estdifl"éremment
de la doitée qui peut fournir plusieurs aiguillées,
sans toutefois être jamais d'une grande longueur,
ou se trouver même plus courte que l'aiguillée : c'est
donc un terme plus vague : Je ne veux pas le pelo-
ton; donnez-moi seulement une doitée, une petite
doitée, une forte doitée, une doitée d'environ deux
aiguillées, legoabant.
I. DOL (doi), s. m. Terme de jurisprudence.
Tromperie, fraude. X moins qu'il n'y ait fraude ou
doi du procureur.... «ontesq. Espr. xxix, to. Je
craindrais toujours que le doi Ne m'en dépossédât
sous ombre de justice. Et qu'un jour le maître du
.sol Ne revendiquât l'édifice, lamotte, dans dfs-
fontaines. Il Manoeuvres frauduleuses qui détermi-
nent quelqu'un à contracter.
— HIST. XV* s. Quant je considère et pense i
mes faits, je me recorde que j'ay par fraude et dnil,
despouillé la cilé et le temple de Jherusalem d'or cl
d'argent, Ilist. de la Toison d'or, 1. 1, f*54. ||xvi*s.
Quant à Martius, ce fut par doi et tromperie qu'il
jetta les Romains en guerre contre les Volsques,
AMVOT, Alcib. et Cor. comp. 3.
— ÉTYM. Provenc. doi; espagn. et ital. dolo; du
latin dolus; grec, îoXo;; comp. l'anglo-saxon doi,
erreur.
f 2. DOL (doi), s. m. Gros tambour dont on se
sert dans la musique militaire.
— ÉTYM. Probablement le latin dolium, tonneau,
par assimilation de forme. /(oii'um avait donné doil:
Cuves, doits et autre sorte de vaisselle à vin, Cou-
tumier gén. t. ii, p. 672.
t DOLABELLE (do-la-bè-1') , s. f. Petite doloire,
sorte d'instrument aratoire.
— ÉTYM. Diminutif de dolabre.
t DOLABRE (do-la-br') , s. f. Espèce de hache de
guerre du moyen âge.
— ÉTYM. La t. dolabra (voy. doi-OIBe).
t DOLABRIFORME (do-la-'bri-for-m'), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui a quelque chose de la forme
d'une doloire. Feuilles dolabriformes.
— ÉTYM. Latin fictif dolabriformis, de dolabra,
dolabre, et forma, forme.
t DOLAGE (dp-la-j'), s. m. Action de doler.
— ÉTYM. Doier.
DOLCE (dol-tchè), adv. Terme de musique em-
prunté à l'italien, indiquant une expression douce
dans l'exécution.
— ÉTYM. Ital. doke, doux, du latin dulcis, doux
(vov. doux).
DOLÉ, ÉE (do-lé, lée), part, passé. Des douves
dolées.
DOLÉANCE (do-lé-an-s') , s. f. \\ l" Plainte au su-
jet d'un grief. Faire, conter ses doléances. 11 en fai-
sait sa plainte une nuit; un voleur Interrompit la
doléance, la font. FaW. ix, ib. Que je n'entende
plus vos sottes doléances, mol. Sgan. i. Essaye avec
(les pleurs, de tendres doléances. De faire à ses des-
seins de douces violences, A. chén. 233. Il m'écri-
vit lettres sur lettres, pleines de doléances et de
griefs auxquels je pouvais encore moins remédier
qu'à ceux que j'avais pour mon compte, 3. i. nouss.
Confess. xi. Libéraux, dans vos doléances. Pour-
quoi donc vous en prendre à moi? bébang. Ventru
aiixél. 112° Autrefois, et seulement au pluriel, de-
mandes ou repré.sentations qui étaient faites dans
les cahiers des états généraux.
— HIST. XV" s. Oui , comme parent, envoyoit faire
doIeance de la mort rie ladite marquise, comm. vin,
9. En cette aigre doteance et à regret demeura au-
cuns jours, LOUIS XI, Nouv. c.
— ÉTYM. Doleant, très-ancienne forme pour do-
lent (voy. dolent); provenc. dolensa, dolentia; es-
pagn. dolencia; ital. dolema, doglienia; formes
correctes qui viennent du latin dolens. Doléanrp
était inexplicable tant qu'on n'avait pas l'adjeciif
doleant.
t DOLEAC (do-lô), s. m. Outil pour donner b
forme à l'ardoise.
— ÉTYM. Doler.
DOLEMMENT (do-la-man), adv. D'une manière
dolente. Le maréchal [de Noailles] s'écrie dolcm-
ment qu'il a une migraine à mourir, st-sim. 2I i ,
03. Je vois déjà le ministre des finances venir do-
lemment vous présenter un nouveau certificat de
notre ruine, Mirabeau, Collection, t. iv, p. 83.
— HIST. XIII* s. Et vinrent à Damiette, et furent
recheu liementetdolentement, Chron. de Rains, iio
— ÊTYM. Dolent, et le suffixe ment. Dnlentcmcut
rient du féminin dolente, qui se trouve dans de
très-anciens textes.
DOLF,NT, ENTE (do-lan, lan-t'), adj. \\ 1" Qui
souffre et se plaint. Une femme dolente. Mais nonob-
stant l'elTort, dolent en son courage.... Rf.GMKR,
Flég. V. Mais si le sentiment de la misère humaine
Vous fait avoir pitié d'une dolente reine, mair.
Sophon. III, 4 La trop dolente mère Fit dans l'a-
bord force larmes couler, la font. Fauc. Mais j'a-
vais, lui viv.int, le teint d'un chérubin, L'embon-
point merveilleux, l'œil gai, l'âme contente. Et je
suis maintenant ma commère dolente, mol. Sganar.
II. On ne voit plus sa fille, et la pauvre Isabelle In-
visible et dolente est en prison chez elle, haC. Plaid.
I, 6 Que ma fille Va ranimer U dolente famille !
VOLT. Enf. pmd. l, t. || Qui exirime la douleur.
DOL
DOI.
DOM
1209
Un langafje dolent. Une mine dolente. Et vous êtes
de celles Ou'un air triste et dolent rend encore plus
belles, MAiR. Sofhnn. m, 2. [Celte muse] Qui, le
glaive il la main, du diiidi" me ornée. Vient au peuple
assemlilé. d'une dolente voix, l'ienrerles grands mal-
heurs, le.s empires, les rois, a. ciiRn. Éti'g. x. Ainsi,
mon oncle, vous tenez toujours à ce mariage, dit le
jeune homme d'une voix dolente, en. de bkknard,
la Femme de 40 ans, § v. || 2" Substantivement.
Lauzun imagina . se portant k merveille, de faire le
dolent et de demander la permission d'aller aux
eauxd'Aix-la-CIiapelle, ST-siM. 149, (73. Kxceptez-en
quelques vieilles dolentes, Des jeunes sœurs jalouses
surveillantes; 11 était cher à touie la maison, oaES-
SET.rcrl-fcrt, 1. Messire Jean Chouart confortait le
dolent, assistait le mourant, P. L. coi)R. i, '92.
— REM. Aujourd'hui, dans l'usage le plus ordi-
naire, dolent emporte une idée de moquerie ou du
moins d'exagération dans la plainte.
— HIST. X' s. E por els es doleants [tu es dolent
pour eux], Fragm. de Valenc. p. 488. ||xi" s. Fran-
ceis mourront, f.harles en ert [sera] dolent, Ch. de
Roi. Lxxiv. Il XII* s. [Il] Fera maint cuer dolant,
lionc. p. 20. Tex [tels] as ocis, dont more en ert
[sera] dolente, ib. p. 76. [La flamme] Dont tantes
fois [je] me claim dolnnt et las, Couci, xi. Se nuls
morist [mourut] pour avoir cuer dolent.... ib. xxii.
De ce [je] sui au cuer dolente, Que cil n'est en cest
païs, nAME DE FAIKLE, dans Couci. Ensi en sunt
chacié li parent .saint Thomas, Vunt en autre païs
dolent, chaiiife las, E portent lur enfanz, lur robes
e lur dras. Th. lemart. 64. Por coi est doneie la lu-
mière al dolent e vie à ceaz [ceux] ki en amer-
tume d'aumes [d'âmes] sunt?Jofc, 464. || xiii' s. Si
en furent moult dolent et moult irié, et moult en
eurent grant pitié, vii.leh. xci. Car cil qui a le cuer
dolent, Sauhiés de voir [vrai], il n'a talent De dan-
cier ne de karoler, la Rose, 333. Nus n'en est plus
dolens que cil qui le cop dona, beaum. lxix, s.
Il XV* s. Tant lui déplut ce dolent départir, qu'on-
ques mot ne sut dire, louis xi, JVimi'. xxii. || xvr s.
Robes de prix et joyaulx [nous] mismes bas. Pour
prendre noir, la dolente couleur, Guidon d'ennuy
et mortelle douleur, J. marot, v, 2II. Il veut que
l'on applique la ventouse sus la partie dolente,
PARÉ, XV, C8.
— ÊTYM. Lat. dolens, de dolere (voy. dolloir) ;
norm. do»V//an(. Quanti la forme dolcant, qui est
dans un très-ancien texte, et qui est confirmée par
doleaiice. elle suppose un verbe dvloier ou do-
hier, dérivé de douloir
DOLER (do-lé), «. o. || 1° Aplanir, unir' avec la
doloire. || Dégrossir à la doloire les douves des fu-
tailles. Il 2° Parer et amincir les morceaux de peau
destinés à faire des gants. || 3° Ebaucher les cornes
des an maux pour en faire des cornets à jouer.
114" Enlever les bavures de plomb qui se sont for-
mées dans la lingotière.
— HtSï. xn* s. E en l'entrée furent dous us [huis]
peiiz, mais n'i oiu fors une entrée e les poz [pals,
pieux] furent dolez à cinc costez, Rois, 249. Les
lances ploient et arçonnent; Et amiiedeus [toutes
deux) en pièces volent; As cspées les escus [bou-
cliers] dolent Et les hiaumes et les haubers, la
Charrette. 2684. jj xiil*s. La charrelie de cloies à
eschafauder, de tout merrien à doler, doit un de-
nier de tonlieu, Lir. des met. 323. || xv* s. Par le
conseil du duc fut défendu, en proposant plusieurs
e-cusalioiis, plus tendans à excuser et doler sa
faulie que autrement, juv. des uns. Charles ¥[,
<3SH. Il xvi* s. Les deux ou trois jours avant la ba-
taille furent employez à doler des tronçons plustost
que des lances, tant celle sorte d'arme estoit lors en
estime, d'aUB. Ilisl. i, 213. lis pourront doler cy
après ce que j'ay grossièrement esbauclié, M. du
BELL, l'réf. J'aimerois mieux combattre le diable
que contre une femme qui est pire que trente dia-
bles; tant plus que doleras ses espaules et son es-
chine avec un lourd baston, tant plus elle vomira
I contre toy des injures et des vilenies, beblin coc-
[ CaIe, t. I, p. 1 64, dans lacurne,
— ÊTVM. Provenc. et espagn. dolar; du latin do-
lare, doter.
t DOLÉIÎINE (dolé-ri-n') ou DOLÉRITE (do-lé-
, ri-l'), s. f. Terme de minéralogie. Espèce de roche
I granilifurme qui fait partie des terrains volcani(|ues.
I — ETY.\t. AoXepo;, trompeur, à cause de la res-
i «emblance qu'ont les roches de cette espèce avec la
dionte.
t DOLET fdo-lè), s. m. Synonyme de sulfate de
fer calciné ou rouge, et de péroxydn de fer.
t DULIAIKE (do-li-0-r'), adj. Terme do zoologie
Qui rassemble à un dolium.
DICT. DK I,A LANGUE FItANCAISE,
tDOLIC (do-!ik) eu DOLIQUE (do-li-k"), ». m.
Genre do légumineuses originaires des pays chauds
et dont une espèce est dite haricot noir.
— r;TYM. Ao)i7o;, haricot.
t DOLICHOCÉPHALE (do-li-ko-sé-fa-l'), adj.
Dont la botle crânienne, vue par sa partie supé-
rieure, est ovale, la plus grande longueur l'empor-
tant environ d'un quart sur la plus grande largeur.
Les races dolichocéphales. I.esNéo-Calédoniens sont
dolichocéphales, à cause de l'étroitesse des diamè-
tres transverscs, BOunoAREL, Comptes rendus, Acad.
des se. t. LI, p. HHI8. Il S. m. Les dolichocéphales.
— F.TVM. AoXiyoç, long, et xeçocXt), tête.
t DOLICllOCÈUE (do-li-ko-sê-r'), adj. Terme de
zoologie. Qui a de longues antennes.
— ÈTYM. Ao>.i-/ô;. long, et xipa;, corne.
t DOLICHODÈiîE (do-liko-dê-r') , adj. Terme de
zoologie. Qui a le cou long.
— f.TYM. Ao>7.ôç. long, et Séç,:i\, cou.
I DOLICHOLITIIE (do-li-ko-li-f) , s. f. Terme de
zoologie. Vertèbre fossile de poisson; encrine fos-
sile.
— ÉTYM. Ao)i7i;, long, etXi'Ooc, pierre.
•] DOLIcnOPODE (do-li-ko-po-d'), adj. Terme de
zoologie. Oui a de longues pattes.
— ÊTYM. AoJixo;, long, et itoO;, pied.
DOLIMAN (du-li-man), s. m. Nom d'un habit
turc, sorte de longue robe de dessus, avec des man-
ches étroites, boulonnées au poignet. Fidèle ou
musulman. Vêtu d'un justaucorps o;. bien d'un
doliman , volt. Loi nat. 2. || Se dit quelquefois pour
dolman. Il [le vrai soldat] porte un doliman percé
dans les mêlées, v. iioco. Orient, ts.
— REM. On a dit dolomon au xvii* siècle : Leurs
habits [des seigneurs polonais] étaient pour la plu-
part de toile d'or persique à fleurs ou de velous plein
de diverses couleurs les plus rares du Levant, dou-
blés de fourrures d'un prix inestimable; car elles
étaient de pointes de zibelines ou de peaux de pied.s
de panthères, qui sont autant ou plus chères que
les martres, selon la quantité des mouchetures qui
s'y rencontrent; sous ces vestes ou dolomons ils
avoient de riches tuniques, le laboureur, Foy. de
la reine de Pologne, p. 143, dans lacurne.
— ETYM. Turc, thoulâmet, vêtement que les Turcs
portent sous la pelisse.
t DOLIOLE (do-lio-l'), s. f. Terme de zoologie.
Articulation cylindrique d'encrines fossiles.
— ÉTY.M. Lat. doliolum, petit tonneau, diminutif
de doii'um.
t DOLIUM (do-li-om'), s. m. Nom scientifique du
genre tonne (mollusques).
— ÉÏYM. Lat. dolium, tonneaU;
DOLLAR (do-lar), s. m. Monnaie d'argent des
Etats-Unis, dont la valeur est de 5 fr. 40 c. , comme
la piastre forte d'Espagne.
— ÉTYM. Anglais, dollar, transformation de l'al-
lemand Thnler, écu.
DOLMAN (dol-man), s. m. Veste à manches fai-
sant parlie de l'uniforme des hussards.
— ÉTYM. Le même que doliman. Le dolman fut
importé en France sous Louis XIV par des soldats
hongrois, qui le tenaient des Turss.
t DOLMEN (dolmen') ou DOLMIN (dol-min'),
I. m. Monument formé d'une grande pierre plate
posée sur deux pierres dressées verticalement, qu'on
trouve en différentes parties de l'Europe, surtout
dans l'Armorique et en Angleterre, qu'on attribue
généralement aux druides et aux Celtes, et que
.i'autres disent a|ipartenir à un peuple antérieur et
plus sauvage. Au pied du dolmin étaient appuyée»
deux autres pierres qui en soutenaient une troisième
couchée horizontalement, chateaub. Mart. 306.
Il ^11 plur. Des dolmens, prononcé comme au sin-
gulier.
— ÉTYM. GaoL tolmen, table de pierre, de toi,
table, et mcn, pierre.
t DOLOIR (do-loir), s. m. Sorte de couteau de
gantier pour doler les peaux.
DOLOIRE (Jo-loi-r'), s.f. || 1° Hache de tonnelier,
qui sert pour aplanir le bois et tailler les cerceaux.
Armé d'une doloire, et ceint d'un tablier de peau,
1. 1. Rouss. ^in. III. Il 2° Instrument de maçon pour
corroyer la chaux et le sable. || 3" Terme de blason.
Hachesans manche. || 4° Terme de botanique. Feuil-
les en doloire ou dolabriformes, feuilles cylindri-
ques à leur base, planes et élargies en dessus,
épais.ses d'un côté et tranchantes de l'autre. Il 5" Terme
de chirurgie. Bandage en doloire, celui dont les
circonvolutions vont en biaisant, de sorte que cha-
que tour couvre les deux tiers du précédent.
— HlST.xiii" s. Qui dont veist les durs vilains er-
rer, Et doleoires et coigniées porter.... Li charois
de Nymes, y. 905. Li carpentier qui après vindrent,
Grans coignies en leurs coul tindrent, Doloueres
et besaguesOrent i leur costez pendues, Rou, dans
nu CANOE. bisacuta. \\ xv* s. Mis en prison plus
merancolieuse que mort, et plus dure que cop de
doiiloire, G. ciiastel. Erpos. sur vérité mal prise.
Il xvi* s Qu'elle eusi la tesie couppée comme
l'on f.nit en France avec une espée, et non avec une
dolouere à la façon d'Angleterre, castelnau, 32.
Les instrumens de ce mesnage [la coupe des taillis]
sont doloiresou haches bien triinchantes, avec les-
quelles le bois se coupera de tous costés, de peur
d'en rien escorcer n'esclatter, o. de serres, sus.
— ÉTYM. Lat. dolabra, pour doloire; et un mot
hypothétique do/a(orm, pour do/coi're ou doulouere.
t DOLO.MIE (dû-lo-mie) ou DOLOMITE (do-lo-
mi-t'), s. f. Terme de minéralogie. Variété de car-
bonate de chaux, sorte de marbre primitif de cou-
leurblanche et à grain fin qui devient phosphorique
par le frottement.
— ÉTYM. Dolomieu, célèbre naturaliste, qui a
découvert et étudié celle suhstan-^e.
t DOLO.MISATION (do-lo-mi-7a-.sion), «./■. Terme
de minéralogie. Formation de ro(.hes dolomitiquea.
+ DOLOMITIQUE (do-lo-mi-ti-k'), ailj. Termede
minéralogie. Qui contient de la dolomie.
t DOLORIFIQUE (do-lo-ri-fi-k'), adj. Terme di-
dactique. Oui cause de la douleur.
— HlST. XVI* s. Evacuation de la matière dolori-
fique, PARÉ, XXV, 6.
— ÉTYM. Lat. dolorificus, de dolor, douleur, et
du suffixe /icu.?, qui fait.
t DOLOSIF, IVE (do-lo-zif, zi-v'), adj. Terme de
droit. Oui lient du doL Stipulation dolosive.
— ÉTYM. Dol I.
DOM (don), s. m. 111° Titre d'honneur que l'on
donnait à certains religieux, entre autres aux béné-
dictins. Le bon Calmet ou dom Calmet (car les béné-
dictins veulent qu'on leur donne du dom).... volt.
T)icl. phil. Job. || A Avignon, p'ace des Doms, la
place où se trouve le château des papes. || Par assi-
milation plaisante avec un moine. Dom pourceau
criiiit en chemin.... la font. Fnbl. vin, 12, || 2° Titre
d'honneur particulier aujourd'hui à la langue por-
tugaise, comme don l'est à la langue espaj;nole.
— ItlST. xi° s. Danz Oliviers a liait .sa bone espée,
Ch. de Roi. cv. Dient ?'ranceis : Dannes Deus nous
ait [aide]. «6. ccxliii. Fors seul Tierri le frère dam
Geit'roid, îb. ccLXXVii. Après celui [ils] eslurenl dan'.
Garin le Pohyer, Sax. iv. |{ xiii' s. M.'s or nous di-
tes, dans trichierres [seigneur trompeur]. Quant
ces paroles apreistes, Ou [au] droit sens pourquoi
nés [ne les) preïsles? la Rose, I60(>2. Seez Irestoiit,
et vous, dans rois. Vous seez tanlost et isnel, FI.
et Blanch. 850. || xv* s. Là estoit damp abbé, qui
point ne .s'espargnoit, froiss. i, i, 88. || xvi* s.
Battaille navale qui s'est gaignée s >ubs la conduicte
de dom Joan d'Austria, mont, i, 249.
— ÉTYM. Provenç. don, dompn; espagn. don;
portug. dom; ital. donna; du latin dominus, sei-
gneur. La forme dam ou damp est équivalente à dom
ou dompn, à cause de la tendance qu'a eue la langue
de changer le son o ou on, en a ou an: par exem-
ple, domina, dame; l'en, l'on, etc.; le p provient
d'une inlercalation familière à la langue après l'm
ou l'n, comme dans dompter, de domare, tempta-
lion, de tentationem, etc On tire dominus. de do-
mw.s, maison; miiis le suffixe ifnHS,avec< bref, n'a
pas. dans la latinité, le sens possessif; aussi les
étymologistes ont-ils cherché à y voir une forme ver-
bale, répondant au grec 56aevo;, au .sanscrit da-
manas, et signifiant celui à qui a été donné.... d'oii
possesseur.
DOMAINE (do-mè-n"), s. m. \\ 1° Terme de juris-
prudence. Pos.session d'un bien; propriété. Il y
a plusieurs manières d'acquérir le domaine d'une
chose. Il Domaine direct ou éminenl, appartenant
au seigneur et donnant droit à l'hommage ou à une
redevance; domaine utile, comprenant la percep-
tion des fruits. Pépin n'avait pas eu le domaine
direct de tous les États que posséda Charlemagne,
VOLT. Ilœurs, 16. Il 2° Bien foncier possédé. Avoir un
petit domaine. || Domaine oongéable, en Bretagne,
tenure avec faculté, pour le propriétaire, de con-
gédier à toute époque. || Propriété foncière des-
linée à l'exercice de l'industrie agricole, composée
de terres arables, forêts, prairies, p.'tlurages, etc.
pourvue de liâlimenis d'habitation et d'exploitation.
Un beau domaine. Engager son domaine. Cela fait
paille de son domaine. Qui n'a vu d'autre mer que
la Marne ou la Seine Et croit que tout finit où finit
son domaine, bacan, dans richelet. || Ensemble da
biens ruraux où se trouve un chftteau ou une maison
I. — \52
1210
DOM
d'habitation pour le maître. || Domaine royal, au
moyen âge, territoire possédé directement par le
roi à l'exclusion des grands feudataires. || Par
eitension et poétiquement, les terres que possède
■n souverain. J'y souscris; de Tournai les trop san-
glantes plaines Avec les champs de Reims rentrent
dans nos domaines, lrherc. Frédég. Bruneh. iv, 2.
IIS* Le domaine public, ou domaine de l'État, ou
domaine national, et, absolument, le domaine ou
les domaines, l'ensemble des biens qui appartien-
nent à l'Etat. Il Terme de jurisprudence. Domaine
public, objets consacrés à un service public et ad-
ministrés par l'État, tels que les routes, les rivières
navigables, les fortifications; et domaine de l'État,
olijets possédés par l'État de la même manière que
par les particuliers et dont le produit est versé au
trésor. Le domaine public est inaliénable. || Le do-
maine de la couronne, biens qui font partie de la
liste civile du souverain. || Le domaine privé, les
biens particuliers du prince. || Domaine extraordi-
nawe, sous le premier empire français, ensemliledes
biens acquis par la conquête ou parles traités et qui
étaient à la disposition de l'empereur. || Domaines
nationaux, biens qui, à l'époque de la première ré-
volution, furent enlevés soit au clergé et aux corpo-
rations soit aux émigrés, et vendus aux particuliers.
Il Domaine fixe, ancien domaine des rois de France,
composé de seigneuries, terres, possessions, et
droits spécialement consacrés à la couronne. || An-
ciennement, domaine forain, domaine du roi, qui
était une imposition, pour les nécessités de la
guerre, sur les marchandises entrant dans le
royaume ou en sortant. || 4° Domaine public, ce qui
n'est pas susceptible d'appropriation privée, dont la
jouissance est laissée à tous. || Fig. Être, tomber
dans le domaine public, se dit des productions des
auteurs, des artistes, des inventeurs, dont le pro-
duit a cessé de leur appartenir. || 5° Le domaine,
l'administration des domaines de l'État, ou l'admi-
nistration des domaines de la couronne. Plaider
contre le domaine. Directeur de l'enregistrement et
des domaines. || 6° Terme d'économie politique. Do-
maine agricole, nom donné à la totalité des terres
mises en culture dans un pays. L'étendue du do-
maine agricole de la France était, en 1840, de
60 614 973 hectares ou 26 623 lieues carrées. || 7° Fig.
Possession comparée métaphoriquement à celle d'un
domaine. Ce temps [de la mort], hélas! embrasse
tous les temps : Qu'on le partage en jours, en heu-
re», en moments. Il n'en est point qu'il ne com-
prenne Dans le fatal tribut; tous sont de son do-
maine, LA FONT. Fabl. VIII, t. Toutes nos pensées
qui n'ont pas Dieu pour objet sont du domaine de
la mort, boss. Duch. d'Orl. Tous les aînés étaient
du domaine de Dieu, m. ii, Purif. 2. Le meilleur
de tous les biens, s'il y a des biens, c'est le repos,
la retraite et un endroit qui soit son domaine, la
BRUY. VIII. Elle [Alecton] jjura par Pluton Que toute
l'engeance humaine Serait bientôt du domaine Des
déités de là-bas, la font. Fabl. viii, 20. || Être,
n'être pas du domaine de, être, n'être pas de la
compétence de. La partie des sciences qui tom-
bait sous les sens et qui, pour le public, pouvait
être un objet de curiosité, était aussi de son do-
maine, MAHM0NTEL, Mém. VI. || 8" Tout Ce qu'embrasse
un art, une science. Agrandir le domaine d'un art.
Le domaine de "éloquence. || 9° Puissance , autorité,
souveraineté. Il a voulu nous laisser un certain do-
maine sur nos actions, boss. iv. Prof. 2. Dieu qui
a un domaine supérieur et absolu sur nous, bour-
dal. Dim. de la Scptuag. Dominic. t. i, p. 346.
Dans le choix que Dieu fait pour produire le plus
ou le moins parfait, il ne faut point chercher d'autre
raison que sa supériorité infinie et son domaine sou-
verain sur tout ce qu'il peut faire, fén. t. m, p. 69.
— HIST. XI' s. E por le dener que li seignurs dur-
rad [donnera], si erent quites ceuls [ceux] qui mei-
nent [habitent] en soun demaine. Lois de Guill. 18.
Il XIII* s. Cil tint en son demaine tout jusqu'en Jer-
salem, Ch. d'Ant. y, 979. Vinz livrées de terre qu'il
[Thibaut de Champagne] tient en som demoyne,
nu GANGE, dominium. Fief que je tenoie en purde-
mainne, beaom. xlvii, 8. Vous avez en vo garde et
en vostre demoine Les biens du crucefix et le saint
patrimoine,!, de meuno, Test. 651. || iV s. Ou [au]
vieil temps, grant renom couroit De Creseide, Yseud,
Elaine, Et mainte autre, qu'on nommoit Parfaiotes
en beaulté haultaine; Mais, au derrain, en son de-
maine La mort les prist piteusement, en. d'orl.
Bal. «I.
ÉTYM. Bas-Iat. domanium; provenç. domaine;
eipagn. et ital. dominio; du latin dominium, de do-
mtnus, leigneur (voy. dom).
DOM
DOMANIAL, ALE (do-ma-ni-al, a-1'), adj. Qui
est du domaine de l'État ou de la couronne. Droit
domanial. Biens domaniaux. Grégoire VII préten-
dait être le seigneur suzerain et domanial de l'Es-
pagne, VOLT. Mœurs, te.
— ÉTYM. Bas-lat. domanialis, de domanium
(voy. domaine).
t DOMANIALISER (do-ma-ni-a-li-zé),«. o. Terme
d'administration. Joindre au domaine.
— ÉTYM. Domanial.
i DOMANIALITÉ (do-ma-ni-a-Ii-té), s. f. Terme
d'administration. Qualité de ce qui est domanial,
de ce qui fait partie du domaine.
— ÉTYM. Domanial.
t DOMANIER (do-ma-ni-é), s. m. || 1° Ancienne-
ment, employé de l'administration des domaines.
Le domanier leur avait prouvé généreusement qu'elles
n'avaient pas assez estimé leur héritage, volt.
l'Homme aux 40 écus, Audience. || 2° Celui qui
prend une tenure à domaine congéable. || S" Adj. Qui
concerne le domaine. Droits et exploits domaniers.
— ÉTYM. Bas-latin, domarierius, de domanium
(voy. domaine).
t DOMANITE (do-ma-nif), s. f. Terme de miné-
ralogie. Schiste bitumineux.
f DOMBEY (don-bè), s. m. Nom d'un bœuf sau-
vage qui appartient au groupe des bonases.
t DOMBÉYE (dom-bè-ye), s. f. Plante exotique,
ainsi dite de Dombey, naturaliste célèbre.
DÔME (d&-m'), s. m. \\ 1" Terme d'architec-
ture. Construction en forme de demi-sphère creuse
surmontant un grand édifice. Le dôme de St-Pierre
à Rome. Le dôme du Val-de-Grâce. Le dôme du
Panthéon. Philander et Barbare croient que tho-
lus est ce que nous appelons la lanterne d'un
dôme, PERRAULT, Vilruve, iv, 7, en note, à la
fin. Il Dôme à pans, dôme dont le plan est poly-
gonal. Dôme surbaissé, celui qui forme une por-
tion de spliéroïde aplati. Dôme surmonté, celui
qui forme une portion de sphéroïde allongé. || Par
extension, voûte. L'antique alléluia de Jacob fait
retentir le dôme des églises, ciiateaub. Génie, i, i,
7. C'est la religion qui fait gémir, au milieu de
la nuit, la vestale sous ses dômes tranquilles, ID.
ib. III, I, t. Il 2° Par analogie. Dôme de verdure,
voûte de feuillage. Les dômes des forêts que les
brises agitent. Bercent le frais et l'ombre et les
chœurs des oiseaux, lamart. llarm. ii, 6. || Le
dôme des cieux, la voûte céleste. Oh! que tes cieux
sont grands et que l'esprit de l'homme Plie et tombe
de haut, mon Dieu! quand il te nomme. Quand,
descendant du dôme où s'égaraient ses yeux , Atome ,
il se mesure à l'infini des cieux! lamart. llarm. ii,
4. Il 3° Nom que l'on donne, en plusieurs villes d'I-
talie et d'Allemagne, à l'église principale, que cette
église ait ou non une coupole. Le dôme de Milan.
Il 4° Terme de marine. Sorte de grand capuchon de
planches qui couvre l'escalier par où on descend du
gaillard d'arrière sur le pont. || B° Partie supérieure
du fourneau à réverbère. || Réceptacle métallique
d'une chaudière tubulaire, dans lequel le conduit à
vapeur prend son origine. 1| Couverture d'une cas-
solette , d'un encensoir.
— HiST. xv s. Comme il [Charles VIII] appro-
choit de la ville de Pavie , ceux du clergé lui vin-
rent au devant en fort honorable procession, et en
ceste manière il fut conduit jusquesù. la grant église
appellée le dôme, P. desrey, Voy. de Charles Vlll
à Ifaples, p. 201, dans lacurne. |1 xvi° s. L'église
de St Laurent qui est le grand domme de Gènes, J.
d'auton, Ann. de Louis XII, p. t02, dans lacurne.
Le dosme sur la couverture, portant la principale
fenesire pour entrée et issue aux pigeons, ensemble
les nids seront disposés comme sera monstre, o. de
SERRES, 384.
— ÉTYM. Lat. doma, domatis, maison, église,
qui se trouve dans saint Jérôme, et qui vient du
grec ôû|j.a, maison. L'ital.duomo, d'après Diez, vient
du latin domus Dt't, maison de Dieu; mais pourquoi
séparer duomo de domo, et le rattacher à domus?
DOMEKIE (do-me-rie) ». {. Espèce de bénéfice
ecclésiastique dont le possesseur porte le titre de
dom. M. de Noailles avait été quinze ans à Cliâlons
[évêque], et il avait la domerie d'Aubrac, abbaye
sous un titre particulier, st-sim. 32, m.
— ÉTYM. Dom, titre d'abbé.
t DOMESTICATION (do-mè-sti-ka-sion), j. [.
Action de domestiquer. Dans ces derniers temps on
a tenté la domestication d'espèces restées sauvages
jusqu'à présent. La domestication est distincte de
l'acclimatement et de la naturalisation qui la précè-
dent toujours.
— ÉTYM. Domestiquer,
DOM
DOMESTICITÉ (do-mè-sti-si-té) , ». f. \\l' Condi-
tion d'une personne qui est au service d'une autre,
La domesticité a remplacé l'esclavage. || Collective-
ment, l'ensemble des domestiques d'une maison. La
chère Suzanne, chargée de toute la confiance, sera
notre surintendante, commandera la domesticité,
BF.AUMARCH. Ifcre coup. I, 4. Il 2° État de dépen-
dance, de servitude, dans lequel vivent, relative-
ment à l'homme, les animaux qu'il entretient et
modifie pour ses besoins ou ses plaisirs. La domes-
ticité est un effet de l'instinct sociable. Je ferai
connaître jusqu'où ces variétés [dans les animaux]
peuvent aller, soit par l'influence du temps, soit
par celle du climat, soit enfin par celle de la do-
mesticité, cuviEH, Rivol. p. (t.
— ÉTYM. Domestique.
DO.MESTI0UE (do-mè-sti-k'), adj. \\ l' Qui appar-
tient à la maison , à l'intérieur de la famille. Ser-
vices domestiques. Des soins domestiques. L'hygiène
domestique. Les vertus domestiques. Moi, sans con-
sidérer aucun nœud domestique, CORN. Othon, m,
3. Pleurons dans la maison nos malheurs domes-
tiques, ID. 7/or. IV, 7. On pleure injustement des
pertes domestiques, Quand on en voit sortir des vic-
toires publiques, ID. ib. IV, S. Et lorsqu'on dissimule
un crime domestique, id. Poly. m, 6 Nous
connaissons des personnes de condition qui ont
appréhendé des morts domestiques que Dieu a peut-
être détournées à leur prière, qui ont été cause ou
occasion de tant de misères qu'il serait à souhaiter
qu'ils n'eussent pas été exaucés, pasc. Lett. <7 oct.
t65t. La vertu De tout exemple domestique Est
universelle et s'applique En bien, en mal, en tout;
fait des sages, des sots. Beaucoup plus de ceux-
ci.... LA FONT. Fabl. xji, iO. i quelle espèce de sei
devoirs, publics ou particuliers, de religion ou
domestiques, a-t-elle manqué? fléch. Jfane-CiA',
Un coup imprévu de tempête civile et domestique
jette sur des bords étrangers cette princesse infortu-
née qui l'honorait de sa bienveillance, id. Mme d'Ai-
guillon. N'est-ce pas elles [les filles] qui soutiennent
les maisons, qui règlent tout le détail des choses do-
mestiques? FÉN. Educ. Filles, ch. i. Le chien est
le seul animal dont la fidélité soit à l'épreuve; le
seul qui entende son nom et qui reconnaisse la voix
domestique, buff. C/it'en. || Esprit domestique, ma-
nière de voir et de sentir qui concentre tout dan»
l'intérieur de la maison. Je n'aime pas l'esprit do-
mestique, MARIVAUX, Jeux de l'am. et du hasard,
i, 7. Il Chez les anciens, les dieux domestiques, les
pénates, et, par extension, l'intérieur de la de-
meure. Les autres [assassinés] dans le sein de leurs
dieux domestiques, corn. Ct'nna, l, 3. |1 Tribunal
domestique, tribunal de famille qui chez les Ro-
mains jugeait certains crimes domestiques. Quand
il [Tibère] voulut punir quelque dame romaine au
delà de la peine portée par la loi Julie, il rétablit
contre elle le tribunal domestique, mohtesq. Esp.
vil, <3. Il 2° Qui a rapport au ménage. L'économie
domestique. || 3° Il se dit par opposition à étranger.
Les troubles domestiques de la France. || Fig. Qu'elle
ne demeure pas en terre, qu'elle est domestique du
ciel, qu'elle loge dans le sein de Dieu, pasc. dans
COUSIN. Il Substantivement et vieux en cet emploi. Et
les étrangers ont démenti l'histoire que les domesti-
ques avaient publiée, balz. le Prince, ch. v. || 4° Qui
appartient à l'individu même, par opposition à ce
qui lui est étranger. Nous nous étonnons quelquefois
que les Pères de l'Église, faisant le portrait d'une
conscience déréglée, nous la dépeignent comme un
bourreau domestique qui tourmente le pécheur,
boubdal. 9' dim après la Pentec. Dominic. t. m,
p. 464. En me défendant de ces ennemis domesti-
ques [les passions] qui sont nés avec moi et dans
moi et qui conspirent à me détourner de la sainte
résolution que j'ai formée, id. Pensées, t. i, p. 4)5.
||5« État domestique, état d'une personne qui sert
moyennant des g.iges. |1 S" En parlant des animaux ,
il se dit par opposition à sauvage, lin animal do-
mestique. Un animal à l'état domestique. 1| 7' S. m.
et f. Personne payée pour le service de la maison.
Un domestique actif. Une bonne domestique. Les
gages des domestiques. Heureux de ne devoir à pas
un domestique Le plaisir ou le gré des soins qu'il»
se rendaient, la font. Phil. et Bauc. Par un seul
dome-stique on est bien mieux setvi, collin d'har-
LEV. Optim. IV, 5. Il 8° S. m. Anciennement il s«
disait des individus attachés à une grande maison,
même quand ils étaient gentilshommes et que l'em-
ploi était important. Pour toute réplique Failes-eo
faire essai par quelque domestique, corn. Rodog,
v 4. N'appréhendez-vous point que tous vos do-
mestiques Ne soient déjà gagnés par mes sourdes
DOM
DOM
DOM
1211
pratiques? corn. Nicom. v, 7. Peut-être en domes-
tique est-il auprès de moi, id. Suréna, ii, 2. Sus-
pendez votre douleur, fidèles domestiques de cette
princesse, fléch. Marie-Thir. J'ai découvert au roi
\ les sanglantes pratiques Que formaient contre lui
deux ingrats domestiques, rac. Esf/i. i,l. Louis XI :
On dit que vous avez écrit mon histoire. — Com-
mines : Il est vrai, et j'ai parlé en bon domestique,
j FÉN. t. XIX, p. 307. Un domestique d'un grand sei-
! gneur employa l'intercession de M. le dauphin,
' j'entends de celui qui mourut en <7U, pour se
faire nommer à une place vacante, d'olivet, Ilist.
Aead. t. n, p. 33, dans pougf.ns. Les détails de la
fondation d'une ville leur plaisent moins [aux es-
prits superficiels] que la témérité d'un homme
! [Charles XII] qui brave dix mille Turcs avec ses seuls
1 domestiques, volt. l'Homme aux 40 écus, Un ion
\ souper. \\Le grand domestique, titre d'un officier
[ de la cour de Constantinople, dans le Bas-Empire.
' Il 9° Terme collectif. Les gens de service. Un nom-
1 breux domestique. Ses équipages [de Monseigneur]
et son domestique étaient à leurs ordres [de Mlle de
Lislehonne et de Mme d'Épinay], st-sim. 96, 15.
Il 10» L'intérieur d'un ménage. Qu'il les admette
jusque dans son domestique , la bruy. xi. Ils entrent
dans les plus petits détails du domestique, m. Théo-
phr. IV. Point de hauteur; soyez ferme et douce
dans votre domestique, maintenon, Lelt. Mmed'Ila-
vrincourt, 24 févr. t705. Ces personnes qui, ren-
fermées dans un domestique frugal et mal aisé...,
MASS. Carême, Jeûne. L'humeur et la hauteur dans
un domestique, m. Car. Culte. Elle répand sur tout
son domestique un air de licence, m. Pet. carême,
Vices. Il [Plutarque] eut la joie de trouver, dans
son domestique et dans l'intérieur de sa famille,
toute la paix et la satisfaction qu'il pouvait désirer,
ROLLiN, IHst. anc. liv. xxv, ch. îi, art. i, § 2.
— REM. Domestique, adjectif, avec la préposition
de, a été employé par Pascal; cela peut très-bien
s'imiter; c'est d'ailleurs un archaïsme; Calvin a em-
ployé cette construction (voy. l'historique).
— HlST. xm" s. Ou vergier ot arbres domesches,
Qui chargoient et coins et pesches, Chastaignes,
nois, pommes et poires, la Rose, <365. || xiv" s. Ce
mesmes est-il des bestessauvaiges, desdommesches,
voire des bestes champestres, Ménagier, i, 6. Quant
aux chamberieres et varlets d'ostel que l'en dit do-
mestiques.... ib. n, 3. Pensez des autres oiseaulx
domesches, car ils ne pevent parler, ib. || xV s.
Yvre valet et enragié qui tue. Et ennemi privé et
domestique, eust. desch. Poésies mss. f" 3i4, dans
LACDRNE, au mot lunatique. Brebis, beufs, les oi-
seaulx volans, tout bestail domesche et sauvaige,
ib. f" 470. Hz regardèrent avant au parfond de la
praerie, et veirent qu'il y avoit vaches domestes,
Pcrceforest, t. ii, f»t.||xvi"s. Un domestique de
feu mon père, mont, i, too. Il y a une voye com-
mune aux payons et aux domestiques de l'Eglise
pour cercher Dieu, calv. Instit. < 8. Il y a abon-
dcnce d'hommes que les guerres domestiques ont
grandement exercitez aux armes, langue, 402.
H. de Scorbiac, le capitaine Portai, ung de mes
subjectz et serviteur dome.stique, est appelant en
vostre compagnye d'une sentence que ses parties
ont obtenue contre luy. Lettres de Henri IV, t. i,
p. 300. Femme vefve qui se remarie avec son do-
mesticque ordinaire [valet] perd son douaire, Cou-
tumier yt'.' ■'-■". t. n, p. 782. Il est fils du grand
marquis Vivian nostre ami domestique, Nuits de
Straparole, t. i, p. 205, dans lacrune.
— Etym. Provenç. domesgue, dometgue, domes-
tic, domestegue ; oatal. domestic; espagn. et ital.
domestico. Le latin domesticus ayant l'accent sur
mes, la forme régulière et primitive est domesche i
on a commencé au xiV siècle à la remplacer par
domestique, calqué sur le latin; puis domesche est
tombé dans l'oubli.
t DOMESTIQUÉ, ÉE (do-mè-sti-ké, kée), part,
passé. Amené à l'état domestique. Les animaux do-
mestiqués.
DOMESTIQUEMENT (do-mè-sti-ke-man) , adv. En
qualité de domestique, à la manière d'un domes-
tique. Servir quelqu'un domestiquement. || Dans la
familiarité. Il vit domestiquement avec nous.
— HlST. XVI* s. Un gentilhomme qui estoit do-
mestiquement à son service, carl. i, 33. Hantant
avec luy fort privéement et domestiquement, Mém.
du Bell. liv. iv, f" tl4, dans lacoene.
— ÉTYM. Domestique, et le suffixe ment; pro-
venç. dumestgamen.
t'HOMESTIQUER (do-mè-sli-ké), v. a. Rendre
domestique un animal sauvage. |j Sa domestiquer,
». rifl. Tel animal se domestiqua difficilement.
— HIST. xvi* S. Oyseaulx tant bien faictî et do-
mestiquez, que, partans du chasteau pour s'esbat-
fre es champz, prenoient tout ce que rencontroicnt,
rab. Garg. i, 65. Nous ajouterons le ris, afin qu'-în
le domestiquant chez nous, en puissions estre ac-
commodés, 0. DE serres, 4)9. Parquoy il uous faut
tenir fermes et ne nous laisser pipper aux escrits et
persuasions de ceux qui, après avoir fardé et desgui.sé
l'impiété, la veulent domestiquer avec nous, qui la
devons chasser comme un horrible monstre, langue,
t37 Ce sont ici les premiers propos qu'ils sèment,
et après qu'on s'est plus domestiqué avec eux, ils
descouvrent davantage les secrets qu'ils n'osent pas
si tost mettre en évidence, id. boi. Il [un chien] se
domestiquera avec les autres, et apprendra h aller
au couple, salnove, Vénerie, p. 264, dans lacurne.
— ÉTtM. Domestique; provenç. domesgar, do-
mesjar. Ce mot, qu'on a donné souvent comme un
néologisme, remonte au xvi* siècle.
t DOMICELLE (do-mi-sè-l'), s. m. Espèce de per-
roquet.
DOMICILE (do-mi-si-F), s. m. || t° L'habitation
fixe ou la plus ordinaire de quelqu'un. Il a établi,
fixé son domicile h Paris. Violation de domicile.
Entretenir de ses richesses, de ses revenus et de
ses ameublements un homme qui n'a ni rentes ni
domicile, la bruy. v. || En termes de droit, le lieu
où la personne est présumée être quant à l'exer-
cice de ses droits et à l'accomplissement de ses
fonctions. Le domicile est au lieu du principal éta-
blissement. Code civil, art. t04. || Domicile d'ori-
gine, celui du père et de la mère d'une personne.
Il Domicile de secours, lieu où l'homme nécessi-
teux a droit aux secours publics. || Domicile élu,
par opposition à domicile réel, celui qui est indiqué
pour l'accomplissement d'un acte juridique. || Do-
micile politique, le lieu où l'on exerce ses droits
politiqjies. Le domicile politique de tout Français
est dans le département où il a son domicile réel;
néanmoins il pourra le transférer.... Loi électorale
du 5 février <8(7. || Élection de domicile, déclara-
lion faite que l'on choisit tel ou tel lieu pour y
exercer ses droits politiques, pour recevoir toute as-
signation, etc. Il faudrait, pour détruire ces preuves,
m'opposerun acte formel d'élection de domicile ail-
leurs, p. L. CGDR. Au conseil de préf. à Tours. || Dans
le langage commun, élire domicile, se fixer en quel-
que lieu Je crois qu'en cette ville Le diable a pour
jamais élu son domicile, regn'Ard, Ménech. ii, 2.
Depuis le donjon de Vincennes et les différents farts
du royaume où je n'avais pas élu domicile, mais où
j'ai été arrêté pour différents motifs.... Mirabeau,
Collection, t. iv, p. tes. || X. domicile, loc. adv.
Dans la demeure même. Bains à domicile. Secours
à domicile. Exploit signifié à domicile. || 2° Terme
d'astrologie. Signe du zodiaque dans lequel on dit
qu'une planète a plus de puissance qu'ailleurs. Le
soleil, étantau Lion, est dans son domicile.
— HIST. XIV" s. Si fut tenu en la prinson Long-
temps sans cause, sans raeson. Et print l'en ses
chasteaux et villes. Ses forteresses, ses domicilies,
Liv. du bo7i Jehan, 189, 192. ||xvi« s Est tenu
d'y élire domicile, loysel, 896. Le domicile s'ac-
quiert par an et jour, et se prend au lieu où l'on
couche et levé, au jour St Rémi, id. 911.
— ÉTYM. Provenç. domicili; espagn. et ital. do-
micilio; du latin domicilium, de domus, maison.
DOMICILIAIRE (do-mi-si-li-ê-r') , adj. Qui con-
cerne le domicile. Visite domiciliaire, descente faite
par autorité de justice au domicile de quelqu'un.
— HIST. xvi" s. Le seigneur peut faire arrester les
fruicts de la terre estant en son fief, qui lui doit re-
devance jusques à plege de droict, quand le déten-
teur n'est domiciliaire [domicilié] ne estager du dit
seigneur, Coutumier génér. t. ii, p. 762.
— ÉTYM. Domicile.
DOMICILIÉ, ÉE (do-mi-si-li-é, ée), part, passé.
Qui a une demeure fixe. Il est domicilié dans telle
commune. Si je me présentais pour voter à Paris
où on me dit domicilié, p. l. cour. Au conseil de
préfect. à Tours. Il était domicilié dans Rome, pa-
TRU, Oraison pour Archias, dans richelet. || Par
extension, en parlant des animaux. Le renard sait
se mettre en sûreté, en se pratiquant un asile où
il s'établit, où il élève ses petits; il n'est point ani-
mal vagabond, mais animal domicihé, euff. Re-
nard. Les singes, habitants domiciliés de ces forêts,
se jouent dans leurs sombres rameaux, bern. de
s. -p. P. et Virg. \\ Terme de pêche. Poissons domi-
ciliés, poissons qui se trouvent toute l'année sur les
mêmes côtes. || S. m. Terme d'antiquité grecque.
S Athènes, les domiciliéa [niTomoi], étrangers éta-
blit dans ta ville, tant on être cltoïnnit,
DOMICILIER (SE) (do-mi-si-li-é), je me domici-
liais, doraioihions, domiciliiez; que je me domicilie ;
domiciliions, domiciliiez, v. réfl. Établir, fixer sou
domicile.
— ÉTYM. Domicile.
t DOMIFICATION (do-mi-fi-ka-sion), s. f. Terme
d'astrologie. Action de domifier.
— HlST. XVI" s. Les enchantements, le commerce
des esprits des trespassés, les prognostications, les
domifications, mont, n, 315,
— ÉTYM. Domifier.
t DOMIFIER (do-mi-fi-é) , v. a. Terme d'astrolo-
gie judiciaire. Diviser le ciel en douze parties, qui
s'appellent maisons, pour dresser un horoscope.
— ÉTYM. Lat. fictif, domificare, de domus, mai-
son, et du suffixe ficare.
t DOMINANCE (do-mi-nan-s') , s. /. Qualité, ca-
ractère de ce qui est dominant. Le but d'Hippo-
crate était d'observer les maladies, de voir s'il ne
serait pas possible de trouver la raison de leur do-
minance et de leurs retours dans les circonstances
de l'exposition du sol, de l'état de l'air, cabanis,
dans le Dict. de poitevin.
— ÉTYM. Dominant.
DOMINANT, ANTE (do-mi-nan, ran-t'), adj.
Il 1° En parlant des cho.ses, qui domine, qui pré-
vaut. Goût dominant. Passion dominante. Comme
elle [la passion du trône] est la première, elle est
la dominante, corn. Tite et Bér. i, 2. Je veux, je
tâche en vain d'éviter par la fuite Ce charme domi-
nant qui marche à votre suite, m. Attila, m, 2.
Vous savez, me dit- il, que la passion dominante des
personnes de cette condition [les gentilshommes]
est ce point d'honneur qui les engage à toute heure
à des violences, pasc. Prov. 7. N'en doutons pas,
chrétiens: Dieu a préparé dans son conseil éternel
les premières familles qui sont la source des nations,
et, dans toutes les nations, les qualités dominantes
qui devaient en faire la fortune, Boss. Marie-Thér.
L'inclination dominante de notre ame, mass. Ca-
rême, Culte. Il l'aimait trop pour que l'aventure
des diamants eût fait sur son cœur une impression
dominante, vglt. l'Ingénu, 19. || Religion domi-
nante, religion qui domine dans un pays et qui est
celle de l'État. {| 2° En parlant des personnes, qui
domine, qui eierefe l'autorité. Cet ordre et cette
suite si scrupuleuse sont peu dignes de la liberté
de l'esprit de Dieu [dans les psaumes], sont des
marques de contrainte et de servitude, sont des
chaînes et des fers que brise et met en pièces,
du premier coup, cet esprit dominant et souverain,
BAi.z. Socr. ehrét. Disc. 7. Un grand nombre de
villes obtenaient pour leurs concitoyens le droit de
citoyens romains, et, unies par leur intérêt au peu-
ple dominant, elles tenaient dans le devoir les villes
voisines, boss. Hist. m, 6. Il est le seigneur domi-
nant de tout le quartier, la bruy. vi. L'esprit do-
minant assujettit les autres à son tribunal, vauven.
Max. 281. Malheur à la réputation du prince qui
est opprimé par un parti qui devient le dominant,
montesq. Rom. 1. 1| 3° Terme de droit féodal. Un fief
dominant, un fief qui avait sous lui d'autres fiefs.
On dit dans le même sens seigneur dominant.
Il 4° Terme de jurisprudence. Fonds dominant, ce-
lui en faveur duquel est établie une servitude, pai
opposition à fonds servant, celui qu'elle frappe.
Il 5° Terme de grammaire. Voix ou voyelle domi-
nante dans une diphlhongue, celle sur laquelle la
voix s'arrête. Dans le mot diable il y a la diph-
thongue t'a, où l't n'a qu'un son très-fugitif; o est
la voix dominante. || 6° Les cordeliers nomment père
dominant, dans chacune de leurs provinces, un
supérieur principal, dont l'autorité est absolue sur
tous les autres. |J 7° Terme de minéralogie. Forme
dominante d'un cristal, le solide géométrique sim-
ple auquel on peut le rapporter en ne considérant
que les faces les plus étendues.
DOMINANTE (do-mi-nan-f) , s. f. || 1° Terme de
plain-cbant. La note que l'on répète le plus sou-
vent à quelque degré que l'on soit de la finale.
Chaque ton du plain-cbant a sa dominante propre.
Il 2° Terme de musique moderne. La cinquième
note au-dessus de la tonique ou fondamentale.
Il Sous-dominante, la quatrième note au-dessus de
la tonique. || Accord de dominante, celui qui se
pratique sur la dominante. |1 8° Terme de gram-
maire. La voyelle principale de la syllabe ou des
deux syllabes dont se forme une rime.
DOMINATEUR, TRICE ( do-mi-na-teur, tri-s'),
s. m. et f. Il 1° Celai, celle qui domine. O voyage
bien différent de celui qu'elle avait fait sur la même
mer, lorsque, venant prendre possession du sceptre
de la Grande-Bretagne, elle voyait, pour ainsi dira.
I
Î2I2
DOM
DOM
DOM
les ondes se courber sous elle et soumettre toutes
leurs vagues à la dominatrice des mers! Boss. Reine
i'Anglel. Il sortira de Jacob un dominateur qui per-
dra les restes de la cité, saci, Bible, Nnmhr. xxiv,
*n. Ces brigands sacrilèges, Décent peuples vaincus
dominateurs cruels, volt. Taticr. v, t. Ces iiisu-
l.iires étaient plus robustes et plus braves que leurs
dominateurs, id. I.nuis XV, 40. Du cœur humain
sombres dominatrices, C'est vous surtout, fougui^u-
ses passions.... delu.le, Conrers. ii. || Kig. À sa
gauche [d'une redoute] et à portée de son feu, un
mamelon s'élève comme le dominateur de cette
plaine, il est couronné d'une redoute formidable,
SÉGUR, //lit. de Napnl. vu, 5. || Terme d'astrologie.
Dominateur ou seigneur dominant, nom donné à
l'astre qui a le plus de degrés de puissance dans un
horoscope. || 2" Adj. Un esprit dominateur. Un peu-
ple dominateur peut s'affranchir de tout impôt,
parce qu'il n'gne sur des nations sujetles, montesq.
Esp. xm, 42. ■ Vais.5eau dominateur de l'onde, le-
PBANC DE POMP. Ode, la Poésie chrétienne. 11 y avait
dans Kené quelque chose de dominateur -qui s'em-
parait fortement de l'âme, chateaub. Natch. il, 203.
La grande armée ron.>ierva son air de souveraine;
vaincue par les éléments, elle garda devant les
hommes ses formes victorieuses et dominatrices,
SÉGUR, Hist. de Napol. xii, 5. Le candidat à la dé-
putailon lança dans l'espace par-dessus ses lu-
nettes un de ces regards dominateurs dont il croyait
l'elTet irrésistible, en. de deknabd, la Cinquan-
taine, § I.
— HIST. XVI' S. Que la doctrine divine tient mieulx
son reug à part, coname royne et dominatrice, mo.nt.
I, 400.
— ÉTYM. Lat. dominalor, de dominari, do-
miner.
■f DOMINA TIF, IVE (do-mi-na-tif,' ti-v'), ad}.
Oui a le caractère de la domination.
— HiST. xiv s. Droit dominatif, oresme, Thèse
de MEUNIER.
— ETYM. Dominer.
DOMINATION (do-mi-na-sion ; en vers, de cinq
syllabes), s. f. || 1° Autorité qui, acceptée ou non
des subordonnés, s'exerce pleinement Esprit de do-
mination. Secouer une dominalion tyrannique. La
domination de l'âme sur le-corps. La flatterie bénit
les dominations injustes et fait des vœux pour la
prospérité des méchants, balz. le Prince, v. Il
étendit sa dominalion sur la .Syrie, boss. Ilisl. i, 7.
Que sur toute tribu, sur toute nation. L'un d'eux
[lils de David) établirait sa domination, bac. Athal.
1, t. Des hommes impies qui méprisent toute domi-
nalion, MASS. Carême, Vérité de la ni. Générale-
ment parlant, de toutes les dominations étrangères,
aucune ne fut jamais moins à charge que celle des
Romains, à peine leur joug se faisait-il sentir, hol-
LiN, Ilisl. anc. Qùivres, t. ix, p. 432, dans pou-
gens. Voilà ce qui reste d'une vaste domination, un
souvenir obscur et vain! voi-ney. Ruines, 2. Quel-
que dure que fût pour mui la dominalion de ma
belle-mère, je n'aurais peut-être jamais eu la force
de changer de .«ilualion, stael, Corinne, xiv, 3.
Il 2° Terme de théologie. Les dominations, un des
ordres de la hiérarchie céleste, qui est le quatrième
en commençant par les séiapliius. Parmi tant de
trônes, d'ardeurs, de dominations, nul ne se senlit
assez de force pour s'offrir en sacrifice, cuatealb.
Génie, :, v, 4.
— HIST. XII* S. Le tuen règne, règne de tuz se-
cles, e la tue dominaciun en Iule generaciun e ge-
neraciun. Liber psalm. p. 225. || xiv s. Concupi-
scence aura dominacion et seigneurie par dessus
raison. — La mutation des dominations et majeslez
du monde, oresme. Thèse de meunier. Leurs do-
minations et seigneuries en eu.ssent plus duré et en
meilleur estât, id. ib. /'roi. Ji\ jour vous n'en are/, la
domination. Se par force n'avez conquis la mansion,
Cuescl. 5060. Car encor revenrez en dominacion,
Kt de vos aiiemis vous prendrez vengisoii, ib. 8972.
Sire, che dist Madoines, bien croire vous doit-on;.
Car quant un chetis vient en dominalion , Plus d'or-
geul a en li^i qu'en un prinche de non, Baud. de
Seb. xui, 6110. Il xvi' s. Or esloit la dominalion de
ces trois personnages qu'ilz appelèrent le triumvi-
rat, pour beaucoup de causes odieuse et haïe des
Uomaiiis, amïot, Anton. 24.
— Etym. l'rovenç. dominalion; espagn. domina-
cion; iial. dnminaiione; du latin dominad'onem, de
dominari, dominer.
t D().\UNE (do-mi-n'), s. f. Terme de minéralo-
gie. Espèce de marn-î pétrifiée f.icile à polir, que
l'on trouve dans une rivière de l'Ile d'Amboine.
DOU'Mfi, ËE (do-mi-n4, née), pari. patsé.\\ i' Qui
est assujetti. Un mari dominé par sa femme. || 2° Qui
est placé au-dessous. La campagne dominée par un
donjon.
JWMINKR (do-mi-né), v. n. || !• Exercer la domi-
nation. Celle puissance domine sur les mers. Les
Francs n'admellent [lointde femme à dominer, corn.
Allila, I, 2, Les hommes veulent être esclaves quel-
que part et puiser là de quoi dominer ailleurs, la
Biiuy. viii. L'Arabe impérieux domine en llalie, volt.
Tancr. iv, 2. Le czar partageait avec Charles XII la
gloire de dominer en Pologne, id. Russie, i, 14.
Mais on veut dominer aussitôt qu'on est libre, sau-
RiN, Spartac. v, 6. || Dominer sur. Un gueux a un
chien pour avoir un êire sur qui dominer, saint-
Foix, Ess. Ports, Œuvres, t. iv, p. 173, dans
pouGi-NS. Le hardi Soliman insolemment domine
Sur les fcniles champs couronnés par l'Etna, vol-
taire, Tancr. i, t. Le Français domine surloutes
les régions, pour ce qui e.st d'agrément ou de ma-
gnificence, et son art de plaire est un des secrels
de sa fortune et de sa puissance, raynal, liist.
phil. XIX, B. Il 2° Avoir la prépondérance, préva-
loir. Il domine au conseil, dans la compagnie. De
la même main dont ce grand liomme [Kichelieu] sa-
pait les fondements de la monarchie d'Espagne, il a
daigné jeter ceux de votre établissement, et con-
fier à vos soins la pureté d'une langue qu'il voulait
faire entendre et dominer par toute l'Europe, coiiN.
Disc, derécept. à l'Acad. Dieu ne veut pas d'un cœur
où le mon(ie domine, m. Polt/. l, t. Prince, que
voulez-vous d'un cœur préoccupé Sur qui domine
encor l'ingrat qui l'a trompé? ID. Tois. d'or, ii, 6.
Dominer sur la nature, pasc. dans cousin. En lais-
sant dominer les sens, boss. Ilist. ii, il. Deux sortes
de gens fleurissent dans les cours, et y dominent
dans divers temps, les hbertins et les hypocrites,
LA BRUY. XVI. Je ne sais quoi qui la met [l'âme]
au-dessus des craintes, des espérances, de la répu-
tation et des opprobres et de tout ce qui domine sur
la conduite du reste des hommes, mass. Confér.
Fuite. Vos lois laissent tout à l'aîné et rien aux ca-
dels, c'est l'intérêt qui a dicté cette loi bizarre; ap-
paremment les aînés l'ont faite, ou les pères ont
voulu que les aînés dominassent, volt. Dial. s.
Il 3° Êlre le plus apparent, avoir le plus de force,
en parlant des choses. Cette figure domine dans le
tableau. Pour moi j'aime surlout que le poivre do-
mine, BOiL. Sat. m. Cette humilité profonde qui do-
mine si fort dans son caractère, mass. St l'ranç.
Il 4° Dépasser en hauteur ce qui environne. Sa tèle
domine au-dessus de la foule. Notebourg était une
place tri''s-forte , bâtie dans une île du lac Ladoga,
et qui, dominant sur ce lac, rendait son possesseur
maître du cours de la Neva, volt. Ihis.ne, i, 12.
Il 5" V. a. Tenir en domination, maîtriser. Les am-
bitieux n'ont aucun moyen de se distinguer ni par
leur naissance, ni par leur grandeur, ni par leur
esprit, puisque la mort, qui égale tout, les domine
de tout côlé avec tant d'empire, et que, d'une main
si prompte et si souveraine, elle renverse les têtes
les plus respectées, boss. Duch. d'Orl. Vous domi-
nerez sur plusieurs nations, et nul ne vous domi-
nera, SACi, Rible, Deutéron. xv, (6. || Use dit des
cho-ses qui prennent de l'empire. Je ne veux point
que la mauvaise bonle et la timidité dominent vo-
tre cœur, FÉN. Tél. xxiii. La mode domine les pro-
vinciales; mais les Parisiennes dominent la mode
et la savent plier chacune à son avantage, j. J.
ROUSS. Ilél. Il, 21. Les plus grandes contradictions
que le czar éprouva quand il voulut créer un em-
pire et former des hommes, vinrent de sa femuie;
elle était dominée par la superstition, si souvent
attachée à son sexe, volt. Russie, ii, lO, || S'Avoir,
par sa hauteur, une sorte de dominalion sur l'espace
environnant. Une hauteur qui domine le cours de
la rivière. Ce Grec dont l'œil au loin observe nuit et
jour L'horizon de nos mers que domine la tour, le-
MERC. Agamemn. i, 4. || 7° Se dominer, ti. réjl. Se
commander à soi-même. En cette pénible circon-
stance il sut se dominer.
— RE.M. Pascal a dit dominera, pour dominer
sur .-Qui eût dit à vos généraux [des jésuites] qu'un
temps élail proche où ils domineraient en mœurs
à l'Église universelle? pasc. dans coisiN. C'est un
archaïsme comme on peut voir dans riiistorique.
— HIST. xvi" s. Si c'est promesse, où en est l'ac-
complissement, veu que Cain a esté veinou de pé-
ché, auquel il devoit dominer? CALVIN, In.ilit. 245.
Pour monstrer la grande convoitise d'avoir qui do-
minoil en luy, on allègue deux principaux argu-
mens, amvot, Crass. 2. Sans celte hemoragie il
n'auroit pu se moiigener à cause du sang bouillant
qui le dominoit naturellement, d'adb. Vie, xxvii.
La Tartarie est dominée par le Cbam, id. Uisi
I, 42.
— ÈTYM. Lat. dominari, dominer, dedomt'niit,
seigneur (voy. dom).
DOMINICAIN, AINE (do-mi-ni-kin, liè-n'). s. m.
et f. Il 1° Ileligieux. religieuse de l'ordre de Saint-Do-
minique; ordre '|ui, instiiué en (2i« à l'occasion del»
doctrine des Albigeois que ce saint comballit, four-
nit des prédicaleurs évangéliques renonçMit à toii^
pour s'appliquer uniquement à cet emploi ; d'où iii
ont élé nommés aussi frères prêcheurs. Cet ordre
suit larègledeSaint-Augusiin ; l'habit est blanc en
laine; pour sortir, les dominicains portent un man-
teau noir. Il 2° Nom d'une espèce du genre moineau
(pyrgita domittirana , cuv,).
— ÉTY.M. Lat. Dominicus, saint Dominique, nom
dérivé de dnminus (voy. dom).
DOMINICAL, ALE (do-mi-ni-kal, Ita-l'), adj.
||l°Oui appartientauseigneiir. Lesjoursdominicaur.
L'oraison dom i 11 icale, le Pater. Qu'est-ce que l'oraLson
dominicale? c'est le précis de toutes les deman-
des que nous devons faire à Dieu, bourdal. Pen-
sées, t. Il, p. 5i. Il Lettre dominicale, ou, substan-
tivement, la dominicale, lettre qui, pendant toute
l'année, est le signe du jour du mois cù tombe le
dimanche. On désigne le premier jour de l'année
par la lettre A, le second jour par 13, le troisième
jour par C, et ainsi de suite jusqu'au se|Jtième qui
est désigné par G; alors on recommence par la
lettre A, qui s'applique au huitième jour; puis on
continue de la sorte jusqu'à la fin des années com-
munes; de celte manière, la même lettre convient
à tous les mêmes jours de la semaine, et la lettre
dominicale est celle qui tombe aux dimanches.
Il 2° .S. f. Sermon du dimanche, hors de Pavent et
du carême. Les dominicales de Bourdaloue. Prêcher
la dominicale dans une église, y prêcher tous les
dimanches de l'année. || 3° S. m. Linge sur lequel
les femmes recevaienl le corps du Seigneur, ne pou-
vant le recevoir sur les mains nues. Il Voile dont les
femmes se couvraient la tête en allant communier.
— HIST. XVI" s. L'héritage vendu par décret ne
peutestre déchargé de cens foncier et droit seigneu-
rial deu sur iceluy, encore que le seigneur justi-
cier ou foncier ne soit opposé par son devoir domi-
nical [de seigneur], A'ouv. coulum. ginér. t. ii,
p. 882.
—ÉTYM. Provenç. et espagn. dominical; ital. domi-
nicale ;àa\s[\ndomiriicalis,i\e dominus (voy. dom).
t UO.MINICALIER (io-mi ni-ka-lié), s. m. Prédi-
caleur qui montait en chaire tous les dimanches.
Il Inusité.
— ETY.M. Dominical.
DOMINO (do-mi -no), s. m. || 1° Espèce de robe
que les prêtres portaient l'hiver par-dessus leur
surplis, qui avait une pioce de drap leur couvrant
la tête, et qui a servi de premier modèle pourl'ha-
bit de bal et de mascarade qui porte ce nom au-
jourd'hui. Il Capuchon noir, dit plus souvent camail,
que les ecclésiastiques mettent aux offices pendant
l'hiver. Il 2° Costume de bal masqué ou costumé qui
consiste en une robe avec un capuchon ou camail.
Domino noir. Domino rose. J'ai le même domina
que la comtesse, il me prend pour elle, saurin,
Mœurs du temps, se. <8. || La personne qui porte
ce costuma Les dominos étaient nombreux à ce bal
masqué. Intriguer un domino. Je rîmarquai un do-
mino rose. Il 3» Jeu composé de vingt-huit pièces
plates d'os ou d'ivoire, recouvertes d»- juis noir en
dessous et marquées en dessus d'un certain nombre
de points de toutes les combinaisons possibles de-
puis le double blanc jusqu'au double six. Placer un
domino, le mettre à côté d'un autre déjà placé, et
qui a sur sa moilié libre exactement le même nom-
bre de points. Faire domino, placer son dernier do-
mino, gagner la partie. || On dit elliptiquement do-
mino pour annoncer que l'on fait domino. || 4° Fruit
d'un prunier non greffé, ainsi dit à cause que celle
prune est noire. || 5" Nom d'une espèce d'oiseau du
genre gros-bec (coccothraustci punclu'ata, vieill.).
ETYM. Bas-laL domt'no. vêtement de tête pour
les prêtres, de dominicale dans le sens de coiffure
qu'on mettait pour aller communier, de dominut,
le Seigneur, l'eucharistie (voy. dom). Le jeu a été
ainsi nommé à cause du revêtement noir que chaque
dé poite en dessous.
DOMINOTKRIE ( do-mi-no-te-rie), t. f. Toutes
sortes de papiers imprimés et coloriés servant aux
jeux, tels que le loto, l'oie, etc. Articles Je doaiino-
lerie. Dominoterie, autrement papier peint, le cent
pesant, charge, toile, estimé «6 livre», Déctar. du
roi, nov. t64u. Tarif.
— ETYM. Domino.
DOM
DOM
DOM
1213
DOMISOTIER (do-mi-no-tié ; l'r ne se lie jamais;
au pluriel, l's se lie : les donii-no-tié-z et....), s.
m II 1° Marchand ou fabricant de dominolerie. Il
était enjoint aux syndics des lil)raires de visiter les
aominoliers, iniagers, tapissiers, afin qu'ils n'im-
prima.ssent aucune peinture dissolue, FURETtÈnE,
Dût. Il 2° Prunier n.ui greffe.
— HiST. XVI" S. Clercz de grefTes, dominotiers,
palenoslriers ... hab. Pronostication, 6.
— f.TYM. Pomino.
t DOMITE (do-mi-t'), s. f. Terme de minéralo-
gie. Roche (variété de trachyte) qui forme la plus
grande partie du Puy-de-Dôme, en Auvergne.
— ÊTYM. Dôme, qui se trouve dans le nom du
Puy-de-D(5me.
DO.M.M.\C.E (do-ma-j'), ». m. || 1" Préjudice ou
dégât causé à quelqu'un, à quelque chose. Réparer
un dommage. Les dommages faits par la grêle sont
grand.^. El ce n'est qu'à dessein de pourvoir aux
dommages Que du Vésuve ardent ont causés les ra-
vages, coiN. Tileel Bér. iv, I. En considérant le dom-
mage que l'Élat en recevrait, pasc. Prov. 13. lion
gentilhomme et qui, dans son courroux. N'avait en-
cor tonné que sur les choux. Plus ne savait appor-
ter de dommage, la font. Papef. Tous délais y font
du dommage, in. Nie. || Perte. Ils mirent en commun
le gain et le dommage, la font. Fab. I, 6. jj 2° Kig.
X son dommage, c'est-à-dire en souffrant un mal, un
tort, une perle. Ces arrogants, à leur dommage, Ap-
prendront un autre langage, mal», vi, 8. Croire en
voyant son visage Que le ciel l'ait formé si heau pour
mon dommage, régnifr, Èidg.i. \\ 3° C'est dom-
mage, c'est bien dommage, c'est grand dommage,
quel dommage! manières d'exprimer ce <|ue cer-
taines choses ont de fâcheux, de regrettable. C'est
dommajieque ce livre-là ait été condamné à Rome,
PASC. Prm. 4. Rien ne resta qu'une ferme au pau-
vre homme, Et peu d'amis, même amis Dieu sait
comme; Le plus zélé de tous se contenta. Comme
chacun, de dire : c'est dommage, la font. Favc.
C'eût été dommage qu'elle n'eùtpas réii.ssi, iiamilt.
Gramm. H. Ménager mourut d'apoplexie à Paris,
fort riche, sans avoir été marié; ce fut dommage,
pour sa probité, sa modestie, sa capacité, st-sim.
357, 214. Du Héron, dont ce fut grand dommage.
fut tué avec ."lO officiers et 4(io ou 500 hommes, ID.
<20, 64. C'est bien dommage qu'elle soit devenue
si laide, volt. Candiiie, 27. || Ironiquement, c'est
dommage, c'est vraiment domm:ige. Il ne m'accuse
pas, c'est dommage. || Dans un autre sens ironicjue
et par une sorte de défi. C'est dommage qu'il ne
s'attaque pas à moi, je l'en ferais repentir. 1| C'e»t
grand dommage que.... il est fort à legretter que....
Et tous deux ajoutèrent : c'eût été grand dommage
qu'il eût été pendu, volt. Zatlig, 7.|| L'Académie,
dans ses remari|ues sur Vaugelas, ne voulait pas
qu'on dit : c'est un grand dommage; mais cela est
trop rigoureux. C'était un grand dommage que des
hommes si religieux ne fu.ssent pas plus éclairés et
ne plaçassent pas mieux leur culte, rollin, llisl. anc.
Œuvres, t. vm, p. 309, dims lacurne. || 4° Terme
(te jurisprudence. Dommages et intérêts, ou dom-
mages-intérêts, somme allouée à quelqu'un pour
l'indemniser d'un préjudice. Demander des domma-
ges-inléréts. On pouvait après la condamnation
payer les dommages et intérêts, montesq. Espr.
VI, m. Il Eu dommage, c'est-à-dire en causant du
dégâl. Ce bétail a éié trouvé en dommage.
— nr.M. 1. Après c'est dommage que.... on met
le subjonctif; cependant la Fontaine a mis l'indica-
tif: C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré
Au consed de celui que proche ton curé, Fabi.ix, i.
Cette licence, qui ne choque ni règle, ni analogie,
peut être imitée. |I2. llest dommage que.... au lieu
de c'est dommage que.... a été condamné par Mé-
nage; cependant ce tour est correct, et, quoique un
peu archaitpie, pourrait être employé eu bonne [ilace.
— IllST. XI' s. Cil à qui il arrail le damage fait,
lois de GuiH. 5. Kust i li reis, n'i eussions damage,
Ch. de Ilol. Lxxxv. Moût grant domage lui est apa-
reût, ib. cl. De cens de France, il fuit mult grant
damage, ib. ccxLix. || xii' s. Grant daumage, itnnc.
p. 14. X maint amant [ils] ont fait ire et damage,
Couri, XIX. Car je n'i voi mon prou ne mon do-
maige, olfsnf.s, linmaniero, p. H5. Noveles.... De
due) et de demage et de confusion, Sax. xiv. Bien a
creû li rois conseil île son damage, ib. xxvi Ce
•eroit trop v-Iains cens. Qui feroit il'un domage
deus, ciiestikks DE troies, dans holland, p. 269.
Il XIII' s. Si lor avint uns grans domages....'viLLEn.
U. Dont ce fu moult grant damage, quar moult es-
toient preudome et vaillant durement, id. xxi. Et
aussi n'entendons noz pas que le baillix doie eslre
trop soufrans en cose qui porte damace ne despil à
son seigneur ne à soi, beaum. to. Por ce met on
serjans à ses hestes garder que elles ne voisent en
damace, ne en forfot, m. xxix, 4. Garder de dama-
che, ID. 70. Grant donmage nous firent au partir,
de ce que ils boulèrent le feu en la fonde [bazar] ,
là où toutes les marchandises estoient et tout l'avoir
de poiz [objets qui se vendentau poids], joinv. 2io.
Souspirant pour l'umain lignage, El penssis. [pen-
sif] au cruel domage Qui de jor en jor i avient, RU-
teb. <00. Il xiv* s. Saufalant, sauf venant, et ces-
sant voz domaige, Girart de Ross. y. (234. || xv s.
Les soudoyers de Cambrisis eurent congé et accord
d'entrer en Hainaut, et d'y faire aucune envaye ou
chevauchée au dommage du pays, fhoiss. i,i, toc.
Et y furent morts messire Jean de Berlelle et plu-
sieurs autres, dont ce fut dommage, id. ii, ii, 2J5.
Avoit donné sa fille en mariage au fils du seigneur
de Croy, long temps avoit, et disoit y avoir dom-
mage, COMM. I, 2. D'autres, au contraire, qui veoient
brusler et destruyre tout le pays, voulurent paix
au dommage de ce que ce fust, id. ii, 3. |{ xvi' s.
Et à nostre esvident dommage, mont, i, 99. C'est
dommage que les gents d'enteiulement ayment tant
la brierveté, id. i, too. Les hommes bien souvent
portent plus patiemment un dommage qu'ilz ne font
une injure, amvot, Timol. 43. Et luy escrivirent
les epiiores qu'il eust à marcher incontinent au
dommage des Thebains, id. Agésil. 47. Après dom-
maipe chascun est saige, génin, llc'créat. t. Il,
p. 234. Dommage suit la fausse honte, Leroux de
LINCY, Pror. t. II, p 2S9.
— ÉTYM. Berry, demage, d'mage ;hoarg\ng. dom-
meige; picard, damage; anc. e^pagn. domage. Le
provençal damnalge, dampnafjc.el l'italien dannag-
g>o viennent d'une forme latine fictive damnaticum,
dérivée de damnum, lequel a donné dam (voy. ce
mol); cela n'est pas douteux. Mais le français offre
plus de difficultés; les formes anciennes son tdamnge,
domage, daumage. demage, damace, damache, dou-
mage. La forme domage est aussi ancienne (|iie la
forme damage ; or on sait très-bien que l'o latin se
change très- facilement en o (dame, de domina, etc.) ;
mais il arrive très-rarement qu'au coniraire l'a la-
tin se change en o ; c'est là une première difficulté.
On remarquera en outre que l'altération de l'o en
e (demage) n'est pas rare; mais que dans des mois
de ce genre l'a s'atténue rarement en e. De plus la
finale aticum donne régulièrement 0.17e; mais elle
ne donne ni acen\ ache; or ces deux formes se trou-
vent dans le xiii* siècle; c'est là une seconde diffi-
culté. Enfin une troisième difficulté, c'est que, s'il
venait de damnum, on devrait, comme en proven-
çal, trouver quelquefois le mot écrit damnage; or,
l'historique n'en coniient aucun exemple. Toutes
ces raisons portent à croire qu'on ne peut faire
droit à toutes les formes françai.ses qu'en supposant
un thème dnmacium, domaticum. Mais d'où vient
un tel th'me? du latin domnre, tourné au sens de
causer un tort? du germanique : anglo-saxon, dom;
anglais, doom, condamnation, ruine, perle? Celle
dernière conjecture paraît avoir quelque proba-
bilité, non sans admettre une infiuence du proven-
çal dnmnalge, pir assimilation. L'ancien espagnol
domage ne se range pas non plus sous dumnum.
DOMMAGEABLE (do-ma-j;i-bl'), adj. Qui cause
ou porte dommage. H conclura que le loisir de ce
particulier était dommageable à la république, balz.
Aris écrit. Son bois (d'un cerf], dommageable orne-
ment. L'arrêtant à chai|ue moment.... la font.
Fiibl. VI, 9. Supposé que cette guerre regarde pré-
cisément l'État, vnus avez dû regarder si elle esl
plus utile que dommageable, fén. t. xxii, p 2S9.
....As-tu perdu l'esprit De faire un testament qui
m'est si dommageable? "regnahd, le Légat, iv, 7.
Demandez à un homme public une grSce injuste,
onéreuse au peuple et dommageable à l'Ét-it, mass.
Pane'g. St J.-Uapi. Le poids de la guerre avait
forcé le roi aux conditions les plus honteuses et les
plus dommageables, st-sim. 331, 134.
— HIST. XIV s. Et des trois cho.^es fugibles et con-
traires, l'une est mal lait et deshoneste ; l'autre est
mal nuisible ou domage'able; et l'autre esl mal
triste ou tristece et desplai.sance, obesme, Eth. 38.
Spasme est accident damagable, H. de mondeville.
f° 47, verso. Il XV' s. Après la déconfiture, qui là fut si
grande et si grosse pour les Gascons, et si domma-
geable, FROiss. I, I, 2JI. Il XVI' s. Toute autre .science
est dommageables ceiuy qui n'a la science de la bouté,
MONT. I, (49. Ce qu'il metloil en avant estoit dom-
mageable au public. AMYOT, Arist. 8 Qu'elles
sont bonnes ou mauvai^s, utiles ou dommageables,
à suyyre ou fuyr, charron, Sagesse, i, )9.
— ÉTYM. Dommage, par l'intermédiaire de l'an-
cien verbe domager. L'ancienne langue s'est beau-
coup servie de domageux : xiV s. Ce n'estoit pas
profitable cho.se, mais domageuse que.... H. DB
MO.VDEVILLE, f" 17, tersO.
t DO.MMAGEABLEMENT (do-ma-ja-ble-man),
adv. D'une manière dommageable.
— IlIST. xvi' s. On eust failli, à l'adventure,
moins dommageablemenl, s'inclinant vers l'indul-
gence, MONT. I, 18.1.
— ÉTYM. Dommageable, et le suffixe ment.
DOMPTABLE (don-tabi'), adj. Qui peut être
dompté, soumis à la discipline. Ce cheval, ce ca-
ractère n'est pas domptable. La fortune est domp-
table, et l'amour ne l'est pas, du ryer, l'hémist.
II, ).
— Iîtym. Dompter.
+ DO.MPTAIBE (don-tê-r'), s. m. Terme d'agri-
culture. Bœuf dressé qu'on attelle avec un bœuf
non encore façonné au joug pour y façonner ce
dernier.
— f.TYM. Dompter.
DOMPTfi, ÉE (don-lé, tée), part, passé. || 1° Dont
on a fait fléchir la résistance. Et nos voisins domp-
tés m'apprenaient que sans lui Nos rois contre Sylla
n'étaient qu'un vain appui, corn. Sertor. v, (/
Si ton cœur pour le cloître a de la répugnance. Jus-
qu'à grossir l'orgueil de tes sens révoltés. Regarde
ce que f ni tant d'autres mieux domptés, id. Imit.
I, 25. Il Vaincu. Un ennemi dompté. Demi-dompié,
vaincu à demi. [Il] Se retourne et les croit déjà
demi-domplés, corn. Ilor. iv, 2. || 2° En parlant de«
animaux. L'éléphant, une fois dompté, devient le
plus doux et le plus obéissant de tous les animaux,
HUFF. Éléphant.
t DOMPTEMENT (don-te-man), s. m. Action de
dompter; état de ce qui est dompté. Ledomplement
des animaux sauvages. •
— HIST. XVI' s. Domptement, r. estienne, Dict.
— f.TYM. Dompter.
DO.MPTEU ( !on-lé ; le p ne se fait jamais sentir;
et c'est une faute de le prononrer), v. a. \\ l' Faire
fléchir la résistance. César dompta les Gaulois.
Dompter la sédition. Ils sont domptés par les mi-
sères de la guerre, vaugel. (). C. liv. iv, dans ri-
ciielet. Il verra comme il faut dompter les nations,
conN. Cid. I, 7. Est-il quel(|ue ennemi qu'à présent
je ne dompte? if. ib. iv, 2 II dompta les mutins,
RAC. liérén. i. 4. Hélas! avec plaisir je me faisais
conter Tous les noms des pays que vous allez domp-
ter, iD. Iphig. IV, 4. Il Fig. Faire céder. Et je vois
dans son cœur de tendres mouvements A dompter
la fierté des plus durs s ntiments, mol. le Dép.ii,
3. Vos yeux ont su dompter ce rebelle courage, rac.
rhèd. v, 3 Est-ce quelque mépris qu'on ne puisse
dompter? in. Mithr. iii, B. Tu m'as prêté ton bras
pour dompter les humains; Dompte aujoiird hui
Brutus; adoucis son courage, volt. M. de Ces. i, 1.
lésais, pour dompter les plus impérieux. Qu'il faut
souvent moins d'art que de mépris pour eux, id.
Catil. m. 6. L'antiquité eût élevé des autels à ce
vaste et puissant génie [Franklin] qui, au profit des
mortels, embrassant dans sa pensée le ciel et la
lerrei, sut dompter la fouilre et les tyrans, mipabeau,
Colleciion, t. m, p. 3!i4. (| Il se dit aussi des senii-
rnents, des pa.ssions dont on triomphe. Dompter ses
passions Dompte la gourmandise, et plus facile-
ment Des sentiments charnels tu dompteras le reste,
CORN. Imit. I, 19. Le patient vaut mieux que le
fort, et celui qui dompte son cœur vaut mieux qne
celui qui prenil des villes, noss. Dtich. d'Orl || 2" En
parlant des animaux, les assujeltir, leur faire per-
dre leur caractère indépendant et sauvage, liompter
un cheval. La fière panthère ne s'apprivoise pas pro-
prement: on ne peut que la dompter; on la dresse
même pour la chasse, bonnet, Con/empi. nal.'ii'part.
ch. 9. Il 3° Se dompter, v. réft. Faire la loi à ses
passions. Apprends à te dompter, volt. Ah. i, 4.
Il Se contenir. Je voyais sa fureur à peine se domp-
ter, COBN. Pomp. IV, t. La nature est trop forte et
mon cœur s'est dompté, id. Hodog. iv, 3.
— REM. L'Académie devrait supprimer le p de
dompter, lettre qui ne se prononce pas, qui n'est
pas étymologique, et qui provient d'une vicieuse
tendcice qu'avait le moyen âge à mettre un p
après une m ou une n; d où lemptation, qui est
resté en anglais.
— iliST. XII' s. Maint félon ai danté corne cheval
à frain, Hou, ms. f 3i, dans laci'rne. || xiil' s. Leur
orgueil et leur folie donta Dieux par peines et par
travauz. Psautier, f" 433. Il est sage et bien dontés
[élevé]. Poésies mss. t. iv, p. (349, Jans lacurnb.
,„.Li oisiaus débonnaire qui touz est dontaz et
1214
DON
DON
DON
»pru, Fabliaux nus. t. n, f iM, dans lacurn'E.
Or 9ui si povres devenus, One ge n'ai fors à grant
dangier Ne q\ie Ijoivre, ne f|iie mangier.... Tant me
set danicr et mestir Povrelé qui tout ami toit [en-
lèTe], la Rose, 8ori4. Cuidiés-vous donc qu'Amors
consente Que je refraigne et que je dente le cuer
qui est trestout siens quites, ib. 3090 Il [Appius]
ne pooit donter La puccle qui n'avoit cure Ne de li
ne de sa luxure, ib. 6620. || xiv* s. La gent des
Equcs esloit damptée et sousmise, beucheure, f° 00,
verso. Dompter le pooir des tribuns, id. f" 47, rcrso.
Il XVI' s. Une aigre imagination me tient; je trouve
plus court, que de la dompter, la changer, mont.
m, 299.
— ÉTYM. Berry, donxer; provenç. dnmlar, domp-
tar, dompdar; du latin domitare, fréquentatif de
domarc (lequel a donné directement l'espagnol domar;
l'ital. domare); comparez le grec Sopiâu; l'allem. sàh-
men; l'angl. to tame. Palsgrave, p. 23, au xvi* siècle,
remarque qu'on prononce donter. 11 s'en est peu
fallu que la prononciation danler n'ait prévalu,
comme celle de dame au lieu de dôme; danler a été
très-usité et était dû à l'inclination que, pendant un
certain temps, la langue eut de changer on en an.
DOMPTEUR (don-teur), i. m. || 1° Celui qui
dompte, qui triomphe. Ils [ces beaux yeux] seront
ravis de voir à leurs pieds le dompteur de Galas [gé-
néral autrichien], et de faire connaître que celui
qui a été le bouclier de toute la France n'aura pu
se mettre à couvert de leurs coups, voit. Lelt. es.
Clermont, le désespoir du dompteur de la Gaule
[César], chapelain, Pucelle, vi. Puissent mes vers
mériter tant de grâce Que d'être offerts au domp-
teur des humains [Louis XIV], Accompagnés d'un
mot de votre bouche, i.a font. Poésies mêlées, li,
X Mme de Fontanges. Théodose se voyait pour la
seconde fois dompteur des tyrans et maître absolu
des deux empires, flécii. Ifist. de Théodose, iv, 60.
Il Fig. Gaul prépare son vaisseau, dompteur des va-
gues, chateaub. Gaul, 252. || 2° Celui qui triomphe
du caractère sauvage des animaux. Un dompteur de
lions.
— IIIST. XV' S. [Les Romains] Attisés de convoi-
tise et d'orgueil pour estre en leur temps les aigles
du monde et dompteurs, chastelain, Chron. des
ducs de Bourg. Proesme.
— ÊTYM. Dompter.
DOMPTE-VENIN (don-te-ve-nin), S. m. Nom
vulgaire et spécilique de la plante appelée autrefois
asclépiade {asclepias vincetoxicum , L.).
— ÉTYM. Dompter, lenin, à cause des propriétés
prétendues de cette plante contre les venins.
4 . DON (don) , s. m. Il l" Action d'accorder gratui-
tement à quelqu'un la propriété ou la jouissance de
quelque chose; la chose ainsi accordée. Faire un
don à quelqu'un, lui faire don de quelque chose.
De riches dons. Il lui fit don d'une terre. Tu n'es
point charmé des richesses; Les dons ne te peuvent
tenter; Et tu n'en saurais accepter Que pour en
faire des largesses, chapelain. Ode au card. de Ri-
chelieu, dans bichelet. J'eus toujours pour suspects
les dons des ennemis, corn. Médée, iv, 4. Mais
commet-on un crime indigne de pardon Quand la
reconnaissance est au-dessus du don?iD. Cinna,
II, 4. Pour jouir de ses dons faut-il l'assassiner? id.
ib. III, 3. Je crois qu'on doit trouver plus de fé-
licité A posséder un bien sans l'avoir mérité; J'es-
time plus un don qu'une reconnaissance; Qui nous
donnerait plus que qui nous récompense, id. Ilen-
ieur, I, 2 Qui veut un don ne doit pas l'exiger,
ID. Toison, IV, 4. Pourrais-je refuser les dons de
votre main? id. Sertor. 11, 2. Car de prêter, à moins
que sur bons gages, Point de nouvelle; on oublia
les dons, Et le mérite, et les belles raisons De Fé-
déric, et sa première vie, la font. Fauc. Je n'ai
que faire de vos dons, mol. l'Av. iv, 5. Il est bien
moins content du don que de la manière dont il lui
a été fait, la bruy. viii. Les spectacles, les dons,
invincibles appas, Vous attiraient les cœurs du peu-
ple et des .soldats, rac. Brit. iv, 2. J'accepte tous
les dons que vous me voulez faire, iD. Phèd. 11, 3.
Il En purdon, c'est-à-dire de la façon la plus gratuite.
Elle leur donnait en pur don cette visite, sév. 446.
Il Faire don de son cœur, accorder à quelqu'un son
entière amitié, et, s'ils'agit d'une femme, lui vouer
un profond amour. || Le don d'amoureuse merci, les
faveurs qu'une femme accorde à un homme. || Dans
les contes de fée, don se dit de quelque faculté
extraordinaire accordée par une fée à un enfant
qu'elle favorise. La fée lui fit un don. 1| 2° Par
analogie, ce qui, comparé à un don, vient de Dieu,
de la nature, etc. Et comme si vos feux étaient un
don faUl, Il en fait un présent lui-même à son
rival, COBN. Poly. iv, 6. Chacun a son don de
Dieu, et il faut prendre garde de ne pas vouloir le
servir dans le don d'un autre, nicolk, Ess. mor.
2' traité, ch. iv. Force? du corps, capacité, santé,
noblesse, beauté, dons de la nature et par consé-
quent du Créateur, bourd. Jfyit. Concept, de la
Vierge, 1. 11, p. 1 7. Dans cette religion Dieu a reu-
tcrmé tous les dons : le don des miracles, le don
des langues, le don de prophétie, le don de science,
le don de sagesse, id. Serm. 20' dim. après la
Pcnlec. Dominic. t. iv, p. 246. J'envisage les dons
qu'il a reçus du ciel, pléch. le Tellier. Il com-
mande au soleil d'animer la nature. Et la lumière
est un don de ses mains. Mais sa loi sainte, sa loi
pure, p:st le plus riche don qu'il ait fait aux humains,
RAC. Alhal.i, 4 De tous les dons des cieui 11 est
orné dès son enfance, id. Athal. 11, 9. Que de dons
du ciel ne faut-il pas pour régner? une naissance
auguste, un air d'empire et d'autorité.... la bruv.
X. Si vous saviez connaître le don de Dieu, mass.
Car. Rech. \\ Les dons de la terre, ses productions.
Les dons de la fortune, les richesses. || Poétique-
ment. Les dons de Cérès, le blé, le pain. Le linge
orné de fleurs fut couvert, pour tout mets. D'un
peu de lait, de fruits et des dons de Cérès, la font.
Phil. et Baucis. || Les dons de Flore, de Bacchus,
du printemps, les fleurs, le vin, la verdure. ||Dans
le rite grec, saints dons, nom des symboles du
corps et du sang de Jésus-Christ. || Avoir le don des
langues, se dit des apôtres qui reçurent de Jésus-
Christ la faculté de parler toutes les langues, et,
par analogie, de ceux qu'on suppose, dans les
contes de fées ou autres, savoir les langues à mesure
qu'ils en ont besoin, sans les avoir apprises. Il avait
le don des langues aussi bien que le Sirien, volt.
Microm. 8. || En un sens différent, avoir le don des
langues, se dit de ceux qui ont une facilité toute
parliculière pour apprendre les langues. || Avoir le
don des larmes, se dit de ceux qui pleurent à vo-
lonté, et aussi de ceux qui pleurent trop facilement.
M. de Vardes répondit parfaitement bien et d'un air
pénétré, et ce don de larmes que Dieu lui a donné
ne fit pas mal son effet dans celte occasion, sÉv. Lelt.
26 mai 4 682. Il 3° Fig. Qualité, avantage naturel. La
nature le combla de ses dons. Elle a le don de plaire.
Et l'art et le pouvoir d'affermir des couronnes Sont
des dons que le ciel fait à peu de personnes, corn.
//or. v, 3. Monsieur, quand une femme a le don de
se taire, id. le Ment, i, 4. Je n'ai pas le don dépla-
cer si juste les noms sur les visages, sÉv. 29. Vous
avez le don de vous faire aimer quand il vous plaît,
et quelquefois plus, beaucoup plus que vous ne
voudriez, id. 432. Il avait le don de faire valoir les
choses, iiamilt. Gramm. 2. Ils n'avaient pas trop le
don de plaire, id. i5. 4. || Familièrement et ironi-
quement. Il a le don de me déplaire. Il a le don
de rendre mauvaises les meilleures choses, sÉv.
441. Il 4° Offrande. [Ce juste juge.] Qui jusque dans
ton cœur sait lire ton péché. Qu'aucun don n'é-
blouit, qu'aucune erreur n'abuse, corn. /mi(. 1,24.
Il me nourrit des dons offerts sur son autel, rac.
Àlhal. II, 7. Il 5' Terme de droit. Donation. Don
mutuel entre époux. D'un souverain pouvoir il
[le roi] brise les liens Du contrat qui lui fait un
don de tous vos biens, mol. Tatt. v, 7. Tout l'a-
vantage qu'homme et femme conjoints par mariage
se peuvent faire l'un à l'autre, c'est un don mutuel
entre vifs, id. Mal. imag. i, 9. || Terme d'an-
cienne coutume. Don mobil [écrit sans e], avan-
tage que la femme accordait en Normandie sur sa
dot, pour aider aux dépenses du ménage. || 6° Au-
trefois , en un sens particulier, certaines grâces
utiles accordées par le prince. Ils ont avis de cette
aubaine, et en demandent le don au roi. || Don
d'aubaine, de bâtardise, de déshérence, etc. don
que le roi faisait des objets qui venaient à lui
échoir par droit d'aubaine, de bitardi.se, de déshé-
rence, etc. Il 7° Don gratuit, taxe que le roi deman-
dait au clergé assemblé en corps, et qui, accordée
par le clergé, était payée par tous les bénéfices
du royaume. Les états des provinces faisaient aussi
des dons pratuits. Savez-vous ce que nous [la pro-
vince de Bretagne] donnons au roi pour témoigner
notre reconnaissance? deux millions six cent mille
livres, et autant pour le don gratuit; c'est juste-
ment cinq millions; que dites-vous de cette petite
somme? sÉv. Lelt. t" janv. 4674. Les filles de
Chaillot m'écrivent sur leur affaire du don gratuit,
et me prient de vous presser parce que le temps s'é-
coule, MAiNTKNON, LcIt. Card. de Noailles, 23 juill.
4 7(J0. Il 8° Terme de commerce. Ce que les mar-
chands en gros ont coutume de déduire sur le poids
net de» marchandises. || •• Terme d'alchimie. Don
céleste, la matière de la pierre philosophale || Pro
verbe. Il n'y a pas de plus bel acquêt, il n'y a si
bel acquêt que le don, c'est-à-dire il n'y a point
de plus belle acquisition que le don, il n'y a pas
de bien plus agréablement acquis que celui qui est
donné.
— SYN. DON, PRÉSENT. Ledon est ce qu'on donne;
le présent est ce qu'on présente. Dès lors, toutes
les fois que la chose donnée ne pourra être présen-
tée, c'est don qui devra être employé : il lui fit don
de son cœur, et non présent.
— HiST. XI* s. Et tote Espaigne [il] tiendra par
vostre don, Ch. de Roi. xv. || xii' s. Li soit li dons
donez, Ronc. p. 4 0. Par amistié [je] vous en faiz ci
le don, ib. p. 29. Un don [je] vous quier, c'est le
cor de Rolant, ib. p. 39. Berarz de Montdidier en a
perdu le don [d'une dame]; Rois, vous lui otroias-
tes, or l'ont Saisne en prison, Sax. xiv. || xni* s.
Li don qu'on prend lient la gent , leroux de
LiNCY, Prov. t. II, p. 329. BiÇn ot 11 rois Pépins
moût riches dons donnés, Berle, xxiv. Et s'il
ne vous devoit déplaire, Ge le vous requerroie en
don, la Rose, 340). Se li dons qui li fufez, parfust
trop outrageus [excessif] et tropdesheritans les au-
tres hoirs, BEAUM. VII, 20. Il xiv s. Il est raisonna-
ble que félicité soit don de Dieu, oresme, Eih. 20.
Il XVI' s. Croire est de don, non point de mérite,
CALV. Instil. 452. Il n'est si bel acquest que de don,
LOYSEL, 6B5. Don mutuel [ailleurs donation mu-
tuelle], soit entre-vifs, soit par testament, ne se
peut révoquer, ID. 603. Elle fut honorée par Apollo
du don de prophétie, amyot. Agis et Cléom. 41.
Plus cher estre un don que chose achaptée voit-on,
GÉNiN, Récréai, t. n, p. 247. Le don humilie ro-
chier et mont, leroux de lincy, Prov. t. u, p. 329.
Petit don est le hain [hameçon] du plus grand
don, ID. ib. p. 370. Tel don, tel donneur, id. tb.
p. 424.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. don; catal. do;
portug. dom; ital. dono; du latin donum; comparez
le grec 8wpov.
2. DON (don) , s. m. DONA (do-na), i. f. Titre
d'honneur particulier aux nobles d'Espagne et de
PortugaL Don Juan d'Autriche. Dona Inès de Cas-
tro. Il On écrit souvent doiia, qu'on prononce do-gna.
— ÉTYM. Lat. dominus (voy. dom), et domina
(voy. dame).
t DONACE (do-na-s') , s. f. Genre de coquillages
bivalves, que l'on mange sur les cfltes de la Manche
et de la Méditerranée.
— ÉTYM. AovaÇ, roseau.
f DONAT (do-na), s. m. Dans l'ordre de Malte,
laïque à qui le grand maître conférait la demi-croix
pour services rendus à la religion.
— ÉTYM. Lat.'donafws, qui a reçu en don (la croix).
DONATAIRE (do-na-tê-r') , s.'m. et f. Terme de
droit. Celui, celle à qui une donation est faite. La
donation a été acceptée par le donataire.
— llIST. XVI' s. Donataire mutuel est tenu avan-
cer les obsèques et funérailles, et dettes du prede-
Cedé, LOYSEL, 664.
— ÉTYM. Lat. donatarius , de donare (voy.
donner).
DONATEUR, TRICE (do-na-teur, tri-s'), s. m. et
f. Terme de droit. Celui, celle qui fait donation.
Voyons ce que notre donateur a voulu faire, patru.
Plaidoyer 3, dans richelet. On s'attire des pré-
sents de cinq cent mille écus (]ue l'on n'emploie
pas entièrement en expériences de physique, selon
l'intention du donateur, fonten. Ànacréon, Àris-
tote.
— HIST. xvi* S. Jean s'est dit estre ministre de
l'eau, et Jésus estre le donateur du S. Esprit, calv.
Inslil. KI54.
— ÉTYM. Lat. denator, de donare (voy. donher).
t DONATIF (do-na-tif), s. m. Présent qu'on fait
à quelqu'un. Cet auteur a eu mille écus du roi, ce
n'est pas une pension , c'est un donatif. || Tombé en
désuétude.
— ÉTYM. Lat. donativum, donatif, qui était, cher
les Romains, une largesse faite par l'empereur au
peuple ou aux soldats; de donare (voy. donner).
DONATION (do-na-sion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Il !• Terme de droit. Acte par lequel
une personne donne gratuitement une chose à une
autre; se dit plus spécialement de la donation cnlre-
vifs. Révoquer une donation. La donation porte une
clause qu'il faut examiner, patru. Plaidoyer S,
dans RICHELET. Et je vais, de ce pas, en fort bonne
manière. Vous faire de mon bien donation entière,
MOL. Tartufe, m, 7. Je vois ma faute aux choses
qu'il me dit. Et la donation m'embarrasse l'esprit,
ID, tb. IV, 8. Mademoiselle fit une donation à M. de
DON
Lauzun, sÉv. io. Charlemagne exerça dans Home
même l'autorité souveraine en qualité de palrice,
e*. confirma au saint-siégeles donations du roi son
père, Boss. Hist. i, u.\\ Terme de jurisprudence.
Donation à cause de mort, donation faite dans la
prévoyance de la mort, avec faculté de révoquer
l'acte après le péril passé. {| Donation contractuelle,
donation faite dans un contrat de mariage, soit par
les époux, soit par des tiers. || Donation manuelle,
donation faite sans écrit et par la seule remise de
la main à la main. |{ 2° Acte qui constate le don.
Transcrire une donation.
— HIST. xtv" s. Et pour ce leurs donacions ne
sont pas illiberales, oresme, Eth. t09. || xvf s. Le
signe visible nous est baillé pour nous seeler la do-
nation de la chose invisible, calv. Instit. <)0l. Do-
nation entre- Tifs,LoysEL, 662. La donnaison de-
meura en sa force, comme faite entre vivants, carl.
I, 3J.
— ÊTYM. Berry, dounaison, donnaison; pro-
veno. donatto ; espagn. dojiariore ; ital. dono^tone ;
du latin donationem, de donare (voy. donner). La
forme ré.i^ulière est donaison, la finale ationem se
changeant en aison; exemple : orationem, oraison.
t DONATISME (do-na-ti-sm'), s. m. Hérésie des
donatistes.
DONATISTE (do-na ti-st') , s. m. Nom d'anciens
hérétiques, selon lesquels il n'y avait plus d'É-
glise qu'en Afrique, qui niaient qu'il y eût des bons
ailleurs, qui rebaptisaient leurs adeptes, et qui te-
naient le Fils pour moindre que le Père, et le Saint-
Esprit pour moindre que le Fils.
— ÊTYM. Lat. donatista, de Donatus, évêque de
Carthage et chef de la secte.
DONC (don ou donk, suivant les cas : on prononce
don, sans lier le c, quand il est placé dans le mi-
lieu de la phrase et qu'une voyelle ne le suit pas :
Allons don nous promener; jusqu'à quand préten-
dez-vous don me dicter des lois? Au contraire, on
prononce donk en faisant sentir le c, quand donc
commence ou termine la phrase: Vonk vous devez
l'aider; que pourrait-ce être donk? Cependant on
dit plutôt adieu don, que adieu donk. On prononce
donk et on lie le c, quand donc, placé dans le mi-
lieu de la phrase, est suivi d'une voyelle: votre frère
est don-k arrivé? Même en ce dernier cas, Chif-
flet, Gramm. p. 208, remarque, pour son temps,
qu'on prononçait don sans lier : qu'est-il don arri-
vé?), conj. Il 1° Sert à marquer la conclusion qu'on
tire d'un raisonnement. Vous avez fait une f.iute,
il faut donc la réparer. Il se plaint, on l'a donc mal-
traité. Je pense, donc Dieu existe, car ce qui pense
en moi je ne le dois point à moi-même, la bruy.
XVI. Il 2° Exprime, en général, qu'une chose est
ou doit être la conséquence d'une autre. Donc un
nouveau labeur à tes armes s'apprête, maui. ii, 12.
Donc votre aïeul Pompée au ciel a résisté Quand il
a combattu pour notre liberté, corn. Cinna, 11, <.
Donc jusqu'à l'oublier je pourrais me contraindre,
ID. t6. IV, 3. Il 3° Sert souvent de simple transition
pour revenir au sujet après une digression. || 4° Sert
à marquer une sorte d'étonnement, la surprise que
l'on éprouve d'une chose à laquelle on ne s'attendait
point, ô sort, voilà donc de tes coups? Et je n'ai
donc vaincu que pour dépendre d'elle? rac. An-
drom. I, 2. Je suis donc un témoin de leur peu de
puissance? m. ib. 11, 2. Mais pourquoi donc ces
pleurs, ces regrets, cette fuite? volt. Zaïre, m, 7.
Qu'est-ce donc que l'amour? a-t-il donc tant d'em-
pire? ID. Orphel. III, 4. Il 5° Sert aussi à rendre plus
pressante une demande, une injonction. Dites donc
ce qu'il y a. Gare donc! |1 6° Ironiquement, allons
donc! marque d'incrédulité, dedéfi. Lui, oser pren-
dre la parole en cette occasion; allons donc!
— REM. 1. Et donc qui se disait au commen-
cement du xvii* siècle , et que Vaugelas admet
encore, n'est plus usité. || 2. Donques est une forme
ancienne, encore employée pur Molière, et que la
poésie pourrait se permettre. Donques, si le pou-
voir de parler m'est ôté. Pour moi, j'aime autant
perdre aussi l'humanité, mol. le Dép.n, 7. Donques
votre lumière a donné de l'ombrage. Donc vous êtes
couvert d'un éternel nuage, mair. Sophon. v, 9.
— HIST. x« s. Dune, ço dixit, si fut Jonas, Fragm.
de Yalenc. p. 468. || xi' s. Dune [il] rendra le chatel
[l'avoir] , Lois de Guill. 4. Heli qui dune [alors] ert
[était] evesques, flots, 2. Pechet fereit qui dune
lui fesist plus, Ch. de Roi. xvi. ||xn's. Donc die,
et nous l'orons [ouïrons], flonc. p. 22. Qui m'ira
donc mes angardes faisans? t'b. p. 34. Diexl que
ferai? dirai lui [à elle] mon courage? Irai-je lui
dont s'amour demander? quesnes, Roma7uero,
\)- 83. Et quant j'ai mis en lui [elle] m'enteucion,
DON
Dont ne doi-je chanter, se de lui [elle] non, Couct,
II. Donques ai-je toute joie enhaïe, ib Diex! ifau-
drai-je donc? Oïl, par Dieu, tels est ma destinée.
Et tel destin m'ont doné li félon, ib. vi. Se fins amis
....Doit joie avoir pour servir leaument. Dont doi-je
bien [lar droit estre joieus, «6. vu. Qui dont veist
le duc sur un cheval gascon Poindre parmi les
rues.... Sax. viii. Quant l'aurez salué, don lui dites
cornent Guiteclins de Sassogne envers nous entre-
prent, ib. xxi. || xiii" s. Se vous voulez la serve par
no [notre] conseil mener. Dont ne lui faites mie du
cor la vie ester, Berte, xcvii. || xvi" s. Qui est celuy
doncques si inhumain. Qu'en tout ennuy ne loue
ce bon Pore? marot, i, 297. Qui dira donc, qu'un
seul cas fortuit Soit entre nous, il n'est pas bon
chrestien, ID. i, 299. Quelqu'un donc me disoit
l'aultre jour que.... mont, i, <68. Le premier donc-
ques qu'il desfeit fut un voleur nommé Periphetes,
AMY0T, Thés. 10.
— ÉTVM. Provenç. donc, dune, doncas, alors,
donc; catal. doncs; anc. espagn. doncas; anc. ital.
dunqua; ital. mod. dunque; pays de Corne, donch;
vénitien, donca. Ce mot présente des difficultés. On
trouve dans de très-anciens textes ad tune pour
alors; Diez en tire adonc, ce qui en effet explique
la substitution, dans toutes les langues romanes,
du (J au { de tune; et il regarde adonc comme la
forme primitive, et donc comme une abréviation
par aphérèse de la première voyelle. Cela est très-
satisfaisant pour le sens, donc ayant eu évidemment
la signification d'aîors, et le passage d'alors à donc
se comprenant sans peine. Mais, sans parler du
retranchement de l'a initial ilans le français, qui en
offre si peu d'exemples avérés, les formes en as,
doncas, en a, dunqua, en e, dunque, ne se prê-
tent pas à la dérivation de tune, tandis qu'elles se
prêtent à la dérivation de unquam, ce mot ayant
donné tmca, unqua, oncas, onke ; de sorte que,
qnnnt à la forme, donc serait de-unquam; mais
alors c'est le sens qui fait difficulté. Ces deux alter-
natives étant posées, on peut penser pourtant que
cet adverbe composé de-unquam a pris la signifi-
cation d'alors et les significations subséquentes,
comme l'adverbe composé de-usque a pris le sens
de jusque.
1 1. DONDAINE (don-dè-n'), s. f. Terme militaire
du moyen âge. Machine pour lancer de grosses
pierres.
— IIIST. XV* s. Et veez ci venir le trait d'une don-
daine que ceux de l'ost laissèrent aller, froiss. 11,
II, 234.
— ÉTYM. Origine inconnue, à moins que ce ne
soit une onomatopée.
t 2. DONDAINE (don-dè-n'), s. f. Instrument à
vent fait comme une cornemuse et usité dans le
moyen âge. || Mot qui s'applique encore à des re-
frains de chansons triviales, et qui est ordinaire-
ment accolé au mot dondon. La faridondaine, la
faridondon.
— ÉTYM. Peut-être une onomatopée.
DONDON (don-don), s. f. || 1° Femme ou fille qui
a beaucoup d'embonpoint et de fraîcheur. Une grosse
dondon. Une jolie dondon. Cependant la reine Didon
Perdait sa face de dondon, scarron, Yirg. trav,
dans lerodx, Dict. comique. || 2° S. m. Un des noms
vulgaires du dronte.
— ÉTYM. Ce mot paraît avoir de l'analogie avec
dondaine et même avec dodu. Mais, dans l'état ac-
tuel, on ne peut rien dire de plus.
t DONDOS (don-dos'), s. m. Nom, au Congo, des
enfants blancs ou albinos qui naissent des nègres.
f DONGUIS (don-gri), s. m. Terme de commerce.
Toile de coton des Indes.
f DONILLAGE (do-ni-Ua-j', Il mouillées), s. m.
Terme de métier. Voy. douillage, dont donillage
est une fausse lecture.
t DOMLLEUX, ECSE (do-ni-Ueû, lleû-z', Il
mouillées), adj. Terme de métier. Voy. douilleux,
dont donilleux est une fausse lecture.
DONJON (don-jon), s. m. || 1» Grosse tour cré-
nelée ajoutée à un château qu'elle domine et servant
de forteresse en cas de nécessité. Le donjon de Vin-
cennes. Il conserve les ruines, les restes de don-
jons, les tours abandonnées, tout ce qui pourrit et
tombe, p. L. COUR. Lettres au Censeur, 6. || Fig.
Heureux d'avoir su vous défendre. J'accours des
célestes donjons, bébang. Bfiicfs. 112° Tourelle sur
une plate-forme. || 3° Petit pavillon élevé au comble
d'une maison.
— HIST. xii* s. Itant sachez e créez bien. Ne re-
maindra en Flandres rien, Dangon ne tur ne forte-
lesce, BENOIT, II, 13391. Comme l'en porreit mètre
en cest danjon, Gérard de Ross. p. 319. Abatre ses.
DON
1215
donjons, Ronc. p. <l. [Chevalier] Qu'il ot faiit adou-
ber en son maistre donjon, Sax. vni.|| xiii' s. Quant
li rois monta el doignon. Lai de Uelion. Por quant
tant s'estoit esloigniez Qu'à Malpertuis s'est adreciez
Son fort chastel et sa meson, Sa forteresce, son
ilonjon. Où il ne crient [craint] ost ne asaut, Ren.
H 344. ||xv' s. Tout ainsi que le donjon d'une for-
trece est assis en la plus fort place du chastel, christ.
DE PISAN, Charles V, 11, t.
— ÉTYM. Provenç. donjon, dome.jo, dompnhon ;
bas-lat. àomnio, domgio, donjo. Il faut un mot qui
prête à la double forme donjon et dan;'on; le proven-
çal prouve que la forme par on est la primitive; l'on
sait que la forme par on devient irès-facilement e« dans
l'ancien français {voluntas, volonté, volonté). Tout
cela conduit à un bas-latin masculin domnionem,
ce qui domine, la tour maîtresse. La nécessité d'a-
voir un oau radical écarte l'irlandais daingean, lieu
fortifié, puisque la forme primitive est par on et non
par on. Il faut écarter aussi l'irlandais diln, lieu
fortifié, indiqué par Diez, puisque cela ne rendrait
aucun compte de l'm qui est dans plusieurs formes :
dompnhon, domnio. Grandgagnage a mis en avant
une autre étymologie : le flamand, dune, dung,
donk, suffixe fréquent dans les noms de heux des pays
flamand et rhénan, et signifiant un lieu élevé au-
dessus d'un marais; on trouve même ursidongus
expliqué par tanière de l'ours; il est disposé à y voir
le fadical de donjon; mais comment en tirer dom-
mV) et dompnhon ?
DONJONNÉ, ÉE (don-jo-né, née), adj. Terme
de blason. Se dit des tours et des châteaux qui sont
munis de tourelles.
— ÉTYM. Donjon.
t DON JUAN (don-ju-an), s. m. Séducteur,
homme sans mœurs et sans conscience, mais
agréable dans ses manières, et se faisant un jeu de
perdre les femmes de réputation. Un Don Juan de
bas étage. Traitez-moi de perfide et d'ingrat, ap-
pelez moi Don Juan et Lovelace, ce sera bien dit,
CH. DE BERNARD, le Gendre, § v.
— ÉTYM. C'est le nom et le caractère du princi-
pal personnage dans le Festin de Pierre de Molière.
t DON-JUANIQUE (don-ju-a-ni-k') , adj. Tiré du
précédent, dans le style familier. Aux termes de
l'article 4 de notre société don-juanique et méphisto-
phélélique, ch.de Bernard, laPeau dulion, § xn.
DONNANT, ANTE (do-nan, nan-t'), adj. Qui
aime à donner. La maréchale de Noailles vit encore
en patriarche de sa nombreuse famille, fort riche et
fort donnante, st-sim. 2H, 94. || Proverbe. Don-
nant donnant, signifie qu'on ne veut donner une
chose qu'en en recevant une autre.
DONNE (do-n'), s. f. Terme du jeu de cartes. Ac-
tion de donner, de distribuer les cartes. Perdre sa
donne. || Proverbe usité à tous les jeux où donner
est un avantage : Qui mal donne perd sa donne.
— ÉTYM. Donner.
t. DONNÉ, ÉE (do-né, née), part. passé. || 1° Dont
la possession est accordée gratuitement. Un cheval
donné. || Absolument. Donné 1 00 francs au comité de
bienfaisance. || Fig. Et ses justes faveurs aux mérites
données Feront ressusciter l'excellence des arts,
MALI!. II, 4. Il 2° Abandonné. Comme dans une place
au pillage donnée, malh. t, 4. || 3° Bataille donnée,
bataille engagée ei menée à terme. La bataille de
Waterloo donnée et perdue par les Français le IH
juin tsib. Et qu'enfin la bataille allait être donnée,
CORN. Hor. I, 1. Il 4° Rendu, prononcé, en parlant
d'un arrêt. Ne sachant si son arrêt est donné, pasc.
Préf. gin. || 5° Consacré. Chômons : c'est faire assez
qu'aller de temple en temple Rendre à chaque im-
mortel les vœux qui lui sont dus; Les jours donnés
aux dieux ne sont jamais perdus, la font. Filles
de Minée. || 6° Terme de mathématiques. Connu et
servant à la solution d'un problème. Le nombre
donné. Le polygone donné. Les quantités, les figures
données. L'arrangement que les planètes gardent
entre elles selon leurs distances données, volt. Dial.
XXIV, <7. Qu'est-ce que la guerre ? un métier de
barbares, où tout l'art consiste à être le plus fort ,
sur un point donné, ségur, Ilist. de Nap. vu, 8.
Il Par extension. Dans un espace, dans un temps
donné, dans un certain espace, dans un certain
temps. Il 7" Terme de chasse. Animal bien donné
aux chiens, se dit d'un animal bien attaqué et
promptemeut lancé. |1 Proverbe. C'est un marché
donné, c'est marché donné, c'est donné, se dit
pour signifier qu'une chose a été vendue très-peu
cher. Quand une Mancini ne fait qu'une folie comme
celle-là, c'est donné, sÉv. Lett. 3i juin <080. Tout
Corneille commenté en cinq ou six volumes in-t»,
c'est marché donné pour deux louis, volt. Lett.
I
1216
DON
d'ArgmIal, 9 août I7«). Il X che\<il donné on ne
reg.-i'rile point i la bouchn, à l.i l)ride, c'est-à-dire
un cadeau est toujours le bien reçu.
f DONNÉ (do-né), s. m. Autrefois soldat inva-
lide dont on mettait l'eotretien à la cliar(?e d'ab-
bayes. Un donné de la Trappe, d'un esprit fort su-
périeur à son état, qu'on appelait frère Cliauvier,
conduis't ce valet de clianil)re.... st-sim. «1 , 2S.
— IIIST. XVI' s. Ordonnant aux al)bés de donner
aux siropjats pension annuelle pour le re-te de leur
vie; et dure cesie institution jusques aujourd'hui,
que l'on appelle ung donné, <iui se court et se brigue,
quand il vacque, par tous les soldats qui.... carl. m, ».
— ÉTVM. Donné I.
t. DONNÉK (ilonée), s. f. || !• Le point sur lequel
on fonde un raisonnement, et qui est reconnu. Il faut
partir de celle donnée. Les données de l'observation.
Si un homme raisonne mal, c'est qu'il n'a pas les
données pour raisonner mieux, iiiderot. Sur le li-
vre de l'Esprit. || 2° Donnée dramatique, et, en gé-
néral, donnée dans un ouvrage littéraire, ce qui
est d'abori supposé et admis d'après la nature des
personnages; et, siibsidiairement, l'arrangement,
la disposition du fond principal. La donnée dans le
roman A'Ondine, c'est la puissance des esprits élé-
mentaires, particulitTement des ondins ou esprits
des eaux; dans la tragédie de Uédee, c'est le ca-
ractère altier, vindicatif et la puissance surnatu-
relle de cett" enchanteresse. ( Les Données, ou-
vrage d'Euclide traitint divers cas où certaines
choses sont con^-idérées comme données.
— ÉTYM. Donné.
t 2. DONNftE (do-née), s. f. Distribution d'argent
aux pauvres. l'iu^ la donnée avait été nombreuse,
plus la charcutit're était aise, By'-MM. 355, )8i.
Il C'est une donnée, c'est un excellent marché.
Il/puilles de mûrier jetées sur les claies pour un
repas des vers à soie.
— HIST. XIV" s. Moult de nobles joiaux pour faire
la donnée Aux vaillants che>aliers de Guiene la lée,
Guesclin. 0861. 1 xv" s. Kt en tous les aniversaires
et donnée générale à tous ceux qui la vouloient
prendre, chkist. ne pisan, Charles V, m. 60.
Il xvi« s. Ceux qui conseilloient et esioient d'avis que
l'on f\A des données publiques, amyot, Cor. 22.
— ÊTYM. Donné «.
DONNER (do-né), v. a. <• Faire don ou dona-
tion; 2° accorder; 3» procurer; 4° causer, être cause
de; h' communiquer, transmettre; 6° donner la
vie; 7° faire le sacrifice de; 8".remettre; 9» atlri-
buer, supposer; 10° donner pour, vouloir faire pas-
ser pour; n° donner un rival, en parlant <rune
femme qui préfiire un homme à un auire; 12° four-
nir; 13° apporter, pré.senter; I4° donner, en par-
lant de certaines munificences qu'on fait; 1 6° .don-
ner une pièce de tliéAlre, la faire jouer ou la
tepré.senter; lu" oclroyor, concéder; 17° consacrer;
18° donner à, abandonner; <9° donner du monsei-
gneur; 20" exposer, énoncer; 21° prescrire, im-
poser; 22°applii|ucr sur une personne; 23° donner,
en parlant de ch.oses qui fournissent; 24° produire;
26° donner un enfant, le mettre au monde; 20° don-
ner, suivi de certains noms et formant une locu-
tion dont le sens est déterminé par le nom; 27° per-
mettre: 28° donner la main; 29° donner une
couche; 3ii° donner le feu trop chaud; 3|» donner,
terme lie jeuxde cartes et deje,u de paume; 3:!° don-
ner carrière; 33° donner, eu termes de vénerie;
34° donner, en termes de marine; 35° donner à,
suivi d'un verbe à l'infinilif; 36° le donner en;
37° en donnera quelqu'un, en donner d'une; 38° en
donner du long et du large; 30° se donner, donner
à soi; s'en donner; 40° donner, rerbeneulre, donner
à la grosse; 4|° heurter contre; 4i"iloniier(laiis un
piège; 43"diinner sur, donner à, donner au travers;
44° donner dans un passage, s'y eng.iger: 45»char-
gei dans un combat; 48" être situé; 47° donner
des deux; 4«° s'allonger, en termes de marine:
49° donner du cor, en sonner; Bo° se donner, verbe
réfléchi, faire don de soi-même, être donné; 51° se
vouer; 5-2° se livrer, se rendre; 53° prendre un
mari; 64° s'ofTrir, se présenter; 65° être publié;
6«° .s'adonner; 57° se donner pour, se faire passer
pou. ; 58° être engagé, en parlant d'une bataille.
1° Faire don ou donation de quelque cho.se à
quelqu'un. Donner des élrennes. Donner l'aumône.
11 lui a donné celte maison en toute propriété. Que
TOUS doniura-l-oii au jour de l'an? Won gentil-
homme, donnez, s'il vous plail, aux garçons quel-
que chose pour boire, mol. liourgeois. u, 9. Refuser
ce qu'on donne esi bon à faire aux fous, iij. Dcp.
am. i,a. Elle avait une magnificence royale, et l'on
*ûl dit qu'elle perdait ce qu'elle ne donnait pas,
DON
B0S5. Reine d'Anglet. On ne doit point donner le
corps de Jésus-Christ à ceux^qui retombent toujours
dans les mêmes crimes, pasc. Prov. I8. Je te donne
d'Aman les biens et la puissance, îiAC. Rsth. m. 7.
11 dit au comte Piper qu'il était plus (lalté de don-
ner que de gagner des royaumes, vouT. Charles
XII, 2. Ce prince, qui ne perdait jamais une occa-
sion d'honorer le mérite dans ses ennemis, lui [à
un officier qui avait défendu contre lui une place]
donna une épée de sa main, lui fit un présent consi-
dérable d'argent, et le renvoya sur parole, id. ib.
2. Vous refuserez grilce où j'en voudrais donner,
CORN. Allila, m, 2. Il Fig. Il n'en donnerait pas sa
part aux chiens ou au chat, il prétend bien avoir
pan à ce dont il .s'agit. || Familièrement et ironi-
quement. On lui en donnera, c'est-à-dire il n'aura
pas, ce n'est p.-ispour lui (|ue.... Ce malotru courtise
cette demoiselle; on lui en donnera, d'aussi jolies
filles. Nigaud! on lui en donnera des nigauds
comme moi; dans un an j'aurai vingt-trois ans et
demi, VAnE, Niçoise, se. (i.|| Donner à Dieu, di-
riger vers Dieu l'intention de quelque chose. Vous
accordez aux hommes l'eiïet exiérieur et matériel
del'aciion, et vous donnez à Dieu le mouvement
spirituel et intérieur de l'intention, pasc. Prov. 7.
Il Absolument. Tel donne à pleines mains qui n'o-
blige personne; La façon de donner vaut mieux
que ce qu'on donne, coiin. Itent. i, ). Il est plus
digne d'un prince de donner que de recevoir,
d'ablanc. Apopltlh.y\.i, dansRicuELET. S'il donne,
il est prodigue, et s'il épargne, avare, botb. Ven-
cesl. I, t. Vous joignez aux bienfaits un air si gra-
cieux Ou'on ne vit jamais dans le monde De roi qui
donnftt plus ni qui sût donner mieux, la font.
Poésies mêlées, Liv, Firsqiie au roi. Soutenons bien
nos droits; sot est celui qui donne, C'est ainsi devers
Caen que tout Normand raisonne, boil. Épit. n. Il
y a du plaisir à rencontrer les yeux de celui à qui
on vient de donner, la bruy. iv. La libéralité con-
siste moins adonner beaucoup qu'à donner à propos,
m. ib. C'est rusticité que de donner de mauvaise
grSce; le plus fnrt et le plus pénible est de donner;
que coùte-t-il d'y ajouter un sourire? m. viii. Il
faut avouer qu'il s'est trouvé des hommes qui refu-
saient plus honnêtement que d'autres ne savaient
donner ; qu'on a dit de quelques-uns, qu'ils se fai-
saient si longtemps prier, qu'ils donnaient si sè-
chement et chargeaient une grilce qu'on leur ar-
rachait de conditions si désagréables, qu'une plus
grande grilce était d'obtenir d'eux d'êire dispensés
de rien recevoir, m. ib. L'on remarque, dans les
c.iurs, des hommes avides.... si vous demandez:
que font ces gens à la cour? ils reçoivent et envient
tous ceux à qui l'on donne, id. ib. || Il donnerait
iusqu'à sa chemise, c'est un homme d'une extrême
libéralité. || En jurisprudence, donner et retenir ne
vaut, c'est-à-dire celui qui fait une donation, ne
peut, sous peine de nullité de l'acte, y ajouter une
clause qui en détruise l'elTet; et. dans le- langage
général, on ne peut avoir la disposition de la chose
qu'on a donnée. || Faire l'aumûne. Qui donne aux
pauvres prête à Dieu, v. iiuoo, Feuill. d'aiit. 32.
Donnez, méch.nnts. Dieu vous pardonne; Donnez,
ô bous. Dieu vous bénit! id. Voix, 2. || î° Accorder.
Donner sa fille en mariage à quelqu'un. Il m'a
donnée à vous, et nul autre que moi N'a droit de
l'en dédire et me choisir un roi, cobn. Nicom. i, t.
Il Dans le même sens. Son père lui donna pour
mari un jeune homme trùs-recommandahle. On lui
ilonna pour femme une jeune fille appartenant à
une famille distinguée. La femme qu'il s'est don-
née. Il On dit dans un sens analogue, donner un
domestique à quelqu'un, l'attacher à son service.
Arlequin, vous êtes à présent à monsieur; vous le
servirez, je vous donne à lui, Marivaux, Fausses
cnnfid. 1, 8. Il 3" Procurer. Donner un précepteur,
des mattres à son fils. La passion donne de l'élo-
quence. Cela donne du poids à votre opinion, la
confirme, l'appuie. Sans donner à ses pas une règle
ceriaine, U erre vagabond où le pied le conduit,
malii. I, 4. Le fer qui les tua [les innocents] leur
donna cette grâce. Que, si de faire bien ils n'eu-
rent pas l'espace. Ils n'eurent pas le temps de
faire mal aussi, m. i, 4. Kt les siens , secondant la
force de ses coups, Lui donnent le moyen de
joimlre son époux, maib. Uort d'Asdrub. v, (. Nous
devons bien chérir celte venu parfaile Oui de nos
ravisseurs nous donne la défaite, corn. Uédée, iv,
3 Possédez le repos comme vous le donnez, roir.
liélis. I, 6. Je veux donner la vie et la paix aux
Romains, du byf.b, Scévole, v, 0. Donnez un digiie
chef à de si dignes bras, brébeuf, i'/tarî. v. Donne
enfin quelque trêve à ces vagues pensées. Donne
DON
:;jelque relâche à ces vastes souhaits in. ib Mais
qiianil tout l'univers au trouble s'abmdonne. Oui
peut donner la paix si la mort ne la donne? ID. ib.
J'ai voulu vous donner les moyens de me plaire,
RAC. Androm. iv, 3. Et il n'y a pas nu être appilé
la vie qui donne le sentiment à un corps orpniisél
voi.T. Dial. VIII, 2. Impatient de donner un roi à la
Pologne, il proposa au prince Alexandre de mon-
ter sUr le trône, dont la fortune s'opiniâtraii à écar-
ter son frère, m. Charles XII, 2. || Se donner,
donner à soi, faire qu'on ait. qu'on possède. Il brûle
d'être à Home, afin d'y recevoir Du mallru qu'il s'y
donne et l'ordre et le pouvoir, corn. Serlor. I. 2.
Donne-toi pour unique but Le grand œuvre de tor.
salut, m. Imil.i, 2:1. Un homme de mérite se donne,
je crois, un joli spectacle, lorsque la même place....
dont il est refusé, il la voit accorder à un homme
qui n'a' point d'yeux pour voir, ni d'oreilles pour en-
tendre, ni d'esprit pour connaître, la bruy. viii.
Celte considération universelle qu'il s'était donnée
par sa victoire, il l'augmentait en ne perdant pas
un moment pour en profiter, volt. Itussie, i, t».
Tancréde' en se donnant un maître despotique, id.
Tancr. i, t. Ne sentez-vous pas, si vous êtes de
bonne foi, que les hommes ne se donnent r-en et
qu'ils sont sous la main d'un maître absolu ? lu. DiaU
VII, 2. les Anglais all'rent atiaquer dans le nou-
veau monde l'ennemi qu'ils venaient de se donner,
RAYNAL, llisl. phil. X, 9. || Se donner du bon temps,
se divertir. || 4° Causer. Cela lui a donné bien de la
peine. Donner de l'appéiit. Cela donne bnnne opi-
nion de lui. Et ses trois frères morts par la main
d'un époux Lui donneront des pleurs bien plus jus-
tes qu'à vous, CORN. Ilor. iv, 4. Je viens de voir
pour mes péchés cette méchante rapsodie de l'École
des femmes; je sais encore en défaillance du mal
de cœur que cela m'a donné, mol. Critique, 3.
Il Donner de la peine à quelqu'un, lui imposer une
occupation fatigante. || Se donner la peine, avoir
soin de. Il semble que l'on devrait déculer sur cela
avec plus de précaution et se donner .seulement la
peine de douter si.... la brcy. xii. || Par poliiesse.
Donnez-vous la peine de vous asseoir || Se donner de
la peine, travailler beaucoup, se fatiguer. || Se donner
du tourment, du chagrin, etc. être tourmenté, cha-
griné. Comme tout fait ombrage aux soucis qu'il se
lionne! cobn. Imit. ii. 3. La plus briUanie fortune
ne mérite point ni le tourment que je me donne,
ni les petitesses où je me surprends, ni les humi-
liations ni les hontes que j'essi.ie, la bruy. viu.
Il Donner bien de l'exercice, susciter bien des em-
liarras. C'esi une mauvaise affaire et qui lui donnera
bien de l'exercice. || Se donner une entorse, se don-
ner un accès de fièvre, causer à soi-même une en-
torse, un accès de fièvre. || Inspirer. Et vous ai-je
ordonné D'éteindre tout le feu que je vous ai donnéT
CORN. Othon, i, 5. La reine, qui surtout craint de
vous voir régner. Vous donne des terreurs pour vous
faire éloigner, id. Rodog. m, 2. Je n'a\ais pas beau-
coup d'envie de me trouver à cette course, mais j'y
veux aller exprès et employer toute chose pour lui
donner de l'amour, mol. Princ. d'El. U, 6. Je donne
aux immortels la peur que j'ôte aux hommes, bo-
TROU, Hercule mourant, i, I. Il étonna tous ceux
qui pensaient l'étonner. Et, n'ayant pas d'effroi,
mérita d'en donner, bbêbeuf, Phars. v. Comme je
trouve bien plus important de donner au momie de
l'horreur de vos opinions sur ce sujet que de justi-
fier la fidélité de mes citations, pasc. Prov. I4.
Malgré la juste horreur que son crime me donne,
bac. Andr. iv, 3. Je voudrais qu'il me liaitit encore,
reprit la dame en poussant des cris; je le méritais
bien, je lui avais donné de la jalousie, volt. Zadig,
9. Il 5° Communiquer, transmeitre. Donner la peste.
Il est à craindre que cet enfant ne donne la rou-
geole, la coqueluche à ses frères. Ceux qui avaient
prévenu le danger mortel de la petite vérole en se
la donnant, in. Louis XIV, 41. j| Donner ses goûts,
son humeur à quehju'un, lui inspirer les goûts,
l'humeur que l'on a soi-même. Les Espagnols enfin
t'ont donné leur fureur, id. Ali. v, 6. |{ 6° Donner
la vie, engendrer, amener à l'existence. Vous saiei
donc quel .sang vous a donné la vie? bac. ..41/iai iv,
4. Il On dit dans le même sens : donner 1 être. Cènes
vos sentiments font assez reconnaître Qui vous donna
la main et qui vous donna l'être, cobn. Piimp. m,
4. Il Par extension. Donner la vie, rendre la santé.
Il était tiès-malade; l'air de la campagne lui adonné
la vie. li Kig. Donner la vie à quelqu'un, causer une
vive joie à quehpi'un qui était dans la douleur. Il
tirer d'une extrême inquiélude. Cette bonne nou-
velle lui a donné la vie. || Par opposition. Donner II
mort, tuer, faire mourir. £née donna la mart i
DON
Turnus. Ce poison donne une prompte mort. Ce
jour va vous donner la naissance et la mort, volt.
Œdipe, m, 4. || Se donner la mort, se tuer soi-
même. Il Par exagération. Donner la mort à quel-
qu'un, lui causer une extrême douleur. || 7° Faire
le sacrifice de. Donner sa vie, son sang pour la pa-
trie. Mais c'en est une [générosité] encor d'un plus
illustre rang , Quand on donne au public les inté-
rêts du sang, corn. Cid, iv, 2. || 8° Remettre. Je le
lui ai donné k lui-même. Je lui ai donné le flam-
beau dans les mains. Donner un paquet au messa-
ger. Ce qu'on donne aux méchants toujours on le
regrette; Pour tirer d'eux ce qu'on leur prête, Il
faut qu'on en vienne aux coups, la font. Fabl. ii,
7. Çà, donnez-moi que j'aille acheter votre esclave
[il s'agit d'argent à mettre dans la main], mol.
l'Étour. 11, 7. Le mis-tu [un enfant] dans ses bras?
— Oui, je le lui donnai, volt. Œdipe, v, 3. Stein-
beck se fit donner de force plus qu'il n'avait de-
mandé ; on exigea même de la ville une contribu-
tion, iD. Charles XII, 2. || Fig. Donner des verges
pour se fouetter, fournir nous-mêmes ce qui sera em-
ployé contre nous. || Livrer. Donner de la marchan-
dise à crédit. Donner quelque chose à l'essai. Donner
en dépôt. Donner de l'ouvrage à faire. || Céder en
échange, en retour; offrir un prix. Donnez-moi
votre couteau pour mon canif. Me donnez-vous cela
pour dix francs? Il Donner un pois pour avoir une
fève, donner un œuf pour avoir un bœuf, c'est-à-
dire faire un présent de peu de valeur, afin d'en
p recevoir un d'un plus grand prix. || Par exagération.
Je n'en donnerais pas une obole, pas un fétu. Je ne
donnerais pas un sou de notre métier, mol. Mal.
imag. i, ». || Je donnerais tout au monde, tout ce
que je possède, pour que cela ne fût pas; c'est-à-
dire je ferais tous les sacrifices. Du meilleur de
mon cœur je donnerais sur l'heure Les vingt plus
beaux louis de ce qui me demeure.... mol. Tart. v, 4.
Je donnerais volontiers la moitié de ma fortune pour
qu'en ce moment vous eussiez mon âge. — Et moi,
mon ami, répondit le vieillard, en souriant triste-
ment, je donnerais pour cela ma fortune entière,
dussé-je payer ce rajeunissement d'une petite pro-
menade en votre compagnie au bois de Boulogne ou
à Vincennes, ch. de Bernard, la Cinquantaine,
$ XI. Il On dit dans un sens analogue : je donne-
rais dix ans de ma vie, je donnerais je ne sais
combien, je ne sais quoi. || 9° Attribuer, supposer.
On lui donne un tel pour collaborateur. Quel âge
lui donne-t-on? Quelques voyageurs donnent au
Sénégal un cours de huit cents lieues. On ne don-
nerait pas cinquante ans à cet homme qui toutefois
en a près de soixante-dix. Elle donne son enfant
à un tel, c'est-à-dire elle dit qu'un tel est le père
de cet enfant. Â des fantômes vains donnez moins
■ de pouvoir, corn. fois, d'or, i, 3. Et l'on pourrait
donner à la nécessité Ce qui n'est qu'un effet de la
légèreté, m. Perthar. i, 4. Je me souviens toujours
du soir qu'elle eut envie de voir Damon, sur la ré-
putation qu'on lui donne et les choses que le public
a vues de lui, mol. Critique, 2. J'ignore le détail
du crime qu'on vous donne, m. Tart. v, 6. Le pre-
mier tableau que j'ai vu à Chantilly est une tête de
St Jean-Baptiste qu'on donne au Titien, fén. t. xix,
p. 462. Vous donnez aux bonnes œuvres des gens
de bien des motifs corrompus, mass. Car. Injust. du
monde. L'auteur de cet ouvrage est inconnu; quel-
ques-uns le donnent à Tacite, d'autres à Ouintilien,
mais sans beaucoup de fondement, rollin, Hisl.
anc. Œuvres, t. xi, 2' part. p. 697, dans pougens.
Il Se donner, donner à soi, s'allribuer. Ne vous
donnez sur moi qu'un pouvoir légitime, corn.
Pomp. IV, 3 l'àne en se donnant tout l'honneur
de la chasse, la font. Fabl. ii, (9. Nonnius par
ce traître est mort assassiné; N'avons-nous pas sur
lui le droit qu'il s'est donné? volt. Catil.iv, 4.
Il 10° Donner quelqu'un, quelque chose pour, vou-
loir faire passer quelqu'un, quelque chose pour....
Je ne vous le donne pas pour un homme dont....
hamilt. Gramm. 4. Ces penchants que vous nous
donnez pour invincibles, ne les avez-vous pas raille
fois surmontés? mass. Car. Samarit. || 11° Donner
un rival, en parlant d'une femme qui préfère un
homme à.un autre Palmire, à mes pieds, par
un arrêt fatal Insulte à Mahomet et lui donne un
rival, VOLT. Fanât, u, 4. || 12° Fournir. Donner des
sûretés, un gage. Donner des preuves, des marques
d'estime. || Donner des témoignages de, faire preuve
de. Après tant de témoignages invincibles qu'ils ont
donnés de leur foi, pasc. jProw. <6. || Donner lieu
matière, sujet à...., fournir le sujet, l'occasion. Ne
nous donnez-vous pas sujet de juger que ce n'est
point Dieu que vous considérez dans cette crainte?
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISS.
DON
ID. ib. 13, Il Manifester. Donner des signes d'embar-
ras. Il ne donnait plus aucun signe de vie. || Fig.
Ne pas donner signe de vie, ne pas répondre, ne
pas se mouvoir, ne pas agir. || 13° Apporter, présen-
ter. Donnez-moi mes habits, un siège. Voulez-vous
mettre votre habit?— Oui, donnez-le-moi, mol.
Bourg, ii, 8. || 14° U se dit de certaines munifi-
cences qu'on fait. Donner un repas, une fête. Don-
ner un bal. Ce n'est ici qu'un bal à la hâte; mais,
l'un de ces jours, nous vous en donnerons un dans
les formes, mol. Pr^c. <3. || 15° Donner une pièce,
se dit de l'auteur qui fait représenter une pièce de
théâtre. C'est une répétition que je fais faire en
province, pour donner la pièce à Paris, quand vous
le jugerez à propos, volt. Lettres en vers et en
prose, 73. Il Donner une pièce, se dit des acteurs,
du théâtre qui représentent une pièce. Le Théâtre
Français donne aujourd'hui ma pièce, piron, ifé-
trom. I, 8. Il Fig. Donner la comédie, faire rire de
soi. Ce fut une seconde comédie que le chagrin
de notre ami ; il la donna en galant homme à toute
l'assemblée, et chacun demeura d'accord qu'on ne
pouvait pas mieux jouer qu'il fit, mol. Critique, 6.
Il 16° Octroyer, concéder. Donner audience. Donner
un délai. On lui donna la meilleure place. Et qui
peut nier qu'après Dieu Sa gloire [de Henri IV],
qui n'a point d'exemples. N'ait mérité que dans nos
temples On lui donne le second lieu? malh. ii, 4.
Profitez du moment que mon amour vous donne,
RAC. Mithr. IV, 4. || Je ne lui donne pas six mois à
vivre, je pense qu'avant six mois il sera mort. Je ne
donne pas deux années aux ennemis de la raison et de
l'Ëtat pour rentrer dans le bon sens [avant deux ans
ils seront rentrés], volt. Lett.ahbéMignot, 24 juin
) 771 . Il 17° Consacrer. Donne aux saints devoirs d'un
chrétien Tout ce que Dieu te donne à vivre, corn.
Imit.i, 23. Il 18° Donner à, abandonner. Pareils
ministres sont loin de rien donner au hasard, balz.
Avis écrit. La première règle est de ne pas se déter-
miner au hasard, et, dans l'affaire de l'éternité, ne
rien donner à l'opinion et à l'exemple, id. ib. Sa-
lut. S'il est vrai qu'un grand donne plus à la for-
tune, lorsqu'il hasarde une vie destinée à couler
dans les ris, le flaisir et l'abondance, qu'un par-
ticulier qui ne risque que des jours qui sont mi-
sérables, il faut avouer aussi qu'il a un tout autre
dédommagement, qui est la gloire et la haute ré-
putation, LA BRUY. IX. Il Laisser prévaloir. Il a beau-
coup donné à la faiblesse paternelle. Sire, ne don-
nez rien à mes débiles ans, cohn. llor. v, 3. Ce
qu'on vous voit ici donner à la nature, m6l. Psyché,
II, t. Quelque sobres qu'ils soient, ils donnent à la
volupté ce qu'ils pensent donner à la seule néces-
sité, PASC. Frov. 4. Il craignait toujours de trop
donner à la nature, Boss. Louis de Bourbon. Il n'a
rien donné au plaisir, rien à l'intérêt, id. Pensées,
14. On donne souvent à la vanité ce qu'on croit don-
ner à la vérité, mass. Car. Tiédeur, 2. Ce n'est pas
une constance de philosophe; il ne donne rien aux
spectateurs, id. Or. (un. Conty. L'on y donne quel-
quefois [dans les cours] les dehors à la piété, pour
réserver plus sûrement le cœur à l'amertume de la
jalousie, id. Or. (un. Dauphin. Notre régularité
n'est qu'une décence que nous donnons au monde
et au sérieux de notre état, id. Confér. Zèle c. les
scand. \\ Absolument. Il [un prédicateur] ne croit
pas qu'on puisse sans péché donner à ses plaisirs
quand on a des créanciers; les dépenses lui parais-
sent des vols qui nous ôtent le moyen de faire jus-
tice, sÉv. 379. I) 19° Familièrement. Donner du
Monseigneur à quelqu'un, lui donner ce titre par
flatterie. A chaque vers il vous a donné de la divi-
nité et a fait des exclamations si hautes qu'on a pu
les ouïr du grand chemin, balz. liv. vu, lett. 35. X
son avènement dans le monde, au lieu de votre Ex-
cellence, il se faisait donner de votre Doctrine, id.
le Barbon. De l'écrit obligeant le sien [son cœur]
tout transporté Ne me donnait pas moins que de la
déité, mol. Dép. a, 4. || Donner du respect à quel-
qu'un, terminer une lettre qu'on lui écrit par des
expressions qui marquent le respect. Ne vous ai-je
pas donné du cordialement? sÉv. 440. Je n'ai point
encore bien vu comment est pour vous celui à qui
vous donnez de ïobéissant et qui n'aurait que de
l'affectionné sans son maître , maintenok , Lett.
Duc de Noailles, l «' mars 1 7H . |1 Se donner de l'Ex-
ceUence, se faire donner le titre d'Excellence. Vous
qui vous donnez de la Hautesse et de l'Éminence,
LA BRUY. XII. Il 20° Exposer, énoncer. Donner ses
raisons. Donner pour prétexte. Donner la descrip-
tion d'un objet. || Faire connaître, communiquer.
Je ne vous fais point d'excuses de ne vous avoir pas
dit hier la nomination de M. l'évique d'Angers que
DON
1217
le roi m'avait donnée en secret, maintenon, Lett,
Card. de Noailles, 24 mars <70e. || 21° Imposer,
prescrire, assigner. Donner un pensum. Donner un
nom à une plante, un titre à un ouvrage. || Donner
le nom à un enfant, le tenir sur les fonts baptis-
maux. Il Donner ordre à quelque chose, y pourvoir.
Donne pour ce grand jour [la mort] , donne ordre
à tes affaires, corn. Imit. i, 24. || Donner le mot
d'ordre, ou, absolument, le mot, fixer le mot par
lequel des patrouilles et des factionnaires se recon-
naissent. || Fig. Donner le mot d'ordre, donner la
direction dans une affaire, dans un parti. || Se don-
ner le mot, convenir de, s'entendre pour. Légistes,
docteurs, médecins, quelle chute pour vous, si
nous pouvions tous nous donner le mot de devenir
sages ! la bru y. xii. || Donner des lois à un pays ,
en être le législateur. Selon a donné des lois à
Athènes. || Fig. Donner des lois, commander en
maître. Qui, tout vaincu qu'il est, bravant le nom
de roi. Dans vos propres États vous donnerait la
loi, CORN. Pomp. I, 1. Né pour donner des lois,
commencez par vous-m^me, roteou, Vencesl. i, 1.
Il On dit dans le même sens donner la loi. Pense,
mortel, à t'y résoudre [à la mort]; Ce sera bientôt
fait de toi; Tel aujourd'hui donne la loi Qui demain
ne sera que poudre, corn. Imit. i, 23. || Par analo-
gie. Donner des fers, mettra dans la servitude. [Us]
Se disputent l'honneur de nous donner des fers,
VOLT. Tancr. i, 1. 1| 22° Appliquer sur une personne.
Donner des remèdes. Donner les sacrements. Don-
ner la question. || Donner un coup, frapper. Don-
ner un coup de poing. Donner un coup de hache.
Quand on nous donne un soufflet, doit-on l'endurer
plutôt que de tuer celui qui le veut donner, ou bien
est-il permis de tuer pour éviter cet affront? pasc.
Prov. t4. Il Donner un coup de rabot, de lime, de
peigne à quelque chose, passer le rabot, la lime,
le peigne une ou plusieurs fois sur quelque chose.
Il Donner un revers, donner du revers, frapper avec
le revers de la main. Et fig. Toutefois n'allez pas,
sur cette sûreté, Donner de vos revers au projet que
je tente, mol. l'Étour. n,i. \\ Donner un coup de pied,
frapper avec le pied. Le cheval lui donna un coup de
pied. Il Par ellipse du mot coup. Donner à quelqu'un
du pied dans le derrière. || Fig. et familièrement. Il
ne se donne pas de coups de pied, se dit d'un homme
qui parle trop avantageusement de lui-même. || Par
une autre figure. Donner un coup de pied chez
quelqu'un, jusqu'à tel endroit, y aller. || Donner
un coup d'épaule, secourir quelqu'un, aider à
quelque chose. Il a besoin d'un coup d'épaule pour
réussir dans ses démarches. L'affaire n'avance point;
ne pourriez-vous pas y donner un coup d'épaule?
Il Le cheval donne un coup de collier, quand il ap-
puie fortement sur le collier pour tirer. Et fig. don-
ner un coup de collier, faire un effort grand et
momentané. 11 y a beaucoup de besogne ; pour l'a-
chever, il faut donner un coup de collier. Nous
avons donné un bon coup de collier è. cette affaire.
Il 23° Donner, en parlant de choses qui fouinissent.
Cette fontaine donne de l'eau à toute la ville. |i 24° Pro-
duire. Ces terres ont beaucoup donné l'année der-
nière. Son commerce lui donne de quoi vivre. Cette
école a donné des peintres célèbres. || Absolument.
Les pêchers ont donné avec abondance, la broy.
XII. Il Fournir une humeur. La plaie donne beau-
coup de pus. Il Et absolument. La plaie ne donne
plus. Il 25° Donner un enfant, se dit, par rapport
au mari ou même à l'État, d'une femme qui met un
enfant au monde. Ils donnent des enfants à l'État,
et les élèvent avec honnêteté, volt. Dial. xxvi. Pen-
sées détachées. Le ciel bénit nos feux, tu me donnas
un fils, M. J. CHÉN. Gracques, i, 4. || 26° Donner,
suivi de certains noms, forme une locution dont le
sens correspond à celui du verbe dont le nom dé-
rive, ou du moins est déterminé par le nom. Don-
ner assaut. Donner la bastonnade. Donner à quel-
qu'un son congé. || Donner l'alarme, avertir de
l'approche de l'ennemi. Les sentinelles donnèrent
l'alarme. Fig. Avertir de quelque danger, inspirer
quelque crainte. Donner une alarme bien chaude;
et elliptiquement, dans le langage familier, la don-
ner bien chaude. || Donner bataille, se dit de deux
armées qui combattent. La bataille fut donnée dans
les plaines de la Belgique. Résous-toi donc, Por- ■
senne, à ce péril extrême De donner chaque instanl
des combats pour toi-même, du ryer, Scévole, iv, 6.
Si les ennemis veulent une bataille, elle est donnée
présentement, maintenon, Lett, Due de Noailles,
2 août )7I0. C'est maintenant qu'on donne un com-
bat véritable, volt. Catil. v, 3. || Donner une baie,
donner la baie, tromper. Le sort a bien donné la
baie à mon espoir, uol. l'Étour. u, *3. || Donner
I. — 153
1218
DON
une camîide, des cassades, faire accroire quelque
choao à quoiqu'un. Il Donner un conseil, conseiller.
Kt quand tu peux donner un conseil salutaire Qui
le» portiT h bien faire,. Donne-t'en le plus ample et
10 plus prompt avis, corn. Itnù. i, 21. |1 Donner la
bénédiction, bénir. Donner l'absolution, absoudre.
Donner l'exclusion, exclure. Donner attention, être
attentif, écouter attentivement. Donner croyance,
croire, ajouter foi. || Donner des bornes à ses désirs,
à ses projets, les borner, les limiter. || Donner un
libre cours à, laisser toute liberté de se mani-
fester. Donner un libre cours à ses larmes, à sa
colère. || Donner cours à une monnaie, la faire re-
cevoir. || Donner cours à une nouvelle, à une opi-
nion, la divulguer, la propager. Ne vous imagi-
nez pas que j'aie dessein de donner cours à une
nouvelle opinion.... hai.z. Socr. ehrét. Disc. 7.
11 Donner bon exemple, donner le bon exemple,
être exemplaire en sa conduite. Sage dans sa vie,
dans ses mœurs, il donne un exemple qui prêche
mieux que les missionnaires, p. h. coun. Réponse
aux anonymes , 1. 1| Donner exemple, donner l'exera-
Dle, en bonne ou en mauvaise part, être le premier
à faire quelque chose. || Donner jour à une affaire,
en faire naître l'idée, l'occasion. || Donner des le-
çons, être professeur, enseigner. Il gagne sa vie en
donnant des leçons. Et, figurément, donner des le-
çons, instruire, faire rentrer en soi-même. L'infor-
tune lui a donné des leçons. Celui qui rtgne dans
les cieux et de qui relèvent tous les empires.... est
aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois
et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et
de terribles leçons, boss. Reine d'Anglet. \\ En un
autre sens et familièrement, donner une leçon, in-
fliger une réprimande, une correction, ou, en par-
lant des choses, faire réfléchir, instruire par une
fâcheuse expérience. Cela lui a donné une leçon.
Avez-vous quelques nouvelles à me donner? — Non
des nouvelles, mais une leçon. — Venant de vous,
madame, elle n'a rien qui puisse blesser : je suis
encore dans l'âge où on les reçoit, et depuis long-
temps madame est dans celui où on les donne,
8CBIBE, la Calomnie, m, 9. || Donner parole, don-
ner sa parole, promettre formellement. Il m'a donné
parole de venir. Il m'a donné sa parole qu'il vien-
drait. Il Donner des paroles, de belles paroles, amu-
ser par de belles promesses, sans avoir aucune
intention de les tenir. || Donner passage, laisser
passer. Elbing, bâtie sur un bras de la Vistule, no
profita pas de la faute des Dantzickois ; elle balança
trop adonner pa.ssage aux troupes suédoises, volt.
Charles XII, 2. |1 Donner des louanges, des éloges,
louer. Le roi son mari lui a donné jusqu'à la mort
ce bel éloge, qu'il n'y avait que le seul point de
la religion où leurs cœurs fussent désunis, boss.
Heine d'Anglet. || Donner ses pensées à quelque
chose, les y appliquer. Et donnez vospensers à des
objets meilleurs, maib. Sophon. v, 6. || Donner des
pleurs, des regrets, pleurer, regretter. Au malheur
des vaincus donnait toujours des pleurs, cobn. Hor.
I, 1. L» déplorable état où je vous abandonne Est
bien digne des pleurs que mon amour vous donne,
ID. l'oly. IV, 3. J'approuve cependant les regrets
qu'on lui donne, Ducis, Ilamlet, i, t. || Donner
rendez-vous, donner un rendez-vous, assigner un
lieu, une heure, pour se rencontrer. || Terme de
procédure. Donner assignation, assigner par un
exploit à comparaître devant le juge. || Donner jour,
donner heure, fixer un jour, une heure pour un
rendez-vous, une affaire, etc. Je lui ai donné heure
dans la soirée. || Donner un rôle h un acteur, char-
ger un acteur de jouer un rôle. Je ne me souviens
point du tout d'avoir donné aucun rêle cette année ;
je n'ai aucun ambassadeur au tripot, et vous êtes
maître absolu, volt. Lett. nichelieu, 15 juillet 1763.
Il Donner son temps à quelqu'un, à quelque chose,
employer son temps pour quelqu'un, pour quelque
chose. Le roi prend tout mon temps; je donne le
resteàSaint-Cyr, à qui je voudrais lo tout donner,
MAiNTENON. Lettre d Urne Brinon, t. ii, p. 233,
dans POUGENS. || Donner sa journée, sa soirée &
quelqu'un, la passer avec lui. 11 nous a donné le
peu de temps qu'il h passé à Paris. Passons chez
Octavio, et donnons-lui le reste D'un jour autant
heureux que je l'ai cru funeste, rac. Brit. v, 3.
Il Donner du temps à quelque chose, employer à
cette chose un certain espace de temps. Il se lève
de très-bonne heure, et donne sa matinée au tra-
»ail du cabinet. Si, tandis que je donne aux veil-
les , aux alarmes Des jours toujours à plaindre et
toujours enviés.... id. ib. ii, s. 1| Donner tort à
quelqu'un, dire qu'il a tort; lui donner raison,
dire qu il a raison. || Se donner des torts, se rendre
DON
coupable d'un tort. Il s'est donné des torts dans la
nipture de ce mariage. || Donner l'air, faire pa-
raître. Cela lui donne l'air d'un fou. || En un
même sens. La licence leur donnait je ne sais quoi
de farouche, fén. Tdl. xvi. || Se donner l'air gai ,
un air de gaieté, se montrer gai. || Se donner des
airs de...., s'attribuer sans raison une qualité. Il se
donne des airs de savant. Se donner des airs de
grandeur. || Se donner des airs, de grands airs,
affecter des manières au-dessus de sa condition.
Il Donner un arrêt, une sentence, les rendre, les
prononcer. Il Donner des ridicules à quelqu'un, le
rendre ridicule, le rendre l'objet de la risée. Ils
vous ont donné des ridicules; que ne leur en don-
nez-vous? VOLT. Dial. 9. Il Donner un tour piquaiit
à sa pensée, rendre une pensée d'une façon pi-
quante. Donner un mauvais tour aux actions les
plus innocentes, les présenter d'une manière qui
les fasse paraître mauvaises. || Donner un sens
favorable, défavorable à interpréter d'une ma-
nière favorable, défavorable. Je ne vois rien de si
ridicule que cette délicatesse d'honneur qui prend
tout en mauvaise part, donne un sens criminel
aux plus innocentes paroles et s'offense de l'ombre
des choses, mol. Critique, 3. || 27° Permettre.
Qui nous donnera que nous puissions perdre cette
partie de notre liberté? boss. i, Véture, 4. Oui me
donnera que vous veniez dans mon âme pour en
prendre possession! mass. Avent , Dispositions.
Donnez-moi, sur le penchant de la vie, d'en tracer
le cours sans m'égarer, bern. de st-p. Jlarm.
liv. V, Harm. hum. Oh! qui m'aurait donné d'y
sonder sa pensée. Lorsque le souvenir de sa
grandeur passée Venait comme un remords l'as-
saillir loin du bruit? lamart. Méd. ii, 7. || Im-
personnellement et au passif. Il fut donné à celui-ci
[Crom-well] de tromper les peuples et de prévaloir
contre les rois, boss. Heine d'Anglet. C'était à elle
qu'il était donné de rassembler les gentils, id. Uist.
II, 12. Puisqu'il t'est donné d'entrer dans le royaume
de la nuit, fén. TiH. xvtii. Il n'est pas donné à l'homme
de porter plus loin la vertu [que saint Louis], volt.
Mœurs, 68. || 28° Donner la main, présenter la main
pour qu'on la prenne, ce qui est une sorte de civi-
lité. La réconciliation est faite; il lui a donné la
main, ils se sont donné la main. Adieu, donne la
main; que malgré ta jalouse, J'emporte chez Pluton
le nom de ton épouse, corn. Mddée, v, 6. || Donner
la main à une dame, la prendre par la main pour
la conduire. || Donner la main, céder le pas, la place
d'honneur.. Donner la main chez soi. Cette locution
vieillit; on dit plutôt donner le pas. || Donner sa
main, se dit, dans le style élevé, d'une femme qui
épouse un homme. Vous donnez votre main, vous
donnez vos États, volt. Sémiramis, m, s. || Terme
de manège. Donner la main, lâcher la bride au che-
val. ||Fig. Donner les mains, céder; locution tirée du
latin où elle se dit du vaincu qui tend les mains, en
signe qu'il se rend. De façon que le philosophe fut
obligé de donner les mains, la font. Vie d'Ésope.
Il Par extension. Donner la main ou les mains à
quelque chose, la favoriser. Pourvu que votre cœur
veuille donner les mains Au dessein que j'ai fait de
fuir tous les humains, mol. Mis. v, 7. Donne la
main à mon dépit, et soutiens ma résolution , id.
B. Cent. III, 0. || Donner le bras, présenter son bras
à demi fléchi à une personne pour qu'elle y passe
le sien. On donne le bras pour fournir nn appui,
mais aux dames ce n'est d'ordinaire qu'une simple
politesse. || Donner le bras, se dit aussi de celui ou
celle qui passe son bras dans celui d'un autre. Elle
donnait le bras à son mari. || Donner la patte, se
dit des animaux, et particulièrement des chiens
dressés à offrir la patte. Que fait-il [un petit chien] ?
il donne la patte. Puis aussitôt il est baisé, la font.
Fab. IV, 6. Il 29° Terme de peinture. Donner une
couche, étendre une couche de peinture, un en-
duit, sur un objet. || 30° Donner le feu trop chaud,
trop ardent à la viande, la faire- rôtir à trop grand
feu. Dans le même sens, donner le four trop chaud
à du pain, à do la pâtisserie. || Donner un fou doux,
un feu de chasse, appliquer aux diverses opérations
le feu qui leur convient. || 31° Terme de-jeu. Distri-
buer. Donner les cartes. Et, absolument, donner.
C'est à vous à donner. Je donne, il en prend six, et
demande à refaire, mol. Fdch. n, 2. || Donner beau
jeu, donner des cartes favorables. Et, figurément,
donner beau jeu à quelqu'un, lui présenter une oc-
casion favorable de faire ce qui lui convient. || Au
jeu de paume, donner beau, jouer la balle de ma-
nière qu'elle soit facile à prendre. Et, figurément,
donner beau ou la donner belle â quelqu'un, don-
ner à quelqu'un une bonne occasion de faire ou de
DON
dire quelque chose.jl Ironiquement. Vous me I» don-
nez belle, vous me trompez, vous vous moquez.
Cet inconnu, dit-il, nous la vient donner belle D'in-
sulter ainsi notre ami, la pont. Fahl. xii, 2. || Dans
le même sens, vous me la donnez bonne. || Donner
le reste, livrer la balle ouïe volant à son partenaire
do manière qu'il ne puisse les renvoyer. Je lui ai
donné son reste. || Fig. Donner son reste à quel-
qu'un, le battre, le corriger. Il ne fera plus le ta-
pageur, je lui ai donné son reste. || Par une autre
figure, donner son reste à quelqu'un, ne laisser
aucune de ses assertions sans réponse. Vous avei
beau raisonner, monsieur est frais émoulu du col-
lège, et il vous donnera toujours votr^ reste, moi.
Mal. imag. ii, 7. |j 32° Terme de msnége. Donner
carrière à un cheval , le laisser libre de courir.
Il Fig. Donner carrière, laisser liberté d'agir. Don-
ner carrière à ses passions, à?on esprit. || Se donner
carrière, se laisser aller au sentiment qui emporte,
à l'impulsion qu'on ressent. || Se donner carrière
aux dépens d'autrui, s'en moquer. || 33° Terme de
vénerie. Donner à courre, détourner et remettre
l'animal que l'on chasse. || Donner le relais, lâcher
après la bête les chiens placés en relais. || Donner
le cerf aux chiens, lancer le cerf. || Même sens,
donner les chiens, la meute. On donna les chiens à
propos. ||34°Termede marine. Donner la bande, se
dit d'un bâtiment incliné sur le côté. || Donner telle
voile à tel autre bâtiment, marcher aussi bien que
ce dernier sans avoir comme lui cette voile déployée.
Il Donner tant pour la lame, augmenter le sillage ,
quand on est vent arrière. || Donner chasse ou la
chasse à l'ennemi, le poursuivre; et, en général,
poursuivre. L'aigle donnait la chasse à maître Jean
lapin, LA FONT. FaU. ii, 8. || 35° Donnera, suivi
d'un verbe à l'infinitif, présenter, remettre. Donnez-
nous à manger. Il lui donna un livre à lire. Don-
nez-moi ce paquet à porter. Si le roi dans l'instant,
pour sauver le coupable, Ne lui donne à baiser son
sceptre redoutable, bac. Esth. i, 3. || Je donnerais
ma tête à couper que cela est ainsi, se dit pour
affirmer quelque chose de la manière la plus posi-
tive. Il Donner â teter à un enfant, le faire teter.
Il Donner à laver, présenter une cuvette et de l'eau
pour qu'on se lave les mains. || Donner à boire et h
manger, tenir auberge. J| Donner du fil â retordro
â quelqu'un, lui susciter des difficultés, des embir
ras. Il Donner à connaître, faire connaître. Le ro-
mords du péché se trouvera dès l'heure même à l'en-
trée de ton cœur, ce qui nous donne à connaît.'
que ce remords est à la tête de toutes les gràre^.
BOURD. 0" dim. après la Pentec. Dominic. t. i:i,
p. 151. Il Donner à discourir, à parler, faire di.'ic "i
rir, faire parler. Ce serait trop donner à discourir
au monde, cobn. le Ment, ii, 1. 1| En mauvaise part,
donner à parler, faire tenir de soi de mauvais pro-
pos. Cette femme par ses imprudences donne à par-
ler d'elle. Il Donner à rire, se rendre un objet de
moquerie. Il y a longtemps que vos façons de faire
donnent à rire à tout le monde, mol. Bourg, genl.
III, 3. Il Donner à penser, à songer, susciter des ré-
flexions dans l'esprit de quelqu'un, l'inquiéter. Cola
lui donna fort à penser. || Donner à entendre, insi-
nuer. On nous donne à entendre que nous ne pou-
vons plus rester ici. || Donner à courir, à travailler,
mettre dans la nécessité de courir, de travailler.
Il 36° Familièrement. Le donner en dix, en cent,
donner quelque chose àdeviner ou à faire ou à su!>-
porter; locution dans laquelle Je est un mot indé-
terminé (voy. le). Hé bien! en sommes-nous enfin
venus à bout? Je !o donne en six coups au fourbe le
plus brave, mol. l'Étour. ii, 7. C'est un chef-d'œuvre
que d'avoir inventé un habit sérieux qui ne fût pas
noir; et je le donne en six coups aux tailleurs les
plus éclairés, id. Bourgeois, ii, 8. Si je suis affligé;
ce n'est pas pour des prunes; Et je le donnerais à
bien d'autres qu'à moi De se voir sans chagrin an
point où je me Toi, m. Sgan. 16. Devinez-la; je
vous le donne en trois, sÉv. 9. || On dit aussi dans
le même sens je vous donne, sans le mot le. Et J8
donne aux plus fins à pouvoir en ce jour Vous re-
connaître pour l'amour, MOL. Psyché, m, 1. 1| 37° En
donner à quelqu'un, lui en donner d'une, lo trom-
per, mentir. Il est mort! quoi! monsieur, .vous m'en
donnez aussi, cobn. le Ment, iv, 3. Et vous laissant
passer pour ce que vous vouliez. Je vous en donnai
plus que vous ne m'en donniez, id. ib. v, «. I»
viens de tout entendre et voir ton artifice.... Tu
payes d'imposture et tu m'en as donné, mol. »'b-
tour. 1,10. Pour toi premièrement et pour ce bon
apôtre Qui veut m'en donner d'une et m'en jouer
d'une autre, iD. ib. n, R. || Par similitude de con-
struction. Donner d'une chose, vouloir 1» fair»
DON
accroire. On aous a donné d'une convalescence pleine
de langueur, sSv. 378. || En donner d'une, se dit
d'une femme qui trompe son mari, ou d'un homme
qui séduit la femme d'un autre. Nos femmes, ce
dit-il, nous en ont donné d'une, la font. Joc. Ohl
oh! l'homme de bien, vous m'en voulez donner,
MOL. Tart. IV, 4 7. || En donner à garder, tromper,
abuser. X la fin je triomphe, et l'on ne m'en don-
nera plus à garder, pagan. Pupille, se. 2). || Pour
l'explication de la préposition de dans la locution en
donner d'une, voy. le n" 39. || 38° En donner du
long et du large à quelqu'un, lui en donner tout du
long de l'aune, le battre violemment ou lui en faire
accroire. Donnons-en à ce fourbe et du long et du
large, mol. l'Étour. iv, 7. || 39° Se donner, donner
<i soi, acheter pour soi. Je me suis donné une mon-
tre pour mes étrennes. II se lit habiller depuis les
pieds jusqu'à la tête et se donna du linge. |1 Se don-
ner patience, patienter. J'avais bien de la peine à
me donner patience. |1 Se donner garde, se défier,
éviter. Donnez-vous garde de ce mauvais pas. || On
dit aussi se donner de garde, tournure dans laquelle
de- garde est, partitivement, le complément direct
de se donner. Donnez- vous-en bien de garde, sei-
gneur, si vous voulez m'en croire, mol. Pr. d'Ll.
m . 2. Je venais l'avertir de se donner de garde, id.
l'Étnur. IV, 4 . Il C'est de la même façon que Mme de
Sévigné a dit se donner d'un air au lieu de se don-
ner un air. Si je voulais, je me donnerais d'un air
de solitude, sêv. 384. || C'est enfin de la même façon
qu'on dit en donner d'une. || Familièrement. S'en
donner, lâcher le frein à un désir, à un besoin,
aux amusements. Que je vais m'en donner et me
mettre en beau train De raconter nos vaillantises !
MOL. Amph. ni, e. Pour cette nuit il faut que je
m'en donne [à dormir], rac. Plaid, i, t. Les di-
manches, point ne défends La joie à ces pauvres
enfants; J'aime alors qu'on s'en donne, bérang.
Mon curé. \\ On dit dans un sens analogue s'en don-
ner jusqu'aux gardes. S'il eût été de l'humeur de
Don Quichotte, il eût trouvé là de quoi s'en donner
jusqu'aux gardes, et il se fût cru pour le moins Es-
plandianouAmadis, scarron, Bom.com. i, 9. Enfin
le souper vint bon ou mauvais; la Rapinière buttant
qu'il s'enivra, et la Rancune s'en donna aussi jus-
qu'aux gardes, iD. ib. i, ■». || Se donner au coeur joie
de quelque chose, ou s'en donner à cœur joie, en
jouir pleinement. || Populairement, se donner des ta-
lons, du talon dans le derrière, se livrera une vive
joie, se moquer de tout ce qui peut arriver, et aussi
passer son temps en toute sorte de divertissements.
Donner, v. n. jj 40° Donner à la grosse, placer
son argent à la grosse aventure. || 41° Heurter
contre. La voiture donna contre la muraille. Le na-
vire alla donner contre un écueil. Une balle se ré-
fléchit quand elle donne contre la muraille, desc.
Uonde, 4 4. Ceux qui restaient allèrent donner con-
tre les chaînes des navires et furent tous ou assom-
més ou faits prisonniers, fléch. Hist. de Théodose,
m, 84. Il Atteindre. Il était si preste à donner où il
tirait qu'il tuait les oiseaux en volant, vaugel. Q.
C. 4) 4 . Disputer avec son valet lequel donnera mieux
dans un blanc avec des flèches, la bruy. Théoph
27. Il Frapper, porter un coup. Et je veux pour si-
gnal que cette même main Lui donne, au lieu d'en-
cens, d'un poignard dans le sein, corn. Cinna, i,
3. Mais on sait au moins, ce dit-on. Que Pallas
donna du bftton X l'écrivain de cette histoire, scar
RON, Virg. trav. viii. Elle lui donnera sur sa vilaine
joue, sÉv. 70. Il vous donnera de son épée dans le
ventre, hamilt. Gramm. 4 0. j) Terme de manège
Donner daps les cordes, se dit d'un cheval attaché
par le caveçon entre les deux piliers, lorsque, en
avançant, il tend également les deux cordes.|| Terme
de marine. Donner à la côte, aller échouer à terre
par nécessité, ou faire naufrage'. || Donner sur les
doigts à quelqu'un, le frapper sur les doigts, etfig.
le tancer. || Donner sur les oreilles à quelqu'un, le
frapper, le maltraiter. Je te donnerai sur les oreilles,
MOL. Pourc. CI, 9. Il Donner du nez en terre, tom-
ber la face en avant, et fig. échouer dans une en-
treprise. Il Donner de la tête contre...., se heurter
la tête contre. Il donna de la tête contre la muraille
et se blessa grièvement. 1| Fig. Ne savoir où donner
de la tête, ne savoir que faire, que devenir. || Donner
tête baissée dans quelque chose, s'y porter avec
ardeur et avec une sorte d'aveuglement. || Très-fa-
milièrement. Donner de cul et de tète, se frayer un
passage en heurtant et poussant, et fig. employer
tout ce que l'on a de force et de ressources pour réus-
sir. || Par extension. Le soleil donne à plomb. Le vent
donne dans les voiles. Los Suédois s'avancèrent la
baïonnette au bout du fusil, ayant au dos une neige
DON
furieuse qui donnait au visage des ennemis, volt.
Charles Xll, 2. || Donner dans la tête, être capi-
teux, en parlant d'un vin. Ce vin donne dans la tête.
Il 42° Donner dans un piège, dans un filet, être
pris à ce piège, dans ce filet. || Fig. Se laisser pren-
dre par. Il est homme enfin à donner dans tous les
panneaux qu'on lui présentera, mol. Pourc. i, 4 11
ne faut point douter qu'elle ne donne à pleine tète
dans cette tromperie, lo.^im. magn. iv, 4. Ils don-
neront dans les filets de nos célestes pêcheurs, boss.
.47idr^, 4. L'infortuné Caméron donna dans le piège,
HAMILT. Gramm. 3. || Donner dans, se laisser aUer à
Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps,
MOL. Mis. 1, 4 . De qui l'humeur coquette et l'esprit
médisant Semblent si fort donner dans les mœurs
d'à présent, m. ib.i, 4. Vous donnez furieusement
dans le marquis! id. VAv. i, 6. Les riches bijoux,
les meubles somptueux où donnent ses pareilles
avec tant de chaleur, m. ib. li, 6. Vous n'avez
garde de donner dans ce défaut, sÉv. 494. Car-
lostad donna dans des nouveautés, du moins Luther
l'en accuse, et il est vrai qu'il était dans une grande
liaison avec les Anabaptistes, boss. Var. u, § 4i.
L'orgueil donne dans des projets insensés, m. Mar.
Th. Je ne m'étonne pas que Léger ait donné dans
cette erreur, id. Yar. 4 4. Elle était d'une confiance
à donner dans tout ce qu'on voulait, hamilt. Gramm.
7. N'avez-vous point de honte de donner dans les
vi.sions d'un jaloux? id. ib. 8. D'où vient que vous-
même, qui paraissez avoir de l'homme de bon sens,
vous avez donné dans cette rêverie? fonten. Arté-
mise, liaimond Lulle. Si le fils de François I" don-
nait dans les opinions des réformés, volt. Phil. ii,
25. Philon, qui vivait en Egypte au temps de Jésus-
Christ, donna tête baissée dans les allégories et dans
le sens mystique, didek. Opin. des anc. phil. U"'''f^)-
J'ai cru bonnement à la charte; j'ai donné dans la
charte en plein; je le confesse, à ma très-grande
honte, P. l. cour. Réponse aux anonymes, 4. || 11
se dit aussi des personnes par lesquelles on se laisse
captiver Que diriez-vous qu'un roi, cherchant à
plaire. Comme un aventurier, donniU dans la ber-
gère? REONARD, Démocr. II, 5. Il S'occuper beau-
coup de. J'admire qu'on donne avec tant d'action
dans les choses du dehors, sÉv. 4B7. Elle vous doit
apprendre à ne pas donner dans les choses exté-
rieures, BOSS. Lett. Corn. 4 09. De quelque indiffé-
rence qu'elle eût donné dans cette intrigue, hamilt.
Gramm. 8. || Se plaire excessivement à. Tout le
monde donne là dedans aujourd'hui, on ne court
plus qu'à cela; et l'on voit une solitude efi'royable
aux grands ouvrages, lorsque des sottises ont tout
Paris, MOL. Critique, 7. || User habituellement. Les
esprits justes donnent naturellement dans la méta-
phore, LA BRUY. I. Empêchez-la de donner dans la
justice de croire, et dans le respectueux attache-
ment, SÉV. 60. Il Donner dans le sens de quelqu'un,
être de même sentiment que lui. Descartes, pour
l'aimant, donne fort dans mon sens, mol. Femmes
sav. m, 2. Il évite de donner dans le sens des au-
tres et d'être de l'avis de quelqu'un, la bruy. v.
Il Donner dans les yeux, dans la vue de quelqu'un,
à quelqu'un, l'éblouir, le tenter par un certain éclat.
Ce sont les rayons et les éclairs de ces grandes vé-
rités.... qui me donnent dans la vue, balz. liv. iv,
lett. 6. La robe de Médée a donné dans mes yeux,
CORN. Médée, ii, 5. || Fig. Donner dans l'oeil, don-
ner dans les yeux, donner dans la vue, plaire. Ce
jeune homme parait avoir donné dans l'œil à ma
fille. Tu n'en conviens pas, mais cette demoiselle
t'a donné dans l'œil. Ils se sont donpé dans l'œil
réciproquement. Ce M. le comte qui va chez elle lui
donne peut-être dans la vue, mol. Bourg, gent. m,
9. Il 43° Donner sur un plat, y revenir à plusieurs
fois, en manger à plusieurs reprises. || Donner sur,
s'attacher à, rechercher de préférence. J'ai cette
manie de vouloir donner généralement sur tout ce
qu'il y a de plus beau, mol. Préc. 4 0. || Donner à,
mordre à. Voilà l'appât; il y a donné, boss. ii. Dé-
mons, 2. Il Donner à, croire. Enfin il est constant
que l'on n'a point donné Au bruit que contre vous
sa malice a tourné, mol. ilis. v, 4 . Ce sont ces âmes
volages et dissipées qui donnent à tout sans ré-
flexion, BOURDAL. Exhorl. Char. env. les pauvres,
t. i,p. 38. Il Donner chez, fréquenter. Nous donnions
chez les dames romaines, Et tout le monde là par-
lait de nos fredaines , mol. Femmessav. ii, 4. || Don-
ner au travers de, se jeter au milieu de. Je donnai
tout au travers d'un sable mouvant où j'enfonçai jus-
ques au menton, uamilt. Gramm. 7. || Fig. Donner
au travers, employer sans discernement. Un homme
qui donne au travers des purgations et des saignées,
MOL. Mal. im. iii, 3. ||44° Donner dans un passage,
DON
I'2l9
s'y engager. La troupe donna dans une rue étroite
et s'y embarrassa. Un régiment, trompé par l'obs-
curité, dépassa la première ligne, et alla donner
tout au milieu des cuirassiers russes, qui l'assailli-
rent et le mirent en désordre, ségur, Ilist. de Na-
pol. VII, 6. Il Terme de marine. Donner à pleines
voiles dans une passe, y entrer toutes voiles dehors.
Il Fig. Donner à pleines voiles dans un parti, dans
une opinion, les embrasser avec ardeur, sans ré-
serve. Il 45° Charger dans un combat. Le régiment
donna vaillamment, et fut très-maltraitô. Je ne vous
dirai point comment les miens donnèrent, tristan,
Mort de Chrispe, i, 3. Enfin Horace seul est par-
tout où l'on donne, du ryer, Scévole, i, 3. Déjà les
deux armées.... N'attendaient, pour donner, que le
commandement, corn. //or. i, 3. Le maréchal a
donné sur l'arrière-garde des ennemis, sÉv. 34 3.
On donna sans quartier sur ces deux Franguis [sou-
ris de France] qui voulaient faire la loi aux autres,
fén. t. XIX, p. 68. Les bas officiers ont refusé de .
donner, ayant peu d'envie de combattre avec la no-
blesse, p. L. COUR. I, 202. Il Par extension, donner
sur, critiquer vivement, censurer, parler mal. Vous
auriez bien pu vous passer de donner sur les dévo-
tes en faisant le portrait de Mme d'Aubigné, main-
tenon, Lett. d'Aubigné, 4 9 déc. 4 084. || 46° Être
situé. La maison donne sur la rue. Les croisées
donnent sur le jardin. Si le mur du jardin qui
donne sur la rue, M. J. chén. Fénelon, ii, 4.
Il 47° Donner des deux, piquer vigoureusement de
l'éperon le cheval pour accélérer sa marche. X tra-
vers champs s'enfuit, donne des deux, la font. Or.
Il 48° Terme de marine. S'allonger, en parlant d'un
cordage ou d'une toile à voile. || 49° Donner se dit,
en quelques circonstances, pour faire entendre un
son. Donner du cor, en sonner. Le chien donne de
la voix, il aboie en chassant.
Se donner, v. réfl. \\ 50° Se donner, faire don de
soi-même. U [Dieu] vous donne des lois, il se
donne lui-même, rac. Alhal. i, 4. Le blé pour
se donner, sans peine ouvrant la terre. N'atten-
dait point qu'un bœuf pressé de l'aiguillon Tra-
çât à pas tardifs un pénible sillon, boil. Ép. lu.
[| Être donné.' Cela ne se vend pas, cela se donne.
il Être vendu. Cela se donne partout à tel prix.
Il 51° Se vouer. Les commencements de Luther, du-
rant lesquels Mélanchthon se donna tout à fait à lui,
étaient spécieux, boss. Var. v, § 4. Ceux qui se
donnent à Dieu, pasc. dans cousin. On voudrait tout
quitter, si l'on se donnait à Dieu, mass. Or. fun.
Prof. 4. Ceux qui ont eu le bonheur de se donner
à Dieu, ID. Avent, Disp. \\ 52° Se livrer, se rendre.
Hérode est contraint de se donner au vainqueur,
BOSS. Hist. I, 9. Ces pçuples se donnèrent au roi de
Perse, ID. Déf. \\ 53° Se donner, dans le style élevé,
en parlant d'une femme qui prend un mari. Plai-
gnez-vous, haïssez, mais ne vous donnez pas. De-
meurez en état d'être toujours ma femme, corn.
Sertor. ni, 4. Loin de me retenir par des conseils
jaloux, Elle me conjurait de me donner à vous, bac.
Baj. v, 4. Hélas! peut-on deux fois se donner en sa
vie? volt. Alg.ni,T.\\ U se dit aussi d'une femme
qui accorde les dernières faveurs. Elle s'est donnée à
lui. Donnez-vous, ne vous donnez pas. Ce sera tou-
jours même afi'aire; Pour qui ménagez-vous les tré-
sors de l'amour? LA FONT. Petit cM'en. ||54° S'offrir,
se présenter. X se donner lui-même en spectacle
aux Romains, rac. Brit. m, 4. || 55° Être publié. Il
s'est, depuis quelque temps, beaucoup donné de
brochures sur les alTaires publiques. Un écrit scan-
daleux sous votre nom se donne, boil. .^j?. vi. ||Être
représenté, en parlant d'une pièce de théâtre. Cette
comédie s'estdonnéecinquante l'ois de suite. || 56°S'a-
donner. En se donnant au plaisir, pascal, dans
cousin. Il [Bossuet] s'était déjà donné aux oraisons
funèbres, volt. Louis II V, 32. || 57° Se donner
pour, se faire passer pour. Il parle de roture devant
des roturiers oui sont riches et qui se donnent peut
nobles, la bruy. xi. Il s'était donné pour grand po-
litique, HAMILT. Gramm. 7. Vous vous étiez donné
pour une âme forte, mass. Av. Jugem. Voilà où en
sont presque tous ceux qui se donnent dans le
monde pour incrédules, mass. Car. Doutes. H 58° Sa
dit d'une bataille qui s'est engagée. Le roi Auguste
demandait pardon de la victoire, protestant que la
bataille s'était donnée malgré lui; que les Russes
et les Polonais de son parti l'y avaient obligé, volt.
Russie, I, 4 6.
Proverbes. X donner donner, à vendre vendre,
c'est-à-dire il faut se comporter selon la circonstance,
donner si l'on donne, vendre si l'on vend. || Qui
donne tôt donne deux fois, c'est-à-dire on ajouta
au prix d'une grâce en ne la faisant pas attendre.
1220
DON
Il Donner lard, c'est refuser. || Oui donne au com-
mun ne donne à pas un, c'est-à-dire personne ne
nous sait de gré de ce que nous donnons au public.
Il Oui peu donne veut qu'on vive, c'est-à-dire, qui
donne peu fait espérer qu'il donnera encore une au-
tre fois. Il Oui donne ce qu'il aime ne prend ce qu'il
désire. || On ne donne rien pour rien.
— REM. 1. Donner faisait jadis au subjonctif, que je
doin, que tu doins, qu'il doint; celte forme se
trouve encore dans des auteurs du xvii* siècle et
mSme du xviii* : X tous époux Dieu doint pareille
joie, LA FONT. Diable. Dieu le doint pour guerdon
de tes œuvres si saintes.... hégnieh, Sat. xiii. Or
prions Dieu qu'il leur doint paradis, J. B. nouss.
Épig. m, 24. Cette forme peut encore être em-
ployée dans le style épigraramatique, marotique.
Il 2. Donner faisait jadis au futur, je donrai, et, au
conditionnel, je donrois. Régnier a encore cette
forme : Mais de ce côté-là je leur donrois quittance,
Sat. XII. Étant déjà failli de cœur. Oui me donra
de la vigueur? id. Stances relig. \\ 3. Dans en don-
ner d'une, la locution complète est : il en avait
deux, il m'en a donné d'une (voy. l'historique).
— HIST. IX' s. In quant Deus savir et podir me
dunat [donne], Serment.
— X* s. Mult laetatus, por que Deus cel edre [ce
lierre] li donat à sun repausement, Fragm. de Va-
lent, p. 468.
— XI' s. Si est raisun que il dunge dix solz, lois de
Guill. 6. Je nen ai ost qui bataille lui done, Ch. de
liol. il. Vous lui durrez ors [ours] etlions et chiens,
ib. III. Se Deus ce dunet que je de là repaire [re-
vienne], ib. XX. Sire, dist Guenes, dunez mei le con-
gié, ib. XXV Oui tel conseil lui dunent, ib.
XXVIII. De cops ferir, recevoir et duner, ib. xc.
Respont li quens : Deus le me doinst venger I ib.
cxvi. Li noms joyeuse [à] l'espée fut dunét, ib.
CLXXIX.
— x:r s. Dogner se warde [se donner garde] , saint
HEHNARD, Sermons mss. dans lacurne. Sur son escu
[il] li va grant cop doner, Ronc. p 6i. Oue mort
[ilj lui dogne, que désirée l'a, ib. p. <75. Aussi com
vous le me poez doner, Ouant vous plaira, le me
poez retraire, Couei, ii. Et si bel ueil [ses beaux
yeux], vair et riant et clair, M'orent ainz pris que
(jej m'osasse doner, ib. vi. Or le [mon cœur] doinst
Diex & droit .port arriver; Car il s'est mis en mer
sans aviron, ib. x. [Je] N'en donroie le désir Pour
tout l'avoir dessouz ciel, ib. xii. [Amour] Qui tout
me done à vous entièrement, ib. xvi. En vostre
amor, qui donra mort ou vie, ib. xxi. Li cuens de
Blois devroit bien mercier Force d'amours qui lui
dona amie, ib. xxi. Fol est et gars qui à dame se
done, QDESNES, Romancero, p. 86. Donez moi. Si-
res [Dieu], que [je] ne soie oubliée. Et [que] mes
amis aviegne à lavesprée, ib. p. 38. Et cume l'ar-
che vint en l'ost, li poples Deu dona un merveilleus
cri, que tute la terre rebundi, Rois, i& Vostre
merci, biau frère; D'or en avant, sui-je vostre do-
née; Car je me doing à vos sans demorée, Raoul
de C. 224
— xiu' s. [Ils] Ne donroient de moi la monte d'un
festu, Berle, li. Si lui donriens [donnerions] no
terre et trestout notre avoir, ib. Lxv. Car me donez
un don, par amor [je] le vous pri, ib. lxxi. Vous
quidiés que li rois françois m'eust tant donné à faire
que je ne pousse cha venir, Chron. de Rains, p. 76.
Jà n'auré mal por itel songe. — Sire, fet-ele, Diex
le donge! Ren. 4 6(5. Li rois Phoronous raeismes,
Oui, si comme nous apreïsmes, Ses lois au pueple
grec donna, la Rose, 8787. Li ribaus dist en au-
dience : Sire juges, donnés sentence Por moi ; car
la pucele est moie [mienne], ib. 6»24. Après te
doins en pénitence, Oue nuit et jor sans repen-
tence En bien amer soit ton penser, ib. 2243. Ce
que la chasuble estoit de sarge de Reins, senefie
^ue la croiserie sera de petit esploil, aussi comme
vous verres, se Dieu vous donne vie, joinv, 299.
Et de ce, fist le roy, vous en doins je un exemple
du conte de Bretaigne, id. 200. Quant il orent ce
fait ou deux fois ou trois, un de nosserjans tint son
glaive parmi le milieu et le lança à un des Turs à
cheval, et li en donna parmi les costes, id. 231. 11
dit que il en donroitcuer à ses ennemis, m. 2(4.
— xiv s. Guillaume Robelin, donné et rendu
[liommo qui s'est donné et rendu] de nostre amé et
féal cousin le comte de Sancerre, du canoë, douati.
Tu as oy dire ung proverbe qui est bon : s'aucun ne
donne, on lui lault [prend] , Jfodus, ^ Lxvin, verso.
Le nom de élection le donne à entendre, car il si-
gnifie que la chose eslisible.... oresme, Eth. 66. Li
vilains nous en a une belle donnée. Qui nous a fait
\uuir et reg?rder la bée, Gucscl. M06. Puisqu'à
DON
vous deux plait bien de ce fait otroier. Je vous en
donne jour devenir au champier, ib. 4696.
— XV' s. Car ne voloie là que nuls Sceuist que je
fuisse en penser. Car donné euisse à penser X ceux
qui tout à paix cstoient Et qui avec moi s'esbatoient,
FROiss. Espinetle amour. Appareille-toi de venir à
notre feste, je te promets que, si je te rencontre
sur les rangs, à la joule, je le te donnerai belle ou
tu à moi, ID. III, IV, 80. Une [fusée] vint donner
contre la croysée de la fenestre où.... comm. i, b.
En leur donnant bienàeongnoistre, id.i, (O. Voyant
ne povoir donner remède, id. i, 13. Puis voulut dé-
partir et donner la bonne nuit au bourgeois et à sa
compagnie, louis xi, Nouv. i. Ce pauvre clerc fut
puni par la façon que est dit et par le faux donner-
à-entendre [rapport] de son compagnon, id. ib. xlii.
Eulx estant sur la mer, par grant orage de temps,
force de vent et tourmente de mer, ilz furent con-
trains de donner à terre en la coste d'Angleterre,
Ultres patentes de Charles VU, viriville, p. 77.
Non a, je ne sçay sije songe; Je n'ay point aprins
que je donge Mes drapz en dormant ne veillant.
Patelin Nulz ne peut mieulz secourir Ne ne
doit, tant com sa personne, Autruy; car nature le
donne [le suggère], e. desch. Poésies mss. f* -133,
dansLACURNE. Quant la pucelle l'aura, je le tien-
drai moult bien employé; car la grande beauté de
son viaire [visage] donne bien [mérite bien] que
prouesse en soit faicte et mainte chevalerie , Perce-
forest, 1. 1, f° 4 33.
— XVI' s. Le roy, tant humain quoique homme,
ne fist mourir à qui il peut pardonner; voyant le cas
à lui seul toucher , lui donna la corde [le sauva d'être
pendu], et voulut que nul des autres pour ce forfait
encoureyt mort, j. d'auton. Annal, de Louis XII,
f° 4 40, dans lacurne. Aulcuns vouloient leur don-
ner la chasse, rab. Garg. i, 48. Madame, donnez
vous guarde de tumber, id. Pant. ii, 46. Donnez
dessus à vostre ma.st, gualantement à la vieille es-
crime, ID. ib. II, 29. Ma mignonne. Je vous donne
Le bon jour, marot, ir, 4)4. Je donrois quinze à
l'Aretin, Et si gaignerois la partie, id. ii, 4 40. Quant
l'occasion s'y donnera, vous connoistrés que vous
n'avez point amé personnes ingrates, marg. Lettre
4 70. Le bruit que chacun lui donnoit d'estre l'un des
plus adroits et hardis aux armes qui feusl de son
temps, iD. Nouv. 4. Donnons à l'ordre politique de
les souffrir patiemment, mont, i, 4 3. Donner parole
[à quelqu'un] de.... id. i, 47. Donner prinse à....
ID. I, 24. Se donner plus d'affaire que,... ID. i, 33.
L'imagination donne la fiebvre et la mort à ceulx
qui la laissent faire, Id. i, 9I. Je vous donne à pen-
ser s'il y a une seule des.... id. i, 07. Les quatre
années qu'il m'a esté donné de jouir de.... id. i,
24 9. Où que je veuille donner, il me fault forcer
quelque barrière de la coustume, m. i, 458. Il fault
donner jusques aux dernières limites du plaisir, id.
I, 284. Se donnera la mort [se tuer], m. i, 3oo. Je
leur donne [je concède] que ce soit le pire accident
de nostre estre, id. i, 303. Au dedans, ou nuls yeuli
ne donnent que les nostres, id. m, 4 8. Ne regar-
dans sinon qu'à se doniier du bon temps, lanoue,
495. Il vint une louve qui leur donna la mammelle,
AMYOT, iiom. 3. Si alloient les Sabins donner droit
dedans [ce bourbier], n'eust esté le danger de Cur-
tius qui les en garda, id. ib. 27. Ceste bataille fust
donnée le dernier jour de febvrier, id. Publ. 46. Il
alla donner de la teste tant qu'il peut, contre un des
degrez, id. Tim. 46. Il se donna du tout à servir
à la chose publique tant qu'il vescut, ID. Pélop. 7.
On le tourne de sorte que le soleil luy donne tous-
jours dedans les yeux, id. Artajc. 20. Deux heures
après, nos estradiots se donnent au chemin de Plu-
viers, d'aub. Uist. n, 4 92. Qui tost donne, deux
fois donne, H. est. Pre'cell. p. 4 84. Petit don, lon-
guement attendu , n'est pas donné , mais bien vendu ,
id. ib. Il en avoit deux, il m'en a donné d'une.
Contes d'Eutrap. p. 464, dans lacurne. Plus donne
qui peu, tost et de son' gré, que qui plus, tard et
contre son gré, génin. Récrit, t. ii, p. 247. Qui
prend se vend; qui donne s'abandonne. Contes de
Songecreux, f° 476, dans lacurne.
— ÉTYM. Berry, douner; wallon, diner; bourg,
denot; provenç. et espagn. donar; portug. doar ;
ital. donare; du latin donare, de donum, don; com-
parez le grec Soiivat, le sanscrit da, le latin dare.
DONNEUR, EUSE (do-neur, neù-z'), s. m. et f.
||l"CeIui, celle qui donne. Celle qui reçoit ne s'en-
gage à rien, et le donneur est pris pour dupe, dan-
court. Bourg, à la mode, m, 40. Le monde est
plein de ces donneurs avares.... la motte. Fables,
V, 49. Il Donneur d'eau bénite, celui qui, se tenant
auprès d'un bénitier dans une église, offre de l'eau {
DON
bénite aux personnes qui entrent. I| Fig. Un donneur
d'eau bénite de cour, et, simplement, un donneur
d'eau bénite, celui qui fait de belles promesses sans
avoir aucune envie de les tenir. || En mauvaise
part, celui, celle qui donne des choses dont on n'a
que faire ou qui sont sans valeur Je ne hai«
rien tant que ces contorsions De tous ces grands
faiseurs de protestations, Ces affables donneurs
d'embrassades frivoles, mol. Uis. i, 1. De tous cô-
tés lui vient des donneurs de recette, la font. Fabl.
VIII, 3. Pour l'arracher à ces donneuses d'éduca-
tion.... J. J. Bouss. Ém. IV. Pour fermer la bouche,
une fois pour toutes, à tous ces donneurs d'avis, id.
Confess. xii. || Donneur de mort subite, nom qu'on
donne quelquefois, dans le langage familier, à dei
duellistes exercés qui tuent ou blessent immanqua-
blement leur adversaire. || 2° Terme de commerce.
Un donneur d'aval, celui qui se rend caution so-
lidaire d'un obligé par une lettre de change. Don-
neur d'ordre, celui par ordre duquel une lettre de
change est tirée. Donneur de valeurs, celui qui fait
les fonds d'une lettre de change. || Donneur à la
grosse, celui qui fait un prêt à la grosse.
— HIST. XII' s. Establis, sire, duneurde lei [loi]
sur els. Liber psalm. p. 40. || xiii' s. Et s'il estoit
larges donnere. Aussi iert il biaus despendere [dé-
pensier], PH. mouskes, ms. p. 783, dans lacurne.
Mais Diex qui est doneres de joie souveraine , Berle, L.
Li fol large donneor, la Rose, v. 7664. || xvi's. Celui
qui n'espargnera pas justice, sera donneur de paix
et tranquillité, Bouciq. ii, ch. 7. ||xvi' s. En maint
bon lieu j'ay donné mainte chose. Que l'on prenoit,
sans penser le donneur Prétendre rien du prenant
que l'honneur, marot, i, 40l. Et asseuroit ce don-
neur de bons jours [charlatan] que c'estoit la vraie
mandrjigore, p. boistuau. Histoires prodigieuses.
— ÉTYM. Provenç. donaire, donador ; portug. do-
nor; ital. donalorc; du latin donatorem, de donare
(voy. donner). Dans le provençal et l'ancien fran-
çais, donaire, donerc est le nominatif singulier de
donâtor; donador, doneor est le régime, de doiiatô-
rem; au pluriel, le nominatif est doneor, le régime
doneors.
t DON QUICHOTTE (don-ki-cho-f), s. m. Héros
du célèbre roman de Cervantes, qui va chercher
des aventures à mener à fin et des torts à redresser.
Il Fig. Celui qui se fait le champion de causes qui
ne sont pas siennes. C'est un vrai Don Quichotte.
Dons Ouichottes de l'arbitraire. Allons, morbleu, de
la valeur 1 bérano. Christophe. \\ Se dit aussi d'une
personne grande et très-maigre.
I DON-QUICHOTTISME (don-ki-cho-ti-sm'), s. m.
Fohe du Don Quichotte, habitude ou manie de
soutenir, à tort et à travers, quelquefois même
par les armes, la justice, la vertu, les bonnes
mœurs, etc. C'est du don-quichottisme tout pur.
S'adresser à l'amant [pour sauver la vertu de la
femme] avait un caractère de don-quichottisme par
trop ridicule, ch. de Bernard, Un acte de vertu.
DONT (don; le t se lie : les choses don-t on parle),
pronom relatif, ou, mieux, conjonctif, c'est-à-dire
ayant la force d'une conjonction et liant ensemble
deux propositions; il ne se prend qu'au cas oblique
marqué par de et il est des deux genres et des
deux nombres. {| 1° De qui, duquel, de laquelle,
desquels, desquelles; il s'applique aux personnes
et aux choses. L'homme dont vous connaissez la
probité, dont la probité est connue. La dame dont
vous avez épousé la sœur. Les personnes dont vous
avez entendu parler. Les maisons dont vous voyez
les façades. Celui dont vous avez reçu un secours.
Quelques titres dont ces grands hommes soient
revêtus. La marine rentra presque dan# l'état dont
Louis XIV l'avait tirée. Ne doutez pas du bras dont
partiront les coups, corn. Poly. v, 6. C'est moi,
vous dis-je, moi, dont le patron le sait, mol. Âm.
magnif. m, 7. Messieurs les maréchaux, dont j'ai
commandement, id. Jft's. ii, 7. Et principalement
ma mère étant morte, dont on ne peut m'ôter le
bien, i». l'^lt». ii, 4. Comme ami de son maître de
musique, dont j'ai obtenu le pouvoir de dire qu'il
m'envoie à sa place, id. Mal. im. ii, 4. Vous des-
cendez en vain des aïeux dont vousêtez né, et tout
ce qu'ils ont fait d'illustre ne vous donne aucun rang,
ID. Fest. de P. iv, 6. Il n'y a que saint Thomas d'A-
quin dont Luther a voulu douter, je ne sais pour-
quoi, si ce n'est que ce saint était jacobin.... Boss,
Var. m, 60. Ces étoiles extraordinaires dont on
ignore les causes, et dont on sait encore moins ce
qu'elles deviennent après avoir disparu, la brut. h.
Hélas .'je me consume en impuissants efforts. Et rentre
au trouble affreux dont à peine je sors, rac. Iphig.
V, 1 11 est un Dieu dans les cieux Dont le bras
DON
DON
DON
1221
soutient l'innocence, Et confond des méchants l'or-
gueil ambitieux, J. B. Rouss. Odes, i, 4. La duchesse
de Mazarin ne laissa de regrets qu'à Saint-Evremont,
dont la vie, la cause de la fuite et les ouvrages sont
si connus, st-sim. 69, <28. Opprobre malheureux du
sang dont vous sortez, volt. Zaïre, m, *. Les mé-
chants servent à éprouver un petit nombre de jus-
tes répandus sur la terre, et il n'y a point de mal dont
il ne naisse un bien, id. Zadig, ch. xx. Le premier
pas, mon fils, que l'on fait dans le monde Est ce-
lui dont dépend le reste de nos jours, id. l'indiscr.
ï, t. Un désert dont il [l'aigle] défend l'entrée et
l'usage de la chasse à tous les autres oiseaux, buff.
Aigle. On attribue à la cigogne des vertus morales
dont l'image est toujours respectable : la tempé-
rance, la fidélité conjugale, la piété filiale et pater-
nelle, ID. Cigogne. N'auront-ils vu Cassandre en-
voyée à Mycène Que pour remplir le rang dont vous
chassez la reine? lemerc. Âgamemn. iv, <. ||Dùnt,
avec un pronom possessif qui suit et qui se rap-
porte à la personne de laquelle dont dépend. On a
peine à placer Osymandias, dont nous voyons de si
magnifiques monuments dans Diodore, et de si
belles marques de ses combats, Boss. Bist. m, 3.
Celui dont les larmes auront effacé l'histoire de ses
péchés, MASS. Avent, Bonh. || Dont quelqu'un, un
desquels. Souffrez donc que pour lui je garde un
peu d'estime ; La sienne dans la cour lui fait mille
jaloux. Dont quelqu'un a voulu le perdre auprès
de vous, CORN. Nie. m, 8. || i' De quoi. Ce dont
je vous ai parlé. Voilà ce dont il s'agit. || On peut
supprimer ce dans le style familier et en dis cas
comme celui-ci : Ah ! poltron , dont j'anrage I Lâche I
vrai cœur de poule, mol. Sgan. 2(. || Dans la langue
du xvii* siècle, ce se supprimait couramment, et il
est dommage que cette ellipse, qui allégeait la
phrase, soit tombée en désuétude. Elle se meut un
peu plus vite; dont la raison est évidente, desc.
Météor. i. Etc'est dont je vous plains qu'après un tel
service On puisse contre lui me demander justice,
CORN. Uor. V, 2. C'est dont je ne veux point de té-
moin que Valère, id. ib. v, 3. Hélène est arrivée,
dont je suis ravie, sÉv. 262. Cela était juste, elle
roi le leur avait ordonné, dont elles [les princesses,
filles du roi] furent fort piquées, st-sim. 24, )6.
IIS" Dont signifiant par lequel, par laquelle, par les-
quels, par lesquelles le rigoureux sort dont vous
m'êtes ravie, malh. v, 22. Je sais ce que je dois,
madame, au grand service Dont vous avez sauvé
l'héritier de Maurice, corn. Héracl. ii, 6. Ce favo-
rable aveu dont elle t'a séduit, id. ib. iv, 4. Savez-
vousles raisons dont il peut se défendre ?ID. Toison
d'or, II , 2. Redis-moi les raisons dont tu l'as apai-
sée, ID. tf>. IV, 4. Et vous devez aux dieux compte
de tout le sang Dont vous l'avez vengé pour monter
à son rang, id. Cinna, II, ). Sont-ce là les appas
dont le sage Porsenne Croit attirer à soi le cœur
d'une Romaine? DU ryer, Scévole, m, 3. La beauté
me ravit partout où je la trouve, et je cède faci-
lement à celle aouce violence dont elle nous en-
traîne, MOL. D. Juan, i, 2. Après quelques pa-
roles dont je tâchai d'adoucir la douleur de cette
charmante affligée.... id. Scapin, i, 2. La bassesse
de ma fortune, dont il plaît au ciel de rabattre l'am-
bition de mon amour, ID. Am. magn. i, <. Du coup
dont ma raison vient d'être confondue, rac. Andr.
m, I. X louer l'ennemi dont je suis opprimé, id.
Brit. u, 6. L'ordre dont Amurat Autorise ce mons-
tre à ce double attentat, id. Baj. v, n. L'indigne
paix dont il veut vous surprendre, id. Alex, i, 2.
Si le refus était à faire, je le ferais encore, malgré
la profonde misère dont il plaît au ciel de m'éprou-
ver, MAiNTENON, Lett. à llichelieu, 3 mars )660.
Quel pouvoir a brisé l'éternelle barrière Dont le ciel
sépara l'enfer et la lumière? volt. Sémir. m, 2. Et
brisa les liens dont j'étais enchaîné, m. j. chén.
CEdipe roi, v, 2. || Terme de bourse. Dont un, dont
dix, etc. expressions qui déterminent la quotité de
la prime dont l'abandon annule un marché. Si l'on
dit que le 4 )/2 vaut 92 fr. dont un, que l'Orléans
vaut 1460 dont dix, cela signifie qu'on payant i fr,
pour 100 fr. de rente, ou lO fr. par action, l'ache-
teur (ou le vendeur dans certains cas) a le droit
d'annuler le marché.
— REM. 1. Les grammairiens, Vaugelas en tête,
déclarent qu'il ne faut pas dire dont pour d'oil,
comme : le lieu dont je viens ; que c'est très-bien
parler que de dire la maison dont il est sorti, pourvu
que maison signifie race; mais que, si maison était
pris au propre, il faudrait mettre d'où il est sorti.
Pourtant l'usage des meilleurs écrivains ne se cou-
forme pas à cette régie : Le mont Aventia Dont il
l'aurait vu faire une horrible descente, corn. Nie.
V, 2. Rentre dans le néant dont je t'ai fait sortir,
RAC. Baj. II, I. Abîmes redoutés dont Ninus est
sorti, VOLT. Sémir. v, 6. Ma vie est dans les camps
dont vous m'avez tiré, id. Fanât, ii, t. Je me traîne
encore, ce me semble, à une assez petite distance
du rivage dont il me repousse, d'alemb. Lett. Itoi de
Prusse, 28 oct. 1 766.Voy. l'historique. || î. Le substan-
tif duquel dont est le régime, se met immédiatement
après dont : L'homme dont la vertu est admirée....
(à moins d'inversion : L'homme dont à tous les yeux
brille la vertu; ce qui est peu usité), ou se sépare
de dont quand il n'est pas sujet: L'homme dont on
admire la vertu. {| 3. Dont ne peut être régime d'un
complément précédé lui-même d'une préposition.
Ainsi Molière a fait une construction très-dure et
qu'il ne faut pas imiter, en disant: L'objet de votre
amour, lui dont à la maison Votre imposture enlève
un brillant héritage, Dép. am. ii, l.l|4. Ordinai-
rement dont suit immédiatement son antécédent :
L'homme dont vous parlez. Mais il peut s'en sépa-
rer, particulièrement dans la prose soutenue et dans
la poésie : Comme le mal fut prompt dont on le vit
mourir.... mol. Dép. am. ii, 1. La tristesse est heu-
reuse dont vous êtes le consolateur, balz. liv. vi,
lett. t. Il 6. Dont peut joindre à une phrase princi-
pale deux propositions secondaires liées entre elles
parla conjonction que, même lorsqu'il n'est complé-
ment que de la seconde: La maison dont je sais que
vous êtes propriétaire. Ce sont particulièrement ces
dernières pour qui je suis, et dont je sens fort bien
que je ne pourrai me taire quelque jour, mol. Ép.
dédie, de l'École des f.\\ 6. Dont régit le subjonctif
quand il est précédé d'une phrase interrogative ou
qui marque un doute, un désir, une condition : Pen-
sez-vous que le jeu soit une passion dont on doive
se défier? || 7. U y a, dans le xvii" siècle, plusieurs
exemples de dont, se rapportant non au verbe du
membre de phrase qu'il lie, mais à une incise qui com-
mence ce membre de phrase. La dure-mère bat sans
cesse le cerveau, dont les parties étant fort pres-
sées, il s'ensuit que le sang et les esprits sont aussi
fort pressés, BOss. Connaiss. ii, 6. Ils outrent tou-
tes choses, les bonnes et les mauvaises, dont ne
pouvant ensuite supporter l'excès, ils l'adoucissent
par le changement, la bruy. xi. Il est fâcheux que
cette manière de lier des phrases, qui est si com-
mode, n'ait pas passé dans la langue moderne.
Il 8. C'est un pléonasme aujourd'hui condamné, que
de dire : C'est de lui dont je tiens la nouvelle ; il
faut : C'est lui dont je tiens la nouvelle, ou C'est de
lui que je tiens la nouvelle. Dans le xvii' siècle, ce
pléonasme était toléré: Ce n'est pas de vous, ma-
dame, dont il est amoureux, mol. Am. magnif.
II, 3.
— HIST. X* S. El li enortet [exhorte], dont lei non-
que chielt [dont il ne lui importe] , Qued elle fuiet
le nom christien, Eulalie. Per cel edre [par ce
lierre] dunt cil.... Fragm. de Valenc. p. 408. E cum
cil lo fisient dunt ore aveist odit [et comme ceux le
faisoient dont ore avez ouï], ib. p. 469.
— XI" s. Li naïfs [le serf natif] qui departet de la
terre dunt il est nez, Lois de Guill. 33. [Besans]
Dont bien porrez vos soldeiers loer, Ch. de Roi. ix.
Icele terre, ce dist, dont il esteit, ib. Lxxvi. Le blanc
haubert dunt la maille est menue, ib. en. [La lance]
Dunt nostre sire fust en la croix navret, ib. clxxix.
— XII' s. Dont [desquels] [je] pris les chiefs [tê-
tes], Ronc. p. 26. Li douze per dont [par lesquels]
Charles est puissans, ib. p. 27. Pour Guenelon dont
[il] a fait mesagier [duquel il a fait un messager],
ib. p. 3). Et mi desconfort greignor Dont je morrai
sans retor. Coud, i. Douce dame, je ne vous os
[ose] rover [demander] Ce dont amors ne me rove
pas taire, ib. ii. [Amour] Dont jà [je] ne quier [de-
mande] issir, ib. viii. Â peines ert [sera] acomplis
Li servirs dont j'atentgré, ib. xii. Plus [je] me
confort as biens dont ele [ma dame] est pleine, ib.
xiv. Jà de mon cuer n'islra mais la semblance Dont
[ma dame] me conquist as mos pleins de douçor,
ib. xvi. Voir, il n'est rien dont je soie en tristour,
ib. XVII. Ce est la riens dont je sui plus espris,
ib. [Le grant amour] Dont je l'ai tant dedens mon
cuer amée [aimée] , ib. N'est pas amors dont on se
peut movoir [l'amour dont on peut se retirer n'est
pas un véritable amour], ib. xviii. Je ne tieng pas
i'amor à droit partie. Dont il convient morir ou trop
amer [aimer], ib. Et si [ils] meurent [émurent]
ensemble meslée et contençon. Don la guerre dura
tante mainte saison , Sax. m. Dont [pour cela] [ils]
firent la bataille sur deux hommes jugier [remettre
la bataille à deux champions] , ib. iv. Là fu morz
Oliviers et ses compains Rolans, Li douze pair de
France, don Karles est dolanz, ib. v, II fait creuser
souz terre à pic et à martel X ses engigneors [ingé-
nieurs], dont out pris maint chaste!, th. ix.
— xni* s. X ce temps dont vous ai l'histoire co-
mencie, Berfe, u. Dont [c'est pourquoi] doi je pren-
dre en gré se j'ai froit et poverte [pauvreté], ib.
XXXV. Dont vient si bêle dame parmi cest bois ramé?
ib. XLV. Et dont estes-vous née? dites en vérité, ib.
Il voit son mantel gris dont ele ert [était] afublée,
ib. XLvi. Dame, esgardez, fait- il, [ce] dont je vous
fais présent, «6. XLVii. Dont venez vous si seule
parmi ce gant [bois] feuillu? ib. li. Diexl fait-ele, dont
vient si faite deablie? ib. lxxii. Que tout lui ferai
rendre ce dont ele est saisie , tb. De vous afestoier
[je] n'ai ore pas loisir, 'Dont il me poise si que j'en
cuide mourir, ib. lxxxvii. Il dit qu'ele est nice et
foie, Dont [c'est pourquoi] tant demore à la karole
[danse], la Rose, 8498 Tu dois estre Moult liés
[joyeux] , dont tu as si bon mestre Et seignor de si
haut renom, ib. 4270.
— xv s. Dont plusieurs chevaliers en furent cour-
roucés, FROiss. I, I, 10. Leur venue et chevauchie
fut sçue en la dite ville, dont s'armèrent secrète-
ment ceux de Lille, et se mirent en trois aguets, afin
que cils ne leur pussent mie eschapper, m. i, i,
108. Une femme qui venoit du pèlerinage s'assit en
my le marché; on lui demanda dont ello venoit, id.
II, II, B2. Et restitua les dictes terres; dont le comte
son filz fut fort troublé, comm. i, l. Si leur en-
nuyoit-il dont ledit duo de Bourgongne mettoit tant
[tardait tant] à les secourir, id. v, 4. Toulefîois de-
puis fist le contraire, dont le roy conceut ceste lon-
gue hayne, in. i, 2.
— XVI' s. Et n'has-tu pas ton franc arbitre Pour
sortir d'ond tu es entré? mabot, i, 204. Je pense
que c'est un enfer, Dont jamais je ne sortiray, jd.
ib. Anne, ma sœur, d'ont me vient le songer Qui
toute nuit par devers vous me maine? id. m, m.
La généalogie et anticquité dond nous est venu
Gargantua, rab. Garg.i, 1. Je retourne faire scale au
port dont suys yssu, id. tb. i, 9. Mais, dy je, dond
venez? où allez? id. Pant. v, 17. Je le renvoyrois
bien dond il est venu, à grandz coupz d'anguillade,
ID. ib. V, 18. Gouets, petilz coutteaulx dont les en-
fans cernent les noix, id. ib. i, 27. La mansuétude
dont ilz usarent envers les Bretons, id. tb. i, 60.
Puisque prenés la paine à m'escripre, dont me falo-
tes ung merveilleux plaisir, marc. Lett. 3. Encores
me desplaist-il bien dont elle a sy peu de compai-
gnie, craignant qu'elle s'ennuye, id. tb. Vous savés
combien vostre paine est nécessaire aux affaires dont
vous portés le faix, id. tb. 64. On dit tant de bien
de vostre justice que je ferois mal de le vous celer,
saichant très bien que vous en donnés la gloire à
celuy dont elle vient, id. ib. 126. Ils pensèrent que
cette sorte de vengeance debvoit estre plus aigre
que la leur, dont ils commencèrent de quitter leur
façon ancienne poursuyvre cette cy, mont, i, 240.
Estant malade de la maladie dont il mourut, ID.
m, 89. La violence, dont elle [la guerre] agit, est
espouvantable et donne effroy, lanoue, 160. The-
seus le tua; dont il fut si aise, que.... amyot. Thés.
10. Or sus, Titus, et toy Valerius, que ne respon-
dez vous à ce dont on vous accuse? id. Publ. 8. Si-
ramnes respondit à ceulx qui s'esbahissoient dont
venoit que ses devis estoient si sages, et ses efl'ect.'»
si peu heureux, id. Préf. xx, 47. La vitesse dont
elle va, la boëtie, 173. Qu'elle remeist chasque
chose au lieu dont elle la prendroit, id. 185. J'ay
mes valets, dont il y a toujours quelqu'un d'entre
eux qui accuse, l'autre qui se justifie, id. 204.
— ÉTYM. Provenç. don; espagn. et portug. donde;
de l'adverb,, composé de-unde, de la préposition la-
tine de, et l'adverbe unde, d'où.
t DONTE (don-t'), s. f. Nom que les luthiers don-
nent au ventre de certains instruments, tels que le
téorbe, le luth, etc. qui est fait d'éclisses taillées,
ployées en côtes de melon, et collées sur le tasseau.
+ DONVILLE (don-vi-l'), s. m. Espèce de poire.
DONZELLE (don-zè-l') , s. f.\\l' Fille ou femme
de distinction. Je devais l'épouser; mais je ne veux
plus d'elle. — Plus de moi I — Quoi ! Crispin ! —
Elle fait la donzelle. Monsieur, et, s'il vous plaît,
je ne suis point un sot, hauteroche. Nobles dt
prov. u, 3. Il Cet emploi est tout à fait tombé en
désuétude. || 3° Fille ou femme dont on parle très-
familièrement. Lors à bon chat bon rat, et la pau-
vre donzelle Était pour en avoir profondément dans
l'aile, scARRON, Jodelet, i, 1. 1| Fille ou femme dont
on parle légèrement, d'un ton de mépris. 11 a quitté
sa donzelle. Quelle donzelle ! L'air précieux n'a pas
seulement infecté Paris; il s'est aussi répandu dans
les provinces; et nos donzelles en ont humi leui
bonne part, mol. Préc, l. Ces insatiables donzelle;
h
1222
DOR
ne» harpies! Faisaient la guerre à nos écuelles,
SCARHON, Virg. trav. m. \\ 8» Nom vulgaire d'un
poisson, Vophidie barbue, dite aussi demoiselle.
• - HIST. xm" s. Et chevalier et damoiseles, Es-
quier, bourgois et danseles, Amadas et Ydoine,
n' 8»S7. Il XVI' s. L'autheur du jeu vient proposer
que le iloiizel ou la donzelle que l'on a choisy....
DES ACCORDS, lligarT. Acrostiches.
— ËTYM. Provenç. domella; catal. donsella; es-
pagn. doncella; ital. doniella; du bas-latin domi-
nicella, diminutif de domina (voy. dame). Dans
l'ancienne langue on disait doncele ou dancele; et,
au masculin, doncel ou dancel, damoiseau.
t DOQUET (do-kè), 4-. m. Terme de musique.
Ouatrième partie de trompette d'une fanfare de ca-
valerie. On dit aussi toquet (voy. ce mot).
DORADE (do-ra-d'), s. f. Poisson de mer à écailles
dorées. || Dorade chinoise, poisson du genre cyprin
qu'on appelle aussi poisson rouge. || Terme d'astro-
nomie. Constellation de sept étoiles, qui est dans
l'hémisphère austral.
— HIST. xvrs. Dorades, rougets, gournauds,
merlus, paré, xxiv, 22. Les terroirs pierreux et
sablonneux [il s'agit d'étangs] nourrissent les trui-
tes, barbeaux, gardons, carpes, goujons, dorades,
0. DE SERRES, 425.
— ÉTYM. Forme provençale du participe passé
équivalente à dorée (voy. dorer).
DOKADILLK (do-ra-df-U' , Il mouillées), s. f. Un
des noms vulgaires d'ime fougère, le cétérac of-
ficinal, appelé aussi doradille d'Espagne.
f DORAUON (do-ra-don), s. m. Nom vulgaire et
spécifique d'un poisson, la coryphène doradon.
f DORAGE (do-ra-j'), s. m. || Action de dorer.
Il Terme de cuisine. Couche légère de jaune d'œut
dont on enduit le dessus de la pâtisserie. || Action
de couvrir d'une belle étoffe un chapeau commun
pour le faire paraître plus fin.
— ÉTYM. Dorer.
+ DOBCADË (dor-ka-d') ou DORCAS (doi-kas'), s.
f. Espèce d'antilope.
— ÉTYM. Aopxâç.
DORE, ÉE (do-ré, rée), part, passé. || 1' Re-
couvert d'une couche d'or. Un livre relié en veau et
doré sur tranche. De l'argent doré. Ces palais tout
dorés qu'assiège la misère, M. J. ciién. Grucques,
M, 3. Que font ces nains si bien parés Sur des trô-
nes à clous dorés? bérang. Bon Dieu. A la vue de
tstte ville dorée [Moscou, dont les coupoles étaient
oarées] , de ce noeud brillant de l'Asie et de l'Eu-
rope, de ce majestueux rendez-vous où s'unissaient
le luxe, les usages et les arts des deux plus belles
parties du monde, nous nous arrêtâmes.... ségur,
Hist. de Hap. vin, 4. || 2" Qui est fait d'or. 11
faudrait craindre peu pour la toison dorée, corn.
J'ois. I, I . Mais si Plutus revient de sa source do-
rée Conduire dans mes main» quelque veine éga-
rée, A. CHÉN. Fragments, p. <"I. || Siècle doré,
âge doré, s'est dit pour âge d'or. Vivre au siècle
de Marie Sera vivre au siècle doré, malii. iu, 2.
Il 3° Il se dit des objets qui sont d'un jaune bril-
lant. Jaune doré. Cheveux d'un blond doré. || Qui
a une belle couleur, en parlant du rûti. Ce chapon
est bien doré. || Pâtisserie dorée, pâtisserie enduite
d'un mélange de jaune d'oeuf et de beurre. || 4° Fig.
Riche, brillant. Quand je vois un homme doré dé-
crier le luxe, j. j. nouss. llél. ii, 40 Ces rois,
cour dorée et nombreuse, Qui naguère peuplait
d'une tente poudreuse Le vestibule impérial I y. bugo,
Odes, m, 7. || Être doré comme un calice, avoir
des habits chargés de galon ou de broderies d'or.
Il Jeunesse dorée, nom donné à des jeunes gens de
la classe riche et moyenne qui, à Paris, s'étaient
associés, en <7ii4, pour soutenir les thermidoriens.
Il 6° Fig. Qui est comme embelli par une couche d'or.
....par des fers dorés se laissent entraîner, corn.
Cinna, n, i. Mots dorés en amour font tout, la
FONT. Pâté. M. le duc d'Orléans nous fit un discours
bien doré pour nous persuader de n'innover rien,
ST-siM. 417, 27. Les vertus les plus sublimes N'é-
taient que des vices dorés, lamabt. Ilarm. m, B.
Il Familièrement. Avoir la langue dorée, avoir l'art
d'endoctriner, de séduire. || Vers dorés, vers sen-
tencieux attribués à Pythagore. |{ La légende dorée,
nom de l'histoire des saints par Jacques de Yoragine.
Il 6" Terme de vénerie. Fumées dorées, ou, substan-
tivement, les dorées, fumées du cerf qui sont jau-
nes. Il 7° S. m. Dorure. Le doré d'une glace. || 8° Doré
de soufre, espèce d'agaric. || Proverbes. X vieille
mule frein doré, se dit des vieilles femmes qui se
parent, d'une marchandise qu'on pare pour s'en
défaire. || Bonne renommée vaut mieux que ceinture
dorée (voy. ttiMiuRu)
DOR
t DORËB (do-rée), s. f. || 1° Tranche de pain fort
mince, sur laquelle on a étendu une légère couche
de beurre ou de confitures. || 2° Ancien synonyme
générique de zée, et nom vulgaire d'un poisson, le
gée forgeron, dit aussi truie et poisson Saint-Pierre.
Il 3" Terme de chasse. Voy. dohS.
— ÉTY'M. Doré.
t DORËME (do-rê-m'), s. m. Terme de botanique.
Nom de genre de plantes ombellifères, ayant le port
du panais, sécrétant une gommerésine. Le dorema
ammoniacum fournit la gomme ammoniaque.
DORÉNAVANT (do-ré-na-van), adv. de temps. \
partir de ce moment, à l'avenir. Nous nous sommes
levés ce mois-ci à six heures du matin; dorénavant
nous nous lèverons à cinq. Cessez, dorénavant,
pensers irrésolus, D'épargner des enfants que je ne
verrai plus, corn, ttédée, v, 2. Crois que doréna-
vant Chi mène a beau parler; Je no l'écoute plus que
pour la consoler, ID. Cid, iv, 3. Qu'ils soient doré-
navant ton unique entretien, id. Uor. iv, 6. Au
lieu de déplorer la mort des autres, grand prince,
dorénavant je veux apprendre de vous à rendre la
mienne sainte, hoss. Louis de Bourbon. Le peuple
romain, ayant abattu les Gaulois et les Africains,
ne voit plus rien à craindre et combat dorénavant
sans péril, id. Hist. i, 8. || Corneille a employé
dorénavant dans le sens de depuis lors: Et le tronc
sous les flots roule dorénavant, l'omp. ii, 2.
— REM. Doresenavant est une forme archaïque et
actuellement inusitée.
— IlIST. xii" s. D'ore en avant serons nous com-
peignon, JJonc. p. 140. Or est l'amors coneiie et pro-
vée; D'or en avant [je] serai à vos devis [disposi-
tion], OUESNES, Romancero, p. toi. \\ xui' s. Si
auroie dès ore en avant mestier [besoin] de repo-
ser, viLLEH. xxxix. Et 11 metés bien en convent
[convention] Que jamès dès or en avant Ne ferés
riens qui lui desplese, laUose, 3)B4. || xv" s. Or
soit Dieu gracié et mercié : car je mourray plus m
paix dorénavant, puisque je say que.... froiss. i,
i, 47. Il XVI' s. Et dez lors en avant traicta humai-
nement luy et les siens, mont, i, 2. Nostre mes-
compte ne pourroit d'ores en avant excéder vingt et
quatre heures, id. iv, 477. Et nous aussi doresna-
vant en escrivant le reste de sa vie n'u.sorons plus
d'autre nom, amïot. Public. 4 9.
— ÉTYM. Formé de la préposition de, ore [heure] ,
en, et avant : do l'heure présente en avant; génev.
dorénavant -(prononcé do-ran-na^ant , ran comme
dans l'an; cette prononciation est aussi celle de
plusieurs provinces), et d'ores en avant.
DORER (do-ré), v. a. || 1' Couvrir d'or moulu ou
d'or en feuilles. Dorer un calice. Dorer à la pile.
L'opulence a doré Jusqu'à ta couchette, bérang. ii-
sette. Il Cet homme est fin à dorer, il est très-fin,
par allusion à l'or qui doit être très-fin pour être
employé en dorage. || Terme de pharmacie. Dorer
une pilule, la recouvrir d'une mince couche d'or pour
que le goût n'en soit pas senti. || Fig. Dorer la pilule,
adoucir par des paroles flatteuses les regrets que
cause une chose désagréable. Le seigneur Jupiter
sait dorer la pilule, mol. Amph. m, u. La pilule,
à vrai dire, était assez amère; Mais il sut la dorer,
et, pour me satisfaire. D'un bon contrat de quatre
mille écus II augmenta la dot.... la font. Contrat.
Il Fig. Dorer les fers, cacher sous quelque apparence
ce qu'une servitude a de déplaisant ou de honteux.
Toute autre liberté n'est qu'un long esclavage Qui
cache ou qui dore ses fers, corn. Imit. i, 2). || Abso-
lument. Dorer sur bois, appliquer de l'or sur des mor-
ceaux de sculpture, comme cadres pour tableaux,
pieds de table , etc. || Dorer sur tranche, appliquer de
l'or sur la tranche d'un livre. || Terme de tireur
d'or. Appliquer plusieurs couches d'or en feuilles sur
un lingot d'argent. || 2° Donner une teinte d'or.
Les rayons du soleil doraient le sommet des mon-
tagnes, FÉN. Tél. m. Dès que l'aurore vint dorer
l'horizon, Ulysse prit sa tunique et son manteau, id.
t. XX!, p. 337. Des couleurs du matin tu dores les co-
teaux, LAMART.lf^d. 11,23. Il Le soleil dore les mois-
sons, c'est-à-<lire les jaunit en les faisant mûrir.
Il Fig. [Ô vie!] Que tu sais bien dorer ton magique
lointain 1 Qu'il est beau l'horizon de ton riant ma-
lin! lamart. Ilarm. iv, n. || Terme de pâtisserie.
Etendre du jaune d'oeuf délayé sur de la pitisserie.
Il Terme de marine. Dorer un vaisseau, l'enduire
de suif à l'extérieur. || 3° Se dorer, v. réfl. Être en-
duit d'une couche d'or. Le bronze se dore avec la
pile électrique. || Prendre une teinte d'or. Les mois-
sons, les raisins, les champs se dorent. || Fig. De
vouloir sottement que mon discours se dore Aux
dépens d'un sujet.... réonieh, Sat. vi.
— HIST. xii' s. [Il] Ceint Durandart dont li poins
UOR
[la poignée] fu dorez, Uonc. p. 36. || xiii' s. QuensTi
haut doré d'envie, De félonie fretté. De faire cheva-
lerie N'estes vous mie alosé, hues de la ferté, flo-
mancero, p. 4 87. Cest oignementqueci veez, Dequoi
estes oinz et dorez. Fabliaux mss. n' 7998, dan»
LACURNE. De rechief que lormier [selliers] puissent
bien dorer et estamer toute bone œuvre, tir. det
met. 362. Il xiv' s. Ains n'i ot traîson faite ne devi-
sée, Ne receû argent, ne monnoie dorée, Guetcl.
8389. Veoir ne pui [je ne peux] la dorée toison, Ne
les Indes ne de Rouge mer onde, machaut, p. 4 32.
Il XV' s. Ils ouvrirent le casier, où ils trouvèrent le
pauvre prisonnier, doré et empapiné d'œufs, de
fromage et de lait et autres choses plus de cent,
LOUIS XI, Nouv. Lxxiii. Il XVI' s. Les roynes à cousté
de leurs roys; la dorée sus le carreau jaulne, l'ar-
gentée sus le carreau blanc [aux échecs], rab. Pant.
V, 24. Comment, seigneurs, refusez vous à ouïr un
personnage qui a le langage si bien doré? amïot,
Démoslh. sa. Les poinctures de quoy la poésie a
embelly l'aagedoré, mont, i, 235. On n'oseroit quasi
comparoistre en bonne compagnie, qu'on ne .soit
doré comme un calice, langue, 461. Sa libéralité
y estoit sur-tout trfes-necessaire ; d'aultant que s'il
n'eust amplement doré ses parolles, il n'eust pas....
CAHL. X, 24. L'urine est dorée et jaune, paré, In-
trod. 4B. Les mots et sentences dorées, pasquier.
Recherches, p. 542, dans lacurne. Je faisoye un
somme doré [excellent] , Sans point la nuit me res-
veiller, l'Amant rendu cordelier, p. 526, dans la-
curne.
— ÉTYM. Provenç. daurar; espagn. dorar; por-
tug. dourar ; ital. dorare; du latin deaurarc, de la
préposition de, qui exprime ici l'action d'étendre,
et aurum, or (voy. or, s. m.).
DOREUR, EUSE (doreur, reû-z'), t. m. et f. Ce-
lui , celle qui travaille en dorure. Doreur sur bois.
Doreur en cuivre. Les maladies des doreurs.
— HIST. nv s. X Jacques Leblond , doreur gra-
veur pour des espérons, se laborde, Évmuc,
p. 254.
— ÉT'YM. Dorer; provenç. dauraire, daurador;
catal. daurador; espagn. dorador; portug. doura-
dor; ital. doratore. Dans le provençal, dauraire est
le nominatif, et daurador, le régime.
t DORIDÉ, ÉE (do- ri-dé, dée), adj. Terme da
zoologie. Qui ressemble à une doris, genre de mol-
lusques nus.
DORIEN, lENNE (do-riin, riè-n'), adj. || f Pro-
pre aux Dorions. Le dialecte dorien, et, substanti-
vement, le dorien, le dialecte que parlaient* les
Doriens. Le dorien était parlé dans tout le Pélopon-
nèse, dans la Sicile, dans la partie de l'Italie appe-
lée la grande Grèce; il a été suivi par Pindare,
Théocrite , Archimède, et par les philosophes pytha-
goriciens. Il 2° Terme de musique. Le mode dorien.
— ÉTYM. Aùpeç, les Doriens, une des principales
races grecques.
+ DORIMÈNE (do-ri-mè-n'), s. m. Œillet pana-
ché, pourpre, sur un fond blanc.
t DORINE (do-ri-n'), s. f. Genre de plantes de la
famille des saxifragées, dont deux espèces croissent
en France au bord des ruisseaux, où elles sont man-
gées au printemps par les bestiaux.
DORIQUE (do-ri-k'), adj. || 1" Terme de gram-
maire. Qui est propre aux Doriens. Dialecte dori-
que. Génitif dorique. Les chœurs des tragédie»
et des comédies du théâtre athénien offrent beau-
coup de formes doriques, burnoup, Gramm. grec-
que, § 394. Il Substantivement. Le dorique. Le
dorique a été premièrement en usage parmi les
Lacédémoniens et ceux d'Argos; ensuite il passa
dans i'fîpire, dans la Libye, la Sicile, Rhodes et
Crète ; c'est celui qu'ont suivi Archimède et Théo-
crite, tous deux de Syracuse, et Pindare, rolun,
Hist. anc. Œuvres, t. ii, p. 507. || 2° Terme d'archi-
tecture. Ordre dorique, le second des cinq ordres,
dans lequel le rapport de la hauteur de la colonne
à son diamètre est de 8 modules ; on le place entre
le toscan et l'ionique, parce qu'il a plus de module»
que le toscan et moins que l'ionique; il se distingue
par sa simplicité. Dorus, fils d'Hellen et de Is
nymphe Opique, roi d'Achaïe et de tout le Pélo-
ponnèse, ayant autrefois fait bâtir un temple à
Junon dans l'ancienne ville d'Argos , ce temple
se trouva par hasard être de cette manière que
nous appelons dorique, Perrault, fifrure, iv, 4.
Comme ils ne savaient pas bien quelle proportion
il fallait donner aux colonnes qu'ils voulaient mettra
à ce temple, ils cherchèrent le moyen de les faire
assez fortes pour soutenir le faix de l'édifice et do
les rendre agréables à la vue; pour cela, ils prirent
la mesure du pied d'un homme, qui est la sixième
DOR
partie de sa hauteur, sur laquelle mesure ils four-
nirent leur colonne, en sorte qu'à proportion de
cette mesure qu'ils donnèrent à la grosseur de la
tige de la colonne, ils la firent six fois aussi haute
en comprenant le chapiteau; et ainsi la colonne do-
rique fut premièrement mise dans les édifices, ayant
la proportion, la force et la beauté du corps de
l'homme, id. l'b. || Substantivement. On a rappelé le
dorique, l'ionique et le corinthien; ce qu^n ne voyait
plus que dans les ruines de l'ancienne Rome et de la
vieille Grèce, devenu moderne, éclate dans nos por-
tiques et dans nos péristyles, la bruy. i. || Le do-
rique grec, le véritable ordre dorique, tel qu'il était
employé par les Grecs; le dorique romain, altération
latine du dorique grec. {| Un dorique, un petit ordre
de pilastres. Un dorique règne dans tous les dehors
de la maison, id. vi.
— ÊTYM. A(optx6{.
DORLOTÉ, ÉE (dor-lo-té, tée), part, passé.
Comme j'aime à être dorlotée, je ne suis pas fâchée
que vous me plaigniez un peu, sÉv. 266.
DORLOTER (dor-lo-té), V. a. || 1° Traiter délicate-
ment. Cette mère dorlote son enfant. La joie que
j'aurais de posséder une belle femme, qui me dor-
lotera, et me viendra frotter lorsque je serai las,
MOL. War. F. se. 2. [Un médecin] Dorlotant une
longue barbe. Dont le parfum est de rhubarbe, De
coloquinte et d'opium, l'Espadon satirique, dans
RICHELET. Il 2° Se dorloter, v. réfl. Se traiter délica-
tement. Aimer à se dorloter. Ne songez qu'à vous
faire une santé qui dure; Dorlotez-vous sur le ten-
dre duvet, CHAUiiEU, Ép. du duc de Nevers à Jf. de
Tendôme.
— HIST. XVI» S. On me frotteroit, on me pigne-
roit, on m'accoustreroit, on m'adoreroit, on me
doreroit, on me dorlotteroit, despeb. Cymb. mundi,
<63. Ce n'est pas pour vous faire peigner, et frisot-
ter comme elle, ni pour dorloter vostre barbe. Pè-
lerin, d'amour, t. 11, p. 608, dans lacurne. Pen-
sez qu'elle s'estoit ainsi dorlotée [parée] pour mieux
plaire à son mari, ehant. Dames gai. t. i, p. 18,
dans LACUBNE. Si elle les dorelotte [caresse] et si
par ces délices Ils dorment en son sein, taiiureau,
Dial. f° 4 HT, dans lacurne. L'Allemand qui pour
drolotter, flatter et mignarder sa femme, choliêhes.
Contes, t. II, Après din. m, p. 97, dans lacurne. La
bonne demoiselle veut estre drelottée, ib. t.i, p. 47.
— ÉTYM. Dorelot ou dorlot, dont voici des exem-
ples: xm* s. Si l'esgarda et enama. Si li dist: si
mar acointai, 0 dorlotin diva Robin, Mignot Robin,
tes oex [yeux] mar esgardai; Se cis maus ne m'as-
souage, je morrai, Poésies mss. t. m, p. <2B7, dans
lacurne. Il XV* s. C'est ce qui me fait estre en grâce
Ung fin mignon, un dorelot [un joli cœur], coquill.
Vonol. de la botte de foin. || xvi" s. La quelle me
traittoit et entretenolt mignotement comme ung pe-
tit dorelot, rab. t. m, p. 76, dans lacurne. Car
je cognossois la mignote Estre bien frisque etdore-
lote. Œuvres de R. de Collerye, p. 63, dans la-
curne. Dorelors [sorte de joyau], oddin, Dt'ct. Comme
on voit, dorlot signifie un favori, un joli-cœur,
et aussi un joyau; d'où dorloter a eu le sens de ca-
resser et de parer. On a voulu tirer dorlot de or ou
dorer; Scheler approuve cette étymologie; cepen-
dant on ne voit pas comment on pourrait faire une
pareille dérivation. Diez propose l'anglo-saxon deôr-
ling, favori, ou le kymri dorlawd, même sens;
bas-bret. dorlôi, dorlô, caresser. La dérivation cel-
tique est la plus plausible.
tDORLOTINE (dor-lo-ti-n'), s. f. Sorte de dor-
meuse assez longue pour s'y coucher entièrement.
— ÉTYM. Dorloter.
t DORMAILLER (dor-ma-llé, ii mouillés), v. n.
Dormir mal, dormir d'une façon interrompue.
— HIST. XIII" s. En dormillant li respondi , En
eslepas [aussitôt] se rendormi, FI. et lilaneheft. v,
262», dans DU cange, Gloss.fr. || xvi's. Dormailler,
OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Dormir, avec la terminaison fréquenta-
tive et péjorative ailler, comme dans criailler.
t DORMAN (dor-man), s. m. Un des noms vul-
gaires de la torpille.
— ÉTYM. Dormant.
DORMANT, ANTE (dor-man, man-t'), adj.
Il 1° Qui dort. La belle au bois dormant. Titre d'un
conte de fée. jj Terme de blason. Animal dormant,
animal placé dans l'attitude du sommeil. || Poéti-
quement, tranquille, où l'on dort bien. Trouvoz-lo-
moi bien sombre [un manoir], Bien calme, bien
dormant, Couvert d'arbres sans nombre, Dans le
silence et l'ombre Caché profondément, v. hugo,
Odes, V, 26. Il Substantivement. Les sept dor-
mants, sept frères qui, suivant la légende reli-
DOR
gieuse, fuyant la persécution, furent murés par
ordre de Dêce, dans une caverne où on les re-
trouva endormis sous Théodose le Jeune. N'avons-
nous pas dans l'Église grecque la fable des sept dor-
mants? VOLT. Phil. IV, 44< . Il 2° Fig. Il se dit de ce
qui reste en place sans remuer. Une eau dormante.
Tantôt son bras actif desséchant les marais. De leurs
dormantes eaux délivre les guérets, delille, Géorg.
I. Il Fig. C'est une eau dormante, se dit d'une per-
sonne qui cache des passions vives sous un air tran-
quille. Je ne me fie pas à toutes ces eaux dormantes.
Il Châssis dormant, châssis qui ne se lève point.
Il Pont dormant, celui qui ne se lève point, par
opposition au pont-levis. || Serrure dormante, ser-
rure à pêne dormant , celle qui ne se ferme pas
seule, et dont il faut pousser le pêne avec la clef.
Il Verre dormant, lucarne vitrée, par laquelle on a
droit de prendre du jour sur l'héritage d'un voisin,
et qui ne doit jamais s'ouvrir. || Terme de pêche.
■Ligne dormante, ligne qui reste fixée dans l'eau
sans que le pêcheur la tienne. || Terme de marine.
Manœuvres dormantes, les manœuvres d'un navire
qui ne sont jamais dérangées, telles que les hau-
bans. Il 3° S. m. Dans le haut d'une porte carrée ou
cintrée, frise ou châssis de bois attaché dans la
feuillure et servant de battement aux vantaux. Un
dormant de croisée. Poser, sceller un dormant, jj Un
dormant de table , plateau garni de cristaux, qui
reste au milieu de la table pendant tout le repas.
Il Terme de marine. Nom des bouts fixes des corda-
ges, c'est-à-dire de la partie qui demeure attachée,
tandis que l'autre est employée.
— mST. XV" s. Et avoient [les Gantois] au devant
de eux un grand flaschier d'eau dormante , proiss.
II, u, <54. Il xvi* s. En murs mitoyens il est loisible
d'avoir fenestre sur son voisin, à verre et fer dor-
mans, à neuf pieds de hauteur du rez-de-chaussée,
LOYSEL, 286. Voyans la rivière dormante comme un
maretz, amtot, Lumll. 44.
DORMEUR, EUSE (dor-meur, meû-z'), s. m. eif.
Celui, celle qui dort, qui dort beaucoup, qui aime à
dormir. Étant, comme vous êtes, la meilleure dan-
seuse, la meilleure dormeuse, et la plus éloquente
fille du monde, voit. Lett. 64. Le dormeur s'é-
veilla, tant il en [de son songe] fut surpris, la font.
Fab. XI, 4. Pinuce au même instant Fait le dor-
meur, ID. Berc. J'avais été jusque-là grand dor-
meur, I. 3. Rouss. Confess. vi. || Nom d'un poisson.
— HIST. XVI* s Les sommeilleux et dormars,
puisque l'endormy ne sçauroit ny luy mesme faire
son debvoir, ny le faire faire aux autres, la boétie,
2to. Jamais dormeur ne feit bon gué, leroox de
LINCT, PrOV- t. Il, p. 321.
— ÉTYM. Dormir; provenç. et espagn. dormidor;
ital. dormitore.
DORMEUSE (dor-meû-z'), s. f Sorte de voiture
de voyage où l'on peut s'étendre pour dormir.
Il Demi-dormeuse, voiture du même genre. Je
me suis bien douté que ma petite demi-dormeuse,
que j'appelle ma commode, et que j'avais fait faire
exprès dans mon village, me serait inutile, volt.
Lett. Richelieu, 20 juillet 1 774. || Sorte de fauteuil
ou de chaise longue où l'on peut dormir.
— ÉTYM. Dormeur.
t DORMILLE (dor-mi-ir. Il mouillées), s. f Un
des noms du poisson appelé aussi loche.
fDORMILLEUSE (dor-mi-Ileû-z'), s. f. Un des
noms vulgaires de la torpille.
— ÉTYM. Dormir.
t DORMILON (dor-mi-lon), s. m. Espèce de singe
du Mexique.
DORMIR (dor-mir), je dors, tu dors, il dort, nous
dormons, vous dormez, ils dorment; je dormais;
je dormis; je dormirai; je dormirais; dors, qu'il
dorme, dormons; que je dorme, que nous dor-
mions; que je dormisse; dormant, v. n. || 1° Repo-
ser dans le sommeil. Il dort profondément. Le ma-
lade va mieux , il a dormi d'un bon somme. Il dormait
quelquefois dans le jour. Pourras-tu dans son lit
dormir en assurance? corn. Nicom. v, i. Trop dor-
mir fait mal à la tète. Et trop dormir c'est vivre
en bête, scahron, Yirg. trav. vu. Guillot,le vrai
Guillot, étendu sur l'herbette. Dormait alors pro-
fondément, la FONT. Fabl. ni, ». Cette réflexion
embarrassant notre homme. On ne dort pas, dit-il,
quand on a tant d'esprit, m. ib. ix, 4. T'attendre
aux yeux d'autrui, quand tu dors, c'est erreur, id.
ib. XI, 3. Je ne dormirai point sous de riches lam-
bris; Mais voit-on que le somme en perde de son
prix? ID. ib. XI, 4. Ce n'est qu'à prix d'argent qu'on
dort en cette ville, boil. Sat. vi. C'est là que le
prélat, muni d'un déjeuné, Dormait d'un léger
somme, attendant le dîné, m. Lutr. 1. Mais tout
DOR
1223
dort et l'armée et les vents et Neptune, rac. Iphig.
1, 1. La vie est un sommeil; les vieillards.... ont eu
un songe confus, informe et sans aucune suite; ils
sentent néanmoins, comme ceux qui s'éveillent,
qu'ils ont dormi longtemps, la brut. xi. Tout dort,
tout est tranquille; et l'ombre de la nuit.... volt.
Zaïre, v, 8. La nuit finissait, il était quatre heures,
tout dormait encore dans les bivouacs de Delzons,
hors quelques sentinelles, quand tout à coup.... s«-
GUH, IHst. de Napol. ix, 2. || Dormir à bâtons rom-
pus, être réveillé, se réveiller plusieurs fois sans
pouvoir faire un somme continu. || Dormir comme
un loir, dormir beaucoup, profondément, à cause
que le loir est un animal hibernant, qui dort plu-
sieurs mois de suite pendant l'hiver. On ditde même,
dormir comme une marmotte. || Dormir comme une
souche, être profondément endormi. || Dormir tout
debout, ou, simplement, dormir debout, n'en
pouvoir plus de sommeil, être accablé par le som-
meil, au point de s'assoupir sans être couché ou
assis. Il Conte à dormir debout, propos fabuleux
qui ne méritent aucune créance. Voilà ce qui
s'appelle des contes à dormir debout, sÉv. 73.
Les contes à dormir debout que l'on vous fait,
ID. 256. Il Dormir sur l'une et l'autre oreille, et,
plus souvent, sur les deux oreilles, dormir pro-
fondément, et, figurément, être plein de sécurité.
.... Je lui conseille De dormir, s'il se peut, d'un et
d'autre côté, la font. Coupe. || Dans un sens op-
posé, ne dormir que d'un œil, être en une vigilance
inquiète. Certain jaloux ne dormant que d'un œil,
ID. On ne s'avise.... \\ Dormir en lièvre, dormir
les yeux ouverts, et, figurément, être toujours sur
le qui-vive. Cette crainte maudite M'empêche de
dormir sinon les yeux ouverts, la font. Fabl. 11, i 4.
Il II n'en dort pas, se dit d'un homme qu'une vive
espérance, une crainte incessante, une préoccupa-
tion assiège constamment. || Fig. Le feu qui semble
éteint souvent dort sous la cendre, corn. Rodog.
III, 4. Il 2° Dormir se dit aussi de ce qu'on a nommé
le sommeil des plantes. Le soir, de nos jardins par-
courez les carreaux; Voyez, ainsi que nous, sur
leurs tiges baissées S'assoupir de ces fleurs les têtes -
affaissées. Et, dormant au lieu même où veilleront
leurs sœurs. Du nocturne repos savourer les dou-
ceurs, delille. Trois règnes, vi. jj 3° Dans le lan-
gage biblique, dormir avec une femme, passer la
nuit avec elle. Sa maltresse [de Joseph] le prit par
son manteau, et lui dit encore : Dormez avec moi,
SACI, Bible, Genèse, xxxix, 12. || 4° Dormir con-
struit avec des substantifs et ayant en apparence,
mais en apparence seulement, le sens actif. Le
malade a dormi plusieurs heures de suite. || Dormir
la grasse matinée (c'est-à-dire dormir pendant la
grasse matinée), dormir jusqu'à onze heures ou
midi. Vous deviez être au lit toute cette journée, Oa
tout du moins dormir la grasse matinée, poiss. le
Fol raisonnable, dans le roux, Dict. comique || Dor-
mir sa réfection, dormir autant qu'on en a besoin,
c'est-à-dire dormir autant que la réfection l'exige.
Le sommeil est nécessaire à l'homme; et lorsqu'on
ne dort pas sa réfection il arrive que.... mol. Princ.
d^Él. Prol. Il 6° Dans le style élevé, il se dit du som-
meil de la mort. Elle va descendre à ces sombres
lieux, à ces demeures souterraines, pour y dormir
dans la poussière avec les grands de la terre, avec
ces rois et ces princes anéantis.... boss. Duch. d'Orl.
Vous serez vo'^s-mêmo réduit en poudre au milieu
des incirconcis, et vous dormirez avec ceux qui ont
été passés au fil de .l'épée, SACI, Bible, Ézéchiel,
XXXII, 28. Ses vices dormiront avec lui dans la
poussière du tombeau, mass. Car.Impén c'est ici
que dorment nos aïeux, Ducis,.4ft«/'. n, 7. J'ai suivi
mon époux jusqu'aux tombes sacrées Où dorment
des Césars les cendres révérées, m. j. chén. Tibère,
III, 1. Les morts dorment en paix dans le sein de
la terre; Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints,
A. DE MUSSET, PotoVs nouv. Nuit d'octobre. || 6* Fig.
Être en repos, en sécurité. Nous ne connaissons que
notre confiance dans le ministre et le malaise que
nous éprouvons : nous ne dormons que parce qu'on
dort au pied du Vésuve, Mirabeau, Collection,
t. m, p. 2S2. Il 7° Fig. Ne point agir quand on de-
vrait le faire. Aux menaces du fourbe on doit ne
dormir point, mol. Tart. v, 3. L'habitude de se
laisser voler par ses domestiques, jointe à la vigi-
lance du coupable, à qui son maître ne pouvait
reprocher d'avoir dormi dans son service, le por-
tèrent à la clémence, hamilt. Gramm. ti. Tu
dors, Brutus , et Rome est dans les fera, volt.
ilf. de Ces. 11,2. Dans tous les lieux, sans cesse,
ouvrant l'œil et l'oreille. En paraissant dormir le
gouvernement veille, ducis, Othello, 11, 7. jj En
1224
DOR
matière féodale, quand le vassal dort, le seigneur
veille, ou quand le seigneur dort, le vassal veille,
c'est-à-dire quand l'un des deux néglige d'user de
«es droits , l'autre en profite. || FamililTemenl.
Cet homme ne dort pas, se dit d'un homme à l'af-
fût de toutes les circonstances qui lui sont favora-
bles. Il Dormir sur une affaire, la conduire len-
tement, doucement. || Laisser dormir un ouvrage
d'esprit, attendre pour en mieux juger que l'ima-
gination soit refroidie. Oui je dormais sur un petit
volume Qui me vaudra d'être encore étrillé, béhang.
Gohier. || Laisser dormir une affaire, attendre pour
y donner suite. || Laisser dormir les lois, en suspen-
dre momentanément l'exécution. Sparte elle-même
a laissé dormir ses lois, j. J. Bouss. Contr. iv, 6.
Il Laisser dormir ses fonds, ses capitaux, ne pas
les faire valoir. || Laisser dormir noblesse, se disait
autrefois lorsqu'un gentilhomme, qui voulait faire
le commerce, déclarait qu'il n'entendait être com-
merçant que pendant un certain temps. 1| 8° Kester
immobile, être sans mouvement, en parlant des
choses. Il fait beau pêcher où l'eau dort. || On dit
qu'un sabot, qu'une toupie dorment, quand le mou-
vement qui les anime est si rapide qu'ils semblent
immobiles. || Fig. Dormir comme un sabot, dormir
profondément. || Terme de marine. On dit que le sa-
blier dort, quand on a oublié de le retourner ; qu'une
rose des vents dort, quand elle ne tourne pas, le
bâtiment changeant de route. Laisser dormir l'hor-
loge, oublier de la remonter. || 9° V. a. Dans le
langage élevé et dans cette seule locution, dormir
son sommeil. Dormez votre sommeil, riches de la
terre, et demeurez dans votre poussière, boss. le
Tellier. Tous les riches ont dormi leur sommeil,
et, lorsqu'ils se sont éveillés, ils n'ont rien trouvé
dans leurs mains, saci. Bible, Psaumes, lxxi, 6.
Il Par une même figure grammaticale, mais dans
le langage familier, dormir un bon somme, avoir
un bon sommeil pendant un long espace de temps.
Il C'est par analogie de cet emploi que A. de Musset
a hasardé dormi au passif: Suis-je pas belle encor?
pour trois nuits mal dormies Ma joue est-elle creuse
et mes lèvres blêmies? dans le Dict. de poitevin.
Il On trouvera à l'historique : dormir une éter-
nelle nuit. Cela pourrait aussi très-bien se dire.
Il 10° S. m. Le long dormir est exclu de ce lieu,
LA FONT. Papef. Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir Comme
!e manger et le boire, id. Fabl. viii, 2. || Proverbes.
Il n'y a pas de pire eau que celle qui dort, c'est-à-
dire il faut se défier des gens qui ne manifestent
rien de ce qu'ils ressentent. Mais il n'est, comme
on dit, pire eau que l'eau qui dort, mol. Tart. i, 4.
Il Oui dort dîne, c'est-à-dire en dormant on s'en-
graisse aussi bien qu'en mangeant. Ce proverbe se
prend aussi dans un sens moqueur, pour reprocher
l'indolence à un paresseux, et lui faire enfendre que,
s'il ne travaille pas, il ne dînera qu'en songe. || Le
bien, la fortune lui vient endormant, c'est-à-dire
il devient riche sans rien faire. Les biens nous vien-
nent en dormant, je vous assure, hegnard. Retour
impr. se. t. || Jeunesse qui veille et vieillesse qui
dort, c'est signe de mort. || Il ne faut pas réveiller le
chat qui dort, il ne faut pas renouveler une méchante
affaire qui est assoupie. X l'historique, on trouve :
réveiller le chien qui dort, ce qui est mieux.
— REM. Les douze heures que j'ai dormi et non
dormies. L'apparence de verbe actif disparaît quand
on restitue l'ellipse: Les douze hwurin pendant les-
quelles j'ai dormi.
— HIST. XI" s. Charles se dort, li empereres ri-
ches, Ch. de Roi. LV. Par touz les prez or se dor-
ment li Franc, ib. CLXXX. || xn' s. Oue il m'avint
anuit [cette nuitj en mon dormant, Ronc. p. teii.
Ne fausse amors ne veut que s'entremete De moi
laisser dormir ne reposer, Couci. 11 dormirent lur
somne. Liber psalm. p. toi. Li dormirs est partiz
de mes eauz [yeux], Machabées, i, 6. ||xiii's. Là
dormirent la nuit, ii. de valenc. ii. Anuit avecques
moi [je] ferai Bertain dormir, Berte, xiii. De peine
et de travail [elle] dort si ferm et si dur, ib. xli.
Nus seller ne autres ne doit sele tainte garnie livrer,
devant que ele est esté vernicie, se ce n'est sele
dormant, Liv. des met. 2)3. Trop de ledes choses
aviennent A ceux qui tex [tels] dormirs maintien-
nent, la Rose, (3664. L'en [on] se dort le soir [dans
une navigation] là où en [on] ne scet se l'en se
trouvera ou fons de la mer, joinv. 210. || xiV s.
Quant l'en dort, il ne appert pas ne n'est manifeste
qui est bon ou qui est malvois, oresme, Elh. 30.
Celui qui don ne vit pas, tors de tele vie comme
Tit une plante, id. ib. 3h. Mais Jehan tint leurs
parolles Droictement comme frivolles, Et leur di-
DOR
soit: Vous faictes tort; Vous esveillez le chien qui
dort, liv. du bon Jehan, t033. || xv* s. Le deable,
qui oncques ne dort, resveilla ceux de Bruges,
Fiioiss. Il, II, 62. Nos gens ne dormirent mie, ains
saillirent contre eux par grande hardiesse à qui
mieulx mieulx, Bouciq. ii, ch. 22. Il fit faire sa sé-
pulture pour dormir ses jours, Hist. de Louis III,
duc de Bourbon, p. 371, dans lacurne. Et tant fil
qu'il se trouva en la chambre où la levriere se dor-
moit, LOUIS XI, Nouv. xxviiL {| xvi* s. L'esprit trou-
blé de mon cher père Ancbise En mon dormant
haste mon entreprise, dubell. iv, («, reclo. Filz de
déesse, en quelle seureté Es-tu icy au dormir ar-
resté Si longuement? m. iv, 22, verso. Mais quand
l'homme a perdu ceste douce lumière, La mort luy
fait dormir une éternelle nuict, id. vi, 17, recto.
Nos voisins ne dorment pas, et n'ont que trop de
connoissance de nos desordres, lanoue, 22». Age-
silaus dit que pour ce jour là il falloit laisser dor-
mir les loix, AMYOT, Agésil. 49. Les vents sont as-
soupis, les bois dorment sans bruit, bons. 744. Qui
dort grasse matinée, trotte toute la journée, leroux
DE LiNCY, Prov. t. II, p. 389. Trop dormir cause
mal vestir, id. ib. p. 429. L'autre sauvage qui avoit
cependant dormy [perdu connaissance] du coup que
le chevalier du dragon lui avoit donné. Don Flores
de Grèce, f° cxx, dans lacurne. Neantmoins en y
avoit-il bien de telx qui eussent eu grand mestier
[besoin] de dormir le vin qu'ilz avoient beu à oul-
trage, menard, Hist. de du Guescl. p. 528, dans la-
curne. Essuyez de tristes yeux Le long gémir; Et
me donnez pour le mieux Un doux dormir, la Mar-
guerite des marguerites, cité dans Revue de l'instr.
publique, 19 juin 1802, p. 186.
— ÉTYM. Bourguig. dremi ; Berry, dourmir ;
provenç. dormir, durmir ; espagn. dormir; ital.
dormire; du latin dormire. Dans l'ancienne langue,
dormir prend la forme réfléchie, comme d'autres
verbes neutres la prenaient et la prennent encore.
La conjugaison je dors, tu dors, il dort, etc. n'est
point, dans la vérité, une irrégularité; ces formes
suivent la conjugaison latine : dôrmio, dormis, dor-
mit, etc. où l'accent est sur dor.
BOKMITIF, IVE (dor-mi-tif, ti-v') , adj. Terme
de médecine. Qui provoque le sommeil. Potion dor-
mitive. Molière dans le Malade imaginaire fait de-
mander pourquoi l'opium fait dormir? On répond
que c'est parce q.u'il a une vertu dormitive, où vous
voyez que c'est répondre en termes différents la
même chose que ce qui est en question, dumabsais.
Logique, art. xiii, n° 3. || S. m. Un dormitif.
— HIST. XVI' s. On doit user de clysteres dormi-
tifs, paré, xxiv, 28.
— ÉTYM. Latin fictif, dormilivus, de dormitum,
supin de dormire , dormir.
t DORMITION (dor-mi-sion), s. f. Terme ecclé-
siastique. La manière dont la sainte Vierge quitta
la terre pour aller au ciel; parce qu'une pieuse tra-
dition apprend que sa mort ne fut qu'une espèce de
sommeil, et qu'elle fut enlevée au ciel par une as-
somption miraculeuse, dont l'Église célèbre la fête
le 15 d'août.
— HIST. XIII* s. Une nuit iert [il était] en dormi-
sons. Si li vint une avisions [vision].... PH. MOus-
KEs, ms. p. 340, dans lacurne. Dormition, ou cange,
dormia.
— ÉTYM. Provenç. dormtao; espagn. dormtci'on;
ital. dormisione ; du latin dormt'ttoncm, de dor-
mire, dormir.
f DOROIR (do-roir) , s. m. Terme de pâtissier.
Sorte de petite brosse avec laquelle on dore la pâ-
tisserie.
— ÉTYM. Dorer.
DORONIC (do-ro-nik) , s. m. Terme de botanique.
Genre de plantes synanthérées, dont une espèce, le
doronicum pardalianches , jouit des mêmes pro-
priétés que l'arnica et est cultivée dans les jardins,
à cause de sa floraison précoce. || Nom spécifique
du séneçon doronic. || Doronic à feuilles de plan-
tain , ancien nom de l'arnica de montagne.
— ÉTYM. On dit que c'est l'altération d'un nom
arabe.
t DOROTnÉE (do-ro-tée), s. f. Espèce de libel-
lule ou demoiselle.
— ÉTYM. Dorothée, nom de femme, de Smpov,
don, et Oeà;, dieu.
t DORQUE (dor-k'), s. m. Un des noms vulgaires
d'un cétacé, la phocène orque, dite aussi épaulard.
— ETYM. On trouve, dans Cotgrave, dorque, es-
pèce de navire.
DORSAL, ALK (dor^, sa-l'), adj. Terme d'ana-
tomie. Qui appartient au dos. L'épine, la région
dorsale. Les muscles dorsaux. Face dorsale, région
DOR
dorsale, la face convexe de certaines parties, de h
main, du pied, de la langue, etc. || Artère et veine
dorsale de la langue, rameaux de l'artère et de la
veine qui se distribuent à la face dorsale de la lan-
gue. Il Le muscle grand dorsal, et, substantive-
ment, le grand dorsal, un des grands muscles du
dos. Il Consomption ou phthisie dorsale, terme vague
qui se dit le plus souvent pour carie des vertèbres
avec abcès. || Phthisie dorsale a été anciennement
employé pour signifier les pertes séminales. || S. f.
La dorsale, nageoire située sur le dos des pois-
sons.
— HIST. XIV* s. L'autre partie [d'une veine] tent
au bras par dehors, et est dite dorsal, h. de mondb-
viLLE, ^ 22. Il XVI* s. Le long de l'espine dorsale,
PARE, XVI, t2. Les muscles obliques descendans et
dorsaux, id. i, 8.
— ÉTYM. Lat. dorsum, dos (voy. dos).
t DORSCH (dorch'), s. m. Petite morue de la mer
Baltique.
t DORSÉ, ÉE (dor-sé, sée), adj. Terme de zoo-
logie. Dont le dos est coloré autrement que le reste
du corps.
~ ÉTYM. Lat. dorsum, dos.
t DORSET (dor-sè), adj. Race dorset, race de
moutons du Dorsetshire, en Angleterre, remarqua-
ble par sa précocité, sa fécondité et l'aptitude des
femelles à donner du lait. || Substantivement. Les
dorsets, les moutons de la race dorset.
+ UORSIHRANCHE (dor-si-bran-ch') , adj. Terme
de zoologie. Qui porte des branchies sur le dos.
— ÉTYM. Lat. dorsum, dos, et branchies.
t DORSIPARE (dor-si-pa-r') , odj. Terme de zoo-
logie. Dont les petits se développent dans la peau
du dos de la mère.
— ÉTYM. Lat. dorsum, dos, et parère, enfanter.
t DORSIPÈDE (dor-si-pè-d'), adj. Terme de loo-
logie. Qui a des pattes insérées sur le dos.
— ÉTYM. Lat. dorsum, dos, et pes, pied.
f DORSO.... Préfixe qui, dans le langage anato-
mique, se joint à différents mots pour exprimer
qu'il s'agit du dos. Muscle dorso-costal.
— ÉTYM. Lat. dorsum, dos.
t DORSTÊNIE (dor-sté-nie), s. f. Terme de bo-
tanique. Genre de plantes urticées, voisines des
figuiers.
— ÉTYM. Un nom propre.
DORTOIR (dor-toir) , s. m. Salle commune où
sont les lits dans un collège , dans une communauté
religieuse, etc. J'ai toujours compris qu'il était fort
fâcheux de coucher dans les dortoirs des demoi-
selles, et je regarde cette obligation comme une si
grande austérité que je voudrais qu'il ne s'en prati-
quât guère d'autres chez nous, maintenon, Leit.
à Mme R.... *i oct. t893.
— HIST. xn* s. Vint i li abbes, cui Diex gart d'en-
combrier. Qui fist la dame en son dortoir mucier,
Raoul de C. 288. || xiii* s. Dortor et refretor avoient,
belle yglise, Vergier, praiaux et treilles, trop biau
leu à devise, ruteb. 184. Encore sachez que j'ay oy
conter à un preudhomme qui gisoit ou [au] dor-
touer où l'abbé dormoit.... joinv. 209. || xv* s. Et
madame la roine tint la cour et sa feste au dortoir,
et eut bien séant à table soixante dames qu'elle avoit
priées, froiss. i, i, 3i.
— ÉTYM. Provenç. dormtdor, dormitori; itaL
dormitorio ; du latin dormilorium, de dormire,
dormir.
DORURE (do-ru-r"), s. f. || 1* Or étendu sur les
objets. Une épaisse dorure. De ces rondeaux [de
Benserade] un livre tout nouveau À bien des gens
n'a pas eu l'art de plaire; Mais, quant à moi,
j'en trouve tout fort beau. Papier, dorure, images,
caractère. Hormis les vers qu'il fallait laisser faire
A la Fontaine, le comte d'olonne, dans richelet.
Il 2° L'action, l'art de dorer. || i' Objets dorés.
C'est sous l'habit rustique d'un paysan et non sous
la dorure d'un courtisan qu'on trouvera la force,
J. J. Rouss. Sciences. Des soldats ont détruit le fa-
meux Térence de Bembo, pour avoir quelques do-
rures dont il était orné, p. l. cour. Letl. i, 37.
Il Marchand de dorures, celui qui fait le commerce
des matières d'or et d'argent, ou des matières do-
rées et argentées. || 4° Préparation de jaunes d'ceufs
pour dorer les pâtes; couleur jaune donnée à l'aide
de cette préparation. || Dorure de carême, œufs de
brochet détrempés avec un peu d'eau dont on se
sert en carême pour jaunir les échaudés et les piè-
ces de four.
— HIST. XIV* s. Froumentée, venoison, dorure,
gelées de poisson, Ménagier, u, 4. || xvi* s. Juno
m'a chargé en passant que je luy apporte quelque
dorure, quelque jaseran, ou quelque ceinture.
DOS
DESPBR. Cr/mbal. 75. Il leur fU rendre par les cor-
saires leurs bagues et dorures, yveb, p. 612.
— ÊTYM. Dorer; provenç. dauradura; espagn.
doradura; ital. doratura.
tDORYLE (do-ri-l'), s. m. Espèce de papillon.
Il Genre de coléoptères qui a pour type le doryle
jcanthope.
— ÉTYM. Ce paraît être le nom propre Dorylas.
t DORYPHORE (do-ri-fo-r'), s. m. || 1° Terme
d'antiquité. Nom que les Grecs du Bas-Empire don-
naient aux' soldats de la garde impériale, qui étaient
armés d'une demi-pique. || 2" Genre de coléoptères
renfermant de grands et beaux insectes originaires
d'Amérique, et dont la poitrine est armée d'une
longue pointe dirigée en avant.
— ÉTYM. A6pu, lance, et <popô;, qui porte.
DOS (dô; dans la conversation \'s ne se lie pas :
un dô énorme; Vs ne se lie hors de la conversation
que dans cette locution : dos à dos, dites : dô-
za-dfl) , s. m. || 1* Partie du corps de l'homme et
des animaux depuis les épaules jusqu'aux reins
ou lombes, et qui est postérieure chez l'homme
et supérieure chez les animaux. Le dos d'un che-
val. Porter sur le dos. Tomber, s'étendre sur le
dos. 11 faut remettre encor le harnais sur le dos,
TRISTAN, Mort de Chrispe, m, 2. Depuis plus d'une
semaine Je n'ai trouvé personne à qui rompre
les os; La vertu de mon bras se perd dans le re-
pos, Et je cherche quelque dos Pour me remettre
en haleine, moi,. Amph. i, 2. Les mains liées der-
rière le dos, FÉN. Tél. i. Sur le dos des gens du vil-
lage Après boire il cassait les pots, bérang. Enfant
delà maison. \\ L'épine du dos, la colonne verté-
brale. Il Le dos au feu, le ventre à table, se dit de
ceux qui, en dînant, ont le dos tourné vers un bon
feu; et, figurément, de ceux qui se donnent toutes
leurs aises. || Familièrement. Il n'a pas une chemise
sur son dos, une chemise à se mettre sur le dos,
il n'a rien à se mettre sur le dos, se dit d'une per-
sonne extrêmement pauvre. || Dans un sens opposé.
C'est une femme qui met tout sur sou dos, c'est
une femme qui dépense en toilette tout ce qu'elle a
ou gagne. || Fig. et familièrement. Le dos lui dé-
mange, se dit d'une personne qui fait tout ce qu'il
faut pour qu'on la batte. || Faire le gros dos, se dit
des chats lorsqu'ils relèvent leur dos en bosse, ce
qui arrive le plus souvent lorsqu'on les caresse en
leur passant la main sur le dos, dans le sens de la
tète à la queue, et aussi lorsque l'animal est en colère.
Il Par extension. Faire le gros dos, s'est dit d'une
espèce de contorsion qu'affectaient les petits-maîtres
à Paris, mettant une main dans la ceinture de la
culotte , et l'autre dans la veste , et par là faisant un
gros dos voûté, comme un matou, leroux, Dict.
comique. Qui faisant le gros dos, la main dans la
ceinture, Viennent pour tout mérite étaler leur
figure, HEGNARU, le Joueur, i, 2. Puis m'appuyant
sur Scipion et faisant le gros dos, je gagnai une
salle, LESAGE , Gil Bios, x, 3. || Fig. et familière-
ment. Faire le gros dos, ou faire gros dos, faire
l'important, l'homme capable. Le fils de Saumery,
à force de faire l'important et le gros dos, imposait
à une partie de la cour, st-sim. 7i , 172. || Plier le
dos, céder. Laissez passer la bourrasque, pliez le
dos. Et aussi être humble devant ses supérieurs : il
n'a jamais su plie/ le dos. || Mettre quelque chose
sur le dos de quelqu'un, l'en rendre responsable.
Je suis bien aise de savoir que le pont d'Avignon
est encore sur le dos du coadjuteur; c'est donc lui
qui vous y a fait passer, SÉV. 35. || (iela ira sur son
dos, se dit d'une perte, d'un dommage qui sera mis
au compte de quelqu'un. Il faut que tout le mal
tombe sur notre dos, mol. Sgan. <7. Le roi s'était
flatté toute sa vie de faire pénitence sur le dos
d'autrui, ST-SIM. 250, 77. || Battre quelqu'un sur le
dos d'un autre, faire à quelqu'un des reproches,
des critiques qui retombent sur un autre. C'est sur
mon dos que vous avez battu Platon. || Il se laisse
tondre la laine sur le dos, se dit d'un homme trop
débonnaire ou insouciant qui se laisse dépouiller,
voler. Dans le même sens, se laisser manger la
laine sur le dos. || U a été battu dos et ventre, on
lui en a donné sur le dos et partout, se dit d'un
homme qui a été violemment battu. Un peuple qui
le pousse à bout. Et qui, dos et ventre et partout,
Le batte et toute sa cohorte, scarbon, Virg., trav. iv.
Il Être sur le dos, être couclié ou allité. Voilii
trois semaines que je suis sur le dos. || Tourner
le dos , présenter son dos , au lieu de présenter
la partie antérieure du corps. Les sages quelque-
fois, ainsi que l'écrevisse. Marchent à reculons,
tournent le dos au port, la font. Fabl. xii, lo. La
noblesse supplie le roi de réformer limmudestie de
JjlCV. DE LA L/iNûUE f iU.NÇAl;.:.
DOS
son clergé, qui cause et parle haut et tourne le dos
à l'autel, sÉv. Lett. <o janv. < 674. || Fig. .Tourner le
dos à la mangeoire, se mettre dans une situation
contraire à la chose qu'on veut faire. || Tourner le
dos dans une bataille , fuir devant l'ennemi. Ils
tournèrent le dos quand tu fus assailli, malh. i, 4.
Il Tourner le dos, s'éloigner un moment. Je n'ai
fait que tourner le dos, il était déjà parti. Dès que
j'ai eu le dos tourné, sÉv. 480. || Tourner le dos à
quelqu'un, lui témoigner, en lui tournant effective-
ment le dos, son mécontentement, son mépris. Le
roi, pour toute réponse, lui tourna le dos brusque-
ment, MARMONTEL, Mém. IV. || Il tourno le dos où il
veut aller, se dit d'un homme qui, au lieu d'aller où
il veut, prend un chemin tout opposé. || Fig. Tourner
le dos, ne pas voir, dédaigner. Je leur tournerai le
dos, et non la visage, au jour de leur perte, saci,
Bible, Jirimie, xviu, 17. Lorsque Dieu courroucé
vous tournera le dos. En des feux sans lumière, en
des nuits sans repos Vous expierez vos vices, eacan,
2* psaume. Nous tournons le dos à la vérité, boss.
Resp. 2. Que fait donc un poète qui finit tout? U
tourne le dos à la nature, diderot. Salon de (707,
Œuvres, t. xiv, p. 450, dans pougens. j| Avoir bon
dos, avoir un dos sur lequel on peut frapper forte-
ment; et, figurément et familièrement, avoir bon
dos, être en état de supporter une perte, ou bien
être insensible aux railleries. Il ne s'agit que de
mille écus; M. Turcaret a bon dos, il portera bien
encore cette charge-là, lesage , 'Surcaret, i, 2.
Il Avoir bon dos signifie aussi ne pas s'épouvanter
des reproches. Mettez les fautes sur moi , j'ai bon
dos. Dans une autre nuance : On s'en prend tou-
jours à moi [on m'accuse de tout] ; il est vrai que
j'ai bon dos [que je suis souvent en faute]. || Avoir
le dos solide se dit comme avoir les reins solides,
avoir de grandes ressources. C'est un homme qui
fait cent entreprises à la fois, mais il a le dos so-
lide, c'est-à-dire il a les capitaux suffisants. || Dos à
dos , figure de danse dans laquelle le danseur et son
vis-à-vis passent l'un derrière l'autre sans se regar-
der. Il Fig. et familièrement. Mettre les gens dos à
dos, renvoyer deux personnes qui sont en diffé-
rend, sans donner aucun avantage à l'une ni à
l'autre. U se dit souvent dans les comptes rendus de
procès : On les a renvoyés dos à dos. || Porter sur
le dos, porter une charge qui est placée sur le dos.
U avait un sac sur le dos. || On dit au dos dans
cette locution : avoir le sac au dos, c'est-à-dire por-
ter le sac mUitaire, être sohiat. || Fig. Avoir, por-
ter quelqu'un sur son dos, en être obsédé, ennuyé.
Il Populairement. J'en ai plein le dos, j'en suis
très-fatigué, ennuyé. || Être sur le dos de quel-
qu'un, l'importuner, l'obséder. U est toujours sur
mon dos. || Populairement. Scier le dos de quel-
qu'un, l'ennuyer, le fatiguer. Il me scie le dos.
Il X dos, derrière soi. J'avais à dos une campagne
immense qui ne m'avait été annoncée que par l'ha-
bitude d'apprécier les distances entre des objets in-
terposés, DIDEROT, Salun de (767, Œuvres, t. xiv,
p. (85, dans pouGENS. Il Fig. Se mettre tout le monde
à dos, avoir chacun contre soi. Quoi, volage, pre-
nez-vous donc Pour vous mettre à dos les jésuites....
Coquilles, rosaire et bourdon, béhang. l'èler. de Li-
sette. Il Avoir quelque chose à dos, ne pouvoir s'en
séparer. Quittons-nous cette ville unique. Nous voya-
geons Paris à dos, bérang. /. de Paris. || 2° Terme
d'anatomie. Partie postéiieuie chez l'homme, su-
périeure chez les animaux, du tronc depuis la
dernière vertèbre cervicale ju.squ'à la dernière lom-
baire. Il 3° Terme de manège. Dos de carpe, ou de
mulet, dos convexe. Dos double, dos de cheval,
dans lequel on remarque un léger sillon médian.
Il Le dos présente une légère concavité; s'il est trop
concave, l'animal est dit ensellé. Le dos large ac-
cuse un fort développement des muscles et l'ampleur
de la poitrine. Le dos court annonce beaucoup de
force. Le dos long est moins fort que le dos court.
Il 4° Par analogie, la partie postérieure de certaines
choses. Le dos d'un habit, dune chaise. Qui pre-
naient, sur le dos de leurs chaises, de ces postures
aisées et galantes qui marquent, qu'on est au fait
des bons airs, maiuvaux, Mnriamie 2' part. || Le
dos d'un couteau, le dos d'un rasoir, la partie op-
posée au tranchant. ||Le dos d'un billet, d'un acte,
le revers. |1 Le dos du nez, de la main, du pied, de la
langue, la partie supérieure du nez, de la main, du
pied, de la langue. || Terme de botanique. Le dos
d'une strie, la partie saillante. Le dos d'une graine,
celle des faces qui est comprimée et tournée du
côté des parois du péricarpe. Le dos d'une feuille,
sa face inférieure. || Terme d'entomologie. La partie
supérieure du misothorax et du prothorax; l'une
DOS
1225
ou l'autre de ces parties, jl Le dos d'un livre, la par-
lie opposée à la tranche. || Terme de reliure. Dos
brisé , dos d'un livre tellement fait , que le livra
que l'on ouvre demeure de lui-même tout ouvert.
U leur faut des livres à dos brisés, des livres qui si
tiennent ouverts sur la table, lesné, la Reliure,
p. 113, (820. L'époque de l'introduction des dos
brisés en France est très-incertaine.... il y a à peu
près cinquante ans que cette espèce de reliure est de-
venue de mode, id. ib. p. (86. || 5° Dans le style élevé
et dans la poésie , la partie supérieure. Cependant sur
le dos de la plaine liquide.... rac. Phèdre, v, 6.
Nous montions sur le dos des vagues, fén. Tél. iv.
I| 6° En dos d'âne, en configuration du dos d'un
àiie, c'est-à-dire telle qu'il y ait un talus incliné
des deux côtés. Toit, pont en dos d'âne. Les rues
étroites et sans pente, quoique le terrain soit en dos
d'âne, sont toujours bourbeuses, raynal, Uist. phil.
xiu, 43. Il Dos d'âne, ustensile dont se servent les
bouchers. || Terme de marine. Dos d'âne, ouverture
en demi-cercle, faite à certains bâtiments, pour cou-
vrir le bout de la manivelle du gouvernail. || 7° Terme
de jardinage. Dos de bahut ou dos de carpe, se dit
d'une certaine manière de relever le terrain d'un
parterre. \]S' Dos brûlé, quadrupède du genre pa-
resseux (acfte'e aï). Il Dos bleu, un des noms de la
sittelle. Il Dos rouge, nom d'un oiseau de la Guyane,
le tangara septicolore (granivores).
— HIST. XI' s. Tute l'eschine [il] lui desevre du
dos, Ch. de Roi. xci. De ceus d'Espaigue qui ont
les dos tournez, ib. CLxxiv. || xir s. En son dos [il]
vest un blanc aubert dopler [doublé], Ronc, p. 49.
Il XIII' s. Se Tybers de son dos la grant rue ne tert
[n'essuyé, sur la claie].... Berte, xcili. Si mist ar-
rière dos toute couardie, et se feri en els l'espée
traicte, H. de valenc. xi. Quand li roi Ferrans et
sa gent virent qu'il ne poroit plus endurer, si tour-
nèrent le dos, et Angles encaucierent [poursuivi-
rent] jusques à la nuit osoure, Chron. de Rains,
p. 78. Nus [nul] chevax qui porte à dos ne doit
paier que obole de chaucie, Liv. des met. 275. The-
mis, quant oï larequeste. Qui moult estoit bonne
et honeste. Lors conseilla [à Deucaiion et à Pyrraa]
qu'il s'en alassent. Et qu'il après lor dos gîtassent
Tantost les os de lor grant mère, la Rose, (7322.
La dame, qui aler voloit Au moustier si com el so-
loit, Geta en son dos sa chemise. Et puis si a sa
robe prise, ruteb. 324. Le roy m'apela là où je me
seoie avec les riches hommes du pays, de là en un
prael, etmefîst le dos tourner vers eulz, joinv. 282.
Il xiv' s. Bien dix mille Espaignols des meilleurs
qu'il y a [il] Mist en une bataille, et bien les ar-
ruusta. Une rivière au dos, qui couroit par de là,
Guescl. ((060. Ne pourront prendre de corroyer un
dos [peau] que deux sols six deniers, Ordonn. des
rois de Fr. t. ii, p. 305. Flamens flst assalir, point
ne les espargna; Cliil tournèrent les dos; car cas-
cuns s'esmaia [s'effraya]. Quant Henrisleur failli....
Baud. de Seb. vi, 574. || xv s. Et quand les Anglois
y chevauchent [en Ecosse], il convient que leurs
pourveances, si ils veulent vivre, les suivent tou-
jours à dos [par derrière], fboiss. u, ii, 228. Nous
faisons doute, quoi qu'il vous ait mandé ni quoi qu'il
dise ni promette, que il ne vous tournast le dos, id.
II, II, 39. L'un d'iceuli compaignons fist bas dos au
suppliant et à l'un des autres, et montèrent par
dessus un petit mur, du cange, dorsum. Porter har-
nois sur vostre doux, Bibl. des Chartes, i' série,
t. V, p. 302. J'ai toujours porté sur mon dos Paine,
travail à grant planté; Ne nulle choses n'ay hanté.
Dont on dye qu'aye failly, en. d'oul. Compl. de
l'amant et de l'amour. Et se riens y a d'offense pas-
sée, prestement après le pardon fait est mise dar-
riere le dos, G. chastel. Expos, s. vérité. Ayant 1«
dos au feu et le ventre à la table, basselin, ii.
Jehanne fait la beste à deux dos, Perrette est ung
peu trop pansue, L'aultre est feutrée sur le dos,
Pource qu'elle est ung peu bossue, coquill. llono-
lagui des perruques. Cinq cent dos de fines martres
gebelines, J. de Sainlré, p. 2(0, dans lacurne. Bois
qui esloit croissant sur les dodasnes des fossez de la
dite ville, du cange, ramilise. Le supphant bailla
à Perrinet de laquarre ou du doulx de la main gaul-
che en arrière main sur la joue , id. dodus. Tous les
rivaiges ou dosdasnes qui au prieur appartenoient,
ID. ib. Et sur le dos [de la lettre] : Au deleal Girard....
LODis'xi, JVouv. XXVI. Le bon mari print place en
une chaire à dos, id. ib. xxix. || xvi* s. Il charge sus
son dours les deux pretieuses coingnées, rabel.
Pant. IV, Nouv. prol. Frère Jean daulha Rouge-mu-
seau, dours et ventre, bras et jambes, id. Pant.
IV, (0. Je voy le dos d'une mer Couppê de rames
légères, du dellay, m, 4) verso et qui se
I. — 154
ri2C
DOS
donne los D'avoir porté son vieil père fAnchiso] à son
doa, DU BELLAY, IV, 28, verso. Brief, haut et bas,
en face et à dos, à dexlro et à gauche nous'Bomraes
assiégez et assaillis, calvin, Instit. 791. Les Fla-
mans qui nous aimoyent. et lesquels on a contrains
de nous haïr, de quelle allégresse nous sauleroyent-
tli à dos! LANGUE, 24. Il disoit que, pour devenir
riche, il no falloit que tourner le dos à Dieu, cinq
ou six bons ans, despéb. CoMes, LV. Mais pensez
qu'en chaude colère, M. de Rachaut lui donna à
dos [la battit], ID. 16. t. i, p. 273, dans lacurne.
Ses parens maternels lui tournèrent tous le dos en
haine de la Religion, d'aub. Yie, xxi. A peine fut-il
parti que la reine mère, qui en fut avertie, lui mit
à dos plusieurs parfis pour le prendre, U). ib. XLiii.
Doux-d'asne.... dosd'asne, ID. Wisl. 11, 280. Les uns
à dos renversés, estendus, Les uns à ventre, en"leur
long espandus, au. jaMïn, Poésies, f° 29, dans
LACURNE. Ont ditete.scrit ce que bon leur a semblé,
rempli trois feuillets de papier en dos et en ventre
[le recto et le verso], Nnuv. toulum. génér. t. m,
p. 283. Parce que Soorates avoit la chair dure, qu'il
avoit bon dos, qu'il portoit tout.... cholièbes. Con-
tes, t. II, Après-dtn. ji, p. 46, dans pougens.
— ÉTYM. Berry, dous; provonç. et anc. cataL
dort, dos; espagn. et portug. dorso; ital. dorso,
dosso; du latin dorsum. La suppression de l'r du la-
tin dans dos est remarquable, d'autant plus qu'elle
se trouve aussi dans le provençal et dans l'italien, à
côté de la forme en r. Au xvi' siècle, quelques écri-
vains avaient repris l'r étymologique.
t DOSABLE (dô-za-bl') , adj. Dont on peut faire
le dosage. L'acide nitrique et l'ammoniaque, sans
se saturer nécessairement équivalent à équivalent,
se rencontrent régulièrement en quantité dosable
dans toutes les eaux pluviales, bahral, Acad. des
se. Comptes rendus, t. lvi, p. 768.
+ DOSAGE (dô-za-j') , s. m. Terme de chimie. Dé-
termination, en poids, des divers composants d'une
substance. || Terme de pharmacie. Action de déter-
niner la dose d'un médicament ou de mettre la dose
prescrite.
— iÈTYM. Doser.
DOSE (dô-z') , s. f. Il 1° Quantité d'un médica-
ment, soit simple, soit composé, qui doit être ad-
ministrée à un malade. Une forte dose. Ordonner
l'opium à haute dose. Le quinquina redonné dans
sa dose ordinaire, sév. 697. || Quantité précise de
chacun des ingrédients qui doivent entrer dans un
médicament composé. || 2° Chaque partie d'un mé-
dicament prise en une fois. Prendre un remède eu
plusieurs doses. || 3° La quantité de ce qui entre
dans un composé quelconque. Dans le métal dont
on fait les cloches il entre une certaine dose de
zinc. La dose de poivre qu'on doit mettre en une
sauce. Il 4° Par extension, une quantité quelconque.
Dès qu'elle avait pris sa dose de vin , hamilt.
Gramm. a. || Fig. Je voulus prendre une petite dose
de morale, sÉv. 89. Sa naissance doit donner une
dose de respect à ceux qui savent vivre, id. 226.
Effectivement la dose des paroles y est [dans un
livre] beaucoup trop forte par rapport à celle des
choses, FONTEN. Leibmit Chaque homme a sa dose
d'imperfection et de aemence, volt. Princ. d'Àct. 24.
— HIST. XV* s. Et bref le vin prins sobrement
Est tou.sjours une bonne choze, Je n'en prendray
que ceste dozc, bassel. lx. || xvi* s. Et n'oublia le
demeurant de la poudre, sans y regarder dose,
poids, ne mesure, mabg. Soiw. lxviii.
— ÉTYM. Lat. dosis, de ôûffiç, action de donner,
de Siôôvai, donner (voy. don).
DOSE, ËE (dô-zé, zée), part, passé. Mis par dose.
L'acide sulfurique dosé soigneusement.
DOSER (dA-zé) , V. u. Terme de pharmacie et de
chimie. Indiquer, mettre la quantité des ingrédients
qui doivent entrer dans une préparation. || Absolu-
ment. Il a mal dosé.
— HIST. xvi' s. U lui apprint à doser, à mixtion-
ner, k brouiller, et toutes telles besognes, desper.
Contes, L\i. On parle de Thadée médecin florentin,
lequel, estant apelé par aucuns princes italiens,
n'eut pas dosé à moins de cinquante escus, CHOUi-
«Ks, Contes, f- 49, dans lacubne.
— ÉTYM. Dose.
t DOSIN (do-zin), î. m. Coquille bivalve du Sé-
négal (la Vénus concentrique).
t DOSSAGE (do-sa-j'), *. m. Terme d'ancienne
coutume. Droit que payaient ceux qui faisaient la
pelleterie.
— HIST. zv« f. Les feulpiers [fripiers] doivent
cJMMCun an deux deniers de dossage le jour de la St
André; item les pelotiers, de dossage, chascun deux
deniers, le jour de laSt André, du canoë, dosioflium.
DOS
— ÈTYM. I!ns-lat. doitum ou dorium , avec le sens
de peau (voy. dos).
t DOSSE (do-s'), t. f. Grosse planche qui, étant
sciée d'un côté, conserve son écorCe dans l'autre;
c'est la première planche qu'on enlève d'un arbre
pour l'équarrir. On l'appelle aussi dosse-flache. Les
dosses, chênes et entrevoux de toutes longueurs
seront comptés trois toises pour deux, et les droits
seront perçus comme de la planche, à proportion
des longueurs. Déclaration, 22 oct. (7) B, Tarif. \\ Les
planches prises après les dosses se nomment oontre-
dosses. Il Planche qui sert à soutenir la surface d'une
tranchée, quand on craint l'éboulement des terres.
Il Se dit de ])lanches très-épaisses qu'on place d'étage
en étage sur unéchafaud pour tenir lieu de plancher.
Il Terme du jeu d'osselets. Le côté de l'osselet qui est
bombé, par opposition à celui où il y a un creux.
— HIST. xiv* s. Le suppliant eust aussi une ais-
selle nommée dosse, qui fut portée en l'astelier du dit
suppliant, qui est faiseur de nefs, du cange, dossa.
— ÉTYM. Le mot paraît venir de dos, à cause que
le côté non équarri de ces planches, restant rond,
forme comme un dos.
fDOSSERET (do-se-rè), s. m. || 1" Terme d'ar-
chitecture. Nom d'un petit pilastre saillant, qui sert
quelquefois à soutenir une voûte. || Petit jambage
dans l'épaisseur d'un mur, pour former le pied-droit
d'une porto ou d'une croisée. {| 2° Pièce de fer que
l'on adapte au dos d'une scie pour la rendre plus
solide. Il Plaques de fer réunies qui renferment et
soutiennent une lime fort mince. || 3° Terme de me-
nuiserie. Espace qui reste entre l'angle d'une pièce
et l'arête de la baie d'une croisée ou d'une porte.
Il Terme de maçon. Nom donné au petit exhausse-
ment du mur de pignon ou face avec ailes pour re-
tenir une souche de cheminée. On dit aussi dossier.
— HIST. xv* s. La chaire du roy Louis XI estoit
couverte d'un veloux bleu, semé de fleurs de lys en
lances d'or, et y avoit ciel et dosseret de mesme,
DU TiLLET, Rec. des rois de France, p. 4(3, dans
LACURNE. Un dousselet à mettre sur la teste d'un
roy ou d'un duc estant à table, de veloux blanc, du
GANGE, dorsale.
— ÉTYM. Dossel, dousselet, diminutif de do»; le
changement est facile entre l'r et l'I.
DOSSIER (dô-sié; l'r ne se lie jamais; au pluriel,
y s se lie: des dô-sié-z élégants), s. m. || 1» Le dos
de certains sièges, d'un canapé, d'un fauteuil.
Il 2° Dossier du lit, la traverse ou la planche qui
soutient le chevet de certains lits. La pièce d'étoffe
qui sert à couvrir cette planche. || Le fond d'une voi-
ture, contre lequel on appuie le dos. Se dit aussi
en parlant des baignoires. || Terme de vannier. La
partie do la hotte qui appuie sur le dos de celui qui
la porte. || Terme de marine. Large planche placée
à l'arrière d'un canot, entre les officiers et le patron.
Il 3° Terme de plomberie. Le derrière d'une cuvette.
Il Espèce de chape composée de deux branches de fer
réunies dans un seul manche, entre lesquelles on
introduit la queue d'une lime pour régler la profon-
deur d'une denture. || Terme de maçon. 'Voy. dos-
seret. Il 4° Terme de pratique. Liasse de papiers en-
filés avec un tiret de parchemin, et sur le premier
desquels on écrit le nom de la partie. || Carton ou
chemise qui renferme tous les papiers concernant
une affaire, ou fous les documents relatifs à un in-
dividu, comme les dossiers de l'Université. Exami-
ner, dépouiller un dossier. On me dit que le dos-
sier, les pièces [du procès] sont retournées à Paris,
p. L. COUR. H, 324.
— HIST. XV' S. Item un ciel ou doussier de drap
de laine, que l'empereur de Constantinople donna
à Monseigneur, du cange, dorsale. ||xvi's. lldon-
noit audience, estant assis en une chaire à dossier
renversé en arrière, amyot, Rom. it.
— ÉTYM. Bas-lat. doriortnHi, durserium, de dor-
sum, dos (voy. dos). Dans le sens du n° 4, dossier
a été tiré de dos, parce que les paperasses forment
un paquet bombé qu'on a comparé à un dos.
i DOSSIÈRE (dô-siê-r'), s. f. Morceau de cuir
large et épais qu'on met sur la selle du cheval de
limon et dans lequel entrent les limons. || Partie du
dos d'une cuirasse.
— HIST. XIII* s. Quiconques veut ostre bourelier
à Paris, c'est à savoir feseres de coliers à cheval et
de dossieres de seles.... estre le puet franchement,
iti'. des met. 220.
— ÉTYM. Dossier.
t DOSSO'VER (do-so-ié), V. a. Terme de parche-
minier. Exprimer l'eau qui se trouve dans les peaux,
du côté de la chair.
— ÉTYM. Dos, avec ie sens de peau (roy. dos, &
l'historique}.
DOT
DOT (dot'; au pluriel, le t se prononce aussi: les
dot'; l'f ne se lie pas: des dot' en argent; cepen-
dant quelques-uns la lient : des dot'-z en argent) .
s. f. Il !• Ce qu'on donne à une fille en mariage, le
bien qu'elle apporte à son mari. Une riche dot. Et
il s'engage à la prendre sans dot, mol. Vàv. i, 7,
Lorsqu'on s'offre de prendre une fille sans dot, on
ne doit point regarder plus avant, id. ib. 1, 10. Je
sais qu'avec mes voeux vous me jugez capable De
vous porter en dot un bien considérable, id. Femm.
sav. v, t. iEgine qu'on vous propose, et qui, avec
une riche dot, apporte de riches dispositions à la
consommer, et fout votre fonds avec sa dot, la BBCt.
XIV. Il Par extension. Mes filles n'ont pour dot que le
nom de leur père, cohn. Agésil. m, 2. Quand on ne
prend en dot que la seule beauté. Le remords est
bien près de la solennité, mol. VÉtour. iv, b. 1| Fig.
Elle [ta victoire] n'est qu'un effet du malheur qui
me suit. Je l'ai porté pour dot chez Pompée et chez
Crasse, corn. Pomp. m, 4. Voyant ce que pour dot
[l'appui d'un parti] Rome lui veut donner, id. Ser-
tor. 1,2. Ce n'est qu'au meurtrier que Mahomet te
donne. Quelle effroyable dot! volt. Fanât, iv, ».
Il Terme de jurisprudence. Ce que la femme apporte
au mari pour soutenir les charges du ménage. Une
dot mobilière. || 2° Apport que fait au couvent une
fille qui entre en religion. ||8' Se dit aussi, abusive-
ment, de ce qu'on donne à un fils. Ils ont eu cha-
cun, le mari et la femme, 30 000 francs de dot.
— REM. Molière a fait ce mot masculin: L'ordre
est que le futur doit doter la future Du tiers du dot
qu'elle a, Éc. des femmes, iv, 2; C'est une raillerie
que de vouloir me constituer son dot de toutes les
dépenses qu'elle ne fera point, l'Av. 11, 6 (des édi-
tions, rajeunissant le texte, ont mis sa dot). Vau-
gelas et Perrot d'Ablancourt le faisaient aussi mas-
culin. C'est un archaïsme. Mais Ménage remarque
que le féminin l'emportait. Patru voulait qu'on éoii-
vît dote, et Regnard a suivi cette orthographe dans
le Bal, se. i4, pour rimer avec tl radote: Je fais
arrêt sur vous, sur la fill^et la dote.
— HIST. XVI* s. Elle estoit jeune et n'avoit point
encore oui dire ce mot de dot; lequel ils disent en
certains endroits du royaume, et principalement en
Lyonnois, pour douaire; et pensoit qu'on eust dit
que cet homme eut mangé le dos ou l'eschine de la
femme, despér. Contes, xlv Laquelle aura pour
son dot 400000 escus, d'aub. Hist. i, 46.
— ÉTY.M. Provenç. dot, s. f.; espagn. et ital. dote;
bas-lat. dotum; du latin dos, qui, représentant
dot-s, se rapporte à l'adjectif verbal îotds, donné,
et dérive du radical SoO dans SoOvai et do dans do-num
(voy. don). Dotum explique le masculin qui a été
souvent donné à dot ; et l'exemple de Despériers té-
moigne qu'au XVI* siècle le I ne se faisait pas sentir.
DOTAL, ALE (do-tal, ta-l'), adj. Terme de ju-
risprudence. Qui est relatif, qui appartient à la dot.
Constitution dotale. Deniers dotaux. || Régime do-
tal, régime de contrat de mariage où des précau-
tions, telles que l'inaliénabilité de la dot, sont prises
pour conserver la dot de la femme.
— HIST. XVI* s. Dettes privilégiées sont deniers
dotaux, LOYSEL, 684. Soit asservie à un phrygien
prince. Avec Didon sa dotale province, ûubku,. iv,
9, recto.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. dotal; Ital. dotale;
du latin dotalis, de dos, dot.
DOTATION (do-ta-sion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Action de doter une église, une com-
munauté, un prince du sang, c'est-à-dire de lui as-
signer des fonds et des revenus. Faire une dotation.
La dotation du prince fut votée par la chambre.
Il Le fonds, le revenu assigné. La dotation de laLé-
gion d'honneur. La dotation d'un prince du sang.
— HIST. XV' s. Pour ce qui est du corps, il fut
mené et conduit en sépulture à Loches fort honora-
blement, dans l'cglisB collégiale de Nosfre Dame, où
elle avoit fait plusieurs belles fondations et dota-
tions, j. CHARTIKR, Uist. de Charles VII, p. i»3,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Provenç. dololion; calai. doJaetd; es-
pagn. dolaci'on; ital. dotaxione; du latin dolad'o-
nem, de dolare, doter.
DOTÉ, ËB (do-té, tée), part, passé. || 1' Qui l
reçu une dot. Fille nchement dotée. || 2' Qui a reçu
une dotation. Que de maisons saintes dotéesl uass
Panég. St Louis. || Fig Au bien public s'immo-
lant par malice, Vengeraif-il le goût, proscrirait-ll
le vice. Pour l'étrange plaisir de perdre son repos.
D'être gratifié de la haine des sots, Doté sur vos
journaux d'une rente d'injures? oilbebt, Uon apo-
logie.
t DOTEL (do-tèl), s. m. Espèce de mouij tu
DOU
DOU
DOU
122T
I
Sénégal ; Tiom que donne Adanson k la moule noire ,
'.EOOARANT.
DOTER (do-té), 1). o. || 1* Pourvoir d'une dot. Ce
père a doté sa fille de trente mille francs. Doter des
filles pauvres. Il a doté sa nièce qui n'avait rion.
Il %' Faire une dotation, assigner un revenu à un
établissement, à un corpS; il un prince, etc. Doter
un hôpital, une église, un prince , etc. || 8° Fig. Les
grâces dont la nature l'avait dotée. Je veux que la
valeur de ses aïeux antiques Ait fourni de matière
aux plus vieilles chroniques. Et que l'un des Ca-
pets, pour honorer leur nom. Ait de trois fleurs
de lis doté (quelques éditions lisent doré) leur éous-
son, BOIL. Sat. v. Le ciel nous dote D'une ma-
rotte Tour à tour grave et quinteuse et falote, bé-
KANG. Troubad. L'espérance aux ailes brillantes Sur
vous se plaît à voltiger; De combien de formes
riantes Vous dote son prisme léger I m. Aniiiv.
— ÊTYM. Provenç. et espagn. dotar; ital. dotare;
du latin dniare, de dos, dot.
t DOTHIÉNENTÉRIE ( do-ti-é-nan-té-rie ) , t. f.
Terme de médecine. Fièvre continue, caractérisée
par une éruption intestinale, souvent par des désor-
dres dans les fonctions des poumons et du cerveau,
par des taches à la peau, et analogue, en beaucoup
de points, aux fièvres éruptives.
— ÉTYM. Ao6i:^v, bouton, et Ivtjpov, intestin.
C'est une faute d'écrire, comme on fait souvent,
dothinmtérie.
DOUAIRE (dou-ê-r" ; on a prononcé et on pro-
nonçait encore au commencement de ce siècle
dou-a-r') , s. m. Portion de biens qui est donnée à
une femme par son mari à l'occasion du ma-
riage, dont elle jouit pour son entretien après la
mort de son mari, et qui descend après elle à ses
enfants. Assigner un douaire. Stipuler un douaire,
il y en a d'aucunes qui font du mariage un com-
merce de pur intérêt, qui ne se marient que pour
gagner des douaires, que pour s'enrichir par la mort
de ceux qu'elles épousent, et courent sans scrupule
de mari en mari pour s'approprier leurs dépouilles,
MOL. Val. imag. ii, 7. L'épreuve la plus rude que
cette reine [Henriette-Marie] eut à soutenir fut de
solliciter un douaire de veuve auprès de l'homme
qui l'avait faite veuve [Cromwell], ciiateaub. Stuarts,
<»i. Il Douaire coutumier, se disait autrefois du
douaire établi et ordonné par la coutume. l| Douaire
préfix ou conventionnel, celui qui consiste eu une
certaine somme déterminée par les conventions ma-
trimoniales. Il Jamais mari ne paya douaire, s'est
dit pour exprimer que la mort civile du mari ne
donne pas lieu à la demande du douaire. || Ancien-
nement, demi-douaire, mi-douaire, pension ali-
fflentaire accordée en certains cas (séparation, lon-
gue absence, mort civile du mari) à la femme, du
vivant du mari.
— HIST. xii' 3. Devien mes homs, je te ferai doaire,
[don], Jlonc. p. t4B. [Nostre terre] Que la niere Deu
tient à son lige doaire, Sax. xxxi. || xm' s Je li
donai sans detri [sans retard], Tôt de bon gré, mon
fin ouer en doaire [don], oaces brullés. Poésies
mss. avant t300, t. i, p. 257, dans lacuhne. Chil
qui sont sem*ns sor doaire ne poent contremander,
BEAUM, 61. Fors du cbastel et de la tor La getent,
et de son douaire ; Ne li lessent en nul repaire A
qu'ele se puisse acouper, Ne penre repast ne sou-
per, RUTEB. Il, t87. Il XIV* s. Sa chiere compaigne
et espouse Blanche de Brayban doit avoir la tierce
partie de toute sa terre par raison de douaire, du
CANGE, dos. Il XV* s. Quant ta femme, qui plaint et
pleure, Quant tu te gis au lit mortel, En ta maison,
8n ton hostel, Et se complaint de son douaire [gé-
mit de se voir veuve] , e. desch. Poésies mss. f" 60t ,
dans LACURNE. Il fut apointè par devant l'official
d'Amiens que icellui Michault prendrolt à mariage
icelle jeune fille, par lui defflorée, ou, se ce ne
laisoit, il seroit tenu de lui faire douaire, du canoë,
dos. Il XVI" s. Douaire propre aux enfants est une lé-
gitime coutumiere prise sur les biens de leur père,
par le moyen et bénéfice de leur mère, loïsel, (58.
Tant que la femme et les enfants vivent, le douaire
est en incertitude, et s'appelle douaire égaré, in.
472 Douaire coutumier saisit, id. <46. Douaire pro-
fil, ou convenance, ne saisissoit point, et se devoit
demander en jugement, m, 146. Au coucher la
femme gagne sou douaire, leroux de lincï, Frov.
tu, p. 428.
— ÉïYM. Wallon, doiâ, doiar; provenç. dotaire;
du bas-latin dotarium, de dolore (voy. do'teb).
DOUAIRIER (dou-ê-rié) , s. m. Terme de droit
ancien. Enfant qui se tenait au douaire de sa mère
ou renonçant à la succession de son père.
— HIST. XVI* s. On ne peut estre héritier et douai- 1
rier [pour être douairier, l'enfant doit avoir rtnoneé
à la succession de son père], lotsei., t»i.
— ÉTYM. Douaire.
DOUAIRIËItE (dou-ê-riê-r'; on a prononcé au-
trefois dou-a-riè-r'), adj. f. \\ 1° 89 dit d'une veuve
qui jouit d'un douaire (en parlant de personnes d'un
rang distingué). Reine, duchesse douairière. || Sub-
stantivement. Jamais Mme la douairière de Uohan
ne leur a dit un seul mot, patru. Plaidoyer 2,
dans RICHBLET. Il a° Femme ftgée, dans le style fa-
milier. Une vieille douairière.
— HIST. XVI* s. La douairière lotit, et l'héritier
choisit, LOYSBL, tB7.
— ÉTYM. Douaire. On disait aussi douagère : xiv« s.
Marie de Monceaux, comme douagiere, a joy et usé
par long temps de la ditte terre, du qange, doa-
geria.
DODANE (dou-a-n'), s.f.\\ 1' Taxe établie sur
les marchandises à l'entrée et à la sortie d'un État.
Les bagages des ambassadeurs sont exempts de
douane. || 8' Administration chargée de percevoir
les droits à l'entrée et à la sortie des marchandises.
Commis de la douane. Droits de douane. Les com-
mis de la douane remirent généreusement à Xantus
le sou pour livre, la font. Ki'e d'Esope. Là où il y
a du commerce, il y a des douanes; l'objef du oom-
Eterce est l'exportation et l'importation des mar-
chandises en faveur de l'État; et l'objet des douanes
est un certain droit sur cette même exportation et
importation, aussi en faveur de l'Ëtat, montesq.
Esp. XX, 13. Il Fig. Il me paraît que la douane des
pensées est plus sévère que celle des fermiers géné-
raux , et qu'il est plus aisé de faire passer des étoffes
en contrebande que de l'esprit et de la raison, volt.
Lett. Damilaville, te avril 4 765. || 3» Bureaux de
cette administration. Faire visiter des marchandises
à la douane. || Une ligne de douanes, une série de
postes de la douane qui se donnent la main et ne
permettent pas que rien passe sans être visité.
— HIST. XV* s. Durant ces jours-là il alla voir les
douannes tant de marchandises qu'es autres douan-
nes où l'on faisoit les galées etgaliennes, nefs et
navires, et où on forgeoit choses appartenant aux
dites navires, André de la vignb, Voy. de Char-
les ¥111 à flapies, p. )40, dans lacurnk. || xvi* s.
Nos fermes de la busche, pied-fourché, poisson de
mer, vin vendu «n gros, douanne et autres. Arrêt
du Conseil d'État, 27 oot. (598.
— ÉTYM. Provenç. dnana; catal. duana, aduana;
espagn. et portug. aduana; ital. dogana. Ménage
le tire du grec Soxôv»), lieu où l'on reçoit des mar-
chandises; très-bonne étymologie, si elle rendait
compte des formes espagnoles où a-duana paraît
indiquer l'article arabe al; dès lors le mot se rat-
tacherait à l'arabe addiuân (al divdn) , maison ou
lieu où se réunissent les administrateurs des finan-
ces pour le recouvrement des droits (voy. divan).
Il est de fait que dans les textes du moyen ftge on
trouve souvent le mot duana rattaché aux Sarra-
sins; Diez en cite plusieurs exemples. On a dit en-
core que dogana venait de doge et signifiait un im-
pM perçu au profit du doge sur les marchandises
importées à Venise. Pour cette étymologie, comme
au reste pour les autres ici rapportées, il faudrait
savoir quelque chose sur les circonstances dans les-
quelles le mot de aouane s'est produit.
f DOCANER (dou-a-né), v. a. Terme d'admini-
stration. Mettre le plomb sur les objets présentés à
la douane.
— ÉTYM. Douane.
DOUANIER (dou-a-nié; l'r ne se lie jamais ; au
pluriel, l'ï se lie : des dou-a-nié-z actifs), s. m.
(1 1° Commis de la douane. || 2* Adj. Douanier, doua-
nière, qui a rapport à la douane. Le démembrement
douanier de l'Allemagne, qui serait un vrai ana-
chronisme dans nos jours de fusions douanières,
J. des Débats, t*' janv. 4 863.
— ÉTYM. Douane; ital. doganiere.
t DOUAR (dou-ar), s. m. ||1° Village temporaire
que construisent les Arabes pasteurs en alignant
leurs tentes en rues. || 8* Fraction de tribu, eu Al-
gérie.
— ÉTYM. Arabe, adoudr, pluriel de ddr, habi-
tation.
DOUBLAGE (dou-bla-j') , s. m. || 1° Terme de droit
féodal. Double redevance exigée en certaines occa-
sions. Il 8° Terme de manufacture. Action de joindre
deux fils simples. || 3* Terme de typographie. Répé-
tition de mots ou de lettres. || 4* Terme de marine.
Bande de toile qui sert de renfort dans certaines
parties de la face d'une voile. || Revêtement de la
carène d'un navire en feuilles de cuivre.
— HIST. xvi* s. Loyaux aides sont presque ordi-
nairement la doublage [le double] des devoirs, lot-
sel, 607.
— ÉTYM. Doubler.
t DOUBLANT, ANTB (dou-blan, blan-t'), ad}.
Il 1° Terme de théltre. Qui est propre à doubler un
rôle, un acteur. || 8" Terme d'anciennes finance».
Taille doublante, taille double.
— HIST. ivi* s. Toutes tailles personnelles, fran-
ches ou serves, sont doublana une année et non
l'autre, Kouv. coût, génér. p. 4 223.
DOUBLE (dou-bl'), adj. num^raj multiplicatif.
Il 1" Formé de deux choses semblables ou de même
nature. Un double rang de colonnes. || Acte double,
acte fait en deux exemplaires. On dit en termes de
palais : Il est fait double entre les parties. || Double
louis, pièce d'or valant deux louis. Double hecto-
litre, futaille contenant deux hectolitres. {| Double
décalitre, mesure qui contient une fois autant que le
décalitre. On dit de môme double boisseau. {| Terme
de jurisprudence. Double droit, droit payé pour dé-
faut d'enregistrement de certains actes dans les dé-
lais de la loi. || Double décime, second décime éta-
bli pour des besoins temporaires du budget, || Terme
de grammaire. Lettre double, lettre qui est compo-
sée de deux autres, comme as, os, ou quia la valeur
de deux autres, comme l'a qui se prononce comme
M. Il Terme de lansquenet. Doubla carte, celle qui
est déjà venue deux fois. || Fig. Jouer sur carte dou-
ble, avoir un avantage que les autres n'ont pas. Il
a la faveur des ministres, il joue sur carte double.
Il Terme de trictrac. Double doublet, se dit quand
les points des dés sont pareils, et que l'on bat ou
remplit de deux façons. || Au domino, double-as,
double-deux, etc. dé sur lequel l'as, le point deux, etc.
est répété. |1 Serrure à double tour, serrure où il
faut tourner deux fois la clef. || En arithmétique et
algèbre, raison double, rapport de deux quantités
dont l'une est double de l'autre. || En géométrie,
point double, le point où se coupent deux branches
d'une courbe. || Terme d'astronomie. Étoile double,
groupe de deux étoiles qui à l'œil nu ne s'offre que
comme un seul astre, mais qui, au télescope, se
sépare en deux, dont l'une tourne autour de l'autre.
Il Terme de physique. Double réfraction, phé-
nomène qui consiste en ce que chaque rayon,
qui traverse certains cristaux, se partage en deux
rayons suivant chacun une route différente. || Terme
de chimie. Sel double, celui qui résulte de la
combinaison de deux autres sels. || Terme de bo-
tanique. Fleurs doubles, celles dont le» étamines
et les pistils se sont convertis en pétales, soit
naturellement, soit par la culture. Calice double,
celui qui est entouré d'un involucre formant en quel-
que sorte un second calice. || Périanthe double, ce-
lui qui est composé d'un calice et d'une corolle.
Il 2° Par extension. Ce fut un double malheur. La
double autorité qu'il exerce. Et le sang par un dou-
ble et secret artifice Parle en vous pour Phooas
comme en lui pour Maurice, cobn. Uéracl. v, s. Al-
lons, ne vous faites point dire ce qu'il n'est point
nécessaire d'entendre, et consentez, ainsi que moi,
à ce double hyménée, mol. l'Avare, v, se. dern. Par
un double divorce ils s'unirent tous deux, hac. Brit.
II, a. Il nous a déployé l'ordre dont Amurat Auto-
rise ce monstre à ce double attentat, m. Baj. v, 14.
M. de Mairan, mon double confrère à l'Académie
française et à celle des sciences, vient de mourir à
quatre-vingt-treij® ans, d'albmb. Lett. au roi de
Prusse, 24 Avf.y'TI. || En jurisprudence, double
lien, .parenté entre enfants d'un même père et d'une
même mère. || Mot à double entente, mot qui pré-
sente deux sens. || 3" Terme de musique. Double
croche, note à deux barres ou crochets. La double
croche vaut en durée la moitié d'une croche. Si
Orphée Rameau veut couvrir cette misère de dou-
bles croches, volt. Lett. en vers et en prose, «.
Il Intervalle double, intervalle qui excède l'étendue
d'une octave. || Double fugue, fugue à deux sujets.
Il 4° Terme de commerce et de banque. Tenue des
livres en partie double ou à partie double, ma-
nière de tenir les livres qui consiste à reconnaître
à la fois un débiteur et un créancier, dans la rédai;-
tion d'un article quelconque, soit de recette, soit
de dépense. Compter en partie double. |) Terme
de comptabilité. Double emploi , ce qui a été porté
deux fois en recette ou en dépense; et, dans le
langage général, tout ce qui fait inutilement ré-
pétition. Il 5° Terme de médecine. Fièvre double,
fièvre intermittente, qui, outre les accès de la
fièvre simple, a, dans les jours intercalaires, des
accès qui se corre.'spondent. |l Double-quotidienne,
fièvre intermittente qui a, chaque jour, deux ac-
cès. Il Double-tierce, fièvre intermittente qui paraît
1228
DOU
composée de deui tierces, c'esl-à-diro qu'elle pré-
sente un accès tous les jours comme la quoti-
dienne, dont elle diffère en ce que les accès, de
deux jours l'un, sont dissemblables d'heure et sou-
vent de caractère et se correspondent respectivement
en tierce. Tué do la fièvre double-tierce, sÉv. 280.
Il Double-quarte, fièvre intermittente qui se montre
sous deux formes différentes: dans l'une, deux ac-
cès on un jour, et apyrexie les deux jours suivants,
après quoi la fièvre reparaît comme la première fois ;
dans l'autre un accî'S deux jours de suite et apyrexie
le troisième; puis l'accès du quatrième jour corres-
pond avec le premier accès, et celui du cinquième
avec le second. {| 6° Terme de jeu. Coup double, se
dit de l'action déjouer ou do gagner deux Tois la mise
ordinaire. || Au trictrac, gagner trou double ou bre-
douille, prendre douze points de suite. Gagner par-
tie double ou bredouille, prendre les douze trous
de suite. || Terme de chasse. Faire coup doul)le, tuer
deux pièces de gibier d'un seul coup de fusil. || Fig.
Vardes a extrêmement plu à Termes, et Termes à
Tardes; leurs esprits se sont frappés d'un agrément
égal; c'a été un double coup, sév. 367.117" Terme
de musique. Double quatuor, réunion de deux pre-
miers violons, deux seconds violons, deux altos, deux
violoncelles. || Morceau composé pour un double qua-
tuor. Il y a des doubles quatuors de Mendelssohn.
Il 8° Fig. 11 s'emploie comme augmentatif. Double
bière. Encre double. Ah! le double bourreau qui me
va tout gâter, mol. l'Étour. m, 4. Ah chien ! ah
double chien! mâtine de cervelle, id. ib. v, <. Double
fils de putain de trop d'orgueil enflé, iD.i4mpft. ni,
7. Double pendard; ah! je suis assassiné, fegnard.
Sérénade, 26. Ah ! la double enragée ; c'est donc elle
qui a donné à ma fille la connais.sance.... dancodrt,
Chev. à la mode, v, *. Lamberg ne nommait plus
Giudice que le double traître, st-sim. 4C9, 202. || Dou-
ble bidet, bidet de plus haute taille que les bidets
ordinaires. || Dans les rubriques ecclésiastiques.
Fête double, jour où deux fêtes se rencontrent en-
semble; et aussi jour où l'office est plus solennel
qu'à l'ordinaire. Fêtes semi-doubles, celles qui
tiennent le milieu entre les fêtes doubles et les sim-
ples. Il 9° Oui a de la duplicité, qui trompe par des
paroles ou des actions à deux faces. Ton père va
descendre, âme double et sans foi, corn, le Ment.
n, 3. Ame double et traîtresse. Tu portes sans or-
gueil le nom de ta maltresse, botr. Hercule mou-
rant, II, 3, Oses-tu me parler, âme double et traî-
tresse? mol. le Dép. I, 8. Ah! traître, scélérat, âme
double et sans foi, id. Sgan. ta. Dieu qui maudit
ceux qui sont doubles de cœur, pasc. Prov. < 3. Ceux
qui sont dissimulés et doubles de cœur attirent sur
eux la colère de Dieu, sAci, Bible, Job, xxxvi, <3.
Endurcis-toi le cœur; sois arabe, corsaire, Injuste,
violent, sans foi, double, faussaire, boil. Sat. viii.
Être double, dissimulé, perfide, mass. Car. Prosp.
On petit cacher aux hommes les basses dissimula-
tions d'un cœur double, in. ib. Mélange. \\ Double
mesure, double poids, mesure, poids que le mar-
chand a en double , et dont l'un est faux et sert pour
les chalands. Le double poids et la double mesure
sont deux choses abominables devant Dieu, SACi,
Bible, Prov. de Salom. xx, to. || 10° S. m. Quantité
une fois plus grande. Être condamné au double. Ga-
gner le double. Louis de Bade se trouva le double plus
fort que le maréchal de Choiseul, st-sim. 40, 209.
Genève fut plus peuplée du double, plus industrieuse,
plus commerçante, volt. Mœurs, ''iS. Il est forcé
de faire le double du chemin, t. 4. rouss. Èm. 1.
Il Jouer à quitte ou à double, à quitte ou double,
jouer quitte ou double, jouer une dernière partie
qui acquittera celui qui a déjà perdu ou qui doublera
le gain de celui qui a déjà gagné. On dit aussi el-
liptiquement : quitte ou double. || Fig. La reine pres-
que au désespoir, résolut de jouer à quitte ou à dou-
ble, BETZ, m, 362. Ce remède se peut mettre en
comparaison avec la poudre du bonhomme; il est
même un peu violent; mais aussi on joue à quitte
ou à double, sÉv. 338. || Doubles de voirines, pierre
fine collée sur verre ou sur cristal de couleur, et
ainsi doublée d'épaisseur, doublée aussi d'éclat,
mais d'une manière factice et quelquefois fraudu-
leuse, DE LABORDE, imaxix , p. 254. || 11° Cliose Sem-
blable ou symétriquement pareille. Le double d'un
corps de logis. || Copie. Le double d'un tableau. || Du-
plicata. Le double d'un compte. Le double d'un acte ,
d'un traité. Elle aura un inventaire; elle en mettra
un double entre les mains de la supérieure, Boss.
Mgl. Elle savait que j'avais fait mettre un chiffre
dans les langes de l'aîné, elle me demanda le dou-
ble de ce chiffre; je le lui donnai, J. J. ROUSS. Con-
fess. n, M Objet pareil. Avoir des doubles dans sabi-
DOU
bliothèque, avoir plusieurs exempl.iires d'un mémo
auteur. Avoir des doubles dans une collection, avoir
plusieurs échantillons de la même espèce. 11 finit
par découvrir en Auvergne, chez un pharmacien
do petite ville, l'herbier du botaniste Charles, qui
avoit accompagné Tournefort dans son voyage au
I.ev.int; il en obtint les doubles, qu'il classa et qui
font encore partie des plantes qu'il légua au Jardin
du roi, CAP, Philibert Commerson. \\ Dans certaines
superstitions populaires, fantôme qui présente l'i-
mage d'une personne menacée de mort. || Au jeu de
domi.nos, un double se dit presque exclusivement
pour dé double. Poser un double. J'avais trois dou-
bles dans mon jeu. || 12° Mettre, plier une cho-se en
double, en plusieurs doubles. Or, comme il plut au
ciel, en trois doubles plié, Régnier, Sat. xi. || Terme
de marine. La partie d'un cordage, d'une voile qui
revient sur elle-même. || 13° Terme de musique.
Double d'un air, le même air qu'on figure .sur le
simple par l'addition de plusieurs notes qui varient
et ornent le chant. On dit aujourdhui variation.
Il 14° Terme de théâtre. Acteur, actrice qui remplace
le chef d'emploi dans les rôles que celui-ci joue en
premier. La pièce a été jouée par les doubles. On
dit dans le même sens donner un rôle en double.
Il Doublure en est le synonyme aujourd'hui plus
usité. Il 15° Petite pièce ronde de cuivre qui por-
tait d'un côté la figure du roi et de l'autre trois
fleurs do lis, et qui faisait la sixième partie du sou,
ou deux deniers. Que tout se pervertisse, il ne m'en
chaut d'un double, Régnier, Sat. vi. Non; il vous
rendra tout ju.sques au dernier double, mol. École
des fem. v, 4. J'ai le secret de les renvoyer satisfaits
[les créanciers], sans leur donner un double, id. le
Fest. IV, 2. Je vous jure que vous ne les auriez pas
Pes fagots], s'il s'en fallait d'un double, id. Méd.
m. lui, I, 8. Il n'y a point de monsieur maître Jac-
ques pour un double, id. l'Av. m, 6. || 16° Jouer le
double, c'est-à-dire feindre, biaiser, parler, ouagir
autrement qu'on ne pense. || 17° S. f. La double, le
premier des quatre ventricules dans les ruminants,
dit la panse. || 18° Nom de différentes plantes et ani-
maux où le mot double entre en composition. || Dou-
ble-aiguillon, espèce du genre bahste. On dit aussi
double-épine, s. f. || Au plur. Des doubles-aiguil-
lons. Il Double-bosse, s. f. Nom vulgaire et spéci-
fique de Vanlennaire double-bosse, poisson acan-
thoptérygien. || Double-cloche, s. f. Nom vulgaire
d'une espèce de datura, le datura fastueux, dit aussi
pomme épineuse d'Egypte, legoarant. || Double-
cloche est aussi un des noms vulgaires de la prime-
vère des jardins. || Double-dent, s. f. Synonyme de
didymode, genre de mousses dont le nom serait
mieux écrit didymodon, legoarant. || Double-dent,
s. m. Nom d'une famille do mammifères. Voy. dupli-
cidenté. Il Double-scie, s. f. Nom vulgaire de la bi-
serrule pélecin, légumineuse, dite aussi bateline,
LEGOARANT. || Double-tacho , s. m. Espèce de poisson
delà Méditerranée, le labre bimaculé (acanthopté-
rygiens). || Double-vessie, s. f. Nom vulgaire donné
au diphyscion feuille, espèce unique dans le genre
diphyscion (mousses). || 19° Double, adv. Voir dou-
ble, voir comme si les objets étaient doubles. Payer
double, payer deux fois le prix ordinaire. |{ 20° Au
double, en double, loc. adv. Une fois de plus. Et
quand, avec toute sorte de génércsité, je vous aurais
payé au double tout ce que je vous dois, voit. Letl.
43. C'e.st bien raison qu'au double on le leur rende,
LA FONT. Rém. Ils me rendent cette complaisance au
double, sEv. 671. Des remèdes qui ne nous rétablis-
sent qu'avec plus de peine et qui nous coûtent au
double pour remplacer les pertes que nous avons eu
le rialheur de faire, mass. Car. Dégoûts. || Mettre les
morceaux en double, manger à la hâte. || Terme de
marine. En double, promptement. || 21° A double,
en deux personnes. Insensiblement, je me sentis
isolé et seul dans cette même maison dont aupara-
vant j'étais l'âme, et où je vivais pour ainsi dire à
double, I. J. ROUSS. Confess. vi. |{ Proverbe. Double
jeûne, double morceau, c'est-à-dire qu'un homme
sans principes se livre d'autant plus à sa passion
que la chose est plus défendue.
— msT. XI' s. Forfait [condamné] fust [il] u [au]
duble de ce que altre fust forfait. Lois de Guill. 2.
De son haubert [il] li derompit les dubles, Ch. de
Roi. xcviii. [Ils] Tranchent les cuirs et les fuz [des
escus] qui sont dubles, ib. CCLXI. || xil's. Tôt li plu-
sor [hauberts] en sont doble treslis [à double treil-
lis], Ronc.'p. 43. El lors voit Diex la doble péni-
tence, quesnes. Romancero, p. 96. Clerc ne doivent,
fait-il, à voz leiz obéir. Ne pur un sul [seul] mes-
fait duble peine suffrir, Estre desordené e puis des
cors périr. Th. le mari. 27. E quatre duble la ber-
DOU
beiete [la petite brebis] rendrad , Roii, * 6». jl xiil* s.
Car sa joie lui ert [sera] à cent doubles doublée,
Berte, Lxxxn. Et par vérité [ils] se vantoient Qu'il
au double i gaaigneroient,FI. et BJ. 4 3)3. Auju [jeu]
à double [vous] porterés [vous doublerez le jeu];
Se gaaigniés, tôt li rendes, ib. 2)45. L'eve n'estoit
nule fois trouble, Ainçois estoitidus clere à double,
N'est esmeraude ne rubis, h'abl.mss.n'ms, ^ 357,
dans LACURNE. Cil doivent conter en lor rechoites
[recettes] tout le pris des cozes qu'il vendirent et
par escris doubles, dont li sires en ait l'un, beadm.
xxix, )4. Si moultiplia tant et amenda que les ven-
tes, les saisinnes, les achas et les autres choses va-
loient à double que quant li roys y prenoit devant,
joiNV. 297. Ilxiv s. Et est ceste condicion double,
ORESME, Eth. 4) . Il XV* Et estoit toujours bien monté
de bons coursiers, de doubles roncins et de gros pa-
lefrois, FBOiss. I, I, 324. Ces longs glaives aux fers
tranchans affilés de Bordeaux, dont ils se veoient
empalés, que les mailles de leurs cottes ne leurdu-
roient néant plus que toile doublée en trois doubles,
ID. II, II, )84. Mon frère, je vous envoyé le double
des repparacions de l'église monseigneur Saint Eu-
troppe de Xainles que le prieur m'a envoyées. Let-
tre de Louis XI, dans Bibl. des Chartes, *• série,
t. I, p. )7. Ilxvi's. Vous meschans, lavez vos mains;
vous doubles, purgez vos cœurs, calvin, Instil.
473. Qu'ils n'estoient pas suffisans pour l'entretenir
la moitié de l'année; et que, s'il ne plaisoit au rot
lui en bailler la moitié au double, il seroit contraint
de se retirer, marg. JVouv. xvii. Il y a doubles loix,
celles de l'honneur et celles de la justice, mont, i,
))9. Il est marry qu'il ne .soit double, triple ou qua-
druple, et qu'il n'ayt plusieurs âmes, pour les con-
ferrer toutes à ce .subject, id. i, 2)6. Si nous ser-
rons l'œil par dessoubs, les choses nous semblent
doubles, ID. 370. Il estoit si petit qu'on l'eust bien
mis dans une bourse d'un double, despér. Contes,
XLiii. Je croy bien qu'il s'en trouve de tels; mais je
les blasme au double, de ce que leurs inclinations,
sans estre aidées, courent si viste au mal, langue,
)43. C'estoit un homme double, qui avoit intelli-
gence avec l'une et l'autre partie, amvot, Alc.&o.
Estant vestue d'une robbe de pourpre double [teinte
deux foi.s], ID. Marius, 29. Courir en lice à qui gai-
gneroit le prix de la course double, id. Démétr. 23.
Faire une bonne et forte ligature avec menue ficelle
ou filet en plusieurs doubles, paré, v, )7. C'est une
race à part qu'on appelle double, que celle qui se
remplit de deux chevreaux en une ventrée, o. de
SERRES, 330. Les soucis, ainsi deschargés, produi-
sent gaiement leurs belles fleurs grosses et doubles,
ID. 674. Double vai.sseau [bain-marie], cotgrave.
— Etym. Provenç. et espagn. doble; portug. do-
bro; ital. doppio; du latin duplex ou duplus, de du
pour d«o, deux, et ptex, représentant pitcare, plier.
DOUBLÉ, ÉE(dou-blé,blée), pari. pois^. || l'Aug-
menté une fois en sus. Une somme doublée. Votre
garde est doublée et par un ordre exprès Je vois ici
deux rois observés de fort près, cobn. Attila, m, 2.
Il Terme de mathématique. Raison doublée, rapport
de carrés. Seize à quatre est en raison doublée de
quatre à deux. || Terme de musique. Répété exacte-
ment à l'unisson ou à l'octave sans changement
dans l'harmonie. La partie de second violon dou-
blée par l'alto. Les violoncelles doublés par les bas-
sons et les trombones. 1| Terme de médecine. Fièvre
doublée, fièvre intermittente qui le môme jour a deux
accès se correspondant respectivement. La fièvre
double-tierce diffère de la tierce doublée en ce que,
dans celle-ci, il y a deux accès tous les deux jours
et un jour d'intermittence, et dans celle-là un accès
tous les jours. || 2° Garni d'une doublure. Il y a ha-
bit, veste et culotte, d'un bel et bon drap bien fin,
tout uni, doublé de soie rouge; rien n'y manque,
MARIVAUX, Paysan parv. 3° part. t. ui, p. <2», dans
pougens. Il Fig. C'est un hypocrite doublé d'un dé-
bauché, c'est-à-dire il est à la fois hypocrite et dé-
bauché. Il 8° Terme de théâtre. Remplacé par un
double. Il Fig. Il est impossible que le secrétaire
d'État ne le soit [ministre d'Étal] , à moins d'être
doublé par un père ou un beau-père, st-sim. «6, 90.
Un confesseur, qui n'était doublé de personne, ne
devait point alors quitter les environs du lit [du roi],
ID. 4)6, 249. Il 4° Bille doublée, bille faite au dou-
blé. Il 6* S. m. Terme de billard. Le djublé, manière
de faire une bille en la faisant frapper contre une
bande. Jouer au doublé. || 6° Doublé, objet recou-
vert d'une mince plaque d'argent ou d'or. On dit
plus souvent plaqué.
DOUBLEAU (dou-blô), i. m. Terme de charpente.
Forte solive d'un plancher qui porte les chevêtres.
Il Solive qui sert à former le plancher d'un moulio
DOU
à vent. \\Adj. Arcs-doubleaux, premiers arcs qui for-
ment lesvoûtes, d'un pilier à l'autre.
— HIST. XIV* s. Deux doubloaux [paires de vases]
d'trgent blanc, à mectre vin, de lacorde, Émaux,
p. 264.
— lîTYM. Double.
t DOUBLE-AUBIER (dou-blô-biù) , s. m. Aubier
recouvert de bois parfait, et qui est le produit d'une
lésion occasionnée par le froid dans un arbre. {| Au
plur. Des doubles-aubiers.
t DOUBLE-BEC (dou-ble-biik) , s. m. Sorte de cuil-
ler à l'usage des ciriers. 1| Au plur. Des doubles-
becs.
t DOUBLE-BÉCASSINE (dou-ble-bé-ka-si-n'), ï. f.
Grande bécassine. |{ Au plur. Des doubles-bécas-
sines.
t DOUBLE-BOUCHE (dou-ble-bou-ch') , s. m. Es-
pèce de coquille. |l Au plur. Des doubles-bouches.
t DOCBLE-BULBE (dou-ble-bul-b'), s. f. Espèce
d'iris. Il Au plur. Des doubles-bulbes.
I DOUBLE-CANON (dou-ble-ka-non) , s. m. Ca-
ractère d'imprimerie, entre le gros canon et le tri-
ple-canon. Il Au plur. Des doubles-canons.
t DOUBLE-CHAÎNE (dou-ble-chê-n'), s. m. For-
çat qui porte une chaîne double. || Au plur. Des
doubles-chaînes.
t DOUBLE-CHALOUPE (dou-ble-cha-lou-p'), s. f.
Chaloupe de dimension plus grande que celles
qu'on embarque sur les bâtiments. Les doubles-
chaloupes servent dans les ports.
t DOUBLE-FEUILLE (dou-ble-feu-U', Il mouil-
lées), s. f. Plante orchidée commune en France.
Il Au plur. Des doubles-feuilles.
t DOUBLE-FRONT (dou-ble-fron),ady.m. Surnom
donné à Janus. Du temple du dieu double-front Les
portes se condamneront, Parnasse des Muses, dans
le Dict. de besche belle.
t DOUBLE- MACREUSE (dou-He-ma-kreû-z') , s.
f. Espèce de canard {l'anas brun).
t DOUBLE-MAIN (dou-ble-min), s. f. Terme de
musique. Mécanisme qui, dans les nouvelles orgues
à clavier, sert à renforcer les effets. || Au plur. Des
doubles-mains.
t . DOUBLEMENT (dou-ble-man) , adv. De deux
manières-, à un degré double. Je vous suis double-
ment obligé. Quand on connaît la faute, on man-
que doublement, corn. Médée, ii, 6. Les accusateurs
d'Ésope furent punis doublement, pour leur gour-
i raandise et leur méchanceté, la font. Vie d'Esope.
Malheureux et doublement malheureux Idoménée !
FÉN. Tél. X. Et donner à propos c'est donner dou-
blement, c. delav. Une famille au temps de Lu-
ther, se. 4.
— HIST. XIV" S. Si comme ceulx qui font mal et
sont ivres, il doivent doublement estre blâmez et
punis, ORESME, Eth. 72. Ilxvi's. Et les larrons sont
doublement punis qu'ailleurs, mont, i, tu.
— ÉTYM. Double, et le suffixe ment; provenç. do-
hlamen; catal. dobladament ; espagn. dobladamenle;
' porlug. dobradamenle ; ital. doppiamente. Le cata-
lan, l'espagnol et le portugais représentent doubto-
ment.
2. DOUBLEMENT (dou-ble-man), s. m. || 1» Ac-
tion de doubler. Doublement des consonnes. || 2° Terme
de guerra;, Mouvement par lequel, un rang de sol-
dats esv iiiis su. deux. || 3° Histoire des anciennes as-
I semblées politiques. Doublement du tiers, disposi-
i tion par laquelle le tiers état avait un nombre de
[ députés égal à celui des députés des deux autres
[ ordres réunis. || i° Terme de musique. Doublement
des notes d'un accord, emploi simultané, en har-
monie, du même son par deux ou plusieurs par-
lies différentes. || B" Terme de manège. Tout chan-
I gement de direction. || 6° Terme de marine. Renfort
que l'on procure aux deux pièces ou parties d'un
i écart. Peu usité. || 7° Terme d'eaux et forêts. Suren-
I' chère qui augmente le prix seulement de moitié.
'i H 8» Autrefois, dernière enchère qui se faisait dans
II la huitaine, après l'adjudication des fermes et do-
'\ maines du roi. Cette enchère était le double du tier-
cement, et devait contenir neuf fois l'enchère cou-
' rante.
— HTST. XV" s. Mieulx le faisoiont les mariez,
mesmes les dômes en gaboient ies pucelles, et di-
soiont que los amans par amours n'aymoien, plus
«iloyaument qu'ilz souloient faire, et que tous es-
toient anéantis par leurs doublemenz [duplicité],
Perceforest, t. vi, f° 74. || xvt' s. J'ai entreprins une
chose impossible et qui peut, au lieu d'augmenter
mon contentement, estre doublement de mon mal-
heur, MARG. Nouv. IV. Se mettent les dits tierce-
ment et doublement sur la première mise, c'est à
dire que, si la première mise est de dix livres, le
DOU
tiercement sera de cent sols, et le doublement de
dix livres. Coût, génér. t. i, p. 888.
— ÉTVM. Doubler.
DOUBLER (dou-blé),r. o. ||l«Ajouterune chose
à une autre de même valeur, augmenter d'une fois
autant, multiplier par deux. Doubler le nombre, la
dépense, la peine. Doubler ses capitaux. {| Doubler
un corps de logis, joindre un autre corps de logis à
la face de derrière de celui qui est déjà fait. Ce fut
cette année qu'on doubla la galerie de Diane [à Fon-
tainebleau], ce qui donna de beaux appartements,
ST-siM. 97 , 27. || Doubler le pas, aller plus vite. J'al-
lais doublant le pas comme un qui fend le vent, Ré-
gnier, Sat. X. Elle doubla le pas pour s'en appro-
cher, hamilt. Cramm.to. Courons, doublons le pas,
Pour le trouver [le bonheur], là-bas, là-bas, bérang.
Bonh. Il Terme de guerre. Doubler les rangs, mettre
un rang sur deux. Doubler l'étape, faire étape
double. Il Terme de marine. Doubler le sillage, faire
plus de sillage. {| Terme de typographie. Répéter un
mot, une ligne , un alinéa. || Rejeter le mot final
d'un vers à l'extrémité d'une autre ligne. || Doubler
les reins, se dit d'un cheval qui voûte le dos. || Fig.
Ne perds-je pas assez sans doubler l'infortune, Et
perdre encor le bien d'avoir l'esprit égal? coen. Agé-
sil. Il, 8. Il 2° Terme de musique. Doubler une par-
tie, la faire répéter à l'unisson ou à l'octave par un
ou plusieurs autres in.struments, sans changer l'har-
monie, et uniquement pour renforcer le son. On a
remarqué que le trio Veillons mes sœurs de Zémire
et Azor n'est réellement qu'un duo, pui.sque la troi-
sième partie y double constamment une des deux
autres. || 3° Garnir d'une doublure. Doubler un
manteau, une robe. || Doubler un vaisseau, le revê-
tir de planches, et aussi y mettre un doublage en
cuivre. || 4° Mettre en double. Doubler du fil, une
serviette. || 5° Terme de théâtre. Remplir un rôle en
l'absence du chef d'emploi. Doubler un rôle. Lors-
qu'un acteur de province se présente pour doubler
les premiers rôles, volt. Lett. Richelieu, 27 mai
1767. Il Par extension, doubler un acteur. || Fig. et
absolument, servir en second. Le maréchal de Vil-
leroy doubla comme maréchal sous M. de Luxera-
bourg, et le maréchal de Joyeuse sous M. de Lorge,
ST-siM. 22, 253. || 6° Terme de collège. Doubler une
classe, en suivre les cours une seconde année.
Il 7° Terme de billard. Doubler une bille, la faire
au doublé. || Terme de jeu de paume. La balle a dou-
blé, elle a touché deu.< fois la terre. || 8° Terme de
marine. Doubler un cap, le franchir. Sous le règne
de Jean II, prince éclairé, qui fit faire une applica-
tion nouvelle de l'astronomie à la navigation, les
Portugais doublèrent le cap qui est à l'extrémité de
l'Afrique, baynal, Ilist. phil. i, 3. Nous voulions
tous deux à la fois Doubler le même promontoire,
V. HUGO, F. d'aut. 9. Cette locution vient de ce que,
pour franchir un cap, on le longe deux fois. || Dou-
bler un autre bâtiment, le passer de vitesse. {| Terme
de vénerie. Doubler ses voies, se dit d'un cerf qui
par ruse revient sur ses pas. || 9° V. n. Devenir dou-
ble. Leur nombre a plus que doublé. || Terme de ma-
nège. On cheval qui double des reins est celui qui
fait plusieurs sauts de suite. En un autre sens, on dit
qu'on double quand on quitte une ligne pour en
suivre une autre. || Terme de marine. Doubler sur
les avirons, redoubler d'ardeur et de force dans la
manœuvre des avirons, ce qui se commande ainsi ;
Doublez! double! || Terme de construction. Rappor-
ter et sceller des bandes de pierre derrière les tran-
ches de marbre. || 10° Se doubler, v. réfl. Devenir
double. En cette belle société, les douleurs se par-
tagent et les joies se doublent, balz. liv. v, lett. -17.
— HIST. xn' s. Par totens [partout temps] doblent
li félon les cols [coups] dont il bleciet chaent [tom-
bent bles.sés]. Job, B08. Et Tierris les ot [ouït] bien,
sa force enadoplé, iîonc. p. )9S. [Cela] Mefaitdobler
mes talens [mes désirs] De .servir à [selon] mon
pooir, Couci, xii. || xiii° s. Car sa joie lui ert [sera| à
cent doubles doublée , Berte, lxxxii. Angoisseux fui
[je fus], moult troublez Por le péril qui fu doublez, la
Rose, 1730. Tant eUst la langue doblée En diverses |
plicacions X trover escusacions, ib. 18324. Et se
pains est aportés à charrette ou à cheval ou à asne
dedens les bones [bornes] de la foire, sa coustume
[taxe] ausi doublera, Liv. des met. 3U. ||xiv" s. Si
leUmier double sa menée, c'est à dire qu'il s'efforce
de crier et qu'il tire plus fort qu'il ne faisoit , Jfodus ,
ms. f° 21 , dans lacurne. Et supposé qu'il puist en ce
point-ci régner. Et que Dieux si ne veille la ven-
gencemonstrer, llestlassus poissans pour l'amende
doubler, Guescl. t5i9i. || xv s. Par ces six notes
qui sont appellées titre mi /'o soi fei, l'on puet apren-
dra à chanter, acorder, doubler, quintoyer, tier-
DOU
1229
coier, tenir,' deschanter, e. desch. Poésies mss.
T° 395. Il XVI' s. Un fascheux corps vestu d'un satin
gras, Un satin gras doublé d'un fascheux corps, ma-
rot, m, 84. Haye, haye, dist le pilot, double le
cap, et les basses. Doublé est, respondoyent les
matelotz, rab. Pant. iv, 22. Ils aiment mieux que
l'injure leur soit doublée, que de penser comment
ils rendront la pareille, calv. Instit. (207. 'Voilà
quand et quand à 'Villeneufve la garnison renforcée,
les gardes doublées, d'aub. Hist. n, 61. Terrefort
en doublant le pas va se jetter en la tranchée, m. ib.
ir, 1B0, Estant pres.sé de partir si promptement, il
n'avoit eu loisir de faire doubler [copier] lesdites
informations, m. du bell. 485. C'est ung passe temps
que de veoir ung lièvre doubler et redoubler, palsgr.
p. 682.
— ÉTITM. Bourguig. dâblai; provenç. et espagn.
doblar; portug. dobrar; Ital. doppiare; du latin
duplicare, de duplex (voy. double).
t DOUBLERIE (dou-ble-rie ), s. f. Action d'un
homme double, trompeur, perfide.
— HiST.xiii's. Traïson ne doublerie, Poésies mss.
du Vatican, dans lacurne.
— ÉTYia. Double.
DOUBLET (dou-blS ; le < ne se lie pas dans le par-
ler ordinaire; au pluriel, l's se lie; des dou-blè-z
élégants; doublets rime avec traits, succès, paix),
s. m. Il 1° Faux brillant formé de deux morceaux de
cristal qui, joints ensemble, ont entre eux une
feuille colorée. || 2° Sorte de loupe, instrument d'op-
tique. Le doublet, comme la loupe, est un mtcro-
.scope simple, c'est-à-dire ne renversant pas les ob-
jets. Il 3° Terme de trictrac. Coup de dés amenant le
même point. Doublet d'as, de deux. Terne encore;
les doublets me poursuivent, dider. Père de fam. i,
2. Il Fig. Mlle de Fontangesplut assez au roi pour
devenir maîtresse en titre [en même temps quo
Mme de Montespan] ; quelque étrange que fût ce
doublet, il n'était pas nouveau, st-sim. 4H , 158.
Il Terme de jeu, au pharaon, signifiant deux mêmes
cartes qui viennent ensemble. || Terme de jeu de
billard. 'Voy. doublé. || 4° Nom donné à des mots
qui, étant les mêmes au fond, ne diffèrent que par
quelque particularité d'orthographe et de pronon-
ciation, mais auxquels l'usage a attribué des acceo-
tions spéciales, par exemple attaquer et attacher,
créance et croyance, etc. || 5° Instrument dont les
Jjlondiers .se servent pour assembler un ou plusieurs
fils de soie en un seul; on dit aussi doubloir. || Outil
pour mesurer et courber les fils de fer qui forment
les dents des cardes; on dit aussi doubleur.
— HIST. XIII" s. Ung doublet [sorte d'étoffe] ot
chascun vestu D'un vert samit pourpoint menu,
Roman d'Athis, dans du cange, dup/odes. || xvi" s.
Considère un doublet, tu trouveras aucuns lapidaires
qui font de fort belle couleur de ruby et de grenad,
de quelque sang de dragon ou autre matière, et,
ayant taillé deux pièces de cristal, ils en teindront
une de cette couleur rouge, et puis mastiqueront
l'autre dessus icelle, palissy, 289.
— ÉTYM. Double.
t DOUBLETÉ (dou-bleté), adj. m. Terme de com-
merce. Tatt'etas doubleté, tafl'etas façonné dont la
fleur offre deux couleurs.
— ÉTYM. Double.
DOUBLET TE (dou-blè-f) , s. f. Terme de musi-
que. Celui des jeux de l'orgue qui sonne l'octave au-
dessus du prestant.
— ÉTYM. Double.
DOUBLEUR, EUSE (dou-bleur, bleû-z') , î. m. et
f. Il 1° Terme de fabrique. Celui , celle qui double la
laine, la soie sur le rouet. Défense à tous ouvriers,
ouvrières, dévideuses, doubleurs et autres d'em-
ployer de l'huile dans le travail desdits ouvrages de
.soies. Arrêt du conseil, 30 mars 1700. || 2" S. m.
Ouvrier qui fixe une plaque mince d'un métal pré-
cieux sur la surface d'un métal plus commun.
Il 3° Terme de physique. Instrument pour apprécier
l'état électrique de l'air. || 4° Terme de métier. 'Voy.
doublet.
— ÉTYM. Doubler. Il y avait dans l'ancien fran-
çais doblere au nominatif, dobleor au régime, celui
qui double. Ha! fet li vilains, bêle suer, Voirement
est Diex hom doublere, Fabl. mss. a° 72)8, f 828,
dans LACURNE.
t DOUBLEUSE (dou-bleû-z') , ». f. Machine qui
engage une seconde fois la canne à sucre entre les
cylindres du moulin.
— ÉTYM. Doubler.
t DOCBLIER (dou-bli-é), s. m. Râtelier douDio
au milieu d'une bergerie.
— ÉTYM. Double.
t DOUBLIÈRK (dou-bli-ê-r'), s. f. Terme rural de
J2TÎ0
DOU
certaines localités. Bête qui porte deux petits. || Bre-
bis de deux ans.
— ÉTYM. Double. , „
t DOUBLIS (dou-bli) ,s.m. Rang de tuiles qui s'ao-
croclient au cours des lattes, immédiatement au-
dessus de la chanlatte, et faisant partie d'un égout.
Il Doublis ouredoublis, partie basse d'un treillage.
— ÉTYM. Double.
+ DOnBLOlR (dou-bloir), s. m. Machine soutenant
les bobines sur lesquelles on a dévidé le (il ou la
soie qu'on veut doubler. On dit aussi doublet.
— ETYM. Doubler.
DOUBLON (dou-blon) , s. m. || 1" Monnaie d'or es-
pagnole valant 20 fr. 3k c, ou 40 fr. va c. ,ou 81 fr.
52 c. Un jour donc l'animal, qui ne songeait qu'à
ntiire, Détachait du monceau tantôt quelque dou-
blon. Un jacobus, un ducaton, Et puis quelque
noble à la rose, la font. Fabl. xii, 3. || 2° Terme
d'imprimerie. Faute des ouvriers lorsqu'ils compo-
sent deux fois le même mot, la même phrase.
Il 3° Nom, dans quelques cantons, des poulains ou
des veaux de deux ans. || 4° Feuille de tôle ployée en
deux. Il 5° S. m. plur. Languettes de métal doublées
avant de passer sous le laminoir.
— HIST. XVI' s. Les François simples paravant.
Sont par doublons devenus doubles: Et les dou-
blons tournez en vent, Ou bien en cuivre et rouges
doubles, Sat. Mén. p. 173. Une jument laictant avec
son poulain; un doublon doublonné de jument,
Coutum. génér. t. 11, p. 482.
^ ÉTYM. Espagn. dobion.de dobîe.double; parce
que le doublon n'est pas une monnaie déterminée
par elle-même, mais plutôt le double d'une autre.
L'unité étant l'écu de 2 piastres ou to fr. i» c, il
y a le douMon de 2 écus, le doublon de * éous et
celui de 8 écus.
\ DOCBLONNE (dou-blo-n') , s. f. Nom, dans
l'ouest, de la mule de deux ans.
— ÉTYM. Doublon.
f rOUBLOT (dou-Ho) , s. m. Fil de laine double
servant à faire les lisières des droguets.
— ÉTYM. Double.
DOUBLURE (dou-blu-r'), S. f. || 1° ËlolTe dont un
habit, un manteau est doublé. || Terme de carros-
sier. Panneaux de bois blanc placés dans l'intérieur
des voitures pour porter la matelassure et la garni-
ture d'étoffe. Il Terme de tabletterie. Or ou argent
dont sont revêtues les tabatières d'écaillé, de vernis'
ou autres, quand le dessus n'est pas de la même
matière. || Terme de construction. Bandes ou dalles
de pierre que l'on rapporte sous les tranches de mar-
bre. Il Défaut occasionné par une soudure manquée.
Il 2° Terme de théâtre. Celui qui joue les rôles en
l'absence du chef d'emploi. La pièce fut jouée par
des doublures. || Ce mot ne se prend guère qu'en
mauvaise part. On dirait bien d'un bon acteur qu'il
en double un autre, mais non pas qu'il en est la
doublure. Au commencement de ce siècle Armand
doublait Fleury au Théâtre-Français; ce n'était pas
une doublure. || Proverbe. Fin contre fin ne vaut
rien pour doublure ou n'est pas bon h faire dou-
blure, c'est-à-dire entreprendre de tromper aussi
fin que soi, c'est perdre sa peine.
— ÉTYM. Doubler; provenç. et espagn. dobla-
dura; portug. dobradura; ital. doppiatura.
f DOCC (douk), ». m. Espèce de guenon de la Co-
chinchine, le lasiopyge nemée. On a écrit aussi dok;
dok ou doue signifiant, dans le pays, singe, LEGOA-
RANT.
t DOUCE (dou-s'), s. f. Terme de métallurgie.
Mine douce de fer.
— ÉTYM. Doux.
DOUCE-AMÈRE (dou-sa-mê-r') , s. ^. Sous-arbris-
seau du genre morelle {solanum dulcamara, L.),
dont les tiges, d'une saveur un peu amère, laissent
un arrière-goût sucré, et qui est employé dans cer-
taines affections de la peau. || Au plur. Des douces-
amères, qu'on prononce comme au singulier.
— ÉTYM. Doux, amer.
DOUCEATRE (dou-sa-tr'), adj. Qui est d'une
douceur fade. Goût douceâtre. Une eau douceâtre.
Lorsque le vin sort de la grappe il a une douceur
fade, et, lorsqu'il n'est pas entièrement fait, il a une
âcreté rude; mais quand il a suffisamment bouilli,
il perd son goût douceâtre, le p. couaBEviLLE, dans
MSFONTAINES.
— REM. L'e après le c, dans douceâtre, est la trace
de l'ancien usage qui, lorsqu'on n'avait pas encore
introduit le c à cédille, mettait un c après le C pour
indiquer que le c se prononçait comme une s. •
— HIST. xvi' s. Une médecine douceâtre, des-
PÉR. t'onlM, xci,
— ÉTYM. Doux, avec la finale péjorative dire.
DOU
DOUCEMBNT (dou-se-man), adv. \\ !• D'une ma-
nière douce, délicate, légère. Frotter doucement.
Frapper, toucher doucement. Marcher doucement.
La fortune passa, l'éveilla doucement, El lui dit :
mon mignon, je vous sauve la vie, la pont. Fabl.
V, H. Elle voyait facilement sa .sœur qu'un rayon
de lumière éclairait doucement, staél, Corinne,
xvii, B. Il 2° Lentement. Pour délasser le soldat que
cette expédition avait fatigué, il revint doucement à
Babylone, vauoel. 0- C. 694. Mon avis c'est d'y aller
tout doucement à pied, sév. t03. Si l'on travaille tous
les jours aussi doucement qu'aujourd'hui, le procès
durera encore un temps infini, id. Letl. 2* nov. (664,
Il 3° X voix basse, sans bruit. Parler doucement;
Je me suis doucement esquivé sans" rien dire, mol.
Fdch. I, t. Il 4° Doucement, tout doucement, o'est-à-
direpeu àpeu, graduellement. Allezdoucementpour
les austérités, boss. LctI. Corn. (24. Si elles [vos
opinions] paraissaient tout à coup dans leur dernier
excès, elles causeraient de l'horreur; mais le pro-
grès lent et insensible y accoutume doucement les
hommes et en Ôte le scandale, pasc. Prov. 13. J'ap-
proche tout doucement du moment où les philosophes
et les imbéciles ont la même destinée, volt. Lett.
d'Argence, 3 sept. (770. ||5° D'une manière calme,
modérée , sans éclat. Je reçois doucement toutes les
réprimandes que vous me faites sur ce sujet, voit.
Leit. 25. H l'a , grâces aux dieux, doucement amené
[le prince], COBN. ATi'com. i, 5. Et la haine à mon gré
les fait plus doucement [les divorces] Que quand....
iD. JUracl. III, (. Mais proposer de front ou vouloir
doucement Contre ce qu'il résout tourner son senti-
ment. C'est ce que nous n'osons ni moi ni pas un
autre, m. Attila, iv, (. L'amour de Perpenna le
fera révolter; SouflTrez qu'un peu de temps douce-
ment le ménage, iD. Sertor. iv, 2. Je veux.... Le
chasser avec gloire, et mêler doucement Le prix de
.son mérite à mon ressentiment, id. Nicom. n, (.
Je prends tout doucement les hommes comme ils
sont, MOL. Mis. I, 1. On ne peut pas mieux dire; en
effet il est bon D'aller tout doucement.... in. Sga-
nar. (3. Vous voulez doucement m'annoncer mon
arrêt, colun d'harlev. Optimiste, m, (t. || Aller
doucement en besogne a aussi le sens d'agir molle-
ment. Il 6° Avec bonté, sans sévérité. Reprendre
quelqu'un doucement. Aussi furent-ils [les Juifs] tou-
jours doucement traités, BOss. Ilist. ii', B. || 7° Com-
modément, agréablement, avec douceur. Passer le
temps doucement avec ses amis. C'est mourir dou-
cement, mais enfin c'est mourir, corn. Théod. v, 8.
On se perd doucement quand on pera ce qu'on
hait; Et qui tue en mourant doit mourir satisfait,
BOTR. Hercule mour. 11, 2. || Dans une certaine ai-
sance. On peut vivre doucement à la campagne sans
grande dépense, || 8» Médiocrement bien. Comment
va le malade?— Tout doucement, bien doucement.
Il 9° Doucement s'emploie elliptiquement pour aver-
tir quelqu'un de trop prompt, de trop vif. Douce-
ment, monsieur, vous ne songez pas que vous êtes
malade, MOL. Jfoî. tmoff. I, 5. Doucement! diras-tu,
que sert de s'emporter? boil. Sat. viii.
. — HIST. XI* s. Et vers François humbles est dulce-
ment, Ch. de Sol. lxxxix. || xii° s. Si doucement ne
fu trahis nus [nul] hom, Couci, vi. Là couronna sa
famé Guiteclins 11 poissanz; Doucement la baisa et
estraint par les fians, Sax. v. || xiii* s. Si vos pri
[je vous prie] moût doucement que vos m'i laissiés
aler, villeh. cxvi. Au palefroy la montent sa gent
moût doucement, Berte, ix. Quant 11 rois Pépins
l'ot [ouït] si doucement parler, ib. cxii. || xv s. Ce
ban fait, on en fit un autre de par la ville de Bru-
ges, que chacun et chacune reçut bellement et dou-
cement en ses hostels les bonnes gens de Gand,
FROiss. n, II, 66. Et lors le roy benignement et doul-
cement luy pardonna et faisoit ce qu'on vouloit, ju-
vÉNAL, Charles VI, (407. || xvi* s. Ce lion s'appro-
cha tout doulcement de moy, mont, ir, (93. i celle
fin que, s'il advient qu'on les perde, qu'on en sup-
porte la peine plus doulcement, amyot, De la tran-
quillité, (6.
— ÉTYM. Douce, et le suffixe ment; provenç. dol-
iament, douisomenf ; espagn. dulcement ; portug.
docemenie; ital. dolcemenie.
t DOUCERETTE (dou-se-rè-f) , s. f. Fille ou femme
qui affecte un air doux.
— ÉTYM. Diminutif de douce, doux.
t DOUCEREUSEMENT (dou-se-reû-ze-man) , adv.
D'une manière doucereuse.
— ÉTYM. Doucereuse, et le suffixe ment.
DOUCEREUX, EUSE (dou-se-reû, reû-z'), adj.
Il 1" Qui est doux sans être agréable au goût. Et qui
[vin], rouge et vermeil, mais fade et doucereux,
N'avait rien qu'un goût plat et qu'un déboire af-
noiJ
freux, BOiL. Sat. m. || i' Fig. Qui a un agrément,
une douceur fade. Peignez donc, j'y consens, les
héros amoureux, Mais ne m'en faites pas des bergers
doucereux, boil. Art p. m. Tomyris : Un mad/igal
que j'ai fait ce matin pour le charmant ennemi que
j'aime,— Minos; Hélas! qu'elle est doucereuse! id.
Héros de romans. Ces doucereux Renauds, ces in-
sensés Rolands, ÎD. Sat. x. || Sulistantivemenî. Un
doucereux. Votre Clitandre dont vous me parlez et
qui fait tant le doucereux, est le dernier des hommes
pour qui j'aurais de l'amitié, mol. Kis. v, 4, Je
laisse aux doucereux ce langage affecté, boil. Sat.
IX. Il 11 se (lit aussi des choses. Pour un enfant mal-
traité. Dit Iris, votre langage Me paraît bien dou-
cereux, CHAUL. L'am. et l'amitié. Ce n'est pas un
tissu de mots doucereux, la brot. i. Les propos
doucereux dont on veut l'amuser, j. J. rouss. Ém. v.
Il 3* Oui aune douceur affectée. Ces gens-là, quoi-
que doucereux, Sont quelquefois bien dangereux,
scARHON, Virg. trav. vi. Je ne suis ni doucereuse,
ni importune, maintenon, Lett. d'Aubigné, 22 juil-
let (080. Il y a des vieillards doucereux, circon-
spects, pleins de ménagements, comme s'ils avalent
leur fortune à faire, volt. Lett. Mme du Defjant,
(6 janv. (76(. Il II se dit aussi des choses. Sa figure
effrayante et doucereuse m'est bien restée, et j'ai
peine à mo le rappeler sans frémir, 1. J. souss.
Confess, m.
— HIST. XIII» s. Lors estuet [il fiiut] jones gens
entendre X estre gais et amoureus Por le tens bel
et doucereus, la Uose, 80. Et espérance me ramené
Un pensé doucereus et frois [frais], Homan de la
Poire. Il XIV* s. Qui croit paroles doucereuses Sou-
vent les trouve venimeuses, LEROUX de ukct , Prov.
t. II, p. 387. Il XVI* s. 0 doux parler dont les mots
doucereux Sont engravés au fond de ma mémoire!
BONS. 30. Reray Belleau, ce doucereux et gentil
poêle, DES ACCORDS, Bigarr. f» 79, dans lacurne.
— ÉTYM. Picard, douc/iereux; wallon, d<iûcrèse;
rouchi, doucreux; de douceur, anciennement dow-
cor, d'où doucereux par atténuation de l'o, comme
dans Pancienne forme dolereus, douloureux. Dana
l'ancienne langue, doucereus n'avait pas un sens
péjoratif.
(. DOUCET, ETTE (dou-sè, sè-t'), adj. Diminu-
tif de doux. Il ne se dit que des personnes. Et tout
ce qui de jour la fait voir si doucette, Régnier, Sot.
IX. Vous êtes si gente et doucette, id. Uac. X tout
ce qu'on disait, doucet, je m'accordais, id. Sat. x.
....Vous faites la discrète. Et vous n'y touchez pas,
tant vous scmblez doucette, mol. Tarl.i, (.|| Sub-
stantivement. Et faisant le doucet de parole et de
geste, RÉGNIER, Sa(. viii. Sur ce point Jeanne ar-
rive, et faisant la doucette, id. ib. xi. Mon fils, di;
la souris, ce doucet est un chat, la pont. Fabl. vi, ».
— HIST. XII* s. Au commencer [je] la trovai si
doucete, Qu'onc ne cuidai par li [elle] maus endu-
rer, Couci, VI. Il XV* s. Si futcest enfant bel et dou-
cet, et très plaisant à nourrir, Bouciq. i, 2. || xvi* 8.
Nymphette que j'idolâtre. Ma doucette, ma sucrée,
rons. 309.
— ÉTYM. Diminutif de doux; provenç. dosset,
doussel.
I 2. DOUCET (dou-sè), s. m. || 1* Variété de rai-
sin. Il Variété de pomme à cidre, nommée aussi
rouget et muscadet. || 2* Doucet, poisson dit aussi
callionyme lyre, ou souris de mer.
(. DOUCETTE (dou-sè-f), ». f. Sorte de mâche,
la valérianelle cultivée,
— ÉTYM. Doucet; bourgulg. douçote.
f 2. DOUCETTE (dou-sè-f) , s. f. Terme de com-
merce. Légère étoffe de soie. |j Sorte de soude de
mauvaise qualité. || Mélasse ou sirop de sucre appelé
aussi roussette.
— ÉTYM. Doucet.
DOfCETTE.MENT ( dou-sè-te-man ) , adv. Tout
doucement. Terme familier.
— HIST. XVI* S. Chanter doucettement, hahot,
II, 249.
— ÉTYM. Doucette, et le suffixe ment; provenç.
dolsettamen.
DOUCEUR (dou-seur), s. f. || 1° Qualité de ce qui
est doux. Ce fruit a de la douceur. La douceur d'un
parfum. La douceur de son chant. La douceur de la
peau. Il Au plur. Des choses douces au goût. Accep-
tez cependant quelque peu de douceurs. Fort pro-
pres en ces lieux à conforter les cœurs; Les sèches
sont dessous, celles-ci sont liquides, corn. Suite
du M'-nt. II, 6. Merveille qui m'as enchanté Par tes
douceurs et tes pistoles. Sache un peu mieux les
partager; Et, si tu veux nous obliger X dépeindra
aux races futures L'éclat de tes faits inouïs, Garda
pour toi les confitures. Et nous accable de louis,
DOU
CORK. Suite dit Ment, m, 2, Mille l)onbon3, mille
uiquiscs douceurs Chargeaient toujours les poches
de nos soeurs, ohesset, Ver-Yert. \\S. f. plur. Les
parties d'une gravure les plus délicates, les moins
chargées de tailles, et les plus éclairées. |1 Fig.
Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence
Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs Rele-
vaient de ses yeux les timides douceurs, rac. Brit.
II, 8. Il 2° Se dit de la température et des climats
qui n'ont rien d'excessif en froid ou en chaud. La
douceur de la température. Je songeais à la Tou-
raine où j'avais déjà été et qui me plaisait beaucoup,
tant pour la douceur du climat que pour celle des
habitants, J. i. Rouss. Confess. xi. || 3° Qualité mo-
rale répondant à la qualité physique de douceur.
Avoir de la douceur. Un air de douceur. Prendre
quelqu'un par la douceur. Rome sait observer tout
ce qu'elle a promis. Et traite avec douceur tous
ceux qu'elle a soumis, mair. Mort d'Àsdruial, m,
5. J'essaierai tour à tour la force et la douceur, rac.
Brit. m, 5. Dieu, notre Dieu sans doute a versé
dans son coeur Cet esprit de douceur, id. Esther,
II, 9. Il affecte pour vous une fausse douceur, m.
Athal. I, ). Et la douceur peut tout sur notre vo-
lonté, VOLT. Àls. IV, <. La modeste douceur Donne
un prix aux vertus et sied à la valeur, id. Tancr.
1,2. Le voilà [le roi de Prusse] ce savant que la
gloire environne, Qui préside aux combats, qui
commande à Bellone, Qui, du fier Charles Douze
égalant le grand cœur, Le surpasse en prudence,
en esprit, en douceur, id. ÉpUre ui. || Douceur de
coeur, amour pour une femme. Il se rend complai-
sant à tout ce qu'elle dit, Et pourrait bien avoir
douceur de cœur pour elle , mol. Tart. m , < .
Il 4* Modération, mesure. J'aime qu'avec douceur
nous nous montrions sages, mol. Tart. iv, 3. || 6° Ce
qui flatte l'âme comme les substances douces flattent
le goût. Ceux qui jouissent de toutes les douceurs de
la vie. Joignons à la douceur de venger nos parents. ...
COR». Cinna, i, i. Quand l'homme se possède,
et que les créatures N'ont aucunes douceurs qui
puissent l'arrêter, ID. Imit. i, 26. Saintes dou-
ceurs du ciel, adorables idées, id. Poly. iv, 2.
Si vous pouviez comprendre et le peu qu'est la
Tie, Et de quelles douceurs cette mort est suivie 1
ID. ib. IV, 3. Ils se sont privés.... Des charmantes
douceurs d'élever votre enlance, id. A't'com. i, 2.
.... Vous seul refusez les douceurs de la paix, id.
Sertor. iv, 3. Et ce sont des douceurs exquises que
des louanges éclairées, mol. Bourg, gent. I, i. Le
plaisir d'aimer, sans l'oser dire, a des peines, mais
il a aussi ses douceurs, pasg. de l'Amour. Soit que
l'impossibitité dont parle saint Paul veuille dire qu'en
effet il n'y a plus de retour à ces premières dou-
ceurs qu'a goûtées une âme innocente, quand elle
y a renoncé avec connaissance, Boss. Anne, de Gonx.
Les douceurs du monde nous sont interdites, et
nous nous privons des douceurs de la religion,
BOtiRD. Exhort. sur l'observ. des règles, 1. 1, p. 21 8.
Ahl si le seul amour qu'il eut pour sa patrie Le ren-
dit insensible aux douceurs de la vie.... rac. Thé-
haide, m, ♦. [Que] J'aille vanterpartout la douceur
de ses fers, id. Alex, m, 2. S'il [l'amour] a quelque
douceur, n'osez-vous l'essayer? id. Phèdre, 1, 1.
Le c<Eur peut se tromper, l'amour et ses douceurs
Pourront coûter, Palmyre, etdu sang et des pleurs,
VOLT. Fanât, m, s. J'oublierai dans la douceur de
leur société [de mes amis] la sottise que j'ai faite
ce matin, lo. Uemnon. La douceur de te voir ne
m'est donc point ravie, id. Tancr. 11, 7. [La santé]
Bien sans qui tou.s les biens n'oflrent point de dou-
ceurs, A. ciiÉN. Elég. VI. La vie eut bien ^our moi
de volages douceurs; Je les goûtais à peine, et voilà
que je meurs , id. tb. vn. Livre-toi sans alarme aux
douceurs du repos, lemerc. Agamemn.v,i. Us [ces
bois] n'auront point, mon fils, de lieu trop solitaire
Pour protéger des jours dont je sens la douceur, c.
BÉLAv. Paria, iir, 4. || 6° Dédommagement. Cela lui
a valu quelque douceur. Cette conduite lui a attiré
ùllUe petites douceurs, SÉV. 452. Elle en tomba
d'accord, promit quelques douceurs, la pont. Fian-
cée. Il Petit profit qu'on donne à quelqu'un pour re-
connaître sa peine. Faites cela, il y aura quelque
petite douceur pour vous. || 7° Au plur. et rarement
ou singulier, paroles flatteuses. C'est une douceur
qu'on vous dit en passant. Je lui ai dit toutes vos
douceurs là-dessus, sÉv. 31. Elle me prie de vous
dire mille douceurs de sa part, id. 68. Je ne veux
dire aucune douceur à M. de Grignan, id. 6U.
Il Ironiquement. Injures. Il [l'abbé Cotin] achevait
de lire .ses vers; Ménage entra; Mademoiselle les fit
voir à Ménage, sans lui en nommer l'auteur; Mé-
nage les trouva ce qu'efl'ectivement ils étaient, dé-
DOU
testables ; là-dessus nos deux poSte» se dirent à peu
près l'un à l'autre les douceurs que Molière a si agréa-
blement rimées, d'olivet, Hist. de l'Acad. t. 11,
p. i90, dans POUGENS. || Propos galants adressés par
les hommes aux femmes. Nous les gâtons par nos
douceurs, mol. Princ. d'Él. m, 2. Et goûter le plaisir
de m'ouïr dire des douceurs, id. G. Dandin, 11, 4. Il
lui conte des douceurs, iD.Fourbcr. I, 6. Et d'aller,
à l'abri d'une perruque blonde, De ses fades douceurs
fatiguer tout le monde, boil. Sat. iv. 118° En dou-
ceur, toc. adv. Avec douceur, en bien-être. Où l'on
puisse en douceur couler quelque moment, corn.
Ment. I, t. Il Peu à peu. Mais je suis pris ailleurs;
près d'un objet vainqueur Je fais à petit bruit mon
chemin en douceur, regnard. Distrait, 11, 7.
Il Terme de métier. Par une gradation insensible.
Amincir une planche en douceur, y Terme de ma-
rine. Filer en douceur, amener en douceur, filer
sans secousse un cordage tendu. || Avec modéra-
tion, ménagement, sans éclat. De prévenir l'éclat
où ce coup-ci m'expose, Et faire qu'en douceur
passât toute la chose, mol. le Dép. m, 3. En
faisant cette union [des ministres] , Harcourt, qui
tout en douceur donnait la loi, voulut que Mme des
Ursins y fût comprise, st-sim. 144, 99. L'un fait
beaucoup de bruit qui ne lui sert de guères; L'autre
en toute douceur laisse aller les affaires, mol. Éc.
des f.i, \. Il De manière à ne pas blesser. C'est
un conseil que je lui ai donné en douceur. C'est
une pilule un peu amère qu'il faut lui faire avaler
en douceur. || Prendre les choses en douceur, les ac-
cepter sans se formaliser de ce qu'elles peuvent avoir
de désobligeant. || Dans la douceur, même sens.
Je souhaite fort que les choses aillent dans la dou-
ceur, MOL. Festin, v, 3. Les choses iront dans la
douceur, in. l'Av. v, 2. || Proverbe. Plus fait dou-
ceur que violence, la font. Fabl. Vl, 3.
— HIST. XII' s. Dame Dex pères, par la vostre
dousor.... jRonc. p. 108. Au renouveau de la douçor
d'esté, Coud, xiv. Ja de mon cuer n'istra [ne sor-
tira] mais la semblance. Dont [ma dame] ma con-
quistas mots pleins de douçor, ib. xvi. J'ai tant de
joie et j'ai tant de dousour. Que me partir n'en
pourroie à nul jour, tb. xvn. Â la douçor du tens
qui raverdoie Chantent oisel et florissent verger, ib.
XXI, Tant requistnuit et jur lamere alcreaturQu'ele
li tramesist santé de sadolur. Qu'à lui vint une nuit
la dame de dulcur. Th. le mart. 94. || xiii* s. Et
moult leur prist grant pitié de la grant douceur qu'il
virent au duc, villeh. xli. Chascuns lui porte bo-
nor, douçor et compaignie, Berte, LX. || xv [Lo
comte de Flandre] requeroit par douceur que ces
blancs chaperons fussent mis jus,froiss. ii, ii, 53.
Et estoit tout le pays pour le comte, excepté les
quatro-mesliers dont aucunes (touceurs venoienton
la ville de Gand, id. ii, ii, <48. Il faut avoir mau-
vaise beste par douceur, leroux de lincy, Prov.
t. n, p. 310. Il xvi" s. Il n'y avoit doulceur aucune
dont ilz se peussent sustenter avec le pain, amyot,
Eutn. 21.
— ÉTYM. Picard, doucheur ; provenç. dolxor,
doussor; espagn. dulxor; ital. dolciore; du latin
dulcorem, de duleis, doux. '
DOUCHE (dou-ch'), s. f. Colonne de liquide d'une
hauteur et d'un diamètre déterminés qu'on dirige
sur une partie du corps où elle agit par le choc et
par la température. Douche descendante, douche
dans laquelle la colonne du liquide tombe verticale-
ment. Douche latérale, celle dans laquelle la co-
lonne de liquide est dirigée horizontalement. Douche
ascendante, celle qui arrive de bas en haut. Donner,
recevoir une douche. On m'a assuré qu'on prend
la douche à Vichy, sÉv. 2G7. || Par plaisanterie, on
appelle douche tout liquide jeté sur une personne.
Il lui jeta une potée d'eau au visage ; quelle douche 1
Il Par extension, on l'a dit même d'un liquide pris
intérieurement, et particulièrement du vin. Après
un coup de romanée , La douche ayant calmé mes
sens. J'ai maudit ma muse obstinée i railler les
hommes puissants, bérang. Guérison.
— REM. Dans les anciens dictionnaires, à côté de
douche, on trouve douge, qui est tombé en désué-
tude. - ■»-»-■• :■
— SYN. DOUCHE, AFfusiON. La douche vient d'une
certaine distance et a une force d'impulsion. L'af-
fusion se fait de près et n'a aucune force d'impul-
sion.
— ÉTYM. liai, doccia; espagn. ducha, gouttière
(voy. doucher).
DOUCUÉ, EE (dou-ché, chée), part, passé. La
partie douchée.
DOUCUER (dou-ché), V. a. Arroser par la dou-
che. On m'a douché le genou. 1| Se doucher, v. réft.
DOU
1231
Sa donner une douohe. Avec ceilains appareils on
peut se doucher soi-même.
— ÉTYM. Douche; ital. docciore;du latin fictif duc-
tiare, fréquentatif de ducere, conduire (voy. duirE).
t DOUCIIECR, EUSE (dou-cheur, cheû-z'), ».
m. et f. Nom, dans les maisons de santé, de celui
ou celle qui administre les douches.
— ÈTYM. Doucher.
i. DOUCI, lE (dou-si, aie), part, possède doucir
Glace doucie. ^
— ÉTYM. Doux.
t 2. DOUCI (dou-si) ou DOUCHI (dou-chi), ». m.
Opération par laquelle on prépare les glaces à rece-
voir le poli ; état d'une glace ainsi préparée.
— ÉTYM. Doux.
1 1 ■ DOUCIN (dou-sin) , s. m. Variété de pommier
sauvage, qui sert de sujet pour la greffe.
— ÉTYM. Doux.
t2. DOUCIN (dou-sin), s. m. Nom, dans quel-
ques localités, de l'eau douce mêlée d'eau de mer,
de l'eau saumâtre.
— ÉTYM. Doux.
DOUCINE (dou-si-n'), s. f. || 1° Terme d'architec-
ture. Moulure de corniche moitié convexe et moitié
concave, qui se nomme aussi gueule droite ou ren-
versée suivant sa position. || Rabot dont le menuisier
se sert pour pousser des moulures. || Ouverture de
croisée dont la coupe est faite en doucine. || 2° An-
cien nom d'une œuvre d'orfèvrerie. Les calices se-
ront marqués et contre-marqués au bouge , fausse-
coupe et couvercle; les vases, suages ou doussines
(sic) forgées, et carrés du pied, seront marqués du
poinçon du maître, Hèglem. orf.Jlo déc. t679. j
— ÉTYM. Dans la langue du xv"" et du xvi" siècle,
doucine, doulcine signifiait une trompette (sans
doute de doux, à cause de sa douceur) ; il est pos-
sible que le nom de la trompette ait, à cause de
sa forme, passé à l'ouvrage d'orfèvrerie, puis de là
à l'architecture.
t DOUCINELLE (dou-si-nô-l') , s. f. Variété de
raisin.
DOUCIR (dou-sir), v. a. Donner le poli à une glace
avant de l'étamer. Doucir à la roue.
— ÉTYM. Doux.
t DOUCISSAGB (dou-si-sa-j'), s. m. Action de
doucir.
— ÉTYM. Doucir.
BOUE, ÉE (dou-é, ée), part, passé. \\ 1° Qui a
reçu un douaire. |[ 2" Fig. Qui a en partage. Elle
était douée de toutes les vertus. |i Un homme heu-
reusement doué, un homme pourvu de qualités heu-
reuses. Il 11 se dit quelquefois alisolumenl. C'est un
homme doué, c'est un homme qui a reçu de la na-
ture des qualités, des talents.
DOUELLE (dou-è-r),s. /■. (| 1° Terme d'architec-
ture. Parement intérieur ou extérieur d'un voussoir.
La réunion de toutes les douelles intérieures forme
l'intrados, et celle de toutes les douoUes extérieures
est appelée l'extrados de la voûte, legoarant. ||La
courbure d'une voûte. C'est abusivement que douelle
est employée dans ce dernier sens par certains au-
teurs, qui appellent l'intrados douelle intérieure
(comme le dit l'Académie au mot intrados) et don-
nent à l'extrados le nom de douelle extérieure, m.
Il 2° Nom donné quelquefois aux douves de ton-
neau.
— HIST. XIV* s. Icellui suppliant prist furtivement
environ soixante pièces de douelle* à faire tonneaux,
DU cange, doela.
— ÉTYM. Berry, douelle, douve, merrain; du
bas-latin doela, de doa, doga (voy. douve).
DOUER (dou-è), v. a. \\ 1° Terme de droit. Assi-
gner un douaire à celle qu'on épouse. Je dis que le
futur peut, comme bon lui semble. Douer la future,
MOL. Ec. des f. IV, 2. Il 2° Dans le langage général,
gratifier, accorder, en parlant de Dieu, de la na-
ture, des génies, des fées. La nature l'a doué d'heu-
reuses facultés. On ne saurait dire si Ésope eut su-
jet de remercier la nature ou bien de se plaindre
d'elle; car, en le douant d'un très-bel esprit, elle
le fit naître difTorme et laid de visage, la font. Vie
d'Ésope. Malheureuse, les dieux ont-ils doué tes
pleurs De ces charmes puissants qui fléchissent les
cœurs? desfontaines.
— HIST. XII* s. Toute sa terre nequident [néan-
moins] m'a donée; De Ribemont iert [sera] ma feme
ioée, Raoul de C. 224. || xiu« s. Vouliez que vostre
mère m'amedes'amourdoe, Berte, xxxm. Li enfant
de le [la] première feme emportent le [la] moitié doi;i
lor mère fu douée, beaum. xiii, 2. Li prestres ftt
dire à l'omme quant ilespouse [célèbre le mariage] :
Du douaire qui est devises entre mes amis et les tiens,
tedeu, iD.tb.Troppou [peu] fu de tiex [tels] homm'^s
1232
DOU
ne de si bien doez, Puis que Diex fu por nous en
sainte croix cloez, t. de meuno, Test. ("3. || xv s.
Raporter la besongne en tel point que la pucelle
soit tenue do vous regracier, et qu'elle puisse avoir
occasion de vous aymer, et vous douer de son geiit
corps, Ferceforest, t. ii, ^ 8. || xvi' s. Icy chez
luy, où par dévote emprise Fonda, bastit, et doua
ceste église, mabot, m, 240.
— ÉTïM. Provenç. et espagn. dotar; ilal. dolare;
du latin âtlare, de dos, dotis, dot (voy. dot).
f DOUKT (doué, monosyllabu) , s. m. Voy. doit.
— HIST. XVI* s. 11 s'en va porter un fais de dra-
peaux [langes] à un douet qui estoit sur le chemin,
despêr. Contes, xxxvi.
t DOUGE (dou-j') , s. m. Ciseau plat pour fendre
les ardoises.
t DOCIL (doull'. Il mouillées), s. m. Vaisseau
pour le transport du raisin au pressoir.
— Etym. Lat. dolium, tonneau.
t BOUILLAGK (dou-lla-j', H mouillées), s. m.
Terme de manufacture. Mauvaise fabrication des
étoffes de laine, qui vient de ce que l'on n'y a pas
employé des trames de la même qualité dans toute
la longueur d'une piSce.
— ËTYM. Voy. douilleux.
DOUILLE (dou-U', Il mouillées, et non dou-ye),
s. f. La partie creuse et cylindrique de certains in-
struments en fer, au moyen de laquelle ils s'adap-
tent à un autre corjis. La douille d'une baïonnette,
d'une bêche. || Petit tuyau soudé sur le cûté d'un
appareil de distillation. || Nom généralement donné
aujourd'hui aux cartouches toutes préparées pour
les fusils de chasse qui se chargent par la culasse.
Une boite de douilles. Je fabrique moi-même mes
douilles.
— HIST. XIV s. Entre les barbillons [de la flèche]
et la douille du fer, llénagier, ii, 6. || xV s. Sa
lance rompit auprès de la douelle, /. de SaiiUré,
p. 250, dans LACUBNE. Il xvi* s. Le fer de la lance
entra tout dedans la teste avec la douille, et bien
deux doigts du bois, m. du bell. co7.
— ÉTYM. On a indiqué l'allemand Dille, douille;
provincial. Tulle; anc. haut-allein. tuola, tenant au
latin doia, gouttière. Mais Diez a signalé la vraie éty-
mologie : le bas-latin ductile, gouttière, de duclilis
(T3y. ductile). An-douille a la même origine et vient
du bas-latin in-ductile. Douelle ayant été dit pour
douille, et douille pour douelle (voy. Nouv. coût,
génér. t. ii, p. <086), il y a eu confusion entre ces
deux mots.
DOUILLET, ETTE (dou-Uè, llÈ-f, Il mouillées,
et non dou-yè), adj. \\ 1° Doux et mollet. Lit, oreil-
ler bien douillet. Il Tendre et délicat. Peau douillette.
Il 2° Trop sensible aux petites impressions désagréa-
bles. 11 ne faut pas êlre si douillet. Il Substantive-
ment. Faire le douillet. C'est une douillette. Bon,
bon, messieurs, dit-il, vous êtes des douillets, volt.
Roi de Prusse, 68.
— HIST. xvi° s. lisse tenoient par bandes, joyeulx,
mignars, douillet/, aulcuns; aultres tristes, graves,
sévères, rechignez, kab. Pont, iv, 68. Voyez ceste
perche d'oyseaulx, comment ilz sont douillets et en
bon poinct, des rentes qui nous viennent de ïou-
raine, id. ib. v, 6 Ou bien que les froides ge-
lées Eussent faict mourir les œillets Qu'elle lient si
chers et douillets, st-gel. 77. Si bien qu'on ne peut
s^avoir, X la voir et à le voir. Laquelle ou de la
(leurette. Ou d'ello^st la plus douiUelte, bons. 653.
Pour ce il faut de l'argent à couvrir nostre corps.
Oui de lui-mesmo est tendre et douillet par dehors,
10. 9U6.
— ÉTYM. Diminutif de l'ancien adjectif douille ou
doille, qui signifiait mou, et qui provient de l'ad-
jectif duclilis, qui se prête au maniement (voy. duc-
tile). Il ne faut pas le confondre avec le lorrain
deuil, qui signifie dolent, douloureux, sensible;
on dit d'une pjrtie qui a reçu un coup : cela m'est
deuil ; deuil paraît un adjectif formé du verbe dou-
loir comme le substantif français deuil.
DOUILLETTE (dou-llè-f. Il mouillées, et non
dou-yè-t') , s. f. Pardessus da soie ouatée. II portait
habituellement une douillette. Je me suis fait faire
une bonne douillette. Rose en douillette, en four-
rure. Ici contrôla froidure, Vient m'offrir un doux
soutien, uÉRANo. Hiver.
— ÉTYM. Douillet.
DOUILLETTEMENT (dou-llè-te-man, U mouil-
lées) , adv. D'une manière douillette. U était couché
douillettement sur un lit. L'enfant est lumineux ut
douillettement fait, DIDEROT, Salon de n<i7, Œu-
irtt, t. XIV, p. 343, dans pougens.
— ÉTYM. Douillett», et Je suffixe ment.
TDOUlLLKTTEtt (dou-Uè-lé, Il mouUlées), t'. o.
DOU
Avoir des soins excessifs pour une personne. || Se
douilletter, v. réfl. Se traiter d'une manière douil-
lette.
— ÉTYM. Douillet.
tDODlLLEUX, EUSE(dou-lleux, lleû-z', {( mouil-
lées), adj. Terme de manufacture. Oui a du douil-
lage. Pièce douiUeuse, pièce ridée et mal unie, qui
n'est pas carrée, et d'une égale largeur.
— ÉTYM. Le radical est sans doute l'adjectif doutik,
mou, qui vient du latin duclilis (voy. douillet).
t DOUILLON (dou-Uon , Il mouillées) ,s.m. Terme
de commerce. Laine de qualité inférieure.
— ÉTYM. Voy. douilleux.
t DOULES (dou-l'), s. m. Le doules à queue ru-
bannée (dules twniurus, Cuvier), poisson dit ha-
reng à l'île de la Héunion.
DOULEUK (dou-leur), s. f. || !• Impression ano-
male et pénible reçue par une partie vivante et per-
çue par le cerveau; souffrance physique. Sentir,
éprouver une douleur, de la douleur dans un mem-
bre. Une douleur aiguë. La douleur que cause une
incision. La douleur est différenle suivant les parties
qui sont lésées. Ne croyez pas que ses excessives et
insupportables douleurs aient tant soit peu troublé
sa grande âme, Boss. Duch. d'Orl. La santé que
j'appelle et qui fuit mes douleurs, a. chén. hlég. vi.
C'est son bien dissipé, c'est son fils, c'est sa femme.
Ou les douleurs du corps si pesantes à l'âme, id. ib.
xxxin. C'est une douleur terrible, mais qui n'a rien
de hideux, diderot, Salon de iial , OEurres,
t. XIV, p. 301 , dans pougens. \\Auplur. Les souf-
francesde l'accouchement. Elle est dans les douleurs.
Les grandes douleurs ont commencé. Ma fille sentit
de petites douleurs, sÉv. 6. || 2° Soutïrance qui est à
l'Ame ce que la soufl'rance physique est au corps.
Navré de douleur. Que j'ai de douleur de voir que
Dieu vous abandonne! pasc. l'rov. 17. Nous ne son-
geons plus qu'il y ait eu un comte de Guiche au
monde : vous vous moquez avec vos longues dou-
leurs, sÉv. Lett. 28 déc. Hi73. Cette autre sorte de
douleur qu'on appelle repentir, BOSs. Libre arb. 2.
11 faut dans la douleur que vous vous abaissiez; Pour
me tirer des pleurs il faut que vous pleuriez, boil.
Art p. III. Il devrait y avoir dans le cœur des
sources inépuisables de douleur pour de certaines
pertes, la bruy. iv. Il vit chargé de gloire, acca-
blé de douleurs, rac. Uitlir. v, *. La douleur qui
se tait n'en est que plus funeste, id. ^ndrom. m, 3.
De quel nom sa douleur me va-t-elle appeler"? id.
ib.n,&. Je te laisse trop voir mes honteuses dou-
leurs, ID. Phèdre, i, 3. Vos amis et les miens....
Viennent de confier leur douleur àNarcisse, id. Brit.
m, 6. La douleur est injuste; et toutes les raisons
Oui ne la flattent point aigrissent ses soupçons, id.
ib. i, 2. Elle aura devant lui fait parler ses dou-
leurs, ID. Baj. m, 3. Dans sa douleur elle se trou-
vait malheureuse d'être immortelle, kén. Tél. i.
Votre lettre, que la douleur a écrite, pénètre mon
cœur, VOLT. Lett. d'Argental, 23 déc. ^774. Le jour,
sur leur tombeau, j'allais verser des pleurs. Et je
veillais la nuit pour sentir mes douleurs, st-lam-
iiERT, Saùons, hiver. Ne le lui proposez pas comme
une dissipation; les grandes douleurs y répugnent;
il faut à leur insu tâcher de les distraire et les trom-
per pour les guérir, marmontel, ilém. i. Je nomme en
général douleur ou déplaisir toute situation de mon
âme qu'elle aime mieux ne pas éprouver qu'éprou-
ver, bonnet, Oliuvres mêlées, t. vm, p. 2G5, dans
POUGENS. Le ciel rit à la terre, et la terre fleurit;
Aréthuse serpente et plus pure et plus belle; Une
douleur plus tendre anime Philomèle, a. chén.
Élég. XXVI. De douleur en douleur je traverse la
vie, Ducis, Abufar, m, 2. Quelquefois la douleur
n'est pas loin de la joie, id. Oscar, i, 2. Je ne sais
pourquoi dans le trouble de la douleur on est plus
capable de superstition que de piété, stael, Co-
rinne, xviii, 6. Tu fais l'homme, ô douleur, oui,
l'homme tout entier, Comme le creuset l'or....
lamart. Barm. Ii, 7. || Fig. et familièrement. Ava-
ler la douleur, boire un coup. Allons, avalez la
douleur. C'est une ironie au buveur qui feint de ne
vouloir plus boire. || 3° Fig. Expression de la dou-
leur. Les douleurs tie l'élégie. Un chant plein de
douleur. Le comique, ennemi des soupirs et des
pleurs. N'admet point en ses vers de tragiques dou-
leurs, boil. Art p. m. {| Proverbes. X la Chandeleur,
grande douleur, c'est-à-dire grande froidure. Ce dic-
ton, la Chandeleur étant le 2 février, ne paraît pas
fondé; on peut croire qu'il n'a été suggéré que par
la consonnauce, laquelle a fourni en effet un certain
nombre de mots ou de locutions incompréhensibles.
Il Pour uu plaisir mille douleurs.
— UiST. Xi' s. Ce estdeladulor.... ioii de Guil. 13.
DOU
Deus! quel dulur que 11 Franceis nel savent! Ch.de
Hol. uv. Sur piez se dresse, mais il a grant duiur,
ib. CLXiii. Il ïii* s. Icil feront as Cristiens dolor,
Ronc. p. *i. Lors [ils] se plaignent sans doloi.
Coud, I. One mais n'avint en France nule si granx
dolors, Sax. xxvii. Ezechie e David e maint autre
plusur, Quant il orent mesfait vers Deu lur crea-
tur, Mult sunt humilié e furent en dolur K repen-
tant es quers [cœurs].... Th. le mart. 78. {| xiir s.
Se bien ne vous prouvez [si vous ne vous compor-
tez bien], de la dolor [je] morrai, Berte , vil. Ne
la très grant dolor qu'il en ont démené, ib., cm.
Il XV' s. Et envoyèrent le corps messire Grignard de
Mauny à ses deux frères, qui le reçurent à grand
douleur, froiss. i, i, 99. || xvi* s. Le meilleur re-
mède que je sache pour les douleurs présentes, c'est
d'oublier les joies passées, despér. Cymbal. i'.>T.
Quant ils ont incisé un membre, ils ne laissent pas
la partie dolente en sa douleur et en son tourment,
amyot, Comment discerner le flatl. de l'ami, 63.
Douleur de teste veult manger. Douleur de ventre
veult purger, leroux de lincy, Prov. t. i, p. 216.
X chacun sa propre douleur semble plus grève et la
greigneur [plus grande], id. ib. t. u, p. 2î6. Au
départir sont les douleurs, ID. ti;. p. 232.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. dolor; portug dir ;
ital. dolore; du latin dolorem.
DODLOIIl (SE) (dou-lûir), v. réft. Usité seulement
à l'infinitif et encore rarement; il est dommage
que ce verbe si commode et si expressif soit tombé
en désuétude. Ilesseulir de la douleur, se plain-
dre. On l'entendit se douloir d'une façon lamenta-
ble. Et faut bien que çasoit vrai, car j'ai commencé
à me douloir dans tous les membres, beaum. Rarù.
de Sév. II, 6. Il Régnier l'a encore employé au pri-
sent : Mais ce dont je me deulx est bien une autre
chose, Sat. vi.
— HIST. X" S. Doleants, Frag. de Valenc. p. 4JC.
Tu douls mult ad [à].... ib. p. 460. E io [je] non [ne]
dolreie de tanta miflia hominum, si perilut erenl
[étaient]? t'b. || xii's. Bien est droit que je medueiUe,
Couci, viii. Jo duil sur tel, chier frère Jonathas, bel*
e amiables, que jo amoue [aimais] si cum la merc
sun fil qui n'ad mais un, Jîois, <23. De Di;u aie/,
lieneicun.ki dulez ensemble od mei,tb. 9(. ||xiirs.
Forment lui deult li cuers, moût fut en grand e»-
moi, Jierle, vu. Ce u'estoitpas merveille se li cueis
lui douloit, ib. xxvm. Si qu'encore s'en deulenl cil
de ceste lignie, ib. cxliv. Je départi de li [d'eil-j
outre mon gré; C'estoit là riens dont je plus me dj-
loie, ANONYME, dans Couct. Roonel ne lor ^o.■,l
[voulut] mot dire, Einçoiz plore moult et sospire;
Moult li diautle dos et l'eschine, Ren. 18756. Car ii
cuers de riens ne se diaul, Quant li oel [les yeuxj
voient ce qu'il viaat [qu'il veut], la Rose, 2761. Li
oignemens moult me valu. Mes toutes voies me dolu
La plaie, si que la dolor Me faisoit muer la color,
ib. (880. Tant ai amé, tantaim, tantamerai, Ke je
m'en duel et dueluc [du latin, dolui] etdaurai Très-
tous les jours que je serai en vie, Bibl. des Chartes,
4" série, t. V, p. 490. Se le [la] partie contre qui le com-
mandement est fes, se deut [plaint], il se pot traire
ausegneur, beaum. 23. A le [la] requeste du pais ou
d'aucun de cix [ceux] qui s'en daurroieut jplain-
draient] , id. xxv, 7. || xiv s. Selon amitié qui appai-
tient à communication de nature humaine , un ami sa
doit esj'oir du bien de l'autre et douler dumal,OHESUE,
Elh. 20. Temps doulu [temps perdu, temps dont ou
se deult] , Traité d'alch. 279. |{ xV s. Celle chose
ne peut longuement durer ainsi, que le pays ne s'en
aperçoive et dueille, Faoïss. iu,iv, 50. Dict le pro-
verbe : où la dent se deult, la langue va, Bouciq. iv,
ch. 7. Et luy douloit bien de cette division, comh.
I, 15. La royne d'Arragon se doulustde la sentence
que le roy donna au prouffit du roy de Castille,iD.
II, 8. Il XVI' s. Au despartir, cette très noble dame,
Doulante en cueur, navrée jusqu'à l'ame, J. marot,
V, 86. Mais le vrai dueil scez tu bien qui le porleT
C'est cestui-là qui sans tesmoin se deut, id. m,
175. U vous deult de ce baiser-cy, ID. lu, (92. Je
m'en voys au train de tressaillir, comme d'une fa-
veur nouvelle, quand aulcune chose ne me lieult,
mont, m , 307. L'inconvénient dont toy et moy nou»
deuiUuns, la boétie, 34l. Ils doutent si la parti»
qui se courrouce , qui appelé, qui se deult, quis'es-
jouit en nous, peut bien obeïr à la raisou, àhyot,
Delà icrtu morale, s.
— ÉTYM. Normand, douler; Betty, se doler, u
douler; provenç. et espagn. doler; calai, dàlrer,
dôldrer; portug. doer; ital. dolere; du latiu dolere.
DOULOUREUSEMENT (dou-lou-reil-ze-man), adv.
Avec douleur physique. Malade, elle gisait doulou-
reusement dans un mauvais lit. ]| Avec un senliiaanl
DOU
DOU
DOU
1233
du douleur, ou un ton de douleur. Être douloureu-
sempnt affecté de la mort d'un ami. 11 se plaignait
douloureusement.
— UIST. XIII* s. Oui tousjoursme batoit moût dou-
lereusemeut, Bcrle.XLVu. || xiv* s. Et en la fin perdi
doulereuscraent corps et enffans et biens et sa feme,
ORKSMK, £1/1. 22. Il XV" s. Et n'oy de vous aucune-
ment Nouvelle pour avoir liesse: Pourquoy vis dou-
loreuseuient, Ma dame, ma seule maistresse, cii.
D'oiiL. Bal. 63. Il xvi« s. La reine racontoit doulou-
reusement [en alieclant la douleur] les entreprises
ues Guisards, d'aub. llist. ii, 3^6.
— ETYM. Douloureuse, et le suffixe ment; pro-
veiiç. dolorosaiiien, doloyrosament ; espagn. et ital.
dolorosnmi'nte.
DOlLOUltEUX, ECSE (dou- lou-reû, reû-z'),
adj. Il 1° Oui cause de la douleur physique. Une plaie
douloureuse. Une opération douloureuse. Ahl quel
âpre luuniient, (|uels douloureux abois! cokn. Ué-
dée, V, 6. Mais il faut vous quitter, ma mort est
douloureuse, volt. Tancr. v, 6. || 2° Qui est endo-
lori. Il a le pied douloureux. La partie douloureuse.
Dans la périioaite le ventre est tiès-douloureux.
Il 3° Oui exprime la douleur. Des plaintes doulou-
reuses. Aux élans redoublés de sa voix douloureuse,
Tous ses valets tremblants quittent la plume oiseuse,
BoiL. Lutrin, iv. La sultane, à ce bruit feignant de
s'efTrayer, Par des cris douloureux eut soin de l'ap-
pnyer, rac. Baj. i, t. Hélas! sur son visage J'en-
trevis de la mort la douloureuse image, volt. Ui-
rope , m, 4. Hélas! il m'observait d'un regard
douloureux, ID. Fanât, iv, 4. C'est un chant dou-
loureux dont mon cœur a besoin, dlcis, Othello,
V, 2. Il 4" Oui cause de la douleur morale. Un dou-
loureux devoir. Une séparation douloureuse. Exem-
ple à l'univers De l'amour la plus tendre et la plus
malheureuse Dont i\ puisse garder l'histoire doulou-
reuse, RAC. Bérén. v, 7. Tant de jours douloureux!
tant d'inquiètes nuits! ID. Baj. m, 7. Ce bonheur
douloureux, cette tendre langueur, L'aliment, le
plaisir et le charme du coeur, uucis, Abuf. iv, ».
Combien il m'est douloureux de vous voir courir à
votre perte! fén. Tél. vu. ô nuit, nuit douloureuse 1
et loi tardive aurore. Viens-tu? vas-tu venir? es-tu
bien loin encore? a. chén. Élég. xxiil.
— HlST. XI' s. Oue deviendrai, duluruse, chai-
tive? eu. de Uni. cxci. Es-vous le chaple [combat]
et dulurus e pesmes, ib. ccxlvii. || xii* s. Eu France
crut si doloros tourment, Bonc. p. 67. Las [liens]
dolereus qui si m'ont mal bailli, Couci, vu. Mais
nul partir, sachez, quoi que nus [nul] die. N'est do-
lereusque d'ami et d'amie, ib. xxiv. Irons venger la
honte dolereuse Dont chascuns doit estre irés [cour-
roucé] ei hoiiteus, qijesnes, liomanc. p. 84. Au Mans
avons sofert doleirose quinzaine, Sax. xxx. Quant
Deus ot lait Adam e mis en parailis, l'ur le mesfait
qu'il fist ne fu il ])as ocis. Mais en cest dolereus
mund fu en chartre mis, ï'/i. le mart. 31. ||xui' s.
[Elle reçut] Maint douleréus maudit [malédiction],
basset, à recelée, Bette, Lxxxii. Mes li dolereus vens
de bise A contre li bataille emprise, Et le contraint
par estovoir Toutes ses undes à movoir, la Rose,
6001. [Images] Qui ne sunt migiiotes ne cointes;
Ains sunt dolereuses et tristes, ib. 60B. Et l'autre
respondi que. se le roy se croise, ce ieit [ce sera]
une des doMlloureuses journées qui oiiques feust en
France, joinv. 21)». || xiV s. Helas! que je suis mal-
heureuse. Et sur toutes plus doloreu-<e, Quant je
pense à toy, genre humain, Nat. à l'alch. err. 2.
Il XV' s. Après tant de maies nuits et jours dolou-
reux, LOUIS XI, Aoui;. lxxii. || xvi' s. Voire et si
bien qu'en aymai tant fort une, Que nuict et jour
j'en estoye douloureux, J. mabot, y, 33). Tendon,
sur lequel se font les mules [engelures] tant dolo-
reusps, PABÉ, IV, 3D. Là dessus [pour les sujiplicps]
ils sont en grand' peine: car si les tormeiits .sont
violents, ils sont courts; s'ils sont longs, ils ne sont
pas assez douloureux i> leur gré, mont, m, 1 19.
— ÉTYM. Provenç. doloros, doloiros; espagn. et
ital. doloroso; du latiii dolorosus, de dolor, dou-
leur.
t DOCM (doum') , s. m. Nom arabe de la crucifère
thébaiqne, plante.
t DOCPION (dou-pi-on) , s. m. Terme de com-
merce. Sorte de soie grossière qui provient des co-
cons doubles.
— ETYM. Ital. doppio, double (voy. double).
t T)OURAH (dou-ra) , t. m. Nom que l'on donne
au sorgho en Egypte. || On écrit aussi doura. Le sol
n'dITie que des chardons, entremêlés de chélives
plantations de coton, de doura, d'orge et de fro-
ment, CHATEAUB. Itin. II, (22.
t DOURO (dou-ro), t. m. Nom, en Espagne, de
DltT. DE LA LANGUE rilAiNÇAISt;,
la piastre forte, qui est de cinq francs quarante cen-
times. Il Au plur. Des douros.
— ETYM. Espagn. duro, dur, solide; peso dura,
poids d'argent d'une once, d'où duro, monnaie
d'argent du poids d'une once.
f DOUSSIN (dou-sin) , s. m. Un des noms vul-
gaires de l'oursin comestible.
— HiST. xvi* s. Doucin, douloin [hérisson de
mer], cotgrave.
DOUTE (dou-f), s. m. || 1" Incertitude où l'on est
sur la réalité d'un fait, la vérité d'une assertion.
Avoir du doute. Lever tous les doutes. Est-ce qu'il
peut y avoir du doute à cela If ....ôie-moi d'un doute;
Connais-tu bien don Difcgue? corn. Cid, ii, 2. ôtez-
moi donc de doute Et montrez-moi la main qu'il
faut que je redoute, m. Bodog. v, 4. Mille et mille
témoins te mettionl hors de doute, ID. A'icom. m,
5. Rendez sans différer mes doutes éclaircis, gom-
BAUD, Danaides, i, 2. Des témoins de sa mort vien-
nent à tous moments Condamner votre doute et vos
retardements, rac. Mithr.i, 3. Un moment quel-
quefois éclaircit plus d'un doute, id. Iphig. ii, B.
Délivrez mon esprit de ce funeste doute, ID. Phèd.
I, 3. Il Être en doute, douter. Vous êtes en doute Ce
qu'elle a plus parfait, ou l'esprit, ou le corps, malb.
V, 23. Il vous a obligé de vous expliquer une chose
dont je n'étais point en doute, balz. liv. vi, lett. 3.
En êtes-vous en doute? corn. Nicom. i, 2 tu
ne meurs point de honte Qu'il faille que de lui je
fasse plus de compte. Et que ton père même, en
doute de ta foi. Donne plus de croyance à ton valet
qu'à toi! ID. Hent. v, 3. || Laisser une chose en
doute, ne pas l'éclaircir. Laissez la chose en doute,
et du moins hésitez Tant qu'on ait par leur bouche
appris leurs volontés, ID. (ÎKd. m, 2. || Laisser quel-
qu'un en doute, ne pas dissiper son incertitude. Il
m'a laissé plus en doute que je n'étais, fén. Tél. ix.
Il Mettre en doute, révoquer en doute, contester la
vérité d'un fait. Jusques ici, madame, aucun ne met
en doute Les longs et grands travaux que votre amour
vous coûte, CORN. Bodog. ii, 3. Je n'ai jamais mis
en doute que vous ne m'ayez écrit, SÉV. 39o. Il ne ré-
voque pas les miracles en doute, Boss. Hist.ii, (2.
Il Dans le même sens. On n'en fait aucun doute, corn.
Sure'na, i, 2. || Mettre en doute signifie aussi con-
tester l'obligation de quelque devoir. L'obéissance est
mise en doute, BOss. Wtïf. II, 1. 1| 2° Terme de rhéto-
rique. Figure par laquelle l'orateur paraît douter de ce
qu'il doit énoncer. On dit plutôt dubitation. || 3° Scep-
ticisme. Une philosophie qui n'aboutit qu'au doute.
Un doute éclairé peut quelquefois servir de flambeau,
d'olivet, llist. Acad. t. ii, p. (40, dans pougens. Le
doute est bien plus le résultat des lumières vagues
que de l'ignorance, Mirabeau, Collection, t. iv,
p. 1 10. Il Ijoute méthodique de Descartes, méthode
qui consiste à rejeter provisoirement toutes les idées
qu'on a reçues. || Défaut de croyance à une religiun
révélée. Le doute est un blasphème, volt, l'anat.
IV, 3. Il serait à souhaiter qu'un doute universel se
répandit sur la surface de la terre, et que tous les
peuples voulussent bien mettre en question la vérité
de leurs religions, dider. Pensées philos. n° 30.
Il 4° Difficulté, scrupule. J'ai encore un doute à
vous proposer, pasc. Prov. 6. Mlle de Duras ayant
quelque doute sur la religion, boss. Conf. || Conjec-'
ture, soupçon. J'en ai quelques doutes. || Appréhen-
sion, crainte. Dans le doute d'un accident fâcheux,
il faut prendre ses précautions. Que si j'avais le
moindre doute d'avoir failli et de mériter vos me-
naces, voit. Lett. 68. Dans le doute mortel dont je
suis agité, rac. Phèd. l, (. || 5° Sans doute, loc.
adv. Assurément, certes. Viendrez-vous demain?
sans doute. || Ironiquement. Me prêterez-vous encore
de l'argent? — Sans doute; je contribuerai à toutes
vos folies. Il Selon toutes les apparences. Sans doute
à nos malheurs ton cœur n'a pu survivre, rac. Alex.
IV, t. Il II est sans doute que, avec l'indicatif, on ne
peut douter. Il est sans doute qu'il sulfit d'avoir ap-
pris une fois.... pasc. Prov. 3. Il est sans doute
qu'il ne se servit pas des termes d'acheter ni de ven-
dre, rj. ib. (2. Il est sans doute que je suis un hé-
rétique, ID. ib. (6. Il Sans doute que s'emploie aussi
pour probablement, tout en tête de la phrase. Sans
doute qu'il n'y a plus pensé. || 6° Hors de doute,
incontestable, certain. Cela est hors de doute. Il est
hors de doute qu'il réussira. Son acquittement est
hors de doute. Jusqu'à ce qu'elle ait vu votre hymen
hors de doute, coHN.Perf/iar. ii, 3. || Proverbe. Dans
le doute abstiens-toi, c'est-à-dire quand une action
est douteuse, il est plus prudent, plus sage, plus
honnête de s'en abstenir. |{ Le doute est le commen-
cement de la sagesse.
— UE.M. 1. .Mettre en doutt, dans une phrasa né-
gative ou interrogative, suivi de que, demande la
particule ne ; Lorsqu'on me trouvera morte, il n'y
aura personne qui mette en doute que ce ne soi»
vous qui m'aurez tuée, mol. C. Dand. m, 8. Ce-
pendant le ne peut se supprimer ; Je ne mets pas
en doute que cela soit. || 2. Coûte a été longtemps
féminin; il l'est encore dans Malherbe : Nos doutes
seront éclaircies. Et mentiront les prophéties.... m,
t. La seule chose Oui m'empêche la,xoort. c'est la
doute que j'ai, v, t3. Rolrou aussi le tait féminin •
Son mépris parait trop, ma doute n'est point vaine,
Bilis. I, 6.
— HIST. XII* s. Sans doute [crainte] de périr,
Couct, xvni.|| xui's. Là s'aresterent-il à grant doute,
car il doutèrent [craignirent] cens de fors, et autant
doutoient-il ceus dedons, villeh. cxxxvii. Et pour
chou [ce] qu'il ot paour et doute que ses chevaus
ne feust mors ou meshaignés, il s'en tourna le petit
pas, H. DE VALENC. IV. Car donc, quel part la pointe
[de l'aiguille aimantée] vise, La tiesmontaigne [le
nord] est là sans doute. Lais inédits, p. iv. Et li
autre [larrecins] sont en doute, à savoir se c'est
larrecins ou non, beaum. xxxi, 1.||iiv's. Eustrace
fait ici une double.... oresme, t't/». Bl. Une double
semble apparoir en ce qu'il dient, id. «6. vi, tl.
Il XV' s. Pour la doute [crainte] des rebellions,
FROiss. Il, II, 27. Sans doute, si ce n'eust esté.... le
roy n'eust jamais souffert.... comm. vi, ï. Et y met-
toient grans doubles aucuns, veu que à leurs dos
n'avoyent nulles places pour eux retirer, id. i, 2.
Le duo [de Bourgongne] lui fist faire [à Louis XI]
son logis [à Péronne], et l'asseura fort de n'avoir
nulle doubte (le roy estoit entré en grant paour ap-
prenant l'arrivée de ses malvueiUans auprès du duc
de Bourgongne), iD. ii, B. || xvi* s. N'en faictes
doubte aucune, j. mabot, v, 21. Cela ne se peut
révoquer en doute, calv. Instit. 784. Il n'y a nulle
doute que c'est une exhortation que Dieu lui fait,
ID. ib. 268. Vous m'en avés escript si honnestement
que jamais je n'en ay faict une seule doubte, maro.
Lett. (Ot. Puisqu'on est en doubte du plus court
chemin, il fault tenir le droict, mont, i, (32. Il n'y
a point de doubte qu'il ne soit plus beau de pardon-
ner.... iD. I, (32. Oui y peult faire doubte [qui peut
en douter]? id. i, (74. La chose est de soy tant no-
toire, que la doute en seroii trop plus déraisonna-
ble, que la preuve nécessaire, amyot, Pref. xviii,
47. Non seulement le commun peuple (lottoit et
branloit en ce doubte, mais aussi les sénateurs, id,
Numa, ♦. Les reformez, eslevezde leurdroict, esii-
mO'Bnt toutes doutes effacées, d'aub. Hist. 1, (29.
On l'empeschoit, tant sur la révérence du traitté,
comme sur le doute de l'exécution, m. ib. i, (85.
— ÉTYM. Substantif abstrait de douter; bour»
giiig. dote; provenç. dopte, dubte, s. m.; catal.
dubte; espagn. duda; portug. diiida; ital. dotta.
Doute a été d'abord féminin dans la langue; c'est
vers la fin du xvi' siècle que le genre en commence
à devenir incertain , et que quelques-uns le font tan-
tôt féminin, tantôt masculin. Palsgrave, p. 26, re-
marque qu'on écrit double, et qu'on prononce dou(e.
Ce mot, dans l'ancienne langue, à côté du sens de
doute, a aussi celui de crainte.
DOUTER (dou-té), v. n. || 1° Ne savoir si l'on doit
croire ou ne pas croire quelque chose. Je doute
qu'il vienne. Je ne doute pas qu'il ne vienne. Dou-
tez-vous que je sois malade? S'il y a quelque justiot»
dans le ciel, comme personne n'en doute.... balz.
liv. I, lett. 3. Us n'osent plus douter de nous avoir
surpris, corn. Cid, iv, 3. Et je doute comment vous
portez cette mort, id. Uor.v, 2. Je doute quel rival
s'en fait mieux écouter, id. Suréna, ii, 3. Il ne faut
point douter qu'il fera ce qu'il peut, mol. l'Étour. il.
8. Et je ne doute point, quoi qu'il n'en ait rien dit,
Que tu ne sois de tout le complice maudit, id. ib. iv
7. Avons dire vrai, je doute fort que vous puissiez
réussir, ID. Princ. d'Él. m, 2. Je ne doute point que
la vraie dévotion ne soit la source du repos, la brut.
XIV. Ne doutez point, seigneur, que ce coup ne la
frappe, Qu'en reproches bientôt sa douleur ne s'é-
chappe, RAC Brit. III, (.Doutez-vous que l'Euxin ne
me porte en deux jours Aux lieux où le Danube y vient
finir son cours? id. «ithr. m, (. Thésée est mort,
madame, et vous seule en doutez, id. Phèd. ii, 4.
Je doute que le ris excessif convienne aux hommes
qui son» mortels, la bruy. xi. Je doute que ce fût
toi qui serais en reste, J. I. ROUSS. Hél. VI, 5.
Il Douter si. Je doute si je serai en mesure d'ac-
complir ma promesse. Dorante : Et quel est ce
portrait? — Lise : Le faut-U demander. Et dotitez-
vous si c'est ma maîtresse elle-même? corn. Suit*
du lient. II, 6. Ingnit, je doute encor si je n«
t'aime point, rac. Andr. iv, 5. Livrer Psyché aux
-....,- I. — 155
1234
DOU
désir» d'un monstreT y avait-il de la justice à cela?
aiiMi les parents de la bellp doutèrent longtemps
j'ils oWiraient, la font. Psyché, i,;). 30 || Dou-
ter qui, quels, ne pas savoir qui.... quels.... Ce
Siige inébranlable [Caton], avant que de Pompée
Il eût vil la vaillance injustement tromiiée. Doutant
à qui l'État devait être soumis. Dans l'un et l'autre
chef voyait ses ennemis, bréubuf, Phars. ix. Ainsi,
de tous cfltés lorsque souffle l'orage, La mer doute
à i]ucls vents doit obéir sa rage, deulle, TtoU
règnes, v. || Douter où, ne pas savoir en quel lieu.
OÙe les Romains, pressés de l'un à l'autre bout, Dou-
tent où. vous serez et vous trouvent partout, bac.
Mithr. m, ). || 2" Douter de quelqu'un, n'avoir
pas confiance en lui. Cet homme est suspect; on
doute de lui dans son parti. On doutait de sa
probité. Et l'on doute d'un cœur qui n'a point
combattu, cohn. Poly. i, 3. Je me fais de sa
peine une image cliarm.inte, Et je l'ai vu douter du
cœur de son amante, rac. BtU. ii, ». Il doute de
sa fille et de ses sentiments, volt. Zaïre, il, 4.
Par la fortune Athènes détrônée Maudit Philippe et
douta de .ses dieux, béiiang. Waterl. || 3° Élre dans
le scepticisme soit à l'égard des dogmes de la révé-
lation, soit à l'égard des propositions de la philoso-
phie. Il n'a jamais douté des mystères de la reli-
gion. Il Absolument. C'est avoir beaucoup avancé que
(l'avoir seulement appris à douter. Non que j'imi-
tasse pour cela les sceptiques, qui ne doutent que
pour clouter, et affectent d'être toujours irrésolus,
Di;sc. Méth. m, 6. C'est une partie de bien juger
que de douter quand il faut, noss. ConnaUs. i, <u.
Et qu'aux derniers moments les beaux esprits qui
doutent Ne sont pas assurés que les dieux les écou-
tent, BOUHSAULT, Ésope à la cour, m, 3. Leibnitz ne
savait pas douter assez, bonnet, Œuvres mêlées,
t. xviii, p. 93, note 7, dans pougens. || 4° Hésiter.
Il ne douta pas un seul instant. Il doutait de rece-
voir un tel présent Que ferez-vous? — J'en doute,
CORN. Suréna, ii, 4. Pourriez-vous un moment dou-
ter de l'accepter? rac. Àthal. m, *. Et vous doutez
oncor d'a.sservir ses fureurs, volt. Orphel. v, l.
Il Ne douter de rien, trancher les questions qu'on
ne conuaît pas bien, se jeter sans réflexion dans
des entreprises hasardeuses. Les grands, une fois
corrompus, ne doutent de rien, dider. Règne de
Claude et Néron, i, § 2». || Ne douter de rien signi-
fie aussi se faire illusion, voir tout du beau céfté.
Il II ne doute jamais, il ne suspend jamais son ju-
gement, sa décision. || 6° N'être pas sûr de conser-
ver. Elle s'était trouvée malade jusqu'à faire douter
de sa vie, ecarr. Rom. corn. ch. xiii. || 6° Se douter,
I). réfl. Conjecturer, soupçonner. Je ne me doutais
pas qu'il vint. Pouvais-je me douter qu'il dût venir
si tôt? Je me doutais qu'il viendrait. Elle s'est dou-
tée de ce qui su faisait. Je me doute qu'il viendra
me voir. Je me doiite à peu près quel est le gou-
verneur, tbista», Panthéc, i, i Je m'en dou-
tais, seigneur, que ma couronne Vous charmait
bien du moins autant que ma personne, corn.
Nicom. I, 2. Je me doutais bien aussi que les pro-
phéties auraient été entièrement fau.sses à l'ét^ard
de Vardes, sév. Lett. 27 mars <e7<. || Ne pas se dou-
ter, ignorer, ne pas soupçonner. Moi qui.... Pour
mourir, d'aucun mal ne me fusse douté, régnikr,
Sat. XIII. Il y voit des choses qui lui sont nouvelles
dont il ne se doutait pas, la bhuy. xi.
— KEM. 1. Douter suivi de que veut toujours le
subjonctif: Je doute que cela soit vrai. || 2. Lorsque
la phrase est négative, le verbe au subjonctif prend
ne. Oui, je ne doute point que l'hymen ne vous
plaise, MOL. Éc. des F. ii, 6. Je ne crois pas qu'on
puisse douter que Ninus ne se soit attaché à l'O-
rient, Boss. Hist. III, 4. Tous eurent le courage
de lui être fidèles; et lui, de ne pas douter qu'ils
ne le fussent, d'alemb Eloges, milord Maréchal.
Cependant on peut supprimer le ne : Je ne doute
pas que cela soit vrai. || 3° Si la phrase est in-
terrogative, on met ordinairement ne : Doutez-
vous que cela ne soit vrai? cependant ne peut
être supprimé: Doutez-vous que cela soit vrai?
1 4. En cet emploi, dotiter peut se tourner par ré-
voquer en douJ^ et alors on peut, s'il s'agit d'une
action qui n'est pas encore faite, mettre le futur de
l'indicatif : Je ne doute pas qu'il fera tout ce qu'il
pourra. || 6. Corneille a dit: Outre que le succès est
encore à douter, Iléracl. m, t. L^-dessus Voltaire
remarque: « Le succès est à douter est un solécisme.
On ne doute pas une chose, elle n'est pas doutée.
iM verbe douter exige toujours la préposition de. »
Cela est incontestable dans l'usage actuel. Mais dans
l'usage ancien il un était autiemeni ; et Corneille a
souioment usé d'un archaïsme: douter, dans l'an-
DOU
cien français, est actif et signifie craindre, tenir
pour suspect. Cet archaïsme se trouve aussi dans
Miilière: Sous couleur de changer de l'or que l'on
doutait, l'Élour. II, 7. || 6. Douter dans l'ancienne
langue signifiait redouter; se douter signifia d'abord
avoir peur, puis, par une extension facile, imagi-
ner, soupçonner. Se douttr rentre donc dans la ca-
tégorie des verbes se connaître, s'apercevoir, s'en-
tendre, voy. s'apercevoir, Remarque 2.
— HIST. XI' s. Et Sarazin nés [ne les] ont mie du-
tez [craints], Ch. de Roi. xc. Et l'amiralz ne le
craint ne nel dule, ib. cclxi. || xii* s. De ce ne vous
dotez [n'en doutez pas], th. p. 3(. S'en serez plus
doté [ainsi vous en .serez plus redouté], ib. p. 35.
Que m'amor ne soit doulitée [mise en doute], Couci,
I. De vous prier [je] me dout et fais hardi [jo crains
et ose], ib. VII. Aiiiçois me doute [je crains] qu'en
trestout mon aage [je] Ne puisse assez li [elle] et
s'amor servir, ib. xix. Ahl gentis rois, quand Dieux
vous fist croiser. Toute Egypte douloit vostre re-
nom, QUESNES, liomancero, p. too. Seignor, par
tel manière, jà nuls n'en soit dotans, Fu meûe la
guerre entre Saisnes et Francs, Sax. v. ||xiii"s. Et
ne fu mie merveille se k s'en doubta [en eut peur],
villeb. clxii. Bien ferai la besoigne, de ce n'esluet
[il ne faut] douter, Berle, xvu. Car moût [elle] dou-
toil la bise, qui ert [était] tranclians et fiere, ib. xl.
Tant doute [elle craint] à couroiicer Dieu et sainte
Maiie, ib. cxix. Et s'ele l'a [ce vœu] voué, jà mar
en douterez, [elle] Ne le briseroit mie pour l'or de
dix citez, ib. cxxi. Il ne doutent pluie ne vent Ne
nule autre cbde grevant, la Rose, 2743. Lor de-
mandes doivent esire mises en escrit; et ctles dont
li exécuteur se doutent qu'eles ne sont pas vraies,
il les convient prouver as demandeurs, beaum. xii,
31. Il XIV' s. S'il n'i avoit que moi avec ma bonne
gent. Si ne doubté-je mie qu'as.sez prochainement
De Henri et des siens n'ayez le vengement, Guescl.
16974. Le suppliant doublant rigueur de jastice,
DU CANGE, abscrttandus. \\ x\' s. Je feray volontiers
et de bon cœur ce que vous me commandez, à mon
loyal pouvoir, jamais n'eu doutez, fboiss.i, i, 47. Or
vous dis que le sire de Beaujeu, qui estoit dedans,
capitaine de Mortaigne et moult sage guerioyeur,
s'estoit bien douté de ces assauts, id. i, i, t3£>. Le
clerc se douta du chevalier, car il estoit crueux,
ID. m, 22. Les bourgeois de la ville, qui doutèrent
le leur à perdre, leurs femmes et leurs enfants, re-
gardèrent que, au long aller, ils ne se pourroient
tenir, id. i, i, 224. Très-noble et douté seigneur
monseigneur Jean de Hainaut, id. Prol. Pour po-
voir parler au roy en bonne seureté [le connestable] ,
car il doubloit de sa personne comme celluy qui
sçavoit toute la conclusion qui avoit esté prinse
[contrelui] àBouvines, comm. m, n. Doublant qu'ils
ne feissent ouverture à luy et à son frero, id. i, 2.
Il ne fault doubler que nul jour sans perte et gaigne
ne se passa tant d'ung coté que d'autre, mais de
choses grosses il n'y avoit riens, id. i, 9. Je ne sçay
s'ils disoient ainsi à part; je me double que non,
ID. Il, 9. Et ne fault point doubler à ce que ceulx
qui esloient avec le roy n'eussent.... id. m, 3.
Il xvi* s. Quand nous voyons des voUeurs, qui ont
commis quelque meurtre ou iarrecin, nous ne dou-
tons point de leur imputer la faute et de les con-
damner, CALV. Instit. 224. Je me double que ne
croyez asseurement ceste estrange nativeté, bab.
Garg. 1,8. Aul tre chose ne me ameine , sinon le de-
sir de sçavoir ce dont j'ay doubté toute ma vie, m.
ib. II, (8. Adoncqucs le roy argenté change de place,
doublant la furye de la royne aurée, id. ib. ii, 26.
Je me double que, en Portugal, y ayt quelque sédi-
tion, ID. Épil. 9. Pour qi oy je me double que il y a
de la fourbe en son cas, id. ib. to. Haulsent l'espaule
à mode de Lombars . Doubtans [ne croyant pas]
qu'on eust dessus Gènes victoire, J. marot, v, 26.
Nos AUemans quelque petit doublèrent, Voyans ce
roch quasi inaccessible, ID. v, 27. Je croy (jue vous
ne doubles pas que mille occasions ne nous oustent
de ce monde, suivant la voulenté de celuy qui nous
y mit, MARG. Lett. B5. Je me double d'estre au .sej)-
tiesme mois [de ma grossesse], qui y est, après
l'huitiesme, le plus dangereux, id. ib. 77. Je peii-
soys aller (ligner à Amiens, mais me doublant que
j'y trouverois une poure maison bien desoiée, je
digneray icy, ID. i6. <33. Vous advertir non seule-
ment de ce que je say, mais de ce que je double,
pour nous en conduire par vostre advis, id. ib. m.
La maladie du cardinal d'Armaignac est une fièvre
tierce, mais tant aiguë, que ceux qui ne le con-
gnoissent iloubtent sa vie, id. ib. 140. C'est une science
de laquelle ils doublent que l'homme .soit capable.
îiONT. Il, 230. La profession des pyrrhcniens est de
DOU
doubler et enquérir, id. h, 230. Nous doublon» sur
Ulpian, et redoublons encore sur Barlolus, id. iv,
236. Il commencea à se doubler de la vtrité, AHror,
Rom. 8. Je ne m'en fierois pas à ma propre mère,
doublant que par mesgarde elle ne meist la febvs
noire en cuidant mettre la blanche, id. AU. 4U. U
cria à haulte voix à ses gens de pied qu'ilz le suy-
vissenl hardiment, et qu'ilz ne doubtaisent du rien,
id. Timol. 37. Il n'y en avoit pas un seul de qui il
se iloubtast, ne de qui U se deffiast tout comme il
faisoit de Metellus, ID. Marins, 49. Et si douUoit
aussi d'un autre costé de prendre son chemin par
la montagne, pour autant qu'il estoit long, ui. iu-
cull. 28.
— ÊTYM. Bourguig. dôltai; provenç. duptar,
doptar; calai, duhtar; espagn. dudar ; portug. du-
nidar; ital. dottare; du latin dubitare, d'un radical
dub, qui se trouve dans dubius et qui signifie dou-
ble; grec, 8oiâ!;eiv, de 8010;, double.
t DOUTEUR (douleur), s. m. Celui qui doute.
Que je hais ceux qui font les douleurs de miracles I
Montaigne en parle comme il faut dans les deux
endroits (d'autres éditions ont douteux, qui est
peut-être une ancienne prononciation de douleur),
PASC. Pensées, t. i, p. 38», édit. Lahure. Du dou-
leur et de l'ailorateur, vult. Dial. 20.
— SYN. DOUTEUR, SCEPTIQUE. Le doutcuT est celui
qui doute : un douleur de miracles, comme dit
Pascal ; le douleur n'a point de système général de
doute ; le sceptique en a un.
— HiST XIII' s. Roïne sui de France, jà n'en soil
nuls doutere, Bcrte, cxiii.
— ÉTYM. Provenç. duptador, craintif; du latin du-
bitatorem , de dubitare , douter. L'ancien français
doutere est au nominatif, du latin dubitàtor, avec
l'accent sur tu.
DOUTECSEMENT (dou-teû-ze-man) , adv. Avec
doute, d'une façon douteuse. Il ne peut soulTrir qu'on
parle de la victoire douteusement, balz. liv. viii,
lett. 2. On sait si douteusement ce qu'on sait, que
j'aime presque autant ne rien savoir, m"' de scudëkv,
Conversation de l'envie, dans ricuelet. Dont il ma
parlé plus douteusement que la première fois, BOss.
Lett. quiét. 412. Les gens de bonne foi devraient
traiter douteusement des choses douteuses, le chs-
valier de méhé, dans richelet.
— HlST. xV s. Humblement et douteusement
[avec crainte] il servoit amour et sa dame, Bou-
ciq. I, 8. Il XVI' s. La lune l'accumpaigne, ornement
de la nuict, Qui d'une autre clarté douteusement
reluit, DUBELL. IV, 7t , rcclo. Advantage bien doub-
teusement acquis, mont, i, 15.
— ÉTYM. Douteuse, et le suffixe ment; provenç.
doptosamen; espagn. dudosamente.
DOUTEUX, EUSE (dou-teû, teù-z), adj. || 1° Qui
est sujet à doute, à incertitude. Un succès douteux.
La leçon du manuscrit est douteuse. U ne lui donna
que des paroles douteuses. 6 parole douteuse ! On
peut dire Hypermnestre heureuse et nialiieureuse,
GOMBAUD, Vana'ides, v, 2. Avec de tels seconds rien
n'est pour vous douteux, corn. Nicom. m, 8. Son
cours [de la justice] lent et douteux fait perdre
trop de larmes, iD. Cid, m, 2. La victoire demeura
longtemps douteuse entre les deux peuples, boss,
Hist. 1, 8. Cette prédiction ne pouvait lui être dou-
teuse, FLÉCH. t. I, p. 389. Aux yeux embarrassés des
juges les plus sages, Tout sens devint douteux, tout
mot eut deux visages, boil. Sat. xii Du jour il-
lustre et douloureux Qui décida du sort d'un long
siège douteux, rac Beri^n. i, 3. Cet effroi que le
redoutable et douteux avenir de la guerre doit in-
spirer, MIRABEAU, Collection, t. m, p. 32i. Mille
douteux discours démentant ces discours Ëgaraicnt
mon e.sprit et m'abusaient toujours, lemerc. Aga-
memn. 1, 1. Il 2° Dont on doute, dont on n'est pas
sûr, suspect, en parlant des personnes et des cho-
ses. Probité douteu.se. Homme douteux. Trois mem-
bres de ce comité sont pour nous, les autres svat
douteux. Ceux qui prennent des conseils intéressés
et corrompus, ou même douteux et suspects, pour
se déterminer dans les alTaires importantes, boss.
Politique, x, 11, ts. Lorsque nous vous exhortons»
fuir les conversations profanes, les commerces sus-
pects, les plaisirs douteux.... mass. Car. Fausse
conf. Biens qu'il avait accumulés par des voies si
douteuses pour le salut, mass. Av. Mort du pétk.
Il Pièce douteuse, pièce de monnaie qu'on peut
soupçonner d'ê're fausse ou de bas aloi. || Dan-
gereux. La tendresse n'est point de l'amour d'un hé-
ros; Il est douteux pour lui d'écouter les sanglots,
corn. Siir^no, v, 3. || Mot douteux, mot qui peut
être interprété d'une manière blessante. Et pour le
moindre mot douteux J'étranglerais im homme o-i
DOU
DOU
DOU
i235
(leur, scabhon, Virg. trav. vn. || Mot douleux si-
gnifie aussi un mot de la correction duquel on n'est
pas sûr. Il 3° Jour douteux, lumière, clarté douteuse,
jour, lumière qui permet à peine de distinguer les
objets. Au jour faible et douteux des astres qui pAlis-
sent, Ducis, Wacheth, ir, 3. La douteuse lueur [de la
înne] , dans l'ombre répandue, lam.^bt. Iff'd. ii, 2.
Il Fig. Ou'entrcvois-je, 6 destin, dans ta clarté dou-
teu';e?DUCis,0(/ipJi(),ii,<. || 4° Terme de grammaire.
Noms douteux, noms dont le genre n'est pas fixé \s.t
l'usage. Voyelle douteuse, voyelle qu'on peut faire
longue ou brève à volonté. US" Qui doute, indécis.
Il regardeen arrière et, douteux de son choix. Lors-
que sa voix l'appelle, écoute une autre voix, corn.
Poly. I, \. Oui jTaxile, mon cœur, douteux en ap-
parence.... BAC. Alex. IV, s. Il 6° Timide, méfiant.
[I,e vieillard] Imbécile, douteux, qui voudrait et qui
n'ose, BiîGNiER, Sat. v. Il [le lièvre] était douteux,
inquiet. Un souffle, une ombre, un rien tout lui
donnait la fièvre, la font. Fahl. ii, u. Plus qu'au-
cun des mortels par la honte abattu. En vain j'arme
contre elle une faible vertu; Ainsi toujours douteux,
chancelant ou volage.. .. noiL. Ép. m. [j 7" S. m. Ce qui
est douteux. Risquer le certain pour le douteux.
— HIST. XIII* s. Et ta face de moi [tu] tordras En
la fin, qui est tant doutouze, Et à cha<cun est pé-
rilleuse, Psnumesen vers, dans liber psalm. p. 269.
Et sachiés que ce fu une des plus douteuses [redou-
tables] choses qui onques fust à faire, villeh. lxx.
Et se ce est chose douteuse, fai le enquerre par
sages gens isnellement [promptement] et diligen-
mont, joiNV- 301. || xiv s. Labourer environ icelui
[membre], qui est jà spasme, par douteuse méde-
cine, R. DE MONDEviLLE, f" 66. Il sembli! que los ex-
trêmes soient doubteux, ORESME, Eth. 126. Du quel
dommage la cause ne fu mie doubteuse, BEBCHEtRE,
f" 40, verso. || xv s. Le premier jour du doubteux
mois de mars, R. df.sch. Poésies mss. f° <28, dans
LACURNE. Il xvi's. Bien cognoissant qu'en guerre pé-
rilleuse Seur [sûr] est l'allrT, doubteux est le retour,
j MAROT, V, 76. Si vous recitez simplement une cause
à l'advocat, il vous y respond chancellant et doub-
teux, MONT, n, 326. Considérant l'imbécillité du
genre humain et la difficulté du choix ez choses
nouvelles et doubteuses, m. i, 330. Le style oubl-
ieux et doubteux des oracles, id. ii, 3B8. Le messa-
gfr faignit que l'issue en avoit esté doubteuse,
AMYOT, Fab. 7. Nasica escrit qu'il eut une fort as-
pre et doubteuse rencontre à la cyme de la mon-
tagne, ID. P. yEm. 26. Ayant connu aux mines du
chirurgien que sa plaie estoit douteuse, d'aub. Fie,
IXVI.
— ÉTYM. Doute; provenç. d&ptos ; catal. dubtos;
espapn. dudoso; portug. duridoso; ital. dotloso.
f DOUTIS (dou-ti), s. m. Terme de commerce.
Toile de coton blanche des Indes.
DOUVAIN (dou-vin), s. m. Bois qui sert à faire
des douves, des barils, et d'autres ouvrages de
de même nature.
— ÉTVM. Douve.
(. DOUVE (dou-v'), s. {. Il l» Nom de planches
disposées en rond qui forment le corps du tonneau
et qu'on fait tenir ensemble avec des cercles. Six
douves de poinçon servaient d'ais et de barre, Ré-
gnier, Sat. XI. Il 2° Fossé servant de limite aux
champs et d'écoulement aux eaux. || Terme de forti-
fication. Douve de fossé, paroi des fossés de la for-
tification ancienne. {| Terme de construction. Mur
d'un bassin quand il n'est que d'une assise ou deux.
Il Caverne que les habitants des bords de la Loire
creusent dans le roc pour s'y loger. || 3° Planche sur
laquelle on met les peaux de veaux pour les ratisser
et en enlever les parcelles de tan.
— aiST. xii" s. Sovent en i a d'enversez Jus ez
grans doves des fossez, benoIt, v. H864. Il i ont
mis du feu tout rasé [ras] un tonel; Les douves
sont emprises, si rompent li cercel, Sax. ix.|| xiii's.
Tout cil qui ont arbres souz le [la] forterece de le
[la] vile, ke il les aient fait couper à quatre pies
près de la deuve, tailliar. Recueil, p. 125. El liu
où il apert mix [mieux], ou par bonnes [bornes]
anciennes qui sont trouvées, ou par douves ancien-
nes de fossés qui sont trouvées, bealm. xxv, 9.
] xiv s. Lesquels trois variés feussent revenuz ar-
mez d'esptes et de dagues, et leurs visages estou-
pez et muciez de leurs chaperons au long d'une
douve et fossé tenant au bail de la ditte ville, du
GANGE, doura. Il xv*s. Et vindrent ardoir la ville de
Cousiesur lesdouvesdelamer, fboiss. liv.iii, p. 167,
dans LACURNE. Les murs estoient tous rasez, et po-
Toient [les assiégés] saillir par où ils vouloient, et
y avoit seulement ung peu de douve, ne jamais ne y
cit fossûz, car le fons est très-aspre et très-dur,
COMM. II, U. Ils avoient droit d'avoir près d'icoulx
maretz certains grans fossez ou (lâches, appeliez
douvres; esquels douvres, quant la rivière de Marne
se desvoye et est hors de son chanel, se arrcste....
nn CANGE, doura. [[xyi" s. Le fossé appartient à ce-
lui sur lequel est le rejet; car qui douve a, si a
fossé, LOYSEL, 289. Quand les tonneliers veulent
retirer une douve du dedans au dehors, paré,
viii, 6. Oui a la douhe du fossé du costé de son hé-
ritage, pareillement le fossé lui appartient, no
CANGE, doha. Auquel lieu l'avant-garde de l'armée
huguenotte se présenta en bataille j'isques sur les
dubes du faux-bourg St-Ladre [de Poitiers], castel-
NAU, 247.
— ÉTYM. Normand douve, fossé d'eau croupis-
sante ; wallon , dèwe; provenç. dogua, creux, ca-
vité; ital. doga, douve de tonneau, et raie, bordure
d'étofl'e; milanais, dofa, même sens; bas-latin,
doga, qui se trouve dans Grégoire de Tours avec le
sens de conduit (fossas in circuitu fieri jussit, ne
forte dogis occultis lymphae deducerentur in fon-
tem, cité dans du Cange) ; allem. Daube; hoU. duig;
suisse, dauge, tous mots germaniques qui signi-
fient douve de tonneau. Voilà toutes les formes mises
sous les yeux du lecteur; maintenant, il y a dans la
latinité le mot doga qui signifie vase, coupe, et que
du Cange a rattaché aTéc raison au grec Snx'fi , ré-
servoir; Diez, partant de là, a établi la série des
sens: réservoir d'eau, fossé, rebord du fossé, ce
qui retient le liquide dans un tonneau, la douve,
et même rebord, encadrement, un des sens de
l'italien doga qui signifie aussi raie, bordure. La
transformation littérale est parfaitement justifiée :
doga se change en doure, comme rogare en rou-
ver, dans l'ancien français.
2. DOL'VE (dou-v'), s. f. Terme de botanique.
Nom vulgaire de deux espèces de renoncules qui
croissent dans les marais. Grande douve, nom vul-
gaire de la renoncule langue. Petite douve, nom
vulgaire de la renoncule fiammule.
— ÉTVM. Le nom de la douve, fossé, a été sans
doute transporté à la douve, plante qui croît dans
les douves pleines d'eau, dans les marais.
f 3. DOUVE (dou-v'), s f. Terme de zoologie.
Sorte de ver qui se trouve, par maladie, dans le
foie des moutons (distoma hepaticum).
— ÉTYM. Peut-être le foie rempli de douves a-t-il
été comparé à une douve marécageuse.
f DOUVE (dou-vé), adj. m. Foie douve, nom,
chez les bouchers, du foie des moutons, quand il est
rempli de douves.
— ÉTYM. Douve 3.
■j- DOUVEIXE (dou-vè-l'), s. f. Terme de construc-
tion. Petite douve.
— HIST. XVI' s. Que chacun cent de douelles de
bois, appelle merain, servant à faire poinçons et
fusts neufs.... Arrêt du Parlem. 16 sept. t677.
— ÉTYM. Diminutif de douve; douelle, diminutif
de douhe (voy. l'hist. de douve t).
t DOUVILLE (dou-vi-l'), s. f. Variété de poire
d'automne.
DOUX, DOUCE (doû, dou-s'; l'a: se lie : dou-z et
poli), adj. Il 1° Dont la saveur e.st agréable, qui n'a
rien de rude. Amande, orange douce. Pomme douce.
Contre la maxime de médecine, que toutes les-
cho.^es douces se tournent en bile, voit. Lett. B7.
Il Sauce douce, sauce faite avec du sucre et du
vinaigre. Il Mets trop doux, mets trop sucré. || Vin
doux, jus de raisin qui n'a pas encore fermenté, et
qui est doux au goût. || Qui manque d'assaisonne-
ment. Une sauce trop douce. || Qui n'est pas salé.
Eau douce, celle des lacs et des rivières, par oppo-
sition à celle de la mer. || Familièrement. Marin
d'eau douce, se dit par raillerie d'un homme qui
n'a navigué que sur les rivières ou qui a peu navi-
gué. Il Un médecin d'eau douce, s'est dit pour mau-
vais médecin et qui ne sait que prescrire de l'eau
claire. |{ 2° Par extension, qui fait sur les sens une
impression agréable. Une chose douce au toucher.
Un poil doux comme la .soie. Une douce odeur. Doux
parfum. Doux accents. Doux murmure. Un doux zé-
phyr. Air doux. Temps doux. Un doux sommeil. Une
contrée fertile, douce, aimable, riante.... mass. Car.
Salut. Ainsi, dans les dangers qui nous suivent en
croupe. Le doux parler ne nuit de rien, la font.
Fabl. m , 12. Oh I que j'aime bien mieux cet auteur
plein d'adresse Qui , sans faire d'abord de si haute
promesse. Me dit d'un ton aisé, doux, simple, har-
monieux.... BoiL. Art p. m. Chantez le saule et sa
douce verdure, ducis, Othello, v, 2. Il a des vête-
ments plus doux, un asile mieux défendu contre
l'injure des saisons, raynal, Ilist. phil. xvii, 4.
Il il fait doux [c'est-à-Jire la température de l'air
e,st douce, tiède], sÉv. 00.5. || Une douce influence,
une influence lente et salutaire. || Un doux sommeil,
un sommeil tranquille. || 3° Oui n'a rien de difficile,
de fatigant. Un escalier doux. Pente douce. || Voi-
ture douce, voiture qui, bien suspendue, ne secoue
pas ceux qui sont dedans. || Pluie douce, pluie me-
nue, qui n'est pas froide, avec un temps calme.
Il Lime douce, lime dont les aspérités sont fines et
peu saillantes. || Vue douce, vue où il y a d'agréa-
bles repos, tels que des prés, de petits bois, etc.
Il Terme de peinture. L'effet d'un tableau est doux,
quand il présente une juste grailation des clairs aux
ombres, des couleurs brillantes aux couleurs graves.
Doux en ce sens s'oppose à dur. || Purgaiion douce,
purgatif doux, purgation, purgatif qui agit sans
tranchées. |1 Chaleur douce, chaleur modérée. || l'eu
doux, feu qui, dans les opérations de cuisson, n'est
pas poussé vivement. || Il se dit de certains métaux
purs et peu cassants. Cuivre doux. Le for doux, par
opposition au fer aigre qui est cassant. || Terme de
gravure. Se dit d'un métal que le burin coupe aisé-
ment et nettement. || Gravure en taille-douce, ou,
simplement, taille-douce, gravure qui se fait avec
le burin ou l'eau-forte sur des planches de cuivre;
l'art de faire cette gravure. || Taille-douce, voy.
taille. Il 4° Terme de grammaire. Les consonnes
douces sont b, g et d, par opposition aux con-
sonnes fortes qui sont p, k, t. || Terme de gram-
maire grecque. Esprit doux, signe en forme de vir-
gule, qui se met sur les voyelles initiales qui ne
doivent pas être aspirées -, il se met aussi sur le pre-
mier de deux p qui se suivent : ff. || B" Fig. Oui lait
sur l'esprit ou le cœur une impression comparée à
celle que font le miel et le sucre sur le goût. Il est
doux de vivre en liberté. Vous dire, sans que tant de
personnes l'entendent, ce que je sens pour vous, com-
bien votre absence m'est insupportable et votre mé-
moire m'est douce, voit. Lett. 42. Agréable colère!
Digne ressentiment à ma douleur bien doux ! corn.
Cidji, ». L'exemple est la plus douce et la plus forte
loi, ID. Imit. Il, 3. [Les religieux] Parlent peu, dor-
ment peu, se lèvent du matin , Prolongent l'orai.son,
prolongent la lecture , Et sous ces dures lois font une
douce fin, iD.tt>.i,2B. [devoirs] .... que vous êtes doux
à mon cœur amoureux, id. Poly. u, 4. Les plus doux
de mes vœux enfin sont exaucés, id. ttodog. iv, 2. Kt
ces grands cœurs, enflés du bruit de leurs combats,
Souverains dans l'armée et parmi leurs soldats. Font
du commandement une douce habitude, m. Ntcom.
Il, <. Porte, porte ce cœur à de plus douces chaî-
nes, ID. ib. V, i. Tout ce qui naît de doux en l'a-
moureux empire, la font. Adonis. Cet espoir est
bien doux à des cœurs offensés, mol. Don Juan, m,
6. C'est ainsi qu'une femme en doux amusements
Sait du temps qui s'envole employer les moments,
boil. Sat. x. Vous trouverez ailleurs des entretiens
plus doux, RAC. Théb. y, 3. Un bonheur si commun
n'a pour moi rien de doux, id. ib. v, 4. Et tout in-
grat qu'il est, il me sera plus doux De mourir avec
lui, que de vivre avec vous, id. Andr. iv, 3. J'y
consens; porte-lui cette douce nouvelle, id. Brit.
II, 2. Ce port majestueux, cette douce présence....
10. Bérén. i, B. C'est une vengeance douce à celui
qui aime beaucoup de faire, par tout son procédé,
d'une personne ingrate une très-ingrate, la bruy.
IV. S'il est doux et naturel de faire du mal à ce que
l'on hait, l'est-il moins de faire du bien à ce que
l'on aime? id. ib. ô doux espoir à mon cœur éperdu ,
volt. Als.ii, 3. Doux bocage, adieu; je succombe.
Tu m'avertis de mon destin; De ma mort la feuilli!
qui tombe Est le présage trop certain, millevoye,
la Chute des (milles. Soleil si doux au déclin de
l'automne. Arbres jaunis, je viens vous voir encor,
bérang. Àd. à la camp. Le 23, le quartier impérial
était à Borowsk; cette nuit fut douce pour l'empe-
reur [qui se crut maître de la ruute de sa retraite
I hors de Moscou], ségur, Hist. de Nap. ix, 2). Ils
I [les clairons] parlaient un langage Connu de mon
' oreille et doux à mon courage, delav. Paria, i, ^
! Il Faire les doux yeux, ou les yeux doux, cherche:
I à plaire. Ne fais point les doux yeux; je veux ètr»
facile, MOL. le Dép. iv, 4. Â Colin toujours alerte,
Ne faites pas les yeux doux, bérang. ilfère aveugle.
Il Faire les doux yeux à une femme, chercher à ga-
gner ses bonnes grâces || Billet doux, billet d'amour,
de galanterie. |; Les doux propos, paroles de galan-
terie, d'amour. || Familièremejit. Entre doux et ha-
gard, c'est-à-^dire moitié rude et moitié doux; et aussi
ni bien ni mal, ou encore avec un mécontentement
masqué sous une apparence de douceur. Comment
l'a-t-il reçu? entre doux et hagard. || 6° Qui n'a rien
de pénible, de rigoureux, de cruel. Une morale
douce. Une douce raillerie. Le service est fort doux
1236
DOU
dan» celle maison. Le supplice esl trop doux, Et sans
ies voir d'un œil trop sévère ou trop doux, corn.
f^id I I Soit que l'issue en soil douce ou fu-
neste,id. Pomp. m, t. Je n'ai donc pas besoin d'un
visage plus doux, ID. Nicom. I, 'i. Que Home a des
conseils plus justes et plus doux, m. t'b v, B. La
remonirance est douce, obligeante, civile, m. Toii.
d'or, 1, «. Durant tout ce temps et dans les tour-
ments inouïs de sa dernière maladie où ses maux
s'augmentèrent jusqu'aux derniers excès, elle n'a
eu à se repentir que d'avoir une seule fois souhaité
une mort plus douce, boss. Anne de Onni. Enfin,
tout ce qu'amour a de nœuds plus puissants, Doux
reproches, transports sans cesse renaissants, bac.
Itérin. II, 2. Seigneur, de mes malheurs ce sont là
les plus doux, iD. Kithr. i, 2. Il ne faut jamais ha-
sarder la plaisanterie, môme la plus douce et la plus
permise, qu'avec des gens poli^. ou qui ont de l'esprit,
LABBUY.v. Dans la Lithuanie plus anciennement réu-
nie, où une administration douce, des faveurs habile-
ment distribuées et une plus longue habitude avaient
fait oublier l'indépendance, siîgijr, llist. de Napol.
VIII, I. Il 7° Oui a de la bénignité, de l'indulgence,
do l'humanité. Un hommedoux. Des mœurs douces.
.... En ce grand bruit le sort nous est si doux Que
nous n'avons encor rien à craindre pour vous,cor(J.
Iléracl. II , 2. Qu'il [le ciel] vous soit aussi doux que
vous m'êtes barbare, rotr Antig. v, 9. Madame
fut douce envers la mort, comme elle l'était envers
tout le monde, eoss. Duch. d'Orl. Le secours De
quelque dieu plus doux qui veille sur ses jours, rac.
Iphig. I, ï. Dieux plus doux, vous n'avez demandé
que ma vie, m. t6. v, t. Hé! qui jamais du ciel eut
des regards plus doux? ID. Esth. ii, *. Les dieux me
seraient-ils plus doux? volt. GCdipe, i, t. Héros
terrible et doux à tous tes ennemis, m. Triumv.
ni, 7. Vous qu'un astre plus doux semblait avoir
formée, m. Adélaïde, i, 2. Rendez-vous, je vous
prie, un peu plus doux à vivre, boissy, Sageétnurdi,
II, 5. Il Doux comme un agneau, se dit d'une per-
sonne qui est pleine de bonté, de docilité. Avec
Destin seul il était doux comme un agneau, scar-
BoN, Rom. com. i, 5. || On dit dans le même sens
doux comme une fille, et même, avec quelque li-
terie dans le langage, doux comme une pucelle.
Votre petit Allemand paraît extrêmement adroit au
lion abbé; il est beau comme un ange, et doux el
honnête comme une pucelle, si?v. Lett. 7 oct. (076.
Philosophe comme Spinosa, doux comme une fille,
VOLT. Lett. d'Argental, 22 déc. 177(. || 8° En parlant
des animaux, qui n'est pas méchant. Un cheval
doux. Ce chien est doux. Ni loups ni renards n'é-
piaient La douce et l'innocente proie, la font. Fabl.
vn, (. Il 9° Doux-amer s'est dit de ce qui a à la fois
quelque chose de doux et quelque chose d'amer.
IJne satire, où, d'un œil doux-amer. Tout le monde
s'y voit, bégnier, Sat., xii. || 10" Doux, adv. Douce-
ment Vos paroles .... Résonnent doux à nos oreil-
les, ID. Mac. On va mieux quand on va doux, la
tt)NT. Cord. Il Familièrement. Filer doux, demeurer
dans la soumission; ne rien répliquer à une injonc-
tion, à une réprimande. Monsieur, n'est-il pas temps?
Et moi de filer doux, eéonieb, Sat. xi. Il fut con-
traint de filer doux, scaru. Rom. com. n, 8. Ce moi
qui le seul moi veut être, Ce moi qui m'a fait filer
doux, MOL. Amph. Il, t. En vain tu files doux, id.
ii>. II, 3. Il II a avalé cela doux comme lait, se dit
de celui qui ne s'est point ressenti d'un affront qu'on
lui a fait; et aussi d'une personne acceptant avec
satisfaction les louanges qui lui sont données; et,
finalement, d'un homme simple à qui l'on fait croire
ce qu'on veut. || 11* Tout doux, loc. interj. fami-
lière, dont on se sert pour retenir quelqu'un qui
s'emporte, qui s'oublie. Tout doux : et, s'il esl vrai
que ce soit chose faite. Voulez-vous l'approuver,
cette chaîne secrète? mol. le Dép. m, 8. Mon Dieul
tout doux; vous allez d'abord aux invectives; est-ce
que nous ne pouvons pas raisonner ensemble sans
nous emporter? id. Mal. imag. i, B. J'ai vu, dit-il,
un chou plu» grand qu'une maison; Et moi, dit
l'autre, un pol aussi grand qu'une église. Le pre-
mier se moquant, l'autre reprit : Tout doux; On le
fit pour cuire vos choux, la font. Fabl. ix, «. || li'S.
m. Ce qui est doux. Passer du grave au doux, du
plaisant au sévère, boil. Art p. i. C'était la force et
la sévérité qui sortait du doux et du clément, mass.
Or. (u.'i. Dauph. 11 [le rossignol] saute du grave à
l'aigu du doux au fort, cuateaub. Génie, i, v, 5.
Il Familièrement. Faire le doux, la douce, affecter
une fausse douceur. || X la douce, cri des rues de
Paris annonçant des cerises douces à vendre. || Po-
pulairement. À la douce, tout doucement, ni bien
m mal. Comment vous porlez-vous? — X la douce.
DOU
Il Proverbes. Les douces paroles n'écorchent point
la bouche, se dit pour reprocher à quelqu'un de ne
s'être pas exprimé avec la douceur convenable. || Ce
qui est amer à la bouche est doux au cœur, se dit
pour inviter les gens à prendre une médecine désa-
gréable; et, figurément, se soumettre à quelque
chose qui déplaît.
— HIST. XI* s. Li empereres Charles de France
dulce. Cit. de Roi. ii. Terre de France, mont estes
dulz pals, ib. cxxxviii. Isscnl de mer, viennent as
ewes dulcs, ib. clxxxvii. || xii' s. Et vers Franzois
fu doux e£ souploiant, ib. p. 3S. Beaus douz amis,
de moi aiez pitié, ib. p. »2. Moult m'a amors ator-
née Douce paine el biau labor, Couci, l. Tuil mi
penser sont à ma douce amie, ib. ii. Et se je truis
[trouve] ma dame o le douz nom Pleine d'orgueil et
dame sans guenlon.... ib. Se j'en travail [souffre],
je n'en sai qui blasmer. Fors ses douz ieus el son
simple viaire, ib. Las! pourquoi l'ai de mes ieuz
regardée, La douce rien qui fausse amie a nom?
ib. VI. Quant li estes el la douce saisons Font feuille
el flor et les prés raverdir, «6. xiii. La douce voiz
du loussignol [rossignol] sauvage, ib. xix. Quanlje
recort la simple courtoisie Et les douz mots dont
[elle] seul [a coutume] à moi parler, ib. xxii. Le
martir saint Denis, qui [cui, à qui] dulce France
apent, Th. le mari. )49. Ez [voici] une espie qui
vint de France douce, Que envola dans Imbers de
Peronne, Raoul de C. 229. || xiii' s. Segnor el da-
mes, ce esl la boene fesle que nos faison hui; ce
est lafeste del doue saint Esperit que Diex envoia à
ses aposteles, Serm. de Maurice de Sully, dans Arch.
des miss, scientifiques, t. v, p. tB*. Cooins sonl de
diverses manières: si com doue et aigre; li doue
sont f roi t et sec, albrant, f" B3. Qu'il ne menguce
mie viande faite de miel ne nul doue fruit vert, id.
r° 22. À l'issue d'avril un temps dous eljoli, Berle, i.
Onque si douce chose [que Berle] ne vi ne n'acoin-
tai, ib. lvii. Biaus très dous fils, fait-elle, com-
ment osas penser.... «b. III. Lasse! mais ne verrai ma
douce chère mère, ib. xviii. Li s 'Cons biens eslDous-
Parlers, Qui a fait à mains bacheiers Kl à maintes
dames secors, la Rose, 2683. Et l'autre plaignoil son
doiich cuer: Jamais nus [nul] nen erl de tel fuer
[qualité). Lai d'Iqnaurés. \\ xiv* s. A son douch re-
gard et al vis [visage] , j. de condet , p. < 07. || xv* s.
Douce parole fraint grant ire, froiss. Poésies vtss.
p. 374, dans lacurne. Le comte, qui est à toutes da-
mes et damoiselles doux et amoureux, en ot pitié,
m. II, m, ti. Chez cest avocat d'eau douce. Pate-
lin. Le porter doulz [supporter patiemment], Perce-
forest, t. IV, f" 65. Il xvi" s. Les fleuves doux, et les
undes sallées, marot, h, B8. Une pente douice et
insensible, mont, i, 82. Des routes gazonnées et
doux fleurantes, m. i, «76. Un naturel doulx et
traictable, id. i, (95. Vie douloe el aysée, id. i,
219. Je fais plus volontiers les doulx yeulx au ciel
pour le remercier que pour le requérir, id. iv, 67.
Elle cuida lui avoir fait avaler sa colère aussi douce
que sucre, desper. Contes, cxxvn. Le barbare es-
tant homme cault et malicieux, parlant tout doulx,
le recoiifortoit, amyot, Crass. 42. Il avoil naturelle-
ment le visage fort doulx et fort beau, m. liumè-
nes, 21. Grattant tout doulx le sanglier hérissé, id.
Comment refrén. la colère, 37. Le second soir, la
mer estant plus douce, l'escarmouche fut plus
chaude et de plus prés, d'aub. Hisl. n, 80. Douce
est la mort qui vient subite et brève, bons. 6. En
grandeur douce fiere. Poésies de loys le caron,
f" 22 , dans lacurne. Doulx grave (doucement grave] ,
COTGRAVE. Doux inhumain [doucement inhumain],
nicot, Dict. Dardant au ciel sa douce amere peine,
JACQUES TAHUREAU, Poésies, f° (79, dans lacubnk.
La doux bruyante harpe, baïf, Œuvres, [' 32,
dans LACURNE.
— ËTYM. Provenç. dolx, dos, dous; calai, dois;
espagn. dulce; portug. doce; ital. dolce; du latin
dulcis, doux.
t DOUX-AGNEL (dou-za-gnèl) ou BOUX-X-L'A-
GNEAU (dou-za-la-guô), î. m. Variété de pomme
à cidre, du Bocage, du Colenlin, etc.
I DOUX-AUX- GUÊPES (dou - z6 - ghê - p") , s. m.
Variété de pomme à cidre.
t DOUX-BALLON (dou-ba-lon) , s. m. Variété de
pomme à cidre.
t DOUX-VERT (dou-vêr), s. m. Variété de pomme.
t DOUZAIN (ilou-zin),î. m. || 1° Petite monnaie de
lavaleurde(2 deniers, autrement un sou. 11 aime fort
le douzain, pour dire il aime l'argent, Acad. édit.
de (696. Ce n'était qu'un maraud, mais il a fait for-
tune; Puisqu'il a du douzain, il est démaraudé,
TH. CORN, la Comtesse d'orgueil, I, 3. || Inusité pré-
sentement. Il 3° Nom, dans certaines provinces, d'uo
DOT]
cadeau de noces que la mariée reçoit de sa famille
ou do celle de son mari, et qui consiste en douzai*
nés de certains objets. || 8* Petite pièce composée
de douze vers. || 4° Un douzain de caries, un double
sixain.
— HIST. XIII* s. Un dosin d'avaine [une certaine
mesure], nu cangf., dosinus.
— ÊTVM. Douze.
DOUZAIXE (dou-z^-n'), t. f. coUeelif. || 1* Douze
objets de même nature. Une douzaine d'œufs. Trois
douzaines de serviettes. || Demi-douzaine, la moitié
d'une douzaine. J'aurais donné une demi-douzaine
de nos demoiselles pour elle, maintenon, Lett. d
Urne de Caylus, (5 déc. (7(B. || Familièrement. X
la douzaine, se dit, par dénigrement, de quelqu'un
ou de quelque chose de fort ordinaire. L'on te fera
la moue, et, pour fruit de ta peine. Ce n'est, ce
dira-t-on, qu'un poêle à la douzaine, bégnier. Sot.
IV. Hé ! finissez, rimeur à la douzaine; Vos abrégés
sont longs au dernier point, j. b. rouss. Ép. Il, 3.
Il II ne s'en trouve pas treize à la douzaine, ou il n'y
en a pas treize à la douzaine, se dit de quelque chose
qui ne se rencontre pas communément. || 2" Quantité
indéterminée, mais se rapprochant de douze, lis
n'étaient guî-re qu'une douzaine de per.sonne3. Ce
sonl une douzaine de petites Iles, depuis trois jus-
qu'à huit lieues de circonférence, raynal, llist.
phil. XIV, 3(. Il 3° Ancien nom d'une sorte de drap.
Draps du pays d'Angleterre, appelés douzaine, de
la valeur de huit livres l'aune. Tarif du <« avril
(007.
— HI.ST. XIII* s. X bone estraine Mengié en a une
dozaine. Tant que lot ot le ventre plain, Ren. 3988.
Se je m'esmai [me tourmente] , je n'en puis mais;
Qu'or n'ai ne dousaine ne fais. En ma meson. De
busche por ceste seson, ruteb. 4 6. || xiv* s. Que li
prevosl de Paris soit tenu par son serment à visiter
le portement de la douzaine [les douze sergents du
chastelet de Paris] chacun mois, et punir ceux qui
mal se porteront, Ordonn. des rois de Fr. t. i,
p. 742. El les terres qui sient au dessus du dii clos,
qui contiennent trois dozaines de terre [mesure de
terre qui exige un douzain de semence], nu cange,
dosenum. || xv* s. Un mauvais cœur en décourage
deux douzaines de bons, froiss. ii, m, (9. ||ivi*s.
Un avocat en parlement, qui estoil bien au compte
de la douzaine (du commun], desper. Contes, xix.
Chrysippus disoit qu'un philosophe fera une douzaine
de culebuttesen public, voire sanshaultde chausses,
pour une douzaine d'olives, mont, ii, 349. Tels sont
si clair-semez, qu'il seroil bien difficile d'en trouver
quinze à la douzaine, froumenteau. Finances, m,
livre, p. 437.
— ÉT'yM. Doute; bourguig. dôsnine; provenç.
dotsma; calai, datsena; espagn. docena; portug.
duzia; ital. duizina.
DOUZE (dou z'), adj. numéral invariable. || 1* Dix
et deux.- Douze francs. Les douze apôtres. Six mul-
tiplié par deux fait douze. Dans les derniers mo-
ments où il ne connaissait plus aucun de ceux qui
étaient autour de son lit, quelqu'un, pour faire une
ex|iérience philosophique, s'avisa de lui demander
quel était le carré de douze; il répondit dans l'in-
stant et apparemment sans .savoir qu'il répondait,
cent quarante-quatre, fonten. Lagny. || Absolu-
ment. Les douze, les douze apôtres. Alors l'un des
douze, appelé Judas Iscariole, s'en alla trouver le
prince des prêtres. || Le comité des douze, conseil
composé de douze personnes, durant la Révolution.
Il En artillerie, une pièce de douze, une pièce <iont
le boulet pJse douze livres. || 2° Douzi'me. Page
douze. Chapitre douze. Le numéro douze. Loui»
douze le père du peuple. || Douze pour douzièmo
s'écrit le plus souvent en chiffres arabes ou ro»
mains : le numéro )2, Louis XII, le (2 du mois.
Il 3° .S. m. Le nombre douze. Le produit de doufâ
multiplié par cinq. || Au loto el ailleurs, le numéro
douze. Ces douze sonl peu marqués. || Le douze, le
douzième jour. Le douze du mois, le douze de la
maladie. || 4° Un in-douze ou, comme on l'écrit
d'ordinaire, un in-(2, un livre dont chaque feuille
forme douze feuillets ou vingt-quatre pages. || Au
plur. Des in-douze ou des in-(2. || 5° Terme de musi-
que. Douze-quatre, douze-huit, douze-seize, noms
de trois espèces de mesures à quatre temps, où cha-
cun comprend troisnoires, ou trois croches, ou trois
doubles croches, et qui s'écrivent Vi V> H- '^*'
dénominations sonl peu usitées, parce que la divi-
sion de chaque temps en deux parties esl plus habi-
tuelle que la division en trois; mais les noms sont
quelquefois nécessaires. || 6* Je vous dis el vous
douze, espèce de rébus ou de calembourg trivial,
jouant sur dis ou dix et douze et signifiant : je vous
D0\
DRA
DRA
1237
cortifle. Je vous dis et vous douze que loua ces mé-
decins.... MOL. Uéd. m. lui, ii, ).
— HIST. XI' s. Douze serjanz les ont bien con-
reez, Ch. de Uni. xi. Ilxif s. Si combalrai as [avec
les] doce conpeignons, llonc. p. 40. || xin' s. Et à
cel jor seroierit esleus li douze qui l'empereour dé-
voient eslire, VILLEH. ax.
— ÉTYM. Boi'fruig. doie; provenç. dotie; catal.
dnisp; espafçn. doce; portup. dose; ital. dodici; àti
iatin dundrcim, de duo, deux, et dccem, dix.
DOUZIÈME (doi! ziê-m'). || l' Adj. numér. ordinal
de douze. Le douzième siicle. || 2° Suhslaniivement.
Il est le douzi{:me s;ir la liste. || Le douzième jour
du mois. Je reçois votre lettre du I2«. || 3° La dou-
zième partie. Il a eu pour sa part un douzième de
la somme. || 4° S. f. Terme de musique. Intervalle
de onze degrés conjoints; octave de la quinte. D'où
naîtront deux consonnances, une douzième et une
quinte, desc. IIus.
— HTST. XI' S. Il jurra [jurera] sei dudzime main
[lui douzième personne] que.... Lois de Guill. 4.
I] xiii' s. Cis rois Clotaires fu douzimes, pu. mous-
KES, ms. p. 41, dans lacurne. || xv s. Ainsi furent
menés les Parisiens en ce temps, pour donner exem-
ple à toutes autres bonnes villes du royaume de
France, et furent mis sus les subsides, gabelles,
aides, fouages, douzième, trezieme, et toutes ma-
nières de telles choses, et le plat pays avec ce, tout
riffléj-FROiss. liv. m, p. 232, dans lacurne.
— ÉTY5I. Dnuse ; provenç. doien, dof^en; catal.
dotsé; espaga. doceno; portug. duodecimo; ital.
dodicesimo.
DOl'ZIË.MEMFKT (dou-ziê-me-man), adv. En dou-
zième lieu. J'examinerai douzièmement....
— ÉTYM. Douzième, et le suffixe ment.
f DOCZIL (dou-zi), s. m. Petite cheville qui sert
à boucher le trou fait à un tonneau pour en tirer
du vin. Mettre un douzil. ôler le douzil.
— HIST. xiv' s. Douisil, DU GANGE, ditciculus.
Il XVI' s. Il faudra tordre le douzil , et bouche close,
BAB. Garg. i, 3. Ce n'estoit pasceluy qui fit couper le
douzil de son vin de Gascogne, d'aub. Confess.i, 8.
— ÉTYM. Berry, doisil, duizi, duzi, dui; pro-
venç. dozil; du bas-latin duciculus, diminutif de
dtix, qui conduit, petit tuyau; le nom ayant été
transporté du trou à la petite cheville qui le bouche.
1 UOXOI.OGIE (do-kso-lo-jie), s. f. Petit verset
qui se récite à la fin des psaumes et qui commence
par Gloria Patri....
— ÉTYM. AoJoXofia, de SéÇa, gloire, et Wyos,
discours.
DOYEfî (do-iin; plusieurs disent doi-iin), s. m.
Il 1° Titre de dignité ecclésiastique. Le doyen du
sacré collège. Doyen d'une église collégiale, le
chef du chapitre. Doyen d'une église cathédrale,
la seconde personne du ctiapitre. || Doyen rural,
curé de campagne qui était commis pour un cer-
tain temps, afin de terminer les différends nés
entre les curés. || Par plaisanterie. Le demeurant
des rats tint chapitre en un coin Sur la nécessité
présente; Dès l'abord, leur doyen, personne fort
prudente, Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus
tard. Attacher un grelot au cou de Rodilart, la
FONT. FabL II, 2. Ce chapitre que Momns fonde
Chez eux manquera de doyen, bf.rang. Âge futur.
Il 2° Titre du directeur d'une faculté universitaire.
Le doyen de la Kaculté des lettres, de l'École de
droit, de l'Ëcole de médecine. || Autrefois le doyen
était électif, La Faculté de médecine qui .se choisit
tous les deux ans un chef qu'on appelle doyen....
FONTEN. Geoffroy. \\ 3° Le plus ancien de .son corps.
Il devint de bonne heure doyen de l'Académie, et le
resta longtemps, condorcet, ifanrepas. \\ Par ex-
tension, le plus Agé. Si vous n'avez que .soixante
ans, je suis votre doyen. || Le doyen d'âge, celui
qui, dans un corps, est le plus âgé. Dans les assem-
blées législatives, avant que le bureau soit formé,
le doyen d'âge est président du bureau provisoire.
— lllST. xii" s. Li evesques de Lundres i ala dreit
clamer; Ses deiens est, ço dit: par dreit la deit por-
ter [la croix]; Des mains la li voleit par vive force
oster, T/i. le mart. 38. || xin' s. Et qui veut, il puet
appeler de degré en degré, si come du dien à l'e-
; vosque, et de l'evesque il l'arcevesque, beaum. lxi,
I 6B. Lors je ramentu le légat comment le dien de
') Malrut nous avoit fait trois processions en la mer par
I trois samedis, et le tiers samedi nous arrivâmes en
; Cypre, joisv. si8. || xiv s. Comme en icellui mes-
lier de boucherie soit accoustumé chascun an eslire
un certain officier appelle le doyen du dit mestier,
DU GANGE, dccanus 7. || xv* s. Jacques la Jaschere,
qui avoit esté souverain doyen des mestiers, mons-
TBEUT, t. II, f° 152, dans lacurne. Il XVI' s. Ser-
gens ou doyens de justice ne peuvent cstre gardes
ni achepteurs de gages par eux pris par exécution,
directement ou autrement, Nouv. coulum. génér.
t. n, p. (093.
— ÉTYM. Provenç. dega, degua; catal. degd; es-
pagn. decano; portug. dcdo; ital. decano; du latin
decanus, doyen, proprement supérieur de dix, de de-
cetn, dix.
t DOYENNE (dp-iè-n'), s. f. La plus âgée de deux
ou plusieurs femmes. || La supérieure dans certains
chapitres, dans certaines abbayes de filles.
— ÉTYM. Doyen.
DOYENNÉ (do-ièné; plusieurs disent doi-iè-né),
s. m. Il 1° Dignité de doyen dans une église. || L'ha-
bitation du doyen. Aller au doyenné. || Une des di-
visions du diocèse dans l'ancienne juridiction ecclé-
siastique. Il 2° Terme de jardinage. ï'oire de doyenné
ou, simplement, un doyenné, une poire d'automne
très-fondante, ordinairement peu parfumée. Doyenné
gris, de meilleure qualité. Doyenné crotté, espèce
demi-fondante, quelquefois un peu pierreuse, mais
excellente au goût. Doyenné du comice, doyenné
d'hiver, excellente poire qui mûrit de décembre
en mai.
— ÉTYM. Doyen.
t DOYENNETÉ (do-ié-ne-té), s. f. Qualité de
doyen lorsqu'il s'agit d'âge.
fDRABAN (dra-ban), s. m. Sorte de garde du
corps chez les rois du nord de l'Europe. Une seconde
volée mit le brancard en pièces et renversa le roi;
de vingt-quatre drabans qui se relayaient pour le
porter, vingt et un furent tués, volt. Charles XII,*.
Charles [XII] dit qu'il s'appelait Cari et qu'il était
draban, id. ib. 3. || Voy. traban.
t DRACÉNACÊ, ÉE (dra-sé-na-sé, sée), adj.
Terme de botanique. Qui ressemble au dragonnier
(dracamn).
t DRACËNE (dra-sê-n'l , s. f. Terme d'antiquité. La
femelle de l'animal fabuleux qu'on appelait dragon.
— ÉTYM. Lat. draca;na (voy. dragon).
t I. DRACHE (dra-ch'), s. f. Voy. drèche.
f 2. DRAGUE (dra-cb'), s. f. Terme de pêcheurs
de Terre-Neuve. Huile de morue non encore épu-
rée.
DRACHME (dra-gm'. Quelques-uns écrivent
dragme, dit l'Académie), s. f. || 1" Terme d'anti-
quité. Poids grec qui était de 3 grammes 24 centi-
grammes. Il Monnaie grecque d'argent, valant 69 cen-
times. Chaque bomme de mer recevait une drachme
de paye, sans ce que les capitaines de navire don-
naient en particulier aux rameurs du premier rang,
ROLLiN, Ilist. anc. OlAtvres, t. m, p. 632, dans
pouGENs. Il 2° Dans les anciennes mesures de phar-
macie, synonyme du gros ou huitième partie de
l'once.
— HIST. XIII' s. Drame, alebrant, f° 18. ||xiv' s.
.... je tien pour le meilleur Qu'à tout compter et
bien penser [peser] à drame, Je vol assez puisque
je voi ma dame, machaut, p. t32. ||xv"s. Car telz
a hui bien de quoy, Qui n'ara vaillant une drame,
eust. desch. Poésies mss. f" 89, dans lacurne.
Il XVI' s. One Hecuba, Andromache ou Priam D'en-
nui et peur ne gousterent tel dragma. Voyant Hec-
tor saillir contre les Grccz, J. map.ot, v, 87.
— ÉTYM. Provenç. dragma ;espagn. dracma; ital.
dramma; du latin dracftma; du grec Spa/fir;, de
6pàÇ, une pincée, de êpàsascv, prendre, saisir.
f DRACINE (dra-si-n'), s. f. Substance organique
trouvée dans le sang-dragon {drac.rna}.
t DRACOCÉPnALE (dra-ko-sé-fa-l') , s. m. Plante
d'ornement à grandes (leurs bleues et pourprées.
Dracocépbale de Moldavie (dracocephalum molda-
vicum), dite aussi tête de dragon, moldavic, mé-
lisse des Canaries. Dracocéphale virginien, dit vul-
gairement fausse digitale.
— ÉTYM. Apàxtov, dragon, et xeçaXr), tête.
t DRACONCULE (dra-kon-ku-1') , s. m. || l" Terme
de zoologie. Poisson du genre callionyme dit aussi
dragonneau.il 2° Terme de botanique. Nom spéci-
fique d'un gouet et d'une armoise. || Nom donné par
d'anciens auteurs aux deux plantes précédentes, à
la ptarmique vulgaire et au poiygonuni historié,
legoarant.
— ÉTYM. Lat. dracuneulus, diminutif de draco,
dragon.
t t. DRACONIEN, lENNE (dra-ko-niin, niè-n'),
adj. D'une excessive sévérité, en parlant de lois.
Code draconien. Lois draconiennes.
— ÉTYM. Dracon, législateur d'Athènes qui avait
prononcé la peine de mort pour tous les délits.
t 2. DRACONIEN, lENNE (dra-ko-niin, niè-n'),
adj. Terme de zoologie Qui ressemble U un dragon.
— ÉTYM. ApâxMv, dragon.
t DRACOMNE (dra-ko-ni-n'), s. f. Terme de
chimie. Le même que dracine. Voy. ce mot.
t DRACONITE (dra-ko-ni-f) , s. f. Terme de géo-
logie. Pierre roulée; polypier fossile.
— ÉTYM. Apinuv, dragon, et la finale ite qui , en
géologie, indique un fossile.
t DRACONTE (dra-kon-f) , s. m. ou DRACONTIB
(dra-kon-tie) , s. f. Voy. dracontion.
t DRACONTIASE(dra-kon-ti-a-z'), s. /'.Terme de
médecine. Maladie fréquente en Afrique, en Asie,
en Amérique, surtout parmi les esclaves, et causée
par le dragonneau.
— ÉTYM. ApâxMv, nom qui a été donné au dra-
gonneau, avec la finale médicale ase.
t DRACONTION (dra-kon-ti-on), s. m. Terme d«
botanique. Genre de typbacées, dans lequel on dis-
tingue le dracontion perforé (Antilles) de Linné, dit
liane franche, liane percée et feuille percée, legoa-
RANT. Il On trouve aussi dracontie et draconte.
— ÉTYM. ApaxôvTiov, nom de l'arum dracuneu-
lus, deôpâxtov. dragon.
t DRACONTIQUE (dra-kon-ti-k') , adj. Terme d'as-
tronomie. Qui a rapport au nœud de la lune. Mois
dracontique, temps de la révolution de la lune, par
rapport à son noeud. Voy. dragon.
tDRACONTISOME(dra-kon-ti-so-m'),i.m.Terme
d'anatomie. Genre de monstres, nomméainsi parce
qu'il présente de l'analogie avec la disposition des
petits reptiles iguaniens appelés dragons.
— ÉTYM. Apâxuv, dragon, et oû|xx, corps.
tDRACONTOCÉPHALE(dra-kon-to-sé-fa-r) , o^;.
Terme de zoologie. Qui a une tête de dragon.
— ÉTYM. ApâxMv, îpâxovToç, dragon, et xcçaX^,
tête.
■f DRAGAGE (dra-ga-j'), s. m. Voy. draguage.
t DRAGAN (dra-gan), s. m. Terme d'ancienne
marine. Extrémité de la poupe d'une galère, oii est
inscrite la devise.
t DRAGANTE (dra-gan-f), *. f. Un des noms
vulgaires de l'astr^ale tragacanthe.
— ÉTYM. Voy. adS,gante.
t DR AGE (dra-j'), s. f. Nom, chez les brasseurs , de
la farine ou du grain bruisiné, après qu'il est brassé.
— ÉTYM. Autre forme de drache i .
DRAGÉE (dra-jée), s. f. || l" Amandes diverses
recouvertes de sucre très-fin et durci. Un cornet de
dragées. Bourré de sucre et brûlé de liqueurs.
Vert- Vert, tombant sur un tas de dragées, En noir
cyprès vit ses roses changées, gresset, l'ert- Kert, i v.
Il Dragées de baptême, boîtes de dragées que le par-
rain est dans l'usage de donner à sa commère et à
l'accouchée. || Fig. et par plaisanterie. Oui d'un bap-
tême de cour Voyez en nous [jésuites] les dragées,
BÉRANG. iîré. pères. || Dragées d'attrape, dragées fort
amères. || Fig. et familièrement. Avaler la dragée,
avoir quelque déboire. || La dragée est amère, cela
est difficile à supporter. || Terme de pharmacie.
Dragées vermifuges, dragées préparées en substi-
tuant aux amandes le semen-contra. Dragées purga-
tives, dragées faites avec le jalap. Dragées de Saint-
Roch, baies de genièvre recouvertes de sucre et qui
sont diurétiques. || 2' Menu plomb de chasse. Pe-
tite, grosse dragée. Il Ce fusil écarte la dragée, les
grains de plomb qu'il lance s'écartent trop les uns
des autres. || Fig. et populairement. Écarter la dra-
gée, laisser échapper de petites parties de salive
en parlant. || 3° Terme d'agriculture. Mélange de
grains qu'on laisse croître en herbe pour les che-
vaux. Il Dragée de cheval, blé sarrasin. || Fig. Tenir
la dragée haute à quelqu'un, lui fnire bien payer
ce qu'il désire, ou le lui faire beaucoup attendre;
locution tirée de cette dragée qu'on met plus ou
moins haut pour les bêtes. || i° Terme de minéralo-
gie. Dragées de Tivoli, petites concrétions calcaires
qu'on trouve dans un ruisseau sortant du lac de
Tivoli (Italie). || S" Cocon renfermant un ver à soie
qui n'a pu se transformer en nymphe.
— HIST. xni' s. Nus cervoisiers ne puet [peut]
ne ne deit faire cervoise fors de yaue et de grain,
c'est à savoir d'orge de mestuel et de dragie, l.iv.
des met. 30. || xiv s. [Philippe le Bel et le pape Clé-
ment] .... Deceste maie dragée [les juifs] Ontchres-
tienté desrengée, Hist. de France à la suite du ro-
man de Fauvel, ms. dans lacurne. Dragée, sucre
rosat, noisettes confites, Ménagier, u, 4. || xV s.
Il n'y a jà point bonne dragée, S'elle ne sent s.i
confiture, martial. Vigiles de Charles VII, t. il,
p. 41 , dans lacurne. Six livres de dragées pour ser-
vir en un drageoir, de laborde. Émaux, p. 25B.
Il XVI' s. Une boite de dragées.... Le chevalier pré-
senta sa dragée en une boete d'argent, yver, p. 6(4.
Monsieur se poUrmenant avec son frère et le roi
de Navarre faillit à estre tué dans le fossé d'une
1238
DRA
ni«sch»nte pièce chargée de dragée, d'abb. ffn(.
II, M. Le duc fait boire un saWe de 400 coups à l'es-
cadron du roi, qui, aiant avalé coite dragée, donne
dans cette forest de lances, m. ib. m, 231. Dragées
estrar.gss et de toutes conllcurs, les unon estans en
façon do besie, les a\itres en façon d'hommes,
femmes et oysoaulx, P. cnoooE, dans lerocx de
LISCY, Hibl. des Ch. 6« série, t. ii, p. »««.
Etym. liourgnig. draigée; provenç. dragea;
catal. rfmflcya; espagn. gragm; portug. grnngea;
ilal. trcgqca; bas-latin, dragala, trngpmata, iles-
r.ert, fruit, du pluriel grec TpctyripiaTa, friandises,
de Tpayslv ou ■zpw-fîtv, manger (voy. truite).
I. DnATiEOin (ilra-joir),s. m. Sorte de soucoupe
dans laquelle on servait des dragées sur la fin du
repas. || Sorte de cornet dans lequel on perlait sur
soi des dragées.
— IIIST. x;v« s. Aiguières, hanaps à pié, deux
dragouers, IHi'nngifr, ri, ■*. Un drageoir d'or, à deux
cuillers d'or, à donner espices, nE i.APORnE, Émavx,
p. 256. Un (.'r.'ind dragoer d'argent doré, esmaillé
dedens et dehors h tournois de seigneurs et de da-
mes, m. th. Il XVI* s. t'n grand drajouer qui chemine
[o'cst-,\-dire roulant], garny de lapiz et de cristal,
au has du drajouer il y a une tortue, id. ib. p. 256.
— ÊTYM. Dragée.
t 2. PRAGEOIR (dra-joir), s. m. Petit creux fait
avec le tour dans l'intérieur d'un cercle. || Filet pra-
tiqué avoc le tour sur l'extérieur d'un cercle.
DllAGEON (dra jon), s. m. Nouvelle pousse qui
natt di' la racine d'un végétal , tout près de sa tige ou
même de la portion souterraine <le celle-ci, et qu'on
peut détacher pour la replanter ailleurs, legoarant.
— HIST. XVI" s De peur que, les vents rompans
les bons drageons de la vifine, n'eussiés paraprès
moien de la remettre par bas, o. nR peruf.s, 170.
— Etym. Ménage propose le latin tradux qui a en
effet le sens de drageon; mais comment de tradux
former dragenn? liiez, avec |ilus de raison, recourt
à l'allemand: gothique, draiiy'an, pou.sser; anc.
h. allem treibjan, par l'intertnédiaire d'un mot fic-
tif treibjo. '
DRAGKONXEH (dra-jo-né), ». n. Pousser des
drageons. Cette plante a drageonné. || Il se conjugue
avec l'auxiliaire avoir.
— Etym. Drageon; Berry, drogeasse.
DRAfiOMAN (dra-go-man), s. m. Voy. dbogman.
DRAGON (dra-gon), s. m. || 1" Animal fabuleux
qu'nn représente avec des griffes, des ailes et une
queue de serpent. Mais que me servira cette vaine
poursuite, Si toujours les dragons sont prêts à t'en-
lever? corn. Médée, V, 8. Quand un autre dragon,
qui n'avait qu'un seul chef Et bien plusd'une queue....
I.A kont. Fabl. I, <2. Indomptable taureau, dragon
impétueux. Sa croupe se recourbe en replis tor-
tueux, RAC. l'hèd. V, 6. (I Terme de blason. Reptile
qu'on représente avec deux pieds et une longue
queue, sans ailes. Dragon monstrueux, .se dit d'un
dragon ailé. || Fig. Un dragon de vertu, femme
d'une vertu aust'Te et farouche, et le plus souvent
affectée, car dragon de vertu se prend moins en
bonne qu'en mauvaise part. Ces dragons de vertu,
ces honnêtes diablesses, Se retranchent toujours sur
leurs sages prouesses, mol. Éc. de» (. iv, 8. || Fig.
Faire le dragon, montrer une vertu farouche. Mais
toi, ne peux-tu rien tirer de ta boutique; J'ai faille
diable à quatre. — Et j'ai fait le dragon, regnard,
le Bal, 3. Tu ne feras plus le dragon, belle bru-
nette, FAVART, Cherch. d^fltprit, se. <2. fl Endormir
ie dragon, tromper la surveillance d'un gardien sé-
vère, locution prise du dragon de la mythologie
qui, ne dormant jamais, gardait la toison d'or. U
fallait commencer par endormir le dragon, hamilt.
Cramni. 4. || C'est un vrai dragon, un petit dra-
gon, se dit familièrement d'une femme vive et aca-
riSlre, et d'un enfant mutin. Pour peu que l'on s'op-
pose à ce que veut sa tête. On en a pour huit jours
d'effroyable tempête ; Elle me fait trembler dèsqu'elle
prend .son ton; Je ne sais où me mettre, et c'est un
vrai dragon, mol. Fem. soi-. Il, 9. || a'Nom d'un an-
rien étendard sur lequel était figuré un dragon.
Il 3" Dans le style de l'Ecriture, le dragon infernal,
ou, simplement, le dragon, le démon. Des abo-
minations suggérées par le dragon à ceux qui sui-
vent son parti, pasc. l'rov. i*. || Le Dragon renversé,
ancien ordre de chevalerie, institué par l'empereur
Sigismond à l'occasion du concile de Constance et de
la condamnation de Jeanlluss et de Jérôme de Pra-
gue. Il i' Fig. Souci, inquiétude, remords, chimère.
Hélas I de quoi ne me souvieus-je point? les moin-
dres ciioses me sont chères; j'ai mille dragons, SÉV.
<». Ce m'eût élé un dragon perpétuel de n'avoir pas
rendu les derniers devoirs à ma tante, id. m». Je
DRA
me sens coupable d'une partie de vos dragons, ro.
333. Je suis assurée que deux ou trois mois vous
ont quelquefois défiguré vos dragons.... que vous
ne les avez pas reconnus, m. l'b. || Ce mot, très-
usité dans ce sens au xvii* si''cle, du moins chez
Mme de Sévigné, ne l'est plus guère aujourd'hui.
Il 5" Dans l'ancienne armée, nom d'une cavalerie
légère qui combattait tantôt à cheval, et tantôt à
pied, et qui avait des colonels et dgs sergents comme
l'infanterie, et des cornettes comme la cavalerie,
lîientôt vole après eux ce corp_s fier et rapide. Qui,
semblable au dragon qu'il eut jadis pour guide.
Toujours prêt, toujours prompt, de pied ferme,
en courant. Donne de deux combats le spectacle ef-
frayant, voi.t. Fnntenm/. M. de I.ouvois nous envoie
de tous côtés des jésuites et des dragons, id. l'In-
génu, 8 Les dragons, race assez peu dévote. Ne
parlaient là que langue de gargote; Charmant aux
mieux les ennuis du chemin. Ils ne fêtaient que le
patron du vin, GRESSET, Verl-Vert,m. || Aujourd'hui,
dragon, espèce de soldat de cavalerie qui appartient
à la cavalerie de ligne. Un régiment de dragons. Il
[l'Empereur] sentait des bandes de Cosaques rôder
sur les flancs et derrière lui : cent cinquante dra-
gons de sa vieille garde ne venaient-ils pas d'être
rencontrés, assaillis, écrasés par une foule de ces
barbares? ségur. Hist. de Sap. viii, )0. || Les dra-
gons sont souvent pris, comme les grenadiers, les
hussards, pour le type de la licence et de la brus-
querie militaire. N'est-il pas à craindre que, loin
de votre surveillance, il n'abuse de sa liberté et ne
commette quelqu'une de ces étourderies qui mal-
gré l'excuse de l'âge ont parfois des résultats fort
graves? — Cela est à craindre en effet, mais qu'y
faire? un apprenti dragon ne peut pas être cloîtré
comme une religieuse, ch. de Bernard, la Peau du
linn, § X. Il 6" Espèce de lézard de l'Inde, muni
d'ailes membraneuses. || Poisson du genre pégase.
Il Ancien nom de la vive. || Oiseau d'Amérique. || Sang
de dragon, voy. sang-dragon. || T Terme d'astro-
nomie. Constellation de l'hémisphère boréal. || La
tête et la queue du dragon, les deux points où l'or-
bite de la lune coupe le plan de i'écliptique, et
auprès desquels, la lune se rencontrant en con-
jonction ou en opposition, se font les éclipses
de soleil ou de lune. Ces deux points se nomment
aiis.si les nœuds. (| 8° Nom, dans l'ancienne hippi.a-
trique, de la tache hlanchfttre qui .se dessine dans le
cristallin du cheval, lorsque la cataracte commence
à s'y former. {| Par extension. Sorte de tache dans
l'oeil de l'homme (ce mot n'a point d'usage dans le
langage médical). Argus et ses cent luminaires, Non
pas tous aux prunelles claires, Les uns mauvais, les
autres bons. Et plusieurs ayant des dragons, scah-
ron, Yirg. trav. vii. Roux, mal fait, borgne, et un
dragon dans l'œil, marmont. Me'm. viii.jl S. m. plur.
Points ou taches qui se rencontrent dans le diamant.
Il 9" Terme de marine. Voile d'élai de hune d'un
lougre. Il Dragon d'eau, ancien nom de la trombe.
C'est un de ces gros tourbillons que les mariniers
appellent trompes, pompes ou dragon» d'eau; ce'
sont comme de longs tubes ou cylindres formés de
vapeurs épaisses, lesquelles louchent les nues d'une
de leurs extrémités et de l'autre la mer qui parait
bouillonner toutautour. Voyage deSiam, liv.i (t. i,
p. 37). Il Dragon de vent, ancien nom de l'ouragan.
Il 10° Anciennement, dragon volant, pièce d'artille-
rie de 32 livres de balles. || U" Nom donné par les
anciens chimistes au salpêtre. || Dragon mitigé, le
mercure doux.
— HIST. XI' s. Serpenz et guivres, dragon et aver-
sier, Ch. de Roi. clxxxi. Le dragon [il] porte, à qui
la gent s'alie [se rallie] , ib. cxu. || xu" s. X une part
est au roi avisé Por le dragon que il voit ventoler.
Et l'ori flambe esgarda par delez, Garin, dans du
cange, draco. Ge sui frères des dragons et compains
des ostrusces. Job, p. 44(. || xni* s. Tu freinsis [bri-
sas], sire Dieux, les chiés [tètes] del dragon, Psau-
tier, {°ss. Ne sai quel gent nous trouverons; En leurs
enseignes ont dragons; Ce souloient Romains porter;
Ce nous fait moult à redouter. Roman d'Àthis, dans
DU CANOË, drilco. Mes li autres vint au devant, 'lot
autresi com un dragon, Renart sesi au peliçon, iie;i.
2493t. Dragons volans et estenceles Font-il par l'air
sembler esteles. Qui des ciex en cheant descendent.
Si cum les foies gens entendent, la Rose, t»H6.
Jà tornassent aus Frans li Sarrasin félon. Quant li
dus i sorvient, qui porloit le dragon, Ch. d'Ant. Il,
823. Il XIV* s. Et fu fait serment les uns aux autres
que, se aulcun d'eux estoit pour ce pris, se a.ssem-
bleroienl à Saint Innocent.... et après ce se par aul-
cun d'iceulx eust esté fait vouler le dragon [si quel-
qu'un d'entre eux se fût mis en campagne], du
DBA
CANGE, draco.ll xv's. Monseigneur Bertran tient son
fié de nostre sire le roy par baronnie, et doit à nos-
tre sire le roy son service, c'est à sçavoir de cinq
chevaliers, et doit porter le dragon du duc de Nor-
mandie, nu canoë, draco. \\ xvi* s. Ces politique.!
ont des dragons [arquebusiers à cheval ainsi nom-
més dès I5R5] sur les champs, qui prennent tous Tos
pacquets, Sat. Mén. p. 90. Il faut tirer hors la veine
peu à peu.... tous les auteurs luy ont donné le nom
de rêva.... si le dragon [dragonneau] vient à sup-
purer.... PARÉ, VI, 23. Six jours après, je la trouvai
hors la porte Montmartre, sur un cheval de hast,
qui rioit à gorge despinyée et s'en alloit avec les
chassemarées, pour avec eux faire voler son dragon
'se mettre en campagne], et retourner en son pays,
ID. XIX, 56.
— ÉTYM. Provenç. drae, dragon; espagn. dragon;
ital. dragone. Dans le provençal, dracest le nominatif
(lu latin dràco, avec l'accent sur dri; et dragon c^\
le régime, de droci^nem, avec l'accent surcd. Quant
aux dragons, sorte de cavalerie, Voltaire dit : L'o-
pinion la plus vraisemblable sur l'origine du mot
dragon est qu'ils portèrent un dragon dans leurs
étendards, sous le maréchal de Brissac, qui institua
ce corps dans les guerres du Piémont, volt. Fim-
tenoy, note nn. Us eurent d'abord le nom d'arque-
busiers à cheval; puis le drapeau aura donné le
nom aux soldats. Il n'y a rien à faire, ce semble,
pour cette étymnlogie, du latin drungut, qui si-
gnifie une troupe de soldats.
DRAGONNADE (dra-go-na-d'), ». f. Persécutions
exercées contre les protestants par Louis XIV, et
dans lequelles les dragons fur'ent particulièrement
employés : on les mettait en logement chez les pro-
testants, et toute licence leur était permise. Le ju-
gement des Calas n'a fait soufl^rir qu'une famille;
mais la dragonnade de M. de Louvois a fait le mal-
heur du siècle, volt. Lett. Ternes, sept. (786.
— Etym. Dmgon.
t t. DRAGONNE (dra-go-n'), adj. f. \\ 1* Mission
dragonne, se dit des dragons envoyés par Louis .\IV
dans lesCévennes, pour forcer les protestants à se
convertir au catholicisme. || 2" X la dragonne, loe,
adv. D'une façon hardie, leste, égrillarde. Tant il
trouva la langue à la dragonne Plus de bel air que
les termes de nonne, ghesset, Vert-Vert, ch. m.
2. DRAGONNE (dragon'), s. f. \\ 1* Cordon ou
galon qui orne la poignée d'une épée. Dragonne ie
laine, de cuir, de buffle. Les feux du polygone, Et
la bombe et la sabre, et l'or de la dragonne Fur' it
ses premiers jeux [à Napoléon], v. iiugo, Crcp '.
Il Anciennement, batterie de tambour particulièio
aux dragons. || î* Grand lézard de Cayenne.
— ÉTYM. Dragon.
t DRAGONNE, ÊE (dra-go-né, née), adj. Terme
de bla.son. Animaux dragonnes, animaux auxquels
on ajoute une queue ou des ailes de Jragon.
— ÉTYM. Dragon.
t DRAGONNEAU (dra-go-nô), s. m. || 1* Terme
de médecine. Ver filiforme qui se loge dans le tisu
cellulaire des membres inférieurs particulièrement,
connu aussi sous le nom de veine de Médine.iî* Terme
d'ichthyologie. Nom spécifique d'un callionyme.
mieux nommé le callionyme draconcule (acauilm-
plérygiens), legoarant. 113° Terme de véiérina,re.
Synonyme de dragon. || 4° Grain de couleur qui nuit
à la pureté d'un diamant.
— HIST. XVI* s. Dragonneau est un animal sem-
blable à un ver long et large, qui se meut enlre
cuir et chair, aux jambes, paré, Inlrod. i\.
— ÉTYM. Diminutif de dragon.
f DRAGONNER (dra-go-né), r. a. Dragonner
quelqu'un, le tourmenter. |j Se dragonner, t). rcf.
Se créer des chagrins, des soucis. Vous êtes si facile
à vous dragonner, sév. 698. || Peu usité.
— mST. xvi*s. C'est, monsieur, dit M.deGrignan,
ce qui me dragonne l'esprit, carl. i, 38. Ce qui plus
me trouble et dragonne l'ame, est que... ID. vu, 28
— ETYM. Dragon.
DRAGONNIKR (dra-go-nié), i. m. Terme de bo-
tanique. Grand et gros arbre exotique d'où découle,
pendantles fortes chaleurs, une substance résineuse
appelée sang-dragon, et dont une espèce (draccna
lerminalis, L.) a des feuilles d'un rouge pourpre
foncé.
— ÊTY'M. Dragon.
f DRAGCAGE (dra-ga-j'), s. m. Action de dra-
guer. Il Action de se servir du filet nommé drague.
— ETYM. Drague.
t. DRAGUE (dra-ghl, «. f. jj 1* Sorte de pelle re-
courbée et munie d'un long manche, qui sert à ti-
rer du sable des rivières et à curer des puits.
Il Machine pour enlever Im tourbe submergée.
DRA
DM
DRA
i2;{'j
Il s* Terme d'agriculluro. Draauo à claie, instru-
ment propre à approfondir les labuurs sans raLiener
à la surface la terre du fond. || 3" Terme du marine.
Bourrelet qui garnit, de chaque côlé, le fond d'une
embarcaiion destinée à échouer. {| Nom d'un gros
cordage qui sert à pêcher une ancre ou d'autres
choses dans la mer. || Nom d'uu cordage, dit plus
souvent hrague, qui sert à tenir les pièces de cauon
fermes qu^md elles tirent. || 4° Terme de pèche. Es-
pèce de filet à manche pour pêcher à la traîne et
particulièrement pour les coquillages; au Las de ce
filet se trouve une racloire en fer dont le froltemeat
contre le fond fait sauter dans le sac les huilres, les
moules, etc. legoarant. La drague, dans quelques
rui.sseaux affluents du Mississipi, amène de grandes
huîtres à perles, chateaub. Voyage Amer, iv, <4.
Il Ou a dit aussi dreige. Les rets de la dreige auront
les mailles d'un pouce neuf ligues en carré, et les
trumeaux ou hameaiix qui sont attachés des deux cos-
tez du filet auront les leurs de neuf pouces en carré,
Ordoiin. aoiit J08l. || 5° Terme de vitrier. Pelit
pinceau de poil de chèvre dont on se sert pour
marquer le verre, avec du hlanc broyé. || 6" Grand
fleuret pour faire des trous profonds quand on fait
sauter des roches à la mine.
— ÉTYM. Angl. drag, crochet, filet; du l'anglo-
saxon dràge.
2. DUAGUE (dra-gh'), s. f. Orge cuite qui demeure
dans le brassiu après qu'on a cuit la bière.
— HIST. xm* s. Mais mon pain resamble becuil;
U est fait d'orges ou de droe, nu cangk, drascus.
— ÉTYM. Wallon, drdhe; rouchi, draque; de
l'anc. Scandinave dregg; angl. dreg, lie, dépôt. Ce-
pendant Scheler est disposé à n'y voir qu'une forme
variée de drêche (voy. ce mot).
DRAGUE, ÉE(dra-ghé, ghée), part, passé. Net-
toyé à la drague. Un canal dragué.
DRAGUEK (dra-ghé), v. a. || 1° Nettoyer à la dra-
gue 01 avec un bateau dragueur. || 2° Terme de
marine Traîner le cordage dit drague sur le fond
de la mer. Draguer une ancre, chercher à saisir avec
la drague une ancre dont la bouée est perdue.
Draguer un câble ou toutautre objet, chercher aies
retirer de l'eau à l'aide de grappins. || Draguer le
fond, ae dit d'une ancre qui ciiasse. || 3" Terme de
pêche. Prendre des coquillages avec une drague.
— ÊTYM. Drague *.
t URAGUE'rrE (dra-ghè-f), s. f. Terme de pê-
che. Petite drague.
— ÉTYM. Diminutif de drague i.
DRAGUEOR, EUSE (lira-gheur, gheil-z') , s. m. et
f. Il 1° Celui, celle qui s'occupe principalement de dra-
guer, de prendre à la drague du poisson, des huî-
tres, etc. Il 2" S. m. Bateau qui porte une machine
propre à draguer, à nettoyer un fond île rivière,
de port, etc. |1 Adj. Bateau dragueur. || 3^ Bâtiment
normand destiné à la pêche du hareng, de la morue.
Il On a dit aussi dreigeur. Si les filets d'uu bateau
dreigeur sont arrêtés et retenus par quelques an-
cres, en sorte qu'il ne puisse dériver, Ordonnance,
aoilt 4 681.
— ÉTYM. Draguer.
t DRAILLE (dra-ir. Il mouillées), s. f. Terme de
marine. Cordage placé verticalement sur l'avant ou
sur l'arrière d'un màt pour servir à la manœuvre ,
ou d'une voile d'étai qui y est tenue par des cos.ses
ou rocambeaux, ou d'une voile carrée attachée à une
vergue qui glisse le long de ce cordage quand on la
hisse ou qu'on l'amène, jal.
t DRAIN (drin), s. m. Terme d'agriculture. Fosse
de drainage. || Tuyau de terre cuite avec une solu-
tion de continuité sur le dessus, servant à recevoir
l'eau dans l'opération du drainage.
— ÉTYM. Angl. drain, fossé d'écoulement.
t DRAINAGE (dré-na-j'), s. m. Terme d'agricul-
ture. Art d'assainir les terres trop humides au moyen
de rigoles souterraines que l'on garnit intérieure-
ment de pierres ou de fascines, de briques ou de
>.uiles; ou remplace le plus souvent ces rigoles par
des ti yaux en terre cuite, dits drains, legoarant.
Il Fig. Le drainage des écus, se dit des éous retirés
de la circulation comme l'eau du sol.
— ÉTSM. Drainer.
t DRAINE (drè-n'), s. f. Espèce de grive {turdus
viscirnrus).
t DRAINER (drè-né), v. a. Terme d'agriculture.
Faire écouler l'eau surabondante d'un terrain au
noyen de tuyaux percés sur le dessus, et placés en-
viron à t mètre de profondeur avec une inclinaison
suffisante pour l'écoulement des eaux. Drainer un
marais. Terrain drainé. || On draine les plantes en
caisse ou en pot en remplissant le fond da ces vases
do pierrailles ou de gravier.
— ÉTYM. AngL (0 drain, filtrer, épuiser, tarir;
anglo-sax. drehnigeaii..
t URAlNErrE (drè-nè-t'j, j. f. Terme de pêche.
Filet dont on se sert à la dérive pour prendre de pe-
tits poissons. On dit aussi drivouette.
— ÉTYM Dranet.
f DRAINEUR (diè-neur), s. m. Celui qui opère
un drainage.
— ÉTYM. Drainer.
t DRAIURE (drè-in-r'), s. f. Voy. dhayure.
t DRAfLËE (dra-kée), s. (. Genre d'orchidacées
établi pour une plante de la Nimvelle-Hollande.
DUAMATiyUE (dia-ma-ti-k'), adj. || 1° Qui ap-
partient au théâtre, à la comédie ou à la tragédie,
h'art dramatique. Œuvre, composition dramatique.
Poète dramatique. Le genre dramatique. Bien que,
selon Aristote , le seul but de la poésie dramatique
soit de plaire aux spectateurs et que la plupart de
ces poèmes leur aient plu, je veux bien avouer tou-
tefois que beaucoup d'entre eux n'ont pas atteint le
but de l'art, corn, i" dise. On appelle poëme
dramatique celui par lequel on fait parler ou agir
sur le théitre les personnages mêmes, à la diffé-
rence de poëme épique, où le poète ne fait que ra-
conter de son chef, indirectement et de suite, les
aventures de ceux dont il parle, rollin, Uist. anc.
Œuvres, t. v, p. <07, dans pougens. La poésie
dramatique, qui ne consiste qu'en imitation et ne
tend qu'à divertir en remuant les passions, était une
invention plus nouvelle, pleury. Mœurs des Israé-
lites, titre XV, 2« part. p. tï9, dans pougens. Le
génie dramatique se compose de l'esprit public, de
l'histoire, du gouvernement, des mœurs, enfin de
tout ce qui s'introduit chaque jour dans la pensée,
STAËL, Corinne, vu, 2. Les Romains n'avaient pas,
comme les Grecs, la passion des représentations
dramatiques, lu. ib. iv, 6. || Artiste dramatique,
comédien. 1| Musique dramatique, musique propre
aux pièces de théâtre. || Censure dramatique, cen-
sure qui, examinant les pièces de théâtre, en re-
tranche, en corrige certains passages, ou même
interdit absolument la représentation. Elle [une
pièce de Thompsonl ne fut pas jouée, parce qu'à
cette époque la censure dramatique commençait à
fleurir en Angleterre, villemain, LiUér. Tabl. du
xvm' siècle, 2» partie, 2« leçon. || 2" Par extension .
qui émeut vivement le spectateur, l'auditeur, le
lecteur. Situation, sujet, récit dramatique. || 3° S.
m. Le genre, la forme dramatique. Il réussit dans le
dramatique. Certains poètes sont sujets daus le dra-
matique à de longues suites de vers, la bruy. i.
Il Ce qui excite l'intérêt, l'émotion. 11 y a bien du
dramatique dans cette scène.
— ÉTYM. Aao(|j.aTixoî . de ô(/â[j.a, drame.
t DRAMATIQUEMENT (dra-ma-ti-ke-man), adv.
D'une manière dramatique. Deux jours! quand on
aime , c'est l'éternité , répondit dramatiquement
Vanois, CH. de Bernard, le l'aratonnerre.
— ÉTYM. Dramatique, et le suffixe ment.
f DRAMATISER (dra-ma-tizé) , v. a. Néologisme.
Rendre dramatique. Les têtes exaltées éprouvent un
bes an inné de dramatiser leur existence à leurs
propres yeux, o. sand, dans le Vicl. de besche-
relle.
— ÉTYM. ApanatiÇsiv , de 8pâ(ia, drame. Ce mot
est du à Mercier (voy. la rem. à dramaturge).
DRAMATISTE (dra-ma-ti-st ) , s. m. et f. Celui,
celle qui écrit pour le théâtre. || Peu usité.
— ÉTYM. Drame.
DRAMATURGE (dra-ma-tur-j'), s. m. Celui qui
fait des ouvrages dramatiques. Pourquoi le grand
modèle des dramaturges, Shakspeare, n'a-t-il pas
lui-même pris ses sujets parmi le peuple? mar-
montel, dans le Dict. de bkscherelle.
— REM. Ce mot se prend presque toujours dans
un sens défavorable. On l'a d'abord appliqué à Mer-
cier, comme il nous l'apprend dans son Diction-
naire néologique.
— ÉTYM. AfaixoToupyè;, de Sfâiia, drame, et
spYov, œuvre (voy. organe).
\ DRAMATURGIE (dra-ma-tur-jie), s. f. Art de la
composition des pièces de théâtre. || Manie de com-
poser des pièces de théâtre. || Ce mot, comme drama-
turge, se prend presque toujours en mauvaise part.
— ÉTYM. Dramaturge.
t DRAMATURGIQUE (dra-ma-tur-ji-k'), adj. Qui
a rapport à la dramaturgie.
DRAME (dra-m'), s. m. \\ 1° Toute pièce de théâ-
tre soit tragique, soit comique. Les drames de
Shakspeare. Les drames de Victor Hugo. || Drame
lyrique, opéra. || 2° En un sens plus restreint, pièce
de théâtre en vers ou en prose et d'un genre mixte
entre la tragédie et la co.iicdio. Drame historique.
C'est dans la premiers moitié du xvin* siècle qu'on
a commencé à faire des drames; un des premiers
est le Préjugé à la mode de la Chaussée. Vous in-
juriez toujours notre pauvre siècle. — Pardon de la
liberté; qu'a-t-il produit pour qu'on le loue? sot-
tises de toute espèce, la liberté de penser, l'attrac-
tion, l'électricité, le tolérautisme, l'inoculation, le
quinquina, l'encyclopédie et les drames, bkaumahch.
Barbier de Séville, i, 3. J'eus la faiblesse de voua
présenter en différents temps deux tristes drames;
production monstrueuse, comme on sait; car, entre
la tragédie et la comédie, on n'ignore plus qu'il
n'existe rien, id. ib. Préface. \\ 3" Fig. Suite d'évé-
nements qui émeuvent, qui touchent. De la grotte
en lisant je refais le chemin; Du drame de ses jouri
[de Jocelyn] j'explore le théâtre, lamaht. Joe.
Épil. I. Nous avons devant les yeux les restes d'un
drame [débris, dans un terrain géologique, d'un
animal dévoré par un autre] qui s'est passé depuis
si longtemps, que personne ne saurait compter le
nombre des siècles qui nous en séparent. Presse
scienli/ique, 1803, t. i, p. i».
— KEM. Dramatique est un néologisme du xvn*
siècle, et drame n'est dans le Dictionnaire de l'A-
cadémie qu'à partir de l'édition de < 702; au sens
figuré, il est encore plus récent.'
— ÉTYM. Apâ|j.a, drame, proprement action, de
6pâv, faire (voy. drastiqbe).
t DRAN (dran), s. m. Terme de marine. Drosse
de basse vergue.
t DRANET (dra-nè), s. m. Terme de pêche. Pe-
tite seine dont on se sert sur la Manche.
— ÉTYM. Angl. dragnet, de (o drag, traîner, et
net, filet.
t DRANGUEL (dran-ghèl), s. m. Terme de pêche.
Sorte de filet dont les mailles sont très-serrées.
t DRANGUETTE ( dran-ghè-t' ) , s. f. Terme de
pêche. Voy. lraguette.
DRAP (dra; le p ne se lie jamais: un dra étoffé;
au pluriel, Vs se lie: des dra-z éioffés; draps rime
avec mâts, pas, rats, etc.), s. m. || !• Étoffe dont
la chaîne et la trame sont en laine et dont le tissu
est couvert d'un duvet plus ou moins fin, produit
par les opérations du lainage et du foulage. Drap
fin. Gros drap. Une pièce de drap. Un habit de
drap. Il Drap de pied, pièce de drap ou de velours
noir qu'on étend sur un prie-dieu. || Vouloir avoir
le drap et l'argent, c'est-à-dire vouloir avoir la
chose qu'on achète, et ne pas la payer; locution
tirée de la farce de Patelin, qui emporte le drap et
ne le paye pas. Cela se dit aussi, par extension, de
celui qui retient ce qu'il a vendu et le prix qu'il a
reçu. Il Tailler en plein drap, couper un vêtement
dans la pièce du drap; et fig. avoir plein pouvoi.-
dans une affaire, pleine disposition de l'argent, etc.
Beau-père, on dit bien vrai, quant à moi j'y sous-
cris: On a beaufaire, il faut prendre femmeàParis,
L'on y taille en plein drap, regnakd, le Bal, se. 7.
Il Drap mortuaire, pièce d'étoffe de laine, dont on
couvre le cercueil des personnes mortes, noir pour
les personnes mariées, blanc pour les personnes non
mariées. 11 se baisse à l'instant, et croit .se satisfaire.
Mais il n'aperçoit plus que le drap mortuaire. Dont
on avait couvert la princesse des cieux, oodeau,
l'Assomption, dans richelet. || Drap mortuaire, nom
d'une couleuvre de Ganjam (Bengale) (coluber inor-
tuarius). \\ Nom, parmi les marchands, de l'olive lu-
gubre (univalves, mollusques). || Nom d'un insecte du
genre cétoine (cétoine stictique, coléoptères). || .Nom
du marbre lumachelle. |] 2° Par extension. Drap d'or,
de soie, tissu d'or, de soie. Levez donc ce drap d'or
et voyons ce qu'il cache, mair. Soliman, v, 4. || Ab-
solument. Les quatre draps, quatre sortes d'étoffes.
Aucun ne pourra être reçu marchand et maître dudit
état, s'il ne fait chef-d'œuvre, dans le bureau com-
mun, sur l'un <les quatre draps ci-après nommés, sa-
voir sur le velours plein, le satin plein, le damas, le
brocart d'or ou d'argent, Ordommnces des march.
de draps d'or, etc. 9 juillet (667. || Camp du drap
d'or, entrevue de François I"' et d'Henri VIII, près
d'Ardres en t520, où une grande magnificence fut
étalée. || Drap d'or, ancien nom d'une tulipe. De
cette (leur, il passe au drap d'or, la bruy. xiii.
Il Drap d'or, variété de prune; variété de poire. Nom
donné par les horticulteurs au crocu* méxinque.
Il Drap d'or, nom vulgaire du cône textile (mollus-
ques). || Drap d'argent, nom, parmi les marchands,
d'une coquille univalve (le cône moucheté, oumieux
le cône sablé, legoarant). || Drap de soie, nom,
parmi les marchands, d'une coquille univalve, le cône
géographique. || 3° Morceau de toile ou de coton large
ordinairement de deux mètres, qu'on étend le long
du matelas et du lit et daus lequel on enveloppe
12/»0
DRA
le traversin. Une paire de draps. Des draps blancs.
La princesse, enfin moins superbe, Ouvre au ga-
lant ses draps de lin, béhang. Priw. || Combattre
contre ses draps, contre son chevet, avoir peine à
se lever. || Entre deux draps, au lit. Perdus.... Tout
démon long entre deux draps, iiéonieb, Epit. m. Le
meilleur de ce conte Entre deux draps pour Renaud
sa passa, la font. Orais. Quoi! même dans ton lit,
cruel entre deux draps.... BOIL. Lutr. iv. Pour te
guérir de cette sciatique. Qui te retient comme un
paralytique Entre deux draps sans aucun mouve-
nient, maIthe adam, Hondeau. La manie de M. de lié-
thune étaitde se mettre entre deux draps, àquelque
heure qu'il voulût faire .ses dépêches, st-sim. (82,
186. Il Mettre quelqu'un dans de beaux draps
blancs, lui donner un lit dont les draps sont blancs
et beaux; et fig. mettre quelqu'un dans de beaux
draps, le compromettre, le mettre dans une fâ-
cheuse position. Ah I coquines que vous êtes; vous
nous mettez dans de beaux draps blancs, à ce que
je vois! MOL. l'réc. <». (| Être dans de mauvais
draps, et, ironiquement, dans de beaux draps, être
dans une mauvaise situation. La compagnie de Jésus
est dans de mauvais draps, d'alemb. Lelt. à Yolt.
31 mars ilii-2. || Dans beaucoup de lieux, on tire
le drap sur la face d'une personne qui vient de
mourir. || Familièrement. Ce malade, cet enfant
ne se soutient non plus qu'un drap mouillé, il ne
jieut se tenir sur ses jambes. || Terme de vénerie.
Drap de curée, toile sur laquelle on étend les par-
ties du cerf données aux chiens en curée. || 4° Drap
marin ou drap de mer, espèce de laine feutrée
qui recouvre la plupart des coquille», formant à
leur surface un épiderme qui en cache les brillantes
couleurs. || Proverbes. Les lisières valent i)is que
le draji, pour dire que les gens des frontières sont
pires que les gens de l'intérieur du pays. || Au bout
de l'aune faut le drap, signilie qu'on trouve la fin
de toutes choses. || 11 n'y a que cela de drap, pour
dire : contentez-Tous de ce qu'il y a. || Les plus
riches en mourant n'emportent qu'un drap, non
plus que les plus pauvres, locution tirée du lin-
ceul dans lequel on ensevelit les morts et qui est
tout ce qu'ils emportent de leur fortune ou de leur
puissance.
— HlST. XII' s. En Alexandre [Alexandrie] en fu
li dras faitis [faitj, Ronc. p. 24. Tous ses dras [ha-
bits] [il] a rompu» et dépecez, «6. p. <07. Les (Iras
de soie desrompr» et deschirer, ib. p. 4 77. || xm' s.
[Rue qui] .Ne fust toute couverte de dras très riche-
ment, Berte, ix. Eî le drap [du manteau] en fu fait
au royaume de Frise, ib. xxxi. 11 deit jurer sur sains
que il nen a que la robe de son veslir, et les dras
de son lit, Ass. de Jér. i, 489. Les aunes à auner
les dras et les toiUes, beaum. xxvi, (6. L'une des
dames qui le gardoit li vculoit traire le drap sus le
visage, et disoit que il estoit mort, joinv. 207.
Il XIV" s. [Le prévôt des marcliands envoya à Charles ,
duc de Normandie] deux draps, ung de per [per.s],
et l'autre de rouge, pour ce que le duc fist faiie des
chapperons pour luy et pour ses gens tels comme
ceux de Paris les portoient, Chron. deSt Denis, t.ii,
f» 244, dans lacukne. || xv« s. Un puissant homme
de la ville qui estoit des draps [habillé aux dépens]
du roi, FROiss. ii, ii, 445. Et sist à table [le roi
d'Angleterre] en draps fourrés d'ermines, de ver-
meille escarlate, sans manches, id. i, i, 273. Draps
de haute lice ouvrés à Arras en Picardie, ID. liv. iv,
p. 26», dans LACUBNE. À icelle piteuse procession
fut mené le mareschal de France Bouciquaut tout
nuil, fors de ses petits draps, Bouciq. l, ch. 2B. Les
chambres tendre de drapz d'or De haulte lice; y ot
encor Draps faitz de l'istoire de Troye, eust. uesch.
i'oe'ïiVs mss. f° 456, dans lacukne. Cheval, poulain
ne jumeut n'ay, Ne drap linge où l'en puist gésir,
ib t'HO. Et je m'en rioye en moy-mesme entre les
draps, tes ibJoyes, p. 4 20 . |xvi' s. Voyant tant de drap
d'or [tant de seigneurs] monter, jean d'auton, An-
nales de Louis XII, p. 449, dans lacubne. Et y eussiez
esté couché en blancs draps, pour une marque inef-
façable de vostre desloyauté, Sa(. ilén. p. 1 40. Defiez-
vous des gens qui ne voyent le jour que par une fe-
nestre de drap [les moines], leboux du lincï, Prov.
t. i, p. 24. X drap meschant, belle monstre de-
vant, ID. ib. t. Il, p. 466.
— ÊTYM. Bourguig. drat; provenç. drap; anc.
espagn. et portug. Irapo; ilah drappo ; lias-lat.
drappus; d'un mot germanique (ce qu'indique la
variation des langues romanes entre le d et le 1),
conservé dansl'angl. trapping, décoration, tenture,
«rua Burnouf, Yafna, notes, p. xlviii, rattache au
r.end rirafcha, drapeau. Dans l'ancien français drap
/wi'f signifiait toile.
DRA
t DRAPA DE (dra-pa-d'), s.f. Terme de commerce.
Espèce de serge.
— liTVJi. Drap.
i DRAPANT (dra-pan), s. m. || 1° Anciennement,
celui qui fabrique les draps de laine. Par tel drapant
ou serger [fabricant de .serge] que ce soit, Hèglem.
sur les manutact. art. 30, aollt 166!). || 2° Planche
sur laquelle le papetier met les feuilles de papier, à
mesure qu'il les lève de dessus les feutres. || Dra-
pant de la chaudière, planche sur laquelle ou glisse
la forme remplie de pAte.
— HIST. XVI' s. Quand je parle des marchands,
je compren les drapiers drajians, usant de ce mot là
généralement, n, est. Apol. pour lUrod. p. 234,
dans lacubne.
DRAPÉ, ÉE (dra-jié, pée), part, passé. \\ 1° Garni
d'un drap de laine. Au roulement des tambours dra-
pés, des grenadiers portaient le corps de leur \aillant
capitaine, chateaub. Génie, iv, i, ) l. || Bas drapés,
bas dont le tissu imite le drap. || Ternie de bota-
nique. Garni de poils tellement courts et serrés qu'ils
forment une sorte de tissu. Les feuilles du bouillon-
blanc sont drapées. || 2° Fig. et familièrement, cri-
tiqué, de qui on dit du mal. Drapé d'importance par
ses camarades.
DRAPEAU (dra-pô), s. m. || 1° Au sens primitif,
pièce de drap; ce qui sert à emmaillotter un enfant.
On dit pluiot aujourd'hui lange. || 2° Pelit morceau
de drap que le batteur d'or tient entre ses doigts.
Il Terme de relieur. Drapeau à l'or, linge avec le-
quel le doreur, après avoir tout terminé, enlève
l'or superflu en frottant toutes les places, et qu'il
conserve à part jusqu'à ce qu'il soit suffisamment
chargé de métal. || 3" Haillon, vieux morceau de
linge. Us semblaient.... Crier en se moquant: Vieux
langes, vieux drapeaux, kégnieh, Sal. x. || Il ne se
soutient non plus qu'un drapeau mouillé, se dit d'un
homme faible au physique ou au moral. || Vieilli en
ce sens. || 4° Pièce d'étoffo qui, mise au IJout d'une
lance, sert à distinguer par ses couleurs les nations
ou les partis, et aussi à donner un signal. Le dra-
peau blanc. Le drapeau tricolore. Viens, mon dra-
peau, viens, mon espoir; C'est à loi d'essuyer mes
larmes; D'un guerrier qui verse des pleurs Le ciel
entendra la prière : Oui je secouerai la poussière Qui
ternit tes nobles couleurs, bérang. Vieux drapeau.
Il Être sous les dra|ieaux, sous le drapeau, être en
activité de service. Outre ces troupes tenues sous
le drapeau, chaque village entretenait un franc ar-
cher, VOLT. if ûBurs , 80. Il Par métonymie, l'état mi-
litaire, ou plutôt l'armée. L'honneur du drajieau.
Il Au plur. Les drapeaux, les armées d'une puis-
sance, d'un prince. Combattre sous les drapeaux
de la France. 11 suivit les drapeaux de Charles XII.
j'attaque sur son trône une reine orgueilleuse Qui
voit sous ses drapeaux marcher un camp nombreux,
bac. Athal. IV, 3. De quelle noble ardeur pensez-
vous qu'ils se rangent Sous les drapeaux d'un roi
longtemps victorieux...? id. Slithr. m, 4. || Fig. Se
ranger sous les drapeaux de quelqu'un, prendre
parti pour lui. || Fig. On m'a crié : l'occasion est
bonne. Tous les partis rapprochent leurs drapeaux
[se réconcilient] , bérang. De prof. || Fig. J'ignore
[il s'agit de vieilles qui portent la marque de vilaines
maladies] dessous quels drapeaux elles ont com-
battu.... REGNIER, Sa(. XI. Il 5° F.n un sens restreint,
l'enseigne il'une troupe, d'un régiment d'infanterie.
Jusque-là le 127' avait marché sans aigle; car alors il
fallait conquérir son drapeau sur le champ de bataille,
pour prouver qu'ensuite on saurait l'y conserver,
sÉGUR, Hist. de Napol. vi, 8. Les malades ne se sé-
parèrent pas seuls de l'armée; un gnind nomlire de
soldats, dégoûtés et rebutés d'une part, de l'autre
poussés par un esprit d'indépendance et de pillage,
renoncèrent volontairement à leurs drapeaux, m.
ib. VI, 0. Il Battre au drapeau, exécuter une cer-
taine batterie de tambour q.ii a lieu lorstju'un ré-
giment reçoit ses drapeaux, ses étendards ou ses
guidons. Il Dans l'ancienne armée, enseigne de cha-
que compagnie, les drapeaux d'un çégiment signi-
fiant le drapeau de tout le régiment et les enseignes
des diverses compagnies. Et aussi charge d'en.sei-
gne. Le roi a donné un drapeau à ce brave soldat.
Il 6° Pièce d'étoffe d'une couleur ou d'une autre,
dressée pour quelque indication. Dans les villes as-
siégées, on place un drapeau noir sur les hôpitaux,
pour avertir l'assiégeant de ne pas diriger jon feu
sur ces asiles. || Drapeau rouge, drapeau qui, en
vertu d'un décret de la Constituante, devait être dé-
ployé chaque fois que, proclamant la loi martiale,
on se préparait à disperser un rassemblement fac-
tieux. || Drapeau rouge, signal de lalliement pris
Quelquefois par une insurrection, ou par cert.iincs
DRA
opinions démocratiques exaltées. || Drapeau noir, pa-
villon de quelques corsaires. |( 7° Terme de chirur-
gie. Bandage destiné à maintenir un appareil sur
le nez. || Nom vulgaire du ptérygion.
— HIST. XII' s. Dessired out [il eut déchirél ses
drapels, puis puldre surlechief, Hot», p. 4 8. |l xm' s.
Tantli bâtent et os et pel,Que plusfu mal d'un viez
drapel, Ben. 9254. Renart a prisas mains la croiz,
Si lor e.scrie à haute voiz : Dauz Rois, tenez vostre
drapel, ib. 4 1289. Icis venirs, icis alers [ces venues
et ces allées] Font as amans sous lor drapiaus [ha-
bits] Durement ameigrir lor pians, la Rose, 'ii-hl .
Il XVI' s. Nous éplucherons maintenant les linges et
drapeaux aux(|uels ils emmaillottent les âmes en-
dormies, CALVIN, 64 Et s'en va porter un faii
de drapeaux [linge] àundouet.... desper. Contes,
xxxvi. Elle n'osoit pas descendre à la cave, à cause
qu'elle étoit en ses Deaux drapeaux [vêtements] , ti>.
XLVii. F'aut mettre un dra[ie:iu en double, trempé
en syrop de roses seiches, dedans la playe. p.vré,
XV, 30. M. le mareschul de Brissac luy donna son
guidon de cent hommes d'armes, et tel dr^ippeau
ne se donnoit le temps passé, et mesme d'un si
grand mareschal que celuy là, à jeunes gens qui
n'eussent fait de fort signalées monstres de leur
valeur, brant. Cap. fr. t. m, p. 327, dans la-
cubne. Le feu s'augmente de peu à peu, comme
vous voyez qu'il fait en un drapeau de fuesil
[amorce, amadou],_BOUGHET, Serées, liv. i, p. 4 87,
dans lacubne.
— ETy.M. Diminutif de drap; bourguig. draipéa;
Berry, drapiau, lange; norm. drapct, linge; pro-
venç. drapel; catal. drapet; espagn. trapillu; por-
tug. trapinho ; ital. dra/jello.
t DR.\PELË'r (dra-pe-lè), s. m. Pelit drapeau,
petit morceau de linge. Vie.Ui.
— HIST. xvr s. Après que la petite fille eust esté
bien lavée et nettoyée dfedans le baing, et envelop-
pée dedans les bl.incs dra|ipelets, Nuils de Sliapa-
rôle, t. I, p. 242, dans lacurne.
— ÉTYM. Drapel (voy. dbapeau).
DRAPER idra-pé), v. a. || 1° Recouvrir de drap
noir en signe de deuil. Draper un tambour. Les carros-
ses furent drapés. || Absolument. Le souverain draie
de violet. En Espagne, la reine mère mourut; elle était
sœur de l'empereur et seconde femme de Philippe IV,
qui de sa première femme avait eu notre reine Marie-
'riiérèse, en sorte que le roi en drafia pour un an sans
regret, st-sim. 36, 464. Le roi déclara à la mort du
roi d'Espagne, qu'il draperait, id. 82, 06. || 2° Me:-
tre de petits morceaux de drap aux sautereaux d un
clavecin, d'une épinette.' || 3° Garnir de drapenis.
Draper un lit, une fenêtre. || 4° Terme de peinture.
Habiller une figure de vêtements amples, ou la re-
présenler habillée de vêlements amples. Draper une
figure. Il Absolument. Le talent de bien draper. C'est
un sac d'où sortent une tête et deux bras; il faut
draper large, sans doute; mais ce n'est pas ainsi,
mnF.ROT, Salon de 1705, (Jtuvres , t. xui, p. 24.
Il 5" Fig. et familièrement, dire beaucoup de mal
de quelqu'un. Que nous puissions draper comme ils
font nos écrits, hégnieb, Sat. IX. On dit qu'on l'a
drajié dans certaine satire, boil. Sot. lu. Quand
Despréaux fut sifflé sur son ode, Ses partisans
criaient par tout Paris: Pardon, messieurs, le pau-
vret s'est mépris; Plus ne louera, ce n'tst pas sa
méthode; Il va ilra|ier le sexe féminin, fonten.
madrigal. Une épître au colonel où je le drapai de
mon mieux, i. i. Bouss. Conf. iv. || 6° Terme de
relieur. F'rotter avec le drap fin. On dit aussi ser-
ger. Il 7° Se draper, V. nfl. En parlant des acteurs,
disposer son cosluine à l'antique. || Fig. Se draper,
prendre une altitude théâtrale, se faire remarquer
par sa pose. || 8° Ironiquement. Se draper dans sa
vertu, dans sa probité, vanter sa vertu, sa probité,
comme si l'on s'en faisait un manteau. Cela se dit
surtout d'une vertu, d'une probité affectée plutôt
que réelle. || 9° Ils se sont joliment drapés, ils ont dit
beaucoup de mal l'un de l'autre.
— HlST. XIII' s. Nus ne puet [peut] mettre aigne-
lins avec laine pour draper, et se il le fet, il est de
chascune drapée en dix sous damende, Liv. des
met. 42t. Il XVI' s. Lessez les fleurs, o déesses na-
pées. Et appeliez les fontalles nayades. Et aux fo-
rests de verdure drapées Allez quérir satiies et
dryades, jk.vn d'auton. Annales de Louis III, ms.
f'-isi, dans LACUBNE. Oudart se chausse de son
guantelet : et de dauUier Chicquanous, et de drapper
Chicquanous, BAB. Panl. iv . 44. Tant plus avant
nous entrons en ce propos. et plus ces bons seigneurs
ici draperont sur la tissure, étions, à nos dépens,
MABG. Nouv. XX Comme la grande quantité de
fir.cs laines, se diappans dedans le royaume, et
DRA
DRE
DRE
1241
transportées es psïs voisins, pour estre ouvrées,
en rendent hon tesraoipnnge, 0. de skures, 318.
— f.TYM. /)rop. Drnper, dans le sens de critiquer,
est le terme de peinture détourné pour signifier cou-
vrir d'une draperie ridic\ile, railler, se moquer.
DRAPERIE (dra-pe-rie), s. (. \\ 1° Manufacture de
drap. Une importante draperie. || 2° Le commerce
du drapier et les articles (le ce commerce. Établir
une draperie. Vendre de la draperie. || 3° Terme de
peinture et de sculpture. Représentation de vête-
ments amples et llottants dont l'artiste couvre les fi-
gures. Que les draperies soient jetées noblement,
que les plis en soient amples, qu'ils suivent l'ordre
des parties, les faisant voir dessous par le moyen
des lumières et des omBres, do fbesnoi, dans ri-
CHELET. Il Draperie mouillée, draperie qui semble
être l'imitation d'un linge mouillé appliqué sur le
modèle. || i' Ornements de tapisserie à grands plis.
Les hommes aiment tellement la draperie qu'ils ta-
pissent jusqu'aux chevaux, vauven. JVout). max. t).
Il Par extension. Les convolvulus suspendent de-
vant son nid [de la poule d'eau] leurs draperies de
verdure, chateaub. Génie, i, v, 7. || 5° Draperie
d'enseigne, l'étofTe d'une enseigne, d'un drapeau,
d'un étendard. Il 6" Anciennement, office qui, dans
la maison du roi, s'occupait de draper. X la mort
du roi, Laval, profitant de la débandade de la dra-
perie, avait obtenu du régent de draper, st-sim.
463, 20.
— HIST. ïiii* S. M^s tout aussi com draperie Vaut
miex que ne fet l'reperie, Valurent mieux cil qui jà
furent De cels qui sont et il si durent, huteb. 230.
Il XV* s. En celle ville de Saint-Lo en Cotentin avoit
trfis grand draperie et grosse, et grand foison de
riches bourgeois, fboiss. i, i, 270. {| xvi' s. Et ce
disant, avec un gros baston et à tour de bras com-
mença à ruer sur sa draperie [son dos], despeb.
Contes, vin. Plusieurs en nos cours en ay-je veu
tels qui, craignans de parler des hommes de peur
de la touche, se mettoient sur la draperie des pau-
vres dames, brant. Des dames galantes, 6' dis-
cours.
— ÉTYM. Drapier; provenç. draparia; catal. dra-
prria; espagn. traperia; ital. drapperia.
DRAPIER (dra-|iié; l'r ne se lie jamais; an plu-
riel, l's se lie : les dra-pié-z et les draps), s. m.
Il l" Fabricant, marchand de draperie. || Adj. Mar-
chand drapier. || Au fém. i}ne drapière, une mar-
chande de drap. || 2" Un des noms du martin-pê-
cbeur, dit aussi garde-boutique, deux noms donnés
à cet oiseau parce qu'on s'imagine i tort que,
mort et placé dans une armoire, il empêche lis
draps, les étoffes d'être attaqués par les teignes.
-— HIST. XIII' s. Li draper de Paris establirent
entre eus, qu'il ne creroient [confieraient] à nul
nules de lour denrées, Liv. de just. n. Se li dra-
piers ne t'en veut croire, Si t'en rêva droit à la foire.
Et va au change, ruteb. 28. || xiv* s. Justice est
gardée en communication politique, quand on fait
au corduennierretribucioncondigne pour ses chau-
cemens, et au drapier pour ses draps, oresme,
Elh. 247.
— ÉTYM. Drap; provenç. draper, drapier; ital.
drappiere.
t DRAPIÈRE (dra-piê-r'), s. f. Grosse épingle
courte dont les marchands se servent pour fermer
leurs ballots.
— ÉTYM. Drap.
fDR.ASSE (dra-s'), s. m. Genre d'araignées.
DRASTIQCE (dra-sti-k'), adj. Terme de médecine.
Qui purge énergiqiiement. || S. m. Les drastiques,
les purgatifs énergiques, tels que le jalap, labryone,
le nerprun, la coloquinte.
— ÉTYM. ApiffTixô;, qui optre, de 5piv, faire.
t DR.WE (dra-v'), s. f. Terme de botanique.
Genre de crucifères la plupart alpines. La drave
Ternale, dite par les jardiniers mignonnette;on la
nomme aussi quelquefois piloselîe.
t DRAVIDIQUE (dra-vi-di-k'), adj. Langues dra-
vidiques, celles des langues de l'Inde, dont les ra-
dicaux n'ont rien de commun avec les radicaux
sanscrits, et qui paraissent avoir été les idiomes
lies mdig^nes avant l'invasion des hommes parlant
.«.inscrit. Le tamoul est une langue dravidique.
— ÉTYM. Vravida, nom d'un canton de l'Inde.
fDRAVOIRE (dra-voi-r'), s. f. Voy. drayoire.
■j- URAW-BACK (drô-bak), s. m. Terme de com-
merce. Remboursement, fait à la sortie de certains
tlioduits fabriqués, d'une somme équivalente au
droit d'entrée qu'a payé, sous forme de matière
première, le produit qu'on exporte. || Au plur.
Des draw-backs. || Maintenant on l'écrit plutôt sans
trait d'union ; drawback.
DKT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
~ ÉTYM. Antl. âraw-haek, remise, de to draw,
tirer, et hach, en arrière.
f DRAYAGE (drè-ia-j'), s. m. Echameraent des
peaux destinées au tannage.
t DRAITER ( drè-ié ), V. a. Ëcharner les peaux
avec la drayoire.
— ÉTYM. On peut conjecturer que drayer est une
corruption de draguer dans le sens de tirer, net-
toyer.
t DRAYOIRE (drè-ioi-r'), s. f. Couteau pour
drayer.
— ÉTYM. Drayer.
f DRAYURE (drè-iu-r'), s. f. Rognure de cuir
enlevée du côté de la chair avec la drayoire.
— ÉTYM. Drayer.
PRÊCHE (drê-ch'), s. f. || 1" Orge fermentée dont
on a arrêté la germination au moyen de la chaleur
et que l'on emploie pour la préparation de labiî're.
Il 2° Résidu de l'orge germée et concassée qui a servi
à la fabrication de la bière.
— ÉTYM. Wallon, drdhe; namurois, drauqiie;
rouchi, draqne, drache. On le tire du germanique:
anc. haut-allem. drescnn; allem. mod. dreschen, bat-
tre le blé; de sorte que la drêche serait, étymologi-
quement, quelque chose de moulu.
t f. DRÈGE (drè-j'), s- f. Voy. dreige.
f 2. DRÈGE (drè-j'), s. f. Peigne de fer servant à
séparer la graine de lin d'avec ses tiges.
t DRÈGER (dré-jé. L'accent aigu est conservé dans
toute la conjugaison : je drége, suivant l'habitude de
l'Académie qui conjugue ainsi ces verbes : je pro-
tège, etc.; le g prend un e devant 0 et o : dré-
geant), v. a. Peigner le lin avec la drège.
t DREIGE (drè-j'), s. f. Terme de pèche. Grand
tnmail pour les gros poissons; pêche qui se .'ait
avec ce tramail. Voy. drague.
t DREIGEUR (drè-jeur), adj. m. Terme de pêche.
Bateau dreigeur, bateau dont on se sert pour pêcher
à la dreige. Voy. draguedr.
t DRELIGNE (dre-li-gn'), s. f. Nom du bar sur
quelques côtes.
t DRELIX (dre-lin), s. m. Onomatopée qui re-
présente le son d'une clochette. Les drelins de la
sonnette. Ma sonnette ne fait pas assez de bruit....
drelin, drelin, drelin, mol. Mal. im. i, t. || Drelin
dindin. Pauvres fous, battons la campagne; Que nos
grelots tintent soudain; Comme les beaux mulets
d'Espagne, Nous marchons tous drelin dindin, bé-
RANG. Couplet. Il Se dit aussi du bruit que font les
buveurs en frappant contre leurs verres avec les
couteaux. Le drelin dindin des verres.
t DRENNE (drè-n'), s. f. Espèce de merle. |I Es-
pèce lie grive.
t DRÈPANOPnORE (dré-pa-no-fo-r'), adj. Terme
d'antiquité. Armé de faux. Chariot drépanopliore.
— ÉTYM. AoÉiravov, faux, et çopà;, qui porte.
t DRESSAGE (drè-sa-j') , s. m. || 1° Action de dres-
ser, (te redresser le fil destiné à faire des aiguilles ou
des épingles. Le dressage des aiguilles. || 2° Action
de dresser une glace, un miroir, etc. || 3° Terme de
métallurgie. Préparation des meules de carbonisa-
tion. Il Opération par laquelle on rend droites et
planes les barres de métal qui viennent d'être éti-
rées. Il 4* Opération qui consiste à ébarber chaque
yerre de montre en rognant avec des ciseaux plats et
longs les bords qui dépassent la circonférencedonnée
par le moule. H 5" Partie de l'éducation qui a pour but
d'habituer les animaux aux allures, au travail, au
genre d'exercice dont l'homme a besoin. || 6° Terme
de jardinier. Palissage à sec qui se fait après la taille.
— ÉTYM. Dresser; Berry, dressage, dersage, ha-
billement.
f DRESSE (drè-s'),s.^. Morceau de cuir qui se met
entre les deux semelles d'un soulier pour le redres-
ser quand il tourne. H La dresse d'un devis, rédac-
tion d'un devis, cappeau, Comp. des Alvines, p. 143,
— ÉTYJI. Voy. DRESSER.
DRESSÉ, ÉE (drè-sé, .sée), part, passe. || 1° Mis
droit. Des quilles dressées. Un cheval qui a les oreilles
dressées. Dites-moi dans quels lieux ces tentes sont
dressées, volt. Triumv. iv, 3. Tout ce que bâtit
l'homme est bîlti sur le sable. Ce qu'il dresse est
dressé pour le vent du désert, v. Huco, Voix intér.
28. Il Terme de botanique. Perpendiculaire au plan
de la base. Tige dressée, celle qui s'élève de la ra-
cine perpendiculairement à l'horizon. Feuille dres-
sée, celle dont la direction approche plus ou moins
de celle de la tige ou du rameau qui la porte. Calice
dressé, celui dont les divisions s'élèvent peu à peu
parallèlement à l'axe rationnel de la fleur. || 2° Dirigé.
.Si j'étais aux spectacles, je trouvais cent lorgnettes
dressées contre ma figure, montesq. Lett. pers. 30.
Il 3° Préparé, disposé. Hôpitaux dressés pour les
mettre [les pauvres] à l'abri d'une importune men-
dicité, FLÉcii. il. de Mont. Si cette paix.... Couvrait
contre vos jours quelques pièges dressés? rac. Brit.
V, I. Un festin que Rose apprête, Gatment par nou.i
est dressé, bêrang. Hiver. || 4" Rédigé. Vous voyez
par tout cela combien celte bulle est défectueuse
dans la manière dont elle est dressée, pasc. l'rov.
1 9. L'acte de leur séparation est dressé chez le no-
taire, LA BRDY. v. Il 5° Qui a reçu l'éducation con-
venable pour certains exercices, pour certains ser-
vices. Des soldats bien dressés. Une femme de
chambre dressée au service. || Par extension. Un
cheval, un chien bien dressé. || 6° .S. m. Qualité
d'un animal parfaitement dre.ssé. Avoir le dressé.
t DRESSÉE (drè-sée), s. f. Terme d'épinglier.
Botte de fil de cuivre d'environ 25 livres. Faire une
dressée. || Terme de chaufournier. Couche de pierre»
dans un four cylindrique, où l'on brille du charbon
de bois.
— ÉTYM. Dressé.
t DRESSEMENT (drè-se-man), s. m. Action do
redresser le fil de cuivre destiné à faire les épin-
gles.
— HIST. XVI' s. Estant le dressement [action d'as-
surer les droits] des dits créditeurs tiré en longueur,
Kouv. coulum. génér, t. I, p. 46).
— ÉTYM. Dresser.
DRESSER (drè-sé), v. a. || 1° Lever et tenir droit.
Dresser la tète. Dresser un mSt. Ce cheval dresse
les oreilles. Les deux jeunes faunes qui sont à ses
côtés ont dressé leurs oreilles pointues, dioehot.
Salon de neb. Œuvres, t. xni, p. i7. ||Fig. Cette
parole fait dresser les oreilles, se dit d'une parole
qui , pour un motif quelconque, excite vivement l'at-
tention. Mais que Foy, dans ce moment de verve
applaudi de toute la France, prélude une espèce
d'apostrophe, on dresse l'oreille aussitôt, l'alarme
est au camp, les muets parlent, tout s'émeut, p. L.
COUR. Lett. X, t. I, p. 220. Cette locution est une
image tirée des animaux qui en effet dressent
leurs oreilles. || 2° Eriger, élever. Dresser des sta-
tues. Dresser un trophée. Et dresser un tombeau
témoin de son malheur. Qui le soit de sa gloire
et de notre douleur, corn. Sertor. v, 8. Le roi
Antiochus dressa l'abominable idole de la déso.
lation sur l'autel de Dieu, SACI, Bible, Machab. i,
I, 57. Vous qui vous êtes préparé un sépulcre, qui
vous êtes dressé un monument avec tant d'appareil
dans un lieu élevé, et qui vous êtes taillé dans la
pierre un lieu de repos, id. ib. haïe, xxii, 16. On
leur a dressé des statues et des monuments superbes,
MASS. Or. fun. Danph. On lui dressera des monu-
ments superbes pour éterniser ses conquêtes, id.
PH. car. Tent. \\ 3» Établir, disposer. Dresser la
table. Dresser un triomphe, une pompe funèbre.
Dresser un échafaiid. Dresser un lit. Dresser un
buffet. Qu'au plus haut de ce mont un bûcher soit
dressé, rotrou, llercule mour. IV, B. Mon barbon
serait heureux d'être de sa suite, et de grossir le
train que vous lui dressez, balz. à Ménage. Si de
ces grands apprêts pour la cérémonie. Que depuis
si longtemps on dresse à si grand bruit, corn. Tita
et Bérén. i, 3. On fait dresser un appareil de pompe
funèbre pour satisfaire à cliaqne point de l'oracle,
LA FONT. Psyché, I, p. 32. Après avoir fait pendant
la nuit un butin immense, les Macédoniens dressè-
rent leur camp, rollin, Hist.anc. OKuvres, t. viii,
p. 77, dans POUGENS. || Dresser une batterie, mettre
en batterie des canons, de manière qu'ils puissent
diriger leur feu sur un point. || Fig. Dresser ses bat-
teries, prendre ses mesures pour faire réussir un
projet qui peut rencontrer de l'opposition. || Dre.sser
de bonnes batteries, employer de puissants moyens.
Il Dres.ser un piège, des embilches à quelqu'un.
Dresser une embuscade, vaugel. Q. C. liv. m, dans
RicuELET. Il ne pense pas que personne veuille lui
dresser des pièges, la bruï. ii. On me l'avait bien
dit que ces femmes coquette.s. Pour faire réussir leurs
pratiques secrètes. Des nouveaux débarqués s'in-
formaient avec soin, Pour leur dresser après quelque
piège au besoin, regnard, Ménechmes, ii, ♦. || Fig.
Je saurai.... L'ériger en tyran par mes propres con-
seils. De sa perte pour lui dresser les appareils, corn.
Perihar. ii, 2. Et sll faut par ba.sard qu'un ami vous
trahisse, Que pour avoir vos biens on dresse un ar-
tifice? MOL. iifts. I, t. Pour lequel des deux princes
au moinsdres.sez-vous cet artifice? m. Amants magn.
IV 4. Il 4° Terme de cuisinier. Dresser une volaille,
l'arranger de manière qu'on puisse la mettre à
la broche. Dresser un plat, le disposer de manière
qu'il soit prêt à être servi. || Terme de pitissier.
Dresser une pièce, en faire les bords. Dresser un
pâté. Il Terme de métier. Unir, aplanir, rendra droit.
I. — I5&
1242
DRE
Dresser une planche. Dresser une allée, te sculp-
teur étend sa règle sur le bois, il le forme avec le
rabot, Il le dresse à l'éqiierre, saci. Bible, Isaïe,
XLiv, U. Il Terme d'arcliiiecture. Dresser d'aligne-
ment, élever un mur au cordeau, jj Terme de char-
pentier. Dres'ier une pifcce de bois, la cingler au
cordeau, quand on veut l'équarrir. || Terme de me-
nuisier. Dresser le bois, l'ébauclier et l'a|)lanir.
Il l'erme de maçon. Dresser une pierre, en équarrir
li.'S parements de tous les cfltés. || Terme de jardi-
nage. Dresser une palissade, couper les branches
qui s'écartent. Dresser une planche, la préparer
pour recevoir ce qu'on y voudra semer ou planter.
Il Ternie de paveur EnToncur le pavé également.
Ce pavé n'est pas bien dressé, il le faut mieux unir.
Il Terme de relieur. Dresser un livre, le battre uni-
ment. Il Terme de tableltier. Disposer des pièces de
tabletterie en longueur, largeur et épaisseur avant
de les creu'^er. || Terme d'imprimeur. Dresser une
forme, ranger les papes qui doivent composer une
forme, k mesure qu'elles sont achevées sur la galée,
et en faire l'imposition les unes sur les autres pour
en assurer le registre. || Terme de tonnelier. Kendre
droites les douves d'un tonneau devant un feu
sombre. || Terme de cloiitier. Effacer les courbures
du fil de métal dont on fait des clous. || Terme de
chapelier. Donner au feutre la figure d'un chapeau,
après qu'il a été foulé. || Niveler les pnintes d'une
carde II Limer une aiguille après qu'on en a formé
la pointe, et qu'elle a été pniiiçoniiée; la faire pas-
ser sous le marteau après qu'elle a été recuite. || Terme
de corilonnier. Polir la lige d'une botte avec la main.
Il Dresser un niveau, aplanir un terrain. || Dresser
(lu linge, le repasser. Dresser une cravate, un jabot.
On ne dit plus guère aujourd'hui que repasser,
du moins à Paris. || 8° Diriger, tourner. Vieux en
ce sens. Ceux qui traversent ces plaines observent
les astres la nuit pour dresser leur route comme sur
la mer, vaucel. Q. C. *v3. Dressons notre prome-
nade, ma fille, vers cette belle grotte où j'ai promis
d'aller, MOL. Am. magn. iv, ♦. || Terme de marine.
Diriger en droite ligne. Dresser la barre. Dresser sa
route vers le nord. || Terme de vénerie. Dresser la
voie, faire rabattre quehiues chiens découplés, pour
diriger des chiens frais que l'on veut découpler et leur
indiquer la voie. Se tirer d'un embarras causé par les
ruses de l'animal que l'on chasse. || Fig. Dresser son
in lention , la di riger vers une bonne 6n,Ac(Td. || 6" Tra-
cer ou mettre par écrit. Dresser le plan d'un ouvrage,
une carte de géographie, un tableau statistique. Je
dressai à peu près mon plan [de la Thébaiiie] sur
les Phéniciennes d'Euripide, bac. Préface de la Thé-
boide. Il Dresser un mémoire, extraire du livre jour-
nal les articles des ouvrages qu'on a faits, des mar-
chandises qu'on a fournies, pour en demander le
payement. On dit^ans un sens analogue dresser un
compte, un inventaire. Il est aussi capable de ma-
nier de l'argent ou de dresser des comptes que de
porter les armes, la bruy. ii. || Rédiger dans une
certaine forme prescrite. Dresser la minute d'un
acte. Dresser un contrat. Le président Viole devait
dresser les articles de son mariage [du prince de
Conti], LA RociiEP. Uém. <66. Allons vite en dresser
un écrit, mol. Tnrt. m, 7. Un nouvel arrêt qu'il
vient de dresser contre les hérétiques, UASS. Panég.
Si Thnm. \\ 7" Instrime, former. Dresser la jeunesse
au métier des armes. Il dresse son valet à sa ra^de.
Dresser un soldat. Dresser un chien à la chasse.
Dresser un chien à rapporter. Des animaux, les uns
sont plus faciles à dresser que les autres, desc. UélU.
V, 0. Oui veut entendre ce que c'est véritablement
qu'apprendre el la diiïérence qu'il y a entre ensei-
gner un homme el ilresser un animal.... boss. Con-
tiaiss. v, 6. Je voudrais qu'on le dressât peu à peu
au secret, en l'accoutumant à ne pas redire ce qu'on
lui aura confié, maintk.von, Leit. à Unie de Ven-
ladnur, I4 juin nih. || 8° V. n. Cela fait dresser les
cheveux h la léte, ou sur ta tête, se dit de ce qui
cause une horreur excessive. Des pas.sages que vous
fabriquez à plaisir et qui font dresser les cheveux
à la tèle des simples, pasc. Prov. t5. Les cheveux
cependant me dressaient à la tête, boil. Snl. m.
Cliaiiue mol sur mon front fait dresser mes cheveux,
Sac. Phèd IV, 6. Cette horreur qui fait dresser les
cheveux sur la tête, vên. Tél. ii. Les cheveux dres-
sent encore sur la tèle, au souvenir de ces jours de
meurtre, chateaub. Génie, iv, i, I. || En termes
de cliasse, on du d'un chien qu'il dresse ou qu'il
Ta le droit, pour dire qu'il suit les vraies traces de
la bêle. Il Dresser par les fuites, se dit d'un animal
qui, après avoir fait plusieurs ruses, fuit et perce
AMK devant lui. || 9° Se dresser, v. rifl. Se tenir
îlroit ou levé. S* dresser sur la pointe du pied. Moins
DRE
honteux d'être chu que de s'être dressé, Régnier,
Sat. X. Ses cheveux se dressent sur sa tête, fén.
Tél. xviii. Il Se dresser, être instruit, formé. Le
chien est né pour le caresser [l'homme], pour se
dre.sser comme il lui plaît, id. Exist. \9. \\ Proverbe.
Un bon oiseau se dresse lui-même, se ditjiour signi-
fier qu'un bon naturel n'a pas besoin d'instruction.
— KRM. Bouhours prétendait qu'on pouvait dire,
il est vrai, dresser des embûches, mais non dresser
un piège; et que là le terme propre était tendre
un piège. Mais l'usage l'a emporté sur cette difficulté
de puriste; non sans raison, à cause de l'emploi
très-fréquent qu'on a fait de dresser dans le sens
de disposer, arranger.
— HIST. XI* s. Fianceis se dressent, si se mettent
sur piez, Ch. de Hol. lxxxviii.
— xii* s. Devant le roi [il] s'en vint le chef [la
tête] drecié, Uonc. p. (86. Li evesque se sunt encun-
tre lui drecié; De la cruiz [croix] l'unt blasmé qu'il
porte, e cbaslié. Th. le mart. i».
— XIII' s. Et quant Johannis oï ce, si assis! [assié-
gea] maintenant le Dimot, et dreçaentorseise grans
perrieres, villf.ii. clx. Au jardin [ils] orent fait
dresser la maistre tente, Berle, x. En son séant [il]
se dresce, ib. xv. Li rois se dresce en pies, ib. xvii.
Or est Renart en grant péril; 11 drece la qeiie en
l'arçon, Qar moult doute mors [morsure] de gain-
gnon [chien], Ben. (832. II se dressoit sus ses es-
triers et estendoit les bras à tout [avec] l'espée,
joiNV. 251. Ces sept articles de foy vraie. Oui dres-
cent quanque pecliié plaie [tout ce que le péché
blesse], Sont figurés en maintes guises, }. de
MEUNG, Tr. tio.
— XIV* s. Pour ce ne commandera pas le maistre
qui ordene des viandes, que l'en dresse ou livre pour
chascun six telles mesures, oresme, Eth. 44.
— xv* s. Ils entrèrent tantost es plus appareillés
vaisseaux qu'ils trouvèrent là, et dressèrent leurs
voiles, et nagèrent tant qu'ils purent après le dit
messire Louis, fhoiss. i, i, (82. Et voyoient tout le
pays tourner avec la roine et son ains-né fils, et
dresser et esmouvoir contre eux [Hue le Dépensier
et Edouard II], m. I, i, 20. Pour dresser toutes cho-
ses et mettre et reformer en bon estât, id. ii, ii,
219. Là avoit la femme du chevalier si grand paour
que tous les cheveus lui dressoient, et se muçoit en
sa coiîverture, ID. ii, m, 22. Uns preudoms fut en
unvillaige, Qui devoit donner à disner i un homme
de son linaige; Si ot fait fèves atorner Au lart; mais,
qtiant il fit drecier. Les fèves trouva seulement Sanz
le lart.... eust. descii. Poésies mss. f 285, dans la-
CUBNE. Pour venir les ayder [les Anglais, au cas
qu'ib eussent fait une expédition en France] adres-
ser et loger et conduyre aux champs, comm. iv, B.
Quant les princes.... Dieu leur drece ung ennemi
dont nul ne se doubtcroit.... id. i, 7. Or voyez les
choses qui se dressoient pour courre sus audit duc
de Bourgongne, id. m, (.
— XVI* s. Ces propous achevez, dressa sa paroUe
vers ses officiers, et seullement leur dist.... bab.
Pant. V, 2(. Les Ubles furent promptemenl dres-
sées, puys furent couvertes de nappes très pretieu-
ses, ID. ib. V, 23. Les argentées [pièces du jeu
d'échec] , dissimulans leur dueil , luy dressarent
occultement en embuscade ung archier en angle
lointain, lo. ib. v, a. Dressans escarmouches, fai-
sans embuscades, compousans trefves, id. ib. v, 3(.
Pour lequel chemin dre.sser et esgualer, on ha des-
moly et abliattu plus de deuz cens maisons, id. Épi.
8. Les saincts n'ont jamais plus grande matière de
desespoir, que quand ils sentent la main de Dieu
dressée pour les confondre, CALV. Instit. 437. Pource
qu'ilz n'y peurent pas vivre, ilz dressèrent leur che-
min premièrement en Italie, amyot, TItés. (8. Près
du parc 01:1 les jeunes hommes se dressent aux
exercices de la personne, id. «6. 4B. Il y feit dres-
ser un lict, ID. Rom. 6. Romulus leur dressa em-
busche sur le chemin, id. ib. 37. Les plus rebours
poulains sont ceulx qui deviennent les meilleurs
cbevaulx, quand ilz sont domptez, faits et dressez
ainsi comme il appartient, id. Thém. 3. Dres.ser
trophée d'une victoire, mont, i, (5. J'y ai esté assez
soigneusement dressé en mon enfance [à la civilité],
ID. 1, 62. Hz luy ont dressé cette querelle apostée,
ID. I, 97. Je n'ay dressé commerce avecijues aulcun
livre solide sinon.... id. i, (54. On luy dressoit des
sentiers au travers des bayes de leurs bois, id. i,
247. Un bon souper qu'on avoit dressé chez luy, id.
11, 36. Où le compas et la règle sont gauches, les
bastiments qui se dressent à leur mesure.... id. ii,
374. Les hommes qui oui peur dressent souvent les
cheveux, pah£, Intrud. (8. Il dressoit [levait]
deux compagnies, afin qu'il se jettast daw la Reole,
DRl
MONTiuc, Xém. t. II, p. 75, dans hcurne. M. de
Mayenne l'importunoit sur les assignations d'argent
qui lui avoient esté promises par les articles de sa
capitulation, disant n'en pouvoir estre dressé [payé],
pasquier, Lettres, t. 11, p. 589, dans LACtiiiNE.
— ÊTYM. Berry, se dresser, se derser, s'habiller-
norm. se drechier, s'habiller; picard, drécher ; pro-
venç. dressar, drcissar, dreçar; aiic. espagn. dire-
%ar; ital. drixiare, diriisare ; l'italien et l'espagi.o!
indiquent l'étymologie di-riisare, de-reiar, du
préfixe di ou d', et un verbe fictif rectiare, rendis
droit, dérivé de reclus, droit (voy. rectitude). Le
français dresser, dreciir, drechier est pour de-ret-
ser ,-rerirr ,-rechier. Le seps d'habiller qu'a eu dres-
ser est demeuré dans l'anglais : (0 dress, babiller.
t DRESSEl'R (drè-seur), s. m. \\ l-Celui qui dresse.
La vérité est qu'il [celui qui dressa le prince de Ca-
rignan aveugle| en usa comme les dresseurs de
chiens : il employa la faim, la bastonnade.... st-sim.
23( , 87. Il 2° Ouvrier qui ouvre les peaux destinées
à faire des gants. || Celui qui enfonce les pavés avec
la demoiselle. || Charbonnier qui dispose les bûches
dans le four. || Tuyau pour redresser les canies.
— HIST. XVI* s. Moqueurs, dresseurs [ceux qui
critiquent, redressent], abuseurs, trompereaulx,
ROG. DE COLLERYE, ŒuVTet , p. 443, danS LACURHE,
— ÊTYM. Dresser.
t DRESSEUSE (drè-seû-z') , s. f. Nom donné, dans
certains départements, à l'ouvrière dont le métier
est de repasser le linge, legoarant.
— ÊTYM. Dresseur.
t DRESSOIR (drè-soir), s. m. || 1* Anciennement,
aux XIV* et xv* siècles, élag^re sur laquelle on pla-
çait, dans la salle des festins, les grandes pièces
d'orfèvrerie; dans les autres chambres, toutes cho-
ses flatteuses à montrer; et, dans la cuisine, les plats
et mets, avant de les porter dans la salle, de la-
BORDE. Il 2' Aujourd'hui, armoire sans portes où l'im
range la vaisselle, et les objets dont on se sert ."i
tout instant dans une cuisine. || UulTel pour farc
égoutter les plats, les assiettes. || 3° Petit outil de
fer creux qui sert aux filassiers pour redresser les
dents d'unséran. || Instrument pourdresser la feuille
d'étain d'une glace. || Plaque de fer pour dresser les
pierres de graveur. |1 Plaque de fer servant au polis-
sage des diamants. || Sorte de banc pourdresser des
échalas. || 4° Terme de jardinier. Planche longue de
(■",30 el large de O", 20, munie, au milieu, d'un
manche avec lequel les jardiniers maraîchers bor-
dent le terreau sur leurs couches.
— HIST. XIV* s. Deux dreçoirs mis es chambr. s
du roi [au Louvre], de labobbe. Émaux, p. 250.
Un drechoir fermant à clef, id. ib. p. 267.
— ÉTYM. Dresser; picard , drèche, drechoir ;
Berry, dressoué, dersoué, buffet, étagère.
•f DRET, DRETTE (drè, drè-t'), adj. Ancienne
prononciation de droit (. Blanc, poli, bien formé,
de taille haute et drette, la font. Cas de consc.
t (. DRILL (dril), s. m. Instrument qui sert à la
fois de charrue et de semoir.
— ËTYM. Angl. (0 drill, semer en ligne.
f 2. DRILL (dril), s. m. Grand singe d'Afrique,
à tête noire.
(. DRILLE (dri-U', Il mouillées, et non dri-ye),
s. m. Il 1° Fantassin, soldat à pied. Il ne se disait
guère que par raillerie. Inusité en ce sens. Nul de
tous ces affiquets Dont on pare nos drilles.... Cela
se faisait il du temps De Jean de Vert? Chanson du
XVII* dans fr. michel, anjnt. Non, je veux, ma
fille, Éprouver ce dnUe , V École desamours griiois,
(754, se. ( , dans fr. michel. Se peut il qu'une hon-
nête fille.... En franche servanle s'habille? C'est
pour l'amour de quelque drille, ib. se. 6. Le luxe
et la bonne chère avaient corrompu nos armées,
surtout en Flandre; des haltes froides n'y étaient
plus que pour des drilles, st-sim. aïo, 83. || 2* Au-
jourd'hui el familièrement. Un vieux drille, un sol-
dat qui a vieilli dans le service; et, figurémenl, un
homme qui a vieilli dans la ruse, dans les mauvai-
ses affaires, dans le libertinage. || Un bon drille, un
bon compagnon. Je suis vraiment un bon drille,
VADÉ, Nicaise, se. 7. || Un pauvre drille, un pauvre
diable. On trouva qu'il ne valait rien [le raisonne-
ment du chien] ; Ou vous sanyla le pauvre drille
[chien], LA font. Fabl. xi, 3.
— ÊTYM. Ménage et. à sa suite, M. Fr. Michel
le tirent de soudard par l'intermédiaire de soudrillef
mais on ne voit pas comment l'apocope de sou au-
rait pu se faire. Diez le tire de l'ancien haut-«ila-
mand drigii, garçon, serviteur, ce qui, concordant
bien pour le sens el la forme, paraît être la vriir
étymologie. L'anglais a lo drill, et l'allemand dril-
len , enseigner l'exercice à un soldat.
DRÔ
t 2. DRIIXE (dri-ir), s. f. Espèce de porte-foret
dont on se sert ilaus beaucoup d'arts. Dit aussi trépan.
— lîTYM. Aiigl. (0 drill, percer.
I DRILLIÎR (dri-Ué, Il mouillées), ». n. Courir,
aller vite et légèrement. Voyez comme il drille,
Académie, édit. de «7(8. Toute lacourdrille vers la
Guiunne, scarbon, dans biciiklet. Je m'en vais tout
de bon prom[itement t'étriller, Si tu ne fuis bien
vite et ne pense à driUer, llist. du théâtre français,
t. X, p. 4 17, dans LACUBNE. Il Tombé en désuétude.
— uisT. XVI' s. 11 scmbloit voir une armée dril-
lante de fourmis qui porte et traisneen sa fourmil-
liere tout ce ([u'elle trouve, carx-oix, v, 4.
— ETYM. L'ori^!ne en parait être le verbe anglais
(0 drill, qui signifie percer, s'échapper. Driller avait
aussi le sens de briller : Comme le feu dans la four-
naise. Enseveli dessous la braise. Drille et flamboyé
estincelant, R. belleau. Œuvres, t. i, p. 20, dans
LAcuKNE. On ne voit point au ciel tant d'estoiles
(lambanles Driller au firmament.... rons. 846 (voy.
BRILLER 2; on a confondu ce briller et driller).
Ul(ILLh:S (dri-ir, «mouillées, et non dri-ye),î.
f. plur. Terme de commerce. Nom de vieux chiffons
de clianvre ou de lin qui servent à la fabrication du
papier. Linge vieil, vieux drapeaux, drilles, Tarif
des droits de (604.
— HlST. XVI' s. Sommes nous prests.... Bien ar-
mez. — Il ne nous fault drille, Ree. de farces, p. 34a.
— ÉTYM. Bourguig. drille, guenille; driller, ra-
masser de vieux cliifTons ; l'éiymologie en parah
celtique : kymri, dryll, lamijean. drrjUiaw, mettre
en pièces; bas-bret. trul (l mouillée), chiffon.
t DRILLEUX, KUSE (dri-Ueù, Uuû-z', Il mouil-
lées) . adj. Terme vieilli. Couvert de haillons.
t DRILLIER (dri-llé. Il mouillées), s. m. Terme
de commerce. Celui qui ramasse et vend les vieux
chiffons. On dit maintenant chiffonnier.
— f.TYM. Drilles.
+ DRIMYRRIIIZÉES (dn-mi-rri-ïée), s. f. Terme
de botanique. Nom donné par quelques botanistes
à la famille des amomacées.
— ÉTYM. Apiaùç, acre, et (li^a, racine.
DRISSE (dri-s'), s. f. Terme de marine. Cordage
destiné à hisser ou élever à la place qu'il doit tenir
un pavillon, une flamme, une vergue ou tout autre
objet. Il Fausse dri.sse, drisse supplémentaire.
— ÉTYM. Ital. driita, de driaare, dresser (voy.
ce mot).
t DRIVONETTE (dri-vo-nè-t'), s. f. Voy. dhai-
NETTE.
t DROC (drok) , s. m. Un des noms de l'ivraie.
— ÉTYM. Peut-être le bas-breton droufc, chose
mauvaise.
i DROGMAN (dro-gman), s. m. Interprète dans les
! échelles du Levant. Je me rendis chez le drogman
de Son Excellence, chateaub. Itin. 68.
— BEM. Voltaire a dit drogoman (c'est la forme
provençale ou italienne) : C'est quelquefois un dro-
goman, c'est-à-dire un interprète du divan qui ob-
tient cette place, volt. Russie, xi, ).
— HlST. xiii" s. Li empereres entra en une cham-
bre, et n'i mena fors l'empereris sa famé, et
son drughemant et son chancelier, et les quatre
messages, villeh. lxxxvi. 11 avoit gens illec (jui sa-
voient le sarrazinois et le françois, que l'en appelé
drugemens qui eiiromançoient [mettaient en roman]
le sarrazinois au conte Perron, joinv. 242.
— ÉTYM. Provenç. drngoman; ital. drogmano,
drogomanno; bas-lat. dragumanus, drocinandus,
turchimannus ; bas-grec, Spa-yoûiiavoç ; le même
que truchement (voy. ce mot).
t DROGMANAT (dro-gma-na) , s. m. Qualité,
ronctions (fe drogman.
— ÉTYM. Drogman.
t. DROGUE (dro-gh'), s. f. \\ 1° Nom générique
des ingrédients propres à la teinture et à la chimie.
Acheter, vendre des drogues. || Nom générique des
matières premières avec lesquelles les pharmaciens
préparent les médicaments. Je voulais vous dire,
monsieur, que vos drogues.... — Monsieur, je ne
vends point de drogues. — Que vendez-vous donc,
monsieur'? — Monsieur, je vends des médicaments,
BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût, Variétés,
n" V. Il Kig. 11 débile bien sa drogue, il sait bien
faire valoir sa drogue, se dit pour signifier qu'il
I charlatan, qu'il fait passer une chose pour plus
lu'elle ne vaut. || Par extension et par déiiigre-
iiient, épiées. Il faut l'assaisonner de drogues qui
la déguisent, 3. i. rouss. Ém: ii. || 2° Ce qui est
mauvais en son genre. J'ai donné de biin argent
Il et il ne m'a envoyé que de la drogue. Ce drap n'est
que de la drogue. L'on jugea qu'il y avait moins
d'inconvénient à laisser croire un pou de conojrt
DRO
avec l'Espagne, qu'à ne pas préparer par un canal
ordinaire non odieux et favorable, les drogues que
l'envoyé d'Espagne nous allait débiter, st-sim. 2,
248. On a tant fail de ces drogues [odes], que je n'ai
pas voulu donner la mienne, volt. Lelt. envers elen
prose, 63. Il Voilà de bonne drogue, se dit ironique-
ment d'une chose dont on ne fait aucun cas. Je le
crois bien; voilà de belles drogues que des jeunes
gens pour les aimer, MOL. l'Av. n, 6. {| 3° Bouts de fer
ou ferrailles. || 4° Un des noms de l'ajonc. || 5° Aller
en drogues, s'est dit jadis pour aller en maraude.
— HlST. xiV s. Mieulx te vauldroit faire autre of-
fice. Que tant dissoudre et distiller Tes drogues pour
les congeler Par alambics.... Nat. à l'alch. err. 38.
Il XV" s. Il n'y a chez l'apothicaire De drogue que
je prise mieux. Que ce bon vin, qui me fait faire Le
sang bon et l'esprit joyeux, basselin, xxv. || xvi' s.
On farcissoit ses viandes de drogues odoriférantes
de telle sumptuosité, qu'un paon et deux faisands
reveiioient à cent ducats, pour les apprester selon
leur manière, «ont. i, 393.
—ÉTYM. Provenç. drogua; espagn. et ital.droja;
angl. drug. Les étymologistes anglais tirent di-ug
de l'anglo-saxon dryge, sec; Frisch et Diez tirent le
mot roman du hollandais trooh, sec {dryge et Iroofc
sont le même mot); de sorte que la drogue serait la
chose séchée, la plante séchée, etc. pour les usa-
ges de la pharmacie. On a, dans le celtique, kimry
drwg, bas-breton droug, drouk, irland. droch, qui
expriment en général tout ce qui est mauvais, mais
qui, rendant compte du sens de chose mauvaise, ne
rendent pas compte du sens d'ingrédient. La série
des significations paraît être ingrédient, et, comme
les ingrédients pharmaceutiques sont souvent fort
désagréables, chose mauvaise.
3. DROGUE (dro-gh'), s. f. Sorte de jeu usité
parmi les soldats, qui se joue avec des cartes, et
dans lequel le perdant porte sur le nez un petit
morceau de bois fendu pinçant le nez et dit dro-
gue. Jouer à la drogue. Porter la drogue. Avoir
deux, trois drogues sur le nez.
— ÉTYM. Origine inconnue.
DROGUÉ, ÉE (dro-ghé, ghée), part, passé. Qui
a pris beaucoup de drogues, de médicaments. Un
enfant débile et constamment drogué. || Pour quoi
on fait prendre des drogues. Une gastralgie droguée
mal à propos.
t DROGUEMENT (dro-ghe-man) , s. m. Action de
droguer.
— HlST. XVI' s. Et quand bien ces droguemens
rencontreroient [réussiraient], o. de serbes, 306.
— ÉTYM. Droguer t.
t. DROGUER (dro-ghé), v. a. || 1° Faire prendre
beaucoup de drogues à un malade. Il recommande
de ne jamais droguer les enfants, j. i. bouss. Ém. i.
Il Droguer un m.-il, faire prendre beaucoup de dro-
gues pour ce maL Plus on drogue ce mal, et tant
plus il s'empire, Régnier, Sat. xv. || Kalsilier, alté-
rer la qualité d'une sulislance. Droguer du vin, des
liqueurs. || 2° Se droguer, t). réft. Prendre des dro-
gues, il ne faut pas trop se droguer.
— ÉTYM. Drogue t.
t 2. DROGUER (dro-ghé), e. n. Jouer à la drogue.
Il Fig. et populairement, attendre en perdant son
temps et s'ennuyant beaucoup. Il l'a fait longtemps
droguer à la porte.
— ÉTYM. Drogue 2.
1. DROGUERIE (dro-ghe-rie), s. f. Commerce de
drogues; les articles de ce commerce. Faire la
droguerie. Vendre de la droguerie.
— HlST XV" s. Cet anneau congnois je bien; car
je donnai l'anneau à Lancelotet toutes mes drogue-
ries [menus objets], Lancelol du lac.t.l, f"'160,dans
LACURNE. Il XVI" S. Les chèvres vont paislre la cime
des espines et arbrisseaux : s'attachant plustost à
telles drogueries de peu de valeur, qu'à herbages
de la prairie, o. de serres, 327. Les femmes font
amas de telles menues drogueries [substances répu-
tées médicamenteuses] pour en secourir le peuple,
usant de mesme recepte à cinquante malades, mont.
IIl, 220.
— ÉTYM. Drogue <.
t 2. DROGUERIE (dro-ghe-rie), s.f. Terme do
mer. La pêche et la préparation du hareng.
— ÉTYM. "Voy. brogueur 2.
DROGUET (dro-ghè ; le ( ne se lie pas; au pluriel,
l'\ se lie : les dro-ghè-z et....), s. m. |{ 1° Autrefois
étoffe de laine de bas prix, qui était une espèce do
drap, mais fort mince et fort étroit, fubktièbe. Le
droguet était une espèce de serge moitié fil et moi-
tié laine; il s'en faisait aussi tout de laine. Droguet
ou petit drap, première qualité; chaîne, laine
d'Auxois ou de Berry, peignée; trame, belle laiue
DRO
1243
deSégovie, cardée, Tableau annexé aux îetl. pat.
du 22 juillet (780, Champagne. Un petit Français,
habit verl pomme, vesie de droguet, ra''.lail un vio-
lon de poche, CHATEAUBR. Itin. m, H7. |{ Par mé-
pris, c'est du droguet, c'est chose de peu de va-
leur. Il Fig. ivoire droguet [notre litléra'iire) ne vaut
pas le velours d'Athènes; mais on l'a si bien bnidé
qu'il est à la mode dans toute l'Kurope, volt. Lelt.
Arnaud, <"' juin (77). || 2° Aujourd'hui, étoffe bro-
chée (de laine et coton, ou de laine, coton ei soie,
ou quelquefois de soie), dont les fils, formant les
dessins brochés, passent à l'envers d'un dessin à
l'autre sans être tissés dans le fond de l'étoffe. Dro-
guet de laine. Droguet de soie.
— ÉTYM. Drogue i , parce que le droguet était
une étoffe de peu de valeur.
tDROGUEïIER (dro ghe-tié), s. m. Terme de
commerce. Fabricant de droguet.
— ÉTYM. Droguet.
t 1. DROGUEUR (dro-gheiir), s. m. Terme fami-
lier. Médecin qui aime à médicamenter.
— ÉTYM. XVI" s. Un marchand drogueur ou espi-
cier, BouCHET, Serées, liv. i, p. <04, dans lacuhne.
— ÉTYM. Droguer i.
t 2. DROGUEUR (dro-gheur), s. m. Terme de
mer. Nom donné au navire qui péchait et séchait le
hareng pour le rapporter saur.
— HlST. XVI" s. En l'an 1625, le jour de St Maur,
<6* jour de janvier, la mer fut si desbordée.... que
de celte grande et furieuse marée furent jettes et
portés jusques dedans les fossés du cbasieau do
Graville 28 navires drogueurs allant à la pescbe des
harencs et maquereaux, llém. de la fondation delà
ville française de Grâce, p. 7, dans jal.
— ÉTYM. Holland. droog, sec, drongen, sécher;
anglo-saxon, drigan, sécher; allem. trocken, sec.
t 3. DROGUEUR (dro-gheur), ». m. Terme d'ar-
got. Espèce de filous qui quêtent pour des infortu-
nes imaginaires.
DROGUIER (dro-ghié; l'rne se lie jamais; au plu-
riel, l'î se lie : les dro-ghié-z et les drogues), s. m.
Cabinet ou boîte portative où l'on serre les drogues.
Il Collection des échantillons de médicaments sim-
ples, rangés dans un ordre mélhodi(|iie || Ancien-
nement, partie des ouvrages des \élérinaires où ils
traitaient de l'élude des médicaments ou drogues.
— ÉTYM. Drogue f.
DROGUISTE (dro-ghi-st'), s. m. Marchand do
drogues. || Ad). Épicier droguiste.
— ÉTYM. Drogue l .
1. DROIT, DROITE (droi, droi-t'; le t se lie: un
homme droi-t et juste; au pluriel, Vs se lie : les
hommes drol-z et justes; la prononciation dret, qui
est normande, était encore usitée, à côté de l'au-
tre, dans le xvii" siècle; Vaiigelas était pour dret),
adj. Il l''Oui n'a ni courliure ni llexton ni iiiclinai-
.son d'aucun côté. Une ligne droite. || En droite li-
gne, directement. Ce chemin vous coiidiiii en droite
ligne à la maison du garde. || Fig. Procréez des en-
fants Oui puissent hériter de vous en dniiie ligne,
regnard, le Légat, v, 8. |{ La droite voie, en lermes
de dévotion, la voie du salut. || Le droit chemin, lo
cliemin le plus court; et, figurém^nt. la voie de
l'honneur, de la probité. On dit dans le même sens
la ligne droite. {| Avoir la taille droite, n'avoiraucuiie
inflexion vicieuse d.ins la taille. || Êire droit, se
tenir droit, avoir, tenir le corps dans une position
où il ne soit ni courbé ni fléchi. Levez la tête
encor, soyez droite, approchez; Faut-il tendre tou-
jours le dos quand vous marchez? regnard, le
Distrait, l, 4. En général les mères exhortent leurs
filles à se conduire avec sagesse; mais elles insis-
tent beaucoup sur la néce.ssité de se tenir droites,
d'effacer leurs épaules.... Barthélémy, Anacharsis,
ch. 28. Il On dit qu'un homme est droit comme un
jonc, comme un éclialas, comme un cierge, comme
un sapin, comme une statue, comme un I, pour
signifier qu'il se tient bien droit. Te voilà sur tes
pieds droit comme une statue; Dégourdis-toi, cou-
rage! allons, qu'on s'évertue, hac. Plaid, m, 3.
Il Ironiquement. Cela est droit comme lajamiied'un
chien. Il Terme de botanique. Qui n'a point de cour-
bure; droit diffère de dressé, en ce qu'il indique
seulement que la partie n'a aucune courbure, quelle
qu'en soit la direction, verticale, oblique ou hori-
zontale. Il ferme d'anatomie. Se dit des p.irties dont
la direction est de haut en bas, ou de lias en haut,
quand le corps se trouve debout. || Dents droites,
celles dont la direction est perpendiculaire à l'axe
des mâchoires. || Les aiiatomistes donnent ce nom
à un grand nombre de muscles. Le muscle droit
de i'abdomen. jj Terme de manège. On dit qu'un
cheval est droit sur ses jambes, quand, le devant du
12H
DRO
boulet tdmbant d'aplomb sur la couronne, le canon
et le paturon se trouvent sur une même ligne.
Il Ternie de marine. Mettre la liarre droite, placer
la barre du (fouvernail paralltlement à la quille.
Il Terme d'architcciure. 0;>posé à Liais. Une porte
droite, un berceau droit, sont la porte et le berceau
de voûte dont la direction est perpendiculaire à
l'entrée. || 2" Terme de géométrie. Une ligne droite,
le plus court chemin d'un poiut à un autre. || Sub-
stantivement. Une droite, une ligne droite. Deux
droites convergentes. Le cercle étant composé d'une
infinité de droites infiniment petites, volt. Newt.
Il, 9. Il Angle droit, angle formé par deux lignes
perpendiculaires l'une à l'autre. || Un droit, un
angle droit, dans cette phrase ou phrase analogue :
les trois angles d'un triangle valent deux droits.
Il Prisme droit, celui dont les deux bases sont per-
])eiidiculaires aux arêtes. Cylindre droit , solide
firme par la révolution d'un rectangle autour d'un
des côtés. Cône droit, solide formé parla révolution
d'un triangle rectangle autour d'un des côtés de
l'angle droit. || Sphère droite, terme d'astronomie
ou de cosmographie, signifiant que la sjihère cé-
leste nous paraît tourner droit sur nos têtes. La
sphère est droite pour nous, quand notre horizon
liasse par les pôles du monde. || 3° Qui n'est pas
couché, qui est debout. Il est droit sur ses pieds.
Il 4° Qui a le poids voulu , la valeur voulue.
Il Monnaie droite de poids, pièce qui a le poids
prescrit par les ordonnances. || Terme de mon-
nayeur. Titre droit, voy. titrk. || Fig. Honnête,
équitable, sans. détours. Un homme droit et simple.
Avoir une intention droite. Il redressera son juge-
ment, pourvu qu'une droite volonté le rende atten-
tif à son objet et à lui-même, boss. Cotmains. i, (7.
Comme toute conscience n'est pas droite, tout ce qui
est selon la conscience n'est pas toujours droit,
nouiiDAL. Sur la fausse consc. <" avenl,p. <46. Uu
homme simple et druit de cœur, qui craint Dieu et
fuit le mal, SACi, Sible, Job, i, 8. [IIJ N'a le cœur
a.ssez droit ni les mains assez pures, rac. Àlhal.
m, 6. Votre cœur n'était pas droit devant le Sei-
gneur, MASS. Aient, Jug. Il faut le dire à l'honneur
des lettres, la philosophie fait un cœur droit, comme
la géométrie fait l'esprit juste, voi-T. Dicl. philos.
Locke. Il Sain, judicieux. La droite raison. Cet homme
a l'esprit droit, le sens droit. || 6° Droit, adv. Eu
droite ligne, directement. Viser droit. Écrire droit.
Le coup lui donna droit dans la poitrine. Que notre
àme s'envole en paradis tout droit, hêgnieh, Sal. vi.
Je vais droit au sénat que je trouve assemblé, du
BYF.R, Scévole, 11, 3. Je m'en allai droit aux Jaco-
bins, PASC. Prov. 2. Mère écrevisse un jour à sa
lille disoit : Comme tu vas, bon Dieu! ne peux-tu
marcher droit? la fo.nt. l'abl. xii, )0. Chez le mar-
chand tout droit il s'en alla, ID. Fabl. viii, ta. La
[chatte] perfide descend tout droit À l'endroit Oii la
laie était en gésine, id. Fabl. m, 6. Une lettre qui
m'est venue droit de Pans, sÉv. 8i. Faut-U croire,
d'après Lucaiii, que les Arveines descendaient tout
droit des Troyens? chateaub. Ciermont, tuo. || Mar-
cher droit, aller droit devant soi. Marcher droit à
l'ennemi, d'ablancolrt, Àrrien, liv. i,dans riciie-
LET. Il Fig. Marcher droit, se bien comporter. Vous
devez marclier droit pour n'être pas berné, MOL. ;^c.
des f. 1, t. Tu n'as qu'à marcher droit quand tu seras
soiis ma garde, J. J. houss. Uél. i, 7. || On dit dans
un sens analogue, aller droit. Quel prétexte I cette
femme ne va pas droit avec moi, Marivaux, le Leji,
se. 6. Cent fois je t'ai vu marcher à la fortune, et ja-
mais aller droit, beaum. Figaro, in, B. || Fig. D'une
manière directe. Aller droit à ses fins. Une autre
voix allant si droit au cœur, la font. Belph. Cela
va droit à demander des gardes, sÊv.463. J'y trouve
un petit endroit allant droit au cœur, id. 43. || Al-
ler droit au fait, ne pas chercher de circonlocu-
tions, en venir tout de suite à ce qui est essentiel.
Le bon abbé, qui va droit au fait, crut que nous
étions riches i jamais, SÊV. 434. || Penser droit, ne
pas se tromper. Vous n'avez point pensé droit sur
la cassolette, sév. 2(5. Je vous prie de me mander
si je pense droit, id. 343. || 6° Terme de pratique.
Chacun en droitsoi, chacun pour ce qui le concerne
et selon les droits qu'il a; en droit signifiant dans la
direction, et, figuiément, dans l'appartenance.
11 7" S. m. Terme de manège. Promener un cheval
par le droit, le faire aller sur une ligne droite, sans
se traverser ni se jeter de côté. || Terme de vénerie.
Prendre, chasser, avoir ou tenir le droit, se dit du
chien qui prend ou suit bien la voie. || Terme de
jeu de paume. Les droits, le côté de la raquette qui
est opposé au revers et oii les cordes sont unies.
I! Uaus le langage des ouvriers, placer une chose
DUO
au droit d'une auire, les placer de manière qu'elles
se répondent exactement.
— RE.M. On peut dire en parlant à une femme :
marchez droit, ou marchez droite, suivantque droit
est pris adverbialement ou adjectivement; mais le
sens n'est pas le même : marcher droit, signifie
marcher en ligne droite; marcher droite, signifie
marcher en tenant le corps droit.
— HlST. xr s. Cil qui custivent [cultivent] la terre,
ne deit l'um travailler [tourmenter], se de leur
droite censé non. Lois de Guill. 33. Menez serez
dreit à Ais le siet [le siège, la demeure], Ch. de
Ilol. XXXV. Dreiz empereres, veiz me ci eu présent,
ib. XXII.
— xu* s. Par droite félonie, Jlonc. 4 0. [Ils ont]
Droites les astes [lances] aus bons espiez moulus,
ib. p. 4B. Droit en sa chambre [elle] en est courant
allée, ib. p. (46. [Plantes] Belles et droites, fres-
ches et verdoiant, ib. p. 1B6. Tout droit à lilaive
[ils] en sont devant aie, ib. p. (06. Puis qu'en vous
sont tout mal esteint. Et tout bien à droit aUimé,
Couci, III. Or le doinst [mon cœur] Diexàdroit port
arriver; Car il s'est mis en mer sans aviron, i6. x.
Et sachez bien, plus n'en orrez [ouïrez] parler;
Car je n'i vol nule droite raison, id. ib. Se vostie
home vous veulent par droite foi aider, Sax. vi.
Mais sache tant li rois, nostre empereres drois....
ib. xviii. Tut dreit devant la sale est à pié descen-
duz; Laiens en est entrez.... Tk. le mart. s».
— xm' s. Et chevauchierent les batailles ensi
corne eles estoient devisées, par dessus le port,
jusques en droit le palais de Blaquerne, villeh.
Lxxiv. Au droit terme que li dus [le duc] leur dist,
il revindrent au palais, id. xiii. Que droit au point
du jour convient qu'ele s'atire [se pare], Berte.xiv.
Quant, pour venir droit ci, [tu] me mets en la sente,
«6. XLviii. Qui bien la regardast à droit et à loisir.
Bien deist que plus belle ne peûst-on choisir [voir],
ib. Lxiii. Comme droit hoir de France [ils] font Pé-
pin couroner, ib. m. [La couronne] Cent mile mars
valoitet plus, à droite vente, ib. x. [Elle] Ne sait
quel part aler pour trouver la plus droite [directe
voie], ib. xxix. [Une robe].... si coiUie et jointe
[ajustée], Qu'il n'i ot une seule pointe Qui à son droit
ne fust assise, la Rose, (22i. Je ferai quanque vous
vodrois [voudrez], Fet Bel acueil, car il est drois
[juste] , Puisque Dangier l'a otroié, «6. 3262. C'est
de la sainte vile qui tant fait à loer, Jherusalem l'a-
pele qui droit la veut nomer, Ch.d'Ant. i, 7. Et cil
quemin furent fet à droite ligne, es liex [lieux] où
ligne se pooit porter sans empeequement [empêche-
ment] de très grant montaigne, beaum. xxv, 2. li
y a bien un autre cas que de droit apel, id. lxi, 2.
Pour les copz des engins aus Sarrazins, lesquiex
avoient seize engins tous drois, joinv. 220.
— xiV s. Là ne se pot tenir de dire sa raison :
ISertran, vous alez droit, si ait m'ame pardon,
Guescl. (3675.
— XV* s. Argent fait avoir bénéfices; Et fait des
drois venir les tors, Et des tors les drois au re-
tors, FROiss. Le dil dou florin. [Eustache de Sl-
l'ierre à ses concitoyens] Je, en droit moi, ai
si grand espérance d'avoir grâce et pardon en-
vers notre Seigneur, si je muir pour ce peuple
sauver, que je veuil estre le premier, ID. i, i, 32(.
C'est que vou? veuilliez encharger les armes de
France et e'i.'jarteler d'Angleterre, et vous appeler
roi de France, et nous vous tiendrons pour droitioi
de France, et obéirons à vous comme au roi de
FraJice.... id. 1, i, OB. Et fut chacun armé et monté
à la droite mie-nuit, id. i, i, 37. Dieu les fit, ainsi
comme par droit miracle, détourner [hors de leur
chemin], id. i, 1, (8 Et prirent terre sur le sa-
blon et sur le droit rivage de la mer, sans havre et
sans droit port, id. i, i, (8. Ou temps de lors, cil
qui mouroient. En enfer tout droit avalloient, Tuit
y alloient ,c'en est lasomme, la Passion de N. S. J. C.
Le roy d'Angleterre, après avoir receu sou argent,
se mist à chemin droit à Callais, cohm. iv , ( < .
— XVI' s. Les autres exercent droites [vraies] bri-
ganderies, en saccageant les maisons.... Calvin,
Intlil. (210. Quand on est en doubte du plus court
chemin, il fault tenir le droict, uont. i, (32. Il y
avoit une grande isle.dioictà la bouche du des-
troit, ID. I, 2)0. J'ay veu le roy Henri II ne pouvoir
nommera droict un gentilhomme de ce quartier de
Gascoigne, id. i, 344. De biais ou de droict fil, ID.
u, 363. Elle s'appeloit en son droit nom Acca La-
reulia, amïot, lloin. 0.
— ÊTVM. Berry et picard, drci ; génev. t:cneî
droit à midi, à midi juste, U droit d une étoffe,
l'endroit ;provenç. dreit, dreg,dreich,dret, drech;
catal. dret; espagu. dtrecho; portug. dereilo, di-
1)110
r«t(o; ital. drillo, direlto; du latin directut, par-
ticipe passé de dirigne (voy. iubiger).
2. DROIT, DKOITK (droi, droit), adj. || 1* Qui
est opposé à gauche, c'est-à-dire opposé au côté où
est le cœur. I.e bras droit. La main droite. L'aile droite
dune armée. || Fig. Être le bras droit de quelqu'un,
être son agent principal, indispen.sable. || En fait
d'aumône, Il ne faut pas que la main gauche sache
ce que fait la droite, ou que votre gauche ne sache
point ce que fait votre droite, c'esl-àdire, évitez
avec soin de faire connaître vus bonnes œuvres, évi-
tez l'ostentation de la charité. Car toujours leur main
gauche ignore Ce que leur main droite a donné,
LAMARTINE, Cantate pour les enfants d'une maison
de charité. || La rive droite ou la droite d'une ri-
vière, se dit du rivage placé à la droite d'une
personne qu'on sujijiose être sur la rivière et en
descendre le courant. || Le côté droit d'une as-
semblée, celui qui est à la main droite du pré-
sident. Il Le ventricule droit du cœur, celui qui
reçoit le sang veineux et qui est situé dans la
portion du cœur qui regarde le bras droit. || 2" S.
f. La droite, le côté droit. La droite du tableau.
Il Donner la droite à quelqu'un, le placer à sa droite
pour lui faire honneur. || Lsi dioite, la main droite.
Le fils de l'homme est assis à la droite de Dieu,
MASS. Carême, Pu». || La droite, l'aiIe droite d'une
armée. La droite de l'ennemi. || Dans nos a.ssembléei
parlementaires, la droite, les membres qui siégeaient
au côté droit et qui, opposés aux idées révolution-
naires, soutenaient les choses et les personnes at-
taquées par laUévolution. Trouvez-moi une tournure
plus propre [que l'apostrophe] à étonner la droite,
à mouvoir le ventre"? p. L. cour, i, 2(». || 3° Poéti-
quement ou dans le style biblique, la main. Ce
Uomain a brûlé sa droite triomphante, du rter,
Scécole, v, i. Les ministères saints qu'il [un théolo-
gien] appelle les ouvrages de la droite, pasc. /'rot>.
2, rifutaiion. Que votre main se fasse sentir à tous
vos ennemis; que nul de ceux qui vous haïssent n'é-
chappe à votre droite, saci. Bible, psaume xx, ti.
Comme un jouet vivant ta droite m'a saisi , lamaut.
Méd. 1, 2. Tous deux [Napoléon et sou fils] sont
morts; Seigneur, votre droite est terrible! v. Huco,
Crép. v. Il 4° X droite, loc. adi. Du côté droit. Tour-
ner à droite. Prendre à droite. || Subslantivement,
dans le langage miUtaire, un à droite, mouvement
d'une troupe qui se dirige du côté droit. || Terme
de d^inse. À d.''oiie, expression abrégée pour chas-
sez à droite, faites un cliassé à droite. || k droite et
à gauche, des deux côtés du corps. Frappera droite
et à gauche. La Baguenodière ne put dabord que
les pousser des coudes à droite et à gauche, ses
mains étant embarrassées dans sa casaque, scah-
RON, lioman corn, u, (7. |{ De tous côtés. 11 entend
à droite et à gauche différents propos sur son
compte. Il Prendre à droite et à gauche, recevoir
de toutes mains, tirer de l'argent de difléreutcs per-
sonnes.
— KEM. A droit, parce qu'on sous-entendait cêté,
s'est dit, dans le xvu* siècle, au lieu de à droite,
que nous disons aujourd'hui; c'est un archaïsme.
Mon cœur ou à droit ou à gauche est tout plein de
vous, SÊV. 425. Les voyageurs sans guide assez .sou-
vent s'égarent. L'un à droit, l'autre à gauche ...
BoiL. Sal. IV.
— IllST. xvi" s. Le coup déclina k droict par la
brusque hastivelé de Pantagruel, rab. Pant. 11, 2;'.
Cette apparence de verisimilitude qui les faict pren-
dre plustosl à gauche qu'à droicte, augmentez la,
MONT, u, 318. Il estendit sa main dro.cte sur le feu,
AUYOT, Pttbl. 33, Or s' estoient les chevaliers romanis
tous jetiez en la poincle gauche, comme nous avons
desja dit, en inleutiou d'enveloppe; U droite do
Cjesar par derrière, id. César, 58.
— ÊTYM. Provenç. drech. On a jiréteudu que droit
venait du latin deiler, par permutation de l'r; mais
dexter avait donné diestre qui a été usité jusqu'au
XVI' siècle, époque à laquelle droit a commencé à
l'emporter. Droit en ce sens n'est pas aulie cbo»e
que le précédent (voy. droit (), direct ayant été
dit pour dextre, comme gauche, qui proprement
signifie de travers, a été pris pour setustre. L'ital.en
ri KO (du bitin reclus) qui signifie drott, opposé à gau-
che, le prouverait, si autre preuve était nécessaire.
3. DROIT (droi; le ( se lie: un droi-t onéreux; au
pluriel, r* se be: des droî-z onéreux), s. m. \\ 1* Ce
qui est droit, ce qui est fondé sur la rectitude du
sens ou du cœur. Cela est contre tout droit et rai-
son. J'ai pour moi le droit et U raison. Le droit
n'est autre chose que la raison même, et la raison
la plus certaine, puisque c'est la raison reconnue
par le coaseulemeut des hommes, uoss. Yar. Xurt.
DRO
DRO
DRO
1245
v«, § 33. Il II ne se dit guère en cet emploi que
juiiit a» mot raison. || Avec droit, conformément
au droit. M,i coltire avec droit condamne ma raison,
BOTBOU, Bélis. V, 6. Il 2° Ce qui est conforme à la
loi, ce qui a rapport à la loi. Il a le droit pour lui.
Point de droit. Question de droit. Distinguer le
droit et le fait. Kn fait et en droit. Kn droit il a
raison. On examine deux questions, l'une de fait et
l'auue de droit , pasc. Provinc. t. || Bon droit,
mauvais droit, ce qui est bien ou mal fondé en
légalité. Je me garderai bien de vouloir qu'on
le [un arrêt] casse; On y voit trop à plein le bon
droi'. maltrailé, mol. ilis. v, (. Mais qui voulez-vous
donc qui pour vous sollicite? — Qui je veux? la
raison, mon bon droit, l'équité, id. ib. I, t. S'il a
fait gagner le procès à celui qui n'a pas bon droit,
PASC. Prov. 8. Ce qu'un juge prend d'une des par-
ties qui a mauvais droit, ID. ib. ». || Par extension.
X lion droit, selon toute raison. C'est à bon droit
qu'on recommande la tempérance. [Je] Leur ai dit
la langueur Dont votre majesté craint à bon droit
la suite, la font. Fabl. viii, 3. C'est à bon droit
que l'on condamne à Rome L'évêque d'ïpre, au-
teur de vains débats, lo. Bail, sur Escobar. Au
bout de quelque temps l'homme va voir son or; Il
ne retrouva que le gîte. Soupçonnant i. bon droit
son compère.... id. Fabl. x, 6. ju'àbon droit votre
gloire en tous lieux est semée! bac. Phèd. li, 2.
Oui pourrait en douter? moi; cependant j'avoue
Que d'un rare savoir à bon droit on le loue, gilb.
le XVIW siècle. |] Faire droit, rendre bonne justice.
Il s'empressait de faire droit à tous, Boss. Pensées,
27. Est-ce li faire droit? est-ce là comme on juge'/
HAC. Plaid. I, 7. Il Faire droit à une demande, sta-
tuer sur une demande, et, en un sens plus général,
l'accorder. || Kn procédure, avant faire droit, avant
de juger définitivement. Jugement « ant faire droit.
Il Substantivement. Prononcer uu avant faire droit.
Il Donner droit à quelqu'un, lui donner raison. || De
droit, loc. adv. En vertu de la loi. Possesseur de
droit. Il De droit, de plein droit, sans qu'il y ait ma-
tière i contester légitimement. Ses grâces appar-
tiennent de droit aux pauvres, boss. Serm. sept.
Les honneurs n'appartiennent de droit qu'à des âmes
modérées, fléch. Ilont. La défense est de droit, la
vengeance est infâme, M. j.ohén. Charles IX, iv, t.
Il En jurisprudence. De droit, sans qu'il soit besoin
- d'une décision judiciaire, ou d'une sommation préa-
lable. Il Familièrement. Plus que de droit, plus qu'il
ne convient. Si la belle Plus que de droit ne se mon-
trait cruelle, la font. Orais. || X qui de droit , à une
personne ayant droit spécial ou confiance. L'héritage
échut à qui de droit. || 3° Faculté reconnue, natu-
relle ou légale, d'accomplir ou de ne pas accom-
plir un acte. Droit de chasse, de pêche. Droits ci-
vils. Droits politiques. Droits imprescriptibles. Les
droits des peuples. Le droit de propriété. Trans-
porter ses droits. Relâcher de son droit. Les
droits d'un prince sur un trône. Lui qui n'a pour
l'empire autre droit que ses crimes, cohn. Uèracl.
1, î. Chacun a le droit de défendre son bien, pasc.
Prov. 1. La seconde (part] par droit me doit échoir
encor, la font. Fabl. i, «. Ce que cette chaire,
ce que ces autels, ce que l'Ëvangile que j'an-
nonce et l'exemple du grand ministre dont je cé-
lèlire les vertus, m'oblige à recommander plus que
toutes choses, c'est les droits sacrés de l'Église,
BOSS. Je Tellier. Madame, j'ai sur lui de véritables
droits. Que je saurais sauver du caprice des lois,
RAC. Phéd. u, 2. Rome me fit jurer de maintenir
ses droits, id. Bérén. iv, 5. Leurs usages, leurs
droits ne sont point mon exemple, volt. Zaïre, i,
2. Quel droit as-tu reçu d'enseigner, de prédire?
— Le droit qu'un esprit vaste et ferme en ses desseins
A sur l'esprit grossier des vulgaires humains, id.
Fanal, u, B. Il pense, en m'immolaut à ses secrets
desseins, Appuyer de mes droits ses droits trop in-
certains, ID. Sémiram. u, t. Je perds le plus beau
droit, celui de faire grâce, id. Guèb. iv, 2. || Droit de
copie, droit de propriété qu'un liljiaire acquiert sur
un ouvrage littéraire, imprimé ou manuscrit.|| Avoir
droit de, avoir qualité U"gale ou autre pour quelque
chose. Lui seul a droit d'entrer dans le s,inctuaire
véritable, mass. ilyst. Pur. di.'^p. || Et qu'elle [Rome]
seule a droit sur l'empire du monde, mair. Mort.
d'Àsdr. Il, i. Il Aller sur les droits de quelqu'un, lui
ôler ce qui lui appartient. Ce serait aller sur les droits
de ma fille, sÉv. 2. || Dans la philosophie morale, droit
se dit par opposition à devoir. || Terme de pratique.
Une fille usante et jouissante de ses droits, une
fille majeure qui a la disposition de son bien. || Dé-
claration des droits de l'homme, manifeste publié par
la Constituante en (789 et exposaul les droits que
l'on regardait alors comme devant appartenir à tous
les hommes, à tous les citoyens; tout exposé sem-
blable qui précède une constitution. || Droits acquis,
ceux qui viennent du fait de l'homme ou de conven-
tions, par opposition à droits naturels. || Droits na-
turels, ceux que l'on regarde comme appartenant
à tout homme en sa simple qualité d'être humain.
Il Droit de cité, la bourgeoisie, les droits qui ap-
partiennent à un citoyen, à un bourgeois. || Droit
d'aînesse, droit qui fait passer l'héritage entre les
mains de l'aîné d'une famille. || Fig. L'invention des
arts étant un droit d'aînesse, la font. Fobi. m, (.
Il Les droits féodaux, les droits qui appartenaient
aux seigneurs sur leurs vassaux et leurs serfs.
Droit de glaive, droit de connaître des crimes qui
méritent la peine de mort ou une autre peine af-
flictive. Il Droit du seigneur, droit par lequel un
seigneur avait la première nuit d'une nouvelle
mariée. Et tous vos tendrons Subiront l'honneur
Du droit du seigneur, bérang. Carab. || Avoir
droit sur la vie de quelqu'un, pouvoir en disposer.
Et jamais on n'a droit sur ceux [les jours] du sou-
verain, COHN. Cinna, v, 2 Quel droit aviez-vous
sur cette illustre vie? id. Pomp. m, 2. Il a sur nous
un droit et de mort et de vie, ID. Uor. v, 2. Un parti-
culier n'a pas droit sur la vie d'un autre, pasc. i^rot;.
(4. La Grèce a-t-elle encor quelque droit sur sa vie?
bac. Àndrom. i, 2. || Le droit du plus fort, la vio-
lence. Il usait du droit de la force avec autant d'as-
surance, avec aussi peu de remords, que s'il avait
connu le droit divin, le droit politique et le droit
civil, BAY.NAL, Hist. phil. xiv, 37. || Dans le même sens.
.... Rome est dessous vous par le droit de la guerre,
CORN. Cinna, u, < . Ces monlagnes de morts.... Sont les
titres affreux dont le droit de l'épée, JustifiantCésar,
a condamné Pompée, iD.Pomp. 1,1. || Dequeldroit?...
en vertu de quel droit, c'est-à-dire de quelle rai-
son, de quelle autorité.... De quel droit les Français
portant partout leurs pas...? volt, Tancr.\, i. || Cor-
neille a dit : à quel droit? X quel droit voulez-vous
vous emparer du mien [bien]? Tbéod. v, B. || Pren-
dre droit sur, s'appuyer sur, s'autoriser de. Je prends
droit là-dessus contre le bramin même, la font.
Fabl. IX, 7. Ils prendront droit de me persécuter,
MOL. 2» placet. Je prends droit sur ce qu'il nous a
lui-même avoué, boss. Déf. comm. || Fig. En par-
lant des choses. De qui le faux brillant prend droit
de m'éblouir, corn. Hor. m, 1. 1{ Être en droit de,
avoir le droit de. Vous m'aurez mise en droit de
disposer de moi, tu. corn. Ariane, iv, 4 Oui
vous pouvez tout dire. Vous en êtes en droit....
MOL. Mis. v, 7. Pour être en droit de lui dire mes
sentiments, sév. 44. L'honneur qu'il vous a fait
vous met en droit de le remercier, id. 49o. Elle n'é-
tait plus en droit d'en faire [des reproches] , hamilt.
Gramm. <). Le père est en droit de punir ses en-
fants, fén. Tél. viii. Où chaque famille se crut en
droildesefairejuslice,iD. ib.xxiii. || Ètreen droit, au
xvui* siècle, se disait des choses, et Voltaire blâme
avec raison cette locution. Vous lirez dans nos livres
nouveaux de philosophie que les éclipses sont en
droit d'effrayer le peuple, volt. Dict. phil. Lan-
gues. \\ i° Ce qui donne une influence, une auto-
rité morale, etc. Ne pas méconnaître les droits
du sang, de l'amitié. Mais vous ne savez pas ce
que c'est qu'une femme, Vous ignorez quels droits
elle a sur toute l'âme, corn. Poly. i, t. La na-
ture en tout temps garde ses premiers droits,
ID. Hor. III, 4. Je défendrai mes droits fondés
sur vos serments, bac Iphig. iv, 6. Elle était en
état de reprendre ses premiers droits sur le cœur du
roi, HAMILT. Gramm. u. De l'hymen, de l'amour il
faut venger lesdroits, volt. Mx. m, B. Qui connais-
saient les droits de l'hospitalité, id. Oreste, iv, B. Il
n'y avait plus pour les vestales qu'à descendre de
ce haut point de considération, par ce droit éternel
des révolutions qui entraînent les empires et les re-
ligions mêmes, Hist. des vestales, dans desfontai-
NEs. Je fais le philosophe ici; mais si j'avais affaire
à lui, je verrais si cet homme a tort de s'habiller
ainsi, et si ces habits superbes ne reprendraient pas
sur mon imagination les droits que ma morale leur
dispute, MARIVAUX, dans desfontaines. Cet avan-
tage n'a point de droit sur mon esprit, lamotte,
dans desfontaines. Je me fais de vos éloges un droit
sur votre loisir, l'abbé uouteville, dans desfon-
taines. Il Avoir droit de, avoir lieu, sujet de. Le
Capitole a droit d'en craindre un coup de maître,
CORN. JVicom. m, 2. || Il se dit aussi des choses. Sans
doute un tel service aura droit de me plaire, cobn.
Sertor. u, 4. Sa présence toujours a droit de vous
charmer, :d. Polyeucte, v, 3. Ce traitement, ma-
dame, a droit de vous surprendre, rac. Alex, v, 3,
Il 5* Ensemble des règles qui régissent la conduite
de l'homme en société, les rapports sociaux. |{ En-
semble des lois et des coutumes qui régissent chaque
peuple. Droit français. Droit romain. || Ensemble
des règles propres à une partie de la législation.
Droit commercial. Droit maritime. Droit rural.
Il Droit canonique ou droit canon, ensemble des lois
de l'Église. Comme j'avais pris, à d^ux fins, mes
premières inscriptions à l'école du droit canon...
mabmont. Uém. ii, p. <72. || Droit naturel, ensem-
ble des règles communes à tous les hommes, rè-
gles qui dérivent de la nature de l'homme. Le
droit naturel se lie à la morale; l'un et l'autre ont
le même fondement et à peu près le même objet,
BONNET. Œuvres mêlées, t. xviii, p. t'S, dans
POUGENS. Il Droit naturel, droit idéal vers lequel
doivent tendre les législations. || Droit positif, droit
établi par le pouvoir social chez chaque peuple.
Il Droit des gens, droit commun à tous les hommes
et admis pour tous. || Droit des gens, droitqni règle
les rapports des différentes nations, ou d'individus
de différentes nations. Le droit des gens est natu-
rellement fondé sur ce principe : que les diverses
nations doivent se faire dans la paixle plus de bien,
et dans la guerre le moins de mal qu'il est possible,
sans nuire à leurs véritables intérêts, montesq.
Espr. I, 3. Il Droit des neutres, règles que les puis-
sances belligérantes doivent observer à l'égard de
celles qui ne prennent pas part à la guerre, surtout
dans ce qui a rapport au commerce. || Droit civil,
droit qui règle les intérêts privés. Il se prend par
opposition à droit canonique, droit public, droit
criminel, droit commerciaL || Droit public, droit qui
règle l'organisation de l'Éiat, les rapports de l'État
et des citoyens, les rapports des nations entre elles.
Il Droit constitutionnel ou politique, droit qui con-
cerne la forme du gouvernement et les pouvoirs
publics. Il Droit administratif, droit qui règle l'ap-
plication du droit public. || Droit divin, droit consi-
déré comme établi par Dieu. || Droit divin, droit par
lequel les princes tiennent leur autorité de Dieu et
non de la volonté des peuples qu'ils gouvernent. Mo-
narchie de droit divin. || Droit humain, droit fondé
uniquement sur la nature des hommes et sur leurs
conventions, sans intervention divine ou religiouse.
Ses titres n'étant pas de droit humain, il prétend
qu'ils sont de droit divin; mais nous sommes assu-
résqu'ils sont de droit diabolique, volt. Lelt. Mille,
13 sept. 1771. Il Droit social, droit positif et conven-
tionnel de l'homme en société, par opposition au
droit naturel. {| Droit international, ensemble des
lois qui régissent les nations entre elles. |( Droit di-
plomatique, ensemble de tous les rapports qui peu-
vent s'établir entre les diverses nations par suite Je
contrats formels; réunion de toutes les stipulations
faites de peuple à peuple. {| Droit politique, syno-
nyme de droit public. Il Droit privé, synonyme de
droit civil. || Droit domestique ou de famille, partie
du droit civil réglant tout ce qui se rapporte aux in-
térêts des époux, des enfants, en un mot de la fa-
mille. || Droit criminel, ensemble des lois qui défi-
nissent les infractions contre la paix et la sécurité
du pays et des habitants, en règlent la poursuite et
en fixent les peines. || Droit commercial, ensemble
des coutumes et des lois écrites destinées à régler
les relations des négociants entre eux pour les opé-
rations de leur commerce. Il Droit maritime, en-
semble des lois, règlements et usages, suivis pour
la navigation, le commerce par mer, et dans les
rapports soit de paix, soit d'hostilité des puissances
navales entre elles. || Droit judiciaire, collection des
lois concernant l'organisation de la justice et Jes
formes de la procédure. || Droit militaire, ensemble
des règles qui établissent les devoirs de l'homme de
guerre et punissent toutes les infractions à ces de-
voirs. || Droit religieux, partie de la législation qui
règle la célébration extérieure du culte. || Droit ro-
main, règles prescrites dans la république romaine
et dans l'empire romain par les lois proprement
dites, par les plébiscites, les sénatus-consultes, les
constitutions des princes, les édits des magistrats,
etc. Il Droit français, ensemble des lois , des coutu-
mes et des institutions qui ont été ou qui sont en-
core en vigueur en France. || Droit écrit, droit ré-
digé et promulgué par le législateur. Droit non
écrit, droit établi par l'usage et la coutume. || Droit
écrit, nom donné au droit romain, qui s'observait
dans plusieurs provinces de France. Le Dauphiné,
la Provence, le Languedoc, la Guyenne, le Lyon-
nais étaient des pays de droit écrit. || Droit coutu-
mier, droit fondé sur la coutume. Un avocat devait
savoir le droit coutumier. || Droit féodal, partie de
la science du droit qui avait pour objet de régler
1246
DRO
les rapports des seigneurs féodaux, soit avec le su-
zerain, soit entre eux, soit avec leurs vassaux.
Il Droit ancien, droit antérieur à I780. Droit nou-
TCâu, droit postérieurà (789. || Droit intermédiaire,
lois rendues depuis <789 jusqu'au code civil. || Droit
commun, celui qu'on observe généralement, ainsi
dit par opposition aux dispositions qui l'abrogent en
certains cas, et que par ces motifs on nomme ex-
ceptionnelles. Il Droit de la guerre, certaines régies
qu'on doit observer en faisant la guerre. || On dit
que telle disposition ou partie de la législation est
de droit étroit, c'est-à-dire qu'il faut rigoureuse-
ment en appliquer les termes et le texte, parce
qu'elle s'éloigne des principes généraux et du droit
commun. Les nullités et les incapacités sont de droit
étroit. Il 6* Connaissance, science des lois. Étudier le
droit. École de droit. Professeur en droit. Les étu-
diants, les élèves en droit. Ëtudieren droit, faire son
droit, fréquenter les écoles où Ion enseigne le droit.
Un homme admirable pour enseigner le droit, SÊV.
438. Il Connaissance de ce qui est juste et équitable.
Il 7° Impôt, taxe. Droits d'octroi, dédouane, d'en-
registrement. Un fou de cour prenait un droit sur
les filous et sur les filles publiques, volt. Ucsuts,
82. Il Demi-droit, amende fixée à la moitié du droit,
et de laquelle sont passibles ceux qui n'ont point
fait, dans le délai voulu, la déclaration desbiensà
eux transmis, ou qui n'ont pas payé dans le dé-
lai voulu les droits auxquels cette transmission
est soumise. || Droit d'ancrage, somme payée par
un navire qui jette l'ancre dans un port ou sur une
rade. Sa Majesté a vu ce qu'il écrit concernant le droit
d'ancrage; et, comme il n'y a rien de plus légitime
que le droitde M. l'amiral, c'est audit sieur Demuyn
à examiner si, du temps de M. le duc de Vendôme
et de M. le duc de Beaufort, le droit d'ancrage ne
se payait pas pour les bâtiments qui étaient char-
gés de marchandises pour les arsenaux. Lettre du
i juin («79, dans JAL. || Droits réunis, sous le pre-
mier empire, les impôts qui portent maintenant le
nom de contributions indirectes. L'administration
des droits réunis. || Fig. Sur tous ses compagnons
Atropos et Neptune Recueillirei.t leur droit.... la
FONT. Fabl. vu, a. Il 8° Salaire donné à quel-
qu'un par la taxe, par un règlement. Droit de si-
gnature. Droit de présence. || Droit d'avis, ce que
l'on donne à une personne pour des instructions
utiles qu'elle a fournies. Celte locution a vieilli.
Il Terme de chasse. Droit des chiens, nom de quel-
ques morceaux qu'on leur donne en curée, tels
que la cervelle et le col. Menus droits, les parties
intérieures de l'animal, qu'on attache à la fourche
pour le dernier salaire des chiens. || 9° X droit ou à
tort, loc. adv. Justement ou injustement. || X tort
et à droit, sans examiner si la chose est juste ou in-
juste. Il veut ce qu'il veut, à tort et à droit. || Pro-
verbes. Où il n'y a pas de quoi , le roi perd son droit,
signifie qu'il est inutile de rien réclamer aux insol-
vables. Il Bon droit a besoin d'aide, veut dire qu'il
ne faut pas négliger la sollicitation dans les meil-
leurs procls. Il Abondance ou surabondance de
droit ne nuit pas. || C'est le droit du jeu, signifie
que la coutume est d'agir ainsi.
— REM. Dans la locution avoirdroit, le mot droit,
étant sans article, ne peut, à la rigueur, être re-
présenté par le pronom le. Cependant on ne con-
damnera pas des phrases aussi claires que celle-ci :
Chacun croit toujours avoir droit, lors même qu'il
ne l'a pas, bouroal. 4a* dtm. après laPentec. Do-
mint'c. t. m, p. 340.
— lilST. IX* s. Si cum om per droit son fradra
[frère] salvar dist [doit]. ...Serment.
— XI* s. Conseil d'orguel n'est dreiz que à plus
mont [monte], Ch. de Roi. xv. Paien ont tort, et
chrestien ont dreit, ib. Lxxvii. Tu me snisis ne à
dreitne à tort, ib. clxvii. Conseillez-mei à dreit et
à honur, t6. CLXxiv. De Guenelon car me jugez le
dreit, ib. ccLXxiii. [11] Fait cens garder très que
dreiz en sera, ib. cclxxx. Deus face bui entre nous
deus le dreit, ib. cclxxxv.
— XII* s. Son bon droit, flonc. p. ti. Bers [vail-
lant] est li rois, drois est que l'on le sache, ib.
p. t6«. Ancui verrons nostre grant droit monstre
[prouvé], ib. p. tss. Bien [je] sai qu'en vous amer
n'ai droit, S'amor nem'i eUstdoné, Coud, ut. Dont
[donc] doi-je bien par droit estre joieus, ib. vu. Je
ne tieng pasl'amor à droit partie, Dont il convient
mourir ou trop amer [aimer], ib. xxi. |Ce roi) Qui
servise et chevage nous requiert tantes fois; De che-
vage est pechiés; mais du servir est drois, Sax.
xviii Ne t'csmaier mie, empereres courtois, Tou-
jours te conduira U créance et tes drois [ton droit], ii>.
— XIII* s. Nostre droit ne seroit mie conté par
DRO
tout [nos raisons ne seraient pas expliquées partout],
villeh. xxxviii. Ne doit mourir qui, de tout pris,
se rent : Non voir [vraiment] par droit.... f.ustache
LE PEINTRE, dans Coud. Doiens en fu rois Flores,
ce fu raison et drois, Berte, lxi. Bons rois, faites
qu'il soient tost à leur droit offert [qu'ils aient ce
qu'ils méritent], ib. xciii. Me sire li rois vous se-
mont et ajorne à Paris, sa cité, d'ui en quarante
jours, pour faire droit par vos pers de çou [ce] qu'il
vous demandera corne son home lige, Chron. de
Rains, t32. Quant li derreniers jors vendra, Que
mors son droit des cors prendra, Car icel jor, bien
le recors, Ne nous toldra [ôtera] fors que le cors, la
Rose, 8)70. Chascuns qui de droit escript use, ib.
8226. Et que ses homes et sonpueple et totes ma-
nières de gens alant et venant.... fussent menés et
justiziés à dreit et à rai.son, Ass. de J. i, 22. La
resonporquoi sainte Eglise ne doit pas garantir les
robeors de cemins, si est tele que tuit crestien, de
droit commun , doivent sauf aler et sauf venir par
les cemins, beaom. xi, 20. Selon le droit naturel,
cascuns est frans, id.xlx, 4 9. Nus drois ne doit estre
vendus, m. xxxiv, 33. Nous Looys, par li grâce de
Dieu, roy de France, establissons que touz nos bail-
lifs.... facent serement que.... il feront droit à chas-
cun sans excepcion de persones, joinv. 294. Et je li
diz : Sire , il seroit à bon droit que il vous en avenist
aussi comme il fist à Madame de Bourbon, ID. 287.
— XIV* s. Et juste le^'al ou droit positif est ce en
quoy il ne avoit pas différence ou comancement,
OBESME, Eth. 456. En ceste vie humaine, ceulx qui
font operacions de bonnes choses et de très bonnes
oeuvres, il sont, à droit dire, nobles, excellens et
beneurés, id. ib. 4 9. Et à ce sont pluseurs drois ca-
nons et civils, ID. ib. 462. Superhabundance est vi-
cieuse, et deffaute est vitupérée et blasmée, et le
moien est loé et à droit mis, iD. ib. 44. Ce appar-
tient plus à la science de droit, id. ib. 61. Mais on
dit, il est vrai, et li sages l'afie, Que li dioiz à la
fois [parfois] a bien mestier d'aye [besoin d'aide] ,
Guescl. 5462.
— XV* s. Le héraut a droit; j'ai eu tort de lui blas-
mer, froiss. ii, ii, 242. Or me laissez, dit GalanJ,
faire avant le droit de l'espée; car nul ne la doit
avoir qui n'en puisse le poing [la poignée] empoi-
gner, et lors pourrez vous bien veoir se elle sera
mienne, Lancelot du lac, f° 407,dans lacchne. Et
le roy, regardant le faict, en vouloit faire justice,
comme appartient de droict à un chasoun faire, al.
chabt. Cliarles Yll La beaulté De celle que
l'on doit nommer Par droit la plus belle de France,
CH. d'obl. Bal. 35. Si le contraignit nature, qu'elle
eut ses droits de repos, et de fait, bien fermement
s'endormit, louis xi. Août), xi.
— XVI* s. Morgant, pour son profîciai ^t menuz
droictz, lui donna neuf niuiz de bière, rab. Pant.
Il, 30. Faire droict à un chascun, id. ib. m, 4. Bon
droict ha mestier d'aide, id. ib. X tort ou à droict,
MONT. I, 22. Par ce moyen ils aiguisoient ensemble
leur entendement , et apprenoient le droict [le juste] ,
ID. I, 4 5). Le membre moins malade s'appelle sain,
et à bon droict, id. iv, 4 34. Je suis ici pour te faire
droit, et non pas à moy, amyot, Arist. 9. Quand le
prince est absent, tousjours le droict a tort, bons.
880. X bon droit aider on doit, leboux de linct,
Prov. t. Il, p. 226. Force passe droit, id. ib. p. 3oo.
Force n'est pas droit, ID. ib. Droict escript est ce qui
est baillé par escript, comme les loix et les statuts
ou estahlissemens qui sont baillés au peuple, et sont
les loix appellées droict civil, et les decretales droict
canon. Droict non escript est ce que long usage a
conformé, ou les longues coustumesqui sont confer-
mées par l'assentement de ceux qui en usent, et
sont tenues comme droict, Gr. coul. de Fr. p. 403,
dans lacuhne.
— ÉTYM. Droit 4; provenç. dreit, dreich, dret;
catal. dret; espagn. direcho; portug. dereito, di-
reito; ital. dritto, diritlo.
DROITEMENT (droi-te-inan), adv. D'une manière
droite, équitable, avec droiture. Agir, penser, ju-
ger droitement. L'homme juge droitemeut, lorsque,
sentant ses jugements variables de leur nature, il
leur donne pour règle les vérités éternelles, boss.
Connaiss. iv, 6. Ceux qui mettent la vertu trop
haut.... ne doivent pas se vanter d'aller droitement,
sous prétexte qu'ils semblent chercher une régula-
rité plus scrupuleuse, ID. Cornet.
— KEM. Bouhours {Nouv. Remarques), répondant
à ceux qui condamnaient cet adverbe, dit: « Il est
employé par des personnes d'une grande politesse;
il faudrait être bien hardi pour le condamner. »
— HlST. xii's. La loi Jesu as tenu droitement,
Ronc. p. 402. Il XIII* s. Après chevaucha droileMient
DRO
à une autre cité qui avoit non Arredoie, viileh.
cLii. Il xv* s. Si fut cette chose si approchée, que,
ilruitement, la nuit de l'an, la chose fut arresté*
d'estre faite, fkoiss. i, i, 326. || xvi* s. Ce qu'on
sçait droictemeiit [bien], on en dispose sans regar-
der au patron, sans tourner les yeuli vers son livre,
mo.nt. I, 463. Usant de son éloquence droittemenl
et librement pour la defen.se de la justice, id. Publ.
). U coula un bandeau, qui tomba droittement sur
la teste de Timoleon, id. Timol. lo.
— ÉTYM. Droite, et le suffixe ment; provenç.
dreilamen, drechamen; catal. drelament; espagn.
dereclamente ; portug. direitamente ; ital. drilla-
meiite, diriltamenle.
DROITIEK, ÈRE (droi-tié, tiê-r'), adj. Qui seseit
mieux de la main droite que de la main gauche. Il
est droitier et non gaucher. || Subst. Lts droitiers.
— HlST. XVI* s. Droictier [adroit], ouDiw, Dict.
— ÉTYM. Droit i.
DROITURE (droi-tu-r'), *. f. || 1* Direction qui ne
s'écarte ni à droite ni à gauche. La droiture du che-
min. Il Vieilli en ce sens. || En droiture, loc. adv.
Directement, en droite ligne. Combien voulez-vous
pour me mener en droiture à Venise? volt. Cand.
4 9. Je prends le parti de t'envoyer cette lettre en
droiture à Genève, t. j. bouss. Ilél. v, )3. || Fig.
Tout est bon et va en droiture, boss. Lett. quiit. 296.
Les espérances de négocier en droiture avec les
Persans s'évanouirent, volt. Russie, u, 42. || La lo-
cution en droitureest en usage, bien que droiture au
sens propre ait vieilli. || Terme de graveur. Taille
roide, longue et mal contournée. || 2* État d'un es-
prit droit et judicieux. Force et droiture d'esprit. U
sentit par la droiture de son esprit que cet art de
prédire [astrologie] ne pouvait être que chimérique,
et il craignit par délicatesse de religion que les suc-
cès ne fussent la punition de ceux qui réussissaient,
FONTEN. Cassini. || 3° État d'une âme droite et loyale.
Agir avec droiture. La droiture du cœur. Ocher un
grand fonds de perfidie sous des apparences de droi-
ture, BOUHOUBS, d'^ubusïon, bv. u, dans biche-
let. Il faut faire une déduction équivalente à tout
cela comme d'un temps perdu; en quoi il faut u.ser
d'une grande droiture, vaub. Dîme, p. «2. Une
■Ime sans droiture, sans vérité, mass. Av. Jugement.
M. le duo de Berry avait de la droiture; il ne se
doutait seulement pas ni de fausseté ni d'artifice,
ST-siM. 294, 23. ô mes hérosi cœurs faits pour la
droiture. Faits pour l'amour, la sagesse et la paix I
HALFiL. Narcisse, ch. l. Un mortel généreux con-
naît mal l'imposture; Aisément dans un autre il
croit voir sa droiture, nucis, Macbeth, i, 4,
HlST. xii* s. Vainque pitié, douce dame, et
droiture, Couct, xi. LasI chascun chante, etjeplor
et souspir. Et si n'est pas droiture ne raisons, ib,
xiii. Amors, amors, je muir [meurs] et sans droi-
ture [justice), t6. p. 4 26. De sainte iglise en puet la
droiture (les droits] périr, El as clers et as lais puet
à perle venir. Th. le mart. uo. || xiii* s. Si vous
prie, biaus niés [beau neveu], que vous m'aidié»
ma droiture à garder, Chron. de Rains, 47). Et
puis apriès la daumiiiue [dalmalique] en quoi on lit
l'Evangile, qui doiliestre blance et senefie droiture,
ib. p. 4 04. Kenart s'en va grant aleiire; Li lévrier
viegnent à droiture, Ren. suts [IIJ mis aroil à
sa droiture Le grant orguel qui le fait révéler [re-
beller, révolter]. Et en verroit [viendrait] plustost
à repentance. Poésies mss. t. iti, p. 4 2b7, dans la-
CURNE. D'amors est itel la droiture. Et fu, et tosjors
sera; Cuer qui en li maint [demeure] et dure. S'il
est bon, mels [mieux] en vaudra, ib. t. ii, p. 579.
Son n'en rent au sengneur aucune de ses droitures,
ch'est à savoir chens [cens], rentes ou redevances,
BF.At;M. xxiv, 8. Car quant dant Denier [l'argent]
vient en place. Droiture faut, droiture efface, Bu-
teb. 2'22. Li commandementde droit sont cist: Vivre
honestement, garder soi de grever autrui, rendre à
chascun sa droiture, le Conseil de pierre de font.
477. Il XV* s. Il faisoit lever les rentes, les tonlieui
[impôts], les vinages, les droitures et toutes les reve-
nuesque.... fhoiss. i, i, 65. AJonc firent au corps
toutes ses droictures honnorahlement comme il
apparlenoit à ung roy, et l'enterrèrent leans, Lan-
celot du lac, t. ut, 1* 1)3. Il XVI* s. Ce me semble
contre droicture [équité], l. marot, v, 300. Pour
reparer l'offense très amere, Qu'Eve commist contra
toute droicture.... id. v, 334. Par le feu et violente
des coings nous ramenons un bois tortu à sa droic-
tre, mont, iv, 204.
— ÉTYM. Droit 4; provenç. dreiluro, dretura ,
drechura; espagn. derechura; portug. diretiuru ,
ital. dri'tdira, di'rtdura.
t DROITURIER, lËRE ( droi-tu-r^i , riè-r*), aJ
DRO
DRO
DRO
1247
Oui ïime la droiture. Surnom de quelques princes;
autrement il est vieux. || S. m. Terme de féodalité.
Seigneur qui avait des vassaux relevant de lui et
payant pour leurs fiefs les droits dits droiture ou
droitures.
— HIST. XII' s. Loiaus amors, et fine et droitu-
riere, Couci, ïviii. Deus [D;en] est si droituriers, ne
poet faireforsdroit, Th. le mari. <20. || xni* s. Nostre
Dame [elle] en gracie, la dame droituriere, ISerte,
XII. Cil qui veut estre loiax baillis et droituriers doit
avoir en li dix vertus.... BEAUM. 17. || xiv s. Ce n'est
pas chose droitluriere ne raisonnable en nulle ma-
nière de ensuir les fortunes en jugeant de la félicité
ou de la misère d'un homme, oresme, Eth. 23. || xvi* s.
Aucuns blasment les ordonnances de Lycurgus, di-
sant qu'elles sont bien ordonnées pour rendre les
hommes buUiqueui et vaillans, non pas justes ni
droitiuriers, amyot, Lyc. 68. Suyvre la voye battue
et droicturiere, mont, ii, 224.
— ÊTYM. Droiture; provenç. dreiturier, àrechu-
rier; anc. catal. dreturer; espagn. derechurero ; ital.
diritturiere.
t DROLATIOtTE (drô-la-ti-k'), ad). Qui a de la
drôlerie, qui fait rire. Des conversations drolatiques.
Les cent contes drolatiques, ouvrage d'Honoré, de
Balzac, dans lequel il a essayé d'imiter le style et
même l'orthographe de nos vieux auteurs de contes
du XVI' siècle, comme l'indique le titre même du
livre : Les cent contes drolatiques , coUiget es ab-
baïes de Touraine, et mis en lumière par le sieur de
Balzac, pour l'esbattement des pantagruelistes et
non aullres.
— REM. On a pris l'habitude d'écrire ce mot
sans accent circonilexe, bien que drôle en ait un.
— HIST. XVI' s. Drolaticque, cotgrave.
— ÉTYM. Drôle.
t DnOLATIQUEMENT ( drô-la-ti-ke-man ) , adv.
D'une façon drolatique.
— ÉTYM. Drolatique, et le suffixe ment.
DROlE (drô-l'), s. m. Il 1° Se dit d'un homme ou
d'un enfant qui, ayant quelque chose de décidé, de
déluré, ne laisse pas d'exciter quelque inquiétude,
et sur lequel d'ailleurs on s'attribue quelque supé-
riorité. Je veux savoir absolument quel est ce drôle
avec qui elle a des intelligences , hauteroche , le
Cocher, se. 3. Le drôle a si bien fait par son hu-
meur plaisante Qu'il possède aujourd'hui cinq mille
écus de rente, scabron. Don Japhet, i, i. Les
comédiens étaient de grands drôles bien faits, ha-
MiLT. Gramm. to. [Longepierre] C'était un drôle,
intrigant, de beaucoup d'esprit, doux, insinuant,
ST-siM. 100, 61. Monsieur Judas est un'drôle Qui
soutient avec chaleur Qu'il n'a joué qu'un seul rôle,
BÉRANG. Judas. Il On le dit aussi des animaux dans
les fables. Ce brouet fut par lui servi sur une assiette;
La cigogne au long bec n'en putattraper miette. Et le
drôle eutlapéle tout en un moment, la font. Fabl.i,
<8.Le loup.... Revient voir si son chien n'est pas meil-
leur à prendre; Mais le drôle était au logis, id. ib.
IX, 10. Il Faire de son drôle, mener une vie de
galanterie. J'ai fait de mon drôle comme un au-
tre, MOL. la l'rinc. ii, 2. J'ai ouï dire que vous fai-
siez de votre drôle avec les plus galantes, id. Fourb.
1, 6. Il Ce mot, comme le mot de coquin, s'emploie
très-bien pour exprimer le mécontentement actuel,
sans exclure les sentiments affectueux Comman-
dant, s'écria-t-il après l'avoir lue [la lettre de son
neveu], y a-t-il dans votre escadron de chasseurs
d'Afrique une place pour un drôle que je renie et que
je déshériterai ? CH. de Bernard, la Femme de 40 ans,
S vu. Il En un sens tout à fait injurieux, un mauvais
drôle, ou, simplement, un drôie, une personne mé-
prisable. C'est un drôle. Je ne suis point un drôle,
et je suis honnête homme, collin d'harlev. M. de
Crac, se. (7. || 2° Adj. Qui a quelque chose de sin-
gulier et de plai-sant. Cet homme-li est bien drôle.
Voilà qui est drôle. Un conte fort drôle. Ah ! ah I ahl
mafoi, cela est tout à fait drôle, aoL.Uourg. gent. iv,
7. Vous êtes tout à fait drôle comme cela, id. ib. m,
2. Cela est plaisant, oui, ce mot de mariage; iln'est
rien da plus drôle pour les jeunes filles, id. liai,
imag.i, 6. Je ne saurais vous voir et m'empêcherde
rire; Je n'ai vu de ma vie un plus drôle de corps,
BoURSAïax, Ésope, ii, 6 Depuis plus d'un jour Je
l'éludie et je l'examine; C'est bien la plus drôle de
mine! eavart, Soliman, ii,i, 1. 1| Drôle, en ce sens,
se prend substantivement, et se construit avec la
préposition de et un substantif (voy. pour cette con-
st-uction la préposition de au n" 3 , et diable au
n° 12). C'était la régence alors; Et sans hyperbole,
G^âce aux plus drôles de corps, La France était folle,
BÉRANG. Gaudr. \\ En cet emploi, il se dit aussi au
féminin (drôle, et non drôlesse). Une drôle d'idée. |
One drôle de femme. J'ai une drôle d'idée dans la
tête, c'est qu'il n'y a que des gens qui ont fait des
trasédies, qui puissent jeter quelque intérêt dans
notre histoire s^che et barbare, volt. Lett. d'Àrgen-
son, 2» janv. <74o. Il est comique que le bien d'un
Parisien soit en Souabe; mais la chose est ainsi; la
destinée est une drôle de chose, id. Lett. Urne de
Fhrian, tt avril )7G7. Imaginez toutes les contra-
dictions, toutes les incompatibilités possibles, vous
les verrez dans le gouvernement, dans les tribu-
naux, dans les spectacles de cette drôle de nation,
m. Candide, 22. Pendant que je vous fais ces lignes
trêiî-sensées, voici une drôle d'aventure, p. L. cour.
Lett. I, <68.
— REM. Les dérivés drolatique, drôlement, drô-
lerie se rapportent au sens de drôle adjectif, et non
de drôle substantif.
— niST. XV' s. Tous les droUes mes compaignons.
Quand d'eux me viendra souvenir. Auront part en
mes oraisons, basselin, lui. La goutte un droite
n'affronte, Qui boit sans songer au compte; Avares
en sont .saisis. Qui ont les escus moisis, id. xxxii.
Il xvi' s. Draule, des accords , Bigarr. f° «36, dans
LACURNE.
— ETYM. Génev. drôle, garçon, sans signification
mauvaise. On a indiqué le Scandinave troll, mau-
vais génie, mais le sens et l'orthographe font
difficulté. Diez y voit, avec raison, le même mot
que l'allera. drollig, plaisant; angl. droU; à quoi
on peut comparer le Hamand drol, l'anc. scandin.
drioli, le gaélique droll, qui signifient un homme
lourd et gauche. On remarquera à côté de cela l'or-
thographe draule, qui, si elle était plus appuyée,
ne cadrerait pas avec ces rapprochements.
DROLEMENT (drô-Ie-man) , adv. Terme familier.
D'une manière drôle. 11 s'est drôlement tiré d'affiire.
Il S'emploie ironiquement dans les réponses pour in-
diquer que c'est tout le contraire. Vous avez reçu
votre argent? — Oui, drôlement; je n'ai eu que des
sottises.
— ETYM. Drôle, et le suffixe ment.
DRÔLERIE (ilrô-le-rie), s. f. |] 1° Trait de gail-
lardise ou de bouffonnerie. Voilà une plaisante drô-
lerie. Les charlatans amusent le peuple avec mille
drôleries. || 2° Chose de peu de valeur, bagatelle.
Hé bien, messieurs, qu'est-ce? me ferez-vous voir
votre petite drôlerie? mol. Bourg, gent. i, 2. Je viens
de remettre à l'ami Thiriot une copie de ma petite
drôlerie, que vous me paraissez avoir envie de lire,
d'alemb. Lett. à Volt. 22 sept. <760. Ma petite drô-
lerie [traduction], dont vous me demandez des nou-
velles, est assez dégrossie, p. l. cour. Lett. i, 2t9.
— HIST. XVI" s. Le clergé leur est en risée, de-
puis qu'on a fait la monstre générale qu'ils appel-
lent la drôlerie, et de laquelle mesmes ils font faire
des tableaux contre les deffences du légat, d'aub.
Ilist. III, 292. Le roy confessa n'avoir receu en sa
vie aultant de plaisir pour une droUerie champestre,
CARL. III, 9. Les peintres, maçons, orfèvres, me-
nuysiers, et telles sortes d'ouvriers, se sont addonez
à ce qu'ils appellent drauleries, st-jul. Ilesl. hisl.
p. 676, dans LACURNE. On donne le los à la reyne
Ysabelle de Bavière, femme du roy Charles sixième,
d'avoir apporté en France les pompes et les gorgia-
setez pour bien habiller superbement et gorgiase-
ment les dames; mais, à voir dans les vieilles ta-
pisseries de ce temps des maisons de nos roys où
sont pourtraittes les dames ainsi habillées qu'elles
estoient pour lors, ce ne sont que toutes droUeries,
bilTeries et grosseries au prix des belles et superbes
façons, coiffures, gentilles inventions et ornemens
de nostre reyne, brant. Dames illustres, p. 2H,
dans LACURNE.
— ETYM. Drôle.
DRÔLESSE (drô-lê-s'), s. ^. Terme de mépris.
Fille ou femme d'une conduite mal réglée, quelque-
fois scandaleuse. Je n'ai rencontré au lieu d'elle
qu'une drôlesse et un abbé périgourdin, volt. Can-
dide, 24. Il Femme dont on fait peu de cas. La drô-
lesse, un matin, s'en vint, bonjour, bonne œuvre,
Jusqu'à notre maison porter ce beau chef-d'œuvre,
REGNARD , Démocrite, v, 6. Vous ne me parlez
point de l'autre tripot sur lequel on doit jouer Pan-
dore; j'ai tâté dans ma vie à peu près de tons les
maux qui furent renfermés dans la boîte de cette
drôlesse, volt. Le((. d'Argental, e juin 17U8.
— HIST. XVI' s. Je vous, renvoie à Chioé, Galla ,
Lesbia et autres droUesses, cholières, Contes, t. i,
Matinée v, p. <63, dans pougens.
— ETYM. Drôle.
DROMADAIRE (dro-mâ-dê-r*) , s. m. || !<> Espèce
de chameau à une seule bosse, renommé pour sa
vitesse. || Terme d'injure populaire et très-bas. Va, i
grand dromadaire. || 2° Espèce de papillon. || Poisson
des mers d'Amboine. || Insecte hyménoptère.
— HIST. XIII' s. Quant il sot [sut] que ses fieus [son
fils] ert [était] des François ravis, Tenroment en
pleura, durement fu maris, U prist un dromadaire
tout cargié de samis, Si l'envoie à l'ost Dieu.... Ch.
d'Ant. VI, tOB.
— ÉTYM. Provenç. dromadari, dromedari, dro-
modari; espagn. et ital. dromedario ; du latin dro-
medarius, dérivé du grec 5pop.ài;, dromadaire, pro-
prement coureur, de Spéiioc, course.
t DROMALECrORE ( dro-ma-lè-kto-r'), ». m.
Terme de zoologie. Les dromalectores, famille d'oi-
seaux qui comprend les gallinacés coureurs.
— ÉTYM. Ap6(j.oç, course, et àXixTMp , coq.
DROME (dro-m'), s. f. \\ 1° Terme de marine. Fa-
got, fai-sceau ou radeau composé de pièces de bois
travaillé ou non. Les mâts de hune de rechange, les
vergues, les gros espars composent la drome que
porte un navire sur son pont entre les deux mâts de
l'avant, jal. || Drome des embarcations, se dit, dans
un arsenal, de la réunion des chaloupes et canots
des bâtiments non armés. || Cordage qui arrête la
bouée sur les filets de pêche. || 2° La plus forte des
pièces de charpente qui contiennent le marteau d'une
grosse forge.
— ÉTYM. Basque vulgaire, drôma; bas-breton,
droum. Du reste, origine inconnue. Cependant il
n'est pas impossibled'y rapporter le provençal dromo,
plate-forme, rattaché au grec Spôiio;, course, lieu
de passage.
f DROMÉE (dro-mée), s. m. Casoar de l'Australie.
— ÉTYM. Apofjieù;, coureur.
f DROMIE (dro-mie), s. f. Genre de décapodes
(crustacés), ayant pour type la dromie vulgaire
qui se trouve dans l'Océan et dans la Méditerranée.
Il Genre de cgléoptères, presque tous, européens,
que l'on trouve au printemps sous les écorces et
sous les pierres.
— ETYM. Ap6|Xot, course.
f DROMON (dro-mon), s. m. Sorte de barque lé-
gère.
— HIST. XI' s. Sire est par mer de quatre cenz
dromunz, Ch. de Roi. cxvii. |{ xiii' s. Lors fait les
charpentiers mander Por celé barge conmencer, De
trente piez fu le dromont, Li maz en fu droit contre
mont, Blanchandin, dans du cange, dromones.
— ÉTYM. Anc. scandin. drômundr; moyen haut
allem. tragmunt, dragmunt; du latin dromo, dro-
monis, vaisseau très-rapide, de 6p6[io;, course.
t DROMORNITHE (dro-mor-ni-t'j, s. m. Terme
de zoologie. Nom générique des oiseaux qui ne sont
aptes qu'à marcher et à courir.
— ÉTYM. Apôfj.0?, course, et ipviç, oiseau.
t DROMOSCOPIQUE ( dro-mo -sko- pi- k'), adJ.
Terme didactique. Qui est relatif à l'étude de la
course, de la marche d'un curseur. || Secteur dro-
moscopique, secteur muni, en dessous, d'une por-
tée qui permet de l'engager dans l'une ou l'autre
des ouvertures circulaires de la règle rhumUée (voy.
kiiumbé), et qui sert à corriger rapidement et sans
calcul les relèvements et les routes.
— ÉTYM. Apoixo;, course, et oxoTteïv, examiner,
t DRONGO (dron-go), s. m. Nom d'un oiseau in-
sectivore, edolius cristatus, dit aussi roi des cor-
beaux.
t DRONTE (dron-t'), s. m. Oiseau qu'on a trouvé
dans l'île de France et l'Ile Bourbon, mais dont la
race paraît être éteinte aujourd'hui.
t DROPACISME (dro-pa-si-sm'), s. m. Terme de
médecine. Application d'un emplâtre de poix pour
arracher les cheveux ; évulsion des cheveux par le
moyen de cet emplâtre.
— ÉTYM. Apo)7toxi<7(iôc , de SpûnocÇ, empUtre da
poix.
t DROPAX (dro-paks'), s. m. Sorte d'emplâtre
composé de poix et d'huile, qui sert i arracher
les cheveux et qu'on nomme vulgairement calotte.
— ÉTYM. ApÛTiaS, emplâtre de poix.
t DROSCUKI (droch-ki), s. m. Petit équipage à
quatre roues, bas, découvert, à un ou deux che-
vaux, fort commua en Russie, et que l'on voit quel-
quefois à Paris.
— ÉTYM. Mot russe.
t DROSOMÈTRE (dro-zo-mè-tr') , ». m. Instrument
destiné à mesurer combien il tombe de rosée cha-
que jour.
— ETYM. Apô<TO(, rosée, et (is'xpov, mesure.
t DROSOMÉTRIE (dro-zo-mé-trie), s. f. Mesure
de la rosée qui tombe chaque jour.
t DROSSE (dro-s'), s. f. Terme de marine. || 1» Bra-
gue du canon. Drosse est une corde qui perce l'af-
fût sur la culasse du canon et tient des deux bouts
1248
DRU
aux boucle» du sabord, le p. FonumER, Uydroqra-
phie ((«♦••I), dansUL. Il 2* Dro'se de racnge. Les
basses vergues et la vergue d'artimon, après avoir
Été élevées k leur place au haut des mftts qui doi-
vent les soutenir, sont liée? à ces mêmes m»ls par
un cordage nommé drosse de racage, bomme (t7B2),
dans JAL. Il 3* Drosse de gouvernail, nom d'un cor-
dage qui s'enroule sur le cylindre de la roue du gou-
vernail, et qui, passant par des poulies disposées à
cet effet, va s'attacher par ses deux bouts à la lôte
de la barre du gouvernail, pour la tirer tantôt à
droite, tantôt à gauche, et placer par ce moyen le
gouvernail dans la position où il do^t être pour agir
utilement sur la direction du navire, jal.
— ÊTYM. Corruption de trosse; espagn. troxa;
ital. troua.
t DROSSER (dro-sé), «. a. Terme de marine. En-
traîner un navire vers la terre, le serrer contre la
terre. Ce navire est drossé par le courant, jal.
— ÊTYM. Drosse; la force qui entraîne le navire
agissant comme une drosse.
t DROSSEUR (dro-seur), *. m. Voy. DBODSSEnR.
t DROUE (droû), s. f. Nom vulgaire de diverses
graminées qui fournissent un fourrage de mauvaise
qualité.
t DROniLLET (drou-Uè, H mouillées), t. m.
Terme de pêche. Petit filet qui, monté sur des per-
ches, est présenté par les pêcheurs à l'opposite du
cours de la marée pour prendre les petits poissons.
t DROUILLETTE (drou-Uè-f, H mouillées), s. f.
Terme de pêche. Sorte de filet en forme de manet,
pour le maquereau.
t DRODINE (drou-i-n'), s. f. Espèce de havre-sac
que les chaudronniers de campagne portent derrière
le dos et qui contient leurs outils.
— ÉTYM. Bas-bret. drouin, havre-sac.
I DROUINIER (drou-i-nié), s. m. Nom des chau-
dronniers ambulants. On trouve aussi drouineur.
Les drouineurs ou raccommodeurs de chaudrons,
ambulants et étrangers, Loi des patentes de Bel-
gique, du 2t mai <819.
— ÊTYM. Drouine.
t DROUSSAGE (drou-sa-j'), ». m, Cardage en
gros de la laine.
t DROCSSK (drou-s') , s. f. Carde qui commence
le travail du cardage.
t DROUSSER (drou-sé), V. a. Carder la laine en
long avec la droussette.
t DROUSSETTE (drou-sè-f) , s. f. Grosse carde
qui commence à préparer le cardage.
t DROUSSEUR (drou-spur), s. m. Ouvrier dont
l'emploi est d'engraisser la laine avec de l'huile et
de la carder avec de grandes cardes de fer, Dict.
des arts et m. Amst. (767, Drapier. \\ Celui qui
donne le lustre au drap.
DRU, DRUE (dru, drue), adj. ||1' Bien venant,
venant serré, en parlant de l'herbe, des blés, etc. Ces
blés sont fort drus. L'herbe était haute et drue,
VAUGKL. Q. C. liv. m, dans RicHELET. Il Par exten-
sion. Une pluie drue et menue. ||Dru, adv. D'une
manière serrée. Il pleut dru. Semer dru. Les balles
pleuvaient dru comme mouches. || Fig. Vivement,
sans façon. Vous y allez dru. Allant.... Plus dru
qu'une navette au travers d'un métier, Régnier,
,Sat. X. Haussant et baissant les mains dru et menu
sur ses cuisses, scarron, flomo» corn, ii, 7. De
telles gens il est beaucoup Qui prendraient Vau-
girard pour Rome, Ktqui, caquetant au plus dru,
Parlent de tout et n'ont rien vu, la font. Fabl. iv,
7. Caquet-bon-bec alors de jaser au plus dru. Sur
ceci, sur cela, sur tout, id. ib. xii, n. Le nœud
du mariage Damne aussi dru qu'aucuns autres
états, ID. Belph. Eh! mais, mais.... mon oncle, un
peu de patience; comme vous allez dru sur les
questions! pont de vesle, Somnamb. se. 2. || f Par
extension, .se dit des personnes que l'on compare
à une herbe drue, bien venant, vif et gaillard.
Je te promets à ce printemps Une petite camusette.
Friponne , drueet jolielte, Avec qui l'on t'enfermera;
l'uis s'en démêle qui pourra, la font. Poésies mê-
lées, XXXII, pour oignon, chien de Son Altesse royale.
Malgré moi l'on m'a jointe avec vous. Vous vieux
penard, moi fille jeune et drue, m. Cal. Lucrèce
jeune et drue et bien taillée, id. Uandr. La fillette
était drue, honnête toutefois, id. Cas. La petite
femme est à cet hôtel de la Rochefoucauld, toute
gaillarde et toute drue, sÉv. 389. Catherine de Na-
varre, dit-on, fut fille amoureuse et drue, qui eut
un mari débile, p. l cour. Lett. i, 33». || Il se dit
dei petits oiseaux assez forts pour s'envoler du nid.
Ces moineaux sont drus comme père et mère. || Par
extension. Bel enfant de quinze ans dru comme père
et mère, scarron, dans richelet.
DRU
— HIST. XI» S. Tout [il] l'abat mort au pré sur
l'erbe drue, Ch. deRnl. en. |l xii* s. I>e premier jour
demai,oi^druzest li herbois [herbage] , .<îa,i;. xxxiii.
Il xiii* s. l'arlonopex fu sainz et driiz, Parlonop.
ms. f" 140, dans lacurnr. Enlorles ruissiaus et les
rives Des fontaines cleres et vives, Poignoit l'erbe
freschete et drue, la Rose, )4oi. || xiv s. Et tout
entre François [ils| commencent à geter De pierres
et caillous qu'il voudrent aporler; Aussi dru vont en
l'air qu'on voit pluie voler, Guescl. t9)7ft. Car aussi
dru que nege chet sur les arbrisseaux, Voloient
viretons [dards] et flesches et carreaux, ib. 2(ii78.
Il XV* s. Si eut par devant la cité maint assaut et
maint butin et drue escarmouche, froiss. i, i, 68.
Là eut fait plusieurs grands appertises d'armes, et
ne s'y espargna le roi d'Angleterre néant, mais es-
toit toudis entre les plus drus, m. I, I, 328. Un bois
durement fort et dru d'espines et de ronces, m. ii,
II, <64. Du païs les plus friches dames. Moût riche-
ment et bel arrées, Drut perlées et offrisiées [pa-
rées d'orfrois], m. Poésies mss, f° <65, dans la-
cuhne. Il XVI» s. Nous sommes druz; chagrin ne
nous suit raye, marot, ii, 231. Composons luy (je
vous prie) un libelle. Oui pique dru, et qui morde
à loisir.... id. n, 387. Le soleil nous eslance si dru,
sans cesse, nouveaux rayons les uns sur les autres,
que.... MONT. I, 271. X mesure que ces espines do-
mestiques sont drues et desliées, elles nous mor-
dent plus aigu, m. IV, 71. La plus âgée qui estoit
mure et drue, desper. Contes, v. Considérant l'hor-
reur que faisoit à voir un front de bataille dont il
sortoit tant de fers de picques et si drues.... amyot,
P. jEm. 31. En après te faut espandre dru et menu
la poudre, paré, xxv, 28.
— ÉTYM. Provenç. drut; génois, druo, dense,
épais; piémontais, dru, fertile, en parlant du sol.
On a fait venir ce mot de dur par métathèse; mais
ni le sens ni le ( du provençal ou de l'ancien fran-
çais ne permettent cette dérivation. Dru vient pro-
bablement du celtique : kimry, drud, hardi ; gaéli-
que, drûth, volontaire; Cornouailles, dn», beaucoup;
bas-bret. drus, gras. Quel quo soit le sens primitif
en celtique, le sens primitif en français, d'après les
textes, est celui d'herbe drue; c'est par extension que
dru s'est appliqué aux personnes. 11 y avait dans
l'ancien français un autre mot dru, drue, qui si-
gnifiait un fidèle, un amant, une amante; un sub-
stantif, druerie; dru en ce sens est d'origine germa-
nique.
f DRUE (drue) , s. f. Nom d'une espèce d'alouette.
I DRUGE (dru-j'), s. f. Pousse surabondante de
pois.
— ÉTYM. Origine inconnue, à moins que, malgré
Vu, on ne le rattache à drageon. 11 y a dans l'ancien
français druge, qui signifie fuite, retraite, et qui a
d'autres significations mal déterminées.
f DRUGEON (dru-jon), s. m. Extrémité de la
druge.
— ÉTYM. Druge. On trouve dans Cotgrave et dans
Oudin drugeonnemertt, action de pousser des reje-
tons.
I DRUIDAL, ALE (dru-i-dal, da-l'), adj. Qui ap-
partient aux druides. || Fig. et par plaisanterie. La
fureur druidale [des prêtres] surtout a élé extrême
quand les vérités annoncées par le grand l.éeliga
[Galilée] ont été démontrées aux yeux dans une ré-
publique voisine, volt. Dial. XXIX, 7.
— ÊTYM. Druide.
DRUIDE (dru-i-d'), s.m. Nom des prêtres parmi
les Celtes de la Gaule, de la Grande-Bretagne et de
l'Irlande. Ces prêtres formaient une corporation et
enseignaient leur doctrine dans un poème de vingt
mille vers qui ne s'écrivait jamais et se transmettait
uniquement de mémoire en mémoire. Et le druide
craint, en abordant ces lieux. D'y voir ce qu'il
adore et d'y trouver ses dieu» bréb. Pharsale, m.
Les druides, qui, entre plusieurs autres choses, dit
Jules César, qu'ils apprenaient à la jeunesse, ensei-
gnaient particulièrement ce qui regarde le mouve-
ment des astres et la grandeur du ciel et de la terre,
rollin, Ilist. anc. t. xiii, liv. xxvii, ch. ii, p. 169,
dans POUGENS. Gaulois. Germains, Français, en des
bois homicides. Offraient aux dieux le sang versé
par leurs druides, lkmehc. Clovis,il, 3. M. de Mar-
cellus chérit, dans les forêts, le .souvenir des drui-
des, et, pour cola, ne veut pas qu'on exploite aucun
bois, qu'on abatte même un arbre, le plus creux,
le plus caduc... p. l. coir. Lettre v. Où sont ces
druides qui élevaient dans leurs collèges sacrés une
nombreuse jeunesse? chateaubr. Mnrt. ix. Tentâ-
tes veut du sang, il a parlé dans le chêne des drui-
des, id. ib.
— ÊTYM. Latin, druida; du celtique : bas-bret.
DRY
derf ou derv, chêne (comp. drtadf.). Les druides
furent ainsi nommés du culte qu'ils rendaient aux
chênes ; « Les druides n'ont rien de plus sacré que
le gui et l'arbre où il croît, pourvu que ce soit un
chêne; de plus ils choisissent pour eux des forêt»
de chênes, et n'accomplissent aucune cérémonie
sans feuillage de cet arbre: de sorte qu'on pourrait
expliquer le nom qu'ils portent par un mot grec, »
PLINE, XVI, 44. Le mot grec Spù;, chêne, est de
même racine que le celtjc|ue derv.
DROIDESSE (drui-df;-s'), ». f. Prêtresse de»
Gaulois. Velléda, une faible druidesse, voilà donc
tout ce qui vous reste aujourd'hui pour accomplir
vos sacrifices! cnATEAUBR.tif arj. ix.
— ÊTYM. Druide.
DRUIDIQUE (dru-i-di-k'), adj. Qui a rapport aux
druides. Un autel druidique. A l'extrémité d'une
côte dangereuse, sur une grève où croissent k
peine quelques herbes dans un sable stérile , s'élève
une longue suite de pierres druidiques.... chatealbb.
Mart. X.
— ÉTYM. Druide.
DRUIDISME (dru-i-di-sm'), ». m. Religion des
druides, qui enseignaient que les âmes ne péris-
saient pas mais passaient en d'autres personnes, et
qui avaient unedoctrine sur les astres, leurs mouve-
ments, la grandeur du monde et de la terre, la
nature des choses, la force et la puissance des
dieux.
— ÊTYM. Druide.
t DRUPACÉ, ÉE (dru-pa-sé, sée), adj. Terme
de botanique. Qui est de la nature du drupe; qui
ressemble à un drupe. Péricarpe drupacé. || S.f.plur.
Drupacées, tribu de la famille des rosacées, qui
contient tous les genres dont le fruit est un drupe.
— ÉTYM. Drupe.
DRUPE (dru-p'), s. m. Terme de botanique. Fruil
charnu indéhiscent, qui renferme un noyau, comme
la cerise, la pêche et la noix levêtue de son brou.
Il Quelques auteurs font drupe du féminin.
— ÉTYM. Latin, drupa ou dnippa, de îpuitntrî,
de îpûc, arbre, et néirceiv, mûrir, cuire : qui mû-
rit sur l'arbre.
f DRUPftOLE (dru-pé-o-l') ouDRUPOLE (dru-po-
1'), s. m. Terme de botanique, l'etit drupe. |{ Quel-
ques auteurs font drupéole du féminin.
t DRUPÉOLE, ÉE (dru-pé-0-lé, lée), arij. Terme
de botanique. Qui a l'apparence d'un petit drupe par
sa nature succulente en dehors, ligneuse en de-
dans.
t DRUPIFËRE (dru-pi-fê-r'), adj. Terme de boU-
nique. Qui porte des drupes.
— ÊTYM. Lat. drxipa, et ferre, porter.
f DRUSE (druz'), s. f. Terme de minéralogie.
Cavité existant en certaines roches, et tapissée de
cristaux. || Masse pierreuse ayant une forme de ro-
gnon.
— ÉTYM. Allem. Drûse, glande.
t DRUSIFORME (dru zi-for-m'). adj. Terme de
minéralogie. Qui a la forme d'une druse.
— ÊTYM. Druse, et forme.
t DRUSILLAIRE (dru-zil-lê-r'), adj. Terme de
minéralogie. Qui aiTecle la forme de rognon.
— ÉTYM. Druse.
t DRUSIQUE (dru-zl-k'), adj. Terme de minéra-
logie. Qui a la forme d'un rognon.
— ÊTYM. Drxise.
t DRUZELLE (dru-zè-l'), ». f. Variété de pêche.
■ DRYADE (dri-a-d'), ». ^. || 1° Terme du poly-
théisme gréco-lalin. Divinilés qui faisaient leur de-
meure dans les bois, et qui y présidaient. Le poëte
ne rencontrait que des faunes, il n'entendait que
des dryades, chateaub. Génie, il, v, ).||a"Terme
de botanique. Genre de la famille des rosacées, dont
une espèce, dryas octopitala, est une plante vivace
des pâturages élevés et des régions froides.
ÉTYM. Aouà;, de 5pO;, chêne, et aussi arbre.
t DRYADE, ÉE ('Iri-a-dé, dée), adj. Terme de
bolanii|ue. Qui croît sur les troncs des chênes. || S.
f. plur. Les dryadées, tribu des rosacées contenant
les framboisiers, ronces, fraises, potentilles, etc.
— ÉTYM. ApO;, arbre.
f DRYIN i,dri-in), ». m. Poisson appelé aussi ap-
pât ou équille(nmmndi/<f»).
t DRYITE (dri-i-t'), ». f. Terme de minéralogie.
Bois pétrifié, qu'on a cru reconnaître pour du chêne.
— ÊTYM. ApOç, chêne, et la finale ite, qui en
géologie, désigne un fossile.
t DRYOPHILK (dri-o-fi-l'), adj. Terme d'histoire
naturelle. Qui croit ou habite dans les forêts.
— ÉTYM. Apâ;, arlire, et çOioç, ami. Dryopkile
signifie plutôt aimé des chênes que aimant les chê-
nes; voy. le suffixe phile.
DUA
DD (du), art. masc. contracté pour de le. Les bou-
clies du Rhône. C'est un étrange fait du soin que
vous prenez X me venir toujours jeter mon âge au nez,
MOL. Ëc. des maris, i, ) . || Du, c'est-à-dire par le, avec
Je. Qui n'apaisaient les dieux que du sang des mortels,
BAC. Àndr. II, 2. C'est acheter la paix du sang d'un
malheureux, lo. ib. ii, 4. Tu lui parles du cœur,
lu la cherches des yeux, m. ib. iv, 6. Et notre der-
nier roi courbé du faix des ans, volt. Zaïre, ii, *.
— HIST. XI" s. X la grant feste St. Martin del pé-
ril, Ch. de Ilol. X. Il xii' s. Et del mostier tous les
huis desferraa [ouvrit], Ronc. p. 174. Ces [ceux-là]
conduit Murgalez do règne [royaume] d'Alfanie,
Sax. VII. Qu'à tous les biens doumont [monde] [je]
doie faillir, Couci, xx. \\ xiii- s. Dou duel [deuil]
qui y fu fais ne convient il mie parler, car trop fu
merveillement grant, villeh. xxiii. Seigneur, ce
dist Pépins, [ilj n'i a fors du haster, Berte, m. Je
n'ai de quoi do pain avoir, buteb. 3. || xV s. C'est
dommage du gentilhomme, quand il est ainsi mort,
FROiss. I, i, 30, Il XVI' s. J'en arracheray au moins
du gemissen].?nt, mo.nt. I, B.
— ÊTYM. Del. pour de le, écrit et sans doute pro-
noncé suivant les temps et les lieux, dou, do, du.
t. dC, due (du, due), port, passe de devoir.
Il 1° Qui fait l'objet d'une dette. Argent dû depuis
longtemps. || 2° Fig. Une réprimande due à son im-
pertinence. Tu sais ce qui l'est dû, tu vois que je
sais tout, CORN. Cinna, v, t. Rien n'est plus dû â
la vanité que la ris6e, pasc. Proo. H. Ils s'imagi-
nent que tout leur est dû, Boss. Serm. Sept. Par
cette fin terrible et due à ses forfaits, bac. Alhal.
V, 8. Le sentiment se plaît surtout à donner ce qui
n'est pas dû, stael, Corinne, xx, 4. || 3° Terme de
pratique. Un acte en due forme, acte rédigé con-
formément à la loi et revêtu de toutes les formalités
voulues. Il Jusqu'à due concurrence, jusqu'à la con-
currence de la somme, de la quantité.
— ÉTYM. Part, passif barbare dehùtus, de debere
(voy. DEVOIR, verbe), formé comme bevutus, hv„
anciennement beû, de bibere, boire.
2. dC (du), s. m. Il 1° Ce qui est dû à quelqu'un..
Demander son dû. Je ne réclame que mon dû. Peut-
être qu'il eut peur De perdre, outre son dû, le gré
de sa louange, la font. Fabl. I, M. Ah! faute ir-
réparable! moi, domestique renvoyé, lui demander
mon dû! p. l. cour, i, 14B. || 2° Fig. Ce à quoi 'on
est obligé vous avez faille dû de votre office.
CORN. Suite du Ment, i, 4. Et qu'au dû de ma
charge on ne me trouble en rien, mol. Tort, v, 4.
Allons, monsieur, faites le dû de votre charge, et
dressez-lui-moi son procès comme larron et comme
suborneur, id. VAv. v, 3.
— HiST. xiv s. Quant le duo ot congié eO, Et au
roi ot fait son deû, X son pays s'en va venir, Liv.
du bon Jeh. 1698. || xvi* s. Comme le deub de vostre
charge vous obligeoit, Lett. de Henri IV, 8 mars
1596, t. IV, p. 522.
— ÉTYM. DÛ *.
\ DUALISME (du-a-li-sm') , s. m. \\ 1° Système re-
ligieux ou philosophique, suivant lequel l'univers
a été formé et continue d'exister par le concours de
deux principes également nécessaires, également
éternels, et, par conséquent, indépendanls l'un de
l'autre. Le manichéisme est un dualisme. Si l'on
réfléchit bien sur le dualisme, je crois qu'on le
trouvera encore plus absurde que l'idolâtrie, st-foix,
Kss. Paris, CKuvres, t. iv, p. 304, dans pougens.
112° Système chimique qui suppose que, les sels
étant des composés binaires formés par la combinai-
son d'un acide et d'une base, tout autre composé a
une disposition moléculaire semblable.
— Rtvm. Lat. dualis (voy. duel 2).
\ I/UALISTE (du-a-li-sf) , adj. Qui a le caractère
di dualisme. Le système dualiste. || S. m. Celui qui
admet le dualisme.
(■DUALISTIQUE (du-a-li-sti-k'), adj. || 1» Terme
ds philosophie religieuse. Qui a rapport au dualisme,
qui a les caractères du dualisme. |1 2° Terme de chi-
mie. Qui a rapport au dualisme ou supposition que
tous les composés sont binaires.
t DUALITÉ (du-a-li-té), s. f. || i« Terme de méta-
physique. Caractère de ce qui est double en soi. La
dualité de l'être humain. Le nombre trois était dit
parfait, parce qu'il est composé de l'unité et de la
dualité. Il 2' Terme de grammaire. Le caractère, l'u-
sage du duel.
— HIST. xiv s. Philosophes de monts et vaulx,
Considerans son unité. Qui sortoit de dualité, Re-
troicissans le double type.... L'ont appelé dragon vo-
hnl, Traité d'alch. 92.
— ÉTYM. Lat. dualis (voy. diel 2); provei c.
d\iaUtot.
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
DUC
t DUARCHIE ( du-ar-chie ), s.f. Terme d'anti-
quité. Gouvernement de deux rois, comme à Lacé-
démone.
— ÉTYM. Aûo, deux, et ipxsiv, commander.
f DUB (dub), s. m. Espèce de lézard d'Afrique,
t DUBITATEUR (du-bi-ta-teur), s. m. Celui qui
a l'habilude de douter, qui est sceptique.
— HIST. XVI* s. Les uns ont estimé Plato dubita-
teur; les auUres, dogmatisie, mont, ii, 230. Il esla-
blit cette chose resoluement , maintenant partout
ailleurs sa manière dubitatrice et ambiguë , m.
H, 309.
— ÉTYM. Lat. dubitalor, de dubitare (voy. dou-
ter).
DUBITATIF, I-VE (du-bi-la-tif, ti-v'), adj. Terme
de grammaire et de logique. Qui exprime le doule.
Conjonction dubitative. Proposition dubitative. La
particule dubitative ne.
— HIST. xiv s. C'est dubitatif, car nous devons
tousjours douter.... h. de mondeville, f° 3i, verso.
— ÉTYM. Provenç. dubitaliu; e-pagn. et ilal. du-
bitativo; du lat. dubitalivus , de dubitare (voy. dou-
ter).
DUBITATION (du-bi-ta-sion) , s. f. Terme de rhé-
torique. Figure de pensée par laquelle l'orateur sem-
ble hésiter entre plusieurs mots, plusieurs partis à
prendre, plusieurs sens à donner à une action. || Ac-
tion de révoquer en doute» Ceci est un fait dont la
ttubitation est une preuve d'inexpérience, et la né-
gation une preuve d'ignorance.
— lilST. xvi" s. Cicero.... se tenant tousjours sous
la dubitation de l'Académie, mont, ii, 228.
— ÉTYM. Provenç. dubitatio; espagn. dubilacion;
ital. diibitazione ; du latin dubilationem, de dubi-
tare, douter (voy. douter).
t DUBlTA'nvEMENT (du-bi-ta-ti-ve-man), adv.
D'une manière dubitative.
— ÉTYM. Dubitative, et le suffixe ment.
* . DUC (duk) , s. m. || 1° Terme de féodalité. Sou-
verain d'un duché. Le duc de Normandie. || Duo et
pair, duc qui, en vertu de son duché, était pair du
royaume. || 2° Titre le plus élevé parmi la noblesse
de France, après celui de prince. 11 reçoit chez lui
des marquis et des ducs. || Duc-duc, titre de certains
grands d'Espagne qui réunissaient plusieurs duchés
en leur jjorsonne. || S" Titre de quelques princes
souverains. Le duc de Parme. Le grand-duc de
Berg, titre qui fut porté quelque temps par Mural.
Il Le grand-duc de Russie, l'héritier présomptif de
la couronne de Russie. || 4° Terme de jeux. Quinola
due, as duc, se dit, au reversis, d'un quinola, d'un
as donné en certaine circonstance.
— HIST. XI' s. Il en apelet et ses dux et ses contes,
Ch. de Roi. ii. || xii* s. Naymes !i dus qui moût fit
à loer, Ronc. p. 32. Li dux Miles le voit, ne luLfu
mie bon, Sax. viii. Qui donc ve'ist le duc sur un
cheval gascon.... ib. Hieu cumandat à un sun duc
Abadacer, ke il preisl le cors, sil jetasl el champ
Naboth de Jesrael, 7iois, p. 377. E cumandad que jo
fusse ducs sur tut le pople de Israël, ib. t42.|| xiu's.
Dont empruntèrent li message dui cens mars en la
ville, et les baiUierent au duo, pour commencier la
navie, villeh. xx. Et quant li dus leur livra les
soies Chartres [ses chartes].... id. xix. La royne
adestrerent duc et conte et princier, Berte, n. Duo
est la première dignité, et puis contes.... Liv. de
jost. 07. Il xiv s. El à cest propos Homerus le poète
raconte et parle de Dyomedes un duc de Grèce et
delletor un duc deTroye.... obesme, £(/i. 83.|| xv's.
Le duc et la ducoise aussi De Braibant moult je ro-
grasci [remercie] , froiss. Buisson de jonecc. Pou-
dre de duc [sorte d'épicerie] pour l'ypocras Te con-
vient, et maint lopin cras; Sucre blanc pour les
tartelettes, eust. desch. Poésies mss. f» 497 , dans
LACURNE. Il XVI' s. On donnera à l'accouchée un pres-
sis de chapon ou un chaudeau où il y aura du saf-
fran et un peu de poudre de duc, paré, xvii;, 34.
— ÉTYM. Provenç. duc; portug. duque; ital. duce,
duca; du latin dux, chef, proprement celui qui con-
duit. L'ancien «ançais faisait au nominatif li dus,
el au régime le duc, au nomin. plur. liduc, au ré-
gime les dus.
2. DUC (duk), s. m. || 1° Oiseau nocturne de la fa-
mille des chouettes , qui se distingue par des plumes
en forme de cornes ou d'oreilles. Grand duc, un des
noms vulgaires du bubon européen. Moyen duc, le
hibou, ou mieux Vote commun. Petit duc, \a scops
européen. || 2° Poisson des mers du Japon (chétodon
duc) , dit aussi duchesse.
— HIST. XVI* s. Encores que la chasse aux oisil-
lons avec la chouete ou au duc, semble n'apparte-
nir qu'aux enfans.... 0. DE SEaRES, 996. 11 se sauva
des premiers, et s'appelloit le duc de Sulmone; les
DUC
1249
ducs voilent bien aussi roide quelquesfois que les
autres oyse.Mix, brant. launni;,
— ÉTYM. Ainsi dit, parce qu'on a cru qu'il servait
de duc, c'est-à-dire de guide, à certains oiseaux.
DUCAL, ALE (du-kal, ka-l'), adj. || 1° Qui ap-
partient, qui est propre à un duc. Manteau ducal.
Couronne ducale, couronne qui était ouverte et
garnie de huit feuilles ou fleurons. Les palais du-
caux. Albert, marquis de Brandebourg, se rendit
maître de la Prusse, qui prit alors le nom de Prusse
ducale, ciiateaub. Génie, iv, v, 2. Et le bandeau
ducal ceindra bientSt sa tête, ancelot, Fiesquc,
II, 7. Il Anciennement, à 'Venise, la dignité ducale,
le dogal. Il 2° Grand-ducal, qui appartient, qui est
propre à un grand-duc, à une grande-duchesse.
Manteau grand-ducal. Cour grand-ducale. Les palais
grand-ducaux. Il Dans cet adjectif composé, grand
demeure invariable. || 3° S. f. Ducale, lettre patente
du sénat de 'Venise.
— HIST. XVI* s. Le duc [le doge] la print par la
main après l'avoir salUiée, el osié son chappeau du-
chal, p. choque, dans leroux de lincy, Bibl. des
Chart. B' série, t. ii, p. 177.
ÉTYM. Duc t.
DUCAT (du-ka; le l ne se lie pas dans le parler
ordinaire; Palsgrave, au xvi* siècle, p. 24, remar-
(|ue que le ( se lie; au pluriel, l's se lie: du-ka-z et
ducatons; ducats rime avec mais, repas, etc.), s. m.
Il 1° Monnaie d'or fin dont la valeur varie de dix à
douze francs, selon les pays; il porte ordinairement
d'un côté la tête du prince d.ins les Étals duquel il
a été frappé, et de l'autre côté ses armes. L'avare
n'a plaisir qu'en ses doubles ducats, Régnier, Sat.
IX. Un homme accumulait; on sait que celte er-
reur Va souvent jusqu'à la fureur; Celui-ci ne son-
geait que ducats et pistoles, la font. Fabl. xii, 3.
Il 2° Le ducat d'argent vaut environ la moitié du
ducat d'or. || 3° Adj. Or ducat, l'or qui est au lilre
des ducals.
— HIST. XVI' s. Jocondalle, nouveaux tallars, du-
cats de sainct Estienne, et pislolels, rons. B90.
— ÉTYM. Provenç. ducal; espagn. et portug. du-
cado; ilal. ducalo; monnaie ainsi dite à cause ds
l'effigie d'un duc, soit de Venise, soit de Florence,
soit de Gênes.
DUCATON (du-ka-ton), s. m. Ducat d'argent. D^--
caton ue Venise, de Hollande. Le ducaton est mar-
qué comme le ducat d'or; il vaut environ cent sol»
de notre monnaie. Il était si propre, dit-on. Qu'il
n'eût pas pour un ducaton Voulu rien manger sans
fourchette, scarron, Virg. trav. i. Mais le moindre
ducaton Ferait bien mieux mon afi'aire, la font.
Fabl. I, 20.
— ÉTYM. Diminutif de ducat.
t DUCÊNAIRE (du-cé-nè-r') ou DUCENTAIRE
(du-san-tê-r'), adj. De deux cents; qui compte pal
deux cenis.
— ÉTYM. Lat. jfuceni ou duccnti, œ, a, deui
cents, de duo, deux, et ccnlum, cent.
DUCHÉ (duché), s. m. || 1° Seigneurie, princi-
pauté à laquelle le titre de duc est attaché. Les an-
ciens duchés de Normandie, de Bretagne. || 2° Du-
ché-pairie, s. in. el f. Duché auquel la pairie était-
attachée, lin duché-pairie ou une duché pairie. Un
ancien duché-pairie, autrefois érigé pour une mai-
son, et depuis érigé pour une autre, n'était à l'é-
gaid de cette terre qu'un véritable renouvellement,
ST-siM. 18, 209. Il 3° Duché femelle, duché que les
femmes peuvent posséder et qui se transmet par
elles. Il 4° Grand-duché, État dont le souverain a le
litre de grand-duc ou dont la souveraine s'appelle
grande-duchesse. Le grand-duché de Berg, de Tos-
cane.
— REM. Duché a été longtemps féminin. Les étals
deladuché furent convoqués, patru, Plaidoyer 13,
dans RiciiELET. Les mutins qui s'étaient attroupés
dans sa duché de Rohan.... sÉv. 206. Il a donné
cette duché à son fils, id. 60I.
— HIST. xii* s. De vingt roiaumes et de cent du-
cbeté, Ronc. p. ti7. || xiu' s. Lors dona li empere-
res Baudoins au conte Looys de Bloys la ducheé de
Nique qui bien estoit uns des plus grans honeurs
[fiefs] de toute la terre de Romenie, villeh. cxxvi.
Et ainsi n'ouvra [n'agit] mie Godefrois de Buillon ,
qui rendi sa duceé à tous jours, et i ala [à la croi-
sade] purement dou sien, Chron. de Uains, 497.
Il XV* s. La duché de Bretagne, froiss. i, l, iB'î.
Parce que la duché de Milan est tenue en fief de
l'empereur, comm. i, 9.
— ÉTYM. Provenç. ducal, dugat; espagn. et por-
tug. ducado; ital. ducolo. Le provençal, l'espagnol,
l'italien et duché, s. m. viennent du bas-lalin duca-
tus, de dux, duc; le vieux français ducheé, d'où la
I _. 157
1250
DUE
duché, vient du latin fictif ductfolcm, qualité de
•Ju". . ,,
DUCIIKSSE (du-chè-s'), s. f. || 1° La femme d un
duc; celle qui possède un duché. Madame la du-
chesjo. Mme de Fonlanges est duchesse avec vingt
mille écus de pension; elle recevait aujourd'hui
dans son lit; le roi y a été publiquement, SÉV. 418.
Il Grande -duches.sc, femme d'un grand-duc, et
aussi celle qui a le même rang qu'un grand-duc,
ou qui possède un grand-duché. En épousant un
grand-duc, elle est devenue grande-duchesse. La
grande-duchesse de Toscane. Les filles de l'empereur
de Russie prennent le titre do grandes-duchesses.
Il 2° Duchesse se prend ironiquement en parlant
d'une femme qui affecte de grands airs. EUe fait sa
duchesse ou la duchesse. || 3" Sorte de lit de repos à
dossier. || Lit à la duchesse, grand lit avec quatre
colonnes supportant un baldaquin et des rideaux.
Il 4° Duchesse d'Angoulême ou, simplement, du-
chesse, nom d'une grosse et belle poire très-fon-
dante. Il 5° Lettres à la duchesse, se dit d'une écri-
ture dans laquelle les pleins tiennent la place des
déliés, et réciproquement. ||6° Nœud de rubans que
les femmes portaient autrefois sur le front. || 7° Pois-
son appelé aussi duc (voy. duc 2).
— HlST. XII' s. Â la duchesse qui tant vous seult
amer, lionc. p. <77. || xiii' s Car durement lui
poise De ce que morte estoit sa fille la duchoise,
Berte, Lxii. Cornent li rois Loeys prit à feme la du-
coise Elienor, Chron. de Rains, p. t. Ces empere-
res, ces duchesses, Ces roïnes et ces contesses, la
Rose, 41781. Il xiV s. Et soy faisans duchesse et
meneresse des autres vierges, [Clélie] s'en est en-
trée ou Tybre, berciieure, f° 32, verso. \\ xvi" s.
Platon dit que prudence est la duchesse de toutes
vertus, CAHTUENY, Voy. du chev. errant, t° t52, dans
LACUENE.
— ÉTYM. Duc; provenç. duquessa, duguessa; es-
pagn. duquesa; portug. duquexa; ital. duchessa.
t DUCUOX (du-chon), s. m. Petite coquille du
Sénégal.
t UCCQUET (du-kè), i. m. Un des noms du hi-
bou.
— ÉTYM. Diminutif de duc 2.
! f DOCUOIUE (du-kroi-r'), s. m. Terme de com-
merce. Prime accordée au commissionnaire qui ré-
pona des personnes auxquelles il vend la marchan-
dise.
— ÉTYM. Du et croire; croire est ici un infinitif
pris substantivement : avoir du croire, avoir ob-
tenu de la confiance.
DUCTILE (du-kti-1'), adj. Terme de métallurgie.
Oui peut être tiré, allongé, étendu sans se rompre.
L'or est le plus ductile de tous les métaux. On fa-
brique le papier, on file les métaux ductiles, volt.
Russie, I, 9. Lorsque le bouton qui doit former la
branche commence à s'étendre, ce n'est qu'une ma-
tière ductile qui, par son extension, devient un fi-
let herbacé, BUFP. De la vieilletse et de la mort.
— HIST. xvi" S. Le roi le trouva enfin las de sa
besongne malreconnue, et ductile à reparer les brè-
ches de sa maison, d'aub. Ilist. m, 335.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. duclil; ital. duttile;
du lat. ductilis, qui peut être conduit, de duclum,
supin de duccre, conduire (voy. duire).
t DUCTILIMÊTRE (du-kti-li-mè-tr'), s. m. Terme
didactique. Marteau pour évaluer la ductilité des
métaux.
— ËTYM. Ductile, et mètre, mesure.
DUCTILITÉ (du-kti-li-té',-.v. f. Qualité de ce qui
est ductile. Quoique ces deux membranes [de la
tige] soient devenues solides et ligneuses par leurs
surfaces intérieures, elles conservent, à leurs sur-
faces extérieures, do la souplesse et do la ductilité,
BUFFON, De la vieillesse et de la mort. \\ Propriété
qu'ont cerlains corps de s'étendre en fils sans se rom-
pre, lorsqu'on les passe à la filière. La ductilité de
l'or est telle qu'avec un gramme de ce métal on dore
un fil d'argent d'un myriamètre.
— ÉTYM. Ductile; catal. ductilitat; espagn. dwc-
tilidad; ital. duttilità.
DUËGNE (du-è-gn'), s. f. || 1° Gouvernante char-
gée de veiller sur la conduite d'une jeune personne.
Tu verras ce que c'est qu'une duègne de dix-huit
ans, I. j. Kouss. Ilél. i, 7. || 2° Nom qu'on donne
ordinairement à une vieille femme qui est chargée
de la conduite d'une jeune. Marceline : C'est une si
lolie personne que madame. — Suzanne : Eh mais,
assez pour désoler madame. — Marceline : Surtout
bien respectable. — Suzanne : C'est aux duègnes à
lêtre. — Marcebne, outrée : Aux duègnes! aux
duègnes! beaumarcu. Mar. de l'ig. i, 6. || Terme
M théâtre. Emploi de duègne. Jouer les duègnes.
DUl
— ÉTY.M. Espagn. diicna, duègne, proprement
dame, du latin domina (voy. dame).
(. DUEL (du-ùl'), s. m. Il 1° Combat singulier,
c'est-à-dire combat entre deux hommes. Elle aime
en ce duel son peu d'expérience, cobn. Cid, v, 4.
Il est temps ou jamais que je vous satisfasse El qu'un
duel enfin entre mon frère et moi.... boirou. An-
lig. i, 6. Et ta seule beauté causa notre duel, m.
Ilerc. mour. i, 4. Le vainqueur ofl"rit le duel au
nouveau roi, Boss. Ilist. m, 4. || 2° Duel judiciaire,
combat singulier ordonné autrefois par la justice
et admis comme preuve juridique dans les questions
douteuses. Le duel a décidé de l'innocence des hom-
mes, des accusations fausses ou véritables, la bruy.
XIII. Louis le Jeune, en tics, avait ordonné que,
pour une dette qui n'excéderait pas cinq sols, le
duel ne pourrait avoir lieu, saint-foix, Ess. Paris,
Œuvres, t. iv, p. 70, dans pougens. Philippe le
Bel défendit le duel en matière civile; et l'on put
plaider sans être obligé de se battre, id. ib. t. m, p. t o.
Il 3° Combat singulier entre deux personnes privées
et pour des ofifenses privées. Duel au pistolet, à l'é-
pée. Duel au premier sang, duel qui doit s'arrêter à
la première blessure , même légère, d'un des combat-
tants. Montrez-moi qu'il soit permis de se battre en
duel, PASC. Prov. 7. Un duel met les gens en mau-
vaise posture. Et notre roi n'est pas un monarque
en peinture, mol. Fdch. i, to. Combien de gens s'al-
laient autrefois battre en duel, en déplorant et en
condamnant cette misérable coutume et se blâmant
eux-mêmesde lasuivre! nicole, Ess. mor. ("traité,
ch. XI. Ces saintes ordonnances contre le duel que
Votre Majesté vient de renouveler, bourdal. Purif.
de la Vierge, Hyst. t. ii, p. t03. Me direz- vous qu'un
duel témoigne qu'on a du cœur, et que cela suffit
pour efl'acer la honte ou le reproche de tous les au-
tres vices? j. I. Eouss. Hél. i, 57.
— HIST. XVI' s. Ces hommes survivans h leur honte
eussent presché le malheur du duel, d'aub. Fœn.
1, 9. Par la mesme erreur qui a fait donner ce nom
[estoc] aux duels [sorte d'épée], id. Ilist. ii, 48).
Ce grand duel et ce poignard, id. Fœn. i, t. Mon
duel, la massacroire, id. ib. m, 0.
— ÉTYM. Lat. duellum.
2. DUEL (du-èl), s. m. Il 1° Troisième nombre dans
la langue grecque et dansquelquesautres, le sanscrit
par exemple, qui désigne deux objets. || 2° Adj.
Qui exprime le duel. Le huron a un duel comme
le grec, et deux premières personnes plurielles et
duelles, ciiateaub. jlineV. tl3. ||I1 faut remarquer
que cet emploi est inusité.
— ÉTYM. Lat. dualis, de duo, deux.
DUELLISTE (du-è-li-sf) , s. m. || 1° Celui qui se
bat en duel. Il fut condamné comme duelliste. Le
ministre de la justice ose prendre sur lui de tempé-
rer la sévérité de la loi contre les duellistes, dider.
Ess. s. Ciaude. Il 2° Celui qui se bat souvent en duel.
Un duelliste de profession. Un duelliste exercé.
— ÉTYM. Duel i. On trouve dans le xvi' siècle
duelliant et duellion.
f DUETTINO (du-è-lti-no), s. m. Composition
musicale à deux parties obligées, ordinairement
très-courte. || Au plur. Des duettinos.
— ÉTYM. Ital. duettino, diminutif de duetto, qui
est lui-même un diminutif de duo.
f DUGONG (du-gon) , s. m. Genre de mammifères
de l'ordre des cétacés, qu'on trouve dans les mers
de la Malaisie, du nord de l'Australie et dans la mer
Ilouge.
DUIRE (dui-r'), verbe vieilli et familier et dont
la conjugaison est tombée en désuétude excepta aux
temps et personnes suivantes : présent de l'indica-
tif, il duit, ils duisent; imparfait, il duisait; futur,
il duira; conditionnel, il duirait. |{ 1° F. n. Convenir
à quelqu'un, être de sa convenance. Genre de mort
qui ne duit pas X gens peu curieux de goûter le
trépas, la font. Fabl. ix, 46 Choisissez des
tons un peu moins hauts; Horace en a de tous;
voyez ceux qui vous duisent, id. Clymène, Comédie.
Tout duit aux gens heureux, m. liém. Du reste,
coupez, taillez, tranchez, rognez, et ne laissez de
tout cela que ce qui vous duira, dider. Salon de
(767, Œuvres, t. xiv, p. (37, dans pougens. || Im-
personnellement. S'il vous duit, nous pourrons don-
ner au public un joli volume, p. l. cour. Leit. i,
364. Il 2° V. a. Terme de fauconnerie. Dresser un
oiseau de proie.
— HIST. XI' s. 11 duist sa barbe, afaita son guernon
[moijslachel , Ch. de Roi. xv. ||xn* s. Bien sont [il
sut] esprevier duire et ostour e falcon, wace, Rou, v.
3825. Il xni's. Si orrez [entendrez] vraie ystoire, dont
li ver sont bien duit, Berte, xxxvi. Et quant li oel
[les j'eiu] sunt en déduit, Il sunt si apriset si duit,
DUL
Que .seus [seuls] ne sevent avoir joie, Ains vuelent
que li cuers s'esjoie, Et font les maus assoagier,
la Rose, 2740. {| xiv» s. En la manière que l'en duit
et chastie un asne ou un autre bestc de labeur,
onESME, Eth. 320. Il XV' s. Celuy qui tout duict, et
maistre estoit de mener telles danses, et qui peu les
craignoit, Bouciq. m, 2. || xvi' Considérant la justice
et bonté du Père céleste, en ce qu'il le chastie, il se
duira par cela à patience, calv. Inttit. 648. Gar-
gantua doutant dequelle faczon mieulxduiroyentles
cliausses on dict orateur.. ..bab. Garg. i, 20. LesLa-
cedemoniens , nation sur toutes duicte à combattre
de pied ferme, mont, i, *8. Après sept ans ils le
duisoient [l'enfant] à monter à cheval et aller à
lâchasse, id. i, (50. C'estoit la principale science
et vertu à quoy il vouloit duire cette nation, id. ii,
346. L'exemple de Cyrus ne duira pas mal en es
lieu, id. IV, (0. Dame Venus est ores mon déduit,
Et de Bacchus le breuvage me duit, Les dons aussi
des muses, amyot, Solon, 68. Toute chose est de
tel prix qu'elle est aimée ou qu'elle duit, cèNiN,
Récréations, t. ii, p. 250. De tel seigneur mesgnée
duyte [proverbequi revientà: tel maître, tel valet],
Roiier histor. i, 3.
— ÉTYM. Picard, duire, dresser, et aussi conve-
nir, plaire; wallon, dure, être expédient; environs
de Paris, dnebien duit, âne bien dressé; provenç.
duire, durre, conduire, instruire; du latin ducere,
conduire. La série des sens est conduire, guider,
instruire, façonner, et de là, au neutre, convenir,
être expédient. Con-duire, de conducere, sé-duire,
de seducere, prouvent surabondamment que dutre
vient du latin ducere, que l'on rapproche du germa-
nique : gothique, tiu/10; ancien haut allem. iiu/ia,
tirer, mots dont le radical est tuh.
t DUIS (dui), s. m. Lit créé à l'aide de digues
parallèles entre lesquelles les eaux qui divaguaient
sur une surface se trouvent réunies pour les besoins
de la navigation.
— ÉTYM. Lat. diictus, conduit (voy. doit).
f (.DUIT, DUITE (dui, dui-t'), ad}. Façonné,
dressé. Il n'est pas duit à cela, Acad. édit. de lOOfl.
Duit au travail, duit à combattre, scarbon, Virg.
trav. dans leroox, Dict. comique. || Vieux.
— ÉTYM. Part, passé de duire.
t 2. DUIT (dui) , s. m. Terme de pêche. Chaussée
formée de pieux et de cailloux en travers d'une ri-
vière ou d'un petit bras de mer pour arrêter le pois-
son lors du jusant.
— ÉTYM. Probablement le latin ductus (voy.
doit).
f DUITE (dui-t') , s. f. Fil que la navette conduit
depuis une lisière jusqu'à l'autre, dans l'ourdissage
d'une étoffe quelconque. || Terme de rubanier. La
portion de la chaîne qui lève ou baisse à chaque
mouvement de marche. || Fausse duite, défaut de
fabrication dans les élolTes, pravenant d'un jet de
la trame qui ne passe pas régulièrement dans les
fils de la chaîne, à cause d'un défaut d'égalité dans
les fils des lisses.
— ÉTYM. Le participe duit, de duire, dans le sens
de conduire.
t DUITTE (dui-f) , s. f. Terme de marine. Nom
donné à de très-petits torons provenant de flls de
caret très-menus, servant à faire de la ligne d'a-
marrage et du petit filin.
— ÉTYM. Le même que duite.
t DULCAMARINE (dul-ka-ma-ri-n') , S. f. Terme
de chimie. Substance qui se trouve dans la douce-
amère.
— ÉTYM. Lat. dulcamara, douce-amère.
t DULCIFIANT, ANTE (dul-si-fi-an, an-t'), adj
Oui adoucit. Quelque petit clystère dulcifiant, mol.
if^d. m. lui. II, 7.
DULCIFICATIOX (dul-si-fi-ka-sion), I. /. Action
de dulcifier; résultat de cette action.
— ÉTYM. Dulcifier.
DULCIFIÉ, ÉE (dul-si-fi-é, ée), part, passé.
Il 1° Rendu doux. || Terme d'ancienne chimie. Esprit
de nitre dulcifié, esprit de sel dulcifié, nom donné
à des mélanges d'acide nitrique et d'alcool, d'acide
chlorhydrique et d'alcool, dits maintenant, le pre-
mier acide azotique alcoolisé, et le second acide
chlorbydrique alcoolisé. || 2° Fig. Radouci. Voilà
tout mon courroux Déjà dulcifié; qu'en dis-tuî rom-
pons-nous? MOL. Dép. am. iv, 4.
DULCIFIER (dubsi-fi-é),jedulcifiais, nous dulci-
fiions; que je dulcifié, que nous dulcifiions, t. a-
Terme de pharmacie. Rendre doux , tempérer l'â-
creté, l'acidité, la force d'un liquide en le mêlant
avec un autre liquide plus doux. On dulcifié les aci-
des minéraux au moyen de l'alcool. || Kig. et dans le
style plaisant. Que voulez-vous donc faire avec ces
DUN
chanires-ci?- - J'en veux dulcifier mon amoureux
souci, SCARRCN, D. Japliet. iv, 3.
— ÉTYM. Lat. fictif, dulcificare, de dulcis, doux,
et facere, faire.
t DULCIMER (dul-si-mèr), s. m. Espèce de gui-
lare des pays du Nord dont les cordes, remuées avec
les épingles de fer ou de cuivre, rendent une liar-
monie assez agréable.
DULCINÉE (dul-si-née), s. f. Nom badin et sou-
vent moqueur qu'on donne à une maltresse. II était
aux pieds de sa Dulcinée. C'est donc une impéra-
trice que votre Dulcinée, CH. de Bernard, laFemme
de 40 atis, § 2.
— IIIST. XV* S. C'est pitié s'ils font jojo Trop ma-
tin, les (loulcinés [douillets], ch. d'orl. Chans.
— Ety.M. Dérivé du latin dulcis, doux. Dans le
sens de maîtresse, ce mot vient de don Quichotte,
lui avait choisi pour son héroïne l'incomparable
Dulcinée du Toboso.
t nrLCINISTE (dul-si-ni-sf), s. m. Nom d'héré-
'.iquesduxiv'siècle, qui prêchaient le r^gnedu Saint-
Es|)nt après celui du Fils, qui avait duré depuis la
naissance de Jésus-Christ, comme celui du Père
avait duré auparavant depuis la création du monde.
— ÊTYM. Dulcin de Novarre, qui fut brûlé sous
:e pape Clément V.
t DULCITER (dul-si-tèr) , adv. /a(m qui signifie
.loucement, et qui est pris avec ce sens dans le
style badin et moqueur. Dulciter, papa, chacun son
affaire, eeaumarch. Barbier de SdvÛle, 11, H.
DDLIE (ilu-lie), s. f. Terme de théologie. Le culte
de dulie, culte de respect et d'honneur que l'on rend
aux saints, par opposition au culte de latrie qu'on
rend à Dieu seul.
— IllST. XVI' s. Latrie en grec signifie autant
qu'honneur; dulie est servitude; et toutesfois ceste
différence n'est pas tousjours observée en l'Escriture,
CALV. Inslit. 67.
— ÉTYM. AomXUo. , servitude , de 8où).o; , es-
clave.
t DtJLIEN (du-liin), s. m. Sectaire arien du
IV' siècle, qui prétendait que le Verbe était non pas
fils du Père, mais son serf.
— ÉTYM. Aou)iavo;, de ào'Arii, esclave, serf.
DÛMENT (du-man), adv. Terme de pratique. En
due forma. La chose a été bien et dûment constatée.
Il Par extension, dans le langage général, mais
souvent avec une nuance de moquerie, de badinage,
comme il faut, d'une façon due, convenable. Un per-
sonnage Dûment atteint de cocuage, la font.
Coupe. Notre défunt était en carrosse porté. Bien
et dament empaqueté, ID. Fabl. vu, U.
— HlST. xiv's. Or n'est-il p."s double que à don-
ner deuement il se ensuit bien faire et bien ouvrer,
crf.sme, Eth. 103. Il XV' s. Et relata son message bien
et duement, ainsi qu'il appartenoit, froiss. 1, i, H 9.
Il xvi* s. [Les roys juroient] qu'ilz regneroient bien
et duement selon les loix, amyot, Pyrrk. 9.
— ÉTYM. Due, et le suffixe ment.
f DUiMlCOLE (du-mi-ko-l'), adj. Terme d'histoire
naturelle. Qui vit d'ans les taillis, dans les buissons.
— ÉTYM. Lat. dumicola, de dumus, buisson, et
colère, habiter.
DUNE (du-n') , s. f. Monticule de sable sur les
bords de la mer. Les dunes, ces monticules sablon-
neux qui, si l'industrie de l'homme ne parvient à
les fixer par des végétaux convenables, s'avancent
vers l'intérieur des terres, cuvier, Itévol. p. 37.
— HIST. XV' s. Les François ne pouvoient venir
que par les dunes sur le rivage de la mer, froiss.
I, I, 317. Il XVI' s. Sur cette gayeté, l'archiduc mar-
che sur les dunes de sable qui sont au bord de la
mer avec neuf compagnies d'ordonnances, d'aub.
Hist. m, 629.
— ÉTYM. Espagn. et ital. dwm, du latin dnnum,
en grec Soùvov, mots signifiant hauteur, et donnés
comme celtiques par les auteurs anciens; ils exis-
tent encore dans le celtique moderne : kymri, ir-
landais et gaél. dun, tertre; bas-bret. fun, col-
line.
DUNETTE (du-nè-f), s. f. Terme de marine. Étage
élevé à la partie postérieure du gaillard d'arrière
d'un navire ; le plancher en est à la hauteur d'environ
cinq pieds et demi (dans un vaisseau) au-dessus du
gaillard, et s'étend du mât d'artimon au couronne-
ment, servant de plafond à la chambre du conseil
et à quelques chambres destinées au capitaine et à
d'autres officiers, jal. || La partie supérieure de la
dunette. Se promener sur la dunette. Nous montfimes
sur la dunette pour voir de plus loin.
— HIST. XVI' s. Et d'avantage dès ce temps où
commença une si furieuse et continuelle batterie
d'artillerie contre les dunettes [petits fortins] qu; les
DUP
Anglois avoienl fait bastir avec une incroyable des-
pense pour la secureté des navires entransau havre
de Boulogne, Oraison du chancelier de France,
1B50, dans JAL.
— ÉTYM. Diminutif de dîme, hauteur.
DUO (du-o), s. m. Il 1° Terme de musique. Mor-
ceau fait pour être chanté par deux voix ou exécuté
par deux instruments. Duo de flûte, de violon. De
beaux duos. On appelle duo une musique à deux
voix, quoiqu'il y ait une troisième parlie pour la
basse continue, et d'autres pour la symphonie, j. j.
Rouss. Dict. de musique. \\ 2° Fig. et ramilièrement.
Duo d'injures, échange de mots grossiers. || Au
plur. Des duos.
— ÉTYM. Itai. duo, du latin duo, deux.
+ DUODÉCIMAL, ALE (du-0-ilé-si-mal, ma-1'),
adj. Terme d'arithmétique. Qui se compte, se divise
par douze. Système duodécimal, système de numéra-
tion, dont la base serait le nombre douze et qui em-
ploierait par conséquent onze chiffres significatifs
et un zéro.
— ÉTYM. Lat.dwo, deux, et décimal.
t DUODÉCIMO (du-o-dé-si-mo) , adv. Se dit pour
douzièmement, quand on énumère une série d'objets
ou d'articles rangés par primo, secundo, etc. 11 s'é-
crit souvent ti°.
— ÉTYM. Lat. duodecimo loco, en douzième lieu.
t DUODÉCUPLE (du-o-dé-ku-pl'), adj. Qui con-
tient douze fois. Un nombre duodécuple d'un autre.
— ÉTYM. Lat. duodecim, douze.
t DUODÊNAIRE (du-o-dé-nô-r'), adj. Terme di-
dactique. Oui est disposé par douzaine.
— ÉTYM. Lat. duodenarius, venant de- duodeni,
qui va par douze, de duo, deux, et dcni, dix.
fDUODÉNAL, ALE (du-0-dé-nal, na-1'), adj.
Terme d'anatomie. Qui appartient ou a rapport au
duodénum. Artères et veines duodénales.
— ÉTYM. Duodénum, et la terminaison adjective
al, signifiant : qui appartient à, qui est de la na-
ture de.
t DUODÉNITE (du-o-dé-ni-f), s. f. Terme de mé-
decine. Inflammation du duodénum.
— ÉTYM. Duodénum, et la finale médicale ite,
qui indique inflammation.
DUODENUM (du-o-dé-nom'), s. m. Terme d'ana-
tomie. Première portion de l'intestin grêle, ainsi
nommée de ce que la longueur n'en est guère que
de douze travers de doigt.
— REM. L'Académie ne met point d'accent; mais
elle note qu'on en prononce un.
— HlST. XVI' s. Trois gresles, appelés duodénum,
jéjunum et iléon.... le premier a esté ainsi nommé,
à cause qu'il est quasi comme un changement de
ventricule en intestin, selon la longitude de douze
doigts, PARÉ, I, )5.
— ÉTYM. Lat. duodeni, douze.
DUODI (du-o-di), s. m. Le deuxième jour de la
décade, dans le calendrier républicain.
— ÉTYM. Lat. duo, deux, etdies, jour.
t DUODR.\ME (du-o-dra-m'), s. m. Pièce drama-
tique où il n'y a que deux interlocuteurs.
— ÉTYM. Lat. duo, deux, et drame.
DUPE (du-p'), s. f. Il 1° Personne qui a été jouée,
trompée, ou qu'il est facile déjouer, d'abuser. Isi-
dore est entre les mains du cavalier qu'elle aime;-
vous êtes pris pour dupe, mol. Sicil. se. 20. Lui qui
connaît sa dupe et qui veut en jouir. Par cent de-
hors fardés a l'art de l'éblouir, ID. Tart. 1, 2. Kt
ne pense pas, toi, trouver ta dupe aussi [me trom-
per], m. le Dép. iv, 4. Et moi, la bonne dupe à
trop croire un vaurien, id. l'Ét. 11, B. Allez, vous
êtes une vraie dupe, m. Bourg, gent. m, 4. Ne
point mentir, être content d\i sien. C'est le plus
sûr; cependant on s'occupe X dire faux pour attra-
per du bien; Que sert cela? Jupiter n'est pas dupe,
LA FONT. Fabl. V, 1. Vous le croyez votre dupe;
s'il feint de l'être, qui est plus dupe de lui ou de
vous? LA BRUY. V. Un homme d'esprit et d'un ca-
ractère simple et droit peut tomber dans quelque
piège; il ne pense pas que personne veuille lui
en dresser et le choisir pour être sa dupe, m. n.
Il faut opter des deux, être dupe ou fripon, re-
GNARD, Joueur, I, 7. Le désir de gagner qui nuit
et jour occupe Est un dangereux aiguillon; Sou-
vent, quoique l'esprit, quoique le cœur soit bon, On
commence par être dupe. On finit par être fripon,
M'"'DEsnouLiÈRKS, Réflcxions diverses. Il est très-
malaisé que la plupartdesprincipauxd'un État soient
malhonnêtes gens, et que les inférieurs soient gens
de bien; que ceux-l<\ soient trompeurs, et que ceux-
ci consentent à n'être que dupes, montksq. Esp^ m,
5. Il I1upo, bien que se rapportant à un nom ou à
un pronom au pluriel, se met au singulier, quand il
DL'P
1251
s'agit d'un seul et même moyen employé pour trom-
per. Nous fûmes la dupe de son stratagème. || Use
met au pluriel quand il s'agit de duperies successives.
Nous fûmes les dupes de ses stratagèmes. || Faire des
ilupos, abuser de la confiance d'un certain nombre
lie porsoimes, les tromper, leur soustraire de l'ar-
gent, etc. Si je vous rends dupe une fois, c'est pour
vous empêcher d'en faire, imeeht. Jaloux sans
amour, m, 1. 1| Journée des dupes, le U novembre
(030, jour où Richelieu, que l'on croyait disgracié,
reprit son autorité auprès du roi, et, par extension,
tout événement qui tourne à la confusion de ceux
qui comptaient sur le succès. C'est une journée
des dupes. || Élre la dupe d'une alTaire, d'un mar-
ché, n'y pas trouver son compte, y perdre. || Fig.
Notre esprit est la dupe de notre cœur, sÉv. 278.
Son cœur était souvent la dupe, plus souvent encore
l'esclavedesesengagements, hamii.t. Gramm. 6. Et,
dupe des méchants, la générosité Offre trop d'avan-
tage à leur iniquité, lemerc. Frddég. et llruneh. .
m, i. Il 2° Adj. La suite fera voir que ces derniers
ne seront pas les plus dupes, pasc. Pror. 2. Allez,
j'étais trop dupe, et je vais ne ])lus l'être, mol.
Mis. V, 6. Il 3' Dupe, sorte de jeu de cartes, appelé
quelquefois jeu de Florentini.
— REM. La Fontaine a fait dupe masctdin. Du fil
et du soufflet pourtant embarrassé. Un des dupes
un jour alla trouver un sage, Fabl. ix, 8. Mais c'est
une faute; dupe, comme on verra à l'historique et
à l'étymologie, est le nom féminin d'un oiseau; et
l'on ne peut pas plus dire un dupe qu'on ne pour-
rait dire un linotte pour un homme étourdi.
— HlST. xV s. Le quel Nobis dist au suppliant
qu'il alast avecques lui en l'osteloùpend l'enseigne
des petits sollers, et que il avoit trouvé son homme
ou la duppe, qui est leur manière de parler et que
ilz nomment jargon, quant Hz trouvent aucun fol
ou innocent qu'ilz veullent décevoir par jeu ou jeux
et avoir son argent, nu cange, dwphri/as. || xvi' s.
Cependant venoyt son diseur d'heures , empalt-
tocqué comme uneduppe, rabel. Garg.i, 21. Pen-
sent ilz bien avoir affaire à une duppe, de vous
paistre de ces fouaces? id. ib. i, 32. Et feussent ilz
aussi huppez que dupes de marays,iD. Pan*. 11, (2.
Panurge curieusement considéra sa forme [du pape-
gaut].... puis s'écria : en mal an soyl la besle, il
semble une duppe. Parlez bas, dit Editus, il a au-
reilles. Se ha bien une duppe [aussi une huppe en
a-t-elle bien] , dit Panurge, ID. ib. v, 8.
— ÉTYM. Berry, duhe, la huppe. On a proposé
l'allemand (de la Souabe) diippel, imbécile. Mais
dupe est du féminin et a été le nom de la huppe,
oiseau qui passe pour un des plus niais. De la sorte
la huppe ou la duppe fut prise, dans le jargon ou ar-
got du temps, pour une personne aisée à tromper,
sens que pigeon a de nos jours. Chevallet a nws en
lumière cette étymologie, qui est la véritable. Main-
tenant duppe ou dupe est-il une altération de ftuppe?
cela est possible, sans être certain.
DUPÉ, ÉE (du-pé, pée), part, passé. Pris pour
dupe. Dupé par un habile fripon. Un philosophe as-
sure Que toujours par leurs sens les hommes sont
dupés, la font. Fabl. vu, 18. || Il se dit aussi <le
l'attente, de l'espérance, etc. S'il ne faut que cou-
rir, leur attente est dupée; J'ai le pied pour le moins
aussi bon que l'épée, corn. /iïu.rio/i comt^we, ni, 8.
DUPER (du-pé), V. a. \\ l" Prendre pour dupe,
tromper. Ils s'entendirent pour le duper. Paris est
un grand lieu plein de marchands mêlés : L'en"et
n'y répond pas toujours à l'apparence. On s'y laisse
duper autant qu'en lieu de France, corn. Ment.
I, 1. Je sais les tours rusés et les subtiles trames
Dont.... savent user les femmes, Et comme on est
dupé par leurs dextérités, mol. Éc.desf. I, 1. Quoi 1
parce qu'un fripon vous dupe avec audace Sous le
pompeux éclat d'une austère grimace. Vous voulez
que partout on soit tout comme lui, Et qu'aucun
vrai dévot ne se trouve aujourd'hui? id. Tart. v, ).
Un bigot orgueilleux qui, "dans sa vanité, Croit du-
per jusqu'à Dieu par son zèle alTccté, boil. Sat. x.
Tous ceux qui ont commercé avec les Chinois con-
viennent unanimement que l'on ne saurait prendre
tropdoprécautions, si l'on ne veut pas en être dupé,
RAYNAL, His(. phii. I, 21. Il Absolument. Il ne cherche
qu'à duper. Il 11 se dit aussi de certains sentiments
que l'on trompe. Je dupais son inconstance, parce
que tous les jours je lui renouvelais sa maîtresse,
et c'était comme s'il en avait changé, marivaux,
Marianne, V part. || 2° Se duper, t;. réfl. Desfripons
qui se dupent l'un l'autre.
— ÉTYM. Dupe; Berry, dubé, huppé.
DUPERIE (du-pe-rie), s. f. || 1° Ce qui fait qu'on
est dupe. C'est une franche duperie. Regardant le
4252
DUP
pnr amour du bien public comme une duperie ou
comme une jactance, mahmontix, Mém. xii. X ce
risque f:ital, je vis, je me confie; Et dût ce nnble
instinct, sublime duperie, Sacrifier en vain i'exi-
stence à la mort, J'aime à jouer ainsi mon .Ime avec
le sort, LAMART. Ilarm. iv, ti. H 2» Ëlat de dupe.
Pour voir jusqu'où va la duperie des hommes avec
nous, MARIVAUX, Marianne, l" part.
— ÉTYM. Duper.
DDPEUR (du-peur), î. m. Celui qui dupe. Un du-
peur dupé. || Fig. Un dupeur d'oreilles, lecteur qui
est assez habile pour faire trouver bons, quand 11
les récite, des vers, un morceau, médiocres par la
pensée ou par l'expression. On a dit que Delille était
un grand dupeur d'oreilles à cause de son talentpour
réciter ses vers.
— f.TYM. Duper.
DDPLIC.\TA (du-pli-ka-la), s. m. Double d'un
acte, d'une quittance, d'une dépêche. Expédier un
acte en ou par duplicata. Que les chambres du par-
lement s'asseml)lassent pour, en leur présence, y
être fait ouverture du testament, et les duplicata du
dit testament être envoyés à tous les parlements du
royaume, st-sim. 304, 52. On dépêcha un second
courrier avec un duplicata, volt. Hussie, II, (. 11
fit quatre duplicata de celte lettre , m. Taureau, 6.
Il Par extension et danslo stylo badin, représenta-
lion, image. Jaloux de donner à ma belle Le dupli-
cata de mes traits, je demande quel est l'Apelle Le
plus connu pour ses portraits, désaugiers, l'Atelier
du peintre, chanson.
— REM. On no voit pas pourquoi l'Académie, met-
tant un s dans des opéras, n'écrit pas aussi des du-
plicatas, des Iriplicatas.
— ÉTYM. Plur. neutre do duplicatus, participe
passif de dupHcare, doubler (voy. doubler).
t DUPLICATEUR (du-pli-ka-teur), s. m. Terme
de physique. Instrument propre à réunir des quan-
tités d'électricité trop faibles pour être apprécia-
bles & l'électroraètre le plus sensible.
— ÉTY,M. Voy. DUPLICATION.
t DUPLICATIF, IVE (du-pli-ka-tif, ti-v'), adj.
Terme didactique. Qui double, qui opère la dupli-
cation.
— ÉTYM. Lat. duplicare, doubler (voy. doubler) ;
provenç. dtiplicatiu.
t DUPLICATILE (du-pli-ka-ti-l'), adj. Terme di-
dactique. Qui est susceptible de se ployer en travers.
— ÉTYM. Lat. duplicare, doubler (voy. doubler).
DUPLICATION (du-pli ka-sinn), s. f. || 1» Terme
de géométrie. Action de doubler une quantité. |{ Du-
plication du cube, problème qui consiste à con-
struire un cube double d'un cube donné en volume
et à faire cette construction sans employer d'autres
instruments que la règle et le compas. Le problème
des deux moyennes proportionnelles pour parvenir
à la duplication du cube, qui n'a jamais pu être
résolu géométriquement que par M. Descartes, rol-
LIN, Ilist. anc. t. xni,liv. xxvit,ch. t , p. 133, dans
POUGENS. Il 2° Terme de musique. Dans le plain-
chant, sorte de périélèse qui se fait en doublant la
pénultième note, lorsque cette note est du degré
immédiatement inférieur à la dernière. {{ 3° Terme
de botanique. Mode do multiplication particulier à
quelques genres de végétaux microscopiques.
— lllST. xvr s. Ceste fraction d'air fait double
gon, dont la duplication est appellée écho, paré,
IV, (0.
— ÉTYM. Provenç. duplicatio; espagn. duplica-
cion; ilal. diiplicazione; du latin duplicationem ,
de duplicare, doubler (voy. doubler).
t DUPLICATO-DENTELR, ÊE (du-pli-ka-lo-dan-
te-lé, lée), od;. Terme de botanique. Dont les den-
telures sont elles-mêmes dentelées.
— ÉTYM Lat. duplicatus, doublé, et denteld.
t DUPLIOATUIIE (du-pli-ka-tu-r'), s. f. Terme di-
dactique. Êiat d'une chose plate et mince qui est
repliée sur elle-même. La duplicature du péri-
toine. La peau du polype peut n'être pas simple,
elle peut être composée de deux membranes prin-
cipales dont la duplicature fournit un nouvel esto-
mac, BONNKT, Consid. corps organ. Œuvres, t. vi,
p. 68, dans POUGENS.
— IllST. xvi' s. Les veines et artères, estant en-
trées au crâne s'insèrent en la duplicature de la
dure-mere, faite à la division du cerebelle et du
cerveau, pabè, ni, B.
— f.TYM. lat. duplicare. doubler (voy. doubler).
t DUPLICIDENTÊ, ÉE (du-pli -si-dan-té, tée), adj.
Terme de botanique. Qui a des dents douilles. || S.
m. Terme do zoologie. Les duplicidentésou doubles
dents, famille do mammifères rongeurs, dite à pré-
sent famillo dus léporins.
DUR
— ÉTYM. Lat. duplex, double, et denté.
DUPLICITÉ (du-pli-si-té), s. f. || f Etat de ce qui
est double. Certains verres donnent une duplicité
d'images du même objet. Il s'y rencontre [dans celle
pièce] une duplicité de lieu particulier, corn. h'x.
de Cinna. || 2" Terme d'anatomie pathologique. Du-
plicité par inclusion, synonyme d'inclusion mon-
strueuse, c'est-à-dire de la monsiruosilé où un corps
vivant en renferme un autre. {| 3° Fig. Caractère
d'une âme qui est double, qui présente une appa-
rence trompeuse et contraire à ce qui est au fond;
mauvaise foi. Puisque votre probabilité rend les
bons sentiments de quelques-uns de vos auteurs
inutiles à l'Eglise et utiles seulement à votre politi-
que, ils ne servent qu'à nous montrer la duplicité
de votre coeur, PAsc. Prov. i3. Sa société [de M. de
Turenne] communiquait une horreur pour la fri-
ponnerie et pour la duplicité, qui mettait tous ses
amis au-dessus des autres hommes, sÉv. Lett.
38 août (075.
— HIST. xiu* s. Tous jors i troverés sophime, Oui
la conséquence envenime, Se vous avéssotilité D'en-
temlre la duplicité, la llose, <2317. || xv s. Ne fu-
mée de haine, ne tache quelconque de mensonge
ou duplicité, GERSON, //arcnjue au roi Charles VI,
p. <5. ||xvi' s. Toutefois qu'il y ait encore quel-
qtie duplicité [double nature] et meslange en lame
mesme, et quehpie diversité de nature et différence
entre la partie raisonnable et l'irraisonnable , amyot ,
De la vertu morale, 3.
— ÉTYM. Lat. duplicitas, de dupZcx(voy. double).
DUPLIQUE (du-pli-k'),s. f. \\ 1° Terme de pratique
ancienne. Réponse à une réplique. Les dupliques
furent abolies par l'ordonnance de («67. |[ Dans le
langage général, toute espèce de réponse à une ré-
plique. On n'a omis que ce que ce premier écrit
omet, qui est un fatras de répliques et de dupliques
départ et d'autre, st-sim. 398, (I6.[|2° Adj. An-
cien terme de musique. Consonnance duplique,
consonnance exprimée par un rapport double du
rapport qui exprime une autre consonnance.
— ÉTYM. Voy. dupliquer.
DUPLIQUER (du-pli-ké) , V. n. Terme de pratique
ancienne. Fournir des dupliques. Mme du Maine ne
se rebuta point, et se mit à répliquer, à dupliquer,
et à faire les derniers efforts pour l'emporter, st-
sim. 378, 115.
— HIST. xv* S. Si duplica; Le douloureux qui
l'ouit replica. Et son propos de tous points applica,
AL. CHAUTiEB, le Débat des deux fortunes. S'ensuit
la seconde lettre du roy Henry, duplicant à la se-
conde lettre du duc d'Orléans, monsthel. 1. 1, f" 1 1,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Lat. duplicare, doubler.
DUPOXDIUS (du-pon-dius'), s. m. Terme d'an-
tiquité romaine. Monnaie valant deux as.
— ÉTYM. Lat. dupondius, de duo, deux, et pon-
dus, poids (voy. poids).
t DUPPION (du-ppi-on), s. m. Terme de com-
merce. Voy. DOUPION.
DUQUEL (du-kèl), adj. conjonctif m. sing. com-
posé de du et de quel. Voy. lequel.
DUR, DURE (dur, du-r'), adj. \\ 1° Difficile à pé-
nétrer, à entamer, opposé à tendre, à mou. Le fer
est un métal très-dur. Du pain dur. Un lit dur. Du
bois dur à fendre. Une pierre dure à casser. Pauvre
ignorant I et que prétends-tu faire? 'fu te prends à
plus dur que toi, la font, l'abl. v, lO. j] Un œuf
dur, œuf cuit jusqu'à ce que le blanc et le jaune
soient pris, congelés. ]| Terme d'anatomie. Parties
dures, organes ou tissus qui présentent beaucoup
de consistance, comme les os, les dents, les car-
tilages, par opposition à d'autres parties qui offrent
peu de résistance et qu'on appelle molles. |] 2° Qui
oppose de la résistance. Ce fusil, ce pistolet est dur
à la détente. |] Fig. et familièrement. Être dur à la
délente, à la desserre, c'est-à-dire ne pas donner
facilement de l'argent, être avare. Le seigneur Har-
pagon est le mortel de tous les mortels le plus dur
et le plus serré; il n'est point de service qui pousse
sa reconnaissance jusqu'à lui faire ouvrir les mains,
MOL. i'^rarc, ii, 5. ]] Dur à digérer, de digestion dif-
ficile. 11 Fig. et familièrement. Cela est dur à digé-
rer, ou cela est de dure digestion, c'est-à-dire peu
supportable, difficile à croire, ou très ennuyeux (en
parlant de livres). || Dur i cuire, de cuisson difficile.
Il Fig. et familièrement. Dur à cuire, c'est-à-dire
difficile à manier, à faire marcher, à plier aux
usages, en parlant surtout des gens qui ont pris
leur pli. On l'emploie même substantivement. C'est
un dur à cuire. Au plur. Des durs à cuire, qui se
prononce comme le singulier, sans faire sentir ]'s.
Il Cette marchandise est dure à la vente, elle se vend
DUR
difficilement. || Eaux dures, celles gui, chargéec
de sels calcaires, ne sont pas propres à cuire les lé-
gumes, j] Vin dur, vin qui a beaucoup d'àprelé.
Il 3° En parlant de certaines facultés qui ne s'enr-
cent qu'avec peine. Etre dur d'oreille, avoir l'oreille
dure, n'entendre que les sons qui ont de la force
Il Avoir la tête dure, ne pas com[irendre facilement.
On dit dans le même sens avoir l'intelligence dure.
Il Terme de manège. Cheval dur, cheval qui n'a
point de sensibilité ni à l'éperon ni au fouet. Réac-
tions dures, fortes secousses, communiquées au
corps à chaque poser des membres pendant les
allures de certains chevaux. || Kig. Mais il est des
esprits durs, indisciplinables. Dont on ne peut ve-
nir à bout, CORN. Imit. u, 3. || i" Qui est désagréa-
ble à l'oreille. Une voix dure. Un style dur. Des
vers durs. Une modulation dure à l'oreille. Maudit
soit l'auteur dur dont l'âpre et rude verve.... boil.
Vers en style de Chapelain. Il y a une extrême iné-
galité entre les ouvrages d'Ausone; son style est
dur; mais la dureté est le moindre vice de ses poé-
sies, ROLLiN, I{ist. anc. t. xii, liv. xxv, ch. i",
art. 2, g 3, p. 147, dans POUGENS. || Terme de mu-
sique. Se dit des intervalles ou des accords qui
blessent l'oreille par leur dissonance. B dur se di-
sait autrefois du si, qu'on désignait alors par B, et
qui était beaucoup plus difficile à entonner que leit
bémol (voy. bécarre). ||Oui, dans les arts du dessin
ou de la calligraphie, est marqué trop fortement,
a des contours roides ou heurtés. Un dessin dur.
Les traits de cette écriture sont durs. ]| Un crayon
dur, un pinceau dur, un crayon, un pinceau qui
tracent des traits durs. || Dans la peinture. Dont le
dessin est dur ou dans lequel les lumi'res et les om-
bres contrastent durement. Un tableau dur. Des tons
durs. L'effet de ce tableau est dur. || 11 se dit aussi
en ce sens, de celui qui peint. C'est un peintre
dur. Il 5° Pénible, affligeant, difficile à suppor-
ter. Une réprimande bien dure. Les soldats mè-
nent une vie fort dure. Dans cette dure extrémité,
trouvez bon qu'elle vous conjure de l'aimer, r.v-
tru. Harangue à la reine de Suède, dans riche-
let. Mais en ce dur combat de colère et de flamme
U déchire mon cœur sans partager mon âme,
coBN. Cid, m, 3. 11 est plus dur d'appréhender
la mort que de la souffrir, la bruy. Xi. Mais il
m'est désormais trop dur de reculer, bac. Baj. iv,
7. Quelque dure que soit la loi qu'on vous im-
pose.... ID. Athal. V, 2. Je n'avais pas songea dé-
sirer pour moi cette place; mais il m'était dur de la
voir remplie par un autre, j. J. bouss. Conf. v. Vous
n'en faites que trop la dure expérience, Ducis, Lear,
III, 0. Le malheur est moins dur à supporter qu'a
craindre, ID. Oscar, i, 2. A moi-même il me dit les
choseslesplusdures, boissy, Deh. tromp.t, *. || 6" Ri-
goureux par le froid. Un climat dur. Un hiver dur.
Un temps dur. || Fig. Les temps sont durs, c'est-à-dire
on a bien de la peine à vive par le temps qui court.
Il y aura toujours des gens riches qui diront que le
temps est dur, volt. Ult. Damilaville, 20 févr.
(706. Eh bien I voisin, comment va le commerce? —
Fort mal, le temps est dur, champport, March. de
Smynie, se. 10. |1 7° Qui est sans bonté, sans huma-
nité. Cet homme est dur et sec. 11 est fort dur pour
ses domestiques. U a le cœur plus dur, étant fils d'un
tyran, corn. Héracl. v, 2. Leurs cœurs deviennent
plus durs que la pierre et que le bronze, bourdal.
Wyst. Vassion de J. C. t. i, p. 28«. La cour est
comme un édifice bâti do marbre, je veux dire
qu'elle est composée d'hommes fort durs, mais fort
polis, LA bhuy. VIII. Il Dans le même sens, en par-
lant des dehors, des manières, des discours, etc.
Un regard dur. Des manières dures. Il lui refusa en
termes durs. Une réponse dure et désobligeante.
Jamais homme ne fut plus compatissant avec une
physionomie plus dure, volt. Joint, O. Ses traits
durs et pensifs ont un calme odieux, lemerc. Fré-
dég. et Bruneh. m. 2. ||8» Qui supporte la fatigue,
la peine. Un homme dur au travail , à la peine. Celle
espèce d'opulence permettait aux colons d'avoir un
a,ssez grand nombre de chevaux qui n'étaient pas
beaux, mais durs à la fatigue et propres à faire sur
la neige des courses prodigieuses, raynal, Ilist.
phil. XVI, 13. Il Avoir la vie dure, résister aux cau-
ses de mort. Avoir la vie dure comme un chat
Il a la vie bien dure, sÉv. 292. || Rendre à quel-
qu'un la vie dure, lui faire bien du mal, lui don-
ner bien de la peine. || 9* Dur, adv. Difficilement.
Entendre dur. || Fig. et familièrement. 11 croit
dur comme fer tout ce qu'on lui dit, il est très-
crédule. Il 10» S. m. Terme d'art. Le dur est le con-
traire du moelleux. 1| U- Dure, s. f. La terre nue.
J'ai bu chaud, mangé L-xiid et couché sur la dure,
DUR
RÉCNiïR, Sat. II. De peur.... Oue son lit ne dé-
fonce, il dort dessus la dure, in. t'b. xiv. Il faut
souffrir la faim et coucher sur la dure, boii.. Sat.
viiL II Proverbe. Quand l'un veut du mou, l'autre
veut du dur, se dit de deux personnes qui ne s'ac-
cordent pas.
— HIST. XI* s. Ki dune li vit son grant dol [deuil]
démener.... Mult fust il dur, ki n'estoût [qui ne
dût] plurer, St Alexis, Lxxxvi. Dur sont li cop, et
H chaples [combat] est grefs , Ch. de Roland ,
cxxv. Il XII' s. 11 lace l'eume [haume], qui si fu dur
tenprez, Ronc. p. 30. La bataille est moût merveil-
leuse et dure, ib. p. «♦. Frère Olivier, com dure
destinée! l'b. p. 175. Tant par vous truis [je vous
trouve] touz temps sauvage et dure, Couct, xi. S'on-
qiies nus [nul] homs por dure départie [départ] Ot
[eut] cuer dolent, je l'aurai par raison, ib. xxiv.
Il xm* s. Tybers, ce dist Morans, dur cuer as corne
pierre, Berle, xx. De peine et de travail [elle] dort
si ferm et si dur, ib. xli. Seneschal, vous savés
que je vous ai moult amé, et ma gent me dient que
il vous treuvent dur; comment est-ce? joinv. 257.
Il xiv s. Et ceulz qui ont fait moult de maulz tris
prans et très durs, obesme, Eth. 207. Quant vous
vouidreï, prenez bataille; Nous avons la peau assez
dure, Et de fouir [fuir] si n'avons cure, tti). dubonJe-
han, (309. Il xv s. Si s'accorda Ile duc de Bretagne],
mais ce fut à dur, à ce que ses gens en avoient fait,
FBOiss. II, II, 82. Si ne vous chaille, si les Anglois
tiennent maintenant les champs et s'ils empruntent
un petit de pays à nous; sachez que c'est à grand
dur Idommage] pour eux, ID. n, m, 44. Lui fit
prier qu'il se voulust déporter et retraire, et qu'il
estoit trop dur conseillé contre lui, quand il ardoit
l'héritage de son fils le comte de Blois, id. i, i, 88.
Là eut mainte parole retournée et mainte mise en
avant, car dur sembloit et contraire aux cardinaux
de défaire ce que fait en avoient, id. m, iv, 07.
Et combattirent et assaillirent si dur Albrecht et
sa route qu'ils furent desconfis, id. i. i, ii3. Les
Escots sont durs et hardis et fort travaiUaiis en
armes et en guerre, id. i, i, 34. Combien que
Arfaran fut moult aagé, si estoit il dur et robuste,
Perceforest, t. vi, f" I2. L'atteignit sur le dur du
heaulme, et luy trancha le chapeau d'acier, ib.
t. 1, f» 26. Il xvi* s. Coucher sur la dure, mont, i,
27». Quand il commencea à apprendre les lettres,
il se trouva dur d'entendement, et tardif à com-
prendre, AMYOT, Cat. d'Ut. 2. 11 avoit l'ouye un
peu dure, id. ifc. 80. Chevaucher un cheval allant
dur, PARÉ, VI, t4.
— ÉTYM. Provenç. dur; espagn. et ital. duro; du
latin durus.
tDCRABILITÉ (du-ra-bi-li-té) , s. f. Terme didac-
tique. Qualité de ce qui est durable. La durabilité
d'une chose.
— ÉTYM. Provenç. durablelal; ital. durabilitd,
du latin durabililatfm , de durabitis, durable. On
trouve durableté en d'anciens textes.
DURABLE (du-ra-hl'), adj. Capable de durer
longtemps. Des monuments durables. Non, non,
elle a bien fait de m'être favorable, Voyant mon feu
si grand et ma foi si durable, malh. v, 4. Don pré-
cieux, inestimable présent, si seulement la posses-
sion en avait été plus durable, boss. Diich. d'Orl.
Si quelque chose pouvait élever les hommes au-des-
sus de leur infirmité naturelle, si l'origine qui nous
est commune soufTrait quelque distinction solide et
durable entre ceux que Dieu a formés de la même
terre.... id. l'b.Ou que d'un beau trépas la mémoire
durable.... bac. Phèd. m, 5. ô réveil plein d'hor-
reur I fi songe peu durable! id. Athal. ii, 9. Que
de courtes joies, que de chagrins durables! mass.
Or. fun. Profess. rel. Serm. 3. Si les calamités pu-
bliques sont si durables.... id. Confér. Excell. du
sacerd. Les penchants durables et comme ineffa-
çables du vice, ID. t'b. Vocat. à l'état ecclésiast. i.
Je léguerai la France à ma race durable, lemebc.
Frédég. et Bruneh. m, 5.
— HlST. XI' s. Briés [bref] est cis secles, plus du-
rable atendeiz, St Alexis, ex. || xv s. Ce qui est
fondé sur vertu est très durable, et en vient bien et
joye, Bouciq. i, ch. 7.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. durable; portug.
duravel; ital. durabile; du latin durabitis, de du-
rare, durer.
+ DURABLEMENT (du-ra-ble-man), adv. D'une
manière durable. Les ennemis, plus soigneux de
ri s'avancer solidement et commodément que de se
H hâter de pénétrer, avaient préféré les grands sièges
U pour se porter plus sûrement et plus durablement
n en avant, st-sim. 245, ts. Nous comprenions dans
les éléments de la propriété tout ce que l'intelligence
DUR
et la prévoyance humaine parviennent à créer et à
s'approprier durablement pour la conservation de
l'homme, mollien, Mém. d'un miniitre du trésor,
t. I, p. t42.
— KTYM. Durable, et le suffixe ment; ital. dura-
bilmente.
DURACINE (du-ra-si-n'), s. f. Pèche dont la chair
a une certaine dureté.
— lilST. xvi* s. Les auberges de jaune doré, Ju-
racines, aians la chair ferme, sont fort prisées,
0. DE SEBBES, 078.
— RTYM. Lat. duracinus.
t DURAMEN (du-ra-mèn'), s. m. Terme de bota-
nique. Nom donné au bois parfait ou bois propre-
ment dit.
— ÉTYM. Lat. duramcn, bois dur de la vigne, de
durare, durer.
t DURANDAL (du-ran-dal) , i. f. Nom de l'épée de
Roland, et, par extension, toute épée de chevalier.
Le chevalier jurait par sa durandal et son aquilain,
sa fidèle épée et son coursier rapide, chateaub.
Génie, iv, v, 4.
— HIST. XII' s. Je ferrai [frapperai] tant de duran-
dart m'espée, Garin, dans du canoe, durissimus. [Il]
Tint Durandars, dont li brans fu lettrés, Roman de
Roncevaux, ib. || xm" s. Si tenoit encores Durendal
l'espée, si vaut autant à dire comme donne grand cop
ou fier durement Sarrazins, du cange, 16. Durandal
ot [eut] à non li brans [épée], C'est à dire durs cos
[coups] donans, ph. mouskes, Chron. v. 8002, 1. 1,
p. 3)7. Il XVI' s. Vien, Attropos, et me couppe la
teste De Durandal ou Joyeuse ou Clarence, Ou de
Courtain ou Flamberge qu'est preste; Ainsi auray
de mes maulx alegeance, Chasse et départ d'a-
mour, p. 242, dans LACUBNE.
— ÉTYM. Origine inconnue; tout au plus peut-on
conjecturer que ce mot renferme le radical dur, du-
rer, et signifie l'épée solide, résistante, durable.
En tout cas ce mot est très-ancien; car on lit du-
rindarda au portail de la cathédrale de Vérone, la-
quelle est du IX* ou X' siècle ; ce qui exclut une ori-
rigine arabe, bien qu'on lise dans les Quatre fils
Aymon, v. 8B1, éd. de Bekker, Durendal comme
nom d'un émir. L'étymologie de Ph. Mouskes vient
directement de la Chronique du faux Turpin, de
vita Caroli magni et Rolandi, ch. xxiii, p. 66, de
l'édition Ciampi, Florence, t822 : Duranda inter-
pretantur durum ictum cum ea dans; quze frangi
nuUo modo poterat; prius deficiat brachium quam
spata.
DURANT (du-ran), prép. || 1° Dans la durée de,
pendant l'intervalle de. Jugez durant ce temps ce
que vous pourrez faire, cobn. Pomp. 11, 4. Durant
les brouilleries de la Grèce, Êpaminondas, Thébain,
se signala par son équité et par sa modération au-
tant que par ses victoires, Eoss. IHst. i, 8. Annibal
victorieux durant seize ans est vainement rappelé et
ne peut défendre sa patrie, in. ib. i, 8. Les Sarra-
sins reçurent de grands coups durant l'empire de
Léon, id. ib. I, tl. Si jamais l'on peut dire que la
voie du chrétien est étroite, c'est durant les persé-
cutions, id. Reine d'Anglet. Madame, ou je me
trompe ou durant vos adieux Quelques pleurs ré-
pandus ont obscurci vos yeux, bac. Brit. v, 3.
Ainsi, ce roi qui seul a, durant quarante ans, Lassé
tout ce que Rome a de chefs importants, id. Milhr.
1, 1. Hélas! durant ces jours de joie et de festins....
ID. Eslh. 1,1. Des flammes vengeresses vont punir
durant l'éternité l'erreur fugitive d'un songe agréa-
ble, MAES. Car. Jîiche. Il 2° Durant peut, par inver-
sion, se mettre après son régime. Elle aura cette
fortune sa vie durant. On vous parle une heure du-
rant, et vous ne répondez point à ce qu'on vous dit,
MOL. ifar. fore. se. 6. Ses lettres sont toujours, deux
mois durant, l'ornement de toutes les poches, sév.
401. On voit cinquante ans durant qu'on n'exerce
contre eux aucune rigueur, boss. Var. <i. || 3° Du-
rant que, conjonct. Dans le temps que.... Durant
que l'oreille il me llatte, bégnieb, Sat. vin. Je vous
dirai que, durant qu'il dormait, je me suis dérobée
d'auprès de lui, MOL. G. i^aiîd. III, (2. Durant que le
peuple errait, boss. Ilist. 11, 3. Ainsi, durant que
Stentor lisait, ils étaient proprement à la comédie,
FONTEN. Jugement de Plulon. || Durant peut être
séparé de que par quelques mots d'incise. Durant
près de vingt ans que ce professeur a enseigné la
grammaire.
— REM. 1. Des grammairiens ont condamné du-
rant que comme vieilli; il est trop autorisé par de
bons écrivains et trop logique pour qu'on le rejette.
Il 2. Marg. Buffet recommande de ne pas dire: 11
vous a attendu quatre heures durant, mais: Il vous
a attendu quatre heures, Observ. p. m, U08. Cette
DUR
12î)3
remarque n'est pas valable; les exemples rapportés
la mettent ,^ néant.
— SYN. CUBANT, PENDANT. Duratit, participe du
verbe durer pris pour préposition, garde sa signi
fication primitive; mais pendant n'implique point
cette signification. Ainsi l'on dira: durant la cam-
pagne, les ennemis se sont tenus enfermés dans
leurs places; et c'est pendant cette campagne que
s'est livrée la bataille dont vous parlez.
— HIST. XIII' s. Le mariage durant, li chevaliers
aceta un fief et en fist homage au conte, eeaum.
XII, HO. Il xV s. Ce temps durant, ot le roi de France
et son conseil plusieurs consaulx, fboiss. Il, II, 200.
Il XVI' s. Là commença l'assaut et très cruelle alarme ;
Durant, les pionniers besoingncnt fort et ferme,
j. MAROT, p. HO, dansLACiJBNE. Durant que regnoit
Martius, AMïOT, Numa , 16. Durant le chemin,
MONT. 1,71.
— ÉTYM. Durant, participe de durer, pris adver-
bialement ou prépositivement ; provenç. duran,
durant; espagn. et ital. durante.
t DURANTISTE (du-ran-ti-sf) . s. m. Partisan
de Durante ou de la mélodie, opposé aux partisans
de Léo ou de l'harmonie.
— ETY.M. Durante , compositeur italien qui vivait
dans la première moitié du xviii" siècle.
t DUR-BEC (dur-bèk) , s. m. || 1° Nom d'un genre
d'oiseaux insectivores. Le dur-bec énucléateur, dit
vulgairement dur -bec, dur-beo rouge, ou gros
pivoine ou gros-bec du Canada, le strobilipliage
énucléateur. || 2° Un des noms donnés à la chenille
de Valtelabe Bacchus (coléoptères), dite aussi hure-
bec et chenille de la vigne. || Au plur. Des durs-becs.
DURCI, lE (dur-si, sie), part, passé de durcir
Rendu dur. Des bStons durcis au feu.
DURCIR (dur-sir). || 1° V. a. Rendre dur. Le soleil
avait durci la terre. 1| Kig. Endurcir fortifier contre
la mollesse. On les durcissait aux travaux, boss. n,
Sent. t. Il 2° Y. n. Devenir dur. L'argile durcit au
feu. Il Faire durcir un œuf, le cuire jusqu'à ce qu'il
soit dur. Il 3° Se durcir, v. réft. Devenir dur. La
pierre se durcit à l'air.
— HIST. xvi* s. Pour se durcir au mal et au tra-
vail, MONT. II, 49. Ils estoient si durcis à la peine
que.... ID. II, 96.
— ÉTYM. Dur.
DURCISSEMENT (dur- si -se- man ), i. m. Acte
de se durcir; état de ce qui est durci. Le durcisse-
ment des œufs dans l'eau bouillante.
— ÉTYM. Durcir.
t DTjnCISSEUR (dur-si-seur), adj. m. Qui dur-
cit. On aperçoit dans cette série [une série de sub-
stances] deux corps de la série précédente ; les autres
sont également aigres et durcisseurs, ciiancour-
Tois, Acad.des se. Comptes rendus, t. lvi, p. 254.
t DURDO (dur-do), s. m. Terme de pêche. Pois-
son du genre scienne qu'on appelle aussi corbeau.
DURÉE (du-rèe), s. f. || 1° Absolument. La conti-
nuation indéfinie. L'espace et la durée. Pour suivre
dans cette ouverture que l'Écriture nous donne,
que chacun contemple cette durée infinie qui le
précède et qui le suit, et qu'y voyant sa vie renfer-
mée, il regarde ce qu'elle en occupe, Nicole, Ess.
de mor. t" traité, ch. m. |1 2° Espace de temps que
dure quelque chose. La durée d'un règne. Vous avez
résolu de nous voir demeurer En une obscurité d'é-
ternelle durée, malh. iv, 3. Que tout ce qui m'a plu
doit être de durée, cobn. D. Sanch. ni, 4. Votre
félicité sera mal assurée Dessus un fondement de si
peu de durée, id. Perthar. m, 2. Nos termes sont
pareils par leur courte durée, la font. Fahl. xi, 8.
Mais hélas! tout ce qu'elle aimait devait être de peu
de durée, boss, Anne de Gonz. J'en ai trop prolongé
la coupable durée [de ma vie], bac. l'hèd. i, 3.
Même tu leur promis de ta bouche sacrée Une pos-
térité d'éternelle durée, id. Esih. i, 4. En ce temple
où tu fais ta demeure sacrée, Et qui doit du soleil
égaler la durée, in. Athal. m, 7. Par la suite des
temps et par la durée des siècles, mass. Car. Con-
{ess. Cette grande puissance temporelle des papes
en Italie ne fut pas de durée, volt. Mœurs, 49. || De'
durée, ioc. adv. signifiant qui résiste. à l'usure, à la
fatigue. Une étofi"e de durée. Tout homme qui s'es-
souffle dans le travail fait plus que sa force ne lui
permet, et par conséquent n'est pas bon ouvrier,
c'est-à-dire ouvrier de durée, la quintinïe. Jar-
dins, I, ^.
— SYN. TEMPS, DURÉE. La durée ne présente
d'antre idée que celle d'une persistance. Le temps
y ajoute l'idée du nombre; c'est une persistance ou
une durée évaluée; et de là vient que, quand ou
passe à l'éternité qui est infinie, on supprime bien
l'idée du temps, mais on ne peut pas supprimcf
<'254
DUR
celle do la duréi:. En d'autres termes, les choses
auraient une durée, quand même nous no saurions
la rapporter b. aucune unité; mais le temps propre-
ment dit n'y serait pas, puisqu'il serait impossible
de nombrer cette durée.
— HIST. XII' s. I.'ame s'en part, n'i put avoir du-
rée, Ronc. p. <47. Car joie a courte durée, Qui avient
par tel folor, Couci, 1. 1| xiii* s. [Elle] Ne peOst vers
tel peine avoir nule durée [résister à une telle peinej,
lierte, xlvi. Nulz n'est seQrs d'avoir longue durée;
Se vous moriez ains que fussiez amez, .Sans joie
avoir, auriez vo vie usée, cdnelif.r, dans Uibl. des
Chartes, 4» série, t. y, p. 38. Ge et toutes autres
créatures avomes corte durée. Psautier, !° <2o. Si
a danz Nobles li Lions Novelement la pes [paix] ju-
rée, Se Dieu plaisi, qui aura durée, Ren. <760.
Il XV' s. Et ne purent oncques les Escots avoir vic-
toire ni durée contre lui [Edouard I"], froiss. i, i,
2. Il XVI' s. Un ouvrage de longue durée, amyot,
Péric. 28. Ainsi l'amour tardive est de longue du-
rée, noNS. 239. Tout terme qui finit n'a pas longue
durée, id. 675.
— ÉTYM. Provenç. durada; ital. durata; d'un
part, passif latin durata, de durare (voy. DUREn).
t Ï'UKELIN (du-re-Iin), s. m. Chêne à larges
feuilles, «Jit aussi chêne- rouvre ou roure.
DUREMENT (du-re-man), adv. \\ 1° D'une ma-
nière dure. Être couché durement. 1| 2° D'une ma-
nière qui fait sur l'oreille l'efTst d'un corps dur pour
le toucher. Quand on aura dit qu'il versifie dure-
ment, tout sera dit, d'ouvet, Hist. Acad. t. ii,
p. (68, dans POUGENS. Il Dans un sens analogue, en
peinture et en sculpture. Muscles durement expri-
més. Il 3° Fig. D'une manière qui agit sur les senti-
ments, sur le moral, comme un corps dur. Répondre
durement. On condamne durement cette coutume
desLacédémonieris comme pouvant porter les jeunes
gens à peu respecter en d'autres occasions le bien
d'autrui, rolun, Traité des Et. liv. v, 3' part. ch. 2.
Il 4° Avec austérité. Le religieux vivait très-dure-
ment, cnATEAUB. dans le Dict. de bescherelle.
— BIST. XI' s. N'i a celoi qui durement ne plort,
Ch. de Itol. cxxxv. || xii' s. Par Mahomet, ferez
[frappez] i durement, nonc. p. (29. [Elle] ot un
anel où durement se fie, ib. p. (02. Lors vous truis
[trouve] je cruel si durement, Couci, x. Quant ot
[ouït] li reis Henris, [que] l'arcevesques s'en fui.
Durement s'en marri, e si conseillier tuit. Th. le
mart. 63. F, vit une dame ki se baignoit en un so-
lier del altre part; si fud durement belle, Rois, (54.
Il XIII' s. Dont ce fu moult grant damage, quar
moult estoicnt preudome et vaillant durement, viL-
LEH. XXI. Quant il oîrent que li marchis venoit, si
«•lièrent encontre li, et l'ennorerent moult durement,
II). XXVII. Moult i ot de ceus qui mauvaisement le
tindrent, dont il furent moult durement blasmé,
ID. xxir. Il XV' s. Et en abattirent ce jour, si comme
on dit, plus de soixante [ennemis]; car ils estoient
grands et forts chevaliers durement, froiss. i, i,
3(. Si en virent nullui [les Escots avaient décampé
pendant la nuit], dont ils [les Anglais] furent moult
durement esbahis, id. i, i, 42. Hxvi" s. Il traitloit
ses subjects durement et violentement , amyoï,
Pxjrrh. 8.
— ETYM. Dure, et le suffixe ment; provenç. du-
ramen, durament; espagn. et ital. duramente. Dans
tout le moyen âge, durement signifie souvent beau-
COUT), très, fort; il a gardé ce sens dans le langage
populaire de quelques provinces : nous avons du-
rement marché. De même on y dit avec l'adjectif:
nous avons fait un dur feu, un bon feu; c'est une
dure terre, une terre bonne et productive.
DUHE-MËRE (du-re-mfi-r'), s. f. Terme d'anato-
mie. La plus extérieure et la plus forte des trois
membranes qui enveloppent l'encéphale et la moelle
épinière.
— IllST. XIV' s. Et la dure-mcre est ainsi dite,
car cle envolepe durement le cervel, ii. dk mondk-
viLLB, f" IB. Il xvi' s. Iceluy nerf est couvert de deux
membranes dudit cerveau, à sçavoir dure et pie-
mero, paré, i, (O.
— f.TYM. Membrane dite dure, parce qu'elle est
d'un tissu très-résistant, et mère, parce qu'elle pro-
tège les centres nerveux.
t DCRE-PEAU (du-re-p6), s. f. Variété de raisin.
\\Au plur. Des dures-peaux.
OITRER (du-ré) , v. n. || 1° Être dur contre les cau-
»es de destruction, continuer d'être, persister à être.
Les pyramides d'Egypte, si anciennes, durent en-
core. Il Fig. Quand on saura mon crime et que la
flamme dure, corn. Cid, m, 4. Dure à jamais le
mal, s'il y faut ce remède! id. Ilor. i, 3. Dure,
dure » jamais l'esclavage de Rome! m. Cwna, ni,
DUR
3. Tant qu'il verra durer ces restes du parti, id.
Pomp. II, 4. Ni que d'^s sentiments que j'aime à
voirdurer.... id. A'irom. iv, 3. Vousne voyezdonc pas
qu'elle a peine à durer [ma haine] ? id. Sertor. m,
4. Et n'eût tout mon bonheur que deux jours à du-
rer, ID. ib. v, B. La mémoire de Sem a toujours
duré dans le peuple hébreu, doss. llist. i, 2. || Du-
rer à quelqu'un, en parlant d'un sentiment, d'une
idée, persister en lui. C'est le dernier remède; et
s'il y faut venir, Et que de mes malheurs cette pitié
vous dure, corn. Cid, m, 2. Si l'envie que vous
avez de me connaître vous dure encore, venez,
scarbon, Rom. com. 2' part. ch. (9. Ah! méritez,
mon fils, que cet amour vous dure, botrou, Vcn-
cesl. I, (. Il Faire durer, prolonger. On fera durer
cette privation aussi longtemps qu'on voudra, boss.
Pass. Il 2° Ne pas s'user, ne pas dépérir facilement.
Ce drap dure beaucoup. Meubles faits de manière à
durer longtemps, fén. Tdt. xii. || Il est bien neuf,
il durera longtemps, se dit d'un niais qui n'a pas
TU le monde. |{ 3° 11 se dit du temps qui se prolonge.
Marcelle en ma faveur agit trop lentement. Et laisse
trop durer cet ennuyeux moment, corn. Théod. iv,
(. Et nos jours criminels ne pourront plus durer
Qu'autant qu'à sa clémence il plaira l'endurer, id.
Ilor. V, 2. Mes amis, l'hiver dure, et ma plus douce
étude Est de vous raconter les faits des temps pas-
sés, VOLT. Gertrude. Puisse ce sentiment que je vous
inspire aujourd'hui durer autant que ma vie, dit
Corinne, ou du moins puisse ma vie ne pas durer
plus que lui! STAËL, Corinne, v, a. || 4° Sembler
long. Ce n'est qu'avec ceux que j'aime que les heures
ne me durent pas, balz. liv. m, lelt. (O. Ce sont
les seuls charmes.... qui sont capablesd'évoquer la
paix et de la faire. voir encore à la terre après une
si longue absence et qui lui dure si fort, m. Disc,
à la régente. Un moment loin de vous me durait
une année, bac. Théb. n, (. J'eus l'honneur de voir
Mme de Maintenon, avec qui je fus une bonne par-
tie d'une après-dlnée, et elle me témoigna même
que ce temps-là ne lui avait pas duré, id. Leit. à
Boileau, 5. Je sais que ce délai lui dure autant qu'à
moi, J. j. Eouss. Ilél. iv, 8. j| Impersonnellement.
Il me dure que vous soyez de retour. || S° En par-
lant des personnes, continuera vivre. Il s'est fait ad-
mirer tant qu'ont duré ses frères , corn. Hor.
III, 6. Son fils ne dura guère, doss. Hist. i, 7.
Il Fig. Se conserver dans ses dignités, dans son cré-
dit, dans sa fortune, etc. Il est aisé de durer,
quand on s'accommode aux conjonctures, mass.
Vérité de la religion. \\ 6° Supporter, rester, vivre
avec. Et je ne puis Durer plus longuement à la
peine oii je suis, Régnier, Élég. ii. Quelle séche-
resse de conversation I on n'y dure point, on n'y
tient pas, mol. Prée. B. Pensez-vous que je puisse
durer à ses turlupinados perpétuelles? id. Critique,
(. Il a tant bu que je ne pense point qu'on puisse
durer contre lui, id. G. Dand. m, 12. Ne pouvant
plus durer en tel tourment, la font. Rich. La pe-
tite vérole le prit avec une telle corruption qu'on ne
pouvait durer dans la chambre, sév. (28. Il aimait
Veret [un château], quand il n'était pas obligé d'y
demeurer; il ne peut plus y durer, parce qu'il
n'ose en sortir, id. 343. Elle était assise, elle ne
peut durer au lit, id. Leil. 20 avril (672. Aurait-on
pu durer huit jours chez vous aiec un cœur droit
et sincère? fénel. Dial. des morts mod. (6. || Ne
pouvoir durer avec quelqu'un, ne pouvoir plus vivre
avec lui. 11 faudrait une plus grande pénétration et
une plus grande patience que la mienne pour pou-
voir vous entendre et pour pouvoir durer avec vous,
BARON, Homme à b. fort, i, 4. Comme en revenant
à nous, nous n'y trouvons que nous-mêmes, c'est-
à-dire un cœur vide de vrais plaisirs, nous ne
pouvons durer avec nous-mêmes, mass. Wyst. Pen-
tecôte. Un si aimable homme et une femme si mer-
veilleuse ne duraient pas aisément ensemble, st-
siM. 66, (01. Augicourt se contenta de dire qu'il
l'avait bien servi [M. de Louvois], mais qu'il n'y
avait plus moyen de durer avec lui, id. (34, 237.
Il Familièrement. Ne pouvoir durer en place, être
agité, tourmenté. Cette personne ne saurait durer
en place, sév. bo7. || Ne pouvoir durer en sa peau,
être agité, tourmenté par quelque désir. Tant se la
mit le drôle en la cervelle. Que dans sa peau peu ni
point ne durait, la font. Coc. || Ne pouvoir durer
de froid, de chaud, au froid, au chaud, en être
extrêmement incommodé. Il Proverbe. Il faut faire
vie qui dure, se dit quand on parle de ménage
et qu'on veut empêcher la dissipation de la fortune,
de la santé, des forces. Afin de faire vie qui dure,
SÉV. 606. Il On dit, dans le même sens, faire feu
; qui dure. Buvez, mangez, dormez, et faisons feu
DUR
qui dure, rag. Plaid, i, (. [j Durer se conjugue areo
l'auxiliaire avoir.
-=- msT. XI' s. Qui durerat à trestout ton edage
[âge], Ch'.deRol. xx. [Il] Fiertdel'espieu, tant com
hanste [lance] lui duret, ib. en. Iceste honte durreit
[durerait] à lor vivant, ib. cxxvii. || xii' s. Ke poit
durer que (il ne peut tarder que].... Jfonc. p. *. [Il]
Servira vous, tant com poradurer [tant qu'il vivra],
ib. p. 32. Jà après vous [je] ne doi un jor durer, ib,
p. 09. Tresqu'à la porte est la chace durée , ib. p. (40.
Se il durast [vécût] et eûst longue vie, ib. p. (6B. Tant
com durront li siècle, en sera reparlance, ib. p. (»7.
Comment me puetlicuers au cors durer Qu'il ne s'en
part? Couci, xxii. Dont la guerre dura tante mainte
saison, Sax. m. Il tenoit un espié dont la hante ert
entire; Ne peut nuls homs durer sur pieds, cui il en
fire [frappe], ib. x. || xiii' s. Et dura-il bien cis frons
[de bataille] trois arbalestrées, villeh. lxxvii. Onc-
ques , ce croi , mais une créature N'ot tant de mal por
aimer loiaument; Si en morrai, se longuement me
dure, EUST. le peintre dans Couci. Et troverent si
grant mortalité de Sarasinsqueàpeine pooient il du-
rer pour la pueur, Chron. de Rains, p. (Ol. Chas-
cuns des pans [du mur] cent toises dure, Si est au-
tant Ions comme lés, la Rose, 3820. Comment vit bons
et comment dure En tele poine, n'en tel ardure? 16.
2699. Babiloine,,si com je pens. Dure vingt liues
lie tos sens, FI. et Bl. (787, Maltalent muevent entie
home et feme, qui sunt ensanlle par mariage, si
que il ne poent [peuvent] durer ne manoir ensanlle,
BEAUM. lvii, (.||xiv« S. Et par ses fausses euvres
qu'il a volu ouvrer. S'a fait après la mort tellement
regretter Qu'on disoit : c'est dommages qu'il avoit
tant duré, Guescl. (5(87. || xv s. Disoient les
fols [de Gand] : Si Audenarde estoit d'acier, si ne
pourroit elle durer contre nous, quand nous vou-
drions, froiss. II, II, 63. Vous y prendrez terre [en
Normandie] à votre volonté; ne jà nul ne vous vien-
dra au devant qui rien vous dure; car ce sont gens
en Normandie qui oncques ne furent armés, id. i,
I, 204. Jeu qui trop dure ne vault rien, ch. d'obl.
Rondeau. Le vaillant père dont cy-dessus avons
parlé ne dura au fils que deux ans après sa nais-
sance, Boueiq. 1, ch. 2. Qui dure vaint [celui qui
tient le plus longtemps a l'avantage] , le Jouiencei,
ms. p. B08, dans lacubne. || xvi' s. Ils estoient for-
cez et astreinctz y demeurer perpétuellement leur
vie durante, RAB. Garg. i, 62. Considérant les diffi-
cultés ausquelles il avoit duré desjà si longtemp»
pour se sauver, mont, i, (38. Cette amitié ayant si
peu à durer et ayant si tard commencé, id. i, 2(3.
Il leur ottroya la paix, soubz condition que, l'espace
de neuf ans durans.... amyot, Thés. (8. Dedans le
temps que dura l'authorité d'un seul gouverneur,
ID. Péric. 26. La montée qui duroit environ un quart
de lieue n'estoit pas fort roide ny couppée, id. i»-
cuil. 53.... Une joye, un plaisir, que les plus grands
Césars Ne sentirent jamais : mais courte elle me
dure, BONS. 238.
— ÉTYM. Provenç. et esp. durar; ital. durare; du
latin durare, durer, durcir, de durus, dur.
(. DDRET, ETTE (du-rè, rè-t'), adj. Un peu dur.
Ce mouton est duret. La chaise mal faite et durette,
scARRON , Virg. trav. vi.
— HIST. xiii' s. Car eles sanlent [semblent] bitn
duretés. Lai d'Tgnatirès. || xV s. Son corps est gent,
drois et Ions, Sain, hault assis, petit, rons, Et bien
dures, froiss. Poésies mss. p. 233, dans lacurne.
— ÉTYM. Diminutif de dur.
f 2. DCRET (duré), s. m. Variété de pomme.
Il Espèce d'érable des Alpes.
DURETÉ (du-re-té), s. f. || 1° Propriété qu'ont
les corps solides de résister à ce qui tend à en en-
tamer la substance. La dureté du fer. (1 Défaut de
mollesse, de la qualité tendre. La dureté de ce mor-
ceau de boeuf. La dureté d'un lit. || 2° Terme de pa-
thologie. Tumeur dure. Le palper fit sentir une du-
reté dans le ventre. || Dureté de ventre, constipation.
Il 3' Défaut de sensibilité de l'oreille. Cet homme a
une grande dureté d'oreille. 1| 4° Défaut de sensibi-
lité, d'humanité. Grande dureté de cœur. La dureté
pour les pauvres. Un peu de dureté sied bien aux
grandes âmes, corn. Suréna, v, 3. Quoi! dans la
dureté ces cœurs d'acier s'obstinent I id. Ilor. m. î.
Mais si la dureté de votre aversion Nomme encor
notre amour une rébellion, id. Rodog. iv, 3. Ils ha-
bitaient un bourg plein de gens dont le cœur Joi-
gnait aux duretés un sentiment moqueur, la font.
Phil. et Baucis. Tant il a de dureté pour les pau-
vres, PASC. Prnv. (2. Quelle dureté est semblable à
la nôtre, si un accident si étrange [la mort de la du-
chesse], qui devrait nous pénétrer jusqu'au fond
de r&me, ne fait que nojs étourdir pour quelque?
DUR
DUV
DYN
1255
moments I Boss. Duch. d'Orl. C'est là que lui est non-
^ulement permise, mais en quelque façon ordon-
née, une pieuse dureté pour voir sans se troubler le
trouble d'un pure, bourd. Petisées, t. ii, p. 3"2.
Rien ne vous a pu vaincre, et votre dureté Aurait
dû dans son cours arrêter ma bonté, bac. Brit. iv,
2. Trouve en lui d'un rival toute la dureté, id
Uilhr. IV, t. Il Dans le même sens, en parlant des
paroles, des dehors, des manitTes. La dureté de
cette réponse l'atterra. La dureté du regard, des
traits. Cet officier lui parla avec la dernière dureté,
et lui reprocha sa faute d'une manière propre à le
jeter dans le désespoir, bollin, Traité dea Et. liv. v,
i' part. ch. II, art. i. \\Axtplur. Paroles dures, of-
fensantes. Vendôme s'emportant de plus en plus
[contre Roquelaure] , lui répliqua des duretés, ST-
siM. 27, 53. Je tombe des nues quand vous m'écri-
vez que je vous ai dit des duretés, volt. Roi de Pr.
128. Moi, je vous dois ici dire vos vérités. Et vais
d'un bon avis payer vos duretés, boissy, Deh. tromp.
H, 6. Il B° Excessive sévérité. La dureté d'im gou-
cernement. La dureté d'un régime politique. Je sais
de votre loi la dureté barbare, volt. Tancr. n, 6.
Il 6° La dureté du travail, l'opiniâtreté au travail.
On est plus flatté de certaines théories brillantes où
la finesse de l'esprit semble avoir plus de part que la
dureté du travail, fonten. Rolle. \\ 7° Qualité qui
est pour l'oreille ce que la dureté est pour le tou-
cher. Dureté de prononciation. Dureté de style. La
dureté de ces vers. || Qualité qui pour la vue est ce
que la dureté est pour le toucher. La dureté des con-
tours. Dureté de crayon, de pinceau. La dureté des
tons. Cela donne à l'effet du tableau quelque dureté.
Il 8° La dureté d'un climat, d'un hiver, la rigueur
de la température qui s'y fait sentir. Pour adoucir
en moi cette âpre dureté Des climats où mon sort
en naissant m'a jeté, volt. Orphel. iv, 4. || La dureté
du temps, la rigueur de la température; et fig, la
m'sère, la souffrance qui pèse sur une ville, sur un
pays en certaines circonstances mauvaises.
— HIST. XIII' s. Se la durté d'eûr [la rigueur de
l'heur, de la fortune] me nel envoie. Poésies mss.
du Vatican, dansLAcuRNE. Les duriez que la royne
Blanche fist à la royne Marguerite furent tiex [telles]
que la royne Blanche ne vouloit soufrir à son pooir
que son fils feust en la compaingnie sa femme, joinv.
28). Il XIV* s. Laquelle dureté avironne la fistule
par (ledens, ii. de mondeville, f° 80 bis. || xv s.
Print les lettres, et puis les leut par grand loi-
sir, et trouva comment piteusement le roy dom
Piètre luy rescrivoit et luy signifîoit ses durtés
[embarras] et pouretés, froiss. liv. i, p. 297, dans
LACURNE. Obéirent, mais ce fut à trop grant durlé
[avec beaucoup de peine], id. ib. p. 2B3. Or pren
garde à la durté De ton aage [jeunesse] et l'orfenté,
Eusr. DEscn. Poésies mss. b 95, dans lacurne.
Il XVI' s. Mais quelle durté est soubs vos peaux tant
doucettes? mabot, m, to. Hz ont vescu: ce qui est
une façon de parler, dont usent quelquefois les Ro-
mains, quand ilz veulent éviter la dureté de ceste
rude parole de dire: il est mort, amyot, Cicércn,
25. La dureté du temps avoit rendu février de peu
d'effet aux sorties qui se firent, d'aub. Ilist. ii, 95.
Au milieu du cor se trouve une petite dureté noire,
PARÉ, V, 21.
— ÉTYM. Lat. duritatem, de durus, dur. L'an-
cien français avait aussi duresse, du latin duritia,
plus anciennement encore duretie : x' s. PerJud<eos
porquant il en celé duretie e en celé encredulilet
permessient [demeurassent].... Fragm. de Yalçnc.
p. 469. Mais duretie n'est qu'une forme orthogra-
phique, et se prononçait sans doute duresse, comme
l'indique l'accent de duritia.
t DURGAN (dur-gan), s. m. Un des noms vul-
gaires du barbeau, poisson.
t DURUAM (du-ram'). Race de durham, ou, ad-
jectivement, race durham, race bovine anglaise,
caractérisée par la précocité du développement, par
l'aptitude à prendre la graisse, par son peu de ré-
sistance à la fatigue ; ce qui en fait une bête de bou-
cherie. Il Substantivement. Un durham, un bœuf de
la race de durham.
— ETYM. Durham, contrée d'Angleterre où cette
race a été formée.
DURILLON (du-ri-llon. Il mouillées, et uon du-
ri-yon), s. m. \\ 1° Sorte de dureté, produite par des
frottements rudes fréquemment répétés. 11 avait
comparé ses mains nerveuses et converties en du-
rillons avec deux petites mains, plus blanchettes,
plus délicates que le lis, volt, le Crocheteur borgne.
Il 2° Partie dure dans le marbre, analogue au nœud
dans le bois. || 3° Imperfection d'un canon de cara-
bine, produite par le défaut d'homogénéité du métal.
— HIST. xiV s. Fendez le fanoil [fenouil] par mi
et estez le dureillon du dedans, Uénagier, ii, B.
Il xvi' s. Clou, nommé des vulgaires cors, qui sont
durillons qui viennent aux jointures des orteils,
PARÉ, v, 21.
— ÉTYM. Dérivé de dur; bourguig. duroillon.
t DCRILLONNER (SE) (du-ri-Uo-né, Il mouil-
lées) , t). réfl. Terme didactique. Se couvrir de du-
rillons.
— étwi. Durillon.
t DURISSIME (du-ri-ssi-m'), adj. Très-dur. Il ne
se dit que par plaisanterie. Cette volaille est du-
rissime.
— ÉTY.M. Lat. durissimus, superlatif de durus,
dur.
DURIUSCULE (du-ri-u-sku-l'l, adj. Terme do plai-
santerie. Un peu dur. 11 [le pouls] est duriuscule,
MOL. Mal. imag. Ii, 9. Il y a quelques vers durius-
cules, je ne hais pas qu'un Spartacus soit quelque-
fois un peu raboteux, volt. Lell. Saurin, 5 mai 1700.
— ÉTYM. Lat. dunuscuius, diminutif de durus, dur.
t DuniVENTRE (du-ri-van-tr' ), adj. Terme de
zoologie. Qui a le ventre dur.
— ÉTYM. Lat. durus, dur, et venter, ventre.
t DURMENT (dur-man) , s. m. Terme de métallur-
gie. Pièce qui appartient aux jumelles d'un bocard.
t DURMENÏOU (dur-man-tou) , s. m. Terme de
métallurgie. Pièce qui , dans les forges catalanes ,
tient l'empoise des tourillons.
DUUMVIR (du-om'-vir), s. m. Terme d'antiquité
romaine. Nom de certains magistrats ou juges qui
étaient ordinairement au nombre de deux. Le tri-
bunal des duumvirs. || Nom donné aux deux mem-
bres les plus influents du comité de salut public,
Robespierre et Saint-Just.
— ÉTYM. Lat. duumvir, de duo, deux, et tir,
homme.
t DUTJMVIR.\L, ALE (du-om'-vi-ral, ra-1'), adj.
Qui a rapport aux duumvirs. Les offices duumviraux.
DUUMVIRAT (du-om'-vi-ra), s. m. Dignité, charge
de duumvir; temps de son exercice.
— ÉTYM. Lat. duumviratus, de duumvir.
DUVET (du-vé; le ( ne se lie pas dans le parler
ordinaire; au pluriel, l's se lie : les du-vè-z-et....;
duvets rime avec traits, succès, paix, etc.), s. m.
Il l'Kom donné aux premières plumes dont se couvre
le jeune oiseau, et qui ne se perdent jamais com-
plètement. Quelques oiseaux, tels que le canard, l'oie,
i'eider, etc. conservent beaucoup de duvet; on le
recueille chaque année pour en faire des coussins.
Oreiller de duvet. || Duvet d'autruche, dit autrement
laine-ploc ou poil d'autruche , dont il y a deux
sortes : i° le fin d'autruche, qui est employé par
les chapeliers dans la fabrique des chapeaux com-
muns; 2° le gros d'autruche, qui sert à faire les li-
sières des draps fins destinés à la teinture en noir.
Il Par extension, lit de plume. Là, parmi les dou-
ceurs d'un tranquille silence. Règne sur le duvet
une heureuse indolence, boil. Lutr. i. Grâce aux
amours, bercé par l'espérance. D'un lit plus doux
je rêve le duvet, béhang. Dieu des b. gens. \\ Fig.
Les pêches sont couvertes d'un petit duvet. Ce gazon
fin qui semble faire le duvet de la terre, buff. Mor-
ceaux choisis, p. 16. Il 2° Première barbe d'un jeune_
homme. Guerrier de quarante ans au profil sérieux,
Jeune homme au blond duvet, jeune fille aux doux
yeux, V. HUGO, Crép.iv. || 3° Poil fin et court qui
croît principalement en hiver, autour des poils plus-
gros qui forment le pelage d'un certain nombre de
quadrupèdes. || 4° Terme de botanique. Sorte de coton
qui recouvre certaines feuilles, certaines tiges, cer-
taines écailles des boutons des arbres. || 5° Terme
de commerce. La matière première des cachemires.
Il Criblures de cochenille.
— HIST. XIV* s. Un bon lit de duvet, draps et
couverture, Uénagier, i, 9. || xv* s. De bon duvet
falotes voslre litière, eust. ijescii. Poésies mss.
f» 234, dans LACUBNE, au mot litière. \\ xvr s. La
douceur d'ycelluy dumet, rab. Garg. i, 13.
— ÉTYM. Normand, d^umet; bas-lat. duma; du
germanique : allem. Daune ; danois, dyne; angl.
down. Ces formes germaniques auraient dû donner
dunet; mais il est survenu une double altération de
la consonne en m et en v.
-[ DUVETÉ, ËE (du-ve-té, tée), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui est couvert, garni de duvet.
— HIST. XVI" s. Duvetté, COTGRAVE.
— ÉTYM. Duvet.
DUVETEUX, EUSE (du-ve-teû, teù-z'), adj. Qui
tient du duvet, qui ressemble au duvet. Poils duve-
teux. Matières duveteuses. || Terme de fauconnerie.
Oiseau duveteux, oiseau qui a beaucoup de plumes
très-courtes, molles et délicates proche de la chair.
— ÉTYM. Duvet.
t DTfADE (di-a-d'), s. f.\\V Terme didactique.
Le nombre deux, une paire, une couple. || Dyado
littéraire, deux auteurs qui travaillent ensemble.
En ce sens, ce mol est d'un langage recherché.
||2°Termede philosophie grecque. La dyade, l'être
qui se détache de la monade ou de Dieu (dans le
système pythagoricien).
— ÉTYM. Auà;, réunion de deux, de Sûo, deux.
t DYARCIIIE (di-ar-chie) , s. f. Gouvernement
de deux magistrats souverains, de deux rois qui
sont collègues. La dyarchie à Sparte.
— ÉTYM. Aûo, deux, et àpxeiv, commander.
■f DYKE (di-k'), s. m. Terme de géologie. Filon
éruptif, de formation ignée, qui remplit l'intervalle
entre les deux parois d'une fracture. Un immense
dyke ferrugineux tout de minerai hématite, Presse
scientifique, 1802, t. ii, p. 293.
— ÉTYM. Angl. dyke, filon; comparez digue.
fDYME, terminaison adoptée par Isidore Geoffroy-
Saint-Hilaire pour les noms génériques des monstres
doubles supérieurement et simples inférieurement,
et qui est le représentant du grec ciSviao; , ju-
meau.
t DYNAME (di-na-m'), s. m. ou DYNAMIE (di-na-
mie), s. f. Terme de mécanique. L'unité du travail
avec laquelle on évalue la force utile d'une machine,
la puissance d'un moteur, et qui est le travail né-
cessaire pour élever mille kilogrammes à un mètre
de hauteur. La force d'un homme équivaut à cent
dynamies par jour, si dans ce temps, en douze
heures de travail, il peut élever cent mètres cubes
d'eauiun mètrede hauteur, legoarant.
— ÉTYM. AOva[j.(ç, force.
t DYNAMIDE (di-na-mi-d'), s. m. Nom collectif
désignant le calorique, la lumière, l'électricilé elle
magnétisme considérés ensemble.
— ÉTYM. AOvaiii;, force.
t DYNAMIE (di-na-mie), s. f. || 1° Terme de mé-
canique. Voy. EYNAME. Il 2° Terme de médecine
État augmenté des propriétés vitales des tissus.
— ÉTYM. Aijvot(i.i;, force.
+ DYNAMIOLOGIE (di - na - mi- 0 - lo - gie) , s. f
Terme didactique. Traité sur les forces considérées
abstraitement.
— ÉTYM. Aûvajii;, force, et^ôyo?, traité.
DYNAMIQUE (di-na-mi-k') , s. f. || 1° Partie des
mathématique:! qui traite du mouvement. Traité de
dynamique. || En un sens plus restreintetplususuel,
partie de la mécanique qui étudie les différents mou-
vements, celle qui traite de l'équilibre portant le nom
de statique. || 2° Àdj. m. et f. Terme de mathéma-
tique. Qui concerne le mouvement. Problème dyna-
mique. Pouvoir dynamique. Effet dynamique, celui
que produisent des forces qui font sortir un corps du
repos. Il Terme de biologie. Etat dynamique, par
opposition à état statique, c'est-à-dire l'état d'un
organisme considéré en fonction, par opposition au
même organisme considéré dans sa composition.
Cette notion a été étendue à la sociologie, où l'on
considère l'état d'activité et l'état décomposition.
— ÉTYM. Auvaiiixô;, de Sûvïjiiç, force.
■|-DYN.\MISME(di-na-mi-sm'),s.în.Terme de philo-
sophie.Systèmequi supposeque la matière est animée
de forces immanentes, au lieu de la considérer
comme mue par des forces extrinsèques et mécani-
ques. Ainsi, en astronomie, le système des tourbillons
de Descartes est un mécanisme; celui de la gravi-
tation est un dynamisme. || Dans les systèmes médi-
caux, dynamisme s'est dit, en un sens différent,
d'une hypothèse, aujourd'hui abandonnée, où l'on
considère les forces comme agissant indépendam-
ment des conditions organiques.
— ÉTYJI. AiJvo([ii;, force.
fDYNAMISTE (di-na-mi-st), S. m. Partisan du
dynamisme en physique. {| Partisan du dynamisme
en biologie.
DYNAMOMÈTRE (di-na-mo-mè-tr'), s. m.
Il 1° Terme de mécanique. Instrument qui sert il
évaluer en poids la force et les effets d'un moteur.
Il 2° Nom des instruments employés à mesurer la
force musculaire de l'homme et des animaux.
Il 3° Terme d'opticien. Instrument pour mesurer le
grossissement d'une lunette. On trouve, en cet em-
ploi, dynamètre, qui est mal fait.
— ÉTYM. Aûvaiii; force, et (iÉTpov, mesure. La
formation est incorrecte et devrait être dynami-
mètre ou dynamiomètre, les noms grecs en t;,
lo; prenant en composition t ou io et non o, par
exemple physiologie.
+ DYNAMO.MÉTRIE (di-na-mo-mé-trie), s. f.
Terme didactique. Mesure des forces.
— ÉTYM. Dynamomètre.
125G
DYS
f DYNAMOSCOPE (aina-mo-sko-p'), J. m. InsUu-
ment qui sert A la dynamoscopie.
— f.TYM. Aûvoiii:, force, et axonsiv, examiner.
t DYNAMOSCOPIE (di-namosko-pie), s. f. Terme
de médecine. Kiamen qui se pratique en plaçant
l'un des doigts do la main d'un homme dans le con-
duit auditif; on entend alors un bruit continu très-
«emblalile à un l)Ourilonnement, et, par intervalles
irré«"liers, des crépitations bien distinctes du bruit
de bourdonnement. I.a force et la continuité de ce
bruit sont en rapport avec la force et la santé de
l'individu qu'on examine.
— ÉTYM. Di/nomoscope.
DYNASTE (di-na-si'), s. m. Terme d'antiquité.
Titre de certains petits souverains.
— ÉTYM. AvvâciTïiç, homme puissant, de Sijva|Aat,
pouvoir.
DYNASTIE (di-na-stic), s. f. Succession de sou-
verains d'une même famille. Tes fils s'entre-tueroni ;
ta courte dynastie, Exécrable à jamais, bientôt
anéantie.... lemruc. Clovis, v. ». || Suite de rois. Les
dynasties égyptiennes de Manéthon. Les Egyptiens
comptaient trente dynasties , qu'ils prétendaient
avoir duré trente-six mille cinq cent vingt-cinq ans
et qui finirent à Nectanébo.
— ÉTYM. A'jvaoTei'a, puissance, de SuvioTr)?, dy-
nasle.
t DYNASTIQUE (dina-sti-k'), adj. Qui concerne
une dynastie. Les intérêts dynastiques. || Qui défend
une dynastie régnante. Journal dynastique. {| Sub-
stantivement. Les dynastiques, les- partisans d'une
dynastie.
—ÉTYM. Dynastie.
tDYOSTYLE(di-o-sti-l'), s. m. Terme d'architec-
ture. Façade formée de deux colonnes.
— ÉTYM. Aûo, deux, et ortûXoi;, colonne.
fDYS.... préfixe qui est le préfixe grec Sùç, et qui
exprime que la chose est difficile, mauvaise.
t DYSCHROÏE (di-skro-ie), s. f. Terme de méde-
cine. Mauvaise couleur de la peau.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et y.pota, couleur.
+DYSCiniOMATEUX, EUSE ("di-skro-ma-teû, leû-
z'), adj. Terme de médecine. Dermatoses dyschro-
mateuses, celles qui sont caractérisées par un chan-
gement de couleur seulement de la peau.
— ÉTYM. Dtjs.... préfixe, etypt5|ia, couleur.
tDYSCHROMATIOUE(di-skro-ma-ti-k'), adj.
Terme didactique. Qui est d'une mauvaise couleur.
|( Qui altère la couleur.
— ÉTYM. D'is.... préfixe, et xp^l*», couleur.
tJ)YSCUROMATOPSIE{di-skro-ma-to-psie), s. f.
Terme de médecine. Afl'ection du sens de la vue
dans laquelle certaines couleurs, ne pouvant point
être appréciées, sont confondues avec celles qui
restent seules perceptibles. On la nomme aussi dal-
tonisme chromatique.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, y.fû>\ijx, couleur, et
ii{/iç, vue.
tDYSCINÉSIE (di-ssi-né-zie) , s. f. Term-s de mé-
decine. Diminution ou abolition des mouvements
volontaires.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et xCvtiitiç, mouvement.
DYSCOI.E (di-sko-1'), adj. Difficile à vivre, de
mauvaise humeur. Comme je ne puis empêcher
ceux [lesévêques] qui sont à Paris d'être de l'assem-
blée et qu'il peut y en avoir de dyscoles, j'y fourre-
rai lesévêques ih parlibus , st-si.m. 350, lus. Votre
enfant dyscole gâte tout ce qu'il touche, J. J. houss.
Ém.ii. Il Peu usité.
— HIST. xiv s. Amisté est moins faite en gens de
dure conversation et en viellars, de tant come il
«ont plus discoles, oresme, Eth. 238.
— ÉTYM. A'jdxoXoç, difficile à vivre, de Sic, mal,
et xéXov, aliment; proprement qui n'a pas d'appétit.
DYS
t DYSCRASIE (di-skra-ziel, s. f. Terme de méde
cine. Mauvaise mixture des humeurs, mauvaise
constitution.
— HIST. xiv s. Discrasie de seul foie, discrasie
de seul esplain [rate], h. de mondeville, f° 67, wrso.
— ÉTYM. A'jCTxpauia, de 80;, mal, et xpisi?,
mélange (voy. crase).
t DYSCRASIER (di-skra-zi-é), v. a. Terme de
médecine. Rendre dyscrasique.
— llisr. xiv s. Se le membre ulcéré ou tout le
cors soient discrasiés, rectefie la discrasiation, ii.
de mondeville, f» 73.
— ÉTYM. Dyscrasie.
t DYSCRASIQUE (di-skra-zi-k'), adj. Qui a rapport
à la dyscr.isie.
tDYSÉCEE (di-zé-sée), s. ^. Terme de médecine.
Dureté, fail)lesse de l'ouïe. La dysécée est le premier
degré de la surdité.
— ÉTY.M. AucTTixota, de 8ù;, difficilement, et
àxoOetv, entendre.
t DYSENTERIE (di-san-te-rie), s. f. Voy. dys-
SENTEBIE.
t DYSENTÉRIQUE (di-san-té-ri-k') , adj. Voy.
DYSSENTÉBIQUE.
t DYSESTIIÉSIE (di-zê-sté-zie), s. f. Terme de
médecine. Affaiblissement ou abolition de l'action
des sens.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et aWSrjTii;, sensation.
fDYSLALIE (di-sla-lie), s. /".Terme de médecine.
Articulation difficile des paroles.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et XoXeïv, parler.
tDYSLOCHIE (di-slo-cbie), s. f. Terme de méde-
cine. Difficulté ou suppression de l'écoulement des
lochies.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et lochies.
fDYSLYSINE (di-sli-zi-n'), s./". Terme de chimie.
Matière résinoïde, difficile à dissoudre dans l'alcool
bouillant, et trouvée d.-ins la bile.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et Xûaii;, solution.
f DYSMÉNIE (di-smé-nie), *. f. Synonyme de
dysménorrhée.
t DYSMÉNORRHÉE (di-smé-no-rréo), s.f. Terme
de médecine. Écoulement difficile des règles; men-
struation difficile.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, utiv, mois, menstrues,
et ^éstv, couler.
fDYSMNÉSIE (di-smné-zie) , s. f. Terme de méde-
cine. Affaiblissement de la mémoire.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et (ivrjïi;, mémoire.
fDYSODIE (di-zo-die), s.f. Terme de médecine.
Fétidité des matières exhalées ou sécrétées.
— ÉTYM. A'jowôia, de 8ù;, mal, et êiltiv, avoir
une odeur.
+ DYSOPIE (di-zo-pie), i. f. Terme de médecine.
Affaiblissement de la vue.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et i>^, vue.
fDYSOSMIÉ (di-zo-smie), t. f. Terme de méde-
cine. Afi'aiblissement du sens de l'odorat.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et è(7|xr|, odeur.
DYSPEPSIE (di-spù-psie), s. f. Terme de méde-
cine. Difficulté à digérer; digestion dépravée. Je
veux.... que vous tombiez dans la bradypepsie; de
la liradypepsie dans la dyspepsie; de la dyspepsie
dans l'apepsie, mol. Mal. imag. ni, 6.
— ÉTY.M. A'JSJit'J'ioc , de 6ù;, mal, et néimit, di-
gérer, cuire.
{ DYSPEPTIQUE (di-spê-pti-k'), adj. || 1° Terme de
médecine. Qui a rapport à la dyspepsie. || 2* Qui est
alfecté de dyspepsie, et, substantivement, un dys-
peptique.
— ÉTYM. Dyspepsie.
tDYSPIIAGIE (di-sfa-jie), s. f. Terme de méde-
cine. Difficulté d'avaler.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et ç»T£ïv, manger.
DZI
t DYSPIIONIE (di-sfo-nie), ». f. Terme de mèds
cine. Altération de la voix et de la parole.
— ÉTYM. Dys ... préfixe, et çMvf,, voix.
tDYSPIIORIE (di-sfo-rie), j. f. Terme de méde-
cine. Êlat de malaise et d'anxiété.
— ÉTYM. A'j<;fop(a, de 8i{, mal, et fépetv, por-
ter.
DYSPNÉE (dis-pnée), t. f. Terme de médecine
Difficulté de respirer.
— msT. xvf s. La dispnœe ou difficulté de res-
pirer, PABÉ, XX bis, (0.
— ÉTYM. Aij(7Ttvoia,deSi;, mal, et ir/eîv, respirer.
DYSSENTERIE (di-san-te-rie), ï. f. Terme de mé-
decine. Phlegmasiedu gros intestin caractérisée par
de fréquentes évacuations de matiiires muqueuses ou
puriformes, souvent mêlées de sang, avec tran-
chées, sentiment d'ardeur dans le trajet du côlon
et ténesmes. L'armée fut décimée par la dyssen-
torie.
— KEM. La véritable orthographe serait dysente-
rie, puisque c'est la reproduction du mot grec;
l'Académie devrait réformer ces deux tt.
—, HIST. XVI' S. Les félons ou dysenteries, me-
lancholies, etc. paré, v, 19.
— ÉTYM. Ause'/TEpia, de 8ù{, mal, et êvvtpov, en-
trailles.
DYSSENTÉRIQUE (di-san-tê-ri-k') , adj. Terme
de médecine. Qui appartient à la dyssenterie. Flux
(lyssentérique.jj Substantivement. Undyssentérique.
Les dyssentériques de l'armée.
— HIST. XVI' s. Un grand flux de rentre dysenté-
rique, PARÉ, VI, 19.
— ÉTY.M. AuoEvTepixi?, de îuffevTepîa, dyssen-
terie.
t DYSSPERMATISME (di-spèr-ma-ti-sm'), s. m.
Terme de médecine. Emission difficile du sperme.
— ÉTYM. Dys.... et sperme.
t DYSSYMÉTRIE (di-ssi-mélrie), s.f. Terme di-
dactique. Défaut de symétrie. "
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et symétrie.
t DYSSYMÉTRIQUE (di-ssi-mé-lri-k"), adj. Terme
didactique. Qui manque de symétrie.
— ÉTYM. Dyssymétrie.
t DYSTHANASIE (di-sta-na-zie), ». /•. Terme de
médecine. Mort pénible et douloureuse.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et 6ivaio;, mort.
tDYSTHÉLAZIE (di-sté-lazie), ». f. Terme de
médecine. Inaptitude à allaiter.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et eriXdÇetv, allaiter.
t DYSTHYMIE (di-stimie), I. f. Terme de mé-
decine. Abattement de l'âme.
— ÉTYM. AuoOuiita, de cùi;, mal, et Oy|ii<, le
moral.
■f DYSTOCIE (di-sto-sie), S.f. Terme d'obsté-
trique. Accouchement laborieux.
— ÉTYM. Dys.... préfixe, et tôxoç, accouche-
ment.
DYSURIE (di-zu-rie), ». f. Terme de médecine.
Difficulté à uriner.
— HIST. xvi' s. La dysurie, quand on a douleur
en pissant, paré, xx fci's, 2i.
— ÉTYM. Ayooupia, de 5i{, mal, et oîpov, urine
(voy. URINE).
t DYSURIQDE (di-zu-ri-k') , adj. Qui a rapport à
la dvsurie.
t DYTIQUE (di-ti-k'), adj. Terme d'ornilliologie
et d'entomologie. Qui plonge. || .S. m. Les dyliqurs,
famille d'oiseaux comprenant ceux qui ont l'habi-
tude de plonger. || Genre de coléoptères qui a pour
type le dytique très-large.
— ÉTYM. AOeiv, plonger.
t DZIGGUETAI (dzi-ghe-tè), ». m. Espèce de
cheval de Tartarie, cheval hémione, dit ausïi lié-
mione.
E
EàU
EAU
E (é),.i.m. Cinquièmeletlrede l'alphabet et seconde
Toyelle. Il Dans l'écriture et dans l'impression, l'E
majuscule se met par abréviation pour Excellence ou
Eminence. Il Dans la logique scolastique, E était le
signe des propositions générales et négatives. || Dans
les ouvrages de navigation et de géographie, E si-
gnifie le point de l'est. || Dans le calendrier, E est la
cinquième lettre dominicale. || Terme de musique. E
ou E-si-nii, pour mi-sol-si-mi, indique le ton de mi.
— REM. I. Quand on parle des e, on confond, et
c'est à tort, l'e écrit et l'e prononcé. E écrit: il y en a
quatre sortes : l'e muet comme dans âme; l'e aigu
comme d.ins bnnté; l'e grave comme dans procès;
et l'e circonflexe comme dans l^(e. E prononcé: l'e
muet se divise en deux : e muet faiblement articulé,
comme dans âme, figuré aussi par ent, comme dans
ils aiment, ils furent; et l'e muet sonnant comme
la voyelle eu, .-îeulement un peu abrégée, dans
le, ce, me, etc.; il y a donc deux prononciations
distinctes sous cette écriture unique. L'e aigu
se divise en deux: é fermé comme dans bonté; il
est souvent figuré par ai comme dans je trompai,
parcï, comme dans vom voyez ; l'autre moins fermé,
comme le premier e dans été , sévère, etc. ; ce se-
cond e moins fermé est figuré de façons très-diver-
ses : par é comme dans les exemples précédents, par
ai comme dans le premier ai de j'aimai, par e
comme dans Noël, secte, par ait comme dans trait,
par et comme dans sujet, par ect comme dans res-
pect, par aid comme dans laid, par egs comme dans
legs, par ef comme dans chef-d'œuvre. L'e ouvert
est simple, mais il se figure très-diversement aussi :
par é comme dans fête, par ai comme dans faite,
par es comme dans les, tes, mes, par es comme
dans procès, dès, par aix comme dans paix, faix,
par ais comme dans j'aimais, par aie comme dans
monnaie, par aient comme dans ils aimaient, par
er comme dans terre, guerre, par ai comme dans
'iaiVe. Ainsi, dans l'écriture, il y a quatre e: l'e
muet, 1'^ aigu, l'è grave, 1'^ circonflexe; mais cette
écriture répond très-mal à la prononciation qui, elle,
distingue quatre e très-diversement écrits, l'e muet
proprement dit, l'e fermé, l'e moins fermé, et l'e
tout à fait ouvert. || i. L'e muet à la fin d'un mot laisse
tomber la voix d'une manière très-douce, et que Vol-
taire a heureusement, caractérisée: Vous nous re-
prochez nos e muets comme un son triste et sourd
qui expire dans notre bouche, mais c'est précisé-
ment dans ces e muets que consiste la grande har-
monie de notre prose et de nos vers; empire, cou-
ronne, diadème, flamme, tendresse, victoire, toutes
ces désinences heureuses laissent dans l'oreille un
son qui subsiste encore après le mot commencé ,
comme un clavecin qui résonne quand les doigts
ne frappent plus les touches, volt. lett. Tovazxi, 24
janv. I76t. Il 3. Onélidedanslaprononciationl'emuet
quand il est suivi d'une voyelle ou d'une h muette, et
on lie la syllabe à laquelle il était attaché avec le son de
cette voyelle, de sorte que les deux mots n'en forment
plus qu'un dans la prononciation : une na-p' [nappe]
ouvrée; un menton à tri-pl' [triple] étage; il est d-
pr' [âpre] au jeu, etc. i| 4. L'e se fait sentir dans le
pronom le, surtout lorsqu'il termine une phrase :
prenex-le, dites prené-leu. Mais en poésie l'e du pro-
nom le s'élide entièrement, lorsque la lettre qui
suit (e est une voyelle : forcez-le à vous défendre ou
fuyez avec lui; dites : for -se -l'a vous défendre.
Il 6. Lorsqu'il y a plusieurs e non accentués de suite
dans une phrase, on doit, par une alternative aussi
con.^tante que les consonnes qui précèdent ou qui
suivent cet e sans accent le permettent, en élider
un pour appuyer sur l'autre, en les prenant doux
à deux comme dans: je ne le reprendrai pas; dites:
jeu n' leu reprendrai pas. Au reste c'est surtout l'o-
reille que l'on doit consulter dans des cas sembla-
bles. Il 6. E .suivi de n( final est nul dans la pronon-
ciation aux troisièmes personnes de tous les verbes:
ils étaient, ils voyaient; prononcez: Hz' été, il
eo-iV.Autrefoiscetecomptaitdans les vers: estaient,
prononcé en trois syllabes, sans doute es-to-yen(.
Il 7. Lorsque l'e muet est suivi de s comme marque
du pluriel, et que le mot qui vient après commence
par une voyelle ou une h muette, il y a liaisoz
di cette s avec la voyelle initiale du mot suivant ;
DICT. DE LA LANGUE FltANÇAISE,
do favorables auspices, des arbres abattus, dites:
de fa-vo-ra-ble-z auspices; des ar-bre-z abattus. Il en
est de même quand cet e muet est écrit par ent, le
I se lie : ils veulent avoir; dites : ils veu-le-t avoir.
II 8. Dans quelques cas, l'e est purement de pronon-
ciation après le g; il indique que le g garde la pro-
nonciation de j' qu'il avait dans les autres temps du
verbe : manger, il mangea (man-ja) , mangeons
(man-jon), etc. Autrefois, avant l'emploi de la cé-
dille, on se servait également de l'e pour indiquer
que le c conservait le son de l's ; il commencea.
\\9.E, marqué d'un tréma (ê, ê), indique dans la
finale gue que cette finale se prononce gû et non ylie.
DansJVoei, le tréma est tout à fait inutile; c'est un
reste d'une ancienne orthographe où il importait de ne
pas prendre noel pour nœl. Il l'est aussi dans poète
et poème, que l'on devrait écrire poète, poème.
Il 10. E féminin, se dit quelquefois de l'B muet;
E masculin, de l'E fermé. || 11. E entre souvent
dans la voyelle nasale qui sonne comme in : rien,
examen, et dans la voyelle nasale qui sonne comme
an : rendre, talent. Il sonne comme un a ouvert
dans femme, prudemment, etc.
— HIST. XIII* s. Après vous conterai de l'E; N'a de
long gueres ne de lé [large] ; Petit et courbé le veez
[voyez], Senefiance de l'ABC, jubinal, t.ii, p. 277.
— ÉTYM. É latin, répondant à l's et à l'ri grecs,
qui se rapportent l'un et l'autre à l'/ie et à l'hhetk de
l'alphabet phénicien.
t ÉAQCE (é-a-k') , s. m. Fils de Jupiter et roi
de l'île d'Égine; il fut après sa mort le troisième
juge des enfers, avec Minos et Rhadamanthe.
EAU (o; mais au pluriel on prononce les ô. Bèze ,
XVI* siècle, dit que eau se prononce eo, un e fermé se
faisant entendre avec o en un seul son), s./". ||l°Sub-
stance liquide, transparente, sans saveur ni odeur,
réfractant la lumière et susceptible de dissoudre un
grand nombre de corps. Eau de source, de pluie. Eau
courante, dormante. L'eau se trouve dans la nature
à trois états, solide, liquide, gazeuse. Une goutte
d'eau. Tant de seaux d'eau que j'ai tirés au puits
pour elle! mol. Bourg, gent. m, 9. Ne crains pas,
mon cher enfant, que l'abondance de l'eau alTai-
blisse ou refroidisse ton estomac, lesace, Gil Blas,
II, 3. Apportez-moi un verre deau, mol. Comt.
d'Escarb. vi. || L'eau potable (par opposition à eau
pure), eau qui se boit et qui, pour être bonne, doit
être limpide, inodore et d'une .saveur agréable, te-
nir en dissolution une proportion convenable d'air
atmosphérique et d'acide carbonique, dissoudre fa-
cilement le savon et être propre à la cuisson des lé-
gumes secs. Il Eau marécageuse, eau des marais, des
mares, des étangs, qui est toujours chargée de ma-
tières végétales et animales en putréfaction. || Eau
de mer, eau amère, chargée de sels et principalement
de sel de cuisine, et remplissant le vaste bassin des
mers. || Eau distillée, celle qu'on obtient en distil-
lant l'eau de pluie ou de rivière, et qui ne contient
plus ni matières solides ni oxygène. Il Eau claire,
par opposition à l'eau bourbeuse ou à l'eau mê-
lée d'une substance utile ou agréable. || Fig. Eau
claire, un résultat illusoire. Mais quoi! que feras-tu
que de l'eau toute claire? TraveHé sans repos par
ce démon contraire. Tu vois qu'à chaque instant il
te fait déchanter, mol. l'Étour. m, t. Près du beau
sexe un vieux barbon Ne fait que de l'eau claire,
DANCOURT, Eaux de Bourbon , i)!tert. || Ne sentir
que l'eau, être insipide. || Eau rougie, eau mêlée
d'une légère quantité de vin rouge. || Eau panée,
eau dans laquelle on a fait tremper du pain grillé
pour en adoucir la crudité. || Eau ferrée, eau dans
laquelle on a éteint un fer rouge ou fait rouiller
des clous. L'eau ferrée est fortifiante. || Eau battue,
eau qu'on a versée plusieurs fois d'un vase dans un
autre. || Eau blanche, boisson alimentaire formée
par l'eau et la farina ou le son et qu'on donne aux
animaux domestiques. {| Eau de savon, eau dans la-
quelle du savon est dissous. || Eau d'empois, eau
dans laquelle on a mis de l'empois. || Voie d'eau,
ce que contiennent les deux seaux d'un porteur
d'eau. Il Familièrement. Un buveur d'eau, celui qui
ne boit que de l'eau, ou qui met beaucoup d'eau
dans son vin. || 11 ne gagne pas l'eau qu'il boit, il
ne vaut pas l'eau qu'il boit, se dit d'un homme
inutile, fainéant. || Être au pain et à l'eau , n'avoir
que du pain à manger et de l'eau à boire. On le mit
en prison, au pain et à l'eau. || Tenir eau, se dit
d'un vase, d'un envier, etc. qui, n'ayant ni trou,
ni fissure par oii l'eau puisse couler ou suinter, la
retient. Par ce moyen, vous verrez s'il tient eau,
LA FONT. CuD. Il Gare l'eau là-bas, se dit quand ou
veut jeter de l'eau par les fenêtres, surtout dans les
villes où il n'y a pas de conduits pour les eaux mé-
nagères. Par extension, on le dit de tout ce qu'on
jette par les fenêtres. || Porter de l'eau à la rivière,
ou porter l'eau à la mer, donner à quelqu'un
qui est riche, apporter une chose qui abonde
déjà. Où vas-tu, insensé que tu es? tu vas porter
de l'eau à la rivière, lesage, Estev. Gonzalez,
ch. VI. Il C'est une goutte d'eau dans la mer, se dit
d'une quantité très-petite qu'on ajoute à une quantité
extrêmement grande. || Terme de manège. Abattre
l'eau, essuyer le corps d'un cheval sortant de l'eau ou
en sueur. || Rompre l'eau à un cheval, l'interrompre,
l'obliger à boire à plusieurs reprises. || Se ressem-
bler comme deux gouttes d'eau, se ressembler par-
faitement. J'aurai le plaisir de voir des créatures qui
seront sorties de moi, de petites figures qui me res-
sembleront comme deux gouttes d'eau, mol. flar. for.
2. Il Fig. Aller à l'eau chez un autre, empiéter sur
ce qui est à lui. N'allez point à l'eau chez un autre,
LA FONT. Pâté. Il On dit qu'un domestique est allé
à la bonne eau, quand il est trop longtemps à re-
venir d'un message. || Il faut qu'il fasse voir de son
eau, qu'il montre de son eau, se dit d'un homme
qui, n'étant pas connu, doit montrer ce qu'il sait
faire. Qu'ils montrent de leur eau, qu'ils entrent en
carrière, ni'.GNiEn, Sat. ix. || Il n'y a que de l'eau à
boire, se dit d'une industrie qui n'ofl're que de mé-
diocres bénéfices. Il fallait qu'il [le P. Campanelle]
donnât de son côté de grandes espérances; sans
cela il n'y a pas de l'eau à boire dans ce métier-là
[d'astrologue], fén. t. xix, p. 414. || Croyez cela,
et buvez de l'eau, c'est à peu près la même figure,
autrement tournée, en parlant d'une chose absurde,
c'est-à-dire croyez-le et vous n'y gagnerez rien.
Il II se noierait dans un verre d'eau, se dit d'un
homme malhabile à qui il arrive malheur dans tout
ce qu'il touche. || C'est une tempête dans un verre
d'eau, se dit de violentes querelles, de violents tu-
multes dans un tout petit cercle. On a appelé les
commotions de la république de Genève des tem-
pêtes dans un verre d'eau. || Il jouerait les pieds
dans l'eau, se dit d'un homme possédé de la pas-
sion du jeu. Il Tenir le bec dans l'eau, voy. bec.
Il Vert d'eau, vert semblable au vert de l'eau. On
dit dans le même sens couleur d'eau. Une étofl'a
couleur d'eau. || Il a mis de l'eau dans son vin, se
dit d'un homme dont la colère est tombée, dont les
prétentions ont baissé. || Epreuve de l'eau, épreuve
à laquelle la justice du moyen Sge soumettait un
accusé. Les épreuves dont l'usage était le plus uni-
versellement adopté étaient celles de l'eau froide et
de l'eau chaude. Les seigneurs ecclésiastiques qui
ne possédaient pas un champ clos, rendaient aussi
la justice : si le plaideur avait demandé l'épreuve de
l'eau froide, on lui liait les membres et on le plon-
geait nu dans la cuve ; si son corps ne surnageait pas,
le jugement de Dieu décidait sa culpabilité; dans
le cas contraire, son innocence; l'épreuve de l'eau
chaude était ]dus cruelle : il fallait que le cham-
pion qui s'y soumettait n'éprouvât aucune douleur
dans les flots de cette eau brûlante, barginet,
Hist. du gouv. féod. ii, 2. || 2» Dans l'ancienne phi-
losophie naturelle, l'un des quatre éléments qui
constituaient toute chose. Les éléments, le feu,
l'air, etla terre, et l'eau, RAC.Piai'd. m, 3. || On dit
des enfants qu'il les faut garder de feu et d'eau
jusqu'à seiit ans. || C'est le feu et l'eau, se dit de
deux choses contraires, ou de deux personnes qui
difi'èrent essentiellement de sentiments et d'opi-
nions. Il 3° Terme de chimie. Corps composé, qui
résulte de la combinaison de 88,91 parties d'oxy-
gène avec 11,09 d'hydrogène en poids, et, en vo-
lume, de < d'oxygène et de 2 d'hydrogène. || Eau
oxygénée, deutoxyde d'hydrogène, peroxyde d'hy-
drogène. Il Eau de cristallisation, l'eau que les sels
retiennent en combinaison lorsqu'ils cristalli.sent.
I. — 15a
1258
EAU
Il Eau de constilulion, celle qui fait partie d'un sel de
telle manière qu'on ne peut la lui enlever par la cha-
leur etc. sans en changer la cristallisation et les
réactions chimiques ; tandis que l'eau de cristalli-
«ation est chassée sans que ces propriétés changent.
Il Eau mfere, résidu d'une dissolution salme qu'on a
fait cristalliser, lorsque celte eau, épaissie, refuse
de donner des cristaux. || Eau de carrière, eau qu'on
rencontre dans les pores de la plupart des roches,
surtout de celles qui appartiennent aux terrains
stratifiés. || 4° Mer, rivière, étang, lac. Et l'eau
grosse et rapide et la nuitassez noire, corn. Cinna,
IV, 2. Nous ressemblons tous à des eaux courantes,
Boss. Duch. d'Orl. Nous allons sans cesse au tom-
beau, ainsi que des eaux qui se perdent sans re-
tour, ID. ib. C'est lui qui me sauva de ce grand péril
que vous savez que je courus dans l'eau, mol. l'Av.
V, 4. Etlaflammeàla main lessuivre sur les eaux,
BAC. And. I, 2. Quand on a une expérience fonda-
mentale sur la vitesse de l'eau, par exemple, celle
de M. Guglielmini, par laquelle une eau qui est
totnbée de la hauteur d'un pied de Bologne parcourt
en une minute 2)6 pieds 6 pouces d'un mouvement
égal, on a sa vitesse pour toutes les chutes possi-
bles, FONTEN. Gvglielmini. \\ X Paris, l'autre côté
de l'eau signifie la rive gauche de la Seine, Il de-
meure de l'autre côté de l'eau. Passer l'eau, aller
sur la rive gauche de la Seine. || Fig. Des gens de
delà l'eau, des gens mal instruits des nouvelles et
des affaires du temps. || Les grandes eaux, af-
flux d'eau de pluie ou de neige qui grossissent les
rivières et les fleuves. Il est arrivé que les glaces et
grandes eaux de cette année ont endommagé deux
piles et avants-becs, et que nombre de pierres des
arcades ont été emportées. Conseil d'État, 4 janv.
4678. Il Eau plate, celle qui n'a pas de mouvement
dans un terrain dont la pente ne lui en donne
pas. Il Être comme le poisson dans l'eau, comme
le poisson hors de l'eau, être dans une position
très-agréable, dans une position pleine d'angoisse.
Il Se mettre dans l'eau de peur de se mouiller, se
jeter dans le mal qu'on veut éviter. Fin comme
Gribouille, qui se met dans l'eau de peur de la
pluie, se dit d'un homme a.ssez sot pour s'exposer à
de grands dangers à l'effet d'en éviter un très-
petit. Il Pleine eau, se dit de la rivière où l'on va
nager librement, par opposition aux bassins fermés
où l'on s'exerce. Faire une pleine eau, sortir du
bassin fermé et aller nager en pleine rivière. || Fig.
Nager en grande eau, être en pleine fortune. Être
en grande eau, être dans l'abondance et dans la sé-
curité. Puis bientôt en grande eau naviguer à sou-
hait, BOIL. Sa(. X. Nous verrons désormais Pu jségur
nager en plus grande eau, st-sim. )2(t, 138. || Eau
douce se dit de l'eau des rivières, des lacs, des
étangs et des fontaines, par opposition à l'eau de
mer. Poisson d'eau douce. || Familièrement, marin
d'eau douce, homme qui n'a navigué que sur les
rivières, ou, par extension, homme qui a peu na-
vigué en mer. || Fig. Médecin d'eau douce, médecin
qui ne donne que des remèdes faibles et sans effi-
cacité, ou qui donne peu de remèdes. || Eau trou-
ble, eau d'une rivière ou d'un étang qui est mé-
langée de limon et qui convient pour certaines
pêches. Pêcher en eau trouble, et fig. faire des
affaires peu honorables. || On dirait qu'il ne sait
pas troubler l'eau, qu'il ne sait pas l'eau troubler,
se dit d'un homme qui paraît simple et qui ne l'est
pas. Il Fig. Tomber dans l'eau, ne pas réussir. Cette
affaire est tombée dans l'eau. La requête, que le
régent n'avait renvoyée à personne, était tombée
dans l'eau, st-sim. 4o4, 3B. || Revenir sur l'eau se
dit d'un homme qui, tombant dans l'eau, reparaît
à la surface. || Fig. Revenir sur l'eau, se dit d'un
homme qu'on croyait abîmé et qui rétablit ses af-
faires. La Bazinière, fameux financier, puis tréso-
rier de l'épargne, fut longtemps en prison, puis
revint sur l'eau, st-sim. iso, 67. || Se dit aussi d'un
projet qu'on croyait abandonné et qui est remis
sur le tapis. La loi de dotation est revenue sur
l'eau. Il Terme de vénerie. Battre l'eau, se dit de
la bêle qui se jette dans la rivière ou un étang pen-
dant qu'on la poursuit. ||Fig. Battre l'eau, prendre
une peine inutile. Tu vois qu'à chaque instant il te
fait déchanter. Et que c'est battre l'eau de pré-
tendre arrêter.... mol. l'Étourdi, m, 1. C'est battre
l'eau, monsieur, lui dis-je [à Beauvillier], que
répéter toujours la môme chose, st-sim. 334, <29.
Il Se jeter à l'eau, se noyer exprès. || Se jeter dans
l'eau, se mettre à l'eau, entrer dans l'eau pour quel-
que dessein. llXl'eau! cri pour jcterquelqu'unàl'eau,
et cri de marchand d'eau. || Fig. Coup dans l'eau,
coup d'épée dans l'eau , se dit d'une injure qui porte
EAU
à faux ou d'une tentative sans résultat. || Les eaux
sont basses, se dit d'une rivière dont le niveau a
baissé, et fig. l'argent mancpie. || Nager entre deux
eaux, nager en mettant sous l'eau la tête qu'on ne re-
tire que pour respirer, et fig. se ménager entre les
différents partis. Le P. de la Rue, jésuite de tous
points, passa toujours pour nagera la superficie,
entre deux eaux [dans la controverse sur le quié-
tisme], ST-SIM. 45, 2). Pour éviter bien des maux.
Veut-on suivre ma recette? Que l'on nage entre deux
eaux, EÉnANG. Petits coups. \\ D'ici là il passera de
l'eau sous les ponts, se dit quand on croit qu'une
chose ne se fera pas de sitôt ou ne se fera jamais.
Il Laisser couler, courir l'eau, ne point se soucier
comme vont les affaires. || Faire venir l'eau au mou-
lin, faire venir de l'argent à la maison, donner du
débouché à une industrie. || Le fil de l'eau, le cou-
rant. ||X fleur d'eau, à la surface de l'eau. || Terme
de marine. Faire eau, avoir, en parlant d'un na-
vire, quelque trou par où l'eau de mer s'introduit.
Alcibiade ne renversera-t-il pas ma barque qui
est vieille et qui fait eau partout? fén. t. xix,
p. 211. Il Voie d'eau, ouverture faite à la carène
d'un navire et par laquelle l'eau entre dans le bJti-
ment. || Faire de l'eau, faire provision d'eau douce,
pour la navigation. || Ligne d'eau, celle que le ni-
veau de la mer trace sur un bâtiment chargé. || Re-
cevoir un coup à l'eau, être percé à l'eau, recevoir
un coup de canon dans quelque partie du bordage
qui est cachée par l'eau. || Les eaux d'un navire, son
sillage. Il Être sur l'eau d'un autre vaisseau, le suivre
et faire la même route. || Être dans les eaux d'un
navire, gouverner dans le même sillage, et fig.
être dans les eaux de quelqu'un, être de son
parti, de son opinion. || Eaux fermées, eaux prises
par la glace. Eau maigre, eau peu profonde.
Même eau, celle qui ne donne pas de change-
ment au sondage. |f Haute eau et basse eau, se
dit de la marée haute et basse. |{ Eaux mortes,
petite marée; eaux vives, grande marée. |1 B° Eau
jaillissante, eau qui sort de terre par un jet. || Par
extension, eaux jaillissantes, ou, absolument, les
eaux, les eaux de Versailles ou de tout autre lieu où
sont disposés des conduits qui lancent l'eau en jets
et la versent en nappes. || Donner les eaux, faire
jouer les eaux de Versailles en l'honneur d'un per-
sonnage. Il 6" Eaux minérales, eaux qui se sont
chargées de substances fixes ou volatiles dans leur
filtration à travers certains terrains. || Eaux miné-
rales artificielles, celles que l'art prépare en imita-
tion des eaux minérales fournies par la nature.
Il Absolument, Les eaux. Faire une cure d'eaux. Les
eaux de Baréges, d'Aii, de Spa. Il faut cette pré-
paration avant que de prendre les eaux, sÉv. 272.
Il Le lieu où se prennent les eaux. Il parle d'aller
aux eaux, sév. 40. Vous pouvez, madame, aller aux
eaux, noss. Lett.\quiét. 38. || 7° Eau de riz, eau
d'orge, eau dans laquelle on a fait bouillir du riz,
de l'orge. || Eau de veau, eau de poulet, bouillon
très-léger de veau, de poulet. On me fait prendre tous
les jours de l'eau de poulet, sÉv. 280. US- Eau bénite,
eau consacrée par le prêtre. |{ Faire l'eau bénite,
faire la cérémonie de la bénédiction de l'eau. J'ou-
blie de dire que, pendant cette eau bénite, d'autres
gardes du corps gardèrent et garnirent l'hôtel de
Conti, ST-siM. 220, 223. || Eau bénite de cour, ex-
pression proverbiale pour exprimer les vaines pro-
testations d'amitié ou de protection. Donneur d'eau
bénite, faiseur de promesses en l'air. || Populaire-
ment. Eau bénite de cave, le vin. || Eau grégo-
rienne, eau bénite mêlée de vin et de cendres pour
purifier les égli-ses polluées. || Le baptême. Il lave nos
forfaits dans une eau salutaire, corn. Polyeucte, i,
t. J'aflais moi-même Répandre sur son front l'eau
sainte du baptême, volt. Zaïre, ii, 3. || Eau lus-
trale, eau consacrée chez les païens aux lustrations
et aux ablutions. || 9" Pluie. H tombe de l'eau. Le
ciel est couvert, nous aurons de l'eau. Le ciel se fond
tout en eau. Il va venir de l'eau. ||10°Sucdes fruits,
des légumes. Ces pêches, ces melons ont beau-
coup d'eau. Il 11° Larmes. Pleurez, pleurez, mes
yeux, et fondez-vous en eau, La moitié de ma vie a
mis l'autre au tombeau, corn. Cid, m, 3. Ce visage
charmant tout en eau devant moi, lamaht. Joc.
m, KO. ||lî"Salive, seulemenldans cette locution :
L'eau en vient à la bouche. X l'occasion de l'im-
pression que les viandes font sur le cerveau , l'eau
vient à la bouche, et on sait que cette eau est pro-
pre à ramollir les viandes, à en exprimer le sue, à
nous les faire avaler, noss. Connaiss. m, 2. 1| Fig.
Se dit de ce qui excite un désir de possession. L'eau
m'en vient .t la bouche, kégn. le Bal, 7. || 13° Sueur.
L'eau lui coulait du front. Je suis en eau; prenons
EAU
un peu d'haleine, mol. Éc. des femmes, n, ï. I.b
dos chargé de bois et le corps tout en eau , BOlL.
P. div. 28. Maintenant, afin qu'un prédicateur ail
bien fait, il faut qu'en sortant de la chaire il soit
tout en eau, fén. t. xxi, p. 107. Sous ce ttmbeau
gît un pauvre écuyer. Qui tout en eau sortit du jeu
de paume, J. B. bouss. Ép m, 22. || Suer sang et
eau, se donner une peine infinie. Je suais sang et
eau pour voir si du Japon II viendrait à bon port
au fait de son chapon, rac. Plaid, m, 3. || 14° Sé-
rosité. Ampoules pleines d'eau. L'eau qui sort quand
on lève un vésicatoire. || 15° Urine. Lâcher ou
faire de l'eau. || 16° Au pluriel. Eaux, nom vul-
gaire du liquide amniotique, de celui qui entoure
le fœtus dans l'oeuf. || Fausses eaux, écoulement
plus ou moins abondant de sérosité, qui a lieu
par les parties génitales à certaines époques de la
grossesse, sérosité qui s'était accumulée entre l'am-
nios et le chorion, et qu'il ne faut pas vnfondre
avec les eaux et le liquide amniotique. || 17° Terme
de vétérinaire. Eaux aux jambes, maladie cuta-
née qui a son siège au pied et à la partie infé-
rieure de la jambe, chez le cheval, et dont le
symptôme caractéristique est le suintement d'une
humeur à travers les pores de la peau. || 18° Lustre,
brillant des diamants et des perles. Dans le com-
merce, on entend par eau la transparence du dia-
mant, Dict. des arts et met. Amsterd. 1"07, au mot
joaillier. Les perles que Cléopatre avait en pendants
étaient d'un prix inestimable, soit pour l'eau ou pour
la grosseur, citri. Triumvirat, 3° partie, ch. 12,
dans RicHELET. Ce diamant fut appelé le Hégenl ; il
est d'une eau admirable et pèse plus de BOO grains,
ST-SIM. 466, 128. La drague, dans quelques ruis-
seaux [affluents du Mississipi], amène de grandes
huîtres à perles, mais dont l'eau n'est pas belle,
CHATEAUB. Voy. Amer. 4IB. ||Terme de tanneur.
Donner de l'eau, donner du lustre. Donner trois
eaux au veau. || Terme de chapelier. Donner de l'eau
à un chapeau, lui donner du lustre. || Terme de ma-
nufacture. Donner de l'eau à une étoffe, lui faire
prendre le lustre en la mouillant légèrement et en
la froissant sous la presse ou sous la calandre. Et
pourront ainsi lesdits teinturiers donner l'eau et le
lustre à toutes sortes d'étoffes de soie, Règlem. svr
les manxtf. août 1C69, Teint, en soie, laine et fil,
art. 80. Il 19° Eau-de-vie, le produit de la distilla-
tion du vin et des liqueurs spiritueuses. Eau-de-vie
de Cognac. Eau-de-vie de grain. || Terme de com-
merce. Petites eaux, alcool très-peu fort, résultant
d'une première distillation et n'ayant pas subi de
rectification, dont on se sert pour ramener à un de-
gré inférieur des eaux-de-vie naturelles qui, par un
coup de feu, sortent de l'alambic avec un degré trop
élevé. Il 20° Dans l'ancienne chimie on appelait eau
tout liquide qui semblait à la vue avoir à peu près
la consistance de l'eau, soit que l'eau y entrât pour
la plus grande partie, comme dans l'eau-forte, l'eau
seconde, etc. soit qu'elle n'y fût que pour très-
peu, comme dans l'eau-de-vie. || 21° Eau, liqueur
artificielle extraite de diverses substances ou pré-
parée avec diverses substances. || Eau acidulé ou
eau gazeuse, eau pure chargée de cinq fois son
volume d'acide carbonique. || Eau blanche ou eau
végéto-minérale, ou eau de Goulard, mélange d'eau
minérale et de sous-acétate de plomb liquide. || Eau
de Botot, eau pour les soins de la bouche, appelée
sans doute ainsi du nom de l'inventeur. || Eau cé-
leste, liquide bleu obtenu en versant de l'ammo-
niaque liquide dans de l'eau distillée tenant en
dissolution du sulfate de cuivre. || Eau de Cologne,
liqueur composée de diverses huiles volatiles de
romarin, de fleur d'oranger, de lavande, que l'on
dissout dans l'alcool et auxquelles on ajoute en-
suite de l'eau de mélisse et de l'alcoolat de romarin.
Il Eau d'Egypte ou eau grecque, ou eau mexicaine ,
ou eau africaine, solution d'azotate d'argent em-
ployée pour noircir les cheveux. || Eau-forte, acide
azotique du commerce. || Uneeau-forteestaussi une
estampe tirée sur une planche préparée à l'eau-forle.
Il Eau générale, alcoolat composé avec une foule de
plantes aromatiques et des substances balsamiques et
résineuses. || Eau de goudron, liquide odorant et aci-
dulé qu'on obtient en faisant macérer le goudron dans
l'eau. Il Eau impériale, alcoolat composé avec un
grand nombre de plantes aromatiques. || Rau de ja-
velle, chlorite de potasse liquide. || Eau de lavande,
mélange d'essence de lavande, de teinture d'amnre,
d'eau de Cologne ex d'alcool. || Eau de Luce, liquide
laiteux, d'une odeur forte, d'une saveur acre 8
caustique, que l'on emplo'e dans les évanouisse
ments, en aspiration par le nez, ou à l'intérieu/
(quelques gouttes dans un verre d'eau sucrée). |i Eau
EAU
EAU
EliA
1259
pliagédénique, solution de chlorhydrate de chaux, te-
nant en suspension du deutoxyde do mercure. || Eau
régale, mélange d'acides chlornydrique et azotique ,
dont on se sert pour dissoudre l'or et le platine.
Il Eau de la reine de Hongrie, nom donné à l'alcoo-
lat de romarin. {| Eau rouiUée, la même que l'eau
ferrée, voyez au numéro t. || Eau seconde, acide
nitrique affaibli; se dit aussi d'une lessive causti-
que de potasse ou de soude connue encore sous le
nom de lessive des savonniers et dont se servent
les peintres. |1 Eau sédative , liqueur composée
d'ammoniaque liquide, d'alcool camphré, de sel ma-
rin et d'eau commune. || Eau spiritueuse, liqueur
obtenue en di.stiUant de l'alcool sur des substan-
ces végétales à principes volatils. L'eau .spiritueuse
se nomme aujourd'hui alcoolat. || Eau sulfureuse,
dissolution de sulfure de sodium cristallisé, de car-
bonate da soude cristallisé et de chlorure de so-
dium. Il Eau-de-vie allemande, nom d'un très-fort
purgatif. Il Eau vulnéraire, eau aromatique em-
ployée par le vulgaire, dans les coups et contusions.
Il 22° Eau d'ange, ancienne eau aromatique, ana-
logue à l'eau de rose ou à celle de fleur d'orange.
X la main droite, près de l'autel [il s'agit d'un bap-
tême], il y avait une table sur laquelle étaient
deux carreaux de drap d'or, avec un grand vase
d'eau d'ange, malh. ie((. à Peirese, 23 juin 16U.
Il 23° Eaux et forêts, voy. forêt. || -Proverbes.
L'eau est entrée dans ses souliers par le collet de
son pourpoint, se dit, par une méchante plaisante-
rie, d'une personne qui s'est noyée. || Si on l'en-
voyait à la rivière, il n'y trouverait point d'eau,
se dit d'un homme malhabile qui ne sait pas trouver
les choses les plus communes. || Eau qui dort, ca-
ractère sournois et doucereux. 11 n'y a pire eau que
l'eau qui dort. Il n'est, comme on dit, pire eau que
l'eau qui dort, mol. Xart. i, t. ||Tant va la cruche
à l'eau, voy. cruche.
— P.EM. Eaux est un pluriel collectif, comme airs,
cieux. Quand on dit se perdre sous les eaux, périr
dans les eaux, les eaux dans ces phrases n'indiquent
pas plusieurs eaux, mais une collection ou quantité
indivise, jullien. Toutefois eau a aussi un pluriel
qui n'est pas collectif : j'ai bu des eaux de Vichy et
de Spa, c'est-à-dire de l'eau de Vichy et de l'eau de
Spa; les eaux d'Arcueil et de Grenelle, c'est-à-dire
l'eau d'Arcueil et l'eau de Grenelle.
— H!ST. XI" s. E s'il a eaarere larecin amendé,
ait [qu'il aille] à l'ewe [à répreuve de l'eau]. Lois
de Guill. 4 7. Li val profond et les ewes courant,
Ch. de Roi. cxxxvi. Issent de mer, viennent as ewes
douces, ib. clxxxvii. Et li evesque les ewes beneïs-
sent, ib. cclxvui. {| xii' s. L'algue du cuer lui est es
els [yeux] montée, Ronc. p. 48. Que l'iave seul [a
coutume de] percer la pierre bise, Couci, xi. lluec
curreit une ewe de mestier en mestier; Là se bai-
gnoit li sires pur sa char refreidier, Th. le mart.
94. Il xiii's. X la cort ont l'auge criée. Et li vallet
l'ont apportée; Quant ont lavé, si sont asis, Le beau
desconna, dans Àrch. des missions scientifiques,
t. V, p. (68. Entre deus augues moult bruians Sist
la cités, qui moult fu grans, 16. p. 170. S'aucuns
est accuseis qu'il ait aucuns ochis et on ne le poet
prover par tesmongnages loiaus, il se doit purgier
del fait par le jugement del aiguë froide, tailliar.
Recueil, p. 491. Et l'autre lui retrempe de fresche
eaue en son vin [lui verse de l'eau fraîibe en son
vin], Berte, lv. Car d'une sorce vient si haute L'ewe,
qu'el ne puet faire faute, la Rose, 20690. Trop la
tere est couverte de yaue et de nege, beaum. tx, 8.
Li evesques du Pui de bien faire lor prie, La porte
!or ovri, au nom sainte Marie, De l'aive beneoito
lor fait grant départie, Ch. d'Ant. viii, 193. Tôles
ces ewes qui sont teles naturelment [minérales], si
les puet on faire par artefice, si com de faire boulir
soufra en ewe douce et ensi des autres, alebrant,
P s. En cel vasciel l'arcideclin Fist Dieux servir,
d'aige fait vin, ph. mouskes, ms. p. 283, dans la-
cURNE. Il XIV* s. De ceste condition a moult de gens
en ce monde, qui noent [nagent] entre deux eaux,
ilodus, f° Lxvii, lerso. C'est l'elixir et eau de vie.
En qui toute ouvre est assouvie, Nat. à l'alch. err.
1031. ||xv' s. Et furent mis ens es navires et balle-
nieres plus de deux mille chevaux, lesquels avoiant
pourveancede foin, d'avoine, litière et d'eau douce
bien et largement, froiss. ii, m, 32. Se hastoient
les Anglois de passer cette Beauce pour le danger
des yauves dont ils estoient à grand mesohef pour
eux et pour leurs chevaux, id. u, ii, 69. Si estoient
[les chevaux] foulés et oppressés, combien qu'ils
eussent esté bien gouvernés et approvendés de foins,
d'avoine et d'algue douce, id. ii, m, 33. 11 estoit
le mois de mai que les eaues sont en leur douceur,
id. Il, II, 228. Si entendit bien le duc que c'estoit
ung personnage forgié, et qu'on venoit quérir eaue
de loing puits, G. ciiastel, Chr. d. d. de Bourg.
2* partie, ch. 66. Entre deux eaues, comme le pois-
son noue [nage], en. d'orl. Bail. lUB. Me partis
bien malin du dict port de Sapience avec mes dictes
galées, pour m'en venir mon chemin devers Gennes,
en volonté de lever, au port de Ion, eaue dont mes
dictes galées estoient mal fournies, Bouciq. hist.
Paris, (620, p. 258, dans lacurne. Eve qui court
ne porte point d'ordures, leroux delincy, Prov.
t. i, p. 65. Il n'a pas soif qui de eau ne boit, lo.ib.
p. 66. Il XVI" s. Il semble qu'ils n'aient fait que battre
l'eau en priant et que Dieu ait fait le sourd, Calvin,
Inst. 732. Il se retourna vers la muraille comme
pour faire de l'eau, et là rompit ses lettres, mako.
iVour.xxi. Ayant ces deux amants comploté de faire
un pertuis en l'eau [fuir] et prendre la route d'An-
gleterre, YVER, p. 617. L'eau leur venoit à la bou-
che, tant elles desiroyent de taster seulement un
petit morceau de friandises, langue, 134. Par le
moyen de la grande et longue despense, l'eau est
venue à leur moulin, id. 334. La distillation des
eaux et essences tirées de toutes sortes d'herbes,
racines et Heurs, id. 479. Ptisane, eau bouillie, eau
d'amendes, 'paré, y, 9. Eau forte, huile de vitriol,
ID. v, 13. Eau fort qui aura servi aux orfèvres, dite
eau bleue, id. xvi, 15. La nourrice sa gardera de
boire eau crue, mais la fera bouillir, id. vi, 15. Eau
deinareschal [ferrée], id. vi, 19. Eau de forge, id.
VI, 22. Eau d'orge, eau cuitte, en laquelle on mettra
mie de pain, que nous appelions eau panée, ou
bien hippocras d'eau ou eau bouillie puis meslée
avec syrop rosat, violât ou aceteux, id. viii, 14.
Eau de Damas [sorte de parfum], id. ix, 13. Eau
forte esteinte [dite eau de séparation]. Eau alumi-
neuse, eau des alkemistes. Les ulcères seront tou-
chées de l'eau de sublimé, ou de celle qui aura servi
aux orfèvres, id. xvi, 13. Les restaurans, coulis,
pressiseteau de chair, id. xxiv, 22. De la manière
de distiller l'eau de vie appelée l'ame ou l'esprit du
vin.— Si tu veux avoir l'eau de vie excellente, la faut
rectifier deux ou trois fois, voire jusqu'à sept, lo.
XXVI, 8. L'eau ardant autrement dit l'eau-de-vie,
0. DE serres, 230. Elle ne sera jamais sans avoir des
eaux, céleste, impériale, de vie, id. 887. L'eau fort,
posée doucement avec du cotton dans la dent creuse,
en appaise la douleur, et la fait casser estant cor-
rompue, id. 903. La pommade sera lavée dans eau
nate, ou dans eau de Damas, ou eauroze musquée,
ID. 008. Et l'eau clairette façonneras ainsi : mettes
tremper en une chopine d'eau de vie de la plus fine,
trois onces de canelle triée, etc. id. 936. Le laver
quelquefois avec de l'eau d'ange, ou de nalTe, ou de
roze, ID. 945. L'eauve une foys eschauffée emprend
plu tost gelée, génin. Récréations, 1. 11, p. 243. Vous
en feriez acroire de belles aux gens de là l'eau.
Contes de ciiolières, f° 06, dans lacurne. Nicolas
Roland, homme voué avec une passion extraordi-
naire au fait de la ligue, et sous ce titre avoit esté
créé eschevin de Paris, la première année des trou-
bles l'an 1688; toutefois, quelque temps après, il
commença de mettre de l'eau sur son feu [à mettre
de l'eau dans son vin, à en rabattre de son exalta-
tion] , PASQ. Lett. t. II, p. 309, dans lacurne. Eau
quoye jour et nuit Noyé, submerge et nuit , leroux
DE LiNCY, Prov. t. I, p. 66. Eau trouble , gain du
pescheur, id. ib. Dans un mortier, de l'eau ne pile,
iD. ib. L'eau fait pleurer, le vin chanter, id. ib.
C'est folie puiser l'eau au crihleau, id. ib. 1. 11, p. 262.
— ÉTVM. Génev. aiguë; picard, iau, ieu; wallon ,
ait«e; Berry, aie {effe, signifiant eau, se trouve
dans le nom de plusieurs localités du Berry); bour-
guig. éa; provenç. aigua, aicyo/catal. ayjua;espagn.
et portug. agua; anc. ital. aigua; ital. mod. acqua;
du latin aqua; gaeliq. ab, abh, aba,, eau; himry,
CM),-goth. a/it'0;anc. haut-allem. oJia; zend, dfs;
sanscr. ap ou dpas. Le mot eau de la langue litté-
raire actuelle provient d'une forme picarde qui était
iaue et se prononçait sans doute iave; du moins en
vers elle est toujours de deux syllabes; puis elle
s'est contractée en eau monosyllabe, et la forme
eve ou eghe est restée dans la catégorie des patois.
Il n'y a pas d'autre étymologie à chercher que le
latin aqua, qui a donné régulièrement eve ou ewe,
comme equa, cavale, avait donné ive ou iwe.
t EAUBÉNITIER (ô-bé-ni-tio), s. m. Synonyme
présentement inusité de bénitier. Les eaubénitiers
seront marqués et contre-marqués au corps, collet
du pied et goupillon, liègl. orfévr. 30 déc. 1679.
— ÉTYM. Eau , et bénitier.
t EAUBURON (ô-bu-ron) , s. m. Nom vulgaire de
plusieurs champignons
EAU-DE-VIE, voy. eau.
EAU-FORTE, voy. eau.
ÉBAHI, IE(é-ba-i, ie), part.patiéde ébahir. Jeté
dans un grand étonnement. Mais toi qui tiens nos sens
et nos yeux ébahis, mairet, Soliman, m, 9. Et si de
tant d'amour tu peux être ébahie, corn. Polij. m,
2. Prêchez, patrocinez jusqu'à la Pentecôte, Vous
serez ébahi, quand vous serez au bout, Que vous no
m'aurez rien persuadé du tout, mol. Éc. des fem-
mes, I, 1. Vous serez ébahi que vos juges auront
été sollicités contre vous, id. Scapin, 11, 8. Pier-
rots et paillasses Charment sur les places Le peuple
ébahi, uérang. Cocag.
— SYN. ébahi, ébaubi. L'ébahi est celui à qui l'é-
tonnement fait ouvrir la bouche; l'ébaubi, celui que
l'étonnement fait balbutier.
ËBAIIIR (S') (é-ba-ir; Palsgrave, xvi« s. p. 1»,
dit que l'ft est aspirée), v. réfl. Rester la bouche ou-
verte, s'étonner, être surpris. On s'ébahit à la vue
d'un événement imprévu ou d'un spectacle agréable.
— HEM. L'ancien français faisait e'fta/iir actif ; il est
fâcheux qu'il ne soit plus que réfléchi.
— L'IST. XII" s. Moût fu vassaus [brave] qui n'i
fust esbaïs, Ronc. p. 72. Moult fj'] ai esté longue-
ment esbahis, Qu'onques n'osai chanson à faire em-
prendre, Couci, v. Car sa beautez me fait tant es-
bahir. Que je ne sai devant Ii nul langage, ib. xix.
E cist temples lur iert [sera] en essample, si que
tuit icil ki i passeront, forment se esbaïrunt, flots,
268. Ilxiii" s. Lors s'en est Bel-accueil fois [fui]. Et
je remès [restai] tous esbahis. Honteux et mas
[abattu], Rose, 2964. [La maison] tremble toute
effraée, Tant se sent foibleet esbaée, et pourfendue
de cievaces En plus de cinq cens mile places, ib.
6136. Il xiv"s. Or est celui qui est fort ou preuz, da
tele condicion que il ne s'esbahist pas et est sans
paour en la manière que bon homme peut esire,
ORESME, lith. 80. Et parceque tristece esbahit, l'on
pert son jugement, id. ib. 98. Aiezbon cuer en vous,
pour Dieu le fruit de vie ; Car homs qui s'esbahit, il
est mors à moitié, Guescl. 18385. Cilz parla hau-
tement si que tuit l'ont oï. Ne fut couars ne nices,
ne fist pas l'eboï, Girart. de Ross. v. 1389. ||xv" s.
X l'endemain la truie [machine de siège] fut levée
au plus près qu'ils purent de Bergerac, qui grande-
ment esbahit ceux de la ville, inoiss. 11, 11, 7. Et
si les esbahyssoit l'yver qui s'approchoit, comm.
IV, 6. Il xvi" s. Ils s'esbahissoient comment il laissoit
ainsi eschapper le poinctde son occasion, amvqt,
Pyrrh. 20.
— ÉTYM. Wallon , esbawi; provenç. esbair; ital.
sbaire; de es.... préfixe, et le radical baïr, étonner,
qui est dans le rouchibo/it, étonnant, dans l'espagnol
em-bair, faire illusion, et dans l'italien bâfre,
étonner, et que les étymologistes regardent comme
dérivé àebah, exclamation naturelle d'étonnement.
Comp. pourtant bayer, béer.
ÉBAHISSEMENT (é-ba-i-se-raan), s. m. Etat do
celui qui est ébahi. Cet événement a causé un
ébahissement général.
— HIST. XVI" s. Esbahissemeat, amyot, Cam. 40.
— fiTYM. Ébahir.
f ÉBALAÇON (é-ba-la-son), s. m. Ancien terme
de manège. Espèce de ruade.
t ÉBARBAGE (é-bar-ba-j'), s. m. Action d'ébarber.
—ÉTYM. Ébarber.
ÉBARBÉ, ÊE (é-bar-bé, bée), part, passé. Une
plume ébarbée.
+ ÉBARBEMENT (é-bar-be-man), s. m. L'action
d'ébarber; le résultat de cette action. || Terme do
chirurgie. Action d'enlever avec le bistouri, ou avec
les ciseaux, des productions morbides végétantes.
— ÉTYM. Ébarber.
ÉBARBER (é-bar-bé), v. a. \] i° Rogner les
barbes des plumes, et ce que l'on compare à ces
barbes dans le papier, dans la taille d'une gra-
vure. Il 2° Couper le chevelu des plantes ou des
arbres qu'on met en terre. || Tondre une haie, une
charmille. || Couper les racines que les ceps devigno
poussent à fieur de terre. 113° Terme de paveur. Dé-
grossir les joints ou le paremeijt du pavé préalable-
ment. 114° 'l'erme de fondeur, ôtor les bavures du
plomb. Ébarber les tables, en ôter le sable avec des
brosses avant de les mettre sur leur laminoir.
Il 5° Terme de typographie. Ébarber une lettre,
abattre avec un instrument tranchant un talus qui
marque au tirage. Ébarber une feuille, un volume,
couper les fausses marges. |j 6° Te.-me de chirurgie.
Pratiquer l'ébarbement.
— HIST. XVI" s. Allez direàS?.ii.l-L>i>lais qu'il se fasse
esbarber et couper ses cheveux, puisque voilàd'Au-
bigné de retour de son voyage, d'aub. Vie, lxxii.
— ÉTY.M. É pour PS... préfixe (voy. es...) et barbe.
12G0
VMA
finAUBOIR (ébar-boir), *. m. Oulil qui sert à
ébarber.
— ÊTYM. Ébarber. . , , ,
tÉBAlUllIKE(é-barbu-r'),s./'. Cequi se détache
d'une chose qu'on éb.irbe. Toutes les ébarbures de
l'or s'enlèvent avec du coton en rame, ilanuel du
relieur, p. 233, idit. bobet, <827. || Petite élévation
qui se forme sur la planche du graveur, à chaque
coup de burin.
— ETYM. Ébarber.
tf.BARDOIR (é-bar-doir), s. m. Sorte de grattoir
à trois côtés, dont se servent les menuisiers.
t ÉBAUOUIU(é-ba-rou-ir),c. a. Terme de marine.
Dessécher, en parlant de l'action du soleil qui dé-
joint les bord:iges des navires. Navire ébaroui.
■t-ÉBAROUlSSAGE(é-ba-rou-i-sa-i'), s. m. Terme
de marine. Dessèchement qui disjoint les douves des
futailles, les bordages.
ÉBAT (é-ba; le t ne se lie pas dans le parler or-
dinaire ; au pluriel, l's se lie : des é-ba-z animés ;
ébats rime avec pas, m.lts, etc.), s. m. \\ 1° Mouve-
ments folâtres du corps. L'enfant.... Avecques ses
pareils se platt en ses ébats, eégnieb, Sat. v. Les
couvents où les pensionnaires ont beaucoup d'ébats,
de courses, J. J. bouss. Éin. v. Les enfants qui sui-
vaient ses ébats [du mouton] dans la plaine, a. chén.
S68. Il 2° l'asse-temps, divertissement, ô bois,
ô prés, ô monts, ses fidî^les ébats! hégnieh, Plainte.
Souvent en ces ardeurs la mort qu'on se propose.
Ne semble qu'un ébat, qu'une ardeur, qu'une rose,
BOTR. St Gen. iv, 2. Je m'y rends avec vous, l'ébat
m'en sera cher, id. Bélis.iv, 2. Pour vos ébats nous
nourrirons nos filles, la font. Berc. || Prendre ses
ébats, se livrer au divertissement. Deux vieilles di-
saient tout bas : Belzébuth prend ses ébats, bérang.
Cott. Puisque le tyran est à bas , Laissez-nous prendre
nos ébats, id. liequêle. || S'Ausing. Terme de chasse.
Promenade qu'on fait faire aux chiens pour leur santé.
— REM. Aujourd'hui ébat ne se dit guère qu'au
pluriel. 11 serait bon de faire comme Rotrou et de
maintenir l'usage du singulier.
— IIIST. XV' s. Et se atlendoit l'heure de voir cest
esbat [le passage de la rivière qui devait s'effectuer],
COMM. I, 9. Ceux qui par gloire dient : je ne suis
pas clerc, je laisse faire à mon conseil, je me fie en
eulx, et puis, sans assigner autre raison, s'en vont
en leurs esbatz, m. ii, «. Se trouvèrent ensemble
enbiirque, qui estl'esbatde Venise, et où cliacun
va selon les gens qu'il a, id. vu, ib. || xvf s. J'ap-
prins le grec par forme d'esbat et d'exercice, mont.
I, 9B. Ce maistre menoit tous les jours leurs enfans
à l'esbat hors de la ville, amyot, t'om. <7.
— ÉTYM. Voy. ébattre.
lîBATTEMENT (é-ba-te-man) , s. m. || 1° Action de
s'ébattre, de se récréer. Toi, des maux qu'ils me
font, prends ton éhattement, malh. i, 4. L'ébatle-
ment jjourrait nous en être agréable. Vous plalt-il
de l'avoir? eh bien, gageons nous deux, la font.
Fabi. VI, 3. Les familles sortent de leurs villages
pour prendre part à ces ébattements (des noces],
ciiATEAiiB. Amer. f. || 2° Eliattenient d'une voiture,
son balancement entre les brancards.
— SYN. Ebat, ëbattement. Ces deux mots ne dif-
fèrent que parce que ébat désigne plus particuliè-
rement l'état, et éhattement, l'action de celui qui
s'ébat.
— HIST. XIV* s. En certains esbattemens comme
luiltes ou courses pour soy eschauffer et exerciter,
OBESME, Elh. 04. Comme il .suit ainsi que en cesle
vie et en conversation humaine un repos soit en
gieu ou en esbatement, id. ib. <30. || xv's. En telle
manière que tous ceux et celles qui le liront [son
ouvrage], verront et orront [entendront], y puis-
sent prendre esbatement et plaisance, fboiss. j'rol.
Et tout ca disoit par farce et esbatlement, car il
estoit et est toujours très gracieux et nouveau et
bien plaisant gentilhomme, louis xi, Nouv. lvii.
Il xvi* s. Les dames se trouvoient aux esbatemens
publiques et assistoient à veoir les jeux, amyot,
ï/i^s. 22.
— ÊTYM. Ébattre.
ÉBATTRE (S') (é-ba-tr'), V. réfl. Il se conjugue
comme battre. || fSe donner un mouvement folâtre.
Elle était descendue avec ses compagnes pour s'é-
battre sur le rivage, d'ablancourt, Lucien, t. i,
dans iuchelet. La gazelle s'allait ébattre innocem-
ment, LA FONT. Fabl. XII, 15. Mes camarades ve-
naient me chercher pour m'ébattre avec eux, J. :.
t.ouss. Confess. i. Là, qu'il coure, qu'il s'ébatte, m.
fin. II. 112' Se divertir. Tu hras ces vers où jeune
je m'ébats, régn.SoI. i.
— REM. Ébattre est aujourd'hui un verbe réfléchi,
étonne peut l'employer acUvemenl, Mais autrefois,
comme on iteutlevoirà l'historique, il s'employait
activement ; il y a donc faute contre l'usage et ar-
chaïsme, mais non faute contre la langue dans ce
vers de I.amartine (non qu'il ait songé à un ar-
chaïsme) : Nous regardions le fletive ébattre son
rivage, Ch)Ue d'un ange, récit, p. ti. Ébattre doit
vouloir dire folâtrer contre son rivage.
— lllST. xiu' s. 11 s'esbat iluec et solace, 0 [avec]
ses gens, car plus bêle place. Ne plus biau lieu por
soijoer. Ne porroit-il mie trover, la Rose, v. 6IB.
Si m'en allai seus [seul] esbatant Par le vergier de
rà en là, ib. f3io. || xv s. Devi.sant et esbattant
avec ses gens, louis xi', Nouv. lxx. || xvi' s. Alors,
pour temporiser et esbaltre l'assemblée magnifique,
furent laschez quatre terribles et fiers Uuraux, bab.
Sciom. Nature s'est esbattue à montrer combien elle
estoit bonne ouvrière, en façonnant votre corps si
parfait, yver, p. 687. Veoir un enfant s'esbatlre à
blesser un chien, mont, i, <»7. L'un d'une chose
esbat sa vie. L'autre d'une autre à volonté, bons. 373.
.... Et pendant que jeunes nous sommes, Esbatre
la fleur de nos ans, id. Bit.
— ÉTYM. Picard, e.^batu, content, réjoui ; pro-
venç. esbafre, battre , réjouir; ital. .«6a(tere;de cî...
préfixe, et battre; le sens étant agiter en battant,
dissiper, et, de là, divertir.
ÉBAUBI, lE (é-bô-hi, bie), adj. Terme très-fami-
lier. Interdit, surpris, au point de bégayer. Je suis
toute ébaubie et je tombe des nues, mol. Tart. v, 5.
Ils seront très-bien éhaubis Quand ils nous verront
partis, m. Bourg, gent. Ballet des nations. Je suis
émerveillée, Toute ébaubie et toute consolée, volt.
Enfant prod. v, 7. Or, diamants, émeraudes, ru-
bis. Tout disparaît à ses yeux éhaubis, i». Bégueule.
— iiiST. XIII* s. S'il savoit ce meschief, moût [il]
seroit esbaubis, Berte, xxx. Et mont en fu de cuer
dolente et esbaubie, ib. lxxii. || xiv s. Charles touz
ababis.... Girart de Boss. v. 396;i. liertran estoit mon-
tez, poures fut ses roncins, Nulz homs ne l'ache-
last quatre florins petis; Il en estoit honteux et
forment esbaubis, Guescl. v. 325.
— ÉTYM. Picard, ébeubi; Berry, abaubis; de
es.... préfixe, et le latin baibuî , bègue: proprement,
rendu bègue, étonné.
[ ÊBAUCIIAGE (é-bô-cha-j'), s. m. \\ l'Action
d'ébaucher. || 2° Terme de potier. Action de donner,
avec les mains seulement, sans moule ni appui, une
forme quelconque à la terre molle.
— ÉTYM. Ébaucher.
ÉBAUCHE (é-b(5-ch'), s. f. || 1° Préparation d'un
ouvrage de peinture, de sculpture dans laquelle les
partiesprincipalessontseulementindiquees.il Terme
de graveur. Faire l'ébauche, mettre par masses les
ouvrages de gravure au premier trait de burin.
Il 2° Mouvement de montre dégrossi et prêt à passer
dans les mains de l'ouvrier qui doit le perfectionner.
Il 3° Fig. Premiers essais, premier développement
d'une chose, esquisse. Tu demeures surpris et chan-
ges de couleur à ce discours ; ce n'est là qu'une
ébauche du personnage ; et, pour en achever le
portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau,
mol. Don Juan, i, t. Agréez que ma muse Achève
un jour cette ébauche confuse, la font. Fabl.xu,
(5. Après cette légère ébauche du mérite de son
beau-frère, iiamilt. Gramm. a. Développant déjà,
dans les premières ébauches de nos passions, tout
ce que nous devons être, mass. Car. Voc. Des restes
de sa droiture, il en fait les ébauches de ses pas-
sions, ID. Panég. St Thomas. \\ 4° Production
informe et grossière. De votre éclat et de votre lu-
mière. Je ne suis qu'une ébauche imparfaite et gros-
sière, BOTR. Bélis. III, 7. La première hypothèse
que l'esprit humain a imaginée pour expliquer les
apparences des mouvements planétaires n'a dû être
((u'une ébauche imparfaite de cette théorie, laplace,
Expos. I, H .
— SYN. ÉBAUCHE, ESQUISSE. L'ébauche est le com-
mencement même, encore informe du travail, d'où
l'œuvre sortira accomplie. L'esquisse n'en est que le
trait, que le plan et n'entre dans l'oeuvre que comme
préparation.
— ÉTYM. Voy. ÉBAUCHER.
ÉBAUCHÉ, EE(é-bô-ché, chée), part, passé. Qm
est en ébauche. Tirer une Diane ou une Minerve
hors d'un bloc de marbre qui n'est point encore
ébauché, desc. Méth. ii, 6. On s'attendait à une ba-
taille; le terrain s'y prêtait; des ouvrages étaient
ébauchés, mais tout avait été abandonné et l'on n'é-
prouvait pas la plus légère résistance, sEgur, Uist.
de Nap. viii, 4. || Fig. Les anciens les ont trouvées
[les sciences] ébauchées par ceux qui les ont pré-
cédés, PASC. Préf. Vide. Plus malheureux, je meurs,
à ma gloire arraché, Et mon plus digne ouvrage
EBA
est à peine ébauché, millev. Élég. liv. ii, Virgile.
Du jour où la nature, au néant arrachée. S'échappa
de les mains comme une oeuvre ébauchée.... lamart
Médit. 1,7.
tÉBAUCHE.MENT{é-b6-che-man), s. m. Action
d'ébaucher. Depuis le premier trait de l'ébauche-
ment d'un si grand dessein.... balz. Socrate, Dise,
prem.
— ÉTYM. Ébaucher.
ÉBAUCHER (é-bô-ché), t). a. \\ 1° Terme de pein-
ture et de sculpture. Disposer, en commençant un
ouvrage, les masses et les parties principales. || Fig.
Mais, pour mon frère l'ours, on ne l'a qu'ébauché,
LA font. Fabl. I, 7. Il Terme de menuiserie. Ébau-
cher le bois, le dégrossir. || Terme de cordier. Net-
toyer le chanvre en le passant dans l'ébaucboir.
Il 2° Préparer, commencer. On va bientôt, madame,
achever à vos yeux, Ce qu'ébauche par là votre
abord en ces lieux, corn. Tois. d'or, v, 2. Et l'amour,
qui m'apprend le faible des amants. Unit vos plus
doux vœux à mes ressentiments. Pour me faire
ébaucher ma vengeance en Plautine, Et l'achever
bientôt par .sa propre ruine, id. Othon, iv, B. Mes
secours en Judée achevèrent l'ouvrage. Qu'avait des
légions ébauché le suffrage, id. Tit. et Bér. m, B.
Il 3° Donner une idée d'une chose. Pour épargner
un plus long détail des recherches géométriques de
M. BernouUi, il suffira d'ébaucher ici l'idée de la
théorie des courbes qui roulent sur eiies-mêmes,
FONTEN. BernouUi. || 4° S'ébaucher, v. réfl. Être
ébauché, préparé. Pendant que ce travail s'ébau-
chait.
— REM. On lit dans Chateaubriand : Les lèvres
d'Akansie ébauchèrent un sourire d'admiration et
de gratitude, Natch. m, <i4. Cette figure ne paratl
pas correcte. Dirait-on ébaucher un clin d'œil, un
bâillement?
— HIST. XV* s. Huet, prend cette pierre bise, Sy
l'esboche à ton grant martel, ilir. de sainte Gen.
Il XVI* s. Celui qui opine le premier doit esbaucher
tous les poincls principaux, condë. Mémoires,
p. B58. Ma consultation esbauche un peu la matière,
et la considère legierement par ses premiers visages,
MONT. IV, bl.
— ÉTYM. £j.... préfixe, et bauche, sorte de mor-
tier à bâtir : tirer de la baucbe, préparer, dé-
grossir. Cependant il y a l'italien sboao, ébauche,
qui vient de boiza, boxîo, bloc de pierre; cela va
très-bien pour le sens avec ébauche, ébaucher;
moins bien pour la forme, quoiqu'on trouve l'or-
thographe esbocher; mais les autres composés dé-
baucher, em-baucher conviennent bien mieux k
baxtche ou bauge qu'à l'italien bono ou botta. Tou-
tefois il n'est pas impossible qu'il y ait eu confusion
de deux radicaux, l'un français, bauche ou bauge;
l'autre italien, bosza, bosio.
t ÉBAUCHEUR (é-bô-cheur) , s. m. ||1* Celui qui
commence les mouvements de montres et de pen-
dules. Il 2° Cylindre pour étirer la loupe.
— ÊTYM. Ébaucher.
ÉBAUCHOIR (é-bô-choir), s. m. Outil dont les
sculpteurs se servent pour ébaucher et modeler. Je
connais votre âme, l'ébaucboir vous tombera des
mains et vous pleurerez, dideb. Lett. à Falc.
Il Grand peigne à dents droites et grosses, pour
donner la première façon au chanvre. || Ciseau pour
ébaucher des mortaises. || Outil d'acier eu forme de
ciseau pour bretteler la sculpture.
— ÉTYM. Ébaucher.
ÉBAUDI, lE (é-bô-di, die), part, passé. Mis en
allégresse. Il s'en alla tout ébaudi de cette bonne
nouvelle. On bat des mains, et l'auteur ébaudi Se
remercie et pense être applaudi, volt. Ép. 80.
ÉBAUDIR (é-bô-dir),«. a. || l'Terme familier. Met-
tre en allégresse. Je voulais tant soit peu m'ébaudir
les esprits, sCARRON,Jocieic(, iv, 4. J'ébaudirai Votre
Excellence Par des airs de mon flageolet, volt.
Leit. en vers et en prose, *. || 2° S'ébaudir, c. réfl.
Devenir ébaudi. Allons nous ébaudir et dîner tous
ensemble, boursault. Mots à la mode, se. tB. Pour
n'avoir pas l'air d'un parent malheureux, je m'é-
baudi.ssais à la noce, chateaub. Itin. ii, 8.
— HIST. XI. s. Si s'esbaldissent Franc, Ch. de
Roi. cxiv. Il XII* s. Pour iiostre roi devons estre es-
baudi [pleins de courage], Ronc. p. B6. Li eslor [le
combat] fu durement esbaudis, ib. p. 72. Ne pour-
quantil manja assez tout à loisir, E ad fait bol sem-
blant pur les suens [siens] esbaudir. Th. le martyr,
47. jlxili's. Et quant il furent acreu de gent, si s'es-
baudirent plus, et chevauchierent plus seurementque
devant, villeh, clv. Car chascun qui de ses amorf
Oit [entend] parler, moult s'en esbaudit, la Rose,
S687. Il XV* s. Pour esbaudir armes, et chevalerie
accroistre, monstr. i, 2. || xvi' s. L'yvresse donne
aux personnes d'aage le courage de s'esbaudir en
danse et en la musique, mont, h, iO.
— ÉTYSI. Es.... préfixe, et l'ancien adjectif iaud,
bald, liardi; provenç. haut; ital. baldo ; de l'anc;
ïllem. bald, hardi; angl. bold; wallon, ebadi; pro-
venç. esboldir, esbaudir ; anc. ilal. sbaldire.
ÊBAUDISSEMENT (é-bô-di-se-man), s. m. Terme
familier. Action de s'ébaudir; état de celui qui s'est
ébaudi.
— msT. XV' s. Si firent lors par toute la noble ville
d'Orléans grand joie et moult grands esbaudisse-
ments, quand ils se virent et connurent ainsi estro
délivrés de leurs faux adversaires, monstr. 11, 69. Los
bgieretés et esbaudissements des jeunes nobles
hommes, al. chartier, Giuvres, p. 434.
— ÊTYM. Ébaudir; provenç. esbaudiment.
t ÉBE ou EBBE(&-b'), s. f. Nom, sur les côtes de
Normandie, du reflux de la mer. || Proverbe. Ce qui
vient de flot s'en retourne d'ébe, se dit d'un bien
mal acquis, et est équivalent à : Ce qui vient de la
flûte s'en va par le tambour.
— lllST. xtv s. Nous ne voulons mye que la ab-
sence de temps lour [leur] soit prejudiciele, pour
quoy ilz soient riens en damage; et si le desseisi eit
esté en la terre sainte en pèlerinage, adonques soit
accouaté un an et un jour, et un ebbe et un flot
pour les delays de la mer, britt. Loisd'Angl. f" HB,
dans LACUBNE.
— ÊTYM. Angl. ebb, reflux; allem. Ebbe..
t ÉBÉNACÊ, ÉE (é-bé-na-sé, sée), adj. Terme
de botanique. Qui ressemble à l'éb^ne. || S. f. Les
ébénacées, famille de plantes d'arbres ou d'arbus-
tes, la plupart des régions tropicales d'Afrique et
d'Asie, et dont l'ébène est le type.
— ÉTYM. Ébène, et la finale acé qui indique ap-
partenance.
ÊBÈNE (é-bè-n'), s. f. || 1» Bois de l'ébénier. L'é-
bène est remarquable par son beau noir, son grain
uni et sa dureté; elle est formée par le duramen;
l'aubier est sans usage. Meubles d'ébène. || Ébène
fossile, lignite ou jayet. 1| On se sert du mot ébène
pour caractériser un noir trèsl'oncé. Noir d'ébène.
Il Fig. Des cheveux d'ébène, des cheveux très-noirs.
Sur ton sein leurs flots onduleux Retombent en
tresses d'ébène, lamabt. Médit. 1, 9. || 2° Ébène
jaune, nom vulgaire de la bignonieleucoxylon, qui,
pour certains auteurs, est lu bignonie des Antilles
et dont le bois est parfois nommé ébène, legoa-
BANT. Il Fausse ébène, un des noms vulgaires du
cytise ioburnum, dit encore faux ébénier, et qu'il ne
faut pas confondre avec le cytise des Alpes, quoique
celui-ci ait parfois reçu les mêmes noms vulgaires,
LEGOARANT.
— REM. Le genre de ce mot a varié ; on le trouve
au masculin dans Voltaire : Je vis Martin Fréron,
à la mordre attaché, Consumer de ses dents tout
l'ébène ébréché , Dial. de Vég. et du vieillard.
Mais, dit Ménage, il est féminin, comme le fout tous
les ébénistes. Le féminin a en effet prévalu.
— HIST. xm' s. Cis arbres a à nom benus, Jà un
seul point n'en ardra fus [feu], Flor. et Blancheft.
V. 61 5. -Nuls tabletier ne puet mètre avec buis nule
autre manière de fust qui ne soit plus chier que
buis, c'est à savoir, cadre, benus, biesil et ciprès,
Liv. des met. <73. || xvi's. Non toute terre porte tout;
ludie seule porte lenoirebene, rab. PonMv, 54.
— ÉïYM. Provenç. eba, s. f. ; catal. espagn. et
ilal. ebano; du latin ebenus, du grec Jêevo; ; du sé-
mitique : hébreu, hobnim.
ÉBÉNÉ, ÉE (é-bé-né, née), part, passé. Du bois
ébéné.
ÉBÊNER (é-béné. La syllabe bé prend un accent
grave, quand la syllabe qui suit est muette : j'ébène,
excepté au futur et au conditionnel : j'ébénerai,
j'ébénerais) , v. a. Donner à du bois la couleur de
l'ébène.
— ÉTYM. Ébène.
ÉBÉNIER (é-bé-nié; l'rne se lie jamais; au pluriel,
l's se lie : des é-bé-nié-z-élégants) , s. m. Arbre des
Indes, qui fournit l'ébine {diospyros ebenum). \\ Faux
ébénier, arbrisseau d'agrément, nom vulgaire du
cytise laburnum. \\ Ébénier de montagne, la bau-
hinie acuminée (légumineuses). || Ébénier d'Orient,
l'acacie lebbeck (légumineuses), dite encore acacia
du Malabar ou bois noir du Malabar ; c'est la mimose
lebbeck de Linné, legoabant. || Ébénier épineux,
un palmier du Brésil, nommé dans, le pays ayri ou
haîri, LEGOABANT.
— ÉTYM. Ébène.
iÉBÉMN, UNE (é-bé-nin, ni-n'), adj. Terme
didactique. Qui est d'ébène, couleur d'ébène.
— illST. xvi* s. Le col grosset, courte l'oreille. Et,
EBL
dessous un nez ebenin. Un petit mufle lyonin [il
s'agit d'un chien], nu bellaï, vu, 39, verso.
— lîTYM. Ébène.
ÉBÉNISTE (é-bé-ni-sf) , s. m. Menuisier qui tra-
vaille l'ébène et les autres bois et fait des meubles.
— ÉTYM. Ébène.
ÉBÉNISTERIE (é-bé-ni-ste-rie) , s. f. L'art de l'ébé-
niste, et aussi les ouvrages que fait l'ébéniste.
— RE.M. Ce mot est mal formé, puisqu'il suppose
ébènistier; il devait être ébénislie.
— ÉTYM. Ébénistie.
t ÉBEUGEMENT (ébèr-je-man) , s. m. Opération
qui consiste à raviver les talus des berges, lorsqu'on
cure les cours d'eau.
— ÊTYM. É pour es.... préfixe, et berge.
t ÉBERGUER (é-bèr-ghé) , t>. o. Terme de pêche.
Êberguor le poisson, prendre les morues vivantes,
ouvrir le ventre et en extraire les entrailles, leur
arracher les yeux, couper la queue, puis pratiquer
une incision annulaire au-dessous desou'ies en enle-
vant la peau du dos et les nageoires supérieures. Les
morues éberguées sont attachées à des lignes et
traînées dans l'eau à la remorque du bateau de
pêche. De l'aveu de tous, un procédé si simple
ajoute singulièrement à la saveur du poisson, qu'on
met en soupe.
— ÉTYM. La ville de Bergen, où cette préparation
paraît invariablement appliquée.
j ÉBERNER (é-bèr-né), v. a. Essuyer les excré-
ments d'un enfant. Les Français sont comme les
enfants qui braillent lorsqu'on les éberne, beau-
MARCH. , dans le Dict. de poitevin.
— ÉTYM. Yoy. ÉBRENER.
t ÉBERNEUR(é-bèr-neur), s. m. Celui qui essuie
les excréments d'un enfant au maillot. Laissez-le
devenir historiographe, instituteur, correcteur, éber-
neur des enfants de France et tout ce qu'il voudra,
volt. Lett. à d'Alembert, dans laveaux.
— ÉTYM. Dit par métathèse pour ébreneur, i'é-
brener; mais ces métathèses sont des barbarismes.
t ÉBERTAUDER (é-bèr-tô-dé) , V. a. Terme de
manufacture. Tondre un drap, une étoffe de laine
en première coupe.
— ÉTYM. £pour es.... préfixe, et bertauder.
t ÉBÊTIR (é-bê-tir), v. a. Rendre bête. Quand
ils l'eurent ébêti, volt, dans laveaux.
— REM. On dit plus souvent et beaucoup mieux
abêtir. Ébélir est fait en dépit de l'analogie.
— ÊTYM. É pour es.... préfixe, et béte.
t ÉBEURRER (é-beu-rè) , v. a. ôler le beurre du
lait.
— HIST. XIV' s. Un sextier de bon lait non esburré,
Ménagier, 11, 4. (| xvi's. Tant meilleur, tant plus
délicat, et tant plus pesant se trouvera le fourmage,
que moins aura esté esbeurré : d'autant qu'avec le
beurre s'en va la fleur et la graisse du lait, 0. de
SERRES, 287.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et beurre.
fÊBEYLIÈRES (é-bè-liê-r'), s.f.pl. Ouvertures
ménagées pour l'écoulement des eaux.
-j- ÉBIBER (é-bi-bé), v. a. Faire disparaître un
liquide par une action opposée à l'imbibilion.
— HIST. xvi* s. On peut donner quelques poudres,
tablettes ou opiates, pour ebiber, absorber et con-
sommer les humidités superflues du ventricule,
PARÉ, XX bis, 14.
— ÊTYM. Lat. ebibere, de e, hors, et bibere, boire
(voy. boire).
t ÉBIONITE (é-bi-o-ni-f) , s. m. Hérélique qui
croyait que le Christ était un homme né naturelle-
ment de Joseph et de Marie, et que l'observation
de la loi de Moïse était obligatoire.
— ÉTYM. Ébion, hérésiarque vers l'an 70 de l'ère
chrétienne. Selon Renan, Vie de Jésus, liv, i, cb.
u , de l'hébreu ébion, pauvre, saint, ami de Dieu.
f ÉBISÈLEMENT (é-bi-zè-le-man) , s. m. Action
d'ébiseler.
t ÉBISELER (é-bi-ze-lé. La syllabe sel double l'i
quand la syllabe qui suit est muette : j'ébiselle) ,v.a.
Donner une forme conique à un trou. Ebiselerune
planche, la couper en dessous en inclinant.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et biseau.
t ÉBISELURE (é-bi-ze-lu-r') , s. f. Résultat de
l'action d'ébiseler.
f ÉBLIS (é-blis') , f . m. Nom de l'ange destruc-
teur des djinns, dont il est parlé dans le Coran, et
qui fut précipité lui-même aux enfers, par suite de
sa révolte contre Dieu.
— ÉTYM. Arabe, ablis, désespéré, diable.
ÉBLOUI, lE (é-blou-i, ie), part, passé. Dont l'oeil
a perdu momentanément la faculté de voir par un
trop grand éclat de lumière. Ébloui par les éclairs.
On voyait dans la vaste campagne briller au soleil
EBL
1261
les casques, les cuirasses et les boucliers des en nemis ;
les yeux en étaient éblouis, fén. Tdl. x. || Fig. Sou-
vent tout ébloui d'une vaine étincelle corn. Jmit.
II, 6. Kt du peuple ébloui maîtrisant les suffrages,
volt. Tancr.i, ). || Devenu fier, orgueilleux. Ébloui
de sa naissance, de sa fortune.
ÉBLOUIR (é-hlou-ir) , v. a. \\ 1* Frapper les yeux
par un éclat qu'ils ne peuvent soutenir. Le soleil
m'éblouissait. Mes yeux sont éblouis du jour que je
revoi, BAC. Phèd. 1, 3. || 2° Fig. Produire sur les
yeux de l'esprit le môme elTet qu'une lumière trop
vive sur les yeux du corps. Mais n'espère non plus
m'éblouirde parjures, cobn. Cinn.iv, 6.11s ont été
éblouis de celte somme, sÉv. 384. De quelque côté
que je suive les traces de sa glorieuse origine, je ns
découvre que des rois, et partout je suis ébloui aa
l'éclat des plus augustes couronnes, boss. Duch.
d'Orl. Tout éclairée qu'elle était, elle n'a point
présumé de ses connaissances, et jamais ses lu-
mières ne l'ont éblouie, iD. ib. Celle nouveauté
éblouit les yeux du peuple, id. Uist. 11 , B. Sans se
laisser éblouir par le bonheur des événements ,
ID. ib. III', 8. L'admirable Julie ne se laissa point
éblouir à l'éclat des dignités du siècle, fléch.
Mme de Mont. Ce jour, ce triste jour frappe encor
ma mémoire. Où Néron fut lui-même ébloui de sa
gloire , BAC. Brit. i, 1. Mes promesses aux uns
éblouirent les yeux , id. ib. iv , 2. Inventez des
raisons qui puissent l'éblouir, id. Baj. 11, o. Veu-
lent-ils m'éblouir par une feinte vaine? id. P/ièd.
V, 4. Tantôt m'éblouissant de tes riches trésors,
ID. Alhal. V, 0. Il croyait m'éblouir par ses pro-
messes, FÉN. Tél. II. Fortune dont la main couronne
Les forfaits les plus inouïs, Du faux éclat qui t'en-
vironne. Serons-nous toujours éblouis? J. B. Rouss.
Ode à la fortune. \\ Absolument. Le monde n'éblouit
jamais tant que quand on le voit de loin sans l'avoir
jamais vu de près et sans être prévenu contre sa
séduction, vÈn. Éduc. filles , p. 274, dans pouge.ns.
Promets, donne, conjure, intimide, éblouis, volt.
Mérope, i, 4. || 3° S'éblouir, v. réjl. Se laLsser fasci-
ner, étourdir, enorgueillir. Je n'ose m'éblouir d'un
peu de nom fameux, cobn. Sertur. 11, 2. Je ne m'é-
blouis point de celte illusion, m. ib. m, 2. Moi, je
m'éblouis moins de la splendeur du rang , id. Agés.
I, t. Il se possède assez pour ne pas s'éblouir de
son bonheur, uamilt. Gramm. <i. Je l'ai vu s'é-
blouir, je l'ai vu s'ébranler, volt. Brut, m, 2.
— REM. 1. Bossuet a dit se laisser éblouir par
des sons : Ne nous laissons pas éblouir par un son
confus de paroles, m, Écrit. Voy. à l'historique
un emploi semblable dans les phrases d'Amyot.
Il 2. Éblouir, mot si ancien dans la langue et si usité
dans tous les temps, manque, chose singulièie,
dans la 1" édilion du Dictionnaire de l'Académie.
— HIST. xui' s. Nient plus qu'on puet el solel es-
garder, Pour chèque trop en esbloistli rais, mâtz-
NER, p. 21. 11 sont lot esblo'i aussi comme li ors
[l'ours], EUTEB. 233. Il xiv s. Tant fu surprise, au
cuer, d'amour qui lamaistrie; Laveûe lui trouble,
si fu toule esbleuie; Quant descendre cuida, à terre
cliiet [tombe] flasliie, Boud. de Seb. 11, »ui. |1 xvs.
Car quant vostre beauté luira Sur moi, si fort es-
bloira Mes yeux, que je ne verrai goutte , CH. d'obl.
Bal. 60. Je voy faucon quant il getle sa croe. Et lan-
neret, que pluseurs sont si mos [mous], Qu'il faillent
bien; car le temps les esbloe, e. desch. Poésies
mss. f° 229,dansLACURNE,au mot lanneret. \\ xvi's.
Qui a vu un clair soleil tout à coup estre esbloui et
obscurci d'une espaisse nuée, yver, p. 630. La-
quelle tempeste donnoit aux barbares par devant,
leur battant les visages, et leur esblouissant les
yeux, amyoï, Tim. 38. Il lui vint une taie sur les
yeux qui lui esblouit la veue, :d. ib. 49. Il trouva
Antonius preschant les soudars, et eulx tous esblouis
et attendris par la douceur de son éloquence, lu.
Mar. 81. Le peupla se prit à crier si fort, qu'un
corbeau, volant à l'instant par dessus, s'en esblouit
et tomba emmy la presse du peuple, id. Pomp. 39.
Un langage élégant et brave esblouit les oreilles
de l'escoutant, qu'il ne puisse sainement juger de ce
qu'il signifie, ID. Comment il faut ouir, il.
— ÉTYM. fs.... préfixe, et un radical quiestaussi
dans le provençal, em-blauzir, étonner, d'origine in-
certaine. On a' proposé bleu : faire bleu devant les
yeux; il est certain qu'au quatorzième siècle on a
dit esbleuir. Mais Diez objecte que bleu, de l'alle-
mand biau, n'aurait pas pris un x en provençal pour
éviter un hiatus (et, en effet, blavenc, blaveza, elc
dérivés de b(au, et non pasb(ouîenc,biauïeiO, etc.).
I! se range donc de l'avis de Grandgagnage, qui in-
dique l'ancien haut-allemand biddi, interdit, incer-
tain. Il faut noter esbJoer, lui indique plutôt bleu qua
12C2
liBO
l'âllomaml blôdi. Y aurait-il deux thèmes qui so
seraient confondus dans le français esbloir. l'un fran-
çais, l'autre provençal; l'un esbleuir, esbloer, l'au-
tro emlilauiir?
ÉBLOUISSANT, ANTE (é-blou-i-san, san-t'), ad].
Dont l'éclat éblouit. Des éclairs éblouissants. || Par
extension. Une toilette éblouissante. Cette éblouis-
sante beauté. La vive rougeur de Mme de Main-
tenon rendait, dans cet instant, sa figure éblouis-
sante, CENLis, Mme de Maintenon, t. ii, p. 20,
dans pouCKNS. Elle aimait trop le bal; c'est ce qui
l'a tuée , Le bal éblouissant , le bal délicieux ,
V. HUGO, Orient. 33. || Fig. Le titre éblouissant de
général d'armée, corn, l'ulch. 11, i. De tant de
vanités l'éblouissante image, corn. Imit. 11, 7. Il y
a dans quebiues femmes un esprit ébloui.ssant qui
impose, laiiruy. m. Cetargument.frès-éblouissant,
lansle fond n'est qu'un sophisme, VOLT. Ilétaph. "!■
ÉBLOUISSEIUENT ( é-blou-i -se -man ), s. m.
Il 1° Trouille de la vue causé par une éclatante lu-
mière. C'est une lumiùre et comme un éblouissement
qui les gène, mass. Av. Épiph. || Éblouissement so-
laire, état de la vue quand, sortantdu grand jour où
nous voyions très-bien, nous descendons dans une
cave et y sommes d'abord aveuglés. || Trouble de la
vue causé par quelque incommodité, telle qu'une con-
gestion cérébrale. Il m'a pris tout à coup des éblouis-
sements, trist. SI. de Chrispe, m, 4. ||a° Fig. La
grande estime que nous avons pour quelques pré-
dicateurs peut venir de notre éblouissement et do
notre illusion, balzac, dans riciielet. Quoiqu'il
ne soit pas certain que le cœur ait part à tous les
éblouissements de l'esprit, nicolle, Essais, t. viii,
2« partie, p. 77, lettre xi, dans pougens. Descartes
ne parle pas de l'efîroi qui provient d'un éblouisse-
ment de notre esprit au sujet d'un objet épouvan-
table, liERN. DE ST. -p. Ilarin. v.
— HIST. XVI" s. Il lui prenoit un esblouissement
d'yeulx, et un tournoyementde teste, soudain qu'il
entendoil le son des trompettes, amyot, Arat. so.
— ÉTYJI. Éblouir.
■\ ÉBOUGNAGE, s. m. Terme de jardinage. Action
d'éborgner.
— ÉTYM. Éborgner.
ÉBORGNÊ, ÉE (é-bor-gné, gnée) , part, passé. Qui
a perdu un œil. Un homme éborgné. Qu'une jambe
de bois te siérait assez bien. Et qu'après nos guerres
finies Tu viendrais avec grâce encore aux Tuileries,
Éborgné, clopinant, nous servir d'entretien, chau-
LiEu, au chevalier de Bouillon, 4 704.
t ÉBORGNEMENT (é-bor-gne man) , s. m. Action
d'éborgner; état de celui qui est éborgné.
— HIST. XVI' s. Ce nom d'ésclaire, en latin chelidn-
nium, est donné à ceste herbe, à cause que d'icelle
les arondelles guérissent leurs petits de l'esborgne-
iient, selon la commune créance, 0, deserres, 05.
— ÊTYM. Éborgner. •
ÉBORGNER (é-bor-gné), c. a. j] 1" Rendre borgne.
11 fut éborgné d'un coup de fleuret. Qui casse le
museau, qui son rival éborgné, réon. Sat. x.
Ulysse éborgna Polyphème, D'ABLAKCylpophl/icgme,
dans riciielet. La petite vérole avait éborgné Phe-
lipeaux, mais la fortune l'avait aveuglé, st-sim.
28, 02. Il Par exagération, éborgner quelqu'un, lui
faire grand mal à l'œil. Parbleu I d'un coup de poing
il faut que je t'éborgne, hauteroche, Appar. tromp.
III, 0. Il 2" Par extension. Éborgner une maison, ôter
le jour à une maison par quelque bâtiment qu'on
fait devant. || Terme de jardinage. Supprimer, k la
taille des arbres fruitiers, les yeux inutiles qu'on
ébourgeonnerait plus lard. Éborgner une brindille,
en ôter l'œil terminal. || Fig. Diminuer, rabaisser.
Vous qui.... vos amis épargnez Et de mauvais dis-
cours leur vertu n'éborgnez, réon. Sat. vu. || 8" S'é-
borgner, v. riffl. Se crever un œil ou, par exagé-
ration, se faire grand mal h l'œil. Le malicieux
comédien, qui était homme às'éborgner pour faire
perdre un œil à un autre, tira le pauvre marchand
par le bras, scarh. Rom. com. I, 6. jl S'éborgner, se
crever un œil l'un à l'autre allons, messieurs,
êtes-vous fous? On n'y voit pas; ils vout s'éborgner,
par saint George 1 v. iiuoo, Marion Velorme, 11, 3.
— IIIST. XVI* s. Le cyclope ekosgné, D'Achille le
bouclier, Circe au chef bien peigné, RONs. Épisodes
de l'Iliade, «24.
— ÊTYM. i' pour M.... préfixe, et borgne; picard,
ibornifler.
t ÉBOTTER (é-bo-té), v. a. Couper la tête d'un
clou, d'une épingle. || Couper les grosses branches
d'un arbre.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et bot ou bout.
t ÉBOUFFER(S') (é-bou-fé) , ». réft. S'ébouffer de
rire, pouffer de rire Ne manquez pas de le dire,
ÉBO
Dit Momes'ébouTfant de rire, scarr. Typhon, chant;
II, dans LEROUX, Vict. com.
— HIST. XIII' s. i tant s'en va, si les esbuffe Par
sa malice et par sa bufi'e, Fabliaux mss. n° 7214,
f' 239, dans lacurne. || xiv's. Lequel frapa tellement
le pot sur la table, qu'il fut rompu, dont la ser-
voise [bierre] qui dedans estoit vola et esbouffa sur
le suppliant,_ du cange, buffare.
— ETYM. É pour es.... préfixe, et bouffer oapouffer,
qui sont un.
t ÉBOUILLANTER (é-bou-Uan-té, JJ mouillées),
V. a. Tremper les cocons dans l'eau bouillante, pour
tuer les chrysalides.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et bouillant.
ÉBOKILLI, lE (é-bou-lli, llie, Il mouillées, et non
é-bou-yi), part, passé. Sauce trop ébouiUie.
ÉBOUILLIU (é-bou-llir, Il mouillées, et non é-bou-
yir),t). n. Il se conjugue comme bouillir. Se consu-
mer, diminuer à force de bouiUir. Ne laissez point
tant ébouillir le pot. || 11 se conjugue avec l'auxi-
liaire être. Le pot sera bientét ébouilli, si vous ne
diminuez pas le feu.
— HIST. XIV* S. Et dit Homerus que Hetor mons-
troit la forte et aspre vertu de lui par chascune de
ses deux narines, par lesquelles l'en voit le sang es-
boulir, ORESME, Elh. 80. Entre le roy d'Angleterre
et le roy de France Philippe se e.sbouli et esmu des-
cort, Chr. fr. mss. deNangis, sous l'an <<89, dans
lacubne.
— ÉTY.M. Provenç. esbuliri ital. ebollire; du latin
ebullire,i\e e,ex, et buUire, bouillir (voy. bouillir).
i ÉBOULAGE (é-hou-la-j') , s. m. Défaut d'une
étoffe, dit aussi clak-iùre, qui provient d'une trame
mal bobinée.
ÉBOULÉ, ÉE (é-bou-lé, lée), part, passé. Qui
s'est renversé en roulant. Une muraille éboulée.
ÉBOULEMENT (é-bou-Ie-man),s. m. || 1° Chute de
ce qui s'éboule. L'éboulement d'un tertre. L'éboule-
ment d'une muraille. C'était un sentier déjà fort
roide par lui-même, et qui, l'étant encore devenu
davantage par un nouvel éboulement des terres,
montrait un abîme qui avait plus de mille pieds de
profondeur, roll. }lisl. anc. OfCuvres, t. i, p. 39e,
dans pouGENS. || 2° État d'une chose éboulée ; amas
de choses éboulées.
— ÉTYM. Ébouler.
ÉBOULER (é-bou-lé). Il 1° F. o. Renverser en fai-
sant rouler. Le blaireau se défend en reculant,
éboule de la terre, afin d'arrêter ou d'enterrer les
chiens, bufp. Blaireau. \\ 2° V. n. Se renverser en
roulant. Au moment où nous y mettions le pied, le
sable a éboulé. Ce monticule est éboulé depuis hier.
Il On emploie l'auxiliaire aroir pour marquer l'ac-
tion ; l'auxiliaire être pour marquer l'état. || 3° S'é-
bouler, V. réft. Être renversé et rouler. Le terrain
s'était rendu ferme et ne s'éboulait point, vaugel.
Q. C. liv. IV, ch. 6, dans riciielet. Ses oreillers
s'éboultrent, f,\gon, Journ. de lasanté du roi, 1707,
p. 312. Il Fig. Ou la fortune s'éboule, ou elle se refait,
rayn. Uist. pliil. IV, i.
— SYN. s'ébouler, s'écrouler. Étymologique-
ment, s'ébouler c'est tomber comme une boule;
s'écrouler c'est être renversé par des ébranlements
(voy. crouler). Dès lors, au propre, ces deux mots
seront synonymes quand l'idée de rouler ne fera rien
à l'affaire ; mais quand cette idée ne pourra être
écartée, s'ébouler sera le mot propre et non s'écrou-
ler : ainsi un tas de sable s'éboule, il ne s'écroule
pas. Au figuré, c'est s'écrouler qui s'emploie de
préférence : on dit qu'un empire s'écroule et non
qu'il s'éboule. On n'approuvera donc pas ces vers :
Ne vous troublez donc pas d'un mot nouveau qui
tonne, D'un empire éboulé, d'un siècle qui s'en va,
lamart. Uarm. iv, <3.
— HIST. xiu* s. Mais les ondes forment s'esbou-
lent, Qui la nef dehurtentet foulent, Roi Guillaume,
p. 130, dans du cange, gloss. fr. Toutes amendes
qui sont por empiremens do quemins, si comme por
esbouler quemins, beauu. xxv, (o.||xvi* s. Ils ar-
rachoient les paulx [pieux] et esbouloient la levée
de la closture du camp pour lui donner entrée,
amyot, Anton. 22. Tout alentour de sa sépulture le
rivage s'esboula, id. ib, 9(.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et bouU: rouler, tomber
comme une boule ; bourguig. éboli, v. a. : Ail' éboli
muraille et tor, il éboula muraille et tour.
t ÉBOULEUX, EUSE (é-bou-leû, leù-z'), adj. Sujet
à éboulement. Dans les terrains ébouleux on plante
des arbres à longues racines, comme les acacias;
on retient ainsi fortement les terres, Pretse tcien-
lifique, 1861, t. lit, p. 230.
— ÉTYM. Ébouler.
ËBOULIS (é-bou-li), s. m. Amas de matières
éboulées. ;| Terme de géologie. Dépôt moderne for-
mant un talus, un amas.
— ÉTYM. ^6ou/er.
f ÉBOUQUETER (é-boii-ke-té. Le t se double
quand la syllabe qui suit est muette : j'ébouquette.
j'ébouquelterai), v. a. Terme de jardinage. Couper la
bout du bourgeon à feuilles, afin de fortifier le fruit.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et bouquet.
t ÉBOUQUEUR , EUSE (é-bou-keur, keû-z'), ». m.
et f. Voy. épincf.tteur.
t ÉBOUQUINER (é-bou-ki-né) , ». a. Terme de
chasse. Détruire ou prendre les bouquins (lièvres
mâles, lapins mâles) qui sont de trop dans les lieux
réservésaux chasses. Ébouquiner un bois, un parc.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et bouquin.
1 ÊBOURGEONNAGE (é-bour-jo-na-j') , s. m. Ac-
tion d'ébourgeonner.
— lliST. XXI* S. Esbourjonnage, cotorave.
— ÊTYM. Ébourgeonner.
ÉBOURGEONNÉ, ÉE (é-bour-jo-né, née), part
passé. Dont on a ôté les bourgeons. Les vignes étant
ébourgeonnées.
t ÉBOURGEONNEAU (é-bour-jo-nô), /. m. Sy-
nonyme d'ébourgeonneur.
ËBOURGEONNEMENT (ébour-jo-ne-man), ». m
Terme de jardinage. Opération qui consiste à re-
trancher une partie des bourgeons, pendant la pé-
riode de végétation, à l'effet de régler la pousse de
l'arbre et de déterminer la position des branches,
de faire reporter sur les bourgeons réservés ou sur
les fruits la sève en circulation, ou enfin de don-
ner aux fruits, lorsque les arbres en sont chargés,
plus d'air et de lumière.
— HIST. XVI* s. Esbourgeonnement, cotgravb.
— ÉTYM. Ébourgeonner.
ÉBOURGEONNER (é-bour-jo-né), ». a. Terme de
jardinage. Pratiquer l'ébourgeonnement. || Absolu-
ment. On ébourgeonne au printemps.
— HIST. XV* s. Les vignes sont continuellement
fouyes, et les esbourjonne l'en, l'roufficts champ,
et ruraux, vu, 6. ||xvi's. Esbourgeonner, c'est à
dire ester les rejets superflus, o. de serres, i70.
— ÉTYM. JÏ pour es... préfixe, et bourgeon.
t ÉBOURGEONNEnR(é-bour-jo-neur) ,s. m. Celui
qui coupe les bourgeons, en parlant de certains in-
sectes et oiseaux. || On dit aussi ébourgeonneaii.
— HIST. XVI* s. Esbourgeonneur, coigrave.
— ÉTYM. Ébourgeonner.
tÉBOURGEONNOIR (é-bour-jo-noir) ,». m. Terme
d'agriculture. Instrument servant à couper les bour-
geons et les rameaux que la main ne peut atteindre.
— ÉTYM. Ébourgeonner.
i ÉBOURIFFANT, ANTE (é-bou-ri-fant, fan-t*),
adj. Néologisme du langage comique. Qui ébouriflfe,
qui surprend extrêmement. Succès ébouriffant. Ex-
pression ébouriffante.
ÉBOURIFFÉ, ÉE (é-bou-ri-fé, fée), adj. Terme
familier. || 1° Dont la coiffure est en désordre. Cette
femme est tout ébouriffée. || On dit de même che-
veux ébouriffés. |12° Fig. Agité, troublé. Il est tout
ébouriffé. J'ai fait sur cette pièce un commentaire
qui est extrêmement profond et merveilleux ; M. Joli
de Henri pourrait en être tout ébouriffé, volt. i<(t.
d'Argental, 7 août 17C2. Mon pauvre Damilavillo
est tout ébouriffé delà crainte de.... id. Lett. d'Ar-
gental, ♦ janv. 1767.
— REM. L'Académie ne connaît ébouriffé que
comme adjectif; elle n'a pas le verbe ébouriffer.
t ÉBOURIFFER (é-bou-ri-fé),». O. Terme familier.
Mettre la coiffure en désordre. S'ébouriffer les che-
veux. Il Fig. Surprendre extrêmement, rendre tout
interdit. Il S'ébouriffer,». r<(/l. Ébourifferses chevetii;
au fig. s'étonner.
— ÉTYM. Ce semble un dérivé irrégulier et plai-
sant de ioiirre : mettre les cheveux en désordre
comme do la bourre. Scheler est plus disposé h le
rattacher à bourrasque.
■fÉBOURRER (é-bouré), ». O. Terme de cor-,
royeur. Ôter la bourre des peaux.
— HIST. XVI* s. Le grain de l'espeautre e.sbourré
et despouiUé de ses pellicules, o. de serbes, 107.
Voy le tendre bourgeon qui s'enfle et qui découvre,
S'esbourant peu à peu, une gemme qui s'ouvre,
REMY BELLEAU, Berger, t. i, p. 4, dans lacubne.
Usancealbanoise est d'escarmoucher, et esbourer la
meslée, et puis se retirer à quartier, après avoirdonnô
l'alarme, merlih coc.*iE, t. 11, p. 239, dansLACURNE.
Fremillent en leur camp, comme on voit les fourmi»
briller [driUer] quand on esbourre leur fourmiUiere,
Vray et parf. amour, f 3i4, dans lacurbs.
— ÉTYM. i's.... préfixe, et tourre.
ÉBOUSINÊ, ÉE (é-bou-zi-né, née), part, passé.
Pierres ébousiaécs.
ÉBR
ÉBR
lïBR
1263
EBOUSIN'ER (é-bou-zi-:ié) , v. a. Terme de ma-
çonnerie. Bbousiherurje pierre, la dépouiller, avec
la pointe du marloau, des parties tendres qui en
font l'eitéricur, et pénétrer jusqu'au vif.
— ÉTYM. E pour es.... préfixe, et housin.
tÊBODTAGE (ébou-ta-j') , s. m. Terme de point
d'Alençon (dentelle réseau). Action d'ébouterles fils
restés sur la dentelle.
fÉBOOTER (é-bou-té), i'. a. \\ 1° Couper le bout
de.... Ebouler une pièce do bois. || 2° Terme de point
d'Alençon. Couper, éplucher et enlever les fils
adhérents au parchemin et à la dentelle , dans la
aentelle réseau.
— f.TYM. É pour es.... préfixe, et bout.
t ÉBOUTEUSE (é-bou-teû-z') , s. f. Terme de point
d'Alençon (dentelle réseau;. Celle qui éboute.
f ÉBO0TURER (é-bou-tu-ré), v. a. Terme d'hor-
ticulture. Enlever les boutures.
— f.TVM. É pour es.... préfixe, et Jioulure.
t ËBRACTÉOLÉ, ÉE (é-bra-kté-o-lé, lée), adj.
Terme de botanique. Oui est dépourvu de brao-
léoles.
— Ktym. é pour es.... préfixe, et bractéole.
t ÉBRAISOIR (é-brè-zoir), s. m. Pelle pour tirer
la braise d'un fourneau.
— ËTYM. É pour es.... préfixe, et braise.
t ÉBRANCHAGE (é-bran-cba-j') , i. m. Synonyme
d'ébranchement.
ÉBRANCUÊ, ÉE (é-bran-ché, chée) , part. pass^.
Dont on a coupé les branches. Des ormeaux ébran-
,chés.
ÉBRANCPIEMENT (é-bran-che-man) , s. m. Action
de couper ou de casser les branches d'un arbre; ré-
sultat de cette action. Le cahier des charges oblige
les adjudicataires des coupes à ébrancher les sapins
avant de les abattre... l'ébranchement est au moins
inutile pour les arbres qui doivent tomber sur les
endroits trop peuplés, ou sur les clairières, ou sur
les chemins de vidange, dralet. Traité des forêts
d^arbres résineux, Toulouse, (820, p. 193. || Terme
de jardinage. Action de couper les branches d'un
arbre pour le faire croître en hauteur, lui donner
une forme particulière, en diriger la pousse ou
le débarrasser de branches excédantes.
— HlST. xiir s. Il fu jugié que, si tost comme li
acusemens fu fes [fait] de fausseté, ce fu action per-
soneleet esbrancemens de laquerele, qui devant es-
toit réelle, beaum. vi, 34. {| xvi's. Nouveaux arbres,
ou renouvelles par esbranchemens, o.de serr. 666.
— ÉTYM. Ébrancher.
ÉBRANCHER (é-bran-ché), v. a. Couper ou cas-
ser une partie des branches d'un arbre ou la totalité.
Un jour dans son jardin il vit notre écolier Qui,
grimpant san« égard sur un arbre fruitier. Gâtait
jusqu'aux boutons, douce et frêle espérance; Même
il ébranchait l'arbre.... la font. Fahl. ix, 5. Ulysse
abattit vingt arbres en tout, les ébrancha avec sa
hache, les polit et les dressa, fén. t. xxi, p. 338. Ar-
bres... courbés sous les tempêtes, Mais dont la fou-
dre seule ose ébrancher les têtes, lamart. Joc. ii, "o.
Il Terme de jardinage. Pratiquer l'ébranchement.
Il Fig.Les uns dans leurs greniers, fondant des ré-
publiques. Les autres ébranchant les verges mo-
narchiques, VOLT. Pégase. Le despote arrache l'ar-
bre, le sage monarque l'ébranche, id. Mœurs,
64. L'Académie, moins hardie que nos grands
écrivains, ou, si l'on veut, plus timide en mas.se
que dans chacun de ses membres, n'avait-èlle pas
trop restreint les richesses de notre langue, trop
ébranché le vieux chêne gaulois? villemaik, Dict.
de VAcad. Préface.
— HlST. XIII* s. Cil [les biens] qui sunt tenu en fief
poent [peuvent] en tele manière estre estrangié ou
esbranquié, qu'il sunt forfait au signeur, braum. li,
<». Il xiV s. Esbranchier à la main les fueiUes d'en-
tour et non le milieu [de la bette], ilétmgier, ii, 2.
Il XVI' s. Peu de saules se sauvent qu'on esbranche
en sève, o. de serres, 8io.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et branche; picard, c'bran-
Jter; provenç. esbrancar.
t ÉBRANCHOIU (é-bran-choir) , s. m. Terme de
jardinage. Serpe qu'on manie au bout d'une perche.
—ÉTYM. Ébrancher.
ÉBRANLÉ, ÉE (é-bran-lé, lée), part, passé. || 1° X
. qui ou à quoi un mouvement d'oscillation a été com-
muniqué. Les maisons ébranlées par les secousses
du tremblement de terre. Le Taygéte et les autres
monts furent ébranlés jugque dans leurs fondements;
plusieurs de leurs sommets, détachés de leur place,
s'écroulèrent, rollin, Litt. anc. Œuvres, t. m,
p. as*. Il 2° Kig. Un trône ébranlé. Rassurez vos
Étatapar sa chute ébranlés, rac. Alex, iv, 2. Et des
Césars un jour la puissance ébranlée, volt. Guèbr.
i, 4. Il Une santé ébranlée par les peines morales.
Il Nerfs ébranlés, état nerveux dû à des soulTrances
physiques ou à des émotions morales. || 3° Emu,
séduit, touché. Ebranlé dans sa ré.solulion par les
raisons qu'on lui donna. Son esprit ébranlé par
les objets présents, corn. //or. i, t. U tùche à raf-
fermir leurs âmes ébranlées, id. Cinna, iv, <.
Quand on est loin, la raison n'est pas si ébran-
lée; mais elle l'est étrangement en la présence de
l'objet, PASC. Disc, sur Vamour.
ÉBRANLEMENT (é-bran-le-man) , s. m. \\V Etat
de ce qui est ébranlé. L'ébranlement des vitres par
les commotions du tonnerre. Les sons excitent des
ébranlements sensibles au tact, i. J. rolss. Ém. ii.
Il Les petits ébranlements, ébranlements de trem-
blement de terre, où l'aire de la surface mise en
mouvement n'excède pas un carré de cent kilomètres
de côté. Il 2° Fig. L'ébranlement des fortunes, du
crédit, des empires, des Etats. J'avoue que la trans-
formation totale du gouvernement, par rapport aux
finances, cause un ébranlement actuel qui blesse un.
certain nombre de gens, Lett. sur le nom-eau syst.
de finances, dans desfontaines. || L'ébranlement de
sa santé date de la perte de sa fille. L'ébranlement
des nerfs. || 3° Emotion. Si près de voir sur soi
tomber de tels orages. L'ébranlement sied bien aux
plus fermes courages, cobn. Hor. i, H. Craignons
ces grands ébranlements de l'ame qui préparent
l'ennui et le dégoût, yf.yi.Éduc. filles, ch. B.
— hist. XVI" s. J'ai dit en mon esbranlement : Je
suis rejette du regard de tes yeux. — David confessa
qu'il a esté sujet h beaucoup d'esbranlemens, calv.
Inst. 434. Souventes fois advient une commotion
ou esbranlement au cerveau, paré, viii, i.En ceste
bataille, laquelle eut plusieurs esbranlements en
l'une et l'autre partie, amyot, Cor. 4.
— ÉTYM. Ébranler.
ÉBRANLER (é-bran-lé), v. a. || 1° Faire branler,
mettre en branle, communiquer un mouvement
d'oscillation. Ebranler une cloche. Les détonations
du canon ébranlaient les airs. Devant qu'il soitdeux
ans, Je veux que l'on me voie avec des airs fendants.
Dans un char magnifique, allant à la campagne.
Ébranler les pavés sous six chevaux d'Espagne,
regnard, Mc'nechmes, iv, 2. Il loge sa mollesse en
unriche palais, Et, derrière un char d'or promenant
trois valets. Sous six chevaux pareils ébranle au loin
la rue, gilb. à' K///« sièc/e. \\ Faire chanceler. Le tor-
rent ébranie les rochers. Le canon de l'assiégeant
avait ébranlé la muraille. Il ébranla en peu de temps
une partie du mur avec les machines, d'ablancourt,
Arr. liv. i, dans riciielet. Sur ses antiques fonde-
ments. Venait-il ébranler la terre? rac. Athal. i, 4.
Le sacristain, bouillant de zèle et de courage. Le
prend [un Quinault], se cache, approche, et, droit
entre les yeux. Frappe du noble écrit l'athlète auda-
cieux; Mais c'est pour l'ébranler une faible tempête;
Le livre sans vigueur mollit contre sa tète, boil.
Lutrin, v. || Communiquer un mouvement. Sur l'ais
qui le soutient auprès d'un Avicenne, Deux des plus
forts mortels l'ébranleraient à peine, boil. /.uJrin, v.
Et d'un bras, à ces mots, qui peut tout ébranler,
Lui-même se courbant, s'apprête à le rouler [le lu-
trin], id. ib. III. Il 2° Terme de manège. Ebranler
son cheval au galop, le faire passer du p:is, du trot
ou dequelque autre allure, àcelledu galop. {| 3° Met-
tre en désordre. Le feu d'une batterie formidable
ébranla la première ligne de l'ennemi. L'apparition
des gendarmes ébranla la foule ameutée. || 4" Fig.
Faire chanceler. La ligue ébranla le trône des Va-
lois. Le manque d'héritiers ébranlait sa province,
CORN. Œdipe, v, 4. Et ma tête abattue ébranlerait
la vôtre, id. Serlor.iv, 3. Mais, si tu les soutiens,
qui peut les ébranler? Rkc. Alh. m, 7. Des scandales
qui peuvent ébranler leur foi, mass. Car. Rcsp. hum.
Et si de vos fiatteurs la funeste malice Jamais dans
votre coeur ébranlait la justice, voi.t. Brut, m, 6.
Au midi, les séditions, l'ignorance et l'indiscipline,
tous les genres de corruption qui dégradent un peu-
ple, ébranlaient depuis un siècle l'empire Ottoman,
RAYNAL, Ilist. phil. v, 23. || Faire branler, rendre peu
ferme, rendre incertain. Il ébranla ma résolution.
La frayeur de la mort ébranle le plus ferme, Théo-
phile, Poésies, dans riciielet. Jaloux des bons
desseins qu'il tàched'ébranler, CORN. Poij/eMcte, i, t.
Et reconnaissez-vous que tout ce qu'il m'a dit. Par
quelque impression ébranle mon esprit? id. Nicom.
IV, <. Raffermis ma vertu, qu'ébranlent tessou[iirs,
boil. Lutrin, ii. Et les dons achevant d'ébranler leur
devoir, rac. liajax. i, t. Un amour qu'il peut vou-
loir troubler. Mais que tout son pouvoir ne pourrait
ébranler, id. Phèd. m, 6. Les plus affreux périls
no sauraient m'ébranler, lamotte, [nès,iv, 2. Ses
menaces n'ont pu ébranler ma fidélité, leïaob,
Diabl. boit. ch. 5. {| Modifier les convictions, le»
sentiments. Depuis qu'on commence à être ébrani*
par la raison, pasc. dans cousin. Le peuple est
ébranlé, ne perdons point de temps, corn. Hérael.
i, B. Si vous êtes ébranlés par l'autorité de M. Ju-
riou, Boss. Avert. 1. Mais le dessein est pris, rien
ne peut m'ébranler, rac. Mithrid. iv, 4 De ce
soupir, que faut-il que j'augure? Du sang qui se
révolte est-ce quelque murmure? Croirai-jo qu'une
nuit a pu vous ébranler? id. Iphig. i, 3. Les plus
grandes merveilles. Sans ébranler ton cœur, frap-
peront tes oreilles? id. Alhal. i, f. Thémistocle eut
ici besoin de toute son adresse et de toute son élo-
quence pour ébranler le peuple, rollin, llist. anc.
Œ.uvres, t. m, p. 227 , dans pol'gens. Ainsi périt, à
l'âge de trente-six ans et demi , Charles XII, roi de
Suède, après avoir éprouvé ce que la prospérité a
de plus grand et ce que l'adversité a de plus crue!,
sans avoir été amolli par l'une ni ébranlé un mo-
ment par l'autre, volt. Charles XII, s. || Ebranler
la gravité, faire presque rire. Madame la Dauphins
ne put tenir plus longtemps les éclats de rire ; la
majesté du roi en pensa être ébranlée, sÉv. 602.
Il Ebranler la santé, les nerfs, rendre la santé
moins solide, les nerfs plus susceptibles, || 5° S'é-
branler, V. réfl. Recevoir un mouvement d'oscilla-
tion, être mis en branle. Les cloches s'ébranlaient.
La porte s'ébranla sous les coups répétés. || Se mettre
en mouvement pour se porter en avant. Deux régi-
ments s'ébranlèrent pour charger l'ennemi. Elle
pâlit, s'ébranla pour aller à lui, iiamilt. Gramm.io.
S'ébranlant tous ensemble, ils couraient de toutes
leurs forces contre les barbares, roll. llist. anc.
Œuvres, t. iv, p. t55. 11 fallut qu'un Italien, le
colonel Delfanti, s'élançàt le premier; alors les sol-
dats s'ébranlèrent, et la foule suivit, ségur, Kist. de
Nap. IX, t3. Il Se mettre en mouvement pour se re-
tirer, s'enfuir. L'infanterie ne put soutenir un feu
si vif sans s'ébranler. Les Suédois consternés s'ébran-
lèrent, et, le' canon ennemi continuant à les écraser,
la première ligne se replia sur la seconde, et la se-
conde s'enfuit, y QVt. Charles XI l,i. Il Fig. Il répon-
dit, sans s'ébranler, que la bataille n'était pas encore
perdue, puisqu'il n'avait pas encore combattu, Re-
lation des campagnes de Ilocroi, dansLEnoux, Dtct.
comiq. Et si ce cœur s'ébranle? corn. Poli/eucte, ii.
6. Ne t'ébranle donc point dans les tentations. Ne
t'inquiète point de leurs inquiétudes, id. Irait 11, 9.
Le sang à ces objets facile à s'ébranler, rac. Iph,
IV, ^. Les esprits s'ébranlaient, volt. Fanât 11, 2.
— HIST. XVI* s. Ces iiaroles esmeurent et esbran-
lerent la plus part de l'armée de Demetrius, amïoi ,
Ptjrr. 22. Les hommes d'armes commencèrent à se
mettre au galop; le bataillon de gens de pied s'es-
branlaaussi après eux, id. Alex. 63. Ilest messeant
de s'esbranler pour la menace du coup, mont, i, 49.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et branler.
ÉBRASfi, ÉE (é-bra-zé, zée), part, passe. Une
porte ébrasée.
ÉBRASEMENT (é-bra-ze-man), s. m. Terme d'ar-
chitecture. Action d'ébraser. || Quantité dont le côté
de l'embrasure s'écarte de la perpendiculaire au mur.
Ainsi l'ébrasement est trop faible lorsque le côté de
l'embrasure ne s'écarte pas assez du plan vertical
perpendiculaire à celui de la façade, et l'embrasure
n'est pas assez profonde si on laisse trop d'épaisseur
au mur d'appui de la fenêtre, legoarant.
— ÉTYM. Ébraser.
ÉBRASER (ô-bra-zé), v. a. Terme d'architecture.
Elargir à l'intérieur, suivant un plan oblique, la baie
d'une porte, d'une fenêtre.
— ÉTYM. Voy. embrasure, dont le radical est le
même. Dans l'ancien français , eshraser signifia
mettre en feu, en braise; ce qui n'a point place ici.
ÉBRÉCHÉ, ÉE (é-bré-ché, chée), port, passé.
Il 1» A quoi on a fait des brèches. Un couteau éliréché.
Dieu vous a remis le glaive de sa puissance et celui
de sa justice, prenez garde do les lui rendre ébré-
chés, CHATEAUB. A'otc/i. Il, 2) 2. Il Par extension. Un
pot ébréchô. Un chaudron ébréché, la bourse d'une
montre, régn. Sat. xi. || 2° Fig. Entamé, diminué.
Une fortune ébréchée par des banqueroutes. Une
réputation ébréchée.
t ÉBRÈCUEMENT (é-brè-che-man), s. m. Action
d'ébrécher ; résultat de cette action.
— HlST. XVI' s. Esbrechement, cotgrave.
— ÉTYM. Ébrécher.
ËBBÉCUER (é-bré-clié. La syllabe bré prend l'ac-
cent grave, quand la syllabe qui suit est muette :
j'ébrèche, excepté au futur et au conditionnel, où,
sans raison, elle garde l'accent aigu : j'ébrécberai,
j'ébrécherais), v. a. || 1° Faire une brèche à un
12G4
ÉBR
instrument tranchant. [Une éclancho de mouton
d'une grande (luret6| Ëbrécliant le couteau, témoi-
gnait son courage, réon. Sa», x. A-t-il donc ùbréclié
le sabre de son père? v. HUGO, Oncnt. 7. || S'é-
bréchcr une dent, en faire sauter un morceau,
lia* Fig. Kntamer, diminuer. Ebrécher sa fortune
par le jeu. Cela a (Sbréché sa réputation. j| 3° S'ébré-
cher V. r('fl. Le couteau s'ébréchera, si vous cou-
pez un corps si dur.
— HiST. xiir s. Nus [nul] boutoniernedoit vendre
ne avoir oevre esbrecliiée, c'est à savoir fendue oi'i
elle se doit sauder [souder], Liv. des mél. <«5,
Il XVI* s. On scie les dents esbrecliées, noires et pour-
ries, PARÉ, Introd. 2.
— r.TYJl. É pour es.... préfixe, et brèche; picard ,
éberkfr; génev. ébercher, éberchure.
ÉDBENE, ÉE (ébre-né, née), part, passé. Torché.
Un enfant ébrené.
ÉBRKNER (ébre-né. La syllabe bre prend un ac-
cent grave, quand la syllabe qui suit est muette :
j'étiriine, j'ébrènerai), t). o. Nettoyer un enfant qui
s'est sali dans son maillot.
— ÉTVM. J^ pour es.... préfixe, et bran.
f ÉBRENKUR, EUSE (é-bre-neur, neù-z'), s. m.
et^. Celui, celle qui ébrène un enfant. Lavrillière était
tout feu roi, conséquemment tout bâtard [dévoué au
feu roi et à ses bâtards] , lié avec eux par la Main-
tenon leur ébreneuse, ST-SIM. BI4, 76.
— ÉTYM. Ébrener.
\ ËBRlÉTfi (é-bri-é-té) ,' s. f. Terme didactique.
Etat d'une personne ivre. Une légère ébriété.
— HIST. xvi* s. L'ebrieté et yvrognerie, pabé,
XX, 2B.
— ÉTYH. Provenç. ebrietat; espagn. ebriedad ;
ital. ebrictà; du lat. ebrietatem, d'ebrius (voy. ivre).
t ÉBRIEUX, ECSE (é-bri-eù, eù-z'), odj. Terme
de médecine. Qui a rapport à l'ivrognerie. Folie
ébrieuse.
— f.TYM. Lat. ebriosus, de ebrius, ivre (voy. ivbe).
t ÊBKILLADE (é-bri-Ua-d', Il mouillées), s. /".
Terme de manège. L'action de secouer une des deux
rênes pour faire tourner un cheval. || Vieilli.
— ETYM. É pour es.... préfixe, et l'italien bri-
glia, bride (voy. bride).
t ÉBRIOSITÉ (é-liri-6-zi-lé), s. f. Terme didacti-
que. Habitude de l'ivresse.
— HIST. xvi* s. Ebriosité, cotgrave.
— Rtym. Lat. ebriosus, enclin à l'ivresse; d'ebrius,
ivre (voy. ivre).
t ÉBRONDEUR (é-bron-deur), s. m. Terme de
métallurgie. Ouvrier de tréfilerie, qui est chargé
d'enlever l'oxyde produit par le chauffage du fer au
contact avec l'air atmosphérique.
t ÉBROUAGE (é-brou-a-j') , s. m. Immersion des
laines dans l'eau de son.
— f.TYM. Ébrouer i.
flÔBROUDAGE (é-brou-da-j'), s. m. Action de
passer un fil métallique dans la filière.
— hVrvM. Ébroudir.
f ÉBROUDEUR (é-brou-deur), s. m. Ouvrier
chargé de l'ébroudage.
— F.TYM. ^fcroudi'r.
■[ ÉBROUDl (é-bron-di) , s. m. Fil métallique qui
a subi l'i'broudage. On trouve aussi ébroudin.
— ÊTYM. Ébroudir.
+ ÉBROUDIR (é-brou-dir), v. a. Passer un fil mé-
tallique il travers la filière.
— ÊTYM. Peut-être é pour es.... préfixe, et l'an-
cien français broiider qui s'est dit pour iiroder.
ÉBROUÉ, ÉE (é-hrou-é, ée), part, passé d'é-
brouer (. Des étoffes ébrouées.
ÉBROUE.MENT (é-brou-man) , s. m. || l''Terme de
vétérinaire. Sorte d'éternument chez les animaux
domestiques, qui consiste en une expiration forte et
sonore, mais volontaire et sans caractère convulsif,
accompagnée d'une vivesecoussedelatête. || 2°Terme
de manège. Ronflement du cheval surpris ou eflrayé.
11 ne cessa de discourir de sa promenade à cheval,
de son cheval, des frasques de son cheval sur le
gazon, des ébrouements de son clieval dans les
terres labouréps, chateaub. mémoires, t. xi, p. 322.
— ËTYM. Ébrouer.
1. ÉBROUER (é-brou-é), v. a. Terme de métier.
Laver, passer dans l'eau une piécede toile oud'étolTe
pour en ôter les fils, les pailles et autres ordures.
Le son et les eaux dures étant bonnes pour ébrouer,
liessécher et dégraisser les bleus, Instr. gén. pour
ia teinture des laines, (8 mars <07i, art. <4.
— HIST. XV' s. Ne pourra nul mouiller les draps
jusqu'à ce qu'ils soient scellez tous e.scruz,ou qu'ils
aient prins congié aux boujonneurs de Its esbrouer
seulement, du cange, csborrore.
— F.TYM. Allem. bni.'icn, laver à l'eau cliaude:
ÉBU
origine d'autant plus probable que le mot paraît ap-
partenir au nord de la France.
2. ÉBROUER (S') (é-brou-é),t>. r^/I. |1 1° Terme de
vétérinaire. Faire ébrouement. || Par extension. Ks-
trées revint à soi le premier, se secoua, s'ébroua, re-
garda la compagnie comme un homme qui revient de
l'autre monde, st-pim. 6I4, 60. ||a* Terme de ma-
nège. Souffler de surprise ou de frayeur, en parlant
du cheval.
— HIST. xv's. Lesquelx buefs de ce s'esbruierent
et fuirent, du cange, brugitus. Le suppliant bouta
le feu en la grange, qui se esbrouit tellement que la
dite grange fut bruslée, n.ib. ||xvi*s. Esbrouez des
nazines, Médec. des chev. p. te, dans lacubne. S'il
advient que le loup ait passé les hurtes de ceux qui
seront à la garde des filets, on jettera incontinent
après ses fes-ses un court baston pour l'esbrouer et
haster d'avantage, à ce qu'il n'ait la cognoissance
du filet, FoiJiLLOux, Vénerie, (° t20, dans lacurne.
— ÉTYM. Origine obscure. On a songé à bourre,
le cheval faisant sortir de ses naseaux comme une
bourre. Mais cela ne convient ni aux sens ni aux
formes diver.ses du mot. Qn a indiqué le bas-breton
broeg, brouei, emportement, mouvement de co-
lère. Diez remarque que brave, s'il a existé dans
l'ancienne langue (ce qui est très-vraisemblable), y
a existé sous la forme brou ou breu, comme bleu
ou blou; et que c'est de là qu'il a donné é-brouer,
rendre bruyant, emporté, et ra-brouer, maltraiter
en parole. Cette étymologie ingénieuse est plau-
sible.
+ ÉBROCEUSE (é-brou-eù-z'), s. f. Femme qui
casse des noix.
— ÉTYM. £' pour es.... préfixe, et brou de noix.
t ÉBROUSSER (é-brou-sé), v. a. Terme rural.
ElTeuiller un arbre. |1 Ébourgeonner la vigne. On
trouve aussi ébrosser.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et brosse, dans le
Sens de broussailles.
t ÉBROUTER (é-brou-té) , v. a. Terme de magna-
nerie. Ébrouter la feuille, la débarrasser des petites
ramilles avec lesquelles elle a été cueillie et qui
pourraient blesser les vers à soie encore jeunes.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et brout.
ÉBRUITÉ, ÉE (é-brui-té, tée), part, passé. Mis
dans le bruit public. Une nouvelle promptement
ébruitée.
t ÉBRUITEMENT (é-brui-te-man) , s. m. Action
d'ébruiter.
— ÉTYM. Ébruiter.
ÉBRUITER (é-brui-té), v. a. || 1° Mettre dans le
bruit public, divulguer. Il ne faut point ébruiter
cela, cela me donnerait un ridicule qui me ferait
perdre mon crédit, dancourt, les Anioteurs, m,
1 6. Je craignais que le régent ne se jetftt où il pou-
vait, pour former un délai, dans l'espérance de
faire ébruiter, puis échouer la chose, st-sim. 5)0,
257. Il 2° S'ébruiter, t>. réfl. Se répandre dans le
public. Les mauvaises nouvelles s'ébruitent facile-
ment.
— HIST. XVI' s. Entre ceux qui ne s'esbruyent
point autrement [qui ne font pas de bruit], il y aura
tel [avocat] qui avec sa plume gaignera la demy
douzaine d'escus par jour, Contes de choliéres,
f° 229, dans lacurne.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et brui(.
f ÊBRUN (é-lirun), s. m. Terme d'agriculture.
Un des noms vulgaires du blé ergoté.
ÉBUARD (é-bu-ar), s. m. Coin de bois fort dur,
qui sert, au lieu d'un coin de fer, à feudre le bois.
— ÉTY'M. Origine inconnue.
t ÉbCCHETER (é-bu-che-té) , r. n. Ramasser des
brins de bois pour en faire des fagots.
— HIST. XVI* s. Une vieille sempiterneuse esbus-
cheloit et amassoit du bois par la dicte forest ,
RABEL. t. II, p. (60, dans lacurne.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et bûchette.
t ÉBULLIOSCOPE (é-bul-li-0 sko-p'), *. »n. Nom
d'appareils imaginés pour mesurer au moyen de
l'éliullition la richesse alcoolique des spiritueu.T.
— ÉTYM. Lat. ebullire, bouillir, etoxoiteïv, exa-
miner; mot hybride et mal fait; on pourrait dire
zéoscope ou bullispice.
ÉBULLITION (é-bul-li sion ; en vers, de cinq
.syllabes), s. f. || 1° Mouvement d'un liquide soumis
à l'action d'un feu assez fort pour le mettre en va-
peur et produire ainsi des bulles qui viennent
crever à la surface. Il est singulier que des expé-
riences directes nous fassent connaître des ani-
malcules qui, dans l'état de germe, résistent à la
chaleur de l'ébullition , bonnet, Lett. div. t. xii,
p. 49, dans pouGENS. Les Arabes tirent le sel de
l'eau par ébullition, CHATEAUB. Itin. », ( 72. || 2° Terme
• EGA
de chimie. Effervescence, dégagement de bulle»
d'air par suite du mélange de certaines substances.
L'ébullition de l'eau de Seltz. || 3' Terme de méde-
cine. Nom d'éruptions apyrètiques, de três-courte
durée et déterminées, pour l'ordinaire, soit par un
régime échauffant, soit par une affection morale
vive. Souvent son sang s'allume et son corps se cou-
vre d'ébuUitions, bern. de st-p. Harmonies, vi.
Il 4° Fig. Les ébuUitions de sa colère. Je suis pour
le bon sens et ne saurais souffrir les ébullilions de
cerveau de nos marquis de Mascarille, mol. Crit. t.
— SYN. ébullition, effervescence. Ces deux mots
ne peuvent être rapprochés à titre de synonymes
que quand il s'agit du mouvement présenté par une
liqueur non soumise à la chaleur. L'ébullition est
la formation de bulles: ainsi le vin de Champagne
présente une ébullition ; l'effervescence est aussi une
formation de bulles, mais avec dégagement de cha-
leur, ce qui n'a pas lieu dans l'ébullition.
— HIST. XIV* s. Et les fueiUes de mauves soient
boillies par boine ebuUicion, ii. de mondeville
f° 40 , fcrso. Il XVI" s. Vous avez le sang trop chaud,
qui vous cause par son ébullition tous ces caprices
desper. Contes, cxxvii.
— ÊTYM. Provenç. ebullicio; espagn. ebulicion;
ital. ebulliiioTK ; du lat. ebuUitionem , i'ebuUire
(voy. ÉBOHlLLin).
+ ÉBUBNATION (é-bur-na-sion), s. f. Terme de
pathologie. Encroûtement de certaines tumeurs par
des phosphates et carbonates calcaires; ossification
des cartilages articulaires ; passage d'un os à uq*
degré de compacité considérable.
— ÉTliT». Éburné.
t ÉBURNE (é-bur-n'), s. f. Terme de conchylio-
logie. Nom du genre appelé ivoire dans plusieurs
ouvrages, et qui a pour type l'éburne canaliciilée.
— ÉTYM. Voy. éburné.
t ÉBURNÉ, ÉE (é-bur-né, née), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui a la blancheur et l'apparence
de l'ivoire; qui s'est converti en ivoire. || Terme de
pathologie. Exostose éburnée, cartilages éburnés,
exostose, cartilages qui ont subi l'éburnation. j| Sub-
stance éimrnée des dents, l'ivoire des dents.
— ÉTYM. Lat. ebumeus, d'ivoire, de ebur, ivoire
(voy. ivoire).
fÉBURNÉEN, ENNE ( é-bur-né-in , né-è-n") ou
ÉBURNIN, INE (é-bur-nin, ni-n'), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui a les' caractères de l'ivoire.
— HIST. xvi* s. Eburnin, cotgrave.
— ÉTYM. Lat. ebumeus, d'ivoire (voy. ivoire).
t ÉBURNIFICATION ( é-bur-ni-fi-kasion ), s. f.
Voy. ÉRURNATION.
•fÉBURNIN, adj. Voy. ébubnÉen.
ÉCACIIÉ, ÉE (é-ka-ché, cbée), part, passé. Écrasé
en aplatissant. Des noix écachées. Ragotin.... pous-
sant la porte de l'autre côté, la fit donner si rude-
ment contre le visage de la pauvre dame qu'elle en
eut le nez écaché, scarron, Itom. corn, ii, (o. || Nez
écaché, nez camus et aplati.
t ÉCACIIEMENT (é-ka-che-man), s. m. Terme de
métier. Action d'écacher; état de ce qui est écaché.
— ÉTYM. Écacher.
ÉCACUER (é-kaché), t\ a. || 1" Écraser en apla-
tissant. Écacher du sel. La justice et la vérité sont
deux pointes si subtiles, que nos instruments sont
trop émoussés pour y toucher exactement; s'ils y
arrivent, ils en écachentia pointe, et appuient tout
autour, plus sur le faux que sur le vrai, pass. Pen-
sées, 1. 1, p. 2B1), éd. Lahure. Arrête, dieu muet, n'é-
cache point mon Jiois, th. corn. Berger extrav. v, a.
Ils [les éléphants] écachentetdétrui.sentdii fois plus
de plantes avec leurs pieds qu'ils n'en consomment,
buff. Éléphant. Je ne vois d'autre parti que de
prendre son enfant, et que de l'écacber contre la
terre, dider. Nouv. l'ens. philos. 09. !| î" Terme de
lamineur. Aplatir le fil, en le faisant passer entre
deux cylindres d'acier. || Terme de papeterie. Com-
primer en tous sens, entre les mains, les feuilles
de papier qui viennent d'être achevées. || Terme de
cirier. Pétrir la cire pour la rendre molle. || Dresser
une lime, une faux, un croissant sur la meule.
Il 3»S'écacher, v réfl. Être écaché. Uue pointe qui
s'écache.
— HIST. XIII* s. [Il] Ne l'a triblée n'csquachie
[une racine], Ainçois la menja sanz tribler, hen.
25)06. Tantl'ont tiré etdesachié, Ouetot l'ont mort
etesquachié. ib. (2760. Lefium csttouzjours trou-
ble, dont ceulz du pais qui boire en welent [veu-
lent] , vers le soir le prennent et esquachent quatre
amandes ou quatre fèves, joinv. 2îo. Et dit ainsi •
que qui vouloit tuer premier la serpent, il li devoit
esquacher le cliief, id. 2(9. || xvi* s. Automne aussi,
qui les membres tachés Avoit par tout de raiiins
EGA
escachés, mabot, iv, 68. L'utilité des ongles est de
grater, prendre et tenir, escacher et tuer les petits
animaux, pahé, iv, 20. Clioses qui contondent,
meurtrissent et escachent, id. vin, 38.
— ËTYJl. Picard, écoocher; norm. écancher. Le
simple cacher se trouve dans Ronsard (.... à pieds
descliauï cache la vin nouveau, 740), dans le wal-
lon qualii, couper, le namurois quachi, couper,
le rouclii quoissier, blesser. Grangagnage le tire
du hollandais kwetsen, blesser, meurtrir; allem.
quetsclien; angl. to quash. Mais les formes ancien-
nes, qui n'ont point d's dans la finale, et la forme
picarde ne s'y accoident pas bien. Il faut donc se
tourner du côté de Diez, qui y voit le parallèle de
l'espagnol cocho, serré, pressé; ital. quaffo; pro-
venç. quait; sarde, callare, aplatir en serrant; le
tout' venant du participe latin coactus, serré, pressé
(VOV. CACnER).
t TÎCACUEUR (é-ka-cheur), s. m. Ouvrier qui
aplatit le fil de métal en le faisant passer entre deuï
meules. || Celui qui pétrit la cire pour la rendre ma-
niable. Il Celui qui dresse les limes ou les croissants
■sur la meule.
— illST. XVI" s. Tireur, batteur d'or et d'argent,
autrement appeliez escacheurs, Ord. tB86.
t KCAFFEll (é-ka-fé), V. a. Terme de vannier.
Partager l'osier en deux dans le sens de son épais-
seur.
t ÉCAFLOTE (é-ka-fio-f) , s. f. Peau de légumes
qui reste diins la passoire, quand la purée est
passée.
— lllST. XV' s. J'avoie [étant enfant], dessous un
escame [escabeau], D'escafotles [sens indéterminé]
un grand grenier, froiss. Poésies mss. dans lacurne.
L'escu à trois eschafottes d'argent, Perceforest,
t. II, f° 129. Il XVI* s. Escafete [grande coquille de
moule de rivière], oudin, Dict.
— ÉTYM. Est-ce un diminutif de scalfa qui se
trouve dans du Cange pour cosse?
t ÉCAGNE (é-ka-gn'), s. f. Portion d'un éoheveau
qu'on a divisé.
— IllST. xV s. Certaines escaignes de fil, ni;
CANGE, eschaota. \\ xvi* s. Escagne, nicot. Escaigne,
oOÏGBAVE.
— ÉTYM. Bas-Iat. scagna. Origine incertaine.
Comparez êcheveau.
f ÉCAILLAGE (é-kâ-lla-j'. Il mouillées), s. m.
il 1° Action d'enlever les écailles. || Action d'écailler
les huîtres, de les ouvrir. ||2° Terme d'arts. Défaut
d'une poterie, d'une peinture qui s'écaille. || 3° Action
de délaclier par écailles le sel qui est demeuré ad-
hérent à une chaudière.
— ÉTY.M. Écailler.
ÉCAILLE (é-kù-ir, Il mouillées, et non é-kâ-ye),
s. f. Il 1° Nom des lames plates et minces qui cou-
vrent la peau des poissons et de certains reptiles.
Lorsque Psyché alla à cette fontaine, le monstre se
réjouissait au soleil, qui tantôt dorait ses écailles,
tantôt les faisait paraître de cent couleurs, la font.
Psyché, II, 177. Tout son corps est couvert d'écaillés
jaunissantes, rac. Phèd. v, 6. || Les mailles d'une ar-
mure, les plaques qui forment certaines armes dé-
fensives. Il 2° Petites plaques cornées qui garnissent
les pattes des oiseaux et la queue de certains mam-
mifères comme la queue du castor. || 3° Enveloppe
dure qui couvre et défend le corps de certains mol-
lusques. Écailles d'hullre. || Kig. Laisser les écailles,
s'emparer de tout le profit d'une affaire, c'est-à-dire
manger l'bultre et laisser les écailles aux autres.
Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille,
la fo.nt. Fabl. ix, 9. Et par ce bel arrêt terminant
la bataille : Tenez, voilà, dit-elle, à chacun une
écaille, BoiL. Épît. 11. Un tiers sans droit mangea
l'huître et laissa les écailles aux prétendants, st-sim.
65, 79. Il 4° Terme de commerce. Substance prove-
nant des grandes plaques épidermiques ou cornées
qui recouvrent la carapace d'une tortue marine ap-
pelée chelonia imbricata. Une tabatière d'écaillé.
Il 5° Terme de botanique. Nom d'organes appendi-
culaires fort différents que l'on a comparés à des
écailles de poisson et qui s'insèrent à la tige dans
toute ou la plus grande partie de leur base qui n'est
pas pédiculée. || Terme de pathologie. Nom de petites
lamelles formées de cellules épidermiques plus ou
moins nombreuses et se détachant d'elles-mêmes
dans certaines affections cutanées. || Poussière ré-
pandue sur les ailes des lépidoptères. || 6" Par analo-
gie, tout ce qui se détache des corps en petites par-
ties minces et légères, comme dans un vieux tableau
qui tombe par écailles. || Écailles de bronze, de fer,
de marbre, petites parties qui tombent du cuivre ou
du bronze lorsqu'on le met en œuvre; du marbre
lorsflu'on le taille en bloc ; et du fer lorsqu'on le
DlCT. D2 LA LANGlt; flHANÇAISE.
EGA
forge en armes tranchantes. || Terme de monnaie.
Écaille d'acier, poudre d'acier qui se met sous le
carré pour le hausser plus ou moins. || Terme de
métallurgie. Croûte mince qui se forme à la surface
du fer qu'on échauffe. || 7° Fig. Causes de l'aveugle-
ment de l'esprit. Voilà les écailles qui tombent de
ces yeux fermés à la lumière , fên. t. xvii, p. 300.
[Cette réprimande] Ce fut pour mon père un coup
de tonnerre; les écailles lui tombèrent des yeux,
sT-siM. VII, 91. Une si énorme bévue aurait ou-
vert les yeux des chrétiens, si l'ignorance no les
avait pas couverts d'éoailles, volt. Phil. v, 368. Je
ne peux croire que des anges [M. et Mme d'Argen-
tal, que Voltaire appelait ses anges] qui écrivent si
bien aient tort sur ce Droit du seigneur [comédie de
Voltaire]; cependant les écailles ne sont pas encore
tombées de mes yeux, id. Lett. d'Argental, <4 janv.
<76). 118° Terme d'architecture. Nom de petits or-
nements, en forme d'écaillés de poisson, couchées
l'une sur l'autre, qu'on taille sur les moulures ron-
des. Il Ornements en forme d'écaillé de poisson, que
l'on emploie dans la menuiserie, la broderie, la ta-
pisserie, etc. Il Ardoises étroites et arrondies dans
le bout de la partie visible et servant à la couver-
ture des dômes. || 9° Écaille de mer, ou, simple-
ment, écaille, pierre pour broyer les couleurs.
Il Tesson sur lequel le savonnier fait couler un peu
de savon pour juger s'il est assez cuit. 1| 10° Terme
de relieur. Sorte de rouge écarlale. Une belle écaille.
L'écaillé, qui n'est plus guère en usage aujourd'hui,
se fait avec une forte décoction de bois de Fernam-
bouo, auquel on joint de l'alun et même de la co-
chenille, LESNÉ, la Reliure, p. 200. || 11° Écaille de
Bergame, espèce d'ancienne tapisserie. i| 12° Grande
écaille, nom d'un chétodon, poisson.
— HIST. xn' s. De saint Jame l'escale [l'écailIe
des pèlerins de St Jacques], r/i. lemart. i58.|| xiu's.
On ne doit pas selon l'escaille Juger li quels noyaus
vaut mieux, la Uort, jubin. ii, 274. Tandis que le
roy eslc.it à Sayette, li apporta l'en une pierre qui
se levoit par escales, la plus merveilleuse du monde,
joiNV. 281. Il xivs. Oes [œufs] de galines cuis 0
[avec] leur escaiUes, 11. de mondeville, f° 44, verso.
Les escaiUes des escrevisses, Méiiagier, 11, 5. || xv' s.
L'escaille [croûte] dudit pain osiée, eust. desch.
Poésies mss. dans lacurne. 1| xvi' s. U estoit de lu-
nettes caparasFonné, comme une tortue d'escailles,
RAB. Pant. v, )8. Jeunes eufans à grand'peine sor-
tis de l'escaille, caly. Instit. 878. Lesquels venins
sont comme litarge, ceruse, piastre, escai Ile d'ai-
rain, limeure de plomb, etc. paré, xxiii, 6. Re-
faire les defautes de massonneries, charpentages ,
couvertures d'escailles [ardoises] , JVouu. coutum.
génér. t. 11, p. 75. Estoit armé d'une escaille cou-
verte de velours verd, un morion doré en teste, et
une hallebarde dorée à la main, montluc, l^ém.
t. I, p. 653, dans laclrne.
— ÉTYM. Wallon, haie; anc. wallon, escaille;
namurois, scaie; rouchi, écale; ital. scaglia; du
germanique: golh. skalja, tuile ; allem. Schale,
écaille.
ÉCAILLÉ, ÉE (é-kl-llé, liée, U mouillées, et non
é-kà-yé),;)ar(.pass^. || l°Dontonaenlevé les écailles.
Carpe écaillée. 1 1 2° Qui se lève , se détache par écailles ,
par plaques minces et légères. Peau écaillée. Email-
lure écaillée. Marbre écaillé. || 3° Couvert d'écaillés.
Animaux écaillés. De grands corps énormes qui volent
sur la mer.... et qui viennent jetersur le riv.iye des
penr inconnus tout écaillés de fer, fonten. Les
Mondes, 2° soir. H y a beaucoup d'espèces d'ani-
maux qui engendrent sans copulation, comme les
poissons écaillés, les huîtres, les pucerons, volt.
L'homme aux idécus, mariage. Le budget.... qui,
laissant à Ilots l'or couler de ses plaies. Traîne un
ventre splendide écaillé de monnaies, v. hug. Crép. 4.
Il Terme de blason. Animal écaillé, animal dont les
écailles sont dessinées d'un autre émail que le corps.
Il porte de sable au crocodile d'argent ombré et
écaillé de sinople.
f ÉCAILLEMENT (é-kâ-lle-man , U mouillées),
s. m. Il 1° Action d'ôler les écailles, la coquille. L'écail-
lementdeshultres.il 2° Action de s'écailler. L'écaille-
ment d'un tableau. || 3° Écailles de cuivre que ven-
dent les chaudronniers.
— HIST. XVI' s. Escaillement, cotgrave.
— ÉTYM. Écailler.
i. ÉCAILLER (ô-kâ-llé, «mouillées, et non é-kà-
yé), V. o. Il 1° Dépouiller des écailles un poisson,
une huîlre, etc. Écailler une carpe, des huîtres.
Il 2° S'écailler, v. réfl. S'enlever par écailles comme
les enduits de plâtre. !| On dit qu'un tableau s'é-
caille, lorsqu'il s'en 'Ulache de petites croûtes et
parcelles.
EGA
1265
— HIST. XIII' S. Petit valt [vaut] noiz, qui ne l'os-
quaille ; Li noeax [noyau] gist dedans l'eschailla,
Hisl. de sainte Leoc. mss de Saint-Germain, dans
LACURNE. Il XV" S. Ailleurs avez escaille noix. Voua
sçavez tout le sens du monde; Tout science en vous
liabunde, eust. desch. Poésies mss. dans lacurne.
Que nul paintre ne pajgne ymage de bois viel,
pour ce que la dicte ymage se retrairoit après qu'il
seroit paint, et pour ce que la painture sescaille-
roit et ne dureroit point, Ordonn. décemb. 4490.
Il XVI' s. Il trouva bien, en peu de temps, en, quoi
dépenser l'argent qu'il avoit apporté, comme celui
qui escailloit bien sa jeunesse, yver, p. c4o. Il a
le corps armé d'un cuir escaille et très dur comme
celuy du crocodile, paré. Licorne, 7.
— ÉTYM. Écaille; ital. scagtiare.
2. ÉCAILLER, ËRE (é-kâ-llé, Uê-r", ÎJ mouillées,
et non é-kâ-yé, yê-r'), s. m. et f. Celui ou cellequi
vend et ouvre des huîtres.
— ÉTYM. Écaille.
tÉCAILLETTË (é-kâ-llè-f. Il mouillées), s. f.
Petite écaille.
— ÉTYM. Diminutif d'écaillé.
ÉCAILLEUX, EUSE (é-kà-Ueû, Ueû-z', Il mouil-
lées, et non é-kâ-yeû), adj. || 1° Qui est suscep-
tible de s'enlever par écailles. Ardoise écailleuse.
Il 2° Terme d'histoire naturelle. Couvert ou formé
d'écaillés. || Terme d'analomie. Oui a de l'analogie
avec les écailles. Portion écailleuse du temporal. Su-
ture écailleuse, suture temporo-pariètale.
— HIST. XVI' s. Ces os sont dits escailleux, pour
ce qu'ils ressemblent à une crouste ou incrustation,
par quoi ils se brisent aisément, paré, iv, (.
— ÉTYM. Écaille; ital. scaglioso.
t ÊCAILLON (é-kà-llon, » mouillées), s. m. Prin-
cipal ouvrier d'une ardoisière.
— ÉTYM. Écaille, dans le sens d'ardoise.
t ÉCAILLURE (é-kâ-llu-r'. Il mouillées), s. f.
Pellicule qu'on enlève de la surface du plomb avec
le grattoir.
— HIST. XVI' F.scaillure, cotgrave.
— ÉTYM. Écailler.
<. ÉCALE (é-ka-l'), s.f. || 1° Enveloppe qui couvre
la coque des noix. || 2' Gousse dans laquelle se trou-
vent les fèves, les pois. || 3° Coquille d'ceuf. || 4° Au
pi. Fragments de grès propres à paver des lieux
de peu d'importance, ou les débords. |{ 5° Portion
de soie dont les fils sont contenus par une gomme
blanche et légère.
— ÉTYM. Le même que écaille ; Berry, échoie.
t a. ÉCALE (é-ka-I'), s. f. \\ 1° Terme de marine.
Voy. escale. Il 2° Trou dans lequel se place l'ouvrier
monnayeur qui met les flans sur le carré.
— ÉTYM. Autre forme à'escale.
ÉGALÉ, ÉE(é-ka-lé,lée), part. pass^. || l'Dépouillé
de son écale. Des noix écalées. || 2° Terme rural.
Terre écalée, celle qui, dans certains cantons, ne
faisant partie d'aucune exploitation, se loue isolé-
ment, sans bâtiment.
ÉGALER (é-ka-lé), v. a. || 1° ôter l'écale. Écaler
des noix. || 2° S'éoaler, i>. réfl. Se détacher de l'écale.
Les noix très-mûres s'écalent. || Terme de métier.
Se séparer par lames, en parlant d'une pièce de bois.
— ÉTYM. Écale i ; Berry, échaler; bourguign.
échaillai.
t ÉCALECSE (é-ka-leû-z), s. f. Femme qui casse
des noix.
— ÉTYM. Écaler.
t ÉCAî.OT (é-ka-lo) , s. m. Un des noms vulgaires
du hanneton. Il Espèce de noix.
t ÉCALURE (é-ka-lu-r) , s. f. Terme de com-
merce. Pellicule dure de certains fruits. Ecalure de
café.
— ÉTYM. Écaler.
f ÉCANG (é-kan), s. m. Terme rural. Instrumenl
pour écanguer.
f ÉCANGAGË (é-kan-ga-j'), *. m. Action d'écan-
guer; effet de cette action.
t ÉCANGUER (é-kan-ghé), v. a. Terme rural.
Broyer le chanvre ou le Un pour en détacher la
paille.
f ÉCANGUEUR (é-kan-gheur) , t. m. Ouvrier qu 1
écangue le lin ou le chanvre.
t ÉCAQUEUR (é-ka-keur), s. m. Terme de pêch e
Celui qui est chargé de caquer le hareng.
— ÉTYM. Caque.
ÉCARBOCILLÉ, ÉE (é-kar-bou-llé , liée, H mouil-
lées, et non é-kar-bou-yé) , part, passé. Il reçut un
coup dans la face et eut le nez tout écarbouillé
ÉCARBOUILLER (é-kar-bou-llé, Il mouillées, et
non é-kar-bou-yé), v. a. Terme populaire. Réduire
en fragments, en écachant. Écarbouiller la tête.
Enfin, finit la destinée Du redoutable Alcionée, De
t. — 'ro
66
ÉCA
sa masse l'écarbouillant, scabk. Gigantom. cli. v,
dans i.r.iioiix, Dicl. com'^wf. || S'écarbociiller, v.
réH. être écaroouillé. Il s'écarlioiiilla en toml>ant.
Il Beaucoup de personnes prononcent escarliouiller.
HIST. XVI* s. Ez unKsescarbouilloil la cervelle,
ez antres rompoit bras et jambes, babel. Garg. i,
27. Ny pins ny moins que font ceux qui sont pic-
quez de l'escorpion ; le plus souverain remède qu'ils
ont, c'est de le tuer ou l'escarbouilter et l'appliquer
sur la morsure et playe qu'il a faite, brant. Dames
gai. t. I, p. 97, dans lacurne.
— Etym. Champen. éiraboinller ; Bruxelles, scra-
bouillrs, le résidu du charbon non entièrement con-
sumé. La forme du mot montre que c'est excar-
hnnculare, réduire en charbon, et, de là, mettre
en pièces (voy. escabboucle).
t ÉCARDONNEUR (é-kar-do-neur), ». m. Un des
noms vulgaires du chardonneret.
ÉCARLATE (é-kar-la-t') , s. f. || 1' Teinture rouge
fort vive. Il Ecarlate de Venise, écarlate faite avec
l'alun, la crème de tartre et .e kermès. || Écarlate
des Gobelins, la même que l'écarlate de Veni.se.
Il Écarlate de Hollande, celle que l'on obtient en
traitant la cochenille par la c-îme de tartre et le
chlorure d'étain; la découverte n'en remonte qu'à
l'année )6ï0; elle se (it en Hollande; c'est avec cette
écarlate qu'on teignait le drap pour les compagnies
rouges du roi. Une belle écarlate. Les exportations
de ce sol se réduisaient, pour l'Europe, à une
herbe connue sous le nom d'orseille, et qui est
employée dans les teintures en écarlate, raynal,
Hist. phil. XI, (8. I] Yeux bordés d'écarlate, yeux
rouges sur le bord. La vieille leur parla en ces ter-
mes : Je n'ai pas eu toujours les yeux éraillés et
bordés d'écarlate, volt. Candids, ti. || 2° Drap
fin d'un rouge éclatant. Un manteau d'écarlate. Y
voit-on des savants.... Endosser l'écarlate et se four-
rer d'hermine? boil Sat. viii. Ces fenêtres étaient
parées en dehors de pots de fleurs et de tapis d'écar-
late, STAËL, Corin. ii, t. Gens vêtus d'or et d'é-
carlate. Pendant un mois chacun vous flatte, bé-
SANG. Vieux hab. || 3° Écarlate s'est dit aussi d'une
coque adhérente au quercus conif'.ra, formée par
vin insecte dit kermès, et servant à la teinture en
écarlate. Graine d'écarlate. Le coccus ou cocct^m
fournissait aux anciens la belle couleur et la belle
teinture que nous nommons écar.ate, qui le dispu-
tait en quelque sorte à la pourpre pour la beauté et
l'éclat, BOLL. Uist. anc. Œuvres, t. x, p. 658, dans
POUGENS. Il i' Adj. De couleur d'éca:<.ate. Des rubans
écartâtes.
— HIST. XII* s. Donc devint li sainz hom plus
vermcilz quant ço vit, Oue nen est escarlate. Th.
le mart. (38. || xiii* s. Et li firent faire reube [robe]
d'escarlate fourée de vair, Chr de nains, )0D. Une
chape.... D'escrelate si est fourée, Amad. et Yd. ms.
6087. Une tente toute faite de bone escarlate fine,
jomv. 2H. Quiconques vent escarlat/îs à Paris, ens
haies ou en son hostel, Liv. des met. 337. ||xiv*s.
Miiis la douce, courtoise et franche Vestu ot une
cote blanche D'une escarlate riche et belle Qui fu,
cecroi, faite à Bruselle, machaut, p. 46. || xv* s. Et
fut ce jour le roi de Portingal vestj de blanche es-
carlatte à une vermeille croix de Saint Georges,
FROiss. Il, III, 4i.||xvi's. Elle vous avoit puis
après Mancherons d'escarlate verte, Robbe de pers
large et ouverte, marot, i, 20i. Vieille qui as joue
et narine Bordées de crasse et de farine.... Et les
yeux d'escarlate vive, du bellat, vu, 6», recto.
Quand vos péchez seroyent rouges comme l'escar-
late, si seront ils blancs comme la ne;?e, langue,
3). Tormentille, graine d'escarlate et de genevre,
PABé,xxiv, 37. Il y a des pommes qui rendent le cidre
clairet comme vin françois : entre lesquelles celle
appellée en Cotentin escarlate le fait rouge, o. de
SEBRES, 247. l'out ainsi que, pour juger du lustre
de l'escarlatte, on nous ordonne de passer les yeux
pardessus, en la parcourant à diverses venes, soub-
daines reprinses et réitérées, mont, ii, loo.
— ÊTYM. Provenç. escarlat, escarlata; espagn.
et portug. escarlate; ilal. sr.arlatto ; allem. Schar-
iach; angl. scartet; gaél. scarlaid. On a indiqué
comme origine l'arabe ou persan escarlat, serkelat;
mais ces mots sont modernes et paraissent venir,
l'un du français ou de l'espagnol, l'autre de l'an-
glais. Cela écarté, reste le latin galaticus, de Ga-
lalia, la Galatie, province d'Asie où, dans l'anti-
quité, on recueillait bpaucoup de kermès; galaticus
nihor a signifié en effet écarlate. Cette conjecture
est très-pl.iusible; elle serait tout à fait aûre si l'on
trouvait quelque forme intermédiaire entre galati-
cut et escarlaie. Au xv siècle écarlate parait signi-
fier iloïïo en général.
EGA
t ÊCARLATIN (ékar-la-tin), s. m. Terme do
commerce. Sorte d'étoffe de laine rouge.
— Etvm. Érarlale.
ÊCARLATI.VE (é-kar-la-ti-n'), adj. {. Voy.sCAB-
LATiNE. Scarlatine n'est plus usité.
t ÉCARNKR (é-kar-né), v. a. Briser, détacher les
carnes, les angles extérieurs d'un objet.
— ÉTYM. É poure?.... préfixe, et carrte, coin.
ÉCARQUILLÉ, ÉE (é-kar-ki-llé, liée, U mouillées,
et non é-kar-ki-yé, yée), part, passé. Ouvert d'une
manière ridicule. Des yeuxécarquillés. |I Écartéd'une
manière ridicule. Les jambes écarquillées. Et par
qui nous voyons ces messieurs les galants Marcher
écarquillés ainsi que des volants, mol. Éc.des mar.
I, <•
ÉCARQUILI.EMENT (é-kar-ki-lle-man , J/ mouil-
lées, et non é-kar-ki-ye-man) , s. m. Action d'écar-
quiller.
— iilST. XVI* s. Les escarquillements et les se-
cousses, MONT. III, 330.
— ÉTYM. Écarqviller.
ÉCARQUILLER (é-kar-ki-llé, H mouillées, et non
é-kar-ki-yé), v. a. || 1° Ouvrir d'une manière ridi-
cule. Écarquiller les yeux. M'as-tu de tes gros yeux
assez considéré? Comme il les écarquille et parait
effaré! mol. Amph. m, 2. Les spectateurs, dans une
nuit profonde, Êcarquillaient leurs yeux et ne pou-
vaient rien voir, florian, Fables, Lanterne magique.
Il Écarter d'une manière ridicule. Écarquiller les
jambes. Ses deux jamlies écarquillant, scabr. Virg.
trav. II. Il 2° S'écarquiller, v. réft. Ses jeux, ses
jambes s'écarquillent.
— HIST. XVI* s. Riclet, qui connoissoit son mais-
tre, prit sa chemise entre les dents, escarquille les
ongles, et tournant les yeux en la teste avec un
grand bruit.... n'AUB.Fœn. m, 24. Les malades ontles
narillesescarquilléeset la face horrible avoir, pabé,
VI, 2. Ses yeulx sont si très esquarquillez de force
de boyre, qu'il les a aussi rouges qu'ung furon [fu-
ret], PALSGB. p. 457. Escarquille toy, et je chasserai
ces brebis entre tes jambes, id. p. 738.
— ÉTYM. Le Berry dit quarquille, un lobe, une
cuisse de noix, de quartier, prononcé quarquié.
Est-ce là l'origine à'é-quarquiller? ou bien, comme
on a prononcé aussi écartiller, écarquiller doit-il
être considéré comme le même que écartiller, qui
se rapprocherait sans peine de écarteler?
t . ÉCART (é-kar ; le t ne se lie jamais; un é-kar
habile; au pluriel, \'s ne se lie pas : des é-kar habiles;
cependant quelques-uns la lient : des é-kar-z ha-
biles), s. m. Il 1° Terme de jeu. Les cartes dont le
joueur se défait. Faire son écart. Regardez l'écart.
Je ne sais si souvent vous jouez au piquet ; Mais
au moins faites-vous des écarts admirables, mol.
lÉtour. IV, 8. Il 2° X l'écart, loc. adv. En un lieu dé-
tourné, écarté. Nous pouvons à l'écart, sur ces rives
du Phase, Parler en sûreté du feu qui vous em-
brase, COBN. Tois. d'or, ii, t. Il va mourir à l'écart
sur la montagne, mass. Av. Divinité de J. C. \\ A
part. Je vous demande que nous nous tirions à l'é-
cart, MOL. Sicil. (3. Il se tenait à l'écart, n'osait
lever les yeux sur elle, hamilt. Gramm. a. Elle
prit à l'écart Mentor pour le faire parler, fén. Tél.
VII. Il Sejeter àl'écart, faire des digressions, s'écarter
du sujet. Il se jette à l'écart à tout moment, sÉv.
476. Il Mettre à l'écart, mettre en réserve. 11 met à
l'écart une partie de son revenu pour les besoins
imprévus. Il Mettre à l'écart, faire abstraction, ne
pas tenir compte. J'ai trop mis à l'écart le nom d'im-
pératrice, corn. Pulch. IV, 2. Il Mettre, laisser
quelqu'un à l'écart, ne pas le faire participer à un
avantage, à une affaire, etc. Et celle qu'à l'écart
laissera cet arrêt, mol. Mélic. i, 4. || Mettre à l'é-
cart, se dit aussi de choses qu'on n'emploie pas. X
l'égard de la collection des actes publics d'Angle-
terre par Thomas Rymer, il n'y a qu'à la parcourir
pour être convaincu qu'il a mis beaucoup de pièces
à l'écart, st-foix. Est. Paris, Œuvres, t. v, p. 8.
il 3° Action de s'écarter de sa direction, de se jeter
de cAté. Son cheval a eu peur, il a fait un écart.
Il Terme de danse. Mouvement du pied pour se jeter
de côté. Faire un écart. || 4° Terme de vétérinaire.
Entorse de l'articulation des membres antérieurs du
cheval, accompagnée de claudication, et devant
son nom à ce qu'on croyait autrefois que la cause
qui produisait cette lésion écartait le membre du
thorax. L'écart très-léger s'appelle faux écart, et
celui qui e-t porté au plus haut degré, entr'ou-
verture. || 5° Terme de critique littéraire. Espèce de
vide entre deux idées qui n'ont point de liaison in-
termédiaire ou de transition, et que l'on approuve
néanmoins dans la poésie lyrique quand il ne nuit
pas à la clarté. Les écarts ne doivent se trouver
ÉCA
que dans les sujets qui peuvent admeltre des pan-
sions vives, parce qu'ils sont l'effet d'une Snr.e
troublée, batteix. De la poésie lyrique, ch. m.
Il 6° Digression excessive, développement étranger
au sujet que l'on traite. Les écarts d'un avocat.
Il 7° Toute action par laquelle on s'écarte de U
raison, de la morale, de la bienséance, etc. Vous
êtes si fertile en pareils contre-temps. Que vos
écarts d'esprit n'étonnent plus les gens, mol. VÉ-
tour. I, 6. Faut-il l'abandonner à lui-même, aa
moment qu'il fait les plus grands écarts? j. j. rodss.
Ém. IV. Adieu donc, quittez-vous; cette privation
Expiera ses écarts et sa rébellion . lemerc. Frédég.
et Brun, iv, 2. Il [l'Empereur] s'attacha à leur per-
suader l'utilité, la justice et la néce.ssité de cette
guerre pa guerre de Russie]; mais l'un d'eux sur-
tout l'interrompait avec impatience ; car, dès qu'une
discussion était établie, Napoléon en souffrait les
écarts, SÉGUR, Ilist. de Nap. ii, 2. || 8° Localité
écartée il soit incessamment dressé des états de
tous les hameaux et écarts, des villes, bourgs et pa-
roisses de leurs départements. Déclarât, du Roi,
4 mai (688. Les remaniements des circonscriptions
postales ont atteint près de dix mille communes
rurales, .sans compter les écarts et hameaux qui en
dépendent, Dictionn. des pontes aux lettres, Aver-
tissement, t84B. Il 9° Terme de marine. Jonction de
deux pièces de bois ou de deux bordages entaillés.
Il Jonction de laizes de toile, qui se rejoignent
dans leur longueur, soit bout à bout, soit lorsqu'il
il y a lieu à remplacer de la toile. || 10° Terme de pa-
veur. Fragments de grès propres à revêtir les four-
nils, etc. Il Terme de charpente. La longueur dont
les bois se croisent dans les entures et les assem-
blages.
— HIST. rv* s. Et cil qui voit sa femme aller En
lieu de gibier àl'escart, A-t-il cause de grumelerî
coqiiillabt, dans le Dict. denocnEZ. || xvi's. 11 em-
plissoit les villes et places fortes qqi estoient à l'es-
cart , d'armes, d'argent et de bons combatans,
amyot, p. Mm. ts. Loing de ses gens se retirant à
part, S'en va plorer chaudement à l'esquart, id.
Comment il faut lire les poêt. 33. Craignant que le
chagrin dans lequel il estoit ne luy fist faire quelque
escart, Mém. de Dug. ch. 32. Us sont allez la placer
sur un rochier à l'escart, emmy des ronces, mont.
I, (76. X l'escart lui estant venu encore un roy, il
fit son reste, d'adb. Fœn. iv, to. X la veue de quoi
trois autres compagnies qui dévoient armer la queue
du Prince, prirent l'escart, lo. ib. m, 273. Ni d'un
pré l'oisiveté. Ni l'escart [solitude] d'un rivage. Ne
nous met à sauveté De l'amoureux servage, tyer,
p. 675.
— ÉTYil. Voy. écarter; ital. jcorfo, écart aux
cartes.
f 2. ÉCART (é-kar; le ( ne se lie pas), ». m. Terme
de blason. Quart d'un écu partagé en quatre par-
ties. Les armes principales de la maison se mettent
au I" et au 4' écart, c'est-à-dire à ceux de la partie
supérieure de l'écu ; on place aux deux autres les
armes des alliances et de la ligne mat'?rnelle. Inventa
tous ces noms de cimier et d'écart, boil. Sat. v.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et quart (voy.
écarteler).
t ÊCARTABLE (é-kar-ta-bl') , adj. Qui peut ou
qui doit être écarté. Avoir un jeu écartable. Cette
carte est-elle écartable? || Terme de fauconnerie.
Faucon écartable, faucon qui a la coutume de
monter en essor quand le chaud le presse.
t. ÉCARTÉ, ÉE (é-kar-té, tée), part, passé.
Il 1° Mis à l'écart. Les cartes éciirtées. Bien écarté.
Il 2° Séparé, éloigné. Les doigts écartés. Horace les
voyant l'un et l'autre écartés, cobn. Hor. iv, 2.
Cependant trouvez bon qu'en ces extrémités Je tâche
à rassembler nos Parthes écartés, id. Itodog. m, 2.
Préparez-vous, madame, à voir de tous côtés Voler
vers vous les cœurs par Thésée écartés, rac. Phèd.
II, I. Et quoiqu'après sa mort l'un de l'autre écar-
tés. Nous avons su toujours nous aimer et nous
taire, m. Baj. i, 4. Il rencontra vers les plaines de
Sennaar l'armée persane qui allait combattre l'ar-
mée indienne; il s'adressa d'abord à un soldat qu'il
trouva écarté, volt. Babouc. || Terme d'entomologie.
Pattes écartées, pattes éloignées les unes des autres
à leur base. || 3° I.solé, retiré. Une maison écartée.
Parmi la foule d'un grand peuple fort actif et plus
soigneux de ses propres affaires que curieux de celles
d'autrui, j'ai pu vivre aussi solitaire et retiré que
dans les déserts les plus écartés, dbsc. Hélh. m, 7.
Mais bientôt elle a pris des chemins écartés, rac.
Bril. V, 8. Elle-même a choisi cet endroit écarté,
ID. Baj. 1, I. Regagnez l'Hellespont et ces bords
écartés Oii vos aïeux errants jadis furent jetés, iv.
ÉCA
Esth.n\, t. Dans un endroit écarté de l'île, pén. Tél.
VI. Il 4° Mis à l'écart, non choisi. Candidat écarté.
2. ÉCARTÉ (é-kar-té), s. m. Jeu de cartes qui,
analogue à la triomphe, se jouo à deux, et dans
lequel on écarte. Une partie d'écarté. Si tu n'as que
dix ans à vivre, il faut les passer gaiement; je te
défle à l'écarté, scribe, Xaurice, nouvelle, § viii,
— ÊTYM. Écarté 4.
ÉCARTELÉ, ÉE (é-kar-te-lé, lée), part, passé.
Il 1° Déchiré en quatre quartiers. Êcartelé par ordre
de la justice. 112° Terme de blason. Êcu êcartelé,
écu partagé en quatre par une ligne horizontale et
une perpendiculaire. Êcartelé d'azur et d'argent.
ÉCARTÈLEMENT (é-kar-tè-le-man), s. m. || 1° Ac-
tion d'écarteler. L'écartèlement était un supplice
atroce. || 2° Terme de blason. Partage des armoiries
en quatre parties.
— ÉTYM. Écartehr.
ÉCARTELER (é-kar-te-Ié. La syllabe te prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette:
j'écartèle , j'écartèlerai) , v. o. || 1° Mettre en quatre
quartiers, faire tirer par quatre chevaux un con-
damné. Â quatre-vingt-quatre ans, il [CarvajalJ fut
êcartelé, sans montrer aucun remords du passé,
sans montrer aucune inquiétude sur l'avenir, ray-
t>\L, Hist. phil. VII, 8. Il 2° Concasser, en parlant des
grains de blé. La farine vient si grossière qu'elle est
encore en masse avec le son; le blé n'est qu'écarlelé,
Dict. des arts et met. Amsterd. 4 707, Meunier.
Il 3°Terme de blason. Partager l'écu en quatre. Ëcar-
teler un écusson. Ce serait ici le lieu d'expliquer mon
nom et mes armes, et comment, avec un nom que
je ne porte point, et la moitié des armes que j'é-
cartèle, c'était [de la part de Louvroy] prétendre en
effet être de ma maison, st-sim. <94, 94. Vous ver-
rez ces gens-là [les parvenus] armorier leurs équi-
pages, écarteler leurs écussons, p. l. cour, ii, 308.
Il Absolument. Il écartèle de telles et telles armes.
— HIST. XII' s. En la fin son hiaume escartele Au
chevalier mes sire Yvains , Chevalier au Lyon,
V. 860. Bernier feri [il frappa Bernier] sor son es-
cut devant, En deux moitiés li esquartele et fent,
Raoul de C. 272. || xiii' s. Et après il fit cerquier le
[la] teste du mort, et trouva le test esquartele en
tele manière que ce ne peust estre fet d'espée, beaum.
Lxix, 18. Par le gré du roy il esquartela ses armes,
qui sont vermeilles, aus autres de France, pource-
que 11 roys l'avoit fait chevalier, joinv. 269. i| xv* s.
Si vous voulez faire une chose.... c'est que vous
veuilliez encharger les armes de France et equar-
teler d'Angleterre, et vous appeler roi de France,
FROiss. I, I, 95. Tant avoit fait d'armes, que son
heaulme luy cheoit escartele sur ses espaules, Per-
ceforest, t. v, f° 88.
— ÉTYM. Wallon, ^d/eîer.-provenç. esquartelar;
portug. esquartelar, esquartajar ; ilal. squartare;
du latin ex, et quarlellus, diminutif de quartus,
quart. Écarteler, (iest proprement partager en qua-
tre. On remarquera l'exactitude de l'italien qui, écri-
vantscarfare, écarter, de carta, carte, écritigwor-
tare, de quartus, quart.
ÉCARTELURE ( é-kar-te-lu-r' ), s. f. Terme de
blason. Division de l'écu en quatre parties. Pour les
armes, ils [les Chabots] ont toujours conservé leurs
chabots en écartelure, st-sim. I60, 202.
— HIST. xv s. Faulx homme, plain de venin,
digne de mort et d'esquartelure, G. ciiastel. Exp.
sur la vér. mal prise.
— ÉTYM. Écarteler.
ÊCARTEMENT(é-kar-te-man), s.m. Action d'écar-
ter, de séparer; état de ce qui est écarté. L'écarte-
ment des doigts. || Disjonction de ce qui devrait
être joint. L'écartement des ais de cette porte laisse
entrer un vent coulis. || Terme de monnaie. État du
bouton de métal qui, dans l'essai de la coupelle,
s'écarte et se fend, parce qu'il n'a pas eu assez de
chaleur.
— ÉTYM. Écarter.
ÉCARTER (é-kar-té) , v. a. \\ 1° Terme de jeu.
Mettre à part, rejeter des cartes dont on ne veut
pas se servir. Notre homme écarte et ses as et ses
rois, LA FONT. Coupe. J'en avais écarté la dame avec
le roi, MOL. Fâcheux, n, 2. || Absolument. Bien
écarter. Mal écarter. Les joueurs n'ont pas mal
écarté, et la rentrée a fait gagner la partie, volt.
Leit. Frusse, 60. || 2° Par extension, séparer.
Ecarter les jarabts, les bras. Il écarta tout dou-
cement le feuillage et aperçut la jeune tille. Écarter
un rideau. D'un souflle l'aquilon écarte les nuages.
RAC. Ësth. m, 3. N*'* arrive avec grand bruit, il
écarte le monde, se fait faire place.... la bruy. viii.
Il 8" Eloigner. On l'écarta du lit de sa mère mou-
rante. Ou écarta tous les témoins. La fureur des
ÉCA
eaux Presque aux yeux de l'Épi re écarta nos vais-
seaux, bac. Andr. 1, 4. Et ma jeunesse même écarte
loin de moi Tous ceux qui dans le cœur me réser-
vent leur foi, m. Brit. i, *. Mais ce lien du sang
qui nous joignait tous deux. Écartait Claudius d'un
lit incestueux, id. 16. iv, 2. Ici tout vous retient,
et moi tout m'en écarte, m. Milhr.iu, t. Laissez-
moi de l'autel écarter une mère, m. Iphig. i, 5. Sa
douleur profonde M'ordonne toutefois d'écarter tout
le monde, m. Phèd. I, 2. Malgré ce même exil qui
va les écarter, m. ih. iv, 6. Les sénateurs et les
prêtres allèrent se jeter à ses pieds pour le conjurer
d'avoir pitié de la ville et d'obtenir une capitulation
de Sylla; il les écarta à coups de traits, et les
chassa de sa présence, rollin, Hist. anc. Œuvres,
t. X, p. 147, dans POUGENS. Ecartons-les [les en-
nemis] de nos frontières; qu'ils soient obligés par
la terreur de nos armes de nous demander la paix,
vertot, Hév. rom. v, p. 36. Eurycli-s, écoulez :
écartez la victime, volt. Mérope, m, 4. || Fig.
J'écarte de vos jours un péril manifeste, rac. Baj.
II, 1. Ces lois qui de la terre écartant les misères....
VOLT. Zaïre, i, i. La nouvelle York [New-York]
fut administrée par les lieutenants du prince avec
assez d'adresse pour écarter de leur personne l'in-
dignation des colons, raynal, Hist. phil. xvii, 25.
Elle pouvait écarter la réHexion, et non se sou-
straire à la souffrance , genlis, Mlle de Clermont,
p. 171, dans POUGENS. || Écarter quelqu'un, le
mettre à l'écart, l'éloigner des postes qu'il pourrait
occuper. || 4° Faire faire un écart, un détour, dé-
tourner. Écarter quelqu'un de la bonne voie. || 5° An-
ciennement, divertir, s'approprier, en parlant d'ar-
gent Il avoit connaissance de certains arrêts
qui condamnaient à mort les comptables qui écar-
taient les deniers du roi, l'Art de plumer la poule
sans crier, x* avanture, p. H 2,1 13, dans franc. Mi-
chel, argoI.|| S'Ecarter le plomb, se dit d'un fusil
qui n'est pas juste, qui ne lance pas son plomb
bien serré. || Absolument. Ce fusil écarte. || Popu-
lairement. Écarter la dragée, cracher, en parlant,
au visage de ceux avec qui on est. Ensuite une
vieille carogne, qui écartait la dragée, prit la pa-
role, Rec. de pièces com. dans leboux, Dict. comi-
que. Il 7° S'écarter, v. réfl. Être mis dans l'écart.
Les as s'écartent quelquefois. |{ Présenter un écarle-
ment. Ses doigts s'écartèrent, et la pomme tomba.
La foule s'écarte pour lui laisser passage. || S'éloi-
gner. S'écarter du bon chemin. La poussière qu'on
jette sur une pirouette pendant qu'elle tourne s'en
écarte aussitôt, desc. Monde, xi. Et plus de votre
cœur il [Dieu] paraît s'écarter. Plus par vos actions
songez à l'arrêter, boil. Épit. xii. Quand je suis
seul, je fais au plus brave un défi; Je m'écarte, je
vais détrôner le sofi; On m'élit roi, mon peuple
m'aime, la font. Fabl. vu , to. Selon qu'il vous me-
nace ou bien qu'il vous caresse, La cour autour de
vous ou s'écarte ou s'empresse, rac. Brit. iv, i.
Mais ne t'écarte point, prends un guide fidèle, id.
Iphig. I, 1. Loin de l'aspect des rois qu'il s'écarte,
qu'il fuie, id. Fsth. m, \. Ceux qui veillaient sur
vous se sont tous écartés, volt. Soph. n, ). La
chèvre aime à s'écarter dans les solitudes, à grim-
per sur les lieux escaroés.... buff. C/ièïre. || Écar-
tez-vous, éloignez-vous. Ne vous écartez pas, ne vous
éloignez pas. Ne vous écartez pas, vous n'aurez pas
la peine de revenir de loin; et vous aussi, Nanette;
j'ai à vous parler à toutes deux, dancoubt. Prix de
l'arquebuse, se. 2. J'entends du bruit, la fête vient
à nous; écartez-vous un moment et revenez, la-
MOTTE, Minutolo, se. 44. Qu'aucun d'eux ne s'é-
carte, volt. Orphel. 11, 7. || Fig. Il s'écarta des en-
seignements qu'il avait reçus. Je suivrai la raison
dont vous vous écartez, du ryer, Scévole,v, 6. Les
examinateurs s'étant voulu écarter un peu de cette
méthode, pasc. Prov. 3. Jamais de la nature il ne
faut s'écarter, boil. Art p. m. On n'y arrive [à la
raison] que par un ohemin , et on s'en écarte par
mille, LA BRUY. XI.
— HIST. XVI" s. Mener vie solitaire es lieux escar-
tez de la compagnie des hommes, amïot, Num. 6.
Les sergents faisans escarter la presse meirent la
main sur luy pour l'emmener, id. Publ. il. Les
Tlioscans s'effroyerent tellement, que la pluspart se
desroba du camp et s'escarta çà et là, id. 16. 16.
Des façons escartées [en dehors de l'usage] et parti-
culières, mont. I, 120. La baleine le suit sans cesse;
et si de fortune elle l'escarte [le perd], elle va er-
rant çà et là, ID. II, (9*. Les mers, les isles escar-
tées [lointaines], id. ii, 282. J'ai plus de soing de
la santé quand elle me rit, que quand je lay escar-
tée, ID. IV, 07. S'il est trouvé que quelqu'un ait es-
carté ou caché les siennes [armes], il sera pendu et
ECC
1267
estranglé, carl. vin, fi. Assemblez ils [les loupsj
vont assaillir quelques haras de chevaux, et, s'ils
peuvent, les font esquarter, afin de se saisir de quel-
qu'un des poullains pour l'estrangler et manger,
fouilloux, Véner.iii, dansLACURNE.
— ÉTYM. Génev. s'escarter; ital. scartnre, faire
un écart aux cartes; angl. dis-card, écarter aux
cartes; de es.... préfixe, et carte. C'est de l'écart
aux cartes que tous les sens d'écarter sont prove-
nus. Il y a dil avoir grande tendance à confondre
escarter et esquarter (dont on a du moins esquar-
teler); aussi trouve-t-on l'orthographe esquarter.
t ÉCARTEDR (é-kar-teur) , s. m. Dans les com-
bats de taureaux, celui qui provoque l'animal. L'é-
carteur reçut un coup de corne dans la poitrine.
ÉCARTILLEMENT, s. m. ÉCARTILLER, V. a.
Voy. ÉCARQUlLLEMENT, ÉCARQUILLER.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et le bas-latin quar-
tillare, mettre par quartiers; le même (|ue écarteler.
f ÉCARVER (é-kar-vé), v. a. Terme de marine.
Joindre ensemble deux pièces de bois ou deux bor-
dages entaillés.
— ÉTYM. Probablement le préfixe^..., et car'ielle,
sorte de clou.
f ÉCATIR (é-ka-tir), «. a. Donner aux draps un
apprêt, un lustre.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et cod'r.
f ÉCATISSAGE (é-ka-ti-sa-j'), s. m. Action d'é-
catir les draps.
— ÉTYM. Écatir.
fÉCATlSSEUR (é-ka-ti-seur), j. m. Ouvrier chargé
de l'écatissage.
— ÉTYM. Écatir.
t ÉCATOIR (é-ka-toir), s. m. Ciselet dont le four-
bisseur se sert pour sertir les pièces séparées d'une
garde d'épée et les faire tenir dans la monture.
t ÊCAUDE (é-kô-d'l, s. f. Nom donné en Nor-
mandie à de petits bateaux très-étroits servant à
parcourir les fossés, les petits cours d'eau. Les habi-
tants payaient des redevances pour le droit d'avoir
écaude ou bateau, afin de pêcher ou d'aller couper
quelques joncs sur ces mar.iis, robin, Il ém. sur les
marais de Cléiille (Calvados), )78| , p. 22.
t ÉCAUDÉ, ÉE (é-kô dé, dée), adj. Terme de
zoologie. Qui n'a pas de queue, qui a perdu la queje,
qui a une queue très-courte. |{ S. m. plur. Les écau-
dés, reptiles batraciens.
— ÉTYM. Lat. e, sans, et cauda, queue.
t ÉCAVESSADE (é-ka-vé-sa-d'), s. ^. Terme de
manège. Action de secouer le cavesson, pour rendre
un cheval docile. Mot vieilli.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et careçon.
f ECRASE (è-kba-z'), s. f. Terme de rhétorique.
Synonyme de digression.
— ÉTYM. 'ExSadiç, sortie, de ix, hors, et pot-
vEiv, aller.
t ECEOLIQUE (è-kbo-li-k'), adj. Terme de méde-
cine. Qui détermine l'expulsion, i'avortement.
— ÉTYM. 'Ex6oX:^, expulsion, de ix, hors, et
pâHeiv, jeter.
t ECCATUARTIQUE (è-kka-tar-ti-k'), adj. Terme
de médecine. Synonyme de catliariique.
— ÉTYM. 'Ex, hors, et cathartique.
ECCE HOMO (è-ksé-o-mo), s. m. || 1» Tableau,
statue représentant Jésus-Christ couronné d'épines.
Il 2° Fig. Homme pâle et maigre. C'est un véritable
ecce homo.
— ÉTYM. Lat. ecce, voici, et homo, l'homme;
ce sont les mots prononcés par Pilate en présen-
tant Jésus-Christ au peuple.
t ECCÉITÉ (è-ksé-i-té), s. f. Terme de scolastique.
Ce qui indique la qualité d'être présent, comme
si cette qualité pouvait exister sans l'objet. De là ces
entités, cesquiddités, ceseccéités et toutes les bar-
baries de l'école, volt. Dialogues, xxiv, 2.
— ÉTYM. Lat. ecce, voilà.
ECCHYMOSE (è-kki-mô-z') , s. f. Terme de chi-
rurgie. Tache livide, noirâtre ou jaunitre, formée
par le sang eitravasé dans le tissu lamineux sot;*-
cutané.
— HIST. xvi" s. Par contusion se fait souvente.
fois une ecchymose, c'est à dire effusion de sang
sous le cuir musculeux, avec coagulation dudit
sang, sansplayes, fahé, viii, b.
— ÉTYM. 'Exy/JiJLWiiK;, de ix, hors, et xvnis , hu-
meur (voy. CHYME.)
t ECCHYMOSE, ÉE (è-kki-mû-zé, zée), part.
passé. Un œil ecchymose.
fECCUYMOSER (é-kki-mô-zé), ». o. Terme do
médecine. Produire une ecchymose. Des tissus peu-
vent être ecchymoses par des coups. || S'ecchymoser,
ti. réft. Être afiéctô d'ecchymose, le membre trop
serré s'ecchymosa.
I
1268
Ȍ
— ÉTYM. Ecchymose.
f ECCHYMOTIQUE (è-kki-mo-ti-k') , adj. Terme
Ao médecine. Oui est de la nature de l'ecchymose.
— F.TYM. 'Ex/uttoiTixo;, de cx/.'jp.m(ji;, ecchymose.
t ECCI-ÉSIAliQL'E (è-k!é-zi-ar-k'), s. m. Espèce
de sacristain d;ins l'ancienne église grecque.
— ÉTYM. 'ExxXrjdia, église, et ipy.eiv, com-
manJer.
ECCLÉSIASTE (È-klé-zi-a-st') , s. m. Nom de l'un
des livres sapientiaux de l'Ancien Testament, attri-
bué à Salomon. |{ L'auteur de ce livre. L'Ecclésiaste ,
après avoir commencé son divin ouvrage par les pa-
roles que j'ai récitées, après en avoir rempli toutes
les pages du mépris des choses humaines, veut
enfin montrer à l'homme quelque chose de plus
solide, et conclut tout son discours en lui disant :
Crains Dieu et garde ses commandements, boss.
Duch. (fOri. ||Au sens propre, prédicateur. Dans
une lettre qu'il écrivait aux évêques, qu'on appe-
lait, disait-il, faussement ainsi, il [Luther] prit le
titre d'ecclésiaste ou de prédicateur de Vitemberg,
que personne ne lui avait donné, boss. Var. i, § 27.
— ETYM. 'Exx).Tiaioi<JTr,;, de ixxXïiTia, assemblée
(voy. Eglise): mot à mot, le prédicateur.
BCCI.ÉSIASTIQUE (è-klé-zi-a-sti-k"), adj. || 1° Qui
appartient à l'église, au clergé. L'ordre ecclésias-
tique, liiens ecclésiastiques. Auteur ecclésiastique.
Il Ecoles ecclésiastiques, écoles destinées à former des
sujets pour le sacerdoce. || Lettres ecclésiastiques,
«'est dit, au moyen âge, des lettres onciales. || Cet
adjectif se met après le substantif: les personnes ec-
clésiastiques, les censures ecclésiastiques. \\i°S.m.
Celui qui est attaché à l'Eglise, prêtre. Un respec-
table ecclésiastique. || 3° Un des livres sapientiaux de
l'Ancien Testnment, composé par Jésus, fils de Sirach,
et regardé comme apocryphe par les protestants.
— IlIST. XVI* s. Les pairs ecclésiastiques, nonob-
stant leur profession , estoient tenus d'assister nos
roys en leurs guerres, non seulement de leurs amis
et serviteurs, mais de leur personne aussi, mont. I,
332.
— ÉTYM. Lat. ecclesia.Uicus , de ecclesia (voy.
ÉGLISE). Dans les anciens textes on ne trouve que
fcc'.esial (lois eclesiaus. Th. le mart. 7B) et ecle-
»ias(e (personnes eclesiastes, Ass. de Jérus. I, 30).
ECCLÊS1ASTIQUE.MENT (è klé-zi-a-sti-ke-man) ,
adv. En ecclésiiistique. Vivre ecclésiastiquement.
— ÉTYM. Ecclésiastique, et le suffixe ment.
t ECCOPÉ (è-kko-pé) , s. f. l»erme de chirurgie.
Division faite à une partie quelconque par un in-
strument tranchant qui a agi dans une direction
oblique à la surface, sans occasionner une perte de
substance.
— ÉTYM. 'Exxcijti^, de ix, et xôtiteiv, couper.
KCCOPROTIQUE (è-kko-pro-ti-k'), adj. Terme de
médecine. Qui purge doucement, laxatif. || S. m. Les
eccoprotiques.
— ÉTYW. 'ExxoTtpwTixèî, de ix, hors, etxôitpos,
ordure, excrément.
ECCRINOLOGIE (è-kkri-no-lo-jie), s. f. Terme de
médecine. Partie de la médecine qui traite des ex-
crétions. Il Tris-peu usité.
— ÉTYM. 'ExxpivEiv, sécréter, et Xôyo;, discours
(voy. logique) ; èxxpiveiv, de ix, hors, et xpivEw,
séparer (voy. cuise).
t ECDÉ.UIQUE (è-kdé-mi-k'), adj". Terme de mé-
decine. Maladie ecdémique, maladie qui tient à des
causes étrangères aux localités et qui n'attaque pas
les masses, par opposition à endémique et épidé-
mique. Aujourd'hui, dans l'Occident, la lèpre, quand
elle s'y voit, est ecdémique.
— ÉTYM. 'Ex, hors, et ÔTino;, peuple.
t ÉCEPPER (é-sé-pé), v. a. Arracher le cep.
— HlST. xvi's. Il jura Dieu et la digne puissance,
que de leurs vignes il n'i demourroit cep, branche,
ne racine qui ne fut coppée ou esceppée, tant que
jamais ne porteroit substance, menard, Ilist. de
B. du Guescl. p. 4G9, dans lacubnb
— ÉTYM. Es.... préfixe, et cep.
ÉCERVELÊ, ÉE(é-sèr-ve-lé, lée). || 1° Adj. Qui est
sans cervelle, sans prudence. C'est une tête éoerve-
lée. Il a» S. m. et f. Des écervelés. Amour, dit la
sœur de Psyché, me voilà venue ; notre étourdie
de cadette m'a assurée que tu voulais m'épouser....
je me doutais bien que tu la répudierais pour l'a-
mour de moi; car c'est une écervelée, la font.
Ptyché, II, p. iBi. Oui? cet écervelé [Alexandre]
qui mit l'Asie en cendre? boil. Sat.viii. Je ne lai
jamais vu, mais on m'en a parlé Comme d'un petit
fat et d'un écervelé, begnabd, Ois(r. i, 4.
— HIST. xui» s. Et une piere des engiens à ceous
[ceuxjdedens li cheï [tomba] sour la tieste, et fu tous
esciervelés, et fu portés au tref [à la tente] le roi,
ECU
Chr. de Itains, i't. \\ w s. Lui-mesme se fiappa
d'un pot d'cstain plusieurs coups en la teste, tant
qu'il s'escorvela et en mourut, monstr. I, ((4.
— ÉTYM. 1; pour Ci.... préfixe, et cervelle. Es-
cerveler veut dire au propre faire sortir la cervelle
hors de la tête brisée.
ÉCUAFAUD (écha-fô; le d ne se lie pas: un é-
cha-fô élevé; au pluriel, l'j se lie: des é-cha-fô-z
élevés), t. m. || 1° Assemblage de pièces de bois for-
mant un plancher élevé sur lequel travaillent les
ouvriers en bâtiment. || Fig. Si chaque jour ajoute
à l'immensité des sciences, chaque jour les rend
plus faciles, les méthodes se multiplient avec les
découvertes, l'échafaud s'élève avec l'édifice, tur-
GOT, 2* Disc, en Sorbonne. Les pièces justificatives
sont l'échafaud avec lequel on bltit, mais l'échafaud
ne doit plus paraître quand on a construit l'édifice,
VOLT. Lett. Schomalof, i4 nov. (761. || a- Estrade
de laquelle on voit un cortège, une cérémonie. Si
l'on attend une entrée, il a sa place sur un écha-
faud, LA BBUY. VII. Les échafauds étaient déjà dres-
sés tout autour, et déjà les personnes les plus cu-
rieuses commençaient à s'y placer, lesage. Diable
boiteux, ch. viii. || Par extension et plaisanterie,
l'estrade sur laquelle jouent les comédiens. Je con-
clus donc, et je conclus bien qu'il faut faire impri-
mer sa drogue [une pièce] ; ensuite les comédiens
donnent notre orviétan sur leur échafaud, s'ils
le veulent ou s'ils peuvent, volt. Lett. Cliabanon,
22 déc. t766. Il S" Plancher élevé pour l'exposi-
tion ou l'exécution des criminels. C'est une nature
perverse, il finira sur l'échafaud. Je demande sa
mort.... Non pas au lit d'honneur, mais sur un écha-
faud, CORN. Cid, IV, B. Adieu, sur l'échafaud por-
tez le cœur d'un prince, botrou, Yencesl. v, 4. Le
crime fait la honte et non pas l'échafaud, th. cobn.
Essex, IV, 5. Dans trois jours nous verrons le phé-
nix des guerriers Laisser sur l'échafaud sa tête et
ses lauriers, hoil. Sat. xi. Ces disciples ont aban-
donné Jésus-Christ pendant sa vie.... et ils le con-
fesseront sur les échafauds après sa mort, mass.
Hyst. Ue'surrect. Au pied de l'échafaud j'essaie en-
cor ma lyre, a. ciiémer, 27I. J'ai cru voir dans
un songe horrible Un échafaud dressé pour moi,
BÉRANG. M. Stuart. (I 4" Terme de marine. Grand
treillis de bois sur lequel on fait sécher la morue à
Terre-Neuve. Beaucoup de marins disent chafaud.
— HIST. XIII* s. Genius, sans plus terme mètre.
S'est lors, por miex [mieux] lire la leire. Selon les
faiz devant contés, Sor un giant e«chafaut montés,
la Rose, t9784. Je aloie en la chapelle le roy, et
trouvai le roy qui estoit monté en Teschafaut au re-
liques, et fesoit aporler la vraie croiz aval, joinv.
299. Ou chafaut que l'on ot establi, m. 303. || xv*s.
Et avoit, sur l'un des lez des lices, faits grands es-
charfaulx, pour les seigneurs voir la bataille des
deux champions, fboiss. 11, m, 49. Tous les jeunes
et nouveaux chevaliers [seoient] dessous [le roi] sur
bas eschafauds couverts de draps d'or, m. 11, 11, 74.
Il xvi* s. Il monta à un echafaut du cinquième estage
pour voir travailler ses ou^rie^s, d'aub. l't'e, cxlvi.
A combien de sortes d'esprits doit satisfaire celui
qui expose son talent sur un eschaffaut si élevé, où
il a pour spectateurs l'univers, autant de juges que
de lecteurs, ID. llist. préf. 3. [Elisabeth] fut me-
née de la prison au palais et de l'eschafl'aut au
throsne, lo. Ilist. I, <8. Les poètes tragiques, du
chafaultoù ils jouoient leurs tragédies, espandirent
plusieurs paroles injurieuses contre luy, amvot,
Thésée, ts. Qui feit monter Néron sur l'échafaud
avec une masque sur le visage et des brodequins
aux jambes, ne furent-ce pas les louanges des flat-
teurs? in. Comment discerner, etc. 24. Quand je voy
ung François escripre en grec ou en latin, il me
semble que je voy ung masson vestu des habits de
philosophe ou de roy qui \eult reciter une farce sur
les chaufaux de la bazoche, tiiory, Champfteury ,
dansJAUBEBT, Gloss.
— ÉTYM. Saintong. chafaud; Berry, châfaud,
chaiifaud; en certaines parties de la Bourgogne,
chafaud, grenier à foin; provenç. cadafalc; anc.
catal. cadafal; espagn. cadalso; portug. cadafaiso;
ital. catafalco; bas-lat. scafaldus, scadafallum;
angl. s<a([ol. La série des formes conduit à un ra-
dical fait ou fald, conjoint à un préfixe qui, bien
que trè.s-alléré , laisse voir cado ou cata; c'est donc
le même que catafalque.
ÉCHAFAUDAGE (é-cha-fô-da-j'), s. m. || l'Ac-
tion d'établir les échafauds nécessaires à un travail
de b.ltiment. || L'assemblage de ces échafauds. Un
échafaudage en planches, en bois de charpente,
lia- Fig. Préparatifs, préparation. Tout cet écha-
faudage fut en pure perle. || Raisonnements cap-
ECH
tieux, vain étalage. Un échafaudage de maximo s
pompeuses. Lisez, dans nos grands romans, les con •
versations amoureuses ; c'est un échafaudage d 0
sentiments hors de nature, la harpe, Cour* de lif-
ter, t. vu, p. 194, dans polgens.
— ÉTYM. Échafauder. On trouve eehafaudis dan s
Monstrelet, i, 46.
ÉCHAFAUDÊ, ÉE (é-cha-fô-dé, dée), part. pcuU
Une doctrine mal tchafaudée.
ÉCHAFAUDER (é-cha-fô-dé). || 1* F. n. Faire un
échafaudage pour travailler à un bâtiment, A une
décoration. Ils ont été longtemps à échafauder. |{ Il
se conjugue avec l'auxiliaire acoir; les maçons on*
échafaudé. || a* V. a. Fig. Préparer une œuvre. J'ou
bliais de vous dire que le paresseux Linant écha
faude son Sabinus, volt. Lett. en vert et en prose,
28. j] 3° Terme d'ancienne législation. Faire monter,
par sentence du juge, un criminel sur un échafaud
et l'y exposer. |{ 4" S'échafauder, ti. réfl. Préparer
l'échafaudage sur lequel on veut s'élever, l'estrade
sur laquelle on veut paraître. Les maçons s'écha-
faudèrent à la hâte. Ces charlatans furent longs à
s'échafauder. 115° Fig. S'élever, s'aider, se créer des
appuis. Il faut achever de suite ceux [les échelons]
dont Vaudemont s'échafauda, pour voir le tout d'une
même vue, st-sim. (78, (30. Albergoti savait s'é-
chafauder et aller de l'un à l'autre, ID. 466, (68.
Il Être échafaudé, être soutenu comme par un écha-
faud. Savoir si le développement des organes pulmo-
naires correspond au développement de la région
thoracique; base sur laquelle s'échafaudent toutes
les conséquences physiologiques. Comptes rendus,
Acad. des se. t. lu, p. B09.
— IllST. XIII* s. La charretée de cloies [claies]
à eschaufauder doit un denier de tonlieu, Liv. des
met. 32.1. Il xv* s. Dieu sait comment j'eschaffaul-
doie. Et à la fois j'entrelardoie En parlant de sa
drapperie. Patelin, 42(. ||xvi* s. Sur quoy les car-
dinaux françois et l'ambassadeur du roy ne failli-
rent de chatfauder et baslir des remonstrances à un
chacun à part, m. du bell. (8i. Celui qui est trouvé
avoir fait un faux témoignage, suborné des témoms,
ou avoir fait un faux serment, sera puni par estre
escliafaudé et marqué à l'une des joues avec une
clef brûlante, Nouveau coustum. géiiér. t. i, p. 605.
Ils n'avoient pas seulement l'art d'eschaflaulder,
n'y sçachanis aultre fine'^se que de haulser autant
de terre contre leur bastiment, comme il s'esleve,
pour l'oster aprez, mont, iv, 20.
— ÉTYM. Échafaud; Beny, chdfauder, chaufau-
der; saintong. chafauder.
ÉCHA LAS (é-cha-ia ; l'sse lie : un é-cha-lâ-z aigu),
s. m. Il 1° Hilton de longueur variable auquel on at-
tat^e un cep de vigne. Botte d'échalas. Les rois boi-
ront. Tous en rond; Les lauriers serviront D'écha-
las à nos vignes, bérano. Grande orgie. \\ Fig. C'est
un vraiéchalas, se dit de quelqu'un qui est maigre
et mince. (La Chaise, capitaine de la Porte] C'était
un grand échalas, prodigieux en hauteur, st-sim.
50, 85. Il Se tenir droit comme un échalas, affecter
de se tenir fort droit. || On dit dans le même sens :
il a avalé un échalas. || a* Bâton de frêne propre
à faire une raquette. || 3° Se dit des tringles pour
treillage.
— HIST. XIII* s. Eschalaz, bren [son], fuerre,
tuile, ne doivent point de chaucie, Liv. des met.
278. Lance [il] portoit bêle à mesure. Qui fu fête
d'un escalas. Fabliaux mss. n''76(5, t. 11, f°<92,
dans lacubne. || xiv* s. Pour ce que en icelles vignes
failloit mettre et employer lors environ dix javelles
d'eschalas, du cange, cîc/iaia(;i'i«. || xv* s. Six jar-
bes d'escalas ou escharsons, in. 16. Eschalassons ou
basions à ploieret soustenir vigne, m. ib. || xvi's. On
les [les vignes] supporte avec paisseaux, eschallals,
charniers, diversement nommés selon les endroits,
0. DE SERRES, (78.
— ÉTYM. Berry, charasson, charisson, charnier;
picard, écarais; piémont. scaras ; l>as-lat. eschara,
scaratus, scaritio; du bas-latin carratium, écha-
las (avec prothèse de es), du grec x"P»îi P'eu.
ÉCHA LASSÉ, ÉE (é-cha-la-sé, sée), part, passé.
Muni d'échalas. Vignes échalassées.
ÉCUALASSEMENT (é-cha-la-se-ma a) , s. m. Ac-
tion d'échalasser la vigne.
— ÉTYM. Échalasser.
ËCHALASSER (é-cha-la-sé), v. a. Garnir la vigoe
d'échalas.
— HIST. xvi* s. La notoire différence qu'il y t
entre les vignes échalassées à celles qui sont portéo.'
par les arbres, o. de serres, (66.
— ÉTYM. Échalas.
ËCIIALIEK (é-cha-lié; l'r ne se lie jamais; au
pluriel, i'j se lie : des é-cha-lié-z élevés], *. m
ÈCH
Il !• Petite échelle placée contre une haie el servant
à passer par-dessus. || 2° Clôture faite de branches
d'arbre, pour fermer aux bestiaux l'entrée d'un
champ.
— iiIST. XIV' s L'une part du pont fondi Par
ne sai quele mescheance, En tel sens que li rois de
France Vint à l'yauve sans eschaliers, g. guiart,
ms. ^ 60, dans lacibne. || xvi- s. Il se chausse, il
s'habille, et fut aussitost prest qu'un chien auroit
sauté un eschalier, despbr. dans le Dicl. de dochez.
— ÊTYM. Le même que escalier.
t ÊCUALIS (é-cha-li), s. m. Terme rural. Passage
''■-dessus d'une haie sèclie.
— ÊTYM. Yoy. ÉCHALIER.
ÉCHALOTE (é-cha-Io-f), s. f. \\ 1» Plante pota-
gère, de la famille des asphodélées, du genre ail,
cultivée pour ses bulbes employées comme assaison-
nement dans l'économie domestique {allium asca-
lonicum, L.), et pour ses feuilles qu'on mange de
diverses façons. Une sauce aux échalotes. || Échalote
d'Espagne, un des noms vulgaires ûeValliximscoro-
doprason, (lit aussi rocambole. || 2°Nom donné quel-
quefois à la languette de certains instruments de
musique.
— HiST. xin* s. Services sans eûr ne vaut une
escalone, Alixandre, p. 4)3. Tuit cil qui sont de-
hors Paris, et vendent à Paris auz, oingnons, poi-
raus, civos, naveaus ou eschaloingnes, doivent chas-
cun quatre deniers por la porée le roy, Liv. des
mM. 334. Il XVI" s. C'est des feuilles qu'on tire la
principale commodité des eschalotes, les mangeans
crues en salades, et cuites en plusieurs viandes où
elles sient très bien, dont elles portent aussi le nom
d'appetils, o. ke serres, bI5.
— ÉTYM. Lat. ascalnnia, de Ascaln, ville de Phé-
ricie, d'où on apporta cette plante. Eschalote est
une altération de escalone, forme ancienne du mot.
t ÉCHAMPEAC (6-chan-pô), s. m. Terme de po-
che. Extrémité où l'on attache l'hameçon aux lignes
qui servent à la poche de la morue.
] t ÊCHAMPELÉ, ÉE (é-chan-pe-lé, lée), adj.
Terme rural. Qui n'a pas formé de boutons avant
les chaleurs, en parlant de la vigne.
— ÉTYM. Origine inconnue. En Bourgogne, on
dit que les vignes sont champelées , quand elles gè-
lent l'hiver avant la végétation.
P.CUAMPIR (é-chan-pir), v. a. Terme de pein-
ture. Imiter le relief, faire sortir du champ du ta-
bleau, par des teintes appropriées.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et champ.
ÉCHANCRÉ, ÉE (é-chan-kré, krée), part, passé.
Un corsage bien échancré, corsage dont le tour du
cou est coupé comme il faut. Des manches échan-
crées. La chasuble n'était point échancrée à l'endftit
des épaules comme à présent, fén. t. xxi, p. I07.
Il Qui offre une entaille naturelle ressemblant à
une échancrure. Feuilles échancrées. Pétales échan-
crés.
ÉCHANCRER (é-chan-kré), v. a. Tailler, évider
de l'éloffe, du cuir ou du bois en forme de crois-
sant. Il Par extension. Le temps, qui toujours mar-
che, avait pendant deux nuits Échancré, selon
l'ordinaire. De l'astre au front d'argent la face cir-
culaire, LA FONT. Fabl. XI, 0. Il S'échancrer, v. réfl.
Être échancré. Le rivage s'échancrait en cet en-
droit.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et chancre .-enta-
mer comme fait un chancre. On trouve chancrer dans
Ronsard, 948 : La robe estoit de pourpre meonine.
Perse en couleur, chancrée à la poitrine.
ÉCHANCRURE (é-chan-kru-r'), s. f. Coupure en
forme de croissant, de demi-cercle. || Une échancrure
de manche, ce qu'on enlève à la manche, en haut
du côté qui se trouve monté au devant du corsage,
pour que la manche ne fasse pas de plis. || Terme
de géologie. Empiétement en forme d'arc de la mer
sur les côtes. Il paraît par les échancrures de toutes
les terres que l'Océan baigne, que les deux hémi-
sphères ont perdu plus de 20UU lieues de terrain,
VOLT. Mœurs, changements. \\ Il se dit aussi d'une
trouée à travers les montagnes. || Terme de botani-
que et d'anatomie. Entaille naturelle occupant le
sommet ou la base d'une feuille ou de toute autre
surface plane, et n'atteignant jamais la moitié de
son étendue.
— ilIST. XVI* s. L'eschancreure où passe le talon,
PARÉ, XIII, 27.
— ÉTYM. Échancrer.
t ÉCUANDOLE (é-chan-do-1') , s. f. Petit ais de
morrain dont on couvre les maisons en certains lieux.
— HlST. rvi' s. Eschandole, nicot.
— ÉTYM. Bas-Iat. scandola, scanâula, de scin-
(luln, ais, de scindere, fendre.
fîcn
ÉCHANGE (é-chan-j'), s. m. \\ 1° Cliangement
d'une personne, d'une chose contre une autre. Le
roi Henri IV fit un échange de la Bresse contre le
marquisat de Saluées. Vous en fîtes l'échange, et,
prenant Martian, Vous laissâtes pour fils ce prince
à ce tyran, corn. lUracl. II, \. Mais quitter l'un
pour l'autre est un échange heureux, m. Tnis. d'or,
IV, t. Parce que pour échange on veut avoir mon
cœur, ID. rhéod. i, t. Vous feriez un échange et
non pas une perte, rotbou, Vencesl. ii, i. Mentor
conseilla à Idoménée de faire avec les Peucètes,
peuple voisin, un échange de toutes les choses su-
perflues qu'on ne voulait pas souffrir dans Salente,
avec ces troupeaux qui manquaient aux Salenlins,
FÉN. Te'i. XIII. Il L'échange des prisonniers, opéra-
tion, entre deux puissances belligérantes, qui con-
siste à rendre les prisonniers qu'on a faits pour
ceux que l'ennemi a faits. Cartel d'échange. Il en-
voie à Décie en proposer l'échange [de Sévère pri-
sonnier], CORN. Poly. I, 4. Il Terme de jurisprudence.
Contrat par lequel les parties se transmettent re.s-
pectivement une chose autre qu'une somme d'ar-
gent. Il 2° Terme d'économie politique. Change-
ment réciproque do choses entre deux personnes
qui y consentent librement toutes deux. L'échange
des services. L'échange des produits. L'échange est
une transaction amiable dans laquelle les deux
contractants gagnent toujours tous deux, OE tracy,
Traité de la volonté et de ses effets, ch. i. La so-
ciété est purement et uniquement une série conti-
nuelle d'échanges, m. ib. || Commerce d'échange,
commerce qui se fait sans argent et par le seul
échange des marchandises. Aux échanges l'homme
s'exerce; Mais l'impôt barre le chemin, bérang.
Contreb. Le commerce ne donne qu'en proportion
de ce qu'il reçoit; il n'est au fond qu'un échange de
valeur pour valeur, raynal, Hisl. phil. xix, to. La
monnaie ne sert dans les échanges que comme in-
strument, J. B. SAY, Cours, 1840, t. I, p. 338.
Lorsqu'on vend son blé ou son vin, ce n'est pas
pour consommer l'argent qu'on en tire; c'est pour
l'employer à l'achat des objets dont on aura besoin ;
dans la réalité, on échange ce qu'on vend contre
ce que l'on achète.... les conséquences de la théorie
des échanges se résolvent en des trocs que l'on fait
des produits entre eux.... id. ib. t. i, p. 339. L'oeu-
vre du génie n'est pas un fonds, mais un produit,
ce qui est tout différent; la communication n'est
pas une récolte, c'est le fait môme de l'échange,
ce que les jurisconsultes appellent tradition, les
gens de commerce livraison, proijohon. Les majo-
rais littéraires, part, i, § 7. || Libre échange, théo-
rie qui soutient que les communications commer-
ciales entre les peuples doivent être aiïranchies
des prohibitions et des impôts élevés; prali(iue de
cette théorie. || 3° Communication, envoi récipro-
que. Un échange de courriers. Échange de pouvoirs
qui se fait entre plénipotentiaires. Il y eut là-dessus
un échange de notes diplomatiques. L'échange des
ratifications de ce traité est fait. Et je ne songe
point que tu me répondras; Pour être proposés,
ces illustres échanges Veulent être signés d'un nom
que je n'ai pas, a. de musset. Poésies nouv. Lett.
à Lamartine. || Fig. Un échange de bons offices,-
d'injures. 1| 4° En échange de, au lieu de, à la place
de. Il m'a donné son cœur en échange du mien,
ECARRON, Don Japhel, iv, I. Ah! prenez en échange
une vie agitée. Que loin du sol natal l'orage a
transplantée, delav. Paria, i, t. || 5» Ancienne-
ment, échanges, droits de lods et ventes des biens
échangés contre des rentes, ou d'héritages contre
héritages, suivant les déclarations des 20 mars t873
et février (674. || Druits seigneuriaux et féodaux
faisant partie des petits domaines. || 6° Action de
faire disparaître le grain du papier. || Terme d'horlo-
gerie. Roue ou pignon d'échange, roue ou pignon
qui sert à changer la direction d'un mouvement.
— REM. Échange a été fait quelquefois féminin
au commencement du xvii" siècle. Autrement il
aurait pensé faire une échange, et non pas un plai-
sir, MALH. le Traité des bienf. de Sénèque, ii, 3i.
— HIST. XI" s. Deus I se jel pert, jà n'en aurai es-
cange, Ch. de Roi. lxv. || xiu" s. Si li requist qu'il
li donast, en eschange de celé terre, le royaume de
Salenique, ville», cxii. Convenence d'escange doit
estre tele que cascune partie doit garantir à toz jors
ce qu'il baille, beaum. xixiv, 10. || xvi" s. 11 accorda
que l'on eschangeroit les prisonniers en rendant
homme pour homme.... quand l'eschange eut esté
ainsi fait.... amyot, Fab. (9. Le contre eschange
qu'ilz fisrent entre eulx fut tel: Cîesar abandonna
Ciceron, ». Cic. &8 Que la France enyvrée Soit
grosse d'un beau printemps. D'un printemps qui
KCII
1269
tousjours dure, Et qui surmonte l'injure Et les es-
changes des temps, r. belleau, Berger. S' s, dans
lacurne.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et change; ital.
■tcambio.
ÉCHANGÉ, ÉE (ô-chan -je, jée^, part, passé.
Il 1° Donné, remis pour quelqu'un ou quelque chose.
Des prisonniers échangés. Une terre échangée pour
une m.nison. || Fig. De bons offices échangés entre
eux. Il 2° Transmis par communication réciproque.
Des pouvoirs échangés par des ambassadeurs. Les
ratifications échangées. Quelques mots échangés
rapidement.
t ÉCHANGEABÎHTÊ (é-chan-ja-bi-li-té), s. f.
Qualité de ce qui est siLsceptible d'échange.
— ÉTYM. Échangeable.
ÉCHANGEARLE (é-chan-ja-bl'), adj. Qui peut
être échangé. Un prisonnier de guerre échangeable
contre un autre. || Qui est susceptible d'entrer dans
le commerce d'échange. Produits échangeables. Va-
leurs échangeables.
— ÉTYM. Échanger.
t . ÉCHANGER (é-chan-jé. Le g prend un e, quand
il est suivi d'un a ou d'un o; nous échangeons; j'é-
changeais), u. a. Il 1° Donner et recevoir par échange.
Échanger une chose pour une autre. Ils échangent
le sacrifice pour de l'argent, pasc. Pror. 6. Sans si-
monie, on put contre un bien temporel Ha'dimen*
échanger un bien spirituel, boil. Sat. xii. L'on peut
sans effort Échanger la tiare avec un diadème, oui-
raud, llachab. Il, «. Mansfeld eût échangé sans un
destin fatal Le casque du guerrier contre un ban-
deau royal, béni, constant, Walst. iv, 6. Oh! qu'ils
sont loin ces jours si regrettésl J'échangerais ce
qu'il me reste à vivre Contre un des mois qu'ici Dieu
m'a comptés, bérang. le Grenier. \\ Échanger des
prisonniers, rendre les prisonniers qu'on a contre
ceux qu'a l'ennemi. || 2° Se communiquer, se re-
mettre réciproquement. Échanger des pouvoirs.
Échanger des notes, des ratifications. || Fig. Échan-
ger des compliments, des injures, des coups de poing.
Ils échangèrent à voix basse des demi-mots avec
leurs collègues. Échanger un sourire. Enfants, en
rêve on dit qu'avec les anges Vous échangez, la nuit,
les plus doux mots, bérang. Tombeaux de juillet.
Il Ces vaisseaux ont échangé quelques coups de ca-
non, ils se son t la ncé quelques boulets. || 3° Soumettre
le papier aux manipulations de l'échange. || Terme,
de draperie. Placer au milieu du carton les plis du
drap qui étaient sur la tranche. || 4" V. n. Faire
échange. Dans ces temps oil l'Asie échangeait d'ar-
mes et de mœurs avec l'Europe, ciiateaub. Génie,
IV, II, 8. Le pâtre plaçait ailleurs d'autres témoins
de cette pastorale astronomie; il échangeait d'an-
nales avec le firmament; et, de même qu'il avait
écrit les fastes des étoiles parmi ses troupeaux, il
écrivait les fastes de ses troupeaux parmi les éloiles,
m. ib. I, IV, 3. Il Cet emploi ne se trouve que dans
Chateaubriand , et n'est peut-être pas fort sur.
[| 5° S'échanger, v. réfl. Être donné par échange.
Ces marchandises s'échangent facilement. || Être
donné par communication réciproque. Les ratifica-
tions s'échangèrent bientôt. || Fig. Des regards me-
naçants, des gestes de défi s'échangeaient entre eux.
— SYN. échanger, troquer. L'échange se fait de
toute espèce de marchandises et de toutes les fa-
çons. Au contraire le troc a un sens restreint et se
fait proprement de choses de service, de meubles,
d'elTets, de bijoux, etc. et surtout de la main à la
main ; le commerce avec les sauvages se fait par troc.
— HIST. XIII" s. Si comme se je vendoie ou don-
noie ou escangoie ou enconvenençoie aucune coze à
plusieurs personnes, beau.m. vi, <7. {| xvi* s. 11 ac-
corda que l'on eschangeroit les prisonniers en ren-
dant homme pour homme, amyot, Fab. t9. Cyrus
lui demanda s'il le vouldroit eschangerà un royaume,
MONT. I, 217. Ses rentes et domaines se sont eschan-
gez en pasquages bien maigres, m. i, 232. s'ils eus-
sent peu eschanger leur sagesse avec la santé, lu.
II, 204.
— ÉTYM. Échange; provenç. escambiar, escan-
jar; ital. scambiare.
t 2. ÉCHANGER (é-chan-jé) , v. a. Laver le linge
à l'eau pour lui enlever tout ce qu'il est possible de
dissoudre sans le secours des alcalis.
ÉTYM. Échanger est un barbarisme, mais très-
usuel parmi les blanchisseuses et né de l'assimilation
de essanqer (voy. ce mot), qui est le seul correct.
t ÉCHÀNGEUR (é-chan-jeur), s. m. Celui qui fait
des échanges. Comme la valeur de tous les objets
d'échange n'a d'autre mesure que le besoin et la
mesure des échangours, il est évident que, dans
l'Inde, nos marchandises valent très-peu |pour
■
1270
ËCH
nousj, tandis que ceUes que nous y achetons valent
beaucoup [pour nous], ratnal, Hùt. phil. v, 38.
— ÉTYM. Échanger I.
t ÉCHANGISTE té-chan-ji-sf), s. m. Libre échan-
giste, celui qui est partisan du libre échange.
— ÉTYM. Echanger.
t ÉaiANLATE (é-chan-la-f), s. f. Voy. chan-
lATE.
ÉCHANSON (é-chan-son), s. m, \\ 1° Officier dont
les fonctions consistent à servir à boire aux rois et
»ux princes. Ganymède est l'échanson de Jupiter,
fai gagné depuis peu le premier échanson, thistan,
Uariane, n, 3. || 2° Fig. Toute personne qui sert à
boire. Je serai votre échanson.
— msT. xiii* s. 11 aiment miex les eschançons
Et les kei [cuisiniers] et les bouteilliers, Que les
chanters ne les veilliers, ruteb. ii, 61. || xiv s. Son
eschançon ala lors Guesclin apeler, Et lui ala tan-
tost enjoindre et commander Qu'il face du bon vin
à plenté amener, Guescl. v. 20(24.
— ËTYM. Espagn. escanciano; portug. escancâo;
du germanique : anc. haut-allem. scencan, versera
boire, scenco, celui qui verse à boire; bas-lat. scan-
cio, scanlio, dans la Loi Salique; allem. moil. sclien-
ken, verser à boire.
ÉCIIANSONNERIE (é-chan-so-ne-rie) , s. f. Corps
des échansons. {| Un des communs de la maison du
roi où se faisait la distribution du vin.
— Hisr. XIV» s. Et commandons aus mestres de
nostre hostel qu'il se pregnent garde que nosfre es-
chançonerie, nostre cuisine, et tous autres raestiers
et offices de nostre hostel, soient si bien et diligem-
ment gardez, que nuls périls ne puissent avenir,
Ordonn. 16 nov. tSI8.
— ÉTYM. Échanson, comme si le mot échanson-
nier s'était formé.
fÉCHANT (é-chan), S. m. Terme rural. Inter-
valle entre deux rangées de vigne qu'on ensemence
ou qu'on plante.
t ÉCHANTIGNOLLE (é-chan-ti-gno-l') , s. f. Nom
donné aux deux petites pièces de bois qui, dans un
comble, soutiennent les tasseaux. || Nom donné à deux
pièces de bois réunies aux brancards qui servent à
soutenir l'essieu des roues de devant. || S. f. plur.
Terme de marine. Sorte de forts taquets qu'on voit
sous les flasques de l'afTùt de certaines bouches à feu.
— ÉTYM. Ce paraît être une dérivation d'un mot
fictif canlinu.1, canliniolus, qu'autorise le bas-
latin chantellus, cantellus, morceau de quelque
chose (TOy. chantead).
t ÉCHANTIL (é-clian-ti), s. m. Mot qui s'est dit
autrefois pour étalon de mesure. Mesures ordinaire-
ment échantillées sur la matrice de bronze qui est
au Saint-Esprit.... pour servir d'étalonnement et
d'échar.tils à toutes les mesures, Bail Gautier,
« mars I660.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et un diminutif
de eant, coin, morceau (voy. champ 2).
t ÉCUANTILLER (é-chan-ti-Ué), v. a. Voy. élUan-
TILLONNER. Par le sieur Cartier, un nombre suffisant
d'aréomètres ou pèse-liqueurs, par lui fabriqués,
échantiUés et marqués de son poiuçon, Arrêt, 28 mars
1 783 , Cour des Aides.
— HIST XIII* s. Peuvent et doivent tenir et avoir
boisseaut et mesure de vinz et de oile, qui doivent
estre escandilliez à la mesure du seignour, du cange,
escandilare.
— ÉTYM. Échantil.
ÉCHANTILLON (é-chan -ti-llon, Il mouillées, et
noné-chan-ti-yon), s. m. |{ 1° Petit morceau d'étoffe
qu'on coupe d'une pièce pour servir de montre de
toute la pièce. || Petite quantité d'une marchandise
servant de montre. Échantillon de blé, de vin. On
contait qu'Arlequin, l'autre jour, à Paris, portait
une grosse pierre sous son petit manteau; on lui
demandait ce qu'il voulait faire de cette pierre; il
dit que c'était un échantillon d'une maison qu'il
voulait vendre, SÉv. 76. {| Kig. Juger do la pièce par
l'échantillon, juger d'une chose par ce qu'on en
montre. || î° Aperçu, idée d'une chose. Quelle con-
solation pour eux [mes parents] que d'apprendre
combien je suis pourvue richement; et si, avant
que d'entrer dans la tombe, ils voyaient au moins
un échantillon des douceurs et des avantages dont
je jouis I LA FONT. Psyché, l, p. 63. Dont ceux [les
prodiges] de Muise n'étaient que les échantillons,
PAsc. Juifi, 55. Ce n'est qu'un petit échantillon de
sa mauvaise humeur, mol. iléd. malgré lui, m, 3.
Il Donner un échantillon de >on savoir-faire, mon-
trer ce dont on est capable. || Fragments de passages
détachés d'un ouvrage et propres à faire juger du
reste. || 8° Terme d'architecture. Dimensions et for-
mes déterminées par les règlements pour certaines
ECU
espèces de matériaux. Brique, tuile, pavé, bois d'é-
chantillon. Il La mesure qui sert de règle pour rendre
égale la grandeur de toutes ces choses. || i° Terme
de marine. Force et dimension des pièces de bois qui
servent aux constructions navales. Ce bâtiment est
d'un grand échantillon, d'un faible échantillon, c'est-
à-dire la charpente do sa.muraille a beaucoup, peu
d'épaisseur. Les défauts les plus essentiels qui se trou-
vent dans tous les vaisseaux bâtis à Toulon dont il
est fait mention dans ce devis, consistant en ce
qu'ils ne sont pas assez forts où les membres se joi-
gnent et qu'ils ne sont pas bâtis de bois d'un assez
gros échantillon â proportion de leur grandeur,
SEiGNELAY, à du QuesHC , 12 févr. leso, dans jal.
Il 5° Terme do chevalier de l'arquebuse. Marque
qu'on prend pour preuve de quelque beau coup qu'on
a fait. C'est un coup à prendre échantillon. || 6° Terme
de commerce. Contre-partie de la taille sur laquelle
les débitants marquent la quantité de marchandise
qu'ils vendent à crédit. 1| 7° Outil d'horloger pour
égaliser les roues de rencontre. || Outil de char-
pentier et de menuisier pour donner aux pièces
l'épaisseur convenable. || 8° Terme de fonderie de
canon. Nom d'une planche dans laquelle sont en-
taillées toutes les différentes moulures du canon,
Dict. des arts et met. Amst. 1767, fondeur en
bronze. \\ Terme de construction. Partie des ardoises
non recouverte par les ardoises superposées.
— HIST. XIII' s. Se li noviaus talemelier [boulan-
ger] pert son eschantillon une fois ou plusieurs de-
dans les quatre années desus dites, il devra, à chas-
cune fois qu'il le perdra, un chapon ou xi deniers
por le chapon, Liv. des met. 8. || xiv s. Tant
minèrent adonc, ce sachiez sans faillir. Que par des-
soubs les murs pueent [peuvent] bien avenir; Des-
souz le fondement font la terre ravir, X forts eschan-
teillons [solives] la firent soustenir, Guescl. v. 4020.
Il IV* s. Tous dis [toujours] en cotiant [côtoyant] le
bois. Tant alames à ceste fois Devant nous à l'es-
cantillon [au coin] , proiss. Poésies mss. dans la-
CURNE. Peut bien estre que ses parents l'eussent
plus hautement mariée et ne l'eussent pas baillée au
bonhomme, se ne fnst un petit eschantillon qu'elle
a fait en sa jeunesse, je ne sçay par quelle malad-
venture, qui lui advint par chaude cotte, dont le bon-
homme n'avoit rien sceu, les Quinge joies du ma-
riage, p. 63, dans LACURNE. Petit musequin éveillé.
Preste à donner l'eschantillon X quelque grobis es-
maiUé, Contrefaisant l'esmeriUon , coquillart,
Enquête de la simple et de la rusée. \\ xvi* s. Le
marchand qui faict montre et parement du plus
riche eschantillon de sa marchandise, mont, iv,
»17. Semant icy un mot, icy un aultre eschantillon
deprins de leur pièce, id. i, 376. Après tant de tra-
vaux et de fatigues [c'est Alexandre qui parle après
sa mort], ne me contes qu'un chacun fit eschantil-
lon de mon empire à son profit, pasquier. Recher-
ches, p. «02, dans lacurne, au mot croupe.
— ÉTYM. Diminutif de ec/ianti;,- wallon, /lomion;
espagn. escanlillon.
t ÉCHANTILLONNAGE (é-chan-ti-Uo-na-j' , Il
mouillées, et non é-chanti-yo-na-j'), s. m. Action
d'échantillonner, de disposer par échantillon. L'é-
chantillonnage du fil.
ÉCHANTILLONNÉ, ÉE (é-chan-ti-llo-né, née,
H mouillées, et non é-chan-ti-yo-né, née), part,
passé. Dont on a coupé un échantillon. Une pièce
échantillonnée. || Disposé par échantillon. Du fil
échantillonné. || Rendu conforme à. un modèle. Un
poids échantillonné.
ÉCUANTU.LONNER (é-chan-ti-llo-né , et non
é-chan-ti-yo-né), v. a. || 1° Terme de commerce.
Couper des échantillons d'une pièce d'étoffe. || Dis-
poser par échantillon. Échantillonner du fil. Il 2° Con-
fronter un poids, une mesure, etc. avec un modèle.
Les poids de ce trébuchet ont été marqués et échan-
tillonnés à la Monnaie. || 3» Terme de corroyeur.
Couper les issues des peaux. || 4° S'échantillonner,
V. réfl. Être échantillonné. Ces poids s'échantillon-
nent à la Monnaie.
— HIST. XVI* s. Il lui estoit avis que son drap
n'eust pas esté bien employé, s'il n'en eust eschan-
tiUonné [enlevé] quelque lopin et caché en la lietle
ou coffre, desper. Contes, XLvm. 11 ne se trouve
aucunes pièces jaulgées, marquées ny eschantil-
lonnées.... lesquels jaulgeurs auront et prendront
pour chacun muid 12 deniers tournois, et pour cha-
cun eschantillon qu'ils bailleront aux tonneliers
6 sols, Édit, fév. 1690. Ces nations eslrangeres es-
chantillonnerent en parcelles Testât de Rome, pas-
quier, Recherdies, p. 2l , dans lacurne. Circuit
de quatre ou cinq armées qui lui echantlllonnoient
toujours quelque lopin de son grand et pesant corps
ECH
d'armée, sully, Mém. 1. 1, p. 28», danj lachine.
— ÉTYM. Échantillon.
t ÊCHANVRER (é-chan-vré) , v. a. Terme rural.
Enlever les plus grosses chènevottes de la filasse.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et chanvre.
t ÉCHANVROIR (é-chan-vroir) , s. m. Instrument
pour échanvrer.
— ÉTYM. Échanvrer.
t ÉCHAPOTER (é-cha-po-té), v. a. Terme de po-
tier. Enlever les parties endommagées de la porce-
laine.
— ÉTYM. É pour ei.... préfixe, et chapoter, tail-
lader.
tÉCHAPOTIN (é-cha-po-tin), I. m. Instrument
pour échapoter.
ÉCHAPPADE (é-cha-pa-d'), ». f. \\ 1* Terme de
gravure. Coup de burin fait par accident, quand
l'outil échappe, sur une partie déjà gravée. || i° Sé-
paration verticale ménagée entre des poteries qu'on
fait cuire au four. Enfourner en échappade. || 8* En
échappade, à la dérobée. Allez, laissez-nous faire;
nous savons bien ce qui nous va, et croyez qu'une
calèche a bien ses petits avantages. — • Et ces avan-
tages? — D'abord, les regards partent en échappade
(c'est son mot); le haut du visage est dans l'ombre;
le bas en paraît plus blanc... dider. Jdémoires, etc.
t. m, p. 66, Lettre 124, 27 sept. 1789.
— ÉTYM. Échapper.
ÉCILAPPATOIRE (é-cha-pa-toi-r'), s. f. Excuse
frivole, subterfuge pour .s'échapper, pour sortir
d'embarras. Honorable défaite 1 heureuse échappa-
toire I Encores derechef me la fallut-il boire, Ré-
gnier, Sat. vni. Expliquer dune manière qui lui
laissât quelque échappatoire, Boss. Var. 4. Si nous
les pressons de nous montrer une église de leur
croyance, toujours visible, ils se préparent une
échappatoire, m. ib. 16. Mme la duchesse se mit à
appeler Mme de Chartres mignonne; monsieur le
sut, il en sentit le ridicule et l'échappatoire de l'ap-
peler madame, et il éclata, st-sim. 24, I6.
— HIST. XV* s. Quant au second point [l'esclave
chrétien Uvré au Soudan], Jacques Cueur dit qii'il
ne savoit ni avoit sceu rien de son eschappatoire
[fuite] ni de sa reddition, math, de couci, llist. de
Charles VU, p. 692, dans lacurne. Nenny, il soit
à mort jugé; Ce n'est rien qu'un eschapatore [la de-
mande du baptême]. Et pourroit faire pis encore
Qu'oncques ne fist.... Hiit. du Théâtre fr. t. il,
p. 371 , dans LACURNE. Il XVI* s. Ils répliqueront que
.... qui [ce qui] est un autre eschapatoire ramassé
en l'eschole des sophistes, lequel est de nulle valeur,
LANOUE, 76. Ce que d'autres objectent, que.... est
aussi bien une évasion eschappatoire, calv. Instit.
l87o. Si elles [les plaies] s'empirent demain, demain
nous y pourvoirons d'aultres eschappatoires, mont.
IV, 276.
— ÉTYM. Échapper, avec la finale aloire, au
lieu de ciré, justifiée par le bas-latin ezcapatum,
supin de excapare.
t ÉCHAPPE (é-cha-p') , s. f. || 1* Terme de fau-
connerie. Oiseau d'échappé, oiseau qui s'est déve-
loppé de lui-même et sans qu'on ait pris aucun soin
pour l'élever. || Action de laisser échapper le gibier
qu'on tient en main, pour lancer sur lui l'oiseau de
proie. Il 2° ^u plur. Pièces du métier à galon. || Quel-
ques-uns font ce mot masculin.
— ÉTYM. Voy. ÉCHAPPER.
ÉCHAPPÉ, ÉE (é-cha-pé, pée), part, passé.
Il 1* Soustrait à.... par la retraite, par la fuite.
Échappé de la prison. Échappé des mains des en-
nemis. Il te tarde déjà qu'échappé de mes mains,
Tu ne coures me perdre et me vendre aux Romains,
RAC. ililhr. m, ). Tel d'un coup incertain par un
prêtre frappé. Mugit un fier taurcau.de l'autel
échappé, DELiLLE, En. ii. || Terme de fauconnerie.
Gibier échappé, gibier auquel on donne l'échappe.
Il Un cheval échappé, un cheval qui s'est débarrassé
du cavalier ou de la voiture, et qui court sans per-
sonne qui le guide ; et fig. un jeune homme indo-
cile, emporté. || Substantivement. Vous couriez par
le monde comme deséchappés, volt. /)iaJ. xxviii, t.
Il Un échappé des petites-maisons, un insensé, jj Un :
échappé de prison, un homme mal vêtu, à mine
suspecte. J'avais plus l'air d'un échappé de galères
que d'un enfant de famille, lf.sage, Cuim. d'Àlfar.
II, 2. Il Proverbe. N'est pas échappé qui traîne son
lien, celui qui garde le souvenir dune p.ission n'en
est point encore délivré. || 2° Par extension, sauvit
de.... Échappé à une mort imminente. Lucrèce était
échappée aux blondins, la font. Uandr. Les enfanU
d'Israël, lorsque, échappés de la mer Rouge et tour-
nant les yeux vers ces abîmes d'eau.... mass. Vrof,
rel. Serm. 1 . Échappée aux périls et aux orages du
ECU
ËCH
lîCH
1271
siècle MASS. Prof. rel. Serm. t. Avec un seul guer-
rier (ie la mort échappée, J'ai [moi Juliej marché
quelque temps dans celle lie escarpée, volt. Triumv.
n, ♦. Il 3° Fig. Oui a été dit ou fait sans volonté ou
sans conscience. Des paroles échappées è la colère.
Aucun gémissement à ton coeur échappé, cobn.
il. dePomp. II, 2. N'envoyer ni désirs vers le propre
intérêt Ni regards échappés vers le propre mérite,
ID. Imit. II, 9. Des espérances vagues, quelques pa-
roles échappées au dépit, nul dessein formé, volt.
Lett. SchoHvalo[f, 22 nov. 1769, ||4° Terme de pein-
ture. Jour échappé, voy. échappée. || 5° Terme de
manège. Qui est engendré, en parlant du cheval,
d'un étalon et d'une cavale qui sont de différentes
races. Un cheval échappé de normand. || Substanti-
vement. Un échappé de barbe, un cheval né d'un
étalon de race barbe et d'une jument d'une autre
race. || Fig. et familièrement, Se dit d'un homme
qu'on soupçonne appartenir à telle ou telle race.
C'est un échappé de juif. Les fratricelles, moines
échappés de l'ordre de Saint-François, saint-foix,
Ess. Paris, Œuvres, t. iv, p. 344. || Un échappé
d'Esope, un homme contrefait, bossu par devant et
par derrière. Regarde Dorilas, cet échappé d'Esope,
Qu'on ne peut discerner qu'avec un microscope,
Dont le corps de travers et l'esprit plus mal fait
D'un Thersite à nos yeux retracent le portrait,
Poète anonyme dans ricbelet.
ÉCHAPPÉE (é-cha-pée) , s. f. || 1» Action d'échap-
per. Mme Guyon faisait des échappées de Paris chez
le duc de Bourgogne, et y faisait des instructions à
ces dames [de Morlemart, Morslein, etc.], st-sim.
H , <09. Lions nos fortunes, •( voyageons par toute
l'Espagne, faisons cette petite échappée; elle est
pardonnable à deux enfants de famille, lesage, JE'if.
Gonzalei, ch. 48. || Fuite de bestiaux qui se répan-
dent dans les bois, les terres, les prés mis en dé-
fends. || Terme de chasse. Chasser l'échappée, se
dit des chiens qui sont hors de la piste du gibier.
Il 2° Fig. Action par laquelle on s'échappe en quelque
chose d'imprudent, d'irréfléchi, d'insolite. C'est une
échappée de jeune homme. Sans lui faire faire cette
échappée, corn. Examen de Sert. Sans cette petite
échappée dont vous vous accusez si galamment,
VOLT. Lctt. Dorât, 8 janv. 1767. || 3° Espace ménagé
pour le tournant des voitures, à leur entrée dans
une cour, dans une remise. || Terme d'architecture.
L'espace compris entre les marches d'un escalier
tournant et le dessous de la révolution supérieure,
entre la voûte et les marches d'un escalier de cave.
Il Terme de marine. Rétrécissement sensible dans
les façons de l'ar/ière d'un navjre. || 4° Échappée
de vue, vue resserrée entre des collines, des mai-
sons. Je craindrais que la moindre échappée de
Tue n'fitât beaucoup d'agrément à cette promenade,
J. J. Rouss. llél, IV, <).||Terme de peinture. Vue
éloignée, lointain dans un paysage ou dans un ta-
bleau. || Échappée de lumière, lumière qu'on sup-
pose passer entre plusieurs corps, et qui éclaire une
partie du tableau. || 5° Instant de beau temps. Pro-
filons de cette échappée de beau temps, et, abso-
lument, de cette échappée. || 6° Par échappées, loc.
adv. Par intervalles, i la dérobée. Il dit de bonnes
choses par échappées. Les pauvres gens n'avaient de
leur amour, Encor joui, sinon par échappées, la
FONT. Gag. Il X l'échappée, à la dérobée.
— ÉTYM. Échappé.
ÉCHAPPEMENT (é-cha-pe-man), s. m. || 1° Action
d'échapper, de sortir avec violence. L'échappement
de la vapeur d'une locomotive. Tuyau d'échappe-
ment. Il 2° Terme de mécanique et d'horlogerie.
Mécanisme qui sert à modérer, à régulariser le
mouvement, et qui consiste en ce que le balancier
insère un petit appendice entre les dents de la
dernière roue, de manière à n'en laisser échapper
qu'une seule à chaque oscillation. Enfin un jour,
au milieu de la classe, dont ses distractions l'empê-
chaient souvent de suivre les travaux, il saisit tout
d'un coup le mécanisme de l'échappement [d'une
horloge] qu'il cherchait vainement depuis plusieurs
mois, coNDORCET, Vaucanson. Les montres à gous-
set, ainsi que les pendules, ont deux sortes d'échap-
pement, l'un à recul et l'autre à repos; le premier est
celui qui est fait à roue de rencontre,.... le deuxième
est aussi nommé échappement à cylindre; il a été
inventé par le célèbre Graham, horloger anglais de
ce siècle : c'est en effet un véritable cylindre creux
dans son milieu; il sert de tige au balancier hori-
zontal, Dict. des arts et met. Amst. <767. Horloger.
il Échappement libre, ainsi appelé & cause de sa
disposition qui permet au balancier de parcourir
librement la plus grande partie de son oscillation
sans être influencé par la forcé motrice, toujours
un peu inégale, malgré les soins qu'on y apporte.
Tout chronomètre ou garde-temps a un échappe-
ment libre, LEGOARANT. Il 3° Terme d'architecture.
Échappée, espace entre un escalier et le plafond.
— HIST. xV s. En icelle année fut pratiqué l'es-
chappement du conte de Dampmartin, lui estant en
la bastide Sainf-Anthoine, Us. relatif à Louis XI,
Bibl. des Chartes, 4" série, t. l, p. 2C6.
— ÉTYM. Échapper.
ÉCHAPPER (é-cha-pé , v. n. || 1° Échapper de....
s'enfuir, s'en aller. Échapper de prison. || Absolument.
N'en dois-je point garder? donc il faut avoir soin De
le nourrir [ce peuple de souris] sans qu'il échappe,
LA FONT. Fabl. XI, 9. L'cau si tluide, si insinuante,
si propre h échapper, fén. Exist. 1 3. 1| Se sauver de.
Une confiance sans raison d'échapper de tous les
dangers, nicole, Ess. de mor. t" traité, ch. 4. Un
jugement dont personne n'échappait, boss. Hist.
III, 3. S'il y en a qui échappent de l'orage, ID. Brièv.
Après un naufrage d'où il était échappé, il voulut
en action de grâces participer au sacrement de l'au-
tel, BOURD. Pensées, t. 11, p. 367. Leurs noms sont
échappés du naufrage du temps, boil. Sat. v. Vous
n'êtes pas encore échappé de sa rage, hac. Àthal.
IV, 2. Vous avez beaucoup à remercier Dieu d'en
être échappé à si bon marché, id. Lett. à son fils,
4). Si nous échappons de cette tempête, fén. Tél. 1.
J'ai su de quel danger échappe Brunehaut, lemerc.
Fréd. et Bruneh. m, 7. || 2° Échappera, se sous-
traire à, se dérober à. Échapper à la mort. La vola-
tile échappe à sa tremblante main, la font. Phil.
et Bauc. Seigneur, quelque Troyen vous est-il échap-
pé? RAc. Androm. 1, 4. Comment à tant de coups
serait- il échappé? id. lUithr. v, -l. Depuis qu'à
Pharaon ce peuple est échappé, id. Athal. m, 7.
Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échap-
per, ID. Phèd. 11, 5. Neuf fois ce vaisseau [l'Eglise]
qui ne doit point périr était échappé au naufrage,
CHATEAUB.lfart. 4. || Avec l'auxiUaire OTOiV. Ulysse,
Ulysse, m'avez-vous échappé pour jamais? pén.
Tél. xxiv. Il Vous ne m'échapperez point, c'est-à-dire
il faut vous expliquer , consentir à ce que je désire de
vous. Vous ne m'échapperez point; il faut parler, il
faut vous nommer, M"' de genlis, Th. d'éduc. la Cur.
IV, 6. Il Fig. Il ne put échapper au dilemme de son
adversaire. || 3° Être soustrait, être dérobé. La vie
nous échappe. L'autorité lui échappa. Voilà les tours
que me fait la mienne [imagination] atout moment;
il me semble que tout ce que j'aime, tout ce qui
m'est bon va m'échapper, sÉv. 97. Luxembourg, au
désespoir de se voir échapper une si facile campa-
gne, se mit à deux genoux devant le roi et ne put
rien obtenir, st-sim. h, 4 27. || Use dit aussi des
personnes qui meurent, qui disparaissent. La prin-
cesse leur échappait parmi des embrassements si
tendres, et la mort plus puissante nous l'enlevait
entre ces royales mains, boss. Vuch. d'Orl. || Il se
dit encore des personnes dont les sentiments chan-
gent. Mme de Montespan s'aperçut que le roi lui
échappait, lorsque le mal était sans remède, M'"" de
CAïLUS, Souvenirs, p. ni, dans pougens. Si nos
princes sont doux, ils sont opiniâtres ; et, s'ils échap-
pent une fois, leur fuite est sans retour, ID. t'b. p. IB7.
Il 4° N'être pas saisi par les sens, compris par l'intel-
ligence. Des insectes si petits qu'ils échappent à la
vue. Rien n'a échappé à leur prévoyance, PASC.
Prov. 6. Je vois que rien n'échappe à votre pré-
voyance, HAC. Baj. II, (. Rien n'échappe aux re-
gards de notre curieuse, boil. Sat. x. Quand le sens
m'échappe, je me mets en colère, sÉv. 6B. Je suis
sûr qu'à une seconde lecture tout au plus il ne leur
en sera rien échappé, fonten. Préf. des mondes.
Tel que le vieux pasteur des troupeaux de Neptune,
Prêtée, à qui le Ciel, père de la Fortune, Ne cache
aucuns secrets. Sous diverse figure, arbre, flamme,
fontaine, S'efforce d'échapper à la vue incertaine
Des mortels indiscrets, j. b. houss. Odes, au comte du
Luc. Ce qui est fin, délicat ou profond vous échappe,
M"* DE GENLIS, Veillées du chdt. t. 11, p. 496, dans
ponoENS. Il Avecl'auxihaire avoir. Quand on lit pour
s'instruire, on voit tout ce qui a échappé lorsqu'on ne
lisait qu'avec les yeux, volt. Lett. Mme du Delfant,
13 oct. 4759. Il 5° Sortir de la mémoire. J'ai beau
chercher dans mon esprit, son nom m'échappe. Tant j
d'autres dont les noms lui sont même échappés, 1
RAC. Phèd. 1,4. J'ai retenu le chant, les vers m'ont ;
échappé, J. b. bouss. 1 oés. div. || 6° N'être plus tenu, !
retenu. La plume lui échappa. Le livre qu'il lisait j
échappa de ses mains. Le nom seul de J unie échappe
de sa bouche, rac. Brit. v, 8. M'est-il en ta présence
échappé des soupirs? la. Alex, iv, 4. Le fils de Caton, '
gendre de Paul Emile, après avoir fait des prodiges
de valeur, perdit malheureusement son épée, oui lui
échappa de la main, bolun, Hist. anc. Œuvres,
t. IX, p. 4 34, dans pougens. Sa redoutable épé«
échappe de sa main, volt. Henr. x, (66. ||Fig.
Voyant la victoire qui échappe de ses mains, PÉPt.
K(. xvii.Si celui qui est en faveur ose s'en prévaloir
avant qu'elle lui échappe, la bbdy. viii. |1 Laisser
échapper, ne pas tenir, ne pas retenir. Laisser échap-
per un soupir, un cri, un mot, un .«ecret. || 7° Être fait
ou dit par mégarde, par imprudence. Un geste, lui
échappant, trahit ce qu'il avait dans l'âme. Laisser
échapper une bévue, une faute. Ce mot ne m'a jamais
échappé sans remords, corn . Œdipe, v, 7. Peut-être,
si la voix ne m'eût été coupée, L'affreuse vérité me se-
rait échappée, bac. Phèd. iv, B. |{ Absolument. Une
parole échappe, et elle tombe de l'oreille du prince
bien avant dans sa mémoire et quelquefois jusque
dans son cœur, la bbuy. viii. |1 Impersonnellement,
et avec les auxiliaires être ou onotr. Il lui échappera
quelque sottise. Il lui échappe parfois des réponses
impertinentes. Il m'était échappé d'en faire confi-
dence, CORN. Hér.n, 4. Dans les recherches de sa foi,
il lui avait échappé quelques doutes, fléch. M. de
Mont. Jamais il ne m'a échappé une seule parole qui
pût découvrir le moindre secret, fén. Tél. m. L'un
de mes amis qui a promis de parler ne parle point ;
l'autre parle mollement; il échappe à un troisième
de parler contre mes intérêts et contre ses inten-
tions, LA brut. viii. Il [Tonnerre] était fort mal
dans la petite cour par ses bons mots; il lui avait
échappé de dire qu'il ne savait ce qu'il faisait dans
cette boutique, st-sih. 24, 30. Ce mot m'est
échappé, pardonnez ma franchise, volt. Henr. n.
Il II se dit des œuvres littéraires ou autres qu'on
laisse se produire. Je recueille les moindres billets
qui échappent de vos mains comme les feuilles de
la Sibylle, voit. Lett. 8I . MM. Cramer m'ont rendu
un très-mauvais service, en publiant les fadaises qui
me sont souvent échappées, volt. Lett. Boisay ,
I déc. 4 770. Il II se dit encore des sentiments qui se
font jour involontairement. Les crimes échappent
toujours par quelque endroit, boss. Var. vi, § 9.
Comme ensuite sa joie lui échappe et ne peut plus
se dissimuler, comme il plie sous le poids de son
bonheur! la bbuy. viii. || La patience lui échappe,
sa patience est à bout, il est sur le point d'entrer en
colère. 118" Absolument. S'enfuir, se perdre. L'occa-
sion échappera pendant ce temps-là, l'âme un peu
reposée reviendra à son bon sens, boss. Libre arb. 7
Si la nécessité de cette loi est prouvée, il faut la
faire, quoique dans un temps moins favorable que ce-
lui qu'on a laissé échapper, raynal, Hist. phil. xiit,
63. Il Se dérober par une échappatoire. Le ministre
Jurieu croyait échapper; et, pour pallier le mieux
qu'il pouvait les blasphèmes de son parti.... boss. Var,
2' avert. § 4 4. || 9» Se tirer d'une maladie, guérir.
Les médecins assurent qu'il échappera. Il sera bien
heureux s'il en échappe, sév. 344. Sans que vous
puissiez craindre d'en échapper, la bbuy. xii. Les
esclaves qui auraient été abandonnés par leurs maî-
tres étant malades seraient libres s'ils échappaient,
MONTESQ. Esp. XV, 4 7. || 10° Terme de manège. Lais-
ser échapper, ou faire échapper un cheval de la
main, le faire partir de la main, le pousser à toute
bride. || 11° Y. a. Éviter. Il a échappé la prison. Le
piège est échappé ; fuyons, retirons-nous, botrou,
Bélis. IV, 3. Qu'un enfant ait échappé tous les pé-
rils, SÉV. 328. Il ne faut point qu'ils se flattent d'a-
voir échappé l'anathème qu'ont mérité les Pélagiens,
sous prétexte qu'ils ne le sont qu'à demi, boss. Var.
XIV, add. § 4. J'ai échappé la mort à telle rencon-
tre, id. Brièv. Nul ne peut échapper les mains de
Dieu, m. Polit. VII, 6, 9. Des dangers qu'il avait
échappés dans un siège, fléch. Œuvres compl- 1. k,
p. 336, 1782. IIFarailierement.il ne l'échappera pas,
c'est-à-dire il n'évitera pas ce qui le menace. || L'é-
chapper belle, échapper à quelque grand p.éril ou in-
convénient. La pudeur de Mlle Temple l'avait échappé
belle, HAMILT. Gramm. 40. Je viens de l'échapper bien
belle, je vous jure, mol. Éc. des f. iv, 6. Nous l'avons
endormant, madame, échappé belle, id. Fem. s. iv,
3. Il Voy. à BEAU la remarque sur l'orthographe :
nous l'avons échappé belle, qui devrait être: nous
l'avons échappée belle, jj 12° S'échapper, v. réfl. S'é-
vader, s'enfuir. S'échapper de prison. Pour s'échap-
per de nous. Dieu sait s'il est allègre, hac. Plaid.
I, 4. Ma fille de l'autel cherchant à s'échapper, id.
Iphig. IV, 8. Incapables de tromper. Ils ont peine
à s'échapper Des pièges de l'artifice, id. Esih. lu,
9. [Socrate porta Xénophon] jusqu'à ce que le che-
val qui s'était échappé eût été repris, fén. Socr.
II 13° Se dérober un moment à quelque société. 11
s'échappa un moment pour une affaire urgente. Je
m'échapperai quelquefois pour l'aller embrasser.
i'2l2
ECU
rioss. lett. div. i. Je me suis échappée, Tandis qu'à
l'arrêter sa mire est occupée, rac. Brit. m, 7. Tout
le momie est encore dans le salon ; on joue; et moi,
à minuit, je me suis échappée pour venir m'enfer-
mer dans ma chambre avec vous, m" ue gf.nlis,
Adèle et Thénd. /.«((. «2. || 14° Sortir, s'épandre.
L'eau s'échappe des fentes d'un rocher. Des pleurs
s'échappent de ses yeux. Ahl qu'un seul des soupirs
que mon cœur vous envoie, S'il s'échappait vers
elle, y porterait de joie! rac. Andr. i, 4. Ce feu que
j'avais su contraindre S'irrite en s'échappant et ne
peut plus s'éteindre, volt. Brut, ii, 4. Et mon cœur
qui le suit s'échappe loin do moi, ID. Fanât, m, *0,
Ouand l'univers créé s'échappa de ses mains, c. de-
lAV. Paria, i, t. || 15° Céder à son emportement,
se laisser aller à des paroles ou à des actions incon-
sidérées, légères, condamnables. Cela empêche qu'on
ne s'échapptî en des paroles déshonnôtes, d'ablan-
COURT, Apnphlhegmes, dans richelet. Vous vous
échapperez sans doute en sa présence, corn. Poly.
II, (. i quoi bon ces mouvements jaloux? Je sors
pour ne me point échapper devant vous, th. corn.
l'Inconmi, iv, 2. 11 s'échappait jusqu'à due.... Boss.
Yar. K Ils fies peuples] ont dans le fond du cœur je
ne sais quoi d'inquiet qui s'échappe, si on leur Ole
ce frein nécessaire [celui de la religion], ID. Jieine
d'Ànglet. On s'est échappé dans une rencontre; on
a parlé, agi mal à propos, uoubd. Pensées, t. il,
p. 214. U ne s'éch.ippe pas avec les hommes [il est
froid], LA BRLY. XI. Parmi les verres et les pots. On
vit ce maître de la terre S'échapper en joyeux pro-
pos, CHAUL. À Kme de Lassay. Ne douiez point,
seigneur, que ce coup ne la frappe, Qu'en repro-
ches bientôt sa douleur ne s'échappe, rac. Brit. m,
4. Lorsqu'un vieux fou s'échappe D'êlre amoureux
sur ses vieux ans, 11 faut qu'il mette la nappe Et
qu'on boive à ses dé|)ens, regnabd, Sérén. se. 17.
Moi-même, je m'en échappe [je me le permets] sou-
vent, sans y penser, mérè, Œuvres poslh, p. 78.
Wme de Lauxun s'échappa plus d'une fois avec le roi,
plus souvent avec la maîtresse, st-sim. 5, 72. |j Un
espiit qui s'échappe, se dit. d'un homme qui a par
moments une espcce de folie. Il a des moments où
son esprit s'échappe, mol. Méd. m. lui, ii, i . || 16° Se
découdre, en parlant d'une étolTe. Cette couture s'é-
chappe, ou, neutralement, elle échappe. |{ 17° Terme
d'horticulture. Pousser de grandes et belles bran-
ches qui ne fructifient pas. Ce pêcher s'échappe,
ou, neutralement, échappe. Cet arbre s'échappe,
il le faut retenir, la quintinye, Jardins, 1. 1, dans
RICHELET.
— UE.M.l. Quand échapper signifie s'enfuir, il faut
de: il échappe de prison; s'il signifie être sauvé de,
on met à ou de: il a échappé au naufrage ou du
naufrage; s'il signifie se soustraire à, on met à: il
a échappé à la mort, aux llammes. U a échappé de
prison signifie qu'il s'est enfui de la prison; il a
échappé k la prison ou il a échappé la prison, si-
gnifie que, courant le risque d'êire emprisonné, il
l'a évité, jl 2. S'échapper veut toujours de et jamais
à. Il 8. Échapper se conjugue avec l'auxiliaire avoir,
quand ou veut exprimer l'action; avec être, quand
on veut exprimer l'état. Ainsi dans ce vers de Racine :
Quelque ïroyen vous est-il échappé? U faut est, puis-
que le poète veut dire: reste-t-il quelque Troyen qui
vous ait échoppé? Mais, si l'on rappelait le meurtre
de Priam par Pyrrhus dans le sac de Troie, il fau-
drait dire: Priam vous a-t-il échappé? || 4. D'après
l'Académie, échapper, dans le sens de n'être pas
saisi, compris, .se conjugue avec le verbe atotr.
Pourtant Kontenelle s'est .servi du verbe être; et on
ne voit pas en effet pourquoi il y aurait obligation
d'employer le verbe aiotr. || 5. D'après l'Académie,
échapper, signifiant être fait ou dit par mégarde,
veut toujours l'auxiliaire (Ire. Cette décision est, en
fait, contraire à l'usage d'excellents auteurs (voy.
les exemples); et, en grammaire, il n'y a aucune
raison pour qu'en cet emploi on ne puisse signifier
aus.si l'état ou l'action avec les auxiliaires être ou
aiot'r.
— lliST. XI* s. Kar Icist [il est permis] à faire da-
mage à altre par poUr [peur] de mort, quant per el
[par autre moyen] ne pot eschaper. Lois de Guill.
3». S'uns en escape, morz es et confondus, Ch. de
jRoI. ccxc.
— xii° s. Se truis [si je trouve] Rolant, vis [vif,
vivant] non puet escaper, ilonc. 40. Li doze pair
n'en e»camperont mie, ib. 43. Jà cil d'Espaigne u'es-
campcront entier, i6. 83. Eschapez [il] fu [de pri-
son] par Breh.is sa moillier [sa femme], ib. 120. Et
fors de son poing destre li eschappa l'espée, ib. l»«.
Mais retrait m'a en la folour [folie] Mes cuers [mon
cœur], dont [delaqueUe] [je] l'avoie escapé, Couci,
ECH
III. X peine [je] sui sans mourir eschapez, ib.xiv.
Et eschapés de périlleuse voie, ib. p. (24 Si [il]
comanda sor tôle rien [sur toute chose] L'enfant à
garder par maistrie, Sor lur menbres et sor lor vie.
Qu'il n'en chapt ne qu'il ne fuie, benoît, ii, 13718.
Si com chascuns estoit eschapez de la hart, Sax.
xxix. Merci al croatur. Que sûmes eschapé de si
grant deshonur. Th. le mort. 109.
— xiii' s. Car de moût grant péril furent eschapé,
viLLEM. cv. Ainsi eschapa Bcite Tybert sans .son
congé, Bcrle, xxi. Puisqu'ele est eschapéo, au meil-
leur nous tenons [tenons-nous à ce qu'il y a de
mieux] , ib. xxni. Si j'avoie cent vies.... Ne me pour-
roit pas estre une seule eschapée.... i6. xLvi. Se berte
nous eschapé [nous quille], jamais joie [je] n'aurai,
ib. Lvii. Bien [elle] voit [que] par autre torne pourra
eschaper, ib. cxii. Et li ruis l'helippes et II autre
prince li mandèrent que.... s'il ne le rendoit dans
tier jour, il n'en escaperoit, fors par la hart, Chron.
du Uains, 3G. Se Diex plaist, je ne morrai pas,
Ainçois en escliapcrai bien, Jien. 26787. Par les jus-
tices qui trop délaient, sont maint malfeteur escapé
et maint mal fut, beaum. 40. Et en tels degrés de
lignage se pot fere mariages, puisqu'il escape le
quart, ID. XIX, 6. Et il respondi que il enlendoit
que j'avoie l'apostume en la gorge, par quoi je ne
pouoie e,schaper, joinv. 241. Honniz soit qui por
endeter Laira bone vie amener; Adès la voit on es-
chaper, Â quel chief que doie torner, colin muset,
dans llist. litlér. de la France, t. xxiii, p. 655.
— XIV" s. Le sanglier vient aux lévriers, Et ilz le
prennent volentiers; Au regarder a grant plaisance;
A l'ung échappe, à l'autre lance, Et font un grant
tourniement, Modus, f° cxii.
— XV" s. Si se mit dans un vaisseau qu'on appelle
lique à tout ce de gens qu'il avoit eschappés, froiss.
I, I, 182. Si avons entendu qu'il n'y esciiappe jour-
née qu'il n'y ait jouste, Perceforest, t. v, f° 80. Le
cheval effroyé et espouvantô se eschampade costé,
ou recula parmi de grosses pierres, du cange, es-
capium.
— XVI" s. Ce lévrier n'esohappoyt ni lièvre ni re-
gnard devant luy, rab. Garg. i, 42. Ainsi commen-
ceoyt escamper de la chambre, mais....iD. Z'ant. m,
17. Richelieu parlementa, et composa à armes et
bagues sauves: les soldats eschapperent aux chefs
pour le bagage seulement, d'aub. Uisl. i, 220. Ici
il faut faire distinction en tels accidens des capitu-
lations qui se faussent avec le gré des chefs, ou seu-
lement par la mutinerie des gens de guerre, ce que
nous appelions en tel cas eschapper, id. ib. i, 313.
Huict qui eschapperent la première fureur furent
gardez pour le bourreau, id. ib. u, 204. Se sentant
défaillir et eschapper du cheval, mo.\t. i, le. Il leur
eschappe de belles paroles, mais.... id. i, 140. Si
cette iiiperie m'eschappe à veoir, au moins ne m'cs-
chappe il pas à veoir que je suis très pipable, id.
i, 81. Si quelqu'un se defaisoit en prison, celuy-là
m'est eschappe, disoit-il, id. li, 383. Perseus, lui
embrassant les genoulx, se laissa eschapper de la
bouche des paroles si lasches et de si viles prières,
que.... AMïOT, P.jEm. 44. Le jeune Marins, voyant
bien qu'il ne pouvait eschapper qu'il ne fust pris,
se desfeit luy mesme, ID. Sylla, 67. Celui n'est es-
chappe, qui traîne son lien, u. est. Apol. d'ilér.
XXVI.
— ÉTYM. Picard, écaper; bourguig. échaipé;
lierry, achapper; provenç. espagn. et portug. esca-
par ; ital. scampare. En lisant l'historique, on verra
qu'il y a deux formes, escaper el escamper; elles ré-
pondent à deux étymologies différentes : escaper vient
de ex-cappare , sortir de la cappe, se mettre à dé-
couvert (l'italien, remarque Diez, a incappare,
tomber dans) ; escamper vient de ex-campare, sor-
tir du champ, s'en aller. On trouvera dans un exem-
ple du XII" siècle chapt au subjonctif pour eschapt ;
mais c'est une faute; le simple chaper ne pourrait
rien signifier, et ici le vers est faulif, manquant
d'une syllabe, il faut donc lire eschapt.
t ÉCUAQUETTE (é-cha-kè-f) , *. f. Voy. échau-
guette.
t ÉCUARBOT (é-char-bo), s. vi. Un des noms
vulgaires de la châtaigne d'eau, ou trape nageante,
ou macre.
— ËTYM. Le même que escarbot (voy. ce mot),
p.ir une assimilation de forme.
ECUARDE (é-char-d') , s. f. || 1° Piquant de char-
don. Il 2° Par extension, nom donné aux petits corps
aigus, ligneux ou métalliques, qui s'introduisent ac-
cidentellement dans l'épaisseur de la peau. || 3° Un
des noms vulgaires de l'épinoche, poisson.
— HIST. XIII" s Que se garde Du poisson qui a
dure escharde, OEorFRoi w. paris. Ifs 6»i2, 1*50,
ECU
dansLACL'RNR. [Bois] et pleins de nens et escUardeui
[garnis d'échardes], la Hose, 978. || xiv" s. De fust
ardi mainte escharde [il tinlla maint morceau da
bois], G. guiart. Us. f- lo, dans lacurne. || xvi" s.
.... Par choses aiguës et piqua:ites, comme d'une
aiguille, flèche, espine, escharde, pare, viii, 18.
— ÉTYM. Ital. scardo; espagn. escardar, ôier les
chardons; dulatin carduiu, chardon, avec l'addition
du préfixe ex, es. Le sens propre est piquant de char-
don. Il y a dans l'ancien français un verbe eschar-
der, escarder, qui veut dire carder, puis mettre en
fragments.
t ÉCUARDONNACE (é-char-do-na-j"), s. m. Ac-
tion d'enlever les chardons. L'échardonnage se fait
soit avec la main recouverte d'un gant, soit en cou-
pant la racine avec une lame de fer emmanchée.
ÉCUARDON.NÉ, ÉE (é-char-do-né, née), part.
passé. Un champ échardonné.
ÉCIIARUONNER (é-char-do-né), V. a. Débarras-
ser par l'échardonnage.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, el chardon.
tÊCIIARUO.NNET (é-char-donè), *. m. Espèce
de houlette pour couper les chardons.
— ÉTYM. Echardonner.
t ÊCIIARDON'NOIR (é-char-do-noir), t. m. Syno-
nyme d'échardonnet.
t ÉCIIARNAGE (é-char-na-j'), j. m. Synonyme
d'écharnement.
— ÉTYM. Écharner.
ÉCUARNÉ, ÉE (échar-né, née), port, passé.
Peaux écharnées.
t ÊCUARNEMENT (é-char-ne-man), s. m. Terme
de mégisserie. Action d'enlever les parties charnues
que le boucher a laissées adhérentes à une peau,
ainsi que les pattes, les oreilles, les tétines.
— ÉTYM. Écharner.
ÉCUARNER (é char-né), ». a. Terme de cor-
royeur. Opérer l'écharnement. Un outil d'acier t.-ah-
chant à deux manches que l'on nomme i-outeau à
écharner et qui est à peu près semblable à ia plana
d'un charron, Dict. des arts et met. Amst. 1787,
llégissier.
— ÉTYM. Êpoures.... préfixe, et cham, ancienne
forme de chair.
ÉCIIARNOIR (é-char-noir) , s. m. Terme de cor-
royeur. Instrument avec lequel on écharne.
fecHARNURE (é-char-nu-r'), s. f. Terme de cor-
royeur. Reste de chair détachée de la peau. L'or-
donnance du 20 octobre I7u2 défend de jeter dans
la rivière les écharnures ni autres immondices.
Il Façon donnée au cuir qu'on écharne.
— lllST. XV" s. Nul ne jette clkarongne de bestes,
cornes, escharnures, raclures de peaux et autres
ordures es rues, Ordon. des maires, p. 25, dans
lacurne.
— ÉTYM. Écharner.
ËCIIARPE (é-char-p'), s. f. || 1° Large bande d'é-
toffe portée en forme de baudrier ou de ceinture.
Sortons et lui laissons cette écharpe à la main,
rotrou, Bélis. IV, 2. Il Porter une écharpe aux cou-
leurs de sa dame, ce qui se disait aussi porter l'é-
charpe de sa dame. || Fig. La nature.... D'une
écharpe de monts entourant l'Helvélie, iiasson,
Helv. 1. ||2° Insigne de certaines dignités. L'écharpe
de maire. || Insigne de guerre ou de parti. Une
écharpe blanche. Une écharpe tricolore. Là brillent
sous deux croix, vain signe des partis, L'écharp*
de la pourpre et l'écharpe d'Iris, lemebcier, Cliar-
les 17, m, 2. Il Changer décharpe, changer de
parti. Plusieurs se sont trouvés qui , d'écliarpe
changeant. Au danger, ainsi qu'elle [la chauve-
souris] , ont fait souvent la figue, la font. Fabl. u.
5. Notre maire tourne à tout vent, Décliarpa il
change, bébang. Vendanges. || 3° Ornement que
les femmes portent en sautoir, ou qui , entou-
rant les épaules, a les deux bouts ramenés par de-
vant. Une écharpe de dentelle. Une jeune beauté.
Dont le vent fait voler l'écharpe obéissante, a.ciié!».
200. Une écharpe d'azur enveloppait ses formes di-
vines [de Gabriel], chatealb. Mart. ii, 87. || Terme
de tapissier. Nom donné à deux morceaux d'étoffe
coupés en biais et accompagnant une pente dans 1»
décoration des deux côtés d'une alcôve. || 4" DanJage
passé au cou pour soutenir un bras malade. Il a le
bras en écharpe.ji Espèce de bandage destiné à tenir
l'avant-bras fléchi sur le bras et appliqué contre iâ
poitrine. || Fig. et par plaisanterie. Avoir l'esprit en
écharpe, être distrait, préoccupé. || Kig. Le lit est
l'écharpe de la jambe, le lit est nécessaire à uni
jambe malade. || 5" En écharpe, loc. adv. Obliqu»-
ment. Coup de sabre donné en écharpe, de travers-
Il Terme d'artillerie. Batterie en écharpe, celle qui
bat quelque endroit obliquement ou de côté. TifW
RCII
ÉCH
ECH
1273
en écharpe. L'artillerie russe, supérieure en nom-
bre, manœuvrait au galop; elle prenait en écharpe
et en flanc nos lignes qu'elle abattait, jégur, flist.
de Sap. IX, 10. ||6° Terme J'arcliitecture. Espèce
de ceinture qui paraît serrer les coussinets des vo-
lutes aui cli.Tpitea'jx des colonnes ioniques. || PiJ^ce
placée diagonalement dans un bâti de menuiserie,
il Pièce du biti d'un parquet. {| 7" Ternie de ma-
çoniieiie. Cordage qui sert à retenir ou à conduire
les enxins pour lever des fardeaux. || Nom d'une
pièce di fer ou de bois qui soutient la roue d'une
poulie et qui porte le boulon. || Pièce de bois au bout
de laquelle est attachée une poulie et qui fait l'office
d'une demi-chèvre. || Tirant de fer qui, dans une
porte d'écluse, empêche les assemblages de céder
sous l'action continue du poids de cette porte.
Il 8* Terme de marine. Pièce de bois contournée,
partant du dessus des bo.ssoirs, tribord et bâbord,
et se terminant par une courbe derrière la tète de
la figure, à l'extrémité de l'étrave. || 9" Exhausse-
ment établi suivant la ligne de plus grande pente
d'une route inclinée, pour arrêter les eaux pluviales
et les forcer à s'écouler dans les fossés. j| Tranchée
en forme de crois.sant faite dans les terres pour ra-
masser les eaux dispersées d'une montagne. || 10° Es-
pèce de poisson.
— HIST. xiii' s. Et c'est li pains que doivent meire
li pèlerin en leur esquerpe, nu cangk, escerpa. Or
voit Henarl fere l'estuet [qu'il faut le faire] , Escrejie
et bordon prent, si muet [il s'en va), Si est entrez
en son chemin, Ren. (3152. S'il veut porter espée,
porte la chainte desoz son surcot, et non pas à es-
querpe, BEAUM. Lviii, 13. Cel abbé de Clieminon
si me donna m'escliarpe et mon bourdon, joinv.
209. Et au prendre congié que il fesoit à eulz, li
mettoienl en [dans son] escharpe grant foi.son d'or
et d'argent, m. 208. || xiv s. Quant à ceux qui gar-
doienl le bastion de Vendosme, ils le part.igerent
en escharpe de bonne heure, et l'espaule qu'ils y
firent estoit assez avantageuse, d'aub. llist. ii, 3G9.
Jusqu'aux fers d'or sur les escarpes de velours, qui
avoient en ce temps la grande vogue, cahloix, v, 32.
On doit mettre le bras en escharpe, supportant le
coude, PABÊ, VIII, 42. La soie se monstre plus belle
en petites qu'en grandes escharpes ou escheveaux,
0. DE sEBHEs, 4i<5. Un maiiteau en escharpe, la
cape sur une épaule, mont, i, ii)2.
' — Etym. Espagn. charpa; ital. sciarpa, ciarpa.
Le sens propre est poche, sacoche pendue au cou;
ce qui justifie l'étymologie germanique donnée par
! Diez : anc. haut-allem. scherbe, poche;Uas-Khin,
' . sc/iirpe; Brème, schrap. Le sens de morceau d'éiolTe
; taillé obliquement ne paraît que tardivement. Sche-
ler pense que, en ce dernier sens, écharpe vient de
l'ancien verbe charper ou dtarpir, tail er, décou-
per. Mais il n'est pas besoin de faire intervenir ce
I verbe, ce senilile; l'^thurpe, poche, était su.spen-
due; ce sont ces liens qui ont donné le nom à
Vécharpe, qui soutient le bras ou une arme, et dont
la forme fut déterminée par l'usage.
ÉCIURPK, ÊE (é-charpé, pèe), part, passé de
écharper t. Taillé en pièces. Le régiment écharpe
dans cette rencontre meurtrière.
t fiCllARPEMENT (é-char-pe-man), s. m. Terme
militaire. Marcha d'une trouj'O qui écharpe, c'est-
à-dire qui marche diagonalement.
— f.TYM. Écharper s.
i. ÉClIAItPEK (é-char-pé1, V. a.\\ 1" Faire une
grande blessure avec un instrument tranchant. On
lui a écharpe le corps à coups de sabre. Écharper
qiiel(|u'un. Oui peut dans sa fureur m'écharper ou
m'occire, hauterociie, l' Àtnant qui ne flalle pas,
1, t. Il 11 se ditaiissi d'un chirurgien maladroit II a,
dans cette opération, écharpe son patient. || 2° Tail-
ler en pièces. Les fanatiques du Languedoc et des
Cévennes occupaient des troupes qui en écliarpaient
quelques pelotons de temps en temps, st-sim. 128,
I(i7. Il Fig. Je ne con.sentisà laisser écharper ma ré-
ponse, qu'à condition que vous donneriez parole po-
sitive de ne plus répliquer, df.sfontaunes. || 3° Di-
viser certaines matières en les battant ou en les
cardant. 114° S'écharper, v. réft. Se faire récipro-
quement de grandes entailles, ou se tailler en piè-
ces. Ces deux régiments se sont écharpés.
— Etym. picard, écarper. Écharper, en ce sens,
ne peut venir A'echarpe; c'est une autre conjugaison
d'esc)iaT7)ir ou charpir, ancien verbe signifiant met-
tre en pièces (voy, charpie).
t 2. ÉCU.VRPEK (é-char-pé), v. a. Terme de
maçon et de chiirpentier. Faire passer autour d'un
fardeau un cercle pour le lever en y attachant une
écharpe à laquelle tient une poulie.
— ÉTYM. Écharpe.
nirT. DE LA i.ANnrr mAxcAisr;.
t 3. ÉCHARPKR (é-char-pé), v. n. Terme mili-
taire. Marcher diagonalement ou en écharpe.
— Ety.m. Écharpe.
t ÉCIIARPILLER (é-char-pi-Ué, Ji mouillées),
t'. a. Il 1° Terme du langage familier. Mettre en
pièces. Il 2° Terme de tapissier. Diviser, avant de
l'employer, le crin neuf qui est tressé.
— ETYM. Forme dérivée de écharper t.
1 1. ÉCIIARS, ARSE (é-char, char-s'), adj. Vieux
mot qui se dit d'une monnaie qui est au-dessous
du titre légal. || S. m. Ce qui manque à l'aloi d'une
pièce. Cette monnaie a tant d'èchars.
— ÊTYM. C'est l'ancien adjectif eschars, qui si-
gnifie avare; provenç. oscars, escas; espagn. es-
caso; ital. scarso; angl. scarce; d'après Muratori,
approuvé par Diez, d'un participe bas-latin excarp-
sus, de excarpere, excerpere, resserré, réduit; d'où
les acceptions dans les langues romanes.
t 2. ECIIARS, ARSE (é-cliar, char-s'), adj. Terme
de marine. Les vents écliars sont des vents faibles
qui changent subitement d'un rhumb à l'autre.
— ÊTYM. Un vent échars (voy. le précèdent) est
un vent avare, c'est-à-dire très-faible, qui donne
peu.
tÉCHARSER(é-char-sé).|| l'V.a. Diminuerle titre
d'une ])ièce de monnaie. || 2° V.n. Terme de marine.
Varier, faiblir, en parlant du vent. Le vent écharse.
— ÉTYM. Voy. ÉCHARS I et 2.
f ÉCHARSEÏÊ (é-char-se-té) , s. f. Terme de mon-
naie. Défaut d'une pièce qui n'est pas du titre or-
donné.
— ETYM. Échars. Écharseté voulait dire avarice.
ÉCIIASSE (é-cha-s'), s. ^. || 1° Bâton garni d'un
étrier auquel on attache le pied pour marcher dans
les terres marécageuses ou sablonneuses. Marcher
avec des écliasses. || Fig. Être monté sur des échas-
ses, avoir de longues jambes. {| Se dit aussi de souliers
très-hauts. C'était [M. le ducj un petit homme len-
Iru, monté sur des échasses; tant ses souliers étaient
hauts, ST-siM. 83, 2:14. Il Par une seconde figure,
monter sur des échasses, s'efl'orcer de se grandir
dans l'opinion des autres. Le nain monte sur des
échasses; Que de nains couronnés paraissent des
géant.»! volt. Lett. Prusse, t n. |i Monté snrdes échas-
ses, qui se guindé, qui emploie les grandes paroles,
les grands sentiments. [Canillac] Toujours sur les
échasses pour la morale, riip.inenr, la plus rigide
probité, le débit des sentences et des maximes, st-
sim. 393, 79. Il 2° Fig. Des échasses, des choses qui font
paraître plus grand Ces vers.... Montés sur deux
grands mots comme sur deux échas.ses, boil. Saf.iv.
L'hyperbole aux longues échasses, gbesset, les Om-
bres. Les échasses de l'étiquette (juindent bien haut
un coeur bien bas, béra.ng. Vertu de Lis. || 3" Ternie de
maçon. Règles de bois entaillées, qui serventà mar-
quer la longueur et la largeur des pierres lorsqu'on
les taille. || Perches qui servent à soutenir les bou-
lins pour échafauder. || 4° Terme de zoologie. Genre
d'oiseaux à jambes très-longues.
— HIST. XII' s. Fêtes eschace de fresne ou de seû
[sureau]. Bat. d'Aleschans, v. (520. || xm" s. S'avoit
un pié chaucié. Et l'autre avoit trenchié. Si aloit à
eschace [avec une jambe de bois], Fabliaux mss.
ri° 7218, f° 269, dans lacjrne. || xvi" s. 11 le fault
juger par luy mesme, non par ses atours.... la t)ase
n'est pas de la statue; mesurez-le .sans ses esclias-
ses, MONT. I, 325.
— ETYM. 'Wallon, /lèse; namurois, chache; rou-
chi, écase, écache; de l'ancien flamand sc/iae/se,
échasse; hoUand. schaats, échasse et patin.
t ÉCUASSERl (é-cha-se-ri), s. m. Variété de
poire fondante.
ÉCIIASSIER (é-cha-sié; Vr ne se lie jamais; au
pluriel, l's se lie : les é-cha-sié-z à longues jambes),
s. m. "Terme d'histoire naturelle. Ordre d'oiseaux
qui semblent, à cause de leurs jambes longues et
dénudées, être montés sur des échas.ses.
— HIST. xiii* s. Il ne fu ne clop [boiteux] n'es-
chacier [héquiUard], Ainz s'en vet poignant toz les
sauz, Ren. 28082.
— ETYM. Échasse; provenç. eschassier, monté sur
des échasses, estropié.
ÉCHAL'BOULÉ, É£ (é-chô-bou-lé), adj. Qui a des
échauboulures.
— HIST. XVI' s. Eschaubouillé, cotgrave.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, chaud, et boule,
ampoule.
fXIIACBOCLCRE (é-chô-bou-lu-r'), s. f. Nom
vulgaire des petites élevures rouges qui viennent
quelouefoissur la peau pendant les chaleurs de l'été,
et causent une vive démangeaison. || Terme de vé-
térinaire. Maladie exanthématique particulière au
cheval et au bœuf.
— HIST. XVI' s. Eschauhouillure, cotoravi.
— ÉTYM. Échauboulé ; saintong. chaubnullure.
t *■ ÊCHAlîDAGK (é-chô-da-j'j, s. m. Nom que
l'on donne dans quelques provinces à l'action de la-
ver la vai.sselle. || Action de passer de l'eau chaude
dans les feuillettes neuves pour s'assurer qu'elles ne
fuient pomt.
— ÉTYM. Échauder i.
+ 2. ECHAUDAGE ( é-chô-da-j'), ». m. Macéra-
tion, dans un lait de chaux, des subrtances desti-
nées à la préparation de lacolIeforte.il Lait de chau
qui sert à blanchir les murs; cette opération elle
même. ,
— ETYM. Échauder 2.
1. ÉCHAUDÉ, ÉE (é-chô-dé, dée), part, passé
d'échauder l.\\V Lavé à l'eau chaude. Un coch'-'nde
laitéchaudé. |1 2° lirûléavec de l'eau chaude. Ecûaudé
par la chute d'une cafetière bouillante. || Chaléchaudé
craint l'eau froide, c'est-à-dire quand on a éprouvé
quehiue grande peine, quehiue désappointonient,
on en redoute jusrpi'à l'apparence. Quoique chat
échaudé ait la réputation de craindre l'eau froide....
VOLT. Lett. en ters et en prose, )06. || On dit dans
un sens analogue : chien échaudé ne revient pas en
cuisine. Il 3° Terme de la préparation des harengs
péchés. Harengs échaudés , harengs qui ont été
poussés à un feu tiop vif. {| 4° Terme rural. Blé
échaudé, blé diuit le grain, maigre et flétri, con-
tient peu de farine, (iraines échaudées, graines
qui , semées sur une csuche très-chaude, ont de
la sorte perdu leur germe.
2. ÉCHAUDÉ (é-chô-dé), s. m. Espèce de petit
gâteau de pâte échaudée (c'est-à-dire mise dans
l'eau bouillante pendant vingt minutes environ),
d'oeufs, de beurre et de seL
— HIST. xiii' s. Nus talemeliers [houlanger] ne
puet cuire au jour de la feste aux mors, se ce ne
sont eschaudés a donner por Dieu, Liv. des met. H.
Il xiV s. Eschaudés chauls, pommes de rouvel ros-
îtes, et dragées blanches dessus, Menagier, il, 4,
— ETY.M. Échaudé I ; picard, écaudé.
t ÉCIIAUUE.VIENT (é-chô-de-man), s. m. Terme
rural. Ëtat du blé et des graines qui sont échau-
dés.
— ÊTYM. Échauder i.
i. ÉCUAUDER (é-chô-dé), t'. a. || 1° Brûler lé-
gèrement et très-vite. || 2° En un sens restreint, cau-
ser une brûlure par l'action d'un liquide boudiant.
Le maladroit m'a échaudé. [{ Fig. et familièrement.
Être échaudé, éprouver une (lerte, un dommage. J'ai
été échaudé dans celte allaire. |{ 3° Laier avec de
I eau bouillante. Echauder une cruche, un vase de
verre. || Dans queli]ues provinces, laver la vais-
selle. Il Oter le poil d'un cochon de lait par le moyen
de l'eau chaude. Voilà un cochon de lait. qu'il faut
échauder. || Jeter de l'eau chaude sur quelque chose.
Échauder de la pâte. || Échauder des feuillettes, y
passer de l'eau bouillante pour s'assurer qu'elles ne
fuient pas. || 4° S'échauder, t). réfl. Se brOler avec
de l'eau bouillante. Elle s'est échaudée en retirant
la marmite du feu. || Fig. Éprouver quelque dom-
mage. La plupart de ces princes.„. Vont s'échau-
der en des provinces Pour le profifde quelque roi,
LA FONT. Fabl. IX, (7. Il Terme rural. Les plantes s'é-
chaudentlorsque, étantchargéesde vapeurs, le soleil
fait noircir les bourgeons.
— HIST. xii* s. Par cel conseil pesme [très-mau-
vais] e oscur Auront esté vers tei parjur, E tes co-
mandemenz despiz; Or en sunt eschaudez e quiz
[cuits]; Apaie t'ire e asuage [adoucis], benoît, ii,
8786. Il XIII' s. Eschauder,rostir,escorchier Les pois-
sons de mer et de flueves, Ren. 20370. Ce me doit
bien cspoenter [épouvanter], Qu'eschaudés doit iave
douter, ib. (794. EtcommencierenlSarasinsà gieter
grosses pierres et pieusagus, et versoient par les fe-
niestres aiguë boudant pour cresliens escauder,
Chron. de llains, 206. || xiv s. Car il estoit jouere
[joueur] as dés, Dont souvent en fu escaudés Tout
sans aiwe [eau] caude ne fu [feu], 1. de condé,
p. (31. Il XV' s. Qu'on meure de faim ne vueil pas,
Mais le trop hasté s'eschaulda [prit chaud]; Il con-
vient aler pas à pas, cii.d'obl. Compl. de l'amaniel
l'amour. 11 ne sçait quel dueil est d'eschauder, qui
onques ne senti't le l'eu, Perceforest . t. vi. f° 7(.
II XVI' s. Je veulx qu'ils donnent une nazarde à Plu-
tarque sur mon nez, et qu'ils s'eschauldeiit à inju-
rier Seneque en moy, munt. ii, vs. Une opinion
pourlaquelle il n'eusl pas voulu s'eschaulder le buul
du doigt, ID. Il, 326. .... Qui l'empesche de se re-
soulilre, craignant de s'eschauder en son jugement,
charron, Hagesse, u, ((.
— ÉTYM. £ pour es.... préfixe, et chaud; waUoD,
bulle, hauder; provenç. escaudar; ital. scaldan.
l. — 160
1274 ÊCl-
t s. ÉCBArrER (é-chô-dê) , V. a. Terme de con-
itniction. Donner *iii (ilaforpls plusieurs couches de
chfiu< ''leiiite 01 claire avant île les passer au Manc.
_ ETVM. li pour es.... préfixe, et chaux (\oy.
CHAi'Di'B). ( liauder ei f/inuifr sont deux formations
peu r<>(.'uli"res de cliaux ; la preinic're sa dit des
rouchei" de cliaui qu'on donne, la seconde de l'ac-
lion de passer des grains à la chaux.
t r.CllAntKL'R, KL'SE (6-chô-deur, deû-z'),
. m. cl /■ i^elui, celle qui échaude.
— frvM fixhauder <.
■( RCIlAl'ld (é-chô-di), t. m. Voy. ÉcnADDis.
j ECIIAUHILI.ON (é-chô-dl-llon, Il mouillées),
it. m. Morceau de fer que l'on présente au feu, afin
de le souder quand il est chaud. || On trouve aussi
cliaudiUon.
— f:TY.M. Échauder.
j ÈCllAt'DIS (é-chô-di), s. m. Terme de marine.
Grosse houcle de fer dans laquelle on passe la liure
du lieaiipré.
ECIIAL'DOIR (é-chô-doir), s. m. || l«Lieu où l'on
échaude. || Vaisseau qui sert à échauder. || 2° Lieu
et vaisseau où les teinturiers écliaudent et dégrais-
sent leurs laines. || 3" Lieu pavé, dans les abattoirs,
où les hDiicliers préparent les liêtes qu'ils ont tuées.
IIIST. XVI' s. Visiter une fois la semaine pour
le moins toutes les liergeries, bouveries, tueries, es-
corclieries. esch.iudciueis, estalles et autres lieux où
lesdils liouciiers uni accoutumé do iiictire et retirer
leurs bestiaux vils ou morts, Lell.pat. 1 3 mars i£.(i8.
— f.TVM /•'f/iiiiider I.
t r.CIIAlIiLKKfé-chô-dur'), !./■. Effet produit sur
la peau par un corps trop chauil, et, spécialement,
par l'eau tiouill.inte. Il a une échaudure à la main.
— f.TVM. f:ilioniler 1.
r.C.UAI'KFAlSO.N (é-chô-fè-zon), *. f. Terme du
laiiKafrc vul^•all•e. lii(lis|upsition qui se manifeste par
quelque éruption a la peau.
— iiisr. XV s. La parolle de eschaulTaison et de
félonie luy faillit, mais non pas la voulenté de (lis
dire, AL ciiAHT. l'Esp. ou ion.vol. des trois vertus.
llxvi's. Ouaiiil l'humeur vieille alors des eaux lais-
sée. Fut par l'ardeur du cler soleil pressée D'es-
cha'uffaison , mah. iv, 34. Joint à cela les solicita-
lions de» jesmles et de Home, et eiicor quelques
eschaufaisons de l'amliassjideur d'Kspa^ne, d'aub.
IlisI 111. ■'•'• Si le lait estoil de mauvaise odeur
comme d'eschaulTaison, c'est signe decUaleur et de
sang adii.ste, pake, xviii, 2i>.
— r.TVM. Eiliitulfer.
CCIIAI'I'PAM', A.VTE (é-chô-fan, fan-t'), adj.
Il !• Oui échaiilTe, i]ui augmente la chaleur. Des
corps échauiraiits. || i° Qui aui-'inente la chaleur ani-
male. Aliment, remède échauffant. || Dans lelangat:e
vulgaire, aliment échauffant, aliment qui resserre
le ventre. || -S. m. Aliment, médicament de nature à
échauffer, c'est-à-dire à exciter l'action organii|fie
dos divers systèmes de l'économie, à accélérer la
circulation et accroître par conséquent la chaleur
animale. Ne prenez pas d'échauffants.
— f.TVM. Ecliaulfrr.
■f f.C.llAL'FHî' (é-ch4-r), t. f. Terme de tannerie.
Étuve dans laquelle on dispose les peaux à laisser
a;ler les poils dont elles sont couvertes.
— f.TVM. itdiaiilfer.
ftCllAUFKfi, f.K. (échô-fé, fée), part, passé.
Il 1* Oui asulii l'action de la chaleur. Le mur échauffé
parlesrayonsdu soleil. || 2° Fig d'une laide femme
ils ont l'Ame échauffée, RCa.Nitn, Sut. vu. Échauffé
du vin et du la tiéliauchc, ils montent tout armés
au haut du reinp.irt, d'aiilancouht, ^rr. liv.i, dans
mciiEi.KT. Il donne aux songesde son esprit échaull'é
le poids des révélations, uvss. Ateiil. Cire. Je les
trouvai écliauffés sur une dispute la plus mince
(lu'on se puisse imaginer. yoNttSQ. Leit. pers. i&.
Échauffés par l'espoir ou glacé." par la crainte, volt.
l/f'inpi', I, 4. Il 11 se dit aussi iie la télé, de la poi-
trine, où une chaleur incommode et même morlmle
se fait sentir. On a la poitrine échauffée, dascourt,
Ctphale et l'rncris, l'riiliigue. || 3° Teint échaulTô,
teint marqué de taches rouges, de boulons, signes
d'échauffemenl. lia le leinl écliaullé, la bhuy. vt.
Il Dans le langage vulgaire. Oinstipé. || i" Bois
échaullé. liois qui commence il se gâter, à se pour-
rir il 5" S. m Nom tW'tiui à une Certaine odeur rance
due k la chaleur, à l'HntassMment. Celle viande sent
récUnutré. i> hié sent l'échaullv.
I l-.r.llAl FFf.K (é-chéléi), i. f. Première opéra-
tion di'Mji.iun iTs pour chauffer le fourneau.
— K.rvM hyiuti(i[é.
tCllAl KFF.MKXT (é-chft fe-man), ». m. |l !• Ac-
tiou d'écbaulfer. L'écliaulfemenl des terres par l'ac-
tion solaire. || 2* Augmentation de chaleur dans
ECH
l'économie animale, caractérisée par un sentiment
d'ardeur, par de la soif, par la constipation, par
des ébuUitions et des démangeaisons dans tout le
corps, par un teint animé. || 3' Dans le langage vul-
gaire, synonyme de constipation. || Se dit quelque-
fois pour désigner uneblennorrhagielégére.|| Terme
de vétérinaire. Êchauffement de la fourchette, ma-
ladie du pied des solipédes. || 4* Ëiat de grains, de
farines qui ont subi un commencement de fermen-
tation par la chaleur.
— IIIST. XVI* s. Comment puis je sentir eschauffe-
ment pareil A celuy qui est prés de sa flamme di-
vine? DU BELLAY, VI, 8, rcclo. Et là attirer la
garnison de Ca.stel-Jaloux par divers eschauffements
[provocationsl , d'aub. Ilist. ii, 285,
— Etym. Échauffer; provenç. escalfament.
ÊCHAUFFEIt (é-chô-fé) , v. a. || 1° Kendre chaud.
Le soleil échauffe la terre. Les oiseaux échauffent
leurs petits souS leurs ailes. || 2° Causer un excès de
chaleur dans l'économie animale. Les liqueurs al-
cooliques échauffent le corps. || Absolument. Ce
n'est pas par la nature des aliments que le maigre
échauffe, J. J. bouss. Ém. i. || Dans le langage vul-
gaire, se dit pour constiper. Certains aliments
échauffent. {| Terme de vénerie. Échauffer les fai-
sans, leur donner une nourriture échauffante, afin
d'exciter à la ponte les jeunes femelles. || 3" Il se dit
aussi de l'aclion qui cause une sorte de fermenta-
tion et d'altération dans les substances organi-
ques. Ils y contractaient une moisissure, une es-
pèce de mousse qui les échauffait, raynal, Uisl.
phii XVI, 17. Il 4° Fig Échauffer quelqu'un, lui
donner une sorte de chaleur morale qui l'excite,
l'enflamme, l'irrite. S'il est prompt et bouillant,
le roi ne l'est pas moins; El comme à l'échauffer
j'appliquerai mes soins.... corn. Nicom. lit, 2.
Laissons cette matière qui t'écliauffe un peu trop,
MOL. Critique, <. || 11 se dit aussi des choses. Pour
échauffer notre amour, B0--S. Euch. 3. Echauffant
par mes pleurs ses soins trop languissants, UAC.Uaj.
IV, I. Echauffer mes transi.orls trop lents, trop
retenus, ID. Fliéd. iv, 4. Figuie-toi Pyrrhus, les
yeux étincelants, El de sang tout couvert échauf-
fant le carnage, m. Andr. ni, 8. || Absolument. Les
conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer,
comme le soleil de l'hiver, vauv. ilax. eux. ]; 5° Fa-
milièrement. Échauffiir les oreilles, impatienter,
irriter. Ketire-toi, te dis-je, et ne m'échauffe pas
les oreilles, mol. j4rarc, ii, 3. Qu'elle ne vienne
pas m'échauffer les oreilles, iD. Fem. sav. m. 8.
Il Echauffer le sang, la bile, la tête à quelqu'un,
l'iiriler. Mes yeux sont trop blessés; et la cour et la
ville Ne m'offrent rien qu'objets à m'échauffer la Iule,
MOL. Mi". I, (.Si vous m'échauffez la tète, je vous
ferai rire d'une autre sorte, ID. l'Aiare, m, 6. 11
ne fallait pas grand'cnose pour leur échauffer la télé,
IIAMILT. Gramm. 4. || 6° Terme de vénerie. Échanff'er
la voie, la suivre avec ardeur. || 7" Terme de manu-
facture. Échauffer une étoffe, la rider en la fouknt
trop. 118" S'échauffer, f. réfl. Devenir chaud. Les
continents s'échauffent pendant l'été. Il avait la
fièvre et ne put s'échauffer auprès d'un bon feu
Piiichérie répétait des vers, en se promenant à
grands pas pour s'échauffer, m"' de genlis, Veil
le'cs du c/idl. t I, p. i-u, dans pougens. || 9° Se
donner une irritation. Ne courez pas tant, vous
vous échaufferez. Il s'est échauffé en travaillant
trop. Il On dit de même : 11 est trop sédentaire;
son sang s'échauffe. || 10° Fig. S'animer, s'exciter.
Puisque chacun, dil-il, s'échauffe en ce discord,
CORN. Ilor. m, 2. Tu me contais alors IHiistoire
de mon père; Tu sais combien mon âme, atten-
tive à la voix, S'échauffait au récit de ses nobles
exploits, RAC. l'Iiid. 1,1. Uon homme s'échauffa
là -dessus d'un zèle dévot, pasc. l'rov. (. Un
homme s'échauffe lui-même par de faux raison-
nements, Boss. Ciinn. de Dieu, (. À mesure qu'il
s'échauffait contre l'Eglise, ID. i'ar. t. On dira peut-
être que le sujet ne valait guère la peine i|u'on s'é-
chaulTàt; car de quoi s'agissait-il? de savoir si les
Heurs et les fruits suffi.saieiit pour établir les
genres.... roNTEN. Tournefort. Puis, s'échauffani
peu à peu. il se répandit en reproches et en injures
contre les Romains en général et personneliemenl
contre Quintiiis, bollin, Ilist. anc Œuvres, t. viii.
p. 362, dans poiOENS. Le peuple s'échauffera pour
un acteur comme il aurait lait pour les affaires,
MOXTESQ. t'spr. m, 2. Il 11' Se mettre en colère,
s'emporter. C'était se moquer que de s'échauffer
ainsi pour rien, iumilt Cramm. t. || S'échauffer en
son harnois, parler de quelque chose avec beaucoup
de véhémence et d'émolion. || 12° Par extension. La
dispute s'échauffe. Le jeu s'échauffe. l.es brigues
ÉCH
s'écbautTent, vacgel. Q. C. Ut. iv, dans iucirei.ET.
La guerre s'échauffe tous les jours, «év. 148. D«
parole en p#"ole le différend s'écbautfa jusqu'à tel
point que la femme demanda son bien et voulut s«
retirer chez ses parents, la font. Vie d'Ésope. Si,
pour éprouver et châtier ses enf.ints, il [Dieu] per-
met que la persécution s'échauffe contre eux, boss.
Polit. VI, ii.e.Le premier ministre des Indes elle nô-
tre .soutinrent dignement les droits de leurs maîtres;
la querelle s'échauffa, volt. Babouc. || 13* Terme de
chasse. S'échauffer sur la voie, se dit des chiens qui
suivent la voie avec trop d'ardeur. || 14* On dit que
des substances organiques, grains, farines, eus.
s'échauffent, quand elles ont subi un commence-
ment de fermentation par la chaleur succédant à
l'humidité. Ce grain, celle farine risque de s'é-
chauffer dans ce lieu. || Proverbe. Les cabareliers,
le mauvais train échauffent les maisons, c'e5t-à-<lire
ils y logent les preciers, sitSt qu'elles sont bities
et avant qu'elles v^ <nt sèches.
— IIIST. XII* s iu --.d li reis fut de grant aage, et
quant l'um le c "^'J, eschaulfer ne poeit, lloit,
p. 220. Il xm" s. Av anateur meîsme moult souvent il
jouoit, Et li uns et j autres forment s'y eschauffoit,
Jeudedet, jlbin. t. il, 23i. [La dame] Qui aukei
[un peu] est jàeskaufée Del fu [feu] dunt Gui;emer
se sent, marie, Guijemi-r. Tant que mon cors [j']
eusse un peut eschaufé, Uerte , xlv. Car aussi com
quant est li pors [sanglier] Eschauffés des chiens
par effors. Et il à tous estai leur livre. Tant que les
pluiseurs à mort livre, Bi. et Jeh. t. 4360. Li ti/
deable, li maufé. L'ont si en amer [aimer] échaufé,
la Rose, 0416. Ele tint ung brandon ffamant lllam-
banl] En sa main destre dont la llame A eschauffée
mainte dame, ib. 3138. Les chevaus estoieni lassez
et le jour esloit eschaufé, jqinv. 227||xiv*s. Cer-
tains esbateniens, comme Inities ou cour.ses, pour
soy escliauffer et exercitcr, obesue, Etii. «4. Ainsi
grans menaces coroint, Mais les Bretons tout escou-
toint Sans s'eschauffer ne poy ne grant, Litre du
bon Jehan, v. 3212. De l'un coslé et l'autre pensuent
de frapjier, Ainsi que la bataille se prist à eschauf-
fer, Guescl. v. t9i63. Touie personne qui s'eschaufTe
en sa parole n'est mie bien attrempée en son sens,
Hénagier, i, 8. || xv* s. Madame sa mère, qui fut
toute ensoignéede le rapaiser, tant estoii eschauffé
elaïré, froiss. i, i, luu. ||xvi*s. Hanibal avoit
faicl espandre du feu par tout son ost pour eschauf-
fer ses soldais, mont.i, 201. M. L'admirai, qui n'es-
toit pas novice es affaires d'cstat, prévoyant que le
jeu s'alloil eschauffer, lanoue, 646. Elle pendit sur
le feu un grand vaisseau plein de vin, el pendant
qu'il eschauffoit.... tveb, p. 667. Toute rigueur
s'amollit par prière; Tout gentil coeur sesthauDe
d'amitié, bons. 756. Essayant par des manières in-
sinuantes de l'eschaufer en sa faveur, J/em. juf
Uuyucscl. 13. Benoist monsieur, dil Pan urge, vous
vous eschauffez dans voslre harnois, à ce que je voy
et cognoy, bab. l'ant. iv, 7.
— ETVM. É pour es.... préfixe, et chauffer; pi-
card, écaufer; provenç. escatfar.
ÉCIlAl'FKOl'UÉE (é-chô fou-rée), I. /■. || 1* En-
tre[irise téméraire, mal concertée. || 2° Terme de
guerre. Itencontre imprévue. Il venait de se passer,
non loin de là, une éch.iullourée sur laquelle Murât
se taisait; notre avant-garde avait été culbutée....
séglr, Wisl. de fiapol. iv, 8. || 3* Terme de prati-
que. Incident de procédure qui tourne mal pour la
partie qui l'a fait naître. || 4* Terme de jeu d'écheci.
Coup hardi, mais malheureux.
— ETVM. Le peuple dit échaffourée. Le fait est
qu'il y a dans la langue du xvi* siècle le verbe chaj-
fourer ou chauffourer ; Tousjours se vauliroit par le«
fanges, sechauirouroit le visaige, bab. 6'arg. i,ii ; U
ratissoil le papieî, chauffouroii le parchemin, lo. ib.;
Leur retraite mesnie est pleine de corruption, l'idèâ
de leur amendement chaffourée, most. m, 206. Ce
même verbe se tiouve avec le préfixe es : Je suis
bien marry qu'il m'ait fallu apporier cet exemple et
le mettre icy, d'autant qu'il est d'une personne pri-
vée el de basse condition, pour ce que j'ay dviilieré
do n'escafourer mon papier de si peines personnes,
brant. Dames gai. t. ii. p. 64, dans lacurne. Échauf-
fourée vient sans doute de ce verlie; mais chaufuw-
rer d'où vicnt-il? Le verbe (ourrer parait bien y
être; quant au préfixe c'ia ou chau, on peut croire
que c'est l'adject f chaud : fourrer dans le chaud,
c'esl-à-dire dans le feu, de manière pourtant à s'en
retirer, à n'y pas périr.
f.CllAL'FFl'HE (é-chù-fu-r',, s. f. Petite rougeur
qui vient sur la peau dans une échauffaison. || Aclio,i
de s'échauffer, en parlant des substaiices ijrganiqoes
qui fermentent et s'allèrent.
ËCH
— msT. xm» s. Mist l'en son sein, si l'eschanta;
1,1 serppnz par l'eschaufeare Est revenus à sa na-
ture, Fnbliaur mss. dans laclane.
— ETYM. fi.chmiffn.
ÉcnALT.rKrrE (é-chô-ghè-f), ï. f. Espèce de
puérile de bois qui est placée sur un lieu élevé el
Oïl l'on mel une senlinellc.
— SYN. ÉCHAUGUETTE, GUÉBITE. L'échaUgUeUe BSt
en bois; la guérile peut être en bois ou en pierre.
— IIIST. XII' s. Mil escliargaile les gailcnt en veil-
lant, «nnc. p. (U.||xiii's. La nuit fis! l'escliargaile
Godefrois de Bouillon, Ch. (VAnlinche, m, 704.
Commandée fui l'eschauguette X ceulx d'Alhenes....
Trois mille hommes de nuit veilleront. Oui toute l'osl
e.schaugueterent. Alliis, dans du cakge, scaraguryla.
Il XVI' s. Or y avoil-il enlre leurs deux camps une
Initie forte d'a.ssiette et couverte de bocages à l'en-
tour, cl y avoit des eschoguettes, dont on pouvoit
descouvrir de loin vers l'un el l'autre camp, amyot.
Uarc. 47. Les anciens nous servent d'eschaugueltes
pour voir de loin , pabé , Au lecteur. Los guerres ci-
viles nous mettent cliascun en eschauguetle en sa
propre maison, mont, iv, loo.
— ÉTY'M. Bas-iat. scaragttaita , du germanique :
suédois, scara; allem. Scliaar, troupe, bamie, et
guetter (voy. guetter) : troupe qui fait le guet.
ÉCll.AULEn (é-cholé), v. a. Voy. chauler.
t lîCIIAU.ME (é-chô-m'), s. m. Terme de marine.
Voy. F.ciioME.
T ÉCIlADMEn (échô-mé), V. a. Terme rural. Ar-
racher le chaume, le pied du blé après la moisson.
Êchaumer un champ.
— ETYM. É pour es.... préfixe, et chaume.
t ÉCIIACX (é-chô), s. m. Terme rural. Rigole
pour l'écoulement des eaux ou pour l'irrigation.
— Etysi. Ce paraît être une corruption de éche-
nal. /'chenaux.
ÈC.IIK (è-ch'), s. f. Terme de pêche. Voy. aiciie.
— iriST. xiv s. Lip'ie et ameçon avec esche de
char, Hénagier, II, 6. se tu veulx faire bonne esche
[amadou) pour alumer du feu au fusil, ib. ii, 6.
— ETYM. Lai. esca, aliment, amorce.
t ÉCIIEaBLE (é ché-a-lil'), adj. Terme de com-
merce. Qui peut, qui doit échoir. Un eflet échéable
à telle époque. On dit mieux échéant.
— IIIST. xvi' s. Héritages redevables de coustume
echeable, comme de cliair, pain ou grain assis en
la prt^voslé de Troyes, sont eclieablès et mainmor-
tables, S'nureau coust. génér. t. m, p. 272,
— ETYM. Éclioir.
ÊCHÊANXE (é-ché-an-s'), s. f. \\ 1» Époque du
payement d'une créance, d'une rente, d'un billet,
d'un fermage, etc. Négociant embarrassé toutes les
fois que les échéances arrivent. Le payement se fait
rarement aux échéances convenues; el ce manque-
ment de foi a toujours divisé la colonie et les mé-
tropoles, BAYNAL, llist. phil. XIII, 67. || 2° Dans le
langage de la procédure. Terme d'un délai. Le mois
a trente jours; jusqu'à celte échéance Jeûnerons-
nous, par votre foi'? la font. Fabl. x, 16.
— HlST. xiii' s. S'aucune tele esquence est es-
queue à l'omme avant qu'il ait espousé, beacm. xiii,
<a. Esqueance, si est quant héritages esquiet de
costé par le [la] defaute de ce que cil qui muert n'a
nul enfant, m. xiv, 3.
— ETY.M. Échoir; provenç. escazenxa; espagn.
escaencia; ilal. scadcma.
t ÊCUÊAiNXlER (é-ché-an-sié), t. m. Terme de
commerce. Carnet de négociant, pour inscrire les
échéances des effets à recevoir ou î acquitter,
— ETYM. Échoir.
ÉCIIÉANT (é-ché-an), part, présent du verbe
échoir. Un billet échéant dans le courant d'avril.
Les termes échéant en juillet. || U s'emploie quel-
quefois adjectivement. Les billets échéants. Les
termes échéants.
ECHKC (é-cliék; au pluriel, des é-chtk; l's ne se
lie pas: des é-chùk inattendus; cependant quelque.s-
uns la lient; des échèk-z iiiatlendus), i. m.|| 1° Terme
qu'on emploie au jeu d'échecs chaque fois qu'on at-
taquai le roi ou qu'on met la reine en prise. Échec
au roi. Echec à la reine. U se couvrit di l'échec par
un pion On ne peut se couvrir de l'échec du cava-
lier. Kdire échec. Ë ro en échec, |i Échec et mat, se
(lit q and le roi ne peut plus se couvrir ni se reiirer,
ce qui ilécide du ga n de la partie. Faire le roi échec
cl mal. Kiireéi hec et mat, g giier la partie. Mon ro
e-t e.'l.ec oi mat, ou je suis échec et mal, c'est-à-
<li.re j'ai iierdu la partie. || Fig. Kl n'était, quel qu'il
1 lU, mu eau dedans le plai Oui des yeux ou des niaiii>
n'. n. un éclie.- et mal, réonier, Sal. x.Nous.'e trou
vâme^ [.M. de Pomponne] et les dames qui nous reçu-
rent fort gaiement; on causa tout le soir; on joua
ECU
aux échecs; ah! quel échec et mat on lui préparait j
i Saint-Germain {aa destitution ; I sÉv. 380, La vie de I
la cour est un jeu sérieux, mélancolique, qui ap-
plique; il faut arranger ses pièces.... el après toutes j
ses rêveries et toutes ses mesures on est échec, el
quelquefois mat, la briiy. viii. Le roi qu'on n'osait
ni SI courir ni abandonner fut échec el mat, volt.
Leit. Prusse, 67. || Ëcliec et mat, sorte de proposi-
tion elli|ilique pour dire (|u'on n'a [las réussi, qu'on
a échoué dans une entreprise. Échec el mat, se dit
le vieillard en se rasseyant tranquiUeuienl; par-
bleul voilà une maltresse femme, ch. de bebnard,
la Femme de 4o ans. § x. |1 Tenir en échec, nieltre
dans l'impossibilité d'agir, de prendre une résolution.
Si vous voulez qu'il puisse trouver la vérité, chassez
cet animal [une mouche bourdonnante], qui tient sa
raison en échec et trouble celte pui.ssanle intelli-
gence qui gouverne les villes el les royaumes, pasc.
Pensées, t. i, p. 268, éd. La hure, tsoo. Ne savez-
vous pas comment les jansénistes les tiennent en
échec? m. Prav. >. Vous lui supposez une audace,
une présomption qui tient ses lumières en échec,
MARIVAUX, dans desfontaines. Il Tenir en échec, se
dit aussi d'une troupe de guerre qu'on empêche
d'agir. De là ils tinrent en échec leur ennemi, qui
souffrait également et de la chaleur du climat et du
défaut de rafraîchissements, bavnal, llist. phil. x,
16. Il 2° Dommage, revers. Sa fortune a éprouvé un
échec considérable. Etside quelqueéchec notre faute
est suivie, Nous disons injures au sort, la font.
Fabl. vil, 44. Pourquoi sortirait-il d'une situation
brillante, quoique non assurée, pour se jeter dans
une situation si critique oii le moindre échec pouvait
tout perdre, où toul revers serait décisif? sf.cub,
Iliit. de Napnl. il, 4. || Perte considérable éprouvée
par une armée. L'échec d'Inkowo venait de décider
Napoléon; dix mille chevaux russes, dans une ren-
contre d'avant-garde, avaient culbuté Sébastian! el
sa cavalerie, id. ib. vi, I.
— h;st. xiii' s. Au roc [avec le roc, la tour] [il]
en prist un grant tropel. Et dist eskec; moult li fu
bel, FI. et Bl. fl. v. 2II7. [Il] L'assailli pur II des-
confire, Eschec et mat li ala dire, la llose, fi67G.
Il xvi' s. Ainsi, à divers tours de vieille guerre, les
endommageoit, et conduisoit tellemenl ses entre-
prises que sur ses ennemis avoii tousjnurs eschec à
i'advantage, jean d'auton. Annales ae Ln-iis Ail,
p. 134, dans LACURNE. L'artillerie fit son -is hec
[coup] dans les Mutinades, d'aub. llist. m, 303. Une
grande sortie sur le reste fit un merveilleux eschec
sur les Turcs, carloix, i, 4i. M. de Vieilleviile, qui
avoit laissé M. le prince de la Uoche-sur-Yoïi en
peine de lui, le voulut bien lever de cet eschec [in-
quiétude], ID. IV, 4.
— ÉTYM. Voy. ÉciiFcs. Il y avait dans l'ancien
français escheq, eschieq, eschac, qui signifiait butin
et que Diez rattache àl'ancien hauta!lemandic/i(î/i,
butin , le c empêchant de raltacner ce mot à
échoir.
ÊCUECS (é-chJ; l's se lie: des é-chè-z en ivoire),
s. m.plur. Il 1° Jeu qui se joue à deux personnes, sur
undamierdec>4cases, avec huit pièces ethuitpionsde
chaque côté. Le premier joueur d'échecs du royaume,
HAMiLT. Gramm. iO. || Aux échecs les fous sont les
plus près des rois, signifie qu'à la cour et prés des
princes les gens peu raisonnables sont souvent en
grande faveur. Les fous sont aux échecs les plus
proches des rois, régnieb, Sat. xiv. || Kig. Il se passa
en Flandre des choses plus intéressantes; ce fut d'a-
bord un beau jeu d'échecs [savantes opérations mi-
litaires], et plusieurs marches du prince d'Orange,
ST-siM. 80, 91. Il 2° L'ensemble des pièces de ce jeu.
Des échecs en ivoire.
— HlST. XI* s. As eschecs jouent li plus saige et li
viel, Ch. de iiol. viii. || xii* s. D'eschas, de rivière
et de chasse, [je] Voil que du tout [il] aprenge et
sace [sache], be.noît, v. h 637. || xiii* s. Puis aprist
il as tables et as eschas jouer, l'arise la duchesse,
DU GANGE, scacatus. Joweir aux escas et ez tables,
ID. ib. Il XV' s. Et trouva le comte de Hainaul son
neveu qui jouoit aux eschecs au comte de Kamur,
FBOISS. I, 1, HO.
— ÉTYM. Provenç. escac; espagn. et portug. xa-
que; du persan slia, roi. La locution échec et mat,
qui signilie en persan : le roi est mort, a donné le
nom au jeu et aux pièces du jeu.
t ÉCIIÉE (é-cliée), s. f. Ouautité de fîl que l'on
place à la fois sur le dévidoir.
— ETYM. H parait tenir au bas-latin eschaota,
écheveaii (voy. Echeveau).
t ÉCliELADE (é-che-la-d'), s. f. Assaut donné à
l'aide d'échelles. On chercha à prévenir les éclie-
lades en donnant plus de relief aux courtines [des
ÈCH
1275
châteaux forts], Hist. littéT. de la France, t. xxir,
p. 7119.
— ETYM. tcheler.
t rciIKI.AiiK (e-che-Itt-J") , I, m. Terme de droit
couliiniier. liroil île poser une éclieiie sur l'béiilagc
d'aulrui. afin de recoiiatruire ou de reparer un bA-
tiinenl ou un mur. || 'lerme de uiclalluigie. J'arlie
du fourneau des grosses foiyes.
— IIIST. xvi' s. La tolérance ou souffrance d'au-
cun qui a soulTcrt aulruy avoir vuiie, aigousl ou tu-
chellage en son htritage, ne donne ne fail acqucir
jouissance contre luy, sans tiltre exprès, Couslum.
génér. t. i, p. 79.
— ETYM. Échelle.
■t fiCIIELEH (é-che-lé. Vl se double quand la syl-
labe qui suit est muelle : j'échetle. j'échellerai). ». a.
Il 1° E.scalader en appliquant l'échelle. Il échelle
la muraille. Je ne vois échelcr ni rempart ni mu-
raille, Parnasse des muses, dans leboix, Ihct. co-
mique.\\2° Terme militaire. Synonyme d'échelon-
ner. Il 3" Terme d'ancienne législation. Exposer un
criminel sur une échelle pour lui faire faire amende
honorable.
— lltST. XIII* s. Pour la grant cité de Dieu prendre,
Et pour les cieulx beaux escheller, nu canoë, es-
chaltare. \\ xiv* Il perçoit [vou| le chasiel qui estoit
aliimez. C'est assavoir qui est esclanez à tous lez,
Pour la double de ce qu'il ne fust eschelez, liuescl.
V. 6506. Il XV' s. Ains gagnoient et conqueroieiit
villes el forts chasleaiix souvent, les uns sur les
autres, par force et par poiirchas, par embler et
par escheler de nuit ou de jour, fBoiss. i, i. 3S4.
.... Mariez qui autre femme prentEsl eschellez selon
le droit des cours; Dame à aiui, qui fait un antre
amant. Doit estre mise en lescliiplle d'amours, eust,
DESCII. Poésies mss. dans LACUB^K. || xvi* Nos opi-
nions s'enlenl les unes sur les autres, nous eschel-
lons ainsi de degré en degré, mont, iv, 237. Au
haut justicier appartient la c^gnoissance des cas et
crimes punissables de mor', ./lutilation de membres
et autres peines corpor''Jieâ, connue fustiger, fouet-
ter, pilonser, eschelle. , marquer, Cousltim. génér.
t. I, p. 870. Les rats e,sclielaiis le colombier plus
facilemenl par les eiicoigneures de dehors, o. de
SEBBES, 38-2.
— ETYM. Échelle; provenç. escalar, tscaliar,
espagn. escalar; ital. »ca/arc. On trouve aussi et-
caler au xvi' siècle : Il avoit escallé une maison, ravi
une fille el tué quatre ou cinq personnes de qui elle
estoit héritière, d'aub. /■'œn. iv,6.
■[ ÊCIIKLET (é-che-lè), s. m. Genre de passeieaux
lénuiroslres.
— ETYM. Échelle, à cause que ces oiseaux sont
grimpeurs.
ÉCIIKI.ETTE (é-che IM") , t. f. \\ 1° Sorte de pe-
tite écholle allachéeà côlé du bàl pour y accrocher
des gerbes, des bottes de foin ou des légumes, etc.
Il 2° Ridelle qu'on met sur le devant d'une char-
rette, el qui sert à retenir la charge. || 3' Outil de
passementier. || 4° Terme de musi(]ue. Instrument
dit aussi régale, formé de lames de bois dur qu'on
touche avec une petite boule d'ivoire attachée à une
petite baguette. || 5° Terme de marine. Laize de toile
à voile, dont la tête ne correspond pas, suivant It
droit fil, à la laize qui est au-dessus. 116° Grimpe-
reau de muraille, oiseau.
— HlST. XII' s. Et li poitrax fu à or estelé. Tôt
environ d'escheletes ovré; Quant li chevax a un
petit alez. L'or retentist et a un son gelé, .lgo/on(,
dans DU GANGE, Gloss. fr. || xvi' s. Les rasteliers ou
escheletes, ou draches , diversement nommées,
esquelles les grains des raisins se tiennent, o. uE
SERRES, 2ns. On y accomodeia au dev.ml une es-
cheleie portant de petits degrés, par les<|iiels la pou-
laille se rendra aisément dans le geliiiier, lu. 348.
— ETYM. Diminutif d'<'t7ic//e.
t ÊCIIELEL'It (é-che-leur), s. m. Anciennement,
soldat, homme hatiile à monter à l'escalade.
— HlST. XV' s. Icellui Guilleteau disl au su|iplianl,
que le sire de Poui [qui élan en pn.son] avoil lait
venir deux des meilleurs esclialleiix de sou pays,
qui avoient failli deux fuis à le meitre hors, nu cawsk,
eschallare.
— ÉTVJi. Écheler.
f 6(:ilELlEB(é-che-lié), *• m Terme de construc
tion. Longue pièce de bois traver:iée par des cheville
pour descendre dans une carrière, oiunter à ul
engin, etc.
— ETV.«. Échelle.
t. ÉCHELLE (é-chè-r),î /■. {| 1° Machine composée
de deux longues pièces de bois servant de supports
à des bâtons disposes de manière à former uu esca-
lier. Monter à l'échelie. Tenir l'échelle. On punit
1276
ECH
comme voleurs ceui qui tiennent le pied de 1 échelle.
Tenir l'échelle pendant qu'il monte, pasc. Prov. 6.
Vous seul, Seigneur, vous seul, une échelle à la
main Vous poriâies la mort jusque sur leurs mu-
railles, RAC. Itér^n.i, 3. Il Échelle double, échelle
qui sert pour monter à l'assaut et où deux soldais
montent de rnuil, et aussi éclielle qui est composée
de deux échelles réunies par le sommet à l'aide
d'une charnière, et qui peut servir sans être appuyée
contre un mur ou un arbre. || Kchelle à incendie,
échelle de fer portée sur un chariot et se repliant
sur elle-même, qu'on emploie dans les incendies.
Il Kig. Tenir l'échelle, aider à l'élévation de quel-
qu'un. Il A[rrès lui il faut tirer l'éclielle, c'est-à-dire
on ne peut mieux faire que lui : locution qui signi-
fie que l'homme qui a monté a fait la besogne, et
qu'on peut tirer l'échelle, élant inutile qu'un autre
nonte aprfcs lui. Lui fit concevoir tant d'audace,
)u'il en monta sur le Parnasse, Puis lira l'échelle
jprès soi, MAlTBE ADAM, dans RicHELKT. 11 fiut tirer
l'échelle après celui là, mol. UM. m. lui, ii, •.
Il Faire la courte échelle à quelqu'un, joindre les
mains de manière que le camarade puisse y poser
un pied, puis porter l'autre sur une épaule et s'éle-
ver ainsi jusqu'aux fruits d'un aibre, jusipi'à la fe-
nêtre d'une maison, etc. Je lui ai fait la courte
échelle, et il a atteint cette branche. || Fig. Faire la
)ourte échelle, aider quelqu'un à se pousser. Ce n'est
pas là ce que je vous demande; est-il bon cama-
rade? peut-Il pousser les autres? les faire valoir?
'es élever? leur faire la courte échelle? scribe, la
Camnradcrie, ii, i. || Terme de jurisprudence. Tour
de l'échelle, servitude qui donne au propriétaire du
b'Stiment auquel elle est due le droit de placer une
échelle sur l'héritage du voisin pour réparer son
mur. On nomme aussi tour de l'échelle un espace
d'un mttrc qu'un propriétaire possède au delà d'un
mur de clôture. Il Fig. Ce qui est, à cause de son
usage, comparé à une échelle. Encelade fendra ce
péiiilile fardeau Qui mi «ervit d'échelle, et, depuis,
de t<imbeau , BOTR. Ilerc "nour. m, a. Sur un bois
glorieux Qui fut moins unei-roix ipi'une échelle des
cieux, ID. SI Gen. ii, 8. || 2° Échelle de corde, sorte
d'échelle faite de corde et qui s'attache à l'aide de
crochets au point où l'on veut monter. Elle attacha
à un balcon une échelle de soie que le comte lui
av.nit donnée, et fit entrer par là ce seigneur dans
l'appartement de sa maîtresse, lesaue , Diable
boit. 4. Il Échelle de meunier, escalier droit et à
jour. Il "Terme de marine. Tout degré, tout escalier
fixe ou mobile. Échelle rie dunette. || 3° Potence.
Autrefois l'échelle était l'ins gne de la haute jus-
tice. Je sais me démêler prudemment de toutes les
galanteries qui sentent tant soit peu l'échelle, mol.
Avare, n, 1. 1| 4* Échelle sociale, ensemble des di-
verses conditions de la société considérées dans leur
superposition respective. || Échelle des êtres, théorie
philosophique qui suppose que, depuis la matière
brute et les derniers des êtres organisés jus'|u'aux
plus élevés, il y a une série non interrompue d'êtres
de plus en plus parfaits. Quand on aura la nomencla-
ture exacte de toutes les espèces que notre globe
renferme, alors, et seulement alors, on pourra dire
si l'échelle des êtres naturels e.st réellement inter-
romjiue, bonnet, Cons. corps or gan Œarres. t. v,
p. m. L'échelle de la nature pourrait n'être pas
simple, et jeter de côté et d'autre des branches
principales qui pousseraient elles-mêmes des bran-
ches subordonnées, id. Contempl. tiat. 3' partie,
ch. 26. Il Échelle de Jacob, échelle mystérieuse al-
lant de la terreau ciel et vue par Jacoli en songe.
Il B° Terme de géographie et de topographie. Ligne
divisée en parties égales et placée au bas d'une
carte ou d'un plan pour servir de mesure, chacune
des divisions répondant à une longueur connue telle
que lieue, mille, mètre, kilomètre, etc. Caite, plan
sur une giaiide, sur une petite échelle. Plan à l'é-
chille d'un dix-millième, d'un cenl-millième, c'esl-
à-diie que toutes les dislances sont dans la ré.i-
lilé luoiiO fois, looooii fois aussi grandes qu'elles
sont fi(;urées sur le plan. || Fig. Travailler sur une
grande échelle, faire un ouvrage de grande pro-
portion, faire de grandes affaires. On dit aussi, en
un sens opposé : sur une petite échelle. I| Terme
de perspective. Échelle de front, division des par-
ties égales sur la ll^;ne horizontale, parodie à la
ligne de la terre: échelle 'uyante, division des par-
ties inégales et de plus en plus petites sur une ligne
de côté, depuis la ligne de terre jusqu'au point de
Tue. I, 6' Miijen de mesurt. Je calcul. Il faut se faire
une échelle pour y rapporter les mesures qu'on
prend, j. j. rouss. ^m. v. || Échelle de proportion,
tableau induiuant par des divisions linéaires ou par
ÉCH
des nombres les variations éprouvées par des valeurs
commerciales. Il Fig. Nous avons en morale, pour
évaluer les crimes, une autre échelle de proportion,
LA HARFE, Cours de lillér. t. v, p. 2:12, Ledentu,
I8'J5. Il Terme de fondeur. Échelle campanaire (du
latin campana, cloche], règle qu'ont les fondeurs
pour proporiionner la longueur, la largeur et l'é-
paisseur d'une cloche à son poids, et pareillement
celles de son battant, pour lui faire rendre certain
son. Il Terme de teinturerie. Un certain nombre de
nuances dont les teinturiers varient leurs couleurs.
Il 7° Terme de mathématique. Échelle arithmétique,
nom de la progression arithmétiiiuo yiar laquelle se
règle la valeur relative des chiffres simples dans un
système quelconque de numération. || Échelle lo-
garithmique, ligne droite divisée en parties im'gales
et qui représente les logarithmes des nombres ou
ceux des sinus et des tangentes. || 8° Terme de phy-
sique. Échelle d'un baromètre, d'un thermomètre,
les différents degrés qui marquent sur ces instru-
ment? les mouvements des liquides qu'ils contien-
nent. Il Échelles des ponts, divisions arbitraires,
ou véritables mesures linéaires, indiquées sur les
piles des ponts pour faire connaître la hauteur de
l'eau au-dessus d'un point qui est le zéro de- l'é-
chelle, et qui est établi soit à l'étiage , soit au ni-
veau des points les moins profonds du lit. L'échelle
du Pont-lîoyal, à Paris. || 9° Terme de musique.
Échelle diatonique, succession des tons rie la
gamme. Échelle chromatique, .série des douze
demi-tons que contient une octave dont on a divisé
chaque ton entier en deux parties censées égales.
Échelle enharmonique, série d'intervalles moindres
d'un demi-ton, et communément appelés quarts de
ton ou commas, sur la consnlérition desquels est
fondé le genre enharmonique. Il suffit d'examiner
son échelle [du chant grégorien) pour se convaricre
de sa haute origine, ciiateaub. Génie, m, t, 2.
Il 10° Terme de marine. Proprement, lieu où un bâ-
timent pousse à terre une échelle ou une planche
pour y opérer le débarquement de ses passagers ou
de ses marchandises, jal. |i Échelles du Levant, nom
de certaines villes de commerce qui sont sur la Médi-
terranée, vers le Levant, telles que Smyrne, Alep, le
Caire, etc. où plusieurs nations de l'Europe tiennent
des consuls et ont des bureaux qui se nomment
comptoTS. Ce qui pressera le grand vizir de se ré-
soudrb proniptement, ou de satisfaire l'ainbas-sa-
deiir ou de laisser embarquer tous les Français des
échelles, DU quesne. Lettre à Seignelay, 8-24 oct
1681, dans JAL. Il Échelles barbaresques, places si
tuées sur les côtes de la Uaibaiie. Aben Hamet s'em-
barqua à l'échelle de Tunis, chateaub. Dcrn. Abeuc.
153. Il 11 se dit aussi d'autres localités de lOiient.
Toutes ces liaisons avec les difiérenles échelles de
l'Inde font entrer chaque année vingt-cinq à trente
millions dans le Bengale, ravnal, //is(. phil. m, 3u.
Il Faire échelle, relâcher dans un port du Levant. On
(lit plus souvent faire escale. || 11° Terme de marine.
Sorte de bec très-avancé ayant la figure d'un triangle
équilatéral qu'on a comparé à l'une des parties
d'une échelle double et qui se trouve dans quel-
ques-uns des bâtiments latins de la Méditerra-
née. || 12° Sorte de crible pour neitoyer le grain.
Il 13° Terme de botanique. Échelle de Jacob, la po-
lémoine bleue [yolemonium cvruleum, L.).
— HIST. XII' s. Par iloec est es chambres Roberz
del Broc entrez; X eschielesiad les chevaliers mun
tez. Th. le mart. (44. || xiu' s. Et II Venicien furent
en la mer, es nez [nefs] et es vaissiaus, et drecie-
rent les eschieles et les mangoiiiaux et les pierriercs.
viLLEii. LXXiv. Il font eschiel [s'échelonnent] en la
mer, ce est à dire qu'il s'esloingnent de le antre
entor de cinq milles, et ensi se partent [s'tcartent]
le une jouste l'autre vingt nés [nefs], si que cent
miles tienentde mer; et tantost qu'il voient aucune
nef de mercaant, il font luminaire de feu le une à
l'autre, et en cestes manières ne pot aler nule nef
pour cete mer qu'il ne l'auent [ayeiit). loy.de Marc
l'ol, ch. 183, p. 224, dans jal. Cil qui jurent vilai
nement de Dieu et de nostre dame doivent estre mis
en esqiieleune horedu jour, BEAiM. 42. Il fist meure
un orfèvre en l'eschieie à Cezaire, en braie et en
chemise, joinv. aaa. || xv s. Si y eut là [au siège dt
Duras] lait sur les eschelles plusieurs grands apper-
tises d'armes, froiss. ii, 11, 4i. L'n geniilhomme
nommé Verdun, par l'adveu et du con.sentement du
duc de Bretagne, prit d'eschelle les places de Conao
et deSaiiit-Maigrin, berry. Chroniques depuis I402,
p. 434, dans LACl'RNE. Il xvi° s. S'arresterent au pied
des degrez de l'eschelle [escalier] par où l'on monte
■en la salle du chasteau, jean d'auton. Annales de
Louis XII, p. 31», dans lacurnb. Elles furent ap-
ÉCH
pelées climacides, comme qui diroit eschelieres,
pour autant qu'elles se courboient à quatre pieds et
faisoient eschelles de leur dos aux femmes des princes
et des loys. m. Cnm. dise. (<■ (latt. 7. Ils ont avec
eulx douze charrettes d'eschales, de la mesure qu'il
les faull, CABLOix, v, 23. Les ennemis vindient avec
un grand nombre d'eschelles bonnes, et bien diiublei
et renforcées, martin du sell. 4iio. Pilori et es-
chelles sont signes de hautes justices; et qui peut
avoir et faire l'un, il peut semblablement avoir et
faire l'autre, C'-nslum. génér. t. i, p. 44.
— Rtym. Wallon, haie; nam. chau/e; picard,
ékelle; Berry, échalle ; provenç. et espagn. ejcolo;
ital. scala ; du latin scala.
t 2. ÉCHELLE (é-chè-l'), t. f. Anciennement,
échelle tactique, évolution ou disposition de l'an-
cienne tactique. Ce mot, qui s'appliquait surtout \
la cavalerie, répondait à escadron ou à subdivision
de colonne.
— Etym. Ce mot est un reste de l'ancien français
eschele, signifiant escadron: De François sont les
premières escheles, Ch. de Rnl. ccivi; Quant nostre
gent les virent, si firent quatre eschieles, villeu.
LXiv; Et li emperere Henris voit [va] sermonant
deschiele en eschiele, henri de valenc. vi. C'est
l'ancien français ticliiere; le provençal esqueira,
escala; anc. catal. eschala; ilaU schiera; du germa-
nique: anc. haut-allem. scara; allem. Schaar; sué-
dois, scara, troupe; de l'anc, haut allem. i^carjan,
skerjan, disposer, ordonner. Esquiere s'est confondu
avec eskiele par assimilation fautive.
t ÉCI1ELLE.MENT (é-chè-le-man) , s. m. Action
d'écheler, d'escalader.
— HIST. xiv s. plusieurs bonnes villes, chas-
tiaulx et forteresces estoient prises tant par eschele-
ment, comme autrement, du canoe, eichalare.
— ElYM. Écheler.
ÉCUELON (é-cho-lon), i. m. || 1° Chacune des
petites pièces de boiS qui fo'ment les degrés de l'é-
chelle. D échelon en échelon on arrive au haut de
l'échelle. |{ ferme de marine. Marche, coche ou ta-
quet servant à poser les pieds pour monter. || 2° Fig.
Ce qui sert de degré d'intervalle en intervalle. Nous
pouvons supposer dans l'échelle de noire globe au-
tant d'échelons que nous connaissons d'espèces; les
dix-huit à vinvit mille espèces de plantes qui com-
posent nos herbiers sont donc dix-huit à vingt mille
échelons de l'échelle terrestre, bonnet, Contempl.
nat. 2° part. ch. ai. || 3° Fig. Ce qui sert à l'éléva-
tion , à l'avancemenL Je vous supplie de ne pas souf-
frir que je tombe dés le premier échelon de ma for-
tune, BiLZ. liv. vu, letl. Bi. Il Le dernier échelon,
l'échelon le plus élevé, le point le plus élevé. Tous
les hommes étaient montés au dernier échelon de
la folie, VOLT. Dial. 10. || En un sens contraire, la
dernier échelon, le premier échelon, le point le
plus bas. Quand l'homme atteint au plus haut degré
de civilisation, il est au dernier échelon de la mo-
rale, ciiATKAUB. Génie, 1, m, 3. || Descendre d'un
échelon, descendre un échelon, descendre de son
rang, de son grade, au rang, au grade inférieur.
Il 4° Terme d'art militaire. Disposer des troupes par
échelons, les dis|>oser sur divers plans, de manière
qu'elles puissent se soutenir et se remplacer. || Il se
dit aussi de postes dispo.sés d'espace en espace.
Quelques postes militaires placés dans quatre villes
en cendre ne suffisaient pas pour garder une route
de quatre-vingt treize lieues; car on n'avait pu éta-
blir que quelques échelons, toujours trop espacés sur
une si longue échelle, séour, llisl. de Napol. vin, 9.
— HIST. xiii's. De l'eschieie les eschilons Ainsinc
copons, et l'essillons De ses amis, qu'il n'en saura
Jà mot, que perdus les aura, la Rose, (I85B. Puis
a les escaillons moult bien amesurés. De l'un deus
pies à l'autre à tant les a esmés [estimes], Ch. d'Aiit.
VI, 363. Il XVI' s. Les pretendans à la couronne trou-
vent tous les eschelons jusipies au marchepied du
throsne, et petits et aisez, mais.... d'alb. llisl. Ul,
288. Le premier eschelon pour parvenir à ce grand
bien de paix est la trefve, carl. ix, 49.
— ËTYM. Échelle; picard, écailton; provenç. es-
caln, scalo.
ÉCHELONNÉ, ÉK (é-che-lo-né, née), pari, passé.
Des postes, des régiments échelonnés.
ÉCIIELOXXER (é-che-lo né),r. a. Terme d'art mi-
litaire. Han^îer par échelons. Échelonner des troupes.
Il S'échelonner, r. réfl. Se mettre par échelons.
— ETVM. Échelon.
t ÊCUENAL (é-che-nal), ». m. Gouttière en bois
pour recevoir l'eau des toits. || Rigole servant da
conduite au métal fondu pour couler une clocfae,
un canon. || On dit aussi écheneau.
— HIST. XVI' S. Si sur mur mitoyen ou parsonnier
ËCH
ECH
ÊCH
1277
sont posez eschenets et chanletles communs à rece-
voir les eaux des deui maisons joignantes, Nouv.
coust. qénér. t. ii, p. H 37.
— Étym. Cheneau ; bourguig. échenet, gout-
tière.
t fiCnÈVE(é-kè-n')ou ÊCIIÉN'ÉIDE (é-lié-né-i-d'),
». m. Poisson qui se fixe aux rocliers et aux vais-
seaux par un (lis(|ue dentelé qu'il porte sur la lête.
— ÊTYM. "E/evT.t;, de ix^tv, retenir, et vaûç, na-
vire.
i lîniF.NEAU (é-che-nô) , s. m. Voy. éciienal.
ÉCIIKNILLAGE (é-che-ni-Ua-j'. Il mouillées, et
nnn é-clie-ni-ya-j'), s. m. Action d'écheniller. La loi
du 26 ventôse an iv prescrit au propriétaire et au
fermier l'échenillage sur les arbres, les haies et les
buissons.
— f.TVM. Écheniller.
ÊCHEMLLÊ, ÉE(é-che-ni-lIé, liée, ZJ mouillées,
et non é-che-Di yé, yée) , part, passé. \\ 1° Arbres
échenillis. || 2" Terme de construction. Grbs éche-
nillé. pierre écbenillée, grès, pierre piquée avec
le marteau, i)ui y fiffure iniantité de petiles liynes
courl'es. ou tortueuses, eu lOrme de clienilles.
ECHE>'1I.LER (é-che-ni-llé, H mouillées, et non
é-che-ni-jé), v. a. Terme rural. Débarrasser des
chenilles. Un maître ordonne qu'on échenille les
arbres de son jardin, volt. Babouc.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et chenille; pi-
card. H-e"'Ver.
t ÉCIIENILLECR (é-che-ni-lleur. Il mouillées,
et non é-che-ni-yeur), s. m. || 1° Terme rural. Ou-
vrier qui éch' nille les arbres. || 2° Terme de zoologie.
Genre d'oiseaux qui vivent uniquement de chenilles
et qui appartiennent à la zone torride où il y a en
toute saison des chenilles ou des larves de che-
nilles. Il Tout animal qui détruit les chenilles dans
les jardins.
— ÈTYM. Écheniller.
ÉCHEXILLOIR {é-che-ni-lloir , Il mouillées, et
non é-ctie-ni-yoir), s. m. Instrument dont on se sert
pour écbendier.
— tTYM. Écheniller.
t ftCUENO (é-che-no), s. m. Terme de fondeur.
Bassin de terre fine et parfaitement liée, en forme
de carré long, ayant communication avec le canal
du fourneau devant lequel il est placé, et recevant
la matière en fusion, Dict. des aris et met. Amst.
176;, fondeur en bronze. || On trouve aussi éche-
ne?u, qui est la véritable orthographe.
— - ÉTYM. Voy. ÉCHENAL.
ÉCHEVEAU (é-che-vô), s. m. || 1° Certaine lon-
gueur de brins de fil, en coton, en soie, en laine,
en chanvre ou lin, moulinés; ces brins sont roulés
en forme de cercle et atlacliés à une partie de ce
cercle par le bout qui en réunit tous les tours et
qui s'appelle centaine. Les filles du village.... Pei-
gnaient leurs longs cheveux qui pendaient en dehors
[des balcons I Comme des écheve,.ux.... lamart. Joc.
I, 34. Il Terme do commerce. Assemblage de dix
échevettes. Dans la filature du coto.i, l'écheveau
français métrique doit avoir mille mètres. || 2° Kig.
Affaire ou narration d'afl'aire longue et embrouillée.
C'est un écheveau qui ne finirait point, sÉv. tC7.
— HIST. xiv* s. Le suppliant print trois eschez de
filet, DU GANGE, eschaita. Six ou huit eschiefs de
fil blanc, ID. ti). Il XV' s. Abusé m'a et fait entendre....
Du matin qu'estoit le serain.... D'une tour un moulin
à vent. Et d'une baye ung escheieau, vu-lon,
G. test, double ballade. Deux esclievetes de fil,
BU GANGE, esc/moto. Trois eschevaulx ou escaignes de
fil, lu. ib.
— ÊTYM. Pic. ékignée, écagnon, écaigne, écane,
échet. e'ckit; gériev. èchevelte; wallon, echè; rou-
chi,fc/iè, e'què; bas-lat. eschaola. Les formes de
l'ancienne langue ou du patois, telles que escaigne,
ékignée, écagnon, écaigne, écane, viennent del'an-
glaj.i i/xcin, écheveau, lequel provient probablement
duieltique : gail.sgein, sgeinne; irl. sgaine, éche-
veau. Les formes qui ont un t ou une f, esckaola,
eschez, eschiols, échet, échil, ne paraissent pas pou-
voir y être rattachées; à ces formes tiennent sans
douli- eclné, quantité de fil sur un dévidoir. D'autre
part la langue a aussi echeau, ancien terme qui
désignait une sorte de buis pour la tonnellerie (Cha-
cun eclieau de grand bois à faire pipes, Arr. du
parlein. 16 sept. 1577), et esrheveau, poutre (Icel-
luy trayné après eulx, menacé de pendre à l'escbe-
vcau de sa maison ou au premier arbre qu'ilz trou-
veroient, Ordonn. juillet 1498). On a proposé pour
éclMeau l'élyiuologie es-chevel, comme qui diroit
échevelé; le sens n'est pas bon. Scheler propose
scapellus, diminutif du latin fcapus, rouleau ; sca-
pellut pourrait donner en effet eschevel, et le sens
de poutre ou poutrelle qu'a 6\iescheveau vient gran-
dement à l'appui de l'opinion de Scheler.
ÉCHEVELÉ, ÉE (é-cheu-ve-lé, lée; commedeux
e muets se suivent, le premier prend le son de eu),
adj. Il 1° Oui a la chevelure éparse et flottante. Elle
accourt l'oeil en feu, la tèteéchevelée, boil. Lutr. ii.
Ou tel que d'Apollon le ministre terrible, Impatient
du dieu dont le souffie invincible Agite tous ses
sens. Les yeux étincelants, la tête échevelée, Du
temple fait mugir la demeure ébranlée Par ses cris
impuissants, J. B. Bot'ss. Ode au comte du Luc.
C'était un jeune homme d'une figure charmante;
pAle, échevelé, baigné de pleurs, il était à genoux
au chevet de mon lit. M"* de gf:nlis, Mlle de la
Fayette, p. 36, dans lacubne. Un de ces soirs fa-
meux, chers au peuple romain, Oii des temples
secrets la Vénus impudique Sortait échevelée, une
torche à la main, A. de musset, Poés. nour. Lelt.
à Lamartine. || Poète échevelé, s'est dit, sous la Res-
tauration et depuis, pour poète romantique; tantôt
par raillerie et tantôt sérieusement, comme dans
ce vers : ô poètes sacrés, échevelés, sublimes!
V. HUGO, F. d'aut. 38. Il 2° Par extension, pendant
et en désorilre. Qu'un jeune homme soit frappé de
l'effet d'une cascade.... le bruit, les masses d'om-
bres, les plantes échevelées, la neige de l'écume,
tout se gravera dans la mémoire de l'élève, cha-
TEAUB. Dessin, m. Le Danube qui, par cinq fleuves,
Tombe échevelé dans la mer, v. HUGO, Orient, ta.
— HIST. XI* s. Là vint curante cum femme for-
senede, Bâtant ses palmes, criant, eschevelede,
St Alexis, Lxxxv. || xin' s. Ele saut sus comme des-
vée. Toute nue et eschevelée, Ren. 288. || xv s.
Nymphes adonc , pleurans eschevelées, marot,
IV, 68.
— ÉTYM. Écheveler; Berry, égêvé. On a dit aussi
desrhevelé.
t ÉCHEVFXER (é-cheu-ve-lé; comme deux c
muets sfl suivent, le premier prend le son de eu.
L'i se double devant les e muets), v. a. Laisser fiot-
ter sa chevelure, mettre en désordre la chevelure.
Il S'écheveler, t). réfl. Sa crinière s'échevelle.
— HIST. xvi' s. Elles ont beau s'écheveler et s'es-
gratigner, mont, m, (77.
— ÊTYM. lias-lat. excapillare (si quis mulierem
excapillaverit, Lex salica, p. tss], de ex, et ca-
pilhis, cheveu.
t ÉCUEVELLEMENT (é-che-vé-le-man) , s. m.
Action d'échcveler; état de celui qui est échevelé.
— HIST. XVI' s. Eschevellement, oudin.
— ÉTYM. Écheveler.
t ÉCUEVETTE (é-che-vè-f) , s. f. Terme de
commerce. Petit écheveau. || Dans la filature du
coton, le dixième de l'écheveau.
— ÊTYM. Voy. écheveau.
ÉCUEVIX (é-che-vin), s. m. Anciennement, ma-
gistrat municipal. S'il [le roi] ne le veut [avancer
des fonds], afin d'y satisfaire. Aux échevins on dira
franchement : L'argent surtout est chose nécessaire,
LA FONT. Ballade à Fouquet pour faire obtenir à Châ-
teau-Thierry une subvention à l'effet de réparer le
pont. Il Dans les Pays-Bas, magistrats adjoints aux
bourgmestres. || Dans certaines provinces, nom des
marguilliers. |{ Homme de loi nommé par le sei-
gneur pour rendre la justice aux vassaux.
— HIST. xiii' s. Li archevesques GuUlaumes, qui
devoit paiier les frais dou coronement, les demanda
et requist à eschevins de Rains, Chr. de Bains, (66.
Il xv s. Et puis establit [le cumte de Monifort à
Rennes] baillis, prevos, eschevins, sergens et tous
autres officiers, froiss. i, i, <5I. || xvi' s. Echevin
tournant le droit au contraire.... De peu d'estime et
de basse mise, leroux de lingy, Prov. t. ii, p. 375.
— ÉTYM. Espagn. esclavin; ital. scabino, schia-
vino; ba.s-lat. scabinus ; du germanique : ancien
saxon, scepeno; anc. Iiaut-allem. sceffeiio, sceffen;
allem. Scheffen, Schojfe, de schaffen, régler, or-
donner.
ÉCHEVINAGE (é-che-vi-naj'), s. m. Fonction
d'échevin. || Temps de cette fonction. || Corps des
échevins.
— HIST. XIII' s. En son eskevinage, Il eut bien le
tesmoignage, Par foi , k'il fit la tadle à point, Poés.
mss. dans lacurne. L'arcevesque Guillaume Blance-
main, qui tant valu à son tans qu'il restablit esche-
vinnage à Rains et fit moult de biens, Chr. de Bains,
p. 9. ||xv' s. Et fut l'eschevinaige osté, et ordonné
qu'il n'y auroit plus nuls eschevius, lUVES. des
URS. cil. VI, 43S2.
— ÉTYM. Échevin.
fÊCllEVlNAL, ALE (é-che-vi-nal, na-1'), adj.
Oui concerne le corps des échevins ou une munici-
palité.
— HIST. XVI' 8. X charge d'en tenir registres et
bailler lettres eschennalles, Coust. génér. t. u,
p. 963.
— ÉTYM. Échevin.
t ÉCIIIDNÉ (é-ki-dné), s. m. Terme de zoologie.
Genre d'animaux de la famille des édentés et qui
vivent dans des terriers.
— ÉTYM. 'Eyiêva, vipère, par une mauvaise as-
similation des longs et forts piquants des échidnés
avec les crochets de la vipère.
t ÉCUIDNIXE (é-ki-dni-n'),î.^. Terme de chimie.
Substance organique qui est le principe venimeux
du venin de la vipère.
— ÉTYM. 'Eyiôva, vipère.
+ ÉCIIIF, IVE (é-chif, chi-v'), adj. Terme de
fauconnerieet vénerie. Farouche, gourmand. Chien,
oiseau échif.
— HIST. XIII' s Ne soiez mie eschiex De lui
monstrer ce que tu vois. Fabliaux mss. n° 76IB,
t. II, f» 166, dansLACuBNE. Ijxiv s. Garde que tu sois
garnyd'un oyselet vif, à lui mettre [au faucon] ou [au]
piè l'endemain au point du jour; et s'il le prent as-
prement, si lui este le chap|ieron...., et se tu vois
qu'il suit trop eschif [farouche], si lui remet le cha-
peron, Mddus, ms.i' Mi, dans lacubnr.
— ÉTYM. C'est l'ancien adjectif eschiu, eschif,
timide, farouche, chiche; provenç. esquiu; espagn.
esquiva; itaL schivo; de l'allemand sclieu, timide,
farouche (voy. esquiver).
t ÉCHIFFE(é-chi-r) ou ÉCBIFFRE(é-chi-rr'),«.m.
Terme d'architecture. Mur rampant par le haut, qui
porte les marches d'un escalier. U y a des échiffres
de bois.
— HIST. xiv s. Celui qui devoit faire le guet en
icelle eschiphe, du cange, eschifa. Comme de nou-
vel en la forteresse de la ville de Montsanion soient
cheuz et ruinez deux pans des murs, ensemble les
eschilTes qui sus estoient, id. ib. || XV s. Lesquels
linceux le suppliant lia par les deux cornets et les
attacha à une escliiffe ou petite maisonnette, id. l'i».
— ÉTYM. Bas-lat. eschiffa, schiffa, chiffa, mai-
sonnette, guérite, mot qui s'est réiluit à signifier
une partie de bâtiment et qui semble le même que
achoppe.
t ÊCHIGNOLE (é-chi-gno-1') , s. f. Espèce de
fuseau dont on se sert, en faisant de la ganse, pour
mêler ensemble les différents brins de soie ou de fil.
— ÉTYM. On peut croire que ce mot est de même
radical que escaigne, eschagne, qui signifiait éche-
veau (voy. ce mot, à l'étymologie).
fÉCUlLLON (é-chi-llon, U mouillées), s. m.
Terme de marine. Nuage noir dont la queue forme
une trombe ou un siphon (Levant).
t ÉCUIMYS (é-ki-mis'), s. m. Genre de mammi-
fères de l'Amérique méridionale, à corps couvert
supérieurement d'un mélange de piquants aplatis et
de poils, et terminé par une longue queue revêtue
d'écaillés et de poils.
— ÉTYM. 'Exivoç, hérisson, et |xO;, rat.
4. ÉCUINE (é-chi-n'), s. f. Épine du dos, longue
colonne située entre la tête et le ba.ssin. L'écbine
j'allongeais comme un âne rétif, Régnier, Sat. viii.
Le long de ton échine Je grimperai premièrement,
la FONT. Fabl. m, 6. L'animal à longue échine [la
belette], id. ib. iv, 6. Tandis que Colletet, crotté
jusqu'à l'échiné. Va mendier son pain de cuisine en
cuisine, boil. Sat. i. || Frotter l'échiné, ajuster
l'échiné, donner des coups de bâton sur le dos.
Mais si ce monsieur dont j'ons frotté l'échiné.... hau-
TEHOCBE, Nobles de province, i, ii. Ahl vous y
retournez! Je vous ajusterai l'échiné, mol. .4)Hp/i.
III, 7. Il Fig. Courber ou plier l'échiné, se soumettre
bassement. || Il a l'échihe souple, flexible, il est
prêt à toutes les complaisances pour ses supérieurs.
Il Longue échine, maigre échine, personne fort
maigre.
— HIST. XI' s. Toute l'eschine [il] lui desevre du
dos, Ch. de Bol. xci. Sur les eschines qu'il ont
enmi les dos, ib. ccxxxii. || xiii* s. Et lessiez ester
lesgelines. Oui trop ont megres les eschines, Ben.
2880. Oliphans [l'éléphant] sor sa haute escbine, la
Rose, 18009. Et tante torte eschine et tant ventres
enflés. Et tante jambe torse et tant pies bestornés,
Ch. d'Ant. VIII, 449. ||xv' s. Si très grands coups
s'entredonnerent es larges, que à tous deux les
eschines convint ployer et les lances voler en pièces,
Boucic. 1, (6. Il XVI' s. Ung Atlas à la grande es-
chine, RAB. Paiit. III, 8. Encor' le logis de l'artil-
lerie gardé par les Suisses fianquoit les deux costés
et battoit en eschine le devant de ce corps de garde
[pour le protéger], d'aub. Hist. i, 287. Aians ren-
versé Rassi et son enseigne, ils lont tourner l'es-
chine à Sarrion, id. iO. m, 36. Un garçon de tsaiis
1278
ECH
oui nageoil da l'eschine quatre ou cinq lieues quand
U TOuloit, ID. tb. Il, 31)6.
— ÏTYM. HoiirKuign. échaigne; wallon, sikrenn,
skreiun; provonç. esiiuma, esiiuena; espagn. es-
querta; ita!. schicnn. Spde'se ch:ingsant pas, dans
l'ouest iIbs contrées romands, on sq, il faut rejeler
le latin spina qui, d'ailleurs, avec son t long, n'aii
rait pas été changé en e ou en ie. l'ar es considé-
rations, Diez propose l'ancien h.iut-oUem.md ikina,
aiguille, piquant. Cependant il faut pre dre en < on-
siUi-ntion le celtique : cornwall. chein, dos, bas-
breton kein, qui ont pu f.icilement devenir eski.in
ou skein, et déterminer la transformation de spina.
2. KCIIIXE (é-chi-n'), s. f. Terme d'architecture,
ornement dit aussi ove, semblable à des châtaignes
ouvertes, qui se met au chapiteau do la colonne
ionique. I| Moulure qui forme un quart de rond ou
une autre poriion de courba, et qui est placée au-
dessous dn tailloir dans le chapiteau dorique.
— f.TYM.'K/tvoç, hérisson; parce (|ue la coque
hérissée de la châtaigne ressemble à un hérisson.
<. ÉClllXIÎ, ÉE(é-chiné, née), part, pasié. As-
somméile coups, excédé de fatigue.
f 2. ficuiNÉ, F.K {é-kirié , née), adj. Terme
d'hisloiie natiirelle. Qui est hérissé de poils roides
et piquants. L'involucre de la châtaigne est échiné.
— KrvM. 'K/îvoc, hérisson.
ÉCHINÉE (é-'chi-née), s. f. Quartier du dos d'un
cochon.
— HiST. XIII» s. Tout le colpa li dus [le duc le
coupa d'un coup d'épée| très parmi l'eschiiiée,
L'une moilié del Turc clieï emm: la prée, Elli autre
remaint en la sele dorée, Chans. d'Anl. iv, 792.
I| xiv s. Veno'son aux souppes, oes [oies] salées et
eschinées, Hénagier, ii, 4.||xvi' s. Les jambes, les
oreilles, les langues, les eschinées, jusqu'aux moin-
dres extrémités et particules, tout s'emploie, o. de
SERRES, 835.
— ETVM. ùhine K
t ÉCIlI.Vf.EN, E.VNE (é-ki-nê-in, né-è-n"), adj.
Terme de zoologie. Oui ressemble au hérisson,
lis. m. p/ur. Les écliinéens, famille de mammifères
qui a pour tjpe le genre liérissoa.
— Rrvji. 'Kyîvo;, hérisson.
tïClll\ELI.k (é-kinè-1'j, s. f. Genre d'algues
d'eau douce.
— f.TYM. 'E/Tvo;, hérisson.
ÉCIILNEU (é-'chi-né), v. a. || 1° Rompre l'échiné.
Il 2° Tuer dans une mêlée, dans une déroute. Les pay-
sans écliini'rcnt tous les fuyards. || Familièrement.
Se faire échiner, se dit d'une troupe de guerre qui,
dans un combat, essuie de grandes pertes. Ce ré-
giment s'e^t fait échiner à l'attaque de la redoute.
Il 3" Échiner de coups, assommer quelqu'un. On
vous happe notre homme. On vous l'échine. on vous
l'assomme, la font. Fabl. xii, 22. || Absolument.
De ces gens qui ne parlent que d'échiner, mol.
Scapin, u, 8. || 4° S'échiner, v. rc'/i. Sa rompre
l'échine. || Fig. S'excéder de fatigue, se donner
beaucoup de peine. Qu'il a de mail ah! sans doute
il s'échine; U est souvent debout toute la nuit;
Comme il conduit, disons-nous, sa machine [sa
place, sa fonction] ! — C'est sa machine, amis, qui
le conduit, pons (de Verdun), Contes et poésies di-
verses, p. 76.
— REM. Le peuple prononce volontiers échigner.
Mes enfants, on ne vous défend pas de poursuivre
les ennemis quand ils s'enfuiront, mais je ne veux
pas que vous alliez vous faire échigner mal à propos
sur la contrescarpe de leurs autres ouvrages [paroles
da Vauban], rac. Leit. àBoileau, «juin <(i92.
— Etvm. Échine *.
t ÊCIII.\mE(é-ki-ni-d'), t. m. Terme de zoolo-
gie. Les échinides, les oursins.
— RTYM. 'Kyïvoç, hérisson.
t ÉCULMPf.bE (é-ki-ni pè-d'), adj. Terme de
zoolof-'ie. Qui a les pattes hérissées de poils roides
ou de piquants.
— F.TYM. Lat. echinus, hérisson, et pes, pied.
•f f.CIIlNITE (é-ki-ni-f), s. m. Oursin de mer
pétrifié ou fossile.
— F.TYM. 'Ey.ïvoi;, hérisson, et la finale t(e qui
en géologie indii|ue un fossile.
t ECIIIXOCAHPE (é-ki-no-kar-p'), adj. Terme
de boianniue. Oui a le fruit hérissé de pointes
roide.. Il S. m. Grand arbre de l'Ila de Java.
— rrvM. 'E/ivo;, hérisson, et xap^ti;, fruit.
i f.(.IIINOCi)0L'E (é-ki-no-ko-k'), s. m. Terme
de zoologie. Genre d'enlozoaires cesloîdes qu'on
rencontre souvent en quantité considérable dans les
bydatidus.
— FTVM. *E/îvo;, hérisson, et xéxx.oc, grain.
t ECUU(OU£UME (é-ki-no-der-m"), adj. Terme
ÉCH
de zoologie. Qui a la peau hérissée de tubercules,
de pointes ou d'épines. || Nom d'animaux rayonnes
ou radiaires ."i peau dure ou pourvue de pièces cal-
caires. Il Ou dit aussi écliinoderniaire.
— f.TYM. 'E/ivo;, hérisson, et Ssfiia, peau.
t ÉCUI.NOÏUÉ (6-kino-i-d), adj. lermi) de zoo-
logie. Oui ressemble à un oursin.
— F.TY.M, T/îvo;, hérisson, et eîoo;, forme.
j ftCUIiNO.MYlK (é-ki-no-mi-ie), *./. Genre de
dijitères.
— F:tym. 'Eyïvoç, hérisson, et \i.wa, mouche.
■\ ÉCIIINON (ô-clii-non), s. m. Terme rural, lioîte
cylindrique dans laquelle on met le caillé dont on
veut faire du fromage.
t ÉCIILNOI'E (é-ki-no-p'), s. m. Genre de floscu-
Icuses qui renferme des plantes vivaces, indigènes
des contrées chaudes de l'Europe.
— F.TYM. 'Eyivoî, hérisson, etitoû;, pied.
t ÉCIILNOI'ÉES (é-ki-no-pée), s. f. plur. Famille
de plantes à Heurs composées, qui a pour type le
genre échinope.
t ÉCIIlNOl'llORE(é-ki-no-fo-r'), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui porte des épines.
— F.TYM. 'E/tvoç. hérisson, et çopoç, qui porte.
f ÉCIII.NORliUYNQUE (é-ki-no-rin k') , s. m.
Terme de zoologie. Gc nre d'entozoaires qui ne se
trouvent pas chez l'homme. L'échinorrhynque géant
est très-commun chez le cochon et le sanglier; on
le rencontre aussi chez le mouton.
— ETYM. 'E/îvo;, hérisson, et fOf/.o;, beo.
t ÊCIIINOSI'EKAIE (é-ki-no-spèr-m')'. adj. Terme
de botanique. Qui a des graines hérissées de poils
rudes.
— ÊTYM. "E/îvoç, hérisson, et (rtlpua, graine.
t ÉCIIINOSTOME (é-ki-no-sto-m'), adj. Terme
de zoologie. Qui a la bouche hérissée de dents ou
de crochets.
— ÊTYM. 'F./îvoç, hérisson, et wtôiioc, bouche.
t fiCllI.VULR', f.E (é-ki-nu-lé, lée) , adj. Terme
d'histoire naturelle. Oui est hérissé do petites épines
ou de petits tubercules.
— £TYM. Lat. echinus, hérisson, et le suffixe
diminutif vlé. •
f ÉCIIIXURE (é-ki-nu-r'), adj. Terme de zoolo-
gie. Qui a la queue hérissée d'épines.
— F.TYM. 'Exîvo;, hérisson, et oOpà, queue.
t ÉCIIIOGLOSSE (é-ki-o-glo-s') , s. m. Genre de
plantes de la famille des orchidées.
— F.TYM. 'E/iî, vipère, el ylûxraa , langue.
fÉCIIlOÏDE (é-ki-o-i-d'), s. m. Terme de bota-
nique. Dont la semence a de la ressemblance avec
la tète d'une vipère.
— ÊTYM. 'Iv/i:, vipère, et ttSoc, forme.
ÉClI10lIKTE,ÉE(é-chi-ke-té, tée), ad;. || l»Terme
da blason. Divisé en carrés semblables à ceux d'un
échiquier. L'écu est échiqueté lorsqu'il a au moins
vingt-quatre carreaux. On spécifie le nombre de
lignes ou de traits que portent ces carreaux. Fasce
échiquetée d'argent et de gueules de trois traits.
Il 2" Terme didactique. Rangé comme les cases d'un
échiquier.
— HIST. XV* s. Et aussi mourut un escuyer de
Bretagne qui s'armoit de gueules à deux chevrons
eschiquetés d'or et d'azur, froiss. ii, ii, <i. ||xvrs.
Haultains esprits extraits de gentillesse. Nobles en-
fants de Millan la cité. Ornez, vestus en extrême
richesse, Drap d'or, velours eschiqueté sans cesse.
Pour demonstrer la prodigalité, j. haroi, p. <69,
dans LACL'RNF..
— ÊTYM. Il n'est pas douteux que eschiqueté, dans
l'exemple de J. Marot, ne soit le môme que déchi-
queté (voy. ce mot), es au lieu de de. U n'est
guère douteux non plus que eschiqueté, en termes
de blason, ne se rapporte 4 échiquier; mais, comme
ladérivation d"c.<c/ii(juicr en eschiqueté n'est pas pos-
sible, on doit supposer qu'il y a eu confusion par as-
similation de eschiqueté avec escbiquier. La forme
régulière est eschequé (eneschiquier), qui se trouve
en effet.
ÉCHIQriER (é-chi-kié; l'r ne se lie jamais; au
pluriel, Vs se lie : des é-chi-kié-z ornés), s. m.
Il 1° Table divisée en carrés alternativement blancs
et noirs, sur laquelle on joue aux échecs et aux
dames. |! Fig. Champ de bataille. L'empereur alors
dit à Belbard que rien n'était encore assez dé-
brouillé ; que, pour faire donner ses réserves, il
voulait voir plus clair sur son échiquier, eêcuh,
//i.«l. de Nap. vu . to. || En échiquier, toc. adv. l'ar
carrés alternés. En forme d'échiquier les plats ran-
gés sur table, Régnier, Sal. x. || On dit que des ar-
bres sont plantés en échiquier, lorsque, représentant
plusieurs carrés, ils olTrent des lignes droites, de
quelque côté qu'on les regarde, c'est-à-dire lors- 1
ECU
qu'ils «ont plantés à tous les angles des carrés d'un
échiquier tracé fictivement sur le terrain. || Terme
de menuiserie. Espèce de compartiment compnné de
carrés disposés parallèlement aux eûtes Ue l'ouvrago
Il 2° Terme de blason. Se ilit de l'écu diviseen i-li'-
sieurscarré.s, les uns de métal et les autres de couleur.
Il En échiquier, voy. EcillOL'ETE. Il 8"0rdre pariicuiicr
de marche des vaisseaux qui naviguent de coii.ser\e.
Il Terme militaire. Position de iroopes ainsi nom-
mée parce qu'elle a quel<|ue ressemblance avec le§
cases de la table du jeu d'échecs. Former l'échiquier.
Disposer en échiquier. ||4* Abaque ou table i cump'
ter, dont on se servait |viur la perceplioii des Im-
pôts. Il Assemblée des hauts justiciers de .'^orman.lie,
érigée en parlement par Louis XII en HOS). El ayant
eu l'honneur jAlençon] d'avoir été longtemps lapa-
nage de l'un des enfants da France, eu laquelle pour
celle con.sidération soûlait être l'échiquier souve-
rain du pays qui lut supprimé et uni à notre parle-
ment de Rouen par le décésde Françoisduc d'Alen-
çon, en l'an ^^«4 seulement, Éd't, mai laae.
Il 6" En Angleterre, juridiction qui lègle toutes les
a(laires<les finances. La cour del échiquier. Le chan-
celier de l'échiquier. || Billeisde l'écliiquier, nom des
bons du trésor en Angleterre. || Trésor. Cette ma-
done [N.-D. de l.orelte] plus riche qu'aucun roi de
la terre, car il ne sort jamais un sclielling de son
éihiiiuier, volt. Phi/, v, a7i. ||6°Ternie depéthe.
Granil filet carré soutenu par deux demi-cerceaui
et attaché au bout d'une longue perche. || Espèce
de patron sur lequel les vitriers prennent leurs me-
sures. Il 7" Nom vulgaire d'une espèce du genre
henpérie, papillon diurne.
— HIST. xii' s. Adoniram fud maistre del csche-
kler [trésor] e de receivre les treùz (tributs].
Rois, p. 238. Il xiii* s. Au chief du paies d'une part
S'asist Ysengrin et Renart, Devant eus deus un
escbiquier, lien. 2K94(. Sur un bon lit (elle) .s'est
ajiuiée; La coilte [couette] fu à cschekers De deux
pailles ben faiz et chers, La\ del désiré. Moult [il]
lui a prié au premier D'à lui juer à re>kekier, fl,
et ni. 2215. La soussele est d un paiie cier [cher|,
Très bien ovrée à eskekier, ib. )I7». l'iv* s. L'on
apele escbiquier (en Normandie] assemblée de hau-
tes justices, auxquiex il appartient à corriger et à
amender ou à faire amender tout ce que les badlis
et les autres meneurs [moindres] justiciers ont ma-
lement jugé, du canoe, scacarium. Un grand échi-
quier garny d'argent doré, et sont les ecliecs de
jaspre et île cristal, LeIt. pat. l* janv. 1414.
— ÉTYM. Échecs; provenç. escaquier; ital. scac-
chiere. Quant à la signification de écliiquier, pour
cour de finance, trésor, elle vient de ce que cette
cour tenait ses séances avec une table recouverte
d'un tapis divisé en carreaux comme un échiquier.
C'est ainsi que bureau, étofl'e , a pris le sens de
table sur laquelle on écrit, et d'oflice où l'on ex-
pédie les affaires.
f ËCIllTE (é-ki-t'), s.[. Genre d'apocynées, ayant
pour type l'échite biflore, arbuste volubile.
— ETYM. "Exu, serpent.
t ÉCIlITÉEs'(é-ki-lée), ». f. plur. Tribu de la
famille des apocynées ayant pour type le genre
échite.
ÉCHO (é-ko), s. m. || 1* Repétition plus ou moins
distincte d'un son heurtant contre un corps qui le
réfléchit. Écho simple, celui qui ne répèle les sons
qu'une fois; écho multiple, celui qui les répèle plu-
sieurs fois; écho monosyllabique, celui qui ne ré-
pète qu'une syllabe; écho polysyllabique, celui qui
répèle plusieurs syllabes. Encore oit-on |entend-onJ
l'écho redire leurs chansons, Régnier, Dial. L'écho
se plaît à redire les chansons des bergers et à ex-
primer le son rustique de leurs musettejj dans le
creux de quelque rocher, d'ablancourt, lucien.
Louange d'une maison. Reine des Ilots, sur la barque
rapide. Vole en chantant, au bruit des longs échus;
Les vents sont doux, l'onde est calme et limpide;
Le ciel sourit; vogue, reine des fiots, bêrang. Je
Prisonnier. De tant d'échos résonnant jusqu'à nous,
Les plus lointains nous semblent les plus doux,
BÉRANG. Couplets à des Uauritiens. Pauvres en-
fants! l'écho murmure encore L'air qui berça votre
premier sommeil, m. le Suicide. || Lieu où l'écho
est reproduit. Ils faisaient répéter les doux sous de
leurs (lûtes à tous les échos d'alentour, fên. Tél. il.
Les cris dont je faisais retentir les écnos de ce
rivage, ID. ib. xv. Fatiguant de mes cris les échos
du rivage, ntcis. Oscar, u, ». Ciil vaste et pur,
daigne encor me sourire; Échos des bois, repetei
mes adieux, bëha.ng. Adieux. \\ Adoier l'écho, cher-
cher la solitude, l'écho se trouvant ordinairement
entre les rochers. Détache ton amour des faux biens
l'CH
ÉCH
ÉCII
1279
que tu périls; Adore ici l'écho qu'adorait Pytha-
goro, Prête avec lui l'oreille aux célestes co:]cerls,
UMABT. lUédit. 1, 8. Il Adore l'écho dans la tem-
pête, retire-toi dans la solitude lors des troubles
politiques. Il Kig. Que tous les échos me redisent
celle chiirmaiiie nouvelle, sév. 34i. || 2° Répétition.
J'écoute peu ces bruits que le peuple répète, Échos
tumultueux d'une voix plus secrète, volt. Sémir.
11, 3. Oui ne sait d'adleurs comment les alarmes se
propagent, comment la vérité même dénaturée par
les craintes exagérées, par les échos d'une grande
ville.... MIRABEAU, Collection, t. I, p. 263. Je dois
trembler; car moi, qui suis prophète. Je vois de
loin l'oubli fondre sur vous; [.Mes vers) De tant
d'échos dont la voix vous répète, L'un meurt, puis
l'autre, et puis cent, et puis tous, bF.rang. l'In-
octavo. L'hymne éternel de la prière Trouvera par-
tout des échos, lamart. Ilarm. i, <. || Personne qui
répète ce qu'un autre a dit. Ce n'est point ici un
écho ou une voix empruntée, patru, Plaidoyer 7,
dans RicHELET. Quel favorable écho, pendant que je
soupire. Répète mes frayeurs avec un tel empire?
CORN. rots, d'or, m, 6. Mais je ne puis du tout ap-
prouver sa chimère, Et me rendre l'écho des choses
qu'elle dit, mol. Femm. sav. i, 3. Voili comme ils
en parlent, et plusieurs échos répondent, sév. i68.
Je vous prie de ne pas confier ceci à vos échos, ID.
446, Ménippe est l'oiseau paré de divers plumages
qui ne sont pas à lui; il ne parle pas, il ne sent pas,
Il ré|ièle des sentiments et des discours, se sert
même si naturellement de l'esprit des autres, qu'il
y est le premier trompé et qu'il croit souvent dire
son goût ou expliquer sa pensée, lorsqu'il n'est que
l'écho de quel(|u'uii qu'il vient de quitter, la bhuy.
II. Nous décidons ainsi, crédules que nous sommes;
One d'échos comptés pour des hommesl lamotte,
Fabl. V, 15. Loin de ce médisant infâme. Qui de
l'imposture et du blâme Est l'impur et bruyant
écho, GBESSET, Chartreuse. On a vu trop d'auteurs
échos des erreurs accréditées de l'antiquité, voLr.
]Oœurs, 144. Hobbes n'a été que l'écho de tous les
gens sensés, ID. Dial. xxiv, 3. || 3° Terme de mu-
sique. Répétition adoucie d'un certain nombre de
notes. Il Terme de guitiriste. Note en écho, noie
qui se fait avec la main gauche seule, dont les
doigts, pn s'appiiyant sur lacor.le, lui communi(|uent
un petit mouvement qui fait entendre un son très-
faible. Il Terme île littérature. Sorte de vers dont la
dernière syllabe se ré[)èle et ajoute au sens qu'elle
complète; cette dernière syllabe répétée est comp-
tée comme un vers. En voici un exemple : L'on voit
des commis Mis Comme des princes, Qui jadis sont
venus Nus De leurs provinces. || Terme de peinture.
Echos de lumière, rappels de lumière en des plans
différents. Il 4" S. f. Dans la mythologie, Nymphe,
fille de l'Air, qui ne put se faire aimer de Narcisse,
et qui, ayant été changée en rocher, ne conserva
que la voix. Écho n'est plus un son qui dans l'air
retentisse. C'est une nymphe en pleurs qui se plaint
de Narcisse. BOiL. Art p. m.
— lilST. xui' s. Eqo si respont en la tour Des
grands coups que refiert entuur, liai, des 7 arts.
— ETYM 'll/ù, son, et Écho, nymphe.
t FXIIOÏ0l!K(é-ko-i-k'), adj. Terme de littérature
ancienne. Les Latins ont nommé échoïque un vers
terminé par deux mots qui riment ensemble, par
exemple : Exeicet mentes fralernas gratia raro,
tERVius, Centimètre. || Au xvi* siècle, on ajipela vers
en écho ou vers échoique un vers dont les deux der-
niers mots sont pareils, exemple : Qu'est-ce enfin du
plus grand monarque terrien ? rien, pibrac. Qu'es-
tois-je avant qu'entrer eu ce passage? sage, du
BELLAY.
— ETYM. Écho.
ËCIIUIK (é choir), r. n. lln'aque les temps et per-
sonnes qui suivent : il échoit ou il échet, ils échoient,
ils échéent; il échoyait; il échut, ils échurent; il
écherra ou échoira; il écherrait ou échoirait; qu'il
échoie, qu'il échût; échéant; échu, échue. L'Acadé-
mie dit que il échoit se prononce comme il échet; cela
ne paraît pas conforme à l'usage; la prononciation
échoit est même [ilus fréquente que la prononciation
échet. i; 1° Être dévolu par le sort. Les immeubles
que les époux possèdent au jour de la célébration du
mariaf-'ooii qui leur échoient pendant son cours, Code
cn-ii.art. llci.La longue 'pai lie | échet sans faute au
déreiideur, la font. Juge. Japhet, connu sous ce nom
dans les pn6les,rut aussi adoré sous celui deNeptune,
p.irie que les pays maritimes lui échurent, rollin,
Traili^ de.\ Ht. 1' |i;irt. ch. I. Andromac|iie à Pyrrhus
est écliiieen partage, ciiateaubruN, Troyennes, i,
6. 11 2° Terme de pratique. Si le cas y échoit, y échet,
ou, simplement, s'il y échet, c'est-à-dire si l'occa-
sion se préiente, s'il y a lieu. |1 Le cas échéant, c'est-
à-dire à l'occasion, en telle circonstance. || Se faire,
avoir lieu, à un certain temps préfixe. Le terme
échoit à la Saint-Jean. La première année de la
rente écherra en )0I5, patru. Plaidoyer 3, dans
RiciiELET. Il 3° En termes de palais, il s'est ditautre-
fois des peines imposées aux délits ou crimes. À cela,
il y échoit amende. ||4° En parlant des personnes,
échoir bien, échoir mal, avoir bonne ou mauvaise
chance. Je suis mal échu. Vous ne sauriez que bien
échoir. Pour un enfant qui sort du monastère, C'é-
tait échoir en dignes compagnons! grkss. Vert-Vert,
m. Il Cet emploi d'échoir a vieilli. |{ Echoir se con-
jugue avec l'auxiliaire ^tre.
— HiST. xii* s. Cui escheoit l'honor [le fief] et
l'héritage, ifionc. p. 4 69. Mais se piliez me pooit
escheoir, Couci, xviii. || xtii' s. Se li héritages est
esqueùs à plusors persones d'un meisme degré de
lignage, beaum. 47. || xiv* s. Ce est si corne il es-
chiet, 0KES.\iE, l'th. 167. Il XV* s. Or escheï que le
sire de Faguoelles estoit monté sur un coursier trop
melancolieux et malenfrené, froiss. i, i, si. Nous
ne pouvons émouvoir guerre au roi de France....
sans escheoir en sentence d'excommunication, id.
I, I, 95. En ce temps eschurent PasqNes si haut, que
environ Pasques closes on eut l'entrée du mois de
mai, ID. I, I, 194. Il xvi' s. L'éternel est ma por-
tion, mon sort m'est très bien escheu, calv. Insl.
800. La principale partie est escheute aux evesques
et aux prestres des villes, m. ib. 879. Il n'escheoit
pas de recompense à une vertu qui est passée en
coustume, mont, h, 66. Des dieux 11 ne [leult venir
aucun mal à l'homme, sinon pour son plus grand
bien, quand il y escheoit, et pour un medecinal
efi'et, ID. ji, 146. Le jour de son retour, par cas
d'adventure, escheut au propre jour que.... amyot,
AU. 69. 11 n'en peult advenir que peu d'avantage,
s'il luy succède bien, et au contraire perle univer-
selle du total, s'il luyeschet mal, id. l'élnp. 4.
— Etyji. Picanl, ékerre , échoir, ékeu, échu;
wallon, heure; provenç. eschazer; ital. scadere ;
du latin fictif ex-cadere, de ex et cadere (voy.
ciiom).
t ÉCIIOME (é-cho-m'), s. m. Terme de marine.
Cheville de bois ou de fer, qui va en diminuant par
les deux bouts, et qui sert à tenir les rames.
— ÊTYM. Espagn. escalmo; ital. scalmo, scarmo;
du latin icalinus.
j ÉClIO.MÈlUE (é-ko-mè-tr'), t. m. Terme de
physique. Règle divisée servcyit à mesurer les rap-
ports des sons.
— f.TYM. 'll/ù, son, et mètre, mesure.
t ÉCllO-tlÉTItlE (é-ko-mé-trie), s. f. Terme d'ar-
chitecture. Art de calculer, de combiner la réflexion
des sons.
— ÉTYM. Écho, et mètre, mesure.
t P.CIIOI'PAGE (é-cho-pa-j'), s. m. Action d'é-
chopper. .__^
— f.TYM. Échopper.
1. ÉCHOPPE (é-cho-p'), s. f. Petite boutique en
planches, ordinairement biltie en appentis. Ces Tar-
tares étaient assis devant leurs portes, les jambes
croisées, sur des espèces d'échoppes ou de tables de
bois, CHATEAUB. Ilinèr. 24.
— REM. On a dit c/iope ; Qu'il soit permis aux dits
jurais et bouigeois [de Bordeaux] de bâtir et faire
construire des chopes, tant au dedans qu'au dehors
de la dite ville, le long et attachées aux murs d'icelle,
Arrêt, 24 mars ice4.
— lllST. XV' s. On tombe, on glisse, on chef, on
chope; Quant on a pleuré demy larme. C'est fait.
Il n'y pert [parait] à l'escliope, coquillart, p. 134.
dans lacurne. Et le lendemain fuient les eschoppes
et boutiques ouvertes, cl. de la marche, dans le
dict. de dochez.
— ÉTYM. Ane. haut-allem. schupfa, boutique ;
allem. Schoppen; angl. shop.
2. ÉCHOPPE (é-cho-p'j, s. f. Pointe d'acier, à
l'usage des graveurs, pour graver sur le cuivre, à
l'eau-forte. Quand on voulait faire l'essai d'une masse
d'argent, on en tirait quelques grains parle moyen
d'un petit instrument nommé échoppe; on mettait
Cette petite quantité d'argent sur des charbons ar-
dents, et on jugeait de son titre par sa couleur plus
ou moins blanche; cejte méthode s'appelait faire
l'essai à la rature ou à l'échuppe, Dict. des arts et
mil. Amst. 1767, essayeur. || Nom que les serru-
riers donnent aux ciseaux qui servent à leurs gra-
vures grossières.
— iilsT. XVI' s. Eschople, ouorn.
— ETYM. Ane. franc, eschalpre, dans Diez, cou-
teau à racler; espagn. escoplo; portug. escopro;
du latin scalprum, ratissoire. On trouve escopel,
au sens d'aiguillon à bœufs: xv* s. Icellui Andrieu
lui rebouta le cop d'un escopel ou baston qu'L
avolt apporté en menant sesbœiifz, du canoë, «-
coparius. Ce paraît être une altération pour Pîcor-
pel ou escarpel; esp:ign. scuryelo ; liai, scarpello;
du latin scatpeltum , diminutif de scalprum.
ÉCHOPPÉ, ÉE (é-cho-pé, pée), part, passé.
ÉCHOPPER (é-cho-pé), V. a. Travailler avec
l'échoppe.
— HIST. XV' s. Le dit duo [de Bourgogne], de sa
personne, se gouverna moult prudentement.... et
fut enferré de deux lances de première venue, dont
lui perça la selle.... et lui eschoppa décote scahar-
nois, MONSTR. I, 267.
— ÊTYM. Échoppe 2. Le sens à'esehopper dans
l'historique va fort bien avec le sens étymologique :
instrument île fer qui racle.
ffiCUOPPlER, lËUE (é-cho-pié, piè-r'), s. m.
et f. Petit marchand, petite marchande établie dan»
une échoppe.
— lllST. XIV* s. Jacobus dictus l'eschoppier, et
Johanna dicta l'eschopiere, du canoë, escoparius.
Il xv s. Une belle et gente demoiselle, femme d'un
eschoppier, louis xi, Nouv. iv. || xvi' Tous taver-
niers, eschopiers et autres vendans denrées, Nouv.
coust. génér. t. i, p. 321.
— ETYM. Échoppe I.
ÉCHOL'ACE (é-chou-a-j'), s. m. Terme de marine.
Situation d'un bâtiment dont la quille porte sur le
fond de la mer. On fit à Ambleteuse l'épreuve de sa
proposition sur deux galères qu'on échoua, et elles
soutinrent l'échouage pendant quinze jours sans
aucun inconvénient, fonten. Chazelles. \\ Plage
unie sur la côte, où s'arrêtent, en touchant sans
danger, les navires de petite dimension. Dans la
Méditerranée, les pécheurs de sardines viennetil à
l'échouage en rentrant de leur expédition, legoa-
RANT. Il Action d'aller, de s'arrêter au lieu où est
l'échouage.
— SY.N. L'échouage est toujours volontaire et dif-
fère en cela de l'échouement, legoarant.
— ETYM. Échouer.
ÉCHOUÉ, ÉE(é-chou-é, ée), part. passé. \\ l' Qui,
touchant le fond, ne peut plus llotter. Navire échoué
Baleine échouée. {| Substantivement. Celui qui a
échoué, qui a fait naufrage. L'avis de celui-ci fut
d'abord trouvé bon Par les trois échoués aux bonis
de l'Amérique, la font. Fabl. x, I6. || 2° Kig. Qui
n'a pas réussi. Je le plains, je le tiens échoué,
ce rigide censeur, il s'égare et il est hors de route;
ce n'est pas ainsi que l'on prend vent et que l'on
arrive au délicieux port de la fortune, la bhuy. xii.
Un esprit frivole et léger n'est capable de rien, et
tout ce qu'il entreprend on le compte déjà pour
échoué, MASS. Car. Inconst.
ÉCHOL'EMEXT (é-chou-man), s. m. Action d'un
navire qui touche un haut fond, un rocher, un
écueil, etc. et s'arrête faute d'eau suffisante puur le
retenir à Ilot. Le navire est souvent défoncé par
l'échouement, legoarant. || Kig. L'échouement des
deux partis.
— HIST. XVI* S. Escho'.;ement, ouom.
— ÊTYM. Échouer.
■ ÉCHOUER (é-chou-é), v. n. 1| 1° Arriver à l'é-
chouemeiil, toucher un haut fond (écueil ou sa-
ble), de manière à ne pouvoir plus fiotter; ce qui
est toujours un accident. Le navire échoue sur un
écueil. Nous échouâmes en vue du port. Une ba-
leine a échoué sur nos côtes. || Fig. Soit que le
laurier nous couronne.... Soit que des simples Heurs
que la beauté moissonne. L'amour pare nos hum-
bles fronts. Nous allons échouer tous au même ri-
vage, lamart. ili'd. II, 1 1. Il Par une autre figure. Ne
pas réussir, en parlant des personnes. FédCrio
échoua Contre ce roc [ce cteur insensible] et le
nez s'y cassa, la font. Faucon. Pierre vint échouer
contrôla voix dune simple femme, mas. Car. Mort.
Si vous échappez d'un péril, vous venez bientôt
échouer à un autre, id. Prof.rel. serin, t. Où l'une
[nationj échoue une autre recommence. Dieu nous
a dit : Peuples je vous attends, bèranO. Quatre
âges. \\ Il se dit aussi des choses. Nos rêsr.lutions
viennent échouer contre nos penchants, mass. Av.
Conc.Voilà où viendront échouer les vaines relierions
des sages, id. Car. Avenir. La plupart îles projets
de la cour de perse échouaient pour l'ordinairt- par
sa lenteur dans l'exécution, roi.lin, llist. anc.
Œuvres, t. v, p. 464, dans LACt;Rî«E. Il est d' s
temps où tout l'efforl humain Tombe sou.^ la fo .uiio
et se débat en vain. Où la prudence échoue, nii
l'art nuit à soi-même, volt. Uarmnne, ii, i. Non,
n'appréhendez pas que ma fortune échoue A ce hon-
teux écueil des succès d'Aonibal, skURia , Spartae. i,
1280
RCL
3 Tout l'art de nos Œdipes échouerait devant cette
énigme, Dict.de l'Académie. || Faire échouer, em-
pêcher le succès. Il fail toujours tout échouer, sÊv.
812. Il a fait échuuer votre fortune, mass. Car.
Pard. Il 2" Arriver à l'échouage. Les navires ca-
boteurs échouent dans Ips havres, les ports, etc.
Il 3° y. a. Conduire an navire à l'échouage pour le
réparer ou le nettoyer. Lo capitaine échoua son na-
vire. Après cette expédition, il échoue ses canots,
$es pri.ses, et se rend avec la frégate seule à la
Tortue, baynai,, //ùf. phil. x, )0. || Jeter un navire
à la côte pour le soustraire à la prise par l'ennemi
et en sauver l'équipage. || Faire faire naufrage.
.... Ilaplantédans iamer des écueils artificiels pour
échouer les Hottes de ses ennemis, balz. le Prince,
ch. XI. Vieilli en ce dernier sens. || Fig. Ce qui avait
paru à tous les autres comme des écueils contre les-
quels il fallait craindre d'échouer le vaisseau, boss.
Corn. Il 4" S'échouer, v. réft. Se jeter à la côte.
Le capitaine aima mieux s'échouer que de se laisser
prendre. Malheureusement on ne trouve que quatre
ou cinq brasses d'eau, et on est réduit à s'échouer,
baynal, Ilisi. phil. vni, <o.
— REM. On emploie les auxiliaires aiiotV ou être,
suivant qu'on veut exprimer l'action d'échouer ou
l'état qui résulte de cette action : le vaisseau a échoué
et est échoué; le dessein a et est échoué.
— HIST. xvi" s. Leurs galères flottoient en mer,
et les autres estoient appuyées et eschouées ferme-
ment contre la terre, amyot, LucuUus, 23. Le reste
des vaisseaux ancra pour garder les eschouez, u'aub.
Hist.u, 300.
— ÊTYM. Origine inconnue. Diez propose le latin
cautes, rocher, écueiL
ÉCHU, UE (é-chu, chue), part, passé du verbe
échoir. Arrivé par dévolution. Le gros lot lui est
échu. Andromaque à Pyrrhus est échue en partage,
CHATEAUBBUN, Troymties , i, 6. || Dont le terme est
arrivé. Terme échu. Fermage échu.
t ÉCUCTE (é-chu-f), s. f. Terme d'ancien droit.
Droit accordé aux seigneurs de succ(';der dans cer-
taines circonstances à leurs mainmortables; la suc-
cession elle-même. Je ne veux ni main morte, ni
échute dans ce petit coin de terre que j'habite; je
ne veux être ni serf ni avoir des serfs, volt. Letl.
Perret, 28 déc. )77i.
— ÉTYM. Ancien féminin du participe passé échu.
f ÉCliMABLE (é-si-ma-bl'), adj. Arbre écimable,
arbre que l'on peut écimer ou étêler.
— ETYM. Écimer.
f ÉCIMAGE (é-si-ma-j') , s. m. Action d'écimer
les arbres.
— ÊTVM. Écimer.
ÊCIMÉ, ÊE (é-si-mé, mée) , part, passé. Arbre
éciraé. Il Terme de bla.son. Chevron écimé, chevron
dont la pointe est emportée.
ËCIMER (é-si-mé), V. a. Couper la cime des
arbres.
— HIST. XVI* s. Us disent que la perfection de
santé trop vigoreuse, il nous la faut essimer et ra-
battre par art, mont, m, 97. J'aimerois egualement
qu'on m'ostast la vie, que si on me l'essimoit et re-
trenchoit. id. iv, UG.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et cime.
t ECKLOME (è-klo-nie), s. f. Genre delà tribu
des laminariées (phycées).
— ÊTYM. Nom d'un botaniste.
ÉCLABOUSSÉ, ÉE (é-kla-bou-sé, sée), part.
passé. Couvert d'une boue qui rejaillit. Éclaboussé
par une voiture qui allait grand train. || Fig. Oui a
reçu des éclaboussures ou désagréments. Éclaboussé
dans une mauvaise alTaire.
ÉCLABOUSSEMENT (é-kla-bou-se-man^, s. m.
Action d'éclabousser
— ÉIYM. Éclaboussfr.
ÉCLABOUSSER (é-kla-bou-sé), «. o. || 1° Faire
rejaillir de la boue sur quelqu'un, sur quelque chose.
Guenaud sur son cheval en passant m'eclabousse,
BOIL. Sol. VI. 11 avait un carrosse qu'il quitta parce
qu'il St réflexion qu'il éclaboussait des gens qui va-
laient mieux que lui, lesage, Diable boit. ch. I7.
Le char de l'opulence M'eclabousse en passant,
BÉRANO. Vocation. La guerre.... Vous fit [canons]
pour la bataille, et nous vous avons pris, Pour vous
éclabousser des fangesde Paris, v. iiuoo, Voix int.
Il Fig. et familièrement. Éclabousser tout le monde,
étaler un luxe insolent. Un comédien qui éclabousse
insolemment le poète qui le nourrit, oubliant qu'il
n'est plus rien quand il n'a plus de rôle à jouer,
ST-Foix, Eis. Paris, CEiivres, t. m, p. 4)9. || 2° S'é-
dahousser, v. rifl. Faire rejaillir sur soi de la boue.
Il s'éclaboussa en sautant le ruisseau.
— HIST. XV* s. Le cheval esclahouta un escuier,
JACO. LE BOUVIER, Chron. depuis 4 402, dans lacurne.
Floridas fiert Nabur à travers, et lui fait la teste
voler si près de Bruyant qu'il fust esclaholé du
sang, Perceforest, t. I, f* 89. Hennericq d'un
baston qu'il avoil frappa en la dite eau, tellement
que la grigneur partie des supplians furent escla-
botez et mouliez (mouillés), du cange, ellulare.
Iciilluy Loysel feri d'un baslon contre terre pour
eschaboter ung mont d'enfans qui estoient assez
prés, II). )b. Il XVI* s. Esclahocher, cotgbave.
— ÊTYM. La plus ancienne forme est esclahoter,
qui paraît une transformation irrégulière de l'ancien
verbe esclafer, qui veut dire faire éclater, et dont
le radical claf ou clif se trouve sans doute dans
clifoire (voy. ce mot). Mais, à mesure qu'on s'est
éloigné de la forme primitive pour se fixer à écla-
bousser, l'usage n'y a plus vu qu'un composé tel
quel d'éclat et de boue.
ÉCLABOUSSURE (é-kla-bousu-r'), s. f. ||l°Boue
qui a rejailli sur <!uelqu'un ou sur quelque chose.
Il Un manteau couvert d'éclaboussures. {| S. f. pi.
Terme de vénerie. Gouttes d'eau que la béte fait
jaillir sur les branches, les herbes et les pierres qui
sont des deux côtés du ruisseau qu'elle longe ou tra-
verse. Il 2° Par extension, fragment détaché d'un
corps. Li'après BufTon, les comètes sont des écla-
boussures du soleil. Il 3° Fig. Désagrément qui ar-
rive par contre-coup. 11 a fait une sottise, et j'en ai
eu les éclaboussures. || Quand deux hommes se bat-
tent, on dit que celui qui s'approche d'eux s'expose
à recevoir des éclaboussures, c'est-à-dire quelqu'un
des coups qu'ils se destinaient.
— HIST. XV* s. Si c'estoit maladie contagieuse,
vous ne seriez pas sûrement si près sans avoir des
esclabotuies, louis xi, Afout). xxvi. Esclabousseure,
Perceforest, t. v, f° to, dans lacurne. La dite
mouUeure [mouillure] et esclaboteure, du cange,
ellulare. ||xvi* s. Si vostre cerf y a passé, il n'aura
pas manqué d'y faire sauter de l'eau comme sur des
pierres, s'il y en a qui excédent, que vous verrez
mouillées par endroits, ce qui est plus ordinaire
dans les rivières et torrents.... c'est ce qui se doit
appeller eclaboussure, salnove, Vénerie., p. <87,
dans lacurne.
— ÊTYM. Éclahousser.
j ÉCLADOUÈRE (é-kla-dou-ê-r'). s. f. Terme de
chasse. Sorte de filet pour prendre les oiseaux.
ÉCLAIR (é-klêr), s. m. || 1* Lumière vive et sou-
daine qui, s'échappanl du sein des nuages, précède
ordinairement le bruit du tonnerre et est produite
par les masses d'électricité atmosphérique, quand
elles se transportent, à travers l'air, d'un nuage à
un autre, ou d'une partie à une autre d'un même
nuage. Pareille à ces éclairs qui dans le fort des
ombres Poussent un jour qui fuit et rend les nuits
plus sombres, corn. Wor. m, t. Ni les éclairs ni le
tonnerre N'obéissent point à vos dieux, bac. Esth.
I, 5. Les éclairs sont moins prompts, volt, ilérope,
v, 6. Il Fig. Le propre jour du triomphe du défen-
seur de Lille fut celui même de l'éclair qui précéda
la foudre lancée contre celui qui n'avait pas voulu le
secourir, st-sim. 221, 8. |{ Éclairs en nappes, éclairs
très éiendus, diffus et formés par une lumière qui
illumine une gran<le partie du ciel. || Éclairs de cha-
leur, ceux qui paraissent à peu près dans l'horizon
et qui ne sont suivis d'aucun bruit, parce que le
nuage où ils se montrent est trop éloigné pour que
le son se fasse entendre. )| Éclairs fulminants, éclairs
linéaires formés par un trait de lumière blanche ou
purpurine, et parcourant en zigziig une grande
étendue du ciel ; ilssont les plusdangereux.|l Éclairs
sphériques, éclairs en forme de globes de feu et mar-
chant lentement dans l'espace; ils sont rares. || 2° Par
extension, toute apparition subite et rapide delà
lumière. Un éclair de soleil à travers la pluie. Ou
d'un plomb qui fuit l'œil et part avec l'éclair. Je vais
faire la guerre aux habitants de l'air, boil. Épit.
VI. Dieu propice, 6 Bacclius, toi dont les flols divins
Versent le doux oubli de ces maux qu'on adore;
Toi devant qui l'amour s'enfuit et s'évapore. Comme
de ce cristal aux mobiles éclairs Tes esprits odo-
rants s'exhalent dans les airs, a. eut». Èlég. xxii.
Un intervalle alTreux, un farouche silence Pour un
instant succède à ce terrible bruit; Quand un cou-
pable attend le coup de la vengeance. Telle est l'hor-
rible pause entre l'éclair qui luit. Et la foudre qui
part, et la mort qui la suit, masson, Uclv. vu.
Il Les feux que semblent jeter les pierres précieuses
et les cristaux, et qui, provenant de la réfraction de
la lumière, ne durent qu'un instant. Cette parure
lance des éclairs. || Terme de chimie. Lumière étin-
celante qui parait à la surface du bouton d'or et d'ar-
gent qui reste sur la coupelle. L'opération [de l'essai
ÈCL
à la coupelle] est finie lorsque la surface a été bi c:
nettoyée, qu'il ne se forme plus de crasse, et q ue
l'argent devient tout à coup net et brillant; c'est ce
que les ouvriers nomment l'éclair, Dict. des arts et
m't. Amst. 1707, mines. Ce qui s'appelle, en terme»
de l'an, faire l'éclair, ib. essayeur. || Terme de
rner. Éclair de harengs, éclat de lumière qui paraît
sur mer, lorsque les harengs passent en troupes, et
qui ressemble assez à la lumière des écla.rs. || 3" Fi;;,
Tout ce qui présente de l'éclat , de la vivacité. Hélas !
sans frissonner, quel cœur audacieux Soutiemlrail
les éclairs qui partaient de vos yeux? bac. Eslh. u,
7. Des éclairs de ses yeux l'œil était ébloui, m. ib,
II, B. C'est ce corps endurci . ce port audacieux. Ce
bras toujours armé, cet éclair de ses yeux, nucis,
Mach. II, 2. Les éclairs qui sortaient des yeux du
vieillard le rendaient semblable à Dieu, chatkaih.
Atiila, 281. Il II se dit aussi de ce qui brille dans le
style. J'en avais reçu d'elle une [lettre] fort bril-
lante et qui jetait partout des éclairs, méhé, Ût'u-
xres poslh. t. u, p. 88. ||4* Se dit pour caractériser
loul ce qui se montre el disparaît promptement. Mais
comme un jour d'hiver où le soleil reluit. Ma joie
en moins d'un rien comme un éclair s'enfuit, Ré-
gnier, Sat. X. M. de 1 a passé ici comme un
éclair, sÉv. 443. Pendant cet heureux temps passé
comme un éclair. Je me couchais sans feu dans le
fort de l'hiver, mol. Sijan. 2. Mais plus prompt que
l'éclair le passé nous échappe, bac. Eslh. ii, s.
Godet, évoque île Chartres, se montrait rarement à
la cour, et toujours comme un éclair, st-sim. 34,
(35. Il Un éclair de génie, une inspiration soudaine.
Un éclair de passion, transport soudain. || Comme
un éclair, se dit de quelqu'un qui va très-vite. U
baisa la main et partit comme un éclair, bamilt.
Gramm. 6. Kamenez-moi comme un éclair à Con-
stantinople, et vous serez payé sur-le-champ, volt.
Cand. 27. Il 5° Nom donné sur les côtes de la Manche
aux anomies (mollus(|ues). || 6° Sorte de gâteau.
— HIST. xiii' s. Seur la terre apariireni h esclaire
de tes tonnoires. Psautier, f" 92. || xvi* s. Jà la
nuyt estoit si obscure qu'on ne voyoitcomballre que
à l'esclair du feu de l'arliUerie, qui tiroit si très
menu (jue tonnerre n'eustlàesié ouy.JEAN d'auton,
Annales de Louis XII, ms. dans lacub>e. Sans la
joye de vous vuir en telle santé que tous les votre»
doivent désirer, je n'eusse sceu porter cet esclair
d'ung si grant bien si mal receu [la visite de son
frère], marg. Leit. cxxix. Hz remplirent toute la
plaine d'un esclair d'acier et d'une lueur de cuivre,
AMYOT, P. Mm. 30. Il se leva une tempesle de ton-
nerres efl'rovables el d'esclairs ardents parmy. id.
Timol. 38. L'esbiouit de sa splendeur et de son es-
clair, charron. Sagesse, p. 33i, dans lacurne.
Force flambeaux lujsans comme l'esclaire. Tant que
la nue en faisoit la nuict claire, la àtarguertte des
llarguerites, f ibd, dans lacurne.
— ETYM. Voy. éclairer. Bourgulgn. éclar. Le
XTir s. a esclaire, et, dans un texte anglo-normand,
esclair, Éd. le conf. v. 35uo. Dans les anc.ens
temps, esparl, éclair, espardre, éclairer (du latin
spargere, répandre) était le mot le plus usueL
ÉCLAIRAGE (é-klè-ra-j'), s. m. Action de disl-i-
buer habituellement une lumière artificielle dans
une Ville, dans un grand établissement. Éclairage
à l'huile. Éclairage au gaz. Les telles expériences
d'éclairage électrique que tout Pans admirait '-es
jours-ci près du palais des Tuileries, faye, Comptis
rendus, Acad. des se. t. lu, p. 376. || Gaz d'éc.ai-
rage, le bicarbure d'hydrogène, ou hydiogène bi-
carboné. |1 Action de se procurer une lumière ar;:-
ficielle dans les maisons. Mon éclairage me coula
tant. Il Action de donner une lumière artificielle
dans les escaliers, dans les cours d'une maison. Je
paye tant pour l'éclairage.
— ÉTYM. Éclairer.
t ÉCLAIRANT, ANTE (é-klè-ran. ran-t'),o<y. Q'.ii
a la propriété d'éclairer, de produire l'éclairage.
Gaz éclairant. Huile donnant une flamme bien éclai-
rante. Ces différences d'intensité lumineuse el de
couleurs [d'un bolide] expliquent la variation des
nuances éclairantes que j'avais remarquées sur le vi-
sage de mon fils et sur les corps qui nous entou-
raient, DESLONGCUAMPS, Complet Tendus , Acad. det
se. t. LV, p. 595.
— HIST. XVI* s. De nostre terre en faire un astre
esclairant et lumineux? mont, n, i&5.
ÉCLA IRCI, lK(éklèr-si, sie), pari, passé d'éclaircir.
Il 1* Hendu clair. Le ciel tout à coup éclairci. || Sul)-
stantivement. Il y eut un peu d'éclairci, le ciel devint
clair pendantquelques moments. H Fig. Écoutez- moi,
voyez d'un œil mieux éclairci Les desseins, la con-
duite et le cœur de Coucy, volt. Adélaïde, l. ♦•
ÉCL
Il Éclairi-, qui a reçu de la lumière (ce sens a vieilli).
Mais parce qu'ils '[le soleil et la lune] font toujours
leur chemin d'une extrême vitesse, ils ne seront
guère en cette conjonction, et tout incontinent se
trouveront l'un d'un cfité et l'autre de l'autre, et la
terre sera éclaircie comme elle était, malh. le Traité
des hienf. de Sénèque, v, 8. || 2° Rendu plus net.
Voix éclaircie. || 3° Rendu moins épais. Une sauco
éclaircie avec un peu d'eau. || 4" Rendu moins serré.
Des cheveux éclaircis. Catilina.... Dans nos rangs
éclaircis a terminé ses jours, volt. Catilina, v, 3. La
campagne déjà regorgeait de carnage ; Par la fuite
et la mort tous les rangs éclaircis N'offraient aux yeux
des chefs que des bandes flottantes, masson, helv.
viii. Quand la foule a été éclaircie, de quatre à cinq
heures du matin, la soirée a été charmante, picabd
et MAZÊRES, Trots quartiers, m, 2. || 5° Rendu intel-
ligilile, manifeste. Un passage obscur, éclairci par
un docte commentaire.... Mais le crime est trop bien
éclairci, bbifaut, Nirms, u, ». Au moment de voir
son sort éclairci, la défiance et le découragement
succédaient dans son cœur, genus, Veillées du châ-
teau, t. III, p. 243, dans pouGENs. || 6° Instruit, in-
formé. C'est de quoi je suis mal éclairci, corn.
ifent. I, 5. De tous vos sentiments mon cœur est
éclairci, eac. Bérén. iv, B. Seigneur, vous en serez
tôt ou tard éclairci, ID. Mithr. ii, 3. Le bâcha, d'a-
bord [dès qu'il est] éclairci, fait distribuer des coups
de hAton, montesq. Espr. vi, 4 1.
ÊCLAIIICIE (é-klèr-sie) , s. f. \] i° Terme de ma-
rine. Endroit clair qui paraît au ciel en temps de
brouillard. Une éclaircie s'est faite dans les nuages.
Il 2* Espace découvert, dégarni d'arbres, dans un
bois. Il 3° Terme d'eaux et forêts. Mode d'exploita-
tion qui laisse les arbres assez rapprochés pour gar-
nir le bois et assez espacés pour bien croître. Méthode
des éclaircies, voy. réensemencement. || Terme de
jardinage. Éclaircie des fruits, action d'ôter les fruits
qui sont trop pressés ou en trop grande abondance.
— HIST. XVI' s. Advint que, sur l'eclaircie du
jour, sortit de sa chambre, et regarda en mer tout
autour de lui et au loin tant que sa vue put aviser,
j. d'auton, Chron. t. iv, p. t94, dans jal.
— ÉTYM. Éclairci; Berry, éclairdie, éclardie,
éclairzie, éclairdîie.
ÉCLAIRCIR (é-kièr-sir), v. o. || 1° Rendre clair,
plus clair. Le vent a éclairci le temps. || Rendre moins
sombre. La nuit moins sombre, Autour de ce palais
semble éclaircir son ombre, arnault, Sylla, i, 6.
Il Kig. N'éclaircirez - vous point ce front chargé
d'ennuis? rac. Iphig. Il, 2. Êclaircissez ce front où
la tristesse est peinte, id. Eslher, m, < . || 2° Donner
plus de netteté. Éclaircir la voix. Êclaiicir la vue.
Il 3° Rendre plus brillant. Éclaircir de la vaisselle,
une arme. || Éclaircir le teint, le rendre plus pur.
Il Éclaircir une couleur, lui donner une teinte
moins foncée. I| Polir les clous d'épingle en les re-
muant dans un sac avec du son. || Repasser légère-
ment les bas au chardon. || Lustrer une peau, du
côté de la fleur, avec le suc de l'épine-vinette.
Il 4° Rendre moins épais, en parlant d'un liquide.
Éclaircir une sauce, un sirop. || 5° Rendre moins
serré, moins compacte. Éclaircir une forêt. La fusil-
lade éclaircissait les rangs. Les séparations et les
longs désespoirs N'ont-ils pas éclairci, dis-moi, ses
cheveux noirs? lam. Joc. vi, 2*8. || Arracher une
partie de ce qu'on a semé ou planté. Éclaircir une
planche de laitues. On n'éclaircit point l'oseille,
parce qu'elle ne saurait être trop drue. || Familière-
ment, lia bien éclairci son bien, il en a mangé une
bonne partie. |{ 6° Avec un nom de chose pour ré-
gime direct, rendre clair, intelligible, débrouiller.
Éclaircir des faits. Éclaircir un mystère, une ques-
tion. X cette fois, Dieu merci! les choses vont être
éclaircies, mol. Georges Dandin, m, 8. Ce terme
est équivoque, il le faut éclaircir, boil. Art p. I.
Éclaircis promptenient ma triste inquiétude, bac.
Hiéb. III, ). Êclaircissez le trouble oii vous jetez
mon âme, lu. Brit. ii, 6. Un moment quelquefois
éclaircit plus d'un doute, id. Iphig. ii, I. Denis
d'Haï icarnasse avait conduit son histoire jusqu'au
commencement de la première guerre punique, et
il s'était arrêté à ce terme , parce que son plan était
d'éclaircir la partie de l'histoire romaine la moins
connue, bOllin, Hist. anc. t. xii, liv. xxv, ch. 2,
art. i , § 2. Il 7» Avec un nom de personne pour ré-
gime direct, instruire, informer. Vous nous êclair-
cissez de votre trahison, mairet, M. d'Asdrubal, iv,
^. Les meilleurs auteurs nous éclaircissent du bon
usage, MÉBÈ, Œuvres posth. t. i, p. 133. Je vous
en éclaircirais de bon cœur, pasc. Prov. 1. Si vous
trouvez quelques obscurités en ce récit, je pourrai
vous en éclaircir do vive voix, lu. Expérience du
DICT. DE LA LANGEE FRANÇAISE.
ÉCL
Puy-de-Dôme, p. (87. S'il refusait de l'éclaircir sur
ce point, boss. Lelt. Corn. 8. 11 faut [je dois] plei-
nement vous en éclaircir, bourdal. Dominicales,
IV, Aveurjle-né, 480. Mon cœur plus à loisir vous
éclaircira mieux, bac. Brit. m, 7. De tous ceux
[crimes] que j'ai faits je vais vous éclaircir, m. ib.
IV, 2. 0 ciell combien de fois je l'aurais éclaircie.
Si je n'eusse à sa haine exposé que ma vie, id.
Bajai. Il, 6. De vos desseins secrets on est trop
éclairci, id. Iphig. 11, 4. Je veux de tout le crime
être mieux éclairci, m. Phèd. v, 4. Je tremble; hâ-
tez-vous d'éclaircir votre mère, id. Athal. n, 2. l'our
éclaircir Brisacier de son sort, hamilt. Gramm. 7.
Eh bienl madame, il faut que vous m'éclaircissiez,
VOLT. Zdire, iv, 6. || Absolument. Les distinctions
qui n'éclaircissent de rien, méré. Œuvres posth.
t. I, p. 402. Il 8° S'éclaircir, v. réjl. Devenir clair.
Son visage a changé, son teint, s'est éclairci, mol.
Am. méd. m, 6. Dans le moment où le ciel com-
mençait à s'éclaircir, fén. Tél. i. || Fig. L'horizon
s'éclaircit, l'avenir est moins menaçant. || Devenir
moins épais. La liqueur s'éclaircira peu à peu par
le repos. || Devenir moins serré. L'âge vient, les che-
veux s'éclaircissent. La troupe s'éclaircissait peu à
peu, vaugel. Q. C. liv. viii, dans riciielet. || Cesser
d'être obscur, se débrouiller. Toutefois attendons
que son sort s'éclaircisse, rac. Uithr. n, 6. Tous
vos doutes, mon fils, bientôt s'éclairciront, id.
Athal. IV, 1. Il S'instruire d'une chose. 11 met tout
en usage afin lie s'éclaircir, cobn. Héracl. v, 2. Je
puis le lire tout entier pour m'en éclaircir, pasc.
Prov. I. Quoi! de vos sentiments je ne puis m'é-
claircir? rac. Baj. n, 1. \\ S'expliquer, avoir ub
éclaircissement. Les querelles viennent souvent
faute de s'éclaircir.
— REM. Les grammairiens disent qu'éclaircir,
dans le sens d'instruire, informer, doit toujours
avoir un régime indirect; et ils blâment Racine qui
en a fait un usage fréifueiit sans régime indirect
(voy. les exemples), Voltaire qui a fait de même,
et Corneille qui a dit s'éclaircir, s'instruire, sans
régime indirect. Cette règle ne paraît fondée sur
rien. Seulement on doit remarquer que cet usage
d'éclaircir a un peu vieilli.
— SYN. éclaircir, expliquer. On éclaircit ce qui
était obscur, parce que les idées y étaient mal pré-
sentées. On explique ce qui était difficile à com-
prendre. Éclaircir un texte, c'est en ôter les obscu-
rités; l'expliquer, c'est en donner le sens, soit que
le passage fût obscur ou non.
— HIST. XI' s. Esclargiz est li vespres et li jurz,
Ch. de Roi. cxxxv. Et esclargie est la sue [la sienne]
grant ire, ib. ccxciii. || xii' s. Amont au ciel où joie
e.st esclarcie, Ronc. p. t74.||xiii* s. Tout droit à
l'ajourner, quant devra esclarcir [faire clair], Berte,
XIII. De là [elle] se départi à une aube esclaircie,
ib. Lxxii. Et qui bien entendrait la letre. Le sens
verroiten l'escripture Oui esclarcist la chose oscure,
la Rose, 7202. Jorde veue ne fut ne perdre ne gaai-
gnerquerele, ainçois est un délais que coustume
donne pour esclaircir ce dont débat est, beaum.
IX, 6. Il esclarchissent les cozes que lor anchisseur
[ancêtres] tinrent orbement [cachées], id. xxiv, 5.
Li airs est clers, nés [net] etseris, Etli ciex trestous
esclaircis, FI. et Bl. 4 3B5. {| xv* s. Je vous es-
claircirai ce fait tout pleinement et ainsi qu'il fut
démené, froiss. ii, u, io7. Dame, dictes moypour-
quoy vous pleurez, s'il vous plaist. Certes, sire che-
valier, se je y cuydoye avoir prouffit, je le vous
diroye. Dommage, dist-il, n'y avez vous jà, se
Dieu plaist; car se je vous puis ayder, je vous ayde-
rai à esclarcir vostrecuer, à mon pouvoir, Laneelot
du lac, t. II, f° 32, dans lacurne. Pour un peu es-
claircir ceste matière, comm. vi, 2. || xvi' s. Quelle
excellence auroit l'ame de l'homme si elle n'estoit
esclaircie de sa lumière [de Dieu]? calv. Inst. 193.
Conceptions informes qu'ils ne peuvent desmesler
et esclarcir au dedans, ni par conséquent produire
au dehors, mont. 1, 488. Afin que nous en ayons le
jugement plus e.çcldircy et plus ferme, id. i, 370.
Pour s'esclaircir de la vérité du faict, id. u, 4».
Escourter et esclaircir le branchage, id. m, 98.11s
ne furent pas plustot au large en mer que le temps
commencea à s'esclaircir, amyot, AÛ. 68. Ils se
ruèrent sur l'endroit des ennemis, où il les condui-
sit, et feirent tant qu'ils esclaircirent la place,
id. p. Mm, 35. U n'y en a pas un duquel il n'ait
encore esclarcy la renommée en escrivant ou par-
lant honorablement de luy, id. Cicér. 29. Les ails
s'esclaircissent par certaines définitions, divisions,
paré, Au lecteur. Elle engendre une curiosité per-
nicieuse de se vouloir esclaircir du son mal, chabr.
Sagesse, i, 29.
ECL
1281
— ÉTYM. Es.... préfixe, et clair, avec l'addition
du son sifllant devant la terminaison; Herry, éclfiiT'
dir, éclardir, éclainir, éclairdzir; provonç. cvi/ar-
iir, esclarzeiir ; catal. esclarir; éSpagn. et portug.
esclarecer.
t ÉCLAIRCISSAGE fé-klèr-si-sa-j'), ». m. Opéra-
tion qui consiste à polir et à doucir à la meule lej
verres de montre.
— ÉTYM. Éclaircir.
t ÉCLAIUCISSANT, ANTE (ékièr-si-san, san-t'),
adj. Qui éclaircit, exi)lique. Un événement [cluite
du duc de Noailles] m'a paru mériter de préfériT
pour cette fois une suite plus éclaircissante des
choses qui l'ont amené, à un scrupule trnp exact des
temps même peu éloignés, st-sim. 479, IS5.
ÊCLAIRCISSEMEM' (é-klêr-si-se-man ), s. m.
Il 1° Explication d'une chose obscure. L'éclaircis.se-
ment de ce passage. Donner des éclaircissements.
Je vous en donnerai l'éclaircissement, pasc. Prov.
5. Voilà, Mentor, ce que vous désirez de savoir;
vous connaissez maintenant l'origine de cette guerre
et quels sont vos ennemis. Après cet éclaircisse-
ment, Télémaque.... FÉN. Tél. X. || 2" Ex|ilication
demandée sur des actes ou des paroles dont le carac-
tère a paru équivoque, blessant. Je veux avoir un
éclaircissement avec vous. Épargnez à mon cœur
cet éclaircissement, bac. Bér. m, 4. Vous cruin-
drez-vous sans cesse? et vos embrassements Ne se
passeront-ils qu'en éclaircissements? id. Brit. i, 2.
Les éclaircissements sont indignes de moi, id. Iph.
III, 3. Le roi n'a point voulu d'autre éclaircisse-
ment, ID. ib. u, 3 Olil qui va rondement Ne
daigne pas entrer en éclaircissement, piiiON, ilétrom.
II, 4. Je réponds à votre lettre du 17 de mars, et
je vous demande en grâce qu'après ce dernier éclair-
cissement il ne suit plus jamais question entre nous
d'une affaire si désagréable, volt. Lett. Dorât,
23 mars 4767. || Un homme à éclaircissement, s'est
dit d'un dueUiste, d'un homme toujours prêt à de-
mander des éclaircissemenis. Il 3" 'ferme d'eaux et
forêts. Synonyme d'éclaircie.
— HIST. XVI* s. 11 y a plus de quarante ans que je
travaille et me peine à l'éclaircissement et perfection
de la chirurgie, pabé. Dédie.
— ÉTYM. Éclaircir ; piovenç. esclariiment.
t ÉCLAIRCISSEUR (é-klèr-si-seur ), s. m. Ou-
vrier qui décrasse et éclaircit le fil de laiton, etc.
— ÉTYM. Éclaircir.
4 . ÉCLAIRE (é-klê-r') , s. f. L'éclairé ou la grande
éclaire, la chélidoine des botanistes. Petite éclaire,
renoncule ficaire.
— HIST. XV' s. Au joly mois que clers ont figure
jaulne.... Que l'on voit le pré de fleurs repainturé
Et ces beaulx bois de feuilles verdoyer, Perce forest,
1. 1, f° 78. Il xvi's. Ce nom d'esclaire est donné à celle
herbe à cause que d'icelle les arondelles guérissent
'eurs petits de l'esborgneuieut, 0. de serres, 6I5.
Deux esclaires y a-il, petite et grande; ceste-là
aussi ditte herbe aux escrouelles, m. 616.
— ÉTYM. Éclairer, à cause que cette plante était
supposée éclaircir la vue.
f 2. ÉCLAIRE (é-klè-r'), s. f. Terme de pêche.
Ouverture par laquelle le pécheur de morue fait
tomber le poisson dans la cale du vaisseau.
— ÉTYM. Éclairer, parce que cette ouverture est
un jour. En Normandie, éclaire (ou éclair, s. m.)
se dit pour soupirail de cave.
ÉCLAIRÉ, KE (é-klè-ré, rée), part, passé. || l-Oui
reçoit une lumière. La terre éclairée par le soleil,
par la lune. Il Être nourri, logé, éclairé, avoir la
nourriture, le logement et l'éclainige. |l Cet apjiar-
tement est bien éclairé, mal éclairé, le jour y |>é-
iiètre d'une manière suffisante, insuffisante. || Fig.
.... les lieux Honorés par les pas, éclairés par le.»
yeux De l'aimable et jeune bergère Pour qui, sou»
le fils de Cythère, Je servis, engagé par mes pre
miers serments, la font. Fabl. ix, 2. || 2° Qui a beau-
coup de clartés, de lumière sur les choses. Homme
éclairé. Juge éclairé. L'âge le rendra plus éclairé
en honnêtes gens, mol. Crit.de VÉc. des femmes, 6.
Tout éclairée qu'elle était, elle n'a po'nt présumé de
ses connaissances, et jamais ses lumières ne l'ont
éblouie, boss. Duch. d'Orl. Un peuple éclairé des
lumières de l'Évangile, mass. Profession religieuse.
Sermon 4. Allons dans celte immense région liyper-
borée [la Russie], qui était si barbare il y a quatre-
vingts ans et qui est aujourd'hui si éclairée et si in-
vincible, volt. Voyage de la raison. Il repartit
accompagné d'Acunha et d'Artieda, deux jésuites
éclairés, qu'on chargea de vérifier ses observations
et d'en faire d'autres, raynal, Hist. phil. ix, 44.
Il On dit de même : jugement éclairé, critique
éclairée. Vous avez l'esprit trop éclairé pour ne pas
I, — lei
128i
ÉCL
TOir de quelle source partent les choses qu'on vous
dit, MOL. Sieil. 4i. Un si bas, si honleui, si faux
ehrisliaiiisme Newaut pas des l'Ialons l'éclairé pah'a-
nisme, boil Éptt. xii. Il aurait cru manquer à la
partie la plus essenlielle de son élat [juge], si, comme
i! sentait ses internions droites, il ne les rendait
éclairées, flèch. Lamoir/non. \\ S° Éilairci, mis en
évidence. Ainsi la fraude, s'il y en eût pu avoir, eût
élé éclairée da trop près pour réussir, Boss. Ilist.
II, ta. Le dédale des cœurs en ses détours n'enserre
Rien qui ne soit d'abord éclairé par les dieux, la
FONT. Fabl. IV, t9. Il Observé, espionné. Il était
éclairé de trop près pour pouvoir dérober longtemps
la connaissance de son intrigue. {| Ce jardin est trop
éclairé, c'est-à-dire la vue des voisins y pénètre trop.
— SYN. CLAIRVOYANT, ÉCLAIKÊ, INSTRUIT. Le clair-
voyant est celui qui y voit clair; l'éclairé, celui
qui a des clartés; l'instruit, celui qui a de l'instruc-
tion. Il y a cette différence entre clairvoyant et
éclairé, que le premier se dit des lumières natu-
relles, et le second des lumières acquises. On est
clairvoyant par un don de la nature; on devient
églairé par l'élude et la réflexion. Ce qui distingue
l'homme éclairé de l'homme instruit, c'est que le
premier a des clartés des choses et que l'autre a sim-
plement connaissance des choses ; un homme in-
struit peut n'être pas éclairé; cette dernière qualité
impliquant que l'on sait faire une application con-
venable des lumières acquises. Ajoutons que l'in-
struction peut se composer de notions qui ne sont
pas justes. Ainsi la théorie chimique avant Lavoi-
sier était un tissu d'erreurs; celui qui saurait par-
faitement toute cette théorie et les preuves qu'on
croyait en avoir, serait instruit sans doute, mais
fort peu éclairé.
tÉCLAlRKME^T (é-kU-re-man), s. m. L'action
d'éclairer. Dans l'hiver de 4755 à t756, un grand
nombre de particuliers firent allumer la nuit des
lanternes devant leurs maisons pour éclairer la rue
et ils conlinut'rent cet éclairement pendant tout
•'hiver, j. picot, Hist. de Genève, t. m, p. 303,
iansHiiMBERT, Gloss.
— HIST. XIII' s. Se demain atendés Jusqu'à l'es-
îlairement [jusqu'au jour], Ch. d'AM. vi, 457.
,1 xv s Furent merveilleux tonnerres, corrusca-
lions et esclairemens, juv. des ursins, Ilist. de
Charles VI, p. H6, dans lacukne.
— ETYM. Éclairer; provenç. esclairaYnefi.
ÉCLAIRER (6-klè-ré) , V.a. || 1» Répanilre la clarté
sur. La lune éclaire nos nuits. Jupiter est éclairé par
quatre satellites ou lunes. L'incendie éclairait au
loin la campagne. Prends garde que jamais l'astre
qui nous éclaire.... rac. Phèd. iv, 2. Et le jour
a partout éclairé mes combats, id. Alex, iv, 2.
X peine un faible jour vous éclaire et me guide, id.
Iph. 1, t. Et toi, soleil, et toi qui, dans celte con-
trée, Reconnais l'héritier et le vrai fils d'Atrèe, Toi
qui n'osas du père éclairer le festin. Recule, ils
t'ont appris ce funeste chemin, id. Iph. v, 4. {| On
dit poétiquement que le jour éclaira un événe-
ment pour indiquer le jour oïl cet événement s'est
passé. La journée Qui devait éclairer notre illustre
hyménée, bac. Iph. iv, 4. Ce jour presque éclaira
vos propres funérailles, m. liérén. i, 3. J'espère
que liientôi ces voûtes embrasées Du sénat et du
peuple éclairant le tombeau.... volt. Brut, u, 2. Les
jours qui suivent ces jours de destruction éclairent
des forfaits d'un autre genre, ravnal, Ilist. phil.
VII, 7. Il Poétiquement. Tant que le jour l'éclaire,
tant qu'il vit. Tandis que le soleil éclaire ce perfide....
BAC. £'.vl/i. II, *. Il Kig. Mlle de Flamarens disait
qu'il [M. de Forcalquier, homme de beaucoup d'es-
prit] éclairait une chambre en y entrant, le phêsi-
DENi HKNAULT, Uétn. p. 183, in-8, 1865. || Terme de
jeu. Eclairer le tapis, mettre devant soi la somme que
l'on veut jouer. || 2° Fig. Éclaircir, porter la lumière.
Nous saurons éclairer jusqu'au fond de son âme,
TRISTAN, lf.de Chrispe, u, 2. LeSeigneurqui éclai-
rera les ténèbres les plus épaisses, flécii. Serm.
I, »7. Voudriez-vous qu'on mil au grand jour toutes
les faiblesses secrètes, toutes les indignités que l'œil
de Dieu a éclairées? mass. Car. Enf. prod. Lescieux
à nous nuire attachés, Ont éclairé la nuit oii nous
étions cachés, volt. Orph. i, 3. Si j'allais, éclairant
cet abîme odieux. Dans toute son horreur le mon-
trer à tes yeuxl Ducis, Lear, l, 4. Il me sérail
aisé d'éclairer le dessein Qu'a pu former la haine
enfermée en tonsein, lemerc. Agam.iv, B. Informe-
moi do tout; c'est à toi d'éclairer Les désordres se-
crets que je puis ignorer, id. ib. UI, 3. L'art n'a
pas de détours qu'un œil perçant n'éclaire, id.
Charlet.VI, i, 2. La reine dont les yeux pouvaient
éclairer l'ombre, Qui sur ce grar-' -"cret étend son
ÉCL
voile sombre, briff. Ninus, u, 2. || 8* Mettre en
évidence. La même parure qui a autrefois embelli
sa jeunesse éclaire les défauts de sa vieillesse, la
BRUY. m. Il 4' Donner la lumière intellectuelle. Aucun
n'est éclairé de rayons si puissants, Aucune âme si
haut ne se trouve ravie... corn. /mit. ii, ». Quoi I
j'étouffe en mon cœur la raison qui m'éclaire I rac.
Andr. v, 4. Lorsque ta raLson par l'âge confirmée,
Pour éclairer ta foi te prêtait son flambeau, volt.
Zaïre, i, l. Dès que l'âge éclaira votre faible raison,
DELAV. Tipr. sic. I, 3. Il Donner des lumières, de
l'intelligence, détromper. Allons en [du peuple] éclai-
rer l'aveuglement fatal, corn. Pol. ii, 6. Le ciel en
un moment quelquefois nous éclaire, ID. D. Sanche,
i, &. Faites choix d'un censeur solide et salutaire.
Que la raison conduit et le savoir éclaire, boil.
Art p. IV. Qu'il entre; ses avis m'éclaireront peut-
être, RAC. Esth. II, 4. Ciel! daigne m'éclairer, id.
ib. m, 4. Votre crime aujourd'hui m'éclaire sur le
mien, lamotte, Inès, m, 6. Trop tard sur les mal-
heurs de Nîmes, On éclairerait ta bonté, bérang.
Math. Brun. \\ 5° Terme de peinture. Disposer la lu-
mière dans un tableau. Ce peintre éclaire bien tous
ses tableaux. |{ 6" Surveiller, épier, observer. Ils
éclairent ses pas, en quelque endroit qu'il aille. Ils
lisent les premiers les lettres qu'on lui baille, racak,
Berg. i, t. Constance deviendra l'espion de Licine,
Et, l'éclairant de près, fera toujours savoir....
TRISTAN, M. de Chrispe, i, 3. On l'éclairera de
si près qu'il ne fera rien sans que nous le sachions,
scARR. ilom. com. ii, t2. Au diable le fâcheux qui
toujours nous éclaire, mol. l'Étourdi, i, 4. J'ai
voulu vous parler en secret d'une afl'aire, Et suis
bien aise ici qu'aucun ne nous éclaire , ID. Tart.
m, 3. Il m'importe de ne pas oublier que les hommes
m'éclairent, qui que je sois et quoi que je fasse, et
qu'ils sont en possession de méjuger, bourd. Cor^mc,
t. I, p. 249. Ceux même dont les yeux les devaient
écla'irer, bac. Baj. i, i. On m'épia, on m'éclaira de
si près, qu'on s'aperçut que j'avais avec Célie des
entreliens nocturnes , lesage , Gusm. d'A Ifar. ch. viii.
Il 7° Terme de guerre. Éclairer l'ennemi, en obser-
ver, surveiller les mouvements. || Éclairer sa mar-
che, faire reconnaître exactement le chemin, le
terrain qu'on va parcourir, pour savoir si l'ennemi
n'en occupe pas quelque point. Pendant que Key
attaquait. Murât éclairait ses flancs avec sa cavale-
rie, sÉGUR, Ilist. de Nap. vi, 7. \\8' Y. n. Jeter une
lueur. Celte bougie éclaire mal. Le gaz éclaire bien.
Les vers luisants éclairent pendant la nuit. La lune
éclaire sans échauffer. Mon astre dans la nuit éclaire
en ce bocage, desmabets, Mirame, ii, 4. || 9° Éclai-
rer à quelqu'un, faire qu'il y voie à l'aide d'une lu-
mière les matelots Jamais ne méprisent les
flots. Quelque phare qui leur éclaire, malh. iv, b.
Il 11 se dit aussi d'une personne que l'on précède ou
auprès de qui on se tient pour qu'elle voie clair. Éclai-
rez à monsieur. || Absolument. Eclairez. Allez éclai-
rer. Il Aujourd'hui on le fait actif abusivement en
ce sens. Éclairez monsieur. Éclairer une personne
qui descend un escalier. {| 10° Y. imp. Il éclaire,
il fait des éclairs. Il a éclairé toute la nuit. Il se
conjugue avec l'auxiliaire at;otr. || Par extension. Il
apparlieut à Dieu d'éclairer et de tonner dans les
consciences, boss. Par. de Pieu, <. Dieu a-t-il tonné
et éclairé sur une montagne ?1D. i, Pent. 1. 1| 11" S'é-
clairer, v. réfl. Recevoir de la lumière. La campagne
s'éclaira peu à peu des rayons de la lune qui mon-
tait sur l'horizon. || Fournir à son éclairage. Il faut
bien de l'argent à Paris pour se loger, se nourrir,
se chaulTer, s'éclairer. || Fig. Acquérir des lumières,
des connaissances. Les esprits commencent à s'é-
clairer. Le pays s'éclaire. || Terme militaire. Éclai-
rer sa marche. Cet officier ne faisait pas un mouve-
ment sans s'éclairer. || Proverbe. La chandelle qui va
devant éclaire mieux que celle qui va derrière , c'est-à-
dire il vaut mieux faire du bien de son vivant que
d'obliger par son testament ses héritiers à en faire.
— HIST. XI* s. Par main [matin] en l'aube, si com
li jurz esclaire, Ch. de liol. lu. Tout li païs en re-
luist et esclaire, tb. clxxxvi. || xii* s. Au matinet,
quand il dut esclarer, flonc. p. 8. En mer se met-
tent, quant l'aube est esclarée, t6. p. < 18. Quant la
saison du duuz tems s'a.sseQre, Que biaus estez se
rasraine [rassérène] et esclaire, Lors [je] chanterai....
CoHci, p. t25. De duel [dueil] morrai et d'ire se mon
cuer [je] n'en esclaire [éclaircis, décharge], Sax.
XXXI. Il XIII* s. Princes avers [avare] ne se doit avan-
cier; Car bien doner toute valeur esclaire, Pot?.iiVs
mss. du Vatican, dans lacurne. Bien doit poine
[peine] plaire, Qui cuer obscur enlumine et esclaire,
OACES BRÛLÉS, Poés. mss. dansLACURNE. Autre devise
[je] n'en vool faire [do Blonde] , Fors taul que sa
ÉCL
biautés esclaire Trestous les lieux où ele vient,
Bl. et Jeh. 4709. Quant li quens [le comte] l'ol ensi
parler, si li esclaira h cucrs et dist à la contesse,
Chr. de Bains, 2I4. Atant ont laissié le plaidiet
Jusqu'au demain à l'esclairier, Ren. ntHt. 11 e>t
bon que nous esclairons quele contrariétés tau
[toit, supprime] le premier [testament|, quant il n'e»
pas rapelés especialement, beadm. xii, 42. jj xvi* ».
[Phebus] Pleure, et pleurant tant se despite et
deult, Que plus au monde esclairer il ne veult,
MAROT, IV, 76. Hero tandis, qui des créneaux es-
claire, De son manteau couvrait la lampe claire, id.
IV, t<8. Quand il tonne ou esclaire, mont, i, 2».
Ses ouvrages, présentez d'un lustre qui nous es-
claire à la vertu, id. i, tôt. Si j'esloffois l'un de
mes discours de ces riches despouilles, il esclaireroit
par trop la bestise des aultres, id. i, tB8. Le dragon
fourbit et esclaire ses yeulx avec du fenoil, id. u,
17). Il tonnoit, il esclairoit en harenguant, et il
portoit sur sa langue une fouldre terrible, amvot,
Péricl. (3. Séjour en tout temps également esclaire
d'une lumière pure et nette, id. ib. 74. Elle les
contraignit d'entrer et approcher du lict, tenant
elle mesme la lampe pour leur esclairer, id. Pélop.
66. Hz avoient craint que Caton ne fust eleu prêteur,
de peur qu'il ne les esclairast de trop près, ou qu'il
n'empeschast leurs desseings, id. Cat. d'Utiq. 66. Et
parce que le roy de Navarre, alors prisonnier, estoit
esc'» ré de trop près, il fut arresté qu'Aubigné se
tien 11 oit auprès de Fervacques, d'aub. Fie, xxviil.
Un Oi'i (sin Ga.spar Baronius, que Dieu âvoit esclaire
des luiii «res de l'évangile, id. ib. cxxix. U le sup-
plia de l'« i esclarer [informer, instruire], carloix,
VI, 18. jâ leur esclaire au rais de mon flambeau,
BONS. 95«.
— ÉTYM. f^pour et.... préfixe, et dair; protenç.
esclairar; itnl tchiarare.
t ÉCLAIRh» ra (éklè-rè-f), ». f. Un des noms
vulgaires de la 'caire (voy. éclaibe).
fiCLAIREtJR /• klè-reur), i. m. Terme de guerre.
Soldat qui va à V découverte. Enfin une dernière
hauteur reste à a>i»sser; efle touche à Moscou,
qu'elle domine; c'esi eMontdu Salut; noséclaireurs
l'eurent bientôt cou vîné, sêgub, Ilist. de Kap.
VIII, 4. Il Terme de ma Me. Bâtiment de guerre qui,
détaché d'une escadre, >a à la découverte.
— HIST. XVI* s. EsclajiBlir, oudin.
— ÊTYM. Éclairer.
+ ÉCIAMÉ, ÉE (é-kla-mé, mée), adj. Terme
d'oiselier. Oiseau qui a la patte ou l'aile cassée.
Serin éclamé.
— HIST. xiii* s. Celé citez, ce dist li vers. Est
fermée de quatre portes. Qui ne sont esclames ne
tortes, Fahl. mss. n°72i8, f° 3)4, dans lacubne.
Ne sa mère la dame Blanche, Qui ne fu chiche ne
e.sclanche, Ilist. de France d la suite du roman de
Fauvel, ms. n* 68)2, ^ 85, dans lacurnb. || xv* s.
Le bras esclenc [gauche], Éiang. des quen. p. 4 47.
Il XVI* s. Eslans longs et esclames, telle espèce de
cerfs sont fort vigoureux, fouulloui, Yéntrie,!" t9,
dans lacubne.
— ETYM. Esclamé, resté dans le langage des oi-
seliers, est sans doute une altération à'esclame, qui
signifie, dans le plus ancien exemple, quelque dé-
fecluo.sité corporelle; esclame à son tour lient ii
esclanche, qui a un sens analogue; cl esilanche est
l'ancien adjectif Cic/onc/ie (wallon, hieing, clinche,
hlinch^, qui signifiait gauche, senestre : xiii* s.
....si fiert lehardel. De la hache à la mein esclanche,
Si grant cop que le hardel trenche, Ren. 2327». Ce
dernier mot vientdu germanique: anc. haut-allem.
slinc; flamand, slink; allem. link, gauche; du
verbe slinken, devenir faible, mince.
t RCLAMl'SIE (è-klan-psie), t. f. || 1* Terme de
médecine. Afl'ection convulsive des enfants dans le
bas âge. il 2" Affection convulsive alîeclant les fem-
mes dans l'étal de puerpéralité, et que caractérisent
des accès le plus ordinairement accompagnés ou
suivis de l'abolition des facultés sensorialesetictel-
lectuelles.
— ET^'M. '£xXa|x<{<i(, manifestation subite, _ de
ix, et ><i|jimiv, brifler.
t ÉCLAMPTIQUK (è-klan-pli-k'), adj. Quia rap-
port à l'éclampsie.
— ETYM. Eclampsie.
ÉCLANCHK (é-klan-ch'), t. f. Epaule de mouton
séparée du corps de l'animal.
— HEM. Jusqu'en i8:iB l'Académie déclarait, après
Furetière, que l'éclanche était la cuisse au mouton
séparée de l'animal, autrement le gigot. C'est le sens
qu'a ce mot dans les passages suivants : Est-il un
plus grand plaisir au monde que de commander dans
son petit empire, d'y êlre maître de son plat et d y
recevoir, au sortir de la broche, une éclanche de
mouton encore toute brûlante? dassouct, Aientur.
ch. V, cité par Ch. Nisaril, Curiosités de l'étijm.
franc, p. 227; Eclanche de moi tant chérie. Près
de (Jui jamais étourneau Au sage humain ne lit en-
vie, Auprès d'une perdrix rôlie, Gigot, que tu me
semblés beau ! id. «6.
— HiST. XVI* S. Panade, gelée, jus d'eclanche de
mouton, PARÉ, XV, 27. Lesespaules, les esclanges,
les gigots, BAB. t. IV, p. 27, dans lacubne.
— ÊTYM. Picard, éclainche, épaule; wallon,
clinche di vai, longe de veau. Origine inconnue et
sens mal déterminé, puisque Rabelais semble dis-
tinguer de l'épaule aussi bien que du gigolVéclanche,
On a proposé l'ancien haut-allemand hlancha, flanc.
On a proposé aussi, dans le môme idiome, l'ancien
haut-allemand scinca, jambe; suédois, skanka; al-
lem. Schinken, jambon; mais VI manque ici. Enfin
Génin, Récréât, t. ii, p. <3», rattache l'édanche à
l'ancien adjectif esclanche. gi.ache (voy. l'historique
d'tCLAMË), disant que le cavalier qui monte à cheval
a la main gauche du cAté de l'épaule du cheval ,
qu'ainsi le cAté antérieur de l'animal a été dit son
cAté gauche, et que éclanche doit signifier épaule.
t ÉCLANCHEH (é-klan-ché) , v. a. Voy. écran-
CHEH.
ÉCLAT (é-kia; le ( ne se lie pas dans le parler
ordinaire; au pluriel, Vs se lie : des ékla-z incon-
sidérés; éclats rime avec appas, mâts), s. m.
Il 1° Partie détachée d'un corps dur par une force
subite, instantanée. Un éclat d'une branche rom-
pue. Il fut blessé d'un éclat de pierre. [Je vis] en
mille éclats d'acier choir et voler vos armes, botb.
Bélit. V, 6. L'essieu crie et se rompt, l'intrépide
Hippolyte Voit voler en éclats tout son char fracassé ,
RAC. Phèd. v, ». À Luxembourg, blessé d'un éclat
de grenade, mass. Or. ^un. Conty. \\ Fente, commen-
cement de séparation , de rupture dans une pièce de
bois. Il 2° Son, bruit soudain et violent. Les éclats du
tonnerre. Â tous les éclats de risée il haussait les
épaules et regardait le parterre en pitié, mol. Crit.
«. Je rabais aborder, quand d'un son plein d'éclat
L'autre m'a fait prendre la fuite, la font. Fabl. vi,
&. Ces paroles à quoi Gelasle ne s'attendait point,
et qui firent faire un petit éclat de risée, l'interdi-
rent un peu, ID. Psyché, i, p. 8». Elle fit un éclat
de rire si naturel que.... SÉV. 484. Avocat, De
votre ton vous-même adoucissez l'éclat, rac. Plaid.
ni, 3. Que la foudre en éclats ne tombe que sur moi,
VOLT. Zaïre, ii, 3. Entends-tu ces clameurs, en-
tends-tu ces éclats? id. Fanât, v, 2. Qu'est-ce,
amis? nos éclats, nos jeux se ralentissent? A. chén.
Élég. xxii. Mais quels éclats, amis? c'est la voix de
Julie: Entrons; 6 quelle nuiti joie, ivresse, folie, id.
Éli'g. XXIV. Eudore prononça ces paroles avec un grand
éclat de voix, CHATEADB. Mart. n , 20. || Fig. Un éclat de
tonnerre, c'est-à-dire quelque chose de foudroyant,
d'atterrant. Quel revers imprévu, quel éclat de ton-
nerre! CORN. l'erthar. m, 8. Sur moi seuldoit tomber
l'éclatde la tempête, id. Cid, ii, 9. || 3° Manifestation
remarquable, violente, bruyants. Ce grand éclat
qu'elle laisse faire à son amour, corn. Ex. duCid. Leur
amour importun viendrait avec éclat Par des cris,
par des pleurs troubler notre combat, id. Ilor. u,
8. Mais je ne comprends point toute cette conduite.
Ni comme à cet éclat la reine vous contraint, id.
JVt'com. m, 4. Jusqu'au dernier éclat poussez la fré-
nésie, id. Sert. IV, 2. C'étaient de vains éclats de
générosité Pour rehausser ta gloire avec impunité,
ID. Perthar. v, 3. Et pourtant votre gloire a fait de
tels éclats Que les filles de roi ne vous manqueront
pas, ID. Suréna, i, 3. Faites de votre flamme un
éclat glorieux, mol. la Princ. i, t. Un parti qui
causa quelque émeute civile.... L'obligea d'en sortir
une nuit sans éclat, id. l'Étourdi, iv, l. 11 craint
, les éclats qu'elle fera en apprenant cette nouvelle,
SÉV. 367. Dont il était sur le point de faire de l'é-
clat, LA BRUY, xiv.... après l'éclat et les pas que j'ai
faits, BAC. Bérén. v, 6. Qu'importe de faire un grand
éclat pour sortir des mains d'un homme corrompu?
PÉN. Tél. xiii. Il crut qu'il pouvait se dispenser à son
âge de faire un éclat dans Borne [en se convertis-
.■îant] , MASS. Cor- liesp. hum. On se réconcilie pour
éviter un certain éclat désagréable, m. ib. Pard.
L'outrage et le danger Du malheureux éclat d'un
amour pissager, volt. Zaïre, i, (. De son premier
courroux vous voyez les éclats, dccis. Othello, i, 7.
Ces éclats d'un courroux peut-être légitime, benj.
COUSTANT, Watsiein, m, 3. || Faire éclat, divulguer.
LesecrPt est ."i vous, et je serais ingrat Si, sans votre
congé, j'osais en faire éclat, corn. Iléracl. ii, 2.
Il Faire éclat, se livrera quelque manifestation vio-
lente. L'hôte s'étant le, S commence à faire éol"!, la
ÉCL
FOUT. Berc. \\ Faire éclat, se dit aussi des choses dont
li manifestation est violente. La rupture fit éclat. X
cause du grand éclat que cela ferait, boss. Lett. quiit.
(74. Cette afl'aire avait fait un trop grand éclat pour
être dissimulée, id. Var. i. Une aventures! publique
fit l'éclat qu'on peut imaginer, hamilt. Gramm. 9.
Il En venir à un éclat, en venir à une extrémité vio-
lente. Emporté jusqu'à l'éclat, vindicatif jusqu'à la
fureur, mass. Car. Culte. \\ Manifestation qui fait
scandale. Mais c'est peu des soupçons; il en fait
des éclats, mol. D. Gare, iv, 8. Ce n'est point mon
humeur de faire des éclats, id. Tart. m, 4. Mais je
suis bonne et ne veux point d'éclat, la font. Gag.
Mais que deviendras-tu, si, folle en son caprice,
N'aimant que le scandale et l'éclat dans le vice....
BoiL. Sat. I. Vous rendez la rupture difficile et l'éclat
inévitable, mass. Car. pdques. |fV Intensité avec
laquelle une vive lumière et, par suite, une surface
polie, une couleur animée frappent l'œil; aspect
brillant. L'éclat du soleil. L'éclat des fleurs. L'éclat
des couleurs. Le Verbe qu'il engendre éternellement
en se contemplant lui-même, qui est l'expression
parfaite de la vérité, son image, son fils unique,
l'éclat de sa clarté et l'empreinte de sa substance,
BOSS. llist. Il, 8. Enfin le jour, un jour sombre pa-
rut; il vint s'ajouter à cette grande horreur [l'in-
cendie de Moscou], la pAlir, lui ôter son éclat, sÉo.
Ilist. de Nap. viii, 6. || U se dit aussi des yeux, du
teint. L'éclat du teint. Je n'aurais adoré que l'éclat
de ses yeux, cobn. Polyeucte, iv, 5. Et quoique
d'un autre œil l'éclat victorieux Etit déjà prévenu
le pouvoir de vos yeux, bac. Andr. iv, 6. Le roi
n'avait jamais aimé que des femmes dans tout l'éclat
de la première jeunesse, genlis, Mme de Uainlen.
t. I, p. 64, dans potJGENS. Il Avoir de l'éclat, se dit
d'une femme qui est dans le brillant de la jeunesse
et dont la peau a de vives couleurs. Jeune et belle,
elle avait sous ses pleurs de l'éclat, la pont. Matr.
C'était une figure de plus d'éclat qu'elle n'était tou-
chante , hamilt. Gramm. 8. || 5" Magnificence,
splendeur. L'éclat des habits, des toilettes. L'éclat
des cérémonies. Comme Anselme vivait avec assez
d'éclat, LA font. Petit chien. Les rois, non plus que
le soleil, n'ont pas reçu en vain l'éclat qui les en-
vironne; il est nécessaire au genre humain, et ils
doivent, pour le repos autant que pour la décora-
tion de l'univers, soutenir une majesté qui n'est
qu'un rayon de celle de Dieu, boss. Marie-Thér. 11
aimait les choses qui ont de l'éclat, fén. Tél. xxii.
Irais-je, adulateur sordide. Encenser un sotdans l'é-
clat. Amuser un Crésusslupide, Et monseigneuriser
un fat? GEESSET, Chartreuse. || Aimer l'éclat, aimer
les choses fastueuses. || 6' Fig. Ce qui, dans les pen-
sées, dans le style, a comme un éclat de lumière. Celte
pensée, ce discours a de l'éclat. La facilité qu'ils ont à
parlerdonne un certain éclata leurs pensées, quoique
fausses, qui les éblouit eux-mêmes, nicole, Traiti
des moyens de conserver la paix avec les hommes.
Nicole dit que l'éloquence et la facilité donnent un
certain éclat aux pensées; cette expression m'a paru
belle et nouvelle; le mot d'éclat est bien placé; ne
le trouvez-vous pas? sÉv. 98. || 7° Il se dit aussi, au
sens moral, de tout ce qui resplendit comme une
lumière, comme des rayons. La guerre, en tel éclat
a mis votre valeur, corn. Hor. ii, t. De tels remer-
clments ont pour moi trop d'éclat, id. ib. iv, 2. Je
l'aime, mais l'éclat d'une si belle flamme, Quelque
brillant qu'il soit, n'éblouit pas mon âme, id. M. de
Pompée, II, 1. Meurs; mais quitte du moins la vie
avec éclat, id. Cinna, iv, 2. Remettez en éclat la
puissance absolue, m. Nicom. ii, 2. Tout me parait
facile en l'éclat où je suis, id. Tois. d'or, v, 3. Cette
pièce eut d'abord grand éclat sur le théâtre, id.
Ex. de D. Sanche. Tous les discours sont des sot-
tises Partant d'un homme sans éclat, mol. Amph.
Il, 1. La gloire de Jésus-Christ a eu un si grand éclat
que.... BOSS. //i«(. II, a Lecœur les suit, et tous
gardent le rang Que leur don ne leur charge ou l'éclat
de leur sang, Perrault, dans richelet. Il doit au
sang d'Hector tout l'éclat de ses armes, rac. Andr.
1, 4. Mais je veux faire au moins la chose avec éclat,
ID. Plaid. II, (4. M. de Turenne vit ajouter un nou-
vel éclat à sa gloire, hamilt. Gramm. 5. Arts trop
pernicieux dont l'éclat les captive, volt. Tancr. l,
). Le nom de Solamir, l'éclat de sa vaillance, id.
ib. rv, 5. Du faux éclat qui t'environne. Serons-
nous toujours éblouis? J. B. BOUSS. Ode à la fortune.
Une action d'éclat. Qui surprit à la fois le peuple
et le soldat, sauhin, Sparlacus, ii, <. En vain pour
s'étayer du nom de mes aïeux. Par l'éclat des em-
plois Charles flatlait mes yeux, c. delav. Vép.sicil.
l, t. Tout cet éclat dont l'Europe est si fière, Tout
ce savoir qui ne la défend pas, S'engloutira dans
ÉCL
1286
les flots de poussière Qu'autour de moi vont soule-
ver tes pas, PÉRANG. Chant du cosaque. || 8* Terme
de muiéralogie. Éclat de Jersey, pierre à aiguiser.
Il 9° Variété de pomme.
— HIST. xm' s Li chevaus contre l'areste D'un
fossé vient de tel esclate Que 11 ribaus à terre flato
[tombe]. Si qu'à poi qu'il ne se tua. Fabliaux mts.
n° 7218, f" 236, dans lacubne. || xiV s. De quodura
baculo vocato esclate, du canoe, tclata. Tels cula
[coups] es hiaiimes se donnèrent, Les lances volent
paresclas, j.DECONDET, p. 32. ||xv's. Encore ara lil
aura] nape trop mal buée, Orde, oras.se, noire ccm
corniUat; Aucune foiz à la table clouée. Sans plus
ester, tant qu'il en dure esclat [lambeau], eust.
DESCH. Poésies mss. dans lacubne. Yssit du ciel plu-
sieurs grans esclas de tonnoire, espartissemens et
merveilleuse pluye, Chron. scandai, de Louis II,
p. < 50, dans laci:bne, au mot mars lors j'enpon-
gne ung esclat j de bois] ; Dessus le nez lui en fais un
escript En ce bourdel où tenons nostre estât, Vil-
lon, Ball.\\xv\' s. Cet esclat [brillant fait d'armes]
porta dans le Bearn leurs nouvelles ensemble et l'es-
tonnement, d'aub. Ilisl. i, 294. Pluviaud estropié
d'un esclat de canon, id. ib. i, 29S l'our ouïr
dans l'air un bruict de grand esclat, id. ib. ii, 2».
Ton regard dans le cœur, dans le sang m'est entré
Comme un esclat de foudre alors qu'il tend la nue,
bons. 227. Mais, à bien parler, [l'honneur] c'est l'es-
clal d'une belle et vertueuse action.... charbon, So-
gesse, i, es.
— ÊTYM. Voy. éclater; wallon, skia.
t ÉCLATA BLE (é-kla-ta-bl) , ad;. Qui est suscep-
tible de se fendre, de se briser par éclat.
— HIST. XVI' s. On ne peut adoucir entièrement
les grenades aigres, ni engarder d'esclaler les escla-
tables, 0. de skbbes, 697.
— ÊTYM. Éclater.
ÉCLATANT, ANTE (é-kla-tan, tan-t'), adj. || 1° Qui
a de l'éclat. Une lumière éclatante. Une robe écla-
tante. Une éclatante blancheur. || Fig. Le mérite a
toujours des charmes éclaiants, corn. Serlor. ii, i.
Quoique ce ne fût pas une beauté éclatante, hamilt.
Gramm, b. Cette gloire dont je le vois déjà tout
éclatant, bodbd. Car. m, Persévér. chréi. Mb. Neuf
guerriers éclatants de beauté, de j"unesse. Bril-
laient au premier rang, delille, Enéide, xn. Dans
l'Elysée des anciens, on ne trouve que des héros,
qui avaient été heureux ou éclatants dans le monde,
CHATEAUB. Génie, I, VI, 6. Il 2° Qui fait un grand
bruit. Le chant éclatant des oiseaux. Une éclatante
fanfare. Tous en même temps Poussons jusques au
ciel mille cris éclatants, cobn. Cid, iv, 3. {| Par ex-
tension, qui a de la sonorité. Une voûte éclatante.
Il 3" Qui frappe l'esprit, qui se fait remarquer en
bonne et en mauvaise part, en parlant des choses.
Un exemple éclatant de telle ou telle chose. Des
preuves éclatantes. Des marques éclatantes. Une
victoire éclatante. A moi, par un valet, cet affront
éclatant! mol. l'Étoxir. iv, 8. Notre vengeance, pour
être différée, n'en sera pas moins éclatante, m. Fes-
tin, m, 6 Toi, Lamoignon, que le rang, la
naissance. Le mérite éclatant et la haute éloquence
Appellent dans Paris aux sublimes emplois, boil.
Ép. VI. Mais moi qui.... Ai vu de mes pareils les
malheurs éclatants, rac. Bnj. iv, 7. Du mérite écla-
tant cette reine jalouse, id. Athal. i, I. Oui, c'est
un Dieu caché que le Dieu qu'il faut croire; Mais,
tout caché qu'il est, pour révéler sa gloire. Quels
témoins éclatants devant lui rassemblés I Répondez,
cieux et mers, et vous, terre, parlez, lol'is racine.
Religion, I. C'est le frivole honneur d'un refus écla-
tant, VOLT. Triumv. u, 4. Lyciis, fils d'Ëvéïion,
que les dieux et le temps N'osent jamais troubler
tes destins éclatants! a. chén. Idylle, le Mendiant.
Il 4° Qui fait éclat. Les plus grands déplaisirs sont
les moins éclatants, corn. Perthar. m, 3. || 5° S. f.
Terme d'artificier. Eclatante, fusée qui donne un
feu très-brillant.
ÉCLATÉ, ÊE (é-kla-té, tée), pari, passé. Fendu
par éclats. Un mât éclaté. Dans un trou garni da
cannes éclatées, on jette le maïs et la folle avome,
ciiATEAUB. Amer. 3». Il Terme de blason. Êcu éclaté,
écu dont les divisions sont tracée» non en Iigno
droite, mais en zigzags, comme s'il avait été rompu
violemment. Lance éclatée, chevron éclaté, lance,,
chevron rompu.
f ÉCLATEMENT (ékla-te-man), î. m. Action d'é-
clater; résultat de cette action. Sur cent fusils &
deux coups qui éclatent, l'éclatement a lieu quatre-
vingt-quinze fois dans le canon gauche, parce que
c'est le canon où par mégarde on met presque tou-
jours double charge. Tout le monde a vu un vi-
trier, armé d'une petite pointe de diamant, tracer
1284
ÉCL
!ur le verre un imperceptible sillon qui en fend la
crofllo et qui permet ensuite de le diviser par écla-
tement, BAiiiNET. /(«•«« des Deux-Mondes, <B févr.
(»B6, p. 816. IITermeilejar.linaKC Action de faire
éclalér une liranctie trop vigoureuse.
— MiST. XVI' s. Il lomlia une pierre du ciel avec
un hoirilile esclatement, paré, Monstres, app. iv.
Ans hauts cris de leurs misérables veufves, aus es-
clatemens de leurs petits enfans, M. du bellay, Mém.
t. V, p. 382, dans LACURNE.
— KTYM. Éclat.
ÉCLATlill (é-kla-té) , V. n. || 1° Se bri.ser par éclats.
La branche trop pliée éclata. || Faire explosion. La
mine éclaïa. La bombe éclate en tombant. L'incen-
die avait déjà éclaté. X chaque instant il appelait et
faisait répéter cette fatale nouvelle [les préparatifs
de l'incendie de Moscou]; cependant il se retran-
chait encore dans son incrédulité, quand, vers deux
heures, il apprit que le feu éclatait, ség. Hùt. de
Nap. VIII, 6. L'attention de l'empereur était alors
fixée sur sa droite, quand tout à coup, vers sept
heures, la bataille éclata à sa gauche, id. ib. vu, 8.
Il Fig. La bombe va éclater, il va survenir quelque
malencontre, quelque grand mystère va être connu.
Il 2° Faire entendre un bruit soudain et violent.
Le tonnerre éclata. C'est en éclatant sur nos têtes
Oue la foudre nous éclaira, bérang. Orage. \\ Fig.
....sur eux quelque orage est tout près d'éclater,
RAC. Iph. II, 8. Il Parler à très-haute voix. Je l'en-
tends de l'antichambre, il grossit la voix à me-
sure qu'il approche; le voilà entré: il rit, il crie,
il éclate, la bruy. v. |I 3° Eclater de rire, rire avec
effusion et d'une manière bruyante. Ce passage
pensa rompre notre entrelien, car je fus sur le point
d'éclater de rire de la bonté et douceur d'un .brû-
leur de grange, pasc. l'rov. S. || Absolument. Écla-
ter, rire bruyamment. De peur d'éclater à son
nez, sÉv. 20. il en rit jusqu'à éclater, la bruy. v.
Il 4" Manifester son ressentiment, sa colère, son
chagrin, par de vives paroles, par des pleurs, par
des cris. Ne crains pas toutefois que j'éclate en in-
jures,corn. Cm»io,lv,6. Vous voudriez que je prisse
feu d'abord contre eux, et qu'à leur exemple j'al-
lasse éclater promptemenl en invectives et en in-
jures, MOL. Impr. 3. Mademoiselle éclata en pleurs
et en cris, sÉv. lO. Darius'avait enfin éclaté contre
la Grèce, Boss. Ilist. i, 8. Que, saisi d'un indigne
courroux. En reproches honteux j'éclate contre vous,
fikC. Alex. IV, 2. Toute la Grèce éclate en murmures
confus, ID. Andr. i, <. Après cela. Madame, éclatez
contie un traître, u>. ib. iv, 6. Les ennemis se mi-
rent en quartiers de fourrages, non sans force que-
relles d'avoir tant éclaté en menaces et de n'avoir
rien pu exécuter, st-sim. 40, 220. || Absolument.
Et pour peu qu'on le pousse, il est près d'éclater,
COBN. Pomp. IV, i il fautqu'enfin j'éclate, Que
je lève le masque et décharge ma rate, mol. Femm.
sav. II, 7. Le roi n'éclata point; les cris sont in-
décents X la majesté souveraine, la font. Fubl. xii,
<2.Âce propos le galant éclata, id. Rich. Après avoir
tant enduré pour votre satisfaction, je pense qu'à
la fin j'éclaterai pour la mienne, pasc. Prov. 8.
Puisi|u'on la pousse jusqu'à Home, il faudra écla-
ter malgré nous, BOss. Lett. quiét. il*. Moins on
osait éclater, plus le mal était violent, fén. Tél.
XIII. Ceux d'Antioche , qui haïssaient mortelle-
ment Ammonius, crurent qu'il était temps d'é-
clater, roll. Ilist. anc. Œurr. t. ix, p. 340, dans
poi GENS. Terriblement liianford éclatera, voLT.
Prude, II, ». X ces mots, il me fut impossible de me
contenir davantage, j'éclatai, genus, Veillées du
château, t. m, p. 404, dans pougens. X peine fut-
elle hors de la chambre que, ne pouvant plus se
contenir, elle éclata sans ménagement et sans me-
sure, ID. Mme de Mainlenon, t. i, p. 40. || 5° Se
manifester d'une manière qui frappe les yeux, les
esprits l'ire divine, Bientôt contrainte d'éclater.
Dans un triste nùant vous va précipiter, corn. Imit.
II, 6. Votre faveur pour nous éclata la première, id.
Pomp. m, 2. Mais le plus sûr pour vous est que sa
mort éclate, id. lléracl. m, 4. Votre zèle pour moi vi-
siblement éclate, MOL. l'Étour. v, 3. Une vie d'action
qui éclate en événements nouveaux, pasc. Amour.
La grandeur de la foi éclate bien davantage lors-
qu'on tend à l'immortalité par les ombres de la mort,
ID. dan» COUSIN. Quoique cette noce n'ait p,.s éclaté,
SÉV. 226. Un prodige qui a éclaté aux yeux de tout
le peuple, boss. Ilist. 11, 8. L'année d'auparavant,
c'est à-dire en (532, le roi avait déjà épousé Anne
de IJoulen en secret; elle était grosse, et il était
temps .léclaier, id. Var. vu. Dis-lui par quels ex-
plmts leurs noms ont éclaté! bac. Andr. IV, t. Sa
reconnaissance Ne peut-elle éclater que par sa dé-
KCL
pendance? id. Brit. 1, 2. Enfin l'heure est venue
Qu'il faut que mon secret éclate à votre vue, id.
Mithr. III, 4. Est-ce Dieu, sont-ce les hommes Dont
les œuvres vont éclater? id. Eslh. 11, 9. La mauvaise
conduite de celte personne vient d'éclater, «ass.
Car. Médis. Le nom de ce Romain qui vainquit Mi-
thridate, Par ses travaux guerriers a bien moins
éclaté Que par la volupté tranquille et délicate Que
lui fit savourer la molle oisiveté, la fare. Ode sur
la paresse. En 4 061, la disgrâce de M. Fouquet
ayant éclaté, le premier commis fut mis à la Béis-
tille, OLivET, Hist. Acad. t. 11, p. 287, dans pou-
gens. Il Se produire avec violence. La conspiration
éclata. On craint que la révolte n'éclate. Éclatez,
mps douleurs, à quoi bon vous contraindre? corn.
Ilor. IV, 4. Ne pouvez-vous haïr sans que la haine
éclate? id. Cinna, I, 2. Mais puisque le péril a fait
parler l'amour. Je veux bien qu'il éclate et se mon-
tre en plein jour, id. Tois. d'or, v, 4. Ce feu long-
temps caché éclîtla dans la conspiration d'Amboise,
BOSS. Var. 40. La vengeance devait éclater sur les
Juifs, id. Hist. II, 7. Pour la veuve d'Hector .ses
feux ont éclaté, bac. Andr. i, 4. Et les feux mal
couverts n'en éclatent que mieux, id. ib. u, 2. Et
ma joie à vos yeux n'ose-t-elle éclater? id. Iphig.
II, 2. Eh bien! votre colère éclate avec raison, m.
Phèd. I, 3. Cet amour si puissant, ce charme de
ma vie, Dans toute son ardeur n'avait point éclaté,
VOLT. Zaïre, iv, 4. || Faire éclater, provoquer.l'ex-
plosion. Combien je vais sur moi faire éclater de
haines! bac. Andr. m, 7. || Faire éclater, rendre
manifeste. Emilie en mourant va tout faire éclater,
CORN. Cinna, iv, 7. Les rebelles font éclater la puis-
sance, BOSS. Ilist. Il, 4 3. Il a fait à son tour éclater
sa bonté, rac. Alex, m, 3. Ce zèle que pour lui vous
fîtes éclater, id. Esth. m, 4. Dieu faisait éclater aux
yeux du peuple cette communication, boss. Ilist.
u, 4. Souffrez quelques froideurs sans les faire éclater,
bac. Brit. 1, 2. Il 6° Frapper par l'intensité de la lu-
mière. Le soleil éclatait au haut du firmament. L'or
éclate dans sa parure. Le plumage éclate de brillantes
couleurs. Jamais en son habit doré Tant de richesses
n'éclatèrent, malh. iv, 6. Éclater de satin , de per-
les, de rubis, bégnier, Sat. xiii. Quoi! pour voir
sur sa tète éclater ma couronne, corn. Pomp. 11, 4.
L'or éclate en ses vêtements, bac. Eslh.ii, 9. Le
feu divin qui éclatait dans ses yeux, fén. Tél. xi.
Les habits [de Mentor devenu Minerve] éclatent
comme les vives couleurs dont le soleil en se levant
peint les sombres voûtes du ciel, id. ib. xxiv. Dieu
d'un sourire a béni la nature; Dans leur splendeur
les cieux vont éclater; Reviens, ma voix, faible mais
douce et pure : U est encor de beaux jours à chan-
ter, bérang. le Malade. || Fig. Mais il est mort, ma-
dame, avec toutes les marques. Dont éclatent les
morts des plus dignes monarques, corn. Pomp. v,
3. Une soudaine joie éclatant sur son front, id. Ilor.
1, 4. La joie qui éclatait malgré elle sur son visage,
fén. Tél. I. Les plaisirs éclataient sur leurs visages,
ID. ib.iv. Madame de Castries avait une physionomie
qui éclatait d'esprit et qui tenait encore plus parole,
ST-SIM. 42, 262. Il Faire éclater, donner de l'éclat.
Allons faire éclater sa gloire aux yeux de tous,
corn. Poly. Il, 6. Dieu choisit cette maison pour y
faire éclater sa puissance, pasc. Mir. 9. Dieu se plut
à faire éclater la gloire de ses martyrs, boss. Hist.
1, 4 1, Les héros qui ont fait éclater leur courage
dans les combats, fén. Tél. xiv. || 7° V. a. Briser
en éclats. Prenez garde de trop baisser cette bran-
che, de peur de l'éclater, la quintinye, Jardins,
dans ricuelet. || Terme de jardinage. Séparer les
racines ou les pousses d'une plante, de manière à la
multiplier. ]| Terme d'orfèvrerie. Enlever l'émail qui
ornait une pièce d'or. || 8° S'éclater, v. réjl. Se bri-
ser en éclats. Le mât, chargé de voiles, s'éclata.
De ces dards joints eîi.semble un seul ne s'éclata,
LA font. Fabl. IV, 4 8. || 9° S'éclater, faire explosion.
C'est alors que ses cris en tonnerres s'éclatent, malh.
I, 4. Il S'éclater de rire, et, absolument, s'éclater,
faire de grands rires. En ce beau saut m'éclatant
comme un fou, bégnieh, Sat. xi. La surprise est
cause qu'on s'éclate de rire, desc. Pass. 4 78. Le pre-
mier qui les vit de rire s'éclata, la font. Fabl. m,
4. Les nonnains s'éclatent de rire, id. Tabl. Quand
je vins à une Latone de bois qui était très-mal faite,
je m'éclatai de rire, fonten. i'ormenùque, Théocr.
deChio. || Archaïque et inusité en l'emploi du
n" ».
— REM. Éclater se conjugue avec l'auxiliaire avoir,
quand on veut marquer l'action : l'arbre a éclaté sous
mes yeux ; avec l'auxiliaire être, quand on veut mar-
quer l'état: l'arbre est éclaté depuis ce matin.
— HIST. XVI* s. J'ay cuydé demeurer pour une
ËCL
chuste que je fciz, où je m'e-clalay !a peau dessus
le genoul de près d'un empan, uaro. Letl. 47. À
ces motz tous les vénérables dieux et déesses s'es-
claterent de rire, eab. Pant. Prol. nout'. Nous en-
tendismes en l'aer ung son haull et strident, conim
si quelque groz chesne esclattoyt en deux pièces,
m. 16. V, 4 6. Si le bruit esclatant d'une arquebusada
vient à me frapper les aureilles, mont, i, 60. Un
accoustrement riche, et de couleur esclatante, ID.
m, 4 74. Gaigner une bresche, régir un peuple, ce
sont actions esclatanles, id. m, 203. Lors la cholere
esclate touts ses efforts à la première charge, m.
m, 35t. X la fin, à force de tirer [ses chausses], il
esclata [déchira] tout, desper. Contes, xxix. Con-
tre-fente se fait quand l'os est fracturé, fendu ou
esclaté autre part qu'à.... paeé, viii, 4. La fouldre
n'esclate jamais la nue pour se lancer çà bas, qu'il
ne.... id. IX, 2* dise. Lors le fer devenoit si aigre
et si esclatant, que l'on ne le pouvoit plus battre
ne forger, amyot, Lyc. 4 S. Et si avoit sa voix un
vigueur et fermeté telle, qu'elle ne se rompoit
ny ne s'esclattoit jamais, ID. Cal. d'Ut. 9. [Lèvent]
Fait ores esclater les rives d'un grand bruit, bons.
278. Je voy l'esclair du bel acier des armes Sous le
soleil s'esclatter jusqu'aux cieux, id. »8I.
— ÉTYM. 'Wallon, sklaté; provenç. et catal. escla-
tar ; de l'anc. haut allem. skleiadn, rompre; allem.
mod. tchleissen, schlitgen (la diphthongue et de
l'anc. haut-allem. correspond d'ordinaire à Va fran-
çais). Diez y rattache l'italien schiantare (avec une
n parasite, comme dans Jonfro, loutre), mettre en
pièces ; sicil. scatlari. On comprend comment le sens
de se rompre en éclats a passé par une métaphore
aussi bien au sens de bruyant qu'au sens de bril-
lant, le son qui se fait entendre, la lumière qui
brille étant comme un ^c/a(qui va frapper les oreilles
ou les yeux. L'ancien français avait esclate, race,
extraction ; celui-là vient de l'ancien haut-allemand
slahta, race; allem. Geschlecht.
fÉCLECTlCIEN, lENXE (é-klè-kti-sien, siè-n'),
adj. Synonyme d'éclectique. Les philosophes éclec-
ticiens, et, substantivement, les éclecticiens.
— ÉTYM. 'Voy. éclectique.
t ÉCLECTICISME (é-klè-kti-si-sm"), s. m. Syno-
nyme peu usité d'éclectisme. Mon ami, j'ai toujours
suivi la méthode de Téclecticisme; j'ai pris dans
toutes les sectes ce qui m'a paru le plus vraisembla-
ble, volt. Dial. 23.
— ÉTYM. 'Voy. éclectique.
ÉCLECTIQUE (é-klè-kti-k'), odj". || 1» Terme de
philosophie. Qui admet ce que chaque système pa-
raît offrir de bon. Philosophie éclectique. || 2° 11 se
dit de ceux qui professent cette doctrine. Un phi-
losophe éclectique. \[S. m. Un éclectique, lesécle.c-'
tiques. L'épicurien , l'éclectique goûtaient ensemble
les douceurs de la société, VOLT. Phil.n, 4 87. || Il se
dit aussi de médecins qui ont appliqué la méthode
éclectique aux systèmes médicaux. |{ Dans le lan-
gage ordinaire, se dit de tout. Eclectique en litté-
rature, en politique, en religion.
— ÉTYM. 'Eit).Exxix4;, de èxX^ifEiv, choisir, la
même que le latin eligere, élire (voy. élire).
f ÉCLECTIQUEMENT ( é-klè-kti-ke-man ), adv
D'une manière éclectique; comme les éclectiques.
— ÉTYM. Éclectique, et le suffixe ment.
t ÉCLECTISER(é-klè-kti-zé), v. n. Néologisme.
Procéder d'après la manière éclectique.
— ÉTYM. Voy. ÉCLECTIQUE.
ÉCLECTISME (é-klè-kti-sm') , s. m. || 1» Philoso-
phie éclectique, doctrine de philosophes anciens,
dits aussi syncrétistes, qui essayaient de réunir
dans un même système les systèmes antérieurs. || De
nos jours, philosophie qri a essayé de faire un
système nouveau avec des théories triée» dans les
systèmes antérieurs, et particulièrement avec des
idées prises au platonisme, à Descartes, à Kantet à
l'école écossaise. || 8° Secte de médecins fondée par
Agathinus, disciple du médecin Athénée, dite aussi
hectique, parce qu'elle s'attachait à certains prin-
cipes, et épisynthétique, parce qu'elle ajoutait en-
semble différents principes. || De notre temps, doc-
trine des médecins éclectiques.
— ÉTYM. Voy. ÉCLECTIQUE.
t ÉCLEFIN(ékle-en), *. m. Petite espèce de
morue, dite aussi daguet.
— ÉTYM. Voy. AIGREFIN.
t ÉCLEGME (é-klè-gm') ou mieux ËCUGME
(é-kli-gm'), s. m. Terme de pharmacie. Nom donné
autrefois à des médicaments dont on enduisait des
bâtons de réglisse pour qu'ils fussent sucés lente-
ment.
— ÉTYM. "EKitifiio, de ix. et Xei'xciv, lécher,
I sucer.
ECL
tÊCLI (é-kli), s. m. Terme de marine Languette
de Liois éclaté.
— ÉTYM. Voy. ÉCLIÉ.
t ÉCLIÉ, ÊE (é-kli-é, ée), adj. Terme de marine.
Pièce de bois écliée , pièce de bois qui éclate par
l'effet d'une flexion plus ou moins considérable.
— HIST. XII' s. [Il] vait le duc ferir k bandun
Parmi l'escu d'oràliun, Que la lance froisse e esclie,
HENolT, Chr. V. 33666, t. ni, p. 64. || xvi' S. Quant la
chair jusqu'à l'os est gastée et pourrie, incontinent
après l'os corrompu s'esclie , paré, t. m, p. 645.
— ÉTYM. Ane. haut-allem. kliozan, fendre (voy.
scussk).
t ÉCLINGURE (é-klin-gu-r'), s. f. Terme de ma-
rine. Synonyme de râblure.
ÉCLIPSE (é-kli-ps') , s.f.\\i' Terme d'astronomie.
Disparition apparente d'un astre, résultant de l'in-
terposition d'un autre corps céleste entre cet astre
et l'observateur. Éclipse partielle. Éclipse totale.
Eclipse annulaire. Éclipse du soleil ou solaire, obs-
curcissement du soleil par l'interposition de la lune.
Éclipse de lune, obscurcissement de la lune par
l'interposition de la terre. Éclipse apparente, celle
dans laquelle l'astre éclipsé n'est pas privé de lu-
mière; éclipse vraie, celle dans laquelle au con-
traire le corps éclipsé est complètement privé de
lumière. Les éclipses des satellites de Jupiter. L'é-
ciipse arriva précisément à l'heure marquée, ce
qui le fit regarder comme un homme divin, rol-
UN, Hist. anc. t. xiii, liv. xxvi, ch. 3, art. 4, p. 63,
dans pouGENS. || Vent de l'éclipsé, courant atmo-
sphérique provoqué, dans une éclipse de soleil et
dans un temps calme, par le passage du cône
d'ombre de la lune, qui refroidit sensiblement la
partie de l'air obscurcie. || 2° Fig. Obscurcissement
de ce qui a un édat intellectuel ou moral. Souve-
nez-vous de ce temps de désordre et de trouble,
où l'esprit ténébreux de discorde confondait le droit
avec la passion, le devoir avec l'intérêt, la bonne
cause avec la mauvaise; où les astres les plus bril-
lants souffrirent presque tous quelque éclipse....
PLÉCHiER, Turenne. La vertu la plus pure et la plus
brillante a ses taches et ses éclipses, mass. Carême,
M(d. Il 3» Familièrement. Faire une éclipse, s'ab-
senter, disparaître tout à coup. Au cas qu'il l'in-
terrogeât sur la petite éclipse qu'il venait de faire,
ST-ÉVREMOND, daiis LEROUX, Dict. comique.
— HIST. XIII* s. Li éclipses est li defaute du solel
•t de la lune, Compul, f° <4. Por ce n'est preus
l'amor de li, N'onc à prodomme n'abeli, Nil n'est
drois qu'elliabelisse, Quant por si poichiet [tombe]
en esclipse, la Ifose, 5372. || xiv" s. La terre est
entre le soleil et la lune ; donc est esclipse de lune,
ORESME, Eth. V. Il xV s. Coquart qui as l'esclipse en
l'entendement, G. chastel. Exposition sur vérité
mal prise D'or sera et d'argent grantesclipces,
EUST. DESCH. Poéaies mss. dans lacurne. Et pour ce
que de tous biens est esclipce, ib. 11 lui conta
Teclipse [absence] de poisson qui estoit en la ville,
LOfis XI, JVouD. xcix. Il XVI' s. Ceste année, seront
tant d'ecclipses du soleil et de la lune.... rab. Pan-
tagr. Prwiostication, ch. ii.
— ÉTYM. Provenç. eclipsis, esclipses, clipse;
espagn. éclipse; itaU eclisse; de éxXen}';?, de èxXEt-
TiEiv, faire défaut, de i-n, et XeÎTteiv, quitter.
ÉCLIPSÉ, ÉE (é-kli-psé , psée) , part, passé.
Il 1* Obscurci par l'interposition d'un corps céleste.
Le soleil éclipsé par la lune. La lune éclipsée par
la terre. Et par tout l'univers sa lumière [du soleil]
éclipsée, TRISTAN, Mariane, v, 2. {| 2° Fig. En par-
lant des choses, qui a subi une sorte d'éclipsé,
d'obscurcissement. Des murs de Constantin la splen-
deur éclipsée, VOLT. Fanât, ii, 5. Tu connais, cher
ami, mes grandeurs éclipsées, id. Scythes, i, 3.
Que dis-je? sa raison souvent est éclipsée, ducis,
Haml. I, *. Il 3° Qui n'existe plus, qui a disparu.
Mais sitôt que d'un trait de ses fatales mains
La parque l'eut rayé [Molière] du nombre des hu-
mains, Onreconnutle prix desamuse éclipsée, boil.
Jîp.vii. Ces jours si beaux et si tôt éclipsés, malfil.
narcisse, i. Elles prêtent leur forme à toutes mes
pensées; Je les vois, je les vois; elles me disent :
Tiens, Puis autour d'un tombeau dansent entrela-
cées, Puis s'en vont lentement, par degrés éclip-
sées, V. HUGO, Orient, xxxiii, 2. || 4° En parlant des
personnes, rejeté dans une situation inférieure.
Éclipsé par un rival plus heureux.
tÉCLIPSEMENX (é-kli-pse-man), s. m. L'action
d'éclipser.
— HIST. XVI* s. L'eclipsement nouveau des dix
jours du pape [suppression de dix jours lors de la
léforme grégorienne de l'année], mont, iv, t6«.
— Stym. Éclipser.
ÉCL
ÉCLIPSER (é-kli-psé), r. a. || 1° Intercep'ter la
lumière d'un astre. La lune éclipse le soleil. La
terre éclipse la lune. || 2° Obscurcir, faire dispa-
raître. La nuit n'a pas encore éclipsé la lumière,
M. J. ciiénier, Tib. III, 4. Il Fig. A la faveur de ces
éminences, on éclipse une des trois vertus théolo-
gales, Boss. Nouv. myst. to. \\ 3° Surpasser, effacer.
Corneille éclipsa tous ses prédécesseurs. Leurs traits
sont peu réguliers; mais, si elles ne sont pas belles,
elles ont de la physionomie qui supplée à la beauté
et l'éclipsé quelquefois, j. j. Rouss. Hél. ii, 2<.
Toutes les sciences sont sujettes à ces révolutions;
la gloire de l'auteur d'une découverte éclipse celle
des savants qui l'ont préparée et ne leur laisse de
droits qu'à la reconnaissance publique, condorget,
Duhamel. Il [Walter Raleigh] avait une passion ex-
trême pour tout ce qui avait de l'éclat, une réputa-
tion qui éclipsait les plus grands noms.... raynal,
Hist. phil. XIII, 6.|| 4° S'éclipser, v.réfl. Disparaître
derrière un corps. Le soleil s'éclipse derrière la lune.
Il Avec ellipse du pronom se. Uu accident pareil
Devrait faire d'borreur éclipser le soleil, mair.
Solim. V, H. Il 5° Disparaître à la dérobée. Que
fait-il? il s'éclipse, il part, la font. Pet. chien. Quoi I
le seigneur Ésope en croit donc être quitte. Pour
m'avoir en passant daigné rendre visite; Et son
zèle se borne à me voir une fois, Après s'être éclipsé
pendant cinq ou six mois, boursadlt, Ésope à la
cour, I, 4. Il s'aperçut bien à la surprise qu'on fit
paraître, que l'on n'ignorait pas pourquoi il s'était
éclipsé, LESAGE, Diab. boit. 20. SUmislas [Leczinsky]
s'était éclipsé de son armée, volt. Charles XII, 7.
A la veille, morbleu, d'avoir un régiment. Planter
là l'univers, s'éclipser brusquement. Quitter Lon-
dre et la cour pour sa maudite terre I gresset,
Sidnei, i, <. || Il se dit aussi des choses qui dispa-
raissent. Je croyais mettre la main sur ce livre;
mais il s'est éclipsé. L'argent s'éclipse vite au jeu.
Il 6° Être effacé, perdre de sa puissance, de son cré-
dit. Tel brille au second rang qui s'éclipse au pre-
mier, volt. Ilenr. i.
— HIST. XIII" s. C'est l'amor qui vient de fortune,
Qui s'esclipse comme la lune. Que la terre ohnuble
et enumbre, la Uose, 4800. l|xv* s. De vivre toute
policie.... lors estoit toute esclipcie, S'Aristote n'y
eust ouvré. Quia, par son sens, recouvré Le peuple
de vivre à raison, eust. desch. Poés. mss. dans
LACURNE. Lune et soleil seront souvent esclipst, ib.
Il XVI* s. Il s'en alla la queue entre les jambes, et
s'esclipsa, paré, m, p. 694. Il advint que le soleil
éclipsa soudainement, et le jour faillit, amyot,
Péricl. 67.
— ÉTYM. Éclipse; provenç. eclipsar, eclipciar ;
espagn. eclipsar; ital. ecclissare.
ÉCLIPTIQUE (é-kli-pti-k'), s. f. ||1* Terme d'as-
tronomie ancienne. Orbite que le soleil paraît dé-
crire annuellement autour de la terre. Ce qui prouve
que l'orbite solaire est plane; on la nomme éclip-
tique, FRANCŒUR, Uranographie , t" partie. || Par
extension, le même cercle étendu jusqu'à la sphère
des fixes et devenant ainsi un grand cercle fixe de
la sphère. On donne aussi ce nom [d'écliptique] au
grand cercle fixe suivant lequel ce plan prolongé
va couper la sphère céleste, id. ib. || 2° Chez les
modernes, orbite de la terre décrite en un an au-
tour du soleil. D'après cela le Centre de la terre
décrit autour du soleil immobile dans l'espace une
courbe plane et fermée.... son axe est emporté dans
le vide et demeure parallèle dans toutes ses posi-
tions, formant avec le plan de son orbite qui est
l'écliptique un angle constant de 06" 38', francœur,
Uranographie, *" partie. Il avait une pensée plus
singulière et plus sujette à contestation sur l'obli-
quité de l'écliptique par rapport à l'équateur; tous les
astronomes la posent constante, et il la croyait dé-
croissante, mais seulement d'une minute en cent
ans, de sorte que, dans un temps très-long qui se dé-
termine aisément, l'écliptique viendrait à se mettre
dans le plan de l'équateur, et les deux pôles ver-
raient ensemble le soleil pendant quelques années,
fonten. Louville, Le point où l'écliptique de la terre
coupe l'équateur, volt. Newton, m, io. C'est à
l'inclinaison de l'écliptique sur l'équateur qu'est due
la différence des saisons, laplace. Expos, i, 2.
Il Axe de l'écliptique, droite perpendiculaire au plan
de l'écliptique et passant par le centre. || Pôles de
l'écliptique, extrémités de l'axe de l'écliptique sur
la sphère céleste. |13°.<ldj. Qui a rapport aux éclipses.
Conjonction écliplique. Doigts écliptiques, les douze
parties en lesquelles on divise le diamètre apparent
d'un astre éclipsé. Limites écUptiques, valeurs ex-
trêmes où peuvent seulement avoir lieu les éclipses.
— ÉTYM. 'Ex),einTixè« (voy. éclipse), parce que
ÉCL
1?,85
c'est davis ce cercle qu'ont lieu toutes les éclipses
du soleil ou de la lune; provenç. ecliptic; espagn.
ecliptico.
ÊCLISSE (é-kli-s'), s. f. || 1' Éclat allongé de bois
Les bourreaux enfoncent dans les plaies de l'ami rie
Chactas des échsses de pin enflammées, ciiateaub.
Natch. Il, SI. Le boulet plein pénètre plus avant
[dans la cuirasse de fer d'un vaisseau] , mais il en-
lève une espèce de bouchon de fer, tandis que
l'obus éclate et projette de toutes parts un nombri
épouvantable de morceaux de métal et d'éclisses,
fonvielle. Presse scientifique, <863, t. i, p. 452.
Il 2° Nom qu'on donne au bois de fente et aux
petits ais qui servent à faire des ouvrages légers,
il Osier tendre et plané pour border le moule du
panier. || Bois plat et mince dont on fait les côtes
d'un luth, les parois d'un violon. || Petit ais de bois
qui soutient les plis d'un soufflet. || 3* Terme de
chirurgie. Nom donné aux soutiens de bois, ou
d'autre matière, qui s'appliquent sur les fractures.
Il Terme de vétérinaire. Petites attelles qu'on ap-
plique sous le pied du cheval pour maintenir le pan-
sement de plaies de la sole et de la fourchette.
Il 4° Rond d'osier sur lequel on fait égoutter le lait
caillé et le fromage. || Second rang de tronçons de
bois disposés dans un fourneau pour faire du char-
bon. Il 5° S. f. pi. Terme de pêche. Ancien instru-
ment de pêche.
— HIST. XI* s. Envers le ciel envolent les escicles,
Ch. de Hol. lv. || xii* s. Bastuns de rosel (roseau]
pesceed [brisé] qui, si l'um se apuied, tost falscd e
despiesced; e entrent les esclices en la charn e per-
cent la main. Rois, 408. || xiii* s. 0 lui ert [avec lui
était] li rois de Galice, Qui fait de mainte lance es-
chce, 'Partonopex de Blois, ms. f°lBt, dans la-
curne. Il xvi' s. Avant que mettre le caillé dans les
esclisses ou cagerottes, o. le serres, 287. Sus,
troupeau, deslogeons, j'ay d'esclisse et d'osier. Ache-
vant ma chanson, achevé mon panier, rons. 732.
— ÉTYM. Picard, éclèche, morceau de bois
menu; eclisses, brins de bois; nofm. écliche, éclat
de bois. Le même que cime (voy. ce mot).
ÉCLISSÉ, ÉE (é-kli-sé, sée), part, passé. Une
fracture éclissée.
4. ÉCLISSER (é-kli-sé), V. o. Terme de chirurgie
Mettre des eclisses le long d'un membre fracturé.
— HIST. xii* s. Ses tronçons brise, si lui est es-
cliciez, Ronc. p. 65. || xvr s Et, te baisant, me-
ner les bœufs en pasturage, Esclisser des paniers, et
faire du fromage, rons. 793. Cages d'ozier et de
ronces escarrées et pertuisées avec une brochette
rougieaufeu, et esclissées de petits barreaux, r. bel-
LEAU, Berger, t. i, p. 74, dans lacurne, au motco-
casse.
— ÉTYM. Éclisse.
t 2. ÉCLISSER (é-kli-sé), V. a. Terme do faucon-
nerie. On éclisse les oiseaux de proie en leur jetant
quelques gouttes d'eau avec le doigt.
— HIST. xvi* s. Quand tu le mettras coucher [l'oi-
seau], lui eclisse un peu d'eau au visage, afin qu'il
frotte ses yeux aux jointes de ses ailes, pouilloux,
Fauconn. f° 62, dans lacurne.
— ÉTYM. Voy. GLISSOIRE.
t ÉCLISSETTE (é-kli-sè-f) , s. f. Petite éclisse.
ÉCLOPPÉ, ÉE (é-klo-pé, pée), adj. Terme fami-
lier. Dont la marche est pénible, en raison de quel-
que mal aux jambes. || Terme de blason. Écu écloppé,
écu taillé et tranché inégalement.
t ÊCLOPPER (é-klo-pé), V. a. Rendre boiteux.
Il S'éclopper,t).r^/Z. Devenir écloppé. L'un s'écloppe,
l'autre s'enivre et se fend la tèle; qu'on est à plain-
dre de ne pouvoir s'en passer 1 dider. Est-il bout
est-il méchant? 1, 9.
— HEM. 1. L'Académie écrit, avec un seul p,
clopin, dopant et clopiner; et elle en met'deux à
écloppé; c'est manquer à l'an.ilogie. || 2. L'Acadé-
mie a écloppé, adjectif, et n'a pas éclopper, verbe,
qui est de tout temps dans la langue.
— HIST. xm* s. Il n'i a borgne n'esclopé, Ren.
4604. Se vos Pinte vengier peinez Et sa .seror dame
Copée, Que Renart a si esclopée, ib. (007«.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et l'ancien adjectif clop
(voy. clopin-clopant).
ÉCLORE (é-klo-r'), v. n. défectueux qui n'a que
les temps suivants : j'éclos, tu éclos, il éclôt, nous
éclosons, vous éclosez, ils éclqsent; j'éclqsais; j'é-
clôrju; j'éclôrais; que j'éçlose; éclos, éclose. L'Aca»
demie met un accent circonflexe sur le" futur et le
conditionnel et n'en met pas sur je clorai, je clo-
rais; c'est pécher contre l'analogie. || 1° Sortir de
l'oeuf, naître. Les serins éolosent. Elle bâtit un ni d.
pond, couve, fait éclore X la hâte; le tout alla du
mieux qu'il put, la font. Fabl. iv, M. On connaît
1286
ECL
«3 fours des Égyptiens, dans lesquels ils font éclore
à la foi» des centaines ou même des miUiers de pou-
lets ; M. de Kéaumur était parvenu à simplifier beau-
coup cette pralique si ancienne des Égyptiens, et à
la mettre h la portée des gens de la campagne, bon-
NKT, Contimpl. nat. (jtuvres, t. viii, p. 3JB, note I.
Il On le (lit aussi des œufs d'où sortent les petits.
Les œufs sont éclos ce matin. || Kig. Vingt ans au
plus, bonhomme, attends encore; L'œuf édôra
sous un rayon des cieux, bérano. Comète. || 2° S'ou-
vrir, en parlant des graines, des fleurs. Une Heur
qui commence à éclore, pp.n. Tél. m. Ces végétaux
pui.ssants qu'en Per.«e on voil éclore, volt. Sémir.
IV, 2. Les coquelicots et les bluets éclosent dans des
oppositions ravissantes, dern. hh st-p. Éliid. v.
IJ 3° Commencer à paiallre. Le jour est près d'éclore.
0, si de mon désir l'efTot pouvait éclore. Que sous
de douces lois nous pourrions nous aimer I botrou,
St-Gcn. m, 6. Ma vie à peine a commencé d'éclore;
Je tomberai comme une fleur Oui n'a vu qu'une au-
rore, BAC. Esth. 1, 6. Le triste regret de voir éclore
une vie qui a été aussitôt éteinte, mass. Avert. Dé-
lai. Quoique cette intrigue eût été menée depuis
un fort longtemps, elle le fut cependant avec tant
desi'cret jusqu'au temps même où elle devait éclore,
qu'on n'en sut rien pendant la vie de Lysandre,
BOLLiN, Ilist. anc. ()Kuvre.i, t. iv, p. 264, dans
POUGENS. On sent.... Qu'une forme périt, afin qu'une
autre éclose, lamart. Jnc. ii, 84. || Faire éclore,
produire. Faire éclore des projets. Dès que l'impres-
sion frtii éclore un poète, 11 est e.sclave né de celui
qui l'achète, boil. Sal. ix. Chaque instant fait éclore
une nouvelle horreur, volt. Orph. i, B.
— REM. Eoîore se conjugue avec le verbe être:
les œufs sont éclos.
— HIST. XVI* s. L'œuf duquel esclorera l'aspic mor-
tel qui.... YVER, p. 640. Dès le mois de septembre,
les vents et les |iluyes commencent à s'esclore d'es-
trantje façon, carl. m, 20. On n'attendoit pas le
jour esclore pour venir aux attelliers, id. v, 4. Le
primr.l de Lyon ne dort ny jour ny nuict, pour es-
clorre un escrit qui fera poser les armes à tout le
monde, Sat. Min. p. t99. Les pigeons pâtés es-
clorront des œufs de poule commune, si on les leur
suppose au lieu des leurs, 0. de serbes, 3B7. La
gouvernante attendra avec patience que les œufs
soient esclos.... elle secourra les premiers poussins
escloans qui souventesfois ne peuvent sortir de la
coque, ID. 3B9. Au commencement de mai les oy-
sons esclouent, id. S^^. Deux serpents s'y glissèrent,
et feirent des œufs dedans et les esclouirent, amïot,
les G^acques, 24. Son sein vous esclouit, gardez de
l'offenser (Dieu), bons. 27b. Fu.st-ce en hyver, les
roses s'esclou'ront, id. 74t. Trous esclous [ouverts],
EAB. Garg. i, I3.
— ÊTVM. Wallon, hlôre; provenç. esdaure, es-
dure; espagn. et portug. exduir; ital. esdudere.
Les formes exduir, esdudere viennent du latin
exdudere, de ex, hors de, et daudere, fermer (voy.
CLORE); les formes en o ou en au viennent d'une
forme non latine exclaudere, ou, si l'on veut, di-
rectement du préfixe es et de dore ou daure.
Ëdnre, c'est, étymologiquement, fermer hors.
ÉCLOS, OSK (é-klô, klô-z'), part, possède éclore.
Il 1° Sorti de l'œuf. Des poussins à peine éclos. || î* Oui
est né, qui se montre. Vois que sur ce beau sein les
lis à peine éclos.... botrou. Hercule m. i, B. [J'ai
vu] tomber sous les coups d'un trépas glorieux Ces
fruits à peine éclos déjà mûrs pour les cieux, id.
SlGen. II, 7. N'est-ce pas toi, voyant le monde à
peine éclos Oui.... Fis croire au premier homme....
DOiL. .Sal. XII. Nos jardins ont encor des roses; Où
régnent les amusements, Il est toujours des Heurs
écloses, Kt les plaisirs font le printemps, gresset,
au P. Bougeant. Mes yeux cherclient en vain leurs
fleurs Iralches écloses, c. delà vigne, Horc. choisis
par FElJGÊRE, p. 337.
ÉCLOSION (é-klô-zion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Action d'éclore, de sortir de l'œuf. L'é-
closion des petits. Pouvait-on, en bouchant par dif-
férents moyens l'ouverture des cellules , retarder
plus ou moins la sortie ou l'éclosion des petits pi-
pas, sans intéresser leur vie? BONNET, Observ. pipa
014 crapaud de Sxtrinam, (Mîuvres, t. xi, p. 226,
dans poi'GENS. || Épanouissement des fleurs.
— ÉTYM. Éclos.
ECLL'SE (éklu-z'), t. f. \\ l' Construction en ma-
çonnerie faite pour retenir au besoin, dans sa partie
appelée la chambre de l'écluse, l'eau nécessaire pour
faire monter ou descendre d'un bief à un autre le
biiteau qui parcourt un canal, legoarant. Les ba-
joyers d'une écluse. Les portes d'une écluse. Ouvrir,
fermer, lever, baisser l'écluse, c'est par abréviation
ECO
pour Ouvrir, fermer la porte, lever, baisser la vanna
de l'écluse. Il Ecluse de chasse, construction parti-
culière destinée à retenir toute l'eau nécessaire pour
cha.sser par son courant la vase et le sable qui .sans
cela obstrueraient un port, une gare, etc. lkgoabant.
Il Ecluse de fuite, écluse destinée à vider le trop-
plein donné par une écluse de chasse. || Écluse sim-
ple, celle qui ne peut soutenir les eaux qu'à un seul
niveau à la fois. Écluse double, celle qui peut les
retenir à deux hauteurs. Écluse carrée, celle qui n'a
qu'un seul vantail. || Fig. En ouvrant les écluses du
cœur, elle fait que le sang circule plus vite, desc.
Pass. ttb. Mais avant qu'il ISchSt les écluses des
cieux, BoiL. Sat. m. || ï° Terme de pêche. Parc de
pierre pour retenir du poisson amené par la marée.
— HIST. xiii* s. Et si tosl comme Sarrasin sorent
que li rois ot passé le flun [fleuve], si firent clore les
escluses et firent tenir le (lun, Chron.de Ilains, 207.
Il XVI' s., L'eau s'assemble au dessus du moulin dans
un grand réceptacle, par d'aucuns appelle escluse,
qui, après estre rempli, verse l'eau par le dessus,
estant fermée la bonde d'embas, laquelle on ouvre
quand il est question de faire moudre le moulin,
0. DE SERRES, 760. Il y a de petites rivières qui sont
retenues par excluses, p. ciiooue, dans leroux dk
LiNCY, Bibl. des Chartes, 6' série, t. ii, p. (76.
— Étym. Bas-lat. exdusa, qui se trouve dans les
plus anciens textes, la Loi des Visigoths, Grégoire
de Tours et Fortunat : exdusa aqua, eau exclue
(dont le nom a passé à la construction qui l'exclut,
la retient), de exdudere, de ex, hors de, et claudere,
fermer (voy. clore) ; allem. Schleusse.
t ÊCLCSEAD (é-klu-z6), S. m. 'Voy. Bcldsettb.
ÉCLUSÉE (é-klu-zée), ». f. || 1° La quantité d'eau
que doit recevoir la chambre d'une écluse pour y
faire entrer un bateau qui descend, ou pour en
faire sortir celui qui remonte le canal, legoabant.
(I 2° Terme de commerce. La quantité de bois
flotté qui par««B pendant la durée de l'ouverture
d'une écluse, ^our une éclusée des dits bols de 20
à 22 voies, est dû à plusieurs officiers t2 livres,
16 sols, 10 deniers, Dédar. du S2 oct. t7)B, Tarif.
Il 3° Masse d'eau accumulée de distance en distance ,
dans des rivières dont l'eau n'est pas assez abon-
dante pour porter en tout temps les bateaux et les
trains de bois, par des barrages qu'on ouvre à jour
et à heure fixes. Lâcher l'éclusée. Vendredi il y
aura éclusée. Il y a des rivières qui ne sont navi-
gables que par éclusées.
— ÊTYM. Écluse.
t ÊCLUSER (é-klu-zé), v. a. Faire passer un ba-
teau par une écluse. || Garnir, munir d'écluses. Fer-
mer au moyen d'une écluse.
— ÊTYM. Écluse.
t ÉCLUSETTE (é-klu-zè-f), s. f. Nom d'un cham-
pignon réputé malfaisant (l'agaric élevé), dit aussi
écluseau et coulemelle.
ÉCLCSIER, 1ERE (é-klu-zié, ziê-r'), t. m. et f.
Celui, celle qui gouverne une écluse et qui en perçoit
le péage. || Àdj. Porte éclusière, porte d'une écluse.
— ETYM. Écluser.
t ËCLYSE (tk-li-z'), s. f. Terme de musique an-
cienne. Accident qui faisait baisser une note de trois
quarts de ton.
— ÊTYM. 'ExîiuiTiç, de èx, et Xûmc, action de délier.
t ËCMÈLE (èk-mè-1'), adj. Terme de musique an-
cienne. Oui ne se prête pas à la mélodie, en par-
lant des sons de la parole.
— ETYM. 'Ex, hors, et iaûoî, chant.
I ÉCOBAN (é-ko-ban), s. m. Terme de marine.
Ancien synonyme d'écubier.
t ËCOBUAGE (é-ko-bu-a-j'), s. m. Terme d'agri-
culture. Opération qui consiste à enlever la couche
superficielle du terrain et à brûler sur place les ma-
tières organiques qu'elle renferme.
— ÊTYM. Ecobuer.
t ECOBUE (é-ko-bue), s. f. Terme d'agriculture.
Nom donné, en Anjou, à l'instrument qui .sert à
écobuer et qui est une sorte de pelle de fer légère-
ment courbée, plus large au tranchant qu'à la douille ;
un manche de bois y est adapté sous un angle de
46 degrés environ. || S. f. pitjr. Petites broussailles
et racines enlevées aux terres défrichées.
t ÉCOBUER (é-ko-bu-é), v. a. Terme d'agricul-
ture. Pratiiiuer l'écobuage.
— HIST. XVI* s. Ils doivent le droit de champart
et de terrage, quand ils egobuent, à la cinquième
gerbe, finuv. const. gêner, t. iv, p. 4io.
— ÊTYM. Origine inconnue. On trouve dans l'an-
cien français esccbalre, dont le sens est indéter-
miné : Sur les rivages et les pors Par où li ewage
s'embatent. Qui tant souvent vous escobatent. Main-
ECO
dans LACUBNE. Écobuer se ratlache-t-il à acoubt,
balais; bas-lat. escobare, balayer? Faut-il voir, dans
la première partie du mot, escot, bâton, comme dan»
HopercheP Dans le nom normand d'une plante:
l'herbe à l'écopisse (herbe qui fait saliver sans doute
et qneje ne connais pas, le heuicher, Add. àVeuai
sur la flore popul. de Normandie, p. ?/, escopitse
vient de l'ancien verbe esrnpir, cracher.
t ÉCOCUELAGE (é-ko-cbe-la-j'l, «. m. Terme d'a-
griculture. Action d'ècocbeler.
t ÉCOCHELER (é-ko-che-lé. VI se double quand
la syllabe qui suit est muette: j'écochelle), e. a.
Terme d'agriculture. Ramasser avec deux râteaux les
tiges céréales que la faux a étendues en les coupant.
t ECOEUKÉ, ÉE (é-keu-ré, rée), part, passé. Qui
a perdu le cœur, à qui le cœur manqiie, dégoûté.
Je suis écœuré.
t ÉCOEURER (é-keu-ré), v. a. Faire perdre le
cœur, dégoûter. Cette odeur m'écœure. |[ Fig. Un
pareil langage m'écœure. || S'écœurer, ». réfl. Qu'a-
vait-il besoin d'entrer là pour s'écœurer? || Mot po-
pulaire et très-usité.
— HIST. XVI* s. Escœurer [dégoûter], onniN.
— ÊTYM. £î.... préfixe, et ctcur; Berry, écceur-
der, acœurir. Anciennement escuerer avait le sens
propre de percer le cœur.
ECOFRAI (é-ko frè) ou ÉCOFROI (é-ko-froi), ».
m. Sorte de grosse table sur laquelle les artisans en
cuir taillent leur ouvrage.
— ETYM. Bas-lat. escofferiut, marchand de cuir;
vieux franc, escoffraie, boutique où l'on vend du
cuir; de l'allemand Schuh, soulier; angl. shoe;
goth. sknh. On avait aussi escoerie, objets en cuir:
xiii* s. Chascuns fardeaulx d'escoerie ou de freperie
doit deux deniers, nti cange, escoeria.
ÊCOLNÇOK ou ECOINSO.N (é-koin-son) , ». m. Tra-
vail de menuiserie, meuble appliqué à l'angle d'une
chambre. Une armoire en écoinçon. || Pierre qui fait
l'encoignure de l'embrasure d'une porte ou d'une
croisée.
— illST. ivi* s. Escoinçon, Nouveau eoutJ. gêner.
t. n, p. H37.
— ÊTYM. Es.... préfixe, et coin; formé de eoi'i,
comme arcon de arc, par le suffixe augmentatif on.
t ÉCOLÂGE (é-ko-la-j'), ». m. || 1* Eut de celui
qui est à l'école; enseignement d'école. || 2* Frais
d'école, droit que paye chaque écolier. Les conseils
municipaux déterminent le prix d'écolage dans les
écoles communales.
— HIST. xvi* s. 11 envoya quérir Aristote, en lui
payant un très honorable salaire pour l'escholage
de son fils, amyot, Alex. (o. On peut continuer à
tout temps l'estude, non pas l'escholage, uont. m,
4 34. Le bureau de l'aiimosne est journellement
chargé de celles personnes qu'il convient assister
pour leur vivre, apprentissage de mestier ou esco-
lage, ou bien pour les secourir en leurs maladies,
Coutum. génér. t. i, p. ti48.
— ÊTYM. École.
éCOLAtRE (é-ko-là-tr'), ». m. Ecclésiastique dans
les cathédrales, dont la principale fonction est d'en-
seigner aux jeunes gens qui se destinent au service
de l'Eglise, les humanités et les devoirs de la pro
fession qu'ils veulent embrasser. || Chanoine qui av: il
une prébende l'obligeant d'enseigner gratuitement
la philosophie et les lettres humaines à ses con-
frères et aux pauvres écoliers du royaume.
— HIST. xvi* s. Il n'y avoit église cathédrale en
laquelle n'y eust prébende affectée pour le salaire
de celui qui enseigneroit les lettres ordinaires, et
une autre pour celui qui vacqueroit à l'enseigne-
ment de la théologie; le premier esioit appelé es-
colastre, le second théologal, pàsquier, Recherches
liv. IX, p. 767, dans lacurne.
— ÊTYM. Bas-lat. seholaster, ds »ehoIa, école.
t ÉCOLÂTRIE (é-ko-lâ-trie), ». f. Charge, em-
ploi d'écolâtre.
— ETYM. Écoldlre.
ÉCOLE (é ko-l') , ». f. Il 1* Eublissement où l'on
enseigne les éléments des lettres, des sciences, des
arts. Ouvrir une école. Maître d'école. Ecole de des-
sin. Ecole primaire Les loups de son temps n'al-
laient point à l'école, bégnier, Sal. m. || Ecoles
chrétiennes, écoles instituées au commencement
du xvii* siècle par Lasalle pour les enfants pauvres.
Il Écoles charitables, institut pour enseigner au
enfants à lire, à écrire et à connaître, aimer et ser-
vir Dieu; il fut fondé en I6S« par un minime d'A-
miens, le P. Barri. || Tenir école, enseigner. Lo
noble poursuivit : Moi je sais le blason; j'en veux
tenir école, la font. Fabl. x, <«. || Il en tiendrait
école, c'est-à-dire il sait très-bien cela. || Renvoyer
tenez bien vostre franchise, Roman de Brut, f**8, j quelqu'un à l'école, lui faire sentir son ignorance
ECO
Il Faire l'école buissonniêre, manquer la classe en
parlant d'un écolier, et, figurément, manquer à des
exercices, à des fonctions (voy. buissonnieb). |{ Pren-
dre le chemin de l'école, prendre le chemin le plus
lonsf. |l Dire les nouvelles de l'école, découvrir le
secret d'une compagnie, d'une coterie, dire ce qu'il
faudrait taire. || 2° Établissement d'un ordre plus
élevé ou d'un ordre |ilus spécial. Entrer à l'École
polytechnique, à l'Ecole normale. Kéformer le corps
des sciences ou l'ordre établi dans les écoles pour
les enseigner, desc. Méth. il, 2. Il me semblait
n'avoir fait autre profit, en tâchant de m'instruire,
sinon que j'avais découvert de plus en plus mon
ignorance; et j'étais en l'une des plus célèbres
écoles de l'Europe, où je pensais qu'il devait y
avoir de savants hommes, s'il y en avait en aucun
endroit de la terre, id. ib. t, 6. Il y en eut [des
jirisonniers suédois transportés en Sibérie] qui en-
seignèrent les langues, les mathématiques; ils y
■ iablircnt même des écoles publiques qui, avec le
l..-mps, devinrent si utiles et si connues, qu'on y
' iivoyait des enfants de Moscou, volt. Charles XII,
i. Il École centrale, nom des écoles publiques créées
dans chaque département par la Convention en 1 796.
Il École centrale des travaux publics, nom primitif
do l'École polytechnique, en (795. {| Aujourd'hui,
École centrale des arts et manufactures, établisse-
ment où l'on forme des ingénieurs civils. || École
polytechnique, école où l'on donne une instruction
générale dans les sciences mathématiques, physi-
ques et chimiques à des jeunes gens pour les pré-
parer à différents services publics, civils et mili-
taires. Il Ecole normale, établissement où l'on fornse
les jeunes gens pour le professoral dans les lycées.
Il École de St-Cyr, établissement où l'on forme des
officiers pour l'infanterie et la cavalerie. || Écoles
d'application, nom donné en général aux écoles
spéciales dans lesquelles ne sont admis que les su-
jets qui ont terminé leurs études générales. École
d'application du corps d'état-major, école destinée
à former des officiers pour le service de l'état-
major. École d'application du génie maritime, école
destinée à former des ingénieurs pour la construc-
tion des vaisseaux et les travaux de la marine.
École d'application d'artillerie et du génie, école
de Metz qui ne reçoit que des jeunes gens sortant
de l'Êjole polytechnique et qui forme des officiers
pour l'artillerie et le génie. || École des arts et mé-
tiers, établissement où l'on enseigne les arts méca-
niques. Il École des beaux-arts, école où l'on
enseigne la peinture, la sculpture et l'architec-
ture. Il En parlant du vaisseau sur lequel est éta-
blie l'école de marine, on dit le vaisseau-école. 11
est professeur sur le vaisseau-école. || 3° Le local où
l'école est établie. || 4° Par extension, tous les élèves
d'une école. Toute l'école est à la promenade. || Les
écoles, les élèves des écoles de droit, de médecine,
polytechnique, normale, etc. 116° Terme militaire.
Ecole de peloton, école de bataillon, les exercices
(le peloton, de bataillon. || 6° Fig. Se dit de ce
qui forme ou éclaire par l'expérience. Trois scep-
tres conquis Font voir à quelle école il ei^ a tant
appris, CORN. Nicom. m, 2. Et ses illustres soins
ouvraient à ses sujets L'école de la guerre au
milieu de la paix, id. Attila, ii, 6. Tous les in-
grats iront en foule à votre école. Puisqu'on y
devient quitte en payant de parole, id. Théodore,
l, 2. C'est une école que votre conversation, et j'y
viers tous les jours attraper quelque chose, mol.
Comt. d'Escarb. )). Ohl le bel argutuent digne de
leur école l hoil. Ép. xii. La cour fut pour lui une
école de sagesse et de vertu, bouhoubs, Auhusson,
liv. I, dans bichelet. Les plaisirs publics sont de-
venus des écoles de lubricité, mass. Carême, Élus.
Il n'est pas étonnant queCarihage, partie de la pre-
mière école du monde pour le commerce, je veux
dire de Tyr, y ait un succès si prompt et si con-
stant, EOLLiN, //is(. anc. Œuvres, t. i, p. 2(1, dans
fOUOENS. Dans l'école du crime et dans l'art des ty-
rans, VOLT. M. de Ces. m, 7. Je me console de mon
ii-norance par la pensée que cette terre sur laquelle
(.us rampons n'est que l'école destinée à nous four-
nir les premiers rudiments de la science, bonnet,
iitt. div. Œuvres, t. xii, p. 426, dans pouuens.
k l'école des mœurs et de la pauvreté. J'ai senti le
bienfait de mon adversité, docis, Abufar, i, 5. De
nos jours, après la commotion terrible de la France,
une intelligence politique nous a été donnée par
«ette rude école des événements, villem. Litt. franc.
iviii* siècle, 2* part. 4« leç, || L'école du monde,
l'expérience et les manières que donne le monde,
la société. Sainville a grand besoin de l'école du
'oonde, lachaussee Gouv. î, 2. || Familièrement.
ECO
Être à l'école do, vivre au milieu de gens sur les-
quels on se règle. On juge bien qu'étant t telle
école [chez des religieuses], Point ne manquait
du don de la parole L'oiseau disert.... gresset,
Vert-Vert, ii. || Être à bonne école, être sous la di-
rection d'une personne habile. Il faut qu'on vous
ait mise à quelque bonne école, mol. Éc. des f.
V, 4. Il On dit par opposition, être à mauvaise
école Ma foi, tant pis pour vous; Je ne m'y
connais pas, ou bien, sur ma parole, Vous êtes là,
m'amie, en très-mauvaise école, regnard, ife'iiechr/i.
Il, 3. Il II s'est dit pour maître ou maîtresse. Que j'ap-
prenne, si vieux, d'une si jeune école, eotrou,
Antigone, iv, 6 || 1' Manière, ton d'écolier; ma-
nières gauches, pôdantes. Il .sent l'école. Ce visage
et ce port n'ont point l'air de l'école, corn. Ment.
I , H . Momus a pris pour adjoints Des rimeurs d'école ,
BÉRANG. Gaudr. 118" Enseignement de la théologie
et de la philosophie suivant la méthode et les prin-
cipes des écoles du moyen âge. Saint Thomas d'Aquin
est appelé l'ange de l'école. J'userai, s'il vous pLît,
librement des mots de l'école, desc. Méth. iv, 4.
Philippe Auguste aima les lettres, accueillit et pro-
tégea les savants; les écoles de Paris devinrent cé-
lèbres; on y accourut des provinces et des pays
étrangers, st-foix, Ess. Paris, Œuvres, t. m,
p. <6. Il II se dit aussi dans un sens plus général de
l'ensei^-nement oral ou même écrit. Le langage de
l'école. Écoute donc, mon fils, écoute mes paroles;
Elles passent de loin cet orgueilleux savoir, Que la
philosophie étale en ses écoles, corn. /mil. m, 3.
Il Combats d'école, lutte entre docteurs sur des
points de doctrine. Il a laissé tonner dans leurs
chaires frivoles Les chefs impérieux de ces combats
d'écoles, LEMiEBRE, Bamevelt, i, 2. 119" Secte ou
doctrine de quelque philosophe ou docteur célèbre.
L'école de Platon, d'Aristote. L'école d'Hippocrate.
11 sortit de l'école de l'yihagore d'illustres disciples
qui firent un honneur infini à leur maître, eollin,
Hist. anc. Œ^uvres, t. m, p. 473, dans pougens.
Il 10° Caractère commun à des œuvres d'art, de lit-
térature ou de science. L'école classique. L'école
romantique. L'école de Port-Royal. L'école de Vol-
taire. Il Ecole flamande, école d'Italie, école fran-
çaise, etc. suite de peintres célèbres qui ont tra-
vaillé dans le goût de ces pays, et dont la plupart
étaient Flamands, Italiens, Français, etc. || Faire
école, se dit d'un homme de lettres, d'un artiste
dont le genre ou la maajère ont des imitateurs.
il En termes de musique. Il y a de l'école dans ce
choeur. C'est un morceau d'école. || 11° École histo-
rique, manière d'écrire l'histoire où l'on cherche
surtout à déduire les causes et l'enchaînement des
événements, la suite des institutions et l'état des
moeurs, par opposition à école descriptive, laquelle
s'occupe surtout de raconter. En Angleterre, l'école
historique éprouvait le besoin de donner à toutes
choses, non pas la régularité formaliste du dix-
septième siècle, mais une sorte de justesse phi-
losophique, viLLEMAiN, Litt. franc, xviii* siècle,
2' part. 4" leç. || École historique, opinion qui veut
faire prévaloir dans la politique les données de
l'histoire. École historique, se dit souvent par op-
position à école rationaliste ou école philosophi--
que. Il 12° Terme de manège. Ce cheval a de l'école ,
il a été dressé au manège. || Basse école, les exer-
cices par lesquels les élèves apprennent à monter
à cheval. || Haute école, les exercices de la voltige.
Il Cheval hors d'école, cheval qui a oublié son exer-
cice. Il Pas d'école, allure employée pour modérer
l'ardeur d'un jeune cheval. || 13° Terme de trictrac.
Faire une école, oublier de marquer les points que
l'on gagne, ou en marquer mal à propos. Il jouait
tout de travers, écoles sur écoles, Dieu sait, hamilt.
Gramm. lu. Une école maudite Me coûte en un mo-
ment douze trous tout de suite, eegnard, le Joueur,
i, 4. Il Mettre à l'école, marquer l'école, marquer
pour soi les points que l'aiiversaire a oublié de mar-
quer ou a maripiés de trop. On ne compte pas, on
ne marque pas l'école de l'école, c'est-à-dire que,
si l'adversaire a oublié de marquer une école, on
ne peut pas compter cette école. || Fig. Il a fait une
école, il a fait une faute de conduite. En l'accusant
aussi, moi, j'ai fait une école, picard, Médiocre et
rampant, m, 9. || Par exclamation. Quelle école I
c'est-à-dire, quelle sottise! || Proverbe. On est savant
quand on revient de l'école, c'est-à-dire celui qui
vient de recevoir une information, un renseigne-
ment, ne commet plus la faute qu'il commettait
auparavant.
— HlST. XI* s. Puis ad escole li bons pedre [père]
le mist, Saint Alexis, vu. || ïiii" s. Bêle, nous nous
entra'mions. Quant à l'cscole aprenions. Romane,
ECO
1287
p. 62. [Sainte Elisabeth] Escole fu de bannes mors
[moeurs] ; Examples fu de penitance , Et droiz mi-
reors [miroir] d ignorance, ruteb. u, 467. H.scolei
porriez tenir, Et riches homes devenir, Ren. 2ii37.
Moult soi, fist-ele, à bonne escole, Quant de mon ami
oi [j'entends] parole, la Rose, 2691. Car Platon di-
soit en s'escole Que donnée nous fu parole Por eusei-
gnier et por aprendre, ib. 7i3t. Si n'avoit aillors
grans escoles De roicliaus [roitelets] et torteroles,
De chardonneraus, d'arondeies, th. 661. Li roisres-
pont : Por vostre amor Ferai aprendre lilancheflor.
Es-les-vous aiideus [les voilà tous deux] à escolo,
FI. et Bl. 2IB. Il xjv" s. Bien pert [paraît] à son
parler qu'il fut à bonne escoule, Girart de Ross. ï.
1391. Il XV" s. Philippe [d'Artevelle] retint bien de
son escole et de sa doctrine [de Piètre du Bois]; car
il n'ot mie esté longuement dans l'office de gouver-
ner Canil, quand il en fit tuer et décoller devant lui
douze, FRoiss. Il, II, 121. Il xvi's. Je ne sache point
meilleure eschole que le voyager, mont, iv, io4.
— ÉTYM. Wallon, sicoll, sukall; provenç. fsco/a;
espagn. escuela; ital. scuola; du latin schnla, du
grec ffX°W, temps de loisir, de repos, et, par suite,
temps donné aux travaux d'esprit. C'est par elli[ise
qu'on a dit école au trictrac pour exprimer la faute :
l'expression pleine était envoyer d fécole, parce
que, les coups étant très-variés à ce jeu, il faut
avoir une très-grande habitude pour ne rien ou-
blier. On a dit ensuite école pour l'oubli qui faisait
renvoyer d l'école, puis faire une école, compter
une école, l'école de l'école, etc. de là le mot a
passé dans le langage général.
ÉCOLIER, IEKE (é-ko-lié, liê-r'), s. m. et f. || 1° Ce-
lui ou celle qui va à l'école, qui est dans un établis-
sement d'instruction. Le maître et les écoliers. C'est
une de ses bonnes écolières. Je hais les pièces d'é-
loquence Hors de leur place et qui n'ont point de
fin; Et ne sais bêle au monde pire Que l'écolier, si
ce n'est le pédant, la font. Eabl. ix, 6. Jeune et
charmante Deshoulières, Naguère entre les écoliè-
res. Et maintenant, depuis le prix, Maîtresse entre
les beaux esprits, benserade , dans l'oésies de
Deshoulières, t. ii, p. 2i7. || Tour, malice d'éco-
lier, espièglerie. || Faute d'écolier, faute grossière.
Ce général a fait une faute d'écolier. || Prendre
le chemin des écoliers, le chemin le plus long,
s'amuser en route. || Fig. Je ne te réponds pas
qu'au retour, moins timide. Digne écolière enfin
d'Angélique et d'Armide, Elle n'aille à l'instant,
pleine de ces doux sons. Avec quelque Mèdor pra-
tiquer ces leçons, boil. Sat. x. Son grand bonheur
[de Newton] a été non-seulement d'être né dans un
pays libre, mais dans un temps où, les imperti-
nences scolastiques étant bannies, la raison seule
était cultivée; le monde ne pouvait être que son
écolier, et non son ennemi, volt. Dict. phil. New-
ton. Il 2° Par extension, personne peu experte dans
son art. Ce n'est qu'un écolier. Il est encore éco-
lier. Un poSme excellent où tout marche et se
suit.... Jamais d'un écolier ne fut l'apprentissage,
boil. Art p. m. || 3" Nom qu'on donnait aux étu-
diants qui fréquentaient les universités du moyen
âge. Il Le titre d'écolier se portait dans le monde.
Seigneur écolier, je viens d'apprendre que vous
êtes le seigneur Gil Blas de Santillane, lesage, 6't{
Blas.[H' Adj. Terme de commerce. Papier écolier,
sorte de papier qui sert aux écoliers. || Proverbe.
Les écoliers ont passé par là, se dit dans certaines
parties de la Normandie, quand un grand vent a
fait des dégiits, par allusion aux dégâts que font les
écoliers non surveillés.
— REM. Autrefois écolier se disait de tous ceux
qui recevaient l'enseignement, soit élémentaire, soit
supérieur : les écoliers de l'université. Aujourd'hui
il ne se dit plus que des élèves des lycées ou col-
lèges et des écoles élémentaires. Pour les autres on
dit étudiants ou élèves : les élèves ou étudiants en
droit, en médecine; les élèves de l'Ecole polytech-
nique, de l'École normale, etc.
— HlST. xir s. Escoler [habile] fu en la loi pae-
nie [religion païenne], Ronc. p. 26. ||xiv s. Certes
avarice a motilt d'escoliers, Ménagier, i, 3. || xv" s.
Pire ne trouverez que escouliers, leroui de lincy,
Prov. t. Il, p. 128. Le maistre apprent en apprenant
son escolier, Perceforesi, t. ii, f" 36. De bon mais-
tre se part voulenliers bon escolier, et le bon fruict
de bonne ente, ib. t. i, !° m.||xvi's. Cela sent
son escolier latin [c'est-à-dire c'est un homme gros-
sier], FAUCH. Lnng. et poés. fr. p. 36, dans lacl'kne.
Belistres que le commun peuple de ce pays là ap-
pelle escolliers errans, JVuiM de Straparole, t. u,
p. .191. À l'escoliere [par ignorance], oudin.
— ÉTYM. 'Wallon, sicoli; piovenç. et espagn. es-
■
1288
ECO
colar; catal. escold; ital. scolaro; du latin scholarit,
de tchola, école.
t ÉCOLLAGK (é-ko-Ia-j'), «• "»• Terme de tanne-
rie. .Synonyme d'écharnement des peaux.
f ÉCOIXETÉ, EE (é-ko-le-té, tée), ad). Terme
d'orfèvrerie. Se dit des ouvrages échancrés, arron-
dis et étrécis qui ne srnt pas à pans.
t ÉCOLLETER (6-ko-le-té. Le t se double quand
la .syllabe qui suit est muette : j'écollctte), v. a.
Élargir au marteau une pièce dont le haut a la forme
et le profil d'un vase.
— ÉTYM. Voy. ÉCOLLETTE.
t ÊCOLLETrE (é-ko-lè-f), s. f. Terme d'orfèvre.
Diminution dans la circonférence.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et collet.
ÉCONDUIRE (é-kon-dui-r') , «. o. Se conjugue
comme conduire. |{ l'Éloigner avec plus ou moins de
ménagement quelqu'un de chez soi, d'une société.
On réconduisit de cette société dans laqueUe il s'é-
tait glissé. Ne manque pas d'éconduire tous ceux qui
se présenteront, picard, Provine. à l'aris, iv, 6.
112° Par extension, se défaire par quelque adresse
d'une personne qui nous demande quelque chose.
Éconduire un lion rarement se pratique, la font.
Fabl. IV, <2. Le roi [Philippe V] l'en éconduisit
[M. de Savoie, du souper] par des excuses, sous
prétexte que ses officiers n'étaient pas arrivés, ST-
siM. <07, Hi). En plaisantant ainsi, vous croyez
m'éconduire, nu fbény, Mariage fait et rompu, m,
a. Impudents, toujours pleinsd'un espoir téméraire,
Qu'on éconduit toujours sans pouvoir s'en défaire,
LA CHAUSSÉE, FréjuQ. à la mode, iv, 4. {{ Proverbe.
Vous ne serez pas battu et éconduit tout à la fois,
se dit pour encourager quelqu'un à faire une de-
mande.
— MIST. xv s. Nul de ceste faulte ne se peust es-
conduire [excuser], Perceforesl, t. iv, f" Ma. Le dit
evesque considérant que bonnement il ne se povoit
esconduire n'excuser, qu'il ne fait assistance et ayde
à ceux de son pays, monsthel. t. ii, f» 60, dans
LACUBNE. Il XVI* S. L'emperour luy fist option de
choisir ce que plus en Rome luy plairoyt, avecques
promesse jura de non l'esconduyre , quoique il de-
mandast, rab. Pont, m, <9. Allons-y ensemble, je
vous supplye ne me esconduire, je vous seray ung
Achates, ID. ib. m, 47. Do ceulx les prières n'ont
jamais esté esconduictes qui ont médiocrité requiz,
ID. ih. IV, iVouu. proi. Il avoit esté assez honteuse-
ment esconduit de sa requeste, amyot. Thés. 46.
— ÊTYM. Si on lit l'historique, on verra que éco/n^
duire n'a nulle part le sens de conduire hors, et
qu'il signifie toujours s'excuser, refuser. On remar-
quera aussi que l'historique ci-dessus ne le donne
qu'à partir du xv* sitcle; si ce verbe existe anté-
rieurement, il est extrêmement rare; mais en place
se trouve, dans l'usage le plus général et le plus
fréquent, escondire qui signifie refuser et qui a éty-
mologiquementce sens, venant de ex-condicere , se
défaire par des paroles. Escondire existe aussi dans
le provençal qui n'a pas éconduire, raison de plus
pour croire qu'éconduire est une altération d'escon-
dire, altération produite par une fausse assimila-
tion de sens et de forme. Mais, une fois l'assimila-
tion faite, éconduire a pris le sens de conduire hors,
qui lui appartient légitimement, tandis que celui de
se défaire par des excuses, qui lui a été attribué,
ne lui appartient pas et apiiartient à l'autre verbe,
à escondire. Si la langue n'avait pas commis cette
fautive confusion, elle aurait gardé eicondire pour
se défaire par .des paroles, et créé éconduire pour
écarter, éloigner. C'est une règle beaucoup plus
étendue qu'on ne le croirait, que des mots se con-
fonder.J ainsi avec d'autres, et que nous nous ef-
forçons d'y trouver ou d'y créer des analogies qui
permettent de rapporter le mot à la racine appa-
rente, bien qu'il y soit tout à fait étranger à l'o-
rigine.
t ÉCONDUISEUR (é-kon-dui-zeur), t. m. Celui qui
a l'habitude d'éconduire, de refuser. Voysin était
un homme à peine visible et fâché d'être vu, re-
frogné, éconduiseur, qui coupait la parole, st-sim.
Ï36, «44.
— ÉTYM. Éconduire.
ÉCONDUIT, DITE (é-kon-dui, dui-t"), part, passé
do éconduire. || 1" Éloigné, écarté. Econduit d'un
salon où il était devenu suspect. || 8° Dont on s'est
défait par quelque excuse. Se voyant éconduit et
moqué, il ne garde plus de mesure, le comte de
Bussi, dans ricuelet. Pourquoi vous regardez-vous
comme éconduit [en disgrâce]? sév. 4H. Éconduit,
il insiste; repoussé, il tieut bon; qu'on le chasse,
Il revient; qu'on le batte, il se couche & terre,
P. L. cour. Simple discours.
tco
t ÉCONDUITE (é-kon-dui-f), s. f. Action d'écon-
duire, de refuser. Une éconduile polie, mais slche
aux premières femmes qui voudraient tenter cette
familiarité [tirer à part le duc d'Orléans], empêchera
sûrement qu'aucune s'y hasarde, st-sik. 3»9, 43.
— IIIST. xvi* s. Esconduite, pasquier, Lettres,
t. II, p. 348, dans lacurne.
— ÊTYM. Éconduit. Esconduite ne doit pas re-
monter plus haut que esconduire. Dochez cite cette
phrase de Froissart : 11 convient que de vous je sois
aimé, nulle esconduite ne m'en pourroit osier. La-
citation est inexacte; le texte porte: Car nul escon-
dit ne m'en pourroit oster, i, i, <66, ce qui rentre
dans l'ancien verbe escondire.
ÉCONOMAT (é-ko-no-ma; le t ne se lie pas), t. m.
Il 1° Charge, office d'économe. L'économat d'un col-
lège. Il Bureaux de l'économe. Commis d'économat.
Il 2° Administration des revenus d'un bénéfice con-
sistorial pendant la vacance. L'économat de mes
abbayes étant censé tenu de la plus grande rigueur
des lois, je croyais être obligé en conscience d'en
prendre l'administration, retz, i, 7. Pour être éco-
nome de quelque bénéfice, H faut avoir des lettres
d'économat du roi, fkvret. De l'abus, i, 8, dans
RiCHELET. Louis XIV Confia à Pelisson le revenu du
tiers des économats, volt. Louis XIV, 36. || Bureau
établi pour l'administration des bénéfices vacants
qui étaient à la nomination du roi.
— ÊTYM. Économe, et la terminaison at, qui in-
dique l'état, la profession.
t. ÉCONOME (é-ko-no-m'), s. m. || 1* Celui qui
est chargé de la dépense d'une maison, de l'adminis-
tration du matériel d.ins une grande maison. L'é-
conoma des invalides. L'économe d'un lycée, d'un col-
lège, d'un hôpital. || Fig. Le ciel nous envoya, dans ces
temps corrompus. Le sage et doux pasteur des brelis
de Fréjus [le cardinal Fleuri], Économe sensé, ren-
fermé dans lui-même, Et qui n'affecta rien que le
pouvoir suprême, volt. Ép. xcv. || S. m. et f. Reli-
gieux ou rehgieuse qui a soin de la dépense de la
maison. Le père économe. La mère économe. On
regarde les revenus de l'Église comme des biens à
soi ; je vous prouverai que vous n'en êtes que les
économes, mass. Confér. Revenus ecclés. || 2° Celui
qui était autrefois nommé par le roi pour adminis-
trer les revenus d'un évêché, d'une abbaye, etc.
pendant la vacance. |{ 3° Économe séquestre, celui
entre les mains de qui on mettait des biens en sé-
questre.
— HIST. xiv* s. Et cuidon ou dison que teuli [tels]
sont bons yconomes et bons politiques, oresme,
Eth. <76. Yconome, celui qui ordene et dispense les
choses appartenans à un hostel ou à une maison,
ID. Thèse de meunier. || xvi* s. Ny plus ny moins
que l'on voit un bel arbre que le vent ébranle, et
l'a à demy penché; vient quelque bon œconome ou
hortolan, qui le vient appuyer, et dure quelque
temps et produit du fruit, brant. Cap. franc, t. i,
p. 68, dans lacurne.
— ÉTYM. Lat. œconomxis, du grec oixovô(j.oç, de
oTno;, maison (oTxoç est le même que le latin ficus,
d'oii f ICI nus, voy. voisin), et de v6|ao;, adminis-
tration. On remarquera que Oresme écrit yconoine,
ce qui est la prononciation de la syllabe grecque oi.
2. ÉCONOME (é-ko-no-m'), adj. Qui sait épargner
la dépense. Un homme, une femme économe. || Fig.
Être économe de louanges, de paroles, louer peu,
parler peu. || Substantivement. Le plus riche des
hommes, c'est l'économe, le plus pauvre c'est l'a-
vare, CHAMFORT, dans le Dicl. de poitevin.
— REM. Il se met toujours après le substantif; un
ministre économe.
— ÊTYM. Économe t.
ÉCONOMIE (è-ko- no-mie), s. f. || 1* Bon ordre
dans la conduite et l'administration de tout établis-
sement qui s'alimente par la production et la con-
sommation. L'économie est le jugement appli(jué
aux consommations, j. b. say. Traité, *6H, p. 455.
L'économie ne veut rien consommer en vain; l'ava-
rice ne veut rien consommerdu tout,iD.»6. {{ Écono-
mie domestique ou privée, administration d'un
ménage privé, d'une maison. C'est une erreur dans
l'économie domestique, ainsi que dans la civile,
que.... J. J. Rouss. Uél. iv, 10. L'économie privée
nous enseigne à régler convenablement les consom-
mations de la famille ,j. b. say, rroil^, 4sn , p. 453.
Il Économie rurale , l'ensemble des règles et des
moyens qui font obtenir de la terre la plus grande
somme de produits, aux moindres frais, et pendant
un temps indéterminé , ainsi que les principes qui doi-
vent guider dans l'emploi de ces produits. || Écono-
mie poUtique, science qui traite de la production,
de la distribution et do la coosommatioD des ri-
ECO
chesses. Traité d'économie politique. Il a quitté l
théologie pour l'histoire, comme vous pour l'éco-
nomie pohtique, volt. Lett. Merellet, U juillet )7«!).
L'économie politique regarde les intérêts de quelque
nation que ce soit, ou de la société en général,
J. B. SAY, Court, <840, t. u, p. 510. L'économiB
politique n'est pas autre chose que l'économie de la
société, iD.ti). 1. 1, p. 4. Il L'économie politique parait
avoir désigné anciennement la politique théorique,
ce qui a rapport à la constitution intérieure et exté-
rieure des États, Trotl^ d'économie politique, par
A. DE mont-ciibestien, Roueu, 4615. || Économie
publique ou nationale, observations et règles qui
concernent les intérêts d'une nation considérée en
particulier, jj Économie sociale, l'ensemble des con-
ditions morales et matérielles des sociétés. Se dit
aussi pour économie politique. || Économie indus-
trielle, l'ensemble des moyens et des règles de U
production industrielle. L'économie industrielle,
qui n'est que l'application de l'économie poUliquo
aux choses qui tiennent à l'industrie, J. b. sat,
Cours, 1840, t. i, p. 34 II Économie charitable,
étude des règles pratiques de la chanté et de l'or-
ganisation des institutions de bienfaisance. || 2? Fig.
Bon emploi d'une choso quelconque, Ce n'est pai
assez d'avoir de grandes qualités; il faut en avoir
l'économie, LA ROCHEF. /(<-/7m. <59. || 3* Epargne
dans la dépense. On met dans les finances un lieux
prodigue qui, en sa jeunesse, a fait cession de
biens, mais qui parle admirablement de l'écono-
mie, BALZ. Arist. ou de la cour, Disc. 2. Je le
trouve original sur l'économie, sév. 3)7. Une grosse
chère, une petite économie, hamilt. Cramm. 't.
Comme la perte au jeu allait à des sommes asseï
fortes, elle déplut à l'économie de M. Colbert, qui en
parla au roi, même avec quelque soupçon, fonteb.
Dangeau. J'appellerais volontiers l'économie la ao-
conde providence du genre humain, mibabeau. Col-
lection, t. V, p. 410. Les biens qu'acquiert une utile
industrie. Ou ceux que la vertu doit à l'économie,
M. J. CHÉN. Gracques, u, 3. Mais vivre en tout d'é-
conomie. Moins prodiguer et mieux jouir.... Mes
amis, ce n'est pas vieillir, bérano. Vieillesse.
Il Économie de bouts de chandelle, voy. cha»-
delle. Il Construire , exécuter des travaux par
économie, construire sans l'intervention d'un en-
trepreneur, en traitant directement avec les ouvriers
et les fournisseurs. || Le résultat de l'épargne, l'ar-
gent mis de côté. Faire des économies. | 4* Arran-
gement réciproque et concourant des parties d'un
ensemble, soit matériel, soit intellectuel. Il n'est
pas juste que tout un corps souffre et que sin
économie soit troublée pour mettre quelqu'un de
ses membres plus à son aise que les autres, vau-
BAN, Dlme, p. 107. L'économie d'une pièce de
théâtre, rac. Déd. de Britann. Rien ne vous est
caché de l'économie des corps, la bru y. xiv. Tout
est disposé dans l'univers avec une économie digne
de l'auteur de la nature, mass. Carême, Prosp. Ce
qu'on admire dans Démosthène, c'est le plan, la
suite, l'économie du discours, rollin. Traité des
Et. liv. IV, ch. 1. Je ne connais d'erreurs capitales
en physique que celles qui nous donnent une fausse
économie de la nature, volt. Uem. sur un ouv. de
phys. La division de l'Église universelle en diverses
sections ou diocèses est une économie d'ordre et de
police ecclésiastique, Mirabeau, Collection, t. iv,
p. .•i42. Il L'économie présente, le monde tel qu'il est
constitué. L'âne est placé dans l'économie présente
bien au-dessus de l'araignée, et il conservera dans
un autre état la prééminence qu'il a sur elle, Bon-
NET, Palingénés. u* part. ch. 3. || L'ancienne éco-
nomie, s'est dit quelquefois pour l'ancienne loi,
l'ancien testament. Il y avait eu sous l'ancienne éco-
nomie des miracles ou des signes d'une très-trande
publicité, ID. ib. (»* part. ch. 7.||6* Ensemble des
parties qui constituent l'homme ou les animaux;
l'ensemble des lois qui régissent l'organisation des
animaux et des végétaux. Le moindre vaisseau qui
se rompt ou qui se bouche, interrompant le cour»
du sang et des humeurs, ruine l'économie de tout
le corps, NICOLE, Ess. de vior. t" traité, ch. 4. Lé-
tude profonde, que M. Duhamel avait faite de l'éco-
nomie végétale, lui avait montré entre les plantes
et les animaux une foule d'analogies frappantes,
coNDOBCET, Dithomel.
— HIST. XIV* s. ïconomie est art de gouverner
ung hostel et les appartenances pour acquérir ri-
chesses, ORESME, Eth. )(. Il XV* s. Semences ne m
manient mie. L'homme n'en sçait œconomie, Traiii
d'alchim. 832. jj xvi* s. Feraulez, qui sentoit poiseï
sur ses espaules l'importunité de l'œconomie, ainsi
qu'elle faict à moy, mont, i, 3|7.
ECO
ECO
ECO
1289
I
— Ë7 m. Lat. ceconomia, du grec olxovo(iîa (voy.
économe).
ÉCONOMIpPE (é-ko-no-mi-k'), adj. \\ 1" Qm con-
cerne l'ailministration, le ménage d'une maison,
d'une exploilation. {| Écrivain économique s'est dit
autrefois pour économiste, seul usité aujourd'hui.
Il 2" Oui réduit les frais, la dépense. Cheminée éco-
nomique. Procédé économique. |{ Oui coûte peu de
frais. Chauffage économique. || 3" S. f. L'économi-
que, ce qui concerne le gouvernement d'une fa-
mille, d'un État. C'est une rtgle d'économicpie aussi
bien que de politique. Peu usité. || L'Économique,
titre d'un traité de Xéaophon sur l'administration
des biens pri\és.
— IIIST. XIV s. Et tel juste qui est du mari à sa
feme est dit juste yconomique, dresme, Eth. (55.
Il XVI' s. Eu la police œcoiiomiqiie, mou père avoit
cet ordre que je sç.iis louer, mais nullement ensuy-
Vre.... MONT. I, 257.
— f.TYM. Lat. ceconomicus , du grec oîxovoiaixoî
(voy. ÉCONOME).
ÉCONO.MIQUEMENT (é-ko-no-mi-ke-man), odii.
Il 1° Avec économie, à peu de frais. Vivre économi-
quement. Mes éludes et surtout une longue pratique
des navires à vapeur m'ont amené à trouver le moyen
d'exécuter beaucoup d'autres manœuvres utiles, de
naviguer économiquement suivant les circonstan-
ces... PARIS, Comptes rendus, Acad. des se. t. ui,
p. 344. Il 2° Selon les principes de l'économie poli-
tique. Traiter économiquement une question.
— ÉTYM. Économique, et le suffixe ment.
ÉCONOMISÉ, ÉE (é-ko-no-mi-zé, zée), part.
passé. Il 1" Administré avec économie. Il avait dressé
le catalogue d'une biblioth'que générale bien enten-
due, économisée et complète, pour qui n'eût voulu
que bien savoir, fonten. Des Billetles.\\i° Épar-
gné, mis de côté. De l'argent économisé. || Fig. Quel-
ques heures économisées à grand'peine.
ÉCONOMISER (é-ko-no-mi-zé), u. a. || 1" Adml-
nisirer avec économie. Ce régisseur a bien écono-
misé la propriété qui lui était confiée. On économise
son temps, son crédit, sa sauté, aussi bien que ses
richesses, j. b. say. Cours, )8io, t. il, p. 237.
Il 2° Faire des é|>argnes sur la dépense, sur la con-
sommation. Économiser le bois, la chandelle. || Ab-
solument. Oui économise s'enrichit. Il 3° Fig. Écono-
miser son temps, ses forces. Vunez apprendre de
moi à économiser les ressources de notre âme et les
bienfaits de la naiure, graffigny, Lett. péruv. 38.
— SYN. économiser, épargner. Bien que ces deux
mots proviennent d'une origine toute difl'érenle, ils
ont un sens dans lequel on ne discerne qu'à peine
quelque nuance précise. Économiser, épargner, faire
des économies, faire des épargnes, c'est toujours
faire que la recette l'emporte sur la dépense et que
cet excès soit mis de côté, en réserve. La petite dif-
férence qu'on peut apercevoir entre ces deux mots,
c'est que épargner s'applique plus particulièrement
aux petites sommes recueillies une à une, et écono-
miser à leur ensemble; de là l'idée de petitesse
pour les épargnes, tandis que les économies s'en-
tendent aussi de fortes sommes.
— ÉTYM. Économie.
ÉCONOMISTE (é-ko-no-mi-sf), s. m. Celui qui
s'occu|ie spécialement d'économie politique. || Les
économistes, les écrivains qui, au xviii" siècle, s'oc-
cupèrent les premiers des questions de richesse so-
ciale, et formèrent une espèce de secte ou de cote-
rie. Je n'ai point lu l'ouvrage de M. Necker; s'il
blâme les économistes d'avoir dit du mal de Colbert,
il me parait qu'il a grande raison, volt. Lett. de la
Harpe, 2 sept. J773.
— ÉTYM. Économie, et la finale iste.
ÉCOPE (é-ko-p'), s. f. Il 1° Terme de marine. Sorte
de pelle de bois étroite, creuse, et munie d'un
manche, qui sert à vider l'eau entrée dans une
embarcation, jj 2° Grande cuillère employée pour
enlever de dessus le dé|iÔt un liquide clarifié dont la
surface trop peu élevée au-dessus du sol ne permet
pas de se servir du siphon, et lorsque le vase con-
tenant ne peut être perforé pour y adapter une
cannelle, legoarant. 113° Sorte de petite soucoupe
tr's-évasée, peu profonde, ordinairement en bois,
avec laquelle les fermières écrément le la't, legoa-
Bant. Il 4° Terme de jardinage. Ustensile en bois
dont on se sert pour arroser.
— RE.M. L'Académie renvoie à escope. Écope,
malgré ce renvoi, qui paraît présenter csccpe comme
plus usilé, est, sur la Seine et parmi les gens de
métier, la seule prononcialion qui soit en u.-^age.
— ÉTYM. Voy. ESCOPE.
fÉCOPERCHE (é-ko-pèr-ch') , s. /■. Machine qui
sert à élever des pierres, des fardeaux, et qui fait
DICT. DE L\ LAtJGUE FRANÇAISE.
partie d'une grue, d'un engir, ou s'y ajoute. || Pièce
debout avec une poulie en tête. \\S. f. plur. Terme
de maçon. Grandes perches pour échafauder.
— hist. xiv s. Lates et escorberges, du cange,
escoparius. || xv" s. Escoperche, ID. ib.
— ÉTYM. Ane. franc. e.ïi;o(, bâton, morceau de
bois (voy. écot 2), et perche, comme estamperche
(voy. DU CANGE, etarcliartea) de estant, et perche.
t ÉCOQUER (é-ko-ké), v. a. Terme de chasse. Dé-
truire ou prendre les coqs surabondants, nuisibles
aux couvées, parmi les faisans, les perdrix, etc.
On dit aussi écoqueter.
— F.TYM. É p ur es.... préfixe, et coq.
•f ÉCOQUETER (é-ko-ke-lé) , v. a. Voy. écoqucb.
j ÉCOKÇAGE (é-kor-sa-j'), s. m. Action d'éuorcer.
— HIST. XIV S. Escorcbage [presiation pour le
droit de prendre des écorces], du cange, escorciare.
— ÉTYM. Écnrcer.
ÉCORCE (é kor-s'), s. f. || 1° Enveloppe de la tige
des [liantes ligneuses. L'écorce du chêne. || Écorce
du Pérou, le quinquina. Du temps de la Fontaine
on disait l'écorce du kin: Ce dieu, dis-je, louché de
l'humaine misère, Produisit un remède au plus grand
de nos maux : C'est l'écorce du kin, seconde pana-
cée; Loin des peuples connus Apollon l'a placée,
LA font. Quinquina, 1. 1| Dans le langage précis de
la botanique, enveloppe extérieure du tronc et des
branches des plantes dicotylédones, composée de
quatre parties distinctes: l'épiderme, le liége, la
couche herbacée et le liber. || 2° Par extension, en-
veloppe de certains fruits. Écorce d'orange, de gre-
nade. Il Familièrement. Quand on a pressé l'orange,
on jette l'écorce, c'est-à-dire on néglige celui dont
on n'a plus besoin. || 3" L'écorce du globe, les cou-
ches de terrain qui forment la croilte solide et la
superficie du globe terrestre. || 4" Fig. La superficie
des choses, l'apparence. Le vulgaire s'arrête à l'é-
corce et aux apparences, patru. Plaidoyer 7, dans
richelet. Le peuple qui voit tout seulement par l'é-
corce, corn. Il or. V, 2. Ceux qui parlent avec tant
de facilité ne s'attachent d'ordinaire qu'à l'écorce
des choses, st-évremond, dans richelet. Nous ne
connaissons que la surface et l't'corce de la plupart
des choses, nicole, Ess. de mor. t" traité, ch. s.
Il plaît, il charme, il touche, à n'en voir que l'é-
corce; Au fond, l'esprit et lui sont peut-être en di-
vorce, iiOLRSAULT, Èiope, I, 3. Ici [chez les grands]
se cache une sève maligne et corrompue sous l'é-
corce de la politesse, LA BRUY. IX. Nous pensions voir
à fond les vérités que Dieu nous a révélées, et nous
n'en touchions que l'écorce grossière, kén. t. xviii,
p. 7. Vous regarderez cette régularité apparente
qui vous rassurait, cette écorce de \ertu comme un
linge souiUé, mass. Conf. Retraite. Le pécheur ne
voit de tout ce qui est autour de lui que la surface
et l'écorce, id. Panr'g. St lien. L'abbé de Poligiiac
était amusant en récit, possédait l'écorce de tous
les arts, st-eim. i53, 23B. J'ai vu mille peines cruelles
Sous un vain masque de bonheur, Mille petitesses
réelles Sous une écorce de grandeur, gbesset, Char-
treuse. Croyez-vous qu'en ne me donnant pas plus
de peine que je n'en prends, je pourrai un jour avoir
du moinsl'apparence de quelques talents.... l'écorce?
c'est tout ce que je voudrais, m™* de genlis. Théâ-
tre d'éduc. l'Enf. gâté, i, 3. Il est bien naturel que,
dans Is sein du monde où l'on a le plus de désir et
d'intérêt de se faire valoir, toutes les écorces soient
séduisantes et tous les moyens de plaire et d'inté-
resser mieux calculés qu'ailleurs , m. Mlle de la
Fayette, p. H5, dans pougens. || 6" Terme d'archi-
tecture. La partie latérale des volutes du chapiteau
ionique. || 6° Écorce de citron, belle espèce de cône,
sorte de coquille. || Proverbes. Il ne faut pas juger
de l'arbre par l'écorce, il ne faut pas juger d'après
les apparences. || Juger du bois par l'écorce, juger
du dedans par le dehors. On juge du bois par l'é-
corce Et du dedans par le dehors ; Considérez de près
nos corps, Et jugez quels nous devons être, scar-
RON, Yirg. trav. liv. vu. || 11 ne faut point mettre le
doigt entre l'arbre et l'écorce, et, plus souvent,
avec inversion, entre l'arliie et l'écorce il ne faut
pas mettre le doigt, c'est-à-dire il n'est jamais pru-
dent d'intervenir dans les querelles de famille. Mo-
lière a plaisamment interverti le proverbe : Appre-
nez que Cicéron dit qu'entre l'arbre et le doigt il
ne faut pas mettre l'écorce, Méd. m. lui, i, \.
— HIST. XIII' S. Les escus [il] froisse et fent. corn
s'il fussent d'escorce, aul'Efr. le bast. Romancera ,
p. IB. Biaus noiaux gistsoz foilileescorce, Leroux de
LINCV, Prov. t. 1, p. 07. Car ce que l'en a pour noiant
[rien]. Tant le va l'en plus viltoiant. L'en nel prise
pas une escorce, la Rose, 139U9. || xiv s. Souffert
i avoint trop de meschance. Gardant le royaume de
France D'oppression, de tort, de force; Des vis [de
visages] sembloint à une escorsse, Liv. du bon Je-
han, 2708. Il XV' s. Dessoubz sure escorche gist la
doux miel, et la souffrance est bonne quant en la fin
elle tourne en joye, Perceforest, t. m, !° 39. || xvi's.
L'espérance, qui est toujours compagne du malheur,
lui tint escorce [le trompa, l'abusa], l'assurant que
s'amie porioit bien la part de cet ennui, web,
p. 640. On ne doit mettre le doigt entre l'escorce et
le bois, H. est. De la précell. du long. fr. p. l!'4.
....Tout l'imparfiil de mon escorce liumaine, roxs.
89. Leurs bastimeiits [des peuplades du noiivau
monde] sont fort Inngs. et capables de deux ou Iroil
cents âmes, estoffez d'escortes de grands arbres,
MONT, i, 237.
— ÉTYM. Picard, écnrche; wiiUon, loise; anc.
wallon, xhorche, ihnise; namur. chiiiche , ptoveiiç.
esrnrsa, catal. escorxa; ital. scorza; du latin cor-
ticem, écorce, avec la prosthèse de l's ou es dé-
terminée par excorticnre , écorcher.
ECORCE, ÊE (é-kor-sé, sée), part, passé. Un
chêne écorce.
t ÊCORCEMENT (é-kor-se-man ), i. m. Action
il'écorcer; résultat de celte action. Le chêne qui
était le moins en sève dans le temps de l'écorce-
ment, buff. Exp. sur les végét. 2' mém.
— HIST. XVI' s. Escorcement, ocdin.
— ÉTYM. Écorce.
ÉCORCER (é-kor-sé. Le c prend une cédille de-
vant a eto; écorçant, écorçons), v. a. Dépouiller
de l'écorce. Écorcer des aunes, des peupliers. Tantôt
lisant, tantôt écorçant quelque tige. Suivant d'un
œil distrait l'insecte qui voltige, lahart. Joc. iv,
37. Il Par extension. Écorcer le riz, le débarrasser
de son enveloppe. || S'écorcer, v. réfl. Se dépouiller
de son écorce. Un arbre qui s'écorce.
— IIIST. xvi* s. Décoction de figues seiches, len-
tilles escorcées [excortiquées].... paré, xxii, 2. On
ne peut arracher les feuilles à poignées que souvent
les branches n'en soient escorcées et quelquefois
esclatées, o. de serres, 460.
— ÊtYM. Écorce; proveiiç. escorsar; ital. scor-
sare. Escorcer vient d'escorte, et escorcher vient du
lalin excorticare ; mais ces deux mots sont si voisin»
par l'étymologie que l'ancien usage les a quelquefoij
confondus: xiv s. Escorchez les amandes, el les
broyez, Uénagier, i, B; xvi* s. Il n'est (|u'ung fol qui
veult vendre ses cbesnes pour en faire du fuaille
[combustible] avant qu'il les escoiche, palsgrave, '
p. 444.
t ÉCORCIIANT, ANTE (è-kor-chan, chan f),
adj. Qui écorche. Ce sens propre est inusité. || Fig.
Qui fait mal à la gorge ou à l'oreille par la dureté
lie la prononciation ou du son. Croyez-vous ijuc la
hauteur, un héros, tout le camp ennemi, et mille
autres heurtements semblables ne soient pas plus
écorchants qu'une simple rencontre de voyelles que
nos règles interdisent? d'alemb. Lett. à Voltaire,
20 mars 1770.
ÊCORCUÉ, ÉE (é-kor-ché, chée), part, passé.
Il 1° Dont la peau a été enlevée. Un cheval écorché.
Il Terme de blason. Animaux écorchés, animaux
peinis tout entiers de gueules, c'est-à-dire de cou-
leur rouge. Il 2° Rançonné, à qui on fait payer trop
cher. Il n'y a point de gîte, point ii'bôtellerie où
l'on soit mieux traité et moins écorché qu'on l'est à
Magallon, lesage, Cusm. d'Alfar. li, «. || 3° S. m.
Terme de dessin. Figure d'étude laissant voir les
muscles à nu. Dessiner d'après l'écorché. 114° Nom
vulgaire et commercial du cône strié, coquillage.
ÉCORCUE-CUL (À) (é-kor-che-ku, 1'/ ne se pro-
nonce jamais), loc. adv. et très-faiiiilière. En glis-
sant, en se traînant sur le derrière. Ces enfants
jouent à écorche-ciil. || Fig. et bassement. A contre-
cœur. 11 n'a rendu ce service qu'à écorche-cul.
— HIST. XVI' s. Au bout de cela le médecin mit le
nez à terre, le pied passé dans un estrier. el si fit
encore quelque chemin trainé à I e>corche-cul,
n'AUB. Fœn. m, 7. La froideur de Baron acheva
l'entreprise; car on l'y traiiioit à l'escorche-cul. et
pourtant il cerchoit toutes les difficultés et longueur,
qu'd pouvoit inventer, id. Ilisl. u, «i.
— ETYM. Écorcher, et eut.
ÉCOUCUÉE (é-kor-chée), s. f. Nom vulgaire du
coquillage que les zoologistes appellent conus geo-
graphiciis.
t ÉCORCHELER (é-kor-che-lé) , r. a. Terme ru-
ral. Meltie en las les javelles d'avoine.
t ÉCOUCIIEMENT (ekor-che-man) . s. m. Action
d'écorcher. L'écoichemeiil des castors se fait en com-
mun après la chasse, chatfaub. Amer. <3<.
— HIST. xvi' s. Escorchement, oudjn.
— ÉTYM. Écorcher.
i — 162
1290
ECO
ÉCORCHE» (é-kor-ché), v. a. || 1" Dépouiller un
animal de sa peau. Écorcher un cheval. Je veux être
Êcorché vif si.... la ko.nt. Gag. Il le livra aux exé-
cuteurs, et leur commanda de l'écorcher tout vif,
do le couclier ensuite tout de travers sur trois croix,
et d'élendre sa peau à part sur les pieux dressés tout
auprès, bolli.n, IHsI. anc. Œuvres, t. iv, p. 218,
dans pouoKNS. Il Bassement et (ig. Ecorcher le re-
nanl, vomir. || Écoicher l'anguille par la queue,
commencer [lar où l'on devrait finir, par ce qu il y
a de plus diflicile. {| Il crie comme si on l'écor-
cliait, ou avant qu'on ne l'écorclie, se dit d'un
homme qui se plaint sans grand sujet. || 2° Enle-
ver une partie de la peau. Vous m'avez écorché
la jamlie. Je me suis écorché le hras. || Par exten-
sion. Les ch.irretles en passant ont écorché cet
arbre. Les essieux des roues écorchent en passant
les murailles. || Terme militaire. Écorcher une forti-
fication, î'endummager extérieurement. Il Fig. Ecor-
clier une matière, en parler superficiellement ou
inexactement. M. de NoaiUes, qui écorchait la super-
ficie de tout, n'avait jamais pu rien approfondir en
aucun genre, st-sim. 33:i, tus. Je ne fai§ ici qu'é-
corcher la matière que j'aurai lieu ailleurs d'étendre
davantage, id. 606, i63. || 3' Kaire mal au palais, à
la gorge. Ce vin vous écorché le palais, la gorge.
Il Par extension. Ce mol [Hershalaim, JérusalemJ
écorchait le gosier d'un Athénien, volt. Mœurs,
Veluge. || Ecorcher l'oreille, les oreilles, mal pronon-
cer les mets, ou, en musique, produire des sons dis-
cordants. Platon: Ah! elle m'écorche les oreilles, boil.
Kilos de roman. || l>ar extension, faire de la peine,
déplaire. Le beau sexe était sauvage; Il ne l'est plus
maintenant; Et des louanges pareilles De nos dames
d à présent N'écorchenl point les oreilles, la font.
Cand. Il 4° Familièrement. Écorcher les auteurs, les
entendre imparfaitement, les expliquer à grand'
peine. || Écorcher une langue, la parler d'une ma-
nière incorrecte. Toutes deux [ces dames] écor-
chent l'italien, p. L. couH. l.etl.i, 29. \\ Ecorcher
l'n mot, le nom de quelqu'un, le mal prononcer.
Il 6" Exiger au-dessus du prix des fournitures,
des vacations, etc. U faut être raisonnable et ne
pas écorcher les gens. On est écorché dans cette
hôtellerie. U ne faut pas écorcher les malades,
MOL. Mal. I, (. Avec sept hommes nous nous char-
geons de tiindre et d'écorcher les Français pour
votre compte, p. i. colb. i, 228. |{ 6° ferme de
fondeur en bronze. Écorclier la figure, diminuer la
grosseur de la figure de terre qui sert de noyau.
Il 7° S'éoorcher, v. réfl. iR faire une écorchure.
S'écnrclier en se grattant. || Fig. II ne s'écorche pas,
se dit de quelqu'un qui parle trop avanlageu.sement
de soi-même. |i Subir une perte superficielle de sub-
stance. La couverture d'un livre relié en veau s'é-
corche facilement.il Proverbes. Beau parlern'écorche
point la langue, c'est-à-dire il ne coilte pas plus de
parler civilement que d'une façon arrogante. || Au-
tant fait, autant vaut celui qui tient que celui qui
écorcbe, c'est-à-dire le receleur est aussi punissable
que le vol'iur, ou, en général, le complice autant
que l'auteur principal. || U ressemble aux anguilles
de Melun (voy. anguille), il crie avant qu'on l'é-
corche, c'est à-dire il se plaint avant de sentir le
mal. Viilre cœur crie avant qu'on ne l'écorche, mol.
fréc. 10. Il U faut tondre ses brebis et non pas les
écorcher, c'esl-à-dlie II ne faut exiger des sujets,
des cnntriliuahles que ce qu'ils peuvent donner.
Il H n'y a rien de plus difficile à écorcher que la
queue, c'est-à dire la fin d'une affaire est souvent le
plus difficile. La queue en sera difficile à écorcher.
— IIIST. XII' s. Cliartain, Borgoignon e Franceis
'Virent qu orent [ce qu'eurent) fait li Daneis, Cum
lur lices (retranchements) sunt esforcées De cors
[cuirs] des Lestes escorchées, benoît, ii, 6065, Au-
tres! fait il faute e force. Qui lient le pié cum qui
escorce, ID. 7373. Faites le traîtor trestout vif es-
chorcer, Hone. p. 2uo. [Ils nous voulaient] Escor-
chier et livrer à lor ours en chaaine, Sax. ixx.
....A quel martire Sera cist chevaliers rendus? lert-
11 escorcbiez ou pendus, Noicz ou ars en feu d'es-
pines? la Charrette, tio. || xni* s. Qu'un los [loup]
seit escurchiez tuz vis; Si seit li sanz e la pel mis
Sur vostre pis [poitrine] dusqu'à demein ; Lors vus
sentirez tresiut sein, mabie, Fabi. 69. De si grant
force governa. Que lotes les mains s'cscorcha Au
povernail que il tenoit, lien. 22970. L'en no puet
osier <le sa pel Le leu, tant qu'il soit escorchlés, Jà
tant n'iert batu ne torchiés, la Ilote, 12201. El por ce
ou il orent or cbler. Firent-ils la terre escorchier,
i(). 9606. El si dist on un proverbe, que cil qui à une
fois escorche, deus ne trois ne tont, beaum. xlt,
37. [Chevall Ou'onques non laissast acorchier, bd-
ÉCO
TEB. 274. Asnes, chevaus et muls [ils] faisoient es-
corchier; Si manjuont la char en l'aue et el rostier,
Cl. d'Ant. VII, 269. i l'escorcher gardez la pel,
LEBOux DE LiNCY, Prov. t. I, p. 176. Li prince e
cunte, et li barun Ne vont queranl si gloire nun,
Povres eschoichent e defulent [foulent, oppri-
ment], Edouard te conf. v. 3745. {| xiV s. Ne pren
de les gens que tes rentes, Soit en blez, en cens
ou en ventes; Car se tu les vues [veux] escorchier,
Miex le vaurroit estie un porchier, haciiaut. p. 120.
Estuiz de cuir escorcbiez aux armes de France, In-
teiit. des livres de Charles V, art. 202, dans la-
CUBNE. Il XVI' s. Tu escorches le latin ; par Si Jan , je
le feray escorcher le regnard, car je t'escorcheiay
tout Vif, BAB. Pant. Il, 8. J'estime que si on vouloit
escorcher le peuple, qu'ils y coiisenliroyenl moyen-
nant qu'ils eussent un petit lopin de la peau, la-
ngue, 240. On leur bailloit leur orge toute mondée
et escorchée, à fin qu'ilz la cuisissent mieulx et la
digérassent plutost, amyot, Kumènes, 22. À l'escor-
cher la queue est pire, ler. de lincy, Prov. t. i,
p. 175. Nul ne peut faire latrines el retraits, cloac-
ques, fours, puits et esgouts d'eau sur son héritage
contre l'héritage d'autrui, sinon que la muraille
moyenne demeure entière et sans estre escorchée,
Nouv. coustum. gêner, t. Il, p. 1057. Meslons-y
les femmes : qui n'a ouï parler à Paris de celle qui
se feil escorcher, pour seulement en acquérir le
teint plus frais d'une nouvelle peau? mont, i, 308.
— ÊTY.M. Berry, acorcher; waiion. hoirsi; namur.
choircM; provenç. escorgar, escorteyar; calai, es-
corxar; espagn. el portug. escorchar ; ital. scorti-
care; du bas-latin excorticare, de ex, et cortex,
écorce. On a voulu le tirer de excoriare; mais le ch
de plusieurs des langues romanes mène nécessaire-
ment à excorticare.
ÉCORCUERIE (é-kor-che-rie), s. f. || 1° 'Voirie où
l'on écorché les bêles. || 2° Fig. Auberge où l'on fait
payer plus cher qu'il ne faut. C'est une vraie écor-
cherie. || Demande excessive. L'indemnité annuelle
de cinquante mille francs, demandée par la ferme
générale, serait une écorcherie dont il n'y a point
d'exemple, VOLT. iett. Mmede St-Julien, looct. 1775.
— HIST. xv s. Se fusse des hoirs Hue Capel [Ca-
pet] , Oui fut exlraict de boucherie. On ne m'eust
parmy ce drapel Faicl boyre à celle escorcherle,
VILLON, Bail, sur l'appel. \\ xvi' s. Mais Françoys
endurcis X la tuerie Les assomoient comme en
escorcherie, J. marot, v, 133. Trois cents [Hugue-
nots] furent liez deux à deux et menez à l'escor-
cherie [à la mort), d'aud. Ilist. 1, 130. Es poisson-
neries, escorcheries, cemelieres.... paré, xxjv, 3.
— ÉTYM. Écnrcheur.
ÉCORCHEUR (é-kor-cheur), s.m.\]l' Celui qui
écorché les bêtes mortes. || 2° Terme d'injure. Celui
qui rançonne ses clients. Le malheureux cultivateur
. .. qui se voit encore enlever le dixième de sa ré-
colte par son curé, ne le regarde plus comme son
pasteur, mais comme son écorcheur, qui lui ar-
rache le peu de peau qui lui reste, volt. l'Homme
aux 40 écus, Impôts payés à l'étranger. || 3° S. m.
ptur. Les écorcheurs, brigands qui dé.-olèrent au
XIV* siècle une partie de la France. || 4" Nom de
plusieurs espèces de pies-grièches qui attaquent les
petits oiseaux.
— liiST. XIII' s. Le hansart, l'escorcheor [couteau
à écorcher], Partnnop. v. 6126, Ce sont les mes-
tiers frans de la vile de Paris qui ne doivent point
de guet auroy: chasubliers les escorcheurs de la
ville de Paris, Liv. des met. 426. || xv s. Lesquels
on nommoit au commun langage les escorcheurs;
el la cause pourquoy ils avoienl ce nom, si estoit
pour tant que toutes gens qui estoient rencontrés
d'eux, estoient devestuz de leurs habiUemens tout
au net ju.sques à la chemise; et pour ce, quand
iceulx relournoienl ainsi nuds et devestuz en leurs
lieux, on leur disoit qu'ils avoienl esté entre les
mains des escorcheurs, monstrelet, dans du cange,
escorchera. \\ xvi' s. On a veu, pour escorcher des
bœufs et autres bestes mortes de peste, l'escorcheur
mourir subitement, paré, xx:v, 3. Bon escorcheur
choie la peau, lkholx de lincy, Prov, 1. 1, p. 175.
— ETYM. Écorclier.
ECORCHURE (é-kor-chu-r"), s. f. Plaie légère de
la peau ou des membranes muqueuses produite par
un frottement violent. Elle s'est fait une écorchure
aux yeux, sÈv. 202. En très-bonne santé j'arriverais
ici. Si je n'étais porteur d'une large écorchure, re-
gnard, Distr. Il, 1.
— HIST. xiii's. U il i a escorcheûre, U plaie i est
par aventure. Ifs. Sl-Jean. jj xiv* s. Escorcheures de
trop grande confiica'.ion, H. DE mondeville, f" 76.
— ETYM. Écorchw.
t ÊCORCIER (é-kor-«ié), t. m. Terme de tann -
rie. Le magasin oii sont mises les écorcei de chêne.
— ETYM. Ëcoree.
t ÉCORE (é-kor'), f. f. Terme de marine. Syno-
nyme d'accore qui est plus usité.
— ÉTYM. Norm. ^core, poutre ou pierre qui soutient
quelque chose; duhaut-allem.<corro,cdte escarpée;
anglo-sax. score; angl. shore, rivage, accore, élai.
t ÉCORER (é-ko-ré), ». a. Terme de marine. Sou-
tenir au moyen d'écores.
— ETYM. Écore ; norm. icortr, soutenir au moyen
de quelque appui.
t ÊCOKEt'R (é-ko-reur), t. m. Terme de pêche.
Homme chargé par l'équipage de tenir compte du
poisson livré aux marchands.
+ ÉCORiNH (é-kor-n'), t. f. Action d'écorner, do
diminuer, atteinte, dommage. Celte première écorne
[diminution des prérogatives des maréchaux) les
mortifia fort, et le maréchal de Villeroy surtout,
ST-siM. 15», 70. Chaque écorne le réveillait et le
rendait plus attentif, id. 415, 218.
— HIST. XVI* s. Oue les ennemis, estans plus forts,
nous feroient recevoir une escorne, langue, 650.
C'eusl esté une escorne notable pour eux [de fuir],
puisque leur alarme ne provenoit que de deux pres-
tres et deux ivrognes, d'aub. Yie, lx. Ceux qui re-
çoivent escorne dans leur mariage sont appeliez cor-
nards. Contes de cholières, f' 182, dans lacubne.
— ETYM. Voy. ÉCORNER.
ÉCORNÉ, ÊE (è-kor-né, née), part, passé. \\ 1* Qui
a perdu une corne ou ses cornes. Un bœuf écorné.
Il 2° Dont un angle est cassé. Livre écorné. || Dés
écornés, dés émoussés par le frottement. || 8° Fig.
Fortune écornée, fortune qui a subi desdiminutions.
t ÉCORNEMENT ( é-kor-ne-man), *. m. Action
d'écorner; étal de ce qui est écorné.
— HîST. XVI' s. Escoraement, oodim,
— ETYM. Écorner.
ÉCORNER (é-kor-né), v. o. || 1* Rompre une corne
à un animal. Écorner un taureau. || Par exagération
Il fait un vent à écorner les bœufs, le vent est très-
violent. Il 2° Par extension, casser un angle, une
partie à un objet. Ecorner une table, une pierre,
un bastion. Lorsqu'un polype s'est collé à une roche,
on ne peut l'en arracher sans écorner la roche même,
FÉN. t. XXI, p. 344. Oui peut se résoudre à passer un
rocher sans l'écorner? j. j. rouss. Ém. v. || Ecorner
un livre, casser un des coins de la couverture.
Il 3' Fig. Écorner son bien, en vendre, en dissiper
une partie. Écorner son revenu, dépenser une par-
lie du capital. || 4* Terme militaire. Écorner un
convoi, en surprendre une des extrémités. Le duc
d'Hanovre essaya d'embarrasser Vlllars dans son
retour, pour tâcher à l'écorner el à lui faire rendre
gorge , ST-RIM. 1 83 , 1 99. Il 5° Dans le sens d'écorni-
ller. De tous ceux que son crédit avait fait rétablir
dans une partie de leurs biens, il avait écorné
quelques petites choses, hamilt. Gramm. 9. || 6' S'é-
corner, V. réfl. Perdre une corne «u ses cornes. La
vache s'est écornée en se battant dans la prairie.
Il Fig. Son bien s'écorne tous les jours, le capital
en diminue.
— HIST. xir s. Et nos fuions comme Duef escorne.
Bat. d'Aleschans, v. 6538. || xiii' s. Amors m'a si es-
corne mon afaire Qu'amer [aimer] ne l'os.... Thibaut,
Chansons, dans lacurne. |I xV s D'appeller ses
voisins, Ses oncles, parents el cousins, Pour sa po-
vre femme escorner [prise en adullère]. Et affin
qu'ilz soient plus enclins De consentir la séparer,
coquillart, p. 64, dans lacurne. ||xyi's. Tril>oul-
let fut ung fol, de la teste o^corné, Aussi saige i
trente ans que le jour qu'il fut né, J. mahot, v, 155.
Un jour je trouvai Panurge quelque peu escorne
[confus] et taciturne, rab. t. 11, p. 166, dans la-
curne. Le baron, luy ayant escorne une partie de
sa troupe, importuna tellement le reste qu'il y de-
meura quantité de bagage, d'aub. Hisl. m, 244. Les
chèvres escornées de nature ne sont tant sujetes à
avorter que les cornues, 0. de serres, 329. Ce grand
personnage, se volant ainsi escorne [moque] par son
client, PASQUiEB, Recherches, p. 749, dans lacurne.
Vous avez planté votre fantaisie sur certain monceau
[d'argent], il n'est plus à vostre service, vous n'ose-
riez l'escorner, mont, i, SI6.
— ETYM. É pour es.... préfixe, et corne; Berry,
écorner , écroner , élêter ua artre; provenç. escor-
nar ; ital. icornare.
ÉCORSIFLE, ÉE (é-kor-ni-flé, fiée), port, passé.
Des dîners écorniflés.
ÉCORNIFLER ( é-kor-ni-dé ), «. O. Prendre, sa
faire donner çà et là de l'argent, un dîner, etc. Il
va écornifler un dîner où il peut.
— HIST. XVI' s. Je m'en vois escoroif fiant, iwr cy
ECO
par là, des livres les sentences qui me plaisent,
MOHT. I, U3.
— ÊTYM. Dérivation irrégulière et plaisante a'é-
eomrr; picard, ecornifier, écorner. On trouve aussi,
au XVI* siècle, esrornicher et escorniser.
ÉCORNIFLEKIE ( é-kor-ni-lle-rie ), s. f. Action
d'écorniller. 11 ne vit que d'écorninerie.
— IIIST. XVI" s. Reservant, par ceste effrontée es-
corniflleiirie, les deux tiers de son revenu, cabloix,
IX, 3.
— ÊTYM. Écornifleur.
ÉCORNIFLEUR, EUSE (é-kor-nifleur, fleû-z ),
s. m. et /■. Il 1» Celui , celle qui écornille. Comme ils
[les rats] pouvaient gagner leur habitation, L'écor-
nilleur [le renard] étant à demi-quart de lieue,
1\ FONT. Fabl. X, I. Aussitôt que l'on eut servi,
Tout aussitôt nous fut ravi Par ces franches écorni-
lleuses [les harpies], scarbon, Virg. (rat), liv. m.
Nous sommes dans ces lieux à l'abri des visites, Des
sols écornilleurs et dfs froids parasites, begnard,
Vémocr. i, 3. || 2° Par extension, celui qui s'empare
de quelque chose qui n'est pas à lui. Je vous envoie
six exemplaires de la deuxième édition du Commen-
taire [sur les délits et les peines]; je ne risque que
cette demi-douzaine, crainte des écorni (leurs, volt.
iett. Christin, 25 févr. t767. ||Les écornifleurs du
Parnasse, les plagiaires. Tous les petits écorniHeurs
du Parnasse, volt. Lelt. Vamilaville, a sept. 1706.
— HIST. XVI' s. Escornifleur poursuivant de re-
peue franche, amyot, dans le Zlict. de DOCiiÈz.
— ÊTYM. Ecornifler.
ÉCORMJRE (é-kor-nu-r'), s. f. Éclat emporté de
l'angle d'une pierre, d'un meuble. |{ Brèche occa-
sionnée par l'enlèvement de l'angle d'une pierre,
d'un marbre, etc.
— ETYM. Écorner.
f ÊCOSSAIN (é-ko-sin), ad}, m. Terme rural de
quelques contrées. Grain écossain, grain de froment
auquel la balle reste attachée lors du battage.
— ETYM. Ecosse.
t ÉCOSSAIS, AISE (é-ko-sê, sê-z'), s. m. et f.
Il 1" Nom du peuple qui habite la partie septentrio-
nale de 111e de la Grande-Bretagne. || S. m. L'écos-
sais, le dialecte parlé dans les basses terres en Ecosse
et qui est très-voisin de l'anglais. || 2° Adj. Terme
de commerce. Étoffes écossaises, étoffes à carreaux
et à lignes croisées carrément de diverses couleurs.
I| Écossais se prend substantivement pour désigner
une certaine disposit'on "le couleurs dans les étof-
fes. Un bel écossais. L'écossais est a li mode.
— ETYM. Ainsi dit, f)arce que ces étoffes ressem-
blent au tartan des montagnards écossais.
t ÉCOSSAISE (é ko-sô-z'), s. f. Terme de métal-
lurgie. Instrument de fer pour fourgonner.
I ÉCOSSAS (é-ko-sâ), s. m. Terme de sculpture.
Sorte de feuille convexe formant palmelte.
— ETYM. Ecosse.
I ECOSSE (é-ko-s') , s. f. Enveloppe des fèves, des
pois, etc. Mot encore usité et qui se trouve dans le
Dicl. de l'Académie de t7(8 et dans riciielet.
— HlST. XVI' s. Les noisilles ou avelaines seront
prinses en rame ou en escosse, pour confire ; l'on les
cuillira devant qu'elles aient grené, encore fort ten-
dres, avec leur coque ou escosse, o. de serres, 860.
— ETYM. Le même que cosse, avec s ou es épen-
thélique.
ECOSSE, £e (é-ko-sé, sée), part, passé. Des pois
écossés.
ÉCOSSER (é-ko-sé), t). a. Tirer de la cosse. Écos-
ser des fèves. || S'écosser, v. réjl. Sortir de la cosse.
Ces pois s'écossent facilement.
— HIST. XII" s. Des fèves [ils] ont plus d'un mui
escosse. Bat. d' Aleschans , v. 6649. || xiv* s. Les fèves
doivent estre mengées le jour qu'elles sont escossées,
hénagier, ii, 2.
— ETYM. E pour fî.... préfixe, et cosse.
ÉCOSSEUR, EUSE (é-ko-seur, seù-z'), s. m. elf.
Celui, celle qui écosse des pois, des fèves.
— ETYM. Ecosser.
f ÉCOSSONEUX (é-ko-so-neû), î. m. Un des
noms vul|.;aires du bouvreuil.
— ÊTYM. Ancienne prononciation i'écossoneur ,
l'oiseau qui écossone les fruits, les légumes; écos-
soner venant d'écosson, dérivé d'écosse et ayant
même sens.
<. PcoT(é-ko; le(ne se lie pas; au pluriel, l'î se
I ie : les é-ko-z et....; écots rime avec repos, travaux-,
chaux, eanx, etc.), s. m. || 1° Quote-part à payer par
chaque convive dans un repas pris à frais communs.
Un gros écot. Oue j'en paye l'écot, rempli jusqu'à la
gorge, KKUNIER, Sa(. v. Jouent-ils gros jeu? Ce n'est
que pour leur écot, bamilt. Gramm. 3. 1| Kig. 11 paya
bien son écot, se dit d'un homme agréable, à t<>,ble,
ECO
en société, ce qui fait qu'on lui donne volontiers à
dîner. Or est passé ce temps oti d'un bon mot, Stance
ou dixain, on payait son écot, deshouliêres. Ron-
deau, t. I, p. 19. Il II se dit aussi de tout ce qui
cause un plaisir. Un tel bous a apporté de bonnes
nouvelles, il a bien payé son écot. Quand elles virent
que je ne mangeais plus, elh-s firent rouler l'entre-
tien sur la musique, et toutes ensemble me priè-
rent de payer mon écot de quelque air nouveau
d'Italie, LESAGE, Guztn.d'Alfar.yi, <.||2° Une com-
pagnie de gens qui mangent ensemble dans une
auberge, dans un cabaret. Il y a deux écots dans ce
jardin. Laissons-les ensemble, et allons parcourir
un peu tous les écots de la nouvelle guinguette,
DANCOURT, Impromptu de Surène, se. <6. Le père
et moi mangeons des gâteaux, mais Emile est de
l'écot des femmes, i. J. Rouss. Ém. v. Heureux
l'écot où la commère Apportait sa pinte et son
verre ! eérang. Mme Grc'g. \\ Fig. Parlez à votre écot,
se dit à une personne se mêlant de parler à des gens
qui ne lui adressent pas la parole Taisez-vous,
vous; parlez à votre écot; Je vous défends, tout net,
d'oser dire un seul mot, mol. Tart. iv, 3. Locution
que l'on exjiUque en remarquant que : Parlez à votre
écot, signifie parlez à votre compagnie, et non à
nous. Il Être de tous écots, se mêler de toutes
choses. Il n'arrive rien dans le monde Qu'il ne
fadle qu'elle en réponde [la Fortune] ; Nous la fai-
sons de tous écots, LA font. Fabl. v, tl. || 3° La
totalité de la dépense que l'on fait pour un repas.
Un seul a payé l'écot pour tous. Un écot de vingt
francs. || Proverbe. 11 a beau se taire de l'écot, qui
rien n'en paye, c'est-à-dire un homme ne doit pas
parler d'une chose qui ne lui coûte rien.
— HIST. xiii" s. Canepius a esté fustés [battu] pour
conter esquos [sorte de vol où l'on fait payer un
autre pour soi] et pour mellées [batteries] et pour
sairemens trespassés, nu cange, compulare. Lors
fu li las [le pauvre diable] à mal repos; De la sale,
s'en ist le trot. Il a bien payé son escot, lien.
(96(14. Cil à périlleux escot vait. Qui croit famé qiw
lecunchie. Poésies mss. du Vatican, dansLACURNE.
X escot [à frais communs] vivoient andoi [tous deux]
Li frère.... Fabliaux mss. dans lacurne. || xiv s.
Je croi, se j'en buvoie [du vin] et se vous me te-
niez. Que mes esoos seroit souffisamment paiez,
Guescl. 3076. Les quelz compaignons dinerent en
une taverne, et ainsi qu'ils abutoient leur escot....
DUCANGE, abbocatio. \\ xV ». Et disoit Jean Lyon :
Tenez-vous tout aises, buvez et mangez, et ne vous
effrayez de choses que vous despendiez : tel payera
temprement vostre escot qui ne vous donroit pas
maintenant un diner, froiss. ii, ii, 62. Quant je te
daigne tenir ne apeler à son escot, Dti cange, avil-
lare, U faut que vous payez l'escot, Ou vous la.s.serez
le surcot, villon, la Repue franche des galans sans
souci. Il XVI' s. Mais parlons ung peu par escot, doc-
teur subtil, RAB. Pant.v, <6.Le pourceau de Pyrrho
est ici de nostre escot [avis, parti], mûnt. i, 302.
Qui à la table dort doibt payer l'escot, génin. Ré-
créât, t. II, p. 248. Conter d'escot pour quelqu'un
[payer pour lui], brant. Cap. fr. t. i, p. 2), dans
LACt^BNE.
— ETYM. "Wallon, sico; provenç. escot; espagn.
et portug. escole; ital. scolto; bas-lat. scotum; du
germanique : anc. frison, scot; allem. Sckoss; angl.
scot, shot; le celtique a aussi le mot : anc. gaèliq.
sgot; tous mots qui ont la signification d'impôt, con-
tribution.
2. ÉCOT (é-ko) , s. m. Il 1° Terme d'eaux et forêts.
Nom donné aux grosses branches et aux troncs qui
n'ont pas été bien dépoudlés de leurs menues
branches, assez près de l'écorce, de sorte qu'il y
reste des bouts excédants. Quelques petits écots re-
cueillis le long des chemins.... sismondi, l'Irlande
en <834, Bibl. univ. de Genève, mai 1836. || Souche
qui éclate quand on coupe l'arbre. || Terme de blason.
Keprésentation d'un tronc d'arbre garni de quelques
branches rompues; tronc ou branche d'arbre dont les
menues branches ont été coupées. || 2° Petit bloc
d'ardoise qui reste adhérent aux foncées.
— HIST. XVI" s. Je lui estai lors de la patte un
grand escot qu'il y avoit, mont, ii, tos,
— ÊTYM. Espagn. escoto; du germanique : anc.
h. allem. scuï; allem. Schoss; angl. shoot; suédois,
skate; allem. schiessen, pousser des rejetons.
t ÉCÔTAGE (é-kô-ta-j') , s. m. Technologie. Ac-
tion d'enlever les côtes du tabac. || Opération par
laquelle le tréfileur enlève au fil de fer les côtes qui
y sont restées.
— ÊTYM. tkôter.
t ÊCOTARU (é-ko-tar), s. m. Terme de marine.
Pièce de bois qu'on met en saillie sur les côté» d'un
ECO
1291
vaisseau pour empêcher que les haubaoi na portent
contre le bordage.
— ÊTYM. Écot 2.
tÉCOTÉ, ÉE(é-ko-té,têe5 ad;. Terme de blason.
Se dit des troncs et des brauihes dont les menue:
branches ont été coupées.
— ETYM. Écot 2.
t ÊCtÎTER (é-kê-té), V. a. Enlever la côte des
feuilles de tabac. || Travailler le fil de fer de manière
à enlever les côtes. || S'écôter, v. réft. Ces feuilles
s'écôtent aisément.
— ÊTYM. É pour es.... préfixe, et côte.
tÉCÔTEUR (é-kô-teur), s. m. Ouvrier qui tra-
vaille à l'écôlage du fer. || Celui qui écOte le tabac.
— ETYM. Écôler.
t ÉCOUAILLES (é-kouà-ir. Il mouillées), s. f.pl.
Terme rural. Laine que l'on coupe sous la cuisse et
la queue des moutons et qui est de basse qualité.
— ÉTYM. É pour es, et queue, écrit autrefois
coue (voy. coaille).
t ÉCOUAN'E ou ÉCOUENNE (ékoua-n'), s. f.
Il 1° Terme de monnaie. Sorte de lime propre aux
ajusteurs, servant à réduire les espèces d'or et d'ar-
gent au poids ordonné. {| 2° Terme de taldetier.
Après cela, il dégrossit les copeaux avecrècoueiine,
qui est un instrument de fer d'un pouce et demi de
largeur et d'environ sept pouces de longueur; il a
par-dessous des dents d'acier qui y sont ajoutées et
rivées. Cet instrument fait l'office d'une espèce de
grosse râpe. Quand ce copeau a été dégrossi, ou
achève de le parer par le moyen de l'écoiiennette,
qui n'est autre chose qu'une écoiienne plus petite,
Dict. des arts et met. Amsterd. <767. Tabletier.
— ETYM. On peut conjecturer é.... préfixe, et
couenne, ce qu'on enlève ainsi étant comparé à
une cmienne.
t ÉCOUANER (é-koua-né), v. a. Terme de mon-
naie. Réduire les espèces d'or et d'argent au poids
ordonné.
— ÉTYM. Écouane.
t ÉCOUANETTE ( é-koua-nS-t') , s. f. Petite
écouane {voy. écouane).
■\ ÉCOUCITE (ékou-ch') , s. f. Outil pour préparer
le lin et le chanvre.
f ÉCOUCIIER (é kou-ché), ». o. Préparer le lin
et le chanvre avec l'écouchc.
\ ÉCOIIEXN'E (é-koua-n'), s. f. Voy. écouane.
f ÉCOUER (é-kou-é), v. a. Couper la queue.
Écolier un chien.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et queue (voy.
queuk).
f ÉCOtTET (é-kou-è), s. m. Terme de mer. Nom
d'un cordage qui va en diminuant par un bout.
— ÊTYM. É pour es.... préfixe, et queue.
t ÉCOUFLE (é-kou-fl'), s. m. Sorte de milan,
Dict. de l'Acad. de (762. || Nom du cerf-volant dans
quelques provinces.
— IIIST. XV" s. Ceste roys [filet] est bonne pour
prendre oyseaulx qui raenguent charognes, comme
eggles, corbeaux, escouflles, Modus, ms. f° I7),
dans lacurne.
— ÉTYM. Origine inconnue. Diez proposn une
conjecture : comme on a nommé des coups de dés
d'api-èsdes oiseaux de proie (par exemple terzeruolo,
coup de dés, dérivé deI(r3i(oio, tieicelei), pourquoi
n'aurait-on pas nommé un oiseau de proie d'après un
coup de dés? En allemand, Schupfer (de scliupfen,
jeter) a signifié un coup de dés, et est littéralement
escofre, escoufre, escoufle. D'un autre côté, le bas-
breton a skoul, milan; mais la finale ne serait pas
expliquée. (Voir aux aduitions.)
ÉCOULÉ, ÉE (è-kou-lé, lèe), part, passé. || 1' Qui
a passé, cheminé comme une eau courante. L'inon-
dation enfin écoulée, on visita les lieux. || Fig. 'Vous
voilà, vains honneurs, qui m'enflez le courage.
Écoulés en un jour comme l'eau d'un orage, rotrou,
Bélisaire, v, 4. || 2' Passé, en parlant du temps.
Les années écoulées. Douze ans sont écoulés depuis
le jour fatal. Qu'un libraire, imprimant les essais
de ma plume. Donna pour mon malheur un trop
heureux volume, boil. Épit. vi. Les six mois écou-
lés, la reine voulut partir, m"" de genlis. Veillées
duchdt. t. m, p. 420, dans pougens. || 3° Vendu
successivement. Des marchandises écoulées avanta-
geusement.
ÉCOULEMENT (é-kou-le-man) , s. m. \[ l' Mouve-
ment des liquides qui suivent leur pente, des fiuide»
qui ne sont plus contenus. L'écoulement des eaux .
Il Terme d'hydraulique. Sortie, par un orifice, d'un
liquide hors du vase qui le contient. || 2° Fig. Co
choix de serviteurs fidèles, intrépides. Qui soulagent
tes soins, mais sur qui tu présides. Et dont tout le
pouToir qui fait tant de jaloux N'est qu'tin écoule-
V292
ECO
ECO
ment de tes ordres sur nous, corn. ««'?'«"<'»f"' f "
foi le doux écoulement de votre «me dans sa bonté,
Boss Lett Corn. 122. Si "notre âme n'éiait secourue
oar celte activité infatigable qui répare les écoule-
ments perpétuels de notre esprit, nous ne durerions
mi'un ins.knt, vauven. Nouv. max. 01. |! 3- Terme
de médecine. Sortie d'une humeur fournie par un
organe malade ou non. Dans la morve, il y a écou-
lement par le nez. L'écoulement des menstrues.
Il Absolument et en dehors de la médecine, se dit
d'un diminutif de blennorrhagie. || 4° Terme de
commerce. L'écoulement des produits, des marcban-
dises, la vente successive de ces produits, ie ces mar-
cliandises. || B» Il se dit aussi de la foule qui pusse,
d'un corps de troupes qui traverse quelque passage
étroit. Il y avait, à l'issue du pont, sur l'autre rive,
un marais oil beaucoup de chevaux et île voilures
s'élaient enfoncés, ce qui embarrassait encore et
retarilait l'écoulement, SF.CUH, tlist. de Xap. xi, 0.
f.CODLER (S') (é-kou-lé), r. réft. \\ 1° Couler hors,
en parlant d'un liquide ou d'un fluide. L'eau s'écoule.
Le gaz s'écoule clans les conduits, laissez à ce tor-
rent le temps de s'écouler, bac. Dérén. m, *. |{ Par
extension. De quelque superbe distinction que se
flattent les hommes. Ils ont tous une même oriyine,
et cette origine est petite; leurs années se poussent
successivement comme des flots; ils ne cessent de
s'écouler, noss. Duch. d'Orl. || Fig. S'évanouir, se
perdre. C'est une chose horrible de sentir s'écouler
tout ce qu'on possède, pasc. Pensées, part. 11, 17.
Ce qui lui est le plus cher s'écoule à tout moment,
ID. Conv. des P. Le bonheur des méchants comme
un torrent s'écoule, bac. Ath. 11, 7. Tu vis dans ces
plaisirs si chers à ton jeune âge De tes nobles aïeux
s'écouler l'Iiéritige, anxelot, Fiesque, i, *. || 2° Se
passer, en parlant du temps, l.e temps qui s'écoule
depuis Moïse jusqu'à Jésus-Christ, BOSs. Hist. 1, 4.
X quoi vos jours, vos années se sont-elles écoulées?
MASS. Car. Hotifs de conv. Nos soirées s'écoulaient
sans ennui chez la reine ou chez madame la Dau-
phine, M"* pe genus, Mme de Mainlenon, 1. 1:, p. 42,
dans poUGENS Les lieux où jadis s'écoula mon
enfance, M. J. chén. Charles l.ï, 1. i. Voisin des
champs où mon enfance S'écoula sous un chaume
obscur, BÉBANO. Retour. La source de mes jours
comme eux [des ruisseaux] s'est écoulée, Eile a passé
sans bruit, sans nom et sans retour, lamart. Wt'd.
I, 6. Il 3° Cheminer à la suite les uns des aulres, et
s'en aller, en parlant d'une foule. Pe moment en
moment votre garde s'écoule, c'jbn. Mcam. v, 6.
Les Barbares, les voyant venir, s'écoulèrent des
deux côtés des montagnes, d'adlancourt, Arrien,
liv. I, dansRiciiELET. La foule Avec un bruit confus
par les portes s'écoule, boil. Lutrin, i. Enfin, avant
minuit, cet amas de troupes s'écoula vers 0.strowno;
au tumulte le plus eiïroyahie succéda le plus pro-
fond silence, ségur, Hisl. de Nap. iv, 7. X pas
lents, l'oeil baissé, les amis s'écoulèrent, lamart.
Socr. 341 . Il Familièrement. S'en aller sans riin dire,
s'esquiver. Je dis à M, de Beauvillier que je ne me
sentais pas capable de vivre heureux avec une autre
qu'avec sa fille, et, sans attendre de réponse, je
m'écoulii, ST-siM. 15, 174. Il 4° Terme de navigation
fluviale. Faire écouler le Ilot, faire descendre jus-
qu'au port les bois jetés â bûche perdue sur une ri-
vière ou sur un ruisseau. || 5" Terme de commerce.
Se vendre successivement. Cetie marchandise s'é-
coule par une foule de débouchés. || V. a. Dans le
même sens, débiter, vendre. Écouler des marchan-
dises, des denrées. || 6° Terme de tanneur. Faire
égoutier. Écouler le cuir.
— HEM, Avec les verhes voir, laisser, sentir, etc.
et surt ut faire, on peul supprimer le pronom per-
sonnel de s'dconler. Je laissai écouler l'eau. Voir
écouler sa vie loin de vous, sEv. 28B.
— IllST. xiii' s. Feme est plus escoulant que n'est
darset en Loire, Chasiie ilusart, nis. dans lacurne.
Il xv s. Celui qui à Passelion se combaltoit fut tulle-
ment escoulé de son sang, qu'il ne se peut plus te-
nir i cheval, Percefnrtst, t. V, f" 20 || xvi' s. Beau-
coup de temps s'escoula, qui donna moyen k ses
adversaires de s'avantager sur lui; lanole, 5H1.
Qu'il se souvienne qu'il est périlleux de heurter con-
tre la fureur françoise, laquelle pourtant s'escoulera
soudain, id. 687.' Afin que les fidèles ne se laissas-
sent escouler aux resveries des payens, calv. hislit.
100. Comme le corps sescoule par faute de manger,
ID. ift. 1M«. Elle perdit la raison, et, ne pouvant
passer au_ long d'un banc, s'escoula au long il'une
|at>e et .enfuit, maro. Nouv.xv. Alors touies les
t^ Iprln'.'T " :,*'»o»'l'-ances de Themistocles ses-
çou^reut hor. de la mémoire des Grecs, amvot,
nwm. ».. Par quoi le bruit s'en escoula aussitost
hors de Rome, comme incertainement il y estoit
entré, m. Paul Mm. 4l. Soudain qu'il leur advient
quelque changement de fortune, ils [les flatteurs]
s'escoulent et se tirent arrière, lo. Cummenl dise,
le (lait, de l'ami, 4. Je ne souhaitte point me pou
voir transformer, Comme feit Jupiter, en pluye
jaunissante. Pour escouler en vous d'une trace glis-
sante Cest ardeur qui me fait en cendres consom-
mer, DU BELLAY, V, 38, reclo. Iteganlant escouler
le sang de sa playe, mont, i, 328. Du cerveau l'arae
s'escoule par le reste du corps, id. ii, 295- On voit
escouler, des pères aux enfants, non seulement les
marques du cor[is.... id. ii. SOO. Celle infinie marée
d'hommes qui s'escoula en Italie sons Brennus, id.
III, 08. J'ay, sans offense de poids ou passifve ou ac
tifve, escoulé tantost une longue vie, id. iv, 187,
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et couler.
f 1. ÉCOL'FE (é-kou-p"), s.[. Terme rural. Sorte
de large pelle de fer.
— ÈTYM. Le même que ieope ou escope.
f 2. ÊCOUPE (é-kou-p'), s. [. Terme de marine.
Balai pour nettoyer un bateau.
ÊTYM. Le même que l'ancien français escoube,
escouhle, qui signifie balai (voy. écouvette).
t ÉCOIIUGÉE (é-kour-jée), s. f. Fouet qui est fait
de plusieurs courroies de cuir. || Coup do ce fouet.
Il ajoute qu'il a eu cinq fois trente-neuf coups de
fouet, ce qui fait en tout cent quatre-vingt-quinze
écourgéessur les fesses, volt. Amabed, 3* lettre.
ETYM. Le même que escourgée.
ÉCOCHGEON (é-kour-jon), s. m. Voy. escobbgeon.
ÉCOUKTÊ, ÉE (é-kourté, tée), pari, passé.
Il 1° Rendu trop court. Une robe écourlée. || 2-' À qui
on a retranché quelque partie apparente et allongée
du corps, comme les oreilles, la queue ou une par-
tie de la queue. Cheval écourté. || Substantivement.
X ces mots il se fil une telle huée. Que le pauvre
écourté ne put être entendu, la font. Fabl. v, 6.
Il 3° Trop abrégé. Un récit écourté.
ÉCOURTEU (é-kour-té) , v. a. || 1° Couper trop
court. Écourter un manteau. || 2° Couper la queue,
les oreilles, en parlant des animaux. Écourter un
cheval, un chien. || 3" Fig. Abréger trop, en parbint
d'un ouvrage d'esprit. L'auteur a écourté cette scène
lie sa comédie. {| 11 se dit aussi d'autre chose que les
ouvrages d'esprit. Nous avons écourté notre voyage.
114° S'écourler, v. rt/I. Être trop abrégé. Une scène
si importante n'aurait pas dû s'écourter.
HIST. x;i" s. La couele e l'estamine oui dessuz
cel [sous cela] Ii ber. Mais de pans e de manches
les oui fait cscurier; Car ne voleit al siècle sa vie
demustrer, Th. le mari. IBO. Mais le jur de Noël,
quant il oui sermoné, De saint iglise aveil Koliert
del Broc sevré [séparé), Qui, l'autre jur devant, li
out fait tel vilté. Qu'il Ii oui sun sumier [cheval] de
la coue [queue] escurté, ib. 131.
ÊTYM. Wallon, charter; provenç. escortar; ital.
scortare; du latin excurtare, de ex, et curtus, court.
X côté d'escourter, il y avait dans l'ancienne lan-
gue eicourcier, escmircer, verbe trés-usité; calai.
escursar; espagn. escorsar, qui, au fond étant le
même que écourter, représente pourtant une forme
un peu difl'érente : bas-lât. ex-curtiare.
t ÉCOUSS.\GE (ékou-sa-j'), s. m. Nom détaches
de la faïence, qui sont produites par la fumée ou
les doigts sales des ouvriers.
t ÉCOUSSE (é-kou-s') , s. f. Voy. ÉCOUCHE.
ÉCOUTANT, ANTE{é-kou-tan,tan-t'),fldj. || l-Qui
écoule. Il Par plaisanterie. Avocats écoulants, ceux
qui n'ont poini de pratique, qui ne plaident point
et ne fréquentent le barreau que pour écouter. || 2° S.
m. Celui qui écoute, dans le langage familier el ba-
din N'avons-noiis point ici quelque écoutanl?
MOL. J't'ioiir. III, 6. 11 ne faut jamais dire aux gens:
Écoutez un bon mol, oyez une merveille; Savez-
voiis si les écoutants En feront une estime à la vô-
tre pareille? la font. Fabl. xi, ». Us disputent aiec
hardiesse et confiance.... et celte gaieté de visage
leur donne souvent l'avantage dans ropinion des
écoutants, PASC. Pensées, t. I, p. îs-"). éd. Labure.
Il Au plur. Les auditeurs. Il faut entendre l'oiiiiiion
des écoulants. J'ai vu dans le palais une robe mal
mise Gagner gros ; les gens l'avaient prise Pour
maître tel, qui traînait après soi Force écoutants....
LA font. Fabl. vu, 15. || Terme d'histoire ecclésias-
tique. Pénitent admis aux instructions, mais obligé
de se retirer dans la nef pendant les prières.
— IllST. xiii* s. Si est mestiers [boooin] que il
soit soulrans et bien escoutans de ce qui est dit
contre lui, beaum. v, ».
1. ÉCOUTE (é-kou-t'), t. f. Il 1* Lieu propre à
écouter ce qui se dit. Il y avait des écoutes dans
les couvents, dans les collèges. H Fig. Être aux écoi.'
ECO
tes, être attentif à ce qui se dit. Harlay aux écoutei
tremblait à chaque ordinaire de Bretagne, «t-sim.
42, 240. Il 2' Terme d'art militaire. Puits de mine
ou galerie d'où l'on peut entendre si le mineur en-
nemi travaille et chemine. || 8° S. f. plur. Terme de
chasse. Oreilles du sanglier. || 4° Adj. Sœur écoute,
religieuse envoyée au parloir pour accompagner
celle qu'on demande et ouir ce qu'on lui dit.
— HtST. xv s. El les convenoit envoyer aucunes
escoutes demie lieue loin de la ville, froiss. i, i,
31. Il fil le guet et se mict aux escoutes pour savoir
ce qu'il queroit, LOUls xi , Nour. Lxxxv. Le portier
vint lors aux escoutes, et demanda quels gens c'es-
loient qui demandoient l'entrée, Perci-fnreit, t m,
(' 149. [Ils] saillirent au jardin, puis fermèrent l'Iiuy»
après eiilx, affin que personne ne les sujvi.st, et
ilz s'arresterent en une escoulé, Laneelnt du lac,
es-
t. Il, dans LACLRNE. || xvi' s. Jamais mon esprit,
tant tous jours en transe aux escoutes de ladvenir
pour le regard du bien public, n'a jette cesle crainte
arrière de soy, amïot, Paul £m. 68. Ceux là sur
le soir, s'avançans avec leurs vedettes jiisques où
se posoient les escoutes des ennemis, s'abouchèrent
avec eux, d'aL'b. llisl. m, 344. Quatre sages che-
valiers ou escuyers sont nommez escoutes, pour
rapporter et dire ce que les combatans à outrance
diront el feront, la colomb. Th. dhonn. t. Ii, p. 81 ,
dans LACUBNE.
— ÉTYM. Voy. écouteb; provenç. etcout, s. m.;
catal. escolta; espagn. escucha; portug. escuta; ital.
ascolta. L'ancien français avait, comme le proven-
çal, escnut, s, m.
2. ÉCOUTE (é-kou-f), s. f. Terme de manne.
Cordage attaché au coin inférieur d'une voile pour
servir à la déployer et à l'étendre. || Avoir le vent
entre deux écoutes, être sous l'allure du vent ar-
rière. || Être sous l'écoute d'un bâtiment, êlre près
de lui sous le vent. || Coup d'écoute, action de forcer
sa voilure par une brise fraîche, soit pour essayer
la solidité de la mâture, soit dans une chasse ou
pour toute autre cause urgente. |1 Fausse écoule,
cordage qui se place momentanément, pour renfor-
cer les écoutes, pendant un coup de vent.
HIST. xvi' s il contemple mas. Maintenant
le timon, il rhabille les contes. Les carreaux et lei
ais et les tables dissoutes, ronsard, 319.
— ÉTYM. Génev. cscôte, corde qui sert à diriger
la voile; espagn. et portug. cscola; ilal. jco((a;du
germanique: suéilois, skot; allem. Schole; danois,
skiiid : angl. sheil ; holland. schoot ; do l'ancien haut
alli'm.sf(5j, lambeau ;anglu-sax.scfa(; goth. skautt^
ÉCOUTÉ, ÉE (é-koulé, tée), pari passif. || f *
qui on prête l'oreille. Écoulé d'une nombieuse as-
semblée. Il 2» Fig. Pour qui on a déférence, atten-
tion. Un homme fort écouté. Du monarque lui-
même il est fort écoulé, benj. cjNST. Walslein, i,
1. Il A quoi on cède, on se rend. N'importe, si U
flamme en est mieux écoulée, cobn. Théudore, ly,
s. Une loi de rigueur Contre vous après tout serait-
elle écoutée? VOLT. Tancr. ii, 1. 1| 3» Terme de ma-
nège. Des mouvements écoutés, mouvements faiti
avec beaucoup de précision. Il Pas écoulé, un pas
d'école, un pas niccourci, qui écoute ies talons,
c'est-à-dire qui ne se jette ni sur l'un ni sur l'autre.
ÉCOUTER (è-kou-lé), v. a. \\ 1» Prêter l'oreille
pour entendre, prêter son attention à ce qu'on vous
dit. Écoutez-moi attentivement. Écouter la leçon du
maître. On l'embrasse à plu.sieurs reprises, on croil
l'aimer, on lui parle à l'oreille d:<ns le cabinet.... on
a soi-même plus de deux oreilles pour l'écouter,
L* brut. m. Pourquoi voyons-nous tant de gens qui ,
nés avec de l'esprit, ne savent cependant ni causer
ni écouler les aulres? c'est qu'on les a mis de trop
bonne heure dans le momie, M"' de gknlis, Adèle
el Tliéott. t. Il, lett. 33, p. 276, dans pocokks.
Il 2° Absolument. Je suis venu ici pour écouter.
Écoute cependant et tiens mieux ta parole, coni».
Cinna, v, 1. Ayant, dis-je, du temps de re:ite pouf
brouter. Pour dormir et pour écouler D'où vient le
vent, il laisse la tortue.... la font. Fabl. vi, 10. Il
[Théophilej écoute, il veille sur tout ce qui peul
servir de pâture i son esprit d'intrigue, de média-
tion ou de manège, la bbuvêbe, ix. 11 seiait bien
à souhaiter pour vous que vous puissiez être souvent
en si bonne c mpagnie, et vous en pourriez retiret
un grand avantage, pourvu qu'avec un homme tel
que M. Despréaux vous eu.ssiez plus de soin d'écouter
que de parler, rac. Lett. à son fils, iv. Vois quel est
Mahomet; nous sommes seuls; écoute : esiiisam-
bilieux, tout homme l'est sans doute, volt. Jfofco-
met, II, 6. Je ne l'entendais plus et j'écoutais en-
core, iiLcis, Othello, I, s. Tu parles, mot cœur
écoute; Je soupire, tu m'entends; Ton œil compte
ECO
goutte h gouKe Les larmes que je répands, lamahi.
ISarm. i, 8. || Terme de tliéJlre. Cet acteur sait
écouter, se dit d'un acteur qui est bien en scène
quand l'interlocuteur lui paile. |1 Écoute! écoulez!
Apostrophe pour appeler quelqu'un ou pour fixer
l'alteiiliou. Il Écouter aux portos, commettre des in-
discrétions de curiosité, et aussi se tenir au cou-
rant des choses secrStes. Vous avez raison, il ne faut
pas qu'on nous surprenne écoutant aux portes,
PICARD, Collatér. IV, 7. || N'écouler que d'une
oreille, faire peu d'attention, ne faire aucun cas de
ce qu'on dit. Il Sonnez comme il écoute, se dit à une
personne qui veut fnire écouter un liruit qui n'existe
pas réi'ilement. Ce semble une contre-petterie plai-
sante pour : écoutez, comme il sonne. || Par plai-
sanleiie. Un écoute s'il (.Isut, un moulin auquel
l'eau manque souvent, ou qui ne va que par écluses;
et lift, un homme faible que la moindre cliose arrête;
une promesse illusoire. Il 3° Par extension. Écouter,
donner aud.ence, entendre une réclamation, une
demande, une observation. Notre sage magistrat
écoulait également le riche et le pauvre, Boss. le
Tellier. Je sitis bien bon, dit-il, d'écouter ces gens-
là, LA FONT. Fabl. X, 2. Écoutez tout le monde, as-
sidu consultant; Un fat quelquefois ouvre un avis
important, boil. Artpiv. Tout va vous obéir, si le
vainqueur m'écoute, rac. Alex, m, 3. || Écouler
quelqu'un en confession, recevoir sa confession.
Il Écouter un amant, ne pas repousser ses hommages.
Et je n'obtiendrai point, seigneur, qu'elle m'écoute,
Jusqu'à ce qu'elle ait vu votre hymen hors de doute,
CORN. Per'hiir. ii, 3. Sur cette trahison [d'un mari]
on la plaint, elle écoute; Et cet on quelquefois qui
se fait écouter. Trouve un heureux moment dont il
sait profiter, hautebochk, Appar. tromp. n, 6. Eh
bien, madame, hé bien, écoutez donc Oreste, rac.
^ndr. II, t. Hélasl pour mou malheur je l'ai trop
écouté [Pyrrhus], id. ib. Il, t. J'adore depuis six
mois une femme charmante; j'en suis écouté, elle
seule peut faire le bonheur de ma vie, lesage,
Diable boil. ch. v. || Accueillir, ne pas repousser.
Mais écouteriez-vcus les conseils d'une femme?
CORN. Cinna, iv, 3. Le choix est glorieux et vaut
•••ie.) qu'on l'écoute , mol. Tart. il, 4. l'our écouter
jamais une offre si honteuse, rac. Alex, i, t. 11
est vrai, si le ciel eût écouté mes vœux.... id. Baj.
11!, 4. Et si l'on veut, madame, écouter vos dis-
cours, Ma main de Claude même aura tranché les
jours, ID. Brit. v, 6. Les lois n'écoutent pas l'amitié
paternelle, volt. Tancr. ii, 2. || 4° Se lai.sser aller
à un sentiment ou à une passion. Sabine, écoulez
moins la douleur qui vous pousse, corn. //or. v, 3.
C'etlt été démentir mon nom et ma naissance, Et
ne point écouter le sang de mes parents, Oui ne
crie en mon cœur que la mort des tyrans, id. Iléracl.
m, 2. Ahisi vous écoutez cet injuste courroux, id.
Sert. IV, 2. J'écoutais avec idaisir mille chimères
ridicules qui vous peignaient innocent à mon cœur,
MOL. le Festin de P. i, 3. J'écoute comme vous ce
que l'honneur m'inspire, bac. Alex, i, 2. Pylade,
je suis las d'écouter la raison, id. Andr. m, i. J'é-
coute trop peut-être une imprudente audace, id.
Baj. II, 6. Je n'écoutai que ma passion, fén. TH. I.
Mais n'écoutai-je point un espoir trop (latleur? volt.
Brut. III, 4. Et si je n'écoutais que ta honte et ma
gloire, id. Zaïre, m, 4. Permettez-moi, César,
d'écouter l'espérance, m. j. ciiiîn. Tibère, iv, 2.
Il Écouter trop son mal, s'en affecter trop vive-
ment, se trop ménager. || 5" Terme de manège.
Écouter son cheval, être attentif à ne point le dé-
ranger de ses airs quand il manie bien. || On dit
qu'un pas écoute les talons, quanil il ne se jette ni
sur l'un ni sur l'autre talon. || 6' S'écouter, t). réfl.
Prêter attention aux pensées qui surgissent dans
l'esprit. En ce moment, aucune nécessité de posi-
tion, aucun sentiment d'amour-propre ne pouvait
forcer Napoléon à combattre ses propres raisonne-
ments et l'empêcher de s'écouter lui-même, sêgur,
Ilisl. de Nap.ii, 4. || N'écoutez que vous-même, ne
consultez que vos piopres inspirations. || S'écouter
parler, et, absolument, s'écouter, se dit de quel-
qu'un qui parle lentement et qui affecte de bien
dire. Vous êtes bien maîtresse de mettre de la pé-
danterie dans vos phrases, de vous écouter en par-
lant, M— DE GENLis, Adèle et Théod. t. m, lett. 23,
p. (79, dans polgens. || Se laisser aller à l'intérêt
pour soi-même. Je me prie, en pleurant, d'oser
rompre ma chaîne; Le fer libérateur qui percerait
mon sein. Déjà frappe mes yeux et frémit sous ma
main; Et puis mon coeur s'écoute et s'ouvre à la
faiblesse : Mes parents, mes amis, l'avenir, ma jeu-
nesse.... A. CHÉN. Élég. xxxvi. i| S'écouter, ménager
«es forces, sa santé. 11 s'écoute trop. Il ne laul pas
ECO
s'écouter. On se fait violence , on ne s'écoute point,
on croit qu'à force de prendre sur soi, à la tin on
accoutumera le corps à obéir et à nous suivre,
MASS. Confe'r. sur le jubilé. 11 [ Maisons] est surpris
d'un léger dévoiement dans ce temps de crise où
il n'avait pas le temps de s'écouter, st-sim. 401,
238. J'étais persuadé que toute production natu-
relle, agréable au goût, ne peut être nuisible au
corps; cependant je m'écoutai un peu tout le reste
de la journée, houss. Prom. 7.
— HIST. X' s. Elle n'out eskoltet les mais consei-
llers, Kulalie. \\ xi* s. Messe et matines a li ""eis es-
culté, Ch. de llol. xi. || xu* s. Sire compeing |com-
pagnon], plait-i! vous [vous platt-il] escouter? Bonc.
p. 47. Li emperere s'esiut [s'arrêta], si escota, ib.
p. 95. Si vous daignez ma prière escouter, Couci,
xiii. Dune l'a fait l'apostoiles en sun estant lever,
E comanda à lire les leis e escuUer, Th. le mart. 67.
Parole, sire, kar tis serfs [ton serviteur] esculte,
Rois, XII. E home félon de Israël vindrent là, li rois
ne les vot [voulut] escotier, ilachabées, i, <o.
Il XIII' s. Plaise à la hautece de ta maestê escouter
m ' oroison, Psautier, f" t04. Encores est leens sans
doute Déduit orendroit, qui escoute X chanter gais
rossignolés, la Rose, v. 0)2. En une lande il s'a-
resta, Por sa muete [meute] k'il escouta. Lai de
He'lion. || xv s. [Il doit] le poure oïr, le plaintif es-
couter , ELST. DESCH. Des verlus nécessaires au
prince. Et sembloit bien qu'ils escoutassent qui se-
roit le plus fort ou le roy ou les seigneurs, comm.
I, 2. Il XVI' s. Il me faut ici adjurer les lecteurs non
pas d'escouter à mes gloses, mais de donner quelque
lieu à la parole de Dieu, calv. Instit. 6H. Frère
Jean, escoute icy, je ne suys point ingrat, et ne
le fuz, ne seray, rab. Pant. iv, 8. Quelque bon
desseing qu'ayt un juge, s'il ne s'escoute de prez
[se surveille].... mont, ii, 323. J'escoute à mes res-
veries, parce que j'ay à les enrooller, id. m, 7a.
— ÉTYM. Bourguign.acoi<(ot;Berry et picard, acou-
ter; wall. hoûler; namur. choi2(fr;rouclii, ascouter ;
provenç. escotar, escoular; catal. escollar; espagn.
escuchar; portug. cscutar; ital. ascollare; dulatin au.i-
cullare. Caper, grammairien latin, remarque qu'il
ne faut point prononcer ascultare, ce qui prouve
que cette prononciation était populaire. C'est celle
que les langues romanes entretenue; quelques-unes
ont changé l'as initial en es, par une méprise très-
naturelle, tant de mots commençant par es. Les
élymologistes croient que auscultare est composé
de aus, ancienne forme, oreille, et cultare ou
clutare, fréquentatif de cluere, entendre : perce-
voir par l'oreille.
ÉCOUTEUR, EUSE (é-kou-teur, teû-z'), s. m.
et f. Il 1° Celui qui écoute, qui prête l'oreille à ce
qu'on lui dit, à ce qui est dit. Je connais peu d'é-
couteurs aussi intelligents. Les bons écouteurs font
les bons parleurs, méré, Œuvres posih. t. i, p. 23.
Il 2° Celui, celle qui écoute par indiscrétion. C'est
un écouteur aux portes. Vous me savez assez ma-
ligne pour persifler les écouteurs, j. j. rouss. Hél.
V, to. Il 3» Adj. Cheval écouteur. On dit plus ordi-
nairement cheval écouteux.
— ÉTYM. Provenç. escoutadnr ; espagn. escucha-
dor ; portug. escutador; ital. ascoltatore; du latin
auscultatorem, à'auscultare, écouter.
ÉCOUTEUX (é-kou-teù), adj. m. Terme de ma-
nège. Cheval écouteux, cheval distrait parles objets
qui le frappent, et aussi cheval qui ne part pas de
la main franchement et ne fournit pas tout ce qu'on
lui demande.
— ÉTYM. Ancienne prononciation d'écouteur.
ÉCOUTILLE (é-kou-ti-11' , U mouillées, et non
é-kou-ti-ye), s. f. Ouverture, petite ou grande, gé-
néralement de forme quadrangulaire, faite au pont
d'un navire pour établir une communication entre
deux étages et pour faciliter le chargement et le
déchargement du navire, jal. L'écoutille d'avant,
d'arrière. Fermer les écoutiUes.
—HIST. XVI' s. Pantagruel, tenant ung Heliodore
grec en main, sus un strapontin [hamac] on [au] bout
des escoutilles sommeilloyt, rab. Pant. iv, 83. Tost
après un caporal du chasieau vint faire sa visite, ou-
vrit lesescouliUes [du bateau], d'aub. Ilist. m, 3ifl.
— ÉTYM. Espagn. escoldla; portug. escolillia;
angl. scuitle, qu'on dit tiré du français. Origine in-
connue. Escoulille & signifié le panneau qui recou-
vre l'ouverture : Escoutilles sont grands panneaux
par lesquels on ouvre les ponts et tillac pour des-
cendre ou tirer de grands fardeaux d'un vaisseau,
le p. fournier, dans jal. En raison de ce sens, on
a proposé un dérivé de scutum, écu; mais le mot
paraît récent, et, dans un mot récent, scutum ne
peut donner écoutille. Au lieu de cela, il est permii
ECR
1293
de conjecturer une dérivation de écoute t , l'écoutille,
qui fait communiquer deux étages, ayant été com-
parée à une écoule, lieu propre à écouter.
t ÉCOUTILLON (é-kou-ti-llon, H mouillées), j.m.
Terme île marine. Petite ouverture pratiqi ée dans
le panneau d'une écoutille, ou contre les mâts, dans
les ponts supérieurs, pour recevoir la pied d'un
mât de hune, etc.
— ÉTYM. Écoutille.
t ÉCOUTOIR (é-kou-toir), ». m. Cornet dont let
personnes qui ont l'oreille dure se servent pour
mieux entendre. Déjà, pour secourir sou oreille un
peu dure, Orgon vers lui tourne son écoutoir, D»-
LILLE, Conv. I, 370.
— ÉTYM. Écouler.
t ÉCOUVEITE (é-kou-vè-f), s. f. Petit balai qui
sert au maréchal à ramasser le charbon dans le foyer
et àlhumecterd'eau. || Longue brosse à manche, qui
sert à l'apprêteur pour asperger d'eau les plaques
employées à chauffer les étoffes pendant le pressage.
— HIST. XV' s. Non est, le deust on vif brusler
Comme un chevaucheur d'escouvetes, villon, dans
LACUHNE. Il xvi= s. Ratissoires et escouvettes [balais
de bouleau] , desqu^lz nosilitz salpestriers seront
tenuz se meubler et fournir, Ordonn. )3 fév. (543.
— ÉTYM. Diminutif de l'ancien français escoube,
balai ; provenç. escoba; du latin scôpa, balai ; gêner.
écovel, écoré; ital. scopetta.
ÊCOUVILLON (é-kou-vi-llon, JZ mouillées, et non
é-kou-vi-yon), s. m. || 1° Linge attaché à un long
bilton , avec lequel les boulangers nettoient leur
four. Une table de pierre qu'elle couvrit d'une
nappe qui avait tout l'air d'un écouvillon de four,
lesage, Gusman d'Alf. i, 4. || î» Terme d'artillerie.
Instrument de bois, ordinairement couvert d'une
peau de mouton ayant la laine en dehors, dont ie»
canonniers se servent pour nettoyer l'àme du ca-
non lorsqu'il a tiré.
— HIST. xni' s. Com li escoveillon à un fornier,
Roman d'Audigier, ms. dans lacurne. || xiV s.
Comme l'exposant feust alez par esbatement avec
plusieurs autres venir une a.ssemblèe d'enfen.i qui
faisoient certains gieus appeliez les escouvillons,
qui se fontchascun le dimenche des bramions après
vespres, du cange, brando. Escouvillon de four,
id. torsorium. || xv s. Sec et noir comme escour
villon, VILLON, Pelit lestam.
— ÉTYM. Wallon, hoiîtton; namur. chorion; di-
minutif d'escoube, balai, à l'aide d'un double suf-
fixe ill-on, le premier diminutif, le second aug.
mentatif (voy. écouvette).
ÉCOUVILLONNÉ, ÉE (é-kou-vi -llo -né, née,
(J mouillées), part, passé. Pièce écouvilloiinée.
ÉCOUVILLONNER (é-kou-villo né, U mouillées,
et non é kou-vi-yo-né), v. a. Nettoyer avec l'écou-
viUon. Il Terme de métallurgie. Mouiller légèrement
le charbon.
— ÉTYM. Écouvillon.
fECPllONÈME (èk-fo-nê-m'), s. m. Terme didac-
tique. Élévation soudaine de la voix par des interjec-
tions et des expressions imparfaites, qui sont l'effet
de quelque surprise ou de quelque passion violente.
— ÉTYM. 'Exçu)vYi[i(i, de ix exprimant élévation,
etçaivV), voix.
t ECPURACnQUE (èk-fra-kti-k') , adj. Terme do
médecine. Synonyme d'apéritif.
— ÉTYM. 'ExçpixTixôc, de éx, hors, et çpàddeiv,
boucher, c'est-à-dire déboucher.
f ECPIESME (èk-pi-è sm'), s. m. Terme de chi-
rurgie. Sorte de fracture du crâne dans laquelle les
esquilles, enfoncées en dedans, compriment les
membranes du cerveau.
— ÉTYM "ExTiieoiia, de èx, hors, et itifteiv,
comprimer.
I ÉCRAI (é-krè), t. m. Terme rural. Milieu deU
raie faite par la charrue.
— ÉTYM. Serait-ce une fausse orthographe pooi
ecrest , à'écréter ?
f ÊCRAIMER (é krè-nié), J.m. Ancien nom des
layeliers. Les maîtres de la communauté des layo-
tiers de Paris se qualifient maîtres layetiers écrai-
niers de la ville et faubourgs de Paris, Dict. des
arts et met. Amsterd. t767, layetier.
— ÉTYM. Écran.
ÉCRAN (é-kran), s. m. || 1° Sorte de meuble dont
on se sert pour se garantir de l'action directe du
feu. Il Sorte d'éventail qu'on tient à la main pour !•
même objet. || Par extension. L'iris est un écran qui
ne laisse arriver à la rétine les rayons lumineux
que par l'ouverture pupiUaire. jj Fig. Il se mit de-
vant moi pour me servir d'écran. H 1° Plaque sus-
pendue devant le foyer d'une forge. || Cercle de bois
couvert d'une toile dont les verriers s'entourent la
1294
ÉCR
lête II Toile blanche tendue sur un châssis dont les
de'i'inateurs et les Rraveurs se servent pour amor-
tir l'éclat (lu jour. || Terme <le physique. Tableau
blanc sur lequel on fait tomber l'image d'un objet.
„IST. jiv» s. Kscren [contre le feu], du cange,
anlyjiira.W xvf s. Vins se jella au devant de lui,
■j bien qu'il n'eut que quelques rifllades au col, à la
main gauche et à la cuisse, mais son escran Vins
en eut par la hanche qu'on crust avoir esté guéri
par enchantemens, d'aub. Ilist. ii, 63.
— Etym. Angl.scrccn, d'origine douteuse, comme
le root français. Diez le tire de l'allemand schragen,
chose dressée, comme /Ion de fladen. D'autres le
tirent de l'ancien haut allemand scranna, banc.
t ÉCRANCllER (é-kraa-ché), V. a. Effacer les
faux plis d'une étoffe.
t fiCRASAGE (é-kra-za-j') , s. m. Action d'é-
craser.
— f.TYM. Écraser.
t ÉCRASANT. ANTE (é-ltra-zan, zan-f), adj.
Qui écrase. || Par extension. En termes de guerre,
forces écrasâmes, forces de beaucoup supérieures.
Il Fig. Oui étourdit, qui humilie. Le ridicule est
d'un poids écrasant chez la nation qui aime le plus
à rire en Europe, p. l. cour, ii, 305.
ÉCRASÉ, EE (é-kra-zé, zée), part, passé.
111° lirisé par une forte compression, par un choc
violent. Un colimaçon écrasé par le pied du prome-
neur. Les toits écrasés par les bombes. L'un écrasé
subilement Sous le débris d'un bâtiment A fini ses
jours et ses vices, corn. Imilat. i, 23. || Terme de
chemin de fer. Rail écrasé, rail dont le champignon
est décollé sur une partie plus ou moins étendue.
Il 2° Fig. Le peuple est écrasé sous le poids des im-
pôts. Oui, mais bientôt lui-môme entra eux deux
écrasé. Leur ferait à se joindre un chemin trop
aisé, CORN. Atlila, iv, 4. Auteur des maux de tous,
il est à tous en butte, Et fuit le monde entier écrasé
sous sa chule, m. Pomp. i, 1. 1| Mis dans l'infério-
rité, dans l'ombre. Pour me voir écrasé de son
orgueil jaloux, volt. Sém.m, B. Ce jeune homme se
Toit écrasé par mon fils d'une si terrible manière,
qu'il est à craindre que l'amour-propre ne le con-
duise promptement à la jalousie, m-' de genlis,
fhi'dtre d'éduc. le Voyageur, i, 4. || 3" Très-aplati.
Comble écrasé. Nez écrasé. Les temples sont tous
obscurs, écrasés et surchargés d'ornements du plus
mauvais goût, kaynal, Ilist. phil. ix, 20. Ce sont
toujours des dômes plus ou moins écrasés, plus ou
moins multipliés, chateaub. Itin. 97. || Une per-
sonne écrasée, une personne dont la taille est courte
et ramassée. Celait [Mlle Choin] une grosse fille
écrasée, bonne, laide, camarde, avec de l'esprit,
ST-siM. 24, to. Il En botanique, synonyme de dé-
primé. Il Coquille écrasée, coquille dont la spire,
en sens vertical, est peu rapide en comparaison
de la spire en sens opposé.
t ÉCRASE.MENT (é-kra-ze-man), s. m. Action
d'écraser; élat de ce qui est écrasé au propre. L'é-
crasement d'un charbon emporte la raison hors des
gonds, PASC. l'enséi-s, Imag. 1. 1| Fig. L'écrasement
de l'amour-propre. |1 Terme de chirurgie. Écrase-
ment linéaire, procédé opératoire qui, au lieu de
couper par un instrument tranchant les parties à
retrancher, les coupe par l'écrasement et la con-
striction; ce qui produit des sections promptes sans
effusion de sang et diminue l'étendue des surfaces
traumaliques.
— HiST. xvi* s. Escrasement, oudin,
— ÉTYM. Écraser.
ÉCRASER (é-kra-zé), v. a. || 1» Briser par une
forte compression, par un choc violent. Écraser le
raisin. Écraser un insecte. Vous ne craignez pas Que
du fond de l'abîme entr'ouvert sous ses pas II ne
sorte à l'instant des feux qui vous embrasent. Ou
qu'en tombant sur lui ces murs ne vous écrasent?
BAC. Athal. m, B. Amilcar les ayant enveloppés de
toutes parts et ayant fait avancer contre eux les
é.épliants, ils furent tous écrasés ou égorgés au
nombre de plus de quarante mille, bollin, Ilist.
anc. Œuvres, t. j, p. 369, dans pougens. Le 28 oc-
tobre 1746, à dix heures et demie du soir, tous les
édifices, grands et petits, s'écroulèrent en trois mi-
nites;sous ces décombres furent écrasées treize
cents personnes, raynal, Ilist. pMl. vil, 31. C'est
un «"uf de serpent qui, s'il était couvé, Serait aussi
mfcchant que tous ceux de sa race; 11 le faut, dans
sa coque, écr.Tsnr sans pitié, volt. Jules César
{trad. de Shakspeare), ii, i. J'écraserais dans l'œuf
ton aigle impérial, v. hugo, llern. ii, 3. || Ternie de
manufacture. Trop frapper une étoffe. H Fig. et par
hyperbole dans le style badin. Du Parnasse, in-
secte nsiblB. Je cessa un stérile combat; Tu rampes
ECR
tellement à plat Que t'écraser est impossible, lE-
couvÉ, Épigr. contre Fabien Pillet. || 2'' Défigurer
par une forte compression. Telle est de ces rochers
la bizarre structure; On doute, en les voyant, si la
fière nature A do l'art, à son tour, contrefait les
travaux. Ou si sa main jalouse écrase et défigure
L'ouvrage merveilleux des plus hardis ciseaux,
MASsoN, Ilelv. V. Il 3° Anéantir, réduire à rien.
[Il] Te présente une main qui pourrait t'écraser,
VOLT. Fartât, i, 4. Un peuple qu'Annibal écrasa
sous ses pieds, id. Sophon. m, 2. Un livre est-il
mauvais, rien ne peut l'excuser; Est-il bon, tous
les rois ne peuvent l'écraser, id. Ép. tOO. Annilial
tombe des sommets glacés des Alpes sur l'Italie;
écrase la première armée consulaire sur les bords
du Tésin.... chateaub. Itinéraire, vu. Depuis,
comme il arrive toujours, l'infortune ayant écrasé
ces guerriers, des reproches s'élevèrent, ségur,
Hist. de Nap. viii, 8. ||Fig. Le sentiment du bon-
heur écrase l'homme, j. j. Rouss. Ém. v. ||4° Fati-
guer, accabler, importuner. Être écrasé de travail.
Être écrasé de visites. Écraser un peuple d'im|>ôts.
Il 6° Jeter dans l'infériorité, dans l'ombre. 11 est
écrasé par son rival. En Perse il n'est point de
sujets. Ce ne sont qu'esclaves abjects Qu'écrasent
d'un coup d'œil les têtes souveraines, corn. Ayé-
silns, II, t. Il Surpasser, vaincre. Écraser quelqu'un
dans une discussion. || 6° S'écraser, v. réfl. Se tuer
par l'écrasement. Le monstre, furieux de se voir
entendu. Du roc se lance en bas et s'écrase lui-même,
corn. Ùidipe, i, 4. |1 Être écrasé. Les fraises s'é-
crasent facilement. |{ Terme d'escrime. S'aplatir,
c'est-à-dire pousser, après le coup tiré, le genou
droit en avant, laisser tomber le corps et lever le
pied gauche. || Fig. S'écrouler par une sorte d'écrase-
ment. Ainsi les grandes expéditions s'écrasent sous
leur propre poids; les bornes humaines avaient élé
dépassées [dans l'expédition de Moscou]; le génie de
Napoléon, en voulant s'élever au-de.ssus du temps,
du climat et des distances, s'était comme perdu dans
l'espace, ségur, 7/ist. de Nap. ix, t4.
— HIST. XVI' s. Deux mois après un cheval qui
rua, De coups de pied l'un de mes gens tua. Lui
escrageant d'une playe cruelle Bien loin du test la
gluante cervelle, rons. 945. Je sçais qu'il s'est trouvé
des simples paisans s'esiro laissez griller la plante
des pieds, ecrazer le bout des doigts, à tout le chien
d'une pistole, mont, m, «52.
— ÉTYM. Génev. et Berry, acraser ; de l'ancien
Scandinave krassa, broyer; suédois, krasa; angl.
crash et crush.
f ÉCRASEUR (é-kra-zeur), s. m. Celui qui écrase.
Il "i'erme de chirurgie. Écraseur linéaire, l'instru-
ment avec lequel on pratique l'écrasement linéaire.
— HIST. xvi* s. Escraseur, oudin.
— ÉTYM. Écraser.
t ÉCRECELLE (é-kre-sè-l'), s. f. Un des noms
locaux de la crécerelle.
— ÉTYM. Voy. CRÉCERELLE.
f ÉCRELET (é-kre-lè), s. m. Sorte de pains d'épices
usité dans la Suisse française. La Fanchon me servit
des gaufres, des écrelets, j. j. ROUss. Ilél, iv, to.
t ÊCRÉMAGE (é-kré-ma-j'), s. m. \\ 1° Première
opération pour faire le beurre, qui consiste à enle-
ver la crème qui monte sur le lait, de 24 à 72 heures
après la traite, selon les saisons. || 2° Action d'écré-
mer le verre fondu.
» — ÉTYM. Écrémer.
ÉCRÉ.MÉ, ÉE (é-kré-mé, niée), part, passé. Du
lait écrémé. || Fig. Une bibliothèque écrémée.
ÉCRÉMER (é-kré-mé. La syllabe cré prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
j'écréme, excepté au futur et au conditionnel où
l'accent reste aigu, sans raison : j'écrémerai, j'écré-
merais), V. a. Il 1° ôler la crème. Écrémer du lait.
U 2" Fig. Enlever d'un tout ce qu'il y a de meilleur,
Ecrémer une bibliothèque, la cargaison d'un na-
vire. Les voyageurs de commerce disent : 11 a pas.-é
deux jours avant moi, il a écrémé la place, il en a en-
levé ce qu'il y avait de mieux. Avec de l'exactitude
à éviter tout détail, à ne point écrémer les conseils
et à être jaloux de les maintenir dans leurs fonc-
tions, il se trouvera que la malière des audiences
sera bien rétrécie, st-sim. 399, 2(3. || 3° Retirer les
ordures de la surface du verre fondu.
— HIST. xvi* s. Fromage frais et escrcmé, paré,
V, 30. .
— ÉTYM. Ë pour es.... préfixe, et crème; picard,
écramer.
+ ÊCRÉMIÈRE (é-kré-miê-r') , ». f. Espèce de
moule d'eau douce dent la coquille est employée à
écrémer le lait.
— ÉTYM. Écrémer.
ÉCR
jÉCRÉMOIRE (é-kré-moi-r"), t. f. Instrument
pour ramasser les matières broyées par l'artificier,
ou pour les prendre dans les boîtes. || Ustensile de
verrier pour débarrasser le verre fondu de ses sco-
ries.-
— ÉT^-M. Écrémer.
tÉCRÉ.VAGE (*-kré-na-j'), s. m. Façon donnée
parle fondeur à certaines lettres longues.
— ÉTYM. Écréner.
t ÉCRÉNER (é-kré-né. La syllabe cr^ prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
j'écrène; excepté au futur et au conditionnel : j'é-
crénerai) , v. a. Terme de fondeur de caractères.
Dégager le haut ou le bas d'une lettre d'un peu de
matière qui la fait porter à faux. {| S'écréner, v.réfl.
Être écréné. Il n'y a que les lettres longues qui
s'écrènent pour placer dessous les quadralins,
c'est-à-dire les espaces qui séparent les mots.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et cran.
t ÉCRÉ.VEUR (é-kré-neur), t. m. Ouvrier qui
pratique l'écrénage.
— ÉTYM. Écréner.
I fiCRÉNOIR (é-kré-noir) , j. m. Outil d'acier
tranchant servant à écréner.
ÉCRËTÉ, ÉE (é-krê-té, tée), part, passé. La mu-
raille était écrêtée. On vit une terre toute piétinée
[un champ de bataille], nue, dévastée, tous les
arbres coupés à quelques pieds du .sol, et plus loin
des mamelons écrCtés, sÊGUR, Hixt.deNap. ix, 47.
t ÉCKËTEMENT (é-krè-te-man) , ». m. |1 1» Terme
militaire. Action d'écrêter un parapet. || 2* Terme
rural. Action de gratter, au printemps, les côtés
des trous creusés avant l'hiver pour y planter des
arbres.
ÉCRËTER (é-krê-té) , v. a. || 1° Oter la crête.
Écrêter un coq. {| 2° Terme de guerre. Battre à coups
de canon un mur, un épaulement, par le haut,
pour chasser ceux qui sont derrière. || 3" Terme
de ponts et chaussées. Écrêter une route .une côte,
l'abaisser. || 4° Terme rural. Parer, au printemps,
les côtés d'un trou fait en hiver. || Couper les som-
mités du blé de Turquie.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et crête.
ÉCREVISSE (é-kre-vi-s'), ». f. || 1- Animal de la
famille des crustacés, qui vit dans l'eau. Écrevisse
de mer, de rivière. Le physicien prétendait même
être obligé au prince d'une observation singulière....
l'électeur lui apprit la reproduction merveilleuse
des jambes d'écrevisse, fonten. Ilartsoeker. Les
pattes de l'écrevisse ont cinq articulations; si on
compte du bout de la pince, c'est à la quatrième
que la patte se casse le plus fréquemment et qu'elle
se reproduit le plus facilement, bonnet, Comiûér.
corps org. t. vi, p. 33, dans pougens, || Buisson
d'écrevisses, plat d'écrevisses entassées avec de la
verdure. Il Aller comme les écrevisses, reculer au
lieu d'avancer; locution qui vient d'une fausse ob-
servation, les écrevisses marchant aussi bien en
avant qu'en arrière. Les sages quelquefois, ainsi
que l'écrevisse, Marchent à reculons, tournent le
dos au port, la font. Fabl. xii. tu. Mère écrevisse
ua jour à sa fille disoit : Comme tu vas, bon
Dieul ne peux-tu marcher droit? m. ib. || 2* Être
rouge comme une écrevisse, trés-rouge comme l'est
une écrevisse cuite. || Yeux d'écrevisse, nom im-
propre donné à deux concrétions pierreuses renfer-
mées dans l'estomac de l'écrevisse fiuviatile, quand
elle est sur le point de muer, c'est-à-dire vers la fin
du printemps, époque à laquelle elle se dépouille de
son test calcaire, legoarant. Les yeux d'écrevisse,
d'ts aussi pierres d'écrevisse, étaient autrefois em-
ployés en médecine; ils sont sans vertu. 113" Terme
d'astronomie. Nom qui est quelquefois donné au
signe du zodiaque dit Cancer. || 4° Grande tenaille
servant à traîner vers l'enclume les morceaux de
fer rouge. || B" Pierre à chaux qui a pris une couleur
rouge pendant la calcination. || 6° Ancien ternie mi-
litaire. Cuirasse formée d'écaiiles. || 7" Sorte de vers 4
grec ou Ijlin qui, lu à rebours, présente un sens;
c'est ce (ju'on ajipelle plus souvent vers rétrograde,
vers récurrent.
— HIST. xiii* s. Cesinne [signe] que l'en claimme
crcvice, Ilist. occid. des croisades, t. 1, p. 584.
Il XV* s. Le dit Tarraise estoit armé, soubz son ves-
tement, d'une armure nommée escrevis.se. du cangk,
cancer. [Je] vi reculer et tenir les sentiers D'escre-
vissequi en allant recule, EUST. desch. Poésies mss, '
dans LACURNE. Crevices que on cuit en vin, id. Ko- [
table enseignement. || ivi* s. Des escrevisses vifs,
o. DESERRES, 72«. Les hommes guerriers premiè-
rement se couvrirent de cuir, puis de pièces de
fer clouées l'une sur l'autre, appellées eserevi-sses,
FAHCH. de* Orig. liv. u, p. n.daasLACuatts. Beaulx
ÉCR
EGR
ÉCR
1295
escarpins deschicquelez à barbe d'escrevisse, babel.
t. 11, p. <23, dans lACURNE.
— ÊTYM. Génev. écrivisse; picard, écrA-iche ;
wallon, grèrèse; namur. gravase ; rouclii, gra-
viche; du germanique : anc. haut-allem. tchrepti;
aile m. Krebs.
ÉCBIER (S') (é-kri-é), v.rélî. \\ 1» Jeter subitement
un grand cri, une exclamation. X cette vue, il s'é-
cria et s'enfuit. J'ai cliangé de couleur, je me suis
écrite, corn. Mcom. i, 6. Il s'écrie, et sa suiie De
peur d'un pareil sort prend aussitôt la fuite, id. ib.
V, 8. L'ennemi nous découvre, il s'écrie, il menace,
MAIR. Uort d'Asdrubal, V, t. Seigneur, je m'écrie
vers vous du fond des abîmes. Psaumes, dans
BiCHEi.ET. L'enfer s'émeut au bruit de Neptune en
furie; l'Iuton sort de son trône, il plllit, il s'écrie,
BOiL. Traité du subi. vu. M. de Noyon renconlra
M. de Paris; il s'écrie; M. de Paris va à lui, et
croit qu'il va mettre pied à terre, st-sim. 2i, 24.
Il 2° Prononcer des paroles en criant. Il s'écria que
c'était une injustice. Ah I s'est-il écrié. César, tout
est perdu, rotr. St Gen. ii, 8. Le tombeau du juste
doit toujours faire s'écrier avec saint Paul : Ô
mort.... CHATEAUB. Génie, m, i, 6. || S'écrier à
quelqu'un, dire en criant quelque chose à quel-
qu'un. Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il
put, LA FONT. Fabl. m, t. Kuyons, s'écriait-il à la
bête, autrement.... fén. Fable du vieillard et de
Vdne, t. XXI, p. 307. || 3° Pousser nn cri d'admi-
ration. Nous ferons notre devoir de nous écrier
comme il faut sur tout ce qu'on dira, mol. l'réc.
(0. 11 a fait des traits d'éloquence si à propos que
tout le monde s'en est écrié, sÉv. t36.
— REM. Le pronom réfléchi est ici construit avec
un verbe neutre, comme dans s'en aller et autres
(voy. SE pour cette construction).
— HIST. XI' s. Devant Marsile cil s'escriet moût
h&ut, Ch. de Roi. lxix. Franceis [il] escrie, Olivier
[il] apela, ib. LxxTtvi. X icest mot sunt Franceis
escriet. ib. ex. ||xii" s. Et si escrie : or à eux,
chevalier, Jionc. p. 67. De toutes parz fu Montjoie
escriée, ib. p. «6. E quant il s'en parti de la cambre
le rei, JustLses [justiciers] e baruns, tels que nu-
mer ne del, L'escrierent en haut à hu e à desrei ;
Li traîtres s'en vait.... Th. le mart. 48. ||xin' s. Et
Blanchelleurs s'escrie : haro, traï , traïl Berte,
Lxxxix. Quant il les vit, il les escria et leur dit que
il mourroient, joinv. 209. || xv" s. Ils ferirent che-
vaux des espérons tous d'un randon et se plantèrent
enl'ost du duc en escriant : Fauquemont, Fauque-
mont [le nom de leur chef], froiss. i, i, 3. Quand
ces seigneurs de France virent la proie approcher,
et leur bon seneschal chasser, chascun sire escria
son cri, et fit sa bannière haster et passer avant,
ID. I, I, 254. Et si n'estoient les gens en aucune
doute, car on ne les avoit point avisés ni escriés de
nulle guerre, id. i, i, <oo. J'en sui bien tennz de
priier. Et ses largheces escrier [publier], id. Poés.
rnss. dans lacurne. ||xvi's. L'occasion est-elle juste
de escrier son nom et sa puissance [de Dieu] ? mont.
i, 395. Nous nous escrions du miracle de l'invention
de nostre artillerie, ID. IV, to.
— ÉTVM. J^pour es.,., préfixe, et crter; provenç.
esgridar; ital. sgridare.
f ÉCRIER (é-kri, kri-é), v. a. Nettoyer le fil de
fer en le frottant avec un linge chargé de gr6s.
— ÉTYM. Ce semble une autre forme à'écriser ou
plutôt égriser (voy. êcrisée et égriseh).
t ÉClilEUR é-kri-eur) , s. m. Ouvrier qui écrie le
81 de fer.
— ÉTYM. Écrier 2.
ÉCRILLE (é-cri-ir, U mouillées, et non é-kri-ye),
t. f. Sorte de claie ou de clôture de barres de bois
dont on se sert pour empêcher que le poisson ne
sorte des étangs par les décharges.
— ÊTYM. É pour es.... préfixe, et crille pour
grille.
ÉCRIN (é-krin), s. m. || 1° Petit coffret pour serrer
les pierreries, les bijoux. || Fig. C'est le plus beau
joyau de son écrin, c'e.^t ce qu'il possède de plus
précieux. |{ 2" Les joyaux que renferme l'éorin. Un
pche, un bel écrin.
— HlST. xir s. E U ordené [prêtres] receurent
tarche, e l'escrin ù esteit li presenz, les anels....
ois, 22. Il XIII' s. Je trovai jà en un escrin Un
Te.... lien. 28. Et por ce qu'acoustuméement
in ne révèle pas volentiers ce c'on met en huces
ke en escrins, à estranges gens, beaum. xxxix, 79.
El furent ses os gardés en un escrin et enfouis à
aint Denis en France, joisv. 3o:). || xiv s. Par dé-
pens mon hostel sont bien mille florin; Maintenant
ous donrai les clés de mon escrin, Beaud. de Seb.
II, 75). ||x?' 3. Et ces brigands bricolent maisons,
coffres et escrins, et prenolent quant qu'ils tro-
voient, puis s'en alloient leur chemin chargés de
pillage, FROISS. i, i, 324.
— ÉTYM. Wallon, skrinay, layette ; provenç.
escrin; ital. scrigno; du latin scrinium.
ÉCRIRE (é-kri-r'), j'écris, nous écrivons; j'écri-
vais; j'écrivis; j'écrirai ; j'écrirais; écris, écrivons;
que j'écrive; que j'écrivisse; écrivant, écrit, v, a.
Il 1° Exprimer avec des lettres les sons de la parole
et le sens du discours. J'ai écrit quelques mots
sur ce papier. Ecrire ses sentiments. Écrire ses
idées. Écrire un calcul. U [Dieu] écrit de sa propre
main, sur deux tables qu'il donne à Moïse au haut
du mont Sinaï, le fondement de celte loi, c'est-
à-dire le décalogue ou les dix commandements, qui
contiennent les premiers principes du culte de Dieu
et de la société humaine, boss. Jlist. i, 4. Je crois
qu'on fit des vers longtemps avant de les savoir
écrire; mais, l'alphabet une fois connu, sans doute
on écrivit autre chose que des vers, P. L. cour.
Préface d'Hérodote. || On dit dans un sens analogue,
en parlant de la musique, écrire un morceau, un
air. Il De même, en parlant d'arithmétique ou d'al-
gèbre, écrire une addition, une opération, une in-
tégrale. || Écrire une page, rem[ilir une page de
lettres et de mots. Cet enfanta écrit ses deux pages.
|] Absolument. Savoir lire et écrire. Je voudrais, di-
siez-vous, ne savoir pas écrire, rac. Brit. iv, 3. II
tira ensuite de sa poche une petite lame d'ivoire,
écrivit sur cette lame avec une aiguUle d'or, attacha
la tablette d'ivoire à l'arc... volt. Babylone, *.
Il Voilà une bonne voix pour écrire, et une bonne
main pour chanter, se dit de qualités qui ne con-
viennent aucunement à la chose dont il s'agit.
Il 2° Inscrire ....ô mon Dieu!.... vous l'aviez écrit
sur le livre éternel, mass. Or. fun. Louis XtV.
Il Fig. Dieu a écrit sa loi dans nos consciences.
Il 3° Orthographier. Comment écrivez-vous votre
nom? Comment écrivez-vous tel mot! ||4° Adresser
et envoyer une lettre à quelqu'un. Je vous ai écrit
deux lettres, vous ne m'avez pas répondu. || Écrire un
volume, c'est-à-dire écrire une très-longue lettre. Je
me croirai la plus aimée, la mieux traitée, la plus
tendrement ménagée, r;uand vous prendrez sur moi
et que vousôterezdu nombre de vos fatigues le vo-
lume que vous m'écrivez, sÉv. 305. || Informer par
lettre ou par correspondance. J"e lui ai écrit la mort
de son père. |{ Absolument. Il m'écrivit qu'il fallait
se hâter. Je vous écrirai, et je vous donnerai mon
adresse. J'écrivis en Argos pour hâter ce voyage,
HAC. Iphig. I, t. Il Ces deux personnes s'écrivent,
elles ont entre elles un commerce de lettres.
Il Écrire de bonne encre, de la bonne encre à quel-
qu'un, lui faire des remontrances sévères, lui inli-
mer sérieusement un ordre. || 5° Rédiger, composer
un ouvrage. Écrire un traité, une histoire U a écrit
ses mémoires. Un saint abbé dont la doctrine et la
vie sont un ornement de notre siècle, ravi d'une
conversion aussi admirable et aussi parfaite que celle
de notre princesse, lui ordonna de l'écrire pour
l'édification de l'Église, boss. Anne de Gonz. Quoi
que vous écriviez, évitez la bassesse; Le style le
moins noble a pourtant sa noblesse, boil. Art p. i.
Il Absolument. Écrire en prose, en vers. Cet auteur
a beaucoup écrit. Ceux qui ont écrit sur cette ma-
tière. Il faut qu'un galant homme ait toujoursgrand
empire Sur les démangeaisons qui nous prennent
d'écrire, mol. Mis. i, 2. Il se tue à rimer; que n'é-
crit-il en prose? boil. Sat. ix. Écrive qui voudra;
chacun à ce métier Peut perdre impunément de
l'encre et du papier, id. ib. ix. Avant donc que d'é-
crire, apprenez à penser, id. Art p. i. Mais dans
l'art dangereux de rimer ou d'écrire. Il n'est point
de degré du médiocre au pire, m. ib. iv. La plu-
part, comme ceux qui depuis ont écrit sur cette
journée, ignoraient les souffrances physiques d'un
chef qui.... sf.gur, Jlist. de Nap. iv, 6. || On dit
aussi : écrire d'une chose. Prétendre en écrivant de
quelque art échapper à la critique, la brut. Di.'.c.
sur Théophr. || Il se dit du genre de style. Cet
homme parle bien, mais ne sait pas écrire. Donnons-
lui donc [à Calvin], puisqu'il le veut tant, cette
gloire d'avoir aussi bien écrit qu'homme de son
siècle; mettons-le même, si l'on veut, aji-dcssus
de Luther.... boss. Variations, ». Qui ne sait se
borner ne sut jamais écrire, boil. Art p. i. Il faut
exprimer le vrai pour écrire naturellement, forte-
ment, délicatement, labruy. i. Un esprit médiocre
croit écrire divinement, un bon esprit croit écrire
raisonnablement, iD.tb. Tout auteur qu'on est obligé
de lire deux fois pour l'entendre écrit mal, st-foix,
Ess. Paris, t. iv, p. 221, dans pougens. [La Motte-
Houdard] prouva que dans l'art d'écrire on peut
encore être quelque chose au second rang, volt-
Louis XIV,3i. Il Écrire au courant de la plume, écrire
rapidement, sans mettre beaucoup de réilexion.
y Avancer, exposer, enseigner. Arisiote a écrit que
les animaux.... || U se dit aussi des composition»
musicales. Écrire un opéra. Ce musicien a beaucoup
écrit. Il 6° Terme de pratique. Exposer ses moyens
dans un mémoire, dans une requête. Us furent ap-
pointés à écrire et produire. || X mal exploiter bien
écrire, se dit de celui qui, ayant fait des fautes et
manqué aux formalités, y remédie par des écritures
arrangées. Il Rédiger un procès-verlial, un interro-
gatoire, une déposition. Tiens, voilà ton paiement.
— Un souflleti écrivons, r»c. Plaid, ii, * Vous
riez? Écrivez qu'elle a ri, id. ib. ii, 8. || S'engager
par écrit. Il ne suffit pas de promesses, il faut
écrire. Quiconque écrit s'engage, th. corn. l'Amour
à la mode, l, 2. y?" Marquer, indiquer. Son sang
sur la poussière écrivait mon devoir, corn. Cid, a,
9.118° S'écrire, v. réfl. Être écrit. Tout ce qui se
dit ne s'écrit pas. Tout ce qui est bon à écrire, c'est
une maxime de Vaugelas, est bon à dire; mais tout
ce qui peut se dire ne se doit pas écrire, d'olivet.
Rem. sur Racine, § 94. || Être orthographié. Ce mot
ne s'écrit jias ainsi. || 9° S'écrire chez quelqu'un,
inscrire son nom chez quelqu'un à qui l'on fait
visite. Il Se faire écrire chez quelr]u'un, à la porto
de quelqu'un, faire mettre son nom sur un papier
chez le portier. Je n'avais pas changé [de conduite
froide avec Villeroy] depuis, hors de me faire écrire
aux occasions chez le maréchal, ce qui ne s'omet
qu'en brouillerie ouverte, st-sim. 392, 69. On sait
quand il faut se faire écrire, c'est-à-dire faire une
visite qu'on ne fait pas, j. i. rouss. Iléloïse, ii, 7.
— REM. Racine a dit écrire en Argos, c'est-à-dire
dans le pays d'Argos; c'est une licence poétique, ou,
si l'on veut. Racine a pris Ar^'os dans le sens de
pays d'Argos. Mais, dans la règle, en ou dans ne
peut se dire qu'avec un pays : j'ai écrit dans ce
pays-là; mais j'ai écrit à Londres, à Berlin.
— HIST. XI' s. Il est escrit en la geste francor,
Ch. de Roi. ex. f| xii' s Faites faire erraument
[aussitôt] Vos Chartres et vos briés [brefs] à clerz
bien escrivanz, Sax. xxi. Demain iront partout no
brief qui sont escrit, ib. xxiv. Davit li reis, qui out
en sei saint esperit. Quant il out Salomun son fil
à ;rei escrit.... Th. le mart. 27. Solunc [selon] ses
paroles [il] escrit [écrivit] par tôt son règne, e
establi princes qui ço feissent faire par force,
Maehab. l, t. |i xiii' s. Car bien estoit letrée et
bien savoit escrire, Berte, xiv. Et des nombres
[il] devoit escripre, la Rose, 6720. Lesquiex en-
seignemens le roy escript [écrivit] de sa sainte
main, joinv, SOO. ||xiv' s. Comme l'en doit former
ou escripre les livres, oresme, Elh. 67. Li dras
[étoffe] qui fu escris de painture dorée, Beaud.
de Seb. u, 954. ||xv" s. Ces deux [Philippe d'Arle-
velle et Piètre du Bois] se nommoient et escrisoient
souverains capitaines de tous, froiss. ii, n, <60. Et
escripst [écrivit] le pape au roi Charles, que il ren-
voyast sa sœur Isabelle en Angleterre, id. i, i. (t.
[Le duc d'Anjou] escripsit devers messire Jean
d'Armignac que à ce besoin il ne lui voulsist faillir,
ID. Il, II, t. Leduc d'Anjou qui se faisoit escrire
roy de Cécile et de Hierusalem, id. liv. ii, p. t60,
dans lacurne. ||xvi' s. Xercès escrivit un cartel au
mont Athos, mont, i, 22. Escrit il en vers ou en
prose? ID. i, H 42. Caton, qui luy assistoit à sa brigue,
s'advisa que les tables où s'escrivoient les voix es-
toient toutes escrittes d'une main, ID. Cat. d'Utiq.
62. Il est fort difficile d'escrire bien en nostre lan-
gue, si elle n'est enrichie autrement qu'elle n'est
pour le présent, de mots et de diverses manières de
parler; ceux qui escrivent journellement en elle sa-
vent bien à quoi s'en tenir; car c'est une extrême
gène de se servir tousjours d'un mot, rons. >89.
— ÊTYM. ■Wallon, skrlre; provenç. escrmre; cs-
pagn. escribir ; portug. escrever ; iial. scrivcre; du
latin scribcre, le même que le grec Ypàçeiv (dont
le thème est YpaS), par la prosthèse d'une s. Com-
parez graver; le goth. grahan, creuser; allem. gra-
ben. Le sens du radic.il grab ou scrib est creuser.
tÉCRISÉE (é-kri-zée), s.f. Corruption d'égrisée.
1. ÉCRIT, ITE (é-kri, kri-t'), part, passé d'écrire.
Il 1» Exprimé par des lettres. Discours écrit. Conven-
tion écrite. Les temps de la loi écrite commencent;
elle fut donnée à Moise 430 ans après la vocation
d'Abraham, boss. Ilist.l, *. Alison dit ces 'mot»
avec tant de chaleur. Que je crus qu'elle était en
vertus accomplie; Mais ses péchés écrits tombère.H
par malheur; Elle n'y prit pas garde , lafont. Bal-
lade sur les livres d'amour. || Langue écrite, langue
littéraire- et grammaticale, par opposition & laOguQ
1296
É(JR
ptrUe. Il Ce qui est écrit est écrit, on ne pc»t ne»
changer 4 ce qui est écrit. || Cela était écrit au ciel ,
la Providence avait résolu qu'il en serait ainsi, ou
ahsoluroenl, cela est écrit, était écrit, cela doit,
devait arriver. Il est écrit que je ne g.iRnerai pas.
Il i' Sur quoi on a écrit. Une feuille écrite des deux
cOiés. Papier écrit, opposé à papier blanc. || Il faut
remarquer que, bien qu'on dise papier écrit, feuille
écriie, parchemin écrit, cependant on ne dit pas
en ce sens écrire un parcliemin, une feuille, un
papier. || S'Orlhopraphié. Pâques autrefois écrit avec
une»; Pasques. || 4° Peint, tracé, manifeste. L'en-
nui est écrit sur son visage, sÉv. (98. Mon malheur
n'est-il pas écrit sur son visage? bac. Baj. iv, 4.
Dans ses yeux insolents je vois ma perte écrite,
m. Pliéd. III, 3. Il S° Composé, rédipé. L'histoire
écrite par Tacite. || 6° Bien écrit, mal écrit, rédigé en
bon, en mauvais style. Je ne sais si la peinture de
la sécheresse dans le treizi&me chani [do la Jéru-
salem] n'est pas le morceau du poème le mieux
écrit, CHATFAUB. Itin. III, (2. Il Absolument. Cela
n'est pas écrit, se dit dune composition, d'une pièce,
d'un livre dont le style est .sans correction ni élé-
gance. Il ?• Terme d'hi.stoire naturelle. Qui offre des
taches ayant de la ressemblance avec des caractères
d'écriture. Le cône écrit, sorte de coquille.
2. fiCKlT (ékri; le ( ne se lie paiî; au pluriel, l's
se lie: des é-kri-z élégants), s. m. || 1° Papier ou
parchemin sur lequel une chose est consignée avec
des lettres. Passez-moi cet écrit. Tiens, perfide,
regarde et démens cet écrit, rac. Baj. v, 4. Ces ar-
chives des lois, ce vaste amas d'écrits, volt. Or-
phel. II, B. Il Un mot d'écrit, une lettre très-courte,
un écrit très-court. Que dites-vous du tour et de ce
mot d'écrit? mol. Éc. des f. m, 4. || En écrit, par
écrit, sur le papier, par opposition à de vire voix.
Vous pouviez vous passer de mes emhrassemenls,
Me faire par écrit de tels remercîmenls, conN. Nie.
u, 2. Us commencèrent à publier leurs prophéties
par écrit, boss. Hist.i, e. Jusque-là Dieu n'avait
rien donné par écrit, id. ib. ii, 3. L'ordre que je
lui avais donné par écrit de tuei Pbiloclès, fïn. Tri.
XIII. Il En procédure, instruction par écrit, affaire
instruite par écrit. Procès par écrit, instruction,
affaire, procès où tout est fait par écrit. Preuve par
écrit, par opposition à preuve testimoniale. || Mettre
en écrit, par écrit, consigner par écrit, coucher
par écrit, écrire une chose pour s'en souvea:. , ou
exposer une chose dans un écrit, dans un mémoire.
Une autre fois je mettrai mes raisonnements par
♦crit pour dis|>uter avec vous. mol. Festin, I, 2. Je
n'ii point de repos qu'il ne soit en écrit, boil. Sat.
VII. Tu te souviens qu'au villa(,'e on t'a dit. Que ton
maître e^t gagé pour coucher par écrit Les faits d'un
roi plus grand en sagesse, en vaillance, Que Char-
lemagne aidé des douze pairs de France, id. Éptt.
XI. Il 2° Acte, convention écrite. Ils ont fait un écrit.
Signer un écrit. || 3' Ouvrage littéraire ou scienti-
fique. Mais je lui disais, moi, qu'un froid écrit as-
somme, MOL. Uis. I, 2. J'ai vu un écrit que vous
avez publié, pasc. Prot'. tt. Les écrits qu'ils fai-
saient étaient entre les mains de tout le peuple,
BOSS. Ilitl. Il , 4. Tes écrits, il est vrai , sans art et
languissants, Semlilent être formés en dépit du bon
sens, BOIL. Sat. li. Il n'est valet d'auteur ni copiste
à Paris Qui, la balance en main, ne pèse les écrits,
ID. Sat. IX. Et .ses écrits tout seuls doivent parler
pour lui, in. t'6. Mais nous autres faiseurs de livres
et d'écrits, Sur les bords du Permesse aux louanges
nourris, ID. Épit. vi. Si.... Tu t'allais engager à
polir un écrit, id. ib. xi. Surtout qu'en vos écrits la
langue révérée Dans vos plus grands excès vous
soit toujours sacrée, id. Art p. i. Tel écrit récité se
soutint à l'oreille. Qui, dans l'impression au grand
jour sh montrant. Ne soutient pas des yeux le regard
pénétrant, id. ib. iv. || En général, écrit se dit des
ouvrages en prose. Il peut bien désigner collective-
ment des poèmes, mais il n'a pas ce sens par lui-
même. Les Grecs faisaient la même distinction que
nous; ils appelaient aufTP*!'-!''"» '^s ouvrages en
prose, par opposition aux nonoiiara, les poèmes.
Il 4* Autrefois leçons qu'on écrivait sous un profes-
sAur de théologie ou de philosophie qui dictait. J'ai
encore tous mes écrits de philosophie. On dit au-
ioi.rd'hui cahiers.
— lllST. III' s. Et les escritz que je ai aportez,
Honc. p. îî. Pris i furent si livre [ses livres] et tres-
tuit si escrit, Th. le mort. IB2. || xiii's. Si com à
8t Denis en escript [je] le trovai, Bertt, LVII Li
livre» anciens.... Où .sa mort trovons en escript, Si
cum Sueloniua l'escript, la Hose, 648t. Et tout cil
qui s'i acordent doivent eslre mis en escrit comme
acordan», bkaom. 8t. Nus [nul] n'est tenu à baillier
ECR
en escrit à averse partie lo dit de ses tesmoins, id.
xxxix, 57. Quant mon non fu mis en escrit, si me
mena l'amirant dedans le pavillon, là où les barons
esloient, jomv. 242. ||xv* s. Car par escript vous a
pieu me donner Tng doux confort, CH. d'obl. Bal.
Il XVI' s. Ayant rédigé par escrit en deux livres tout
ce qu'il avoil fait en ceste charge, il n'en put sau-
ver ny l'un ny l'aiilre, amyot, Cat. d'Ut. 6I. Autant
lie fois que l'on transcrit. Autant corrige on son es-
crit, LEBOUX DE LINCY, l'rOV. t. II, p. 128.
— ÉTYM. Écrit I ; viaWon.skryeg; provenç. escrit;
espagn. escritn; ital. scritto.
ÊCniTEAU (é-kri-tô), s. m. Porte d'affiche, collée
sur du bois ou sur le mur, faisant connaître une
chose au public. Mettre un écriteau. Jadis on expo-
sait les condamnés avec des écriteaux. Un écriteau
marquait que la maison était à vendre, fÉN. Dio-
gêne. Les peuples ont leur lendemain : Pour rendre
leur route douteuse, Suffit-il qu'une main honteuse
Change l'écriteau du chemin? v. iilgo, Crép. I.
Il Mettre écriteau, annoncer par un écriteau que
quelque chose est à vendre ou à louer. || Kig. Mettre
un écriteau à une femme, l'afficher par ses propos
ou ses démarches comme sa maïtres.se.
— S'YN. ÉCRITEAU, INSCRIPTION. L'écritcau n'est
qu'un morceau de papier ou de carton sur lequel on
écrit quelque chose en grosses lettres pour donner
avis au public. L'inscription se grave sur la pierre,
sur le marbre, sur des colonnes, sur un mausolée,
sur une médaille ou sur quelque autre monument pu-
blic pour conserver la mémoire d'une chose ou d'une
personne, Encyclop. v, 3!>7. Ajoutons que l'inscrip-
tion est fixe, et l'écriteau mobile.
— HIST. xiv's. L'autre escriptel où son nom sera
mis, Modus, ms. f°226, dans lacurne. || xvr s. U
tomba du ciel plusieurs petits escriteaux, en l'un
desquels y avoit escrit de mot à mol : Mars secoue
ses armes, amvot, Fab. 4.
— ÉTYM. Diminutif de écrit 2; picard, écritieu.
ÉCKITOIUE (é-kri-toi-r'), s.f.\\l' Petit meuble
portatif où l'on met tout ce qu'il faut pour écrire.
Écritoire de poche, de bureau. U a un grand re-
gistre sous son bras, une écritoire pendue à sa cein-
ture et une guitare sur le dos, lesage, Diable boi-
teux, ch. (7. Il Nobles d'ïcritoire, nom que la
noblesse d'épée donnait par mépris à la noblesse de
robe. Il Greffier de l'ècritoire, voy. greffier. || 2° Pe-
tit vase où l'on met de l'encre, et que l'on nomme
plus souvent encrier. Il est ami de Fagon, il me
conta qu'il ne vivait que par l'éloignement des écri-
toires [en n'écrivant plus], SÉv. 395. Rappelez-vous
que ce jour-là Un beau page tint l'écriioire, bérang.
Conlr. de mar. || Fig. A pleine écritoire, en écri-
vant, exposant amplement. Tel fut notre début en
Italie, dont toute la faute fut imputée à Câlinât, en
quoi Vaudemont, en pinçant seulement la matière,
et Tessé à pleine écritoire ne s'épargnèrent pas,
ST-siM. 08, 2). Il 3° Autrefois, nom de cellules qui
étaient au rez-de-chaussée de plusieurs monastères
et dans lesquelles on copiait les manusciits.
— UEM. Le genre d'écritoire, entre l'étymologie
{scriptorium) et la finale féminine, a varié; il est
masculin dans Rabelais et dans plusieurs provinces.
— SVN. ÉCRITOIRE, ENCRIER. L'oncrier, à propre-
ment parler, n'est qu'une partie de l'ècritoire,
comme la poudrière ou le porte-plumes.
— lllST. xii* s. Li frères l'endemaiii al saint humme
en ala, K en sun escritorie, là ù il le trova. Pur la
pitié de Deu tant li dist e preia.... Th. le mart. 95.
Il XV* s. Or me convient, Entroes que [pendant que]
j'ai sens et mémoire, Encre et papier et escriploire,
Canivel et penne taillée , froiss. Buisson de jo-
nece. \\ xvi' s. Et portoit ordinairement ung gros es-
criptoire, pesant plus de 7uoo quintaulx, rab. Garg.
I, 14. Les Genevoys, quaud, ou matin, avoir de-
dans leurs escrlptoyres et cabinets propensé et ré-
solu de qui et de quelz, celluy jour, ilz pourront
tirer denares, ilz sortent en place, id. Pant. iv,
ATout). prol.
— ETYM. 'Wallon , skriftàr, skrislôr; provenç.
«.«cri'plort ; espagn. escriplorio ; ital. jcrilfoio; du
latin scriplortiim. de scriticre, écrire. Escritorie est
une ancienne forme étymologique d'escri'loire. et ne
donnait pas, à la prononciation, une syllabe de
plus. *
ÉCRITURE (é-kri-tu-r') , s. f. \\ l'Ce qui est écrit.
Toutes ces écritures ont pa.ssé sous vos yeux. Voyez
votre écriture; Vous n'appellerez pas de votre si-
gnature, RAC. Plaid. \u, 4. Il Terme d'ailministra-
tion. Comptes, correspondances, rapports. Multi-
plier les écritures. Commis aux écritures. || Tenir
>es écritures, se dit dans la banque et le commerce,
d3 l'employé qui est chargé des comptes et corres-
ECU
pondances. || Terme de palais. Écrits qu'on fait pour
un procès. Fournir des écritures. Qu'on cbercli&t
une fin aux écritures, la bruy. xiv. || Ecritures de
banque, les billets que les banquiers ou nëgocianta
se donnent réciproquement pour opérer des trans-
ferts. Il Terme de marine. Papiers, registres, passe-
ports. Il 2° L'art d'écrire; reproduction de la parole
par des lettres. L'écriture est la peinture de la voix ;
plus elle est ressemblante, meilleure elle est, volt,
Dict. phil. orthographe. Quand l'écriture fut trou-
vée, plusieurs bWmaieiit cette invention, non en-
core justifiée aux yeux de bien des gens; on la li-
sait pro[ire à ôler l'exercice de la mémoire et à
ren'Ire l'esprit paresseux, P. L. cour. Préface à Hé-
rodote. Il Écriture idéographique, celle qui repré-
sente directement les idées, par exemple chez im li
les signes de ponctuation. Écriture phonétique, ctlle
qui reprùsente les sons de la parole. Écriture svl-
labique, celle qui ne décompose pas les syllab';,
en voyelles et consonnes. Écri,ture alphabéiique,
celle qui représente les sons de la voix avec les
lettres d'un alphabet. Écriture hiéroglyphique, écr,-
lure des Egyptiens qui représentait en général non
des sons, mais des mots. Écriture démotique, écri-
ture cursive des Égyptiens dérivée des hiéroglyphes
Il 3° Art, manière de former les lettres. Avoir une
belle écriture. Une écriture illisible. Oui, si je ne sa-
vais quelle est ton écriture, mair. Sophon. i, I. On
avait parfaitement imité son écriture, fên. Tél. xi;i.
Mon écriture n'est pas mauvaise, repartit Henriette,
et, si vous le permettez, je serai votre maitresst;,
M"' DE GENLis, Veillées du chdt. 1. 1, p. 5), dam
POUGKNS. Il Forme particulière des caractères. L'écri-
ture gothique. L'écritureciirsive. L'écriture anglaise
Il 4° Action d'écrire. Je vis l'autre jour du Chos; e
chez M. de Couhinges, qui a gardé plus de qui.i/.e
jours sa chambre pour des dégoûts et des plti.i
tudes; il me parla de votre santé, et me dit enci.ro
pis que pendre de celte chienne d'écriture, srv.
395. Il 8° L'Écriture sainte, ou, absolument, l'É-
criture, les Écritures, c'est-à-dire l'Ancien et le
Nouveau Testament (en celte acception. Écriture
prend un E majusculn). Nous lisons dans 1 Écri-
ture sainte. Ces explications licencieuses font trou-
ver tout ce qu'on veut dans l'Écriture, Boss. Vur.
II. § 23. [Suivant celte doctrine] Ce n'est pas le sen-
timent quV,n a des choses qui doit être éprouvé par
l'Écriture; mais l'Ecriture elle-même n'est connue
ni sentie que par le sentiment qu'on a des choses
avant que de connaître les saints livres, et la relig un
est formée sans eux, id. ib. xv, § Ii5. Ne vous éi o -
nez pas, chrétiens, si je ne fais plus, faible oratii.r,
que de répéter les paroles de la princesse palali: ■;
c'est que j'y ressens la manne cachée el le goû; il s
Écritures divines, que ses peines el ses senlimeils
lui faisaient entendre, id. Anne de Goni. Nous
mourons tous, disait celte femme dont l'Écriture a
loué la prudence au second livre des Rois, el nous
allons sans cesse au tombeau, ansi que dese.iu
qui se perdent sans retour, ID. Uuch. d'Orl. Le m i-
lin elle fleurissait, avec quelles grâces, vous le si-
vcz; le soir nous la vîmes séchée; et ces fortes ex-
pressions par lesquelles l'Écnture sainte exaj-'ère
l'inconstance des choses humaines, devaient être
pour cette princesse si précises et si littérales, ID.^
ib. Quand on étudie avec quelque soin les Écritures,:
on reconnaît que c'est toujours la force des penséeéj
et la grandeur des sentiments qui en font la beauté,^
ROLLIN, Traité des Et. iv, 3. || Fig. Accorder oti|
concilier les Écritures, accorder, concilier des pa*«
sages qui sont en désaccord, sauver des contradio-f
lions. Il 6° Nom de plusieurs coquilles. Éc ilurM
arabique ou écriture chinoise, la Vénus liiTérée,?
Écriture hébraïque, le cône hébreu. Écriture grec-Ç
que, la Vénus fortifiée. || Proverbe. Il est bien ftn*[
de nature qui ne peut lire son écriture.
— IllST. xii* s. De ce dist la Scrilure des dani;-
neiz: guai à ceaz [malheur à ceux] ki ont perdue i
soffrance. Job. p. 448. || xiii* s. Mauvaisoment lor
souvient de l'Escrilure, qui dist par le [la] bouce
David le ro:.... Chr. de Bains, p. 2 Se mots i
trovez jà mis. Qui semblent mordans ou cheninJ
Encontre les meurs femeniiis. Que ne m'en voil-
liez pas blasmer, Ne m'escriture diffamer, la Bosr,
(5100. El quant aucuns veut avoir letres en la ma-
nière dessus dite, ce doit estre à son cousl de l'es-
cripture et du scel [sceau], beaum. xixix, ou.
Ilxiv's. Et ainsi les Romains avoienl les escr ;-
tures des Grecs et ceste science comme de Arist i ,
Platon el des autres, oresme, Prol. Plusiost s«^
posl IpiU] dampner qu'uns autres le porroii, C»
il scet l'escripture, et toute la conchoit [conçoitj, i^
Baud. de Seb. vit, 890. || xvi* s. Les trois doigupar
ÉCR
escripture quantz Liens quanlz maui: ont faict, Le-
roux DE LINCY, FrOV. t. Il, p. 334.
— ÊTYM. Provenç. escriptura; espagn. escritura;
ital. scriltura; du latin scriptura , de scribere,
écrire.
t ÉCRITURER (é-kri-tu-ré), v. n. Terme de mé-
tier. Faire des copies, des écritures.
— RTYM. Écriture.
t ÉCniTURIER (é-kri-tu-rié), s. m. Celui qui
écriture.
tÉCRlVAlLLER (é-kri-va-llé,!/ mouillées). || 1° 7.
n. Mot familier et méprisant. Écrire avec négligence
des choses sans valeur. {{ 2° V. a. Écrivailler de
mauvais romans.
— lllST. XVI» s. Escrivailler, oudin.
— Rtym. Forme péjorative dérivée d'écrire.
tÉCRlVAILLKRIE (é-kri-vâ-lle-rie. Il mouillées),
s. f. Démangeaison d'écrire, d'éorivailler.
— HIST. XVI' S. L'escrivaillerie semble estre quel-
que symptôme d'un siècle débordé, mont, iv, 66.
— ÉTYM. Écrivailler.
ÉCRIVAILLEUR (é-kri-vâ-lleur, Il mouillées, et
non é-kri-vâ-yeur) , s. m. Mauvais auteur qui écrit
beaucoup. La foule des écrivailleurs.
— HIST. XVI* s. Jean Bodin est un bon aucteur
de notre temps, et accompaigné de beaucoup plus
ne jugement que la tourbe des escrivaiUeurs de son
siècle, MONT. III, (49.
— ÉTYM. Écrivailler.
ÉCRIVAIN (é-kri-vin; au pluriel, l'i se lie: des
é-kri-vin-z habiles), s. m. || 1° Celui qui écrit pour
d'autres. Écrivain public. Prenez vos plumes sacrées,
vous qui composez les annales de l'Ëglise, agiles
instruments d'un prompt écrivain et d'une main di-
ligente, hatez-vous de mettre Louis avec les Con-
stantin et les Théodose , Boss. le Tellier. || Ex-
])ert écrivain, maître d'écriture assermenté près
d'un tribunal. Il Terme de marine. Anciennement,
agent comptable chargé de tenir les registres en
ordre, de veiller aux consommations et de les por-
ter sur les livres. L'écrivain ne pourra quitter le
vaisseau, que le voyage entrepris n'ait été achevé,
à peine de perte de ses gages.... Ordonnance,
août (681. Il Aujourd'hui, litre donné à un employé
non entretenu qui remplit quelques-unes des fonc-
tions attribuées au commis de la marine, jal. L'écri-
vain a qualité pour recevoir les testaments faits sur
mer. || Écrivain apostolique, secrétaire de la chancel-
lerie du pape. Il 2° Homme qui compose des livres.
Si quelqu'un s'étonne qu'après tant d'écrivains je
mette la main à la plume, il cessera de s'étonner
s'il vient à lire cet ouvrage, d'ablancourt, Arrien,
liv. I, ch. t. Travaille pour la gloire, et qu'un sor-
dide gain Ne soit jamais l'objet d'un illustre écri-
vain, coiL. Art p. IV. Qui dit froid écrivain dit dé-
testable auteur, id. ib. Que de tant d'écrivains de
l'école d'Ignace Étant, comme je suis, ami si dé-
claré, lE. Ép. X. Soyez plutôt maçon, si c'est votre
talent, Ouvrier estimé dans un art nécessaire. Qu'é-
crivain du commun et poète vulgaire, id. Art p. iv.
Éprise des beaux-arts, recherchant le génie Des
écrivains fameux que vante l'Ausonie, legouvé,
Épich. et Néron, i, ). Dos écrivains judicieux et
instruits ont à différentes époques écrit l'histoire de
votre pays, P. L. cour. Lettre à M. Delegorgue. Le
Pamphlet des pamphlets montra le talent de Cou-
rier arrivé à cette période de puissance où l'écrivain
n'imite plus personne et prétend servir d'exemple
,"1 son tour, CARBEL, Q-^uvres, t. v, p. 2i(. X me-
sure que P. Louis Courier produit, on peut remar-
quer son allure plus dégagée, plus libre, sa ma-
nière se séparant de plus en plus de celle des écrivains
auxquels on a pu d'abord le comparer, id. ib. t. v,
p. 21?. Les cieux pour les mortels sont un livre en-
tr'ouvert; Chaque siècle avec peine en déchiffre une
page, Et dit: ici finit ce magnifique ouvrage; Mais
sans cesse le doigt du céleste écrivain Tourne un
feuillet de plus de ce livre divin, lamart. Harm. ii,
4. Il 11 se dit aussi des femmes. Mme de Staël est un
très-bon écrivain. Il Absolument. C'est un écrivain,
c'est un homme habile dans l'art d'écrire. || 3° Es-
pèce de perche, poisson. || Insecte nuisible, nommé
aussi coupe-bourgeon.
— SYN. ÉCRIVAIN, AUTEUR. Auteur est plus géné-
ral qu'écrivain ; il se dit de toute composition litté-
raire ou scientifique, en prose ou en vers: un poète
on composant une tragédie, et un mathématicien
en composant un traité de géométrie sont des au-
teurs. Mais écrivain ne se dit que de ceux qui ont
écrit en prose des ouvrages de belles- lettres ou
d'histoire; ou du moins, si ou le dit des autres, c'est
qu'alors on a la pensée fixée sur leur style: Des-
cartes est un auteur de livres de philcsophie et de
WCT. DE LA LANGUE FHANÇAISB.
ÊCR
mathématiques, mais c'est aussi un écrivain. Uaclne
est un grand écrivain, par la mémo raison, parce
que son style est excellent, car eu égard à la forme
du langage employé on dira toujours que c'est un
grand poète.
— lllST. XII" s. La meie langue, chalemeals [ca-
lame] d'escrivang, ignelment [vite] escrivant, Liber
psalm. p. 69. E Acliidan e Bachidem assemlilerent
assez escrivains por requerre lor droit et lor rai-
son, ilachabées, I, 6. E Siba maistres escriveins,
e Sadoc e Abialhar pruveires [prêtres], iiots, p. 200.
Il XIII' s. Aprentif jugleor et escrivain marri, Berte,
I. Et s'il y avoit à amender par le vice de l'escri-
vain, il seroit esgardé et amendé par les auditeurs,
BEAUM. XL, 38. || xvi' S. Les autres nations, qui
pour la bonté des escrivans nous surpassent èsditos
choses, et ne seroient à comparer à nous, si escri-
vans ne nous eussent failiy, M. du bellay, Prolog.
Escripvain de la nave [commis dans un navire] , la
SALADE, f°3), dans lacurne. II y debvroit avoir
quelque coerction des lois contre les escrivains
ineptes et inutiles, comme il y a contre les vaga-
bonds et fainéants, mont, iv, e&.
— ÉTYM. 'Wallon, skryen; provenç. escriban; ca-
tal. escribâ; espagn. escribano; portug. escrirdo;
ital. scrivano; bas-lat. scribanus, dérivé du latin
scriba, scribe.
t ÉCRIVANT, ANTE (é-kri-van, van-t'), adj. Oui
écrit. La secte écrivante, ca'oalante, intrigante. Le
plus ambulant de vos amis, le plus écrivain et le
moins écrivant, se jette aux pieds de l'autel de l'a-
mitié et avoue d'un coeur contrit sa misérable pa-
resse, volt. Lett. Cideville, (9janv. (742.
ÉCRIVASSIEll (é-kri-va-sié; Vr ne se lie jamais;
au pluriel, l'sselie: des é-kri-va-sié-z ignorants) ,
s. m. Terme de mépris. Mauvais auteur qui écrit
beaucoup. Ah! qu'on s'étonne encore, m'écriai-je,
si tant d'écrivassiers assomment impunément de
leurs productions glacées un public assez indulgent
pour les applaudir même alors qu'il bâille, gilb. le
Carnav. des aut.
— ÉTYM. Dérivation péjorative d'écrivant.
t ÉCRIVE (é-kri-v'), i. /■. Arbre d'écrou de la
presse à apprêter les draps.
— ÉTYM. Écroji (.
t ÉCRIVEUR, EUSE (é-kri-veur, vel3-z'),s. m.elf.
Terme familier. Celui, celle qui écrit beaucoup de let-
tres, qui aime à en écrire. Je ne suis pas écriveuse,
m"' de villeroy. Lettres choisies, (75(, p. 280, dans
LAOURNE. Il On trouve aussi écriveux, mais c'est une
mauvaise orthographe pour écriveur, qui aux xvii*
et xviii" siècles se prononçait écriveux. Vous avez
de l'obligation à Langlade; ce n'est point un écri-
veux; mais il parait votre ami eu toute occasion,
sÉv. Lett. (3 mai (072.
— ÉTYM. Écrivant.
t ÊCROTAGE (é-kro-ta-j') , s. m. Action d'écroter;
la terre même qui provient de l'écrotage.
t ÉCROTER (é-kro-té) , t>. a. Enlever la première
terre d'un ouvroir de saline.
— ÉTYM. Probablement é.... pour es.... préfixe,
et crotte ou plutôt croate.
(. ÉCKOU (é-krou), s. m. Pièce de bois, de mé-
tal ou de toute autre matière solide, ])ercée d'un
trou ordinairement cylindrique, à l'intérieur duquel
règne en hélice une saillie adhérente nommée filet,
et qui reçoit une vis dont le filet aussi en hélice rem-
plit exactement les cannelures formées par le filet
de l'écrou, legoarant. Éorous mobiles. Écrous fixes.
— HIST. XV' s. I.a cloche qui point ne se muet
[meut], Com les contrepois et les roes. Qui tous dis
vont par leurs escroes, En tournant jusqu'à certaine
heure, eust. desch. Poésies mss. dans lacurne.
Il XVI" s. Par le moyen de la clef la vis tourne dans
une escroue, paré, xiv, 7.
— ÉTYM. Wallon, skrâw; ital. scrofola; du ger-
manique: angL screw; aUem. Schraube; holland.
schrxf; suédois, skruf; danois, skrue. Diez tire
écrou du latin scrobis, fossette; mais les formes,
particulièrement le wallon skrdv, s'y prêtent moins
bien qu'à la dérivation germanique. On remarquera
que, anciennement, on disait escroue, du féminin.
2. ÉCROU (é-krou), s. m. Article du registre des
emprisonnements, portant le nom du prisonnier, la
cause de l'arrestation. Dresser, lever un écrou.
— HIST. xiv* s. Plusieurs biens comme blez, vins
et autres choses pris de plusieurs bonnes gens, aux-
quels, pour ce que paiez n'estoient, eussent esté
faites et baillées plusieurs cedules ou escroes de ce
qui deu leur estoit, du cange, escroa. Iceluy bailli
avoit juré grand serment que le dit procès seroit
scellé et l'avoit reprins en sa main rentourteillié, et
le lie d'une escroe de parchemin en plaçant et met-
ECR
1297
tant de la cire sur la dite escroe pour icelui procès
sceller, id. ib. || xv s. Et estoieiit les lettres d'un clat
Datées en forme d'escroue, coquillart, Knquéte.
— ÉTYM. Bas-lat. scroa, scrua, un mémoire, une
cédule; escroa, cédulo, bandelette de parchemin.
Origine inconnue. Le sens parait être ce qu'on dé-
chire, lambeau: Melre escroe de tele [c'est-à-dire
mettre morceau do toile en doublure], Liv. des met.
370; En fuiant li ont fait les ronces mainte escroe,
Berte, xxxiii. De li le sens de lambeau de papier,
de registre, d'écrou. L'anglaisa dans le même sens
scroll; et comme cette langue n'en fournit pas l'éty-
moiogie, on peut conjecturer que c'est une altéra-
tion de l'ancien français escroele qui signifie une
lanière dans ces vers: Ele ne pot tenir as mains Es-
croele, drapel ne pieche [pièce].... Fabliaux mss,
n° 7989, f" 239, dans lacurne. Escroue a subi la
même transformation que écrou t : de féminin il est
devenu masculin.
ÉCROUÉ, ÉE (é-krou-é, ée), part, passé. Inscrit
sur le registre d'une prison. Êcroué à la prison.
t ÉCROCELLE (é-krou-è-1') , s. (. Nom vulgaire
de la crevette des ruisseaux.
ÉCROUEI.LES (é-krou-è-r), s. f. plur. Maladie
caractérisée par la tuméfaction des glandes du cou
et par une détérioration générale de la constitution ;
c'est la même chose que scrofules. Avoir lesécrouel-
les. Mme de Soubise avait eu beaucoup d'enfants
dont quelques-uns étaient morts des écrouellos, ST-
siM. 2(8, (86. Quarante misérables dévorés de pau-
vreté et d'écrouelles, volt. Lett. d'Argental, 20 sept.
(77(. Je n'ai trouvé, en arrivant, que des terres
incultes, de la pauvreté et des écrouelles, id. Lett.
Chardon, 20déo. (766. || Les rois de France passaient
pour tenir du ciel le don de guérir, par l'attouche-
ment, les écrouelles. Le titre de roi de France, dont
ses successeurs [d'Edouard III , d'Angleterre] ont
continué de se décorer, uniquement, disait le sati-
rique comte de Rochester, pour se conserver le pri-
vilège de guérir des écrouelles, saint-foix, Ess.
Paris, t. V, p. 84, dans pougens. Le roi dit: je n'ai
qualité Que pour guérir les écrouelles, béhano.
Contr. de mar.
— HIST. XIII' s. En col nuées [nouées] glandres
out [elle eut], K'hom escrouele numer sout [a cou-
tume de nommer], Édoword ie con/'. V. 2608 Se
les escroelles ou li maus saint Eloy Y faisoient
leur niz, comme en leur franc aloy.... j. de meung,
Test. (2B8. Il xv s. Le suppliant avoit une seur que
l'en disoit estre malade des escroelles, du cange,
scroellx. \\ xvi' s. Les scropliules dites couslumiere-
ment escrouelles, paré, v, (4.
— ÉTYM. Bas-lat. scrofellx, dérivé de scrofulx
(voy. scrofules).
fÉCROUELLÉ, ÉK (é-krou-è-lé, lèe), adj. Qui
est atteint des écrouelles.
— ÉTYM. Écrouelles.
t ÉCROCELLET (é-krou-è-lè) , s. m. Terme de vé-
térinaire. Tumeur qui survient à la région cervicale
chez le breuf.
t ÉCROUELLEUX, EUSE (é-krou-è-leû, leû-z'),
adj. Qui a rapport aux écrouelles. || Qui est atteint
des écrouelles, et, substantivement, un écrouel-
leux. Les écrouelleuses.
— HIST. xvi' s. Ce meschant humeur altère et
pourrit les os et rend les pauvres escrouelleux fé-
briles, PARÉ, V, (9.
— ÉTYM. Écrouelles.
ÉCHOUER (é-krou-é), f. a. Inscrire un acte d'ar-
restation sur le registre des écrous: emprisonner.
On l'a écroué tel jour. Criant au geôlier de fermer
la porte, attendu, disait-il, que j'étais un voleur et
qu'il voulait m'écrouer, lesage, Guzm. d'Alf. iv, V.
Il se loue fort du procédé de ces messieurs; on ne
saurait être écroué avec jilus de civilité, interrogé
plus sagement, ni élargi plus promptenient qu'U n'a
été, p. L. COUR. Collectiort d'articles, i" nov. (823.
— HIST. XVI* s. Nous voilà dedans, on nous prend
et fusmes encrouez, d'aub. Fœn. 11, (.
— ÉTYM. Écrou 2.
ÉCROUES (é-kroue), s. f. plur. Autrefois états ou
rôles de la dépense de bouche de la maison du roi.
— ÉTYM. Écrou 2.
ÊCROUI, lE (é-krou-i, le), part, passé. Du fer
écroui.
ÉCROUIR (é krou-ir), v. a. Terme de métjillurgio.
Rendre un métal plus dense et lui donner du res-
sort, en le battant à froid ou en le faisant passer
à travers les trous successifs de la filière. HS'écrouir,
t'. réft. Etre écroui. Ces fers se sont écrouis facile-
ment.
— ÉTYM. Origine douteuse. Ce serait écrou 1 , si la
filière avait été d'abord le moyen de l'écrouissage.
l. _ 163
12'J8
ECS
tÉCRODISSAGE (é-krou-i-sa-j'), ». m. Action
rl'écrouir. L'écrouissage des métaux en augmente la
cluniilé. Un bon écrouissage.
— ÊTYM. Écrouir, par écrouissant.
fiCROUISSEMENT (é-krou-i-se-man) , «. m. Ac-
lioD (l'écrouir; augmentation de dureté et de den-
sité qui en résulte. On augmente l'élasticité de cer-
tains métaux par récrouissement.
— ÈïYM. Écrouir, par écrouissant.
ËCItOULÉ, ÉE (é-krou-lé, lée), part, passé. Un
mur écroulé. Parmi ces colonnes étaient de grands
édifices, les uns entiers, les autres demi-écroulus,
voLNEï, Iluinet, i. || Kig. Un empire écroulé Je
voulais, menant au but la foule, Avec \i siècle qui
s'écroule. Confronter le siècle écroulé, v. hugo,
Odes, m, 8.
ÉCROULEMENT ( é-krou-le-man ) , s. m. Chute
d'un mur, d'un édifice, d'une montagne, etc. Ils
l'aperçoivent [Rostopschine] au milieu des flammes
qu'il attise, sourire à l'écroulement de cette superbe
demeure, ségur, Uist. de Napol. viii, 9. || Fig. L'é-
croulement de la fortune d'un ministre. Mes com-
pagnons, vous le rappelez-vous ce champ funeste
où s'arrêta la conquête du monde, où vingt ans de
victoires vinrent échouer, où commença le grand
écroulement de notre fortune? ID. ib. ix, 4.
— RTYM. Écrouler.
ÉCROULER (S') (é-krou-lé) , ti. réfl. || 1° Crouler
somplétement. Ces temples renommés, ces palais
magnifiques Dans les feux dévorants s'écroulent sans
retour, leoouvé, Épich. et Néron, i, t. || 2" Fig.
Sa fortune s'est écroulée. Renversés par le temps,
k'S empires s'écroulent, m. j. cnÉNiERj Œdipe à
Coi. II, ). Peuple, empire, guerriers, tout s'écroule
avec lui, viennet, Clovis, m, to.
— REM. Avec le verbe faire et avec laisser, on
peut admettre l'ellipse du pronom personnel : Les
pluies ont fait écrouler le mur. Mais il ne faudrait
pas imiter cette phrase de Massillon : Elle a pensé
périr et écrouler sous le poids de sa propre gloire,
Or. fun. de Louis II V.
— HIST. xvi" S. Là estoit ung sycomore anticque :
elle l'escroula par troys foys et sus huict feuilles qui
en tombarent.... rab. Pant. m, <7. Cecyjadiz nous
prefiguroit la pylhie, quand, avant respondre, es-
croulloyt son laurier domesticque, id. ib. m, 45.
— £TYM. É pour Ci.. ..préfixe, et crouler; Berry,
égroler, s'égroler. Le sens d'écrouler est secouer,
agiter.
t ÉCROCTAGE (é-krou-ta-j'), s. m. Action d"é-
oroûter une friche, une terre inculte.
ÉCROOtê, ËE (ékrou-té, tée), part, passé. Du
pain écroùté.
t ÉCROCtement (é-krou-te-man), s. m. Action
d'écroùter; résultat de cette action.
— HIST. XVI' s. Escroustement, ouum.
— ÉTYM. Écrouler.
ÊCROÛTER (é-krou-té), v. a. || 1" ôter la croûte,
ficroûter le pain. || 2- Terme rural. Labourer super-
ficiellement un ancien guéret, en détacher la su-
perficie en tranches plates.
— HIST. xvi' s. Escrguster, oudin.
— f.TYM. É pour es.... préfixe, et croûte.
ÉCRU, UE (é-kru, krue), odj. |! 1° Qui n'a point
été soumis à l'eau. Soie écrue. Des brodequins de
cuir écru. Fil écru, fil qui n'a point été lavé. Toile
écrue, toile qui n'a point été blanchie. Le cultiva-
teur est payé avec de l'argent qui revient toujours
à la compagnie et avec quelques toiles bleues ou
écrues, tirées du Coromandel, h.wnal, I[ist. phil.
II, 8. Il Fer écru, celui qui, ayant été brûlé ou mal
corroyé, se trouve nièlé de crasse. || 2° S. m. Qua-
lité de ce qui est écru. De la soie dans sou écru.
Il ÊtofTe écrue. Des écrus de la Chine.
— HIST. XIII* s. Et qui voudra faire œvre de fil
escru, si face raie de fil teint, Liv. des viét. 89. Il
ont acordé au dit mestier que l'en ne doit estre te-
nuz à respondre d'uevre fors tant corne ele est es-
crue tant seulement, ib. 392. || xv" s. Une très haute
iallo toute couverte de draps escrus de Normandie,
lesquels draps ou avoit fait venir de plusieurs lieux,
FhOiSS. III, IV, t.
- ETYM. Cru, adjectif, aveccsépenthétique don-
nant seulement plus de force au mot : qui n'est pas
sorti de l'état de crudité, de non préparation.
t ÉCRUES (é-krue), s. f. plur. Terme d'agricul-
ture. Bois qui ont crû spontanément sur des terres
labourables.
-- HIST. XVI» s. Escrue, Couslum. génér. t. i,
p. »<», dans LACURNE.
crôûre^^"' ^'"" P'"^''"' *' "^i l'^r'- P^ssé de
t ECSAKCO.'VIK (Ck-sar-kj-m'), s. m. Terme
ÎÎCFJ
de chirurgie. Excroissance charnue. || Peu usité.
— ÉTYM. 'Ex«âpxi>)(ia , de ix, et oàpxui«i, sar-
come (voy. SARCOME).
t ECTASE (èk-ta-z'), s. f. Terme de prosodie
grecque. Allongement d'une syllabe brève.
— ETYM. 'ExTa^iî, extension, de éx, et Tà^iç,
tension, ref/eiv, tendre (voy. tendre, verbe).
t ECTASIE (èk-ta-zie), s. f. Terme de médecine.
Nom générique des maladies caractérisées par un
état de dilatation.
— ÉTYM. Voy. ECTASE.
■f ECTUESE (èk-tè-z'), s. f. Nom d'une fameuse
confession de foi, publiée en 839, par l'empereur
Héraclius, pour ne reconnaître qu'une volonté dans
Jésus-Christ. Il proposa son ecthése ou exposition,
BOSS. Ilist. 1, U.
— ÉTYM. 'ExOeo-iç, de U, et Uaii;, thèse, propo-
sition (voy. thèse).
t ECTUÉSIEN (èk-té-ziin), s. m. Sectateur de
l'ecthèse d'Héraclius.
— KTYM. Eclhèse.
fECTULIPSE (èk-tli-ps') , s. f. Terme de proso-
die latine. Ëlision d'une syllabe finale terminée par
une m ; multum ille, ou par une s; bonu vir pour
bonus vir.
— ÉTYM. *ExOXti)(t;, suppression, de éx, et 6Xi-
i)/tç, écrasement.
t ECTHYMA (èk-ti-ma), ». m. Terme de méde-
cine. Phlegmasie cutanée qui attaque les follicules
sébacés etqui est caractérisée par des pustules larges,
arrondies, ordinairement discrètes, à base dure et
enflammée, auxquelles succède une croûte plus ou
moins épaisse.
— ÉTYM. 'Ex6u|ia, de èx, etôÛEtv, faire éruption.
t ECTILLOTIQUE (èk-tillo-ti-k'), odj. Terme de
médecine. Synonyme de dépilatoire.
— ÉTYM. 'Ex, et TiUeiv, arracher.
t ECTOPAGE (èk-to-pa-j'), adj. Terme de térato-
logie. Les monstres ectopages, et, substantivement,
les eclO|)ages, monstres composés de deux individus
qui ont un ombilic commun, et qui sont réunis la-
téralement sur toute l'étendue du thorax.
— ÉTYM. TîxTo?, en dehors, et uafciç, fixé.
t ECTOPHLÉODE (è-kto-fié-o-d'), odj. Terme de
botanique. Lichens ectophléodes, lichens qui crois-
sent à la surface des plantes.
— ÉTYM. 'ExTà;, en dehors, et <p).oiiv, écorce.
I ECTOPIE (è-klo-pie), s. f. Terme de médecine.
Synonyme de luxation, de déplacement.
— ÉTYM. 'Ex, hors, et TÔnoç, lieu.
t ECTOPOGONE (è-kto-po-go-n'), adj. Terme de
botanique. Mousses ectopogones, mousses chez les-
quelles le bord de l'urne est garni de barbes exté-
rieures.
— ÉTYM. 'ExTàî, en dehors, et itusy'ùv , barbe.
t ECTOZOAIRE (è-kto-zo-fi-r'), s. m. Terme de
médecine. Nom donné aux insectes parasites qui vi-
vent à la surface extérieure du corps de l'homme
ou des autres espèces animales ; c'est l'opposé d'en-
tozoaire. L'acare de la gale est un ectozoaire.
— ÉTYM. 'Ext6ç, en dehors, et îmov, animal.
t ECTROMËLE (è-ktro-mè-l') , s. m. Terme de té-
ratologie. Genre de monstres privés de membres,
soit thoraciques, soit abdominaux.
— ÉTYM. 'ExTptôtû, je fais avorter (voy. ectro-
tique), et |ié).o;, membre.
ECTROPION (èk-tro-pi-on), s. m. Terme de chi-
rurgie. Renversement de la paupière inférieure ou
supérieure en dehors, ce qui les empêche de recou-
vrir l'œil.
— HIST. XVI* S. Ectropion, œil eraillé, quand la
paupière inférieure, par cicatrice ou autre occasion,
se renverse et ne peut couvrir son blanc, paré, xv, 6.
— ÉTYM. 'ExToomov, de ix, et Tpéntiv, tourner
(voy. trope), parce que la paupière se tourne, se
renverse.
I ECTROTIQUE (èk-tro-ti-k') , adj. Terme de mé-
decine. Synonyme d'abortif. Il Méthode ectrotique,
emploi de la cautérisation pour faire avorter les pus-
tules varioliques, le zona et l'érysipèle. || Substanti-
vement. Les ectrotiques, les aborlifs.
— ÉTYM. 'ExTputixo;, de éx, et Tpiôsiv, blesser,
d'où Tpû(ia, Tpaîj(ia (voy. tbaumatique).
t ECTYLOTIQUE (èk ti-lo-ti-k'), adj. Terme de
chirurgie. Propre à consumer les callosités.
— ÉTYM. "Ex, et tûXoç, callosité.
ECTÏPE (èk-ti-p'), s. f. Terme d'antiquaire. Co-
pie, empreinte d'une médaille, d'un cachet.
— ÉTYM. 'ExTUTto^, de in, en dehors, et TÛJto;,
type.
ECU (é-ku), j. m. Il 1* Bouclier que portaient les
chevaliers. L'écu était fait ordinairement en bois
couvert de cuir et garni d'un bord en métal, quel-
ECU
quefois seulement en cuir bouilli. Combattre avec la
lance et l'écu. || Terme d'astronomie. EcudeJeanSo-
bieski, petite constellation australe. ||2* Figure d«
l'écu représentant les armoiries. L'écu est le champ
qui renferme les pièces des armoiries. Écu écartelé.
L'écu de France. Elle [la poule d'eau] se promena
dans les fossés du château ; elle aime à se percher
sur les armoiries sculptées dans le mur; quand elle
se tient immobile, on la prendrait pour un oiseau
en blason, tombé de l'écu d'un ancien chevalier,
CHATEAUB. Génie du chr. i, y, 7. 113° Monnaie d'ar-
gent, ainsi dite parce que sur une des faces elle
portait, comme un écu de blason, trois fieursdelis.
Écu de trois livres. Écu de six livres. || Petit écu, an-
cienne pièce d'argent valant trois francs. Cela vous
coûtera un petit écu. ||En termesde compte. Mille
écus, trois mille francs. Le financier.... Lui dit: je
vous veux mettre aujourd'hui sur le trône; Prenez
ces cent écus; gardez-les avec soin. Pour vous en
servir au besoin, la font. Fabl. viu, 2, Soixante
mille écus d'argent sec et liquide Ont mis notre
fortune en un vol bien rapide, begnard, Ménecli-
mes, IV, 2. Loin de les rendre à ton Crésus, Va
boire avec ses cent écus, bérano. Élogede larich.
Il Êcu-sol, la plus ancienne monnaie d'or appelée
écu. Il ECU d'or au soleil, monnaie frappée sous
Louis XI et Charles VIII, avec un soleil au-dessus
de la couronne. || Écu blanc, pièce d'argent valant
trois francs. || Écu quart, ancienne monnaie de
compte, valant 64 sous. {| Quart d'écu, ancienne
monnaie d'argent, qui valait d'abord quinze ou vingt
sous, et qui, plus tard, en a souvent valu davan-
tage. Il N'avoir plus ni écu ni targe, être sans le
sou, se disait par un jeu de mot entre écu, bou-
clier, et écu, monnaie. ||4° De nos jours, pièce do
monnaie frappée à l'effigie du prince et valant cinq
francs. Un écu de cinq francs. || S" Absolument et
au pluriel, argent, richesse. Il a des écus. Mettre
écu sur écu, thésauriser. || Il est le père aux écus,
il a des écus moisis, se dit familièrement d'un
homme avare et riche. || Il remue les écus k la pelle,
il est très-riche. {| N'avoir pas vaillant un quart d'écu ,
n'avoir pas un écu vaillant, être pauvre. ]| Être au
bout de ses écus, être sans ressources. || Voici le reste
de notre écu, de nos écus, se dit, en plaisantant,
d'une personne qui arrive dans une compagnie, et
le plus souvent avec l'idée que cette venue est gê-
nante, déplaisante. Voici le reste de notre écu, dit
l'hôtesse; si nous n'avions pas d'autre pratique que
celle-là, notre louage serait mal payé, scarro:;,
iJom. com. ch. 6. Mme Jourdain apercevant Doi :
mène et Dorante : Ah! ah I voici justement le re>;
de notre écu, je ne vois que chagrins de tous c'
lés, MOL. Bourg, gent. v, < . || 6° Terme d'entomolu-
gie. Pièce du dos des insectes. || T Écu de mer,
congé que la douane délivre dans certains ports du
nord de l'Europe au capitaine d'un bâtiment de com-
merce qui a déchargé sa cargaison. || 8° Terme de
commerce. Papier de petite dimension. Écu double.
Il Proverbes. Vieux amis, vieux écus, c'est-à-diio
les vieux amis sont comme la vieille monnaie, les
meilleurs. || Cela ne lui fait non plus de peur qu'un
écu à un avocat, se dit d'une offre , d'une propo-
sition qu'on suppose devoir être bien accueillie. Un
médecin n'a non plus de pitié d'un homme qu'un
avocat d'un écu, hauterociie, Crispin méd. m, t.
Il ECU changé, écu mangé, c'est-à-dire une pièce d'ar-
gent, dès qu'elle est changée, estbiemét dépensée.
— HIST. Xi* s. Tans cops [il] a pris sur son escut
bucler, Ch. de Roi. xxxix. || xu*s. X son col [il] peut
un cscu bauvesin [de Beauvais], Ronc. p. 60. Plus
biaux princes de lui [que lui] ne put porter escu,
Sax. xxviii. Mult fu espiritaus [spirituelle] de sa
part la mellée. Quant fist de sa corune escu contre
l'espée; Aine [jamais] ne lur volt [voulut] guencbir
pur colp ne pur colée. Th. le mari. (53. Sire, tes
voies sunt nettes, e tes paroles sunt cume esmerécs
par fu [feu], et tu es escuz à tus ces ki espeireul
en tei , flots, p. 208. || xiii* s. Contre vent [elle] fa:;
oscud'arbrissiaus, moût y luite [lutte], Berle, x.xxv;:.
Qui l'escu porloit d'or, à un lion d'azur, ib. xu. Kl
i ot mainte lance brisie sur escu, ib. cxxxvu. Oi
n'a l'escu ne la maaille. Mes Renart n'Isengrin
n'en chaille, Ren. 7927. Or a la dame ainsi vescu,
Que de sa vie a fet escu Por s'ame desfendre et
covrir. Et por saint paradis ovrir Envers li après son
décès, BUTEB. II, I8B. Ses arriebans est venus, Es-
mez [estimé] à deux cent mil escus [chevaliers],
Parlonop. nu. dans lacurnk. Quant nous les veis-
mes venir, nous fichâmes les pointes de nos escus
au sablon, joinv. 2(5. Le roy sailli en la mer, dont
il fu en yaue jusques aus e.sseles; et ala l'escu au
col, et le heaume en la teste, et lo glaivt en la main,
toi
I
ECU -v^
jusque* k sa gent qui cstoient sur la rive do la mer,
Îd. 215. Il tv* s. Douze cents chevaliers d'un escu
rqiii n'avaient point d'autres chevaliers à leurs or-
dres], FROiss. I, I, 295. Se consuirent des glaives
si roidement en my leurs escus, qu'ils volèrent en
pièces, iD. Il, II, *3. J'ai veu partout honourer mon
escu, Et en tous lieux doubler ma seigneurie, eust.
DESCH. Compl. de la France. Honneur est ses droiz
escus. ID. Poésies mss. ^45, dans lacurne. Les
chevaliers tous desarmez jouoient aux escuz les uns
aux autres, pour eslre plus droitz et pour aucun
tour nouvel aprendre, Perceforest, t. v, f 6. Je me
fouvay du costé gauche, où estoient les gentils-
hommes des vingt escus, et les autres de la maison
du roy, et les pensionnaires, comm. viii, 6. || xvi's.
Donques estant tousjours plus à priser l'escu que le
teston, 0. DE SERRES, 72. Le soc qu'on emploiera à
ce défrichement n'aura qu'une aureille, appellée en
France l'escu; afin que par icelle seule les gazons
ou mottes se puissent renverser toutes d'un costé,
ID. 73. Escus du palais Optons], oudin.
— ÉTYM. Provenç. escut; espagn. et portug. es-
cudo; ital. scudo; du latin scutum, du grec oxOtoî,
peau et bouclier; radical sanscrit sfcu, couvrir.
tÉCUAGE (é-ku-a-j'), s. m. Terme de féodalit6.
Service auquel un écuyer était tenu envers le fief
dominant. ]| Droit que l'on payait pour s'exempter
(lu service mililaire. || Terme de blason. Droit de
pjr'er l'écu.
— HIST. xiv s. Et tiel tenant qui tient sa terre
par escuage, tient par service de chevalier, nu cange,
scutagium.
— ÉTYM. ECU.
f ÉCCANTEUR (é-ku-an-teur) , s. f. Terme de
charronnage. Espèce de cône creux que présente le
dehors d'une roue de voiture; inclinaison des rais
sur le m&yeu.
ÉCCBIER (é-ku-bié), s. m. Terme de marine.
Trou horizontal et rond, percé à l'avant du navire,
à droite ou à gauche de l'étrave, pour le passage du
câble attaché à une ancre, jal.
— ÉTYM. Equibien, le père rené FRANÇOIS, Es-
tays des merveilles de la nature, -162), dans jal;
eicitbier, en (643, dans jal; escnuvan (dont escau-
oan est une transcription grossière), qui a fait escu-
hier, jal; escouve, Commentarios d'Alboquerque ,
en 1557, dans jal. Origine inconnue.
ÉCCEIL (é-keull, Il mouillées, et non é-keuye),
«. m. Il 1° Rocher et, par extension, banc de sable,
de roches, de coquillage, de corail, qui, élevé à la
surface ou près de la surface des eaux, présente
aux navires qui passent le danger de s'y échouer ou
même d'y périr, jal. Donner sur un écueil. Ce port
est fermé par des écueils. Relever un écueil, pren-
dre note de sa situation. Le cœur ingrat de ce hé-
ros Braverait l'effort de mes larmes Comme un su-
perbe écueil brave celui des flots, tristan, M. de
Chrispe, u, t. Sûr que tous les siens seront ralliés
par sa victoire, par l'appât de ce riche butin, par
l'étonnant .spectacle de Moscou prisonnière, et par
lui surtout, dont la gloire, du haut de ce grand dé-
bris, attirait encore comme un fanal sur un écueil,
SÉGUR, Hist. de Napol. viil, 9. || 2° Fig. Il se dit de
tout ce qui est dangereux pour la vertu, l'honneur,
fortune, etc. Combien à cet écueil se sont déjà
isés? coBN. Cinna, 1, 2. Et voir leur fier amas de
luissance et de gloire. Brisé contre l'écueil d'une
tile victoire, id. Serlor. ii, (. La haine et la flat-
rie sont des écueils oii la vérité fait naufrage, la
ROCHEFOUCAULD , Mém. dans ricuelet. Voilà des
écueils à ma constance, et ces écueils se rencontrent
souvent, sÉv. <9. Cet écueil qu'on trouve sur la fin
de sa vie, m. 236. Ce tombeau fatal, écueil des
grandeurs humaines, fléch. le Tellier. Des écueils
de la cour ils sauvent sa vertu, boil. Sat. v Va
pâlir sur la Bible, Va marquer les écueils de cette
mer terrible, m. Sot. viii. La fausse gloire est l'écueil
de la vanité, la bruy. xi. Tes yeux, sur ma conduite
incessamment ouverts. M'ont sauvé jusqu'ici de mille
écueils couverts, rac. Brit. i, 4. Rhodes, des Otto-
mans ce redoutable écueil, id. Baj. u, 1. La foi
qui parait l'écueil de la raison, mass. Car. Ter. de
la relig. Tout deviendra tentation ou écueil à votre
faiblesse, id. t'b. Voc. Ainsi que saint Augustin,
sa.int Jérôme trouva son écueil dans les voluptés du
monde, chateaub. Génie, m, iv, 2.
— HlST. XIV s. Nature apprend au doigt à l'œil,
X se tirer de cest escueil. Traité d'alch. 390.
— ÉTYM. Provenç. escuelh, escueyll; anc. catal.
escoll; espagn. escollo; portug. escolho; ital. sco-
glio; du latin scopulus. Il y a dans l'ancien fran-
çais un autre escueil, qui signifie action de ras-
sembler, accueil, élan, et qui "ient û'ex-ctUigere.
ECU
ÉCUELLE (é-kuè-1'; kiiè est diphthongue et ne
fait qu'une syllabe), s. f. || 1° Vase creux contenant
la portion ordinaire d'une seule personne. EcucUe
de bois, de terre, d'argent. Il faut, perdant le jour,
esprit, sens et vigueur. Mourir comme Engucrrand
ou comme Jacques Cœur, Et descendre là-bas où,
sans choix de personnes. Les écuelles de bois s'é-
galent aux couronnes, Régnier, Sat. xvi. Diogène
n'avait pour tout meuble qu'un bâton, une besace
et une écuelle; encore, ayant aperçu un jeune^en-
fant qui buvait dans le creux de sa main : il fffap-
prend, dit-il, que je conserve encore du superflu,
et il cassa son écuelle, rollin, Jlist. anc. liv. xxvi,
)'" part. ch. Il, art. 6. Mon cher maître, répondit
Cacambo, Cunégonde lave les écuelles sur le bord de
la Propontide, chez un prince qui a très-peu d'é-
cuelles, VOLT. Cand. 27. || Prendre l'écuelle aux
dents, se mettre à manger. Au fond d'un antre sau-
vage Un satyre et ses enfants Allaient manger leur
potage Et prendre l'écuelle aux dents, la font. Fabl.
V, 7. Il Ils se raccommoderont à l'écuelle comme
des gueux , c'est-à-dire en mangeant ensemble.
Il Verser son écuelle, faire mal ses affaires. || Man-
ger à la même écuelle, manger ensemble; et, fig.
avoir des afl'aires, des projets communs. || Il a plu
dans son écuelle, il lui est venu beaucoup de bien.
Il Rogner l'écuelle à quelqu'un, lui retrancher de
sa subsistance, de son revenu. || Cela est propre
comme une écuelle à chat, se dit de quelque chose
de sale. D'autres, vu que le chat est un animal
qui lèche les plats comme si on les lavait, attri-
buent à cette locution un sens opposé et la di-
sent de quelque chose de propre, de net. || Mettre
tout par écuelles, ne rien épargner pour faire
grand'chère à quelqu'un. Et notre pédant com-
mença incontinent de mettre tout par écuelles,
chargeant la table d'une honnête collation, Fran-
cion, liv. IV, p. <6). || On dit dans un sens ana-
logue: tout va par écuelles. Comment I vous vous
plaignez que tout va par écuelle? legrand, Bot
de Cocagne, i, 3. || Anciennement. Archer de l'é-
cuelle, archer chargé d'arrêter les mendiants [les
mendiants portaient écuelle]. || Au moyen âge, dans
les dîners, même les plus grands, la part de chaque
convive se servait dans des écuelles. || 2° Le contenu
d'une écuelle. J'ai vu mille pauvres recevoir mille
écuelles de soupe à la porte de Marmoutiers, p. l.
COUR. I, < 83. Il 3° Écuelle d'eau, plante ombellifère
qui croit dans les marécages (hydrocotyle ■culgaris) ,
dite aussi herbe aux Patagons. || 4° Terme de marine.
Plaque de fer creuse sur laquelle s'appuie et tourne
le pivot du cabestan d'un navire. On dit aussi chau-
dron ou saucier. || 5° Terme de zoologie. Disque
que les deux nageoires ventrales forment en se
réunissant, chez certains poissons. || Proverbes. Il
n'y a dans cette maison ni pot au feu , ni écuelles
lavées, c'est une maison où tout manque pour la
cuisine. || J'aime mieux mon écuelle vide que rien
dedans, c'est-à-dire j'aime mieux n'avoir rien que d'a-
voir quelque chose en apparence et rien en réalité.
Il Oui s'attend à l'écuelle d'autrui a souvent mal
dîné , c'est-à-dire celui qui fait trop de fonds sur
autrui est souvent déçu.
— HIST. XII* s. Hom d'Aroaise ne vaut une cinele^
Trop par sont bon por vuidier escuele, Raoul de C.
48. Il xm* s. X tart manjue qui à autrui escuele
s'atent. leroux de lincy, Prov. t. ii, (95. Et doit,
por grâce deservir, Devant le compaignon servir. Qui
doit mengier en s'escuele, la Rose, (36U.5. Et si [la
femme de RutebeufJ n'est pas gente ne bêle. Cin-
quante anz a en s'escuele. S'est maigre et sèche,
RUTEB. 6. Il xiv"s. Lesquelx jouèrent ensemble toute
nuit à croix et à pille, et entre deux escuelles, et à
autres jeux, du cange, escuallium. {[ xv s. Avant
que je fisse ce marché, il ne me demeureroit plat
d'argent ni^escuelle à vendre ou à engager, fboiss.
III, IV, 25. Il y eut jusques à huyt cent chevaliers
seans à table, et si n'y eut celuy qui n'eust une dame
ou une pucelle à son costé ou à son escuelle, Perce-
forest, t. I, f" 2). Ainsi aura chascun une mienne
niepoe à son escuelle, ib. f° (26. Vint Lizane sa da-
moiselle qui apportoit l'escuelle du premier mets,
ib. f° 9(. Lors vindrent les servans et servirent du
dernier mets, qui esloit de chevrots de presse con-
fitz en espices, et c'estoit le souverain mets que on
servist adonc, et en avoit à chascune escuelle le
quartier d'ung, ib. f° (30. En grant escuelle peut
l'en faire mauvaise part, leroux de lincy, Prov. t. ii,
p. (96. Qui est loing de son escuelle est près de
son domaige, ib. p. 391. |1 xvi* s. Bassins, plats,
plats-escueles, assietes, escueles-à-oreille, salières,
cuoillers.... o. de serres, 88(.
— ÉTYM. Wallon, /lif/e; namur. «vva/e, chucli';
ECU
1299
provenç. eseudella; espagn. escudilla; portug. es-
cudela; ital. scodella; du latin sculella, diminutif
de scula, écuelle. Dans l'ancienne versification,
cucl, dans escuele, faisait deux syllabes.
ÉCCELLÉE (é-kuè-lée), s. f. Ce que contient une
écuelle. Une écuellée de soupe.
— HIST. xiii* s. Tandis que il aloient de leur hos-
tel à l'ostel du soudanc, frère Yves vit une femme
vieille qui traversoit parmi la rue, et portoit une es-
cuellée pleine de feu, joinv. 558. {| xiv* s. Et lors
metz tremper en une bêle escuelée d'eau clere l'aesle
d'une poulette, Modus, f° Lxxx, verso.
— ÉTYM. Écuelle.
t ÉCUISSAGE (é-kui-sa-j'J , s. m. Action d'écuis-
ser un arbre. ^
ËCCISSÉ, ÊE (é-kui-sé, sée), part, passé. Chêne
écuissé.
ÉCDISSER (é-kui-sé) , v. a. Faire éclater le tronc
d'un arbre en l'abattant. L'ordonnance veut qu'on
abatte les arbres à coups de cognée, à fleur de terre, ■
sans les écuisser ni les éclater, biciielet.
— HIST. xm" s. Laidement [il] t'a ton chapel trait;
Par poi qu'il ne t'a escuissié [coupé les cuisses] ,
Ren. <043(.
— ÉTYM. J^pour es.... préfixe, et cuisse.
ÉCULÉ, ÉE (é-ku-lé, lée), part, passé. Souliers
éculés.
ÉCULER (é-ku-lé), v. a. || 1° Marcher sur le lalon
de ses chaussures; le rabattre en marchant. || 2° For-
mer la cire en petits pains. On refond celte cire
pour la troisième et dernière fois: cette opération se
nomme éculer; elle consiste à mouler la cire en pe-
tits pains, Dict. des arts et met. Amsterd. ("67, ci-
ricr. Il 3° S'éculer, v. ré(l. Se déformer du côté du
talon. Des souliers trop courts s'éculent.
— HIST. XVI' s. Esculer [rompre le cul] , nicot.
Esculerune aiguille, id.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et cul; bourguig.
écueillai, équelai.
■\ ÉCULON (é-ku-lon) , s. m. Vase pour emplir les
planches où se font les pains de cire.
— ÉTYM. Éculer.
t ÉCUMAGE (é-ku-ma-j'), s. m. Action d'écumer.
ÉCUMANT, ANTE (é-ku-man, man-t'), adj. Oui
écume-, qui jette de l'écume. La mer battue par les
vents et écumante. Un homme écumant de colère.
L'onde était écumante sous les coups de rames,
FÉN. Tél. II. Là bornant son discours, encor tout
écumante, Elle souflle aux guerriers l'espril qui la
tourmente, boil. Lutrin, v. Et ce peuple au mépris
des traités solennels Par des chiens écumants chassé
jusqu'aux autels, benj. const. Walstein, iv, 5. Sur
un sable mobile ou des flots écumants, c. delav.
Paria, iv, 7.
ÉCUME (é-ku-m'), s. f. || 1° Sorte de mousse blan-
châtre qui se forme'à la surface des liquides agités,
chiiuffés, ou en fermentation. L'écume de la mer.
L'écume du pot au feu. Le vent avec fureur dans les
voiles frémit, La mer blanchit d'écume, et l'air au
loin gémit, boil. Longin, viii. La rive au loin gé-
mit blanchissante d'écume, rac. Iphig. v, 6. || Ëcume
de mer, un composé de plantes marines et de poly-
piers que les vagues jettent sur le rivage, et dont on
se sert pour engraisser les terres. || 2° Bave de cer-
tains animaux. Chevaux couverts d'écume. Ils [les
coursiers] rougissent le mors d'une sanglante écume,
rac. Phcd. V, 6. Il Ëcume de terre ou écume prin-
tanière, dite aussi crachat de coucou, crachat de
grenouille, écume dont s'enveloppe la larve d'un in-
secte hémiptère {l'aphrophore écumeuse). On adonné
le nom d'écumes printanières à ces amas de matière
mousseuse qu'on voit au printemps sur les herbes
des prairies; le peuple, qui en ignore la vraienature,
les prend pour des crachats de dilîérents animaux;
Poupart est le premier qui nous en ait donné l'his-
toire, bonnet, Confcmpi. na(. xii* part. ch. (3. Il II se
dit quelquefois de la sueur qui s'amasse sur le corps
du cheval. Ce cheval était couvert d'écume , Dict. de
l'Acad. Il 3° Fig. Partie la plus vile d'une foule. C'est
l'écume de la société. Elle [une colonie] n'étai* point
engendrée de cette écume de l'Europe, que la France
avait comme vomie dans le nouveau monde au temps
du Système, raynal, Hist. phil. xvi, 8. || 4° Scorie
des métaux en fusion. || Terme d'architecture. Nom
du mâchefer dans les ouvrages de rocailles. || Terme
de minéralogie. Écume de terre, substance calcaire,
blanc jaunâtre ou verdâtre des montagnes de Thu-
ringe et de Misnie. || Écume de fer, fer écaiUeui, fer
oligiste. Il Écume de manganèse, variété de manga-
nèse terreux. || Écume de mer, nom impropre d'une
variété blanche et légère de magnésite, dont on fait
les pipes dites d'écume de mer. Werner donne aussi
à la magnésite le nom de M'er Schaum, écume da
1300
ECU
t
mer; ce qui parait meltre à néant l'opinion de ceux
qui disent qiie pipe d'écume de mer est une corrup-
tion pour pipe de Cummer, nom du prétendu in-
venteur do CCS sortes de pipes. Ecume de mer, sorte
de faïence ou de terre de pipe produite artificielle-
ment de la manière suivante : on extrait de certai-
nes carrières de la Crimée cette terre de pipe qu'on
élend, qu'on agite et qu'on lave pendant plusieurs
jours dans de grands bassins remplis d'eau; on la
broie et on ja passe ensuite avec soin pour la pur-
ger de toutes matières étrangères, puis on la pétrit,
et on en forme de petites masses qu'on fait bouillir
dans du lait et ensuite dans de la cire mêlée à de
l'huile de lin, delauoude. Émaux, p. 259.
— IIIST. XIII' s. La mer s'en va et vient et tousjours
iete escume, La foie et la sage. \\ xvi« s Du cliar-
MH ou de l'escume de mareschal, pour en bannir
toute nuisible humidité, 0. de serres, t3». L'es-
cume de la soie est la première matière que vomis-
sent les vers, de laquelle ils jettent les fondemens
de leur édifice, id. 489. Un menu sable, ressem-
blant à celle escume sèche que l'on voit sur la grève
de la mer quand elle s'est retirée, amyot, Eumènes,
34. Protogenes ayant parfaict l'image d'un chien las
et recreu, à son contentement en toutes les aultres
parties, mais ne pouvant représenter à son gré l'es-
cume et la bave mont. 1, 264.
— ÊTYM. Wallon, home; namur. chime, chume;
provenç. espagn. et portug. escuma; ital. schiuma;
du germanique: anc. h. allem. scûm; scandin. skûiii;
allem. Schaum; ce mot se trouve aussi dans le cel-
tique : gaél. sgûm. Le c d'écume écarte le latin
spuma.
ÊCCMÉ, ÉE (é-ku-mé, mée), part, passé. || 1° Dont
on a ôté l'écume. Le pot-au-feu bien écume. || 2° Fig.
Ramassé çà et là. 11 n'est pas un bandit écume dans
nos villes, Pas un forçat.... Qui veuille mordre en
France au pain des tra<iisons, v. hugo, Crép. to.
J5CUMÉNICITÉ, ÉCCMÉNIQUE, ÉCUMÉNIQUE-
MENT, voy. œcuménicité, etc.
ÉCUMEIl (é-ku-mé). || l» Y. n. Se couvrir d'écume;
jeter de l'écume. La mer écume. Cette bière écume.
Le chien haletait et écumait. Cerbère l'a versé, ja-
dis ce monstre esclave Fit écumer sur lui sa veni-
meuse bave, ROTROu, Hercule mour. iv, 1. Le qua-
drupède écume, et son œil étincelle, la font. Fabl.
Il, 9. On réprime, on ménage, on dompte son ca-
price; Il marche en écumant, mais il nous rend
service, volt. Snphon. v, t.||Fig. Êcumerdc rage,
do colère, être au dernier degré d'exaspération. Des
officiers m'ont dit les [les paysans suédois] avoir
vus écumer de colère, volt. Charles XII, 6. || Il se
conjugue avec l'auxiliaire avoir. {{ 2° V. a. ôter
l'écume qui se forme sur un liquide en ébulUtion.
fcumer la soupe. Ecumer des confitures. {| Populai-
rement et fig. Ecumer les marmites, vivre en para-
site. Il Fig. Écumer le pot de quelqu'un, faire pour
lui les affaires de la maison. Je laisserai écumer
mon pot à qui voudra, eév. 30b. Mon pot est
étrange à écumer les dimanches [j'ai beaucoup de
monde ce jour-là], id. 431. || Terme de fauconne-
rie. Écumer la remise, se dit de l'oiseau qui pas.se
sur le gibier sans l'apercevoir et sans s'arrêter.
Il 3° Fig. Débarrasser. J'écumais voire chambre des
f:\cheux dont je la voyais remplie, sÉv. 34. || 4° Fig.
Prendre l'écume d'une chose, c'est-à-dire une idée
vague, une notion peu précise. J'écumai queli|ue
chose de ces détails [sur Mme des Ursins], mais,
pour leur précision, je ne l'ai bien sue que depuis,
ST-siM. (47, 444. Mme de Lillebonue et ses deux
filles s'aperçurent les premières de la confiance
.que Choin avait acquise, et devinrent ses meilleu-
res amies; M. de Luxembourg, qui avait le nez
bon, l'écuma, m. 24, n. \\ Ecumer, prendre çà
et là. Écumer des nouvelles. La chambre regorge
d'intrus; Peins-nous l'un de ces bas ventrus, Aux
dîners qu'il écume, bérano. J'i'nrht/m^. || 6° Écu-
mer les mers, écumer les côtes, y exercer la pira-
terie. Les corsaires ne ce.ssaient d'écumer toutes
les côtes et de faire mille ravages, vaugel. Q. C.
VIII, 8. Il se mit en têle d'écumer les mers pour
son compte, lesage. Diable boit. ch. I6. || Par ex-
tension. Tu m'as bien l'air d'écumer les grands
chemins, Don Quichotte, part. 11, dans leroux,
Itict. comique.
— IIIST. XII' s. Et or m'estuet la cuisine garder.
Et le feu fere, et la char escumer, Bat. d'Àleschnits,
V. 3561. Il XIII' s. Bel mel cuit e escume, Us. St-Jean.
Renart vit qu'il pe pot durer. Ne por foir ne por
aler; La boche li veit escumant, lien. 21, 337. Car
je fais ces pots e.scumor Et la porée crasse et blan-
che, Denier et Brebis, dans juiunal, t. 11, p. 2^6.
Il XV' s. Maistre Jehan Compaing et un aultro licen-
ÉCU
ci6, escumans latin [pédants], Chron. scandai, de
Louis XI, p. 77, dans lacurne. || xvi' s. Mais si
nous avions aussi bien lieu de parler, j'estime que
leur ardeur, dont ils escument si asprement contre
nous, seroit un peu refroidie, calv. Inslit. Dédie. Ce
sont amorces pour escumer l'argent dos bourses, id.
16. 867. Le dit sieur recteur suoit, tempestoit, escu-
moit et frappoit du pied, Sat. Mén. p. 96. Nos mais-
tres passent ces raisons en escumant [légèrement],
mont. I, 118. Escumans toute la mer Mediterrane,
avec petits vaisseaux légers de coursaires, amyot,
V. Mm.. 9. Il nettoya ces mers de tous ces larrons,
qui paravant y souloient escumer, id. Pomp. 4).
Celle qui t'a enfanté c'est la mer. Et les rochers qui
la font escumer, id. Comment discerner le fiait, de
l'ami, 45. Givri, servant de capitaine à plusieurs
capitaines, escuma la teste des premiers, et puis,
poussé dedans par la charfr" qui se fit à bon escient,
se demesle entre les jambes des chevaux, d'aub.
Ilisl. m, 202. Mais ceux-là ne soustindrent la charge
qu'en escumant [résistèrent mal], id. ib. m, 36 1.
Quand le duc d'Alhe passa vers Flandres, tout le
bruit commun estoit qu'en faisant semblant d'escu-
mer Genève, que tout à plat iU'alloit assiéger, dbânt.
Cap. fr. t. IV, p. 190, dans lacurne. Sans trop es-
cumer le latin [affecter la science], Œuvres de
R. DE collerye, p. 83, dans lacurne.
— ÉTVM. Écume; wallon, houmer; namur. chu-
mer; provenç. et portug. escumar; ital. schiumare.
] fiCUMERESSE (é-ku-me-rè-s'; , s. f. Écumoire
de rarfineur de sucre.
— Rtym. Écumer.
t ÉCUMETTE (é-ku-mè-l') , s. f. Écumoire de fa-
bricant de papier.
— ETYM. Écumer.
ÉCUMEUR(é-ku-meur), s.»n.|| l'Cclui qui écume.
Il Fig. Un écumeur de marmites ou de table, un
parasite. Tu t'imagines bien qu'un jour qu'il don-
nait à dîner à l'ambassadeur de France et à plusieurs
autres seigneurs, il ne vit pas sans peine arriver
deux écumeurs de table, lesage, Guim. d'Àlfar.
m, 10. Il 2* Un écumeur de mer, un corsaire ou pi-
rate. Il Absolument. Les méchants voient le soleil
comme les bons, et les mers ne font point meilleur
mine à la barque d'un marchand qu'à la frégate d'un
écumeur, malii. le Traité des bienf. de Sénèque,
IV, 25. Il Fig. Se dit aussi des corsaires littéraires,
des plagiaires.
— HIST. XV' s. Et n'attendoient ces dessus dits
escumeurs de mer autre chose que les nouvelles leur
vinssent que la guerre fut ouverte [gens de mer de
toutes nations gagés par Philippe contre les An-
glais], FROiss. 1, I, 7S. Et avoient en leur armée
vaisseaux qu'on dit balleniers, qu'escumeurs de mer
par coutume ont volontiers, id. ii, m, H2. ||xvi's.
Les pirates et escumeurs de mer, ahïot, Lucull. 6.
— ÉTYM. Écumer.
ÉCUMECX, EUSE (é-ku-meù, meû-z'), adj. Qui
est couvert d'écume, qui jette beaucoup d'écume.
Une bouche écunieu.se. Votre ennemi superbe, en
cet instant fameux, Du Rhin près de Tholusfend les
flots écumeux, boil. Épit. iv.
— lïTYM. Écume.
ÉCCMOIRE (é-ku-moi-r'), s. f. || l'Ustensile de
cuisine en forme de cuiller ronde, mince, et percée
de beaucoup de trous, servant à écumer la marmite.
Il II a la figure comme une écumoire, il est extrê-
mement marqué de petite vérole. {| 2° Terme de
marine. Plaque de métal percée de trous pour éga-
liser et polir le fil de caret lorsqu'il a été filé.
Il 3° Terme de fondeur. Sorte de cuiller pour ôter
la crasse des métaux fondus.
— REJI. On a dit écumoir au masculin : Les écu-
moirs servant à confitures et dont les manches sont
de virolle, seront marqués et contremarques au
corps; le manche sera marqué du poinçon du maî-
tre, Itèrilement. 30 déc. 1679.
— CTYM. Écumer; wallon, houmerèse.
t ÉCURAGE (é-ku-ra-j'), s. 7». Action d'écurer,
de nettoyer; résultat de cette action. || Terme de
métallurgie. Nettoyage de la tôle destinée à la fa-
brication du fer-blanc.
— ÉTYM. Écurer.
ÉCURÉ, ÉE (é-ku-ré, rée), part, passé. Un puits
écuré. 11 faut que le linge soit blanc, la vais.selle
bien écurée, les salles où l'on mange balayées régu-
lièrement tous les jours après le repas, rolun,
Traité drs El. liv. vi, 2' part. ch. 1, art. ).
■)■ ÉCUREAU (é-ku-rô), s. m. Ouvrier qui écure
les cardes, les chardons dans une manufacture de
draps.
— ÊTYM. Écurer.
+ ÉCITRJËK (é-ku-rée), î. f. Garniture d'une ."^er-
ECU
rure de siireté, brasée et mise sur le tour potir être
dressée.
t ECUREMENT (é-ku-re-man) , s. m. Terme raral.
Raie qui, traversant un champ ensemencé , facilite
l'écoulement des eaux.
— F.TYM. Écurer.
ECORER (é-ku-ré), v. a. Débarrasser de toute or-
dure. Écurer un puits. Il roule les yeux en man-
geant; la table est pour lui un râtelier; il écure ses
dents et il continue à manger, la bbuy. xi. Mais
est-il bien possible que ma sœur soit en Turquie?
disait-il. — - Rien n'est si possible, reprit Cacambo,
puisqu'elle écure la vaisselle chez un prince de
Transylvanie, volt. Candide, 27. || Kniever la bourre
dont les chardons se sont remplis en parant les
draps. Il Proverbe. Il faut aller à Pâques écurer son
chaudron, c'est-à-dire nettoyer sa conscience, aller
à confesse.
— SYN. ÉCDBER, CURER. Cesdeux mots ne diffèrent
que par le préfixe é, es; à la vérité, on a dit que
écurer c'était nettoyer avec du sablon, du charbon
ou autre chose semblable; mais comme l'Académie
dit écurer un puiis et la Rruyèie écurer ses dents,
cette distinction ne peut subsister; la seule nuance
serait que écurer signifierait curer complètement.
— HIST. xm' s. K'amours netie et escure Le cuer
k'ele a bien saisi. Poésies mss. du Vatican, dans
LACURNE. Devant la mie-nuit li tems un peu s'es-
cure, Berte, xlii. Les simples gens asseilrées. De
toutes cures escurées. Fors de mener jolivetés Par
loiaus araiabletés, la Rose, 8480. || xiv s. Que au-
cuns ne puisse ou doie soubz icelle peine escurerau
foulon aucun drap à sain [graisse], du cange, ei-
curare. Il XV' s. Dont je puis bien conclure sans
pechier, Par les signes que l'euvangile escure. Que
le monde veut sa fin adressier, eust. desch. Poé-
sies mss. dans lacurne.
— ÉTYM., Wallon, hurer; Berry, le temps s'é-
cure, s'éclaircit; prov. et espagn. escurar; lombard
sgurd; du latin ex-curare, ex et curare, soigner
(voy. curer), d'après Diez qui écarte l'étymologie
germanique : suédois, skura; hoUand. schuren;
allem. scheuern ; &ng\. tnscour, nettoyer, mots qu'il
regarde comme étant d'origine romane. Le celtique
a aussi le mot : gaël. sgur; irl. sguraim, nettoyer;
mais il est probable que là aussi l'origine est ro-
mane. L'ancien français avait en outre l'adjectif
escure, sans souci, qui vient du latin ex, sans, et
cura, souci.
t ÉCURETTE (é-ku-rè-f), s. f. Sorte de grattoir
de luthier. || Instrument pour nettoyer les chardons.
— HIST. XIII s. Rasoers, forces [ciseaux] et gui-
gnoeres, escuretes [cure-oreilles] et furgoeres ,
Fabliaux mss. de Saint-Germain , dans lacurne.
— ÉTYM. écurer.
ÉCUREUIL (é-ku-reuU, li mouillées, etnoné-ku-
reuye), s. m. || 1° Petit quadrupède de la famille
des rongeurs, vivant sur les arlires. L'écureuil est
un joli petit animal qui n'est qu'à demi sauvage
et qui, par sa gentillesse, par sa docilité, par
l'innocence de ses mœurs, mériterait d'être épar-
gné, BUFFON, écureuil. || Figurément. C'est un écu-
reuil, il est vif comme écureuil, se dit d'un jeune
homme vif et qui tient à peine en place. Je suis
flexible conime une aiguille et vif comme un lézard,
et travaillant toujours comme un écureuil, volt.
Lett. d'Argental, 22 oct.)7B9. || 2° Écureuil jappant,
nom vulgaire du tynomys social (rongeuis). || Écu-
reuil volant, nom vulgaire collectif des genres plr-
romys et sciuroptère (rongeurs). L'écureuil volant,
qui a de grands rapports avec l'écureuil commun,
se rapproche beaucoup moins de l'oiseau jiar l'aciion
de voler que la chauve-souris, bonnet, Contempl.
nal. 3' part. ch. 28. || 3° Nom de plusieurs poissons
et d'un papillon de nuit.
— HIST. XIII' s. Atant es-vos Rosselvenu, L'es-
curel au peliçon rox, iten. 23333. Vair, escuriaur,
lièvres, counins, chevrel.... doivent, les xxv piaus,
obole de tonlieu, tir. des met. S24. Me garantis! et
cors et teste, Forré d'agniaus, cist miens buriaus,
Comme pers forré d'escuriaus, ta Rose, 9t (6. Soyés
es euvres natureus Plus vislesque unsescureus, ib.
t9892. Il XVI' s. Là je voi l'escurieu, qui, faisant jà
du sage. Sans contempler le ciel, le temps futur
présage, dubahtas, dans ménage.
— ETYM. Berry, écurieux; wallon, ipirou; Ar-
dennes, .ïfciron, écuran; provenç. escurol ; espagn.
et portug. esquito; ital. scojallolo; bas-I.it. squirw
lus, scuriolus ; du latin sciurtis, du grec oxioupoç,
de ffxià. ombre, et oOpà, queue ; l'animal qui sa
fait de l'ombre avec sa queue. Le wallon spirou a
son correspondant dans le bas-lat. esperiolus; ce
qui montre que le se latin peut se changer en sp.
ECU
ÉCCREUR, ECSE(é-ku-reur, reû-z'), s. m. et/".
Celui, celle qui écure de la vaisselle, etc. || Ouvrier
qui écure les chardons dans une manufacture de draps.
— ÊTYM. Écurer.
ÉCURIE (é-ku-rie), s. f.\\l° Habitation réservée
aux solipèJes et particulièrement au cheval. On m'é-
leva jusqu'à quatorze ans dans un palais auquel tous
les châteaux de vos barons allemands n'auraient pas
servi d'écurie, volt. Candide, it. \\ Fermer l'écurie
quand les chevaux sont dehors, prendre des pré-
cautions quand le mal est arrivé. || C'est un cheval
à l'écurie, se dit d'une chose qui nécessite des frais
sans être utile. |I Les écuries d'Augias, voy. étables.
Il Entrer comme dans une écurie, entrer dans un
lieu grossièrement et sans observer aucune politesse.
Il Elevé dans une écurie, il sent l'écurio, c'est un valet
d'écurie, se dit d'un homme grossier dans ses propos.
Il On ditd'une chambre sale : c'est une écurie, une
vraie écurie. 11 couche dans une écurie. || 2» Train,
équipage d'un prince. La grande, la petite écurie.
Il 3° Terme de marine. Bâtiment pour transporter
les chevaux.
— mST. xv« s. Escuyer d'escuyrie du duc de
Bourgogne, Boucic. hist. i, 30. Un chevaucheur
d'escuyrie dudit duc, comm. im, B.Guillaume estoit
•m son scure ou granje, où il batoit du blé, nu
CANGE, scura. Escuirie de beau gouvernement, eust.
DEScii. Poésies mss. dans lacurne. || xvi" s. Eschan-
son, escuyer d'escuirie, chambellan.... mont, u, 169.
— Rtym. Provenç. escura, escuria; bas-lat. scura,
seuria. La forme scure, le bas-latin scura, scuria,
montrent que le mot vientdu germanique : anc. haut
allem.s/cdra, sfeiura, étable; holland.i'c/iuur et al-
lem. Sclieuer, grange ; radical sanscrit, sku, couvrir.
Maison doit penser que escuyer a inllué pour don-
ner la forme en rie. L'italien scwcierm se rattache à
écuyer. Le fait est que la Fontaine semble avoir dit
écurie pour charge d'écuyer : Je le suis donc [mal-
heureux, à propos de poursuites q\i'il subissait pour
avoir pris indûment la qualité d'écuyer] grâces à
l'écurie. Et ne suis pas seul de ma confrérie, Œu-
vres, édit. Walclienaer, t. vi, p. 79.
■f ÉCURIEU (é-ku-rieu), s. m. Terme de blason.
Écureuil.
— ÉTYM. Voy. ÉcuREUii., à l'historique.
ÉCDSSON (é-ku-son), s. m. || 1° Écu d'armoiries.
L'écusson de France. L'outrage qu'on fait à l'écus-
snn de la princesse de Tarente, sÉv. 42) que
il'un des Capets.... Ait de trois fleurs de lis doté
/leur écusson, bojl. Sat. v. L'un sur son écusson
porte un casque sans grille, Dont le père autrefois
a porté la mandrille, boursaut, Ésope, m, 4. || Plus
particulièrement, petit écu qui en charge un plus
grand. || 2° Ancien terme de chirurgie. Sachet piqué,
taillé en écusson, dans lequel on renferme des pou-
dres cordiales et que l'on applique sur la région du
cœur et de l'estomac. || 3° Terme d'horticulture.
Morceau d'écorce taillé plus ou moins en écusson,
et portant un oeil ou bouton qu'on détache au mo-
ment de la sève pour l'insérer entre le bois et l'é-
corce d'un autre pied. Grefîeren écusson. || 4° Terme
de zoologie. Lame cornée du pied d'un oiseau.
Il Plaque calcaire dans la peau de certains poissons.
Il Pièce triangulaire sur le dos de la plupart des in-
sectes à élytres. Il Ecusson ou gravure, surface de
forme variable ayant sa base sur les mamelles de la
vache, s'élevant plus ou moins haut dans la région
périnéale, distincte par la direction particulière des
poils et signalée comme pouvant faire apprécier les
facultés lactifères des vaches. || B° Terme d'architec-
ture. Tablette ou cartouche représentant des pièces
héraldiques, des inscriptions, des figures, etc.
Il Terme de serrurerie. Nom de petites plaques de
fer qu'on met sur les serrures pour le passage de la
clef, et de toutes sortes de platines qui servent à
l'ornement. || 6° Terme de marine. Partie inférieure
de l'arcasse d'un grand bâtiment. Sorte d'ornement.
— HIST. XIV» s. Ou quel osteau [portail latéral]
seront faiz les quatre esvangelistres en quatre rons
qui seront ou dict osteau, avec huit escuçons qui
seront en huit autres rons, Bible des Ch. 5" série,
t. m, p. 237. Il XVI» s. Ils no voudroyent pas aussi
aider à la ruine de la France, laquelle ils sçavent
estre pour le dedans do la chrestienté un bon contre-
poids, et pour le dehors un très-ferme escusson,
LANOtiE, 380. appliquer emplastres, linimens, ca-
[laplasmes, epithemes, fomentations, escussons et
autres remodes, paré, 1, Préf. Un brayer duiiuel
l'escusson doit avoir trois eminences, id, vi, 15.
Venter à escusson , appelle aussi emplastration,
norceau et bouton, o. nE serres, 660. Tel œillet
choisi comme dessus sera enlevé avec uu morceau
|d'e3corce, '.aillée àla fls'"'0 ci'un simple et commun
ÉCU
escusson à armoiries (dont aussi ceste façon d'enter
porte le nom), m. 667. L'escusson de trois fleurs de
lis est celui que les sergents du roi doivent porter
pour estre connus et obéis en l'exercice de leurs
estais et charges, selon l'onionnanceduroi Charles ix
de l'an 16G0, LAUBifiaE, Gloss. du droit fr.
— ÉTYM. Diminutif de ^cu, que l'on représentera
par le latin fictif scutionem. L'ancienne langue
avait aussi un autre diminutif, cscussei: Galée peinte
dedans mer et dehors, à escussiaus de ses armes,
joiNV. litB. Anglais. sc!i(chco?t.
t ÉCDSSONNABLE (é-ku-so-na-bl'), ad;. Terme
d'horticulture. Qui peut Cire écussonné.
— HIST. xvi* s. AiUres jilantes que arbres esous-
sonnables, o. dk serres, 670.
— ÉTYM. Écussonner.
ÉCUSS0XN15, lîK (é-ku-so-né, née), part, passé.
Il 1° Grefié en écusson. Un poirier écussonné.
Il 2° Terme d'hisloire naturelle. Oui est muni d'un
écusson, ou dont l'écusson olîre quelque particula-
rité remarquable.
ÉCDSSONNER (é-ku-so-né) , V. a. Terme d'horti-
culture. Greffer en écusson.
HIST. XVI" s. Ainsi escussonne-on les jeunes
arbres au tronc, et les vieux es branches, o. de
serres, 669.
— ÉTYM. Écusson.
ÉCDSSONNOIR (é-ku-so-noir), s. m. Petit cou-
teau pour écussonner.
— ÉTYM. Écussonner.
ÉCCYER (é-kui-ié; l'rnesebe jamais; au pluriel,
Vs se lie : des é-kui-ié-z habiles), s. m. || 1° Ancien-
nement, gentilhomme qui portait l'écu d'un cheva-
lier. Trois simples écuyers, sans bien et sans secours,
VOLT. Tancr. i, i. Le service de l'écuyer consistait,
en paix, à trancher à table, à servir lui-même les
viandes, à donner ,\ laver aux convives, chateaub.
Génie, iv, v, 4. || 2° Écuyer tranchant, officier qui
coupe les viandes â la table des princes.jl Grand
écuyer tranchant, officier de table, servant le roi
aux grandes cérémonies. || 3° Titre des simples gen-
tilshommes et (les anoblis. Un tel, écuyer. On vous
contesterait après cela [être pendu] le titre d'écuyer,
MOL. II. de l'ourc. m, 2. || 4° L'intendant des écuries
d'un prince. || Le grand écuyer, officier présidant
à tout ce qui concerne les écuries et les chevaux
d'un monarque; sous l'ancienne monarchie on l'ap-
pelait tout court : M. le Grand. L'empereur voulut
l'apaiser, mais, ne pouvant s'en faire écouter, il se
retira, Caulaincourt le poursuivant toujours de ses
reproches.... Le lendemain. Napoléon ne put rame-
ner à lui son grand écuyer que par des ordres for-
mels et réitérés, ségur, Ilist. deNap.iw, 5. || Le
premier écuyer de la grande écurie, celui qui com-
mande en l'absence du grand écuyer. Il a sous lui
les écuyers de quartier. || Le premier écuyer de la
petite écurie, celui qui a soin des chevaux dont le
prince se sert ordinairement. On le nommait aussi
écuyer cavalcadour. || Ecuyer de main, celui qui
donne la main au prince, à une princesse pour
monter en voiture, et aus.si celui qui donne la main
aune personne de qualité et qui a le soin de l'accom-
pagner dans toutes les visites qu'elle l'ait. Comment
donc, madame, un écuyer? êtes-vous femme à
écuyer? dancourt, Chev. à lamode, iv, 4. || 5° Celui
qui enseigne, dans un établissement spécial, la
théorie et la pratique de l'équitation, qui dresse les
chevaux, etc. || Celui qui monte bien achevai. Cet
homme est bon écuyer. || Celui qui fait divers exer-
cices sur le cheval dans un théâtre. Une troupe
d'écuyers. Il 6° Écuyer de bouche, de cuisine, le
maître d'hôtel d'une grande maison. || Ecuyer de
bouche, officier qui range les plats sur la table de
l'office avant de les servir au prince. || Ecuyer de
cuisine, un des premiers officiers de la cuisine
de quelque grand. || 7° Terme de construction.
Hampe d'un escalier. || 8" Terme de chasse. Jeune
cerf qui en suit un vieux. || 9° Terme de vigneron.
Faux bourgeon qui croit au pied d'un cep de vigne.
U n'y a que l'écuyer qui a donné cette année. || Pro-
verbe. Oui aime Martin aime son chien; qui aime le
chevalier aime l'écuyer.
— HIST. xi" s. Ne n'i adeist [que n'y arrive] es-
quier ne garçon Ch. de Roi. clxxiv. || xii' s. Uns
escuers vint peinant la ferrée [la route ferrée, pa-
vée], Ronc. p. t48. Cel jor firent François d'Anseys
chevalier. Car encorts servoit al rôle d'escuyer,
Sax. IV. Li arcevesques out iluec sun esquier, Th.
le mart. 47. || xiii* s. Uns escuiers qui avoit une
demisele espousée, beaum. xxiii, B. || xiv s. Trois
escuyers qui portent les esous. Et en lor peins les
trois espiés molus, Devant eux mènent les auferans
[chevaux] crenus, o. guiart, dansDU cange, armt-
KDE
1301
gcri. Thomas DamporI, escuier de chambre du duc da
Bedforrl, DU CANGE, escuenis. Deux escuiersdecuisina
et deux aides avec eulx, pour le dressouer de cui-
sine, Ménaijier, ll, 4. ||xv's. Sera tenus le dit
fournier de prendre cascun samedi le blé des moeu-
tures pour faire le blanc pain du couvent.... et pour
faire pain d'escuier on lui délivrera blé des gre-
niers, DU CANGE, panis. Le bon escuier fait le bon
chevalier, lehoux de lingy, Proii. t. n, p. 77.
— ÉTYM. Bourguig. écué; provenç. escudier, escu-
der, escuier; espagn. escudero; portug. escudeiro;
ital. scudiere;dii bas-lat. scutarixis, descutum, écu;
angl. squire, esquive. Barhazan faisait venir l'é-
cuyer portant Vécu, de scutifer; l'écuyer pour l'écu-
rie, de equus; et l'écuyer tranchant, de escarius,
âeesca. Les formes communes aux langues romanes
montrent que ce mot ne peut venir que de scuta-
rius, lequel a pris ensuite dans le service de la mai-
son féodale diverses acceptions.
ÉCUYÈRE (é-kui-iè-r'), s. f. || 1" Femme qui
monte à cheval. || Femme qui fait des exercices éques-
tres dans un spectacle public. || 2" X l'écuyère, loc.
adv. En façon d'écuyer. Bottes à l'écuyère, grandes
bottes qui servent pour monter à cheval.
— ÉTYM. Écuyer.
f ECZÉMA (èk-zé-m a), s. m. Terme de médecine.
Affection cutanée caractérisée par de petites vési-
cules très-rapprochées les unes des autres.
— ÉTYM. 'Exîefjia.ébullition, de êx, et Uïv, bouillir.
t ECZÉMATEUX, EUSE (èk-zé-ma-teû, teû-z'),
adj. Qui a rapport à l'eczéma. Éruptions eczéma-
teuses.
— ÉTYM. Eciéma.
EDUA (è-dda), s. f. Célèbre recueil de la mytho-
logie des peuples germaniques du Nord, dont chaque
chapitre est un petit poëme qui roule sur les pré-
dictions, la magie et les géants.
— ÉTYM. Jîdda signifie la bisaïeule, dénomina-
tion qui a été donnée, non sans grâce, à un recueil
vénéré de vieilles traditions.
ÉDEN (é-dèn') , s. m. Nom que l'Ecriture donne
au parailis terrestre, c'est-à-dire au lieu de délices
dont Dieu fit la demeure du premier homme dans
l'état d'innocence. Ces fleuves, ces vergers, éden
aimé des cieux. Et des premiers humains berceau
délicieux, A. ciiÉNiER, Élég. )4. Le phénomène de
la richesse eût été inconnu dans l'Éden : mais aussi
l'homme de l'Éden exempt de travail et de peines.. .
n'est point ce pionnier intrépide, ce martyr de la
science et de la civilisation qui arrose de ses sueurs
et parfois de son sang la voie douloureuse du pro-
grès, cournot. Principes de la théorie des richesses,
n° 4. Il Par extension, lieu de délices et de booheur
tranquille. Outre l'Éden de l'inspiration et du mythe,
dont l'image religieuse plane sur le berceau da
l'humanité, il y a l'Eden des millénaires et des uto-
pistes de toute sorte, présenté comme le terme vers
lequel tend l'humanité dans son laborieux pèlerinage,
Éden d'où le travail ne peut être exclu.... lu ib.
n° B.
— ÉTYM. Hébreu , eden, jardin.
fÉDÉNIEN, NIENNE (é-dé-niin, niè-n'), adj.
Terme didactique. Qui appartient à l'éden.
— ÉTYM. Éden.
ÉDENTÉ, ÉE(é-dan-té, tée), part, passé. \\ l-Qui
a perdu ses dents. Une vieille édentée. Un peigne
édenté, un peigne qui a des dents de moins.
Il 2° Terme de zoologie. Qui a l'appareil dentaire
plus ou moins incomplet. || S. m. pi. Les édentés,
huitième ou dernier ordre des mammifères, à dents
toutes similaires ou nulles, à corps couvert de
plaques cornées disposées en bandes circulaires an-
nulaires (dasypodes ou tatous), ou couvert de poils
(fourmiliers) , ou couverts d'écailles imbriquées
(pangolins). || Qui n'a pas de mandibules proprement
dites, et, substantivement, nom d'une section de la
classe des crustacés.
ÉDENTER (é-dan-té), v. a.\\i° Faire perdre les
dents. La vieillesse nous édente tour à tour. || Arra-
cher les dents, genre de torture. |1 2° Par extension,
user, rompre les dents d'une scie, d'un peigne, etc.
Il 3° S'édenler, ». ré/l. Perdre les dents. Un peigne
qui s'édente.
— HIST. xiii* s une espée à un grès [il] l'a
toute esdentée. Fabliaux mss. n° 7996, p. es, dans
LACURNE. Il XV' s. Je suis tout sain, etay fièvre quar-
taine; Tout e-sdenté, mon frein me fault rongier,
CH. d'orl. Bal. 109. Il XVI' s. Pour edenter le souci
qui me mord, RONS. 31. 0 vieille edentée, du bellay,
vu, B2, verso. Si, pour en préoccuper moy mesme
l'accusalion et la descouverte [de mes défauts|, il
luy semble [à mon détracteur] que je lui esdente sa
morsure.... mont, iv, us.
1302
ËDI
- ÉTYM. É pour et.... préfixe, et dent; provenç.
Mdenlat, édenté; ital. sdenlato.
t ÉDICTAL, ALE (é-di-k(al, kta-1'), adj. Terme
d'ancienne jurisprudence. Qui a rapport aux édils,
tut ordonnances.
— ETYM. Édil.
fCDlCTER (é-di-kté), V. a. Publier par édit.
Peines édictées par la loi.
— HIST. xiv's. Que il soit édité et publié que au-
cuns marcha:is.... du cange, edituere. || xvi* s. S'il
estoit requis pour le bien ou utilité de quelque ville
et communauté d'edicter, statuer, mettre sus et in-
troduire quelques loix ou coustumes nouvelles, nou-
veau coust. gtnir. t. ii, p. 81.
— ÉTYM. Édit. On trouve aussi indicter : Peines
indictées, cabloix, vi, i.
ÉDIFIANT, ANTE (é-di-fi-an, an-t'), adj. Qui
édifie, qui porte à la vertu, à la piété. Des lectures
édifiantes. || Lettres édifiantes, lettres écrites par
des missionnaires et publiées par les jésuites. || Par
plaisanterie et antiphrase. C'était quelque chose d'é-
difiant que de la voir à table, hamilt. Cramm. )0.
ÉDIFICATEUR (é-di -fi ka-teur), «. m. Celui qui
édifie, qui fait construire un édifice. Ce que vous
dites de bâtir autour de Balzac [nom de lieu], m'a
semblé fort bon et serait en vérité bien à propos;
mais nous autres beaux esprits, nous ne sommes
pas grands édificateurs, voit. Lett. < 26. Les beaux
esprits auraient suivi leurs exemples [de finan-
ciers bâtissant], si ce n'était qu'ils ne sont pas
grands édificateurs, comme dit Voiture, LA font.
Lett. à sa femme, 6 sept. 4 683.
— HIST. xiv* s. Les autres ars et sciences ensei-
gnent ung homme estre bon edifieur et bon paintre,
ORESME, Pro(. Il XVI' s. Un architecte et edificateur
doit.... PAKE, XXV, 20.
— ÉTYM. Lat. œdificator, de xdijicare, édifier.
Plus anciennement on disait edifieur.
ÉDIFICATION (é-di-fi-ka-sion ; en vers, de six
syllabes), s. f. \\ 1° Action de bâtir quelque grand
édifice. L'édification du Temple fut réservée à Salo-
mon. Il 2° Fig. Sentiments de vertu et de piété qu'on
inspire par de bons exemples ou de sages dis-
cours. Cette manière d'écrire ne laisse pas toujours
beaucoup d'édification aux pieux lecteurs , Boss.
Réfut. La merveilleuse édification qu'ils nous lais-
sent, ID. Lett. 7. Je recevrai bonne édification de
votre vertu, id. Perf. rel. Vous devez cette édification
à l'Église, MASS. Car. Parole Et que vos ver-
tus [des grands] ont des suites plus étendues pour
l'utilité de l'Église et pour l'édification des fidèles,
ID. Petit car. Vices. ]\ 3° Il se dit souvent, ironi-
quement ou non, dans le sens de instruction. J'ai
dit tout ce que je savais de lui, pour l'édification de
ses électeurs. Pour votre édification, vous saurez....
— HIST. XIII* s. Por l'ame de moi miex valoir, Ai
mis mon cors en nonchaloir, Por plus d'edificaoion,
Yieng en une religion [je vins en une maison reli-
gieuse], BUTEB. II, 427. Il XIV* S. Et tel bien en mé-
decine ce est santé, en chevalerie vitloire, en édi-
fication la maison estre faite, oresme, Eth. vu.
Magnificence est en grandeur de despens faiz en
choses très honorables.... et en opérations ou édifi-
cations pour les temples, id. ib. ta. ||xv* s. X ma
dame [je] faiz supplication. Que lui plaise moy tant
faire d'amours, Qu'en sa nouvelle édification Soye
logiez.... EusT. DESC. Poésies mss. S' 2)4, dans la-
CURNE. Il XVI* S. C'est qu'en lisant l'Escriture nous
cerchions continuellement et méditions ce qui ap-
partient à l'édification, calv. instit. (04. Grandes
noises s'en esmeuvent, et peu d'édification en vient,
ID. ib. BÏ6. Aussi lui feirent-ils beaucoup de des-
tourbier et d'empeschement en l'édification du pa-
lais qu'il feit bastir, ahyot, Caton, 38.
— ÉTYM. Provenç. edificatio; e-spagn. édifica-
tion; ilal. edificaiione ; du latin xdificalionem , de
xdificare, édifier.
ÉDIFICE (é-di-fi-s'), s. m. || 1* Grand bâtiment,
palais, temple. Un superbe édifice. Des édifices sa-
crés. Ni l'édifice n'est plus solide que le fondement,
ni l'accident attaché à l'être plus réel que l'être
même, boss. Duch. d'Orl. Comme une colonne dont
la masse solide parait 1« plus ferme appui d'un tem-
ple ruineux, lorsque ce grand édifice qu'elle soute-
nait fond sur elle sans l'abattre.... ID. Reitte d'Anglet.
Comme si, dans le fond de ce vaste édifice, Dieu ca-
chait un vengeur armé pour son supplice, rac. Athal.
I, 1. Ces édifices [de Moscou], ces palais et jusqu'aux
boutiques, étaient tous couverts d'un fer poli et co-
loré, SÉOUH, Uitt. de Napol. viii, <. || 2° Par exten-
sion , il se dit de toutes les choses faites, arrangées,
combinées avec art. Et qu'une main savante, avec
tant d'artifice, BâUt de ses cheveux le galant édi-
ÉDI
fice, noiL. Sat. x. || 3° Fig. Ce qui résulte d'un en-
semble de combinaisons. L'édifice de la société
féodale. Lui seul.... De la religion soutient tout l'é-
difice, BAC. Eslh. Prol. Se bâtir un édifice péris-
sable de grandeur sur la terre, mass. Car. Temples.
Après avoir commencé l'édifice, vous n'avez jamais
pu l'achever, id. ib. Pdques. C'est vous qui par mes
mains fondiez sur la justice De notre liberté l'éter-
nel édifice, VOLT. Brut, v, 4. De souvenir en souve-
nir J'ai reconstruit mon édifice : Je vais conter, pour
en finir. Ce qu'on me dit de ma nourrice, béhano.
Nourrice.
— SYN. ÉDIFICE, bAtimf.nt, MONUMENT. Le bâtiment,
c'est tout ce qu'on bâtit; une cabane est un petit
bâtiment; une caserne en peut être un grand. L'édi-
fice suppose plus d'art, plus de grandeur, d'éléva-
tion, des matériaux plus solides. Un marché public
qui n'a presque pas de hauteur, n'est qu'un grand
bâtiment; l'église des Invalides est un édifice. Le
monument est ca qui sert à instruire la postérité,
ce qui reste comme une marque de la grandeur des
peuples ou des hommes :1a porte Saint-Denis, l'arc
de l'Étoile, sont des monuments; et, par extension,
on donne ce nom aux beaux édifices et aux tom-
beaux.
— HIST. xiii* s. S'il s'enfuioit, li edefises de se
[sa] maison seroit abattus, tailliar, Recueil, p. 6H.
Qui veut prisier edefices, si comme mesons ou pres-
soirs, ou molins, il doit regarder le liu où li édi-
fices est, BEAUM. xxvii, <8. Il XIV* s. Mais li ducs,
qui voloituser [agir] àsonadvis, VoltdeResnes veoir
trestous les edefis, Guescl. 1054. || xv* s. Ce petit
grenier estoit d'ancien édifice [construction], tout
deplanché, tout delatté, et pertuisé et rompu en
plusieurs lieux, louis xi, A'oue. xxxiv. L'en ne peut
faire bon édifice sur mauvais fondement, leroux
DE lincy, Prov. t. II, p. 337. Il XVI* s. La réparation
et entretenement des édifices publiques et sacrez,
AMYOT, Caton, 38. [Les améliorations qu'on fait sur
un fonds tenu à bail congéablej sont appellées édi-
fices et superficies et plus communément droits con-
venanciers ou droits reparatoires , Nouveau coust.
génér. t. iv, p. 414.
— ÉTYM. Provenç. edifici; espagn. edificio ; ilal.
edifiiio; du latin xdificium (voy. édifier).
ÉDIFIÉ, ÉE (é-di-fi-é, ée), part, passé. || 1° Con-
struit. Le temple d'Éphèse édifié par les Grecs d'A-
sie, il i° Fig. Satisfait. Je suis édifié, je sais ce que
je désirais savoir. Oui, je sors de chez vous fort mal
édifiée, MOL. Tart. i, t. || 3° Touché par le bon
exemple. Nous sommes fort édifiés de sa dévotion,
sÉv. 338. Toute la cour est édifiée de sa tranquillité
et de sa joie, boss. Lelt. 23, Je suis si édifié de la
piété qu'on y ressent à chaque mot, m. ib. <24. Si
la communauté n'est pas édifiée de vos veilles, id.
ib. Corn. 44.
ÉDIFIER (é-di-fi-é), j'édifiais, nous édifiions, vous
édifiiez; que j'édifie, que nous édifiions, que vous
édifiiez, V. a. \\ 1° Construire un édifice. Salomon
édifia le temple de Jérusalem. || 2° Fig. Créer un
ensemble de choses. Détruire d'une main ce que
vous édifierez de l'autre, mass. Car. Jeûne. Grand
Dieu I les hommes pourront-ils détruire ce que
vous avez édifié? id. Paraphr. ps. xvi, v, 9. Tout
système s'écroule à mesure qu'on l'édifie, s'il ne
porte sur la base inébranlable des faits et de l'expé-
rience, HELVÊTius, dans legoarant. || 3° Porter à
la vertu , à la piété par le bon exemple , par les sages
discours. Cette union [des chiens et des chats] si
douce et presque fraternelle Édifiait tous les voisins,
LA FONT. Fabl. XII, 8. Pour édifier notre piété par le
souvenir de ses vertus, mass. Or. fun. Villars. Quand
on agit suivant une charité générale , on est généra-
lement aimé, et on édifie tout le monde, fên. t. xviii,
p. 462. Il Absolument. On édifie par le bon exem-
ple. Il 4° Instruire. Je veux vous édifier là-dessus.
Il 5° S'édifier, v. réfl. Être construit. Tandis que le
temple s'édifiait. || Fig. Recevoir des impressions édi-
fiantes. Édifions-nous de ce qui fait le scandale des
autres, volt. Phil. ii, (55. || Se donner réciproque-
ment des impressions édifiantes. Édifions-nous les
uns les autres.
— HIST. xii* s. Pur ço sui acuragiez [encouragé]
de édifier un temple al oes [au gré de] nostre sei-
gnur, si cume il le anunciad à mun père David,
ifois, 242. Tu es pieres, e sur ceste piere ferai M'e-
glise, e ma meisun i édifierai. Et les portes d'enfer
par li dépècerai, Th. le mari. 79. Ijxiii* s. Qui ede-
fie sor héritage qu'il tiegne par cause de bone foi
et porce qu'il creoit avoir droit en l'eritage.... li
coust des edefices li doivent estre rendu, beaum.
XX, 3. Vous conterai-je que je vi et oj de ses saintes
paroles et de ses bons enseignemens, pour ce qu'il
ÉDl
soient trouvez l'un après l'autre pour edefier ceult
qui les orront, joinv. (»7. De son tens furent ede-
fiées plusieurs abbaies, m. 293. Certes prélat [je]
ne voi nul hui, Qui les prudomes cdefit, Uist. dt
Ste Leoc. ms. [' 29, dans lacurne. Ijiv* s. Le saint
siège que St Pierre et St Paul avoient édifié et aug-
menté, FROiss. II, II, 20. Sur tous les lieux plaisan»
et agréables Que l'en pourroit en ce monde trouver,
Edifiez de manoirs convenables, eust. desciiamps,
le Rois de Yincennes. \\ xvi*s Comme si cepen-
dant ils n'edifioyent point les consciences de leurs
prochains en mal, calv. Instit. 667. Ils édifièrent
un temple à Minerve, amyot, Arist. 49. Harpalu»
vint bien à bout d'y édifier [faire croître] toutes les
autres plantes de la Grèce, excepté le lierre seule-
ment, que la terre ne voulut jamais endurer, ID.
Alex. ce. Le jeune homme a besoing d'eslre bien
guidé en la lecture des poètes, à fin que la poésie
ne l'envoyé point mal édifié, mais plutost préparé
et rendu ami et familier à l'estudo de philosophie,
ID. Comment il faut lire les poètes, 57. Il n'y avoit
point la sixiesme partie des arbres qui se sont main-
tenant édifiez auprès des villages, d'aub. Ilist. i,
140. Qui se marie ou édifie, sa propre liourse il pu-
rifie, LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 405.
— ÉTYM. Berry, adjier, affier, atfier, bâtir, plan-
ter, nourrir; provenç. edificar , edifiar; espagn.
edificar; ital. xdificarc; du latin ndificare, de a'des,
bâtiment, et du suffixe ficare, faire. Mdificare, dans
le sens moral, se trouve dans la latinité ecclésias-
tique et est une métaphore pour édifier, construire
les bonnes mœurs, la vertu, la doctrine.
ÉDILE (é-di-1'), *. m. \\ 1° Nom de magistrats qui
avaient à Rome l'inspection des édifices et des jeux,
et le soin de l'approvisionnement de la ville, et qui
étaient au nombre de quatre, deux plébéiens et deux
patriciens (ceux-ci avaient la chaise curule). Sans
lui rien mettre au cœur qu'une crainte servile Qui
tremble à voir un aigle et respecte un édile, corn.
Nicom. I, (. Les deux chaises d'ivoire ont reçu les
édiles, v. HUGO, Odes, iv, n. ||2" Dans le style d'ap-
parat, les édiles, les magistrats municipaux d'une
grande ville.
— HIST. xiv* s. Et me semble que édile estoient
ceulx qui avoient la cure des édifices et voies pu-
bliques, BERCHEURE, f° 2.
— ÉTYM. Lat. xdilis, de xdes, bâtiment.
ËDILITÉ (é-di-li-té) , s. f. || 1° Magistrature des
édiles; exercice de cette charge. Briguer l'édilité.
Sous son édilité. ||2°Dans le langage d'apparat, les
magistratures municipales modernes. L'édilité de la
ville de Paris. || Par extension. Les décisions et actes
de l'autorité municipale.
— ÉTYM. Lat. xdilitas, de sedilis, édile.
ÉDIT (é-di; le ( ne se lie pas dans la conversation;
au pluriel, l's se lie: des é-di-z injustes), s. m.
Il 1° Chez les anciens Romains. Règlements faits par
certains magistrats pour être observés durant le
temps de leur magistrature. || Édit perpétuel ou édit
du préteur, compilation de tous les édits rendus par
les préleurs et par les édiles curules, faite d'après
les ordres de l'empereur Adrien. || Sous les empe-
reurs, constitutions des princes, lois nouvelles faites
de leur propre mouvement, et dilTéranldes rescrits
et des décrets en ce qu'elles décidaient les cas qui
n'avaient pas été prévus, ou aboli.'isaient, ou chan-
geaient les lois anciennes. Galérius...., deux ans
devant qu'il eût obligé Dioclétien à quitter l'empire,
le contraignit à faire ce sanglant édit qui ordonnait
de persécuter les chrétiens plus violemment que ja-
mais, BOSS. Hist. I, (0. Justine publia, sous le nom
de son fils, des édits en faveur de l'arianisme, in.
ib. I, (I. Il 2* En France, dans l'ancien régime. Con-
stitution faite par le prince pour créer quelque éta-
blissement, organiser quelque grande affaire, no-
tifier quelque prohibition. Les édits et déclarations
du roi se vérifiaient dans les compagnies souve-
raines. Les édils se scellaient en cire verte pour
marquer par cette couleur qu'ils étaient perpétuels
de leur nature, Trévoux. Porter, faire, renouveler,
enregistrer un édit. On m'a dit Que contre les clin-
quants le roi fait un édit, Régnier, Sat. viii. J'ai
voulu l'acheter, l'édit, expressément, Afin que d'I-
sabelle il soit lu hautement, mol. Éc. des mar. ii,
». Il Ëdit de Nantes, loi promulguée par Henri IV,
le (6 avril (698, en faveur des protestants à qui il
accordait le libre exercice de leur religion, et l'ad-
mission aux charges et dignités de l'État. L'édit de
Nantes fut révoqué par Louis XIV. || Chambre de
l'édit, se disait, dans les anciens parlements, d'une
chambre instituée par l'édit de Nantes pour con-
naitre des affaires des protestants. || 8* Ordonnança
faite par le souverain. Savez-vous la rigueur de fou
EDU
ÉDU
ÊTF
1303
premier édit? rotrou, Antig. m, 3. Et le roi trop
crédule a signé cet édit, hac. Esth. I, S.
— HIST. XV' s. Sire chevalier, je vous en feray
un edit [proposition] : joustons ensemble deux lan-
ces, à celle fin que, se vous m'accablez de l'ung des
coups, je m'en iray en prison par devers la pucelle,
Perceforest, t. i, 1° < 6i . || xvi* s. Entre tous les gens
d'armes françois avoit un edict [convention] que si
une pièce d'artillerie ou un homme seul par incon-
vénient estoit arresté, que chascun s'arrestoit jus-
ques à ce que tout feust à point, J. d'auton, An-
rmles de Louis XII, p. 44, dans lacurne.
— ÊTYM. Lat. ediclum, part, passif neutre de
edicere, prononcer, de e, et dicere, dire.
t ÉDITÉ, ÉE (é-di-té, tée), part, passé. Livré au
public. Un livre édité à grands frais. || Terme de
palais. Cité dans les arrêts ou jugements, en par-
lant des lois ou ordonnances.
t ÉDITER (é-di-té), V. a. Publier, en parlant d'un
livre. Éditer : ce mot, que j'ai trouvé dans la Re-
vue des écrits de Linné par le C. Millin, me paraît
clair, expressif, et manque à notre langue, bois-
soNADE, Mémoire du concours de <797. || U se dit
aussi de la musique et même des gravures, des li-
thographies, des estampes et de tout ce qui peut se
reproduire par l'impression. Quel hbrairea édité les
Galeries de Versailles? Un tel édite de la musique.
Il S'éditer, t). ré[l. Être publié. Les livres qui s'éditent
chaque année. || PubUer son propre livre. Si je ne
trouve point d'éditeur, je m'éditerai moi-même.
— ÉTYM. Voy. ÉDITEUR.
ÉDITEUR (é-di-teur) , s. m. || 1° Celui qui publie
l'ouvrage d'un autre. M. B. JuUien, éditeur des Pa-
radoxes de Lamolte. || Particulièrement, libraire qui
publie un livre à son compte; et, adjectivement,
libraire-éditeur. M. Hachette est l'éditeur de ce dic-
tionnaire. Il II se dit aussi de celui qui imprime de la
musique. || Tout homme qui publie un livre à son
compte. 11 est à lui-même son éditeur, c'est-à-dire
il publie à ses frais ses ouvrages. || 2° Éditeur res-
ponsable, celui sous la responsabilité de qui paraît
un journal. || Fig. et familièrement, celui qui a la
responsabilité de quelque chose, surtout en parlant
du mari. Il est l'éditeur responsable des sottises qui
se font chez lui. || 3° Marchand d'estampes.
— ÉTYM. Lat. editor, de edere, faire sortir,
Imettre dehors; de e, et dere pour dore, donner.
ÉDITION (é-di-sion; envers, de quatre syllabes) ,
». f. Impression et publication d'un ouvrage. La
première, la seconde édition. Ce livre a eu cinq
éditions. L'édition d'un ouvrage se désigne quelque-
fois par la date, quelquefois par le nom du libraire,
presque toujours, surtout quand c'est une édition
très-estimée, par le nom de l'éditeur qui y a donné
ses soins : Plutarque édition de Reiske ; Lucrèce édi-
tion de Lemaire. || Édition princeps, la première
édition d'un ancien auteur. {] Publication d'un ou-
vrage manuscrit avant la découverte de l'imprime-
rie. Il Par plaisanterie. Vous avez-donc été marié
bien jeune?— J'en suis à ma cinquième édition,
PALAPRAT, Ballet extrav. ddins LEROvx, Dict. comique.
Il Fig. Le monde est un ouvrage qui a eu plusieurs
éditions [par allusion aux révolutions géologiques].
— HlST. XIV' s. Avient aucune fois que les meneurs
[moindres] successeurs ameilourissent les éditions
très excellens de leur greignors [plus grands] prede-
^cesseurs, h. de mondevillë, f' 4.
— ÉTYM. Provenç. editio; espagn. edicion; ital.
ediiinne; du latin edtd'onem, édition (voy. éditeur).
t ÉDOLIE (é-do-lie), s. m; Terme de zoologie.
Nom moderne du genre drongo, qui a pour type
l'édolie cristé, dit roi des corbeaux, et plus parti-
culièrement drongo.
t ÉDOSSER (é-dô-sé), V. a. Terme rural. Enlever
la superficie du sol, avec les racines qui s'y trou-
vent, pour les transporter ailleurs. || Terme de tan-
neur. Exprimer l'eau qui se trouve du côté de la
chair, dans la peau qu'emploie le parcheminier.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et dos.
t ÉDOSSOYER (é-dô-so-ié) , v. a. Terme de tan-
neur. Synonyme de édosser.
ÉDREDON(é-dre-don), s. m. || 1° Petites plumes h
tige grêle, à barbules longues et fines, appelées
aussi duvet, fournies par des oiseaux palmipèdes et
surtout par l'eider, anas mollissima, qui vit prin-
cipalement en Islande. On en fait des couvre-p'ieds.
Il a° Un édredon, un couvre-pieds fait d'édredon.
Mettez cet édredon sur votre ht.
— ÉTYM. Picard et génev. oigicdon; du suédois Cî-
der, espèce d'oie du Nord, et dun, petite plume, duvet.
tÉDUC.\BILlTÉ (é-du-ka-bi-li-té), s. f. Néolo-
gisme. Aptitude à être instruit, dressé. L'éducabi-
lité des animaux
— ÉTYM. Éducable.
t ÉDUCABLE (é-du-ka-bl') , adj. Néologisme. Qui
est apte à recevoir l'éducation, à être dressé.
— ÉTYM. Voy. éducation.
t ÉDUCATEUR, TRICE (é-du-ka-teur, tri-s'),
adj. Oui concerne l'éducation; qui donne l'éduca-
tion. Il Substantivement. Soient mis es mains d'édu-
cateurs qui les nourrissent et instruisent en la dite
religion, rouan, Mém. t. ii, p. 74, dans lacurne.
Il Fig. Les nations qui se font gloire de marcher à
la tête de la civilisation ne devraient pas reculer
devant les dépenses nécessaires pour déterminer
scientifiquement des questions dont la solution est
jusqu'à présent exposée au hasard, éducateur dont
les leçons sont si ruineuses, darral, Presse scien-
tifique, <86l, t. III, p. 301.
— ÉTYM. Lat. educator, de educare, éduquer.
ÉDUCATION (é-du-ka-sion; en vers, de cinq syl-
labes), s. f. Il 1° Action d'élever, de former un en-
fant, un jeune homme ; ensemble des habiletés
intellectuelles ou manuelles qui s'acquièrent, et
ensemble des qualités morales qui se développent.
C'est ainsi qu'on l'accoutumait dans son enfance à
craindre Dieu et à l'aimer; et l'on peut dire d'elle
ce que l'Écriture a dit d'une autre reine, qu'elle ne
changea pas son éducation, fléch. Marie-TMr.
Ni la bonne éducation ne fait les grands caractères,
ni la mauvaise ne les détruit, fonten. Csar Pierre.
L'éducation qu'il faisait donner aux enfants, fén.
Tél. v. Jeunes hommes qui n'avaient eu aucune édu-
cation, ID. ib. XVI. Rien n'est plus négligé que l'é-
ducation des filles; la coutume et le caprice des
mères y décident souvent de tout; on suppose qu'on
doit donner à ce sexe peu d'instruction; l'éducation
des garçons passe pour une des principales affaires
par rapport au bien public, et, quoiqu'on n'y fasse
guère moins de fautes "que dans celle des filles, du
moins on est persuadé qu'il faut beaucoup de lu-
mières pour y réussir, fén. Éduc. des filles, i.
L'éducation est une maltresse douce et insinuante ,
ennemie delà violence et de la contrainte, qui aime
à n'agir que par voie de persuasion, qui s'applique
à faire goilter ses instructions en parlant toujours
raison et vérité, rollin. Traité des Et. liv. vi, art. 4.
Mme de Maintenon avait un goût et un talent par-
ticulier pour l'éducation de la jeunesse. M"' de
caylus, Souvenirs, p. t94, dans pougens. Dans
cette cour indigente et vagabonde, la nécessité,
qui fait mille biens malgré qu'on en ait , leur
tenait lieu d'éducation, et l'on ne voyait que de
l'émulation parmi eux sur la gloire , sur la politesse
et sur la vertu, hamilton, Gramm. 6. L'édu-
cation perfectionne l'instinct comme elle perfec-
tionne la raison, bonnet. Couses prem. 5' partie,
ch. 6. Leur donner la vie [à des fils] , est un pré-
sent cruel. Sans l'éducation, sans ce bien plus réel,
M.i. CHÉN. Gracq. i, B. Quand on a reçu une mau-
vaise éducation, on garde, en grandissant et même
en vieillissant, tous les défauts de l'enfance, m"' de
GENLis, Veillées du château, t. i, p. 2i, dans^
pougens. Je ne confondrai plus les éducations qui
ne sont que brillantes avec les bonnes éducations,
c'est-à-dire avec celles qui rendent bon et vertueujj,
id. ib. p. 442. Il Par extension. Donner de l'éduca-
tion à son esprit, mabivaux, dans desfontaineb.
Il Maison d'éducation, maison où l'on prend des
enfants pour les instruire. || Éducation profession-
nelle, éducation qui a pour but d'enseigner un art,
un métier, une profession. || Première éducation,
soins et enseignements qui se donnent dans la pre-
mière enfance. [Louis XIV] Recommandant votre en-
fance [du jeune roi Louis XV] h la tendre et res-
pectable dépositaire [Mme de Ventadour] de votre
première éducation , laquelle , en formant vos
premières inclinations et, pour ainsi dire, vos pre-
mières paroles, fut sur le point de recueillir vos
derniers soupirs, mass. Pet. car. Ex. des grands.
La première éducation est celle qui importe le plus,
et cette première éducation appartient incontesta-
blement aux femmes.... parlez donc toujours aux
femmes, pa" préférence, dans vos traités d'éduca-
tion, J. J. Rouss Ém. I, JVote au commencement.
Il 2° En parlant des animaux domestiques, l'ensem-
ble des moyens auxquels on a recours pour les ren-
dre de bonne heure dociles à la volonté de l'homme
et pour développer en eux les facultés de l'instinct
et celles du corps, de manière qu'ils soient le plus
utiles qu'il est possible. || Soin que l'on prend pour
produire et entretenir certains animaux, certaines
plantes. L'éducation des abeilles, des vers à soie.
L'éducation de cette plante est difficile. Les indi-
gènes [de Madagascar] , qui font de deux à quatre
éducations par année, surveillent l'accouplement
des papillons, la ponte et l'éclosion des jeunes che-
nilles [vers à soie] qu'aus'iitôt la naissance ils trans-
portent.... BLANCHARD, Acad. des se. Comptes rendus,
t. LVi, p. 621. Il 3° La connaissance et la pratique
des usag«3 du monde. Ce jeune homme est sans
éducation. Elle paraît avoir de l'éducation, ban-
court, Mme Artus, ni, 7.
— REM. Éducation est un mot récent ; autrefois
on disait nourriture.
— SYN. éducation, instruction. L'instruction est
relative à l'esprit et s'entend des connaissances que
l'on acquiert et par lesquelles on devient habile et
savant. L'éducation est relative à la fois au cœur et
à l'esprit, et s'entend et des connaissances que l'on
fait acquérir et des directions morales que l'on donne
aux sentiments.
— ÉTYM. Lat. edHcalionem, de educare, éduquer.
f ÉDUCTE (é-du-kf), s. m. Terme de physiologie.
Synonyme inusité de blasième ou d'exsudat.
— ÉTYM. Lat. eductus, produit, de e, et ducttts,
conduit.
ÉDULCORATION(é-dul-ko-ra-sion), s. f. Terme
de pharmacie. Addition d'une certaine quantité de
sucre, de miel ou de sirop à une substance pour en
adoucir ou masquer la saveur, ou pour rendre
agréable une substance insipide.
ÉDULCORÉ, ÉE (é-dul-ko-ré, rée) , part, passé.
Un julep édulcoré.
ÊDULCORER (é-dul-ko-ré), v. o. Terme de phar-
macie. Opérer l'édulcoration. || Verser de l'eau sur
des substances en poudre pour les dépouiller des
principes acides qu'elles contiennent. || S'édulcorer,
V. réfi. Être édulcoré. Cela s'édulcore avec du miel.
— ÉTYM. E, et le bas-lat. duicorore, rendre doux ,
du latin dulcis, doux.
+ ÉDUQUER (é-du-ké), v. a. Néologisme. Former
par l'éducation. Bien éduqué. Mal éduqué.
— REM. Ce verbe, qui est directement dérivé du
latin , qui est correct et qui répond à éducation , n'ob-
tient point, malgré tout cela, droitde bourgeoisie,
et il continue, sans juste raison il est vrai, à exciter
la répugnance dont témoignent les textes suivants:
la. langue s'embellit tous les jours : on commence
à éduquer les enfants au lieu de les élever, volt.
Lett.Linguet, <Bmars t769;M. de la Brosse ne dit
pas si le nègre les avait éduqués, bufi^. des Orang-
outangs ; Si je citais une phrase comme celle-ci : Qui
profitera d'un bon coup? les honnêtes gens? laissez
donc, ils sont si bêtes! Vous la croiriez de quelquu
valet, et des moins éduqués, p. l. coubier, ii, <7.
— ÉTYM. Educare, de e, et ducere, conduire (voy.
duire), conduire hors, élever. Bien que dû soit bref
dansedûcarcetlongdansedûcere, dûcere, cela n'em-
pêche pas la dérivation , comme le prouve dux, diicis.
ÉFAUFILÉ, ÉE (é-fô-fi-lé, lée), part, passé. Du
linge éfaufilé.
ÊFAUFILER (é-fô-fi-lé), ti. a. Défaire une trame,
en tirant le fil par le bout d'un ouvrage ourdi, soit
pour juger de la qualité, soit pour en faire de la
peluche ou de la charpie. |{ S'éfaufiler, v. re'fl. Ce
linge s'éfaufile aisément.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, el faufiler.
EFFAÇABLE (è-fa-sa-W), adj. Qu'on peut effacer.
— HIST. XV' s. Prens à ceste heure ton ploy [pli]
non effassable, jehan lemaire, Pallas parlant à
Paris.
EFFACÉ, ÉE (è-fa-sé, sée) , part, passé. \\ 1° Qu'on
a fait disparaître par le frottement ou en biffant. Une
écriture en"acée. Un tableau elTacé. || Médaille effa-
cée, médaille dont l'empreinte a disparu. || Par ex-
tension. Couleur effacée, couleur qui a perdu de sa
vivacité. Je serais bien fâché de voir cette grande
voilte ornée de moins d'étoiles, et de ne voir celle.?
qui me resteraient que plus petites et d'une cou-
leur plus effacée, fonten. Mondes, 4' soir. || 2° Fig.
L'image de sagrandeur n'était pas encore effacée de
leurs cœurs, vaugel. Q. C. liv. m, dans richelet. Je
vois de votre cœur Octavie effacée, bac. Brit. iv, 2.
Je vous rappelle un songe effacé de votre âme, id.
Mithr. i, 2. Elle [l'âme de J. C] y voit les plus mon-
strueuses superstitions établies parmi les hommes,
la connaissance de son Père effacée, mass. Car. Pas-
sion. Vous ne serez jamais effacée de son souvenir,
ID. Or. fun. Madame. Quand cette crainte sera ef-
facée dans les sujets comme dans le prince, où sera
la fidélité et l'obéissance? rollin, Ilist. anc. Œu-
vres, t. H, p. 476, dans poDGENS. En vain Milton,
dont vous suivez les traces, Peint l'âge d'or comme
un songe effacé, volt. Poésies mêlées, cxlvi. || 3° Ou-
blié. Vous rappellerez-vous des traits presque effa-
cés? la chaussée, Mélanide, v, se. dern. || Pardonné.
Ahl quand vous m'auriez trahie, vous m'aimez tou-
jours, tout est effacé, m— db obnlis, Th. d'éduc.
■
1304
EFF
Entum. gM. Ii. ». Il 4» Éclip-«é. Kiïacé par sçi ri-
vaux. Les exploits de son père effacés par les siens,
ÏAC. Àndr. Il, <. Toutes les bonnes mines de la cour
en furent e'ffacées,HAHii.T. Gramm. <). HB" Qui n'a
pas conservé suffi.samraent sa propre empreinte. Un
caractère eflacô. || Il se dit aussi, en un ssjns ana-
logue, des mots, des expressions. Quand un mérite
semblable [la justesse] cessa d'appartenir à la langue
latine, quand les mots elTacés et comme usés par le
long usage y perdirent leur sens propre, villemain,
put. de l'Acad. Préface, p. xxii. || 6' Présentant le
moins de surface possible, en parlant du corps ou
de parties du corps. Il n'était pas as'<ez effacé, et le
coup l'atteignit dans le ventre. Ce soldat a les
épaules bien ell'acées.
I t EFFACEMENT (è-fa-se-man), s. m. || 1° Action
d'effacer; résultat de cette action. L'effacement de
l'écriture. || 2° Fig. Qu'est-ce que le jeûne, sinon
l'effacement de nos offenses? bouhours, Nouv. rem.
II 3° Perte de l'empreinte propre. L'effacement des
caractères.
— IllST. xvi* s. Si je laisse au temps seul et à
l'oubliance des choses passées à faire l'effacement de
leur sang, m. nu bellaï, 502.
— Etym. Effacer.
EFFACER (è-fa-sé. Le c prend une cédille devant
a ou o; nous effaçons; j'effaçais), v. a. \\ 1° Faire
disparaître une face, une figure ou des couleurs par
le frottement, ou en biffant, en raturant. Effacer les
cliiffres, les figures qui sont au tableau. 11 faut
effacer ces mots-là. Effacer un nom d'une liste, un
arlicle d'un compte. Puisque la loi ne veut pas
qu'on fasse mourir ceux qui sont du nombre des
trois mille, autrement que par l'avis du sénat, j'ef-
face Théramèiie de ce nombre et le condamne à
mort en vertu de mon autorité et de celle de mes
collègues, ROLLIN, Hist. anc. Œuvres, t. iv, p.
415, dans POUGENS. Ce peu de sang que ta main
va verser, Quelques soins d'un moment vont bien-
tôt l'effacer, nucis , Macbeth, m, 3. || Absolu-
ment. Il efface et corrige sans cesse. Vingt foi.s sur
le métier remettez votre ouvrage; Polissez-le sans
cosse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois et souvent
effacez, boil. Art p. i. || 2° Par extension, faire dis-
paraître. Le temps avait effacé plusieurs monuments
q»3 les poètes ont célébrés, vaugel. C*- C. liv. m,
dans niCHELET. Et que le jour paraisse, ou que la
nuit l'efface. Je n'ai point de clarté que celle que sa
grâce Inspire en mon esprit, kacan, Ps. liv. Jour,
qui fais la couleur, et toi, nuit, qui l'effaces, Exal-
tez sa grandeur, corn. Trad. du cant. des trois en-
fants. La beauté prisse, Le temps l'effac; L'Age do
glace Vient à sa place, mol. Hal. imag. Intermède 2.
....Quelle étrange pâleur De son teint tout à coup
efface la couleur? rac. Esth. Ii, 7. Je me souvien-
drai toute ma vie d'avoir vu.... cet air superbe et
menaçant que la mort même n'avait pu effacer,
f"ÉN. Tél. II. Il 3° Fig. Faire oublier. Je t'ai fait une
offense et j'ai dû m'y porter. Pour effacer ma honte
et pour te mériter, corn. Cid, m, 4. Et c'est le dire
assez qu'ordonner qu'on efface Un grand crime im-
puni par le sang de sa race, ID. Œdipe, m, 5.
Quand j'aurai de ses maux effacé l'infamie, iD. Ser-
tnr. IV, 2. Et le triste succès de tout ce qu'il m'a-
dresse M'efface son offense et lui rend ma tendresse,
MOL. D. Gare, v, 2. La paysanne que je viens de
quitter répare ce malheur, et je lui ai trouvé des
charmes qui effacent de mon esprit tout le chagrin
que.... ID. le Frst. de Pierre, u, 2. La reconnais-
sance de l'obligation n'efface pas en moi le ressen-
timent de l'injure, m. ib. m, 0. Non il n'est rien
qui puisse effacer de mon coeur les tendres témoi-
gnages.... ID. Sicil. <3. La gloire d'un si beau nom
ne fut effacée ni par la mollesse de Lucius Vérus,
fibre de Marc-Aurèle et son collègue dans l'empire,
ni par les brutalités de Commode son fils et son suc-
r.es.seur, uoss. Hist. i, <o. Dis-lui.... Que ses res-
sentiments doivent être effacés, rac. Andr. iv, i.
Cil la haine des rois avec le lait sucée, Par crainte
ou par amour no peut être effacée, m. Bérén. iv, 4.
Knlre Sénèque et vous disputez-vous la gloire X qui
m'effacera i)lus tôt de sa mémoire, id. Brit. i, 2.
Sas caresses n'ont point effacé cette injure, ID. Baj.
!, t. l;et illustre assa.ssin entouré de victimes En
descendant du trône efface tous ses crimes, volt.
Ifort de Ces. m, 4. Vos généreuses mains s'empres-
soiil d'effacer Les larmes que le ciel me condamne
& verser, lo. Fanât, i, 2. Tous vos respects ne pour-
ront effacer Les téméraires vœux qui m'osaient of-
finser, id. Sémir. n, 2. || Absolument. Vous me par-
lez de Mme d'Heudicourt, et vous voulez un raccom-
niodement en forme; il ny en a point; le temps
efface) on U revoit.... s*v. ?oo. || *• Eclipser, l'em-
porter d'une façon quelconque. Oii le fameux Horace
Vient d'effacer l'éclat des héros de sa race, du rykh,
Scivole, II, 3. Léonce est effacé par le fils de Mau-
rice, CORN. Iléracl. m, 2. C'est une belle chose que
de se laisser effacer dans un lieu où l'on a affaire,
sÉv. fie. Notre cardinal vous aurait un ])eu effacée,
ID. t90. Les Mèdes étaient effacés par la grandeur
des rois de Babylone, Boss. Hist. i, 7. Dont la blan-
cheur effaçait celle de la neige, fén. Tél. i. Il a ef-
facé la gloire de tous les conquérants, iD. ib. v. Sa
beauté effaçait celle de Calypso, id. ib. vu. Tout ce
qui vous efface Messe votre orgueil, mass. Car.
Confess. Vous ne pouvez souffrir ceux r|ui vous ef-
facent, iD. ib. Sahit. Deux hommes effacèrent par
leurs vertus tous les autres citoyens, montesq. linm.
1 1 . Dans l'art des vers c'est toi qui fus mon maître;
Je t'effaçai sans te rendre jaloux, bérano. Bonsoir.
Achille était poétique. Mais morbleu nous l'effaçons,
ID. Hirmid. \\ B" Terme d'escrime et militaire. Effa-
cer le corps, une épaule, se tenir bien de côté, de
manière à présenter le moins de surface à l'adver-
saire, ou à rentrer dans l'alignement du rang.
Il 6° S'effacer, v.réfl. Être effacé, enlevé par frotte-
ment ou autrement. Ce crayon s'efface facilement.
Il S'ôter l'un à l'autre l'apparence, l'existence. Us
s'effaçaient l'un l'autre [il s'agit de spectres dans
un songe] ; et chaque illusion Redoublait mon ef-
froi par sa confusion, corn. Hor. i, 3. || Fig. Mais
hélas! ce portrait qu'elle s'était tracé Perd beau-
coup de son lusire et s'est bien effacé, botrou,
Vcncesl. i, t. Mais tous les préjugés s'effacent à
ta voix, VOLT. Ali. i, t. Vos premiers sentiments
doivent tous s'effacer, id. fanal, v, 2. || Être mis
de côté, négligé. Par le salut public devant qui tout
s'efface, volt. Zulime, ii, i. || Être oublié. S'effa-
cer de la mémoire. || 1° Disparaître. De leur plus
haut rang la pompe la plus vaine S'efface au seul
aspect de la grandeur romaine, corn. Sertor. ii,
2. Fuyons, l'ombre s'efface et l'aube va paraître,
c. DELAVIGNE, Vêpres sic. ii, 7. Et la moltiédu ciel
pâlissait, et la brise Défaillait dans la voile, immo-
bile et sans voix, Et les ombres couraient, et sous
leur teinte grise Tout sur le ciel et l'eau s'effaçait
à la fois, LAMART. Ilarm. ii, 2. || 8° S'éclipser soi-
même. 11 s'effaçait pour faire briller son ami. || Per-
dre son empreinte propre. Les caractères s'effacè-
rent. Il 9° Terme d'escrime. Se présenter bien de côté,
en offrant la moindre surface. || Terme militaire.
Rentrer dans l'alignement. || Terme de marine.
Un vaisseau s'efface quand, étant embossé, il pré-
sente le flanc à un bâtiment, à un fort, etc.
— SYN. EFFACER, RAYER, RATURER, BIFFER. Effacer
est le plus général des quatre, VU qu'on efface de toutes
sortes de façons. On efface un mot soit en le rayant,
soit en le grattant, soit même en le lavant. On raye
un mot en passant une raie dessus. Raturer, bien
qu'il exprime un acte semblable à rayer, dit quel-
que chose de plus; la rature efface plus complète-
ment que la raie. On biffe un mot en le rayant aussi;
mais, quand il s'agit d'une pièce entière, d'un arrêt,
etc. on dit qu'on les biffe, ce qui est les croiser avec
une raie d'encre.
— HIST. xii° s. Soient fait li fil [les fils] de lui en
péril ; en une generaciun seit esfaced li nums de lui ,
Liber psalm. p. t09. ||xm"s. Que qui l'orra veuille
jus mettre De soi le mal, si que bien fasse. Que par
bien oïr maint esfasse De son cors le mauvais usage,
Dit de paresse. Roïne debonaire. Les ieux du cuer
m'esclaire. Et robscurtém'esface,BUTEB. Théophile.
Certes je grat hors et effas [efface] De mon cuer
l'amor de mes gens, VEscoufle. Effacié soient du
livre de vie. Psautier, f si. || xiv s. X po [peu]
que le nom des Volques ne fut ileuc effacé et perdu,
BERCHEURE, f" 53. Duquel la barbe longue et les
cheveux avoient effacé la beauté de son viaire, id.
f" 35, verso. Mais iceulx [péchés] soient i moy par-
donnés et effaciés par ton benoit enfant, Uenagier,
l, t. Supposé que la renommée soit à tort, si ne
peut jamais icelle renommée estre effaciée, ib.
I, 4. Il XV' s. Sains, très sains appeller se font;
Mais dont ceste saincteté vient? Quant à présent ne
me souvient ; Je ne voy miracle qu'ilz ''acent. Ne
mabidie qu'ilz effacent, eust. desch. Poésies mss.
f« 526, dans LACURNE. ||xvi* S. Si tost qu'il se fut
jette aux affaires de la chose publique, il effacea
incontinent tous les autres orateurs et entremetteurs
du gouvernement, amïot. Aie. t9. Antimachus fut
si despit et si marry qu'il effacea ce qu'il en avoit
escript, id. Lysand. 34. La divination n'a que des
moyens obscurs et tous effacez instrumens pour
cognoistre ce qui doibt advenir, id. Sylla, t«.
.... Ou pour sçavoir si du temps la longueur Ne
m'avoit point effacé de son coeur, bons. 77». On
EFF
trouve, en peu desacres, doigts gros et tendansà
couleur de bleu effacé, fouilloux, fouconn. f" 68,
dans LACURNE. Protogenes, despité contre sa be-
songne, print son esponge, et, comme elle estoit
abruvée de diverses peitictures, la jecta contre,
pour tout effacer, mont, i, 264.
— ETY.M. É pour es.... préfixe, et face: propre-
ment, ôter la face; bourguig. efaici; provenç. es-
fassar.
fEFFACEUR, ECSE (é-fa-seur, seû-z'), s. m.
et f. Celui, celle qui efface.
— HIST. xvi* s. Effaceur, uonet, Dict.
— f.TYM. Effacer.
EFFAÇURE (è-fa-su-r'), ». f Ce qui est effacé.
Cetie page est pleine d'effaçures. Cela est bien
hardi, madame, d'effacer trois lignes tout de suite,
en écrivant aune marquise ; mais vous savez mieux
que personne combien il importe que cela soit per-
mis et de quelle utilité est dans la société humaine
la liberté des effaçures, voit. Lett. tus.
— hist. xiii* .Sanz rayure ou sanz effaceure, de
quoi soupeçon puisse nestre, Tancr. li Ordinaires,
f° 97.
— f.TYM. Effacer.
t EFFANAGE ( è-fa-na-j' ), t. m. Terme d'agri-
culture. Action d'effaner.
— ÉTYM. Eïïaner.
EFFANfi, EK (è-fa-né, née), pari, passé. Des
pommes de terre effanées.
EFFANER (é-fa-né), v. a. Terme d'agriculture.
Couper les fanes ou feuilles de certaines plantes.
Effanor les blés.
— liTYM. Ef fouT es.... préfixe, et faner.
tEFFANECR, EUSE (è-fa-neur, neù-z'), s. m.
et f. Terme d'agriculture. Celui , celle qui effane les
plantes.
— KTYM. Effaner.
t EFFANURES (è-fa-nu-r') , s. f. pi. Terme d'a-
griculture. Ce qui provient des blés et des plantes
qu'on a effanées.
— f.TYM. Effaner.
♦ t EFFARADE (è-fa-ra-d') , t. f Ëlat d'une per-
sonne effarée. Au milieu de l'effarade des maîtres du
logis, ciiateaub. Uém. t. xi, p. 3)7.
— f.TYM. Effarer.
EFFARÉ, ÉE (è-fa-ré, Téc),part. passé. Qui est
dans un grand trouble moral visible sur le visage.
Comme il les écarquille [les yeux] et paraît effaré!
MOL. Amph. m, 2. Sou amante effarée Demeure
le teint pâle.... boil. Lutr. ii. Une longue file de
cinq à six cents voitures embarrassait tous ses mou-
vements ; sept mille traîneurs effarés et hurlant de
terreur et de désespoir se ruaient dans ses faibles
lignes, sEgdr, //i.s(. de A'ap.xi, 7. || Il sedit aussi de
la figure sur laquelle se peint l'effarement. Ce que je
ne comprends pas, c'est que l'envie de rire ne vous
ait pas pris en voyant nos mines effarées, m"" de
GENLis, Th. d'éduc. V Amant anonyme , m , 3. || Sub-
stantivement. Il s'en est allé comme un effaré, M"'
de GENLIS, Î7i. d'éduc. la Cur. v, 3. {| Terme de
blason. Licorne effarée, licorne représentée droite,
comme sont les animaux dits rampants. Che\al
effaré, cheval levé sur ses pieds.
— SYN. EFFARÉ, EFFAROicwÉ. Celui qui est effa-
rouché éprouve crainte ou défiance. Celui qui est
effaré éprouve un trouble moral quelconque peint
sur son visage, soit surprise, soit indignation, soit
crainte. Effarouché se dit des hommes et des ani-
maux. Effaré ne se dit que des hommes.
+ EFFAREMENT (è fa-re-man), s. m. Etal de
celui qui est effaré. Il faisait volte-face pour main-
tenir l'ennemi, quand tout à coup les hauteurs aux-
quelles il voulait appuyer sa gauche se couvrirent
d'une foule de fuyards; dans leur effarement, ces
malheureux se précipitaient et roulaient jusqu'à lui
sur la neige glacée qu'ils teignaient de leur sang,
sÉGUR, Hist. de Nap. ix, i3.
— KTYM. Effarer.
EFFARER (6 fa-ré), t). o. |j 1* Frapper de quelque
trouble moral qui se peint sur la physionomie.
Il 2° S'effarer, r. ré/l. Devenir effaré. On chercha
les lois, on ne les trouva plus; l'on s'effara, l'on
cria, l'on se les demanda, retz, ii, (01.
— HIST. XIV" s. Li rois touz effarés respont et loui
pleins d'ire, Girart de Ross. v. 3(75.
— ÉTYM. Provenç. esferar, effrayer, effaroucher;
du latine/T'erare; dee.... préfixe, et /'erus, farouche.
t EFFAROUCHANT, ANTE (è-fa-rou-chan, chan-
f), adj. Qui effarouche; qui donne de l'ombrage
Une proposition effarouchante.
EFFAROUCHÉ, £E (è fa-rou-ché, chée), pari.
pajs^. Il 1° Effrayé, en parlant des animaux. Ur.
animal effarouché. |1 Terme de blason. Chat eflarou-
I
EFF
ehé, chat représenté droit sur ses pattes de der-
rière; se dit aussi du cliat en action rampante.
Il Substantivement, l.à les pauvres efTaroucliés Pen-
sent s'être bien retrarcliés, PERnAULT, Chasse,
dans RiCHELET. Il 2° Mis en crainte, en défiance.
Effarouclié par une telle proposition. Je vous croyais
effarouchés pour plus de huit jours, dancoubt,
XoiU. Jav. se. 23. Les paysans effarouchés avaient
fui; beaucoup de vivres étaient gaspillés, séqur,
Bisl. de Nap. viii, 8.
1 EFFAROUCHEMENT (é-fa-rou-cheman) , s. m.
Action de s'effarouclier; état de celui qui est effa-
rouché. Le père Tellier se répandit en discours de
la difficulté de la chose, sur un premier effarouche-
ment qui.... ST-SIM. 350, (07.
— ÊTVM. Elfarnucher.
EFFAROUCHER (è-fa-rou-ché) , e. a. |1 1" Effrayer,
faire fuir, en parlant des animaux. Effaroucher du
gibier. Les cris effrayants de l'armée ennemie, joints
à une grêle de traits et de pierres lancées de divers
côlés par les archers et les frondeurs, les trou-
blaient [les éléphants], les effarouchaient, les met-
taient en fureur, et souvent les obligeaient de se
tourner contre leurs propres troupes, bollin, Ilist.
anc. t. XI, 4" part. p. 389, danspouGENS. || 2° Mettre
en crainte et en défiance. Il faut, si vous m'en
croyez, n'effaroucher personne, mol. Avare, v, <•
Phelippeaux acheva d'effaroucher son père par tous
les détailsqu'il lui rapporta, st-sim. 201 , 486. C'était
la funeste vé^ence rlc F.runch.iu't qui avait surtout
efiarodché la naiiou, monik.-u. Ls^ir. xxxi, i. 'l'rip
d'éclat l'eflarouche; il voit d'un œil sévère Dans le
bien qu'on lui fait le mal qu'on peut lui faire, vùi.t.
Bruttis, II, 2. Il .\bsolument. Un homme de talent, s'il
est austère, il efroroucho, la bruy. xn. |! Fif». liffa-
roucher les pigeons, éloiçrner d'une maison les per-
sonnes qui y apportent iinifil. |] 3' l'iir. Rendre quel-
qu'un moins traitable, le ctioquer. Et ceux que vos
rigueurs ne font qu'effaroucher, corn. Cinna, iv, 4 .
Et je n'ai plus un cœur que le crime effarouche,
BAC. Théb. m, e. Ils [les épicuriens] n'ont reconnu
des dieux que par bienséance, pour ne pas effa-
'oucher la canaille d'Athènes, volt. Dial. xxix, 4.
'Jn front cicatrisé par la guerre et le temps Effarou-
chait en vain mon coeur et mes beaux ans, lu.
Soph. I, 3. Elle ne fut ni surprise de sa conquête
ni effarouchée d'une prompte déclaration, m"' de
GENLis, Mme de Maintenon, t. ii, p. 3, dans pot;-
GENS. Il 4° S'effaroucher, v. réfl. Etre effarouché. Ce
cheval s'est effarouché. || Fig. Mon cœur s'en effa-
rouche, et j'en frémis d'horreur, cobn. Hor. ii, 3.
Vous lui cachez, madame, un secret qui le touche;
Je crains qu'en l'apprenant son cœur ne s'effarouche,
m. Nicom. i, 5. Ne t'eflarouche pas d'un feu
dont je fais gloire, ID. Suréna, i, 4. C'est un
étrange fait qu'avec tant de lumières Vous vous ef-
farouchiez toujours sur ces matières, mol. J^c. des f.
IV, 8. Les hypocrites n'ont point entendu raillerie;
.'is se sont effarouchés d'abord et ont trouvé étrange
que j'eusse la hardiesse de jouer leurs grimaces,
iD. Tart. Préface. Je sais que vos attraits, encor
dans leur printemps. Pourraient s'effaroucher de
l'hiver de mes ans, volt. Mer. i, 3. Le lecteur se
scandalise et s'effarouche de tout, J. J. rouss. Ëm.
IV. Il II se dit aussi des sentiments. Que ton ambition
ne s'effarouche pas, corn. Perlhar. m, 4. Je con-
nais sa vertu prompte à s'effaroucher, RKC.Bajaz. i, 4.
— HIST. XVI" s. S'effaroucher de voir un homme
mort, MONT, i, 80. Cette sotte humeur de s'effa-
TOUcher des formes contraires aux nôtres, m. iv,
»2S. Sans raison quelconque, comme bestes effa-
rouchées, ilz s'alloienteulx mêmes enferrer, amyut,
P. jEmil. 33. Au lieu qu'il avoit trouvé l'isle toute
effarouchée, sauvage et haïe par les naturels habi-
tans mesme, m. Timol. 46. Ce bœuf s'effaroucha
lors contre le bouvier qui le menoit, id. Dion, 49.
S'effaroucher ou s'offenser des paroles, est preuve
de grande foiblesse ou d'estre touché de la maladie,
CHARRON, Sagesse, i, 23.
— ÉTY.M. E pour es.... préfixe, et farouche ; Berty ,
tffourdcher.
t EFFARV.'VTTE (è-far-va-f), s. f. Petite rous-
serolle, espèce du genre fauvette.
t EFFAUCHETTER (è-fô-chè-té), v. a. Terme
d'agriculture. Ramasser les avoines avec un râteau
appelé fauchet.
— ÉTVM. Fauchet.
t EFFAUTAGE (è-fÔ-ta-j'),s. m. Merrain de rebut.
EFFECTIF, iVE (é-fé-ktif, kti-v'), adj. || 1- Terme
de théologie. Qui produit des effets. L'amour effectif,
celui qui fait pratiquer la loi, par opposition à
l'amour affectif q»ii ne produit que des sentiments.
(I 2' Qui existe elfeotivemcnt, réellement. Une ar-
DICT. DE LA LANGIIK "3iNf:AISK.
EFF
mée de trente mille hommes effectifs. Les plus
grands rois ont eu rarement trois cent mille com-
battants effectifs, VOLT. Moeurs, Jui'/V. || 3° Réel,
positif. C'est ce glorieux titre, à présent effectif.
Que je viens ennoi.lir par celui de captif, corn.
M. de Pomp. iv, s. Jusqu'à ce qu'on nous craigne
et que le temps arrive De remettre en ses mains la
puissance effective, id. Perthnr. m, i. Ne semble-
t-il pas que Dieu n'ait mis cette merveilleuse idée de
vertu dans l'esprit d'un philosophe [Socrate] que pour
rendre cette idée effective dans la personne de son fils?
Boss. ;/ist. II, 6. Cherchez, imaginez parmi les hom-
mes les différences les plus remarquables; vous
n'en trouverez point de mieux marquée ni qui vous
paraisse plus effective que celle qui relève le victo-
rieux au-dessus des vaincus qu'il voit étendus à ses
pieds, ID. Duch. d'Orl. Ils lui représentèrent que,
pour un secours aussi présent et aussi effectif que
l'argent et la flotte, il ne lui en cotlterait qu'un vain
consentement, VERTOT, Réxol. rom. xi, 437. ||Un
homme effectif, homme qui ne promet rien qu'il ne
donne. Effectif dans ses résolutions, fidèle dans ses
promesses, fléch. M. de Mont. Maréchal [le chi-
rurgien du roi], qui était effectif, et la probité, et
la vérité, et la vertu même, était d'ailleurs gros-
sier, ST-SIM. 325, 7. Il Dans le même sens. Sa pa-
role est effective. || 4° S. m. Nombre réel des sol-
dats d'une armée, d'une troupe, par opposition
à celui qu'assignent les règlements ou à celui qu'on
annonce publiquement. L'elTeclif n'était que de tant.
Il Terme de comptabilité militaire. Relevé des con-
trôles annuels. I
— HIST. XVI* s. Moyennant que ce qu'il met en
avant ait en soy quelque propriété effective envers
le sujet à quoy on le veut apjiliquer, langue, 4 97.
— ÉTYM. Provenç. effectiu; espagn. efeclivo; ilal.
effetlivo ; du latin effeclivus, deeffectus, effet.
t EFFECTION (è-<'è-ksion) , s. f. Terme de géo-
métrie. Construction géométrique des problèmes et
des équations. Il publia trois traités qui ont pour
titres : le premier.... le troisième, la construction ou
effection des équations, fonten. Lahire. || Peu usité.
— ÉTY.M. Lat. effeclionem (voy. effet).
EFFECTIVEMENT ( è - fè - kti - ve - man ) , adi;.
Il 1" Avec effet. Agir effectivement. || 2° Réellement,
en réalité. Efiéctivement il est arrivé; il est arrivé
effectivement; il est effectivement arrivé. Que dira-
t-on de ceux qui se portent à des choses effective-
ment mauvaises, parce qu'ils les croient effective-
ment bonnes? pasc. Prov. 4. Ce qui effectivement
est vrai, fonten. les Mondes, t" soir.
— REM. Des auteurs de synonymes ont essayé de
distinguer effectivement et en effet. Mais effective-
ment signifiant avec effet, et eneffet signifiant dans
l'effet, la nuance échappe tout à fait dans l'usage.
— Hl.ST. XVI» s. Il prédit à son maistre (lue ce
dessein ne reussiroit pas.... effectivement tout ce
projet ne réussit rien qui vaille, d'aub. Vie, xc.
Il brigua luy mesme effectivement [de fait] en sa
faveur, amyot, Pomp. 3t.
— lîïYM. Effective, et le suffixe ment.
t EFFECTRICE (è-fé-ktri-s'), adj. f. Terme di-
dactique. Cause effectrice, cause qui produit un
effet, un dit plus souvent cause efficiente.
— ÉTYM. hM.effectrix, celle qui fait (voy. effet).
EFFECTUÉ, ÉE (è-fè-ktu-é, ktu-ée) , part, passé.
Mis à effet. Des desseins longtemps médités et fina-
lement effectués.
EFFECTUER (è-fè-ktu-é), v. a. \\ 1° Mettre àeffet.
F.ffectuer ses promesses. On effectua le passage du
fleuve. L'armée effectuait lentement sa retraite. Ce
que le fer ne peut la douleur l'effectue , mair. Sophon.
m, I. Tant que tu te défends d'y rien contribuer
[aux mauvaises pensées]. Tu leur défends aussi de
rien effectuer, corn. Imil. m, 8. || Absolument.
Ce n'est pas tout de promettre, il faut effectuer.
Il 2° Terme de mathématique. Faire un calcul qui
n'est qu'indiqué. Effectuer une opération. || 3° S'ef-
fectuer, V. réfl. Être effectué, être accompli. Ses
projets s'effectuent. Je sais bien que la représenia-
tion raccourcit la durée de l'action, et qu'elle fait
voir en deux heures, sans sortir de la règle, ce qui
souvent a besoin d'un jour entier pour s'effectuer,
CORN. Ex. de Mélite. Pendant ce temps, le passage
du Borysthène s'effectua sur plusieurs points ,
SÉGUR. Ilist. de Nap. vi, 7.
— HIST. XVI* s. (;'est la seule humilité et soub-
mission qui peult effectuer un homme de bien, mont.
II, 208. Lesquels, se faschans d'avoir si peu effectué
au séjour qu'ils avoyent fait devant Paris, délibé-
rèrent de donner une camisade aux faux-bourgs,
LANOBE, 688. Et n'y eut que le quatrième poinct,
de moindre importance que les autres, qui s'effec-
EFF
1305
tua, ID. 642 qui me fait vous prier de croire
mon conseil et de l'effectuer, carloix, m, !i. L'ar-
tillerie a bien plus d'action et effectue d'avantage
contre une muraille qu'elle ne fait contre un gabiou
rempli de terre, paré, ix, 42.
— ÉTYM. Lat. effeclus, effet.
t EFFËLURE (èfé-lu-r'), s. f. Rognure de peau
blanche qui sert à faire delà colle.
— ÉTYM. Sans doute es.... préfixe, et fêlure; du
moins on trouve cffellé, rompu : xiii* s. brisie fu et
effellée, Uist. de Ste Leoc. ms. f° 32, dans lacurne.
t EFFEMELLER (è-ffe-mé-lé) , v. a. Retrancher
dans une forêt le bois mort ou mauvais. Pour les
hommes il faudrait faire comme les bûcherons l'ont
tous les ans dans les grandes forêts; ils y entrent
pour les visiter, pour reconnaître le mort bois ou
le bois vert, et efifemeller la forêt, retranchant tout
ce (jui est superflu ou dommageable, pour retenir
seulement les bons arbres ou les jeunes baliveaux
d'espérance, garasse, dans bavle, Dict. au mot
Déjotarus, note F. || Inusité aujourd'hui.
— ÉTYM. Peut être femelle : blet ce qui rend le
bois femelle, c'est-à-dire moins fort.
t EFFÉMINATION (è-fé-mi-na-sion) , s. /'.Action
d'efféminer; état de celui qui est efféminé.
— HIST. xvi* s. Effemination, cotgrave.
— ÉTYM. Efféminer.
EFFÉMINÉ, ÉE (è-fé-mi-né, née), part, passé.
II 1° Rendu par les habitudes semblable à une femme.
Va, cœur efféminé, va, lâche, sors d'ici, rotu.
Antiq. iv, 6. Des cœurs efféminés dont l'oisive mol-
lesse Ne connaît d'intérêts que ceux de leur tni..
dresse, volt. Sophon. I, 2. || Substantivement, l'n
efféminé. C'est le propre de l'efféminé de se lever
tard, de passer une partie du jour à sa toilette, de
se voir au miroir, de se parfumer, de se mettre des
mouches, de recevoir des billets et d'y faire réponse,
LA BRUY. I. Il 2° En parlant des choses. Pour la mu-
sique, on sait que les anciens croyaient que rien
n'était plus pernicieux à une république bien poli-
cée que d'y laisser introduire une mélodie effémi-
née, fén. Educ. des filles, ch. 42. Quel est le ci-
toyen parmi nous qui se priverait, comme Julien,
Antonin et Marc-Aurèle, de toutes les délicatesses
de notre vie molle et efféminée....? volt. Z>ict.p/i«i,
Philosophes, i. Essayant sur le luth des chants effé-
minés, c. DELAviGNE, Vêpres sic. II, 2,
t EFFÉMINÉMENT ( è-ffé-mi-né-man ) , ode.
D'une manière efféminée.
EFFÉMLNER (è-fé-mi-né), e. a. Rendre par les ha-
bitudes une homme faible comme une femme. Tout
ce qui efféminé les hommes, j. j. yiovss. Pologne , t..
Il II se dit aussi des choses. Efféminer les mœuis. 11
prétend que tout autre amour ne peut qu'affadir et
efféminer Melpomène, LA HARPE, Coursdelittér.U\ii:
p. 4 90. Il S'efféminer, ti. réfl. Devenir efféminé.
— SYN. efféminer, AMOLLIR, ÉNERVER. Amollir,
c'est rendre mou; énerver, c'est ôter le nerf. Les
délices de Capoue amollirent, énervèrent les Car-
thaginois d'Annibal, mais ne les efféminèrent pas,
efféminer signifiant toujours que l'on prend non
précisément des habitudes molles ou énervées, mais
des habitudes féminines; ce qui suppose en mêm'^
temps quelque chose de recherché et d'approchant
de la femme.
— HIST. xii* s. Trop te laisses tost abaissier, Feme-
nins e effeminez, Qui nen es mais crienz [craint] no
dotez, BENOIT, H, 75(7. Or si quident [ils pen-
sent] qu'aion perdue La grant valor qu'avura eile;
Quident effeminez seiom, Senz pris e senz defen-
sion, ID. II, 8584. Il XV* s. Et s'afemiua avec ces
Cypriennes, femmes du subtil art, qui l'endormi-
rent, G. chastel, Chr. des ducs de Bourg, m, 4 8.
Il XVI* s. Trop hanter les femmes efféminé la personne,
PALSGR. p. 031. Non les herma|ihrodits, monstres
efféminés, d'aub. Tragiques, liv. ii. Princes.
— ÉTYM. Provenç. efeminar, enfeminar; anc.
espagn. efeminar; ilal. cffeminare; du latin effemi-
nare, de ex, etfemina, femme.
EFFENDI (è-fan-di), s. m. Titre d'honneur et ds
dignité en Turquie. Seigneur, maître. || Le reis-
effendi, le ministre des affaires étrangères.
— ÉTYM. Turc, efandi, maître, seigneur, cor-
rompu du grec où6évt»i; (il se prononce afthendis
th anglais), qui agit de sa propre autorité, seigneur
(voy. authentique).
f EFFÉRENT, ENTE (è-ffé-ran ,ran-t') , ad/. Terme
de physiologie. Qui emporte. Vaisseaux efférents,
vaisseaux qui emportent les fluides sécrétés hors des
glandes. Nerfs efférents, nerfs qui portent les ac-
tions du centre à la périphérie.
— ÉTYM. Lat. efferens, de efferre, porter hors
de e, et ferre, porter.
I. — Uk
1306
EFF
EFFEKVESCENCE(6-rêr vè-9san-s'), t./'.|| l°Terme
didactique. Uouillomjement (Jéterminé par le déga-
geinctU d'un gaz queicoiujue do l'intérieur d'un
liquide. Les alcalis font eflervescence avec les
acides. Être, entrer en effervescence. Les fermen-
tations ou effervescences cbimiques, dont le mou-
vement est si violent qu'on les pourrait quelquefois
comparer à des temp6tes, sont des effets de cette
puissante attraction qui n'agit entre les petits corps
qu'à de petites dislances, fonten. Newton. Les ef-
fervescences, le développement des gaz, l'électricité,
la chaleur et les combinaisons produites par le mé-
lange de plusieurs substances contenues dans un
vaisseau fermé, n'en altèrent le poids ni pendant ni
après le mélange, la place, Expos, iv, te. \\ 2» An-
cien terme de médecine. État d'échauffement, de
bouilloanement comparé à l'effervescence chimique.
L'effervescence du sang. Toute celte colère était en-
fantine et lui faisait dire des choses que le marquis
ne dirait pas.... cela s'appelle donc (comment dites-
vous , ma fille ?) des effervescences d'humeurs ;
voilà un mot dont je n'avais jamais entendu parler;
mais il est do votre père Descartes ; je l'honore à
cause de vous, sÉv. 670. || 3°Fig. Sorte de bouillon-
nement de l'âme. L'effervescence des passions.
Jeunes gens que la première effervescence de l'âge
des plaisirs avait entraînés dans les excès de la dé-
bauche, RAYNAL, Ilist. phil. XIV, 3. Il Emotion des
esprits, favorable ou défavorable. L'effervescence
populaire. Le mécontentement universel que vous
traitez d'effervescence a quelques sujets ou motifs
trop connus pour ne pas lever tous vos doutes, mira-
bUAU, Collection, t. i, f' 39. Quanta cette jeunesse
d'élite qui, dans ces temps de gloire, remplissait
nos camps, son effervescence était naturelle, ségur,
Uist. de Nap. m, 3.
— ÊTYM. Effervescent.
EFFERVESCENT, ENTE (è-fêr-vè-ssan , ssan-t'),
adj. Il 1° Terme de chimie. Qui est en effervescence
ou susceptible d'entrer en effervescence. || Boisson
effervescente, boisson préparée avec du bicarbonate
de soude et du jus de citron ou de l'acide tartrique.
Il 2° Fig. Prêt à s'emporter comme par un bouillon-
nement. Une tète effervescente. Une âme efferves-
cente. La foule effervescente.
— RtYM. Lat. effervescens, de effenescere, s'é-
chauffer ; de ex, et /«rïerc, être chaud (voy.FEnvEUB).
EFTET (è-fè ; le ( ne se lie pas, du moins dans la
conversation, ailleurs on le lie quelquefois; au plu-
riel, l'sse lie: des è-fè-z incroyables), s. m. \\ l''Co
qui est fait par un agent quelconque. Point d'effet
sans cause. J'ai tâché de trouver en général les
principes ou premières causes de tout ce qui est ou
qui peut être dans le monde.... j'ai examiné quels
étaient les premiers et plus ordinaires effets qu'on
pouvait déduire de ces causes, desc. Uélh. vi, 3.
Cette préférence [pour Rodogune] est peut-être en
moi un effet de ces inclinationsaveuglesqu'ont beau-
coup de pères pour quelques-uns de leurs enfants
plus que pour les autres, CORN. Ex. de Hodog. La foi
que j'ai reçue aspire à son effet, id. Polyeucle, n , 6.
Vous voyez un effet des leçons d'Annibal,iD. JVicom.
II, 3. Seigneur, voilà l'effet de ma reconnaissance,
jD. Sert. V , 4. Les connaissances que nous acquérons
de cette façon [par l'étudej , aussi bien que leur con-
tinuation, ne sont qu'un effet de mémoire, pasc.
Lett. à Urne Périer, 5 nov. 404«. Cette grâce n'a nul
effet sans grâce efficace, lo. Prov. 2. Les mauvais
effets que causa cette doctrine, id. Prov. <B. Elle
commença à sentir les effets de sa dissipation, sÉv.
418. La nature agit en cela comme sûre de son effet,
Boss. Conn. v, î. Sa mort sera l'effet de l'amour
d'Hermione, bac. Ândr.y, ). Un ordre qui d'abord
a pu vous alarmer. Mais qui n'est que l'effet d'une
sage conduite, id. Brit. i, 2. Seigneur, tous ces
regrets De votre piété sont de justes effets, id. lier.
u, 4. J'impute à son amour l'effet de son caprice,
ID. Bajax. m, 7. L'histoire nous apprend que les
lois pénales n'ont jamais eu d'effet que comme des-
truction, MONT. Esp. XXV, 12. Les effets sont pareils
quand la cause est la même, Ducis, llamlet, ii, 5.
L'homme aujourd'hui sème la cause. Demain Dieu
fait mûrir l'effet, v. hugo, Ciép. 5. Puis le cœur
s'aperçoit qu'il est devenu vieux. Et l'effet qui s'en
va nous découvre les causes, A. de musset, Poésies
nouv. Sonnet à U. Y. II. || Avoir son effet, produire
le résultat attendu. Et bientôt mes desseins auront
un plein effet, corn. Iléracl. u, i. L'empereur
Maurice reconnut cette supposition [d'un enfant
pour un autre] , et l'empêcha d'avoir .son effet,
IK Ex. d'IIéracl. Ses menaces eurent bientôt leur
effet, ROSS, llisl. i, 7. Ces remontrances avaient
leur effet, id. ib. m, » Ces épreuves peuvent
EFF
avoir leurs effets, id. Nouv. myst. 47. || Faire
effet, faire son effet, opérer. Ces beautés étaient de
mise en ce temps-là et ne le seraient plus en celui-
ci ; toutes les deux ont fait effet en ma faveur, corn.
Ex. du Cid. 6 ma fille, est-ce là le prix do mes
bienfaits? —Ceux de mon père en vous firent
mêmes effets, id. Cinna , v, 2. Quand il est besoin
que cette vérité fasse son plein effet, lo. Ex. d'Ile-
radius. De ces deux desseins il n'y eu a qu'un qui
lasse effet, laulrese détruisant de soi-même, id.
Ex. de la Sut». On n'avait jamais vu jusque-là que
la comédie fit rire sans personnages ridicules, tels
que les valets bouffons , les parasites , les capitans , les
docteurs, etc.; celle-ci faisait son effet par l'humeur
enjouée des gens d'une condition au-dessus de ceux
qu'on voit dans les comédies de Plante et de Térence,
ID. Ex. de llél. J'avais cru d'abord que votre stra-
tagème avait fait son effet, mol. la Princ. iv, 2.
Renaud n'était si neuf qu'il ne vit bien Que l'oraison
de monsieur Saint-Julien Ferait effet, et qu'il aurait
bon gîte, LA FONT. Orais. Les remèdes ne font point
d'effet, SÉv. (2». Le billet qu'on lui avait fait rendre
faisait son effet, hamilt. Gramm. 7. Plutârque nous
a conservé ce bon mot que Lamprias disait de lui-
même : que la chaleur du vin faisait sur son esprit
le même effet que le feu produit sur l'encens, dont
il fait évaporer ce qu'il y a de plus fin et de plus ex-
quis, rollin, Uist. anc. liv. xxv, ch. 2, art. 4, §2.
Il 2° Acte, par opposition à simple parole. Tu.... As
adoré l'honneur d'effet et de parole, Régnier, Sat.
VI. Pour les volontaires qui, par curiosité ou désir
d'apprendre, s'offriraient peut-être de lui aider,
outre qu'ils ont pour l'ordinaire plus de promesses
que d'effet, desc. Uéth. vi, 7. C'est un jour choisi
par deux souverains pour l'effet d'un traité de paix
entre le-urs couronnes ennemies, corn. Rod. Pré-
face. Autant que tu l'as pu, les effets l'ont suivie
[l'inclination], id. Cinna, v, -f. Les effets de César
valent bien ses paroles [de Pompée], id. Pomp. i,
t. Les bravades enfin sont des discours frivoles, Et
qui songe aux effets néglige les paroles, id. ib.
II, 4. Les effets répondront : prince, pensez à vous,
id. Nicom. m, 3. Il me faut des effets et non pas
des promesses, id. Suréna, 11, 3. Mais mon crime est
entier et le sien imparfait. Le sien n'est qu'en dé-
sirs et le mien en effet, id. Œdipe, iv, 5. Et tous
trois, signalés par d'illustres effets. Savent servir
en guerre et commander en paix, rotrou, Bélis.
XI, 7. D'un frivole discours passez donc à l'effet, id.
Antig. iv, S. Il faut faire et non pas dire, et les
effets décident mieux que les paroles, mol. Fest. de
Pierre, 11, 6. Ce n'était là que des paroles, mais on
en vint aux effets, boss. Arert. B. Dans les champs
phrygiens les effets feront foi. Qui la chérit le plus
[la Grèce], ou d'Ulysse ou de moi, rac. l/ihig.i,
2. Quand Dieu par plus d'effets montra-t-il son pou-
voir? id. Alhal. I, 1. Je t'ai secourue autant que
j'ai pu par mes paroles et d'effet, fén. Solon. Pro-
digues des serments, avares des effets [les ambi-
tieux], VOLT. Triumv. iv, 4. 1] Homme d'effet,
homme qui exécute ce qu'il dit. [11] était homme
d'effet, LA FONT. Cal. || 3"" Réalisation, exécution. S'il
se trouve quelques-uns des gouvernements ou prin-
cipaux officiers qui soient reconnus adhérant à ces
messieurs, il les faut changer, sans leur donner
temps de mettre leur mauvaise volonté en effet,
RICHELIEU, Lelt. à M. Hcmery, dans godefroy, Lcx.
de Corneille. J'ai mis, grâces aux dieux, ma pro-
messe en effet, corn, la Veuve, lu, 7. Avec tous vos
lauriers craignez encor le foudre. — Je l'attendrai
sans peur. — Mais non pas sans effet, id. Cid, 11.
1. Pour avancer l'effet de ce discours fatal, id.
Polyeucte, i, 3. Que les dieux t'ont promis l'empire
de la terre, Et que tu n'en peux voir l'effet que par
la guerre, id. Hor, 1, t. El l'on ne reconnaît de
semblables forfaits Que quand la main s'apprête à
venir aux effets, id. Cinna, m, 2. J'ai prononcé
l'arrêt, il faut que l'effet suive, id. Iléracl. i,3. 11 ne
tiendra qu'au roi qu'aux effets je ne passe,lD. Nicom.
I, 3. Et nous verrons alors l'effet de ces menaces,
ID. ib. II, 3. Et, mettant en effet tes injustes
desseins , Achève de te perdre en servant les Romains,
MAiR. M. d'Asdrub. 11, 3. J'ai franchi sans trembler
les plus sanglants hasards. Et rendu sans effyt les
menaces de Mars, rotrou, Bélis. iv, 2 Damon
sous ce feint personnage Pourrait voir si Caliste en
viendrait à l'effet, la font. Coupe. Sans reculer
plus loin l'effet ne ma parole, rac. Hilhr. m, t.
X ses prédictions si l'effet est contraire, Pensez-
vous que Calchas continue à se taire? id. Iphig.i, 3.
Si l'effet eût suivi ma pensée, id. tb. 11, 7. Je crains
qu'un prompt effet n'ait suivi la menace, id. Phèd.
lY, 4. Ils recevront l'effet de ces magnifiques pro-
EFF
messes, mars. Car. F. conf. \\ Accomplissement,
ô de mon songe affreux trop véritable effet, cobn.
Polyeucte, m, 3. || Méré, (JEuvret potth. t. i ,
p. <62, ne voulait pas qu'on dît effet pour accom-
plissement : L'effet de votre prédiction. || 4° Terme
de jurisprudence. Conséquence, application. La loi
n'a point d'effet rétroactif. Code Nap. art. 2. L'arrêt
sortira son plein et entier effet. || Effets civils, les
droits civils. Pour empêcher toute communication
avec les lépreux, on les rendait incapables des effets
civils, MONTESQ. Esp. XIV, ii. \\ 6° L'effet d'un»
machine, sa force, la puissance qu'elle tiansmet.
Il 6° Impression morale. Mais tout ce beau langage
est de si peu d'effet. Que.... malii. vi, 25. La tête
de Pompée a produit des effets Dont ils n'ont pas
sujet d'être fort satisfaits, cohn. Pomp. m, t. Si
vous voulez réfiéchir sur la narration de Curiace
dans l'Horace, vous trouverez qu'elle fait tout un
autre effet, id. Ex. de Ilodog. Ses paroles n'ont fait
aucun effet sur vous, mol. Fest. de Pierre, iv, (0.
Mes vérités ont fait en vous leur effet ordinaire, sÉv.
10. Il avait sur cet art [la musique] une idée assez
juste; c'est qu'il ne produisait ses grands effets que
dans les assemblées nombreuses, dideb. Claude et
Wron. Il Faire un bon, un mauvais effet, produire
une impression favorable, défavorable. Cette chute
fait un effet d'autant plus mauvais que..-. couN. Ex.
d'ilor. Cela fait un mauvais effet d'abord, sév. 4H.
11 n'y a pas une parole qui ne fasse un bon effet, id. 48) .
Le livre de M. de Cambrai fait le plus mauvais effet
du rponde pour son auteur, boss. Quiét. 94. || Faire
effet, produire une impression. Elle fit effet en en-
trant dans le salon. Cet homme cherche toujours à
faire effet. Tu veux que pour toi je compose Un long
roman qui fasse effet, bérang. Romans. \\ On dit
dans le même sens, faire de l'effet. || X effet, destiné
à produire de l'effet. Un morceau à effet. || Faire un
bel effet, un vilain effet, avoir une bonne apparence,
une vilaine apparence. Les manches du chevalier
font un bel effet à table, sÉv. 77. Votre balustrade
doit faire un très-bel effet, m. 443. Une dent qui
lui fait un étrange effet au devant de la bouche, iD.
321. Il 7° Terme de littérature, de peinture et d'art
en général. Résultat d'une combinaison qui frappe
les yeux, captive l'esprit, touche le coeur. C'est i
lui [Appien] que je me suis attaché pour la narra-
tion que j'ai mise au premier acte et pour l'effet du
cinquième, CORN. Ex. de Rodog \\ Terme de pein-
ture. Effet de lumière, disposition de la lumière
qui frappe par une combinaison heureuse etiiiatlei.-
due. Je distingue dans ce tableau l'effet pathétique
d'avec l'effet pittoresque , st-foix , Ess. Paris ,
Œuvres, t. m, p. <99, dans pol'Gens. || Ce tableau
est à l'effet, il est à l'endroit où il est le mieux.
Mettre un tableau à l'effet. || 8° Terme de billard.
Effet de queue, ou, absolument, effet, mouvement
particulier produit dans la bdle par une certaine
manière delà frapper avec la queue. Faire de l'effet.
Faire un carambolage par effet. Il était de première
force au billard, et avait inventé un bleu pour les
effets, ALPii. KARR, ifî Gu^pfs, juillet 1840. Il On
dit aussi : 11 ne fallait faire qu'un demi-effet. || Effet,
le procédé, c'est-à-dire la petite rondelle qui est
au bout de la queue. || 9°Terme do manège. Mouve-
ment de la main qui sert à conduire un cheval ; il
y eu a quatre : pousser en avant, tirer en arrière,
à droite ou à gauche. || 10° Terme de commerce.
Billet à ordre, lettre de change. Souscrire, endos-
fier, escompter un effet. Hé bien, madame, je n'ai
point d'effets, mais j'en emprunterai; je passerai
demain chez vous et je tâcherai de faire votre af-
faire, DANCOUHT, les Agioteurs, u, <3. Les effets
royaux étaient dans l'avihssement, raynal, Uist.
phil. IV, <7. Il Kffet au porteur, effet payable à la
requête du porteur. Les effets au porteur n'ont d'autre
propriétaire que celui qui les a, et sont censés n'en
avoir jamais eu d'autre ; la loi ne voit qu'un titre do
créance et un porteur de ce titre, montesouiou,
Rapport du 27 août (790, p. 4. || Les effets publics,
les rentes et les autres titres cotés à la bourse.
Il 11° Au plur. Objets, vêtements à l'usage d'une
personne. La sen'ante qui prend les effets de son
maître, boss. Médit. 1. Saint Vincent m'emplit une
valise de beaux effets qui me furent volés huit jours
après, p. L. COURIER, Lelt. i, <43. || 12" Terme de
jurisprudence. Effets mobiliers, et, absolument, ef-
fets, les biens. Abandonner ses effets à ses créan-
ciers. Cette manière de billets a été mise en vogue
par les gens d'affaires pendant la dernière guerr«
pour mettre leurs effets à couvert des recher-
ches qu'on pourrait faire contre eux, vaubah,
Dlme, p. 88. Il 13° En effet, lac. aav. Dans la r^a
lité, dans l'acte. En apparence, il rend témoif-Tingo
EFF
au grand mérite, Pt en effet il donne du soupçon de
la grande réputation, ealz. Quatrième dise, sur la
cour. Ceux qui désirent en général le bien des
hommes, c'est-à-dire tous ceux qui sont en effet
vertueux, et non point par faux-semblant ni seule-
ment par opinion, desc. SIéth. vi, 3. Et qui me fait
léguer en effet est mon maître, cobn. Nicom. ii,
t. Il feignit de m'aimer, je l'aimais en effet, th.
CORN. Ariane, iv, 2. Sous prétexte de rendre con-
formes les mœurs de ses sujets, et en effet pour
assouvir son avarice en pillant toute la Judée, boss.
Hist.u, 6. Reine longtemps de nom, mais en effet
captive, bac. Mith. i, 2. Peuple lâche en effet et né
pour l'esclavage. Hardi contre Dieu seul.... id.
Àlhal. m, 7. Il Assurément, véritablement. Ah 1
madame, en effet L'oracle est accompli, le ciel est
satisfait, rac. Théb.m, 3. Ils croiront en effet mé-
riter qu'on les craigne, id. Brit. iv, 4. Je n'aspire
en effet qu'à l'honneur de vous suivre, ID. Iphig.
I, 2. Voilà donc en effet le soin qui vous dévore,
VOLT. Àdél. I, 2. Car en effet il n'y a que deux
états dans la vie : le célibat et le mariage, cha-
TRAUB. Génie,!, i, 8. {| En effet se met aussi trfes-
souvent en tête d'une phrase, pour annoncer qu'on
va donner une preuve de ce qu'on vient de dire.
Il 14° X l'effet de, loc. prépos. Dans l'intention de,
pour. Il voytige à l'effet de s'instruire. || Â cet effet,
pour cet effet, loc. adv. En vue, pour l'exécution
de. Il X quel effet? à quelle intention? pourquoi?
Il Proverbes. Les effets sont les mâles, et les paroles
sont les femelles. || Plus de paroles que d'effet, se
dit de quelqu'un qui promet plus qu'il ne tient.
— HIST. XIV" s. Se aucuns princes et leurs con-
seilliers eussent ayerceu et advisé aucunes choses
qui y sont contenues, et il les eussent mises à ef-
fect, leurs dominations en eussent plus duré,
ORESME , Prol. Ne facent aucun effet [acte] de
change dans la dite ville, Ordnnn.desroisdeFr.t. v,
p. 024. Il xv s. Et [les seigneurs] mirent plusieurs
devises et preschemens avant, desquelles nulles
ne vinrent à l'effet, froiss. i, i, 3I9. Lui promet-
tant et donnant par effect, comm. i, <o. Toutes en-
treprinses se doivent bien penser et bien débattre
avant que les mettre en effect, id. n, <2. l|xvi' s.
Araadour, ayant fait son effet de retirer ces deux
corps, pensa si peu de luy qu'il se trouva environné
d'un grand nombre de Maures, marg. Nouv.x.Ce qui
me convie à un effect [action] si éloigné de ma na-
ture, MONT. I, 96. L'effect [résultat] en découvrit la
fourbe, in.i, loo. En venant il fit tout plein de beaux
effets, car il y prit force piaces que tenoient les
huguenots, dont Mascon en fut une, brant. Cap.
fr. t. ni, p. 260, dans lacurne. Balde n'avoit pas
pris effect [intérêt] au malheur qui estoit arrivé
pour la perte du navire , jBerWn Cocote , t. ii, p. 46,
dans LACUBNE.
— ÉTYM. Provenç. effeit; catal. efecte ; espagn.
efecio; portug. elfeilo; ital. effetio; du latin effeclus,
de elj'ectum, supin de efUcere, elTectuer, de ex, et
facere, faire.
t EFFEUILLAGE (6-feu-lla-j', Il mouillées), s. m.
Synonyme d'efleuillaison. {| Action de couper les
feuilles sans ôter le pétiole, pour faire mûrir le
fruit et laisser le soleil lui douner le coloris.
— ÉTYM. Effeuiller.
EFFECILLAISON (è-feu-llê-zon. Il mouillées, et
non è-feu-yê-zon), s. f. Action d'effeuiller. L'ef-
feuillaison de la vigne.
— SYN. EFFEUILLAISON, DÉFOLIATION. F.ffeuillaisOn
est l'arrachement, défoliation est la chute naturelle
des feuilles.
— f.TYM. Effeuiller.
EFFEUILLÉ, ÉE (è-feu-llé, liée, Il mouillées),
part, passé. Dépouillé de feuilles ou de pétales. Une
rose effeuillée.
t EFFEUlLLEMENT(ê-feu-lle-man,iJ mouillées),
i. m. État des arbres dépouillés de leur feuillage ou
qui s'en dépouillent.
— HIST. XVI* s. Effeuillement, monet, Dict.
— ÉTYM. Effeuiller.
EFFEUILLER (6-feu-llé, Il mouillées , et non
è-feu-yé), v. a. || 1° ôter, arracher les feuilles, les
pétales. Effeuiller un cep de vigne. L'aimable fée
apparaît à mes yeux. Ses doigts oistraits effeuillent
une rose, bérang. Tailleur. Si vous n'avez jamais
vu.... La valse.... Effeuiller en courant les femmes
et les fleurs, v. noGO, F. d'aut. 2:). || 2° s'effeuiller,
ti. réfl. Perdre ses feuilles, ses pétales. Roses d'au-
tomne, effeuillez-vous pourelle, Tous les amours ne
sont pas envolés.... béhang. Encore des amours.
— hIjT. XIV' s. En ce temps ne convient point
couper lo percil, mais effeuiller, iff'najter, 11, 2.
Il XVI' s Une branche avec sa verdure, pour en
EFF
donner les marques d'honneur aux triomphans,
l'autre effeuillée pour les chastimens, d'aub. Ilist.
Il, 488. L'effeuiller porte grand dommage à tous les
arbres, 0. de serres, 466 Et jamais la froidure,
Oui effeuille les bois n'effeuille ta verdure, eons.
ÉUg. 6.
— ÉTYM. Provenç. esfolhar, esfoillar, esfuelhar;
portug. esfolhar; ital. sfogliare; de es.... préfixe,
et du latin fnlium, feuille.
t EFFEUILLEUR, EUSE (è-feu-lleur, lleû-z%
Il mouillées), s. m. et /'.Terme d'agriculture. Celui,
celle qui effeuille les arbres.
— HIST. xiv s. Effeuilleur, cueilleur de feuilles,
DU can'OE, frondare.
— ÉTYM. Effeuiller.
t.EFFEUILLURE (è-feu-llu-r', Il mouillées), s.f.
Terme d'agriculture. Produit de l'effeuillaison des
arbres.
— ÉTYM. Effeuiller.
1. EFFICACE (ê-fi-ka-s'), adj. Qui produit son
effet. Un remède efficace. Il employa des moyens
efficaces. Il Terme de théologie. La grâce efficace,
celle qui a toujours son effet. Que la grâce n'est pas
donnée à tous les liommes; que tous les justes ont
le pouvoir d'accomplir les commandements de Dieu;
qu'ils ont néanmoins besoin, pour les accomplir et
même pour prier, d'une grâce efficace qui déter-
mine leur volonté; que cette grâce efficace n'est
pas toujours donnée à tous les justes et qu'elle dé-
pend de la pure miséricorde de Dieu, pasc. Prov. H.
— HIST. xiV s. La crainte des diex seroit souve-
rain et très efficace remède, bebciieure, f° 13.
Il XV' s. La nature des palmiers et figuiers fait se-
mence de vertu si efficaix que.... Des prouffils
champestres, 11, 2. ||xvi' s. Ce fut le point de trou-
ver langage assez exquis et efficax à le reconforter,
M. DU BELLAY, 381.
— ÉTYM. Provenç. efficaci; catal. efitas; espagn.
eficai; ital. efficace; du latin efficacem, de efficere,
effectuer (voy. effet).
2. EFFICACE (è-fi-ka-s'), s. f. Efficacité. Si mes
commandements ont trop peu d'efficace. Ma rage
pour le moins me fera faire place, corn. Uédée,
V, 3. Sa grâce [de Dieu] Ne descend pas toujours
avec même efficace, id. Pobjeucte,!, t. On n'ignore
pas qu'une louange en grec est d'une merveilleuse
efficace à la tête d'un livre , mol. Préf. des Préc.
ridic. Il est trop heureux d'être fou pour éprouver
l'efficace et la douceur des remèdes que vous avez
si judicieusement ordonnés, id. Tourc. i, t<. Tai-
sons-nous ; c'en est assez, et tremblons sous les
terribles jugements de Dieu qui, pour punir notre
orgueil, a permis que de si grossiers emportements
eussent une telle efficace de séduction et d'erreur,
Boss. Var. i, § 33. ô Dieu, donnez efficace à votre
parole! w.Prédic. 3. C'est justement en quoi je crois
devoir admirer davantage l'efficace et la vertu du
sacrifice religieux, bourd. Pensées, t. ii, p. 424. La
grâce qu'on appelle congrue trouve dans sa congruité
une véritable efficace, fén. t. m, p. 253. Préparez
par de longs exemples l'efficace à vos discours, mass.
Car. Pâques. Parmi les eaux qui ont le plus d'effi-
cace, on peut compter celles d'Egra en Bohême,
TissOT, Gens de lettres, § 85.
— REM. Efficace a vieilli, excepté dans le langage
théologique. On dit aujourd'hui efficacité.
— HIST. xiv s. Choses petites et de pou de effi-
cace, bercheore, f° 28, recto. || xvi' Parlans de la
vertu, propriété, efficace et nature de tout ce que
leur estoyt servy à table, bab. Garg. l, 23. La lec-
ture des histoires est celle qui a plus d'efficace pour
ensemble plaire et profiter, amyot, Préf. i, 26.
— ÉTYM. Provenç. et ital. efficacia; espagn. efi-
cacia; du latin efficacia (voy. efficace i).
EFFICACE.MENT (è-fi-ka'-se-man) , adv. D'une
manière efficace. 11 a travaillé efficacement à la
paix; il a efficacement travaillé à la paix.
— HIST. XVI' s. Auxquelles passions la raison et
la loy venans à toucher avec une touche discrette
et salutaire, remet promptement et efficacement le
jeune homme en la droitte voye, amyot. De la
vertu morale, 29.
— ÉTYM. Efficace, et le suffixe men*.
EFFICACITÉ (è-fi-ka-si-té), s.f Qualité de ce qui
est efficace. L'efficacité d'un remède. L'efficacité de la
grâce. S'employer avec efficacité à une recherche.
— REM. 11 y a des prédicateurs et des écrivains
qui usent de ce mot; il n'est point français; il faut
dire efficace, dit liouhours sous Louis XIV. D'Aisy,
le Génie de la langue française, 2 vol. in-t2, (685,
rejette aussi efficacité. Maintenant ce mot est plei-
nement reçu, et efficace a vieilli.
— ÉTYM. Ef^cace.
EFF
1307
EFFICIENT, EXTE (è-fi-si-an , an t') , adj. Terme
de philosophie scolastique. Cause efficiente, cause
qui produit effectivement son effet, une chose. Im
soleil est la cause efficiente de la chaleur. Aristoto
admettait comme Platon les causes finales et effi-
cientes ; ces causes efficientes sont les âmes sen-
sitives et végétatives, bufp. Animaux. Syst. surin
génér.
— HIST. xiv S. Dieu est cause finale et efficiente
de toutes choses, obesme, Eth. 29.
— ÉTYM. Provenç. eficient; espagn. efieiente;
ital. efficiente; du lutin efficiens , de efficere, effec-
tuer (voy. effet).
■f EFFIGIAL, ALE (è-fi-]i-al, a-l'), adj. Qui a rap-
port à l'effigie.
EFFIGIE (è-fi-jie), s.f. || i' Représentation en
relief ou en peinture de la figure d'une personne.
Monnaie frappée à l'effigie d'un prince. Et là [dans
le Mercure galant] s'impriment tous les morts. Avec
leurs généalogies. Leurs éloges, leurs effigies.
Leurs dignités et leurs trésors, chaulieu, Ép. d'ila-
milton. Aux cris religieux d'un parterre idolâtre.
En face de vous-même, au milieu du théâtre, Ja-
mais en effigie, assis sur un autel. Vous a-t-on
couronné d'un laurier solennel ? gilbeiit. Apologie.
Jésus-Christ s'unit à la chair par son effigie hu-
maine, CIIATEAUB. Génie, I, I, 7. || FIg. Ce que
nous cachons de nous-mêmes, est ce que nous
sommes réellement ; ce que nous en découvrons est
ce que nous voudrions être ; nous étalons une con-
science qui n'est que la fausse effigie de la nôtre,
MASS. Carfme, Confess.\\i° Figure grossière qu'on
faisait d'une personne et qu'on attachait à une po-
tence, lorsque cette personne était condamnée à
mort par contumace. Exécuter un criminel en ef-
figie, attacher à l'instrument du supplice l'effigie
et un écriteau portant la sentence de condamna-
tion. Larochepot était fils de Mme du Fargis persé-
cutée et mise en effigie par le ministre [Richelieu],
RETZ, I, 20. Vous avez fait pondre en effigie votre
père Jarrige, PASC. Prov. te. Les rebelles dé]io-
sèrent leur roi [Henri IV de TranstamareJ en effi-
gie, VOLT. Jfeuri, < 01. Ils ressemblent aux honnêtes
gens qui pendent les autres en effigie : ils ne s'em-
barrassent pas que le portrait soit ressemblant, id.
Lett. Leclerc, 10 fév. 1765.
— SYN. effigie, IMAGE, PORTRAIT. L'image est
ce qu'il y a de plus général ; elle se fait de tcute
façon et de tout objet : l'image d'un homme, d'un
arbre, d'une montagne. F.ffigie ne se dit que des
personnes; elle est ou en relief , ou en figure, ou
en peinture. Le portrait est toujours en dessin ou
en peinture.
— HIST. XVI' s. Leur effigie [de Sérapis et d'Isifi]
représentée le doigt sur la bouche, mont. Il, 251.
— ÉTYM Lat. effigies, de effingere, représenter,
de ex, et fingere, former (voy. feindre).
EFFIGIE, ÉE (é-fi-ji-ô, ée), part, passé. Effigie
pendant qu'il s'enfuyait.
EFFIGIER (è-fi-jié), j'effigiai.», nous effigiions,
vouseffigiiez; que j'effigie, que nous effigiions, que
vous effigiiez, v. a. Exécuter en effigie. Girardin et
Ferrant furent obligés de s'absenter et à la fin fu-
rent condamnés, effigies, et perdirent leurs em-
plois, ST-SIM. 436, 49.
— HIST. XVI' S. Lors les parents et amis repio-
noient le corps, et luy faisoient faire un estuy de
bois moulé et effigie d'homme, dedans lequel ils le
posoient, PARÉ, Mumie, 4.
— ÉTYM. Lat. effigiare, de effigies, effigie; pro-
venç. efigiar; ital. effigiare.
t "effilage (è-fi-la-j'), s. f. Action d'effiler, ré-
sultat de cette action.
— ÉTYM. Effiler.
1. EFFILÉ, ÉE (è-fi-lé, lée), part, passé de effi-
ler i.||l° Dont le fil est défait. De la toile effilée.
\\2° Autrefois, linge effilé, ou, substantivement,
effilé, linge bordé de fninge de fil qui se portait
dans le deuil. Etre en effilé, c'était porter de ce
linge. II faut être vêtu comme l'est votre frère, 11
porte le grand deuil, son linge est effilé, regnard,
Ménechm. 11.||S. m. Synonyme de frange.
2. EFFILÉ, ÉE (è-fi-lé, lée), part, passé de
effiler 2. Aminci , atténué. Ils soutenaient qu'il
avait la taille trop effilée, hamilt. Gramm. n.
Il Cheval effilé, cheval qui a l'encolure fine et déliée.
Il Chien effilé, chien qui s'est trop emporté dans la
course, ou qui a couru trop jeune.
1. EFFILER (è-fi-lé), V. a. || 1° Défaire un tissu
fil à fil. Effiler une toile. Parfiler.... c'est effiler
une étoffe, la détisser fil à fil, volt. Dial. 13. Ja
hasarde quelques conjectures au risque de faire rire
celui qui effile la charpie à l'Hôtel-Dieu, didf.r.
1308
ÉFF
lett. ,nr U chirurg. \\ 2' Kffiler '« fh^™"''- '='
dégarnir en le» coupant en pointe || 3° S effi er «.
réft. se défaire en fils. Cette to.le s'est effilée l| Hot-
ter comme un effilé, comme une frange. Sa che-
velure qui s'épanche, AU gre du vent prend for,
essor Glisse eu ondes jusqu'à sa hanche. Et là
s'effile en franges d'or, lamabt Harm. n tu.
— ÉTYM. £/■ pour es.... préfixe, et fil de lin ou
,1e chanvre; provenç. esfilar; ilal. sfdare.
t 2. EFFILER (é-fi-lé), «. a. Terme de chasse.
Enerver, fatiguer. F-ffiler les chiens.
HIST. xvi* s. Donne moy les faveurs de l'alti-
que oraison. Ou clos ma voix de ténébreux silence,
Kffile mon cerveau de subtile raison. Ou le sommeil
sur ma paresse élance. Poésies de loys le caron,
f°7U, dans LACURNE. Un jour qu'elle estoit au ser-
mon, elle ouyt le prescheurqui s'effiloit [se fatiguait
à] d'alléguer l'escriture, Moyen de varvenir, p.*oi ,
dans LACUKNE.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et fil, dans le sens de
tranchant; comme on ne donne le fil qu'en limant,
diminuant, effiler a pris le sens d'user, fatiguer.
tEKFILOCUE (è-fi-lo-ch') ou EFFILOQUE (è-fi-
lo-k'), s. f Terme de passementerie. Soie légère de
rebut. Il Bouts de soie qui se trouvent aux lisières
d'une éloffe. fl S. f. plur. Effiloques, nom qu'on
donne à toutes les soies non torses, dites aussi soies
folles.
— ÉTYM. Voy. EFFILOQUER.
+ EFFILOCHÉE (è-fi-lo-chée) , s. f Ce qui , pro-
venant de chiffons nu de pailles, a été soumis à
l'action d'instruments pour être converti en pâte de
papier.
— ÉTYM. Effiloche.
•f EFFILOCHER ( è-fi-lo-ché ) , V. a. Synonyme
d'cffiloquer. || Opérer l'effilochée. Après que les chif-
fons ont été cachés dans les piles à effilocher....
Dkt. des arts eMn. Amsterd. 1767, Papetier.
~ ÉTYM. Effiloche.
\ EFFILOCHEUR, ECSE (è-fi-Io-cheur, cheû-z'),
ou EFFILOQl'EUR, EUSE {è-fi-lo-keur, keû-z'), s.
m. et f. Ouvrier, ouvrière qui effiloclie les cliifions
destinés à faire le papier. || Ad}. Cylindre effilocheur,
ou, substantivement, l'erfilocheur, outd pour effi-
locher. Les cylindres effilocheurs ne sont pas aussi
près de la platine que les alfineurs, Dict. des arts
et m. Amsterd. t767, Papetier.
EFFILOQCÉ, ÉE (è-fi-lo-ké, kée), part, passé.
KFFILOOUER (é-fi-lo-ké), i'. o. Effiler une étoffe
quelconque, et, particulièrement, une étoffe de
soie pour en faire de l'ouate. || S'effiloquer, v. réfi.
S'en aller en filocbes.
— ÉTYM. Ef pour es.... préfixe, et filoche.
t EFFILOQUES (è-fi-lo-k'), s. f. plur. Voy. effi-
loche.
t EFFILOQUEUR (è-fi-lo-keur), s. m. Voy. effi-
locheur.
t EFFILURE (è-fi-lu-r') , s. f. Fil qui provient d'un
tissu effilé.
— ÉTYM. Effiler.
+ EFFIOLER (è-fi-0-lé), e. a. Terme d'agricul-
ture. Enlever une partie de la verdure du blé, lors-
que avant l'iiiver elle pousse trop fort. || Exprimer
l'eau qui se trouve du côté de la chair dans la peau
qu'emploie le parcheminier.
EfTLANQUÉ, ÉE (è-fian-ké, kée), part, passé.
Amaigri, en parlant du cheval, par la fatigue ou
la mauvaise nourriture. Malheureux, laisse en paix
ton cheval vieillissant, De peur que tout à coup,
efflanqué, sans haleine. Il ne laisse en tombant son
m.Tltre sur l'arène, boil. Ép. x. || Par extension.
C'était un grand garçon fort efflanqué, fort fluet,
j. I. Bouss. Conf. I. Il Se dit aussi du cheval dont
les flancs sont creux et très-retroussés. || Par exten-
sion. La princesse de liabylone, après son accident
[chute, dans un bal, d'un oreiller qu'elle avait mis
sous ses jupes pour arranger sa taille; elle était en-
ceinte], était efflanquée du côté droit et toute bis-
cornue de l'autre, hamilt. Cramm. 10. || Rage ef-
flanquée, mal qui attaque les vieux chiens de cha.sse,
et dans lequel leurs flancs se resserrent et leur bat-
tent de faiblesse et d'épuisement. || Fig. Sans vi-
gueur et sans nerf. Style efflanqué. Prose efflanquée.
Mais dansée style efflanqué, sans vigueur, J'aime en-
cor mieux l'insipide langueur, j. B. nouss. Ép. n,
ï, Bnimoy.
EFFLANQUER (è-flan-kè), V. a. Rendre les flancs
creux, amaigrir et affaiblir par un excès de fatigue
ou la privation de nourriture. Effianquer un cheval.
Il Terme d'horlogerie. Donner, avec une lime, la
forme convenable aux ailes d'un pignon.
— HIST. XV s. Rage effianchée, qui rend les chiens
cousuj; parmi les flanz, cocime s'ilz n'avoient men-
EFF
gié, GASTON PHÉBUS, Chasse, ms. p. 97, dans la-
CURNE.
— ÉTYM. Ef pour es.... préfixe, et flanc.
t EFFLECRAGE ( è-fleu-ra-j' ) , s. m. Terme de
tanneur. Action d'effleurer.
— ÉTYM. Effleurer.
EFFLEURÉ, ÉE (è-fleu-ré, rée), part, passé.
Il 1° Entamé légèrement. La peau effleurée par la
pointe de l'épée. 112° Kig. Étudié, traité superficiel-
lement. Matière à peine effleurée.
t EFFLEUREMENT (è-fieu-re-man), s. m. Action
d'effleurer; résultat de cette action. Effleurement
de la peau par une balle. Tout effleurement des
sens est un plaisir, et toute secousse forte, tout
éliranlement violent est une douleur, buff. Nature
des anim.
— HIST. XVI* s. Efflorement [action d'fiter'les
fleurs], MONET, Dict.
— ÉTYM. Effleurer.
EFFLEURER (è-fleu-ré), v. a. \\l° Terme d'hor-
ticulture, ôler les fleurs. Effleurer les rosiers.
Il 2° N'entamer, ne toucher que la fleur, le duvet,
la superficie. Le coup d'épée lui a effleuré la poi-
trine. Ne faire qu'effleurer la terre en labourant.
La barque effleurait le rivage. Le dieu qui fait aimer
prit son temps; il tira Deux traits de son carquois;
de l'un il entama Le soldat jusqu'au vif; l'autre ef-
fleura la dame, la font. Hatr. La fortune en cela ne
vous a pas même effleuré la peau, costab, Lett. 149,
dans RiCHELET. Il savait que la chaleur entre bien
plus avant que la lumière; celle-ci ne fait qu'effleu-
rer et dorer légèrement la surface , boss. Panég. Saint
Franc, de Sales, 1" point. Vers elle [Vénus] douce-
ment il [Jupiter] incline la tôte. Sur sa bouche de
rose effleure un doux baiser, delille. En. i. EUe
dit : le nectar coule en l'honneur des dieux; Didon
au même instant de ses lèvres l'effleure, id. ib. Si
quelque souffle harmonieux, Effleurant au hasard la
harpe détendue , En tire seulement une note per-
due, lamaht. llarm. m, 4. || Kig. Jamais blessant
leurs vers, il n'eifleura leurs mœurs, boil. Épit.
X. Et j'ai mis votre clioix à tel prix que je n'ai
pas osé en bles.ser,pas même en effleurer la liberté,
LA BKVY.Disc.àl'Acad Apprenez, je vous prie.
Que mortel quel qu'il fût, ne me dit, de ma vie.
Un mot douteux qui pût effleurer mon honneur,
REGNARD, Joueur, II, *. || 3° Ne faire que toucher
une question. 11 n'a encore qu'effleuré une si grande
matière, boss. Variai. 6. Ces secrets que les pro-
phètes n'avaient qu'effleurés, m. Ilist. ii, 6. Quel-
ques grands mathématiciens , et principalement
MM. Pascal et Huyghens, ont déjà projiosé ou résolu
des problèmes sur celte rpatière [le calcul des pro-
babilités] ; mais ils n'ont fait que l'eflleurer, et
M. BernouUi l'embrassait dans une plus grande
étendue et l'approfondissait beaucoup davantage,
fonten. BernouUi. \] 4° Terme de tanneur. Effleurer
une peau, c'est, après l'avoir planée et lavée à la
rivière, en enlever la fleur ou superficie du cuir du
côté où était le poil ou la laine. || ferme de menui-
sier. Dresser le parement des planches qui sont
jointes ensemble. On dit aussi affleurer. |{ B° S'ef-
fleurer, V. réfl. Être effleuré. De pareils sujets ne
s'effieurent pas ; on les traite à fond.
— HIST. XVI' s. Effleurer [ôter les fleurs] , monet,
Dict. De cent membres et visages qu'a chasque
chose, j'en prends un tantost à leicher seulement,
tantost à efflorer, et parfois à pincer jusqu'à l'os,
MONT. I, 376.
— ÉTYM. E/'pour es.... préfixe, et fleur.
EFFLEURI, lE (è-fleu-ri, rie), part, passé. Un
sel effleuri.
EFFLEURIR (S') (è-fleu-rir). || 1- F. réfl. Terme
de minéralogie. Tomber en efflorescence. Ce mi-
néml s'effleurit. Il 2° F. n. Beaucoup de pierres ef-
fleurissent à l'air.
— ÉTYM. Ef pour es.... préfixe, et fleurir.
t EFFLEUROIR (è-fleu-roir), s. m. Peau d'agneau
avec laquelle le parcheminier essuie le blanc qu'il
a répandu sur le parchemin.
— ÉTYM. Effleurer.
t EFFLEURURE (è-fleu-ru-r') , s. f. Terme de tan-
neur. Hognure provenant de l'p.ffleurage d'une peau.
— ÉTYM. Effleurer.
EFFLORESCENCE (èf-flo- rè-ssan - s'), s. f
Il 1° Terme do botanique. L'acte par lequel la flo-
raison commence; le premier moment où elle a
lieu. Il Poussi're fine et céracée qui se trouve sur
certains fruits. || 2" Terme de chimie. Conversion
d'une substance solide en une matière pulvérulente
par .son exposition à l'air libre, ainsi dite parce que
cette poussière sur la substance a l'apparence de
ces fleurs qui se forment eu groupe comme celles
EFF
du cliou-fleur. Tous les sables des plaines à l'est de
la Nevade sont imprégnés d'alcalis, certains cours
d'eau en sont saturés, et plusieurs lacs en tien-
nent une proportion telle que leurs bords sont
couverts d'efflorescences saline», laur, Comptes
rendus, Acad. des se. t. lui, p. 1099. || Couche
saline produite sur les murs salpêtres. |{ Oxyde
métallique qui se présente à la surface de quelques
mines de cobalt, de manganèse ou autres. || 3' Terme
de médecine. Toute espèce d'exanthème peu élevé
au-dessus du niveau de la peau.
— HIST. XVI' s duquel [épiderme] la substance
est de l'excrément ou efflorescence reseicbèe du
vray cuir, paré, i, 3.
— ÉTYM. Eflloreseent.
EFFLORESCENT, ENTE (èf-flo-rè-ssan , ssan-t'),
adj. Il 1° Terme de botanique. Qui est en voie de
floraison. Plantes efflorescentes. || 2' Terme de
chimie. Qui tombe en efflorescence. Sels efflores-
cents, sels qui à l'air perdent tout ou partie de leur
eau de cristallisation, deviennent opaques et tom-
bent quelquefois en poussière. || Qui est revêtu d'une
couche saline, comme les murs salpêtres. ||Oui est
couvert d'un oxyde métallique, comme quelques
mines de cobalt ou de manganèse.
— ÉTYM. Lat. efflorescens , de efflorescere , de ex,
el porescere, fleurir, de fins, fleur (voy. fleur).
EFFLUENCE (èf-flu-an-s"), s. f. Ce qui flue hors,
coule hors, s'exhale d'une manière invisible. Des
effluences de marais. Effluences électriques.
— ÉTYM. Effluent.
EFFLUENT, ENTE (èf-flu-an, an-f), adj. Terme
de physique. Fluant hors. Matière effluenle. L'abbé
Nollet expliquait les phénomènes électriques au
moyen de deux matières, l'une affluente, l'autre
elfluente.
— HIST. XV' S. Perfecte bonté effluant [produi-
sant] tous biens, CHR. depisan, Charles v, m, 67.
— ÉTYM. Lat. effluens, de effiwre, couler hors;
de ex. et fluere, couler (voy. flux).
f EFFLUVE (èf-flu-v') s. m. || l' Terme de mé-
decine. Nom de substances organiques altérées,
tenues en suspension dans l'air, principalement aux
endroits marécageux, et donnant particulièrement
lieu à des fièvres intermittentes, rémittentes et con-
tinues. Il 2° Effluves magnétiques, nom donné aux
influences exercées par les magnétiseurs sur le»
magnétisés , et attribuées à un prétendu fluide
magnétique. || Fig. et dans le style néologique. Les
effluves de la passion. Effluves énervants, déli-
cieux.
— REM. On fait souvent ce motféminin; c'est une
faute; il est masculin.
— ÉTYM. Lat. effluvium, de ex, et fluere, couler
(voy. FLUX); ital. «/"/îusio. Ce mot a été introduit
dans la science par Lancisi, médecin italien.
t EFFLUXION (èf-flu-ksion), s. /". Terme de mé-
decine. Expulsion du produit de la conception dans
les premiers jours de la grossesse.
— HIST. XVI' s. Quand l'hemorrhagie et soudaine
effluxion du sang survient aux ulcères, paré, xi, *■
Il y a différence entre avortement et effluxion : ei-
fluxion c'est quand les semences, premièrement con-
glutinées ensemble par quelques jours, soudaine-
ment s'e.scoulent, id. xviii, 37.
— ÉTYM. Lat. effîuxionem, de efftuere, couler
hors, de ex, el fluere, couler (voy. flux).
EFFONDRÉ, ÉE (è-fon-dré, drée), pari, passé.
Remué profondément. Un terrain effondré. || Dé-
foncé. Un tonneau effondré.
EFFONDRE.MENT (è-fon - dre-man ) , s. m.
Il 1° Terme d'agriculture. Action d'effondrer, de
fouiller la terre. || 2° Action d'effondrer, de s'effon-
drer, de s'écrouler. Dans cet effondrement desrochei
siluriennes, elles se sont renversées sur elles-mêmes,
ployées et refoulées du côté où elles éprouvaient le
moins de rési.siance, mabcou, Acad. des sciences.
Comptes rendus, t. lui, p. 916.
— ÉTYM. Effondrer.
EFFONDRER (è-fon-dré), r. a. ]\ !• Terme d'a-
griculture. Remuer la terre à une certaine profon-
deur en y mêlant des engrais. || 2° Hriser en enfon-
çant. Effondrer une futaille, un coffre, une armoire.
Dans ces contrées, les neiges séjournent longtemps
sur les terres: elles filtrent au travers de leurs par-
ties les moins solides, qu'elles pénètrent profon-
dément, qu'elles délavent et effondrent, ségup, Hist
de Napol v, 1. 1| Accabler par la surcharge. Effon-
drer un plancher. || S' Effondrer une volaille, la vi-
der. Il 4» Tirer à la rame, outre mesure, une étoffe
de li\ine, un drap. || 5« S'effondrer, v. réfl. Manquer
par le fond, s'éirouler. La vonle de la paroisse de
Saint-I!;irtliéleniy s'est effondrée il y a deux jour»
EFF
BACiiAUMONT, ilim. lecrcls , t. XXXIV, p. 861, dans
POUGENS.
— IIIST. XII' S. Del gros liu poing li a tele donnée,
X pou [à peu de chose près] la gorge ne lui a ef-
fondrée, Hat. d'Aleschans, v. 6830. E flstabatre le
vergier où l'um li soleil sacrefier, e fist esfundrer
la cave ù l'um le enuroit [honorait], Sois, 302.
Il XIII' s. Nus bariUier ne doit faire fust effondré
nuef [faire neuf un fût effondré], Liv. des met.
<0:). Il avoit bien huit cent persones en la nef qui
touz feussent sailli es galies pour leur cors garentir,
et ainsi les eussent effondrées, joinv. 283. || xiv s.
Se un lièvre est pris et que l'en le vueille garder,
effondrez le et lui ostez les entrailles, Minngier, ii,
6. Il XV' s. Il avoit deux cents compagnons à tout
[avec] boyaux et grands pics de fer et autres instru-
mens pour effondrer le mur, froiss. i, i, 237. C'est
le clou de mon doigt qui est effondré [crevé] ; je suis
demi gari, louis xi, JVowi'. xcv. || xvi' s. Kaictes
mouvoir sur ces fleuves marins. Barques et nefs,
galleires, brigandins. Pour effondrer les escumeurs
coursaires, j. marot, v, 66. 11 y avoit gens qui eus-
sent en charge d'effondrer aux caves tous les vais-
seaux à vin, PARÉ, m, p. 707. Il arrosa de vin la
viclime immolée. Effondra le taureau, entrailles et
jambons De sel bien saupoudrez jelta sur les char-
bons, RONS. 842. Un gros effondré [un gros man-
geur], ouDiN, Curios. fr,
— f.TYM. É'/'pour es.... préfixe, et fond; provenç.
esfnndrar, tffondar. efundar. Vr dans esfondrer
est épenthétique, comme le montre le provençal qui
a la forme régulière esfondar.
tEFFONDREUR (è-fon-dreur), s. m. Terme d'a-
griculture. Celui qui effondre.
— Ktym. Effondrer.
EFFONDRILLES ( è-fon-dri-11'. Il mouillées et
non è-fon-dri-ye) , s. f. plur. Parties grossières qui
restent au fond d'un vase après une ébullition. Ce
bouillon est plein d'effondrilles.
— ÉTYM. Èf.... pour es ou plutôt pour en l, et fond
avec une r parasite comme dans effondrer. Norm.
fondrilles.
EFFORCER (S') (è-for-sé), v. réfl. \\ 1° Faire un
effort de toutes ses forces. Efforcez-vous. Ne vous
efforcez pas, vous vous blesserez. Ne vous efforcez
pas à parler, à courir. Il .s'efforçait de soulever le
fardeiu. Quand un autre à l'instant s'efforcant de
passer, boil. Sat. vi. || Absolument. Faire effort sur
soi-même. Feignez, efforcez-vous, songez qu'il est
mon père, rac. itithr. iv, 2. Courage, efforcez-
vous, reprenez vos esprits; Qu'avez-vous? bodr-
SAUi.T, Ésope à la cour, ii, 4 . || 2° Employer toute son
énergie, tous ses moyens à quelque chose. Il s'ef-
força de parler. S'étant efforcé d'obtenir un emploi.
Tous se sont efforcés de la pouvoir sauver, mair.
Mort d'Asdrub.v, <. Ah! l'on s'efforce en vain de me
fermer la bouche, rac. Brit. m, 3. |1 S'efforcer à,
même sens. Et qu'un Romain s'efforce à tacher le
renom D'un guerrier à qui tous doivent un si beau
nom, CORN. //or. v, 3. L'une et l'autre de moi s'ef-
force à l'obtenir, m. Théod. v, 8. Et ce lâche atten-
tat n'est qu'un trait de l'envie. Qui s'efforce à noir-
cir une si belle vie, id. Nicom. m, 8. On s'empresse
k vous voir, on s'efforce à vous plaire, id. Agés, m,
I. Et ne devrais-je point m'effircer à vous faire con-
naître la différence des cœurs qui s'attachent à vous?
liAROs, l'Hommeà bonnes fortunes, i, 3. Laissez-moi
m'efforcer, cruel, à vous haïr, voi,t. Indiscr. (3.
— REM. Des grammairiens ont voulu distinguer
s'c/forcerd et s'c/forcer de suivis d'un infinitif; mais ni
l'usage ni la grammaire n'appuient cette distinction.
— SYN. s'EtFOBCER, tAcher. Celui qui tâche n'em-
ploie pas nécessairement toutes ses forces. Celui qui
s'efforce emploie tout ce qu'il a de forces.
— HlST. XII" s. Tant s'esforça que il fu en estant
ni se mit debout], Ronc. p. loo. Li rois de France
ne l'en esforza mie [ne l'y força pas], ib. p. (48.
Mais esforchier fait folie [folie fait qu'on s'efforce],
Coud, m. Dux Miles se redresse, si se cuide effor-
cier, Apuiant à l'espée, se tint vers un moustier,
Sax. XI. E se peneient mult des escriz encercler
[chercher], S'il peUsscnt trover nule neii n'espier,
Dunt la cause le rei peUssent esforcier [rendre plus
forte], Th. le mart. 69. E Samuel crut e esforcha,
e Deu3 fud ove [avec] lei, e nule de ses paroles en
vain ne chiiï [tomba]. Rois, i3. || xiii* s. Por l'amor
la pucelle [il] s'esvertue et esforce, Les escus froisse
et fent com s'il fussent d'escorce, audefr. le bast.
dans Romancero, p. t9. Pur quel morez à essient?
Efforce tel; ne vaut nient, Lai del désiré. Li rossi-
giios lores s'efforce De chanter et de faire noise, la
Itase, 74. Quiconques est pris en cas de crieme et
ïtuias du cas si comme de murdre ou de traison.
EFF
d'omicide ou de feme efforcier, il doit estre traînés
et pendus, beaum. xxx, 2. Un soz-diacre se maria,
le evesque le efforça [força] forjurer sa feme, Liv.
de just. (03. Il xiV s. Et après il se efforçoient de
monsirer que.... oresme, Èlh. 298. Aucuns se sont
efforcés à priver et corrompre vos ordonances, du
CANOË, audaciter. \\ XV' s.^ Quand ceux de la ville
virent le pouvoir de la dame si grand et si efforcé,
et presque toute l'Angleterre estoit de leur accord ,
FROiss. 1,1, <9. Ainsi doit estre vraysemblable que
Dieu est quasi efforcé et contrainct ou semons de
monstrer plusieurs signes, ou de nous batre de plu-
sieurs verges, comm. v, )8. Ceulx qui s'efforceroient
à rompre la porte, m. m, 40. || xvi* s. La vertu pro-
pre en cestni cas, c'est force. Qui dueil abat et les
tourmens efforce [leur ôte la force], marot, i, 382. Les
moins tendues et plus naturelles allures de nostre
ame sont les plus belles; les meilleures occupations,
les moins efforcées, mont, m, 277. Les ouvriers
s'efforçoient à l'envy les uns des autres, à surmon-
ter la grandeur de leurs ouvrages par l'excellence
de l'artifice, amyot, P&ic. m. Hz s'efforçoient de
priver leur capitaine des honneurs deuz à sa vic-
toire, iD. Paul JSm. 62. Luyseul, de loing, estant
assis à son aise, sans s'efforcer aucunement, en ti-
rant tout bellement avec la main le bout d'un en-
gin, la feit approcher de soy, id. Uarc. 22.
— ÉTYM. Provenc. esforsar , esforsar; e,5pagn.
esforiar; ital. sfnrzare; bas-lat. ex-fortiare, de ex,
et forlis (voy. fort).
EFFORT (è for ; le ( ne se lie pas : un è-for inatten-
du; au plur. l's ne se lie pas : des è-for inattendus;
cependant quelques-uns la lient : desè-for-z inatten-
dus), s. m. Il 1° Contraction musculaire qui a pour
objet, soit de résistera une puissance, soit de vaincre
une résistance. Faire effort pour soulever un far-
deau. Sur l'ais qui le soutient auprès d'un Avicenne ,
Deux des plus forts mortels l'ébranleraient à peine;
Le chanoine pourtant l'enlève sans effort, boil.
Lutrin, v. {| Les efforts de l'accouchement, les efforts
que fait la femme pour aider à la contraction de la
matrice. Il 2° Action de force physique. On te croi-
rait toujours abattu sans effort, corn. Cid, ii, 2.
Et quand son assassin tombe sous notre effort, id.
Ci'ino, 1, 4. Tourne ailleurs les efforts de tes bras
triompliiints, id. Ilor. i, i. Le ciel mène à Lesbos
l'impitoyable Achille; Tout cède, tout ressent ses
funestes efforts, rac. Iphig. ii, t. Hélas I je me
consume en impuissants efforts, ro. ib. v, 4. 11
faut faire tous ses efforts pour repousser la mort,
fén. Tél. VI. Il 3" Kig. Action énergique des forces
morales. Faire tous ses efforts pour arriver à ses fins.
Effort de mémoire, d'esprit, de vertu. Faire ses efforts
pour mériter une récompense. C'est une œuvre où
nature a f;iU tous ses efforts, malh. v, (2. L'effort
fait plus que le mérite, bègnier. Contre un amou-
reux. Mais plus l'effort est grand, plus la gloire en est
grande, corn. Polijeucte, iv, 5. Mais Grimoald
puni vous coûterait des larmes; A cet objet san-
glant l'effort de la pitié Reprfndrait tous les droits
d'une vieille amitié, id. Perth. ii. t. Je verrai par
l'effort de votre obéissance Où doit aller celui de
ma reconnaissance, id. ib. Tu vis comme il y fit
des efforts superflus, id. Rndog. ii, 2. J'ai fait
pour le fléchir un inutile effort, id. Hérael. ii,'2.
Depuis cinquante ans que le Cid tient .sa place sur
nos théâtres, l'histoire ni l'effort de l'imagination
n'y ont rien fait voir qui en ait effacé l'éclat, id. Ex.
du Cid. Cette tragédie a encore plus d'effort d'in-
vention que celle de Rodogune, id. Ex. d'iliracl.
La plupart des hommes, pour arriver à leurs tins,
sont plus capables d'un grand effort que d'une longue
persévérance, la wruy. xi. Tous les premiers for-
faits coiltentquelques efforts, bac. Théb.ni, 6. Votre
âme... croit qu'en moi la haine est un effort d'amour,
iD. Andr. ii, 2. Tu sais par quels efforts il tenta sa
vertu, ID. mthr.i, -l. Au premierbruit de ce funeste
accident, toutes les villes de Judée furent émues,
des ruisseaux de larmes coulèrent des yeux de tous
leurs habitants; ils furent quelque temps saisis,
muets, immobiles; un effort de douleur rompant
enfin ce long et morne silence, d'une voix entrecou-
pée de sanglots, ils s'écrièrent.... fléch. Turenne.
Quoi donc? un cœur si fier, si plein de fermeté.
Par l'effort de l'amour peut être surmonté! quin.
Astrate, il, 3. Télémaque fit ses derniers efforts
pour les en empêcher, fé.m. Tél. xx. Ce n'est point
par effort qu'on aime; L'amour est jaloux de ses
droits, Tout reconnaît sa loi suprême. Lui seul ne
connaît point de lois, j. b. rouss. Cant. yii, Circé.
Quel effort douloureux s'est-il donc imposé? c. de-
la vigne, Paria, ii, 2. Les soldats y attachaient en-
core plus de prix [à la propreté de leur uniforme]
EFF
1309
à cause de la difficulté, pour étonner, et parce que
l'homme s'enorgueillit de tout ce qui est effort,
sÉGUR, Jlist. de Nap. viii, it.\\ Faire effort sur soi-
même, se déterminer à une chose malgré une vive
répugnance. Pour moi, pour toi, pour lui, fais-toi
ce peu d'effort, corn. Iléracl. v, 3. Je ne vous
blâme point d'avoir eu mes faiblesses; Mais faites
même effort sur ces lâches tendresses, id. Attila,
m, 4. Quels efforts à moi-même il a fallu me faire I
m.Polyeuc.v,3. Faites-vous un effort pour lui ser-
vir d'appui, ID. ib. iv, B. Fais-toi quehpie effort,
mol. Am. maqnif. 3» inlerm. Past. 2. Malgré tous
les efforts que je pourrais me faire, bac. lUithr. Il, t.
Faisons cet effort sur notre douleur, Boss. Louis
de Bourbon. Il Familièrement. Il a fait un effort, il
a consenti à donner une forte dot pour marier sa
fille. Mais, Frosine, as-tu entretenu la mère tou-
chant le bien qu'elle peut donner à sa fille? lui as-
tu dit qu'il fallait qu'elle s'aidât un peu, qu'elle fit
quelque effort? mol. l'Av. u, 6. || En général,
faire un effort, se résigner à quelque chose qui coûte,
qui répugne. || Faire l'effort de, prendre la peine de.
Elle a fait l'effort de venir voir ce joli apparte-
ment,sÉv. 392. Il Ironiquement. Il a fait l'effort de me
rendre ma visite || Coup d'effort , coup d'audace ,
entreprise hardie. Mes vaisseaux â la rade, assez
proches du port. N'ont que trop de soldats pour faire
un coup d'effort, coEN. Af(?d^e, ii, B. Sans moi ton
insolence allait être punie; X ma seule prière on ne
t'a que bannie; C'est rendre la pareille à tes grands
coups d'effort : Tu m'as sauvé la vie, et j'empêche
ta mort, id. ib. m, 3. |{ Un heureux effort de la
plume, production à laquelle on consacre avec suc-
cès toutes ses forces et tout son talent. Si je sou-
haite quelque durée pour cet heureux effort de ma
plume, ce n'est point pour apprendre mon nom à la
postérité, mais seulement pour laisser des marques
éternelles de ce que je vous dois, corn, le Cid à
Mme de Combalrt. ||I1 se dit aussi, en ce sens des
autres beaux-arts. Le renard en louant l'effort de la
sculpture, la font. Fahl. iv, 4 4. || En mauvaise
part. C'est un effort de démence dans un gouver-
nement d'avilir la plus grande partie de la na-
tion, VOLT. Mœurs, 98. ||4» Il se dit aussi des
choses qui exercent une action comparée à un effort
musculaire. L'effort de l'eau rompit la digue Mon
front, au Caucase pareil,.... Brave l'effort de la
tempête, la font. Fabl. i, 22. Et des vains or-
nements l'effort ambitieux, id. ib. v, ). || L'ef-
fort de la guerre, ce que la guerre a de plus
puissant et de plus effectif. Vous trouverez étrange
que ces gens que vous tenez si sages et qui ont
particulièrement cet avantage sur nous de bien gar-
der ce qu'ils ont gagné, aient laissé reprendre mie
place sur laquelle on pouvait juger que tomberait
tout l'effort de cette guerre, voit. Lett. 74. || 5° Dans
le langage didactique, toute action en vue d'un
résultat. ||6° Effet. Soit que son or pour lui fit un
si prompt effort, corn. Théodore, iv, 4. Le 1er ne
produit point de si puissants efforts, bac Brit. v,
B. Il 7° U se dit des actions armées des peuples ou
des partis entre eux. Les Gaulois font un dernier
effort pour leur liberté, boss. Hist. I, 8. L'effort
qu'il venait de faire pour atteindre Moscou avait
usé tousses moyens de guerre, séouh, //«st. de Nap.
viii,7. Il 8° Dans le langage vulgaire, nom donné à une
douleur vive survenue dans un muscle à l'occasion
d'une violente contraction de ses fibres. || Tirail-
lement douloureux éprouvé dans la région lombaire
en soulevant un fardeau trop pesant. [) Hernie.
Il s'est donné un effort.
— HIST. XI' s. N'assemblereit Charles si granz
esforz [troupes], Ch. de Roi. xliv. Dist Oliviers :
Paien ont graiit esforz, ib. Lxxxi. Son cheval [il]
broche, laisse courre à esforz, ib. xci. Il xii' s. De
ses beaus ieuz [elle] me vint sans desfiance [sans
défi] Ferir au cuer, que n'i ot autre esfort, Coiici,
XVI. Li plusieur ont d'amors chanté Par esfort et
desloiaument; Mais de ce [ma dame) m'en doit sa-
voir gré Qu'onques [je] n'en chantai faiutement,
ib. p. 120. Joram li rois de Israël od tut sun esforz
out assegied Hamoth Galaath sur Asael le rei de
Syrie, Rois, 378. || xiii* s. Et cil vienent à grant
esfort. Qui le poisson vendre men-ient, 7ien. 39C0.
Il xiv* s. Premièrement il convier . de partir soy et
traire loing et résister à plus grant effort au yize qui
est plus contraire à la vertu que l'en quert, orf.sme,
Elh. B4. Car il [un roi] estoit de si grant iestre
[être]. Et si redoutés et si fors. Et si grans estoit
ses esforz [son armée], J. decondet, p. 149. [[xv* s.
Après cette ordonnance, ie roi Philippe, qui forte-
ment desiroit à trouver les anglois et eux combattre,
se partit d'Amiens à tout [avec] son effort, et elle-
1310
EFF
raucha vers Airaines, Fnoiss. i, i, 278. Elle veut
faire son effort De tout son povoir de m'aidier, Et pour
ce luiplaist m'envoyer Cette nefplaine de plaisance,
en. d'ohl. Bail. 28. Tout homme armé doit estre,
par effort, Crueulx avant, piteux après victoire,
EUST. DEscn. Poésiesmss. f" )09, dans LACtinNE. Le
roy avoit mis tout son effort en son avant garde,
oïl pouvoit avoir trois cens cinquante hommes
d'armes et trois mille Suisses, qui estoit l'espérance
de l'ost, COMM. vni, «. ||xvi* s. Faisant quelque
effort en saultant, mont, i, 02. Les efforts de nosire
conception sont loinp au dessoubs de leur mérite,
ID. I, 266. Tout l'effort de ces hommes d'armes
consiste en leur lance, amyot, Lticull. B3. Foible
suis pour le conquester Un chasteau de si grand
effort, MAROT, II, 240. Fossez profonds et murs de
grans efforts N'environnoient encor villes ne forts,
iD. IV, 4B El se tenirooy sans rien entreprendre,
ny faire effort [violence] à aucun des habitans, Sal.
Uén. p. <St.
— ÉTYM. Voy. effobceb; provenç. esfort; catal.
csfors; espagn. fs/iicrio; port, esforço; ital. s/br«o.
EFFRACTION (i-fra-ksion ; en vers, de quatre
syllabes),!./'. Fracture des clôtures d'un lieu habité,
soit en vue de vol, soit pour toute autre cause. Le vol
avec effraction est réputé crime. Ce maréchal lui
montre des maisons couvertes de fer; elles sont
toutes fermées, encore intactes et sans la moindre
effraction ; cependant une fumée noire en sort déjà,
SÉGUR, Ilist. de Nap.Yul, 8.
— ÉTYM. Lat. efjfractionem , de effractum, supin
de effringcre, briser (voy. rRAGiLE).
EFFRAIE (è-frè), s. f. Nom vulgaire de la chouette
effraie, oiseau nocturne, du genre des rapaces
{strix aluco), dite dame en quelques beux de la
France.
— ÉTYM. Probablement d'effrayer, à cause que
cet oiseau est superstitieusement regardé comme de
mauvais augure.
EFFRAYANT, ANTE (é-frè-ian, ian-t'), adj. Qui
effraye ou est capable d'effrayer. Une pensée ef-
frayante. D'effrayantes clartés. Mille oiseaux ef-
frayants, mille corbeaux funèbres. De ces murs
désertés habitent les ténèbres, boil. Lutr. m. Les
cloches dans les airs, de leurs voix argentines, Ap-
pelaient à grand bruit les chantres i matines,
Quand leur chef, agité d'un sommeil effrayant,
Encor tout en sueur, se réveille en criant, id. t!).
IV. Quelque songe effrayant cette nuit l'a frappé,
FAC. Esth. Il, t. Quels regards effrayants vous me
lancez, hélas! volt. Zaïre, iv, e. || Il se dit quel-
quefois, par exagération, d'une personne qui inti-
mide. Elle l'a considérée sans frayeur, parce qu'elle
l'a trouvée infiniment moins effrayante qu'elle ne
l'avait imaginé, m""* de oenlis, Adèle et Théod.
t. Il, Ictt. 12, p. 1 50, dans pocgens.
— SYN. EFFRAYANT, EFFROYABLE. CeS deUX mOtS
ont même origine, puisque effrayer e\ effroyer sont
deux formes d'un même mot ; il n'y a donc de dif-
férence que dans la finale : effrayant est le parti-
cipe présent d'effrayer ; effroyable est l'ailjectif
verbal d'effroyer. La nuance est que effrayant est
strictement limité à la crainte, tandis que à effroya-
ble se joint l'idée accessoire d'horrible.
KFFUAYË, ÉE (é-frè-ié, iée), part, passé.
II 1° Qui est en proie à l'effroi. Effrayé par le bruit
du tonnerre. Je suis effrayée comme la vie passe,
sÉv. 440. i quel point je suis heureuse I je suis
effrayée de mon bonheur. M""' de of.nlis, Adèle et
Théod. t. m, lett. B4, p. 373, dans pouoens. || Sut>-
stantivement. Tantôt en le voyant j'ai fait de l'ef-
frayée, CORN. Nicom. I, B. Il Qui indique l'effroi.
De mon front effrayé je craignais la pileur, rac.
Brit. m, 7. || 2° 'ferme de blason. Se dit d'un cheval,
lorsqu'il est représenté dans une situation rampante.
EFFRAYER (è-fré-ié. La prononciation a changé;
autrefois, d'après Chiffiet, p. <97, elle était è-fra-ié),
j'effraye, tu effrayes, il effraye ou il effraie, nous
effrayons, vous effrayez, ils effrayent ou effraient;
j'effrayais, nouseffrayions, vous effrayiez; j'effrayai;
j'effrayerai ou effraierai ou effratrai; j'effrayerais ou
effraierais ou effralrais; effraye, effrayons; que j'ef-
fraye, que nous effrayions, que vous effrayiez, qu'ils
effrayent; que j'effrayasse; effrayant; effrayé, t). o.
Il 1° Causer de la frayeur. Effrayer un enfant. Des
bruits sinistres effrayaient la population. Il veut les
rappeler [ses chevaux], et sa voix les effraie, bac.
rftèd. V, «. Quel jour mêlé d'horreur vient effraver
mon ameî id. Esth. m, 4. 112° S'effrayer, v. r'éfl.
Concevoir de la frayeur. Il s'effraya à la vue du
péril. Qui se con.sidérera de la sorte s'effrayera de
soi-même, et, se considérant soutenu, dans la masse
que la nature lui a donnée, entre ces deu« abîmes
EFF
de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de
ces merveilles, pasc. Pensées, t. i, p. 247, édit.
Lahure. Et voit-on, comme lui, les ours ni les pan-
thères S'effrayer sottement de leurs propres chi-
mères? BOIL. Sat. VIII. La sultane à ce bruit fei-
gnant de s'effrayer, rac. Baj. i, 1. Enfin d'un chaste
amour pourquoi vous effrayer? m. Phèd. J, i.
— HIST. XI* s. Li reis Marsiles en fut moult es-
fraed, Ch. de Bol. xxxii. ||xii' s. Aine par menace
ne fui [je ne fus] trop esfreez, Bonc. p. )4. Et fins
amis à tort achaisoné [inculpé] Est moult souvent
de legier [aisément] effraé, Couci, xiv. Mais ele a
cuer félon qui trop m'effraie, ib. p. 125. ||xiii' s. Si
se commencierent à effreer et à desconfire, villeh.
cxMii. Quant lierte entend Symon, durements'en es-
froye, Berte, cvi. Le roy fut forment effraé [cour-
roucé] ,et li dit que moult estoit hardi quant.... joinv.
268. ||xiv"s. Très bien, ce dit Bertran, qui de riens
ne s'effrée.... Guescl. v. 13819. || xV s. L'ost qui fut
tout effrayé se commença à émouvoir, froiss. ï,
i, t88. Le capitaine ouvrit une fenestre sur les
fossés et saillit hors tout effreé [surprise du château
de Berwich par les Écossais], id. ii, ii, <3. || xvi' s.
Elle fut si très effrayée de peur, qu'elle demeura
comme une statue sans sonner mot, marg. Nouv.
xxxi. Il fist jetterde grands cris à ses gens et sonner
les trompettes pour effroyer les ennemis, amyot,
Cam. 42. La lance effraye de loin quand on la voit
branler avecques sa longue banderole, langue, 309.
— ÉTYM. Éf pour es.... préfixe, et le radical qui est
dans /"rat/furCvoy.ce mot); picard, effmyer, ejfrenter;
provenç. esfrayar , esfredar, esfreidar. On remar-
quera, dans l'historique, esfraier ou esfrecr et es-
froier; le premier est la prononciation de la Nor-
mandie et de la partie ouest du centre ; l'autre est
la prononciation de la Picardie et de l'autre partie
du centre; gardant effrayer, la langue littéraire
aurait dû prendre effrai; mais, par le hasard des
mélanges, elle a gardé e//^roi, ejfroyable, qui.se rap-
portent à effroyer.
EFFRÉNÉ, ÉE (è-fré-né, née), adj.\\ i° Terme
de blason. Se dit d'un cheval qui n'a ni bride ni
selle, et qui se nomme autrement gai. || 2° Fig. Qui
est sans frein moral, sans retenue. Une licence, une
passion effrénée. Désirs effrénés. Comment, il vient
d'avoir l'audace De me fermer la porte au nez. Et
de joindre encor la menace X mille propos effrénés!
MOL. Amph. m, 4. Que devait-il arriver, sinon ce
qu'on a vu, c'est-à-dire une licence effrénée dans
toutes les matières de la religion ? noss. Variât. 1 5.
On vit avec horreur une muse effrénée Dormir chez
un greffier la grasse matinée, doil. Ép. v. Doit-on
donner le nom de courage et de valeur à une har-
diesse aveugle, téméraire, impétueuse, qui ne con-
naît point de règle et qui n'a pour guide qu'une
ardeur insensée de fausse gloire et un désir effréné
de se distinguer à quelque prix que ce soit? roll.
Ilist. anc. Œuvres, t. vi, p. 62), dans pougens.
Vous voyez sans pitfé ma douleur effrénée, volt.
Ah. IV, 1.
— HlST. XIV* s. Tant comme sa ribauderie sera
plus non punie, de tant sera elle plus effrénée,
BERCHEURE, f° «7 , rccto. 1| XVI' S. Tous les ruisseaux
l'entrée de leurs sources Laschent à plein, et d'un
cours effréné Tout à l'entour des grans mers ont
tourné, marot, iv, 27. Les elephanssont si efirenés
de leur nature qu'ils ne peuvent endurer bride quel-
conque, v\nÈ, Monstres, app. *. Hz redoubtoient .son
audace effrénée et son insolence de contemner
aip'j les'.oiset coustumes de son pais, amyot, Aie.
27. Dont procéda l'effrénée licence et la noncha-
lance de toute honesteté, ID. Nicias, 14. La des-
pense qu'ils sont contraints de faire et supporter à
nourrir les ditz pauvres et malades, pour l'effrénée
multitude et habondanced'iceulxqui y afflue chacun
jour, Lett. pat. 1" oct. 1544.
— ÉTYM. Lat. effrenatus, de ex, elfrenum, frein.
Ou trouve aussi ejfrener pour enfrener, mettre le
frein.
t HFFRÉ\F,MENT (è-frè-ne-man), s. m. Néolo-
gisme. État d'une âme effrénée; déchaînement des
passions.
— ÉTYJI. Voy. EFFRÉNÉ.
t EFFRÉNÉMEXT (è-fré-né-man), adv. D'une
manière effrénée.
— IIIST. xvi* s. U court effrenément où le vin
l'appelle, JVia'ls de SfraparoJf, t. ii, p. 335. Sans
justice le peuple effrenément vivroit, rons. 874.
— ÉTYM. Elfréiié, et le suffixe ment.
PFFRITÉ (è-fri-té, téo), part, passif. Terre effri-
tée, terre devenue stérile, non pour toute culture,
mais pour les végétaux ayant les mêmes besoins que
ceux qui ont produit l'effritement.
EFF
t EFFRITEMENT (è-fri-te-man), S. m. Épuisement
d'une terre par le retour de certaines cultures.
— ÉTYM. Effriter.
EFFRITER (è-fri-té), «. o. Terme d'agriculture.
Produire dans une terre l'effritement. || S'effriter,
V. réfl. La terre .s'effrite, si l'on n'y met pas d'en-
grais. Il On dit aussi effruiter, qui, comme on voit
à l'historique, est la forme originelle.
— REM. On trouve dans les écrivains modernes
s'effriter pour s'en aller en poussière : Des bas-reliefs
qui s'effritent. Rien ne paraît justifier ce sens.
— IIIST. xiii" s. Il [le vent du midi] effruite U
terre, et nuist as flors. Psautier, f° 94. || xv" s. Ef-
fruitier, eust. desch. Poésies mss. i° 292, dansLA-
CDHNE. Il XVI" s. Effruicter, cotgrave. Effriter [amai-
grir une terre] , ID.
— ÉTYM. E( pour es.... préfixe, et fruit, ôter le
fruit rendre incapable de fruit; provenç. esfruguar,
rendre stérile.
EFFROI (6-froi), s. m. \\ i° Grande frayeur. Por-
ter, inspirer l'effroi. Je me retire donc encor pâle
d'effroi ; Mais le jour est venu quand je rentre chez
moi, BOIL. Sat. vi. U est vrai, je n'ai pu conce-
voir sans effroi Que Bajazet pût vivre et n'être plus
à moi, RAC. Baj. u, 5. Et je ne dois la vie en ce
commun effroi Qu'au bruit de mon trépas que je
bisse après moi, id. Milhr. ii, 3. Seigneur, je viens
à vous pleine d'un juste effroi, id. Phid. iv, 4. Ce
Juif, comblé d'honneurs, me cause quelque effroi
id. Esth. m, 1. Quel trouble vous agite et quel ef-
froi vous glace? m. Alhal. ii, B. Mais d'où vient
que mon coeur frémit d'un saint effroi? Est-ce l'es-
prit divin qui s'empare de moi? m. ib. m, '- Ma
fille, me dit-elle, avec un cri d'effroi, ducis, Othel.
Il, t. Il Terme de chasse. On dit que le cerf part
d'effroi , lorsque quelqu'un ou quelque chose qui
l'effraye le fait partir. |1 2° Fig. Cause d'effroi. Ce
conquérant a été l'effroi et la terreur de la terre en-
tière. Au Dieu persécuteur, effroi du genre humain,
volt. Vanat. i, 4.
— HIST. XII* s. Dune sunt venu à lui ; tuit erent
[étaient] en estrei, Th. le mart. 42. 1| xiii* s. Si me
puist Diex aidier, j'en sui en grant esfroy, Berte,
cxvi. ||xv's. Adonc commença l'effroi grantetfortà
lever en la ville, froiss. ii, ii, 42. Le bon serviteur,
sans faire effroi ne bruit, vint heurter à la porte,
LOUIS XI, Nouv. XXVII. Il xvi* s. Les Guodivaulx, qui
estoyent en embuscade, sortirent tous en grand ef-
froy sur Pantagruel, rab. Pant. iv, 41. Ce qui est
en partie cause de l'effroy que souvent prenent plu-
sieurs gens de guerre, est leur ignorance, lanoub,
3 18. Toute la cbrestienté entra en grand effroy, id
4)4. Le duc de Nevers prit Beaurain par composi-
tion, Agimont d'emblée, et d'effroi Chasteau-Tierri,
n'AUB. Ilist. I, 20. Ils quittent leurs tranchées et
d'effroi en effroi .se mettent en fuite, id. ib. Ii, 68.
Vous engagez vostre valeur et vostre fortune à celle
de vostre cheval; son effroy ou sa fougue vous ren-
dant ou téméraire ou lasche, mont, i, 361, Que l'on
n'eust à sonner nulle cloche, sinon celle de l'effroi,
PASQUIER, Lettres, t. i, p. 4, dans lacurne.
— ÉTYM. Esfroyer (voy. effrayer); Berry, ef-
fray, effré; provenç. esfrei.
EFFRONTÉ, ÉE, (è-fron-té tée), adj. || 1° Qui a du
front, de l'impudence, qui ne rougit de rien. Une
femme effrontée. J'approuve bien la modestie; Je hais
les amants effrontés, Régnier, Contre un amoureux.
Au mépris du bon sens, le burlesque effronté Trompa
les yeux d'abord, plut par sa nouveauté, boil. Art
p. I. On n'est point effronté par choix, mais par com-
plexion, la brut. viii. Un diable, cornard effronté.
Vilains, ici guette vos belles, béhang. Contrat.
Il Effronté comme un page de cour, ou, simple-
ment, comme un page, très-effronté. || On dit en-
core : effronté comme un moineau. || 2" U se dit
aussi des choses. Ce n'est pas que je croie en ces
temps effrontés.... Régnier, Sat. u. Et d'un zèle
effronté couvrant son attentat, corn. Cinna, iv,
3. Voyez quelle assurance en cet oDil effronté! RO-
trou, .^ntij. IV, 3. Ces douces Ménades.... Se font
des mois entiers, sur un lit effronté, Traiter d'une
visible et parfaite santé, boil. Sat. x. J'abandonne
ce tr.iître à toute ta colère; Étouffe dans son sang
ses désirs effrontés, rac. Phèd. iv, 2. Et mille au-
tres encore, effrontés ornements, Serpentent sur
son sein, pendent à ses oreilles; Les arts pour l'em-
hellir ont uni leurs merveilles, oilb.XVIII' siècle.
Luxe effronté, m. j. chénier , Gracques , i. 2.
Il 3° Substantivement. Un effronté. Une effrontée,
(juoi Chrispe rira donc avec cette effrontée Du plai-
sir qu'elle a pris à m'avoir irritée? Tristan, M. de
Chrispe, iv, 7. Qu'une jeune effrontée, une inso-
lente esclave Vienne en ce lieu donner des frères à
EFF
EGA
EGA
1311
mes fils, ROTRou, Hercule mourant, ii, 2. Hé I la
bonne effrontée! mol. Sgan. 6. || Sectaire du
ivi* sitcle qui niait la personnalité du Saint-Esprit.
Il S. f. Effrontée , sorte d'ancienne coiffure de
iemme.
— IIIST. xiu* S. Qu'est-ce diable? es-tu effrontés!
Ouei gens nous as-tu ci contés? la Rose, <H25.
Il xiV s. En courages acoustumez à guerre et es-
frontez par chevalerie, bf.rcukure, f° 13. || xvi' s.
Il disoit qu'il estoit bien effronté d'aller encore vestu
de pourpre comme un roy, amïot, Pyrrhus, 69.
— ÉTYM. Ef pour es.... préfixe, et front, c'est-
à-dire sans front, impudent; provenç. esfrontat;
ilal. s/>on(a(o. L'ancienne langue avait le verbe es-
fpontir, qui signifiait casser le front, la tête, et fig.
décontenancer.
EFFUONTÉMENT (è-fron-té-man) , adv. Avec ef-
fronterie. Il a effrontément soutenu ce mensonge;
il a soutenu effrontément ce mensonge.
— inST. xii* s. Effronteiment et sottement appa-
rilliez por parler, isnels [prompt] por enseignier, et
tardis [tard;f , lent] por oïr, ST.-bERN. 563. || xvi" s.
Et sur le reffus qu'en réitéra sa majesté, le dict
duc de Montpensier s'advança fort efl^rontément de
proférer de telles paroles.... cahloix, ix, 47.
— RTVM. Effronté, et le suffixe ment.
EFFROXTEUIE ( è-fron-te-rie ) , s. f. Acte d'ef-
fronté. Le traître, dites-vous, appelle mon voyage
Du nom d'efl'ronterie et de libertinage, mair. So-
litn. u, 4. Il faut payer d'effronterie, hauteroche,
Crispin méd. ii, 6. D'Aquin avait l'effronterie de
vouloir faire son fils archevêque al dispetto [au mé-
pris] de tous les abbés de la première qualité, st-
S!M. 14, (50.
— ÉTYM. Effronté.
EFFUOYAliLE (è-fro-ia-bl'; plusieurs prononcent
è-froi-ia-bl') , adj. || !• Qui inspire un effroi mêlé
d'horreur. Un spectacle effroyable. Une mort effroya-
ble. Seigneur, le récit même en paraît effroyable,
CORN. Cinna, iv, t. Mais que, dans cette effroyable
confusion de toutes choses, il est beau de considérer
ce que la grande Henriette a entrepris pour le salut
de ce royaume, Boss. Jteine d'Anglet. Un Hérode,
un Tibère effroyable à nommer, boil. Sat.xi. Quels
coups accompagnés de regards effroyables, rac.
ilithr. V, 4. Je le vois comme un monstre effroyable
à mes yeui, id. Phèd. m, î. Un effroyable cri,
sorti du fond des flots, id. ib. v, 6. Et ce jour ef-
froyable [le massacre des Juifs] arrive dans dix jours,
ID. Esth. I, 3. Ce songe et ce rapport, tout me sem-
ble effroyable, id. Àthal. ii, 5. || 2° Par extension,
qui est d'une laideur repoussante. Figure effroyable.
Il 3° Excessif, incroyable. II y avait un monde ef-
froyable à cette assemblée. Dépense effroyable.
— REM. Mallierbe a employé effroyable dans le
sens du effrayant, redoutable: Je le connais, Des-
tin, vous avez arrêté Qu'aux deux fils de mon roi se
partage la terre; Et qu'après le trépas ce miracle
de guerre Soit encore effroyable en sa postérité,
MALH. II, 7.
— lllST. XV' s. Alors, si estes embusché [caché].
Voirez quelle chose effroyable Fait feu commun dit
vegetable, Ir. d'alch. V2». || xvi» s. Un si effrayable
incendiaire, carloix, vi, 28. J'eus à souffrir cette
condition, que la veue de ma maison m'estoit ef-
froyable, MONT. IV, 206. Rendre les urines espesses,
noires et effroyables , ou les avoir arreslées par quel-
que pierre espineuse et hérissée, id. iv, 27(.
— ÉTYM. Effroyer, une des formes anciennes d'ef-
frayer (voy. effrayer). La finale able a ici un sens
actif.
EFFROYABLEMENT (è-fro-ia-We-raan ; plusieurs
piononcent è-froi-ia-ble-man), adv. D'une manière
effroyable, excessive. Elle est effroyablement laide.
Il mange effroyablement. Il a effroyablement dé-
pensé depuis quelque temps. || Par plaisanterie. Mas-
carille: Vous ne me dites rien de mes jilumes, com-
ment les trouvez-vous? — Cathos : Effroyablement
belles, MOL. Préc. rid. lo.
— niST. XVI' s. Il leur aura ouy reputer très heu-
reux les riches hommes, et redouter effroyablement
a mort avec horreur, ou le travail, amyot. Comment
il faut lire les poët. 50. Redoublant Hannibal trop
plus effroyablement qu'il ne devoit, id. Fab. 63.
— ÉTYM. Effroyable, et le suffixe ment.
t EFFRDITEU (è-frui-té), v. a. || 1° Voy. effriter.
Il 2» ôter le fruit. Effruiler un arbre, un verger.
— ÉTYM. /lYpour es.... préfixe, el fruit.
f EFFUMEK ( é-fu-mé) , v. a. Terme de peintre.
Éteindre une partie de quelque peinture, qui parait
trop ardente. Kffumer une peinture.
— ÉTYM. i/ pour ds.... préfixe, el fumer. Dans le
xvi'' siècle s' t7/'«mej avait un sens métaphorique, se
répandre en : Ainsy verroit on eslever et avoir lieu la
franchise de parler à un chaqu'un; plusieurs s'effu-
meroient en paroles libres, MONTBOURCH. Gag. bat.
f» 38, dans LACOHNE.
EFFUSION (èf-fu-zion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f.\\ 1° Action de répandre le contenu d'un
vase. Trois fois du vin fumeux L'effusion légère al-
luma les saints feux, SEGRAis, Géorg.n. S'il la voit
[la réforme, le protestantisme] dans l'effusion de
la seconde fiole [les fioles de l'Apocalypse] , l'autre
interprète la voit seulement à l'effusion de la sep-
tième, BOSs. For. XIII, § 44. Nous sacrifierons à la
reine du ciel et nous lui ferons des effusions, id.
Polit. VII, VI, 6. Dieux que j'appelle à cette effu-
sion [d'une coupe], Venez favoriser notre réunion,
RAC. Brit. V, 6. Il Terme de médecine. Écoulement
d'un liquide qui sort de ses vaisseaux ou réservoirs
et qui s'épanche dans une cavité ou dans les tissus.
Il Terme d'astronomie. Effusion du Verseau, portion
de la constellation du Verseau, qui est représentée
sur les cartes célestes par l'eau qui sort de l'urne.
I 2' Par extension. U y eut dans ce combat une
grande effusion de sang. En attendant le coucher
du soleil.... afin de considérer à mon aise cette
riche effusion de couleurs, balz. le Prin.ce , avant-
prop. Il 3° Action de répandre hors. L'Église tient
que le Père produit continuellementle Fils, etmain-
tient l'éternité de son essence par une effusion de
sa substance, qui est sans interruption aussi bien
que sans fin, pasc. Lett. à Unie Perier, 5 nov.
1048. Il 4» Fig. Effusion du cœur, ou, simplement,
efl'usion, épanchement d'un cœur affectueux et
sincère. Parler avec effusion, parler avec abandon.
L'effusion d'un bon cœur. C'est ici une effusion de
mon cœur plutôt qu'un ouvrage et une méditalion
de mon esprit, fléch. M. de Uontausier. 'i:\olre cœur
s'échapperait malgré nous-mêmes en de saintes ef-
fusions, MASS. Car. Prière i. Avec qui vous n'aurez
jamais ces effusions de cœur, id. ib. || Effusion de
tendresse, tendresse manifestée par les paroles, les
gestes, les actions. Us leur offraient les effusions
sincères de la charité, m. Car. Cuite. Œil invisible
du Père céleste, vous fûtes le seul témoin des se-
crètes effusions de sa charité, id. Or. fun. Villars.
II 5° Terme d'alchimie. Purification de la pierre
philosophale.
— HlST. xiv s. Les lèvres d'icele [plaie] doivent
estre frotées o [avec] une aguille ou o chose sembla-
ble ducques [jusque] à efl'usion de sano, H. de
mondeville, f" 42. El ot illecques plus grant effu-
sion de sanc que il n'avoit eu en la bataille, ber-
CHEURE, f° 38, verso. Il XVI' s. L'exploit sera faict
à moindre effusion de sang que sera possible, hab.
Garg. I, 29. De jeunes garsons portoient de beaux
vases d'or et d'argent, pour faire les aspergemens
et effusions qui se font es sacrifices, amyot, P.
jEm. 56.
— ÉTYM. Lat. effusionem, du supin effusum, de
effundere, de ex, hors de, et fundere, verser (voy.
fondre).
t ÉFLAGELLÉ, ÉE (é-fla-jèl-lé, lée), adj. Terme
de botanique. Qui n'a pas de coulants.
— ÉTYM. Lat. e, sans, et /iagei/um, fouet, coulant.
ÉFOURCEAU (é-four-sô), s. m. Nom d'une voiture
à deux roues qui sert à conduire de pesants fardeaux,
tels que des troncs d'arbres, de grosses poutres, etc.
— ÉTYM. Ce mot paraît formé du latin furca,
fourche : chariot à fourche, comp. fourgon.
t ÊGAGRE (é-ga-gr') , s. f. Terme de zoologie.
Chèvre sauvage.
— ÉTYM. AïyaYpoç, de aîÇ, aÎYÔ?, chèvre, et
àfpCa, sauvage.
fÉGAGUOPILE (é-ga-gro-pi-l'), s. m. Concrétion
qu'on trouve quelquefois dans les voies digestives
des chèvres ou des autres animaux ruminants.
— ÉTYM. Égagre, et nlXo;, boule de laine.
1 ÉGAGROPILIFORME ( é-ga-gro-pi-li-for-m' ) ,
adj. Qui a la forme de l'égagropile. Calcul égagro-
piliforme.
— ÉTYM. Égagropile, et forme.
■\ ËGAIL (é-gall, U mouillées), s. m. Terme de
chasse. Voy. aiguail.
ÉGAL, ALE (é-gal, ga-l'), adj. || 1» Pareil en
quantité, en valeur. Cent francs en or et cent francs
en billets sont des sommes égales. Deux lignes éga-
les entre elles. Le mètre est égal k la quarante
millionième partie de la circonférence de la terre.
Pense qu'il est si grand, qu'il n'aurait point d'of-
frande. S'il n'en recevait point que d'égales à lui,
MALH. I, 4. Que m'offrirait de pis la fortune enne-
mie, Â moi qui tiens le trône égal à l'infamie, corn.
m. de Pomp. m, 2. Peut-on voir un orgueil à votre
orgueil égal? id. Nicom. v. 7. Du nom de dicta-
teur, du nom de général. Qu'importe si des deux
le pouvoir est égal? id. Sertor. m, 2. Hélas I sei-
gneur! quel trouble au mien peut être égal? rac.
Phèd.l, 2. Il n'y a point, dit Tite Live, d'esprits
plus susceptibles de jalousie que ceux qui n'ont
point un mérite égal à leur naissance et à leur rang,
ROLL. IHst. anc. Œuvres, t. i, p. 497, dans pou-
GENS. Les hommes, qui tous savent le fort et le
faible les uns des autres, connaissent ceux qui leur
sont égaux, sentent la supériorité que quelques-uns
ont sur eux et celle qu'ils ont sur quelques autres,
LA BHUY. XI. Quand trente mille hommes combat-
tent en bataille rangée contre des troupes égales en
nombre, volt. Candide, 4. || Absolument. Ceci peut
s'appliquer â la grandeur royale ; Elle reçoit et don ne ,
et la chose est égale; Tout travaille pour elle, et
réciproquement Tout tire d'elle l'aliment, la font.
Fabl. III, 2. Il n'est bien sous le ciel qui vous parût
égal,iD.ib. VIII, 4 3. Rien ne met à l'abri de cet or-
dre fatal. Ni le rang, ni le sexe, et le crime est égal,
RAC. Esth. I, 3. Depuis qu'à Pharaon ce peuple est
échappé. Une égale terreur ne l'avait point frappé,
id. Athal. m, 7. Suivre d'un pas égal mes fortunes
diverses, id. Bérén. i, 4. Allons; d'un pas égal
que ne puis-je vous suivre? volt. SIérope, v, 5. Ce
combat comme à nous peut leur être fatal. Egaux
sont les périls, le courage est égal, c. delavigne. Vê-
pres sicil. II, 6. Il Toutes choses égales, ou tout étant
égal d'ailleurs, c'est-à-dire en supposant qu'il n'y
ait aucune différence entre les choses dont il s'agit.
Toutes choses égales, une raison née avec quelque
élévation aimerait encore mieux se tromper, en se
faisant honneur, qu'en se déclarant pour un parti
si ignominieux à son être, mass. Car. Avenir. |[ La
partie est égale, la partie n'est pas égale, se dit de
deux joueurs, de deux combattants qui sont ou ne
sont pas de même force. Comme la partie n'est pas
égale, il faut user de stratagème et éluder adroite-
ment le malheur qui me cherche, mol. Festin de P.
11,10. Il Tenir la balance égale, c'est-à-dire être d'une
strictejustice, d'une exacte impartialité, à l'égard
d'hommes ou d'opinions qui sonten conflit. || Faire
tout égal, traiter tout le monde de même, ne favo-
riser personne. ||Entermesdegéométrie,égal,quand
il se dit de ce qui est figuré, ne s'applique pas seu-
lement à la valeur, mais aux angles et aux dimen-
sions, de telle sorte qu'on puisse concevoir l'exacte
superposition des figures. Un parallélogramme est
partagé par sa diagonale en deux triangles égauî; ;
deux cercles décrits du même rayon sont égaux; en-
tendez que si on les applique l'un sur l'autre, ils
coïncideront exactement. Quand il n'est pas question
de la figure, ou quand la figure est tellement diffé-
rente qu'on ne peut songer à la superposition, égal
reprend son sens ordinaire, il ne signifie plus que
la parité dans la quantité. Tous les parallélogrammes
de même base et de même hauteur sont équivalents,
c'est-à dire égaux en surface. Des volumes égaux.
La sphère est égale aux deux tiers du cylindre cir-
conscrit. |1 Terme de botanique. Aigrette égale , ai-
grette composée de soies ayant à peu près la même
longueur. Polygamie égale, ordre comprenant les
syngénèses dont toutes les fleurs sont hermaphro-
dites. Il Terme de musique grecque. Système égal,
système d'Aristoxène qui divisait chaque tétracorde en
trente parties égales. || 2° Qui jouit des mêmes droits.
Tous les hommes sont égaux. Autrefois les habitants
du pays n'étaient pas égaux devant la loi. Les mor-
tels sont égaux, ce n'est pas la naissance. C'est
la seule vertu qui fait la différence, volt. Maho-
met, 1, 4. Et vous semblez d'un sang fait pour
donner des lois X l'Arabe insolent qui marche égal
aux rois, iD. Fanât. 1, 2. || 3° Qui est toujours le
même, qui ne varie point. Un mouvement égal. Un
style égal. Du reste, en quoi répond au sort divers
Ce train toujours égal dont marche l'univers? la
FONT. Fabl. II, 43. Un style trop égal et toujours
uniforme En vain brille à nos yeux, il faut qu'il
nous endorme, boil. Art p. i- D'un soin toujours
égal sa faveur l'environne, rac. Alex, i, i. Ce
Dieu.... Juge tous les mortels avec d'égales lois, id.
Esth. m, 4. Il En médecine, on dit que le pculs
est égal , que la respiration est égala , lorsque
les mouvements qui les constituent sont sembla-
bles pour la force et la durée. || 4° Qui est c'un
caractère doux et sans hauts ni bas. Vous étiez
né doux, égal, accessible, mass. Car. Prodigue.
Modeste, bonne, égale, toujours obligeante, natu-
relle et réservée. M-' de genlis, Veill. du chdt. t i,
p. 442, dans pouGENS. || Se dit aussi de l'humeur,
du caractère. La supérieure n'avait jamais vu de
religieuse d'une humeur aussi égale, chatkaub.
René, 2)6. Il 5» Égal à soi-même, qui ne se dénient
1312
EGA
en rien. Virgile a fait son héros, modéré, pieux, et
par conséquent égal à lui-même, pén. t. xxiv p. 26
y Alisolument. Ce serait bien, seigneur, de tout
point me confondre; Et je serais moins roi qu un
objet de ritié SI le bandeau royal m était votre
amitié- Mais je m'alarme trop et Kome est plus
égale, CORN. Nicnm. iv, B. || Égal, ainsi employé ab-
solument, a vieilli. Il 6° Qui estolijet d'indiflérence.
Tout lui est égal. Toute demeure lui fut égale, toute
ia terre lui fut un exil, fléch. Panég. l, 352. Tout
lui est cgal, pourvu qu'il accable ses ennemis, fén.
Tél. XI. Il y avait déjà longtemps que toutes les sai-
sons étaient devenues égales pour les soldats de
Charles et pour ceux du czar. volt. Charles XII,
4. One indifl'érence suprême. Voilà mon principe et
ma loi; Tout lieu, tout destin, tout système Par là
devient égal pour moi, gbesset. Chartreuse. Tous
les hommes, tous les pays, tous les livres lui étaient
égaux, vAUVEN. Ergaste. Ton fils est mort, disait
un guerrier à une mère, et la mère répondait en
pleurant: c'est égal, CHATEAUB. Natch. il, 62. || Fa-
milièrement. C'est égal, c'est-à-dire quoi qu'il en soit.
C'est ég.-il, il paye clierson avantage. || Oui éprouve
de l'indifférence (emploi qui a vieilli). Égale à tous
les deux jusquesà la victoire. Je prendrai part aux
maux sans en prendre à la gloire, corn. //or. i, ).
Et je n'ose penser que d'un œil bien égal Polyeucte
en ces lieux puisse voir son rival, id. Polyeucte, m,
<. Et le prends-tu pour homme à voir d'un œil égal
Et l'amour de son frère, et la mort d'Annibal? id.
Kicom. II, t. Il 7° Uni, qui est de niveau, qui n'est
pas raboteux. Un chemin égal. || 8° Substantive-
ment. Celui, celle qui est égale aux autres. Heureux
d'avoir vaincu pour vivre son égal, corn. Pomp.
III, 6. Ne nous associons qu'avecque nos égaux, la
FONT. Fabl. v, 2. Je ceignis la tiare et marchai son
égal, RAC. Àthal. m, 3. Lucile aime mieux user sa
vie et se faire supporter de quelques grands que de
Tivre familièrement avec ses égaux, la bbuy. ix.
Accoutumons des rois la fierté despotique A trai-
ter en égale avec la république, volt. Briit. i,
t. Des égaux! dès longtemps Mahomet n'en a plus,
ID. Fanât, ii, 6. || Qiii n'a pas d'égal, sans égal,
c'est-à-dire qui ne peut être égalé. Et moi par un
malheur qui n'eut jamais d'égal, corn. Cinna, m,
4. Mais ce serait pour vous un bonheur sans égal, id.
Xent. I, ) . Tel porte jusqu' aux cieux leur vertu sans
égale, ID. Ilor. m, 2. Une tendresse qui ne sau-
rait avoir d'égale, SÉV. a. De ses faits je tiens
registre. C'est un homme sans égal, bérang. Sénat.
Il 9* D'égal, (oc. adv. Sur le pied de l'égaliié. Je ne
dois qu'à moi seul toute ma renommée, El pense
toutefois n'avoir point de rival A qui je fasse tort
en le traitant d'égal, corn. Exc. à Arùte. 11 [Abra-
ham] traitait d'égal avec les rois, Boss. Hist. ii, 2.
Elle [son âme] va d'égal avec les grandes âmes, la
BBUY. XI. Il 10° X l'égalde, loc. pri'pos. Comme, de
même que, autant que. La seule vérité donne aux af-
flictions Des consolations Durables à l'égal de la
sainte parole, coRN./mt(. m, te. Des frères ne sont
rien à l'égal d'un époux, id. jïor. m, 4. Rome se fera
craindre à l'égal du tonnerre, id. tb. iii,B. A l'égal
de mes jours je la [ma haine] ferai durer, id. Pomp.
v, 4. Allons donner votre ordre à des pompes funèbres,
X l'égal de son nom illustres et célèbres, id. Serlor.v,
8. Un homme que je bais à l'égal de la mort, mol.
École des maris, ii, t(. A l'égal des Persans je veux
qu'on les honore, RAC. Est/j. iii,7.||A l'égal de, avec
un infinitif. Et le trépas en soi n'a rien de rigoureux
X l'égal de vous rendre un rival plus heureux,
CORN. Penh. II, t. Il Absolument. Je suis craint à
l'égal sur la terre et sur l'onde, corn. Illusion co-
mique, m, *l. C'est ce qui attire si puissamment
sur nous les affections de la sainte Vierge qu'il n'y
a point de mère qui puisse aller à l'égal, noss.
V serm. Compass. de la sainte Vierge, 2. Quant à
moi qui méprise presque à l'égal les injures et les
dénonciationsindividuelles.... Mirabeau, Collection,
t. IV, p. 306. Il X son égal, en comparaison de. Ah I
si vous connaissiez, mes frères, ce que vous per-
dez en perdant la grâce sanctifiante; si vous saviez
que la perle de l'univers n'est rien à son égal, mass.
Myst. llésurr. || Proverbe. Cela est égal comme deux
œufs, se dii de deux choses absolument conformes.
— msT. XI' s. E il metrad [le bétail en litige] en
uele [égale] main, d'ici là que ilseit derained [jugé],
lot» de Cuill. 26. Si home muert sans devise [testa-
ment], si départent li enfant l'erité entre sei par
uwel [égal] , tb. 3o. || xii- s. Esgal leis, esgal peine,
csgul mal Tos aient, Rou, v. 2030. Là seront li
denier livré par igal pois, Sax. xxxiii. Tel qui
tist personel de! verbe impersonel , Singuler et
plurel STCit tut pcr igal, Th. le mort 66. || xiii* s.
EGA
Li jors estoit biaus et seris, et li plains tant in-
gaus que il n'i avoit mal pas ne chose qui dcstor-
berlespeust, H. »e valenc. vi. Et es livres et el
cheval Partirai-ge tôt par igal Et mot à mot et
foil à foil, lien. 2 H 98. Certaine coze est que les
mesurés ne sont pas en la comté de Clermont ygaus,
ains se diversefient en plusors viles, bkaum. xxvi,
s. Il xiv s. Et ce que nous appelions ici egual, c'est
le moien entre superhundance ou excès d'une part
etdeffaut d'autre part, obesme, £l/i.44. i| xv* s. Et
ceulx qui sont de povoir ou de nombre equal, et qui
tous de bon cœur requièrent à l'ayde de Dieu l'ung
contre l'aultre, Jeh. de Saintré, ch. 48. || xvi' s. Il
[le Fils] estoit égal à Dieu , avant que s'anéantir sous
la forme de serviteur; or comment celte equalité
pourroit-elle convenir, sinon qu'il fust le Dieu du
quel le nom est souverain? calv. Instit. 94. En l'ami-
tié, c'est une chaleur tempérée et égale, mont.i, 209.
Des enfants ont commandé des grands estais, à
l'egual des plus suffisants princes, id. iv, 52. Sylla
lui faisoit des honneurs, qu'il portoit bien peu sou-
vent aux plus vieux et à ceulx qui esloient égaux à
luy, AMYOT, Crassus, 10.
— ÉTYM. Wallon, ewal; anc. wallon, enweii;
norm. ignau, qui est sans façon, c'est-à-dire égal
pour tout le monde; provenç, egual, ertgai; calai.
egual; espagn. et portug. igual; liai, eguale; du la-
tin ssqualis, dérivé d'œquus, uni, jujte. Uwel, uel
est la plus ancienne forme, laquelle correspond à
la forme italienne uguale. On trouve aussi, dans
l'ancien français, ive, qui vient de sequus.
\ ÉGALABLE (é-ga-la-bl'), adj. Qu'on peut égaler.
— HIST xvi' s. Egalable, oudin, Dicl.
— ÉTYM. Égaler.
t ÉGALADE (é-ga-la-d"), i. f. Variété de la châ-
taigne ordinaire.
t ÉGAL-X-TOUS, (é-ga-la-tous'), t. m. Terme de
marine. Nom du pavillon de signaux, qui n'a pas de
numéro par lui-même, mais qui prend toujours,
quand il est hissé en signal, le numéro de celui qui
est au-dessus de lui.
( . ÉGALÉ, ÉE (é-ga-lé, lée), part, passé. ]\ l" Rendu
égal. La grandeur de Napoléon égalée à celle des
César et des Alexandre. || 2° Atteint. Les anciens
égalés par les modernes. || 3° Terme d'astronomie.
Corrigé par des équations. Anomalie égalée.
t 2. ÉGALÉ, ÉE (é-ga-lé, lée), adj. Terme de fau-
connerie. Oiseau égalé, oiseau qui porte sur le dos
des mouchetures blanches appelées égalures.
1. ÉGALEMENT (é-ga-le-nwn), s. m. Terme de
droit. Distribution préalable faite avant partage
entre des enfants héritiers de leur père ou de leur
mère qui avait donné un avancement d'hoirie à l'un
d'entre eux.
— HIST. xvi* s. Si, en faisant le partage du fief,
les tenanciers avoient fait également de rentes sans
appeler le seigneur, Coustum. gêner, t. 11, p. 609.
— ÉTYM.. i'gater; provenç. également, engale-
menl; catal. igualament; espagn. igualamiento.
2. ÉGALEMENT (é-ga-leman), adv. D'une ma-
nière égale, semblablemenl. Il les a traités égale-
ment. 11 les a également punis. L'infamie est pa-
reille et suit également Le guerrier sans courage et
le perfide amant, corn. Cid, iii, e. Cette peur me
touchait, mon frère, également, id. Itodog. 1, 5.
Nos esprits étaient donc également distraits, m.
Sertor.iv, 3 La main des Parques blêmes De
vos jours et des miens se joue également, la font.
Fabl. XI, 8. Ceux qui nous ravissent les biens par
la violence ou par l'injustice, nous marquent assez
leur haine pour nous; mais ils ne nous prouvent pas
également qu'ils aient perdu à notre égard toute
sorte d'estime, la bbuy. xi. Les vainqueurs, les
vaincus, tous ces faibles humains. Sont tous éga-
lement l'ouvrage de tes mains, volt. Alz. iv, 5.
Et le riche et le pauvre , et le faible et le fori
Vont tous également des douleurs à la mort, id.
1" Discours.
— HIST. xiii' s. Aucune fois avient que il est plus
punis, et aucune fois moins, ou aucune fois ivel-
ment, itr. dejusl. 3. Riche estoient tuit egaument.
Et s'enlramoient loiaument Les simples gens de
bonne vie, la Rose, 9559. Neporquant autresinc
grant perte Reçoit l'ame en trop grant poverte.
Comme el fait en trop grant richece. L'un et l'autre
igaument la blece, ib. mee. || xvi* s. Tout ce qui
s'appelle bien est equalemenl mal à l'injuste, comme
bien au juste, mont, i, 329. La peur extrême et
l'extrême ardeur de courage troublent egualement
le ventre et le laschent, id. i, 387.
— ÉTYM. Égale, et le suffixe ment; provenç.
fgualmen, egalmen, engualmen; espagn. igual-
vxcnte; itaî. cgualmeitte.
EGA
ÉGALER (é-ga-lé), v. a. || !• Rendre égal. Égaler
les parts. La mort égale les hommes. C'est de là que
nous est né ce prétendu règne du Christ, inconnu
jusques alors au christianisme, qui devait anéan
tir toute la royauté et égaler tous les hommes,
BOSs. Reine d'angl. Exemple le plus capable de
persuader aux ambitieux qu'il n'ont aucun moyen
do so distinguer ni par leur naissance, ni par leur
grandeur, ni par leur esprit, puisque la mort, qui
ég,-ile tout, les domine de tout côté avec tant d'em-
pire, et que d'une main si prompte et si souveraine
elle renverse les têtes les plus respectées, id. Duch.
d'Orl. II est à remarquer que souvent les avantages
ou les forces [entre deux joueurs] sont incommen-
surables, do sorte que les deux jouenrs no peuvent
jamais être parfaitement égalés, FONTE!f, Bernoulli.
Il Egaler à, rendre égal à. La race do Léoace étant
patricienne, l'éclat de ses vertus l'égalait à la
mienne, corn. Hcracl. m, 4. Pour nous égaler ceux
que nous avons soumis, tristan, M.deChrispe, m,
6. Jérémie lui-même, qui seul semble être capable
d'égaler les lamentations aux calamités, ne suffirait
pas à de tels regrets, BOss. Reine d'Angl. || Malherbe
a dit égaler avec. Que s'il peut un jour égaler Sa
force avecque sa furie, malh. m, 3. 112" Être égal
à. La recette égale la dépense. Deux multiplié par
cinq égale dix. Une race qui égaler.iit les étoiles du
ciel, BOSS. Hist. II, 2. Envieuse [la grenouille],
s'étend, et s'enfle et se travaille Pour épiler l'ani-
mal [le bœuf] en grosseur, la font. Fabl. i, 3. Rien
n'égale en fureur, en monstrueux caprices. Une
fausse vertu qui s'abandonne aux vices, boil. Sat.
X. Mes remords infinis Ont égalé mon crime et vengé
mon pays, volt. Brut, v, 7. Tes maux vontégaler
les maux où tu m'exposes, id. Zaïre, v, (O. L'his-
toire n'en parle qu'à regret [de la conduite de Murât],
depuis que le repentir et le malheur ont égalé le
crime, ségur, Ilist. de Nap. xii, 5. || 3° Être égal en
droits. Aux deux bouts de la terre en est-il un [roi]
si vain Qu'il prétende égaler un citoyen romain ?
CORN. Cinna, iit, 4. ||4° Être égal en mérite. Cet
auteur a égalé les anciens. Alexandre s'était proposé
d'égaler en tout la gloire de Bacchus, vaugel. Q. C.
liv. IX, ch. (0, dans RiciiELET. Corneille ne peut être
égalé dans les endroits où il excelle, la bbuy. 1.
Je l'admirais moi-même, et mon cœur combattu S'in-
dignait qu'un chrétien m'égalât en vertu, volt. Zaïre,
IV, 6. Il 5° Égaler quelqu'un à un autre, prétendre qu'il
lui est égal. Et ne .savez-vous pas qu'il n'est princes ni
rois Qu'elle [Rome] daigne égaler à ses moindres
bourgeois, coen. Kicom. i, 2. Laissons-lui égaler le
fol et le sage, etmême jene craindrai pas de le dire
hautement dans cette chaire, laissons-lui confondre
l'homme avec la bête, Boss. Duch. d'Orl. || 6° Rendre
uni. Cette allée est raboteuse, il faut l'égaler. Peu
usité. 117° S'égaler, v. réfl. Devenir égal. Les doigts
inégaux entre eux s'égalent pour embrasser ce qu'ils
tiennent, Boss. Connaiss. 11, 2. || Se prétendre égal
Il s'égalait aux plus savants.
— HIST. XVI' s. Pour lequel chemin dresser el
esgualer [rendre uni], on adesmoly et abbattu pli, s
de deux cenz maisons, rab. Épi. 8. Réfutant l'erreur
de ceux qui, sous ombre de la généralité des pro-
messes, voudroyent égaler tout le genre humain,
CALV. Inslit. 791. 11 ne voulut point offenser sa règle
de vraie amitié, qui égale le prince et le pauvre,
MARG. Aou». xLii. J'entreprends dem'egualer à mes
larrecins [textes des auteurs copiés par lui], mont.
i, <66. Il avoit soin d'egualer [égaliser] et disperser
le dommage qu'il faisoit, id. m, 360. Ceste ordon-
nance n'égala pas tous les citoyens en facultez et
en biens, comme Lycurgus avoit fait les Lacedemo-
niens, amyot, Solon, 26. N'espérant passe pouvoir
égaler à lui en faicts d'armes, il se donna aux af-
faires de ville, id. Crass. (t. Il s'esgaloit en son
vestir, en son vivre ordinaire, plutost aux simples
soudards, que non pas aux capitaines, lo. Cat.
d'Uliq. 1».
— ÉTYM. Égal; wallon, etcaler, niveler; rotichi,
égalir; prov. egalar, engaihar ; espagn. igualar.
■] ÉGALIR (é-ga-lir), j'égalissais, égalissant, v. a.
Il 1° Rendre les dents d'une roue égales. || 2" Terme
d'horlogerie. Égalir une fusée au ressort, faire qu'un
ressort tire avec la même force partout. || 3° Égalir
ou égaliser, distribuer partout également dans la
soie le peu d'eau qui reste par places après les coups
de torse.
— ÉTYM. Égal.
ÉGALISATION (é-ga-li-za-sion), ». {. Action d'é-
galiser. Il Spécialement, action d'égaliser les lots
dans un partage.
— ÉTYM. Égaliser.
ÉGALISÉ, ÉE (é-ga-li zé, zéf), por(. passé.
EGA
Il 1° Rendu égal, en parlant des choses. Les contri-
butions égalisées. || 2» Rendu uni. Une allée égalisée.
l| Poudre égalisée, poudre de guerre ou de chasse
mise en grain et tamisée.
ÉGALISER (é-ga-li-zé), ». a. \] l" Rendre égal, de
même valeur, en parlant des choses. Égaliser les
lots dans un partage. L'amour égalise les comlitions.
Il 2° Égaliserun terrain, le rendre uni. || 3» Égaliser
la poudre, la mettre en grains et la tamiser. || Éga-
liser les cheveux, les couper d'égale longueur.
Il 4° S'égaliser, v. réfl. Devenir égal. En procédant
ainsi, les lots s'égaliseront.
— REM. Voltaire blâmait égaliser comme Inutile
à côté d'égaler. Mais, malgré l'opposition de Vol-
taire, ce mot est admis aujourd'hui.
— SYN. ÉGALER. ÉGALISES. Ces deux verbes, iden-
tiques d'ailleurs, ne diffèrent que par l'affixe com-
posé l'ser, qui, dans les verbes actifs, a le même
sens à peu près que l'affixe simple er. Aussi l'usage
n'a-t-d établi d'autre nuance que celle-ci : c'est que,
dans le sens de rendre égal ou rendre uni, égaliser
est plus usité qu'égaler.
■— HIST. XVI* s. Egaliser, monet.
— ÉTYM. Égal, et la terminaison verbale iser,
qui signifie ordinairement faire, rendre, par exemple
utiliser, fertiliser.
fÉGALISOIU (é-ga-li-zoir), s. m. Crible pour éga-
liser la poudre à canon.
— t.T<U.-Égaiiser.
tÉGALISSAGE{é-ga-li-sa-j'),s. m. Action d'égalir.
— ÉTYM. Êgalir , au part, présent égalissant.
t EGALlSUUES(é-ga-li-zur'), s. f. pi. Poudre de
guerre ou de chasse qui a été égalisée, c'est-à-dire
mise on grain et tamisée.
— ÉTYM. Égaliser.
fÉGAUTAIRE (é-ga-li-tê-r'), adj. Néologisme.
Qui aime l'égalité, qui fait prévaloir l'égalité. La
France est une société égalitaire. || Qui est partisan
du partage égal entre tous les membres de la so-
ciété. Les opinions égalitaires. ||S. m. Partisan de
ces opinions. Un égalitaire.
— ÉTYM. Égalité.
ÉGALITÉ (é-ga li-té), s. f. || 1° Qualité de ce qui
est égal. Égalité de deux lignes, de deux angles.
Égalité d'âge, de mérite. Mon exemple et sa faute
ont peu d'égalité, corn. Œdipe, i, 6. Car enfin,
madame, puisque votre exemple m'autorise, je ne
feindrai point de vous dire que l'amour aujourd'hui
s'est rendu maître de mon cœur.... je suis ravi,
madame, que par cette égalité de défaite nous
n'ayons rien à nous reprocher l'un à l'autre, mol.
la l'rinc. d'ÉL iv, (.L'égalité des possessions et des
richesses.... entraîne une anarchie universelle, la
niiuv. XVI. Trois cents chevaliers des plus considé-
rables qui servissent d'assesseurs au sénat et qui
jugeassent toutes les afTaires avec une égalité de
suffrages et de pouvoir, vebtot, Rétol. rom. ix,
p. 334. Il n'y a dans la nature qu'une égalité de
droit, et jamais une égalité défait, raynal, llisl.
xviii, *. Il X égalité, si les choses dont on parle sont
égales. X égalité de prix, je préfère cette étoffe-ci.
À égalité de mérite. || 2° Absolument. État de con-
ditions égales. L'égalité entre frères n'existait pas
quand l'aîné avait toute la fortune. L'amitié demande
légalité. L'égalité, mon frère, en est [de l'amitié]
le ferme appui. C'en est le fondement, la liaison, le
gage, CORN, iiodoj. i, B. Mon coeur, plus incapable
encor de vanité. Ne ferait point de choix que dans
l'égalité, iD. Théod, ii, 2. Et tous ces rois de nom
en effet obéissent, Tandis que de leur rang l'inutile
fierté S'applaudit d'une vaine et fausse égalité, m.
Sertor. ii, i . L'amour sait bien sans sceptre établir sa
puissance. Et, soumettant nos coeurs par de secrets
appas. Fait les égalités et ne les cherche pas, rotrou,
Venceslas, ii, 2. Dans notre égalité nous chérissons
nos frères, volt. Fanât. I, 2. || L'égalité devant la
loi, condition d'après laquelle tous les citoyens sont
sujets de la loi, sans exception ni privilège. || Or-
L'anisation sociale dans laquelle tous les privilèges
;o liasses sontdétruits. Liberté, égalité, fraternité,
lievise politique. Mais il parle d'égalité. De mes par-
chemins il se raille, bérang. Prétint. \\ 3° Unifor-
mité. L'égalité du mouvement. L'égalité du pouls,
de la respiration. Il 4° Égalité d'humeur, ou, sim-
plement, égalité, modération que ne trouble aucune
impatience. Voyez quelle assurance en cet oeil ef-
fronté! Quel superbe maintien et quelle égalité!
rotrou, Antig. tv, 3. Or cette égalité dont se forme
le sage. Qui jamais moins que l'homme en a connu
l'usage? BoiL. Sat. viii. L'égalité d'humeur fut tou-
jours mon partage, lachaussée, Mélanide, i, 4.
Lesqualités de son âme, la franchise et l'égalité na-
turelle de son caractère, condohget, Bcrfin. | 15" Su-
UICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
EGA
perficie plane et unie. L'égalité du soL || 6° Terme
d'algèbre. Synonyme assez peu usité d'équation. Ce-
lui-ci ne saura pas si Mme est immortelle; il serait
peut-être bien empêché à vous prouver qu'il y a un
Dieu, et il vous réduira les égalités de l'algèbre
les plus composées avec une facilité surprenante,
malebr. Entret. métaph. v. || Terme d'astronomie.
Cercle d'égalité, voy. Bouant. \\T Jeu qui se joue
avec trois dés et un tableau divisé en six cases.
— HIST. xm' s. Tous les met [nature] en equa-
lité Quant à l'estatd'umanité, la Rose, I8t)90. Droiz
est art de bien et de igauté, Litre de Just. t . \\ xiv" s.
Sans monoie ne pourroit il le monde bonnement
estre gouverné, ne faire droite egauté à chacun de
I ce qui est sien, Ordonn. des rois de France, t. ii,
! p. 340. Souveraine egauté, bercheure, f°oi. || xv*s.
] Trois chaisnes tendues sur la rivière, la première
I demy pied dedans l'eau, la secon-de en l'égalité de
l'eau, et la troisième deux pieds dessus, monstrel.
t. I, f° 208, dans lacuhne. |i xvi' s. L'equalité
est la premiers pièce de l'équité, mont, i, 87.
Nous verrions reluire en sa vie une equalité de
mœurs, id. ii, 4.
— ÉTYM. Provenç. engaltat ; catal. igualat; es-
pagn. igualdad; ital. ugualità; du latin œqualita-
tem, d'œqvalis, égal.
fÉGALORE (é-ga-lu-r'), *. f. Terme de faucon-
nerie. Nom donné à des mouchetures blanches sur
le dos d'un oiseau.
— ÉTYM. Ce mot viendrait-il de é préfixe, et gail,
qui, en certains patois, et notamment en Dauphiné,
signifie de couleur variée ?
i. ÉG.\RD (é-gar ; ledne se lie pas : avoir é-gar à;
au pluriel, l's ne se lie pas : des é-gar attentifs; ce-
pendant plusieurs la lient : des é-gar-z attentifs),
s. m. Il 1° Proprement, action de regarder, prise en
j considération. Une chose de si grande étendue a
I trop d'égards et de nuances, méré, (Euvres posth.
' t. i, p. 264^ Soit que l'on veuille bien parler ou bien
écrire, il faut avoir bien des égards, id. ib. Cette
1 attention particulière qui paraît en Dieu quand il
fait l'homme, nous montre qu'il a pour lui un égard
'particulier, boss. Hist. ii, i. J'aurai toujours un
' égard particulier à tout ce qui vous touche, id. Lett.
Corn. 40. Pour bien juger un grand peuple, il faut
n'avoir aucun égard personnel, saurin (le prédica-
: teur) , Sagesse de Salomon. \\ Et; cesens, égard s'em-
! ploie surtout, comme complément, avec le verbe
I orotr et les. prépositions sans et par. Il te faut
\ avoir, Avecques ton amour, égard à ton devoir, hé-
; ONIF.R, Élég. 2. Ayons quelque égard à la délicatesse
de leur humeur, balz. Disc, à la régente. L'inclina-
tion d'une fille est une chose oit l'on doit avoir de
l'égard, mol. l'Avare, i, 7. Nous n'avons eu égard
qu'au repcs de leurs consciences, PAsc. Prov. 8.
On est obligé d'avoir égard au bien de l'État, in.
! Pro\). 13. Ayant égard à la faiblesse des sens, boss.
Am. des plais. I. Il [Théodecte] a si peu d'égard au
temps, aux personnes, aux bienséances, que cha-
I cun a son fait sans qu'il ait eu intention de le lui
donner, la bruy. v. Comment voulez-vous que
Dieu ait égard à une faiblesse à laquelle vous en
avez si peu vou.s-mème? mass. Car. Fausse conf.
Il Sans égard pour, sans tenir compte de. Qu'il fal-
lait en faire un nouveau partage [des terres], sans
aucun égard pour ceux qui, sous différents pré-
textes, se les étaient appropriées, vertot, Hévolut.
rom. m, 225. || Par égard à ou pour, par considé-
ration pour. Illustres chevaliers.... Qui daignez par
égard au déclin de mes ans.... volt. Tancr. i, 1.
Vous daignez, par égard au malheur qui l'accable.
Accorder l'entretien que demande un coupable,
c. DELAviGNE, Vépr. sicil. IV, l.||Eu égard à, en
considération de. Je pourrais vous demander si, eu
égard aux inclinations heureuses de pudeur et de
retenue, aux dispositions dont Dieu vous avait favo-
risé en naissant mass. Car. Fausse conf. \\lin
égard que. Eu égard qu'étant substance immaté-
rielle, G. NAUDÉ, Apologie, p. 43a.||On dit plutôt
aujourd'hui : eu égard à ce que. || 2° Déférence,
marque de considération, d'estime. Il vous témoigne
toute sorte d'égards. Si vous n'osez avoir d'égard h
sa personne, cor:^ . Polyeucte , m, 5. Les grands sei-
gneurs sont pleins d'égards pour les princes, la
BRUY. VIII. Vous savez pour Joad mes égards, mes
mesures, rac. Athal. Il, B. Si je n'avais des égards
pour une famille illustre, iiamilt. Gramm. s. On
a toujours dit avoir égard à son honneur , avoir
égard à toutes les circonstances; mais on ne dit (|ue
depuis peu : avoir des égards; il a de grands égards
pour elle, BounouRS, Entret. d'Ariste, 2' entret. Vos
égards dès longtemps ont adouci mes maux, nucis,
Ahufar, i, 2. '' 3° A l'égard de. he. prévos. Relati-
EGA
J315
vement, quant à. Ils l'avalent des yeux [l'huîlrel,
du doigt ils se la montrent, X l'égard de 'la dent il
fallut contester, la font. Fabl. ix, 9. Gnathon ne
vit que pour soi, et tous les hommes ensemble
sont à son égard comme s'ils n'étaient pas, la
brut. XI. X l'égard de sa figure, Bu.<sy en a écrit,
hamilt. Gramm. 1. Faite de cire à l'égard des bras,
ID. ib. (0. ||X l'égard de, envers. Que ferai-je donc
à l'égard de ces rois? fén. Tél. xii. Il a des formu-
les de compliments pour l'entrée et pour la sortie, à
l'égard de ceux qu'il visite ou dont il est visité, LA
BRUY. viir. Il En comparaison de. La terre est bien pe-
tite à l'égard du soleil. Hi'Xcet égard, par rappori
à cet objet. Il X certains égards, à certains points da
vue. Quand on parlera de l'Eucharistie selon un cer-
tain égard, boss. Eucft. 2. On peut conserver à l'Eu-
charistie, selon un certain égard, le nom de pain
et de vin, id. ib. C'est dans le premier égard
qu'il est infini, id. Satisf. Ce devoir à certains
égards vous e.st commun avec nous, mass. Av.
Epiph. Le peuple dans la démocratie est à certains
égards le monarque, mont. Espr. 11, 2. |i X tous
égards, à tous les points de vue. Peu de maximes
sont vraies à tous égards, vauv. Max. cxi.
— REM. 1. Au numéro 4 d'ÉGARD on remarquera
plusieurs locutions de Bossuet pour lesquelles beau-
coup de gens et l'Académie elle-même disent et écri-
vent aujourd'hui : sous ce rapport, sous ces rapports,
façon de parler très-contestable qui sera discutée au
mot RAPPORT. Il 2. Dans le langage actuel, égard, au
singulier, n'est jamais .sujet de phrase; il peut l'être
au pluriel : Les égards ne vous auraient rien coûté.
— SYN. ÉGARDS, MÉNAGEMENTS. Égards dit plus
que ménagements. On a des ménagements pour
quelqu'un quand on évite de le froisser, de le cho-
quer. On a des égards pour lui quand on lui témoigna
une déférence pleine d'attentions.
— HIST. XII" s. X l'esgard [à la sollicitation] des
barons du règne Fri penduz (îautierz et sa femme,
BENOIT, Chr. de Norm. 29423. Allons jà au conta
Richart, Si nous meton en son esgart, Rou, mt.
p. 153, dans LACURNE. Au gré du chevalier (ils] ont
fixé lor esgart [ce qui les regardoit, leur affaire],
Saxons, xxix. || xm' s. Si distrent que il ne le pooient
faire se par le comun esgart non, et il en parle-
roient ensemble à ceus de l'ost, villeh. lxxxviii. Li
roiset tiex i a [il y a tels] s'acordent Au jugement et à
l'esgart Qu'Ysengrin a fait sor Renart, Ren. 17977.
Il XV* s. Et le meur adressement et le hault esgart
du roy Charles le Quint fit le bon Bertrau de Clai-
quin tant de fois vaincre les ennemis glorieusement,
ALAIN CHARTIER, Quodril. invect. Il XVI' ....Si l'on
prend à Jesus-Christ esgard, On verra bien qu'il est
distinct du monde, marot, i. Soi. Tout nostre es-
gard soit mis en lieux céleste, id. i, 305. Seul-
lement ayes esguard et considération de tousjoui's
bien lier et continuer tes coups, rab. Pant. m, 27.
.... Sinon que Dieu par sa bonté gratuite nous re-
çoive sans aucun esgard de nos œuvres, calv. Inst.
2B9. Ceux qui estoyent députez pour avoir esgard
sur les mœurs, id. ib. 971. Nous pouvons appeler
ces peuples barbares, eu esgard aux règles de la
raison, mais non pas eu esgard à nous qui.... mont.
I, 241. Si les bonnetades sont sans esgard [indis-
tinctement], elles sont sanseffect, m. m, 3i. Sans y
[aux prophéties] avoir esgard, ilz avoient tou.sjour's
fait les choses qu'ils voyoient estre à faire par raison,
AMYOT, Démosth. 27. Toutes les choses sont ou ahso-
luement et simplement en leur estre, ou relati-
vement eu esgard à nous, id. De la vertu morale, 9.
— ÉTYM. Provenç. e«gar(; catal. esguard; l'sp^gn.
esguarde ; ital. sguardo. Ce mot est le substantif de
l'ancien verbe esgarder, de «s.... préfixe, tl garder
(voy. garder), qui signifiait avoir soin, surveiller,
regarder.
2. ÉGARD (é-gar), s. m. \\ i' Nom qu'on donnait,
dans l'ordre de Malte, à un tribunal qui jugeait par
commission les procès entre les chevaliers. || 2° Nom
qu'on donnait aux maîtres jurés de différents corps
de métiers, et, entre autres, des drapiers. Les deirx
drapiers boujonneurs et les deu!t égards sergers qui
seront de semaine, feront de deux en deux mois
une visite générale chez tous les sergers, Statuts et
règlements des drapiers et sergers de Beauvais,
18 août 1670. art. 23.
— ÉTYM. £,f/ord, qui, comme le précédent, est
un substantif du verbe esgarder, et qui signifie pro-
prement celui qui regarde, était le nom d'inspec-
teurs, de magistrats, dans le nord de la France eC
dans la Flandre.
ÉGARÉ, ÉE (é-ga-ré, rée), part, passé. || 1" Qui
a perdu son chemin. Égaré dans les bois. || Par ex-
tension. Quel art a pu former ces enceintes profondes
I. — 165
1314
EGA
Oû l'Euphrate égaré porte en tribut ses ondes?
VOLT. Sémir. 1,1. Il FiB- Son génie égaré semble
s'éloigner d'elle, m. ib. ii, 4. || 2» Dis|ier.sé çà et là.
On apercerait quelques grappes égarées sur la treille.
Des Toii égarées dans une éleclun sur des candi-
dats qui n'avaient aucune chance. Je ne pouvais
penser qu'ayant reçu sa foi Quelques vœux égarés
pussent rien contre moi, th. corn. Ariane, v, 5.
r,e génie est semblable à la vigne fertile: Est-elle
sans soutien? l'on voit sa tige utile Ramper en éten-
dant les bras; D'un raisin égaré que son front se
couronne, De poussitre souillé, vert encore en au-
tomne. On le bannit de nos repas, cilb. le Prince
de Salm. \\ 3° Trompé. Le public égaré par de faux
bruits. Il 4" Distrait, qui s'égare. Où allez-vous,
cœurs égarés? quoi, même dans la prière, vous
laissez errer votre imagination vagabonde 1 boss.
Marie-Thér. Réciter avec un esprit égaré de légères
formules, mass. Car. Disp. Tu dirais, reprenant ta
pelle et ton râteau: J'aime mieux mettre encor cent
arpents au niveau Que d'aller, follement égaré dans
les nues. Me lasser à chercher des visions cornues,
BoiL. Épit. XI. Il 6° Qui est en proie à l'égarement.
Égaré par la douleur. Nous l'avons rencontrée Qui
courait vers le temple, inquiète, égarée, rac. Andr.
V, 6. Porte aux tiens ce poignard que mon bras
égaré A plongé dans un sein qui dut m'ôtre sacré,
VOLT. Zaïre, v, lo. || Qui annonce l'égarement. Ces
maintiens égarés, ces pensers éperdus, Régnier,
Dial. Les yeux égarés, et le regard farouche, corn.
Cinna, iv, 2. Vue égarée, rotrou, Vencesl. IV, 4.
11 VOUS jette en passant un coup d'oeil égaré, Et
sans aucune affaire est toujours affairé, mol. Mis.
II, 6. Il marche sans dessein : ses yeux mal assurés
N'osent lever au ciel leurs regards égarés, rac. Ilril.
V, 8. Son œil tout égaré ne nous reconnaît plus, id.
l'Uèd. V, B. Il 6° Qui a quitté le chemin de la vertu,
de la religion, du devoir. Des âmes égarées. Mon
frère, ayez pitié d'une sœur égarée, volt. Zaïre,
m, 4. Il Brebis égarée, dans le style de la chaire
(d'où il a passé dans le style familier), celui qui
est sorti du sein de l'Église et le pécheur qui ne
s'amende pas. || Substantivement. Ces misérables
égarés, pasc. dans cousin. Lui seul réunissait les
gens de bien, rompait les liaisons des factieux, en
déconcertait les desseins, et allait recueillir dans les
égarés ce qu'il y restait quelquefois de bonnes in-
tentions, Boss. le Teliier. \\ 7° En parlantdes choses,
perdu momentanément. Une fourchette égarée. Mes
ciseaux sont égarés, cherchons- les.
— SYN. ÉGARÉ, PERDL'. On cherche ce qui n'est
qu'égaré; on a l'espoir de le retrouver. Ce qui est
perdu semble l'être définitivement; on ne le cherche
plus. De iriême, au moral, une femme égarée est
une femme qui a quitté le sentier du devoir, mais
qui peut y revenir. Une femme perdue est une
femme pour qui il n'y a plus d'espérance de re-
tour.
ÉGAREMENT (é-ga-re-man) , s. m. || l' Action de
s'égarer, de perdre son chemin. Elle [l'ilme] fait la
même chose qu'une personne qui, désirant aller à
quelque lieu, ayant perdu le chemin et connaissant
son égarement, aurait recours à ceux qui connaî-
traient parfaitement te chemin, pasc. Cunvers. du
péch. Arcas s'est vu trompé par notre égarement,
RAC. Iphig. Il, 4. Il Fig. Tous mes pas ont été des
égarements, fén. Tél. xvm. || 2° Trouble de l'ilme
qui se perd en elle-même. De cet égarement sorti-
rez-vous enfin? volt. Mérope, iv, 2. Crains les éga-
rements de ton âme éperdue, m. Tancr. iv, 6. Ca-
cambo expliquait à Candide tous les discours de
l'hôte, et Candide les écoutait avec la même admira-
tion et le même égarement que son ami Cacambo les
rendait, m. Candide, 17. || Distraction. On ne trouve
dans la prière que des égarements d'esprit, uass.
Cor. Prière i . || Égarement d'esprit , dérangement de
l'intelligence. On prétend qu'on remarquait depuis
trois ou quatre jours quelque égarement dans les
yeux et dans l'esprit du roi [Charles VI], saint-
Foix, Ess. Paris, ÛKutrcs, t. v, p. t56, dans pou-
gens. Il 3» État d'un esprit qui s'abuse. Quel prodige
d'égarement de s'imaginer qu'en donnant des pri-
vilèges, le prince donne le droit d'armer contre lui ?
BOSS. Var. Déf. *• dise. § 23. || Dérèglement de cœur ;
dérèglement d'imagination. L'égarement à aimer en
divers endroits est aussi monstrueux que l'injustice
dans l'esprit, pasc. De l'amour. II ne faut pas s'é-
tonner qu'ils soient tombés dans de tels égarements,
BOSS, Ilisi. II, 9. Je ne me perds point, dit David,
en d« tels excès; et voilà l'orgueil méprisé dans ses
égarements, id. Marie-Thér. Dans ses égarements
mon cœur opini&tre, eac. fin», m, «. Dans quels
ég»remenU l'amour jeta ma mère! id. Phèd. i, ».
EGA
Il n'oubliera rien pour vous faire retomber dans l'é-
garement, FÉN. Tél. xm. Vous que la grâce a reti-
rés des égarements du monde, mass. Car. Uélang.
Sans aucun sentiment de piété et de repentir et plus
déterminés que jamais à continuer leurs égarements
et leurs scandales, m. Confér. lletr. pour des curés.
— HlST. XVI" S. Il semble que j'aye un peu outre-
passé les bornes de mon premier propos ; mais l'es-
garement n'est pas mauvais, puisque de la terre
nous avons monté jusques au ciel, langue, 45).
— RTYM. Égarer.
ÉGARER (é-ga-ré), i'. 0.111° Détourner du droit
chemin. Le général Lngctcron, qui marchait de-
vant avec cinq mille hommes et des pionniers, égara
l'armée vers l'orient, à trente lieues de la véritable
route, volt. Charles XII, 4. || Par extension, écar-
ter sa grâce [de Dieu] Ne descend pas toujours
avec même efficace; Après certains moments que
perdent nos longueurs, Elle quitte ces traits qui
pénîitrent les cœurs; Le nôtre s'endurcit, la re-
pousse, l'égaré ; I.e bras qui la versait en devient
plus avare.... corn. Polyucte, l, J.jIFig. Égarer
quelqu'un de quelque chose, l'en détourner. La
mollesse et la volupté naissent avec l'homme et ne
finissent qu'avec lui : ni les heureux ni les tristes
événements ne l'en peuvent égarer, la bruy. xi.
Il 2° Faire errer, laisser eri-er. L'Orne nous rever-
rait.... Égarer à l'écart nos pas et nos discours,
MALH. VI, 2B. Par ces chemins de fleurs.... Qu'il est
doux d'égarer ses désirs et ses pas! c. delav.
Paria, ii, 2. Nous n'irons plus dans les prairies.
Égare! d'un pas incertain Nos poétiques rêveries,
lamart. Médit, i, 25. Ma muse, égarant son essor,
Ose aux noms profanés qu'un vain orgueil proclame,
Mêler ce chaste nom que l'amour dans mon âme A
caché.... V. HDGO, Odes, v, )3. || 3° Ne savoir oii
trouver. Il a égaré ses papiers. Elle a égaré ses gants.
Il 4° Jeter dans l'erreur, tromper. De faux docteurs
égaraient le public. Ne nous laissons point égarer
par l'imagination qui embellit tout, par le senii-
ment qui aime à se créer des illusions et réalise tout
ce qu'il espère, haynal, llist. phil. xviii, B2. Je
ne sais quelle erreur égarait ma pensée, nocis,
Abuf. II, 2. Mille douteux récits, démentant ces
discours. Égaraient mon espoir et m'abusaient tou-
jours, LF.MERC. Agamimn. n, 2. || Terme de ma-
nège. Égarer la bouche d'un cheval, la lui gâter en
le menant mal. || 5° Mettre hors de la raison. La co-
lère égarait son esprit. || 6° Faire quitter la ligne
du devoir. Ils ne soulTriront pas Qu'on ose en ma
présence égarer leurs soMats, benj. constant,
Walslein, li, 4. J'ignore où la fureur me pourrait
égarer, c. delav. Vép. sicil. iv, <.|I7° S'égarer,
V. réfl. Perdre son chemin. Il s'est égaré dans la
campagne. S'égarer dans Paris. Ils [les poissons
voyageurs] viennent, sans s'égarer dans la solitude
de l'Océan, trouver à jour nommé le fleuve où doit
se célébrer leur hymen, chateaub. Génie, i, v, 4.
Il S'égarer de quelqu'un, perdre, en s'égaranl, sa
compagnie. Je m'étais par hasard égaré d'un frère
et de tous ceux de notre suite, mol. D. Juan, m,
4. Il Fig. Se fourvoyer, se tromper, quitter le droit
chemin. En un choix si douteux s'égare mon esprit,
RÉGNIER, Dial. Elle rappelle en lui l'honneur qui
s'égarait, corn. Tliéod. m, 3. Faute de me con-
naître, il s'emporte, il s'égare, id. Nicom. i, 3.
La route est mat sûre atout considérer. Et qui m'y
conduira pourra bien s'égarer, id. ib. iv, 4.
Salomon s'égare dans sa vieillesse, boss. llist. n,
4. Cet empereur s'égarait de la voie étroite, id.
ili. II, 12. Vous croye? que sans vous Néron va
s'égarer, rac. Ilrit. i, 2. Àla jeunesse, nourrie à la
cour de Néron, S'égarait, cher Paulin, par l'exemple
abusée, id. Bérén. n, 2. Craint-on de s'égarer sur
les traces d'Hercule? m. Phèd. l, i. Lorsqu'autrefois
son peuple s'était égaré dos voies de ses commande-
ments, MASS. Car. Mot. de conv. [j 8° Laisser errer
son esprit. Je ne m'égare point dans ces vastes dé-
sirs, RAC Esth. m, 4. Son cœur, étant fixé pour
jamais, s'égarait encore quelquefois dans lo passé,
en se livrant au charme de ces brillants souvenirs,
M"' DE genlis, Mme de Ifatntenon, t. ii, p. (62,
dans pouGENS. || Avec ellipse du pronom personnel.
Où suis-je?et qu'ai-je dit? Où lais.sé-je égarer mes
vœux et mon esprit? rac. Phèd. i, 3. || N'être
phis maître de sa raison, de son âme. Ahl madame,
excusez un amant qui s'égare , ID. l/i'(/i. ii , 6. || Tom-
ber dans l'égarement de l'âme. Où vous égarez-vous?
De vos sens étonnés quel désordre s'empare? Voilà
votre chemin, id. Àthal. m, 6. || Être distrait. C'est
un homme étonnant et rare en son espèce. Qui rêve
fort à rien et s'égare sans cesse, reqnard, Dist. li,
4 . Il Tomber dans l'égarement de l'esprit. Que veux-
EGA
tu? Je suis folle et mon esprit s'égare, corn. C»/,
n, B. On dit que sa raison commence à s'égarer,
Ducis, Lear, i, 7. || 9' Errer çà et là. Votre œil qui
s'égare. Parcourt avec horreur celle enceinte bar-
bare, VOLT. Scylh. m, 4. || Il se dit aussi de la main
allant où elle ne devrait pas aller. Sa main s'éga-
rait.... || Se montrer d'une manière fugitive. Quel-
quefois, au travers de sa douleur touchante, Ijn
souris s'égarait sur sa bouche innocente, Ducis, i«ar,
I, 4.
— IIIST. XI* S. Sire, dist ele, cum longe demnrée
Ai atendude en la maison tun pedre [de ton père],
Où tu m'iaisas dolente et esguarede. Saint Alexis,
xciv. Et il meïsme en est moût e.sguaret [troublé],
Ch. de Roi. lx.x]x. || xii* s. Com [je] vou voi hui de
seignor esgarée [privée], Ronc. p. 48. Droiz empe-
rere, ne soyez e.sgaré [ne vous troublez pas], ib.
p. (83. Dame tieng [je] à esgarée. Qui croit fau>
dru menteor [faux amant menteur], Couci, I.
Quant plus [je] me truis [trouve] pensis et esgaré.
Plus [je] me confort as biens dont ele est p.»ine,
ib.xiw. Il XIII" s. Aillors [ma dame] a s'entente mise.
Moi a laissé esgaré, auboins de sezanne. Roman-
cero, p. 4 27. Pour çou vou pri, bêle très douce
amie. Merci, dont je vous truis si esgarée [privée],
Bihl. des Chartes, t. v, 4" série, p. 484. Or me
monstrez la voie, car mont [jejsui esgarée, Berte,
XLVi. Or est Renart moult esgarez. Si va moult ses
temples gratant, Ren. (8294. Or vous vourai conter
de no creslienté Qui sont defors en l'ost ; moult
orent grant cherté; N'orent point de vitaille, for-
ment sont esgaré, Ch. d'Ànt. v, 3. ||xiv" s. Et aussi
de nos gens assez perdu avon, Qui se sont esgaré
par l'orage félon, Giiescl.f. 48338. || xv" s. Ladame,
qui estoit moult triste et moult égarée [Isabelle
d'Angleterre chez Jean de Ilainaut], froiss. i, i,
43. ||xvi' s. Tressaillant tout de joie, comme un
regnanl qui rencontre poulies esgarées, rau. Pant.
IV, Nouv. prol. De tant de vaisselle d'argent en la-
quelle tant de gens de divers estatz furent ser-
viz, il n'y eut rien perdu n'esgaré, id. Scio-
mach. Considérant les mouvements du chien, à la
queste de son maistre qu'ila esgaré, mont, n , 43.
Par une voye esgarée et inusitée, ID. iv, 27.
Cette farcisseure est un peu hors de mon thème,
je m'esgare, iD. iv, 4 38. Tant de difficultez luy
traversent la voye, qu'elles l'esgarent et l'eny-
vrent, id. iv, 230, Evitant toutes compagnies, il
se tenoit es plus solitaires et plus esgarez endroits
des champs, in. Timol. vu. Us vouloient lonsjouis
avoir des huissiers et des massiers devant eulx pour
les conduire, de peur qu'ilz ne s'esgarassent par la
ville, ID. Cat. 4«. En nostre France les pauvr s
gentilshommes n'ont pas occasion de prendre dts
partis esgarés ou comme désespérés, vu les moyens
(ju'ils ont de parvenir à honneur et richesse, i.a-
NOUE, 4 88. Il oste le sens aux prudents pour les faire
errer à l'esgarée, calv. Inst. 4 9».
— ÉTVM. É pour es.... préfixe, et garer (voy. ce
mot); wallon, èicarer, troubler, effarer ; Berry,
égairer, engairer.
t ÉGARROTTÉ. ÉE (é-ga-ro-té, tée), ad;. Terme
de vétérinaire. Qui est blessé au garrot.
t ÉGARROTTER(é-ga-ro-lé), ii. o. Terme de vé-
térinaire. Blesser au garrot.
— ÊTYM. É pour fs.... préfixe, et garrot.
ÉGAYÉ, ÉE (é-ghè-ié, iée), pari, passé. || 1" Rendu
gai. Égayé parle babil de ses enfants. || 2° Qui prend
une apparence riante, en parlant des choses. Un
paysage égayé par le soleil. Sa douce exhalaison ne
forme que des roses. Des objets égayés et d'agréa-
bles choses, TRISTAN, Mariane, i, 2. De la foi d un
chrétien les mystères terribles D'ornements égayés
ne .sont pas susceptibles, boil. Art ;>. m. Je di >
avertir ceux qui liront ce livre et qui ont queliue
connaissance de la physique, que je n'ai point ■! i
tout prétendu les instruire, mais seulement les cii
vertir, en leur présentant d'une maniîre un peu y\v,-
agréable et plus égayée ce qu'ils savent déjà p.i;
solidement, fonten. Mondes, Préface.
t 4. ÊGAYEMENT ( é-ghè-ie-man ), s. m. Terme
d'agriculture. Fossé pour diriger des eaux d'irri-
gation.
— ÉTYM. Ce mot, qui serait mieux écrit aigaye-
ment, vient do l'ancien français aiguë (voy. eau).
t a. ÊGAYEMENT (é-ghè-ie-man), s. m. Action
d'égayer.
— iiiST. XII* s. Les corages d'esgaiemenz Qui mult
nuisent à foies gens, bekoIt, ii, 4 2753.
— ÉTYM. tgager.
4. ÉGAYKR (é-ghè-ié), j'égaye, tu égayés, il
égayé ou égaie, nous égayons, vous égayez, ils
égayent ou égaient; j'égayais, nous égayions, tous
ÉGR
égayiez, ils égayaient j j'égayai ; j'égayerai ou égaie-
rai ou égaîrai; j'égayerais ou égaierais ou égnî-
rais ; égayé , égayons ; que j'égaye , que nous
égayions, que vous égayiez, qu'ils égayent; que
j'égayasse; égayant; égayé, v. a. || 1° Rendre gai.
Égayer la compagnie. Egayer la conversation. 11
égayait les convives par ses heureuses saillies. C'est
par celte raison qu'égayant leur esprit Nombre de
gens fameux en ce genre ont écrit, la font, l'ahl.
VI, <. Il 2° Par extension, répandre, donner, ajou-
ter quelque ornement. Égayer son style, son sujet.
Égayer la matière. Égayer un tableau. Égayer un
appartement. 11 a fort égayé la tristesse du voyage,
SËV. 424. On ne cherche qu'à égayer ses maux par
le récit des affaires et des vanités du siècle, mass.
Av. }Ion du péch. Un objet capable d'égayer vos en-
nuis, iD. Car. Mélange. Pourrai-je de couleurs ai-
mables Égayer le sombre tableau De mon domicile
nouveau? gresset. Chartreuse. [Une plautej Court
vêtir les rochers, égayer les tombeaux, delille.
Trois règnes, vi. || Égayer son deuil, commencer
ï le porter moins rigoureusement. |{ 3° Égayer sa
force, sa dextérité, en faire parade. Ces vers où je
m'ébats pour égayer ma force, hégnier, Sat. l.
Mais la princesse a voulu égayer sa dextérité, et de
son dard qu'elle lui a lancé un peu mal à propos....
MOL. Àm. magn.\, i. || Vieilli en ce sens. || 4° Terme
dhorticuliure. Égayer un arbre, en ôier le bois inu-
tile. Il Égayer un espalier, .le palisser si proprement
que les branches soient également partagées des deux
côtés. Il 5° S'égayer, v. réft. Devenir gai. Muses,
gardez vos faveurs pour quelqu'autre. Ne perdons
plus ni mou 'imps ni le vôtre Dans ces débats où
nous nous égayons, j. B. Rocss. Ép. I, <. J'aime à
voir le bon sens sous le mas(|ue des ris, El c'est
pour m'égayer que je viens à Paris, volt, le liusse
à l'aris. Il S'égayer aux dépens de quelqu'un, s'en
moquer. Les courtisans s'égayaient à faire des chan-
sons sur lui [Jacques II], iD. Louis HV, (5. Leurs
utiles professions ne seront ni moins honorables ni
moins honorées, parce que je me suis un peu égayé
aux dépens de queli|ues individus qui les exercent,
PICARD, Vieux comédien, se. B. || Molière a dit dans
le même sens : s'égayer avec. Et je vais m'égayer
avec lui comme il faut, mol. Amph. i, 2. ||Se don-
ner carritre. Ce serait donner à son génie, pour
s'égayer, toute l'étendue des choses humaines,
BALz. liv. VI, lett. 4. Mon esprit.... Qui dans ses ca-
prices s'égaye, Régnier, ÉpU. m. Ainsi, dans
cet amas de nobles fictions, Le poète s'égaye en
mille inventions, eoil. Art p. m. Ce monsieur Fleu-
rant-là et ce monsieur Purgon s'égayent bien sur
votre corps, MOL. Mal. imag. i, 2. Boileau, correct
auteur de quelques bons écrits, Zoïle de Quinuult
et flatteur de Louis, Mais oracle du goût dans cet art
difiicile Où s'égayait Horace, où travaillait Virgile,
VOLT. Ép. xcv.
— REM. La véritable orthographe, pour conser-
ver l'analogie, serait : j'égaie, tu égaies, etc. et
ainsi devant l'e muet; c'est ainsi qu'on écrit pour
les verbes en oycr.
— lUST. XIII' s.' ....le bel tens de mai Qui fist ton
cuer trop e.sgaycr, la Vose, 3013. Et sachiés, quant
j'oï lor chant. Et je vi le leu [lieu] verdoier. Je me
pris moult à esgaier, ib. 684. || xiv« s. Appius dist
que ceste tourbe n'estoit pas esmeue par misère mais
par jolivetez, et que le pueple se esgaioit plus que
il ne se forcenoit, eerciieure, f° 38, recto. Ans feus
embatre [mettre le feu] s'esgaierent Par pluseurs
maisons qui là ierent [étaient] ; ïost est la llambe
tant creiie.... G. guiart, t. ii, p. 213. || xvi' s. Afin
de leur monstrer qu'ils ne se doivent égayer en une
folle présomption, calv. Inslit. 439. De la teste
nous convions, desadvouons, esconduisons, es-
gayons, caressons.... mont, ii, (50. Quand je saisis
des matières plus gayes, c'est pour m'esgayer, non
pour esgayer mon style, ID. m, 37. Et pourtant en
acquit Marcellus encore de tant plus sa bonne grâce
et la faveur du commun populaire, pour avoir ainsi
embelly et esgayé la ville de Rome des ingénieuses
délices et élégantes voluptez des Grecs, amyot,
Marc. 34. Soit que des vers sans loy tu accordes les
sons. Ou soit que tu l'esgaye' en rustiques chan-
sons, DU BELLAY, V, 33, rcClO.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et gai,
2. ÉGAYER, voy. aiguater.
f ÊGAYOIK (é-gliè-ioir), s. m. Nom, en Lorraine,
de celte sorte de mare que l'on creuse pour y bai-
gner les chevaux.
— F.TVM. Aiguayer.
t ÉGËKIE (é-jé-rie), s. f. \\ 1° Nom de la nymphe
qui inspirait Nuina. || Fig. Toute femme ou toute
chose personnifiée du genre féminin, considérée
ËGL
comme inspiratrice. La bouteille est son r:gérie.
Il 2° Terme d'astronomie. Planète télescopique dé-
couverte en 18B0.
— ÉTYM. Lat. Egeria.
ÉGIDE (é-ji-d'), s. f. || 1» Terme de mythologie.
Le bouclier que Pallas reçut de Jupiter et sur lequel
ce dieu fit étendre la peau de la chèvre Amalthée.
Que Pallas les défende et vienne en leur faveur Op-
poser son égide à ma juste fureur, la font. Filles
de Minée. Minerve se montra pour me couvrir de
son égide, fén. Tél. iv. J'ai reconnu Pallas et sa
terrible égide, L. de lancival, Hector, v, B. || 2° Fig.
Protection, sauvegarde. Placé sous l'égide des lois.
Ce généreux appui, le seul qui m'est resté, Me ser-
virait d'égide et serait respecté, volt. Sophon. m,
3. Et nous redouterions d'atteindre en ce saint lieu
Nos ennemis couverts de l'égide de Dieu, lemebc.
Fréd. et Bruneh. v, i.
— ÉTYM. Alfk, bouclier de Minerve, proprement
peau de chèvre, de a'ij, alyo;. chèvre.
t ÉGILOPE (é-ji-lo-p'), s. /". Terme de botanique.
Genre de graminées du midi de l'Europe.
ÉGILOPS (é-ji-lops'), s. m. Terme de médecine.
Petit ulcère calleux, qui se forme dans l'angle in-
terne des paupières.
— ÉïYM. AÎY'>'»>!'i "le aU, chèvre, et ô|, œil
(voy. optique); ainsi dit pour quelque ressemblance
plus ou moins exacte.
t ÉGIPAN (é-ji-pan), s. m. Terme de mytholo-
gie. Sorte de divinité champêtre, satyre. || Dans
Pline, nom de monstres à moitié hommes et à moi-
tié boucs. Il Par extension. Des bouchers, manches
de chemise retroussées, cheminaientaux portières ;
d'autres égipans noirs étaient groupés sur l'impé-
riale, CHATEAUBR. daus le Dict. de poitevin.
— ÉTYM. Aî$,a!Yàî, chèvre, et Pan.
j ÉGLANDER (é-glan-dé) , t!. o. Terme de vétéri-
naire. Voy. déglander.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et glande.
ÉGLANTIER (é-glan-tié ; \'r ne se lie jamais; au
pluriel, Vs se lie: des é-glan-tié-z en fieur), s. m.
Il 1° Nom donné à plusieurs espèces de rosiers, et
particulièrement au rosier canin et au rosier églan-
tier, qui croissent dans les buissons. |J i° Terme de
zoologie. Espèce de raie.
— HIST. XI' s. Dessouz un pin, delez un eglen-
ter, Ch. de liol. vm. || xii's. Il garde avant [regarde
en avant] desouz un aiglenter, Honc. p. 79. || xiii's.
Alez moi dire [à] Ugon sans point d'arestement.
Qu'en mon père verger [je] l'atendrai sous l'aiglent,
AUDEFR. LE BAST. Tiomoncfro, p. 33. Par ronces et
par esglentiers, Dont en la haie avoit assés, Sui
maintenant oultre passés, la Ko.«e, 2S2ii. || xv s.
Quant je voy dessous l'arglantier La bergiere....
Mystère de la conception de J. C. se. 40. || xvi' s. Le
fruit de l'esglantier non encore meur, deschargé de
ses pépins, confit au sucre à mode de cotignac,
0. DE SERRES, 926.
— ÉTYM. Norm. argancier; Berry, arlantier ;
provenc. aguilen (voy. églaiNTine).
ÉGLÂNTINE (é-glan-ti-n'), s. f.\\i° La fleur de
l'églantier. L'églantine, non la fleur elle-même,
mais une reproduction en métal précieux, est une
des fleurs qu'on décerne aux jeux floraux. 11 tenait
un luth d'une main. De l'autre un bouquet d'églan-
tine, A. DE MUSSET, Poés. nouv. Nuit de décembre.
Il 2' Un des noms vulgaires de l'ancolie ou sceau de
Notre-Dame.
— HlST. XVI* s. Touchant les roses sauvages ap-
pellées canines, de plusieurs espèces s'en truve-il
par les haies et buissons qui ont de la valeur : sur
toutes lesquelles, les esglantines emportent le prix,
approchans des damasquines, o. deserres, bb).
— ÉTYM. Provenç. aiglentina, buisson, églan-
tier; aiglanlin, qui appartient au buisson. La forme
primitive est l'ancien français aiglent (voy. l'histo-
rique d'ÉGLANTiEB), d'où dérivent églentine, ai-
glentina, aiglanlin. Le Héricher, Florepopul.de
Nnrm. p. 49, le tire du latin acanihus, épine; Diez
d'aculeris, aiguillon (le radical acuj, avec le suffixe
ent qui est latin et roman) ; la présence de l'i donne la
prééminence à l'étym.iiogie mise en avant par Diez.
\ ÉGLEFIN (è-gle-fin), s. m. Espèce de morue des
mers du Nord. On l'appelle aussi èclefin et aigrefin
(voy. ce dernier mot).
ÉGLISE (é-gli-z'), s. f. || 1° L'assemblée des chré-
tiens; toute communion ou secte chrétienne. L'É-
glise primitive. Les Pères de l'Église. L'Église catho-
lique. Les Églises réformées. L'Église anglicane.
L'Église d'Orient ou l'Église grecque. L'Église d'Oc-
cident ou l'Église latine. L'Église gallicane, l'Église
de France. || 2° Il se dit particulièrement de l'Église
catholique et romaine. Le pape est le chef visible de
EGL
1315
l'Église. Dieu, qui rapporte tous ses conseil» h la
conservation de sa sainte Église, boss. Reine d'iln-
glft. Quand, pour punir les scandales ou pour ré-
veiller les peuples et les pasteurs, il permet à l'es-
prit de séduction de tromper les âme» hautaines et
de répandre partout un chagrin superbe, une in-
docile curiosité et un esprit de révolte, il détermine
dans sa sagesse profonde les limites qu'il veut don-
ner aux malheureux progrès de l'erreur et aux souf-
frances de son Église, ID. ib. L'Église romaine, la
mère des Églises, qui, durant neu/ siècles entiers,
en observant, la première , avec une exactitude
exemplaire, la discipline e^xlésiastique, la mainte-
nait de toute sa force par tout l'univers, n'était pas
exempte de mal, ID. Var. i, § i. De sorte que l'É-
glise ressemble à un riche bienfaisant dont la table
est toujours ouverte et toujours servie, encore que
les conviés n'y viennent pas, m. ib. m, § B6. Une
vraie fille de l'Église, non contente d'en embrasser
la sainte doctrine, en aime les observances, où elle
fait consister la principale partie des pratiques ex-
térieures de la piété, id. Marie- Thér. L'Église, in-
spirée de Dieu et instruite par les saints apôtres, a
tellement disposé l'année, qu'on y trouve, avec la
vie, avec les mystères, avec la prédication et la doc-
trine de Jésus -Christ, le vrai fruit de toutes ces
choses dans les admirables vertus de ses serviteurs
et dans l'exemple de ses saints, et enfin un mysté-
rieux abrégé de l'Ancien et du Nouveau Testament
et de toute l'histoire ecclésiastique, id. t'b. Par le
nom de la sainte cité de Dieu la nouvelle Jérusalem,
vous voyez bien, messieurs, qu'il faut entendre le
nom de l'Église catholique, cilé sainte dont tout3S
les pierres sont vivantes, dont Jésus-Christ est le
fondement, qui descend du ciel avec lui, parce
qu'elle y est renfermée comme dans le chef dont
tous les membres reçoivent leur vie, id. ib. D'un
ciment éternel ton Église est bâtie. Et jamais de
l'enfer les noirs frémissements N'en pourront ébran-
ler les fermes fondements, i oïL. Lutr. vi. || L'Église
militante, l'assemblée des fidèles sur la terre. L'E-
glise souffrante, les âmes des fidèles qui sont dans
le purgatoire. L'Église triomphante, les bienheu-
reux qui sont dans le ciel. {| Retrancher de l'Église,
déclarer hérétique, excommunier. Vous me retran-
chez de l'Église, pasc. Prov. < B. || En face de l'É-
glise, solennellement et selon le rit. Se marier en
face de l'Église. |1 3° Autorité ecclésiastique. Mais
l'Église a le droit de juger ses ministres, lemerc.
Frédég. et Bruneh. ii, B. || Cour d'Église, la juri-
diction de l'archevêque ou de l'évêque. || Con-
seiller d'Église , conseiller en cour laïque, mais
appartenant à l'ordre ecclésiastique. || 4° L'état
ecclésiastique. Entrer dans l'Église. On me mit au
collège de Pau dans la vue de me faire d'Église,
HAMiLT. Gramm. 3. 11 avait étudié pour être d'Église,
id. ib. <o. Son père marchand d'une petite ville eut
douze enfants qui vécurent tous, et il ne fut sou-
lagé d'aucun d'eux par l'Église, fonten. Lilter.
Qu'on destine mon élève à l'Église, i. j. rouss. Ëm.
I. Il Se faire d'Église, prendre l'état ecclésiastique.
Il Les gens d'Église, et quelquefois, absolument,
l'Eglise, les ecclésiastiques, le clergé. Un homme
d'Église. L'avarice et le luxe entre les gens d'Église,
RÉGNIER, Sat. VI. Me voici bien savant sur ce cha-
pitre, et je connais parfaitement qu'il n'y a plus que
les gens d'Église qui s'abstiendront de tuer ceux
qui leur feront tort en leur honneur ou en leur
bien, pasc. Proi). 7. || 5° Temple chrétien. Bâtir
une église. Aller à l'église. Église cathédrale. Église
à bas côtés, celle qui a de chaque côté une galerie
voûtée. Église à doubles côtés , celle qui a un
double rang de galeries. Église en croix grecque,
celle qui a une croisée qui la coupe par le milieu
et qui a la même longueur que la nef, par exemple
Sainte-Geneviève à Paris. Église en croix latine, celle
dont la croisée est moins longue que la nef, par
exemple Notre-Dame, Saint-Sulpice, à Paris. Église
simple, église sans bas côtés, comme, à Paris, la
Suinte-Chapelle, la Maileleine. Église, souterraine,
église construite au-dessous du rez-de-chaussée
d'une autre église. Église basse, église qui se
trouve au rez-de-chaussée sous une autre éghse
construite au premier étage. 11 est constant que
les Sociniensont eu des églises en Pologne, et ils
en ont encore en Transylvanie, Boss. Var. xv,
S 79. En entrant dans nos églises nouvellement
bâties et qu'on a rendues si claires, sent-on ce fré-
missement religieux, ce même recueillement qu'in-
spirait l'obscurité des anciennes? saint-foix, Ess.
Paris, liliuvres, t. iv, p. 22t, dans pougens. || Hon-
neurs'd'église, honneurs réservés aux patrons et
aux fondateurs de l'église. || 11 est gueux comme un
4316
EGO
rat d'église, il est si pauvre qu'il n'a pas de quoi
manger || Pilier d'église, dévot qui ne bouge pas de
l'église. Il Balayer l'église, en sortir le dernier. || Au
lieu d'.'.glise. les protestants français disent tem-
ple Il 8" Dioctse, cure. Il passa de 1 Église de Noyon
à celle do Paris. || 7» Petite Eglise, classe deccié-
siasliiiues et de catholiques qui se refusèrent à recon-
naître le conco.dat de isol. || Kig. Petite Eglise se
dit ;iu.ssi très-souvent d'une coterie peu nombreuse.
Ils ont formé entre eux une petite Eglise. La petite
Église des doctrinaires. || 8° Prieur de l'Église, l'une
des principales charges de l'ordre de Malte || 9- Nom
d'une espèce de girouette de fer-blanc, qui se met
sur les cheminées pour empêcher la fumée, jj Pro-
verbe. PrÈs de l'église et loin de Dieu, se dit d'un
homme qui loge près de l'église et qui n'y va guère.
— REM. Église ne prend un é minuscule que
quand il signifie un temple; partout ailleurs il prend
un é majuscule.
— HIST. XI' s. Et il peut venir à sainte yglise,
Lois de Guill. i. ||.xn' s. Tuit furent detranchié de-
dans la maistre église, Sax. xxiii. De ce dist li au-
geles à la glise de Pergami, Job, 44(. Lai [laisse]
saint iglise aveir ses decrez e ses leis [lois] ; Ele est
espuse Deu, qui est sire des reis; 11 s'en corecera,
se de rien la descreis, Th. le mart. 29. Ce que Deus
a sacré, ne puet nuls dessacrer, Ne nul cristien
humme nuls descrilianer; Mais que de saint iglise
le puet um bien sevrer [séparer], ib. 3(. || xiii° s.
Quant il virent [à Constantinople] ces haus murs et
ces riches tours dont ele estoil close, et ces riches
palais et ces riches yglises, dont il avoit tant que
nus nel peûst croire.... villeu. lxi. Li cors le roi fu
embaumés et fu portés à Roem en Normandie, et
fu ensevelis en la mère église, Chron. de Rains,
p. (7. En Antioclie avoit de vieille ancesserie Une
église fondée el non sainte Marie, Chans. d'Ant.
vil, 11». Il XIV* s. Lors veïssez maint chevalier....
Pleurer et faire testamens ....Et faire aux yglises
granslès [legs], Liv. dubonJ»h. 8i4. ||xvs. Tant
iyme-on Dieu, qu'on suyt l'église, villon, Bail.
Commencèrent trois petits enfants d'église [enfants
de chœur] , avec un teneur, une très douce chançon ,
MATH, hi couCY , Uist. de Charles VII, p. 609, dans
LACURNE.
— Etym. Provenç. gleiga, glieyxa, glicia; es-
pagn. iglesia; porlug. igreja; ital. chicsa; du latin
ecclesia, du grec éxxXrjaîa, église, proprement as-
semblée, de èx, et xaXeîv, convoquer.
t ÉGLOGAIRE ( é-glo-ghè-r' ) , s. m. Terme de
philologie. Celui qui lait des extraits des auteurs
qu'il lit. Aulu-Gelle est un églogaire.
— ÉTYM. Voy. ÉGLOGUE.
ËGLOGUE (é-glo-gh') , «. f. \\ 1° Ouvrage de poésie
pastorale, où l'on introduit des bergers qui conver-
sent ensemble. Les églogues de Théocrite, de Vir-
gile. Viendrai-je en une églogue, entouré de trou-
peaux. Au milieu de Paris entier mes chalumeaux,
Et, dans mon cabinet assis auprès des hêtres. Faire
dire aux échos des sottises champêtres'i" boil. Sat.
IX. Mais souvent dans ce style un rimeur aux abois
Jette là de dépit la flûte et le hautbois. Et, fol-
lement pompeux dans sa verve indiscrète, Au milieu
d'une églogue entonne la trompette, id. Art p. n.
Tantôt Isaïe a la douceur et la tendresse d'une églo-
gue dans les riantes peintures qu'il fait de la paix;
tantôt il s'élève jusqu'à laisser tout au-dessous de
lui, FÉN. t. XXI, p. 93. Il 2° Terme de philologie. Un
recueil de pièces choisies.
— SYN. ÉGLOGUE, IDYLLE. Bien que, étymologi-
quement, églogue signitie pièce choisie, et idylle
petit tableau, il n'y a aucune différence fondamen-
tale entre les églogues et les idylles. Toutefois, si
l'on veut accepter la légère distinction que l'usage
semble avoir établie, l'églogue veut plus d'action et
de mouvement : les églogues de Virgile. L'idylle ne
peut contenir que des peintures, des sentiments,
des comparaisons champêtres : Mme Deshoulières a
fait de jolies idylles.
— ÉTYM. 'ExXoYal, pièces choisies, petits poè-
mes, de ixXé-^ctv, choisir, de ix, et Xé^eiv, choisir
(voy. LIRE).
T ÊGOGER (é-go-jé), u. o. Terme de tanneur.
ôter les extrémités d'une peau de veau du côté de la
queue et des oreilles.
+ ÉGOHINE ou ÉGOÏNE (é-go-i-n'), î. ^. Petite
•cie à main à dents moyennes, qui sert à couper
les branches trop fortes pour la serpe ou la serpette.
ÉGOÏSER (è-go-i-zé), v. n. Ne parler que de soi,
citer sans cesse ses idées ou ses actions, rapporter
tout à soi-mêm3.
— ÉTYM. Voy. ÉGOÎSME.
fifiOlSirs (é-go-i-sm'j , s. m. || 1° Vice qui fait
EGO
rapporter tout à soi. Un sot égoïsme. Les calculs de
l'égoîsme. L'égoïsme des corporations. Et l'égoïsme
impur remplaçant l'amitié, Au fond de tous les
cœurs a séché la pitié, la fosse, Uarius à llint.
1, 3. Telle éiait l'insouciance qui résiillait de cette
multiplicité d'événements et de malheurs sur les-
quels on était comme bla.sé, et tel l'égoïsme produit
par l'excès de fatigue et de souffrance, qu'ils ne lais-
saient à chacun que la mesure de force et de senti-
ment indispensable pour son service et sa con^erva-
tion personnelle, ségur, Ilist. de Napol. \m, 6.
Il 2" Terme de philosophie. Ensemble de penchants
ou d'instincts qui servent à la conservation et à l'en-
tretien de l'individu. || 3° Opinion de certains philo-
sophes qui prétendaient qu'on n'est sûr que de sa
propre existence.
— REM. Égoïsme, égoïste, égoïser ne sont ni
dans Uichelet ni dans Kuretière; et l'Académie ne
les a qu'à partir de l'édition de I7C2. Dans le xvii"
siècle on disait amour-propre.
— ÉTYM. Le latin ego, je ou moi (voy. je).
ÉGOÏSTE (é-go i-st') , s. m. et f. || 1° Celui ou celle
qui a le vice d' égoïsme. C'est un égoïste. Impassibles
égoïstes qui pensez que ces convulsions du désespoir
et do la misère passeront comme tant d'autres, Mi-
rabeau, Collection, t. ii, p. < 86. || 2° Adj. Un homme
égoïste. Elle est très-égoïste. Des sentiments égoïs-
tes. Il Terme de physiologie. Les penchants égo'ïsles,
ceux qui servent à la conservation de l'individu et à
son intérêt personnel.
— SYN. égoïste, homme personnel. L'égoïste
prend pour guide son moi; et l'homme personnel sa
personne. Étymologiquement, ces mots sont donc
très-semblables; mais l'usage y a introduit une
nuance : égoïste dit pis qu'homme personnel.
L'homme personnel rapporte les choses à lui ; l'é-
goïsle non-seulement les rapporte à lui, mais encore
est capable de sacrifier autrui à son intérêt.
— ÉTYM. Voy. ÉGO'iSME.
t ÊGOÏSTEMENT (é go-i-ste-man), adu. Néolo-
gisme. D'une manière égoïste.
— ÉTYM. Égoïste, et le suffixe ment.
tÉGOÏSTIQUE (é-go-i-sti-k'), adj. Néologisme.
Qui appartient à l'égoïsme.
— ÉTYM. Égoïste.
t ÉGOÏSTIQUEMENT ( é-go-i-sti-ke-man ) , adv.
Néologisme. Voy. égoïstement.
— ÉTYM. Ëgoistique.
t ÉGOPUONIE (é-go-fo-nie) , s. f. Terme de mé-
decine. Mode de résonnance de la voix comparée à
la voix d'une chèvre, lorsqu'on écoute la poitrine
d'un individu qui a, dans l'une des plèvres, un épan-
chement d'une médiocre abondance.
— ÉTYM. AU, alfo;, chèvre, et ftaiii, voix.
t ÉGOPODE (é-go-po-d'} , s. m. Genre de plantes
ombellifères.
— ÉTYM. A'iî, oÎYÔ;, chèvre, et itoOç, pied.
ÉGORGÉ, ÉE (é-gor-jé, jée), part, passé. 111° A
qui on a coupé la gorge, qu'on a tué. Le mari par sa
femme en son litégorgé, cobn. Cinna, i, 3. De prin-
ces égorgés la chambre était remplie; Un poignard
à la main l'implacable Athalie.... bac. Athal. i, 2.
Il Terme de pêche. Harengs égorgés, ceux auxquels
on a emporté la tête en les habillant. || 2° Kig. Là sur
l'aulel sont égorgés tous les désirs propres, tous les re-
tours intéressés sur nous-mêmes, FÉN. t. xviii, p. 1 39.
t ÉGORGEMENT ( é-gor-je-man ) , s. m. Action
d'égorger. Kt les frères, les sœurs, les mères et les
filles [ont] D'affreux égorgements trop noirci nos
familles, lemebc. Fréd. et Br. i, t.
— HIST. XVI' s. Esgorgement, cotorave.
— ÉTYM. Égorger.
fÉGORGEOIR (é-gor-joir), s. m. Ancien terme
de marine. Cargue provisoire pour serrer les hu-
niers, une voile.
ÉGORGER (é-gor-jé. Le g prend un e devant a ou
0 ; nous égorgeons, j'égorgeai), v. a. || 1° Couper la
gorge. Égorger un mouton Pour épreuve elle
égorge un bélier à leurs vues, corn. Médée, i, 1.
Il 2° Tuer avec le fer, en parlant des êtres humains.
Ces dieux qui dans Pharsale ont mal servi Pompée,
Oui, la foudre à la main, l'ont pu voir égorger, id.
Uort de l'omp. v, 4. 11 faut que je fasse le tourdu lo-
gis, de peur qu'il n'y ait quelqu'un de caché qui me
vienne égorger, d'ablancourt, Lucien, le Songe
ou le Coq. Je ne crois que les histoires dont les
témoins se feraient égorger, pasc. Pensées, art.
XXIV, 35, éd. Lahure, isoo. La nation chérie a violé
sa foi.... Maintenant elle sert sous un maître étran-
ger; Mais c'est peu d'être esclave, on la veut égor-
ger, HAC. Eslh. 1,4. On égorge à la fois les en-
fants, les vieillards, m. ib. l, 6. Pygmalion ne couche
jamais deux nuits de suite dans la même chambre,
EGO
de peur d'y être égorgé, fén. Tél. su. Vers la fin
de son règne, il [Aristomène] combattit les Lacédé-
moniens, prit leur roi Théopompe, et égorgea, en
l'honneur de Jupiter d'Ithome, trois cents hommes
parmi lesquels le roi était la principale victime, bol-
lin, Hisl. anc. Œuvres, t. m, p. 40, dans poureks.
Il Par extension. Pour avoir un carrosse et que tout
y réponde , Combien un médecin égorge-t-il de
momie? boursault, Fables d'Ésope, iv, 3. Ce n'est
pas qu'aucun de ces millions d'hommes qui se font
égorger prétende un fétu sur ces tas de boue, volt.
Micrtimégas, 7. Des hommes indignes du nom de
chrétiens égorgeaient les peuples du nouveau monde,
et la cour de Kome fulminait des bulles pour pré-
venir ces atrocités, chatkaub. Génie, iv, vi, 4 1.
Il 8° Ancien terme de marine. Serrer les huniers,
une voile au moyen des égorgeoirs. || 4° Kaire payer
aux gens beaucoup plus qu'ils ne doivent. On égorge
les gens dans cette auberge. || Kuiner les allairesde
quelqu'un. Dans son embarras lui demander de l'ar-
gent, c'est l'égorger. || Desservir d'une manière
cruelle. liissy égorgeait en secret le cardinal de
Noailles auprès de Mme de Maintenon, st-sim. 3(0,
66. Il B" S'égorger, v. réft. Se couper la gorge à soi-
même. Il s'est égorgé avec un rasoir. Je vous de-
mande pardon de mes folies; mais, dans l'état où
je suis, il faut s'égayer ou s'égorger, j. i. nouss.
I.elt. à lamar. de tuitm^ourj ,21 juill. 1702. || Kig
Se faire un très-grand tort àsui-même. Kuir Paris,
ce serait m'égorgerde ma main, oresset, Uécliant,
II, 7. Il 6° Se tuer l'un l'autre dans un combat. N'en
doutons plus. Olympe, ils se vont égorger, bac. Thé-
baide, l, i. Le faux honneur.... Avant tout aux
mortels prescrit de se venger. L'un l'autre au moin-
dre affront les force à s'égorger, boil. Sol. xi. Pres-
qu'aucun de ces animaux qui s'égorgent mutuelle-
ment n'a jamais vu l'animal pour lequel il a'égorge,
VOLT, ilicromégas, 7. Si l'état naturel de l'homme
étaitla guerre, tuusleshommess'égorgeraient; il y a
longtempsquenousnesenonsplus, iD, DUil. xxiv, ».
— SYN. assassiner, égorger. La différence entre
ces deux mots est que l'assassin fait son coup àl'im-
proviste et en se cachant, tandis que l'on peut égor-
ger au grand jour, quand, par exemple, on exécute
l'urdre d'un maître tout-puissant et irrité : Christine
a fait égorger Monaldeschi.
— lilST. xvi" s. Les couteaux si trenchans qu'on
a veu csgorger Depuis les rois hautains eschauffei
à la guerre Jusqu'au ver innocent qui se Haine sur
terre, d'aub. Tragiques, liv. i, tliséres.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et gorge. Rabelais
disait esgorgeler, dans Gurg. i, 27.
fÉGORGEUR, ECSE (é-gor-jeur, jeû-z'), s. m.
el f. Celui, celle qui égorge. |l .,4 u p(ur. Assasi^ins
qui massacrent publiquement un gr-and nombre de
victimes par animosité politique ou religieuse. Les
égorgeurs de la Saint-Barthélémy.
— ÊTYV. Égorger.
ÉGOSILLER (S') (é-go-zi-llé. Il mouillèer, et non
é-go-zi-yé), v. réft. \\ 1° Se faire mal au gosier à
force de crier. Il se faut bien égosiller avec vous au-
tres, mol. Comtesse, 5. Pour raccourcir [le chemin]
ils disputèrent. ... Nos pèlerins s'égosillèrent, la font.
Fabl. IX, 14. Il Avec le verbe faire, il peut y avoir
ellipse du pronom personnel. Tu m'as fait égosiller,
carogne, mol. Mal. imag. i, 2. || 2° En parlant des
oiseaux, chanter beaucoup, longtemps. Un petit ros-
signol qui s'égosille pour surmonter un homme qui
joue du luth, sÉv. 122. M. Pengali poussait des cris,
les coqs s;égosillaient, cuateaub. llinér. ii, ».
— HIST. xV s. Fort et puissant comme ung He-
rode Pour esgossiller grosses oyes, coqdill. Enquéie
de la simple et de la rusée. \\ xvr s. Il les donnoit
au premier gentilhomme qu'il trouvoit, à esgosiller
[tuer] ou prendre prisonniers, MONT. I, 323. Il es-
gosilla femmes et enfants, id. m, 35.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et l'ancienne forma
gosillier, gosier (voy. gosier, à l'historique): couper
le gosier. Aussi le sens propre est-il tuer eu coupant
la gorge.
fÉGOTISME (é-go-ti-sm*) , s. m. Néologisme. Ha-
bitude de parler de soi, de mettre sans cesse en avant
le pronom moi.
— REM. On a quelquefois confondu l'égoîsme et
l'égotisme : l'égoïsme est un mot français qui si-
gnifie amour excessif de soi; l'égotisme est un mot
anglais qui signifie la manie de parler de soi.
— ÉTYM. Mot emprunté à l'anglais egotitm, du
latin ego, moi (voy. je). C'est à la langue anglaise
à rundre raison du t.
j ÉGOTISTK (é-go-ti-st') , ». «. Celui qui a la iia-
nie de 1 égotisme.
— ÉTYM. Voy. É00T1S¥E.
EGO
I<GI\
EGR
1317
i ÉGOCEN { é-gou-an ) , s. m. Nom vulgaire de
deui coquilles univalves.
t ÉGOCGEOIRE (é-gou-joi-r') , s. f. Crevasse par
laquelle l'eau d'une mine se perd dans les terres. || On
dit aussi égongeoir, s. m.
— ËTYM. É pour es.... préfixe, et gouge.
ÊGODT (é-gou; le t ne se lie pas dans le parler
ordinaire; au pluriel, Ys se lie: des é-gou-z utiles),
1. m. Il !• Eau qui tombe et s'écoule goutte à goutte.
Ke tenir sous l'égout du toit. Les glands qui avaient
été trempés dans l'égout du fumier sortirent de terre
plus tôt que les autres, BUfF. Expér. sur les vegét.
2' mém. Il Êgoutde plomb, plaque ou canal de plomb
qui donne issue aux eaux découlant du toit, et les
verse dans la rue ou dans la cour. || Terme de cou-
vreur. Rangée de tuiles ou ardoises qui débordent
ilu toit. Il l'ente de toit. Un toit à deux égouts.
Il 2° Conduit par où s'écoulent les eaux sales et les
immondices d'une ville. Honte à qui peut chanter
pendant que les sicaires.... Jettent les dieux proscrits
aux rires populaires. Ou traînent aux égouts les bus-
tes 'les Césars, lamart. Â ^émésis. || Galerie voûtée
dont les pieds droits sont reliés par un radier, et
qui sert à écouler les eaux sales d'un lieu habité.
Il Rat d'éfrout, nom moqueur donné par le pi'uple
de Paris aux égoutiers. || 3° Fig. Ce qui, en tant
qu'immonde, est comparé à un égout, à un cloa-
que. Le goût, l'exemple et la faveur du feu roi
avaient fait de Paris l'égout des voluptés de toute
l'Europe, st-sim. 453, H2. D'impurs ruisseaux,
gonflés par nos orages, Font déborder cet égout
des Tarquins [la cour], bérang. Octavie. || 4° 11
se dit quelquefois, dans le langage vulgaire, pour
exutoire, fontanelle. L'ulcère, qui a servi d'égout
pendant le traitement, n'est pas toujours fermé
au terme même de la maladie; on le guérit alors
avec le précipité rouge et un digestif, raynal,
Ilùt. phil. XI, 22. Il 5° Égout nasal, nom donné,
chez le cheval, à un petit orifice appartenant au
conduit lacrym.il et placé dans la commissure qui
réunit les deux lèvres de chaque naseau. |{ 6° Tabla
pour faire égoutter le vif-argent des glaces. || Terme
de raffinerie. Eau teinte de la couleur du sirop,
mais moins chargée de sucre.
— HIST. XVI' s. Un bassin de plomb qui estoit
jouxte la fenestre dudit grenier, et servoit à rece-
voir les eaux des égouts de la pluie, «esper. Contes,
xcv. Nul ne peut avoir entrée, issue, glaçoir, évier,
egout ou goutiere sur son voisin, s'il n'a titre, loy-
SF.L, 293. Nature renvoyé ces excremens vers leme-
zentere, comme dedans un cloaque ou esgout de
tout le corps, paré, v, <9. En curant une fosse où
l'esgout du Sens des pourceaux estoit de long temps
croupi, iD. XXIV, 3.
— ÉTYM. Voy. ÉGOUTTER.
I ÉGOUTIER (é-gou-tié), s. m. Homme chargé
du curage et de l'entretien des égouts publics.
— ÉTYM. Égout.
f ÉGOUTTAGE (é-gou-ta-j'), s. m. Action de faire
égoutter. || Égouttage du sol, opération qui consiste
à en enlever une humidité surabondante par le
moyen de fossés empierrés.
— ÉTYM. Égoutter.
ÉGOUTTÉ, ÉK (é-gou-té, lée), part, passé. Vais-
selle égouttée. Il Fromage égoutté, fromage de lait
caillé, dont on a laissé égoutter le petit-lait.
t ÉGOUTTEMENT (é-gou-te-man), s. m. Action
d'égoutter, de s'égoutter. || Êgouttement du sol,
voy. ÉGOUTTAGE.
— HIST. XVI* s. Esgoutement, cotgrave.
— ÉTYM. Égoutter.
ÉGOUTTER (é-gou-té), V. a. || l" Faire écouler
goutte à goutte l'eau ou l'humidité dont certaines
choses sont pénétrées. Faire des saignées pour égout-
ter les terres basses. Dans une plaine de deux lieues
qui pouvait être aisément percée de canaux naviga-
bles et dont on n'a pas su même égoutter les eaux,
RAYNAL, llist. pliil. xiii, 7. Il Égoutter de la vaisselle,
la placer de manière que l'eau de lavage en tombe
d'elle-même. On dit de même égoutter des cardes, des
asperges. || Égoutter le lait, faire tomber le petit-lait
du lait caillé. || 2° Terme d'arts et métiers. Égoutter
la chandelle, la mettre sécher. || Égoutter une glace,
faire écouler le vif-argent après rétamage. || Terme de
chapelier. Dresser les chapeaux tout chauds. || 3° S'é-
goutter, V. rijl. Perdre son eau, son humidité. Le
fromage s'égouttera. |{ Avec ellipse du pronom person-
nel. Il faut laisser égoutter, faire égoutter ce lait cail-
lé, ce fromage. Mettre à égoutter de la vaisselle qu'on
vient délaver. Mettre à égoutter des cardes, des as-
perges, de la morue.
— HIST. XIII' s. J'aing fj'aime] mieux fontaine
qui soroude [déborde], Que celé qu'en estei s'es-
goule [cesse de couler], ruteb. (32. || xiV s. Pour
vuidier les yaues qui se esgoutoient en lieus bas,
BERCiiEURE, f° 20, recto. Vuidiez l'eaue et après les
mettez esgouter, llénagier, ii, 6. Mettre esgouter
en un plat, ih. || xvi* s. Les fossez qui sont en la-
dite terre d'Oye, pour esgouter les terres, devin-
drent grosses rivières, M. du bellay, 608.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, etjoude/provenç.
et portug. esgotar.
ÉGGDTTOill (é-gou-toir), s. m. Planche, treillis
sur lequel on met à égoutter quelque chose. || Terme
rural. Synonyme d'éclisse. || Morceau de bois long
d'environ un mètre, gros comme le bras, avec des
rangs de chevilles de part et d'autre, qui sert à faire
égoutter la vaisselle. || i'able dite aussi égout sur la-
quelle on fait égoutter les glaces. || Terme de car-
tonnier. Ais assemblés l'un contre l'autre, sur les-
quels on fait égoutter les formes. || Auge de bois
disposée sur l'établi du chandelier. || Conduit pour
l'épuisement ou l'écoulement des eaux d'une galerie
de mine. || Planche placée debout sur une partie du
tour de la cuve dans les fabriques de papier.
— ÉTYM. Égoutter.
ÉGOUTTURE (é-gou-tu-r'), s. f. Le liquide res-
tant dans une bouteille qu'on vient de vider. Us ont
tout bu, je n'ai eu que les égouttures.
— ÉTYM. Égoutter.
t ÉGRAIN ou ÉGRIN (é-grin) , s. m. Terme rural.
Jeune poirierou jeune pommier, qui, venudegraine,
est réservé dans les pépinières pour être grefl'é.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et graiit ou graine.
ÉGRAINER, voy. égrener.
t ÉGRAPPAGE (é-gra-pa-j') , s. m. Action d'é-
grapper les raisins, les groseilles, etc.
— ÉTYM. Égrapper.
ÉGRAPPÉ, ÉE (é-gra-pé, pée), part, passé. Des
rarsins égrappés. || Les mines qui sont mêlées avec
des terres et des pierres en petit volume, veulent être
lavées et égrappées.
ÉGRAPPER (é-gra-pé), v. a. || 1° Séparer de leur
grappe les grains d'un raisin mûr, de la groseille, etc.
Égrapper des groseilles. Elle fait égrapper le raisin
et trier les grains, J. J. rouss. Hél. v, 7. || 2° Égrap-
per la mine, c'est en détacher le sable et les petites
pierres qui y sont mêlées, et que les ouvriers ap-
pellent grappes, Dict. des arts et m. Amst. )767,
Forges || 3° S'égrapper, v. rèfl. Être égrappé. Les
groseilles s'égrappent pour faire les confitures.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et grappe.
fÉGRAPPOIR (é-gra-poir), s. m. || 1° Instrument
pour séparer les grains de raisin dans la fabrication
du vin. Il 2° Lavoir où l'on sépare la mine de fer du
sable qui s'y trouve mêlé.
— ÉTYM. Égrapper.
ÉGRATIGNÉ, EE (é-gra-ti-gné, gnée) , part,
passé. Il 1° Qui a reçu des égratignures. L'enfant
égratigné par le chat.'|| 2° Terme de gravure. Cette
planche, celte gravure n'est qu'égratignée, le cui-
vre n'a pas été coupé avec hardiesse et netteté.
Il Terme de peinture. Manière égratignée, genre
de fresque qui consiste dans la préparation d'un fond
noir de stuc, sur lequel on applique un enduit blanc,
qu'on ôte ensuite avec une pointe de fer, en décou-
vrant par hachures ce noir qui fait les ombres.
ÉGRATIGNER (é-gra-ti-gné), «. o. || l» Déchirer
la peau avec les ongles, avec quelque chose de pi-
quant. Les piquants du rosier l'ont égratigné. || Fig.
Il y a de certaines pensées qui égratignent la tête,
sÉv. 96. Il 2° Faire une légère blessure à l'amour-
propre, aux sentiments, etc. Afin que nous n'ayons
point peur que votre vertu nous égratigné, balz.
liv. VI, lett. 2. J'aime mieux un franc ennemi Qu'un
bon ami qui m'égratigne, arnault, dansle Dict. de
POITEVIN. Il Légèrement médire. || 3° Terme rural.
Labourer peu profondément. || 4° Donner certaine
façon à une étoffe de soie avec la pointe d'un fer.
Égratigner du satin. || Terme do passementerie. Dé-
couper les peaux. || B'S'égratigner, v. réfl. Se faire à
soi-même une égratignure. Ulysse s'égratigna pour
tromper ses ennemis, fén. Solon. \\ Se faire l'un à
l'autre des égratignures. Ces deux enfants se sont
égratignés à qui mieux mieux. || Proverbe. S'il ne
peut mordre, il égratigné, c'est-à-dire il fait toutle
mal qu'il peut.
— HIST. XII* s. Por coi detort [elle] ses beles
mains. Et fiert [frappe] son piz et esgratine? Chev.
au lyon, v. t48S. ||xiii* s. Et esgratinoient leur vi-
saiges, llist. occid. des croisades, 1. 1, p. 607. X ses
ongles [elle] s'estoit un peu esgratinée, Berte, lxxxii.
Moult sembloit bien qu'el fut dolente [Tristesse],
Ou'ele n'avoit mie esté lente D'esgratigner tote sa
chiere [face], la Rose, 316. jj xv* s. Et Pothon prit
Lyonel d'une main par le bord de son bassinet, eti
l'esgratigna de son gantelet au visage, monsirel,
liv. II, ch. 8. Il XVI' s. Le chat les egratignera tant,
que... DESPER. Contes, XLiii. Elle se mit à le frap-
per, mordre et égratigner, marg. Nouv. iv.
— ÉTYM. .1^ pour es.... préfixe, eigratiner, dérivé
de gratter; picard, égrafigtier. On trouve la forme
primitive esjrafer; Lors prist la pucelle à mordre et
egrater le chevalier, et à cryer ainsi que se elle fu 1
hors du sens, Perceforest, t. ii, f° t. On trouve le
simple gratigner. On trouve aussi une autre forme
esgrafgner, grafigner, qui vient d'un radical graj
ou grif (voy. graffe) : Les petits chiens de son
père [à Gargantua] mangeoient à son escuelle ....il
leur mordoit les oreilles, ilz luy graphinoient le
nez, rar. Garg. i, 1 1.
t ÉGRATIGNEUR, E0SE (é-gra-ti-gneur, gneû-z'),
s. m. et /■. Il 1° Celui, celle qui égratigné. j] Adj.
Ce chat est égratigneur. || 2° Terme de passemen-
terie. Ouvrier, ouvrière qui se sert de l'égratigooir.
X Paris les gaufreurs sont aussi appelés.... maîtres
découpeurs -égiatigneurs, parce qu'outre la gauf-
rure ils ont le droit de découper, piquer et mou-
cheter les taffetas, les satins et autres étofl'es, avec
des fers ou instruments destinés à cet usage, Dict.
des arts et met. Amst. 4 767, Gaufreur.
— ÉTYM. Égratigner.
+ ÉGRATIGNOIR (é-gra-ti-gnoir), s. m. Terme
de passementerie. Fer à découper.
— ÉTYM. Égratigner.
ÉGRATIGNURE (é-gra-ti-gnu-r'), s. f. || 1° Légère
blessure faite en égratignant. Se faire, recevoir des
égratignures. J'aimerais mieux soufl'rir la peine la
plus dure, Qu'il eût reçu pour moi la moindre égra-
tignure, MOL. Tart. III, 6. La contestation s'échauffa;
des paroles elles [les duchesses de Rohan et d'Hal-
luyns] en vinrent aux poussades et aux égratignures,
ST-SIM. 67, 209. || Par extension, se dit de toute
blessure légère. Ce n'est qu'une égratignure. M. de
Creni et M. de 13. se sont battus ce matin; le der-
nier se porte à merveille, et le premier en est quitte
pour une égratignure à la main , m-' de genlis,
Adèle et Théod. t. i, lett. 68, p. 489, dans pougens.
Il Fig. 11 ne peut souffrir la moindre égratignure,
il est par trop douillet, il n'endure rien. || 2° Mar-
que, cicatrice que laisse une égratignure. Il joue
avec le chat et a les mains pleines d'égratignures.
Il 3° Terme de chasse. Trace légère que laisse le
cerf en marchant sur la terre dure.
— HIST. XIV* s. Et convient avoir un gant en la
main destre, pour doubte des esgratigneures [de
l'épervier], Ménagier, m, 2. || xv* s. Il lui fi.st une
esgrifure ou esgratigneure sur le nez, du cange,
esgratineura. || xvi' s. Un empereur mourut de l'es-
gratigneure d'un peigne en se testonnant, mont.
I, 74.
— ÉTYM. Égratigner.
ÉGRAVILLONNÉ, ÉE (é-gra-vi-llo-né, née, 21
mouillées), part, passé. Un arbre égraviilonné.
ÉGRAVILLONNER (é-gra-vi-llo-né. Il mouillées,
et non é-gra-vi-yo-né), v. a. Terme d'horticulture.
Lever un arbre en motte, et dégager les racines de
la terre qui y est attachée.
— ÉTYM. Ê pour es.... préfixe, et gravier.
■j-ÉGRAVGIR (é-gra-voir), s. m. Outil dont se
sert le paumier-raquetier.
■j-ÉGREFlN (é-gre-fin), s. m.|| 1» Terme d'histoire
naturelle. Voy. aigrefin. || 2» Autrefois, sobriquet
donné à de petits officiers, enseignes, sous-lieute-
nants, pauvres, tapageurs et intrigants.
— HIST. XVI" s. J'ay nostre marée comptée; Nous
n'avons que bars, que e.sgrephins. Que saulmons,
que gros marsouins, Hist. du Théât, fr. t. i, p. 47(,
dans lacurne.
— ÉTYM. Voy. AIGREFIN.
fÉGRENAGE (é-gre-na-j'), s. m. Action d'égrener,
de séparer les grains de leurs épis, les graines de
leurs péricarpes.
— ÉTYM. Égrener.
t ÉGRÈNE (é-grè-n'), s. f. Coin de fer qu'on met
aux ouvrages de layeterie pour arrêter l'écart des
bords et des côtés.
ÉGRENÉ, ÉE (é-gre-né, née), part, passé. De»
grappes égrenées.
ÉGRENER (é-gre-né. La syllabe gre prend un ac-
cent grave quand la syllabe qui suit est muette .
j'égrènerai), v. a. || 1° Faire sortir le grain de l'épi,
la graine des plantes; détacher les raisins de la
grappe. Égrener de l'anis, des raisins. || 2° Enlever
légèrement les grains de la surface d'une pièce
qu'on met en couleur. || Terme de doreur. Unir la
surface d'une pièce passée au jaune, et enlever les
grains ou les poils de brosse. || 3° Égrener son cha-
pelet, en faire passer les grains entre ses doigts.
1318
ÉGR
||4« V.n. Se dit d'un rasoir lorsqu'on l'ébrJche pour
voir s'il est bon. Ce rasoir égrène bien. || 8» S'é-
grener, V. réfl. Tomber en grains. Ce blé est trop
mûr, il s'égrène.
— HisT. XII' s. Es deux barons nen ot que core-
cier fse courroucer], Bien se requièrent li hardi
cheva'lier; De lor espées font esgrener [é'^aillerj
l'acier, Et les vers elmes [baumes] embarer et tren-
chier, '/(aoui de C. <76. ||xv' s. Envie le ronge et
esgraine, eust. desch. Poésies mss. dans lacobne.
Il XVI' s. J'ai moi mesme esgrené un espi lie fro-
ment dans lequel se treuverent quelques graine*
d'ivroie, o. de serres, <04.
— KTYJl. É pour es.... préfixe, el grain.
t ÉGHENOIR (é-gre-noir), ». m. Terme d'agri-
culture. Nom de divers instruments qui servent à
égrener.
— Ktym. Égrainer.
<.ÉORILLAHD, ARDB (é-gri-llar, Uar-d', Il
mouillées, et non é-gri-yar), adj. Qui a quelque
chose d'un peu trop gaillard. Il a l'air égrillard.
Des chansons égrillardes Ah, cousin! (ju'elle a
le nez joli. Le minois égrillard, le cuir fin et poli S
REGNARD, le Bal, 6. Elle est sage au moins? car,
à Paris, on dit que les filles sont diablement égril-
lardes, DANCOURT, Vend. Suréne, so. 9. || Substan-
tivement. Oh ! oh! quels égrillards, mol. le Sicil. 9.
Quelle est cette égrillarde Qui d'un œil curieux me
tourne et me regarde? regnard, Démocrite, ii, 7.
S'il pouvait, par bonheur, choir en quelque embus-
cade, Et que des égrillards avec de bons bâtons....
ID. Fol. am. I, t. C'est un jeune égrillard, beau,
bien fait, de bonne mine, un peu étourdi, beau-
coup libertin, dancourt, les Fées, i, 9. Ces égril-
lards iraient d'humeur bouffonne Pincer au lit le
diable et ses suppôts, béhang. Préf. Collé, quoi qu'en
disent ces dames, Est un fort honnête égrillard, m.
Désatig.
— ÉTYM. Ce mot paraît Tenir de é.... préfixe, et
grille: comme qui dirait celui qui sort des grilles,
des bornes. Égrillard 2, qui montre qu'en effet il y
a eu un tel composé, vient à l'appui de celte éty-
mologie. On trouve dans le bourguignon s'égrailli,
se divertir.
t 2. ÉGRILLARD (é-gri-llar, Ji mouillées), .?. m.
Voy. «GRILLOIR.
t ÉGRILLOIR (é-gri-Uoir, Il mouillées), s. m.
Déversoir. || Grille de pieux, qu'on fiche sur le bord
de l'eau pour y contenir le poisson.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et grille.
t ÊGUISAGE (é-gri-za-j') , s. m. Action d'égriser
le diamant. || Opération qui, précédant le polissage
du marbre, fait disparaître les trous que le ciseau
et la scie ont laissés.
— ÉTYM. priser.
ÉGRISÉ, ÉE (é-gri-zé, zée), part, passé. Dia-
mant égrisé.
+ ÉGR1.>»ÉE (é-gri-zée), s. f. Poudre de diamant
servant à polir les pierres fines. L'égrisée peut seule
entamer le diamant. || On dit aussi égrisé au mas-
culin.
— ÉTYM. Égrisé.
ËGRISER (é-gri-zé), V. a. Terme de lapidaire,
ôter d'un diamant les parties les plus brutes avant
que de le tailler, ce qui se fait en le frottant contre
un autre diamant brut. Louis de Berquem, natif de
Bruges,... il y a environ 300 ans, prit deux dia-
mants, les monta sur du ciment, les égrisa l'un
contre l'autre et ramassa soigneusement la poudre
qui en provint, Dict. des arts et met. Amst. 4 767,
Lapidaire. || Frotter le bord d'une glace sur une
planche avec du grùs fin et sec, ou deux glaces l'une
sur l'autre pour en dresser l'épaisseur. || Commencer
à polir le marbre.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et l'allem. Cries,
petits fragments; suédois, grus.
t ÉGRISOIR (é-gri-zoir), s. m. Vase où tombe la
poudre qui sort du frottement de deux diamants
bruts et qui sert ensuite à polir les diamants.
— ÉTYM. Égriter.
ÉGlll'Gfi, iÉE (é-gru-jé, jée), part, passé. Du
sel égrugé.
ÉGRUGEOIR (é-gru-joir), i. m. Petit vaisseau de
bois dans lequel on égruge le .sel avec un pilon.
Il Terme d'agriculture. Instrument pour peigner le
bout du chanvre femelle, pour faire tomber le chè-
nevis. || Machine à écraser le raisin. || Terme d'arti-
ficier. Ustensile pour écraser la poudre et en faire du
pulvérin.
— ÉTYM. Égruger.
ÊGHÇGER (é-gru-jé. Le g prend un « quand il
est suiTi d'un a ou d'un o), tj. a. Réduire en petits
grains, écraser. Égruger du sel. du sucre; ce qui
EH
est différent de le pulvériser. || Terme d'agriculture.
Détacher le chènevis du chanvre femelle.
— IIIST. XVI' s. C'est le propre de ce que nous
appelons ici et vers tous la cherve [le chanvre]
d'estre egrugée entre des fers serrez et pointus,
d'aub. Fcen. m, <5.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et gruger.
t ÉGRUGECRE (ê-gru-ju-r'), t. f. Parties menues
d'un corps dur séparées parle frottement.
— ÉTYM. Égruger.
ÊGIIECLÉ, ÉÈ (é-gheu-lé, lée), part, passé.
Il 1° Une cruche égueulée. || 2° Fig. et substantive-
ment, un égueulé, une égueulée, personne qui est
grossière dans ses propos. Je m'avisai que j'avais ou-
blié un grand bal où je devais mener la fille de la
duchesse de la Ferté, qui ne me le pardonnerait
point si j'y manquais, et qui était une égueulée
sans aucun ménagement, sx-sm. 18, 2(8.
ÊGDEULEMENT {é-glK)»»-le-man) , s. m. Altéra-
tion faite par le boulet k la bouche des canons.
— ÉTYM. Égueuler.
ÉGUE0LER (é-gheu-lé) , V. a. || 1" Casser l'ouver-
ture, l'entrée d'un vase de terre ou de verre, ou
l'embouchure d'un canon. Égueuler un bocal. Le
boulet a égueulé cette pièce. || 2° S'égueuler, v.
réfl. Être déformé à l'ouverture. Cette pièce de ca-
non s'égueule. || Populairement. S'égueuler de crier,
s'enrouer à force de crier. Mais les autres qui jouent
les comédiesnes'égueulentpoint tant, d'ablancoobt,
Lucien, dans leroux, Dict. com.
— IIIST. xiii* s. Là s'assoreille [nettoie ses oreilles]
etesgoele [nettoie sa gueule], Fabliaux, t. i, p. 241.
— ÉTYM. ^ pour es.... préfixe, et gueule.
t ÉGUILLE (é-ghi-ll"), s. f. Voy. ÉguiLLE.
t ÉGYPTIAC (é-ji-psi-ak), adj. m. Terme de phar-
macie. Onguent égyptiac, préparation pharmaceu-
tique composée de miel, de vinaigre et de vert-de-gris.
— HIST. XVI' s. Il faut consommer entièrement le
kystis avec égyptiac, poudre de mercure et sem-
blables, PARÉ, V, t8.
— ÉTYM. Voy. ÉGyPTIAQCES.
t ÉGYPTIAQCES (é-ji-psi-a-k') , s. f. plur. Titre
de l'histoire d'Egypte de Manéthon.
— ÉTYM. AlfuTtTiaxà, les choses de l'Égypto, de
alYOmtoc, Égyptien.
ÉG'ÏTTlEN,IENNE(é-ji-psi-in,psi-è-n'),s. m. etf.
Il 1' Nom du peuple célèbre qui bâtit les pyramides
et dont les monuments sont les plus anciens de
toute la terre. || Adj. L'architecture égyptienne.
Il 2° Sorte de vagabonds qu'on appelle aussi bohé-
miens(voy. ce moi), età qui, entre autres origines,
on a attribué l'Egypte. La destinée a voulu que
je me trouvasse parmi une bande de ces personnes
qu'on appelle Égyptiens, et qui, rôdant de province
en province, se mêlent de dire la bonne fortune et
quelquefois de beaucoup d'autres choses, mol. Sca-
pin, m, 3. Il S. f. Égyptienne, ancienne étofi'e de
laine.
— HIST. xvi* s. Belitresscs qu'on appelle égyp-
tiennes, Nuits de Strapnrole, t. il, p. 247, dans
LACUHNE. L'égyptienne dict la bonne fortune à au-
truy, et la malheureuse ne cognoist la sienne, Le-
roux DE LINCY, Prov. t. I, p. 280.
— ÉTYM. AlYVTttto;, de Alfuirco?, Egypte; angl.
gypsei.
EU! (é) , infer;. Il 1* Exprime la douleur, la sur-
prise, l'admiration. Eh! qui aurait pu écrire cela'?
Eb! qui n'a pas pleuré quelque perle cruelle? ue-
LiLLE, En. I. Il Eh redoublé s'emploie quelquefois
pour faire entendre ce qu'on ne veut pas dire. Avez-
vous des auteurs dans cette ville-ci? — Oui, mon-
sieur.— Bons? — Eh, eh.... — Jentemls; couci,
couci, BOURSAULT. Fables d'Ésope, v, 4. || 2' Eh bien I
loc. intirj. et surtout inlerrog. Elle sert souvent à
donner de la force à l'expression. Eh bien, Antio-
chus, TOUS dois-je la couronne? corn. Uodog. iv,
3. Figeac : Eh bien? — Je te croyais du cœur, pons
DE VERDUN. || Terme de chasse. Exclamation em-
ployée pour ég.tyer le limier. || 3° Eh donc! excla-
mation familière aux Gascons, mais reçue partout
pour exciter, pour encourager, pour m.iri|uerla ré-
solution. — Eh donc! que fais-tu de toutes ces qua-
lités, bélitre? picard, le Cousin de tout le monde,
se. t. Mais de sa canne enfin il te bourrait, Et tu
gagnas, sans mot dire, la porte. — Eh donc! mon
cher, quand j'agis de la sorte. Je croyais bien que
le fat me suivait, pons de vebdun, les Excu-^es.
— REM. Les grammairiens ont essayé de distin-
guer h^ et eh; mais leurs distinctions sont fort ar-
bitraires. Il n'y a pas de différence dans la pronon-
ciation; et, quanta l'orthographe, comme elle n'est
fondée sur rien du tout, chacun écrit à sa fantaisie
eh ou hé.
ËJO
ÉHAN'CBÉ, ÉE (é-an-ché, chée), adj. Terme
de manège, (iheval éhancbé, cheval dont une des
hanches est, par quelque grand effort, descendue
plus bas que celle de l'autre côté.
— HIST. XVI' s. Eshanché, otroiN.
— ÉTYM. É pour e.s.... préfixe, elhanehe.
fiUERBER (é-èr-bé), v. a. Synonyme de sarcler.
ôter les herbes qui poussent lu où elles ne doivent
pas pousser. Éherber une allée.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et herbe.
ÉIIONTÉ, ÉE (é-on-té, tée ; Cbifflet, Gramm.
p. 231, dit qu'on aspirait l'/t), adj. Oui est sans
honte. C'est un homme éhonté. || Substantivement
Un éhonté. Une éhontée.
— UEM. 1. Voltaire a écrit ès-honté: Ce Dieu
très-fcs-bonté ne se dérangea pas, Dimanche. || 2. L'A-
cadémie, dans son édition de 1762, écrit éhonté et
dit le mot vieilli. Il s'est rajeuni.
— HIST. iiV s. Et celui qui deffaut en ce et qui
de rien n'a Tergonde, il est appelle invergondeux
ou eshonté, obesme, Ëlh. 60. || xvi' s. Ceste fable
de Jupiter et Juno, eshonlée au delà de toute souf-
france, MONT, m, a3). Si vous arguez publiquement
et deTanttout le monde un homme, sans l'espargner
ne luy rien celer, vous le rendrez à la fin eshonté,
AMYOT, Comment dise, le jlatt. de l'ami, 65.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et honte.
ÉUOUPÉ, ÉE ( é-ou-pé, pée), part, passé. Un
arbre éhoupé.
ÉIJOCPER (é-ou-pé), V. a. Terme d'eaux et fo-
rêts. Coujer la cime et les houppes d'un arbre. || Sé-
parer les têtes du trèlle de leur tige.
— REM. L'Acalémie écrit éhouper avec un seul p;
et pourtant elle écrit houppe avec deux p; ce qui
complique inutilement l'orthographe. Il faudrait
supprimer partout une de ces lettres doubles qui
ne se prononcent pas.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et houppe.
t EIDER (è-dêr), s. m. Espèce de canard du nord
de l'Europe qui fournit l'édredon.
— ÉTYM. AUem. Eider.
t EIN (in), s. m. Terme de pêche. Corruption de
haim (voy. ce mot).
t EISSADGCE (è-s6-gh'), s. f. Terme de pêche.
Sorte de filet qui ressemble beaucoup à la seine.
ÉJACULATECR (é-ja-ku-la-teur), adj. m. Terme
d'anaiomie. Qui contribue à l'éjaculation. Muscles
éjaculateurs.
— HIST. XVI' s. Signe qu'ils ont dans la vue quel-
que vertu ejaculatrice [capable d'agir à distance] ,
MONT. I, lOI.
— ÉTYM. Éjaculer.
ÉJACULATIO.V (é-ja-ku-la-sion), s. /•. jj 1' Action
par laquelle certains animaux lancent une matière
liquide. || Par extension. Le pauvre marchand le fé-
licitait le mieux qu'il pouvait de sa copieuse éjacu-
lation d'urine, scarr. Rom. com. ch. 6. || ferme de
physiologie. Emission du sperme. || 2° Ancien terme
de physique. L'émission de la lumière. Éjaculation
des corpuscules lumineux. || 3° Terme de la vie dé-
vote. Nom donné à certaines prières courtes et fer-
ventes, qui se prononcent à quelque occasion pas-
sagère, comme si elles se jetaient vers le ciel.
— ÉTYM. Éjaculer.
ÉJACULÉ, ÉE (é-ja-ku-lé, lée), part passé.
ÉJACULER (é-ja-ku-lé). || 1° F. a. Lancer hors de
soi avec force un liquide. || 2° V. n. Terme de phy-
siologie. Émeltre le sperme.
— ÉTY.M. Lat. ejaculari, lancer comme un javelot,
de e, et jaoulum, javelot, de jacére, jeter ( voy.
JET).
t ÉJAMRER (é-jan-bé), v. a. Enlever la côte lon-
gitudinale d'une feuille de tabac.
— ÉTY.M. É pour es.... préfixe, el jambe.
t ÊJAURAGE (é-ja-ra-j'), s. m. Action d'éjarrer,
— ÉTYM. Éjarrer.
f ÉJARRER (é-ja-ré), r. a. ôter le jarre, prépa-
ration qui esl particulière à certaines peaux de pho-
que et aux l'Caux de castor dont elle augmente beau-
coup lavaleur.jl Peaux éjarrées, celles doot le revers
a été écharné ju.squ'à la plante du jarre.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et jorr«.
t ÉJECTION (é-jè-ksion), s. f. Terme didactique.
Action d'expulser hors du corps. La respiration faci-
lite l'éjection dis excréments en pressant les intes-
tins, Boss. Connaiss. n, il. \\ Les matières expul-
sées. Des éjections abondantes.
— ÉTYM. Lat. cjectionem, de ejectum, supin lis
ejicere. jeier hors, de e, et jaUre, jeter (voy. jet).
t ÊJGLNTER (é-join-té), t). a. Terme de faucon-
nerie. Éjointer un oiseau, lui rogner une aile poui
qu'il ne puisse plus Toler.
— ÉTYM. Ë pour es.... préfixe, et joint, jointure.
ELA
f ftfOtriR (S') (é-jou-ir), v. réfl. Se livrer à la
joie. On en fail maint repas, Dont maint voisin s'é-
jouit (l'être, la font. Fall. iv, 2). Ne vous éjouissez
pas de vos miracles, parc. Juifs, ^8. Clievrouse, un
avec lui [lîeauvillier] dans tous les temps de leur
vie, s'éjouit avec lui de la mfime joie, st-sim. 302,
«76. Il Ce mot a un peu vieilli; mais il est encore
bon.
— HIST. MI' s. Mais je ne sai dont esjoîr [je] me
doie.Cot/ct, XXI. Il XIII" s. Quan' '■ ""ois l'entendi,
moût en fu esjnïs, Berte, Lxxv. Après refu portraite
Envie, Oui ne rit onques en sa vie, N'onques de
rien ne s'e.sjoï, S'ele ne vit ou s'el n ' oï Aucun grant
domage relraire, la Rose, 237. ||xvs. Ces paroles
esjouirent fort le duc, comm. ii, o.
— ÊTVM. ^'pour es.... préfixe, et jouir; provenç.
esgau xir, esjauzir.
t E-LA (é-la), s. m. Terme de musique. C'était,
dans l'ancien solfège, le mi, qu'on chantait quel-
quefois sur la sylWiiie la.
t ÉLABORANT, ANTE (é-la-bo-ran , ran-t") , odj.
Terme didactique. Qui élabore. Les cellules élabo-
rantes.
t ÉLABORATEUR, TRICE (é-Ia-bo-ra-teur, tri-s'),
adj. Terme didactique. Qui fait la fonction d'élabo-
rer. Organe élaborateur.
— ÉTV.M. Élaborer.
Elaboration (é-la-bo-ra-sion), s. f. Action d'é-
laborer, de s'élaborer. || Terme de physiologie.
Action par laquelle les êtres organisés font subir, soit
aux substances venues du dehors, soit aux maté-
riaux puisés dans leur propre sein, une transforma-
lion spéciale et adaptée aux actes organiques.
— HIST. xvr s. Elabouration, cotgbave.
— ÉTYM. Lat. elaboralionem, de elaborare, éla-
tjorer.
ÉLABORÉ, ÉE (é-la-bo-ré, rée), part, fasse.
Il 1° Qui a subi une élaboration. Le chyle élaboré
par les intestins. {| 2° Fig. Présenter un projet éla-
boré.
ÉLABORER (é-la-bo-ré), ti. o. || 1" Faire subir
par un labeur, par un travail, par une combinaison,
une modification spéciale. Le foie élabore la bile.
L'estomac élabore les aliments. || Fig. 11 élabore péni-
lileiiient ses idées. Élaborer un projet de loi. || 2° S'é-
laborer, 11. rc'/î. Devenir élaboré. La sève s'élabore.
Cette liqueur s'y subtilise, s'y élabore, y acquiert
la forme du sang, desc. t'homme. || Fig. Les idées
s'élaborent par la réflexion.
— KEM. Dans le dictionnaire de l'Académie de
1740 on lit : « Élabouré, participe du verbe élabou-
rer, qui n'est plus en usage, x Ce mot, sous la
forme élaborer, a repris faveur.
— HIST. xvi* s. La mouelle est aliment élabouré
à perfection de nature, comme dict Galien, rab.
Garg. i, ProJ. Le cerveau est le siège de l'ame
raisonnable, la source de sentiment et mouvement,
et des trts nobles esprits animaux faits des esprits
vitaux, lesquels, montés du cœur par les artères
du cerveau, sont cuits, recuits, elabourés et subti-
lisés par le moyen d'une multiplicité de petites et
subtiles artères, cuabbon, Sagisse, i, i.
— ÊTYM. Lat. elaborare, de e, et laborare, tra-
vailler (voy. LAREUU).
fÉLABUÉ, ÉE (é-la-bré, brée), adj. Terme de
zoologie. Se dit d'un insecte qui n'a point de labre.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et labre.
t ÉLjEÉRINE (é-lè-é-ri-n') , s. f. Terme de chimie.
Principe voisin de l'oléine qu'on trouve dans le
suint.
— ÉTYM. 'EXaiov, huile, et Iptov , laine.
t ÉLjEOLITIIE (é-lé-o-li-t'),s. m. Terme de mi-
néralogie. Minéral vitreux (''un éclat gras.
— ÉTYM. 'E).iiov, huile, et )>{6o;, pierre.
tÉLyEOMÈTUE (é-lè-o-mè-tr") , s. m. Espèce
d'aréomètre destiné à reconnaître la pureté des
huiles grasses par leur densité.
— ÉTYM. "EXaiov, huile, et mètre, mesure.
t Êl;E0PTÈNE (é-lb-o-ptè-u') , s. m. Terme de
chimie. Partie des huiles volatiles qui reste liquide
au-dessous de la température ordinaire.
— ÉTYM. 'EXaiov, huile, et itTrjvo;, qui vole.
f E-LA-FA (é-la-fa),s. m. Terme d'ancienne mu-
sique. Dénomination donnée au ton de mi bémol, à
l'époque où l'on solfiait par les muances.
ÉLAGAGE (é-la-ga-j') , s. m. Action d'élaguer des
arbres. || Branches coupées.
—ÉTYM. Élaguer.
ÉLAGUÉ, ÉE (é-la-ghé, ghée), part, passé.
Il 1" Dont on a retranché des branches. Des arbres
élagués. Il 2° Fig. Retranché. Des digressions éla-
guées.
ELAGUER (é-Ia-ghé), V. a. \\ i' Couper les bran-
ELA
ches, principalement les branches inférieures d'un
arbre, afin de faire grandir la tige et de se pro-
curer des fagots pour le chauffage. Dubut est ici,
qui a élagué des arbres devant celte porte, qui font
en vérité 'iiie allée superbe, sÉv. <62. || 2° Fig. Dé-
truire ou écarter ce qui est superflu ou nuisible.
L'homme l'étend et la polit [la nature], en élague
le chardon et la ronce, buff. Morceaux choisis,
p. t». Il Par analogie, retrancher d'un ouvrage d'es-
prit ce qui est surabondant. Élaguez ces détails.
— SYN. ÉLAGUER , É.MONDER. Êlagucr, c'est re-
trancher; émomler, c'est, étymologiqnement, rendre
net. rendre propre. On élague un arbre pour le dé-
barrasser de grosses branches qui le surchargent. On
émonde un arbre non pas seulement pour le débar-
rasser de grosses branches devenues inutiles ou
nuisibles, mais aussi pour lui Ôter ce qui le dépare
aussi bien que ce qui lui nuit. L'élagage se prati(iue
surtout dans l'intérieur de l'arbre; l'érnondage,
surtout à l'extérieur, à la cime, à l'extrémité des
branches.
— HIST. XVI' s. Souvent l'on en retranche du bois
[des espaliers] en les eslargant, o. de serres, 660.
Qu'il tienne nettoies ses ohviers, les eslaguans à
propos, ID. 708. Esmonder, est oster le mort et
rompu; eslaguer, les branches inutiles et nuisantes
croissans en mauvais endroit, empeschans la grâce
de l'arbre; estester, couper généralement toutes les
branches pour faire reprendre nouvelle vigueur à
l'arbre, in. 723.
— KTYM.'Wall.h'5uer;Berry,aZavc»'; norm. éliguer;
de é pourra.... préfixe, et de l'anc. haut allem.iaft,
incision des arbres; étymologie donnée parGrandga-
gnage et approuvée par Diez. Dans cette hypothèse
très-probable, il faut regarder elarguer d'O. de Serres
ou comme un autre mot ou comme une transforma-
tion vicieuse, par assimilation avec large, d'élaguer.
ÊLAGUEUK (é-la-gheur), s. m. Celui qui élague.
— ÉTYM. Élaguer; Berry, alayeur.
I ÉLAÏDINE (é-la-i-di-n'), s. f. Terme de chimie.
Substance grasse qui se produit quand on traite
l'huile d'olive par l'acide azotique et l'acide azo-
teux.
— ÉTYM. "Eyaiov , huile.
I ÉLAÏDIQUE (é-la-i-di-k') , adj. Terme de chi-
mie. Acide élaïdique, acide qui se forme dans la
saponification de l'élaïdine.
— ÉTYM. 'EXata, olive.
t ÊLAÏNE ;é-la-i-n'),s. f. Terme de chimie. Voy.
OLÉINE.
— ÉTYM. 'FSt.a'.a, olive.
I ÉLAÏQUE (é-la-i-k'), adj. Voy. oléique.
■j-ÊLAISER (é-l(Vzé), V. O. Terme de monnaie.
Frapper les flans sur l'enclume avec le flattoir.
t E-LA-Ml (é-la-mi), s. m. Terme de musique.
C'était, dans l'ancien solfège, le mi, qu'enchantait
tantôt sur la syllabe la, tantôt sur la syllabe mi.
4. ÉLAN (é-lan), s. m. || 1° Mouvement pour
s'élancer. Il prit son élan. L'élan qu'il avait le fil
tomber. Il partit comme un trait, mais les élans
qu'il fit Furent vains.... la font. Fabl. vi, 40.
Il N'avancer que par élans, avancer par des mouve-
ments brusques et saccadés. || 2° Action d'élancer la
voix. A prix de faux clins d'yeux et d'élans alTeclés,
MOL. Tart.j, 6. Que dis-tu de m'y voir rêveur, ca-
pricieux. Tantôt baissant le front, tantôt levant les
yeux. De paroles en l'air par élans envolées, Ef-
frayer les oiseaux perchés dans mes allées? hoil.
Épit. XI. Aux élans redoublés de sa voix doulou-
reuse Tous ses valets tremblants quittent la plume
oiseuse, id. Lutr. iv. Il pousse des élans et des
soupirs, LA BRUY. XIII. || 3° Fig. Ardeur inspirée par
la passion, pur l'enthousiasme. Cette continuité [de
l'oraison] consistait dans divers actes et dans de con-
tinuels élans de leur dévotion , boss. Étals d'orais.
VI, 40. Sénéque.... vous offrira des idées ingénieu-
ses et fines, des élans hardis et lumineux, dider.
Ess. sur Claude. Mais on ailmire, on aime, on sou-
tient les talents, C'est en vain qu'on voudrait repous-
ser leurs élans, gilb. le Poète malheureux. Oui,
ce discours sans doute est un élan sublime, M. j.
ciiÉNiER, Charles IX, m, t. Ces élans inquiets
vers la postérité Ne sont pas de l'orgueil une vaine
chimère, legouvé, Épichar. et Nér. n, 2. || Ce jeune
homme a de l'élan, c'est-à-dire lia un cuiur disposé
h l'enthousiasme. || 4° Ancien terme de marine.
Écart que fait un vaisseau tantôt à tribord, tantôt
à bAbord. Les élans sont à tribord.
— HIST. xvi" s. Mais en l'homme, que le corps
se meuve et seuffre quant et les eslans des pa.ssions,
on l'apperçoit évidemment par la couleur pasle en
frayeur.... amyot, De ta vertu morale, 25.
1 — ÉTYM. Voy élancer; Berry, aUm. L'ortho-
• ÉLA
1319
graphe eslari ne laisse aucun doute sur l'origine de
ce mot.
2. ÉLAN (é-lan), s. m. Espèce de cerf qui se
trouve dans le Nord. || Ëlan du Cap, un des nom»
vulgaires de l'antilope créas, appelée aussi canna.
Il Élan d'Afrique , l'antilope bubale. || Élan dei
Anglo-Américains, le cerf du Canada.
— HIST. XVI' s. Et quand ce ne seroit que la mi-
sère de l'animal, qui tombe si souvent en epilcpsie
(dont les AUemans l'appellent Hellend, qui signifie
misère), paré. Licorne, 4 9. La peau d'une beste
que les Poulonois appellent elain, dont l'on fait des
ceintures pour en ceindre les femmes estans au tra-
vail d'enfant, o. de serres, 938. Quelques bestes
sauvages, comme deux eslams, aussi des peaux de
semblables eslams avec certains chiens lévriers,
tant de Russie que de ce pays de Dace, Lett. de
Christiern // d François /", de 4 6)9, dansGEFFBOT,
Notices et extraits, p. 604.
— ÉTYM. Allem. Elenn; hoU. eland; anc. haut-
allem. elaho; kymri, (jiat'n, faon; eiiore, chevreuil.
L'étymologie donnée par Paré n'est pas véritable.
ÉLANCÉ , ÉE (é-lan-sè, sée) , part, passé. || 1° Qui
a pris son élan. Un chien élancé après sa proie.
Il Terme de blason. Cerf élancé, cerf courant.
Il 2° Lancé. La poussière s'élève et le char balancé
Vole dessus l'essieu comme un trait élancé, garn.
Ilippolyte, V. Ces volcans infernaux jusqu'au ciel
élancés, volt. Triumv. i, 4. Son sang [de Char-
les IX], à gros bouillons de son corps élancé. Ven-
geait le sang français jiar ses ordres versé, id. Heji-
riade, m. Leurtribu [des brames].... de son front [de
Brama] élancée, c. delav. Paria, i, 1 . || 3° Fig. Et les
yeux vers le ciel de fureur élancés, boil. Sat. iv. Jus-
ques au ciel mille cris élancés, bac. Phèd. m, 3.
J'aurais dit au poëte élancé vcrsla gloire.... v. iiuoo,
Odes, II, 4. Il 4° En parlant de la conformation du
corps, qui est mince et bien pris. Une taille élancée.
Le prince de Léon était un grand garçon élancé,
laid et vilain au possible, st-sim. 489, 29. || Par ex-
tension. Les cathédrales élancées, qui furent blties
durant le moyen âge. || 5° Dont les dimensions en
hauteur et en longueur l'emportent beaucoup sur
les dimensions en largeur. || Cheval élancé, cheval
dont le corps est efflanqué. || Arbre élancé, arbre
dont le tronc s'élève très-haut sans branches. || Bran-
ches élancées, branches plus longues que ne sem-
bleraient le comporter les autres dimensions du vé-
gétal. C'est un défaut à un arbre que d'y voir des
branches élancées, la ouintinye , Jardins, t. i,
dans RiCBELET. Il Terme de zoologie. Se dit d'une co-
quille spirivalve dont le cône spiral avance beau-
coup plus en hauteur qu'en largeur. || Terme de ma-
rine. Se dit des couples de l'avant qui sont dévoyés;
d'une proue saillante; d'un navire qui a beaucoup
d'élancement.
ÉLANCE.MENT (é-!an-se-man), s. m. || !♦ Action
de s'élancer. L'impétueuse ardeur de ces transports
nouveaux X son sang prisonnier ouvre tous les ca-
naux; Son élancement perce ou rompt toutes les
veines, corn. Attila, v, 6. || Espace que fournit le
cheval qui s'élance. De longs élancements. || Action
de faire un élan. Il y a des moments où le vol des
oiseaux a des élancements. || 2° Fig. Ardentes aspi-
rations de l'âme. Les élancements de l'âme vers
Dieu. L'amour est circonspect, il est juste, humble
et sage, Il ne sait ce que c'est qu'être mol ni vo-
lage ; Et des biens passagers les vains amusements
N'interrompent jamais ses doux élancements, corn.
Imit. III, 5. 11 faisait des soupirs, de grands élan-
cements, MOL. Tart. I, 6. Au iV siècle, il y avait
dans les ouvrages des chrétiens quelque chose d'une
passion nouvelle, d'une insatiable curiosité sur les
destinées de l'homme, d'un élancement vers le ciel;
c'est ce qui brille dans les ouvrages de Grégoire de
Nazianze, d'Augustin, viLLEMAiN,ii«./'r.xvin*s«ède,
2" part. 2* leç. || 3° Douleur vive, aiguë, analogue
à celle qu'ociiasionnerait un coup de lance. Celte
piqûre me cause de grands élancemeuls dans le
doigt. Il 4° Terme de marine. Inchnaison de l'élrave
par rapport à une ligne verticale qui serait élevée à
l'extrémité de la quille où l'étrave vient se fixer,
JAL.
— HIST. XVI* s. Ceux qui poursuyvent légitime-
ment des choses légitimes, ont un plaisir non plein,
de grands eslancemens, ains assaisonné de douceur,'.
LANGUE, 620. Si Ces ulcères sont corrosives, l'hu-'
meur qui en sortira sera noirastre, avec grande
douleur et eslancemens, paré, xi, 20. Cela afl"oiblit
la violence que le courir donne aux premiers coups,
et quant et quant oste l'eslancement des combatlans
les uns contre les autres, amyot, Pomp. 99. Les
gens ds guerre doivent estre comme un corps fort
1320
ÊLA
et robuste, qui de soy mesme n'ait aucun mouTe-
inenl, ains se meuve au bransle et eslanoement du
capitaine, id. Galba, *.
— ÊTVM. Élancer.
ÉLANCER (é-lan-sé. Le e prend une cédille de-
vant a et o: élançant, élançons). || 1° V. a. Lancer
avec force. L'espérance et le désir nous élancent
vers l'avenir. L'Afrique où le soleil plus chaud Élance
ses flammes d'en haut, gabn. Porcie, ni. {| Peu usité
à l'actif. Il i" V. n. Causer des élancements. Le doigt
m'élance. || 3° S'élancer, v. réjl. Prendre son élan
vers. En le voyant, il s'élança dans ses bras. Le
monstre, furieux de se voir entendu.... Du roc s'é-
lance en bas, et s'écrase lui-même, corn. Œdipe,
I, 4. Vendôme, que soutient l'orgueil de sa nais-
sance, Au même instant dans l'onde impatient s'é-
lance, BOIL. Épit. IV. Contre moi sur mon banc je
le vois qui s'élance, id. Lutrin, iv. Quand son roi
lui dit: pars, il s'élance avec joie, rac. Esth. Prol.
Entrer, voler vers nous, s'élancer sur Gusman, L'at-
taquer, le frapper n'est pour lui qu'un moment,
VOLT. Alz. V, 2. Il court, c'était Égisthe, il s'élance
aux autels, id. Mérope, v, t. Comment avancer,
comment s'élancer à travers les vagues de cette mer
do feu [l'embrasement de Moscou]? ségur, Ilist. de
Kapol. viii, 7. Il Fig. L'étude de la nature force no-
tre âme à s'élancer vers l'auteur des choses, j. J.
Bouss. Prom. m. Je m'élance après toi dans la nuit
du tombeau, m. j. chênier, Cracques, ii, K Sur
celui qui s'élance Hors du rang où le ciel a placé sa
naissance, c. delav. Paria, iv, i. || 4° Devenir
élancé. La taille de cette jeune fille s'élance.]] Terme
de forestiers. S'élancer se dit des arbres qui pren-
nent une grande élévation sans grossir proportion-
nellement.
— HIST. xm' s. Ki s'umelie, moult s'eslance, pu.
MOUSKES, ms. dans lacurne. || xvr s Et des
croppes hautaines Les fiers torrents s'eslancent par
les plaines, du bellay, iv, o, recio. Et de son
cœur ia piaye trop voisine En eslançant luy pince
la poctrine, id. ir, 28, recto. La crainte, le désir,
l'espérance nous Balancent vers l'advenir, mont, i,
• S. Le soleil nous eslance si dru ses rayons que....
ID. I, Ht. Aprez s'estre asseuré des deux [chemins]
et n'y avoir trouvé la trace de ce qu'il cherche, il
[le chien] s'eslance dans le troisième sans marchan-
der, ID. II, <72. ii's aultres s'estudient à eslancer
etguinder leur esprit; moi, à le baisser et coucher,
ID. m, 27». Si je confère avecques un roide jousteur,
ses imaginations e.slancent les miennes, id. iv, 36.
Non que ce soit pour ce qu'en s'eslanceant plusieurs
ensemble, les chevaulx fendent mieulx l'air, amïot,
Pélnp. 3B. La mandragore assopit les sens, elle rend
ies hommes lasches, tristes et eslancés [sans élan],
mornes et sans aucune force, paré, xxui, i*.
— ÊTYM. Ê pour es.... préfixe, et lancer; picard,
elanché, élancé; provenç. cslansar.
ffiLANCEUR (é-lan-seur), s. m. Oiseau d'Afrique.
t ËLANE (é-la-n'), s. m. Terme de zoologie. Genre
d'oiseaux rapaces, ayant une seule espèce, l'élane
mélanoptère.
t ÉLANGUEUR ( é-lan-gheur), s. m. Terme de
pêche. Instrument auquel on attache par la tête les
morues qu'on vient de prendre.
— ÉTVM. £ pour es.... préfixe.etiangue, soit qu'on
Cte véritablement la langue du poisson, soit que
l'instrument la froisse ou passe à sa place.
+ ÉLAPUÉBOLION (é-la-fé-ho-li-on) , s. m. Mois
des Athéniens, qui fut d'abord le 3', et qui devint
plus tard le 9". Il correspondait à partie de mars et
d'avril.
— ÊTYM. 'E)>a90i;, cerf, et pâXXeiv, lancer: pro-
prement mois de la chasse du cerf.
t ÉLAPHIEN, lENNE (é-la-fiin, fié-n'), adj.
Terme de zoologie. Qui ressemble au cerf.
— ÉTYM. 'EXaço;, cerf.
+ ËLAPUOGRAPUIE (é-la-fo-gra-fie) , s. f. Traité
sur les cerfs.
— ÊTYM. "Eyoço;, cerf, et ypâçEiv, décrire.
t ÉLAPUORnItHE (é-la-for-ni-f) , s. m. Famille
d'oiseaux qu'on a comparés au cerf, à cause de la
vitesse de leur course.
— ÊTYM. 'EXaço;, cerf, et 6pvt;, oiseau.
t ÉLAPHRE (éla-fr'), ». m. Terme de zoologie.
Genre de coléoptères de la famille des carabiques.
— ÊTYM. ÏXaçpoç, agile.
ËLARGI, lE (é-larji, jie), part, pc^sé de élargir.
Il l" Rendu plus large. Une ouverture élargie.
|] Terme de botanique. Se dit de tout organe qui, à
sa base ou à son sommet, est plus large transver-
salement que dans le reste de son étendue. |{ 8" Mis
en liberté. Un prisonnier élargi.
ËLARGIR (é-lar-jir), v. a. Ij 1" Rendre plus large.
ELA
Elargir une rue, un fossé. Je sens leur dent cruelle
élargir ma blessure, Ducis, Lear, m, 8. Durant
deux saisons de clémence. Mon église élargit l'étroit
sentier des cieux, gilb. le Jubilé. \\ Rendre plus
étendu. Non content de m'avoir rendu la liberté,
Tu veux sur leurs États élargir mon empire, racan,
Psaume 30. |{ Terme de gravure. Élargir les tailles,
rendre plus larges lesespaces qui sont entre les tailles.
]] Fig. Rendre plus vaste, plus étendu. Élargir ses
idées, la sphère de ses connaissances. || 2° Terme
de manège. Élargir un cheval, lui faire embrasser,
dans ses exercices, plus de terrain qu'il n'en occu-
pait; lui faire serrer le mur dans le manège. Élar-
gissez votre cheval, se dit à l'élève qui laisse ren-
trer son cheval dans le manège. Il 3* Mettre hors de
prison. Élargir un prisonnier. Après quatre ans et
demi de prison, il (Pelli.sson] fut élargi, d'olivet,
Hisl. de l'Acad. t. ii, p. 291 , dans poucens. || 4° Ac-
corder comme une largesse. L'esprit de la grùce nous
est élargi, doss. i, Pent. 2. || Ce sens vieillit; c'est
un archaïsme; voy. l'historique.]] 5° S'élargir, v. r^/l.
Devenir, être plus large. Mes souliers s'élargissent.
La rivière s'élargit en cet endroit. La chaussée com-
mençait à s'élargir, vaugel. Q. C. liv. iv, dans
HiCHELET. Il Se mettre au large. Les ennemis n'eu-
rent pas le moyen de s'élargir, id. ib. liv. m, ch. 7,
dans BiCHELET. Il S'agrandir dans son domaine. La
grande route l'empêche de s'élargir. || Fig. Gagner
de l'étendue, en parlant des idées, de l'esprit. J| Se
mettre en liberté. Çà, pour nous élargir, sautons
par la fenêtre, bac. Plaid, i, 3. || 6° Ancien terme
de mer. S'élargir, s'éloigner d'un autre vaisseau, ou
de la terre, gagner le large.
— IIIST. xn* s. Ma parole est eslargie sur mes ene-
mis, kar esleecié [réjoui] sui el [au] salveur, Hois,
B. Normandie pren e saisis. Si t'en essauce et es-
largis, BENOIT, ii, 43b02. Par la grâce de Jhesu
Crist, Qui tut le bien qu'as t'eslargit.... id. ii, 6565.
I] xin* s. Tant cum il plus alad avant, E plus s'alad
asseûrant. Car li punz [le pont] lui ellargisseit,
marie, Purgatoire, <307. Quant tu eslargesis mon
cuer.... Psautier, f" t46. La rose auques |un peu]
s'eslargissoit, la Rose, 3373. ]| xiv s. Soit eslargie
la plaie par dehors jouste le dart, tant que le dart
qui doit estre trait puisse estre souffisanment pris
et trait hors, h. de hondeville, f" 37. Quant l'un
oil est clos, la pupille de l'autre s'eslargit, id. f° 4 7.
]] XV* s. Et avecques tous biens dont il s'eslargis-
soit, il lUrbain] octroioit au roi et à ses oncles un
plein dixième par toute Angleterre à prendre et à
lever, froiss. ii, 207. Le dit Jehan en donnant la
caution, quant il fut eslargi [mis hors de prison],
Bibl. des Charles, *• série, t. ii, p. 69. ]|xvi"s. À
ses enfans la pierre pour du pain Ne donne point;
mais sa bénigne main Nous eslargit ce qui est né-
cessaire, MAR0T, I, 297. Je vDus descriray une lampe
moyennant laquelle estoyt eslargie lumière par tout
!e temple, rab. Pant. v, 4i. Nostre ame s'e.Jargit
d'autant plus qu'elle se remplit, mont, i, 139. Caton
demanda si les sénateurs qu'il faisoit retirer s'es-
toient eslargis du port d'Utique, id. i, 3H). Nul
moyen de refreschir ou d'eslargir son armée si les
maladies s'y mettoient, in. i, 366. Hz s'augmentè-
rent et e<largirent de plusieurs terres qu'ils conqui-
rent sur les Arcadiens, AMYOT, Lyc. a. Hz voulurent
eslargir et eslendre leur poincte droitte pour enve-
lopper Epaminondas, in. Pélop. 40. Il se levoil un
petit vent de terre, qui leur suffiroit pour s'eslargir
en haulte mer, id. Ùarius, «7. Les mesprisez sont
retirez de la fange, les affligez et oppressez sont es-
largis de leurs angoisses, calv. Instit. 20 Que
les plus aisez et plus zelez des particuliers soient
exhortez par les ministres et consistoires de s'eslar-
gir à donner quelque notable somme, d'aub. Ilist.
III, 37). Le dit ambassadeur se seroit eslargi [aurait
pris la liberté] jusques à dire, H. du bellay, Mém.
liv. V, f" <B0, dans lacubne.
— ÊTYM. É pour es.... préfixe, et large; picard,
élarguir; provenç. eslargar, eslargir; ital. slargare.
ÉLARGISSEMENT (é-lar-ji-se-man), s. m. || l" Ac-
tion d'élargir; résultat de cette action. L'élargisse-
ment de la voie publique. |] 2" Mise en lilierté. Il a
obtenu son élargissement. Joseph avait prié l'échan-
son de se souvenir de lui et d'obtenir du roi son
élargissement, rollin, Traité des Et. liv. v, part. 2',
ch. II, art. (. Il S" Fig. Mise à laise. L'élargissement
do sa fortune, de sa position. || En un autre sens,
satisfaction d'un coeur qui est mis à l'aise. Les autres
[courtisans] pénétrés de douleur ou de gravité et
d'attention sur eux-mêmes, pour cacher leur élar-
gissement et leur joie [de la mort de Monseigneur] ,
ST-SIM. 293, 236.
— lUST. XIV* s Geste manière d'eslargissement
itLA
[d'un ulcère, par incision], h. de mondevillï, f* «04,
verso. ]]xv* s. Après le dit eslargissement [mise en
lihertéj et la dite caution ainsi donnée, Bibl. dei
Chartes, 4* série, t. 11, p. 69. ]]xvi* s. On l'apper
çoit par les espanouissemens et e.'îlargissemens du
visage , quand l'homme est en espérance de quel-
ques voluptez, AMÏOT, De la vertu morate, 26.
— ÉTYM. Ëlarnir. '■'
ÉLARGISSURE (é-lar-ji-su-r'), t. f. Ce qu'on ajoute
à un vêtement, à un meuble pour le rendre plus
large. Leur habit [des teignes] est toujours de ia cou-
leur de l'èlofl'e sur laquelle il a été pris; si donc la
teigne dont l'habit est bleu passe sur un drap rouge,
les élargissures seront rouges; elle se fera un habit
d'arlequin, si elle passe sur des draps ou des étoffes
de plusieurs couleurs , bonnet , Contempl. nat.
4 2* part. ch. )0.
— ÊTYM. Élargir.
t ÉLASMIE (é-la-smie), s. f. Terme de zoologie.
Chacune des plaques cornées qui, chez les baleines,
tiennent lieu de dents.
— ÊTYM. 'EXa<T|j.a, plaque de métal.
t ÉLASTE (é-la st') , s. m. Terme de zoologie.
Sorte d'organe élastique qui garnit l'abdomen de
certains insectes et qui les rend propres à sauter.
— ÊTYM. 'E'onTT,;, qui pousse, meut, d'è)aûvw.
t ÉLASTICINE (é-la-sli-si-n'), s. f. Terme d'ana-
tomie. Substance qui est le principe constituant dos
éléments élastiques.
— ÉTYM. Élastique.
ÉLASTICITÉ (è-la-sti-si-tè), s. f. \\ 1° Propriété
en vertu rie laquelle certains corps reprennent, sans
se désagréger, leur état primitif, dès que cesse la
cause qui en avait changé la forme ou le volume.
Des ressorts qui se détendent ou qui prennent de
l'élasticité, VOLT. Dial. vu, i. \\ 2* Fig. Étal d'un
esprit, d'une âme comparée à un ressort. Tous les
esprits n'ont pas la même éla.sticilé. La misère avait
affaibli les ressorts de l'âme de M. André; le bien-
être leur a rendu leur élasticité, volt. /'//. aus
40 écus. Le bon scrtç de M. André. 11 ne faut jamais,
dans aucun art, travailler contre son propre senti-
ment.... l'enthousiasme est éteint; l'esprit mis à la
gêne perd toute son élasticité, lu. Lett. Chauvelin,
23 févr. (767.
— ÊTYM. Élastique.
ÉLASTIQUE (é-la-sti-k'), adj. || 1° Qui a de l'éla-
sticité, c'est-à dire qui est susceptible à la fois de
céder à une pression et de revenir à sa première
forme. Les gaz sont très-élastiques. La terre, épa-
nouie aux rayons qui la dorent. Nage plus mollement
dans l'élastique éther, lamart. Harm. 11, 6. |{ Terme
de géométrie. Courbe élastique, celle que forme une
tige élastique fixée par un de ses bouts et chargée
à l'autre d'un poids. On dit aussi substantivement
une élastique. ]] Bretelles élastiques, bretelles mu-
nies de ressorts élastiques. || Gomme élastique,
nom donné au caoutchouc, qui jouit d'une grande
élasticité. La gomme élastique, coulée soit en car-
rés, soit en boule, sert à effacer le crayon. Le nom
de gomme est impropre, puisque le caoutchouc
n'est pas une gomme. || Dalle élastique, en termes
d'écolier, balle faite avec des filets de caoutchouc
enroulés sur un morceau de liège roml, recou-
verts eux-mêmes d'un fil de laine et d'une peau
cousue tout autour. || Terme de botanique. Arille
élastique, celui qui, s'étendant jusqu'à un certain
point à mesure du développement de la graine, se
déchire enfin et se retire sur lui-même par un
mouvement subit. (] Filet d'étamine élastique, ce-
lui qui est susceptible de se reilresser avec force,
au moment de l'épanouissement. |{ Terme d'ana-
tomie. Tissu élastique, tissu qui jouit de l'élasti-
cilé. ]] Terme de marine. Se dit d'un établisse-
ment de l'emplanture des bas mâts qui divise et
atténue la pression. ]| 2° S. m. Ressort que l'on met
aux bretelles. Remettre un élastique. ]] Se dit aussi
des jarretières et d'une sorte de bracelet pour tenir
les manches. Porter des élastiques. |{ Gomme élasti-
que. Une balle d'élastique. || 3* 5. /. Terme d'ana-
tomie. Espèce d'éléments qui constitue le tissu élas-
tique.
— ÊTYJI. 'EXa(rri|;, le même que èXarf,; ou {i.»-
trp, qui pousse, qui meut, de iXaOvtiv, pousser,
chasser.
t ÉLATER (éla-têr), S. m. Nom moderne du
genre taupin (coléoptères).
— ÊTYM. Voy. élatère.
t ÉLATÊRE (é-la-tê-r'), s. m. Terme de botanique.
Petit tube élastique qu'on trouve dans les capsules
de quelques hépatiques et qui projette les tporei
au dehors.
— ÊTYM. 'EXaTTip, qui meut (voy. élastique).
fiLÉ
ÉLE
ÉLE
r.m
f ÉIATÏRIE (éla-té-rie), s. f. Terme de bota-
nique. Fruit qui, s'ouvrant à la maturité, se par-
tage en autant de coques qu'il a de loges. Tel est le
fruit des euphorbiacées.
— ÉTYM. Élalère.
t ÉLATÉRINE (é-la-té-ri-n') , s. f. Terme de chi-
mie. Substance amère du concombre sauvage (mo-
mordica elaterium, L.).
tÉLATÉRITE (é-la-té-ri-f), s. f. Terme de mi-
néralogie. Bitume élastique.
— ÉTYM. 'Eia-uVip, qui meut, d'èXaOvu, et la fi-
nale ite qui indique un fossile.
t ÉLATÉRIUM (é-la-téri-om'), s. m. Noni phar-
maceutique du concombre sauvage (momordiea ela-
terium, L.).
— ÉTYM. 'EXaT^piov, qui expulse, d'èXaOvEiv,
expulser, à cause que, lorsque le fruit est mûr, si
l'on essaye d'y porter la main, ou même, simple-
ment, si l'on ébranle le sol à côté, le fruit se dé-
tache brusquement du pédoncule , et en même temps
les parois, se distendant élastiquement comme dans
la balsamine, lancent, par l'ouverture résultant de la
chute du pédoncule, un mucilage rempli de graines
qui saute à plusieurs pieds.
t ÉLATÉROMÈTRE (é-la-té-ro-mè-tr'), s. m.
Terme de physique. Appareil pour mesurer l'élasti-
cité de l'air raréfié ou condensé.
— ÉTYM. Elatère, et mètre, mesure.
t ÉLATOBRANCHES (é-la-to-bran-ch'), s. m. plur.
Classe de mollusques qui renferme des acéphales à
branchies lamelleuses.
— ÉTYM. 'EJâ-cYi , rame , et branchies.
fÉLAVÉ, ÉE (é-la-vé, vée), adj. Terme de vé-
nerie. Mollasse ou blafard, eu parlant du poil des
chiens ou de la bête. Dans les chiens de chasse le
poil élavé est une maniue de faiblesse.
— HIST. XVI' s. Il faut qu'il [le bon chien] soit
d'un poil vif et non elavé ny aussi blanc, à cause
que les chiens de ces deux sortes de poils appréhen-
dent les froids, salnove, Ven. f° 58, dans lacuhne.
Une grande nuée peut tomber à l'improviste qui
elavera les voyes du cerf, id. ib. p. <66.
— ÉTYM. £ pour es.... préfixe, et lavé.
KLBEDF (èl-beuf), s. m. Drap qui se fabrique à
Elbeuf, ville de Normandie. Voilà du bel elbeuf,
du bon elbeuf. || Se dit aussi, familièrement, d'un
habit de drap fin. Attendez que je passe mon elbeuf.
i ELCÉSAÏTE (èl-sé-sa-i-f) , s. m. Nom de sec-
taires du temps d'Origène, qui admettaient deux
Christs, l'un céleste, l'autre terrestre, et qui di-
saient posséder un livre envoyé du ciel.
— ÉTYM. 'H)Çai, nom du chef de celte secte.
t ELDORADO (èl-do-ra-do) , s. m. Prétendu pays
qu'aurait découvert un lieutenant de Pizarre dans
l'Amérique du Sud. || Fig. Lieu, pays d'abondance
et de délices. Ce pays est un véritable eldorado.
Les Espagnols ont eu une connaissance confuse de ce
pays, ils l'ont appelé Eldorado, volt. Candide, ts.
— ÉTYM. Espagn. el, le, et dorado, doré (voy.
dobf.b) : le pays d'or.
t ÉLÉATIQUE (é-lé-a-ti-k'), adj. Ëcole éléatique,
école de philosophie fondée par Xénophane de Co-
lophon, et dont les principaux représentants furent
Parménide et Zenon, tous deux d'Élée, et Mélissus
de Samos. Elle admettait qu'il y a deux sortes de
connaissances: les unes qui nous viennent par les
sens et qui ne sont qu'illusion ; les autres que nous
devons à la raison seule et qui sont les seules véri-
tables. Il Les philosophes éléaliques, et, substantive-
ment, les éléatiques.
— ÉTYM. Lat. Elealicus, d'Elea, Élée ou Vélie,
ville de Lucanie.
t ÉLÉATISME (é-lé-a-ti-sm'), s. m. Doctrine de
l'école éléatique.
ÉLECTEUR (é-lè-kteur), s. m. || I» Celui qui élit,
qui a le droit d'élire. Les conditions requises pour
être électeur. |) Grand électeur ou proclamateur élec-
teur, le chef suprême de l'État, dans le projet de
sonstitution de Sieyès. || Grand électeur, l'un des
grands dignitaires de l'État sous le premier empire.
Il 2° Nom de princes de l'ancien empire d'Allemagne ,
qui avaient le droit d'élire l'empereur. L'électeur de
Cologne, de Bavière. || On appelait électrice la femme
d'un électeur. Madame l'électrice.
— HIST. xiii' s. Les chanoines sont encore les
eslictors, Hist. occid. des croisades, t. i, p. 205.
Il XIV' s. Les électeurs sont les populaires, et les es-
leus sont gens notables, oresme. Thèse de mkunier.
— ÉTYM. Lat. elector, de eleclum, supin d'fh-
gere (voy. éube). On trouve aussi eliseur, el, dans
le provençal, elegidor.
ÉLECTIF, IVE (é-iè-ktif, kti-v'), od;. || !• Qui
est nommé par élection. Leurs rois étaient élec-
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
tifs, Boss. Hist. m, 8. || Il se dit aussi des dignités,
des fonctions qui se donnent à l'élection. Une ma-
gistrature élective. Ils veulent rendre ce royaume
électif, SÉV. 519. Aussitôt que la couronne, d'abord
élective, fut devenue héréditaire au dixième siècle,
et que la noblesse et lesévêques eurent perdu la fa-
culté de troubler l'État, raynal, Hist. phil. vi, 2.
Il Chambre élective, dans les gouvernements consti-
tutionnels, chambre nommée par l'élection, cham-
bre des députés, des communes, par opposition aux
chambres des lords ou des pairs héréditaires, ou des
pairs et sénateurs nommés par le souverain. ||2"Qui
élit, choisit. || Terme de chimie. Affinité élective,
attraction élective, la force qui fait qu'un corps sim-
ple détermine la décomposition d'un composé bi-
naire. Il Terme de physiologie. Sensibilité élective,
celle qui établit un rapport spécial entre un organe
et telle ou telle substance qui semble être choisie
de préférence par l'organe. || Affinités électives s'est
dit aussi au sens moral.
— HIST. xrv' s. Donques vertu est habit elettif,
ORESME, Eth. 46. || xvi' S. Que le franc arbitre est
une vertu élective, laquelle, estant moyenne entre
intelligence et volonté, encline toutefois plus à vo-
lonté, CALV. Insl. 4 84.
— ÉTYM. Voy. ÉLECTEUR ; provenç. electiu; espagn.
electivo; ital. elettivo.
ÉLECTION (é-lè-ksion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1° Choix qui est fait de quelqu'un en
assemblée et par voie de suffrages. L'élection d'un
député. Les élections municipales. Je suis sûr que
vous ne sauriez faire que de bonnes élections,
cosTAR, t. II, lett. 3(9, dans RicnELET. Aussi ne
fut-ce pas l'élection qui établit Mathias, ce fut le ciel
qui se déclara, BOSS. Var.xv, 120. L'opposition qu'on
y forma [à l'Académie contre la Fontaine] fut pous-
sée si loin, que, quand on parla de son élection,
on jeta sur le bureau un de ses ouvrages où la piété
et la pudeur étaient tellement offensées que les
plus sages se déclarèrent contre lui, furetiêre,
Factums, t. i, p. 4 82. J l'égard des élections du
prince et des magistrats [dans une république], il
y a deux voies pour y procéder, savoir le choix et
le sort, j. j. Rouss. Contr. iv, 3. Si vous me promet-
tiez de tenir votre langue, je vous conterais.... nos
élections, comment tout cela s'est passé, p. l. Cou-
rier, 2' /cH. porftcuh'ère. Il Élection directe, celle
qui confère immédiatement les fonctions. Élection
indirecte, celle qui désigne d'autres électeurs qui
doivent eux-mêmes faire le choix. |1 Action de choi-
sir. Autoriser l'élection du peuple, vaugel. Q. C.
liv. X, ch. 7, dans bichelet. || 2° Terme mystique.
Choix fait par Dieu lui-même. L'élévation de ces
deux grands rois [David et Salomon] et de la famille
royale fut l'effet d'une élection particulière; David
célèbre lui-même la merveille de cette élection par
ces paroles : Dieu a choisi les princes dans la tribu
de Juda, BOSS. Hist. 11, 4. || L'élection du peuple
juif, le choix que Dieu fit de cette nation pour lui
donner sa loi. || Vase ou instrument d'élection,
créature dont Dieu fait choix pour l'accomplisse-
ment de ses desseins et qu'il prédestine à la gloire
éternelle. Je la regarde comme un vase d'élection,
SÉV. 450. Il 3° Terme de philosophie. Faculté qui
permet de faire un choix entre des détermina-
tions. J'ai une conviction intime que je puis vou-
loir et ne vouloir pas; qu'il y a en moi une élec-
tion, FÉN. Exist. ee. Des machines [les animaux]
qui aiment, qui ont une élection pour quelqu'un I
SÉV. 4 27. De toute élection mon âme est dépourvue,
RÉGNIER, Sat. VII. 114° Choix personnel qui résulte
de la volonté. Quand je lui vouai mon service, Fail-
lis-je en mon élection? malh. v, 23. Le désir que
nous avons que le monde croie que toutes nos élec-
tions sont bonnes, apporte de la nécessité à une ac-
tion qui était volontaire auparavant, balz. 7" dise,
sur la cour. Et vient sacrifier à votre élection
[que vous ferez d'un de nous] Toute notre espé-
rance et notre ambition, cobn. liodog.ui, 4. || Peu
usité en ce sens. |{ 5° Terme de droit. Élection de
domicile, action d'assigner un lieu où les actes de
justice puissent être signifiés. Faire élection de do-
micile. Il 6° Terme de médecine. Choix que l'on fait
d'un temps, d'un lieu, d'un procédé pour adminis-
trer un métiicament ou pratiquer une opération.
Temps d'élection et lieu d'élection sont opposés h
temps et lieu de nécessité. |{ 7" Anciennement. Nom
des tribunaux où l'on jugeait en première instance
tout ce qui avait rapport aux tailles, aux aides et aux
gabelles. || Certaine étendue de pays comprenant
plusieurs paroisses qui payaient taille et sur les-
quelles les élus exerçaient leur juridiction. Ce n'est
qu'une charge de campagne, à la vérité, et dans une
élection d'une très-petite ville du côté d'Étampes,
uancourt, F(le de village, 11, 4. || 8° Terme de
féodalité. Clause d'élection d'ami, clause par laquelle
l'acquéreur d'un immeuble se réservait la faculté de
le rétrocéder à un ami.
— REM. Élection se prend au sens actif et au sens
passif ; l'élection du peuple, c'est l'élection faite par
le peuple; l'élection d'un député, c'est l'élection qui
est faite de ce député.
— HIST. xn' s. L'huime [huitième] [troupe] fut
faite par droite élection, nonc. p. 4 33. Car quant
Diex fist de vous élection Et signer de sa vengeance.
Bien [vous] deUssiez monstrer vostre puissance,
QUESNES, Romane, p. 100. Li clerc sunt serjant Deu
e de s'electiun, Th.lemart. 30. || xiii's. Ensi furent
esleus li douze, et fu jors pris pour l'esleotion,
viLLEii. cix. Et s'assamblerent li baron dou [du]
roiaume, et fisent [firent] roi par élection, Chr. de
Itains, p. 48. [Que Dieu] vos face demostrance de
roi à son plaisir et à sa volonté, en tel manière que
li pueples voie et conoisse que par s'eslection sera
rois et sanz esleclion d'autrui, Merlin, {' 7( , rec(o.
Il XIV' s. Le temps de faire incisions est double : est
assavoir le temps d'eslection et le temps de néces-
sité, H. DE MONDEViLLE, f° 4 00. Et avcc Ce elle est
commune en toutes choses où il chiet [échoit] élec-
tion, OBESME, Eth. 39. Bien estoient Anglois en
icelle saison Quatre mil voire plus, tout gentd'elec-
cion, Guescl. 4 84 4 8-4 8)34. || xv s. Huit mille ar-
mures de fer, et trente mille hommes armés, en-
voyés par l'élection des bonnes villes à leurs gages,
chacune bonne ville pour sa rate [en latin pro rata
farte, quote-part], froiss. i, i, 35. || xvi" s. L'homme
ne seroit point animal raisonnable s'il n'avoit élec-
tion du bien et du mal, calv. Inst. 4 34. Leur élec-
tion à choisir n'est pas tellement libre, que Dieu
ne domine pas dessus, lo. ib. 328. Patience et con-
tinence sont habitudes aptes et idoines à suivre
l'élection de la raison, amyot. De la vertu morale.
Tu as fait malheureuse élection d'amis aussi bien
que d'ennemis, id. Pyrrhus, 44.
— ÉTYM. Provenç. electio; espAgn. eleccion; ital.
elezione; du latin electionem (voy. électeur).
t ÉLECTIVITÉ (é-lè-kti-vi-té), *. f. Qualité d'un
magistrat électif.
— ÉTYM. Électif.
ÉLECTORAL, ALE (é-lè-kto-ral , ra-l'), adj.
Il i' Qui est relatif au droit d'élire, aux élections.
Cens électoral. Loi électorale. Collèges électoraux,
les assemblées d'hommes censitaires qui, sous la
régime de la charte de 4 814 et de celle de 4 830,
avaient le droit d'élire les députés. || Réunion électo-
rale, assemblée d'électeurs qui se fait pour discuter
les titres des candidats. || Droit électoral, les droits
des électeurs. Manuel du droit électoral. || 2° Altesse
électorale, titre des électeurs de l'empire d'Allemagne.
— ÉTYM. Électeur.
ÉLECTORAT (é-lè-kto-ra; le t ne se lie pas), s. m.
Il 1° Dignité des princes électeurs de l'empire. || Ter-
ritoire soumis à un électeur. || 2° Droit d'élire, de
contribuer à l'élection de députés.
— ÉTYM. Électeur.
t ÉLECTRAGOGUE (é-lèk-tra-go-gh'), adj. Qui
suscite l'électricité. La chaleur est électragogue
dans la tourmaline.
— ÉTYM. 'HXsxTpov (voy. électbum), et&fwyb;,
qui conduit.
ÉLECTRICE (é-lèk-tri-s') , s. f. Voy. électeur.
t ÉLECTRICIEN (é-lèk-tri-siin) , s. m. || 1° Mot
fort employé dans le siècle dernier, signifiant tous
ceux qui s'occupaient de l'électricité , non-seulemen t
pour les applications, mais pour les expériences.
Henley, Lane, Cavallo, Bennet, sont des électriciens
du xviil' siècle, qui ont donné leurs noms aux élec-
tromètres qu'ils ont inventés. || 2" Aujourd'hui, celui
qui s'occupe des applications de l'électricité, et,
en particulier, ingénieur chargé d'établir et d'en-
tretenir un télégraphe électrique. Les électriciens
anglais se proposent en ce moment un double
problème : mettre le télégraphe à la portée de cha-
cun, et relier avec l'Angleterre les points les plus
éloignés du monde, w. Gilbert, Presse scientifique ,
1864, t. m, p. 74 4. Il Adj. Ingénieur électricien.
— ÉTYM. Voy. électrique.
fÉLECTRlCISME (é-lék-tri-si-sm'), s. m. Terme
de physique. L'ensemble des phénomènesde l'électri-
cité. Peu usité et indigne de l'être ; car ce mot , d'après
sa formation, n'a pas le sens qu'on lui attribue.
— ÉTYM. Éleclrum.
ÉLECTRICITÉ (é-lèk-tri-si-té), s. f. || 1" Terme de
physique. Propriété qui se manifeste à la surface de
certains corps frottés, chauffés ou comprimés, el
qui consiste en ce que ces corps attirent d'autrei
I ~ T66
1^22
ÊI.É
cor™, les repoussent ensuite et produisent des étin-
celles. En examinant les effets d'un coup de ton-
nerre qui avait frappé un sonneur, M. Duhamel
saisit une analogie si forte entre ces effets et les
phénomènes de l'électricité, qu'il ne put s'empêcher
de reconnaître l'identité de leur cause, condobcet,
Duhamel. || Électricité statique, électricité dévelop-
pée à la surface des corps. Électricité dynamique
ou en mouvement, celle qui passe d'un pôle de la
pile à l'autre. Electricité vitr6o ou positive, électri-
cité résineuse ou négative, noms donnés aux deux
électricités contraires, les premiers d'après l'hypo-
thèse de Dufay, qui croyait que le verre et les ré-
sines produisaient respectivement ces deux électrici-
tés; les derniers d'après les hypothèses de Franklin
et d'^pinus, qui croyaient que l'une était surabon-
dante, et que l'autre était en moins. Électricités de
même nom, celles qui portent le même nom, c'est-
à-dire le nom de vitrées ou de résineuses; elles se
repoussent. Électricités contraires ou de nom con-
traire, celles qui ne portent pas le même nom; elles
s'attirent. Quand un nuage orageux dont l'électricité
est, comme on dit, positive, se porte subitement
vers la terre ou vers les corps placés à la surface,
dont l'électricité est négative, la foudre s'élance sur
la terre, et l'on dit que le tonnerre tombe, bonnet,
Contempl.mt. B* part. ch. <S. || Électricité médi-
cale, se dit quelquefois de l'application de l'électri-
cité au traitement de certaines maladies. || Nom
donné au fluide hypothétique auquel on attribue la
production des phénomènes électriques. || 2° Fig.
État moral comparé à la tension électrique. Si la
philosophie ne s'est pas montrée toute-puissante à
cet égard [pour exciter la vie publique] en Allema-
gne, il ne faut pas pour cela la dédaigner; elle
soutient, elle éclaire chaque homme en particulier;
mais le gouvernement seul peut exciter cette élec-
tricité morale qui fait éprouver le même sentiment
à tous, STAËL, AUem.ni, u.
— ÈTYM. Électrique.
f ÉLECTRIQUE (é-lèk-tri-k') , adj. || 1° Terme de
physique. Oui a rapport à l'électricité, qui la déve-
loppe ou en provient. Machine, batterie électrique.
Courant, étincelle électrique. || Force électrique, la
cause inconnue des phénomènes de l'électricité.
Il Fluide électrique, fluide impondérable que l'on
suppose produire les phénomènes de l'électricité.
Il Tension électrique, quantité plus ou moins consi-
dérable d'électricité accumulée à une surface. || Ba-
lance électrique, appareil imaginé par Coulomb pour
mesurer l'intensité des attractions et répulsions élec-
triques. Il Etincelle électrique, bluette qui se dé-
gage d'un conducteur quand on lui présente une
substance conductrice. || Aigrette électrique, jet de
lumière s'élançant d'une pointe placée sur le con-
ducteur d'une machine électrique en mouvement.
Il Atmosphère électrique, distance la plus longue à
laquelle les corps électriques manifestent leur in-
fluence. Il Courant électrique, développement con-
tinu d'électricité suivant le fil métallique qui joint
les deux pôles d'une pile. || Secousse ou commotion
électrique, secousse plus ou moins douloureuse don-
née par l'électricité. || Frictions électriques, manière
d'administrer l'électricité, qui consiste à promener,
à une très-petite distance de la surface du corps
couverte d'une flanelle, un conducteur électrique
terminé par une boule d'un volume médiocre. || Bain
électrique, bain d'électricité qui s'administre en
isolant le patient et en le mettant en communica-
tion avec le conducteur d'une machine. || Animaux
électriques, ceux qui développent à volonté des
phénomènes électriques, la torpille, par exemple.
Il Télégraphe électrique, voy. télégraphe. || Lu-
mière électrique, lumière produite par l'électricité
et qu'on emploie en certaines circonstances pour
éclairage. Il 2° Fig. Qui excite, comme fait l'électricité.
Impression électrique. Eloquence électrique.
— ÉTYM. 'HXexTpov,succin ou ambre jaune. Dès
le temps de Thaïes (600 ans avant notre ère), on
avait reconnu que le succin frotté attirait et repous-
suitdes brinsde paille, de légères parcelles; et plus
*.ar(l on a nommé force électrique toutes les actions
analogues à celles de l'ambre jaune.
t Él.ECTRISABLE (é-lèk-tri-za-bl"), adj. Terme de
physique. Qui est susceptible d'acquérir les propriétés
électriques. || Fig. Susceptible d'être enthousiasmé.
— Etym. Éleclriser.
\ «LECTRISANT, ANTE (é-lèk-tri-zan, lan-t') ,
ad;. Terme de physique. Qui élcctrise. || Fig. Qui
ony)orto et entraîne. Paroles électrisantes.
ELECTRiSATlON (é-lèk-tri-za-sion) , s.f. H l'Ac-
tion délectnser; état d'un corps électrisé. jj 2" Ap-
plication de l'électricité, quelle qu'en soit la source.
par opposition à galvanisation, qui est l'emploi de
l'électricité de contact. || Electrisation localisée, mé-
thode d'électrisation qui consiste àlimiter la puissance
électrique dans chacun des organes, sans piquer ni
inciser la peau. || Electrisation statique, application
médicale de l'électricité des machines à firoltement.
— ÉTYM. Éleclriser.
ÉLECTRISÉ, ÉE (é-lèk-tri-zé, zée), part, passé.
Rendu électrique. Un corps électrisé. || Fig. Electrisé
par ces paroles.
ÉLECTRISER (é-lèk-tri-zé) , V. a. || 1* Mettre en
évidence, exciter la propriété électrique des corps
parle frottement, le contact, la chaleur ou la com-
pression. Il Éleclriser quelqu'un, une compagnie,
leur donner la commotion électrique au moyen de
la bouteille de Leyde. || 2° Fig. Faire sur l'esprit
une impression vive qui l'exalte. Son exemple les
électrisa. Ce beau ciel, ces Romains si enthou-
siastes, et par-dessus tout Corinne, électrisaient
l'imagination d'Oswald, stael. Cor. ii, 4. Combien
de fois auprès de la plus belle. Dans vos banquets
j'ai présidé chez vous! Là de mon cœur jaillis-
sait l'étincelle Dont la galté vous électrisait tous,
BÉRkiiO. Mon carnaval. \\ 3° S'électriser, v. réfl. De-
venir électrique. Certains corps s'électrisent par le
frottement. || Fig. S'enthousiasmer.
— ÉTYM. Voy. ÉLECTRIQUE.
t ÉLECTRISEUR (é-lèk-tri-zeur), s. m. Terme de
physique. Celui qui électrisé. || Médecin qui emploie
l'électricité comme moyen ouratif.
— ÉTYM. Éleclriser.
t ÉLECTRO.... signifie électricité, et vient à'elec-
trum, succin (voy. électrique).
t ÉLECTRO-AIMANT (é-lèk-tro-è-man) , i. m.
Terme de physique. Fer doux transformé en aimant
au moyen d'un courant électrique. || Cylindre de fer
doux, recourbé en fer à cheval, autour duquel est en-
roulé un fil de cuivre conducteur recouvert de soie.
— ÉTYM. Électro.... et aimant.
f ÉLECTRO-CHIMIE (é-lèk-tro-chi-mie), «. f. En-
semble de phénomènes chimiques dus à des in-
fluences électriques. Il Systèmedechimie dans lequel
la théorie des phénomènes chimiques repose sur
l'application connue des lois de l'électricité.
— ÉTYM. Électro.... et chimie.
•j- ÉLECTRO-CHIMIQUE (é-lèk-tro-chi-mi-k'), adj.
Qui a rapport à l'électro-chimie.
f ÉLECTRODE (é-lèk-tro-d') , s. f. Terme de phy-
sique. Nom donné aux corps sur lesquels s'effectue
la décomposition chimique par la pile. L'électrode
positive. L'électrode négative.
— ÉTYM. Électro.... el 654;, chemin, voie.
t ÉLECTRO-DYNAMIQUE (é-lèk-tro-di-na-mi-k"),
adj. Il 1° Terme de physique. Qui a la propriété de
donner lieu à un courant électrique. Qui est pro-
duit par un courant électrique. Phénomènes électro-
dynamiques. Il 2° S./'. Partie de la physique qui traite
de l'action réciproquedes courants électriques les uns
sur les autres, et de celle des courants sur les aimants.
— ÉTYM. Electro.... et dynamique.
t ÉLECTRO-DYNAMISME ( é-lèk-tro-di-na-mi-
sm'), s. m. Terme de physique. Ensemble des effets
produits par l'électricité en mouvement.
— ÉTYM. Électro.... et dynamisme.
+ ÉLECTRO-GALVANIQUE (é- lèk - tro - gai - va-
ni-k') , adj. Terme de physique. Qui a rapport à la
pile vollaîque, à ses effets.
— ÉTYM. Électro.... et gahaniquê.
t ÉLECTRO-GALVANISME (é-lèk-tro - gal-va-
ni-sm'), s. m. Terme de physique. Ensemble des
phénomènes électro-galvaniques.
— ÉTYM. Électro.... et galvanisme.
t ÉLECTROOÈNE (é-lèk-»ro-jè-n'), adj. Qui pro-
duit l'électricité. Appareil éleotrogène des poissons ,
leur appareil électrique.
— ÉTYM. Électro, et gène pris improprement,
dans le langage didactique, pour qui engendre,
YEv?)ç voulant dire qui est engendré.
t ÉLECTROGÉNËSE (é-lèk-tro-jé-nè-z') ou ÊLEC-
TROGÉME (é-lèk-lro-jé-nie) , s. f. Production d'é-
lectricité par les tissus vivants.
— ÉTYM. Électrngène.
t ÉLECTROGRAPHE (é-lèk-tro-gra-r), *. m. Au-
teur qui écrit sur l'électricité.
— ÉTYM. Électro.... et fpi?"v, écrire.
t ÊLECTROLOGIE (é-lèk-tro-Io-jie), s. f. Traité
sur le succin. || Traité sur l'électricité; la partie de
la physique qui traite de l'électricité.
— ÉTYM. Électro.... et XéYoç, traité.
t ÉLECTROLYSABLE ( é-lèk-tro-li-za-bl" ) , adj.
Terme de physique. Qui e.st susceptible d'être élec-
trolysé.
— fiTYM. Éleetrolyser.
ELE
] ÉLECTBOLYSATION (é-lèk-tro-li-za-sion), s. /
Terme de physique. Action d'électrolyser.
— ÉTYM. Éleetrolyser.
+ ÉLECTROLYSE (é-lèk-tro-li-z") , ». f. Décom-
position par les courants électriques.
— ÉTYM. Électro.... et Wui;, dissolution.
t ÉLECTROLYSER (é-lèk-tro-li-zé) , t). o. Terme
de physique. Décomposer ou analyser un corp» au
moyen des courants électriques.
— ÉTYM. Électrolyse.
t ÉLECTROLYTE (é-lèk-tro-li-f) , I. m. Terme de
physique. Corps dont les éléments sont mis à nu par
la décomposition électro-chimique.
— ÉTYM. ÉlectYo.... et >\)Tè;, dissous.
t ÉLECTROLYTIQUE (é-lèk-tro- l|-ti-k'), adj.
Terme de physique. Qui a le caractère d'un électro-
lyte. Il Qui se fait par élactrolyse. Décomposition
électrolytique.
— ÉTYM. Électrolyte.
t ÉLECTRO-MAGNÉTIQUE (é-lèk-tro-ma-gné-
ti-k'), adj. Terme de physique. Qui a rapport à
l'électro-magnétisme.
— ÉTYM. Électro.... et magnétique.
t ÉLECTRO-MAGNÉTISME (é-lèk-tro-ma-gné-
ti-sm'), s. m. Terme de physique. Ensemble des
phénomènes qui résultent de l'action mutuelle de
corps électrisés et d'aimants.
— ÉTYM. Électro.... et magnétisme.
ÉLECTROMËÏRE (é-lèk-tro-mè-tr'), t. m. Terme
de physique. Instruments qui servent soit à mesu-
rer l'intensité électrique développée à la surface d'un
corps, soit à faire connaître la nature de l'électricité
dont un corps est chargé. L'électricité agit sur les
corps avec une force susceptible d'être assujettie au
calcul; et, pour analyser les phénomènes électri-
ques, il était intéressant de mesurer cette force; il
fallait donc chercher un électromètre, condobcet,
d'Àrci.
— ÉTYM. Électro.... et mè(r<!, mesure.
t ÉLECTROMÉTRIE ( é-lèk-tro-mê-trie) , s. f.
Terme de physique. Partie de la physique qui a
pour objet la mesure de l'inteneité électrique.
— ÉTYM. Électromètre.
t ÉLECTROMÉTRIQUE (é-lèk-tro-mé-tri-k'), arfj.
Qui a rapport à l'électrométrie.
t ÉLECTROMOTEUR, TRICE (é-Ièk-tro-mo-teur,
tri-s'), adj. Terme de physique. Qui produit ou dé-
veloppe de l'électricité. Appareil éleotromoteur.
Il Force électromotrice, force qui , s'eierçant entre
les substances hétérogènes aux surfaces de contact,
produit la décomposition des électricités natutelles.
Il S. m. Appareil propre à développer l'électricité par
le simple contact de corps de différente nature.
— ÉTYM. J^/ccIro.... et moteur.
t ÉLECTRO-NÉGATIF, IVE (é-lèk-tro-né-ga-tif,
ti-v'), adj. Terme de physique. Qui se porte au pôle
positif de la pile voltaique, par exemple l'oxygène
et les acides.
— ÉTYM. Électro.... et négatif.
ÉLECTROPHORE (é-lèk-tro-fo-r'), ». m. Terme
de physique. Instrument à la surface duquel on
développe la propriété électrique afin de la commu-
niquer à d'autres corps. En ce sens général , mais
peu usité, les machines électriques sont des électro-
phores. || Dans un sens restreint qui est seul usité,
gâteau de résine sur lequel on développe l'électricité
par le frottement. Cette électricité en attire une de
nom contraire dans un plateau métallique tenu par
un manche isolant, que l'on appuie sur l'électro-
phore.
— ÉTYM. Électro.... et copie, qui porte.
t ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUE ( é-lèk-tro-fI-zi-0-
lo-gi-k') , adj. Terme didactique. Qui se rapporte
aux actions de l'électricité sur les corps vivants.
Mécanisme de la physionomie humaine ou analyse
électro-physiologique de ses différents modes d'ex-
pression, Di'CHEN.NK, Acad. des se. t. Lin, p. <2a).
— ÉTYM. Électro.... et physiologique.
t ÉLECTRO-POLAIRE (é-lèk-tro-po-lê-r'), adj.
Conducteur électro-polaire, conducteur tel qu'un
bout (ou surf.ice) est négatif et l'autre positif; c«
qui arrive quand l'électricité est induite.
— ÉTYM. Électro.... et polaire.
t ÉLECTRO-POSITIF, IVE (é-lèk-tro-po-zi-tif,
ti-v') , adj. Terme de physique. Qui se porte au pflls
négatif de la pile voltaique; telles sont les base»
salifiables.
— ÉTYM. Électro.... et positif.
t ÉLECTRO-PUNCTURE (é-lèk-tro-pon-ktu-r"),
». f. Terme de médecine. Combinaison de l'élecui-
cité et de l'acupuncture, employée dans le traite-
ment de quelques maladies.
— ÉTYM. Kleetro.... et le Minpunelura, piqûre.
ÉLÉ
t Ëf,ECTROSCOPE (é-lèk-tro-sko-p'), s. m. Terme
de physique. Instrument propre à manifester la
présence de l'électricité et son espèce.
— ÊTYM. Électro.... etoxoTCeîv, examiner.
t ÉLECTHOSCOPIE (é-lèk-tro-sko-pie), s. f. Re-
cherche de la présence de l'électricité.
t ÉLECTRO-STATIQUE (é-lèk-tro-sta-ti-k') , ad).
Terme de physique. Qui est le résultat de l'électri-
cité non voltaîquB ; se dit par opposition à électro-
dynamique.
— ÉTYM. Électro.... et statique.
t ÉLECTRO-TUÉRAPEUTIQUE (é-lék-tro-té-ra-
Iieu-ti-k'), adj. Qui a rapport à l'électro-thérapio.
Il S. f. Synonyme d'électro-thérapie.
t ÉLECTRO-THÉRAPIE (é-lèk-tro-té-ra-pie), s.
f. Emploi de l'électricité comme moyen thérapeu-
tique.
— ÉTYM. Électro.... et thérapie.
t ÉLECTROTYPE (é-lèk-tro-ti-p') , s. m. Appareil
d'électrotypie.
— ÉTYM. Électro.... et type.
t ÉLECTROTYPIE (é-lèk-tro-ti-pie) , s. f. Art
par lequel on recouvre d'une couche métallique,
par voie électro-chimique, les clichés et autres ob-
jets destinés à transporter leurs empreintes sur
d'autres corps.
— ÊTYM. Éleclrotype.
t ÉLECTRO- VIT AL, ALE (é-lèk-tro-Ti-tal, ta-1'),
adj. Qui, se manifestant dans l'économie animale,
par suite des actes vitaux, est de nature électrique.
Les phénomènes électro-vitaux.
— ÉTYM. Électro.... et vital.
t ÉLECTRO-VITALISME (é-làk-tro-vi-ta-li-sm") ,
». m. Terme de physiologie. Système erroné dans
lequel les actes de l'organisme sont expliqués par
l'électricité comme cause, ou du moins par un
fluide vital analogue au fluide électrique.
— ÉTYM. Électro.... et vitalisme.
t ÉLECTRUM (é-lèk-trom'), s. m. Terme d'anti-
quité. Alliage d'or et d'argent qui était dans une
estime singulière.
— ÉTYM. Lat. electrum, de ii>,exTpov, alliage mé-
tallique, et succin. C'est de electrum, au sens de
succin, que l'électricité a reçu le nom qu'elle porte.
ÉLECTUAIRE (é-lè-ktu-ê'-r'), s. m. Terme de
pharmacie. Médicament fait de poudres composées
et aussi de pulpes et d'extraits, avec des sirops à
base de sucre ou de miel. L'électuaire porte le nom
d'opiat quand il y entre de l'opium.
— HIST. xm' s. Uns lettuaires [elle] vous dunrat
[donnera], E tous beivres [boissons] vous baillerat,
MARIE, Deux amants, \\xiw' s. S'il reviennent do
Montpelier, Leur lectuaire sont moût cher, du
CANGE, electuarium. \\xyi' s Choses aroma-
tiques comme electuaires, conserves, opiates, pou-
dres, PARÉ, V, <6. Si je voulais composer un elec-
toire ou médecine de pierreries, palissy, 283.
— ÉTYM. Provenç. elecluari, lectuari, ïectoari ;
espagn. electuario; ital. elletuario; du latin elec-
tuarium, corrompu de i%Xci'(\uxiâfioy, de SxXEiyfia
(voy. eolegmé).
t ÉLEK-D'EAD (é-lèf-dfl) , s. m. Ancien terme de
mer qui signifie le flux ou mer montante.
— ÉTYM. Elef ou eslef est une forme d'élever
(voy. ce mot à l'kist^irique, xii* siècle), le v final se
changeant en f.
ÉLÉGAMMENT (é-lé-ga-man) , adv. Avec élé-
gance. Il est élégamment vêtu. Je sais bien que
Votre Majesté n'a que faire de toutes nos dédicaces,
et que ces prétendus devoirs dont on lui dit élé-
gamment qu'on s'acquitte envers elle , sont des hom-
mages , à dir» vrai , dont elle nous dispenserait très-
volontiers, MOL. Critique à la reine mère. Ah !
voilà parler d'amour bien élégamment, repartit Col-
lantine, ce langage me plaît, furetière, Roman
bourg, liv. ii, p. 245.
— HIST. XYi' s. Comme à celuy qui sauroit mieulx
en composer une histoire entière et la coucher plus
élégamment par escrit, auyot, Lucull. 2. L'office
de l'orateur est de chacune chose proposée élégam-
ment et copieusement parler, du bellay, i, 8, recto.
— ÉTYM. Élégant, et le suffixe ment.
ÉLÉGANCE (é-lé-gan-s'), s. f. \\ 1° Qualité de ce
qui est d'élite, de distinction dans la parure, dans
les manières, dans la taille, etc. L'élégance de la
toilette, des ameublements. Toutes les formes dif-
férentes que les viandes prennent avant de devenir
un mets exquis et d'arriver à cette propreté et cette
élégance qui charme vos yeux, iarruy. vi. La ri-
chesse partout à l'élégance unie, lemehc. /. Shore,
i, 2. Il 2° Distinction dans le langage et le style
qui, sans affectation ni recherche, résulte de la
justesse et de l'agrément. Vous parlerai-/ ie ces
ELfi
audiences où elle recevait les ambassadeurs, entrant
dans les intérêts de chacun, et parlant à chacun sa
langue, accompagnant les honneurs qu'elle leur
faisait d'un air de grandeur et d'intelligence, et
joignant toujours à l'élégance du discours les grâces
de la modestie? fléciiier, Dauphine. || Au plur.
Les élégances, sortes de phrases ou de tournures
toutes faites recommandées pour leur caractère de
distinction. Notre langue fait consister la plupart
de ses élégances dans les suppressions ; il ne faut
pas tout mettre et tout exprimer; il faut laisser agir
l'esprit, VAUGEL. Nouv. rem. oiserv. de M.... p.<03,
dans POUGENS. Il Dans le langage des classes, élé-
gances, bonnes expressions; ne se dit guère que
pour le latin. Les écoliers se servent des épithètes de
Textor et des élégances poétiques pour faire leurs
vers, FUHETiÈiiE, Uoman bourg, liv. ii, p. 247.
Il 3° Terme de peinture. Agrément dans les formes.
Il 4° Terme de mathématique. Se dit de calculs ou
de constructions qui sont à la fois simples et ingé-
nieuses. L'élégance du système des poids et me-
sures des Egyptiens tirant de la coudée une lon-
gueur qui, cubée, donnait la mesure de capacité,
laquelle ensuite, remplie d'eau, donnait le poids,
SAiGET , Métrologie.
— HIST. xvr s. La sumptuosité, propreté et élé-
gance du service de sa maison, amyot, Anton. 32.
Ceux qui ont donné beaucoup à la grâce et à l'ele-
gance du langage, mont, u, i38.
— ÉTYM. Lat. elegantia, i'elegans, élégant.
ÉLÉGANT, ANTE (é-lé-gan , gan-t') , adj. || 1° Qui
a de l'élégance. Costume élégant. Taille élégante. Une
élégante tournure. Auteur élégant. Style élégant.
Imitons de Marot l'élégant badinage, boil. Art
poét. 1. 0 malheureux l'auteur dont la plume élé-
gante Se montre encor du gotit sage et fidèle
amante! GiLBERT,XV///««ècfe.Suisces fameux rem-
parts et ces berceaux antiques. Où, tant qu'un beau
soleil éclaire de beaux jours. Mille chars élégants
promènent les amours, A. chén. Épit. m. || Formes
élégantes se dit, dans les beaux-arts, des figures
qui ont de la distinction. On ne parlait que de son
accueil [Calonne arrivé depuis peu au ministère] et
des charmes de son langage; ce fut pour peindre
son caractère qu'on emprunta des arts l'expression
de formes élégantes, marmontel, Mém. xii. || Terme
de mathématique. Qui est à la fois simple et ingé-
nieux. Solution élégante d'un problème. Construction
élégante. || 2'" Substantivement. Personne élégante
dans son costume et dans ses manières. C'est un
de nos élégants, une de nos élégantes.
— HIST. XV" s. [Les femmes ont] Mains ravis-
santes, Rifflantes, Puis tournant le dos. Ainsi qu'en
fables élégantes Virgile les harpies volantes Descript
au tiers d'yEneidos, guill. d'alexis. Blason des
faulses amours, dans palsgrave, p. 783. ||xvi's.
Toutefois il y en a qui jugent par ses commentaires
qu'il estoit plus élégant en son parler, et plus élo-
quent qu'il ne semble à aucuns, amyot, Arat. 3.
— ÉTYM. Lat. elegans ou eliyans, que les étymo-
logistes latins tirent de eiigere, choisir.
-[ ÉLÉGIAMBIQUE (é-lé-ji-an-bi-k'), adj. Terme
de métriijue ancienne. Vers élégiambique , vers
composé du second hémistiche de l'élégiaque et d'un
ïambique dimètre.
ÉLÉGIAQUE(é-lé-ji-a-k'), adj. || 1° Qui appartient
à l'élégie. Le genre élégiaque. Poète élégiaque,
poète qui a composé des élégies. || 2" Vers élégiaques,
c'étaient, chez les anciens, des vers hexamètres et
pentamètres disposés alternativement. || 8° Chez
nous c'est toujours dans le sens de mélancolique
que ce mot est pris, à moins qu'il ne s'agisse des
anciens. Des vers élégiaques. || Par ironie ou par
moquerie, mélancolique, qui cherche à se faire
plaindre. Annoncez-moi un peu de bonheur, dit-il
avec un accent élégiaque, j'en ai besoin, ch.de
BERNARD, Un Ilûmme sérieux, § xvin. || 4° S. m.
Un élégiaque, un poète élégiaque
— ÉTYM. Élégie.
ÉLÉGIE (é-lé-jie), s. f. || 1° Chez les Grecs et
les Latins, pièce de vers dont le caractère essentiel
fut d'être composée d'hexamètres et de pentamè-
tres. Il 2° Aujourd'hui, petit poème dont le sujet
est triste ou tendre. Composer une élégie. La plain-
tive élégie en longs habits de deuil Sait les che-
veux épars gémir sur un cercueil; Elle plaint des
amants la joie et la tristesse. Flatte, menace, ir-
rite, apaise une maltresse; Mais, pour bien expli-
quer ses caprices heureux, C'est peu d'être poète,
il faut être amoureux, boil. Art poét. n. Mais la
tendre élégie et sa grâce touchante M'ont séduit;
l'élégie à la voix gémissante, Au ris mêlé de pleurs,
aux longs cheveux épars, Belle, levant au ciel ses
ÉLÈ
iS'l'à
humides regards, a. chénieb, Élég. 32. |' 3» Terme
de musique ancienne. Sorte de nome pour les flûtes.
Il 4° Terme de botanique. Plante du Cap (elegia).
— HIST. xvi- s. Mais d'avantage, Lazare de Baïf
a donné à nostre langue le nom d'epigrammes et
d'elegies, aveq ce beau nom composé aigredoux, à
fin qu'on n'attribue l'honneur de ces choses k quel-
qu'autre, du bellay, i, 39, verso. Nous contasmes
nos adventures à Pantagruel, qui en fit quelques
élégies par passe temps, rab. Pant.y, 17.
— ÉTYM. 'E),eYeîa, de iXt^ai;, plainte, gémisse-
ment.
t ÉLÉGIOGRAPUE (é-lé-ji-o-gra-f), s. m. Auteur
d'élégies.
— ÉTYM. Élégie, et -fpâçsiv, écrire.
t ÉLÉGIR (é-lé-jir), v. a. Terme de construc-
tion. Diminuer l'épaisseur d'une pièce de bois en y
poussant des moulures.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et léger.
t ÉLÉGISSEMENT (é-lé-ji-se-man), t. m. Action
d'élégir.
— - ÉTYM. Élégir.
ÉLÉMENT (é-lé-man; le t se lie : un é-lé-man-t-
inaperçu; au pluriel, Vs se lie : des é-lé-man-z-in-
aperçus) , s. m. (1 1° Terme des doctrines physiques
des anciens. Nom donné à la terre, à l'eau, à l'air
et au feu, considérés comme constituant l'univers,
et appelés les quatre éléments. Êlie aux éléments par-
lant en souverain, ^kc.Athal.i, (.Venait- il renver-
ser l'ordre des éléments? id. ib. i, 4. Je ne pense
pas.... que les éléments paraissent confondus Pour
qu'un mortel ici respire un jour de plus, volt.
Mort de César, m, 6. Napoléon s'était éveillé à la
double clarté du jour et des flammes; dans son pre-
mier mouvement, il s'irrita et voulut commander à
cet élément; mais bientôt il fléchit.... ségur, Uitt.
de Nap. viii, 6. || Terme poétique. Le liquide élé-
ment, la mer. || Au plur. Les éléments, l'ensemble
des conditions de saison, de sol, d'atmosphère et de
mer. L'armée avait les éléments à combattre. Au
milieu de ce terrible orage d'hommes et d'éléments
qui s'amasse autour de lui , ségur, Ilist. de Nap. vui,
n.|12° Terme de chimie. Corps simple, substance
indécomposée et regardée provisoirementcomme in-
décomposable. On comptait il y a peu de temps cin-
quante-six éléments ; mais depuis on en a découvert
quelques autres; et le compte n'en est jamais défi-
nitivement arrêté. Il II se dit aussi des composés qui
forment une combinaison nouvelle. L'acide nitrique
et la potasse sont les éléments du salpêtre. [| 3° Par
extension, tout ce qui entre dans la composition d'une
autre chose et sert à la former. Les mots sont les
éléments du discours. La famille est l'élément de la
société. Des éléments de prospérité. Dans toutes les
affaires de ce monde, le temps est un élément né-
cessaire. Il Terme de physique. Nom donné aux cou-
ples de plaques de zinc et de cuivre, soudées par
toute leur surface, dont on se sert pour construire les
piles voltaïques dites à auges. || Terme d'anatomie.
Éléments organiques, nom donné aux dernières
parties auxquelles on puisse, par l'analyse anato-
mique, c'est-à-dire sans décomposition chimique,
ramener les tissus et les humeurs. || Terme de pa-
thologie. Éléments d'une maladie, les divers phé-
nomènes constants ou pathognomoniques qui la
composent. || Terme de grammaire. Élément voyelle,
élément consonne, celles des lettres qui entrent dans
le radical d'un mot. || Terme de géométrie. Éléments
d'une ligne, d'une surface, d'un solide, parties in-
finiment petites dont on peut supposer que la ligne,
la surface ou le solide sont formés. || Éléments astro-
nomiques, ceux qui sont relatifs au mouvement de
l'astre, à la nature et aux dimensions de sa trajec-
toire, à la position qu'il doit occuper sur cette ligne
lors d'un instant donné, aux perturbations enfin que
ce mouvement peut subir par suite des actions et ré-
actions mutuelles des autres corps célestes, du soleil,
et des planètes, par exemple. Le jour, que tout nous
autorise à regarder comme l'un des éléments les
plus constants du système du monde, laplace,
Expos. IV, 14. Il 4» Terme de musique. Éléments
musicaux, l'ensemble de toutes les notes. || Élé-
ment métrique, partie de la mesure qui résulte
de la division du temps en deux ou trois notes de
même valeur. || B" Le milieu dans lequel vit un ani-
mal. L'élément du poisson, c'est l'eau. || Fig. Étra
dans son élément, se trouver là où l'on se plaît
le mieux. Quant à nous, étant où vous êtes. Nous
sommes en notre élément, malh. vi, ». De ses pa-
reils la gaerre est l'unique élément, corn. Don San-
che, I, I. Quand il est au cabaret, il est dans son
élément, scarron, dans hichelet. Avec la violente
inclination que j'ai de passer ma vie avec les Bre-
1324
ÉLÉ
tons, je serai dans mon élément, SÉV. 421. Chez
TOUS l'inquiétude est dans son élément, la chaus-
stK, Ifélanide, i, ♦. (|Ëlro dans son élément, signi-
fie disserter sur les choses qu'on a étudiées, appro-
fondies; faire ce & quoi l'on est parliculiôremeiit
propre. Il Etre hors de son élément, se trouver là
où l'on n'est pas à son aise. || 6° Au plur. Notions
premières. Les éléments de la grammaire. N'avoir
que les premiers éléments d'une science, en être
aux éléments. N'avoir pas les premiers éléments
d'une science, l'ignorer complètement. Zeuxis, na-
tif d'Héraclée, apprit les premiers éléments de la
peinture vers la quatre-vingt-unième olympiade,
BOLUN, Ilist. anc. t. xi, (" pan. p. <5I, dans pou-
gens. Il Éléments est le titre de certains ouvrages qui
contiennent les premières notions d'un enseigne-
ment. Éléments de grammaire latine. Ses Éléments
[d'Euclide] contiennent une suite de propositions
qui sont la base et le fondement de toutes les au-
tres parties des mathématiques, rolun, Hist. anc,
t. xiii, liv. xxvii, ch. i, p. <30, dans POUGENS.
117° Terme d'alchimie. Élément froid, se disait de
l'eau et du mercure.
— HIST. X' s. EU' en adunet [abandonne] lo suon
élément [doctrine] , Eulalie. || xm' s. Dieux establi
mes pie/, seur pierre, seur la fermeté où seinte
Eglise est fondée; et esdreça mes elemenz à bone
uuevre, Psautier, f° 50. || xV s. Il est tout vrai et
sans mentir. Ne sans vérité divertie. Que toute
chose elementée Est d'éléments alimentée, l'Alch.
à Nat. 733. Le [le pape] baisèrent au pied, en la
main et en la bouche, et commença le cardinal
de Vimers, et en après les patriarches, archevesques
et evesques et abbez, et consequemment les autres
gens d'esglise ; et par les quatre elemens [en nom-
mant les quatre éléments] donna la beneisson à tous
estans en estât degrace.... monstr. t. i, f° 94, dans
LACURNE.JI xvi' S. Le haut ciel s'obscurcit; centmiUe
tremblements Confondirent la terre et les trois
éléments, d'aub. Tragiques, liv. i, Misères. J'ay
honte de voir nos hommes enyvrés de cette sotte
humeur de s'effaroucher des formes contraires
aux leurs; il leur semble estre hors de leur élé-
ment, quand ils sont hors de leur village, mont.
IV, 423.
— ÉTY.M. Provcnç. élément; espagn. et ital. ele-
mento ; du lat. elementum.
ÉLÉMKNTAIRK (é-lé-man-tê-r'), adj. || 1° Qui
est de la nature de l'élément. Les£orps élémentaires.
Les molécules élémentaires. Il est permis de douter
que les substances qu'on nomme élémentaires
soient aussi simples et aussi homogènes qu'elles ont
paru l'être, bonnet, Contempl. nat. v, <7. ||Les
esprits élémentaires , êtres imaginaires que les
cabalistes supposaient présider aux éléments.
Il 2° Terme d'histoire naturelle. Parties élémentai-
res, celles qu'on retrouve semblables à elles-mêmes
dans toutes les parties des animaux et des végé-
taux. Il Tissus élémentaires, tissus simples auxquels
peuvent se réduire tous les tissus qui composent un
animal, à savoir le tissu cellulaire, le tissu muscu-
laire elle tissu nerveux. 1| 3° Qui concerne les pre-
miers principes d'un art ou d'une science. Un traité
élémentaire. Euclide n'est qu'un auteur élémentaire;
Archimède est un géomètre sublime qu'admirent en-
core aujourd'hui ceux mêmes qui sont les plus ha-
biles dans les nouvelles méthodes, bollin, Hist.
anc. t. xm, liv. xxvii, ch. i, p. <29, dans pou-
gens. Il Mathématiques élémentaires, les premières
parties d'un cours complet de mathématiques (arith-
métique, géométrie, algèbre et trigonométrie). || Cela
est élémentaire, se dit de choses qu'on ne doit pas
ignorer. || Classes élémentaires, la 8" et la T.
— HIST. xiv s mais ainsi comme En avez dit
la vérité. Vous ne ferez d'humanité Que l'élémen-
taire machine. Sans mettre ce qui meut l'usine,
l'Àlch. à Nat. 03. Il XVI" s. Lesquels considerans très-
mal la fragilité et impuissance des hommes, ima-
ginent qu'ils peuvent ici bas vivre comme anges ;
combien qu'ils ayent des corps élémentaires, sujets
aux altérations qui suivent la matière, langue, boo.
Dieu seul est éternel; de l'homme élémentaire [com-
posé des quatre éléments] Ne reste après la mort ny
veine ny artère ; Qui pis est, il ne sent, il no rai-
sonne plus, Locatif descharné d'un vieil tombeau
reclus, nous. 785.
— ËTYM. Élément; provenç. et espagn. elemen-
tar; ilal. elemenlare.
t ÉLÊMENTÉ, ËE (é-lé-man-té, tée) , adj. Com-
posé d'éléments. Saint Bonaventure enseigne.... que
les coips élémentés sont des composés dans lesquels
entrent les quatre éléments, daunou, Dise, sur l'é-
tat des lettres en France au xiii' siècle, § xv.
ÉLÉ
— HiST. XV' S. Toute chose elementée.... l'Àlch.
à Nat. 715.
jÉLÉMl (é-lé-mi),«. m. Substance résineuse dont
on distingue deux espèces : l'élémi oriental et l'é-
lémi bâtard ou occidental ou d'Amérique.
tÉLÉMIFËRE (é-lé-mi-fê-r'), adj. Terme de bo-
tanique. Qui produit de l'élémi, sorte de résine.
— Etym. Élémi, et le latin ferre, porter.
t ËLÉMINE (é-lé-mi-n'), s. f. Terme de chimie.
Résine cristallisable de l'élémi du Brésil.
t ÉLENCTIQUE ( é-lan-kti-k' ) , adj. Terme de
théologie. Théologie élenctique , la partie de la
théologie qui renferme la controverse.
— ÉTYM. 'EXEfxTixoi;, de èÀcyy.Etv, réfuter.
t ÉLÉOLÉ(é-lé-o-lé), s. m. Terme de pharmacie.
Nom des préparations formées d'huile et de principes
médicamenteux.
— ÉTYM. 'EXaiov, huile.
t ÉLÉOPHAGE (é-lé-o-fa-j'), adj. Qui mange des
olives, qui se nourrit d'olives.
— ÉTYM. 'EXata, olive, et (fi.-(s.X'/, manger.
tÉLÉOPTÈNE (é-lé-0-ptê-n'), s. m. Terme de
chimie. Principe immédiat liquide et volatil mélangé
au Etéaroptène.
— ÉTYM. 'EXaiov, huile, et itTuvoç, volatil.
ÉLÉPHANT (é-lé-fan), s. m. |1 1° Grand et gros
mammifère de l'ordre des pachydermes, qui se dis-
tingue par sa trompe et ses longues défenses. On
exposait anciennement les personnes coupables aux
éléphants qui les écrasaient, vaugelas, Q. C. x, 9,
dans RICHELET. Il en aurait dit davantage; Mais le
chat, sortant de sa cage, Lui fit voir en moins d'un
instant Qu'un rat n'est pas un éléphant, la font.
FaU. VIII, -IB. L'éléphant est, si nous voulons ne
nous pas compter, l'être le plus considérable de ce
monde, bufp. Éléphant. Une charge de quatre à
cinq milliers n'est pas trop forte pour un grand élé-
phant, BONNET, Contempl. nat. xu, 40. Le plus vieux
des éléphants, comme le plus expérimenté, est à la
tête de la troupe et la conduit; le plus âgé après
lui ferme la marche; les jeunes et les faibles sont
au centre du bataillon; et les mères qui allaitent
encore portent leurs petits qu'elles embrassent de
leur trompe, ID. ib. Les anciens connaissaient très-
bien l'éléphant, et l'histoire de ce quadrupède est
plus exacte dans Aristote que dans BufTon, cuvier,
Hérol. 72. Tandis que, triviale, errante et vagabonde.
Entre tes quatre pieds toute la ville [Paris] abonde,
Comme une fourmilière aux pieds d'un éléphant,
V. HUGO, Voix intér. X l'arc de l'Étoile. \\ Eléphant
blanc , éléphant atteint d'une sorte d'albinisme.
Il L'éléphant mammouth, ou, simplement, le mam-
mouth, éléphant qu'on ne trouve plus que fossile.
Il Éléphant de guerre, éléphant que les anciens
employaient dans les batailles. N'avons-nous pas
donné.... Nos femmes, nos enfants, nos vaisseaux
etnos armes. Nos éléphants, nos biens?.... mair.
Mort d'Àsdrub. i, 3. En vain leurs éléphants et leurs
tranchants ivoires Ont voulu retarder le cours de
nos victoires, rotb. Bélis. i, 6. || Familièrement.
Faire d'une mouche un éléphant, exagérer une
faute légère. || 2° Familièrement. Éléphant se dit
d'une personne grosse et forte, surtout peu gra-
cieuse. C'est un éléphant, un vrai, un gros élé-
phant. Il 3° Ordre de l'Éléphant, ordre fondé en
(478 par Christiern I , roi de Danemark, ainsi
nommé parce que les chevahers portaient un col-
lier d'où pendait un éléphant d'or émaiUé de blanc.
Il 4° Terme de commerce. Sorte de papier. || B° Elé-
phant de mer, éléphant marin, nom vulgaire du
morse et d'une espèce de phoque dit phoque à
trompe.
— HIST. XI* s. Un faldestoed [fauteuil] i ot d'un
olifant [ivoire], Ch. de Roi. xtvi. Compainz Uolanz,
l'olifant [le cor] carsonez, ib. Lxxxii. ||xii's. Esor
chascon olyphantun chastiel de fust [bois], dont se
combattoient cil qui desuz la beste estoient, Jfo-
chab. 1, 6. Il XIII* s. L'oliphant est moult corporu,
DU cange, pasticium. Entre les autres joiaus qu'il
envoia au roi, li envoia un oliphant de cristal moult
bien fait, joiNv. 260. || xV s. La principale ville
Gelbona : et en ceste cité a grand quantité d'or, et
y multiplient plus les olifans que en aultre partie
du monde, Jeh. de Saintré, ch. 60. ||xvi' s. Cest
animal se nomme éléphant de mer, et plus gros
qu'un éléphant; lequel habite en l'eau et en la
terre, ayant deux dents semblables à celles d'un
éléphant, par lesquelles, lorsqu'il veut prendre son
sommeil, il s'attache et pend aux rochers, pabé.
Licorne, ) t. Le sommeil est le cheoir de l'elephant,
LEROUX de LINCY, PrOV. t. I, p. 4 7B.
— ETYM. Provenç. éléphant; espagn. et ital. ele-
fante; du latin elephantus , du grec iXeça;. L'an-
ÉLE
cienne forme est olifant; ce n'est qu'au seiaèjio
siècle que la forme latine l'expulse.
t ÉLÉPHANTE (é-lé-fan -t'), s. f. Terme d« zoo-
logie. Femelle de l'éléphant.
— ÉTYM. Éléphant; provenç. elephanta, elephan-
tessa ; ital. elefanlessa.
t ÉLÉPUANTIAQUE (é-lé-far.-ti-a-k'), od;. Term c
de médecine. Qui est atteint d'éléphantiasis. || Sub-
stantivement. Les éléphantiaquos.
— ÉTYM. Lat. elephantiacus , à'elephantus, élé-
phant et éléphantiasis.
t ÉLÉP0ANTIASIS (é-lé-fan-ti-a-zis* ), ». f.
Il 1° 'terme de médecine. Éléphantiasis des Grecs ou
éléphantiasis proprement dite, lèpre du moyen âge,
maladie grave caractérisée par des tubercules piui
ou moins larges à la peau et par des altérations de
plusieurs autres organes. Elle paraît contagieuse.
il 2" Éléphantiasis des Arabes ou jambe des Bar-
bades, maladie qui rend les jambes grosses comme
celles d'un éléphant, et qui n'est pas contagieuse.
— HIST. XVI' s. Eléphantiasis, ainsi appellée, il
cause que les malades ont les bras et jambes grosses
et tubéreuses , comme les elephans, paré, Introd. 2 1 .
— ÉTYM. 'EXeçavTÎaai;, ie iié^fxi, éléphant, à
cause des grosses jambes dans l'éléphantiasis des
Arabes. Provenç. elefancia, elefacia; espagn. ele-
fancia; ital. eûfansia; du latin elephantia, élé-
phantiasis.
t ÉLÉPHANTIDE (é-lé-fan-ti-d') , s. f. Le royaume
imaginaire des éléphants, mot forgé par la Fon-
taine. L'éléphant repartit : Quoi! vous ne savez
pas.... Qu'Êléphantide a guerre avecque Rhinocère,
LA FONT. Fabl. XII, 24.
— ÉTYM. Éléphant.
t < . ÉLÉPHANTIN , INE (é-lé-fan-tin, li-n'),
adj. Il 1° D'éléphant. Quand le jour éloignait la gent
éléphantine, la kotte, Fabl.v, 47. || 2° D'ivoire.
Il Chez les Romains, livre éléphantin, livre dont les
feuillets étaient d'ivoire et où les transactions du
sénat, telles que les édits, les décrets, etc. étaient
conservés. || 3° S. f. Terme d'antiquité. Éléphantine,
espèce de flûte phénicienne faite d'ivoire.
— ETYM. Provenç. elephantin; catal. elephanti,
espagn. et ital. elefantino; du latin elephanlinus,
d'elephanlus, éléphant.
t 2. ÉLÉPUANTIX, INE (é-lé-fan-tin, ti-n'), adj. S»
dit des rois égyptiens qui ont régné à Eléphantine.
t ÉLÉPIIA NUQUE (é-lé-fan-ti-k'), adj. Qui a
rapport à l'éléphant. || Qui est alTeclé d'éléphantia-
sis. Jambe éléphantique.
— HIST. xvi' s. Les apostemes qui sont faites en
corps cacochymes, hydropiques, elephantiques et
autres de mauvaise habitude, paré, v, 4.
— ÉTYM. Lat. elephanlicus , d'elephantus, élé-
phant.
t ÉLÉPHANTOGRAPHIE (é-lé-fanto-gra-fle),
s. f. Traité ou histoire de l'éléphant.
— ÉTYM. Éléphant, etypâçEiv, décrire.
t ÉLÉPHANTOÏDE (é-lè-fan-to-i-d'), adj. Terme
de zoologie. Qui ressemble à un éléphant.
— ÉTYM. 'EXéço^ , éléphant, et eîSoç, forme.
t ÉLÉPHANTOPUAGE ( é-lé-fan-to-fa-j'), adj.
Terme didactique. Qui se nourrit de chair d'élé-
phant; qui mange la chair des éléphants.
— KTYM. 'EXéça;, éléphant, et fy-yt-Xv, manger,
t ÊLÉPHANTOPOUE ( élé-fan-to-po-d' ) , adj.
Terme de zoologie. Qui a des pieds comparables à
ceux de l'éléphant.
— ÉTYM. 'EXéçac, éléphant, et ■Ko\ii, pied.
t ÉLÉPUANTORNlTOE(é-lé-fan-tor-ni-t'), s. m.
Terme de zoologie. Nom donné à une famille d'oi-
seaux de grande taille et dont le corps est massif.
— ÉTYM. 'E)iifa«, éléphant, et ipviî, oiseau.
tÉLEUSINIES (é-leuzi-nie), s. f. pi. Terme
d'antiquité grecque. Fêtes en Ihonneur de Cérès et
de Proserpine.
— ÉTYM. "EXevifftvia, fêtes d'Éleusine.
t ÊLEUTHÉRANTUÊRÉ, ÉE (é-leu-té-ran-té-ré,
rée) , adj. Terme de botanique. Qui a les anthère»
libres et non soudées ensemble.
— ÉTYM. 'EXeûSepo;, libre, et anthère.
f ÉLEUniÉRIE (é-Ieu-té-rie) , s. f. Terme d'anti-
quité grecque. Gouvernement libre d'un État indé-
pendant. Les savants prétendent que l'éleuthérie di-
sait quelque chose de plus que l'autonomie, uontksq.
Correspondance, 4 s.
— ÉTYM. 'EÀEuOepia, liberté.
f ÉLEUTUÉROGYNE(é-leu-té-ro-ji-n'), adj. Terme
de botanique. Dont l'ovaire est libre et n'adhère point
au calice.
— ÉTYM. 'Kxeûeepoç, libre, et x^vit, femelle,
ovaire.
t ÉLEUTHÉROGYNIE (é-leu-té-ro-ji-nie), ». f.
ÉLÉ
Terme de botanique. Classe des plantes dont l'ovaire
est libre et non ailhérent.
— ÉTYM. Ëleuthfyogyne.
f ÉLEUTUÉROPHYLLE (é leu-té-ro-fi-l") , adj.
Terme de botanique. Qui a des feuilles libres et dis-
tinctes.
— ÉTYM. 'E),EÛ6epo;, libre, et 9ÛU0V, feuille.
t ÉLEUTHÉUOPODE ( é-leu-té-ro-po-d' ) , adj.
Terme de zoologie. Qui a des jiieds libres ou dis-
tincts, ouïes nageoires pectorales séparées.
— ÉTYM. 'E),eOOEpoç, libre, et itoOç, pied.
t ÉLEUTUÉIIOPOME (é-leu-té-ro-po-m') , adj.
Terme de zoologie. Qui a les opercules libres et sans
membranes.
— ÉTYM. 'EXsûOspoî, libre, et ™|j,a, couvercle,
t ÉLEUTHÉROSTÉMONE (é-leu-té-ro-sté-mo-n'),
adj. Terme de botanique. Qui a des étamines libres
ie toute adhérence.
— ÉTYM. 'E)i606epo;, libre, et omiiwv, filament,
t ÊLEVABLE (é-le-va-bl") ,adj. Qui peut être élevé.
— HlST. XVI' s. Eslevable [qui peut se lever] ,
COTGRAVE.
— ÉTYM. Élever.
t ÉLEVAGE (é-le-va-j'), s. m. Ensemble des opé-
rations qui ont pour objet la multiplication et l'édu-
cation des animaux domestiques.
— REM. Userait bon que élevage remplaçât complè-
tement élève, s. /■., qui se confond avec élève, s. m.
— ÉTYM. Elever.
ÉLÉVATEUR (é-lé-va-teur), adj. Terme d'ana-
tomie. Qui a pour fonction d'élever certaines par-
ties. Le muscle élévateur, ou, substantivement,
l'élévateur d3 l'œil. || Appareil élévateur , et, sub-
stantivement, un élévateur, appareil destiné à sou-
lever les navires. Au-dessous du ponton, un immense
gril,. formé principalement par seize poutres trans-
versales en fer forgé, se manœuvre au moyen d'un
appareil élévateur disposé sur les deux quais [des
bassins de radoul)], zurcher, Presse scienlip,que ,
1863, t. I, p. 613. Â Marseille, on va construire, i
côté de deux bas.sins ordinaires de tlOet )20 mètres
do longueur, un bassin du nouveau système, avec
un élévateur du plus grand modèle, et douze bas-
sins latéraux pour les pontons chargés de navires,
ID. ib. p. 614.
— ÉTYM. Lat. elevalor, deelevare, élever.
ÉLÉVATION (é-léva-sion ; ea vers, de cinq syl-
labes), s. /". Il 1" Action de rendre plus haut; résultat
de cette action. Élévation d'une muraille. L'aérostat
parvint à une très-grande élévation. L'élévation des
eaux de la rivière par la fonte des neiges. || Fig.
Il est temps de faire voir que tout ce qui est mortel,
quoi qu'on ajoute par le dehors pour le faire pa-
raître grand, est. par son fond, incapable d'éléva-
tion, BOiD. Duch. d'Orl. || Terme de chirurgie.
Élévation dans le traitement des plaies, emploi
d'appareils qui ont pour résultat de maintenir la
partie lésée, les membres en particulier, plus éle-
vée que le reste du corps. || Terme de musique. Se
dit du temps sur lequel on lève la main. || 2° L'éléva-
tion d« l'hostie, ou, simplement, l'élévation, en-
droit de la messe où le prêtre, ayant consacré,
élève l'hostie et la montre au peuple. Quand un
autre prêtre en est [de la messej à l'élévation ,
FASc. Prov. 9. Luther aussi, quoiqu'il eilt pensé
à 6ter l'élévation de l'hostie, la retint, en dépit
de Carlostad, comme il le déclare lui-même, boss.
Var. II, § 4 u. Il Elévation, nom d'un motet chanté
à l'élévation de l'hostie. || 3°Ëminence, terrain
élevé. Il monta sur une élévation. |1 En bota-
nique, indique la hauteur du lieu où croît une
plante au-dessus du niveau de la mer. || 4° Terme
d'astronomie. Élévation du pôle dans un lieu, la dis-
tance qui se trouve de l'horizon au pôle. Trouver i'é-
'.èvrtion du pôle. On dit aussi l'élévation d'une étoile.
Il Élévation do l'équateur, l'arc du méridien compris
entre l'horizon du lieu et le point où le méridien
est coupé par l'équateur. || Angle d'élévation , an-
gle que fait avec l'horizon le rayon visuel mené <i
un astre ou à un point quelconque de la sphère
Cîlesie. Il Terme de mécanique. Angle d'éléva-
tion, l'angle qu'une ligne de direction fait avec
l'horizon || Terme d'artillerie. L'angle qu'un canon
fait avec la ligne horizontale. || 5° Terme d'architec-
lure. Coupe verticale d'une construction vue de face,
l'aire les plans et élévations d'un bMiment. || Terme
de perspective. Heprésentation d'un bâtiment, dont
les parties reculées paraissent en raccourci. || Terme
de marine. Plan d'élévation, plan vertical passant
par l'axe de la quille et contenant la projection des
diverses parties du navire. || Hauteur des façons
d,'un navire. 116° Accroissement de certaines choses.
Elévation de temporuture , aiignientation de cha
ÉLÈ
leur. Il L'élévation de la voix, ton de voix plus haut
que celui qu'on prend habituellement. L'élévation
de sa voix témoignait de la passion qui l'agitait.
Il Élévation de voix, passage d'un ton à un ton plus
haut. 11 y a des élévations de voix nécessaires dans la
déclamation, Dkt. de l'Àcad. || Terme de médecine.
Élévation du pouls, de la respiration, accélération
du pouls, de la respiration. || Terme de mathéma-
tique. Élévation d'un nombre à la seconde, à la
troisième puissance, etc. action de le carrer, de le
cuber, etc. || 7° Augmentation, hausse. Une éléva-
vation subite du prix des denrées. || 8" Action de
s'élever en dignité. 11 renversa tous les obstacles qui
s'opposaient à son élévation. La joie que l'on reçoit
de l'élévation de son ami est un peu balancée par
la petite peine qu'on a de le voir au-dessus de nous,
LA BRuy. IV. Plus son élévation était grande, plus
sa chute fut honteuse, roll. Uist. anc. GCuvres,
t. I, p. 327, dans pouGENS. Il Grandeurs, dignités.
Considérez ces grandes puissances que nous regar-
dons de si bas; pendant que nous tremblons sous
leur main. Dieu les frappe pour nous avertir; leur
élévation en est la cause, boss. Duch. d'Orl. Le
malheur de ceux qui naissent dans l'élévation, fén.
Tél. xvi. L'élévation est d'ordinaire ou dure ou
inattentive, mass. Or. (un. Madame. La peine que
prend une dame de votre élévation [Mme de Main-
tenon], de venir me dire que je ne suis pas fille
duroi, me persuade que je le suis, volt. LouisXIV,
28. Il 9° Noblesse morale, grandeur intellectuelle. Il
a beaucoup d'élévation dans l'âme. Élévation de
sentiments. La première et la plus considérable
source du sublime est une certaine élévation d'es-
prit qui nous fait penser heureusement les choses,
BOiL. Longin, ch. vi. Cette élévation d'esprit et de
style doit être l'image et l'effet de la grandeur d'àme,
ROLL. Traité des Et. m, 3. Delphine a de l'éléva-
tion, mais point d'orgueil, m»« de genlis, Th.
d'édue, le Portrait, 11, .6. || 10° Mouvement vif
et aflèctueux de l'âme vers Dieu. Dieu n'a pas
toujours agréable Tout ce qu'un dévot trouve aima-
ble; Toute élévation n'a pas la sainteté, corn.
Imit. Il, ^0. Pour les connaître [les faux mystiques],
nous vous avertissons en notre Seigneur d'observer
ceux qui affectent dans leurs discours des élévations
extraordinaires et de fausses sublimités dans leur
oraison, boss. Ordonnance sur les états d'oraison.
— SYN. ÉLÉVATION , HAUTEUR. Tant que dans
l'élévation on considère l'action d'élever ou de s'éle-
ver, élévation est différent de hauteur : l'élévation
du ballon au-dessus des nuages, et non la hauteur
du ballon; hauteur signifiant la distance qui sépare
un objet supérieur d'un objet inférieur. Maisquand,
dans élévation, on considère le résultat de cette
action, alors hauteur et élévation se rapprochent
tout à fait : l'élévation du pôle ou lahauteur du pôle;
une élévation de terrain ou une hauteur sont sensi-
blement synonymes. Mais, figurément,les deux mots
se séparent : 1 élévation du caractère est une qualité
qui élève le caractère au-dessus des choses basses;
la hauteur est un défaut qui, dans notre idée ou
dans nos manières, jious place au-dessus des autres.
— HlST. xiv s. L'elevacion du chief [de la tête],
H. DE MONDEVILLE, f° t2. || XVI* E. Tous Ics gouver-
neurs et beutenans du roy fui-ent envoyez en leur
département avec leurs compagnies de gens d'armes,
pour empescher les eslevalions [soulèvements],
d'aub. Hist. I, 07. Diastole et systole, qui est à dire,
élévation et compression des artères, paré, y, 7.
— ÉTYM. Provenç. eslevation, eslevatio ; espagn.
eletacion; ital. elevaiione; du latin elevationem,
d'elei'are, élever.
t ÉLÉVATOIRE (é-Ié-va-toi-r') , s. m. Terme de
chirurgie. Instrument dont on se sert pour relever
les os du crâne lorsqu'ils ont été enfoncés.
— HlST. XVI' s. La figure des clavicules est sem
blable à un instrument de chirurgie nommé eleva-
toire, PARÉ, II, 4
t. ÉLÈVE (é-lè-v'), s. m. et /". || 1» Celui, celle
qui reçoit ou qui a reçu les leçons, l'enseignement
de quelqu'un dans les arts ou dans les sciences. Le
maître et les élèves. Un élève du peintre David. || Il se
dit particubèrement, dans certains arts, de celui qui
suit la manière d'un maître. Ce peintre a faitde bons
élèves. Il 2° Celui, celle qui reçoit l'instruction dans un
lycée, dans un collège, dans une pension, dans
une école spéciale, comme l'École polytechnique,
l'École normale, etc. || Il se dit aussi de celui
ou de celle qui reçoit de quelqu'un l'éducation
intellectuelle et morale. Attendez avec patience
le développemimt du cœur et de l'esprit de vos
élèves. M'"' DE GENLIS, Adèle et Tliéod. t. iii,
Utt. 15, p. 100, dans pougens. || Fig. Cet odieux
îiLE
1325
chrétien, l'élève de la France, volt. Zaïre, iv,
7. Il 3° Titre que portaient dans l'ancienne Aca-
démie des sciences les hommes qui y étaient admis
à un degré d'abord inférieur. Nous ne craignons
point de comparer à un des plus grands sujets [Ma-
riette] qu'ait eus l'Académie, un simple élève tel
qu'était M. Araontons; le nom d'élève n'emporte
parmi nous aucune différence de mérite, il signi-
fie seulement moins d'ancienneté et une espèce
de survivance , KONTEN. .^monfons. M. du Hamel,
ayant passé dans la classe des anatomistes, nomma
M. Litlre pour son élève, titre qui se donnait alors
et qu'on a eu la délicatesse d'abolir, quoi<|ue per-
sonne ne le dédaignât, id. Litlre. || 4° Élève de
Mars, voy. MARS. Il 6° Jeune animal dont l'éduca-
tion et le développement ne sont point terminés.
Il 6° Terme d'horticulture. Se dit des plantes, des
arbres que l'on a semés ou plantés, ou dont on a eu
des variétés nouvelles. Faire des élèves.
— SYN. élève, disciple, ÉCOLIER. L'écolier se
prend absolument et signifie celui qui suit une
école. Dans l'usage actuel on ne l'applique qu'à ceux
qui reçoivent l'éducation secondaire, celle des ly-
cées et collèges ou institutions analogues; dans
l'ancienne université on le disait de ceux qui en
suivaient les cours. Élève a un sens plus général; il
s'applique aux écoles primaires, aux collèges, aux
écoles spéciales, aux facultés : les élèves en méde-
cine; les élèves de ce peintre. Enfin, dans disciple,
l'idée de recevoir l'enseignement de la bouche d'un
maître a disparu; le disciple apprend aussi bien en
lisant qu'en écoutant ; il s'attache à des doctrines ;
Arislote fut disciple de Platon.
— ÉTYM. Voy. élever.
1 2. ÉLÈVE (é-lè-v'), s.f.\\ 1° Synonymed'élevage.
L'élève d'un troupeau de mérinos. Les encourage-
ments donnés à l'élève des chevaux. 1| 2° Croit de
plants provenant de .semis.
— mST. XVI' s. Celui à qui les dits bois ou arbres
d'eleve appartiennent, JVouv. coutum. gêner. 1. 1,
p. 666.
— ÉTYM. Voy. élever.
ÉLEVÉ. ÉE (è-le-vé, vée), part, passé. || 1° Porté
en haut. Le ballon élevé en l'air. || Terme de ma-
nège. Cheval élevé du devant, cheval dont les jambes
antérieures sont trop longues. {| Terme de zoologie.
On dit que la spire d'une coquille spirivalve est éle-
vée quand le cône spiral avance plus en hauteur
qu'en largeur. || 2° Haut. Un lieu élevé. Tour fort
élevée de situation et de structure, vaugel. Q. C.
liv. iiL, dans richelet. l'récipice élevé d'où tombe
mon honneur, corn. Cid, 1, s. || Fig. Ce comman-
dement [d'édifier le prochain] regarde surtout les
rois de la terre; ils sont plus élevés, et leurs actions
sont plus remarquables; ils ont plus d'autorité, et
leurs exemples sont plus efficaces, flécii. Marie-
Thér. Plus il est élevé sur les autres monarques , Et
plus de sa bonté nous attendons des marques,
BOURSAULT, FaU. d'Ésope, 11, 6. || Terme de marine.
Pôle élevé, celui qui est au-dessus de l'horizon du
lieu où l'on se trouve. Latitudes élevées, celles qui,
de plus en plus, s'éloignent de l'équateur. || 3° Qui
a été porté à une certaine élévation morale. Les es-
prits élevés à une haute contemplation et exercés
durant un long temps à se mettre au-dessus des
sens, boss. Coiinaiss. iii, 44. Ce n'est plus cette
reine éclairée, intrépide. Élevée au-dessus de son
sexe timide, rac. Athal. m, 3. ||4° Érigé, dressé.
Une statue élevée au général vainqueur. || Par ex-
tension. Le culte spirituel élevé sur les ruines de la
superstition et de l'hypocrisie, mass. Car. Culte. La
barrière éternelle entre nous élevée, volt. Irène, i,
6. Il 5° Qui a surgi. Je ne dénierai point, puisque
vous les savez. De justes sentiments dans mon
âme élevés, corn. Rodog. v, i. Détruis donc les
soupçons élevés contre toi, lemebc. Agamemn. m,
4. Il 6° Qui a reçu un accroissement notable.
Le prix de cette denrée est trop élevé. Une tem-
pérature élevée succédant à un froid vif. || Pouls
élevé, respiration élevée, pouls, respiration qui se
sont accélérés. || 7° Qui occupe une haute position
sociale. 11 n'est pas sous le ciel de gens plus mal-
heureux Que ceux dont les enfants sont plus élevés
qu'eux, BotiRSAULT,iiSopcù la cour, m, 7.||8°Noble,
grand, sublime. Un caractère élevé. Des desseins éle-
vés. Et concevez enfin des vœux plus élevés, corn.
Nicom. 1,2. Quel esprit avez-vous trouvé plus élevé?
mais quel esprit avez-vous trouvé plus docile? boss
Duch. d'Orl. Non, mais ayez un cœur plus grand,
plus élevé, VOLT. Triumv. iv, 4. || Style élevé,
style noble et soutenu. Ce mot n'est pas de mise
dans le style élevé. Y a-t-il un style plus déhoat,
plus élégant, plus nombreux, plus élevé qua ce
132G
r:LE
lui do plalonÎKOLL. Trailé des Et. m, ». || 9° Oui
a reçu éducation , instruction. Élevé au collège.
Enfant élevé sous los yeux de son père. Des ftmes,
élevées comme vous dans l'innocence et dans le se-
cret d'un saint asile, mass. Prof, relig. Serm. l. Elevé
loin de» cours et nourri dans les bois, volt. Mé-
rnpe IV, 2. Il Elevé à, habitué par l'éducation à.
Nos pères élevés à respecter ce nom nous avaient
élevés au môme respect, mass. Or. fun. YUlars.
Il Un enfant bien élevé, mal élevé, enfant qui a
reçu une bonne, une mauvaise éducation. Il ne s'est
jamais vu fille mieux élevée, Jeunesse si docile et
si bien cultivée, BouhSAULT, Fabl. d'É.tope, iii, t.
Il Personne bien, mal élevée, personne dont les
manières sont bonnes, sont grossières. Dans ces
grandes armées composées d'honnêtes stipendiaires
bien élevés, qui décident du destin des Etats, volt.
Candide, 4. || Substantivement et familièrement.
C'est un mal élevé. || 10° S. m. Terme de danse.
Action d'étendre les genoux aprfes les avoir plies.
tÉLÈVEMENT (é-tè-ve-man), s. m. || 1° Action
d'élever. Ëlèvement des mains.|| 2° Action démonter
aux dignités, aux hautes positions. L'ambition con-
siste à désirer relèvement pour relèvement et l'hon-
neur pour l'honneur, pasc. Prov. Réponse à la
lettre <2.
— REM. Ce mot, ancien et bien autorisé, mérite
d'être remis en usage; il ne pourrait toujours être
remplacé par élévation. Ainsi relèvement des mains
vaut bien mieux que l'élévation des mains.
— HIST. XII' s. Merveillus li eslevement de la
mer, Liber psalm. f° ^38. L'eslevement de mes
mains, ib. p. 2)9. ||xvi' s. La guerre estoit leur
mère nourrice et leur eslevement, lanoue, 708. La
vigne, estant mal choisie, ne peut apporter que
desdain, voiant perdre la despense emploiée à son
eslevsment [élevage], o. de serres, <62. L'esleve-
ment des veaux, id. 279.
— ÉTYM. Élever; provenç. eslevament, eleva-
tncnt; espagn. elevamienlo; ital. elevamenlo.
ÉLEVER (é-le-vé. La syllabe le prend un accent
grave quand la syllalie qui suit est muette : j'élè-
verai), V. o. Il 1° Faire monter plus haut, porter
plus haut. Élever un mur d'un mètre. Ce tableau est
trop bas, il faut l'élever. Elever des eaux par le
moyen d'une pompe. Â ces paroles, la mère, éle-
vant vers le ciel ses mains tremblantes. M"* ije
oenlis, Veillées du chdt. t. ii, p. aso, dans pou-
gens. Il Le soleil élève les vapeurs, il les attire hors
de la terre ou de la mer et les fait monter. || Terme
de marine. Elever un bâtiment, se rapprocher de
lui; locution qui vient de ce que, sur mer, à me-
sure qu'on s'approche d'un objet, il s'élève sensi-
blement sur l'horizon. || Fig. Pour t'élever de terre,
homme, ilte faut deux ailes, La pureté du cœur
et la simplicité, corn. Imit. ii, 4. Le coup à l'un
et l'autre en sera précieux, Puisqu'il t'assure en
terre en m'élevant aux cieux, id. jpolyeucte, v, 4.
C'est à toi d'élever tes sentiments aux mieus, id.
Ilor. IV, 7. Pendant que la nature nous t'.ent si bas,
que peut la fortune pour nous élever'? Boss. Duclt.
d'Orl. Pour vous élever au comble de la joie, bac.
Théb. I, 3. Une chute si belle élève sa vertu, ID.
Alex. IV, 2. Il semble que le cielT'élève en ce mo-
ment au-dessus d'un mortel, volt. Uérope, iv,
4. Le projet d'élever les établissements danois
dans l'Inde à plus de prospérité qu'ils n'eu avaient
eu, a occupé ensuite les esprits, baïnal, IHst.
phil. v, 4. Il 2° Porter quelqu'un à un haut rang.
Louis XIV éleva Colbert au ministère. Ses services
l'ont élevé au plus haut rang. Conte-moi tes ver-
tus, conte-moi tes hauts faits. Et tout ce qui t'é-
lève au-dessus du vulgaire.... Ma faveur fait ta
gloire et ton pouvoir en vient. Elle seule t'élève et
seule te soutient, corn. Cinna, v, 4. Telle fut la reine
dans tout le cours de sa vie ; Dieu l'avait élevée sur le
trône, afin qu'elle honorât sa religion, flêch. Marie-
Thér. Dans l'espoir d'élever Bérénice à l'empire, rac.
Vérén. II, <. Nul n'éleva si haut la grandeur otto-
mane, ID. Baj. I, i. Ai-je donc élevé si haut votre
fortune Pour mettre une barrière entre mon fils et
moi? ID. Brit. i, 2. Ils ne pensent point à établir
ou à élever leur famille : ils sont populaires, sim-
ples, modestes, sans faste.... rollin, Traité dcsÉt.
«•part. ch. I, art. 2. 113" Exalter, vanter, préco-
niser. On ne l'entend jamais De ce charmant héros
élever les hauts faits, th. corn. Ariane, ii, i. X la
fin tous ces jeux que l'athéisme élève, doil. Art p.
II. Il Elever quelqu'un jusqu'aux nues, le vanter à
lexcès. Les combats d'Ulysse et sa sagesse furent
élevés jusqu'aux cieux, fén. Tél. 1. 1|4» Inspirer
des seritiments élevés. Si, après avoir oui un en-
droit [d'un ouvrage] plusieurs fois, nous ne sentons
ELE
point qu'il nous élève l'âme, boil. Long. en. v. Ce
qui élève l'esprit devrait toujours aussi élever
l'âme, ponten. Chaxelles. Enmêmetemiisma mère
s'appliquait à m'élever le courage, stsim. *, 20.
Du peuple cette fable éleva le courage, sauhin,
Spartac. iv, 3. Tant de générosité, loin de m'hu-
milier, m'élevait au-dessus de moi-même, M'" de
GENLis, Veillées du chdt. t. i, p. 340. Des inté-
rêts étrangers et ruineux pour leur patrie élève-
ront-ils leur âme avilie et corrompue? raynal,
Ilist. phil. v, 34. Que la vertu m'élève à cet effort,
De remplir mes serments, de détromper Monlfort,
delavignk, Yêp. sicil. I, ♦. || Élever ses pensées vers
Dieu, faire Dieu l'objet de ses pensées. Élever son
cœur vers Dieu, faire Dieu le but de ses sentiments.
Il Absolument, dans le même sens, élevez vos
cœurs. Il B' Élever son style, prendre un ton
plus soutenu. || 6° Augmenter. Élever le prix des
denrées, le taux de l'intérêt, la valeur d'une mon-
naie. Il Élever la température, rendre plus chaud.
Il Terme de mathématique. Elever un nombre au
carré, au cube, à une puissance quelconque, le
multiplier par lui-même autant de fois que l'in-
dique l'exposant. || 7° Élever la voix, parler haut.
Plus haut que les acteurs élevant ses paroles, mol.
Fdch. 1, 4. Il Prendre un ton de menace ou de su-
périorité. Dans la discussion , il éleva la voix.
Il Élever la voix en faveur de quelqu'un, prendre
hautement sa défense. || Terme de musique. Élever
le ton d'un morceau, transposer un morceau afin
qu'il soit exécuté sur un ton plus haut que celui où
il avait été composé. 118» Eriger, bâtir. Élever une
pyramide. Une statue fut élevée à ce grand homme.
Le tombeau qu'à sa cendre ont élevé mes soins, rac.
Andr. ni, 8 Allez et faites promptement Élever
de sa mort le honteux instrument, id. Esth. ii, i.
Cet édifice [Saint-Cyr] , superbe par l'étendue des
bâtiments, fut élevé en moins d'une année, et en
état de recevoir deux cent cinquante demoiselles,
trente-six dames pour les gouverner. M"" de cayl!;s.
Souvenirs, p. <»6, dans pougens. Ils élevèrent des
statues à Brutus et à Cassius près de celles d'Har-
modius et d'Arislogiton, anciens libérateurs d'A-
thènes, rollin, Hist. anc. Œuvres, t. ix, p. 263,
dans pougens. Auprès d'André Chénier avant que de
descendre. J'élèverai sa tombe où manquera sa
cendre, Mais où vivront du moins et .son doux sou-
venir Et sa muse et ses vers dictés pour l'avenir,
M. jos. CHÉN. Il Fig. Souvent, au lieu d'attaquer de
front des préjugés dangereux, il vaut mieux élever
à côté d'eux les vérités dont la fausseté de ces
opinions est une conséquence facile à déduire, con-
DOHCET, d'iicmbcrt. Il Élever aulel contre autel,
faire un schisme, entrer en rivalité avec quelqu'un.
Il Terme de géométrie. Élever une perpendiculaire
sur une ligne, sur un plan, la tracer à partir de
cette ligne ou de ce plan, tandis qu'on abaisse une
perpendiculaire quand elle part d'un point extérieur
pour aboutir àla li(;ne ou au plan. |1 9° Établir, fon-
der, par comparaison avec une construction qu'on
élève. Élever sa fortune. Élever des systèmes. J'ai
vu sur ma ruine élever l'injustice, rac. Brit. ni,
7. Sur ces débris du monde élevons l'Arabie, volt.
Fan. n, 5. || 10° Mettre en avant, susciter. Élever
une chicane. Élever des doutes. Élever une dis-
pute, une contestation. De là vient l'injustice de la
fraude qui élève sa prétendue justice contrôla force,
PASC. dans cousin. Garde-toi d'élever un coupable
soupçon, RAYN0UARD, États de Blois, i, B. || Terme
de pratique. Faire naître, susciter. Élever un incident,
une prétention, une fin de non-recevoir. || 11° Faire
entendre. Élever un cri. La foule éleva de grands cris.
Il éleva une plainte. Qui de nous vers le ciel n'élève
pas des cris Pour les jours d'un époux, ou d'un père,
oud'unfils?voLT. Orp7i. i, 4. || 12° Allaiter, nour-
rir, entretenir un enfant. C'est le devoir d'une
mère tendre d'élever elle-même son enfant. On m'é-
levait alors solitaire et cachée, bac. Esth. i, 4. Il
sentait avec une vive reconnaissance que la com-
passion l'avait élevé et nourri dès son enfance, bol-
lin. Traité des Et. 2" part. ch. i, art. 2. Vous, sei-
gneur!... ce sérail éleva votre enfance? volt. Zaïre,
II, 3. Il II se dit aussi des animaux et des plantes.
Élever des serins. Elever des pêchers. Il m'est,
disait-elle, facile D'élever des poulets autour de ma
maison, la font, l'abl. vu, 4 0. || 13° Instruire, dé-
velopper, donner de l'éducation. Ce jeune homme
fut très-bien élevé. Songe avec quel amour j'élevai
ta jeunesse. — Il éleva la vôtre avec même tendresse,
CORN. Cinna, y, 2. Elles élèvent bien leurs petites
filles, sÉv. 427. Combien de jeunes filles fit-elle
élever dans des communautés de rierges chrétiennes'
FLÊCH. Marie-Thér. Il faut avoir étudié les enfants
ELE
]iour les bien élever, et, par conséquent, avoir fait
plus d'une éducation, m"* de genlls, Adèle et Théod,
t. H, lett. 47, p. 489, dans pougens. Je n'ai uue
quinze ans; j'ai été mal élevée; plaignez-moi, et
soyez sûre que celte terrible leçon m'a corrigée
pour la vie, id. Th. d'éduc. l'Intrigante, ii, s.
Il Élever à, habituer à.... par l'éducation. Une per-
sonne qui aurait pu être vertueuse si elle eût étà
élevéeàla vertu, SCARRON, Jlom. com. i, (4. Ils élè-
veront leurs enfants au travail, fén. Tél. xii. Toute
leur attention est d'élever leurs enfants à la vertu,
MONTESQ. ie((. pers. 12. || 14° s'élever, v.réfl. Aller
de bas en liaut. S'élever en l'air. Ce terrain s'élève
en amphithéâtre. Des Iles s'élèvent du sein des
flots. Et les Alpes de loin, s'élevant dans la nue, D'un
long amphithéâtre enferment les coteaux , volt.
Ép. eu. Il Le temps s'élève, il commence à s'éclair-
cir. Locutionquivient de ce que d'ordinaire, quand
il fait beau, les nuages sont hauts. || Fig. Voilà
comment les opinion» s élèvent peu à peu jusqu'au
comble de la probabilité, pasc. J'tov. a. ||16° Se
soulever contre. Il est temps de s'élever contre de
tels désordres, pasc Prov. i. Voilà des nouveautés
contre lesquelles on ne peut as.sez s'élever, boss.
3* écrit. Us s'élèvent contre le siège de saint Pierre,
ID. Avert. Tout semole s'élever contre mon injus-
tice, rac. Phéd. v, 7. Verrons-nous contre toi les
méchants s'élever? id. Athal. 11, 9. Le peuple en
sa faveur s'élève et s'attendrit, volt. Tancrède, v, 3.
Il 16° Accuser quelqu'un, porter témoignage contre
lui. Son péché s'élèvera contre lui. Sa conscience
s'élève contre lui, fén. Tél. xviii. Je m'élèverai
contre eux au jour de ma colère, kass. Avent , Épi-
pftan.'lls s'élèveront contre vous, ID. Acent, Juge-
ment. Le sang de votre roi s'élève contre vous, volt.
Œdipe, I, 3. Tes mânes irrités s'élèvent contre
nous; Non jamais ton bourreau ne sera mon époux,
bripaut, JVtnuî //, iv, ti. \\ Être porté en témoi-
gnage. Des charges considéraoles s'élevaient contre
l'accusé. Il 17° Naître, surgir. Un grand destin com-
mence, un grand destin s'achève. L'empire est prêt
à choir et la France s'élève, corn. Attila, 1,2. Un
tumulte, dit-on, s'élève dans la place, id. Héracl.
V, 2. Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue,
RAC. Phèd. I, 3. Quelle effroyable voix dans mon
âme s'élève? volt. Fanât, iv, 4. || Le vent s'élève,
il commence à souffler avec force. Voilà les feuilles
sans sève Qui tombent sur le gazon. Voilà le vent
qui s'élève Et gémit dans le vallon, lamart. Ilarm.
II, 1. Il Impersonnellement. Il s'élève des opinions
nouvelles parmi les hommes. Il s'est élevé de grandes
plaintes contre lui. Il s'éleva un vent violent. Il
s'était élevé un orage pendant ce temps-là. Il s'élève
un grand bruit et mille cris confus, coen. Jlcracl.
V, 7. Il ne s'élevait plus parmi eux aucun prophète,
boss. Hist. II, 6. Il s'élève en la mienne [âme] ime
secrète joie, rac. .^ndr. I, i . Et que vous contracte*
de nouvelles dettes en même temps qu'il s'élève de
nouveaux malheureux sur cette terre, mass. Car.
Aumône. Il s'élevait cependant un homme qui seni-
blait devoir rassurer la fortune de la France, c'était
le maréchal de Villars, volt. Louis XIV, <8.
Il 18° Devenir plus aigu, en parlant des sons. Le
diapason s'est élevé peu à peu dans le cours do ces
derniers temps. || Devenir plus fort, en parlant de
la voix. Sa voix s'éleva dans la contestation. || S'aug-
menter. La température s'élevait très-rapidement.
Il Aller jusqu'à, en parlant dénombres, de quantité.
Cette somme s'élève à tant. Le chiffre de la dépense
s'éleva beaucoup au delà de ce qu'on avait voulu.
Il 19° Se couvrir de boutons. X la moindre irritation
sa peau s'élève partout. On dit dans le même sens,
avec ellipse du pronom personnel : Un rien lui fait
élever toute la peau. || 20° Être bâti, dressé. Cette
construction s'élève rapidement. Ce village s'est
élevé sur l'emplacement d'une villa romaine. || Etre
établi, fondé. Par ses soins se sont élevées des éco-
les où la jeune noblesse des deux sexes est instruite
dans les sciences utiles, dans les arts agréables,
raynal. Hist. phil. v, 2S. || Sl° Se porter, être
porté dans un rang élevé. S'élever aux premières
charges de l'État. Il est assez naturel aux hommes
de vouloir s'élever aux lieux éminents pour étaler
do loin, avec pompe, l'éclat d'une superbe grandeur,
BOSS. Panég. St Fr. de Sales. Il n'y a au monde
que deux manières de s'élever, ou par sa propre
industrie , ou par l'imbécillité des autres , Li
BRUY. VI. Il Fig. L'incrédule s'y élève insensible-
ment sur les débris de votre culte, mass. Car. Mé-
lange. Il 22° S'enorgueillir. Celui qui s'élève sera
abaissé. Je le perds, il suffit, ma fierté s'en élève,
TRISTAN, Hariane, 1, 4. Du même fond d'orfçueij
dont on s'élève fièrement au-dessus de ses inférieurs.
ELE
l'on rampe vilement devant ceux qui sont au-dés-
»us (îe soi, LA BRUY. VI. || 23° Devenir moralement
graiiil. L'esprit s'élève par la contemplation de la
nature. On s'élève par cette passion et on devient
toute grandeur, pAsc. dans cousin. Guillaume Pilt
avait la passion des grandes choses, une éloquence
sûre d'entraîner les esprits, le caractère entrepre-
nant et ferme: il avait l'ambition d'élever sa patrie
et de s'élever avec elle, ratnal, Hist. phil. x, <6.
Il S'Jlever au-dessus des intérêts humains, des pas-
sions, s'y rendre inaccessilile. C'est là [dans les
hôpitaux ] que , s'élevant au-dessus des craintes
et des délicatesses de la nature, pour satisfaire à
sa charité au péril de sa santé même, on la vit....
FLÉCHiF.B, Marie-Thérèse. || 24° Se dit aussi de
l'esprit qui devient supérieur à lui-même. S'élever
aux idées d'ordre, de justice. || L'esprit de l'homme
ne peut s'élever jusque-là, il ne peut comprendre
cela. Il 25° Terme de marine. S'élever en latitude,
s écarter de l'équateur. S'élever en longitude, s'é-
loigner du premier méridien. S'élever dans le vent
ou au vent, s'approcher de l'origine du vent. S'éle-
ver de la côte, s'en écarter, en tenant le plus près
du vent. S'élever bien à la lame, céder facilement
à son action. Les galères nous aidèrent, le jour du
combat, à nous élever au vent, villette. Mémoires,
4 704, dans jal. On a essuyé une tourmente aussi
rude et aussi grande que celles qu'on a accoutumé
de souffrir en hiver, et d'autant plus fâcheuse que
le vent ne nous permettait pas de nous élever de la
côle autant qu'on avait raison de le désirer, d'es-
TRÉEs, à Seignelay, <080, dans jal. Le temps qu'il
fut à s'apprêter donna aux ennemis celui de s'éle-
ver un peu au vent, parce que nous restâmes tou-
jours en panne, J. bart, /(apport, U juillet 4694,
dans JAL. Il On dit aussi qu'un navire s'élève à vos
yeux, quand il se rapproche de vous. || 26° Recevoir
la nourriture et l'entretien destinés aux enfants. Cet
enfant s'élève bien, il n'éprouve rien qui entrave sa
santé, sa croissance. || Se dit aussi des animaux et
des plantes. Les dindons s'élèvent difficilement. Les
pêchers ne s'élèvent pas sans soins. |1 Recevoir de
l'éducation. La jeune génération s'élève dans les
collèges et dans les écoles.
— HEM. Vaugelas observe avec raison qu'il faut
dire lever les yeux au ciel, et non les élever.
— IIIST. XI* s. Qui tort eslevera ou faus jugement
fera, Lois de GuiU.il. || xii° s. Esleverent li flum
[les fleuves], sire, esleverent li flum lur voix, Liber
psalm. p. (36. Je eslef mes mains à tun saint tem-
ple, ib. p. 33. Quant il ellevarent lur oez [yeuxj, Jo6,
463. Com plus esgarde la pense alleveie sa vertut
[plus la pensée voit sa vertu élevée], ib. 479. Avient
te de ce dont il soi aesment [estiment] estre plus
destruiz, soi ellievent plus riche à la construction
del céleste païs, ib. 400. || xni''s. Je vile félon essau-
cié et eslevé ausi comme les cèdres del mont Lyban ,
Psautier, f° 46. S'a ele [ainsi la reine Blanche a]
assez fier cuer, ce m'est avis, Pour faire honte à un
bien haut baron, Et élever un traïtor félon, H. de
LA FERTÉ, Romancero, p. 183. Prie à ton fil Qu'il
nous entende, et nous esleve De l'ordure qu'aporta
Eve, Quant de la pomme osta la sève, Fabliaux
mss. n° 72)8, f° 328, dans lacuhne. ||xv' s. Quand
le comte Derby vit l'archevesque de Cantorbie venir
devers lui, tout le cœur lui éleva, et se rejouirent
ses esprits, froiss. m, iv, 71. Mais avoir [je] vueil
femme bénigne, Humble, simple, pou [peu] em-
parlée. Bien besongnant, pou eslevée, Juene et
chaste de bouche et mains, eust. desch. Poésies
ms. dans lacurne. Et avoit le cœur très eslevé pour
ceste duché [qu'il venait de conquérir], comm. iv,
1. Il xvi° s. Il ralluma son courage, et s'eslevant en
pieds, tout ensanglanté.... mont, ii, 33. On m'a
ainsi eslevé, ro. ii, 73. La somptuosité des monu-
ments eslevez à cette fin, id. ii, 436. De quoi le
peuple ayant eslevé des cris de joie, id. ii, 4 93.
Toute la Gaule s'estant eslevée pour luy courre sus,
!D. m, 4 72, On pourroit envoyer après eux mille
chevaux, et deux mille harquebusiers, et faire esle-
ver toutes les forces des provinces où ils s'arreste-
royent, lanoue, «92.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. eslevar; ital, ele-
tare; du latin e, et levare (voy. lever).
t ÉLEVEUR (é-le-veur), s. m. Celui qui élève des
bestiaux, des chevaux.
ËLEVCRE (é-le-vu-r'), s. (. Petite ampoule qui
vient sur la peau. || Dans le langage médical, syno-
nyme d'exanthème.
1 — HIST. XVI' s. Aucuns ont une ou plusieurs pro-
minences ou esleveures en rondeur sur le crâne,
.Outre le naturel, pabé, m, 4.
' — ÉTYM. Elever.
tu
tELFE(èl-r;, s. m. Nom des génies élémentai-
res de l'air, dans la mythologie Scandinave; c'est ce
que les cabalistes appellent silphes.
— ÉTYM. Allem. Elfe.
ÉLIDÉ, ÉE (é-li-dé), part, passé. Détruit par
l'élision. Une voyelle élidée.
ÉLIDER (é-li-dé), V. a. Terme de grammaire.
Ne pas compter dans un vers une voyelle à la fin
d'un mot, devant une autre au commencement du
mot suivant, soit que cette voyelle disparaisse en-
tièrement dans la prononciation comme chez nous,
Pégase est rétif, soit qu'on l'entende encore, comme
en italien glorioso acquisto. \\ Elider se dit aussi
quand, dans l'écriture, on supprime une voyelle fi-
nale avant un mot qui commence par une autre
voyelle. || S'élider, v. réfl. Etre élidé. Dans s'il, l't
de si s'élide devant t7.
— HIST. XIV' s. Lequel exposant marcha oultre
soubz le cop, et ne fut point atlaint du fer, mais
tant seulement du manche par la teste en eslidant
[en glissant], nu cange, elidere. || xvi" s. On est
pardonnable de mescroire une merveille, autant au
moins qu'on peult en destourner et elider la véri-
fication par voye non merveilleuse, MONT. IV,.4S6.
— ÉTYM. Lat. elidere, écraser, de e, et hvdere,
léser (voy. léser). Le sens de glisser, annuler, que
elider a dans l'historique parait provenir du terme
de droit, dans le moyeu âge : elidere intentionem,
annuler l'intention.
f ËLIER (é-li-é) , V. a. Soutirer en parlant des vins.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et lie.
ÉLIGIBILITÉ (é-li-gi-bi-li-té) , s.f. Réunion des
conditions nécessaires pour être élu.
— ÉTYM. Éligible.
ÉLIGI6LE (é-li-gi-bl'), adj. Qui réunit les condi-
tions exigées pour être élu. C est la nouvelle fan-
taisie de Cadet de mettre un de avec son nom,
depuis qu'il est éligible, et maire de sa commune,
p. L. COUR. 1, 276. Il Substantivement. Les éligililes.
Le président, m'appelant, me donna un de ces
billets où il fallait écrire deux noms; pour moi, j'y
voulais mettre Aristide et Caton; mais on me dit
qu'ils n'étaient pas sur la liste des éligibles. p. l.
COUR. 2° lett. particul.
— HIST. XIV' s. La chose que l'on quert et est es-
lisible pour elle, oresme, Eth. viii (4 4). 1| xvi' s.
Esligible, COTGRAVE.
— ÉTYM. Lat. eligere (voy. élire).
ÉLIMÉ, ÉE (é-li-mé, mée), part, passé. Très-
usé. Un habit tout élimé. Linge élimé. || Fig. C'est
bien la petite passion la plus éliméel créeillon fils,
cité dans les Dictionnaires.
4. ÉLIMER (S') (é-li-mé), v. réfl. S'user à force
d'être portés (par comparaison avec l'action d'une
lime), en parlant des vêlements. || K. o. Fig. User,
polir, affaiblir. Les véritables passions, plus rares
qu'on ne pense parmi les hommes, le deviennent
de jour en jour davantage ; l'intérêt les élime, les
atténue, les engloutit toutes, j. i. rouss. 2« dial. Il
n'a point élimé son génie dans le frottement des
querelles littéraires, mercier, Dict.
— HIST. XVI' Ce fait est honoré de la connaissance
d'infinies personnes, mais il est elimé de vieillesse et
pris au monceau de communs accidents de la for-
tune, MONT. t. II, p. 644, dans lacurne.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et limer.
t 2. ÉLIMER (é-li-mé), D. a. Terme de fauconne-
rie. Purger un oiseau après la mue.
— ÉTYM. ^pour es.... préfixe, et limon, dans le
sens de matière bourbeuse.
•i;ÉLI]HINATEUR, TRICE (é-li-mi-na-teur, tri-s'),
adj. Qui élimine.
ÉLIMINATION (é-li-mi-na-sion ; en vers, de six syl-
labes) , s. f. Il 1° Action d'éliminer, état de ce qui est
éliminé. || Élimination, procédé qu'on emploie dans
les concours pour écarter les plus faibles des con-
currents et concentrer le débat entre les plus forts.
Il 2° Terme de médecine. Élimination des poisons,
l'expulsion, hors de l'économie , des poisons intro-
duits dans le corps. || 3° Terme d'algèbre. Opération
qui consiste, étant donné plusieurs inconnues et au-
tant d'équations,à faire disparaître successivement ces
inconnues, en les ramenant toutes à une dernière,
laquelle, se déterminant par la dernière équation,
conduit à la connaissance de toutes les autres.
— ÉTYM. Éliminer.
ÉLIMINÉ, ÉE (é-li-mi-né, née), part, passé.
Il 1° Mis hors. Éliminé du concours en raison de l'in-
suffisance de ses épreuves. || 2° Terme d'algèbre.
L'inconnue étant éliminée.
ÉLIMINER (é-li-mi-né), t>. a. || 1° Mettre hors.
On a éliminé plusieurs noms de la liste. || 2° Terme
d'algèbre. Éliminer une inconnue, la faire dispa-
ÉLI
1327
rattre d'une équation algébrique, en y substituant
une valeur égale en quantités connues ou combi-
nées avec d'autres inconnues. [| Absolument. Un
procédé commode pour éliminer. || 3° S'éliminer.
V. réfl. Être chassé, en parlant de quantités mathé-
matiques. Ces termes s'élimineront sans peine.
— ÉTYM. I.at. eliminare, de e, hors de, et Kmen,
seuil : chasser au delà du seuil.
fÉLINGUE (é-lin-gh'), s. f. Corde qui a un nœud
coulant à chaque bout, et qui sert à entoure? les
fardeaux pour les mettre dans les vaisseaux et
hors des vaisseaux. Il Gros filin garni d'un croc, à
l'aide duquel on peut mettre un canot à la mer ou
l'en retirer. || Cordage employé dans les corderies
pour le commettage.
— HIST. xiv s. Eslingue [fronde], nn cange,
fundibula.
— ÉTYM. Angl. sling, élingue et fronde.
t ÉLINGUÉ, ÉE (é-Iin-ghé, ghée), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui n'a point de langue, de
trompe.
— ÉTYM. ^pour es.... préfixe, et le latin lingua,
langue.
t ÉLINGUER (é-lin-ghé) , v. a. Terme de marine.
Passer une élingue autour d'un objet qu'on veut
hisser ou déplacer.
— HIST. XIV' s. Par quoi ans chailloz eslinder
[fronder avec des cailloux], G. guiart, t. ii, p. 377,
v. 9803 (4 8 784).
— ÉTYM. Élingue.
t ÉLINGUET (é-lin-ghé) , s. m. Terme de marine.
Pièce de bois qui tourne horizontalement sur lo
pont et qui sert à arrêter le cabestan.
ÉLIRE (é-li-r'),j'éIis,nous élisons; j'élisais ;j'élus;
j'élirai ; j'élirais; élis, élisons; que j'élise, que nous
élisions; que j'élusse; élisant; élu, t). a. \\ l'Non-
mer à une dignité, à une fonction par voie de suf-
frages. Élire un pape, un représentant. Un chétif
centenier des troupes de Mysie, Qu'un gros de mu-
tinés élut par fantaisie, corn. Iléracl. i, 2. Que
l'on tire au billet ceux que l'on doit élire, eoil.
Lutrin, i. Ce «'était pas une chose à faire sans ré-
flexion que de nommer des successeurs à deux
hommes aussi savants, aussi célèbres que ceux-là
[Clavier et Visconti] ; il y fallait regarder, élire entre
les doctes, sans faire tort aux autres, les deux
plus doctes, p. L. COUR. Lett. à VAcad. des inscr.
il 2° Choisir. Quelque chemin que l'homme élise,
Il est à la merci du sort, malh. vi, 24. Le roi doit
à son fils élire un gouverneur, corn. Cid, i, 4.
Régnez; après l'État j'ai droit de vous élire, hoir.
Vencesl. v , 9. Comment Dieu qui t'avait élu ,
t'a-t-il oublié? boss. Hist. u, 4 0. nous t'avons élu
pour dire qui a raison de moi ou de ma fille, mol.
l'Avare, i, 7. Croire que le mari.... que j'ai su
vous élire.... ID. Tart. ii, 2. Cette àme que vous
avez élue pour jouir de votre amour, fléch. le Tel-
lier. Il 3° Terme de droit. Élire domicile, assigner
un lieu où la signification des actes de procé-
dure puisse se faire et où l'on exerce ses droits de
citoyen.
— HIST. XI' s. Car m'eslisez un baron do ma
marche, Ch. de Hol. xx. ||xii's. Après celui [ils]
eslurent dant Garin le Pohier, Sax. iv. Les noz
[nôtres] [ils] vont dechassant, nés [ne les] ont cure
d'eslire. Mais ainsi comme il sont, les prennent
tire à tire, ib. x. Mais je nés [ne les] eslis mie pour
le leur nuisement, tb. xxi. Sis églises aveit el règne
senz pastur ; Pur co erent asemblé celé genz à cel
jur, E li prince e li conte e des barons pluisur.
Pur eslire et sortir pastur à cele honur, Th. le
mart., 4 26. Grant partie del pueple li aveit contre-
dit, E si unt Adonie Sun fil à rei eslit, ib. 27.
Il XIII' s. Ensi fu esleus li quens Baudoins de Flan-
dres à empereour, villeh. cxi. Entre ces boutons
en eslui [j'en élus] Ung si très bel, qu'envers celui
Nus des autres riens ne prisié [je ne prisai] , la
Rose, 4663. Et quant il [l'Amour] ot aperceii Que
j'avoie ainsinc eslett Ce bouton qui plus me plesoit,
ib. 4 694. Confesse toi souvent et esli confesseur
preudomme qui te sache enseigner que tu dois faire,
joiNV. 300. Ilxiv's. Nous voulons santé comme fin,
et nous eslisons les choses par quoy nous y pou-
vons venir et la acquérir, oresme, Eth. 64. Loys de
Beaumont eslut par son testament sa sépulture,
DU CANGE, occomunicare. Il XV' s. Les compagnons
l'élurent à estre capitaine au lieu de son maistre,
FROISS. 1,1. 325. Eslire un sage party, comm. rv, 7.
Il XVI* s. Le ïxiy Ifrançois feut au propre d'eslire, ou
de luy aller au devant en Ytalie, ou de.... mont, i,
356. Messieurs de Bordeaux m'esleurent maire de
leur ville, id. iv, 448. Ce a esté bien tard que la
vendre et l'achepter sont entrevenus es élections dos
1328
HLl
magistrats, et que les voix et les suffrages des eli-
sans se sont achepte?. à prix d'argent, amyot. Cor. ^ »
Il fault que le laboureur soit hocnme entendu, et
que la semence soit choisie et eleue, iD. Comment
il faut nourrir Us enfants, *.
— ÉTYM. W.illon, elére, trier, choisir; provenç.
tlegir, eligir, eleger, eslire, edir ; anc. espagn. es-
leer esUir ; espagn. mod. elegir; ital. ekggere; du
latin eligere, de «, et légère, prendre, cueillir
(Toy. lire).
t lîr.ISANT, ANTE (é-li-zan, zan-t'), adj. Qui
élit. Cardinaux élisants, et, substantivement, les
élisants, les trois cardinaux que le collège cliarge
d'élire un pape quand le conclave ne peui réussir
par le scrutin.
ÉLISION (é-li-zion; en vers, de quatre sylla-
bes), s. f. Terme de grammaire. Action d'élider;
résultat de cette action. En français l'élision n'a
lieu que pour l'e muet final (excepté les deux mots
la et si), et il disparaît entièrement à l'oreille : force
invincible, prononcez for-sinvincible. \\ L'élision
chez nous ne se marque pas ordinairement dans l'é-
criture, si ce n'est dans quelques monosyllabes
comme ce, de, que, me, le, se, le, la, si; alors la
voyelle élidée est remplacée par l'apostrophe : l'dme,
qu'elle , s'il, etc.
— ÉTYM. Lat. elisionem, du supin clisum, de
elidne (voy. élider).
ÉLITE (é-U-f), s. f. Il 1° Ce qu'il y a d'élu, de
choisi, de distingué. L'élite de la noblesse. Pour-
quoi sans Hippolyte Des héros de la Grèce assem-
b!a-t-il l'élite? BAC. Phèd. II, B. Patrocle et quelques
chefs qui marchent à ma suite, De mes Thessaliens
vous amènent l'élite, id. Iphig. v, 2. || D'élite, qui
est de premier choix. S'il y a un petit nombre
d'âmes d'élite que Dieu meuve.... soss. Orais. De
chevaliers romains une troupe d'élite.... créb. Catil.
V, 2. Mes soins ont eu recours à des amis d'éhte,
M. J. CHÉN. Tib. V, t. 11 [Napoléon] affecte de la
mépriser [une rivière] , comme tout ce qui lui fai-
sait obstacle, et il ordonne à un escadron des Polo-
niis de sa garde de se jeter dans cette rivière; ces
hommes d'élite s'y précipitèrent sans hésiter,
SÉGUB, Hist. de Napol. iv , 2. || Dans l'armée, com-
pagnies d'élite, les compagnies de grenadiers et de
voltigeurs d'un bataillon d'infanterie. || 2° 11 se dit
aussi des choses. J'ai eu l'élite de ses livres. Al-
cithoé ma sœur, attachant vos esprits. Des tragi-
ques amours vous a conté l'élite, la font. Filles de
Uinée. Faute de vin d'élite, Sabler ceux du canton,
BÉBANG. Hog. B.
— SYN. ÉLITE, FLiuR. Ces deux mots expriment
ce qu'il y a de meilleur entre plusieurs individus
ou plusieurs objets de même espèce : l'élite de l'ar-
mée; la fleur de l'armée. Mais ils retiennent quel-
que chose de leur origine : fleur emporte toujours
l'idée du brillant, de l'éclat, de la beauté; et élite
emporte toujours l'idée d'élection.
— HIST. XIII' s. Un mois [je] vous doins l'ostel [la
maison] trestout à vostre eslite [volonté], Berte,
Liv. Pechié porte sa peine et bienfait son mérite.
De ces deux choses sunt homme et femme à eslite
[ont le choix], j. DEMEUNG, Test. 210. Il xv's.Si prit
[le connétable d'Ecosse] cinq cents lances à l'élite
de tous les meilleurs d'Escosse, fboiss. il, ii, HB.
Vingt mille hommes d'armes tous d'élite, id. ii, m,
68. Il XVI' s. La noble Marguerite, Kleur d'eslite,
MAROT, III, 208. I.a prudence est l'eslite entre le bien
et le mal, mont, ii, 22B. Puis fit élite d'entre les
dames d'une qu'il estimoit mieux mériter son ser-
vice, ïVEB, p. 631. Ayant tenu son eslite de gens
de pied et de cavalerie preste, d'aub. Uist. m, 6B.
— ÉTYM. Élit, ancien participe passé du verbe
ilire.
t ÊLIXATION (é-liksa-sion) , s. f Terme de chi-
mie. Action de faire bouillir une substance dans
l'eau et qui a pour but d'obtenir deux produits, l'un
solide cuit et l'autre liquide. Le pot-au-feu des mé-
nages est une élixation.
— ÉTYM. Lat. elixare, cuire dans l'eau, de e, et
lix, mot archaïque qui, suivant Nonius, signifiait
eau.
ËLIXIR (é-li-ksir), s. m. Terme de pharmacie.
Nom générique de préparations qui résultent du
mélange de certains sirops avec des alcoolats. L'élixir
de longue vie. Les charlatans qui avertissent le pu-
blic de se donner de garde de ceux qui contrefont
leur élixir, volt. Lett. Marin, 24 nov. (764. Elle
faisait des élixirs, des teintures, des baumes, j. j.
■oussEAU, Conf, II. Il Fig. et par plaisanterie, ce qu'il
y a de meilleur, de plus précieux dans quelque
Chose. Le bel honneur au roi, d'avoir à son service
Le pressis, l'élixir de tonte la malice, boursauit.
El.I.
Fables d'Étape , ir, 6. L'unisson dessentimentsdans
cet élixir à part d'une dévotion persécutée imposa
à l'archevêque de Cambrai, saint-simon, <27, )4B.
— HIST. XIII' s. Ne d'elissir n'a nule envie, Ro-
man de la poire. |{ xiv s. Je fais par mes secrets
célestes Œuvres parfaictes et honestes. Dont aucuns
voyant mes oracles Les ont jugés quasi miracles;
Comme il appert en l'élixir Dont tant de biens sont
à issir, Not. à l'alch. err. B09.
— ÉTYM. Portug. elexir ; de l'arabe al, le, et
aksir, quintessence.
t ELLAGIQUE (èl-la-ji-k'), adj. Terme de chi-
mie. Acide ellagique, acide qui se précipite, en
même temps que l'acide gallique, de l'infusion
aqueuse de noix de galle longtemps exposée au con-
tact de l'air.
— ÉTYM. Galle (noix de), dont les lettres ont été
renversées, pour le distinguer de l'acide gallique,
avec la terminaison tijue, qui, en chimie, indique
un acide.
ELLE (è-l') , pron. de la 3' pers. féminin. 11 s'em-
ploie comme sujet. Elle a dit. Elles font. Qui a tenu
ce langage? elle. || Elle qui.... au féminin, tandis que,
au masculin, on dit lui qui.... Elle qui se prétend si
sage a pourtant fait une sottise. || Elle ne sert pas de
régime direct à un verbe actif; on le remplace par
(«devant ce verbe: je (a chéris, pour je chéris elle.
Il Quand le pronom to est le régime direct d'un verbe,
et qu'après ce verbe il y a un nom qui concourt avec le
pronom à former ce régime direct, on joint ei/e àce
nom : le lion la dévora, elle et ses enfants. On dit de
même au sujet: elle mourut, elleetsesenfants. || Elle
ne sert pas ordinairement de régime indirect à un
verbe quand ce régime est marqué par à; on y sub-
stitue iitt; parlez-lui, et non parlez à elle. Cependant,
en quelques cas exceptionnels, oii l'on veut ex-
primer plus fortement le régime indirect, on peut
se servir de elle. Il croyait même parler à elle, fén.
Tél. VII. Il Quand on ajoute même à elle, on peut
dire à elle : parlez à elle-même (voy. même), jj D'elle-
même spontanément. Mais enfin d'elle-mêaie on
ne l'entend jamais.... th. corn. Ariane, ii, t.
La flamme du biV.her d'elle-même s'allume, bac.
Iphig. y, 6. Il Elle se construit aussi avec une pré-
position comme complément d'un adjectif ou d'un
verbe. Je ne suis pas content d'elle. Je pense à
elle. Bien des préventions se sont élevées contre
elle. Il faut s'adresser à elle. Je trouvai du plaisir à
me perdre pour elle, rac. Androm. ii, B. \\Elle se
construit moins bien de la sorte, quand il s'agit de
choses et non de personnes; vous avez une plume
bien taillée; c'est avec elle que j'ai écrit; il vaut
mieux dire : c'est avec cette plume. Cette muraille
menace ruine, ne vous approchez pas d'elle; dites :
ne vous en approchez pas. Aussi on désapprouve
ces deux vers de Voltaire :Fers, tombez de ses mains,
le sceptre est fait pour elles, Oreste, v, 7; Mais qui
peut altérer vos bontés paternelles? Vous seule,
vous, ma fille, en abusant trop d'elles, Tancr. i, 4.
Cependant rien, dans la grammaire, n'empêchant
cet emploi, qui seulement est languissant et pro-
saïque, on ne le blâmera pas absolument; et l'on
acceptera ce vers de V. Hugo, cité par Legoa-
rant : Moi, la douleur m'éprouve, et mes chants
viennentd'elle. On acceptera également cette phrase-
ci ; Cette comédie ayant plu à ceux pour qui elle
est faite, je trouve que c'est asisez pour elle.
— HIST. X' s. Elle n'out eskolté les mais consel-
iers, Eulalie. \\ xi' s. Quant el [la dame] le voit,
ne peut muer ne rie [s'empêcher de rire], Ch. de
Roi. Lxxv. Il xii' s. Ele ot chemise de soie d'Auma-
rie, Uonc. p. tco. Nule chançon ne m'agrée, S'el
ne vient de fine amor, Couci, i. La roïne ne fit
pas que courtoise. Qui me reprist, ele et ses fiex Ii
rois (son fils le roi], ojJESNes, Homancero, p. 83. Au
départir de Ii [elle] [il] l'a doucement baisie. Et ele
lui aussi, Sax. vu. || xiii* s. N'ert [n'étoit] famé qui
à ele de grant biauté s'afiere, lierle, xii. Oucpuis-
qu'ele [elles] leur dame voudrent [voulurent] faire
mourir, ib. lxui. Ge fusse arivés à bon port. Se
d'els [elles] troi ne fusse aguetiés, la Rose, 2879.
Il XIV s. Les queles choses, s'il [elles] sont bien con-
sidérées, H. DE MONDEViLLE, {'3t , verso. Les vaines
[veines] sont devisées en moult de parties, tant qu'il
soient capillaires, lu. f" 22, verso. Nous manifeste-
rons et déclarerons quantes il [les vertus] sont,
ORESME, Eth. 78. {| XVI' S. EU' n'en prendroit ja-
mais, te di-je; Car c'est une femme d'honneur,
MAR0T, I, 207. Et que veui-tuî el' m'ayme bien.
Je n'ai que faire de m'en plaindre, id. i , 2iu.
Elles sçavent trouver mille feintes excuses , Après
qu'eir ont failly, hons. 125.
— ÉTYM. Wallon, t7f, èle, elle, elles Berry, aile,
iille; provenç. tla,tlha, ella; espagn. et ital. etla;
du latin illa (voy. il). L'ancienne langue a dit »uss'
il pour elle; ce qui n'a rien d'extraordinaire, le
latin disant illa.
t FXLRBORACÉ, ÉE (èl-lé-bo-ra-sé, sée), adj
Terme de botanique. Qui ressemble à l'ellébore.
— ÉTYM. Ellébore.
ELLÉBORE (èl-lé-bo-r') , t. m. Terme de bota-
nique. Il 1° Plante, dite dans l'Avranchin herbe en-
ragée, très-usitée dans la médecine des anciens
comme catharlique et qui passait pour guérir la
folie. Le plus célèbre des ellébores venait des cam-
pagnes d'Anticyre, île de la mer Egée dans le golfe
Maliaque. L'ellébore des anciens est regardé comme
appartenant aux veratrum (colcliicacées). 11 n'est
point d'ellébore assez en Anlicyre.... Régnier, Sat.
XV. Ma commère, il vous faut purger Avec quatre
grains d'ellébore, la font. Fabl. vi, )0. Yaurait-il
assez d'ellébore pour une si étrange maladie T
VOLT. Phil. ignorait, 50. || Avoir besoin d'ellébore,
avoir l'esprit troublé. Vous le voyez , sans moi
vous y seriez encore; Et vous aviez besoin de
mon peu d'ellébore, mol. Sgan. 22. Elle a besoin
de six grains d'ellébore; Monsieur, son esprit est
tourné, m. Àmphit. ii, 2. Il aurait bien besoin
de deux grains d'ellébore, begnard, Disir. il, (2.
Il 2° Genre de piantes renonculacées , dont une
espèce d'Europe {helleborus niger) sert en méde-
cine. Quand on met un exutoire aux animaux, on
fait au bas de la panse ou sur la cuisse une incision
dans laquelle on introduit un petit morceau de ra-
cine d'ellébore.
— HIST. XIV' s. En médecine, c'est legiere chose,
savoir ce que il est dit du miel et du vin et de ellé-
bore, ORESME, Elh.i&i.
— ÉTYM. 'EX/.E'êopoç.
ELLÉBORINE (èl-lé-bo-ri-n') , s. f. Plante dont
plusieurs espèces ont les feuilles semblables & celles
de l'ellébore.
t ELLÉnORISER (èl-lé-bo-ri-zé) , v. a. Ancien
terme de médecine. Purger avec l'ellébore.
f ELLÉBORISME (èl-lé-bo-ri-sm'), s. m. Chez les
anciens, méthode de traitement des maladies par
l'ellébore, comprenant non-seulement la prépara-
tion de l'ellébore, mais encore les précautions pré-
liminaires propres à en seconder l'action et à en
prévenir les effets pernicieux.
— ÉTYM. Ellébore.
t ELLIPANTHE (èl-li-pan-f) , adj. Terme debota-
que. Qui a des fleurs incomplètes, ne renfermant
que des étamines ou des pistils.
— ÉTYM. 'EUe'.itVjç, défectueux, et ôv9o;, (leur.
ELLIPSE (èl-li-ps'), J f. Il 1° Terme de gram-
maire. Figure par laquelle on retranche quelque
mot dans une phrase. Dans ce vers de Racine, Andr.
IV, B : Je t'aimais inconstant; qu'eussé-je fait fi-
dèle? l'ellipse est : si tu avais été fidèle. || C'était
quelquefois pour les Grecs une espèce de syncope
par laquelle on retranchait une voyelle dans un
mot sans détruire la syllabe, comme serait glor»
pour gloire. || Terme de musique. Suppression d'an
accord que réclame l'harmonie régulière. || 2° Terme
de géométrie. Courbe résultant de la section d'un
cône droit par un plan oblique à l'axe ; c'est un
cercle allongé. Le centre, les deux foyers, les axes
d'une ellipse. Ellipse excentrique, celle dont le grand
axe est beaucoup plus grand que le petit; ellipse
presque circulaire, celle dont les deux axes se rap-
prochent de l'égalité. L'orbite de la terre est une el-
lipse presque circulaire dont le soleil occupe un
foyer. Les comètes décrivent des ellipses très-allon-
gées.
— SYN. ELLIPSE, ovale. L'ellipse est une courbe
parfaitement symétrique. L'ovale, qui présente la
forme d'un œuf, a un côté plus large que le côté
opposé.
— ÉTYM. "EUeuVi;, qui, signifiant manque, s'ap-
plique à l'ellipse grammaticale, puisque quelque
•chose est supprimé, et à l'ellipse géométrique, parce
qu'il lui manque quelque chose pour être un cercle
parfait: de Iv, et^ewEiv, laisser, manquer.
t ELLIPSOGRAPHE (èl-li-psogra-r), s. m. In-
strument pour tracer des ellipses.
— ÊTY'M. Ellipse, et fpiiçeiv, tracer.
f ELLIPSOÏDAL, ALE (èl-li-pso-i-dal, da-l'), a<^'.
Terme didactique. Qui a la forme d'un ellipsoïde.
ELLIPSOÏDE (èl-li-pso-i-d'), s. m. || l' Terme de
géométrie. Solide engendré par la révolution d une
moitié d'ellipse autour de l'un de ses axes. Ellip-
soïde de révolution. La comparaison des degrés ter-
restres donne des diflTérences qu'il est difficile d'at-
tribuer aux seules erreurs des observations; il parait
donc que la terre est sensiblement différente d'un
ELO
ELO
ÉI.O
1359
ellipsoïde, LAPLACE, Expos, i, l*.\\i' Adj. Qui a la
forme d'une ellipse. Graine ellipsoïde. Cadre ellip-
soïde. Il 3° S. f. Ligne courbe dont la forme appro-
che de ci'lle de l'ellipse. Cette surface est terminée
par une ellipsoïde.
— ÉT\M. Ellipse, et elSoc, forme.
t ELLll'SOLOGlE(èl-li-pso-lo-jie), s. f. Terme de
géométrie. Traité surla manière de tracer des ellipses.
— RTYM. Ellipse, et lôyoi;, traité.
tELLIPSOSPER.ME(èl-li-pso-spèr-m'),adj. Terme
de botanique. Qui a des graines ellipticjues.
— ETYM. Ellipse, et oTOpiia, graine.
t ELI.IPSOSTOME (iM-li-pso-sto-m'), adj. Terme
de zoologie. Oui a la bouche ou l'ouverture elliptique.
— ÈTYM. Ellipse, et atôu-a, bouche.
EI.L1PTICITÉ (M-li-pti-si-té), s. f. [{ l" Terme de
grammaire. Qualité d'une phrase, d'une tournure
elliptique. Il %' Terme de géométrie. Forme elliptique
d'une ligure. EUipticité plus ou moins grande, al-
longement plus ou moins grand d'une ellipse. La
prodigieuse ellipticité des orbites des comètes. La
lune, par l'observation de ses mouvements , rend
sensible à l'astronomie perfectionnée l'ellipticité de la
terre, dont elle fit connaître la rondeur aux premiers
astronomes par ses éclipses, laplace, Expos, iv, 6.
— ÉTYM. Elliptique.
ELLIPTIQUE (èl-li-pti-k'), adj. || 1" Terme de
grammaire. Qui présente une ellipse. Tour ellipti-
que. Langue elliptique, langue où l'ellipse est fré-
quente. Il 2° Terme de géométrie. Qui est de la nature
de l'ellipse. Forme, figure elliptique. Galilée dé-
montrait le mouvement de la terre et des autres pla-
nètes dans leurs prbites elliptiques autour du soleil,
VOLT. Philos, u, 230. La loi de la pesanteur rattache
le flux et le reflux de la mer aux lois du mouvement
elliptique des planètes, laplace, Expos, iv, il. || Qui
appartient ou qui a rapport à l'ellipse. Segment,
arc elliptique. Compas elliptique, instrument pro-
pre à décrire des ellipses.
— ÉTYM. 'E/),EiiiTi/.èc, de SXXeiiI/iç, ellipse.
ELLIPTIQUEMENT (èl- li - pti - ke - man ) , adv.
Il l"Termede géométrie. En forme d'ellipse. || 2"Ter-
me de grammaire. Par ellipse. On dit quelquefois
elliptiquement du tout, pour non pas du tout.
— ÉTYM. Elliptique, et le suffixe ment.
ELME (SAINT-) (sin-tèl-m' ). Feu Saint-Elme,
météore qui apparaît à la pointe des mâts sous
forme d'aigrettes lumineuses, ou qui voltige à la
surface des flots. Le feu Saint-EIme était appelé
par les anciens Castor et Pollux. On croit que le feu
Saint-IClme est dû à l'électricité.
— HIST. XVI* s. Ils ne doivent avoir pour fanal et
saint elme que la vérité seule tesmoignée par des
aulheurs qui couchoient par escrit.en leur langue,
ce qu'ils avoient veu de leurs yeulx et non pas ouy
dire, FAV. Théâtre d'hon. Disc, à la suite de l'Ép.
déd. p. 2, dans laccrne.
— ÉTYM. Le P. Fournier (hydrographie, \\y. xv ,
<643) écrit /'eu saint-telrne (dans jal); mais c'est
certainement une fausse orthographe. On connaît
le nom du château Saint-Elmeh Naplesjor, dans les
textes latins, le château Saint-EIrne est le château
Saint-Erasme. Saint Erasme, évêque et martyr, est
mort sous Dioclétien en 303, et a été transféré à
Gaëte en S42. « Saint Erasme est appelé par corrup-
tion Mint Ermo ou saint Elmo, et il est communé-
ment invoqué dans les tempêtes par ceux qui navi-
guentsurlaMéditerranée, Vies des saints , auajuin,
BUTLER, traduit par godescabo, éd. de Lille, 1834,
t. VIII, p. 63. j> Le feu Saint-Elme est le feu de saint
Érasme, protecteur des marins.
fÉLOCUER (é-lo-ché), ». a.\\i' Vieux mot qui
signifie ôter desa place, renverser. Ce tonnerre ora-
geux qui menace et qui gronde Élochera bientôt la
machine du monde, J. desmarets. Visionnaires, i, 3.
Il 2° Terme rural. Ebranler une plante comme si on
voulait l'arracher. || 3° Détacher un pot à fondre le
verre du siège auquel son fond était collé.
— HIST. xiii* s. Les clous de quoy les planches
de la nef estoient attachiez estoient tous eslochez,
joiNV. (92. Il XVI* s. Le serrurier marche à la
grille qu'il avoit elochée auparavant, l'arrache et
entre le premier, d'aub. Uist. ii, 61. Quand les
os s'eslochent, s'entr'ouvrent et entre-baaiUent,
sans toutes fois estre luxés, paré, xiv, f. Neptune
s'en venoit, d'un soufle véhément. De la terre
elocher le massif fondement, baIf, Œuvres, f° 2i ,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Lat. fictif ei-!ocare, de ci, hors, et lo-
cu», lieu ; déplacer.
ÉLOCCTION (é-lo-ku-sion; enveis, de cinq sylla-
bes), i.f. Il 1* Manièredes'exprimer.Êloculion nette,
f&cile, élé(;ante, triviale. |1 Manière de prononcer un
UICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
discours. L'éloculion fait une des principales parties
de l'éloquence. || 2° Élocution est quelquefois syno-
nyme de style. Nous ne savons rien des commence-
ments ni des progrès de la langue grecque; les poè-
mes d'Homère sont le plus ancien ouvrage que nous
ayons en celte langue , et l'élocution y est si par-
faite, que tous les siècles suivants n'y ont pu rien
ajouter, rollin, Hist.anc. Giuvres, t. xi, 2' part,
p. 605. Ouvrez le traité de Cicéron, intitulé Oratnr,
et dans lequel il s'est proposé de former ou plutôt de
peindre un orateur parfait; vous verrez non-seule-
ment que la partie de l'élocution est celle à laquelle
il s'attache principalement, mais que, de toutes les
qualités de l'élocution, l'harmonie qui résulte du
choix et (le l'arrangement des mots, est celle dont
il est le plus occupé, d'alemb. Jle'i. it/(. OICuv., t. m,
p. 246, dans pouGENS. Il 3° Partie de la rhétorique
qui traite du choix et de l'arrangement des mots.
— ÉTYM. Lat. eloculionem, de eloqui (voy. élo-
quent).
f ÉLODICON (é-lo-di-kon), s. m. Espèce d'orgue
expressif, à lames vibrantes.
ÉLOGE (é-lo-j'), s. m. || l" Discours public fait à
l'honneur de quelqu'un, après sa mort. Éloge fu-
nèbre. Éloge historique. || Discours académique fait
dans les mêmes circonstances. L'éloge de Bossuet,
de Racine. Les éloges de Fontenelle sont des chefs-
d'œuvre. Il 2° Par extension, louange dequelqu'un
ou de quelque chose. D'éloges on regorge; à la
tête on les jette. Et mon valet de chambre est
mis dans la gazette, mol. llis. m, 7. Us citent
nos pères avec éloge, pasc. jProv, B. Ces esprits
frivoles.... A\alent sans dégoût le plus grossier
éloge, boil. Épit., IX. Tout éloge imposteur blesse
une âme sincère, lo. ib. Il vous comble partout
d'éloges fastueux, iD. Art p. i Ne vous enivrez point
des éloges flatteurs Qu'un amas quelquefois de
vains admirateurs Vous donne en ces réduits.... id.
ib. Sitôt que l'auteur signe un écrit qu'il proclame.
Son nom doit partager et l'éloge et le blâme, Gil-
bert, Mon apologie. Les éloges indirects sont les
seuls qui puissent faire quelque impression, m* de
GENLis, Ad. et Tliéod, t. ii, lett. i, p. <, dans pou-
OENS. Je sauve l'ennui d'un éloge menteur, lemerc.
Clovis, II, 3. Il Faire l'éloge de, louer. Il a fait
votre éloge. Un certain hâbleur à la mine affamée.
Qui vint à ce festin, conduit par lafumée. Et qui....
A fait en bien mangeant l'éloge des morceaux, boil.
Sat. III. Il Cela fait son éloge, cela témoigne favo-
rablement pour lui. Voilà des choses qui font son
éloge, sÉv. 209. Cette folie qui fait son éloge, boss.
Er. d'Àss. (. Il X l'École de droit, être reçu avec
éloge, être reçu avec l'unanimité de boules blanches
ou avec la note supérieure.
—HIST. XVI* s. Je croy que ceux-là n'attendent de
vous nul éloge pour le sujet que traictez, pasquier,
Lettres, t. i, p. 658, dans lacurne.
— ÈTYM. Lat. elogium, note, observation, in-
scription tumulaire, du grec èX),ÔYn>v, article d'un
compte, de èv, et /oyo;, dire, discours.
f ÉLOGIER (é-lo-ji-é), v. a. Néologisme. Louer^
faire l'éloge.
— ÉTYM. Éloge.
tÉLOGIEUX, EUSE(é-lo-ji-eû, eû-z'), odj". Néo-.
logisme. Qui est rempli d'éloges, de louanges. Dis-
cours élogieux. Parler en termes élogieux.
— ÉTYM. Éloge.
tÉLOGISTE(é-lo-ji-st'),s. m. Auteur d'éloges. Une
infinité d'élogistes des dames illustres, bayle, Lett.
à la Monnaye, 8 juillet (097.
t ÊLOHISTE (é-lo-i-sf) , adj. Terme de critique
biblique. Fragments élohistes, nom donné par
quelques érudits à des portions du Pentateuque où
Dieu est toujours nommé Elohim, et qu'ils croient
d'une époque et d'une source distinctes des frag-
ments dits par eux jéhovistes.
ÉLOIGNE, ÊE (é-loi-gné, gnée), part, passé.
Il 1° Placé loin. Un favori éloigné de la cour.
Lyon est plus éloigné de Paris que Dijon. De-
puis plus de six mois éloigné de mon père, J'i-
gnore le destin d'une tête si chère , bac. Phèd. i, (.
Il Terme d'histoire naturelle. Écailles éloignées,
écailles éparses à la surface du corps de l'animal
sans se toucher. || Feuilles éloignées, feuilles plus
distantes entre elles qu'elles ne le sont dans la plu-
part des plantes. || 2° Qui est au loin, dans l'espace
ou dans le temps. Pays, temps éloigné. Les biens
qu'ils font s'étendent jusque dans les siècles les plus
éloignés, FÉN. Tél. xxiv . || 3"llse dit de ce qui est sé-
paré par un intervalle que l'on compare à une dis-
tance matérielle. On voit, et dans sa maison et dans
s* conduite, avec des mœurs sans reproches, tout
égaleuent éloigné des extrémités, boss. le Tellier. 11
n'y a point d'avantages trop éloignés à qui s'y prépare
par la patience, la bruy. xii. || 4° Qui s'écarte, qui
diffère. Ce récit est éloigné de la vérité. Aussi, comme
son but est dilVérent du mien, Je dois prendre un che-
min fort éloigné du sien, corn. Suite du Uent.ii,
3. L'esprit de l'Église est bien éloigné de ces maxi-
mes, PASC. Prov. *i.\\ Adverbialement. Bien éloigné
que les explications excusent le livre, elles en dé-
couvrent.... BOSs. Préf. Cet emploi n'est plus guère
usité; on dit plutôt bien loin que. || 6° U se dit des
personnes en un sens analogue. Être bien éloigné
de faire une chose, n'en point avoir l'intention ou
le pouvoir. U était bien éloigné de jouir du plaisir
de cette victoire, fén. Tél. xvi. Jamais femme ne
fut plus éloignée de toute espèce de coquetterie,
M* DE GENLIS, Théât. d'édue. la Mère rivale, l, S.
Il Être bien éloigné de compte, n'être pas d'accord
avec quelqu'un. || Être éloigné de son compte, se
tromper dans ses prévisions.
ÉLOIGNEMENT (é-loi-gne-man), s. m. || l" Ac-
tion d'éloigner ou de s'éloigner. L'éloignement des
personnes les plus suspectes. Après l'éloignement
d'un flatteur de Décie, corn. Poly. v, 2. Et mon
éloignement remettra son esprit, id. Nicom. iv, 2.
Accordez-moi sa grâce ou mon éloignement, rotb.
Vencesl.ni, 7. || Terme de dévotion. Vivre dans un
grand éloignement de Dieu, c'est-à-dire vivre dans
une grande inattention pour les choses de son salut.
Il 2° Absence. La prodigieuse mémoire de ce prince
[le frère de Louis XHI] est une des considérations qui
m'a autant consolé durant cet éloignement; car je
suis assuré que j'y suis encore, puisque j'ai eu l'hon-
neur d'y être autrefois, voit. Lett. 39. Que pourrais-je
espérer d'une amitié passée. Qu'un long éloigne-
ment n'a que trop effacée? bac. Théb. ii, 3. Je pré-
vois la rigueur d'un long éloignement, id. Iphig.
II, 2. Il 3° Distance d'un lieu à un autre. L'éloigne-
ment de nos demeures nous empêche de nous voir
souvent. L'immense éloignement [des planètes], le
point et sa vitesse, Celle aussi de nos passions, Per-
mettent-ils à leur faiblesse [des astrologues] De
suivre pas à pas toutes nos actions? la font. Fabl.
VIII, (6. Dans l'éloignement où il voit les hommes,
il est effrayé de leur petitesse, la bruy. i. || Dans
l'éloignement, en éloignement, c'est-à-dire au loin,
dans le lointain. Dans l'éloignement, on voit des
bergers. Vers une habitation rustique qui paraissait en
éloignement. hamilt. Les quatre facardins , p. 272.
Il aperçoit distinctement une lumière dans l'éloigne-
ment, M"* DE GENLIS, Veillées du château, t. i,
p. 544, dans POUGENS. || Fig. L'imagination fait voir
comme en éloignement les agitations du monde,
FLÉCH. Dauph. Ce sont là de ces traits qu'on ne
peut montrer qu'en éloignement, mass. Or. (un.
Villars. Le monde, vu de près, ne se soutient pas
longtemps contre lui-même; mais en éloignement il
en impose, ID. Profess. relig. Serm. 4. || 4" La dis-
tance dans le temps. L'éloignement ♦"s temps rend
fort obscurs les dètalbi de cet événemjnt. Soit que^
jeune, on craigne moins la mort, par l'instinct de
son éloignement, ou qu'à cet âge, riche de jours et
prodigue de tout, on prodigue sa vie comme les ri-
ches leur fortune, sf.GUR, Ilist. de Napol. ix, 2.
Il Voir de grands biens en éloignement, avoir à es-
pérer une riche succession. Académie. || 5° Éloi-
gnement d'une chose, ou, seulement, éloigne-
ment, retardement. Le moindre éloignement A votre
impatience est un cruel tourment, rac. Alex, m,
t. Il 6° Antipathie, répugnance. Il a de l'éloigne-
ment pour cette personne, pour cette profession. X
quoi bon affecter des éloignements qui ne servent
à rien? Il avait de l'éloignement de servir dans les
couvents, boss. Lett. relig. 98. Il leur inspirait un
extrême éloignement de leur impiété, id. Hist. il,
3. L'éloignement qu'il fait paraître pour la vérité,
mass. Av. Épiph. U faut avouer que le roi , dans les
premiers temps, eut plus d'éloignement que d incli-
nation pour Mme de Maintenon, M"* de caylus,
Souvenirs, p. 78, dans pougens.
— HIST. xra" s. Mes en aucun cas eles n'i ont
pas bon demeurer, ainçois doivent estre escusées
de l'eslongnement, s'eles le font, beaum. lvii, 4.
Il xvf s. L'esloignement que de vous [loin de vous]
je veux faire. N'est pour vouloir m'exempter et def-
faire De vostre amour, encor moins du service,
MAROT I, 35-. Vostre prochain et triste eslongne-
meiit,'sT-GELAis, p. 20, dans lacurne.
— ETYM. Éloigner.
ÉLOIGNER (é loi-gné; on a prononcé aussi é-lo-
gné, et Ménage condamne cette prononciation; au
contraire, Chifflet, Gramm. p. 200, recommande de
prononcer élogner),ti. o. {| 1° Mettre loin. Eloignant
les postes les uns des autres. Éloigner cette table, cette
l. — 16T
1330
ÉLO
chaiss du feu. Éloignez cela de moi. Lo tyran, du
palaii nou» a tous éloignés, corn. Ilérad. iv, 6.
Voici l'insUnt qui va nous éloigner, volt. Brut.
IV ». Dans les moments où le combat s'engage,
M'élûigner du danger, c'est trop msj faire outrage,
ID. Soph. I, 4. Il Par extension. Le roi éloigna ce
favori. Eloigner un jeune homme des mauvaises com-
pagnies. Il î" Il se dit du temps. Cha(|ue jour nous
éloigne de cette époque. || Retarder, différer. Éloigner
un payement, jj 3° Rejeter, éviter, détourner. Éloi-
gnez de vous ces pensées. Le travail éloigne le vice.
Considérons encore une fois devant Dieu et en éloi-
gnant l'esprit de dispute, ce qu'on a prouvé par tant
de faits, tirés par exemple de l'histoire de l'aria-
nisme, BOSs.Tar. 2' instruct. past.% H 5. || Éloigner
de, avec un verbe à l'infinitif. Cet organe des dieux
[un oracle] put se laisser gagner X ceux que ma
naissance éloignait de régner, corn. Œd. m, B.
Une modestie qui l'éloigné de penser qu'il fasse le
moindre plaisir, la bruy. ii. || 4° Oter l'affection.
Rien n'est plus capaWe d'éloigner les cœurs, les
esprits. || B° S'éloigner, v. réfl. S'en aller, quitter
un lieu. Il s'éloignait à pas lents. Éloignez-vous un
peu. Pour éviter l'inceste. Je n'ai qu'à m'éloigner de
ce climat funeste, corn. Héracl. ii, 2. La galère
s'éloigne avec son espérance, id. Nieom. v, B. Tu
t'éloignes de nous pour consulter un homme Qui
n'est que trop connu dans la ville de Rome, mair.
Mort d'Asdrub. Je sens bien que sans vous je ne
saurais plus vivre. Que mou cœur de moi-même est
prêt à s'éloigner, rac. Bérén. iv, 5. Qu'on s'éloigne
un moment, id. Esth. i, 3. || Terme de peinture.
Celte figure s'éloigne bien, elle fuit bien. || 6° Fig.
S'éloigner de son devoir, y manquer. S'éloigner du
respect que l'on doit à qu^qu'un , maucroix,
Schisrr\e, liv. i, dans ricbelet. || S'éloigner des
vues, des intentions de quelqu'un, ne pas s'y con-
former. Il 7° Ne pas s'éloigner de, n'être pas loin de,
n'avoir pas de répugnance à. Il ne s'éloigne pas
d'accepter les offres que vous lui faites. Il ne paraît
pas qu'il s'éloigne fort des propositions. || S° Être
différent. Ces deux doctrines s'éloignent peu l'une
de l'autre.
— REM. Malherbe et Corneille ont dit éloigner
activement pour s'éloigner de : Le soleil qui dé
daigne une telle carrière, Puisqu'il faut qu'il dé-
loge, éloigne sa barrière, malh. i, *. Ses vaisseaux
en bon ordre ont éloigné la ville, corn. M. de Pomp.
m, 4. C'est un archaïsme et une locution d'ailleurs
analogue h celle qu'on a conservée, et qui emploie
approcher de la même façon : approcher une ville,
pour s'en approcher.
— SYN. ÉLOIGNER, ÉCARTER. Éloigner, c'est mettre
au loin; écarter, c'est mettre à l'écart; là est déjà
une première nuance. De plus, éloigner signifie
seulement que l'on veut mettre loin ce qu'on éloigne,
tandis que écarter exprime que l'on désire se dé-
barrasser de ce qu'on écarte.
— HIST. XI* s. Près est de Deu e des règnes del
ciel; Par nule guise ne s'en volt esluiner, SI Alea:is,
xxxvi. Il XII* s. Et si enemi se esloignierent par paor
de lui, Hachab. i, 3. Un seul petit [seulement un
peu] des autres s'eslongna, Ronc. p. <68. Par quel
forfait et par quel mesprison M'avez, Amours, de
vous si esloignié? Couc», vu. Mais la pitié de Deu
ne volt [veut] nul esluignier. Th. le mart. 32. Dune
l'unt saisi as puinz li fil à l'aversier, S'il comencent
forment à traire e à sachier. Mais del pilier nel
purent ester ne esluignier, ib. <48. ||xiii* s. Amis,
trop vous font eslongier De moi félon et losengier,
Rotr^ancero, p. 42. Li empereres Morchufies n'est
mie à celui jour esloingié de Constantinople plus de
quatre journées, villeh. cxiii. Lors appela Pieron
do Douay et li dist que.... il, por Deu, ne l'eslongast
pas, que il tout adiès ne li fust priés en ceste be-
soigne, par son cors garder, id. vu. Entreuz que
[pendant que] Berte fu de Pépin esloignié, Berte,
hx. Quant li rois Pépins fu du manoir eslongiés,
ib. cxx. A poi que li cuers ne me part, Quaut de la
rose me souvient. Que si eslongnier me convient,
la Roi:e, 2S)7h. Un chevalier cuida descendre de la
grant nef en la barge de cantiers, et la barge es-
loigna, et cheï en la mer et fu noyé, joinv. 2(4.
Il XV* s. Si partit de nuit [messireJean de Neufville]
monté sur fleur de coursier et esloigna les Escots
(s'éloigna des Écossais] , car il savoit les adresses et
les refuites du pays, fhoiss.i,i, (64. Jeesloigneroye
jallongerais] ma matière pour deviser l'assiette de
tous les coups d'un chacun, laquelle chose pourroit
tourner aux oyans à ennui, Bouciq. 1, te. Et se
commença & eslongner d'elle l'evesque de Lyege,
COMU. VI, ï. Il XVI* s. Besoin luy est d'eslongner la
personne A qui son cœur énamouré se donne, Uk-
ELO
BOT, I, t«ï. Mais il n'est pas heure de l'eslongnier
[do la quitter], marg. Lett. 3. J'ai prié le roy de
Navarre, que l'on eslongnastde cette ville ceulx qui
estoient au dit evesque, id. ib. no U n'est nulle
pire prison que d'ung corps en liberté eslongnant
les lieux où son cœur est aresté, id. ib. 66. Estre
esloingné de vouloir.... mont, i, 25. Tu as bien
largement affaire chez toy, ne t'esloingne pas, id.
IV, (47. Estant esloingné de France, et encoresplus
esloingné d'un tel pensement, id.iv, (49. Estant
devenu si amoureux de ceste femme, qu'il ne la
pouvoit esliigner de veue, amyot, LucuU. (2.
ÉTYM. É pour es.... préfixe, et loin; Berry,
aloigner; provenç. esloigriar, eslueingnar.
t ÉLONGATION (élon-ga-sion), s.f. || 1° Terme
d'astronomie. Distance angulaire, vue delà terre, en-
tre le soleil et une planète. || Élongation de deux pla-
nètes, la différence qui se trouve entre leur mou-
vement. Il 2° Terme de chirurgie. Distension des
ligaments d'une articulation, avec allongement du
membre, sans déboîtement complet.
— HiST. XVI* s. Luxation par elungation ou eslar-
gissement desligamens, paré, xiv, (.
— ÉTYM. Lat. elongare, allonger, de e, et lon-
gus, long.
f ÉLONGER (é-lon-jé), v. a. Terme de marine.
Se dit pour longer et pour allonger.
— HIST. xiii* s. Il seroient folz ceulz qui servi-
roient Dieu, se nous ne cuidien que il eust pooir de
nous eslongier [allonger] nos vies et de nous gar-
der de mal et de mescheance, ioinv. 230. || xv* s.
Que vous elongeroie je [allongerais-je] la matière?
FROISS. 1, I, <7.
— ÉTYM. Lat. elongare (voy. élongation).
f ÉLONGIS (é-lon-ji), s. m. plur. Ancien terme de
marine. Nom de deux barres de bois placées de
chaque côté des mâts.
ÉLOQUEMMENT (é-lo-ka-man), adv. Avec élo-
quence. U a éloquemment parlé. U a plaidé élo-
quemment.
— ÉTYM. Éloquent, et le suffixe ment.
ÉLOQUENCE ( é-lo-kan-s') , s. f. || 1° Facilité à
s'exprimer. || 2° Par antonomase. L'art, le talent
d'émouvoir et de persuader par le bien dire. Vive
source autrefois d'amour et d'éloquence, mair. So-
phon. V, 9. Je hais les pièces d'éloquence Hors de
leur place et qui n'ont pas de fin, la font. Fabl. ix,
B. X ces mots, il se couche; et chacun, étonné. Ad-
mire le grand cœur, le bon sens, l'éloquence Du
sauvage ainsi prosterné, id. Fabl. xi, 7. L'élo-
quence est un art de dire les choses de telle façon ,
(° que ceux à qui l'on parle puissent les entendre
sans peine et avec plaisir; 2° qu'ils s'y sentent in-
téressés, en sqrte que l'amour-propre les porte plus
volontiers à y faire réfiexion; elle consiste donc dans
une correspondance qu'on tâche d'établir entre l'es-
prit et le cœur de ceux à qui l'on parle d'un côté, et
de l'autre les pensées et les expressions dont on se
.sert, PASC. Pensées, t. i, p. 379, édit. Lahure. L'é-
loquence est un don de l'âme, lequel nous rend
maîtres du cœur et de l'esprit des autres, la bruy.
I. Que dis-jel en ce moment Calchas, Nestor,
Ulysse, De leur vaine éloquence employant l'arti-
fice, RAC. Iphig. II, 7. L'éloquence est un art sérieux
et qui ne joue point un personnage ; jamais un
homme de génie, pour faire parade d'éloquence, ne
perdit son temps à invectiver Tarquin ou Sylla, ou
à s'efforcer d'engager Alexandre à vivre en repos,
TURGOT, Ébauche du 2* dise. Progrès de l'esprit hu-
main, p. 302. CicéroD, qui d'un traître a puni l'in-
solence. Ne sert la liberté que par son éloquence,
VOLT. If. de César, ii , 4. si nous avons d'autres lois
de physique que celles de votre temps [le temps de
Cicéron], nous n'avons point d'autre règle d'élo-
quence; et voilà peut-être de quoi terminer la que-
relle entre les anciens elles modernes, id. Dial. (3.
Mais de la poésie usurpant les pinceaux. Et du nom
de vertus sanctifiant sa pro.se. Par la pompe des
mots l'éloquence en impose, GiLni.RT,A'17//" siècle.
Ils ont senti que l'éloquence était une puissance
dont il fallait se défier comme de toutes les autres,
MIRABEAU, Collection, t. I, p. 4. Venez, votre élo-
quence, auguste, charitable, Peut être amollira
cette &me impitoyable, lemerc. Frédég. et Bruneh.
IV, B. C'est après soixante ans que, par curiosité,
par étude, ouvrant un livre [de J. J. Rousseau] dont
les pages sont encore animées d'une éloquence qui
ne passera pas.... villemain, Littér. Tabl. du xvni*
siècle, 2" partie, 2* leçon. || Le dieu de l'éloquence,
Mercure. 11 [Jupiter] part avec son fils, le dieu de
l'éloquence, la fokt. Phil. et Bauc. \\ L'éloquence
du cœur, langage éloquent, qui émeut, qui per-
suade, et qui est suggéré non par l'esprit, mais par)
ELU
le cœur. Croyais-tu que son cœur.... Pour la per-
suader trouvât tant d'éloquence? rac. Bajax. m, 3.
Ah! que la vérité nous donne d'éloquence! c.df.lat.
Farta, 1,1. || Par extension. I.a physionomie, le geste
ont leur éloquence. || On dit qu'une chose a de l'élo-
quence, quand l'aspect seul parle pour ainsi dire.
Les faits ont leur éloquence. Puis il regagna Malo-
iaroslavetz, où le vice-roi lui montra les obstacles
vaincus la veille ; la terre elle-même en disait assez :
jamais champ de bataille ne fut d'une plis terrible
éloquence, séouR, Hist. de Sap. ix, 4. || 3" Il se dit
d'un genre d'élocution. L'éloquence delà chaire, du
barreau, de la tribune. || 4° Eloquence est quelque-
fois pris dans le sens de rhétorique. Quand on parle
des régies de l'éloquence, c'est d'une science qu'il
s'agit, non d'un talent ou d'une disposition innée.
Il 6° Dans quelques circonstances l'éloquence s'op-
pose à la poésie, et signifie l'ensemble des ouvrages
en prose écrits dans une langue. Un cours d'élo-
quence latine.
— SYN. ÉLOODENCE, RHÉTORIQUE. L'éloquence est
proprement l'art ou le talent de parler; la rhétori-
que est l'ensemble des préceptes ou des exemple»
qui font apprendre cet art.
— HIST. xii* s. Si esteit de grant éloquence. Et
parleit par grant sapience, wace. Vierge Marie, p. 3.
Il xiii* s. Ki [celui à qui] Deus ad doné en science De
parler la bone éloquence. Ne s'en deit taisir ni ce-
ler, MARIE, Prologue. || xv* s. Il me semble que
autres fois vous ay veu ailleurs que cy. Sire, dist
Estonne, que pensez-vous que je soye ? Certes, sire,
à voslre éloquence [parler], il m'est advis que vou»
estes Estonne, le conte des déserts d'Escosse, Perce-
forest, t. III, f^ B5. Il XVI* s. Je ne douteraydedonner
ici à chacun d'eux son éloquence [éloge] , pasquier,
Recherches, p. 634, dans lacurne.
— ETYM. Provenc. eloquencia, eloquensa ; esp&gn.
eloquencia ; ital. eloqucniia ; du latin eloquentia,
iTeloquens (voy. éloquent).
ÉLOQUENT, ENTE^é-lokan, kan-t'), adj. || l'Qui
a de l'éloquence. Un homme éloquent. Toujours élo-
quents à décrier le monde, toujours plus vifs à l'ai-
mer, MASS. Or. fun. Dauphin. ]\ %' Par extension.
Un discours, un style éloquent. S'exprimer en ter-
mes éloquents. || 3* Fig. Une colère éloquente. Un
silence éloquent. L'autre, avec des regards élo-
quents, pleins d'amour. L'a de ses feux, madame,
assurée à son tour, rac. Baj. iii, 2. || Proverbe. Il
n'y a rien de plus éloquent que l'argent comptant.
— HIST. XIV* s. Menenius Agrippa, homme très
éloquent, bercheure, f° 39 Icy gist le roy Charles
le quint sage et éloquent, dom felibien, Hist. de
l'abbaye de Saint-Denis , p. B5«. || xv* s. Voici un
maistre breuvage; Certes, se j'en beuvoy souvent,
Je deviendroy fort éloquent, basselin, ii.
— ÉTYM. Provenç. eloquen; espagn. et ital. élo-
quente; du latin eloquentem, d'eloqui, parler, de«,
et loqtii, parler (voy. loquacité).
ÉLU, DE (é-lu, lue), par», passé d'élire.
Il 1° Nommé par suffrages. Un magistrat élu pour
tant d'années. || Domicile élu, voy. domicile.
Il Substantivement. Le nouvel élu. Les élus du peu-
ple. Il 2° S. m. Terme mystique. Les élus, ceux
que la grâce prédestine au bonheur céleste. Mais
ces .secrets pour vous sont fâcheux à compren-
dre. Ce n'est qu'à ses élus que Dieu les fait enten-
dre, corn. /'oit/, v, 2. Si les lois de l'État s'oppo-
sent à son salut éternel [d'Henriette d'Angleterre],
Dieu ébranlera tout l'État pour l'affranchir de ces
lois; il met les âmes à ce prix; il remue le ciel et la
terre pour enfanter ses élus, Boss. Duch. d'Orl. Ce
grand Dieu avait ses élus dans la race d'ÉsaU, id.
Uist. n, 3. La miséricorde de Dieu ne voulait que se
former un élu, mass. Profess. rcl. Serm. (. C'est
moi qui marque leur séjour. Aux réprouvés de ma
colère, Comme aux élus de mon amour, v. bdgo,
Odes, 1,(0. (Moïse) Sous les traits d'un enfant dé-
laissé sur les flots. C'est l'élu du Sina, c'est le ro'.
des fléaux, in. ib. iv, 34. || Par extension et dan»
le langage général. Un élu de cette vie, un homme
prédestiné au bonheur sur la terre. Qui vit auprès
d'Emilie , Ou bien auprès de Richelieu, Est un élu de
cette vie, volt. Poés. mél. utxxvm. || 3° Nom qu'on
donnait, dans les premiers siècles de l'Église, aux
catéchumènes bien instruits, qui étaient élus, c'est-
à-dire choisis pour le baptême. || Titre donné dan*
le manichéisme aux dépositaires de tous les secret»
de la secte. || 4* Nom des juges du tribunal de l'é-
lection, parce que, dans l'origine de cette institu-
tion, on les choisissait par élection pour imposer le»
tailles. Il On désignait la femme de l'élu sous le nom
d'élue. Vous irez visiter pour votre bienvenue Ma-
dame K baillive et madame l'élue, mol. Tart. ii, J.
ÉLU
— HIST. xii" S. Les pensées des élis quant sles
voient com nules sont toutes les tiespassans choses....
Joi, 49S. De ses barons esliz [d'élite], iionc. p. ».
Li cuens [comte] Kolant fu chevaliers esliz, i\>. p.
il. [Les messagers] Qui bon chevalier sont, pru-
dhome et esleU, Sax. xxviii. |] xiii* s. Et ot li el-
leus de Biauvais la disme des clers de par l'apos-
tole, Chr. de Rains, p. 90. 0 [aveoj les ellus el-
lus seraz, 0 les pervers pervers seraz. Psaumes en
vers, dans Liber psalm. p. 272. || xv" s. Six cens
hommes esleus [d'élite], comm. vi, 4.
— ÉTYM. Élire avait, dans l'ancienne langue,
deux participes, l'un plus ancien eslit (d'où élite),
formé du participe latin eleclus, l'autre esleû, formé
directemjnt par la conjugaison romane du verbe
ilire.
t ÉLCCIDATION (é-Iu-si-da-sion) , i. f. Terme
didactique. Action d'élucider. L'élucidation d'un
texte obscur.
— HIST. XVI' s. Elucidation, cotgbave.
— ÉTYM. Élucider.
f ÉLUCIDER (é-lu-si-dé), v. a. Terme didactique.
Rendre lucide, éclaircir. Un passage élucidé. Élu-
cliler une question. || S'élucider, v. réfl. S'éclaircir.
Ses idées finissaient par s'élucider.
— HIST. XVI". Elucider, cotgrave.
~ ÉTYM. Lat. elucidare, rendre clair, de e, et
lucidus, lucide.
t ÉLUCUBRATECR (é-lu-ku-bra-teur) , s. m.
Néologisme. Celui qui se livre aux élucubrations, à
des travaux longs et assidus.
— ÉTYM. Élucubrer.
ÉLUCOBRATION ( é-lu-ku-bra-sion ; en' vers, de
six syllabes) , s. f. || 1° Veilles, travail qu'un ou-
vrage a coûté. Tel est le fruit de ses élucubrations.
[I 2° Ouvrage composé à force de veilles et de tra-
vail. 11 nous présenta ses élucubrations. ]] Ce mot ne
se dit guère qu'au pluriel, et souvent dans un sens
moqueur.
— HIST. xvi* s. Mais on les y attend, si leurs lu-
cubrations le méritent, Sat. Min. p. 236.
— ÈTY.M. Lat. elucuhrationem , d'eiucubrort,
élucubrer.
t ÉLCCDBRER (é-lu-liu-bré), v. a. Néologisme.
Composer à force de veilles. Élucubrer un ouvrage.
— ÉTYM. Lat. clucubraii, de e, et lucubrare,
travailler à la lumière de la lampe.
t ÉLUDABLE (é-lu-da-bl'), adj. Néologisme. Que
l'on peut éluder.
— ÉTYM. Éluder.
ÉLUDÉ, ÉE (é-lu-dé, dée) , part, passé. Des pro-
positions éludées. Une difficulté éludée. Vous ver-
riez des instances éludées, des espérances mépri-
sées.... MASS. Or. fun. Villars.
ÉLUDER (é-ludi), v. a.\\i' Éviter en échap-
pant, comme par une sorte dejeu. Éluder une ques-
tion. Éluder une promesse. Ils éludèrent la loi.
Eluder les traités. Les poursuites furent éludées.
Alexandre, coupant le nœud gordien , éluda l'ora-
cle, ou il l'accomplit, vaucel. Q. C. liv. v, dans
mciiELET. De lâches coups d'État dont en l'âme on
se loue. Et qu'une absence élude.... Corn. Su-
rina, V, 3. Comme la partie n'est pas égale, il faut
user de stratagème ot éluder adroitement le mal-
heur qui me cherche, mol. Festin, n, to. M. Claude
était le plus subtil de tous les hommes à éluder les
décisions de son Église lorsqu'elles l'incommodaient,
Eoss. Yar. xv, § 29. l'ar combien de détours L'in-
sehsible a longtemps éludé mes discours! kac.
fhèd. m, 1. Ce fut pour éluder cette embuscade
qu'il prit.... HAMiLT. Gramm. B. Ses ennemis ne
cherchaient par ces détours qu'à éluder l'exécution
du testament de son père, vertot, hévol. rom. xiv,
p. 306. Au lieu d'éluder sa peine, il venait la deman-
der à genoux; plus elle était sévire et publique,
plus elle rendait le calme à sa conscience, raynal,
Hist. phil. VIII, U. |] Absolument. 11 lui plaît d'élu-
der et de temporiser, lachaussée, Mélanide, m, o.
Il 2° S'éluder, s'échapper à soi-même. Suspends tous
ces emplois frivoles; Homme vain, c'est trop t'élu-
der, LA MOTTE, Odes, t. i, p. 285, dans pougens.
Il Être éludé. De pareilles prescriptions ne s'éludent
pas facilement.
— REM. 1. Éluder parait un mot né vers le com-
mencement du XVII' siècle. Il 2. Molière a dit éluder,
dans le sens de tromper, avec un nom de personne :
J'éludais un chacun d'un deuil si vraisemblable Que.
les plus clairvoyants l'auraient cru véritable, l'É-
tourdi, II, 7.
— ÉTYM. Lat. eludere, de e, et ludere, jouer.
i ÉLUDEUR (é-lu-deur), s. m. Néologisme. Celui
qtii élude les questions.
— ÉTYM. Éluder.
ÉLY
t ÉLUDORIOUE (é-lu-do-ri-k'), adj. Peinture élu-
dorique, nom donné à une manière de peindre en
miniature, au xviii' siècle.
— ÉTYM. 'KXaiov, huile, et flSwp, eau.
f ÉLUTRIATION (é-lu-tri-a-sion), t. f. Ancien
terme de chimie. Synonyme de décantation.
— ÉTYM. Lat. elutriare, transvaser, de e, hors de,
et îiouTpiov, vase, de Xoûeiv, laver (comp. laver).
f ÉLYME (é-l:-m'), s. m. Terme de botanique.
Genre de la famille des graminées, dont toutes les
espèces sont des herbes d'un vert pâle ou glauque,
à racines longues et traçantes, et recherchant de
préférence les lieux sablonneux.
— ÉTYM. 'EXujjioç.
ÉL'ySÉE (é-li-zée), s. m. || 1» Terme de la reli-
gion gréco-latine. Dans les enfers, le séjour des
héros et des hommes vertueux après leur mort. || Par
extension. Dans un point de l'espace inaccessible
aux hommes. Il est un autre monde, un élysée, un
ciel,LAMART. Socrale, 2C0. || Fig. Lieu, séjour dé-
licieux. C'est un élysée. Il L'Elysée, nom, à Paris,
d'un palais qui est situé dans les Champs-Elysées.
Il 2° Adj. Les champs élysées. Comme les méchants
princes souffraient, dans le Tartare, des supplices
infiniment plus rigoureux que les autres coupables
d'une condition privée, aussi les bons rois jouis-
saient, dans les champs élysées, d'un bonheur infi-
niment plus grand que celui du reste des hommes
qui avaient aimé la vertu sur la terre, fén. Tél. xix.
C'était un mélange de tout ce que la vieillesse a de
grave, avec toutes les grâces de la jeunesse ; car les
grîlces renaissent même dans les vieillards les plus
caducs, au moment où ils sont introduits dans les
champs élysées , id. th. || Champs- Élysées, grande
promenade de Paris.
HEM. Les champs élysées , portion de l'enfer
des païens, s'écrit sans trait d'union; les Champs-
Elysées, promenade, s'écrit avec des majuscules et
un trait d'union.
— HIST. XVI' s. Pour t'en aller aux beaux champs
élysées , marot, dans ménage. Quand Orpheus revien-
droit d'elysée, n. ib. Et là commença à parler, di-
sant qu'il avolt vu les diables, avoit parlé à Lucifer
familièrement et fait grand chère en enfer et par
les champs élysées, rabel. dans ménage.
— ÉTYM. Lat. elysium, et au pluriel e/yst'f (campt
sous-entendu ou exprimé); du grec rjXOoiov, de rjXu-
Oeiv, venir : les champs où les morts se rendent.
Élysée est une formation irrégulière, comme si le
latin était elyseum.
ÉLYSÉEN.ENNE (é-li-zé-in, zé-è-n'), adj. Qui
appartient à l'élysée. Les ombres élyséennes.
— ÉTYM. Éhjsée.
ÉLYSIENS (é-li-zi-in ou é-li-ziin), adj. m. plur. De
l'élysée. Les champs élysiens. Vos champs élysiens
sont bien réjouissants, sÉv. 409. Jadis certain Mo-
gol vit en songe un vizir Aux champs élysiens pos-
sesseur d'un plaisir Aussi pur qu'infini tant en prix
qu'en durée, la font. Fabl. xi, 4.
— HIST. xvi* s. Vien, fusses-tu aux champs ély-
siens, MABOT, dans ménage. Et ne pensez pas que
la béatitude des héros et semi-dieux qui sont par les
champs élysiens.... rabel. dans ménage.
— ÉTYM. Lat. elysium.
ÉL'VTRE (é-li-tr') , s. m. Terme d'histoire natu-
relle. Aile supérieure, cornée, qui recouvre les ailes
membraneuses des coléoptères, j] Terme de bota-
nique. Synonyme de thèque ( thèque est seul en
usage présentement).
— ÉTYM. "EXuTpov, enveloppe.
t ÉLIfTRlTE (é-li-tri-f), s. f. Terme de méde-
cine. Inflammation du vagin.
— ÉTYM. 'EXutpov, vagin, et la finale médicale
ite, qui indique l'inflammation.
f ÉLYTROCËLE (é-li-tro-sè-l'), s, f. Terme de
chirurgie. Hernie vaginale.
— ÉTYM. 'EXuTpov, vagin, et hiî'/ï), tumeur.
t ÉLYTROÏDE (é-li-tro-i-d') , adj. Terme didac-
tique. Qui ressemble à une gaine. || Terme d'analo-
mie. Membrane élytroïde, prolongement du péri-
toine qui accompagne le testicule, quand celui-ci
franchit l'anneau inguinal.
— HIST. xvi" s. L'erytroïde ou plus tost, comme
.Fallopius la veut appeler, élytroïde, c'est-à-dire
senjblable à une gaine, paré, i, 33.
— ÉTYM. "E'/.uTpov, enveloppe, et eîôo;, forme,
f ÉLYTROPLASTIE (é-li-tro pla-stie), s.f. Terme
de chirurgie. Opération par laquelle on répare une
perte de substance dans le vagin.
— ÉTYM. 'EXutpov, vagin, et ■jiXàuoEiv , restaurer,
f ÉLYTROPTOSE (é-li-tro-ptô-z') , s. f. Terme de
chirurgie. Chute, renversement du vagin.
— ÉTYM. 'EXytpov, vagin, et irrûoi;, chute.
ÉMA
1331
t ÉLYTRORRHAGIE (é-li-tro-rra-jie) , s. f. Terme
de médecine. Hémorrhagie vaginale.
— ÉTYM. 'EXviTpov, vagin, et fafeïv, faire érup-
tion.
t ÉLYTRORRHAPIIIE (éli-tro-rra-fie), s. f.
Terme de médecine. Opération par laquelle on fait
une suture dans le vagin soit pour réparer une dé-
chirure, soit pour le fermer en cas de chute de l'u-
térus.
— ÉTYM. 'EXuTpov, vagin, et fâitteiv, coudre.
t ELZÉVIR (ôl-zé-vir), s. m. Édition imprimée
dans le xvi" siècle et le commencement du xvii' par
l'un des cinq typographes hollandais du nom d'EÛé-
vir, tous de la môme famille. Unbol elzévir. La col-
lection des elzévirs. || Le nom s'orthographiait en
hollandais Elzevier.
t ELZÉVIRIEN, lENNE (èl-zé-vi-riin, riè-n'), adj.
Qui appartient aux Elzévirs; qui a été publié ou
adopté par les imprimeurs de ce nom. Édition el-
zévirienne. Format eizévirien.
t ÉMACIATION (é-ma-si-a-sion), s. f. Terme di-
dactique. Amaigrissement.
— HIST. XVI' s. La cause de la claudication et de l'e-
maciation [du membre] est que.... paré, xxi, )2.
— ÉTYM. Voy. ÉMACIÉ.
fÉMACIÉ, ÊE (é-ma-sié, ée), adj. Terme di-
dactique. Qui est amaigri, qui est devenu maigre.
— HIST. XVI' s. Ceux qui sont emaciés, paré,
XVI, 8.
— ÉTYM. Lat. emaciare, de e, et macer, maigre
(voy. maigre).
ÉMAIL (é-mall, Il mouillées), s. m.. |]1° Fondant
(le fondant est un composé de sable siliceux, d'oxyde
de plomb, de soude et de potasse), que l'on broie
et auquel on ajoute des oxydes métalliques, réduits
en poudre et destinés, dans la fusion produite par
le feu, à colorer le fondant, tout en lui laissant sa
translucidité. Les émaux sont fusibles. Les couleurs
de l'émail sont inaltérables. || Émail cloisonné,
émail fabriqué à l'aide d'une plaque de fond sur la-
quelle sont soudées de petites lames posées vertica-
lement (ou de champ) et contournées de manière à
former les figures que l'on veut obtenir. La réunion
de ces lames produit des cases dans chacune des-
quelles on dépose l'émail en poudre (chaque cou-
leur dans sa case). X la cuisson, l'émail fond et le»
lames ou cloisons le retiennent dans ces contours,
et empêchent le mélange des couleurs. Lorsque les
cases sont formées, non par des lames soudées de
champ sur le fond, mais par des cavités creusées au
ciseau dans l'épaisseur de cette plaque même, on
dit que l'émail est champlevé. || Emaux d'orfèvre,
nom donné à tout émail contenu dans une partie
évidée et creusée dans le métal par le travail de
l'outil tranchant, de laboroe. {] Emaux en taille
d'épargne, nom donné, dans le moyen âge, à un
procédé d'émaillerie qui consiste à décalquer un
dessin sur la .surface unie du métal, et, au moyen du
burin, du oiselet et des échoppes, évider tout ce qui
n'est pas le contour du dessin ; de cette façon on ob-
tient une véritable gravure en relief; les espaces
évidés entre ces contours forment autant de petites
cuves qu'on remplit de poudre ou de pâte d'émail
de diverses nuances, selon que l'artiste a combiné
son dessin et suivant que la chimie lui vient en aide,
DE laborde. Il Emaux des peintres, nom donné à des
plaques de métal que l'on couvrait d'émail et sur les-
quelles on exécutait de véritables tableaux en cou-
leurs éclatantes (xV siècle), de laborue. |j Émaux
de basse taille, nom donné dans le moyen âge à des
plaques d'or ou d'argent que l'on fixait solidement
pour résister à la force d'impulsion de l'outil, et sur les-
quelles on traçait légèrement le calque de son dessin,
et on gravait ou plutôt l'on ciselait la composition en
relief avec toutes les finesses du modelé; puis on éten-
dait, sur cette sculpture d'un très-faible relief, de la
poudre d'émail nuancée, par grandes teintes plates,
de vert et de rouge pour les vêtements, de bleu pour
les ciels, de violacé pour les carnations; la chaleur
du four faisait entrer tous ces métaux en fusion, et
leur donnait le brillant et la transparence de la
glace, DE laborde. || Émaux de niellure, nom donné
à des bijoux ou à des plaques d'or et d'argent doré,
qui, gravées en taille d'épargne ou en creux, étaient
émaillées de noir, de labordb. |1 L'émail de la
porcelaine, de la faïence , la matière vitreuse dont
on l'enduit. || 2° Nom donné aux décorations de
peintures appliquées sur métal. || 3° Par métonymie,
nom donné à la plaque de métal émaillée. H est
connaisseur en émaux. Les premiers émaux ne re-
montent pas au delà des premiers siècles de notra
ère. Il 4" 11 s'est dit poar cadran de montre. Peut-
être avant que l'heure en cercle promenée Ait posé
133i
EMA
sur l'émail brillant, Dans les soixante pas où sa
course est bornée, Son pied sonore et vigilant, A.
CHÉN. 272. Il 6' Fig. Diversité, variété des fleurs,
par assimilation à la variété des couleurs des émaux.
i^e» fleurs n'ont plus d'émail en leur couleur di-
verse, nÉGNiBB, Dial. Les soins ne volent point sur
l'émail des prairies Comme autour des palais d'une
orageuse cour , chaul. à Mme de Bouillon. Ni les
«pros frimas, ni les grandes chaleurs N'y ternis-
lent jamais le bel émail des fleurs, seorais, Églo-
i/ue VI. On découvre de loin une grande prai-
rie toute parée de l'émail des fleurs, montesq.
Temple de Gnide, t. L'île féconde à la fois se cou-
ronne D'épis dorés, des fruits mûrs de l'automne
Et de l'émail dontbrille le printemps, malfil. Narc.
rh. I. Elles flétrissont l'émail des prés, l'éclat des
fleurs, J. J. ROUss.Prom. 7.||6''Terme de blason. Se
dit des couleurs et des métaux dont un écu est
chargé. Le blason a sept émaux, dont deux métaux,
or, argent, et cinq couleurs, gueules, azur, sable,
sinople et pourpre. || 7° Substance qui revêt la cnu-
ronne des dents. Certaines maladies attaquent l'é-
mail des dents. ||8° Matière analogue à l'émail, qui
recouvre le dedans des coquilles, [j 9"" Terme de mi-
néralogie. Émail des volcans, lave vitreuse.
— HIST. xii' s. Et cil vert haume à or et à esmal,
Konc. p. 79. Il xiii" s. Nus ne puet ne ne doit nielre
en oevre cloz [clous] d'evoire ne d'e.smail, de quelque
manière que ce soit, Liv. des met. 212. D'un blanc
esmail fu fais l'image Assise en l'or par artimage
[sorcellerie], FI. et Blanchefl. v. 459. || xiv* s. [Un
anneau d'or] X lettres d'esmail qui luisoient, Et qui
gardez-moi bien disoient , de laborde . Émaux,
p. 345. Il xv s. Entrementes que le herault parloit,
l'escuyer avoit l'oeil trop fort sus un grand esmail
que le herault portoit à sa poitrine, froiss. ii, m,
89. Et alla ledit grant escuyer quérir ung esmail
d'ung petit herault qui esloit à monseigneur l'ad-
mirai.... COMM. IV, 7. Il XVI" s. Les esmails en se li-
quéfiant couleront, paliss. 60. J'avois ouy dire que
l'esmail blanc estoit le fondement de tous les autres
esmaux, ID. 3(2. Esmail est une pierre artilicielle
composée de plusieurs matières, id. 378.
— RTYM. Provenç. esmaut; catal. esmalt; espagn.
et portug. esmalte; ital. smallo; bas-lat. smallum ;
allem. Schmeli; du germanique : anc. haut-allem.
tmelian , smaltjan, fondre; allcm. schmehen ;
étymologie que Diez préfère au latin maltha, sorte
de mortier, laquelle est au contraire adoptée par
M. de Laborde. Il est certain que la dérivation alle-
mande rend plus facilement compte de es ou s qui
commencent le mot dans toutes les langues romanes.
Quant à l'apocope du ( dans la forme française, on
en a un exemple dans l'ancien français gai, pour
galt, bois, de l'allemand Wald.
ÉMAILLÉ, ÉE (é-mallé, liée. Il mouillées, et non
é-ma-yé), part. passé. \\ 1° Garni d'émail. Une bague
émaillée. Le chancelier de l'ordre n'a de différence
des grands officiers laïques que de n'avoir point le
collier d'or massif émaiUé, saint-simon, tii , 82.
Il a° Qui présente un aspect comparable à l'émail. Des
prairies émaillées de fleurs. Telle, tous les matins,
l'aurore Sur le sein émaillé de Flore Verse la rosée
et le jour, corn. fois, d'or, ii, 4. X peine ces pré-
paratifs [du printemps] sont-ils achevés, qu'on voit
paraître les légions émaillées [les poissons voya-
geurs], CHATEAUB. Génie, i, v, 4. Il Fig. Pour ce
qui regarde les différentes beautés du style, sur les-
quelles vous me consultez, je vois que vous aimez,
comme jeune et galant, celles qui donnent le plus
dans la vue, et je vous avoue que votre langage me
paraît trop émaillé, mêrè. Œuvres poslh. t. ii,
|i. 2. Cet ouvrage est émaillé de tours fins et de ré-
flexions délicates, Mém. de Trév. dans oespontaines.
ÉMAILLER (é-ma-llé, Il mouillées, et non é-
ma-yé), v. a. || 1" Appliquer de l'émail, orner avec
de l'émail. ÉmaiUer une bague. ÊinaiUer de la por-
celaine. Il 2° Fig. Orner, parer, en parlant des fleurs.
Elle émaillé de fleurs les portes d'Orient, Régnier,
Dial. Mille fleurs émaillaient les tapis verts.... fén.
Tel. I. Et vous, brillantes fleurs, étoiles mes compa-
gnes, Qui du bleu firmament émaïUez les campa-
gnes, LAMART. Méd. Il, 8. Il Fig. Con:me on voit l'or
et l'aîur sur la peau des foriKjuls, vous émaillez
avec les plus vives couleurs de l'éloquence, des pa-
roles venimeuses, VOIT. I-fill. r>o. || 3» Gig. S'émaillor,
V. réfl. Devenir émaillé. La terre sémaillait de
fleurs,
BIST, ivi» s. Un annel d'or dont la vcrgo est
esmailléo et y a escrilp en la verge : c'est mon
désir, m ia borde, Émaux, -p. 345. || ivi« s. Es-
mailler, so dit des choses qui sont peintes d'esmail
Uqueflé ou 'onda sur la besongiio, paliss. 378. Ma
EM.\
main ne sçait cultiver autre nom. Et mon papier ne
s'esmaille sinon De leurs beautés que je sens dedans
l'ame, rons. (4.... et à l'envy la terre où elle passe
Un pré de fleurs esmaille sous ses piez, id. 24. Si
je preste l'aureille aux livres, depuis que je guette
si j'en pourrai fripponner quelque cho.çe de quoy
esmailler le mien? mont, m, 77. Ce sont mes vers
que les cha.stes Charités [Grâces] Ont csmaillez de
plus de cent couleurs, du bellay, il, *, verso.
— ETYM. Émail.
t ÉMAILLERIE(é-ma-lle-rie, U mouillées, et non
é-ma-ye-rie), s. f. Art de faire de l'émail, des émaux.
Il ent'-nil bien l'émaillerie.
— ETYM. ÉmaiUer.
ÉMAILLEUR (é-malleur, 21 mouillées, et non
é-ma-yeur), s. m. Celui qui travaille en émaiU La
lampe de l'émailleur. U proposa à M. Hubin, fameux
émailleur et fort habile en ces matières, différentes
idées qu'il avait pour de nouveaux baromètres et
thermomètres, fonten. Amontons.
— HIST. xiii* s. X toutes gens de mestier. Orfè-
vres, esmailleurs. Queue de iienard. || xv* s. Bro-
deurs, ouvriers, et bons entrelaiUeurs, Et jouelliers,
orfèvres, esmailleurs, al. chart. Le débat des deux
fortunes.
— ÉTYM. ÉmaiUer.
ÉMAII.LURE (é-ma-llu-r*. Il mouillées, et non
é-ma-yu-r'), s. f. \\ 1° Ouvrage de l'émailleur. De
belles émaillures. || 2» Terme de fauconnerie. Taches
rouges qu'on voit sur les pennes des oiseaux de
proie.
— ÉTYM. ÉmaiUer.
\ ÉMANATIF, IVE ( é-ma-na-tif , ti-v'), adj.
Terme didactique. Qui tient à l'émanation, qui s'y
rapporte. Honorius III condamne la physique de
Jean Scot Erigène, quoique le système émanatif
enseigné par cet auteur du ix' siècle n'eût rien de
commun avec le panthéisme, tiKumu , Discours sur
rétat des lettres au xiii' siècle, § xv.
ÉMANATION (é-ma-na-sion ; en vers, de cinq
syllabes), s. f. || 1° Action d'émaner ; ce qui émane.
Les odeurs sont des émanations de certains corps.
Des émanations dangereuses pour la santé. Les
émanations volcaniques des Champs Phlégréens.
Il 2° Terme de physique. Émission de particules lu-
mineuses, dans le système qui attribue la lumière à
l'émission de corpuscules. || 3° Fig. L'autorité de
l'Eglise est une émanation de la puissance de Dieu.
Il Terme de théologie. Emanations en Dieu, celle du
Fils, qui se fait par génération, et celle du Saint-
Esprit, par spiration. || Terme de philosophie. Sys-
tème de l'émanation, système dans lequel on sup-
pose que tous les êtres sortent, par des dégagements
successifs, de l'un qui est Dieu.
— ÉTYM. Lat. cmanad'onem, de emanare, émaner,
f ÉMANCHE, s. f. Terme de blason. Mauvaise
lecture pour emmanche.
f ÉMANCHÉ , adj. Terme de blason. Mauvaise
lecture pour emmanché.
+ ÉMANCIPATFXR, TRICE (é-man-si-pa teur,
tri-s'), s. m. et f. Celui, celle qui émancipe. Depuis
le jour de Moïse, émancipateur de l'homme au mi-
lieu des nations esclaves de l'ignorance et de la
force, CHATEAUB. dans legoarant.
— ÉTYM. Émanciper.
ÉMANCIPATION (é-man-si-pa-sion ; en vers, de
six syllabes), s. f. \\ 1° Terme de jurisprudence. Droit
accordé à un mineur de faire les actes d'administra-
tion. Il État de celui qui, dég.igé de toute tutelle,
peut administrer librement ses biens. L'émancipa-
lion ne dispense pas le mineur d'avoir un curateur.
Il En droit romain, acte par lequel le fib de famille
était affranchi de la puissance paternelle. || En termes
ecclésiastiques, situation des religieux promus à
une dignité qui les affranchissait de l'obéissance
due à leurs supérieurs. Situation des monastères
exemptés par le pape de la juridiction de l'ordi-
naire. Il 2" Par extension, affranchissement. L'éman-
cipation des esclaves. L'émancipation dos masses
populaires. U vient d'attacher son nom à l'émanci-
pation du nouveau monde, picAnn et MAZÈRES,Troii-
quartiers, i, 2. || Fig. L'émancipation de l'esprit,
état de l'esprit qui se dégage de préjugés tradi-
tionnels.
— ÊTYïl. Lat. emancipationem, de emancipare,
émanciper.
ÉMANCIPÉ, ÉE (é-man-si-pé, pée), part. pas.ié.
Il 1* Un mineur émancipé par le mariage. Point
d'être plus libre que le petit sauvage; il naît éman-
cipé, RATNAL, Hist. phil.yi, 23. Il 2° Fig. Affranchi.
Les esprits émancipés des anciens préjugés. || Qui
SI! donne beaucoup trop de liberté. Voilà un jeune
drôle bien émancipé.
EMA
ËHANCIPEB (é-man-si-pé) , v. a. || !• Terme do
jurisprudence. Accorder l'émancipation. Ce père a
émancipé son fils. || 2° Fig. Affranchir. Emanciper
le peuple. || 3" S'émanciper, v. réfl. Se rendre
émancipé. Bartholo : La demoiselle est mineure. —
Figaro : EUe vient de s'émanciper, beaumakcii. Bar-
bier, IV, 8. Il II se dit plus souvent au figuré. Pren-
dre des libertés. Personne ne fut si osé de s'éman-
ciper en la moindre chose, vaucel. Q. C. liv. ix,
ch. 12, dans RICI1ELET. Bref, voyant qu'il osait ainsi
s'émanciper, X la fin j'ai levé le bras pour le frap-
per, TRISTAN. Marxane, i, 3. Us [les Français] ont
cela de mauvais qu'ils s'émancipent un peu trop et
s'attachent en étourdis à conter des fleurettes à
toutes celles qu'ils rencontrent, mol. Sicil. «4. En-
fin, ma flamme eut beau s'émanciper, id. Àmph.
II, 3. Il S'émanciper à.... Il s'est émancipé à lui
dire des injures. Non, il faut qu'il ait le salaire
Des mots où tout à l'heure. il s'est émancipé, id.
Amph. III, 4. Il On a dit aussi s'émanciper de....
Chacun s'émancipe de lui donner quelque louange,
MÈRE, Œuvres posth. t. i, p. 78. || S'émanciper,
s'affranchir. Que serait-ce si , prenant l'essor et s'é-
inancipant volontiers d'une certaine observance
régulière, il voyait le monde par goût? bourd.
Pensées, t. ii, p. 492.
— HIST. xiv* s. Et le filz est comme partie et
membre de son père, si que atant que il soit grant
et émancipé, oreshe, Elh. (56. ||xvi' s. Enfans
mariés sont tenus pour hors de pain et pot, c'est à
dire émancipés, loysel, 50. Quand j'eus vingt ans,
il me prit une envie de m'emanciper, vivre à ma
fantaisie, fouilloux, Ven. f° 80, dans lacirne, au
mot émotion. Puisque nous nous sommes émancipez
de ses règles [de la nature] pour nous abandonner à
la vagabonde liberté de nos fantaisies, mont, i, 306.
— ÉTYM. Lat. emancipare, dee, el mancipare ,
vendre par le mode solennel de la mancipation ;
l'émancipation était ainsi nommée en droit romain,
parce qu'elle avait lieu par trois mancipations fic-
tives qui épuisaient la puissance paternelle. JKanci-
pare vient de manceps, acquéreur, adjudicataire,
composé de manus, main, et capere, prendre :
celui qui prend avec la main.
fÉMANDlBULÉ, ÉE (é-man-di-bu-lé, lée), adj.
Terme de zoologie. Qui est dépourvu de mandibules.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et mandibulf.
ÉMANÉ, ÉE (é-ma-né, née), part, passé. I| l' Qui
provient. Des odeurs méphitiques émanées d'un
cloaque. Il 2" Fig. Défenses émanées du conseil des
cardinaux, maucroix, Schisme, liv. i, dans riche-
let. Oui, Mitrane, en secret l'ordre émané du
trône Remet entre tes bras Arzace à Babylone , volt.
Sémir. i, (. L'histoire d'un animal sauv.Tge est bor-
née à un petit nombre de faits émanés de la na-
ture, BiiFF. Anim. domest.
É.MANER (é-ma-né), t). n. || l' S'échapper sous
forme de particules subtiles. Des corpuscules éma-
nent des corps odorants. J'aurais la molle ottomane
Dont émane Un parfum qui fait aimer, v. hugo,
Orient. (9. || 2' Fig. Provenir par un mode comparé
à une émanation physique. Si les formes des corps,
qui sont substances intellectuelles, sont infuses
dans les individus par un principe supérieur, du-
quel elles soient directement émanées.... maro.
BUFFET, Observ. p. 22(, (068. La commission pour
les consacrer émanait de la puissance royale, Boss.
Var. X, § (4. Et le droit d'opprimer n'émane pas
des oieux, saurin. Spart, iv, 3. L'ancien héritage
de notre ennemi, réuni par un traité solennel au
trône dont il émanait, vauven. Éloge de Louis XII.
Je conçois que l'universalité des choses est émanée
de ce Dieu qui seul est par lui-même et dont tout
est l'ouvrage, volt. Dial. xxix, 4. || 3" Terme de
théologie. Procéder. Le Verbe émane du Père éter-
nel, et le Saint-Esprit émane du Père et du Fils.
Il Émaner se conjugue avec l'auxiliaire pire.
— ÉTYM. Lat. emanare, de e, et manare, couler.
Il y a dans l'ancien fiançais le verbe esmaner ou
émaner, qui veut dire enlever, prendre ; xii* s. Do-
lenz fu de sa terre dent il fu émanez [dépouillé],
homan de Hou, vis. p. 92, dans lacurne. On n»
voit pas que ce soit le même verbe que emanare.
fEMANCÉ, ÉE (é-ma-nu-é, ée), adj. Terme de
zoologie. Qui est privé de mains.
— ÉTYM. É pour».... préfixe, et le latiu moniir,
main.
ÉMARGÉ. ÉE (é-mar-jé, jée), part, passé. Dopt
on a coupé la marge. Une estampe émargée. Lea
figures doivent être ployées, émargées et placAes
avec le même soin que si l'on reliait le livre en
d.-finitif, lesné, laReliure, p. (32, (8M. || En marge
do quoi on a signé. Un état émargé.
EMB
KHARGEMENT (é-mar-je-man), «. m. Action
d'émarger. I| Ce qui est écrit ou porté en marge
d'un compte, d'un mémoire.
— ÉTYM. Émarger.
ÉMARGER (é-mar-jé. Le g prend un e devant o
et 0 : émargeant émargeons), v. a. || !• Terme d'arts.
Couper, diminuer la page. Émarger une estampe.
Il Absolument. Emargez au compas, àl'équerre, à la
règle, LESNÉ, la Reliure, p. 132, )820. || 2» Signer un
reçu en marge d'un compte, d'un état. Emarger un
état. Il Absolument. Emarger, toucher l'argent, le
revenu affecté à une fonction (ainsi dit parce que
le fonctionnaire signe à côté de Uétalde compte et
comme en marge). Quoi! ce n'est pas le professeur
qui professe? — Jamais. — Que fait-il? — H é-
marge.— Qu'entendez- vous par ces paroles?— 11 tou-
che son traitement, alpu. kabr, Guêpes, déc. <84a.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et marge.
t ÉMARGINATCRE ( é-mar-ji-na-tu-r') , s. f.
Terme de hotanique. Echancrure terminale très-su-
perficielle d'un organe.
— RTYM. Émnrginé.
t É.MAUGINÉ, ÉE (é-mar-ji-né, née), adj. Ternie
didactique. Qui présente une echancrure, une en-
taille terminale arrondie. Feuilles émarginées.
— ÉTYM. Lat. emarginare, de e, et margo, mar-
ginis, rebord (voy. marge).
t ÉMASCULATION (é-ma-sku-la-sion), s. f. Sy-
nonyme de castration.
— ÉTYM. Émasculer.
t ÉMASCULER (é-ma-sku-lé) , V. a. Terme de
vétérinaire. Priver un animal mâle des organes de
la génération.
— HIST. xvi* s. Et s'estant aperceu que l'eau, de
force estrange, Avoit fait dedans luy si merveilleux
échange Qu'homme entier y entrant, n'en sf--(oit
qu'àdemy, Et son corps esmalé s'y estoit afemmy
[efféminé], baif, Œuvres, ^ )(4, dans lacuune.
— ÉTYM. Lui. emasculare, de e, etmasculus, mâle.
KMBABOUINÉ, ÉE (aa-ba-bou-i-né, née), part.
passé. Emhabouiné par de belles paroles. Embabouiné
de vos rêveries, vous débitez descho.-ies qui ne sont
point, d'ablancol'ht, Lucien, dans le houx, Dict.
corn. Il Terme de marine. Se dit quelquefois d'un na-
vire embarrassé dans des écueils.
EMBABOUINER (an-ba-bou-i-né), e. a. Terme po-
pulaire. Amener quelqu'un par des cajoleries à faire
ce qu'on souhaite de lui. La femme morte, il [M. de
Snubise] brusqua un superbe enterrement, eraba-
boiiina le curé, tellementque Mmede Soubise fut por-
tée droit de chez elle à la Mercy, st-simon, 2I8, ts8.
— HIST. xiii* s. Cuer qui ce fait n'iert [ne sera]
ja si embaboïnés D'amours ne d'autre vice, tant soit
enracinés. Qu'en assés petit d'eure ne soit enluminés,
1. DE MEUNO, Test. 204). Il xvi" s. Décevoir et emba-
bouiner le vulgaire populace [populace est ici un ad-
jectif], pabê, XIX, 30. Dont adict l'Apo.stre, que ceux
qui se laissent embabouiner à cette passion et cupi-
dité, fontnaufrageets'esgarentdela foy, et s'embar-
rassent en diverses peines , charron . Sagesse, i , 2 1 .
— ÉTYM. Ent , ei babouin, babui/iare signifiait,
an XIV* siècle, orner de miniatures.
f EMBÂCLE (aii-bà-cl'), s. m. Terme de ponts et
chaussées. Amoncellement déglaçons qui barre un
ccursd'eau dans unedébâcle. iJTermed'eaux et forêts.
Tout embarras dans les eaux, ruisseaux et rivières.
— HIST. XVI* s. Embâcle [embarras] , embacler
[embarra-iserj , oudin, Dict.
— ÉTYM. En t, et un radical boc Je, qui se trouve
dans dé-bdcle (voy. ce mot).
EMBALLAGE (an-ba-la-j'), s. m. Action d'em-
baller. L'emballage d'une bibliothèque. || Frais d'em-
ballage. Dans la dépense d'un déménagement, il
faut compter l'emballage. || Toile d'emballage, toile
grossière qui sert à emballer.
— ÉTYM. Emballer.
EMBALLÉ, ÉE (an-ba-lé, lée), part, passé. Des
livres emballés. || Fig. et familièrement. Capté ,
trompé. Emballé par des aigrefins. || Emballé 1 s'em-
ploie très-familièrement comme une sorte d'inter-
jection, signifiant enfoncé I perdu!
EMBALLER (an-ba-lé), v. a. (| 1° Mettre dans une
balle, empaqueter. Et, pour gagner, emballent et
déchargent toutes sortes de marchandises prohibées
et défendues, Arrétdu Conseil d'État, (6 oct. 4622.
Il Absolument. La foire est terminée; tout le monde
emballe déjà. || Fig. et familièrement. Emballer
quelqu'un, le faire partir. On l'a emballé dans une
diligence. Emballez avec tous vos dieux Flore et
l'Aurore aux doigts de rose, bérano. Pauvres amours.
il J" Familièrement. Se rendre maître des volontés
de qjelqu'un par des paroles captieuses. 11 [le Ré-
gent) fut si bien veillé, relayé, tourmenté, qu'ils
EMB
[Effiac, Canillao, etc.] l'emballèrent [le décidèrent
à se prononcer contre les appels au concile], st-
siM. 469, 237. Il 3° Familièrement. S'emballer, v.
réfl. Monter en voiture, partir. Allons, il est temps
de s'emballer. || En un autre sens, s'emballer, se sur-
charger de vêtements, se mettre chaudement. Si vous
voulez sortir par ce grand froid, emballez-vous bien.
— HIST. XV* s. Et les aucuns Bretons chargeoient
sur chars et sur chevaux leurs draps bien emballés,
FROiss. II, II, <88. Il XVI* s. Qui desrobbe ne sugce,
mais gruppe, n'avaUe, mais emballe, ravit et joue
de passe passe, rab. Pont, m, (8.
— ÉTYM. En f , et balle.
EMBALLEUR (an-ba-leur), s. m. [|l°Celuiqui fait
profession d'emballer des marchandises. Les embal-
leurs, chargeurs et déchargeurs sous corde pour
faire toutes sortes de balles, ballots.... Arrétdu
Coiis. d'État, 1 5 oct. (022. || 2° Fig. et familière-
ment, celui qui emballe, qui s'empare de l'esprit
de quelqu'un par de beaux discours. Ne vous fiez
pas à ses discours, c'est un emballeur.
— HIST. xvi* s. Une grosse aiguille triangulaire
bien tranchante, semblable à celle des emballeurs,
paré, VIII, 25.
— ÉTYM. Emballer.
t EMBALLONURE (an-ba-lo-nu-r') , s. f. Terme
de zoologie. Genre de petites chauves-souris de
l'Amérique du Sud.
t EMBALLOTTER (an-ba lo-té), v. a. Mettre en
ballot. Ni de les montrer, juvrir, ni déballer dans
leurs hôtelleries, mais, les f lire porter emballottées
et cordées dans la halle a ix toiles, Hèglement du
Parlem. 9 août 46)7.
— ÉTYM. En I , et ballot.
t EMBANDÉ, ÉE (an-ba )-dé, dée), part, passé.
Lié avec des bandes. Infaillililement un enfant dont le
corps et les bras sont libres , pleurera moins qu'un
enfant einbandé dans un maillot, J. J. Rouss. Em. 1.
f EMBANDER (an-ban-dé) , «. o. Néologisme. En-
velopper un enfant de bandes, de linges très-serrés.
— ÉTYM. En ) , et bande.
t EMBANQUEU (an-ban-ké). || 1° V. a. Terme de
fabrii]ue. Passer les canons d'organsin au centre
pour se disposer à ourdir. || 2° V. n. Terme de
marine. Arriver sur un grand banc comme celui de
Terre-Neuve.
— ÉTYM. En I , et banc.
t EMBARBE (an-bar-b'), s. f. Ficelle bouclée
pour le lissage des dessins, dans les manufactures.
t EMBARBÉ, ÉE (an-bar-bé , bée) , adj. Garni
d'une barbe touffue. Face embarbée. Si copieuse-
ment embarbé, que sa barbe était assez ample pour
faire un bouchon de taverne, Pièce comique, dans
LE ROUX , Dict. comique.
— ÉTYM. £n I , et barbe.
t EMBARBOTTER (S') (an-bar-bo-té), v. réfl. Ne
pas pouvoir sortir des phrases qu'on a commencées.
Va donc, et net'embarbottepascommetoutà l'heure,
THÉAULON et uAYARD, le Père de la débutante, m, 4.
— ÉTYM. En i , el barbotler.
t EMBARBOUILLEK (an-bar-bou-l!é, Il mouil-
lées), V. a. Faire perdre à quelqu'un le fil de ses
idées, de sa conduite. || S'embarbouiller, v. ré/Uchi.
Se perdre dans ce qu'on dit. Les conférences conti-
nuaient à Rastadt; 'Villars s'y embarbouilla si mal,
qu'il fallut le désavouer, st-sim. 363, ibi.
— HIST. XVI' s. Ne embarboyllez vostre neuve
robe, je vous prie, palsgr. p. 649.
— ÉTYM. En I , et barbouiller.
EMBARCADÈRE (an-bar-ka-dê-r'), s.m. (| 1° Terme
de marine. Cale ou jetée avancée qui sert soit à
l'embarquement soit au débarquement des mar-
chandises. X l'égard de celles [cargaisons] qui sont
moindres et dont les barques anglaises, hollandaises,
françaises et danoises sont ordinairement chargées,
on les porte dans les estères, c'est-à-dire aux lieux
d'embarquement ou embarcadères qui sont éloi-
gnés des villes, ou aux embouchures des rivières,
LABAT, Voyag. t. vu, p. 224, 1742. Il 2° Par extension,
lieu de départ d'un bateau à vapeur, d'un chemin
de fer (voy. uébarcadêre). |J Lieu, édifice où se
font les chargements des marchandises. Construire
un embarcadère. || 3° Terme de maçonnerie.
Pente faite en blocage ou degrés construits dans
l'épaisseur d'un mur de douve pour descendre au
niveau de l'eau d'un étang, d'une pièce d'eau, etc.
— ÉTYM. Espagn. embarcadero, nom du lieu où
les Espagnols faisaient leur embarquement pour
l'Amérique, de embarcar (voy. embarquer).
EMBARCATION (an-bar-ka-sion ; en vers, de
cinq syllabes), s. f. 'Toute barque qui ne va qu'à la
rame, et aussi un petit navire à un ou deux mSts.
— liEM. On l'emploie, abusivementet à tort, quel-
EMB
1333
quefols comme synonyme d'embarqutment, en par-
lant des personnes.
— ÉTYM. Espagn. emb«rcocton,decmbarcor (voy.
embarquer). Ce mot n'existait pas au xvii* siècle,
et Voiture qui, écrivant d'E.spagne, s'en sert, le
souligne : L'avis que l'on m'a donné, que cette sai-
son n'était guères propre à la navigation pour les
grands calmes qu'il y a, et que difficilement je
trouverais cmbarquoct'on devant le mois de septem-
bre, Leit. 39.
+ EMBARDÉE (an-tar-dée), s. f. Terme de ma-
rine. Mouvement de rotation communiqué par le
courant ou par un grand veut arrière.
— ÉTYM. Embarder.
t EMBARDER (an-bar-dé). || 1° T. a. Terme de ma-
rine. Faire avancer son vaisseau à bAbord ou à tri-
bord, pour éviter un autre vaisseau qui pourrait
l'endommager. || 2* F. «.Éprouver une embardée.
Embarder au large.
EMBARGO (an-bar-go), s. m. Défense faite par
un gouvernement de laisser partir les navires étran-
gers qui sont dans ses ports. On mit l'embargo sur
les vaisseaux hollandais. Frapper d'embargo. Lever
l'embargo. || Par extension. Une diatribe que vous ne
recevrez point, vu l'embargo mis à la poste sur tout
cequi vient de moi , P. L. cour. LeIt. ii , 28.
— ÉTYM. Espagn. cmborflo , séquestre; proveno.
embargar; bas-lat. imbarcum, d'une forme imbar-
ricare, de in, en, et le bas-lat. fcarro , barre (voy.
barre).
t EMBARILLAGE (an-ba-ri-Ua-j', Il mouillées),
s. m. Action d'emplir de poudre des barils. || Action
de mettre des sardines, des figues, etc. dans un baril.
— ÉTYM. Embariller.
t EMBARILLER (an-ba-ri-Ué, Il mouillées), v. a.
Mettre dans des barils. Embariller la poudre.
— ÉTYM. En t , et baril.
EMBARQUÉ , ÉE (iin-bar-ké, kée), part, passé.
Il 1° Mis dans un navire. Des matelots embarqués à
bord d'un vaisseau. Des marchandises embarquées
sur un bâtiment de commerce. || 2° Fig. Engagé.
Embarqué dans une mauvaise affaire. Et dans un fol
amour ma jeunesse embarquée, bac. Phèd.t, i. Oui,
mais il faut parier, cela n'est pas volontaire, vous êtes
embarqué, pasc. Moyens, i. Je trouvai l'affaire de la
mère d'Agréda embarquée, Boss. Letl. quiet, ai.
EMBARQUEMENT (an-bar-ke-man), s.m. || l'Ac-
tion d'embarquer. L'embarquement des troupes.
Péluse où notre embarquement devait se faire, kén.
Tél. II. Il Inscription d'un marin au rôle d'équipage,
d'un passager au registre de bord. || 2° Fig. Entrée
dans quelque affaire, dans quelque intrigue. On dé-
peint votre embarquement le plus bas et le plus ab-
ject où se soit jamais mise une personne de votre
qualité; et on dit que votre ami exerce sur vous un
empire tyrannique, bussirabutin, Hist. amour, des
Gaules, p. <64. Aucun d'eux [des pairs] ne se pré-
senta pour être le promoteur d'un embarquement
où le temps présent ne permettait pas de s'engager
avec prudence, st-sim. 376, 73.
— HIST. xvi* s. Ainsi comme il estoit sur son em-
barquement, pour s'en retourner enYtalie, amïot,
Fiam. 28.
— ÉTYM. Embarquer.
EMBARQUER (an-bar-ké), v. a. || 1° Mettre, char-
ger dans une barque ou dans un navire. Embarquer
des marchandises, des troupes, des vivres. || Embar-
quer en grenier, mettre les marchandises sans em-
ballage dans le navire. || Embarquer un coup de
mer, un paquet de mer, et, absolument, embarquer,
recevoir par-dessus le bord une forte lame. La cha-
loupe embarquait. || 2° Fig. Mettre quelqu'un dans
une affaire, par une métaphore prise de l'homme
qui, une fois en mer, ne peut plus quitter le navire.
Il ne regardera pas tant.... aux inic.èts d'autrui dans
lesquels on les embarque, qu'à leurs vrais et na-
turels intérêts, balz. .^rtî «criL Je me trouve dans
un engagement qui m'embarrasse ; je suis embar-
quée dans la vie sans mon consentement; il faut
que j'en sorte, cela m'assomme, et comment en sorli-
rai-je? sÉv. t26. Harlay suggéra l'expédient d'em-
barquer le parlement [à légitimer les bâtards de
Louis XIV] par l'affaire du chevalier de Longueville
qui réussit si bien, st-sim. 20, 236 || 3° V. n. Se ren-
dre à bord d'un vaisseau. J'embarque tel jour.
Il 4° S'embarquer, v. réfl. Monter sur un navire pour
faire un voyage. 11 s'embarqua sur un paquebot. J'es-
père partir de Rome dans trois semaines, et, si je
trouve un vaisseau , je m'embarquerai pour Marseille,
VOIT. Letl. 96. Il Avec ellipse du pronom personneL
Hâtez-vous de faire embarquer ce jeune étranger,
FÉN. Tél. m. Il S'embarquer sans biscuit, se mettro
en route sans provisions, et aussi faire quelque eu-
1334
E.MB
treprise sans prendre les précautions nécessaires,
commencer une affaire sans argent. || Par extension ,
se mettre dans un véhicule quelconque pour aller
d'un lieu à un autre. S'embarquer dans une diligence,
dans un wagon. || 6» Fig. S'engager, commencer, en-
treprendre. S'embarquer dans une mécbante affaire.
Puisque je me suis embarqué, il faut que j'achève,
scAnnoN, Dial. dans le roux, Dict. comique. Lais-
sez-moi la liberté de vous écrire, sans vous embar-
quer dans des réponses, sÈv. 8 . Pourquoi s'embar-
que-t-il dans de si extrêmes protestations? in. 93.
Puis, de là, s'embarquant dans la nouvelle guerre
[se mettant à en parler], doil. Sat. m. Pourquoi,
d'un faux espoir me flattant à mon âge. De nou-
veau m'embarquerdans de folles amours? cuaulieu,
Ép. de l'abbi C. Vous me conseilleriez de m'embarquer
dans un commerce de cette nature, hamilt. Gramm.
40. Les grands géomètres ne parvinrent à l'enten-
dre [un livre de Newton] qu'en l'étudiant avec soin ;
les médiocres ne s'y embarquèrent qu'excités par le
témoignage des grands, fonten. Newton. Je me
garderai bien de m'embarquer dans les réflexions
philosophiques, J. J. rouss. Orig. notes. || S'embar-
quer à.... Se mettre à, entreprendre de. Comme en
de certains temps il fait bon s'expliquer, En d'au-
tres il vaut mieux ne s'y point embarquer, corn.
Othon, II. 3. Il s'embarquait à payer cent mille
francs, sÉv. 83. Je ne veux point m'embarquer à
vous dire, ID. 4io. Voilà une belle chose que de
m'être embarquée à vous conter ce que vous savez
déjà, ID. 2)1.
— lllST. xvi* s. Il embarqua dedans les esquifz de
ses galères les meilleurs combattacs, auyot, Arist.
as.... Ains s'embarqua il, et semitàla voileladroitte
routte de l'Affrique, id. Cat. 8.
— ÉTYïl. En t , et barque; provenç. et espagn.
emharcar; ital. imbarcare.
EMBARRAS (an-ba-râ; l'j se lie : un en-ba-râ-z
ennuyeux), s. m. || 1° Obstacle qui barre une voie,
un chemin. Il y a de l'embarras dans cette rue. Un
embarras de voitures. Quand un autre [carrosse], à
l'instant s'efforçant de passer. Dans le même em-
barras se vient embarrasser, boil. Sat. vi. Il ne fal-
lait que l'embarras d'un défilé, quelques marches
forcées ou une boutade de cosaques pour nous dé-
barrasser de tout cet attirail [bagages], stGVR,Ilist.
de Napol. ix, t. \\ Fig. et familièrement. Faire de
l'embarras, des embarras, ses embarras, se donner de
grands airs, affecter de grandes prétentions. || 2° Ce
qui gêne J'ai trop de meubles, cela met de l'em-
barras chez moi. L'embarras fut grand à l'arrivée
d'une compagnie qu'on n'attendait pas. Une tête
empanachée N'est pas petit embarras, la font. Fabl.
IV, 6. Je ne suis pas de ceux qui font leur volupté
Des embarras charmants de la paternité, c. delà vi-
gne, École des vieill. i, 1. 1| Causer de l'embarras à
quelqu'un, venir demander à dliier ou à coucher
chez quelqu'un qui n'est pas préparé à recevoir.
Il Populairement. Ce n'est pas l'embarras, c'est-à-dire
- ce n'est pas là ce qui peut embarrasser, arrêter,
retarder, et, par suite, quoi qu'il en soit, néanmoins;
locution née d'après Mme de Genlis, pendant la Ré-
volution. Ce n'est pas l'embarras, vous arriverez tou-
jours à votre but. || Embarras de la langue , difficulté
à articuler. Il lui est resté de son attaque un embar-
ras de la langue. || 3° Confusion de choses difficiles
à débrouiller. Un procès oïl il y a de l'embarras.
L'embarras de ses affaires inquiète ses créanciers.
Il 4° Pénurie d'argent. Cette famille est dans un
grand embarras. Nous nous sommes trouvés dans
de grands embarras; Mais depuis quelque temps
un oncle, un honnête homme.... A bien voulu des-
cendre aux ténébreux manoirs, regnabd, Uinechm.
IV, 2. Il est jeune, il a dépensé étourdiment tout
son argent, il est dans un extrême embarras,
M"" DE GENLIS, Théd. d'éduc. le Libraire, se. 3.
Il 5° Difficultés résultant d'une multitude d'affaires.
Se trouver dans un embarras inextricable d'af-
faires. Des embarras du trône effet inévitable, rac.
Esth. u, 3. Gardez-vous de vous jeter dans cet em-
barras, FÉN. Tél. xxiii. Troile est utile à ceux qui
ont trop de bien; il leur Ôte l'embarras du superflu,
LA bRUY. v. Et dans cet éternel fracas De riens pom-
peux et d'embarras, gresset, ou P. Bougeant.
11 6° Difficulté résultant de ne savoir que faire, que
répondre. L'embarras où elle jette les princes,
coi.M. Ex. de Rodog. Un autre hymen vous met dans
le même embarras , id. Sertor. ii, 4. C'est ce qui
vous met dans un fâcheux embarras , pasc. Proi.i2.
L'embarras n'était pas petit, parce que, quoi qu'on
pût dire, on sentait bien qu'il n'y avait ni grande
ni petite église composée de pasteurs et de peuple,
où Ton pût montrer la foi qu'on voulait faire passer
EMB
pour la seule vraiment chrétienne, boss. Var. xiv,
§ 18. Il n'a point dans ses vers l'embarras de choisir,
BoiL. Sat, II. Son cœur, toujours flottant entre mille
embarras, Ne sait ni ce qu'il veut, ni ce qu'il ne
veut pas, id. ib. viu. || Embarras d'esprit, peine
d'esprit. || 7° État de celui qui est interdit, troublé.
L'embarras avec lequel je lui parlai l'obligea de me
presser, le COMTE de bussi, dans ricuelet. [S'il] ne
confond d'abord par ses doux embarras Tous les rai-
sonnements d'aimer ou n'aimer pas, th. corn.
Ariane, i, 3. 'l'élémaque, qui vit son embarras, n'osa
lui dire que.... FÉN. Tél. xîiii. Quand Philoctéte dé-
peignit l'embarras de Néoptolème, qui ne savait pas
dissimuler, Télémaque parut dans le môme embar-
ras, iD. ib. XVI. Sa physionomie portait l'empreinte
de cette espèce de souffrance que cause toujours un
extrême embarras, m"* de genlis, Ulle de la Fayette,
p. 307 , dans pougens. Craignez-vous de montrer ce
front jeune et timide? Un si grand embarras sied
malàla vertu, T>uas, Othel. i, 6. || 8* Terme de mé-
decine. Embarras gastrique, trouble de la digestion
avec nausées, vomissement, et souvent coliques et
diarrhée. |{ Embarras des premières voies, état ca-
ractérisé par une langue chargée, jaunâtre, de
l'inappétence, la bouche pâteuse, etc. || 9° Dans le
langage familier. Mettre une fille dans l'embarras,
la rendre enceinte.
— SYN. embarras, timidité. L'embarras est exté-
rieur; il tient aux circonstances, et se montre dans
la manière d'être. La timidité est intérieure, elle
lient au naturel et peut ne pas se montrer. On peut
être fort embarrassé sans être timide.
— HIST. xv s. Aiant trouvé un embarras de char-
rettesàlarue delaFeronnerie, d'aub. Uist. m, B46.
— ÊTYM. En t , et barre; espagn. embaraso; ital.
imbarrasio.
EMBARRASSANT, ANTE (an-ba-ra-san , san-t'),
adj. Qui cause ou donne de lembarras, de l'incom-
modité, de la gêne. Des bagages embarrassants. Si-
tuation, position, question embarrassante. N'allons
point les gêner [les rois] d'un soin embarrassant, rac.
Athal.u, 5. Ah! cousine, que cette visite m'embar-
rasse à l'heure qu'il est I — U est vrai que la dame
est un peu embarrassante de son naturel, uol. Cri-
tique, 2.
EMBARRASSÉ, ÉE (an-ba-ra-sé, sée), part, passé.
Il 1° Barré par un embarras. La rue embarrassée par
des voitures. || Fig. Dans les temps embarrassés el
malheureux tout ce qui passe pour mystère est
odieux, RETZ, i, <9i!.|| 2" Entortillé, entravé. Em-
barrassé dans les plis de son manteau. Le cheval
embarrassé dans sa longe. Dans les rênes lui-même
il tombe embarrassé, rac. Phèd. v, a. || Fig. Un
sens embarrassé dans des mots captieux, volt. GEd.
I, <. Il Pièce embarrassée, pièce de théâtre intri-
guée, dont l'intrigue fait le principal intérêt. C'est
l'incommodité des pièces embarrassées, qu'en ter-
mes de l'art on nomme implexes, par un mot em-
prunté du latin, telles que sont Rodogune et Héra-
clius.coRN. Examen de Cinna. Ce sens ne se trouve
probablement que dans Corneille. || 3° Gêné. Embar-
rassé par le fardeau qu'il portait. Ce sont fatalités
dont l'âme embarrassée  plus qu'elle ne veut se
voit souvent forcée, corn, liodog. u, 3. || Langue
embarrassée, langue qui a de la peine à articuler.
Et dés le premier mot, ma langue embarrassée
Dans ma bouche vingt fois a demeuré glacée, rac.
Bérén. n, 2. || Prononciation embarrassée, pronon-
ciation mal articulée. || Se dit aussi des idées. Des
notions, des conceptions embarrassées. || 4° Qui
n'est pas clair. Ses propositions furent embarras-
sées. Il 5° Qui éprouve de l'embarras, de l'incerti-
tude. Vous n'êtes point embarrassée De le croire,
ni moi.... la font. Fabl. x, 4. On se peut trou-
ver embarrassé des passages de l'Écriture, boss.
Avert. Il 6° Interdit, troublé. Il était embarrassé.
Son langage fut embarrassé. J'ai tous les sens en-
cor de trouble embarrassés, th. corn. Ariane,
IV, 2. Ils sont bas et timides devant les princes
et les ministres , pleins de hauteur et de con-
fiance avec ceux qui n'ont que de la vertu; muets
et embarrassés avec les savants; vifs, hardis et dé-
cisifs avec ceux qui ne savent rien, la bruï. ix.
Quand j'ai vu que M. de Limours en était plus em-
barrassé que touché, j'ai changé de manière, et je
lui ai montré le plus profond mépris. M"* de gen-
lis, Adèle et IMod. t. i, lett. 27, p. 2ï2, dans potj-
gens. Il Etre embarrassé de sa personne, ne savoir
quelle contenance avoir. Un sot est embarrassé de sa
personne, LA BRuy. XII. || 7'Aufém. Enceinte, en par-
lant d'une femme non mariée. Ma fiancée, qui avait
peur queje ne revinsse pas, étant déjà embarrassée,
pensa mourir de tristesse et du regret de sa noce
EMB
perdue, p. l.cour. n, 20». || S* Il se dit des organes
dont les fonctions ne sont pas libres. Il a le cerveau
embarrassé. J'avais l'estomac embarrassé.
t EMBARRASSEMENT (an-ba-ra-se-man) , i. m
Action d'embarrasser.
— HISï. xvr s. Que si on en voyoit quelques un
peu capables et mal affectionnez à la guerre, on
les devroit excuser de marcher; aussi bien ne ser-
viroyent-ils qued'embarrassement, lamode, 238.
— ÊTVM. Embarrasser.
EMBARRASSER (an-ba-ra-sé) , v. a. || !• Ob-
struer par un embarras. Ces voitures , ces pierres em -
barrassent la rue^Ces moulins embarrassent le cours
de la rivière. || S'embarrasser, embarrasser à soi.
Il s'embarrassa les jambes dans des cordes. || Fig.
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées, boil.
Art p. I. Il 2° Empêcher la liberté du mouvement.
Votre manteau vous embarrasse, fltez-le. Il eut
à combattre un grand nombre de nations qui em-
barrassaient la navigation avec leurs canots , el
qui, du rivage, l'accablaient de flèches, baïnal,
Ûist. phil. IX, H. Son fils, ce faible enfant qu'il
porte entre ses bras. D'un cher et doux obstacle
embarrasse ses pas, nucis, Oscar, m, 5. || 3° En-
tortiller. On embarrasse le bœuf dans une corde.
Dans ce piège sanglant je veux l'embarrasser, volt.
Catil. I, 2. Il 4° Mettre dans l'embarras, dans l'in-
certitude, dans l'hésitation. Oui, mais de celle
nuit la suite m'embarrasse, corn. Sert, i, (. Ce
n'est pas en effet ce qui plus m'embarrasse, id. ib.
V, 2. Vous croyez nous embarrasser par cette de-
mande, BOSS. Rép. Modérez des bontés dont l'excès
m'embarrasse, rac. Phèd. i, 2. Un reproche secret
embarrasse mon âme, m. Esth. ii, B. Quel prodige
nouveau me trouble et m'embarrasse ? id. Ath. n,
7. Il Absolument. Le passé fait trembler, l'avenir
embarrasse, boursault, Ésope à la cour, m. 3.
L'intention qu'on suppose emliarrasse souvent plus
que la vérité, W' de genlis, Théà. déduc. le Por-
trait, i, 3. Il 5° Embarrasser une question, une
affaire, la compliquer, l'embrouiller, y faire naître
des difficultés. Puisque M. Jurieu, pour embarrasser
la matière, veut nous parler du divorce, ayons la
patience de l'entendre, boss. Yar. *• avertist. $ 6.
Il 6° S'embarrasser, v. réfl. S'entortiller, s'em-
pêln r. Le roi, qui était en bottes, selon sa coutume,
s'embarrassa dans ses éperons et tomba, volï.
Charles III, 8. Sa tête et ses cornes s'embarrassent
dans les festons de pampres. M"* de genlis. Veillées
du chdt. 1. 1 , p. 474 , dans pougens. || Fig. Je m'em-
barrasse en mes pensées, régniep, Épit.iu. Comme
en sa propre fourbe un menteur s'embarrasse, corn.
Ment. V, 7. Ces personnages épisodiques [d'une pièce
de théâtre] doivent s'embarrasser si bien avec les
premiers, qu'une seule intrigue brouille les uns et
les autres, id. Premier dise. Et pour vos intérêts,
queje voulais lai.sser, En de nouveaux périls [je] viens
de m'embarrasser, MOL. i'^tour. II, 1. 1| S'embarrasser
dans ses discours, perdre la suite de ce qu'on dit.
Il Sa langue s'embarrasse, il ne fait que balbutier.
Il Son esprit s'embarrasse , ses idées se troublent.
De plus en plus cet esprit s'embarrasse, mair. So-
phon. m, 4. Il 7° Se causer une gêne à soi-même.
L'âme, qui s'est éloignée de la source de son être,
ne connajt plus ce qu'elle est; elle s'est embarras-
sée, dit saint Augustin , dans toutes les choses
qu'elle aime, boss. la Vallière. Quant aux soldats,
plusieurs s'étant embarrassés des fruits de leur pil-
lage, devinrent moins lestes, moins insouciants,
sÉGUR, Hist. de Napol. vm, 8. || Se causer une
gêne réciproque. Ils s'embarrassent les uns les au-
tres dans cette confusion, fén. Tél. xvi. || 8° De-
venir interdit. S la première question, il s'em-
barrasse. Il 9" Prendre souci de. Il ne fallait pas
s'embarrasser de leurs fantaisies, iiahilt. Gramm.
7. U ne s'embarrassait point de mes chagrins, fén.
Tél. xm. De quel frivole soin mon esprit s'embar-
rasse? RAC Iphig. IV, 8. Il S'embarrasser de tout,
se faire une grande affaire des moindres choses.
Il C'est un homme qui ne s'embarrasse de rien , c'est-
à-dire rien ne lui donne de l'inquiétude, du souci.
Il Dans une formule de politesse, s'embarrasser de
quelqu'un, se charger de lui. Est-ce que vous voulez
vous embarrasser de moi? Et si d'une offre en l'air
votre âme encor frappée, Veut bien s'embarrasser du
rebut de Pompée, corn. Sert, iv, 2. || 10» Terme de
médecine. La tête, la poitrine s'embarrasse, se dit
d'un malade dont les idées sa troub'ent, qui ressent
de l'oppression. Sur les six heures du soir, sa tête
s'est embarrassée, et insensiblement il est tombé
dans le délire la plus effrayant, m" db oenlis,
Adèlecl Théod. t. m, lett. 67, p. 4»4, dans poucENf.
— HIST. xvr s. Le pauvre homme embarrassé
respondit.... mont, i, 39. Le pont estant embarrassé
du bagage qu'on faisoit retirer dans la ville, les
fuyans ne se pouvoient sauver, lanoue, 600. La
raison se perd, s'embarrasse et s'entrave, tour-
noyant dans cette mer ondoyante des opinions hu-
maines, MONT. II, (68.
— ÉTYM. Embarras; espagn. embaraiar.
t EMBARREMENT (an-ba-re-man), s. m. Action
d'embarrer; résultat de cette action.
t EMBARREB (an-ba-ré) , «. a. || l'Enfermer avec
des barres, prendre entre des barres. || 2° Terme de
marine. Faire tourner la barre du gouvernail plus
qu'il ne convient. On dit plus souvent barrer.
Il 3° V. n. Engager un levier sous un fardeau pour
le soulever. || 4» Terme de verrerie. Saisir le creuset
par la ceinture. |{ B" S'embarrer, v. réfl. Un cheval
s'embarre, quand il se prend les jambes entre les
barres de l'écurie.
— HIST. XII' s. Delorespéesfont esgrener l'acier,
Et les vers elmes enbarer [enfoncer] et trenchier,
n. de Cambrai, <76.||xiv s. Et jà fust Malepaie
dedans la ville entrez. Quant d'une hache fu telle-
ment assenez Qu'il fu en mi le trou abatus et tom-
bez, E fu son basinet en son chief embarrez,
Guescl. v. 20236. Il XV* s. Et lui avala une dague
qu'il tenoit sur le chef qu'il avoit tout nu, et lui
embarra là dedans, froiss.ii, ii, 43. || xvi* s. Saige
chevalier a voulentiers gros chef à l'avenance du
corps, et rond, et bien peu embarré selon les tem-
ples, liosier hist. i, 4. L'extrémité de l'elevatoire
se coule par dessous l'os embarré [enfoncé] et frac-
turé, PARÉ, viii, 5.
— ÉTYM. En ) , et barre; provenç. et espagn. em-
larrar; ital. imbarrare.
t EMBARRURE (an-ba-ru-r') , s. f. Terme de vé-
térinaire. Contusion ou écorchure provenant de ce
qu'un cheval s'est débattu après s'être embarré.
Il Terme de chirurgie. Espèce de fracture du crâne,
dans laquelle une esquille passe sous l'os sain, et
comprime la dure-mère. || S. f. plur. Terme de cou-
vreur. Plâtres que l'on fait de chaque côté des faî-
tières pour les sceller.
— HIST. XVI* s. La troisième espèce des fractures
du crâne est appellée embarreure ou enfonsure :
emba''rure ou brisure en plusieurs esquilles ou frag-
mens; enfonsure, quand la pièce est du tout sépa-
rée, tombante sur la membrane, sans esquille,
PARÉ, vni, t.
— ÉTYM. Embarrer.
f EMBAS (an-bâ) , loc. adv. qui se disait pour
en bas et qui a vieilli. En embas le poteau est garni
d'un anneau de fer. Chaîne attachée fixement par les
deux extrémités.... et dont chaque partie est fixée
en embas par son propre poids, ponten. Bernoutli.
'— ÉTYM. En i, préposition, et bas, adjectif.
I EMBASE (an-ba-z') , s. f. || 1° Terme d'horlo-
gerie. Assiette qui se réserve sur l'arbre d'une
roue, en le forgeant. || 2° Partie renflée d'une lame
de couteau. || Ressaut d'une enclume. || Partie d'un
ouvrage de menuiserie qui repose sur une autre
pièce. Il 3° Terme de serrurerie. Eiùbases d'espagno-
lettes, parties saillantes et profilées au droit des la-
cets qui tiennent la tige ou le corps. || Embase de
clef, petite moulure sous l'anneau. |j 4°Terme d'ar-
murier. Partie de métal sur laquelle une autre pièce
vient s'appuyer. Renfort de métal aux tourillons
(les bouches à feu.
— ÉTYM. En 4 , et base.
EMBASEMENT (an-ba-ze-man), s. m. Terme
d'architecture. Base continue en saillie, au pied
d'un bâtiment.
— ÉTYM. Embase. On trouve embassement, qui
est fait comme soubassement (voy. ce mot) : xvi" s.
Et seront posés les dits termes sur un certain em-
bassement, qui servira de siège pour ceux qui sont
assis dedans le dit cabinet, palissy, 8). Ses actions
n'estoient que herault de sa gloire, les défaveurs
théâtres élevez à sa constance, le cercueil embasse-
ment d'un immortel trophée, menard, Hist. du Gués-
clin, Épit. à la noblesse française.
t EMBASSURE (an-ba-su-r") , s. f. Parois du four
ilu verrier, depuis le plan de la base jusqu'à la nais-
sance de la voûte.
t EMBASTILLÉ , ÉE ( an-ba-sti-llé , liée, Il
mouillées), part, passé. \\i' Mis à la Bastille. Me
voici donc dans ce lieu de détresse Embastillé, logé
fort à l'étroit. Ne dormant point, buvant chaud,
mangeant froid, volt. lo BosdHc. || 2° Entouré de
forts , en parlant d'une ville. Les Parisiens seront
et resteront fortifiés et embastillés, afin que s'ac-
complissent les paroles des Guêpes : Tu l'as voulu
George Dandin. alph. kahh, Guêpes, oct. 4 843.
EMB
f ESrBASTILLEJIENT (an-ba-sti-lle-man , ÎZ mouil-
lées), s. m. Action d'embastiller. Les journaux qui
ont fait les plus longs discours contre l'embastille-
ment de Paris.... tout le monde e.st devenu partisan
des fortifications, alph. karr, fîuépes, janv. 484).
fEMBASTILLEB (an-ba-sti-llé. Il mouillées) , v. a.
Il 1° Mettre à la Bastille ou dans une autre prison
d'État. Il 2° Embastiller une ville, l'entourer de
forts, do bastilles.
— ÉTYM. En * , et bastille.
EMBATAGE (an-ba-ta-j'j , s. m. Terme de char-
ron. Opération qui consiste à poser le fer des roues.
— ÉTYM. Embatre.
t EMBATAILLEMENT ( an-ba-ta-lle-man , Il
mouillées), s. m. Terme d'art militaire. Action de
passer de l'ordre appelé colonne à celui qu'on nomme
bataille.
t EMBATAILLER (an-ba-ta-llé, Il mouillées),
». a. Terme d'art militaire. Ranger en bataille.
— ÉTYM. En i, et bataille.
t EMBATAILLONNER (an-ba-ta-llo-né, Il mouil-
lées), V. a. Terme d'art militaire. Former des sol-
dats, des compagnies en bataillon.
— ÉTY'M. En i , et bataillon.
EMBÂTÉ, ÉE (an-bâ-té, tée), part, passé. Ane
embâté.
EMBÂTER (an-bâ-té), V. a. || 1» Garnir dubât une
bête de somme. Embâter les mulets. || 2° Fig. et fa-
mihèrement, embarrasser ou ennuyer. Embâter
quelqu'un d'une affaire désagréable. Vous nous avez
embâtés d'un homme insupportable. Le chancelier
déclara à M. de Chevreuse qu'il pouvait faire son
fils duc et pair s'il voulait, et embâter le roi de ses
beaux raisonnements, st-sih. 3i3, m.
— HIST. XVI* s. Que le mulet aie le dos uni, non
beaucoup pendant des deux costés, ains approchant
celui du cheval, afin de tant mieux tenir la selle, ce
qui n'est considérable au mulet à bast , qui s'embasle
bien en dos d'asne, c'est à dire pendant, o. de
serbes, 316.
— ÉT'YM. En i , et bât; provenç. enbastar; ital.
imbastare.
f EMBATOIR (an-ba-toir) , s. m. Fosse longue et
étroite, où les charrons placent debout les roues de
voiture qu'ils veulent embatre.
— ÉTYM. Embatre.
EMBATONNÉ^ÉE (an-bâ-to-né, née) , part, passé.
Armé d'un bâton Mes ménades Feront de telles
algarades i ces monstres embâtonnés, scarron,
Typh. chap. ii, dans richelet. || Terme de blason.
Colonnes embâionnées, colonnes cannelées dont la
cannelure est remplie de figures de bâtons.
EMBATONNER (an-bâ-to-né), v. a. || 1" Armer
d'un bâton. Et fussiez-vous embâtonnés. Jamais
vous n'en seriez les maîtres, la font. Fabl. n, ts.
Il 2° Terme d'architecture. Remplir de figures de
bâtons les cannelures d'une colonne jusqu'à une
certaine partie de son (ùt. Colonne cannelée etembâ-
lonnée. || 3°S'embâtonner,t).r^/Î.S'armerd'un bâton.
— HIST. IV* s. Le quel messire Hector issit hors
de son hostel,. et vint tout à cheval armé et embas-
tonné [armé d'une lance], monstrelet, n, I02.
Soupper : Estes-vous prests? — Jaunisse : Oui voir.
— Soupper : Emliastonnez? — Gravelle : De bons
basions , la Condamnation de Bancquet, Rec. de
farces, p. 32i. Notât que les maladies se viennent
icy présenter en figures hydeuses et monstrueuses,
embastonnées et habillées si estrangement, que à
peine peut-on discerner si ce sont femmes ou hommes,
ib. p. 293.
— ÉTYM. En f , et bâton; provenç. embastonar.
EMBATRE (an-ba-tr') , «. a. Terme de charron.
Appliquer les bandes de fer qui se mettent sur la
circonférence des roues. Embatre une charrette.
— REM. On ne voit pas pourquoi l'Académie, écri-
vant battre avec deux t, écrit embatre avec un seul.
Il faudrait écrire dans les deux cas avec un seul t,
puisque le second ne sert à rien et qu'il n'est ni du
radical ni de la terminaison.
— HIST. xi° s. Son bon espié enz au cors [il] lui
enbat, Ch. de Roi. xciv. || xii* s. Vous m'avez en-
batu [pris] au perge [piège], Lai d'Ignaurés. || xm* s.
Se vous, une autre fois, vous enbatez en tel péril,
dont Diex vous gart, nous vous rendrons ci oren-
droit tout ce que nous tenons de vous, h. de valenc.
IV. Il XIV* s. L'estude de tel livre engendre et enbat
ou accroist, es cœurs de ceux qui y entendent, af-
fection et amour, oresme, Prol. || xv* s. S'ils se
fussent embattus en icelui port qu'ils avoient choisi,
ils estoient perdus, froiss. i, i, 48. || xvi* s. Nos
gens de cheval s'embattirent pesle-mesle parmi leurs
gens de pied, qui estoient espars, m. du Bel-
lay, 386.
EMB
1335
— ÉTTM. En i ,eX battre; provenç. enftafre; itaL
imbattere. Embatre dans l'ancien français signifie
jeter sur.
EMBATU, CE (an-ba-tu, tue), part, passé d'em-
batre. Roue embatue.
EMBAUCHAGE (an-bô-cha-j') , s. m. || 1° Action
d'embaucher des ouvriers. {| Bienvenue, repas qu'un
ouvrier paye à ses camarades lorsqu'il est admi^ à
travailler chez un maître. || 2° Par extension, action
de faire passer des soldats à l'ennemi. Le crime
d'embauchage est puni de mort.
— ÉTYM. Embaucher.
EMBACCHÉ, ÉE (an-bfl-ohé, chée), part, passé.
Des ouvriers embauchés.
t EMBAUCHÉE (an-bô-chée), s.f. Dans quelques
arsenaux, l'heure du commencement ou delà re-
prise du travail.
t EMBAUCHEMENT (an-bô-che-man) , s. m. Ac-
tion d'embaucher.
— ÉTYM. Embaucher.
EMBACCHÈR (an-bô-ché), v. a. \\l° Engager un
ou plusieurs ouvriers. || 2° Attirer des ouvriers dans
un nouvel atelier au préjudice du patron pour lequel
ils travaillaient. || 3° Terme de guerre. Chercher
à faire déserter le drapeau. Embaucher des sol-
dats. Il 4° S'embaucher, v. réfl. Pratiquer l'un sur
l'autre l'embauchage. Ils cherchaient mutuellement
à s'embaucher.
— HIST. XVI* s. Embaucher ou emboscher, Ro-
bert estiejïne, cotgbave, oudin.
— ÉTYM. Ent,el bauche ; Berry, embaucher, com-
mencer : il a embauché à moissonner ; espagn. em-
baucar, tromper; embauco, artifice, ruse. Comparez
débaucher, ébaucher. Embaucher c'est faire entrer
dans la bauche ou bauge, et de là les sens dérivés
et métaphoriques.
EMBACCHEUR (an-bô-cheur) , s. m. \\ 1° Celui
qui embauche des travailleurs. Ils forment un en-
gagement de trois cents livres au profit de l'embau-
cheur, chargé par cet engagement de leur fournir
quelques vêtements, qu'on peut estimer le dixième
de cette valeur, haynal, Hist. phil. ii, 26. || 2° Celui
qui embauche des soldats.
— ÉTYM. Embaucher.
EMBAUCHOIR (an-bô-choir) , s. m. Terme de
cordonnier. Forme qu'on introduit dans des bottes
pour les maintenir ou pour les élargir. On dit aussi
embouchoir.
— REM. L'Académie a tort de permettre embou-
choir comme synonyme, ditGÉNiN, Récréât, t. ii,
p. 30. Mais les deux mots ne s'excluent pas : Em-
bauchoir est l'instrument qui se met dans la bauche
ou bauge, et, par métaphore, dans la botte; em-
bouchoir, l'instrument qui embouche la botte. À vrai
dire, embouchoir paraît le meilleur.
— ÉTYM. Embaucher.
t EMBAUCHURE (an-bô-chu-r'), j. f. Fourniture
générale des ustensiles nécessaires dans une fabrique
de sel.
— ÉTYM. Embaucher.
EMBAUJTÊ, ÉE (an-b8-mé, mée), part, passé.
Il 1" Imprégné d'une odeur délicieuse. L'haleine em-
baumée des vents. Savourons à longs traits sous son
ombre embaumée De Chypre et de Cherès [Xérès]
la liqueurparfumée, angelot, Ftejque, i, 5. |{ Fig.
Cependant il est doux de respirer encore Cet air du
ciel natal où l'on croit rajeunir, Cet air qu'on res-
pira dès sa première aurore, Cet air tout em-
baumé d'antique souvenir, lamaht. Harm. m, t.
Il 2° Qui a reçu l'embaumement. Les corps embaumés
qu'on retrouve dans les tombeaux égyptiens. Mais
quel bien fait le bruit et qu'importe la gloire? Est-on
plus ou moins mort quand on est embaumé? a. de
MUSSET, Poésies nouv. Après une lecture.
EMBAUMEMENT (an-bô-me-man) , s. m. Action
d'embaumer un corps. L'art des embaumements.
L'état des chairs [de Cromwell] après l'embaume-
ment empêcha de porter le cadavre à Westminster,
chateaub. Stuarts, 283.
— HIST. XVI* s. Ils ne sont coustumiers d'user de
telle cérémonie d'embaumement, pah8, Uumie, 7.
— ÉTYM. Embaumer.
EMBAUMER (an-bômé), v. a. \\ 1* Remplir
d'une odeur de baume, et, en général, de toute
bonne odeur. Les citronniers embaument l'air. Cette
liqueur embaume la bouche. L'air est embaumé par
la grande quantité de fleurs que fournissent les
orangers, les citronniers et les autres arbres, rol-
LiN, Hist. anc. Œuvres, t. i, p. 44, dans pougens.
Près des flots du riant Hisse, Les parfums dorés du
narcisse Embaument nos vallons fleuris, m. j. ché-
NiER, Oii. à Col. a, 2. Il Absolument. Ce vin em-
baume. Il 2° Remplir un corps mort de substaaees
1330
EMB
r.,lH«mi(iue8, pour le préserver de la putiéfaction.
Le raoyeri le plus habituel employé par les Egyp-
tiens pour embaumer les corps était d'en saturer
chaque partie avec de l'asphalte. || 3° Par exten-
sion, remplir un corps mort d'une substance quel-
conque propre à en assurer la conservation. Les
«ubstances les plus employées aujourd'hui pour
embaumer sont le deutochlorure de mercure, une
solution d'acétate ou de chlorure d'alumine poussée
par les artères, ou de chlorure de zinc avec ad-
dition d'hyposulfite de soude. || 4° S'embaumer, v.
rrfl. Être imprégné d'une bonne odeur. L'apparte-
ment s'embauma du bouquet qu'on avait apportés
i| Être préservé de la putréfaction. Certains corps
ne s'embaument pas facilement.
— HIST. XII" s. Les douze pairs [ils] firent bien
enbasnier, Honc. p. <76. || xiif s. Li cors le roi fu
embaumés et fu portés à Roem en Normandie,
Chron. de liains, p. <7. Et sachiez que, sitost
comme les messages ouvrirent leur escrins là où ces
choses estoient, il sembloit que toute la chambre
fust embausmée, si souef fleroit [tant cela sentait
bon], joiNv. 260. Qui autrui vuet blasmer, il doit
estre sans blasme, Et qui vuet [veut] embasmer, il
doit avoir du basme, i. de meunq, Test. 694. || xv s.
Je vueil que.... vous prenez le coeur de mon corps,
et le faytes bien embaumer, fboiss. i, i, 47.
Il XVI* s. Devant l'autel, des cyprès singuliers Je vis
fleurir soubz odeur embasmée, marot, i, <76.
J'embaumai le corps mort dudit seigneur de Mar-
tigues, PARÉ, Introd. 27. Ange divin, qui mes playes
embame. Pour soulager les peines de mon ame,
HONS. t7. Qui put le plus, le plus s'embome, leroux
DE LINCY, Prov. t. II, p. ^04.
— ÊTYM. En < ,et fcoume; provenç. enbasmar, em-
baiimar; espagn. embalsamar ; ital. imbalsamare.
t EMBAUMEUR (an-bô-meur), s. m. Celui qui em-
baume les cadavres.
— ÉTYM. Embaumer.
t EMBECQUER (an-bè-ké) , V. a. Terme d'oisel-
lerie. Donner la becquée à un petit oiseau. || Terme
de pêche. Attacher l'appât à la pointe d'un hameçon.
— HIST. xvi* s. L'oiseau gazouille, selon qu'il est
embecqué, cotgkavk.
— ÈTYM. En ) . et bee.
t EMBECQUETER (an-bè-ke-té) , v. n. Terme de
marine. S'avancer en dedans d'un des caps de l'en-
trée d'un détroit, d'un canal, d'un bras de mer.
EMBÉGUINÉ, ÉE (an-bé-ghi-né. née), pari, passé.
Il l" Oui porte un oéguin. Elles craignaient qu'un
refus obstiné Ne les brouillât avec nos sœurs de
Nantes : Ainsi jugea l'Etat embéguiné, gress. Vert-
Tert, ch. ii. H 2" Entiché, prévenu. Est-il pos.sible
que vous serez toujours embéguiné de vos apothi-
caires et de vos médecins? mol. Mal. im. m, 3.
EMBÉGUINER (an-bé-ghi-né) , ». a. || 1° Coiffer
d'un béguin; envelopper la tête de linge. Oui vous
a si plaisamment embéguiné? || 2° Kig. Infatuer,
entêter. Ceux qui se laissent facilement embéguiner
des opinions, G. naudé. Apologie, p. 472. |j 3°S'em-
béguiner, v. réfléchi. Se couvrir d'un béguin. || Kig.
S'infatuer. Ce lieau monsieur le comte dont vous
vous êtes embéguiné, mol. Bourg, gent. m, 3. Pour
que des successeurs de Scipion s'embéguinassent
d'un pareil conte, volt. Philos, m, <02.
— HIST. XVI' s. S'estant noué la gorge et embé-
guiné comme auparavant, dksper. Contes, ex. Ils
seront tenus de se lais.ser coiffer, embéguiner, en-
chevestrer, et mener à l'appelit de MM. les cathe-
drans. Sot. Uén. p. 76.
— ÊTYM. £n 4 , et béguin.
t EMBELLE (an-bè-l'), s. f. Terme de marine.
Nom de la partie d'un vaisseau qui est comprise
entre la herpe d'un grand mât et celle de l'avant.
EMBELLI, lE (an-bê-li, lie), part, passé d'em-
bellir. Oui est devenu beau ou plus beau. Elle est
fort embellie depuis que je ne l'ai vue. Un paysage
embelli par un ruisseau qui serpente. || Fig. Une
retraite embellie par les arts et par l'amitié. Votre
âme embellie de justice est devenue la demeure du
Saint-Esprit, mass. Car. Kech.
EMBELLIE (an-bè lie) , s. f. Terme de manne.
Amélioration du temps, devenant beau pour un mo-
ment, après une bourrasque, un grain violent ou un
coup de vent obstiné.
— ETYM. Embelli.
EMBELLIR (an-bê-lir) , v. a. \\ 1° Rendre beau, ou
plus beau. Des monuments embellissent la ville. Il
a beaucoup embelli son habitation. Le cygne plaît à
tous les yeux; il décore, embellit tous les lieux
qu'il fréquente, bukfon, Cvflnc || Absolument. La
parure embellit. Le poète lui donne ici l'épithète de
beau, quoique la tristesse n'embellisse pas, bern.
EMB
DE ST-piERRE, Harm. VIT, De l'amitié. || 2" Fig.
Orner, répandre des agréments sur. Seigneur, embel-
lissez ce grand nom de vainqueur Du nom plus glo-
rieux de pacificateur, volt. Brut, m, 7. Viens em-
bellir cette âme esclave de la tienne, in.Scythes, m,
a. Une amitié sincère embellissait nos jours, bay-
nouahd, Etats de Blois. ii, 5. || Embellir une his-
toire, un récit, y ajouter des traits qui ne sont pas
vrais pour la rendre plus piquante ou pour la faire
valoir. N'y ajoutez-vous rien, n'embellis.sez-vous |ias
votre histoire? mass. Car. Médis. || 3' V. n. Devenir
beau ou plus beau. Cette enfant embellit tous les
jours. La phra.se de croître et d'embellir semblait
n'avoir été faite que pour elle, hamilt. Gramm. 4.
Il Familièrement et ironiquement. Ne faire que
croître et embellir, se dit de défauts, d'habitudes,
de passions qui vont toujours augmentant. Sa sottise
tous les jours ne fait que croître et embellir, mol.
Comtesse, 4. Ses soupçons ne firent que croître et
embellir, hamilt. Gramm. 8. |{ 4° S'embellir, v.
réfl. Devenir beau. On s'embellit encore en voyant
ce qu'on aime, LACHAUsstE, Mélanide, iv, i. Ce
More l'adorait; .son front victorieux Sut à force
d'exploits s'embellir à ses yeux, Bucis, Olhel. i, 7.
Il Fig. Dans le bonheur, tout s'embellit à nos yeux,
Dict. de l'Académie.
— REM. Embellir, v. n. Se conjugue avec l'auxi-
liaire avoir, quand on veut exprimer l'action : il a
embelli depuis quelque temps; avec l'auxiliaire
être, quand on veut marquer l'état : comme cette
femme est embellie I
— HIST. XIII* s. Li solaus se torne al serain, Et
s'enbielist et soir et main, Partonopeus, v. l'J. Et
jà soit ce ke li cavel [cheveux] ne soient membre, à
parler soutilment, mais soient por le cors enbielir....
ALEBRANT, f" 33. Se il U plaist qu'il i voelle estre
[écuyer], Miex m'en embelira son estre, Bl. etJeh.
V, <9« La seignurie, De reims [rameaux], de
flurs e fruit garnie. De foille e verdure enbelie,
Edouard le conf. v. 3808. || xv* s. Il [le roi an-
glais] regarda et imagina que sa guerre du roi de
France en seroit embellie [par l'hommage du duc
de Bretagne], et qu'il ne pouvoit avoir plus belle en-
trée au royaume, ni plus profitable que par Breta-
gne, FROiss. 1, I, <B2. Il xvi* s. Les peinctures de
quoy la poésie a embelli l'aage doré, mont, i, 235.
Les femmes, au veu et au sceu d'un chascun, s'em-
bellissent d'une beauté faulse et empruntée, id. ii,
281.
— ÉTYM. En 4, et beau, bei/provenç. embellir,
embellexir.
t EMBELLISSANT, ANTB (am-bè-li-san, san-t'),
adj. Oui embellit. Il verse de ces larmes auxquelles
le sensible Virgile a donné ailleurs l'épithète de de-
corx, d'embellissantes, parce que la vertu les fait
répandre, bern. de st-p. Harm. vu, DeVamitié.
EMBELLISSEMENT ( an-bè-li-se-man ) , s. m.
Il 1° Action d'embellir, d'orner quelque chose.
L'embellissement d'une ville. Ils [les cosaques] ajou-
taient que c'était un larcin fait à son pays [aller
mourir en terre étrangère]; que, vif, on se devait
à sa culture, à sa défense, à son embellissement;
que, mort, on lui devait son corps qu'on tenait de
lui, qu'il avait nourri, et dont à son tour on devait
le nourrir, ségur, Hist. de Napol. viii, io. ||La
chose même qui embellit. Faire de nouveaux embel-
lissements à sa demeure. || 2° Ornement. Les embel-
lissements d'un discours. |{ Action d'ajouter à une
histoire, à un récit des traits qui ne sont pas vrais.
— HIST. xvi* s. U [Plutarque] est si universel et
si plein qu'à toutes occasions, et quelque subject
extravagant que vous ayez prins, il s'ingère à vos-
tre besongne, et vous tend une main libérale et in-
espuisable de richesses et d'embellissements, mont.
III, 3B5.
— ÉTYM. Embellir.
t EMBELLISSEUR (an-bè-li-seur), î. m. Néolo-
gisme. Celui qui embellit.
t EMBÊRIZE (au-bé-ri-z') , s. f. Nom moderne du
genre bruant.
— ÉTYM. Schelerle tire de l'allemand Emmerii,
Emberitx, Embrits, dérivé lui-même de Ammer,
qui signifie aussi erabérize.
t EMBERLIFICOTER (an-bèr-li-fi-ko-té) , v. a.
Terme populaire. Embarrasser, au propre et au fig.
Il S'emberlificoter, v. réfl. Il s'est emberlificoté dans
une corde, dans ses explications.
— ÉTYM. Mot de fantaisie.
EMBKRLUCOQUÉ,ÊE (an-bèr-lu-koké, kée) ,por«.
passé. Kmberlucoqué de la croyance à la sorcellerie.
EMBERLUCOyUER(S')(an-bèr-lu-ko-ké). v. réfl.
Terme familier. S'entêter d'une idée, s'attacher
aveuglément à une opinion.
EMB
-- TEM. Hauteroche a dit embrelicoquer : Xquoi
bon s'aller embrelicoquer l'esprit de ces bâtards de
noms? Crispin médecin, ni, 2. Une autre variante
de ce mot est emberloquer : Elle regardait avec éba-
hissement ce nigaud, dont elle rpgrettait de s'être
emberloquée, chateaub. dans le Dict. de poitevin.
— HIST. XVI* s. N'emburelucocquez jamais voses-
peritz de ces vaines pensées, rab. t. i, p. 36, dans
LACl'RNE.
— ÉTYM. Origine inconnue, àmoinsqu'on n'yvoie
un mot de fantaisie, fait sur le thème embrouille,',
ou, SI l'on veut, en, et berlue ou beriu (hurluberlu),
et coquer, représentant coque, capuchon : s'enca-
puchonner de berlue, voir des choses qui ne sont
pas.
EMBESOONÉ, ÉE (an-be-zo-gné, gnée), ad).
Terme familier. Qui est fort occupé k quelque be-
sogne. Vous voilà bien embesogné. Pallas même y
prit la cognée Pour faire de l'embesognée, scAii-
RON, Virg. travesti, dans le houx, Dict. comique.
— HIST. XII* s. Carde ferir sui trop enbesogniez,
Ronc. p. 66. Il XIII* s. Il paroit bien à son atour
Ou'ele iere [était] poi embesoignie, Ouant ele s'iere
bien pignieEtbien parée et atornée, la Rose, v. 686.
Ou quant il est embesogniés des besongnesson sei-
gneurou des besongnes au soverain, beauh. ixi, i.
Il XV* s. Et l'embesogna [prit à son service le che-
valier Jean HaccoudeJ pape Urbain, tant qu'il ves-
qui, contre les seigneurs de Milan, froiss. h, ii,
61. Il XVI* s. L'eslude et la contemplation embeson-
gnent aulcunement nostre ame à part du corps,
MONT. I, 68. Ceux là sembesongnoient aprez les
paroles; ceulx cy aprez les choses, id. i, <62. Je
suis despit de quoy nostre vie s'embesongne toute
à cela [à apprendre à parier], id. l, 193. Tout cha-
cun s'embesoigna aux barricades [se mit à les faire] ,
OARL. V, 16.
— ÉTYM. En 1 , et besogne.
t EMBETANT, ANTE (an-bê-tan, tan-t'). adj.
Terme très-lrivial. Qui embête. 11 est embêtant.
Cela est embêtant.
fE-MBÊTEMENT (an-bê-te-man), s. m. Terme
três-trivial. Action d'embêter. || Chose qui ennuie,
contrariété.
— ÉTYM. Embêter.
t EMBÊTER (an-bê-té), v. a. Terme très-trivial.
Rendre stupide; aveugler. {| Ennuyer. || S'embête:-,
V. réfl. S'ennuyer, avoir de l'ennui.
— ÉTYM. En ( , et béte.
t EMBEURRER (an-beu-ré), v. a. Garnir d'une
couche de beurre.
— HIST. xvi* s. Je aime aussi chier emheurrer
mon pain que de l'emmieller, palsgr. p. 739.
— ÉTYM. En 4, et beurre.
I EMBICUETAGE (an-bi-che-ta-j"), t. m. Dis-
tance entre le centre de la petite platine de la cage
d'une montre et le centre de la grande platine. On
trouve aussi embistage.
— ÉTYM, Y a-t-il dans ce mot le mot bichet, me-
sure de capacité ? Y a-t-on assimilé la distance des
deux platines ?
t EMBLAISON (an-blè-zon) , s. f. Terme rural.
Saison des semailles.
— ÉTYM. Emblaver. C'est une contraction d'em-
blavaison.
f EMBLAVAGE (an-bla-va-j') , t. m. Action d'em-
blaver.
EMBLAVÉ, ÉE (an-Wa-vé, vée), part, passé.
Terres emblavées.
EMBLAVER (an-bla-vé), v. a. Terme d'agricul-
ture. Ensemencer une terre en blé. || On le dit aussi
d'autres productions. Emblaver un champ en pom-
mes de terre ou de pommes de terre. Les prévisions
ne furent que trop justifiées; car, cette année-là,
pour une même quantité de surfaces emblavées [de
betteraves], la production du sucre se trouva di-
minuée de 20 millions de kilogrammes, païen, Pro-
duct. agric. Revue des Deux-Mondes , t5 fév. (862,
p. 981.
— HIST. XIII* s. Se ne fusson si emblaé [empê-
chés], Jà vous eùsson effraé, Ren. 68)1. ||xv« s.
Ors est [maintenant il est] sales et deslavez, Et de
pou de chose emblavez [fourni], eust. desch. Poé-
sies mss. ^654, dans LACL'RNE. Il XVI* S. Si aucunes
oyes sont trouvées ez prez ou en vignes, en quelque
temps que ce soit, ou en terres embladées ou se-
mées, LA THAUMASSIÈRE, Coul. de Berry , p. 366,
dans lacuhne.
— ÉTYM. Kn t, etbM(ïoy. blé); norm. emblayer,
Berry, emblader, embùxiver; wallon, èblaver, em-
pêcher; rouchi, emblaver, semer la terre et em-
pêcher le pas-sage; ital. imbadiare; bas-lal. imbla-
dare. Emblaver a signifié au propre mettre eo blo,
EMB
puis, au figuré, embarrasser, parce que la récolte
sur pied encombre le champ; de même que dehlaver
(déblayer) a signifié ôter la récolte, puis ôter ce
qui encombre.
EMBLAVURE (an-bla-vu-r') , s. f. Champ ense-
mencé de blé.
— ÉTYM. Emblaver; Berry, embladure.
EMBLÉE (D") (dan-blée), loc. adv. Du premier
coup, du premier effort. Emporter une ville d'em-
blée. La ville était trop bien munie pour l'emporter
d'emblée, vaugel. Q. C. vu, '6, dans richelet.
Il On dit de même emporter une affaire d'emblée.
Il II a été élu, nommé d'emblée, c'est-à-dire sans
opposition.il Emporter quelqu'un d'emblée, le dé-
cider dès le premier effort. 11 ne devait pas vouloir
prendre Valcourt d'emblée, sév. 679.
— IIIST xu' s. Pur quei te unt mened [mené] ces
de Juda en emblées ultre le flum e tes compaignons
sans nus [nous]?Jiois, p. 190. ||xV s. Le duc d'Au-
trische a prins ou par ses gens fait prendre d'am-
blée nostre cité de Therouenne, Lettre de Char-
les rit[, Bulletin du comité de la langue, t. m,
p. 693. Et pareillement en ces propres jours fut
prise d'emblée la forteresse d'Estrepagny , mon-
STREL. liv. Il, chap. 68. Il xvi* s. Parce que es con-
vens de femmes n'entroyent les hommes sinon à
l'emblée, et clandestinement, rabel. Garg. i, 62.
Hz feront ceste année de beaulx coupz : mais aul-
cuns d'iceulx seront fort subjects à recepvoir quel-
que coup de baston à l'emblée, ID. Progn. Pant. 6.
Ce fut un acte de ruze, de surprise et d'emblée, le
plus grand et le plus digne de mémoire qui fut
oncques, amyot, Pélop. et Marc. comp. 2. Ce fut ce qui
plus asseura les soudards d'Aratus, pource qu'ils
estimèrent que le veneur fust de l'intelligence, et
qu'il aidast à celer leur emblée, id. Aratus, 9.
— KTVM. Embler t .
EMBLÉMATIQUE (an-blé-ma-ti-k"), adj. Qui a le
caractère de l'emblème. Figure emblématique.
— ÉTYM. Emblème.
E.MBLÈME (an-blê-m') , s. m. || 1° Au sens propre,
actuellement inusité, ouvrage de marqueterie, de
mosaique. || 2° Aujourd'hui, figure symbolique,
avec une légende en forme de sentence. Des bou-
cliers ornés d'emblèmes. Le Sphinx est son em-
blème [d'Octave] et nous dit qu'il préfère Ce sym-
bole du fourbe aux aigles de son père, volt.
Triumv. ii, U Ces hommages publics, ces emblè-
mes, ces armes.... Importunaient vos yeux où j'ai
surpris des pleurs, c. delav. Paria, iv, 2. || 2° In-
signe. Les emblèmes de la royauté. || 3° Symbole.
Le coq est l'emblème de la vigilance. Le vert est
l'emblème de l'espérance. Que mes armes sans faste ,
emblème des douleurs.... volt. Tancr. m, t.
— SYN. EMBLÈME, DEVISE. L'un et l'autre est la
représentation d'une vérité par un symbole sensi-
ble, accompagné d'une légende qui en exprime le
sens. Ce qui distingue l'emblème de la devise, c'est
que les paroles de l'emblème ont toutes seules
un sens plein et achevé, ce qui n'est pas vrai des
paroles de la devise qui ne s'entendent bien que
lorsqu'elles sont jointes à la figure, beauzée. || em-
blème, SYMBOLE. Selon Lafaye, le symbole etl'em-
blème dififèrent d'abord en ce que l'un est constant,
primitif, traditionnel, d'une origine divine ou in-
connue, et l'autre du choix ou de l'invention de
quelqu'un qui l'imagine ou s'en sert à dessein en se
fondant sur une liaison d'idées plus ou moins sensi-
ble. La religion a des symboles, les artistes ont
des emblèmes. Le symbole est quelque chose de
convenu, de généralement admis, l'emblème est lo
résultat d'une certaine œuvre et d'une création par-
ticulière. Le gouvernail , dit Marmontel, est le sym-
bole de la navigation; les poêles et les peintres en
ont fait l'emblème de l'administration d'un État.
— HIST. xvi" s. Je me donne loy d'y attacher [à
mon livre], comme ce n'est qu'une marqueterie mal
joincte, quelque emblème [pièce de rapport] super-
numeraire, mont, iv, 90.
— ÉTYM. 'E(iêXir)|io, marqueterie, de è(j.ëâX).eiv ,
mettre dans, de h, et pâXXeiv, jeter.
+ t. EMBLER (an-blé), v. a. Ravir avec violence
ou par surprise. M. le Prince embla à mon père la
capitainerie des chasses de Senlis, et-sim. o, 79.
Chacun des deux autres [Louvois et Colbert] tendait
toujours à embler la besogne d'autrui, id. 7i, I63.
Il Proverbe. 11 est bien larron qui larron emble.
— HIST. XI' s. Ki'l voidrat clamer emblet [qui
voudra réclamer le bétail volé]. Lois de Guill. 26.
Il XII" s. Vostre clairs vis, qui sembloit flor de lis.
Est si aies ore de mal en pis. Qu'il m'est avis que
me soiez emblée, quesnes. Romancero, p. to». [Il]
Emble l'altrui avoir et à force le prent, 7'/i. le mar-
PICT. DK LA LANGUE FRANÇAISE
EMB
tyr, 31. Il XII! s. D'eux [de mes parents] [je] m'em-
blai l'autre jour, mont forment m'en repent, Berle,
XI. vu. Li tems, qui s'en va nuit et jor, Sans repos
prendre et sans .sejor. Et qui de nous se part et
emble Si celéement qu'il vous semble Qu'il s'arreste
adès en un point. Et il ne s'i arreste point, laRose,
v. 302. Il XV' s. Belle, se ne m'osez donner De vos
doux baisers amoureux. J'en emblerai bien un ou
deux, cii. D'ORLÉANS, BoH. 69. Il xvi's. Fabius remit
en l'obéissance des Romains la ville de Tarente, qui
leur avoit esté embléepartrahison, AMYOT, Fab. 43.
— ÉTYM. Provenç. emblar, enblar; itai. inro-
lare; florentin, imbolure; bas-lat. imbulare, dans
des manuscrits de la loi salique; du latin inrolare,
enlever en volant, expression tirée de l'oiseau de
proie qui enlève son gibier, de in, et volare, voler.
f 2. EMBLER (an-blé), v. n. Terme de chasse. Se
dit des cerfs quand, dans leurs allures, les pieds de
derrière surpassent ceux de devant de plusieurs
doigts.
— ÉTYM. Autre forme d'amhlcr.
f EMBLEUR (an-bleur) , 4'. m. 'Voy. ambleur.
f EMBLIC (an-blik), adj. m. 'ferme de pharmacie.
Myrobalan emblic (voy. myrobalan).
— ÉTYM. Kmblique.
t EMBLIER (an-blié), v. a. Terme de marine.
Encombrer.
— ÉTYM. Autre forme de l'ancien verbe emblayer,
encombrer (voy. l'historique et l'étymologie de em-
blaver).
t EMBLIQtTE (an-bli-k'), s. f. Terme de matière
médicale. L'emblique officinale, le petit myrobalan
{phyllanthus emblica).
j EMBLOQUER (an-blo-kél, v. a. Terme de ta-
bletterie. Aplatir un morceau de corne chaud entre
deux plaques.
— ÉTYM. En t , eX bloc.
t EMBLCRE (an-blu-r'), s. f. Terme rural. Voy.
EMBLAVURE.
— ÉTYM. Contraction d'emblavure.
t EMBOBELINER (an-bo-beli-né) ou EMBOBI-
NER (an-bo-bi-né), v. a. Terme familier. Enjôler,
séduire par des paroles flatteuses, captieuses.
— ÉTYM. ^n I , et bobine : enlacer comme la bo-
bine avec le fil.
fEMBODINUKE (an-bo-di-nu-r'), s. f. Terme de
marine. Nom de plusieurs bouts de corde, dont on
couvre l'organeau de l'ancre, pour renverser mieux
le câble sur le fer.
EMBOIRE (S') (an-boi-r'), il s'emboit, ils s'em-
boivent; il s'embuvait; il s'embut; il s'emboira; il
s'emboirait; qu'il s'emboive; qu'il s'embilt, qu'ils
s'embussent; s'embuvant; embu, v. réfl. || 1° Terme
de peinture. Devenir terne et se confondre, en par-
lant des couleurs d'un tableau; ce qui arrive parce
que le bois ou la toile boivent l'huile, l'essence, etc.
Il 2" V. a. Terme de fondeur. Emboire un moule,
l'enduire d'huile ou de cire fondue pour empêcher
la matière d'y adhérer.
— HIST. xv s. Comme homme embeu qui chan-
celle et trépigne. L'ai veu souvent quand il s'alloit
coucher, villon, p. 81, dans baynouard. || xvi' s.
Les Flameiis, habitans en Saxe, embeurent les
moeurs et conditions des Saxons, rabel. Pant. m, I.
Le dict champ estoytdesang tout embu et couvert,
ID. ib. v, 39. Dieu a voulu que les Juifs fussent em-
bus de telles prophéties, calv. Inst. 263. On enve-
loppera le col de laine noire avec le suif, imbue en
huile de lis, paré.vi, 8. Soudain qu'on met de
l'eau dessus, lesdites pierres de chaux emboivent si
très violemment que cela les cause soudain réduire
en farine, palissy, 41.
— ÉTYM. En I , et boire; provenç. cm!)î'6«r,em6eufj"<';
calai, embeurer ; espagn. embeber ; ital. imbevere.
EMBOISÉ, ÉE (an-boi-zé, zée), part, passé. Em-
boisé par un enjôleur.
EMBOISER (an-boi-zé), v. a. Engager quelqu'un
par des promesses, par des cajoleries, à faire ce
qu'on souhaite de lui. Est-ce ma faute à moi, si
madame l'emboise? boursault, SLots à la mode,
se. 16 (en 1694). Il Terme populaire et vieilli.
— ÉTYM. En t , et l'ancien français boise, trompe-
rie, mensonge; provenç. bauiia, bauza; il3.\. bugia.
EMBOISEUR, EUSE (an-boi-zeur, zeû-z'), s. m.
et f. Terme vieilli. Celui, celle quiemboise.
— ÉTYM. Emboiser.
EMBOÎrÉ, ÉE (an-bol-té, tée), port. poss^. L'es-
sieu emboîté dans le moyeu. Sa tête était emboîtée
dans son chapeau, scarr. 7!om. corn, i, lO. || Fig.
La pièce est faite comme une tragédie française du
second ordre, à la fois romanesque et régulière,
assez bien emboîtée dans les limites de temps et de
lieux, et n'offrant guère d'invraisemblable aue les
E.MB
1337
caractères, les sentiments et les actions des per-
sonnages, villemain, Litlér. Tabl. du xviii* siècle,
2' partie, 2« leçon. || Terme de danse. Pas emboîté,
pas dans lequel le danseur conserve la position nom-
mée emboîlure.
EMBOÎTEMENT (an-bol-te-inan), s. m. Jonction,
union de deux pièces qui s'embotient l'une dana
l'autre. L'emboîtement des mortaises d'une char-
pente, de deux os d'une articulation. Les divers
emboîtements les uns dans les autres [os], parle
moyen desquels ils jouent et se meuvent, boss.
Connaiss.u, 7. || Terme de physiologie. Emboîte-
ment des germes, hypothèse sur la génération qui
regarde les êtres vivants des périodes successives
comme emboîtés, contenus les uns dans les autres.
On a beaucoup parléderemboUement des germes; ce
mot est impropre; les germes ne sont pas de petites
boîtes insérées les unes dans les autres; ils étaient
des parties intégrantes des premiers touts organisés
sortis immédiatement des mains du Créateur, bon-
net, Lett. div. Œuvres, t. xii, p. 337. Hartsoeker
assurait que la première graine serait à la dernière
et la plus petite qui paraîtrait la dernière année du
soixantième siècle, comme l'unité suivie de trente
mille zéros, d'où il concluait que l'emboîtement
était absurde, id. Consid. corps organ. Œuvres,
t. VI, p. 422. Après avoir incliné fortement vers
l'épigénèse, feu mon re.speclable ami M. de Haller
avait été ramené par les faiis à l'évolution'qui l'avait
elle-même conduit h. l'emboîtement, m. ib. p. 426
— HIST. xvr s. Emboestement, cotgrave.
— ÉTYM. Emboîter.
EMBOÎTER (an-bol-té), v. a. \\ 1» Enchâsser une
chose dans une autre. _EmboUor des tuyaux.
Il 2° Terme militaire. Emboîter le pas, marcher en
file serrée de manière que le pied de l'homme qui
suit se pose à la place que quitte le pied de l'homme
qui précède. || Fig. Se soumettre, céder, obéir. Je
le forcerai bien d'emboîter le pas. Il eut beau se dé-
fendre, il fallut faire comme les autres et emboîter
le pas. Il Emboîter le pas, se dit familièrement de
quelqu'un qui marche derrière un autre en mettant
le pas dans son pas. jj 3° S'omboîter, v.ré/l. Être em-
boîté. Des tenons qui s'emboîtent bien dans une
mortaise. Les os ont îles jointures où ils s'emboîtent
les uns dans les autres, fEnel. Exist. 3l. || Fami-
lièrement et par plai.santerie, se mettre dans une
voiture où l'on est mal. Je ne me serais pas emboîté
comme un sot dans cette caisse dandinante, mar-
montel, dans le Dict. de poitevin.
— HIST. XVI' s. Ces deux eschelles furent emboî-
tées et appliquées dans une retraite de muraille,
d'aub. Uisl. m, 25.
— ÉTYM. En * , et botte.
EMBOÎTURE(an-boî-tu-r'),î./'. || l'Insertion d'une
chose dans une autre. L'embolture des os les uns
dans les autres. L'emboiture est juste. || Fig. Nous
honorerons nos écrits en compilant Plutarque, et
en remettant dans leur emboîture naturelle les
membres de l'histoire romaine qu'il en a détaches,
LE p. CATRon, dans desfont. || 2° Emboîture d'une
porte, les deux ais de travers en haut et en bas,
dans lesquels les autres ais sont emboîtés. || 3° Terme
de danse. Nom que l'on donne quelquefois à la troi-
sième position, où, en effet, les deux jambes sont
juste l'une contre l'autre, comme si elles s'emboî-
taient, COMPAN, Dict. de la danst, p. 303.
— HIST. XVI' s. Favas emporta la Reole par le
chasteau avec des eschelles de plus de soixante
pieds de haut faites de plusieurs pièces, les emboi-
lures n'aians jamais esté pratiquées auparavant son
invention, d'aub. Ilisl. ni, 26. Emboiiure ou enar-
throse, paré, iv, 43. Il [le corps] n'a plus esprit ny
raison, Emboiture ne liaison. Artère, poux, ny
veine tendre, rons. 47).
— ÉTYM. Embuiter.
\ EMBOLE (an-bo-1') , s. m. Terme d'antiquité.
Éperon de la proue des navires. || Dans l'art drama-
tique ancien , satire qui paraissait sur le théâtre avec
la grande pièce. Si c'était au milieu, on la nommait
einbole ou pièce d'entr'acte, baiteux, Wisloire abré-
gée de la satire.
— ÉTYM. 'EiiêoXo;, éperon de navire, de iv, en,
et PoXo;, coup, de pâXXeiv, lancer : proprement, ce
qu'on met dedans.
t EMBOLIE (an-bo-lie), s. f. Terme de médecine.
Obstruction par des caillots fibrineux qui, formés
dans une artère, vont oblitérer une artère plus
petite.
— ÉTYM. T'Iii.ôéXiov , piston, de iv, en, et piX-
Xeiv, jeter.
EMBOLISME (an-bo-li-sm'), s. m. lerme Qe cnro-
nologie. Intercalation d'un mois dont les Grecs se
I. — 168
1338
EMB
servaient pour mettre d'accord dans m ce ta m
nombre d'années les mouvements du soleil et de la
une, c'est-à-dire rendre l'année lunaire égale à
'année solaire dans le cycle de dix-neuf ans.
— mST. XIII' s. Li embûlismes, ce est a dire 1 an
(Tui a xiii lunes, brun. lat. Trésor, p. na.
— ÉïYM. '£ixêo/ia(i6<, de è|A6âXXeiv, jeter dans,
lie jv, en, et p'âXXEiv, jeter (voy. baliste).
t EMIlOLtSMÉEiV, ENNE (an-bo-li-smé-in, mé-
è-n'j, adj. Synonyme d'embolismique.
EMBOLISMIOCE (an-bo-li-smi-k'), od;. Qui ap-
partient h l'embolisme.
— ÉTYM. Emholisme.
EMBONPOINT (an-bon-poin), s. m. || 1° Bon
état du corps; se dit surtout des personnes un peu
grasses. Avoir, prendre de l'embonpoint. Il ne doit
pas demander l'embonpoint premier que la guérison,
BALZ. Disc, à la régente. Le loup donc l'aborde
humblement [un dogue] , Entre en propos et lui fait
compliment Sur son embonpoint qu'il admire, la
FONT. Fabl. 1, B. Que me sert en effet qu'un admi-
rateur fade Vante mon embonpoint si je me sens
malade? boil. ÉpU. ix. Ce discours, que soutient
l'embonpoint du visage. Rétablit l'appétit, ré-
chauffe le courage, id. Lulr.iv. Il Terme de physiolo-
gie. État du corps de l'homme ou des animaux, dans
lequel la quantitéde graisse est proportionnée au vo-
lume et à la stature. || 2" Fig. En pariant d'un style
plein et nourri. Il ne faut pas prendre pour embon-
point et pour vigueur ce qui n'est dans le discours
que bouffissure et intempérie, d'olivet, cité dans
les Dictionnaires.
— REM. 1. La règle veut qu'un p soit précédé d'une
m et non d'une n. Or dans cmbonpoinf, qui s'écrivait
jadis en trois syllabes, en bon point, la règle n'est
observée que pour en, elle ne l'est pas pour bon;
ce qui fait pour ce mot une singulière complication
d'orthographe. Le mieux serait d'écrire en-bon-
point ou emfcompot'nt. || 2. Une faut pas confondre
10 substantif em!ionpoin( avec être en bon point, lo-
cution fréquente dans la Fontaine et qui signifie
être en bon état, en parlant du corps.
— HIST. xYi" s. Ce n'est doncques pas la beauté
et l'embonpoint de votre chambrière, qui vous a
fait trouver ce plaisir si agréable, marg. Nouv. vui.
Des l'esté on tasche d'entretenir les pourceaux en
embon-poinct, o. de serres, 336. Ne regardez pas
à ces yeulz moites; regardez l'embonpoinct de ces
joues, MONT, m, (78.
— ÊTYM. En i , bon, et point.
t F.MBOQUER (an-bo-ké), v. a. Mettre de laman-
geaille dans la bouche des animaux, afin de les en-
graisser plus vite.
— RTVM. En ), etboque, bouque, pour bouche.
EMBORDURÉ, ÉE (an-bor-du-ré, rée), part.
passé. Estampe embordurée.
EMBORDURER (an-bor-du-ré), i). a. Mettre un
cadre, un bord, une bordure à un tableau.
— ÉTYM. En t , et bordure.
KMBOSSAGE (an-bo-sa-j'), s. m. Terme de ma-
rine. Action (l'embosser, de s'embosser; position d'un
vaisseau embossé. Etablir une ligne d'embossage.
— ÉTYM. Embosser.
EMBOSSË, ÉE (an-bo-sé, sée ), part, passé. Xla
bataille (l'Aboukir la flotte française était embossée.
L'expérience ass«ro un avantage infaillible aux
esciulres embossées, raynal, Ilist. phil. xiii, 49.
EMBOSSER (an-bo-sé), v. a. Terme de marine.
Amarrer un navire de l'avant et de l'arrière, de ma-
nière que, fixé contre le vent et présentant le flanc,
il ne soit attaqué et ne combatte que d'un côté.
11 S'embosser, v. réft. Les vaisseaux s'embo.ssèrent
et commencèrent le feu. Le fond, augmentant tout
d'un coup et passant, près de terre, de vingt-cinq à
cent brasses, ne permettrait pas aux attaquants
de s'y embosser, raynal, Ilist. phil. xiii, (8.
— ÉTYM. En t , et bosse, nom, dans la marine, de
certains cordages.
t EMBOSSURE (an-bo-su-r'), s. f. Terme de
marine. Nœud que l'on fait sur une manoeuvre et
auquel on ajoute un amarrage. || Le point de l'a-
marrage fait sur un câble mouillé et le grelin ou
l'au3?ière employée à embosser.
— ÉTYM. Embosser.
t EMBOTTELER (an-bo-te-lé. VI se double de-
vant un e muet : j'embottelle), v. a. Terme rural.
Mettre en bottes. Embotteler le foin, le chanvre.
— lilST. xvi* s. En petits fai.sseaux le lin sera em-
bottelé, chacun botteaude plein poing, o. ce ser-
bes, 733.
— ÉTYM. En ( , et botte ).
t KMBOUCADTER (an-bou-kô-té), v. a. Mettre en
ucaut. La morue ne pourra être dirigée sur le poit
E.MB
de déjiart qu'après avoir été emboucautée, Ordonn.
du 25 fév. 4 842, art. 8.
— ÉTYM. En 4 , et boucaut.
t EMBOUCHE (an-bou-ch') ,*. m. Pré d'embouche ,
ou, simplement, embouche, prairie très-fertile dont
l'herbe, consommée sur place, engraisse les bestiaux.
— ÉT'hi. En < , et bouche.
EMBOUCHÉ, ÉE(an-bou-ché, chée), parJ. passé.
Il 1° Mis à la bouche. Clarinette embouchée. Les
fltltes étant embouchées et remplies de vent, desc.
Mus. Il 2" Terme de manège. Xqui on a mis le frein.
Cheval embouché. |1 Qui cède à l'impression du
mors. Il 3° Fig. X qui on a fait sa leçon; qui redit ce
qu'on lui a conseillé de dire. Ce prince [le Dauphin] ,
bien embouché et qui ne fut jamais ardent de .soi
que pour le roi d'Espagne, parla au roi avec force
contre le rappel de ses troupes, st-simon, 238, 476.
Il Être mal embouché, parler grossièrement, dire
des injures. |1 4° Terme de batelier. Bateau embou-
ché, bateau engagé dans une passe resserrée.
Il 5° Terme de blason, se dit du bout d'un cor ou
d'une trompette, représenté dans la bouche, et
d'un émail différent de celui du cor.
f EMBOCCHEMENT (an-bou-che-man) , s. m. Ac-
tion d'emboucher.
— HIST. XVI* s. La ville françoise du Havre est à
l'embouchement de la rivière de Seine, du bellay,
Uém.hy. x, f" ^30, dans lacurne. Apprendre les
situations des pays, pour cognoitre l'elcvation des
montaignes, l'embouchement des valées, l'estendue
des plaines, la nature des fleuves et marescages, le
Prince de Machiavel, p. 98, dans lacurne.
— ÉTYM. Emboitcher.
EMBOUCHER (an-bou-ché) , v. a. ||1° Terme de
musique. Appliquer sa bouche à un instrument à
vent pour en tirer des sons. Emboucher un cor, une
flûte. Il Fig. et poétiquement. Emboucher la trom-
pette, prendre un ton élevé, sublime. Nous avons
vu l'auteur [Bossuet] emboucher la trompette pen-
dant une moitié de son récit, chateaub. Gén. ni,
IV, 4. Il Fig. et familièrement. Emboucher la trom-
pette, dire à tout le monde, ébruiter. || 2° Terme de
manège. Mettre les mors dans la bouche d'un che-
val. || Choisir le mors qui convient le mieux à un
cheval. || 3° Fig. Instruire d'avance de ce qu'il faut
dire, faire le bec. Avant que de l'envoyer, il faut
l'emboucher, de peur qu'il ne dise quelque sottise.
Moa diable d'homme , qui avait son petit intérêt dans
cette affaire, courut prévenir les aumôniers, etem-
bouchasi bien les bons prêtres que.... j. j. rouss.
Conf. II. Il 4" Terme de marine. Pénétrer dans une
embouchure, en parlant d'un vaisseau. || 5° S'embou-
cher V. réfl. Avoir son embouchure, en parlant
des rivières. La Marne s'embouche dans la Seine à
six kilomètres de Paris. La Seine s'embouche dans
la mer auprès du Havre.
HIST. xv* s. Se un voisin s'est approché De
ce débat là sans faintise, Chascun en sera embou-
ché , COQUILL. les Droits nouv. || xvi* s. D'un par-
ler sainct, plein de déception. Le faux parjure est
tousjours embouché, marot, iv, 245. Ses fiers che-
vaux il attelé, et embouche D'escumeux freins leur
braveté farouche, du bellay, iv, 38, «rjo. Et pour
ce qu'il y avoit tous-jours quelque canon et ar-
quebuserie qui embouohoient [battaient dans] les
portes, d'aub. Uist. i, 312. Ce canon de son pre-
mier coup emboucha et creva un vertueil [sorte do
canon] du fort, ID. ib. m, 2i. Selon luy demanda
incontinent s'il y avoit rien de nouveau , et l'estran-
ger , que Thaïes avoit embouché , respondit.... amyot,
Solon, 9 . Il envoya quelqu'un de ses familiers vers luy,
l'ayant embouché de dire que.... id. Nicias, 46. Mar-
syas qui inventa la hanche [l'anche] pour embou-
cher le hautbois, id. Comment, refrén. la colère, 42.
— ÉTYM. En 4 , et bouche.
EMBOUCHOIR (an-bou-choir), s. m. Hl-Lobout
d'une trompette ou d'un cor qui s'applique à la bou-
che pour sonner. On dit aussi bocal. || 2° Terme
d'arquebusier. Pièce qui embrasse l'extrémité du
bois et du canon d'un fusil de munition. || Nom do
la troisième capucine du fusil de munition en comp-
tant de la crosse, ainsi dite parce qu'elle reçoit
d'abord le bout de la baguette. H 3° Terme de bottier.
Synonyme d'embauchoir.
— HIST. xvi* s. Mon ami, va remettre cette botte
à l'embouchoir, je t'attendrai plutost une heure,
desper. Contes, xxv. |j xvii* s. (au commencement
du siècle) Après eulx [aux funérailles d'Henri IV]
marchoient les haultsbois, trompetes, fifres et tam-
bours non sonnants, les embouchoirs de leurs in-
struments contre bas, fav. Th. d'honn. t. u, p.
1860, dans LACURNE.
— ÉTYM. Emboucher,
EMB
EMBOUCnURE (an-bou-chu-r^,»./'. || !• La partie
d'un cor, d'une trompette, qui s'applique à la bouche
quand on en veut jouer. {| La manière dont on em-
bouche certains instruments à vent. L'embouchure
de la flûte traversière est difficile. Avoir une bonne
embouchure, produire le son avec facilité et pureté.
Il 2° Terme de manège. Synonyme de canon, partie
du mors qui entre dans la bouche du cheval. Avoir
diverses embouchures pour toutes sortes do chevaux.
Il II se dit de la manière dont se comporte la bou-
che du cheval. Car il [Pégase] est gai de sa nature.
Fringant, délicat d'embouchure, la font, t.vi, p. 4 35,
éd. Walckenaer. || 3" Ouverture d'entrée. L'embou-
chure do ce bocal est fort large. L'embouchure d'un
fourneau. En un vase à long col et d'étroite embou-
chure, la font. Fabl.J, 4 8. || Terme d'artillerie.
Ouverture de c^non. On dit plus souvent bouche.
Il Terme de Ibrtification. Ouverture pour donner
passage à une bouche à feu. || i' Ouverture danri
les terres par où un fleuve entre dans la mer,
un cours d'eau dans un autre. L'embouchure de la
Seine. L'embouchure du Danube se fait par cinq
larges canaux dans le Pont-Euxin, d'ablanc. Ar-
ricn, liv. l, ch. 2, dans richelet. M. Guglielmini
trouve par cette méthode que le Danube, supposé
horizontal à son embouchure, comme le sont pres-
que tous les grands fleuves, du moins sensiblement,
jette dans le Pont-Euxin, en une minute, près de
42 millions de pieds cubiques bolonais d'eau, pon-
TEN. Guglielmini. Ce grand fleuve [l'Orénoque] tire
sa source des Cordillères, et ne se jette dans l'O-
céan, par quarante embouchures, qu'après avoir
été grossi dans un cours immense par un nombre
prodigieux de rivières plus ou moins considéra-
bles, raynal, Ilist. phil. vu, 46. || Terme de ma-
rine. Entrée d'un port. || 5° Le côté le plus large
du pertuis d'une filière par où l'on commence
à faire passer le lingot ouïe fil de métal qu'on veut
tirer.
— HIST. xv" s. [Montaigne] Est le cha.stel le plus
bel et le plus fort, séant sur la rivière de Gironde et
près l'embouchure de lamer, froiss. ii,il, 42. Qui-
conque amènera es dites places et marchez bleds, fa-
rines ou autres graines, où il y ait emliouclieure,
c'est à sçavoir qui ne soient aussi suffisans et aussi
bons dessous comme en la monstre, il perdra les
denrées, Ordonn. des rois de Fr. t. ii, p. 35*.
Il xvi* s. L'eau s'escouloit en la mer par une em-
bouchure profonde et capable des plus grandes navi-
res, AMY'OT, Marins, 25. Les Dardanes, autrement les
cha'steaux assis à l'embouchure du destroit, langue,
44 6. U retira son bagage, qui avoit passé le pont,
et prend place de combat à l'embouchure de la pre-
mière arche, d'aub. Ilist. 11, 200. Impositions des
rivières, droits d'embouchures, sully, Uém. t. lU,
p. 4 48, dans lacurne.
— ÉTYM. Emboucher.
t EMBOUCLÉ, ÉE (an-bou-klé, klée), ad;". Termp
de blason. Pièces embouclées, pièces garnies de
boucles, telles que le coUier d'un lévrier.
t EMBOUCLER (an-bou-klé), t'. o. Attacher avec
une boucle. On dit plus souvent boucler.
— HIST. XV' s. Si tost que les six pucelles vin-
drent devant les six chevaliers, chascun prenoit son
cheval de lance royde armée de pennoncel joly qui
incontinent fut embouclé sur ceulx qui attendoient
qu'ils fussent receus, Perceforest, t. iv, ^ 65.
— ÉTYM. En 4 , et boucle.
t EMBOUDINURE (an-bou-di-nu-r'), s. f. Voy.
embodinure.
EMBOUÉ, ÉE (an-bou-é, ée), part, passé. Emboué
jusqu'à mi-jambe.
EMBOUER (an-bou-é), ». o. Salir de boue. || Terme
de construction. Enduire de boue. Embouer une
muraille. || S'embouer, v. réfl. Se salir de boue.
— IHST. xii' s. Trez tuz enboez de tai [fange] ,
Th.lemart. 4 es Que la pense [pensée] ne soit en-
boée d'alcune tache de pechiet, Job, p. 402. ||xm's.
Sans ses pieds gaires emboer, iaiioie, 42620. Luxure
emboe tout et gaste, et riens ne rince, Car en tous
les eslaz mort ou acroiche ou pince, D'un duc fait
ung vilain, et d'ung vilain ung prince, s. demeong,
Test. 4805. Il xv s. Il regarde l'escu du chevalier;
mais il estoit si emboué qu'il n'y eust point de co-
gnoissance; dont print il de l'herbe, et lui torcha
son escu, Perceforest, t. i, f 69. jj xvi' s. Le vilain,
comme il a emboué ma paillasse de ses pieds I
desper. Contes, viu.
— ÉTYM. En 4 , et boue.
EMBOUQUEMENT (an-bou-ke-man) , ». m. Terme
de marine. L'entrée d'une passe étroite, d'un canal
resserré entre deux terres.
— ÉTYM. Einbouqucr.
E:\rB
EMBOUQUER (an-bou-ké) , v. n. Terme de ma-
rine. Entrer dans un canal ou dans un détroit,
particulièrement en pariant de l'entrée des Antilles,
li Activement. Kous fûmes obligés de courir des bor-
dées pour embouquer le canal, chateaub. llin. ii, 3.
— ËTYM. En i ,et bouque pour bouche, ouverture.
KMBOCRBÉ, ÉE (ai)-bour-bé, bée), pari, passé.
Enfoncé dans la bourbe. Je me sentis plus tôt au
mortier eniliourhé, Régnier, Sat. xi. Le phaéton
d'une voiture à foin Vit son cliar embourbé, la
FONT. Fabl. VI, (8. A cbaque instant, une voiture
renversée, une roue engravée, un seul cheval em-
bourbé, un trait rompu arrêtait tout, séguh, Hist.
de Napol. vi, 7. || Jurer comme un cliarretier em-
bourbé, jurer beaucoup, avec emportement. || Fig.
Embarrassé dans quelque affaire dont on ne peut
sortir. Vous voilà cependant fortement embourbé,
T-.I. CORN. Dnn Bertr. de Cigaral, v, < 2. || C'est la di-
ligence embourbée, c'est une diligence embourbée,
se dit ou d'un service qui se fait mal, ou d'une
personne qui ne sait venir à bout de rien, qui n'a-
vance pas.
t E.MBOURBEMENT (an-bour-be-man), s. m.
L'action d'embourber; l'état de ce qui est em-
l'Oiirbé.
— HtST. XVI» s. Embourbement, cotohave.
— Etym. Embourber.
EMBOURBER (an-bour-bé) , V. a. || 1» Engager
dans un bourbier. Je fus mené par un postillon
sourd et muet qui m'embourba de nuit auprès du
Quesnoy, st-simon, )4, i53. || Fig. Embourber
quelqu'un dans une mauvaise affaire, l'y engager.
Il 2° S'embourber, v. rc'fl. S'enfoncer dans un bour-
bier. Ce charretier s'est embourbé. A peine du limon
où le vice m'engage, J'arraclie un pied timide et
sors en m'agitant. Que l'autre m'y reporte et s'em-
bourbe à l'instant, boil. Ép. m. Je ne veux pas
salir mes pieds dans les chemins Oii s'embourbe en
marchant le troupeau des humains , lamart. Jocel. i ,
il. Il Fig. Se perdre en des explications, en des
contradictions. 11 n'y a que quinze jours que je suis
valet.... je m'embourbe de plus en plus, picard,
l'rov. à Paris, iv, 20.
— HIST. xvi* S. Pendant la pluie n'est possible
loger [planter] commodément les arbres, à leur
ruine la terre s'embourbant à l'entour des racines,
0. DE SERRES, 646. C'est iujustice et inhumanité de
secourir et redresser celui qui n'en a que faire et
qui en vault moins ; j'aime à les laisser embourber
et empestrer encore plus qu'ils ne font, et si avant,
s'il est possible, qu'enfin ils se recognoissent, mont.
IV, 60.
— ÉTYM. En < , et bourbe.
t EMBOURDER (an-bour-dé) , v. a. Ancien terme
de marine. Soutenir avec des aocores un bâtiment
échoué.
— ÉTYM. En i ,el bourde, dans le sens de perche,
pieu.
t EMBOCRDIGUE (an-bour-di-gh') , s. f. Terme
de pêche. Se dit de certains goulets qui séparent les
dift'érentes chambres des bourdigues.
t EMBOURRAGE (an-bou-ra-j') , s. m. Action
d'embourrer.
— ÉTYM. Embourrer.
EMBOCRRÉ, ÉE (an-bou-ré, rée), part, passé.
Garni de bourre. Un fauteuil embourré. On dit plus
souvent rembourré.
t EMBOURREMENT (an-bou-re-man), s. m. Ac-
tion d'embourrer; ré-iUtat de cette action.
— HIST. XVI» s. Embourrement, cotghave.
— P.TY.M. Embourrer.
EMBOURRER (an-bou-ré), v.a. Garnir de bourre.
On dit plus souvent rembourrer. || Cacher, à l'aide
d'un mélange de terre et de chaux, un défaut dans
une poterie.
— HIST. xvi» s. Et à l'endroit de la dite oreille,
sera embourré de cotton ou drap, pour cacher le
vice.... PARÉ, VIII, 29. Et seront les dits corcelets si
bien appropriés et embourrés, qu'ils ne blesseront
aucunement, id. xvii, 8.
— ETYM. £re I , et bourre.
t EMBOURRCRE (an-bou-ru-r'), s. f. Terme de
tapissier. Ce qui sert à embourrer. L'embourrure
d'une chaise. || Grosse toile qui couvre la matière
dont le tapissier embourré certains meubles.
— HIST. XVI» s. Ceulx qui ont le corps graile le
grossissent d'embourrures, mont, i, <70.
— ÉTY5I. Embourrer.
E.MBOURSÉ, ÉE (an-bour-sé, sée), part, passé.
Mis dans la bourse. De l'argent emboursé.
t E.MBOURSEMENT (an-bour-se-man), s. îh. Ac-
tion d'embourser; résultat de cette action.
— ÉTYM. Embourser.
EMBOURSER (an-bour-sé) , V. a. Mettre en bourse ;
recevoir de l'argent. Nos héros de finance Embour-
sent l'argent de la France, yow.tpil. xix. || Fig.
Embourser des coups de bâton, en recevoir Et si
dans la province II se donnait en tout vingt coups
de nerf de bœuf. Mon père pour sa part en em-
boursait dix-neuf, rac. Plaid, i, B.
— HIST. xiTi" s. Tex cuide[tel croit] gaaignierqui
pert, Et autre enborse le gaain, Ben. 208C5. Cil
enortent [exhortent] le mal à tere, Qui bien en se-
vent lor prou trere [tirer leur avantage]. Et enbor-
sent autrui avoir, ib. <097). ||xvi» s. Si en tout le
territoire n'estoient que trente coups de basions à
guaignier, il en emboursoit tousjours vingt huict
et demy, babel. Pant. iv, <6.
— ETYM. En t , et bourse.
f EMBOUSER (an-bou-zé) , V. a. Garnir de bouse.
— HIST. XIII» s. Et si ort et si embousé, i. de
MEUNO, Tr. 343. Il XVI» s. Le lescher se prévient avec
fiente de bœuf, de laquelle le bœuf est frotlé par
tous les lieux de son corps où il peut atteindre avec
la langue; car, ainsi embouzé, l'amertume qu'il y
treuve le garde de se lesoUer, o. de serres, 207. Sa
barbe est presque toute embousée, bab. Garg. i, 2.
— ÉTYM. En t , et bouse.
f EMBOUT (an-bou) , s. m. Garniture de fer ou
de cuivre qu'on met au bout d'une canne, d'un pa-
rapluie.
— ÉTYM. En i , et bout.
t EMBOUTÉ, ÉE (an-bou-té, tée), part, passé.
Garni d'un embout.Une canne mal emboutée. || Terme
de blason. Pièce emboutée, pièce qui se termine par
une virole d'argent. Instrument embouté, instru-
ment qui a l'extrémité d'un autre émail que le corps.
t EMBOUTEILLER (an-bou-tè-llé. Il mouillées),
V. a. Mettre en bouteilles. Embouteiller delà bière,
de l'encre.
— ÉTYM. En t, et bouteille.
f EMBOUTER (an-bou- té), V. a. Mettre un em-
bout. Embouter un parapluie.
EMBOUTI, lE (an-bou-ti, tie), part, pois^d'em-
boutir. Une pièce de métal emboutie.
i- EMBOUTIQUEMENT (an-bou-ti-ke-man). Ac-
tion d'emboutiquer.
— HIST. XV» s. Et pour tenir ordre au faict desdits
emboctiquements et fournissements desdits greniers
et chambres à sel, lesdits saliniers salinans et mar-
chands fournisseurs qui auront chargé, seront te-
nus de faire porter, charrier et mesurer le sel qui
sera mis es dites nouvelles boutiques, Ordonnance,
B janv. 1497.
t EMBOUTIQUER (an-bou-ti-kè) , V. a. Terme de
l'ancien monopole du sel. Mettre en boutique. Et
seront tenus les dits propriétaires d'emboutiquer
leurs sels nouveaux quatre jours après qu'ils auront
été levés, Baii Gautier, 6 mars t60D.
HIST. XV» s. Les saliniers salinans qui mettront
leurs sels dedans les greniers à sel, les vendront par
tour de papier, c'est assavoir, qui premièrement
emboutiquera, premièrement vendra, Ordonnance,
8 nov. U98.
— ETYM. En 1, et boutique.
EMBOUTIR (an-bou-tir), v. a. || 1° Travailler une
plaque de métal au marteau et sur une enclume , de
manière à la rendre concave d'un côté et convexe'
de l'autre, comme une bassine, une casserole, etc.
Il Former et travailler l'argent sur une petite ma-
chine qu'on appelle étampe. || 2° Terme d'architec-
ture. Former des ornements en tôle, au marteau et
au repoussoir. || Revêtir d'une garniture métallique
une corniche , une moulure , etc. pour la ga-
rantir.
HIST. XVI» s. Il faut qu'à l'endroit qu'elles tou-
cheront lesdites carnosités, elles [les chandelles,
bougies chirurgicales] soient formées et embouties
de la composition qui s'en suit, paré, xvi, 27.
— ÉTYM. Emîjou!.
f EMBOUTISSAGE (an-bou-ti-sa-j'), s. m. Action
d'emboutir; son résultat. Emboutissage bien exécuté.
— ÉTYM. Emboutir.
t EMBOUTISSEUR (an-bou-ti-seur) , *. m. Ou-
vrier qui emboutit.
— ÉTYM. Emboutir.
t EMBOUTISSOIR (an-bou-ti-soir), s. m. Grande
machine au moyen de laquelle on donne à des pla-
ques de fer unies les formes nécessaires pour en
faire divers ustensiles, tels que tasses , marmites, etc.
LEGOARANT.
r- ETYM. Emboutir.
EMBRA^'CIIEMENT (an-bran-che-man) , s. m.
Il 1° Division du tronc d'un arbre, subdivisée ordi-
nairement elle-même en rameaux. |{ 2° Jonction de
deux ou plusieurs routes. || Chemin partant de la
EMB
1339
roule principale et moins important. 1| Voie de for
qui se relie à une ligne principale. || Terme de géo-
graphie. Chaîne secondaire de montagnes ou de
hauteurs qui se détache do la chaîne principale.
Il 3° Ramification de tuyaux dans une distribution
d'eau, de gaz, etc. || 4° Terme de cbarpenterie.
Pièce qui fait partie de la charpente d'un toit. || Pièce
de charpente posée de nouveau dans l'enrayure d'un
pavillon. Il 5" Fig. Division principale d'une science.
Les cmbranchcmeius du la physique. || Grande di-
vision établie dans l'un des règnes do la nature.
Lo règne animal se divise en ([uatro embranche-
ments, qui sont : les vertébrés, les mollusques,
les articulés, les radiés.
— ÉTYM. Embrancher.
t EMBRANCHER, V. a. Réunir des tuyaux, dea
chemins. On a embranché une voie de fer à la ligna
principale. {| S'embrancher, t). réft. Être embran-
ché, former embranchement. C'est ici que les doux
routes s'embranchent. Le chemin de fer de Ver-
sailles s'embranche sur celui de Saint-Germain.
— HIST. XIV» s. Les plus hault embranchés de
gloire [ceux dont la gloire est comme un arbre à
hautes branches], G. cuastelain, Chron. du duc
Philippe, proesme.
— ÉTYM. En i , et branche.
t EMBRAQUER (an-bra-ké), r. a. Terme de ma-
rine. Roidir. Embraquer une manœuvre. || Fig
dans le même langage. Finir, achever, eu parlant
d'un travail quelconque.
— ÉTYM. En < , et braquer.
EMBRASÉ, ÉE (an-brâ-zé, zée), part, passé.
Il 1° Mis en feu. Un tison embrasé. Des charbons
embrasés. Les Turcs entouraient cette maison toute
embrasée, volt. Charles XII, o. Je vois ces murs
sanglants, ces portes embrasées, id. Mérope, i, 1.
Il Fig. Et des mêmes ardeurs dont il fut embrasé,
coBN. Cinna, iv, 6. Et d'un indigne amour lâche-
ment embrasé, id. Nicom. v, t. Quoi 1 venir, em-
brasé d'une aveugle furie, Verser le sang des siens,
ruiner sa patrie! rotr. Antig. iv, t. Toujours de
son amour votre âme est embrasée, rac. Phèd. n,
5. Il II se dit aussi quelquefois du courroux, de la
passion, etc. Il est vrai que des dieux le courroux
embrasé Pour nous faire périr semble s'être épuisé,
rac. Théb. V, 3. Il Racine le fils, dans ses Remarques,
blâme cet emploi ; mais, figurément, un courroux,
une passion peut être comparée à un tison. On en
trouvera un exemple à l'historique : mautalent [co-
lère] embrasez. || 2° Extrêmement chaud. Une at-
mosphère embrasée. Sous ce ciel embrasé j'ai suivi
votre frère, Buas,Abuf.i, 6. || Fig. J'ai perdu temps.
Seigneur, et cette âme embrasée Met trop de diffé-
rence entre jEmon et Thésée, cobn. Œd. i, 4. Si mon
courage est haut, mon cœur est embrasé, id. Ctd, i,
4. Et pour dire à quel point mon cœur est embrasé,
botr. Vencesl. ly, c. Le langage du cœur est toujours
fervent et embrasé, mass. Carême, Prière 2. || 3° Livré
aufeudesdiscordes, des guerres. Toute la Franceétait
embrasée de guerres civiles, eoss. Var. xii, § 2).
t. EMBRASEMENT ( an-brâ-ze-man ) , s. m.
Il 1° L'action d'embraser ; lorésullat de celte action.
Leurs yeux [des dragons] sont tout de flamme, et
leur brûlante haleine D'un long embrasement couvre
toute la plaine, corn. lois, d'or, i, 4. Un roi qui,
non content d'effrayer les mortels, X des embrase-
ments ne borne point sa gloire, bac. Iphig. m, 4.
Qu'un incendie ne se terminait jamais qu'à l'em-
brasement de quelques maisons, au lieu qu'un res-
sentiment.... FÉN. Philosophes, Heraclite. Il jette
le baril à l'endroit où le feu était le plus violent....
il se trouve que ce baril était rempli d'eau-de-vie"...
l'embrasement redoubla avec plus de rage, volt.
Charles XII, e. On trouve, dans les mémoires de
(757, les détails de l'embrasement spontané de
grosses toiles imbibées d'huile et fortement serrées,
condorcet, Duliamel. Et chantait sur un luth l'em-
brasement de Troie, legouvé, Épich. et Nér. i, i.
Il Fig. Si vous pouviez voir quel embrasement ces
huit jours ont allumé dans mon âme, J. J. kouss.
Ilél. 1, 3. Il 2° Désordres, troubles en un pays. Un
verset écliappé peut causer un embrasement géné-
ral, Boss. Lett. 2C8. Il arrêta cet embrasement
naissant, fléchier, Commendon, liv. m, 19, dans
RicHELET. Un coup de canon en Amérique peut être le
signal de l'embrasement de l'Europe, volt. Maurs,
(50. Et des embrasements d'une guerre immortelle
Étouffer sous vos pas la première étincelle, ID. Ua-
homet, I, t.
— HIST. XII» s. Nostre espérance et nostre cha-
riteiz enflammeie par tanz embrasemenz, si bern.
653. Il XIII" s. Pire est cist maux [ce mal, l'amour]
que fièvre ague; N'a pas letor quant on en suc; Ains
1340
EMB
a grignor [plus grand] embrasement, Blancandin.
La parole est embrasement liou saint esprit, Psau-
tier, f (64. lieumont amena sa seror et son neveu
par l'embrasement (instigation] (Ju conte (le Jaffe ,
Hisl. occid. des croisades, t. i, p. 443. Ly bourgois
ne porra estre apgrevés sans jugement dos esche-
vins, fors do murdre ou d'embrasement ou de
homme occhis ou de larcbin, taillur , Recueil,
p. (00. Il XIV' s. Après ce qu'il orent fet occision et
embrasement, dercheure, f° Bo, recto.
— ÊTYM. Embraser; provenç. embrawmen.
f 2. EMBRASKMENT(an-bra-ze-man) , s. m. Terme
d'architecture. Synonyme d'ébrasement , qui est
beaucoup plus usité.
(. EMBUASER (an-brâ-zé), V. a. || 1° Mettre en
braise. Embraser une ville Et vous ne craignez
pas Que du fond de l'abîme entr'ouvert sous ses pas
Il ne sorte à l'instant des feux qui vous embrasent,
HAC. Alhal. m, B. || 2° Rendre extrêmement chaud.
Le soleil embrasait ratmo.sphère. Une chaleur péné-
trante brûlait nos yeux; un air dévorant, des cen-
dres étincelantes, des llammes détachées embrasaient
notre respiration courte, sèche, haletante et déjà
presque suffoquée par la fumée, SÉGUR, Hist. de
Napol. VIII, 7. Il Fig. Exalter, échauffer. La religion
les embrase d'un saint zélé. L'amour l'a embrasé
de tous ses feux. C'est moi qui, les rendant l'un de
l'autre jaloux, Vins allumer le feu qui les embrase
tous, BAC. Mithr. v, l. Quand, sous le ciel d'a-
mour, où mon âme est ravie. Je presse sur mon
cœur un fantôme adoré. Et que je cherche en vain
des paroles de vie Pour l'embraser du feu dont je
suis dévoré, lamart. Ilarm. m, 3. || 3° Livrer à la
guerre, à la ruine, au désordre. Embrasez par nos
mains le couchant et l'aurore, eac. Mithr. m, t.
Il 4° S'embraser, t). réfl. Prendre feu. Cette ma-
tière s'embrase facilement. || Fig. Si votre cœur
ainsi s'embrase en un moment, corn, le Ment, i, 2.
— HIST. xii'-s. E s'aïra [se courrouça] e embrasa
seion le dit de la loi, Machab. i, 2. Ou cierge es-
pris, ou lanterne enbrasée, Ronc. p. (B7. Se il veïst
ses fiz e sa femme enterrer, E trestute sa terre ar-
deir e enbraser, Th. le mart. (33. Dune fu de tûtes
parz mautalent [colère] enbrasez, ib. 135. |] xiii" s.
Car amours m'embrase et atise, Lay d'amours, dans
JUBINAL, t. II, p. (97. Et Esclas, qui est ainsi corne
tos [tout] embrasés de l'amour à la damoisiele des-
lors qu'il le [la] vit, henri de val. xii. Et quant chil
[ceux] qui Lyenart tenoient virent l'empereour em-
brasé d'ire et de mautalent, ID. m. Quant la royne
se esveilla, elle vit la chambre toute embrasée de
feu, joiNV. 285. Embraseras-tu la teue ire [ta colère]
issi [ainsi] vers nos? Psautier, f° 97. || xiv» s. E
Diex! qu'est che d'argent? chiens [celui-là] le sot [sut]
bien nommer. Qui argent [ardgent, brûle gent] l'a-
pella : les gens fait embraser, Baud. de Seb. ii, 25.
11 xV s. La grande abondance de vertus qui estoyent
en celuy vaillant homme, embrasa tellement les
envieux contre luy que.... Boude, m, (3. || xvi" s.
Clermont essaia encores une fois deux barques em-
brasées [brûlots] sur les navires de Lansao, d'aub.
Hist. II, 30. Le roi estant à Lion s'embrasa d'une
des plus apparentes femmes de la ville, m. ib. m,
33 1 . Qui peult embraser son ame de l'ardeur de cette
vifve foy et espérance.... mont, i, 283. Alexandre
assiegeoit une ville aux Indes ; ceulx de dedans, se
trouvants pressez, se résolurent vigoureusement à
le priver du plaisir de cette victoire, et s'erabraise-
rent universellement touts quand et leur ville, m.
n, 37.
— ÊTYM. En I, et braise; provenç. embraser.
t 2. EMBRASER (an-brâ-zé), V. a. Terme d'archi-
tecture. Synonyme d'ébraser, qui est beaucoup plus
employé.
EMBRASSADE (an-bra-sa-d'), s. f. Action de
deux personnes qui s'embrassent. Sophie pouvoit à
peine suffire à toutes les embrassades et à tous les
compliments qu'on lui fit, scarr. Rom. coin, ii, (4.
Mon importun et lui courant à l'embrassade, mol.
Fâcheux, 1, (. Ces affables donneurs d'embrassades
frivoles, ID. Mis. i, (. Cet bomme-là avec ses gran-
des embrassades est un fourbe, id. Ponrceaug. ii,
4.. Mme Scarron a reçu votre embrassade, sÉv. (27.
J'ai ma pipe et vos embrassades, Venez me donner
mon congé, bérano. Vieux cap.
— HIST. XVI' s. Ce ne furent que salutations et
embrassades, langue, 557. Trêves d'embras.sades,
d'aub. Vie, XXXV. Donne moy une embrassade, id. ib.
~ ÉTYM. Embrasser.
+ EMBRASSANT, ANTE, (an-bra-san, san-f),
adj. Il 1° Qui a l'habitude d'embrasser, qui aime à
embrasser. Ces enfants ne sont pas embrassants.
Il î° Terme de botanique. Se dit des feuilles et du
RMB
pétiole quand leur expansion embrasse tout ou par-
tie de la tige d'où ils sortent. Feuilles embrassantes.
Feuilles demi-embrassanles.
t EMBRASSE (an-bra-s'), s. f. liande d'étoffe , ou
ganse de soie, qui est attachée à une patère, et qui
sert à tenir les rideaux drapés.
— f.TYM. Voy. embrasser.
EMBRASSÉ, P,E (an-bra-sé, sée). part, passé.
Il 1° Saisi entre les bras. La mère embrassée par
ses enfants. Ils se tenaient étroitement embrassés.
Ensanglantant l'autel qu'il tenait embrassé, rac.
Àndr. m, 8. || Terme de botanique. Préfoliaison em-
brassée, se dit lorsque les côtés des feuilles, repliés
l'un sur l'autre, sont recouverts par les deux côtés
des feuilles précédentes pliées comme elles , par
exemple : les iris ; demi-embrassée, lorsqu'un de leurs
côtés seulement est contenu entre les deux côtés de
la feuille opposée, par exemple : la saponaire. || Terme
de blason. Écu embrassé, écu parti, coupé ou tran-
ché d'une seule emmanchure qui s'étend d'un liane à
l'autre. || 2° Fig. Saisi par la vue, par l'esprit. Un
vaste paysage embrassé du haut de la colline. L'en-
semble de connaissances embrassé par cet auteur.
Il Adopté, suivi. Des opinions embrassées avec ar-
deur. L'avis embrassé par l'assemblée.
EMBRASSEMENT(an-l)ra-se-man), s. m. Hl" Ac-
tion d'embras.ser ou de s'embrasser. De tendres em-
brassements. De jouir de l'honneur de vos emliras-
sements, corn. Nicom. Il, 2. De protestations,
d'offres et de serments Vous chargez la fureur de
vos embrassements, mol. Mis. i, (. Dans cet em-
brassement recevez mes adieux, rac. Mithr. m, 1.
Vous craindrez-vous sans cesse, et vos embrasse-
ments [d'Agrippine et de Néron] Ne se passeront-
ils qu'en éclaircissements? id. ISrit. I, 2. Les revoir
[mes enfants] et mourir dans leurs embrassements,
VOLT. Fanât. 11, B. || 2° Au phir. Conjonction de
l'homme et de la femme. Embrassements légiti-
mes, illégitimes.
— SYN. embhassement, EMBRASSADE. Il n'y a en-
tre ces deux mots d'autre différence, sinon que em-
brassade est du style familier, tandis queembrasse-
ment est de tous les styles.
— HIST. xirs. Les joies durent longement, L'a-
coler et l'embracement, Que la mère vers son fil
meine, Gre'goirele Grand, p. 74. 1| xvi' s. Tous deux
au départir se baisant doucement, S'entredisent
adieu d'un long embrassement, BONS. 892.
— RTYM. Embrasser.
EMBRASSER (an-bra-sé), V. a. || 1° Serrer dans
ses bras, caresse qui est .souvent accompagnée d'un
baiser. 11 embrassa son père avec effusion. En arri-
vant, il embrassa sa femme et ses enfants. Mais il
me traite en père, il me flatte, il m'embrasse, cohn.
Heracl. v. 2. Lorsqu'un homme vous vient embras-
ser avec joie. Il faut bien le payer de la même
monnoie, mol. Mis. i, (. J'embrasse mon rival,
mais c'est pour l'étouffer, rac. Brit. iv, 3. J'allais,
seigneur, pleurer un instant avec lui; Je ne l'ai
point encore embrassé d'aujourd'hui, id. Andr. i,
4. Il Formules de salutation épistolaire. Je vous em-
brasse de tout cœur. Je vous embrasse tendrement.
Il 11 se dit, par extension, de tout ce qu'on serre,
saisit avec les bras, soit que les bras entourent ou
n'entourent pas. Embrasser l'autel. Les uns avec
transport embrassent le rivage, bac. Mithr. iv, 6.
Je cherche mon enfant avec des cris funèbres, Pleu-
rant, rampant, hurlant, embrassant les ténèbres,
Ducis, Rom. .IV, B. Il Embrasser les genoux, se
mettre aux pieds de quelqu'un et lui serrer les ge-
noux pour l'implorer. Seigneur, c'est donc à moi
d'embrasser vos genoux, eac. Iphig. m, s. Par le
salut des Juifs, par ces pieds que j'embrasse, id.
Esth. ni, B. Il Embrasser son écu, se disait du com-
battant qui empoignait plus fortement son écu pour
se couvrir et attaquer. || Fig. Qu'un stoïque [un
stoïcien]aux yeux secs vole embrasser la mort; Moi
je pleure et j'espère; au noir souffle du nord Je plie
et relève la tête, a. chên. la Jeune captive. Dans
toute sa grandeur j'embrassai ma misère, delavi-
GNE, Paria, m, 4. || 2° Entourer, environner, en
parlant des choses. Le lierre embrasse l'ormeau.
La mer embrasse la terre. À l'ombre des lauriers qui
t'embrassent la tête, malh. i, 4. [Draperie] Qui ne
s'y colle point, mais en suive la grâce [du corps],
Et sans le serrer trop, le caresse et l'embrasse,
mol. Val-de-Grdce. || 3° Saisir par la vue, par le re-
gard. Il embrassa rapidement tout le champ de ba-
taille et donna ses ordres. Comme, en considérant
une carte universelle, tous sortez du pays où vous
êtes né et du lieu qui vous renferme, pour parcourir
toute la terre habitable que vous embrassez par la
pensée avec toutes ses mers et tous ses pays, boss.
EMB
Hist. Dessein général. Au delà de leur cours et loin
dans cet espace, Où la matière nage et que Dieu seul
embrasse, volt. Henr. vu, 01. c'est en vain qufl
ma vue De la terre et des mers embrasse l'étendue,
ducis, Ojcar, i, (. || Saisir par l'esprit, Aristote a
embrassé l'ensemble des connaissances humaine»
de son temps. Il [la Motbe> le Vayer] a tout em-
brassé dans ses écrits, l'ancien, le moderne, le sa-
cré, le profane, mais sans confusion, d'olivet,
Hist. Acad. t. Il, p. (37, dans pougens. Le compas
d'Uranie a mesuré l'espace ; ô temps, être inconnu
que l'âme seule embrasse. Invisible torrent des siè-
cles et des jours, THOMAS, Ode, le Temps. \\ Saisir
par l'imagination. Mon esprit embrassant tout ce
qu'il s'imagine, CORN. Poly.lll, l.Vous qui. de l'A-
sie embrassant la conquête. Querellez tous les jours
le ciel qui vous arrête , RAC. Iphig. iv, 6. Je vou-
drais embrasser un si doux avenir, nucis. Oscar,
1, 2. Et d'un bonheur prochain embrass-z l'espé-
rance, c. delav. Vêpr. sicil. se. supprimée. || Saisir
par l'exécution. Dans les grandes affaires, il faut
tout envisager, et se contenter de ce qu'on peut
exécuter avec succès, sans vouloir embrasser tout à
la fois, ROLLIN, Hisl. anc. OEuvres, t. vm, p. 320,
dans POUGENS. || i" Adopter, suivre. 11 embrassa les
opinions des novateurs. Je veux, comme il souhaite,
embrasser la douceur, tristan. If. de Chrispe , u,
7. Non, non, n'embrassez pas de vertu par con-
trainte, CORN. Hor. II, 3. Embrasse ma vertu pour
vaincre ta faiblesse, id. ib. iv, 7. Impatients dé-
sirs d'une illustre vengeance.... Que ma douleur sé-
duite embrasse aveuglément, id. Cinna, i, (. 11 esl
ce que tu dis s'il embrasse leur foi, id. Poly. m, i.
J'embrasse comme vous ces nobles sentiments, id.
Rodog. I, B. J'embrasse un bon avis, de quelque
part qu'il vienne, lu. Perthar. i, 4. Il esl temps
de tourner du côté du bonheur, De ne plus embras-
ser des destins trop sévères, id. ib. iv, B. U
n'embrassa point de secte particulière, mais il prit
ce qu'il y avait de bon en chacune, d'ablancouht,
Lucien, t. u, dans richelet. Qui d'une sainte vie
embrasse l'innocence Ne doit point tant prôner son
nom et sa naissance, mol. Tart. u, 2. Jl embrasse
la religion chrétienne, boss. Hist. i, (O. Un autre
secours encore, mais le plus efficace qu'il pût op-
poser à ses adversités, ce fut la dévotion solide,
qu'il embrassa pour le reste de ses jours, et même,
si cela se peut, avec quelque sorte d'excès, d'oli-
vet, Hist. Acad. t. Il, p. 92, dans pougens. Je ché-
ris la vertu, mais j'embrasse le crime, volt. Brut.
IV, 3. J'embrassai les vertus qu'exigeait mon mal-
heur, ID. Mérope, v, (. Je l'aimai, je connus ce
premier esclavage Qu'embrasse avec transport une
âme encor sauvage, c. delav. Paria, 1, (.jjSe
charger de, se mettre du côté de. Vous saurez em-
brasser bien mieux son intérêt, corn. Hor. v, 8.
Je ne veux point douter que la vertu romaine N'em-
brasse avec chaleur l'intérêt de la reine, id. Ni-
com. 1, (. Du timon qu'il embrasse il se fait la
seul guide, id. Othon, m, 4. Il faut première-
ment Me rendre un bon office, et nous verrons en-
suite Si je dois de vos vœux embrasser la conduite,
MOL. l'Étour.m, B. Régner et de l'État embrasser la
conduite, rac P/icd. m, i. Vous seul pouvez con-
tre-eux embrasser sa défense, id. 16. 11, B. Pour
oser de ton peuple embrasser l'intérêt, id. Esth. 1, 4.
Les vrais apôtres de notre Seigneur, selon la tradi-
tion de tous les Pères, afin de n'être occupés que de
Dieu et de l'Évangile, quittaient leurs femmes pour
embrasser le célibat, boss. Kar. ii, § 25. Les Athé-
niens, commandés par Démosthène et Hippocrate,
étaient entrés en Béotie, dans l'espérance que plu-
sieurs villes embrasseraient leur parti dès qu'ils se
montreraient, rollin, Hist. anc. Œuvres, t. m,
p. 68( , dans pougens. Ayant pour cette dame, en
quelque différend Et dans l'occasion, embrassé sa
querelle, legrand. Roi de Cocagne, 1, 2. J'ose en-
core embrasser tes projets, tes malheurs, lemerc.
Agam. \y , 4. || Par extension, saisir, ne pas lais-
ser échapper. X lui rendre service elle m'offre une
voie Que tout mon cœur embrasse avec excès do
joie, CORN. Sertor. 11, s. J'ai embrassé cette oc-
casion-ci de rae mettre à mon aise, mol. le Mar.
(or. ( 2. L'occasion est belle, il la faut embrasser,
BAC. Phid. V, (. Il B° Contenir en soi. Ce royaumj
embrasse plusieurs provinces. La chimie embrasse
un vaste domaine. Un empire qui embrassait tant
donations, boss. Hist. m, 6. Telle a été l'origine de
ces fameux empires qui embrassaient une grande
partie du monde, rollin, Hist. anc. Œuvres, t. 1,
p. «, dans pougens. || Confondre. Nous ne devODS
point la tirer [la censure de la comédie] des bornes
qu'elle s'est données, l'étendre plus loin gu'il ue
EMB
faut, et lui faire embrasser l'innocent avec le cou-
palile, MOL. Préf. de Tart. \\ 6° Tenir, occuper, rem-
plir. On voyait les colonnes russes se prolonger et
se retrancher sur cette pente rase, d'une demi-lieue
de rayon, d'oOi elles dominaient et embrassaient tout
parleur nombre et leur position, ségur, Ilist. de
Kapol. IX, 2. Il 7° Terme de manège. Un cheval
embrasse lavolte ou, simplement, embrasse, quand
ses pas embrassent l'espace d'environ un pied et
demi. || Embrasser bien son cheval, le serrer avec
les cuis,ses pour être plus ferme. |i 8° S'embrasser,
V. réfl. Se presser dans les bras l'un de l'autre.
Femmes, vieillards , .enfants, s'embrassant avec
joie, BAC. Athal. v, c. j] Proverbe. Oui trop em-
brasse mal étreint, se dit de celui qui, entrepre-
nant beaucoup, réussit mal à chaque chose.
— REM. 1. Racine a dit : Et qu'affectant l'honneur
décéder le dernier, L'un ni l'autre ne veut s'i-m-
brassor le premier, Théb. iv, se. dern. Le second
vers est incorrect; on s'embrasse l'un l'autre, mais
on n'est pas le premier i s'embrasser l'un l'autre.
Il 2. Ou lit parfois dans les auteurs contemporains :
il lui embrasse la main. C'est mal parler; il faut
dire : il lui baise la main. Embrasser c'est non ap-
pliquer la bouche, mais serrer dans les bras.
— HIST. XI' s. Contre son piz puis si [il] l'ad em-
bracet, Ch. de Roi. eus.. De son destrier le col il
enhraçat, ib. ccl. || xii' s. Parmi les flans [il] le cou-
rut enbracier, Ronc. p. 97. Ne sunt pas (il Jesu,
ainz sunttuit forslignié; N'erentuan [ne seront celte
année], s'il poent , pur Deu crucifié; Mult enviz
jierdereient ço qu'il unt enbracié, Tk. le mait. l'n.
K maistre Ed'wart Grim l'aveit forment saisi, Em-
liracié par dessus, quant l'orent envai, ib. U9.
Il XIII' s. Sa fille [elle] aembracie, si la baise en la
chère, Berle, xii. Et li troi serjan l'ont parles flans
embracié [saisi] , ib. xxi. || xiv s. L'utilité de sa cur-
valion [de l'humérus] fu queilpeust miex [mieux]
embrachier les choses, H. de mondeville, f° 20,
t'erso. Il XV' s. Si [le varlet] embrassa l'escuyer qui
estoit travaillé de longuement combattre et le
tourna et l'abattit sous lui à la lutte, froiss. ii, m,
9. Tant embrasse-on que chet la prise, villon.
Bail. Le roy Gadiffer brocha premier, picquant
des espérons son cheval, qui print à embrasser la
terre comme un fouldre, Ferceforest, t. ii, f° 'lO.
Il XVI* s. Si vous avez prins garde au bransie de mes
quatre saisons, elles embrassent l'enfance, l'adoles-
cence, la virilité et la vieillesse, mont.i, 80. Si nous
embrassons la vertu d'un désir trop aspre et vio-
lent, m. 1, 223. Nous embrassons tout, mais nous
n'estreignons que du veut, id. i, 230. Si les princes
et la cour du parlement de Paris veulent sans fein-
tise embrasser l'œuvre de la réconciliation, petit
à petit elle se parfera, l.4N0Ue, 36. Faillir à em-
brasser l'occasion de faire un grand exploit, amyot,
Pér. et Fab. comp. 7. 11 atenditle plus qu'il peut les
aile.s de sa gendarmerie pour embrasser le plus de
pais, lu. Marcell. 8.
— ÉTVM. En 1, et bras; bourguig. ambrassié ;
provenç. embrassar; anc. esp. embraiar; ital. im-
bracciare.
t EMBRASSEUR, EUSE (an-bra-seur, seù-z'),
s. m. et f. Celui, celle qui a la manie d'embrasser à
tous propos. Il S. m. Bande de fer qui embrasse les
tourillons d'une pitce d'artillerie pendant le forage.
— Rtym. Embrasser.
t EMBRASSURE (an-bra-su-r'), s.f. Assemblage,
à queue d'aronde, de quatre chevrons chevillés,
qui, placés au-dessus du larmier d'une souche de
cheminée, empêchent qu'elle ne s'éclate. || Ceinture
formée d'une bande de fer, donton entoure un tuyau
de cheminée, une poutre, une pièce de charpente.
— ETY^L Embrasser.
EMBRASURE (an-bra-zu-r) , S. f. || 1° Terme de
fortification. Ouverture dans un parapet où l'on
pointe le canon pour tirer sur l'ennemi. Je trouvai
quelques vieux canons de vingt-quatre, placés aux
embrasures d'un bastion goth'que, chateaub. Itin.
11, 29i.||a° Ouverture dans le mur d'une habita-
lion, encadrant les portes et les fenêtres. La ronce
fait sortir ses cercles bruns de l'embrasure d'une
fenêtre, chateaub. Ofnie, m, V, 6. {| Biais donné à
l'épaisseur du mur à l'endroit des fenêtres. Il m'a
parlé dans l'embrasure de la fenêtre. || 3° La partie
d'un fourneau oii passe le cou de la cornue. || Au
plur. Terme de métallurgie. Vides pratiqués dans le
massif d'un haut fourneau.
— HIST. xvi's. Le grand-maistre se jette denuict
dans le grand cavalier des Turcs par les embrasu-
res larges, comme fautes pour doubles canons,
D'aUB. Hist. I, 245.
— ÉTYM. Scheler y voit un substantif du verbe
EMB
embraser, parce que Vembrasure est l'endroit où le
canon s'embrase pour tirer. Mais comment concilier
celte explication avec ébraser qui paraît de même
radical?
t EMBRAYAGE (an-brè-ia-j'), s. m. Terme de
chemin de fer. Action d'embrayer. || Appareil à
griffes, à poulies folles, qui, dans les usines, per-
met de mettre en action ou de laisser en repos un
outil, un mécanisme tributaire du moteur prin-
cipal. Il Pièce d'embrayage, celle qui sert à em-_
brayer, ou chacune de celles qu'on emploie pour
embrayer.
t EMBRAYER (an-br6-ié), j'embraye, tu em-
brayes, il embraye ou i! embraie, nous embrayons,
vous embrayez, ils embrayent ou embraient; j'em-
brayais, nous embrayions, vous embrayiez; j'em-
brayai; j'embrayerai, ou embraierai, ou embraî-
rai; j'embrayerais, ou embraierais, ou embralrais;
embraye, embrayons; que j'embraye, que nous em-
brayions, que vous embrayiez; que j'embrayasse;
embrayant; embrayé, v. a. Rendre indépendant
du reste de la machine un outil, un mécanisme.
Il En un autre sens. Faire communiquer les dif-
férentes parties d'une machine compliquée, afin
qu'elles fonctionnent ensemble. Par ce moyen on
embraie très-facilemejit. Nouveau procédé pour
embraver. On avait embrayé trop tôt, legoarant.
— ÉTVTH. Origine iirtfertaine. Faut-il regarder
comme étant le même mot fmbroier qui signifie en-
gager en perçant (xiii' s. [Le sanglier] Quant voit
l'espielvers lui torner , Droit celé part aqeut [prend]
Savoie, Si se fiert dedensetembroie. Si come cil qui
mort ne doute. Que l'entraiUe lui perce toute, guill.
DE PALERME), OU le Verbe embruyer qui signifie
fixer, engager (xv* s. Quant il fut au miUieu de la
planche, si voit celui qui tenoit le glaive pour le
ferir parmy le corps, et il abaisse son glaive, et
met l'escu devant luy; et quant il voit qu'il ap-
prouche, si s'efforce tant qu'il peult, si heurte
l'escu, et embruye dedans, Lancelot du lac, t. i,
f" 154)? Cependant, malgré l'absence de renseigne-
ments, on peut supposer qu'embrayer est formé de
en t et brayer, qui, dans la langue des métiers, si-
gnifie cordage, morceau de cuir propre k soutenir
quelque chose (voy. ce mot).
t EMBRELAGE(aii-bre-la-j'), s. m. Action d'em-
breler.
f EMBRELER (an-bre-lé. La syllabe bre prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
j'embrèle), v. a. Fixer un chargement sur une voi-
ture par des cordages.
— ÈTYM. En ( , et brèle.
t EMBRELOQUÉ, ÉE (an-bre-lo-lîé, kée), adj.
Garni, chargé de breloques. L'abdomen embrelo-
qué d'une demi-douzaine de cachets de montre, cli-
quetant à chaque pas comme les sonnettes d'une
mule, en. ce bernahd, la Peine du talion, § i.
— ftTYM. En ) , et breloque.
EMBRENÉ, ÉE (an-bre-né, née), part, passé.
Enfant tout emhrené. || Fig. On t'eût admise [à un
bal royaliste] à cause de moi, qui suis la pureté
même; car j'ai été pur dans un temps où tout était
embrené, p. h. coiR. Lett. il, 409.
f EMBRÈNEMENT(an-hrè-ne-man), s. m. Action
d'embrener; état de ce qui est embrené.
— ÉTYM. Embrener.
EMBRENER (an-bre-né. La syllabe bre prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette : il
embrène, il embrî'nera). || 1° V. a. Salir de bran.
Mot populaire. 11 ne se dit que des petits enfants.
Il Fig. et par plaisanterie. La muse.... De miel vous
embréne le bec, Régnier, Mac. \\ 2» S'embrener,
V. réjl. Se dit d'un enfant (|ui se salit. || Fig. Se four-
voyer, s'embourber d.ins une mauvaise affaire.
— HIST. xvi* s. Enfans, poules et les coulombs
[pigeons] Embrenent et souillentlesmaisons, leroux
DE LiNCY, Prov. t. I , p. 216. Tant plus elle s'efforce
de soy depestrer de la poix, tant plus elle s'en em-
brené, RABEL. t. m, p. 198, dans lacurne. Le sei-
gneur des Cars se trouva aussi embrenné avec luy,
lequel fut aussi disgracié, brant. Cap. fr. t. m, p. 1 49.
— ÉTYM. En t, et bran; bourguig. ambrenoi; pi-
card, imbranger, barbouiller, noircir.
f EMBRÈVEMENT (an-brè-ve-man), s. m. Ter-
me de menuiserie. Manière d'entailler une pièce de
bois, pour en rendre l'assemblage ferme avec une
autre pièce. On trouve aussi embreuvement.
— ETYM. Embrever.
f EMBREVER (an-bre-vé. La syllabe bre prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
il embrève, il embrèvera), v. a. Unir deux solives
par un embrévement ; faire entrer une pièce de bois
dans une autre.
E.MB
13 'il
— ÉTYJI. Serait-il possible que la vraie orthographe
fût embreuvement; et que cmbrever ou embreiirer,
par une figure hardie non extraordinaire dans les
termes d'arts, se fût dit d'une pièce qui en abreuve
une iiutre en s'y engageant?
t EMBRIDER (an-bri-dé), v. a. Mettre la bride.
Il Vieilli. On dit aujourd'hui brider.
— HIST. xv« s. Chacun, en droit soy, croit le
contraire, et qu'il est préservé et beneuré entre les
aultres; et qui mieulx le croit, mieulx est embridé,
Les t s joies du mariage, p. t35.
— ÉTYM. En I , et bride.
t EMBRIGADÉ, ÉE (an-bri-ga-dé, dée), part.
passé. Des régiments embrigadés. Des hommes em-
brigadés pour un coup de main.
f EMBRIGADEMENT (an-bri-ga-de-man), t. m.
Il 1° Terme militaire. Action d'embrigader les régi-
ments; division par brigades. || Nom de la mesure
par laquelle, pendant la Révolution , on fondit en-
semble les régiments de ligne et les bataillons de
volontaires. Il 2° Organisation hiérarchique donnée
à des agents par leur réunion en brigades. L'embri-
gadement des gardes champêtres. {| Terme d'eaux
et forêts. Réunion de trois ou cinq gardes. || 3° En-
rôlement de gens pour quelque dessein.
.— ÉTYM. Embrigader.
t EMBRIGADER (an-bri-ga-dé), v. a. || 1° Distri-
buer des troupes par brigades; introduire des hom-
mes dans le cadre d'une brigade. || Réunir deux
régiments pour en former une brigade. || 2° Réu-
nir des agents en brigades. || 3° Par extension, en-
rôler pour quelque dessein. Les chefs du complot
sont parvenus à embrigader un grand nombre
d'hommes.
— ÉTYM. En I , et brigade.
EMBROCATION (an-hro-ka-sion) , s. f. Terme de
médecine. Action de verser lentement et par arro-
sement un liquide quelconque sur une partie malade.
— HIST. XVI' s. Embrocation selon les Grecs, ou
irrigation selon les Latins, est un arrousement,
quand d'en haut, à la similitude de la pluye, l'on
laisse distiller quelque décoction sur quelque partie.
Aucunes fois nous imbibons le linge ou collon, et en
touchant la partie nous faisons embrocation ; tou-
tosfois telle chose mérite plus tost le nom de fomen-
tation humide que d'embrocation, paré, xxv, 30.
— ÉTYM. 'Euêpoxi?!, arrosement, de èv, et ppoxr).
de poÉyEiv, mouiller; terme très-mal formé ateo un
mot grec et une terminaison latine.
EMBROCHÉ, ÉE (an-bro-ché, chée), part, passé.
Traversé par une broche; mis à la broche. Les chairs
au feu mugissaient embrochées, j. j. bouss. Ém. il.
t EMBROCHEMENT (an-bro-che-man), s. m.
Terme de cuisine. Action d'embrocher.
— ÉTYM. Embrocher.
EMBROCHER (an-bro-ché) , v. a. |l 1° Mettre de
la viande à la broche. Embrocher un gigot. |{ Abso-
lument. Vatterville dit à l'hôte qu'il a assez d'appétit
pour tout manger [le gigot et le chapon]; l'hôte
n'ose répliquer et embroche, st-simon, <oo, et.
Il 2° Par extension et familièrement, embrocher
quelqu'un, le percer d'un coup d'épée. [X des mar-
mitons qui s'ébattent avec leurs broches] Et vous
aussi, vous embrochez les chrétiens, vitet. Scènes
hist. Les états de Blois, se. *. || 3° S'embrocher,
V. réfl. Se percer soi-même. 11 se jeta sur son ad-
versaire, et s'embrocha lui-même. Les deux adver-
saires s'embrochèrent l'un l'autre.
— HIST. xiV s. L'en les trenche par tronçons, et
•sont embrochiés par hastelets, Ménagier, ii, 6.
Laver, embrocher et cuire longuement, ib.
— ÉTYM. En I , et broche ; picard , ernbroker.
t EMBUONCUER (an-bron-ché), v.a. Ranger dos
tuiles, des ardoises, de manière qu'elles s'emhottent
les unes avec les autres. || Terme de charpenterie.
Engager des pièces de bois les unes sur les autres.
— HIST. xu' s. Ne sunt pas né del ciel, n'i unt
lur vos [vœux] drecié; De terre sunt formé, vers
la terre enbrunchié. Th. le mart. <27. || xiii' s. Es
vos un vilain qui venoit Parmi la lande tôt à pié,
En son chaperon enbrunchié, Ren. (3044. || xv s.
Et de ses mains me tenoit la teste et les yeux em-
brunchez et estoupez, si que je n'avoye l'aise de
veoir ni oyr, al. chartieh, Œuvres, p. 263, dans
RAYNOUARD , Lex. Et estoit le dit monseigneur le
connestable vestu d'une cappe de camelot, dedans
laquelle il estoit fort embrunché, Jean de troïes.
Chroniques, 1475.
— ÉTVM. Picard , embrugner , couvrir ; rouchi , em-
brunqué; Berry, embrunché, engagé dans de mau-
vaises affaires; provenç. embroncar, cacher, refro-
gner. L'ancien français embroncher , comme le
provençal embroncar, a deux sens : c&cher, voiler
1342
EMB
«t pencher, d'où rendre triste, rcf rogné. Ces deut
lêns dérivent-ils l'un de l'autre? Dans le second
«in», Ditz o.t disposé i voir un dérivé do pro-
nui penché, par une forme pronifore; pour le
promifir, il no propose rien. L'étymologie reste en
effet incertaine; mais ou remarquera que les gens
de métier ont conservé ce mot, qui d ailleurs na
pas complètement péri dans le langage vulgaire;
car les diclionnaires de cacologie signalent comme
mauvaise la locution : ce chapeau vous embruiiclie.
f EMBROUILLAMINI (an-brou-lla-mi-ni, U mouil-
lées), I. m. .Synonyme de brouillamini. Il y a au troi-
sième acte un embrouillamini qui me déplaît, et au
cinquième il y a deux poignards qui me font de la
peine, volt. iett. d'Àrgental, 28 nov. I700.
— REM. Ce mot, condamné par plusieurs, est
fait (l'embrouiller, sur lo modèle de brouillami-
ni; il est d'ailleurs du langage familier (comparez
BaOUILLAHINl).
— ÈTYM. Embrouiller.
EMBROUILLÉ, ÉE (an-brou-Ilé, liée, Zi mouil-
lées, et non an-brou-yô), pari, passé. Mis dans la
confusion par le brouillement. Echeveau embrouillé.
Il Kig. Esprit embrouillé. Discours embrouillé. Et
quand j'y suis bien embrouillé [dans mes pensées] ,
BÉGNiEH, Épit. m. Tliémis n'avait point travaillé,
De mémoire de singe , à fait plus embrouillé, la font.
Fabl. II, 3. U faut un peu s'arrêter en cet endroit
qui est le plus embrouillé de toute la chronologie
ancienne, par la difficulté de concilier l'histoire
profane avec l'histoire sainte, BOss. llist. i, 7.
Comme il avait la téta embrouillée de sommeil,
lUMiLT. Cramm. 3.
EMBROUILLEMENT (an-brou-lle-man ; ii mouil-
lées, et non an-brou-ye-man), s. m. Action d'em-
brouiller; résultat do cette action. L'embrouillement
des fils. Il Fig. Embrouillement d'affaires. Em-
brouillement d'idées. On a à craindre des embrouil-
lements dans l'affaire, BOSS. Lett. quiét. 387.
— ÉTYM. Embrouiller.
EMBROUILLER (an-brou-llé , U mouillées, et non
an-brou-yé), v. a. \\ 1° Mettre de la confusion par le
brouillement. Embrouiller des brins de fil, des
écheveaux. || Terme de marine. Embrouiller les voi-
les, les ferler ou les joindre ensemble. || Fig. Em-
brouiller une affaire. En embrouillant la question par
des termes d'école, pasc. Prov. ta. Nous traiterons
plus à fond cette matière; mais vouloir tout dire à la
fois, c'est embrouiller un discours, BOss. Etals d'o-
rais. Il , 26. Ses disciples ont fort embrouillé ses idées ,
ID. Lelt. 177. U dissipait par les lumières de son es-
prit ce que la calomnie avait tAclié d'embrouiller,
FLÉciiiEB, t.ii, p. t8. H fallait que sa rage à l'univers
funeste Allât encor de lois embrouiller le Digeste,
BOiL. Sal. viii. Il Embrouiller l'esprit, la cervelle, y
mettre la confusion , l'incertitude. Selon la saison
Oui règne en notre humeur, les brouillards nous
embrouillent, RÉGNiEH, Sa(. ix. Des marauds dont le
vin embrouillait la cervelle Vidaient à coups de poing
une vieille querelle, corn. Suite du Ment, iv, 6.
Choisis une heure propre à rentrer eu toi-même, A
penser aux bienfaits de la bonté suprême, Saust'em-
brouiller l'esprit de rien de curieux, m. Imit. i, 20.
11 y cherche [dans les textes] des difficultés et non
pas des solutions, de quoi embrouiller les esprits ,
et non de quoi les instruire, BOss. Yar. t" avert.
S 27. Il Embrouiller quelqu'un de quelque chose,
l'en troubler. Voici mon vieux rêveur ; fuyons de sa
présence. Qu'il ne m'embrouille encor de quelque
confidence, corn, la Suiv. v, 4. ||2° S'embrouiller,
». réftéchi. Devenir embrouillé. Ces écheveaux se
sont embrouillés. || Fig. Perdre le fil de ses idées,
et aussi s'embarrasser l'esprit. Répondras-tu pour lui
[le piochain] de son peu de vertu? Ou, si c'est
pour toi seul que tu dois rendre compte. Quels que
soient ses défauts, de quoi t'embrouilles-tu? corn.
Imit. lit, 24, L'homme s'embrouille souvent à force
de raisonner, BOSS. Uist. u, tt. || Terme de marine.
Se charger de vapeurs, de nuages, en parlant du
temps.
— IIIST. xn* s. Vous avez tellement embrouyllé
cest escheveau qu'on ne le peut desussenibler ,
PALSGR. p. 494. Il embrouilla tellement Aristides,
qu'à la lin il le feit chasser et b.mnir de la ville
d'Alhcnes, amyot, Thém. 1 1 . Il cherchoit matière de
nouvelles guerres, espérant que, s'il pouvoil em-
brouiller et irriter ces roys do l'Asie, mesmement
Mithridates, il.... jd. Jfariu*, 6«. Sertorius, qui ne
vouloit point s'embrouiller d'affaires, fut contrainct,
pour la sûreté do sa propre personne, de prendre
les armes.... m. Eum. et Sert. 3. 11 y séjourna jus-
qu à C8 que les affaires les plus embrouillez et plus
troublez y fussent un peu appaisez, lo. Pomp. 3u.
EMB
Celte infinie et perpétuelle discordance d'opinions
et de raisons qui accompagne et embrouille le vain
bastiment de l'humaine science, mont, h, 300.
Elle [notre âme] s'embrouille et se trouble de
cholore, despit , tristesse, joye, faisant des chas-
teaux en Espagne, charron. Sagesse, i, 38.
— RTYM. £nl, et brouiller; espagn. embrollar;
ital. imbrogliare.
fEMBROUILLECR, ECSE (an-brou-lleur, lleû-
z'.Jimouillées), s. m. clf. Celui, celle qui embrouille,
qui jette la confusion dans les choses dont il se mêle.
— HIST. xvi* s. Embrouilleur, oudin, Dict.
— ÉTYM. Embrouiller.
t EMBRUGER (an-bru-jé) , V. a. Terme de ma-
gnanerie. Disposer des faisceaux ou des cloisons de
bruyères ou d'autres plantes ligneuses et bran-
chues, autour des vers à soie, afin qu'ils puissent
monter dans ces bruyères et faire leur cocon.
— ÉTYM. En 4 , et bruyère (voy. ce mot).
t EMBRUINÉ, ÉE (an-bru-i-né, née), ad;'. Terme
rural. Brûlé, gâté par la bruine.
— ÈTYM. En < , et bruine.
EMBRUMÉ, ÉE (an-bru-mé, mée), adj. Chargé
de brume. Un temps embrumé. L'orbe de la lune
tout rouge se levait, dans un horizon embrumé, d'une
grandeur démesurée, bern. de s.-p. Paul et Virg.
Un océan sauvage , des syrtes embrumées, c'est
tout ce qui s'offre aux regards, chateal'BR. Génie,
m, V, 6.
■f EMBRUMER (S') (an-bru-mé), «. n'/î. Se charger
de brume. Le ciel s'embrume, belvétius, cité dans
les Dict.
— HIST. xvi* s Et les eaux embrumées D'orai-
ges, vens, naufrages et tempestes, J. marot, v, 69.
D'un roide cours les nues embrumées Va conduisant,
qui petit-es fumées Semblent jetter, u>. iv, 43.
— ÉTYM. En i , el brume.
t EMBRUN (an-brun), s. m. Terme de marine.
Ciel couvert de brouillards. || Pluie fine qui résulte
du vent ou du choc des lames.
— ÉTYM. £n t , et brume.
t EMBRUNE (an-bru-n') , s. f. Un des noms vul-
gaires de l'airelle.
— ÉTYM. En t , et brun , à cause de la couleur de
ce fruit.
t EMBRUNI (an-bru-ni) , s. m. Terme de ma-
rine. S-ynonyme d'embrun.
f EMBRUNIR (an-bru-nir), v. a. Rendre brun
ou plus brun, jj Terme de peinture. Peindre d'une
couleur trop brune.
— HIST. xvi" s. Quelle langueur ce beau front
déshonore? Quel voile obscur embrunit ce flam-
beau ? RONS. 90. Puis alors que vesper vient
embrunir nos yeux, m. 300 La passion que
nous engendre amour. Qui de la vie embrunit le
beau jour, id. 638. Trois ou quatre fois à l'embruiiir
du jour U fil sonner le marteau sur ma porte,
ID. 705.
— ÉTYM. £» t , et brun.
t EMBRYOCTONIE (an-bri-0-kto-nie), s. /'.Terme
de médecine légale. Action de causer la mort du
foetus dans la matrice.
— ÉTYM. Embryon, et xtovo;, meurtre.
t EMBRYOGÉNIE (an-bri-0-jé-nio) , s. f. Terme
d'anatomie et de physiologie. Formation et déve-
loppement des êtres vivants, depuis l'ovule jusqu'à
la naissance.
— ÉTYM. Embryon, et le sutfixe génie , produc-
tion, de-ytvTiî, engendré.
t EMBRYOGÉNIQUE (an-bri-o-jé-ni-k'), ad;. Qui
a rapport à l'embrvogénie.
t EMBRYOGRÂPIUE (an-bri-o-gra-fie), s. f.
Description de l'embryon.
— ÉTYM. Embryon, et fpâçsiv, décrire.
t EMBRYOLOGIE (an-bri-o-lo-jie), s. f. Terme
de physiologie. Doctrine de la formation des em-
bryons et de leur vie, depuis l'ovule jusqu'à la nais-
sance. Il Traité sur l'embryon.
— ÉTYM. Embryon, et Xôfo;, traité.
t EMBRYOLOGIQUE (an-bri-o-lo-ji-k'), adj. Qui
a rapport à l'embryologie. Études embryologiques.
t EMBRYOLOGUE (an-bri-o-lo-gh') ouEMBRYO-
LOGISTE(an-bri-o-lo•ji-st'), s. m. Auteur d'un traité
sur l'embryon.
EMBRYON (an-bri-on). s. m. jj loTerme d'histoire
naturelle. Germe fécondé et dans son premier état
de développement au sein de la mère. Puis d'une
femme morte avec son embryon. Il faut chez du
Vernet voir la dissection, boil. Sal. x. La duchesse
de Beauvilliers et la maréchale de Châtillon eurent
la corvée do porter l'embryon [de la duchesse de
Berry] à Saint-Denis, st-sim. 3)0, 69. || Terme de
botanique. Germe de la plante renfermé dans la
EMB
graine et qui se développe par la germination.
Il 2° Kig. C'est un embryon, se dit d'un tout petit
homme. || Homme sans valeur. Il me paraît ridicule
que, dans les occasions oii Petit se trouverait à côlé
d'un malade avec un P.... ou quelque aulre embryon
de la faculté.... diuer. Lettres. \\ 3° Il se dit aussi de
quelque chose qui est à l'état naissant. Son livie
n'est encore qu'en embryon. Quelque important qu'il
soit, pour bien juger de l'état naturel de l'homme,
de le considérer dés son origine, et de l'examinei
pour ainsi dire dans le premier embryon de l'espèce,
I. j. Rouss. Orig. i.
— SYN. EMBBYON, FŒTUs.^ Ëtymologiquement ,
l'embryon est ce qui se développe dans le sein de
la mère, le fœtus est ce qui est produit, engendré.
Les médecins ont établi cette distinction-ci : l'em-
bryon est l'être vivant, considéré au début de soc
développement ; le fœtus, ce même être considéré
dans un état plus avancé, mais toujours dans le
sein de la mère, et plus particulièrement, dan:
l'espèce humaine, cet être depuis le second moi;
de la grossesse jusqu'à la mise au monde. Au figuré,
il y a synonymie entre embryon et rudiment.
— HIST. XIV* s. Embrion est une masse qui est ou
ventre de la mère, ORESME, TWse d* meunier. Une de
celles puissances ou vertu.... est en tO"tes choses
qui ont nourrissement, et es embrions et bestes im-
parfettes, id. Elh. 3o.
— ÉTYM. Provonç. cmfcrto/espagn. cmbrton; ital.
embrione ; de Jjiêpuov, de èv, en, et PpÛEiv, ger-
mer, croître.
fEMBRYONELLE (an-bri-o-nè-l') , t. f. Terme
de botanique. Corps reproducteur des plantes cryp-
togames.
— ÉTYM. Embryon, et le suffixe diminutif el ou
elle.
+ EMBRYONIFÈRE (an-bri-0-ni-fè-r'), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui porte ou renferme un em-
bryon.
— ÉTYM. Embn/on, et le latin ferre, porter.
t EMBRYOMFORME (an-bri-0-ni-for-m'), adj.
Terme d'histoire naturelle. Qui a la forme d'un em-
bryon.
— ÉTY5I. Embryon, ei forme.
t EMBRYONNAIRE (an-bri-o-nê-r'), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui a rapport à l'embryon. La
période embryonnaire. || Qui est à l'état d'embryon.
— ÉTYM. Embryon.
tEMBRYONNÊ, ÉE (an-bri-0-né, née), adj.
Terme de botanique. Pourvu d'un ou de plusieurs
embryons.
t EMBRYOPARE (an-bri-o-pa-r') , adj. Terme de
zoologie. Qui met au monde de simples embryons.
— ÉTYM. Embryon, et le latin parère, enfanter,
t EMBRYOl'LASTIQUE (an-bri-o-pla-sti-k"), adj.
Terme d'anatomie. Qui appartient à la constitution
du corps de l'embryon. Noyaux, cellules embryo-
plastiques, ou éléments embryoplastiques.
— ÉTYM. Embryon, et itXduoEiv , former.
t EMBRYOSAC (an-bri-o-sak), s. m. Terme de
botanique. Représentant de ce qu'est l'ovule chez
les animaux. On dit aussi sac embryonnaire.
— ÉTYM. Embryon, et sac.
t EMBRYOTÉGE (an-bri-0-lè-j') , s. m. Terme de
botanique. Petit corps renflé en forme de calotte
qui recouvre une partie de l'embryon dans cer-
taines graines.
— ÉTYM. Embryon, et le latin tegere, couvrir.
t EMBRIOTHLASTE ( an-bri-0-tla-st' ) , s. m.
Terme de chirurgie. Instrument qui servait à rom-
pre les os du fœtus, pour en faciliter l'extraction
lorsque l'accouchement était d'ailleurs impossible.
— ÉTYM. Embryon, et Oiâto, briser.
t EMBRYOTOCIE (an-bri-0-to-sie), s. f. Terme
de tératologie. Naissance d'un fœtus avec un autre
fœtus dans son sein.
— ÉTY.M. Embryon, et (ocie, dérivé de tôxo;,
mise au monde.
t EMBRYOTO.ME (an-bri-o-to-m"), s. m. Instru-
ment servant à pratiquer Tembryotomie.
t EMBRYOTOMIE (an-bri-0-to-mie) , s. f. Terme
de chirurgie. Opération par laquelle on coupe le
fœtus mort dans la matrice pour l'extraire.
— ÉTYM. '£iiêpuoTO(i(a, de êtiSpuov, embryon, et
TÉiivEiv, couper.
t EMBRYOTROPHE (an-bri-0-tro-r), ï. m. Terme
de botanique. Substance (albumen dans les plantes;
jaune et blanc de l'œuf dans les animaux) qui sert
à la nourriture de l'embryon.
— ÉTY'M. Embryon, et ipoço;, qui nourrit.
t E.MBRYULCE (an-bri-ul-s') , s. m. Sorte de cro-
chet de fer destiné à extraire de l'utérus le (oBtus
mort.
EMB
EME
ËME
1343
— ÉTYM. 'Eiigpuouî.xàç, do Iiji6pu3v, embryon,
et IXxEiv, tirer.
t EMBRYULCIE (an-hri-ul-sie) , s. f. Terme de
chirurgie. Opération pratiquée avec l'embryuloe.
— ÉTYM. Voy. EMBRYllLCE.
t EMBUYULE (an-bri-u-l'), s. m. Premiers ru-
diments de l'embryon.
— ÉTYM. Diminutif d'cm6r!/o».
EMBU, UE (an-bu, bue), part, passé d'emboire.
Il 1° Dont les couleurs sont devenues ternes et con-
fuses. Tableau embu. |1 2° S. m. Terme de peinture.
Nom donné aux taches, aux tons ternes qui se
voient dans un tableau embu. || Terme do marine.
Une toile à voile a de l'embu quand on l'a fait
boire, c'est-à-dire quand on l'a cousue lâche à sa
ralingue.
EMBCCIIE(an-ba-ch'), s. f. Sorte de guet-apens
que l'on dispose pour prendre ou tuer quelqu'un.
Dresser des embûches, une embûche à quelqu'un.
Elle-même leur dresse une embûche au passage,
CORN. Rodog. I , 6. De qui se rend trop tôt on
doit craindre une embûche, ID. th. iv, 6. Va-t'en
faire venir ceux que je viens de dire. Pour les
mettre en embûche aux lieux que je désire, mol.
Fdch. m, B. Quand j'y devrais trouver cent embû-
ches mortelles, jd. Dépit, v. 2. Peut-être que les
amants de Pénélope le feront tomber dans les embû-
ches qu'ilsmepréparaient,FÉN.rei.xxiv. Il Par exten-
sion , toute espèce de piège. Nous verrons dès ce soir
sur une criminelle Si ce présent nous cache une em-
bûche mortelle, corn. Ilédée, iv, 4. Ils tomberont
toujours dans vos embûches, pasc. Prou. (7.
— REM. L'embûche étant proprement une embus-
cade, une manière de se cacher pour attaquer à
l'improviste, en surprise et à son avantage, et non
pas un piège, il est clair que tendre ne va pas avec
embûche. Mais, dans ces extensions de sens et
d'emploi , c'est l'usage qui décide et non le raison-
nement; et l'on dit : tendre, dresser une embûche.
— HIST. XIV* s. Que il se meist en embûche re-
postement avec assez pou de gens, berciieure,
f° 31 , verso. Il yssit de son embusche et courit sus
aus anemis, id. ib. ||xv* s. Toutosfois qu'ils chevau-
choient, ils estoient en grant péril pour les embus-
ches que on mettoit sur eux, froiss. i, i, 2H. Et
messire Jehan manda ses gens qui estoient en em-
busque, PENiN, t420. Ils se devisoient comment
celle leur joie non pareille continuer sûrement
pourroient, sans que i'embusche [le secret] de leur
dangereuse entreprinse fut découvert au mari,
LOUIS XI, Kouv. ii. Le petit Saintré n'osoit des-
couvrir I'embusche [cachette] de ses cent soixante
escuz, J. de Saintré, p. <43, dans lacurne. || xvi" s.
Le monde est après pour me troubler, mon corps
me grève, le diable est aux embusches pour me
surprendre, calv. Instit. 694. Romulus leur dressa
embusche sur le chemin, amyot, Rom. 37. Avoir
l'œil au guet, l'oreille aux escoutes, pour descou-
vrir les embusches, mont, iv, 385.
— ÉTYM. Voy. EMBUSQUER.
t EîUBCcHEMENT (an-bû-che-man), s. m. Terme
d'eaux et forêts. Action de commencer la coupe d'un
bois.
— ÉTYM. Embilcher I.
t (.EMBCcher (an-bû-ohé), V. a. Terme d'eaux
et forêts. Commencer la coupe d'un bois.
— ÉTYM. En i, et bûche.
t 2. EMBOcher (an-bû-ché) , "e. o. H Terme de
vénerie. Erabûchor la bête, la faire rentrer dans le
bois, dans son buisson, dans son gîte. || S'embû-
cher, V. réjl. La bête s'embûche , quand , pour-
suivie, elle entre dans le bois.
— ÉTYM. Le même que embusquer , qui, propre-
ment, signifie mettre dans un bois.
t 3. EMBCCHER (an-bû-ché) , i>. o. Mettre en em-
bûche. Il S'embûcher, o. réjl. Se mettre en em-
bûche.
— ÉTYM. Embûche. On dit aujourd'hui plutôt em-
busquer, forme italienne qui a détrôné l'ancienne
forme française embuscher (voy. l'historique d'EM-
nusyuER).
EMBUSCADE (an-bu-ska-d'), s. f. \\ 1° Lieu ca-
ché où l'on attend les ennemis pour les attaquer à
l'improviste et à son avantage. Dresser, préparer
une embuscade. Donner, tomber dans une embus-
cade. Ce que n'a pu jamais combat, siège, embus-
cade, CORN. Cid, II, 9. Une embuscade est plus sûre
dans un terrain plat et uni, mais fourré, que dans
des bois, parce qu'on s'en défie moins, rollin,
Hist. anc. OlCuvres, 1. 1, p. 4(0, dans pougens. X
peine cet officier [d'Assas] a-t-il fait quelques pas,
que des grenadiers ennemis en embuscade l'envi-
Toouent et le saisissent à peu d« distance de son
régiment, volt. Louis XV, :i3. || Par extension, se
mettre, se tenir en embuscade, se cacher, se pos-
ter, guetter quelqu'un au passage. || Fig. Elle se
mettait en embuscade pour surprendre les cœurs,
IIAMILT. Gramm. 7. || 2" La troupe même qui est en
embuscade. Le sergent Laplace posta son embus-
cade, HAMILT. Gramm. 3.
— HIST. XVI' s Qu'il devoit estre en quelque
imboscade pour l'attraper au passaige, garloix,
VIII, 36.
— ÉT"YM. Ital. imboscata, li'imboscare (voy. em-
busquer). Avant d'avoir reçu cette forme italienne,
on disait embuschement : Quand les autres compa-
gnons qui estoient embusches assez près de là ouï-
rent le cor, ils saillirent hors de l'embuschement,
FROISS. 1,1, <3l.
ESIBUSQUÉ, ÉE (an-bu-ské, skée), part, passé.
Placé en embuscade. On frémit en voyant la timide
gazelle descendre au rivage où le tigre est em-
busqué, p. L. COUR. Lett. u, 319.
EMBUSQUER (an-bu-ské), V. a. || 1° Mettre en em-
buscade. Il embusqua une troupe déterminée. Quoi I
nous conduisons au gibet un malheureux que l'indi-
gence embusque sur un grand chemin.... et l'on
fera grâce à un brigand infiniment plus dangereux,
RAYNAL, Hist. phil. xviil, <4. Il 2° S'embusquer,
t). réfléchi. Se mettre en embuscade. Le cerf est
doux, tranquille; il ne s'embusque point dans l'é-
paisseur des forêts pour y commettre un crime,
SAiNT-Foix, Ess. Paris, GEuvres, t. iv, p. 24i, dans
POUGENS. Au delà de ce lac, vos surveillants fidèles
Ont cru voir s'embusquer plusieurs de ces rebelles,
LEMiERRE, G. Tell, IV, 7. || Par extension, se cacher
pour attendre quelqu'un au passage. Embusquons-
nous derrière l'angle de la maison.
— HIST. XII' s. Sur une ewe, pur aguait des
suensenbuschad, 7(ots, p. 63. || xiii's. Sous une cloie
s'est muciés. Et s'est tapis et embuissiés. Lai de ilé-
lion. Lors s'embuissent en la foriest, Reii. t. iv,
p. 366. Il XV" s. Ils envoyèrent les autres compa-
gnons embuscher en une vague abbaye et gastèo,
FROISS. I, I, 131. Il xvr s. Trop me desplaist veoir
trahison cachée Et embuschée aux cuers de si haulx
roys. Qui font la loy et puis rompent ses droictz,
j. MAROT, p. 212, dans LACUENE. Les Parthes, dit-il,
sont embusches au pied de ces montagnes-là, amyot,
Ant. 60.
— ÉTYM. En I , et le radical bosc (voy. bois); pro-
venç. et espagn. emboscar; portug. embuscar; ital.
imboscar. Les formes espagnoles et italiennes ont
sans doute déterminé au xvi* siècle l'abandon de
l'ancienne forme francai.se embuscher, qui cepen-
dant a pu être en picard embusquer, et par là se
confondre avec les formes italienne et espagnole.
t EMBUT (an-bu), s. m. Entonnoir. || Vieux.
— HIST. xiv s. Embut, nu cange, embutum.
Il XVI* s. On ne faisoit que luy entonner vin en
gorge avec un embut, hab. t. ii, p. 232, dans
LACURNE.
— ÉTYM. Catal. embut; espagn. embudo; ital.
imbuto; du latin in, en, et butis, tonneau (voy.
botte).
t ÉMENDATEUR (é-man-da-teur), s. m. Celui qui
corrige un texte.
— HIST. XVI' s. Emendateur, cotgrave.
— ÉTYM. Provenç. esmendador ; espagn. emen-
dador; ital. emendatore; du latin emendatorem, de
emendare, émender.
t ÉMENDATIF, IVE (é-man-da-tif, ti-v*), adj.
Qui émende, réforme. Châtiments qui sont de deux
sortes : châtiments correctifs et émendatifs s'il est
permis d'inventer ce mot, par conséquent temporels
ou purement vindicatifs, où la justice divine se
satisfait par des supplices, boss. Nouv. myst. 17.
— ÉTYM. Émender.
t ÉMENDATION (é-man-da-sion), s. f. Action de
corriger un texte. L'émendation de ce passage altéré.
— HIST. xvi* s. [Ce] qui ompescheia que nous ne
puissions aussi retirer les jeunes gens du pis au
mieiv.., sn usant de semblables emendations [cor-
rections (le certains passages des poètes], amïot,
Comm. il faut lire les poètes, 51.
— ÉTYM. Provenç. emendacion; espagn. emen-
dacion; ital. emendaaione ; du latin emendoftoncn»,
de emendare, émender.
ÉMENDÉ, ÉE (é-man-dé, dée), part, passé. Ar-
rêt èmendé.
É.MENDER (é-man-dé), v. a. Terme de droit.
Réformer. La cour, émendant, ordonne....
— HIST. XIII* s. Li rois commende que nus [nul]
n'et [n'ait] tant forfet, s'il vient à amendement, qu'il
ne soit receu à esmandant de ce que il a forfet, Liv.
de just. 12. ||xvi* s. Ayant eu au commencement
les mesmes defaults de nature, quant au geste et à
la prononciation, qu'avait eu Demosthenes, pour
les émender, il estudia soigneusement à imiter
Roscius, AMYOT, Cic. 6. Coulx qu'il trouvoit lasches
et paresseux, en les tensant et reprenant les emen-
doit, iD. Numa, 28.
— ÉTYJI. Provenç. esmendar, emendar; catal.
esmenar; espagn. emendar; ital. emendare; du latin
emendare, de e, et menda, faute. Aujourd'hui amen-
der, dans le sens de rendre meilleur, a prévalu,
dans l'usage, sur émender.
ÊMERAUDE (é-me-rô-d'), s. /■. || 1° Pierre pré-
cieuse ordinairement d'un beau vert, qui fait partie
des doubles silicates, et dans laquelle la coloration
est due à de l'oxyde de chrome. On a cru longtemps
que les émeraudes d'un vert gai venaient des gran-
des Indes, et c'est pour cela qu'on les appelait orien-
tales, RAYNAL, Ilist. phil. VII, 20. L'insccto vert qui
rôde. Luit, vivante émeraude. Sous les brins d'herbe
verts, y. hugo. Orient. 9. || Émeraude du Brésil,
variété de tourmaline. Émeraude-raorillon, fluorure
de chaux, variété verte. || 2° Terme d'alchimie. Éme-
raude des philosophes, la rosée de mars et celle de
septembre. || 3° L'Ile d'émeraude, nom poétique de
l'Irlande, dite aussi l'Ile verte, à cause de l'abon-
dance et de la fraîcheur de sa végétation.
— HIST. xii' s. Faire pure esmeralde en plomb
encassuner [enchâsser]. Th. le mart. 128.
— ÉTYM. Provenç. esmerauda, maracda, et, au
masculin, maragde, maracde, maraude, meraude;
anc. catal. esmeragda; espagn. esmeralda; ital.
smeraldo; du latin smaragdus, de <s^6.fi.-[ioi\ du
sanscrit açmagarbha, mot à mot, cœur de pierre.
t ÉMERAUUINE (é-me-rô-di-n') , s. f. Nom vul-
gaire d'un insecte du genre des cétoines (coléop-
tères).
. — ETYM. Émeraude.
f ÉMËRE (é-mê-r') , s. m. Terme de botanique. Ar-
brisseau d'agrément, le séné bâtard des jardiniers
{coronilla emerus , L.}.
t ÉMERGÉ, ÉE (é-mèr-jé, jée), adj. Qui n'est
pas plongé dans l'eau, par opposition à immergé.
— ÉTYM. Émerger.
f ÉMERGEANT (é-mèr-jan), adj. m. Ancien
terme de jurisprudence usité dans cette locution :
dommage émergeant, pour indiquer quelque chose
où non-seulement on ne gagne pas, mais où l'on
perd (voy. l'historique d'ÉMERGER).
t ÊMEKGEMENT (é-mèr-je-man), s. ni. Terme
de géologie. Action d'émerger en parlant des mon-
tagnes soulevées.
— ÉTYM. Émerger.
t ÉMERGENCE (é-mèr-jan-s'), s. f.\\i' Terme
de physique. Sortie hors d'un mUieu. Point d'émer-
gence, point par lequel un rayon lumineux sort
d'un milieu qu'il a traversé. Chacun des rayons se
brise à son émergence de la boule, volt. Newton,
H, 9. Il 2° Fig. Circonstance pressante. Dans une
telle émergence.
— ÉTYM. Émergent.
ÉMERGENT, ENTE (é-mèr-jan, jan-t'), adj.
Il 1° Terme de géologie. Terrain émergent, terrain
qui, à mer basse, se trouve à découvert. 1| 2° Terme
de physique. Rayons émergents, ceux qui sortent
d'un milieu après l'avoir traversé. || 3° Terme de
chronologie. L'an émergent, l'an par lequel on
commence à compter le temps, une période, une
ère. Il 4° Terme de minéralogie. Cristal émergent,
cristal composé de six prismes rhombo'ides, dont,
cinqtendant à produire un prisme unique, le sixième
semble sortirde cet assemblage en faisantdes angles
rentrants avec les deux prismes adjacents.
t ÉMERGER (é-mèr-jé. Le jf prend un e devant a
et 0 ; émergeant, émergeons), v. n. Terme de géo-
logie. Être soulevé par une force centrale au-dessus
du niveau de la mer. On voit des lies émerger du
sein de la mer. || Par extension. Le soleil émergeant
d'une nuit sombre éclairait le fleuve, chateaub.
Nalch. II, 230. Des soleils après des soleils émer-
gent de l'immensité, id. ib. iv, (83.
— HIST. XV" s. Cens ausquels les hauls astres con-
fèrent tems à souhait et qui en biens prospèrent,
jaçoit qu'ils soient en vices cmergens [signalés pat
leurs vices], les Triomphe.^ de la noble dame, f" »r.,
dans LACURNE. Comptant toutes les particulières
circonstancesqui me regardent, je ne treuve homme
des nostres à qui la detfonse des loix [durant les
guerres de religion] couste, et en gaing cessant et
en dommage émergeant, disent les clercs, plus
qu'à moy, mont, iv, 92.
— ÉTYM. Provenç. émerger; anc. catal. emergir;
du latin emergere, de e, hors, et mergere, plonger.
ÊMERI (é-me-ri), s. m. Composé naturel d'alu-
13AA
KMIÎ
olno. de lilic* et d'oiy-le do fer, d'un gn» foncé,
Siployé «u. forme de poudre pour pol.r le, pierre»,
iM mélaui «l le cri.lal; c'est une variété granu-
Uir. du corindon. Pierre, d'émer., le cent pesant
paver, loo »ou», Tarif, «sept .««*. Le même mi-
beni fun mine-ai d'aluminium] se retrouve dans es
CiJabrei.au Sénégal, dans l'Archipel grec et dans les
environ, de Smyrne, où il forme l'émeri, résultat
d'une allération métamorphique, ohandeau et i.au-
OïL Hnae des Sciences, t862, p. »9. || Flacon bou-
ché à l'émeri , llacon dans lequel les surfaces du
bouchon et du goulot sont frottées et polies avec de
l'émeri pour que le contact soit plus parfait. || Polée
d'émeri, matière qui tombe en boue de ia meule
des lapidaires. || Nom de petites taches noires et du-
res qu'on rencontre dans certains marbres.
— HlST. XVI' s. Les morions, les piques des sol-
dars, Et les harnois fourbis de toutes pars, Et l'e-
mery des lames acérées.... Une lumière envoyent
dans les cieux, rons. 602.
— RTYM. ■Wallon, J^meri; espagn. esmeril; ital.
tmeriglio; du Kreo iT|i.Opt«, oiiipiç, émeri. Dans le
wallon, l'article s'est confondu avec le mot, comme
dans JiVrre pour Tterre. Dans l'exemple de Ronsard,
Vemerij veut dire le poli.
t. ÉMERILLON (é-me-ri-llon , H mouillées, et non
é-me-ri-yon), s. m. Femelle du faucon aesalon,
dont le mile est appelé rochier.
— HlST. xii* s. Comme l'aloe qui ne puet Devant
l'esmerillon durer, la Charrette, v. 2744. || xiii* s.
11 a non Godefrois, ensi l'apele-on; Aine uiieudres
chevaliers ne chauça esperon; Plus désire bataille
que or fin ne mangon, Ne déduit de pucele ne vol
d'esmerillon, Ch. d'Ant. vrii, 272. ||xivs. Girarz
joins en ses armes comme uns amerillon, Girart de
Ross. V. 4047. Je qui tien sur mon poij^n cest noble
esmeriUon, ti>. v. 285. Une demoisielle.... Qui plus
iert [était] qu'esraeriUons cointe , j. de condet,'
p. 38. Il XV* s. Si j'esse esté esmeriUon, Ou quej'eusse
eu aussi bonne aile, Je me (eusse gardé de celle
Oui me bailla de l'aguillon, ch. d'orl. Rond. 74.
— ÈTYM. Provenç. esmerillo, esmirle; catal. es-
niFrenyon; espagn. esmerejon; portug. esmerilhâo;
ital. smeriglio, smeriglione , smerlo ; allem. Schmerl;
aiigl. merlin; aiic. angl. marlyon; de merla, con-
traction du latin merula, merle, avec unes épen-
tliétique, le nom des animaux passant très-facilement
d'une espèce à une autre.
2. ÉMKRII-LON (é-me-ri-Uon, W mouillées, et non
é-meri-yoii),i. ">. || l°Terme de marine. Croc de pou-
lie ou de palan destiné à faire tourner les manœuvres
sur elles-mêmes, jj 2° Terme de pêche. Petit crochet
de ferqui est disposé sur son manche, de manière
qu'il y peut tourner facilement. || Sorte de croc tour-
nant sur un bout de chaîne, dont on se sert
pour pêcher les requins. || 3° Terme de corderie.
Morceau de bois creux, armé d'un crochet, qui
sert à câbler la corde et la ficelle. || 4" Ancien terme
d'artillerie. Sorte de canon qui avait trente-sept ca-
libres de longueur, mais qui ne tirait que dix onces
de fer, ou quinze onces de plomb. || 5' Outil debou-
tonnier. || Crochet du rouet à filer les cordes à
boyaux.
— f.TYM. Le même que le précédent, les noms
d'animaux, passant à toute sorte d'instruments. Le
JJict. de l'Académie écrit émi'ni/on; mais c'e^t une
faute typographique, car VAbrigé porte correcte-
ment imerillon.
ÉMERILLONNË, ÉE (é-me-ri-llo-né, née, U mouil-
lées, et non é-me-ri-yo-né, née), adj. Vif, éveillé
comme un émerillon.... Oui, tu m'as friponne Mon
cœur infripon nable, œil émerillonné, scarhon,
D. Japhet, II, t. Il Substantivement. Vous nous fe-
riez plaisir de nous donner cette petite émerillon-
née, cette petite infante qui est à la jiortière auprès
de sa mère, SÉV. jUlt. dlT. de Crignan, t.v,p. 2U8,
éd. Régnier.
— HlST. xvr I. Comble tant hautement élevé
qu'il sembloit excéder les cieux, au quel nul œil hu-
main, tant fust ilesmerillonné, ne sceut jamais at-
teindre, Roman d'Alector, f» 20, dans lacur.nb,
— ÊTYM. himerillon I; bourguig. emerilUmnai.
i fiMERlLLO.VNER (S') (é-me-ri-llo-né, U mouil-
lée»), v.Tffl. Prendre une humeur gaie et joviale,
UtlTU hist. et gat. dans lk boux, Dict. com.
— ÉTYM. Émerillon I.
t «MÉRITÂT (è-mé-ri-U), f. m. Ëtat, préroga-
Ut6» d'un professeur émérite.
— ETYM. Émérite.
SMEritk (é-mé-ri-f), adj. || !• Qui , ayant exercé
un emploi, a pns sa retraite et jouit des honneurs
d» son titre Professeur émérite. || Il ne se disait
guti« qu« deaproteneur. daaa l'ancienne univer-
EM!']
site; aujourd'hui on dit profe-^seur en retraite. || Sub-
stantivement. Certain émérite envieux, Plat auteur
du capricieux, volt. Poés. mél. 40. Ija" Fig. Qui a
longtemps pratiqué ce dont il s'agit, et qui y a
vieilli. Un buveur émérite. Une coquette émérite.
— HlST. xiv s. Li chevaliers anciens et esmerit,
BERCHEUHE, (° 70, reCtO.
— ÊTYM. Lat. emeritus, qui a fini son temps de
service, en parlant d'un soldat, de e, et meritus,
qui a servi (voy. mérite).
ÉMERSION (é-mèr-sion), s. f. || 1" Terme de phy-
.sique. Soulèvement d'un corps qui vient à la sur-
face d'un fluide, dans lequel il avait été plongé. La
Nouvelle-Camini, sortie des flots près de l'île San-
torin, le 23 mai i707, visitée par Dumont-d'Urville
en (820, un peu plus d'un siècle après son émer-
sion, offrait déjà plus de quarante espèces de
plantes qui s'étaient emparées du rocher, lecoq.
Vie des fleurs, p. 265. |j 2° Terme d'astronomie.
Sortie d'une planète hors de l'ombre d'un corps qui
l'avait éclipsée, ou sortie d'une étoile hors des
rayons du soleil qui la dérobaient au regard. L'ol>-
servation des émersions et immersions des satelhtes
de Jupiter sert à la détermination des longitudes.
Si la terre était immobile, l'observateur verrait, en
trente fois quarante-deux heures et demie, trente
émersions de ce .satellite [de Jupiter], volt. NcwI.
u, I. Il Minute ou scrupule d'émersion, l'arc que le
centre de la lune décrit depuis le moment où elle
commence à sortir de l'ombre de la terre jusqu'à la
fin de l'éclipsé.
— ÉTYM. Lat. emersionem, de emersum, supin
de emergere, émerger.
ÉMftRCS (é-mè-rus'), s. m. Voy. éméee.
t ÉlUERVEILLABLE (é-mèr-vè-lla bl' , U mouil-
lées), adj. Oui émerveille. Et d'un émorveillable
échange Tu [soleil] couchas aux rives du Gange,
MALH. II, 3. On ne saurait dire combien fait pour
nous un qui nous étançonne une maison ruineuse,
et la tient suspendue de tous côtés, sans autre appui
que celui de son artifice émorveillable; et toutefois
peu de chose nous acquitte d'un si grand bien, id.
le Traité des bienf. de Sénèque, vi, t6. Rien ne me
semble plus émerveillable que de ce que.... G. naubé,
Apologie, p. 605.
— HIST. XIII* s. Toutes les euvres Dieu sont trop
esmerveillables, i. de meuno. Test. t92i. || xvi* s.
Tout ce qui a estéonques de plus esmerveillable par
l'univers, amyot, Préf. xiv, 42. Au demourant, si
la desfortune de Dionysius semble estrange, la pros-
périté de Timoleon ne fut pas moins esmerveillable,
ID. Timol. 23.
— ÉTYM. Émerveiller.
ÉMERVEILLÉ, ÉE (é-mèr-vè-llé, liée, îi mouil-
lées, et non é-mèr-vè-yé, yée), part, passé. Qui
s'émerveille. Je suis émerveillé de tout ce que je
vois. Soudain la terre entend des voix nouvelles.
Maint peuple errant s'arrête émerveillé, bérang-
Ange exilé.
t ÉMERVEILLEMENT ( é-mèr - vè - lle-man , U
mouillées, et non é-mèr-vè-ye-man), s. m. Action
de s'émerveiller. Mon émerveillement dure toujours,
que le fils de Samuel nous ait fait banqueroute six
mois après nous avoir pris notre argent, et qu'il ;iit
trouvé le secret de fricasser huit millions obscurément
et sans plaisir, volt. Lett. d'Argental, (6 mai 4758.
— HlST. XII* s. Cant nos esgardons totes ces choses
ki creies [créées] sunt, si nos ellevons à l'esmervi-
lliement [admiration] denostre creator. Job, p. 478.
Il xiii* s. Voiz comme elles se chaucent bien et fai-
tiscement [avec élégance] ; Voiz du col en amont
grant esmerveillement, j. de meung, Test. (240.
Il XV* s. De ce fut moult esmerveilés le chevalier :
mais son esmerveillement luy doubla en peu d'heure,
Percpforest, t. vi, f° 60.
— ÊTYM. Émerveiller.
ÉMERVEILLER (é-mèr-vè-llé, U mouillées, et
non é-mèr-vè-yé), v. a. || 1* Etonner par une sorte
de merveille. Cela a émerveillé tout le monde. Je
fais émerveiller tous les yeux de la terre De voir....
MALH. IV, 7. Il a* S'émerveiller, v. réfléchi. Il n'y a
pas de quoi s'émerveiller. Aussi je m'émerveille au
feu que tu recèles, Régnier, Sat. v.
—HlST. xii* s. E chascuns d'els aveit l'un l'altre
reguardô. Dune s'esmerveilla mult li bers qu'il
n'unt parlé. Th. U mart. 438. Mult m'esmerveil pur
quel li reis si le haï. Se pur ço nun qu'il ot son ser-
vise guerpi, ib. 37. Molt m'esmervel del fort roi
Loeys; Molt longuement l'avez ore servi; Ne ton
service ne l'a de rien meri, iioouj de Cambr. 3»,
Il iHi* s. Et quant il li baillèrent les lettres lor sei-
gneurs, si s'esmerveilla moult por quel afaire il
I estoient venu en la terre, villeh. x. || xvi* s. l-.t ne
se fault pas trop csmerveiller de l'incertitude de ta
mort, AMVOT, Rom. 43.
— ÊTYM. É pour es.... préfixe, et merveille;
bourg, emorinillai.
t É.>IÉT1CITÉ (é-mé-ti-si-té), ». f. Propriété vo-
mitive.
— ETYM. Émélique.
t ÉMÉTINE (é-mé-ti-n'), s. f. Terme de chimie
Alcali végétal de l'ipécacuanha.
— f.TYM. Voy. ÉMÉTIQUR.
ÉMÉTIQDE (é-mé-ti-k') , I. m. || 1° Terme île
pharmacie. Le tartrate de potasse et d'antimoine,
qui a la vertu vomitive. Il n'avait garde de prendre
réméti(|ue qui l'aurait sauvé, sÉv. 307. || 2° Par
extension, il .se dit des autres vomitifs. La raciii'-
de sang appartient à une espèce de plantain ; elle
distille une liqueur rouge, violent émélique, cha-
TEAUHR. Amer. 60. Il 3° Adj. Poudre émétiijue. || Vin
èmétique, celui dans lequel on a f.iit infuser du
verre d'antimoine. Vous voyez depuis un temps que
le vin émélique fait bruire ses fuseaux [fait du bruill,
MOL. leFest. de P. m, 4. Un empirique d'Abbevdle
guérit le roi [Louis XIV] avec du vin émétiquc,
VOLT. Louis XIV, 6. Il Fig. C'est le vin èmétique, s'est
dit pour ressource extrême. Ilfautque j'aie une con-
versation avec Sa Majesté; c'est le vin émélique
pour moi, iiussY rabutin, Utt. citée dans Gai.
méd. de Paris, 13 juin (863, p. 377.
— HlST. XVI* S. Les breuvages purgatifs, les emc-
ti(]ues ou vomitoires, paré, xx, 5.
— ÉTYM. 'EiiETixo;, de à(ieîv, vomir (voy. vomir).
É.MÉTISÉ, ÉE (é-mé-ti-zé, zée), part, passe.
F.aii éinélisée.
ÉMÉTISER (é-mé-ti-zé) , D. a. || 1* Mettre do
réméiique dans un breuvage. Éméliser une tisano.
Il 2° Déterminer le vomissement au moyen de sub-
stances émèliques. Éméliser un malade.
— ÉTYM. Vov. ÉMÉriQL'E.
t ÉMÉTO-CÀTHARTIOUE (é-mé-to-ka-tar-ti-k') ,
adj. Terme de pharmacie. Oui excite le vomis.^-r-
ment et les selles. |{ Substantivement. Unéméto-
catharlique.
— ÉTYM. 'EnEtà; ( voy. émétique ) , et co(/iar-
tique.
t ÉMÉTOLOGIE(é-mé-to-lo-jie), s. f Traité sur les
vomitifs et le vomissement.
— ÉTYM. 'E|i£To?, vomissement, et W-yoç, traité.
ÉMETTRE (é-mè-tr'), j'émets, tu émets, il émet,
nous émettons, vous émettez, ils émettent; j'émet-
tais; j'émis; j'émettrai; j'émettrais; émets; qu'.l
émette-, que j'émette, que nous émettions; que j'i-
misse; émettant; émis, v. a. || 1° Terme de phy-
sique. Lancer hors de soi. Les rayons qu'émet io
soleil. Le pollen ou pousMère fécondante qu'émet
l'étamine. || 2° Terme de finance. Mettre en circula-
tion des valeurs. La banque n'émettra plus de nou-
veaux billets. Il 3° Fig. Exprimer, produire, pu-
blier. Emettre son opinion, son avis, des vœux.
— REM. Émettre n'est ni dans le Dict. de l'Acad.
avant l'édition de 1835, ni dans Furetière, ni dans
Iticlielet.
— ÉTYJL É pour es.... préfixe, et mettre; pro-
venç. esmetre.
t ÉMEC ouÉJfEDT (é-meu), s. m. Terme de fau-
connerie. Excréments des oiseaux de proie.
— HlST. XIV* s. Esmeull, Uoitus, ms. f" 6», dans
LACt'RNE. Il XVI* S. Comme une arondelle eust jeté de
son esmeut sur luy, amïot. Plut. OKuvres mêlées ,
t. I, p. 405, dans raynouard, esmeutir.
— ÉTYM. Voy. ÉMEUTIR 4.
fÉ.MEULAGE (é-meu-la-j"), s. m. Action d'é-
1 meuler la nacre.
t ÉMEULER (é-meu-lé), i'. n. Passer à la meule
les coquilles de nacre.
— ÉTYM. É pour cs....préfixe, et mcufe à repasser.
ÉMEUTE (é-meu-f), s. f. Tumulte séditieux.
Exciter, réprimer une émeute. Le marquis de Botta
crut que celle émeute du peuple (de Gènes) se ra-
lentirait d'elle-même, et que la crainte reprendrait
bientôt la place de cette fureur passagère, volt.
Louis XV, 21. Les agents plus obscurs d'une émeute
docile, u. ]. CHÉN. Tib. m, 4. Du moment que l'é-
meute aura troublé la ville, id. ib. v, 4. L'émeute
n'était alarmante que comme symptôme; elle fut
réprimée, sêgur , Ilist. de Sapol. xii, 5. Et l'émeute
paraît, l'émeute au pied rebelle. Poussant avec la
main le peuple devant elle; L'émeute aux mille
fronts, aux cris tumultueux, X chaque bond grossit
ses rangs impétueux, barbier, ïambes, l'Émtute.
Il Fig. Vos vers tant lus, tant relus. Ont fait émeute
au Parnasse; Publiez-les donc, de grâce, Afin qu'on
n'en parle plus, millevoie, Épigr.
— UEM La Fontaine a dit émute : Mars autrefois
ÈMI
mit tout l'air en émule; Certain sujet fit naîtra la
dispute, LA FONT. Fahl. vu, s. Grande est l'émute ;
On court, on s'assemble , on dispute, id. ib. x, 4.
Le participe écrit ^meu, se prononçait ému; le sub-
■îtantif émeute se prononçait émute. Puis l'écriture a
pris le dessus; et on a prononcé ce qui était écrit,
non ce qui était dans la tradition.
— ÉTYM. L'ancien participe esmeu , aujourd'hui
imw, d'émouvoir.
t ÉMEUTIER (é-meu-tié), s. m. Néologisme.
Agent d'émeute, de sédition.
— ÉTYM. Émeute.
t (. ÉMEUTIR (é-meu-tir), V. n. Terme de fau-
connerie. Fienter, en parlant des oiseaux de vol.
Les oiseaux émeutissent loin quand ils se portent
bien.
— HIST. xm* s. Maintes fois [il] a sali son ni, Et
sor ses oiseaux esmelti, Fabliaux, ms. de St-Ger-
main, dans lacuhne. || xvi* s. Se levé, crache,
esmeutit et se mouche, marot, p. 379, dans la-
cuhne. Journellement vous falloir.... ungclystere;
autrement ne pouviez vous esmeutir, rab. iv, 67.
— ÉTYM. Provenç. esmeutir. Origine incertaine.
Il est probable pourtant que le mot vient de emo-
Iwn, supin de emovere (d'où émeute); l'italien dit
smovere pour donner la diarrhée. On pourrait son-
ger à emunctum, supin de emungere , qui signifie
moucher; mais la signification n'est pas bonne; l'i-
talien a smugnere, mais dans le sens figuré de des-
sécher.
t 2. ÉMEUTIR (é-meu-tir), v. a. Dans l'ordre de
Malte, c'était solliciter une dignité.
— ÉTYM. Émeute, dans le sens de émotion, sol-
licitation.
fÉMEUTITION (é-meu-ti-sion), s. f. Action de
requérir une dignité dans l'ordre de Malte.
— ÉTYM. Émeutir 2.
fÉMIAULE (é-mi-ô-l'), s. f. Grande émiaule, la
grande mouette cendrée ou mouette à pieds bleus;
petite émiaule, la petite mouette cendrée; noms
donnés à ces oiseaux sur la côte de Picardie.
ËMIÉ, ÉE (é-mi-é, ée), part, passé. Du pain
émié.
ÉMIER (é-mi-é), j'émiais, nous émiions, vous
émiiez, que j'émie, que nous émiions, que vous
émiiez, v. a. Froisser un corps entre les doigts de
manière à le réduire en petites parties. Êmier de
l'alun. Émiant, quant à moi, du pain entre mes
doigts, RÉGNIER, Sat. X.
— HIST. XII» s. [Nef] Qui va là où vens l'empaint
[pousse]. Si que toute esmie et fraint, Couci, m.
Puis entrad li poples de la terre el temple Baal, etdes-
truistrent les altels, e les imagenes esmierent vas-
salement [bravement], Hois, p. 388. || xm' s Si
dent [ses dents] Ensamble si s'entrehurtoient Que
por un poi ne s'esmioient. Lai du trot. Nous eus-
sions hurté à tout plein de roches qui estoient cou-
vertes, là où nostre nef eust esté toute esmiée, et
nous touz péris et noiez, joinv. 283. {{ xvi' s. Du
pain esmié, o. de serres, 252. Comme la terre se
rend fertile, plus elle est esmiée et profondement
remuée, mont, iv, 235.
— ÉTYM. i^ pour es.... préfixe, et mie au sens de
parcelle (voy. mie).
ÉMIETTE, ÉE (é-mi-è-té, tée), part, passé. Mis
en miettes. Du pain émietté.
t ÉMIETTEMENT (é-mi-è-te-man) , s. m. Action
d'émietter.
— HIST. XVI* s. Esmiettement, cotgrave.
— ÉTYM. Émietter.
ÉMIETTER (é-mi-è-té) , v. a. \\ 1° Mettre en miet-
tes, diviser un corps friable dont les parties se sépa-
rent aisément sous les doigts. L'enfant émiettait un
gâteau. Il Fig. Bientôt j'allais quitter ma patrie pour
émietter mes jours en divers climats, chateaubr.
dans le Dict. de poitevin. Ces chants que ton génie
émietts Tombent à la vague inquiète Qui n'a ja-
mais rien entendu, v. hugo. Chants du crép. v.
lia» S'émietter, v. réfl. Être réduit en miettes.
Il Fig. Ne vous efl'rayez pas, douce mère inquiète,
Dont la bonté partout dans la maison s'émiette, v.
HDGO, Voix, 26.
— REM. V. Hugo a fait émietter de trois syllabes,
comme on voit dans les deux exemples cités de lui.
— SYN. ÉMiER, émietter. L'un est composé de
mie, au sens de petite parcelle, et l'autre de miette,
diminutif de mie. Émietter exprimerait donc, propre-
ment, une réduction en parcelles plus petites que
émier; mais l'usage a confondu ces deux mots si
voisins; seulement, aujourd'hui, émietter est plus
usité qu'émier.
— ÉTYM. ^pour es.... préfixe, et miette; bour-
guig. emiauUay; picard, émier, émiocher.
niCT. DE LA LANGUS FRANÇAISE.
ÉMI6RANT, ANTE(é-mi-gran, gran-t'). || VS. m.
et f. Celui, celle qui émigré de son pays pour aller
s'établir ailleurs, jj Dans toute la discussion de 4 791
à l'Assemblée constituante, on dit toujours émi-
grant, et jamais émigré. L'assemblée nationale....
considérant qu'une loi sur les émigrants est incon-
ciliable avec les principes de la constitution, mira-
beau, séance du 28 fév. )7a), dans bochez, Hist. de
l'Assemblée const. t. iv, p. 4)6. Si vous faites une loi
contre les émigrants, ib. || i'Adj. Troupe émigrante.
Il Animaux émigrants, animaux qui émigrent à cer-
taines époques de l'année.
ÉMIGRATION (é-mi-gra-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. \\ 1° Action d'émigrer, de quitter
son pays. L'émigration des Allemands en Californie.
L'émigration causée par la Révolution, par la révo-
cation de l'édit de Nantes. Si M. Dandré a lu l'ou-
vrage d'un politique qui en vaut bien un autre, J. J.
Rousseau, il y a vu, dans le Contrat social, ces
mots : Dans les moments de trouble les émigrations
doivent être défendues, mirab. dans bûchez, Hist.
de l'Assemblée const. t. iv, p. 4(4, séance du 28
fév. 4791. Les lois les plus tyranniques sur les émi-
grations n'ont jamais eu d'autre effet que de pous-
ser le peuple à émigrer, contre le vœu de la nature,
le plus impérieux de tous, qui l'attache à son pays,
ID. r'ft.p. 415. Il Absolument. L'ensemble des person-
nes qui quittèrent la France pendant la Révolution
française. || 2° Terme de zoologie. Passage annuel
et régulier de certains animaux d'une eontrée dans
une autre. Avec des bateaux faits et cousus, pour
ainsi dire, comme des outres, ils [les Esquimaux]
suivent les colonies des harengs dans toutes leurs
émigrations du pfile, baynal, Hist. phil. xvii, 6.
— REM. Émigration n'est dans le Dictionnaire de
l'Académie que depuis l'édition de 4 836. Il n'est ni
dans Furetière, ni dans Richelet.
— ÉTYM. Lat. emigrationem, de emigrare, émi-
grer.
ÉMIGRÉ, ÉE (é-mi-gré, grée), part, passé.
Il 1° Quia émigré. Les prêtres émigrés. || 2° Sub-
stantivement. Celui ou celle qui a quitté son pays.
Loi contre les émigrés.
— SYN. ÉMIGRÉ, ÉMiGRANT. Émigrant est le parti-
cipe présent ; émigré est le participe passé. On donne
le nomd'émigrantà tous ceux qui quittent le pays,
au moment où ils s'en vont. Plus tard, quand le fait
est accompli, on dit les émigrés. Ce mot alors
ne s'applique qu'à ceux qui sont partis avec l'in-
tention de revenir; les autres sont devenus des
étrangers ou des colons.
ÉMIGRER (é-mi-gré), v. n. \\ i" Quitter sa patrie
pour aller ailleurs, soit résider momentanément, soit
s'établir. Une foule de cultivateurs ont émigré d'Eu-
rope en Amérique. Au commencement de la Révolu-
tion, une grande partie de la noblesse émigra.
Il 2° Changer de contrée, en parlant de certains
animaux. Tous les ans, les hirondelles émigrent pour
aller chercher un ciel plus doux.
— REM. 1. Émigrer se conjugue avec avoir et
avec être : il a émigré en 4 790; il est émigré de-
puis 4790; l'un représente l'action, l'autre l'état.
Il 2. Émigrer n'est dans le Dictionnaire de l'Aca-
démie que depuis 4 835; il n'est ni dans Furetière',
ni dans Richelet. Aussi ceux que la révocation de
l'édit de Nantes fit sortir de France portaient non
pas le nom d'émigrés, qui n'existait pas, mais celui
de réfugiés.
— ÉTYM. Lat. emigrare, de «, hors, et migrare,
aller.
t ÉMIGRETTE (é-mi-grè-f), s. f. Jeu dit aussi émi-
grant , émigré , et qui consiste en un disque
creusé dans son pourtour et traversé par un cordon
qu'une légère secousse fait enrouler autour de la
rainure, de sorte que le disque monte le long de la
corde.
— ÉTYM. Émigrer; ainsi dit, parce que ce jeu
fut en vogue à l'époque de l'émigration.
ÉMINCÉ, ÉE (é-min-sé, sée), part, passé. Coupé
par tranches. Du mouton émincé. || S. m. Un émincé
de gigot.
ÉMINCER (é-min-sé. Le e prend une cédille de-
vant a et 0 ; éminçant, éminçons) , v. a. Couper en
tranches minces. Émincer de la viande.
— HIST. xvi* s. Après estre bien durs [les œufs],
on les émince entre les mains dedans une paesle,
PARÉ, xxvi, 44.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et mince.
ÉMINEMMENT (é-mi-na-man) , adv. X un degré
éminent, au plus haut point. Il est vrai qu'elles
[certaines qualités, l'étendue, la figure, la situation
et le mouvement] ne sont point formellement en
moi, puisque je ne suis qu'une chose qui pense;
EMI
1345
mais, parce que ce sont seulement de certains mo-
des de la substance et que je suis moi-même une sub-
stance, il semble qu'elles puissent être contenues
en moi éminemment, desc. Médit, m, 44. Quand ces
qualités [oratoires] ne se trouveront pas éminem-
ment dans un homme, il ne laissera pas de faire
de bons discours, pourvu que.... fénel. Dialogue)
sur l'éloquence, ii.
— ÉTYM. Éminent, et la suffixe ment.
ÉMINENCE (é-mi-nan-s'), s. f. \\ l- Élévation de
terrain. Monter, se porter surune éminence. || Terme
d'anatomie. Saillie, en parlant des os. Une éminence
osseuse. J| 2° Supériorité, excellence. L'éminenoe
de la science, PAsc. Considér. Celui qui est d'Une
éminence au-dessus des autres qui le met à cou-
vert de la repartie, ne doit jamais faire une rail-
lerie piquante, LA brut. v. Ces temps où l'éminence
du caractère [dont on était revêtu] était une raison
de modération, et non pas un prétexte de luxe,
MASS. Or. fun. Villars. \\ Par éminence, en émi-
nence, loc. adv. Éminemment. La piété du roi se
montre par éminence en ce généreux mépris qu'il
fait de la plus terrible des choses terribles, balz. le
Prince, ch. x. Vous , Madame , qui excellez en
cette partie de l'âme qui fait les peintres, les archi-
tectes et les statuaires, et qui la défendez, par votre
exemple, du blâme que l'on lui donne de ne se
trouver jamais en éminence avec un parfait juge-
ment,voit. Lett. 6. Il 3° Titre d'honneur qu'on donna
aux cardinaux, traités auparavant d'illustrissimes,
de révérendissimes, et dont on rapporte la création
au pape Urbain VIII , par un décret du 8 janvier 4 630.
Son Eminence le cardinal. || Titre donné aussi au
grand maître de Malte, comme dernier cardinal.
— REM. Éminence, titre de dignité, prend un Ê
majuscule.
— HIST. xiv s. Il [le nez] a hauteur et eminence
par dessus la face, h. de mondeville, 1* 4 8. Cest
os ou son extrémité desous vers la jointure du
coude a deux eminences, id. f" 24. || xvi* s. Vostre
famille n'en a pas beaucoup au dessus d'elle en
eminence, mont, iv, 4 26. Le principal effet de la
grandeur et de l'éminence, c'est de vous jecter en
butte à l'importunité, id. iv, 344. Je n'ay jamais
souhaité l'éminence de ces haultes fortunes et com-
manderesses, id. iv, 28.
—ÉTYM. Provenç. et espagn. eminencia; ital. «mf»
nenza; du latin eminentia, de eminens, éminent.
É.MINENT, ENTE (é-mi-nan, nan-t'), adj. \\ fQui
s'élève, qui est plus haut que le reste. Lieu émi-
nent. Nous allons dans le champ prendre nos avan-
tages. Des éminents endroits nous saisir prompte-
ment, Tristan, Panthée,iv, 3. || 2° Fig. Très-grand.
Quelles obligations peuvent être plus pressantes
que de rendre à une si éminente vertu les hon-
neurs qu'elle mérite? voit. Lett. 4 3. Jamais
homme n'a eu tant de vices ensemble et dans un
degré plus éminent, scarr. Rom. com. n, 4 6. Elle
leur attribue la charité dans le degré éminent,
Boss. Nauv. myst. 6. Au service éminent que vous
m'avez rendu, lemerc. Clovis, v, 6. || 3° Excellent,
distingué entre tous. En qui puis-je des trois Pour
ce rang éminent faire un plus juste choix? rotr.
Bélis. Il, 7. Le sort pourvoit Narsés de ce grade
éminent, id. ib. ii, 9. Ces hommes éminents en
doctrine et en sagesse, pasg. Prov. 6. Mais il faut
auparavant que je donne l'idée d'une méthode plus
éminente et plus accomplie, n>. Pensées, i, 2. Un
seigneur éminent en richesse, en puissance, rac.
Esth. II, 6.
— REM. Vaugelas, qui trouve que péril éminent
est une locution peu justifiable, admet que l'usage
est pour elle (en effet, dans le xvi* siècle, on n'a
pas dit autrement), et rejette péril imminent comme
inusité, quoique conforme à la raison. Aujourd'hui
péril imminent est admis, et péril éminent, bien que
l'Académie le donne encore, ne l'est plus guère,
courant toujours risque de se confondre par la forme
avec imminent. Un péril éminent est un péril élevé,
apparent, considérable; et dans aucun cas il ne doit
être confondu avec péril imminent.
— HIST. XVI* s. Elle s'oublioit entre les bras de
son ami, le laissant en ce grand et éminent danger,
DESPER. Contes, cxxxviii.... Pour arrester la cheute
éminente de tout l'édifice, Sat. Mén. p. tas. Deme-
trius le Phalerien, personnage renommé pour son
éminent sçavoir, amyot, Préf.xni, 45. Quand il fut
au dessus, il s'arresta un peu au lieu plus éminent,
et se prit à crier à haulte voix, id. LueuU. 8*. Et
voyoit-on de loing ceste urne qui estoit éminente
sur la poupe de la maistresse galère, ID. Vémétr.
76. Lorsqu'on voit quelqu'un en quelque péril émi-
nent, PARÉ, xviii, 2.
I _ 169
I.ViO
^m
— trru. ut. ftninein, do eminere, de e, hors,
et m<ii/T«,'f!ilr8 «aillie, s'aTancer.
ÉMIireimsSIME (é-mi-nan-ti-ssi-m), ad;. Très-
éminent Ou»l"flcation donnée aux cardinaui et au
grand maître de Malte. Altesse éminentissime.
— ÉTYM. Lat. eminmtissimus , superlatif de emi-
neiu, iminent. Ce titre appartient aux cardinaux
depuii l'an («30.
ÉHIB (é-mir), /. m. Chez Içs Arabes, gouverneur
d'une province ou d'une tribu considérable. || Titre
que portent les princes descendants de Mahomet par
.es femmes.
— Etym. Arabe, émir, commandant. Ce titre se
trouve dans les vieux textes sous les noms d'amiret,
d'amirant (voy. amibal).
ÉMIS, ISE (é-mi, mi-z'), part, passé d'émettre.
Il 1° Lancé hors. La chaleur émise par le soleil.
Il 2* Mis en circulation. Des actions émises par une
compagnie de chemin de fer. || 3° Produit, exprimé.
Des vœux valablement émis.
ÉMISSAIRE (é-mi-ssê-r'), s. m. || l'Agent chargé
d'une mission secrète. Jl [Pellisson] enchanta telle-
ment son espion qu'il en fit son émissaire; il eut
par li un commerce journalier de lettres avec Mlle
do Scudéry, d'olivet, Hist.Acad. t. ii, p. 288,
dans POUGENS. Les émissaires des sénateurs [de
Gênes] se contentaient de dire aux plus accrédités
du peuple : Jusques à quand attendrez-vous que les
Autrichiens.... volt. Louis XV, 2). Ses émissaires....
excitent la canaille à l'applaudir, vauven. Lentulus
le factieux. Je connais les lâches émissaires Qui sè-
ment sourdement ces clameurs mensongères, m. j.
CHÊNiER, Gracques, u, 3. Au sein de votre cour où
j'ai des émissaires, lemerc. Frédég. et Bruneh. m,
B. Il 2" Terme d'hydraulique. Canal, tuyau qui sert
& vider un bassin , un lac. L'émissaire du lac
Fucin (PLINE, XXXVI, 15, 24, n" n). Il Terme d'a-
natomie. Conduit, canal qui évacue une humeur
quelconque. On dit plutôt émonctoire. || Émissaires
de Santorini, les petites branches veineuses qui,
passant à travers les os du crîno, établissent une
communication entre les veines intérieures et les
veines extérieures de la tête. || 3° Adj. Bouc émis-
saire, bouc que les Juifs chargeaient des malédic-
tions du peuple et qu'ils chassaient dans le désert
pour détourner d'eux le mal qui résultait de leurs
offenses. Et Aaron prendra de l'assemblée des en-
fants d'Israël deux jeunes boucs.... puis Aaron jet-
tera le sort sur les deux boucs, un sort pour l'Eter-
nel et un sort pour le bouc qui doit être Hazazel....
le bouc sur lequel le sort sera échu pour être Ha-
zazel, sera présenté vivant devant l'Éternel pour
faire propitiation par lui, et on l'enverra au désert
pour être Hazazel, Bible, Lévit. xvi, 5 et suiv. Ils
ont un cheval émissaire, le pendant du bouc émis-
saire des Juifs, RAYNAL, Hist. phil. i, 8. || Fig.
Personne à qui on impute tous les torts. Vous sen-
tez que je veux faire de Mme d'Argenton le bouc
émissaire de l'ancienne loi [la charger de tous les
faits reprochés au duc d'Orléans] , st-sim. 252, (28.
Le chancelier fut la victime du duc de Noailles, et
le bouc émissaire qui expia les péchés de son
ami, iD. 480, 217.
— ÊTYM. l^t. emissarius, au sens d'agent, emis-
tariun^, au sens de canal, de emissum , supin de
tmitlere, laisser aller, émettre (voy. ce mot).
fÉMISSIP, lVE(é-mi-ssif, si-vO, adj. Terme de
physique. Qui a la faculté d'émettre de la chaleur
ou de la lumière dans tous les sens. Pouvoir émissif.
— ÊTYM. Voy. OMETTRE ; provenç. cmi«iu.
ÉMISSION (é-mi-sion ; en vers, de quatre syl-
labes), ». f. ||1* Action d'émettre, de lancer au de-
hors. L'émission des corpuscules odorants. || Système
dans lequel on suppose que le soleil lance des cor-
puscules lumineux, par opposition au système de
l'ondulation qui attribue la lumière à des ondes dans
un milieu nommé éther. || i' Terme de physiologie.
Action par laquelle une chose est poussée au dehors.
Émission de l'urine. Dans les plantes qui portent
sur un pied les fleurs m&les et sur un autre
les fleurs femelles , telles que le chanvre , la
plante mftle périt avant la plante femelle, et la
mort de celle-là suit presque immédiatement l'é-
mission des poussières fécondantes, bonnet, Con-
•«npi. no». (KuiTM, t. viu,p. 367, note, dans
Pouows. Il Terme demédecine. Êmissionssanguines,
taignées locales ou générales. |1 8" Action de livrer
t la cirouUtion. Émission de papier-monnaie. Émis-
sion da fausse monnaie. || Terme de bourse. Opéra-
tion k émission , opération k terme sur une valeur
non encore exitUnte d'une manière légade, mais
dont la coniUtutton est probable et dont les bases
•ont à peu près connues. || *• Action de faire en-
ËMM
tendre. Émission de la voix. || Terme de droit canon.
L'émission des vœux, la prononciation solennelle
des vœux.
— ÊTYM. Provenç. emissio; espagn. emision;
ital. emissione; du lat. emistionem; de emissum,
supin de emiltere, émettre (voy. émettre).
fÉMISSOLE (é-mi-sso-r), s. f. Un squale (Sard.
mustola, du lat. mustela, sorte de squale).
EMMAGASINAGE (an-ma-ga-zi-na-j') , s. m. Ac-
tion d'emmagasiner.
— ÊTYM. Emmagasiner.
EMMAGASINÉ, ÉE (an-ma-ga-zi-né, née), par».
passé. Des marchandises emmagasinées. |1 Par
extension. Toute la chaleur emmagasinée dans la
masse liquide [qui a dépassé le point d'ébuUition
sans bouillir] a été instantanément employée à pro-
duire un volume énorme de vapeur, mangin, Acad.
des se. Comptes rendus, t. liv, p. 452.
t EMMAGASINEMENT (an-ma-ga-zi-ne-man),
». m. Il 1° Placement des marchandises dans un ma-
gasin. || 2° Terme de photographie. Absorption de
la lumière par une substance soumise à l'insola-
tion et conservée ensuite dans l'obscurité, absorp-
tion qui se prouve par les propriétés des rayons
chimiques que cette substance a acquises.
— ÉTYM. Emmagasiner.
EMMAGASINER (an-ma-ga-zi-né), v. a. Met-
tre en magasin. Emmagasiner des marchandises.
Il S'emmagasiner, v. réfl. Être mis en magasin.
Ces marchandises ne peuvent s'emmagasiner.
Il Terme de photographie. La lumière s'emma-
gasine, elle s'accumule dans une substance qui,
soumise à l'insolation, puis retirée, exerce les ac-
tions propres aux rayons chimiques.
— ÉTYM. En 1 , et magasin.
EMMAIGRI, lE (an-mè-gri, grie), part, passé.
Un enfant emmaigri.
EMMAIGRIR (an-mè-grir). || 1" 7. a. Rendre mai-
gre. Il 2° V. n. Devenir maigre. || 3° S'emmaigrir,
». réfl. Devenir maigre. Moi jaloux I Dieu m'en garde,
et d'être assez badin Pour (n'aller emmaigrir avec un
tel chagrin, mol. Dép. am. i, i.
— REM. Au mot amaigrir, l'exemple de Molière
est cité; mais amaigrir est une correction des édi-
tions postérieures; emmaigrir est la vraie leçon.
— SYN. maigrir, emmaigrir, amaigrir. Au sens neu-
tre de devenir maigre, ces trois mots sont tout àfait
synonymes. Cet enfant maigrit, amaigritou emmai-
grit; il n'y a pas de nuance sensible entre ces ex-
pressions. Seulement, aujourd'hui, emmaigrir est
moins usité que les autres.
— HIST. XII* s. E dist al bacheler : qu'espelt [que
signifie] que tu es si deshaitez e si emmegriz? Hois,
p. 162. Il xiii* s. Il doute [craint] du cors enmai-
grir,RUTEB. II, Bl.
— ÉTYM. En 1 , et maigrir.
t EMMAIGRISSEMENT (an-mè-gri-s6-man),ï. m.
L'action d'emmaigrir.
— HlST. xvi* s. Emmaigrissement, oudin, Dict.
— ÊTYM. Emmaigrir.
EM5IAILL0TTÉ, ÉE (an-ma-llo-té, tée , H mouil-
lées, et non an-ma-yo-té, tée), part, passé. Enve-
loppé d'un maillot. Enfant emmaillotté. On aimerait
mieux mourir avec Jésus-Christ dans les douleurs
que de se voir avec lui emmaillotté dans le berceau,
FÉN. t. xviii, p. t07. Il Fig. Cette déité [la Liberté]
Qui laisse en de vieux langes Le monde emmail-
lotté, BÉRANO. Liberté. || Terme d'entomologie.
Nymphes emmaillottées, celles dont l'enveloppe
laisse voir les diverses parties de l'insecte parfait.
On sait assez que la chrysalide n'a ni bras ni jambes,
qu'elle est un papillon si bien emmaillotté qu'il ne
peut faire aucun usage de ses membres, bonnet,
Insectes, Observ. <3.
t EMMAILLOTTEMENT (an-ma-llo-te-man , Il
mouillées, et non an-ma-yo-te-man) , ». m. Action
d'emmaillotter. L'emmailloltement des enfants.
— HIST, xvi* s. Les liaisons et emmaillottements
des enfants, mont, ii, <63.
— ÊTYM. Emmaillotler.
EMMAILLOTTER (an-ma-Ilo-té, Il mouillées, et
non an-ma-yo-té), v. a. || 1° Mettre en maillot, en-
velopper de laliges. Emmaillott* un enfant. |{ Par
extension. Elle prit le parti de feindre d'être boi-
teuse ; elle emmaillotta son pied droit de manière
& le grossir excessivement, W de genlis, Klle de
Clermont, p. 70, dans pougens. || Fig. Envelopper
quelqu'un de toutes parts, se rendre maître de ses
volontés. Je comprends maintenant que ce pauvre
Edouard se soit laissé emmaillotler , en. de dernakd ,
la Femme de 40 ans, § x. |( 2' S'emmaiUotter, v.
réfl. S'envelopper. Nos magistrats ont bien connu
le mystère [le respect qu'inspire l'habit] ; leurs |
EMM
robes rouges, leurs hermines dont ils s'emmtillot-
tent en chats fourrés.... pasc. Pensées, t. i, p. 270,
édit. Lahure.
— REM. L'Académie écrit emmaillotler avec deux
it, et démailloter avec un seuU; c'est une anomalie
à faire disparaître.
— HIST. xii* s. Là le presismes [l'enfant] trestot
emmaillolet, Raoul de C. 3»). ||xv« s. X mon po-
voir, li aideray, Et l'anfant enmailloteray. Certes
s'en feray mon devoir Selon la loy à mon povoir,
La nat. de N. S. J. C. myst. || xvr s. Le baptizer, le
nourrir, le fortifier, l'emmaillotter, mont, n, 240.
— ÉTYJI.En I, et matHo(;bourguign. ammaillô-
lai, ammaillôtai; provenç. enmalhotar, enmallotar,
enmaillolar. On remarquera qu'une des formes du
bourguignon est semblable à celle de Raoul de Cam-
brai, qui suppose maillol au lieu de maillot.
t EMMALADIR (an-ma-la-dir). 1| 1» F. a. Rendre
malade. || 2° Y. n. Devenir malade.
— HIST. xii* s. Li enfançonet que David out en-
gendré de la feme Urie, emmaladit et fu désespé-
rez, llois, p. t60. ||xin* s. Del duel [deuil] qu'il ad
s'enpesanti , En poi de tens enmaladi , Lai du
désiré. || xvi* s. L'ombrage du noyer emmala-
dissant et hommes et bestes s'y retraians dessous,
0. DE SEBRES, 695.
— ÉTYM. En I , et »noîa(i«; provenç. emmalautir.
t EMMANCHE (an-man-ch'), s. f. Terme de bla-
son. Triangle pyramidal quis'avance d'un des bords
de l'écu vers le milieu de la surface.
— ÉTYJl. En t , et manche, s m.
EMMANCHÉ, ÉE (an-man-ché, chée), part. pasté.
Il 1° Garni d'un manche. Une cognée solidement
emmanchée. Il 2° En termes de blason, se dit des
haches, faux, etc. qui ont un manche d'un émail
différent. || Il se dit aussi des partitions de l'écu où
les pièces s'enclavent l'une dans l'autre en forme da
longs triangles pyramidaux. || 3* Par extension. Le
héron au long bec emmanché d'un long cou, la
FONT. Fabl. VII, 4. Il Terme de peinture. Membre
bien emmanché, mal emmanché, membre qui se
joint bien, mal au corps. || 4° Fig. Affaire bien em-
manchée, mal emmanchée, affaire bien commen-
cée, mal commencée.
EMMANCHEMENT (an-man-che-man), ». m.
Il 1° Action d'emmancher. L'emmanchement d'un
outil, des couteaux. Il 2° Terme de peinture et de
sculpture. Manière dont les membres tiennent et su
rapportent au tronc.
— ÊTYM. Emmancher.
I. EMMANCHER (an-man-ché) , ti. o. ||i* Mettra
un manche. Emmancher une faux, un balai. Un
bûcheron venait de rompre ou d'égarer Le bois dont
il avait emmanché sa cognée, la font. Fdbl. xn,
16. Il Fig. et populairement. Entamer une affaire.
Il 2' S'emmancher, c. réfl. S'ajuster au manche,
il Fig. S'ajuster aux circonstances, aux conditions.
L'affaire s'était mal emmanchée. |1 Cela ne s'emman-
che pas ainsi, cela n'est pas aussi aisé que vous le
pensez, ou bien, cela ne s'ajuste pas de la sorte.
— HIST. XIV* s. Il orent aporté maintes scies tran*
chant, Enmanchées à plomb par itel convenant Qu'on
en pourroit coper un grant bois en sciant, Guesel.
i 9460. Il XVI* S. Il se laissoit choir dedans la chaire,
et puis debout tiroit de dessous sa robbe une testa
de mort emmanchée dans un baston, d'adb. Pan.
IV, 10.
— ÊTYM. En I , et manche, s. m.
f 2. EMMANCHER (an-man-ché), r. n. Terme
de marine. Entrer dans la Manche. || Entrer dans
un bras de mer quelconque. || On trouve aussi écrit
enmancher.
— ÊTYM. En 1 , et la Manche.
EMMANCHEUR (an-man-cheur) , ». m. Celui qui
emmanche.
— xni" s. Quiconques veutestre coutelier à Pari»,
ce est à savoir feseeurs de manches à coutiaux d'os
et de fust et d'yvoire, et faisierres de pignes d'y-
voire et emmancheeurs de coutiaus, estre le puet
franchement, Liv. des met. 49.
— ÉTYM. Emmancher I.
EMMANCHURE (an-man-chu-r'), ». f. Ouver-
ture pratiquée au corps d'un vêtement, et à laquelle
s'adaptent les manches. L'emmanchure de cet ha-
bit est trop étroite. || Danser en tenant ses doigts
dans l'emmanchure de son gilet, manière qu'ont
quelques jeunes gens de tenir leurs mains en dan-
sant.
— ÉTYM. Emmancher i .
t EMSL^NDRINER (an-man-dri-nê), r. a. Ttrme
de métier. Voy. mandriner.
EMMANNEQUINÉ , ÉE (an-ma-ne-ki-né, née),
part, passé. Plantes emmaimoquinées.
EMM
EMMANNEQUINiaV (an-ma-ne-ki-né), v. a.
Terme de jardinier. Mettre des plantes, avec la terre
qui tient à leurs racines, dans un mannequin ou un
panier.
— ÉTYM. En i, et mannequin.
KMMANTELË, ÉE ( an-man-te-lé , lée), adj.
Il 1° Enveloppé, couvert d'un manteau. || 2" Par
analogie, qui a un plumage, un pelage, en partie
coloré et imitant de la sorte un manteau. || Corneille
emmantelée, corneille d'un plumage gris cendré
sous les ailes, et noir sous le ventre (voy. man-
TELÉ). Les ornithologistes disent corneille mantelée
(cori'us cornix).
t EMMANTELER (an-man-te-lé. La syllabe te
prend un accent grave quand la syllabe qui suit
est muette: j'emmantèle), v. a. Envelopper d'un
manteau. || Ancien terme militaire. Revêtir une
place d'une enceiiite ; c'était l'opposé de démanteler.
HIST. xiu* s. Pour mencbonges enmanteler Et
faire les voirs ressambler [les faire sembler vrais] ,
DU CANGE, immantare.\\iiv' s. Un doussellet où
sont oies et oynes emmentelez des armes de monsei-
gneur, iD. ib. Il XVI* s. Il s'advisa encore d'une grande
ruse pour mieux couvrir son desseing, et enmante-
ler son entreprise, carl. vi, 45. Les bœufs emmen-
telés de noir craignent plus les mouches, qu'estans
d'autre couleur, o. de serres, 279. X ces tempestes
résiste sans moien la chaussée emmantelée de ma-
çonnerie , m. 424. Le moins qu'on peut tenir em-
mentellés [abrités, couverts] les artichaux, est le
meilleur, par aucunement leur nuire tel embar-
ras, ID. Bi7. Le jour estoit sous l'onde, et la nuict
estoilée Avoit d'un habit brun la terre emmantelée,
RONS. 672. Junon, qui des vaillans est toujours
envieuse, Hier d'un voile noir emmantela les cieux,
AM. JAMYN, Poésies, f° 60, dans lacurne.
— ÊTYM. En < , et mantel, manteau.
t EMMARCHEMENT (an-mar-che-man) , s. m.
Terme de charpente. Disposition des marches d'un
escalier. || Entaille faite dans lés timons pour rece-
voir ces marches. || Ligne d'emmarchement, ligne
tracée sur l'épure, ordinairement au miUeu de la
longueur des marches.
— ÉTYM. En t , et marche.
f EMMARGOniLLÉ, ÉE ( an-mar-gou-llé , liée,
li mouillées, et non an-mar-gou-yé , yée), adj. Sali
comme par un margouillis.... mais l'église est sale;
mais les sculptures de François I" sont emmargouil-
lées de badigeon jaune, v. hugo, le Rhin, l"vol. lett. 3.
— ÉTYM. En i , et margouillis.
t EMMARINER (an-ma-ri-né), v. a. Terme de
marine. Garnir un vaisseau de. l'équipage néces-
saire. Il Accoutumer à la mer.
— ÉTYM. En i, et marin.
t EMMARQUISER (an-mar-ki-zé) , v. a. Terme
de plaisanterie. Donner le titre de marquis. || S'em-
marquiser, D. réfl. Prendre la qualité de marquis.
Depuis que dans l'iUat on s'est emmarquisé. On
trouve à chaque pas un marquis supposé, scarr. D.
Japhet d'Arm. m, 4. Combien de soi-disant cheva-
liers ou marquis.... Dont en s'emmarquisantla plus
haute noblesse A seulement pour titre une grande
richesse, hauteroche, le Deuil, se. 4. Quand tu
seras à moi, ne va pas t'aviser De devenir comtesse
ou de t'emmarquiser, th. corn, la Comtesse d'or-
gueil, V, 4.
— ÉTYJI. En t, et marquis.
t EMMASSEMENT (an-ma-se-man) , s. m. Terme
d'art militaire. Formation des masses dans les gran-
des manœuvres.
t EMMASSER (an-ma-sé), v. a. Terme d'art mi-
htaire. Réunir en masses, former des masses.
— ÉTYM. Ent , et masse.
tEMMATELOTAGE(an-ma-te-lo-ta-j'), «. f. Terme
de marine. Désignation de deux matelots destinés à
avoir le même hamac.
— ÉTYM. En i, et matelot.
+ *. EMME (è-m'), s. f. Nom de Vm (voy. m).
t 2. EMME (è-m') , s. f. Nom , dans les ouvrages de
terrassements, des profils qui sont faits de distance
en distance, soit en déblai ou tranchée, soit en
remblai, pour déterminer la forme que l'on veut
■ donner à une digue, à une chaussée, à un rempart,
BESCHERELLE.
— ÉTYM. Ce parait être l'ancien français esme qui
«ignifîe l'action d'apprécier, de juger, de viser,
âevenu en anglais aim, du latin sestimare.
t EMMÉCHER (en-mé-ché), v. a. Mettre unemè-
Itbe à une pièce d'artifice.
— HIST. xvi" s. Emmecher, cotgrave.
— ÉTYM. £n 1 , et mèche.
t EMMÊLEMENT (an-mê-le-man), s. m. Action
ï'emmêler ; résultat de cette action.
EMM
— HIST. xiu* s. Non par enmellement de substance,
mais par unité de personne, Psautier, f" <96. •
— ÉTYM. Emmêler.
f EMMÊLER (an-mè-lé) , v. a. Brouiller, en par-
lant du fil, de la soie, des filets de pêche, etc.
Il Fig. et familièrement. C'est une affaire bien em-
mêlée. || S'emmêler, V. réjl. Être brouillé. Mon fil
s'emmêle à chaque instant.
— HIST. XIV* s. Tu feras faire une douzaine de pou-
ches qui seront lacées de si grant maiUes que le
taisson boute sa teste parmy la maille.... et doivent
estre emmeslées de cordelettes où il y aye au bout
une bouclete, Uodus, ms. f° Bl, dans lacorne.
— ÉTYM. £n 4 , et mêler ; Berry , emmêler un iche-
veau.
EMMÉNAGE, ÉE (an-mé-na-jé, jée), part, passé.
Qui a fait son emménagement. Emménagé depuis peu
dans un nouveau logement. || Terme de marine. Ce
bâtiment est bien emménagé, il est bien distribué.
EMMÉNAGEMENT ( an-mé-na-je-man ) , s. m.
Il 1° Action de porter et de ranger ses meubles dans
un nouveau logement. || 2° S. m. plur. Terme de
marine. Logements , compartiments pratiqués dans
l'intérieur d'un navire. Des emménagements com-
modes.
— ÉTYM. Emménager.
EMMÉNAGER (an-mé-na-jé. Le g prend un e
devant a eto;nous emménageons, j'emménageais).
Il 1° Y. n. Faire transporter, ranger ses meubles
dans un logement. Dans l'une de nos cent bastilles.
Lorsque ma muse emménagea, bérang. Amitié.
Il 2" F. a. Transporter les meubles de quelqu'un dans
un logement. Pendant mon absence, mon frère
m'emménagera. || 3° S'emménager , v. réfl. Se
pourvoir de meubles. Il s'emménage peu à peu.
— ÉTYM. En \, et ménage.
t EMMÉNAGOGUE (è-mmé-na-go-gh'), adj. Terme
de médecine. Qui provoque les règles. || Substanti-
vement. L'absinthe est un emménagogue.
— ÉTYM. 'Etiiinivoi;, menstrue, de iv, en, et(i^v,
mois (voy. mois), et àYWYoi;, qui amène.
EMMENÉ, ÉE (an-me-né, née), part, passé.
Emmené par les gendarmes.
EMMENER (an-me-né. La syllabe me prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
j'emmène, j'emmènerai), v. a. || 1° Mener quelqu'un
avec soi d'un lieu dans un autre. Qu'on l'emmène,
soldats, il blesse ici la vue, corn. Othon, v, 6.
Qu'à l'instant hors du temple elle soit emmenée,
BAC. Ath. V, G. L'empereur fit un geste de mépris
et d'humeur ; on emmena ce misérable [un des in-
cendiaires de Moscou] dans la première cour, où
les grenadiers furieux le firent expirer sous leurs
baïonnettes, ségur, Hist. de Napol. viii, 6. || 2° Se
dit aussi des bestiaux et des choses. 11 a emmené les
marchandises. 11 a emmené le bétail.
— HIST. XI" s. Ses meillors homes [il] eiuneine en-
semble od sel [avec soi], Ch. de Bol. xxxvii. || xir
s. En douce France [il] l'enmenra sans faillie,
Ronc. p. U8. Armer l'enmenent [pour lui donner
ses armes] lagentde soulignage, ib. p. 482. || xin*
s. Devant le roi son père isnelemenf [elle] l'en-
maine, audefroy le bast. Romancero, p. i*. Ugues
s'en est tournés, s'ammoine Beatris, ib. p. 36. Avec
ma femme alastes, quant ele en fu menée, Berte,
civ. Qant ces nonnains se vont par le pays esba-
tre. Les unes à Paris, les autres à Montmartre, Tel
fois emmainne deux qu'on en ramainne quatre, bu-
TEB. 242. Il XV» s. Et emmenèrent grand pillage et
grand proie en leurs garnisons, froiss. i, i, 4I3.
Il XVI" s. Tout ce que le cours de l'eau emmené
aval, AMïOT, Philop. I2. Nabis sortit à la desrobbée
par une autre porte , et emmena son armée à
la plus grande haste qui luy fust possible, id.
ib. 20.
— ÉTYM. En 2, et mener ; mener de là. En pou-
vait autrefois se séparer de mener; voy. l'exemple de
Berte.
f EMMÊNOLOGIE (è-mmé-no-lo-jie), s. f. Terme
de médecine. Traité de la menstruation.
— ÉTYM. Emméno.... (voy. emménagogue), et
Xôyoc, traité.
EMMENOTTÉ, ÉE (an-me-no-té,téo), part, passé.
Emmenotté par les gendarmes.
EMMENOTTER (an-me-no-té) , v. a. Mettre des
menottes, des fers aux mains. On emmenotté les
criminels.
— ÉTYM. En 4 , et menolfes.
t EMMÉSOSTOME (é-mmé-zo-sto-m'), adj. Terme
de zoologie. Qui a la bouche placée au milieu du
I corps (oursins).
— ÉTYM. 'Ev, en, |iÉ(jo(, milieu, et oTÔna,
I bouche.
EMM
1347
t EMMÉTRAGE (an-mé-tra-j'), t. m. Terme de
construction. Opération d'emmétrer.
t EMMÉTRER (an-mé-tré. La syllabe mé prend
un accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
j'emmètre; excepté au futur et au conditionnel :
j'emmétrerai), v. a. Terme de construction. Dispo-
ser des matériaux de manière à faciliter le métrage.
— ÉTYM. En 4 , et mètre.
+ EMMEDLAGE (an-meu-la-j') , s. m. Terme
rural. Action d'emmeuler.
fEMMECLER (an-meu-lé), v. a. Terme rural.
Mettre les foins en meules.
— HIST. XV' s. Mais cil qui veult tout emmuler,
Et, d'avoir, fait un trop grant mule, eust. besch.
Poésies mss. t° 222, dans lacubne.
— ÉTYM. En 1, et meuie, tas de foin.
EMMIELLÉ, ÉE (an-miè-lé , lée), part, passé.
Garni de miel. Une tranche de pain emmiellée.
Il Se dit aussi d'un liquide. Une boisson emmiel-
lée. || Fig. Des paroles emmiellées, paroles d'une -
douceur affectée. Une lettre emmiellée.
t EMMIELLEMENT (an-miè-le-man) , *. m. Ac-
tion d'emmieller.
— HIST. XVI" s. Emmiellement, cotgrxvb.
— ÉTYM. Emmieller.
EMMIELLER (an-miè-lé), v. a. Enduire de miel,
Emmieller une tranche de pain. Emmieller une li-
queur, y mettre du miel. || Emmieller les bords
d'un vase, enduire de miel les bords d'un vase, et fig.
faire passer à l'aide de quelque douceur prélimi-
naire ce qui est amer ou pénible. || Fig. 0 Muse,
je t'invoque : emmielle-moi le bec, régnier, Sat. x.
Feins d'être homme de cour, fixe ton regard louche.
Emmielle un peu le fiel qui coule de ta bouche. Et
contrefais l'homme de bien, le p. brumoy, la Boite
de Pandore, m, 4.
— REM. Régnier a fait emmieller de quatre syl-
labes : Il semble.... Que la mouche du grec leurs
lèvres emmielle, Sat. ix. C'est une mauvaise pronon-
ciation , miel étant toujours monosyllabique comme
venant du latin mel.
— HIST. xiir s. Fisicien en ont à faire [du vin de
la Rochelle] For sirop et bruvage faire ; C'est chose
emmiellée et non pure, flouv. recueil de fabliaux,
t. 1, p. 297. Il XV" s. 0 corone précieuse, dyademe
denoslre salut, tant est douls et enmiellé le ras-
sadyement [rassasiement] que tu donnes, chr. dï
PISAN,, llist. de Ch. Y, m, 74 . || xvi" s. 11 voit com-
bien sont venimeuses les flatteries dont usent ceux
qui veulent emmieller quelcun pour le tromper,
CALV. Instit. 306. Avec de telles raisons emmiellées
de promesses, desper. Contes, cxxix. 11 n'y a riens
meilleur contre la roigne qui vient aux testes des pe-
titz enfants qu8 de les emmieller, palsgr. p. 432.
— ÉTYM. En 4 , et miel; provenç. enmelar, eme-
lar; espagn. enmelar; ital. immelare.
EMMIELLURE (an-miè-lu-r') , s. f. Terme de vété-
rinaire. Topique qui a le miel pour excipient, et
qu'on applique sur le pied d'un cheval pour adoucir
et détendre la corne.
— HIST. xvi" s. Ainsy ce roy oinct et grosse de ceste
emmielleure [paroles douces et flatteuses], carl.
VII, 4 8.
— ÉTYM. Emmieller.
t EMMINEDR (an-mi-neur) , s. m. Celui qui me-
surait le sel par minots. Maintenir ledit Martinaut en
la possession de présenter des mesureurs et emmi-
neurs. Arrêt du conseil d'État, 4 4 avril 4 669.
— ÉTYM. En 4 , et mtnc ou minot.
fEMMITONNER (an-mi-to-né), v. a. Terme po-
pulaire. Envelopper dans des mitaines les mains,
et par suite tout le corps dans quelque étoffe moel-
leuse. || Fig. Emmitonner quelqu'un, le circonve-
nir, l'endormir sur ses intérêts. || S'emmitonner, «.
ré/l. S'emmitonner dans une bonne douillette.
HIST. XVI" s. Tel qui se tient emmitonné dans
les martes jusqu'aux aureilles, mont, i, 2B9.
— ÉTYM. En 4 , et mitonner.
EMMITOUFLÉ, ÉE (an-mi-tou-flé, flée), part.
passé. Dès que j'aurai la tête moins emmitouflée,
VOLT. Lett. d'Argental, 24 sept. 4 762. |1 Proverbe.
Jamais chat emmitouflé ne prit souris, c'est-à-dire
pour faire quelque chose de difficile, il faut avoir
toute liberté de mouvement.
EMMITOUFLER (an-mi-tou-flé), v. a. \\ 1° Enve-
lopper quelqu'un de fourrures ou de tissus pour le
tenir chaudement. || 2° S'emmitoufler, v. réfl. Elle
aime à s'emmitoufler.
— HIST. XIII" s. Ne vous laissez pas desconfiro;
Grefes [poinçons à écrire] avez, pensez d'escrirej
N'aiez pas lés bras emmoflés, la Rote, 49986.
— ÉTYM. En 4 , et moufle, gant, devenu mitoufle
en se combinant avec mitaine.
1348
EMO
t noa-THEH (an-mi-tré), e. a. Donner U mitre
à untvtque, le ucrer.
— BI9T. XYi* »• Kmmiirer, cotchavb.
— tim. A'n ' t e' mitre.
* nUIOHPUOSK (é-mmor-fA-z'), t.f. Terme de
loologi*. Mode particulier de métamorphose deoer-
lainj intecles.
— gmi. *E*t en, et (lopfiw, donner une forme.
KMMOBTAISÉ, ÊE (an-mor-tè-zé, zée), part.
poui. Des solives emmorlaisées.
BMHOBTAISER (an-mor-tè-zé), v. a. Insérer
dans une mortaise le bout d'une pièce de bois tail-
ée à cet effet.
— ËTYM. J?n t , et moTtaite.
EMUOTTÉ, ÉE(an-mo-té, tée), adj. Terme de
jardinier. Dont la racine est entourée d'une motte
de terre. Plants emmottés.
— ÊTYM. En *, el motte.
I EHMOUFLEHENT (an-mou-fle-man), i. m.
Terme de céramique. Action d'emmoufler.
f EMMOUFLER (an-mou-flé) , V. a. Terme de cé-
ramique. Mettre des poteries dans une moufle.
— ÊTYM. Sn t, et notifie.
t EMMOUSTACUÉ, ÉÉ (an-mou-sta-ché , chée),
adj. Oui a, qui porto des moustaches.
— ÈTY»l. lin t , et moustache.
f EMMCHAILLER (an-mu-ra-Ué, Il mouillées), v.
a. Enfermer dans une muraille. Puisque l'on avait
tant fait que de l'emmurailler [le corps de Vendôme à
l'Escurial], il y pourrait demeurer, st-sim. 33), 84.
— HIST. XVI" s. Qui la voudroit emmuiaiUer
comme Strasbourg, Orléans ou Ferrare, il ne seroit
possible, tant les frais et despens seroient excessifs,
BABFX. t. Il, p. i*S, danSLACURNE.
— ÉTYM. En t , et muraille.
f EMMCRË, ÉE (an-mu- ré, rée), part, passé.
Emmuré dans un cloître. || S. f. Religieuse d'un
couvent de l'ordre de Saint-Dominique à Rouen.
t EMMURER (an-mu-ré), ». a. Enfermer entre
des murailles. || Entourer de murailles.
— HIST. XIII' s. X ce conseil se tint li rois, si fit
que fols; mieux lui venist l'avoir enmurée [une
femme], Chron. dellains, p. 7. ||xv* s. Le marquis
lui prometloit [h. la reine de Hongrie] que, si par
force il la prenoit, il la feroit emmurer en une tour,
'FROiss. II, II, 233. Il XVI' s. U alla mettre le siège
devant la ville de Chalcedoine, laquelle il emmura
tout à l'enlour, amyot, AU. 6t. C'est une longue
vallée emmurée de costé et d'autre de grandes et
hautes montagnes, id. Flam. *. Il semble qu'ils
«oient emmurés dedans leur harnois, comme de-
dans une prison de fer, id. Lucull. 63. .le crois
Î|u'on trouvera quelque invention de nous emmurer
d'une armure défensive] pour nous en garantir
des balles], mont, ii, 94.
— ÊTYM. En t , et mur; provenç. enmurar, emurar.
t EMMUSCADINER(S') (an-mu-ska-di-né), v. réfl.
Terme comique et du langage familier. Se parer,
se pomponner, se pommader comme un muscadin.
Il y a quarante ans, & peine descendu de patache,
je me serais emmusoadiné pour courir dans l'allée
des Feuillants lancer mille œillades assassines ,
BATARD et JAIME, U Révcil du lion, i, 4.
— ÊTYM. £n t , et muscadin.
EMHUSELÉ, ÉE (an-mu-ze-lé, lée) , parï. po-vs^.
Chien emmuselé. jj Terme de blason. Animal emmu-
selé, celui qui a une muselière d'un autre émail que
■on corps; celui qui est représenté avec le museau lié.
EMMDSELER (an-mu-ze-lé. U se conjugue comme
museler), t>. a. || 1" Mettre une muselière & un ani-
mal. Des gueux qu'il faut emmuseler comme des
ours, VOLT. Leit. à Cather. loo. || Par extension,
couvrir le nez et la bouche. || »• FIg. Empêcher de
parler, de se plaindre. La cabale avait emmuselé
les plus convaincus de ses crimes; j'étais peut-être
le seul à qui il restât assez de courage pour ne pas
tenir la vérité captive, ST-sm. 2H , 80.
— HIST. ivi' s. Sous ces chapeaux d'oliviers, les
lions et les ours de la France enchaînez et enmuse-
lez, d'aub. Ilist. m, &38.
— ÊTYM. En t, et musel, museau. "
+ EMMUSQHER (an-mu-ské) , v. a. Parfumer de
muic.
— HIST. XVI' 8. Emmusquer, cotoravb.
ÊTYM, En t , et muse.
«. F.MOI (é-moi), s. m. Trouble par crainte ou
par Inquiélude. Mettre en émoi, en grand émoi.
Tout le parti fut en émoi. Compagne de mon mal,
r"?*, ""n «njoi, ReoNiEH, P(ainte.|in se dit
quelquefois en bonne part avec une épllhète déler-
^nninH V" 1°" *■»<>'• M^'s triste et soul, quand
ÊMO
— HIST. XII* 8.... Car trop m'aura grevé Ire et es-
mai qui m'est au cuer prochaine. Coud, xiv. || xiii'
s. Forment lui duelt U cuers, moût fut en grant es-
mai, Berte, vu. Et estoient en grant esmoi des pa-
roles que li cardinal lor avoit dit, Chron. de Rains,
p. 4)7. Biaus amis, folie et enfance T'ont mis en
peine et en esmai, la Rose, 3ot i . || xv s. Lors che-
vauchèrent les Anglois sans esmai nul, fhoiss. i, i,
)08. Si estoit le pays de Hainaut en grand tribula-
tion et en grand esmay, id. i, i, )i4. || xvi' s.
Le lendemain qui fut le treizième de mai, Par un
jour de dimanche, Marquetz [les Vénitiens, ainsi
diU de saint Marc, leur patron] sont en esmay,
j. MAROT, v, p. <25. Mais je te prie, Tityre, compte
moy. Oui est ce Dieu, qui t'a mis hors d'esmoy?
MAHOT, IV, 3, Et n'y eut homme en Syracuse si ai-
mant sa personne, ny tant craignant la mort, qui
ne monstrast estre pour lors en plus grand esmoy
du salut de Dion tout seul, que de tous les autres
ensemble, amyot, Dion, 57.
— ÉTYM. Wallon, èmat, èmawi, imauvé, gêné,
interdit; Berry, émeger, décourager; provenç.
esmai; ital. smago; mot hybride de e*,... préfixe
roman, et du germanique : anc. haut-allem. ma-
gan, pouvoir, être fort : proprement, action d'ôter
force et pouvoir. Esmoi est la forme picarde ; esmai,
la forme directe, venue de l'allemand.
f 2. ÉMOI (é-moi), s. m. Fort plancher de bois,
établi entre quatre jumelles sur le sommier du pres-
soir à cidre.
ÉMOLLIENT, ENTE (é-mo-li-an, aii-t'), adj.
Terme de médecine. Qui a la propriété de relâcher,
de ramollir les parties enflammées. Cataplasme
émoUient. || Terme de pharmacie. Espèces émol-
lientes, les feuilles sèches de mauve, de guimauve,
de molène, de séneçon et de pariétaire; farines
émollientes, celles de lin, de seigle et d'orge. || Sub-
stantivement. Les émollients. La farine de graine
de lin en cataplasme est un émollient. '•
— HIST. xvi* s. Medicamens topiques emolliens,
PARÉ, v, 23.
— ÉTYM. Lat. emolliens, de emollire, de e, et
mollire, rendre mou (voy. mou).
ÉMOLUMENT (é-mo-lu-man), s. m. || 1° Rétribu-
tion, avantage pécuniaire. 11 n'a reçu aucun émo-
lument dans cette affaire. |{ Au plur. Appointements.
Emoluments attachés à une place. || Terme de ju-
risprudence. Bénéfice, par opposition aux charges.
Les émoluments d'une succession. || 2" Profits ca-
suels, par opposition aux revenus fixes et certains.
Comme on sait ce que les charges du royaume don-
nent de gages et d'appointements, il est de même
assez aisé de savoir ce qu'elles produisent d'émolu-
ments, vAUBAN, Dttne, 82. Ceux qui les obtinrent
[les fiefs] eurent la jouissance la plus étendue; ils
en tirèrent tous les fruits et tous les émoluments ;
et comme un des plus considérables était les profits
judiciaires.... montesq. Esp. xxx, 20. || Terme de
pratique. Honoraires accordés, par tarifs, aux ofû-
ficiers ministériels, en plus des déboursés.
— HIST. XIII* s. Je ne seQsse soidre très bien cest
argument. S'il preîssent [s'ils prenaient] les cors
sans autre émolument, j. de meung, Test. 938.
Il XIV* s. Nous ottroions nostre chastel o [avec] toute
seigneurie, emolumens, etc. du cange, avenius.
Deux cens livres parisis de rente pour avoir et pren-
dre en et sur l'émolument, prouffit et revenue de
nostre scel de chaslellet de Paris, Lettre de Charles V,
Bibl. des Chartes, 4* série, t. m, p. 42*. Si c'csloit
chose leue [licite] que un juge peust avoir cure et
diligence de son propre émolument [avantage],
BEBCiiEURE, P" 76. || XV' S. Nedons, ne esmolumens
quelsconques ne vuelt prendre, que on luy veuille
donner à cause de l'office du gouvernemeut qu'il a.
Boude. IV, 6. Il XVI' s. Ceux qui couchent une vie
entière sur le fruict et émolument du péché qu'ils
sçavent mortel , mont, i, 3î7.
— ÊTYM. Lat. emolumentum, de emolere, moudre
entièrement, de e, et molere (voy. moudre) : pro-
prement, le produit d'un travail de mouture, et,
finalement, un profit quelconque.
t ÊMOLUMENTAIRE (é-mo-lu-man-tê-r') , adj.
Qui concerne les émoluments.
ÉMOLUMENTER (é-mo-lu-man-té), v. n. Tirer
quelque émolument ou profit. Il ne cherche qu'à
émolumenter. Voulant arrêter le cours d'une telle
licence que ce procureur s'est donnée au mépris des
règlements, plutôt dans la vue d'émolumenter que
de rendre service à ses parties qu'il consume en
frais, ^rr<( du conseil d'Etat, 27 sept. 1720. || Vieux
et ne se prenant qu'en mauvaise part.
— ÉTYM. Émolument.
CHONCTOIRK (é-mon-ktoi-r'). t. m. Terme de
ÉMO
physiologie. Canal, conduit ou, en général, or-
gane destiné à évacuer les humeurs devenues su-
perflues. Les reins sont les émonctoires de l'urine.
Il Terme de médecine. Emonctoires artificiels, les
cautères, les vésicatoires.
— HIST. XIV* s. En l'emonptoire du cervel, c'est
assavoir ou [au] lieu glanduleus sous la racine de
l'oreille, h. de mondeville, ^)0).||xvI• s. Les
glandes emunctoires du cerveau, nommées paroti-
des, PARÉ, IV, )0.
— ÉTYM. Lat. emunctorium, de emungere, de e,
et mungere, moucher.
fÉMONDAGE (é-mon-da-j') , ». m. Action d'é-
monder.
— ÉTYM. Émonder.
fÉMONDATION (é-mon-da-sion) , ». ^. Terme do
pharmacie. Opération par laquelle on retire de sub-
stances animales et végétales certaines portions
inutiles ou nuisibles.
— ÉTYM. ^monder.
t ÉMONDE (é-mon-d'), s. f. Terme do fauconne-
rie. Fiente d'un oiseau de proie.
— ÉTYM. Voy. ÉMONDER.
ÉMONDÉ, ÉE (é-mon-dé, dée), part, passé. Des
arbres émondés avec soin.
fÉMONDEMENT (é-mon-de-man), s. m. L'actioe'
d'émonder; le résultat de cette action.
— HIST. XVI' s. Esmondement, cotgrave.
— ÉTYM. Émonder; provenç. emundamen.
ÉMONDER (é-mon-dé), e. a. || l" Nettoyer les ar-
bres, les débarrasser des branches mortes, des plan-
tes parasites, des mousses, des lichens, etc. Que
ne l'émondait-on sans prendre la cognée ? la pont.
Fabl. X, 2. Il Absolument Qui, la serpe en
main. De ses arbres à fruit retranchait l'inutile,
Ebranchait, émondait, ôtait ceci, cela, Corrigeant
partout la nature, id. ib. xn, 20. || i' Terme de
métallurgie. Eplucher avec soin et battre la bourre
qu'on emploie pour la formation de certains mou-
les, dans les fonderies.
— HIST. xiu' s. Ouar la mort, qui les bons es<
monde, A or pris l'un des bons du monde, ruteb.
88. Il XVI' s. Ung aultre jectoyt les maisons par les
fenestres; ainsy estoyentcsmundées d'air pestilent,
RAB. Pont, v, 2). L'esmonder leur est nécessaire,
pour les tenir tousjours bassement, 0. de serres,
7)4. Esmunder, est ester le mortel rompu; esla-
guer.... id. 723. [Là les âmes sont] de tout vice
emondées, du bellay, ii, 35, terso.
— ÉTYSI. Provenç. esmundar; du latin emun-
dare, de e, et mundus, propre (voy. mosde).
ÉMONDES (é-mon-d'), s. f. plur. Branches retran-
chées des arbres. || Fagots faits avec les émondas.
— ÉTYM. Voy. ÉMONDER.
t ÉMONDEUR, EUSE (é-mon-deur, deû-z') ,s.m.
et f. Il 1° Celui, celle qui émonde. Montagnes que
voilait le brouillard de l'automne. Vallons que ta-
pissait le givre du matin. Saules dont l'émondeur
effeuillait la couronne, Vieilles tours que le soir do-
rait dans le lointain , lamart. Jlarm. m, 2.
Il 2* S. m. Terme rural. Sorte de crible pour net-
loyer le blé.
— HIST. XVI' s. Esmondeur, cotgrave.
— ÉTYM. Émonder.
f ÉMORFILER (é-mor-G-lé) , «. o. Enlever le mor-
fil et les vives arêtes d'une pièce de métal ou de
cuir. Les bords en [du cuir] sont si vifs, si carrés,
qu'ils seraient même susceplibles de blesser le»
doigts, si l'on n'en émorfilait pas les bords, lesné,
la Reliure, p. 24), I820.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et mor/îl.
ÉMOTION (é-mo-sion; en vers, de quatre syl-
labes), ». (. Il 1* Mouvement qui se passe dans une
population. On ne parie que de la guerre ; le roi a
deux cent mille hommes sur pied; toute l'Europe
est en émotion, sÉv. i-H. \\ Mouvement excité dans
les humeurs, dans l'économie. Il a trop marché,
cela lui a donné de l'émotion. || Une émotion de
fièvre, un léger mouvement de fièvre. U n'a plus
la fièvre, mais je lui trouve encore de l'émotion.
Il Terme de médecine. Émotion du pouls, état d'un
pouls qui s'écarte un peu, pour la vivacité et la
fréquence, de l'état naturel. Ici émotion est pris
au sens physique. || 2'' Agitation populaire qui pré-
cède une sédition, et quelquefois la sédition elle-
même; ce qui est un mouvement moitié physique,
moitié moral. Rome autrefois a vu de ces émotions,
CORN. A'icoin. V, 2. Beaulru et Nogent traitaient l'é-
motion de bagatelle, retz, u, 52). Celle émotion
no se serait pas à la fin terminée sans qu'il y eût
braucoup de sang répandu, tertot, Réval. rom.
m , 370. La cherté étant excessive dans les an-
nées de )709 et )7I0, il y eut quelques émotious
ÉMO
qu'il n'eût 6lé ni prudent, ni humain de punir trop
sévèrement, fonten. Argenson. Ils [maréchal de
Boufders et duo de Gramont] rencontrèrent le ma-
réchal d'Huxelles dans son carrosse, qu'ils arrêtè-
rent pour lui demander des nouvelles parce qu'il
venait du côtié de l'émotion, st-sim. 244, 3. (| 3» Mou-
vement moral qui trouble et agite, et qui se pro-
duit sous l'empire d'une idée, d'un spectacle, d'une
contradiction, et quelquefois spontanément sous
l'influence d'une perturbation nerveuse, comme
cela a lieu quelquefois dans l'hypocondrie. Une des
choses qui m'effrayait le plus, était que, lorsque
j'étais bien haut et que je regardais en bas, la cou-
verture [où on le bernait] me paraissait si petite
qu'il me semblait impossible que je retombasse de-
dans; et je vous avoue que cela me donnait quel-
que émolion, voit. Lelt. ix. Si ce grand silence Â
ton émotion fait quelque violence, corn. Cinna,
y, <. Et quoique le dehors soit sans émotion, Le
dedans n'est que trouble et que sédition, m. Poly.
II, 2. Une émotion universelle de la personne, pasc.
dans COUSIN. X quel propos donner celte émotion?
sÉv. 442. Le peu d'émotion qu'il eut de sa contusion,
ID. 492. Oui pourrait n'être pas ému à ce spec-
tacle [la mort de la reine] ? mais ces émotions d'un
jour, qu'opèrent-elles? Boss. Marie-Thér. L'esprit
de charité et de douceur a ses émotions et ses co-
lères, PASC. Prov. XI. Se sentant de l'émotion
contre un esclave : je te frapperais , dit-il [ So-
crate] , si je n'étais en colère, bollin, Hist. anc.
t. IV, p. 366, dans pougens. Et cette émotion
dont son âme est remplie, A bientôt épuisé les
forces de sa vie, volt. Zaire, m, 4. Dès qu'il fut
seul avec ses officiers les plus dévoués, toutes ses
émotions éclatèrent à la fois par des exclamations
d'étonnement, d'humiliation et de colère, ségur,
Hisl. de Napol.n,ti. || En un sens particulier,
trouble heureux ou doux de l'âme. Les arts du des-
sin, la sculpture, la peinture ont beaucoup de rap-
ports avec la poésie dans les émotions qu'éprouve
l'artiste et dans celles qu'il veut communiquer,
TUKGOT, Ébauche du 2" dise. Progrès de l'esprit
humain, p. 275. Il me trouvait plus belle, et ses
émotions Ouvrirent un chemin à mes séductions,
LEMERC. Frédég. et Brunch, i, 2. C'est là le mérite
de Richardson: ainsi, parce don de l'émotion et
du pathétique, les images les plus fortes, les plus
hardies arriveront naturellement sous sa plume, vil-
LEMAiN, Litt. franc, xvni" siècle, 2' part, t" leçon.
— HIST. xvi" s. Lors de l'émotion de Catilina
[conspiration, soulèvement], mont, i, 340.
— ÊTYM. Lat. emotionem, de emolum, supin de
emorere, émouvoir (voy. émouvoih).
t ÉMOTIONNER (é-mo-sio-né) , V. a. Néologisme.
Causer des émotions. |j S'émotionner, v. réfl. Ne
vous émotionnez donc pas comme cela.
— SYN. ÉMOTIONNER, ÉMOUVOIR. D'abord émotion-
ner est du style familier; émouvoir est de tous les
styles. Puis émouvoir s'applique à ce qui est tou-
chant, triste, etc. Émotionner se dit des petites
perturbations de la vie habituelle.
— ÉTYM. Émotion. Ce verbe nouveau est d'un
assez mauvais style; cependant il est régulièrement
fait, comme affectionner d'affection.
t ÉMOTTAGE (é-mo-ta-j'J, s. m. Action d'émolter.
— ÉTYM. Émotter.
ÉMOTTÉ, ÉE{é-mo-té, tée), part. passé. Terrain
émotté.
t ÉMOTTEMENT (é-mo-te-man) , s. m. L'action
d'émotter; le résultat de cette action.
— HIST. XVI* s. Emottement, monet, Dict.
— ÉTYM. Émotter.
ÉMOTTER (é-mo-té), v. a. || 1° Briser, diviser
les mottes de terre qui sont restées entières après
les labours et les hersages. {| 2° Ca.sser ou écraser
les grosses agglomérations de sucre. |] 3° S'émotter,
i>. réfl. Être brisé, en parlant de mottes. La terre
s'émotte ainsi plus facilement.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et motte.
t ÉMOTTEUR, E0SE (é-mo-teur, teû-z'), s. m.
et f. Terme d'agriculture. Celui, celle qui émotte.
Il S. m. Terme de raffinerie. Instrument pour con-
casser les sucres agglomérés.
— HIST. XVI* s. Emoteur, monet, Dict.
— ÉTYM. Émotter.
t ÉMOTTOIR (é-mo-toir) , s. m. Terme d'agricul-
ture. Sorte de batte pour casser les mottes de terre.
— HIST. XIV* s. Tribula, esmotouer, vel herse,
DU CANGE, trihula.
— f;TVM. Émotter.
tÉMOU (é-mou), s. m. Oiseau de la Nouvelle-
Hollande, dit aussi cssoar de la Nouvelle-Hollande
idromaie noir).
ËMO
ÉHOTTCHÉ, ÉE (é-mou-ché, chée), part, posté.
Chevaux, bœufs émouchés.
ÉMOUCHER (é-mou-ché), v. a. || 1° Chasser les
mouches. || 2° Par extension, battre, comme si les
coups étaient donnés pour chasser les mouches. Il
se sentit émoucher les épaules, la font. Paysan.
Il me fit émoucher les épaules et bannir du royaume,
LKSAGE, Gusm. d'Alf. IV, 9. Il 3* Terme rural. Réu-
nir les grains de blé séparés de l'épi par l'action
du battage. || 4* Émoucher un fleuret, en Ôter la
mouche ou le bouton. || 5° S'émoucher, v. réfl.
Écarter de soi les mouches. Les chevaux s'émou-
chent avec leur queue.
— HIST. xm* s. Ne li laira pas aprochier. Au
baston se set esmochier, Ren. 14924. || xvi* s. L'asne
s'esmouchoyt , desmarchoyt , en faszon espoven-
table, comme s'il eust ung freslon, rab. Pant. v, 40.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe , et mouche;
picard, émouker.
t. ÊMOUCHET (é-mou-chè ; le f ne se lie pas;
au pluriel, l's se lie : les é-mou-chè-z et ....; émou-
chets rime avec traits, succès, jamais, etc.), s. m.
Oiseau de proie semblable à l'épervier. || Nom,
parmi les oiseliers de Paris et en Normandie , de la
crécerelle.
— HIST. xiii* s. Et ostoirs et esmeriUons Et moult
grant plenté de mouskés Voler après les oiselés,
Flor. et Bl. v. 3<92.
— ÉTYM. 'Wallon, mohet, émouchet, mohè, éper-
vier; namur. mochè, mouché, épervier; rouchi,
mouquè; bas-lat. muscetus , de musca, mouche,
avec e épenihétique ; ainsi dit à cause des mouche-
tures de son plumage.
f 2. ÉMOUCHET (é-mou-chè) , s. m. Oueue des
peaux que préparent les tanneurs. Après avoir ôté
des peaux les cornes, les oreilles et la queue que
les tanneurs nomment l'émouchet, Dict. des arts et
met. Amst. <707, tanneur.
— ÉTYM. Émoucher.
f ÉMOUCHETAGE (é-mou-che-ta-j'), s. m. Action
d'émoucheter des rubans.
\ ÉMOUCHETER (é-mou-che-té. Le t se double
quand la syllabe qui suit est muette: j'émouchette),
v.a.W l°Casser la pointe d'un instrument aigu. Fleu-
ret émoucheté. Il 2° Donner le fini aux rubans.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et mouchette,
petite mouche.
1 . ÉMOUCHETTE (é-mou-chè-f) , s. f. Sorte de
caparaçon fait en réseau garni de cordelettes pen-
dantes,'qu'on met aux chevaux pour les émoucher.
— ÉTYM. Émoucher.
f 2. ÉMOUCHETTE (é-mou-chè-f) , s. f. Se dit
quelquefois pour émouchet i.
f ÊMOUCHEUR (é-mou-cheur), s. m. Celui qui
émouche. L'ours.... Faisant son principal métier
D'être bon émoucheur, écartait du visage De son
ami dormant ce parasite ailé Que nous avons mou-
che appelé, LA FONT. Fabl. viii, io.
— HIST. XVI" s. Un bon esmoucheteur, rab. Pant.
II, <6.
— ÉTYM. Emoucher. Esmoucheteur vient de mou-
chette, petite mouche.
ÉMOUCHOIR (é-mou-choir), s. m. Queue de che-
val attachée à un manche, dont les maréchaux se
servent pour émoucher les chevaux.
— HIST. xm* s. Biau sire, ce m'a fet Renart, Et
encore m'a il pis fet. Mon esmocheor m'a toloit
[pris]. Dont m'a malement tempesté, lien. 13520.
Il XIV* s. Un esmouchoirde drap d'or, à fleur de lis,
escartelé des armes de France et de Navarre , à un
baston d'yvoire, de laborde, Émaux, p. 300.
— ÉTYM. Émoucher.
ÉMOUDRE (é-mou-dr'), j'émous, tu émous, il
émoud, nous émoulons, vous émoulez, ils émou-
lent; j'émoulais; j'émoulus; j'émoudrai; j'émou-
drais; émous, qu'il émoule, émoulons; que j'é-
raoule, que nous émoulions; que j'émoulusse;
émonlant; émoulu, v. a. Aiguiser sur la meule.
Émoudre des couteaux, des ciseaux.
— HIST. XII* s. Franzois [ils] destreignent à leur
brans esmouluz, Ronc. p. 80. Diable l'esmoulurent
[le glaive], qui le firent forger, ib. p. <95.|| xm» s.
Se ce n'est à besoing que aucun preudome eust
mestier que on li esmousist la pointe de son coutel
ou la pointe de s'espée, Liv. des met. 257. Ysengrin
[le loup] sueffre grant haschie. Les denz a un poi
plus agues Que Renart et plus esmolues, Rcn.
44976. Il XV* s. Ils se préparèrent tous deux pour
aller jouster de fers esmoulus l'un contre l'autre,
MONSTR. 1, 56. Il XVI* S Des serpes bien esmou-
lues, 0. DE SERRES, 714. Socrate.... conservant pour
son exercice la malignité de sa femme, qui est un
essay et fer esmoulu, mont, it, 14<.
ÉMO
<349
— ÉTYM. Berry. émeudre; provenç. esmolre; du
latin emolere, de e, et molere, moudre (voy,
moudre).
t ÉMOULAGE (é-mou-Ia-j'), t. m. Terme de cou-
tellerie. Opération qui donne sa forme définitive è
la pièce qui doit fournir le couteau.
— HIST. XVI* s. Esmoulage , oudin, Dict.
— ÉTYM. Émoudre.
t ÉMOULERIE (é-mou-le-rie), s. f. Action ée
mettre une lime en contact avec une lame en mou-
vement jusqu'à ce que celle-ci soit entièrement
blanche.
— ÉTYM. Émoudre.
ÉMOCLEUR (é-mou-leur) , s. m. Ouvrier employé
à façonner surla meule le tranchant de la lame, la
surface ou la pointe des différents instruments mé-
talliques.
— lllST. xvi s. Prenez fange trouvée au fond de
l'auge des couteliers ou esmouleurs, pahé,xviu, 35.
— ÉTYM. Émoudre ; génev. armolan.
ÉMOULU, UE (é-mou-lu, lue), part, passé à' k-
moudre. Une lame émoulue. || Combattre à fer
émoulu, se disait des tournois où l'on se battait
avec des armes affilées, au lieu de n'employer, sui-
vant l'usage ordinaire, que des armes émoussées et
rabattues. Ce pas d'armes n'était pas dangereux, on
n'y combattait pas à fer émoulu, volt. Mceurs, 99.
Il Fig. Etre frais émoulu du collège, ne faire que
d'en sortir. Monsieur est frais émoulu du collège,
et il vous donnera toujours votre reste, mol. ilal.
im. II, 7. 11 Être frais émoulu d'une chose, l'avoir
étudiée tout récemment.
t ÉMOUSSAGE (é-mou-sa-j') , s. m. Terme ru-
ral. Action de détruire les mousses nuisibles.
— ÉTYM. Émousser 2.
1. ÉMOUSSÉ, ÉE (é-mou-sé, sée), part, paisé
d'émousser f. || 1° Dont le tranchant, la pointe est
détruite. Couteau émoussé. Il brise sa cuirasse, et
le fer repoussé Sur le céleste acier se recourbe
émoussé, luce de lanc. Hector, v, 5. || Terme do
botanique. Se dit d'organes qui sont dépourvus de
pointe. Il Terme de blason. Se dit des instruments de
fer, sans pointe. || Fig. La justice et la vérité sont
deux pointes si subtiles que nos instruments sont
trop émoussés pour y toucher exactement, pasc
Puissances trompeuses, imag. \\ 2° Fig. Rendu moins
actif, moins pénétrant. Mes sensations émoussées
arrondissaient tous les objets et ne me présentaient
que des images faibles et mal terminées, BufF. Des
sens. Tes faux biens sans attrait pour mes sens
émoussés, c. delav. Paria, m, 4.
2. ÉMOUSSÉ, ÉE (é-mou-sé, sée), part, passé
d'émousser 2. Arbres émoussés.
i. ÉMOUSSER (é-mou-sé), v. a. \\ 1° Rendie
mousse, moins tranchant, moins aigu. Émousser
un rasoir, la pointe d'une épée. || Terme de guerre.
Émousser les angles d'un bataillon, en retrancher
les quatre coins, de sorte que, formant un octogone,
il puisse faire face de tous côtés. || 2° Fig. Afl'aiblir,
diminuer. L'habitude émoussé le plaisir. La mort
émoussera tous ces piquants propos, tristan, Ma-
riane, m, 2. Son dessein pouvait être d'amollir peu
à peu leurs esprits en désarmant leurs mains, d'é-
mousser celte pointe de courage qui les piquait sans
cesse par une noble émulation.... rollin, Hist. anc.
CEuvres, t. v, p. 614, dans pougens. Dût César me
punir d'avoir trop émoussé Le fer sacré des lois
entre nos mains laissé, volt. Guèbr. i , 4. Jean Rous-
seau, banni de Paris, Vit émousser dans ce pays
[Bruxelles] Le tranchant aigu de sa pince, id. Ép.
BS. Il 3°S'émousser, D. réfl. Devenir moins aigu. L'a-
cier de Damas coupe le fer sans s'émousser. Le fer....
s'émousse s'il [Dieu] l'ordonne, roth. St Genest ,
IV, 2. 11 Fig. Le courage s'émousse dans l'oisiveté.
Tous ses sens s'émoussent et perdent leur usage na-
turel, MASS. Av. Mort dupéch. Qui peut savoir com-
bien toute douleur s'émousse, Et combien sur la
terre un jour d'herbe qui pousse Efi'ace de tom-
beaux? V. HUGO, F. d'automne, 8.
— HIST. xiv s. Si que sa vertu [d'une sub-
stance] est mussée. Et leans sa pointe esmoussée
Faulte de respiration. Traité d'alch. 206. ||xvi* s.
Les aigles et les lions en marchant resserrent leurs
ongles au dedans, de peur qu'ilz n'en usent et
emoussent les pointes, amïot. Delà curiosité, i».
Quand la science pourroit esmoucer et rabbattra
l'aigreur des infortunes, mont, n. Ht.
ÉTYM. É pour es.... préfixe, et mousse, adj.
2. ÉMOUSSER (é-mou-sé), v. a. ôter la mousse
d'un arbre. Les arbres sont bien taillés, bien émous-
sés, les espaliers bien tenus, laqdintinye, Jardins,
1, 4.
— ÉTYM. É pour eî.... préfixe, et moutse, s. f.
1350
ÉMO
t ÉMOCSSOIB (é-mou-5olr), t. m. Terme rural.
Instrument pour émouMer las arbres.
— BTYll. Émtnum ».
ÉMOnSTILLÉ.fiE (é-mou-sti-llé, liée, K mouil-
lée, et non é-mou-sU-yé, yée), part, patte. Emous-
tillé par un petit coup de Champagne.
ÉM008TIU.ER (é-mou-sti-Ué, U mouillées, et
non é-mou-sti-yé) , t>. o. Exciter à la gaieté, à la
bonne humeur. Cela vous émoustille. Sa mère ne la
quittait pas d'un pas; en lui faisant apprendre à
chanter, on lui donnant un jeune maître, elle fai-
sait de son mieux pour l'émoustiller, mais cela ne
réussit pas , J. J. Rouss. Confess. v. || Absolument. Le
Champagne émoustille. || S'émoustiller , v. rifl. Sortir
de sa torpeur.
— ÊTYM.ipour et.... préfixe, et moustille, qui
se dit du pétillement du vin (voy. moustille). Le-
roux, Dict. comique, dit qu'il signifie écarter les
mouches; de sorte qu'il le regarderait comme une
corruption de esmouchiller ; mais rien n'appuie ni
ce sens ni cette étymologie. ÉmousHUer n'est ni
dans les anciennes éditions de l'Académie, ni dans
Furetière, ni dans Richelet.
t ÉMOUVANT, ANTK (é-mou-van, van-f), adj.
Qui émeut, qui cause de l'émotion. Scène émouvante.
+ ÉMOUVEMENT (é-mou-ve-man) , t. m. Action
d'émouvoir; résultat de cette action.
— HIST. xiv's. Hz sont meuz de passion, de cha-
leur et esmouvement de folle hardiesse, oresme,
Eth. sa. Comme un esmouvement fait la boe puir
horriblement, id. ib. 26. || xv' s. Et tout par l'emou-
vement et enortement faiu de ce Hue le despen-
sier, FROiss. i, i, 7.
— ÉTYM. Émouvoir; provenç. esmovemen.
ÉMOUVOIR (é-mou-voir), j'émeus, tu émeus, il
émeut, nous émouvons, vous émouvez, ils émeu-
vent; j'émouvais; j'émus; j'émouvrai; j'émouvrais;
émeus, qu'il émeuve, émouvons, émouvez, qu'ils
émeuvent; que j'émeuve, que nous émouvions, que
vous émouviez, qu'ils émeuvent ; que j'émusse;
émouvant; ému, v. a. \\ i° Mettre en mouvement.
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant Ont peine
à l'émouvoir sur le pavé glissant, boil. Sot. vi.
Il 2" Agiter, troubler. Cette drogue émeut les hu-
meurs. Cela lui émut un peu le pouls. Ayant ému
les flots, apaisez la tempête, tristan, J'anthée,
m, 1. Il ne faut rien pour vous émouvoir en l'état
où vous êtes, MOL. Mal. imag. ii, 3. || Fig. Émou-
voir la bile, exciter la colère. Et je vais lui dicter
une lettre d'un style Qui.de madame Argante émou-
Tra bien la bile, ^egnard. Légat, n, 6. || 3° Faire
naître, susciter. Souffrez qu'on vous appelle Pour
être entre nous deux juge d'une querelle, D'un
débat qu'ont ému nos divers sentiments Sur ce qui
peut marquer les plus parfaits amants, mol. Fdch.
II, 4. Si je ne vous vois arriver, je croirai que cela
vient de la guerre que cette préférence aura émue
entre eux, sév. 82. On émeut des troubles contre
eux, Boss. Avert. 6. S'était-on avisé d'émouvoir une
question si frivole?». For. < 5. Ces jours passés, chez
un v-ieil histrion, Un chroniqueur émut la question ,
Quand dans Paris commença la méthode De ces
sifflets qui sont tant à la mode , rac. l'Origine des sif-
flets {Épigr. contre Fontenelle). On a ému la ques-
tion si.... VOLT. Dict. philos, iv, 487. || 4° Pousser au
soulèvement, à la sédition. M. de Bcaufort ne sa-
vait pas que qui assemble le peuple l'émeut tou-
jours, RETZ, IV, 4«9. [Ils] courent parmi la ville
Émouvoir le soldat et le peuple imbécile, corn.
Sert. V, 3. Il lui faut me bannir, de crainte que mes
cris Du peuple et de la cour n'émeuvent les esprits,
ID. Perthar. v, 3. Antoine émut le peuple contre
ceux qui l'avaient tué [César], boss. Hist. m, 7.
tu guerre émut l'Asie et l'Egypte alarmée; Et la
terreur s'accrut comme ta renommée, lemebc.
Louis IX, III, 3. Il Exciter des troubles, des sédi-
tions. Si tu n'étais qu'un l&cbe, on aurait quelque
espoir Qu'enfin tu pourrais vivre et ne rien émou-
voir, CORN. Perihar. v, 5. || 6° Fig. Produire sur
l'âme un mouvement comparé au mouvement phy-
sique. Mais mon déplaisir ne vous peut émouvoir,
CORN. Poly. I, 2. U émut le sénat pour des rois ou-
tragés, ID. Pomp. m, 2. Je ne saurais voir d'hon-
nêtes pères chagrinés par leurs enfants que cela
ne m'émeuve, mol. Fourber. ii, 8 Le cœur
qu'un vrai mérite émeut, th. cobn. Ariane, iv, 2.
Ces yeux que n'ont émus ni soupirs, ni terreur,
■*<•• ^"'- ■'', i. Quand mes larmes en vain tâchaient
oel émouvoir, id. Bajax. ni, S. .Mais, si mes voeux
ardent» vous peuvent émouvoir, id. Phèd. lil, 5,
|l Emouvoir à, porter à un sentiment. On prend
plaisir à sa sentir émouvoir à toutes sortes de
pMbions, DMc Pats. 94. Pour vous émouvoir k
ÉMO
compassion, pereot. Tac. »8. Si rien à la pitié
ne peut vous émouvoir, crébillon, dans despon-
TAiNES. Il Absolument. On n'émeut point sans être
ému; et le langage de l'enthousiasme a cela de
commun avec toutes les passions, qu'il est ridicule
lorsqu'il n'est qu'imité, tdroot. Ebauche du 2»
dise. Progris deFesprit humain, p. sob. || Il se dit
aussi des sentiments qu'on met en mouvement.
Mon père tout caduc émouvant ma pitié, corn. Ué-
die, 1, <. Mon crime redoublé n'émeut point ta co-
lère, id. Uor. IV, 7. Je pourrai de mon père émou-
voir la tendresse, rac. Phèd. m, 6. Je ne cherche
qu'à émouvoir sa sensibilité, et je ne veux point
exciter sa crainte, m'"' de genlis, Adèle et Théod.
t. I, lett. 26 , dans pougens. || 6» S'émouvoir, v. réft.
Eprouver une émotion, i ces souvenirs de son en-
fance il s'émut. L'un s'émeut de pitié, l'autre est
saisi d'horreur, corn. Hot. m, 2. L'orateur re-
courut A ces figures violentes Qui savent exciter
les âmes les plus lentes; U fit parler les morts,
tonna, dit ce qu'il put; Le vent emporta tout, per-
sonne ne s'émut, la font. Fdbl. vm, 4. Tantôt à
son aspect je l'ai vu s'émouvoir, rac. Athal. v, 2.
Votre cœur malgré vous s'émeut et s'adoucit, volt.
Ali. i,*.\\ Par extension. La terre s'en émeut, l'air
en est infecté, bac. Phèd. v, «. || 7° S'emporter,
s'irriter. Le jeune homme s'émeut voyant peint
un lion : Ahl monstre I cria-t-il, c'est toi qui me
fais vivre Dans l'ombre et dans les fers, la font.
Fabl. VIII, 18. Rebuté, il s'émeut contre eux, boss.
Ilist. n, 4. Sans doute à cet aspect sa rage s'est
émue, rac. Andr. v, 6. || 8° S'inquiéter. Cléo-
patre s'enferme en son appartement, Et, sans s'en
émouvoir, attend son compliment , corn. M. de
Pomp. 111, t. Viriate, il est vrai, pourra s'en émou-
voir, ID. Sertor. i, 2. Le lendemain, il apprit qu'on
disputait à Delzons la possession de Malo-Iarosla-
vetz; il ne s'en émut guère, soit confiance, soit
incertitude dans ses projets, ségur, Uisl. de Nap.
IX, 2. Il 9° S'agiter, s'insurger. X ce spectacle, le
peuple s'émut : les statues de l'empereur furent ren-
versées en divers endroits, boss. Hist. i, n. Tout
l'empire s'émeut contre l'Église naissante, ID. ib.
II, 7. On vit les Gaules, les Espagnes, tous les royau-
mes dont l'empire était composé, s'émouvoir tout
a coup, ID. ib. Il, 9. Il 10° S'élever, être suscité.
Entre deux bourgeois d'une ville. S'émut jadis un
différend, la font. Fabl. viii , <9. || Imperson-
nellement. Son voisin devint amoureux de sa femme
et l'enleva; il s'émut une grande querelle , mon-
TESQ. Lett. pers. H. || 11° On dit que la graine des
vers à soie s'émeut quand elle commence à blanchir.
Il Proverbe. Il ne faut pas émouvoir les frelons, c'est-
à-dire il ne faut point aller irriter des gens irritables.
— HIST. XI* s. Li amirals qui trestouz les esmut
[mit en mouvement], C/i. de 7{oi. cxcvii. || xii' s.
[Cil] Qui plus ont esmett la tanson [querelle] et
l'envie, Sax. xx. Cume ço vit la mère que l'um
l'enfant dut detrenchier, tut le quer [cœur] li fud
esmeûd. Rois, p. 237. ||xiii"s. La comtesse Marie....
si acoucha d'une fille, et après, quant ele fu rele-
vée , si s'esmut [se mit en marche] et ala outre-mer
après son seigneur, villeh. cxxx. Et par ce que
cis pardons fu si grans, s'esmurent moult li cuer
des gens, si que maint s'en croisierent par le
monde, id. i. Quant la roine vit que li rois s'esmo-
voit, si l'en pesa, Chr. de Rains, t92. Raison ne
s'esmovra jamais A chose qui contre vous aille,
la Rose, <0388. Ne m'esmovez pas à ire, Psautier,
1^)4 6. X l'esmouvoir l'ost le roy, r'ot [il y eut de
nouveau] grant noise [bruit] de tromi-pset de cors
sarrazinois, joinville, 227. Garde toy >.^ esmouvoir
guerre, sanz grant conseil, contre home crestien,
ID. 301. Il XIV* s. Et la ville s'esmuit; casouns keurt
[court] tangrement. Pour assalir le [la] tour, que
Bauduin deffent, Beaud.de Seb. vu, 783. Frère, dit
Gloriant, par Dieu vous dites voir; Pensons de nous
haster et de nous esmouvoir; Car, s'il se ravisoit,
trop nous porroit doloir, ib. ix, 800. || xv* s. Et
voyoient tout le pays tourner avec la roine et son
ains-né fils , et dresser et émouvoir contre eux,
froiss. I, I, 20. L'un ravist tout, l'autre pert son
domaine; Peuples s'esmuet, l'église est subournée;
Noblece fault, tant est mal ordonnée, eust. descb.
Souffr. du peuple. Guerre s'esmeut entre eulx pour
leur auctorité, qui a duré par longues années,
COMM. 1, 7. [Louis XI avait recommandé que quand
on le verrait en danger de mort] on ne luy dist
fors tant seullement : parlez peu, et que on l'es-
meut seullement à soy confesser sans luy prononcer
ce cruel mot de mort, id. vi, ti. Elle alloil et venoit,
maintenant ci, maintenant là, tant émue qu'il sem-
bloit qil'ellc fuit ravie de son sans, Looia xi, Nouv.
ËMP
c. Il XVI* s. Charger la parole de Dieu des séditions
qu'esmeuvent à rencontre d'icelle les fols et escer-
velez — On accusoit les apostres comme s'ils eus-
sent esmeu le populaire à tumulte — Ce ne sommes
pas nous qui esmouvons les troubles, calv. Instit.
dédie. 11 estoit esmeu comme la fueille de l'arbre,
ID. ib. 434. Esmouvoir à commisération et à pitié
— Un trouble s'estant esmeu pendant ce parlement
MONT. I, 26, Préparé d'une belle oraison pour l'es-
mouvoir à la guerre contre.... ID. i, 189. Socratea
va tousjours demandant et esmouvant la dispute,
jamais l'arrestant, id. ii, 239. Et s'estant esmeu
d'adventure quelque débat et différent entre les
pasteurs, amyot, Rom. 7. Amulius, esmeu de ces
raisons , luy livra entre ses mains Remus pour
en faire punition, id. ib. s. Il ne s'esmeut point
autrement de cette nouvelle , id. Public. 27. Il se
levoit un grand vent du costé de la mer, qui
emouvoit de grosses vagues dedans le canal, id.
Thém. 28. Les fondements des plus hautes mon-
tagnes Tous esbranlés s'esmurent grandement, ma-
rdi, IV, 263.
— ÉTYM. Berry, émouver; provenç. esmover, es-
movre; du latin emoiere, de e, et motere, mouvoir
(voy. mouvoir).
EMPAILLAGE (an-pa-lla-j', U mouillées, et non
an-pa-ya-j'), i. m. L'art ou l'action d'empailler des
chaises, une paillasse, des animaux. || Terme de
marine. Sorte d'exh-aussement ou d'abri, dans cer-
tains bateaux.
— ÉTYM. Empailler.
EMPAILLÉ, ËE (an-pa-Uée, liée, 12 mouillées, et
nonan-pa-yé, yée), part, passé. || 1° Rembourré de
paille. Un oiseau empaillé. On voyait des têtes pro-
prement empaillées qu'on allait porter à la Sublime-
Porte, VOLT. Cand. 30. || 2° Défendu par de la paille.
Un figuier empaillé pour l'hiver.
t EMPAILLEMENT (an-pa-lle-man. Il mouillées,
et non an-pa-ye-man), s. m. || 1° Action d'empailler
les chaises. || 2* Action d'empailler les animaux
morts. Il 3° Action d'entourer de paille une plante
pour la garantir du froid. || 4° Terme rural. Ensem-
ble des pailles qui proviennent des récoltes de cé-
réales. Il Action de mettre dans du fumier de la
paille, des feuilles, des herbes.
— ÉTYM. Empailler.
EMPAILLER (an-pa-llé, H mouillées, et non an-
pa-yé), ». o. Il 1° Garnir de paille. Empailler des
chaises. Empailler des ballots. || 2° Empailler des
animaux, garnir leur peau de manière à conserver
les formes qu'ils avaient dans l'état de vie. || 3° Terme
de jardinage. Entourer de paille des arbres pour les
protéger contre les rayons solaires, contre le froid,
les atteintes des animaux ou des instruments. || En-
velopper des légumes pour les étioler et les faire blan-
chir. Il Empailler des cloches de verre, mettre de
la paille entre des cloches pour les transporter sans
courir le risque de les casser.
— ÉTYM. En *, et paille.
EMPAILLEUR, EUSE (an-pa-Ueur , Ueû-z', U
mouillées, et non an-pa-yeur, yeû-z'), *. m. et f.
Celui, celle qui empaille des chaises, des oi-
seaux, etc.
— ÉTYM. Empailler.
f EMPALANGË (an-pa-lan-j') , ». m. Buffle d'A-
frique.
EMPALÉ, ÉE (an-pa-lée, lée), part, patte. L'.is-
sassin de Kléber empalé suivant la justice turque.
<. EMPALEMENT (an-pa-le-man), s. m. Action
d'empaler; supplice du paL
— ÉTYM. Empaler.
t 2. EMPALEMENT (an-pa-le-man), s. m. Petite
vanne de moulin. || Se dit aussi des vannages d'ime
usine.
— ÉTYM. En t, et pale.
EMPALER (an-pa-lé), v. a. Faire subir le sup-
plice du pal. De la sorte que vous en parlez, je crois
aussi que vous auriez été bien aise que j'eusse été
empalé une demi-heure pour savoir comment cela sa
fait, et comment l'on s'en trouve, voit. Lett. 60. U
y a quelques années que l'on condamna, dans la
Tartarie, deux jeunes gens à être empalés, pour
avoir regardé, leur bonnet sur la tête, passer une
procession de lamas, volt. l'H. aux. 40 icus,
proportions. U fit empaler un boulanger qu'il avait
surpris en fraude, montesq. J?tp. xivi, 24. ||Par
extension. J'aurais donc pour ressource des escar-
gots, des vers, des mouches, et je passerais ma
vie à me mettre hors d'haleine pour courir aprîs
des papillons, à empaler de pauvres insectes....
J. t. HOuss. Promen. 7. || S'empaler, v. réft. Se dit
quelquefois d'un accident où un homme, tombant de
haut sur quelque objet pointa, se fait une blessure
£MP
E^IP
EMP
1351
comparée à un empalement. Il est malheureuse-
ment tombé sur des échalas et s'est empalé.
I — HIST. XV' s. Et toujours traioient [tiraient] les
Anglois en la plus grande presse, qui rien ne perdoient
de leur trait; car ils empalloient et feroient [frap-
paient] parmi le corps ou parmi les membres gens et
chevaux, qui là cheoient et trebuchoient àgrand mes-
ehef, FROiss. i, i, 287. Il XVI' s. En son anniversaire
ils tuoient cinquante chevaulx, montez de cinquante
pages, qu'ils avoient empalez par l'espine du dos
jusques au gosier, et les laissoient ainsi plantez en
i parade autour de la tumbe, mont, il, 169.
' — rïTYM. En i, et pal. Dans l'ancienne langue,
empaler signifie seulement percer avec un pal ou
toute autre arme.
t EMPAMPKÉ, ÉE (an-pan-pré, prée), adj. Garni
de pampre.
— HiST. XVI' s. Pour mieux tromper ses ennuis,
Le chef tout empampré de joie , Gaillard il les plonge
et les noie Au fond de ses plus vineux muiz, J. tabu-
BEAU, Poésies, p. t\6, dans lacurne.
— ÉTYM. En i , et pampre.
EMPAN (an-pan), s. m. Mesure de longueur
qu'on prend du bout du pouce à l'extrémité du pe-
tit doigt, lorsque la main est ouverte le plus possi-
ble. L'empan de la coudée égyptienne équivalait à ^ 2
doigts, et était long de 226 millimètres. Sur ma plus
haute cime un aigle s'est perché tenant dans sa
serre une tête de brave Mange, oiseau, re-
pais-tol de ma jeunesse, repais-loi de ma bravoure ;
ton aile en deviendra grande d'une aune et ta serre
d'un empan, faubiel , Chants populaires de la
Grèce, t. i, p. 39. || Terme de broderie et passemen-
terie. L'étendue des deux bras.
— ÉTYM. Berry, empane, s. f.; wallon, aspagne;
namurois, esplagne; ital. spanna; du germanique :
allem. Spanne, empan; angl. span; du verbe span-
nen, étendre. On trouve dans les anciens textes non
empan, mais espan ou espane.
EMPANACHE, ÉE (an-pa-na-ché, chée), part,
passé. Garni d'un panache. Une tête empanachée
N'est pas petit embarras, la font. Fahl. iv, 6. Te
voilàravi d'être empanaché de vert, hamilt. Gram. 4.
EMPANACHER (an-pa-na-ché), v. a. Garnir, or-
ner d'un panache. Empanacher un casque. || S'em-
panacher, V. réfl. Se parer d'un panache.
— IIIST. xvi° s. Empanacher, nicot, Dict.
— ÉTYM. En *, et panache.
EMPANNÉ, ÉE (an-pa-né, née), part, passé. Mis
en panne. Un vaisseau empanné pour prendre hau-
teur.
EMPANNER (an-pa-né). || 1° K o. Terme de ma-
rine. Mettre en panne. || î° F. n. Un navire empanne
ou est empanné, quand il est masqué par le côté de
l'écoute de ses voiles.
— ÉTYM. ^n t, et panne.
f EMPANNON (an-pa-non), s. M. |] 1° Terme de
charpentier. Chevron de croupe, qui tient aux ar-
rêtiers par le haut, et par le bas aux plates-formes.
Il 2° Terme de charron. Nom de deux pièces de bois,
qui, prenant des deux côtés de la flèche d'un car-
rosse, passent sur l'essieu.
— ÉTYM. Probablement, l'ancien français empen-
non, la partie d'une flèche garnie de plumes (voy.
Ehpennér), par comparaison avec la disposition des
pièces de charpente.
f EMPANTODFLÉ, ÉE (an-pan-tou-flé, flée),
adj. Qui a des pantoufles aux pieds.
— HIST. XVI' s. Empantouflé, cotgrave.
— ÉTYM. En 1 , et pantoufles.
t EMPAQUETAGE (an-pa-ke-ta-j'), s. m. Action
d'empaqueter. L'empaquetage du coton.
— ÉTYM. Empaqueter.
EMPAQUETÉ, ÉE (an-pa-ke-té,;tée), par(. passé.
Il 1° Mis en paquet. Du linge bien empaqueté. Et
où est-il, m'écriai-je, cet habit si bien empaqueté?
BAMiLT. Gramm. 7. J'ai laissé le livre bien empa-
queté en main sûre, boss. Lett. 99. || 2° Par exten-
sion, enveloppé comme une sorte de paquet, en
parlant des personnes. Notre délunt était en car-
rosse porté, Bien et dûment empaqueté, la font.
t'abl. VII, <f. Sortons, je ne saurais qu'avec dou-
leur très-forte Le voir empaqueté [un ami mort] de
cette étrange sorte, mol. VÉtour. ii, 4. Près d'un bain
chaud [Plombières] toujours crotté. Plein d'une
eau qui fume et bouillonne, Où tout malade empa-
queté Se baigne, s'enfume et se donne La ques-
tion pour la santé, volt. Ép. 26. || Se dit de gens
entassés dans une voiture.
EMPAQUETER (an-pa-ke-té. Le t se double
quand la syllabe qui suit est muette : j'empaquette,
j'empaquetterai. Il faut bien se garder de la pro-
nonciation, extrêmement vicieuse, de quelques per-
sonnes qui disent: j'en-pa-kt') , v. a. || 1° Mettre en
paquet. Empaqueter du linge. Pour aller à Lesbos,
De son père défunt empaqueter les os, bocrsault,
Fab. d'Esope, li, t. le l'avais empaqueté, serré,
ployé [un habit] , que toute la pluie du monde n'en
eût point approché, hamilt. Gramm. 7. || 2° S'empa-
queter, t). réfl. S'envelopper, se charger d'habits.
Elle s'est empaquetée dans deux ou trois châles.|| Par
extension. S'empaqueter, s'entasser dans une voiture.
— HIST. XVI' s. Pourqoy, estimant un homme,
l'estimez-vous tout enveloppé et empaqueté?... c'est
le prix de l'espée que vous cherchez, non de la
gaine, mont, i, 324.
— ÉTYM. Eni , et paquet.
f EMPAKADISER (an-pa-ra-di-zé) , ». O. Mettre
en paradis, en un état de délices. L'Art d'emparadi-
ser les âmes, titre d'un livre ascétique duxvii' siècle.
— ÉTYM. En i , et paradis.
t EMPARENTÉ, ÉE (an-pa-ran-té, tée), adj.
Qui possède des parents par alliance. Un. homme
bien emparenté. || On dit aujourd'hui, de préfé-
rence, apparenté.
— HIST. xii' s. Quatre escuiers des miex [mieux]
emparentés. Bat. d'Aleschans, v. 3746. || xin' s.
Graalent fu de Bretuns nés, Gentix et bien empa-
rentés, MARIE, Graalent.
— ÉTYM. En ^ , et parent.
EMPARER (S') (an-pa-ré), v. réfléchi. \\ 1° Se
saisir de quelque chose. S'emparer d'un héritage.
L'ennemi s'empara de la ville. Après s'être emparé
des droits de ma naissance, corn, (^dipe, u, 2.
Et je n'envierai plus le rang dont il s'empare, jn.
Sertor.i, i. T'emparer d'une reine en son propre
palais, ID. ib. v, 4. || Terme de chimie. Il se dit
des substances qui se combinent avec certaines au-
tres, lorsqu'elles se trouvent en présence. Le fer
s'empare de l'oxygène. || 2° Fig. S'emparer de la
conversation. S'emparer des derniers moments de
quelqu'un. Bientôt l'amour, fertile en tendres sen-
timents. S'empara du théâtre ainsi que des romans,
BOiL. Art p. III. Il est aisé de s'emparer de l'esprit
de M. de Richelieu, m'"' de caylds, Souvenirs,
p. 133, dans pouGENS. Je m'empare aussitôt de ce
grand mouvement, haynouard. États de Blois, iv,
< . Comme un reste de vie se retire vers le cœur à
mesure que la mort s'empare des extrémités, ségcr,
Ilist. de Napol. ix, 6. || 3° Prendre possession de
l'âme, en parlant des passions et émotions. Une
juste fureur s'empare de mon âme, rac. Iph. v, 2.
De vos sens étonnés quel désordre s'empare ? m.
Athal. III, 6. Mais d'où vient que mon cœur frémit
d'un saint efl'roi 1 Est-ce l'esprit divin qui s'empare
de moi ? m. ib. 7. La mollesse et la volupté s'em-
parent de mon cœur, fén. Tél. i.
— REM. Saint-Simon a supprimé le pronom per-
sonnel : Pour rendre la guerre plus animée et plus
durable, [Louvois] fait brûler Worms, Spire et tout
le Palatinat jusqu'aux portes de Mayence dont il
fait emparer les troupes du roi, st-sim. 406, 87.
Mais cela est mauvais et ne doit pas être imité.
Il 2. Emparé ne peut pas s'employer absolument au
participe, il faut dire s'étant emparé; et il y a une
faute contre l'usage ou du moins un archaïsme dans
ce vers : Son génie emparé de la nature entière ,
viENNET, Épttre à Fontanes.
— HIST. xV s. Celuy an emparèrent [fortifièrent]
les Anglois la ville de Sainct Jame de Beuron, la-
queUe chose ils ne dévoient faire, al. chart. Hist.
de Ch. VII. Il xvi' s. Donnons licence de fortifier et
emparer le dit bourg, nu cange, arcaturia.... Vous
ne seriez point honorée Simplement d'une pomme
ronde, Mais auriez la main emparée De la monar-
chie du monde, st-gelais, 179. On a beau clorre et
de clefs s'empartr [se remparer] , On ne saurait les
désirs séparer, iD. 200. Depuis, l'ambition est sur-
venue, laquelle a emparé les hommes mortels des
despouilles qu'elle avoit ravi à Dieu, calv. Inst. 6 9
Le vice adhère tousjours aux entrailles de celuy qui
s'en est une fois emparé, amyot. Du vice et de la
vertu, 3.
— ÉTYM. Provenç. espagn. et portug. amparar;
ital. imparare, apprendre; de tn, en, etparare,
disposer, préparer (voy. parer). Le sens propre de
ce mot est rendre prêt, fortifier, et, par suite, saisir.
I EMPARFUMER (an-par-fu-mé) , v. a. Emplir
d'une odeur parfumée.
— HIST. xvr s Geste Marguerite Qui ciel et
terre emparfume d'odeur, rons. 56.
— ÉTYM. En i , et parfum.
t EMPARQUER (an-par-ké), t'. o. Mettre dans un
parc. Il Fig. Circonvenir. Bref, Charost se laissa em-
parquer et maria le marquis d'Ancenis & la fille
d'Entraigue, st-sim. 22(,24(.
— UIST. xin* s. Trop ai en mauvais Hou mar-
chié; Li dé m'ont pris et emparcbié; Je les clalm
quite, ROTEB. 27.
— ÉTYM. Eni,et pare.
t EMPASME (an-pa-sm*), s. m. Terme de phar-
macie. Poudre parfumée qu'on répand sur le corps
pour en absorber la sueur ou en masquer l'odeur.
— ÉTYM. 'Eputauiio, de iv, en, et mioffeiv, sau-
poudrer.
t EMPASTELER ( an-pa-ste-lé) , v. a. Terme de
teinture. Employer le pastel ou guède pour faire
prendre le bleu aux laines.
— REM. Au XVII' siècle, on disait emp&teler. Par
ces mots de guéder ou d'empâteler se doit entendre
le bleu aux laines ou étofi'es, Instr. génér. pour la
teint, fs mars )67i , art. 2<9.
— ÉTYM. En i , et pastel.
fEMPATAGE (an-pa-ta-j'), S. m. Action d'em-
pâter.
— ÉTYM. Empâter.
+ EMPATAGE (an-pâ-ta-j'), s. m. Action de mé-
langer la lessive avec l'huile pour la fabrication du
savon.
— ÉTYM. Empâter.
EMPÂTÉ, ÉE (an-pâ-té, tée), part, passé.
Il 1° Rempli de pâte ou de chose analogue à la
pâte. Les mains empâtées de plâtre. ||Scie empâtée,
scie qui a retenu de la sciure entre ses dents.
Il Terme de géologie. Roches empâtées, celles dont
les parties sont enveloppées par une pâte distincte.
Il Terme de minéralogie. Texture empâtée , texture
d'une roche dont la base est une pâte homogène
avec parties constituantes ou accidentelles dissé-
minées dans cette pâte. || 2° Formé en une sorte
de pâte. La porcelaine et la frêle beauté De cet
émail à la Chine emp&té, \olt. Apolog. du lujce.
Il 3° Engraissé avec une composition alimentaice
dite pâte. Volaille empâtée. || 4° Terme de peinture.
Il se dit des tons moelleux et bien fondus. Un ta-
bleau bien empâté. || Terme de gravure. Des chairs
bien empâtées, des chairs moelleuses. || 5° Pâteux,
embarrassé comme par de la pâte. Langue em-
pâtée. Il a la prononciation empâtée. || Terme de
musique. Qui manque de netteté. Voix, exécution
empâtée. |j 6° Terme de manégo. Cheval empâté,
cheval dont les formes sont épaisses, peu distinctes,
et dont les extrémités sont garnies de beaucoup de
poils longs, gros et rudes. Jarret empâté, jarret
d'un cheval qui est trop charnu, par opposition à
jarret sec. || Par extension. Homme empâté, homme
de formes qu'on a comparées à celle du cheval
empâté.
t EMPATELINER (an-pa-te-li-né) , v. a. Caresser,
séduire par des manières patelines.
— HIST. XVI' s. Ce vieux rêveur, ce mitouin A con-
trefait le patelin; Il l'a si bien mitouinée Et si bien
empatelinée, Qu'il a fait ce qu'il a voulu, R. belleau.
la Reconnue, m, 5.
— ÉTYM. En i , et patelin.
EMPATEMENT (an-pa-te-man), s. m. \\ i' Ce qui
sert de pied à quelque chose, pour le soutenir.
Il 2° Terme d'architecture. Epaisseur de maçonne-
rie qui sert de pied à un mur. || Pièces de bois qui
servent de pied à une grue. || 3» Terme de jardi-
nage. L'endroit, dit aussi 'alon de la tige , d'où sort
la branche ou le rameau. ,.'4° La base qui sert à
fixer les algues. || Terme de marine. Entrelacement
des torons de deux cordages réunis par une épis-
sure.
— REM. On ne voit pas pourquoi l'Académie, écri-
vant patte par deux t, écrit empâtement par un
seul t, et non empattement. Cela oblige, pour ne
pas rompre davantage l'analogie, à écrire par un
seul t empatage, empâter, empature.
— ÉTYM. Empâter.
EMPATEMENT (an-pâ-te-man) , s. m. \\ 1° Eta
de ce qui est empâté ou pâteux. L'empâtement de
mains. |12° Engraissement des volailles. || 3" Term
de peinture. Action d'empâter un tableau. || Term
de gravure. Efl'et que produit le mélange des points,
des tailles et des hachures. || 4° État de ce qui est
embarrassé comme par de la pâte. L'empâtement de
la langue, de la voix. || 6° Terme de médecine. Gon-
flement mal circonscrit, qui, au toucher, donne le
sentiment de la pâte.
HIST. XVI' s. Pour à toute extrémité engraisser
et chapons et poules, convient recourir à l'empag-
tement, o. de serres, 362.
— ÉTYM. Empdier.
t EMPATER (an-pa-té), v. o. Fixer, attacher
avec des pattes. || Terme de charron. Empâter des
rais, faire les pattes des rais d'une roue. Ij Terme da
construction. Fonder la maçonnerie qui sert de base
1352
EMP
■ un mur. || Terme de marine. Entrelacer les toron»
de deux cordages. Joindre deux pièces de boisjuxta-
pndées.
— f.TYJf. En I, et patte.
EMPATER (an-pft-té), t'. a. || i' Couvrir de pâle
ou de matière pAtouse. Cela m'a empit6 les mains.
Vous lui empalerez [à Cerbère] ses trois gueules en
lui jetant danscliacune une de vos boules de cire,
lA KONT., Piyehé, n, p. t90.|| Remplir de pâte les
trous d'une meule de moulin. {| 2" Emp.Mer une vo-
laille, l'engraisseravec une pâte composée. Il S'Terme
de peinture. Donner de l'épaisseur aux couleur.s, sur-
tout aux carnations, en les couvrant et recouvrant
plusieurs fois. || Terme de gravure. Mélanger des
points faits à la pointe sèche et des points faits à l'eau-
forte avec les tailles et les hachures. || 4° Rendre
pïlteui, épais. Empâter la langue. || B" S'empâter, v.
réfl. Devenir pâteux, épais. La langue s'empâte.
— HIST. xm* s. Nus ne puet mètre en sele ne en
escu, de quelque manière que la sele ou li escu
soit, chose emprientée [pressée, compriméejne em-
pastée, Liv. des met. 209. ||xvi's. Par dessus ajou-
tera on un rerapar d'argile pour engarder l'eau, les
vents, la chaleur, d'entrer dedans, l'empastant pro-
prement, et par ce moien en couvrir toutes les
joinctures, o. de SEnaES, 663. Son visage de rouge
et de blanc empasté, d'aub. Trag. n.
— ÉTYM. En i, etpdtc/provenç. etespagn. em-
patlar ; ital. impastare.
t KMPAteur (an- pâ- leur), s. m. Celui qui em-
pâte la vtJaille.
— ÉTYM. Empâter.
t EMPATTAGE, EMPATTER , EMPATTURE , voy .
ïlIPATAnB, EMPATER, EMPATURE.
f EMPATURE (an-pa-tu-r') , t. f. Assemblage
bout à bout de deux pièces de bois, au moyen de
pattes et de tenons. || Terme de marine. Partie
suivant laquelle deux pièces de bois qui se croisent
«ont réunies l'une à l'autre,
— ÉTYM. Empaler.
t EMPAUME (an-pO-m'), s. f. Terme de maçon-
nerie. Saillie qu'en taillant une assise ou un tam-
bour de colonne on conserve sur les parements,
pour en faciliter la pose.
— ETYM. Voy. EHPAUMER
IHPAUMË, ÊE (an-p6-mé, mée), part, passé.
Il l" Reçu dans la paume de la main. Balle bien
empaumée. || 2° De l'esprit de qui on s'est rendu
naître. Empaumé par un charlatan.
BMPAVMER (an-pô-mé), v. a, || 1« Recevoir une
Italie, un éleuf dans la pautae de la main ou en
pleine raquette, et les relancer avec vigueur. Em-
paumer la balle. || Fig. Empaumer la balle, saisir à
propos le moment, l'occasion. || 2° Terme de chasse.
Une part de mes chiens se sépare de l'autre. Et je
les vois, marquis, comme tu peux penser. Chasser
tous avec crainte, et Fiiiaut balancer : Il se rabat sou-
dain, dont j'eus l'âme ravie ; 11 empaume la voie,
MOL. Fâcheux, II, 7. On dit que les chiens empau-
ment la voie, quand , rencontrant la piste, ils la sui-
vent avec ardeur. || 3» Fig. Empaumer une affaire, la
bien saisir, la bien conduire. || Empaumer quel-
qu'un, se rendre maître de son esprit. Je vois qu'il
a, le traître, empaumé son esprit, mol. Éc. des
femmes, ni, 6. L'autre [fils deTurenne] d'un esprit
faible, qu'on envoya à Rome, que les jésuites em-
paumèrent et que lo pape fit prêtre, st-sim. 2i , 249.
La reine [d'EspagneJ se trouvait sans secours et
sans ressource en elle-même, et le temps trop court
pour qu'un autre eût le loisir de l'empaumer assez
pour la rendre embarrassante pendant le reste de la
vie du roi, lo. 81, 64.
— HIST. XVI' s. Empaulmer un soufflet [donner
un soufflet], oudin, Ci'c».
— ÉTYM. Eni, cl paume de la main.
EMPAUMBRE (an-pô-mu-r'), s. f. || V Partie du
gant qui prend depuis la fente des doigts jusqu'au
pouce. Il 2» Terme de vénerie. Le haut de la tête du
cerf, qui s'élargit comme une main, et où il y a
plusieurs andouillers rangés inégalement comme des
doigts.
— HIST. xvi* s. Pour connoistre s'il y a empau-
mure, il faut qu'il y ait une largeur au bout de la
teste comme la paume de la main, d'où est venu le
nom d'empaumure, salnovb, Yen. p. 72, dans la-
CURNK.
— ÉTYM. Voy. BMPAOKER.
rlf^^^^ (»n-pô), f. t». Terme de jardinage.
Ente ou écoroe.
od( o!r„ ^'î'^' ^^^^- (an-pê-chan, chan-f),
httè,^"'».' "'• 'L"i»*"«- *ï'''"' "es figures fort
irrégulières et empêchantes drsc. Monde, ». Le
EMP
joug le plus empêchant que le monde impose, boss.
IV, Véture, I.
EMPËCITÉ, ÉE (an-pê-ché, chée), part, passé.
Il 1° Arrêté par une entrave. Empêché par la timi-
dité de prendre la parole. || 2° Qui éprouve de la
difficulté à ou pour. Jeunes cœurs sont bien empê-
chés X tenir leurs désirs cachés, la font. Fianc.
Il est fort empêché à tromper sa femme, qui croit
son fils en santé, et il est mort, sÉv. 867. On se
trouve empêché à rendre l'élégance.... boss. Hist.
II, 43. Je sais bien qu'il est difficile d'exprimer la
aouleur d'une mère : on ne trouve pas aisément des
traits qui nous représentent au vif des émotions si
violentes, et, si la peinture y a de la peine, l'élo-
quence ne s'y trouve pas moins empêchée, id. Prem.
serm.pour le vend, de la Pass. 1. Des Suisses fu-
rent scandalisés delà conférence de Luther, non
tant à cause que le diable y paraissait comme doc-
teur; ils étaient assez empêchés de se défendre
d'une semblable vision, dont nous avons vu que
Zuingle s'était vanté, m. Var. iv, §(8. 113° Em-
barrassé. Me rendant moins content, me rend plus
empêché, Régnier, Sat. m. Les plus clairvoyants y
sont bien empêchés, cohn. Nicom. m, 4. Si vous
me demandiez ce que fait Cléopatre dans Rodogune
depuis qu'elle a quitté ses deux fils, jusqu'à ce
qu'elle rejoigne Antiochus au quatrième, je serais
bien empêché à vous le dire, et je ne crois pas être
obligé d'en rendre compte, lu. Troisième dise. Un
point sans plus tenait le galant empêché, la font.
Fabl. IV, il. Introduirai-je un roi qu'entre ses fa-
voris Elle [fortune] respecte seul, roi qui fixe sa roue.
Oui n'est point empêché d'un monde d'ennemis ?
ID. ib. IV, 12. Le Romain se retire, Bien empêché de
ce secret, lo. Joe. Qui fut bien empêchée? Ce fut
Clitie, ID. Faueon. Et vous seriez, ma foi, toutes
bien empêchées Si le diable les prenait tous [les
hommes], mol. Amph. 11, 5. Le bon père se trou-
vant aussi empêché de soutenir son opinion au re-
gard des justes qu'au regard des pécheurs, pasc.
Prov. i. Combien les beaux esprits sont quelque-
fois empêchés de leur personne! sÉv. tu, On serait
bien empêché de dire ce qui arrivera, m. 643. Je
suis bien empêché; la vérité me presse, Le crime
est avéré, lui-même le confesse, RA.C. Plaid, m,
3. Nous serions tous bien empêchés. Si l'on nous
parlait comme on pense, lamottb, Fahl. v, 20.
Les docteurs de Louvain furent très-empêchés
en recevant la bulle, VOLT. Louis XIV, 37. || 4° Re-
tenu par des occupations. Dis-lui que je suis em-
pêché et qu'il revienne une autre fois, |M0L. Vàv.
III, 13. Il Substantivement. Faire l'empêché, se don-
ner des airs d'homme très-occupé.
— REM. Empêché dans le sens d'embarrassé,
suivi d'un infinitif, prend ordinairement à et quel-
quefois de (voy. les exemples).
EMPÊCHEMENT (an-pê-che-man), î. m. Action
d'empêcher, entrave, obstacle Mille empêche-
ments que vous forez vous-même, Pourront de tou-
tes parts aider au stratagème, corn. Nicom. v, 6.
Sans empêchement. De ces bords jusqu'à Home on
arrive aisément, MAIR. Sophon.i, 4. Vient-elle ôter
aux morts les larmes que je verse. Et mettre empê-
chement à ce triste commerce? rotrou, Antig. ra,
7. En murmurant contre les empêchements, pasc.
dans cou.çm. Si nous souffrons les empêchements
extérieurs en patience, id. ib. La manière dont
nous supportons les empêchements, ID. i6.|| Empê-
chement de la langue, difficulté de prononciation.
Moyse dit à Dieu : J'ai un empêchement de langue,
volt. Philos. IV, 139. Il Terme de jurisprudence.
Empêchement de mariage, obstacle au mariage de
deux personnes. Empêchement dirimant, celui qui
entraîne la nullité du mariage contracté au mépris
de cet empêchement. Empêchement prohibitif, ce-
lui qui n'entraîne pas la nullité de mariage. Le pape
par la dispense avait levé l'empêchement de l'affi-
nité, MAUCROix, Schisme, liv. i, dans richelet.
Il "Terme d'astrologie. Empêchement de lumière,
position d'une planète tardive qui se trouve entre
deux planètes véloces.
— HIST. X* s. Melz [mieux] [elle] sostendreiet les
empedementz Qu'elle perdesso [que de perdre] sa
virginitet, Eulalie.\\xu' s. Toute li [la] commun-
gne de Tornai nous doit secorre, s'il sans empêche-
ment puent venir dusques là, tailliar. Recueil,
p. «»9. Ensement [en même temps] ad asols [il a
absous] les moines del covent; Les suens [siens]
voleit baisier senz empeechement, Th. mari. 121.
Il xm* s. Et grans empecquemens est as baillis et
asjugesd'oïr longes paroles, beaum. v, 11 Si
comme quant aucuns se plaint d'empeecemens de
lor communs, id. ix, 9. j|xv s. Nul serviteur ne
parent du duc Jean Galeas de Milan donnoit empes-
EllP
chôment au seigneur Ludovic à prendre la duché
pour luy, que la femme duditduc, comm. vu, a
— ÉTYM. Empêcher.
EMPÊCHER (an-pê-ché), v. a. || !• Mettre en-
trave à quelqu'un. La nuit de sa vue Ne l'empêche
pas tant que la nuit de son coeur, malh. i, 4. Je
sais l'art d'empêcher les grands cœurs de faillir,
CORN. Sertor. iv, 2. Oui, j'ai juré sa mort, rien na
peut m'empêcher, mol. Sgan. 21. Que votre com-
munication ne vous empêche en aucun de vos de-
sirs, BOSS. Lett. Corn. 3i. || n se dit aussi quel-
quefois dans un sens favorable. Ni vous-même, ni
le peuple n'avez prétendu, en créant ces nouveaux
magistrats, que de donner à cette loi des prolec-
teurs et aux pauvres des avocats qui les empêchas-
sent d'être opprimés par les grands, vertot, Réiol.
rom. II, p. 183. Il 2° Être cause que quelque chose
ne se fasse pas. Quoi ! madame, faut-il que mon
peu de puissance Empêche les devoirs de ma recon-
naissance? corn. If^de'e, IV, 6. Dis-lui que l'amitié,
l'alliance et l'amour Ne pourront empêcher que les
trois Curiaces Ne servent leur pays contre les trois
Horaces, id. Ilor. n, 2. Quand j'empêche sa mort,
il m'arrache la vie, th. corn. Ariane, v, B il
y fit des fagots dont la vente Empêcha qu'un long
jeûne à la fin ne fît tant Qu'ils allassent là-bas
exercer leur talent, la font. Fabl. x, 16. Le pre-
mier président a apporté un ordre pour empêcher
que certains greffiers ne prissent de l'argent pour
cette préférence, pasc. Prov. 18. Ce grand Dieu,
pour empêcher le progrès d'un si grand mal [l'ido-
lâtrie] , au milieu de la corruption commença à s3
séparer un peuple élu, boss. Bist. 1, 3. Il est bon
d'empêcher ces emplois fastueux D'être donnés peut-
être à des âmes mondaines, boil. Sat. x. La pluig
presque continuelle empêche qu'on ne se promène
dans les cours et dans les jardins, rac. 46'ie/(. à Boil.
Je couvrais ces matières-là d'un galimatias philoso-
phique qui empêchait que les yeux de tout le monde
ne les reconnussent pour ce qu'elles étaient, fom-
ten. Dial. de Plat, et de Marg. Les fautes considé-
rables d'Homère n'ont jamais empêché qu'il ne fût
sublime, volt. Louis XIV, 32. || 8° Gêner l'exercice
de. Trop de distance et trop de proximité empêche
la vue, PASC. dans cousin. Trop de jeunesse et trop
de vieillesse empêche l'esprit, id. ib. || 4" S'empê-
cher, V. réfléchi. Se défendre, s'abstenir de. Il ne
put s'empêcher de parler. Mais tu ne pouvais pas
t'empêcher de le faire, mair. Mort d'Asdr. i, t. Je
ne puis m'empêcher, si bien que je résiste, De
croire à ces derniers [songes] qui n'ont rien que de
triste, ID. Sophon. n, 3. Je m'empêcherais bien de
servir de matière X la sévérité de ton humeur al-
tièro, ID. ib. v, 2. || S'embarrasser. La raison en est
belle, et c'est par là qu'il s'empêcherait des choses I
MOL. F est. I, 1.
— REM. D'après Voltaire {Remarq. sur Corn.) et
d'après certains grammairiens, empêcher demande
toujours un régime direct de la personne, et c'est
une faute de dire : on nous empêche l'accès de cette
maison. Cependant cette locution a été employée
par bien des écrivains très-autorisés : par Malherbe :
La seule raison qui m'empêche la mort, v, 13;
par Corneille : Cet orgueilleux esprit, enfié de se«
succès. Pense bien de ton cœur nous empêch»
l'accès, Hicom 11, 45; par Racan : L'excès de
la douleur m'empêche la parole. Berger, iv, 6;
par Bossuet : Pour lui en empêcher les approches,
II, Fr. de P. 1; La jeunesse à qui la violence de
ses passions empêche de connaître ce qu'elle fait,
Serm. quinq. 2 ; par Saint-Simon : Tallard compte
pouvoir empêcher aux ennemis le passage de 1»
rivière, 134, 233; par Chateaubriand : Philippe
aperçut l'échauffourée, et, toujours poursuivi de
l'idée de trahison, il s'écrie : tuez, tuez cette ri-
baudaille qui nous empêche le chemin, Hist. dé
France, dans godefrot, Lex. de Corneille. \\ 2. Em-
pêcher veut de avant l'infinitif. || 3. Avecçue, la pro-
position subordonnée prend ne. J'empêche qu'il ne
vienne. Cette règle peut être négligée dans les vers :
Si son cœur m'est volépar ceblondin funeste. J'em-
pêcherai du moins qu'on s'empare du reste, mou
Éc. des f IV, 7. Mais en prose, elle ne doit pas l'ê-
tre, ou du moins elle ne l'est pas d'ordinaire; ce-
pendant on trouve des phrases comme les suivantes,
qui, à le bien prendre, n'ont rien de fautif en soi,
le ne étant purementexplétif: Vingt-cinq grenadierc
posés à sa porte [de Gyllembourg] eurent ordre
d'empêcher que personne pût lui parler, sT-sm.
467, 187; Vous savez tempérer le feu qui vous
anime, et empêcher qu'il vous dévore, volt. Roi de
Prxisse, 226. Il 4. Si empêcher est accompagné de
la négation ou est dans une phrase interrogative,
EMP
la proposition subordonnée peut prendre ou ne
pas prendre ne : Je n'empêche pas qu'il ne sorte
ou qu'il sorte. Si l'on ne veut pas faire le bien , il
ne faut pas empêcher que les autres le fassent.
Empêchez-vous qu'on vienne ou qu'on ne vienne?
Cela n'empêchera pas que je ne conserve pour vous
les sentiments d'estime et de vénération où votre
personne m'oblige, mol. Powc. m, 9. Vous n'em-
pêcherez pas que ma gloire offenséa N'en punisse
aussitôt la coupable pensée, rac. Mithr. ii, 6.
— HIST. XIII' s. Li juges seroit empeciés par la
multitude des paroles, et seroieiit li plet trop lonc,
BEAUM. y, 8. Et à tort li empeequieriemes [nous
rem[.iêcherions], id. xii, (0. Je vous conteroie bien,
se je ne dotoie à empeschier ma matière, joinv.
20B. Il XIV S'il [l'ongle] fust par dedens, il empce-
chastle touchement, h. demondeville, f° il, verso.
Il XV s. [Le pape Grégoire] s'estoit si fort empêché
des besognes de France et tant travaillé du roi, que
à peine pouvcit-il à lui entendre, froiss. ii, ii, 20.
Et si y adjoustez autre cause qui t'esmeut, c'est
à sçavoir le exemple de moy, qui me empesche
rie servir en la cour royal, al. chart. le Curial.
Mais après lui montèrent tant d'autres, désireux
semblablement d'avoir honneur à la journée, que
l'un empeschoit l'autre, Boucic. i, 14. Mais le duc
Charles et le comte d'Angouleme furent depuis fort
empeschez de prison, fenin, ho8. Disoit que ledit
duc lui empeschoit Sainct Vallery et autres terres,
COMM. III, I. Hz ne furent point veuz, pour ce que
chascun estoit empesche à se loger, id. m, <o. Les
fruitz de la terre qui les empeschoyent à aller, id.
1,3. De quoy si petits personnages s'empeschoient
de si grant matière, id. i, 42. || xvi* s. Les grans
géants qui s'empeschent d'attaindre Jusques aux
cieiix pour nuire à Jupiter, makot, m, <33. L'ap-
pétit enragé de mesdire qui incite ces vilains, Igs
empesche qu'ils ne peuvent considérer ce que tout
le monde voit, calvin, Inslit. 790. Fuir les passions
qui empeschent la tranquillité du corps et de l'ame,
MONT. I, 284. Si je n'en faisois du tout tant que
j'en dis, au moins il m'en coustoit à m'empescher
de le faire, id. i, 31 b. Ce préservatif empeschera
que la contagion de ce venin n'offensera ny vous
ny vostre assistance, id. Il, 3(4. Pour loger la va-
leur de cent esciJS de celte monnoye, il falloit en
empescher tout ungrand cclier en la muison, amvot,
Lyc. H 3. Adonc les femmes se retiierent tn leurs
maisons, faisans leur compte qu'il n'estoit plus be-
soing qu'elles s'empeschassent des affaires de la
guerre, id. Pyrrhus, 68.
— ÉTYM. Bourguig. empoché, empêcher, am-
pigé , embarrassé; wallon, épéchi , empêcher;
provenç. empedegar, et aussi empaichar, empai-
tar , enpasar , empechar. La forme provençale
empaichar, etc. et la forme française empacher
qui se trouve aussi {Assises de Jérus. p. 34, dans
lacurne), viennent, comme l'a montré Diez, d'une
forme non latine , impactiare , pour impaclare,
dérivé du latin impactum, lancer contre. Mais le
provençal empedegar et le français cmpeechier vien-
nent de impedicare (de in, en, et pedica, piège;
voy. PIÈGE ). Impedicare a donné cmpeechier,
comme prxdicare, preechier ; d'où la contraction
consécutive empêcher ; on voit que l's qui se trouve
dans les anciens textes est purement adventice.
t EMPÉDOCLÉEN, ENN'E (an-pé-do-kié-in, è-n'),
adj. Qui appartient à Empédocle, à ses doctrines.
— ÉTYM. Empédocle, philosophe grec qui vivait
dans le v siècle avant l'ère chrétienne.
EMPEIGNE (an-pè-gn'), i. f. Pièce de cuir qui,
dans un soulier, s'étend depuis le cou-de-pied jus-
qu'à la pointe.
— HlST. XIV s. Empiegne, du cange, impedia,
Empangne, id. empedia. || xv s. Et unes bottes de
basanne, Autant empeigne que semeUe, villon,
Grand test. legs.
— ÊTYM. Espagn. empeyne, cou-de-pied; bas-lat.
impedia. Le bas-latin vient de in, en, et pes, pedis,
pied ■ ce qui est sur le pied. Si le français et l'espa-
gnol en viennent aussi, la dérivation est fort irré-
gulière. Faudrait-il y voir un dérivé de l'allemand
Spanne, analogue à empan (voy. ce mot)?
t EMPELLEMENT (an-pè-le-man), s. m. Terme
rural. Synonyme de vanne.
— ÉTYM. En I , el pelle.
t EMPELOTER (an-pe-lo-té), v. a. \\ 1» Mettre en
pelotes. Il 2° S'empeloter, D.re'/Î. Terme de faucon-
nerie. Se dit d'un oiseau qui ne peut digérer ce
qu'il a avalé, le bol alimentaire qui fait indigestion
se roulant en pelote dans le gosier de l'oiseau. Fau-
con empeloté.
— ÉTYM. En I, Si peloi .
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
EMP
t EMPELOTONNEMENT ( an-pe-lo-lo-ne-man ),
s. m. Terme d'art militaire. Formation du peloton
d'infanterie.
— ÉTYM. En t , et peloton.
f EMPÊNAGE (an-pê-na-j'), s. m. Etat d'une ser-
rure à plus d'un pêne.
— ÊTYM. Kmpiner.
t EMPÊNER (an-pê-né), v. a. Garnir une ser-
rure de plus d'un pêne.
— ÉTYM. En t , et pêne.
f EMPENNE (an-pè-ii'), s. f. Ancien terme mili-
taire. Aileron de plume qu'on assujettissait à une
flèche pour assurer la justesse de son vol. \\ Au plur.
Terme de blason. Plumes qui garnissent la flèche.
EMPENNÉ, EE (an-p5-nné, née), part, passé.
Garni de plumes. Mortellement atteint d'une flèche
empennée, la font. Fabl. ii, s>. Ouand ces beaux
oiseaux [llamants] volent à rencontre du soleil, ils
ont l'air de flèches empennées avec des plumes cou-
leur de rose, chateaubr. Lin. ni, il.|| Terme de
blason. Flèche empennée, flèche qui a ses empen-
nes d'un autre émail que le bois.
f EMPENNELAGE (an-pè-ne-la-j'), s. m. Terme de
marine. Action de mouiller ensemble deux ancres
d'inégale grosseur, la petite étant placée en avant
de la grande, et liée à celle-ci par un bout de gielin.
■f EMPENNELER (an-pè-ne-lé. VI se double quand
la syllabe qui suit est muette : j'empennelle), v. a.
Terme de marine. Mouiller une petite ancre en
avant d'une autre plus grosse à laquelle la première
est amarrée.
f EMPENNELLE (an-pè nê-l'), s. f. Terme de
marine. Petite ancre, qui tient par un câble à la
grosse, et qu'on mouille devant elle, pour tenir le
vaisseau plus ferme.
EMPENNER (an-pè-nné), e. o. Garnir une flèche
de plumes. La nièce de Chactas empennait des flè-
ches avec des plumes de faucon, chateaubr. Natch.
II, 105.
— HIST. XI* S. Un algier [dard] [il] tint qui d'or
fut enpenet, Ch. de Roi. xxxii. Hxii» s. Ange en-
penné la portèrent chantant, Ronc. p, 106. || xiii« s.
Et puet [l'archer] enpener sesquarriaus ou ses flei-
ches de tei [telles] pannes corne il voudra, soit de
gelines ou d'autres, Liv. des met. 260. Li sergent
qui furent amont Descochent carriax enpenez,
Rcn. 18979. Il xiv s. Et Piètre, qui chevauche
comme oiselempenez, Regarde tout entour, si s'est
tout seul trouvez, Gucscl. 15077. || xvi" s. On nous
les placque [ces sentences] en la mémoire toutes
empennées, comme des oracles, mont, i, 163. Ce
n'estoit doncques assez, si mesme, pour haster le
coup, on n'eust quasi comme empenné telles ar-
mes, les faisant voler aux despens de i.otre vie, ap-
propriant des ailes à la mort, paré, ix, Préf. 0 fol
qui haste les années Qui ne sont que trop eaipen-
nées, DU Bellay, iv, 66, recto.
— ÉTYM. Provenç. empennar; ital. impennare ;
du latin in, elpenna, plume (voy. penne).
f EMPENOIR (an-pe-noir), s. m. Ciseau recourbé
par ses deux extrémités qui sont également tran-
chantes, mais sur divers sens. L'empenoir sert aux
menuisiers et aux serruriers pour poser les serrures.
EMPEREUR (an-pe-reur), s. m. || 1° Titre donné
depuis Auguste aux chefs de l'empire romain et
qui n'était pas autre que le titre donné par les lé-
gions romaines au chef qui avait remporté une vic-
toire Signalée [imperator). Je veux être empereur
ou simple citoyen, corn. Cinna, ii , 1. Le nom
d'empereur, Ca^haiit celui de roi, ne faii pas moins
horreur, id. ib. li, 1.||2° Nom donné autrefois à
l'empereur d'Allemagne qui, par Charlemagne, se
disait héritier des empereurs romains. Les troupes
de l'empereur. || 3° Chef souver.iinde certains États.
L'empereur des Français. L'empereur de Russie.
L'empereur d'Autriche. L'empereur de la Ghihe.
L'empereur du BrésiL II [Napoléon] a dit en saisis-
sant son épée : j'ai iissez fait l'empereur, il est temps
que je fasse le géiiér.il, ségur. Hist. de Napol.
x, 6. Il 4" Nom d'un grand poisson des mers occi-
deniales, dit autrement espadon ou épée. || Nom
provincial du roitelet. || Espèce de papillon diurne.
Il Proverbe. Mieux vaut goujat debout qu'empereur
enterré, c'est-à-dire il vaut mieux être vivant dans
une condition quelque basse qu'elle soit, que d'être
mort après avoir tenu le rang le plus élevé.
— HIST. XI* s. Charles li reis nostre emperere ma-
gne, Ch.de Roi. i. Blancandrii.s vint devant l'em-
pereur, i6. XXXI. Il xu" s. L'ampereres lebaise, quel
[comme le] virent li baron, Sax. xiv. X Soissons
troveut Charte, l'empereor gaillart, ib. xxiï E
distrent à lur i ère Que [Joseph] dévorez esteit d'i-
cele beste fere; Puis il fu en Êgipte asez plus qu'ei\-
EMB
1353
perere, E gardi ses parenz de la famine amere. Th.
le Mart. 65. || xm" s. Ono plus belle de [que] vous
ne vit rois n'emperere, Berte, iv. De rois, d'empe-
reours et de princes eslis, ib. xxx. L'en disoit que
l'emperieire Farris [Fri'déric II] l'avoit fait cheva-
lier, joiNv. 221. Il XV s. Je viens de Prague en Bo-
hême ; l'eniperîere de Ron.e est mort , froiss. ii, ni ,
32. [le roi Charles] D'empereurs est et do ceuls de
Valois, E. deschamps. Sur le nom du roi Charles.
Il XVI' s. Pompeius, conquérant de la n.oitié du
monde et empereur de tant d'armées, mont, i,
162. Doubles canons de calibre d'empereur, CAR-
loix, vni, 24.
— ÉTYM. Provenç. emperaire, emperador; espagn.
et portng. emperador; ital. imperatore; du lat. im-
peratorem, de imperare, commander (voy. empire).
Le provençal emperaire, le vieux français empereie
est le nominatif, d'imperdtor, avec l'accent sur ra;
emperador, empereor est le régime, i'imperatàrem ,
avec l'accent sur to.
t EMPERLER (an-pèr-Ié), v. a. Orner de perles.
Il Par extension. Une petite sueur emperlait son
front, H. DE BALZAC, dans le Dict. de poitevin. || Fig.
Malherbe emperlait trop son style, goujet, Bibl.
franc, t. xv, p. 191 , dans lacurne. || S'emperler, v,
réjl. S'orner de perles.
— HIST. XVI' s. L'aultre vestue en garse, coiffée
d'un attiffet emperlé, mont, i, 77. De l'aurort^ Le;
rivages emperlez, du bellay, v, il, verso.
— ÉTYM. En 1 , et perle.
\ EMPERON (an-pe-ron), s. m. Sorte de bois
pour le charronnage. Bois de charronnage.... pour
une voie, composée de trente toises, d'emperons
de six pouces de gros, entrant par eau, est dû 10 li-
vres, 12 sols, 1 denier. Déclarât. 22 oct. 1715, tarif.
\ EMPERRUQUÉ, ÉE ( an-pè-ru-ké , kée), adj.
Garni d'une perruque.
— ÉTYM. En \ , et perruque; languedocien, em-
perrucado, dans les poésies de Coutouli.
E.MPESAGE (an-pe-za-j'), î. m. Action d'empe-
ser; état d'un linge empesé.
— ÉTYM. Empeser.
EMPESÉ, ÉE (an-pe-zé, zée) , part, passé.
Il 1° Traité par l'empois. Du linge empesé. || 2° Fig.
Qui est d'une gravité affectée. Les Romains de Tite
Live n'ont aucune ressemblance avec les héros
bouffis et empesés de nos romans, fén. t.xxi, p. 22o.
Leur œil suffisant et empesé, lesage, Gil Blas, viii,
12. L'empesé magistrat, le financier sauvage, volt.
Disc, 4. Il a l'air empesé du pajs d'où il vient, i.
j. Rouss. Hél. VI, I. Il S. m. Ce qu'il y a d'empesé.
La paresse, l'empesé de l'une [la duchesse d'Or-
léans], la vivacité, la liberté de l'autre [la duchesse
de Bourgogne] avaient besoin de tiers qui soutins-
sent cette liaison dont nous verrons les progrès et
les fruits, ST-SIM. 206, 27.
EMPESER (an-pe-zé. La syllabe pe prend un ac-
cent grave, quand la syllabe qui suit est muette :
j'empèse, j'empèserai), v. a. Apprêter du linge avec
de l'empois. Empeser un jabot, une collerette. Et
ne seront les dites toiles empesées ou collées pour
calendrer qu'elles ne soient bien et dûment teintes,
Règlem. sur hs manuf. août 1069, Teint, en soie,
laine et fil, art. 74. || Terme de marine. Empeser
les voiles, jeter de l'eau dessus, pour resserrer le
tissu des fils.
— HIST. XVI' s. Les racines du pied-de-veau em-
pèsent le linge, o. de serres, 625.
— ÉTYM. Empois.
EMPESEUR, EUSE (an-pe-zeur, zeû-z'), s. m.
et f. Celui ou celle qui empèse.
— ÊTYM. Empeser.
EMPESTÉ, EE (an-pê-sté, stée), part, passé.
Il 1° Qui a la peste ou toute autre maladie conta-
gieuse. Une ville empestée. Aix et Arles sont em-
pestés de-la petite vérole, sÉv. 109. || Qui contient,
donne la peste. Cet horrible débris d'aigles, d'ar-
mes, de chars. Sur ces champs empestés confusé-
ment épars, com. Mort de Pomp. i, 1. Mais, ma-
dame, porter cette robe empestée Que de tant de
poisons vous avez infectée, id. Mcdée, iv, 2. La
valeur ne peut rien contre un air empesté, id.
Toison, v, 6. Il 2° Qui exhale une très-mauvaise
odeur. Fi, ne m'approchez pas, votre haleine est
empestée, mol. Georg. Dand. ui, 12. || 3° Fig.
Bouche empestée, bouche qui répand l'erreur, la
calomnie, etc. L'erreur.... Sortant pleine d'attraits
de sa bouche empestée, BOiL. Sat. xn. Vous, mal-
heureux, assis dans la chaire empestée Où le men-
songe règne et répand son poison, rac. Àth. ui, 4.
Malgré l'air empesté qu'elle y respire, mass. Av. Conc.
EMPESTER (an-pè-sté) , v. a. \\ i° Infecter de la
peste ou de toute autre maladie contagieuse. Cet
I. — r/0
1354
Em
liftpital fut un foyer qui empesta la ville. || 2* Par ex-
tension. L» vapeur du marais empestait l'air, fén.
Til. VIII. Il 3* Par uno exagération qui compare une
mauvaise oJeur àla peste, empuantir, incommoder
de mauvaise odeur. Cet égout empeste le voisinage.
Il Absolument. Celte charogne empeste. || i' Fig.
Corrompre comme par une sorle de peste morale,
«D parlant des mauvaises doctrines, des hérésies.
lllST. XVI' s. Je leur dirois volontiers que le
fruicl de l'expérience d'un chirurgien n'est pas
l'histoire de ses pracliques et le souvenir qu'il a
guéri quatre empesiez et trois goutteux, s'il ne sçail
de cet usage tirer de quoy former son jugement,
MORT. IV, 47. Je fuys les compleiions tristes et les
hommes hargneux comme les empestez, id. iv, <03.
— ÉTYM. lin i , et peste.
EMPÊTRÉ, ÉE (an-pê-tré, trée) , part, passé.
Il 1* Pris dans des entraves, dans des longes, dans
des lacets. Un cheval empêtré. || 2° Hg. Gêné, con-
traint. Empêtré d'une jeune femme, sÉv. 432. On
est quelquefois empêtré dans son orgueil, ID. 441.
Je vis sortir M. le duc de Chartres d'une porte de
derrière de son appartement, l'air fort empêtré et
<j-iste, ST-siM. 2, 43. M. d'Albret, assez gauclie et
issez empêtré de son naturel, n'osa presque plus
se montrer, m. 6», 243. || 3° Terme de zoologie.
Se dit des animaux à membres courts, comme les
phoques, et des oiseaux dont les pieds sont situés à
l'arrière du corps.
EMpEtker (an-pê-tré. Au xvif siècle on écrivait
empestrer; ot Chifllet. Gramm. p. «38, remarque
que cette * se prononçait), t). a. || i" Lier les jambes
d'un cheval que l'on met en pâture. || Embarrasser
les pieds dans des liens ou filaments sa toison Etait
d'une épaisseur extrême.... Elle empêtra si bien les
serres du corbeau Que le pauvre animal ne put faire
retraite, l\ font. Fabl. Ii, lO. Je jurerais que les
enchanteurs qui me poursuivent ont résolu de
m'empêtrer dans ces filets et d'arrêter mon voyage,
Don Quicliotte, t. iv, dans richelet. || 2° Fig.
Embarrasser. Pourquoi m'avez-vous empêtré de cet
homme-là? Empêtrer quelqu'un dans une méchante
aflalre, l'y compromettre. || 3° S'empêtrer, v. réft.
S'embarrasser. Ce cheval s'est empêtré dans les
traits. Le renard va visiter les lacets, les gluaux,
emporte successivement les oL^eaux qui se sont em-
pêtrés, BUFF. Renard. Les bœufs s'empêtrèrent et
firent pencher l'arche, volt, i'/iiios. iv, 330. || Fig.
et familièrement. S'empêtrer dans de mauvaises
spéculations.
— lllST. XII* s. E des autres [prisonniers] si granz
plentez. Que del tierz u de la meitié Fussent il
assez enpaistrié Del ostoier [de loger] et del garder,
denoît, II, 2694. ||xiv' s. Bien cuidoit li rois Piè-
tres erapietrer vilonnie Au noble roi Henri et à sa
baronnie, Guesclin, 10684. || xv« s. Si furent là nos
gens moult empestrés, et toutefois passèrent oultre,
Iloucic. 1, 24. Il XVI' s. Ces sçavantaux vont s'em-
pestrant et embarrassant sans cesse, mont, i, 140.
Comme l'oiseau enretlé, plus il tasche en frétillant
de se défiler, et plus il s'empietre, ïyer, p. 581.
Battre à coups de fouet [les bestes qu'on veut domp-
ter] et les tenir empestrées, amyot, Fab. 41.
— ÊTYM. Norm. «mpaturer; ital. impastoiare ,
empêtrer; du bas-latin pastorium, pastoria, entra-
ves, de paslor, pasteur (voy. pâtre, et comparez
patubon). L'élymologie detnpeira, en pierre, pour
empeslrer ne peut se soutenir; mais U est très-pro-
bable que empictrer, qui se trouve au xiv* siècle et
au XVI', en vient, et qu'il y a eu confusion d'«m-
pietrer et d'empeilrer.
EMPHASE (an-fâ-z'), t. f. || l'Exagération dans
l'expression, le ton, la voix, le geste. Vous ne les
liilez pas avec assez d'emphase, uesmarets, Ki'iton-
fioi're», m, 4. 11 réprime des mots l'ambitieuse em-
phase; Ici le sens le choque, et plus loin c'est la
phrase, boil. Art p. i. Ces mots [contre la corrup-
tion de Home] ont dans sa bouche [do Juvénal] une
emphase admirable, id. Sat. x. Les plus grandes
choses n'ont besoin que d'être dites simplement,
elles se gitent par l'emphase, la bruy. v. Ce calme
des passions qu'ils annonçaient avec tant d'em-
phase, UASS. Av. Noël. Le prince d'Orange aima
mieux traiter avec un homme droit, franc et libéral,
tel qu'éuit U. de Boufllers, qu'avec l'emphase,
les grands airs et la variété du maréchal de Vil-
•roy «t-sim 4», 77. Surtout, oe confondez jamais
lemphaso avec la chaleur et la fotc«, W W okn-
us, Thiit d'iduc. U Magistrat, i, ». U lui détaille
îr...,f°'!l '^•!" occupation» qui l'accableat, les
n,^ T/ '*' '='>"«*' ">• >'«•■"''" duchdt.
rii^: PiJÛr'.'^? '■°''.'^*- Il a-Terme da rhéto-
rtqu». Figure qui consUte à employer un mot qui
EMP
a beaucoup de force, comme enflammé da colère,
perdu de dettes, et qui, ne différant pas de la mé-
laphore, do l'hyperbole, ne mériterait pas de porter
un nom particulier.
— lllST. xvi' S. Au premier qui me ramené et qui
me demande la vérité nue et crue, je quitte soub-
dain mon essort, et la lui donne sans exagération,
sans emphase et remplissage, mont, iv, 4 8t.
— ÊTYM. 'E|içaiTi;, emphase, proprement appa-
rence, do il, en , et çâaii; , apparition (voy. phase).
t EMPHASE, Ce (an-f,i-ié, zée), adj. Qui a de
l'emphase. Ni les grands mots ni le ton emphase. Au
sens commun n'ont jamais imposé, J. B. bouss.
dans le Vict. de DEScnEBELLE. || N'est pas en usage.
EMPHATIQUE (an-fa-ti-k') , adj. Qui a de l'em-
phase. Homme, discours, ton emphatique. U est, je
crois, très-rare, qu'on soit emphatique par trop de
chaleur, vauven. iVoue. mai. 47. Une emphatique
énumération des bijoux et des diamants qu'il possé-
dait avant cette catastrophe. M"' de genlis, Veillées
du chat. 1. 1, p. 631 , dans pouoens. || Qui donne de
la force par l'exagération. Ce mot est pris ici dans le
sens emphatique. || Emphatique se dit aussi de cer-
taines lettres et de leur emploi particulier dans la
grammaire hébraïque.
— ËTYM. "EneaTixè?, de Ipupaaiç, emphase.
EMPHATIQUEMENT (an-fa-ti-ke-man ) , adv.
Avec emphase. Cet homme parle emphatiquement.
— ÉTYJI. Emphatique, et le suflixe ment.
t EMPURACTIQUE (an-fra-kli-k'), ad}. Terme de
médecine. Qui obstrue.
— ËTYM. 'Ep.ypoxTtxo;, de iv, en, et çpaaoïiv ,
boucher.
t EMPURAXIE (an-fra-ksie), t. /'.Terme de mé-
decine. Synonyme d'obstruction.
— ÉTYM. Voy. EMPURACTIQUE.
t EMPHYSÉMATEUX, EUSE (an-fi-zé-ma-teû ,
teû-z'), adj. Terme de médecine. Qui a rapporta
l'emphysème. Gonflement emphysémateux.
— ETYM. Emphysème.
EMPHYSÈME (an-fi-zê-m'), s.m. Terme de mé-
decine. Tumeur blanche, élastique, indolente,
causée par l'introduction de l'air dans le tissu cel-
lulaire. Il Emphysème du poumon, dilatation exces-
sive de la terminaison des canalicules pulmonaires.
— ÉTYM. 'EiiçO(Tr,|ia, de iv,en, et çuaâu, souffler.
EMPHYTÊOSE (an-fi-té-ô-z'), s. f. Terme de droit.
Convention par laquelle un propriétaire cède la jouis-
sance d'un héritage pour un temps très-long , ou
même à perpétuité, sous la réserve d'une redevance.
— HIST. XVI' s. Baux d'héritages à emphyteuse et
longues années sont immeubles, loysel, 2(0. Les
procureurs ou détenteurs d'aucuns héritages tenus
en emphitheote, Nouv. coust. gêner, t. lu, p. 376.
— ÉTYM. Altération de l'ancien emphyteuse, en
grec è(içÛTe\)ijcç , emphytéose , proprement implanta-
tion, de èv, en, et çyisÛM, planter, c'est-à-dire bail
dans lequel on a le droit de planter et la certitude
de jouir de ses plantations; provenc. emphytheosim ;
espagn. enfiteusis ; ital. enfiteusi.
EMPHYTÉOTE (an-fi-té-of), s. m. et f. Celui,
celle qui jouit par bail emphytéotique.
— ETYM. Emphytéose.
EMPHYTÉOTIQUE (an-fi-té-0-ti-k'), o^;. Qui ap-
partient à l'emphytéose. Bail emphytéotique, bail à
emphytéose ou à très-long terme, le plus souvent
de 99 ans.
— ÉTYM. Emphytéose.
t EMPIERREMENT (an-piè-re-man), s. m. Terme
des ponts et chaussées. Fondation faite de pierres.
Il Terme rural. Empilement de pierres dans un trou
ou dans un fossé, pour donner de l'écoulement aux
eaux entre leurs interstices. || Terme de construc-
tion. Revêtement formé de pierres qui n'ont reçu
qu'une façon grossière.
— HIST. XVI' s. Knpierrement [pétrification], cot-
GRAVE.
— ÉTYM. Empierrer.
t EMPIERRER (an-piè-ré), u. o. Terme de ponts
et chaussées. Faire un empierrement. || Terme ru-
ral. Empiler des pierres dans un trou, dans un fossé.
— HIST. XVI' s. Ton œil, habile à descocher. Par
sa vertu m'empierre [pétrifie] en un rocher. Comme
un regard d'une horrible méduse, ro.nsahd, 4.
— ÊTYM. En t, et pierre.
t EMPIÉTANT (an pié-tan), adj. m. Terme de
biason. Oiseau empiétant, oiseau qui tient sa proie
entre ses serres.
i. EMPIÉTÉ, ÊK (an-pié-té, tée), part, posté.
Pris pied à pied. Terrain empiété sur des voisins.
t 2. EMPIÉTÉ, ÉK (an-pié-té, tée), adj. Terme
de vénerie. Oiseau, chien empiété, oiseau, chien
qui a les pieds bons et beaux,
EMP
— aiSï. XVI' s. La faucon da Tartarie est passager,
comme le pèlerin, toutesfois de plus grande corpu
lence, roux dessous les ailes, et moult empieié da
longs doigts, BuoE, Du oiseaux, C 4 1 3, dans lacohnk.
— ÉTYM. En 1 , et pied.
EMPIÉTEMENT (an-piè-te-man; malgré l'accent
aigu donné par l'Acndémie, la prononciation fait
entendre un accent grave), i. m. Action d'empié-
ter; résultat jle cette action. Les empiétements
donnent lieu à beaucoup de procès. {| Par extension.
L'empiétement de la mer sur les terres. || Fig. L'em-
piétement d'une autorité sur l'autre.
— MIST. Empiétement, cotcbavs.
— EYYM. Empiéter.
EMPIÉTER (an-pié-té. L'accent aigu se change
en accent grave, quand la syllabe qui suit est
muette : j'empiète; excepté au futur et au condi-
tionnel où l'Académie maintient l'accent aigu : j'em-
piéterai, j'empiéterais), t>. (i. || l'Terme de faucon-
nerie. Enlever, prendre et tenir avec les serres. Un
faucon empiète sa proie. |{ 2° Ancien terme de con-
struction. Donner du pied. Empiéter une colonne,
une statue. || 3° Gagner pied à pied et par usurpa-
tion. Il a empiété sur moi plus d'un arpent. {| Abso-
lument. Disposé à empiéter sur ses voisins, boss.
Ilist. m, 7. Il Par analogie. La mer empiète sur
les cêtes. || Par une autre analogie. C'est une Ma-
delaine du Titian, grosse et grasse et fort agréable,
comme aux premiers jours de sa pénitence, au-
paravant que le jeûne eût commencé d'empiéter
sur elle, la font. t. vi , p. 4(5, édit. 'Walcken.
Il Fig. Usurper. Le peuple leur laissa empiéter le
pouvoir suprême, boss. Uist. I, 8. || Absolument.
S'arroger des droits qu'on n'a pas. Empiéter sur
l'autorité de quelqu'un. Vous dites qu'il faut être
modeste; les gens bien nés ne demandent pas
mieux; faites seulement que les hommes n'empiè-
tent pas sur ceux qui cèdent par modestie et ne bri-
sent pas ceux qui plient, la bruy. xi. Il ne m'est
pas permis de m'introduire auprès des souverains;
ce serait empiéter sur les d roits de Léviathan , de Bel-
phégor et d'Astarot, lïiïauk, Diable boit. ch. 4».
Tout le monde empiète sur un malade.... et il n'y
a pas jusqu'à sa garde qui ne se croie en droit de le
gouverner, vauven. ilax. 428. || Se laisser empiéter
à, se laisser gagner, absorber par. Se laisser em-
piéter aux préventions, méré, OEupre* poil/i. t. il,
p. 48. Il me semble qu'un grand esprit comme vous
[ Pascal ] devrait être au-dessus des arts et des
sciences, au lieu de s'y laisser empiéter, id. ib. p. «5.
— HIST. XVI' s. Le moyen est de vaincre le mon-
stre qui s'appelle opinion, logé dedans nous, et
d'où ayant chassé arrière la prudence, qui est U
guida de nos actions, il manie à son plaisir ceux
qu'il a empiétez, lanoue, 472. De làles Portugais
empiétèrent le reste de la première pointe des In-
des où est Goa, d'aub. i/tit. i, 4t. Sera rendu «u
Duc de Savoie tout ce que les rois tant François
qu'Henri auront empiété sur lui, ID. «6. I, 45.
Les attraits redoublèrent, quand la roina donna à
celles qui l'avoient empiété [le prince] espérance de
son mariage, id. ib. i, (98. Or en voyant en ces
champs l'autre jour Un pigeon blanc empiété d'un
autour Oui l'emportoit dedans sa serra aiguë, ro!<s.
740. Après qu'il se fut empiété de deux royaumes,
PASQUIER, Recherches, p. 44u, dans lacubne. Le roy
Charles VIII, ayant advisé avec son conseil qu'il
n'estoit pas bon d'avoir un si puissant seigneur
ancré et empiété dans son royaume, brant. Dames
illustres, p. i, dans ucurnb, au mot compromà.
— ÉTYM. En I, et pied : tenir entra ses pied» ou
mettre le pied dans.
EMPIFFRÉ, ÉE (an-pi-fré, frée), part. paué.
Un enfant empiffré de confiture.
EMPIFFRER (an-pi-fré), v. a. || 1' Bourrer da
nourriture. || 2° Rendre gros et gras. || 3- S'empif-
frer, 1). réfl. Trop manger. Oui s'empiffraient de
jambon, de langues de bœuf, isSAOt, CilBUu,
VU, 4 4. Il Devenir trop gros.
— ÉTYM. En i, et piffre.
t EMPIFFRERIE (an-pi-fre-rie), t. f. Action d'em-
pilîrer. Cela l'avait rendu si cher et si désiré dans
toutes leurs coteries qu'il se lassa de l'empiifreria
des festins et de l'empressemeut des maroliauds,
UAMILT. Gramm. 40.
— ÊTYM. Empiffrer.
i EMPILAGE (an-pi-la-j'),». m. Action d'ampilsr
Il Temps pendant lequel une chose resta empilée.
— ÊTYM. Empiler.
t EMPILE (an-pi-l'), f. f. Terme de pêche. Nom
d'une sorte de fils déliés, ordinairement doubles ,
qui, portant l'hameçon, s'ajustent aux lignes ou
cannes. On trouve aussi pila et peiUa.
EWP
— ÉTYM. Peut-êtra en*, Bi le lalln piîut, poil,
orin. Cependant il faut remarquer que ptilU, l'un
des synonymes, signifie aussi ohiffon.
EMPILfi, ÉE (an-pi-lé, lée), part, pasté. Des
bûches empilées les unes sur les autres,
EMPILEMENT (an-pi-le-man) , s. m. Action d'em-
piler; état de ce qui est empilé. On inventa des
conseillers du roi oontrflleura ftux empilements des
bois, VOLT. Louis IIV, so.
— ÉTYM. Empiler.
t. EMPILER (an-pi-lé), V. ù. Mettre en pile, en
tas. Empiler du hols, des boulets, des éous. || Terme
de jeu. Kmpiler les dames, les mettre en tas sur la
première flèche du trictrac. || Absolument. Empiler,
amasser de l'argent. Cet avare empile. |1 S'empiler,
V. réfl. Être mis en pile. J'aime à voir les écus s'em-
piler sur une table.
— HIST. XIV* s. Kt de draps y avoit mainte pile
empilée , Et de lange et de linge mainte huche com-
blée, Guescl. 20398.
— ÉTYM. En I, et pile 1.
f 2. EMPILEU (an-pi-lé), V. a. Terme de pèche.
Empiler des hameçons, les attacher à une empile.
— ËTYM. Empile.
+ EMPILEIÏR, EUSE (en-pl-leur, leû-i;'), s. m.
et f. Ouvrier, ouvrière qui empile des marchandises.
Il S. m. Anciennement, préposé à l'empilement du
bois. Mouleurs de bols, aides à mouleurs, chargeurs
de hois, contrôleurs des quantités, déchargeUrs,
empileurs, Déclar. 22 ocl. n\&, tarif.
— ÉTYM. Empiler l .
t EMPIPEDR (an-pi-peur), s. rn. Tonnelier qui
arrange les harengs saurs dans les tonnes.
— ÉTYJI. £n t , et pipe.
t EMPIRANTE (an-pi-ran-s') , s. f. Ancien terme de
monnaie. Défectuosité Ou altération dés monnaies.
Il Terme du commerce de mer. Diminution ou cor-
ruption qui arrive aux marchandises d'un vaisseau.
— HIST. XV* s. Sçavoir la manière du pays et de
laloy desmonnojes tant en or comme en argent,
les dragraes, earas, demi-dragmeset lesempirances,
EUST. DEScil. Art de faire chanscns, etc. Gast,
fraction, ou empirance de vivres, monstrëlet, il, B.
— ÊTYH. Empirant, d'empirer.
EMPIRE (an-pi-r'), s. m. || 1° Commandement,
autorité, puissance. Prends dessus mes sujets un
empire suprême, rotb. Bélis. i, 6. Les papes sont
loin de traiter les chrétiens avec cet empire que l'on
voudrait exercer en leur nom, pasc. Prov. <8. Le
monde est sous l'empire du mauvais esprit, Boss.
Pensées, a. Les princes agissent comme ministres
de Dieu et ses lieutenants sur la terre ; c'est par eux
qu'il exerce son empire, boss. Politique, m, ii, 1.
Reconnaître le suprême empire de Dieu, m. Ilist.
II, 3. Somgez-vous.... Que j'ai sur votre vie un em-
pire suprême? bac. Baj. ii, i. Accablant vos enfants
d'un empire odieux, in. Phèd. i, 3. On roi qui
avait sur ses peuples un empire absolu, tin. Tél. v.
Neptune, toi qui tiens l'empire des ondes, m. ib.
Ma fille est, je le sais, soumise k votre empire,
VOLT. Scythes, i, 2. Quel que soit le destin que
couve l'avenir. Terre [l'Italie], enveloppe-toi de ton
grand souvenir ; Que t'importe où s'en vont l'em-
pire et la victoire t 11 n'est point d'avenir égal à ta
mémoire, lamart. Ilarm. ii, 3. || Absolument. S'il
traite avec douceur, il traite avec empire, corn.
Pomp. m, r Ils regardent les gens avec empire, ils
disputent avec hardiesse et confiance, pasc. Imag.
I. Il fait ces miracles avec empire, boss. Ilist. ii,
«. Cet orgueil qui nous fait regarder nos inférieurs
avec hauteur et avec empire, fléchieh, Serm. ii,
36. Malheur aux pasteurs qui traitent leurs brebis
av«c une rigueur sévère et pleine d'empire, mass.
Panég. St Thomas. Mme de la Fayette, qui serait
aussi aimable que son amie Mme de Sévigné, si elle
avait un peu moins d'empire dans le caractère,
M"* DE GENLis, Mme de ilainlenon, t. i, p. 166,
dans pouGENS. H II se dit aussi par rapport aux ani-
maux. Et quant au berger, l'on peut dire Qu'il était
digne de tous maux, Etant de ces gens-là qui sur
lee animaux Se font un chimérique empire, la font.
Fabl. VII ) . La perfection et la puissance de l'homme
tant qu'il porte l'image de Dieu en son entier, son
empire sur les animaux, boss. H«s(. I, ).||a» Ascen-
dant, influence. Et ma raison sur moi gardera tant
d'empire, Que.... corn. Rodog. i, 5. Il parle et j'o-
béis à son secret empire, ID. Théod. m, 3. Comme
l'esprit a grand empire sur le corps, mol. Àm.
méd. III, 6. Je n'ai point sur ma langue un assez
grand empire, id. Mis. v, i. Les femmes ont un
empire absolu suç l'esprit des hommes, pasc. Pos*.
de l'amour. J'avouerai que la gloire eut sur moi
quelque empire, rac. Alex, iv, (. Elle a repris
EMP
sur vous son souverain empire, lO. Brit. iv, *.
Mais hélasl de l'amour ignorons-nous l'empire? id.
Pajai. m, 7. 'Vos conseils sur mon cœur n'ont
eu que trop d'empire, id. Iphig.i, 3. Lorsque j'ai
de mes sens abandonné l'empire, ID. Phèd. m, t.
Elle [l'Egypte] régnait par la sagesse de ses con-
seils et par la supériorité de ses connaissances ; et
cet empire d'esprit lui parut plus noble et plus glo-
rieux que celui qu'on établit par les armes, bollin,
nist. anc. Oiiuvres, 1. 1, p. 9i , dans pougens. Il veut
qu'on admire l'empire qu'il a sur nos cœurs, masS.
Car. Samar. L'inflexible Zopire, Qui craint de la
raison l'inévitable empire, volt. Fanât, n, 2. De
ma religion j'ai moins senti l'empire, m. ib. iv, 4.
Il Prendre de l'empire sur quelqu'un, décider de
ce qu'il veut, de ce qu'il fera. Vous prenez sur mon
âme un trop puissant empire, corn. Cinna, l, t.
J'ai cru devoir sur lui prendre ce haut empire, ID.
Serlor. v, 7. Cet amour que pour lui votre aslre vous
inspire N'a sur vos actions pris que bien peu d'em-
pire, mol. D. Gare, i, t. Laissez moins sur votre
sagesse Prendre d'empire à vos douleurs, id.
Psyché, II, t. Il Exercer, avoir de l'empire sur soi-
même, se contenir, commander à ses passions.
Il L'empire de la mode, de la beauté. || 3° Au-
torité souveraine, impériale ou royale, ou dicta-
toriale. J'ai souhaité l'empire et j'y suis parve-
nu, CORN. Cinna, n, i. Quiconque pour l'empire
eut la gloire de naître, m. héracl.ni, 2. [Il] ne
peut dignement vous confier qu'aux mains X qui
Rome a commis l'empire des humains, Rkc.Brit.
Il, 3. Je ne fais point de pas qui ne tende à l'em-
pire, m. Théb. m, e. Un autre était chargé de
l'empire du monde, in. Bérén. ii, 2. || 11 se dit d'un
étatconsidérable, quelle que soit la forme du gouver-
nement. Mais enfin on perd tout quand on perd un
empire, corn. Bodog. iv, 3. Elle [l'Écriture] re-
prend l'histoire du monde dès sa première origine,
et nous fait voir, par ce moyen, mieux que toutes
les autres histoires, les principes primitifs qui ont
formé les empires, boss. Politique, au Dauphin. On
voit les lois s'établir, les mœurs se lolir et les em-
pires se former, id. JHst. i, 2. Vous voyez comme les
empires se succèdent les uns aux autres, et comme
la religion, dans sesdifl'érents états, se soutient éga-
lement depuis le commencement du monde jus-
qu'à notre temps, id. 7b. Dessein général. Nous avons
échappé à cette mort qui atteint les empires comme
les individus ; vous n'avez pas seulement reculé la du-
rée de notre société politique, vous avez recréé son
existence, MIRABEAU, Collection, t. v, p. 407. || En
particulier, étatgouverné par un empereur. L'empire
(l'Autriche, de Russie. L'empire français. L'empire
succéda au consulat en <804. L'empire succéda à la
république en (852. L'empire romain. L'empire de
Charlemagne. L'empire d'Alexandre. || Haut-empire,
l'empire romain depuis le règne d'Auguste jusqu'à
la chute de l'empire d'Occident. Bas-empire, l'em-
pire romain depuis la chute de l'empire d'Occident
jusqu'à la prise d • Constantinople. || L'empire d'Oc-
cident, la partie de l'empire romain, qui comprenait
l'Italie, l'Espagne, la Gaule et la Bretagne; l'em-
pire d'Orient, celle qui comprenait la Grèce, l'Asie-
Mineure, l'Egypte et l'Afrique septentrionale. || Le
saint-empire, l'empire romain, rétabli par Charle-
magne en 800. Amis, Charles d'Espagne, étranger
par sa mère. Prétend au gaint-empire, v. hugo,
Hernani. \\ Absolument. Se dit du règne de Napo-
léon I". Du temps de l'empire. Les guerres de l'em-
pire. On le nomme aussi le premier empire. || Abso-
lument, il se disait autrefois de l'empire d'Allemagne.
Les cercles de l'Emjiire. Un envoyé du grand .sei-
gneur Préférait, dit l'histoire, un jour, chez l'em-
pereur. Les forces de son maître à celles de l'Em-
pire, la font. Fo6J.i,< 2. Ce kan ne commandait point
les armées du grand seigneur; il était comme les
princes l'eudatiires d'Allemagne, qu; ont servi l'Em-
pire avec leurs propres troupes subordonnies au
général de l'empereur allemand, volt. Russie, n,
(. ||Se dit des animaux dans le langage poétiiiue.
Autrefois l'éléphant et le rhinocéros. En di-pute du
pas et des droits de l'empire. Voulurent terminer
la querelle en champ clos, la font. Fabl. xii, 2<.
Deux taureaux combattaient à qui posséderait Une
génisse avec l'empire, va. ib. ii, 4. || Familière-
ment. Il ne céderait pas pour un empire, pour rien
au monde. Qui n'eût ri? quant à moi. Je n'en
eusse quitté ma part pour un empire, la font. Fabl.
xii, < 3. Il Les peuples compris dans un empire.
L'empire se souleva. L'empire vainement dtmande
un héritier, rac. Brit. ii, 2. || Règne. Virgile vivait
sous l'empire d'Auguste. || 4° L'empire de la mer,
la domination des mers. L'Angleterre affecta l'em-
VMP
1355
pitre do la mer. Regagner l'empire de la mer, d'a-
blahcoort, Am'en, i, 4, dans lacurne. || Le mari-
time empire, les mers. Pour moi [rat] j'ai déjà vu
le murilimo empire, lA FONT. Fabl. viii, 9. || L'cm-
[liru des morts, les demeures souterraines où l'on
supposait que lus morts résidaient. Lèvent redouble
ses efforts. Et fait si bien qu'il déracine Celui do (pli
la tôte au ciel était voisine, El dont les pieds tou-
chaient à l'empire des morts, lA font. Fabl. l, 22
Moi-même il m'enferma dans des cavernes sombres.
Lieux profonds et voisins de l'empire des ombre»,
RAC. Plicil. vui, 9.
— BEM. Dans les locutions haut-cmpiro, bas-
empire, Saint-Empire, on mot un trait d union.
— SYN. 1. EMPIRE, ROYAUME. L'emplro est la
domination ou le domaine d'un empereur. Lo
royaume est la domination ou le domaine d'un roi.
Du plus, empire so dit d'uno domination d'une vaste
étjîndue j un royaume peut être très-petit ; un em-
pire petit est ridicule. Empire sa dit très-bien pour ■
une vaste domination sans empereur : l'empire ro-
romain avant Auguste ; en cet emploi, il va sans
di re que royaume ne pourrait être substitué à empire.
Empire se dit aussi, dans le style élevé, d'un royaume
puissant : l'empire des lis. || 2. empire, règne.
Comme on dit qu'un empereur règne, on dira indif-
féremment sous l'empire ou sous le régne d'Au-
guste. Mais on dira sous le règne de Louis XIV, et
I on sous l'empire de Louis XIV.
— HIST. XI' s. Charles, semon les oz [armées] de
tun empire, Ch. de Roi. ccxciii. ||xn' s. Bien vos
puis dire, et si est veritez, Si grant empire [ar-
mée] ne vit homs qui soit nez, Com m cel champ
ot le jor assemblez. Bat. d'Aleschans, v. 6262. Li
sire jugera les fiiiS de terre, et dunra emperie à
sunrei. Liber psalm. p. 230. Dune, sireDieus, em-
pprie à tun enfant, et salf fai le 11 de la tue an-
celé, ib. p. <23. || C'rst cil qui d; p'.us haut re-
non Est chevali rs de cest empire , Lai d'ignau-
rès. ||xiii* s. Si tint-il l'empire de RomeCisdesloiaus
que je ci di, la Rose, 6270. || xvi* s. Revenons à
l'empre de la ciustume, mont, i, U6.
— ÉTYM. Provenç. emperi; espagn. et ital. impt-
rio ; du lat. imperium. Dans le moyen âge on jouait _
souvent sur empire, royiume, et empire, action |
u'empirer ; Lor-. est perdus joers et rires, Li roiau-'
mes lievient empiras. Fabliaux mss n° 76IB, t. i,
f° (02, dans lacurne. Emperie n'est qu'une forma
étymologique; la prononciation était empeire ou
empire.
EMPIRÉ, ÊE (an-pi-ré, rée), part, passé. Devenu
pire. La maladie empirée par les imprudences du
malade.
f EMPIREMENT (an-pi-re-man), s. m. Action
d'empirer; résultat de celte action.
— HIST. XII' s. Jadis soloit estre autrement; Oc
va tout par empirement, la Rose, 839 c || xiv* s. Ti-
ranie est corrupcion et malvestié ou empirement de
monarchie, oresme, Eth. 246. || xvi' s. Nature nous
deiobe la vue de nostre perte et empirement, mont.
I, 82. Nos mœurs penchent d'une merveilleuse in-
clination vers l'empirement, m. m, 63. Comme plu-
seurs pinticrs et ouvriers d estain mettent en leurs
oeuvres empirement de plomb, Ord. des ducs dt
Bretagne, (' 208, dans lacurne.
— Rtym. Empirer.
EMPIRER (an-pi-ré). || 1° V. a. Rendre pire. Le»
remèdes n'ont fait qu'empirer son mal. Si de mes
jours l'importune durée Ne m'eût en vieillissant la
cervelle empirée, malh. t, 4. Pour vouloir fuir le
mal, quelquefois on l'empire, th. corn. Comt.
d'orgueil, i, 2. || Familièrement. Empirer son
marché, rendre sa condition plus mauvaise. || Em*
pirer quelqu'un, rendre Sa santé plus mauvaise. Ils
m'ont fort assuré que la vendange de cette année
m'aurait empirée [on lui avait ordonné de tremper
ses mains dans la vendange pour une enflure], s8v.
3(0. Il ï° V. n. Devenir pire. Poussée à bout, son
mal pourrait empirer, boss. Lett. Corn. 78. Les
choses empirèrent par sa mort, id. Var. vu, § 76.
Leur état et leurs affaires empirent, ID. llitl. li, 7.
II Terme de commerce. Se gâter, se corrompre, en
parlant des marchandises. || Il se dit aussi des per-
sonnes dont l'état devient plus mauvais. Enfin on
sortit de table pour le soulagement do tout le monde,
excepté de moi qui empirais à vue d'oeil, scafr.
Rom. com. i, (3. || 8' S'empirer, v. réfl. Devenif
pire. Leur état allait s'empirant, Boss. Hist.ti, t.
Tout a réussi contre nos pensées, et telle est sa
dépravation [de l'âme d'un mourant] qu'elle s'est
empirée parmi nos remèdes, m. Impénit. a. |[Pro-
verbe. Un qui amenda vaut mieux que deux qui em-
pirent
(356
mv
f.
_ Hisr xi'g. Si'rt ampïirez [le siècle] tut bien
MU .^m.n.n. [a..nq»antï, .« >"<f ".','• " î."' '"
MuJt e.lo» Ter. le rei enpeirez et merflez, Th. le
mari *» Rcpont Rolant : ne »ui point empiré
nir.It ni haubert), vaillissant un bouton, tb. p. )8».
IL'épieJ Onques ne put en bataille enpirer [devenir
pire) ji. Oui les barons empiriés [corrompus] Sert
«ans aeur [bonne fortune], jà tant n'aura servi Que
leur en prenne pitiés.... ouesnes, Romancero, p. »8.
Il iiii* s. Killo, font il andoi [tous les deux], ccste
amors vous empire, audefroi lebastart, Roman-
cero, p. <*• Là fu sa nés [son navire) eropirie, et
par è.slevoir [de nécessité] li convint séjourner au
pals, viLLEB. cxxxiii. Fisicien [les médecins] me
dientque la clarté m'enpire [me rend plus malade],
Berte, lixxviii. Ainz que vous eussiez m'amur,
Fute.s-vus de mult grant valur; N'est mie dreiz &
chevaler Ke pur amiir deive enpeirer, Lai del désiré.
Au revenir (je] plains et soupire, Car ma dolor
croist et empire. Si que je n'ai mais espérance De
garison ne d'eslejance, la Rose, <8*2. Car biauté
est de tel malire, Que el plus vit, et plus empire,
ib. 8382. Que li oirs ne truist [trouve] pas ses édi-
fices empiriés, quant il vient à son aage, beaum.
XV, H. Ilxiv s. Mais aucune foiz par négligence ou
pour ce que l'en n'eut cure, sont aucuns ars em-
pirez et oubliez en tout ou en partie par procès de
temps, ORESME, Elh. x, te. Quant l'encre passe
trois scpmaines, elle empire, Mi'nagier, ii, 6. || xV s.
Cela l'amendera ou empirera, car les mauvais empi-
rent de beaucoup sçavoir, et les autres en amendent ;
mais touteflbis il est à croyre que le sçavoir amende
plus tost ung homme que l'empirer, comm. v, 48.
Durant ce temps se empiroient les besongnes dudit
roy de Portugal, id. v, 7. |{ xvi's. C'est bien em-
pirer mon marché, mont, i, 33. Les pédantes [forme
italienne, pédante] empirent ce qu'on leur commet,
et se font payer de l'avoir empiré, id. i, t48. Marne-
moire s'empire cruellement touts les jours, id. iv, 88.
— ÊTYM. En t , et pire.
EMPIRIQUE (an-pi ri-k'), adj. \\ 1° Qui se guide
seulement par l'expérience. Méthode empirique.
Procédés empiriques. || Terme do physique. For-
mule empirique, formule dénature approximative,
qui dérive non de la théorie, mais d'une série de
faits ou cas particuliers. || Substantivement. Un em-
pirique, un homme qui traite les maladies par des
remèdes secrets, et sans aucune notion scientifique
du corps et de ses maladies. On peut juger par là
que M. Kagon n'aura pas fait beaucoup de grâce
aux empiriques; ces sortes de médecins, d'autant
plus accrédités qu'ils sont moins médecins, et qui
ordinairement se font un litre ou d'un savoir incom-
préhensible et visionnaire ou même de leur igno-
rance, ont trop souvent puni la crédulité de leurs
malades, fonten. Façon. [Carelti] C'était un Italien
qui gagnait do l'argent en faisant l'empirique,
ST-siM. 66, t96. Osons Croire que toute économie
qui provient de la vente qu'on nous fait de ce que
nous donnons n'est qu'un secret d'empirique, mira-
beau, Collection, t. u, p. 482. 112" Oui appartient à
l'empirisme. || S. m. Les empiriques, les philoso-
phes qui appartiennent à l'empirisme. || Dans l'anti-
quité, nom donné à une secte de médecins opposée
aux dogmatistes et qui, fondée par PhilinusdeCos,
disciple d'Hérophilc, et parSérapion, ne consultait
que les faits reconnus expérimentalement, et reje-
tait tout raisonnement dogmatique, et, avec lui, la
connaissance do l'anatomie. || En mauvaise part, ceux
qui suivent la routine et dédaignent l'expérience.
— HIST. xvi" s. La curalion de toutes ces pointures
[piqûres] est emperique ou anificial, ii. de mon-
rsviLLE, f" 82, verso. Parole est ici faite de plu-
sieurs emperiques [remèdes, amulettes] pendus au
col du pacient, m. t° 98, verso.
— ÉTYM. 'E|xittipixoc, de iv, en, el ntlpoi, expé-
rience.
t EMPIRIOUKMENT(an-pi-ri-ke-man), adj. D'une
mtnière empirique.
— ÊTYM. Empirique, et le suffixe m«nl.
EMPIRISME (an-pi-ri-sm'), s. m.\\ i' Recherche
do l'ejpérience seule, sans aucune théorie. || Terme
de philosophie. Système dans lequel l'origine de
nos connaissances est uniquement attribuée à l'ex-
périence. L'empirisme écossais. || 8" Etat d'une
•cience quand les faits n'y sont encore liés par aucun
ix**"*™' °" ^''^orie- L'empirisme a été banni
entièrement do l'astronomie, qui maintenant e.-.t un
grand problème de mécanique, dont les éléments
ou mouTement des astres, leurs figures el leurs
mw«., ont le» arbitraires, seules données indis-
praiablcs que cette science doive tirer des observa-
RM?
tloiis, tA PLACE, Exp. iv, préface. ||8' En mauvaise
jiart, aveugle routine. || Empirisme médical, prati-
que qui ne tient aucun compte de la théorie. Empir
risme politique se dit de la politique qui n'a d'autre
règle que les faits sans théorie.
— ÉTYM. Voy. EMPIRIQUE.
f EMPÎS (an-pis'), s. f. Genre d'insectes diptères
ayant pour type l'empis opaque, qui vit de proie.
— ÊTYM. 'Eiiiti;, sorte de mouche.
EMPLACEMENT (an-pla-se-man) , ». m. || 1* En-
droit convenable pour construire, établir ou faire
quelque chose. Voilà un bel emplacement pour un
chantier, pour une fontaine. || 2° Place. L'emplace-
ment de la Bastille. N'est-il pas singulier que, dans
une ville aussi fameuse que Carthage, on en soit à
chercher l'emplacement même de ses portsTcHA-
TEAUB. /(in. m, tSB. Il 3° Action de décharger et de
placer le sel dans les lieux du dépôt. || Manière dont
les masses de sel sont disposées dans les greniers.
— ÉTYM. En I , el placement.
■[ EMPLACER (an-pla-sé), v. a. Mettre le sel dans
les greniers.
— ÉTYSl. En I , et placer. S'emplacer, avec un
sens général, a été usité : Comme des corps mal
unis, qu'on empoche sans ordre, trouvent d'eulx
mesmes la façon de se joindre et emplacer les uns
parmy les autres, mont.iv, 80.
t EMPLAGE (an-pla-j') , s. m. || 1° Terme de con-
struction. Masse d'éclats de pierres jetés avec du mor-
tier entre deux rangs de pierres taillées. || 2° Terme
de marchand de vin. Action d'ouiller.
— HlST. XIV' s. L'emplage fait es charretes, du
CANOs, implagium.
— ÉTYM. Dérivé de emplir, qui faisait emple à
l'indicatif; voy. l'hist. de emplir.
+ EMPLAIGNER (an-plè-gné), v. a. Voy. I-ainer.
t EMPLAIGNEUR (an-plè-gneur) , *. m. Voy.
LAINEUR.
j EMPLANTER (an-plan-té), v. a. Couvrir un
terrain de plantations.
— ÉTYM. En I , et planter.
f EMPLANTURE (an-plan-tu-r'), s. f. Terme de
marine. Ouverture pratiquée dans la carlingue, pour
y faire entrer le pied des bas mâts.
— ÉTYM. En i , el planter.
\ EMPLASTIQUE (an-pla-sti-k'), adj. Qui a le
caractère d'un emplâtre. || Qui sert à coller. Sub-
stance emplastique.
— ÉTYM. 'EiiuXotoTixà;, de iv, en, et tiXiaciiy, for-
mer, prendre empreinle.
t EMPLASTRATION (an-pla-stra-sion) , s. f. Ac-
tion d'enter en écusson.
— HIST. Touchant l'enter à escusson, appelle
aussi emplastration , morceau et bouton, est à no-
ter n'y estre propres indilTeremment tous les œil-
lets et bourgeons, o. de serres, 6GC.
— ÉTYM. Emplasirer.
t EMPLASTRER (an-pla-stré), v. a. Terme d'hor-
ticulture. Enter en écusson.
— HIST. xvi* s. Là est emplastré l'escusson, de
telle sorte qu'il joint l'escorce de l'arbre de trois di-
vers endroits, o. de serbes. G69.
— ÉTYM. Le même que empldtrer.
EMPLÂTRE (an-plâlr') , s, m. Terme de phar-
macie. Topique glutineux qui, se ramollissant par
la chaleur , adhère à la partie sur laquelle on
l'applique. Mettre, lever un emplâtre. Il avait un
grand emplâtre sur le visage, scarr. Rom. com.
ch. 1. Il Fig. Mettre un emplâtre à une affaire,
couvrir, réparer ce qu'il y a de défectueux dans une
affaire. Nos petites consolations ne sont que des em-
plâtres sur les blessures de la vie, volt. Lett. en
vers et en prose, t62. || Personne infirme et mala-
dive, et, ironiquement, personne sans activité, sans
énergie. C'est un emplâtre que cet homme-là. Quel
pauvre emplâtre! || Proverbe. Où il n'y a point de
mal, il ne faut point d'emplâtre.
— REM. Le genre d'empM(re a été longtemps in-
décis entre le genre du latin el la terminaison fémi-
nine, el dans le xvii' siècle on le faisait souvent fé-
minin : Une cicatrice que couvrait une petite em-
plâtre en losange, hamilt. Gramm. 7.
— HIST. xii* s. Isaias le fist lui issi, puis cumandad
que l'um figes [figues] li portast, si en fist une emplas-
Ire, 0 fist la mettre sur un clou que li reis oui où
il se duleit, Rot,v, p. 4t7. {| xiii« s. [Le médecin] Tex
[tels] emplaslres dessus [les plaies] lia, Qu'en qua-
tre jours que Jehansfu i Boulogne, tous garis fu,
Dl. et Jch. V. 4617. [La fortune] Et leur assiet
comme niarastre Au cuer un doloreui emplaslre
Destrempé non pas de vin aigre. Mais de povreté
lasse et maigre, la Rose, 4«i4. ||xiv* Harol metés
moi une emplastra Sur la coer; car, quant m'en |
souvient. Certes souspirer me convient , Fiioiss.
Buiss. de jonece. L'emplastre de nonchaloir Que
sus mon cœr pieça mis. M'a guéri, pour dire voir
cfl. d'ohl. Bail. 76. Il xvr s. Il y adjousta celle in-
vention, de contrefaire le borgne.... quand il voulut
desfaire l'emplastre qu'il avoit longtemps porté sur
son œil, il trouva que sa vue estoit efl'ectuellement
perdue sous le masque, mont, m, 4 06. Mettre l'em-
plastre près de la playe, cÉNiN, R^cr^a». t. ii, p. 244.
— ÉTYM. Wallon, èpldse; namur. iplause; pro-
venç. emplastré, empasire , emplaut, emplausl;
espagn. emplasto; liai, empiasiro; du latin emptas-
trum, venu lui-même du grec limXairtpov, deiv,
en, et 7i)âiT<ieiv, former.
t EMPLÂTRER (an-pla-tré), t>. a. || f Etendre le
vernis sur une peau pour faire prendre à cette peau
la couleur de l'or. || 2° Fig. et populairement. Gêner
comme par un emplâtre. Qui nous a emplâtres de co
paresseux-là?
— ÉTYM. Emplâtre; provenç. emplastrar; espagn.
emplastar; ital. impiasirare.
t EMPLÂTRIER (an-plA-tri-é), s. m. Lieu de la
boutique d'un apothicaire où il met les emplâtres.
EMPLETTE (anplè-t'),f.^ || 1° Action d'employer
une somme d'argent en achats. Ce sens, qui est le
primitif, a vieilli. || Être en emplette, se disait au-
trefois d'un marchand qui était en voyage pour
acheter ce qui lui élail nécessaire. Son mari donc se
trouvant en em[jlelte, la font. Fais. || On dit encore
aujourd'hui : Faire ses emplettes, aller aux em-
plettes dans les villes de fabrique. |1 Etre de bonne
emplette, être bon à acheter; et fig. en parlant des
personnes, avoir bon air. La dame était de bonne
emplette encore, la font. Berc. \\ 2" Aujourd'hui
en un sens plus restreint, achat de marchan-
dises, d'objets de peu de conséquence ou d'usage et
de service ordinaire. J'ai su là-bas que pour quel-
ques emplettes Eliante est sortie et Celimène aussi,
mol. Mis. I, 2. Un bloc de marbre était si beau
Qu'un statuaire en fit emplette, la font. Fabl. ix,
6. 11 s'embarqua à Livourne pour Londres, quoique
dans un âge déjà fort avancé, et il alfa de Londres
à Amsterdam, finir ses savantes emplettes, fonten.
tiarsigli. Des fleurs de votre teint Où faites-vous
emplette ÎBÉRANG. Lisette. || 3° L'objet acheté. Mon-
trer ses emplettes. Tout allait bien, quand leur
emplette. En passant par certains endroits. Remplis
d'écueils el fort étroits Et de trajet fort difficile,
Alla toute emballée au fond des magasins Qui du
Tartare sont voisins, la font. Fahl. xii, 7.
— REM. L'usage permet qu'on dise faire emplette
d'un objet, sans article.
— SY'N. emplette, achat. Achat est plus géné-
ral, il peut se dire non-seulement des objets consi-
dérables, mais aussi des menus objets; au lieu que
emplette ne peut se dire que de ceux-ci. J'ai fait l'achat
ou l'emplette d'un chapeau; mais j'ai fait l'achat
et non l'emplette d'une maison, d'un domaine.
— HIST. xV s. Les marchans qui estoienl alez au-
dit pays de Bourgongne pour faire leurs amplettes,
j. DE tboyes, Chron. 4467. ||xvi' s. Comme une
vaine moiinoye inutile à tout aultre usage et em-
ploite qu'à compter et jecter, mont, i, 43. Si j'a-
masse, ce n'est que pour l'espérance de quelque voi-
sine emploite, id. I,3i7. L'employle [acquisition] de
la science est bien plus hazardeuse que de toute aul-
tre viande ou boisson, id. iv, (9*. Marchands qui
vont à l'emploicte , sont lousjours kien garnis el mou-
tés, CARLOix IV, 47. Et lui fascleit d'avoir perdu sa
femme si tost, la quelle estoit encore de bonne em-
ploite, DESPER. Contes, x. Un marchant qui seroitas-
seuré de cent escus en achapt de draps y perdre
mille escus, se gardera très bien d'y faire emploicle,
ny d'en desbourcer un denier, fboumekteab, fi-
nances, 3« livre, p. 437.
— ÉTYM. Provenç. empleytar, acheter; bas-lal.
implicare , dépenser , impïicita, dépense. Em-
ploicte, ancienne forme, est l'équivalent exact d'im-
piicita, d'impJicare (voy. employer), el signifie
proprement la somme employée à l'achat.
EMPLI, lE (an-pli, plie), part, passé d'emplir.
Il 1° Une bouteille emplie jusqu'au goulot. ||2*S.m.
Chambre où l'on dispose les formes dans lesquelles
le sucre de betteraves doit se cristalliser en masse.
Il Seconde cuite du sucre, réunie à du sucre d'une
première cuite. || La quantité de formes que l'on
a remplies.
EMPLIR (an-plir). || !• T. a. Rendre plein. Em-
plir un coiïre, un verre. J'aperçois un canot vida
sur le rivage, emplissons-le de cocos, jetons-nou»
dans celte petite barque, laissons-nous aller au cou-
rant, VOLT. Candide, 47. || Fig. De sa vaste folie
emplir toute la terre, boil. Sat. viii. L'honneur et
EMP
!a vengeance empliront tous les cœurs, volt. Mér.
IV, 6. {{ Familièrement. Il emplit bien son pour-
point, se dit d'un homme gros et gras. || 2» Y. n.
Terme de marine. Être gagné par une voie d'eau,
en parlant d'un vaisseau. || Terme de sucrerie. Faire
un empli. || 3* S'emplir, v. réfl. Devenir plein. Le
bateau s'emplissait peu à peu.
— SYN. EMPLIR, REMPLIR. Rigoureusement, rem-
plir signifie emplir de nouveau; mais la particule
réduplicative re perd souvent son sens; et ici elle
s'est modifiée; de sorte que remplir exprime l'action
d'ajouter ce qui manque pour que la chose soit
tout à fait pleine : remplir un tonneau. C'est là la
nuance essentielle et de laquelle découlent les em-
plois de ces deux verbes. On dira un bois rempli de
voleurs, plutôt que empli, parce que en effet des
voleurs n'emplissent pas le bois, mais le remplissent
à fur et mesure qu'ils y arrivent ou y séjournent. On
dira que les grands mots emplissent la bouche,
plutôt que remplissent, parce qu'on veut exprimer
non pas la venue successive des mots dans la bou-
che, mais l'effet simultané, la plénitude qu'ils pro-
duisent. D'un autre côté, quand on dit : sa gloire
emplit ou remplit l'univers, il est difficile de saisir
une nuance réelle.
— HIST. XII' s. Je enplirai vostre commandement,
Ronc. p. <6. Il XIII* s. Uevre [ouvre] ta bouche et je
l'ampliré. Psautier, f" <00. Car jonesoe si les en-
flame, Qm de feu les emple et de flame, la Rose,
MIS. Ainçois estoit encore enclose [la graine] Entre
lesfoillesde la rose, Qui amont droites se levoient
Et la place dedans emploient, ib. 3380. || xv" s.
Adonc cessa l'assaut et fut avisé pour le mieux que
on empliroit les fossés, froiss. ii, ii, 34, || xvi" s.
Marins emplit incontinent toute la Libye et toute la
ville de Rome de sa renommée, amyot. Marins, ti.
Hz emplirent de sang et de corps morts tout le
cours de la rivière, id. ib. 34. Il feit emplir d'eau
deux mille peaux de chèvres, id. Sertor. 18. [Dieu]
un realement estant, qui par un seul maintenant
emplit le tousjours, mont, ii, 379.
— ÉTYM. Provenç. emplir, omplir, umpUir; ital.
«mptere; du latin implere, dein.en, et piere (comp.
plein). Dans l'ancienne langue, la conjugaison
était : 7'empie, de {mpleo, avec l'accent sur m.
EMPLOI (an-ploi), s. m. || 1° Usage qu'on fait de
quelque chose. L'emploi du fer dans les construc-
tions. Faire un noble emploi de ses richesses. L'em-
ploi du temps. L'emploi de ce moyen n'est pas sans
danger. L'emploi du mot propre. || Double em-
ploi, se dit de tout ce qui fait une répétition inutile.
Cela fait double emploi. Si [ces principes sont] sem-
blables, c'est comme s'il n'y en avait qu'un; c'est
un double emploi, volt. Princ. d'acl. i. l\Àuplur.
De doubles emplois ou des doubles emplois, suivant
que l'on considère double comme un adjectif ou
comme faisant un seul mot avec emploi. || 2° Terme
de finance. Application de fonds à une destination.
Régler l'emploi d'une dot, des sommes provenues
d'une vente. Ils ont su l'emploi des trente pièces d'ar-
gent, Boss. Hist. II, 4. Il Terme de jurisprudence.
Emploi des deniers, usage conforme à leur destina-
tion déterminée par la loi ou la convention. Emploi
de deniers dotaux. || Faux emploi, l'emploi d'une
somme portée en dépense, quoique la dépense n'ait
point été faite. )| 3" Occupation. [Il] .... pour unique
emploi s'attache à son plaisir. Et laisse le pouvoir à
qui peut s'en saisir, corn. Attila, i, 2. Le ciel, dont
nous voyons que l'ordre est tout-puissant, Pour diffé-
rents emplois nous fabrique en naissant, mol. Fem.
sav. 1,1. Heureux qui vit chez soi , De régler ses dé-
sirs faisant tout son emploi I la font. Fabl. vu, 12.
Quand pourront les François Se donner, comme vous,
entiers à ces emplois? Mars nous fait recueillir d'am-
ples moissons de gloire, m. «6. vu, 18. De sembla-
bles discours rebutaient l'appointeur [de procès];
11 court aux hôpitaux, va voir leur directeur; Tous
deux ne recueillant que plainte et que murmure.
Affligés et contraints de quitter ces emplois, Vont
confier leur peine au silence des bois, id. ib. xii,
27. Ce n'est pas qu'un emploi ne doive être souffert:
Puisqu'on plaide et qu'on meurt et qu'on devient
malaile. Il faut des médecins, il faut des avocats,
ID. ib. [Il] Etait prêtre de Flore ; Il l'était de Po-
mone encore; Ces deux emplois sont beaux, iD.tb.
VIII, 10. Quel est tous les jours votre emploi? rac.
Athal. II, 7. Mais quel indigne emploi moi-même
m'imposé-je?iD. Baj. iv, 2. Ceschaumes,cesdéserts.
où des pompes des rois Je vous vis descendue aux
plus humbles emplois, volt. Scyth. m, 4.|| Faire son
emploi de, s'occupera, faire son aflaire de. Etqueje
fasse enfin mes plus fréquents emplois De parcourir
nos monts, nos plaines et nos bois, mol. Princ. d'Él.
i, 3. 1) Emploi du travail, des capitaux, leur appli-
cation à l'industrie. Accroître l'emploi du travail.
Il 4° Fonction, place. Je vais comme au supplice à
cet illustre emploi, cobn. hérad. ii, B II n'est pas
toujours bon d'avoir un haut emploi, la font. Fabl.
i, 4. Mal content de n'avoir point eu de l'emploi en
France, sÉv. I3i. Ceux qui sont dans les emplois
de la guerre, boss. Gornay. Moi... Qui, d'emplois en
emplois vieilli sous trois sultans, Ai vu de mes pa-
reils les malheurs éclatants, rac. Baj. iv, 7. Il faut
en France beaucoup de fermeté et une grande
étendue d'esprit pour se passer des charges et des
emplois, et consentir ainsi à rester chez soi et à ne
rien faire, la bruy. ii. Les personnes qui étaient
dans quelque emploi considérable, fén. Tél. xxi. J'ai
placé deux de mes frères. Mes trois fils ont de l'em-
ploi, BÉBANG. Ventru. Je languis sous la chaîne Du
plus modique emploi, m. Vocation. || Il se dit, ab-
solument, pour service, temps passé dans les em-
plois. Mais ses rivaux ont-ils plus de mérite?— Non ;
Mais ils ont plus d'emploi, plus de rang, plus de
nom, CORN. Pulch. m, 1. || B° Terme de théâtre.
Rôles d'un même caractère. Cet acteur tient l'em-
ploi des rois, l'emploi des valets. || Chef d'emploi, le
premier acteur dans les rôles de chaque emploi.
— HIST. xvi* s. 0 mon Dieu, conduisez-moi en
vostre volonté par le froid, par le chaud.... par
l'employ, par le repos, st François de sales, Soli-
tudes annuelles, p. 24B, Paris, 1860.
— ÉTYM. Voy. EMPLOYER; ital. impiego. Au xvi*
siècle, on disait emploite (voy. emplettp:) : Le ma-
niement et employte des beaux esprits donne prix
à la langue, mont, m, 3b3.
t EJJPLOYABLE (an-plo-ia-bl'; plusieurs disent
an-ploi-ia-bl') , adj. Qui peut être employé.
— HIST. xvi* s. Le potier fait des pots employa-
bles à services honnestes et honnorables, et d'autres
applicables à choses indignes et vilaines, beloy,
Orig. de la chevalerie, p. 38, dans lacurne.
—ÉTYM. Employer.
EMPLOYÉ, ÉE (an-plo-ié, iée; plusieurs disent
an-ploi-ié), part, passé. \\ 1° Dont on a fait emploi.
De l'argent bien employé. Cinquante ans furent em-
ployés pour le bonheur de l'État, thomas, Éloge de
Sully. Pas un de vos jours qui n'emporte Quelque
peu de la fleur de vos jeunes beautés; Employés ou
perdus, n'importe, Ils ne laisseront pas de vous
être comptés, montreuil, Remontranceà une jeune
demotieHe. Il C'est bien employé, s'est dit pour :
c'est bien fait, la chose est méritée. Cette longueur
[d'une maladie] est toute propre à mortifier une
créature, qui, comme voussavez, ne connaîlquasi
pas cette belle vertu de patience; mais il faut bien
se soumettre quand Dieu le veut; c'est bien em-
ployé, j'étais insolente: je reconnais de bonne foi
que je ne suis pas la plus forte, sÉv. Lett. 18 mars
1C70. Il 2° Qui a une occupation, une fonction, une
place. C'est un des médecins les plus employés de
Paris. Il est employé dans un chemin de fer. [Ils] vous
acquirent l'honneur D'être seuls employés aux au-
tels du Seigneur, bac. Ath. iv, 3. J'ai maintenant
l'espérance d'être employé; et, si cela est, je vous
emmènerai avec votre ami, m" de genlis, Adèle et
Théod. t. m, lett. Bi, p. 3B2, dans pougens.
Il 3° S. m. Homme employé dans une administra-
tion, dans un bureau, etc. Les employés de l'admi-
nistration des contributions indirectes. Un employé
d'une compagnie d'assurances. Un employé de che-
min dé fer. || Terme d'économie politique. Celui qui
cède son travail à celui qui le demande, à l'em-
ployeur.
EMPLOYER (an-plo-ié; plusieurs disent an-ploi-
ié), j'employais, nous employions, vous employiez;
que j'emploie, que nous employions, que vous em-
ployiez; l'y grec se change en t devant un e muet :
j'emploie, j'emploierai, v. a.\\ 1° Faire emploi de
quelque chose. Employer beaucoup d'argent en aumô-
nes. Employerdel'étoffe. Le temps est cher, il le faut
employer, rac. Ilithr. iii.B. Allons, employons bien
le moment qui nous reste, m. Bajaz. m, k. Ceux qui
emploient mal leur temps sont les premiers à se
plaindre de sa brièveté, la bruy. xii. Employez-les
[vos biens et votre autorité] à faire des heureux et à
rendre la vie plus douce et plus supportable ides in-
fortunés, MASS. Pet. car. Iluman. des gr. ||2' Par
extension. La lumière emploie environ un demi-quart
d'heure à nous venir du soleil. Un boulet de canon qui
irait de la terre au soleil et qui conserverait toujours
sa première vitesse, emploierait vingt-cinq ans pour
y arriver, rollin. Traité des Et. v, art. 3 et i.
Il 3" Mettre en oeuvre. Employer ses bons offices
pour quelqu'un. Employer tous les moyens pour
parvenir à ses fins. Employer la fiction et le men- 1
EMP
1357
songe. Rome est sujette d'Albe, et, pour l'en ga-
rantir, 11 n'a pas employé jusqu'au dernier sou-
pirl CORN. Jlor. m, 8. Dieu.... qui, fécond en
moyens, emploie toutes choses à ses fins cachées ,
B0.SS. Reine d'Angl. Employer ses mains charitables
pour servir les pauvres, flécii. ii, 26. J'employais
les soupirs et même la menace, rac. Brit. ii, 2.
Sans qu'elle employât une seule prière, ID. .4ndr.
V, 2. Vous pourriez de Zaïre employer la faveur,
VOLT. Zaïre, ii, 1. Tu n'aurais employé qu'une juste
défense, id. Uér. ii, 2. Ce poids léger du temps que
le travail emploie, i.amart. Earm. i, B. || Familiè-
rement. Employer le vert et le sec, faire tous ses
efforts, mettre toutes sortes de moyens en oeuvre.
LoL'ution tirée d'un homme qui , pour se chauffer,
brûle non-seulement le bois sec, mais le bois vert.
Il Emplojer une somme, l'appliquer aune dépense.
Tous ceux qui emploient de l'argent pour obtenir
les ministères ecclésiastiques, pasc. Réfut. de la
rép. à la t2' Jc((. || Employer une phrase, un mot,
un tour, en user en parlant ou en écrivant. || Em-
ployer une raison, une pièce, la faire valoir, s'en
appuyer. || 4° Donner de l'emploi, de loccupa-
tion. Employer un grand nombre d'ouvriers. On
l'a employé dans de grandes négociations.... de
tous ceux que le sultan emploie, Orcan le plus
fidèle à servir ses desseins, rac. Baj. m, 8. Capi-
taine qu'Adraste, par jalousie, n'avait jamais voulu
employer, fén. Tél. xxi. || Employer quelqu'un,
se servir de son crédit, de son influence, de ses
démarches. Vous l'avez employé pour réussir dans
votre candiditure. Après avoir pour nous em-
ployé ce grand homme, corn. If. de Pomp. i, 3.
Faites-moi la grâce de m'employer; soyez persuadé
que je suis entîtirement à vous, mol. Imprompt. 3.
Il Par extension. J'ai regret que le sort m'emploie
à la ruine De la plus éclatante et superbe ma-
chine, rotbou , Bélis. v, B. || 5" S'employer, v.
réfl. Être employé, mis en œuvre. Ce moyen ne peut
s'employer. Ce mot ne s'emploie pas en ce sens. Ô
grands vénérateurs de ce saint mystère [l'eucha-
ristie], dont le zèle s'emploie à persécuter ceux qui
l'honorent par tant de communions saintes, pasc.
Prov. 16. Il User de son crédit en faveur de quel-
qu'un. Sauvez ce malheureux, employez-vous pour
lui, coBN. Polyeucte, iv, b. Et je n'ai point eu lieu
de m'employer pour toi, ID. Ctnna, III, 4. Vous dai-
gnerez vous employer pour moi, mol. Femmes sap.
I, 2. Il ne s'en sauva que quelques-uns [des partisans
de Cylon], pour qui les femmes des citoyens s'em-
ployèrent et les firent mettre en liberté, fén. Solon.
— REM. Employer régit d devant les verbes : Em-
ployez votre argent à secourir votre frère. Il em-
ploya à mettre en vers ces fables les derniers mo-
ments de sa vie, la f 'NT. Fabl. Préface. Il régit à
devant les noms, quand ils sont déterminés : J'ai
employé vingt mille francs à cette acqus tion; il
a employé tout son argent à des bagatelles; et
en quand ils sont indéterminés, c'est-à-dire sans
article ou sans autre déterminatif: Il a employé tout
son argent en bagatelles.
— HIST. XI' s. Or guart chascuns que granz cops
il empleit, Ch. de Roi. lxxvii. Nen i a cel [qui] sa
lance n'i empleit, ib. ccxlviii. ||xii* s. Malement
[]'] ai mon service emploie. Coud, vu. Après celui
[ils] eslurent dantGarin lePohier; Ne sorent lato-
rone alors ii ieux amploier. Saxons, iv. Jamais tut
cil denier n'ierent bien empleié, Quant sunt par fé-
lonie conquis egaaig.ié, Th.lemart. ib7. ||xni"s.
Et se vous veés que la corone sj.t mius emploie en
l'un de vous qu'en moi, je m'i otroi volontiers, Chr.
deRains, 148. Et nous ne veimes où Ii roiaumes
de Jherusalem fust mius emploies que en vous, ib.
80. Mètre ion temps eu mal, ce n'est mieemploier,
la Foie et la Sage. || xiV s. N'y ot prince si grant
tant y fust souffisaot, Qui pour Englois g ever ne
s'alast emploiaiit, Guesd. v. 20142. || xV s. Quand
le demeurant qui eschapper purent, f,,rent venus er»
l'ost devers leurs lompagnons, si contèrent leurs
aventures aux uns et auv autres, qui peu les en
pi ignire.t, maisdireiit que c'estoit bien emp oyé,
car sans conseil et sans commandement ils y es-
toient allés, froiss. i, i, i41. Mieuls ne poet em-
ployer le temps Homs, ce m'est vis, qu'au bien
amer [en aimai. t bien], id. Espinelte amoureuse. Je
vous prye que vous hastez de faire ce mariage e plus
tost que vous pourrés, et vous asseure que, de ma
part, je m'y emploieray autant q e si c'estoit pour
ma propre fille. Lettre de Louis II, Bibl. des Chartes,
4' série, 1. 1, p. 20. Au surplus il faut vivre en joye;
Que servent les biens amassés. Au besoing qui ne
les emploie? basselin, lu. || xvi* s. Amour a fuit
ma langue desployer , Et ma main dextre à t'escrite
1358
EMl'
employer, iiabot,i, ïas. Car pou de gloyre mBiem-
ble nccroiBlra k coulx qui seuUemant y emploictent
leur» yeulx, au demoiirant y espargiient leurs for-
ces, RAB. l'ant. m, Prnl. En toutes choses qu'il
nous peult faire plaisir, il s'y employa conuno pour
lùy mesmes, maho. Leit. Ui. Ca n'est pas raison
que tu employés ton loisir en un subject si frivoio,
MONT. Au lect. p. xu. Employant plusieurs éiomples
ut raisons à prouver que.... II). I, )7, Voyez le teve-
nir de là aprez quinze ou seize ans employez, ID.
I, M6. Eudamidas donne pour faveurà sas amis de
les employer à son liosoinjj, ic. i, an.
— KTYiM. Piovenç. empleiar; catal. implegar;
espagn. empleari portug. cmprcgar; ilal. impicgare;
du latin impiicora, au propre, plier clans, impli-
quer, meltr.,' dans, de tn, en, et plicare, plier
(voy. ri.orRB).
t EMPLOYKint (an-plo-iaur), «. m. Terme d'éco-
nomie politique. Celui qui demanda le travail et qui
emploie les travailleurs.
EMPLUHË, ÉK (un-plu-mé, ée), part, posté.
Muni de plumes. Zéilits et Calais, ces hc^ros em-
plumés, conN. Tois. d'or, iv, *. Mes excursions,
dit-il, commençaient invariablement avec l'aube,
et, revenir trempé de rosée, accablé de fatigue,
tnais chargé d'une prise empluméo [Un oiseau], fai-
sait et fora toujours les plus ravissantes délices de
ma vie, cap, Audubon, p. ao. || Terme d'ornitho-
logie. Qui a les jambes couvertes de plumes. |{ Orné
de plumes. Relevés, emplumés, braves comme un
Saint-George, kRgnif.h, Sal. vi. || Terme de chirur-
gie. Suture emplumée, ancien nom de la suture
oncheviUée (voy. suture).
EMl'LUMER (an-plu-mé), t). a. Ga_rnirde plumes.
Il Emplumer un clavecin, le garnir do petits becs
de plume qui pinçaient et faisaient sonner la conle
avant l'invention des marteaux employés aujourd'hui
dans les pianos. || S'emplumer, v. réft. Se garnir de
plumes.
— HisT. XV* s. Entre autres articles leur est per-
mis de faire l'amour, d'esire braves, emplumés,
de,';guisés, descouppés, masqués, musqués, parfu-
més et en bon ordre, Arresta amorum, p. 409, dans
LACURNE. Il XVI' 5. Les poêles et les peintres, vou-
lant exprimer l'amour des hommes, représentent
un enfant emplumé, yvek, p. 680.
— ÊTYM. En t , et plume.
+ EMPLURE (an-plu-r'), s. f. Nom des feuilles de
yélin et de parchemin entre lesquelles les batteurs
d'or empilent les feuilles métalliques, afin d'amortir
les coups de marteau.
— ÉTY.«. Ce parait être un dérivé de emplir, qui
faisait /empic à l'indicatif (voy . EMPLIR, à l'historique).
EMPOCHÉ, ÊE (an-poché), part, poiii;. L'argent
empoché aussitôt que reçu.
EMPOCHER (an-po-ché), «. o. || Serrer dans sa
poche. Quand j'avais empoché mon livre, je ne son-
geais plus k rien, i. J. Rouss. Conf. i. jj Mettre en
poche avec empressement. H a empoché nos fonds.
Vous surprîtes d'Antin empochant votre argent de
dedans votre chapeau, st-sim. 197, <37. || Absolu-
ment. On surprenait la princesse d'Harcourt fit voler
au jeu, elle chantait pouille et empochait, st.-sim.
U», »3(.||Fig. Empocher, se dit d'une parole dés-
agréable, surtout quand on n'a rien k répliquer. Jl
a empoché de bonnes vérités auxquelles il ne s'at-
tenJall guère. || S'empocher, v. rift. Être mis en
poche. Ce n'est pas une grosse somme, mais cela
s'empoche tout de mfime.
— HIST. XVI' s. Comme des corps mal unis qu'on
empoche sans ordre, hont, iv, su.
— ÉTYM. J?n t , et poche.
EMPOIGNE, ÉE (an-po-Kné, gnée), par», passif.
Le voleur empoigné fortement par un passant.
Il Terme de blason. Pièces empoignées, pièces lon-
gues, telles que les flèches, lorsqu'il y en a plu-
sieurs d'as.semblécs et de croisées au milieu de l'écu.
t EMPOIGNEMENT (an-po-gne-raan), s. m. Terme
populaire. Action d'empoigner, d'arrêter.
— ÊTYM. empoigner.
EMPOIGNER (an-po-gn6; quelques-un» disent
an-poi-gné ; mais cette prononciation est beaucoup
moins usitée. Lamonnoye, Glossaire, au mot po-
,9n<», dit que empogner est une ancienne prononcia-
tion k laquelle il faut préférer empoigner), v. a.
Il !• Prendre et serrer avec le poing. Il l'empoigna
par le bras. Qui pour une rondache empoigne un
e»c»be»u, KÉONlEa, Sot. i. Je me tins collé au
boiie en empoignant avec les deux mains «on
♦pklsMiolwn ftN.t.xxi, p. 404. Il empoiiîneunoi-
>e«u comme II empoignerait une pierre, J.j. rouss.
STi J' A 1* ,<l"8'3,"'"n pour le mettre en arres-
tation ou lexpulMf. Émpoignez-mol cet homme-lk.
EMP
[Un gendarme] ne gagne point de batailles, Il em-
poigne les gens, p. l. cour, ii, ans. || Pig. Dana un
langage familier et d'artistes, Intéresser vivement
ou causer une forte émotion. Voilà un drame qui
empoigne. C'est comme cela qu'on empoigne son
lecteur. || 2* S'empoigner, v. ri'fl. Re saisir avec les
poings; cl populairement, se colleter; et fig. enta-
mer une vive discussion. || Êlro saisi avec les poings.
Cola s'empoigne facilement.
— lilST. xii' s. Là voîst-on tante lance enpogner,
flonc. p. B9. De tant des [clefs] cum cil pout & dous
[deux] main» enpuignier. Th. le matl. 47. || xni' s.
Et la mesenge a empoingnié Plein son poing de
mousse el de folUe, Hen. 1770. Crois fi [il fit le
signe de croix] pardesorlui, à Dieu se comanda,
Puis a saisi l'eschiele, k deus mains l'empulgna,
Ch. d'Ar\t. VI, 68o. || xiv s. Mais souventefoiz il
avient, oui trop empoigne pou retient, Liv. du,
bon Jehan, 728. Tendre son arc et empoigner la
sayetle de quoy on veult traire, iloiius, C Lviii,
verso. Il xV s. Messire Henri de Flandre se tenoit
tout devant, son glaive empoigné, et lançoit les
horions grands et périlleux , froiss. I, i, 80.
Dit-on pas, en commun latin. Que les gens vestus
de fins draps. Soit d'escarlate ou de satin, Empoin-
gncnt l'honneur à plain bras'? Recueil de farces,
p. 339. Mais 11 faut que, sans nulle doutte [crainte],
M'empoingnez Ces deux malfaiteurs, ib. p. 379.
Il XVI' s. Ne plus ne moins que qui voudroit em-
poigner l'eau, MONT. II, 376.
— ÉTYM. En t , et poigne; Berry, empogner.
t EMPOIGSEUR (au-po-gneur), i. m. Celui qui
empoigne.
— ÉTYM. Empoigner.
t EMPOINTAGE (an-poin-ta-j'), s. m. Action de
faire la pointe des épingles, des aiguilles.
— KTYM. Empointer.
t EMPOINTER (an-poin-té), t). a. \\ 1" Retenir les
plis d'une pièce d'élolîe par quelques points d'ai-
guille. Les étoffes pourront être dressées à la rame,
sans être tirées ni allongées [pour leur donner le
dernier apprêt]; lesquels apprêteurs, avant que de
les empointer, seront tenus de les représenter au
bureau pour être années pour la deuxième fois,
Mémoire des drapiers et sergers de Chdlons, 1 3 fév.
1097. Il i' Faire la pointe des épingles, des aiguilles.
— ÊTYM. En 1 , et pointe.
t EMPOINTEOR (an-poin-teur), s. m. || 1° Celui
qui empointe les pièces d'étoffe. || 2° Celui qui fa-
brique la pointe des aiguilles. Les tronçons étant
coupés, l'empointeur leur fait une pointe k chaque
bout; cette opération se fait en très-peu de temps,
Vict. des arts et met. Amsterd. 1707, épinglier.
t EMPOINTURE (an-poin-tu-r'), s. f. Terme de
marine. Angle supérieur d'une voile.
— ÉTYM. En 1 , et pointe.
EMPOIS (an-poî; l'sse lie : l'an-poî-z-et....), «.m.
Espèce de colle épaisse , formée par l'amidon ou la
fécule, dont les grains ont été gonflés et crevés
par l'eau l)Ouillante.
—HIST. xiii' s. Nus chapelierne doit mètre empoise
en ses chapiaus; et se il le fct, il doit cinq sols d'a-
mende, Liv. des met. 248. || xvi' s. Les racines du
pied de veau {arum macuJatum, L.) empèsent le
linge, à tel usage estant emploiées par les villa-
geoises de plusieurs endroits de la Normandie, avec
non guère moins de blanche délicatesse, que les da-
moiselles font leur subtil empois, o.dk serres, 826.
— ÉTYM. En 1, et poix; ainsi dit à cause de la
propriété qu'il a de coller comme la poix. Tandis
que empois suit la prononciation picarde, empeser
suit la prononciation do l'ouest,
t EMPOISE (an-poi-z'), s. f. Coussinet en boUe
qui, dans les machines, sert d'appui aux tourillons
des axes tournants.
— ÉTYM. En 1 , eipoiser, ancienne forme de pB<er.
t EMPOISONNANT, ANTE (an-poi-zo-nan, nan-
l'), adj. Qui empoisonne. Nous la respirerons [la
cendre de la UrinviUiers jetée au vent], et, par la
communication des petits esprits, il nous prendra
quelque humeur empoisonnante dont nous serons
tout étonnés, sév. î9b.
EMPOISONNÉ, ÊE (an-poi-zo-nê, née), port.
passé. Il !• Infcclé avec un poison. Personne n'Ignore
que l'usage des armes empoisonnées remonte aux
siècles les plus reculés; il précéda, dans la plupart
des contrées, l'invention du fer, ratnal, llist.
phil, XII, ». Il Kig. Le trait empoisonné que ses
yeux m'ont lancé, botr. Vencetl. iv, s. Combien
elle av,iit d'aversion pour les discours empoisonnés
de la médisance! noss. 7l«(ne d'Anglel. J'ai dû
craindre du roi les dons empoisonnés, aAO. mihr.
IV, t. Arrachez-vous d'un lieu funeste et profané
ERfP
Oi) la vertu respire un tir empoisonna, m. Phèd.
v, 1. Et du bonheur public la source empoisonnée,
ID. Esfh. m, 4. Les chrétiens, qui ne doivent ja-
mais chercher le plaisir pour te seul plaisir, doivent
avoir en horreur ces divertissements empoisonnés
[une musique voluptueuse], fRh. Éduc. des fiUei,
XII. La langue empoisonnée, loin de lui soufflerie
venin, s'infectait toute seule elle-même, mass. Or.
fun. Dauph. \\ 2* A qui on a administré du poison
J'approchais de quinze ans alors qu'empoisonnée,
Pour avoir contredit mon indigne hyménée, cosN.
lléracl. III, 1. Non, non, Dritannicus est mort em-
poisonné, raC. 7Jri(. v, 6,
E.MPOISONXEMENT (an-poi-zo-ne-man), (. m.
Action d'empoisonner. L'empoisonnement est un
crime capital. |{ Au sens actif. L'empoisonnement de
Dritannicus par Néron. Mes remords ont besoin
qu'un prêtre indulgemment Lave en moi la man-
songe et l'empoisonnement, lemerc. Frédég. el Br
v, 1. Il Au sens passif. Les empoisonnements de la
Brinvilliers, c'est-à-dire les empoisonnements com-
mis par la Brinvilliers. || Ensemble des effets pro-
duits par un poison Introduit dans l'économio.
-- HIST. XIII' s. Ele avoit pourveQ tout l'empoi-
sonnement, Berte, xcv. Et la manière de l'empoi-
sonnement fut tele, Jomv. ai». || xiv s. Quant
[Charles le Chauve] l'empire out tenu deux ans pai-
siblement. Mors fut, venans da Home, d'ung am-
polnsenement Qu'ungs juif li douna au lieu qu'on
dit Nantue, Girart de Bnti. v. l«a.
— ÉTYM. Empoisonner.
EMPOISONNER (an-pol-zo-né), t). a. || 1' Infecter
de poison. Empoisonner des viandes. Empoisonner
un fruit. Certains sauvages empoisonnent leurs flè-
ches. Il Empoisonner un étang, un cours d'eau, y
jeter des substances propres à faire mourir le pois-
son. Il Empoisonner des terres, jeter dans les ter"es
des choses propres à tuer les chiens , afin d'empêcher
la chassa. Il Kig. Je ne demandais pas à gémir auprès
d'eux, i respiier encore un air qu'ils empoisonnent,
VOLT. Triumv. u, 1. 11 ne se contenta pas d'aigui-
ser, il empoisonna ses traits, d'ouvst, Ilitl. Acad.
t. II, p. 311, dans P0U0EN8. || 2° Kaire prendre du
poison à dessein de causer la mort. Empoisonner un
homme. Empoisonner un chien. || Il se dit aussi des
substances vénéneuses. La noix de galle empoi-
sonne les chiens. {| Absolument. Certains champi-
gnons empoisonnent. |{ Il se dit de la communica-
tion d'une maladie honteuse. Cette malheureuse
fille l'a empoi.sonné. || 8° Par exagération. Faire
manger quelque chose de très-mauvais. Je sors de
chez un fat qui, pour m'empoisonner, Ja pense,
exprès chez lui m'a forcé de dîner, boil. Sat. lli.
Il 4' Exhaler une odeur infecte. Cela empoisonne
toute la salle. || Absolument. Les exhalaisons de cet
étang empoisonnent. || 5" Remplir da choses nuisi-
bles. Votre prairie est empoisonnée de mauvaises
herbes. Ce champ est empoisonné de rats el de sau-
terelles. Il 6° Au moral, remplir de quelque chose
comparé à un poison. On nous empoisonne de mau-
vais romans. Et ce qui plus enoor m'empoisonne de
rage, régnieb, Sat. v. Un je ne sais quel trouble
empoisonne ma joie, RAC. Esth.U, t. Des plaisirs
qui ont empoisonné touie la douceur de sa vie,
MASS. AV. Mort du péch. Son rnnç même, ses bien-
séances, ses devoirs, tout empoisonne sa passion
criminelle, iD. Pet. car. Ualh. Les chagrins qui
empoisonnent la vie humaine, m. Prof. ret. 4. oui
je veux dans son coeur Empoisonner sa Joie, y
porter ma douleur, volt. Orette, l, a. Une passion
funeste pendant cinq ans empoisonna ma vie,
M" DE GENLis, Jhédt. dUdut. H Mère rivale, U,
7. Il 7' Corrompre l'esprit, le cœur. Cette doctrine a
empoisonné beaucoup d'esprits. Photinet ses pareils
Vous ont empoisonné de leurs lâches conseils, coaN.
Pomp. 1, 3. Ceux que vous trompez depuis si long-
temps, soit en les laissant dans leurs désordres par
votre mauvaise conduite, soit en les empoisonnant
par vos médisances, paso. Prov. l«. Pallas de ses
conseils empoisonne ma mère, rac. Brit. ii, t.
Qu'entends-JeT quel conseil ose-t-on me donner T
Ainsi donc jusqu'au bout tu veux m'empoisonner,
Malheureuse I voilà comment tu m'as perdue, H).
Phèiire, iv, 6. Ses matlres avaient empoisonné par
la flatterie son beau naturel, fEnel. Tél. ii. On avait
empoisonné mon cosur dès ma plus tendre enfance,
m. i6. XIII. Le luxe empoisonne toute une nation,
m. ib. XXII. Il U lui a empoisonné l'esprit, c'est-k-difft
il lui a Inspiré d'injustes sentiments de défiance,
de .soupçons. Il 8- Prendra et offrirle mauvais côté des
choses, les dénaturer malignement. Les médisant»
empoùsonnenl tout. Ne m'empoisonnez pas vos bien-
faits les plus doux, MOL. Uélie. Il, 1. Les rappor-
EMP
leurs, nation maligne, qui empoisonne les chose» |
innocentes, rin. Tél. xiiv. Tandis que tos concur- 1
rents, que vos amis prétendus peut-être.... empoi- ,
sonnent vos di.scours et vos démarches les plus
innocentes, mass. Car. Injust. du monde. L'esprit
prévenu contre lui, et plus disposé à empoisonner
ses bonnes actions qu'à faire grâce à ses mauvaises,
LESAGE, £jf(ci;. Goniales, vii. || 9° S'empoison-
ner, V. réfl. S'administrer du poison. 11 s'est em-
poisonné, mais des secours donnés à temps l'ont
sauvé. Il Fig. Quand les passions sont maîtresses,
elles sont vices; et alors elles donnent à l'âme de
leur aliment, et l'âme s'en nourrit et s'en empoi-
sonne, PASC. dans cousin. || Devenir comme un
poison. C'est ainsi, mes frères, que tout s'empoi-
sonne entre nos mains, et que tout nous éloigne de
Dieu, MASS. Car. Injust. du monde.
— HIST. XI' s. Si home enpuissuned altre, seit
ocis, lois de Guill. 38. |1 xii* s. De ço fu il acusez à
Eupator; e cil le flst empoisoner, efumorz, Ma-
chab. Il, <o. Ainques [jamais] dou buvraige ne bui
[je ne bus du breuvage] Dont Tristan fu enpoissonnez,
CBESTIEN DE TROIES, dans HOLLAND, p. 232. || XIII' S.
D'amour et de sa poison. Sire, estes empoisonnez,
GRiEViLER, dans Bibi.dcîChor^ej;, 4» série, t.v, p. 33.
Fuies, enfans, car il enherbe, Kt empoisorme et en-
venime Tout homme qui de li s'aprime [s'approche],
laRose, <87ô6. Encore sont il dui cas de crieme, li
uns si est d'autrui empoisoner, et li secons d'estre
omicides deli meismes, si comme de celi qui se tue
à escient, beaum. xxx, )4. || xvi» s. On leur faict
accroire que l'on peult empoisonner une lettre par
la pouldre que l'on met sur l'escriture, carloix, vi,
)0. Il y a quelques nations barbares qui empoison-
nent leurs armes, amyot, Comment refréner.... 22.
— ÊTYM. £n ( , et potson ;bourguig. empouscnot,
infecter; provenç. empoiionar ; portug. emyeçon-
hentar.
EMPOISONNEUR, EOSE (an-poi-zo-neur, neû-
z') , s. m. et f. \\ 1° Celui, celle qui empoisonne. L'em-
poisonneur d'Annibal, démon maître, corn. iVicom,
m, 3. Sur les pas des tyrans veux-tu que je m'en-
gage, Et que Rome, effaçant tant de titres d'hon-
neur, Me laisse pourtous noms celui d'empoisonneur?
BAC. Brit. IV, 4. Je veux qu'à chaque instant cette
cendre en tous lieux De ses empoisonneurs fatigue
au moins les yeux, ducis, llamlet, 11, 6. || 2° l'ar
plaisanterie, mauvais cuisinier. C'est Mignot, c'est
tout dire, et dans le monde entier Jamais empoi-
sonneur ne sut mieux son métier, boil. Sa(. m. Il
était Suisse de nation, empoisonneur de profes-
sion, et voleur par habitude, hamilt. Granim. m.
Il i' Fig. Celui qui débite, propage des doctrines
pernicieuses. De tels poètes sont des empoisonneurs
publics, auxquels il faut interdire tout commerce,
ROLUN, Hist. anc. liv. xxv, chap. i, art. 2, § 2.
Il 4" Adj. Et moi, reprit Hercule à la peau de lion,
[je serai] Son maître à surmonter les vices, X domp-
ter les transports, monstres empoisonneurs, la font.
Fabl. XI, 2. Ulysse y court et dit : L'empoisonneuse
coupe A son remède encore et je viens vous l'offrir
[à ses compagnons], id. ib. xii, t. Loin du trône
nourri, de ce fatal honneur Hélas ! vous ignorez le
charme empoisonneur, rac. Athal. iv, 3.
— HIST. xvi* s. Il y a des sorciers et enchanteurs,
empoisonneurs, venefiques, meschans, paré, xix, 28.
Les herbes empoisonneresses, du bellaï, i, 38, recto.
— ETYM. Empoisonner.
E.MPOISSÉ, EE (an-poi-sé, sée), por(. pass^. Un
tonneau empoissé.
EMPOISSEU (an-poi-sê), V. a. Enduire de poix.
— HlST. XVI' s. La hante [bois de lance], revestue
d'estouppe empoixée et huilée, s'enflammoit de sa
• course, MONT. I, 362.
— ETYM. En ) , et poire; provenç. empegar, em-
peîar; espagn. cmpeijar ;ital. impeciare.
EMPOISSONNÉ, ÊE (an-poi-so-né, née), part,
passé. Où on a mis du poisson. Un étang empois-
sonné.
EMPOISSONNEMENT (an-poi-so-ne-man), s. m.
Action d'empoissonner. L'empoissonnement d'un
étang.
— ÉTYJl. Empoissonner.
EMPOISSONNER (an-poi-so-né), v. a. Peupler
de poissons. Empoissonner une pièce d'eau, un canal.
— HIST. IV s. Nous irons dans la ville qui est
trop mieux empoissonnée que celle-ci, louis xi,
•Vout). xcix.
— ÉTYM. En \ , et poisson.
t EMPORE (an-po-r'), s. m. Terme d'ancienne
médecine. Réservoir qu'on supposait destiné à re-
cevoir les esprits animaux filtrés par le cerveau.
— ETYM, 'EuTtôpiov, marché.
EMP
t EMPORT(an-por), s. m. Terme de droit. Action
d'emporter. Le conseil de guerre l'a déclaré à l'una-
nimité coupable de désertion à l'étranger, aveo
emport d'effets militaires, J. des Débats, <4 octo-
bre 1862.
EMPORTÉ, ÊE (an-por-té, têe), part, passé.
Il 1° ôté, enlevé d'un lieu. Les blessés emportés
par leurs camarades. Des tableaux de haut prix em-
portés par le vainqueur. || 2° Retranché. U a eu le
poignet emporté d'un coup de canon, sév. 468. Elle
[une fleur] est nuancée, bordée, huilée, à pièces
emporlées[à découpures], laeruy. xiil.Les rochers
que nous gravissons depuis trois jours ont tellement
usé et percé nos souliers que les semelles en sont
presque entièrement emportées. M' de genlis,
Adèle et Théod,. t ii,lett. 38, p. 312, danspouoENS.
Il 3° Pris de vive force. Le bastion emporté par les
assaillants. Nos dehors emportés, nos remparts as-
saillis, MAIH. Sop/ion. I, t. Il 4° Retranché du nom-
bre des vivants. Ce vieillard emporté par une pleu-
résie. Marie-Thérèse, aussitôt emportée que frappée
par la maladie, se trouve toute vive et tout entière
entre les bras de la mort, sans presque l'avoir envi-
sagée, Boss. Marie- Thér. \\S° Fig. Entraîné. Et son
cœur emporté par l'erreur qui l'abuse Cherche par-
tout la mort que chacun lui refuse, corn. Slort de
l'omp. v, 3. Par quel trouble me vois-je emporté
loin de moi? rac. Phèd. 11, 2. Nos sentiments, nos
cœurs l'un vers l'autre emportés, volt. Orphel. iv,
4. Je vois d'un zèle faux nos prêtres emportés, m.
Ilenr.wi, t09. Il apprend qu'un régiment vient de
s'emparer du village de Borodino et de son pont
qu'il aurait dû rompre, mais qu'emporté parce suc-
cès, il a franchi ce passage malgré les cris de son
général, ségur, Histoire de Napol. vu, 9. || 6° Vif,
qui se laisse aller. Cette ardeur d'un héros, ce cou-
rage emporté, volt. Uér. m, -l. Amours emportés,
ID. Sq/(/i. m, *. Il 7° Qui se laisse aller à des em-
portements de colère. Homme emporté. Caractère
emporté. U n'y avait point d'erreur si prodigieuse
où l'ardeur de la dispute n'entratnàt l'esprit em-
porté de Luther, boss. Var. 11, § 4i. Mais un père
à ce point doit-il être emporté? rao. Théb. i, B.
Il Cheval emporté, cheval qu'on ne peut plus main-
tenir, qui a pris le mors aux dents. 1| U se
dit aussi des choses. On est las de M. Jurieu et
de ses discours emportés, BO?s. Déf. I" dise, § 1.
Il Substantivement. Celui, celle qui se laisse aller à
la colère. C'est un emporté. C'est une folle, une
emportée. Dieux I que cet emporté me donne de
tourment! corn. Yeuve, m, 7. Vous allez vous em-
porter; retirez-vous, je vous prie, je n'aime pas les
emportés, di'Frény, Esprit de con(rad. se. I8.|| Ce-
lui qui se laisse aller à ses passions. Combien de
maisons à demi éteintes voient tous les jours finir
dans les débauches et dans la santé ruinée d'un
emporté toute l'espérance de leur postérité et toute
la gloire des titres qu'une longue suite de siècles
avait amassés sur leur tète! mass. Serm. pour le
vendredi de la 2' semaine de carême, <. || Celui
qui va trop loin, qui exagère les conséquences.
Les chefs de nos calvinistes n'en usèrent pas d'une
autre sorte; et encore que par honneur ils blâmas-
sent ces emportés, nous ne voyons pas qu'on en fît
aucune justice, boss. Variât. *o.
— SYN. EMPORTÉ, violent; EMPORTEMENT, VIO-
LENCE. Emporté et violent diffèrent comme emporte-
ment et violence. Or l'emporlement se manifeste
toujours au dehors par une explosion; la violence
peut être muette, sans geste, sans signe. De plus
la violence implique que quelque acte violent a été
commis; l'emportement peut s'exhaler en simples
paroles ou manifestations extérieures.
EMPORTEMENT (an-por-te-man), s. m. || 1° Mou-
vement déréglé, violent, qu'excite une passion.
Tous mes emportements pour la grandeur suprême,
CORN. Tite et Bér. iv, 3. N'attendez pas de moi ces
doux emportements Tels que j'en vois paraître au
loeur de ces amants, bac. Baj. m, 2. Il y a des
biens que l'on désire aveo emportement, la bruy.
XI. Secourons sa valeur qui devient imprudente. Et
cet emportement que nous désapprouvons, volt.
Toncr. v, 2. C'est dans l'emportement du meur-
tre et du carnage, id. Olt/mp. m, *. Sages enfin
après l'emportement, Us jouissaient d^ ce repos
charmant Où tombe une âme heureuse et satis-
faite, MALFiL. JVarc. ch. ix. Qu'il y ait eu, dans les
premiers moments, quelque emportement dans le
pillage, cela doit-il étonner d'une armée exaspérée
par de si grands besoins, si souffrante, et composée
de tant de nations? ségur, llist. de Napol. viii,
8. û bonheur de se voir adoré. Qu'avec emporte-
ment mon cœur t'a désirél delav, Porta, il, *■
EMP
1359
Il i- Transport de colère. De trop d'emportement
votre fauta est suivie, corn. Cid, 11, i. Mais ne
voyais-tu pns, dans mes emportements, Que mon
cœur démentait ma bouche' à tous moments? bac.
Andr. v, 3. Je n'ai trouvé que pleurs mêlés d'em-
portements, id. tb. v, B. Il [ArlaxerceJ enfitmourir
un grand nombre dans des emportements de co-
lère, B01.LIN, llist. anc. Œuvres, t. iv, p. 333,
dans pouGENS. Le roi ne leur répondit que par des
emportements et des injures, m. ib. t. ix, p. 20.
Les termes d'emportement et de débauche qui peu-
vent blesser la religion et la pudeur, d'olivet,
//i'$(. Acad. t. u, p. 82, dans pougens. Dirait-on,
à l'emportement qui règne dans les écrits de Sau-
maise, que c'était au fond un homme facile et la
c'ouceur même, jusque-là qu'il se laissait dominer
par une femme hautaine? id. ib. p. 395.
— REM. liouhours dit : « Nous avons vu naître ce
mot sans que nous sachions précisément qui en est
l'auteur. Il naquit durant les guerres civiles; et on
ne le prit d'abord que pour un mouvement et un
transport de colère. »
— ÉTYM. Emporter.
EMPORTE-PIÈCE (an-por-te-piè-s'), s. m. || 1° Ou-
til d'acier dont plusieurs artisans se servent pour
décoiiper d'un seul coup les ilifTérentes matières qui
servent à leurs ouvrages. 1| 2° Fig. Homme railleur,
et qui dans la discussion inflige de rudes sarcas-
mes, ||/lupiur. Des emporte-pièce. || ^dj. Le jeune
homme répondait aveo une décerne de ton, une ga-
lanterie d'inflexion parfaites; mais en même temps
le mot était si persifleur, la phrase si emporte-pièce,
qu'il n'y aurait pas eu moyen d'y tenir , si cette pau-
vre dame avait su qu'un indiscret était là, i.AFrtiB,
Mémoires de Fleury, i, 23.
— HIST. xvi' s. Emporte-pieca [cautère] , cotgravb.
— ÉTYM. Emporter, pièce.
EMPORTER (an-por-té), e. a. || 1" Enlever d'un
lieu pour porter dans un autre. U a emporté tous
ses livres. Il commanda qu'on fit emporter le corps,
VADGEL. Q. C. viii, 9, daus richelet. Qu'on m'em-
porte d'ici, je me meurs, corn, llodog. v, 4. Josa-
beth dans son sein l'emporta tout sanglant, bac.
Ath. IV, 3. La terre est emportée avec une rapidité
inconcevable autour du soleil, la bruy. xvi. || Fig.
Vous ne l'emporterez pas en paradis, se dit par me-
nace et pour signifier qu'on se vengera tôt ou tard.
Il Familièrement. Que le diable vous emporte, se
dit pour exprimer le dépit, l'impatience contre quel-
qu'un. Il Que le diable m'emporte si...., je veux
que le diable m'emporte locution familière et
hors du ton do la société, pour appuyer sur une
chose, pour la nier ou l'affirmer, suivant qu'on
ajoute ne ou qu'on ne l'ajoute pas. Que le diable
m'emporte, si je fais cette visite. Aussi, loin de con-
tester ses vertus, je veux que le diable m'emporte...,
— Plalt-il, monsieur? picard. Les deu* l'hiliOert,
II, H. Il On retranche aussi le que. Le diable vous
emporte, m'emporte. || 2' Enlever et porter aveo
soi. Il a emporté tout ce qu'il avait. Emportez ce
livre, vous le lirez en route. || Fig. Les Maures en
fuyant ont emporté son crime, corn. Cid, iv, 5. *
La joie en est publique, et les princes tous deux
Des Syriens ravis emportent tous les vœux, in.
Rodog. Il, 4. N'est-il aucune voie Par où je puisse
à Rome emporter quelque joie? id. Serlor. m,
2. Je n'emporterai donc qu'une inutile rage? bac.
Andr. m, *. Pallas n'emporte pas tout l'appui
d'Agrippine, id. Brxt. m, 3. Toi-même tu l'as vu
courir dans les combats Emportant après lui tous
les cœurs des soldats, id. Bajas. i, *. Le roi qui
m'attendait au sein de ses Etats, Vit emporter ail-
leurs ses desseins et ses pas, id. iliiUr. i, 3. Ma
mort n'emporte pas tout le fruit de vos feux, IB.
Iphig. y, 3. J'emporte de ce chAleau et du philoso-
phe qui l'habitait, un souvenir heureux qui ne
s'effacera jamais de ma mémoire et de mon cœur,
M' DE genlis, Veill. du chdt. t. 11, p. 436, dans
POUGENS. Il U'alnô emporte les deux tiers du bien,
les deux tiers du bien sont dévolus à l'aîné. || 3° Il
se dit aussi des ( hoses qui entraînent, emmènent
avec soi. L'inondation a emporté les ponts. La
terre nous emporta dans son mouvement diurne
et annuel. Il écrit, et les vents emportent sa pen-
sée. Qui va dans tous les lieux vivre et s'entretenir,
LAMART. Ilarm. 11, 4 0. Il Autant en emporte le vent,
se dit de paroles, de menaces, de promesses qui ne se
réalisent pas. Il en est à mines discrètes Et d'un en-
tretien décevant ; Mais fiez-vous à leurs fleurettes ;
Autant en emporte le vent, M' de la vionb, dans
richelet. Je disais, et les vents emportaient ma
prière, lamart. dans le Dict. de poitevin. || Terme
de chasse. Le vent emporte la voie, se dit quand
<360 EMP
In Tent empêche U> chiens de senlir "^ voie Un
chie.. emporte h voie lors^iu'il suit ou chasse sans
difflcullé II 4- Prendre, ravir. Les voleur» ont tout
( mnorlé. Par force ou par amour il croit vous ern-
porler, cou!.. Perihar, v. ). Ces drapeaux gloneux
Oue de ce lir.ns vainqueur j'emportai sous vos yeux,
Duci», Itomi'o, I, 3. Il Terme de guerre. Emporter
une place, s'en rendre maître de vive force. On eût
emporté la ville, si toute l'armée eût donné, d'a-
BLANCOUBT, Arrim, liv. i, dans biciielet. || Empor-
ter une place, un retranchement à la pointe de
l'épée, l'emporter d'a-ssaut; et fig. emporter quel-
que chose à la pointe de l'épée, l'emporter avec de
grands efforts. || 6" Fig. Entraîner moralement. Je
goilte le plaisir sans en être emporté, bégnier,
Épit. II. Il faut se laisser emporter à la foule,
BALZ. liv. IV, lett. 30. Quoi ! l'amour qu'en ton
cœur j'ai fait naître aujourd'hui T'emporte-t-il
déjà jusqu'à mourir pour lui? CORN. Cinna , v,
». Les sentiments de douleur qu'il en peut lé-
gitimement concevoir devraient du moins l'em-
porter à faire quelques reproches à celle dont il se
croit trahi, et lui donner par là l'occasion de le dés-
abuser, in. Examen de HélUe. Le souvenir des
siens, l'orgueil de sa naissance L'emporte à tous
moments k braver ma puissance, id. Iléracl. I, (.
Et vous devez dompter l'ardeur qui vous emporte,
ID. Nicom. II, 3. Ce que demande Horace au poëte
qu'il instruit, quand il veut qu'il possède tellement
ses sujets qu'il en demeure le maître et les asser-
visse à soi-même, sans se laisser emporter par eux,
m. dit. Préface. C'est un homme qui emporte le
cœur, sÉv. <55, Je me suis laissé emporter au
plaisir de.... id. boi. Ne vous fiez pas à votre
puissance, et qu'elle ne vous emporte pas à des
moqueries insolentes, uoss. Polit, m, 3, a.
fAntiochus] exerce des cruautés inouïes : son or-
gueil l'emporte aux derniers excès, m. Jlist. ii,
6. Depuis ce temps, l'esprit de séduction règne
tellement parmi eux qu'ils sont prêts encore à
chaque moment à s'y laisser emporter, id. ib. ii, 9.
La fureur m'emportait, et je venais peut-être Me-
nacer à la fois l'ingrate et son amant, bac. Andr.
m, t. Â quel excès de rage La vengeance d'Hélène
emporta mon courage I id. ib. iv, 6. À ce plaisir se
laissant emporter. Il pourrait bien, moins discret et
moins sage. De l'avenir entr'ouvrir le nuage, mal-
Pii.. Narc. ch. ii. || Il se dit aussi des animaux. La
frayeur les emporte [les chevaux] , bac. Phèd. v, c.
Il 6° Faire aller au delà de ce que l'on voudrait.
Monsieur, cette dernière [abomination] m'emporte,
et je ne puis m'empêcher de parler, mol. Don Juan,
V, 2. Ohl ciel, je me serai trahi moi-même, la
chaleur m'aura emporté, id. l'Av. i, B. || 7° Causer
la mort. Autrefois les famines emportaient des gé-
nérations entières. Cette maladie l'emportera. Cette
raison du moins en mon mal me conforte, Que, s'il
n'est supportable, il faudra qu'il m'emporte, hotr.
Anlig. m, 4. La fatigue et la blessure lui causèrent
une fièvre avec un transport au cerveau qui pensa
l'emporter, lesage. Diable boit. ch. 9. {j 8° Dé-
truire, faire cesser, faire disparaître. Le jus de ci
tron emporte les taches d'encre. Une douleur que le
temps emporte. Ce remède emporte la fièvre. Les
.faveurs du tyran emportent tes promesses; Tes
feux et tes serments cèdent à ses caresses, corn.
Cinna, m, *. Le gouvernement ne retire que
ft 481 SBo livres; l'achat des matières, les frais
de fabrication, les bénéfices du fermier empor-
tent le reste, raïnal, llist. pliil. ix, I9.|| 9» Cou-
per, retrancher. Le boulet lui emporta un bras.
On en donne ici pour trois écus [de jeunes lions]
qui sont les plus jolis du monde; en se jouant,
ils emportent un bras ou une main à une per-
sonne, VOIT. Leil. 40. Il Par exagération. Le chat
lui a emporté la main, lui a fait de très-fortes égra-
tignures. || Fig. Emporter la pièce, railler d'une ma-
nière très-mordante. 11 avait l'esprit enjoué, un
peu railleur; mais il raillait agréablement , sans
emporter la pièce, lesage, Estev. GumaLch. se.
Il 10° Obtenir, avec une idée d'effort , de force, do
violence. Quand le monstre infâme d'Envie,... Jette
les yeux dessus ta vie. Et te voit emporter le prix
Des grands cœurs et des beaux esprits, «ai.ii. iv, 5.
Ce que je méritais, vous l'avez emporté, cobn. Cid,
1, 7. Il suit toujours son but jusqu'à ce qu'il l'em
porte, ID. Nicom. v, 4. En vérité, monsieur, quel-
que approbation qu'ait emportée votre nouvelle
JiMjislo , ID. Lettre d ïabbi de Pure, n mars «669.
Ces grands rois qu'en tous lieux a suivis la victoire,
Lui voyant emporter sur eux le premier rang, id.
Andromède , Prologue. J'apprends plus contre vous
par mes désavantages Que les plus beaux succès
ËMP
qu'ailleurs j'aie emportés Ne m'ont encore appris
]iar mes prospérités, id. Sert, m, a. Vous seule
d'un coup d'œil emportâtes la gloire D'en faire éva-
nouir.... ID. Olhon, II, 2. Oui, le destin de Rome
emporte l'avantage, ma m. II. d'Asdrub, m, <.
Celui-ci sur son concurrent Voulait emporter l'avan-
tage, LA FONT. Fabl. vni, 19. Et si de t'agréer je
n'emporte le prix. J'aurai du moins l'honneur de
l'avoir entrepris , iD. Fabl. Au dauphin. Il n'est
pas possible que de telles extravagances où l'im-
piélé et l'absurdité combattent ensemble à qui em-
portera le dessus.... boss. Var.xm, 21. 11 faut que
la force, la magnanimité, la prudence et cent au-
tres vertus soient le principe de ces victoires qu'on
veut emporter sur les hommes, mascaron, Anne
d'Autriclie, ii. Fidèles qui jouissez dans le ciel d'un
royaume que vous n'avez emporté que par la vio-
lence, MASS. Car. Élus. D'anciens tribuns du peu-
ple et les principaux plébéiens se flattant d'em-
porter ces dignités parurent dans la place, vertot,
ttc'vol. t. VI, p. m. Ne soyez pas surprise si, bien
que votre âme soit la plus sensible, la mienne sait
le mieux aimer, et si, vous cédant en tant de choses,
j'emporte au moins le prix de l'amour, i. j. rouss.
/M. I, 2. Il Absolument. Obtenir à force d'instances,
faire prévaloir une opinion dans un conseil. Le cé-
lèbre Vauban emporta que la ville [de Namur] se-
rait attaquée séparément du château, contre le
baron de Bresse qui voulait qu'on fît le siège de
tous les deux à la fois, st-sim. ), 26. || Emporter
un choix, le décider. Et l'offre pour Othon de lui
donner ma voix Soudain en ma faveur emportera
son choix, couN. Olhon, ii, 4. Que votre seul mé-
rite emporte ce grand choix, Sans que votre pré-
sence ait mendié des voix, id. Pulch. i, 5. || Em-
porter la balance, déterminer la préférence. Ta
iieauté sans doute emportait la balance, corn. Cid,
m, 4. Enfin votre rigueur emporta la balance, rac.
Bérén. i, 4. || Emporter quelque chose de haute
lutte, l'obtenir, s'en emparer rapidement et malgré
toute opposition. Il L'emporter, être plus pesant. X
volume égal, l'or l'emporte de beaucoup sur l'ar-
gent. Il Eig. L'emporter, prévaloir. Je ne craignais
pas que la cruauté des ennemis l'emportât sur votre
clémence, vaugkl. Q. C. vi, 10, dans eichelet.
Enfin vous l'emportez, et la faveur du roi Vous
élève en un rang qui n'était dû qu'à moi, cobn.
Cid, i, 3. Vous le direz [le mot de prochain], ou
vous serez hérétique, et M. Arnauld aussi, car nous
sommes le plus gn-and nombre; et, s'il est besoin,
nous ferons venir tant de cordeliers que nous l'em-
porterons, PASC. Prov. I. Sur l'intérêt des Grecs
vous l'aviez emporté, rac. Iphig. iv, 4. Votre frère
l'emporte et Phèdre a le dessus, w. Phèdre, ii, 6.
D'Ksther, d'Aman, qui le doit emporter? id. Eslh.
II, 9. Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi,
id. Alliai. II, 5. Dieu des Juifs, tu l'emportes, id.
ib. v, 0. Il L'emporter, se dit aussi des choses. Il
est ju.ste que nous soyons affligés et consolés comme
chrétiens, et que la consolation de la grâce l'em-
porte par-dessus les sentiments de la nature, PASC.
l.elt. à Mme Périer, 17 oct. lObi. Sa table l'emporte
sur celle d'un ministre pour la délicatesse et l'a-
bondance, LESAGE, Diable boit. ch. 48. Et l'intérêt
commun l'emporta dans mon cœur, volt. Tancr.
i, 1. Il 11° Avoir pour conséquence. Ce crime em-
porte la peine capitale. La ruine de Rennes em-
porte celle de la province, SÉV. 227. lin oui affir-
matif qui emporte l'acquiescement, boss. ii, Annonc.
2. Cette foi n'emporte-t-elle pas nécessairement une
adoration? id. Var. 0. Le mariage avec Perci empor-
tait la nullité de ce'.ui.... id. ib. 7. Notre succes-
sion de pasteurs est fondée sur une notoriété uni-
verselle qui emporte l'aveu même de nos adversaires,
PÉN. t. H, p. 9. Avoir du plaisir ou de la douleur
n'emporte point en soi la capacité de rechercher l'un
et de fuir l'autre, bonnet, £ss. analyt. dîne, ch. t9.
Le droit de la défense naturelle n'emporte point avec
lui la nécessité de l'attaque, montesq. £'ip. x, 2.L'une
et l'autre [l'erreur et la vérité], poussées au dernier
degré, emportent conviction, chateaubr. Ge'n.m,
I, 3. |i Terme de procédure. La forme emporte le
fond , elle prévaut sur le fond, et un simple défaut de
forme peut faire perdre la meilleure cause. Dans le
sens contraire, le fond emporte la forme, il prévaut
sur la forme. || Comporter. Ils sentent bien qu'en
disant que ces mots emportent la propre substance
du corps et du sang, c'est faire clairement paraî-
tre que le dessein de Notre-Seigneur a été d'ex-
primer le corps et le sang, boss. Var. xii, § 4.
Les piliers de ces arches [d'un aqueduc près de Car-
I thage ] emportent seize pieds sur chaque face ,
'chateaubr. Itin.m, l»8. || la- S'emporter, v. réfl.
EMP
Être emporté, flté. Ces meubles s'emportent aisé-
ment. Il 13° Se lancer. Un limier le fait partir. Il
tâche à se garantir, Dans les forêts il s'emporl*;,
LA FONT. Fabl. VI, 9. || Ne plus obéir, en parlant
d'un cheval, d'un chien de chasse. || Terme de jar-
dinier. On dit qu'un arbre s'emporte quand il pousse
en hauteur sans se garnir du bas, ou qu'une de ses
branches se développe plus que les autres. || 14" Se
laisser aller à des mouvements, à des paroles, à
des actes violents, passionnés. Il est difficile à un
misérable de parler avec modération et de ne se pas
emporter, vaugel, Q. C. vi, 10, dans eichelet.
Il s'emportait parfois d'une noble insolence, Tris-
tan, U. de Chrispe, 1, 3. Mon père, retenez des
femmes qui s'emportent, corn. Hor. 11, 8. Je veux,
je ne veux pas, je m'emporte et je n'ose, id. Cinna,
I, 2. Ahl c'en est trop, et vous vous emportez, in.
ib. III, 3 Je m'emporte, et mes sens interdits
Impriment leur désordre en tout ce que je dis, id.
Tite et Bér. 11, B. Trop chaud ami qu'il est, il
s'emporte à tous coups Pour un fourbe insolent qui
se moque de nous, id. la Veuve, v, 8. Faute de me
connaître, i, s'emporte, il s'égare, id. Nicom. i, 3
[11] s'emportera sans doute et bravera son père,
ID. ib. I, B. Mais, seigneur, je m'emporte, et
l'excès d'un tel heur Me fait vous en parler avec
trop de chaleur, id. Sert, i, 3. Tel contre vous et
moi s'osera révolter. Qui contre un si grand corps
craindrait de s'emporter, id. Pulchér. m, 3. Le
prince a dû recevoir une puissance indépendante
de toute autre puissance qui soit sur la terre; mais
11 ne faut pas pour cela qu'il s'oublie, ni qu'il s'em-
porte, puisque moins il a de compte à rendre aux
hommes, plus il a de compte à rendre à Dieu,
BOSS. Polit. IV, II, 4. Rien ne peut m'ébranler; Jugez-
en, puisqu'ainsi je vous ose parler. Et m'emporte
au delà de cette modestie, Dont, jusqu'à ce mo-
ment, je n'étais point sortie, rac. Mithr. iv, 4. Et
d'un trône si saint la moitié n'est fondée Que sur la
foi promise et rarement gardée; Je m'emporte,
seigneur, id. £aj. 11, 3. |{ S'emporter à, jusqu'à.
Permettez que je me lai.sse emporter au ravissement
que me donne cette pensée, corn. Poly. À la reim
régente. Mais tous deux s'emportant à plus d'irré-
vérence, ID. Poly. m, 2. Les gens de guerre con-
naissent qu'ils sont maîtres de donner l'empire; ils
s'emportent jusqu'à le vendre publiquement au plus
oITrant, boss. Ilisl. m, 7. 11 n'y a certes qu'une
extrême préoccupation qui puisse s'emporter à un
tel reproche, id. Fragm. sur dit), mat. de contro-
verse, ni. S'éiant emporté mal à propos à quelques
discours , hamilt. Gramm. 9. Télémaque s'em-
porta jusqu'à menacer Phalante, fén. Tél. xvi.
Il S'emporter dans, en. J'ai suivi tes conseils; mais
plus je l'ai flattée, Et plus dans l'insolence elle s'est
emportée; Si bien qu'enfin outré de tant d'indignités,
Je m'allais emporter dans les extrémités, cohn.
Pomp. II, 4. Hélas! que je m'emporte en regrets
superflus! volt. Brut, iv, 2. Je ne m'emporte
plus en d'inutiles plaintes , ID. Olympe , v, 3.
Il S'emporter de colère, de chaleur, se laisser em-
porter par la colère , par la chaleur. S'il est biea
amoureux, il peut s'emporter de colère et tuer dans
un premier mouvement, corn. Deuxième dise. M. de
la Rochefoucauld, qui avait plus de cœur que d'expé-
rience, s'emporta de chaleur; il n'en demeura pas à
son ordre, il sortit de son poste et chargea les enne-
mis, RETZ, Mém. II. H Ellipse de se, avec le verbe
laisser. Laissant emporter son esprit, qui manque
naturellement un peu d'assiette, aux impressions
précipitées de la surprise, vauven. Caract. xviii. || Se
fâcher violemment, s'abandonner à la colère. 11
s'emporte pour rien. Il s'est emporté contre ses en-
fants. Ah! vous êtes dévot, et vous vous emportez I
MOL. Tart. II, i. Mon Dieu! tout doux; vous allez
d abord aux invectives; est-ce que nous ne pouvons
pas raisonner ensemble sans nous emporter? ID.
Mal. im. i, 6. Doucement, diras-tu, que sert de
s'emporter? boil. Sat. viii. Ahl sans vous emporter.
Souffrez que mes efforts tâchent de l'arrêter, rac.
Alex. I, 3. Elle, aussi fière que celles qui ont le
plus d'innocence, et aussi prompte que celles qui en
ont le moins, s'emporta sur un .soupçon qui lui don-
nait plus de chagrin que de confusion, hamilt
Gramm. 0. 1| Dans le style très- familier. S'emporter
comme une soupe au lait, se livrer subitement à un
mouvement de colère qui ne dure pas longtemps.
Cette comparaison est fondée sur ce que, quand le
lait bout, il vient un moment où les bouillons s'é-
lèvent tout à coup au-dessus de la casserole et se
répandent si l'on ne la retire aussitôt. Cette locution
offre l'exemple curieux et a.ssez commun chez nous
d'une affection morale assimilée à un fait purement
EMP
ique. Il Proverbe. Le plus fort l'emporte, c'est-
à-dire le plus puissant a toujours l'avantage.
— REM. « On emporte une place, dit Voltaire,
on remporte un avantage, on a un succès, on
n'emporte point un succès; c'est un barbarisme. »
Il n'y a point de barbarisme; les meilleurs auteurs
au XVI" et au xvii' siècle ont parlé ainsi; et il n'y a
aucune raison pour ne pas parler comme eux.
— SYN. EMPORTER LE PRIX, REMPORTER LE PRIX. La
particule réduplicative re a tellement perdu ici son
sens propre, que l'usage seul a établi quelque dif-
férence, non dans le sens, mais dans l'emploi. On
dit remporter un prix quand il s'agit des distribu-
tions de prix, des concours; en ce cas, emporter
ne s'emploie pas. Mais, quand il ne s'agit pas de
ces distributions, et surtout dans le style élevé,
emporter est de mise. Emporter se prend surtout
dans le sens superlatif, c'est-à-dire avec l'article le
qui donne à prix le sens général : il emporte le
prix. Mais, s'il s'agit de prix particuliers, on dira :
il remporte un prix, des prix.
— HIST. XI* s. Se truis [si je trouve] Rolant, [il]
n'enportera la teste [ne s'en ira avec la tête sur ses
épaules], Ch. de Uol. lxxiii. || xii* s. De Saragoce
les des [clefs] enporterez, Ronc. p.3). Et je meïsme
n'enporterai la vie [ne reviendrai vivant], t'ft. p. 83.
Si m'emporta en som [au sommet d'] un pui moût
grant, ib. p. <64. 11 peut sa crois garder et estoier
[ficher], Qu'encor l'a-il tele qu'il l'emporta [à la
croisade], hues d'oisi, Romane, p. 104. || xiii* s.
Tant que la vraie histoire [j'] emportai avec mi,
Berte, i. Si comenda que ses cuers fust enfouis à
Roem, et ses cors fust emportés àLondres et enfouis
en la mère église, Chr. de Bains, 80. Et aucune
fois ele [une société commerciale ] se fet en tele
manière que li un emporte part au gaaing s'il y
est; etse perte torne, il n'emporte point de perte,
BEAUM. XXI, 33. Combien que il y ait de mariages
et filles de cascun [chaque] mariage, et du dee-
rain mariage fust uns hoirs malles [mâle], si em-
porteroit il l'ainsneece contre se [sa] sereur, id.
xviii, 24. Comment que uns autres enport les fruis
d'un fief duquel je sui hoirs, je sui tenus à obéir,
ID. xu, <2. ||xv' s. Et laira-t-on les Anglois con-
venir et les Portingalois aller et venir parmi le
pays de Castille; ils n'emporteront pas le pays,
quand ils s'en iront, avecques eux, froiss. ii, m,
6(. Le quel Charolois rendit responce, en disant
que diable peust emporter ceulxqui faisoient tel, et
qu'ils faisoient plus que on ne leur commandoit,
JEHAN DE TROYES, Chron. 4465. S'il en a fait occi-
sion , Autant en emporte le vent; Gens pleins de dis-
solucion. On les doit corriger souvent. Recueil de
farces, p. 38l. |{ xvi' s. Amy Gavan, on t'a fait
le rapport Depuis un peu que j'estois trespassé :
Je prie h Dieu que le deable m'emport S'il en est
rien, ne si j'y ai pensé, marot, m, 50. Les mots
de Moyse n'emportent sinon qu'il a imposé nom
à l'autel, CALv. Instit. 78. L'un et l'aultre de ces
deux moyens m'emporteroit aysement, mont, i, ii.
Il se laisse emporter à ce dernier accident, id. i, 6.
Ainsin emporte les bestes leur rage à s'attaquer
à....iD. 1, 25. S'ils emportent la victoire sureulx, id.
I, 244. Si tu ne portes la douleur, elle t'emportera,
ID. i, 304. Je n'estime point qu'en suffisance et en
grâce à cheval nulle nation nous emporte, id. i,
368. Capoue feut emportée le lendemain, id. ii, 37.
Un chien luy emporta le gras de la jambe, id. m,
302. On disait à Socrates que quelqu'un ne s'estoit
aulcunement amendé en son voyage : Je crois bien,
dict-il; il s'estoit emporté avecques soy, m. i, 38.
Emporter le prix, amyot. Thés. 22. La sort la
[Hélène] donna àTheseus, qui l'emporta en la ville
de Aphidnes, id. ib. 39. Leur risée emportoit tous-
jours, quand et elle, un dculx admonestement, id.
Lyc. 63. Il y eut grande contention et grande con-
trariété d'opinions, toutefois à la fin la plus doulce
l'emporta, id. Corn. 73. La peste, oultre une multi-
tude innumerable de peuple, emporta encore plu-
sieurs magistrats, id. Com. 74. Demosthenes,
l'ayant souspesée, s'esmerveilla du poids qui estoit
grand, et demanda combien de poids elle empor-
toit ; et Harpalus en se riant lui respondit : Elle
t'emportera vingt talents; et sitost que la nuict fut
venue, luy envoya lacouppeavec les vingt talents,
ID. Démosth. 36. Ceux à qui un gros boulet aura
emporté un membre, pare, ix, 40. Philippe, pour
la grandeur de ses mérites, emporta, par la voix des
doctes, le surnom d'Auguste, pasouier, Rcch.m, 29.
— ÉTYM. Eni, et porter; bourguig. empotai;
provenç. etnportar. Emporter, c'est porter de là :
lat. tnde portare.
t K.MPOTAGE (an-po-ta-j'), s. m. Action d'em-
DICT. DE LA LANaOK FRANÇAISE.
EMP
poter. Il Terme de cuisine. Bouillon dont on se sert
pour mouiller les potages.
— ÉTYM. Empoter.
EMPOTÉ, ÉE (an-po-té, tée), part, passé. Des
géraniums empotés. Des confitures empotées.
EMPOTER (an-po-té), v. a. Mettre en pot des
plantes. || Mettre en pot des confitures, des conserves.
— ÉTYM. £•« 4 , et pot.
tEMPOUDRER (an-pou-dré), v. a. Couvrir de
poudre, de poussière.
— HIST. xiii* s. Ou se sa robe trop s'empoudre,
Soulevez-la lui de la poudre, la Rose, 7286. || xv* s.
Et esloient leurs chevaux tout chargés et empou-
drés, et aussi eux-mesmes, froiss. ii, m, 83.
— ÉTYM. En t, et poudre.
tEMPOUlLLÊ,ÉE(an-pou-lIé, liée, il mouillées),
adj. Garni d'empouilles. Il est défendu aux labou-
reurs de laisser vaguer leurs chevaux et bestiaux
dans les terres empouillées, Arrêt du parlement,
4 4 août 4 787.
— ÉTYM. Voy. EMPOUILLES.
+ EMPOUILLES (an-pou-U', Il mouillées), s. f.
plur. Terme de droit coutumier. Les fruits de la terre
encore sur pied, par opposition à dépouille, qui si-
gnifiait ces mêmes fruits, coupés ou moissonnés. Dé-
fenses sont faites à toutes personnes de laisser aller
leurs poules ou poulets et autres volailles dans les
empouilles, prés, sainfoins, luzernes, qui avoisinent
les maisons. Arrêt du parlement, 44 août 4 787.
— ÉTYM. Mot fait avec en t sur le modèle de dé-
pouille, et, comme si dépouille était formé de la
préposition de, et de pouille.
t EMPOUPER (an-pou-pé) , V. o. Terme de marine.
Prendre un vaisseau en poupe, en parlant du vent.
— HIST. xvi' s. Lors un bon vent vint empoupper
la flotte, DO BELLAY, IV, 38, veTso. Je prie à Dieu
que vous puissiez empoupper vostre navire d'un
vent heureux, pasquier. Lettres, t. m, p. 699, dans
LACURNE.
— ÉTYM. En t , et poupe.
EMPOURPRÉ, ÉE (an-pour-pré, prée), part.
passé. Teint de couleur de pourpre. Là s'élevaient
trois arbres.... à leurs racines rampaient quelques
baies empourprées, chateaubr. Gaul, 28). Et, vers
l'occident seul, une porte éclatante Laissait voir la
lumière à flots d'or ondoyer; Et la nue empourprée
imitait une tente Qui voile sans l'éteindre un im-
mense foyer, lamabt. Harm. ii, 2. || Revêtu de la
pourpre. Archevêques, abbés, empourprés cardi-
naux, volt. Stances, 25.
EMPOURPRER (an-pour-pré), v. a. Colorer de
pourpre ou de rouge. Commençons par ce corps
d'albâtre dont mon fils a publié les merveilles et
qu'il appelle le temple de la blancheur; prenez vos
scions, filles de la nuit, et me l'empourprez si bien
que cette blancheur ne trouve pas même un asile
en son propre temple, la font. Psi/c/i^, ii, p. 4 73.
Bacchus lui-même aux vendanges Vient empourprer
le raisin, pén. t. xxi.p. 291. La flamme des vaisseaux
empourpre la voilure, v. hugo, Crép. i Le sang
empourprait d'un rouge plus ardent Sa crête dente-
lée [du serpent], id. Orient. 26. || S'empourprer, pren-
dre la couleur de pourpre. L'horizon s'empourprait.
— HIST. XVI' s. J'empourpreroy mes plumes en
mon sang. Pour tesmoigner la peine que j'endure,
HONS. 77.
— ÉTYM. En 4 , et pourpre.
fEMPOUTRERIE (an-pou-tre-rie), s.f. Réunion
de deux poutres qui soutiennent le plancher du bef-
froi d'un moulin.
— ÉTYM. En 4 , et poutre.
EMPREINDRE (an-prin-dr'), j'empreins, nous
empreignons, vous empreignez, ils empreignent;
j'empreignais; j'empreignis; j'empreindrai; j'em-
preindrais; empreins, empreignons; que j'emprei-
gne, que nous empreignions, que j'empreignisse;
empreignant; empreint, v. a. || 1° Produire en re-
lief ou en creux, par la pression sur unesurface, une
figure, des traits, etc. Il empreignit son sceau dans
la cire. || 2» Kig. Nous empreignons de notre être
composé toutes les choses simples que nous con-
templons, PASC. dans cousin. Dieu avait déjà em-
preint au dedans de lui [le roi] les caractères de la
mort, MASS. Or. {un. Louis XIV. || 3° S'empreindre,
V. réjl. Être marqué. Leurs pas s'étaient empreints
sur le sable. Image fidèle des libres mouvements de
l'esprit humain, cette longue histoire que je vous
raconte doit s'élever, s'aliaisser, s'empreindre de
mille couleurs, ou riantes ou sévères, villeu. Lit-
tir. franc. 4 8" siècle, 2" part. 3" leçon.
— SYN. EMPREINDRE, IMPRIMER. Ccs deuX motS
sont étymologiquement identiques, puisque tous
deux reproduisent le verba latin imprimere, l'un
KMP
1,%1
S0U3 l'ancienne forme française, l'autre sous la
forme moderne. La différence que l'usage a mise
c'est que imprimer est d'un usage plus étendu. On
dit également empreindre ou imprimer un sceau
dans de la cire, empreindre ou imprimer un carac-
tère; mais on dit seulement imprimer une étoffe,
imprimer un livre. De plus, au figuré, on se sert
presque exclusivement de imprimer.
— HIST. XIII" s. Dès ce que fui hors d'ignorance,
Et que connui qu'estoit lionnours, Emprient a vo
douce semblance. Dame, en mon cuer loial amours,
A. DiNAiix, Trouvères artésiens, p. 263 Cuer
qui l'amor Dieu maintient, Quant de cesie [amour]
se sent emprient.... Fabliaux mss, n° 7248, f 425,
dans LACURNE. Il XIV" s. Très dous pensers en li em-
praint, machaut, p. 26. || xvi" s. Car vostre oeil
qui fait offense Au cœur où vous este emprainte,
i la langue fait défense De vous à vousfaireplaincte,
st-gelais, 488. Les règles de la raison que na-
ture a empreintes en nous, mont, i, 64. La beauté
de Stratonice trop vivement empreinte en son ame
ID. I, 92. Un bandeau, sur lequel y avoit des cou-
ronnes et des victoires empraintes et portraites de
broderie, ahyot , Timol. 42.
— ÉTYM. Provenç. enpremar; espagn. imprimir;
ital. imprimere; du latin imprimere, de in, en, et
premere, presser. /n-pr<mcre, avec l'accent sur pri,
donne régulièrement en-preindre. Plus tard d'<m-
primere on a tiré directement imprimer.
EMPREINT, EINTE (an-prin, prin-t'), part, passé
d'empreindre. Marqué par impression. Un pied em-
preint sur le sable. Un conquérant, dans sa fortune
altière. Se fit un jeudessceptresetdeslois; Etdeses
pieds on peut voir la poussière Empreinte encor sur
le bandeau des rois, bérang. le Dieu des Bonnes gens.
Il Fig. La même majesté sur son visage empreinte,
CORN. Pomp. II, 2. De qui même le front déjà pâle
et glacé. Porte empreint le trépas dont il est menacé,
ID. Œdipe, 1,4. Ces sentiments d'erreur qui sont
si empreints en nous-mêmes, pasc. dans cousin. La
marque infaillible d'inspiration divine qu'ils [les li-
vres de l'Ancien Testament] portent empreinte dans
le grand nombre et la suite des prédictions mémo-
rables dont on les trouve remplis, Boss. Hisl. ii, 4 3.
Et couvrent de Dieu même, empreint sur leur vi-
sage, De leurs lionteux plaisirs l'affreux libertinage,
BOiL. Sat. X. L'auguste majesté sur votre front em-
preinte, RAC. Esth. II, 7.
EMPREINTE (an-prin-f), s. /■. 1| 1° Figure mar-
quée par impression. Empreinte en creux, en re-
lief. Je me tourmentais l'esprit pour deviner qui
pouvait avoir pris des empreintes ou des modèles
de mes clefs, lesage, Guzm. d'Alfar. iv, 3. Dans
le cabinet où travaillait cet infatigable écrivain [Le
Nain de TiUemonl], on voyait l'empreinte de ses
deux pieds marquée sur les carreaux qui étaient
sous son bureau, saint-foix, Ess. Paris, Œuvres,
t. III, p. 309, dans POUGENS. Il Terme de géologie.
Figures d'insectes, de plantes, etc. empreintes sur
une roche. || Terme d'anatomie. Nom donné aux iné-
galités des os auxquelles s'attachent les fibres tendi-
neuses et ligamenteuses. || 2° Fig. La foi de ses aïeux,
ton amour et ta crainte Dont il porte dans l'âme une
éternelle empreinte, malh. ii, t. Ni l'air ni le vent
ne portent l'empreinte de Dieu, boss. Lett. Corn. 25.
Elle s'arrête, et d'une douleur feinte, X tous ses
traits elle donne l'empreinte, millev. Charlem. d
Pavie, ch. i. Maintenant je cherche dans l'école
historique anglaise l'empreinte de Montesquieu et
de Voltaire, en cette liberté philosophique, celle
raison supérieure" dont ils donnèrent l'exemple,
viLLEMAiN, 4 8" sièclc, 2" partie, 3« leçon. Partout
du doigt de Dieu reconnaissant l'empreinte Je courbe
mon orgueil sous sa majesté sainte, C. delav. Vép.
sicil. Scène supprimée. Voyageur fatigué qui reviens
sur nos plages Demander à tes champs leurs anti-
ques ombrages, X ton cœur ses premiers amours;
Que de jours ont passé sur ces chères empreintes I
LAMART. Ilarm. m, 4. || 3° Terme de peinture. Pre-
mière couleur couchée uniformément sur la toile
avant d'y dessiner le sujet du tableau. On dit aussi
impression.
— HIST. xm" s. Quant autre conseil n'i puet mè-
tre. Si taille emprainte de tel letre Qu'il lor donne
formes veroies [vraies] En coinz de diverses mon-
noies, la Rose, 46ii6. Et voit-on cler par ce seel
[sceau] que l'empreinte du seel brisée est sembla-
ble au seel entier, joinv. 204. || xiv" s. En tel
pays que tu puisses veoir l'emprunte du pied sur
l'herbe, Uodus, ms. f° 7, dans lacurne. |{ xv" s.
Emprainte en plomb où est le visage de Fran-
çois de Carare en un costé, de laborde, Emaux,
p. 260.
I. — 171
1362 EMP
- «TYM. Emtmint; proTOnç. tmprenta. Km-
prW«ttâ"us.i .^ifl» cho« : N'a (les cieui] ne re-
?o?wnt p.. empreinte., la «ox», <tl«. Nous re-
prinion.dece.teemprelnU.laT.lle....CARi.oix,n,«3.
On remsrqucra la forme emprunte, qui a son ana-
loffue d«n» YiUWen impronta, empreinte.
KMPKESSÉ, ÉE (an-prè-sé, s6e), adj.\\i' Qui
met <lo IVmpresscraent. Ses femmes, à toute heure,
autour d'elle empressées, rac. Alfx. iv, 6. En voyez-
Tous un seul qui sans rien entreprendre.... Aille,
esclave empressé, lui demander des fersT ID. ib. i,
t. Inquiète, empressée, Elle veut qu'à ses yeux
j'eiplique ma pensée, ID. BMn. m, t. Il Em-
pressé à. Là, dans le seul loisir que Thémis t'a
laissé. Tu me verras souvent à te suivre empressé,
BOiL. Ép(t. VI. Et de tant de mortels à toute heure
empressés X nous faire valoir leurs soins intéressés,
BAC. Esth. II, 3. Il Empressé de. Après que vous l'a-
vez tant de fois rejeté, ne revient-il pas [Jésus-
Christ] à la porte de votre cœur, aussi empressé de
votre salut, lorsqu'il vous appelle à la onzième
heure, qu'il l'était en vous appelant à la première?
MASS. Carême, Prière 2. Leur chef est empressé
de voir dans la Scythie Un guerrier qu'il connut
aux champs de la Médie, volt. Scythes, i, 6. || Sub-
stantivement. 11 fait l'empressé. Certaines gens,
faisant les empressés, S'introduisent dans les affai-
res; Us font partout les nécessaires. Et, partout
importuns, devraient être chassés, la font. Fabl.
vil , 9. Il J* En parlant des choses, qui a le caractère
de l'empresîement. Que n'avez-vous pour moi cette
ardeur empressée? RKC.Àlex. i, 3. De ce sang pré-
cieux versé pour la patrie Nos secours empressés
ont suspendu les flots, volt, faner, v, «.
— frfYM. Voy. EMPRESSER.
EMPRESSEMENT (an-prè-se-man) , t. m. jj 1* Ac-
tion de s'empresser. Malgré l'empressement d'un cu-
rieux désir, 11 faut, pour lui parler, altendreson loi-
sir, ceBN. IHus. cnm. i, t. Ses douces conversations
fde sa sœur Bénédicte] rétablirent dans le cœur de
la princesse Anne ce que d'importuns empressements
en avaient banni , Boss. Anne de Gong. Ou ne dois-
je imputer qu'à votre seul devoir L'heureux empres-
sement qui vous porte à me voir? rac. Andr. n, 2.
Quels empressements Vous dérobent sitôt à nosem-
brassemenls?iD. Iphig. il, 2. Toutsuccèile, madame,
à mon empressement, id. ib. m, ». Qui croirait que
l'empressement pour les spectacles.... les repas....-
les ballets.... couvrissent.... des passions si vives et
des affaires si sérieuses? la bbuy. vin. Un homme
qui ne témoignait aucun empressement, fén. Tél.
yi. L'on aura assez d'empressement à servir l'Étal
pourvu que.... ID. ib. xil. Cet homme s'avançait
avec empressement, iD. ib. xii. Ces soins et ces
empressements à cultiver l'estime des hommes,
MASS. Car. Tiédeur, 2. Les .soins, les intrigues, les
empressements pour s'élever, le chagrin vif et pro-
fond (le se voir devancé, id. Carême, Confession.
Ainsi cette vivacité sur votre gloire, ces empresse-
ments à être distingué du côté de l'estime, id.
Car. Fautes légères. Des assujettissements et des
ennuis mortels dont il faut même se faire un em-
pressement et un mérite, lo. Prof. rel. Serm. 4.
bans l'empressement d'être utile, elle avait oublié
de se chausser, bern. de st-p. Paul et Virg. || i' Ac-
tions témoignant qu'on s'empresse. Et je n'ai point
pour lui ces doux empressements Qui d'un cœur pa-
ternel font les vrais mouvements, corn. Iléracl. v, 3.
J'aimai votre tendresse et vos empressements, id.
Serlor. m, 4. Il le faut bien payerde la même mon-
naie, Hépoiidre comme on peut à ses empresse-
ments, «luL. Ifi>. I, «. L'ingrat est-il touché de mes
empressements? rac. Bnjax. I, t. Je ne mérite plus
ees doux empressements, id. Phèd. m, 4.
— REM. 1. On dit également l'empressement de
faire quelque chose et l'cmpressemeni à faire quel-
que chose. Il 2. Camus, évêque de fielley, dans une
iorte de dissertation placée à la suite de s n roman
d'Alcine, sous le titre d'Issue aux censeurs, cite le
mot emprusrment comme un terme contesté; lo
rotoan est Ue i«35.
— Etym. Empresser.
KMPRESSE» (9') (an-prè-sé), v. réfl. || !• Se hâ-
ter. 11 s'empresse de parler. Je m'empressai de
'.''"rtif. Il «• Se pre.sser autour pour témoigner de
lilTection, du respect, de la politesse. Selon qu'il
tous menace ou bien qu'il vous caresse, l.acour au-
tour de vous ou s'écarte ou s'empresse, rac. Brit.
", «.Ou même «'empressant aux autels de Baal,
M ji . '• *• ^° •""■« s'empre.ssail auprès de la
«Id «100 HAMiLT. Grom. «. Du peuple qui l'ai-
WUl une troupe en furie S'empressant près de lui...,
»«.T. Alx. T, «. 11 8- Témoigner de la preew, de
EMP
l'ardeur pour. En vain à mon secours votre amitié
s'empresse, bac. Théb. v, 3. S'empresse-t-il assez
pour jouir d'une vue Qu'avec tant de transports
je croyais attendue ? id. Iphig. ii , 3. Narcisse
plus hardi s'empresse pour lui plaire, id. Brit. v,
8. Il S'empresser à. Tout l'univers.... S'empresse à
l'effacer de votre souvenir, rac. Brit. n, 3. Les pon-
tifes du Seigneur et les rois de la terre s'empres-
sent à lui offrir [à St Krançois de Paule] des éta-
blissements dignes de lui, mass. Panég. St Franc.
Les Anglais surtout, qui firent la guerre dans son
diocèse [de Kénelon] , s'empressèrent à lui témoi-
gner leur respect, volt. Louis XIV, 33. Plusieurs
gens de lettres s'étaient empressés à lui pl.iire,
I. j. Houss. Conf. m. Il S'empresser de. Vos géné-
reuses mains s'empressent d'effacer Les larmes que
le ciel me condamne à verser, volt. Uahom. i, 2.
.... l'honneur Que les grands de l'État s'empressent
de vous rendre, lemebc. Clovis, v, ».
— REM. S'empresser, signifiant témoigner de la
presse, de l'ardeur, veut indifféremment d ou de
avec l'infinitif suivant ; signifiant se hâter , il
veut de.
— HiST. xm* s. Moult i avoit bêles gelînes : Gon-
bert de Kresne les paissoit. Qui de pondre les en-
pressoit, Ben. t0004. || xv* s. Le roy fut si très fort
empressé de ses ennemis, qu'il se partit tout aban-
donné de ses gens, monstkel. t. i, f° 30, dans la-
ctiRNE. Il XVI* s. Ne fait icy à demander s'il fut bien
empressant à l'entour de ceux qu'il sçavoit avoir
envers ledit seigneur plus grand et favorable accez,
pour luy ayder et tenir main à impetrer son congé,
M. DO BELLAY, 405.
— ÊTYM. En 4 , et presser.
t EMPRIMERIE (an-pri-me-rie), à. f. Terme de
tannerie. Grande cuve pour mettre à rougir les cuirs.
— ÉTYJl. Imprimer.
t EMPRISE (an-pri-z'), s. f. Ancien terme mili-
taire. Entreprise chevaleresque. || L'emprise à l'écu
pendant, exercice de l'ancienne chevalerie, qui
gardait des pas ou passages sur les ponts et grands
chemins, là où les chevaliers pendaient leurs écus
et se tenaient prêts à jouter contre tous ceux de
pareille qualité qui viendraient toucher ces écus du
bout de leur lance. || On nommait aussi emprises
d'armes les jeux militaires des chevaliers.
— HIST. XIII* s. Ceste emprise fu atirée [arrangée]
à passer le jour de quaresme prenant, joinv. 224.
Il XV* s. Afin que honorables emprises et nobles
aventures soient notablement registrées, pnoiss.
Prol. Il XVI* s. Hardis feront des emprises si belles,
Que le vieil temps n'en sera le vainqueur, bons. 684.
— ÉTYM. Empris, participe d'emprendre, usité
au lieu d'entreprendre ; de eni, et prendre ;provenç.
empreza; espagn. empresa; ital. impresa. Emprise
avait le même sens qu'aujourd'hui entreprise.
EMPRISONNÉ, ÉE (an-pri-zo-né , née), part,
passé. Mis en prison. Emprisonné par arrêt de jus-
tice Ce lieu les tient emprisonnés, lEmerc.
Frédég. et Bruneh. ii, B. || Fig. Retenu. Emprisonné
par le mauvais temps. Un fleuve emprisonné dans
son lit par une digue. Quel dé?oût vient saisir mon
âme consternée. Seule dans elle-même, hélas I em-
prisonnée? A. ciiÉN. Élég. XII.
EMPRISONNEMENT (an-pri-zo-ne-man) , s. m.
Action d'empri.sonner; état de celui qui est empri-
sonné. Le jour de son emprisonnement Rome
met-elle au nombre de vos droits .... Les empri-
sonnements, le rapt et le divorce? bac. Brit. m, 8.
Il Peine en matière correctionnelle, distincte de la
réclusion et de la détention, qui sont des peines
en matière criminelle.|| Emprisonnement cellulaire,
peine par laquelle les condamnés sont retenus en
des cellules complètement solitaires.
— HiST. iiY* s. Et les autres transmutacions sunt
violentes et manifestes, si corne batterie, empri-
sonnement, mort et estre tué, oresme, Éth. ta.
Il XVI* s Et de jour, pour plus d'infamie. Firent
mon emprisonnement, mahot, ii, 243. L'admo-
nestant d'oublier plus tost la cause de son empri-
sonnement que de se souvenir de sa délivrance,
AMtoT, Othon, i.
— Etym. Emprisonner.
EMPRISONNER (an-pri-zo-né), v. a. || 1* Mettre
en prison. On la emprisonné comme suspect. Hais
il s'est vu tantèt emprisonner; Cette offense en son
cœur sera longtemps nouvelle, rac. Brit. iv, 5.
]| S* Par extension, retenir, empêcher do sortir.
Et pour m'en détourner [m'éloigner d'un champ de
bataille]. Cet amant généreux me fait emprison-
ner, bac. Alex, m, i. Dans le fond du sérail ils
vont l'emprisonner, delav. Paria, i, 2. || 11 se dit
«usai, dans le langage technique, dos gat ou des II-
EMP
quides qui se trouvent retenus. La trempe empri-
sonne les gaz dans les pores moléculaires en s'op-
posant à la cristallisation, à laquelle la présence des
gaz apporte un nouvel obstacle, cizanlOijrt, Aead.
des Se. t. lvii, p. 3(8. Il 3* S'emprisonner, v. réfl.
Se tenir reclus. Il s'emprisonna tout le temps que
dura sa mauvaise humeur. || Fig. Sire renfermé.
Il est bien assuré que l'angoisse qu'il porte Ne s'em-
prisonne (las sous les clefs d'une porte. Et que de
tous côtés elle suivra ses pas, malh. i, 4.
— HlST. XII' s. N'a pas l'avoir [la richesse] qui
l'enprisone. Mais cil qui le despent et done , cszs-
TIEN DE TROIE, dans HOLLAND, p. 4. Ensement somes
çà dedenz enserré. Comme li homs qui est enpri-
sonnez, la Prise d'Orange, v. 88. Les chevals saint
Thomas tuz ensemble enmenerent; Ses humes" et
ses clers, là où il les troverent, Pristrent od Inr
aveir, e sis [ainsi les] enprisunerent. Th. le mari.
4 52. Quant Gantiers voit son oncle emprisonné
[fait prisonnier]. Tel duel [deuil] en a, le senquide
derver [il pense perdre le sens], Baoul de C. ibt.
Il XIII* s. Qui bien veut amor descrivre, Amors est
et maie et bone; Les emprisonnés délivre. Les dé-
livrés emprisone; L'un fait morir, l'autre vivre,!
l'un toit [prend], à l'autre done, Hist. littéraire dt
la France, t. xxiii, p. 7B3. Li crizdes amprisonnei
viegne à la teue [tienne] sainte pitié, Psautier, ï° «7,
Si m'en aim et amerai, Kant si sagement. Far
mon hardement, M'emprisonnai [devins captif de
ma dame], Bibl. des Chartes, t. v, 4* série, p. 48».
Si tost qu'il est denoncié au bailli par gens crea-
bles, il le doit penre et emprisonner de son offica,
BBADM. 4 1 . Il XV* s. Vueilliez vos yeulx emirisonner,
Et sur moy plus ne les jectez; Car quant vous
plaist me regarder. Par Dieu, belle, vous me tuez,
CH. D'ORL. Bail. 2. Il xvi« S. Fabrice, en la bataille
de Ravenne, combattant vaillamment et enfonçant
furieusement un gros de cavalerie françoise, fut
fort blessé et emprisonné [fait prisonnier], brant.
Capit. cstr. t. I, p. fOS, dans lacurse.
— ÊTYM. En t, et pr^on; provenç. empreisonar {
ital. imprigionare.
I EMPROSTIIOTONOS (in-pro-sto-to-nos') , t. m.
Terme de médecine. Contraction tétanique dans la-
quelle le corps est infléchi en avant;
— ÊTYM.'EjiitpoaOEv, en devant, et t6voç, con-
traction,
EMPRUNT (an-prun; le t se lie : un emprun-t à
des amis; au pluriel, Vs se lie : des an-prun -z exces-
sifs) , ». m. Il 1° L'action d'emprunter ; la chose em-
pruntée. Je suis arrivé en un pays où l'on ne parle
ni d'édits de subsides, ni d'emprunts sur le peuple,
VOIT. Lett. 86. L'emprunt que fait le fils de l'avare
[dans la pièce de Molière] , sÉv. 605. Ce qu'ils trou-
vaient le plus lâche après le mensonge, élait de vi-
vre d'emprunt, boss. Hist. m, b. || Terme de
finance. Il se dit des sommes qu'un gouvernement,
une commune, une grande entreprise obtient par les
souscriptions volontaires des particuliers, à la con-
dition d'en servir les intérêts. || Emprunt forcé,
somme qu'un gouvernement lève par emprunt,
c'est-à-dire avec la promesse de rendre, mais sans
laisser aux citoyens la possibilité de refuser de prê-
ter. Il Emprunt forcé se dit aussi, entre particuliers,
d'un prêt qu'on ne veut pas ou ne peut pas refuser.
Il Caisse d'emprunt, caisse qui fut établie à Paris
de 1673 à 47)6, et où chaque particulier était ad-
mis à faire valoir ses fonds. || 2° Fig. Cet auteur a
soin de cacher les emprunts qu'il se permet. Elle
me dédaigne, et me préfère un autre Qui n'a pour
tout pouvoir qu'un faible emprunt du nfltre, eonil.
Attila, III, 4. Cette nature abondante ne refuse pas
d'allerà l'emprunt, BOSS. m.Annonc.i. || D'emprunt,
loc. adj. Factice, qui n'est pas propre au sujet.
Erudilion d'emprunt. Esprit d'emprunt L'une
paraît gentille. Pour savoir se servir d'une beauté
d'emprunt. Mettre un visage blanc sur un visage
brun, BEONARD, J« Bal, 7. |i Par emprunt, loc. adv.
Accidentellement, indirectement. Ils n'ont tenu la
puissance que par emprunt, Boss. Ilist. m, 7. J'ai
encore une chose à vous dire, dans ma confessioti
générale, c'est que je n'ai jamais été gai que par
emprunt, volt. Lett. Richelieu, 4 9 août I7M,
Il 3° Sorte de jeu de cartes à 3, 4, 8 ou 6 person-
nes, et qui se joue avec des jeux de cartes com-
plets, ou jeux de BJ cartes. || 4* Terme d'eaux et fo-
rêts. Arbre d'emprunt, arbre d'une ancienne vente,
marqué pour servir de pied-cornier à ime Tente
nouvelle.
— HIST. XIII* s. Celui de qui la chose est, et k
qui l'on la requiert à emprest, ne la prestera ja se
il ne viaut [veut], Ass. deJér. i, 4 93. ||xv*s. Tou-
tes voies il considéra que le couroucer ne lui pou'-
EMP
voit rien valoir; si en fit le meilleur semblant
comme il put, par emprunt, et leur dit...., fboiss. i ,
1,7».
— ÉTYM. Voy. EMPRUNTER ; pfcvenç. emprumpt.
EMPRUNTÉ, ÉE (an-prun-té, tée), part, passé.
l' Obtenu par emprunt. De l'argent emprunté.
i' Par extension. Un mot emprunté du latin.
Terme de musique. Accords empruntés, ou ac-
cords par emprunt, accords qui ne peuvent se pra-
tiquer que dans les tons mineurs, et qui emprun-
tent leur perfection d'un son qui n'y paraît point.
Il 3° Qui n'est pas sien , pris par une sorte d'emprunt.
Et sans chercher ailleurs des titres empruntés, Ne
vous suffit-il pas de ceux que vous portez? bac.
Andr. iv, 5. Moi-même, revêtu d'un pouvoir em-
prunté, J'ai cent fois.... Tenté leur patience, et ne
l'ai point lassée, m. Brit. iv, 4. Déguisée sous des
habits empruntés, mass. Carême, Confess. \\ Ce livre a
paru sous un nom emprunté, il aparu sous un autre
nom que celui de son auteur. Conter une histoire
sous des noms empruntés , la conter sous de faux
noms. C'est là presque l'unique moyen qui reste à
la vérité d'approcher des princes et de leur mon-
trer, sous des noms empruntés, leurs devoirs et
leurs défauts, bollin, llist. anc. Œuvres, t. vu,
p. 306, dans lacurne. || 4° Factice, faux. Rien n'est
faux ni emprunté chez elle, SÉV. 4 57. Chacun cher-
cha pour plaire un visage emprunté, boil. Éplt. ix.
Même elle avait encor cet éclat emprunté Dont elle
eut soin de peindre et d'orner son visage.... bac.
Athal.m, B. 115° Embarrassé, gauche, en parlant des
personnes ou de ce qui a rapport aux personnes. Un
air emprunté. M"' la duchesse de Chartres se trouvait
tout empruntée à St-Cloud , comme en pays inconnu,
ST-SIMON, 93, 229.
EMPRCNTER (an-prun-té) , V. o. 1| 1° Obtenir à
titre de prêt. Emprunter de l'argent, un cheval, un
livre, y Absolument. Ceux qui empruntent sont bien
malheureux, mol. V Avare, ii, t. Bientôt, pour sub-
sister, La noblesse sans bien trouva l'art d'emprun-
ter, BOIL. Sot. v. Pour empêcher les emprunts d'où
naissent la fainéantise, les fraudes et la chicane, le
roi Asychis ne permettait aux Égyptiens d'emprun-
ter qu'à condition d'engager le corps de leur père à
celui dont on empruntait , boss. Ilist. ni, 3. Il em-
prunte de tous côtés, pour se cacher à lui-même sa
misère, m. la VaUière.\\2' Tirer de, prendre de,
recevoir de. La lune emprunte sa lumière du soleil.
Les magistrats empruntent leur autorité du pou-
voir qui les institue. Aimez donc la raison, et que
tous vos écrits Empruntent d'elle seule et leur
lustre et leur prix, boil. Art p. i. Virgile a em-
prunté d'Homère quelques comparaisons, quelques
descriptions, volt. Ess. sur la poésie ep. chap. 3.
Les Grecs ont emprunté des Égyptiens l'idée et
la forme des temples, barthél. Anach. ch. xii.
Il [Napoléon] compte sur cette puissance d'illu-
sion que lui donne sa renommée; jusqu'à ce jour,
elle a emprunté de lui une force réelle et imman-
quable; il s'efforce donc par des raisonnements spé-
cieux de soutenir la confiance des siens, et peut-
être aussi le faible espoir qui lui reste, ség. Ilist.
de Napol. viii, tl. || Absolument. Voilà oii elle
[l'âme] est tombée quand elle a voulu emprunter
des sens; mais ce n'est pas encore là la fin de ses
maux; car ces sens dont elle emprunte, emprun-
tent eux-mêmes de tous côtés, boss. la yallière.
Il 3° Avoir recours à, employer. Sans emprunter ta
main pour servir ma colère, corn. Cinna, m, 4.
J'emprunte du secours et le fais hautement, id. Nie.
m, 8. Vos deux filles, seigneur, ont emprunté ma
voix. Et leur cœur par ma bouche expliquait leurs
misères, mairet. Mort d'Asdr. m, 1. Ne saurait-il
rien voir qu'il n'emprunte vos yeux? bac Brit. i, 2.
L'insolent de la force empruntait le secours, m.
Phèd. IV, 1. Et j'irais pour ma cause emprunter
d'autres bras! volt. Triumv. iv, 2. ||4° Se couvrir
d'une fausse apparence. Emprunter le masque de la
vertu, le langage de l'humanité. II faut d'un sup-
pliant emprunter le visage, bac. Milhr. m, t. D'A-
c'nille qui l'aimait, j'empruntai le langage, id.
Iphig. I, B. Il 5° T. n. Terme d'organiste. Lorsque,
le sommier n'étant pas bien fermé, le vent qui doit
aller dans un tuyau entre dans un autre, on dit :
ce tuyau emprunte. || 6° Terme d'arithmétique. Se
dit, dans l'opération de la soustraction, pour pren-
dre une dizaine au chiffre placé à la gauche du
chiffre supérieur trop faible pour que la soustrac-
tion se fasse. || 7" S'emprunter, v.réfl. Être obtenu
par emprunt. Il y a des choses qui ne peuvent s'em-
prunter.
— REM. Quand le régime indirect d'emprunter
est un nom de chose, il faut de • la lune emprunte
EMP
sa lumière du soleil; quand (5'est un nom de per-
sonne, on met indifféremment à ou de : j'ai em-
prunté mille francs de mon ami ou à mon ami.
— niST. XII' s. Respondi li prophètes : Va, em-
prunte de tes veisins vaissels vuidz et mulz. Rois,
p. 355. I|xiii* s. Dont empruntèrent li message dui
cens mars en la ville, et les baillèrent au duc,
villeh. XX. Adonc avint que li rois de Cypre en
ala à Acre et vot emprunter deniers à un bourjois,
Chron. de Rains, p. 47. Et s'il n'a nul home [pour
un jugement par pairs], il les doit emprunter à son
segnor, et li sires y est tenus à prester, beaum. 46.
Li pechierres empruntera et ne soldra mie, Psau-
tier, !° 45. Par foi, Hiamont, trop par as mal erré,
Quant sans ton père t'es à Carlon mellé ; Car ci Fran-
çois ne sunt mie empruté; Bien nous chalengent la
lor grant hérité, Agolant, p. <72. Ne semble pas
chevalier empruté, ib. p. -tes. Au partir que il fi-
rent d'Acre, le conte de Poitiers empronta joiaus à
ceulz qui râlèrent en France, ioinv. 257. Dame,
bien soiez venue. Dit li moines, et bien trouvée.
Celé ne fut pas empruntée, Ainz tert [essuyi^] ses
ieux, si lui respond. Fabliaux, 2« éd. p. 245. || xiv
s. Furent maintes dames parées, Pas ne sembloient
empruntées, Chastelain de Couci, v. 906. Le dit
Jehan emprinta de la Maison-Dieu de Bourges huit
liz granz, Bibl. des Chartes, 4" série, t. ii, p. 68.
Il XV* s. Quel couleur [du drap] vous semble plus
belle ?.... Ti 1 que vous le pourrez avoir; Qui em-
prunte n'y choysist mye, Patelin. Furent emprun-
tez cinquante mille ducats d'un marchand de Milan,
comm. VII, 4. Il XVI" s. Ce sont advantages emprun-
tez, non pas nostres, mont, i, 242.
— ÉTYM. Berry, empréter, empreuter; wallon,
epronter; ital. improntare. Die?,., trouvant le vala-
que imprumût, emprunt, imprumutd, emprunter,
qui paraît venir du latin promuluum, un prêt, re-
garde le mot français comme ayant même origine.
Mais im-promûtuum , avec l'accent sur niii aurait
donné sans doute comme dans le valaque impro-
mut et non emprunt; du moins c'est là une grave
difficulté. Scheler essaye de la lever en recourant
non au substantif, mais au verbe : verbe fictif im-
promutuare, d'où imprompluare , impromplare.
Ce qui gêne un peu, ajoute-t-il, c'est la voyelliu
pour le latin o. Cette difficulté de Vu pour l'o sub-
siste dans l'ancienne étymologie im-promptare , qui
en aune autre, c'est que impromptare, qui vient
par promptus, de promere , produire, fournir, de-
vrait signifier prêter et non emprunter. Remarquons
toutefois que, à côté d'emprunter, se trouve le Berry
empréter et l'ancien français emprest (voy. emprunt,
à l'historique) ; ceux-là viennent certainement de en,
et prœstare. On notera les formes citées à l'histori-
que, empruter, emprinter, qui, réunies au Berry
empreuter, semblent indiquer une incertitude entre
ces formes. Il faut donc admettre que imprxstare ,
qui, naturellement, signifierait prêter, aprislesens
d'emprunter. Impromptare, de son côté, a reçu
dans l'italien inprontar la double acception, celle
de prêter qui est directe, et celle d'emprunter qui
est inverse. De cette discussion on peut conjecturer
qu'une confusion s'est faite entre impromutuare et
impromtare ; que Vu de promutuum s'est fait sentir
dans emprunt ; que promptare se retrouve dans le
wallon epronler et l'italien tnipronlar, elprasstare,
dans l'ancien français emprest et le Berry empr^Ier.
EMPRUNTEUR, EUSE (an-prun-teur, teû-z'),
s. m. et f. Celui, celle qui emprunte, qui ne fait
qu'emprunter. Le prêteur et l'emprunteur. C'est un
hardi emprunteur. Que faisiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteuse, la font. Fabl.
I, 1. Ij Adj. Personne très-emprunteuse. Depuis que
je travaille pour vous, les ressorts de mon esprit
emprunteur sont diablement usés, regnaed, Séré-
nade, se. tl. Ici gît un prélat d'emprunteuse mé-
moire Qui toujours prit et jamais ne rendit; Sei-
gneur, s'il est dans votre gloire. Ce ne peut être qu'à
crédit, vers cités dans le Dict. de beschebelle.
— HIST. XIII' s. Et dusques au terme li emprun-
teres en pot fere son preu et mètre en son porfit,
beaum. xxxvii, <.||xv' s tousdis [toujours] est
il d'emprunteurs Plus assez qu'il n'est de presteurs,
EUST. DEscu. Poésies mss. f° 407, dans lacubne.
— ÉTYM. Emprunter.
■j- EMPSYCUOSE (an-psi -kô-z"), s. f. Terme de
métaphysique. Union de l'âme et du corps.
— ÉTYM. 'Efi'J'Oxwu'î, de èv, en, et 4'ux^, âme
(voy. psychique).
EMPUANTI, lE ( an-pu-an-ti , tie), part, passé
d'empuantir. Lieu empuanti par une charogne.
EMPUANTIR (an-pu-an-tir), v. a. || l- Infecter
de mauvaise odeur. Cet égout empuantit le quar-
EMP
136;3
tier. Avec ces torches de poix dont ils empuantissent
la ville, hamilt. Cramm. 7. || 2° Fig. C'étaient bien
les plus grandes salopes qui aient empuanti le ber-
cail du Seigneur, j. j. Bouss. Conf. u. || S'empuan-
tir, V. réfl. Devenir puant. Les eaux de cette mare
s'empuantissent.
— HIST. XV' s. Pour combattre et résister am
entreprises des faux et empuantis hérétiques,
MONSTRELET, 208. || xYi' S. L'odeur feut aultre qua
cuidois, J'en feus du tout empuanti, bab. Garg. i,I3.
— ÉTYM. En t , si puant; génev. empuanter.
EMPUANTISSEMENT (an-pu-an-ti-se-man), s. m.
État de ce qui s'empuantit. L'empuantissement des
eaux.
— ÉTYM. Empuantir.
t EMPUSE (an-pu-z"), s. f. || 1» Terme de philo-
sophie au xvi* et au xvii' siècles. Nom donné aux
fausses idées, aux imaginations qui ne peuvent avoir
d'existence. || 2° Terme de zoologie. Genre d'or-
thoptères de la famille des mantiens.
— ÉTYM. "EiiTtouffa , sorte de spectre envoyé par
Hécate, sous mille apparences diverses.
EMPYËME (an-pi-ê-m'), s. m. Terme de méde-
cine. Au sens propre qui n'est plus usité, collection
de pus. Il Par extension, toute collection séreuse,
.sanguine ou purulente dans la cavité des plèvres.
Il Opération par laquelle on pratique une ouverture
pour donner écoulement à ce dépôt.
— HIST. XVI' s. Ouvrir un empyeme , paré ,
Préf. Si le pus vient des poulmons, ou d'une em-
pyeme ou du foye, id. xv, 52.
— ÉTYM. 'E|j.7iûr)[j,a, de èv, en, et nûov, pus (voy.
PUS).
t EMPYOCÈLE (an-pi-o-sè-I'), S. f. Terme de chi-
rurgie. Abcès du scrotum, de la tunique vagi-
nale.
— ÉTYM. "Eixituov, abcès, et Kn\rt, tumeur.
t EMPYOMPHALE (an-pi-on-fa-l'j, s. m. Terme
de chirurgie. Abcès du nombril.
— ÉTYM. 'E(i.nuov, abcès, et à(iça),à;, nombriL
t EMPYRÉAL, ALE (an-pi-ré-al, a-l'), ad;'. Terme
didactique. Qui se rapporte à l'empyrée.
— ÉTYM. Empyrée.
EMPYRÉE (an-pi -rée), s. m. || 1° Selon les no-
tions de l'antiquité, la plus élevée des quatre sphères
célestes, celle qui contenait les feux éternels, c'est-
à-dire les astres. Il Plus tard, le ciel des fixes, exclu-
sivement au ciel des planètes. Ce temple oii Jupi-
ter, avec tant de splendeur, Est descendu, dit-on,
du haut de l'empyrée, volt. Minos,ui, t.|| Poéti-
quement. Le ciel. Les brillantes étoiles de l'em-
pyrée. L'œil aime à parcourir la voûte Où son disque
[de la lune] trace la route Des astres noyés dans
les airs, X compter la foule azurée Des étoiles dans
l'empyrée Et des vagues au bord des mers, lamart.
Harm. i, to. || 2° Le séjour des bienheureux. || Fig.
Etre dans l'empyrée, être dans un lieu de délices.
Que regretterais-je en ces lieux ? Pour moi je suis
dans l'empyrée, volt. Lett. en vers et en prose,
40. Il Dans un sens ironique. Être toujours dans
l'empyrée, être dans les nuages, ne savoir ce que
l'on dit, à force de chercher le sublime. C'est dans
ce sens que Piron donne ce nom à son métromane :
Votre nom, maintenant, c'est donc?... De l'Empy-
réo, Et j'en oserais bien garantir la durée. — De
l'Empyrée, oui-da, n'ayant sur l'horizon, Ni feu ni
heu qui puisse allonger votre nom. Et ne possédant
rien sous la voûte céleste. Le nom de l'enveloppa
est tout ce qui vous reste, Métromanie, l, o.
Il 3' Adj. Le ciel empyrée.
— lllST. XVI' s. Et comme au ciel empire Te
louent les anges. En ce monde j'aspire Qu'on tp
donne louanges. Les marguer, de la marguer.
{' t24, dans lacubne.
— ÉTYM. Provenç. empirey ; espagn. et ital. «m-
ptreo ; de éi, en , et itûp , feu.
EMPYREUMATIQUE (an-pi-reu-ma-ti-k') , adj.
Terme de chimie. Qui tient de l'empyreume. Huile
empyreumaiique Odeur empyreumatique.
— ÉTYM. Empyreume.
EMPYRIiUAlE (an-pi-reu-m'), s. m. Terme de
chimie. Goût et odeur particulière et désagréable
que contractent les substances animales ou végétales
soumises à la distillation.
— HIST. XVI' s. Ces remèdes ostent l'empyreume,
qui est la chaleur estrange imprimée en la partie
bruslée, et appaisant la douleur qu'elle excitoit,
PAKE, X, 8. La décoction doit estre faite pour le mieux
in balneo marie afin d'éviter un empyreume, c'est
à dire impression ignée qui s'acquiert par bouilli
simplement devant le feu, id. xvi, 8.
— ÉTYM. 'Eji.7t0pey(ia, de èv, en, et iriip, feu (voy.
PYRITE).
i3G/»
EMU
«MO, UB (ê-ma, muo), par(. ;«UJ<^<1 émouvoir.
I f Mii en mouvomeol, ébranlé. Kl jo l'ai moins
iiiuché p»r ce quo j'ai pu dire Qu'un chêno n'est
ému du «ouffle d'un zéphiro, hotb. Anitg. V, ï.
Oaiis le» vn millo cloches émues, boil. Sat. VI.
Sah-lu pourquoi les airs Sonl émus par les venu,
rougis par les éclairs ? Di:ci9, Lear, m, 7. || a- lixcité
A J'élaii à son eiemple ému d'en faire autant,
ntamtn, Sal. xiii. 113* Agité par l'émeute, la sédi-
tion. Jo vois le peuple ému pour prendre son parti,
coB.i. Poly. V, (. Tout est calme, seigneur, un
moment de ma vue A soudain apaisé la populace
émue, ID. Nicom. v, 10. L'archiduc, forcé d'a-
vouer qu'il n'avait pas de pouvoir [pour conclure la
paix), fil connaître au peuple ému, si toutefois un
peuple ému connaît quelque chose, qu'on ne faisait
qu'abuser de sa crédulité, boss. le Tellier. || 4° Tou-
ché par une passion. Tantôt l'esprit ému d'une
frayeur bien vive, kioL. l'Étnur. ii, **■ Quoi! d'un
juste courroux je suis ému contre elle; C'est moi
qui me viens plaindre, et c'est moi qu'on querelle,
m. Uis. IV, 3. D'un fort vilain soupçon je me sens
l'âme émue, m. Sgan. VI. Son cœur fut ému de
joie et de tendresse, fén. Tél. xxii. D'une invincible
horreur je sens mon âme émue, volt. Sémir. ii, t.
Il On dit aussi avec de : ému de joie, de pitié, de
colère, etc. || B° Attendri. Lorsqu'encor tout ému de
vos derniers a<lieux, rac. Uérén. m, 2. || 6" Mis en
colère. Il n'arriva qu'une fois à Platon d'être un peu
ému contre un de ses esclaves, fénel. l'iaton. || 7° In-
quiet. Des rapports sinistres se succédaient; il vint
un officier de la police russe pour dénoncer l'incen-
die; il donna tous les détails; l'empereur ému
ehercha vainement quelque repos, ségur, Uist. de
Napol. viii, 6.
EMULATEUR, TRICE (é-mu-la-teur, tri-s'), s. m.
et f. Celui, celle qui est animée du sentiment d'ému-
'alion. Il a eu plus d'envieux de sa fortune que d'é-
mulateurs de sa vertu. |1 Par extension. Votre
oncle encor vivant vous résigna l'empire. Et j'é-
tendis ses bords jusqu'aux fameux dôserts Qu'ar-
rose le grand fleuve émulateur des mers, hoir. lié-
lis. Y, 5.
— REM. L'Académie n'a pas le féminin.
— msT. xvi* s. Et de ces derniers [capitaines et sol-
dats protestants qui avaient donné tout ce qu'ils
avaient pour fournir la solde des auxiliaires étran-
ges] les pages et laquais emulateurs arrachoient
leurs pendans d'oreilles, si bien qu'un va-de-pied
donna jusques à vingt escus, d'aub. Ilist. i, 228.
— ÉTYM. Lat. semulator, de xmulari, rivaliser
(voy. Rmui.e).
ÉMULATION (é-mu-la-sion ; en vers, de cinq
syllabes), s. f. Sentiment généreux qui excite à
égaler, àsurpasser quelqu'un en talents, en mérite.
Quelque rapport qu'il paraisse de la jalousie à l'é-
mulation, il y a entre elles le môme éloignement
que celui qui se trouve entre le vice et la vertu,
LA BRUY. XI. La jalousie et l'émulation s'exercent sur
le même objet, qui est le bien ou le mérite des
autres, avec cette différence que celle-ci.esl un sen-
timent volontaire, courageux, sincère, qui rend
l'àme féconde, qui la fait profiter des grands exem-
ples et la porte souvent au-dessus de ce qu'elle ad-
mire, et que celle-là au contraire.... m. ib. Il ajoutait
des prix pour exciter une nouvelle émulation, fën.
Tél. XIV. Il faut envoyer dans les guerres étrangères
!â jeune noblesse; ceux-là suffisent pour entretenir
toute la nation dans une émulation de gloire, dans
l'amour des armes, dans le mépris des fatigues et
lie la mort même, enfin dans l'expérience de l'art
militaire, ID. t6. xu. Je vous recommande de n'em-
ployer qu'avec une extrême précaution le dange-
reux moyen de l'émulalion, M"' de genlis, Ad. et
Thiod. t. Il, lett. 18, p. 18), dans poigens. L'é-
mulation est sans cesse échauffée Par le nom d'un
héros et l'aspect d'un trophée, legouvé, Èpich.
el N.l, 4.
— SYN. ÉMULATION, RivALiré. L'émulation est
toujours un sentiment généreux; la rivalité est un
mobde taniAl bon, tanlAl mauvais. De plus, la riva-
lité et l'émulation ne S'exercent pas sur les mêmes
objets. L'émulation a pour dessein d'égaler, do sur-
passer en mérite, en vertu, en gloire, etc.; la ri-
valité a pour but de disputer la possession d'un
bien, le pouvoir, la richesse, une femme, etc. ,
— HlST. XVI» ». Poaivu qu'un tel édifice soit con-
•Iruitians émulation ni envie de faire tort, Aouieau
coutl.ginér. X. I, p. 7(l4. 11 l'introduisoil es com-
paignie» de gens «çavants, à l'émulation desquelz
luy creut 1 espcril el le désir d'estudier aultrement
el M faire valoir, »ab. Garg. i, 2».
— STYM. Proveng. cmulatio ; espagn. emuta-
EN
eion ; ital. emulasioiie; du latin jîmu/olionem (voy.
Emule).
ÉMULE (é-mul'), ». m. elf. || !• Celui, celle qui
rivalise avec un autre dans les choses louables. Autre-
fois notre émule, à présent notre appui, volt.
Tantr. t, *. En parlant de M. liernoulli , je ne ten-
terai point de l'apprécier, el encore moins de pro-
noncer entre lui et ses illustres émules, condor-
cet, Daniel liemoalH. \\ Au fém. Carlhage fut la
puissante émule de Rome. Je sais.... Que Londre
est de tout temps l'émule de Paris, volt, llenr. l.
Il En mauvaise part. Ah I parmi ces flatteurs,
émules d'infamie, Une tète innocente est bientôt
ennemie, m. j. chén. Tibère, i, 4. || a"Kig. L'amiante
allongeant ses membranes soyeuses. Oui, se chan-
geant en fil, donnent ce tissu fin. Triomphant de
la flamme et l'émule du lin, delille, dans le l)ict.
de bescherelle. Nous nous disions que c'était là
[Moscou] le terme promis à nos travaux; qu'enfin
nous allions nous arrêter, puisque nous ne pou-
vions plus être surpassés par nous-mêmes , après
une expédition noble et digne émule de celle
d'Egypte, et rivale heureuse de toutes les grandes
et glorieuses guerres de l'antiquité, ségub, llisl.
de Nap. via, 4.
— SVN. émule, émulateur. Ces deux mots ne
diffèrent que par la terminaison; et c'est dans la
terminaison qu'il faut cherclier la nuance qui les
distingue. La finale oteur exprime l'action; et dès
lors tandis que émule ne représente que l'état d'é-
mulation, émulateur en représente l'aclion.
— ÉTYM. Lat. âcmulus.
ÉMULGENT , ENTE (é-mul-jan , jan-t') , ad;.
Terme d'anatomie. Se dit des vaisseaux qui appar-
tiennent aux reins. Artères, veines émulgentes, les
artères, les veines du rein.
— HlST. xvi* s. La quatrième [veine] va aux
reins, et pour ce est appelée rénale ou emulgente,
parce qu'elle succe et tire le sang de la masse san-
guinaire, PARÉ, I, 22.
— ETYM. Lat. emulgens, de emulgere, de e, et
nwlgere, traire.
ÉMULSIF, IVE (é-mul-sif, si-v'), adj. Dont on
peut tirer de l'huile par expression. Le chènevis
est émulsif. Semences émulsives.
— ÉTYM. Voy. émulsion.
t ÉMULSINE (é-mul-si-n'), s. f. Terme de chimie.
Principe albuminoïde qui existe dans les amandes,
et qui favorise l'émulsion de l'huile d'amandes.
ÉMULSION (é mul-sion), s. f. Terme de phar-
macie. PréiiaratioQ extraite des semences émulsives
et qui a ordinairement la couleur blanche et l'opa-
cité du lait. Faire une émulsion avec des amandes.
— uist. xvi* s. Une émulsion de semence papa-
leris albi, paré, viii, 14.
— ÉTYM. Lat. emulsum, supin de emulgere (voy.
ÉMULGENT).
É.MULS10NNÉ, ÉE (é-mul-sio-né , née) , part.
passé. Tisane émulsionnée.
ÊMULSIONNER (é-mul-sio-né), v. o. Terme do
pharmacie. Mêler une émulsion avec une tisane
ou avec une boisson quelconque.
— ÉTYM. Émulsion.
jÊMUTITION (é-mu-ti-sion) , s. /'.Voy. émeutition,
I ÉMYDE (é-mi-d'), ». f. Terme de zoologie.
Nom générique des tortues d'eau douce.
— ÉTYM. 'E|iv{, tortue.
fÊMYDOÏUE (é-mi-do-id'), adj. Terme de zoo-
logie. Oui re.ssemble à une émyde.
— ÉTYM. ^myde, et iiàa;, forme.
t. EN (an; suivi d'une voyelle ou d'une h muette
se prononce comme le substantif a/i; mais, ce qui
n'a pas lieu pour le substantif an, l'n s'appuie sur
la voyelle qui suit : en avant, dites : au-na-van),
prép. qui signifie à l'intérieur de, avec deux sens
principaux desquels tous les autres dérivent, l'un
exprimant le repos (renfermant les n"' l° à 7°), l'autre
le mouvement (renfermant les n" 8° à 1 3°), en se prê-
tant également, suivant le mot qui le précède, au
sens de repos et à celui de mouvement. {| 1° À
l'intérieur de, avec l'idée de repos. Être en France.
En la ville de Paris. Renfermés en une place
forte. En ces lieux agréables. Nous nous tenons
en une chambre Lien close. Je serai marié, si l'on
veut, en Turquie, cohn. Uenl. m, b. Ces règles
du raisonnement subsistent-elles aussi en quel-
que part , d'où elles me communiquent leur
vérité immuable? boss. Connaiss. iv, ». C'est par
leur paresse qu'ils laissent croître les ronces et les
épines en la place des vendanges et des moissons,
rtn, Exist. de Dieu, K. Un cuistre en son taudis
compose une satire, volt. ^p. c. || S' Dans la per-
sonne de. Pour faire dire encore aux peuples pleins
EN
d'eflfroi Que venir, voir et vaincre est même chose
en moi, corn. Pomp. iv, ». J'aperçois Vinius, qu'on
m'amène sa fille; J'en punirai le crime en toute la
famille, CORN. Oth. v, t. Jésus-Christ en qui Adam
n'avait point péché, boss. Hist. ii, <. Vous n'êtes
frajipé que de ce qui brille au dehors, el vous
comptez pour peu ce qui /'ait véritablement l'homme,
c'est-à-dire ce qui est en lui et par conséquent à lui ,
ROLLiN, Wiî(. anc. Œutres, t. u, p. «22, dans pou-
GENS. Si toutes les nations ont péché en Adam, volt.
Philos.it, 191. Il U est en moi, enlui, c'est-à-dire je
possède, il possède la faculté de, le pouvoir de. Il
est en toi de perdre ou de sauver ton frère, cohn.
Iléracl. V, 5. S'il a fait tout ce qui est en lui pour....
PASC. Pror. 8. Alexandre et Mahomet éteignirent
autant qu'il était en eux le feu sacré des Ouèbres,
RAYNAL, Ilist. phil.v,iT. || 3° Par extension, en par-
lant du temps, en l'espace de. En un an. En deux
ans. En si peu de temps. En mgins d'un mois.
Il Pendant. En hiver. En été. En l'an 300 de l'ère
chrétienne. Dans ces temps bienheureux du monde
en son enfance, boil. Sot. v. Peut-être il se sou-
vient qu'en un temps plus heureux.... rac. Brtl.
II, 3. Il 4° 11 exprime la situation. En plaine. Je
me trouvais en forêt, en plein champ. Il était en
tête de la bande. {| Fig. Avoir quelqu'un entête,
l'avoir pour adversaire. || Avoir quelque chose en
tête, en être occupé. || 5° Sert à exprimer l'état,
la manière d'être, la disposition, l'occupation. Être
en afTaires, en prière. Un portrait en pied. Être en
guerre, en paix. Des cheveux en désordre. Être en
bonne santé, en appétit. Fenêtre en ogive. Fruits
disposés en pyramide. S'habiller en turc. Se coiffer
en cheveux. Regarder en pitié. De rage en leur
trépas maudire la patrie, cobn. Uor. v, 3. U n'y a
rien qu'on ne fasse avaler, lorsqu'on l'assaisonne
en louanges, vol. l'Av. i, t. Les autres religions
sont plus populaires, car elles sont en extérieur,
PASC. Rel. 2. [Le jeune homme] Est vain dans ses
discours, volage en ses désirs, boil. Art p. m.
Mes révérends pères en Dieu, Et mes confrères en
satire, id. Épigr. 36. En ce calme trompeur j'ar-
rivai dans la Grèce, rac. ilndr. i, 4. Et peut-être,
a|irès tout, en l'état oCi je suis, id. Andr. i, 4.
Traître, tu prétendais qu'en un lâche silence Phè-
dre ensevelirait ta brutale insolence, id. Phèd. iv,
2. En habit d'amazone, au fond de mes déserts Je
le vois arriver plus belle et plus brillante Que la di
vinilé qui naquit sur les mers, volt. Ép. cvi. Vous
ne donnez point au génie le temps de se développer,
de s'élever insensiblement, et d'aller en son vol
toucher la voûte du ciel, gilb. Préf. Rois, colosses
d'orgueil en délices noyés, A. chén. 258. || 6' En
hommes, en femmes, etc. se dit pour spécifier la
qualité des personnes dans une assemblée. La
réunion était nombreuse, mais, en ouvriers, il
n'y avait que des menuisiers. U n'y avait en fem
mes que Mme de Limours, Mme de Valée el U
comtesse de Germeuil, m— de genlis. Ad. et Tliéod.
t. I, p. 439, dans POUGENS. Il 7* Comme, de même
que, en qualité de. Vous parlez en soldat, je dois
agir en roi, corn. Cid, il, 7. Qu'il triomphe en
vainqueur et périsse en coupable, id. Uor.v, 2. Qu'il
me faut craindre en maître, ou me chérir en père,
id. Iléracl. i, 2. Maurice ne l'obtint qu'en gendre
de Tibère, ID. Héracl. i, 2. Si vous m'aimez en
sœur, faites-le-moi paraître, ID. ib. v, 6. Mais si
je lui dois tant en fils de souverain. Permettez
qu'une fois je vous parle en Romain, id. Nicom. i,
2. Jo veux parler en fille et je m'explique en reine,
ID. Œdipe, III, 2. Autrement qu'en tuteur sa per-
sonne me touche, mol. Éc. des mar. Ii, 3. Je la re-
garde en femme aux termes qu'elle en est, id. Éc.
des f. III, t. Touchez à monsieur dans la main, Et
le considérez désormais, dans votre âme, En homme
dont je veux que vous soyez la femme, id. f'emm«»
savantes, m, 3. Pharnace croit peut-être Comman-
der dans Nymphée et me parler en maître, bac.
Uithr. I, i. Je puis, quand je voudrai, parler en
souveraine, id. Athal. H, B. Et | érissez du moin»
en roi s'il faut périr, id. ib. iv, 6. Gouverner en
monarque el combattre en héros, volt. Sémir. n,
4. Si vous avez voulu me parler en ami, id. Catil.
I, 5. Mes ennemis riant ont dit dans leur colère :
Qu'il meure et sa gloire avec luil Mais à mon coeur
calmé le Seigneur dit en père : Leur haine sera ton
appui, GILB. hnit. des psaumes. Elle s'était fail.
peindre en Madeleine, m"* db genlis, Mtne de Mainte-
non, t. i, p. 4», dans POUGENS, || En tant que, se-
lon que, autant que. En tant que besoin sera. || Eo
tant que. comme. En tant qu'ennemis, il les com-
Iwttit; en tant quj blessés, il veilla à leur salut
Il S» À l'intérieur de, vers l'intérieur de, avec mou-
EN
vement. Mettre quelqu'un en prison. Monter en voi-
ture. Aller en ville. Acheter sourdement l'esclave
idolâtrée, Et la Taire passer en une autre contrée,
MOL. l'Étonr. I, ». Elle paraît simple à nos yeux;
Mais elle est fine, elle se cache; Elle va souvent en
des lieux Qu'elle ne veut pas que l'on sache, gom-
BAOT, Épigr. liv. m, dans hichelet. Il court de
mer en mer, aborde en lieu sauvage, la font , Fil-
les de Minée. Il nous envoie son fils du ciel en la
terre, Boss. Soumiss. 3. Le sort dont les arrêts furent
alors suivis Fit tomber en mes mains Andromaque
et son fils, RAC. Andr. i, 2. Allez en Albion, que
votre renommée T parle en ma défense, volt. Henr.
I. Il 9° En marque la direction. EUss avaient les yeux
baissés en terre et le visage couvert d'un voile qui
n'empêchait pas qu'on n'entrevît la rougeur que ré-
pandait sur leurs joues une pudeur virginale, rollin,
Traité des Et. liv. vi, 2- part. ch. 5. || lO» Indique
un rapport de succession. D'aujourd'hui en huit. De
point en point. Voltiger de fleur en fleur. De pis en
pis. Il ll-'Marque la division, la distribution, la forme.
Un poème en quatre chants. Diviser une pomme en
deux. Roulé en cercle. || 12° Fig. S'en aller en fu-
mée. Éclater en pleurs. I.a chrysalide se change en
papillon. Tu ne veux pas, grand roi, dans ta juste
indulgence. Que cette liberté dégénère en licence,
VOLT. Ép. c. En coupables propos si l'on peut s'exha-
ler. Doit-on faire une loi de ne jamais parler? volt.
«b. Il 13° Indique la destination, le motif, le but.
Mettre en vente , en gage. Un temple changé en mos-
quée. En vue de plaire. En haine de. En considé-
ration de. Le peuple se soulève ou s'arme en ma
défense, volt. Fona(.v,2. || Et aussi l'état avec mou-
vement, c'est-à-dire l'état dans lequel on entre. Se
mettre en colère. Entrer en admiration. Être ravi
en extase. Il 14° En précède fort souvent le participe
présent, et désigne alors le temps, l'époque, la ma-
nière. On apprend en vieillissant. Il dit en partant.
Le mal va en augmentant. La tragédie, informe et
grossière en naissant, N'était qu'un simple choeur....
BoiL. An p. m. De nos cailloux frottés il sort des
étincelles, La lumière en peut naître; et nos grands
érudits Ne nous ont éclairés qu'en étant contredits,
volt. Ép. c. Il Dans cette construction, pour qu'elle
soit régulière et claire, il faut que en et le participe
sa rapportent au sujet de la phrase. Cependant,
quand le sens ne souffre aucune ambiguïté, on peut
ne pas l'y faire rapporter. L'appétit vient en man-
geant. Mes crimes, en vivant, me la pourraient ôter
[la vie céleste], corn, l'oly. u, 6. Tout en parlant
de la sorte. Un limier le fit partir [le cerf], la
PONT. Fabl. VI, B. Mes soins, en apparence épar-
gnant ses douleurs. De son fils, en mourant, lui
cachèrent les pleurs, bac. Brit. IV, 2. || 15° En sert
à former une foule de locutions adverbiales, comme :
en avant, en dessus, en bas, en haut, entravers, en
outre (voy. ces différents mots). || 16° En... préfixe,
représente la préposition latine in, et donne au
verbe le sens de aller dans, comme dans enfoncer;
ou un sens augmentatif, comme dans enchérir.
Il 17° En devient em en composition devant un p ou
un b : embellir, empâter.
— REM. Il 1. Les grammairiens disent que en ne
peut être employé pour exprimer la matière et que
ma tabatière est en écaille, cette étofl'rf est en soie
sont des phrases vicieuses, en place desquelles il
faut mettre : ma tabatière est d'écaiUe, cette étoffe
est de soie. Le fait est que l'Académie, qui ne parle
pas de la difficulté, n'a aucun exemple de en signi-
fiant la matière. Mais il est vrai aussi que l'usage de
cette signification est très-fréquent, et qu'on entend
dire tous les jours une statue en marbre, une table
en chêne, un mur en moellons, un pilier en bois,
etc. Et c'est d'après cet usage vulgaire qu'on lit dans
Arago , Notice sur le tonnerre, cité par Legoarant :
Faisons cette pointe en fer.. . . Cinq poteaux en bois. . ..
puis les cinq poteaux en bois dont j'ai parlé. X ces
phrases récentes on peut ajouter celle-ci, plus an-
cienne, de Voltaire : De l'auguste raison les sombres
ennemis Se plaignent quelquefois de l'inventeur utile
Qui fondit en métal un alphabet mobile, Ép. c. En-
fin, remontant encore davantage on en trouvera un
exemple de Montaigne (en marbre). Ces difl'érentes
autorités portent à croire que en, ainsi employé,
ne doit pas être rejeté. || 2. En présente des diffi-
cultés pour les articles. Quand la locution où en fi-
gure est tout à fait générale, en se construit sans
article : en paix, en guerre, en soi, en nous. En se
construit aussi avec un nom pris partitivement : en
des temps tels que....; avec l'article indéfini un,
une: en un lieu agréable; avec un mot quelconque
qui supplée l'article ; en telle année, en cette situa-
tion, en quel temps, en quelque sorte, en ma vo-
EN
lonté. Mais avec l'article défini le, la, les, il faut dis-
tinguer : d'abord il ne s'emploie jamais avec l'article
pluriel, on ne dit pas en les circonstances, en les
temps ; c'est un simple usage ; car il n'y a rien dans
la préposition en qui répugne à l'emploi de les après
elle; et dans la locution es lettres, es est pour en les.
Avec l'article au singulier on peut s'en servir dans
quelques cas exceptionnels : en l'honneur de, en l'ab-
sence d'un tel, en l'état où je suis, en la présence de
Dieu, en la chambre du conseil. Ce que Jésus-Christ
est venu chercher du ciel en la terre, n'est-ce qu'un
rien.... ainsi tout est vain en l'homme, si nous re-
gardons ce qu'il donne au monde, BOss. Dueh.
d'Orléans. || 3. Il est beaucoup de cas où l'on peut
employer indifféremment en ou dans; et c'est alors
l'oreille et l'harmonie de la phrase qui décident du
choix. Voici des exemples : Ce cher parent fut heu-
reux dans sa naissance, dans son mariage, en ses
enfants, en ses emplois, patru. [Le jeune homme]
Est vain dans ses discours, volage en ses désirs,
EOiL. Art p. lu. Un danseur de corde ne fait que
vouloir, et à l'instant les esprits coulent avec impé-
tuosité tantôt dans certains nerfs, et tantôt en d'au-
tres, FÉN. Exist. de Dieu. || 4° Dans le siècle de
Louis XIV, on a dit communément en avec un nom
de ville. Un désir.... De Tauris en Alep a causé ma
venue, mairet, Solim. i, 2. 11 me prit envie d'aller
en Babylone consulter quelque mage des disciples
de Zoroastre, d'ablancourt, Lucien, la Nécroman-
cie. Avant qu'avec toute autre on me puisse enga-
ger. Je serai marié, si l'on veut, en Alger, corn.
Ment. V, 6. Il va vous emmener votre fils en Alger,
MOL. Scap. H, i>. Hélas! mon pauvre maître....
on t'emmène esclave en Alger, m. ib. Irène se
transporte en Épidaure, la bbuy. xi. J'écrivis en
Argos, HAC.lphig. I, ). Nous montons, leur dit-il,
en Jérusalem, boss. Serin. Quinq. i. Ce grand Dieu
n'avait de culte qu'en Jérusalem, m. Uist. Il, 6.
Aujourd'hui on met à; mais, en poésie, on pour-
rait très-bien se servir de la tournure archaïque.
Corneille a dit en Belle-Cour pour à la place Belle-
Cour [à Lyon] : Je loge en Belle-Cour, environ au
milieu. Dans un grand pavillon.,., corn. Suite du
Ment. III, s.Godefroy, Lex. de Corneille, remarque
qu'à Lyon on dit encore .en Belle-Cour pour à la
place Belle-Cour. || 5. Dans le même xvii" siècle, on
a employé d'une autre façon en pour à moderne. Et
leur dit en leur nez qu'ils n'ont rien fait qui vaille,
régnieb, Sat. IX. Elle mit en mon cou ses bras plus
blancs que neige, m. Élég. 4. Mettez-vous en ma
place, MOL. le Dép. iv, l. Si j'avais été en votre
place.... m. Impromptu, 3. || 6. C'est encore en pour
\'à moderne dans cet exemple-ci : J'ai vécu sans
nul pensement, Ma laissant aller doucement  la
bonne loi naturelle; Et je m'étonne fort pourquoi
La mort osa songer à moi, Qui ne songeai jamais
en elle, Régnier, Épitaphe faite par lui-même.
....Dépenser si souvent en vous, méré, Œuvres
posth. t. I, p. 94.
— SYN. Il 1° EN, DANS. La différence essentielle
que l'usage ija mis entre ces deux mots, c'est que
en ne se construit qu'exceptionnellement avec l'ar-
ticle défini le, la, les, tandis que dans exige ces
articles dans sa construction. Cette condition fait
que en donne aux mots une acception indéter-
minée que dons ne comporte pas. || 2» Je ferai
cet ouvrage en deux jours, se dit par opposition
à un temps plus ou moins long qu'on pourrait y
employer. Je ferai cet ouvrage dans deux jours,
se dit sans opposition, et seulement par rapport à
l'espace de temps après lequel on commencera l'ou-
vrage.
— HIST. IX' s. D'ist di [de ce jour] in avant, Ser-
ment. Il X' s. Qu'elle Deo raneiet [renie], chi maent
[demeure] sus en ciel, Eulalie. In figure de oolomb
[elle] volât à ciel, ib. Postea en ceste causa ore po-
testis videre, Fragm. de Valenc. p. 46». En tôt, ib.
Il XI* s. De quel forfait que home out fait en cel
tens.... lois de Guill. i. Set ans touz pleins ad
ested en Espaigne, Ch. de Roi. i. Conquis [il] l'aura
d'hoi cest jour en deus meis, ib. cxciii. Ceste ba-
taille seit jugée en son nom [de Dieu], ib. ccxxxvii.
Il XII' s. E [en] tes oreilles receif [reçois], sire, la
meie ureison. Psautier de Corbt'e, dans haynouard,
Closs. En autre sens le songe [il] trestourna, Ronc.
p. 198. An trestot vostre aez [âge], ib. p. ii. S'en
ira Charles en France, ib. p. 27. En Saragoze [il]
fait soner graille et cor, ib. p. 3». Eu dos lui ves-
tent un haubert doplantin, ib. p. 50. En chief lui
lacent un haume poitevin, ib. p. BO. L'uns [le va
férir] en l'escu par delez le chantel, ib. p. 67. On-
que nul jor [il] n'en jol en sa vie, ib. p. <27. Baron,
dist Charles, traïcz vous en ça, ib. p. t7«. Bien fje]
EN
1365
sai qu'en vous amer [je] n'ai droit, Couci, iii. En
amer gist hardemenz et paors [peur], ib. vu. La
grant dolor que j'ai s'en chantant non (si ce n'e.st
en chantant], ib. x. Airiz [je] sui touz tens en pein6_
et en pourchas, ib. xi. Souvent [vous] me faites
douloir En ce que trop [je] vous truis [trouve] lente,
ib. xii. Toute leur peine [ils] ont mise en moi trahir,
ib. XIII. Et la guerre dura tanto mainte saison, Li
uns rois après l'autre la repreist en son nom, Sax.
III. Il XIII' s. En tout cel an ne passèrent dui mois
qu'il n'assemblassent à Compiegne pour tenir par-
lement, viLLEH. VIII. En l'an après que cis preu-
doms ot commencé à parler de Dieu, ot un tournoi
en Champaigne, m. ii. Avoec cels alerent moult do
sergens et de chevaliers dont li nom ne sont mis en
escrit, m. xxxiii. Et erra tant qu'il vint e [en] le
[la] cambre ù li rois gisoit, Aucassin, danù bav-
NOHARD, Glossaire. Comment n'en quel manière le
lion [il] assailli, Berte, i. Qui l'ont de lieus en lieus
çà et là conqueilli, ib. I. En larmes et en plors sou- .
vent le baiserai, ib. vu. En Dieu croire et amer
[elle] ot si mise sa cure, ib. XLii. Et por ce qu'el
fu esbahie, Commença à parler en bas, la Rose,
3577. Car por ce sunt en haut levés. Que l'en les
puist après veoir De plus haut trebuchier et choir,
ib. 6392. Amans n'aura jà ce qu'il quiert. Tous jors
li faut, ja en paix n'iert [ne sera], ib. 2430. Et si
te veil [je te veux] bien enseignier Que tu ne pues
rien gaaignier En folie, ne en orgueil, ib. 1902. Le
roy sailli en la mer, dont il fu en yaue jusques aus
essaies, loiNV. 21 B. Se Diex morut en la croiz, aussi
fist-il [St Louis], iD. 292. Se le roy ou les legaz
vouloient envoler troiz cens chevaliers en Constan-
tinoble, id. 2I2. || xv' s. Et quel conseil, dit la du-
chesse, vous faut-il avoir pour bien faire? Ma
femme, respondit le duc; car sans elle je n'en fe-
rai rien; autant a-t-elle en mes enfants comme
j'en ai, froiss. ii, u, 222. Et depuis en ça nous
avons esté bien informez de la vérité, id. i, i, B3.
Messire Thomas de Felleton, qui se tenoit en Bor-
deaux, ID. Il, il, 4. Assez tost après ce qu'ils furent
venus en Avignon, id. i, i. Ht. Lors entrèrent en
ces Flamands qui furent tous esbahis quand si près
ils les virent d'eux, id. i, i, m. Je le puisse con-
tinuer [ce livre] et persévérer en telle manière que
tous ceux qui le liront.... id. Prol. Si lui veuilliez
prier en pitié, qu'il veuille avoir merci de nous, id.
I, I, 320. Aimery de Pavie qui en genoux et en
grand cremeur avoit esté, id. i, i, 326. Le roi do
France et son conseil prennent grand plaisance en
ce que vous séjourniez ci à grands frais, id. i, i,
< 1 9. Ils jettent de cette clai re paste sur cette chaude
pierre, et en font un petit tourtel, en maniera
d'une oublie, id. i, i, 34. En l'assemblée des des-
susditz, coMM. i, 1. Et mistrent le feu en une mai-
son, id. IV, 3. Il faisoit mener sept ou huyt petis
basteaui en intention de faire ung pont, id. i, 6.
En peu de jours après fut desconfit en bataille et
mort, I, 7. Qui voudroit bien regarder aux rigou-
reuses et soudaines punitions que Dieu a faites sur
les grands princes, depuis trente ans en ça, on y
trouveroit plus qu'en deux cens ans auparavant ,
ID. viii, 17. ||xvi' s. Il falloit avoir les reins ceints,
des pieds en .ses souliers et une main en son baston.
— Il se reprit incontinent: a Eh bien I dit-il, des
souliers en ses pieds, et un baston en sa main, »
MARG. Nouv. XI. Noyer eu la mer, mont, i, 4. En
son dernier soupir, id. i, B. Consoler sa mort en
la mort d'un ennemy, id. ib. En la guerre que
Ferdinand feit contre.... id. i, 8. En public, id. i,
U. Ceulx qui entreprennent, vivants et respirants,
jouyr de l'ordre et honneur de leur sépulture, et
qui se plaisent de veoir en marbre leur morte con-
tenance, id. i, 18. Mettre en pièces, id. i, 27. En
Sparte, in. i, 379. Croire en Dieu, id. i, 22. En tant
qu'il est en nous, id. i, 78. 11 alla jusqu'en Jéru-
salem pour.... ID. i, 3(0. De père en fils, id. ii,
296. Porter en son doigt un anneau d'or, iD. i,
337. Ils prennent armes en dos [ils endossent] , id.
II, 276. L'histoire a je ne sçay quoy de vénérable,
en ce qu'elle fait profession de dire tousjours vérité,
amyot, Préf. IV, 28. Toutes ses statues presque ont
l'armeten teste, in. Péricl. 3. Estans en chemises
tous desceints, id. Lucull. 28. Mettra en noncha-
loir, id. *. 30. Agesilaus fist response, que, quant
à la paix, il n'estoit pas en luy de la faire, id.
Agésilas, te.Demaratus se prit à plorer de joye, en
bon vieillard comme il estoit, id. Alex. 68. Je frémis
toute et ne suis plus en moyl rons. 641. M. d'Es-
trozze [Strozzi] attitra un courrier pour venir en
poste porter les nouvelles de la mort de Brusquet,
et prioit le roi de vouloir donner et continuer sa
poste à sa femme, en ce que [à condition que] elle
1366
EN
espousast ce courrier qui estoit i lui, bbant. t. i,
p. 448, édit. MONTUEROUl!.
— Btyii. f'icarJ, in; wallon, tn; provenç. en;
«ipagn. en; portug. em; ital. tn; du latin in; grec,
Jv; allem. fn. Le Tieux français a dit quelquefois e
pour en.
J. EX fan ; 1'» «• lie quand en précède le verbe ;
et alors en se prononce exactement comme la prépo-
sition en : je n'en ai pas, il s'en amuse; le succès en
est doutcui, dites : je nan-n ai pas; il san-n
«muse; le succès an-n est douteux; quelques per-
sonnes prononcent : je na-n ai pas, ils'a-n amuse,
le succès a-n esldouteux; mais cette prononciation,
peut-être plus conforme à d'autres analogies, est
aujourd'hui provinciale; en ne se lie pas quand il
suit le verbe : donnez-en un ou deux, dites donnez-
an un ou deux), pron. relatif de la 3« personne, des
deux genres et des doux nombres, disent la plupart
des grammairiens, pronom relatif oa particule re-
lative, dit l'Académie; d'après Jiillien, nom général
de choses qu'on qualifie ordinairement de pronom,
parce qu'il se met, comme les pronoms, devant les
verbes dont il est le complément et, après eux, à
l'impératif; mais il n'indique aucunement la i",
la 2' ou la 3" personne; il ne remplace pas toujours
un nom, mais bien souvent une proposition tout
entière; il ne s'accorde pas du tout avec les noms
qu'il représente; il est toujours, au_cas indirect,
marqué par de, et ne joue jamais le rôle de sujet.
Le fait est que en, venant du latin inde qui signifie
delà, est d'abord et étymologiquement un adverbe
de lieu, puis exprime par extension toute sorte d'au-
tres rapports. {| !• De ce lieu, de ces lieux. Vous al-
lez à I.yon , j'en viens. Dans le sein paternel je me
vis rappelée. Un malheur inouï m'en avait exilée,
VOLT. Tancr. i, 4. || 2° D'adverbe de lieu, en ras6e
au rôle de pronom (comme où, qui, du rôle d'ad-
verbe de lieu, passe au rôle de pronom relatif dans:
<"« honheur où j'aspire), et signifie de ce, de coci.
Je cela, de cette chose, de ces choses. Cette af-
faire est délicate, le succès en est douteux. [Elle]
?e saisit du poignard et de sa propre main i nos
yeux, comme lui, s'en traverse le sein, cohn.
Œdipe, v, (0. Comme l'amour ici ne m'offre aucun
plaisir, Je m'en veux faire au moins qui soient d'autre
nature, mol. Amph. m, 2. Non, en conscience, vous
en [des fagots] payerez cela, in. Uéd. vi. lui, i, c,
Ou'avez-vous fait pour être gentilhomme? croyez-vous
qu'il suffise d'en porter le nom et les armes? ID. Don
Juan, IV, ». Vous voudriez bien aussi savoir qui est
la personne qui en écrit de la sorte [dans les deux
premières provinciales], PASÇ.iî^p. OUI deux l'" lett.
Votre père et lesrois qui les ont devancés, Sitôt qu'ils
y montaient [au trône], s'en sont vus renversés, bac.
Thib. IV, 6. Cet illustre trépas ne peut-il vous cal-
mer. Puisque même mes fils s'en laissent dé-sarmer?
ID. »b. m, 3. Nourri dans le sérail, j'en conniiis les
détours, ID. Bajax. iv, 7. La vie est un dépôt confié
par le ciel; Oser en disposer, c'est être criminel,
ohess. Edouard III, iv, 7. Néron , bourreau de
Rome, en était l'histrion, delille, l'Homme des
champs , i. Hésiode a écrit sur l'agriculture ;
Démocrite, Xénophon, Aristote, Thèophrasle en
ont traité en prose, m. Préf aux Céorgiq. 1(3° 11
se dit aussi des personnes: de lui, d'elle, d'eux,
d'elles. Sans l'avoir jamais vu, je connais son cou-
rage; Qu'importe après cela quel en soit le visage?
COBN. Suite du hent. iv, 2. J'en ai fait un martyr
[de Polycucle], sa mort me fait chrétien; J'ai fait
tout son bonheur, il veut faire le mien, id. Poltj. v,
6. C'est pourquoi, dépèclions, et cherche dans ta
tête Les moyens les plus prompts d'en faire ma con-
quête, HOL. l'Élour. I, 3. Le plus parfait objet dont
je serais charmé N'aurait pas mon amour, n'en étant
point aimé, id. Dép. am. i, ï. Le bon de cette pro-
fession [médecin], c'est qu'il y a parmi les morts
une honnêteté, une discrétion la plus grande du
monde, et jamais on n'en voit se plaindre du méde-
cin qui l'a tué, id. Jfr'd. m. lut, m, 2. J'espère re-
trouver mes parents; j'en attends des nouvelles avec
impatience, id. fAv. i, t. Multipliez les créatures,
et en augmentez les perfections de plus en plus jus-
qu'à l'infini, ce ne sera toujours, à les regarder
•n elles-mêmes, qu'un non-être, Boss. Concupise.
I*. La crainte de faire des ingrats ou le déplaisir
4'en avoir trouvé, ne l'ont jamaisempêchée défaire
âubien, n.8cn. Qr.fun. de Mme deUontaut. Quoi,
tous en [de lui) attendez quelque injure nouvelle?
**^ '•"<'''• "> *• Ses grâces, sa beauté, sa fière
modeiuio. Tout m'en plaît, CHÉBiLLON, Calilina,
I. <. Cestsa Unie; pourquoi ne la verrait-il pas?
U en doit rccueiUir un fort gros héritage, destouch.
leMMu. II, 7. J'adoro Adélaïde, et j'en iWi estimé,
EN
piBOU, C. Wasa, iv, t. Au roi que nou« pleurons,
il laissa la couronne; Constance en est la sœur....
SAUBiN, Blanche et Guise, i, 4. Nos poètes ont assez
reposé leurs amants sur le bord des ruisseaux, j'en
ai voulu asseoir sur le rivage de la mer , bern. de
ST-p. Paul et Firfftme. JlParlui, par elle, par eux,
par elles, en tant que, dans la phrase, le de qui est
dans en peut être conçu comme remplacé par la pré-
position por. Tout est au-dessous d'elle, à moins que
de régner ; Et sans doute qu'vEmon s'en verra dédai-
gner, corn. aCd. I, ».\\i° Sert à rappeler d'une
manière plus ou moins régulière et précise l'idée
énoncée dans une proposition. Consultez-en, sei-
gneur, la reine votre mère, cobn. Nicom. i, 2- Al-
lons en résoudre chez moi, id. Sertor- iv, 4. Et si
la curiosité me prenait de savoir si ces propositions
sont dans Jr.nsénius, son livre n'est pas si rare ni
si gros que je ne le puisse lire tout entier pour m'en
éclaircir, sans en consulter la Sorbonne, pasc.
Prov. *. La mort qui frappe tôt s'en fait moins res-
sentir, Kon.Bélis. v, 6. Mais je ne suispas homme
à gober le morceau. Et laisser le champ libre aux
yeux d'un damoiseau; J'en veux rompre le cours,
MOL. Éc. des f. III, <. Ah! ah! tu t'en avises. Traî-
tre, de l'approcher de nous, iD. Amph. ii, 3.11 con-
naît et son crime et son ingratitude, U s'en hait, il
en sent la peine la plus rude, th. cobn. Ariane, m, 2.
Le ciel, en le perdant, s'en est vengé sur vous, bac.
Théb. V, 3. En t'avouant pour fils en est-il moins
coupable? En es-tu moins Brulus? en es-tu moins ro-
main? VOLT. Mort de Ces. m, 2. Romains, j'aime la
gloire et ne veux point m'en taire, ID. Rome sauvée,
V, 2. Je t'en aime encor plus, et je crains davan-
tage, ID. Mér.y,i. Ma douleur s'en accroît, ma honte
s'en augmente, m. Tancr. m, 4. || 6° U entre dans
un gi-and nombre de gallicismes, comme ceux-ci par
exemple : il en veut à un tel; il s'en donne; je m'en
promets; en venir aux mains; il s'en faut. || U en
est de.... c'est-à-dire la chose se comporte comme.
Il en sera de cette réclamation comme de celle
de l'an passé. Mais de vous, cher compère, il en e.st
autrement, mol. Éc. des f i, 4. Vaugelas condam-
nait cette locution, et voulait y supprimer en; sui-
vant lui il fallait dire : il est des hommes comme
àd.... et non il en est des hommes comme de.... On
lui objectait que cette suppression faisait amphibo-
logie, et que il est des hommes semblait d'abord
signifier : il y a des hommes. Finalement en a
triomphé, et à bon droit; ce n'est pas la logi-
que qui demandait ce pléonasme, mais la clarté du
discours y a gagné. {[ C'en est assez, c'est-à-dire
cela suffit. En est-ce assez, 6 ciel? cobn. Cin-
no , V , 3. Il C'en est trop, la chose dépasse lu me-
sure. Mais, c'en est trop, Cléone, bac. ^Indr. u, i.
Il En être, c'est-à-dire être d'un complot, d'un se-
cret, d'une cabale, etc. Quoi ! Kéarque en est donc
[de la secte des chrétiens], corn. Poly. m, 2. || En
être à, n'être pas plus avancé que.... N'est-il pas
singulier que, dans une ville aussi fameuse que Car-
tilage, on en soit à chercher l'emplacement même
de ses ports? chateaubb. Itin. m, 486. ||En être
pour, perdre. J'en suis pour mon argent. Où tout
autre aurait trouvé du moins quelque honneur,
j'en suis pour mon argent et ma réputation, p. L.
couBR. I, «<. Il C'en est fait, la chose est terminée,
résolue. Mes amis sont tous prêts, c'en est fait, il
est mort, corn. Iléracl. iv, o. En est-ce fait, Arcas?
BAC. ifithr. V, 2. Il En tenir, être joué, trompé.
Hé! bien, monsieur. Nous en tenons tous deux,
si l'autre est véritable, mol. Dépit, am. i, 5. || En
donner d'une, tromper, abuser. Bon, bon, tu vou-
drais bien ici m'en donner d'une, mol. Dép. am. m,
7. Il On dit aussi , en tenir, dans le sens d'être amou-
reux. Il En planter, f^iire porter des cornes à un
mari. Je sais les tours rusés et les subtiles trames
Dont, pour nous en planter, savent user les fem-
mes, MOL. Éc. des f. 1, 1. Il N'en pouvoir mais,
n'être pas cause de Ayant de la manière
Sur ce qui n'en peut mais déchargé sa colère,
MOL. Éc. des f. IV, 6. Il N'en pas devoir, avoir
aut;mt qu'un autre la chose, la qualité dont il s'a-
git. U ne vous en doit rien, madame, en dureté
de coeur, mol. Princ. <f ^J. m, 5. Ji En être jusqu'à,
et, en supprimant j'ukjkc, en être à, être conduit
au point de. Pour moi, j'en suis souvent jusqu'à
verser des larmes, mol. Psych. i, t. || S'en tenir à,
n'aller pas plus loin que. Napoléon ajouta quelques
menaces déjà moins violentes, et il s'en tint aux
paroles, soit qu'il eût jeté toute sa colère dans un
premier mouvement, soit qu'il n'eût voulu qu'en
cfl'rayer tous les Allemands qui seraient tentés de
l'abandonner, sÉouR, Ilist.de \ap.iK, t. Ij S'en dire,
se faire & soi-même des reproches, des remon-
EN
trances. Hon cœur s'en est plus dit que tous ne
m'en direz, bac. Bri<. ni, 1. 1| En croire quelqu'un,
ajouter foi à ses dires, je ne vous en croirai qu'a-
près l'expérience, cobh. Cid, ii, t. || X qui en
a-t-il? c'est-à-dire contre qui est-il en colère? Je suis
pétrifié, dit-il; à qui en a-t-il? M"« de genlis, Veit-
Ues du chdt. t. m, p. <38, dans poogens. ||6*JFn..,
sert aussi de préfixe pour indiquer déplacement :
emporter, porter-en, portare inde, emmener, me-
ner-en, minareinde, s'enfuir, fuir-en, /'ujere inde,
s'en aller, aller-en , aller de là, etc.
— REM. 1. En se met toujours avant le verbe,
et, si le verbe est composé, avant le verbe auxiliaire :
il en parle, il en a parlé; excepté à l'impératif
(2« personne du singulier, i" et 2' personnes du
pluriel), où il se met après, s'y joignant par un trait
d'union : prends-en, parlez-en, parlons-en. 1| 2. Avec
les impératifs de la I" conjugaison, à la 2" per-
sonne du singulier, on intercale pour l'euphonie
une s, de cette façon : parles-en. [[S. Si le verbe k
l'impératif est construit avec une négation , en se
met avant le verbe : n'en parle pas ; ne vous en
étonnez pas; n'en disons rien; ne nous en effrayons
pas. Il 4. En, construit avec des pronoms, se met
toujours après ces pronoms : il vous en a parlé; il
s'en moque ; parlez-nous-en; retirez-les-en ; nous
vous en empêcherons; nous ne vous en empêcherons
pas; il t'en enverra; vous lui en adresserez, jj S. î
l'impératif, quand en est joint avec tnoi, toi, oa
change mot, lot, en m', t*: va-t'en, donne-m'en,
donne-t'en; et, avec la négation : ne m'en veuille
pas, ne t'en vante pas. || 6. En joint à y se met
toujours après y : il s'y en donna. Il faut donc que,
pour les ordures, vous ayez des lumières que les
autres n'ont pas; car, pour moi, je n'y en ai point
vu [dans l'École des femmes]. — C'est que vous ne
voulez pas y en avoir vu, assurément, mol. Cri-
tique, se. 3. J'y ai fait tant de corrections, j'y en
ferai tant encore, volt. Lett. d'Argent. <8 avr. <784.
De même à l'impératif : mettez-y en. Lachausséa
a eu tort de dire dans l'École des mères, rv, 4 : je
m'en y vais; il faut : je m'y en vais. || 7. En joue
toujours le rôle de complément indirect, puisqu'il
contient virtuellement la préposition de : voyez ces
fleurs; en ave.-.-vous cueilli? c'est-à-dire: avez-vous
cueilli une part de ces fleurs? En conséquence, le
participe passé qui le suit reste invariable, parce
que en auquel il se rapporte n'a par lui-même ni
genre ni nombre. Il a lui seul fait plus d'exploits
que les autres en ont lu, boil. Disc, à l'Acad. Ba-
léazarest aimé des peuples; en possédant les coeurs,
il possède plus de trésors que son père n'en avait
amassé par son avarice cruelle, fén. Tél. Tlil. Ido-
ménée a fait de grandes fautes, mais cherchez dans
tous les pays les mieux policés un roi qui n'en ait
pas fait d'inexcusables, id. ib. xii. Par son analyse.
Descartes fit faire plus de progrès à la géométrie
qu'elle n'en avait fait depuis la création du monde,
THOMAS, Éloge de Desc. Cependant dos grammai-
riens, prêtant à en un sens qu'il n'a pas, disent que
le participe peut s'accorder; c'est une erreur; mais
l'accord est une licence qu'on peut passer à un
poète, sans devoir pour cela faire autorité : Des
pleurs, ah! ma faiblesse en a trop répandus, tolt.
Oreste, li, 2. Mais, dans ce vers de Racine : Et de
ce peu de jours, si longtemps attendus, Ahl mal-
heureux, combien j'en ai déjà perdusl Bérén. iv,
4 , il ne faudrait pas croire que c'est m qui détermine
l'accord du participe ; c'est combien qui le déter-
mine. Voy. COMBIEN, remarque l ; suivant la régie,
on dira : combien de jours j'ai perdus, ou combien
j'ai perdu de jours. || 8. Dans le xvii* siècle, on em-
ployait volontiers en par pléonasme. Il y a, dans
l'instruction , quelque chose qui ne dépend que de
la conformation des organes, et de cela les animaux
en sont capables comme nous, Boss. Connaùs. y,
5. Dans la milice sacrée, c'est en être déserteur
que de cesser de combattre, mass. Prufess. rel. a.
Des restes de sa droiture, il en fait les ébauches de
ses passions, id. Panég. St Thom. Ce pléonasme
n'est pas sans utilité, et pourrait, dans quelques
cas, être imité. || 9. I-cs substantifs pris d'une façon
partitive, sans article défini, en un sens général,
ne peuvent guère être représentés consécutivement
par les pronoms et en conséquence par en. Cependant
cette phrase ne doit pas être condamnée : Pardon-
nez-moi si vous ne me trouvez que bon citoyen, et
soyez sûr qu'il n'y en a point qui attende de vous
de si grandes choses, volt. Corresp. génér. 18 déc.
1744. Il 10. Avec faire on peut, dans j'en aller, sup-
primer le pronom personnel t* (voy. aller, s'en
aller). 11 faut que ce soit elle avec ime parole Oui
trouve le moyen de les faire en aller, MOt.. D. Gare.
ÉNA
IV, «. Vous ne voulez pas faire en aller cet homme-
là, ID. Imprompt. 2. || 11. Molière a dit : en être de
même, pour être de même. Il [cela] est très-naturel,
et j'en suis bien de même, mol. Dép. am. i, 3. Celte
tournure n'est plus usitée. || 12. Au xvu* siècle, on
se servait de en précédé de et pour joindre deux
membres de phrase à peu près comme nous les
joindrions par dont; la tournure est commode, et
mérite d'être regrettée. C'est un autre ennemi qu'il
faut combattre, et en porter tout le poids et la vio-
lence, FOLARD, Traité de la colonne, v.
— HlST. IX' s. Si io [je] returner non Tint pois
[si je ne l'en puis détourner], Serment. || x" s. EU'
eut adunet [inde adonat, en abandonne] lo suon
élément, Euiah'e. Et celés elemosynas ent posciomes
[puissions] facere, que lui ent possumus proferre,
Fragm. de Valenc. p. 469. ||xi* s. Puisque serment
li est juftied, ne l'en [de son bétail] pot pas puis
lever per le jugement de Engleterre, Lois de GuiU.
26. Bien en [avec de l'argent] porrat louer ses sou-
doiers, Ch. de Roi. m. Terres et fiés [fiefs] tant com
vous en voldrez, ib. v. Des Frans de France en i a
plus de mil, ib. xn. Livrez m'en [de cette commis-
sion] ore le gant et le baston, ib. xvn. [Je] desfi les
en, sire, vostre veiant [à vos yeux], tb. xxiv. En
[pour servir son roi] doit on perdre et du cuir et du
poil, ib. Lxxvii. Il xn* s. Quant Artus ot sa terre
asise.... Genièvre prist, s'in fist roïne, liom. de
Brut, t. II, p. 69. S'en [pour cela] devroie estre oc-
cis, ilonc. p. 24. Bien l'avez fait, moût [je] vous en
doi amer, ib. p. 33. Garés en vous, gentils fils à
baron, ib. p. 40. Des douze pers, li dis en sont
ocis, ib. p. 63. S'or [je] ne le venge, moût m'en
doit on blasmer, ib. p. 75. Là 'n est la joste de cent
mille esgardée, ib. p. <44. Et quant mes cuers
s'est mis en li [elle] amer. Je ne m'en puis mie
ariere retraire, Couci, ii. Onques vers li [elle] [je]
n'oi [n'eus] faus cuer ne volage; Si m'en devroit
pour tant mieux avenir, ib. xix. Il en reprist une
autre [épouse] qui fu assez vaillans, Sax. v.
Il xm* s. Nos avons paie nostre passage; se il nos en
vuellent mener, nous en irons volentiers, villeh.
xxxvi. Celle dame mourut, l'ame en puist.Diex
garder, Berle,ni. Alez ent, orde garce, madame
veut dormir, ib. ixxxvu. Les autres [elle] end [de
couteaux] a fait garnir. Lai d'tgnaurès. Et je qui
onques ne li menti, li respondi que je en ameroie
miex avoir fait trente péchés, que estre mesiaus
[lépreux], joiNV. <94. || xv* s. Et en furent accusés
de cette double trahison messire Pierre de Landuras
et messire Bertran du Franc, froiss. ii, n, 2. Et
encore détint le dit brigand le dit chastel et le
garnit bien, et en guerroya le pays, lo. i, i, 324.
Ce que j'en ay faict, sire, ce n'a esté que d'aven-
ture, dont y devez bien penser, Jehan de Saintré,
ch. 42. Il xvi* s. Je vous prye, n'en parlez plus, et
m'en laissez faire, rabel. Pant. n, iS. Va-t-en à ton
roy en son camp, et luy dis nouvelles de ce que tu
as veu, ID. ib. n, 28. Baille ioy, villain, baille, et
en va quérir d'aultres, id. ib. n, 30. Cerchons donc
par conjecture, si nous en pouvons trouver, com-
ment s'est ainsi si avant enracinée ceste opiniastre
volonté de servir, la boét. 25. Par adventure en y
a il bien aussi quelques uns de ceste sorte, mais
d'eux ne parle-je pas maintenant, ainçois d'autres
que j'en voy, qui.... m. <25. Phyton respondit qu'ils
en [à cause de cela] estoient d'un jour plus heureux
que luy, mont, i, 3. Aulcuns enprinrent argument
que.... ID. I, 7. Allez vous y en, id. i, 286. Prens
t'en ailleurs, id. i, 22. Althacus ne s'en vouloit
point aller, amyot, Lucull. 29. Elle s'arracha d'a-
lentour de la teste son bandeau royal, et, se le
nouant à l'entour du col, s'en pendit, m. ib. 32.
Cela fut découvert à Tigranes qui l'en feit mourir,
ID. ib. 68. Il lui demanda de combien il en avoit
affaire, et l'autre luy respondit qu'il en auroit assez
de cent, id. ib. 79. Il escrivit en terre : fuy t'en,
Mithridates, id. Démétr. B.
— ÉTYM. Berry, in, allons-nous in; provenç.
ent et ne; ital. ne; anc. ital. ende, ensuite; du latin
inde, de là, d'ici, en.
t ENADELPHIE (è-na-dèl-fie), j. f. Terme de
tératologie. Inclusion monstrueuse d'un fœtus dans
un autre. _
— ÉTYM. "Ev, en, et àSeXçè;, frère.
ËNALLAGE (é-nal-la-j'), s. /'.Terme de gram-
maire. Ellipse particulière qui a lieu quand, après
avoir employé un mode, on en prend subitement
un autre que n'admet pas la construction ordinaire:
comme dans cette phrase : Ainsi dit le renard et fiat-
teurs d'applaudir, la font. Fabl. vu, t. D'applaudir
est à l'infinitif sans que rien semble l'y appeler.
— ÉTYM. 'EvaXXurt, de iv, en, etàXia-pi, chan-
ÊNA
gement, de àXkiaanv, changer, de iXXoî, autre
(voy. autre).
f ENAMO0RÉ, ÉE (an-na-mou-ré, rée), part.
passé. Qui s'est épris d'amour. Tout riait auprès
d'elle; et la terre parée Etait énamourée, Régnier,
Plainte. || Substantivement. Quelque pauvre éna-
mourée va s'y repaître de doux souvenirs, p. l.
COUR. Lett. II, 286.
f ENAMOURER (an-na-mou-ré), v. a. Donner de
l'amour. || S'énamourer, v. réfl. Devenir amoureux.
— HIST. XIII" s. [le visage] qu'elle ot bel et bien
fait pour gent énamourer, Romon d'Alexandre,
dans DU cange, amoratus. Qui plus haut brait et
crie, qui plus est emplorez. Plus est, ce semble au
monde, du mort enamorez, l. de meung, Tist.m.
Il XV" s. Le comte de St-Pol et cette dame s'entrai-
merent loyaument et s'énamourèrent l'un l'autre,
FROISS. II, II, 46. ||xvi"s. Besoinluyest d'eslongner
la personne X qui son cœur énamouré se donne,
marot, i, <62.
— ÉTYM. En \, et amour; provenç. et espagn.
enamorar; ital. innamorare.
t ÉNANCOER (é-nan-ché), ». o. 'Voy. ÉNAncHER.
JÊNANTHÈME (é-nan-thê-m'), s. m. Terme de
médecine. Se dit, par opposition à exanthème,
d'une éruption qui se fait à la face interne des
cavités naturelles, comme celles de la boucha, de
l'estomac.
— ÉTYM. 'Ev,en,et àvesîv, fleurir, faire éruption,
f ÉNANTIOPATHIE (é-nan-ti-0-pa-tie), s. f.
Terme de médecine. Médication par les contraires.
— ÉTYM. 'EvavTio;, contraire, et TtiOoç, maladie.
t ÉNANTIOPATHIQUE (é-nan-ti-o-pati-k'), adj.
Terme de médecine. Qui guérit une maladie en agis-
sant sur l'économie en sens précisément inverse de
cette maladie.
— ÉTYM. Énantiopathie.
t ÉNANTIOSE (é-nan-ti-ô-z'), s. f. || 1" Terme de
grammaire. Sorte d'antithèse. || 2° Terme de philo-
sophie. Chacune des dix oppositions qui, suivant
les pythagoriciens, étaient la source de toutes cho-
ses (le bien et le mal, l'impair et le pair, l'un et le
multiple, etc.). Il 3° Terme de médecine. Mode de
traitement qui consiste à traiter les maladies par les
choses qui y sont contraires. Ainsi traiter une brû-
lure par l'eau glacée, c'est de l'énanliose.
— ÉTYM. 'EvavTtMffi;, opposition, contrariété.
I ENARBRER (an-nar-bré) , v. a. Terme d'horlo-
gerie. Monter et river une roue ou un pignon sur
l'arbre qui doit les porter.
— ÉTYM. En i , et arbre.
t ENARMONIE, s. f. ENARMONIQ0E, adj. Voy.
ENHARMONIE, ENHARMONIQUE.
f ËNARRABLE (é-na-rra-bl'), adj. Néologisme.
Qui peut être raconté; se dit quelquefois par op-
position à inénarrable.
— ÉTYM. Lat. enarrabilis (voy. énarrer).
t ËNARRATION (é-na-rra-sion) , s. f. Action d'é-
narrer; longue narration.
— HiST.xvi* s. Laisse pour ceste heure le propos
des pierres, et me fay une petite enarration de ces
fontaines, palissy, 42.
— ÉTY»!. Voy. ÉNARRER.
t ÉNARRER (é-na-rré), v. a. Néologisme. Ra-
conter longuement.
— ÉTYM. Lat. enarrare, dee, etnorCare, narrer.
ENARRHÉ, ÉE (an-na-ré, rée; an prononcé
comme dans antérieur) , part, passé. Pour quoi on
a donné des arrhes.
t ENARRIIEMENT (an-na-re-man ; an prononcé
comme dans antérieur), s, m. Action d'enarrher.
On dit plutôt arrliement.
ENARRIIER (an-na-ré ; an prononcé comme dans
antérieur), v. a. Donner des arrhes. On dit plulôt
arrher.
— ÉTYM. En 4 , et arrhes.
tÉNARTHROSE (é-nar-trô-z'), »./■. Terme d'ana-
tomie. Articulation mobile formée par une éminence
osseuse, arrondie, reçue dans une cavité profonde.
L'articulation de l'humérus avec l'omoplate est une
énarthrose.
— ÉTY»I. "Ev, en, et àpOpov, articulation.
t ÉNASER (é-na-zé), v. a'. Ecraser le nez. || S'é-
naser, e. réft. Hélas! je me figurais être seul dans
cette forêt cù je levais une tête si fière; tout à coup
je viens m'énaser contre un hangar, chateaubr.
dans le Dict. de dochkz.
— HIST. xvi" s. Ce fou, non fou tout à fait, ren-
contrant beaucoup mieux qu'un chien qui s'enase,
en ses plaisantes boutades, les forçoit de rire à
gorge déployée. Pèlerin d'Àm. t. n, p. 652, dans
LACURNE. Au lieu qu'on doibt moucher l'enfant, cela
s'appelle l'enaser, mont, n, 60.
ENC
1367
—ÉTYM. É pour es.. ..préfixe, et le latin nosus, nez.
t ÊNAUCUER (é-nô-ché), v. a. Former sur l'en-
clume la place de la branche d'une épingle, avant
de former celle de la tête. || On trouve aussi énan-
cher.
t EN-BAS (an-bâ). En en-bas, loe. adv. aujour-
d'hui peu usitée, et écrite aussi en embas. Du cflté
du bas. Qu'est-ce que c'est que ceciî vous avez mii
les fleurs en en-bas [de l'habit] ? mol. B. gent. u, s.
t EN-BELLE (an-bè-l'), s.f. Terme de marine. Tir
en-belle, tir direct.
— ÉTYM. J?n 1 , et belle : c'est-à-dire au moment
où le canonnier a sa belle.
fENCABANAGE (an-ka-ba-na-j') , ». m. Actioli
d'encabaner.
t ENCABANEMENT (an-ka-ba-ne-man), s. rtt.
Ancien terme de marine. Partie supérieure d'utt
bStiment; celle qui rentre depuis la ligne du fort
jusqu'au plat-bord.
f ENCABANER (an-ka-ba-né), v. a. Mettre des
vers à soie sur des claies.
— ÉTYM. Eni , et cabane.
ENCABLURE (an-kâ-blu-r') , s. f. Terme de ma-
rine. Distance de cent vingt brasses [environ deui
cents mètres].
— REM. Pourquoi l'Académie, qui écrit câbW
avec un accent circonflexe, écrit-elle encablure sanâ
cet accent ?
— ÉTYM. En I , et câble.
t ENCADENASSER (an-ka-de-na-sé), r. a. En-
fermer, attacher avec un cadenas.
— ÉTYM. En < , et cadenas.
ENCADRÉ, ÉE (an-ka-dré, drée), part, passé.
Garni d'un cadre. Un dessin encadré. || Fig. En-
touré. Une belle figure encadrée par la chevelure
et la barbe. || Terme de minéralogie. Cristaux enca-
drés, cristaux dont les facettes présentent une sorte
de cadre autour d'une forme simple, déjà existante
dans la même espèce. || Terme militaire. Mis dans I9
cadre d'un régiment, d'un corps. En approchant,
ils [de jeunes soldats allemands] rencontrèrent notre
découragement et notre longue déroute; en entrant
en ligne, loin de se trouver encadrés et appuyés
par de vieux soldats, ils se virent seuls aux prises
avec tous les fléaux, pour soutenir une cause aban-
donnée de ceux qui étaient le plus intéressés à la
faire triompher, ségur, Uist. de Napol. xii, 41. || 1!
se dit, en plaisantant, d'une personne tenue entre
deux autres. Je l'ai vu passer encadré entre deux
gendarmes.
ENCADREMENT (an-ka-dre-man), s. m. Aciiotj
d'encadrer; ce qui encadre. L'encadrement d'un ta-
bleau. Il Terme d'architecture. Profils ou ornements
ajustés pour servir d'entourage à un panneau. || Fi^.
Ce qui fait comme fait le cadre d'un tableaa De
chaque côté, des massifs d'arbres servent d'enca-
drement à ce cbâteaii.
— ÉTYM. Encadrer.
ENCADRER (an-ka-dré), v. a.\\l' Garnir d'un
cadre. Je fais encadrer nos dessins, J. i. Rouss. Ém.
II. Il Ironiquement. C'est une tête à encadrer, c'est-
à-dire grotesque, laide. || 2° Par extension, entourei-.
Des haies d'aubépine encadraient cette prairie.
Il 3° Fig. Insérer dans un ouvrage d'esprit. Cet au-
teur a encadré dans son livre un charmant épisode;
Des systèmes humains il [l'homme] élargit la base;
Il encadre au hasard dans cette immensité Système,
opinion, mensonge, vérité, lamart. Harm. 1, n.
Il 4° Terme militaire. Mettre dans le cadre d'un
régiment, d'un corps. Encadrer les nouveaux sol-
dats. Il 5" S'encadrer, v. réft. Etre placé comme
dans un cadre. Ce bosquet s'encadre bien entre les
deux coteaux.
— ÉTYM. En t , et codre.
t ENCJÎNIE (an-sé-nie), s. f. Voy. encénie.
ENGAGÉ, ÉE (an-ka-jé, jée), part, passé. Mis eS
cage. Un chardonneret encagé. Mais dès le premier
jour il semble Que le couple encagé ne s'aime plus
si fort, LAMOTTE, Fabl. iv, n. Il Fig. Mis en pri-
son. Pour ses méfaits dans la geôle encagé, volt.
Poés. mêlées, 84. Que ce petit peuple encagé [lei
élèves d'un collège] Criait vivat pour un congé, ri-
CHELET, Dict. Don Quichotte se considérant ainsi
encagé, D. Quich. t. 1, dans le roox, Z)ic(. co-
mique.
ENGAGER (an-ka-jé. Le g prend un e devant 0
ou 0: encageant, encageons), v. a. \\ i' Mettre en
cage. Encagerdes oiseaux. Le bergervient, le prend
[un corbeau], l'encage bien et beau. Le donné à
ses enfants pour servir d'amusette, la fcnt. Fabl,
n, *6. Il 2" Par extension et familièrement, mettre
en prison. On l'a encagé.
— HIST. xiv" s. Leani sont il assouagiei, Et Si
1368
ENC
«nclo. et .DCgie., Comme "'}">J''^^[2Z'
Hxî'in^iit pour le présent pucelle qu. fust
d'igne de rachever, for, celle qui le, amena ju,ques
«u lieu où il, sont encagez, Perceforett, t. v, f a.
— ETYM. Eni, et cage.
4 ENCAISSAGE (an-kê-sa-j'), ». m. Terme d hor-
ticulture. Action d'encaisser une plante.
ETYM. Encaisser.
t ENCAISSANT, ANTE (an-kê-san, san-t'), adj.
Oui encaisse, qui forme un encaissement. La roche
encaisMnte de ces filons est un granité à grains
ordinaire, avec un peu d'amphibole, lauh, Comptes
rendus. Àcad. des se. t. lui, p. t098.
j ENCAISSE (an-kê-s'), s. f. Terme de finance.
Somme totale des valeurs qui sont dans la caisse ou
en portefeuille. La ville a mainlonant une forte en-
caisse que se, dépenses n'absorberont pas dans l'an-
née, LEOOAHANT. || L'encaisso métallique, les va-
leurs en métaux précieux.
— ÊTYM. En i , et caisse.
ENCAISSÉ, ÉE (an-kê-sé, sée), part, passé.
Il !• Mis dans une caisse. Orangers encaissés.
Il Mis en caisse. L'argent encai.ssé. || 2° Dont les
bords sont escarpés. Route encaissée. Le Granique
est très-encaissé, ciiatkaubr. /(in. ii, 62. Nous ren-
contrâmes une rivière étroite et encaissée entre des
bords boisés et incultes; c'était le liorystliène qui
se présentait à nos yeux avec cette humble appa-
rence, SÊGUR, llisl. de Napol. vi, (. |1 Dominé par
des hauteurs. Vallon encaissé. Ville encaissée.
ENCAISSEMENT (an-kè-se-mar.) , s. m. || l" Ac-
tion de mettre en une caisse. L'encaissement
d'une marchandise, d'un oranger. |1 2" Terme de
finance et de commerce. Action de recevoir, de
mettre en caisse une somme ou la valeur d'un billet,
d'une lettre de change. Encaissement d'une traite,
la mise en caisse de la valeur. || La mention sauf
encaissement , mise sur un billet, une lettre de
change, un titre commercial quelconque, a pour
effet de garantii" l'accepteur contre le non-paye-
ment. || 3" État d'un fleuve, d'un chemin encaissé.
[Les Alpes] Oui, dans l'encaissement des roches
éboulées, Cachent les lacs profonds elles noires val-
lées, i.AMABT. Joe. II, '2. || Encaissement artificiel
d'un fleuve, endiguement. || Terme de ponts et
chaussées. Enceinte formée par de la charpente.
Construire par encaissement || Terme de paveur. Dé-
blai de terre que l'on fait avant d'établir une chaus-
sée, et dans lequel on met un lit de sable pour
asseoir le pavé. || Faire un chemin par encaisse-
ment, le faire en creusant une tranchée qu'on rem-
plit de cailloux. || Faire un jardin par encaissement,
faire des plantations dans des trous qu'on remplit
de bonne terre.
— . ÊTYM. Encaisser.
ENCAISSKII (an-kê-sé), v. a. || 1" Mettre dans une
cais.se. Encaisser des marchandises. || Terme de jar-
dinage. Encaisser des orangers. || Terme de banque
et de commerce. Encaisser des fonds, les recevoir
et les porter en avoir. Encaisser un effet, un billet,
une traite, en toucher la valeur. |{ 2° Encaisser
une rivière, la contenir par des berges artificielles,
par des digues continues. || Encaisser une route, en
creuser l'emplacement. || 3° S'encaisser, v. réfl.
S'enfoncer comme dans un encaissement. La vallée
«'encaisse entre deux montagnes.
— IIIST. xvi* s. Il avoit fait encaisser tous iceux
tiltres et enseignements, et les avoit sur muUets
envoyez en un sien chasteau, m. du bellay, 424. X
quoi convient curieusement aviser devant ijue loger
le bled dans le grenier, et encores plus devant que
l'enquaisser, o. dk sebhks, t35.
— ÉTYM. ^n I , et caisse; wallon, ecaser.
t ENCALMINÉ, ÉE (an-kal-mi-né, née), adj.
Terme de marine. Navire encalminé, navire qui se
trouve sous l'influence d'un temps calme ou sous un
abri.
— ÊTYM. En t , et calme.
fENCALYPTE (an-ka-li-pf), s. f. Terme de bota-
nique. Genre de mousse, vivaces & tiges rameuses,
qui croissent en gazon sur la terre.
— ÊTYM. Tîv, en, et xaWirrtiv, cacher.
t ENtlAMPANEMENT (an-kan-pa-ne-man), t. m.
Terme de marine. Synonyme d'évasement, en par-
lant d'une bouche à feu.
— ÊTYM. En t , et le latin campana, cloche.
ENCAN (an-kan), s. m. || !• Vente publique à
1 enchère. || Vendre à l'encan. Mettre à l'encan.
L'empire mis à l'encan par l'armée, Boss. Hisl. i,
40. La papauté était à l'encan [en 1034], ainsi que
presque tous les évêchés, volt. Mœurs, 30. || 2» Fig.
W malheur est venu de quelques jeunes veaux Qui
ENC
mettent à l'encan l'honneur.... béonieb, Sat. iv.
La justice à l'encan , l'innocent oppressé , m.
tb. VI.
— HIST. XV' ». Tellement que comme à l'inquant
se bailloient le, dites prelalures, Arrest du parle-
ment, dan, MÉNAGE, encan. Mettre à l'encant, nu
GANGE, incanlare. Un acheteur de biens vendus à
l'encant, ménage, encan. En encan se vend autant
bran que farine, le bouxdelincy, Prot). t. ii, p. <29.
— ÊTYM. Génev. ïjican, inquant; provenç. en-
qtiant, encant; catal. encant; anc. espagn. encante;
espagn. raod. eucanio; ital. incanto; du latin in
quantum , h combien. Les formes inquant, enquatit,
et le sens prouvent celte origine; ce qui écarte le
verbe incanlare, crier en une sorte de chant; bien
qu'on ne puisse nier qu'tncantore ait agi par une
fausse assimilation, était produit, par exemple, en-
chantement, pour action de mettre à l'encan : xiii* s.
Se vendre à l'enchantement, du cange, incanlare.
ENCANAILLÉ, ÉE (an-ka-nà-llé, liée, U mouil-
lées), part, passé. Cet homme, encanaillé, tomba
dans le dernier mépris. Tu verras à notre bal de ce
soir que nous sommes furieusement encanaillés, CH.
DE BERNARD, Un oclc de vertu, § m.
ENCANAILLER (an-ka-nâ-llé , Il mouillées, et
nonan-ka-nâ-yé), v. a. \\ 1° Mêler, associer avec
de la canaille, avec des gens d'un rang bien infé-
rieur. Avec qui nous avez-vous encanaillés? C'est
votre rival. — Mon rival 1 On m'encanaille de la
sorte, DANCOURT, le Itelour des officiers, se. ». Je
respecte trop vos scrupules aristocratiques , pour
vouloir vous encanailler, CH. debernard, la Femme
de 40 ans, § vn. || 2° S'encanailler, v. réfl. Faire
société avec la canaille. Célimène : Le siècle s'en-
canaille furieusement! .— Élise : Celui-là est joli en-
core, s'encanaille! Est-ce vous qui l'avez inventé,
madame ? — Célimène : Hé ! — Elise : Je m'en suis
bien doutée, mol. Crit. de l'Éc. des fem. 7. Je suis
dans un étage à paraître plus grande Ou qu'une
procureuse, ou bien qu'une marchande; Rien ne
m'est plus fâcheux que de m'encanaiUer, bour-
SAULT, Fables d'Ésope, iv, 3. Vous vous êtes, ma
fille, exposée à cela. En vous encanaillant de cette
guenon-là, iD. Mots à la mode, se. 40. De ce que
je m'encanaille avec un vilain monstre comme cela,
iiAMiLT. Gramm. 3.
— REM. Ce mot d'encanailler commence fort à
s'introduire ; par exemple on dira: je ne veux point
m'encanaiUer de ces gens-là, c'est pour ceux qu'on
ne veut pas voir ; bien qu'il ne soit pas fort en usage,
il est bien reçu, uarg. buffet, Observ. p. 39,
<668. Je ne crains rien tant que de m'encanaiUer,
mauvais mot de la cour, ait de caillières, 4690.
— ÉTYM. En t, et canaille.
f ENCANTHIS (an-kan-tis') , s. /'.Terme de chi-
rurgie. Tumeur formée dans la caroncule lacrymale.
— ÉTYM. 'E^xavOii;, deév,en, et xav66ç, coin
de l'œil.
f ENCAPER (an-ka-pé) , «. n. Terme de marine.
Donner entre deux caps. Navire encapé.
— ÉTYM. En I, et cap.
ENCAPUCUONNÉ, ÉE (an-ka-pu-cho-né , née),
part, passé. Coiffé d'un capuchon. Un certain reli-
gieux grave, pieds nus et encapuchonné.... pasc.
Prov. 4B. [Frère Jacques] Ce n'était ni un moine,
ni un ermite, mais un homme bizarrement enca-
puchonné de gris, st-simon, <t2, 209. || Par exten-
sion. Je pleure encore un joli Hermès enfant que
j'avais vu dans son entier, vêtu et encapuchonné
d'une peau de lion, p. l. cour. Lett. i, 36.
ENCAPCCUONNER ( an-ka-pu-cho-né ) , v. a.
Il 1° Couvrir d'un capuchon. On l'a encapuchonné.
Il 2° S'encapuchonner, v. réfl. Se couvrir la tête
d'un capuchon. Vous vous êtes plaisamment enca-
puchonné. Il Fig. Embrasser la vie monastique,
il 3' Terme de manège. Rapprocher fortement, en
parlant du cheval, le bas de la tête du côté du poi-
trail. Si leur tête [des chevaux] est trop rapprochée
du corps, ils sont sujets, comme on dit, à s'enca-
puchonner, Dict. des arts et m. Amst. t767, Jf' de
chevaux.
— ÉTYM. En t , et capuchon.
ENCAQCÉ, ÉE (an-ka-ké, kée), part, passé. Ha-
rengs encaqués. || Familièrement. Ils sont encaqués
comme des harengs, ils sont très-serrés. Des roya-
listes [sous Cromwell] sont exposé, au marché
comme un troupeau de nègres, et encaqués pour la
Nouvelle-Angluterru, chatraub. Stuarts, 2)7.
— ÊTYM. En ( , et caque.
t ENCAQUEMENT (an-ka-ke-man) , f m. Action,
manière d'encaquer.
ENCAQUER (an-ka-ké), i\ a. || l" Mettre en ca-
que. Encaquer des harengs. On n'oubliera jamais
ENC
qu'un grand prince [Charles-Quint] fit élever une
statue à G. Buckel, pour avoir trouvé le secret de
préparer et d'encaquer les harengs salés, Dict. des
arts et m. Amst. tTai, c/iatrcuitter. || Encaquer de
la poudre à canon. || 2° Par extension et familière-
ment, presser, entasser dans une voiture, dan, un
vaisseau, dans un appartement, dans une pri-
son, etc. Mais ce grand Henri IV était donc un vi-
lain, un ladre, un pillard; car on m'a conté qu'il
avait encaqué dans la Bastille plus de cinquante
millions de notre monnaie d'aujourd'hui , volt.
L'homme aux io écus. Entretien avec un géomètre.
Il 3° S'encaquer, v. réfl. S'entasser, en parlant des
personnes. Dix théâtres et établissements publics
seront pleins, chaque soir, de masques qui s'y en-
caqueront par milliers, alph. karr, les Guêpes,
janvier 4843.
— HIST. xvi* s. Je commencerai dès aujourd'hui
à faire compter et encaquer l'argent nécessaire pour
faire faire montre aux cinq regimens français et à
toutes les compagnies de Suisses et de lansquenets,
SULLY, Mém. t. III, p. 339, dans lacurne.
— ÉTYM. En t, et caque.
tEXCAQUEUR,EUSE (an-ka-keur, keû-z'),J. m.
et f. Celui, celle 'qui encaque des harengs.
— ÉTYM. Encaquer.
fENCARDITE (an-kar-di-f), s. f. Terme de zoo-
logie. Cardite fossile.
— ÉTYM. En i, et cardite.
t ENCARPE (an-kar-p'), s. m. Terme d'architec-
ture ancienne. Guirlande composée de fleurs, de
feuillages et de fruits.
— ÉTYM. 'Ev, en, et xapità;, fruit.
t ENCARRAILLADE (an-ka-ra-lla-d',U mouillées),
s. f. Terme de métallurgie. Mine bien grillée et pro-
pre à servir dans les fours catalans.
f ENCART (an-kar) , s. m. Terme de relieur. Les
huit pages qui, dans une feuille in-l2, se placent
entre les huit premières et les huit dernières pages
de la feuille. L'ajustement des encarts les uns dans
les autres, lesné, la Reliure, p. t32. ||0n trouve
aussi enquart, qui est une mauvaise orthographe.
Quand un livre est plié, devant que de le battre,
Séparez les feuillets bien nets, soigneusement ;
Repliez chaque enquart après séparément, id. ib.
p. 47.
— ÉTYJI. Voy. encarter.
t ENCARTATION (an-kar-ta-sion) , s. f. Terme
de relieur. Opération par laquelle on fait l'encart.
ENCARTÉ, ÉE (an-kar-té, tée), part, passé. Une
page encartée d.ins le volume.
ENCARTER (an-kar-té), v. a. Terme d'impri-
merie. Insérer un carton dans une feuille à l'endroit
où il doit être. || Terme de relieur. Mettre dans une
feuille in-t2 les encarts. Encartez les feuillets bien
juste l'un dans l'autre, lesné, la Reliure, p. 47.
Il S'encarter, v. réfl. Être encarté.
— ÉTYM. En 4 , et carte.
■[ ENCARTONNAGE (an-kar •to-na-j'), *. m. Ac-
tion d'encartonner.
t ENCARTONNEMENT (an-kar-to-ne-man) , s. m.
État d'une chose encartonnée.
t 4 . ENCARTONNER (an-kar-to-né), v. a. Insérer
des cartons entre les plis du drap qu'on veut catir à
chaud. Il On dit aussi encarter.
— ÉTYM. En 4 , et carton.
j 2. ENCARTONNER (an-kar-to-né) , v. a. Terme
de librairie et d'imprimerie. Mettre un carton dans
un livre. || Il signifie aussi mettre les feuilles impri-
mées entre des cartons pour les passer à la presse
hydraulique, afin de les satiner.
— ÉTYM. En 4 , et carton, dans le sens de carte,
de feuillet.
f EN-CAS (an-kà), s. m. Chose préparée pourservir
en cas de besoin. C'est un en-cas. Voy. cas.
— ÉTYM. En I , et cas.
I ENCASSURE (an-kâ-sû-r'), s. f. Terme de char-
ron. Entaille faite au lisoir de derrière et à la sel-
lette de devant pour placer l'essieu d'une roue.
t ENCASTAGE (an-ka-sta-j'), s. m. Action d'en-
caster.
ENCASTELÉ, ÉE (an-ka-ste-lé, lée), part.passé.
Cheval enca.stelé, celui dont la fourchette du pied
n'a pas sa grandeur naturelle, parce qu'U a le talon
trop étroit. En marchant tout ainsi qu'un barl>e en-
castelé, régnier, Sat. viii. || Fig. Homme encas-
telé, s'est dit d'un homme à esprit étroit et même
un peu fou.
ENCASTELER (S') (an-ka-ste-lé. La syllabe te
prend un accent grave, quand la syllabe qui suit
est muette : il s'encastèle, il s'encastèlcra) , t). réfl.
Terme de vétérinaire. Devenir encastelé. Ce cheval
commence à s'encasteler.
ENG
— ÉTYM. Bas-lat. incastellare, garnir de mu-
railles, la corne du cheval étant comparée à une
muraille, do in, en, et castellum (voy. château).
ENCASTELURE (an-ka-ste-lu-r') , s. f. Terme de
vétérinaire. Défectuosité du sabot des chevaux
qui consiste dans le resserrement des quartiers et
même des talons, et cause une compression dou-
loureuse.
— ÉTYM. Encasteler.
t ENCASTER ( au-lia-sté ) , v. a. Terme de po-
tier. Mauvaise prononciation d'encastrer.
t ENCASTILLAGE (an-ka-sti-Ila-j', Il mouillées),
s. m. Terme de marine. La partie d'un vaisseau qui
paraît aux yeux depuis la surface de l'eau jusqu'au
haut du bois.
— ÉTYM. EncasHllé.
fENCASTILLÉ, ÉE (an-ka-sti-llé , liée, ii mouil-
lées), ad;. Terme de marine. Navire encastillé, na-
vire qui est fort élevé par ses hauts, c'est-à-dire par
les parties qui sont sur le pont.
— ÉTYM. En * , ei castil ou castel, château.
ENCASTRÉ, ÉE (an-ka-stré, strée), part, passé.
Joint par encastrement. Pierres encastrées.
ENCASTREMENT (an-ka-stre-man) , s. m. Action
d'encastrer. || Entaille dans le bois ou dans le fer
pour y introduire une autre pièce. Chaque tourillon
d'une bouche à feu est reçu dans l'encastrement du
flasque, legoabant.
ENCASTRER (an-ka-stré), v. a. || 1° Joindre deux
choses par le moyen d'une entaille. On encastre une
pierre dans une autre par entaille, ou un crampon
dans deux pierres pour les joindre. || Terme de
potier. Lorsque les pièces [de poterie] sont tour-
nées, on les encastre, c'est-à-dire qu'on les arrange
dans des étuis semblables à ceux qui servent à cuire
la porcelaine, Dict. des arts et met. Amst. 1767,
faïencier. \\ i° S'encastrer, v. réfl. Se joindre en
rentrant l'une dans l'autre, en parlant de deux
pièces entaillées.
— HIST. XIII' s. Et si avoit dedans chascune cis-
terne une cuve de marbre bien encastrée de fors
maisieres [cloisons], ducange, incastraturx. || xvi"
s. En quelque endroit que la roche eut esté cou-
pée, icelles se fussent trouvées incastrées au dedans
d'icelle roche, paré, 280.
— ÉTYM. Provenç. encastrar et encastonar ; es-
pagn. et ital. incastrare. Le radical est le même que
dans chaton de bague (voy. chaton).
t ENCASTREUR ( an-ka-streur), s. m. Ouvrier
qui encastre les poteries.
fENCAUME (an-kô-m'), s. m. Terme de chi-
rurgie. Ulcère profond et rongeant de la cornée.
— ÉTYM. 'E^xauiia, brûlure, de iv, en, et
xoteiv, brûler.
t ENCACSSEMENT (an-kô-se-man) , s. m. Nom
que les bergers donnent à l'hydropisie des bêtes à
laine, dans certaines localités.
ENCAUSTIQUE (an-kô-sti-k') , s. f. \\ 1- Peinture
préparée avec de la cire fondue. Les Grecs pei-
gnaient à l'encaustique. || Adj. Peinture encaus-
tique. Il 2° Préparation faite avec de l'essence de
térébenthine et de la cire pour rendre luisants les
meubles en bois et les parquets. || Enduit qu'on
donne aux plâtres pour leur faire prendre le luisant
du marbre, ou aux statues de marbre elles-mêmes
pour en adoucir la blancheur éclatante.
— ÉTYM. 'Eyxïuotix^, sous-entendu te'xvïi , l'art
encaustique, de iyy.a'jaiot (voy. encre).
t ENCAUSTIQUER (an-kô-sti-ké), v. a. Étendre
de l'encaustique et frotter pour rendre luisants les
objets encaustiqués.
— ÉTYM. Encaustique.
ENCAVÉ, ÉE (an-ka-vé, vée), part, passé. Mis
dans la cave. Barriques encavées. || Par plaisanterie.
Tombé dans la cave. Ils sont, sur ma parole, L'un et
l'autre encavés, hac. Plaid, ii, ^ l.
ENCAVEMENT (an-ka-ve-man) , s. m. Action
d'encaver.
— ÉTYM. Encaver.
ENCAVER (an-ka-vé), t). a. Mettre du vin en
cave. Il S'encaver, e. réjl. Être encavé. Ces barri-
ques sont fort grosses; elles ne s'encavent pas faci-
lement.
— HIST. XIV* s. C'est un chemin moult destravé,
Pleinde boulions [bourbiers], tout encavé, bruyant,
dans Ménagier, t. ii, p. (g. || xv s. Chevalier,
congé avez D'aymer où il vous plaist ; Gardez où
votre cœur encavez, Chevalier qui congé avez Fer-
ccforest, t. vi, f° 06.||xvi' s. Aucuns, d'une façon
particulière, gouvernent ainsi leurs vins : dès les
avoir entonnés et encavés, persent généralement
tous leurs tojineaux, o. oe serres, 2I8,
— ÉTYM. En i ,et cave.
DIGT. DS LA LANGUE FRANÇAISE.
ENC
ENCAVEUR (an-ka-veur) , s. m. Celui qui encavé
le vin.
— ÉTYM. Encaver.
ENCEINDRE (an-sin-dr') , j'enceins, nous encei-
gnons; j'enceignais; j'enceignis; j'enceindrai ; j'en-
ceindrais; enceins, qu'il enceigne; que j'enceigne,
que nous enceignions; que j'enceignisse; encei-
gnant; enceint, v. a. \\ 1° Entourer d'une ceinture.
Il 2° Par extension. Enceindre de fossés,- de palissa-
des. De grands arbres enceignent cette prairie.
Cet autre univers qui enceint tous les orbes pla-
nétaires et où l'être existant par soi donne aux hié-
rarchies célestes les signes les plus augustes de sa
présence adorable, bonnet, Palingén. 22' part. ch. 4.
— HIST. XV" Marne l'ensaint; les haulz bois pro-
fitables Du noble parc piiet l'en veoir branler,
E. DESCHAMPS, Le hoîs de Vincennes.\\x\'i' s. Afin
que les poincles de leur bataille fussent plus aisées
à se courber et eslendre pour enceindre les Romains
par derrière, amïot, Sylla, 39.
— ÉTYM. Lat. incingere, de m, en , et cingere ,
ceindre (voy. ceindre); provenç. eneenher, engros-
ser; ital. incinghicre.
ENCEINT, ÉINTE (an-sin, sin-t'), part, passé
d'enceindre. Une ville enceinte de murailles. Elle
[la ville] serait seulement enceinte de l'armée et
plutôt investie qu'assiégée dans les formes, boss.
Jfist. Il . «.
t. ENCEINTE (an-sin-f), s. f. || 1° Circuit de mu-
railles, de fossés. Une double, une triple enceinte.
L'enceinte des tranchées pouvait tenir dix mille
hommes, vaugel. Q. C. vi, 2, dans richelet. Il
envoya ses soldats faire l'enceinte du bois, m.
ib., 5. Dans la première enceinte il arrête ses pas,
volt. Zaïre, i, 3. || Terme de fortifierions. En-
ceinte d'une place, les courtines, les bastions et
le fossé qui l'environnent. || Par extension. Quel-
ques chasseurs de la garde impériale venaient de
mettre pied à terre, suivant l'usage, pour former
une enceinte autour de lui [l'empereur], ségur,
Hist. de Napol. iv, 8. || 2° Un espace qui est clos.
Elles ont jusque dans l'enceinte de l'autel des tri-
bunes et des oratoires, la bruy. m. L'amour des
nouveautés, le faux zèle, la crainte. De la Mecque
alarmée ont désolé l'enceinte, volt. Fanât, i, t.
Il Fig. Je veux lui faire voir là dedans [dans un
ciron] un alùme nouveau : je lui veux peindre non-
seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on
peut concevoir de la nature, dans l'enceinte de ce
raccourci d'atome , pasc. Pensées , Disprop. de
l'homme, 1. 1, p. 246, éd. Lahure. Là, par le moyen
de ses formules générales, rien ne lui échappe de
ce qui est dans l'enceinte de la matière qu'il traite,
FONTEN. Varignon.tie pensez pas que, se ménageant,
comme tant d'autres, l'estime du public par lesde-
hors de la modération et de la sagesse, il vint se dé-
mentir dans l'enceinte des devoirs domestiques,
MASS. Conty, Ils se renfermèrent dans l'enceinte
d'une retraite austère, m. Carême. Samar. || 3° Salle
plus ou moins vaste. L'enceinte du tribunal. Sa pa-
role remplissait l'enceinte. || 4° Terme de chasse. Par-
tie de bois dont on peut faire le tour par les che-
mins qui l'environnent. || Endroit qu'on entoure de
pieux, de toiles, de filets ou de chasseurs, .pour
y prendre ou tuer du gibier, des loups, des san-
gliers. Il Le cercle marqué par des rameaux brisés
pour détourner le cerf et savoir le lieu où il s'est
retiré. Du cerf prêt à forcer l'enceinte. Chasseur,
tu fais le fanfaron, bérang. Double chasse. || Double
enceinte. Piège pour prendre les loups. || 5° Terme
de pêche. Espèce de parc rapidement formé, au
milieu de la mer, par des matelots qui, montés sur
des chaloupes, entourent les poissons voyageant par
troupes.
— HIST. xvi* s. Après tant de coureurs il me print
fantaisie De les devancer tous, et comme bon ve-
neur. Faire bien mon enceinte, et en avoir l'hon-
neur, RONS. 670, 210.
— ÉTYM. Erieeint. 0. de Serres a dit au masculin:
Dans cest enceint, 362.
2. ENCEINTE (an-sin-f), adj. {dm. Femme en-
ceinte, femme qui porte un enfant dans son sein.
— HIST. xii' s. Quant la dame se sent enceinte.
Si est forment muée e teinte, Grégoire le Grand,.
p. HO. Il XIII*. Enchainte [je] suis d'Ugon, si qu'en
levé mes gris [ma robe de gris], audefr. le bast.
Romancero, p. 32. Et il li dist que sa fille iert [était]
ençainte d'enfant, villeh. clxxvii.
— ÉTYM. Lat. indncta, femme enceinte, propre
ENC
<36D
ment qui ne porte pas de ceinture, de in, priva- Jians le sens général, ce mot n'a donc point de plu
tif, et cingere (voy. ceindre), d'après Isidore
trouve enceintée dans les Lois de Guill. 35.
t ENCEIXULEJMENT (an-sô-lu-le-man) , s,
Action d'etLSlluler ; état d'une personne encellulée.
On a prétendu prouver avec des chiffres que l'état
mental était plutôt protégé que compromis par l'en-
cellulement [des prisonniers], bourdet. Cause-
ries, p. S79.
— ÉTYM. Encelluler.
+ ENCELLULER (an-sè-lu-lé), «. a. Mettre, en-
fermer dans une cellule, en parlant des religieuses,
des prisonniers.
— ÉTYM. En i, et cellule.
t ENCÉNIE (an-sé-nie) , s. f. Fête que les Juifs cé-
lébraient le 25 de leur neuvième mois, en mémoire
de la purification du temple par Judas Macchabée,
après qu'il eut été pillé par Antiochus Épiphane.
— ÉTYM. 'Evxatvia, de êv, et xaivè?, nouveau.
ENCENS (an-san; l'sse lie : un an-san-z agréa-
ble), s. m. Il l» Nom vulgaire de la résine appelée,
en matière médicale, oliban. L'encens croît dans
l'Arabie et dans l'Inde. Les lieux où croit l'encens,
où murmure l'abeille, ducis, Abufar, i, 5. || 2° Com-
position que l'on brûle comme parfum, particuliè-
rement dans les cérémonies religieuses, mélange
d'oliban et de gommes-résines communes. Que je
vous dois d'encens, grands dieux qui m'exaucez!
CORN. Hor. m, 1 Mais depuis qu'en ces lieux Sa
voix rend aux mortels les réponses des dieux. Et
qu'il envoie au ciel les encens de nos temples,
ROTR. Antig. v, e. Grands dieux.... Je vous promets
pourvu qu'il [un sanglier] ne m'attrape pas. Quatre
livres d'encens.... mol. Prince d'Él. i, 2. Il n'a pas
daigné brûler de l'encens sur mes autels, fén. Tél.
viii. Puissent jusques au ciel vos soupirs innocents
Monter comme l'odeur d'un agréable encens I rac.
Esth. i, 2. Qu'il est doux de voir sa pensée, Avant
de chercher ses accents, En mètres divins caden-
cée , Monter soudain comme l'encens! lamart.
Harm. i, ). || Donner de l'encens, brûler de l'en-
cens devant quelqu'un ou devant quelque chose,
pour accomplir une cérémonie religieuse. Choisis
de leur donner ton sang ou de l'encens [aux dieux
du paganisme], CORN. Poiî/.v, 2. || 3° Fig. Hommage,
louange, flatterie. Mais vous avez cent fois notre
encens refusé, la font. Fabl. x, l. Les flatteurs,
par exemple, cherchent à profiter de l'amour que
les hommes ont pour les louanges, en leur don-
nant tout le vain encens qu'ils souhaitent, mol.
l'Am. méd. m, i. Et dont, à tout propos, les molles
complaisances Donneraient de l'encens à mes ex-
travagances, m. Mis. II, 5. U allait porter son encens
avec peine sur les autels de la fortune, fléch. M. de
Mont. L'on jette sans y penser quelques grains
de l'encens qu'on doit à Dieu sur le monde, id.
Mar. Th. Vendre au plus offrant son encens et ses
vers, BoiL. Sat. i. Qui d'un indigne encens profa-
nent tes autels, m. Disc, au roi. Je ne puis, en es-
clave à la suite des grands, A des dieux sans vertus
prodiguer mon encens, id. ib. Les femmes adorées
Reçoivent cet encens que l'on doit à vos yeux, volt.
Zaïre, i, 4. Alamon, c'est le nom de ce prince im-
bécile. Avalait cet encens, m. Éd. d'un prince. Je
viens à vos genoux en soupirs caressants D'un vei s
adulateur vous prodiguer l'encens, a. chén. Élég.
38. Brûlons-nous pour une coquette Un encens d'a-
bord accueilli 1 bérang. Vieillesse. || Un grain
d'encens, un peu de flatterie. || Au plur. Ce que
tu vaux est en toi-même; Tu fais ton prix par tes
vertus; Tous les enjens d'autrui sont encens super-
flus, CORN. Imit. II, 6. Et ces hautes vertus que de
vous il hérite Vous donnent votre part aux encens
qu'il mérite, m. Vict. du roi. Aux encens qu'elle
donne à son héros d'esprit, mol. F. sav. i, (. Pour
moi je ne vois rien de plus sot à mon sens Qu'un
auteur qui partout va gueuser des encens, id. ib.
m, 5. Cet empire que tient la raison sur les sens Ne
fait pas renoncer aux douceurs des encens, id. ib.
i, I. Ce soin que vous vouliez bien prendre de fairt
valoir nos bonnes intentions et nos services, dépor-
ter nos vœux et nos encens aux pieds du trône....
fléch. Compl. à M. de Chdteauneuf. || 4" Terme de
botanique. Nom vulgaire du romarin officinal (fa-
mille des labiées), dit encore eucensier. || Proverbe.
Selon les gens, l'encens.
— REM. Sur ces vers de Corneille : Mais quoique
vos encens le traitent d'immortel. Cette grande vic-
time est trop pour ton autel, Uort de P. l, i , Vol-
taire a prétendu qu'on ne pouvait pas dire encens
au pluriel. La raison est qu'on ne compte pas l'en-
cens, qu'on ne dit ni un ni deux encens, à moins
qu'on ne veuille désigner des espèces différentes.
On riel. Cependant il est certain aussi qu'au xvii* siècle
on ne faisait pas cette distinction, et qu'encens se di-
m- I sait très-bien au pluriel poui louanges, llatterics.
I. - iVJ
1370
ENC
Aujourd'hui la distinction est établie, et on ne
dit plus: brûler, offrir des encens, mais de 1 encens.
— HIST XII* S. Encontre lei [contre la loi | en-
cens il] Volt offrir al altel, Unis, p. 39i. Plus soef
oient [sentent] que encens ne piment, Rnne. p. 102.
Del saint encens porter el temple s'eiiharJi ; Deus
»'enert[était]cureciez,deliepreleferi[friippa], Th.
/« mari. 1*. || xvi* s. L'encens est un arbre qui croist
en Arabie.— On sophistique l'encens avec résine de
pin, PARÉ, XXVI, <6. Herbe d'absinthe ou encens
puant, FouiLLOL'ï, Fauconn. f" 28, dans lacuhne.
— ÉTYM. Provenç. encens, ensens, ences, eces,
esta; catal. encens; espagn. incienso; porlug. et
ital. incenso; du lalin incensum, brûlé, de l'ncen-
dere, brûler (voy. incendie).
ENCENSÉ, ÉE (an-san-sé, »ée), port, passé. Oui
reçoit l'encensement. Encensé par le prêtre. || Fig.
Un roi encensé par des flatteurs.
ENCENSESIENT (an-sanse-man), ». m. Action
d'encenser. Ils ne l'invoquSrent plus avec les so-
lennités des encensements et des victimes que dans
le temple, «Ass. Carême, Temples. Elle fait brûler
devant eux la fumée des encensements, id. Prof.
rel. 3. L'autel et monseigneur le cardinal de Sour-
dis furent encensés et non le roi; disant les chape-
lains de Sa Majesté, qu'on avait autrefois empoi-
sonné des rois par le moyen des encensements,
SAiNT-FOix, Ess. sur Paris, Œuvres, t. iv, p. tet,
dans pouGENS.
— HIST. XVI" s. Ils n'ont point voulu faire par-
fums et encensements aux idoles, calv. 227. David
prioit que son oraison montast (levant le Seigneur
comme un encensement, id. Instit. Uto.
— Rtym. Encenser.
ENCENSER (an-san-sé), ». o. || 1° Faire brûler
l'encens devant quelqu'un, devant quelque chose.
Encenser une idole. Encenser les autels. Encenser
rév(!que. Il Absolument. Il entra pendant qu'on en-
censait. Il 2" Fig. Honorer d'une sorte de culte,
d'hommage. Elle [la politique romaine] encensait
quelquefois le Dieu des Juifs avec tous les autres,
Boss. Ilist. H, t2. Oui voudra désormais encenser
mes autels? boil. Lutrin, i. Vénus.... vous a-t-elle
forcé d'encenser ses autels? rac. Phèd. I, t. On en-
cense, et on adore l'idole qu'on méprise, mass. Ca-
rême, Tent. Moil de ce fanatique encenser les pres-
tiges! VOLT. Fanal, i, t. Allez donc et jamais
n'encensez ses erreurs, id. Brutus, ii, 4. || 3° Don-
ner des louanges excessives. Pour gagner les hom-
mes, il n'est point de meilleure voie que do donner
dans leurs maximes et encenser leurs défauts, mol.
l'Av. I, t. Jamais il n'avait encensé le pouvoir ar-
bitraire du premier, hamilt. Gramm. B. On n'en-
censa jamais la vertu fugitive, volt. Triumv. I, 3.
Sur un trône l'ennui se carre, Fier d'être encensé
par des sots, bêrawg. Prince de Navarre. J'encense
une personne auguste ; Pour toi je ne puis plus chan-
ter, ID. Poêle de cour. || Familièrement. Encen-
ser à tour de bras, donner des louanges outrées.
Il 4' Terme de manège. Le cheval encense, quand il
fait avec sa télé un mouvement de bas en haut.
Il 6" Encenser a été employé comme un verbe neu-
tre; celte tournure n'a pas été reçue. Encenser aux
dieux, SAuniN (le prédicateur), Disc, de saint Paul
i Ft'lix et Drusille. Il arrive assez souvent que
toutes ces belles promesses [des prédicateurs dans
les guerres de religion] sont suivies de la perte
d'une bataille; le prédioateur n'en est pas décon-
certé ; il trouve cent admirables ressources : si l'on
avait vaincu, on se serait trop confié au bras de la
chair; on aurait trop encensé à ses rets; une dé-
faite nous apprend que nous n'étions pas assez
humbles, BAYLB, Dict. Dijolarus, noteK.||6* S'en-
censer, V. réft. Se donner les uns aux autres de
l'encens, des flatteries.
— HIST. XI' s. Gaillardement touz [ils] les ont en-
censez, Ch. de Roi. ccix. {|xu* s. Joaz le meslier
Di.'u cum prestres envaî. Encensa cum evesques in
domo domini, Th. le mart. "6. Este vus [voici] uns,
prudum de Juda ki vint de part nostro Seignur en
Bolel, e truvad le rei Jéroboam tut en estant, e ccl
aliol aviultre [adultère] encensant, flou, p. 286
l|xiii« s. Oue toutes les famés vivans Lor cors, lor
cuers et lor pensées Ont de celé odor encensées, la
Jtoti, ïnsso. Il XV s. 11 boula sa teste au trou du
retrait où il fut bien encen.sé. Dieu le sait, do la
confiinra da leans, louis xi, JVoue. lxxii. |lx\Ts
un charbon anicnt s'cslanl coulé dans la manche
a un entant lacodemonien, ainsi qu'il encensoit...
««ONT. m, m. ^
mITi'I?*' *"'""•■ provenç. encessar, eeessar;
«CMSBDB (an-s*n-Mur), ». m. Ne se dit qu'au
ENC
fig. Celui qui donne de l'encens, des louanges ex-
cessives. Et, faute d'encenseurs pour les défauts
qu'ils ont. Ils s'accoutumeraient & se voir tels qu'ils
sont, BOURSAULT, Fables d'Ésope, m, 4.
— ÊTYM. Encenser.
t ENCE5S1ER (an-san-sié), ». m. Nom vulgaire du
romarin officinal, dit aussi encens.
— ÉTYM. Encens. Cette plante a été ainsi nom-
mée de Vencensirr, ancien nom de Vencensoir,
ainsi qu'on voit à l'étymologie d'eneefuoir.
ENCENSOIR (an-san-soir), ». m. || 1* Vase sacré,
ou sorte de cassolette suspendue' à de longues chaî-
nettes, dans laquelle on brûle de l'encens. Oui
porte l'encensoir ne peut porter l'épée, lemierre,
Chartem. ii, t . Elevez-vous [prières] dans le silence
 l'heure oii dans l'ombre du soir La lampe des
nuits se balance, Ouand le prêtre éteint l'encensoir,
LAMART. llarm. i, 1. Il Fig. Prendre l'encensoir,
louer excessivement. L'.iutre jour, suivant à la trace
Deux ânes qui, prenant tour à tour l'encensoir. Se
louaient tour à tour, comme c'est la manière, la
FONT. Fabl. XI, B. Il Fig. et familièrement. Casser le
nez à coups d'encensoir, donner de l'encensoir par
le nez, donner en face des louanges outrées. Mais
un auteur novice à répandre l'encens Souvent à son
héros, dans un bizarre ouvrage, Donne de l'encen-
soir au travers du visage , boil. Ép(t. ii. || %° Fig.
Le sacerdoce, le pontificat. Il tient le sceptre et
l'encensoir. Ouand j'osai contre lui disputer l'encen-
soir, BAC. Athal. m, ». Il Mettre la main à l'encen-
.soir, entreprendre sur le ministère des ecclésias-
tiques. On ne m'a jamais vu.... D'une indiscrète
main profaner l'encensoir, volt. Ilenriade, ii. Il
[Pierre le Grand] ne touchait point à l'encensoir,
mais il dirigeait les mains qui le portaient, id.
Russie, I, 10. Il 3" Terme d'astronomie. Constellation
de l'hémisphère austral qu'on nomme aussi l'Autel.
11 4° Synonyme d'encensier, plante.
— HIST. XIII* s. 11 ne laissa en les yglises d'Engle-
terre ne calices, ne encensuers, Ilist. occid. des
Croisades, t. I, p. 202. || xvi* 3. Les femmes et quel-
ques ministres falsoient jouer des feux d'artifices,
et entr'aulres une pièce qu'ils appeloient l'encensoir,
c'estoit un mas qui tournoit sur un pivot, et avoit
une chaudière au long bout, duquel long bout on ver-
soit le feu dans le milieu du fossé, d'aub. //iit. 11, 47.
— ÊTYM. Encenser. La langue ancienne disait de
préférence encensier: xil* s. Desphieles, desencen-
siers e des altres ustilz, flots, p. 244.
t ENCÉPUALALGIE (an-sé-fa-lal-jie), ». f. Terme
de médecine. Douleur nerveuse de l'encéphale.
— ËTYM. Encéphale, et dXfoç, douleur.
t ENCfirUALALGIOCF. (an-sé-fa-lal-ji-k'), adj
Oui a le caractère de l'encéphalalgie.
ENCÉPUALE (an-sé-fa-l') , ». m. || 1* Terme d'a-
natomie. L'organe nerveux qui, chez tous les ani-
maux vertébrés, est contenu dans la cavité du crâne
Il 2° Adj. Terme de zoologie. Se dit de vers qui s'en-
gendrent dans la tête. Cet emploi est aujourd'hui
inusité.
— ÉTYM. "EfxiçaXoVide êv, en, et xeçaV^i, tête.
ENCÉPUALIQUE (an-sé-fa-li-k'), adj. Qui ap-
partient à l'encéphale.
— ÉTYM. Encéphale,
t ENCÉPHALITE (an-sé-fa-li-f), ». f. Terme de
médecine. Inflammation de l'encéphale.
— ÉTYM. Encéphale, et la finale médicale ite,
en grec itiç, indiquant inflammation.
t ENCÉPHALOCÈLE (an-sé-fa-lo-sè-1'), ». f. Ter-
me de chirurgie. Hernie du cerveau.
— ÊTYM. Encéphak, et xiq^y], tumeur.
t 1. ENCÉPIULOIDE (an-sé-fa-lo-I-d'), adj.
Terme d'analomie. Oui offre des sinuosités compa-
rables à celles d'un cerveau. || Terme d'anatomie pa-
thologique. Substance encéphaloîde, une des ma-
tières morbifiques qui forment le plus souvent les
tumeurs dites cancéreuses.
— ÉTYM. Encéphale, et eTBoç, forme.
t 2. ENCÉPUALOÏDE (an-sé-fa-lo-i-d'), ». m.
Terme de minéralogie. Espèce de madrépore fossile.
— ÉTYM. Voyez le précédent.
t ENCÉPHALOLITHE (an-sé-fa-lo-li-f), ». m.
Terme d'analomie pathologique. Calcul ou concré-
tion du cerveau.
— ÉTYM. Encéphale, et X(9o;, pierre.
t ENCÉPHALOLOGIK (an-sé-fa-lo-lo-jie), ». f.
Traité sur l'encéphale.
— ÉTYM. Encrphale, et Xiyod, traité.
t ENCÉPUALOPATniE (an-sé-fa-Io-pa-tie), ». f.
Terme de médecine. Nom donné à des accidents
nerveux graves, tels que le délire, le coma, et aussi
à différentes formes de maladies nerveuses.
— ÉTYM. Encéphale, et it&eo«, maladie.
ENC
t ENCÉPIIALOZOAIRE (an-sé-fa-lo-zo-è-r'), adj.
Termede zoologie. Les animaux encéphalozoaires, les
animaux qui sont pourvus d'un cerveau. ||S. m. Les
encéphalozoaires.
— ÉTYM. Encéphale, et îwéptov, diminutif de
ÇôJov, animal; mot d'ailleurs mal fait, car il signifie
lespetitsanimaux qui se développent dan» le cerveau.
ENCHAÎNÉ, ÉE (an-chê-né, née), part, passé.
Il 1° Lié avec des chaînes. Un criminel enchaîné.
Il Par extension. Ces vents depuis trois mois enchaî-
nés sur nos têtes, HAC. Iphig. I, 1. Il Fig. Ouoi 1
toujours enchaîné de ma gloire passée.... bac.
Brit. IV, 3. Et que, de mon devoir esclave infor-
tunée, X d'éternels ennuis je me voie enchaînée, id.
Milhr. II, 6. Le roi jusqu'à ce jour ignore qui je
suis; Celui par qui le ciel régie ma destinée, Sur
ce secret encor tient ma langue enchaînée, ID. Eslh.
I, 1. 11 [un officier russe] n'a été relâché qu'à ilow-
no, après vingt-six jours, ayant partagé toutes nos
douleurs, libre d'y échapper, mais enchaîné par
sa parole, ségur, Uist. de Napol. x, 8. || 2* Il se
dit aussi du lien de l'amour et du mariage. Et
qu'ensuite i l'envi mille autres hyménées De nos
deux nations l'une à l'autre enchaînées Mêlent si
bien le sang et l'intérêt commun..,, corn. Sert.
I, 2. Enchaînée àGusman par des nœuds étemels,
volt. Alx. m, 4. Il 8* Tenu dans l'oppression. Ils
adorent la main qui les tient enchaînés, bac. Brit.
IV, 4. Il 4° Uni par un enchaînement. Mais l'État
aujourd'hui suivra ma destinée, Je tiens avec mon
sort sa fortune enchaînée, bac. Alex, i, 4. Heureux
si ses vertus l'une à l'autre enchaînées, ID. Brit.
i, 2. Mille prospérités l'une à l'autre enchaînées,
ID. Bérén. v, 7. Les malheurs sont souvent enchaî-
nés l'un à l'autre, id. Esth. m, 1 . || Uni par un rap-
port logique, et, simplement, qui se suit bien. Des
idées étroitement enchaînées.
ENCHAÎNEMENT (an-chê-ne-man) , ». m. || 1* Ac-
tion de mettre à la chaîne. L'enchaînement des for-
çats. Il 2° Fig. Suite ou série de choses de même
nature, ou qui ont des rapports entre elles. L'en-
chaînement des causes, des raisonnements. Un
enchaînement de circonstances. Nous appelons opéra
un certain enchaînement de danses et de musique
qui n'ont pas un rapport bien juste, st-évrem. danf
BicHELET. Les parties du monde ont toutes un tei
rapport et un tel enchaînement l'une avec l'autre,
que je crois impossible l'une sans l'autre et sans le
tout, PAsc. Pensées, t. i, p. 262, édit. Lahure. Ce
Dieu qui a fait l'enchaînement de l'univers, BOss.
Uist. III, 2. Par quels secrets ressorts, par quel
enchaînement Le ciel a-t-il conduit ce grand événe-
ment? BAC. Eslh. I, 1. Ces repas qui font l'enchaî-
nement des autres voluptés, hamilt. Gramm. 8.
Sa vie parut un enchaînement continuel de crimes,
FÉN. Tél. VIII. Une succession de pensées qui nais-
sent dans les peuples les unes après les autre.»., et
dont l'enchaînement bien observé pourrait donner
lieu à des espèces de prophéties, fonten. Leibniti.
Ouoil toute votre vie n'a peut-être été qu'un enchaî-
nement déplorable de passions et d'i misères, hass,
Car. Pécheresse. On voit le progio,." immense que les
sciences ont fait, et on a perdr l'enchaînement in-
sensible par lequel elles tiennent aux premières
idées, tl'RGOT , Ébauche du 2* dise. Progrés de
l'esprit humain , p. 269. L'ordre et l'enchaînement
des idées les graveront dans ma tête d'une manière
ineffaçable. M""* de genlis, Adèle et Théod. t. i,
lett. 8, p. 36, dans poogens.
— ÉTYil. Enchainer; provenç. encademen.
ENCHAÎNTÎR (an-chê-né), r. o. H 1* Attacher
avec une chaîne. Enchaîner un criminel, un ani-
mal féroce. Tandis que l'ennemi par ma fuite
trompé.... Et, gravant en airain ses frêles avan-
tages. De mes États conquis enchaînait le» images,
BAC. Vithr.ui, 1 . Il Par extension. Le froid enchaîne
les eaux, les ruisseaux, c'e.st-à-dire il en glace la
surface qui cesse de couler. L'hiver, qui si long-
temps a fait blanchir nos plaines , N'enchaîne
plus le cours des paisibles ruisseaux, J. b. houss
liv. m, ode 6. Mon front est blanchi par le temps;
Mon sang refroidi coule à peine. Semblable à cetl»
onde qu'enchaîne Le souffle placé des autans, la-
mabt. Wéd. I, 9. Il Fig. Maudit soit le premier dont
la verve insensée.... Voulut avec la rime enchaîner
la raison I boil. Sat. 11. L'homme en ses passions
toujours errant, sans guide, A besoin qu'on lui
mette et le frein et la bride; Son pouvoir malheu-
reux ne sert qu'à le gêner; Et, pour le rendre li-
bre, il le faut enchaîner, id. ib. x. Heureux si celle
vie [du roi] était enchaînée de travaux qui roulassent
sur luil d'argrn.son, Jf^mot're», t. m, p. 8«, i86l.
1 Certain de ma vertu , je conçois l'espérance D'en-
ENC
chaîner l'arenir, de triompher du dieu, il. J. chén.
Œdipe roi, m, *. || Enchaîner la victoire, être con-
fîarament Tietorieui; enchaîner la fortune, avoir
des succès constants. Et ne rien hasarder qu'on n'ait
de toutes parts Autant qu'il est possible enchaîné les
hasards, coBW. Attila, i, *. Quand on tiendrait dans
son camp la Tictoire comme enchaînée, fén. Tél.
XIV. Quand Philippe à Bovine enchaînait la victoire,
VOLT. Zaïre, ii, 3. Nous avons, par nos soins et par
nos artifices. Du sort, autant qu'on peut, enchaîné
les caprices, lafosse, Uanlius, u, 2. || Enchaîner
à son char, devenir le maître de, rendre esclave
(voy. char). Une coquette enchaîne de nombreux
amants à son char. || 2° Subjuguer, dompter, as-
servir. Lorsque son bras enchaîne et ravage la
terre, volt. Fanât, i, t. Va, si tu crois si beau
d'enchaîner l'univers.... masson, Helv. i. || 3° At-
tacher par des liens moraux. Mais si vous m'en-
chaînez à ce que j'ai promis, corn. Sert, iv, 3. Et
le seul hyménée Peut rompre le silence où je suis
enchaînée, m. Sur. u, 3. Quel ordre a pu du
trône exclure la jeunesse? Quel astre à nos beaux
jours enchaîne la faiblesse? ID. Pulch. iv, 2. Sa va-
leur [de Henri IV] les [les ligueurs] vainquit, sa
vertu les enchaîne, volt. Henr. viii. Qu'as-tu fait
des saints nœuds qui nous ont enchaînés? iD.
Alz. m, 4. 11 [Louis XIV] avait séduit l'innocence,
il avait enchaîné une coquette ; il lui restait à con-
quérir une femme aussi spirituelle que vertueuse,
H"' DE GENLis, lime de kaintenon, t. i, p 218,
dans pouGENS. Quel indigne lien vous enchaîne en
ces lieux? Ducis, Lear, i, B. Mêmes gotlts, mêmes
soins, la commune habitude. Tout semble m'en-
chaîner dans cette solitude, ID. Ahufar, i, 6.
Il 4° Unir par des liens logiques, coordonner. En-
chaîner des propositions, des preuves, des faits,
des chapitres. || 6° Suspendre l'activité, le mouve-
ment habituel. La surprise et la peur enchaînent
ses pas. Enchaîner les vents. Il [le respect] arrête
les vœux, captive les désirs. Abaisse les regards,
étouffe les soupirs, Dans le milieu du cœur enchaîne
la tendresse, corn. Oth. m, \. Il me semble qu'un
dieu descendu parmi nous. Maître de mes trans-
ports, enchaîne mon courroux, volt. (Edipe, m, B.
U fallait enchaîner les discordes civiles, M. j. chén.
Charl. IX, ni, 4. On te déchire [mon habit], et cet
outrage Auprès d'elle [Lise] enchaîne mes pas,
BÉRANG. Ifon hab. || 6° S'enchaîner, v. réjl. Se mettre
soi-même à la chaîne. Voilà donc le triomphe où
j'étais amenée! Moi-même à votre char je me suis
enchaînée, rac. Iphig. n, B. || Être lié l'un à l'autre.
Les prospérités s'enchaînent comme les revers. Les
vérités s'enchaînent les unes aux autres. L'art de
voir est l'art d'apercevoir les rapports, et tout s'en-
chaîne aux yeux du génie, bonnet, Consid. corps
orgart. OlCuvres, t. v, p. 260, dans pougens.
— mST. XI' s. Ours et lions et veltres [chiens]
enchaînez, Ch. de Roi. ix. Si l'enchaeinent autres!
come un ours, ib. cxxxv. || iin' s. Corborans prist
confié, s'ala en sa contrée, Avoec lui enmena no
gent encaenée, Ch. d'Ant. i, 648. Il démènent tel
bruit com chiens encaenés, ib. ii, 288. Car leur feu
ne se puet estaindre. Ne leur tormenteours refrain-
dre. Qui les tiennent enchaiennez, i. de meuno,
Tr. <468. Il XIV" s. Fist li rois venir ses prisons
[prisonniers] , Cinq contes tous enchaïnnez, guiart.
Royaux lignages, 7027. || xvi' s. Il lui estoit grief
de voir tant de chrestiens encadenez et menez es-
claves et traitiez misérablement pour jamais, brant.
Cap estr. t. u, p. 95, dans lacuene.
— ÉTYM. En i , et chaîne; provenc. et espagn.
encadenar ; portug. encadear ; ital. incatenare.
ENCUAÎNCllE (an-ohê-nu-r'), s. f. Terme d'arts.
Entrelacement d'anneaux, de fils, de cordons, et
autres objets semblables, les uns dans les autres.
— REM. Aujourd'hui enchatnure est un mot pu-
rement technique indiquant l'entrelacement de dif-
férents objets employés dans les arts, et dès lors
tout à fait distinct d'un enchaînement. Autrefois
cette distinction n'existait pas. Il y a une enchaî-
nure éternelle des causes avec leurs effets, d'ablan-
COUBT, Tacite, vi, n , dans richelet.
— HIST. XVI' s. En touts affaires, quand ils sont
passez, comment que ce soit, j'y ay peu de regret....
les voylà dans le grand cours de l'univers et dans
l'enchaisneure des causes stoïques, mont, m, 27(.
— ÉTYM. Enchaîner.
f ENCHALAGE(an-cha-la-j'), s. m. Action d'em-
piler le bois pour le service d'une saline.
t ENCHALER (an-cha-lé), v. a. Empiler le bois
destiné à une saline
t ENCHALEUR (an-cha-leur) , s. m. Ouvrier qui
snchale.
ENC
ENCHANTÉ, ÊE (an-chan-té, tée), part, passé.
Il 1° Fait par enchantement. Les jardins enchantés
d'Armide. Mais le mien [art], quoique moindre, a
pleine autorité De vous faire sortir d'un séjour en-
chanté, CORN. Tois. d'or, m, 7. || 2° Ensorcelé.
Votre valeur enfin naguère si vantée Dans de fol-
les amours languit comme enchantée, roth. Ven-
cesl. 1, t. Non que, par les yeux seuls lâchement
enchantée, rac. Phèd. u, 4. \\ 3° Ravi, satisfait.
Enchanté de sa nouvelle acquisition. Quelque flatteur
espoir qui vous tienne enchantés, malh. v, 8. Mais
des lois des chrétiens mon esprit enchanté Vit chez
eux ou du moins crut voir la vérité, volt. Ali. v,
3. De ces grands souvenirs votre cœur enchanté,
M. j. CHÉN. Tib. IV, 2. Il 4° Très-agréable. Lieu en-
chanté. Adam y serait arrivé [au but] par des che-
mins enchantés, CHATEAUBR. Génie, 1, 1,4. ôterre,
6 mer, 6 nuit, que vous avez de charmes! Miroir
éblouissant d'éternelle beauté. Pourquoi mes yeux
se voilent-ils de larmes Devant ce spectacle en-
chanté? LAMART. Harm. i, ^o.
t ENCHANTELAGE (an-chan-te-la-j') , s. m. Ac-
tion d'enchanteler.
ENCHANTELÉ, ÉE (an-chan-te-lé, lée), part.
passé. Des tonneaux enchantelés. Le commis ayant
confronté le vin de la cruche à celui des deux
poinçons enchantelés dans le même cellier... Arrêt
du conseil d'État, 22 juiU. 1721.
ENCHANTELER (an-chan-te-lé. La syllabe te est
accompagnée de deux II, quand la syllabe qui suit
est muette : il enchantelle, il enchantellera), v. a.
Mettre du bois dans le chantier. || Établir une pièce
de vin sur deux pièces de bois pour l'élever de terre.
— ÉTYM. En t , et chantier.
ENCHANTEMENT ( an - chan-te-man ) , s. m.
Il 1° Action d'enchanter. Les enchantements de
Médée. Mademoiselle, il n'y eut jamais de si beaux
enchantements que les vôtres ; et tous les ma-
giciens qui se sont servis d'images de cire n'en
ont point fait de si étranges effets que vous, voit.
Lett. i ) . Dans le sein de la mort ses noirs enchan-
tements Vont troubler le repos des ombres , j. b.
Houss. Cantate, Circé. || Effet produit par cette ac-
tion. Rompre un enchantement. Pour moi je ne
crois pas que, sans enchantement. On puisse aller
plus loin et plus légèrement, mairet, Sophon. iv, B.
Qui ne prendrait ceci pour un enchantement? la
FONT. Fabl. il , 1. Il se croit être en un enchante-
ment, ID. Magn. Ils se mirent en chemin, tels à
peu près qu'Amadisou don Galaor, après avoir reçu
l'accolade et l'ordre de chevalerie, cherchant les
aventures et courant après l'amour, la guerre et
les enchantements, hamilt. Gramm. 4. || Par exagé-
ration. Cet édifice s'est trouvé bâti comme par en-
chantement. Il 2° Chose merveilleuse, qui surprend.
C'était une succession d'enchantements. Il faut
avouer que c'est une personne toute pleined'enchan-
tements, voit. Lett. 49. Il fallait appeler tous les en-
chantements de l'imagination et tous les intérêts du
cœur au secours de cette même religion contre la-
quelle on les avait armés, chateadbr. Génie, i, i, 4.
Il 3° Ce qui captive le cœur et les sens. Les enchante-
ments de la poésie. Les pavots que le Sommeil répand
sur la terre, apaisent tous les noirs soucis par leurs
charmes, et tiennent la nature dans un doux enchan-
tement; chacun s'endort sans prévoir les peines
du lendemain, fén. Tél. xn. La première illusion
qui nous y [dans le monde] promet des enchan-
tements et une félicité imaginaire, mass. Car.
Resp. hum. Quel est donc l'incroyable enchan-
tement de l'homme de vouloir périr malgré ses re-
mords? id. Panég. St Benoit. Ehl messieurs, sans
cette innocente erreur de l'écrivain, sans cet en-
chantement que lui donnaient à lui-même ses pro-
pres idées, comment voulez-vous qu'il ait le droit
d'agir sur l'esprit des autres? villemain, Liltér. fr.
xvui' siècle, 2' part. 4" leçon. L'étude des fleurs est
pleine d'enchantements, aimé Martin, dans le Dict.
de POITEVIN. Il 4° Satisfaction , joie vive. Cette nou-
velle l'a mis dans l'enchantemeiM.
— HlST. XII* s. Le contrester à Deu est cume li
peechiez d'enchantement, ki est par diable, Hois,
p. 66. E creid [et il crut] en sorceries e en enchan-
temenz, ib. 420. 1| xiu° s. Dont [ils] sorcnt bien que
fol estoient Quant il criement [craignent] encante-
ment, FI. et Bl. v. 844. Morganz la fée correça
[courrouça] la boenne reïne Guenievre par ses an-
chantemenz d'un suen ami qu'ele tint longuement
en sa prison, Merlin, i°»e, verso. || xy» s. Il [Charles
de Sicile Duras] nous a fait la guerre et nous prit
au chastel de l'Œuf par enchantement [Discours de
Jeanne de Naples au pape Clément], froiss. u, ii,
60. Il XVI* s. Pourtant elle ne porta rien avec elle en I
ENC
1371
quoy elle eust tant d'espérance , comme en soy
mesme et aux enchantemens de sa beauté et bonne
grâce, amyot, Anton, xxxi.
— ÉTYM. Provenç. encantamen ; catal. encanta-
ment; espagn. encantamiento ; du latin incanta-
mentum, d'incantare, enchanter.
ENCHANTER (an-chan-té), v. a. || 1° Produire une
opération surnaturelle sur quelqu'un ou quelque
chose par des paroles magiques. Armide enchanta
la forêt. Merlin enchanta le chevalier. Assoupis le
dragon, enchante la princesse, corn. Tois. d'or, v,
4. Quelque divinité ennemie avait enchanté mes
yeux; je croyais voir Ithaque, fén. Tél. ix. || 2" Agir
sur les hommes par une action comparée à un en-
chantement. Les faux prophètes les enchantent par
les promesses d'un règne imaginaire, boss. Uitt.
Il, T. Leur subtil conducteur [Cromwell], qui, en
combattant, en mêlant mille personnages divers,
vit qu'il avait tellement enchanté le monde qu'il
était regardé de toute l'armée comme un chef en-
voyé de Dieu, ID. Reine d'Anglet. Il faut d'un peu-
ple fier enchanter les esprits, volt. Fanât, u, a.
Jeune, s^sible, ardent, tel qu'il frappa mes yeux,
Quand seuNUgnchantait et la terre et les cieux, du-
cis, Abufar, nr~î>4iSe laisser enchanter, ne pas
résister à ce qui charnîeT-cêptive. || U se dit des
choses en un sens analogue. [iTI^va- de sa part en-
chanter ses ennuis, tristan, if. de Chrispe, ii,
2. Avant qu'elle enchantât ma vie. Devant moi l'a-
mour s'envolait, BÉRANG. Qu'elle est jolie. || 3° Causer
un très-vif plaisir. Cette musique, cette pièce m'a
enchanté. Vos paroles.... vos regards... votre ac-
tion et votre ajustement ont je ne sais quel air de
qualité qui enchante les gens, mol. Critique, 3.
Là pour nous enchanter tout est mis en usage ; Tout
prend un corps, une âme, un esprit, un visage,
boil. Art p. III. Il 4° Rendre charmant. Il [l'amour]
enchante ces lieux par un charme invincible, volt.
Henr. ix. || 5° S'enchanter, v. réfl. Être ravi, en-
chanté. U s'enchantait de l'idée qu'il était l'idole
du peuple. || Se plaire vivement l'un à l'autre. Dès
la première entrevue, ils se sont enchantés tous le»
deux.
— HIST. XII" s. Ancor est-il ceanz, ce cuit [je
pense]. Ou nos somesenchanté tuit [tous] , le Che-
valier aulyon, v. 4127. Tant les ad enchantez
qu'od sei les fist aler, X la nef sunt venu, e entrè-
rent en mer. Th. le mart. 133. || xiii* s. Si croi que
m'avez enchantée. Maie leçon m'avez chantée,
la Rose, 13896. Moult i convient grant garda
por nos âmes salver; Diables nous est près,
qui nous veut encanter , Chans. d'Ant. i, 97.
Il xiv* s. Mahommes l'a craée [une femme] pour
hommes enchanter; Qui n'aroit en trois jours eût de
coi disner, X veoir ceste dame se porroit consoler,
Beaud. de Seb. v, 776. || xv" s. [Les Flamands ve-
naient de faire alliance avec le roi d'Angleterre con-
tre le roi de France, celui-ci leur manda] que, si ils
se vouloientreconnoistre et retourner à lui, etrelen-
quir ce roi d'Angleterre qui enchantés les avoit, il
leur pardonneroit, froiss. i, i, io6. || xvi* s. Telle-
ment enchanté et charmé du poison d'amour, qu'il
ne pensoit à autre chose qu'à elle, amyot, Anton. 46.
— ÉTYM. Provenç. encantar, enchantar ; espagn.
encanlar; ili\. incantare; du latin incanfore, de in,
en, et cantare (voy. chanter) : opérer par des
chants magiques.
t ENCUANTERIE (an-ohan-te-rie) , s. f. Effet de
pratiques magiques.
— ÉTYM. Enchanter.
ENCHANTEUR, ERESSE (an-chan-teur, te-rè-s'),
s. m. et f. Il 1° Celui, celle qui fait des enchante-
ments. L'enchanteur Merlin. Circé l'enchanteresse.
Il 2° Par extension, celui, celle qui séduit, qui en-
traîne les cœurs. Défiez-vous de cet enchanteur.
Une aimable enchanteresse. Agréable enchanteur de
mes jeunes années, rotr. Hercule mourant, ii, 4.
Va, crois-moi, la beauté, suprême enchanteresse....
LEMEHC. Charles VI, ii, 6. || 3° Adj. Qui enchante,
charme, séduit. Un séjour enchanteur. D'un regard
enchanteur connaît-il le poison? rac. Brit. a, 2.
Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse, id ,
Athal. IV, 3. Il en eût trop suivi [du pouvoir] l'a-
morce enchanteresse, volt. Brut, i, 2. J'ai connu
des grandeurs la pompe enchanteresse, m. i. chën.
Fénelon i,2. J'ai vu se dissiper l'erreur enchante-
resse, ID. ib. II, 3. D'un essaim de beautés la danse
enchanteresse, c. delav. Paria, i, 1.
HIST. XI* S. L'encaateQr qui jà fut en enfer,
Ch. de Roi. cvi. || xii* s. L'enchanteor, qui par son
grant revel.... Ronc. p. «7. || xm* s. La tigre i vint et
la pantere ; Et Cointeriaus li enchanterre. Uns sin-
ges quifu nez d'Espaingnc, S'est ajustez àlaconpain-
\
1372
ENC
Rne, Ben. »««. Vou. wl«« d"i encbanteor, Que
Un enchanuiur maistre ds nigrornance qui estoit en
'« marche du Naplf», J''»»"'''- "■ "' '"• , ,
— ÉTYM rrovcnç. encanlatre , encantaaor ; es-
wcn Ptpo'rt. iru-anta'lor; ilal. incanlatore ; du la-
Uttinranlalorem, d'incanlare, enchanter. Le pro-
vençal tncantaire, et le vieux français enc/(an(«Te est
le nomiuaiif de ineanidior, l'accent sur ta; encan-
l„dor et enchanleor esl \e régime, <i'incantal6rem,
laccent sur td; au pluriel, li etichanteor, au no-
minatif, lïincantatôres ; le régime est let enchan-
Itors.
f ENCnAPER (an-cha-pé) , V. a. Terme de com-
merce. Enfermer un baril de vin ou de marchan-
dise dans un second baril.
— ETYM. En t, et chape.
ENCIIAPKRONNÉ, ÉE (an-cha-pe-ro-né, née),
part, passé. Couvert d'un chaperon. Faucon encha-
pcronné. |{ Couvert du chaperon do deuil, se dit de
ceux qui, dans un convoi funèbre, portent un cha-
peron.
f ENCUAPERONNEMENT (an-cha-pe-ro-ne-man) ,
t. m. Action d'enchaperonner; résultat de cette ac-
tion.
— HIST. XVI* S. Enchaperonnement, cotgbaye.
— ÊTYM. Enchaperonner.
ENCHAPERONNER (an-cha-pe-ro-né), t). a.
Terme de chasse. Couvrir la tête d'un chaperon.
Enchaperonner l'oiseau.
— HIST. XV' s. Mon cueur plus ne volera. Il est
enchaperonné; Nonchaloir l'a ordonné, Qui japieça
le m'osta, en. d'orl. Chanson.
— ÉTYM. En ), ei chaperon.
t ENCHAPIÎRE (an-cha-pu-r'), s. f. Terme de cos-
tume militaire. Morceau do peau qui , saisissant la
chape d'une boucle, la fixe à une courroie.
— *:TYM. En < , et chape.
^ ENCIIARGER(an-char-jé), v.o. Donner charge,
commission, recommandation. Je lui ai enchargé le
soin de.... On m'a enchargé de prendre garde que
personne ne me vît, mol. G. Vandin, i, 2. Ainsi m'a
enchargé ton père et recommandé de t'aviser et
admonester pour ton bien, p. L. cour, h, <B8.
Il Vieilli.
— HIST. xin* s. Li autre trois firent leur message
si comme il lor fuenchargié, vii.LEn.iv. S'il lui en-
cherge qu'il fasse simple contremant à quinzaine....
BKAUM. 71 . Il ïv* s. Il lui enchargea fort en prendre
quitance, comm. vi, 2. Elle enchargea à sa damoi-
selle, qu'elle bai Hast jour à l'endemain, lodis xi,
Nouv. IX.
— ÊTYM. En < , et charger; Berry, encharger, en-
sarger , recommander ; provenç. et espagn. en-
eargar; calai, encarregar ; ital. incaricare.
■f ENCHARIBOTTÊ, lîE (an-cha-ri-bo-té, tée),
adj. Mot auquel V. Hugo paraît avoir donné le sens
d'embarrassé : Monsieur, vous avez l'air tout en-
charibotlé, le Roi s'amuse, i, 2. Ce mot est sans
usage; il est aussi sans autorité; car il ne s'appuie
que sur les Bigarrures de tabourot, qui a non en-
chnribolti, mais encharbotié.
t ENCIIARNER (an-char-né), v. a. Mettre des
charnières à une boîte, à un cofTre,
— ÉTYM. En ( . et c.'iarne, radical de charniire.
ENCHÂSSE, ÊE (an-cha-sé, sée), part, passé.
Il 1° Mis dans une châsse. Reliques enchâssées.
Il î° Mis dans un encastrement, dans un chalon.
Diamant enchâssé. Les dents sont de petits os en-
châssés avec ordre dans les deux mâchoires, fén.
Exist. 39. Il Terme de botanique. Graines enchâs-
sées, graines fixées une à une dans les fossettes
d'un placentaire alvéolaire. || Fig. Nous savons tous
les mots dont ils se servent, mais jamais nous ne
les avons vus si bien enchâssés, SÊV. 2.34. La mo-
destie esl belle, enchâssée à propos; Mais, hors de
son endroit, c'est la vertu des sots, eoubsault,
Ésope à la cour, iv, ».
ENCHASSER (an-châ-.sé) , V. a. || !• Insérer,
fixer dans une châsse. Enchâssons ces reliques dans
'nos cœurs, boss. ii, Pr. de P. 2. || Fig. et par
plaisanterie. Enchâsser, faire enchâsser, conserver
comme une relique ce qui ne mérite pas un pareil
•o'" E.st-ce la mode Que baudet aille â l'aise et
meunier s'incommode? Qui de l'âne ou du maître
est fait pour se lasser? le conseille à ces gens de le
faire enchâsser, la font. Fabl. m, t. || 2' Mettre
dans une monture, encastrer. Enchâsser un diamant,
fcncuisser un tableau dans un lambris. || Fig. U na-
ure ençhâffla les esprits les plus brillanU dans les
m^iii^i ""'"• "** '" *"*"« sorte que les orfèvres
T^^lrZ "".""'^ ** P'"» ''«"<«' pierres, lesquels
n y emploient que le moins d'or qu'il se peut^oiT.
KNC
Lett. 52. Le prédicateur a enchâssé dans son avant-
propos, le plus agréablement du monde, l'histoire
(i'Artémiso sur les cendres de son époux, fén. t. xxi,
p. B. Il 8" S'enchâssi'r, v. rifl. Être enchâssé. Cette
pierre s'enchâssera ici très-bien. Ce mot s'en-
châssera mal dans la phrase.
— HIST. xiv« s. L'an propre que l'en l'enchâssa
[le corps de St Louis], Philippe d'Artois trespassa,
0. GuiART, t. u, p. 208. || XVI' Use de mots pu-
rement françois , non toute fois trop communs,
non point au.ssi trop inusitez, si tu ne voulois quel-
quefois usurper et quasi comme enchâsser, ainsi
qu'une pierre précieuse et rare, quelques mots in-
signes en ton poème à l'exemple de Virgile, du bel-
LAY, I, 20, recto.
— ÉTYM. En I , et châsse; wallon, ecasi.
ENCHASSCRE (an-châ-su-r'), s. f. Action d'en-
cha.s.ser; son résultat. L'enchâssure d'un diamant.
Il Fig. Ces réflexions sont ingénieuses et no man-
quent que par kur forme et leur enchâssure. L'en-
châssure de ces écrits en augmentera le prix, la-
motte, dans DESFONTAINES.
— ÉTYM. Enchâsser.
f ENCUATONNEMENT fan-cha-to-ne-man),s. m.
Action d'enchatonner; effet de cette action.
t ENCUATONNER (an-cha-to-né), v. a. Insérer
une pierre précieuse dans un chaton. || S'encha-
tonner, v.réfl. S'incruster dans le chaton.
— HIST. xiii' s. Enquestoné, Partonop. 10624.
Il xiv s. Les entrechamps de grosses pelles [perles]
fines et de chastons enchastonnés en fin or, du
CANGE, chaslo.
— ÉTYM. En I , et chaton.
t ENCHATRE (an-châ-tr') , s. f. Terme de con-
struction. Piiice servant à encastrer. Une pièce de
bois invinciblement retenue et inébranlablement
contenue par les deux bouts dans des enchâtres
d'une matière inflexible et parfaitement dure, buff.
Expér. sur les végétaux, t" mém.
— HIST. xni* s. Oui est apoiez à l'enchastre Del
puis, qui ert volté de piastre, Jlen. t. n, p. <83.
ÉTYM. Le même mot que encastrer.
ENCHAUSSÉ, ÉE (an-ch6-sé, sée), part, passé.
Plantes enchaussées. || Terme de blason. Écu en-
chaussé, éou taillé depuis le milieu d'un de ses
côtés vers la pointe du côté opposé.
t ENCHAUSSENAGE (an-chô-se-na-j') , s. m. Ac-
tion d'enchaussener les peaux.
t E>XHAUSSENER (an-chô-se-né. La syllabe .ie,
suivie d'une syllabe muette, prend un accent grave:
j'enchaussène), v. a. Plonger les peaux dans un bain
de chaux pour que le poil s'en détache facilement.
— ÉTYM. E» 4 , et chaux.
t ENCHAUSSENOIR (an-chO-se-noir), s. m. Outil
de chamoiseur.
— ÉTYM. Enchaussener.
ENCUAUSSER (an-chô-sé), v. a. \\ 1° Terme de
jardinage. Couvrir de paille ou de fumier soit pour
faire blanchir une plante, soit pour la garantir de
la gelée. Enchausser de la chicorée, des pieds dar-
tichauts. Il 2° Terme de charron. Enchausser une
roue, y mettre des rayons.
— ÉTYM. En \ , et chausser.
f ENCHACSSUMER, V. a. Synonyme d'enchaus-
sener (voy. ce mot).
— HIST. xv s. Que doresnavant tous cuirez
[cuirs] seront enchaussumez , du cange, calci-
natium.
t ENCHAUX (an-chô) , s. m. Chaux détrempée
dans l'eau. || Vase rempli de chaux liquide.
— ÉTYM. En I , et chaux.
t ENCUÉLYSCUE (an-ké-li-so-m') , adj. Terme
d'ichthyologie. Qui a le corps long et cylindrique
comme l'anguille.
— ÉTYM. 'Eyxe'.u;, anguille, et ow|ia, corps.
t ENCHENOt" (an-che-uo) , s. m. Synonyme d'é-
cheno (voy. ce mot).
ENCHÈRE (an-chS-r'), s. f. \\ 1° Offre d'un prix su-
périeur dans une vente ; somme que l'on met pour
celte offre. Mettre une enchère. Cela a été adjugé à
la seconde enchère. Partout du plus offrant on n'at-
tend que l'enchère, nAUTEROCHB, Deuil, se. i. || Folle
enchère, enchère trop haute, et qu'on ne peut pas
payer ; ce qui force à une nouvelle enchère dont la
différence et les frais sont à la charge de celui qui
a fait la folle enchère. || Fig. Payer la folle enchère,
être victime de sa propre imprudence. Vous pourriez
porter la folle enchère de tous les autres, et vous
n'avez point de père gentilhomme, mol. G. Dand.
1, e. Il 2" L'encan même. Vendre aux enchères, à
l'enchère. Entraver la liberté des enchères. || Fig.
Mettre une faveur aux enchères, ne l'accorder qu'au
plus offrant. Les ministres.... Qui mirent les pre-
ENC
miers & d'mdigoes enchères L'inestimable prix des
vertus de nos pères, volt, llenriade, vu. || Fig.
Mettre enchère, disputer comme dans un encan.
Doncques, sans mettre enchère aux sottises du
monde, Je dirai librement, pour finir en deux mots.
Que la plupart des gens sont habillés en sots, ré-
ONiEB, Sat. IV. Il Être à l'enchère, se dit de l'homme
prêt à vendre, sans tenir compte de sa conscience,
ses services à celui qui les payera le mieux.
— HIST. xv* s. Puisqu'ainsy est, mettez vous à
l'enchiere ; J'offreray tant que je devray partir [avoir
part], EUST. DKSCH. Poésies mss. f° 4 82, dans la-
cuRNE. Vos fais vous mectez à l'enchiere, Chascun
ce qu'il en peut en a. Et ne vous chault comment
tout va; Pour Dieu changez vostre manière, CH.
d'orl. Bail. 93. Fragm. Car, quant amour se ven-
doit à prière. Peu de marchans y conquestoit
proufît : Désir survient qui met la foie enchiere,
ID. Rondeau de Jehan de Lorraine. || xvi' s. La
nouvelleté couste si cher jusqu'à ceste heure à ce
pauvre Estât [la France] (et si je ne sçais si nous
en sommes à la dernière enchiere) , qu'en tout et
partout j'en quitte le party, mont. Lettres, m.
— ÉTYM. Bas-lat. tnchena, enchère, incariare,
enchérir, du latin in, en, et earus, cher : propre-
ment, la chose qu'on aime, qu'on a chère, et, par
suite, que l'on est disposé à payer.
E^XHÉRI , lE (an-cbé-ri, rie), part, passé
d'enchérir. || 1° Sur quoi on a mis une enchère. Le
domaine enchéri par un des assistants lui fut adjugé.
Il 2° Devenu plus cher. Le blé enchéri par suite du
mauvais temps.
ENCHÉRIR (an-ché-rir). || 1° Y. a. Mettre une en-
chère sur quelque chose.,Enchérir une maison. || Fig.
Aller au delà. Monsieur, il n'y a pas moyen d'en-
chérir ce que vous m'avez écrit, balz. ieU. 23,
liv. IV. Il Cet emploi a vieilli, on dit maintenant, en
ce sens, enchérir sur, en prenant le verbe au sens
absolu ou neutre. || 2° Y. n. Mettre une enchère, des
enchères. Il a fait venir des gens pour enchérir.
Enchérir sur un autre. Les riches ayant commencé
à enchérir sur les pauvres, à porter beaucoup plus
haut ces rentes, et à chasser par ce moyen les pau-
vres de leurs possessions, rollin. Traité des Et. 3*
part. ch. 2. Il Fig. Aller au delà, faire plus qu'un au-
tre. Et moi , jiour enchérir par-dessus ses efforts , Je
verrai mettre en cendre et ma main et mon corps,
DU BYER, Scévole, V, 4. Ta mort pour me déplaire
enchérit sur ta vie, tristan, Mort de Chr. v, 5.
La renommée qui enchérit toujours sur la vérité,
PERROT, Tacite, 474. Quand l'absurde est outré, l'on
lui fait trop d'honneur De vouloir par raison com-
battre son erreur; Enchérir est plus court, sans
s'échauffer la bile, la font. Fabl. ix, 4. Enché-
rissez sur les tendresses Que vous eûtes pour lui,
ID. Fiancée. Une chose dite entre eux peu claire-
ment en entraînait une autre plus obscure, sur la-
quelle on enchérissait par de vraies énigmes, tou-
jours suivies de longs applaudissements, la bbuy. v.
Il Ce mot enchérit sur tel autre, il ajoute à l'idée
qu'il exprime. || S'Y. a. Augmenter le prix d'une
marchandise. Ce journalier enchérit son travaiL
Ce marchand enchérit ses produits. || 4° Y. n. Deve-
nir plus cher. La viande enchérit. On a vendu mon
blé trois jours avant qu'il soit enchéri, sÉv. 351.
Il II se conjugue avec les auxiliaires oi'oir ou être;
dans le premier cas, cela indique l'action; dans
le second, l'état : le blé a enchéri au marché der-
nier; le blé est enchéri depuis quelque temps.
— HIST. XII' s. Beals [beau] reis, se tu voleies
encerchier les escriz, Plusurs rois trovereies que
Deus out ainz esliz ; Quand il les out el mund
muntez e encheriz [aimés, chéris]. Mal unt encontre
Deu lur mestiers acompliz, Th. le mort. 76. |(iiii's.
Nous pierdons nos gaegnages et nosmarceandises; et
nous enchierist li viande cescun jour, Chron. de
Bains, Mo. Mes li chetif sermonneor, Et li fol large
donneor Si forment les enorgueillissent [les fem-
mes]. Que lor roses lor enchierissent, la Base, 7658.
Et en cel délai blé enquierist si, que il vient en
aussi grant quierté [cherté] ou en plus comme il
estoit quant il me fu prestes, beaum. xxxvii, 5. Miex
vaut qu'on sequeure au commun porfit, qu'à le [la]
volenté de cii [ceux] qui voelent le tans enquierir
[créer la cherté], ID. xux, 2. || xiv" s. Car par les
guerres sont les vivres enchery, Guescl. 4 8H8-
18(31. Il XV' s. Ahl vous ne sçavez Comment le drap
est enchery, Trestout le bestail est pery. Patelin.
Il XVI' s. Vivez son glossateur enchérit d'un aultre
exemple de son temps, mont, i, os. J'enchérirais
volontiers sur Plutarque et dirois.... id. i, S23. La
force de mon appréhension encherissoit prez <](
moitié la vérité de la chose, id. q, m. La vieille lui
ENG
monstra le lict, et, l'ayant loué en toutes ses qua-
lités, dist qu'elle ne faisoit de l'encherie, si en de-
mandoit cinq sols, rab. Pant. v, a.
— ÉTYM. Enchère; Berry, encherdir, enchardir.
ENCHÉRISSEMENT (an-ché-ri-se-man) , s. m.
Augmentation de prix. L'enchérissement des blés.
— HIST. xiii" s. Se aucuns a aucun marchié qui
soit à encherissement, et aucuns vienne à lui, si li
dit qu'il li enchereira son marchié, Liv. de just.
«08. Il XIV* s. Firent mauveses montées et enchieris-
semens, du cange, montare. X sis livres parisis
d'encheressement , ID. incarioramentum. \\ xvi' s.
Ces encherissements deshontez, que la chaleur pre-
mière nous suggère en ce jeu, mont, i, 226.
— ÉTYM. Enchérir.
E^CHÉRISSEt^K (an-ché-ri-seur), s. m. Celui qui
met une enchère. Vendre au plus offrant et dernier
enchérisseur. Le prompt débit est la coupelle et la
plus sûre épreuve d'un livre; j'ai en main des
enchérisseurs qui achèteront la copie du Diction-
naire universel [celui de Furetière] dix mille éous,
FURETiÈRE, Recueil des factums , t. ii, p. 85. || Fol
enchérisseur, celui qui a fait une folle enchère.
— HIST. XVI* s. Il avoit tous les ministres qui s'en
entremettoient pour suspects, comme les crieurs,
les enchérisseurs, jusques à ses propres amis; et
pourtant parloit il luy mesme à part aux achepteurs
qui mettoient l'enchère, amyot, Caton d'Ut. 48.
— ÉTYM. Enchérir.
i ENCHE'VALEMENT (an-che-va-le-man), s. m.
Terme de construction. Opération par laquelle on
étaye une maison pour y faire des reprises en sous-
œuvre.
— ÉTYl«. jEn t , et chevalement.
t ENCHEVAUCHER (an-che-vô-ché), ». a. Pra-
tiquer une enchevauchure. Poutre enchevauchée.
— ÉTYM. En 4 , et chevaucher.
i ENCHEVAUCHURE (an-che-vô-chu-r'), s. f.
Terme de métier. Jonction de pièces de bois par
feuillure ou recouvrement. || Position des ardoises
qui se couvrent en partie les unes les autres.
— ÉTYM. Enchevaucher.
ENCHEVÊTRÉ, ÉE (an-che-vê-tré, trée), part.
passé. Muni d'un chevêtre. Cheval enchevêtré.
Il Fig. Qui est mal en ordre, difficile à débrouiller.
Affaires enchevêtrées. La prétention de l'électeur
de Brandebourg était plus éloignée, plus enchevê-
trée que celle de Mme de MaiUy, st-sim. 4 84, 4 81.
Il Style enchevêtré, style dont l'obscurité vient de la
construction de la phrase.
t ENCHEVÊTREMENT (an-che-vê-tre-man), s.
m. 1° Action d'enchevêtrer; résultat de cette action.
Il i' Fig. État de choses difficiles à débrouiller. || Vice
du style enchevêtré.
— HIST. Enchevestrement, cotgrave.
— ÉTYM. Enchevêtrer.
ENCHEVÊTRER (an-che-vê-tré) , v. a. \\ 1° Mettre
un chevêtre , un licou à un cheval. || Terme de char-
pentier. Joindre des solives par un chevêtre. || 2° Fig.
Embrouiller. Enchevêtrer des phrases, une afTaire.
Il 3° S'enchevêtrer, t>. réfî. Se prendre la jambe
dans la longe de son licou, en parlant d'un cheval.
Il Fig. S'embrouiller. 11 s'enchevêtra dans un rai-
sonnement dont il eut peine à sortir. Chacun peut
voir, dans les chapitres 3 et 4 du premier livre de
Grotius, comment ce savant et son traducteur Bar-
beyrac s'enchevêtrent, s'embarrassent dans leurs so-
phismes, J. J. Houss. Contrat, ii, 2. Comment con-
cevoir que les routes d'un royaume de vingt-sept mille
lieues carrées puissent ne pas s'enchevêtrer sans un
centre commun? Mirabeau, Collection, t. iv, p. 297.
— HIST. XII* s. Dune li unt un jument senz sele
fait luer [louer] ; Car ne porent nul autre à celé feiz
[fois] trover ; Nis de fain [même de foin] l'aveit fait
sis maistre enchevestrer. Th. le mart. BO. || xv* s.
SI tost que [les Hongres] virent nos gens encheves-
trés es pieux, adonc tournèrent les Hongres le dos,
Boude. I, ch. 24. Ijxvi' s. M. le lieutenant, tenant
eu sa main des brides sans nombre, desquelles es-
toient enchevestrez des veaux aussi sans nombre,
Sat. Uén. p. 26. On commencera à lui faire sentir [au
jeune cheval] la servitude, en l'enchevestrant d'un
licolde laine, o. de serres, 307. De peur qu'il ne
se butte avec les autres, s'enchevestre, ou autrement
lui mesavienne, id. 308.
— ÉTYM. En t, et chevêtre.
ENCHEVÊTRURE (an-che-vê-tru-r'), s. f. |1 l°Ter-
me de charpentier. Assemblage de solives qui, dans
un plancher, environnent et supportent le foyer de
la cheminée. || i° Terme de vétérinaire. Excoriation
ou plaie qu'un cheval se fait au pli du paturon , ou
même plus haut, avec sa longe.
— ÉTYM. Enchevêtrer.
ENC
t ENCHEVIIXE, ÉE(an-che-vi-llé, liée, «mouil-
lées), adj. Maintenu au moyen de chevilles. || Terme
de chirurgie. Suture enchevillée (voy. suture).
— ÉTYM. En t ,et cheville.
ENCHIFRENÉ, EE (an-chi-fre-né, née), part.
passé. Je suis enrhumée du cerveau, dit-elle , je suis
enchifrenée, m'°* de genlis, Théât. de l'éduc. la
Lingère, I, 6.
ENCHIFRÈNEMENT (an-chi-frè-ne-man) , s. m.
Embarras dans le nez résultant d'un rhume de cer-
veau.
— HIST. XVI* s. Enchifrenure, oudin, Diet.
— ÉTYM. Enchifrener.
ENCHIFRENER ( an-chi-fre-né. La syllabe fre
prend un accent grave, quand la syllabe qui suit
est muette; enchifrené, enchifrènera), v. a. Cau-
ser un enchifrènement. Cet air froid m'a tout enchi-
frené. Il S'enchifrener, v. réfl. Je me suis subitement
enchifrené.
— REM. On trouve au xvii* siècle enchifemer :
Le rhume lui avait tellement embarrassé le nez, il
était si fort enchiferné, qu'il ne pouvait prononcer
les n, DANGEAU, Disc, ii, des consonnes (32). Mais
c'est une faute; car l'Académie de <698 a correcte-
ment enchifrené.
— HIST. XIII* s. Nus n'i gardast condicion. Foi,
ne veu, ne religion, Se ne fust aucuns forcenés Qui
fust d'amors enchifrenés Et loyalment s'amie amast,
lanose. «4340.
— ÉTYM. En t, el chanfrein, par l'intermédiaire
de chinfreneau ; le sens, qui était général, comme
on voit à l'historique, s'étant particularisé au rhume
assimilé à un chanfrein.
fENCHIRIDION (an-ki-ri-di-on), s. m. Manuel,
petit livre portatif. L'Enchiridion d'Épictète. Usité
seulement quand on cite un manuel d'un auteur
ancien.
— ÉTYM. 'EYxeipîôiov , manuel, de iv, en, et yetp,
main; ce mot est fait de x^'Pi comme manuel du
latin manus.
t ENCHONDROME (an-kon-dro-m'), s. m. Terme
de chirurgie. Tumeur composée de substance carti-
lagineuse.
— ÉTYM. 'Ev, en, et xôvSpoç, cartilage; mot fait
avec yôvSpo; sur le modèle de (jâpxwfjia , excrois-
sance charnue.
t ENCHORIAL, ALE (an-ko-ri-al,a-l') ou EN-
CHORIQUE (an-ko-ri-k'), adj. Voy. démotique.
— ÉTY51. 'Ev, en, etywpîov, lieu.
ENCHYMOSE (an-ki-mô-z') , s. f. Terme de méde-
cine. Afflux de sang dans les vaisseaux cutanés, par
exemple sous l'influence de la joie, de la colère.
— ÉTYM. 'EYZ'Jfj.wffi;, de èv, en, et x^M-^îi suc.
f ENCIREMENT (an-si-re-man) , s. m. Action d'en-
cirer; effet de cette action.
■j-ENCIRER (an-si-ré), «.o. Enduire.imbiberdecire.
— ÉTYM. En i , et cire.
t ENCLANCHEMENT ( an-klan-che-man ), s. m.
Voy. enclenchement.
t ENCLASSÉ, ÉE (an-kiâ-sé, sée),port. passé. Il
s'en trouve bientôt [de matelots] soixante mille
d'enclassés, volt. Louis XIV, 29.
t ENCLASSEMENï (an-klâ-se-man), s. m. Action
d'enclasser.
f ENCLASSER (an-klâ-sé), v. a. Mettre dans des
classes. On enrôle, onenclasse les matelots qui doi-
vent servir tantôt sur les vaisseaux marchands,
tantôt sur les flottes royales, VOLT, iouù XIV, 29.
■— ÉTYM. En i , ei classer.
t ENCLAVATION (an-kla-va-sion), s. f. Terme
de marine. Fosse disposée dans des bassins d'eau de
mer pour retenir des bois de mâture ou de con-
struction qu'on y veut conserver.
— ÉTYM. Enclaver.
ENCLAVE (an-kla-v'), s. f || 1° Terrain entouré par
d'autres terrains. || Pays renfermé dans un autre. Le
comtat Venaissin était une des enclaves de la France.
Il Terme de jurisprudence. Etat d'un fonds entouré
de tous côtés par des fonds appartenant à autrui.
Il 2° Portion de terrain ou d'espace qui, s'avançant
sur un autre, en diminue l'étendue. || 3° Territoire
ressortissant à une juridiction. || 4° Terme de con-
struction. La partie avancée d'un escalier, d'un ca-
binet, d'une soupente, etc. qui empiète sur un
appartement. Cet escalier fait enclave dans l'appar-
tement. Il Terme d'architecture. Engagement d'un
corps dans un autre. || 8° Terme de construction hy-
draulique. Partie d'un bajoyer destinée à loger la
porte d'une écluse quand elle est ouverte.
— HIST. xiv* s. Et est assavoir que avecques les
héritages dessus dits il y a une encleve qui est tenant
aus dites maisons, du camge, inclaurura. || xvi* s.
Nous TOUS mandons que faciez assembler les sujets
ENC
1373
de rostre dit bailliage , enclaves et anciens ressors
d'iceluy, Coust. génér. t. l, p. 6)6.
— ÉTYM. Voy. enclaver.
ENCLAVÉ, ÉE (an-kla-vé, rie), part, passé. Qui
a la situation d'une enclave. Deux diocèses en-
clavés l'un dans l'autre. La Bastille et le cou-
vent des Célestins paraissaient enclavés dans son
enceinte [de l'hôtel du roi Charles V], saiht-foix,
Ess. Paris, Œuvres, t. m , p. 70, dans pougens.
Il Terme de blason. Enclavé se dit d'un écu parti ,
dont les parties entrent carrément l'une dans l'autre.
Il Termede diplomatie. Lettres enclavées, lettres ren-
fermées dans d'autres lettres plus grandes. || Terme
d'obstétrique. Fœtus enclavé, fœtus qui est en en-
clavement.
— REM. Boileau a pris enclavé au sens propre
d'encloué : Mais déjà sur son banc la machine [le
lutrin] enclavée, Lutr. m.
ENCLAVEMENT (an-kla-ve-man) , *. m. || i' Ac-
tion d'enclaver; état de ce qui est enclavé. L'en-
clavement du comtat Venaissin dans le royaume de
France. M. de Lorraine [dans le partage de l'Es-
pagne] , d'esclave de la France par l'enclavement de
la Lorraine, gagnait de devenir un prince puissant
et libre en Italie, st-simon, 77, 252. || 2° Terme
d'obstétrique. Accident de l'accouchement où la tête
de l'enfant, engagée dans la cavité pelvienne, s'y
trouve serrée au point de ne pouvoir plus être
poussée au delà par les efforts de la nature.
— HIST. XV* s. Les enclavemens et appartenances
de la duché de Bourgogne, monstrelet, cité par
LAUHiÈRE, Gloss. du droit fr. au mot enclavements
et ressorts.
— ÉTYM. Enclaver.
ENCLAVER (an-kla-vé), v. a. || 1° Enclore une
chose dans une autre. Enclaver une terre dans un
parc. Il 2° Terme de construction. Enclaver une
pierre, la lier avec d'autres pierres qui sont déjà
placées. Enclaver une solive, l'encastrer ou la pla-
cer dans l'entaille d'une poutre. || Arrêter une
pièce de bois a.vecune clef ou un boulon. || 3°Terme
de marine. Loger une pièce de bois dans une en-
clavation. || On dit que les glaces enclavent un na-
vire quand elles l'enferment. || 4° S'enclaver, «.
réfl. Etre enclavé. Une pièce de terre qui s'enclave
dans une autre.
— HIST. xm* s. Les justices de plusors segneurs
sunt entremellées et enclavées les unes dedans les
autres, beaum. lviii, <3. || xv* s. Et estoient ceux de
Gand et toutes leurs teneurs expressément nommés
et enclavés dedans [dans le traité des Anglais et des
Français], froiss. il, il, 210. N'osoient les barons
et les chevaliers de Poitou, qui Anglois se tenoient,
chevaucher parmi le pays, fors en grans routes
[troupes] pour la doute des François qui estoient en-
clavés en leur pays, id. liv. i, p. 4<o, dansLACURNE.
Il XVI* s. Hélène en fit enclaver un [clou de la
croix] au heaume de son fils, calv. )47. Les ci-
toyens ont fait enclaver ceste pierre en une grosse
chaisne de fer, au milieu de leur temple, paré,
Monst. app. 4 Hz s'esmerveillerent comment la
fortune conduit une menée par le moyen d'une
autre, et rassemble toutes choses quelque loing
qu'elles soient l'une de l'autre, et les enclave et en-
chaîne ensemble, amyot, Timol. xxiv.
— ÉTYM. Provenç. enclavar; du latin in, en, et
clavus, clou (voy. ce mot).
t ENCLENCHEMENT (an-klan-che-man) , t. m.
Mise d'un certain mécanisme en état de se débander,
de faire son effet quand on voudra.
— ÉTYM. En i , et clenche.
ENCLIN, INE (an-klin, kli-n'), adj. Qui a un
penchant pour quelque chose. Voilà l'un des péchés
où mon âme est encline , bégnier , Sat. xii. Et mon
âme est encline où le péril est grand, trist. M. de
Chrispe, u,t Xjouer on dit qu'il est enclin , mol.
Tart. II, 2. Plus enclin à blâmer que savant à bien
faire , boil. Art p. m. Toujours pour un autre enclin
vers la douceur, id. Sat. iv. [Ils] Les poussent au
penchant où leur cœur est enclin, hac. Phèd. iv, 3.
Il avait trop de candeur pour être enclin à la dé-
fiance, FÉN. Tél. XX.
— REM. On dit enclin à avec un verbe; et, aveo
un substantif, enclin à ou enclin vers.
— HIST. XI* s. Li empereres en tint son chef [sa
tête] enclin [baissé] , Ch. de Roi. x. || xii* s. Nostre
empereresejut [fut gisant] vers terre enclin, Hon«.
p. <65. Il xui* s. Se ele le seûst, moût fust à lui en-
cline, Berte, lvi. Se tu trueves chaste moillier. Va-
t'en au temple agenoillier. Et Jupiter enclin aore,
la Rose, 8761 . || xiv* s. L'appétit qui ad ce est enclin
et poursuit la chose, oreshe, j?l)i. 62. Il sont enclins
à faire l'un à l'autre choses aimables, id. ib. 237.
1
1374
ENC
Il ir I Pour aider à garder raison et juatice, à
nuoi toit bon chreslien devoit entendre et estre
enclin, Fnoiss. il, ii, «>3- l'Iusieurs seigneurs par
nature sont enclins à leur profit, id. ij, u, 62. Na-
ture est encline grandement en l'homme à ouïr
nouvelles choses, m. ii, m, 26. Les princes sont
plus enclins on toutes choses voluntaires que au-
tres hommes, comm. Prol. Affin que le roy fust
plus enclin de bailler promptement la possession
de.... ID. m, 9. Il avoit intention qu'il feroit faire à
cesle ville de Gand quelque grande mutation, co-
(fnoissant que de tous temps elle y estoit encline,
ID. V, t*. Tous les plaisirs en quoy homme est en-
clin, ID. V, t8. Il XVI* s. Nous sommes tous de na-
ture enclins à hypocrisie, calv. Inst. 2. Si mes
innocentes mains. Pures de sang et rapines. Ne fu-
rent oncqiies inclines X rompre les droits humains,
DO BELLAY, m, 8), verso.
— Ety,M. l'rovenç. enclin; ano. espagn. enclino,
du latin inclinis (voy. incliner).
t ENCLINOMËNK (an-kli-no-mè-n'), s. m. Terme
de grammaire grecque. Nom donné à tous les mots
assez courts pour perdre leur accent en se joignant à
un autre mot; tel est chez nous le mot bon dans bon
vin, le mot broie dans brare homme, qui sont pro-
noncés comme si l'adjectif et le substantif ne for-
maient qu'un seul mot. Un autre grammairien ajoute
avec raison que tout enclinomène n'est pas encliti-
que, mais que tout enclitique est enclinomène, ou,
en d'autres termes, que les enclitiques sont une es-
pèce dans le genre des enclinomènes, egger, Apol-
lonius Dyscole, VIII, t, p. 288.
— ÊTYM. 'EyxXiv6|j.svoc, part, passif da iy*\nio
(voy. enclitique).
t ENCLIQUETAGE (an-kli-ke-ta-j'), s. m. Appareil
pour s'opposer à la rétrogradation, dans une méca-
nique, soit de la puissance, soit de la résistance.
■f ENCLIQUETER (an-kli-ke-té. Le t se double,
quand la syllabe qui suit est muette : j'encliquette),
V. a. Kaire un encliquetage; arrêter au moyen d'un
encliquetage.
— ÊTYM. En t , et cliquet.
ENCLITIQUE (an-kli-ti-k'), s. f. Terme de gram-
maire grecque. Mot qui, perdant son accent, se lie
au mot précédent et en fait, pour la prononciation,
réellement partie. En latin que est enclitique dans
hominumque deumque ; et en français ce est en-
clitique dans : Est-ce Dieu, sont-ce les hommes Dont
les œuvres vont éclater? rac. Esth. ii, K, || Adj. Les
mots , les particules enclitiques.
— REM. 1 . Enclitique est du féminin, on sous-entend
lemotporttCKle; mais.ensous-entendant mot, on l'a
fait du masculin , comme M. Egger qui , dans l'exem-
ple cité à enclinomène, a dit que tout enclitique
est un enclinomène, et non toute. || 2. En français
nous entendons souvent par enclitique non -seule-
ment les véritables enciilt'îuef, mais tous les encli-
nomènes, c'est-à-dire même ceux qu'on a nommés
proclitiques, parce qu'ils perdent leur accent en
s'appuyant sur le mot qui les suit. Ainsi Burnouf,
dans sa (-rammaire grecque, § 406, donne comme
des proclitiques les mots écrits en italique dans ce
vers de Racine : Le jour n'est pas plus pur que le
fond de mon cœur. Nous disons plus volontiers que
ce sont des enclitiques, sans faire la distinction si
le mot qui perd l'accent est avant ou après.
— ÉTYM. "EYxiiTixi;, de é^x^îveiv, incliner, de
lv,en, et xX(vnv, baisser(voy. clinique et incliner).
fENCLOÎTRER (an-klol-lré), v. a. Mettre dans
un cloître. || S'encloîtrer, v. réjl. Se mettre dans un
cloître. Si tous les garçons et toutes les filles s'en-
cloltraienl, le monda périrait, volt. l'Homme aux
40 écus. Raisonnement sur les moines.
— ÊTYM. £n 4 , et cloitre; provenç. enclostrar.
ENCLORE (an-klo-r'), j'enclos, tu enclos, il en-
clôt, nous enclosons, vous enclosez, ils enclosent;
j'enclorai; j'enclorais; enclos, enclose. L'Académie
ne donna ni imparfait, ni parfait, ni impératif,
ni subjonctif présent, ni subjonctif imparfait, ni
participe présent. Si, de fait, le parfait et l'impar-
fait du subjonctif sont tellement oubliés qu'on ne
peut guère les faire revivre, il n'en est pas de même
de l'imparfait de l'indicatif : j'enclosais ; da l'im-
pératif : enclos, qu'il enclose; du subjonctif présent :
que j'enclose; et du participe présent: enclosant.
• Jf' " *' '''°'"® '^^ """■*■ '^^ b*'^*' B"=. Enclore son
jardin, son champ. || f Enclaver. 11 a enolos ce boi»
dans son parc. Enclore les faubourgs dans la ville.
vastes métropoles, où ce citoyen des déserts [l'A-
«be] semble avoir voulu enclore la solitude, ciu-
Sfti "lî^ ^- '• "• '• Il '° Enfermer, i ceux qu'en-
woi la tombe noire, la font. Fabl. m, 7. || 4* Fermer
» U rois ta» deux partie» de la tète d'une épingle.
ENC
Il 5* S'enclore, ». ré/l. Fermer de murs son jardin,
son champ. Il s'est enclos pour se garantir des dé-
jjrédations des passants.
— iilST. XII" s. Dist Viviens : Dex, quar nos se-
corez ! Vez nos [nous] enclos et forment enserrez; Re-
gardez nos de vo grant majesté, Li covenans Vivien,
v. 60) . Engleterre est enclose e de mer e de vent,
Ne crient [craint] Deu ne ses saints pur un poi de
turment, 77». lemart. en. Pur ço dist à ces de Juda :
edifiumsces citez, sis [si les] encloQmsdemursede
bonestur.s,noù,p.300. || xiii* s. Pource que j'ai grant
froit, en mon mantel [je] m'encio, Berle, xxxii. Quant
semez fust toz cist essarz [champ]. Et bien enclous
de toutes parz, ilen. t986t. Ci est le romant de la
Rose, Où l'art d'amors est tote enclose, la Rose,
Titre. Car quant plus chascun apela, Chascun plus
s'enclost et cela, tb. 64B6. En Antiochesont li caitif
d'outre mer. Là les avons enclos, n'en puent [peu-
vent] eschaper, Ch. d'Ànt. vu, 142. Quant il pleut
le soir et fait mal tens de nuit, il s'encloent en
leurs polices, joinv. 230. Sa manière estoit tele,
que, quand il estoit parti de ses chevaliers, il s'en-
clooit en sa chapelle, et estoit longuement en orai-
sons avant que il alast le soir gésir avec sa femme ,
ID. 270. ||xiv' s. Il restoit toujours enclos -ivecques
ses concubines, ohesme, Eth. v (9). Je te veil à tout
ce respondre, Sans rien enclore ne repondre [ca-
cher], machaut, p. 96. Il XV* s. Si fut enclos de ses en-
nemis par trop demeurer en arrière, froiss. i, i,
(39. Si laissèrent avaler le grand rastel, et encloï-
rent le chevalier dehors, id. i, i, t49. Une alée Qui
se tournoit sus la rivière, Qui bien l'enclooit par
derrière, id. Espinette amoureuse. Pour Dieu, gar-
dez bien souvenir Enclos dedens vostre pensée. Ne
le laissiez dehors yssir, Belle très loyaument amée,
CH. d'orl. Rail. 63. Il XVI* s. Ce n'est pas sans cause
que nous encloons toutes promesses en Christ, veu
que l'apostre enclost toute l'évangile en la cognois-
sance d'icelui, calv. Inst. 448. Il commençea de
rechef à faire enclorre de trenchées le camp des
ennemis, amyot, Sylla, 4G.IIz enclouirent le pour-
pris de la moite avec une haye qu'ils feirent de leurs
targes et pavois, id. Crass. 48.
— ÉTYM. Provenc. enciflure; du bas-latin inclau-
dere qui est dans la loi salique, de in, en, et clau-
dere clore (voy. clore).
t . ENCLOS , OSE (an-kl6, klô-z') , part, passé d'en-
clore. Il 1° Entouré d'une clôture. Jardin enclos de
murs. Il 2° Enfermé. En vain me retirant enclos
en une étude, régnier, Sat. m. Comme aux quatre
éléments les matières encloses, id. tb. m. En ce vase
chétif tout Hercule est enclos. Je puis en une main
enfermer ce héros, rotr. Hercule mourant, v, 2.
Quand on eut du palais de ces filles du ciel [abeil-
les] Enlevé l'ambroisie en leurs chambres enclose,
la FONT. Fabl. a, t2. || Terme de blason. Lion enclos,
lion d'Ecosse, enfermé dans un double trescheur.
2. ENCLOS (an-klô; l's se lie; un an-klô-z agréa-
ble), s. m. Il l'Espace enfermé dans une enceinte de
murs, de haies, etc. Un grand enclos est attenant au
jardin. Posons que ce crime se soit fait hors de l'en-
clos du couvent, PATHU, Plaid. 6, dans hichelet.
Je n'appelle plus Rome un enolos de murailles Que
ses proscriptions comblent de funérailles, corn.
Sertor. m, 2. Ses dents [de la chicane] sur des pa-
lais exercent leur furie; Elle déjeune d'un enclos.
Et dtne d'une métairie, panard, les Tableaux, co-
médie, dans RiciiELET. Les sentiers qui traversaient
l'enclos bénit [cimetière] aboutissaient à l'église,
CHATEAUBR. Génie, IV, u, 7. Il i° L'enceinte même.
Réparer son enclos. Un enclos de haies. || 8° Demi-
cercle de bois à l'usage des épingliers.
— HIST. XII* s. U avient bien que aucuns suefre
ses voisins à aler par lonc tans à son puis qui est
en se [sa] cort ou dedens son enclos, neporquant
tel usages.... beaum. xxiv, <6.
— ÊTYM. Enclos i.
f ENCLOTIR (an-klo-tir), v. n. Terme de chasse.
Entrer dans son terrier, en parlant du gibier.
— HIST. XV* s. Qui veut avoir bonne garenne de
connilz [lapins] , il les doit chascier deux ou trois
fois la sepmaine elles faire encloter; car autrement
ils vuident le pays. Chasse de Gaston l'hebus, ms.
p. 49, dans LACURNE.
— ÉTYM. Forme dérivée de enclore.
t ENCLOTCRE (an-klo-tu-r"), s. /. Bord qui règne
autour d'un ouvrage de broderie.
— ÉTYM. Dérivé de enclore; probablement par la
troisième personne il enclôt.
t ENCLOnAGE (an-klou-a-j') , s. m. Action d'en-
clouer une pièce de canon.
ENCLOCÉ, ËE(an-klou-é, ée),part. pwt^. Che-
val encloué. Canons encloués, I
ENC
ENCLOUER (an-klou-é), e. a. || 1° Terme da vété
rinaire. Blesser le cheval avec un clou, quand on le
ferre. Ou il m'envoie une compagnie qui me retient,
ou il encloue mes chevaux, ou il me démet une
jambe, BALz. liv. vii.lett. 33. || 2* Enfoncer avec force
un clou dans la lumière d'un canon pour empêcher
qu'on ne puisse s'en servir. Levenhaupt s'était re-
tiré après avoir encloué une partie de son canon,
VOLT. Charles Xll, 4. || 3* S'enclouer, v. réfl. Être
blessé par un clou qui entre dans le pied, en par-
lant du cheval. |j S'enferrer, se prendre par ses
propres arguments.
— HIST. XIII* s. Car de peine [elle] clochoit com
cheval qu'on encloe, Berte, xixiii Adviserdoit
le mareschal Qui ferre d'autruy le cheval ; Car par
l'enclouer ou retraire Puet trop le maislre avoir
contraire, eust. desc. Poésie» mss. f 443, dan»
LACURNE. Il XVI* 8. [Jésus] pendit en croix encloué
pieds et mains, marot, iv, Us. Les assiégez firent
une sortie, donnèrent jusques à l'artillerie; mais
n'eurent par loisir de l'enclouer. d'aub. Bist. i, (48.
— ÊTYM. Bas-lat. inclavare, detn, en, eictavut,
clou.
ENCLO0URE (an-klou-u-r*), >. f. |j I* Terme de
vétérinaire. Blessure d'un cheval qui s'est encloué.
Il Blessure faite aux tissus vifs du pied du cheval et
du bœuf par les clous que le maréchal implanta
pour fixer le fer. || 2° Fig. Empêchement, nœud
d'une difficulté. De l'argent, dites-vous, ah I voilà
l'enclouure, mol. i'^lour. n, 6. Eh! je sais trop où
lui tient l'enclouure, TH. corn. Comtesse d'orgueil,
n, t. J'en connais l'enclouure, et je sais bien par où
Vous Taire devenir un peu moins loup-garou, m. le
Geôlier de soi-même, v, 8. Il [M. le duc] me dit
qu'avec un établissement son frère reviendrait; hé
bien, repris-je, voilà donc l'enclouure, 6t-simon,
608, 222.
— HIST. XII* s. Mais s'ele [la paix] fust bien clare
e senz nule emposture, [ils] Ne eussent fait assuens
desonur ne enjure : Mais conuistre i peut l'um mult
tost l'encloeûre. Th. le mort. (25. || xiu* s. Rois,
rappele-moi, se tu oses; Si te conterai de ces choses
L'encloeûre, Un dit de vérité. |{ xvi* s. M. de Vieille-
ville, saichant ceste encloueure [personne ne vou-
lant proposer la paix] , envoya un moyne fort élo-
quent et hardy devers le roy d'Hespaigne, cabl.
vn, (8. Â l'encloueure [du cheval], faut première»
ment en ester la cause, qui est le cloud, et, au
trou d'icelui, mettre de l'huile bouillant, o. de shr-
res, 984. L'enclouure estoit en ce qu'il eust de
grandes guerres de tous costez, brant. Charles-
Quint.
— ÉTYM. Encîoucr.
ENCLUME (an-klu-m'), s. f. || 1* Masse de fer
aciérée sur laquelle on bat le fer et les autres mé-
taux. L'enclume d'une forge. Bèze et sa magni-
fique comparaison de l'Église avec une encluma qui
n'était faite que pour recevoir des coups et non pas
pour en donner, boss. Var. 6* avert. § 4. On n'en-
tendit plus [dans l'Etna) les coups des terribles
marteaux qui, frappant l'enclume, faisaient gémir
les profondes cavernes de la terre et les abîmes de
la mer, fén. Tél. II. Mains faites pour souffler la
forge ou frapper sur l'enclume, i. J. rolss. Ém. in.
Il Dur comme une enclume, très-dur. En entrant,
je me suis donné du nez contre l'âme d'un procu-
reur qui était dure comme une enclume, legrand,
Belphégor, n, 3. || Se trouver entre l'enclume et le
marteau, être engagé entre deux partis , entre
deux intérêts contraires, de manière à souffrir des
deux côtés, sans pouvoir rendre le mal. Le papa
Clément VII écrivait qu'il était entre l'enclume et
le marteau [entre Charles-Quint et François pra-
miei], volt. Jfœurs, (36. || Remettre un ouvrage
sur l'enclume, le refaire, lui donner une nouvelle
forme; môme sens que remettre sur le métier.
Il 2" Terme de couvreur. Outil de fer plat qui a au
milieu une espèce de bec plat et pointu pour le
piquer sur les chevrons, et sur lequel les cou-
vreurs taillent et coupent leur ardoise avec un
marteau tranchant. || Billot rond des paumiers-nip
quetiers. || Terme de passementier. Sorte de bigorne
crénelée da sillons pour maintenir et façonner les
ferretï. || Ancien terme de teinturier. Espèce de
carré d'acier sur lequel chaque maître devait avoir
son nom gravé en creux pour servir de contre-mar-
que aux étoffes. || S* Terme d'anatomie. Un des os-
selets de l'oreille moyenne. || Proverbes. Il faut être
enclume ou marteau, il faut être opprimé ou oppre»i
seur. Il II vaut mieux être marteau qu'enclume, ii
vaut mieux battre qu'être battu.
— HIST. xu* s. Or est plus durs qu'enclume re-
trempée, Bat. d'Aleschant, v. 60»». || xiii* •. Et
ENC
ENC
ENC
1375
seur ce perron avoit anz el mileu une anclume de
fer largement demi pié haute, Merlin, ms. t" 72,
recto. Se li deteres [débiteur] est fevres et li créan-
ciers veut qu'on li baille s'enclume ou ses martiaus....
BEAUM Liv, i. Il XIV» S. Au serpent a geté un cop
merveille grant : Sus le dos le feri [frappa], mais
ne valut noiant, Nient plus comme une englume
ne va le cuir passant, Baud. de Seb. li, 273. || xn'
s. Us ont si fort passé mesure, que la pluspart se sont
chargez d'enclumes, au lieu de se couvrir d'ar-
mures, LANGUE, 286. Mal contrepoys faict à l'en-
clume, qui luy contremet une plume. Ancien pro-
verbe cité dans génin, Récréât, t. ii, p. 244.
— ÉTYM. Picard, inglaine ; wallon, eglome ;
namur. èglume ; rouchi, engleutne; picard, en-
cjpume; provenç. enclutge ; catal. enclusa; espagn.
ayunque, yunque; portug. incude; ital. incudine,
incûde, anciide, ancudine; du latin incudinem,
accusatif de tnciM, enclume, de in, en, et cu-
dere, frapper.
ENCLUMEAU (an-klu-mô) ou ENCLUMOT (an-
klu-mo), s. m. Petite enclume portative.
— ÉTYM. Diminutif d'enclume.
t ENCLUMETTE (an-klu-mè-f), s. f. Terme ru-
ral Petite enclume portative à l'usage des faucheurs,
pour aiguiser leur faux en la battant. {| Morceau de
fer dont le boisselier se sert pour soutenir les plan-
ches qu'il veut clouer.
— ÉTYM. Diminutif à'enclume.
t ENCOCHE (an-ko-ch'), s. f. Établi du sabotier.
Il Entaille sur le pêne ou sur la gâchette d'une ser-
rure pour y servir d'arrêt. || Entaille faite par le
boulanger sur la taille, pour marquer le pain qu'il
fournit à crédit.
— ÉTYM. Voy. ENCOCHER.
ENCOCHE, ÉE (an-ko-ché, chée), port, passé.
Flèclie encochée. || Terme de blason. Se dit d'une
flèche posée sur un arc, que l'arc soit bandé ou non.
t ENCOCHEMENT (an-ko-che-man), s. m. Ac-
tion d'encocher.
ENCOCHER (an-ko-ché), v. o. Appliquera coche
d'une flèche sur la corde de l'arc. {| Entailler la gâ-
chette ou le pêne d'une serrure. || Faire une encoche
sur U taille d'un boulanger. || Planter des chevilles
dans les trous pratiqués au fond d'un vaisseau dont
les parois doivent être faites d'osier.
— HIST. xm" s. Atant estes-vos un archier Qui
une flece a encochiée. Envers le cerf l'a descochiée,
Que il l'avoit bien avisé, Ren. 22365. || xiv s. Les
archiers sont devant, chascun s'esvertua, Chascun
tendit son arc et sa flèche encocha, Guescl. v.
<9070. Il xvi* s. Aussi peu fut utile une plate forme
de deux grands vaisseaux saisis ensemble de sa-
blières encochées, bridées de bandes de fer, d'adb.
Hist. III, 21.
— ÉTYM. En t, et coche 4 ; provenç. encocar;
jtal. incoccare.
t ENCOCHURE (an-ko-chu-r') , s. f. Terme de
marine. Extrémité de la vergue où l'on amarre le
bout des voiles. Vieux.
— ÉTYM. Encocher.
ENCOFFRÉ , ÉE (an-ko-fré, frée) , part, passé.
De l'argent encoffré.
ENCOFFRER (an-ko-fré), v. a. || 1» Enfermer dans
un coffre. Le duc de Grammont et sa vilaine épousée
encofîrèrent leur belle et magnifique vaisselle, ST-
siMON, 232, (09. || Fig. Mettre en prison. || î« Serrer
soigneusement par avarice. Cet homme qui pourrait
vivre avec abondance aime mieux encoffrer ses re-
venus. Il S° S'approprier par friponnerie. Encoffrer
l'argent qu'on est chargé de distribuer.
— HIST. xvf s. Qu'est-ce qu'a fait celuy que l'on
encoffré [emprisonne] ? Sat. Mén. p. 203.
— ÉTYM. En \ , et coffrer.
t ENCOIFFER (S') (an-koi-fé) , i;. réfl. S'enticher,
s'infatuer. Si on y songe trop, on s'entête et on
s'encoilTe, pasc. dans cousin.
— ÉTYM. En i, et coiffe.
ENCOIGNURE ou ENCOGNURE (an-ko-gnu-r'),
I. f. Il 1° Coin formé par la jonction de deux mu-
railles. Mettez cela dans l'encoignure de la cham-
bre. L'encoignure de la rue. || 2° Petit meuble fait
pour être placé dans un coin. j| 3° Terme de marine.
Ganse qui entoure les cosses que l'on place aux ex-
trémités de l'envergure des voiles.
— HIST. xvi's. Pour y remédier, faudroit bailler
place en ces encogneures [coins, angles] à sept ou
huict des plus braves harquebusiers, lanoue, 325.
I.a vertu assignée aux affaires du monde est une
vertu à plusieurs plis, encoigneures et coudes pour
s'appliquer et joindre à l'humaine faiblesse, mont
IV, !»(.
— ÉTYM. EnK, et coin.
ENCOLLAGE (an-ko-la-j'), ». m. |jl* Action d'en-
coller; résultat de cette action. Faire un encollage.
Il 2° L'apprêt même qui sert à encoller. || Couche
de colle que l'on passe sur les moulures et sur
les sculptures avant de peindre, d'apprêter ou de
dorer. {| Encollage blanc , blanc délayé dans un
bain de colle de parchemin. || Encollage à base de
glycérine , encollage nouvellement découvert et
qui paraît dispenser les tisserands de travailler
dans des lieux bas et humides. || Préparation pour
boucher les pores du bois et le préserver de la pi-
qûre des vers.
— ÉTYM. Encoller.
ENCOLLÉ, ËE (an-ko-lé, lée), part, passé. Une
étoffe encollée.
ENCOLLER (an-ko-lé), V. a. \\ l" Appliquer,
étendre sur quelque chose un apprêt de colle ou de
gomme. Encoller une toile de tableau. || 2° Terme
de doreur. Encoller le bois, y appliquer une ou
plusieurs couches de colle, avant que de le dorer.
Il 3° Terme de marine. Encoller une ancre, en
souder la croisée à la verge.
— HIST. XV* s. Ledit compaignon [peintre] sera
tenu achecter et avoir agréable ce que les ministres
lui ordonneront par escript pour faire sondit chef-
d'œuvre, et fera faire son tableau de bon boys bien
sec, et sera encolé et blanchy bien et deuement,
et puis pourtraict et ébauché decoulleurs à huyie.
Ordonnance, déc. use.
— ÉTYM. En i, et colle.
f ENCOLLPRE (an-ko-lu-r') , s. f. Terme de ser-
rurerie. Réunion de plusieurs pièces de fer soudées
les unes aux autres.
t ENCOLPITE (an-kol-pi-f), s. f. Terme de mé-
decine. Inflammation du vagin.
— ÉTYM. Grec fictif, îfxoXitoç, de Iv, en, et
x6>7toç, sein, et la finale médicale ite signifiant in-
flammation.
ENCOLURE (an-ko-lu-r'), s. f. || 1» Nom que l'on
donne au cou du cheval et des autres mammifères.
Une tête de barbe, avec l'étoile nette. L'encolure
d'un cygne, effilée et bien droite, mol. Fdch. ii, 6.
....Deux bons chevaux de pareille encolure, boil.
Sat. X. Une belle encolure doit être longue et relevée
et cependant proportionnée à la taille du cheval,
BUFP. Cheval. || L'encolure du cheval est rouée
lorsqu'elle affecte dans toute Ja longueur de son
bord supérieur une courbe bien prononcée; on la
dit encolure de cygne lorsque la courbure se fait
remarquer seulement vers la tête. Encolure de cerf
ou encolure renversée, celle qui, au bord inférieur,
a une convexité qui en relève l'extrémité supé-
rieure de telle sorte que l'animal porte au vent.
Un excès de développement dans ce bord supérieur
de l'encolure l'entraîne de côté, et constitue l'enco-
lure penchée. Encolure fausse, encolure qui ne
s'unit pas d'une manière insensible avec les épaules
et le poitrail; dans le cas contraire, elle est dite
bien sortie, Dict. général de méd. et de chir.vétér.
Il 2° Familièrement. La tournure, la façon d'être
d'une personne. C'est un dieu, je le connais  son
encolure.... scarron, Gigant. ch. iv, dans leroox,
Dict. com. D'a.ssez belle encolure et de plus mon
cousin, TH. CORN. Bertr. de Cigarral, v, <2. Je
vois devant notre maison Certain homme dont l'en-
colure Ne me présage rien de bon, mol. Amph. i,
2. Il Avoir l'encolure de, avoir l'air, l'apparence
de.... Avoir l'encolure d'un fripon. Elle! elle n'en
fera qu'un sot, je vous assure.... Je dis qu'il en a
l'encolure. Mot. Tart. ii, 2. D'un censeur de plai-
sirs ai-je fort l'encolure? ID. VÊtour. I, 2. Saumery
avait toute l'encolure d'un maître à écrire, et tou-
jours mis comme s'il l'eût été, st-simon, 7t, 170.
Il On dit dans un sens analogue : être d'encolure à.
Vous êtes d'encolure à vouloir un peu mieux, corn.
le Ment, i, t. || 8° Terme de tailleur. Le dégage-
ment de l'habit autour du cou. || 4° Terme de ma-
rine. Hauteur du milieu de chaque varangue, tri-
bord et bâbord, au-dessus de la râblure de la quiUe.
Il Épaisseur que la pièce de construction appelée
courbe peut avoir au point de jonction de ses
branches.
— HIST. ivi" s. L'encoleure [isthme] de ceste
péninsule, lanode, 433. Vouloient tous que l'on se
retirast au Peloponese, et que l'on assemblast toutes
les forces de la Grèce au dedans de l'encoleure
d'iceluy, amyot, Thémist. 47. L'encoleure des cha-
meaux et des austruches, je la trouve encores plus
relevée et droicte que la nostre, mont, ii, 202.
— ÉTYM. Enl, et col.
t ENCOMBRANT, ANTE (an-kon-bran, bran-t'),
adj. Qui encombre, qui cause da l'encombrement.
Marchandises encombrantes.
— HIST. XIII* s. Car s'il veut bailler cuves ou hu-
ches ou gros merrien ou tex [telles] choses qui sont
encombreuses à manier ; li créanciers ne les prendra
pas s'il veut, beaum. liv, i.
ENCOMBRE (an-kon-br'), s. m. Accident fâcheux
qui empêche, qui fait échouer. Quelque sinistre
encombre, mol. le Dép. r, 2. Perrette, sur sa tête,
ayant un pot au lait. Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver sans encombre à la ville, la font.
Fabl. vil, 10. Cependant, devant qu'il fût nuit, U
arriva nouvel encombre : Un loup parut, m. ib.
II, 19.
— HIST. xii* s. Trop s'esragent li païsant; E si
les nos convient damer [il nous les faut dompter],
E ratorner e raseignier Queus [quelle] est lor vie e
lormestier; Mais c'est lor mort e lor encombre,
BENOÎT, Chr. de Norm. u, 26790. || xv' s Pour
ce qu'ils estoient grant nombre D'archiers et de gens
à guisernes, Doublant qu'ils ne fissent encombre.
Si ne print que les hommes d'armes. Vigiles de
Charles YII, 1. 1, p. 47, dans lacorne. || xvi' s.
Inhumer les corps morts, dont y eut si grant
nombre. Qu'on ne pouvoit passer à cheval sans en-
combre, J. MAROT, V, 140. Et s'asseuroient que sa
présence les preserveroit de tous dangiers et en-
combres, CARLOIX, IX, 6.
— ÉTYM. Provenç. encombre; ital. ingombro;
bas-lat. incombrum, de in, et combri ou cumbri,
amas de bois abattu; cumbrus est dit pour cum-
blus, lequel est une forme barbare du latin cumulus
(voy. comble 1).
ENCOMBRÉ, ÉE (an-kon-bré, brée), por«. passé.
Passage encombré. Il y a eu un peu de cohue, et
les appartements ont été encombrés, picard. Trois
quartiers, m, 2. Il eut d'abord à s'avancer sur une
route glissante, encombrée de bagages et de fuyards,
SÉGUR, Hist. de Napol. xi, 7.
ENCOMBREMENT (an-kon-bre-man), s. m. Ac-
tion d'encombrer. || Amas de matériaux, de voi-
tures, de personnes qui encombrent un passage.
Pour éviter l'encombrement, les voitures entreront
par un côté et sortiront par l'autre. Cette multitude
immense entassée sur la rive [de la Bérézina] ,
pêle-mêle avec les chevaux et les chariots, y formait
un épouvantable encombrement, ségur, Hist. de
Napol. XI, 9. Ceux qui suivaient, guidés par un
stupide instinct, s'ajoutaient à cet encombrement,
sans songer à pénétrer dans la ville par ses autres
issues, ID. ib. xu, 3.
— HIST. xn' s. Quant li pluisur entendent qu'uB
quist l'encombrement [qu'on cherchait la perte]
De Thomas l'arcevesque, mult en furent dolent,
Th. le mart. 41. Estroite est la voie, et cil qui
esteir welt est à encombrement à ceos [ceux] ki
welent aleir avant et ki désirent esploilier, st bern.
667. Ilxin's. Pri-je [je prie] Lucina la déesse D'en-
fantement, qu'el doint qu'il nesse Sans mal et sans
encombrement. Si qu'il puist vivre longuement,
la Rose, 10661. Quant jurs de veue est donés à
celi qui le requiert, et la veue ne pot estre fête en
celé jornée, por aucun resnable [raisonnable] en-
combrement.... beaum. ix, 18. Il XVI* s. Sans point
mentir un desloyal amant. Sot et mauvais, faict
plus d'encombrement  la partie qui par luy est
deceue. Que le péché ni la faulte conceue, j. ma-
ROT, V, 318. Sur la nouvelle a luy venue du gros
encombrement de guerre qui estoit venu sur les
bras du roy de tant de pars, m. dd bell. 425.
— ÉTYM. Encombrer; provenç. encombrament ;
ital. ingombramento. On disait beaucoup, dans l'an-
cien français, encombrier et encombrance.
ENCOMBRER (an-kon-bré), v. o. || 1° Obstruer
un passage. Des matériaux, des voitures encom-
brent la rue. || Fig. Des Anacréons j'ai la liste. Ils
encombrent ville et faubourgs, bérano. Pauvr. am.
Il 2° S'encombrer, v. réfl. Devenir encombré. La
route s'encombra rapidement de chariots et de ca-
nons.
— HIST. XI* s. E ço [il] lur dist , cum s'en fuit par
mer, Ecum il fut en Alsis la citet, E que l'imagine
Deus fistpur lui parler, Epur l'onordunt ne s' volt
ancumbrer. S'en refuit en Rome la citet, Si Alexis^
Lxxvii. Oez,Seignur, quel péché nous encumbre,
Ch. de Roi. ii. ||xii«s. Tous sesostaiges [il] a laissez
encombrés [dans l'embarras] , Ronc. p. 483. || xm" s.
De divers arbres i ot tant. Que moult en seroie en-
combrés, Ains que les eusse nombres, laRose, 1373.
Dangier, Paor, Honte m'encombre. Et Jalousie et
Male-Bouche, ib. 4H0. Fols est qu'à lor conseil
abile, De sa dete pas ne s'aquite, Ainçois s'encom-
bre, ruteb. 28. L'en cuidoit que l'empereur eust
envoie ses messages plus pour nous encombrer que
pournous délivrer, joinv. ass. 1[xiv«s. S'il n'en
1376
liNC
ettoit que un frein], il convandroitqu'il fust graiit,
et ainsi il enoomberroit les lieus des autres mem-
bre» H UB iiONDEViLLE, f 2», veno. La plus clcrc
niacé et la moins encombrée de bois que on porra
trouver, Kodui, f cxxm. || xv s. iMeune le vou-
loil mie souffrir [qu'ils se sauvassent] ; car leur pé-
ché leur encombra, fboiss. i, i, 22. |1 xvi* s. X
liante montée le faix encombre, u. est. De la pre-
cell. dulang.fr. p. 2H.
— ETYM. ETUombre; provenç. encombrar; ital.
ingombrare.
f ENCOMIASTE (an-ko-mi-a-sf) , s. m. Celui qui
compose, qui écrit, ou qui prononce l'éloge de
quelqu'un. Il Mot très-jjeu usité et qui ne peut se
dire d'ailleurs que dans un style didactique.
— HIST. xvi* s. 0 bienheureux confesseur et mar-
tyr de Dieu, que je serois volontiers le paranymphe
et l'encomiaste de tes louanges, Sat. SIén. p. 72.
— ÉTYM. 'EYXu}i,iaoTi>;, do lyxûniov, louange, de
èv, en, et xÛ|xï), bourg, quartier: proprement dis-
cours devant les gens d'un quartier.
f ENCOMMENCER (an-ko-man-sé), i>. a. Entamer,
se mettre à. On poursuivit la chose encommencée,
LA FONT. Fais. Il Terme qui vieillit.
— HlST. XIII* s. Qui tel vilonie encommence, la
Base, 7036. || xv' s. Pour continuer les mémoires
par moi Philippe de Commines encommencés,
COMM. VII, Prol.
— ÉTYM. £n 1 , et commencer; Berry, encommen-
cet; ital. incomminciare.
ENCONTRE (k V) (an-kon-tr') , loc. prép. || 1° Â
l'encontre de, en s'opposant à. Je ne vais pas à
l'encontre de ce que vous dites. Le personnage est
agréable, il fait plaisir à considérer. — Je n'en vas
pas à l'encontre, Marivaux, Préj. vaincu, se. 2.
Il Absolument. Je ne vais pas à l'encontre, je ne
m'oppose pas. Toute la nature criant à l'encontre,
Boss. Hort, 2. Il 2° X l'opposite, en face. Quand ces
beaux oiseaux [les flamants] volent à l'encontre du
soleil, ils ont l'air de flèches empennées avec des
plumes couleur de rose, chateaubb. Ilin.in, I2).
Il  la rencontre. L'héroïne s'avança courageusement
à rencontre des douleurs, id. René, 2ti. || Terme
de marine. Deux navires vont à l'encontre l'un de
l'autie, lorsqu'ils font des routes diamétralement op-
posées et qu'ils se voient, l'un l'autre, par l'avant.
— REM. 1. Je n'irai pas à l'encontre de ce que
vous dites, façon de parler bourgeoise, dit de cail-
liÊBES, 4690. Vaugelas aussi condamne la locution
comme ne se disant pas à la cour et ne se trouvant
pas dans les bons auteurs. Elle a repris faveur; et
Bossuet, malgré l'anathème d«s puristes, s'en était
servi. || 2- Dans le xvii» siècle on disait aussi encon-
tre. Ne se pouvant tenir encontre tant de maux,
BÉGNIER, Sat. XIV. La Fontaine s'est servi plusieurs
fois de cette préposition : Ce n'est coup sûr encontre
tous esclandres. On ne s'avise. Elle est tombée en
désuétude. || 3. Encontre a été d'abord et est resté
longtemps un substantif féminin : C'est bonne en-
contre que tu fuis, BiCfiELET. Cet emploi pourrait
tr^s-bien être repris.
— HIST. XI* s. Jamais n'ert [ne sera] hom qui
encontre lui vaille, Ch. de liol. xxvii. Â Durandal
je la [mon épée] mettrai encontre, ib. lxxii. En-
cuntre mei [par comparaison avec moi] [il] fait as-
sez à priser, ib. cxvi. ||xii* s. s. Et la rolne en-
contre lui courut, itonc. p. (24. El [la porte] ne
put estre encontre lui tenue, ib. p. (47. E mult li
seit bon gré que si grant faisemprent, Qu'encuntre
rei de terre saint iglise defent; Partut !i aidera là
où raisuns consent, Th. le mart. 68. || xiu" s. En-
contre [au-devant] va li rois moût très joieusement,
Berte, ix. Moult ont au matin bone encontre Li
oel [les yeux], quant Dame Diex lor monstre Le
saintuaire precieus Do quoi il sunt si envieus, la
Rose, 2737. Tu dois mètre force et deffense Encon-
tre ce que tes cuers pense, ib. 30g2. Et li enfant
né du premier mariage, en eus deffendant, di-
soient encontre, qu'à eus appartenoit li héritages,
BEAUM. xviii, 18. Se aucun requiert au seignor sai-
sine d« fié qui li seit escheue, et le seignor dit au-
cune chose à rencontre, par quel ie requérant ne
dée [doive] celle saisine aveir.... Ass. de Jér. i
236. Il xv« s. Grand murmure mouteplia encontre
Hue le Despensier, froiss. , i, 6. X cette in-
tention que le roi Philippe lui aidast mieux et plus
volontiers à garder son droit encontre ledit comte
de Monlfort, iD. i, i, U7. De première venue il y
eut dur encontre et fort boulis, m. i, i, 328. Et
00 bonne encontre le premier qu'il trouva, ce fut
!• (talent mari, louis xi. Contes, xxxii. || xvi*
i. u aisoyt que ces bonnets porteroyent un jour
mal enconue à leur tondus, rab. Gory. i, 8. D'ung
ENC
sault montoyt six pas encontre u«e muraille, id.
ib. I, 23. U y en a qui insisteront à l'encontre,
en soustenant que ceste lecture des histoires ne
sçauroit que bien peu servir à l'acquisition de pru-
dence,amyot, Pri'f.ix, 34. Oultre toutes ces raisons,
plusieurs signes luy en proœcttoient bonne encon-
tre, m. JVum. <0. Ils appeloient dureté sa sévérité
encontre les meschans, id. Public. 5. U y avoit des
marets tout encontre [de la ville à assiéger], id.
aidas, 3). Le roy répliqua que la parole qu'on tire-
roit de lui estoit un remède suffisant à l'encontre,
d'aub. Vie, cm.
— ÉTYM. En A, et contre; picard, à l'inconte;
provenç. encontra, préposition, encontre, s. m.;
espagn. encontro , préposition , encuentro, s. m.;
ital. inconlra, préposition, incontro, s. m.
f ENCOQOER (an-ko-ké), v. a. Terme de marine.
Faire passer, au long d'une vergue, une boucle de
for, pour l'y attacher.
— ÉTYM. Autre forme de encocher.
t ENCOQOre (an-ko-ku-r'), s. f. Terme de ma-
rine. Enfilement de la vergue dans la boucle.
ENCOR (an-kor) , voy. encore.
ENCORBELLEMENT (an-kor-bè-le-man) , s. m.
Terme d'architecture. Construction en saillie por-
tant à faux sur quelque console ou corbeau, au delà
d'un mur. Balcon, galerie, en encorbellement.
— ÉTYM. En t , et corbeau.
ENCORE (an-ko-r'), adv. de temps. || 1" Jusqu'au
moment dont il s'agit. Elle vit encore. Dans dix ans
il existera encore. Cela se faisait encore à cette épo-
que. J'attends encore. Je ne demande pas que
vous cessiez encore Ou de haïr Flavie ou d'ai-
mer Théodore, CORN. Théod. III, 5. Pour le coeur, si
je puis vous le dire entre nous. Je ne m'aperçois
pas qu'il soit encore à vous, id. Sur. ii, 1. Lesdog-
matistes sont encore à répondre depuis que le monde
dure, PASC. Grand. 26. Elle se fait un Dieu de ce
prince charmant. Et vous doutez encor qu'elle en
fasse un amant, rac. Alex, l, t. Mes malheurs font
encor toute ma renommée, id. Bajat. ii, i. Ahl
douleur non encore éprouvée, id. Phèd. iv, 6. Il
ne répond encor qu'au nomd'Eliacin, id. Athal. i,
2. U ne connaît encor d'autre père que toi, id.
ib. 1 , 2. Les premiers revers Qui frappèrent mes
yeux à peine encore ouverts, volt. Zaïre, u, I.
Il Je cours encore, se dit pour exprimer qu'on ne
reparut plus, qu'on ne recommença pas, qu'une
chose est entièrement laissée de côté, qu'on ne s'en
occupe plus. Cela dit, maître loup s'enfuit et court
encor, la font. Fabl. i, B. Je pris la clef du cabi-
net et puis les lettres d'Etat et cours encore, st-
siM. 48, 2IS. Et le petit chien pas plus haut que
cela [chien enragé dont on prétendait avoir été mor-
du]? — U court encore, scribe etDELESTRE-poiasoN,
le Nouv. Pourc. se. 24. || S'emploie quelquefois sub-
stantivement comme les si, les mais. Et les encore,
enfin tout le phœbé, la font. Comment l'esprit. Le
moment où l'on dit d'une femme : elle est encore
bien jolie ! cet encore gâte bien l'éloge, n"' de
GENLis, Adèle et Théod. t. i, lett. xi, p. 69, dans
pouGENS. Il D'encore en encore, en allant d'un en-
core à un autre encore, en allant encore plus loin.
Il suit sa pointe, et d'encor en èncor.... la font.
Comvient l'esprit. \l 1° De nouveau, Quoil vous le
faites encore? J'en veux encore. Soleil si doux au dé-
clin de l'automne, Arbresjaunis, je viens vous voir en-
cor. N'espérant pas que la haine pardonne X mes chan-
sons leur trop rapide essor, biîrang. Adieux. || 3° De
plus. Outre l'amende il fut encore condamné à la pri-
son. Il 4° Il indique aussi augmentation, surcroît. Il
est encore plus riche que son frère. 11 exigea encore
davantage Cela augmentait encore sa tristesse. Pense-
l-il [l'esprit fort] nous avoir réjouis, de nous dire
qu'il doute si notre âme est autre chose qu'un peu de
vent et de fumée, et encore de nous le dire d'un ton
de voix fier et content? pasc. Pensées, 2* part,
art. 2. La philosophie ne peut faire aucun bien que
la religion ne fasse encore mieux, et la religion
en fait beaucoup que la philosophie ne saurait faire,
1. ]. Rouss. Ém. IV, note 44. || 5° En un sens res-
trictif, qui équivaut à : remarquez, remarquons,
faites attention; en ce cas, on met ordinairement
le pronom sujet après le verbe. Ce mot n'est guère
usité que dans telle science, encore ne l'emploie-
t-on que rarement. Je n'y sais qu'un remède, en-
core est-il fâcheux, corn. Rodog. iv, 3. Encor
n'usa-t-il pas de toute sa puissance, la font. Fabl.
VI, 3. Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orage
Maltraita le pigeon en dépit du feuillage, id. ib. ix,
2. Encor, dans mon malheur de trop près observée,
Je n'osais dans mes pleurs me noyer i loisir, rac.
Plùdre, IV, t. ||Si le sujet est un nom ordinaire.
ENC
il ne se met pas après le verbe; seulement on répète
le pronom. Que sa prétention fût ou non légitime.
Encor ce traitement parait-il inhumain, roth. An-
tig. IV, 4. Il 6° Car encore, c'est-à-dire passe pour, on
admettrait que.... Les vieillards déploraient ces sé-
vères destins; Les animaux périr! car encor les
humains. Tous avaient dû tomber sous les célestes
armes, la font. Phil. et Baucis. || 7° Du moins.
Encore s'il voulait se relâcher sur ce point, on
pourrait lui accorder tout le reste. Encore est-il
plus raisonnable que je ne pensais, et je croyais
avoir bien plus de peine à m'en dégager, mol. Mar.
forcé, 44. Encor si la saison s'avançait davantage!
Attendez les zéphyrs; qui vous presse? la font. Fabl.
IX, 2. Encor si nous pouvions prolonger son erreur I
VOLT. Orphel. u, 2. || 8» Pas encore, se dit (par abré-
viation pour : non pas encore) après une question où
l'on demande si la chose dont il s'agit est faite ou
doit être faite. Faut-il venir? pas encore. Est-il
venu? pas encore. || Il se dit aussi pour: non en-
core; mais cet emploi n'est pas à recommander; il
faut dire : non encore. Ce qu'elle peut sur un coeur
pas encore accoutumé à la force, mass. Car. Inconst.
Il 9° Encore! pris elliptiquement, signifie, suivant
l'occasion et le verbe sous- entendu, soit recommen-
cez, ajoutez; soit l'improhation et le mécontente-
ment que fait éprouver un fait qui se renouvelle.
Quoi! petit polisson, encore! || 10° Mais encore,
s'emploie comme corrélatif de non-seulement. Non-
seulement il est libéral, mais encore il est prodi-
gue. || U* Mais encore s'emploie interrogativement
avec la signification d'une certaine insistance pour
obtenir un détail plus précis. Dites vos raisons. —
Je ne veux pas. — Mais encore? || 12° Encore que,
loc. conj. gouvernant le subjonctif, quoique, bien
que. Encor qu'à mon devoir je coure sans terreur,
corn. Hor. II, 3. Encor qu'il soit sans crime, il n'est
pas innocent, id. Nicom. ii, 4. On a peur de le
voir encor qu'on le désire, la pont. Fabl. vui, 43.
Encor que le pouvoir au désir ne réponde, Nos hôtes
agréeront les soins qui leur sont dus, iD.Phti. etRauc.
Encor que son retour En un grand embarras Jette
ici mon amour.... mol. Éc. des f. m, 4. Encore
qu'ils soient fort opposés à ceux qui commettent
des crimes, pascal, Prov. 8. Encore que notre
esprit soit de nature à vivre toujours, il abandonne
à la mort tout ce qu'il consacre aux choses mortelles,
BOSS. Duch. d'Orléans. Les Grecs et les Romains
ont célébré sa [de la ville de Thèbes] magnificence
et sa grandeur, encore qu'ils n'en eussent vu que
les ruines, id. Ilist. m, 3. Florienfuttué, et Probus
forcé par les soldats à recevoir l'empire, encore
qu'il les menaçât de les faire vivre dans l'ordre, xd.
ib. I, 40. Encore que les Hollandais eussent pris
Pondichéry.... volt. Louis XIV, 29. || On peut
aussi corlstruire encore que avec le conditionnel;
cependant c'est une tournure vieillie. Encore que
vous me donneriez miUe écus, je ne ferai pas cela,
chifflet. Grammaire, p. 4 30. || Encore que se con-
struit avec des noms et des adverbes. Et ce souhait
impie encore qu'impuissant, corn. Ilor.iv, 6. Vous
en êtes la cause encor qu'innocemment, id. Po-
lyeucte, iv, 6.
— REM. En poésie, on écrit indifféremment en- '
core et encor, suivant le besoin. L'ancienne prose
écrivait aussi encores.
— HIST. xi° s. Et uncore le mande l'on [que on
le somme encore] que il vienge à droit [qu'il vienne
devant le juge]. Lois de Guill. 46. Charles res-
pont ; uncor pourra garir, Ch. de Roi. x. || xii° s.
Encore aurons d'Espaigne le reignier [royaume],
Ronc. p. 44 . Mais [je] ne sai pas encor certainement
Quel guerredon ele me voudra rendre, Couci, v.
N' [ni] encor, amors, ne vous ai reproché Mon
service.... ib. vu. Heûrs, servirs et talens Me pour-
ront encor valoir, ib. xii. Que [car] mon langage ont
blasmé li François Et mes chançons, oïant les Cham-
penois Et la contesse encoir, dont plus me poisa
[fâche], QDESNES, Romancero, p. 83. Encoir ne
soit ma parole françoise. Si la peut-on bien entendre
en françois, id. ib. Cel jour firent François d'Anseys
chevalier. Car ancores servoit au rôle d'escuier.
Saxons, iv. Guiteclin, fait-il, sire, moult peuz estre
joians; Ancor sera cest monz [monde] touz à toi
apendanz, ib. Encor ne savoit Karles du domage
néant, ib. xu. X mon pooir [je] vous ai conseillé
mainte fie [fois] Et ancor vous conseil, ib. \x. \\ xui*
s. [Que Dieu] Doint qu'encor leur en soit li guerre-
dons rendus, Berte, xiiv. Encor s en peuvent cil qui
or sont, percevoir, ib. liv. Encore lui semble Berte
plus belle à esgarder, ib. cxii. |j x»V s. Encores que
mon feu père, Grandgousier, eust adonné tout son
estude à ce que je prouffictasse, ràb. / oni. u, 3.
ENC
ENC
ENC
137Î
Je t'en donnay quelque goust quand tu estoys en-
cores petit, id. ib. 11 n'est point besoing que vous
prenez la peine de venir encores, pour les raisons
que je vous manderay, marquer. Lctt. <B3. Si
est-ce que encores [pourtant] en y a il qui.... mont.
I, 28. La peur est encores plus insupportable que
la mort, id. i, 64. Il n'est demeuré de luy que ce
discours, encores par rencontre, id. i, 206. Quand
vous voyez une riche demeure, encores que vous
ne sachez qui en est le maistre.... id.ii, 271. Encor
qu'Homère est le premier compté , De s'arrester les
autres n'ont eu garde, la boét. 478. Or ceste ci,
or ceste là il treuve. Et puis encor une autre toute
neuve, id. 479. Ce lieu s'appelle encores à présent
Theseia, amtot, TMs. 5. Si matin qu'il n'estoit pas
encores jiur, id. Puilic. ts. Si survint encores
une autre armée , laquelle gasta tout le ter-
ritoire de Rome, id. <b. 32. Père, dit-il, nous avons
assez de pinte de vin pour vous et pour moi, en-
core [pourvu] que vous n'en buviez point, desper.
Contes, LU.
— ÊTYM. Génev. oncore ; picard, core, couere,
coir, ecouere (Breteuil), ouere ; norm. co ; environs
de Paris, core; bourguig. enco ; bressan, oncor ;
anc. espag. encara; ital. ancora; du latin hanc
horam, jusqu'à celte heure. La forme uncore vient
de unquam hora.
f E^■C0RNA1L (an-kor-nall. Il mouillées), s. m.
Terme de marine. Trou pratiqué dans l'épaisseur
du sommet d'un mât pour servir à mettre un rouet
de poulie.
— ÉTYM. En i, et corne.
ENCORNÉ, ÉE (an-kor-né, née), adj. || 1° Oui a
des cornes. Avec son ami bouc des plus haut en-
cornés, LA FONT. Fabl. III, B. Il 2» Terme de vété-
rinaire. Javart encorné, celui qui vient sous la
corne du cheval, par opposition à javart nerveux,
celui qui vient sur le nerf. || Atteinte encornée, bles-
sure que se fait un cheval à la partie interne du
boulet et qui pénètre au-dessous de la corne.
t ENCORNER (an-kor-né), v. a. || 1° Frapper, per-
cer avec les cornes. Aurions-nous eu le loup , si ma
chèvre héroïque N'ivait encorné le bandit? fr. de
NEUPCHATEAU, dans le DiCt. de BESCHERELLE. Il 2°Fig.
Terme du langage libre. Donner des cornes, faire
cocu. Et par le moyen de Dédale.[Il] Encorna la
maison royale, scahron, Virg. trav. liv. vi. Et, cor-
nus du bon père [ivres du vin du bon père Bao-
chusj , encorner le lapithe, bégnieii, Sat. x.
— KTYM. Jin 4, et corne.
t ENCORNET (an-kop-nè) , s. m. Un des noms
vulgaires d'une petite sèche dont la morue fait vo-
lontiers sa pâture. Il Encornet gigantesque, sorte de
poulpe énorme dont l'existence avait été contestée,
mais qui a été vu récemment par des navigateurs,
et qui a <B à 18 pieds (queue et tête) et huit bras
de B à 8 pieds de long chacun.
— ÉTYM. En I , et cornet.
t ENCORNETER (an-kor-ne-té. Le t se double
quand la syllabe qui suit est muette : encornette),
V. a. Coiffer d'une cornette, habiller en femme.
Il S'encorneter, v. réfl. Messire Bon se couvrit d'une
, jupe, S'encorneta, la font. Coc.
— ETYM. En 4 , et cornette.
t ENCOTILLONNÉ (an-ko- ti-llo-né , Il mouillées) ,
aâj. m. Soumis à la puissance d'une femme. Ah!
ah! nous sommes encotillonnés, dit-il, avec un
laisser-aller d'élocution qui sentait la caserne, CH.
DE BERNARD, la Femme de 40 ans, § 11.
— ÉTYM. En \, et cotillon.
t ENCOTONNER (an-ko-toné) , ' t>. o. Garnir de
coton, de duvet.
— HiST. XVI* s Et quand le second âge Nous
vient encotonner de barbe le visage, bons. 910.
— ÉTYM. En \, et coton.
t ENCOUBERT (an-kou-ber) , s. m. Espèce de ta-
tou à cuirasse rayée, dit aussi cirquinçon.
\ ENCOULOIR (an-kou-loir), s. m. i'iéce de bois
entai lléed'une fente où passe l'étoffe àmesure qu'on
la tisse.
— ÉTYM. J?n 4 , et couler.
ENCOURAGEANT, ANTE (an-kou-ra-jan, jan-t') ,
adj. Qui encourage. Un début encourageant. D'en-
courageantes paroles. Les nobles vertus que tu pa-
res [ô éloquence]. Peut-être deviendraient plus ra-
res Sans ces tributs encourageants, lamotte, dans
BESFONTAINES.
ENCOURAGÉ, ÉE(an-kou-ra-jé,jée), part, passé.
X qui du courage a été inspiré. Encouragé par ces
paroles. La troupe encouragée par l'exemple du chef
marcha en avant.
ENCOURAGEMENT (an-kou-ra-je-man) , s. m.
Il 1° Action d'encourager. L'encouragement au tra-
DICT. DE LA LANGUE FBANÇAISE.
vail, à bien faire. || 2" Ce qui encourage. Les élo-
ges et les récompenses sont des encouragements.
Il 3' Dans le langage administratif, toute protection
qui facilite la vente ou l'échange des produits, toute
mesure qui sollicite le développement du travail et
le perfectionnement des produits par des récom-
penses. Le ministère, s'apercevant que l'exemp-
tion d'impôts n'était pas suffisante pour réveiller l'é-
mulation anglaise, eut recours aux encouragements,
BAYNAL, //is(. phil. XVII, 22. Il Société d'encoura-
gement, nom donné à diverses sociétés scientifi-
ques, agricoles ou industrielles.
— HIST. XYi* s. Encouragement, qudin, Dict.
— ÉTYJI. Encourager.
ENCOURAGER (an-kou-ra-jé. Le g prend un e
devant a et 0 ; j'encourageais, nous encourageons) ,
V. o. Il 1° Inspirer du courage, exciter, animer. El
pratiquez mieux l'art de les encourager, corn.
Tois. d'or, v, B. J'aurai soin De vous encourager,
s'il en est de besoin, mol. F. sav. v, 2. Vous voyez
par quelles paroles Dieu lui fait sentir l'état d'où il
l'a tirée; mais écoutez comme il l'encourage parmi
les dures épreuves où il met sa patience, boss. Anne
de Gonx. Allons de tous les Grecs encourager le
zèle, RAc. Andr. m, <. Faible et fier ennemi , ma
bonté t'encourage, volt. Mérope, v, 2. Ton aspect
m'encourage et ne m'étonne pas, id. Sémir. m, 6.
Encourager les bons, étonner les timides, m. Brxt-
tus, IV, 7. Je cours à vous servir encourager son
âme, ID. J/aftom. m, 3. || 2° Favoriser par une
protection .spéciale. Encourager les sciences, les
lettres, les arts, l'agriculture. || Il se dit aussi des
choses mauvaises que l'on favorise. Encourager le
vice, le crime. A de nouveaux mépris l'encourager
encore, bac. Andr. 11, s. || 3° S'encourager, v. réfl.
Se donner réciproquement du courage. Ils s'encoura-
geaient l'un l'autre. || S'encourager soi-même. J'ai
beau me raisonner, m'encourager, je ne puis m'y
décider.
— HIST. XIII* s. Renart voit Ysengrin irié Et de
maufere encoragié, flen. 20072. Glorieuse vierge
Marie, Puisque vos services m'est biaus. Et je vous
ai encouragie [eue en mon courage, en mon cœur],
Poésies mss. t. iv, p. 4424, dans lacurne. || xiv" s.
Il vit que les siens estoiont bien ardans et encoura-
giez d'aller à la besongno, BERCHEIJRE, f ^6, verso.
Il XV* s. Tous encourages de mal faire, si la chose
n'alloit à leur volonté, froiss. ii, 11, 20. On est par
nature plus fort et mieux encouragé en assaillant
que on ne soit en défendant, id. ii, m, 19. Or, sus!
afin de vous encouraigier. Je vay le mien [verre]
vider premièrement, basselin, xl. ||xvi' s. Epami-
nondas encouragé par sa victoire, amyot, Agésil.
48. Ayant presché et encouragé ses soudards, id.
Timol. 3S.
— ÉTYM. En ) , et courage. On trouve aussi acou-
rager dans le xvi" siècle.
t. ENCOURIR (an-kou-rir), «. a. Il se conjugue
comme courir. || 1° Tomber, parquelque méfait, sous
le coup d'une pénalité. Encourir les peines portées par
la loi. Encourir une amende. Ils ne doivent point en-
courir la peine de cette bulle, pascal, Prov. 8. Le
bon roi Robert encourut les censures de l'Église
pour avoir épousé sa cousine, sainï-foix, Ess. Paris,
(Euvres, t. IV, p. 9S, dans pougens. || 2* Par exten-'
sion, s'exposer à. Je ne puis encourir de honte ni
de blâme, Tristan, Panlhée, 11, 4. Et je n'encour-
rais point.... Le reprocht éternel de les avoir trahis,
MAiR. Mort d'Asdrub. 11, ). Et si pour encourir votre
indignation, rotrou, Vencesl. i, i.
— HIST. XII* s. X Ii a-mer encorent Ii plusor,
Jtonc. p. B3. Il XIII* s. X ce que il craignent à en-
courre le vice de parjure, non pas tant seullement
pour la paour de Dieu et de nous, mez pour la
honte du monde, jomv. 20B. ||xiv* s. La publique
honte que il encouroient, bercheure, f° 43, recto.
Encourir la double d'estre en souspeçon de convoi-
tier le royaume , id. f° 30, reelo. || xv* s. Nous som-
mes obligés, par foi et serment et sur deux mil-
lions de florins à la chambre du pape, que nous ne
pouvons émouvoir guerre au roi de France, sans
estre encourus en cette somme, froiss. i, i, 9&. Je
n'ai veu nulle occasion pourquoyplus tost il deusl
avoir encouru l'yre de Dieu, que de ce que... comm.
V, 9. Il xvi* s. D'où le roy encourut sa dernière
ruine, mont, i, 23 [Que] celuy qui s'en venge en-
coure une peine capitale, id. i , < 1 9. Demetrius donc,
après avoir esté trois ans confiné en ceste Cherso-
nese, encourut d'oisiveté, dégraisse et d'y vrongne-
rie, une maladie dont il mourut, ahmot, Démélr.
74. Il se faut bien donner garde de tirer trop fort,
de peur d'encourir es accidents susdits, paré ,
XIII, 4.
— ÉTYM. Provenç. eneorre, encorrer; espagii.
incurrir; ital. ineorrere; du latin incurrere, de in,
en, et currere, courir.
t 2. ENCOURIR (S") (an-kou-rir), ». réft. qui
n'est plus usité, mais qui l'a été durant tout le
XVII* siècle. Se mettre à courir. Afin de la trouver,
il s'encourt au trépas, Régnier, Plainte. Et dans la
galerie, encor que tu lui parles. Il te laisse au roi
Jean et s'encourt au roi Charles, id. Sat. x. 11 s'en-
court tout transporté frapper à la porte de la cham-
bre, SCARBON, Roman com. i, 8. Ce discours fut à
peine proféré. Que l'écoutant s'encourt et tout ou-
tré...., LA FONT, les Aveux indiscrets. \\ On écrit
aussi s'en courir, en trois mots (voy. courir).
— HIST. XIII* s. Par là, soit esté, .soit ivers, S'en-
corent dui flueves [fleuves] divers, la licie, 8004.
Il XVI* s. Brutus s'encourut incontinent sur la
place, criant que son compagnon estoit traistre,
amyot. Public. 4.
— ÉTYM. Berry, s'encourir, se mettre à courir;
de courir, non avec en, représentant le latin in, mais
avec en, représentant l'ndc, de là (voy. en 2).
t ENCOURTINER (an-kour-ti-né), v. a. Garnir
de courtines, de tapisseries, de rideaux.
— HIST. XIII* s. Trestoute la grant rue e-itoit en-
courtinée, Berte, Lxxxii. || xv* s. Le dit eschafaul
couvert de drap de haute lice, et encourtiné à ma-
nière d'une chambre, froiss. m, iv, (. || xvi*3.
Nous tirons un prince du berceaif encourliné d'es-
pines, d'elles armé et picqué tout ensemble, d'aub.
Ilist. préf. VI.
— ÉTYM. En I , et courtine; provenc. encortinar ;
espagn. incortinar ; ital. ineortinare.
ENCOURU, UE (an-kou-ru , rue), part, passé
d'encourir. Les peines encourues.
t ENCOUTURE ( an-kou-tu-r') , s. f. Terme de
marine. Disposition des madriers encouturés.
t ENCOUTURER (an-kou-tu-ré), v. a. Terme de
marine. Disposer des madriers à recouvrement,
suivant l'arrangement que l'on appelle clin.
— ÉTYM. En I, et couture.
t ENCRAGE (an-kra-j'), s. m. Terme de typogra-
phie. Action d'encrer, de noircir avec l'encre.
— ÉTYM. Encrer.
ENCRASSÉ, ÉE (an-kra-sé, sée), part, pasti.
Plein de crasse. Les mains encrassées.
t ENCRASSEMENT (an-kra-se-man) , s. m. Action
d'encrasser; résultat de cette action. On comprend
que l'impureté de l'air doit être, dans la pratique,
une cause d'encrassement rapide [d'une machine],
Acad. des se. Comptes rendus, t. lvi, p. 6 12.
ENCRASSER (an-kra-sé), v. a. \\ 1° Rendre cras-
seux. La poudre qu'on mettait sur la tête encrassait
les habits. || 2° S'encrasser, v. réjl. ■ Se couvrir do
crasse. Il y a des étoffes qui s'encrassent aisément.
Un fusil qui s'encrasse. || Fig. Se mésallier, s'avilir
par la fréquentation de gens de mauvaise com-
pagnie. Cette expression est du style familier.
— HIST. xvi* s. En la vieillesse nous apportons le
palais encrassé de rhume, mont, ii, 13.
— ÉTYM. En 4, et crasse.
t ENCKATITE (an-kra-ti-f), s. m. Sectaire chré-
tien despremiers siècles qui, faisant profession d'une
rigide continence, rejetait le mariage comme im-
moral, et s'abstenait de l'usage de la viande.
— ÉTYM. Encratita, dérivé du grec è^xpati^;,
continent, de èv, en, et xpatsiv, commander: qui
commande à soi même.
t ENCRA VATEMENT (an-kra-va-te-man), s. m.
Terme très-familier et de moquerie. L'art ou l'action
de mettre sa cravate. Depuis qu'elle me distin-
gue, Mme Javerval préside d'elle-même à l'encra-
vatement de son époux, qui se trouve ainsi l'agent
de notre correspondance, ch. de bernabd, la Peine
du talion, § i.
— ÉTYM. En i, et cravate.
ENCRE (an-kr'), s. f. || 1* Liqueur ordinairement
noire dont on se sert pour écrire, pour imprimer.
L'encre pour écrire la plus employée est un tanno-
gallate de protoxyde de fer mêlé de gomme, d'in-
digo ou de sucre pour lui donner du brillant. En-
cre indélébile. Aussi bien de penser rendre cet
homme-là plus coupable qu'il ne s'est fait lui-même,
ce serait jeter de l'encre sur le vistge d'un More,
balz. liv. m, lett. 7. Je soutiendrai mon opinion
jusqu'à la dernière goutte de mon encre, mol. Uar.
forcé, 6. Mais je vois venir sur le soir Notre astrono-
mique Emilie, Avec un vieux tablier noir. Et la main
d'encre encor salie, volt. Ép. xlv. || Encre rouge,
bleue, etc. liquidescolorés dont on se sert quelquefois
pour écrire. Il Encre d'imprimerie, pâte liquide qui
consiste en un mélange de noir de fumée et d'huile
de lin cuite. || Encre lithographique, encre servant
I. -- 173
1378 i:n<^
» rimpreiilon lilhogr.phiqu. et » peu pré. Mtnbla-
lilfl à l'encre d'impriBierie. || Encre. autogr»phiquei,
enerit avec lesquelles on écrit .ur un papier pré-
paré pour transporter lei caractères .ur les picrros
mbodraphlques. || KIg. Mille soupçons plus noir.
oue l'encre .'emparèrent do son imagination,
BAintT. Cromm. ». Il Suer do l'encre, être dans un
eroharr». eitrême. M. do Deauvillier, dont le rang
d'opiner était le pénultième des ministres, suait de
l'encre d'entendre Torcy, ST-giii. 3oa, m». || Écrire
de hi bonne encre ou do bonne encre à quelqu'un,
lui écrire «ans ménagement, vertement. || C'est la
bouteille à l'encre, le dit d'une affaire compliquée
et rendue obscure; et, en parlant d'une personne,
se dit d'une personne qu'on ne comprend pa» et qui
ne »e comprend pas elle-même. || Être dana la bou-
teille à l'encre, être dan» le secret d'une affaire,
d'une intrigue. On dit plus ordinairement être dans
la bouteille. Il »• Encre de chine, composition sèche
qu'on emploie en détrempe et surtout au pinceau;
elle nous est venue do Chine, où elle est en grand
usage. Il 3* Encre sympathique, encre sans couleur,
qui se colore et devient visible quand on traite le
papier par la chaleur ou par quelque agent chi-
mique. Il Proverbe. Il n'y a plus d'encre au cornet,
te dit d'un homme dont la vie est près de s'étein-
dra et aussi dont l'esprit est épuisé.
— REM. Encre a été longtemps d'un genre in-
décis; Chifdei, Gramm. p. s*», dit qu'il est des
deux genres. Êtymologiquement, il devrait être mas-
culin; mais la terminaison, qui est féminine, l'a
emporté.
— HIST. XIII' s. De l'anel de son doit seela ceste
lettre; De son sang les escrist, autre enque n'i fist
mètre, ruteb. ii, (06. || xiv s. Et se ce ne veit
[veut] faire, je manderai mes hommes; Tant en
ferai venir par parchemin et ainore, Que mater le
perrons et en bataille vaincre, Girart de Rots. v.
ta35. Il xvi* 3. Le roi et la roine en escrivirent de
si bonne ancre qu'on le laissa poursuivre, d'aub.
Hisl. a, 31. Le sang qui a signé la guerre n'est
pas encore sec par les champs; et aussi peu scche
l'ancre qui vient de signer la paix, ID. t'b. 262. En
descrivant pathétiquement la douloureuse tragédie
qui a pâli mon ancre de mes larmes, id. ib. iti,
S.17.
ÉTYll. Génev. encre, s. m.; wallon, enche ;
provcnç. encaut; espagn. encousio; ital. inchiosiro;
anc. vénitien, inco.5(ro; sicilien, in(7a;angl. ink. L'ori-
gine de ces mots est le latin enca««(«m, en t-Teo lyxau-
CTTov, encre rouge avec laquelle les empereurs grecs
signaient (de iv, et xau(no(, brillé, voy. encaustique).
Le mot latin et le mot grec s'accentuaient différem-
ment; le latinavait l'accent sur la syllabe eau, et le
grec sur la syllabe iyx; et, comme dans tous les
mots tirés du grec où l'accentuation nationale était
en conflit avec l'accentuation étrangère, la pronon-
ciation de encaustum était tantfit latine : encatistum ,
tantôt grecque : incauitum ; du moins c'est ce que
montrent les langues romanes qui reproduisent les
unes éncaiulum (le français, ses patois et le sici-
lien), les autres encatUtum (le provençal, l'espa-
gnol et l'italien).
ENCRÉ, ÉE (an-kré, krée), par», passé. Balles
[d'imprimerie] encrées. Rouleaux [d'imprimerie]
encrés.
t ENCRËCHEMENT (an-krè-che-man) , t. m. En-
ceinte formée de pieiu pour préserver les fondations
d'un ouvrage hydraulique.
— ÉTYM. R> < , et crècht.
t KNCRENÉ, ÉB (an-kre-né, née), adj. Terme de
métallurgie. Fer encrené, fer parvenu à l'état qu'il
prend sous le marteau après la seconde chaude.
tENCREl'É, ÊK (an-krê-pé, pée),par(. passé.
Par ma foi, nous voilà plaisamment équipés. Noirs
du bas jusqu'en haut et des mieux encrêpés, hau-
TsaocHR, le Deuil, se. t.
t ENCREper (an-krê-pé), v. a. Garnir de crêpe
pour deuil. || S'encrêper, v. réfl. Prendre un crêpe,
a'habiller de deuil. Allez vous encrêper sans perdre
un seul instant, heonard, Ménechmes, ii, t.
— STYM. J?n 4 , et crêpe.
KKCRER (an-kré), V. a. Terme d'imprimerl».
Enduire d'encre.
— ÊTYM. Ener«.
t ENCREUR (an-kreur) , adj. Godet encreur,
usteniila employé dans le télégraphe électrique.
— tTYM. Bncrer.
l'.^^^"^l? (*"-^"-*; » ne »e liejamais; au pluriel
«J. Il ■■.."' ""-"'fiê-ï élégants), ». m. || 1- Petit
nlmn. V°" " j ^'' ''^"'="' P"'"" '» prendre avec la
clr/'^'Il"'''."'"''''''' l>«'«el»ine- Encrier de
corne, dit «)„T.ntcomrt. || «• Terme d'imprixne-
ENC
rie. Espèce de réservoir flié à un des côtés d'une
table carrée, sur laquelle les balles et les rouleaux
prennentrencrequ'ilsélendeiitsurlaforme. || 8" Nom
de plusieurs champignons. || Voy. iCHiToia», pour
la différence avec encrikh.
— HiST. XIV* s. l'n encrier d'argent doré , de
LABoans, Émaux, p. 200. || xV s. Un encrier lon-
guet, de cuivre argenté, à plusieurs ouvrages de la
façon de Damas, dedans lequel a un canivet, le
manche de bois, uns ciseaulx d'argent doré, esquelz
a par dedans peliz ours et par dehors les armes de
monseigneur, lo. ib. p. îni.
— ÈTYM. Encre.
t ENCRINE (an-kri-n'), s. m. Sorte de zoophyte.
— ÊTYM. 'Ev, en, etxpivov, lis; ainsi dit à cause
de sa forme.
t ENCRINITE (an-kri-ni-f), *. m. Encrine pé-
trifié.
— ÉTYM. Enerine, et la finale i(«, qui, en miné-
ralogie, indique un fossile.
t ENCRINITIQUE (an-kri-ni-ti-k'), adj. Terme
de géologie. Terrain encrinitique, terrain qui ren-
ferme des encriniti's.
— ÊTYM. Encrinite.
t ENCROISEMENT (an-kroi-ze-man), t. m. Ac-
tion d'encroiser, de faire une croix.
t ENCROISER (an-kroi-zé) , v. a. Terme de tisse-
rand. Croiser les fils d'une partie ourdie.
— HI.ST. XVI* s. Il la mist et encroisa à sa cein-
ture du baudrier d'armes, Roman d'Alector, f* (23,
dans LACURNE.
— ËTVM. En t , et croiser.
t ENCUOIX (an-kroî), *. m. Terme de tisserand.
Division alterne entre les fils destinés à former la
chaîne d'une pièce d'étoffe. || Fil de coton que le
teinturier croise sur des chevilles, afin de pouvoir
le teindre sans le mêler.
— ÉTYM. En t , et croix.
ENCROUÉ, ÉEfan-kroué, ée),adj. Terme d'eaux
et forêts. Arbre encroué, celui qui étant tombé sur
un autre par une cause quelconque y demeure em-
barrassé. Il Se dit, en Normandie, de tout ce qui
s'attache en tombant.
— HIST. xiii" s. X Montfauoon [gibet] [ils] le fi-
rent sus au vent encrouer, Berle, xcvii. Quant O-
flet le vit entrepris Et en haut le vit encroé, fl«n.
23205. Mes s'il ont en eus engrestiés [méchance-
tés] , Orguel ou quelques mauvestiés, Li grant estât
où il s'encroent, Plus tost le mosirent et descloent,
Que se petit estât eussent. Par quoi si nuire ne
poussent, la Rose, 6287. ||xiv* s. Vous avez de ma
ville receu or et argent. Comme faulx traiteur qui
ne valez noient; Si en serez pendus et encroez au
vent, Guescl. 8377. Pour ce que moult de fois at on
veu, que auxcuns couslumiers ou acheteurs, qui un
arbre ou plusavoient à prendre en noz forez, le fai-
soient abbatre tellement qu'il se encrooit sur autre,
DU CANGE, incrocare.
■— ÉTYM. lias-lat tncrocare; de t'n, en, et croc.
t ENCROCTANT, ANTE (an-krou-tan, tan-f),
adj. Terme de zoologie. Oui enveloppe les corps et
y forme une sorte de croûte.
ENCROCTÉ, EE (an-krou-té, tée), part, passé.
Il 1° Couvert d'une sorte de croûte. || 2* Fig. et fami-
lièrement. Encroûté de préjugés, qui en a l'esprit
imbu. Un pédant encroûté, un homme d'une ex-
trême pédanterie. || Absolument. Il est encroûté.
tENCROCTEMENT(an-krou-te-man), j. m. Dans
le cartésianisme, formation, à l'extérieur des tour-
billons, de pelotons de matière, qui étaient suppo-
sés constituer plus tard les planètes.
— ÉTYM. Encroûter.
ENCROCter (an-krouté), t'. a. ||1* Terme de
maçonnerie. Enduire un mur de mortier. || 2* S'en-
croûter, t!. réfl. Se couvrir d'une sorte de croûte.
Il Terme du cartésianisme. Se garnir d'une espèce
lie croûte, en parlant des tourbillons. || Fig. et fa-
milièrement. Devenu routinier, stupide. Et aussi
avec un régime : s'ancroûter de préjugés.
— HIST. XVI* s. S'oindre pour encrouster les pores
contre les coups de l'air, mont, i, 281. Ces grands
amphithéâtres encroustez de marbre au dehors,
ID. ♦, ts.
— ÉTYM. Lat. tncrutlore, de in, en, et crusta,
croûte.
ENCUIRASSÉ, éE (an-kui-ra-sé, sée), part,
passé. Couvert d'une cuirasse.
ENCCIRASSER (an-kui-ra-sé), v. a. \\ 1* Couvrir
d'une cuirasse, d'une couche de poussière, etc.
Il Fig. Je vis qu'Argenson ne se dépouillerait pas de
c<*te vieille peau jésuitique que ses fonctions de la
police avaient collée et encuirassée en lui, st-sim.
«S2, 267. Il ï° S'encuirasser, v. réfl. Se couvrir
END
d'une couche épaisse de poussière, de crasse, en
parlant de la peau, du linge. || Par extension, se
couvrir d'un corset, comparé i une cuirasse. Les
raisons sur lesquelles les femmes s'obstinent à s'en-
cuirasser ainsi, i. i. rouss. ^m. v.
— ÉTYM. En t, eX cuirasse.
t ENCDLASSER (an-ku-la-sé), v. a. Terme mili-
taire. Mettre la culasse au canon d'une arme à feu.
t ENCUVAGK (an-ku-va-J'), ». m. Action d'enou-
ver le linge ou la vendange. || Terme de tannerie.
Certaine quantité de cuirs que le hongroyeur met en-
semble dans la cuve.
ENCCVÊ, ÉE (an-ku-vé, Tée), par», pa»»^. Mis
dans la cuve.
t ENCCVEMENT (an-ku-ve-man) , ». wi. Action
d'enciiver.
— ÉTYM. Eneuver.
EKCUVER (an-ku-vé), v. a. Mettre dans une cuve
ce qui doit y recevoir sa préparation. Eneuver la
vendange. Eneuver du linge à blanchir. || Terme de
tannerie. Eneuver les peaux.
— ÊTYM. Eni , et cui-e.
t ENCYCLIE (an-si-klie), ». f. || 1» Terme de phy-
sique. Nom donné aux cercles qui se forment h la
surface de l'eau lorsqu'on y laisse tomber un corps.
Il i° Terme de botanique. Genre d'orchidacées.
— ÉTYM. Voy. ENCYCLIQUE.
ENCYCLIQUE (an-si-kli-k'), ». f. Lettre circu-
laire du pape sur quelque point de dogme ou de
doctrine. Une encyclique. || Adj. Lettre encycli-
que.
— ÉTYM. 'Eyi"jx>o«, Circulaire, de iv, en, et
xOxîioc, cercle (voy. cycle).
t ENCVCLOGRAPniE (an-si-klo-gra-fle), ». f.
Réunion de traités sur toutes les branches des con-
naissances humaines.
— ÊTYM. Encyclo.... (voy. bnctcliqdb), et tp*-
çciv, décrire.
ENCYCLOPÉDIE (an-sikio-pé-die), ». f. Enchaî-
nement, ensemble de toutes les sciences réunie»
dans un même ouvrage ou dans une même tête
S'acquérir la connaissance de toute l'encyclopédie,
o. NAUDÉ, Apologie, p. 6t. || Encyclopédie métho-
dique, ouvrage traitant méthodiquement de toute»
les .';cienceset de tous les arts. || Abusivement, en-
cyclopédie d'une science, d'une connaissance, l'en-
semble de cette science, de cette connaissance. En-
cyclopédie de droit, des sciences mathématiques.
De sorte qu'au lieu d'amplifier l'idée de son ou-
vrage, l'auteur l'a rétrécie, quand il a dit, en
dédiant ses essais au roi, ^'iJ avait entrepris l'en-
cyclopédie de la langue française , Préface du
Dictionnaire de Furetière. || Absolument. L'En-
cyclopédie, ouvrage fait par Diderot, d'Alemberl
et ceux qu'on nommait au iviii* siècle les philo-
sophes. Il Fig. Une encyclopédie vivante, un homme
qui embrasse toutes les connaissances, ou du moins
le plus grand nombre et les principales. Sa tête
est une véritable encyclopédie.
— ÉTYM. 'EyxvxXoicaiîcia, de ItxuxXo; (voy. EN-
CYCLIQUE), et itaiStlot, instruction, de itaîç, en-
fant.
ENCYCLOPÉDIQUE (an-si klo-pé-di-k"), adj. Oui
appartient à l'encyclopédie. || Qui embrasse toutes
les sciences. Avoir un esprit encyclopédique. Revue
encyclopédique. Ce sont les générations des idées
que les dictionnaires encyclopédiques devraient
mettre sous nos yeux et qu'ils n'y mettent guère,
BONNET, Lett. div. (Kurre», t. xii, p. 64, dans
POUGENS.
— ÉTYM. Eneiiclopédie.
t ENCYCLOPÉDISME (an-si-klo-pé-di-sm") , ». m.
Système des encyclopédistes.
ENCYCLOPÉDISTE (an-si-klo-pé-di-st'), ». m
Il 1° Écrivain, auteur d'une encylopédie. || 2* Abso-
lument. Les encyclopédistes, ceux qui ont travaillé
à l'Encyclopédie, composée dans le xvui* siècle
sous la direction de Diderot et d'Alembert.
— ■ ÉTYM. Encyclopédie.
+ ENCYPROtVpe (an-si-pro-ti-p'), adj. Terme
didactique. Qui est gravé «ur cuivre. Planche encjr-
protype.
— 8TVM. "Ev, en, xyitpoç, cuivre, et type.
t ENDANCIIÉ, ÉE (an-dan-ché, chée), adj.
Terme de blason. Voy. endentK.
— ÊTYM. Autre forme de endmté.
t ENDAUBAGE (an-dô-ba-j'), s. m. Terme de
cuisine. Manie re de mettre en daube une volaille,
une pièce de viande. Endaubasie bien fait. || Au
plur. Terme de marine. Comestibles préparés pour
être conservés en mer, et consistant en cuissef
d'oie, saucisses et antres provisions embarilléee
avec du saindoux dont ils sont entièrement coo-
END
END
END
1379
\erts, afin d'empêcher le contact de l'air atmosphé-
rique,
t KNDAUBER (an-dô-bé) , v. a. Mettre en daube.
— ÊTYM. En i, et daube.
t ENDACBEUR ( an-dô-beur), s. m. Terme de
marine. Celui qui prépare les endaubages.
— ÉTYM. Endauber.
KNDÉCAGONE, voy. hendécagone.
t ENUÉMENÉ, ÊE (an-dé-me-né, née), adj. Qui
se démène, excité. Lorsque trop curieuse et trop
endémenée, réqnier, Sat. xi.
— HIST. XV* s. Quand ils voient ces pucelettes
Endemenées et & recoy, villon, Bail, en vieux
françoù. || xvi* s. Cette fleur d'aage là ordinaire-
ment s'épargne bien peu, et est fort chalouilleuse
et endémenée à prendre tous les plaisirs, amïot,
Comm. il faut nourrir ses enfants, 36. J'ay bon
besoin de repaus, ce que je voys [vais] prendre
hors d'avecques ma fille, car elle est si endémenée
que je ne sauroys repouser auprès d'elle, marquer.
Lett. 67.
— ÉTYM- Ert i, et démener.
f ENDÉMIE (an-dé-mie), s. f. Terme de méde-
cine. Maladie qui régne habituellement dans un can-
ton, dans un pays, et qui est due à une cause locale.
HIST. XVI' s. Les anciens ont appelé endémie
une maladie qui est propre et familière en certains
pays, PARÉ, xxiv, ).
— ÉTYM. 'Ev5ïijj.ia, de Iv, dans, et Sriiio;,
peuple.
ENDÉMIQUE (an-dé- mi-k'), adj. Terme de mé-
decine. Qui a le caractère de l'endémie. |{ Terme
de botanique. Se dit des genres et des familles dont
toutes les espèces croissent dans un même pays.
— ÉTYM. Endémie.
t ENDENTE (an-dan -t'), s. f. Terme de con-
struction. Synonyme d'endentement.
ENDENTE, ÊE (an-dan-té, tée), part, passé.
Il 1° Être bien endenté , avoir de belles dents.
Il Fig. Avoir bon appétit. Il déjeune très-bien, ainsi
fait sa famille. Chiens, clievaux et valets, tous
gens bien endentés, la font. Fabl. iv, 4. || 2° Par
extension, muni de dents. Roue endentée. |1 3° Terme
de blason. Se dit d'un pal, d'une bande et autres
pièces composées de triangles et alternées de di-
vers émaux. || Se dit des pièces ou des parties de
l'écu dont les bords sont entaillés de petites pointes
ou de dents. || 4° Terme de diplomatique. Chartes
endentées, chartes-parties ou chirographes, qu'on
appelle aussi endentures.
t ENDENTEMENT (an-dan-te-man),s. m.jj l°Terme
de mécanique. Action d'endenter. || i° Terme de
construction. Assemblage de deux pièces de bois
uviies par des dents. || 3° Terme de marine. Sorte
d'engrenage entre deux pièces de bois sur les-
quelles on fait de» adents. || Disposition de vaih.'-eaux
qui, étant sur des lignes voisines et paiallùles,
sont rangés de manière que ceux d'une ligne cor-
respondent aux intervalles de l'autre ligne.
— ÉTYM. Endenter.
fENDENTER (an-dan-té) , V. a. || 1» Garnir de
dents une roue, une machine. || î" Terme de con-
struction. Endenter une poutrelle, la fixer dans une
entaille faite à une autre poutre, jj 3° Terme de ma-
rine. Réunir des pièces de mâts, vergues, etc.
par des adents. {| Disposer des vaisseaux en enden-
tement. || 4° S'endenter, v. réfl. Être fixé dans une
entaille.
— HIST. xiii' s. Felenie, qui het pitié, ....Et por-
toit l'escu endenté A sept rons mastins rechigniés,
fabliaux mss. n° 76)6, t. u, f" I90, dans lacuhne.
Il XV" s. Et estoit [sa bannière] à une bordure d'azur
endentée, froiss. i, i, <37.
— ÉTYM. En ( , et dent.
fENDENTS (an-dan), s, m. p!ur. Terme de con-
struction. Synonyme d'endentement.
t ENDENTUBE (an-dan-tu-r'),i. f. Terme de di-
plomatique. Charte dont la marge détachée de la
souche est dentelée, et non coupée en ligne droite.
— HIST. iiii' s. Bouche et belle endenteure, Poésies
mss. avant <300, t. n, 706, dans lacurne. Qu'aprent
poullain en endenture [dans son jeune âge] , Veut
tenir tous les jours qu'il dure, la Somme des vices
el des vertus, ms. de St-Yietor, n° 461, f° 144,
dans LACURNE.
— ÉTYM. En \, et dent.
t ENDERMIQUE (an-dèr-mi-k') , adj. Terme de
médecine. Qui agit sur la peau ou en pénétrant à
travers la peau. || Méthode endermique, manière
d'administrer certains médicaments qui consiste à
les appliquer sur la peau préalablement dépouillée
d« son épiderme.
— fiTYM. 'Ev, en, et8éfn«, derme.
f EN-DESSOUS (an-de-sou) , s. m. Terme de ma-
rine. La face d'une voile enverguée qui est tournée
vers l'arrière.
t EN-DESSUS (an-de-su), s. m. Terme de marine.
La face d'une voile enverguée qui est tournée vers
l'avant.
— ÉTYM. Eni , et dessus; la face antérieure étant
considérée comme un dessus, et la face postérieure
comme un dessous.
ENDETTÉ, ÉE(an-dè-té, tée), part, passé. Qui
a des dettes. Oui, j'aimerais mieux être la marquise
la plus endettée de toute la cour que de demeurer
veuve du plus riche financier de France, dancourt,
Cheval. à la mode, i, 3. Quant aux finances, la
France et l'Angleterre, pour s'être fait la guerre,
se sont trouvées endettées chacune de trois milliards
de nos livres, volt, dans le Dict. de bescherelle.
Pourquoi les États qui ont le plus de ressources sont-
ils les plus endettés? c'est que la folie des nations
est la même que celle des particuliers, raïnal,
Hist.phil. XIX, 10.
f ENDETTEMENT (an-dè-te-man) , s, m. Action
de s'endetter, de contracter des dettes. L'endette-
ment public, les dettes contractées par l'État.
— ÉTYM. Endetter.
ENDETTER (an-dè-té), v. a. \\ 1° Charger de det-
tes. L'achat de cette terre l'a endetté d'une grosse
somme. || 2" S'endetter, v. réfl. Contracter des det-
tes. Il s'endette tous les jours.
— HIST. xur s. Honniz soit qui por endeter Laira
bone vie à mener; Adès la voit on eschaper, X quel
chief que doie torner, colin ml'set, dans Hist. litt.
de laFr. t. xxiii, p. 6B5. Si despendi largement, et
ne prist pas garde à son afaire, et fu povres et en-
dettés, Chr. de Bains, p. 224. Si comme se li mères
ou li juré qui ont les besognes à gouverner, fesoient
fraude ou malice, par quoy le [la] vile fust déshé-
ritée ou endetée, beaum. l, 9. S'il ot mueble, ce fut
de dete; Car qui trop despent, il s'endete, ruteb.
a7B. jj XV' s. Quant on nous aura rendu ou restitué
ce en quoy le roy d'Angleterre et le royaume est par
dette endetté et obligé envers nous, fhoiss. ii, ii,
166. Suyvit tant le chevalier la pucelle, qu'il la trouva
cheuz une sienne cousine, où le chevalier se endetta
envers elle d'ung don, Perceforest, t. iv, f° 64.
Il XVI' s. Tenant son ame et volonté endebtée à sa
promesse, mont, i, 30. Tout le menu peupla estoit
si fort endebtéaux riches que.... amyot, Solon, 20.
En peu de temps il l'endebta d'une grosse somme
de deniers, id. Anton. 3.
— ÉTYM. En t , et dette; provenç. endeptar, en-
deutar; espagn. endeudar; portug. enditiidar ; ital.
indebitare.
ENDËVÊ, ÉE (an-dê-vé, vée), part, passé. Qui
endêve. Endêvé d'attendre. || Impatient, irritable,
obstiné. Il faut être bien endêvé pour soutenir cela.
Il Substantivement. C'est un endêvé. Une endêvée.
ENDÊVEB (an-dê-vé) , v. n. Avoir grand dépit de
quelque chose. Il endêvait de cela. Pour maître
Énéas, il rêvait, Ou, pour mieux parler, endêvait,
SCAHHON, Yirg. travesti, liv. viii. || Faire endêver
quelqu'un, le faire enrager, le dépiter. On s'en-
nuyait quand vous n'aviez plus personne à faire en-
dêver, j. j. Rouss. Hél. V, <4.
— REM. Mot du dernier bourgeois, dit de Cail-
lières, (890. Il est en efl'et resté très-vulgaire.
— HIST. XVI' s. Je ne l'ay prins que ce malin ;
mais desja j'endesve, je grésille d'estre marié, rab.
Pant. m, 7.
— ÉTYM. En i , et l'ancien français de«tier, derver
ou dteirer; wallon, daivl, dâvl, danvi, rêver, rê-
vasser. Êtymologie inconnue. D'après Diez, qui
rejette le de-ex-viare, pour lequel on trouverait des-
voier ou desvier, l'origine de desver est le latin
dissipare, le provençal disipar ayant le sens de
mal ordonner, mal arranger; il cite à l'appui l'ita-
lien scipare, qui a le même sens. Cette êtymolo-
gie ne peut s'élever au-dessus d'une simple con-
jecture. Cachet voit dans desver, derver, un dérivé
irrégulier de diable, de sorte que endêver répon-
drait à endiabler ; c'est encore une conjecture peu
appuyée parla forme du mot; il y rattache l'anglais
endeavour , s'efforcer. Il est possible qa'endeavour
représente endêver, car le mot ne parait pas anglais
d'origine.
t ENDOYMÉNIN, (an-di-mé-ni-n') , s. f. Terme
de botanique. Membrane interne des grains de pol-
len pulvérulent.
— ÉTYM. 'Evêov, en dedans, etOjjiïjv, membrane.
ENDIABLÉ, ÉE (an-dia-blé, blée), adj. || !• Qui
est possédé du démon. Peu à peu l'opinion s'é-
tabUt que les hommes naissent endiablés et dam-
nés, VOLT. Dial XXIV, 3. Il 2» Qui a la nature
du diable, qui ne vaut pas mieux que le diable.
Chemins endiablés, b6\. 'ii sept. 4 387. Entre mes
propres mains on la devait Uvrer; Et vos soins en-
diablés nous en viennent sevrer, mol. l'Étour. i,
H. Ilvacomme votreDuranoe quand elle est etidia-
blée, SÉV. 39). Les habitants de la Guinée, peuple
endiablé dont les flèches étaient empoisonnées,
HAMiLT. Gramm. t\. Écoutez, Grandperrin ; je viens
de dire que vous étiez fou, le terme est trop faible;
c'est archifou, c'est ensorcelle, c'est endiablé que
j'aurais dû dire, CH. de Bernard, le Gentilh. campa-
gnard, 11, "26. Il Substantivement. C'est un endia-
blé. Il 3° Qui a le diable au corps, dont l'ardeur est
dévorante. C'est [le cardinal Dubois] un homme
d'affaires vif et passionné, entraînant, endiablé,
terrible pour aller à son but, michelet, la llégence,
p. 65. Il 4° Être endiablé, avoir la manie de. Chacun
est endiablé de me croire habile homme, mol. ife'd.
malgré lui, m, i. \\ Courir après. C'est être bien
endiablé après mon argent, id. l'Avare, v, 3. Cette
femme est sur moi rudement endiablée, regnakd,
Ménechmes, v, 3.
ENDIABLER (an-dia-blé), v. n. Enrager, être
furieux, se donner à tous les diables. 11 endiablé
d'avoir perdu son argent. Faire endiabler quel-
qu'un.
— HIST. XVI' s. Puis si tost que vostre moyne en-
diablé fut parti, Sat. Mén. p. U5.
— ÉTYM. En t , et diable ; pruvenç. endiablar ;
portug. endiabrar ; ital. indiavolare. On avait fait
un adverbe, endiablement : Ils combattirent plus
endiablement pour venger sa mort, brant. Cap. cstr.
t. I, p. 212, dans LACUHNE.
"t" ENDIE (an-die) , s. f. Terme de grammaire. Mé-
taplasme par lequel on retranche quelque lettre,
comme chartier pour charretier.
— ÉTYM. "EvSEia, manque, de dv, et 8stv, man-
quer.
f ENDIGAGE (an-di-ga-j') , s. m. Synonyme d'en-
diguement.
t ENDIGUEMENT (an-di-ghe-man) , s. m. Action
de contenir les eaux au moyen de digues. || Travaux
faits pour endiguer. || Droit accordé à un particulier
d'acquérir les parties de terrain qu'il pourra sous-
traire aux eaux au moyen de digues.
— ÉTYM. Endiguer.
■j- ENDIGUER (an-di-ghé), V. a. Contenir des eaux
à l'aide d'une digue.
— ÉTYM. En i , et digue.
ENDIMANCHÉ, ÉE (an-di-man-ohé, chée), part,
passé. Les paysans endimanchés.
ENDIMANCHER (an-di-man-ché), v. a. Mettre à
quelqu'un les habits du dimanche. Endimancher
des enfants. || S'endimancher, v.réfl. Mettre ses ha-
bits du dimanche, ses plus beaux habits.
— HIST. XVI' s. Il fit mettre les manches rouges
aux quatre chambrières et adimancher les quatre
curez, d'aub. Fœn. ii, <4.
— ÉTYM. Eut , et dimanche.
ENDIVE (an-di-v') , s. f. La chicorée des jardins
{cichorium endivia, i.).
— HIST. xvi" s. Ozeille, bourroche, buglon, ci-
chorée, endive et semblables, paré, viii, ^4. La
cicborée ou endive est espèce de laictue, o. de
SERRES, 636; 669.
— ÉTYM. Provenç. espagn. et ital. endivia ; du
latin intybus, en grec êvTuêov, par l'intermédiairo
d'un adjectif fictif intybia.
t ENDIVISIONNEMENT (an-di-vi-zio-ne-man) ,
s. m. Terme d'art militaire. Formation d'une division
par la réunion de deux pelotons.
— ÉTYM. Jîn I , et division.
t ENDIZELER (an-di-ze-lé) , v. o. Terme rural,
Faire des dizeaux.
— HIST. XVI' s. Après que les dits ablais [ blés
coupés] sont liez et endizellez, Coustum. génér.
t. II, p. 677.
— ÉTYM. En i , et diieau.
t ENUOBR ANCHE (an-rio-bran-ch'), adj. Terme
de zoologie. Qui a les branchies placéesà l'intérieur.
— ÉTYM. 'KvSov, en dedans, et branchies.
t ENDOCARDE (an-do-kar-d'), s. m. Terme d'&-
natomie. Membrane qui tapisse les cavités internes
du cœur.
— ÉTYM. "EvSov, en dedans, et xap3îa, coeur.
t ENDOCARDITE (an-do-kar-di-f), s. f. Terme
de médecine. Inflammation de l'endocarde.
t ENDOCARPE (an-do-kar-p') , s. m. Terme de
botanique. Membrane qui revêt la cavité intérieure
du péricarpe. || Endocarpes, genre de lichens, type
de la famille des endocarpèes.
— ÉTYM. 'EvSov, en dedans, et ««pitiç, fruit.
t ENDOCARPE, ÊE (an-do-car-p*e , pée), adj,
<380
END
Tarma d« boUniqu». Oui reswmble à un endo-
carpe. Il S. f. pi. le* endooarpéai, famiUe de li-
' + KJfDOCÉPUALE (an-do-«é-fa 1'), adj. Terme de
loologia. Oui n'a point do lêle apparente au dehors.
— . BTm. 'Kviov, en dedans, et xeipaÀi^, tête.
f BITDOCnORIOX (an-do ko-ri-on) , t. m. Terme
d'anatomie. Feuillet Interne du chonon.
gTïll. 'Evîov, en dedans, et chorion.
f ErfDOCIlR0.>IK (an-do-krô-m'), t. m. Terme de
botanique. Cellule qui, dans les algues filamen-
teuses, contient la matière colorante dedhaque seg-
ment.
— ÉTYM. "Evîov, on dedans, et xpûc^»» couleur,
t ENDOCTBINABLE (an-dok-tri-na-bl'J , adj. Qui
peut être endoctriné.
— HIST. XVI" s. Endoctrinable, cotorave.
— f.TVM. Endoctriner.
ENDOCTRINÉ, ÉE (an-dok-tri-né , née), part,
paisé. Oui a reçu de l'instruction, des instructions.
i ENDOCTRINEMENT (an-dok-tri-ne-man), s. m.
Action d'endoctriner; résultat de celte action.
— HIST. ivi" s. Kndoctrinenient, cotoravk.
— ÏTYM. rndocJnner ; provenç. endoctriiiamen;
cat.il. endnclrinament.
ENDOCTRINER (an-dok-tri-né), v. a. \\ l' Donner
à quelqu'un une doctrine , c'est-à-dire une croyance ,
une opinion toute faite. Mais toujours critiquer en
vers pieux et froids, Sans daigner seulement en-
doctriner les rois ! oilb. Apologie. \\ Par extension,
ironiquement et en mauvaise part. Donner do l'in-
struction. Si vous endoctrinez un enfant dans celte
science [la géomélrie] , quidonne peu d'idées.... ciu-
TEAUDa. C^nte, m, ii, t. || 2° Donner à quelqu'un
certaines instructions pour qu'il fasse ou dise une
chose comme on le désire. Cette Valavoire ne me
dit point que vous eussiez été mal, vous l'aviez bien
endoctrinée, SÉV. 358.
— uiST.xii's. Dame Guihorc fu moult de franche
orine [origine], Lez lui s'asist, bêlement l'endoc-
trine, i)at. d'ii(esc/iOKs, V. 4G97. Li reis Josaphath
assist par tute sa terre juges as citez, e cumandad
que leal justisetenissent al povre e al riche, e que
il endoctrinassent la gent de la lei nostre Seignur,
que il ne péchassent, Rois, p. 340. Celuy à cuy tu
paroles por lui endoctrineir, ST eEBN.66». || xi!i''s..Si
le conseille et endoctrine Comment il les doit pro-
curer, la hose, <u268. ||xv' s. Je dis et conseille
que la bonne ville de Gand envoie par devers le
comte sages hommes, bien avisés et endoctrinés de
parler, proiss. ii, ii, 63. Et eiidoctrinoit la du-
chesse, qui fut moult sage, tous les jours la jeune
Clle de Bavière, in. ii, ii, 220. ||xvi* s. Il le
feit très bien endoctriner [Instruire] par Aristote-
(es, RAB. Garg. i, 4«.
— ETYM. £n < , et doctrine; provenç. endocirinar;
ilal. «ndocln'narc.
t ENDOCTRINEUR (an-do-ktri-neur), s. m. Néo-
logisme. Celui qui endoctrine.
— ÉTYM. Endoctriner.
t ENDODERME (an-do-dèr-m') , ». m. Terme de
botanique. Couche utriculaire située entre le liber
et le système ligneux.
— ÊTYM. 'EvSoy, en dedans, et Scpiia, derme.
•f ENDOESTUÉSIE (an-do-è-sté-zie) , s. f. Terme
didactique. La sensibilité interne.
— ÉTYM. 'EvSov, en dedans, et aiaOniat;, sensa-
tion.
t ENDOGËNE (an-do-jê-n'), adj. \\ !• Terme de bo-
tanique. Oui s'accroît de dedans en dehors. Végé-
taux endogènes. || 2" Terme de géologie. Roches
endogènes, couchesen contact avec le noyau central
de la terre qu'elles enveloppent et formées de ter-
rains cristallins et de schistes.
— ÉTYM. 'EvSov, en dedans, et-rev^;, engendré,
t ENDOGE.NÈSE (an-do-je-nê-z'), t. f. Terme de
physiologie. Naissance de cellules dans l'intérieur
d'autres cellules.
— ÊTYM. Endogène.
t ENDOGONE (an-do-go-n') , s. m. Terme de bo-
tanique. Suc aporifère des mousses à l'époque de la
floraison.
— ÉTYM. 'Evîov, en dedans, et tôvo;, qui en-
gendre.
ENDOLORI, IE(an-do-lo-ri,rie), part.passéi'en-
oolonr. Où l'on ressent une douleur, l'oser plus
moUemenl leur» membres endoloris, j. i. houss.
t RNDOLORIR (sn-do-lo-rir), c. o. Rendre dou-
°Ai'r?; ""1* """• *"■"•' "f "n long voyage En-
ao ont les D,.d, poudreux, bébano. Foyagi. Il S'en-
d^n^â. '^''•"•'"""f douloureux. &on brai' s'en-
END
— HIST. XVI* s Dont la reue est diminuie, et
l'œil endoulouri, o. nE srrres, 897.
— ÊTYM. J?n « , et douleur; géney. endolori.
f ENDOLORISSEMENT (an-do-lo-ri-se-man), ». m.
Néologisme. Action d'endolorir; état d'une partie
qui est devenue douloureuse.
— ÊTYM. Endolorir; prov. endoiot'romcn.
f ENDOLIfMPUE (an-do-lin-r), ». f. Terme d'a-
natomie. Liquide clair et albumineux qui remplit
exactement le labyrinthe de l'oreille interne.
— ÊTYM. 'Evîov, en dedans, et lymphe.
ENDO.MMAGÉ, ÉE (an-do-ma-jé, jée), part.
passé. Qui a éprouvé un dommage. Un mur endom-
magé par la gelée.
t ENDOMMAGEMENT (an-do-ma-je-man) , ». m.
Action d'endommager; résultat de celte action.
— HIST. XVI' s. lindommagement, cotgravb.
— ÊTYM. Endommager.
ENDOMMAGER (an-do-ma-jé. Le g prend un e
devant a et 0 ; emlommageant, endommageons),», a.
Causer du dommage. La grêle a endommagé les vi-
gnes. Le canon a endommagé cet édifice. On ne s'élève
point àcettefmporlante fonction sans endommager
sa fortune, dider. Ess. sur Claude. || S'endomma-
ger, V. réjl. Être endommagé. Ces livres, oubhés
dans un grenier, s'étaient endommagés. •
— HIST. XV' s. Cognées dont ilscoupoient les pa-
lis, et en peu de temps les endommagèrent, froiss.
1,1, 207. Mon estomac aussi me dit que sa nature
Ne se peut pas changier. Le chargeant de pommé,
qui n'est sa nourriture. Que c'est l'endommaigier,
BASSELIN, xxviii. Il a gaigné de grandes batailles,
sans endommager son loyaulme, comm. vi, (3. L'a-
vant garde du roy fyt fort endommagée, id. iii, 7.
Il xvi' s. Pericles , voulant aussi endommager un peu
rennemi,feitarmeri 60 vaisseaux, AMYOT,2Vric/èi,07.
— ÉTYM. £n 4, et dommage. On trouve, dans le
xiu" siècle, adamagier.
f ENDONÉPIIRITE (an-do-né-fri-t*) , ». f. Terme
de médecine. Inflammation de la membrane qui ta-
pisse le bassinet du rein.
— ÉTYM. 'Evôov, en dedans, el néphrite.
•j-ENDOPHORE (an-do-fo-r), s. m. Terme de bo-
tanique. Pellicule intérieure d'une graine.
— ÉTYM. 'EvSov, eu dedans, et çopo;, qui porte,
t ENDOPHRAGME (an-do-fra-gm'), t. m. Terme
de botanique. Cloison entre les cellules dont les al-
gues marines sont formées.
— ÉTYM. 'EvSov, en dedans, et çpâff-"! cloison.
fENDOPLÈVRE (aii-do-plè-vr'), s. f. Terme de
botanique. Pellicule intérieure de l'épisperme.
— ÉTYM.'EvSov, en dedans, et 7i>.£upà, plèvre, côlé.
t ENDOPTILE (an-do-pti-l'), adj. Terme de bota-
nique. Plante endoptile, plante dont l'embryon a
sa plumule entièrement renfermée dans la cavité
cotylédonaire.
— ÉTYM. 'Ev5ov, en dedans, etTtTl'Aov, plume, aile.
t ENDORMANT, AME (an-dor-man, man-f),
adj. Qui est propre à endormir. Ce ne sera pas une
petite allaire pour moi que la prise des eaux, qui
sont, dit-on, fort endormantes et avec lesquelles
néanmoins il faut absolument s'empêcher de dor-
mir, BoiL. Lettres à liac. iv. || Fig. Ennuyeux. 11
nous a raconté je ne sais combien d'histoires en-
dormantes.
— HIST. xvi* s. Oignons, pavots d'endormante
nature, du hellat, vu, 4, verso.
ENDORMECR, EUSE (an-dor-meur, meû-z"), ».
m. et f. ||1° Malfaiteur qui emploie des drogues som-
nifères. Il 2° Fig. Celui, celle qui endort quelqu'un,
c'est-à-dire l'entretient dans des espérances chiméri-
ques ou dans une inaction préjudiciable. Être le jouet
d'un endormeur. || Nom donné pendant la Révolu-
tion et dans les premières luttes du parti girondin
et du parti montagnard à ceux qui conseillaient les
moyens légaux et les voies de douceur. {| Populai-
rement. Endormeur de couleuvres, endormeur de
mulots, homme fin et adroit qui amuse les gens de
belles espérances, sans effet. || 8" Celui qui ennuie
par ses paroles ou par ses ouvrages. Graves auteurs.
Froids rhéteurs. Tristes prédicateurs, Endormeurs
d'auditoires, bErano. La grande orgie. || i'Un des
noms vulgaires de la cresserelle.
— HIST. XVI* s. Endormeur de gens, DO canoë,
dormtladiji».
— ÉTYM. Endormir.
ENDORMI. lE (an-dor-mi, mie), part, passé d'en-
dormir. || 1' Que le sommeil a saisi. A force de pitié,
ces filles inhumaines, De leur père endormi vont épui-
ser les veines, corn. M/d. I, 4. Le roi lui-même,
& demi endormi et presque nu , eut bien de la pei ne à
gagner ses vaisseaux, nou-m, //i»l. anc. CEuvres,
t. vui, p. (09, '{ans roi'OENs. '■ 2° Fig. On me croit
END
dans la paix un lion endormi, corn. Tit. et Bérén
II, 4. Malheur, malheur à nous, si notre ime en-
dormie Penche vers la tranquillité I id. /mit. i, 22,
Dans un calme profond Darius endormi Ignorait
ju.squ'au nom d'un si faible ennemi, rac. Alex, i, 2.
Le pécheur.... endormi par de vaines espérances de
conversion, mass. Av. kort du péch. Parmi ce»
meurtriers dans le sang endormis, volt, ^iï.iv, a.
X ces dieux impuissants dans la tombe endormis,
ID. Orphel. Il, 3. Te dirai-je qu'un soir dans la
brise embaumée, Endormi, comme toi, dans la
paix du bonheur.... A. de husset. Poésies noue.
Souvenir, jj II se dit aussi des choses, des senti»
ments, des passions. Et que sous mon amour ma
valeur endormie, corn. Ilor. ii, 7. Et sans ressen-
timent tu souffres cette offense. Ton courage est
muet, et ton bras endormi ! id. la Place roy. ui, 3.
Ma prudence n'est pas tout à fait endormie, id
Nicom. m, 2. Votre prudence est endormie, mol.
F. sav. m, 2. Quelle passion endormie se ralluma
dans son cœur, et avec quelle violence! M'** de la
FAYETTE, Princ. de Cimes, Œuxres, t. ii, p. 23»|
dans POUGENS. Et réveillant la foi dans les coeurs
endormie, rac. Athal. iv, 3. || Être endormi, man-
quer de vivacité, de vigilance. C'est un homme en-
dormi. Il Substantivement, c'est un endormi. || Faire
l'endormi, faire semblant de dormir ou d'être peu
intelligent, peu actif. || Terme vieilli de marine.
Navire endormi, navire qui, après avoir été ar-
rêté, n'a pas encore repris son erre. || 3' Engourdi.
J'ai le pied tout endormi. || 4' S. f. L'endormie,
nom, en Normandie, du datura ttramonium. On
y dit qu'un homme a mangé de l'endormie, lors-
qu'il dort trop longtemps et qu'on a de la peine à
le réveiller.
ENDORMIR (an-dor-mir), v. a. Il se conjugua
comme dormir. || 1° Faire dormir. Endormir un en-
fant. Argus avec cent yeux sommeille ; Mais croyez-
vous Endormir un amant jaloux? quinault, Isis,
m, 7. Il Fig. Il se dit de ce qui est fort ennuyeux,
d'abord de l'ouvrage ou du récit , et, par suite, de
l'auteur même. Cette pièce est si ennuyeuse qu'elle
endort. Je vous endormirai quelque jour des af-
faires de cette province, sÉv. 220. Allez de vos ser-
mons endormir l'auditeur, boil. Sal. i. Un style
trop égal et toujours uniforme En vain brille à
nos yeux, il faut qu'il nous endorme, id. Art p. .'
Sœur Andrieux, contez, contez, entendez-vous ? Si
vous ne dormez pas, ma sœur, endormez-nous,
LEBRUN, Épigr. à propos des Contes d'Andrteux.
Il 2° Jeter dans un état moral comparé au sommeil du
corps. Endormir la prudence, la vigilance de quel-
qu'un. Des mots Dont tous les courtisans endorment
les plus sots, RÉGNIER. Sat. IV. J'ai reconnu ses dé-
faites, Et comment elle endort de douceur sa mai-
son, ID. Élég. II. Tandis qu'il endort votre crédulité
par des discours, uamilt. Gramm. ». Â cette erreur
qui endort tant d'âmes impénitentes, mass. Car. Im-
pénit. fin. 11 s'était laissé endormir par les lettres
de César et les feintes démonstrations qu'il faisait
paraître de souhaiter la paix, vert. Itéiol. rom. xui,
p. 265. Il 3° Engourdir, calmer. Endormir un mem-
bre. Endormir la douleur. Le monde endort les
chagrins, mais il ne les guérit pas, mass. Av. Des
af/lict. Le christianisme endort la duuleur, fortihe
la résolution chancelante, chateaub. Génie, 11, m, A.
C'est ainsi que le commerce a trouvé l'art d'en-
dormir et de tromper la discorde, ravnal, llist.
pliil. XII, 20. Il i" S'endormir, v. réft. Tomber dans
le sommeil. La charité nous oblige à réveiller ceux
qui s'endorment, patru. Plaid. 5, dans richelet.
C'est sur celte lecture que je m'endors, sév. 68. 11
s'endort, il s'éveille au son des instruments. Son
ciuur nage dans la mollesse, rac. Esth. 11, B. On
s'endormait aux sentiments de délicatesse qu'elle
voulait expliquer sans les comprendre, et elle en-
nuyaitenvoulantbriller,iiAMiLT.Cr(im>n.6. ||6* Fig.
N'avoir pas soin de son devoir, de ses affaires, n'y
pas veiller. S'endormir dans l'oisiveté. Les officiers
s'endorment sur la bonté do leuis maîtres, patru.
Plaid. 4, dans richelet. Je laisse aux doucereux le
langage affété Où s'endort un esprit de mollesse hé-
bété, BOIL. Sal. IX. Les erreurs sur lesquelles votre
esprit s'endort, mass. Pet. car. Drap. Ne nous en-
dormons point sur la foi de leurs prêtres, volt.
Œdipe, II, 6. Le fils de Lasthénès ne s'éuiii point
endormi sur le danger de ses frères, cuateaibb.
ifart. II, 24. Il Absolument. Ne pas s'endormir, être
très-évcillé sur ses intérêts. Votre belle-mère lie
s'endort point, et c'est sans doute quelque conspi-
ration contre vos intérêts où elle pousse votre père,
MOL. Mal. imag. i, 40. 11 y a des gens qui ne s'en-
dorment pas, sEv. 683.]] Familièrement. S'endormir
END
END
END
1381
I
sur le rfiti, négliger l'occasion propice. || $° S'en-
dormir du sommeil delà mort, de la tombe, mourir.
Il S'endormir dans le Seigneur, mourir en état de
grâce. Joram s'endormit avec ses pères, il fut en-
seveli avec eux dans la ville de David, SACi, Bihle,
Roii, IV, VIII, 24. Il s'est endormi cette nuit au
Seigneur, sEv. 292. Elle s'endort tranquillement
au Seigneur et s'en retourne dans le sem de Dieu
d'où elle était sortie, mass. Av. Hort du pécheur.
Il Proverbe. Parlez à lui, il s'endort, se dit de quel-
qu'un qui ne songe pas & ce qu'on lui dit.
— iilST. XI' s. Enilormiz est, ne puet mais en
avant (d ne peut aller plus loin], Ch. de Ilol. CLXXX.
Il xip s. Or poez [lous pouvez], fait il, esculier
Del cher seignor, cum s'umilie; Or nus [nous] cniile
peler la fie [figue], E od beau parler endormir,
BENOÎT, II, 9069. Si'u ocist à destre e à seneslre
eslrang'ement, de ci que le braz li fud endorrniz
des granz colps que il out dunez, ftoù, p. 2)2. Sa
main tendid vers l'urne Deii, e cuniandad que il fust
pris; mai^ la mam 11 endormid clialt pas [aussitôt],
si que il ne la poul retraire, ib. 280. || xiif s. l'io-
ranl [elle] s'est emloriiiie; Diex la gaid d'encom-
brer, Berle, xxxix. L'Université, qui lors iere En-
dormie, leva lacbiere, la Hase, CJOao Quant je la
voi, de parler n'ai pooir, Li cuer mu faut, ma
langue esi endormie. Complainte douteris, ivbw^l,
t. II, p. 256. Enlumine mes euz [yeux], que ne
m'endormeenla mort. Psautier, f° )9. Lienfess'esl
al fu [feu] assis, X endormir n'a gairesmis, Parla-
iwp. V. 1053. Perres [Pierre] endormis n'enjalez
[engelés] N'a pas les dois seur la viele, Mais si bien
chante et si viele.... o. db coinsi, Du cierge. || xv" s.
...mon cueur endurera. En actendant d'avoir de
celles Que bon eur lui apportera, Et de l'endormye
oeuvra, ch, d'oul. Bail. 8J. Que dites-vous'? dit-
il, contrefaisant l'endormi, louis xi, A'okd. lxiii.
Il XVI* s. Pour endormir l'ardeur de cette fureur [ero-
tique], mont, i, 94. Endormir lesouiespar la conti-
nuation d'un son,iD. I, lofl. Des meiUcaments qui
assopissent et endorment la partie, ID. i, 281. 11 lui
vint aux jambes une douleur endormie avec une pe-
santeur, amyot, Sylla, 54. Laguerre n'estoit point
estfiiicto ny amortie, ains seulement endormie, lu.
Lucutl.tl. Quand l'eau n'estoit plus trouble, on
pesclia à l'enilnrinie, à quoy ne fut pas es|iargnée
la Clique du Levant, d'aub, Conf. ux. Si un liomuie
luy [à la torpille] touche avec une verge, elle liiy
endormira le bras, paré, x.viii, 29. Je ne veux
point lie trop volage amie, Ny ne la veux aussi
trop endormie, st-gelais, 230. Pierre leur disoit
pour les endormir et les engager à le suivre, ifem.
sur du Gurscl, ch. 4 8.
— ÉTYM. En 4, et dnrmj'r ; bourguig. andremi ;
provpnç. endormir, endurmir ; ilal, tndormi're.
f ENDOKRIUZE (an-do-ri-z'). adj. Termede bota-
nique. Dont la radicule, à l'époque de la germi-
nation, ne s'allonge pas, mais donne naissance à
quelques filets simples qui jouent le rôle de radicules.
— REM. Les lexiques techniques écrivent endo-
rhize; mais c'est une faute, l'orthographe grecque
exigeant la réduplication de l'r.
— ÉTYM. 'EvSov, en dedans, et ^îC», racine.
f ENDOS (an-dô), s. m. Terme de commerce. Si-
gnature qu'on écrit au dos d'un billet pour le passer
à l'ordre d'un autre. Mettre son endos à une lettre
de change.
— Rtym. En 4, et dos (le dos du billet).
t ENDOS.MOMÈTKE (an-do smomè-tr'), s. m.
Terme de physique. Instrument propre à rendre
sensibles les (ihénomènes de l'endosmose.
— ÉTYM. Endosmose, et mèlre, mesure.
•f ENDOSMOSE (an-do-smô-z'), s. f. Terme de
physique. Courant de dehors en dedans qui s'étalilit
à travers une cloison membraneuse séparant deux
liquides de densité différente, en même temps que
l'exosmose qui est le courant de dedans en dehors.
Il Par une extension fautive, endosmose est le cou-
rant fort, et exosmose le courant faible; de sorte
que, dans celle nouvelle acception, l'endosmose
peut tout aussi bien se diriger de dedans en dehors
que dans le sens inverse.
— ÉTYM. 'EvSov, en dedans, et wdiio;, action de
pousser; mot irrégulièrement formé, puisqu'il n'y a
pas de mot grec ôoijkoiii;, et qui aurait dd être en-
dosme.
t ENDOSMOTIQUE (an-do-smo-ti-k') , adj. Qui a
rapport à l'endusiujse.
j ENDOSPEKME (an-do-spèr-m'), ». m. Terme
de butanique. Corps d'un tissu cellulaire et formant,
avec l'embryon, au dedans de l'enveloppe, l'amande
des graines de beaucoup de plantes.
— ËTYM. 'EvSov, en dedans, et ar.éç,\i.a, graine.
t ENDOSPERMÊ , ÉE (an-do-sp^r-mé , mée),
adj. Terme de botanique. Qui a la forme d'un en-
dosperme.
t ENDOSPERMIQUE (an-do-spér-mi-k') , adj.
Terme de botanique. Qui est accompagné d'un en-
dosperme. Embryon endospermique.
f ENDOSI'ORÉ (an-do-spo-r'), s. f. \\ !• Terme de
botanique. Membrane interne des spores, chez celles
dont la paroi est tapissée en dedans d'une mince en-
veloppe. Il 2' Adj. Qui porte des spores enfermées
dans des sporanges ou des conceptacles.
— F.tym. 'Evîov, en dedans, et spore.
\ ENDOSPORÉ. ÉE(an-do-spo-ré,rée), adj. Terme
de botanique. Dont les semences ou spores sont si-
tuées à l'intérieur.
ENDOSSE (an-dôs'), s. f. Toute la peine, toute la
responsabilité de quelque chose. Corbinelli en avait
l'endosse, SRV. 422. Ce n'est pas sur moi qu'il en
faut jeter l'endosse, mabivaux, l'Épreuve, se. 48.
— ÉTYM. Voy. endosser; génev. endose.
ENDOSSÉ, ÉE (an-dô-sé, sée), part, passé.
!| 1° Mis sur son dos. Un vêtement endossé à la
hâte. Il 2' Fig. Chargé. Me voilà endossé de l'o-
raison funèbre de Gresset; je me tirerai de tout
cela comme je pourrai, d'alemuert, Lettre à Vol-
taire, 27 déc. 4 777. Il 3° Qui a un endos. Bdlet en-
dossé. Ce qui vaut encore mieux, de bonnes lettres
(le change endossées par les plus fameux banquiers
de Londres, bern. de st-pierre, Chaum. ind.
ENDOSSEMENT (an-dô-se man) , s. m. || 1° Ordre
écrit au dos d'un billet à ordre pour le transmettre.
Un titre transmissible par endossement. || Mode de
transmission d'un droit par endossement. || Endos-
sement en blanc, endossement où l'on met une
simple signature avec l'espace nécessaire pour écrire
l'ordre ou le reçu. || 2" Terme de relieur. Voy. en-
DossuBE. Ce qui constitue la reliure, c'est la couture
et l'endossement, lesné, la Reliure, p. 4 62.
— ÉTYM. Endosser.
ENDOSSER (an-dô-sé) , V. a. || !• Mettre sur son
dos, se revêtir. Le harnais éclatant qu'il avait en-
dossé, TRISTAN, Panthée, il, 2. 11 s'habille en ber-
ger, endosse un hoqueton, la font. Fahl. m, 3.
Y voit-on des .savants en droit, en médecine, En-
dosser l'écarlate ou se fourrer d'hermine'? boil.
Sat. VIII. Caligula, dans une cérémonie où il se
donnait pour un grand conquérant endossa la cui-
rasse d'Alexandre, rollin, llist. Couvres, t. vi,
p. 634 , dans pouGENS. Que chacun endosse son ar-
mure et place devant lui son bouclier, chateaubr.
Deslhona, 233. || Fig. Endosser la cuirasse, s'est dit
pour devenir militaire. On vit les cardinaux de Ri-
chelieu, de la Valette et de Sourdis endo.sser la
cuira.sse, volt. Mœurs, 4 76. || Fig. et familière-
ment. Endosser le harnais, se revêtir des habits de
sa profession. || Endosser l'uniforme, devenir mili-
taire. Il 2» Kig. Charger quelqu'un d'une commission
désagréable. On l'a endossé de cela. || On dit dans le
même sens : il a endossé cela. || Au jeu, charger ou
être chargé de la perte. 11 [le gagnant] lui a en-
dossé toute la consommation. 11 [le perdant] a endossé
toute la consommation. || Et il a endossé l'enfant,
il s'en est reconnu le père, || 3° Terme de commerce.
Mettre sa signature au dos d'un billet; faire un en-
dossement. Endosser une lettre de change. Notre
homme d'affaires endossera le billet, et cela sera
rendu dans trois ou quatre mois à la mort de la
tante, dancourt, les Agioteurs, ii, 5. || 4'" Terme
de relieur. Faire le dos d'un volume relié. Le poin-
çon à endosser est un outil en fer, long de 6 à 8
pouces, emmanché par une queue pointue dans
un fort manche de lime; cet outil sert à arrondir
les dos, LESNÊ, la Reliure, p. 4 22. || 6° Terme rural.
Labourer de manière que les sillons se trouvent re-
levés vers le milieu du billon. || 6° S'endosser, v. réjl.
Etre endossé. J'aime les vêtements larges ; cela
s'endosse plus facilement.
— HlST. xii* s. Là veïssiez tant haubert enrtoser.
Bouc. p. 85. Il xiii" s. Atanl Primant prent la cha-
suble. Tôt maintenant l'a endo.ssée, Ben. 338a. Et
li escuier ont lor haubert endossé, Ch. d'Anl. m,
266. Il xiV s. Signer, oïez pour Dieu dont ï'rançois
s'avisèrent : Les vestements de toile qu'Knglois y
aporterent. Prirent pour eulx parer, les Englois
despoillerent; Dessus les aimeùres moult bel les
endossèrent, Guescl. 22486. || xvi" s. Les femmes
endocerent les armes laissées par la garnison et par
leurs maris, d'aub. Hist. Il, 76. Ceux qui usent du
rat portent aussi avec eux des limes sourdes par le
moien du plomb qui les endosse, id. ib. ii, 372. Le
serment preste, M. de Laubespine l'endossa sur ces
lettres sur le champ, carl. iv, 4. S'il ne l'eusl re-
quis de la vie il l'eust assommé de l'ast : mais il
n'en endossa seulement que trois ou quatre coups,
le laissant en un très piteux estât, id. vi, 6.
— ÉTYM. Endos; provenç. endossar; espagn. en-
dosar: bas-Iat. indorsare.
ENDOSSEUR (an-dô-seur) , s. m. Celui qui a en-
dossé un effet de commerce pour en faire le trans-
port à un autre. Les bons endosseurs I ce sera là da
bon papier , dancourt , Impromptu de Suréne,
se. 20. Il Fig. et très-familièrement. C'est un tel qui
a fait l'enfant, mais c'est lui qui est l'endosseur,
c'est-à-dire le père supposé.
— ÉTYM. Endosser.
t ENDOSSURE (an-dô-sû-r') , s. f. Préparation du
dos d'un livre relié.
— HIST. XIII* s. Et [je] vi qu'à cesle vesteûre
N'auroie pain n'endosseûre [vêtement pour le dos],
RUTEB. II, 74.
— ÉTYM. Endosser.
t ENDOSTO.ME (an-do- sfo-m'), s. m. Terme de
botanique. Ouverture dont est percée l'une des deux
enveloppes de l'ovule végétal.
— ÉTYM. 'EvSov, en dedans, et (rc6(jia, bouche,
ouverture.
t ENDOTHÈOUE(an-do-tè-k'), s. f. Terme de bo-
tanique. Membrane interne des loges de l'anthère.
— ÉTYM. 'EvSov, en dedans, et Orjxr), loge.
t ENDOTRICUÉ, ÉE (an-do-tri-ké, kée), adj.
Terme de botanique. Qui est garni de poilsà l'intérieur.
— ÉTYM. 'Emôov , en dedans, et Opi|, cheveu.
t ENDOUZAINEMKNT (an-dou-zè-ne-man), s. m.
Action de mettre par douzaine. On est encore obligé,
quelquefois, de mettre des pièces blanches pour bou-
cher les trous d'enfiiuro ou d'endouzainement quand
on se sert de veau alun, lesné, la Reliure, p. 494.
t ENDOUZAINEK (an-dou-zai-né), t), o. Mettre
par douzaine.
— ÉTYM. En 4 , et dotixaine.
ENDROIT (an-droi ; le l se lie :un an-droi-t agréa-
ble; au pluriel, Vs se lie : des an-droi-z agréables;
la prononciation endret est signalée comme vieillie
par Chifflct, Gramm. p. 4 27), s. m. || l'Le beau côté
d'une étoffe par rapport à l'envers. Voilà l'endroit de
ce drap. Étoffe à deux endroits, étoffe dont les deux
côtés sont semblables. {] 2° Fig. Aspect particulier
d'une personne ou d'une chose. On la peut tenir
pour vieille par cet endroit, sÉv. 380. Je suis per-
suadée des complaisances de M. de Grignan; il a
des endroits d'une noblesse, d'une politesse et
même d'une tendresse extrême, id. 22. Et voyons
l'homme enfin par l'endroit le plus beau, boil. Sat.
viii. À parler humainement, la mort a un bel endroit,
qui est de mettre fin à la vieillesse, la bruy. xi.
Tout homme qu'on admire par ces endroits réussit
partout, iiAMiLT. Gramm. 3. Vous êtes en posses-
sion de mille qualités brillantes qui vous distinguent;
ce sont de beaux endroits, id. th. 6. Cette aventure
n'avait pas beaucoup de beaux endroits pour lui,
id. ib. 9. Ils le décrient par l'endroit qui aurait dii
lui attirer davantage l'amour, mass. Car. Prod.
Il Se montrer, se faire voir par son bel endroit, par
son mauvais endroit, par son vilain endroit, se
montrer par ses qualités avantageuses, par ses dé-
fauts. Cet homme se produisait par son bel en-
droit, HAMILT. Gramm. 4 4. Un mari qui.... et se
montre au contraire par ses mauvais endroits, la
BRUY. III. Il C'est le plus bel endroit de sa vie,
l'action la plus louable. Ce n'est pas ici le bel en-
droit de Zeuxis; il fit ostentation de ses richesses
d'une manière puérile, ROLUN,//tst. OEuurcs, t. xi,
4" part. p. 4 53, danspouGENS. || S" 11 sa dit des par-
ties du corps. Les Égyptiens, remarquant qu'il [Cam-
byse] avait été blessé au même endroit où il avait
blessé leur dieu Apis, ne mançuèrent pas d'attri-
buer cet accident à une juste punition du ciel, rol-
lin, fltsl. anc. «iuiirci, t. II, p. 333, dans POUGENS.
Il 11 se dit aussi de l'âme en ce sens. Là s'entendrait
la dernière consommation de l'amour divin dans un
endroit de l'âme si profond et si retiré que les sens
n'en soupçonnent rien; tant il est éloigné de
leur région* boss. la Vallière. ||Fig. C'est son en-
droit sensible, se dit de tout ce qui touche le plus
quelqu'un. Il aime l'argent plus que réputation,
qu'honneur et que vertu ; et la vue d'un demandeur
lui donne des convulsions; c'est le frapper par sou
endroit mortel, mol. l'Avare, ii, B. Je connais vo-
tre cœur, vous devez vous attendre Que je vais le
frapper par l'endroit le plus tendre, ijtc. Béién. m,
3. Cherchons pour l'attaquer quelque endroit plus
sensible, id. Phèd. m, 4. || Endroit faible, le côté
par lequel on a le moins de force, de mérite, de ta-
lent, etc. Prendre quelqu'un par son endroit faible.
Télèphe.... passe outre; il se jette hors de sa sphèrej
il trouva lui-mCme son endroit faible, et se moatr
1382
END
Tift T" F^Jace déterminé. Voilà r.ndroU où
IW veut bâtir. Mouron, ou vengeons-nou.; l'en-
d«il .rt f.»oril.l«. «"TH. M,. ., ». Bion plus. .|
uour uo wu d'orano en quoique endroit S amassait
Tune ou d'autre «orte, L'homme en avait sa part,
■I la bourw en «ouiïroit, la ko.nt. Fabl. iv, s.
Tout eit meublé; de petit» endroits qui ne servaient
ou'» mettre des arrosoirs deviennent des chambres
de courtisans, sÉv. ". Cet androil [St-Cyr] qui,
maintenant que nous sommes dévot», est le séjour
de la vertu et de la piété, M" dbu kayette, Uém.
Cour dt France, OKuvru, t. ii, p. 4' < , il»ns pou-
o»\8. Il 6- Kamilièroment. Le lieu qu'on habita, en
parlant dune ville peu importante, d'un bourg, d'un
Tillago. Les gens de l'endroit. Il habite un petit en-
droit. On est médisant dans les petit» endroits. Ces
Messieurs oomptant-ils faire un long séjour dans
notre endroit? PICARD, la Petite ville , i, i. || Fig.
Être de son endroit, être peu habitué aux usages
du monde. Il est bien de son emlroit. || 6° Partie,
passage d'un ouvrage. Il y a quelques endroiu fai-
ble» dans cette tragédie. Le plus bel endroit d'un
livre. Entre tous les endroits de votre lettre, qui
me semble admirable en toutes clioses, j'ai parti-
culièrement remarqué VQIT. Lett, 5U. La dis-
pute ne roulait guère que sur ces endroits des an-
ciens, dont nou» ne sommes en état d'apprécier
exactement ni les beautés ni les défauts, u'alem-
BERT, Élogei, Ch. /'erraud. Il 7° Origine, source.
Elle le savait d'un endroit non suspect, sEv. loo. La
conjuration d'Amboise.qui est l'endroit par où ont
commencé toutes les guerres, Boss, For. 6" oierl.
§ 58. Il Au propre, bon endroit, bonne provenance.
Voilà du vin qui vient d'un bon endroit. Un pâté
du bon endroit. || l'ig. Ce que je voua dirai vient
directement de bons endroits, sÉv. 385. || 8° X l'en-
droit de, loc. prép. ICnvers, à l'égard de. L'affeclion
de ces peuples à l'endroit de Philippe, malh. Le
«xxni* iiïre de Tile Live, chap. te. Le peuple iné-
gal à l'endroit des tyrans. S'il les déteste morts, les
adore vivants, cobn. Cinna, i,3. ||Enson endroit, à
»on égard. Toujours hautaine et rude en son endroit,
LA PONT. Faucon. Les courtisans se persuadent d'être
quittes par là [par des excuses] en leur endroit [à
regard de leurs amis] de tous les devoirs de l'ami'
tiù, LA liHUÏ. vui.
— H18T. xi« s. Orendreit sei at-il assez que faire,
Ch. de /toi. CLV. llleo endreit remeint li os tout nus
[de chair], i6, ccLXii. || xii* s. Si j'en sui moult, en-
droit l'ame, joiana. Mai» al cors ai et pitié et pa-
•ance, quksnes, lUimanc. p. 86. ||xiii' s, De li ici
»n droit à parler [nous] viius lairrons, Berle, xxm.
Ci en droit [je] reniaindrai, je n'i voi autre fuite,
tb. xxxvii. Vint dux Naimes à lui, là endroit le
trouva, t'b. cvni. liertain tout erramment ci eu
droit fj'] ameiiroie [amènerais], ib. cxvii. Car, en-
droit moi, ai-je fiance Que songe soit senefiance
Des biens à gens et des anuis, la Hôte, 46 Sire,
pour Dieu, oies; Jou [je] Bui bom anciens, penés
et travelliés; Ne pornie mais estre en nul endroit
[d'aucune façon convenable] croisiés; Mes frères
ira. Hues, qu'est chevaliers proisié», Ch. d'Àiit. 1,
(74. Dont l'un d'eul2 vint à nostiegalie et trait s'es-
pée toute ensanglantée, et dit quu endroit de li
[pour sa part] avait tué six de nos gens, joinv. '^4it.
Je SUIS an riche point, tu es en povre endroit [en
pauvre situation]. Fabliaux mis, n° 72IH, (' 328,
dans LACURMR. || xiv* s. Lt de ceste ne parle il pas
ici endroit, orksmk, Elh. 4a. ||xv* ». Chacun en
ton endroit faisoit merveilles d'armes, rnoisg. ii, il,
4t. Il XVI* s. Tous les arts et science» en toutes les
quatre parties du monde, sont, chacune endroit
•oy, une mesme chose, du bkllay, i, 3, verso. Le»
espioeriei que l'Inde nous envoyé, sont mieux co-
gneues, et traittéos de nous, et en plus grand pris,
qu'en l'endroit de ceux i|ui les sèment ou reciii'il-
lent, ID. I, I4t, recto. Non que je mu vante d'avoir
en cest endroit contrefait au naturel les vrais 11-
neamens de Virgile, in. iv, 1, verto. Il choisit le
plus bel endroict et milieu de chasqueparoy, mont.
I, 10». Des bestes qu'il tuoit à sa chasse, il m'en
tpportoil les meilleurs endroits, id. i, (84. Et firent
hire de belle» casaques à deux endroits [sans en-
ter»], l'un qui avoit force croix, et l'autre qui n'en
»»oil point, mais estoittoutde blanc, yveu, p. 64».
Celle torcha las guida tout au long du voyage, et à
la fin, alla fondre et disparoir au propre endroit de
ta eosie d'Italie, où le» pilotes avoient délibéré d'ar-
«wr, ÀMTOT, rimoj. il. Andromaohu» luy tendant
iMdroit d* U main, at puis tout k coup luy mon»-
END
trani l'envari, id. ib. 46, Je suis cause qu'il est
loué et prisé partout, de ca qu'il a fait ea mon en-
droit, ID. Flamin. 23. Ayant Pompeius la (lotte de
ses navires là auprès à l'ancre, et Antonius et César
leurs armée» sur le bord de la mer tout à l'en-
droit de luy, ID. Anton, a» Toutefois vainque
tousjours endroit nous l'honneur, plu» to»t que le
profit, ID. Aginct Cléom. 64.
— ÉTYM. En t, et droi», adjectif ; wallon , idreilt ,
èdreût; Berry, adnt, adroit et endrel, pays natal;
provenç. endreit, endreich , endreg. Le sens propre
est en droit, co qui est droit, c'est-à-dire opposé à
envers, et au sens de localité, ce qui est dans le
droit chemin, sur la route, dans la direction de,
et c'est par conséquent une préposition signifiant
à côté, en face, et, figurément, à l'égard de; dans
les textes anciens elle est tantôt écrite en un seul
mot, tantôt en deux.
ENDUIRE (an-dui-r') , j'endui» , tu enduis, il
enduit, nous enduisons, vous enduisez, ils endui-
sent; j'enduisais; j'enduisis; j'enduirai; j'enduirais;
enduis, enduisons; que j'enduise, que nous endui-
sions; que j'enduisisse ; enduisant; enduit. || 1° F. n.
Terme de fauconnerie. Introduire «n soi, digérer
bien la chair, en parlant d'un oiseau de proie.
Il i' V. a. Couvrir d'un enduit. Enduire une muraille
de plâtre. Regarde d'où provient L'achoppement
qui te retient; ôte d'autour de chaque roue Ce mal-
heureux mortier, cette maudite boue Qui jusqu'à l'es-
sieu les enduit, tA font. Fabl. vi, 48. || î* S'enduire,
V. réfl. Être enduit. Celte pierre s'enduit facilement
lies couleurs. ||4" S'enduire soi-même. Les lutteurs,
dans les jeux de l'antiquité , s'enduisaient d'huile.
— HIST. xiii' s. Li faucon qui ont tout enduit
[tout digéré] Se debatent par la rivière, l'Escoufte.
Il XV» s. Jusqu'à midi estes ou [au] lit bouté. Lors
vous levez et avez mal enduit Vostre manger; s'en
est enfermeté, e. descii. Vie dissipée. || xvi" s.
L'Espagnol, tournant la teste à ses gens, dit
(l'oyant le comte) : voici un grand hérétique; mais
cela fut enduit à la sauce d'un riz et emlirassade,
n'AiiB. Ilist. i, 850. Ils recourent capitulation entiè-
rement violée parles soldats, qui ne pouvoient en-
duire [digérer] la perte de leur Brissac, ID. ib. I,
283 à la(|uelle aiant donné espérance d'estre sa
femme, il fit enduire à regret la qualité de concu-
bine, ID. ib. I, 36). Le roi de Pologne dit qu'il
n'estoit point coulpable de ce qui s'estoit fait, et
couppa court, enduisant cette remonstrance par un
affront, ID. t'b. ii, no. Une ceinture de pippes en-
duites de poix, ID. t'b. m, tB.
— ETYM. Provenç. enduire, endurre ; catal. induir;
espagn. induetr; portug. indiair ; ital. indurre; du
latin inducvre, de in, et dueere, conduire (voy.
DUifiP,). De conduire dedans , sens propre d'enduire,
est venu le sens de conduire dessun, couvrir.
t ENDUISANT, ANTE (an-dui-zan, zan-t'), adj.
Qui est propre à enduire.
1. ENDUIT, ITE(an-dui, dui-t'), porl. pa»»^ d'en-
duire. Un papier enduit de colle.
2. ENDUIT (an-dui; le t ne se lie guère dans le
parler ordin;iire ; au pluriel, l's se lie : des en-dui-z
imperméables), s. m. |{ 1° Matière molle dont on
couvre la surface de certains objets. Un enduit de
goudron. Il ne lui donna point l'enduit décolle, cet
emluit ne se donnant que pour empêcher les impres-
sions à l'huile de passer au travers d'une toile grasse
et claire, dideboï, Peinture en cire. Œuvres,
t. XV, p. 844, dans pouoENS. Il Couche de chaux,
de plâtre, de mortier, etc. qu'on apphque sur les
murailles. Refaire les enduits d'une fosse. || 2' Terme
de médecine. Couche de matière plus ou moins te-
n.ice qui revêt la surface de certains organes, et
qui est pour l'ordinaire le produit altéré d'une sé-
crétion. L'enduit muqueux. jaunâtre, blanchâtre,
fuligineux de la langue. |[ Terme de physiologie.
Enduit fœtal, couche de matière blanchâtre qui re-
couvre la peau de beaucoup de nouveau-nés.
— HIST. xvi* s Et sommes advertis que le massif
se desment, quand nous voyons fendiller l'enduict
et la crouste de nos parois, mont, i, 338.
— ÊTYM. Kiiduil t.
t ENDUUABLE(in-du-ra-br), adj. Qui peut être
enduré.
— HIST. XVI» s. Endurable, coioiuvE.
— ÉTYM. Endurer.
t ENDURANCE (an-du-ran-s'), t. f. Qualité de
celui qui endure. H Mot très- usité en Normandie, et
qui est si français a cause d'enduran<, qu'il mérite-
rait de passer du langage provincial dan» la langue
littéraire.
— ÊTYM. Enduyer.
BMDCRANT, ANTE {an-du-ran, ran-t'), aij. Qui
END
sait supporter les choses dures. (^atr« les moins
endurant» et les plus difficiles au joug, on emploie
les armes, bai.z. 7» discours sur la cour. La» plus
ignorants en religion sont les plus mal endurants,
ST-EVREMONO, dan» ricuelet. Il n'était pas grand
railleur, il était encore moins endurant, iiAUiLVnN,
Gramm. t. || N'être pas endurant, être peu en'u-
rant, ne pas supporter ce qui offense, ble»8a, im-
patiente. Prenez garde, il n'est pas endurant. Voua
savez que je n'ai pas l'&me endurante, uoL. Méd. m.
lui, I, <. Parle, mal» ne di» rien surtout qui me
déplaise; Car je n'ai pas l'humeur endurante au-
jourd'hui, dancourt, Trahi», punie, v, ».
— 8YN. ENDURANT, PATIENT. Le patient est celui
qui a de la patience; l'endurant, celui qui endura:
aussi patient est-il plus général que endurant. L'idée
de choses dures n'étant pas dans patient, ca mot
s'applique à tout; on est patient à attendre aussi
bien qu'à supporter. Le chat est patient quand il
guette une souris; mais ce n'est pas un animal
d'un naturel endurant.
— HIST. ivi» s. Achilles qui, de sa nature, n'es-
toit point endurant ne patient, amyot, Comm. «'/
faut lire les poètes, 44.
ENDURCI, lE (an-dur-si, sie), por<. pawtf d'en-
durcir. Il 1° Rendu dur. La terre endurcie parle froid.
Il 2" Fig. Qui a pris une dureté morale. Mais pour
ces francs pécheurs, pécheurs endurcis, pécheurs
sans mélange, pleins et achevés, pasc. Prou. 4.
Klle [la messe] leur profite comme la prière, laquelle
on ne ferait pas pour les pécheurs les plus endurcis,
si on ne croyait.... boss. Var. m, § 6«. J'irais, par
ma constance aux alTronts endurci. Me mettre au
rang des saints qu'a célébrés Bussi , boil. Sal. viu.
Pour ce peuple endurci que rien ne peut gagner,
BAC. Théb. u, 3. Un tyran dans le crime endurci
dès l'enfance, id. Brit. v, 7. U eût donc mieux
valu demeurer endurci dans mon habitude, hass.
Car. Inconst. \\ Substantivement. Celui qui a perdu
tout sentiment de piété. Vous ne pouvez réussir
comme tant d'impies et d'endurcis k étouiïer cette
vérité intérieure, mass. Car. Évid. de la loi. jj U
se dit, dans le même sens, des sentiments, du
cœur, etc. Un courroux implacable, un orgueil
endurci, coRK. Sertor. iv, s. Contre tous ses at-
traits ma raison endurcie, id. Tileet Bérén. u, t.
Et vos cœurs endurcis sont pour jamais paisibles,
QuiNAULT, Pers. n, 6. Crois que dans son dépit mon
cœur est endurci, bac. yindr. u, I. Quel courage en-
durci Soutiendrait les assauts qu'on lui prépare ici î
ID. îphig. IV, t. Quelle haine endurcie Pourrait en
vous voyant n'être pas adoucie? id. Phèdre, n, î.
Votre jeune Apollon, qui n'a point réussi, Dans la
satire encor ne peut être endurci, Gilbert, Apol.
Le cœur endurci par les cicatrices mêmes des coups
qu'on lui a portés, buffon, JVolure des anim.
Il 3° Rendu ferme, résistant par l'exercice, le tra-
vail. U parait endurci au travail, fén. TH. a. Mes
mains endurcies au travail me donnent facilement
la nourriture qui m'est nécessaire, U). ib. xiv. Tous
ont armé leurs bras endurcis aux travaux, delille,
Enéide, ch. vu.
ENDURCIR (an-dur-sir), v. a. || 1» Rendre dur. Le
grand air endurcit certaines pierres. || Fig. Don-
ner une dureté morale. Ma place ne m'a pas encore
endurcie : je sens tout trop vivement, maintbnon.
Lettre au card. de Noailles, 6 avril l7oo. La ten-
dresse de cœur se perd souvent, parce que les pas-
sions et le commerce des hommes politiques endur-
cissent insensiblement les jeunes gens qui entrent
dans le monde, fén. Édtic. filles, ch. 6. La multitude
des malheureux vous endurcit à leurs misères, mass.
Car. Aumône. C'est que le même zèle qui nous at-
tache au prince nous endurcit souvent envers la
public, ID. Or. (un. Villeroy. || U se dit, dans le
môme sens, des sentiments, du cœur, etc. San.i
mentir. Monseigneur, si vous ne vous êtes bien en-
durci le cœur parmi les Suédois.... voit. Lett. 67. Il
faut agir de force avec de tels esprits, Seigneur; et
qui les flatte endurcit leur mépris, corn. Iléracl,
i, t. Endurcis-toi le cœur, sois arabe, corsaire...,
Ne va point sottement faire le généreux, boil. Sat,
viii. Un cœur qu'ont endurci la fatigue et les ans,
HAC. Bajax. I, t. Endurcir les esprits contre l'hu-
manité, VOLT. Jf. de Ces. I, 4. Les Musulman»
altiers, trop longtemps vos vainqueurs. Ont changé
la Sicile, ont endurci vos mœurs, ID, Taucr. I, 4,
Il Absolument. Au milieu des grandeurs, qui en-
durcissent toujours, ils nous trouvaient sensibles,
MONTESQ. Lett. pers. 74. || 2» Rendre résistant, ro-
buste, capable de supporter. S'exposer aux intempé-
ries des saisons est ce qui endurcit le corps. || Absolu-
ment. U D'y a rien qui endurcisse comme la travail
END
lîNE
1383
des champs. || S' S'endurcir, v. réft. Devenir dur. Le
corail s'endurcit à l'air. || 4° Fig. Contracter une du-
reté morale. S'endurcir au crime. Mon cœur s'est
endurci par toutes mes disgrâces, botr. Vencesl.
II. 2. Ceux qui s'endurcissent contre la foi de nos
pères, Boss. Messe. Autant qu'ils se seront endurcis
aux malheurs des pauvres, autant Dieu leslaissera-
t-il s'endurcir h leur propre malheur, doubd. Ex-
hort. char, envers les pauvres, t. i, p. 60. Ce
hùros.... Qui ne connaît de pleurs que ceux qu'il
fait répandre. Oui s'endurcit contre eux dès l'âge
le plus tendre, bac. Iphig. iv, <. Les hommes cor-
rompus s'endurcissent contre ce qui pourrait les
toucher, fén. Tél. xx. En cherchant à s'endurcir
contre les cris de sa conscience, mass. Car. Avenir.
Il 5° Devenir résistant à la fatigue, apprendre à
supporter. Montrez-lui comme il faut s'endurcir à
la peine, conN. Cid, i, 7. Son corps s'endurcissait
chaque jour, fén. Tél. xvji. || Par extension. Il avait
acquis avec art l'hahitude de n'être pas aisément
troublé, et s'était endurci aux distractions, fonten.
Tschirnbaus.
— HlST. XII' S. Pur quel endurcissez vos quers
[cœurs] cume fist Egypte e li reis Pharaun de
Egypte?/fois, p. 2t. ||xiii' s. Etgloutonnie lavilaine,
Luxure, peresce et envie, Et avarice l'endurcie. Et
toute leur pourrie graine, l. de meuno, Tr. t07. Il
opele à sa merci ceus qui endurcissent en peohié,
Psautier, f" 77. || xiV s. En ce chastel avoit maint
Englois endurci De guerre démener et le may et l'avril,
Guescl. •2t637. Il XVI' s. Endurcissez le à la sueur,
au froid, aux hazards, mont, i, <83. Il dressoit et
endurcissoit fort sa personne tous les jours à l'exer-
cicedes armes, amtot, Philop. 2t.
— ETYM. En i , et durcir ; Berry, endurtir; pro-
vonc. endurxir, indurnr; catal. endurir; espagn.
endureeer; ital. indurire.
ENDCBCISSEMENT (an-dur-si-se-man) , s. m.
Il 1» État de ce qui devient dur. || Terme de patho-
logie. Augmentation de la consistance, de la densité
d'un organe qui, de mou qu'il était, devient dur.
L'endurcissement du tissu cellulaire chez les nou-
veau-nés. Il 2° Fig. Perte de la sensibilité. Elle pleure
au pied de la croix l'endurcissement de ses filles,
PATRU, Plaid. 16, dans bichelet. || État d'une âme
qui a perdu tout sentiment de piété, de vertu. [La
vie] Qu'est-elle souvent qu'un amas De sacrilèges,
d'attentats. D'endurcissements invincibles? corn.
[mit. I, 2.1. Don Juan, l'endurcissement au péché
traîne une mort funeste, mol. Don Juan, v, fi.
Cette confusion salutaire dont parle l'Écriture, qui
est presque l'unique remède d'un endurcissement
tel que le vôtre, pasc. Prov. 16. |1 Opiniâtreté. Il
prenait mon refus [de me rendre à ses raisons] pour
endurcissement, m. Lett. à Jacqueline, 26 jan-
vier 1618. Il 3' Action de s'endurcir, de devenir dur
à la fatigue, capable de supporter. L'endurcisse-
ment du corps aux fatigues.
— HIST. XVI* s. Si telle chose estoit nécessaire pour
l'endurcissement de l'acier, paré, ix, 16.
— ÉTYM. Endurcir; provenç. induriiment; espag.
endurecimiento.
ENDURÉ, ÉE (an-du-ré, rée), part, passé. Des
fatigues endurées avec constance. Lors tous les dé-
plaisirs endurés sans murmure Deviendront des
sujetsd'une allégresse pure, corn. Imit. i, 24. Sou-
vent avec prudence un outrage enduré. Aux hon-
neurs les plus hauts a .servi de degré, rac. Esth.
m, 1.
ENDURER (an-du-ré). ]| 1° V. a. Supporter ce qui
est dur, pénible. Là par un long récit de toutes les
misères Que durant notre enfance ont enduré nos pè-
res, CORN. Cinna, i, 3. Tous les maux qu'un esclave
endure dans les fers, m. Rodog. i, 6. Pour rompre
un hymen qu'avec peine elle endure, m. ib. m, 2. Il
faut de ses amis endurer quelque chose, mol. l'É-
tour.i, 10 D'un refus cruell'insupportable injure
N'était qu'un faible essai des tourments que j'en-
dure, RAC. Phèd. IV, 6. La terre avec horreur dès
longtemps les endure [les Juifs], m. Esth. ii, 2. Un
affront vit toujours sur le front qui l'endure, voj-t.
Triumv. v, 2. Il est dans la nature de l'homme
d'endurer patiemment la nécessité des choses, mais
non la mauvaise volonté d'autrui, J. j. rouss. Ém.
II. C'est vous qui avez voulu vous passer de feu et
lendurer le froid pour nous envoyer votre bois,
"' DE OENLis, Veillées du chdt. t. ii, p. 53s, dans
iPOUGENS. Il Endurer que, avec le subjonctif. Mais as-
ttu vu mon père et peut-il endurer Qu'ainsi dans sa
finaison tu t'oses retirer? corn. //or. i, 4. Endurer
Ijue l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal
outenu l'honneur de ma maison, id. Cid, i, 10,
omment, mesdames, nous endurerons que nos la-
quais soient mieux reçus que nous? mol. Préc. ri-
dic. (6. Je me veux fâcher et tu es une vilaine, toi,
d'endurer qu'on te cajole, id. Fest. de P. ii, 3.
J'arrêtai toute l'affaire, et ne voulus point endurer
qu'on opinât, si les choses n'allaient dans l'ordre,
m. l'Am, méd. ii, 3. Vous pour qui seuls elle ne
pouvait endurer qu'on lui dit que ses trésors étaient
épuisés, BOss. Marie-Thér. Vous qui sans désespoir
ne pouviez endurer Que Pyrrhus d'un regard la
voulût honorer, rac. Andr. iv, 2. || Endurer de,
avec l'infinitif. Mais hair un rival, endurer d'être
aimée.... N'est-ce point dire trop ce qui sied mal à
dire? corn. Attila, ii, 6. || î° F. n. Avoir delà con-
stance à supporter. On recommande assez la pa-
tienceaux autres, Mais il s'en trouve peu qui veuillent
endurer, CORN. Imit. ii, 12. Hélas! s'il est ainsi, quel
malheur est le mien ? Je soupire, j'endure, et je n'a-
vance à rien, id. l'Illus. cnm. ii, 3. Il veut me voir
souffrir : je me tais etj'endure, th. corn. Ariane,
IV, 3. Il Terme de marine. Diminuer son efl'ort sur
les avirons. || Souffrir, avoir de la peine. [Autrement
il faudrait dire] que nous faisons plaisir aux arbres
que nous arrosons de peur que la terre qui n'est
point remuée, venant à s'endurcir parla sécheresse,
ne soit occasion de les faire endurer, malh. le
Traité des bienf. de Sénèque, iv, 14. Boire, man-
ger et se vêtir Sont d'étranges fardeaux qu'impose
la nature; Ohl qu'un esprit fervent endure Quand
il s'y faut assujettir, conN. Imil. m, 26. Un traître
ne pourra se vanter un moment D'avoir fait endu-
rer Alcide impunément, rotr. Hercule mourant,
m, l.||3° S'endurer, v. réfl. Etre enduré. Un tel
reproche s'endure difficilement.
— HIST. xr s. Et endurer etgranzchauz et granz
freiz, Ch. de Roi. lxxvii. ||xii' s. One [je] ne cui-
dai par li [elle] maus endurer, Coud, vi. Amors
me dit qu'ainsi [je] doi endurer, ib. xxi. Encor fai-
seit-il plus cel cor [à son corps] mal endurer, Chas-
cune nuit faiseit sa char discipliner, E as verges
trenchanz et batre e descirer. Th. le mart. 102.
il XIII' s. [Elle] Prent pour Dieu plus en gré tous les
maus qu'ele endure, Berle, xlii. Puisqu'il vous
plaist, dous sire, que j'oie à endurer, ib. xmi.
Quant li rois Ferrans et sa gent virent qu'il ne po-
roit plus endurer, si tournèrent le dos, Chr. de
Rains, p. 78. Mais moult doit prode feme soufriret
endurer, avant qu'ele se mete hors de se [sa] com-
paignie [qu'elle ne quitte son mari], beaum. lvii,
4. Espérance d'avoir pardon Ou par penitance ou
par don Fet endurer mainte mesaise; Li endurers
fet mult grant aise; Car mult legierement endure
Qui eschivepaine plus dure, ruteb. n, 109. ||xiv's.
Ceulz sont diz mois qui ne les pevent endurer [les
souffrances], ohesme, Etli,. 201. Car je sui granz et
fors, si que bien endurroie Paine et labour dou
corps, s'un poi apris l'avoie, Beaud. de Seb. viii,
6l.||xv's Certes j'endureray Au déplaisir des
jaloux envieux, Et me tendray par semblance
joyeulx, CH. d'orl. Rail. 11. Ladite armée avoit en-
duré grand faim et soif, comm. viii, 7. || xvi' s. Le
serviteur n'est de loyal affaire Prenant esbat, quand
son seigneur endure, marot, i, 298. Un corps bien
composé pour endurer tout travail, amyot, Préf.
XX, 37. Le papier endure tout, id. ib. xii, 39. Han-
nibal se mict au plus honorable lieu, ce que Scipion
endura patiemment, m. Elamin. 43. Il pensa que
ce luy serait une honte, d'endurer que les ennemis
approchassent si prés de luy, id. Pyrrhus, 34. Sois
courageux ; toute rode avanture Par traict de temps
est douce s'on l'endure : Pour endurer. Hercule se
fltdieu, RONS. 62B. Enfant, tu es venu au monde pour
endurer; endure, souffre et tais-toi, mont, iv, 267.
— ÉTYM. En 1 , et durer; provenc. endurar; ital.
indurnre.
t ENÉIDE (é-né-i-d'), s. f. Poëme héroïque de
Virgile, qui roule sur les aventures d'Énée, prince
troyen, et qui en tire son nom.
j ÉNfilLËME, «. m. Voy. énilême.
i ÉNÈME (é-nê-m'), s. m. Nom de médicaments
que les anciens mettaient sur des plaies sanglantes.
— ÉTYM. "Evaiucv, de êv, en, etat|jia, sang.
t ÉNÉORËME (é-né-o-rê-m'), s. m. Terme de mé-
decine. Mati(3re légère et blanchâtre, en suspension
dans l'urine que l'on a laissée reposer.
— ÉTYM. 'Evai(ipYi|j.a,deèv,etal(operv, suspendre.
ÉNERGIE (é-nèr-jie), s. f. || 1° Puissance active
de l'organisme. L'énergie musculaire. Les muscles
se contractent dans les convulsions avec une éner-
gie extrême. || Par catachrèse. Vertu naturelle ot
efficace que possèdent les choses. L'énergie d'un re-
mède, d'un acide. || Énergie d'un mot, d'une ex-
pression. J'ai regret que ce mot soit trop vieux au-
jourd'hui; Il m'a toujours semblé d'une énergie
extrême , la font. Fabl. iv , 1 1 . On peut dire d'un ora- .
leur qu'il joint la force de raisonnement à l'énergie
des expressions, d'alemb. Synon. Œuvres, t. m,
p. 31». Il î" Force d'âme. Montrer, déployer de
l'énergie. Parler, agir avec énergie. Et Rome dé-
pouillant son antique énergie, legouv. Épich. et
Nér. i\, 3. Il L'énergie d'un sentiment, la force
qu'il possède. L'énergie même des sentiments qui
pouvaient nous rendre coupables fut ce qui nous
empêcha de le devenir, j. j. rouss. Confest. ix.
Il 3° Terme de théologie. Une puissance de la Divi-
nité. Des hérétiques ont nié la Trinité en ne recon-
naissant qu'une seule énergie dans le Père, le
Verbe et le Saint-Esprit.
— ÉTYM. 'EvépYEta, de iv, en, et âpY(i>, faire, agir
(voy. organe).
ÉNERGIQUE (é-nèr-ji-k') , adj. Qui a de l'éner-
gie. Homme énergique. |{ Par catachrèse , il se dit
des choses. Reniède énergique. Mesures énergiques.
Les Lacédémoniens ne répondirent aux menaces de
Philippe que par ces mots énergiques : Denys à
Corinthe, Barthélémy, Anach. ohap. «3.
— ÉTYM. Énergie.
ÉNERGIQUEMÉNT (é-nèr-ji-ke-man) , adv. Avec
énergie. Il lui parla énergiquement. Sa taille
grande, mais un peu forte, caractérisait énergique-
ment la jeunesse et le bonheur, stael. Cor. 11, 1,
— ÉTYM. Énergique, et le suffixe ment.
ÉNERGUMÈNE (é-nèr-gu-mè-n'), s. m. et f.
Il 1° Terme de théologie. Celui, celle qui est pos-
sédée du démon. ExorcLser un énergumène.
Il 2° Fig. Personne qu'agite un enthousiasme déré
glé ou une vive passion. Crier, s'agiter comme ur
énergumène. Surtout, quand on la contredisait,
c'était une petite énergumène, i.esage, Estev. Gan-
sai, ch. 44. Il est parmi tous ces énergumènes de
.sensibilité comme une belle femme sans rouge,
qui, n'ayant que les couleursde la nature, paraîtra
pâle au milieu de visages fardés, i. 3. rouss. 2*
dial. Il Par hyperbole. Homme qui pousse ses rai-
sonnements ou ses assertions jusqu'à la folie. C'est
un énergumène.
— ÉTYM. 'EvepyoOpisvo;, possédé par le démon,
de èvepY£î(TOc(i, être poussé, de évÉp'yeia, énergie.
t ÉNERVANT, ANTE (é-nèr-van, van-t'), adj.
Qui est propre à énerver. Une chaleur énervante.
Il Au sens moral. Une éducation, des habitudes
énervantes.
fÉNERVATION (é-nèr-va-sion), s. ^. || 1° Sup-
plice dans lequel on estropiait le patient en appli-
quant le feu sur les jarrets et les genoux. || 2° Section
de deux tendons à la tête du cheval. || 3° Terme de
boucherie. Procédé nouveau pour abattre les bœufs
et aussi les chevaux, et qui consiste à les tuer instan-
tanément en leur introduisant la lame d'un couteau
entre le crâne et les premières vertèbres. ||4"Fig.
Action d'énerver, de rendre moralement faible.
— HIST. XVI' s. Qui venoit grandement à l'ener-
vation de la juridiction temporelle, pasquier. Re-
cherche, p. 253, dans LACURNE.
— ÉTYM. Lat. enervationem, de enervare, éner-
ver.
t ÉNERVE (é-nèr-v'), od;. Terme de botanique.
Qui est sans nervures.
— ÉTYM. Lat. e, sans, et nervus, nerf, nervure.
ÉNER'VÉ, ÉE (é-nèr-vé, vée), part, passé. Qui a
perdu sa force, ô Dieu! rendez la force à mes bras
énervés, volt. Hérope, v, 5. L'on distinguera tou-
jours dans les travaux, dans les combats, et surtout
dans la discipline, l'homme docile et fort tiré de la
charrue, de l'homme énervé, dissolu, qu'on a pris
à l'ombre des murs, marmontel, CSiuvres, t. xvii,
p. 94, dans pouGENS. Il Par abus. Qui a les nerfs
agacés. Ne la tourmentez pas, elle est tout énervée
aujourd'hui. || Terme de marine. Affaibli, avarié.
Chanvres, cordages, filins énervés.
f ÉNERVEMENT (é-nèr-ve-man), s. m. État de
ce qui est énervé. La paix nous reproche l'énerve-
ment des courages et la corruption des esprits, vaij-
VEN. El. de L. xr. Qu'avait gagné la royauté à cet
énervement politique de la nation ? la faculté de
tout faire? la liberté de tout vouloir? de meaux,
Correspondant, Nouvelle série , t. m, p. 269.
— ÉTYM. Énerver.
ÉNERVKR (é-nèr-vé) , V. a. || 1' Faire subir le
supplice de l'énervation. || 2» Terme de vétérinaire.
Couper le tendon des muscles releveuis de la lèvre
supérieure pour donner plus de finesse au nez.
Il 3° ôter le nerf, la force physique ou morale. 11
y a des pays ofi la chaleur énerve le corps et
affaiblit si fort le courage que les hommes ne sont
portés à un devoir pénible que par la crainte du
châtiment, montesq. Esp. xv, 7. La cour et l'es-
<38/.
ENF
cUme AmolliiMient leur, cœur», énervaient leur
ZTâwiU le« moT^el. Enerve le courage et rend
^m? np'ie. w. Fanât. ... 6. || Absolument.
Le.Torp.é.énerv'ent. Une e,cess,ve chaleur énerve
if.««b6 II4' Kift. Énerver le langage, le style.
on énervé U religion quand on la cl.ange et on
lui Ala un certain poids qui seul est capable de
enir le» peuples, BOss. Jlcine dÀnglel. Il énerve
raulorité du conseil, m. Ihst. il, ... C'est nous
oui par nos artifices, trouvons le moyen d'éner-
ver'leur zùle et de corrompre m6me leur fidélité,
BOuanAL. Jugem. dern. 2* nvent, p. 340, dans
pouoENS. 11 représenta au tyran de Sparte que
les Romains avaient entièrement énervé son pou-
voir en lui filant les villes maritimes, puisque c'é-
tait de li qu'il tirait ses galères, rolun, Uist. anc.
Œuvres, t. viii, p. 330, dans pouc.ens. Cette sub-
tilité exaltée et fugitive , souvent plus propre à
énerver le goût qu'aie raffiner, n'ALEMBERT, i^/offcs,
d'0/ire(. Leplus terrible (les abus, qui est d'éner-
ver toutes les lois à force de les multiplier, J. J.
BOiJSs. Gouiem. de Pologne, cli. 7. 116° S'énerver,
11. réft. Être énervé. Le couiage s'énerve au milieu
des voluptés. L'empire s'énerve par le relftobe-
ment de la discipline, BOSS. Hist. m, 7. Contro-
verses assidues qui ne laissaient pas s'énerver la vi-
gueur do la pensée, villemain, Dict. de l'Aead.
l'Hfnce.
— HIST. xm* s. Leur science en partie ton grant
pooir énerve. Leur povreté est dame, et ta richece
est serve, J. be meung. Test. 677. || xvi' s. La con-
fession généreuse et libre énerve le reproche et
desarme l'injure, mont, iv, h4. Eschauller et alté-
rer une ame refroidie et énervée par l'aage, id. m,
3H0. L'empereur s'est saezy des villes imperialles de
Cambray, Utrecht et du Liège qu'il a énervées de
l'empire, les ayant unies et incorporées à sa comté
de Flandres, cabloix, iv, s. Il n'avoit pas voulu
wi accorder environ dix mille livres de rente à pran-
dre et énerver sur le plus beau et clair domaine de
•'abbaye de St Denis, pour joindre et incorporera
sa vilie de Beaumont-sur-Oise, ID. IX, 32. Knervez
de délices, amïot, Cawn, to.
RtYM. Latin enervare, de e, sans, et nert'iw,
nerf; génev. s'tnierler, s'eniarlcr, se fatiguer à
l'excrs.
t EN ÉTANT (an-né-tan). Terme d'eaux et fo-
rêts. Bois en étant, bois sur pied.
— lÎTYM. En. et estant, qui est debout.
f RNEYER (é-nè-ié), V. a. ôter les nœuds de la
canne avant de la fendre.
— Ktym. È pour es... préfixe, et sans doute nœud,
bien que la formation ne soit pas régulière.
r.NFAÎTÉ, ÉE (an-fê-té, tée), pari, passé. Toit
enfaîlé.
ENFAÎTEAU (an-fô-tô), s. m. Tulle en demi-ca-
nal, qui sert i couvrir le faîte d'une maison.
— ÉTVM. Voy. enfaIter.
ENFAÎTEMF.NT (an-fè-te-man), s. m. Garniture
de plomb qui recouvre le faîte d'un toit en ardoises.
— F.TYM. EnfaUer.
ENFAÎTER (an-fè-té), V. a. Couvrir le faîte d'un
toit avec un enfaîtement.
— HIST. XVI' s. Knfaisler, oudin, Dict.
— KTYM. Kn . , et (allé.
ENFANCE (an-fan-s'), s. ^. || 1* Période de la vie
hnmainequi s'élend depuis la naissance jusque vers
la septième année, et, dans le langage général, un
peu au delà, jusqu'à treize ou quatorze ans. J'étais
encore dans la plus tendre enfance, pén. Tél. m.
Laissez mûrir l'enfance dans les enfants, j.j. bouss.
tm. II. Locke se plaint de ce qu'il n'existe pas un
seul ouvrage fait pour l'enfance, m^o de geni.is,
Adile el Théod. t. l", lett. t4, dans poucens. Mon
cœur lassé de tout, m?me de l'espéiance. N'ira
plus de ses vœux importuner le sort; Prêlez-moi
seulement, vallons de mon enfance. Un asile d'un
jour pour attendre la mort, lamart. If('d. i, 6.
5 Terme de médecine. Bouton de l'enfance, sorte
e stomatite observée particulièrement en Egypte;
et qui consiste en une tumeur de la grosseur d'un
grain d'orge occupant le point central de la ligne
médiane de la vortte palatine chez les petits en-
fants; elle gêne la succion, la déglutition; on la
guérit en trottant le boulon avec le doigt et une
poudre un peu granuleuse. ||»8' Collectivement.
L«» enfants. Ils n'épargnèrent ni la vieillesse, ni
jenfance. L'enfance folStre. Heureuse, heureuse
'*"'*•"=* Que le Seigneur instruit et prend sous sa
défense 1 bac. Xl/ioi.ii, ». L'enfance a des manières
devoir, de penser, de sentir qui lui sont propres;
rien n est moins sensé que d'y vouloir substiluerles
ENF
nôtres,!, j. rouss. INl. v, 3. || S» Fig. État de puéri-
lité prolongé dans le reste de la vie. Dans une lon-
gue enfance ils l'auraient fait vieillir, BAC.Brif. i, 2'.
L'imbécile Ibrahim... Traîne dans le sérail une éter-
nelle enfance, id. Ilajai.i, i. C'estalorsque l'hypo-
crisie, toujours [irête à surprendre les deux enfances
de la vie humaine, réveille dansTâmedu prince les
idées qu'elle y avait semées, baynal, llisl.vhil. xv,
12. Il Retomber, tomber en enTance, et aussi être en
enfance, tomber, être dans l'imbécillité de la vieil-
lesse. La Feuillade .s'arrêta chezl'évêque, frère de feu
son père, qui élait tombé en enfance, st-sim. 37,
171. Ne leur demandons point s'ils ont rien senti
dans leurs entrailles après avoir soulagé un malheu-
reux; ou si c'est la crainte de retomber en enfance,
qui les attendrit [les sophistes] sur l'innocence du
nouveau-né, chateaubr. Gén. i, vi, 2. |1 4° Acte,
sentiment d'enfant; enfantillage. C'est une vraie
enfance. Faire des enfances, sÉv. 26 j. 408». Que sa
timidité ne vous donne aucun chagrin.... ce sont
lies enfances, SÉv. 271. Vous connaissez toutes
les enfances dont elle s'occupe, iiamilt. Gram. H.
Les la Vrillière espérèrent que c' [la répulsion de
la future pour la Vrillière] était une enfance qui
passerait, mais ils l'espérèrent vainement, st-sim.
7", 2(1). On passait encore les enfances à Mme la
duchesse de Bourgogne par la grâce qu'elle y met-
tait, ID. 294, B. Et ce que jedislà d'elle, n'annonce
pas des mouvements de mauvaise humeur bien opi-
niâtres, ni bien sérieux; ce sont des bêtises ou des
enfances, dont il n'y a que de bonnes gens qui soient
capables, Marivaux, Marianne, 2* partie. Voil,\ ce
que c'est que ce gouvernement représentatif dont
vous vous faites une peur; sottise, enfance, mon
cousin, p. L. COUR. Ii,3ii7. || Kn bonne part. iJi pé-
nitence qui est une grSce de simplicité et d'enlance
chrétienne, MASS. Car.Prnsp. temp. || 5° Fig. Les com-
mencements d'une chose. L'enfance d'un art, d'une
science. Gouvernait doucement le monde en son en-
fance, Régnier, Sat. vi. Dans les temps bienheureux
du monde en son enfance, Chacun nettail sa gloire
en sa seule innocence, hoil. Sat. v. La langue fran-
çaise qui, bien loin d'être en son point de maliirilé
du temps de Ronsard, comme Pasquier se l'était
imaginé faussement, n'était pas même encore soriie
de sa première enfance, m. Longxn, Svbl'tne, lir-
flex. 7. Tout ce qu'aurait pu faire Arcliimède dans
l'enfance du monde, aurait été d'inventer la cliar-
nie; Archimède, placé dans un autre siècle, brûle
les vaisseaux des Romains avec des miroirs, si cepen-
dant ce n'est pas là une fable, fonten. Dcgr. anc. el
mnd. Œuvres, t. iv, p. I77.
— HIST. xii" s. Li clers fut sages dès qu'il issit [sor-
tit] d'enfance, Rmic. p. 165. Qu'il s'en prennent à
mon maistre d'Oisi, Oui m'a appris à chanter dès
enfance, quesnes, Romancero, p. 98. || xm" s. Li
tens qui toute a la b.iillie Des gens vieillir, l'avpit
vieillie [la Vieillesse] Si durement, qu'au mien cui-
dier El ne se pooit mes aiilier, Ains retornoit ja en
enfance, la Itnse, 39l.||xiv' s. Vous me cognoes-
sez dès m'effance; Kt sachiez bien que vueil tenir
Mes promesses jusqu'à mourir, Liv. du bon Jehan,
1200. Il XV s. Et fies Gantois) trouvèrent le repos où
le comte avoit esté misd'enfance, froiss. ii. ii, IC2.
Il XVI* s. Dez sa tendre enfance, mont, i, I64. Que
l'enfance regarde devant elle, la vieillesse derrière,
in. III, 308.
— Ktym. Provcnç. enfansa, efànsa; espagn. t'n-
fanciai ilal. infanzia; du latin infantia, de iiifans,
enfant.
t ENFANÇON (an -fan -.son), s. m. Petit enlant.
Arrivant le décès De l'enfançon, la font. J^'aucon.
Mot vieilli.
— HIST. XIII" S. Li chastiaux fu garnis de toute gar-
nison; Si ot de toutes armes las.sus si grant foison,
Qu'il ne criemenl [craignent] François nient plus que
enfançon, Ch. d'Antioche, vi, (044. Et qui vit jus-
qu'au viel, veez qu'il en avient; Aussi comme en
Testât d'un enfançon revient, j. de meung. Test. t70.
— f.TYM. Diminutif d>n/'an(.
ENFANT (an-fan), s. m. || !• Individu de l'espèce
humaine qui est d:ins l'âge do l'enfance. Un petit
enfant. Un bel enfant. Jouer comme un enfant.
Aussi, à dire le vrai, c'est une extrême méchan-
ceté de se moquer d'un pauvre enfant qui n'a ap-
pris le français que pour l'amour de moi , et qui a
eu du moins l'esprit de me choisir entre tous ceux
qui sont ici, voit. I.ett. 67. Laissez venir les petits
enfants, et ne les empêchez point, car le royaume
de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent, saci.
Bible, Eiang. SI ilarc,x, U. Tout charme en un
enfant dont la langue sans fard, X peine du filet
encor débarrassée, Sait d'un air mnocent bégayer
ENF
sa pensée, boil. Éptire ix. Un rimeur, sans péril,
de là les Pyrénées, Sur la scène en un jour enferme
des années; Là souvent le héros d'un spectacle
grossier, Enfant au premier acte, est barbon au
dernier, in. Art p. m. Néron n'est plus enfint,
n'est-il pas temps qu'il règne? bac. llrit. i, 2. Dj
quel crime un enfant peut-il êlre coupable? id.
A thaï. Il, B. Un enfant est peu propre à trahir sa
pensée, ID. ib. ii, 6. ô vous, sur ces enfants si
chers, si précieux. Ministres du Seigneur, ayez tou-
jours les yeux, id. ib. ii, 7. Quel asire à nos yeux
vient de luire? Quel sera quelque jour cet enfant
merveilleux? ID. ib. ii, ». Les enfants ont des joie»
immodérées et des aflliclions amères sur de Irès-
pelits sujets, la bbuy. xi. Les enfants sont hautains,
dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés,
paresseux, volages, timides, intempérants, men-
teurs, dissimulés, id. ib. Les enfants n'ont ni passé
ni av nir, et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouis-
sent du présent, m. ib. Il n'y a nuls vices extérieurs
et nuls défauts du corps qui ne soient aperçus par
les enfants; ils les smsissent d'une première vue,
ID. ib. Un gros marchand qui ne jouait [ne savait
jouer] non plus qu'un enfant, hahilt. Gramm. 3.
Dieu vous veut petit à vos yeux et simple dans ses
mains comme un petit enfuit, fén. I. xviii, p. 414.
J'ai vu, dit saint Augustin, un enfant jaloux, il ne
savait pas encore parler, et, avec un visage pâle et
des yeux irrités, il regardait déjà l'enfant qui ttlait
avec lui, in. Éduc. des filles, ch. 3. Que ses patents
et ses voisins l'avaient vue grosse de la fille dont elle
avait accouché; que cet enfant (fille] en venant au
monde avait été reçu dans les mains de ses parents
et de .ses alliés, vertot, Hi'vol.rom. v. p. 4o. Sans
soin du lendemain, sans re;;ret de la veille, L'enfant
joue et s'endort, pour jouer se réveille, dflxlr,
Imaqin. ch. vi. L'enfanl dont la rnort^cruele Vient
de vider le berceau. Qui tombe de la mamelle Au lit
glacé du tombeau, lamabt. Harm. H, t. U esl >i
beau, l'enfant avec son doux sourire. Sa doute
bonne foi, sa voix qui veut tout dire. Ses pleurs
vile apaisés, Laissant errer sa vue éionnée el ravie.
Offrant de tontes pans sa jeune âme à la vie El sa
bouche aux baisers, v. iiioo, Feiiiles daut. xix.
Il L'enfanl Jésus, Jésus lor.s(|n'il élait enfant. Un en-
fant Jésus, une figure de Jésus enfant. Cet enfant
est trop mignard, trop fait, trop joli, trop peiil, c'est
un enfant Jésus, didebot, salon de 1767, OEurres,
t. XIV, p 176, dans POiroENS || .Sage comme l'enfant
Jésus, se dit d'un enfant qui esl sage et oliéissant.
J! Ce n'est pas un jeu d'enfant, ce n'est pas jeu d'en-
fant, se dit quand il s'agit de choses sérituses tl
importantes. || Être innocent comme l'eiifinl qui
vient de naître ou qui est à naître, être tout à fait
innocent. || F.nfant g.lté, l'enfant à qui ses parents
laissent faire toutes ses volontés et qu'ils ne corri-
gent pas. Il Se dit par extension d'un adulte qui se
passe ou à qui l'on passe tous ses caprices. Elle était
une des trois ou quatre jolies femmes de Paris
dont le vieux abbé de Siint-Pierre avait été l'en-
fant gâlé, J. J. noiss. Cnnfess. ix. || Faire lenfaiit,
badiner comme un enfant, s'amuser à des choses
puériles. Pendant que les philosophes radotent et
font les enfants, j. J. roi ss. Rm. m. Ils me rieiil au
nez, me disent que je fais l'enfant, Marivaux, Z*o«-
ble inconst. Il, i. || Êlre enfant, même sens. Quoil
vous songez encore à cela? reprit-elle; elil mon
Dieu! Marianne, que vous êtes enfant! mabivaux,
i/an'a»)ie, part. 2, t. :, p. 2H , rians fougkns.
Il Ne pas faire l'enfant, signifie aussi ne pas faire
l'ignorant, ne p:is affecter l'ignoiancn d'un eriiaiil
sur ce qui est dit ou proposé. Il ne fil pas l'enfant,
il profila de l'occasion. Acceptez, ne faites pas l'en-
fant. Il Adjectivement. Tout enfant qu'elle élait,
FLÉCHIER, Mme de Mont. Allons nous coucher; je
suis plus enfant que toi, 1. J. ROuss. Cnnfess. i.
J'aurais eu peine à croire qu'il y eùldesspeciatrurs
assez enfants pour aller voir celle imitation, id. Hi-
loise. II, 23. Il Un peuple enfant, un peuple qui
n'est pas encore civilisé. || On l'a dit aussi, eu poé-
sie, de ce qui est de l'enfance. Bords ot\ mes pas
enfants suivaient Napoléon, Forlfs villes du Cid! v.
HUGO, Feuilles daut. xv. || D'enfant, loc.adj. Fai-
ble, futile. Ce sont scrupules d'enfant. Cette difficul'é
d'enfant a occupé dans tous les siècles les lêies les
plus fortes, diuerot, Règnes de Claude et ^éron, U,
§ B4. Il 2° Mal d'enfant, le travail de l'accoucliement.
Celte femme est en mal d'enfant. Une montagne en
mal d'enfant Jetait une clameur si haute.... la font.
Fabl. v, tu. Il Faire un enfant, en parlant d une
femme. La femme ne faisant guère qu'un enfant à
la fois, J. J. Rouss. Orig. Notes. \\ Faire un enfant,
«n parlant d'un homme. M. de Nemours fit un eu-
EN F
Tint à cette fille de Rochon, qu'on appelait Mlle de la
Garanche,ST-siM. 67,205. || 3° S.f. Petite lille, jeune
fille. Ma belle enfant. La pauvre enfant. E.\cusez ma
tendresse pour une enfant dont je n'ai jamais eu
aucun sujet de plainte, rac. Leit. à sa lanle. Je
suis la plus jeune de .ses enfants, didebot, l'ère, de
famille, il, 9. Dainville arrive en tenant par la
main la plus charmante enfant que j'aie jamais vue,
M»' DE GENLis, Adèle et Théod. t. m, lett. (, dans
POL'OENS. Il 4° U exprime un rapport de généra-
tion, fils ou fille. 11 eut plusieurs enfants. 11 per-
dit ses enfants en bas âge. Et contre un père enfin
l'enfant a toujours tort, rotr. SI Genest, i, i. Ce
fut \k [à la Bérésina] qu'on aperçut des femmes au
milieu des glaçons, avec leurs enfants dans leurs
bras, les élevant à mesure qu'elles s'enfonçaient;
déji submergées, leurs bras roiJis les tenaient en-
core au-dessus d'elles, sêgur, Ilist. de Napol. xi,o.
Il C'est l'enfant de sa mère, c'est bien l'eiif.int de sa
mère, c'e4-à-dire il en atout le caractère. || C'est
bien l'enfant de son père, de sa mère, se dit aussi
de la ressemblance physique. || Enfant de bonne
mfre ou de bonne maison, personne qui occupe un
bon rang dans la sociélé. Il n'y a enfant de bonne
mère qui ne prétende à cela. || Traiter quelqu'un en
enfant de bonne maison, le châtier sévèrement,
ne point l'épargner. Si vous ne retrouvez pas mon
cordon, vous serez livré au sous-comite, qui vous
traitera en enfant de bonne maidou, lesage,
Giizman d'Alf. vi, 10, || Enfant de famille, en-
fant en puissance de père et de mère. || Enfant de
famille, enfant chéri, enfant qui était avantagé aux
dépens des autres. || Enfant de famille, enfant de
bonne maison. Je ne me trouvai pas seul avec le
muletier; il y avait deux enfants de famille de Pen-
naflor, lesage, CîJ JSte, i, 3. || Enfant de troupe,
fils de militaire élevé dans les casernes aux frais
de l'Élat. Il Enfant trouvé, enfant abandonné par ses
parenis, ramassé par les passants, et recueilli par
les hospice.^. Mon troisième enfant fut donc mis aux
enfants trouvés , ainsi que les premiers , j. J.
ROuss. Conf. viil. Il Enfants de la pairie, nom
donné, pendant la Révolution, aux enfants trouvés.
Il Enfant de l'amour, enfant né hors mariage,
li Terme de marine. Enfant trouvé, personne qui
s'est cachée à bord pour y faire une campagne et
qui ne se montre que lorsque le navire est en mer.
Il Knfai;t de la balle, voy. halle. || Enfants bleus,
enfants rouges, pauvres enfants iiabillés de bleu,
de rouge, qu'on élevait à l'aris dans un lieu fondé
pour cela. || L'enfant prodigue, l'enfant de l'Êv.in-
gileciui, ayant reçu sa part, va la dissiper follement,
cl (|ui, revenant dans l'état le plus misérable, est
bien accueilli par son père. Tu reviens dans ta fa-
mille dans l'équipage de l'enfant prodigue, lesage,
E.v(. t'. Cnmalex , ch. 30. || Par analogie, jeune
1 omme qui a fait ses fredaines, malgré les conseils
de ses parents, surtout au moment où il revient
près d'eux pour mener une vie plus rangée. Un ma-
tin donc, l'enfant prodigue comparut devant sa
mère, non point hlve, décharné, souillé de boue
et couvert de haillons comme son atné de la Bible,
m.ais élégant, leste, gracieux, l'œil ciilin et le sou-
rire sur les lèvres, cii. de bermard, la Cinquantaine,
§ XII. Il 5° Enfants de France, princes et princesses,
enfants du roi qui occupait le trône, pour les dis-
tinguer de ceux et de celles des différentes branches
de la maison royale, qui ne porlaient que le titre de
princes et princesses du sangi. || 6° Petits-enfants,
voy. petits-enfants. || 7° Enfant de chœur, enfant
qui ch;inte au chœur. || 8° Enfants de langue, nom
qu'on donnait, dans les Échelles du Levant, à de
jeunes Français que le roi entretenait au Levant
pour y apprendre les langues turque, arabe, grec-
que, et pour servir ensuite de drogmans. On dit
aujourd'hui jeunes de langue. || 9° Enfants perdus,
soldats qui marchent, pour quelque entre[irise ex-
traordinaire, à la tète d'un corps de troupes com-
mandé pour les soutenir; ainsi nommés parce que
leur service est particulièrement périlleux. Celte
locution provient peut-être de los infantes, expres-
sion espagnole, d'ouest né le mot infanterie. || Plus
généralement. Enfants perdus, personnes qu'on met
en avant dans une affaire hasardeuse. || Fig. Je vous
prie de regarder mes réflexions comme des enfants
perdus que j'ai jetés en avant sans m'embarrasser
de ce qu'ils deviendraient, d'alemu. Lett. à Vol-
taire, M téy.nei. Il Néologisme. Enfant terrible,
enfiintqui, en répétant ce qu'il a entendu dire, blesse
prorondé.nent ceux à qui il parle. Diles-moi donc,
monsieur, qui est-ce qui a inventé la poudre'/ papa
dit que ce n'est p;is vous. || Par extension, ceux qui
par trop de sincérité compromettent leur cause, leur
DICT. DE LA LANGUE FRAT'ÇAISE.
ENF
parti. Il 10° Terme de familiarité, d'encouragement,
avec un accent paternel, et venant d'un homme Agé
ou d'un supérieur. Mes chers enfants. Allons, en-
fants. Mon enfant, écoutez-moi. 'Va-t'en, ma pauvre
enfant, MOL. F(?mm. SOI), ii, 8. Allons, Merlin, de
la vivacité, mon enfant, de la présence d'esprit, Rr-
gnard. Retour imprévu, se. to. Ah! mon enfant,
j'ai cru voir une substance céleste; elle m'a tout à
coup embrasé d'amour, lesage, Gil Blas, x, 8.
Il Un bon enfant, un homme de bonne humeur, et
aussi un homme qui n'a pas de malice. Au surplus
bon enfant, sot, je ne le dis pas, la font. Contr.
U est fort bon enfant et plus uni à ce qu'il me
semble que la plupart des jeunes gens, p. L. colr.
iett.n, 103. Il On dit de même une bonne enfant.
Elle est bonne enfant. Mais dans le fond, c'est une
bonne enfant, REGNARD, Sérénade, H. |{ Il est bon
enfant, bien bon enfant de croire cela, de se prêter à
cela, c'est-îi-direii est bien simplede croire cela, etc.
Il Adjectivement. Il a un air bon enfant, un sourire
bon enfant. || Dans le style familier, bon enfant en-
traine souvent l'idée d'aimable vaurien, de joyeux
compagnon. || 11° Les êtres humains considérés
comme fils du ciel, de Dieu, de la terre, de la pa-
trie, etc. La patrie réclama le secours de ses enfants.
Les enfants d'une même patrie. Les enfants de Dieu
et de l'Ëglise. Ainsi la Grèce en vous trouve un en-
fantrebelle, rac. Andr. I, 2. Dieu laissa-t-il jamais
ses enfants au besoin? id. Ath. ii, 7. Jérusalem
renaît plus charmante et plus belle; D'où lui vien-
nent de tous côtés Ces enfants qu'en son sein elle
n'a pas portés? id. ib. m, 7. Rome avait des en-
fants Qui conspiraient contre elle et servaient les
tyrans, volt. Brut, v, ). Des enfants du soleil le
redoutable empire, id. jlïi. i, 4 L'Etat répan-
dait le sang de ses enfants, id. Tancr.i, t. Si le
monde exige tant des enfants de la terre, qu'est-ce
que Dieu ne doit pas demander des enfants du ciel?
MASS. Vêtit car. Grandeur de J.-C. X mesure que
les conquêtes et les cultures se multiplièrent en
Amérique, il fallut plus d'esclaves; ce btsoin a aug-
menté graduellement; et, depuis la pacification de
1763, on a arraché chaque année à la Guinée qua-
tre-vingt mille de ses malheureux enfants, baynal,
Uist. phil. XI, lii. Venez, enfants du ciel, orphelins
sur la terre, Il est encorpour vous un asile ici-bas;
Mes trésors sont cachés, ma joie est un mystère; Le
vulgaire l'admire et ne la comprend pas, lamart.
Harm. I, 1 1. || Dans le langage biblique. Les enfants
des hommes, les hommes, et surtout ceux qui vi-
vent dans l'iniquité. Les enfants de lumière, ceux
qui ont reçu l'Évangile. Les enfants de ténèbres, les
idolâtres. || Par extension, il se dit d'autres êtres
que les êtres humains. Quels qu'ils soient, l'Éternel
à d'immuables lois Soumet tous les enfants des ver-
gers et des bois; Lui-même il les nourrit, il veille à
leur défense, delille. Trois règnes, \i. || 12° S. m.
plur. Descendants. Nous sommes tous enfants d'A-
dam. Les enfants d'Israël. Et que vous racontiez à
vos enfants et aux enfants de vos enfants de com-
bien de plaies j'ai frappé les Égyptiens, SACi, Ilible,
Exode, X, 2. Des enfants de Japhet toujours une
moitié Fournira des armes à l'autre, la font. Fabl.
II, 6. Il 13° Natif. Les enfants de l'aris. || 14° l'ar-
tisan, sectateur, disciple. Les enfants de la liberté
et de l'égalité. Mais pendant que vous no travail-
lerez qu'à y entretenir le trouble, ne doutez pas
qu'il ne se trouve des enfants de la paix qui se croi-
ront obligés d'employer tous leurs efforts pour y
conserver la tranquillité, pasc. Prov. i». || Enfants
de St-François, de St-lgnace, etc. les Franciscains,
les Jésuites, etc. || Les enfants de Bellone, de Mars,
les guerriers. Les enfants d'Apollon, les poêles.
Il 15° Ce qui est l'effet, la conséquence de, le produit
de. Le bonheur est enfant de la vertu. Les jeux, les
ris, enfants de la gaieté. Impatients désirs d'une U-
lustre vengeance , Enfants impétueux de mon ressen-
timent, CORN. Cinna, i, 4. Sortez de mon esprit,
re-sentiments jaloux. Noirs enfants du dépit, id.
Ser'or. III, *. Fiers enfants de l'honneur, nobles em-
portements, 10. ib. IV, 3. Les arts sont les enfants
de la nécessité, la font, le Quinquina, ch. il. On
ne se cache point ces secrets mouvements. De la na-
ture en nous indomptables enfants, volt. (H^dipe, li,
2. N'atteste pointées dieux, enfants de l'imposture,
:d. Ah. II, *. Quel mérite ont des arts, enfants de
la mollesse? iD.Orphe;. IV, 2. Richelieu, Mazarin....
Enfants de la fortune et de la politique, id. llenr.
ch. Vit. Il 16° Petit d'un animal. Une laie aux poils
blancs, trente enfants blancs comme elle. Vont
s'offrir à tes yeux, delille, Enéide, vm. || 17° Terme
d'astronomie. Enfants de Dercéto ou enfants d'Aler-
gatis, la constellation des Poissons. || i8« Terme d'al-
ENF
1385
chimie. Enfants de la nature, les quatre élément»
qu'admettaient les anciens. || Enfantdesphilosophes,
le mercure. || Proverbe. De fol et d'enfant se doit-on
délivrer, c'est-à-dire quand on travaille sérieuse-
ment, il faut écarter les gens folfttres et les enfants.
Il Cet enfant a trop d'esprit, il ne vivra pas, se dit sé-
rieusement peur exprimer la crainte qu'inspire la
santé d'un enfant trop précoce, ou, par moquerie,
pour exprimer qu'un enfant est sans esprit. Quand
ils ont tant d'esprit, les enfants vivent peu, c. DE-
LAViGNE, Enfants d'Edouard, I, 2. || Il n'y a plus
d'enfants, c'est-à-dire on commence à avoir de la
malice de bonne heure; et aussi, les jeunes gens
pensent, parlent, agissent comme les hommesmûrs.
Il Enfant de Melchisédech, personne dont on ne
connaît pas la famille. C'étaient des enfants de Mel-
chisédech, dont on ne connaissait ni le pays, ni la
famille, ni probablement le vrai nom, J. J. ROUSS.
Confess. X. || Les menteurs sont enfants du diable.
— lilST. xi° s. Par tels paroles vous ressemblez
enfant, Ch. de Itol. cxxxii. || xii* s. De lor enfanz et
des gentis uxors, Ronc. p. 37. Dient Franzois : cist
cops n'est pas d'enfant, i6. p. 77. Et Dexl dit Nay-
mes, or voi-jeduel [deuil] d'enfant, ib. p. t63. Baron,
dist l'anfes, ne vousdoitanuier, ib. p. t87.Empris[j'j
ai greignor folie Que li faus enfes qui crie Por la
bele estoile avoir. Coud, m. De sa première famo
[il] out deus vasiez enfans, Sax. V. || xiii" s. Cil gai-
gna deus enfans en la serve haie, Berte, LX. [Rain-
frois fut] li premiers enfes qu'ot en la serve li rois,
l'b. Lxi. Dont je me chevissoie [entretenois] et m\
famé Margain Et mes petits enfans, ib. Lxxiil. Mur-
dri [ils] ont mon enfant, Bertain, qui m'aimoitsi,
l'b. Lxxxix. Certes el [Vieillesse] n'avoit poissance,C8
cuit-je, ne force , ne sens. Ne plus qu'un enfes de deus
ans, Ja Rose, 392. Enfes qui ne crient [craint] père et
mère. Ne puet eslre qu'il nel' compère [qu'il ne le
paye], ib. t0795. Se li enfes roboit ou batoit se [sa]
mère, venjance en devrait eslre fête, beaum. xi, *!>.
Comme le [la| mère son enfant garantirait par bono
volonté, s'ele enavoit le pooir, id. xi, (O. || xiV s. U
estoit très bon et ne sembloil pas enfant ou filz de
home mortel, mais de Dieu, oresme, Eth. (91. Se
l'un demeure tousjours enfant en pensée et en
meurs, et l'autre soit très bon et très vertueux, id.
l'b. 205. Il xv° s. Mais le roi vueil-je bien déporter
[excuser], car c'est un enfes; on lui doit pardonner
[paroles de Philippe d'Artevelle] , froiss. ii. II, 191.
.... Amour descent aux enfans Des pères; beau lilz,
or m'entens. L'amour aux pères ne remonte Des
enfans.... eust. descii. Poésies mss. f° 503, dans
LACURNE. Enfant aime moult qui beau l'appelle,
LEROUX DE LiNCY, Prot). t. i,p. 215. Enfant de bonne
ville est demy escripvain, ID. ib. Lequel Jehan do
Saintré, sur tous les autres paiges et enfans d'hon-
neur, servoit chacun jour à table, Petit J. de Sain-
tré, p. 2, dans LACURNE. Il xvi" s. Je rcpartiroye
après cinq mille harquebusiers en dix troupes, et en
meltrois les six comme enfans perdus à la teste des
bataillons, lan. 420. Je ne parle pas d'une certaine
sorle qui s'appellent les enfans sans souci, rj. 498.
U y avoit encore d'autres vœux plus infantiles, jaçoit
qu'ils ne se fissent pas des petits enfants, calvin,
Inslit. i. Enfant qui vient de nature prend du
Dieu sa pasture, génin. Recréât, t. ii, p. 238. Pois-
sons et enfans en eaue sont croissans, ID. ib. p. 247.
Enfans de la messe de minuit, qui cherche Dieu à
laston, ouDiN, Curiosités fr. Enfant haï est toujours
triste, LEROUX de lincy, Prov. t. I, p. 216. De
grands personnages enfants non sages, id. ib. Da
petit enfant petit deuil, id. ib. M. de Strozze avoit
esté nourry enfant d'honneur du petit roy Fran-
çois II, estant monsieur le dauphin, brant. Cap.
fr. t. IV, p. 304, dans lacurne.
— ÉTYM. Bourg, éfan; picard affant, effant; pro-
venç. enfan, effan, efan; espagn. et ital. infante,
infant; du latin infaniem, enfant, de t'n, non, et
(ari, parler (voy. fable): celui qui ne parle pas.
L'ancien français enfe ou enfes est le nominatif,
à'infans, avec l'accent sur in; enfant est le régime,
d'infântem, avec l'accent sur /'an.
ENFANTÉ, ÉE (an-fan-té, tée), part, passé.
Il 1° Mis au monde. Dans le fond de la Thrace un
barbare enfanté, rac. Esth. m, 4. || 2° Fuç. Voyez
que d'incidents à la fois enfantés I mol. l'Él. v, t*.
ENFAKTEMEN'r (an-fan-te-man), s. m. |i 1° Action
d'enfanter. Avez-vous observé l'enfantement des bi-
ches? SACi, Job, xxxix, t. Il Aujourd'hui ne se dit
guère que de la parturition dans l'espèce humaine.
Les douleurs de l'enfantement. || 2° Fig Tant dut
coûter de peine Ce long enfantement delà grandeui
romaine 1 delillb, Enéide, i. Et cet heureux tré-
pas, des faibles redouté, N'est qu'un enfantement
I. —ITi
«386
ENF
i rinimortalit*, LAHXfiT. Soerate. 3iO. ||Compo5i-
tior. conception litlér«ire. Cet ouvrage a été d un
onfantemeiil laljorieui. , , , _, ,
— HIST iiii' «. Pri-gre Liicina la déesse D enran-
toiDfnt, q'ii'el «loinl qu'il ncsso Sans mal et sansen-
combri-mi-iil, Si qu'il puisl vivre lonBuement, la
Bote, lotnu. || xvi* ». Les douleurs de renrantement,
par lès médecins et par Dieu mosme estimées gran-
des, e( que nous passons avecques tant de cérémo-
nie», il y a des nations entières qui n'en font nu.
compte, MoriT. i, 3oe. Montagnes, vous sentez dou-
leurs d'enfanieraens; Vous fuyez comme agneaux,
i simples elemens, d'aub. Trag. liv. vu.
.- ETYM. Eiifiinter; provenç. enfanlamcn, efanla-
gi^;anc. cat. iiifiintnment.
ENKA.VTKK (an-nin-tA), v. a. || 1' Donner le jour
1 un enfant. Heureuse la mère qui l'a enfanté. || Par
Cltension, Ce peuple que la terre enfantait tout ar-
mé, ciiBN. Hifdée, I, t. Le monde, de qui l'âge
«vance les ruines. Ne peut plus enfanter de ces
âme* divines, boil. I.utr. m. Cieuï, répandez votre
rosée, Kt que la terre enfante son sauveur, r\c. Alhal.
II., 7. Sitôt que le devoir l'ordonne, La France en-
fante des soldais, lamotte. Odes, 1. 1, p. «il, dans
POUGRSS. Il Alisolumcnt. Lecli.ios se féconde, et la
nature enfante, delille, Parad. perdu, vu. || 2° l'ig.
Créer, concevoir, produire. Tout ce qu'elles pour-
ront enfanter de tempêtes, Sans venir jusqu'à nous,
crèvera sur leurs têtes, corn. Théod. i, i. On y
voit tour à tour la paix et les combats; On y voit
l'amertume enfanter les appas, id. 7mi(. ii, o. Le
poète par bonheur n'ayant point enfanté de nouvel-
les stances, scarbon, Rom. corn. part, i, cli. )3.
Bienheureux Scudéii, dont la fertile plume l'eut
tous les mois sans peine enfanter un voliune, boil.
Sat. u. Que Uacine, enfantant des miracles nou-
veaux, De ses héros sur lui [le rci] forme tous les
Ubleaui, ID. /lr( p. iv. Accourez, troupe savante;
Des sons que ma lyre enfante. Ces arbres sont ré-
jouis, ID. Ode sur Namur. Kt quel affreux projet
avez-vous enfanté, Doritvotre cœur encor doive être
épouvanté? bac. Piièd. i, 3. C'est au génie seul à
et'.fanter toutes les hardiesses qui contribuent si fort
an merveilleux de la poésie et au sublime de l'élo-
quence, d'olivet, //i4(. de l'Acad. t. Il, p. 69, dans
put GEMS. Je l'ai vu, ce n'est point une erreur pa.ssa-
gtre Qu'enfante du sommeil la vapeur mensongère.
VOLT. Sc'ifi. 1, 6. Son nom et son malheur enfantent
des soldats, iD. Tniinir. ii, 2. De la ligue en cent lieux
les viles alarmées Contre moi dans la France enfan-
taient lies armées, ID. Ilenr. in, 143. Ses succès, sa
valeur. Bientôt à Sparlaciis enfantent une armée,
SAL'WN, Spart. I, t. Il Absolument. Cet auteur enfante
difticiliment, il ne produit des ouvrages qu'avec
peine, || 3° Dans le langage mystique, enfanter une
âme en ou à Jésus-Christ, la rendre digne de Jésus-
Dirist et de la vie élernrlle. Si Dieu a béni le travail
par lequel je tâche de vous enfanter en Jésus-Christ,
et que, trop indigne ministre de ses couseils, je n'y
t\e pas été moi-même un obstacle, boss. Anne de
Coiix. Dieu ébranlera tout l'Êlal pour l'affranchir
IHenrielle] do ces lois; il met les âmes à ce prix; il
remue le ciel et la terre pour enfanter ses élus, id.
DucH, d'Orl. Tant de saints pasteurs qui offrent
leurs âmes et leurs travaux pour vous ci>fauter à
JAsus-Christ, mass. Car. Jfo(. deconv. || 4° S'enfan-
î«r, e. réfl. Cire enfanté, être produit. Une tragédie
ne s'enfante pas si facilement. || Proverbe. C'est la
montagne qui enfante une souris, ou la montagne
a enfanté une souri», se dit de grands projets qui
viennent â rien, yue produira l'auteur après tous
ce* grands cris? La montagne en travail enfante
une souris, Boii,, Art p. ni.
— SYS. ENKANTER, ENGENDRER. Engendrer est re-
latif à la génération; enfanter, à l'enfant qui est
mis au monde. De là la ilifférence de sens entre ces
deux mots : il'almrd engendrer se dit également du
mile el de la femelle, de l'homme et de la femme;
enfanter ne se dit quede la femme seule. Au figuré,
engendrer sappliqueàcequi peut être comparé aune
génér.ition; et enfanter à ce qui peut être comparé
& l« mise au monde. Tant que l'idée de mi,se au
mond>' n'est pas nécessaire, on se sert indifférem-
ment d'engendrer ou d enfanter : ce discours en-
gendra ou enfanta des discordes. Mais, quand cette
MU est nécessaire, c'est enfanter qu'il faut : on
•"'«"le un projet, un ouvrage,
«."i?"*/' *"' '• ''"ces rendit al enf.inter, o Sa-
?«m. ?„,*',"""■"• «""•P*- llxu.-s.S'elellamfcre]
^n u '.i ■*'"• '^" '« chevalier, je vous de-
SHod* *i voutcree, ,„, u vierge Marii, qui Dieu
ENF
porta en ses flans et en ses bras, enfantast vierge,
joiNV. (98. Il XVI' s. Elle enfanta un enfant mort,
PARê, XXIX, (6. Vous no tuerez point L. Caesar, que
premièrement vous ne me tuez, moyquiay enfanté
vostro capitaine, amyot, Anton. 23.
— f.TY.'H. Enfant; provenç. enfanlar, e([antar,
tfantar; ital. inf'intare.
ENFANriLLAGK (an-fan-ti-Ua-j', H mouillées, et
non an-fan-ti-ya-j'), t. m. Actions, manières, paro-
le» qui no conviennent qu'à un enfant. Gamaches
n'avait pu se contraindre de reprendre en face et en
public les enfantillages qui échappaient à monsei-
gneur le duc de Bourgogne, ST-siM. 'JI4, 139. Voysin
porta ses deux charges, comme on vient de le dire,
et le roi eut l'enfantillage de s'amuser à le montrer,
ID. 358, 230. Pourquoi n'allais-je point à Neuchâ-
tel? c'est un enfantillage qu'il ne faut pas taire,
j. J. Bouss. Confess. xii. Il mêlait des sentiments si
fiers et si nobles aux enfantillages de l'amour-propre,
que tout cela ensemble n'avait rien que d'intéres-
sant, MAHMONTEL, Contes moraux, Scrup. Voyant
que votre entretien se prolongeait.... je ne sais
pourquoi.... c'est un enfantillage de ma part, .mais
j'ai craint.... picard et mazères. Trois quartier!,
I, 10.
— IlIST. XVI' s. Tout ainsi comme, lassez et tra-
vaillez delà longue course de nostre vie, nous retum-
bons en enfantillage, mont, ii, 3io. Avec le corps
l'esprit s'use et s'empire, et vient enfin en enfantil-
lage, CHARRON, Sagesse, i, 36.
— ÊTY.M. Provenç. enfantilhatje; de l'anc. adj.
enfanlil, du latin infantilis, de infans, enfant, et
la finale âge.
ESFANriN, INE (an-fan-tin, ti-n'), adj. Qui ap-
partient à l'eûfauce. Visage enfantin. On le voyait
toujours doux, paisible et taciturne, ne disant ja-
mais mot, et ne jouant jamais à tous ces petitsjeux
que l'on nomme enfantins, mol. Mal. im. ii, c. Cer-
tains traits enfantins, doux, mignons, délicats,
TH. CORN. Baron d'Albikrac, II, 9. Venez, pauvres
enfants qu'on veut rendre orphelins. Venez faire
parler vos esprits enfantins, rac. Plaid, m, 3. Vous
me flattez, dit le président, avec une pudeur enfan-
tine et faisant semblant de rougir, marmontel.
Contes moraux, Philos, soi-dis. Knfants, car votre
voix est enfantine et tendre. Vos discours sont pru-
dents plus qu'on n'eût dû l'attendre, a, chén. Idyl-
les, l'Avefigle. Au bord de Seine errait le beau Lois;
Isis un jour vit sa grâce enfantine, millev. Le beau
Lois.
— HIST. XVI' s. D'un visage enfantin, mais de se-
nile prudence, mont, i, 46. Mes jeux enfantins [de
mon enfance], m. i, t08. Cette molle douceur et
cette pudeur enfantine, id. m, B.
— ÉTYM.En/'aHt,- provenç. e/j'anli. Dans l'ancienne
langue on trouve enfantin ou enfantif, et plus tard
enfantile.
ENFARINÉ, ÉE (an-fa-ri-né, née), part, passé.
Il 1° Blanchi de farine. Ce bloc enfariné ne me dit
rien qui vaille, S'écria-t-il do loin au général des
chats, la font. Fabl. m, t8.||2" Fig. Les gens de
grec enfarinés Connaîtront Thélême et Macaie, volt.
Th. et Uac. || Être enfariné d'une science, en avoir
quelque teinture. || Être enfariné d'une doctrine,
en être infatué. || Venir la gueule enfarinée , ve-
nir avec une folle confiance. C'est un air de gueule
enfarinée qui n'appartient qu'à qui vous savez,
sÉv. 238. Il Dans cette locution, gueule est proba-
blement pris pour le visage entier : la gueule en-
farinée, c'est le visage enfariné, comme faisaient
les acteurs au xvi' siècle qui s'enfarinaient le visage
et se présentaient ainsi aux spectateurs.
ENFARINER (an-fa-ri-né), ti. o. || 1' Poudrer de
farine. Tous ceux qui l'entendront parler sans le
connaître, au lieu de croire qu'il ait la barbe blan-
che, s'imagineront qu'il se sera enfariné le visage,
mLZ. liv. m, lelt. (t. || 2» S'enfariner, v. réfl. Se
couvrir de farine. [Le chat] Blanchit sa robe, s'eu-
farine; Et do la sorte déguisé. Se niche et se blottit
dans une huche ouverte, la font. Fabl. m, )8. Le
lendemain notre amant se déguise Et s'enfarine en
vrai garçon meunier, m. Handrag. || Fig. et fami-
lièrement. Prendre une légère teinture de quelque
science.
— HIST. XVI' s. Les aprentifs [comédiens] et qui
ne sont pas de si haulte leçon, s'enfarinent le vi-
sage, mont. II, 101. Nous ne sçavons pas distinguer
la peau, delà chemise; c'est assez de s'enfariner le
visage, sans s'enfariner la poictrine, id. iv, I58.
.... Quand la neige enfariné A gros fiocons les bords
de la marine, am.jamin. Poésies, f'29, dansLACURNE.
Aux champ» où les fiUes ne sont encore enfarinées
de ce» belle: furtives amourettes et beaux miroirs
ENF
des ville», noel nuPAlL, Contes d'Eutrap. cbap. 20,
— ÉTVM. En i,el farine.
ENFER (an-fèr), ». m. ||i'Terme de» ancienne»
religions polythéisliques. Lieu souterrain qu'habi-
taient les âmes des morts. Les enfers comprenaient
le Tartare pour les méchants, et les Champs-Elysées
pour les justes. Je saurai le braver jusque dans les
enfers, COBN. Cinna, il, 2. L'enfer s'émeut au bruit
de Neptune en furie; Pluton sort de son trône, il
pâlit, il s'écrie, boil. Longin, sublime, vu. U pré-
cipite dans les enfers une foule de combattants,
FÉN. Tél. XX. Monstre que dans nos bras les enfer»
ont jeté, RAC. Iph. v, 4. Tu peux faire trembler la
terre sous tes pas, Des enfers déchaînés allumer la
colère, 3. b. rouss. Cantate, Circé. Devant le ves-
tibule, aux portes des enfers, Habitent les soucis et
les regrets amers, Et des remords rongeurs l'escorte
vengeresse.... delille, Enéide, vi. || Les trois juge»
des enfers, Minos, Ëaque et Khadamanthe. || Le» tille»
d'enfer, les furies. Eh bien, filles d'enfer, vos main»
sont-elles prêtes? Pour qui sont ces serpents...., bac.
Andr. \>, 6. || En ce sens, enfer se dit le plus sou-
vent au pluriel. || î' Lieu destiné au supplice des
damnés, dans la religioti chrétienne; on dit dans le
même sens, au pluriel, lesenfers.L* feu de l'enfer. La
bouche de l'enfer est toujours ouvertt,, stlesgrandsel
les petits, les forts et les faibles,lesriclit<;»t les pau-
vres y entrent pêle-mêle à tous moments, Nicole, Est.
mor. 3" traité, ch. 6. L'enfer est le centre des dam-
nés comme les ténèbres sont le centre do ceux qui
fuient le jour, id. ib. 2* traité, ch. 40. Ne trouvant
donc point de lieu qui lui soit plus propre et qui lui
soit moins pénible que l'enfer, elle [l'âme pécheresse]
s'y précipite comme dans son centre et dans le lieu
seul qui lui est convenable, id. ib. 2' traité, ch. *o.
Mais il est aux enfers des chaudières bouillantes Oii
l'on plonge àjamais les femmes mal vivantes, moi.
Éc. des fem. m, 2. Qui aie plus de sujet de craindre
l'enfer, ou celui qui est dans l'ignorance s'il y a
un enfer, et dans la certitude de damnation, s'il y en
a; ou celui qui est dans une persuasion certaine
qu'il y a un enfer et dans l'espérance d'être sauvé,
s'il est? PASC. Pensées, part, n, art. 3. [Alexandre]
tourmenté par son ambition durant sa vie, et tour-
menté maintenant dans les enfers, où il porte la
peine éternelle d'avoir voulu se faire adorer comme
un dieu soit par orgueil, soit par politique, boss. la
Vallière. Mais lorsqu'on sa malice un pécheur obs-
tiné , Des horreurs de l'enfer vainement étonni ,
BOIL. Êp.xii. Je reviendrai bientôt par un heureux bap-
tême T'arracher aux enfers et te rendre à loi-même,
VOLT. .?aire, m, *. \\ L'Enfer, titre d'une des parties
de la Divine comédie, poème de Dante. || U se dit
aussi d'un des enfers ou lieux du supplice décrit»
dans ce poème. On eût dit qu'on entrait dans l'enfer
de glace si bien décrit par le Dante, stael, Cort'nree,
m, 5. Il 3° Fig. Chose excessivement déplaisante, pé-
nible. Hè! monsieur, si vous le pouvez, sauvez-vou»
de cet enfer-là [les procès] , mol. Fourb. de Se.
II , 8. Us lui montrèrent [ au duo du Maine] les
enfers ouverts sous ses pieds par le mariage de
Mlle de Bourbon [avec le duo de Berry] , st-sim.
267, 40). Au moment oii cet enfer [la Bastille ]
créé par la tyrannie pour le tourment de ses vic-
times s'est ouvert sous les yeux de la capitale....
MIRABEAU, Collection, t. l, p. 346.114' Par exten-
sion, les démons, les puissances de l'enfer. C'est
l'enfer qui l'a créé. Les enfers ont jeté ce monstre
parmi nous. Mes amis, J'ai soumis L'enfer à ma
puissance; De son obéissance J'ai pour gage certain
Un lutin, bêrang. Colibri. || 6° Un enfer, lieu, réu-
nion, vie commune oii régnent la discorde, la con-
fusion. Et j'abhorre des nœuds Qui deviendraient sans
doute un enfer pour tous deux, mol. D. Gare, i, 4.
On a raison d'appeler ces salles [les assemblées de
jeu] un enfer, mercier. Tableau de Paris, t. u,
p. 328 (éd. d'Amst. (782). Il Se dit, à Londres, de»
maisons de jeu et des lieux de débauche. || 6" Dés-
ordre, trouble. Combien n'a-t-on point vu de belles
aux doux yeux , Avant le mariage anges si gracieux.
Tout à coup se changeant en bourgeoises sauvages.
Vrais démons, apporter l'enfer dans leurs ménages,
BOiL. Sat. X. Je pense qu'avec eux tout l'enfer est
chez moi, id. ib. vi. Mettre le scandale et l'en-
fer dans sa maison, j. j. ROUSS. Conf. vi. || 7° Violente
peine qu'inspire la passion ou le remords. Avoir l'en-
fer dans le cœur. Porter son enfer avec soi. Et si
l'enfer est fable au centre de la terre, U est vrai
dans mon sein, malh. v, 2(. Ils commencent leur
enfer sur la terre, boss. Cont. I. Q'est-il besoin
d'aller chercher l'enfer dans l'autre vie? il est de»
celle-ci dans le cœur des méchants, }. t. rodss. Ém.
ir. Le supplice d'attendre est l'enfer des imaiifat
ENF
BOissY, Impatient, i, <.|| Furie d'enfer, monstre
échappé de l'enfer, personne très-méchante. || Tison
d'enfer, porte d'tnfer, c'est-à-diie personne capable
d'opérer la perte des âmes. Votre père Brisacier dit
que ceux contre qui il écrit sont des portes d'enfer,
des pontifes du diable.... s'amuserait-on à prouver
qu'onn'estpasported'enfer?pAsc. Proti. XV. || 8°D'en-
fer, loc. adject. Excessif. Faire un feu d'enfer. Mener
un traind'enfer. Jouer unjeu d'enfer. M. de Vendôme
commença à s'apercevoir que ce feu d'enfer par lequel
il avait compté de les écraser [les ennemis] ne leur
nuirait guères, st-sim. 209, 63. On a joué un jeu
d'enfer, cinq sous la fiche, picard, Pelile ville,
I, 8. Il Terme de cuisine. Mettre, faire griller quel-
que chose au feu d'enfer, 'le faire griller à un feu
de charbon très-ardent. || C'est un métier d'enfer,
c'est un métier extrêmement fatigant. || 9" Terme de
typographie. Cassetin dans lequel on jette les mau-
vaises lettres. Vieux. On dit aujourd'hui cassetin du
diable. || 10° Terme d'huilerie. Citerne où se réu-
nissent les eaux qui ont été mêlées avec le marc d'o-
live. Les résidus de ces cuviers s'écoulent dans un
souterrain qu'on nomme l'enfer.... ce qu'on en tire
est l'huile d'enfer, qui est la plus basse sorte, Dict.
des arts et met. Amst. <767, huilier. \\ 11° Enfer
de Boyie, matrasde verre à fond plat et à col effilé,
dans lequel Boyle et d'autres chauffaient le mercure
pendant des mois et des années.
— HlST. XI* s. L'enchanteur qui ja futenenfer, Ch.
de Roi. cvi. Il XII" s. L'ame s'en va en enfer osteler,
Jtnnc. p. 62. Tu les pieres, e sur ceste piere ferai
M'iglise, e ma meisun i édifierai, E les portes d'en-
fer par li dépècerai. Th. le mart. 79. || xiii" s. Et li
ame de li soit en enfer ravie, Berte, lxxii. Certes
durement me merveil Comment bons, s'il n'iere de
fer, Puet vivre un mois en tel enfer, la Rose, 2606.
Sacent donques tuit, que lor âmes sunt données as
ennemis d'enfer, et lor cors as vers, et lor avoirs à
lor parens, beaum. lxviii, 45. Leenz a une grant
meson. Oui lors estoit, en la seson, Plaine de fermes
et d'enfers [malades] ; Assez estoit griez [fâcheux] cis
enfers, BUTEB. 11, <8). || xv° s. Dieu la confonde, Et au
parfond de la terre la fonde : Car el porte son enfer
en ce monde, al. chart. le Débat des deux fortunes.
'L'autre des places estoit Bauverne, où les Anglois
avoient compassé une fosse nommée enfer, et là ils
jettoient les gens qui ne pouvoient ou vouloient ran-
çonner, Hist. de Loys III, duc de Bourbon, p. <6,
dans LACURNE. || xvi* s. Mais je ne m'en puis desooif-
fer; Je pense que c'est un enfer Dont jamais je ne
sortiray, marot, i, 204. Le lict m'est un enfer, et
pense que dedans On ait semé du verre ou des char-
bons mordants, BONS. 798 de l'enfer il ne sort
Que l'éternelle soif de l'impossible mort, d'aub.
Trag. liv. vu.
— ÉTYM. Bourg, enfar; picard, infer; provenç.
infern, yfern, enfern, effern; catal. tn/iern;espagn.
interne; ital. inferno ; du latin infernus, enfer,
proprement lieu bas (voy. inférieur).
ENFERMÉ, ÉE (an-fèr-mé, mée), part, passé.
Il 1° Mis en un lieu fermé. Du linge enfermé dans
une armoire. Enfermé dans une prison. Au sérail des
soudans dès l'enfance enfermée, volt. Zaïre, i , 1 . J'ai
trouvé ce billet enfermé dans son sein, rac. llaj.iv, 5.
Ouand, sur ton sommet enflammé. Dans un nuage
épais le Seigneur enfermé, id. Athal. i, 4. Je de-
mandai à Uomont s'il ne fallait pas être plus fou
que les plus enfermés pour concevoir un projet si
radicalement insensé, st-sim. 285, 422. || Terme
de marine. Navire enfermé, navire placé entre des
terres ou entouré de glaces. || Substantivement.
Celui qui est enfermé. ■ Les enfermés périssaient.
Delà [la constitution Unigenitus] ce peuple entier
d'exilés et d'enfermés dans les prisons et beau-
coup dans les cachots, et le trouble et la subver-
sion dans les monastères,' st-simon , 406, 224.
Il Terme de zoologie. Les enfermés, famille de mollus-
ques de l'ordre des conchifères ou acéphales testacés.
(I 2° Environné, circonscrit. La vue présente aux yeux
divers coteaux dont cette campagne est enfermée,
f.oRN. Tois. d'or, Argum. du 3« acte. \\ 3° Contenu.
Vous avez quelque sujet de prétendre qu'elle [la con-
séquence] n'est pas enfermée dans le i)rincipe , PASC.
Réfut. de la rép. d io t2° lettre. || 4° S. m. Sentir
l'enfermé , exhaler une odeur que contractent sou-
vent les choses enfermées. On dit, dans le mémo
sens et plus souvent, sentir le renfermé.
EN'FEUMER (an-fèr-mé), v.a. \\ 1° Mettre en un
lieu fermé. Enfermer quelqu'un dans sa chambre,
un cheval à l'écurie. Il fut enfermé dans une forte-
resse. Dans un même sépulcre enferme-nous tous
deux, VOLT. Scythes, iv, 6. Sa femme se déshonora
avec tant d'éclat, que le baron, de concert avec sa
ENF
famille, la fit enfermer dans un couvent, M""* de
OENLis, Veillées du chdt. t. 11, p. 37B, dans pou-
gens. Il Fig. Enfermer le loup dans la bergerie, en-
fermer quelqu'un dans l'endroit même où il peut
faire le plus de mal, et presque toujours lorsi|ue
l'on croit se garantir par là de tout inconvénient.
Se dit aussi d'une plaie, d'un ulcère qu'on ferme,
tout en laissant dans le corps des humeurs qui
avaient pris leur cours par là. [j Absolument. En-
fermer, mettre dans une prison, dans un cloître,
dans un appartement qui sert de lieu de réclu.sion.
Il ignore qu'au même instant son oncle travaille aie
faire enfermer, diderot. Père de famille, 11, 42.
ô ces femmes! voulez-vous donner de l'adresse à la
plus ingénue, enfermez-la, beaumarch. Barbier, i,
4. Il II signifie aussi mettre dans une maison d'alié-
nés. Si l'effet suit la cause, il est à présumer Qu'a-
vant qu'il soit un mois, il faudra t'enfermer, tii.
CORN. Geôlier de soi-même, 1, 6. Elle est folle à
tel point qu'on ne peut l'exprimer; Travaillez au
plus tôt à la faire enfermer, regnabd, llénfchm. v,
3. Mon procureur fera cette expédition; C'est un
homme admirable et qui par son adresse Aurait fait
enfermer les sept Sages de Grèce, S'il eût plaidé
contre eux.... gresset. Méchant, 11, 3. || 2° Serrer.
Enfermer le sucre, le pain, le vin. || 3° Enfermer
son chagrin, le contenir, ne pas s'y abandonner.
Enfermer sa honte, la cacher. Dans la nuit du tom-
beau j'enfermerai ma honte, rac. Iphig. 11, 4.
Il 4° Entourer, clore. Les coteaux qui enferment
ce vallon retiré. || Il se dit aussi de personnes qui
en enveloppent une autre. Près d'être enfermé
d'eux [par les Curiaces], sa fuite l'a sauvé, corn.
Ilor. m, 6. Le reste impatient, dans sa noble co-
lère. Enferme la victime, id. lléracl.v, 7. || 5° Con-
tenir, avoir en soi. Ce corps n'enferme point une
âme si commune, corn. Médée, m, 3. Quand ce
peuple insolent qu'enferme Alexandrie Fit quitter
au feu roi son trône et sa patrie, id. Pomp. i, 3.
En ce vase chétif tout Hercule est enclos. Je puis
en une main enfermer ce héros, rotr. Herc. mour.
V, 2. Quand elle .| l'histoire grecque] commence,
celle du peuple de Dieu, à la premlre seulement
depuis Abraham, enfermait déjà quinze siècles,
Boss. llist. 1, 8. Son cœur n'enferme point une ma-
lice noire, BAC. Brit. v, 3. [Dieu] qui fait même de
ses serviteurs les maîtres du monde et de tout ce
que le monde enferme, mass. Car. Lazare. || 6° Sup-
poser, contenir comme conséquence. Je ne parle
point du premier [objet] ; je traite particulièrement
du second, et il enferme le troisième, pasc. Pen-
sées, i, art. 2. Enfin toutes sortes d'hommes, excepté
les Dominicains, entendent par le mot suffisant ce
qui enferme tout le nécessaire, ID. Prbv. 11. On peut
bien dire des choses fausses en les croyant vérita-
bles ; mais la qualité de menteur enferme l'intention
de mentir, id. Prov. xv. || 7° S'enfermer, v. réfl. Se
mettre en un lieu fermé. S'enfermer dans un cloî-
tre. J'irai m'enfermer dans des murs plus terribles
pour moi que pour les femmes qui y sont gardées,
mqntesq. Lettr. pers. 4 55. || S'enfermer dans une
place, s'établir, pour la défendre, dans une place qui
va être assiégée. || Fig. Ma flamme par Hector fut
jadis allumée. Avec lui dans la tombe elle s'est en-
fermée, BAC Àndr. III, 4. Il 8° Fermer la porl«
sur soi pour s'isoler. Us se sont enfermés deux heu-
res. Cléopatre s'enferme en son appartement, cobn.
Pomp. III, 4. Il 9° S'impliquer. Ces trois choses ne se
séparent jamais et s'enferment l'une l'autre, BOSS.
Ilist. II, 0.
— HIST. XII" S. Par les reliques qu'au pont [poi-
gnée d'une épée] fit enfermer, Ronc. p. 44 1.
Il XIII" s. Je demant toutes les cozes qui sont là en-
fremées, beaum. vi, 3. || xiv" s. Il fit enfremer les
bouges [bourses] en un questel [coffre], Bibl. des
Chartes, 4" série, t. m, p. 424. || xV s. 11 faisoit
chaud, et le temps estoit moult enfermé, froiss.
II, II, 214. Il XVI" s. Il contraignit le consul de s'en-
fermer dedans la ville de Capoue, amyot, Sylla, 56.
— ÉTYM. En f , el fermer; bourguig. enfromai.
t ENFEUMERIE (an-fér-me-rie), s. f. Affectation
à s'enfermer. Quoique cela [les réunions chez Mlle
Choin] filt devenu le secret de la comédie, la même
enfermerie, la même cacberie furent toujours de
même, st-si.m. 295, 34.
— ÉTYM. Enfermer.
EI^FERRÉ,ÉE (an-fè-ré,rée), part. pass^. || 1° Per-
cé d'un fer. || 2° Fig contre cet assaut je sais un
coup fourré, Par qui je veux qu'il soit de lui-même
enferré, mol. l'Él. m, 7.
KNFERKER (an-fè-ré), t). o. || l'Enfoncer le fer
d'une arme dans le corps de quelqu'un. Enferrer
son adversaire. || 2" Placer les coins de fer dans les
ENF
1387
joints des blocs d'ardoise. || 3° S'enferrer, v. réfl. Se
percer de l'épée de son a<lversaire. Il s'est enferré
lui-môme. Ils se sont enferrés l'un l'autre. Quand
elle s'enferrerait d'elle-même par (lé.sespOir, en
voyant son frère l'épée à la main, cob.n. Ex. d'Ilor.
Il Fig. S'embrouiller, se prendre à ses propres pa»
rôles, à ses propres pièges, se compromellie. Cou-
rage, s'il se peut enferrer tout de bon. Nous nous
ôtons du pied une fâcheuse épine, mol. l'hU. m, 2.
Laval se garda bien de s'enferrer dans aucune par-
ticularité d'occasion ou de date, st-sim. 46.1, 2». Il
vaut mieux, interrompit Pompée en s'enferrant de
lui-même, faire transporter ici vos coflres, lesagb,
Gusm. d'Alfar. iv, 4. Je me suis enferré de dépit,
BEAUMARCii. Barbier, m, 2.
— HIST. xm" s. Qui lor veïst d'une part et d'autre
haubiers relier, glaives enfierer [garnir de fer les
lances], pourpoins et cuiries [cuirasses] et escus
enarmer, Chr. de R. p. "6. || xiv" s. Il disoii aux
Englois : alez-moi escoulant ; Si tost que vous IreJS
les François enferrant, Et qu'il seront [lous^é [uiis-
samment en boutant, Guesel. 423)9. ||xv" s. Là fut
le connestable de France enclos et pris de eux, et
tiré en une chambre et enferré [ench.iîné] de trois
jiaires de fers, froiss. ii, m, 63. || xvi" s. Avecques
telz dardz, on premier coup il enferra le physttere
sur le front, rab. Panl. iv, 36. Il s'en fallut bien
peu qu'il ne s'enferrast en ces pauz [pieux] fichés,
AMïOT, Pompée, 89. Bien aviser de vous garder il'es-
Ire enferré, en contractant inconsidérément avec un
mauvais vendeur, 0. de serbes, 9. Aussi estant en-
yvré de cette intention violente, on s'embarrasse,
on s'enferre.... charron, Sagesse, u, 2.
— f.TYM. Ert ^ , et fer.
j E.VFKRRURE (an-fè rur') , s. f. Placement de
coins de fer dans un bloc d'ardoise.
— HIST. XV" s. Sçavez-vous la raison de ma venue
et la cause de l'enferrure [chaîne] dont je suis en-
ferré? Perceforcsl ,-l. i, f° 64.
— ÊïY.M. Enferrer.
f ENFEU (an-feu), s. m. Cave dans une église
pour la sépulture des corps moils. Celte belle cha-
pelle de Versailles, si mal proportionnée, ipii >embl9
un enfeu par le haut et vouloir écraser le château,
st-sim. 4 97, 4 31.
— HIST. XV* s. Pour faire parachever et construire
nostre chapelle.... en lailite église de Saint François
de Nantes, jouxte nostre enfeu, nu cange, infoditus.
— ÉTYM. Enfouir.
t ENFEUILLER (S') (an-feu-llé. Il mouillées),
V. réfl. Se couvrir de feuillage, en parlant des arbres
qui reverdissent.
— HIST. XVI" s. Enfeuiller, cotgrave.
— ÉTYM. En i , et feuille.
f ENFICELER (an-fi-se-lé. Vl se double, quand
la syllabe qui suit est muette : j'enficelle) , v. a. Ser-
rer avec une ficelle. || Terme de chapelier. Serrer
un chapeau avec une ficelle pour le contenir dans
sa forme.
— ÉTYM. En 4 , et ficelle.
t ENFIELLER (an-fiè-lé) , v.a. \\ Mêler de fiel.
Il Fig. Emplir de fiel, de malveillance, d'envie. Une
plume enfiellée. Tout semblable à l'envie, à qui l'é-
trange rage De l'heur de son voisin enfielle le cou-
rage, RÉGNIER, Ép. I.
— HIST. xvi* s. On doit ensucrer les viandes salu-
bres à l'enfant et enfieler celles qui lui sont nuisi-
bles, mont. I, 484. Il cela le desastre du raaresclial
de Saint André, de paourd'enlieller ceste très ilouce
nouvelle de la mort d'un si excellent persounaige,
CARLOIX, VIII, 40.
— ÉTYM. En t , et fiel.
t ENFIÉVRER (an-fié-vré. L'accent aigu se
change en accent grave, quand la syllabe qui suit
est muette : j'enfièvre, excepté au futur et au con-
ditionnel : j'enfiévrerai, j'enfiévrerais), ». a. Donner
la fièvre. Ces lieux malsains l'ont enfiévré. || Fig.
Communiquer une passion, quelque chose de com-
paré à la fiè\re. Un jeune homme enfiévré de
poésie. Il exhale un tel feu qu'il m'a presq .e en-
fiévré de sa passion, beaumarch. i/ari)i>r, II, 2. Non,
le gain les excite et l'argent les enfièvre, baruibr,
ïambes, Uelpomène, *.
— HIST. xvr s. Selon les repies de l'art, à tout
danger qu'on approche, il faut e.-.tre quaranie jours
en transe de ce mal (la jiesle], l'iuiagmation vouj
exerçant cependant à sa mode, et enfiévrant vostie
sanié mesme, mont, iv, 2u8.
— ÉTYM. Jïn 4 , et fièvre.
ENFILADE (an-fi-la-d'), t. f. || 1° Suite de cham-
bres dont les portes sont sur une même ligne. Cette
pièce [le lieu du conseil] est la dernière de l'eLfi-
lade, ST-SIM. B43, 39. Ce domestique me fit traverscx
138«
ENF
une enflUde de .ept ou huit piSces pavées d albâtre,
lïWOE. Cv%m. cfAlfar. m, '. ils ont bouché de
lotiKues enfila>lfs pour changer des portes mal si-
tuées 1. )■ Bou'S- "«■'• ^'- *»• Ennuyé de sa magni-
Ucenco il abandonne ces vastesenfilades aux regards
des passants, et se retire dans un étroit réduit,
HAn'ioNTEL, Essai sur le bonh. OhMvres, t. xvii, p.
ïon, d.ins poucens. || Kn enfilaJe, ioc. odr. Se dit
de pièces de plain-pied qui ouvrent l'une dans l'au-
tre. Plusieurs pitces en enfilade. || 2° l'ar exten-
sion, choses qui se suivent et s'enchaînent. Monsei-
gneur se mit à réciter, par amusement, une longue
enfilade de noms bizarres d'endroits de U forêt [de
Kontainelileau], ST-siM. 209, 65. Ce n'est pas une
enfilade do slroplie.s isolées dont on puisse sans in-
convénient anumenler ou diminuer le nombre, w-
DER. Lett. à Caliani. C'est de tout cela ensemble
que me vint celle enfilade du durelés que j'essuyai
de sa part, mabivaux, Marianne, part. 2. H 3°Ternie
mililaire. Nom donné à l'action parsuilede laquelle
la face ou le flanc d'un ouvrage serait exposé à re-
cevoir, dans le sens de sa longueur, le feu de l'en-
nemi. Prendre en enfilade. Cette face de la demi-lune
est exposée à l'enfilade, legoarant. {| Terme de ma-
rine. Bordée prenant le vaisseau ennomi dans le sens
de sa longueur. || 4° 'ferme de tnctiac. Position
dans laquelle on est constamment battu par l'ad-
versaire, sans pouvoir ni le battre ni même jouer
soi-même, de sorte qu'il prend de suite uu grand
nombre de trous et gagne souvent la partie.
— ÉTYM. Enfiler.
ENFILÉ, ÉK (un-fi-lé, lée), part, passé. || I" En
qr.oi on a pas.^é un fil. Une aiguille enSlée. || Atta-
ché avec un fil. On me payera mes élats de perte,
dûment cerlifiis, visés, enlilés et oubliés dans vos
paperasses, p. l. colb. lett. i, 82. || Terme de bla-
son. Se dit des pièces rondes, telles que les cou-
ronnes, les anneleis, etc. lorsqu'elles sont passées
dans des lances, dans des fasces, etc. || 2" Percé de
part en part par un instru-ment long et mince qu'on
peut comparer à un fil. Enfilé d'un coup d'épée.
il 3* Battu parle canon dans le sens de sa longueur.
lia grande roule enfilée par l'artillerie ennemie.
ENFILER (an-fi-lé), v.a. || 1° Passer un fil dans
le trou d'une aiguille, d'une perie, etc. Enfiler une
aiguille, un chapelet. || Kig. et familièrement. Ce
n'est pas pour enfiler des perles, c'est-à-dire ce n'est
pas en vain, ce n'est pas sans quelque motif caché.
Est-il teuips d'enfiler des perles. Et d'aller à la
chasse aux merles? scarkon, Virg. trav. iv. || Cela
ne s'enfile pas comme des perles, se dit de certaines
choses qui sont plus difficiles à faire qu'elles ne pa-
raissent. Il Terme d'épinglier. Passer la tête d'une
épingle à l'endroit où elle doit être rivée. || 2° Percer
de part en part. Macarlney, qui lui servait de se-
cond [<\ Mohun], enfila le duc d'Hamillon par der-
rière et s'enfuit, st-sim. 334, 1 38. Il 3° Enfiler un
chemin, une rue, s'y engager. Vous enfiliez tout
droit, sans mon instruction. Le grand chemin d'en-
fer et de perdition, mol. Éc. des femmes, m, t.
Vous vous imaginez bien qu'au lieu de prendre la
route du cheval noir, nous enfilâmes celle de la
mai.son où était Ortiz, lesage, GiJ Blas, iv, o.
Il Enfiler la venelle, se sauver vile. || Absolument.
Enfiler à droite, à gauche, prendre le chemin qui
est à droite, à gauche. || Kig. Heureusement que
je m'aperçus que j'enfilais une fausse route qui
m'ég.irait dans un labyrinthe immense, J. J. houss.
Confess. VI. jj 4° Raconter, débiter, yuand un plai-
deur s'en vient m'enfiler son procès, Quelque cause
aussitôt m'épargne un mal de tête, la font. l'Eun.
V, 2. Si le mari ne s'était fait connalire, Elle en al-
lait enfiler beaucoup plus; Courte n'était, pour sûr,
la kyrielle , id. Ùari confess. Tandis qu'Êneas
enfila Le discours civil que voilà, scarron, Virg.
traiesti, iv. Parlez, sotte; enfilez la harangue, th.
CORN. Geôlier Je soi-même, iv, ♦. Madame proteste
qu'elle n'a jamais rien dit ni fait qui put déplaire,
et enfile des plaintes et des protestations, st-sim. 94,
230. Habiller la fable en histoire, El, causant tou-
jours (le mémoire. Propos sur propos enfiler. Vous
croirez que ce caracti're Est facilité de parler; C'est
impuissance de se taire, j. b. rouss. Lettres, 1. 1,
p. 207, dans richelet. X l'appui de ce mensonge
j'en enfilai cent autres, 1. 1. Rouss. Confess. m. Si je
t'enfile encore celle-là [cette histoire), lu n'en
•eras jamais quitte, p. t. cour. Lett. i, (58. || 5° Ka-
milièremcnl. Kngager dans une partie de jeu désa-
vantageuse. Un escroc l'a enfilé dans un tripot et
lui a rail perdre du mille francs, jj Populairement.
Tromper. enjùler.NoaiUes, Effial et CaniUac avaient
n^rl 1 fn,""'"" '"'"'" ^" '^««^"l ^ 'a servitude du
parlement, sx-sm. 4b4, U7. Le comte 4 put . Il
ENF
veut rester; j'entends.... Suzanne m'a trahi. — Fi-
garo : Je l'enfile et le paye en sa monnaie, beadm.
ilar. de Figaro, m, t. || 6° Terme de trictrac.
Prendre de suite, et comme s'ils étaient atta-
chés ensemble, un grand nombre de trous. Je
.sais dans un trictrac, quand il faut un sonnez. Glis-
ser des dés heureux, ou chargés, ou pipés; Et
quand mon plein est fait, gardant mes avantages,
J'en substitue aussi d'autres prudents et sages, Qui,
n'ofi'rant à mon gré que des as à tous coups. Me
font en un instant enfiler douze trous, rkonarb,
Joueur, I, to. Il 7° Terme d'artillerie. Battre dans
le sens de la longueur. Le feu de la place enfile
cette tranchée. Enfiler la face, le flanc d'un bas-
lion. Enfiler le chemin couvert. || Terme de marine.
Tirer en enfilade sur un biUiment. || Par extension.
Lorsque ces combes se trouvent siluées de manière
à être enfilées par les vents froids et humides....
nuFF. Exp. sur les véijét. 2" jii^m. || 8° Donner sur,
être ouvert sur, en parlant de communications. Vis-
à-vis les pieds du lit une porte, puis un fort grand
cabinet qui donnait dans l'appariement de jour de
monseigneur le duo do Bourgogne, que cette porte
enfilait, st-sim. 214, 434. || 9° S'enfiler, v. réfl.
fiire enfilé. Cela s'enfile de la sorte. || Se percer l'un
l'autre d'une épée, d'une arme. Les deux adver-
saires , se précipitant l'un sur l'autre , se sont
enfilés. Il Terme de jeu. S'engager dans une mau-
vaise veine, s'engager dans une perte considérable.
Il Terme de trictrac. S'enfiler, se faire enfiler, se
laisser enfiler, disposer son jeu de telle sorte qu'on
ne puisse plus jouer soi-même, et qu'on soit con-
stamment ballu, tandis que l'adversaire prend de
suite un grand nombre de Irons. 11 se laissait enfiler,
qjie c'était une bénédiction, hamilt. Gramm, i.
— lllST. xni' s. Nus [nul] du meslier desus dit ne
puet ne ne doit nulles palencstres eiifiller, se elles ne
sunt rondes et bien fourmées, Liv. des mit. 67. Lors
trais une aguille d'argent D'un aguiUer mignot et
gent. Si pris l'aguille à enfiler, la Hose, 93. ||xvi's.
Par là j'eniilay tout d'un train Virgile en l'aeneide
[je me mis à l'étude de Virgile], et puis.... mont.
1, t07. D'enfiler ici un grand rooUe de ceulx qui....
je n'aurois jamais faict, 11). I, 3oo. Souvent ils en enfi-
loient [d'une arme] deux boucliers et deux hommes
armez, ID. i, 3C3. Aubigné, estant entré dans Cou-
tras, enfila la grande rue, et puis descendit au quay,
d'aub. Vie, XVII. Cependant que la roine et le roi
de Navarre enfiloieiit un long pourparler avec le
prince et l'admirai, lo. //î.>(. I, t'io. Deux coulevri-
iiesetdeux bastardes, qui enfiloient la courtine au
grand desavantage des assiégez, id. ib. l, 230. Il
fault faire à .son ennemy pont d'argent quand il en-
file la fuicte, CARL. VI, 24.
— ÉTYM. En t , et fil; bourguig. anfilU {H mouil-
lées).
t ENFILEUR (an-fi-leur), s. m. \\ 1° Ouvrier qui
passe les tèies des épingles dans les branches.
Il î° Fig. Celui qui eiilile des paroles. Loin de ces
ignobles zoïles, De ces enfileurs de dactyles, Coifiés
de phrases imbéciles Et de classiques préjugés,
GRESSF.T, Chartreuse. \\ 3° Populairement. Trompeur,
enjôleur.
— llIST. XVI" s. Enfileur de perles [grand discou-
reur], OUDIN, />i'c(.
— ÉTV.M. Enfiler.
t ENFILUUE (an-fi-lu-r') , s. f. || 1° Action d'en-
filer. L'enfilure des perles est son occupation. || 2° Fig.
Suite, enchaînement.
— lllST. XVI" s. C'est l'enfileure de nos aiguilles
[aimantées] suspendues l'une de l'aultre, mont, i,
2CG. Une belle enflleure de paroles courloises, id. i,
202. Cela produict, aprez, une enfileure de nouvelles
cruautez, id. m, (17.
— ÊTYM. Enfiler.
ENFIN (an-fin), adv. || 1" Définitivement, pour
conclure. Mais enfin que vous a-l-il dit? Enfin
vous l'emportez, et la faveur du roi Vous élève en
un rang qui n'était dû qu'à moi, corn. Cid, I, 3.
Enfin pour son époux j'ai fait choix de Clitandre,
MOL. F. sav. V, 3. C'est un homme.... qui.... oh!...
un homme.... un homme enfin 1 id. Tnrt. i, 6.
Enfin tout ce qu'amour a de nœuds plus puissants.
Doux reproches, transports sans cesse renaissanis.
Soin de plaire sans art, crainte toujours nouvelle.
Beauté, gloire, vertu, je trouve tout en elle, rac.
Bérin. il, 2. Enfin il faut du sang pour hiver mon
injuie, TH. corn. Ariane, iv, 3. || 2° Après une al-
terne. Enfin je vous trouve. Il arriva enfin. Enfin
nous nous rencontrâmes. Enfin Malherbe vint, et le
premier eu France, Fit sentir dans les vers une
juste cadence, uoiL. Art p. i. Tu soupires enfin et
semblés le troubler, bac. Ba/. a, 4.
lîNF
— SYN. ENFIN, X LA FIN , FINALEMENT. Enfin et à
la fin offrent le même mot, l'un a' ec la préposition
en, et l'autre avec la préposition i; ce qui ne fait
pas une sensible nuance. Mais l'un est sans article,
et l'autre a l'article défini; de sorle que enfin a une
signification plus étendue qu'à la fin, l'un exprimant
une fin générale, l'autre une fin particulière. Enfin
il le trouva, veut dire qu'il le trouva après un temps
dont la fin arrive; à la fin il le trouva veut diro
qu'il le trouva après une fin particulière soit de re-
cherche, soit d'attente. Finalement signifie d'une
manière finale, pour terminer : ce qui le distingue
des deux précédents, outre qu'il çst moins reçu dans
le style élégant et orné. -
— iiiST. XII" s. Ja [il] l'eûst mort anfin sans nul
rotor, Tîonc. p. (40. {| xvi" s. Les laisser embourber
et empestrer encore plus qu'ils ne font, et si avant,
s'il est possible, qu'enfin ils se recognoissent,MONT.
IV, 56.
— KTYM. En t, el fin, s. t.
ENFLAJIMÉ, ÉE (an-fia-mé, mée), part, passé.
Il 1° Qui est en flamme. Vous que mon bras vengeait
dans Lesbos enfiammée, rac. Iphig. iv, a. [Il] Se
roule, et leur présente une gueule enflammée Qui
les couvre de feu, de sang et de fumée, id. Phéd,
V, C. Quand, sur ton sommet enflammé, Dans un
nuage épais le Seigneur enfermé.... lu. Athal. i,
4. Anaxagore avait dit que le soleil n'était qu'une
pierre ou qu'une lame de métal enflammée; il fallait
le condamner comme physicien; on l'accusa d'im-
piélé, iiARTiiÉL. Anach. ch. 79. Près d'un chêne en-
fianimé devant mo; se présentent Trois femmes....
uucis, ilacbethyU, G. || Poétiquement. Où reluisent
les fiammes. Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit
enflammée, rac. Bér. i, 5. || 2° Oui est d'une rou-
geur comme de fiamme. Elle se sauve dans les bras
de sa mère et cache dans ce sein malernel son vi-
sage enllammé de honte, j. ). rouss. Ém. v. Le lion
hérisse sa crinière, me montre ses dents et ses
griffes, ouvre une gueule sèche et enflammée,
FÉNEL. Tél. II. De ses yeux enflammés j'ai vu tom-
ber des pleurs, VOLT. Tancr. v, (.|| 3" Kig. Qui est
en proie à une passion comparée à la flamme. Tous
pour Aristie enflammés de vengeance, corn. Sert.
v, 6. Enflammé de courroux D'avoir perdu mon
maître et de craindre pour vous, id. Nicom. i, l.
Lorsque le roi cuntro elle enflammé de dépit, bac.
Eslh. i, (. Toujours du même amour tu me vois
enflammé, id. itithr.n, 3. || Il se dit aussi d'une
passion marquée dans le regard, dans les sou-
pirs, etc. [Agrippine] ....d'un œil enflammé Atteste
les saints droits d'un nœud qu'elle a formé, bac.
Ilrit. H, 2. Madame, doutez-vous des soupirs en-
flammés De deux jeunes amants l'un de l'autre
charmés? id. Daj. m, 2. || Courroux enflammé,
courroux ardent comme une flamme. Hé quoi! ce
courroux enflammé Contre un ingrat.... bac. Andr.
m, t. Voy. E.\iBHASiî pour un emploi semblable.
Il 4" En proie au mécontentement politique, sou-
levé. l.a Bretagne est plus enflammée que jamais;
Mme de Chaulnes n'est pas prisonnière en forme,
mais une de ses amies voudrait de tout son cœur
qu'elle ne fût pas à Kennes , SÉV. Lettre du 26
juillet (075. Il 5' Terme de médecine. Offrant les
caractères de l'inflammation. La plèvre enflam-
mée.
t ENFLAMME.tlENT (an-fla-me-man),j. m. L'état
de ce qui est enflammé.
— iiiST. XII" s. Por le grant enflamement de sa
pensée, ilacliab. ii, 5.
— ÉTYM. Enflammer.
ENFLAMSIEU (an-fla-mé), v. a. \[ 1" Mettre en
feu, en flammes. Il ne faut souvent qu'une étincelle
pour tout enflammer. Ah I quels coups de tonnerre
Ont enflammé le ciel el font trembler la terre ! voLT.
Sémiram. v, 6. || 2"' Fig. Exciter comme une flamme
dans le cœur, dans l'Ame. L'homme est ainsi bâti :
iiuand un sujet l'enflamme, L'impossibililé disparaît
à son âme, la font. Fabl. viii, 25. Je sais combien
est pur le zèle qui t'enflamme, rac. Eslh. il, 5. Du
zèle qui pour toi l'enflamme et le dévore, id. ib,
Prol. Surtout de mon aïeul et l'exemple el la gloire
M'enflamme à tout moment et remplit ma mémoire,
CAMPisThON, /tndronic. i, 8. Cette ànie qu'enflammait
un courage intrépide, volt. Tancr. v, «. Le courroux
qui l'aigrit, le poison qui l'enflamme, id. Brut, i, ♦.
J'enflammerai son jeune cœurde tous les sentimenu
d'à mille, de générosité, de reconnaissance que j'ai dé-
jà fait nalire et qui sont si doux à nourrir, j. j. BOUSS.
Ém.iv. Aristole éclairait son esprit, l'ialon enllam-
maitson.lmejBARTnÊL.X'iac/iarîti.ch. 26. Des fureurs
du désir son sang est allumé, La couronne l'ea-
I flamme et le charme est lormé, bLOS, J/a.'ton,iii ,
ENF
3. Il II se dit aussi des passions qui brûlent et em-
portent. L'opiniâtreté des habitants enflamma sa co-
lère,vaugel. Q. C. 1. vu, dans riciielet. Ahl que
vous enflammez mon désir curieux ! rac. Eslh.
Il, 7. Il 3° Faire naître la passion de l'amour. Un
doux regard a surfi pour l'enflammer. Non, ce n'est
ni par choix ni par raison d'aimer Qu'en voyant ce qui
plaît on se laisse enflammer, th. corn. Ariane, i,l.
Il 4° Terme de médecine. Causer l'inflammation.
Une piqilre lui enflamma le doigt. L'arsenic en-
flamme l'estomac. || Fig. Les veilles enflamment le
sang. Il 5° S'enflammer, v. réfl. Prendre feu. Ce bois
s'enflamme facilement. || Fig. Que la guerre s'en-
flamme et jamais ne finisse. S'il faut, avec la paix,
recevoirPclynice.RAC. Théb. iv, <. || 6" Se passionner,
s'animer, s'emporter. Cet homme s'enflamme facile-
ment. Ils s'enflamment de l'amour de la gloire, l'Ê.N.
Ttl. XIV. Fiesque aisément s'enflamme aux mer-
veilles des arts, ancklot, Fiesque, m, 3. || Il se dit
aussi de passions qui éclatent dans les yeux, dans le
gang, etc. Vous eussiez vu leurs yeux s'enllammer
de colère, corm. Cinna, i, 3. Tout mon sang de co-
lère et de honte s'enflamme, rac. Lsilc. m, 4.
Il 7° Être saisi du sentiment de l'amour. C'est le sort
de mon sang de s'enflammer pour vous, olin'ault.
Thés. V, 6. Il 8° Terme de médecine. Prendre les ca-
ractères de l'inflammation. Le poumon s'enflamma.
— IllST. xii* s. Kar enflammez est li miens cuers,
Liber psalm. p. 07. Ses blanches mains, ses doigts
Ions et tretis. Qui font l'amor enflamer et espren-
dre, Couci, v. Quant veit li reis Henris que veincre
nel purra, Mult durement vers lui en ire s'enflamba,
Th. le mart. 38. || xm" s. Lors envolas tu à la table La
toe [ta] grâce esperitable Dou Saint Esperitenflamée,
Que tant fu joie et amée, huteb. ii, 22. || xV s.
Moyses sy vit un buisson Tout enl'rambé sans nulle
arsure, ilart. de St Et. Ce fut une chose qui moult
enflamma ceux de Gand, froiss. i, l, 245. Grands
et puissans royaumes, qui peu auparavant esloient
si enllambez l'un contre l'autre, et tant empeschez
à se tourmenter, comm. viii, \T. || xvi" s. Luy seul
estoit cause de tous ces maulx, ayant allumé et en-
flammé ceste guerre, amyot, Agiisil. BO. Vostre coeur
soilà présent destourné et aliéné de nous, j'adjouste
mesme enflamhé; toutesfois.... calv. Inst. Déclic.
— Ety.m. Picard, enftamber; provenç. enflamar ;
espagn. inflamar ; ital. infiamniare; du lat. inflam-
rnare, de in, en, et Panmia, flamme. F.nflamher
est le même mot, avec l'interposition d'un b appelé
par m.
f ENFLE (an-fl'), j. m. Jeu de cartes qui se joue avec
un jeu complet etun nombre indélerminéde joueurs.
ENFLÉ, ÉF, (an-flé, flée), yart. passé. || 1° Qui est
devenu plus volumineux qu'il n'était. Il a le corps
tout enflé. Son pied est enflé d'une entorse. J'ai la
tête plus groFse que le poing, et si n'est-elle pas en-
flée, MOL. Bourg, gent. m, B. || Être enflé, être hy-
dropique. Il Par extension. IJne puissance qui est
d'accident, qui ne peut pas durer, qui n'est pas na-
turelle, et qui est plutôt enflée qu'agrandie, mon-
TESQ. Rom. 18. Il Substantivement. Un gros homme.
C'est ce gros enflé de conseiller, beaumarcii. lUar.
de Fig. lu, <6. || Dans les parades et dans un langage
trés-trivial. Hé l'enflé! en appelant un gros homme
dont on ne sait pas le nom. || 2° Qui a été grossi par
insufflation. Un ballon enflé. 1| Être enflé comme un
ballon, être tiès-enflé; et fig. avoir un orgueil ex-
cessif. || 3° i qui la confiance, le courage, la pré-
somption ont crû. Et ces grands cœurs enflés du
bruit d* leurs combats, corn. Nie. ii, t. Enflé de
sa victoire et des ressentiments Qu'une perle pa-
reille imprime aux vrais amants, id. jPomp. ii, 4.
I Cet orgupiUeux esprit enflé de ses succès, id. Nie.
' II, 4. Kt quand je puis venir, enflé d'une nouvelle.
Donner à son repos une atteinte mortelle, C'est
I lors que plus il m'aime, mol. D. Garcie, il, l.Il
' le voyait enllé d'orgueil par sa qualité de.... pasc.
' Prov. tl. Ce vainqueur, enflé de ses titres, tom-
[ bera lui-même à son tour entre les mains de la
, mort, uoss. Dudi. d'Orl. Enflés d'une si belle ori-
/ gine, ils se croyaient saints par nature et non par
' grSce, ID. His(. u, B. Cependant, à les voir enflés
de tant d'audace, Se promettre en leur nom les fa-
vei.us du Parnasse.... BoiL. Disc, aurai. Maiscroyez-
I vous qu'un prince enflé de tant d'audace.... rac.
1 Alex. I, 2. Il est enflé de sa victoire, bÉN. Tél. xiii.
Il 4' Grossi. Un compte enflé. Un son enflé. || Par
extension. On se persuade.... que nos faihles efforts
enflés (le nos titres et de nos dignités ont le môme
poids dans la balance du souverain juge que les jus-
lices les plus abondantes, mass. l'anég. St Louis.
Il 5» Quia de l'emphase. Le défaut du style enflé,
t'est do vouloir aller au delà du grand, boil. Longin,
ENF
Sublime, chap. 2. Il [ClaudienJ a trop de saillies de
jeunesse, et est trop enflé, rollin, Hist. anc. liv.
XXV, oh. I, art. 2, § 3, Quand le style des lois est
enflé, on ne les regarde que comme un ouvrage
d'ostentation, montesq. Espr. xxix, lo. || Substanti-
vement. Je hais également le boufl'on et l'enflé,
PASc. dans cousin.
— SYN. 1° ENFL13, gonflé. Enfler c'est tn-/îarp;
gonfler, c'est con-flare; ces deux mots ont donc le
même radical, ftare, souffler, avec un préfixe dif-
férent. Au propre, la nuance n'est pas saisissable; on
enfle ou on gonfle un ballon; le pied foulé enfla ou
se gonfla. Au figuré, on dit enflé d'orgueil ou gonflé
d'orgueil, sans différence notable. Mais, quand on
dit enflé par ce .succès, ou gonflé par ce succès, une
différence devient visible : enflé jiar ce succès, si-
gnifie que le courage, la confiance ont crû; gon-
flé par ce succès signifie que ce qui a c:û, c'est l'or-
gueil, la vanité. || 2° enflé, boursouflé, en parlant
du style. Le style enflé est celui qui, comme dit
Longin, va au delà du grand; le style boursouflé
enchérit encore sur l'enflure, et manque d'une cer-
taine dignité que le style enflé ne perd pas.
t ENFLE-BOEUF {an-fle-beuf),î. m. Carabe doré,
sorte d'insecte.
— ÉTYM. Ainsi dit, parce qu'on croyait à tort que
sa piqûre fait enfler les bœufs.
t ENFLÊCUEK (an-flé-ché), v. n. Terme de ma-
rine. Monter aux mâts, aux hunes, en s'élançant
sur des cordages appelés enfléchures; disposer ces
enfléchures.
t ENFLÉCllURE (an-flé-chu-r') , i. f. Terme de
marine. Cordages qui servent d'échelons pour mon-
ter d'un liauban à l'autre.
t ENFLEMENT. (an-fle-man), s. m. État d'une
chose enflée.
— llIST. XVI* s. Enflement, cotgrave.
— ÉTYM. Enfler; provenç. enflament, eflamen.
ENFLER (an-flé), V. a. || 1° Remplir de souffle,
d'air. Viendrai-je, en une églogue entouré de trou-
peaux. Au milieu de Paris enfler mes chalumeaux?
BOIL. Sat. IX. Il Grossir, en remplissant d'air, de
gaz. Enfler un ballon. Enfler ses joues. De tels
bienfaits enflent la boucbe de la renommée, volt.
Leit. à Catlier. ta. \\ Le vent enfle les voiles, il
les rend tendues parle souffle. Le génie qui m'in-
spirait m'abandoima; mon esprit et mon âme tom-
bèrent languissants comme les voiles d'un navire
auquel tout à coup manque le vent qui les enflait,
marmontel, ilém. m. 11 voit les passions, sur une
onde incertaine, De leur souffle orageux enfler la
voile humaine, lamawt. iléd.n, (3. || Fig. Enfler les
voiles, se dit de ce qui favorise, fait avancer. Le vent
de la faveur enflait leurs voiles. || Grossir en rem-
plissant d'un liquide. L'eau enfle le ventre d'un hy-
dropique. Les efforts que le petit homme avait faits
pour tirer son pied hors du pot l'avaient enflé,
scARRON, Roman com. part. Il, ch. 8. Tes prés [de
la France] enflent de lait la féconde génisse, a.
CHÉN. Hymne à la France. \\ 2° Fig. Faire paraître
plus grand par une sorte d'enflure. Bien différent
de ceux qui rassemblent le plus de titres qu'ils
peuvent et qui croient augmenter leur mérite à force
d'enfler leur nom , fonten. Ilartsoeker. Aussi-
tôt.... tu verras poêles, orateurs..,. De tes titres,
pompeux enfler leurs dédicaces, boil. Sat. viu.
Il 3° Enfler la voix, un son, les renforcer. Chasseur,
tu rapportes ta bête. Et de ton cor enfles le son, bé-
rang. D. chasse. || 4° Augmenter par l'afflux d'un li-
quide. Les pluies ont enflé la rivière. || Fig. De mille
exploits fameux enfler ma renommée, corn, le lient,
i, 3. Qu'importe de mon coeur, si je suis mon devoir,
Et si mon hyménée enfle votre pouvoir? ID. Serlor.
I, 3. Dès l'abord il sut vaincre, et j'ai vu la victoire
Enfler de jour en jour sa puissance et sa gloire, id.
ib. V, t. Ma voix, depuis dix ans qu'il commande une
armée, A-t-elle refusé d'enfler sa renommée? id. A'i-
com. IV, 2. Nous avons beau enfler nos conceptions,
nous n'enfantons que des atomes, pasc. dans cou-
sin. La pluralité des titres que vous possédez et qui
enflent si fort votre revenu, mass. Confér. Reven.
ecclésiast. || 5° Exagérer, surfaire. Enfler la dépense.
On leur exagère toujours les inconvénients d'un
état où l'intérêt d'une maison ne les demande pas;
on leur enfle les avantages et les agréments de celui
auquel on les destine, mass. Car. Vocal. Pas davan-
tage, suivant notre calcul, que j'ai un peu enflé,
VOLT. L'homme au 40 écus. Entretien avec un géo-
mètre. Il y a apparence que ce prince [l'empereur
Macrin) enflait les choses, uontesq. Rom. 10.
M. Adam ignorait et cachait .son mérite avec le
même soin que tant d'autres se donnent pour étaler
et pour enfler le leur, d'alembekt, Éloges, Jacq.
ENF
1389
Adam. On ne m'accusera pas d'enfler mes mémoire»,
PICARD, Duhaulcours, i, 5. || Terme de pratique.
Enfler le cahier, les rôles, y mettre des choses inu-
tiles, afin de les allonger et de se faire payer plus
cher. Il 6° Donner plus de force à certains sentiments.
Ses satrapes enflaient ses espérances, vaucel. Q. C.
liv. m, dans riciielet. Cela enfle le courage des
Tyriens, id. ib. iv, dans riche; et. Ne porter qu'ua
faux jour dans son obscurité. C'était de ce prodige
enfler la cruauté, corn. Œdipe, i, 4. Non, j'ai
peint votre cœur dans une indifférence Qui n'enflj
d'aucun d'eux, ni n'abat l'espérance , id. Cid, i,
I. L'orgueil de ma naissance enfle encor mon coi:-
rage, id. Rodog. iv, l. [11] Enfla l'avidité de mes
ressentiments, ID. Attila, v, 4. || Inspirer de l'or-
gueil, de la confiance, de la iirésomption. Ce nou-
vel éclat de votre dignité Lui doit enfler le cceur
d'une autre vanité, corn. Cid, i, 7. La gloire de ce
choix m'enfle d'un juste orgueil, id. Ilor. u, 4.
Quand la gloire nous enfle, il sait bien comme il
faut Confondre notre orgueil qui s'élève trop haut,
iD. ib.v. 1. Cette haute vertu dont le ciel et le
sang Enflent toujours les cœurs de ceux de notre
rang, id. l'omp. i, s. Les bons succès nous enflent,
FLÉcn. Dauph. Les richesses qu'ils ont acquises par
le commerce et la force de l'imprenable ville de Tyr,
située dans la mer, avaient enflé le cœur de ces
peuples, FÉNEL. Tél. il. Les sciences nous enflent,
l'ignorance nous égare, mass. Carême, Prière 2.
Il Absolument. Vous allez donc voir.... la force con-
fondue par la faiblesse, la science qui enfle céder à
la simplicité qui édifie, mass. Panég. St Franc, de
P. Il 7" Enfler son style, écrire d'une manière am-
poulée. Il 8» Terme d'orfèvrerie. Agrandir au mar-
teau, sur la bigorne, les parties inférieures des
pièces d'argenterie qui doivent former le ventre,
comme aux pots à l'eau, aux cafetières. || 9" V. n.
Devenir plus gros. Avec de l'eau bouilU.nte on fait
enfler l'orge d'un tiers. Le bras piqué enflait à vue
d'œil. Sa gorge enfle, et du sang dont le cours s'é-
paissit Le passage se ferme ou du moins s'étrécit,
CORN. Attila, V, B. Mais qui fait enfler la Sambra
Sous les jumeaux effrayés? boil. Ode i. || Le lait
enfle, il se soulève par l'action de la chaleur.
Il 10' S'enfler, v.réfl. Devenir enflé. Le ballon s'enfla
lentement. Une grenouille vit un bœuf Qui lui sembla
de belle taille; Elle qui n'était pas grosse en tout
comme un œuf. Envieuse, s'étend, et s'enfle et se
travaille, LA font. Fnhl. i, 3. U y a dans l'esprit
comme un levain d'orgueil qui s'enfle et se dilate
par la science, flécii. Panég. n, 233. Les voiles
s'enflent d'un vent favorable, fén. Tél. xiv. || Deve-
nir tuméfié. U se donna une entorse, et son pied
s'enfla beaucoup. Cette gorge qui s'enfle, corn, ito-
dog. V, 4. Il Être soulevé. L'onde s'enfle dessous
[les vaisseaux], et d'un commun en"ort Les Maures
et la mer montent jusques au port, corn. Cid,
IV, 3. Il Devenir plus gros, plus ample. Par qui
le monde entier.... L'a vu [le peuple de BomeJ
cent fois marcher sur la tête des rois. Son épargne
s'enfler du sac de leurs provinces, corn. Cinna,
II, 1. Leur trésor n'a pas besoin de s'enfler des
faibles débris d'une famille malheureuse , volt.
Louis XV, 42. Tout à coup la flamme en.gour-
die S'enfle, déborde; et l'incendie Embrase un im-
mense horizon, lamart. Médit, ii, fi. || 11° S'en-
orgueillir. Voyez comme elle s'enfle et d'orgueil et
d'audace, CORN. Ilédée, ii, s. Certes, si je m'enflais
de ces vaines fumées Dont on voit à la cour tant
d'âmes si charmées, id. Théod.i, i. Que verraient'
ils en eux qu'ils pussent estimer, S'ils voyaient de-
vant toi ce qu'est leur chair fragile? Comment souf-
friraient-ils qu'une masse d'argile S'enflât contre la
main qui vient de la former? id. Imit. m, 14. Ne
vous enflez donc pas d'une si grande gloire, mol.
Mis. m, 0. Le zèle qui prend sa source dans la cha-
rité, c'est un zèle doux et patient : il ne s'irrite
point, il ne s'enfle point, mass. Confér. Zèle p. le
sal. des âmes. Nous autres juges, [nous] ne nous
enflons pas d'une vaine science, montesq. Lett.
pers. 08. 11 était impossible que la plupart des jé-
suites ne s'enflassent du vent de ces deux hommes
[le P. de la Chai.se et le P. le Tellier], et qu'ils
ne fussent aussi insolents que les laquais du mar-
quis de Louvois, von. Dict. phil. Jésuites. || Être
exagéré. Il y a tant d'hommes naturellement outrés
et dans la bouche de.squels tout s'enfle, tout grossit,
tout sort do la vérité simple et naturelle, mass. Car.
Vard. des off. || Prendre un ton, un style ampoulé.
Un poêle s'enfle, se guindé. Et se croit au sommet
du Pinde Pour de grands mots vides de sens, la-
motte. Odes, 1. 1, p. 421, dans pougens.
— lilST. XII' s. Mezine médecine] ki aeichet les
■
1390
ENF
«nnéet choMs, Job, p. 507. [Do peur] ke la science,
eani de coiioist et n'aimel inie, nendel, .6. 443.
Il ol onné le vis et le menton, Honc. p. luo Un des
convcrs a» monies [chez les moines] (ne le m unt
pas nummÉ) Oui mult esté grevé de granteiifermelé,
E oui d'idropisie le ventre mult enflé. Th. le mart.
94 II XIII" s. Se la mers est en liée ou coie [paisible],
Jane sera qu'on ne la voie [l'éloile polaire] , lais
inédils , p. III. Li rois Ricars et moult le cueur
enflé [jaloux] dou roi Philippe, qui avoit l'honneur
d'Acre, Chron. de liains, p. 42. Dans Pieres, li
hermites seoit devant son trô [tente], Li rois Ta-
fursi vint, et moult de son bariié [de ses barons],
Plus en i et de mil qui sont de faim enflé , Ch. d'Ant.
V, 0. Science, quand elle enfle, est chose si par-
verse. Qu'elle envenime tout, se la boe n'est terse
[essuyée], J. de meung. Test. (044. Quant je vien
à mon esté [logis] , Et ma feme a regardé Derier moi
le sac enflé, colin ml'skt, dans Ilist. litlér. de la
Fr. l. xxiii, p. 668. Il XIV' s. Le cuer enflé à mal
faire et dire, Ménagier, i, .t. Et celle lui ala son
amour présenter, Tant qu'elle fucnchainte [enceinte],
qu'elle prist à entier, Batid. de Seb. vi, 293. Ijxvs.
Si ils [les Parisiens] fussent venus servir le roi au
point où ils sont quand il alla en Flandre, ils eus-
sent mieux fait; mais ils n'en avoient pas la teste
enflée, froiss.ii, ii, 206. Et tous jours depuis com-
mença la chose à enfler entre les dicls deux ducs,
FENiii, 4*10. Il XVI' s. [Depuis Ronsard, etc.] je ne
vois si petit apprenti qui n'enfle des mots, qui ne
ronge des cadences à, peu prez comme eulx, mont.
i, mu. Il trouva la rivière si enflée et courant si
roide qu'il ne s'osa approcher du fil de l'eau, amïot,
Rom. 4. Les prosperitez enflent et élèvent le cueur
à ceux mesmes qui l'ont petit de leur nature, iD.
Euméncs, 47. Ce Valinius avoit des escrouelles au
long du col, à raison de quoy Ciccron, l'ayant un
jour ouy plaider, l'appella orateur enflé, ID. Cicéron,
32. Gabinius eut peur de se mettre sur la mer qui
estoit desja enflée, à cause que c'estoit la saison
d'hyver, id. Anton. 40.11 dit à ceux-là, que, s'il ne
pouvoit leur enfler le cœur avec des démentis, il
leur enfleroit le visage par des soufflets, d'aub.V'i*,
Lxix. Dès lors Maurice enfloit ses troupes au lieu de
les congédier, id. Uist. i, 45.
— ÊTYM. Provenç. enflar, eflar, uflar; espagn. in-
/îar;ital. tn/iare;du latin tn/îar« , de in, en, et/Jarc,
souffler.
t ENFLEURAGE (an-fleu-ra-j'), s. m. Action d'en-
fleurer.
t ENFLECBER (an-fleu-ré), V. a. Terme de par-
fumerie. Charger une huile de l'odeur de certaines
fleurs; ce qui se pratique ainsi : on forme des ma-
telas d'ouate imprégnée d'huile d'olive ; on place
entre deux de ces matelas une couche de violettes,
par exeriiple, ou d'œillets; l'huile dissout leur huile
essentielle, et, quand eUe est épuisée, on remplace
les fleurs par de nouvelles jusqu'à ce que l'huile
soit saturée.
— HIST. XVI' s. Lors de bouquets enfleura ses
cheveux, am. jauin. Fouies, f° 448, dans la-
CUHNE.
— ETYM. En t , et fleur.
E^VLURE (an-flu-r'), s. f. \\ 1° Ëtat do ce qui est
enflé. L'enflure des membres suivit rapidement la
piqûre de la vipère. Elle avait une si grosse enflure
à l'oreille que.... sÉv. 644 Un jeune étourdi
bouffi de vanité. Qui cache dans le faste et sous l'é-
norme enflure D'une grosse perruque et d'uue gar-
niture Le plus badin marquis qui vit jamais le jour,
QUiNAULT, Hère coquette, i, 2. Tâchez donc deve-
nir à bout de cette enflure au cou; pour moi, je suis
bien loin d'avoir des enflures, je diminue à vue
d'oeil, et je serai hientût réduit à rien, volt. Lett.
Damilaville, 30 oct. 4707, || Kig. Il ne faut pas
guinder l'esprit; les manières tendues et pénibles
le remjilissent d'une sotte présomption par une élé-
vation étrangère et par une enflure vaine et ridi-
cule au lieu d'une nourriture solide et vigoureuse,
PASC. De l'esprit géotn. ii.|| Terme de vénerie. La
première poussée du bois des chevreuils, ce qu'on
nomme meule ou bosse chez les cerfs. || 2° Fig. Vaine
présomption de soi-même. Sévérilé d'autant plus
chrétienne , et par conséquent d'autant plus agréable
à Dieu, qu'elle humilie plus l'homme et qu'elle ra-
baisse plus les enflures de son orgueil, louuual.
»• dim. après la Pentecôte, Doviinic. t. ii , p. ;i46,
dans pouGENS. Ceux qui doivent leur enflure à l'auto-
rité où ils sont établis, la bhuy. xii. || L'enflure du
cCBur, même sous. L'orgueil est une enflure du coeur
par laquelle l'homme s'étend et se grossit en quelque
sorte en lui-môme et rehausse son idée par celle de
»«ce d« grandeur et d'excellence, nicole Ess. de
ENF
mor. i" traité, chap. 4. 11 faut piquer cette enflure
pour en faire sortir le vent qui la cause, id. ib,
ch. 2. J'ai été blessée, comme vous, de l'enflure du
cccur, ce mot d'enflure medéplall;et pour le reste ne
vous avais-je pas dit que c'était [les Essais de morale
de Nicole] de la même étoffe que Pascal? sÉv. 77. Je
poursuis cette Morale de Nicole, que je trouve déli-
cieuse.... j'ai même pardonné Vetiftur(^ du cœur en
faveur du reste, et je soutiens qu'il n'y a point d'au-
tre mot pour expliquer la vanité et l'orgueil, qui
sont proprement du vent; cherchez un autre mot,
SÊV. 8B. Plus de ces soupçons, plus de ces haines,
plus de ces enflures de cœur, plus de ces fiertés,
■jilus de ces aigreurs qui sont comme des semences
de division et de discorde, bourdal. Carême, Sur
la paix chrétienne. Les humiliations guériraient
l'enflure de votre cœur, mass. Car. Dang. des prosp.
Il 3° L'enflure du style, le vice du style enflé. Je
hais ces mots d'enflure, pasc. dans coi:siN. Lis, je
te soumets ma censure Contre le faux goût et l'en-
flure Des poètes et des lecteurs, lamotte. Odes, 1. 1,
p. 4 25, dans POUGENS. Ce qu'on appelle enflure n'est
pour ainsi dire qu'un sublime contrefait, turcot.
Ébauche du 2« dise. Progrès de l'esprit humain, p.
304. De grands mots et de petites idées ne sont ja-
mais que de l'enflure, marmontel, Élém. litt. Œu-
vres, t. X, p. 227, dans pougens.
— IlIST. xii's. Por enflour d'orguilh. Job, p. 472.
IJxiV s. Enflure de sang, DUCANGE./Zcgme«. ||xv* s.
Or me convient de rechef tourner au fait et à la ma-
tière des Vénitiens.... c'est à sçavoir de quelle
manière creva l'enflure de l'envie portée en leurs cou-
raiges.... et le venin qui en saillit laid et abomina-
ble. Boude. Il, ch. 26. Il XVI' s. Plusieurs en encou-
rurent en grosses maladies de flux de ventre,
enfleure et hydropisie, amïot, 'Anton. 64. Sans
enlleure d'orgueil, langue, B34.
— ÉTVM. Knjler.
t ENFOLIER (an-fo-li-é), r. a. Frapper le creuset
dans lequel on a fait fondre de l'argent pour en dé-
tacher les feuilles collées aux parois.
t ENFONÇAGE (an-fon-sa-j'), s. m. Action d'en-
foncer, d'empiler une substance dans un récipient;
par exemple, de la poudre dans un baril. || Action
de mettre le fond à un tonneau. || Terme de marine.
L'une des avaries ordinaires à la charge de l'arma-
teur.
ENFONCÉ, ÊE (an-fon-sé, sée), part, passé.
(1 1° Poussé au fond. Des pieux enfoncés dans le sol
de la rivière. || Par extension. Enfoncé sous les couver-
tures du lit. Et dans le lit l'une et l'autre enfoncée
Ne laissa pas de Pentendre fort bien, la font. Uerm.
Tout le reste du jour, enfoncé dans la forêt, j'y cher-
chais, j'y trouvais l'image des premiers tem|)s, dont
je traçais fièrement l'histoire, j.j.houss. Con/cs. vin.
Il Fig. Dans un profond sommeil la paresse enfoncée
D'aiguillons enflammés s'y trouvera pressée, corn.
Imit. I, 24. Je suis actuellement enfoncé ou plutôt
abîmé dans la ténébreuse matière de la formation
des monstres, bonnet, Lett. div. CM'Àivres, t. xii,
p. 340, dans POUGENS. Enfoncé dans les calculs des
spéculations commerciales, marmontel, ilém. x. Il
[Napoléon] raisonnait comme certains cœurs enfon-
cés dans l'habitude du vice, sentant qu'il en faut
sortir, le désirant sincèrement, mais remettant
de jour en jour, si bien que la vie finit pour eux
avant qu'ils aient trouvé le temps de s'amender,
tuiers, Hist. du Cons. et de l'Emp. xun. || Populai-
rement. Être enfoncé dans les afl'aires jusqu'aux
sangles, y être engagé fort avant. || 2" Qui a péné-
tré profondément. L'épée enfoncée jusqu'à la garde.
Un clou enfoncé dans la muraille. Dans le seind'A-
raspe un poignard enfoncé, corn. Aïcom. v, 8. Tan-
dis que dans son sein votre bras enfoncé Cherche un
reste de sang que Page avait glacé, rac. i4n(/r.iv, 5.
Il 3° Profond. Une alcôve enfoncée. || Avoir les yeux
enfoncés dans la tête, avoir les yeux creux. || 11 a
la tête enfoncée entre les deux épaules, c'est-à-dire il
a le cou très-court. Représentez-vous un petit homme
haut de trois pieds et demi, extraordinaiiementgros,
avec une tête enfoncée entre les deux épaules ; voilà
mon oncle, lesage. Cil Ulas, l, 4. || Terme de bota-
nique. Se dit des feuilles dont les intervalles des ner-
vures sont creux; des sutures des valves, lorsqu'elles
sont placées au fond d'un sillon plus ou moins
profond. || 4° F'ig. Qui est plongé en quelque chose
comme dans un fond, dans un abîme. Enfoncé dans
ses réflexions, dans ses livres, dans ses études. || Être
enfoncé dans une certaine société, y être entière-
ment livré, en avoir les idées, les préjugés. 11 est
fort enfoncé dans la cour, c'est tout dit; La cour,
comme l'on sait, ne tient pas pour l'esprit, mol.
t'emm. sav. iv, 3. || 6" Avoir l'esprit enfoucé dans
ENF
la matière, être épais, stupide. Mon Dieu! ma
chère, que ton père a la forme enfoncée dans
la raalièro! que son intelligence e'it épaisse et qu'il
fait sombre dans son âme! mol. Préc. fl. || 6* Un
homme enfoncé, un homme qui cache ses pensées,
ses sentiments. Il n'était pas de ces hommes enfon-
cés et impénétrables, sur le cœur de qui un voila
fatal est toujours tiré, mass. Or. fun. Villan.
Il 7° Rompu. Une porte enfoncée. || Par extension
Le carré enfoncé par la cavalerie. Les Parthes au
combat par les nôtres forcés, Tantôt presque vain-
queurs, tantôt presque enfoncés, corn. Hodog. i, «.
Et des rangs enfoncés écrasant les débris, delille,
Enéide, xi. US" Néologisme et populairement. Ken-
versé, battu, mis en déroute. Enfoncé le préten-
dant! La partie est perdue, nous voilà enfoncés.
— KE.M. Bossuet et Fénelon ont employé enfoncé
dans le sens de foncé : On sent à la longue qu'un
noir trop enfoncé fait beaucoup de mal [à la vue],
ROSS. Conn. m, 3; La ville se perd entre un bocage
fort sombre et un petit bouquet d'autres arbres d'un
vert brun et enfoncé, PÉN. t. xix, p. 339. Ce sens
n'est plus en usage.
ENFONCEMENT (an-fon-se-man), s. m. || 1" Ac-
tion de faire pénétrer profondément. L'enfoncement
d'un clou dans la muraille, d'un pieu dans le sol
d'une rivière. Lorsque nous nous sentons enfoncer
dans l'eau et dans les corps mous, ce qui nous fait
sentir cet enfoncement, c'est que le froid ou le chaud
que nous ne sentions qu'à une partie s'étend plus
avant, boss. Conn. m, 8. || 2° Aciionde rompre, de
forcer. L'enfoncement d'une porte, d'une barrière.
Il 3° Un creux, ainsi dit parce qu'on le compare à une
rupture qui serait faite dans la surface. Un enfonce-
ment de terrain. Il y avait un enfoncement ]iar le-
quel on pouvait entrer dans le camp, Relat. des
campagnesde Itocroi et de Frihourg, dans riciielet.
Il n'y a dans Plie qu'une seule maison, mais vasta
et commode où loge le receveur, et située dans un
enfoncement qui la tient à l'abri des vents, j. j.
Rouss. Confess. xil. |14° Vide produit par une paroi
en retrait. L'enfoncement d'un mur. Alamir se ca-
chait dans l'enfoncement d'un portique où il faisait
assez obscur, Mme de la fayeite, Zayd, ÛBurrcs,
t. I, p. 341, dans POUGENS. Une armoire pratiquée
dans l'enfoncement d'un mur, mariv. Murinime,
part. I, 1. 1, p. 0, dans podoens. || Partie de fiçade
formant un arrière-corps. La boutique est dans un
enfoncement. |{ 5° Partie la plus reculée. Dans l'en-
foncement de la scène on voit un palais. ÏA dans
l'enfoncementdecesprofondsberceaux, DELILLE, Jar-
dina, II. Quelques lampes éclairaient à peine les en-
foncements des voûtes, chateaub. Dern.Abenc. 4i)0.
On voyait un arbre mort que le fer avait dépouillé
de son écorce; cette espèce de fantôme se faisait
distinguer par sa pâleur au milieu des noirs enfon-
cements de la forêt, m. Mart. 322. || 6° Terme de
perspective. La ligne supposée la plus éloignée du
plan et qui le termine. || Terme de pointure. Il y a
beaucoup d'enfoncement dans ce tableau, la per-
spective des fonds y est bien rendue. || Bruns sans
refleti qui se trouvent au milieu des plis des drape-
ries. Il 7° Terme de construction. Profondeur des
fondations d'un bâtiment, d'un édifice. || Prcfondeur
d'un puits dont la fuuille doit se faire jusqu'à un
cerlain nombre de pieds au-dessous des plus Iwisses
eaux. Il 8' Terme de marine. Endroit enfoncé dans
une baie, dans une rade. || Abri pour un vaisseau.
— ÉTY.M. Enfoncer.
ENFONCER (an-fon-sé. Le c prend une^cédille
devant o et o : enfonçons, j'enfonçais ), v. o.
Il 1° Pousser vers le fond; faire pénétrer profondé-
ment. Enfoncer un vase dans l'eau, un pieu en
terre. Il lui enfonça son épée dans le corps.-Si quel-
qu'un crie à l'aide en se noyant, je l'enfoncerai au
lieu de lui tendre la main, d'arlancourt, Lucien,
Timon. Et que, pour signaler son empire nouveau,
On lui fasse en mon sein enfoncer le couteau, rac.
Ath. V, 6. [Le lion) soufl'rait que dans sa gueule il
enfonçât la tèle;^ Le spectateur en frémissait, la-
motte', Fabl. V, 4 3. Il y en eut plusieurs qui m'ap-
portèrent de petits clous fort jolis pour m'eiifoiicer
dans les bras et dans les cuisses en l'honneur de
Brama, volt. Bababec. Au sein du meurtrier j'en-
foncerai mon bras, id. Uérope , ii, 7. Connaissez
dans quel sang vous enfoncez vos mains, id. Scyilifs,
V, 6. Il Fig. Quand les Juifs eurent vu par expé-
rience que tous les messies qu'ils avaient suivis, loin
de les tirer de leurs maux, n'avaient fait que les y
enfoncer davantage, boss. His(. Il, 40. || Enfoncer
son chapeau dans la tète, faire entier avant la tète
dans le chapeau; métonymie que l'usage a consa-
crée; car on devrait dire enfoncer la tête daa.s lu
ENF
chapeau; on dit de même le casque en tête, au lieu
de la tête en casque. || Fig. Enfoncer son chapeau,
prendre une attitude de déterminé, et aussi prendre
une résolution hardie. Enfonce ton bonnet en mé-
chant garçon, mol. Scapin, i, 7. Ce particulier,
enfonçant son chapeau sur sa tète, lui répondit qu'il
ne s'eiitendait point en bas-reliefs, diderot. Salon
de "67, G-Àivrcs, t. xv, p. (58, dans pougens.
||. Terme de manège. Enfoncer les éperons à un
cheval, les lui faire sentir avec violence. || Fig.
Enfoncer à quelqu'un le poignard dans le sein, lui
causer un très-vif chagrin, une perte cruelle. Mais
Manlochée assis aux portes du palais Dans ce cœur
malheureux enfonce raille traits, rac. Estli. Il, t.
Enfonçons dans son cœur le trait qui le déchire,
VOLT. Brutus, II, 3. Il 2° Néologisme et populaire-
ment. Vaincre, déjouer ou ruiner quelqu'un. Il l'a
enfoncé. Je rentrais dans la coidisse au milieu d'un
murmure général ; ce qui m'enfonça jusqu'au troi-
sième dessous, BAY.iRD, les Gants jaunes, se. 1.
Il 3" Forcer, briser, faire une ouverture dans les pa-
rois. Sus, sus, brisons la porte, enfonçons la mai-
son, CORN. Médée, v, 7. Si ce peuple une fois en-
fonce le palais, m. Nicom. v, 6. Cette petite fille
de dix-sept ans a donc aimé ce don Quichotte; et
hier il alla avec cinq ou six gardes de M. de Gévres
enfoncer la grille du couvent avec une bûche et des
coups redoublés, sÉv. 634. Du palais de Mérope on
enfonce la porte, volt, ilér.v, 6. || Enfoncer une
côte, la briser. || Fig. Mettre à mal. Ne soyez point
juge, si vous ne pouvez enfoncer par force l'ini-
quité, Boss. Polit. IV, I, 8. Il Fig. et familière-
ment. Enfoncer une porte ouverte, se vanter d'avoir
surmonté un obstacle qui n'existait pas. || 4° Terme
militaire. Mettre une troupe en désordre et la forcer
à plier. La bataille recommença pour la troisième
fois avec plus de furie et d'acharnement; enfin le
nombre l'emporta; les Suédois furent rompus, en-
foncés et poussés jusqu'à leur bagage, volt. Char-
les XII, IV. De toutes parts on perce, on enfonce
leurs rangs, sal'rin. Spart. I, 2. Épaminondas as-
suré de la" victoire s'il peut enfoncer cette aile si re-
doutable, BARTiiÉL. Anach. chap. t. || 5° Examiner à
fond , pénétrer. Au moins ii'enfoncent-ils guère
leurs affaires, et ne les conduisent que rarement à
leur dernier point, balz. b* dise, sur la cour. Nous
trouvons dans leurs esprits des incertitudes quand
nous enfonçons avec eux la matière de la commu-
nion, no.ss. Drf. corn. Ils n'ont pas, si j'ose le dire,
deux pouces de profondeur; si vous les enfoncez,
vous rencontrez le, tuf, la bruy. viu. Mme la du-
chesse d'Orléans n'aurait ni la grâce ni la force né-
cessaire iiour le lui bien enfoncer [convaincre la
duchesse de Bourgogne do l'importance du mariage
du duc (le ISerry avec Mademoiselle] , st-sim. 267, 99.
Il Cet emploi d'enfoncer a vieilli, j] 6° Terme de ton-
nelier. Mettre le fond à une futaille, jj 7° Joindre
ensemble toutes les parties d'un ouvrage de layet-
terie. |] 8° Terme de potier. Enfoncer un plat,
le faire plus creux ou plus profond. || 9" Terme de
graveur. Rendre plus creux. || 10° Terme d'impri-
merie. Enfoncer une ligne, mettre un cadratin
au commencement d'une ligne qui suit immédiate-
ment un alinéa. || 11° Terme de fauconnerie. Fondre
sur la proie en la poussant jusqu'à la remise. L'é-
pervier vient d'enfoncer la perdrix. Et absolument :
l'oiseau enfonce. || 12° V. n. Aller au fond. La na-
celle enfonça, l'enfoncer dans un bourbier jusqu'aux
oredles. || l'ar extension. Tirez-moi de cette boue où
je ne saurais marcher sans enfoncer tous les jours da-
vantage, MASS. Car. l'dques. Si je pouvais pénétrer
dans le secret des familles, là je trouverais l'inno-
cence prèle à enfoncer et préservée du naufrage,
ID. Or. fun. Villars. || Fig. Mais enfonçons davan-
tage dans les sentiments du ministre, boss. Var. 16.
La cour veut toujours unir les plaisirs avec les affai-
res.... enfoncez, vous trouverez partout des intérêts
cachés, des jalousies délicates qui causent une e,\-
trême sensibilité, et, dans une ardente ambition,
des soins et un sérieux aussi triste qu'il est vain,
ID. Anne de Gom. Montrez aux femmes combien
elles sont incapables d'enfoncer dans les difficultés
du droit, FÉN. t. XVII, p. ug. || 13° S'enfoncer, t). rtf/!.
Toucher, pénétrer dans un fond. Le vaisseau s'en-
fonce dans les vagues. X la seconde journée, deux
de leurs moutons s'enfoncèrent dans des marais,
VOLT, t'anrf. (9. Le terrain qu'il parcourt, semblable
à la mer agitée par une violente tempête, s'enfonce
ou s'élève S0U3 ses pas [dans un tremblement de
terrej, «"• de genlis. Veillées du didt. t. i, p. 642.
dans POUGENS. || Par extension. X ces mots il s'en-
fonça dans son lit, et ne tarda guère à se rendormir,
LESAGE, Gil Bios, m, 8. |1 Fig ',«s jouis, les mois,
ENF
les années s'enfoncent et se perdent sans retour dans
l'abtmedes temps, la bruy. xiii. || 14° Pénétrer fort
avant. Je m'enfonçai dans une sombre forêt, où j'aper-
çus tout à coup un vieillard qui tenait un livre dans sa
main, fiînel. T^l. n. Le fils d'Ulysse s'enfonce dans
ces ténèbres horribles, id. ib xviii. Son époux s'en-
fonça dans un désert sauvage, delille, Géorg. iv.
J'ai couru m'enfoncer dans un bois ténébreux, le-
GOuvÉ, Épichar. et N. i, 3. Les Russes remplis-
saient en masse ce chemin creux; Deizons et ses
Français s'y enfoncent tête baissée; les Russes rom-
pus sont renversés, ségur, Hist. de Nap. ix, 2. Ici
gronde le fleuve aux vagues écumantes, 11 serpente
et s'enfonce en un lointain obscur, lamart. Méd.
I, I. Il Fig. 'Vous allez vous enfoncer dans d'étranges
épines, mol. F. de Scap. ii, 8. Cette parfaite hon-
nêteté [savoir-vivre] demande qu'on se communique
à la vie [au monde] , et même qu'on s'y enfonce ,
MÉRÉ, Œuvres posth. t. ii, p. 3i3. Pour me plain-
dre à vos pieds et m'enfoncer dans votre tristesse,
ID. ib. Tous les jours ils s'enfonçaient de plus en
plus dans le crime, boss. Ilist. ii, t. Ils n'ont fait
que s'enfoncer de plus en plus dans l'ignorance , id.
t'b. II, tu. Poussé par cette aveugle impression qui le
dominait, l'homme s'enfonçait dans l'idolâtrie, sans
que rien pût le retenir, id. ib. ii, 2. Plus ils sentent
et plus ils souffrent, plus ils s'enfoncent dans la vie
et plus ils sont malheureux, j. j. Rouss. Uél. m, 2|.
Il 15° S'écrouler en tombant dans le fond. Le plancher
s'enfonça. || 16° Présenter un enfoncement, un re-
trait. Cette contrée occupe cent quatre-vingts lieues
de côtes, et s'enfonce dans l'intérieur des terres jus-
qu'à des montagnes fort hautes, plus ou moins éloi-
gnées de l'Océan , baynal , llist. phil. vi , 25.
Il Être dans un fond. Un jardin fort élevé dans le-
quel la maison s'enfonçait sur le derrière, j. j.rouss.
Confess. 1. 1| 17° S'adonner entièrement à, s'absorber
dans. S'enfoncer dans de profondes rêveries. Il s'en-
fonça dans la plus abstraite analyse, fonten. RoUe.
Cet ouvrage est suffisant pour ceux qui, comme vous
et moi, ne se soucient pas de s'enfoncer dans nos
antiquités, dider. Sur l'hist. du pari. \\ 18° Populai-
rement. Se ruiner soi-même, se ruiner l'un l'autre.
Il s'est enfoncé lui-même. Ils cherchaient mutuelle-
ment à s'enfoncer.
— iiiST. XVI" s. Enfoncer le battaillon des enne-
mis, mont. 1,366 assiseàlasenestre.Est lamelan-
cholie au sourcil enfonsé, DU BELLAY, VII, 72, verso.
Souvent de cent chevaux, il n'y en aura pas vingt et
cinq qui enfoncent, lanoue, 29). Il vit une dixaine
de compagnons des plus déterminez qui enfonçoient le
chapeau selon leur coutume ordinaire quand on les
regardoit en face, d'aub. Vie, lxxiv. La glace creva
et enfonça plus de 120 hommes, id. Ilist.iii, t03.
— ÉTYM. En t , et foncer.
ENFOXCEUR (an-fon-seur), s. m. Celui qui en-
fonce. Il Fig. et familièrement. Un enfonceur de
portes ouvertes, un fanfaron qui se vante de bra-
ver ou d'avoir surmonté des obstacles, des périls ima-
ginaires, ou d'avoir séduit une femme déjà séduite.
— ÉTYM. Enfoncer.
t ENFONÇOIR (an-fon-soir), s. m. Outil avec le-
quel on enfonce un objet dans un autre. || Masse pour
fouler les peaux.
ENFONÇ0UE (an-fon-su-r'), s. f.\\l' Creux qui
se fait par enfoncement. Il y a plusieurs enfonçures
dans le pavé de cette rue. Le vieillard couchait en
une enfonçure du rocher, sans autre tapis de pied
qu'un peu de mousse, la font. Psyché, ii, p. 122.
Il 2° Assemblage des pièces du fond d'une futaille,
d'un lit. Il 3° Terme d'anatomie. Ancien nom de l'ar-
ticulation dite arthrodie. || Terme de chirurgie. An-
cien nom de l'affaissement des fragments du crâne
en cas de fracture.
— HIST. xvi" s. Enfonceure ou arthrodie, paré,
VI, 43. En celles mesme [sciences] qui sont utiles,
il y a des estendues et enfonceures très inutiles
que nous ferions mieulx de laisser là, MONT. I, 173.
— ÉTYM. Enfoncer.
+ ENFONDRER (an-fon-dré), v. a. Rompre, bri-
ser. Mot vieilli et qui était dans le Dictionnaire de
l'Académie de 1898. || S'enfondrer se dit encore en
Lorraine pour s'effondrer.
— HIST. XV" s. La chose va mauvaisement, nos-
tre bateau enfondre, Perceforest, t. i, f° 87. Adonc
vint un garçon de l'ost et s'en va enfondrer son che-
val, et luy faist les boyaulx cheoir à terre, ib.
Il XVI" s. Maistres esloignez du chemin de la vérité,
et prédécesseurs enfoudrez en l'abyme d'ignorance,
amyot. Vie de Plutarque.
— ÉTYM. En I , et/'ond, avec une r épenthétique.
t EXFONTANGÉ, ÉE (an-fon-tan-jé, jée), adj.
Paré d'une fontange. Te voilà assez bien enfontan-
ENF
1391
gée, à ce qu'il me semble, uahcourt, Folle en-
chère, so 4.
— ÉTYM. Eni, et fontange.
ENFORCI, lE (an-for-si, sie), part, passé d'cD-
forcir. Cet enfant enforci grâce à un bon régime.
ENFORCIR (an-for-sir). || 1» F. a. Rendre plus
fort, plus résistant. La bonne nourriture a enforci
ce cheval. Enforcir un mur. || 2° V. n. Devenir plu»
fort, croître. Ce cheval enforcit tous les jours
Il On le dit aussi populairement, en parlant des
personnes, pour devenir plus gras, plus gros. Cette
femme enforcit. || 3° S'enforcir, v. réfl. Devenir
plus fort. Il s'enforcira.
— HIST. XII" s. Dont commença li duels [le deuil]
à enforcier [croître] , Ronc. p. 99. De Jofroi de Paris
[ils] firent leur justicier, Pour maintenir la guerre et
por eux enforcier. Saxons, 4. Et por ceu est digne
chose ke li malades s'enforst à moens de leveir le
chief, ST-BERN. 528. || XIII" S. La maladie li enforsa
si durement qu'il fist sa devise [testament], villeh.
xxn. Et tant crut li enfans et enforcha qu'il sot bien
aidier son ami en la plus grantpriessedou tournoie-
ment, Chr. de Bains, 84. Castelain, et prince, et
marcis [marquis]. Et li baron plus enforcis, ph.
MOUSKES, ms. p. 517, dans LACURNE. || XV" S. Et effl-
menoit tous ceux qui se pouvoient aider avec lui
pour enfortier sonost, froiss. i, i, t53. Par le com-
mandement d'Amours Et de la plus belle de France,
J'enforcis mon chastel tousjours. Appelle joyeuse plai-
sance, en. d'orl. Bail. 49. Parquoy eust bien en-
forcy son royaulme, comm. y, t2. || xvi." s. Il est si
feible [l'enfant] que je suis quelquefois huit jours
sans le sentir, mais despuis quatre jours a bien en-
forcy son bougement, mahg. Lelt. cxix. L'effort du
total consiste en la disposition et liaison des files et
des rengf qui s'enforcissent les uns les aultres,
AMYOT, Flamin. 13.
— ÉTYM. En t , et force; provenç. enfortir; ital.
infortire. Dans l'ancienne langue, en/'orcer étaitplus
usité que en/'orcir; nous en avons gardé renforcer.
En Normandie on dit forcir au sens neutre au lieu
de enforcir.
t ENFORMER (an-for-mé) , v. a. Terme de cha-
pelier et de bonnetier. Enfermer un chapeau, un
bonnet, les remplir d'un moule de bois.
— ÉTYM. En I , et forme.
ENFOPI, lE (an-fou-i, ie), part, pasié d'enfouir.
Il 1° Misen terre dans un trou. D'un trésor enfoui re-
celeur odieux, DELILLE, Convers. ch. 1. 1| 2° Fig. Ce
souvenir enfoui s'est retrouvé tout entier, stael,
Corinne, xi, 4. C'était dommage de laisser tant
de talents enfouis dans une petite ville; Paris de-
vait en être le théâtre, mabmontel, Contes moraux,
Connaiss.
ENFOUIR (an-fou-ir), v. a. \\ 1° Mettre dans un
trou en terre. Il avait dans la terre une somme en-
fouie. Son cœur avec; n'ayant d'autre déduit Que
d'y ruminer jour et nuit, la font. Fabl. iv, 20. Ils
vont enfouir le trésor, id. ib. x, 6. On leur coupe
les mains, on leur brise les cuisses, on les enfouit
tout vivants dans une fosse, rollin, Hist. anc. Œu-
vres, 1. 1, p. 365, dans pougens. Dans les endroits
qui sont cultivés, on ne trouve point de vivres; les
paysans enfouissent dans la terre tous les grains et
.tout ce qui peut s'y conserver, volt. Charles XII,
4. Il Enfouir des plantes, les mettre en terre. |{ Abso-
lument. 11 retint tout chez lui [l'argent qu'il avait
caché en terre] , résolu de jouir, Plus n'entasser, plus
n'enfouir, la font. fabJ. x, 6. || 2° Par extension,
cacher sous d'autres choses. Ils avaient enfoui ce
manuscrit parmi de vieilles paperasses. || Fig. 11 ne
faut pas enfouir les talents que la nature nous a
donnés. Quand on voit combien les querelles si sou-
vent excitées dans la sein du christianisme ont
enfoui de talints utilas, d'alembeht, Deitr. des jé-
suites,. Œuvres, t. v, p. 8l , dans pougbns. || Reti-
rer dans ua lieu reculé. Ils emportent de ces opu-
lentes contrées d'immenses dépouilles qu'ils vont
enfouir dans leurs incultes et misérables désert?,
HAYNAL. Uist. phil. IV, 21. l| 3° S'enfouir, ». réfl. Se
cacher sous terre. Le renard alla s'enfouir dans son
terrier. || Fig. Se retirer dans un lieu reculé. S'en-
fouir dans une province.
— HIST. XI" s. Desur;la terre nel pourent mais
tenir; Voilent [veuillent] o non,sil laissent enfodir,
SI Alexis, cxx. [Us] Enfueront nous en aitres de
moustiers, Ch. de Hol. oxxx. Et [que] ma char fust
delez eus enfu'ie I ib. ccvii. || xiii" 9. Là [elle] sera
enfouie, ou ele ert [sera] estranglée, Berte, xvi. Et
moru, et fu enfouis ricement à Saint-Denis, Chr.
de Bains, p. lo. Nous trouvâmes que le roy son cors
[de sa personne] avoit fait enfouir les cors des cres-
tions que les sarrazin3,avoient occis, joinv. 278
1392 ENF
Il XIV ». se Toit on les couars vivre «58ês et lonc
Ump.; S'enfoent les hardis es aires et es champs,
""-trm.'uù Wodere, de in, en, et fodere,
"enfouissement (an-fou-i-se-Dian), s. m. Ac-
tion d'enfouir, de cacher en terre. || Action d en-
fouir, d'enterrer les cadavres des animaux morts ou
«battus.
— KTYM. r.nfouir.
t E.NFOL'lS.SEUn (an- fou-i-seur) , ». m. 1| l' Celui
qui enfouit. L'enfoiiisseur et son compère, la kont.
Fabl.x. 5. Il a» Terme de zoologie. Nom vulgaire
des différeriles cspices du genre m^'crophore (co-
léoptères) et priiicip.-ilement du nécrophore fos-
soyeur, dit aussi enterreur et fossoyeur.
— F.TYM. Enfouir.
ENFOURCHÉ, EE (an-four-ché) , part, passé. Un
cheval enfourché à la hâte par un garçon d'écurie.
t ENFOUliCIIEMENT (an-four-clie-man), s. m.
Ternie d'architecture ([ui se dit des premières re-
tombées des angles des voûtes d'arête, dont les
voussoires sont à branches. |i Terme de charpente.
Assenilil.ige de chevrons sur un faite, lorsque ces
chevrons sont unis à tenons et à mortaises ouvertes.
Il Sorte d'assemblage de menuiserie, sans épaule-
ment et dont la mortaise et le tenon occupent toute
la longueur do la piècu. || Terme de jardinage. Es-
pèce (le greffe.
ENFOUUr.IIER (an-four-ché), v. a. || 1» Se pla-
cer sur un cheval en Taisant la fourche, c'est-à-dire
jambe deçà, jambe delà. Cette femme enfourclie
un cheval comme ferait un cavalier. || 2" Perceravec
la fourche.
— ÉTYM. En \, et fourche; provenç. enforcar;
espagn. enhorcar; ital. inforcare.
t ENFOURCIIIE (an-four-chie), adj. f. ^^rme de
vénerie. Tête enfourcbie, se dit de la tète du cerf,
quand 1rs dards ilu sommet font la fourche.
— RTYM. Enfourcher.
■fENFOUnCIlUUE (an-four-chu-r'), s.f. \\ 1° Point
où un arbre se bifurque. C'est ordinairement sur
l'enfourchure d'un arbre que les écureuils établis-
sent leur domicile, buff. Écureuil. || 2° Terme de
chasse. La tête d'un cerf, lorsque l'extrémité du boi.s
se termine en deux pointes qui ont l'apparence d'une
fourche. || 3° La naissance de la fourche que
forment les deux canons d'un pantalon, d'un cale-
çon. Il Terme de manège. La partie du corps qui est
entre les deux cuisses. On dit que, pour se bien te-
nir à cheval, il faut s'y tenir assis droit sur l'en-
fourchure et non sur les fesses.
— MiST.xii' s. Grant cors [il] out, et Ions bras,
et cnfourcheure lée [large], iîou.ms. p. U2,dansr,\-
CL'RNE. Il xiii* s. Celé a ses braies avalées Qu'ele
avoit à son cul fermées, Ele a fait large enforcheûre
Par bien mostrer celé nature, i(m. 7I0|.
— ÉTYM. Enfourcher.
t ENFOURNAGE (an-four-na-j'), s. m. Action
d'enfourner.
ENFOURNÉ, ËE (an-four-né, née), port, passé.
Il l" Mi» dans le four. Les pains enfournés. || 2" Kig.
Engagé. On avait arrêté les princes au moulin de
Royenghem Capel, iiour voir cependant plus clair à
ce combat si bizarre et si désavaulageusement en-
fourné, STSiM. 210. Qui pouvait répondre que Ri-
perda trop enfourné avec lui [AlberoniJ n'en ait été
la dupe? m. 478, <70.
t ENFOURNEE (an-four-née), s. f. Action ou mo-
ment de int ttrc au four le pain ou la pâtisserie.
t ENFOURNE.MENT ( an-four-ne-man ) , s. m.
Il i* Action de mettre les pains au four. || 2° Suite
des opériitions d'une verrerie, depuis la fonte jus-
qu'à i affinage,
— f;TY.M. Enfourner.
ENFOURNER (an-four-né), v. a. || 1° Mettre
dans un four. Enfourner du pain, do la pâtisse-
rie. Il Mettre dans un creuset les matières du
verre. || Absolument. Pour bien faire du pain, il
faut bien enforrner, ri-'c.nikr, Sat. x. Des gens
enfournent. D'autres défournent, Aux broches tour-
nent Veau , bœuf et mouton , bêrano. Cocagne.
Il 2* Fig. et familièremeut. Rien enfourner, mal en-
fourner, commencer une chose d'une manière heu-
reuse ou maladroite. Avec un tel général [que I.a-
feuiUade) qui avait mal enfourné, qui manquait de
ce que Vauban avait cru nécessaire, ce n'était pas
de quoi prendre Turin, ST-siM. IBJ, 13|. || 3° S'en-
rourner, v. r^/I. S'engager dans un lieu d'où l'on ne
peut que difficilement sortir, et, par extension,
• engager dans quelque affaire difficile. S'étant en-
fourné dans un chemin creux, iiamilt. Gramm. 6.
w Unge, qui n'imite pis le linge, sous lequel le
ENF
vent s'enfournerait inutilement pour le séparer du
corps, DiDF.noT, Salon de (707, Œuvres, t. xiv,
p. 71), dans POL'OENS. Réduit à son grec, au turc,
à la langue franque pour toute ressource.... dans
le pays ot'i il s'était enfourné, I. J. bolss. Cnnfess.
IV. Il 4" X l'enfourner, au début, en commençant
une aff.iire. || Proverbe. Xmal enfourner on fait les
pains cornus, c'est-à-dire, si l'on ne commence pas
iiien une affaire et qu'on ne la prenne pas d'a-
bord du bon biais, on la manque.
— IIIST. xili* s. Ainz qu'il [le pain] soit cuis et en-
fornez, Eahliaux mss. n" 7218, f" 175, dans la-
cunNE. Il xiv s. On dit souvent qu'à l'enfourner Font
li fournier les pains cornus, bruyant, dans Héna-
gier, t. ii, p. .'lo. ||xvi' s. Venant après à s'enfour-
ner dans les armes; tousjours sa condition lui
aparoist trop basse, et va visant après l'incertain,
LANGUE, I4B. Nous nous contenterons de dire du
Dauphiné, avant nous y enfourner, que.... n'AUB.
Ilist. II, 40. M. D'Auinalle enfourna [enfila] ce
riestroict, qui representoit le chemin de Chamberry
au Montcenys, carloix, iv, 25. De tout acte la
fin suit le commencement; Il faut bien enfourner :
car telle qu'est l'entrée. Volontiers telle fin s'est
tousjours rencontrée, bons. 007.
— ÉTYM. Eni ,el four, écrit autrefois fnrn; pro-
Tenç. cn/'ornar; espagn. enhornar; ital. infornare.
t ENFOURNEUR (an-four-neur), s. m. Ouvrier
qui met le pain au four. || Celui qui arrange les bri-
ques dans le fourneau. || Celui qui enfourne la ma-
tière dans les verreries.
fENFOURRER (an-fou-ré), v. a.\\l° Terme de
batteur d'or. Mettre les feuillets de vélin dans
les fourreaux. {| a'Terme de sellerie. Bourrer l'inté-
rieur dos colliers.
— ÉTYM. Eni, et fourrer. Enfourrer s'esi dit aussi
pour donner du fourrage : xvi' s. Ainsi, deux fois
le jour, de son troupeau soigneuse, Eli' l'enfourre
elle mesme et n'est point paresseuse, Plaisir des
champs, p. 2G0.
t ENFRANGER (an-fran-jé) , V. a. Garnir de
franges.
— ÉTYM. En i, ei frange.
fENFRAYER (an-frè-ié), v. a. Mettre en train
des cardes neuves.
— ÉTYM. En I , et frayer.
t ENFRA'VURE (an-frè-iu-r') , s. f. Première por-
tion de laine préparée avec des cardes neuves.
fENFRElCNEUR (an-frè-gneur), s. w. Celui qui
enfreint.
— lilST. XIV' s. Enfraigneurs des ordonnances et
statuts royaulx. Ord. des rois de Fr. t. i, p. 57.
— f.TYM. Enfreindre.
ENFREINDRE (an-frin-dr'), j'enfreins, tu en-
freins, il enfreint, nous etifreigncns, vous enfrei-
gnez, ils enfreignent; j'enfreignais, nous enfrei-
gnions, vous enfreigniez; j'enfreignis; j'enfreindrai;
enfreins, enfreignons; que j'enfreigne, que nous
enfreignions, que vous enfreigniez; que j'enfrei-
gnisse; enfreignant; enfreint, i'. a. Rompre, en par-
lant de ce qui engage, lie, oblge. Enfreindre les
lois, RÉGNIER, Ode. Il n'est rien de si saint qu'elle ne
fasse enfreindre, corn. Nicom. i, I. Quand on craint
d'être injuste, on a toujours à craindre. Et qui veut
tout pouvoir doit oser tout enfreindre, ID. Pompée,
I, (.Suffit que, si mon fils enfreignait ma défense.
Mon .sang, mon propre sang en laverait l'offense,
BOTR. Antig. IV, I. Si quelque transgresseur en-
freint cettepromes.se. Qu'il éprouve, grand Dieu,
ta fureur vengeresse, rac. Alhal. iv, 3. Il y va de
la vie àqui le [l'arrêt] veut enfreindre, volt. Tancr.
II, I. Le roi d'Angleterre, revêtu par lïS lois d'une
si grande puissance pour les protéger, n'en a point
pour les enfreindre, j. j. rouss. Lettres de la mon-
tagne, 9. Il S'f nfieiiulre, v. réfl. Être enfreint. Les
lois de ia nature ne s'enfreignent pas impunément.
— HIST. xi' s. E qui enfriint la pais le rei.... ioi'j
deGuitl. 1. Il XII' s. S'ele son vo [vœu] nen enfrai-
gneit. Que ele enfraindre ne devreit, wace. Vierge
Harie, p. .16. Pur ce volt or aveir [il veut mainte-
nant avoir, obtenir] que rien n'en seit enfreit. Th.
te mart. 27. || xiu' s. Thadres li Acres.... avoit tri-
ves à l'empereour Henri, et ne li avoit mie bien te-
nues, ains les avoit enfraintes, villeu. clxvi. Et
chascuns barons, et autre qui ont justices en lor
terres, ont les amendes de lor sougès [sujets] qui
enfraigncnt les establissemens, selonc le [la] tauxa-
lioii du roi, BEAUM. XLix, 4. Il XVI' s. Aux estais
de Bourgogne on avoit ordonné d enfreindre l'edict,
d'aub. Ilist. I, 204. L'authorité de la loy n'est en
rien enfreinte [abrogée], que nous ne la devions
tousjours recevoir en mesme honneur et révérence,
CALV. Instit. 868.
ENF
— ÉTYM. Lat. infringere, de in, en, et frangere,
brLser (voy. fracture). Il aurait mieux valu écrire,
comme jadis, par un a, enfraindre , hc3.a6ii du fran
gère.
ENFREINT, EINTE (an-frin, frin-t'), part, passé
d'enfreindre. Des devoirs enfreints fiar de coupables
passions. Ce droit enfreint ouvre la porte aux ex-
cès de la plus odieuse oligarchie, J. j. nouss. Lettres
de la monlaqne, H.
ENFUOQUÉ, EÉ (an-fro-ké, kée), part, passé.
Qui porte un froc. || Substantivement. Ils ne s atten-
daient guère à rencontrer ces enfroqués (les moines
défendant Saragosse, lors du siège en (808j à che-
val comme des dragons de feu sur les poutres
embrasées des édifices de Saragosse, chateauhh.
Mémoires, t. v, p. 420.
ENFROQUER (an-fro-ké), v. a. || 1» Terme de dé-
nigrement. Mettre le froc, faire moine. Ils ont en-
froqué ce jeune homme. || 2° S'enfroquer, r. réfl.
Se faire moine. Le chagrin le saisit; il s'enfroqua.
— IIIST. XVI' s. Les règnes d'un Childeric l'en-
froqué , Louis le fainéant, Charles le simple....
SULLY, Hém. t. III, p. 136, dans lacurne. Survient
un quidam enfroqué, ayant la charge d'esleindre
les chandelles et de chasser les chiens hors l'église,
DUFAÏL, Contes d'Eutrap. ch. xx.
— ÉTYM. En i , el froc.
ENFUI, lE (an-fui, fuie), part, passé d'enfuir.
La brume enfuie, v. ncGo, Odis, v, 24. Plusieurs
juges [aux États-Unis] se déclaraient incompétents
quand les maîtres venaient réclamer leurs esclaves
enfuis, reclus, Tien, des Deux- Mondes, I6 mars
(803, p. :i82. Il Ce participe, à l'état isolé, n'est
pas dans l'Académie. Mais on peut le rappeler à
côté d'cipir^, de péri et de quelques autres.
ENFUIR (S') (an-fuir), je m'enfuis, nous nous en-
fuyons, vous vous enfuyez, ils s'enfuient; je m'en-
fuyais, nous nous enfujions, vous vous enfuyiez;
je m'enfuis, nous nous enfuîmes; je m'enfuirai; je
m'enfuirais; enfuis-toi; que je m'enfuie, que nous
nous enfuyions, que vous vous enfuyiez; que je
m'enfuisse; s'enfuyant; enfui, v. rf/l. || !• Se r^ ii-
rer en toute hAte, en prenant la fuite. S'enfuir ; i
moment du danger. S'enfuir de prison. C'est, ma
dit-il, notre grand et incomparable Molina, qui,
par .sa prudence inimitable, l'a estimée [une somme
volée] à six ou sept ducats, pour lesquels il assure
qu'il est permis de tuer, encore que celui qui les
emporte s'enfuie, pasc. i'roi;. 7. Si tôt qu'elle me
voit, elle s'enfuit de moi, bacan, Bergeries, ii, 4.
?eSa(!/rc. Ceux qui me voyaient s'enfuyaient, saci.
Bible, psaumewK, (2. Et son âqpe en courroux s en-
fuit dans les enfers, BAC. Tliéb. v, 3. J'ai vu des
citoyens s'enfuir avec horreur, volt. II. de Cis. ii,
4. Et quand la nuit revient en cet affreux château. De
Saphire éplorèeon revoit l'ombre errante; Elle tient
dans ses mains une tête sanglante, La pre.sse sur son
sein, et l'embrasse et s'enfuit, masson, llelv.v. Un
maître fou qui, dit-on, Kit jadis mainte fredaine,
Des loges de Cliarenton S'est enfui l'autre semaine,
bêrano. J<ige de Char. \\ Avec ellipse du pronom
personnel. Comment l'avez-vous laissé enfuir? |l Par
extension. Les rivages s'enfuyaient loin de nous.
Ff.N. m. m. Il 2° S'évanouir, disparaître. Le temps
s'enfuit. Pour toute récompense il n'obtient qu'un
vain bruit. Qu'un triomphe frivole, un éclat qui
s'enfuit, VOLT. Brulus, i, 4. La coupe de mes
jours s'est brisée encor pleine; Ma vie en longs sou-
pirs s'enfuit à chaque haleine; Ni larmes ni regrets
ne peuvent 1 arrêter, lamart. tiédit, ii, 6. Qu'est-ce
donc que des jours pour valoir qu'on les pleure? Un
soleil, un soleil, une heure et puis une l.eure; Celle
qui vient ressemble à celle qui s'enfuit, ID. ib.
Il 3° S'échapper d'un vase, en parlant d'une li-
queur. Votre vin s'enfuit. Le lait s'enfuira bientôt.
Il Par métonymie. On dit qu'un vase s'enfuit, lors-
qu'il laisse échapper la liqueur qu'il contient. Ce
tonneau s'enfuit. Aujourd'hui on se sert plus ordi-
nairement de fuir. Il Kig. Ce n'est pas par là que
le l'ot s'enfuit, ce n'est pas par là que l'affaire
peut manquer.
— REM. Autrefois et jusque dans le xvii' siècle,
on a considéré, dans s'enfuir, la préposition comme
mobile. Vite, fuis-l'en, la font. Lunet. Ils s'en sont
fuis, Boss. Excus. 2. Aujourd'hui cet archaïsme est
hors d'usage et considéré comme une faute; il fau-
drait dire : enfuis-toi; ils se sont enfuis; mais d'au-
cune façon on ne dira: ils s'en sont enfuis; c'est
une grosse faute.
— IIIST. XI' s. Si est aucuns qui blamet seit et si
il s'en fuist.... Lois de Guill. 48. Dient Kranceis !
Dehait [mal] ait qui s'enfuit, Ch. de Roi. Lixx. f uïi
s'en [il] velt, mais ne lui valt nient, ib. cxxiii. De
ENF
ËNG
ENG
1393
ce oui chaut? Fuît s'en est Marsiles , ib. cxu
Il xn s Que est à tei, mer, que tu t'enfuis? e tu,
Jonlain, que tu ies conveitiz ariere? Liber psalm.
p. <76. Fuit s'en fel Guenes, grant paor a de soi,
Honc. p. <83. Absalon s'enfuiil à Tholomai le fiz
Amiur le rei de Jessur, e là demeuiad treis ans,
Rois, p. )67. || xiif s. Belle, fuiez vous en, n'y soit
plus (lelaiô [tardé], Berfe, xxi. Je m'en foï sans plus
atendie, (o Rose, 7314. S'il s'enfuit, il a perdu hon-
nor et tout ce qu'il tient en fief, beaum. 66. || xiv* s.
C'est en cest siècle ung grant déluge, N'est celuy qui
d'elle [de la mort] s'enfuge, Liv. du bon Jehan, 26.
Il XVI" s. Si estonné et si transi qu'il ne pouvoit
prendre party de s'enfuyr, mont, i, 62.
— Etym. En 2, et fuir; provenç. enfugir.
ENFUMÉ, ÉE (an-fu-mé, mée) , part, pansé.
Il !• Empli de fumée. Une chambre enfumée.
Il 2° Incommodé par la fumée. Enfumé par une
mauvaise cheminée. Un renard enfumé dans son ter-
rier. Il 3° Noirci par la fumée. II n'y a si vil praticien
qui, du fond de son étude sombre et enfumée, ne
se préfère au laboureur qui jouit du ciel et qui
fait de riches moissons, la brut. vu. S'offre d'abord
un portique enfumé. De la discorde asile renommé,
j. B. ROtss. Alle'g. 11, 2. Il Tableau enfumé, tableau
fort vieux que le temps a noirci. || Verre enfumé,
verre noirci par la fumée, dont on se sert pour
regarder le soleil. L'expérience du verre enfumé,
dont on a parlé d'abord, malebr. Recherche, Ré-
ponse à Régis, ch. <.||Fig. L'ignorance, la stupi-
dité, les passions, la superstition, la flatterie, la
haine sont autant de verres enfumés, à travers les-
quels presque tous les hommes voient les événements
qu'ils racontent, d'alembert, Réft. surl'hisl. Œu-
vres, t. IV, p. 186, dans pougens. || 4° De couleur
de fumée. Son teint jaune, enfumé, de couleur de
malade, bêgnier, Sat. x. || 5° Troublé par les fu-
mées du vin. T'ai-je fait voir de joie une belle animée,
Qui, souvent d'un repas sortant tout enfumée, Fait
même à ses amants, trop faibles d'estomac. Redou-
ter ses baisers pleins d'ail et de labac ? boil. Sat. x.
ENFUMER (an-fu-mé), V. o. || 1° Emplir de fu-
mée. Le vent a changé, et la cheminée enfume la
chambre. || Il se dit de la fumée de l'encens, ô com-
bien d'écrivains languiraient inconnus. Oui, du
Pinde français illustres parvenus, En servant ce
parti [le parti des philosophes] conquirent nos hom-
mages ! L'encens de tout un peuple enfume leurs
images, Gilbert, XK///« stècte. || 2° Noircir par la
fumée. Enfumer des verres. || Terme de beaux-arts.
Étendre une teinte rousse sur un tableau pour lui
donner l'apparence d'un vieil original. || 3° Incom-
moder par la fumée. Vous allez nous enfumer avec
ce bois vert. || Enfumer un renard, des abeilles, ies
forcer de sortir de leur retraite par la fumée Le
prince tout à l'heure Veut qu'on aille enfumer re-
nard dans sa demeure, la font. Fabl. viii, 3.
Il 4° Fig. Troubler l'esprit par les fumées de l'or-
gueil ou du vin. Mais, pour un vain bonheur qui
vous a fait rimer. Gardez qu'un sot orgueil ne vous
vienne enfumer, boil. Art p. ii. || 5° l'aire un petit
feu dans le fourneau à briques, afin de le chauffer
par degrés. Il 6" S'enfumer, v. réfl. S'entourer de
fuméo. Les Lapons n'ont point d'autre remède con-
tre ces maudits animaux [moucherons] que d'emplir
de fumée le lieu oii ils demeurent.... nous fîmes la
même chose et nous nous enfumâmes, regnaru,
Voyage en Laponie, t. iv, p. 206. || Se noircir par
la fumée. Mes meubles se sont enfumés eut hiver.
— HIST. xu* s. Toz nu piez est, si drap sont en-
fumé; En la cuisine ot lonc tans conversé. Bat.
d'Aleschans, v. 3463. || xiii' s. Lors jeté [Genius] le
cierge en la place. Dont la flame toute enfumée
Par tout le monde est alumée, la Rose, 20873.
Il XV' s. Et l'Allemand le consuivit par telle manière
de son glaive roide et enfumé [durci au feu] que
oncques ne se brisa ni ploya, froiss. i, i, <<3.
Une pauvre maisonnelle enfumée, aussi noire que
airement [encre], id. ii, ii, (57. || xvi" s. Ne les
riches maisons Avec leur gloire et enfumez blasons,
MAROT, m, <62. Le reste du corps estoit de la cou-
leur d'un gris enfumé, paré, xix, 4. Qui la flame
immortelle aux temples gardera? Qui d'encens sa-
' bean ton throne enfumera'? rons. 872. C'est une idole
enfumée [un vieillard] Au coin d'une cheminée Qui
ne fait rien que cracher, id. 659.
— ÉTYM. En i, et fumer; provenç. enfumar.
t ENFUMOIR (an-fu-moir) , s. m. Terme rural.
Ustensile pour le transvasement des abeilles.
— ÊTYM. Enfumer.
i ENFUTAILLER (an-fu-tâ-llé , Il mouillées), v. a.
Ternie de commerce. Mettre en futailles.
— ÉTïM. Uni, et futaille.
mer. DE LA lANQUE FHANÇAI3B.
ENGAGÉ, ÉE (an-ga-jé, jée), part, passé. || l'Mis
en gage. Des effets engagés au mont-de-piété. || Do-
maine engagé, domaine que le souverain concède
avec la faculté d'y rentrer en remboursant le prix;
ainsi dit parce que, sous l'ancienne monarchie, le
roi n'aliénait jamais son domaine qu'avec faculté de
rachat perpétuel. || 2" Obligé par une sorte de mise
en gage. Ma foi, mon cœur, mon bras, tout vous
est engagé, corn. Cinna, m, 3. Fais-lui valoir l'hy-
men où je me suis rangée; Dis-lui qu'avant ma mort
je lui fus engagée, rac. indr.iv, <. || 3° Qui a des
motifs pour. Un éclatant arrêt de ma gloire outra-
gée  jamais n'être à lui me tenait engagée, mol.
D. Gare, v, 2. Lagrandeur des vertus dont je suis
engagé de vous parler, fléch. Tur. Mon âme mal-
gré vous à vous plaindre engagée, rac. Alex, iv, 2.
Il 4° Quia pénétré dans ...., sans pouvoir facilement
sortir ou être retiré, par comparaison à une chose
mise en gage. Le régiment engagé dans un défilé.
Le fer reste engagé dans son sein palpitant, saurin,
Sparlacus, v, 9. Le bâtiment se trouva engagé au
milieu d'une multitude de petites îles, m-'^degenlis.
Veillées du chdt. 1. 1, p. 378, dans podgens. On aper-
çoit Socrate les fers aux mains, et les jambes engagées
dans une grosse pièce debois, bebn.de st-pierre,
If or( de Socr. Il Terme de marine. Navire engagé,
navire surpris par une forte rafale ou embarrassé
dans des écueils. || Terme d'architecture. Colonne
engagée, celle dont une partie est supposée enfon-
cée dans le mur. || Fig. De sorte que je me trouve
étrangement engagé dans l'hérésie, puisque, la pu-
reté de ma foi étant inutile pour me retirer de cette
sorte d'erreur, je n'en puis sortir ou qu'en trahis-
sant ma conscience ou qu'en réformant la vôtre,
PASC. Prov. 1 6. Les âmes les plus engagées dans les
passions, mass. Carême, Culte. Un affreux préjugé
Tient son cœur innocent dans le piège engagé, volt.
[rêne, m, 8. || 5° Terme d'économie politique.
Capital engagé, capital qui, employé à quelque
entreprise ou spéculation, n'est plus disponible.
Il 6° Terme militaire. Mis aux prises. La réserve
entière était engagée. || T Commencé. C'est une
affaire engagée, La bataille engagée dès le matin.
La querelle est trop grande, elle est trop enga-
gée, VOLT. Irène, n, 4. || 8° Qui a un engagement
pour quelque service. Engagé au théâtre. Un do-
mestique engagé pour quelques mois seulement. Des
jeunes gens engagés pour le service militaire.
Il 9» Par extension, qui est retenu par quelque de-
voir de société. Je suis engagé; je ne pourrai assis-
ter à votre concert. Elle est engagée pour ce soir,
dit-il; mais j'aurai l'honneur de vous mener chez
une dame de qualité, et là vous connaîtrez Paris
comme si vous y aviez été quatre ans, volt. Cand.
22. Il 10° S. m. Un engagé, ou un engagé volon-
taire, un homme qui est entré au service militaire.
Un nouvel engagé. Les engagés volontaires. ||Homnie
engagé pour aller travailler dans les colonies. Les
engagés, espèce d'hommes qui se vendaient en Eu-
rope, pour servir comme esclaves pendant trois ans
dans les colonies, raynal, llist. phil. x, 8.
ENGAGEANT, ANTE (an-ga-jan, jan-t') , adj. Qui
engage, qui attire. Paroles, manières engagean-
tes. Ne trouvez pas mauvais Qu'en ces fables aussi
j'entremêle des traits De certaine philosophie Sub-
tile, engageante, hardie, la font. Fabl. x, ). La
cour ne vit jamais rien de plus engageant [que la
princesse palatine]; et, sans parler de la pénétration
et de la fertilité infinie de ses expédients, tout cé-
dait au charme secret de ses entreliens, boss. Anne
de Gons. Ses manières étaient engageantes, hamilt.
Gramm. 7. Ce que je lui disais d'engageant et de
doux, TH. corneille, Ariane, ly, \. X l'égard de
votre .seconde proposition, elle est très-engageante,
mais il ne convient pas à une fille bien née d'en
parler, volt. Princ. de Babyl. 4. Elle attirait les
gens Par des airs engageants, bérang. Mme Grég.
ENGAGEAIVTES (an-ga-jan-f), s. f.plur. Parure,
nœud de rubans que les femmes portaient autrefois
au cou. Ces manches galantes Laissent voir de beaux
bras sous le nom d'engageantes, boursault. Mots à
la mode, se. < 5.
— ÉTYM. Engageant.
ENGAGEMENT (an-ga-je-man), s. m. |i 1» Mise
en gage. Engagement de meubles. || Terme de ju-
risprudence. Engagement d'immeubles, acte par
lequel on cède à quelqu'un la joui.ssance d'un bien-
fonds pour la sûreté d'une dette, et ce contrat preml
le nom spécial d'antichrèse. || Acte ou billet qui ren-
ferme l'énoncé d'un engagement. Un engagement du
mont-de-piété. || 2° Action d'engager, de s'engager
par un acte. Être tenu par un engagement écrit.
Il Faire honneur à ses engagements, payer tout ce
qu'on doit; et fig. tenir tout ce qu'on a promis. Il II se
dit aussi des actes diplomatiques.Victor-Amédée, duc
de Savoie, était celui de tous les princes qui prenait
le plus tôt son parti, quand ils'agissait de rompre ses
engagements pour ses intérêts, volt. Louis XIV,
(7. Il S" Promesse qui engage. Engagement tacite.
C'est un engagement sacré. Ah ! c'est trop essuyer
tes indignes murmures. Tes vains engagements, te»
plaintes, tes injures, volt. Brut, iv, s. || Par exten-
sion. Le succès qu'il a obtenu est comme un engage-
ment d'en mériter d'autres. Voyez si leur vie soutien
dra un seul des engagements deleur baptême, mass.
Myst. sur la ferv. des prem. chrét. || 4° État où l'on
est engagé, lié, mariage, amour, monde. L'enga-
gement ne compatit pas avec mon humeur, mol.
Fest. de P. m, 6. Un engagement qui doit durer
jusqu'à la mort ne se doit jamais faire qu'avec de
grandes précautions, m. VArare, i, 7. Les enga-
gements du monde, prendre des engagements avec
quelqu'un, sont des termes de nouvelle création,
BOUHOURS, Entret. d'Arisfeet d'Eug.2. Les passioni
et les engagements du monde lui parurent tels qu'ils
paraissent aux personnes qui ont des vues plus gran-
des et plus éloignées , M"* de la fayette , Princ.
de Clèies, Œuvres, t. ii, p. 26), dans pougens.
M. le Tellier, renfermé dans les modestes emplois
de la robe, ne jetait pas seulement les yeux sur les
engagements éclatants, mais périlleux, de la cour,
BOSS. le Tellier. Bérénice n'ayant pas ici avec Titus les
derniers engagements que Didon avait avec Enée,
elle n'est pas obligée, comme elle, de renoncer a la
vie, RAC. Bérén. Préface. On se trouve actuellement
dans des engagements trop vifs, mass. Avent, Délai.
Nous nous formons des engagements éternels, id.
Carême, Voc. Qu'il faut de violence pour rompre
les engagements que le cœur et l'esprit ont formés!
MONTESQ. Lettr. pers. 4 9. || Un tendre engage-
ment, un engagement de cœur, liaison d'amour
entre deux personnes. Un tendre engagement va
plus loin qu'on ne pense; On ne voit pas, lorsqu'il
commence. Tout ce qu'il doit coûter un jour, qui-
NAULT, Thésée, II, f. Il 5° Ce qui engage, pousse,
excite. Et ces noms, ces respects, ces applaudis-
sements Deviennent pour Titus autant d'engage-
ments, RAC. Bérén. v, 2. Et ne t'a-t-on point dit par
quel engagement Bajazet a pu faire un si prompt
changement? id. Baj. m, (. Le bon esprit nous
découvre notre devoir, notre engagement à le faire,
LA BRUY. 11. Il 6° Action de s'engager pour un
service, de s'enrôler. Aux termes de son engage-
ment il sera libre au bout de deux ans. Contracter
un engagement dans un corps de troupes. Cet ac-
teur vient de prendre un engagement à tel théâtre.
Il Le prix de l'engagement. Son engagement est de
tant. Il Pendant la Révolution, la Convention rem-
plaça le mot de domesticité par celui d'engagement,
il 7° Terme de guerre. Combat partiel entre des corps
séparés. L'engagement devint général. || 8» Termo
d'escrime. Attaque composée, qui se fait en ga-
gnant le faible de l'épée de l'adversaire pour se ren-
dre maître de la ligne droite.
— HIST. xiu* s. S'aucuns tient en parchonerie
[partage] avec autres , par reson de bail ou de douaire
ou d'engagement, beaum. xxii, 5. S'il pot prouver
que Ii héritages ait esté tenus par engagement, si
comme ilavient que uns hons engage sa terre à dix
ans ou à douze, ....tex [telles] tenure ne valent rien
contre celi qui veut prover les engagemens, id. xxiv,
♦. Mes se je Ii este le [la] coze le tans durant de son
engagement, il a bien action de nouvele dessaizine
contre moi, id. xxxii, <3.
— ÉTYM. Engager.
ENGAGER (an-ga-gé. Le g prend un e devant a
et o; engageant, nous engageons), v. a. || 1° Mettre
en gage. Engager ses vêtements. Que l'autre le dé-
pouille et ses meubles engage, régnieh, Sat. x.
Asychis ne permettait d'emprunter qu'à condition
d'engager le corps de son père à celui dont on em-
pruntait, BOss. JHst. m, 3. Saint-Amand n'avait
rien; Mais quoi ! las de mener une vie importune,
U engagea ce rien pour chercher la fortune, boil.
Sat. I. Hél que diable engager? que vendre?
pour tout meuble et immeuble vous n'avez que
votre habit et le mien; encore le tailleur n'est-il
pas payé , begnabd , Sérén. se. il. || 2° Assi-
gner pour gage. Engager ses biens à ses créan-
ciers. Robert engagea à Guillaume le Roux la Nor-
mandie pour subvenir aux frais de son armement,
VOLT. Mœurs, 64. || 3° Par extension. Engager sa
foi, sa parole. Je t'engage ma foi, De ne respirer
pas un moment après toi, corn. Cid, m, 4. Si
vous voulez ma main, n'engagez point la vôtre,
ID. Sert. 111, 4. J'engageai mon honneur engagrtm'
1. n.'i
«394
ENG
,„„ p«r..lo, «OTB. Vencetl. m, «. Vous ave/ deux
cboii à enK.K.r, voira n.i.so.. et votre volonl6,
îS^re oonnlL'nc; o. votre b6a;Uude H.sc. <ia..s
Di'enKntferta foi, le temps fera le reste, luc. Bajas.
T 4. yue ,leraJ»ons, i|iielle .luuceur extrôme Den-
g'tlfèr i ce Dieu sou auiour et sa foi I m. Alhal. i, 4.
Il KiiK,a((ersoii ciKur, (louuerson cœur, aimer.Je lui
prête mou liras saus eiigager mon cœur, corn. Sér-
ier. II, 2- ijamais, Colin, je t'engage Muncœurel
ma foi, J. 1- Rouss. Dmin de village, se. «. || 4° Ulili-
ger, lier. Soit qu'il ctde ou résiste au feu qui me
l'engage, cohn. Cid, ii, 3. Auprès d'un autre objet
un autre amour l'engage, iD. Sertor. iv, 2. uulru
mon intérêt m:i parole m'engage, roth. Uélis. i, 3.
J'étais par les doux nœuds d'une amour mutuelle
Engagé de parole avecque celte belle, moi., bc. dvs
femmes, v, tu. Kii gros, leur avis fut que vous ne
pouvez on aucune manière, saus blesser la cliarilé
et votre conscience, engager un enfant do son âge
et de .son innocence et même de sa piété [Jacqueline
Perler, âgée de tl> ans] à la plus basse et à la pbis
périlleuse des conditions du christianisme [le ma-
riage], PA.SC. Extrait d'une lettre à Mme l'érier,
1659. Les dernières paroles de ces messieurs sont
que d'engager un enfant à un homme du commun
[marier Jacqueline et un homme du commun], c'est
une espace d'homicide et comme un déicide en leurs
personnes, lu. ib. Si sous mes lois. Amour, tu pouvais
l'engager, rac. Andr. n, t. Je vais, en recevant sa
foi sur les autels. L'engager à mon fils par des nœuds
immortels, id. ib. iv, t. Songez-vous quel ser-
ment vous et moi nous engage? id. [phig. v. 2. || On
dit aussi enjiager en. Mais que serait-ce si j'exami-
nais l'abus que vous avez fait de vos places et de vos
dignités dont vous rendrez un compte rigoureux au
tribunal de Jésus-Christ, et qui vous engage en des
réparations infinies? mass. Car. Dang. des prosp.
Il Absolument. Cela n'engage à rien. Tout engage-
ment incompatible avec le salut n'engage pas,
MASS. Car. Pâques. \\ B" Prendre des gens à gages.
Engager un domestique. || Kaire contracter un enga-
ment. Le directeur a engagé pour la saison une
eicellenle cantatrice. || Enrôler. Engager des sol-
dats, des matelots. || 6" En passant du sens juri-
dique, qui est le sens propre, au sens physique. En-
gager une chose dans une autre, l'y faire entrer ou
pénétrer de manière à ne pouvoir que difficilement
l'en dégager. Engager un bateau dans le sable, dans
une passe périlleuse. || Terme d'architecture. Faire
pénétrer une construction dans une autre. || Terme
de marine. Engager un bout do cordage, le presser
eitre deux objets qui l'empêchent décéder à un ef-
fort. Engager un levier sous une pièce, en jilacer
le bout sous cette pièce pour la mettre en mouve-
Dient, la soulever. Il On ledit aussi de personnes, do
troupes qui pénètrent en quelque lieu. Malheur
donc à celui qu'une aiïaire imprévue Engage un peu
trop tard au détour d'une ruel boil. Sat. vi. L'artil-
lerie ennemie a profité des hauteurs qui , de son côté,
bordent la rivière; ses feux traversent le fond du le-
fli dans lequel Delzons et ses troupes sont engagés,
SÊOUR, tlist. de Sap. a., 2. || 7° Terme d'escrime.
Engager le fer, faire un engagement, y Toucher le
fer de son adversaire. Engagez de quarte, et tirez de
tierce. || 8" Engagerle combat, le commencereu at-
taquant le premier. || Engager une troupe, lui faire
prendre part au combat. Il avait engagé ses derniè-
res réserves. || Par extension. Engager une discus-
sion. Engager la partie. Ma sœur, auparavant en-
gagez l'entretien , cohn. Agésil. i , t . |j Fig. Engager
le combat, commencer une querelle, une discus-
sion. 119° En passant du sens physique du n" a au
sens figuré et moral. Kaire entrer, en parlant de sen-
timents, de passions, de positions où l'on est retenu
comme en gage. SI jamais jusque-là votre guerre
m'engage, COHM. ATtconi.iii, t. Elle t'engagera dans
sa haine pour moi. ID. l'ti. v, t. Annibal, qu'elle vient
(le lui sacrifier. L'engage en sa querelle et m'en fait
défier, iD.iVicom.i, i . Et pressé de soupçons où j'ai
iu l'engager, Lui-même à ses yeux môme il l'a fait
égorger, id. Attila, m, ). Sous prétexte de con-
duire en Hollande la princesse royale, sa flUe aî-
née, elle va pour engager les Ëlats dans les intérêts
du roi, lui gagner des officiers, lui amener des aiu-
nitions, noss. Iteine d'Anylet. Je veux prévenir le
danger Où son ressentiment le pourrait engager,
«AC. Brii. u, 3. Dans quel emportement la douleur
vous engage I id. ib. m, ♦. Quoil vous n'avez, pas
•u lenB:igcr dans vos intérêts, pen. Tel. x. Aga-
Ihocle avait engîigé dans son parti un puissant roi
ae Cytênes, nommé Ophellas, djnt il avait flatté
I ambition par de maguifiques espérances, rolu."),
ENG
llist.anc. (JEutres, t.i, p. 'i»7, dans pougiîns. Eh
bienl vois donc l'abîme où le sort nous engage,
voi-T. Alt. m. 4. Il 10" Pousser, exhorter. Je vous
engage à l'aller voir. Je vous engage à prendre pa-
tience. Mais à le condaniner tu m'a.s trop engagé,
rac Phed. IV, 3. Eiigagez-le à l'instant À chercher
daiisMycî'ne un trône qui l'attend, volt. Pélopides,
IV, 3. Il On dit aussi quelquefois engager de. Le peu
d'aisance de mon grand-père l'engagea de suivre la
mode du temps et de mett.-e ses deux aînés pages de
Louis XIII, ST-siM. 6, 80. Je vous en répéterai les
articles les plus importants, avec les changements
que de nouvelles instructions m'engagent d'y faire,
j. I. ROuss. Lelt. à il. Dupeynu, ïl janv. (760.
Il Entraîner, induire, en parlant des choses. L'in-
térêt du pays n'est pas ce qui l'engage, CuRN. Cin-
na, m, t. Mais à quel sentiment ma passion m'en-
gage I TH. coH.v. Ariane, i, 4. Favorisez les soins
où son amour rengage, rac. Alex, ii, •. L'intérêt,
qui fait tout, les pourrait engager X vous donner
retraite et môme à vous venger, volt. Triumv. m, i.
Ah! connaissez du moins l'erreur qui vous engage,
ID. Zdire, v, 3. || 11» Inviter. Engager quelqu'un h
dîner. || 12° S'engager, v. rcfl. Etre mis en gage.
Des objets qui s'engagent facilement. || Contracter
un emprunt, un engagement. U s'est endetté, et
il s'engage tous les jours de plus en plus. || Se faire
caution, répondre. Il s'était engagé pour son gen-
dre, il a fallu payer. || 13° Par extension, s'obli-
ger. Mais je n'en veux jioint suivre [d'exemple] où
ma gloire s'engage, corn. Cid, l, 2. Toutes deux à
ma perte à l'envi s'engager! m. Tois. d'or, v, 6.
Je me suis engagé, maître Jacques, à donner ce
soir à souper, mol. l'Axare, m, 5. Les principales
règles de ceux qui s'engageaient à ce pieux institut,
FLÊcii. Panég. ii, p. CD. Si tout ce qui reçoit des
fruits de la largesse X peindre les exploits ne doit
point s'engager, eoil. Éplt. viu. 11 faut tout bien pe-
ser au moment qu'on s'engage, sauiun, Spart, i,
t. Il On dit aussi s'engager de. Je me suis engagé de
faire valoir la pièce, mol. Préc. to. Le roi de Dane-
mark s'était engagé à l'empereur de n'emjdoyer
pas la voie défait, st-sim. "O, 29. || Absolument.
Je vais la voir, l'aigrir, la suivre et, s'il se peut,
M'engager sous son nom jilus loin qu'elle ne veut,
RAC. Prit. 1, 4. Il S'engager à quelqu'un, s'obliger
envers lui. Mais qui s'engage ù deux dégage l'un
et l'autre, cohn. Attila, ii, 6 Qui s'engage
aux rois Se fait de leurs desseins d'inviolables lois,
ROTR. Bélis. m, 2. X peine au fils d'Egée Sous les
lois de riiymen je m'étais engagée, rac. Plièd.
I, 3. \] 14° Prendre un engagement, entrer dans une
condition où l'on est tenu de rester. S'engager dans
le service militaire. U s'est engagé dans l'artillerie.
Cet acteur s'engagera à l'Opéra. || S'engager dans
les ordres, se faire prêtre. || Absolument. S'enga-
ger, se faire soldat. Dès i|u'il aura dix-sept ans, il
s'engagera. Et avec ellipse du pronom personnel,
son père l'a fait engager. || Par extension. Dans le
parti des rois pensez-vous qu'il s'engage? volt.
Brut, m, 2. Il IB" S'avancer, pénétrer avant. S'en-
gager dans un défilé, dans un mauvais oas. C'est
ce que demandait le roi, qui exprès avaU pris la
fuite, afin de lui donner lieu de s'engager dans l'in-
térieur du pays, bolun, //t.st. anc. flEurrcs, t. n,
p. 39, dans pouGENS. Sur les pas des tyrans veux-
tu que je m'engage ? rac. Prit, iv, 4. || 16° Être
commencé, en parlant d'un combat, d'une discus-
sion, d'une affaire. La querelle s'engagea par un
incident fortuit. Il faudra que la discussion s'en-
gage tôt ou tard. Je dispose l'attaque et le combat
s'engage, saurin, Spart, iv, t.|| 17° ferme de mé-
decine. Devenir malade, en parlant des organes. La
poitrine s'engage. » août t086 : en s'éveillaiitce ma-
tin à B heures, il [Monsieur, frère de Louis XIV] a
senti que sa tête s'engageait et n'a pu dire autre
chose, sinon: ah! ma tête! ahl ma tête; tous les
remèdes qu'on a faits depuis ont été inutiles, dan-
GEAU, I, 240. Il 18° Terme de marine. S'engager
sous voile, se dit d'un bâtiment, lorsqu'il est pris
tout à coup en travers par un coup de vent violent
qui le fait fortement incliner. || 19° Entrer dans quel-
que sentiment, dans quelque situation morale. Je
vous devais connaître et nem'engager pas Aux trom-
peuses douceurs de vos cruels appas. Ou, in'étant
engagé, n'implorer point votre aide, botr. Vences.
II, 2. Sais-tu dans quels périls aujourd'hui tu l'en-
gages? liOiL. Épit. I. Je me suis engagé trop avant.
Je vois (fue la raison cède à la violence [de la pas-
sion). RAC. Phèd. II , 2. Le roi Guillaume avait en-
traîné dans sa cajso l'empereur, l'Empire, l'Espa-
gne, les Provinces-Unies, la Savoie; Louis XIV
s'était vu trop engagé pour reculer, volt. Louis XI V,
ENG
<7. Nés sous la loi des saints, dans le erima iH
s'engagent, volt. Alx. ii, 2. || S'appliquer à. S'en-
gager dans des pr-évoyances, pasc. dans tOLsm.
Depuis qu'il fut employé à la monnaie, il ne s'en-
gagea plus dans aucune entreprise considérable de
mathématique ni de philosophie, konten. Newton,
— REM. Engager suivi d'un infinitif prend le (dus
communément la préposition d; cependant on trouve
ci-dessus des exemples de Molière, de Saint-Simon
et de J. J. Rousseau, où engager est construit avec
de; construction qui est rare sans doute, mais qui
n'a rien de fautif.
— lllST. XII' s. Et je sui si siens quites ligoment
Que tout [elle] me puet ou engagier ou vendre,
Couci, V. Il XIII' s. Et il deit après jurer que il ne
l'a vendue, ne donée, ne prestée, ne engagiée, ne
aliénée en aucune manière, parquet il ne la puisse
et deive recouvrer par l'assise, Ass. de Jér. I, 200.
Et ce meisme restor doit il fere à celi à qui il a l'au-
trui coze vendue ou engagiée, healm. xxxiv, 9. Mi
gage sont tuit engagié, Et de chiés moi desnianagié,
BiiTETi. t7. ||xv* s. Et disent ainsi, qu ils vous feront
dépendre et engager toute votre terre, froiss. i,
I , 1 1 9. Il xvi* s. Ils vous diront que vostre doux lan-
gage Les cœurs humains aliène et engage, st-gkl.
32. X mesure que je m'engage dans la maladie,
MONT, i, 81. Comment peuvent-ils engager leur foy
sur une foy populaire? id. i, t03. Desengager celuy
qui me doibt, en u.sant de luy, ou m'engager en-
vers celuy qui ne me doibt rien, ce m'est un, ID
IV, 08. Il n'y avoit moyen de faire tirer avant son
cliarriot, ny le retourner en arrière, tant les roues
estoient engagées et embarrassées entre des mon-
ceaux de corps morts, amyot, Alex. 03,
— ETYM. Ent ,et gage; bas-lat. iniadiare; iirovenç.
engaiyar, enguatgar, engatjar; ital. ingaggiare.
ENGAGISTE (an-ga-ji-sf) , s. m. Celui qui obte-
nait, à certaines conditions, la possession de quel-
que partie du domaine royal pour un certain nomlirc
d'années. Ceux des engagistes qui acquiesceront
à la redevance déleriniiiée , seront maintenus
dans la jouissance de leur engagement.... cette
possession tranquille.... deviendra un nouvel en-
couragement à l'agriculture, en permettant aux
engagistes de se livrer avec plus de confiance à l'a-
mélioiation de leurs domaines, necker, Compti
rendu au roi, janvier t78(, p. 48.
— ÊTYM. Enriager.
t ENGAINANT, ANTE (an-ghô-nan , nan-t'), adj.
Terme technique. Oui envelo]ipe comme ferait une
gaîne. Feuille engaînanle. celle dont la ba.se forme
une sorte de gaîne à la tige. Coquilles engainantes,
coquilles qui sont coniques et sans siùre propre-
ment dite.
ENGAÎNÊ, ÉE (an-ghê-né. ée), part, passé. .Mis
en gaine. Des couteaux engaînés. || Terme de bota-
nique. Tige engaîuée, tige enveloppée par la basa
des feuilles ou des pétioles. || Terme d'ornithologie.
Oui a le bec garni d'une gaine. Il Statue engalni^e,
se dit de celles qui se terminent non par des mem-
bres, mais par une sorte de gaine. Les Hermès sont
des statues engaînées. || S. m. Nom dune famii!"
d'échassiers. Les engaînés.
ENGAÎNEK (an- ghê-né), v. a. jj 1° Mettre en
gaîne. || 2° Terme de botanique. Envelopper les ti-
ges par la ba-^e. eu parlant des feuilles. i| S'engat-
ner, v. réfl. Être engalné. Des feuilles qui s'engal-
nent l'une dans l'autre.
— HIST. xv° s. Et faisoit [l'ambassadeur de
Charles V] porter une espée .levant lui tout engai.néa
et enarinée très richement d'or et d'argent, froiss.
II, II, 45.
— ÊTYM. En 1 , et gaine.
t ENGALLAGE (an-ga-la-j") , s. m. Action d'en-
giiUer. On les lai.sse trop bouillir, soit dans l'engal-
lage, ou soit dans le noir, Instr. génér. sur la
teinture, t» mars t67t, art. 208. Pour faire un
bon noir sur un chapeau il est nécessaire de
l'engaller fortement avec bonne >.'alle d'Alep.... et le
tenir fort longtemps dans l'eiigallage, ib. art. 243.
— ÊTYM. Engaller.
t ENGALLEU (an-ga-lé), ». o. Terme de teintu-
rier. Faire passer ce qu'on veut teindre en noir,
dans une décoctiou de galle. Les gris noirs, vul-
gairement a|ipelés gris minimes, seront engallés
comme le noir, Hègl. sur les manufacl. août t«0»,
teinturiers en laine, art. 36.
— f,TY!H. En I , et galle.
t ENGAMER (an-ga-mé), V. n. Terme de pêcho.
Avaler l'hameçon, en parlant du poisson
— HlST. XVI* s. Se maudissant do s'estre iiiusi
laissé infatuer et engaïuer de sou opiuiou, (ualuia.
vu, t*.
ENG
ENG
ENG
1395
ÉTVM. 11 est possible que ce mot soit le «itme
que fnganer, qui s'est dit dniis l'ancien français
pour tromper; espagn. ingafiar , iiiganar ; ital.
ingannare; composé de m, et du bas-latin gan-
nare, se moquer, gannum, moriuerie. Mot d'ori-
gine ohccure. Diez propose le permanique : anc. h.
allem. gnmun,jeu, raillerie; anglo-saxon, samcn. Si
cette conjecture est exacte, la forme engamer serait
plus près de l'étymologie.
t ENGANE (an-ga-n'j, s. f. Terme de commerce.
ICsnèce de soode.
( t ENGANTER (an-gan-té), v. a.\\i° Terme de
niiirine. Approclier d'une manière sensible un bâti-
nientque 1'. n poursuit. Nous l'enpantons. Le vais-
seau craienant d'être enganté. || 2° Fig. et néolo-
gisme, avec un sens péjoratif. Eiiganler quelqu un,
le prendre comme un gant, le faire sien. Ce jeune
homme élait méprisé de la demoiselle de comptoir,
qui pendant longtemps avait espéré l'enganter, ii.
un BALZAC, dans le Dict. de poitevin. || 3° S'en-
panter, v. réfl. Contracter une liaison étroite avec
une personne, en mauvaise part. Il s'est enganté
de ce parasite, de ce llatleur.
— ÊTYM. ^n I , et gant; métaphore prise de l'ac-
tion de mettre un gant.
t ENGANYMÉDER (an-ga-ni-mé-dé), r. o. Mot
burlesque et très-libre. Abuser honteusement d'un
jeune garçon. J'en connais d'assez peu .sages Pour
enganyméder leurs pages, sahrazin, Poésies, dans
mCHELET.
—ETYM. fni , etConymède, l'échanson de Jupiter.
f EN-GARANT (an-ga-ran), adv. Terme de ma-
rine. Sorte d'exclamation qui se dit, pour exciter
à la précaution, quand une corde, chargée d'un pe-
sant fardeau, fait plusieurs tours ."il'entour d'un mât
ou de quelque autre pièce de bois, et qu'on la retient.
— ÉïY.M. En I , et garant.
t ENGAHDE (an-gar-d'), s. f. Terme rural. Sar-
ment (le vigne qu'on laisse extrêmement long.
— ÊTYM. En 1 , et garde.
t ENGARRE (an-ga-r"), s. f. Terme de pèche.
Long filet plombé et traîné par des bateaux.
t ENGARUOTTÉ, ÉE ( an-ga-ro-té, tée), adj.
Terme de vétérinaire. Ble-ssé au garrot.
— ÈTYM. En I , et garrot.
f ENGASTRIMYTHE (an-ga-stri-mi-f), s. m. Sy-
nonyme de ventriloque.
— ÉTYM. 'EYYa<iTpl[iu6oî, de £v, en, y«<"'^Pi
Tsntre, et |i.û8o<. |iarole.
•[■ENGASTRIMYTHISME (an-ga-stri-mi-ti-sm'), s.
m. Synonyme de ventriloquie.
— ÉTYM. Engastrimythe.
■f ENGAVER (an-ga-vé), v. a. Donner, en parlant
des oiseaux, à manger aux petits en dégorgeant
leur bec. || Engraisser la volaille en lui introduisant
de force la nourriture dans le bec. Pigeons enga-
vés. Il On dit plutôt gaver.
— ÉTYM. En I , et gaver.
t ENGAZONNKMENT (an-ga-zo-ne-man) , s. m.
Action de couvrir de gazon, de faire naître du
gazon.
t ENGAZONNER (an-ga-zo-né) , e. o. Couvrir de
gazon, en parlant d'un terrain où l'on fait naître
du gazon, ou de celui que l'on couvre de carrés de
terre garnis de gazon que l'on a pris ailleurs. Rem-
parts enpazonnés.
— ÉTYM. En t , et gaion.
ENGÉ, ÉE (an-jé,jée), par', passé d'enger. Terme
familier. Embarrassé. Me voilà engé de ce lourdaud.
ENGEANCE (an-jan-s') , s. f. || 1» Race, en parlant
de certains animaux domestiques. Ces canes, ces
poules sont d'une belle engeance. || Fig. La peur, la
trahison, le meurtre, la vengeance. L'horrible dés-
espoir et toute cette engeance De maux qu'on voit
régner.... Régnier, Sat. vi. || 2° Par extension, il se
dit des hommes. Du temps que les bêles pariaient,
Les lions entre autres voulaient Être admis dans no-
tre alliance; Pourquoi non, puisque leur engeance
Valait la nôtre en ce temps-là? la font. Fald. iv, i.
Ils y perdirent peu, pui.sque l'humaine engeance
En aurait aussi bien croqué sa bonne part, m. ib.
X, 4. Elle jura parPluton Que toute l'engeance hu-
maine Serait bientôt du domaine Des déités de lA-
lias, iD. ib. vm, 20. || En mauvaise part. Ah 1 sortez
promptement, engeance de vipère, Tristan, Mort
de Chnspe, iv, 4. Je crains plus que la mort cette
engeance idolâtre De lutins importuns qu'engendre
le Ihéâlre, rotr. St-Genest, ii, a. Babillard, cen-
seur el pédant. Sont en plus grand nombre qu'on
pense. Chacun des trois fait un peuple fort grand;
Li Oéateur en a béni l'engeanre, la font, f'abl.
1, J il. Quand de ces médi.sanis [les poètes satiriques]
rtUig.-;aiico tout entière Irait la tfile en bas rimer
dans la riviè-3, boil. Sat. ix. De tous collatéraux l'en-
peance est tro|i maligne, rkcnwxd, le Légataire, v. 8.
Il conclut qu'Ituriel avait de bonnes raisons pour
détruire toute cette engeance, volt. Babouc. || Il
se dit parfois même d'une seule personne. Ah I mal-
heureuse engeance I apanage du diable! C'est toi
qui m'as joué ce tour abominable, eegnard, Folies
amour, i, 2.
— REM. En Lorraine, on .se sert très-souvent d'pn-
geance dAns le sens d'embarras ; J'aurais des diffi-
cultés, des procès, ce serait une belle engeance,
toute une engeance.
— mST. XVI' s. L'afl'ection que l'engendrant porte
à son engeance, mont, ii, 69. Ainsi choisi ce bes-
tail, masle ou femelle, afin de le multiplier par ( n-
geance.o. de serres, 279. Qui désire avoir des grands
moutons et brebis, n'en doit tirer l'engeance de bes-
tail trop jeune, m. 317. De la deffiance vient la dis-
simulation, son engeance, CHARRON, Sogesse, p. *oo,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Enger.
t ENGEANCER (an-jan-sé. I.e c prend une cé-
dille devant a et o .• nous engeançons), v. a. Terme
familier. Embarrasser de quelqu'un comme d'une
mauvaise engeance. Oui nous a engeances de ces
gens-là? Il Sengeancer, r. réfl. Être engeance. Je
ne veux qu'il soit dit dans le monde qu'une fille de
la connaissance de Lisette se soit engeancée d'un
robin, flANCouRT, Renaudrt Armide, se. 3.
HIST. xvi* s. Elle reproduira par après des
foins, six fois plus qu'elle ne faisoit auparavant,
moiennant la culture et s'estre engeance de jeunes
et franches semences, o. de serres, 72. Quant aux
autres bestes, ne faut que cultiver le fonds de la
vigne, pour, en rompant leurs nids, les destourner
de s'engeancer, ID. t99.
— ÉTYM. Engeance.
t ENGEIGNER (an-jè-gné), v. a. Tromper. Tel,
comme dit Merlin, cuide [pense] engeigner autrui,
Qui souvent s'engeigne soi-même; J'ai regret que
ce mot soit trop vieux aujourd'hui ; Il m'a tou-
jours semblé d'une énergie extrême, la font. Fabl.
IV, H.
— HIST. XII* S. Ahl Guene fel, corn nous a en-
gegniezl Roncisv. p. 66. Doucement sui engigniez et
soupris [surpris], Couci, xvii. ||xm" s. On dit pieça
que teus [tel] cuide autrui engignier, qui de cel
meismes engien ou de semblant est onginiés, H. de
valenc. xxiv. Il XIV* s. En tant comme vous mectriez
paine de eiiginier vostre confesseur, Ménagier, i, 3.
Il XV* s. Ainsi advient-il de plusieurs; car tels cui-
dent engigner ung autre, qui s'engignent eux mes-
mes. Le premier vol. de ilerlin, gui e.s( le premier
de la tableronde, feuillet xi.vii, réclame i, ij.
— ÉTYM. Norm. engignier; provenç. enginhar,
engeingnar; anc. cat. engegnar; espagn. ingeniar;
portug. engenhar; ital. ingeflnare ; du latin inge-
niare (on trouve ingenialus, dans Plante), de inge-
nium, esprit (voy. engin).
f ENGELER (an-je-lé. La syllabe ge prend un ac-
cent grave, quand la syllabe qui suit est muette :
j'engèle, j'engèlerai), v. a. Geler tout à fait. Leurs
parties intérieures [des flocons de neige] se resser-
rent et se condensent, après que les extérieures
sont tellement endurcies et engalées par le froid
qu'elles ne les peuvent suivre, desc. Méléor. 6. || Fa-
milièrement. C'est un engelé, c'est un jeune homme
qui ne se dégourdit pas.
— HIST. XIII* s. A iiaines que la langhe n'engie-
loit en la bouche de cascun , h. df. valenc. El de
froit en ce bois sui vilment cngelée, ISerte, XLVi.
Il XV* s. Il avoit si fort gelé qu'on pouvoit bienvenir
jusques aux murs sur les fossés tous engelés, froiss.
I, I, 9«.
— ÉTYM. En 4 , et geler.
ENGELURE (an-je-lu-r') , s. f. Gonflement cir-
conscrit, causant démangeaison et douleur, que le
froid fait venir aux doigts des mains et des pieds et
au talon. L'engelure est quelquefois accompagnée
de crevasses.
— ÉTYM. Enjeicr.-bourguign. anjaulure.
t ENGENDRABLE (an-jan-drâ-bl') , adj. Qui peut
être engendré.
— IIIST. xiv* s. Car tousjours choses engendra-
bles Engendreront choses semblables, la llose, v.
17717.
— ÉTYM. Engendrer. Au xiu* siècle, engendrahle
a la significiition active, et signifie capable d'engen-
drer.
t ENGENDRANT, ANTE fan-jan-dran , dran-t'),
adj. Qui engendre, qui produit.
— HIST. xvi* s. Et suffit pour tout affranchisse-
ment [pour ôter le mauvais goût aux béliers] d'es-
tordre les genitoires, puisqu 'avec la force engen«
drante s'esteint do mesme la chaleur qui en rend
mauvaise la chair, o. i>e serres, 221.
( . ENGENDRÉ, ÉE (an-jan-dré, drée), part, pastè
d'engendrer 4. || 1° Produit par la génération. On
met par quand on nomme le père. Isaac engendré
par Abraham, || On met à volonté de ou par en toute
autre circonstance. Les jeunes chevaux engendrés
de vieux étalons ou par de vieux étalons. || Par ex-
tension. C'est un sexe engendré pourdamner tout le*
monde, mol. Ec. des mari.i, m, se. dern. || ï°Fig.
Né de. Les théories engendrées par l'induction.
t 2. ENGENDRÉ, ÉE (an-jaiwlré, drée), part.
passé d'engendrer 2. Qui a pour gendre. Que voua
serez bien engendré! mol. Mal. im. ii, B.
t ENGENDREMENT (aii-jan-dre-man), s. m. Ac-
tion d'engendrer; résultat de cette action.
— HIST. xii* s. E David li psalmistes, qui nus
[nous] dit ensement : Ne vit aine [je ne vis onques,
jamais] déguerpi nul qui vit lealmenl. Ne nului
pain querant de sun engendremeiit. Th. le marl.n.
Il XIV* s. Fièvres et douleurs sont faites environ les
engendremens de porreture, H. df, monuf.ville,
f° 46. Il XVI* s. C'est un argument de la légèreté fran-
çoise, un engendrement de larmes aux parens, et
àffoililissement des nerfs de l'Estat, lanoie, t90.
— ÉTYM. Engendrer ) ; provenç. engenramen; anc.
espagn. engendramiento; ital. ingeneramento.
t. ENGENDRER (an-jan-dré), r. a. || 1° Produira
par voie de génération; se dit surtout, au propre,
dans le style biblique ou dans le style didactique.
Chaque animal engendre son semblable. Abraham
engendra Isaac. || Absolument. Il e.st ilu tempéra-
ment qu'il faut pour engendrer, mol. Mal. imag.
II, 6. Il Terme de théologie. Dieu le Père, qui est
la première personne de la Trinité, engendre le
Fils, qui est la personne engendrée. Nous savons
que ce nom de Dieu, si mystérieux et si caché,
est le nom de Père entendu en ce sens profond
qui le fait concevoir dans l'éternité père d'un fils
égal à lui; et que le nom do son fils est In nom
de Verbe, Verbe qu'il engendre éternellement en
se contemplant lui-même, qui est l'expression par-
faite de la vérité, son image, son fils unique, l'é-
clat de sa clarté et l'empreinte de sa substance,
ROSS. Hist. II, 6. Il 2° Fig. Causer, occasionner,
produire, donner lieu à. Le mau\ais air engendre
des épidémies. L'oisiveté engendre le vice. La fa-
miliarité engendre le mépris. Puis souvent la co-
lère engendre de bons vers , Régnier , Sal, ii.
L'abondance augmentait les forces et engendrait les
divisions, d'ablancourt, Tacite, liv. i, cli. 1 , dans
BicHELET. Car enfin il arrive, ou souvent ou tou-
jours. Que l'aise et le repos engendrent les amours,
MAiR. Snphon. 1, 4. Ce sont tous les sons qui peu-
vent être engendrés de cette harmonie, variés et
combinés dans le mouvement qui caractérise cha-
que passion, condillac, Connaiss. hum. part, u, sect.
I, ch. 6. Il Ne pas engendrer de mélancolie ou la
mélancolie, être d'un naturel gai, se livrer aux
divertissements. Il ne faut pas engendrer de mé-
lancolie, il faut se tenir gai. Allons, morbleu I il ne
faut point engendrer de mélancolie, mol. If^d. m.
l. 1,8. Il 3* Terme de géométrie. Produire, dé-
crire, en se mouvant, une ligne, une courbe, etc.
Le point qui engendre une cyclo'ide. || 4" S'engen-
drer, V. réfl. Être engendré. Les vers s'engendrent
dans les cadavres. Ce poison s'engendre en Macé-
doine, VAUGELAS, Q. c. B8B. Si je rapporte cette
petite histoire de sa jeunesse, c'est pour montrer
de combien peu s'engendrent quelquefois les aver-
sions ou les inclinations qui nous dominent toute
la vie, D'oLivKr, Ilisl. de l'Acad. t. ii, p. 32 1.
— HIST. XII* s. Mar [à mal] fustes engendrez,
Jîonc. p. 18. ||xili* s. Onque de celle famé [il] na
put hoir engendrer, Berte, m. Ou s'il est tel qu'il
ne puet engendrier, cil qui est nez en sa meson,
tôt le sachent li voisin , n'est pas sis fiz, liv. de just.
58. Car se tretout li homme ensemble Soixante ans
foïr les voloient [les femmes], James hommes n'en-
genderroient, la Rose, I978B. Et si pot estre qu'il
fu engenrés deus mois ou plus devant le mariage,
BEAiM, XVIII, 2. ||xiV s. L'e.'îtude de tel livre en-
gendre el emhat ou acroist, es cueurs de ceulx qui
y entendent, afl'eclion et amour au bien publicque,
OBESME, Eth. Prol. Science est engendrée par rai-
son, iD. ib. 176, Il XV* s. Si .s'en engendrèrent et
nourrirent en Gascogne, pour ces besognes, plu-
sieurs haines couvertes, dont plusieurs meschef^
depuis en naquirent, fboiss, u, ii, 2, Par les grands
coups qu'il donnor à dextre et à senesire, il fai»uit
engendrer la fumée dont il estoil enclos, Percrfo-
rest, t. VI, f* W. Il XVI* s. Elle alla avec eue, por-
139G
ENG
Unt un Tl«M.i P.le «t de.fait, ?"'«"« "'o;'!''"'
pour engendrer pilié que concupiscence, marouk-
îuT», Nouv. xui. Kt souvent avient qu'une qj^ereMe
en engendre quatre, langue,
248. Des cendres
d'un phœnij s'engendre, dicton, un ver, mont, ii,
ttl Le vice laisse, comme un ulcère en la chair,
une'repent«noe en l'ame, qui tousjours s'esgratigne
et 8'en»«nglanle elle mesme; car la raison efface
les aultres tristesses et douleurs, mais elle engen-
•(Ire celle de la repentance, qui est plus griefve,
(J'aulaiit qu'elle naist au dedans, ID. m, 269.
— ETYM. l'rovenç. engenrar, engmdrar; espagn.
engtndrar; ilal. ingenerare; du latin ingeiierare,
de tn, et generare (voy. oénRhation). L'ancien
français avait, du latin l'nstjfnere, lo verbe engein-
dre, au parfait j'cnsrcnui.
f 2. ENGENDUÈR (an-jan-dré), V. a. Pourvoir
d'un gendre. Ce beau-père futur craint bien qu'on
ne l'engendre, m. corn, le Charme de la voix, m,
6. Il Prendre pour gendre. D. Fernand : Il m'attend
comme gendre?— D. Gusman : Avec impatience,
El trouve tout en vous tellement à son gré Qu'il
voudrait dès demain vous avoir engendré, ID. Ga-
lant doublé, j, <. Il S'engendrer, ti.r^/l. Se donner
un gendre. Ma foil je m'engendrais d'une belle ma-
nière, MOL. l'Ét. II, 6.
— ÉTYM. En * , et gendre.
t ENGENDRECR (an-jan-dreur), s. m. Celui qui
engendre. L'engendreur et l'engendré, volt. Diat.
XXIX, ».
— HlST. xvi* 8. Engendreur, cotgrave.
— ÉTYM. Engendrer < ; provenç. engenraire au
nominatif, enjenrodor au régime; espagn. ensen-
dradnr ; ital. ingeneralore.
KNGEÔt.EK (an-jô-lé), i). a. Voy. enjôler.
UNGEOI.ECR (an-jô-leur), s. m. Voy. enjôleur.
ENGKR (an-jé), e. a. || 1° Anciennement, pour-
voir d'un plant, d'une herbe. Un tel m'a engé de ce
plant, mais je n'en espère rien de bon, richelet.
Oui a engé votre jardin de cette herbe î elle ne vaut
rien, id. L'ambassadeur Nicot a engé la France de
l'herbe nicoliane [tabac], Dict. de nicot. || 2° Au-
jourd'hui, bien que vieilli et peu usité, ce mot si-
gnifie embarrasser d'une sotte ou d'une mauvaise
engeance. Votre pire se moque-t-il de vouloir vous
enger de son avocat de Limoges? mol. Pourc. i, 3.
Il lesengeade petilsMazillons, Desquels on fit de pe-
tits moinillons, la font. Maiet.
— HIST. XIII* s. Mais se m'amie a cuer changié,
Ele m'a de mort aengié, Bt. el Jeh. v. 2529. D'un
chapon atorné raout bel. De chieres herbes au
chaudel. Si cuidierent faire mengier; Malsains [il]
ne s'en peut aengier, ib. v. 625. || xv* s. Si tost
comme Abel eust esté occis et eut receu mort soubz
cest arbre, il perdit la belle couleur verte et devint
en toutes choses vermeil, qui fut en remembrance
du sainct sang qui dessoubz avoit esté respandu;
ne de celuy ne pouvoit nul autre plusengier [croî-
tre], ains mouroient toutes les plantes qu'on en fai-
Eoit, et à bien ne pouvoient venir, Lancelot du lac,
t. III, f° <06, dans lacurne. || xvi* s. Pareillement
fut aux femmes enjoint de porter de gros culs, et
d'enger en toute sûreté sous iceux sans craindre le
babil des sages femmes, Sat. Hén. p. (98.
— ETYM. Limousin, s'endxd, s'engendrer, en par-
lant de la vermine; sarde, angieri, faire des œufs,
faire des petits. Mot obscur. Diez le tire du latin ene-
care, mettre à mort, détruire. Littéralement, la dé-
rivation est exacte, enicare donnant enger, en por-
tugais engar, presser vivement et en ennemi, comme
«indt'car», venger. Mais le sons présente beaucoup
de difficulté : enger a deux sens : 4' embarrasser
(aengier est enger avec la préposition d); 2° croître,
végéter, produire. De ces deux sens, le premier con-
viendrait peut-être à enecor«; mais le second peut-il
en provenir, même quand on admettrait que enger
signifie toujoursproduiredes choses nuisibles; ce qui
n'est pas dans nos exemples? Il serait plus facile de
retourner les significations et de dire : enger signifie
primitivement produire, puis figurément embar-
rasser par cette production même. Mais d'où tirer
enger en ce sens ?/nj;t jnere, qui conviendrait pour
le sons, ne convient en aucune façon pour la forme.
Il y avait aussi un substantif enge : ....Amis, se
lu sçavoies Que c'est grand chose de loenge , Et
com prisie en est li enge, Plus chier l'auroies à
avoir, FBoiss. Buiaon dejonesst. El de fait, tant
qiie l'enge des cordonniers soit faillie, jamais ils
n auront faute de telles reliques [le soulier do St
Jean], calvin, tes. Enge signifie ici race; mot en-
<!<)re usité avec ce sens en Normandie : Des pigeons
au i» grande ou de la petite enge [espèce]. Enfin il
y a encore un verbe onyier qui, vu le changement
ENG
non rare de on en mi ou on, peut représenter en-
ger : XII' s. Irons tornoier moi et vos; Or ne devez
vos pas longier. Mes les tornoiemens ongier. Et
anpanre [entreprendre], et tôt fors giter [laisser
tout le reste] , C/iei'. au lyon, v. 250i ; xiii' s. Ongier
feme (avoir des rapports avec une femme], ale-
bbant, f 27. Dans l'étal actuel des connaissances, les
difficultés restent inextricables, il a fallu se conten-
ter de réunir tout ce qu'on sait des formes et des si-
gnifications.
t ENGERBAGE (an jèr-ba-j') , s.m. Action d'en-
gerher b-s blés qui sont en javelles.
ENGERBÉ, ÉE (an-jtr-bé, bée), par(. passé. Blés
engerbés.
ENGERBEU (an-jèr-bé),i).o. || l'Mettre en gerbes.
Il 2° Par extension. Entasser l'un sur l'autre, mettre
en tas. Engerber des tonneaux de vin.
— ÉTYM. En t , et gerbe.
ENGIN (an-jin), s. m. || l'Adresse, industrie. || En
ce sens il ne se dit plus que proverbialement : Mieux
vaut engin que force. || 2° Instrument. La porte en
était basse, et semblait un guichet Qui n'avait pour
serrure autre engin qu'un crochet, Régnier, Sat.
XI. Un engin pour casser des noix, scarron, Ftri/.
V. Il Nom donné à toutes sortes de machines com-
posées, surtout à celles qui servent à lever ou à
tirer des fardeaux. || Machine placée dans le comble
d'un moulin pour monter le blé. || Machine établie
sur le chef d'une carrière pour en tirer les blocs
d'ardoise. || Engins de guerre, les machines dont on
se .servait avant l'emploi du canon. || 3' Piége. Un
engin à prendre les rats, scarron, Yirg. v. De là
naîtront engins à vous envelopper, la font. Fabl.
I, 8. De qui les fripons savent faire Un engin pour
prendre les sots, volt. Boi de Prusse, 4) . || Auplur.
Terme de chasse et de pêche. L'ensemble de ce qui
sert à équiper un chasseur, un pêcheur. || Engins
prohibés, sorte d'instruments de chasse ou de pêche
défendus, parce qu'ils détruiraient trop de gibier ou
de poisson. || 4" Terme de marine. Petit bâtiment de
guerre mal construit et mal armé.
— HIST. xii* s. Par quel enzing porai vers lui
aler? lionc. p. 2. A vosengiens ses donjons abatuz ,
ib. p. tt. Et quant de la besogne auront la fin oie,
Tost auront perceû l'angin de félonie, Sax. xx. No
porent l'apostolie [le pape] par engin deceveir; Il
lur ad respundu cum huem de grant saveir : Tel
poesté ne puet nuls chardenaus [nul cardinal] aveir,
Th. le mart. M. Bone est force, et engins mieux
vaut; Là vaut engins où force faut, wace. Brut,
8203. Il xm" s. Qu'il lor donroient navie [flotte] en
bonne foi et sans mal engin, par laquele il pouroient
bien aler en la terre de Surie, villeh. lix. Tôt cil
qui sont d'engin et d'art Sont mes tuit apelé Re-
nart, Ren. <07. Li morsiax qui fu en l'enging Fu de
fromage de gaain; Etli laz estoit estendus Par dessus
deus paissons [pieux] fendus, ib. 4 8380. Nicete
[simple] fu [Jeunesse] , si ne pensoit Nul mal , ne
nul engin qui soit, la Rose, (272. La nuevisme vertu
qui doit estre en clieli [celui] qui s'entremet de
baillie, si est que il ait en h soutil engieng et haslil
de bien esploitier, beaum. 26. En autre manière
pot fere pesquier [pêcher] à toutes manières d'en-
giens qui sunt acoustumé à penre poissons, id.
xxxviii, (8. Les copz [coups] des engins aus Sar-
razins, joinv. 220. {[ xiv" s. Aucun chante bien ou
fait ymaiges ou aultres besognes sans art et sans
doctrine par son engin qui est à ce naturellement
enclin, oresme, Eth. Prol. Ne vous garantiront les
murs ne les fossez. Ne grand pont-levëys, n'en-
gins bien charpentez, Gucsci. 4 8569. || xV s. Ce
mesme jour levèrent ceux de Valenciennes un très
bel engin et bien jetant qui portoit les grosses pier-
res jusques dedans la ville et au chasteau, froiss.
1, 1, 435. Et la tierce pierre fut si bien appointée
qu'elle ferit l'engin parmi la flesche et la rompit en
deux moitiés, id. i, i, 436.Ceusde l'ostleur jetoient
el envoyoienl par leurs engins chevaux morts el
besles mortes et puans pour eux empunaiser, id. i,
I, 4 4 6. Moy meue de désir d'accomplir son bon
vouloir, selon l'estendue de mon foible engin,
christ, de pisan, Charles F, i, 2. Est l'engin de
l'enfant disposé à recepvoir telle discipline comme on
lui veult bailler, ID. ib. L'hostel n'estoit pas si grand,
ne si peu de lui hanté tout en dévotion, qu'il ne
seust bien les engins [êtres], Louis xi, Nouv. xiv.
Ils pensoienl et nuit el jour par quelle façon et
moyen ils se pourroient rencontrer, mais ils n'y
savoient engin ( moyen ] trouver , lo. «6. xlvi.
II, '^''^'. *• ^pr^s cestui troisiesme succéda L'aage
d'airain, qui les deux excéda D'engin mauvais, ma-
ROT, IV, 48. Tout son engin, quant à la cognois-
sance de Dieu, est pure obscurité, calv. Inst. 197.
ENG
Par cet ..rtifice ils évitèrent le péril et acqui-
rent louange, verifians ce vieux proverbe francois,
qu'engin vaut mieux que force, langue, 657. En-
gins de baterie à tirer au loing, amyot, Timol. 48.
Il le meit entre les mains de Pelopidas, en le
priant que, s'il cognoissoit qu'il leur eust fait quelque
trahison ou aucun tour de mal engin, ilz feissenl
de cet enfant comme d'un ennemy, lu. Pélop. 47.
— ÉTYM. Uorm. engin, ruse; provenç. engen,en-
gein, engienh, engin; espagn. ingénia; poitug. en-
genho; ital. ingegno; du lat. ingenium, de inge^iere ,
mettre dans ....de naissance, de t», en, et génère
(voy. génération).
t ENGLANTÉ, ÉE (an-glan-lé, tée), adj. Terme
de blason. Chêne englanté, chêne portant des glands
d'un autre émail que l'arbre.
— ÉTYM. En 4 , et gland.
ENGLOBÉ, ÉE(an-glo-bé, bée), part, passé. Les
serfs ont donc été justiciables, parce qu'ils se sont
trouvés sur le territoire; et ils n'ont pas donné l'o-
rigine aux fiefs pour avoir été englobés dans le fief,
MONTESQ. Esp. XXX, 20.
ENGLOBER (an-glo-bé), v. a. Réunir dans un
seul tout. Englober un champ dans un domaine. 11
a englobé le tout dans un article. Quand les Romains
joignent la Syrie à leur vaste domination et englo-
bent le petit pays de la Judée dans leur empire,
VOLT. Dict. phil. Hist. § 2.
— HIST. XVI* s. Englober [devenir rond], cotgrave.
— ÉTYM. En 4 , et globe.
ENGLOUTI, lE (an-glou-ti, tie), part, passé
d'engloutir. || 1° Avalé avec avidité. Un d'eux [pous-
sins] s'étant écarté, notre malade le voit englouti
par un chien avide; elle accourt, elle lui arrache cet
innocent animal, boss. Anne de Goni. \\ i° Absorbé
comme dans un gouffre. Assez dans ces sillons vo-
tre sang englouti A fait fumer le champ dont il était
sorti, BAC. Phèd. ii, 2. Il se voit toujours englouti
comme un atome imperceptible dans l'immensilé de
l'univers, nicole, Ess. de mor. 4" traité, ch. 3.
Dans le néant dont vous êtes sortis, Tous ont été
comme vous engloutis, j. b. rouss. Allég. ii, 4. Les
générations humaines successivement englouties
dans cet immense océan de l'éternité; el Dieu qui
reste et qui les attend, marmoniel, Èlém. de lilt.
t. VI, p. 36, dans pougens.
ENGLOUTIR (an-glou-tir), v. a.\\i° Avaler avec
avidité. Il engloutit les morceaux sans les mâcher.
Dieu fit en môme temps qu'il se trouva là un grand
poisson qui engloutit Jonas; il demeura trois jours et
trois nuits dans le ventre de ce poisson , saci , Bible,
Jonas, II, 4. Il 2° Fig. Absorber, s'emparer, saisir
pour soi. 11 vient, la bouche Mante, engloutir tous
mes trésors, vaugel. Q. C. v, 4. Ce grand empire
qui a englouti tous les empires de l'univers, boss.
Hist. m, 6. Sans cesse vous brûlez de voir tous vos
parents Engloutir à la cour charges, dignités,
rangs, boil. Sat. x. S'il engloutit à jamais l'héri-
tage Dont la nature avait fait mon partage, volt.
Enf. prod. iv, 3. Elle était née dans le voisinage
d'une grosse abbaye de cent miHe livres de rente;
son mari me demanda un jour pourquoi ces mes-
sieurs, qui étaient en petit nombre, avaient englouti
tant de parts de quarante écus, id. VU. aux *o
écus; Devenu père. Avant que les Romains eussent
englouti toutes les républiques, il n'y avait presque
point de rois nulle part, montesq. Esp. xi, 8. Son
luxe insatiable [de Rome] engloutit les États; L'uni-
vers est sa proie et ne lui suffit pas , saurin , Spart, v ,
6. Il 3° Absorber comme dans un gouffre. Qui n'eût
cru que cette tempête allait engloutir tout le Rouer-
gue? patru,. Ptotd. 7, dans richelet La mer
l'engloutit avec tout son fardeau, corn. Jf. dePomp.
V, 3. Les flots ont englouti cet époux infidèle, rac.
Phèd. II, 4. Que l'enfer engloutisse et vous el ma
patrie, volt. Tancr.v, 6. Confiance, amitié, vertus,
plaisirs, folâtres jeux, la terre a tout englouti, j. t.
ROuss. Ilél. VI, 4 3. Il Fig. Les Génois furent englou-
tis dans le précipice que leur perfidie et leur avi-
dité leur avaient creusé, raïnal, Hist. phil. i, 4 4.
Oui, dans ces noirs cachots, dans ces muets abîmes,
Où Venise engloutit le coupable et ses crimes
Ducis, Othello, v, 4. Que restera-l-il d'elle [la vul-
gaire jeunesse]? à peine un souvenir; Le tombeau
qui l'attend l'engloutit tout entiî:re, lamabt. Médit.
1.3. Eternité, néant, passé, sombres abîmes. Que
faites-vous des jours que vous engloutissez? lu. ib.
I, 4 3. Il 4° Dissiper, dévorer. 11 a englouti en pet
de temps celte riche succession. {| B* S'engloutir,
t'. réfl. Se perdre dans un gouffre. Herculanum s'en-
gloutit sous des flots de lave. Celte foule de régiotis,
d'États dont les conquêtes des Assyriens, dos Mè-
des, des Perses, en s'engloutissant succesàivomeul
ENG
ENG
ENG
1397
les unes les autres, avaient firme ce grand corps
[l'empire d'Alexandre!, turgot, i' dise, en Sor-
bnnne. Partageant le destin du corps qui la recule,
Dans la nuit du tombeau l'âme s'engloutit-elle ? la-
MART. Wrdit. I, 6.
— HEM. Molière a dit engloutir le cœur, pour
soulever le coeur : Pouah! vous m'engloutissez le
cœur, G. Dandin, m, < t. C'est un archaïsme; en-
gloutir a eu le sens de avoir le hoquet; voy. l'his-
torique.
— lilST. XI' s. Si 11 requerent conseil d'icele cose
Ou'il iint oit, ki mult les lesconfortet; Ne guardent
l'ure [l'heure] que terre nés anglutet, St Alexis,
Lxi. Il xii" s. À moult grans trais le fort vin englotir.
Bat. d'Alesehans, v. 4651 . || xiii' s. Issi toz vivenz les
engloutira enfers en l'ire dame Dieu, Psautier, f°69.
Hé, Diex I que feras-tu de cest chetis dolent, De
qui l'ame en ira en enfer le boillant, Et li mau-
fez [les diables] l'iront à leur piez défoulant; Ahil
terre, quaroevre [ouvre-toi], si me va engloutant,
RUTEB. II, 96. Car il ne cuident pas morir, Ne de-
denz la terre porrir; Mes si feront, Ouejà garde ne
s'i prendront. Que tel morsel engloutiront [ils ava-
leront tel morceau]. Qui leur nuira, Que la lasse
d'aïuB en ira En enfer, id. ii, 2 Un serpent si
merveilleux Qui veut tout le inonde engloutir, Uni-
corne et serpent. || xv* s. Ils sont venus engloutir
cestui très noble et très chrestien royaume, g. chas-
tel. Chron. l'roesme. ||xvi" s. Terre engloutist mes
gens mors misérables, L'air corrompu me voinist
ses poisons, J. marot, V, 37. Quin'aveu [un joueur]
mascher et engloutir [avaler] les chartes [cartes],
pour avoir où se venger de la perte de son argent?
MONT. I, 22. Engloutir [avoir le hoquet], nicot et
HOB. ESTIENNE.
— ÉTYM. En t, et le radical de glouton (voy. ce
mot) ; provenç. englotir; anc. espagn. englutir; ital.
inghiottire. L'ancienne conjugaison d'engloutir était
comme celle de partir : englute , au subjonctif, en-
gloutant, au participe présent; c'est-à-dire que la
finale ir représente la finale latine ire et non iscere.
t ENGLOUTISSEMENT (an-glou-ti-se-man), i. m.
Néologisme. Action d'engloutir; résultat de cette ac-
tion. L'engloutissement d'une ville pendant un trem-
blement de terre.
— ÉTYM. Engloutir.
t ENGLOCTISSEUK (an-glou-ti-seur), s. m. Ce-
lui qui engloutit.
— HIST. xvi" s. Fournaise engloutisseuse, de la
PORTE, Épithètes.
— ÉTYM. Engloutir.
ENGLUÉ, ÉE(an-glu-é, ée), part, passé. Enduit
de glu. Des branches engluées. |j Pris dans la glu.
Un oiseau englué. |{ Fig. Pris comme dans de la glu.
Il les en veut convaincre , et il les y laisse long-
temps englués [dans des raisonnements], Nicole, Es-
sais , t. IX, p. 331 , dans pougens. ]] Proverbe. La
chevêche est engluée, c'est-à-dire les voleurs sont
pris a\i piège.
f ENGLUEMENT (an-glu-man), s. m. Action d'en-
gluer; résultat de cette action. || 11 se dit des hu-
meurs. Engluement des humeurs au haut du nez.
Journal de la santé du roi [Louis XIVJ, p. 270.
Il Terme rural. Composition destinée à recouvrir les
plaies des arbres.
— HIST. XVI* s. Engluement, oudin, Dict.
— ÉTYM. Engluer.
ENGLUER (an-glu-é), j'engluais, nous engluions,
vous engluiez; que j'englue, que nous engluions,
que vous engluiez, V. a. || 1° Enduire de glu. En-
gluer des arbrisseaux pour prendre des oiseaux.
Il 2° Prendre avec de la glu. Engluer des oiseaux.
il Fig. prendre comme dans de la glu. Ces niaiseries
futiles et spécieuses propres seulement à engluer
quelques butors, gabr. naudé, Instr. sur les frères
de la Rosecroix, p. 96, dans pougens. Ces louanges
étaient belles et bonnes, mais je n'étais pas assez
sot pour m'en laisser engluer, st-sim. 4(ic, ii7.
j II 3° S'engluer, v. rifl. Etre pris à la glu. Cet oiseau
' s'est englué. || S'épaissir comme de la glu. Ces restes
' [d'humeurs] s'étant épaissis et englués autour de
la gorge. Journal de la santé du roi [f^ouis XIV],
p. 270. Il Fig. S'engluer, être pris à quelque piège.
— HIST. xiu* s. Et par la giant force de lui et dou
cheval se tiouwella [pateaugea] il ens, en tel ma-
nière qu'il estoit avis as paysans qu'il fust anglués,
Cltr.de Rains, 219. Jeo ai le lauslio [rossignol] an-
glué. Pur qui vus avez tant veillé, marie, Lauslir..
t| xiv* s. Engluyer, prendre o gluyz, uu cange,
vtscare. IJ xvi' s. Musequins minars [filles raignar-
desi , Enrichis de fardz, Plusieurs engluèrent, ;. ma-
BDT, V, 470.
-^ i'tym. En t , et glu; provenç. englutir, e gludar.
f ENGLYPHIQUE (an-gli-fi-k'), adj. Quia rap-
port à la gravure. Peu usité.
— ÉTYM. 'Eyy'wîE'v, de èv, en, et vXOqjeiv, graver.
f ENGOBAGE (an-go-ba-j'), s. m. Action d'en-
gober.
t ENGOBE (an-go-b'), s. m. Matière terreuse dont
les potiers recouvrent leur pâte pour en changer la
couleur.
t ENGOBER (an-go-bé), v. a. Appliquer un en-
gobe.
— ÉTYM. Sans doute en ) , et gober. En Norman-
die, on dit s'engober pour s'étouffer de nourriture.
t ENGOMMAGE (an-go-ma-j') , s. m. Action d'en-
gommer. Engommage d'un tissu.
t ENGOMMER (an-go-mé), v. a. Enduire de
gomme. || Terme de potier. Couvrir les casettesd'un
émail très-chargé de plomb.
— ÉTYM. En 1, et gommer.
ENGONCÉ, ÉE ( an-gon-sé, sée), part, passé.
Il 1° Qui est habillé de telle sorte qu'il parait avoir
le cou enfoncé dans les épaules. Nos deux dames
lie France, bien engoncées, bienroides, bien mas-
sives, bien ignobles, bien maussades, bien plaquées
de vermillon, diderot, Salon de<766, (JICuv. t. xiii,
p. 4 54, dans poL'GENS. Mais comme vous êtes en-
goncée dans votre corset! picard. Petite ville, m,
8. Il 2° Qui a le cou enfoncé dans les épaules. Pour
ma taille, on ne peut la trouver engoncée, th. corn.
D. Bertr. de Cigarral, iv, i. Montagne n'était rien
moins que beau ni jeune, bien fait, mais un peu
gras, engoncé et fort rouge, st-sim. 63,(59.
jENGONCEMENT (an-gon-se-man), s. m. État
d'une personne engoncée.
ENGONCER (an-gon-sé. Le c prend une cédille
devant a ou o ; j'engonçai, nous engonçons), v. a.
Faire paraître, en parlantd'un habit, le cou enfoncé
dans les épaules. Cet habit vous engonce. {| S'engon-
cer, V. réjl. Enfoncer le cou dans les épaules, ou
s'habiller de façon à paraître engoncé. S'engoncer
dans son habit, dans sa cravate.
— HIST. xvi* s. Engonce;" [embarrasser], oudin,
Dict.
— ÉTYM. £n < , et gond ; engoncer étant comparé
à l'état d'une porte mise en ses gonds; portug. en-
gomo, gond; ital. gonso, gond; espagn. gonce.
ENGORGÉ, ÉE (an-gor-jé, jée), pari, passé.
Il 1" Obstrué. Canaux engorgés par la vase.... Ces
honnêtes enfants Qui de Savoie arrivent tous les
ans. Et dont la main légèrement essuie Ces longs
canaux engorgés par la suie, volt. Pauvre diable.
Il Moulin engorgé, moulin qui ne travaille pas,
parce que l'eau est trop haute. {| Canon engorgé,
canon dont la lumière se trouve bouchée. || Fig.
Léger d'étude et d'orgueil engorgé. Maître Houdart
se croit un petit aigle, j. b. rouss. Ép. ii, 6.
Il 2" Terme de médecine. Qui est le siège d'un en-
gorgement. Tissus engorgés. || Jambe de cheval en-
gorgée, jambe pleine d'humeurs. || 3° Drap engorgé,
drap que le foulon.n'a pas entièrement dégraissé.
Il 4° Terme de construction. Moulure engorgée,
moulure qui a perdu une partie de ses formes par la
quantité de peinture qui a été mise dessus.
ENGORGEMENT (an-gor-je-man), s. m. \\ 1° Gène
d'écoulement par obstruction, dans un tuyau, dans
un canal. || 2° Terme de médecine. Augmentation de
volume et souvent de consistance, caractérisée par
la présence d'une matière amorphe demi-solide ou
liquide qui a exsudé. L'engorgement des glandes.
Il Distension des vaisseaux ou des conduits excré-
teurs et intestinaux, avec embarras à l'écoulement
des matières qu'ils renferment. || 3" Fig. Gêne, em-
barras. Une seule aiïaire ne finissant point, il se
faisait un engorgement qui arrêtait et perdait toutes
les affaires par des lenteurs qui n'avaient point de
fin, ST-SIM. 394, 401. Il Engorgement des finances,
embarras dans leur administration. || Se dit aussi
de l'argent qui ne circule plus. L'engorgement de
la circulation, le retrait absolu du numéraire, le
discrédit, hontesquiou. Rapport, 27 août 4790,
p. 4 2. Il 4° Nœud qu'on rencontre dans le toit ou
dans le sol des veines de charbon de terre.
— ÉTYM. Engorger; provenç. engorjanien ; ital.
ingorgamento.
ENGORGER (an-gor-jé. Le g prend un e devant a
ou o: engorgeant, nous engorgeons), i;. a. || l» Ob-
struer un conduit, un passage. Les immondices
ont engorgé cet égout. Le sang engorgeait les
vaisseaux. La foule engorgeait le couloir. || 2» Rem-
plir l'âme d'une pièce d'artifice. || 3° S'engorger, v.
réfl. Etre engorgé. Ce havre, ce canal s'engorge.
Quand le tuyau de la cheminée est trop étroit, la fu-
mée, ne pouvant passer, s'engorge.
— HIST. xiiï' s. A'ns boive petit et sovent, Qu'il
n'aut [aille] les autres esmovant X dire que trop en
engorge, la Rose, 4 3043, || xiV Et aussy luy donne
[au faucon] à mengier, tant qu'il ait engorgé, Slo-
dus, f" Lxxx, verso. ||xv* s. Messire Jean de Ghis-
telles, de Hainault, cousin au comte de Flandre, y
estoit [quand Bournesel raconta au roi Charles sa
déconvenue en Flandre], qui engorgeoit [écoutait
en murmurant dans sa gorge] toutes les paroles du
chevalier, pnoiss. ii, ii, 46. || xvi' s. Il le suffoqua,
l'engorgeant de quantité d'eau prinse trop à coup,
MONT. III, 248.
— ÉTYM. En 4 , et gorge; provenç. engorgar, en-
gorjar; ital. ingorgare.
f ENGORGEUR (an-gor-jeur), s. m. Engorgeur
de pigeons, celui qui, avec les lèvres, donne du
grain aux pigeons.
ENGOUÉ, ÉE (an-gou-é, ée),por(. passé. || l'Dont
le gosier est obstrué. Engoué par des morceaux ava-
lés gloutonnement. || 2" Fig. Saisi d'engouement.
Mme de la Fayette vous a vue, elle me mande que
vous causâtes fort ensemble, qu'elle est engouée
de vous, c'est son mot, sév. Lett. i fèvr. 4085.
Notre duchesse de Bourgogne, qui, malgré tout
son mérite, est un peu trop engouée de la danse,
des bals et des mascarades, maintenon, Lett. au D.
de Ncailles, 25 janv. 4 7i4. L'âge ne m'a pas guéri
de ce défaut [s'éprendre d'une étude] , il ne l'a pas di-
minué; et, maintenant que j'écris ceci, me voilà,
comme un vieux radoteur, engoué d'une autre étude
inutile où je n'entends rien, j. j. rouss. Confess. v.
ENGOUEMENT (an-gou-man) , s. m. || 1° Embar-
ras dans le gosier. || 2° Terme de médecine. Obstruc-
tion d'un conduit ou d'une cavité quelconque par
des matières accumulées. || Engouement d'une her-
nie, arrêt et accumulation des matières dans l'anse
intestinale que contient le sac herniaire. || Terme
de vétérinaire. Engouement du feuillet, accumula-
tion de matières alimentaires durcies, entre les la-
mes de cet estomac. Engouement du jabot, réplé-
tion outrée de cette poche. || 3" Fig. Sentiments
favorables et excessifs que l'on conçoit sans grande
raison pour quelqu'un ou quelque chose. Son en-
gouement pour cet ouvrage, pour cette personne
est extrême. L'engouement du duc de ViUeroy [pour
le titre de maréchal] dura plusieurs années, st-si.mos,
5, 68. Approuvant, dédaignant, sans rechercher les
motifs de mon engouement ou de mon dédain, Di-
derot, Salon de 4765, OEuv. t. xiii, p. 3, dans
POUGENS. Toute ma crainte, en voyant cet engoue-
ment et me sentant si peu d'agrément dans l'esprit
pour le soutenir, était qu'il ne se changeât en dé-
goût, J. J. ROUSS. Conf. X. Son engouement outré
pour ou contre toutes choses qui ne lui permet-
tait de parler de rien qu'avec des convulsions,
ID. ib. XI. Une pièce fugitive de Scarron prouve en-
core de quel engouement on peut être pour les
chats, montcrif, dans desfontaines. C'est beau-
coup pour ce pays, où vous savez que le premier
jour est pour l'engouement, le second pour la cri-
tique, et le troisième pour l'indifférence, laiiaupe,
Correspond, t. lu, p. 364, dans pougens. Elle ne
juge plus d'après l'extérieur les phrases et les dé-
monstrations; elle est guérie de l'engouement,
u"' DE genlis, Adèle et Théod. t. m, lett. 68, p. 408,
dans pougens. L'amour peut s'égarer dans ses pre-
mières affections et surtout par l'éducation ; il y
puise des fantaisies et des engouements, bern. de
sT-p. Ilarm. liv. vu. De l'amitié.
ENGOUER (en-gou-é), v. a. || 1° Obstruer le go-
sier. Ce canard avala un morceau trop gros qui
l'engoua. || 2° S'engouer, v. réfl. Se causer un em-
barras dans le gosier. Il s'engoue à force de man-
ger avec gloutonnerie. Quand les petits enfants s'é-
touffent à force de téter avidement, on dit qu'ils
s'engouent. S'engouer à force de crier, de boire. Il
ne mange pas, il dévore. Et le fait tant avidement.
Qu'il s'engoue ordinairement, scarr. Virg. m.
Mme de Maintenon triompha froidement d'elle [Ma-
dame], la laissant s'engouer de parler, de pleurer
et de lui prendre les mains, st-simon, 94, 238.
Michau : Eh I mais, si je beuviemes? — Henri :
C'est bien dit, car je m'engoue, collé. Partie de
chasse, m, 40. || 3° Fig. Élre pris d'engouement.
Mais mon génie a toujours, je l'avoue. Fui ce faux
air dont le bourgeois s'engoue, j. b. roiss. À U. de
Breteuil, liv. i, Ép. Insensiblement je m'engouai
de cette petite retraite, j. J. rouss. Conf. v. Vous
avez encore un autre défaut, c'est de vous préve-
nir, et, comme on dit, de vous engouer à l'excès
en faveur de certains ouvrages, d'alemb. Portr. de
Mlle de l'Espinasse. \\ Absolument. Cet homme s'en-
goue facilement.
— HIST. ivi' s. Et mordoit goulûment comme un
1308 ENG
homme en songent R«». «prè» la viande et s'en-
«oii«enmangp»nt,iioN»ARD, ««■•. , „ ,.„
_ r.TVII Ir. t, et le radical 90», qui se trouve
dan» o'anon (»oy- « """i "''"S'' "S""""- ^' ''**'
MKe du «ens propre au sens figuré consiste en ce
nue l'esprit est occupé par quelque chose comme le
«osier par ce qui i'engoue; c'est une lésion, un
mal de l'esprit comme <iu gosier; car Vengouement
est consKl/Té comme un travers.
ENGOUFFRÉ, lîK (an ROU-fré, frée), part, passé.
Il !• Perdu dans un gouffre. L'enfant toiulie et est
engouffré dans le torrent, volt. Zadig, 20, || Par
extension, retiré dans un fond. Nous manquions
tiul * fait de fourrages, fort engouffrés entre les
deux camp» et acculés au Rhin, st-simon, 2», 83.
lia» Oui .se précipite comme dans un gouffre, en
parlant des eaux et du venl. C'est.... du corbeau
qui s'abat l'aigre croassement. De» autans engouf-
frés le triste sifflement, lamaiit. Joc. m, tm.
ENGOUFFRER (S") (an gou fré), v. réft. \\ 1° Tom-
ber dans un gouffre. || Par ixtension, se retirer
dans une profonde retraite. Voue Sainteté s'en ira,
Toute réduite en sa pensée, S'engouffrer la tête
baissée Dans qiiebiue couvent réformé, sc*uB. Pnés.
div. Œiwr. t. VII, p. laa, dans pougens. || 2" Il se
dit des courants d'eau ou d'air qui pénètrent dans
une sorte de gouffre. Le Rhône s'engouffre au lieu
dit la Perle du Khône, et repandt un ijuait de lieue
plus loin. Le vent s'engouffrait dans la clieminée.
Dans ce moment, une montagne d'eau d'une ef-
froyable grandeur s'engouffra entre l'Ile d'Ambre ei
la i:flie, BERN. i.K ST-FlEuiiE, P. et V. p. tSH. Sous ses
haillons où s'engouffr..- la bise. C'est du pain qu'elle
attend de nous, béuang. l'auv. femme. Les vents,
en s'engouffrant sous ces vastes débris, En tirent
des soupirs, des hurlements, des cris, lamaut.
Uid. Il, au. Il Fig. Une de fortunes viennent s'en-
gouffrer dans les ieux de boursel || 3° K. a. Kngouf-
frer, faire lomter, feire disparaître dansungouffie.
Son omlire plane encor sur tant d'hommessublimes
Ou' Alioukirengouffradans ses sanglants abîmas, bar-
THKLEMï, dans [eDict.de bescheiielle. || La forme
active n'est pas donnée par l'Académie, mais rien
n'einpéciie de s'en servir.
— Hisr. XVI' s. Dequoy donc vous profite-il de
vous engouffrer par vosire curiosité enragée en cest
abyine? calv. Instit. 7«l. En combien de périls et
dangiers nous allons engoulf'er, par ung chemin
esiroict lie 3U lieues de long, où.... cabl. iv, U4.
N'est-il donc pas bien misérable, Celuy qui est in-
satiable D'amonceler I or dessus l'or, Ou qui, soû-
lant .-on avance, L'engoufre, 0 trop estrange vice,
Dedans l'abisme d'un trésor? jacq. tahlheau, l'oé-
sie.1, p. nu, dans LACL'RNE. La vérité est engoufrée
dans des profonds ahysmes où la veue humaine ne
peult pénétrer, mont 11, 3i7.
— ÉTVM. En I , ei gouffre.
f ENGOUJURE (an-guu-ju-r'), ». f. Terme de ma-
rine. Sorte de rainure pratiquée en travers, sous les
cais.ses des m&ts de hune et de perroquet, pour re-
cevoir lo braguet.
t F.NtlOULANT, ANTE (an-gou-lan, lan-t'), odj.
Terme de blason. Se dit d'ui: animal qui est repré-
senté engloutissant dans sa gueule une pièce des ar-
moiries.
ENGOULÉ, ÉE (an-gou-lé, lée), part, passé.
Il 1* Saisi par une gueule. Le poussin engoulé par
le chien. || 2° Terme de blason. Se dit des pièces dont
les ezirémités entrent dans des gueules d'animaux.
^ HIST. XII' s. LA le desarment li prince et li
cnasé; De son bliaiil ot l'ermin [l'hermine] engoulé
[disposé autour do l'ouverture pour le passage du
cou]; En nule terre n'ot plus bel desarmé, Uaoul
de Camb. ei. || xiti' s. S'ot vestu un rouge fustain-
gne. Mes que par leus ert detrouez; Entre le col
erl engouiez D'une liste trestote blanche, ilCTi. 7022.
ENGOULER (an-gou-lé), v. a. Saisir à pleine
gueule. Ce chien engoulé tout ce qu'un lui jetle.
— lllST. XIII* s. En cesie terre n'a mastin Qui me
rescossit [m'ôtftt] un pocin, Por que je l'eusse en-
goié, lien. (3013. Le bort du henap trop n'engoule,
Si comme font maintes norrices Qui.... la Rose,
4a«46. Car la douçor si fort les boule [trompe], Qu'il
n'est nus [nul] qui tant en engoulé, Qu'il n'en vuciUe
plus engouler, »6. 00(8. || ivi* s. Ce lyon jelta sa
griffe sur une fille aagée do douze ans ou environ,
et l'aterra : ce fait, engoula sa teste, et avec les
dent» luy flst plusieurs playes, paré, vm, (5.
— ËTVM, fn ) , et goule, une des anciennes for-
me» da gueule; provenç. «noojir, engouller; es-
pagn. en9«/(ir. ^ » . »
t ENGOULEVENT (an-gou-le-van), *. m. Genre
a oiseaux dont l'etpèce la plus commi>ne est vnlgai-
ENG
rement appelée crapaud volant {eaprimulgus eu-
r(.p<rus, L.).
— ÉTVM. Engouler, et vent; ainsi dit parce que
cet oiseau a un bec qui s'ouvre énormément.
ENGOURDI, lE (angour-di, die), part, passé
d'engourdir. || 1* Saisi d'engourdissement. Mams
engourdies par le froid. Non, non, si sans le fer
co bras est engourdi rotr. Herc. mour. m, 6
Par de cbasles baisers, dans son pieux transport.
Il ranimait mon co-ur engourdi par la mort, du-
cis. Oscar, v, t. [Un aiglon] Dont l'œil aspire à sa
sphère. Et qui rampe sur la terre Comme un rep-
tile engourdi, lamart. Ilarm. 11, *■>■ Il Terme de
marine. Navire engourdi, navire qui paraît immo-
bile au milieu d'une grosse mer. Peu usité. || Kig.
N'avoir pas les mains engourdies, être habile à pren-
dre, à voler. Vous me trouvez l'air d'un fripon qui
n'aura pas les mains engourdies pour emporter
l'argent d'une maison, mabivaux. Paysan parv.
2' partie. || i' Fig. Un esprit engourdi. La composi-
tion en est pesante et engourdie, diderot. Salon
df 1766. Œuv. t. xiii, p. 61, dans POUGENS.
ENGOURDIR (an-gour-dir) , ». a. || 1° Causer
dans un membre une sorte de paralysie momenta-
née, incomplète. Le froid engourdit les membres,
l.a torpille engourdit la main de ceux qui la tou-
chent. On peut comparer les malheureuses produc-
tions de cette espèce à ces jours affligeants de l'hi-
ver, où un brouillard épais , joint à une gelée
pénétrante, .semble à la fois engourdir et conirister
tous les êtres vivants, d'alemb. Éloges, Crébxllon.
Je baise bien tendrement vos jiattes, et si, je les
exhorte à ne se laisser ni brûler, ni engourdir, id.
Leil. à Voltaire, l5oct. 4776. || 2° Kig. L'oisiveté
engourdit l'esprit. Il se prenait à tout ce qui pouvait
engourdir son impatience, hamilt. Gramm. ii.
Il 3» S'engourdir, v. réfl. Devenir engourdi. Le loir
s'engourdit pendant l'hiver. Ses membres épuisés
s'engourdissent et le cours du fleuve l'entraîne,
FÉN. Tél. IV. Malmenant je m'engourdis avec la na-
ture jusqu'à ce qu'elle renaisse, je ne vis plus, j. J.
Rouss. Lett. à ilmedeSuie, Corresp. t. vi, p. U2,
dans POUGENS. || Kig. Vous vous engourdissez dans le
repos. On perd l'habitude da réfléchir comme celle
de marcher; et l'âme s'engourdit et s'énerve comme
le corps dans une stupide indolence, marmontel,
Élém. lut. (*'.'«». t. vu, p. 4(5, dans pougens.
— HlST. iiu' s. Les pe/, out tortz [il eut les pieds
torts], nerfs engurdis, Édimard le conf. v. (937.
Il xv s. F.t ne fussent lasches ne engourdelis, Mais
fors, et preux, et il chiere hardie, eust. descii.
Poésies mss. f° 25, dans lacurne. || xvi' s. liien est
à présumer que Pliaratnond premièrement, puis son
successeur Clodion, voyant l'empire en tel de.sordre,
ne demeuroient ce temps pendant engourdis, PAS-
QuiER, dans le Dict. de dochez.
— ÉTVM. En > , et gourd; provenç. engordir.
ENGOURDISSEMENT (an-gour-di-se-man), s. m.
Il 1* Sorte de p.iralysie momentanée causée par le
froid ou une autre cause, et qui est caractérisée par
la pesanteur, la difficulté du mouvement et un four-
millement incommode. Avoir un engourdissement
au bras. |{ Il se dit aussi d'un état qui rend les fa-
cultés obtuses comme par un demi-sommeil. Un
engourdissement total m'êta jusqu'à la faculté de
parler et de penser, «"• UE genus, Adèle et Théod.
t. Il, lett. 38, p. 384, dans POUGENS. || Il se dit
enfin de l'état où tombent certains animaux hiber-
nants. H faut savoir gré à M. de liuffon d'avoir re-
cherché le premier la cause secrète de l'engourdis-
sement de divers animaux, tels que la marmotte, le
hérisson, le loir, la chauve-souris, bonnet, Con-
teinpl. nat. t2' part. ch. 81. || 2° Fig. Torpeur.
L'engourdissement de l'esprit. Tirer quelqu'un de
son engourdissement. On dit qu'il y eut dans tout
ce mouvement un peu de l'engourdissement qui suit
un long repos, ségur, Hist. de Napol. ix, 3.
— ÊTYM. Engourdir.
f K. ENGRAIN (an-grin), s. m. Biseau qui, pra-
tiqué à une meule, sert à engager dessous les ma-
tières qui doivent être broyées.
— ÊTYM. Voy. engrener 2.
t 2. ENGRAIN (an-grin), ». m. Terme rural.
Toute semence faite en céréales.
— HIST. XVI* ». L'achateur sera payé desesairures
[labourages], semences et engralns, s'il n'a les
fruicts, Coust. génir. t. 1, p. (024
— ÊTYM. En ( , et grain.
t ENGRAINEMENT (an-grè-ne-man), ». m. Voy.
ENGRÈNBMENT.
fENGRAINER (an-grè-né), «. o. Voy. engrener.
ENGRAIS (an-grê; 1» se lie: un an-grê-z excel-
lent) , ». m. Il !• Pâture «^u'on donne aux volaille»
ENG
pour les engraisser. |{ Mettre à l'engrais, se dit des
bestiaux que l'on met dans les herbages pour qu'ils
s'y engraissent. C'est ordinairement à l'âge de dii
ans qu'on met les bœufs à l'engrais, buff. Bœuf.
Il 2° Tout ce qui, déposé à la surface du sol et
mêlé à la terre arable, augmente ou rétablit la fé-
condité, en lui fourni-ssant les maiif-res organique»
ou minérales nécessaires à la végétation. Il sou-
mit lart des engrais à des principes fondés sur la
saine physique, condorcet, Duhamel. Rival de
Duhamel, surprenez ses secrets; Connaissoz, em-
(iloyez l'art fécond des engrais, delille, Hom. des
ch. ch. II. Il Engrais norihal, fumier de ferme pro-
duit par une proportion de 30 chevaux, ïo bœuf»
ou vaches, (2 à 20 porcs, ainsi dit par Paye» et
Boussingault, parce que ce fumier leur sert de type,
et que, dans leurs recherches comparatives, il»
fixent sa valeur ou ses effets à (oo. || Engrais désin-
fecté, dit souvent aussi engrais humain, mélange
d'excréments humains, de poudrette, avec le char-
bon ou avec le terreau carbonisé. {| Engrais flamand ,
nom donné à la matière des fosses d aisance mise
en citerne et mélangée avec une certaine proportion
d'eau qui en fait un engrais liquide. || Engrais verts,
nom donné aux tiges, feuilles ou fanes des végé-
taux herbacés spécialement cultivés pour service de
fumure, tels que lupin, colza, seigle, etc; on les en-
fouit dans la terre, ils y [lourrissent et la fertilisent.
Il Engrais mixtes, engrais formés de substances mi-
nérales assimilables par les plantes, et de matières
organiques.
— hist. xvi* s. Lesbopufsd'engrais [de boucherie],
0. DE SERRES, 287. Sans attendre que l'on les vin>l
hacher en pièces comme moutons, après que I 01;
les auroit longuement tenus en meue & l'engres.
amyot. Agis et Cléom. et.
— ÊTYM. Voy. engraisser.
I ENGRAISSAGE (aii-grè-.sa-j'), ». m. Action d'en-
graisser les bestiaux. Peu usité.
— ETYM. Engraisser.
fENGRAlSSANT, ANTE (an-grè-san, san-t'), adj.
Qui engraisse. || Oui tache de graisse. La pommade
est trop engraissante, sÊv. 230.
ENGRAISSÉ. JÎE (an prè-sé, sée), part, passé.
Il 1° Rendu gras. Cet enfant engraissé depuis qu» je
ne l'ai vu. Ses troupeaux engraissés dans ces beain
pâmrages, delille, Éneide, vm. || Par exten-ion.
Les mots pleins de l'onction divine opèrent secrèl^-
inent; on s'en nourrit, l'âme enestengriiis~ée, iE.n.
t. xviu, p. 439. Il Fig. Ces champs engraissés du sang
de nos soldats, jj 2" Fig. Enrichi, .l'estime autant i'a-
tru même dans l'indigence Qu'un commis engrai^s 1
des malheurs de la France, hoil. ^ptl. v.
ENGRAISSEMENT (an-grè-se-man), s. m. || l'Ac-
tion d'engraisser. L'engraissement des bcsiiaiix.
Il État de celui qui engraisse. || 2" Synonyme d'er-
grais. Mettre des engraissements à la terre. Il ne
faut que de légers engraissements, la ouintinye,
1. 1 , dans bichelet. || 3° Terme de cliarpentene. Join-
dre du Viois par engraissement, rassembler à force,
et de manière qu'il n'y reste aucun vide.
— HIST. XVI* s Et lesnourissoit on [les gladia-
teurs] avec cet engraissement, afin i|u'ils achetassent
leur graisse par leur mort, d'aub. Conf. 11, ». Et seront
ces lieux assis en teste des prairies, afin que les en-
graissemens y vuident par les pluies, 0. de sebrks.
21. Le trop de vieillesse résiste à l'engraissement
des bœufs, id. 296.
— ÊTYM. A'ngrowser; provenç. engrayshament ;
anc. cat. engres^ament ; ital. tngra»(am<>n(o.
ENGRAISSER (eii-grè-sé), f. a. || 1° Faire de-
venir gras. Engraisser des poulets, des (X)choiis,
des bestiaux. Il n'y en a que trop de ce caract.' ro
dans le siècle où nous sommes qui ne semblent
vivre que pour nourrir et engraisser leur corp~,
BOURD. «' dim. après la Prnt. Domin. t. m, p. (i.
Que faisons-nous, chrétiens, que faisons-nous au
tre chose, lorsque nous flattons notre corps, (jup
d'accroître la proie de la mort, lui enrichir son bu-
tin, lui engraisser sa victime? Boss. Or. fun. du /'.
Bourgoing. Comme des victimes qu'on engraisse ci
qu'on orne de fleurs, mass. Uyt. 5oiim.||2° En-
duire d'un corps gras. Que l'huile du pécheur ne
parfume et n'engraisse point ma tête, SAa, Bible,
psaume CXL, y. t. \\ Souiller de graisse. Engraisser
ses habits. Aujourd'hui on dit plutôt graisser. ([S'En-
graisser des terres, leur donner de l'engrais. Ces
troupeaux servent à engraisser les campagnes ,
FÉN. Tél. XIII. Ainsi les torrents engraissent les
vallons de la substance des montagnes avad'es,
RAYNAL, llisl.phil. II. t. Il «• Fig. Rendre riehe.
N'imite point ces fous dont la sotte avance Vn ili'
ses revenus engraisser la justice, boil. t"j/<(. 11.
ENG
EiNG
ENG
1399
Ma peine et mon deuil Engraissent des tyrans
l'insolence et l'orgueil, A. cnÉN. 39. || 5° Terme de
métallurgie. Engraisser le feu, donner au laitier plus
de consistance. Il Terme de charpenterie. Engraisser
l'arête d'une pièce de bois, l'élargir en diminuant
la pointe. Il Terme de poterie. Grossir la base de
certaines pièces en y ajoutant des saillies, afin que
la pièce puisse sortir du moule. || 6° V. n. Devenir
gras, prendre de l'embonpoint. Il engraisse à vue
dîœil. Il 11 engraisse de mal avoir, c'est-à-dire il se
porte bien malgré les tribulations qu'il essuie.
Il Kig. Il engraisse île malédictions, c'est-à-dire tout
lui prospère malgré les malédictions qui s'élèvent
centre lui. || Terme de construction. On dit qu'une
pierre engiais.se, quand elle fait, d'un côté, un an-
gle bien ouvert. || 7° S'engraisser, r. réfl. Devenir
gras. Le porc à s'engraisser coûtera peu de son,
LA FONT, t'abl. VII, 10. Les chanoines, vermeils et
brillants de santé, S'eiigrais.-aient d'une longue et
sainte oisiveté, boil. Lutrin, i. J'appris en celte oc-
casion que les brebis s'engraissent d'autant plus
qu'elles boivent davantage, b.vbthél. Anarch. ch. 60.
Il Fig. S'enrichir. [Il] s'engraisse du travail et delà
substance des pauvres, fléch. i, 35 Engraisse-
toi, mon fils, du suc des malheureux, boil. Sal. viii.
Est-ce à un citoyen à s'engraisser des restes du
sang d'un autre citoyen? volt. Louis XV, 42. Sous-
fermier des hôiiilaux qui s'était engraissé en met-
tant les soldats blessés à la diète, lu. VU. aux 4U
écus. Entretien arecunchiruryien. || 8° S'épaissir, en
parlant d'une liqueur. Cet emploi a vieilli. || Ce vin
s'engraisse, il se gâte. On dit plutôt aujourd'hui : il
devient gras. || Proverbe. L'œil du maître engraisse
le cheval, c'est-à-dire quand le maître va voir sou-
vent ses chevaux, les valets en prennent plus de
soin; et fig. quand on surveille soi-même ses afl'ai-
re.s, il n'y a pas de coulage, de dilapidation. || On
ne saurai! manier du beurre qu'on ne s'engraisse
lesdoij;ts, c'est-à-dire on ne .saurait manier beaucoup
d'argent, sans (|u'ii en demeure dans les mains, entrer
dans certaines affaires, sans y faire des profits.
— ICST. XII' s. De celé chambre isseit à ure
[heure] de maiigier. Ne mie pur sun cors emplir
ne encreissier. Mais pur ce qu'il voleit sa maisnie
haitier. Les povres fameilleus veeir e aaisier, Tli.
le mart. 102. Pur ço l'unt es crûtes [caveaux] en-
terré e mucié; Mais primes unt les ciras e le cors
tut cergié [fouillé]; Mais ne l'uni pas trové farsi ne
encraissié. Mais de saintisme habit e vestu e cbar-
gié. ib. tB6. Ilxiii* s. Tant m'ont mai fait et enjoi-
gniez, Oue il en sont tuit engraixieï. Psaumes en
rirs. dans Liber psalm. p. 27t. Cil qui de mal faire
s'engressent, la Ros''. 64S2. Et que nus [nul] n'ait
porcel dedens les murs, ne norisse ne encraisse
plus de huit jors. tailliab, liecnetl, p. 279. ||xv s.
Cil comte de Blois et sa femme n'estoient pas taillés
ni pro|iortioiinés à engendrer jamais enfans; car,
par bien boire et fort manger douces et délectables
viandes , ils estoient malenient fort engraissés,
FROiss. III, IV, 26. Il XVI' s. Les terres labourables
s'engressent de telles pourritures, amyot, llarius,
37. Si VOUS n'estes en bon poiucl.... Quelque jour
engresserez, marot, m, 222.
— fnVM. Picard encrassier; wallon, ècralii; na-
mur. ècrauchti provenç. engraissar, engruamsar;
anc. calai, engrassnr; espagii. engrasar; [lorlug. en-
graxar ; liai, ingrassare ; du latin incra^are, de in,
en, et crassus, gras.
j ENGRAISSEUR (an-grè-seur) , s. m. Celui qui
engraisse des bestiaux.
— KtyM. Engraisser.
ENGRANGÉ, ÉE {aii-gran-jé, jée), part, yassé.
Gerlies engrangées.
•t ENGRANGEMENT (an-gran-je-man) , s. m. Ac-
tion de serrer les blés dans la grange.
ENGRANGER (an-gran-jé. Le g prend un e devant
s ou 0; j'engrangeai, engrangeons), v. a. Serrer
dans une grange. Engranger une récolte. || Absolu-
ment. Le temps est très-beau, hàlez-vous d'en-
granger.
— HlST. XV' s. Et encore le nourrit celui qui la
mère engrangea [logea] en l'absence de notre dit
gentiliomiiie, louis xi, IVouu. xxii.
— KrvM. Fn ( , et grange.
f ENGRAULE (an-grô-l"), s. m. Nom de l'anchois.
I ENGRAUHS (an-grô-lis'), s. m. Nom moderne
du genre anchois, dans lequel on distingue l'engraulis
vulgaire, connu sous le nom d'anchois, l'engraulis
mélette, dit vulgairement mélelte, mélet et nadelle,
legoahant.
ENGRAVÉ, ÉB (an-gra-vé, vée), part, pa^isè.
I! 1° Arrêté par le sable dans un cours d'eau. Il jure
coffiiue un marinier engravé. Les eaix [de la Loire]
sont si basses, et je suis si souvent engravée que je
regrette mon équipage qui ne s'arrête point et qui
va son train, st.v. 218. Une vestale met à Ilot un
gros vaisseau engravé en le tirant avec sa ceinture,
VOLT. Dict. phil. Ilisluire, 1. \\ 2° Terme de chasse.
Dont les ongles sont blessés par le sable. Chien en-
gravé.
t ENGRAVÉE (an-gra-vée) , s.f. Terme de vétéri-
naire. Maladie du pied des didactyles : on l'observe
sur les bœufs qui travaillent en des terrains durs,
garnis de cailloux.
— Etym. En {, et grav, radical de gravier (voy.
ce mot).
ENGRAVEMENT fan-gra-ve-man) , s. m. Hl-État
d'un bateau, d'un train de bois engravé. || 2" Ensa-
blement. Les dépenses.... dont le retard pourrait
être préjudiciable, comme la réparation d'un pont,
le déblai d'un engravement, cappeau, De la comp.
des Alpines, etc. Aix, (847, p. tce.
t. ENGRA'VER (an-gra-vé), v. a. \\ 1° Engager
une embarcation dans le sable, la vase. 112" Terme
de marine. Engraver des futailles, les enfoncer dans
le lest qui est à fond de cale. |{ 3° Ensabler. Lors
d'une rupture du fossé de Crapone, qui emporta et
engrava une terre ensemencée de blé, cappeau,
de la comp. des Alpines, etc. Aix, 1817, p. luo.
Il 4° V. n. La chaloupe engrava. || 5" S'engraver,
t'. réft. S'engager dans le sable. Notre bateau s'est
engravé. Il y a trente lieues de Saumur à Nantes;
nous avons résolu de les faire en deux jours, et
d'arriver aujourd'hui à Nantes : dans ce dessein,
nous allâmes hier deux heures de nuit; nous nous
engravSmes, et nous demeurâmes à deux cents pas
de notre hôtellerie sans pouvoir aborder, sÉv. 21 8.
— ÉTYM. En t , et le radical grav, qm est dans
gratJier (voy. ce mol); Berry, agraver ; provenç.
engrarar.
12. ENGRAVER (an-gra-vé), v. a. |{ 1° Graver
sur. J'eusse engravé là-haut leur honte et votre
gloire, RÉGNIER, Élég. i. Darius fit dresser un type
de pierre et y fil engraver des lettres, p. L. cour.
II, 200. Il 2° Terme de construction. Entailler le
plomb d'une gouttière, d'une lucarne. |{ Clouer
l'extrémité d'une bande de plomb sur une autre ou
sur le pied d'un poteau.
— HlST. xvr s. Gros jaspes verds engravez, et
taillez en dracons, rab. Garg. i, 8. Ces discours,
nous ne les portions pas seulement en la bouche,
mais eiigravez bien avant au cœur, mont, iv, 327.
— KTYM. £n 1 , et graver.
t ENGRAVURE (an-gravu-r'), s. f. \\ 1° Résul-
tatde l'action d'engraver, et, par extension, l'action
plie-même. |{ 2° l^rme de cimstruotion. Nappe de
plomb employée à la couverture.
— HlST. XII' s. Maistres de [habile en] orfaverie,
e de portraiture, e deengravure, e do aitres engiiiz,
/lois, 252. Il XVI' s. Son poignant trait m'a graié
dans le cœur Les deux beaux noms de vous et vostre
sœur; Et si avant s'e-'t mise l'engraveure Que pour
j.'i.mais y demeurer s'asseure, am. j.imin, Poésies,
f° !52, dans LACUHNE.
— ETYM. Engraver 2.
ENGRËLË, ÉE (an-grê-lé, lée), adj. Terme de
blason. Il se dit de certaines pièces honorables de
l'écu, qui sontà petites dents fort menues, dont les
côtés s'arrondissent un peu; ce qui dislingue en-
grêlé de dentelé. 11 porte d'or à la croix engrêlée de
gueules. 11 porte de sable au chevron engrclé d'ar-
gent.
— ÉTYM. En I, et grêle, s.!.; les dentelures étant
comparées à des grains de grêle, à cause que les
côtés en sont arrondis.
t ENGRfXER (aii-grê-lé), v. a. Mettre une en-
grêliire à une dentelle.
ENGRÊLURE (an-grê-lu-r'), s.f. \\ 1» Terme de
blason. Bordure engrêlée. || 2° Espilice de dentelle
d'un demi-centimètre de largeur, formant un jour
à dents aiguës rapprochées et égales, dont chaque
pointe est maintenue par un filqui faille bord; elle
sert en lingerie pour des jours, et aussi on la ciud
au bas des dentelles pour en faire le pied. || Nom des
dents de passement (voy. dent). || Les modistes et
les femmes prononcent engrelure.
— ÉTYM. Engrêlé.
ENGRENAGE (an-gre-na-j') , s. m. Disposition de
roues qui s'engrènent. || Terme de marine. Arri-
mage d'une barrique, d'un boucaud, etc. dans un
vide de la cale. Disposition de barriques analogue à
celle des piles de boulels.
— ETYM Engrener 2.
j ENGRENAIS'T, ANTE(an-gre-nun, nao-t'), adj.
Qui engrùne. Roue engrocanle.
— ÉïYM. Engrener 2.
t. ENGRENÉ, ÉE (an-gre-né, née), part, passé
d'engrener t. || 1° Garni de grain. Trémie engrenée.
jj 2" Nourri de grain. Volailles engrenées.
2. ENGRENÉ, ÉE (an-gre-né, née), part, passé
d'engrener 2. Des roues engrenées.
t t. ENGHÈNEMENT (an-grè-ne-man), f. m.
Il 1° Action de mettre le blé dans la trémie du mou-
lin. Il J'Action d'engrener des chevaux, de la volaille.
— ÉTYM. Engrener 1. j
t 2. ENGRÈNEIVIENT(an-gré-ne-man), s. m. Ac-'
lion d'engrener une roue. || Action de présenter le
blé et sa paille à la machine à battre.
— ÉTYM. Engrener 2.
1. ENGRENER (an-gre-né. La syllabe gre prend
un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette,-
j'engrène, j'engrènerai), v. a \\ 1° Mettre du grain
dans la trémie du moulin. || Fig. etabsolument. Puis-
qu'il a engrené, c'est à lui à moudre, c'est-à-dire il faut
qu'il achève ce qu'il a commencé. || 2" Fig. Commen-
cer d'une certaine façon. Engrener une affaire. Engre-
ner des relations. La chose fut mal engrenée et elle
échoua. Il 3° Terme de commerce. Charger des mar-
chandises sur un bateau qui n'est pas encore en état
de partir. || 4° Engraisser avec du grain les bestiaux,
la volaille, etc. || Au sens neutre, être mis au grain.
Quand les jeunes chevaux ont ce qu'on appelle en-
grené, c'est-à-dire lorsqu'ils .«ont au grain et à la
paille, BUFF. Cheval. || Proverbe. Qui bien engrène,
bien finit.
— HlST. xiii* s. Elles [les religieuses de Beaupré]
poent morre [moudre] as moulins quittenient sans
moture et sans autre droiture tout chou [ce] que il
convenra à le [la] souffisance de le [la] mai^ou; et
si ai octroiet as honnains devant dictes que elles
poent engrener .sans nul contredit après le blei de
celui que elles trouveront engreiiet, tailliar, He-
cueil, p. 8B. Il XVI' s. Prince, combien qu'on ait en-
vye D'engrener quand le moulin meull. Si force et
puissance dévie [manque]. Il ne faicl pas ce tour
qui veult, J. MAB. V, 3:i3. En moulins banaux, qui
premier vient, premier engraine, loïsel, 26'J.
— ETYM. En I , et ijrain.
2. E.^GRENER (an gre-né. La syllabe gre jirend
un accent grave quand la syllabe qui suit esl muelle :
j'engrène, j'engrènerai). || 1" V. n. Terme de méca-
nique. 11 se dit d'une roue dentelée qui, en entrant
dans une autre . la fait mouvoir. || 2° V. n. Pré.seiiler
le 1)16 avec sa paille à la machine à battre. || Ab-
solument. Il engrène bien. || 3" Tenue de ma-
rine. Arrimer en engrenage. Engrener des fu-
tailles. Engrener une pom|ie, y jeter de l'eau
avant de la faire jouer. Dans le langage ordinaire
on dit amorcer. || 4" Introduire le grès entre les
surfaces de deux glaces disposées l'une sur l'autre.
Il Prêter une seconde fois, et après l'avoir jauni,
un ouvrage destiné à être doré, de manière que la
surface en soit égale et polie. || 5° S'engrener, v. réfl.
Se joindre par engrenure. Cette roue s'engrène sur
celle-là. Us s'engrènent en quelque façon les uns
dans les autres comme les roues dune montre,
fonten. les Mondes, 0' soir. La différente découpure
de leurs bords qui .s'ajustent ensemlile. qui s'engrè-
neiil mutuellement, mairan. Éloges, Hunauld.
— ÉTYîH. En I , et grain; les dentelures de la roue
étant comparées à des grains, comme, dans engrélé,
elles sont comparées à des grêlons; c'est au loiid
le même mot que engrener I. On a indiqué cran, en
latin crcno; mais le changement de c en jfail dif-
ficulté.
t ENGRENE0R (an-gre-neur), s. m. Celui qui
présente le blé avec sa [laille à la machine à battre.
ENGRENURE (an-gre-nu-r'),s. f. || 1° Position res-
pective de deux roues qui s'engrènent. || 2°Termed'a-
natomie. Mode d'union des os de la voûte du crâne
à l'aide d'inégalités ou dentelures qui s'engrènent.
— ÉTYM. Engrener 2.
ENGRI (an-gn),s. m. Espèce de léopard du Congo.
On trouve aussi engroi.
t ENGROI (an-groi), s. m. Voy. engri.
f ENGROIS (an-grol), s. m. Petit coin placé entre
le manche et la tête des pointes et des pios de l'ar-
doisier.
ENGROSSER (an-grô-sé), v. a. Terme libre et
grossier. Rendre une femme grosse. N'a-l-il pas
fallu que votre père ait engrossé votre mère? mol.
Don Juan, m, 1. <
— msT. xiii° s. Maisaucunspot [peut] biennaistre
en tensde loial mariage, qui n'est pas loiax hoirs, si
comme s'aucune femme grosse se marie à autre
personne que celui qui l'engrossa hors mariage,
BEAUM. xviii, 2. Ijxiv's. Tant [il] garda Bauduin,
le dansiel de jouvent, Qu'il engroissa sa fille et des
autres graument, Beaud. de Seb. 11, <83.||xv'».
1400
KNll
Quand ««rnard ot entendu, ai lui engrossa le cœur
«n vonire, fhoiss. ii, ii, ♦'•
— ETVM. En ),ctffro.v«e[reinmo]. Engrosser i\nU
aussi le son» général lia rendre gros : engrosser !c
f KVfiHOSSICUR (an-grô-seur), ». m. Terme libre
et grossier. Celui qui engrosse. C'est un engrosseur
de «erv.inlos.
BPffiHUMKLfi, ÉE (an-gru-me-lé, lée), part,
passé. Mis en (.'nmieaux. Du sang engrumelé.
ENGRUMELER (an-gru-tne-lé. L'I sedoublequand
la syllalw qui suit e.st muette: j'engrumellc, j'en-
grumcllerai), ti. a. Mettre en grumeaux. |{ S'engru-
meler, v. réH. Se mettre en grumeaux. Ce lait s'en-
grumelle. || Kt avec ellipse du pronom. Cela fait en-
grumeler le sang.
— Rtym. Ert < . et firumel, grumeau.
+ENGUENILLÉ, ÉE(an-ghe-ni-llé, liée, Zi mouil-
lées), part, passé. Couvert de guenilles. {| Kig. Tout
le phélms qu'on reproche à Brébeuf, Enguenillé des
rimes du Pont-Neuf, j. B. nouss. Ép. n, 2.
t ENGUENILLER (an-ghe-ni-Ué, Il mouillées),
r. a. Couvrir de guenilles. || S'engueniller, v. rcfl.
Se couvrir de guenilles. Harpagon s'enguenillerait
volontiers pour faire croire qu'il n'a pas le sou,
— ÉTYM. En 4 , et guenille.
t ENGCECLEMENT (an-gheu-le-man), s. m.
Terme grossier. Action d'engueuler.
f ENGUEULER (an-gheu-lé), v. a. Terme gros-
sier. Dire des injures. || S'engueuler, v. réfl. Se dire
réciproquement des injures, des mots grossiers,
piquants. Ils se sont engueulés comme des croche-
teurs. Dans le carnaval, des voitures de masques
s'engueulent au grand plaisir du public, applau-
dissant ceux qui ont la langue la mieux affilée.
— ÉTYM. En < , et gueule.
t ENGUEULEUR, EUSE (an-gheu-!eur, leû-z'),
«. m. et f. Terme grossier. Celui , celle qui engueule.
f ENGUEULLEMENT (an-gheu-le-man), s. m.
Terme de construction. Nom donné à deux entailles
d'emlirôvement dans lequel l'arbalétrier reçoit l'a-
rête du poinçon, pehnot, Dict. du constructeur.
— ÉTYM. En i , et gueule, bouche, abouchement.
Les deux II ne se justifient pas.
t ENGUEUSER (an-gheu-zé) , V. a. Terme popu-
laire et 1ms. Tromper, séduire par de belles paroles.
— ÊTY.M. En I , et gueux.
t ENGUICUÊ, ÉE (an-ghi-ché, chée), arfj. Terme
de blason. Se dit des trompes et autres instruments
de même espèce, dont l'embouchure est d'un autre
émail que le corps.
— ETYM. En < , et l'ancien français guiche, lien,
bande, courroie, que Diez, avec doute, rattache
à windien, mot germanique conservé dans des glo-
ses; anc. h. allem. wintinc, bande.
t ENGUICHURE (an-ghi-chu-r'), «. f. Terme de
vénerie. Nom des cordons qui servent à porter un
cor de chasse.
— IIIST. xvi* s. Quand il se rencontrera dans une
testa un andouiUer fort court, ce qui peut faire
entrer en doute s'd peut estre compté, l'on doit en
faire la preuve en prenant une trompe qui ait une
enguichuro que vous pendrez à cet andouiller;
car, si elle y peut demeurer attachée, l'on le doit
compter, salncve, Yéner. p. 71, dans lacurne.
— fiTYM. EnguicM.
t ENGUIRL.\NI)ER (an-gliir-lan-dé), v. a. Gar-
nir, décorer de guirlandes. Après l'avoir couronné
et enguirlandé, si je l'ose dire avec Pindare, des
festons de ses louanges florissantes, garasse, Rech.
des recherches, p. 61 , dans lacurne. La vue est ar-
rêtée par une Ile couverte d'un bois d'ormes en-
guirlandés de lianes et do vigne vierge, chateaub.
Foi/. Amer. i03.
— KTYM. En I , et fliuirlande.
tENHACJlÊ, ÉE (an-ha-ché, chée), adj. Terme
d'arpentage. Parcelles enhachées, parcelles do ter-
rains qui rentrent les unes dans les autres par une
grande quantité d'angles.
— ETYM. En t , et hache.
■f ENII>li.ME (è-iiê-m'), adj. Voy. enème.
t ENUARDÉ, ÉE (an-har-dé, dée),adj. Terme
de chasse. Qui est en barde.
— IIIST. XIV' s. Les chiens qui ne seront laissez
courre an premier, seront enhardezpar les couples
à genoivres [genièvre) , Hodus, f. ilvii.
— ÉTYM. En I , et harde.
ENHARDI, lE (aii-har-di, die), part, posté. Ren-
du hardi. VoiU sur quoi mon âme à l'espoir en-
hardie.... TU. CORN. Ariane, l, l. Par vous, par vos
bienrails à parler enhardie, voLT. Eanol. i, a.
u une maiD sacriléga aux forfaits enhardie, xd. «-
Biir V, ï.
ENH
ENHARDIR (an-bar-dir), v. a. || 1" Donner de la
hardiesse, faire oser. Ce bon succès l'a enhardi. Ce
discours favorable enhardira mes feux, corn, lllus.
com. Il, 8. J'ai besoin de vous voir enhardir un
amant, xn. corn. Ariane, i, *. J'y cours de ce pas
même, et vous m'enhardissez, volt. Sémir. i, *.
Républicains ingrats qu'enhardit ma clémence, m.
H. de César, i, 3. Allons parler au peuple, enhardir
les timides, ID. Ilrulus, iv, 7. Quelque espoir cepen-
dant vient encor m'enhardir, ducis, Othello, iv, 3.
Votre longue indulgenceA de nos chevaliers enhardi
la licence, delav. Vép. sic. ii, 2. || Absolument.
Loin de faire valoir ses soins et ses peines , il en
parlait avec une modestie qui enhardissait à le ré-
compenser mal, roNTEN. Couplet. \\ Faire enhardir
quelqu'un par, lui faire inspirer de la hardiesse.
■Voyez-vous comme Othon saurait encor se taire, Si
je ne l'avais fait enhardir par mon frère? corn. Oth.
111, 4. Il 2° S'enhardir, v. réfl. Devenir hardi, oser.
Je ne l'ai pas traduit si fidèlement, que je ne me sois
enhardi plus d'une fois à étendre ou resserrer ses
pensées, corn. Poëme sur les vict. du roi, au lec-
teur. Thèske Kpii\^u<ii X l'infidélité par là s'est en-
hardi, TH. «ORN. Ariane, m, i. Le zèle s'enhar-
dit, l'amour devient furie, volt. Oreste, v, 7.
— REM. 1. On dit le plus ordinairement enhar-
dir à avec un verbe à l'infinitif; mais on trouve
aussi enhardirde, qui est ancien, et n'a rien d'incor-
rect. Il 2. Vaugelasadit : « Enhardir est un mot usité
de beaucoup, non pas certes des bons auteurs, ni
de ceux qui font profession de la pureté de la langue.
Il est vrai que nouvellement un de nos écrivains a pris
la hardies.se, ou, pour parler comme lui, s^est en-
hardi d'en user; mais il ne faut pas l'imiter. » Ainsi
qu'on le voit, Corneille était de ceux qui usaient de
ce mot, lequel, heureusement, l'a emporté.
— HIST. XII' s. E si lor recorda les batailles que
ilavoit jà faites, e ensi lor cuers enhardi, Machab.
II, <5. Del saint encens porter el temple s'enhardi,
Deus s'en ert [était] cureciez, de liepre le feii. Th.
le mart. 74. || xiii' s. [La dame] Douce doit estre et
debonere. Tant que cil soit si enhardis Qu'il soit de
Ii amer espris. Lai du conseil. ||xiv' s. Mais garde
bien, surtout ne t'enhardi X faire chose où il ait
villenie, machaut, p. 6. Mes par bone espérance
d'y aler s'enardit, Girart de Ross. v. 6750. L'espre-
vier se resjoîst et enhardist quant il est tousjours
au dessus, llénagier, m, 2. || xv s Qui s'en-
liardissoient d'entreprendre, comm. m, 12. ||xvi' s.
Le seigneur de Monique, qui estoit en la meslée,
enhardioit ses gens, en donnant à tour de bras,
JRAH d'auton, Annales de Louis XU, lB0a-i607,
dans LACURNE.
— ÉTYM. En I , et hardi; provenç. enhardir.
t ENHAUDISSEMENT (an-har-di-se-man), s. m.
Action d'enhardir, de s'enhardir.
— HIST. XV* s. Le roy Denis, fils au roy damp
Pierre de Portugal, estoit entré en la possession et
lieritage du royaume de Portugal, par le fait et en-
hardissement seulement de quatre cités et villes,
FROiss. liv. III, p. 81, dans lacurne.
— ÉTYM. Enhardir.
t ENHARMONIE (è-nar-mo-nie), s. f. \\ 1° Terme
de musique ancienne. Passage qui procédait par
des quarts de ton consécutifs. || 2» Terme de mu-
sique moderne. Passage où le même son est désigné
par deux notes difi'érentes, comme ut dièse et ré bé-
mol, mi dièse et fa naturel.
— ÉTYM. Voy. enharmonique.
ENHARMONIQUE (è-nar-mo-ni-k'),odj'. || l'Terme
de musique ancienne. Le genre enharmonique, ou,
substantivement, l'enharmonique, était une façon
particulière de diviser la quarte, ou l'espace de deux
tons et demi, en un quart de ton, un second quart
de ton, et un diton ou tierce majeure. || Par ex-
tension. L'habitude perpétuelle de regarder les ob-
jets éloignés et voisins, d'en mesurer l'intervalle par
la vue, a établi dans notre organe une échelle en-
harmonique de tons, de semi-tons, de quarts de
tons tout autrement étendue et tout aussi rigou-
reuse que celle de la musique pour l'oreille, didkr.
Pensées sur la peint. tlKav. t. xv, p. 2IB, dans
pouGENs. Il 2" Terme de musique moderne. Manière
décrire dans le genre chromatique, en désignant le
môme son successivement par deux notes différen-
tes, comme sol dièse et la bémol, ut bémol et si
naturel.
— ETYM. "EvapiAOvixè?, de iv , en, etàp(»ovta, har-
monie.
EMIARNACUÉ, ÉE (an-har-na-ché, chée), part.
pas.v^. Couvert du harnais. Et leurs chevaux enhar-
nachés. De force rubans attachés, scARB.Ki'rj. v. Le
roi Jean, vaincu, entra i 'fjdrcs comme un vain-
ENI
queur, sur un cheval blanc richement enharnaché,
cnoisi, 7/is(. duroiJean, chap. 9, dans bichklkt.
Il Familièrement. Le voilà bien enharnaché, plai-
samment enharnaché, il est vêtu d'une manière ri-
dicule.
t ENUARNACHEMENT (an-har-na-che-man), .».
m. Action d'enharnacher; ce qui enharnaché; har-
nois.
ENUARNACHER (an-har-na-ché), «. a. \\ i' Met-
tre le harnais. Enharnacher.un cheval, j] 2°Habill(t
grolesquement. Vous moquez-vous du monde, de
vous être fait enharnacherdela sorte?MOL. le Bourg
G. III, 3. Car en chasseur fameux j'étais enharna-
ché, ID. Princ.d'Élide, i, 2. || 3° S'enharnacher,
t'. réft. Se vêtir grolesquement.
— HIST. xiii' s. Teus [tel] espase n'est mie poui
plaidier, mais pour lui enharneskier [préparer, mu-
nir], DU GANGE, harnascha.
— ÉTYM. En 4 , et harnacher.
t EN-HAUT (an-hô), loc. adv. Dans le haut.
Qu'est ceci? Vous avez mis les Heurs en en-bas'^
— Vous ne m'aviez pas dit que vous les vouliez en
en-haut, mol. Bourg. G. n, 8.
— ÉTYM. En I , et haut.
t ENUAYEUR (anhù-ieur), s. m. Ouvrier qui
pose les briques en haies pour les faire sécher.
— ÉTYM. En I , et haie.
ENHERBÉ, ÉE (a'n-nèr-bé), part, passé. Mis en
herbe. Un terrain enherbé.
ENHERBER(an-nèr-lié, an prononcé comme dans
antérieur), v. a. Mettre en herbe.
— HIST. xiv s. Par très grant chault querez les
lièvres. Et adoncques en la grant herbe. Près île
l'eauve, souvent s'enherbe [se couche dansl'herbe] ,
Tout pour estre plusfreschement, gage delabicne,
ms. f° 110, dans lacubnk.
— ÉTYM. En 4 , et herbe. Bnherfter signifiait jadis
empoisonner : Bien vous peiist encore ocire et en-
herber , Berte, xvii.
t ENUUCUÉ, ÉE (an-hu-ché, chée), adj. Terme
de marine. Se dit d'un bâtiment dont les œuvres
mortes ont une élévation plus qu'ordinaire.
— ÉTYM. En 4, et hucher.
I ENHYDRE (é-ni-dr'), adj. Terme d'histoire na-
turelle. Se dit d'un minéral qui renferme quelques
gouttes d'eau. || S. m. Genre de serpents. || S. /.
Loutre marine d'Amérique. || Terme de botanique.
Genre de synanthérées, dans lequel on distingue
l'enhydre fluctuante (Cochinchine).
— ÉTY.M. 'EvuSpoç, de év, en, et û8wp, eau.
t ÊNIELLAGE (é-niè-la-j'), s. m. Terme rural.
Action d'arracher les nielles.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et nielle, plaiiic.
ÉNIGMATIQUE (é-ni-gma-li-k'), adj. || 1' Qui
renferme une énigme, qui tient de l'énigme, dont
le sens n'est pas clair. Discours énigmatique. En-
suite de cela, le roi fit venir d'Jiéhopolis trois per-
sonnages d'esprit subtil et savant en questions énig-
matiques, la font. Vied'Ésope. || 2° Fig. Un homme
énigmatique, homme dont on ne connaît pas la po-
sition, dont on ne peut pénétrer les sentiments.
— IIIST. xvi' s. Ai je pas veu en Platon ce divin
mot, que nature n'est rien qu'une poésie ainigma-
tique? MONT. II, 280.
— ÉTYM. Énigme.
ÉNIGMATIQUEMENT (é-ni-gma-ti-ke-man), odi .
D'une manière énigmatique. lia parlé énigmatique-
ment.
— ÉTYM. Énigmatique, et le suffixe ment.
ÉNIGME (é-ni-gm'), s. f.\\i' Définition de cho-
ses en termes obscurs, mais qui, tous réunis, dé-
signent exclusivement leur objet et sont donnés
à deviner. La reine de Saba, ayant entendu parler
de la grande réputation de Salomon, vint à Jéru-
salem pour en faire l'expérience par des énigmes,
SACI, Bible, Paralip. ii, ix, 4. C'était un exercice
entre les gens d'esprit, de se proposer des énigmes,
comme nous voyons par les exemples de Salomon et
de la reine de Saba, fleury. Mœurs des Israël.
lit. XV, 2' part. p. 4 86, dans pougens. Pour moi,
j'aime terriblement les énigmes, mol. Préc. ridic.
lu. Celui-ci, d'une énigme ayant trouvé le mot. Se
croit un grand génie et souvent n'est qu'un sot,
BOUHSAULT, Merc. gai. i, 4. C'est là [dans le Mer-
cure galant] que l'énigme se pare. Met un masque
mystérieux, Et, d'un voile mince et bizarre Embar-
rassant les curieux, Est toujours neuve et jamais
rare, chvulieu, Ép. d' llamilton. || Le mot de l'é-
nigme, ce qui est à deviner dans une énigme. Nous
avons vu tout Paris indigné de ce qu'une énigme du
Mercure se trouvait n'avoir point de mot, marmon-
■if.L, Élém. litt. Œuvres, t. vu , p. 4i(0, dans
puUGi NS. Il Kig. et familièrement. Voilà le mot de
ENI
ENI
ENJ
1401
l'énigme, c'est-à-dire voilà l'explication de ce qu'on
ne comprenait pas. Le mot de l'énigme est, ce me
semble, que la distribution des fortunes dans la
société est d'une inégalité monstrueuse, d'alemd.
Lettre au R. de Prusse, 3o avril 4770. |] 2° 11 .se di-
sait aulrerois de certains talileaux qu'on exposait
dans les collèges pour que les écoliers exerçassent
leur esprit à en deviner le sens caché. || 3° Par ex-
tension, tout ce qu'il n'est pas facije de compren-
dre, de deviner au premier abord. Vous trou-
verez que deux choses qui semblent incompatibles
se rencontrent en moi, d'être banni et prison-
nier en même temps; vous aurez de la peine,
maiemoiselle, à entendre cette énigme, si vous
ne vous souvenez que j'ai accoutumé de parler un
peu d'amour en toutes mes lettres, voit. Lelt. 32.
Leur bouche [des prédicateurs] sous l'énigme an-
nonce le mystère; Mais [Dieu] tu nous en fais voir
le sens le plus caché, corn. Imit. m, 2. Quelle
énigme est ceci, ma<lame? m. Olhon , n, 3. Il
[Platon] proteste de n'en jamais parler [de Dieu]
qu'en énigme, de peur d'exposer une si grande vé-
rité à la moquerie, Boss. Ilist. ii, 6. Nous ne voyons
ici -bas qu'à travers un voile et comme en énigme,
MASS. Carême, Temple. Son caractère est-il une
énigme pourvous?LANOUE, Coquette, i, i. Un bâ-
timent d'ordre gothique est une espèce d'éu'gme
pour l'œil qui le voit; et l'Sme est embarrassée,
comme quand on lui présente un poème obscur,
MONTESQ. Goût, Variété. Le physicien forme des hy-
pothèses, les suit dans leurs conséquences, il les
compare à l'énigme de la nature, il les essaye pour
ainsi dire sur les faits, comme on vérifie un cachet
en l'appliquant sur son empreinte, turgot, 2" dise,
en Sorbonne. X vos desseins je ne puis rien com-
prendre, C'est une énigme, volt. Prude, iv, 3.
— REM. Le genre d'énigme a varié, et Massillon
le faisait encore, conformément à Pétymologie,
masculin : Ils sont un énigme inexplicable à eux-
mêmes. Petit car. ilalheur.
— HIST. XVI* s. Je n'entendz point, dist Panurge, cest
énigme, rab. Pant. v, <. Je ne luy proposay jamais
énigme s: aysé qu'il sceust développer, mont, m, 08,
— ÉTYM. AïviyiJia , de aividieaCai , parler en
énigmes, deœlvo;, discours, parole.
i ÉNILÈ.ME (é-ni-lê-m'), s. m. L'une des trois
membranes de l'ovule végétal; c'est la secondine
correspondant au tegmen de la graine.
— Etym. 'EvEi/T|[ia, de év, en, et eO.sïv, rouler.
KNIVUANT, ANTE (an-ni-vran, vran-t', an
prononcé comme dans antérieur), adj. \\ 1° Qui
enivre. Boisson enivrante. || 2° Fig. Qui abuse, qui
exalte, qui charme. Louanges enivrantes. La joie
des sens, plus douce et plus enivrante que le vin,
lioss. Ilist. II, n. J'ai goûté do cette coupe eni-
vrante qui donne le bonlieur ou la mort, stael, Co-
rinne, XV, 1. Voir, c'est avoir; allons courir; Vie
errante Est chose enivrante, bébang. Bohéin.
— HIST. XII' s. Tu encraissas en olie [huile] mun
chef, e li miens calices enivranz mult clcrs est,
Liber psalm. p. 28.
ENIVRÉ, ÉE (an-ni-vré , vrée , an prononcé
comme dans antérieur), part, passé. |{ 1° Rendu
ivre. Enivré par quelques coups d'un vin capiteux.
Il Par extension. Un dragon enivré des plus mortels
poisons, CORN. Hédée, ii, 2. Enivré des douceurs de
l'amour et du vin, id. Pomp. iv, t. Des poisons
de l'erreur avec zèle enivré, volt. Fanât, i, i.
Il 2° Oui éprouve une ivresse morale. Séjan était
enivré de sa honns fortune et des caresses de Livia,
i-'arlancourt, Tac. liv. iv, dans richelet. [Vénus]
Dont les yeux enivrés par des charmes puissants
Attachaient au héros leurs regards languissants,
la kont. Adonis. Cette ville enivrée du sang des
martyrs, BOss. Ilist. m, <. Un pédant enivré de sa
vaine science, boil. Saï. iv. Néron de sa grandeur
n'était point enivré, rac. Brit. 1, i. Une femme
mondaine enivrée de sa figure, mass. Car. Impén.
Leurs esprits égarés [des Romains] Dece grand chan-
gement [l'établissement de la république] sont en-
core enivrés, volt. Bntt. I, 4. Là Seide enivré du
zèle de ta loi, id. Fanât, m, 5. De l'encens des hu-
mains je vivais enivrée, m. Sémiram. Ii,7. Le cœur
enllé d'orgueil et de haine enivré, m. Oreste, m, 6.
,1 II se dit avec de et un verbe à l'infinitif, pourvu
que le verbe soit au sens neutre ou passif. Il entraîne
ce peuple enivré d'être hbre, legouvé, Épich. et
Mr. y, 1. Il Absolument. Mon âme enivrée Se rem-
plitdu bonheurde s'en voiradorée, VOLT. Za'ire, i, \.
ENI'VREMENT (an-ni- vre-man, an prononcé
comme dans antérieur), s. m. \\ l» État de celui
quiestenivré.L'enivrementparl'eau-de-vie. || 2° Fig.
Etat d'ivresse morale. L'enivrement des passions.
i;CT. nv, n* rANGI'E FrtA^ÇAlSE.
Alors tout se croit libre; alors tout est en proie Au
fol enivrement d'une indisorSte joie, volt. M. de
Ces. II, 4. Je souhaite qu'aucun revers ne vienne
troubler cet enivrement de joie et d'amour-propre,
M"' DE GENLis, Théâtre d'éduc. l'Intrigante, ii, 4.
Il Absolument. La passion de l'étude, ainsi que
toutes les autres, a ses instants d'humeur et de dé-
goût comme ses moments de plaisir et d'enivrement,
d'alemb. Apolog. de l'étude , CEuvr. t. iv, p. 208,
dans POUOENS. Une femme qui , privée jusqu'à
trente-cinq ans de tous les dons de la fortune,
avait passé de la misère à l'opulence, de l'obscurité
au plus haut degré de la faveur, sans avoir éprouvé
un instant d'enivrement, M""' de genlis, time de
Maintenon, t. ii, p. 106, dans pougens.
— ÈTYM. Enirrer.
ENl'VRER (an-ni-vré, an prononcé comme dans
antérieur; quelques-uns disent é-ni-vré; mais cette
prononciation est contre l'usage et fautive), ». a.
Il l" Causer l'ivresse. Un verre de vin l'enivre. Du
sommeil et du vin les vapeurs les enivrent, de-
LiLLE, Enéide, n..\\ Absolument. Certains vins eni-
vrent très-vite. La fumée de tabac enivre. |{ Faire
boire jusqu'à l'ivresse. Ses camarades l'enivrèrent.
On les invita à monter sur les vaisseaux, on les eni-
vra, on les mit aux fers, on leva l'ancre, et l'on tira
le canon sur tout ce qui restait d'Indiens au rivage,
RAYNAL,7/»s{. p/ii'i. xviil,2(. Il 2° Fig. Faire pour
ainsi dire boire ce qui cause une ivresse morale. Eni-
vrer quelqu'un de louanges. Elle n'a point trouvé la
pompe et la mollesse Dont la cour des Tarquins eni-
vra sa jeunesse, voi.T. Brutus,!, 2. C'est moi qui, les
regards attachés sur les siens, L'enivrai du poison
de nos longs entretiens, nucis, Othello, m, B. || Use
dit au.ssi des choses qui causent une ivresse morale.
Sotte présomption, vous m'enivrez sans boire, Ré-
gnier, Sat. XIV. Il est d'autres erreurs dont l'aimable
poison D'un charme bien plus doux enivre la rai-
son, BOIL. Sat. IV. Qu'heureux est le mortel qui, du
monde ignoré. Vit content de soi-même en un coin
retiré. Que l'amour de ce rien qu'on nomme re-
nommée N'a jamais enivré d'une vaine fumée 1 id.
Éptt. VI. Tu avais un peu négligé mes préceptes
quand la trop grande prospérité enivra ton cœur,
FÉN. Dial. des morts ane. xiiv. L'amour, la
gloire, le génie Ont trop enivré mes beaux jours,
béranger, m. Stuart. || Absolument. La prospérité
enivre. L'Amour alors près de nos mères, Faisant
chorus, battait des mains. Rapprochait les cœurs et
les verres, Enivrait avec tous les vins, bérang.
Trinquons. || 3° S'enivrer, v. rè[l. Se mettre en
état d'ivresse. Ce malheureux s'enivre en .secret.
Ayant bu du vin, il s'enivra, et parut nu dans sa
tente, saci. Bible, Genèse, ix, 2i. Il hante la ta-
verne et souvent il s'enivre, là font. Fabl. xii, t9.
Le grand s'enivre de meilleur vin que l'homme
du peuple: seule différence que la crapule laisse
entre les conditions les plus disproportionnées, entre
le seigneur et l'estafier, la bhuy. ix. || Fig. L'homme
faible et léger.... S'enivre de faveur comme on le
fait de vin, TRISTAN, Pan//î^e, III, B. Jen'aime point
à m'enivrer d'écriture, sÊv. 224. Je l'ai vu vers le
temple où son hymen s'apprête S'enivrer en marchant
du plaisir de la voir, rac. Andr. v, 2. Rends-lui
compte du sang dont tu t'es enivrée, id. Athal. v,-6.
Il s'enivre à vos yeux de l'encens des humains ,volt.
Brut. III, 7. C'était [Julien] un avocat qui pouvait
s'enivrer de sa cause, id. Philos, v, 413. Les fem-
mes surtout s'enivrèrent et du livre et de l'auteur,
I. J. Rouss Conf. XI. L'imprudente Didon tendre-
ment le caresse. Le tient sur ses genoux, entre ses
bras le presse, S'enivre de sa vue,DELiLLE,^n^ide,i.
Bien qu'il ait besoin d'un avenir indéfini, il s'enivre
du présent, stael, Corinne, viii, 2. Enivrons-nous
de poésie, Nos cœurs n'en aimeront que mieux,
béranger, les Sciences. \\ Famibèrement. 11 s'enivre
de son vin, c'est-à-dire il a trop bonne opinion de
lui-même, il s'entête de ses propres idées.
— HIST. XII' s Servir as feluns.... est ses
saetes de sano juste enivrer, Th. lemart.89. E out
cumanded à ses humes qu'il guetassent quant Amon
fut enivrez, e, quant il leurdirreit, oceissent Amon,
Rois , p. 468. N'ai beu ne vin ne el [autre chose], par
unt [par quoi] l'um se poisse enivrer, ib. 4. || xiu' s.
C'est [l'amour] lasoifqui tousjours est ivre, Yvresce
qui de soifs'enyvre, io J{ose,4324. Trop suntàgrant
meschief livré Cuer qui d'Amors sunt enivré, ib
4030. Qui bien veut amor descrivre, Amors est et
maie et bone ; Le plus mesurable enivre, Et le plus sage
embricone [rend fou], Ilist. littér. delaFr.l. xxiii,
p. 7B3. Cist henas [coupe] est li galices [calice] à
qui sainz esperiz [le Saint Esprit] ennivre ses fee!s
de s'araor. Psautier, S° ÏO. || xiv* s. Et la biaulé
qui a mon cuer ravi. Et le plaisir enyvié de fulour.
Le dous regart qui me raist en erreur.... maciiaut.
p. 58. Qui s'enyvre, il se desnourrist-, Car tout la
foie se pourrist, 3. broyant, dans Hénagier, t. u,
p. <4. Il XVI" s. Vous n'oyez que cris, et d'enfants
suppliciez, et de maistres enyvrez en leur cholere,
MONT. I, 183. Ny le drap enyvré des eaux du Gobe-
lin, RONS. 80).
— ÉTYM. Provenç. enicurar, eniurar; du latia
inebriare, de in, et ebrius, ivre.
t ENJABLER (an-ja-blé), v. a. Mettre un fond à
une futaille.
— ÉTYM. En I , et jable.
t ENJALER (an-ja-lé), v. a. Terme de marine
Garnir une ancre de son jas, pour faire tomber la
pointe au fond, en contre-balançant le poids du fer.
— ÉTYM. En t , et jas.
fENJALODSER (an-ja-lou-zé), v. o. Rendre ja-
loux. Enfin si cet amant que vous enjalousez, scarr.
Jod. duelliste, dans le roux, Dict. comique. || S'en-
jalouser, v. réfl. Devenir jaloux.
— HIST. XVI' s. Les cieux ne vous portent envie,
Ores qu'ils soient enjalousez De vos grâces.... loys
LE CARON, Poésies, f" 04, dans lacurne. D'une mor-
dante jalousie [il] Se bourelle la fantaisie, S'enja-
lousant de tous, jacq. tahureau, Poésies, p. t2»,
dans LACURNE.
— ÉTYM. En 4 , et jaloux.
fENJAMBADE (an-jan-ba-d') , s. f. Synonyme
peu usité d'enjamhée.Et qui pourrait d'uneenjambade
La passer sans tomber dedans, Prendrait le ciel avec
les dents, scarron, Virg. wi.
ENJAMBÉ, ÉE (an-jan-bé, bée), part, passé.
Il 1' Franchi en enjambant. Le l'ossé enjambé les-
tement. Il 2» Être haut enjambé, avoir les jambes
fort longues.
ENJAMBÉE (an-jan-bée) , s. f. Pas le plus grand
qu'on puisse faire en étendant les jambes. A tant
fait par ses enjambées Qu'avec les hardes dérobées,
Auprès d'Énée il s'est rendu, scarron, Virg. i. Dieu
sait les enjambées qu'elle faisait pour s'en dépêtrer,
hamilt. Ilist. de Fleur d'épine, p. 75, édit. in-is,
RENOUARD. Il fit douze pas quand l'autre faisait une
enjambée, volt. lUicrom. 4. || Espace d'une enjam-
bée. Ce fossé n'a qu'une enjambée.
— HIST. XIII' s. Et li enfes li dist : or dittes vo
pensée; Mais ne vous aprociés de moy plaine an-
gambée. Chevalier au Cygne, v. <919. || xvi' s.
Faire de grandes enjambées, mont, i, 93.
— ÊTYlil. Enjambé; Berry, ajambée, egambée,
éjambée.
ENJAMBEMENT (an-jan-be-man) , s. m. Terme
de prosodie. L'état ou le défaut du vers qui enjambe
sur le suivant. L'enjambement est surtout usité
dans la poésie familière; ailleurs on ne l'emploie
guère que pour produire un effet.
— ÉTYM. Enjamber.
ENJAMBER (an-jan-bé). Il l" V. a. Franchir aT8C
les jambes seules, soit que l'on coure, que l'on
marche ou que l'on saute. Enjamber deux marches
à la fois. Il Fig. Enjamber se dit d'un homme qui
saule par-dessus un degré, d'un écolier qui saute
une classe. Enjamber un grade. U a enjamiié la
seconde, et de la troisième il a passé en rhétori-
que. Il 2° V. n. Il ne faut qu'enjamber pour pas-
ser le ruisseau. || 3° Marcher à grands pas. Voyez
comme il enjambe. || 4° Terme d'architecture.
Il se dit d'une poutre qui se prolonge sur une
autre. || 5° Terme de prosodie. On dit qu'un vers
enjambe surun autrequand, le sens n'étantpas fini,
il faut rejeter sur le vers suivant un ou deux mots
qui en rompent la cadence, comme dans ce vers de
Racine: Maisj'aperçois venir madame la comtesse De
Pimbe.sche.... Piaid. i, 6. Les vers de Ronsard et des
poètes contemporains enjam'oaient souvent les uns
sur les autres ; Malherbe corrigea ce défaut. Enfin
Malherbe vint.... Et le vers sur le vers n'osa plus en-
jamber, boil. Artpoét. i. Ce qui ne laisse pas d'être
une énigme pour nous, et ce qui nous semble une
négligence inexprimable dans un poète aussi atlentil
et aussi habile qu'Horace à donner à ses vers lyriques
tous les charmes de l'harmonie, c'est de voir, même
dans les odes qu'il a divisées en quatrains, le sens
enjamber à tout moment d'une strophe à l'autre,
sans qu'il ait cru devoir se donner aucun soin de
les couper par des repos, marmontel, Élém. litt.
Couvres, t. x, p. <84, dans pougens. De lourds
alexandrins l'un sur l'autre enjs.nbant Comme des
écoliers qui sortent de leur banc, v. hugo, Votx
int. 22. Il 6" Familièrement. Empiéter. U a em-
jambé sur l'héritage de son voisin. La liberté d't-
crire enjambe sur la licence par l'excessive indul-
gence des magistrats, p. l. cour, u, 22.
i — Vib
1'.02
ENJ
- HMT XIV 1. Il ont tout restalu depecié et
rtUMé. El' ont .ur le» KrançoI. «i avant enjambé
Poor «Jei plu. buurk venir, clievaucherenl (fran.i
•<p«se, enjamM.» sur chevaux troltanu, monstre...
Il, I ch f««. S'il «vient que aucun ou aucune en-
n'mbe par dessus un petit enfant, sachiez que ja-
mais plus ne croistra, M ceUui ou ceUe mesmes ne
rengiobe au contraire et retourne par dessus, Eïon-
gilet det quenouilles, <" journée, ch. 2i. ||xvf s.
Kt ne me servit celle mienne inaccoustumée insti-
tiillon, que de me faire enjamber d'arriver aux pre-
mières classes, MONT. I, t«o. Ils enireprinreni d'en -
j.imlierjusqucs sur l'Asie, et sulijuguer.... ID.I, 231.
Ce vieillard, ayant pris le temps que les chrestiens en-
jamboicnt en Afrique par les divisions des Afri-
quains, trouva moien.... d'aub. liisl. i, 34. J'ayesié
d'opinion en ma jeunesse, que les vers qui enjam-
bent l'un «ur l'autre n'estoient pas bons en nostre
poeaie, bons. 686. Le millet sarrazin a la p.iilla
rouge, bas enjambé, le tige branchu, le grain noir,
0. DE SEBRES, 110. Le bélier sera choisi de grand
corsage, hautement enjambé, beaucoup chargé
de laine, m. 317. L'oflice de sergent major ni de
mestre de camp gênerai ne se pouvoit bien exercer,
qui ne se peut jamais bien faire à pied, quelque
bien enjambé qu'il soit, brant. Cap. fr. t. iv, p.
ÏI8, dans LACURNE.
— ETYM. En I , etjambe; Berry, ajamber, égam-
ber, éjamber; bourguig. egambai.
tENJARRETÊ,ÉE(an-ja-re-té, tée), adj. Terme
de manège. Oui a les pieds liés. Cheval enjarreté.
— ÊTYM. En I , et jarret.
ENJ A VÊLÉ, ÉE (an-ja-ve-lé, lée),pare. passé.
Blés enjavelés.
ENJA'VELER (an-ja-ve-lé. La syllabe re prend
deux II, quand la syllabe qui suit est muette : j'en-
javelle, j'enjavellerai), v. a. Terme d'agriculture.
Mettre en javelle des moissons que l'on coupe.
— ETYM. En 1 , el javelle.
ENJEU (an-jeu), s. m. Argent qu'on met au
jeu à chaque partie. Sage ou non, je parie encore;
Ainsi fut fait; et de tous deux On mit pr^s du but
les enjeux, la font. Fabl. vi, to. Les règles des
probabililés sont en défaut lorsqu'elles proposent,
pour trouver l'enjeu , de multiplier la somme espé-
rée par la probabilité du cas qui doit faire gagner
cettesomme, d'alemb. Ab. de la crit.ORuvr. t. iv,
p. 2B4. Il Fig. i cette loterie où la vie est l'enjeu
Mon cœur passionné mettrait trop ou trop peu, la-
¥ART. Joe. I, 42. Il Retirer son enjeu, se retirer à
temps d'une mauvaise afTaire.
— ETYM. En i, et jeu.
ENJOINDRE (an-join-dr'. Se conjugue comme
joindre), v. a. Commander expressément et avec
autorité. On enjoignit à tous les officiers de rester à
leur poste. On lui enjoint de répondre, patru.
Plaid. 6, dans RiCHELET. Mon frère, un père enjoint
que je vous «.atisfasse, hoir. Vencesl. i, 2. || Par ex-
tension. Je sais bien en cela ce que l'honneur m'en-
joint, BACAN, Berg. ii, 6, Idalie. Mon devoir m'en-
joindra de répondre de vous, rotr. Vencesl. ni, 3.
Ha seule dignité m'enjoignait ce refus, id. ib. v, 9.
— HIST. xu* s. L'oflice d'apostoile [pape], qui de
Dieu nous est enjoins tailliar. Recueil, p. Boo.
Ksire ensongiel [inquiétés] des honors cui l'om lur
enjoint. Job, p. 488. || xni' s. Mes por Dieu traiez vos
plus pr^s, El si escoutez mes péchiez. Et penitance
m'enjoingniez, flen. 28842. ||xiv s. La xf rieulle
[règle] e-.t que nous devon enjoindre silence el re-
pos au pacient, tant com li sans court [qu'il y a bé-
roorrhsgio], h. db mondf.vili.e, P" 39, rerso. Mais
bien vous fut enjoint, quand ce vint au livrer, Que,
si li rois F.nglois ne voloil acepter La paix si faile-
menl qu'on l'ot fait ordener, Qu'au noble roi Char-
Ion vous fauroit retourner, Guescl. 2)3oe.||xvi« s.
Tarchctius bailla les deux jumeaux à un nommé Te-
latius, luy enjoignant de les faire mourir, amtot,
nom. 3. L'omoplate n'est point enjointe, mais pla-
quée seulement au derrière des costes de la poitrine,
PARE, XIII, •.
— ETYM. Prov. enjonger, enjunher; du latin tn-
jungere, de m, et jungere, joindre (voy. joindre).
KNJOINT, OINTB (an-join, join-t'), part, passi
d'enjoindre. Des formalités enjointes par la loi. Il
nous est à tous deux expressément enjoint De l'en-
voyer à Uome el de n'y manquer point, maibet,
So;ihon. v, ï.
t ENJOINTE, ÊB (an-join-té, tée), adj. Terme
ne fauconnerie. Oiseau court enjointe, oiseau qui a
W courtes jambes.
— HIST. xvi« s. Les jambes grosses en ses osse-
mens, pau chargées de chair, mais fort nerveuses,
ENJ
droites et bas enjoinctées, faisans les joinctures gros-
ses, 0. DE serres, 300.
— ETYM. En I , et un dérivé de joint.
ENJÔlÉ, ÉE (an-jô-lé, lée), part, passé. Un pay-
san enjSlé par un fripon. Une fille enjôlée.
■f ENJÔLEMENT (an-j6-le-man), t. m. Action
d'enjôler.
— HIST. XVI' s. Engeollement, oudin, Dict.
— ETYM. Enjôler.
ENJÔLER (an-jô-lé), t). a.Abuserpar des manières
ou paroles (laiteuses. Toutes les caresses qu'il vous
fait ne sont que pour vous enjôler, mol. Bourg,
gent. m, ». En un mot, il m'enjôla si bien par ses
beaux discours que j'acceptai la proposition, lesage,
Gusm. d'Alfar. ii, 3. Je hais bien ces vilains hom-
mes-là qui veulent enjôler les filles, m"* de oenlis,
ThMlre d'éduc. la Lingère, i, 2. || S'enjôler, v. réfl.
S'enjôler l'un l'autre. Ils tâchent de s'enjôler.
— HIST. XIII* s. Dex l'emprisone et engaiole Plus
que ne soit gais [geai] en gaiole [geôle, cage], du
CANGE, gaiola.\\\vi' s. Engauler, oudin, Dict.
— ETYM. Enjôler, c'est proprement mettre en
caj?e; espagn. enjaular, mettre en cage ; de en I , et
geôle qui a signifié une cage (voy. geôle).
ENJÔLEUR, EUSE (an-j6-leur , leû-z'), s. m.
et/'. Celui, celle qui enjôle. Que vous autres cour-
tisans êtes des enjôleurs, mol. Don Juan, n, 2.
— HIST. XVI* s. Quatre engeoleurs qui ont grand
creditaux esprits populaires, cuAHRON,Sojesse, i, 4).
— ÊTYM. Enjôler.
ENJOLIVÉ, ÉE (an-jo-li-vé, vée), part, passé.
Rendu plus joli. Le sujet de Mérope [dans Lagrange]
est enjolivé d'un amour très-bien tourné, volt.
Lett. Prusse, 40. Au petit monstre enjolivé L'amour
fait construire une niche, Bernard, Poés. div. Pro-
cès du fard.
ENJOLIVEMENT (an-jo-li-ve-man), s. m. Action
d'enjoliver; ce qui rend une chose plus jolie. C'est
un enjolivement. Ajouter, faire des enjolivements.
— ETYM. Enjoliver.
ENJOLIVER (an-jo-li-vé), «. a. Rendre quelque
chose plus joli: On a fort enjolivé cet ouvrage. Ils
attifent leurs mots, enjolivent leur phrase, Régnier,
Sat. IX. Un avis d'importance qui doit enjoliver voire
Mercure, boursault, Merc. gai. ii , l . Thomas est
en travail d'un gros poème épique ; Marmonlel enjo-
live un roman poétique, GiLB. Le 18' «.Vois-le [ce roi]
d'un masque enjoliver .sa haine, Pour étouffer noire
gloire et nos lois, bérang. Octavie. \\ S'enjoliver,
V. réft. Devenir plus joli. Ce tissu s'enjolivait sous
ses doigts.
— ÉTYM. En I , eljoli. En composition, /olia pris
un r, parce que la forme ancienne est joli f.
ENJOLIVEUR (an-jo-li-veur) , s. m. Celui qui aime
à enjoliver. C'est un enjoliveur sans goût.
— ÉTYM. Enjoliver. ■
ENJOLIVURE (an-jo-li-vu-r'), s. f. Ornement fait
à de petits ouvrages. Faire mettre des enjolivures à
une bourse.
—ÉTYM. Enjoliver.
t ENJONCHER (an-jon-ché) , ». a. Couvrir de
jonc et, en général, de feuillage ou de fleurs. Che-
min enjonché de roses. |{ Joncher. Où la guerre....
De Turcs et de turbans enjonché la campagne, Ré-
gnier, ipit. I.
— HIST. xiii* s. Quant no baron l'enlendent, har-
demens leur monta; Dont commence li chaples el
ileça et de là, Des mors el des navrés tos li vaux
enjonça, Ch. iïAnt. i, 641.
— ÉTYM. En \ , el jonc ; provenç. enjoncar.
ENJOUÉ, ÉE (an-jou-é, ée), adj. Qui a de l'en-
jouement; où il y a de l'enjouement. Un homme
enjoué. Style enjoué. Son esprit enjoué ne s'é-
branle de rien, conN. Agésil. n,e. Le cinquième
acte est trop sérieux pour une pièce si enjouée,
id. Ex. de la Suite du Menteur. Ce jour-là on
joua le Dom Japhel, ouvrage de théâtre aussi en-
joué que celui qui l'a fait a sujet de l'être peu,
SCARHON, Bom. com. u, 47. Ma chère, c'est le ca-
ractère enjoué, mol. Préc. to.Bacchus, le plus en-
joué de tous les dieux, avait des autels, parce qu'on
s'abandonnait et qu'on sacrifiait pour ainsi dire à la
joie des sens plus douce et plus enivrante que le
vin, Boss. 7/isf. II, n. Quand vous serez descendue
de ce degré éminent, nous recevrons sans doute des
lettres plus enjouées, maintenon, Lett. à Kme de
Glapion, 3| juillet 1 71 2. Il est enjoué, grand rieur,
impatient, présomptueux, colère, libertin, politique,
mystérieux sur les affaires du temps; il se croit des
talenU el de l'esprit : il est riche, la bruy. vi. Elle
était pbis jolie et plus enjouée ce jour-là qu'elle ne
l'avait élé de sa vie, hamilt. Gramm. 4. Enjoué avec
I ceux qui étaient d'une humeur enjouée, Fin.Tél.Xfi.
ENL
— REM. On a dit que le mot enjoué avait été créé
par Montaigne; mais on peut vo'r qu'il est plus an-
cien, se trouvant déjà dans Amyot.
— HIST. xvi* s. L'ane le regarda d'une façon toute
guaye et enjouée.... puis, se prenant à braire fort
hault et à sauUer et regiber au long de luy, amyot,
Marius, 89. Il n'est rien plus gay, plus gaillard,
plus enjoué (que la pnilosopbie], mont, i, 475. Un
ouvrage plus gaillard el plus enjoué, id. i, 22t.
L'extrême contentement a plus de rassis que d'en-
joué, lu. m, 86. Pour un bon an de tranquillité
plaisante el enjouée, id. in, 309.
— ÉTYM. Enjoueri.
ENJOUEMENT ( an-jou-man), s. m. Gaieté qui
semble se jouer. Avoir de l'enjouement dans l'es-
prit. Cet inépuisable enjouement Qui d'un chagrin
trop juste a de quoi vous défendre, corn. Agés, u,
8. Mme Scarron dit qu'elle ne peut se résoudre à
vous écrire, qu'elle n'ait vu quelque enjouement
dans vos lettres, scarron, Lett. Œuv. t. i, p. m,
danspouGENS. Veux-tu deces enjouements épanouis,
de ces joies toujours ouvertes? mol. Bourg, gent.
III, 9. M. Scarron avait cet enjouement que tout
le monde sait, et cette bonté d'esprit que presque
personne ne lui a connue, maintenon, Lett. à Mlle de
l'Enclos, 8 mars 1668. L'enjouement de M. Pascal
a plus servi votre parti que tout le sérieux de M. Ar-
naud, rac. t" lettre à l'aut. des Imaginaires.
— ÉTYM. Enjouer l .
t t. ENJOUER (an-jou-é), v. a. Rendre enjoué.
Par ce doute où il l'embarrasse lui-même, il enjoué
sa narration et occupe agréablement le lecteur,
BoiL. Dissert. crit. sur Joconde. Il cherche à en-
jouer son récit le plus qu'il peut (nous ne faisons
pas ce mol; nous l'avons trouvé tout fait par Des-
préaux pour notre poêle, dans sa Dissertation sur
la Joconde), Mathieu marais, Vie de la Fontaine,
reproduite par paul lacroix, Oliuvres inédites de
la Fontaine, in-8°, t883, p. 450.
— ÊTYM. En 1 , et jouer.
f 2. ENJOUER (an-jou-é), v. a. Terme de chasse.
Mettre en joue, en parlant d'un fusil. Quand le fusil
est bien enjoué.
— HIST. XVI* S. Enjouer, oddiw, Diet.
— ÉTYM. En t , et joue.
f ENJUPONNER (an-ju-po-né) , v. a. Mettre un
jupon. Il Fig et familièrement. S'enjuponner, v.réfl.
S'attacher à un jupon, à une femme. Une vieille
moustache comme moi s'enjuponner, s'acoquiner à
une femme, n. DE balzac, dansle Ciel, de poitevin.
ENKYSTÉ, ÉE (an-ki-slé, siée), adj. Terme de
médecine. Logé dans un kyste. Pierres enkystées.
Tumeur enkystée.
+ ENKYSt'ement (an-ki-ste-man), s. m. Terme
de médecine. Action de s'enkyster; résultat de cette
action. Eiikystement des corps étrangers.
— ÊTYM. Enkyster.
t ENKYSTER (S') (an-ki-sté), v. réfl. Se loger,
être logé dans un kyste. Une tumeur qui s'enkyste.
— ETYM. En t , el kyste.
ENLACE, ÉE (an-la-sé, sée), par(. passé. Arrangé
en forme de lacs. Ces festons où nos noms enla-
cés l'un dans l'autre, rac. Bérén. v, 6. || Terme de
blason. Venet porte d'azur à deux chevrons enlacés,
un des deux renversés. || Pris dans des lacs. Une
femme étendue à terre, enlacée d'un énorme ser-
pent qui la dévore, DIDEROT, SaJon del787, (Kuvr.
I. XIV, p. 498, dans pougens. || Fig. Captivé. Par-
donnons le souci qu'elle donne à ce qu'elle aime,
à la peur qu'elle a qu'il ne soit jamais enlacé, J. J.
ROuss. Ém. v.
ENLACEMENT (an-la-se-man), S. m. Action d'en-
lacer; état de ce qui est enlacé. L'enlacement des
bras. Le sentiment de l'harmonie naît en partie de
cet enlacement [des rimes], marmontel. Éléments de
litt. vers.
— HIST. XVI* s. 0 vigne heureuse, heureux en-
lacemens, du Bellay, ii, 28, verso.
— ÉTYM. Enlacer; provenç. eniajsamen; espagn.
enlaiamifnto.
ENLACER (an-Ia-sé; la se prononce comme dans
là et non comme dans las. Le c prend une cé-
dille devant o ou o : j'enlaçai, nous enlaçons), v. a.
Il 1° Disposer en forme de lacs. Enlacer des ru-
bans, des branches d'arbres. Elle enlaçait des Heurs
à son front jeune et fier, delille, Enéide, vil
Il Passer plusieurs choses dans un même lacet. Enla-
cer des papiers, des registres. || Fig. On crut, pour
mieux fonder le calme où l'on aspire. Devoir l'un
avec l'autre enlacer chaque empire, lemebc. Frédég.
etBruneh iv, l. ||a°Fig. Êtreindre, prendre comme
dans un lacs. Ces traîtres l'enlaceront tôt ou tard.
Les circonstances m'enlacèrent, stael, Corinne,
ENL
ENL
ENL
1403
XX, s. Il b* Terme de charpentier. Percer un trou à
travers les tenons et les mortaises pour les cheviller
ensemble. Il 4° S'enlacer, v. réfl. Être enlacé. Les
lianes s'enlacent dans les forêts vierges. 11 va s'en-
lacer dans les pièges qu'il devrait le plus redouter,
j. J. Houss. Hél. VI, 8. Je n'ai fait, en me débattant,
que m'enlacer davantage, id. {"■promenade. \\ S'en-
lacer l'un l'autre. Les deux lutteurs s'enlacent.
— HlST. xu* s. Enlaciez sui en teus [telles] afai-
res. Qui à mun cuer ne plaisent gaires, E qui poi
m'auront de mestier Là ù Deus nos vendra [vien-
dra] jugier, BENOÎT, II, 12183. Altres besuignes
m'orent le quer [cœur] si enlascié, Th. le mari.
1(8. Les chozes kl par defors l'enlacent [l'âme],
Job , p. 481 . Il xni" s. Il m'avoit prisa menacier, Et je
le soi [sus] si enlacier De blanches paroles et pestre,
Que j'en ai esté .à bon mestre, Ren. 16280. Ainsinc
délit [le plaisir] enlace et maine Les cors et la pen-
sée humaine Par jonesce sa chamberiere. Qui de
mal faire est coustumiere, la Rose, 4487. Li pri-
merains [premier] biens qui solace [console] Ceus
que li maus d'amer enlace, C'est Dous-Pensers, ib.
2656. Tu sauvas ceus qui erent enlacié par le lien
du dcable. Psautier, t° tu. Un pau [peu] de joie
en dolour enlachie. Poésies mss. Vatican, f° (48,
dans LACL'iiNE. Il XVI' s. Son caducée embrassent
Deux serpents, qui s'enlacent, Se joignant par le
bout, DU BELLAY, VIII, <o, vecto. Courage donc,
Ronsard : la victoire te donne. Pour enlacer ton front,
la plus docte couronne, id. v, 32, verso.
— ÉTYM. En < , et lacs; provenç. enlassar, entais-
sar; espagn. enlazar ; portug. enlaçar; ital. inlac-
ciare. On le trouve quelquefois écrit entasser, en-
lassure, surtout chez les auteurs de bla.son.
|- ENLAÇURE (an-la-su-r'), s. f. Terme de char-
pentier. Réunion d'une mortaise et d'un tenon par
une cheville.
— ÉTVM. Enlacer.
ENLAIDI, lE (an-lè-di, die), part, passé d'en-
laidir. Rendu laid. Enlaidie par la petite vérole qui
lui gâta le visage.
ENLAIDIR (an-lè-dir). || 1° V. a. Rendre laid,
laide. Cette cicatrice l'enlaidira beaucoup. Ma mère
en est la cause; et ce qu'elle me dit Me brouille
tout le teint, me sèche et m'enlaidit, hegnard.
Distrait, m, t. Il n'y a rien qui enlaidisse certains
courtisans comme la présence du prince : à peine
les puis-je reconnaître à leurs visages; leurs traits
sont aliérés et leur contenance est avilie, la bbuy.
viii. Tous les vices de notre âge corrompaient notre
innocence et enlaidissaient nos jeux , j. j. Rouss.
Confess. i. \\ Absolument. La colère enlaidit. || Fig.
Peut-être a-t-elle [mon âme] encore des taches et des
rides qui l'enlaidissent à vos yeux, MAss. Car. Sur
la communion. Elle [la comédie] fuit la gaîté qui
doit suivre ses pas, Et d'un masque tragique enlai-
dit ses appas, gilb. Le 48' s. || 2° V. n. Devenir laid.
Ma tante, qui faisait entrer dans son système d'é-
ducation tout ce qui lui donnait le droit de me dire
des choses désagréables, ne cessait de me répéter
que j'étais enlaidie. H'"' de genlis, Mme de Uain-
tenon, t. i, f. 102, dans pougens. || Il se conjugue
avec l'auxiliaire avoir quand on veut marquer l'ac-
tion : cet enfant a enlaidi en grandissant ; avec
l'auxiliai re être quand on veut marquer l'état : elle est
fort enlaidie depuis sa dernière maladie. || 3° S'en-
laidir, V. réfl. Se rendre laid. Cette femme s'enlai-
dit en se fardant.
— HIST. XII* s. Oui est qui s' ira enlaidir [salir].
Ne par si fait leu [lieu] asaillir. N'ensanglanter n'en-
trer en fiens [fumiers]? benoît, ii, B981.|1xiii* s.
Mais toutes les biautés du monde Ne valent riens
envers la Blonde, Qui avoec sa mère s'aroute Ne
n'enlaidi mie la route [bande], Bl. et Jeh. 1423.
— ÉTVM. En 1, et laid; wallon elaidi; Berry,
eniaideiir.
ENLAIDISSEMENT (an-lè-di-se-man) , s. m. Ac-
tion d'enlaidir; son résultat.
— HlST. XVI* s. Tout d'une venue les verrues se-
ront ostées des mains, pour les délivrer de tel en-
laidissement, 0. DE serres, 976.
— ÉTYM. Enlaidir.
t ENLARME (an-lar-m'), s. f. Terme d'oiselerie.
Grandes mailles que l'on ajoute à un filet. || Terme
de pêche. Petite branche que les pêcheurs plantent
le long de leurs verveux.
— ETYM. En 1 , et larme; ces mailles étant se-
mées comme des larmes.
t ENLARMER (an-lar-mé) , v. a. Terme de chasse
et de pèche. Enlarmer un filet, faire de grandes
mailles à côté du filet avec de la ficelle. || Terme de
pêche. Mettre de petites branches le long d'un
t ENLARMURE (an-lar-mu-r'), s. f. Terme de
pêche. Bordure d'un filet.
t ENLEVAGE (an-le-va-j') , s. m. Manière d'im-
primer sur toile en enlevant la couleur avec le
chlore, partout où le cylindre s'applique. || Terme
de point d'Alençon (dentelle réseau). Action d'enle-
ver le parchemin.
ENLEVÉ, ÉE (an-le-vé, yée), part. passé. \\ 1° Levé
en haut. Le plateau de la balance enlevé par un
poids. On fardeau enlevé de terre. || Terme de bla-
son. Se dit de certaines pièces de l'écu qui parais-
sent enlevées. || Terme de sculpture. Keuilles enle-
vées, feuilles d'arbres qui sont détachées du fond.
Il Fig. et familièrement. Cela est enlevé, se dit d'un
dessin large, facile et hardi, d'un morceau de mu-
sique joué très-bien et très-vivement, et aussi d'une
scène, au théâtre. || Fait rapidement. Un volume
enlevé en dix jours est un volume fait en dix jours.
Il 2° Emporté, soustrait. Pour un âne enlevé deux
voleurs se battaient, la font. Fabl. i, 13. || 3° Pris
de vive force. Une place enlevée à l'ennemi. Posi-
tion enlevée à la baïonnette. || 4° Qui est l'objet
d'un rapt. Une femme enlevée. || 5° Qui a perdu la
vie par une maladie. Elle a été enlevée en six jours,
sans connaissance; enfin cela est pitoyable, SÉV.
363. Il 6° Acheté avec empressement. Mon livre élait
enlevé, la première édition en était épuisée, mar-
montel, Uém. viii. || 7° Ravi , charmé. Cet événement
est grand, et si singulier, si brillant, si extraor-
dinaire qu'on en est enlevé, sév. 60o. On était en-
levé des grâces de sa conversation [de Mlle Rose] ,
ST-siM. 87, 131. Ici je me sentis enlevé hors de
moi par de plus invincibles charmes, marmontel,
ilém. X.
ENLÈVEMENT (an-lè-ve-man) , s. m. || 1° Action
d'enlever, d'emporter. L'enlèvement des échafau-
dages quand la bâtisse est terminée. L'enlèvement
des décombres, des boues. Procéder à l'enlèvement
d'un corps. Enlèvement des pièces. Après avoir flté
tous les moyens de placer son argent, on ôta même
la ressource de le garder chez soi ; ce qui était égal
à un enlèvement fait par violence, montesq. Espr.
XXIX, 6. Il 2° En parlant des personnes, rapt. L'en-
lèvement des Sabines. Allons subitement Lui de-
mander raison de cet enlèvement, rac. Brit. I,
1 . Thésée avec Hélène uni secrètement Kit succé-
der l'hymen à son enlèvement, id. Iphig. v, 6.
Tous les enlèvements sont suivis du parjure, volt.
Zulime, ii, 4. |{ Par abus, il se dit aussi quand la
personne enlevée consent. Je voulais avoir lieu d'a-
buser Emilie, Effrayer son esprit, la tirer d'Italie,
Je pensais la résoudre à cet enlèvement, corn. Cin-
na, v, 3. Il 3° Accaparement. Use fit un enlèvement
de grains qui amena la disette. || 4" Terme de beaux-
arts. Opération par laquelle on enlève toute une
peinture d'un panneau vermoulu pour la reporter
sur une toile neuve.
— ÉTVM. Enlever.
ENLEVER (an-le-vé. La syllabe le prend un ac-
cent grave, quand la syllabe qui suit est muette :
j'enlève, j'enlèverai), v. a. || 1° Faire aller en haut.
Ce plateau de la balance enlève l'autre. || Fig. et fa-
milièrement. Cela enlève la paille, cela est au-des-
sus de tout, ou cela est décisif, ou cela est singu-
lièrement vif, singulièrement libre; on dit plus
ordinairement cela lève la paille. || Fig. Une force
inconnue Enlevait jusqu'à lui mon âme prévenue,
VOLT. Fanât, m, 1. || 2° Emporter, entraîner. Il
vint un tourbillon qui l'enleva. Cette crue subite a
enlevé tous les ponts. || 3° Emporter d'un endroit
dans un autre. Enlever des matériaux. Enlevez
cela de dessus la table. S'ils avaient enlevé le corps,
il leur était évident que Jésus-Christ n'était pas res-
suscité et qu'il les avait trompés, bourdaloub, Mysl.
Résurr. de J. C. t. i, p. 33o. || 11 a été enlevé comme
un corps saint (voy. corps et cobsin). || Enlever un
corps, prendre un corps mort pour le porter en
terre, ou pour le présenter à l'église. Un des archers
courut au prochain village pour faire enlever le
corps mort, et revint avec la nièce du curé et Ju-
lien, scARR. Jiom. corn, i, 14. Il Enlever dans,
conduire et transporter dans. X qui destinez-vous
l'appareil qui vous suit? Venez-vous m'enlever dans
l'éternelle nuit? rac. ilndr. v, 5. || Fig. De cette
oraison simple où elle était déjà , Dieu l'enlève
jusque dans la plus haute contemplation, fén. Serm.
pour la fête de Ste Thér. \\ 4° ôter à. Quelque
appui qu'aujourd'hui son crime vous enlève, corn.
Serlor. v, 7. Il fut par Josabeth à tarage enlevé,
RAC. Athal. V, 6. Il Fig. Qu'à ces tristes pensers mon
amitié t'enlève, angelot, Fiesque, i, 2. || 11 se dit
d'un amant, d'une mallres.se qu'on ôte à un autre
tt qu'un attire à soi. Oui, j'aime sa mal tresse....
Cependant par mes mains je vois qu'il me l'enlève,
CORN. Cirina, m, t. Cette même mademoiselle Choin
enleva à la plus belle princesse du monde le coeur
de M. do Clermont, en ce temps-là officier des
gardes. M"* de caïlus. Souvenirs, p. 163, dans
pougens. Si la comtesse croit l'aimer , elle sa
trompe : elle n'a voulu que me l'enlever, marivaox,
l'Heur, stratag. i, ». \\ B° Terme de guerre. Enlever
un poste, une place, s'en emparer de vive force.
Enlever des drapeaux à l'ennemi. Sur un pareil avis,
le convoi fut enlevé, rollin, Ilist. anc. t. x, p.
146, dans pougens. Il Enlever une place, un régi-
ment, un poste, s'en emparer vivement. || Terme de
marine. S'emparer d'un bâtiment ennemi. || 6°Kavir;
prendre par force. Les voleurs ont tout enlevé. Un ri-
val odieux, Seigneur.vous enlevait le bien de vos aïeux,
VOLT. Tancr.m, 3. Il 7°Causerlamort, enparlantdes
maladies. Une pleurésie l'a enlevé en peu de jours.
Us se plaignaient que celui qui était leur roi leur
fût si cruellement enlevé, vaugel. Q. C. liv. m,
dans RICHELET. Elle [Madame] ne tourna jamais son
esprit du côté de la vie; jamais un mot de réflexion
sur la cruauté de sa destinée, qui l'enlevait dans le
plus beau de son âge, M'°* de la fayette, Hisl.
d'Henr. d'Anijl. OKuvr. compl. t. m, p. 183, dans
pougens. Tout semble me prouver que mon fils ne
m'est enlevé que par le plus lâche des assassinais,
M'»' de genlis, Thédt. d'éduc. la Curieuse, m, 1.
Il 8° Terme de commerce. Enlever des marchan-
dises, se hâter de les acheter. Deux cents ex-
emplaires furent enlevés dans l'espace de douze
heures, m-* de genlis. Veillées du ctxdt. t. m, p.
223, dans pougens. |{ Il se dit aussi pour acca-
parer. Les gros négociants enlevèrent tout le ci-
cre qui était sur le marché. || 9° Commettre un rap..
Paris enleva Hélène. Cette jeune fille s'est laissé
enlever. Quand Mercure ^int la reprendre, Notre
époux sentit à la rendre Plus de plaisir qu'à l'enle-
ver, LA motte, Fabl. m, 12. Enlever, vous me
faites rire.... ce mot ne peut s'appliquer à une pe-
tite créature de cet état.... on enlève une fille da
qualité, mais on emmène une paysanne, m"* d8
genlis, Thédt. d'éduc. Vrai sage, ii, 5. || Se faire
enlever, se dit d'une femme qui donne les mains à
son enlèvement. || 10° ôter, arracher. Enlever la
croûte d'un pâté, l'écorce d'un arbre, {j Faire dis-
paraître. Ce savon enlève les taches. Recewinde
voulait enlever les principales causes de sépara-
tion qui étaient entre les Goths et les Romains,
montesq. Espr. xxviii, 7. || Par exagération. Enle-
ver le palais, se dit des mets trop chauds ou trop
épicés. Il 11° Faire une arrestation. Il fit enlever
cet homme en vertu d'un décret de prise de corps.
Je fis enlever et exécuter le duc de Glocesler, mou
oncle, qui ralliait tous les mécontents contre moi,
¥ÉJ^. Dial. des morts mod. dial. 2. || Par extension.
S'il est prêt à partir, il peut en ce moment Enlever
avec lui son otage aisément, corn. Nicom. v, 6.
Cet Achille.... Dont la sanglante main m'enleva pri-
sonnière, RAC. Iphig. Il, 1. Il 12° Terme de chasse.
Enlever la meute, l'entraîner par le plus court
chemin là où un chasseur a vu la bête, au lieu de
la laisser chasser en suivant la piste. || Terme de
manège. Enlever un cheval , le porter vigoureu-
sement en avant. || Familièrement, faire une chose
rapidement. Enlevez-moi cela. || 13° Ravir, trans-
porter, animer au plus haut point. Cet orateur
enlève son auditoire. Je lis M. Nicole avec un
plaisir qui m'enlève, sÉv. 87. Tout le monde eût
aperçu sa peine et sa honte, si la lyre de Men-
tor n'eût enlevé l'âme de tous les assistants, fén.
Tél. VIII. C'est ainsi qu'avec une lyre il [Orphée]
apprivoisait les bêtes farouches et enlevait les bois
et les rochers, ID. ib. Le charme de ses paroles
enlevait les cœurs, id. ib. xi. Ceux qui joigtient
le sublime au nouveau, le grand à l'extraordinaire,
ne manquent presque jamais d'enlever et d'étour-
dir le commun des hommes, quand même ils ne
diraient que des sottises, malebr. Rech. vér. v, 7.
Elle est toute spirituelle dans ses mauvaises hu-
meurs; elle a des reparties brillantes, qui m'en-
lèvent, lesage, Turcaret, i, ». || Absolument. On a
déjà représenté à Saint-Cyr la comédie ou tragédie
d'Esther, le roi l'a trouvée admirable, M. le princa
y a pleuré ; Racine n'a rien fait de plus beau ni da
plus touchant; il y aune prière d'Esther pour As-
suérus qui enlève, sÉv. 612. Ils enlevaient par la
beauté de leurs harangues, id. 592. Il était ques-
tion de son cœur qui est enterré aux Jésuites, il
en a donc parlé et avec une grâce et une éloquence
qui entraîne ou qui enlève, comme vous voudrez,
w. Lett. du 2B avril 1687. Madame de FontevrauU
parlait à eulever, quand elle traitait de quelque mu-
U04
ENL
titra «T-»lll 4H , «67. Il Dan» un «en» analogue.
Obteilr p«r une wrle de riolence. Où .ont ceux qui
DOMMeDlie grand art d'enlever la persuasion et de
remuer le* coeur» de tout un peuple? riit. t. xxi,
p <ae ohiroallieureux l'auteur.... Oui. remplid une
noble et con«ianlo fierté.... Veut par se» Ulents seuls
enlever le» suffrage», oiLB. Le (8« s. || 11 se dit aussi
lie l'action exfrcée sur une multitude, sur une
troupe pour la décider, l'entraîner. Ces paroles en-
Icvirent la foule, qui courut aux barricades. Le co-
lonel enleva son régiment, qui hésitait à marcher
«ur la batterie. || 14° Battre le fond d'un chaudron
avec le marteau rond. || Enlever uno pièce de cui-
vre, en aplanir les bosses au marteau. || Terme de
serrurerie. Séparer d'une barre de fer le morceau
dont on veut faire quelque ouvrage. Enlever une
clef. Il 16' S'enlever, v. rifl. Être levé en haut.
Le ballon s'enleva dans les airs. Le cheval s'enle-
vait sur ses jambes de derrière. || Être détaché,
filé. L'écorce de cet arbre commence à s'enlever.
Il Être effacé. Les taches d'huile ne s'enlèvent pas
facilement. || Être acheté avec empressement. Cette
marchandise s'enlève rapidement. || Se dérober à
Boi même. Quelques pages plus loin, vous retrou-
vez la vivacité impétueuse de Lovelace, son incor-
rigible folie, et cette gaité non plus du vice mais
du remords, qui cherche à s'étourdir, à se dis-
traire, à s'enlever à lui-même, villemaih, LiU. fr.
{»• siècle, V part. «'• leç.
— JIIST. xni* s. Et Artus prant l'espée; si l'an-
lieve aulresinc legierement, que rien nule ne li
greva, Merlin, f° 74. || xiV s. Faire et forgier v
chaatons, ix viroUes à besteleltes et à feuilles en-
levées, DE LABORDE, Émaux, p. 3)0. ||xvi« S. Les
aiireilles avoyent hault enlevées, grandes comme
aureillesd'asne, ras. Pan», iv, 32. Archelaus conjec-
turant par le poulcier que les chevaulx enlevoient,
ce que c'estoit.... amyot, Sylla, 42.
— Rtym. En 2 , et lever; provenç. enlevar.
f KNLEVEUR(an-le-veur), «. m. Celui qui enlève,
tin enleveur de femmes. || Anciennement. Enleveurs
lie quartier, nom donné à des partisans qui cher-
chaient à surprendre les troupes ennemies dans
leurs quartiers.
— ÉTVM. Tnlever.
ENLEVURE an-le-vu-r'), s. f.\\l° Ampoule qui
vient sur la peau. On dit plutôt aujourd'hui élevure.
Il i' Partie d'acier que l'on a séparée de la masse à
laquelle elle tenait. || Retaille des peaux dont on fait
les gants. || 3" Terme de peinture. Élévation de la
couleur qui se détache de la toile. || Terme de sculp-
ture. Relief, saillie. || 4° Saillie faite par de gros fils
écrus dans une broderie.
— HlST. XVI* s. Lesdartres sont aspérités du cuir,
comme petites enleveures avec grande démangeai-
son, qui jettent une matière séreuse, pabé, xxii,
45. Incision [sorte de fractura du crAne] contient
sous soy : déperdition ou enleveure, en laquelle la
pièce est emportée, dont il y a perdition de sub-
stance, ID. VIII, 1.
— ÉTVM. Enlever.
t ENLIAKSER (an-li-a-sé) , v. a. Mettre en liasses.
J'ai chez moi celle gazette enliasséc avec d'autres
pièces, BEAUMARCii. dans le Dict.de bescueuelle.
— ÊTYM. En I , et liasse.
ENMË, ÉE (an-li é, ée), port, passé.
ENLIER (an-li-é), v. o. Terme de maçonnerie.
Joindre ensemble des pierres et des briques, dans la
construction d'un mur, en posant les unes sur leur
longueur et les autres sur leur largeur.
— HIST. xu* s. La paienie fut en tant plus enloîe
des vices que ele n'outla conissance de son faiteor,
Job, p. 44«.
— ÉTYM. En i,el lier.
ENLIONÉ, ÉE (an-li-gné, gnée), part, passé.
Mi« en ligne. Poutres enlignées. || Terme d'impri-
merie. Ouvrage bien ou mal enligné, ouvrage dont
les lignes sont bien ou mal arrangées. || Terme de
reliure. Livre bien enligné, celui dont la reliure
est si bien faite qu'en l'ouvrant, les lignes des deux
pages se correspondent parfaitement.
t ENLIGNEMENT (an-li-gne-man), t. m. Action
d'enligner ; étiit de ce qui est enligné.
ENLIGNER (an-li-gné), e. a. Terme de charpen-
tier. Mettre, avec la règle et le cordeau, les pièces
de bois sur une même ligne. || Donner & une pièce
de bois la même forme qu'à une autre. || Terme de
typographie. Disposeras lignes d'un livre. || Terme
"* '"-'''"'■é. 11 estencore d'une indispensable néces-
sité de bien plier et enligner les tableaux qui se
rencontrent dans certains livres , surtout quand
1 hλ .*'' ''"' " suivent forment des tableaux....
M atlaut d enUgnement peut faire tomber le lecteur
ENL
dans des erreurs considérablbs, lesn£, la Reliure,
p. 449. 4830.
— ETYM. En 4 , et ligne.
tE.NLIOUBER (an-liou-bé), ti. a. Ajouler une
pièce de bois taillée en coin dans le bout d'une au-
tre qui a été ouverte pour la recevoir. La seconde
pièce eiilioulie la première.
— f.TYM. En 4 . et lioube.
t ENLISSERO.NNER (an-li-se-ro-né) , v. a. Tendre
les lisses sur les lisserons.
— Rtym. En l , et lisseron.
t ENLIZEMENT (an-li-ze-man) , s. m. Action d'en-
lizer ou de s'eiilizer.
t ENLIZER (an-li-zé), v. a. Enfoncer dans une
lize, dans un sable mouvant. Un cheval enlizé.
Il S'enlizer, v. réft. S'enfoncer dans les sables mou-
vants. La voiture s'enliza.
— ÉTYM. En 4 , et lize.
ENLUMINÉ, ÉE (an-lu-mi-né, née), part, passé.
Colorié. Cartes enluminées. || Figure enluminée, fi-
gure rendue très-rouge par l'usage des liqueurs al-
cooliques ou par quelque passion. X votre physio-
nomie brillante et enluminée, il n'est pas mal aisé
de deviner que vous êtes M. Lucas, dancourt, Ven-
danges, se. 3. M. de Brissac avait infiniment d'es-
prit, avec une figure de plat apothicaire, grosset,
basset et fort enluminé, ST-siM. 04, B6.
f ENLDAIlNEMENT(an-lu-mi-ne-man), s. m. Ac-
tion d'enluminer; état de ce qui est enluminé.
— HIST. xiu* s. Seurnous [que Dieu] la seueface
tort [tourne], qui est enlumincmenz de tout le
monde, Psautier, f" 76.
— ÉTYM. Enluminer; provenç. enlumenament.
ENLUMINER (an-lu-mi-né) , v.a. \\ 1" Ajouter avec
le pinceau des couleurs vives sur une estampe qui
lui donnent de l'éclat par rapport au trait noir; ce
qui fait comparer ces couleurs à une lumière. Enlu-
miner une estampe. || Absolument. Nous enlumi-
nerons , nous peindrons, nous barbouillerons, i. i.
Rouss. Èm. n. Ces couleurs, quelquefois enrichies de
feuilles d'or attacliées par un mordant, prouvent
clairement qu'en Êgyptel'art de peindre ne fut, pour
ainsi dire, que l'art d'enluminer, babthêl. Anachar.
ch. 37. Il 2" Enluminer une carte de géographie,
couvrir les diverses contrées de teintes plates de
couleurs différentes, ou au moins tracer avec le
pinceau et des couleurs variées et voyantes les limi-
tes des pays. || 3° Par extension, colorer. L'ardeur
de la fièvre lui avait enluminé le visage. Un rouge
vifenluminait son teint, volt. >4po/. du luxe. \\ S'en-
luminer la trogne, enluminer sa trcgne, boire avec
excès, parce que trop boire rend le nez rouge.
Il 4° Fig. Enluminer son style, y répandre des or-
nements qui ont plusd'éclatquede naturel. || 5°S'en-
luminer, v. rift. Se mettre du rouge. Si c'est pour
les hommes qu'elles se fardent ou qu'elles s'enlumi-
nent, LA BRUY. m. Il Devenir rouge. Sa trogne com-
mence à s'enluminer.
— HIST. XI* s. De tel barnage [vaillance] l'a Deus
enluminet, Ch. de Roi. xxxix. || xii* s. Toute la sale
en fut enlumenée [de sa beauté], Rone. p. <6l. E
fud uvrez li chapitrais à lilies [lisjki quatre aines levè-
rent e tute l'ovre enluminèrent. Rois, p. 263. Tu, bels
sires, es ma lumière, e mes ténèbres enlumineras,
ib. 208. Il xiii* s. Et quant ele [la lune] a l'umbre
[de l'éclipsé] passée, Si revient toute enluminée Des
rais que li soleil li monstre, la Rose, 48ua. La prée
[la prairie] D'erbe et de fiors enluminée, tb. loooo.
Le [la] disisme vertu.... c'est celé qui enlumine
toutes les autres.... et cesle vertus si est apelée
loiatés, BEAUM. 27. Ella première lelre dou comen-
cement estoit enluminée d'or, Ass. de Jér. i, 25.
Et ainsi comme l'escrivain qui a fait son livre, qui
l'enlumine d'or et d'azur, enlumina le dit roy son
royaume de belles abbaîes que il y fist, joinv. 3o3.
Il xiv* s. Lieu cler et enluminé, h. de mondevii.le,
t* 81 , i-erso. Il XV* s. Le verre est le pinceau duquel
on t'enlumine [le nez]; Le vin est la couleur Dont
on t'a peint ainsi plus rouge qu'une guigne En bu-
vant du meilleur, BASSEUN, VI. Il XVI* s. I.aissez à
part vos vineuses tavernes, Museaux ardans, de
rouge enluminez, mabot, n, 232. Ceux qui ont hé-
rité des heures du feu roy, ont monstre à leurs fa-
miliers tous ceux qui sont nommés en ce chapitre,
et enluminés en cordeliers, d'aub. Conf. i, 7.
— ÉTYM. En t , elle latin luminare, éclairer (voy.
lumineux); provenç. enlumenar, enlliumenar.
ENLUMINEUR, EUSE (an-lu-mi-neur, neù-z'),
I. m. et/'. Celui, celle qui enlumine. Enlumineur
d'images.
— HIST. XIII* s. Ce sont les mestiers frans de la
ville de Paris, qui ne doivent point de guet au
roy.... paintres , yu.» ■ -rs, libraires, parcheminiers,
ENN
enlumineurs.... Liv. des met. 426. || xvi* s. Si j'es-
lois grand enlumineur de mes actions, à l'adren-
ture rembarrerois je biea ces reproches, mont.
I, 198.
— ÉTYM. Enluminer.
ENLUMINURE (an-lu-mi-nu-r"), ». f. || l'Action
d'enluminer; l'artde l'enlumineur; objet enluminé.
L'enluminure de celte estampe n'est pas soignée.
Cela n'est pas peint, ce n'est qu'une enluminure.
Il Nom des peintures qui ornaient autrefois les ma-
nuscrits. Il 2° Par extension, coloration rouge et
brillante, surtout celle du visage. Il n'est pas moins
connu par la confusion et les ténèbres de son esprit
que par l'éclat et l'enluminure de son visage, bai.z.
le Rarbon. \\ 3° Kig. Faux éclat dans le style. Les
enluminures m'ont fait tort, pasc. Pensées et notes
pour les Prov. iv. Les beaux di>eurs du nouveau
style. Qui, par de bizarres détours, Quittant le ton
de la nature. Répandent sur tous leurs discours
L'académique enluminure, gresset. Chartreuse.
Nous adoiirons tous les jours stupidement, comme
le véritable coloris de la grande et sublime morale,
l'enluminure d'une petite métaphysique, aussi fausse
dans .ses principes qu'illusoire dans ses conséquences,
SAiNT-FOix, Es». Paris, Œuvres, t. m, p. 384,
dans POUGEBS. Cette enluminure du style qu'on
donne pour du coloris, makmontel, Essai sur le
goût, ûfiui). t. IV, p. 45), dans pouoens. Son style
est le plus parfait modèle du mauvais goût; c'est
l'entortillage le plus fatigant, l'enluminure la plus
fade, LA HARPE, Corresp. t. ui, p. 323, dans pou-
gens, au mot entortillage.
— HIST. XIV* s. Et y mist et assist plusieurs cris-
taux, pièces d'enlumineure de plusieurs devises,
perles et autres pièces de pierreries, de labordf,
Émaux, p. 3(0.
— ÉTYM. Enluminer.
t EXNAÉTÉRIDE (è-nna-é-té-ri-d'), s. f. Terme
d'antiquité grecque. Espace de neuf ans. || Fêle que
l'on célébrait tous les neuf ans.
— ÉTVM. "EwatTripli;, de ivvÉoi, neuf, et i-.o;,
année.
t ENNASSER (an-na-sé, an prononcé comme dans
antérieur) , v. a. Terme de pêche. Mettre dans la
nasse. || Fig. Tromper.
— HIST. XVI* s. Sans se laisser ennasser en infinis
et inexplicables discours que leurs heterccliles et
irrésolues ou plus tosl folles cervelles sont couslu-
mieres inventer, pour assubjectir la foy à la raison
naturelle, st-jul. Uesl. histor. p. t»7, dans la-
curne.
— ÉTYM. En 4 , et nasse.
t ENSÊA ....préfixe qui veut dire neuf et qui
vient du grec Iwea (voy. neuf, nom de nombre).
t ENNÉACANTHE (è-nné-a-kan-f), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui est muni de neuf épines ou
aiguillons.
— ÉTYM. Ennéa et à-,tav6a, épine.
t ENNÉADACTYLE (é-nné-a-da-kti-l'),ad;".Terme
de zoologie. Qui a neuf doigts ou appendices digiti-
formes.
— ÉTYM. Ennéa...., et Six-ruXec, ^ôigt.
t ENNÉADE (è-nné-a-d'), s. f. Terme didactique.
Assemblage de neuf choses ou de neuf personnes.
Il Au plur. Les Ennéades, titre de la collection des
traités de Plotin.
— ÉTY.M. 'Evveiç. neuvaine.
t ENNÉADÊCAÉTÉRIDE (è-nné-a-dé-ka-é-lé-ri-
d'), s. f. Terme do chronologie. Cycle de dix-neuf
ans établi par Méton à Athènes, pour faire coïnci-
der les mouvements du soleil et de la lune, parce
que dix-neuf années solaires valent à très-peu près
235 lunai-sons.
— ÉTVM. "Evvea, neuf, Séxa, dix, etlxo;, année,
t ENNÉA GONAL, ALE (è-nné-a-go-nal , na-l'),
adj. Terme de géométrie. Qui a neuf angles. Champ
ennéagonal. Figure ennéagonale. || 11 se dit aussi
d'un solide dont la base est un ennéagone. Pyra-
mide ennéagonale. Prismes ennéagonaux.
— ÉTYM. Voy. ennéagone.
ENNÉAGONE (è-nné-a-go-n') , s. m. Terme de
géométrie. Figure qui a neuf côtés. || Adj. Autrefois
on a dit ennéagone pour ennéagonal.
— ÉTVM. Ennéa...., etyuvla, angle.
•fENNÉAGYNE (è-nné-a-ji-n"), adj. Terme de bo-
tanique. Qui a neuf pistils.
— ETVM. Ennéa et /uv^i, femelle, pistil.
t ENNÉAGYNIE (è-nné-a-ji-nie), s. f. Terme de
botanique. Ordre du système de Linné renfermant
les plantes à neuf pistils.
— ÉTVM. Ennéaqyne.
t ENNÉAGYNIQUE (è-nBé-a-ji-ni-k'), adj. Syno-
nyme d'cnuéâgyue.
BNN
ENN
ENN
1405
t ENNÉABEXAÊDRE (è-nné-a-è-gsa-è-dr'), adj.
Terme de minéralogie. Cristal ennéahexaèdre, cris-
tal cubique dont chaque angle solide est remplacé
par six facettes, ce qui fait en tout neuf fois six fa-
ces ou cinquante-quatre faces.
— ETYM. Knnéa...., et hexaèdre.
t ENNÊANDRE (6-nné-an-dr'), adj. Terme de
botanique. Oui a neuf élamincs.
— ETYM. Ennéa...., et àvr,p, mâle, étamine.
ENNÉANDRIE (è-nné-an-drie), s. f. Terme de
botanique. Classe du système de Linné, renfermant
les plantes dont la fleur a neuf étamines.
— ÉTYM. Ennêandre.
t ENNÉANDRIQUE (è-nné-an-dri-k"), adj. Voy.
ENNÊANDRB.
t ENNÉANTHÈRE (è-nné-an-tê-r") , adj. Terme
de botanique. Qui a neuf anthères ou étamines.
— ÊTYM. Ennéa...., et anthère.
t ENNÉANTHÉRIE (è-nné-an-té-rie) , s. f. Syno-
nyme d'ennéandrie.
— ÉTYM. Ennéanthère.
t ESNÉAPÊTALE (ènné-a-pé-la-l'), adj. Terme
de botanique. Dont la corolle offre neuf pétales.
— ÉTYM. Ennéa...., et pétale.
t ENNÉAPUYLLE (è-nné-a-fi-l'), adj. Terme de
botanique. Dont les feuilles sont composées de neuf
folioles.
— ÉTYil. Ennéa...., etçûXXov, feuille.
t ENNÊAPTÊRYGIEN, lENNE (è-nné-a-plé-ri-
jiin, jiè-n'), adj. Terme d'iclithyologie. Qui a neuf
nageoires.
— ÉTYM. Enrtéa et itTepÛY'O'' i nageoire.
t ENiNÉASÉPALE (è-nné-a-sé-pal'), adj. Terme
de botanique. Dont le calice est composé de neuf sé-
pales.
— ÉTYM. Ennéa...., et sépale.
t ENNÉASPERME (è-nné-a-spèr-m') , adj. Terme
de botanique. Dont le fruit renferme neuf graines.
— ttSU. Ennéa et oiiépixa, graine.
t ENNÉlIÉiHIMÈRE (è-nné-é-mi-mê-r'), s. m.
Terme de métrique ancienne. Mesure de quatre pieds
et demi. Ce mot s'appliquait aux césures qui tom-
baient sur le milieu du cinquième pied, ou après
quatre pieds et demi, comme dans leG67' vers du qua-
trième livre de l'Enéide : Lamentis, gemiluque,
et femineo ululatu. || Adj. Mesure ennéhémimère.
— ÉTYM. 'Evvs'a, neuf, ijfjuffu;, demi, et [jLépoj,
partie.
ENNEMI, lE (è-ne-mi, mie; du temps de Chif-
flet, Gramm. f. (92, la prononciation onnemt était
reçue à côté de l'autre), s. m. et {. \\ 1° Celui, celle
qui hait quelqu'un, et cherche toutes les occasions
de lui nuire. Un ennemi déclnré. Ennemi mortel,
irréconciliable. Lorsque l'on veut choquer un puis-
sant ennemi, tbistan, Mariane, iv, <. Tu fus
mon ennemi même avant que de naître, corn. Cin-
na, V, \. ô soupirs! ô respectl ô qu'il est doux de
plaindre Le sort d'un ennemi quand il n'est plus
à craindre I id. Pomp. v, (. Il est doux de périr
après ses ennemis, ID. Rodog. v, t. L'ennemi qui
flatte est le plus dangereux, id. Théodore, iv, t. Si
votre ennemi a faim, donnez-lui à manger; s'il a
soif, donnez-lui de l'eau à boire, saci, Bible, Prov.
de Salomon, xxv, 2). Le plus fier ennemi, quelque
ardeur qui l'enflamme.... rotbou, Hercule mour.
1, 4. Notre ennemi, c'est notre maître, Je vous le
dis en bon fiançais, la font. Fabl. vi, 8. Entre
DOS ennemis Les plus à craindre sont souvent les
plus petits, ID. ib. II, 9. Rien n'est si dangereux
qu'un ignorant ami ; Mieux vaudrait un sage ennemi,
ID. tb. VHi, 10. Venez voir à. vos pieds tomber vos
ennemis, hac. Athal. v, 4. Ne craignez plus; votre
ennemie e.xpire, ID. Baj. y, to. Vivre avec ses en-
nemis comme s'ils devaient un jour être nos amis,
et vivre avec nos amis comme s'ils pouvaient devenir
nos ennemis, n'est ni selon la nature humaine ni
selon les règles de l'amitié, la bruy. iv. Un ennemi
nuit plus que cei\t amis ne servent, lamotte, Fabl.
V, 4. Ma manière d'agir, ma critique et mes ris M'at-
tireraient bientôt un monde d'ennemis, reg.nard,
Démocr. i, 6. Votre père et moi, je l'avoue, nous
avons été longtemps ennemis l'un del'autre, fénel.
Tél. XV. Un ennemi, dit un célèbre auteur, Est un
«oigneux et docte précepteur. Fâcheux parfois, mais
toujours salutaire Et qui nous sert sans gage ni sa-
laire, 1. B. Rouss. Éptt. II, 4. Lorsqu'on dit d'un
homme qu'il a des ennemis, il faut, avant de le
juger, bien regarder s'il a mérité d'en avoir, mar-
MONTEL, Mém. VII. J'ai des ennemis, mais je ne
hais personne, m-* de genlis, Thédt. d'éduc. En-
nem. génér. i, 6. || Un ennemi juré, celui qui
» fait comme le serment de h*"' quela-'un. Ils
sont ennemis jurés. i| Se fa.. , d , . enne. ( don-
ner lieu à beaucoup de gens de nous en vouloir.
Il Un ennemi de Dieu, un impie. Hélas! si, pour
venger l'opprobre d'Israël, Nos mains ne peuvent
pas, comme autrefois Jahel, Des ennemis de Dieu
percer la tête impie. Nous lui pouvons du moins
immoler notre vie, rac. Athal. m, 7. || Un en-
nemi de l'État, un séditieux, un agent de trouble.
Il Être ennemi de soi-même, nuire à ses propres
intérêts. Non, Cléone, il n'est point ennemi de lui-
même, RAC. Andr. m, S. Quel caprice vous rend
ennemi de vous-même ? id. Bérén. i, 3. Elle serait
bien ennemie d'elle-même, si elle ne le croyait pas,
DANCOURT, la Folle enchère, se. 4. || Familièrement.
Ennemi de nature, celui qui s'oppose à ce que la
nature demande ou pour soi ou pour les autres.
Il Fig. Ainsi donc, philosophe à la raison soumis.
Mes défauts désormais sont mes seuls ennemis,
BOIL. Épit. V. Et ses heureux vaisseaux N'eurent
plus d'ennemis que les vents et les eaux, bac. Mi-
thr. i, t. Il 2" L'ennemi du genre humain, et, ab-
solument, l'ennemi, le démon. S'il arrivait qu'à la
mort l'ennemi eût quelque prétention sur vous,
PASC. ProD. 9. C'est là que se forgent ces traits
de feu, selon les termes de l'apôtre, dont l'en-
nemi se sert pour allumer les passions dans ces âmes
vaines qui sont les idoles du monde, et dont le
monde lui-même est l'idole, FLÉcn. Mar.-Thér.
Il Fig. Il a été bien tenté de l'ennemi, se dit d'un
homme qui a fait quelque mauvaise action. || 8° Par
extension, ennemi se dit pour signifier ce qui nous
est utile ou même nous plaît, en le considérant
par le seul côté où il nous nuit ou nous déplaît;
ainsi l'amante est l'ennemie de l'amant, parce qu'elle
ne cède pas à ses désirs, etc. Fuyez un ennemi qui
blesse par la vue. Et dont le coup mortel vous plaît
quand il vous tue, corn. l'oly. i, t. Hippolyte,
en partant, fuit une autre ennemie; Je fuis, je l'a-
vouerai, cette jeune Aricie, rac. Phèd. i, t . || S. f.
Par antiphrase. Une femme qu'on aime et qui oppose
des rigueurs. Une belle ennemie. Vers ma belle
ennemie Portons sans bruit nos pas. Et ne réveil-
lons pas Sa rigueur endormie, mol. Am. magnif.
3« interm. se. 4. || 4° Terme de guerre. Les gens,
l'armée, la nation contre laquelle on combat. L'en-
nemi est en forces. Marcher à l'ennemi. Battre, re-
pousser l'ennemi , les ennemis. Après vous avoir
ouï condamner la conduite de nos officiers par les
événements et vous avoir vu triompher des vic-
toires de nos ennemis, voit. Lett. 74. X quelque
heure et de quelque côté que viennent les enne-
mis, ils le trouvent toujours sur ses gardes, toujours
prêt à fondre sur eux et à prendre ses avantages,
Boss. Louis de Bourbon. Et qui peut dissiper Tous
les flots d'ennemis prêts à l'envelopper ? rac. Iphig.
V, 3. Annibal fugitif cherchait au peuple romain un
ennemi partout l'univers, montesq. Goiî(, curiosité.
Nos soldats [à Moscou] rencontraient ces vaincus sans
animosité, soit qu'ils crussent la guerrefinie, soit in-
souciance ou pitié et que, hors du combat, le Français
se plaise àn'avoir plus d'ennemis, ségur, Ilist. de
Nap. vin, 8. Il Passer à l'ennemi, déserter et prendre
service chez l'ennemi; et fig. quitter un parti et se
mettre avec ses adversaires. || 5° Terme d'astrologie.
Maison des ennemis, le douzième signe du zodia-
que. Il 6° Il se dit des animaux. Le chat est ennemi
de la souris. || 7° Par extension , celui , celle qui a de
l'aversion, do l'éloignement pour certaines choses.
Ennemi des procès. Ennemi de la contrainte. En-
nemi du bon sens. Les habitants étaient trop enne-
mis du travail, fén. Tél. iv. J'étais trop ennemi des
affaires et trop inappliqué, ID. ib. xiii. Matta n'était
point ennemi de la galanterie, hamilt. Gramm. 4.
il 8° Il so dit des choses qui sont opposées. Cette
herbe est ennemie de la vigne. L'eau et le feu sont
ennemis. L'orgueil est l'ennemi des vertus. La rai-
son et l'amour sont ennemis jurés, corn, la Veuve,
11, 3. La médisance est l'ennemi le plus mortel de
la charité, bourdaloue, il' dim. après la Peut.
Dominic. t. m, p. 2^7. || 9° Adj. Hostile. Des peu-
ples ennemis. L'armée ennemie. [Elle] ne redoutera
point de puissance ennemie, corn. Serlor. ii, t.
[Aucuns] qui ne vous aient été moins ennemis que
lui , ROTROU, Bel. IV, 6. Elle m'a fatigué de ce nom
ennemi, rac. Brit. iv, 5. Mais je ne vois partout
que des yeux ennemis, id. Iphig. ii, 7. || Qui hait.
Et ma bouche et mes yeux du mensonge ennemis,
rac. Baj. H, 5. Il Contraiie. ô rage, à désespoir, 6
vieillesse ennemie! corn. Cid, i, 8. Quelque peu
qu'on lui dise, on craint de lui trop dire, X peine
on se hasarde à jurer qu'on l'admire; Et, pour ap-
privoiser ce respect ennemi, 11 faut qu'en dépit
d'elle elle s'ofi're à demi, id. Tite et Bér.i, ». De
peur que cette voix des destins eonemis Ne fût auui
funeste à la fille qu'au fils, id. Œdipe, u, s. Les
qualités excessives nous sont ennemies et non pas
sensibles; nous ne les sentons pas, nou« les souf-
frons, pascal. Pensées, part, i, art. 4. Qu'il soit
comme le fruit en naissant arraché. Et qu'un souffle
ennemi dans sa fleur a séché, rac. Athal.l, 3. Je
fuis; ainsi le veut la fortune ennemie, id. Uitbr.
m, t. Il Astre ennemi, se dit, par une métaphore
tirée de l'astrologie, d'une influence malfaisante,
d'un destin funeste. Sous quel astre ennemi faut-il
que je sois née? rag. Mithr. i, i. Des astres enne-
mis j'en crains moins le courroux, id. Esther, il, 7
Il Terme de peinture. Des couleurs ennemies, cou-
leurs qui ne s'assortissent pas. || En un autre sens,
couleurs qui, mêlées ensemble sur la palette ou
sur la toile, se détruisent l'une l'autre matérielle-
ment et en peu de temps, jj Pôles ennemis, les pôles
qui se repoussent, en parlant des aimants. || Pro-
verbes. Le mieux est l'ennemi du bien, on gâta
souvent ce qu'on cherche trop à améliorer, jj Plus de
morts, moins d'ennemis. |{ C'est autant de pris sur
l'ennemi, se dit quand on a attrapé quelque chose
à celui qui , nous devant, ne nous paye pas, ou quand
on a retiré quelque chose d'une mauvaise affaire.
Mais bien que la douleur honore. Que servira d'a-
voir gémi? Puisqu'ici nous rions encore, Autant
de pris sur l'ennemi, BÉRANG. Z)ernièrechonî. || Amis
au prêter, ennemis au rendre, c'est-à-dire qu'on se
brouille quand celui qui a prêté de l'argent le rede-
mande. Il II n'y a point de petit ennemi.
— HIST. x* s. Voldrent la veintre 11 Deo iniml
[les ennemis de Dieu], Eulalie. || xi* s. Li reis Mar-
sile est moult mis enemis, Ch. de Roi. x. || xii" s. Car
à vos els [yeux] veez les enemis, Ronc. p. 56. Car
qui ce toit [ravit] dont [il] ne peut faire don. Il en
conquiert [s'en fait] enemis et mêlée, Cotici, vi.
S'or i laissons [en la Terre sainte] nos ennemis mor-
tieus [mortels], X tousjours mais ert [sera] nostre
vie honteuse, quksnes, Romane, p. 95. Il a plus
d'anemis que lièvres en essart [en lande], Sax.
XXIX. Il XIII* s. Li rois de Hongrie, qui anemis esloit
à ceus de l'ost, villeh. lvi. Ne soufrez qu'anemy
[le diable] ait sus moi poesté, Berte, xlv. Envie
est de tel cruauté Qu'ele ne porte leauté X compai-
gnon ne à compaigne; N'oie n'a parent, tant li
tiengne, X cui el ne soit anémie, (o Rose, 2*2.
Il xiv' s. Envoler vous y fault et mander par escrips.
Pour savoir s'il voidra estre nos anemis, Guescl.
9898. Et on dit adès : biaux amis, De plus d'amis
mains [moins] d'anemis, machaut, p. tl6. || xv* s.
Leur avoit esté grand ennemi, froiss. i, i, 134.
Puis Pise et Florence avaient esté trois cens ans
ennemies, avant que Florentins la conquissent,
COMM. viii, 3. Annemy ne dort, leroux de lincï,
Prov. t. Il, p. 239. Il xvi* s. Le Veronois, terre en-
nemie [des Vénitiens], mont, i, t4. Cette practique,
ennemie de leur style ancien, id. i, 23. Je suis en
nemy des actions subtiles et feintes, m. i, 96. En-
nemy juré de.... ID. i, t03. De son ennemy recon-
concilié il se faut garder, LtRoux de lincy, Prov
t. II, p. 287.
— ÉTYM. Berry, hinnemi, innemi, annemin,
provenç. enemic; catal. enemig ; espagn. enemigo ,
portug. inimigo ; ital. nemico; du latin inimicut,
de in, négatif, et amicus, ami.
t ENNILLAGE (an-ni-lla-j', U mouillées, et ar
prononcé comme dans antérieur), s. m. Liaison df
l'arbre ou axe tournant avec la meule dans un
moulin.
— ÉTYM. Origine inconnue. C'est le même mot
que annille.
ENNOBLI, lE (an-no-bli, blie, an prononcé comme
dans antérieur), part, passé. Henda noble, hono-
rable. Le Parnasse français, ennobli par ta veine.
Contre tous ces complots saura se maintenir, boil
tp. VII. L'idée de faiblesse que les hommes attachent
à la vertu tombe dès qu'elle est ennoblie de vos
noms [des grands] , mass. Petit car. Vices et vertus.
Songez en défiant l'Anglais et les tempêtes. Que, »•
vous prodiguez votre sang généreux. Ce n'est poin»
pour tenter un de ces vols heureux Ennoblis du
nom de conquêtes, gilbebt, Ode sur la guerre.
ENNOBLIR ( an-no-blir, an prononcé comm
dans antérieur), v. a. jj l* Donner de la noblesse,
de la dignité. C'est ce glorieux titre.... Que je vien.»
ennoblir par celui de captif, corn. Pomp. iv, 3
Le cœur voudrait toujours ennoblir ce qu'il aime,
DEHLL8, Imagin. n. Les ambitieux pensent que le'
intérêts politiques ennoblissent et justifient tout,
M'"* DE GENLis, Jeanne de France, part, i, 1. 1, p. 30,
dans pouGENS. || Absolument. Cette rage d'en
noblir , ce jargon , ce ton de cour infectant le
théàtrtat 1." littérature sous Louis XIV et depuis,
1406
ENN
gâtèrent d'eiceltetto esprits, P. i COUB. HérodoU,
préface. Il a-3'eDDobllr,r.r<?/7.Gagrier(le la noblesse,
d« U dignité, de l'honneur. El dan» les plus bas
rangs les nom» le» plus abjecU Ont voulu s ennoblir
par de si hauU projeu, coK.f. Cmna, iv, 4. Et e
Irflne et le roi se seraient ennoblis A soutenir la
main qui les a rétablis, id. Pomp. m, ».
— Rim. Dans le xvii* siècle, on ne distinguait
pas ennoblir d'anoblir : Maison où le ventre ennoblit,
MOL. G. Dand. i, ♦; Le roi l'ayant épousée, Il l'a
ennoblie par cette alliance, boss. Serm. Sept; Mais
ici j'ai de plus un grade que j'ai pris Avec fou mon
mari , doyen do ce bailliage; C'est ainsi que je
vins m'ennoblir au village; Bonne noblesse au fond,
DUFiiESNY, ta Coquette de village, i, <; On distin-
gue ordinairement trois degrés de noblesse : l'en-
nobli, qui acquiert la noblesse; le noble, qui naît de
l'ennobli; l'écuyer ou le gentilhomme, qui est au
»• degré, LE PÊHE MÉNESTHiBR. Aujourd'hui uue
distinction s'est établie entre ces deux mots qu'il ne
faut plus confondre : ennoblir c'est donner de la no-
blesse, du lustre; anoblir, c'est donner la noblesse,
rendre noble. On comprend d'ailleurs que ennoblir
et anoblir sont deux orthographes et deux pronon-
ciations différentes du même mot.
— HIST. XVI' s. Nous renonceons aux aultres anl-
maulx les biens naturels, pour nous honorer et
ennoblir des biens acquis, mont, ii, t67. Comment
metlrois-jeUlisses en oubly. Qui de vertu divine est
eunoMy?AMYOT, Com. discerner le flatt. del'ami, 20.
— ETYM. En t , et noble.
ENNUI (an-nul , an prononcé comme dans anté-
rieur), s. m. Il l'Tourmentdel'àme causé par la mort
de personnes aimées, par leur absence, par la perle
d'espérances, par des malheurs quelconques. le
roi même arrivant partage leur ennui cobn. (ï;-
dipe, u, 3. Si malgré ces raisons votre ennui per-
sévère. Mon cher Lélie, au moins faites qu'il se
modère, mol. l'Élour. u, 4. Adieu; je sens mon
cœur qui se gonlle d'ennui, id. ib. C'est de tous les
ennuis l'ennui le plus sensible, th. corn. Ariane,
m , 2. Et ce sera de quoi mieux combler son
ennui, id. ib. iv, 3. Ce n'est qu'avec le temps
qu'un grand ennui se passe, quinault, Uère coq.
u, 6. Un fou rempli d'erreurs, que le trouble
accompagne En vain monte à cheval pour
tromper son ennui; Le chagrin monte en croupe et
galope avec lui, boil. ÉpH. v. Sa mort avancera
la fin de mes ennuis, rac. Àndr. i, 4. Pour comble
d'ennui, Mon cœur, mon lâche cœur s'intéresse
pour lui, 10. ib. v, t. Pour accabler César d'un
éternel ennui, id. Brit. v, 8. Rien ne peut-il char-
mer l'ennui qui vous dévore? id. Bérén. ii, i. Si
d'une mère en pleurs vous plaignez les ennuis, id.
Iphig. IV, 4. Ahl que dis-tu? pourquoi rappeler
mes ennuis? volt. Zaïre, i, t. Mais des ennuis
d'Hamlet que faut-il que je pense? Qui ;,eut de ses
transports aigrir la violence? DUCis, Uamlet, ii, 3.
La vie est-elle toute aux ennuis condamnée? L'Iii-
ver ne glace point tous les mois de l'année, A. ché-
NiER, Elig. 27. Il Contrariété. Cette affaire lui a
donné beaucoup d'ennui. Être accablé d'ennuis.
Il î* Sorte de vide qui se fait sentir à l'âme privée
d'action ou d'intérêt aux choses. Donner, causer,
avoir, éprouver de l'ennui. Un ennui mortel. Charmor
les ennuis de l'absence. Quand on se verrait même
assez â l'abri de toutes parts [des misères], l'ennui,
de son autorité privée, ne laisserait pas de sortir du
cceur où il a des racines naturelles, et de remplir
l'esprit de son venin, pasc. Pensées, t. i, p. 260,
édit. Lahure. Dans l'Orient désert quel devint mon
ennui I rac. Bérén. i, 4. L'ennui est entré dans
le monde par la paresse , la bruy. xi. Pour la déli-
cale&SQ et l'affectation d'ennui, il faut la réprimer
en montrant que le bon goût consiste à s'accom-
moder des choses selon qu'elles sont utiles, f£n.
Éduc. filles, <o. Le plaisir nous fait oublier que
nous existons, l'ennui nous le fait sentir, saint-foix,
Est. Paris, OI'Mvres, t. iv, p. 240, dans pougens.
L'ennui, ce triste tyran de toutes les âmes qui pen-
sent, contre lequel la sagesse peut moins que la
folie, BUKF. Nature des anim. Je ne sais si ma tète
•st jeune, mais mon corps est bien vieux; si je ne
m'amusais pas à faire des testaments, je serais
bientftt mort d'ennui, volt. Lett. d'Argental, t2
mars 47a». U part, vole, arrive, l'ennui Le reçoit
à la grille et se traîne avec lui, delille, Uom. des
champ», I. Rosine : L'ennui me tue. — Figaro :
Je le crois; il n'engraisse que les sots, Beaumar-
chais, Barb. de Sév. i, 2. C'était un rassemble-
ment de commérages, une coUeciion d'ennuis tout
■ la foi» divera et monotones, m"" de stael, Co-
nnu», xiv, t. Vns tlumèiel que Dieu nous gard
ENN
Ht des Kingal» et des Oscars, Et du sublime ennui
d'un barde Qui chante au milieu des brouillards !
LEBRUN, .Stances sur Ossian. Sur un trônel'ennui se
carre. Fier d'être encensé par des sots, bErano.
Prince de Nararre. || Dégoût de tout. Tomber dans
un ennui profond. L'ennui de la vie. || Mélancolie
vague. L'ennui de René (le héros d'un roman de Cha-
teaubriand]. Du romantisme jeune appui. Descends
de tes nuages; Tes torrents, tes orages Ceignent
ton front d'un pâle ennui, bèrano. Troulodour*.
Lorsque le grand Byron allait quitter Ravenne Et
chercher sur les mers quelque plage lointaine Où
finir en héros son immortel ennui, A. de musset,
Poésies nouv. Lett. à Lamartine.
— REM. Dans le style relevé, ennui est un mot
d'une grande force et qui s'applique à toutes sortes
de souffrances de l'âme : les ennuis du trône; des
ennuis cuisants. Dans le langage ordinaire, il perd
beaucoup de sa force et se borne à désigner ce qui
fait paraître le temps long.
— HiST. XII' s. Sumeilla la meie aneme [âme]
pur ennui. Liber ysalm. p. t84. Amors m'a fait ou-
blier L'ennui qui lohg tens m'a mort, Couci, iv. Se
li ennuis de lageiit maiparlieie Ne me feïst douloir,
ib. xxviii. Mais de cheva^e prendre est moult grant
li anois; X tort et à pechii somes clamé François,
Sax. xviii. Li prelaz d'Eurvwie, cil de Londres,
ço qui [je pense], Conseil lui unt dune privéement
andui [tous deux]. Que, veant s' graiit gent, ne li
fesist anui. Th. le mari. 43. ||xiii' s. D'ennui et de
paour sui au cuer moût destroite, Berte , xxix.
Ours ne lion n'est, ne beste sauvage Qui, tel foiz
est, ne fraigne son vouloir De faire mal et ennui et
domage, eustache le peintre, dans Couci. Car
endroit moi ai-je fiance. Que songe soit senefiance
Des biens à gens et des anuis, la Rose, 17. Et par
ce que ce seroit anuis de dire et de spécifier les cas
de crieme, il seront dit el capitre des méfiés, beaum.
XI, 31. Il dient, por fere anoi à cex contre qui il
ont à pledier, qu'il atendent leur conseil, ID. 67.
Il xiv s. Qui ennuy fait ennuy requiert, Et férus
doit eslre qui fiert, leroux de lincy, Prov. t. ii,
p. 390. Nous en dirons aucunes causes et non pas
toutes, pour ce qu'il n'eust enuie de ceulx qui cesle
histoire liroient, Chr. de St-Denis, t. ii , f° 03,
dans lacurne. || xv* s. Quand Messire Jean de Hol-
lande fut informé de cette aventure, si cuida bien
forcener d'annoi, froiss. ii, ii, 230. [Le roi Robert
d'Escosse] assembla son conseil, et leur remons-
tra comment les Anglois, du temps passé, leur
avoient fait plusieurs ennuis, id. ii, ii, (3. Cinq
sous font autant. Quant on est content Et qu'on
jette les ennuis Derrière l'huis. Que d'escus les sacs
tous pleins, bassel. xxxix. i| xvi's. Petit ennuy un
grand ennuy appaise; Bref, sans ennui, trop fade
seroitl'aise, marot, i, 383. Telle ennuy cesseroit, id. i,
382. Qui pourroit raconter l'ennuy que je rcceu.
Quand de sur mon giron tout froid je l'apperceu,
RONS. 78t. Si je m'endors quand mes ennuis me
tiennent, Je suis perdu des songes qui me vien-
nent, amyot. Du vice et de la vertu, 3. Ennuy en
an le jour prolonge, génin. Récréât, t. ii, p. 238.
Ennuy nuit et jour nuit, leroux de lincy, Prov.
t. II, p. 290.
— ÊTYM. Berry, enneu; provenç. enueg, enuet,
enuey, enueit, enuit, enuoi, enoi, enut, et au fé-
minin, enucja, enueia;catal. enufj/espagn. et por-
tug. enojo; ital. noj'o; ano. ital. nojo. Mot important,
mais d'origine douteuse. On le tire ordinairement du
latin noïo ou noxia, tort, préjudice; mais la forme
des mots se prête peu à cette étymologie, puisque
noxa ou noxt'a auraient donné nose ou noise. Fau-
riel propose le basque enoch; mais rien ne garantit
que enoch ne soit pas venu de l'espagnol dans le
basque. Pour ces raisons, Diez, se joignant à Ca-
brera, propose le latin odium : est mihi in odio, cela
m'ennuie; d'où un substantif tnodium, qui permet la
dérivation de toutes les formes romanes, l'italien
nojo ayant perdu l't ou l'e par une aphérèse qui
n'est pas rare dans cette langue. Ce qui donne
beaucoup de force à cette étymologie, c'est que ino-
dio se trouve effectivement dans l'ancien parler vé-
nitien, dont Diez rapporte ces exemples-ci : pJu te
sont a inodio, en italien ptil («sono a nojo, en fran-
çais jiius te sont à anoi; alo inodio, italien a tua
nojo, français al tuen anoi. On remarquera à côté
de la forme masculine, plus usitée, la forme fé-
minine de ce mot en français, en provençal et en
italien.
t ENNCSCRB (aa-nu-zu-r', an prononcé comme
dans antérieur) , s. m. Terme de plombier. Morceau
de plomb qui est sous le bourseau d'un comble.
ENNUITANT, AMTK (aii-uui-iau, iau-l', au pro-
ENN
nonce comme dans antérieur), adj. Oui ennuie, im-
portune , contrarie dans le moment. Cela e*t for)
ennuyant. Quel temps ennuyant I 11 n'y a pai
d'homme qui ait a.ssez d'e.sprit pour n'être jamais
ennuyant. On ne laissa pas de la trouver fort laide
et fort ennuyante, uauilt. Gramm. t.
— SYN. ennuyant, ennuyeux. L'homme en-
nuyant est celui qui ennuie par occasion ; cela est
accidentel; l'homme ennuyeux est celui qui ennuis
toujours; cela est inhérent. Un homme ennuyant
peut n'être aucunement ennuyeux. Mais le fait est
que dans l'usage ces deux mots se confondent ; seu-
lement, ennuyeux est plus usité qu'ennuyant.
ENNUYÉ, ÉE (an-nui-ié, iée , an prononcé
comme dans antérieur), part. pané. || 1" Contrarié,
fatigué. Ennuyé de supplices. Ayant puni les chefs
il pardonne aux complices, corn. Cinna, m, t.
Ennuyé de ce que je suis, je voudrais toujours
être ce que je no suis pas, bourdalo[]e, Sur In
récomp. des saints, 1" oient, p. 26. Ennuyés de
vivre dans un pays si inculte, et poussés par leur
férocité naturelle, ils descendirent jusqu'aux envi-
rons de la Vistule, pléchier, Uist. de Théodose,
I, 47. Il 2° Qui éprouve l'ennui, le vide de l'âme.
Les oisifs sont toujours ennuyés d'eux-mêmes. J'é-
pargne aux yeux d'autrui l'objet fastidieux D'homme
ennuyé partout et partout ennuyeux , gresset ,
Sidnei , li , 2. Si l'homme ennuyeux déplaît tant,
L'homme ennuyé prétendrait-il à piairet DELii.i.t,
Convers. i. L'homme ennuyé n'est jamais qu'en-
nuyeux, id. li). Il Substantivement. Un ennuyé. L.;s
ennuyés.
ENNPYER (an-nui-ié, an prononcé comme dans
antérieur), j'ennuie, tu ennuies, il ennuie, nous
ennuyons , vous ennuyez , ils ennuient ; j'en-
nuyais, nous ennuyions, vous ennuyiez; j'ennuyai ;
j'ennuierai; j'ennuierais; ennuie, ennuyons; que
j'ennuie, que nous ennuyions, que vous ennuyiez;
que j'ennuyasse; ennuyant ; ennuyé, c. n. || 1" Im-
personnellement, il ennuie à, c'est-à-dire de l'ennui
est éprouvé (l'emploi neutre et impersonnel est le
premier, à cause de l'étymologie de ennui , in odio,
en haine). 11 ennuie à qui attend. Est-il possible
qu'il vous ennuie si fort en Asie, qui est le théâtre
de vos exploits? vaugel. Q. C. B59. Il t'ennuie avec
moi , CORN. Mélite, m, 6. Lorsquej'étais aux champs,
n'a-t-il point fait de pluie? — Non. — Vous en-
nuyait-il? — Jamais je ne m'ennuie, mol. Éc. des f.
II, fl. Il vous ennuyait d'être maître chez vous, id. 0.
Dand. i, 3. 11 m'ennuie de ne plus vous avoir, sév.
19. Um'ennuyaitde leur absence, id. 6I7. Depuis
deux jours que je suis de retour, il m'ennuie déjà
de ne point vous voir, J. J. Bouss. Corresp. du Pcy-
rou, t. m, p. 5», dans pougens. Marquez-moi si je
puis compter sur votre libraire , il m'ennuierait
fort d'en chercher un autre, p. l. cour. Leil. i, 68.
Il 2° V. a. Causer de l'ennui. Nous pardonnons sou-
vent à ceux qui nous ennuient; mais nous ne pou-
vons pardonner à ceux que nous ennuyons, la-
ROCiiEFoucAULD , ifoz. 304. Le sage quelquefois
évite le monde de peur d'être ennuyé, la bruy. v.
On lit peu ces auteurs faits pour nous ennuyer.
Qui toujours sur un ton semblent psalmodier, boil.
Art p. I. Il Absolument. Un homme habile sent
s'il convient ou s'il ennuie, la bruy. v. i quelque
prix que ce puisse être. Sauve-moi l'affront d'en-
nuyer, lamotte. Odes, t. t, p. 15B, dans pougens.
Mais malheur à l'auteur qui veut toujours instruire;
Le secret d'ennuyer est celui de tout dire, volt.
Discours VI. || 3» S'ennuyer, t'. réfl. Éprouver de
l'ennui. S'ennuyer de tout. Enfin ce galant homme
s'ennuya de les ennuyer : il les délivra de sa fà-
cheus'e visite,' scarr. Rom. com. i, 13. Nous nous
vantons souvent de ne nous point ennuyer; nous
sommes si glorieux que nous ne voulons pas nous
trouver de mauvaise compagnie, la Rochefoucauld,
jlfoi. Ui . Qu'on leur die Qu'ils se font trop attendra
et qu'Attila s'ennuie, cohn. Attila, i, *. Et vous
qui vous plaisez aux folles passions. Profanes ama-
teurs de spectacles frivoles, Dont l'oreille s'ennuie
au son de mes paroles, rac. Esther, Prologue. Il
[Stilicon] s'ennuya de n'être que le tuteur, le beau-
père, le favori et le maîlre même de l'empereur, tl
entreprit de mettre l'empire dans sa maison, fit-
CHiER, Uist. de Théod. iv, 7B. Parce qu'Alexandre
s'ennuie, U va mettra le monde aux fers, lamotte,
Fabl.l, 1». Il S'ennuyer à, avec l'infinitif. S'ennuyer
à attendre. Il Faire ennuyer, avec suppression du
pronom personnel, faire qu'on s'ennuie. Et ceux
qui l'ont tiré de l'exercice de sa charge pour le
promener à Parin ne prétendent autre chose que do
le faire ennuyer, balz. vm, Lett. 47.
— UIST. XI' s. Nos cheval soul tt las et ennui».
ENN
Ch. de Jtol. CLXivi. || xu* s. Les Frans de France
trouverez enuiez De coups ferir.... Ronc. p. «9. Ba-
ron, dit l'anfes [l'enfant], ne vous doit anuier....
16. p. <«7. Moût annuia Tierri quant se sentit navré,
ib. p. 196. Tant [je] ne porroie servir [ma dame]
Qu'il me peûst ennuyer, Couci, xii. Gilemer, dit li
dus, moût nous doit anuier Que tant nous veutcist
roispener et travaillier, Sax. xvi. || xin* s. Seignor,
or escoulez, pour Dieu [que cela] ne vous ennuit,
Berle, xxxvi. Moût forment luy ennuyé de sa fille
Berlain, De qui la gent se plaignent de toutes pars
à plain, t'î). Lxxm. Ci se volt taire Faus-ssmblanl ;
Mais amors ne fait pas semblant Qu'il soit ennoiés
del'oïr, la Rose, 4t4i7. || xv* s. Tous maulx suis
content de porter. Fors ung seul qui trop fort
m'ennuye. C'est qu'il me faut loing demeurer De
celle que tiens pouramye, ch. d'ohl. BaJJ. 40. Par
l;i raison que vous avez ouye cy dessus, et aussi
:e les choses longues luy ennuyoient, COMM. ni,3.
•ste armée d'Angleterre mist bien ung an à estre
preste; il ennuya à monseigneur de Bourgogne, id.
IV, (. Il XVI' s. Veu que tous ceux qui le plus fort
s'appuyent Sur leurs plaisirs, de leurs plaisirs s'en-
nuyent, marot, i, 383. Vous pouvés penser combien
la longueur de son mal luy ennuyé , maro. Lett. < 43.
Il luy ennuyoit de veoir les choses en paix et repos,
AMYOT, les Gracq. 44.
— ÉTYM. Ennui; Berry, ennier, ennueyer; prov.
enoiar, enujar ,enuiar , enueiar,enueiar; a.nc. catal.
enojar, enmtjar; catal. mod. enujar f espagn. et
portug. enojar ; ital. annoiare.
Efï'rCYEUSEMENT (an-nui-ieû-ze-man , an pro-
nonce comme dans antérieur), adv. D'une manière
ennuyeuse. 11 a pris l'occasion que souhaitait Voi-
ture pour écrire moins ennuyeusement à M. le
prince, et s'en est aussi bien servi que Voiture au-
rait fait, EÉv. 208. Accessible, accueillant, hon-
nête, M. le Tellier savait employer son temps et
quelquefois même le perdre, pour compatira des
misérables à qui il ne reste de consolation que de
redire ennuyeusement leur misère, flécii. le Tel-
lier. Ils parlent ennuyeusement, la bruy. v. La
journée [du mariage du duc de Bourgogne] se passa
assez ennuyeusement, st-simon, bi, )07. Il y a
aussi, parmi les masques, des hommes qui se pro-
mènent le plus ennuyeusement du monde dans le
costume le plus ridicule, m"" de staEl, Corinne, ix,J.
— HlST. xii" s. Uns petiz biens vaut mieuz, si Diex
me voie, Qu'on fait courtoisement, Que cent grei-
gnor [plus grands] fait ennieusement, Couci, dans
LACUBNE. Il xiir s. Comment eslroitement En [de
lacorde] fu Berte liée et ennuyeusement, Berte, xcv.
— ÉTYM. Ennuyeuse, et le suffixe ment.
ENNUYEUX, EUSE (an-nui-ieù, ieû-z', an pro-
noncé comme dans antérieur), adj. || 1° Qui cause
de l'ennui, d'une manière constante. Cet homme
est bien ennuyeux. Un ennuyeux personnage. Le
plus souvent ici l'on parle sans rien dire; Et les
plus ennuyeux savent s'y mieux conduire, volt.
Indiscr. 4. Qui , pour vivre à Paris avec l'air d'être
heureux. Au fond n'y sont pas moins ennuyés
qu'ennuyeux, gresset, Méchant, 11, 3. || Familière-
ment. Ennuyeux comme la pluie, très-ennuyeux.
Il Substantivement. C'est un ennuyeux, un grand
ennuyeux. Si vous saviez comme je m'amuse en
vous ennuyant : c'est comme tous les autres en-
nuyeux du monde, diderot. Salon de )765, (Euvr.
t. XIII, p. (88, dans pougens. || 2° Qui ennuie, en
parlant des choses. Brisons là; ce discours devien-
drait ennuyeux, corn. Oihun , iv , 4. Et que si
l'on ne va jusqu'à trancher le cours De son règne
ennuyeux et do ses tristes jours, m. Nicom. 11, t.
Et ne lui laissant rien qu'une ennuyeuse vie,ROTR.
Bélis. I, 2. Un si long entretien vous serait en-
nuyeux, RAC. Alex. I, 3.
— HIST. xiir s. Plus anuieuses noveles ne leur
peust l'eu conter, villeh. cxlvi. Et dedans cel jor
leur avint une mésaventure qui moult fu grans et
annieuse , id. lviii. Gésir est ennuieuse chose.
Quant l'en ne dort ne ne repose, la Rose, 2507. Et
il me courouce et fet l'anieus por parler d'une soie
Jsienne] besogne , beaum. v , 1 9. || xiv s. Et telz gens
sont tristes et enieus à eulx meismes et à leurs
amis, OHESME,J?(/i. 429. Il XV» s. Elle qui auparavant
estoit la plus joyeuse, attendant ce que tant avoit
désiré, devint triste et ennuyeuse [chagrine],
U)uis XI, JVowti. Lxxxi. Il xvi- s. 0 quantes fois de-
puis votre ennuyeux départ, Solitaire et pensif ay-
je seul à l'escart Erré par les rochers! ronsard, 799.
— Etym. Ennui, et la terminaison eux qui signi-
fie réplétion, plénitude; provenç. enojos, enoios,
enujos, enuios, enueyos; catal. enujos; espagn. et
portug. enojoso; ital. at^-^-ioso.
fîNO
t ÊNODE (é-no-d') , adj. Terme de botanique. Qui
est dépourvu de noeuds.
— ÉTYM. Lat. enodis, de e, sans, et nodus, nœud,
f ENOISELER (an-noi-ze-lé) , V. a. Terme de fau-
connerie. Instruire l'oiseau, l'accoutumer au gibier.
— HIST. XIII' s. On a moult tart enoiselé [in-
struit] Un niais plein de folour, Poésies mss. Vati-
can, n° (522, f" t05, dans LACURNE. Il XVI' s. Cetle
armée, mal enoizelée de ses premiers coups, trouva
du rafraîchissement à Chasteau-Vilain, d'aub. Hist.
III, 62.
— ÉTYM. En t , et oisel, oiseau.
ÉNONCC, ÉE (é-non-sé, sée), part, passé.
Il 1° Rendu en termes nets. Les faits énoncés dans
ma lettre. || 2° S. m. Ce qu'on énonce. L'énoncé
d'un théorème, d'un problème. Simple énoncé des
faits. La loi est précise dans son énoncé. Il voulait
qu'on mît après l'énoncé des propositions que
Boss. Leit. quiét. 463. Le pape Eugène sur cet
énoncé ordonna la dissolution du concile, volt.
Mœtirs, 86. Montesquieu, ayant à présenter quel-
quefois des vérités importantes dont l'énoncé aby
solu et direct aurait pu blesser sans fruit, a eu la
prudence louable de les envelopper, et par cet inno-
cent artifice les a voilées à ceux à qui elles seraient
nuisibles, sans qu'elles fussent perdues pour les sa-
ges, d'alemh. Éloges, Montesquieu. La question se
réduit à déterminer l'orbite que la lune décrit en
vertu de l'action que la terre et le soleil exercent sur
elle; et cette question, déjà trop réduite dans cet
énoncé, renferme encore assez de difficultés, pour
qu'on ne soit pas tenté d'en ajouter de nouvelles,
ID. Disc, pr^i'm. syst. monde, CEuvr.t. xiv, p. 93,
dans POUGENS. || Un simple énoncé, une chose avan-
cée sans développement ou explication. || Un faux
énoncé, une chose avancée contre la vérité.
ÉNONCER (é-non-cé. Le c prend une cédille de-
vant a ou 0: j'énonçai, énonçons), v. a. || 1° Rendre
en termes nets. Savoir énoncer ce que l'on pense.
L'acte contient huit articles, où tous ses menson-
ges sont énoncés, maucroix. Schisme, liv. m, dans
RiCHELET. Il faut observer qu'il y a bien de la diffé-
rence entre concevoir un sens total et énoncer en-
suite, par la parole, ce que l'on a conçu, nu mar-
sais, (JEuvres, t. v, p. 4. [(Terme de procédure.
Énoncer un faux, articuler quelque chose contre la
vérité. Il 2° S'énoncer, v. réjl. Être énoncé. Ce que
l'on conçoit bien s'énonce clairement, boil. Art p.
I. Il Exposer sa pensée, parler. Il s'énonce avec fa-
cilité. Apprenez, sotte, à vous énoncer moins vulgai-
rement, MOL. Préc. rid. 7.
— SYN. ÉNONCER, EXPRIMER. Éuoncer saponséo,
c'est la produire en termes précis et qui la font con-
naître nettement. Exprimer sa pensée, c'est y don-
ner une forme quelconque.
— ÉTYM. Lat. enunciare, de e, et nunciare, an-
noncer (voy. nonce).
ÉNONOATIF, IVE (é-non-si-a-tif, ti-v'), adj.
Qui énonce. Terme énonciatif. Mots énonciatifs,
nom donné par Beauzée aux mots qui énoncent
une idée précise, par opposition aux mots afl'ectifs,
c'est-à-dire aux interjections qui n'expriment qu'une
affection de l'âme. Proposition énonciative, celle
qui est proprement l'énoncé d'un jugement. Con-
struction énonciative, mot proposé par Dumarsais
pour ce qu'on appelle plus souvent construction ana-
lytique, celle qui met les idées et les mots dans
l'ordre le plus conforme à la raison.
— ÉTYM. Lat. en«n()a(tt)MS, d'entindarc, énoncer.
lÎNONCIATION (é-iion-si-a-sion), s. f. jj 1° Action
d'énoncer par la parole ou dans un écrit; les ter-
mes mêmes qui énoncent. Enonciation de telle ou
telle clause. Une enonciation ambiguë. Une simple
enonciation dans les choses anciennes est un titre,
PATRU, Plaid. 2, dans riciielet. On y voit seule-
ment [dans les statuts de l'Académie française] que
les académiciens doivent être assemblés au nombre
de vingt pour l'élection et la déposition d'un acadé-
micien; cela n'est qu'une simple enonciation qui ne
leur donne aucun droit de juridiction, furetiére,
Factums , t. i, p. 201. La pensée, tant qu'elle
n'est que dans notre esprit, sans aucun égard à
l'énonciation, n'a besoin ni de bouche, ni de lan-
gue, ni du son des syllabes, du marsais. Œuvres,
t. v, p. B. On n'aurait à placer dans les titres nou-
veaux que les noms et renonciation de la somme
nette des intérêts annuels, montesqdiou. Rapport,
27 août <790, p. 18. Il 2° Synonyme de proposition.
Une enonciation, affirmative ou négative, parfaite,
est un axiome, Diderot, Opin. des anc. philos,
{stoïcisme). Dès que l'ensemble des mots énonce un
sens, il fait une proposition ou une enonciation, du
marsais, Œuv. t. IV, p. 332. L'énonciation est une
ÊNO
4407
proposition qui affirme ou rie quelque chose, bar-
thél. Anach. ch. 57. || 3° La manière de s'énoncer.
Toute sa personne [de Barbezieux] , ses manières et
son enonciation aisée avaient la force de l'éloquence.
ST-SIM. 85, t03.
— HIST. XVI' s. Toute presupposition humaine
et toute enunciation a autant d'auclûrité que l'aultre,
si la raison n'en faict la différence, mont. 11, 286
—ÉTYM. Lat. enund'ad'onem , d'enMnti'arc , énoncer
t ÉNOPER (é-no-pé), v. a. Terme de manufac
ture. Synonyme d'énouer.
t ÉNOPTKOMANCIE (é-no-ptro-man-sie), s. f
Prétendue divination au moyeu d'un miroir.
— ÉTYM. 'Evoitxpov, miroir, de Èv, en, et îtito-
|iai, voir, et mnncie.
tËNORCHITE (é-nor-ki-f) , s. f. Pierre figurée,
de forme ronde, et renfermant une autre pierre
ronde, à laquelle on trouve de la ressemblance avec
les testicules.
; — ÉTYM. 'Ev, en, et Spxu, testicule.
/ ENORGUEILLI (an-nor-gheu-lli, Ilie, U mouil-
lé*»-, an prononcé comme dans antérieur), part,
passé. Rendu orgueilleux. Enorgueilli de sa for-
tune. Trop enorgueillis du faste de leurs rois, volt.
Orphel. II, 7.
ENORGUEILLIR (an-nor-gheu-llir, Il mouillées,
et non an-nor-gheu-yir, an prononcé comme dans
antérieur; quelques-uns prononcent é-nor-gheu-
Uir; mais cette prononciation est contraire au bon
usage), V. a. || 1° Rendre orgueilleux. Les succès
l'enorgueillissent. Immolez, dis-je,sire, au bien de
tout l'Éiat Tout ce qu'enorgueillit un .si grand at-
tentat, corn. Cid, II, 9. Il Kig. Ni ces cristaux dont
l'Inde enorgueillit ses bords, lebrun, Élég. 1, 5.
Il 2° S'enorgueillir, v. réfl. Devenir orgueilleux. La
Grèce a produit de mon temps plusieurs grands
hommes dont elle peut s'honorer, trois surtout dont
elle doit s'enorgueillir, Épaminondas, Timoléon et
Phocion, bartiiél. Anach. ch. 82.
— HIST. XIII' s. Li emperere .... s'enorgueill;
moût envers les barons et envers ceus qui tant
bien li avoient fait et servi, villeh. xcii. Et ce ont
li preudomeestabli pour les garçons qui s'enorguel-
lissent, ains qu'il aient fait la moitié de leur terme
ou le quart, Liv. des met. 238. || xve s. Or se gar-
dent [les Gantois] de eux enorgueillir et leurs capi-
taines aussi; mais non feront, froiss. ii,ii, <68.
(I XVI' s. Afin que les honneurs ne nous enorgueil-
lissent, CALV. Inst. 552. Afin qu'ils ne s'enorgueil-
lissent point en vaine gloire, id. 16. 558. Tout ainsi
que l'ennemy se rend [ilus aigre à notre fuite, aussi
la douleur s'enorgueillit à nous veoir trembler soubs
elle, MONT. I, 305.
— ÉTYM. En t , et orgueil; provenç. enorgolhosir.
ÉNORME (é-nor-m') , adj. \\ 1° Qui .sort des règles,
des bornes; qui est choquant ou révoltant par son ex-
cès. Une faute énorme. Celte énorme action, faite
presque à nos yeux. Outrage la nature, et blesse jus-
qu'aux dieux, CORN. Hor. v, 3. Ce crime quoique
grand, énorme, inexcusable, m. 16. v, 3.Deschoçe3
qui selon Dieu sont d'une malice énorme, bourdal.
Arent, Scandale, »9. Recourirà leurs dieux pour leur
demander.... ce qu'ils n'auraient pu demander ouver-
tementilans les temples.... sansrougir.... celasemble
énorme et insensé, id. Carême, 1, Prière. Et, dans
l'amas confus de chicanes énormes. Ce qui fut blanc
au fond rendu noir par les formes, boil. Sot. i. Il était
riche; il était vêtu magnifiquement; il faisait bonne
chère : que trouvez-vous là de si énorme et de si
criant? mass. Car. Riche. Qu'il [le duc de Bourgo-
gne] se souvint qu'il n'était venu à l'armée qu'à
condition de lui obéir [à Vendôme]; ces paroles
énormes firent frémir d'indignation tout ce qui
l'entendit, ST-siM. 203, SI2. Etrange vertu qui se
forme Souvent de l'assemblage énorme Des vices
les plus détestés, i. a. rouss. Odes, 11, 6.||2° P»r
extension de la signification morale à la significa-
tion physique, extraordinaire par sa grosseur ou
par sa grandeur. Un énorme bloc de granit. Un co.
losse d'une grandeur énorme. Cette fortune énorme.
Cependant un sanglier, monstre énorme et superbe,
Tente encor notre archer, friand de tels morceaux,
LA FONT. Fabl. VIII, 27. Le savoir-faire et l'ha,
bileté ne mènent pas jusqu'aux énormes riches-
ses, LA BRUV. VI. Il Par extension et familièrement.
Le bal était superbe, un monde énorme, les plu;
jolies personnes de Paris, M'"' de GENUS, Adèle et
Théod. t. III, letl. 60, p. 4(7, dans pougens. || Il
se dit aussi de la durée. M. Patru, qui était une des
lumières de l'Académie, s'en bannit volontairement
longtemps avant sa mort, parce qu'il fut scandalisé
de la longueur énorme du temps que l'on fut à dis-
puter si la lettre A devait être qualifié» simplement
i
1408
ÉNO
»0Yell«. ou fi c'élail un «ubiUnlif masculin, fure-
tini, Faclutm, t. 1, p. "«. Il On trouve énorme
■Tce (J« d««ré» de comparaison. Il faut que la
|u*liea do Djou »oit énorme comme sa miséri-
corde; or la Justice envers les reprouvés est moins
énorme, p*sc. dan» cot'SiN. D^s que l'homme s'est
liTfA aui passions les plus honteuses, et qu'il les
a poussée» jusqu'aux eicts les plus énormes,
UASS. Parapltr. Pi. xiil, v. t. \\ Cet emploi a été
condamné: mais l'usapre l'autorise; et, vu son éty-
mo!o(?io el sa significalion, énorme ne peut être as-
similé à immense. || Terme de droit. Lésion énorme,
lésion qui outrepasse toute mesure.
— RF.H. Quand énorme signifie excessif en gran-
deur ou en grosseur, il se met avant ou aprJs sôVi
sulwlanlif; mais quand il signifie irrégulier, cho-
quant, révoltant, il ne se met guère qu'après.
— IIIST. xiv* s. Deux énormes forfaiz , ber-
ciiEUBF, r- 84, verso. Des plus énormes et villains
cas. Ordonn. des rois, t. vu, p. 5*4. Il xvi* s. Ces
énormes pourtçpicts que les enfants vont semant
aux passages et escaliers, mont, m, 333. Kt de là
il n'y eut prescheur, commediant , nouvellant qui
ne se fist ouïr sur l'énorme [abominable] vie du
roi [Henri III], d'aub. Ilisl. m, n*. Les aposte-
mes énormes, c'est à dire excessives en grandeur,
sont souventes fois mortelles, paré, v. 4.
— ÉTYM. Trovenç. espagn. et ital. énorme; du latin
cinrmis, àee, hors, etnortna, règle (voy. normal).
ÉNOBMIÎMENT (é-nor-mè-man), adt'. D'une ma-
nière énorme. Il est énormément grand. 11 prétend
avoir été lésé énormément.
— lIlST. XV' s. Icellui suppliant voyant le dit Es-
tienne énormément battu et gourfolé.... du cange,
affiHare. || xvi' s. Et par quatre jours ne cesse de
tempester énormément, rab. Pant. v, 6. Lesquels,
6 l'ouïr crier, pensoient qu'il fut énormément
blessé, DESPER. Contes, xiii.
— ÉTYM. Énorme, et le suffixe ment. C'est par
"jn abus, que l'usage a consacré, que l'on dit énor-
mément, et non énormément (prononciation que du
reste on entend quelquefois).
ÉNORMITÉ (é-nor-mi-lé), s. f. || 1° Qualité de
ce qui sort des règles, des bornes, de ce qui ré-
volte par l'excès. J'en [de mes crimes] connais mieux
que vous toute l'énormité, corn. Seftor. v , ♦. Il n'y
a point de supplice assez grand pour l'énormité rie
ce crime; et s'il demeure impuni, les choses les
pljs sacrées ne sont plus en sûreté, moi.. l'Av. v, t.
Elle représenta l'énormité du cas [le coup qui avait
privé de la vue l'Amour] ; Son fils sans un bâton ne
pourrait faire un pas, la font. Fabl. xil, t4. Saisis
de l'énormité d'une apostasie qui allait rendre inu-
tiles tous les travaux de votre pénitence, mass. Car.
Rechute. S'il [le ministre saint] trouve dans vos
passions la même énormilé, s'il vous conseille les
nêmes remèdes, ID. Dang. des prosp. Quand le
sctndale des péchés n'y ajouterait pas un nouveau
degré d'énormité, m. Pet. car. Vices et vertus. Je
l'ai vu, je lui ai reproclié l'énormité de sa con-
duite, DiDER. Lett. à Grimm. jj Absolument. Ac-
tion atroce , indigne , honteuse. Commettre une
énormité. Et lorsque je m'oppose à tant d'énormi-
tés. César parle des droits et des formalités, volt.
Calil. IV, 4. Il Et aussi paroles absurdes ou révol-
••%ntes. Il dit à chaque instant des énormités. || Fa-
milièrement et ironiquement, il se dit d'une énon-
cialion un peu risquée ou trop franche , dans la
conversation. Je vais dire une énormité. \\i' Excès de
grandeur, de grosseur. L'énormité de sa taille. L'é-
normité d'une masse. || Fig. L'énormité des dettes,
des engagements. Ses vœux tardifs [pour la paix]
n'étant pas exaucés, il envisnge l'énormité de ses
forces, il revient sur les souvenirs de Tilsitt et d'Er-
furt, il accueille des renseignements inexacts sur le
caractère de son rival, sÉoun, Bisi. de Napol. ii, 6.
— HIST. xiv* s. Pour énormité de grandeur ou
quantité de corps démesurée, oresme. Thèse de
meunier. Choses grèves et cruelles que la énormité
de cestuy fait ne laissa pas reciter, berciieure, ('
ï7, recto.
— ÊTVM. Lat. enormitas, d'enormis, énorme.
t ÉNOSTOSE (é-no-stô-z'), ». f. Terme de méde-
cine. Tumeur osseuse développée dans le canal mé-
dullaire d'un os. Opposé à exostose.
— ÊTYM. 'Ev, en, et iatiot, os.
RNOUÉ, ÉE (é-nou-é. ée), porj. passé.
ENOL'KR (é-nou-é), ». a. Terme de manufacture.
Epluclior le drap, en ôter avecde petites pinoi;tles de
wr les nœuds de 01, pailles et ordures qui peuvent
»T rencontrer. Ênouer en gras, éplucher le drap
«ranl qu'il soit dégraissé ; énouer en maigre, l'é
pluchor après qu'il est dégraissé. Il Terme de vitrier.
RNQ
Séparer les noBud.i de soudure du vieux plomb avant
de le faire fondre.
— F,TY»l. É pour es.... préfixe, et nœud.
t ÉNOUECR, ECSE (é-nou-eur, eû-z), s. m. et
f. Ouvrier, ouvrière qui énoue le drap.
t ENQUABRUPÉDER (an-koua-dru-pé-dé), v. a.
Terme burlesque. Métamorphoser en quadrupède.
Tel homme bien fait par nature, Prenait une hor-
rible figure. Se sentant enquadrupéder, scarron,
Virg. truresli, chap. vu.
— ÉTYM. J?n t , et quadrupède.
i ENQUART (an-kai), s. m. Voy. encart.
ENQL'fiRANT, ANTE (an-ké-ran , ran-t'), adj.
Peu usité. Qui s'enquiert avec trop de curiosité.
Vous êtes bien enquérant.
HIST. XIII' s. Li plus enquérant home en Nor-
mandie, Proverbe à la suite de Poésies mss. t. iv,
p. 4652, dans LACURNE.
ENQUÉRIR (S') (an-ké-rir), je m'enquiers, tu
fenquiers, ils'enquiert, nous nous enquérons, vous
vous enquérez, ils s'enquièrent; je m'enquérais; je
m'enquis ; je m'enquerrai ; je m'enquerrais ; enquiers-
toi, qu'il s'enquière; enquérons-nous;que je m'en-
qiiière, que nous nous enquérions, que vous vous
enquériez, qu'ils s'enquièrent; que je m'enquisse;
enquérant; enquis, v. réfl. \\ 1° Faire des recherches
sur. Enquérez-vous de cela. Allons nous enquérir du
cours de son destin, Tristan, Mariane,y, 4. Or-
cambe mille fois s'en est enquis sous main, maih.
Soliman, l, 1. J'aurais besoin d'un homme qui s'en-
qiiît soigneusement de ses mœurs et m'en rendît un
compte fidèle, lesage, Gi7B/a«, iv, 2. || Terme de
blason. Armes à enquérir, voy. enquerre. || 2° Cher-
cher à connaître, étudier. S'enquérir des principes
dos choses. Il [Tarquin] s'enquit, par la science
(|u'il avait dans les augures, si elles voudraient cé-
der leur place à Jupiter, montesq. Hom. xv. Afin de
passer aux mystères chrétiens, commençons par
nous enquérir delà nature des choses mystérieuses,
CHATEAUHR. Gén.i, 1, 4. Il Proverbe. Trop enquérir
n'est pas bon, c'est-à-dire on s'enquiert quelque-
fois de choses qu'on est fâché d'apprendre.
— SYN. s'enquérir, s'informer. S'enquérir, c'est
faire une enquête; s'informer, c'est prendre une in-
formation. De la sorte enquérir est de mise toutes les
fois qu'il s'agit de quelque chose de plus qu'une sim-
ple information. Un père qui va marier sa fille s'en-
quiert des mœurs de son futur gendre; il ne se con-
tente pas de s'en informer.
— HIST. XI' s. Enquis [il] a mont la lei de salveté
[de salut, le christianisme], Ch. de Roi. ix. ||xii' s.
Dune cumandad li reis Jorams que unsmuntasten
un curreet encuntrelui alast, e, situst fust bien, en-
queist et demandas!, JJoii, p. 370. ||xiii' s. Et li en-
envoia ses messages por enquerre se il li aideroit et
il feroit son commandement, villeh. cxv. [Que] soit
mais de moi à [par] lui nule nouveleenquise, Bertc,
XXXI. Et [que] cil quatre enquiercent toutes les vé-
rités, et, quant il les aront encuises, si en doinscnt
à chascun son droit, H. de valenc. xvii. Ce puet
l'en bien des clers enquerre Qui Boece de confort
[Boece sur la Consolation] lisent. Et les sentences
qui là gisent, la Rose, 6052. Ains se doit-on bien
garder D'enquerre par jalousie Ce qu'on n'i vodroit
trover, auboins DE sezanne, Romancero, p. 426.
Il xiv s. Il est bon d'enquérir quelle chose est le
souverain bien ou la fin de toutes œuvres humaines,
ORESME, Elh. un. Il XV* s. Nul homme nepresta
jamais tant l'oreille aux gens, ne ne s'enquist de
tant de choses comme il [Louis XI] faisoit, comm.
1, to. Il xvi* s. Cela est enquérir sur les secrets dont
la pleine révélation est différée au dernier jour,
CALV. Jnst. 704. Cyrus s'estant enquis que c'estoit à
dire, MONT, i, 650. Je m'enquis à luy combien de
fois il.... in. I, 185. Pourtant la fault-il estudier et
enquérir [la douleur], lo. i, 304. Socrates ramenoit
tousjours l'enquerant à rendre compte des condi-
tions de sa vie présente et passée, id. ii, 239. J'en
suis fort peu enquis [de conseils], mais j'en suis
encores moins creu, id. m, 270. Tu enquiers et es-
coutes avant que de condamner, amyot, Rnm. 9.
Les devins enquis sur la signification do ce présage
respondirent, id. Timol. 4 1.
— ETYM. Provenç. enquêter, enquérir, enquerre;
espagn. inquirir ; ital. inquerire, incliierere, in-
chiedere; du latin inquirere, de in, en, et quas-
rere (voy. quérir).
ENQUERRE (an-kê-r'). || !• V. a. Terme de bla-
son. Armes à enquerre ou à enquérir, armes qui,
étant contre les règles ordinaires, font qu'en les
voyant on se demande la raison de cette manière
extraordinaire. || 2' S. m. Ancien terme de pra-
tique. Recherche de l'origine. Faire l'enquerre.
ENQ
— ÉTYM. Enquerre est l'ancien infinitif que noue
disons enquérir (voy. l'historique d'EHQuBBiB); ar-
mes à enquerre, sont des armes dont il faut s'en-
quérir.
t ENQUERRR, ée (an-kê-ré, rée), adj. Terme
de blason. Armes enquerrèes, celles qui ont quelque
singularité dont il faut demander l'explication.
— ETYM. Enquerre l.
ENQUETE (an-kê-f) , ». f. || !• Terme de proté-
dure. Audition de témoins en justice, pourvériRrr
l'existence ou la non-existence de faits articulés d in»
un procès. Enquête verbale. Enquête par écrit. L< s
parties étant contraires en faits, on ordonna une en
quête. Il Enquête contraire ou contr'enquête, cel!»
qui se fait dans l'intérêt du défendeur. Enquête di-
recte, celle qui se fait dans l'intérêt du demandem.
Il Enquête par commune renommée, enquête dan;
laquelle des témoins sont appelés à déposer de ci
q'i'ils ont vu eux-mêmes ou appris par le bruit pu-
blic. Il Ancien terme de droit. Convertir les inforuia-
tions en enquête, rendre civil un procès crimiiK-l.
Il Chambre des enquêtes, ou, simplement, les .;ri-
quêtes, chambre du parlement où l'on pigeait jiarécr.t
les procès appointés en première instu.ce. {| Aulnes
termes de l'ancien droit. Enquête d'examen à futur ,
information judiciaire sur des faits pouvant devenir
litigieux, lorsqu'on appréhendait que la iiteuve n'en
vînt à périr avant que le procès filt entamé. Enquûie
par tourbes, information judiciaire sur des points
douteux des coutumes et sur des usages qui n'étaitn!
pas rédigés par écrit. Originairement l'enquête par
tourbes s'adressait à tous les notables du pays; pins
tard on n'interrogea plus que les praticiens. Ab: fi-
geons toutes enquêtes d'examen à futur, et ce!!' s
par tourbes touchant l'interprétation d'une coutu e
ou usage; et défendons à tous juges de les ordonner
ni d'y avoir égard, à peine de nullité, Ordonnanre
de 4607, titre xni, art. unique. ||2* Il se dit ausM,
en termes de canonisation ou de béatificatio i,
des recherches pour constater les faits, jj 3° f.iu
des, recherches, en matière de haute admiii -
stration, faites par ordre de l'autorité. Enqm :'^
commerciale. Enquête sur les fers, sur les suer' .
Il Enquête de commodo et incommoda, lilteraleme.it
enquête sur l'avantage et le dé.savantage , celle
qui précède la mise en activité de certaines u-;
nés ou fabriques, rangées parmi les étabhssemeiils
dangereux ou insalubres, {j Enquête parleincr.
taire, enquête ordonnée par une assemblée légis-
lalive et faite en son nom par une commissimi,
sur certains objets d'intérêt public. J'ai repoussé K-s
enquêtes. Afin de plaire à la cour, bérang. Ventru.
Il 4° Terme de marine. Enquête de pavillon, aciiii
de donner la chasse à un navire qu'on veut recon-
naître, pour lui faire hisser son pavillon.
— HIST. xiri's. X ciaus [ceux] doit demander li
baillix s'il voelent atendre loial enqueste, bea: m.
41 . Il xV Que en trois huches ou coffres soient mises
les dites enquestes, c'est assavoir, en l'une les en-
questes à juger, et en l'autre les enquestes jugé, s,
et en la tierce les enquestes de sang [les enquên i
au criminel], dont les dizjugeurs porteront lesclo,
Ordonn. des rois de Fr. t. i, p. 730.
— ÉTYM. Provenç. enque»fa; ital. inchiesta ; di
part, passé latin inquisila, pris suhsiantivemi-ru.
d'inquirere (voy. enquérir).
ENQUÊTER (S') (an-kê-té), v. réfl. S'enquérir. An
surplus, mademoiselle, vous pouvez vous enqui'tn
de mon humeur et de mon caractère, je suis .s.lr
qu'on vous en fera de bons rapports, Marivaux, ii>-
rianiie, c part. || Ne s'enquêter de rien, ne so
mettre en peine de rien. Et tout le peuple lihiy-
gien, Qui lors ne s'enquêtait de rien, scarron ,
Virg. v.
— HIST. xvi" s. Ne nousenquestons pointde Dii u
que par sa parole, calv. Instit. 89. Le Seigneur i ■:
s'enquestera-t-il point d'un tel forfait? id. ib. '"i.
Thaïes qui le premier s'enquesta de lelle matier.',
MONT. II, 247. Enqueste du nombre des soldats, il
respondit, d'aub. 7/i»(. m, 3I7.
— ÉTYM. Enquête.
ENQUÊTEUR (an-kê-teur), t. m. || 1* Aulrcf..i3
juge ou officier qui avait pouvoir do faire des t-ii-
qiiêtes. Il Adj. Juge enquêteur. On nomme un com-
missaire enquêteur; on nomme un expert; on ouvre
une enquête à la mairie, dupont wuite, Centrali-
sation, p. 65. Il 2'' Celui qui s'enquiert. Fuis ces
grands enquêteurs, curieux de nou\elles,inc. rai'In,
p. 405, dans raynouard, fni/uù/at'rc.
— HIST. xiii* s. Et de l'office as auditeurs est il
parlé au chapitre qui parole des auditeurs et er.-
quesleurs, heaum. vi, 45. ||xv' s. Et peu de temjrs
après vint et arriva à Paris Monsieur de ChastiUun,
hNR
grant maistre enquesteur et gênerai réformateur des
eaux el foiesls, J. de troyes, Chr. n89. || xvi* s. Il
est jupe enquesteur et lesmoiii tout ensemble, DO
BARTAS, p. 3IS, dans RAYNOUAIID.
— ETYM. Enquêter; provenç. enquistaire.
t ENQUEIITEU (an-kou-té), v. o. Terme de ma-
rine. Passer sans danger sur la queue d'un banc,
d'une pointe.
— RTYM. Kn 1 , et queue.
t ENOUI^AUDER (an-kinô-dé), V. a. Rendre
quinaud, enjôler. Mais s'il n'eut ces mots sur la
langue, Il les eut dans le coeur, il me persuada, S
tort, à droit me demanda Du doux, du tendre et
semblables sornettes, Petits mots, jarpons d'amou-
rettes, Contits au miel; bref il m'enquinauda, la
FONT. Pnésies mêlées, XLVi. Elle avait été si fiMée
piir tout le pays, elle avait été si lionnêle et si jio-
lie, que je fus enquinaudé, volt. Lett. d'Argental,
2 OCt. I7C6.
— ÉTYM. Fnt, et quinaud. On a dit que, dans le
passage cité plus haut de la Fontaine où il s'agit de
Lulli qui lui demande un opéra, enquinauder si-
gnifiait faire prendre à quelqu'un le style de Qui-
nault, le célèbre auteur, et que de là enquinauder
avait pris le sens de tromper. Mais il y a, bieji avant
Ouinault , l'expression faire quinaud, qui veut
dire tromper; cela tranche la question. Toutefois il
paraît bien que la Fontaine a joué en même temps
sur le nom de Ouinault.
ENQITIS, ISE (an-ki, ki-z'), port. pas.çrf d'enqué-
rir, Terme de pratique. Auprès de qui on a fait en-
quête. Ce témoin enquis s'il avait vu. Cette femme
enquise de son âge.
f ENRACINADLE (an-ra-si-na-W) , adj. Qui peut
ôtre enraciné.
— HIST. XVI' s. Le provigner s'emploie générale-
ment en toutes plantes enracinables de branche,
o. DE SERRES, 7<o.
— ÉTYM. Enraciner.
ENRACINÉ, ÉE (an-ra-si-né, née), ■part, passé.
Il 1° Oui a pris racine. Un arbre enraciné sur ce
monticule. |j Oui a beaucoup de racines, beaucoup de
chevelu, en parlant d'une plante. || 2* Fig. Cette
haine des rois Pour l'arracher descœuis est trop en-
racinée, CORN. Cinna, n, t. Il faut que l'orgueil
soit enraciné bien avant dans vos cœurs I Boss. m,
Ànnonc. 4. Plus j'ai de raisons de partir de ce monde,
plus je m'y trouve enracinée, maintenon, LM. au
duc de Noailles, fS mars <7)2. C'est parce que
je craignaisprodigieusement que vous n'exerçassiez
sur votre humble client l'habitude enracinée où vous
êtes de vous moquer de lui, volt. Letl. au duc de
Richelieu, 25 mai <772. Les préjugés ridicules in-
troduits ou enracinés par les charlatans dans l'esprit
du peuple, conhoucet, Haller.
t ENRACINEMENT ( an-ra-si-ne-man ) , s. m.
Il 1» Action d'enraciner, de s'enraciner. || Fig. L'en-
racinement des vices. || 2° Terme de construction
hydraulique. Espèce de culée.
— HIST. xvi* s. Cest enracinement de branche
[bouture] espargne la peine d'enter le grenadier,
o. DE SERRES, 696.
— ÉTYM. Enraciner.
ENRACINER (an-ra-si-né) , v. a. jl l' Faire pren-
dre racine à. Enraciner un arbre. La joubarbe, la
menthe et ces fleurs parasites One la pluie enracine
aux parois décrépites, lamart. Joc.vi, '■'•22. || 2" Fig.
Fixer par des attaches morales comparées à des ra-
cines. Ces tendres sentiments Oue l'amour enracine
au cœur des vrais amants, corn. Tois. d'or, m, 3.
L'inclination au bien sensible est née avec nous;
nous l'avons enracinée jusque dans nos moelles,
si je puis parler de la sorte, par nos attachements
criminels et nos mauvaises habitudes, boss. 2' serm.
pour le jour de Pâques, t. Le tribunal des commis-
'saires est odieux k la nation; c'est un préjugé qu'on
a enraciné dans les esprits par les études , Ff.NKL.
Xém. sur la voie de procéd. contre les huit prélats,
tu. Je n'insulterai pas à ces préventions Que le
lemj.s enracine au cœur des nations, volt. Irène,
V, 2. Partout où la monarchie est illimitée, il n'y a
point et il ne saurait y avoir de liberté; il y a tout
au plus des repos momentanés qui produisent une
sécurité funeste, enracinent l'obéissance passive et
lie garantissent en aucun sens le peuple et les indi-
vidus, MIHAB. l.elt. de cachet, i, 8. i|3° S'enraciner,
ç. réft. Prendre racine. Les plantes marines s'enra-
cinent sur les sables et sur les rochers. || Fig. Se fixer
par des attaches morales. On a vu s'enraciner cette
coutume bizarre. Fais que par li ma foi d'autant
mieux s'illumine; Oue par là mon espoir d'autant
mieux s'enracine Kn ta haute bonté, corn. 7rm'(.
IV, 44. La tristesse, l'ennui, les regrets, le déses-
DICT. DE LA LANGUn FRAMCAISE.
I poir sont des douleurs peu durables qui ne s'enra-
cinput jamais dans l'Sme, et l'expérience dément
toujours le sentiment d'amertume c|ui nous fait re-
garder nos peines comme éternelles, j. J. Rouss. llél.
m, 22. Il Avec suppression du pronom personnel.
Laisser enraciner les abus.
— HEM. L'Académie donne ce verbe seulement
comme réfléchi; mais l'actif est appuyé sur de très-
bonnes autorités.
—HIST. XII' s. Gens si ahers rattachés] et si enraci-
nezens terriens solas et ens corporiiens, qu'il dépar-
tir ne s'en puyent [peuvent], st-bebn. p. 523. jj xiir s.
Dame,tuitli bien sont changié, Et tuit limai sont es-
saucié Et enraciné et repris. Lai du conseil. Pense
d'aillors enraciner Les entes où tu vues [veux] fruit
prendre, la Itose, t)(96. jj xiv* Puis c'orgieux [or-
gueil] ou [au] cuer .s'enracinne, j. decondkt, p. )07.
Le cep de vigne qui sera planté et de longtemps en-
raciné, Ménagier, II, 2. Il XVI' s. Il n'y a que leseleus
ausquels il lace ce bien d'enraciner la foy vive en
leur cœur, Calvin, Instil. 4J7. Une haine qu'il avoit
enracinée en son cœur et une rancune envieillie à
l'encontre des Romains, amyot, Flamin. 44.
— ETYM. En t , et racine; provenç. enragigar,
enraigar.
ENRAGÉ, ÉE (an-ra-jé, jée), part, passé. || 1° Oui
estaffectéde larage. Onchienenragé. {| Fig.Unchien
enragé, un fort méchant homme. || Populairement. 11
a mangé de la vache enragée, c'est-à-dire il a beau-
coup souffert de privations et de fatigues; locution
prise peut-être de ce que, disant : c'est de la vache,
pour de la mauvaise viande, on aura dit de la vache
enragée, pour de la très-mauvaise viande. || 2° Fig.
Trés-irrité Rustan est enragé de voir C'tievous
nous commandez avec tant de pouvoir, mair. .S'o-
lim. III, 2. Il a été enragé qu'on ne l'ait pas fait
chef d'escadre, sÉv. 477. Le chevalier est bien en-
ragé de n'être point brigadier, id. 256. Ils sont enra-
gés à force d'être devenus méchants, m. 320. || Être
enragé contre quelqu'un, être trè.s-animé contre lui.
Toutes les dames de la cour étaient enragées contre
elle, SÉV. 4t9. Il 3° Qui tient à une chose avec une
sorte de rage. Il faut être bien enragée pour aimer
la vie autant qu'on fait, SÉv. (40 || 4° Três-violent,
excessif, en parlant des personnes. Savez-vous sous
quel joug cet hymen nous a mis? De nos plus en-
ragés et mortels ennemis, botr. Aniig. n, 4. IJa-
vard enragé, laissez-nous, Beaumarchais, Mar. de
Figaro, I, 3. || 11 se dit aussi des choses. Je suis du
tout en proie à ma peine enragée, Régnier, Dial.
L instinct enragé qui meut ses passions Ne mettra
plus de borne à vos prétentions, botr. Kcncf's(. m, 7.
U'fait une dépense enragée, sÉv. B89. Il a fait ici un
temps enragé depuis trois jours : les arbres pleu-
vaient dans le parc, et les ardoises dans le jardin,
ID. l.ett. 8 janvier 4G76. Maudit sonneur, qui fait
un bruit enragé, la bbuy. Théophr. 25. || Une
musique enragée ou d'enragé, musique bruyante
et discordante; se dit aussi du tapage. || 5° Substan-
tivement. Un enragé, une enragée, une personne
atteinte de la rage. || Fig. Celui, celle qui se livre à
des actions violentes ou folles. Tandis qu'Achillas
même, épouvanté d'horreur. De ces quatre en-
ragés admire la fureur, cohn. l'omp. 11, 2. Com-
ment! ces enragés Gisent-ils déjà morts l'un par
l'autre égorgés? rotr. Antig. i, 2. Sers-toi d'une
enragée et d'une furieuse, id. Uerc. mour. 11, 2.
Hé bien! ne voilà pas mon enragé de maître? mol.
l'Ét. v, 7. Mon maître est un vrai enragé, d'aller
se présenter à un péril qui ne le cherche pas, m.
Don Juan, m, 3. L'enragé qu'il était, né roi d'une
province Ou'il pouvait gouverner en bon et sage
prince. S'en alla follement, et pensant être Dieu,
Courir comme un bandit qui n'a ni feu ni lieu, boil.
Sat.'VJU. Votre monsieur le marquis aime la musique
et la danse comme un enragé, uancoubt, Opéra
de village, se. 2. || Crier comme un enragé, jeter
les hauts cris.
ENRAGEANT, ANTE (an-ra-jan, jan-t'), adj.
Terme familier. Qui fait enrager. Cela est enra-
geant.
t ENRAGEMENT (an-ra-je-man), s. m. L'état de
celui qii' enrage.
— HIST. XVI' S. Enragement, oodin, Diet.
— Etym. Enrager.
ENRAGER (an-ra-jé. Le g prend un e devant a
ou 0 ; j'enrageai, nous enrageons), v. n. || !• Être
pris de la rage. Ce chien a été mordu ; il est à crain-
dre qu'il n'enrage. Il 2° Par extension, souffrir une
douleur excessive. 11 enrage du mal de dents. || Il
n'enrage pas de mentir, ou il n'enrage pas pour
mentir, c'est un grand menteur, c'est-à-dire que,
' mentir ne lui causant aucune souffrance, ils'aban-
ENR
1409
donne à tonte sorte de mensonges. En même temps
la renommée , Qui souvent est mal inlorraée Et
n'enrage [las pour mentir, sgabron , Virg. m.
Pour le portrait de Mezzetin, La Fontaine a fait un
sixain Où l'on voit cet acteur traité d'incomparat'.e;
Si la Fontaine a cru la chose véritable. Je n'oserais le
garantir : Mais je sais bien qu'étant fort porté pour la
fable. Il n'enrag«paspourmentir,OACON,^pt9ramme.
Il 3" Être tourmenté d'un violent désir. Enrager de
soif, de faim. 11 enrage de jouer, de parler. Tantale
enrage de manger; De mets friands sa table on cou-
vre, SCARRON. Virg. vi. || 4° Éprouver un violent dépit,
une grande impatience. Mille fâcheux cruels, qui
ne pens ni pas l'être, De nos faits avec moi, sans
beaucoup me connaître. Viennent se réjouir pour
me faire enrager, mol. Amph. m, 4. On sait assez
que le destin Adresse là les gens quand il veut
qu'on enrage, la font. Fabl. vi, (8. Les valets en-
rageaient, l'époux était à bout, lo. ib. vu, 2.
Ouand vous devriez en enrager, SÉv. 444. Quelle
sérénité! savez-vous, quand j'enrage, One j'enrage
encor plus, si l'on n'enrage aussi ? piron, lléirom.
I, 4. Ces lentes formalités de jiistire qui tant de fois
le firent enrager [le cardinal de Retz], comme lui-
même le raconte, p. L. coun. i, 4 73. || Il se construit
avec de et le verbe à l'infinitif. J'enrage de me taire
et d'entendre mentir, corn, lient. 1, B. J'enrage
de trouver cette place usurpée, Et j'enrage de \o'r
ma prudence trompée, mol. Éc. des f. m, B. J'en-
rage de voir de ces gens qui se traduisent en ridi-
cule malgré leur qualité, id. Critique, 6. || Il se
construit aussi avec que et le verbe au subjonctif.
J'enrage que mon père et ma mère ne m'aient pas
fait bien étudier dans toutes les sciences, quand
j'étais jeune, mol. Bourg, gent. n, 6. || Fig. II ferait
enrager bête et marchand, ou la bête et le marchand,
se dit d'un homme qui tracasse .=ur tout, qu'on ne
saurait satisfaire sur rien. || Prendre patience en en-
rageant, c'est-à-dire malgré soi.
— REM. Enrager se construit avec l'auxiliaire
avoir, quand on veut marquer l'action : le chien
a enragé et s'est enfui; avec l'auxiliaire être, quand
on veut marquer l'état : le chien est enragé depuis
hier.
— HIST. xii* s. Tel duel [deuil] en ot [il] , par un
petit n'enrage, Itonc. p. 8t. En la curt l'arcevesque
vindrent li enragié; Tut dreit devant la sale sunt
descendu à pié. Th. le mart. 438. Là l'unt trait et
mené li ministre enragié: Asolez [absolvez], funt il,
cels qui sunt escumengié [excommuniés], Ecelsqui
sunt par vus suspendu elat:ié[liés], 16, 448. || xin' s.
S'en venoit li lions comme heste enragié, Berte, 11.
Or vous dirons dou roi Kicart qui esloit en Cypre,
et ot eu lettres d'Acre qui prise estoit, et en fu si
courrouciés qu'à poi qu'il n'erriigoii, Chr. de llains,
p. 40. [La jalousie] Oui tous jors d'autrui joie en-
rage, la Rose, 7442. Sa char soit or livrée as lous,
Elles os as chiens enragiés! ib. 91 59. || xv s. Là es-
toit le comte [de Flandre] qui les prioit etadmones-
toit de bien faire et de prendre la vengeance de ces
enragés de Gand, froiss. ii, ii,94. || xvi' s. Ibycusles
appelle Andromanes, c'est à dire enrageans [dési-
rant] d'avoir le masle, amyot, Lyc. el Num. cnmp. 8.
Hz se jetterent hors de toute raison et de toute hu-
manité pour servir à la passion de leur furieuse haine
et enragé courroux, id. Cicér. 58. Les autres asseu-
royent que l'eau de la mer guerissoit les enragez,
si on les jette dedans; et de faicton les mené main-
tenant à la mer, comme le plus asseuré remède,
ouiLL. EOUCHET, VII Serée.
— ÉTYM. En 4, et roge; bourguign. cnraiV;pro-
venç. enrabiar , enratjar, enrapjar, enranjar. Il y
avait aussi la forme esrager.
f ENRAGERIE (an-ra-je-rie), s. f. Acte d'homme
enragé, furieux.
— HIST. XV' s. Lors se leva \y déesse de discorde,
qui estoit en la tour de mauconseil, et esveilla ire
la forcenée, etconvoitise, et enragerie, et vengeance,
et prindrent armes de toutes manières. Journal de
Paris sous Charles VI et VII, p. 4o, clans lacobne.
Il XVI' s. Il fit toutes les enrageries contre sa femme
dont il se peut aviser, Amours d'Henri] IV, p. 4V,
dans LACL'BNE.
— ETYM. Enrager.
t ENRAIEMENT (an-rê-man), s. m. Action d'en-
rayer. L'enraiement était difficile. Lenraiement fui
long.
— ÉTYM. Enrayer < .
f ENRASER (an-ra-zé), v. a. Synonyme d'arrasnr.
4. ENRAYÉ, ÉE (an-iè-ié, iée), pari, passé d'en-
rayer 4. Retenu par un obstacle mis dans les rayons
de la roue ou par un sabot. Uue voiture enrayée.
Il Fig. Une affaire enrayée,
— 177
K10 ENR
, E.VKAVfi, f.K (»n-rè-ié, iée), pa^t. passi
d'anraviT i. Champ enrayé.
r KNKAVKB <in K-.é). j'enraye, tu enrayes .1
Jriye ou c,.ra.e. ..ou» enrayons, vous enrayez, .U
!^âîeniou enraicnl; j'en-^y»'». nous enray.o.is,
îoiî enrayiez, .l»enr.ya.en;;j'enrayar, J enrayera.,
ou enri.ierai,ouenralrai J'enrayerais, ou enraierais,
oueuralrais;enraye,enrayuns;quej'enMye.quenous
enrayions, que vous enrayiez, qu'ils enrayent; que
renrayassèrenrayant; enrayé, v. a.\\i' Meure les
rais d'une roue dans leurs mortaises. || a- Retenir
les roues en barrant les rais avec un bâton, une
chaîne, une corde, ou e'. se servant d'un sahot.
Il KiK Retenir. ChamiUart était leur instrument
iveuKl'e (du parti de MlleChoiii], sans pouvoir être,
ienedis pas arrêté, mais enrayé le moins du monde
par les ducs «le Chevreuse et de Beauvill.er, ST-
SIUON 20» 222. Il Absolument. On enraye aux des-
centes rapides. || Kig. S'arrêter sur une mauvaise
pente. Voili plus de mauvaises plaisanteries que tu
ne m'as tenu de mauvais propos, il est temps d'en-
rayer,!. J. EOUSS. II(fl.l, ^'i-
— iiisT. XII' S. Mieux vaudroit enraier que ne
tous traie à fin, iloncis. p. <96.
— ETYH. En i , et ray, radical de rayon (voy. ce
mot) dans le sens de rtiyon de roue.
•i. ENRAVEK (an-rè-ié), ». a. Se conjugue comme
enrayer i. Terme d'agriculture. Tracer le premier
sillon dans un champ qu'on veut labourer. || Plus
«pécialement. Enrayer les sillons, labourer en fai-
sant verser la tranclie du côté intérieur de la plan-
che ou billon, de façon à faire un ados au milieu.
— insT. XIII* s. Ouand li aprentiz est euroié à
apreiidre, et il s'enfuist un mois ou deux, il oublie
quant que il a apris, Liv. des mél. BO. Orguel deso-
lûeist, orguel fiert et desioie; Orguel veut achever
quanqu'il pense et enrôle [commence], j.de meuno,
lesl. 1706.
— ETYM. En 4 , et rate.
t ENRAYECR (an-rè-ieur) , t. m. Ouvrier qui
conduit la sonnette à déclic.
— ETYM. Knrayer . .
f EN'RAYOUl (an-rèioir), s. m. Machine pour
enrayer une voilure.
— lllST. xvi* s. Eiirayoir, cotgbave.
— ETYM. Enrayer 1.
<. ENRAVURE (an-rè-iu-r") , s. f. Ce qui sert à
enrayer une roue. L'enrayure cassa. || Kig. Mme de
Saint-Simon, tout dévotement, enrayait tant qu'elle
pouvait ces propos étranges [de la duchesse d'Or-
léans et de moi sur la mort de Monseigneur], mais
l'enrayure cassait, sr-siu. 202, 229.
— ETYM. Enrayer i.
t U. ENRAYURE (an rê-iu-r') , s. f. || 1» Terme d'a-
griculture Première raie que fait la charrue en la-
bourant. Il 2" Terme de charpentier. Se dit des pièces
do bois qui aboutissent à une espèce de centre et s'é-
loignent en forme de rayons, soit dans les planchers
plats, soit dans les combles. Planchers à enrayures,
sorte de planchers à solives disposées en rayons.
— ETYM. Enrayer 2.
ENRÉGIMENTÉ, ÉE (an-ré-j.-man-té, tée), part.
patsé. Leurs habitants enrégimentés pourraient four-
nir au besoin des troupes nombreuses, }. j. bouss.
Pologne, 12.
ENRÉGIMENTER (an-ré-ji-man-té), v. a. For-
mer en régiment. Enrégimenter des compagnies,
des soldais. || Kig. Faire entrer dans un parti, dans
une coterie. Il s'est laissé enrégimenter. || S'enré-
gimenter, V. réfl. So mettre dans un parti, dans
une coterie, et en suivre, comme un soldat, toutes
les impulsions.
— ETYM. En i, tt régiment.
-t ENREGISTRABLE ( an-re-ji-stra-bl'), odj. Qui
peut, qui doit être enregi^tré. Projet de déclara-
tion du roi, enregistrable au parlement, en faveur
descomédiens, volt. Lrlt. d'Argenlal, << oct. 4702.
ENREiilSTRÉ, ÉE (an-re-ji-slré, strée, ou, sui-
vant ijuelques-uns, an-re-j.tré), par», pusj^. 'l'ran-
«crit sur un registre. || Transcrit par une cour
souveraine sur les registres. Malgré la réclamation
des rnaviisi rats, la bulle |L'nigei.itusJ fut enregistrée;
tout plia, de gré ou de force, sous le poids do l'au-
torité royale, d'alemii. Destr. de* Jifuit. (JHuvret,
t, v. p. 07, daii> pouGss»»
ENREGISTREMENT (an-re-ji-stre-man, ou, sui
tant queliines-iiiis, aii-re ji-tre-man), t. m. || 1* Ac-
tion denrpgislrer. L'cnregistremenl des actes pu-
blics. Di.reau, droit d'cnri'gistrenienl. || Taxe qui se
perijoit sur l'enregistrement des actes. || Terme d'ad-
ministration. Directeur, receveur de l'enregistre-
m«nl. Il Absolument. L'enregistrement, l'adminislra-
lion de l'euregisiroment Ce jeune homme se destine
ENR
à l'enregistrement. || 2' Acte par lequel une cour
souveraine faisait transcrire sur ses registres une or-
donnance, un éditdu roi. || 3- Ce qu'on écrit sur un
contrat ou acte, po-r faire foi qu'il a été enregistré.
— ETYM. enregistrer.
ENREGISTRER (an-re-ji-stré, ou, suivant quel-
ques-uns, an-re-ji-t.é), v. a. || l' Noter quel.jue
chose sur un registre. || Kamiliérement. Prendre
note. Je ne suis pas là pour enregistrer toutes ses ac-
tions. Il 2° Tran.scrire ou mentionner un acte sur un
registre public. Enregistrer un arrêt, un acte de
vente. Il 3° Anciennement. Faire, en parlant d'une
cour souveraine, l'enregistrement d'une onlonnance.
Le parleiiientrefu.sa d'enregistrer les nouveaux édits.
La manifestation ou installation des pairs dans leurs
oflices est ce qui a fixé leur ancienneté avant qu'il
y eût érection, enregistrement, tribunal enregis-
trant, ST-siMON, 300, 437. Il 4° S'enregistrer, t).rf/l.
fitre enregistré. Les prophéties s'enregistraient dans
les archives du temple, boss. Ilist. i, e.
lilST. xiv* s. Kaictes par maistre Jehan le des-
pensier enregistrer, en son papier de la despense,
le jour que vous retendrez la chamberiere, son nom
et de son père, tténagier, ii, 3. || xv* s. Or re-
tournons aux besognes de Portingal.... afin que au
temps à venir on les trouve escriptes et enregis-
trées, FROiss. Il, m, 28. Deux clercs pour escrire et
enregistrer les noms de ceux qu'ils trouveroient, id.
1, 1, 2U5.
— ETYM. En t , et registre; provenç. enregtstrar.
f ENREGISTREUR (an-re-ji-streur) , s. m. Terme
de physique. Appareil qui enregistre à fur et mesure
certains phénomènes tels qu'ils se passent. || Àdj.
Appareil enregistreur.
— ETYM. Enregistrer.
f ENRÊNER (an-rê-né), V. a. Arrêter et nouer
les rênes des chevaux de carrosse ou de toute autre
voiture.
— ETYM. En 4 , et r^ne.
t ENRÊNOIRE (an-rê noi-r'), s. f. Terme de ma-
nège. Morceau de bois auquel on attache les rênes.
ENRUCMÉ, ÉE [an-ru-mé), part, passé. Affecté
d'un rhume. Il n'est point enrhumé pour dormir
sur la terre, régnieb, Sut. xiv. Voit-on les Grâces
enrhumées. Elles, à ce qu'Horace dit. Avec Vénus
accoutumées i danser sans bonnet de nuit. Foulant
d'un pied nu les prairies, cuauuku, Ép. à Mme de
Ldssay, 2 mai 4702. || Par plaisanterie. Et du canon
bourgeois la culasse enrhumée Tousse, et jette dans
l'air mille francs de fumée, Barthélémy, Satire sur
Us (êtes of/Uielles. \\ Fig. Au pied du trône une harpe
se rouille; Bardes du sacre, ètes-vous enrhumés?
BÉiiANG. Dix mille fr. || Substantivement. Un enrhu-
mé. L'Enrhumé, titre d'une chanson de Béranger.
ENRllU.MER (an-ru-mê), v. a. Causer un rhume.
Le moindre changement de temps l'enrhume. Quoi!
pas un seul petit couplet I Chansonnier, dis-nous
quel est Le mal, qui te consume'/ — Amis, il pleut,
il pleut, il pleut des lois; L'air est malsain, j'en
perds la voix; Amis, c'est là. Oui, c'est cela, C'est
cela qui m'enrhume, béuang. l'Enrhumé. \\ S'enrhu-
mer, V. réfl,. Contracter un rhume. Elle s'est en-
rhumée en sortant de bal.
— HlST. xiii* s. 11 dist au leu [loup ]que molt esteit
Anrimez, si qu'il ne poeil De li sentir sue [sa]
llaireur, marie, Fab. xxxvii. |1 xiv* s. Si tost que
l'esprevier a le pié muullié, il devient enruiné et
malade, Uénagier , m, 2. || xV s. Plusieurs gens
tant d'église, nobles, que du peuple, furent telle-
ment enreumez et entoussez que merveilles, juv.
DES UBSiNS, Charles VI, 4414. Cecy est bon ache-
vai, quant il est morveux, et aussi à homme, quant
il est fort enrieumé, C/ia.viC de Gastun l'iiebus, p.
(OB, ms. dans lacubne. || xvf s. Faire eurheumer
aux trancliées, d'aub. Conf. i, 3.
— ElYM. En 4 , et rhume.
t ENRIIUNER (an-ri.-né), v. a. Placer la tête
d'une épingle à l'extrémité du fil de laiton.
ENRICHI, lE ( an-ri-clii, chie), part, pais^ d'en-
richir. Il 1° Devenu riche. Enrichi par d'Iu ureuses
spéculations. C'est par loi qu'on va voir les mu.-es
enrichies. De leur longue disette à jamais affranchies,
uoiL. Éiiit. 1. Charles partit de Saxe, suivi d'une
armée de 4300o hommes, autrefois couverte de fer.
et alors brillante d'or et d'argent, et enrichie des
dépouilles de la Pologne et de la Saxe, volt. Char-
les XII, 4. Il Substantivement. Lesenrichis. Nouveaux
enrichis, vous tâchez d'en imposer par vos habits,
vos équipages et des airs importants; mais, en
voulant cacher qui vous êtes, vous le faites deman-
der, SAINT-F01X, Essai Paris, Œuvres, t. iv, p.
»K), dans pouGENS. || %• Dont le prix a été aug-
I mente par quelque chose de précieux. Une bague
ENR
enrichie de diamants. || 3* Fig. Le public, enrichi
du tribut de nos veilles, Croit qu'on doit ajouter mer-
veilles sur merveilles, bûil. Epii. vi.
ENRICHIR (an-ri-chir), v. a. || l' Rendre riche.
Ce trahc l'a bien enrichi. Je te restituai d'abord ton
patrimoine; Je t'enrichis après des dépouilles d'An-
toine, COHN. Ctnna, v, 4. Il abaisse à nos pieds ToT'-
gueil des diadèmes [des rois]; Il prend d'eux les
tributs dont il nous enrichit, w. ib. m, 4. Sache
quelle province enrichit les traitants, boil. *>'al. vi.i.
Des Homains que la guerre enrichit de nos perles,
BAC. Milhr. III, 4. Il Absolument. Le travail enrichit.
!|2'' Par extension, il .se dit de tout ce que l'on com-
pare à une richesse. Ainsi le ciel vous veut enrichir
de ma perte [de ce que je perds], cobn. Uéracl.
v, 3. Madame.... Mille liberlésà vos chaînes oITerlcs
Semblent vous enrichir chaque jour de nos per-
tes, MOL. VÉt. V, 4S. La peste.... Capable d'enri-
chir en un jour l'Achéron, la pont. Fabl. vu, 4.
Il Fig. 11 se dit aussi des richesses morales. Elle n'a
travaillé qu'à enrichir son âme, patbu, llarangut
à la reine de Suéde, dans bichelet. Le ciel de ses
bienfaits t'enrichit sans mesure, volt. Triumv. iv,
4. Tout ce qu'il [l'enfant] voit, tout ce qu'il entend
le frappe, et il s'en souvient tout ce qui l'en-
vironne est le livre daiis lequel, sans y songer, il
enrichit continuellement sa mémoire, en attendant
que son jugement puisse en profiter, j. j. Rouss.
£m. II. Il 3" Garnir de quelque ornement riche ou
précieux. Enrichir une montre de pierreries, un
livre de figures. Enrichir un portrait de diamants.
Il Fig. Il .se dit d'ornements moraux ou intellectuels.
Enrichir la science de nouvelles découvertes. lia en-
richi son poème d'un nouvel épisode. Cet auteur a
enrichi son livre de recherches curieuses. || Enri-
chir une langue, la doter d'expressions nouvelles,
de tournures heureuses II [Racine] a fort enrichi
la langue, non par de? expressions nouvelles, qu'il
faut toujours hasarder très-sobrement, mais par
l'art heureux avec lequel il sait réunir ensemble
les expressions connues pour donner à son vers ou
plus de force ou plus de grâce, d'alemb. Dial.poét.
et philos. CEuvr. t. iv, p. 4 67, dans pougens. || Par
antiphrase et plaisanterie, enrichir la langue, pro-
noncer des jurements, des malédictions, de gros
mots. Il faut voir de quels mots elle enrichit la lan-
gue, boil. Sal. X. Il 4" S'enrichir, v. réfl. Devenir
riche. Il s'est enrichi par le commerce. L'ardeur de
s'enrichir chasse la bonne foi, soiL. Ép. ix. Son dés-
intéressement ne venait pasde sa fortune, il venait
de son caractère, car il n'est pas rare qu'un homme
riche veuille s'enrichir, fonten. Bourdf tin. Souvent
il n'y a pas bien loin de l'avarice à la trahison et k
la perfidie ; et l'on ne peut guère compter sur la fi-
délité d'un général qui a la passion de s'enrichir,
BOLLiN, Ilist. anc. aiuvres, t. vin, p. 304, danspoo-
GENS. Home étant une ville sans commerce et pres-
que sans arts, le pillage était le seul moyen que
les particuliers eussent pour s'enrichir, mo.vteso.
llom. I. Il Terme de mineur. Un filon s'enrichit lors-
qu'il devient ou plus épais ou plus chargé de parties
métalliques. |! 5° Par extension, devenir possesseur
d'objets considérés comme précieux. Approche,
heureux rival, heureux choix d'une ingrate; C'est
donc pour s'enrichir d'un si noble butin Qu'elle s'est
obstinée à suivre son destin, corn. Théod. iv, 6.
Ne vous plaignez plus. Si j'o.se m'enrichir, sei-
gneur, de vos refus, ID. Sert, ui, 3. Tu veux que
d'un si cher et si noble trésor [une jeune fille] Ses
criminelles mains s'enrichissent encor, volt, fanal.
1, 4. On s'enrichit du bien qu'on faitàcequ'on aime,
LA chaussée, Préj. à la mode^ i, 8. || 6' Fig. Re-
cevoir, prendre des richesses intelleciuelles ou mo-
rales. La mémoire s'enrichit par la lecture des bons
livres. Il cortte moins à certains hommes de s'en-
richir de mille vertus que de se corriger d'un seul
défaut, LA BBUY. XI. Platon s'enrichit des déiiouiilei
de Socrate , d'Heraclite et d'Anaxagore , Diderot,
Opin. des anc. philos. Eclectisme. La vue s'enrichit
aux dépens du toucher, condil. Trailédes sens, m,
4. Un âge s'enrichit des pensers d'un autre âge, DE-
LILLE, les Trois règnes, vin. || Proverbe. Qui s'ac-
quitte s'enrichit, ou qui paie ses dettes s'enrichit
— lllST. XII" s. Li Sire fait povre eenrichisl, humi
lied e suzleved. Liber psalm. p. 235. De noz aveirs
sans nul mentir, |ll] Les cuide escreislre e enrichit
BENOÎT. Il, 81)63. Il xiu' S. Nus hoirs ne doitenriqui
du torfet son perc, heaih. xxi, 47. jj iiv s. La fit
à quoy .1 |un tyran] lent, c'est soy enrichier et soi
puejile mettre en serv.tule, oresme, t'ih. 6". J(,
pr. Dieu qu'en enfer soient tous ceux damnés Qui
tant ont eurichi evesques et abbés, Guesct. Susoi
Oui trop se haste de soy enrichir, il ne sera pas in-
I
ENR
iiocent, Ménagier, l, 9. Il se Touloit enricliesir,
BFHCHEUBE, f" 28, rccto. \\ XVI' S. Priant les dieux
qu'ils me donnent la grâce d'enrichir [devenir riche|
de bon acquest, la [Oétie, I!)8. Si j'ai par ceste
traduction mienne aucunement enrichy ou poly
voslie langue, lionoré vostre règne.... amyot, Iforaf.
épitr. p. 16. Qui veut enrichir en an, se fait pendre
en six mois, leboux de lincy, Prov. t. u, p. 4U9.
Rohlie enrichie de hroderie, mont, i, 337.
— ÉTYM. En I , et riche, avec la terminaison
verhale t'r; provenç. enreqiietir, enriquir, enrii-
quir, enrrquir; espngn. enrequecer ; ital. inricclure.
EMlICIIIS.'iF.MKNT ( an-ri chi-se-man ) , s. m.
Il 1» Action de rendre riche. || 2° Action d'augmenter
le prix |iar quelque chose de précieux. L'enrichisse-
ment d'un habit, d'un palais. Ne trouverait-on pas ri-
dicule celui qui, voyant un haliit dedroguet tout cou-
vert de broderie, prétendrait, pour en retirer une
élolTe si commune, en détruire tous les enrichisse-
ments, parce qu'on ne les pourrait séparer d'une
autre manière? fubetière, Factums, l.i,p. 346. L'en-
richissement des temples, fléch. m, 439. || 3° Fig.
Il se dit des embellissements moraux, intellectuels,
littéraires. Tous les termes sont inférieurs à ses ac-
tions [du roi]; et partant reconnaissons l'avantage
qu'a notre matière; on donne des enrichissements
aux autres, mais il les faut prendre de celle-ci, et
tâcher seulement de ne pas gSter ce qu'il n'est pas
possible d'embellir, balz. le Prince, ch. B. J'ai pris,
pour m'expliquer, un style simple, et me contente
d'une expression nue de mes opinions, bonnes ou
mauvaises, sans y chercher aucun enrichissement
d'éloquence, corn. Prem. duc. \\ L'enrichissement
d'une langue, l'acquisition de mots nouveaux, de
tournures nouvelles. Ceux qui sont indulgents pour
les mots inusiiés, favorisent et procurent l'enrichis-
sement de la langue, desfontaines.
— IIIST. ivi' s. Que ceux qui donnoyent davantage
pour l'ornement et l'enrichissement de l'Eglise es-
toyent les plus hauts en paradis, langue, 228.
Grans fleurs de lis, salmendes [salamandres] et au-
tres enrichissemens. Marché fai', BtbL des Chartes,
*• série, t. III, p. 63.
— f.TYH. Enrichir.
■j- EN'RIMER (aii-ri-mé), V. a. Terme d'épinglier.
Synonyme d'enrhuner.
t E.NROBER (an-ro-bé), v. a. Terme de douane.
Revêtir d'un entourage destiné à empêcher la vi-
site des objets ainsi enrobés. Pour jouir de la fran-
chise des droits de douane, certaines substances
doivent être contenues dans des fûts enrobés, le-
GOARANT.
— ÉTYM. En 1 , et robe.
t ENROCHEMENT (an-ro-che-man), s. m. Fon-
dation en roche sur un sol submergé ou mobile.
f ENROCUER (an-ro-ché, ), D. o. Faire un en-
rochement.
— lïTYM. En I , et roche.
fENROIDlSSEMENT (an-rè-di-se-man) , s. m.Ëtat
de ce qui est devenu roide.
— HIST. XIV* s. Difficulté de mouvement de mem-
bres et enroidissement, h. de mondeville, f° 66.
— ÉTYM. En ) , et roide.
ENRÔLÉ , LÉE (an-rô-lé , lée) , part, passé.
Il 1° Qui est engagé au service militaire. Les hommes
nouvellement enrôlés. Il Substantivement. Les enrô-
lés volontaires. || 2° Fig. Oui s'est donné à quelqu'un
ou à quelque chose. U me trouva un peu enrôlée
,_dans la sacrée paresse, sÉv. 287. M. le président
Hénault, lequel, enrôlé parmi les auteurs, n'était
pas exempt de leurs défauts, J. 3. bouss. Confcss.
XI. Il Substantivement. Excepté les enrôlés avec M. du
Maine, le reste du monde fut étrangement mé-
content, ST-SIMON, 464, 46.
ENRÔLEMENT ( an-rô-le-man) , s. m. Action
d'enrôler ou de s'enrôler. Faire des enrôlemints.
Il L'acte, la feuille constatant l'enrôlement. Signer
Bon enrôlement.
— HlST. xvrs. L'enroulement duquel il est ici
parte s'entend de la vocation par laquelle Dieu dé-
clare quels sont ceux qu'il a élus, calv. 291.
— KTYM. Enrôler.
ENROLER (an-rô-lé), v. a. \\ 1° Inscrire sur
un rôle, et particulièrement sur les rôles de l'ar-
méo. Enrôler des soldats. On n'enrôlait que les ci-
toyens qui avaient un patrimoine, mostesq. Rom.
XVI. Il Fig. Si, lavant mes péchés de l'eau du saint
baptême. Tu m'enrôles au rang de tant d'heureux
soldats, BOTR. S( Cwiest, iv, 5. Voltaire eut l'art
fiineste cher, un peuple capricieux et aimable, de
rendre l'incrédulité i la mode; il enrôla tous les
amours-propres dans cette ligue insensée ,ciiateaub.
(Unie. 1, I, <. Il 2" S'enrôler, ». ré/?. Entrer au
ENK
service militaire. S'enrôler dans l'infanterie. || Fig.
S'enrôler dans un parti. Ils .s'eiirôlùrent au service
de deux beautés que les premiers chevaliers d'hon-
neur cédèrent aussitôt parpolitesse, HAMiLT.Cramm.
4. Il [leciiréde Saint-Paul| déclama fortement contre
les confréries, et menaça d'excommunication ceux qui
s'y enrôleraient, saint-foix, Ess. Paris, (Euvres,
t. IV, p. 213, dans poigens.
— HIST. xvi* s. Hz l'entortillent à l'entour de leur
baston rond..., alors ilz e.scrivent sur le parchemin
ainsi enrollé [enroulé] ce qu'ilz veulent, amyot, Ly-
snnd.io. Il le fil enroller selon la coustume des Ro-
mains au nombre des jeunes hommes, id. Anion, 92.
Penson.s-nousqu'à chiisquearquebusadequi nous tou-
che, et à chasque liazard que nous courons, il y ait
souhdain un greffier qui l'enrooUe? mont, m, 24.
— ETYM. En t , et rfile.
f ENRÔI-EUR (an-rô-lenr), s. m. Celui qui enrôle
des soldats. Le pape enrôlant des soldats, les fem-
mes poursuivant les enrôleurs i coups de pierre,
volt. Le(t. de Lalande, t" octobre t768.
— F.TYM. Enrôler.
■t ENROQCER (an-ro-ké), v. a. Terme de pêche.
Laver des morues dans l'eau de mer après qu'elles
ont été tranchées.
ENROUÉ, ÉE (an-rou-é, ée), part, passé. Oui a
de l'enrouement. Si la nature lui a donné une voix
enrouée, PASC. Imag. I. X chaque instant redou-
blent les injures. Les aigres sons, les enroués mur-
mures, j. B. rouss. Ép. I, B. Rien n'est plus dan-
gereux que de chanter lorsqu'on est enroué; c'est
risquer de perdre sa voix, M"' de genlis, Théâtre
d'éduc. Enf. gâté, il, 2. J'aime apvès le combat que
sa voix [du vrai soldat] enjouée Rie, et, des cris de
guerre encor tout enrouée. Chante les houris et
l'amour, v. Huoo, Orient. <5. || Parler enroué, par-
ler d'une voix enrouée.
ENROUEMENT (an-rou-man), s. m. Altération
particulière de la voix et de la toux, qui les rend
sourdes et voilées. Ces Rochefoucauld furent toute
la nuit dans leur jardin pendant le feu, et le len-
demain l'abbé de MarsiUac et ses sœurs étaient
dans un enrouement et une tousserie pitoyable,
SÉV. 619.
— f.TYM. Enrouer.
ENROUER (an-rou-é), «. a. || 1° Causer l'enroue-
ment. Le brouillard l'a enroué. || 2° S'enrouer, v.
réfl. Être affecté d'enrouement. S'enrouer à force
rie parler. Jamais docteur armé d'un argument fri-
vole Ne s'enroua chez eux sur les bancs d'une école,
boil. Sat. VIII. On rapporte que le poète Livius An-
Jronicus, qui jouait dans une de ses pièces, s'étant
enroué à répéter plusieurs fois des endroits que le
peuple avait goûtés, fit trouver bon qu'un esclave
récitât les vers tandis qu'il ferait lui-même les ge.^-
tes, coNDiL. Conn. hum. ii, i, 4. || Avec suppres-
sion du pronom personnel. Non , non, tu n'iras
point, ardent bénéficier, Faire enrouer pour toi
Corbin ni le Mazier, boil. Épît. ii.
— HIST. XII" s. L'apostolies [le pape] tut suis le
voleit maintenir, Ki bien cunut sa cause, mais nel
poeit oïr : Car lur criz e lur noise l'orent fait en-
roïr. Th. te mart. 94. Mais tant cria vers els, il vers
lui altresi [aussi]. Que tuz fu enroez de la noise e del
cri, ib. <oo. || xili* s. Tant ai crié à Dieu merci por
le troblement, que touz sui enrouez. Psautier, f° 80.
Il xvi« s. Ils ont mal de gorge, la voix enrouée,
PARÉ, XXII, I.
— ÊTYM. En ), elle latin raucus (voy. hauque);
wallon, erauchiner; Berry, enranché, enrovi, en-
roué; génev. enrouché. On remarquera que leBerry
dit enroui, forme qui se trouve dans un des plus
anciens exem|des de l'historique.
ENROUlLLfi, ÉE (an-rou lié, liée, H mouillées),
part, passé. Couvert de rouille. || Fig. Le savoir en-
rouillé des pédants, MOr.. Critique, 7.
t ENROUILLEMENT (an-rou-Ue-man , Il mouil-
lées), s. m. Action de s'enrouiUer; état de ce qui
s'enrouille.
— HIST. XVI' s. Enrouillement, cotgrave.
— Ety.m. Enrouiller.
ENROUILLER (an-rou-Ilé, Il mouillées, et non
an-rou-yé), v. a. \\ i° Rendre rouillé, couvrir de
rouille. L'humidité enrouille le fer. || 2° Fig. L'oisi-
veté enrouille l'esprit. || 3° S'enrouiUer, v. réfl. De-
venir rouillé. Le fer s'enrouille; on dit plutôt se
rouille. || Ne pas 'aisser enrouiller ses dents, manger
de grand appétit. Quant à Hortensius, il ne laissa
pas enrouiller .ses dents; oh ! qu'il lui faisait bon voir
ronger une cuisse de poulet! Francion, iv, p. I5i.
Il 4° Fig. S'enrouiUer en province, n'être plus au
fait, au courant. Il S'enrouiUer dans l'oisiveté, per-
dre son act'vité, son aptitude^
ENS
1411
— niST. XIII' s. S'e^pée ala maintenant querre.
Oui iert [était] enroillie et frète [rompue], Ben.
17319. Aussi li homs qui wiseus [oisif] est Et riens
ne fuit, en péril est Que assez tost enruilliez Ne soit
par vices et pechiés, iiucangf., rubiginare. || xV s.
Essayer vueil se je sauroye Rimer ainsi que je sou-
loye; Au moins j'en feray mon povoir, Cnmbien
que je congnois et sçay Que mon langage trouveray
Tut enroillie de nonchaloir, en. d'obl. Bal. 74.
Il XVI' s. Usant mesme de formes de parler quasi
enrouillées de vieillesse, afin de couvrir tant mieux
ses tromperies sous telles masques, calv. Inst. 38.
Le fer s'enrouille, paré, ix, io. La terre trop ahru-
vée ne produit autre herbe qu'cnrouillée et de ma-
ligne nature, o. de serres, 26t.
— ÉTYM. En I , et rouille.
t ENROULAGE (an-rou-laj') , s. m. Action d'en-
rouler, de s'enrouler. L'enroulage du fil.
— ÉTYM. Enroulé.
ENROULÉ, lÎE (an-rou-lé, lée), part, passé.
Roulé autour. Une longe enroulée autour du pied
du cheval. Il Chenilles enroulées, chenilles qui vi-
vent dans l'intérieur des feuilles qu'elles roulent en
cornet. Il Coquille enroulée, coquille univalve dis-
coïde, comprimée de droite à gauche, dont l'axe
est tout à fait transversal et dont on n'aperçoit pas
le sommet. Coquille demi-enroulée, coquille enrou-
lée de telle sorte que les tours de la spire ne se tou-
chent pas; par exemple la coquille dite spirale.
ENROULEMENT (an-rou-le-man), s. m. || 1" Action
d'enrouler ou de s'enrouler; état de ce qui est en-
roulé, de ce qui est en forme de spirale. L'enroule-
ment d'un cordon autour du corps. || 2° Terme de
botanique. Déformation dans la(|uelle les organes
axiles des végétaux sont cnurbés de haut en bas
et roulés sur eux-mêmes. {| 3° Terme d'obstétrique.
Disposition du cordon ombilical dans laquelle il
est roulé une ou plusieurs fois autour d'un membre,
du corps ou du cou du fœtus. || 4» Terme d'archi-
tecture. Ornement en ligne spirale. La volute est un
enroulement. || Il se dit aussi d'ornements enga-
gés les uns dans les autres. Les enroulements du
genre arabesque. || 5° Terme de serrurier. Contour
qu'on donne aux fers , et qui approche de la vo-
lute. Il 6° Terme de jardinier. Enroulement de par-
terre, plates-bandes contournées en spirale.
— ÉTYM. Enrouler.
ENROULER (an-roulé), V. a. Rouler plusieurs
fois une chose autour d'une autre; la replier sur
elle-même. Enrouler une pièce d'étolTe. || S'enrou-
ler, t'. réfl. Former plusieurs tours. Les vrilles
de certaines plantes s'enroulent sur les corps voi-
sins.
— ÉTYM. En t , et rouler.
t ENROUURE (an-rou-u-r') , s. -f. Ancien syno-
nyme d'enrouement. Grandes enrouures et toux
violentes, Journal de la santé du roi [Louis XIV],
p. )4B.
— niST. xvi' s. Dont s'ensuit à plusieurs hydro-
pisies, i-hthisie, enroueure de voix, courte haleine,
PARÉ, XXII, I.
— ÉTYM. Enrouer.
t ENRUBANNER (an-ru-ba-né), v. a. Néologisme.
Couvrir de rubans. Cha|ieau enrubanné. || Par plai-
santerie. Décorer d'un ou de plusieurs ordres. |1 S'en-
rubanner, V. réfl. Se parer de rubans.
— ÉTYM. En 1 , et ruban.
■f ENRUE (an-rue), «. f. Terme d'agriculture. Sillon
fort large, composé de plusieurs raies de lerre ra
levées par la charrue.
— ÉTYM. En t , et rue.
ENSABLÉ, ÉE (an-sa-bl6, bléo), part, passé
Il i° Engagé dans le sable. Un bateau ensablé
jl 2° Couvert de sable. Un champ ensablé par le dé
bordement de la rivière.
ENSARLEMENT (an-sa-ble-man), s. m. Obstruc-
tion d'un chenal par le sable que les eaux ou les
vents amènent. Les ensablements gênent la naviga-
tion. Il Action de remplir de sable, et le résultat de
cette action. L'ensablement de ce navire a été fort
prompt.
— ÉTYlM. Ensabler.
ENSARLER (an-sa-blé), v. a. || f Faire échouer
sur le sable. Le batelier nous a ensablés. || 2° Cou-
vrir de sable. La Loire se déborda, inonda et ensa-
bla beaucoup de pays, st-sim. i8h, 2u2. || Remplir
de sable. Ensabler une barque. || 3° Terme de pê-
che. Tendre sur un fond de saiiie des filets au pied
d squels on ne met point de lest. || 4" S'ensibler, w
réfl. Échouer dans le sable. Le bateau s'est eii-sablé.
Trois dans les écueils s'ensablèrent, scarh. Virg. I.
Il Être rempli de sable. Ce port s'ensable graduel-
lement.
1412
ENS
— HIST ivi* ». Lw Mui troul>le» versant au pré
l'<MiMl.lent, quêlqiiefoi. jusqu'à l'en rendra InrertUe
IetYM Kn I, elMb/«. D'AubiRné, llùt.», 30!1,
1 dit t-aisnhier, l'n parlant d'un navire qui échoue,
t E.V.'iABOTÉ. ÉE (au-salio-lé, tée). pari. pané.
rhausȎ de salwU II S. m. Nom de sectaires vaiidois
qui porlaient il" mauvaises chaussures en si^ne de
paurrflô évanKtlique.On trouve aussi enjobol^, qui
tient de imalf.
t ENSABOTKiMKNT (an sa-bo-le-man ), ». m
(I !• Aolion d'enrayer une voilure avec le s.iliot.
Il 2* Terme d'art militaire. Action d'eusabotcr un
boulet.
f EN.SABOTER (an sa-bo-té), V. a. ||1* Chausser
Quelqu'un avec d s salmis. || ï" Enrayer une voiture
avec le sahol. ||8" Terme d'art mililaire. Knsabottr
un boulet, le mettre dans un sahot de bois, sur la
poudre, au sommet de la gargousse: disi^osilion qui
a pour but de l'empêcher de tourner dans l'âme
quand il part.
— f.TYM. J?n < , et sabot.
ENSACHÉ, ÉE (an-sa-ché, chée), part, passé.
jlls d.ins un sac. H16 ensaché.
t ENSACHEMK.NT (ansa-che-man), s. m. Action
d'ensacher, de mettre en sac.
ENSACHER (an-sa-ché), v. a. Mettre dans un sac.
Ensacher du grain, des noix.
— lllST. xin' s. Kt cil [ces moines] sont de sas
eusachié (vêtus de sacs], buteb. ii, 52. || xv s. L'un
machoit gros, l'autre, comme fourrez; Je n'oy cli-
ques tans de joye ne riz Que de veoir leurs inor-
cesulx ensachez, eust. desch. Poésies, mss. {' 219,
dans LACUBNE. Il XVI' s. Environ trois mil sac:s de fa-
rine, qui estoit desja ensachée pour envoyer au
camp des ennemis, H. nu bellay. 430. Vous faistes
dIus de mal que de bien au malade, lie luy faire
changer de place : vous ensachez le mal en le re-
muant, MONT. I, 276.
— r.TYM. Eni, et sac ; lievty , enchâsser; picard,
«iwaqi/fr.
+ ENSACUEUR (an-sa-cheur), s. m. Ouvrier que
l'on emploie pour mettre des denrées en sac.
+ ENSADE (in-sa-d') , s. m. Nom que porte au
Congo le figuier religieux (ficus religiosa, /..).
f ENSAFIIANER (an-sa-fra-né) , «. a. Teindre en
«afran. |{ Dans le langage marolique, donner la cou-
leur du safran. Lorsque la rive liasanéo Fut d'elle
P'aurore] toute ensafrunée, scauron, dans le Vict.
de BESCHEUELLE.
— HIST. xiu* S. Ainsi sont mais ensafrenées,
Com s'estoient en safren nées, nu canoë, saf-
franare. \\ xvi' s. 0 dieu qui prends le soin des no-
pces, Hymenéo, Lai-.se pendre à ton dos ta chape
«nsùfranée, RONS. 737. El diviserés le lieu dessiné
m salTianerie en quatre ou cinq perlions, pour
l'une estre d s ensaffranée, lorsque l'autre s'ensaf-
franera, faisant ainsi chacun au sans interruption,
o. IjE skbkes, 729.
— ÊTYM. Kn I , et safran.
r.NSAlSINÉ, ÊE (an-sè-zi-ûé, née), part, passé.
Ensnisinc^ par .son seigneur.
ENSAISINEMENT (an-sè-zi-ne-man) , ». m. Terme
de droit féodal. Action d'ensaisiner. || Terme de
droit coulnmier. Ensaisinement des rentes consii-
tiiées, formalité qui donnait au créancier un privi-
lège pour sa créance.
— HIST. XVI' s. Le retrait lignager ne dure qu'un
an après l'ensaisinomunt [la prise de possession par
r.-icquéreur], sans qu'on .soit tenu de rien faire si-
gnifier [aux parents], loïsel, 427.
— ETYM. Ensaisiner.
ENSAISINER (an-sè-zi-né), V. a. Terme de droit
féodal. Reconnaître par acte un nouveau lenancicr.
en parlant du seigneur. || .\ncien tenue de palais.
Mettre en possession de quelque chose.
— HIST. XV' s. Vous ne l'eussiez pas rançonné,
pris, n'ensaisiné son héritage, kroiss. liv. m, p.
3U3. Disoit l'en contre iccllui Jehan qu'il s'esloil
eiisaisliié furiivement il'une coste-hardie [sorte dr
vAtement] dont il fut trouvé saisi, du canok, ««.vai-
iinare, ||xvi' s. In seigneur, soit censucl ou féodal,
n est tenu ensaisiner iii recfvoir en foi le nouvil
ftcuueriur, s'il ne le satisfait aussi des anciens droits
et arrérages à lui dus, ioysel, 648.
— F.TYM. En I. f{ saisine.
t ENSAL, ALE (iu-»al, sa-l'), adj. Ancien syno-
nyme d'.nsiforniB.
— ÊTYM. Lat. ensis, épée, et la terminaison ad-
jectue n(
B.>8ANGLANTÉ, ÉE (an-!=an-glan-té. tée), pari.
IMSsé I !• Souidé de sang. Le chien avait la gueule
tUMnijUulio. Soutenir vo» rigueurs par d'autre»
ENS
cruautés, Et laver dans le sang vos bras onsaii-
glanlés, RAC. Brit. iv, 3. || Qui est en sang. Il fit
lrans;<orter dans son palais Kustan ensanglanté,
qui avait encore un reste de vie, voi.T. Le blanc el
le noir. \\ i' Terme d'histoire naturelle. Oui est
marqué de taches rouges; qui a des parties rouges.
Il .S", m. Poisson du genre goliie. || 3" Terme de bla-
son. Se dit [iresiue exclusivement du pélican se dé-
chirant les flancs pour nourrir ses petits.
t ENSANGLANTEMENT(an-san-glante-man) ,s.m.
L'ai-lion d'ensanglanter; le résultat decetteaction.
ENSANGLANTER (an-san-g)an-té),t).a. || l'Souil-
Icr de sang. I.a blessure qu'il reçut ensanglanta tous
ses habits. Vous armez contre 'l'roie une puissance
vaine, Si, dans un sacrifice auguste et solennel. Une
fille (lu sang d'Hélène De Diane en ces lieux n'en-
sangiante l'autel, raC. Iplvg. I, 2. Le sang des as-
sassins est le vrai sacrifice Oui doit de votre hymen
ensanglanter l'autel, volt. Hérnpe, il, 6. || Rougir
de son propre sang. [Priam] Eiisaiiglanlant l'autel
qu'il tenait embrassé, rac. Andr. m, 8. || Rougir
du sang des autres. Athalie ensanglanta le palais
des rois de Juda. || 2° far extension, il se dit d'ob-
jets et d'événements à propus iles.|uels le sang est
versé. Vous me rendez le sceptre.... je vous con-
jure.... De n'ensanglant'T pas ce que vous me ren-
dez; Faites grSce, seitrneur, ou souffrez que j'en
fasse [aux a.ssa.ssinsde Pompée] , cobn. l'omp. iv, 3.
Seigneur, ensanglanter cette illustre journée.... i».
Attila, V, 4. Jeiihté ensanglante sa victoire par un
sacrifice qui ne peut être excusé que par un ordre
secret de Dieu, sur lequel il ne lui a pas plu de nous
rien faire connaître, boss. Ilist. J, 4. Je ne réponds
pas que ma main, à vos yeux, N'ensaiiglanle à la
fin nos funestes adieux, rac. Uérèn. v, 6. Ce n'est
|ias que .son bras disputant la victoire N'en ait auv
ennemis en.saiiglanté la gloire, lo. Alex, m, 2. Ahl
n'ensanglantez pas le prix de la victoire, volt. Aiz.
IV, t. Les cruels ont deux fois ensanglanté la paix,
M. J. CHÉN. Charles IX, iv, 4. il est, Sophie, un
monstre à l'œil perfide (la police) Qui de Venise en-
sanglanta les lois, BËKANG. Cucliet. || (le prince a en-
sanglanté son règne, il s'est moniré cruel. || 3° En-
.sauglanter la terre, faire des guerres sanglantes.
Les conquérants ensaiiglaïUent la terre. Laissons
au temps le soin de réformer la terre; Cultivons la,
mon fils, ne l'ensanglantons plus, masson, Uelr.
viii. Il 11 se dit aussi de ce qui (ait verser beaucoup
de sang. L'exil des Tarquins même eiLsanglanla nos
terres, corn. Cinna, il, t. Ces guerres ont ensan-
glanté l'Europe bien longtemps, volt. Voyaye de
la raison. Jamais la philusophie n'ensanglanta l'u-
nivers; si les [diilosophes eurent des disputes entre
eux, la tramiuillité des nations n'en fut pas trou-
blée, d'holbach, Ess. Préj. ch. )0, dans dumar-
SAis, t. VI, p. 234. Il 4° Ensanglanter des jeux, lus
faire dégénérer en rixe sanglante. Trois fois le fes-
tin fut sur le point d'être ensanglanté, iiamilt.
Gramm. o. Malheur aux mortels sanguinaires Oui
par de tragiques forfaits Kiisangl.inlent ses doux
mystères, J. B. bouss. Cantate de liacchus. || 5° En-
sanglanter la scène, représenter des tueurlres sur le
IhéAtre. Le valet d'Antoine : N'ayez pas peur, je
vais vous percer la l'edaine. — Antoine : Arrête, il
ne faut pas ensanglanter la scène, La règle le dé-
fend, LA FONT. Ri.gotin, iv, 0. 11 [Eschyle] évita
toujours d'ensaiiijianlpr la scène, parce que ses
tableaux devaient elTrayer sans être horribles ,
HAiiTH. yt/iac/i. cli. 09. |] 6° S'ensanglanter , v. rétl.
Se lâcher de sang. U s'est ensanglanté en tuant un
loup.
— HIST. XI' s. Tout en venez le brant [la lame de
l'épée] ensanglenlet, Ch. df Hol. lxxxiii. |1 xii" s.
Pinabaux trébucha sur l'erbo ensanglantée, Ronc.
p. I!i6. n rensauglaiitent [teignent de sang] del
saiic à un lévrier, H Coronemens Looys, v. 1305.
Ilxiir s. Il remmaillent en prison tout plaie [blessé]
et ensanglanté, henui de valenc. xxvi. Vous m'a-
donliasles, sire, n'i a mestier ceiée. Me çain-
sistes, biaus sire, une moult longue espée; Mnull
me poise forment ne l'aie encor montrée Et du sanc
aus François tainte et ensanglantée, C/». d'Ant.
V, 921. Ilxvi' s. Comme quand on a livré à l'oc-
cision ses plus proches parens, et ensanglanté ses
mains dans le sang de ses propres amis, lanoie.
64. Ce qui faict veoir tant de cruauiez inouies aux
guerres populaires, c'est que celte canaille île vul-
gaire «'aguerrit et se gendarme à s'ensanglanterjus-
qu'aui coudes et deschiquetter un corps àses pieds,
MONT, m, IU9.
— ÊTYM. En I, et sanglant; provenç. ensanglen-
tar, es^aiiglatilar i espagn, eiisar.yrentar ; puriug.
uuang-utntar.
t ENSECTIO.NNEMENT (an-sè-ksio-ne-man), ». m.
Terme d'art mibtaire. Evolution qui forme la section
d'infanterie.
t ENSEIGNAllLE (an-sfe-gna-bl), adj. Qui peut
être enseigné, en parlant des personnes et des
choses. Ce garçon n'est pas euseignable. Cette science
n'est pas euseignable.
— HIST. XIV s. Euseignable, ducange, sequacii.
— ETYM. Enseigner; provenç. ensenhable, essei-
gnable.
t ENSEIGNANT. ANTE fan-sè-gnan, gnan-l'),
adj. Oui enseigne. Notre manie enseignante et pé-
dantesqiie est toujours d'appremlre aux enfants ce
qu'ils apprendraient beaucoup mieux d'eux-mêmes,
J. J. ROI ss. Ém. II. Il Le corps enseignant, l'uni-
versité. || Église enseignante, la réunion des pre-
miers pasteurs de l'Kglise à qui Jésus a dit : Allez,
enseignez toutes les nations.
ENSEIGNE (an-sè-gn'), t. f. \\ l' Marque, indice
pour faire reconnaître quelque chose. Donner de
bonnes, de fausses enseignes. Les témoins déposaient
qu'autour de ces rayons Des animaux ailés, bour-
donnants, unpeulnngs, Hé couleur fort tannée, et
tels que des abeilles. Avaient longtemps jiaru; mais
quoi? dans les frelons Ces enseignes étaient pa-
reilles, la font. Fabl. i, 21. L'empreinte dont tous
.ses traits portent la divine enseigne, J. l. Bouss.
Hél. I, B. Il A bonnes enseignes, à bon titre, avec
sûreté, en toute garantie. Vous êtes comme il faut
pour n'être persualée qu'à bonnes enseignes, sEv.
8^. Il n'y a pas trop de sûreté de se mettre sur le
Rhône qu'à bonnes ensi;ignes, bac. Letl. T à la
Fontaine. Elle ne voulait rien éprouver de l'amoui
qu'à bonnes enseignes, hamilt. Granxm. M. N'jn
voulant favoriser aucun qu'à bonnes enseignes, pe-
sage, Gil lilas, vu. 7. Oui ne s'en laisse imposer
i|u'à bonnes enseignes, J. J. BOUSs. Éin. II. Je me
suis empalé de vingt paires de inulels que je ne
rendrai qu'à bonnes enseignes, p. L. couH. Lett. i,
109. jl i telles enseignes que, en preuve qie. J'ai
|iayé le reliquaire à ce jeune homme, à telles en-
seignes qu'il doit avoir actuellement sur lui cent
vingt écus d'or que je lui ai comptés, lksage, Guzm.
d'Alfar. Il, to. X telles enseignes que j'ai encore
un mouchoir à elle, qu'elle a oublié chez moi, Ua-
RivAi:x, Marianne, i" partie. || 2° Anciennement.
Enseigne ou faveur, pièce détachée de la parure
d'une dame et donnée à un chevalier combaltaiit
dans un tournoi. {| 8' Ancien terme de manufac-
ture. Une certaine mesure de drap, qui revenait
à trois aunes. Une pièce de quinze enseignes, c'est-
à-dire de quarante-cinq aunes. || 4' Tableau figu-
ratif mis au-dessus d'une maison pour indiquer I9
commerce ou la profession du propriétaire. L'ensei-
gne fait la chalandise, LA font. fabl. vu, 4 5. Ne
songez pas même à réformer les enseignes d'iina
ville, LA BRi'Y. X. Elle aura bien de la peine à quitter
un hôtel pour reprendre son enseignede la Picarde,
DANcoiRT, Déroute de Pharaon, sc.7. [Le portrait du
roi d'Yvetot] C'est l'enseigne d'un caliaret Fameux
dans la province, bérang. Yietot. {| Nous sommes
tous deux logés à la même enseigne, c'est-à-diie
nous .sommesdans le même embarras, Ou malheur,
ou perte. || 11 a logé à l'enseigne de la lune, il a cou-
ché à l'enseigne de la belle étoile, se dit de quel-
qu'un qui, n'ayant point de logis, ayant été mis
liurs du sien, a couché deliors. || Fig. On ne passa
point dans le monde pour se connaître en vers,
si l'on n'a mis l'enseigne de poêle, ni pour être ha-
bile en matliématicpies , si l'on n'a nus celle do
maihématicien; mais les vrais honnêles gens ne
veulent point d'enseigne, pascal. Pensées, (lart. i,
art. IX. Folie de mettre l'enseigne de philosophie,
LA BRDV. XII. Le cliAtiment tomba sur ses oreilles,
Oui , tout à coup s'allongeant à merveilles, Par
leur longueur et leur mobilité Servent d'enseigne à
sa fatuité, J. B. Rouss. Altég. I, 6. || C'est une en-
seigne à bière, se dit d'un portrait, d'un tableau ma!
peint. V Durand amis beaucoup de nouvelles nuan-
ces à son enseigne à bière, voir. Letl. Thibourille,
«janvier I77i. || 5° Drapeau, signe de rail. eoienl dans
les armées romaines. Les enseignes loinames étaient
des aigles. Vous marcherez à Konie àc ininunes en-
seignes, corn. Sert r. 1,3. Que ceux i|ui ont fait ser-
ment marchent sous mes enseignes. MONTBSQ. t':n,
VIII, 13 II Par extension, toute espèce d'élendaid.
La guérie est presque aussi ancienne que le genre
humain, el les enseignes sont aussi anciennes qua
la guerre, saint-foix, £4». Paris, Œuvres, t. iv,
p. 298. Jl veut qu'au bruit des cors, au son de la
cymbale, On déroule à l'inslanl son enseigne rjyale,
DK.LILLE, Par. perdu, 1. Prend il la fuiie. est-il
isôY tou les corps se dispersent ou se raLgeut sous
1
ENS
les enseignes de l'ennemi, ratnal, Hist. phil, v,
34. Il Fig. Marcher, combattre sous les enseignes de
ciuelqii'nn, se ranger sons son autorité. Où tes ms!-
tres séduits marchent sous tes enseignes, volt. Fo-
ital. Il, 5. Il 6° Terme de marine. Knseigne de poupe,
le pavillon qui se met sur la poupe. || Gaule d'ensei-
gne, se dit ipielquerois du petit mM qui porte l'en-
seigne. || 7° Dans l'ancienne infanterie française, la
cliarge de porto-drapeau. Son fils obtint une ensei-
gne. Il [,a coujpagnie comman<lée par celui qui avait
la charge d'enseigne. 1| S. m. Celui qui portait l'en-
seigne. Un enseigne aux gardes. || Dans la marine;
un enseigne de vaisseau, ol'ficier dont le grade était
ie moins élevé (depuis peu d'années on y a subsli-
ti-é le titre de lieutenant de frégate). La singularité
du fait et le courage que cet enfant avait témoigné,
10 firent faire enseigne après le combat, m— de
CAYLi.'S, Souren. p. 30, dans pougens. || Proverbe.
« bon vin il ne faut pas d'enseigne, et, elliptique-
ment, h bon vin pas d'enseigne, c'est-à-dire il n'est
pas nécessaire de faire beaucoup d'efforts pour
mettre en vogue ce qui est bon.
— HIST. XI* s. L'enseigne [de] Charle n'i devons
iiblier, Cli. de Roi. xc. Geifreid d'Anjou qui l'ensei-
gne tenet. *. ccLix. Charles [crie] montjoie l'en-
seigne renomée, ib. cclx. ||xii" s. En meint eslor
fu veO ses enseignes, Jlonc. p. t. Jamais en nos
aages [nous] ne portassions ansaigne, Sax. xxx.
Vestu [il] o't un bliaut à Enseigne d'orfrois, ib.
xxxiii. Il xm* s. Aies moi bientost à Serro, et distes
au caslelain de par moi que par nulle ensegne que
je li mange [mande] ne por nulle lettre, que il ne
renge [rende] le castiel, H. de valeno. xxii. Et s'on
voit qu'ele en die vraies ensengnes, on l'en doit
plus tost croire que uneautra, beaum. xviii, 3. Tu
li diras que il te croie, à teles enseignes que tu iras
combatre à l'empereur de Perse à tout trois- cens
homes, sanz plus, de ta gent, joiNV. 2(i4.Il te mande
que ce fu il meesmes que tu trovas al bois les bestes
gardant, et àicellesansaignesque il tedistqueil veii-
roità toi quant il voldrnit, Herlin, f" iî, verso. || xiv
s. Dites-lui que vers lui [je] vous envoie prier; itrès
bonnes enseignes vous pourrez avancier, Gueicl,
<'i972. En oultre nous plaist et voulons, que tous
lesdit Juys et Juyves demourans en nostre dit
royaume portent leur enseigne acoustuniée au
dessus de la ceinture et en lieu plus apparent, et
sera ladicte enseigne du large du seel de nostre
Chastelletde Paris; et qui sera trouvé sens enseigne,
il paiera vint solz parisis d'amende, OE lauorde.
Émaux, p. 202. Il est permis aux filles de joie de
la ville de Thoulouse de porter et vestir telles robes
et chapperons comme elles vouldrnnt, et entour l'un
de leurs bras une ensaigne ou différence d'un jare-
tier ou lisière de drap d'auUre couleur que la robe,
ID. ib. Pour six s.iinctures et dix aulnes de rubant
blanc, pour faire enseignas es livres, id, ib. \\ xv* s.
Un chascun d'eiilx [des trois orJres) son droit estât
niainliengne; Car l'excéder est monstre et droiote
ensaigiie De pi- avoir pour le peuple et l'Eglise,
E. PESCII. Siiulfr.da peuple. D'assez d'autres nuhles
hommes pouiTOit-nn dire, desqueulx, quand jeunes
estcient, les enseignes de leurs enfances demon-
troient enseignes de leurs conditions, Bouciq. I, 2.
1 Jehan Martin orfèvre, demeurant à Bouiongne,
pour une enseigne ou ymage d'or faicte en la révé-
rence de Nosire Diime de lioulongne, le LAUOiUiE,
Émaux, f.'iSï. Plusieurs coups et enlie les a utresung
en la gorge dont l'enseigne lui est demeurée toute sa
vie, coMM. 1, 4. Et pour toutes enseignes n'y est mé-
moire d'eulx [des Krançais en Sicile] que pour les
sépultures de leurs prédécesseurs, id. vi, 3. Les
Suisses, qui rapportèrent tous leurs enseignes, ID.
VIII. 14. Il n'a pas esté seul entaclié de ce mal [la
jalousie]; mais toutefois, pour ce qu'il fut outre l'en-
seigne, je ne me .«aurois passer sans faire savoir
ie gracieux tour qu'on lui lit, Lorisxi, A'oiiu. xxxvii.
11 XVI' s. Ne bourgs, chasieaulx, manoirs, villes,
champaignes. Où n'ait |ilanié ses giiydous et ensei-
gnes, j. mabot, V, 5G. Il y en a aucuns(pii,à faul-
ses enseignes, usurpent le nom d'hisiorieiis, amyot,
Préf. XII, 39. Le trident l'enseigne de Nejitune,
m, Thés. 6. Les souîdars qui sont soubs une
aiosnie enseigne s'appellent manipu/arcs, id. liom.
•12. Les faisceaux de verges, enseignes du souve-
rain magistrat, ID. Public. 64. La ville d'Orcliomene
avoit reçu deux enseignes [compagnies] de gens de
pied pour la garder, ID. Pélop. 29. Un port' ensei-
gne qui estoità la garde du bourg S.nnt Pierre,. mo.nt.
I, «I. il n'en advein' pas si lieureusemenl à l'en.sei-
gne du capitaine Julie, it>. i, 62. Je m'asseiire avoir
vcudoniier pour trois sols la douzaine des figures
d«U!>elgQes que Von portoit aux bonnets, lesrj-aelies
ENS
estoyent si bien labourées et leurs e.smaux si bien
parfondus sur le cuivre, qu'il n'y avoit nulle pein-
ture si plaisante, palissy, 3o8. Chacune enseigne
coustumierement des uns et des autres estoil ac-
compagnée de cent ou six vingt hommes, frou-
MENTEAU, Finances, 3' liv. p. 406. Le seigneur
Horace Baion, chef des enseignes noires [les ban-
des noires], du Bellay, Uém. liv. m, f" 84, dans
LACURNE.
— ÉTVM. Provenç. enseigna, enscjna, essenha;
catal. insignia; anc. espagn. ensena; ital. insegna;
du latin insignia, pluriel neutre de insignis, in-
signe, de in, et signum, signe. Dans les anciens
textes on trouve parfois enseigne masculin, qui vient
alors directement du neutre insigne.
ENSEIGNÉ, ÉE (an-sè-gné, gnée), part, passd.
Il 1° Qui reçoit l'enseignement. La jeunesse ensei-
gnée dans les collèges. || 2° Qui est donné en en.sei-
gnemenl. Les malliématiques enseignées avec succès
par ce professeur, {j 3° ludique. Chemin mal en-
seigné.
ENSEIGNEMENT (an-sè-gne-man), s. m. 1| 1° L'ac-
tion d'enseigner. La carrière de l'enseignement. Ce
professeur a la prati(|ue de l'enseignement. || 2° En-
seignement pulJic, l'enseignement ipie donne l'É-
tat; il se divise en primaire, secondaire et supé-
rieur. Il Enseignement primaire, celui qui donne
les premiers éléments des connaissances, lecture,
écriture et arithmétique. || Enseignement secon-
daire, celui qui embrasse l'étude des langues an-
ciennes, de la rhétoricpie et les premiers éléments
des sciences mathématiques et physiques et de la
philosophie. Il se donne dans les lycées et les col-
lèges, ainsi que dans les petits séminaires, jj En-
seignement supérieui , celui qui est destiné à en-
seigner dans toute leur étendue les lettres, les
langues, les sciences et la philosophie. 11 se donne
dans les facultés, au Collège de Erance et dans les
grands séminaires. I| 3" Se dit des différentes mé-
thodes d'enseignement. || Enseignement individuel,
celui dans lequel le professeur s'occupe en particu-
lier et successivement de chacun des élèves d'une
classe. Il Enseignement mutuel, celui dans lequel
on emploie les élèves les plus avancés sous le titre
de moniteurs, pour refléter aux autres ce qu'eux-
mêmes viennent d'apprendre. {| Enseignement si-
multané, celui dans lequel le professeur s'adresse
à la masse des élèves de la classe ou d'une subdi-
vision, et leur fait faire à tous en même temps les
mêmes exercices. || Enseignement professionnel,
celui dans lequel on apprend aux enfants ce qui est
nécessaire à la profession qu'ils doivent suivre un
jour et principalement aux professions commerciales
et industrielles. Il 4° Enseignement libre, enseigne-
ment que donnent les particuliers, par opposition à
l'enseignement public ou de l'Etat. || Enseignement
obligatoire, disposition légale en vertu de laquelle
tous les pères sont obligés d'envoyer leurs enfants à
l'école- Il 5° La carrière de ^en.^eignement, le corps
enseignant. Il est entré dans l'enseignement. 11 se
destine à l'enseignement. || 6" L'action d'instruire en
généraL L'enseignement développe la moralité d'un
peuple. Il En un sens plus restreint et spi'cial. L'en-
seignement universitaire. L'enseignement des jé-
suiles. 117° Précepte qui enseigne à faire ou à éviter.
L'art de la guerre A moins d'enseignements que tu
n'as de vertus, malh.i, 4. Satisfaites les dieux par
vntre amendemenl, Et sachez moi bon gré de cet
enseignement, botr. Aniignne, v, 6. Un trône irnli-
gnemeiit renversé et mi raculeu.sement rétabli ; voilà
les enseignements tpje Dieu donne aux rois; ainsi
fait-il voir au monde le néant de ses pompes et
Je ses grandeurs, Boss. Iteine d'Anglel. Les ensei-
gnements que Dieu donnait à son peuple, id. Lell.
258. El pratifjuons cet enseignement, pasc. dans
cousm. Il 8° Au plur. Ancien terme de pratique. Ti-
tres et enseisnements, les pièces servant à prouver
un droit, une possession, une qualité.
— HIST. xiir s. Ge ai affermé par mes enseigne-
menz les colonnes de Dieu, l'saulier, f°88. Car voi
bien que vous escrivés On livre du cuer volentiers
Tous mes enseignemens entiers, la Itose, 13705.
Le pape Grégoire, Qui par lettres lasaluoit l-;t mult
d'escriz li envoioit. Où mult avoit d'enseignement,
Por qu'ele ve.sijuisi chastement, buteb. ii, I9ii.
Lors appela mons Philippe son filz, et li commanda
à garder aussi comme par testament touz les ensei-
gnemens que il lui lessa, joinv. 300. f)t ce prince
et tout son peuple reçurent leur enseignemens [des
prédicateursl si debonnairement, que il furent touz
baptiziés, lu. 2H4. Il XV" s. L'einpiTeur revesiu de
ses habits et enseignements [insignes] impériaux,
Chr. de Si Denis, t. ii, f"33, dans lacusne. Et, en
ENS
U13
ce faisant, tiens Dien l'enseignement du sage duo
d'Athènes qui fut ap|ielé Pericles qui disoit, comme
rapporte Justin.... Bo«ci7. part, iv.ch.e. || xvi's. Pa-
lus se frappa tout suuhdain de ce niesme glaive,
honteux, à mon advis, d'avoir eu besoin d'un si
cher et précieux enseignement [le coup dont sa
femme s'était frappée], mont, m, t«2.
— Rtvm. Uiiseigner; provenç. ensegnamen, en-
srnhnman, essrgnamen; espagn. enseiiamientu ;
ital. insfgnamenlo.
ENSKIGNEU (an-sè-gné), v. a. \\ l'Indiquer, faire
connaître. Enseigner les détours d'un bois. Ensei-
gner le chemin le plus court à un voyageur égaré.
Et vous m'avez au crime enseigné le chemin, cobn.
Cinna. v, 2. Qui se lasse d'un roi peut se lasser
d'un ])ère; Mille exemples sanglants nous peuvent
l'enseigner, m. Nicom. ii, I. Vous vous mettez fort
mal au chemin de régner. — Seigneur, si je m'égare,
on peut me l'enseigner, in. ib. m, H. Pour sortie
des tourments dont mon âme est la proie. Il est,
vous le savez, une plus noble voie : Je me suis vu,
madame, enseignerce chemin Et par plusd'un héros
et par plus d'un Romain, rac. fie'rén.y, a. Ensei-
gnez-moi, Thébains, le palais de vos princes, m.j.
ciiÉN. Œdipe roi, iv, 2. || 2°Faire savoir, démon-
trer, en parlant d'un art, d'une science, en donner
des leçons. Enseigner le latin, le dessin, l'escrime.
Parmi les diverses sciences qu'ils [les pédagogues]
se vantent de leur enseigner [aux enfants], ils se gar-
dent bien de choisir celles qui leur seraient vé-
ritablement utiles, parce que ce seraient des scien-
ces de choses et qu'ils n'y réussiraient pas, J. J.
ROi'ss. Ém. H. Il Absolument. Rien n'étouffe plus la
doctrine que de mettre à toutes les cho.ses une robe
de docteur; les gens qui veulent toujours enseigner
empêchent beaucoup d'apprendre, montesq. Déf.
Esprit des lois, part. 3. || 3° Faire connaître comme
par une sorte de leçon. Quelques animaux nous ont
enseigné à bâtir des maisons. Que saurait enseigner
aux princes Le grand démon qui les instruit. Dont ta
sagesse en nos provinces Chaque jour n'épande le
fruit? MALH. m, 2. Instruisez-le d'exemple, et vous
ressouvenez Qu'il faut faire à ses yeux ce que vous
enseignez, cobn. Cid, I, 3. L'amour généreux de la
vérité fait très-souvent perdre les chaires oii l'on
ne doit enseigner que la vérité, maleb. Ueclier.he,
IV, 9. Non, quoi que l'ignorance enseigne sur ce
point, BOIL. Épit. XII. Méchant, c'est bien à vous
d'oser ainsi nommer Un Dieu que votre bouche en-
seigneà blasphémer, bac. Alhal. UI, 4. 11 est d'au-
tres vertus que je veux t'en.seigner, volt. Ali. v,
7. Enseignez la raison, la justice et les mœurs, m.
Orphel. V, 6. Le faux zèle Enseigne à tout souffrir
comme à tout hasarder, id. Ilenr. ch. x. S'ils sa
servirent du mensonge pour enseigner des véri-
tés, ils étaient ind gnes de b's enseigner ; ils
n'étaient pas philosophes, ils élaienl tout au plus
de très- prudents menteurs, m. Dicl. phil. l'hiloso-
phe , 1. Un sage simple, sans faste, sans imposture
[Coiifucinsl, qui enseignailaux hommes àvivre heu-
reux, six cents ans avant notre ère vulgaire, dans
un temps où tout le septentrion ignoiait l'usage des
lettres, m. ib. Tout le monde veut enseigner à bien
faire, et personne ne veut l'apprendre, j. j. bouss.
lUp. au roi de Pologne. Les niceuis qu'en ce désert
enseigne la nature, Ducis, ilacheth, iv, 6.114° Ap-
lirendre à savoir, instruire, avec un nom de |iersunne
[lonr complément direct. Enseigner la jeunesse.
[L'ingrat] ne tiendra compte ni de ceux qui l'ont mis
au monde, ni de ceux de rpii i! a mangé b' pain, ni
de ceux ipiiront enseigné, malh. le Traitcdis bienf.
de Si'nèque, m, n. Une femme qui peut faire des
fautes dans sa langue, si elle n'y a été ensoig.'iée,
VOIT. un. 185. Dans l'Église naissante, on ensei-
gnait les catéchumènes, c'est-à-dire Cr'ux (pu pré-
tendaient au baptême, avant cpie de le leur conférer,
pasc. Compar. des chr. J'ai déjà dit que ce grand
Dieu les enseigne [les rois] et en leur donnant et en
leur Ôlant le pouvoir, boss. Reine d'AngUli'rre. Ils
nous ont enseignés par leur ignorance même, id.
Serm. (Juinq. Allez, dit-il, enseignez toutes les na-
tions, les baptisant au nom du Père, du Eils et du
Saint-Esprit, et leur apprenant.... iD. Hist. ii, 0. Il
[Jésus-Christ] l'a enseignée il'Eglise] avec tant de
soin, FLÊcn. III, 407. Il [Jésus-Christ] inspire des pro-
phètes pour nous en.seigner, mass. Av. Onintte de
J. C. Nous avons enseigné ces brav»s insulaires,
VOLT. Orphel. v, 6. Les anciens Toscans, qui ensei-
gnèrent les Uomains, savaient quelque chose oe plus
que les peuples occideiituui, id. Uueurt, Av. prop.
Ce dogme par qui nous sommes enseignés que les
prières des mortels bitent la délivrance des âmei,
CUATEAUBR. Génie, u, V, ta. Il Eu cet eui^iloi,
I
1/»14
ENS
.iiMiRner nfl prend ni compMment Indirect ni rerbe
ior*i luiJIS' S'cnsoigr.er, v. Ti'fi. Se faire leçon à
wl-mern.. Afin que.... aui dépen. .l'aulrui Sage je
m'fli..riRn«.«, KecRiER, .Ça» «i. Vous [prêtre] en-
««•iariiez le» autre» et vous ne vous cnsemnieï pas
ïoiivmeme, MASS. Av. Jug. unir. || Ftre enseigné,
démontr*. Los mathématiques s'enseignent dans cet
ét.iMiMciiienl.
— .SYN. F.N.'îKiONEii, msTstriRB. Enseigner, c'est
donner l'enseignement; instruire, c'est donner l'in-
«truction. Il y a donc dans enseigner quelque chose
qui reg.ir(le moins le résultat et davantage les
moyens; c'est le contraire dans instruire. A un au-
tre point de vue, instruire se dit plus exclusivement
do l'enseignement intellectuel, et enseigner de l'en-
seignement moral ; allez et enseignez toutes les
rations; mais on dira à un professeur: instruisez
mon fils. Enfin, en plusieurs cas, ces deux mois
prennent une signification analogue et se confon-
dent.
— mST. XI' s. S'est quil [qui le] demande, ne l'cs-
tuet enseigner [il n'est besoin qu'on le lui montre],
Ch.ie Roi. vni. || xii* s. En.seignezmoi un home de
bernage (vaillance], flotte, p. )3. Et de bataille har-
dis et enseignés, ib. p. 68. Je vous ensegnerai [in-
diquerai] un jiiîse [jugement, supplice] pesant, ib.
p. <09. Isnels [prompt] por enseignier, et tardis
[tardif] por oïr, stbern. p. 653. Cil qui lui ont en-
saigné et apris Xe.slogner cens de ci environ, hues
BE LA FERTÉ, Unmancero, p. (84. Herupois sont
moult .sage, leurgent liien enseignie, Soi. xx. R''is,
fait li sainz Thomas, mal estes enseigniez; Vus
n'estes mie tels cum estre soliez Al tens que vus
servi.... Th. le mart. <I8. Les proveires [prêtres] ne
deiz enseignier ne mener; Ensuivre les t'estuet [tu
dois les suivre], devant deivenl aler, ib. 73. || xiii" s.
Amorsproi |je prie l'Amour] kem'ensaint [qu'il m'en-
seigne] à faire vo talent, Pnésies mss. avant 1 300, t. ii,
p. 959, dans LACURNE. Ainsi caroloientilecques Geste
gens, et autres avecques. Oui estoient de lor mes-
îiies, Franches gens et bien enseignies [bien élevées],
Et gens de bel afetement [maniîire] Estoient tuit
communément, la Rose, «289. Oncques tel response
n'issi [ne sortit] D'omme vilain mal enseignié, ib.
1941. Par cest livre porra il [le comte] estre ensei-
gniez comment il devera garder et fere garder les
coustumesde sa terre, beaum. <2. Leconnestable en
parla au Beduyn, et il dit que il n'en enseigneroit ja
gué, se l'en ne li donnoit les deniers avant, jojnv.
2î3. Un cordelier vint à li au chaslel de Yeres, et,
pour enseigner le roi, dit en son sermon, id. (OO.
Il XIV' s. Les autres ars et sciences enseignent ung
homme estre bon edifieur et bon paintre, oresme,
Prol. Il xv s. [Edouard fait sortir de Calais tous les
habitants pour la repeupler de purs Anglais] et ne
retint que trois hommes : un prestre et deux autres
anciens hommes, bon coustumiers des lois et oraon-
nanccs de Calais; et fut pour enseigner les héri-
tages, FROiss. I, I, 322. Il XVI' s Car chacun
jour au camp sous leur enseigne Font exercice, et
l'un & l'autre enseigne X tenir ordre et manier la
fiicque, marot, ii, 20. Il leur enseigna la sobriété et
es accoustiima à peu parler, amyot, Lyc. et Num.
cnmp. 7. Il ordonna qu'ilz fussent élevez, instruits
et enseignez soubs mesmes maistres, id. «6. 9. Il
enleva l'or et tua sur le champ le pauvre Barbare
qui le luy avoit enseigné, de peur qu'il ne le dist à
d'autres, m. Arist. I3. 0 gentils oiselets que vous
estes heureux ! Nature d'elle mesme à l'amour vous
enseigne, bons. )8I.
— ETYM. Provenç. enseignar, ensegnar, essei-
ffunr; calai, ensemjar; espagn. enseilar; portug.
ensinar; ital. insegnare; d'un bavlatin insignare,
de III, en. et signum, signe.
t BNSF.IGNEUR (an-segneur), t. m. Celui qui
enseigne. Ceux qui se disaient penseurs, ensei-
gneurs, crurent que l'âme humaine était un souflle
d'air, volt. Ame, 4.
— IllST. xiii* s. Et tele courtoisie vous fait [Dieu],
qui» il vous a baillé enseigneurs, par quoi vous co-
noissez quant vous faites le bien et quant vous faites
le mal, joinv. 258. j xv t. Conseillers des princes
futurs et enseigneurs du simple peuple, christ, de
PîSAU, CKarlfs V, ii, 2.
— ETYM. Enseigner; provenç. enseçinaire, ensei-
gnndnr; espagn. enseùador; ital. tnjfgnalore. Dans
le provençal, emegnaire est le nominatif, et emei-
gnador le régime.
ESSEI.I.Ê. ÊE (an-sè-lé, lée), ndj. || 1' Dont le
flnsot les reins, en parlant du cheval, présentent
une concavité marquée semblable à une selle. Les
f5'*r.ï!J''" \"^"' irùs-vieui deviennent souvent
"DMUt» daoi leurs dernières années. || »• Terne de
ENS
mer. Navire ensellé, navire dont l'avant et l'arrière
.sont fort relevés et le milieu fort bas.
t ENSEI.LEK {an-»6-lé) , v. a. Terme de manège.
Mettre la selle à un cheval.
— lllST. XI' s. Quatre chivalz cnselezetenfrenez.
Lois d' Guill. 23.
— ETYM. ^n t , et selle; provenç. enseilar, ense-
lar, esselnr ; espagn. ensillar.
EN.SESniLE (an-san-bl') , adv. || 1* L'un avec
l'autre, les uns avec les autres. Ils sont sortis en-
.semble. Chantons, dansons ensemble. Ensemble
vous vivez dans vos ardeurs fidèles. Comme deux
vrais enfants, comme deux tourterelles, mol. Tart.
II, 2. Quand l'amour et l'ambition se rencontrent
ensemble, pasc. Passions de l'amour. Voyez si vous
romprez ces dards liés ensemble ; Je vous expliquerai
le nœud qui les rassemble, la font. Fabl. iv, <8.
Hélas! dit Philémon, si votre main puissante Vou-
lait favoriser jusqu'au bout deux mortels, En.semble
nous mourrions en servant vos autels, iD. Phil. et
Baucis. Puis.sent la Mecque ensemble et Médine et
l'Asie Punir tant de fureur et tant de perfidie! volt.
Fanal, v, 2. Plus il y a d'hommes ensemble, plus ils
sont vains, et sentent n.iltre en eux l'envie de se
signaler par de petites choses, montesq. Esp. vu,
i. Rien ne lie tant les cœurs que de pleurer ensem-
ble, j. J. Bouss. Confcss. x. L'habitude de vivre
ensemble fit naître les plus doux sentiments qui
soient parmi les hommes, l'amour conjugal et l'a-
mour fraternel, id. Inégal. 2' partie, p. (22, dans
pot'GENS. Notre courtisan philosophe, si ces deux
mots peuvent aller ensemble, aimait à raconter
cette histoire, d'alf.mhert. Éloges, Rose. Depuis
longtemps on soupçonnait que l'Amazone et l'Oré-
noque communiquaient ensemble par la rivière
Noire, où la cour de Lisbonne a plusieurs établisse-
ments, RAYNAL, Jlist. fihil. IX, H. Le silence même
prouve que les âmes peuvent être heureuses par la
présence l'une de l'autre; car ce silence n'opère ni
le dégoût ni l'ennui; on ne dit rien, mais on est
ensemble, nARiiiÊLEMY, Anach. ch. 78. Allez, et,
bénissant le Dieu qui vous rassemble, Chantez,
priez, pleurez, consolez-vous ensemble, delille.
Pitié, IV. Il Etre bien ensemble, se dit de gens qui
ont de bons rapports entre eux. Nous sommes très-
bien ensemble, sÉv. 44. || 2° A la fois, en même
temps, simultanément. Il fut convenu que les deux
adversaires tireraient ensemble. Je ne suis pas en-
semble aveugle et téméraire, malh. v, 30. Il en est
de même des discours que des corps qui doivent or-
dinairement leur principale excellence à l'assemblage
et à la juste proportion de leurs membres; de sorte
mêmequ'encore qu'un membre séparé de l'autre n'ait
rien en soi de remarquable, tous ensemble ne laissent
pas de faire un corps parfait, boil. Longin,Si(biime,
ch. 32. Vous me haïssez plus que tous les Grecs en-
semble, RAC. yindr. III, 6. J'ai votre fille ensemble
et ma gloire à défendre, id. Iph. iv, 6. Ii eût été
trop heureux s'il eût pu se livrer entièrement à son
polit soit pour la poésie, soit pour la philosophie,
soit pour toutes les deux ensemble, fonten. Han-
fredi. Sous le vain nom de bienfaiteurs Ces grands
semaient ensemble et les dons et l'offense, Gilbert,
le Jug. dernier. Ce sentiment confus de tendresse
et d'effroi Qui la rapproche ensemble et l'éloigné de
moi, Ducis, Oscar, i, 6. || Tout ensemble, même
sens. Je mourrai tout ensemble heureux et malheu-
reux. Heureux pour vous servir de perdre ainsi la
vie. Malheureux de mourir sans vous avoir servie,
CORN. Cinna, i, 4. J'ai peu d'heures de loisir et de
santé tout ensemble, pasc. dans cousin. Quand on
a l'un et l'autre esprit [l'esprit géométrique et l'es-
prit de fines.se] tout ensemble, m. Passions de ta-
mnur. Les fidèles apprennent que le vrai Dieu, le
Dieu d'Israël, le Dieu un et indivisible auquel ils
sont consacrés par le baptême, est tout ensemble
Père, Fils et Saint-Esprit, Boss. Ilist. ii, 6. 11 in-
struit les empereurs et tout ensemble fait rendre
l'obéissance qui leur est due, m. ib. i, il. On
l'approche tout ensemble avec liberté et avec rete-
nue, la bruy. II. C'est ainsi qu'un célèbre écrivain
qui n'est ni spinosiste ni déiste, s'est vu accuser
dans une gazette sans aveu d'être l'un et l'autre,
quoi qu'il soit aussi impossible d'être tous les deux
à la fois que d'être tout ensemble idolA're et juif,
d'alf.mbeht. Préface, 3' vol. Enrycl. Œuvres, t. i,
p. 396, dans pouGENS. Il 3" Ensemble, en corps, en
masse. Vendre le tout en.semble. Pendant qu'Annibal
resta avecson armée ensemble, il battit les Romains,
MONTESQ. Ilom. rv. Il s'agissait de surprendre l'ar-
mée russe, ensemble ou dispersée, de faire un coup
de main avec quatre cent mille hommes, séglr,
Uist. de t'apol. m, 2. || Le tout ensemble, la tout
ENS
pris à la fois et sans avoir égard aux détails. Ct'.'v
comédie a des défauts, mais le tout ensemble atti-
che les spectateurs. || 4° Terme de peinture. Celte
figure est bien ensemble, elle a de justes propor-
tions. Mettre une figure ensemble, en ensemble
ou d'ensemble. Il 6° S. m. L'union des parties dans
un tout; l'effet qui en résulte. Tout c«da forme un
assez bel en.semble. Ce n'est pas assez que d'avoir
bi"n établi l'ensemble, il s'agit d'y introduire les
détails sans détruire la masse, mnEROT, Essai sur la
peint, ch. I. Il y a dans le discours deux choses, la
liaison et l'ensemble, condillac, Gramm. i, 27.
Pour juger du génie de Lycurgiie, c'est l'ensemlile
de sa législation qu'il faut considérer, barthel.
Anach. ch. 51. En poésie, rien n'est beau que par
les rapports des détails avec l'ensemble et de l'en-
semble avec nous-mêmes, marmontel, Élem. litl.
Œuvres, t. viu, p. 222, dans poiigens. Le cliarine
des détails, les beautés de l'ensemble, delili.e,
Imagin. m. || 6' Terme de musique. Accord. Ex';-
cuter des chœurs aven beaucoup d'ensemble. || Mor-
ceau d'ensemble, morceau composé de plus:eurs
parties exécutées par plusieurs instruments ou plu-
sieurs VOIX. Musique d'ensemble. || Absolument. Le
finale se termine par un bel ensemble. || 7' Terme
militaire. Cohésion qui est entre les parties d'un corps
de troupe. Son combat de la veille et sa marche noc-
turne avaient achevé son corps d'armée; ses divi-
sions avaient encore quelque ensemble, mais pour.-e
traîner, pour mourir et non pour combattre, sÉGun,
Ilist. deNap'il. x,5. || Ces soldats commencent à mii-
tre lie l'ensemble dans leurs mouvements, c'est-à-diie
ils manœuvrent, ils manient leurs armes avec accopi.
Il Terme de marine. Mouvementd'ensemble, manœu-
vre généraled'une (lotte ou d'une escadre. || 8° Terni;
de manège. Un cheval a de l'ensemble, lorsque ses
proportions sont bonnes et régulières; ses allures,
ses mouvements ont de l'ensemble, lorsqu'ils sont
réguliers et uniformes. || Mettre .son cheval en-
semble, l'obliger à rassembler et à bien distrii-u'T
ses forces. Mettre bien ensemble, mettre un cheval
sur les hanches.il Effets d'ensemble, l'action com-
binée de la main et des jambes ayant pour but de
ramener à la position d'équilibre, sans produire de
mouvement en avant ni en arrière, toutes les par-
ties du cheval. {| 9° La totalité. L'ensemble des hom-
mes qui peuplent la terre. L'ensemble des nationa
européennes. L'ensemble des ordonnances des an-
ciens rois de France.
— HIST. XI' s. Ensemble od lui Roland et Olivier,
Ch. de Rot. viii. Qui quel compert [quel que soit
celui qui le payera, qui sera vaincu], venuz en sint
ensemble [aux mains], ib. cxxii. || xii' s. Si lui a
dit: ensanble n'irons plus, Ronc. p. 90. Ensemlile
convient remanoir Moi et amor par estouvoir [par
devoir], Couei, xvui. Mainte bataille [ils] en firent
et mainte occision. Et si murent ansamble meslée
et contençon, Sax. m. Tant se sont d'amhes parz
de l'acorde pené Li bons reis Loewis e evesque e
allé. Qu'ensemble sunt li reis e .saint Thomas aie,
Si tost cum s'entrevirent, 7"/». le mart. fi3. || xlil's.
Jamais certes ne nous verrons, Ne ensanle ne par-
lerons, Poc'sies mss. avant r3oo, t. iv, p. t354,
dans LACtiBNE. Et lors commencierent à aporter le
paaing et à mètre ensemble, villeh. cviii. En.si fu
li consaus [conseil] acordés, et alerent tout ensem-
ble en une valée où il tenoient leur parlement, m.
Lix. Grani temps [Pépin et Berte] furent ensemble;
car ainsi plut à Dieu, Rirle, m. || xiV s. Et ne sont
pas ces trois choses divisées d'ensemble, oresme.
Elh. 19. Il xV s. D'Artevelle mit plusieurs fois In
conseil des bonnes v-Ues ensemble, pour parler
de.... FROlss. I, I, 60 Kt quand les seigneurs ba-
rons s'aprocherent, et qu lÎJ rurent des lances et des
espées venir ensemble, adonc y er* dure bataille,
ID. I, I, <96. Il xvi' s. Estes vous ceulx qui avez co
grand différent ensemble? rabel. Panl. 11, to. lu
nous sembloyt à l'ouyr que ce feussent cloches
grosses, petites et médiocres, en.semble sonnantes,
ID. ib.v, I. Pourquoy se diviseroyent-elles d'en-
semble? CALV. Inslit. «22. Ils couchent en des licts
dix ou douze ensemble avec leurs femmes, motf. i,
131. Grands conseillers aux affaires d'es'at, et en-
semble très sçavants, m. i, I40. Ils n'ont rien à
iliviser et partir ensemble, id. i, 215. U lecture
qui plaist et profile, qui délecte et instruit ensem-
ble, a toutcequel'onsçauroit désirer, amyot, Prif.
1, 25. Tant de fois s'appointer, tant de fois se fascher,
'Tant de fois rompre ensemble, et puis se renouer,
RONS. 233. C'estoit au point du jour.... Quand tout
ensemble on veille, et tout ensemble on dort D'un
œil entre-surpris du frère de la mort, bons. 708.
— ÊTYM. Picard, CTuar.e, insiane; bourgu.jf. an-
1
ENS
tanne; wallon, èsône; namurois, èchône ; T0uch\ ,
eiichen. etuanne; proveiic. eiisems. pnsemvs, es-
lemps ; anc. calai, ensems; aiio. espagn. ensemble ;
anc. port, ensembra; ilal. insieme ,in.sembre ,insem-
bra; du latin in, en, et simul, ensemble (conip.
SKiiBLABLE). Â côté d'enxemble , la vieille lanyue
avait l'aiiverhe inseinbleinent.
ENSE.ME>'CÊ, ÉE {àn-se-mSiR-sé, sée), part. passé.
Champ ensemencé en blé.
ENSEMENCEMENT (an-se-man-se-man), s. m
Action (le répandre sur le sol et d'enterrer les se-
mences destinées à produire des récoltes nouvelles.
L'ensemencement doit se faire en temps utile.
— SYN. ENSKMiiNCEMENT, SEMAILLES, SEMIS. En-
semencement est le terme générique. 1! s'emploie
en agriculture et y est synonyme de semailles, pour
toutes les opérations de ce genre faites en grand et
en plein cliamp. Semis s'emploie en horticulture et
pour les pelitesquantitésde semence. Ainsi ensemen-
cement et semailles sont des termes d'agriculture; se-
mis , un terme d'horticulture. Ensemencement, en sa
qualité de terme générique, s'emploie pour autre
chose que la terre : on dirait qu'une baie a reçu un
ensemencement d'huîtres , non semailles ni semis.
— HIST. XVI* s. Donc sans rétention, pourvoies à
l'ensemencement de l'estang avec toute libéralité,
0. DE SERRES, 42G.
— ÉTVM. Ensemencer.
ENSEMENCER ( an-se-man-sé. Le e prend une
cédille devant a ou 0 ; j'ensemençai, ensemençons),
V. a. Ojiérer l'ensemencement. Ensemencer un
champ. 11 fallait labourer les tristes champs de
Mars, Et des dents d'un serpent ensemencer la
terre, corn. Méd. II, 2. || Ensemencer un étang,
une rivière, y mettre du menu poisson, de l'alevin.
Il S'ensemencer, v. re'fl. Pour les céréales, la terre
s'ensemence k l'automne ou au printemps.
HIST. xvi* s. La province estoit universellement
partout ensemencée, amyot, Eum. u. Un masle et
trois ou quatre femelles suffiront pour vous ense-
mencer de telle volaille, o. de serres, 364, iu.
— Etym. En 4, et semence.
i. ENSEIUIË, ÉE (an-sè-ré, rée), part, passé
d'enserrer t. Serré dans. Le régiment, enserré dans
un étroit espace, ne put se développer.
2.ENSEKRÊ, ÉE (anse ré, rée), part, passé d'en-
serrer 2. Mi.sen serre. Des plantes exotiques enserrées.
t ENSElt REMENT (an-sè-re-man) , s. m. Action
d'enserrer, d'enfermer.
— HIST. XVI' s. Enserrement, coigrave.
— ÉTYM. Enserrer i.
i. ENSERRER (an-sè-ré), t). a. Serrer dans, en-
fermer, contenir. 11 faut la [Rome] retenir et tout
ce qu'elle enserre Comme un gage assuré des frais
de cette guerre, du ryer, Scévole, ni, 2. Le dé-
dale des cœurs en ses détours n'enserre Rien qui
ne soit d'abord éclairé parles dieux, la font. Fabl.
IV, 49. 11 retourne chez lui, dans la cave il en-
serre L'argent et la joie à la fois, id. ib. viii, 8.
L'avare rarement finit ses jours sans pleurs; Il a
le moins de part au trésor qu'il enserre, Thésau-
risant pour les voleurs, Pour ses parents ou pour
la terre, id. 16. ix, 16. Les cieux instruisent la terre
X révérer leur auteur; Tout ce que leur globe en-
serre Célèbre un Dieu créateur, J. B. Rouss. Odes,
1, 2. Mais quand j'achetai, dites-moi, celte terre.
Ses vignes et .ses prés et tout ce qu'elle enserre,
pu. POISSON, Procur. arbit. se. 9.
— HIST. XIII* s. Il la [sa fille] fait en la tour en-
serrer et remaindre. Ainsi la cuide bien chastier et
destraindre, audefh. le bast. Romancero, p. 15.
11 entra dedens, et il fu puis bien longuement en-
1 serés à moût grant mesaise bien par treize mois ou
plus, viLLEU. CLiv. Champ ou vigne qui est enserrée
en autres, doit avoir sa voie au plus près dou che-
min, sanz le domage à voisin, Liv. de just. 442. Se
f li vilains pooit savoir Que je fusse ci enserré, Ren.
4444. Certes ge te ferai lier, Ou enserrer eu une tour,
la Rose, 3552. || xvi* s. Prescher liberté aux captifs,
j oiiveitu'-e aux enserrez, calv. Inst. 698. Depuis,
ii estant arrivé à Periclès un renfort de plus grand
1 nombre de vaisseaux, ilz furent adonc enserrez de
tout poinct, AMYOT, Périci. 49. En obscure fosse [je]
m'enserre. Comme ceux qui sont trespassez, MAhOT,
IV, 337. Si la naiure enserre, dans les termes de
son progrez ordinaire, les jugements et opinions des
hominss; si elles ont leur révolution.... mont, ii, 337.
— ETYM. En I , et serrer ; Berry, ansarrer ; pro-
venç. ensirrar , esserrar , eserar , essarrar ,issarrar ;
espagn. encerrar; ital. inserrare.
i. ENSERRER (an-sè-ré), v. a. Terme de jardi-
nage. Mettre en serre. Enserrer des orangers,
— ÊTYM. Ent, et serre
ENS
t ENSECILLEMENT (an-seu-Ue-mail , » mouil-
lées), s. m. Ternie d'architecture. Nom donné aune
certaine hauteur comprise entre l'appui d'une fe-
nêtre et le plancher. Cette fenêtre a tant d'euseuil-
lement.
— ETYM. En t , et seuil.
ENSEVELI, lE (an-seu-ve-li, lie), part, passé
d'ensevelir. || 1° Dans le style élevé. Mis dans la sé-
pulture. Il est mort; savons-nous s'il est enseveli?
BAC. ililhr. i, 3. Un éternel oubli Tient avec ce se-
cret Hercide enseveli, volt. Fanal, v, t. || 2° Par ex-
tension, recouvert par quelque chose qui s'entasse.
Ils sont ensevelis sous la masse pe.sante Des monts
qu'ils entassaient ]iour attaquer les cieux, quinault,
Proserp. 1, t. Ton père, en.seveli dans la foule des
morts. Me laisse dans les fers à moi-même incon-
nue, RAC. Iphig. II, i. Voudront-ils que leur tem-
ple enseveli sous l'iierbe... id. Athal. m, 3. Son
vaisseau fut en.seveli dans les ondes, fén. Tél. i.
Ulysse doit être enseveli dans les ondes, id. ib. vu.
Ne sais-tu pas.... Que l'insecte insensible enseveli
sous l'herbe, Et l'aigle impérieux qui plane au haut
du ciel.... volt. Fanal, i, 4. Votre âme inflexible
et superbe Voudrait voir nos remparts ensevelissons
l'herbe, saurin, Spartacus, v, 4. Ou, si dans leur
fureur le sort ne les seconde. Tomber enseveli sons
les débris du monde, delille, Parad. perdu, vi.
Il 3° Mis en oubli. La Fiance à l'Espagne s'allie,
Leur discorde est ensevelie, malh. vi, 2. Démons,
détruisez ce palais; Partons, et, s'il se peut, que
mon amour funeste Demeure enseveli dans ces lieux
pour jamais, ouinault. Àrmide, v, se. dern.
.... Qu'en un profond oubli Cet horrible secret de-
meure enseveli, bac. Plièd. 11, 6. Ces blasphèmes
qui auraient dû être ensevelis avec le paganisme,
MAss. Car. Injust. Ainsi le mal est en évidence, et
le bien reste enseveli, marmontel. Contes moraxix,
Uisanthr. corr. Combien de vérités utiles, froide-
ment et négligemment énoncées, y seraient restées
ensevelies, si l'éloquence n'était venue les retirer
comme du tombeau Iid. Êléin. litt. Œuv. t. i,
p. 409, dans pouoens. || 4" Kig. Enfoncé, plongé
dans ce qui est comparé k une sépulture. Et de
mille pensers mon esprit agité Paraît 'enseveli dans
la stupidité, CORN. Uérad. 11, 6. Nous ne sommes
capables de connaître qu'un seul objet et une seule
vérité à la fois; le reste demeure enseveli dans no-
tre mémoire cumme s'il n'y était point, nicole, Ess.
de mor. i" traité, ch. 8. Les hommes, ensevelis
dans la chair et dans le sang, avaient pourtant con-
servé une idée obscure de la puissance divine, Boss.
Ilist. II, 2. Surtout je redoutais cette mélancolie Où
j'ai vu si longtemps votre àmeensevelie, rac. Aiidr.
I, 4. Dans un lâche sommeil crois-tu qu'enseveli
Achille aura pour elle impunément pâli ?id. Iphig.
VI, 4. Ces siècles qu'il serait si avantageux de con-
naître sont ensevelis dans une profonde obscurité,
CONDILLAC, Études hist. part, i, Introduction. 11
semble que notre saint prophète ait eu principale-
ment en vue de nous priver de tout ce qui peut trou-
bler notre raison ; il nous a interdit l'usage du vin
qui la lient ensevelie, montesq. Litt.perz. 56. || Être
enseveli dans le sommeil, dormir profondément.
Il Être enseveli dans la débauche, dans la crapule,
s'y abandonner sans retenue. {| Être enseveli dans
les livres , lire sans cesse, étudier sans se donner
de relâche. || Être enseveli dans le chagrin, avoir
beaucoup de chagrin. Enfin, dejiuis aeux jours la
superbe Athalie Dans un chagrin profond paraît en-
sevelie, BAC. Alh. I, 4. Il 6° Enveloppé d'un linceul.
Enseveli dans le dernier drap qu'il possédait.
ENSEVELIR (an-seu-ve-lir; comme deux syllabes
muettes ne peuvent se suivre immédiatement, on
donne à la syllabe se le son de seu; autrefois on pro-
nonçait en-sé-ve-lir, du moins Uichelel écrit ainsi),
«. a. Il 1* Dans le style élevé. Déposer dans la sé-
[lulture. Son corps fut enseveli avec les mêmes hon-
neurs et la même pompe que ceux des rois légiti-
mes, ROLLIN, llisl. anc. Œuvr. t. v, p. 239, dans
POUGENS. J'ensevelis pour toujours dans le sein de la
terre ce qu'elle avait porté de iilus parfait et de plus
aimable, l'abué piiévost, Manon Lescaut, 2* part.
Il Absolument. Qui tôt ensevelit bien souvent assas-
sine. Et tel est cru défunt qui n'en a (|ue la mine,
MOL. l'Ét. II, 3. Il 2° Par extension, mettre sousquel
que chose qui est considéré comme un tas. C'est
sous les ruines du trône et du palais de votre vieux
tyran qu'il faut l'ensevelir avec tous ses complices,
MARMONTEL, Ilclisaire, ch. m. Le chameau mieux
instruit, courbé sous la tempête, Dans le sabb du
moins ensevelit sa tête, ducis, Abufar, n, 7. Et
l'Anio paisible, et l'Eridan fougueux, Qui, roulant à
travers des campagnes fécondes. Court dans les vas-
ENS
1415
tes mers ensevelir ses ondes, deulle, Oéorg. iv.
Il 3° Kaire disparaître. Je ne m'étendrai pas da-
vantage sur ce poCme; tout irrégulier qu'il est, il
faut qu'il ait quelque mérite , puisqu'il a sur-
monté l'injure des temps et qu'il parait encore sur
nos théltres, bien qu'il y ait plus de vingt-cinq
années qu'il est au monde, etqu'unesi longue ré-
volution en ait enseveli beaucou|i sous la poussière
qui semblaient avoir plus de droit que lui de pré-
tendre à une si heureuse durée, cobn. Ex. de l'Illus.
comique. Ne pouvant pas me résoudre à ensevelir
ma maison dans celle de Mazarin, et n'estimant pas
assez la grandeur pour l'acheter par la haine pu-
blique, RETZ, Hém. t. II, liv. III, p. 4 68, dans pou-
gens. 11 ne tint presijuo à rien qu'il n'ensevelît tout
le parti de M. le prince, id. ib. liv. iv, p. 248. Un
homme de cour qui n'a pas un assez beau nom doit
l'ensevelir .sous un meilleur, la BitUY. viii. Il veut
avec leur sœur ensevelir leur nom, rac. Phèd, i,
4. Il 4° Cacher comme dans une sépulture. Traltrel
tu prétendais qu'en un lAche silence Phèdre ense-
velirait ta brutale insolence? rac. Phèdre, iv, 2.
Ces trésors dont le ciel voulut vous embellir. Les
avez-vous reçus pour les ensevelir? lo. Brit. n, 3.
La gloire des monuments que l'orgueil ou l'adula-
tion ont élevés, sera ou eitevelie dans l'oubli par le
temps ou eliacée par les censures et les jugements
plus équitables de la postérité, mass. Petit car.
Respect des grandspour la rel. Sur quels bords mal-
heureux, dans quels tristes climats Ensevehr l'hor-
reur qui s'attache à mes pas? volt. Œdipe, iv, 4.
[L'Arabe] Laissait dans ses déserts ensevelir sa gloire,
ID. Fanât. 11, 5. Le secret qu'en ton seinje dois en-
sevelir, ID. Orphel. I, 6. Ensevelissons ma vie ainsi
que ma douleur dans une éternelle et profonde so-
litude, M'"" DE gi:ni.is, Mlle de Lafayette, p. 402,
dans POUGENS . || 5° Envelopper le corps d'un mort
dans un linceul. C'est une œuvre pieuse que d'ense-
velir les morts. || Par extension, envelopper comme
d'un suaire. Voiles, crêpes, habits, lugubres orne-
ments. Pompe oii m'ensevelit sa première victoire,
CORN. Cid, IV, 4. Il 6° S'ensevelir, v. ré(l. L.ais-
ser tomber sur soi ce qui est comparé à une sé-
pulture, s'ensevelir soiij les ruines de la place, la
défendre jusqu'à la mort. Je m'ensevelirai sous ma
propre ruine, corn. Sert, v, 7. || Fig. Je suis Héra-
clius, je suis fils de Maurice; Sous ces noms pré-
cieux je cours m'ensevelir, corn. Iléracl. V, 2. |lï''Se
cacher. S'ensevelir dans la retraite, dans la soli-
tude, se retirer du monde. Moi, renoncer au monde
avant que de vieillir, Et dans votre désert aller
m'ensevelir! MOL. 1/ii. v, 7. || Par extension, s'ab-
sorber, se plonger. S'ensevelir dans les livres, dans
la débauche, dans le chagrin. La belle chose de....
s'ensevelir pour toujours dans une passion, mol. V.
Juan, I, 2.
— SYN. ENSEVELIR, ENTERRER. Ensevelir, c'est en-
velopper un corps mort dans le drap appelé linceul.
Enterrer, c'est mettre en terre le corps mort. L'his-
torien suisse Ruchat s'est donc exprimé incorrecte-
ment dans la phrase suivante : « Calvin luourut le
27 mai (4 584) et fut enseveli tout simplemenj au ci-
metière commun de Plainpalais. » Il fallait dire, en-
terré ou inhumé, humbert, Gloss. génev. 11 faut
distinguer : le fait est que ensevelir a eu de tout
temps et a encore le sens de donner la sépulture;
mais il ne l'a que dans le style élevé; et l'on dira
fort bien : il fut en.seveli à côté de ses aïeux. Mais,
hors de ce style, ensevelir signifie couvrir du lin-
ceul; et c'est pour cela que l'on ne dit pas bien en-
sevelir au cimetière, et que Humbert acritiqué jus-
tement la phrase de Ruchat. Il faut remarquer aussi
que toutes les acceptions figurées procèdeut de la
signification donner la sépulture.
— HIST. XII* s. Pristrentle corps, si l'ensevelirent
el sépulcre sun père en Bethléem, e Joabe si cum-
paignum errèrent tute la nuit, i?où, p. 128. Piiis
morut e fud ensevehz en un hcrt de sun palais, ib.
421. ||xm* s. E fu ensevelis en la mère église, Chr.
de R. p. 47. Moult auroies isnel cheval. Se ne te
puis livrer estai. Tant que je t'auré trangloti Et de
mon ventre enseveli, Rm. 7748. Plusor en cest
fleuve s'en entre, Non pas seulement jusqu'au ven-
tre, Ains i suiit tuit enseveli, Tant se plongent es
flos de li, la Rose, C077. Dariere celi qui tenoit les
trois coutiaus, avoit un autre qui tenoit un bouque-
ran entorteillé entour son bras, que il eust pré-
senté au roy pour li ensevelir, se il eust refusée la
requeste au vieil de la montagne, joinv. 259. Cuer
qui la fin de ce damaige [la mort] N'a tousjours de-
vant son visaige Est presqu'enseveli en fiens [fu-
mier], J. DE UEBNG, Tr. 4333. || XIV* S. Pour l'ams
la royne dont li corps fu murdris, X l'église où son
1A16
ENS
peui.I» n.i. rt-çoit oppressùm .le» .ol.lal». ne les ex-
iuJr. p.» uni, pour ce .|..'ils le d.feii.lent, comme
il les mnud.r.. iK>ur ce qu'il» le tlevorenl : enseve-
liisant le souvenir du bien dans le scntimenl des
niaui. lANOiE, . 00. Timandrn alla prendre le corps,
qu'elle enveloppa et ensepvelit des meilleurs draps
I u'clleeusl, AiiYOT, Aie. su. La vcilu et 1 honesteté
de Démodes est digne de n'estre passée ny ensep-
relie en silence, i». /Jf'm/rr. 30. Combien de belles
actions particulières s'cnscpvelissenl dans la foule
d'une bataille? mont, m, )6.
— Ktym. A'n t , et l'anc. français, leveîir, du la-
tin »^e/ire (voy. sépulture).
EN.SEVKLISSK.MENT (an-seu-ve-li-»o-man), s. m.
Actiond'ensevelir. L'ensevelissementdesmortso.stau
nombre des œuvres de miséricorde, IHct. de l'Acail.
HIST. XII* s. Si li mostra un vesiument À son
ensepelis'ieiTiBnl, wace, Vierge Marie, p. "1.
— f.TYM. Ensevelir.
i ENSKVKLISSEUR , EUSE (an-seu-ve-li-seur,
teti-z), ». m. et f. Celui, celle qui ensevelit.
— HIST. Ensevelisseur, oudin, Dict.
— ETYM. Ensevelir.
f ENSI.... mot employé en histoire naturelle,
qui sinnile fpée et (|ui vient du latin ensi's, épée.
t ENSICAUDE (in-.si-kô-d'), ad;. Termo de zoo-
logie. Oui a la queue plate, amincie sur les bords et
pointue.
._ RTYM. Fnsi...., et le lat. eauda, queue.
■fENSIFOI.lft, fiK (in-si-fo-li-é, ée) , adj. Terme
de botanique. Uui a des feuilles en forme d'épée.
— f.TYM. Ensi...., elle lai. fnlium, feuille.
f ENSIKORME (in-si-foi-m'), arfj. Terme d'his-
toire iiaiurelle. Oui a la fcirme d'une épée. || Keuilles
ensiformes, feuilles un peu épaisses au milieu, tran-
chantes aux deux bords et rétrécies de la base au
sommet, qui est aigu.
— HIST. xvr s. i cause de quoy ce cartilage est
appel'é ensiforme, paré, ii, t.
— ÉTYM. Ensi...., et forme.
t ENSILAGE (aii-si-la-j'), s. m. Mise et garde du
blé dans îles .silos.
— É1YM. En I , et silo.
■f ENSlMAfiE (an-si-ma-j'), s. m. Action d'ensi-
mer; eiïel de cette action.
t ENSIMER (an-si-mé), V. a. Terme de manu-
facture. Meure légèrement à la main du saindoux
Bur la superficie des étoffes du côté de leur endroit,
•fin de les pouvoir tondre plus facilement, le sain-
doux aidant à faire couler les forces. L'article 63 du
Règlement général des manufactures du mois d'août
«669 empêche les tondeurs de dra(is d'employer
pour l'ensimage îles étoffes aucunes graisses appe-
li'es llamhart, mais seulement du saindoux de porc
le plus blanc, savary, Dict.
— lll.ST. XIII' s. Se aucuns enseymoit trop se [sa]
laine, ou enpourroit [empoudiait], ou metloit or-
dure pour faire plus peser sou drap, du canoë , sai-
num. Il XIV' s. Doivent estre les laines ensainnées
de sain clerou de lieurre, ID. ib. Se li draps qui sera
trouvés ors (sale] ou ensaymmés,iu. ii>. || xv's. Pour-
tant ne le vueille ensimé, Que revivifler ne pusse,
Traité d'akh. 29».
— f.TYM. La forme -véritable est msainer, garnir
«le «ai'n (voy. saindoux).
t KNSIPENNE (in-si-pè-n*), adj. Terme de zoo-
logie. Oui a les jiennes des ailes en forme de sabre.
— F.TY>I. Ensi...., et penne, plume.
t EX.SIROSTRE (in-si-ro-str'), adj. ferme de zoo-
logie. Dont le liée est en forme de sabre.
— Etvm. Ensi...., et le lat. ros(rnm,bec.
t EXSONAILLE (an-.so-na-ir, U mouillées), s. f.
Terme de marine. Petite èorde qui relient le bout
do la crosse du gouvernail d'un bateau foncel.
t ENSORCELANT, ANTE (an sor-se-lan, lan-f),
adj. Oui charme, qui plait. Il ne se trouvera point
que j'aie employé ni afféterie ni paroles ensorcelan-
les, LA KONT. l'.^ycM, 11, p. iR5.De la manière dont
TOUS me peignez Marli, c'est un véritalile lieud eii-
chanlemenl.... mais surtout les discours du maître
duchltieauont quelque chose de fort ensorcelani, et
ont un charme qui se fait sentir jusqu'à Dourbon,
BoiL. TorrMp. de llnileauet de Racine, (8.
ENS<)RCEI.P,, F.E (aii-sor-se-lé, lée), part, pn.wi*.
I !■ ïiom|,A, troublé par sortilège, ô ciel! il TiKait
biîn qu'ensorcelé je fus.se, rRgnier, ÉUg. iv. Il est
ensorcelé, le charme est tout visible, thist^n, Ua-
"?!*' *' '■ " '°"" ®" •'*'■'""«. cioyant être ensor-
celé, stv. ï7. Il »• Qui a pris des propriétés magi-
que». Ne cherche?, plu,, leur dit-il, d'autre cause;
Ce.t ce p«,ner. il est ensorcelé, la font. C.agrure.
u M ai». parpUisanterie, de quelque chose qui
ENS
semble être dans les liens d'un sortilège. Jugeant
que ce serait désormais inutilement que cette porte
ensorcelée s'ouvrirait, il regagna l'endroit d'où il
était parti pour cette merveilleuse expédition, liA-
MiLTON, Gramin. 9. || 3° Fig. Oui est attiré, attaché
comme par un sortilège. Une jeune comédienne
dont le roi est ensorcelé, SÉv. 2i6.
EN.SORCELER (ansor-se-lé. La syllabe ce prend
deux l quand la syllabe qui suit est muette : j'en-
sorcelle, j'ensorcellerai), v.a. Il 1° Troubler, abuser
par des sorliléges. Les gens croyaient qu'on pouvait
les ensorceler, et l'imagination les ensorcelait ef-
fectivement. Il 11 faut qu'on l'ait ensorcelé, se dit
quand on trouve dans le langage ou les manières
de quelqu'un un changement inexplicable. Si nous
avions bien fait, nous t'aurions étranglé; Il faut a.s-
surément qu'on l'ail en.sorcelè, regnaiid, Ménechm.
Il, 0. Il II faut qu'on m'ait ensorcelé, se dit pour
exprimer qu'on ne comprend rien à ce qui se pas.se.
Il faut absolument qu'on m'ait ensorcelé; Si j'en
connais pas un, je veux être étranglé, rac. J'iaid.
Il, 6. Il Far extension. Tant l'aveugle appétit en-
sorcelle les hommes, Régnier, Sat. vu. || 8° Cap-
tiver les bonnes grAces. Vous nous ensorcelez , vous
enchantez nos sens, uesmarets. Visionnaires ,\ , 2.
Il sut de telle adresse ensorceler Mirame, Ou'en la
place du prince il .se mil dans son in.e,iD. il irame,
I, I. Il a le soin de tout le inonde, il flatte, il s'in-
sinue, il ensorcelle tous ceux qui ne pouvaient pas
le souffrir, kén. t. xix, p. 462. || Avec un nom de
personne ou de cho.se pour complément indirect.
Hien n'est pareil aux cajoleries dont ell: [la duchesse
de Bourgogne] sut bieiitOl ensorceler Mme de Main-
tenon, ST SIMON, 41, 265. (Ma femme] N'eût point
joué, n'eflt pas ruiné ma famille, Ni d'un maudit
marquis ensorcelé ma fille, volt, la Femme qui a
raison, m, 6. || 3" S'ensorceler, v. réfl. Être captivé
par. S'ensorceler d'erreurs et de visions.
— HIST. xiii' s. Roïne, fait-il, chou [ce] que doit
[que signifie cela]. Que si paroles [tu parles ainsi]
contre droit? Chreslien t'ont ensorcerée; Car lu
ies toute faiitosmée, Vies des Saints, ms. de Sorb.
chif. LX, col. 64,dansLAciinNE. ||xiv" s. L'en ne peut
mieulx ensorceller un homme que de luy faire son
plaisir, Ménagier, i, 7. || xvi* s. Tous s'ensorcellent
d'erreurs et resveries qui les mènent à confusion,
CALV. Instit. 8tB.
— f.TYM. En i , et le radical de sorcier (voy. ce
mot). La forme la plus correcte est la plus ancienne :
ensorcerer.
ENSORCELEim, EUSE (an-sor-se-!eur, lefl-z'),
s. m. et f. Celui, celle qui ensorcelle. || Adj. Les
doux appas ensorceleurs, voit. Poésies, dans Ri-
CIIELET.
— ÉTYM. Ensorceler.
ENSORCELLEMENT (an-sor-sfe-le-man), s. m.
Il 1° Action d'ensorceler; résultat île cette action.
Il 2° Fig. Passion ou piojugé inexplicable, aveugle.
Son amour pour celte femme est unvéritable ensor-
cellement. Nous sommes forcés de reconnaître que
cet allacliemenl dont nous nous faisons une passion,
n'est qu'une fascination d'esjirit, ipi'un ensorcelle-
ment de cœur, qu'une source d'égarements dans
notre conduite, no; rdalgue, Vnrificalion de la
Vierge. Et par une espèce d'ensorcellement celte va-
nité vous charme, celle vanité vous entraîne.... i».
Pensées, t. I, p. 24. Je disais au Kégent des raisons
dont il sentait toule la force, mais son en.sorcelle-
ment pour l'ahbé Dubois était encore plus fort, st-
SIMON, 407, 26).
— HIST. xiv S. Je ne croy mie qu'il soit autre en-
sorcelleinenl que de iiien faire, lUMagier, i, '.
Il x\i° s. Le bien public estoit le charme et ensorcel-
lement qui bouschoit l'oreille à nos prédécesseurs,
.S'a(. Uén. p. (61.
— ÉTYM. Ensorceler.
ENSOUKRE. ée (,iii-sou-fré, frée), part, passif.
Rempli de soufre. Si parmi ces exhalaisons il yen a
(|ui sonlgrassesot cnsoiiirées.... uesc. J/t'l^or. 7. Des
laureaux de Vulcain les gorges ensoufrées, cohn.
Ilédi'e, IV, 2. Souvent du triste éclat d'une flamme
ensoufrée La forêt est couverte et non pas dévorée,
buebelf, Phars. m. Les chemises ensoufrées dusauil
office sont l'étendard contre lequel les protestants
sont à jamais réunis, volt. Mœurî, MO.
ENSOUERER(an-sou-frè), t). a. Enduire de .sou-
fre; imprégner de la vapeur du soufre.
— IMST. xiii' s. Nus frepier ne piiet ensoufrer
lange, Liv. des m»'». \W. Les iaucs en sunt ensou-
frées. Ténébreuses, mal savorées, /o Hose. 6o47.
Il xvi* s. Maint gros tonnerre ensoufré s'esclatoit,
RONS. «08.
— 1 1 YM. Bn 4 , et «oufr*.
ENS
t ENSOUFROIR (an-sou-froir), s. m. Lieu, appa-
reil pour exposer une chose à la vapeur do suufr«.
t ENSOUI'LE (an-.sou-pl) , s. (. Terme de tisserand.
Rouleau de bois sur lequel on monte la chaîne,
pour faire la toile. || Ensoupledesbrodeurs, machine
composée de lattes traversant des colonnes de bois
et sur laquelle les brodeurs travaillent.
— HIST. XVI' s. Une grande herse roulante com-
posée de deux cylindres ou rouleaux, chacun de la
grosseur del'ensuhle de tisserand, o. de serres, 74.
— f.TYM. Wallon, enseu; rouchi, enteule; espas-'n.
enxullo ; bas-lat. insublum; du latin insubuluifi,
ensouple, de m, en, et suhula, alêne.
t ENSOUPLEAU (an-sou-plô), t. m. Rouleau op-
posé à lensouple sur lequel la toile, le drap sont
roulés à mesure qu'ils ont été tissus.
— ÉTYM. Diminutif li'ensouple.
t E.\.SOYE.MENT (an-soi-man), t. m. Action d'cn-
.soyer.
t ENSO'VTÎR (an-so-ié) , v. a. Terme decordonnier.
Garnir d'une soie de cochon le fil pour coudre la
semelle d'un soulier.
— HIST. xiv s. Ensoyer, mettre soyée de porr
comme en ligneul, nu cange, insetare.
— tT\M.En I , et soie.
t ENSt'BLE (an-su-bf), ». f. Voy. ENSOUPLE.
f ENSUCRER (an-su-kré), v. a. Confire dans du
sucre.
— mST. XVI* s. Cela dépend de l'habileté de reli-
rer la confiture du sucre hors de la bassine, ne don-
nant loisirau fruit de 's'ensuorer par trop, o. de sks-
RES, »7J.
— ÉTYM. En t, et sucre.
I ENSl.'lFKR (an-sui-fé),t). o. Garnir de suif; en-
duire île suif.
— ÉTY.M. En t, et suif.
ENSUITE (an sui-t'), adv. || 1" X lasuitede, apKs
cela. Travaillez d'abord, vous vous reposerez en-
suite. Ceux qui avaient d'abord été corrompus par
leurs richesses le furentensuite par leur pauvreté,
MOMTF.sQ. Rom. 10. Il 2° Ensuite de, lac. prépot. À
la suite de, aprf;s. Ensuite de quoi, après quoi. En-
suite du roman que j'avais vu dans la bibliothèque
Valicane, il y a encore ud commentaire d'un auteui
grec, BALZ. le Barbon. Ensuite décela, il m'i
avoué qu'il avait enlevé une comédienne dont ii
avait été toute sa vie amoureux, suarr Hom. .com,
II, (2. C'est une .série d'hommes, durant (piatie
mille ans, qui, constamment et sans variation,
viennent l'un ensuite de l'aiitro préuire ce même
avènement, pasc. Pensées, u, art. xi. Filiutiusn'a-
vail garde délaisser les confesseurs dans cette pein-;
c'est pourquoi, ensuite de ces paroles, il leurdonne
celle méiliode facile pour en sortir, id. Prov. lO.
Ensuiie de cette belle réflexion, sÉv. I23. La per-
ception qui se fait en notre ;lme à la présence des
corps et ensuite de l'imyiression qu'ils font sur les
organes de nos sens, boss. Connaiss. i, 4. C'est en-
suite de la mort du Christ que ce changement est
marqué, id. Hist. Il, 4. De quelle sorte s'est formé
l'état populaire ensuite des commencements qu'il
avait, ID. llist. m, 7.
— REM. Des grammairiens ont repoussé la locu-
tion e/iïiii(c de comme vieillie et hors d'usage; Pas-
cal, Bossuet, Mme de Sévigné s'en serrent couram-
ment, et rien n'empêche de les imiter.
— ÉTYM. En I , et j«t(e.
ENSUIVANT (an-sui-van), adj. m. Terme depra
tique. Suivant. Le dimanche ensuivant. Vieilli et peu
usité. Il La Fontaine s'en est servi dans le langage
général. Et le jour ensuivant, Psaut.
ENSUIVRE (S') (an-sui-vr'l,r. reft. ne se conjugue
qu'à la 3° personne du singulier uu du pluriel : U
s'ensuit; il s'ensuivait; il s'ensuivit; il s'ensuivra;
il s'ensuivrait; qu'il s'ensuive; qu'il s'ensuivit; et
avec l'auxiliaire, il s'est ensuivi. || !• Venir apr's.
La clause relatée audit article et tout ce qui s'en-
suit. Il 2° Survenir comme effet, découler comme
conséquence. Vn ne voulut pas quitter les armes
(pie l'elfel ne s'en fot ensuivi, retz, Mém. t. i, liv.
Il, p. <»■?, dans poiGENS. La guérison qui s'en est
ensuivie, maih. Sophon. iv, I. Vois, si mon cœur
r.'eill su de froideur se munir. Quels inconvénient
auraient pu s'en ensuivre! mol. Amph. u, 3. || Im-
personn?'lement, en ce sens. Comme une exception
ne peut élre aussi élendiie que la règle, ii s'ensuit
nécessairement que celte maxime générale.... pasC.
ii<'^i((. de la rép. à la t2' prov. D'od il s'ensuit
(ju'on peut en silreté de conscience suivre dans la
pratique les opinions proliables ilansla spèculaiion,
ID. t6. 13. Oue s'ensuit-il de tout celai>nsemlile.
sinon.... ID. ib. Il s'un est ensuivi un changement
épouvantable , KOSs. u l)4vums, t. De la lu^me
ENT
il s'ensuit encore quelque chose tie plus consolant
pour TOUS, bouRDAL. Nativité de J. Chr. 2' avent,
p. B3I , dans pouGENS. Il s'ensuit de ce que vous
venez de dire, que les hommes sont condamnés à
l'erreur, bern. de st-pierre, Chaum. ind. || 3° Terme
d'ancienne procédure. Poursuivre. Tous les juges
devaient être présents, afin qu'ils pussent ensuivre,
MONTESQ. Esp. XXVIU, 27.
— REM. 1. S'ensuivre est formé comme s'enfuir,
et il suit la même construction; ainsi on dira: Voilà
le principe;la conséquence s'en ensuivra; comme on
dit : Si TOUS laissez la cage ouverte, l'oiseau s'en
enfuira. Les exemples des meilleurs auteurs prou-
vent qu'il en est ainsi. Il ne faudrait pas croire que
l'on pût écrire s'en suivre, en deux mots, pour si-
gnifier découler de là; car se suivre ne se dit pas en
ce sens; c'est suivre, neutre, qui se dit : il suit de
là, et non il se suit de là. Ainsi Bernardin de Saint-
Pierre a péché quand il a dit : Tantôt elle se re-
prochait la fin prématurée de sa charmante pe-
tite nièce, et la perte de sa mère q+ii s'en était
suivie, Paul et Virg. Il faut : qui s'en était ensui-
vie. Il 2. Avec que, s'ensuivre, atfirmatif, veut l'in-
dicatif : il s'ensuit de là que vous avez tort; négatif
ou interrogatif , il veut le subjonctif: il ne s'ensuit
pas de là, s'ensuit-il de là que vous ayez tort?
— HIST. xu' s. Je puis bien dire, si m'ensuiront
cinq cent, Ronc. p. 402. ||3aii« s. Ensi furent de ci
à la penleoouste ensivant, villeh. cl. Ses tu pas
qu'il ne s'ensieut mie. Se lessier veil une folie. Que
faire doie autel ou graindre [une semblable ou plus
grande]? la Rose, 6763. Ce saint home ama Dieu de
tout son cuer et ensuivi ses œuvres, joint. 103.
Il xiv s. Les Pitagoriciens furent disciples et ensui-
Tans la dottrine du philosophe appelle Pitagore,
ORESME, Eth. 46. Et pour ce s'ensuit-il que nostre
félicité n'est en nul bien corporel, id. t6. v, 9.
Il XV" s. Ainsi fut-il et avint en Flandre en ce temps,
si comme vous pourrez clairement voir et connoistre
par les traités de l'ordonnance de la matière que
s'ensuit, frmss. ii, ii, 62. Et en cas de reffus il
protesteroit des maulx qui ensuyvroient, comm. iv,
6. C'est un haut bien qui de ce fait s'en ensuivra,
LOUIS XI, Nouv. XIV. Il XVI' s. Dont il s'ensuit que....
CALV. Inst. 844. Pour bien entendre la somme de
ceste matière, il nous faut procéder par les degrez
qui s'ensuivent, id. ib. 819. Phaeton, ne sçavant
ensuyvre la Une ecliptique, varia de son chemin,
KAB. Pant. 11,2. Gargantua feit l'epitaphe pour estre
eiigravé, en la manière que s'ensuict, id. ib. ii, 3.
J'aime à les ensuivre, mais non pas si couardemont
[les lois de la civilité], mont, i, 62. Ils n'en bou-
gent, jusques à l'equinoxe ensuyvant, id. ii, 490. Il
attend en repos tout ce qui s'en peult ensuyvre, id.
IV, 4 54. Mais de conclure de là que les riches meu-
bles y sont nécessaires, il ne s'ensuit pas, lanoue,
(«7. Quand la pieté est bien entendue et pratiquée,
il s'ensuit beaucoup de contentement, id. 207. Ce
fut la source de leur mutuelle bienveillance, et par
conséquent le fondement de la puissance qui en est
ensuivie, amyot, Thés, et Rom. comp. 7.
— ÉTYM. En 2, et suivre; provenç. enseguir, esse-
guir, ensegre, essegre. Quand ensuivre, dans les
anciens textes, signifie suivre, poursuivre, il vient
de en 4 , et suivre, du lat. insequi; quand il signifie dé-
couler, il vient de en 2, et suivre, du lat. indesequi.
t ENSUPLE (an-su-pl') , s. f. Voy. ensouple.
t ENSUPLEAU (an-su-plô), s. m. Voy. ensoo-
fleau.
— ÉTYM. Ensuple.
tENTABLÉ, ÉE (an-ta-blé, blée), part, passé.
Cheval entablé.
ENTABLEMENT (an-ta-ble-man) , s. m. Terme
d'architecture. La saillie qui est au haut des mu-
railles d'un bâtiment, et le lieu où pose la charpente
de la couverture. Ce bâtiment sera bientôt achevé,
on en est à l'entablement. || Partie de l'édifice au-
dessus de la colonne, du pilastre, et qui comprend
l'architrave, la frise et la corniche. L'entablement
d'un portique. Voici quatre écuyers de marbre, à
genoux aux quatre coins de l'entablement d'un
tombeau, chateaub. Génie, iv, 11, 8.
— HIST. xiii' s. Et colombes [colonnes] et capitiel
et basses et entaulement tient on par tout à piere
sauvage [brute, non taillée], tailliar. Recueil,
p. 473. Il XIV s. Un coquelicoq, d'argent doré, dont
le corps est d'une coquille de perle d'Orient, sur
entablement à six pieds, pesant sept marcs et demy,
DE LABORDE, ^moitx, p. 223. 1| xvi' S. L'entable-
ment où est assis le comble, Marché fait, Bibl. de
l'école des Charles, ♦• série, t. m, p. 63.
— ÉTYM. J?n 4 , et table. Entablure, au xu' siècle ,
Rois, p. 2i8.
DICT, m LA LANGUE FRÀMgAlSE.
ENT
ENTABLER (S') (an-la-blé), v. réfl. || 1» Terme de
manège. On dit qu'un cheval s'enlable, quand les
hanches devancent les épaules. || 2° V. a. Terme de
coutelier. Ajuster deux pièces l'une avec l'autre à
demi-épaisseur.
— ÉTYM. £n 4 , et table.
t ENTABLURE (an-ta-blu-r'), s. f. Terme de cou-
telier. L'endroit où se trouve le pivot, dans les ci-
seaux.
t ENTACAGE (an-ta-ka-j'), s. m. Assemblage de
baguettes adapté à l'ensouple, pour supporter le
velours.
ENTACHÉ, ÉE (an-ta-ché, chée), part, passé.
Il 1° Gâté comme par une tache. Entaché de lèpre.
Il 2° Fig. Être entaché d'avarice. On acteentaché de
nullité. De tous ces vlces-là dont ton cœur entaché
S'est vu par mes écrits si librement touché, régnier,
Sat. XV. Ceux qui sont entachés d'envie, desc. Pass.
4 84. Cet homme [Retz] était entaché d'une ambi-
tion extrême, la boohef. Mém. 49. Que le moins
entaché se moque un peu de vous, la font. Coupe
ench. Malgré cette apologie, l'historien grec restera
du moins entaché d'hérésie aux yeux de la posté-
rité catholique, d'alemb. Éloges, L. Cousin, || Abso-
lument. Homme entaché, homme qui a quelque ta-
che à son honneur, à sa moralité. Je ne connais
rien d'égal à la plate folie [de la part des parle-
ments] d'avoir soutenu au roi qu'un pair était en-
taché, quand le roi le déclarait très-net, sur le vu
même des pièces du procès, volt. Lett. Richelieu,
29 avril 4 774.
ENTACHER (an-ta-ché) ,v.a.]\l' Gâter par quel-
que maladie qui agit comme une tache. Son mauvais
régime l'a entaché de scrofules. || Peu usité en cet em-
ploi. Ii 2° Fig. Marquer d'une tache, d'une souillure.
Cet arrêt l'entache dans son honneur. || 3° S'entacher,
v. re/Z.Devenir entaché. 11 s'est entaché dans son admi-
nistration, par sa cupidité.
— REM. Les puristes du xvii* siècle, Vaugelas,
Marg. Buffet, condamnaient entacher, tandis que
de bons auteurs l'employaient (voy. les exemples
au participe). Ce mot a triomphé de. cette condam-
nation, il était d'ailleurs défendu par la Mothe le
Vayer et par l'Académie.
— HlST.xV s. Messire Jean de Hollande, qui ïeoit
ses compagnons et ses amis entachés de celle mala-
die dont nul n'en rechappoit, oyoit les plaintes des
uns et des autres, froiss. ii, m, 84. Et est signe
qu'il [le prince] n'est point entaché de ce fort vice
et péché d'orgueil qui procure hayne envers toute
personne, comm. i, 9. Elle, par la vertueuse et no-
ble renommée de lui, en estoit très-fort entachée
[entichée], louis xi, Nouv. xcviii. Pour oster le
venin dont la plaie avoit esté entachée du jour de
devant, Perceforest, t. u, f' 28. Il estoit damoiseau
de trop grant et gracieuse beaulté, et entaché [doué]
de toutes bonnes mœurs, Clir. de St. Denis, t. i,
f°266, dans LACURNE. Il XVI' s. Indélébile, comme si
l'huile ne ss pouvoit oster et nettoyer de poudre et
de sel; ou, si elle esttrop fort entachée, de savon,
CALV. Instit. 4 185. Estans jà plusieurs entacliez de
ceste conjuration, Aristides en sentit lèvent, amyot,
Àrist. 32. Tant il y avoit desjà d'hommes qui en es-
toient entachez, corrompuz et gastez [des délices],
ID. Calon, 36. L'ambition est un vice fort odieux,
et qui suscite grande envie contre celuy qui en est
entaché, id. Arist. et Calon comp. 44.
— ÉTYM. £n 4 , et tacher; prov. entacar, enta-
char, entecar ; ital. intaccare. Entacher se prenait
pour enticher; il s'employait aussi dans un sens fa-
vorable, vu que tache (voy. l'hist. de ce mot) se di-
sait, souvent et avec justesse, de qualités.
t ENTAILLAGE (an-tâ-lla-j'. Il mouillées, et non
an-tâ-ya-j') , s. m. Action de faire une entaille.
ENTAILLE (an- tâ-U', Il mouillées, et non an-tâ-
ye), s. f. Il i° Coupure avec enlèvement de parties.
5 tout gâteau leur main fait large entaille. Car ils
sont grands, même infiniment grands, bérano.
40000 /'roncî. Il 2° Incision, blessure faite avec un
instrument tranchant. Cet enfant, en jouant avec
un couteau, s'est fait une large entaille. || 3° Terme
de jardinage. Portion de tige ou de branche enlevée
au-dessus et au-dessous d'une branche, d'un œil, etc.
en entamant légèrement l'aubier pour interrom-
pre le cours de la sève. || 4° Instrument qui sert aux
graveurs à assujettir les petites pièces qu'ils ne pour-
raient aisément tenir entre les doigts. || Outil de me-
nuisier. Il Pièce de bois fendu, dans laquelle on fait
entrer la scie, pour en limer les dents. || 5° S. f. pi.
Terme de marine. Se dit de deux trous pratiqués
dans les huniers.
— HIST. XII' s. E de tûtes parz i out entailles
[sculptures] de chérubins e de palmes, Rois, p. 247,
ENT
141'/
— ÉTYM. Voy. entailler; provenç. entalh, t. m.
port, cntalho ; ital. intaglio.
ENTAILLÉ, ÉE (an-tâ-Ué, Il mouillées, etnonan-
tâ-yé, yée), part, passé. Un arbre entaillé. || Gravé
(vieilli en ce sens). Sur chaque côté du plinthe étalent
entaillés ces mots.'... la font. Psyché, a, p. 458.
ENTAILLER (an-tâ-Ué, Il mouillées, et non an-
tâ-yé), V. a. Il 1' Faire une entaille. Entailler une
poutre. Il S'entailler le doigt, la main, s'y faire une
coupure. || 2° Terme de serrurerie. Enclaver de son
épaisseur dans le bois la tête d'un boulon , une plate-
bande, 'imeéquerre, etc. Il 3°Anciennement. Scuipter.
— HIST. XII' s. Et cest baston qui est d'or entaliez,
Ronc. p. 4 20. Il xur s. Et pour eulz atraire à nostre
créance, il [Louis IX] leur fist entailler en la cha-
pelle toute nostre créance, l'annonciation de l'angre
[l'ange].... joint. 282. Et aorerent cest torel qu'il
avoient entaillé selono la mestreandisse d'Egypte,
Psautier, !° 4 29. || xv* s. [Le roi Philippe donne or-
dre de tuer les Génois qui fuyaient] Là veissiez gens-
d'armes entailler entre eux, et frapper et ferir sur
eux, PROiss. i, I, 287. Il XVI' 3. U y feit engraver
tout du long ses deux premiers noms, Marcus Tul-
lius, et au lieu du troisième commanda, par jeu, k
l'avenir qu'il y entaiUast la forme d'un poy chiche,
AMYOT, Cicéron, 4. *
— ÉTYM. En 4 , et tailler; provenç. entalhar,en-
taillar; espagn. entallar; ital. intagliare.
t ENTAILLECR (an-tâ-lleur, Il mouillées, et non
an-tâ-yeur), s. m. Terme du moyen âge. Ciseleur,
orfèvre graveur, et souvent aussi imagier, sculpteur.
— HIST. xiv s. Tassin Croix, Hannequin Gode-
froy et Jehan Duffie, entailleurs d'ymages, dela-
BORDB, Émaux, p. 283.
— ÉTYM. Entailler.
t ENTAILLOIR (an-tâ-Uoir, Il mouillées, et non
an-tâ-yoir) , s. m. Outil de facteur d'instruments et
de menuisier.
ENTAILLURE (an-tâ-llu-r' , Il mouillées, et non
an-tâ-yu-r') , s. f. || 1° Entaille. || 2" Dans le moyen
âge, l'art de l'entailleur; les produits de cet art.
— HIST. xiii's. Naturelmentà grant mervelle Ens
[en dedans] est faite par entaillure, FI. et Bl. 4 184.
Il XV' s. Environné de diverses et différentes habi-
tations, par engins de souverains ouvriers; enrichi
de entailleures, paintures, armoiries et autres me-
nueries plaisant à l'ueil , db laborde , Émaux ,
p. 263. Il xvr s. Incision contient sous soy : excision
ouentaiUeure, en laquelle l'os est aucunement eslevé
et renversé, tenant neautmoius encores à l'os sain,
paré, viii, 4.
— ÉTYM. Entailler.
fENTALINGUER (an-ta-lin-ghé) , V. a. Terme
de marine. Entalinguer un câble, l'amarrer à l'or-
ganeau d'une ancre.
ENTAME (an-ta-m') , s. f. || 1° Premier morceau
coupé d'un pain. || 2' Fig. et familièrement. Les pré-
mices de eertains objets. U en a l'entame.
— ÉTYM. Voy. entamer; Berry, entaime , en-
tenme, enfume, entome.
ENTAMÉ, ÉE (an-ta-mé, mée), part, passé.
Il 1» Dont le premier morceau a été coupé. Un pain
entamé. D'une peau d'ours non entamée Sa large
échine était armée, scarron, Yirg. travesti, ch. v.
Il Se dit aussi d'une coupure, d'une gerçure. 11 a
un doigt tout entamé. || 2' Qui a subi des pertes. Son
empire entamé de toutes parts, boss. Uist, m, 7.
Il Fig. X quoi on a porté atteinte. Réputation enta-
mée, M"' de caylos. Souvenirs, p. I7, dans pou-
gens. Dès ce moment il dut entrevoir la perte de
son crédit; car, dès que la confiance est entamée,
elle est bientôt délruite, barthél. Anach. ch. 60.
Il 3° Commencé, mis en train. Une affaire entamée.
Quand j'aurai l'agrément du roi pour l'échange en-
tamé de toutes mes terres d'Espagne contre des
biens dans ce pays, beaumarch. Hère coup, i, e.
+ ENTAMEMENT (an-ta-me-man) , s. m. L'action
d'entamer.
— HIST. XIII' s. Ce n'est pas entamemens de plaid
que de requerre jour de conseil, beaum. ix, 4.
— ÉTYM. Entamer.
ENTAMER (an-ta-mé), v. a. || 1' Couper le pre-
mier morceau, commencer à prendre une partie
d'une chose. Entamer un pain, une pièce de drap,
un sac d'argent. Le général ne se presse pas dy
aller, de peur d'entamer trop tôt nos magasins,
maintenon, Lettre au duc de Noailles, 22 mai 4744,
Il n'entama point le fonds de son patrimoine qu'il
conserva pour ses héritiers naturels, m-' de genus,
Mlle de la Fayette, p. 26, dans pougkbs. || 8° Par
extension, couper en incisant. Entamer la peau. Le
coup lui entama l'os. C'est un coup de hache qui
n'a fait qu'entamer l'armet, d'aclancourt, Arricn,
L - 178
t/il8
ENT
llm I, d.n» wcirewT. || En parlant d'une gerçure.
Il « des eimelure. qui lui entament les doigts | Hg.
l-ii.re imuiiMion sur. Alors que de sa von II en-
tama le» cicur» des rochers et des bois, béonieh,
Plainte. Do l'un [dard) il (l'Amour] entama Le sol-
dai jusqu'au vif, l'autre eflleura la dame, la font.
Kiilr. d'Éph. Il 3" Porter alleinio à. Kntamer la ré-
putation, le crédit de quelqu'un D'un Irait en-
venimé Toujours l'honneur du seie est par vous
entamé, naGNABD, Dislrail, l, 6. Il est proscrit,
déclaré détestable. Abominable, atteinte! convaincu
D'avoir tenté d'entamer la vertu Des saintes sœurs....
OBESSET, Vert-Yert, iv. || 4° Kntamer quelqu'un,
entreprendre sur ses droits, empiéter sur sa charge.
Il Kntamer quelqu'un, avoir de l'avantage sur lui.
Les députés do l'opposition ne se laissèrent pas en-
tamer par le ministère. || Faire capituler quelqu'un
avec son devoir. Il n'est pas facile de l'entamer.
Il Pénétrer les vœui, les sentiments secrets de quel-
qu'un. Il est impénétrable, on ne peut l'entamer. Il
[le maréchal ferrant qui avait eu des révélations] ne
se laissait point entamer sur les audiences qu'il
ovait eues du roi, st-simon, 08, ai. || B" Terme de
guerre. Entamer un carré, un corps de troupes,
commencer à le rompre, à le faire fléchir ; dé-
truire une partie de sa ligne de bataille. || 6° Com-
mencer. Entamer une discussion. Entamer un pro-
cès. H entame une autre dispute, sÉv. 644. Il l'at-
taqua de cette manière pour entamer le sujet,
HAMiLT. Gramm. i. Le concile se garda d'entamer
la question si l'empereur devait confirmer l'élection
du pape, voLT.il/œurs, 47. Le même poëlequi, pour
célébrer l'éloge d'Apollon, avait mis son esprit dans
une assiette tranquille, s'agite avec violence lors-
qu'il entame l'éloge de Bacchus, bartiiél. Aiiach.
th. 80. Elle entama cette dangereuse explication en
termes assez mesurés, m'"' de genlis, Mlle de la
Fayette, p. 292, dans pougens. (l Absolument. Per-
sonne à la cour ne veut entamer, on s'offre 4'appuj'er,
lA DRUï. viii. Il 7" Terme de manège. Entamer le
chemin, se mettre en marche. Les chevaux enta-
ment le chemin, en galopant, par la jambe droiiede
devant, qui est plus avancée que la gauche, buff.
Cheval. || Absolument. Commencer une allure. Dans
toutes les allures où les pieds se meuvent isolément,
c'est toujours un pied de devant qui entame. Entamer
du pied droit, du piod gauche, se dit pour désigner
le pied que le cheval pose en avant quand il com-
mence à paloper. || Entamer un cheval, lui donner
les premières leçons. || 8' S'entamer, v. réjl. Se
faire une incision, une coupure. Le vieillard.... De
nouvelles fureurs se déchire et s'entame, malh. i, 4.
Il Être commencé. C'est ainsi que tout s'entame et
que rien ne s'achève, par un fol orgueil, dont l'in-
fluence fatale se répand sur toutes les branches de
l'administration, iiaïnal, Hisl. phil. xn, 7.
— IllST. xu* s. Jà par cop d'arme [le haume] ne
sera entanpnez, iloncisi'. p. an. E ne suffrid pas
que oisels entamassent les cor de jurs, ne les bes-
les de nuiz, iioi's, p. 202. || xm* s. Li fromaches fu
auques mox [un peu mou] , Et Tiercelins i fiertgrans
cox [coups] Do son bec, si que il l'entame, lien.
7361. Mais se cilribaut m'entamast L'espaule, ou ma
teste eUstquasse.... la Rose, i4Ci)4. Et si m'en con-
vient il à force Entamer ung poi de l'escorce, 16.
ï)»82. Et ainsi pot eslre J^ pies [procès] entamés
entre les parties, beaum. vu, 13. Ne porquant se
la jornée est entamée ne tant ne quant, il doit
paier toute le [la] jornée entière, la. xxxviii, 4.
Tant vous ama [Dieu], Damo des angles [anges]
vous clama; En vous s'enclost, ainz n'entama Vo
dignité; N'en perdîtes virginité, ruteb. n, 4. Si
comme en la verrière Entre et rêva arrière Li solaus
que n'entame [sans entamer], Ainsino fut vierge en-
tière. Quant Dieux, qui es cieux iere [était], Fisl
de toi mcro et dame, id. Théoph. Se pitié vostre
cuer n'entame, Bien m'ont trahi Li œil dont je pre-
miers vous vi. Salut d'amors, jubinai, 1. 11, p. 203.
Il MV s. Par la mort qui tout met à fin, Et qui
no» cars [chairs] mort et endarae, i. de condet,
p. «04. Contusions où le cuir n'est pas entamé par
dehors, h. de mondbvilie, f 35. || xv s. Ce traité
fut entamé et mis avant, kroiss. i, i, tt5. || xvi* s.
D« quelle prudence il [le chien] l'enlomme [l'os] , de
quelle alfuclion il lo brise, et de quelle diligence il le
lugce, RAB. Carg. i, proJ. La fouldre consumera
les 0» sans enlommer la chair qui les couvre, ID.
Jom.iu, 83. Pour enguardor les chastagnes de pe-
«w. Ion les entame, lo. ib. 11, 3). 11 fausl que la
B«w»i 4 vous prenne à la gorge pour l'entamer
ion parlast aucunement des mes.hans, se donnant
bien garde den entamer jamaU le pro^s, amïoi
ENT
Caton, M. Aucuns n'entament leurs vin» que le jour
du vendredi, 0. de serres, 243.
— ÉTYM. Burry, entenmer, entamer, entamer;
wall. edamer; n'am. èdaumer ; rouchi, adamer ;
provenç. etilamenar; piémont. anfomiid; du latin
altaminare, mettre la main sur quelque chose, pren-
dre. Diez, qui préfère cette étj mologie au grec ivTÉ-
piveiv (comment en effet ce mot grec serait-il entré
dans les langues romanes?), et au celtique tam,
mordre, remarque que les langues romanes chan-
gent non larement le préfixe d'un mot latin : ainsi
dans con-rier, venant de inr^itare, cum, au lieu de
in. Le celtique (bas-breton, tam; écossais, Jeum.irl.
teuman) conviendrait plus directement au sens ; mais
les formes enlamenar du provençal, entanpner da
français, semblent indiquer le latin. On remarquera
endamer de J. de Condet qui était du Hainaut, et
les patois voisins du Hainaut qui ont aussi le d. Ce d
ne peut guère s'expliquer que par une confusion avec
dam, dommage.
ENTAMURE (an-ta-mu-r") , ». f. || 1' Synonyme
d'entame. Entamure du pain. Le côté de l'enta-
mure. || L'action de faire l'entame. || 2° Coupure,
incision. Le coup lui a fait une légère entamure.
Il Terme de chirurgie. Solution de continuité des
parties dures, entre autres des os, sans fracture.
Terme de vétérinaire. Entamure, ou enchevêtrure,
ou prise de longe, blessure située transversalement
sur le pli du paturon , et produite par le frottement
de la longe dans laquelle l'animal s'est enchevêtré.
Il 3° Entamure d'une carrière, les pierres du pre-
mier lit d'une carrière nouvellement exploitée.
— HlST. XV' s. Nostre vierge sans entamure Con-
ceut, porta et enfanta, ilfar(. de St Etienne.
— ÉTYM. Entamer; Berry, entamure.
t ENTAQUER (an-la-ké), 1;. o. Joindre plusieurs
pièces do velours au moyen de l'entacage. ■
ENTASSÉ, ÉE (an-tâ-sé, sée), part, passé.
Il 1° Mis en tas. Des pièces do bois entassées. Que
de corps entassés ! que de membres épars ! rac. Es-
Iher, 1, 6. Les trois quarts de vos biens sont déjSi
dépensés X faire enfler des sacs l'un sur l'autre en-
tassés, ID. Plaid. M, t. Vous avez remarqué ces
roches entassées, volt. Triumv. iv, 3. Au-dessous
je vis la nature en ruine ; les montagnes écroulées
étaient couvertes de leurs débris, et n'offraient que
des roches menaçantes et confusément entassées,
barthél. Anach. ch. 35. || 2" Se dit de ce qui ne
peut être mis en tas que ligurément. Après tant de
forfaits et de morts entassées, corn. Tite et Bér. 1,
K. Et qui, de mille auteurs retenus mot pour mot.
Dans sa tête entassés, n'a souvent fait qu'un sot,
BOiL. Sal. IV. Que de mensonges entassés pour ca-
cher un seul fait! deaumarch. Barbier, 11, u.
Il S* Se dit des hommes ou des animaux rassemblés
dans un espace trop étroit. Les hommes ne sont
point faits pour être entassés en fourmilières, mais
épars sur la terre qu'ils doivent cultiver, j. j. Rouss.
Em. I. Les prisonniers furent entassés dans des car-
rières, où ils souffrirent des maux incroyables pen-
dant l'espace de huit mois, entassés les uns sur les
autres dans ces lieux étroits, rollin, Uist. anc.
Œuvres, t. m, p. 7(8, dans pougens. Pourquoide
ces mortels sur la rive entassés Les uns sont-ils re-
çus, les autres repoussés? delille, Enéide, vi.
Il 4» Il est entassé, se dit d'un homme contraint dans
sa taille et qui a la tète enfoncée dans les épaules.
C'était [M. l'évêque d'Orléans] un homme de moyenne
taille, gros, court, entassé, le visage rouge et dé-
mêlé, ST-siMON, 32, )|B. \\5° Terme de botanique.
Feuilles entassées, feuilles nombreuses et très-rap-
prochées les unes des autres sur la tige.
ENTASSEMENT (an-tâ-se-man), s. m. || 1» Amas
confus. Un entassement de papiers, délivres. Salut,
pompeux Jura, terrible Montanvers, De neige, de
glaçons entassements énormes, delille, homme
des champs, m. D'autres villes.... Pleines d'entasse-
ments de tours, de pyramides, v. hogo, F. d'aut.
20. Il 2° Fig. Dans cet entassement d'horribles aven-
tures. Vous m'offrez une main pour venger mes in-
jures. VOLT. Olijmp. m, B. C'est un entassement de
faussetés, d'absurdités et d'injures, id. Philos. l\ ,
487. L'entassement confus des mots et des phrases
entrelacées, marmontel, Élém. litt. Œuvres, t. x,
p. 210, dans POUGENS. || 3° Êlat d'hommes ou d'a-
nimaux rassemblés dans un lieu trop étroit. L'entas-
sement fit naître le typhus. On sait quelles mœurs
l'entassement du peuple doit produire, J. j. ROUss.
Ém. V.
— ËTYM. Entasser.
ENTASSER (an-tâ-sé), v. a. \\ 1° Mettre en tas.
Entasser ies gerbes. Entasser des livres dans une
ehanibre. || Accumuler, Entasser des écus. La vieil-
ENT
lesse chagrine incessamment amasse. Garde non
pa» pour soi les trésors qu'eUe entasse, boil. Art
p. m. Il Absolument. L'usage seulement fait la pos-
session, Je demande à ces gens de qui la passion
Est d'entasser toujours, mettre somme sur somme.
Quel avantage ils ont que n'ait pas un autre homme,
LA FONT. Fabl. IV, 20. Et je n'entasse guère Un
jour sur l'autre, id. ib. viii, 2. || 2° Fig. Entasse,»
des citations. C'est vouloir entasser offense sur of-
fense, MAin. Soliman, v, 6. Cet auteur a entassé
comparaison sur comparaison, boss. Avert. 6. Voua
entassez vertu sur vertu, bonne œuvre sur bonne
œuvre, haintenon. Lettre au card. de Noailles,
7 août 1699. Nous entassons sottise sur sottise, in-
fortune sur infortune, id. ib. 17 nov. (707. N'avez-
vous point entassé trop d'emplois sur la tête d'un
seul homme? FÉN. t. xxii, p. 304. C'est ainsi qu'Empé-
docle reprochait aux Agrigentins d'entasser les plai-
sirs comme s'ils n'avaient qu'un jour à vivre, et d«
bâtir comme s'ils ne devaient jamais mourir, j. j.
ROUSS. Ém. IV. Les Manichéens ont, de tout temps,
entassé principes sur principes , absurdités sur
absurdités , condillac , Traité des syst. chap. 2.
Il 3° Réunir dans un espace trop étroit. On entassa les
prisonniers dans une église abandonnée. || 4" S'en-
tasser, V. réft. Être mis en tas. Les ans se sont en
foule entassés sur ma tète, Ducis, Lear, v, 6. Et la
feuiUe aux feuilles s'entasse, lamart. Uarm. u,
B. Il Se mettre, en pariant de plusieurs personnes,
dans un lieu trop étroit. Les sept personnes qui l'em-
plissaient [une voiture] à bonne mesure, s'y entas-
saient, scARHON, yîom, corn. II, (0.
— HIST. XIII' s. Uns huns [un homme], ce dit, en-
tasseit blé, marie, Fafcie 84. || xiV s. Un tas.... De fain
[foin] en une grange qu'on ot fait entasser, Guescl.
20523. Il XV' s. llespond qu'elle est parisienne. Grosse,
courte, bien entassée.... coqlull. Enq. de la simple
et de la rusée. Les autres deux se vont frapper où
ilz virent le tournoy plus espès et plus entassé de;
chevaliers, Perccforcst, t. 1, f" (38. ||xvi's. Vi
trouvèrent le baston augurai de Romulus entassé
dessoubsun hault monceau de cendre, amyot, Cam.
BB. Entasser tout le peuple des champs dedans le»
murailles d'une ville, id., Péricl. 60. Estans tou-
tes ces armes entassées et liées les unes sur les au-
tres, ainsi qu'on les charrioitpar la ville, elles ren-
doient un son, qui donnoit quelque frayeur à l'ouïr,
lu. P. ^Em. B5.
— ÉTYM. En t, et tas.
fENTASSEUR (an-tâ-seur), s. m. Néologisme.
Celui qui entasse. C'est un grand entasseur d'auto-
graphes. Quel entasseur de figures, de métaphores!
(. ENTE (an-t'), s. f. Terme d'arboriculture, es-
pèce de greffe qui consiste à insérer un scion dans
un autre arbre. De belles entes. || L'arbre même où
l'on a fait une ente. De jeimes entes.
— HIST. xu' s. Bon ente en bon estoc deit bieu
fructifier. Th. le mart. (28. ||xiii' s. Par le jardiu
où [il y] ot mainte ente bieu feuillie, Berte, 11.
Berte est gracieuse corne est la fleur sur l'ente, ti>.
X. En esté chante. En y ver plor et me gaimante, Et
me desfuel ausi com l'ente Au premier giel, ruteb.
20. Il xvi' s. Et comme une ente tire sa substance et
nourriture de la racine où elle est entée, calv. ]n-
stit. (052. N'espérez qu'ils fassent rien de beau es
jardinages, non un seul ente, 0. deserres, S4.
— ÉTYM. Piémont, et parmesan, enta; bas-latin,
impotus ; anc. h. allem. impitôn (l'accent sur im) ;
allem. mod. impfen. Diez propose le grec I|jlçutov,
implanté; le sens, la forme, l'accent, tout con-
vient ; cette étymologie est donc bonne. On re-
marquera que ente a été masculin aussi bien que
féminin.
2. ENTE (an-f), s. f. || 1' Terme de peinture. Le
bois qui sert de manche à un pinceau. || 2° Terme de
chasse. Peau remplie de paille ou de foin, qu'or,
met, en forme d'oiseau, sur un piquet, pour attirer
les oiseaux dans un piège. || 3° Terme d'architecture.
Nom donné en général aux jambes de force qui sor-
tent un peu hors du mur. || 4° Partie du volant d'un
moulin.
— IllST. xiV 3. Icelui meunier fist un faux con-
duit appelé une fausse enthe au dit moulin, par le
quel conduit povoit cheoir occultemeut blé ou farine,
DU CANGE, enlore.
— ÉTYM. Le même que le précédent, par compa-
raison d'une enle, greffe, avec un manche et, en un
mol , tout ce qui s'ajuste.
ENTÉ, ÊE (an-té, tée), part, passé. Wt" Qui a
reçu une ente. Cognassier enté de prunier. |{ %' Mi»
en ente. Prunier enté sur cognassier. || 3' Par ex-
tension, il se dit des choses qui sont jointes les unes
aux autres, posée» le» unes sur les autres. Nous
ENT
pouvons bien imaginer distinctement une tête de
lion entée sur le corps d'une chèvre, sans qu'il faille
conclure pour cela qu'il y ait au monde une chi-
mère, DESC. lIHh. IV, 8. Il fallait que ce nouveau
peuple fût enté sur le premier, boss. Hist. ii, 7. Ce
sont morceaux de rochers Entés les uns sur les au-
■ très Et qui font dire aux cochers De terribles pate-
nfltres, la font. Lettres à sa femme, 49 sept. (663.
Ce visage d'Éthiopienne enté sur un corps de Grec-
que semblait quelque chose de fort étrange, ID.
Psyché, n, 2H. || Canne entée, canne composée de
plusieurs piùces emboîtées les unes dans les autres.
Il i' Il se dit aussi des choses qui ne peuvent que
métaphoriquement être supposées unies, entées. 11
a un orgueil enté sur une très -grande dignité
d'âme. Un songe sur lequel les autres sont entés,
PASO. Grandeur, 26. La personnalité humaine a été
comme entée sur la personnalité du verbe, m. Prov.
n. La religion seule fait quelquefois des conver-
sions surprenantes et des changements miraculeux;
mais elle ne fait guère toute une vie égale et uni-
forme, si elle n'est entée sur un naturel philoso-
phique, FONTEN. des Billettes. || Cette maison est
entée sur telle autre , elle en a pris le nom.
C'est [Montbron] le dernier de ces faux entés sur
Montbron, c'est-à-dire son père qui lui survécut,
ST-siM. 3, 369. Un grand nom sur lequel on est enté
et qu'on ne tient pas de ses ancêtres, mass. Petit
car. Obstacles. || 5° 11 se dit d'une personne par
rapport à ses diverses qualités. C'est un financier
enté sur un praticien.
I ENTÉES (an-tée), s. f. plur. Terme de vénerie.
Fumées de cerf ou de biche qui sont réunies deux
à deux, tellement qu'on ne peut les séparer sans les
rompre.
— ÉTYM. Enli.
t KNTÉLÊCHIE (an-té-lé-chie) , t. f. Terme de mé-
taphysique. Il 1° Dans le langage d'Aristote, qui est
le créateur du mot, la force par laquelle un objet
passe d'un premier état à un second, de ce qu'il
n'était pas encore à ce qu'il est ; force considérée
par rapport au but auquel elle tend. L'âme est l'en-
téléchie première d'un corps naturel doué d'orga-
nes «t ayant la vie en puissance , amstqte , De l'âme ,
II, I, S 6. 11 y concevait [dans la matière] une cer-
taine force qui n'est plus une simple grandeur géo-
métrique; c'est la fameuse et obscure entéléchie
d'Aristote , dont les scolastiques ont fait les formes
substantielles , et toute substance a une forme se-
lon "a nature, fonten. Leibniti. L'âme est une en-
télécîiie, c'est-à-dire autant qu'on peut conjecturer,
le principe actif de fout ce qui se produit en nous,
COHDILLAC, Hist. atic. liv. ni, ch. 2). || 2" Syno-
nyme de monade, dans le système de Leibnitz. 11
[Leibnitz] donnait le nom de monades ou d'entélé-
chies aux substances simples bornées aux seules
perceptions, et il réservait celui d'âme aux substan-
ces simples douées de perception et de conscience,
BONNET, Œuvres mil. t. xviii, p. »o, note b, dans
POUGENS.
— ÉTYM. 'EvTEXéxsia, de ii-zt\^ii, achevé (de li,
en, etTéXo;, fin), etÊ^eiv, avoir.
t ENTEMENT (an-te-man), s. m. Action d'enter,
Vict. de l'Acad. (696.
— HIST. xvi* s. Les arbres par réitérés êntements
parviennent à cette perfection, o. de serres, 040.
— ÉTYM. Enter.
t ENTENDANT, ANTE, (an-tan-dan, dau-t"),
adj. Qui entend. Ramener des êtres que la nature
semblait avoir condamnés au silence, à l'état d'en-
fants entendants et parlants, itard, dans le Dict. de
bescherelle.
ENTENDEMENT (an-tan-de-man) , s. m. || 1" L'es-
prit considéré en tant qu'il conçoit. Notre imagina-
tion ni nos sens ne nous sauraient jamais assurer
d'aucune chose si notre entendement n'y intervient,
DESC. Méth. IV, 6. L'entendement est la lumière
que Dieu nous a donnée pour nous conduire, BOSS.
Connaiss. i, 7. Une certaine vertu qui captive les
entendements, id. Panég. de saint Paul. J'appelle
la faculté ou la capacité qu'a l'âme de recevoir dif-
férentes idées et différentes modifications, enten-
dement, MALEBR. Recherche, i, i, i. C'est moins
dans l'entendement que dans la volonté et les pen-
chants secrets qu'il faut chercher la source de nos
peines, diderot, Opinions des anc. phil. {Thomasius).
Comme l'oreille entend les sons, l'âme entend les
idées, et on dit l'entendement de l'âme, condillac,
Gramm. Précis des leç. ■prélim. art. 2. L'enlende-
raent n'est que la collection ou la combinaison des
opérations de l'âme, n. Connaiss. hum. section 2»,
ch. 8. Il î" Bon esprit, jugement, sens. C'est un
iomme d'entendement. Il faut avoir perdu l'enten-
ENT
dément pour se comporter ainsi. Mon entendement
Ne peut s'imaginer quelle amour te dispose A nous
favoriser, malii. i, 4. L'oiseau chasseur lui dit [au
chapon] : ton peu d'entendement Me rend tout
étonné; vous n'êtes que racaille, la pont. Fabl.
VIII, 21.
— HIST. III' s. Cant [quand] par l'avènement del
Saint Espir vient el coragede chascundenos [nous]
savoirs et entendemenz, conselz et force, science et
pieteiz, Job, p. 496. Dune à mei entendement, que
je sace les tuens testimonies [tes témoignages] ,'Liber
psalm. p. 1 9». Il ïiii' s. Por ce, vous autre orne, ne
vouUiez mie estre fait si comme clievaus et muls à
cui entendemenz n'est mie. Psautier, f° 39. Bien
doit estre amés et prisiés Valès [jeune-homme] de
noble entendement. Quand il en use sagement, la
Rose, 8369. Et por fere plus cler entendement en
cest cas, et por monstrer le péril qui est en mane-
cier, noz recorderons un jugement que.... beaum.
XXXIX, < 3. Toutes les fois que paroles sont dites, les-
queles paroles ont p)usors entendemens, on doit
penre le meillor entendement por celi qui le [la] pa-
role dist, ID. XII, 43. Il XIV* s, Chasoun qui est rai-
sonnable et a bon entendement, oresme, Eth. 48.
La plus noble chose qui soit en nous et en laquelle
nous passons les bestes, c'est en entendement et en
raison, id. ib. 9. || xv s. Et estoit grand pitié à
gens d'entendement de veoir les choses en Testât
qu'elles estoient, juvenal, Charles VI, Uil. Et
luy avoit Dieu troublé le sens et l'entendement,
coMM. IV, 2. Le temps qu'il [Louis Xljreposoit, son
entendement travailloit, id. vi, 43. || xvi* s. Ils sont
adextresd'entendement et merveilleusement prompts
et diligents, paré, Introd. 6.
— ÉTYM. Entendre; provenç. entendemen ; eatal.
en(end»men( ; espagn. entendimtento; ital. intendi-
mento.
ENTENDEtTR (an-tan-deur) , s. m. Celui qui en-
tend et comprend. Je crois que les bons entendeurs
pourront profiler à cette lecture, volt. Lett. d'Ar-
genlal, 17 mars t70B. || 11 se dit surtout en ces deux
locutions : X bon entendeur salut, c'est-à-dire celui
qui comprend ce qu'on dit doit en faire son profit ; X
bon entendeur peu de paroles, ou demi-mot, c'est-
à-dire une longue explication est inutile à un homme
intelligent. || X bon entendeur salut, paraît signi-
fier : Celui qui comprend bien se sauve, trouve son
salut, son profit.
— HIST. XV" s. Si apprens donc à bien entendre.
Pour quoy tu ne puisses reprendre Les livres ne les
bons facteurs , Lesquelz sont parfaicts entendeurs,
LA font. 6t2. J'ay à faire à an entendeur, Pathe-
lin. Il XVI' 3. A bon entendeur il ne faut qu'un mot,
H. EST. De la précell. p. 187.
— ÉTYM. Entendre. On trouve aussi entendant.
xm* s. Et ce souffise à bon entendant, Hist. litt.
de ia Fr. t. ixii, 727.
ENTENDRE (an-tan-dr'), j'entends, tu entends,
il entend, nous entendons, vous entendez, ils en-
tendent; j'entendais; j'entendis; j'entendrai ; j'en-
tendrais; entends; que j'entende; que j'entendisse;
entendant; entendu. || 1° T. n. Étymologiquement,
tendre vers, d'où, avoir intention, dessein, avec
un verbe à l'infinitif, ou que et le verbe au sub-
jonctif ou quelquefois au conditionnel. J'ai tou-
jours entendu que l'acte serait enregistré. J'entends
qu'on m'obéisse et qu'on n'obéisse qu'à moi. J'en-
tends être obéi. En disant cela j'entends parler de
lui, non do vous. J'entends qu'avec ma cour toute
la ville en deuil Demain rende au derniei [Étéocle]
les honneurs du cercueil, rotr. Ântig. iv, -l. Non,
s'il vous plaît, je n'entends pas que vous fassiez de
dépense, et que vous envoyiez rien acheter pour
moi, MOL. Pourc. i, ^o. 11 nous faut ton moulin ;
que veux-tu qu'on t'en donne'? — Rien du tout; car
j'entends ne le vendre à personne, andrieux, ifeu-
nier, || Avec le mot indéterminé le, il se prend
activement. Je l'entends ainsi, c'e.st-à-dire je veux
que la chose soit ainsi. Faites comme vous l'en-
tendrez. Chacun fait comme il l'entend. Mercure
fait comme il l'entend, il ne vous est pas si néces-
saire que moi, dancôurt, l'Amour charlatan, m,
)7. Il Comment l'entendez-vous? c'est-à-dire quelle
est votre intention? Comment l'entend monsieur mon
hôte? Dit-elle, et de quel droit me donner comme il
faiff LA FONT. Fiancée. || î" lîlre occupé à. On
n'entendit plus à autre chose qu'à faire toute la
diligence possible. De cette façon ayant à faire en
deux lieux, et ne pouvant pas entendre partout,
il en demeura une partie sur la place, l'autre jeta
ses armes et s'enfuit, malh. Le xjniil* livre de
T. Live, ch. 9. Cette femme n'entend qu'à donner
des vapeurs, la chaussée, Gouvern. i, i . \\ Vieilli
ENl'
i'/IO
en ce sens. || S'Entendre à, consentir, acquiescer.
Elle ne veut entendre à nulle proposition, sÉv. 287.
Les raisons qu'il a de ne pas entendre à la demande...
la bruy. X. Tandis qu'il vous restait quelque espé-
rance de vie, aviez-vous voulu entendre à appeler
le ministre de Jésus-Chriiît? mass. Car. Impénit. fin.
La maréchale de Lorge aimait trop sa fille pour en-
tendre à un mariage qui ne la pouvait rendre heu-
reuse, ST-siM. 28, 70. Je savais bien que mon Hol-
landais n'entendrait à aucune proposition, volt.
Lett. Prusse, 8. Les conditions parurent si dures aux
réformés qu'ils ne voulurent point y entendre, an-
QUET. Ligue, i, 32). Les uns disent que j'ai bien
fait d'entendre à un arrangement, p. L. cour, ii,
3)6. Il 4° V. a. Diriger son oreille vers, d'où recevoir
l'impression des sons. Entendre du bruit. J'entends
parler dans la chambre à côté. J'entends que vous
me dites des nouvelles. On n'entend pas toujours ce
qu'on croit bien entendre, corn. Perthar. m, 2. Il
entend arriver un carrosse, sÉv. m. J'entends déjà
partout les charrettes courir, Les maçons travailler,
les boutiques s'ouvrir, boil. Sat. iv. Le ciel dans
tous leurs pleurs ne m'entend pas nommer, bac.
Bril.vr, 3. J'entends que vous m'offrez un nouveau
diadème, id. Bérén. ii, 4. || Il se fait tant de bruit
qu'on n'entendrait pas Dieu tonner, se dit d'un
très-grand bruit. || Entendre dire, apprendre par la
parole, par ce qui se dit. J'ai entendu dire cette
nouvelle. On entend dire dans la ville qu'il y a eu
un incendie. La nouvelle que j'ai entendu dire.
Il Entendre parler d'une chose, en être informé par
la parole. || Entendre parler, signifie aussi avoir dans
l'idée. Quand je dis nature, j'entends parler de....
Il Ne pas vouloir entendre parler d'une chose, la
rejeter absolument sans vouloir même y prêter l'o-
reille. Il n'en voulut jamais entendre parler, boss.
For. \. Il Faire entendre, faire parvenir à l'ouïe.
Dans cet oubli profond et de Dieu et d'elle-même
où l'âme s'était plongée, ce grand Dieu sait bien la
trouver; il fait entendre sa voix, quand il lui plaît,
au milieu du bruit du monde, boss. la Vallière. Si
sans trop vous déplaire, .... J'osais vous faire en-
tendre une timide voix,, rac. Itajas. IV, B. Une voix
me fit entendre ces paroles, fén. Tél. n. || Se faire
entendre, être ouï. Une voix se fait entendre. Au
milieu de ce tapage je ne pouvais me faire entendre.
Mais le nom de Tarquin vient de se faire enten-
dre, VOLT. Brut. IV, 7. Il Être dit de manière à
être compris. Vos ordres sans détour pouvaient se
faire entendre, rac. Iphig. iv, 4. ||Se faire enten-
dre à, parler à. Mais la gloire, madame. Ne s'était
point encor fait entendre à mon coeur, rac. Bérén.
rv, B. Il Absolument, entendre, avoir l'ouïe, l'arlei
plus haut, il n'entend pas. || Entendre dur, entendre
clair, avoir l'oreille dure, fine. || Fig. N'entendre
que par, être uniquement dirigé par. Crésusne voit,
n'entend, n'agit que par vous-même, boursault,
Fahl. d'Esope, v, B. || Fig. Il n'entend pas de cette
oreille-là, il ne veut pas écouter la proposition qu'on
lui fait. Il B° Prêter l'oreille. Que ceux qui m'en-
tendent me jugent. Il est bon d'entendre les deux
parties. Loin de nous entendre. Ils demandent la
paix et parlent de se rendre, rac. Milhr. iv, 6.
Faut-ille condamner avant que de l'entendre ? id.
Iphig. m, 6. On voit dans Grégoire de Tours qu'ils
faisaient des meurtres de sang-froid, et faisaient
mourir des accusés qui n'avaient seulement pas été
entendus, montesq. Espr. xxxi, 2. || Entendre en
confession, ou, simplement, entendre, se dit du
prêtre qui entend la confession d'un pénitent. Je
veux bien vous entendre dans l'octave du St-Sacre-
ment,B0SS. Lett. Corn. 35. || Entendre la messe,
les vêpres, le sermon, assister à la messe, aux
vêpres, au sermon. || Aller entendre une pièce, un
acteur, un prédicateur, assistera une pièce, au rôle
d'un acteur, au sermon d'un prédicateur. || Terme
de pratique. S'entendre condamner, ouïr le pro-
noncé du jugement qui condamne; expression qui
se trouve dans les assignations; s'entendre condam-
ner, c'est entendre condamner soi. || X l'entendre,
c'est-à-dire si on l'en croit, si on lui prête l'oreille.
X l'entendre, il n'est pas coupable. X vous enten-
dre, il s'agirait de quelque chose de fort grave. || Ab-
solument. Ne pas savoir auquel ou à qui entendre,
c'est-à-dire ne pas savoir à qui ou à quoi il importe
de faire attention. Parmi tant de cris différents onne
sait auquel entendre, vaugelas, Q. C. b36. L'homme
ne sait donc à qui entendre; sa volonté est le jouet
continuel de divers motifs opposés qui .se disputent
le droit de le déterminer, holbach, Essai sut les
préj. ch. <3, dans ddmabsais. Œuvres, t. vi, p. ne.
Il On dit dans le même sens ne savoir à quoi «n-
tendre. Le tyran ne savait à quoi entendre, ni quels
VtIO
ENT
crdreiJonnor, ni où il faDait etiToyer du «cour»,
i,OLU.s,ffi>«. anc. rif-«rr«.t.v.i>,p.3««,dan8POUOE»s.
Il Populairement. N'enlen'lre m à iiu, m à dia. ou
ni kdia niàliiiraut, c'est-à-dire ne rien entendre du
tout, être «ourd, «tre bouché. || «"Exaucer D,eu en-
tendit ses vœui. Kntcndcz ma prière. || 7' Apprendre
par It renommée. Il l'écoute sans y avoir aucun in-
térêt noUble, et par simiile curiosité d'apprendre
ce qu'il pouvait avoir su déjà en la cour d'Egypte,
oïl il était en a.ssez bonne position pour entendre
lies nouvelles assurées de tout ce qui se passait
dans la Syrie, corn. Ex. de Rodog. Avez-vous ja-
mais entendu une victoire plus glorieuse? Boss. n,
Penl. I. Il 8» Diriger son esprit, d'où par extension,
comprendre, saisir le sens. Des mystères sacrés que
nous n'entendons pas, corn. Poly. iv, 6. Et par un
mouvement que je no puis entendre, Do ma fureur
je passe au zèle de mon gendre, id. ib. v, 6. Je
commence, madame, enfin à vous entendre, id.
Nieom. m, 7. Dites qu'ils entendent malJansénius,
PASC. Prov. <8. Il entend fort finement tout ce qui
est bon, siSv. 463. Ils n'entendent pas un mot de fran-
çais, ID. 669. Si nous entendons du Messie ce grand
pa.ssage où Isaïe nous représente si vivement l'homme
de douleurs frappé pour nos péchés et défiguré
cjmme un lépreux, boss. Ilist. n, 10. Vous n'aurez
point pour moi de langages secrets; J'entendrai des
regards que vous croirez muets, bac. Brit. il, 3.
J'ignore de son cœur les sentiments secrets; Mais
je m'y soumettrais sans vouloir rien prétendre. Si
comme vous, Seigneur, je croyais les entendre, id.
Mithr. 1, 3. Vous résistez en vain et j'entends votre
fuite, iD. ib. III, 6. Vous m'entendez assez si vous
voulez m'entendre, ID. Iphig.n, 6. Les sots lisent
un livre et ne l'entendent point; les esprits médio-
cres croient l'entendre parfaitement; les grands es-
prits ne l'entendent quelquefois pas tout entier,
i,A BRUY. 1. J'estime bien plus ceux qui ne compren-
nent pas ces mystères-là que ceux qui les compren-
nent; mais malheureusement la nature n'a pas fait
tout le monde capable de n'y rien entendre, fonten.
i)iol. S. Jforls mod. Suivons l'avis de Quintilien, et
faisons en sorte non-seulement qu'on nous entende,
mais qu'on ne puisse pas même, le voulût-on, ne
pas nous entendre, d'olivet. Rem. sur Racine,
<; OB. Tu pouvais de ses yeux entendre le langage,
VOLT. Zaïre, m, 7. Tacite est le livre des vieillards,
les jeunes gens ne sont pas faits pour l'entendre, J.
1. EO'jss. Èm. IV. Il Entendre à demi-mot, compren-
dre ce qui est dit d'une façon mystérieuse, voilée.
Il Elliptiquement. Vous avez parlé d'une personne et
j'ai entendu une autre, c'est-à-dire j'ai compris qu'il
«'agissait d'une autre. C'est, mon père, que je con-
n.^is que vous avez parlé d'une personne et que j'ai
entendu une autre, mol. Hat. im. i, 6. || Vous m'en-
tendez bien, c'est-à-dire vous savez ce que je veux
dire. Bonhomme, c'est ce coup qu'il faut, vous m'en-
tendez. Qu'il faut fouiller à l'escarcelle, la font.
yabl. IV, 4. Et s'il dit qu'il n'en fera rien. Qu'il aille....
\ous m'entendez bien , scarron ,FtVj. iv. || Familiè-
rement. Entendre l'apologue, comprendre ce dont
U s'agit. Il Terme de manège. Entendre bien les
jambes, les talons, se dit du cheval qui semble en-
tendre ce que le cavalier lui demande. || Don-
ner à entendre , laisser entendre, faire entendre,
insinuer , faire comprendre une chose. Il m'a
donné à entendre que vous me blâmiez. Je ne sais
pas, seigneur, ce qu'on vous fait entendre, corn.
Théodore , iv , 4. Combien était-il important de
faire entendre qui vous êtesl pasc. Prov. )6. Je
veux seulement vous en faire horreur [de votre ma-
lice] à vous-mêmes, et faire entendre à tout le
inonde qu'après cela il n'y a rien dont vous ne soyez
capables, m. ib. ts. Et ne devais-je pas, quoi qu'il
me fit entendre, Pénétrer les raisons qui vous fai-
saient attendre ? Tn. cobn. Ariane, m, s. Et ce
fils si fidèle a dû vous faire entendre Que, des
mêmes ardeurs dès longtemps enflammé, 11 aime
aussi la reine et même en est aimé, vac. Mithr. m,
a. Je vais de ce signal faire entendre la cause, id.
Bajax. m ,2. Vous, que l'on cherche Aman et qu'on lui
fasse entendre Qu'invité chez la reine il ait soin de s'y
tendre, id. Ksth.ii, 7. Elle voulut faire entendre
que.... FÊN. TH. i. Je veux faire entendre à ces rois
quo....in. ib. XII. Il Se faire entendre, être compris.
C'est un homme qui ne sait pas se faire entendre.
Je ne sais si je me fais entendre. || Absolument,
comprendre. En vain vous feignez de ne pas en-
tendre. J entends et Dieu entend : Dieu entend
?.?il ' ^ '"'''"^^ 1"6 Dieu est, et j'entends que je
ôue l^n'^r"?"'."'' *• °" n'entend jamais mieux
ouelorsquon entend sanssecour, étrangers, condil.
«."». i. XIII, p. 188, dans PouoENS. Il J'entends,
ENT
Je comprends bien. Nous entendons, nous com-
prenons ce que vous voulez dire. Vous entendez, vous
voilà bien avertis. || On dit dans un sens analogue
entendez-vous? Je suis de vous très-mécontente. Très-
mécontente, entendez-vous? mabmortbl. Amis de
la maison, i, 1. 1| Se dit simplement aussi pour ap-
puyer un ordre, une menace. Sortez, entendez-
voust II 9* Entendre, vouloir dire. Qu'entendez-vous
par ces paroles? Entendant du temple de son corps
ce que les juifs entendaient de celui de Salomon,
BOSS. Var, xi , § 444. Quand les anciens disent
le philosophe, ils entendent Aristote, du mar-
SAis , Tropes, ii, ♦. || Absolument. Bientôt elle
[la duchesse de Longueville] honora M. Dodart de
sa confiance, j'entends de celle que l'on a pour un
ami : la grande inégalité des conditions ne lui en
retrancha que le titre, fonten. Dodart. || 10° En-
tendre, connaître, être habile dans. Une personne
de qui on peut dire en vérité qu'il n'y a jamais eu
une dame qui ait si bien entendu la galanterie ni si
malentendu lesgalants, voit. Lett. 42. Si j'ai bien
entendu tantôt la politique, corn. Cinna, v, I. Ici
c'est un métier que je n'entends pas bien,iD.JVicoin.
m, 1. M. de la Keynie qui entend si bien la police,
sÉv. 454. Il ne suffit pas d'entendre la guerre, boss.
Jlist. III, 6. 11 [Darius] en donna le commandement
[de la flotte] à Scylax, Grec, qui entendait parfaite-
ment la marine, hollin, Jlist. anc. Œuvres, t. m,
p. 106, danspouGENS. Elle entend la cuisine et l'of-
fice,], j. Bouss. Ém.y. || L'entendre bien, l'entendre
mal, le comprendre bien, mal, y être habile, malha-
bile. Ce prompt retour me perd et rompt notre en-
treprise. — Tu l'entends mai, Attale, il la met dans
ma main, corn. Nicom. i, 4. Je pensais faire bien.
— Oui, c'était fort l'entendre, mol. l'Étourdi, i, 5.
Vous l'entendez bien peu, me dit-il ; les Pères
étaient bons pour la morale de leur temps; mais ils
sont trop éloignés pour celle du nôtre, pasc. Prov.
6. Bon! qui l'entendra mieux ne l'entendra pas mal,
TH. COBN. le Charme de laroix, n, 2. Ce n'est pas
mal l'entendre, que d'être à la fois héros et chré-
tien, MAINTENON, Lettres à Mme de Fontanes , 24
mai 4G92. Il Entendre finesse à quelque chose, y
vouloir comprendre plus que la chose ne signifie.
Monsieur n'y entend pas plus de finesse que moi,
dancourt, les Fonds perdus , m, lO. Je ne sais pas
la finesse qu'elle y a entendue, et tout cela retombe
sur moi pourtant, marivaux, Pays. parv. part. f>.
Il Ne pas y entendre finesse, n'être pas malin, ne
pas vouloir faire une malice. || Ne pas entendre ma-
lice à quelque chose, faire ou dire quelque chose
sans mauvaise intention. || Entendre raillerie, pren-
dre bien les choses dites en plaisantant, ne pas s'en
offenser. || 11 n'entend pas raillerie, c'est-à-dire il est
susceptible ou bien il est sévère. || Entendre la raille-
rie, entendre la plaisanterie, avoir la facilité, l'art,
le talent de bien railler. |{ Entendre raison, acquies-
cer à ce qui est juste et raisonnable. |{ U n'entend
pas raison là-dessus, sur ce point il est opiniâtre,
infioxible. Il N'entendre ni rime, ni raison, ne pas
écouter les objections, refuser par entêtement, par
humeur. || 11" S'entendre, t/.rt/î. Êtreentendu, perçu
par l'oreille. Sa voix ne s'entend pas. Mille cris aussi-
tôt de tous côtés s'entendent, cORN.H^rocJ. v, 7. Au
pied du trône même une voix s'entendit, volt. Henr.
VII. Un bruit affreifx s'entend, id. ib. viii. || S'en-
tendre, s'entendre l'un l'autre. Le bruit est si grand
qu'on ne peut s'entendre. || 12" Être compris. Ce
mot peut s'entendre de diverses manières. U est
vrai que, dans un autre de ses dialogues [de Per-
rault] , s'il vient à la preuve, et prétend montrer que
le commencement de la première ode de ce grand
poète [Pindare] ne s'entend point, c'est ce qu'il
prouve admirablement par la traduction qu'il en a
faite, BoiL. longin, Subi. ré(l. 8. || Cela s'entend , cela
s'entend bien, cela se suppose ainsi, cela doit être
ainsi. || S'entend, c'est-à-dire bien entendu, cela va
sans dire, locution familière qui se dit par paren-
thèse. Ne eonnaltrais-tu pas quelque honnête faus-
saire. Qui servit ses amis, en le payant, s'entend ?
RAC. Plaid, i, 6. Je me crois liljre (jusqu'à un cer-
tain point s'entend), volt. Lett. Prusse, 37. Je ne
regrette rien de cette Babylone impure que vous ha-
bitez; s'entend, je n'en regrette que vous, p. l.
COUR. Lett. I, 323. Il Se comprendre l'un l'autre.
Nous nous entendons à demi-mot. Nous ne nous en-
tendons point. Vous vous entendiez à merveilles,
sÉv. 363. Ils s'entendaient sans rien dire, fén. Tél.
xxii. Il Entendons-nous, comprenons bien ce que
chacun de nous dit. || S'entendre, se comprendre
soi-même. Tu feras ce que je veux, ou.... suffit, je
m'entends bien, dancourt, les Trois cousines, il, 8.
Il 18° So concerter, être d'accord, d'intelligence. Vous
ENT
vous êtes entendu avec elle à me nuire, voit. Utt.
t. D'où vient que mon cœur même à demi révolté
Somble vouloir s'entendreavec ta lâcheté? cohh. Toi*,
d'or, 11, a. Je ne veux point m'entendre avec vos en-
nemis, sÉv. B2». Dans la première ruine de Jérusa-
lem les Juifs s'entendaient du moins entre eux: dans
la dernière, Jérusalem, assiégée par les Romain»,
était déchirée par trois factions ennemies, boss.
Ilist. II, 8. Mais si dans son devoir votre cœur af-
fermi Voulait ne point s'entendre avec son ennemi,
RAC. Rrit. m, 4. Il Nous nous entendons bien, nous
vivons bien ensemble. || Entendons-nous bien, soyons
bien d'intelligence. Entendons-nous bien, et nous
réussirons. || S'entendre comme larrons en foire, so
dit de gens qui se concertent pour quelque chose de
blâmable ou de suspect. Et toutes [les femmes] , te
liguant pour nous en faire accroire , S'entendent
contre nous comme larrons en foire , volt, la
Femme qui a raison, u, 6. || 14" Etre habile dans
une chose, se connaître à une chose. Il s'entend en
musique, en tableaux. Il s'entend à la culture. Ah !
que les hommes s'entendent mal en gloire I pék. Tél.
XXII. Il Familièrement. U s'y entend comme à ramer
des choux, comme à faire un coffre, il ne comprend
rien à ce qu'il fait. || Proverbes. Qui n'entend qu'une
cloche n'entend qu'un son, il faut entendre les deux
parties. || Il n'est pire sourd, ou il n'est point de
pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, se
dit d'un homme qui feint de ne pas ouïr ou de ne
pas comprendre,
— REM. 1. Je l'ai entendu dire à difl"érentes per-
sonnes, est une locution à laquelle il faut prendre
garde; car elle est amphibologique. Elle peut signi-
fier : j'ai entendu qu'on le disait à différentes per-
sonnes, ou que différentes personnes le disaient II
faut donc, quand on en use, bien considérer si le
sens est suffisamment déterminé par le contexte.
Il i. Même observation pour la phrase : Je lui ai
entendu dire cela; car elle peut signifier: j'ai en-
tendu qu'il disait cela, ou qu'on lui disait cela.
Il 3. S'il y avait deux régimes, l'amphibologie dis-
paraîtrait. Je lui ai entendu dire à un hommed'Etat
fortcélèbre, volt, iouis XIV, Écrivains, Villars.
Cette phrase, peu élégante d'ailleurs, signifie sans
ambiguïté : j'ai entendu qu'il disait à un homme....
Il 4. Régnier a mis de avec entendre dans le sens de
avoir l'intention. Je n'entends, quant à moi, delà
prendre à partie, Sat. ii. || B. Pour peu qu'on y ré-
fléchisse, on trouvera que, grammaticalement, s'eti-
tendre à quelque chose pour </ être habile est de diffi-
cile explication. Si on prend la locution telle qu'elle
se présente, on a : entendre soi; ce qui, raiinifeste-
ment, ne signifie rien. C'est un archaïsme qui en
rend compte; entendre est proprement un verbe
neutre; il l'est encore aujourd'hui, il l'était dans
l'ancienne langue. Or dans cette ancienne langue les
verbes neutres avaient la propriété de se construira
avec le pronom personnel. S'entendre, en cet em-
ploi, est donc entendre au neutre construit avec te
(voy. SE pour cette construction; voy. aussi apercb-
voir).
— SYN. 1. entendre, CONCEVOIR, COMPRENDRE.
Entendre et comprendre signifient saisir le sens; ce
qui les distingue de concevoir qui signifie embrasser
par l'idée : j'entends ou je comprends cette phrase;
et non je la conçois. Au contraire , dans le vers de Boi-
leau : Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement,
entendre ou comprendre ne conviendrait pas. La
nuance est autre entre comprendre et entendre.
Au fond , l'idée d'entendre est défaire attention à,
être habile dans, tandis que celle de comprendre est
prendre en soi : j'entends l'allemand, je lésais, j'y
suis habile; je comprends l'allemand dirait moins.
D'un autre côté, pour une démonstration, compren-
dre estle mot propre. || 2. entendre, ouïr. Cesdeux
mots, très-différents dans l'origine, sont complète-
ment synonymes aujourd'hui. Ouïr était le mot pro-
pre, peu à peu écarté par entendre qui est le mot
figuré. Ouïr c'est percevoir par l'oreille; entendre
c'est proprement faire attention; l'usage seul lui a
donné le sens détourné d'ouïr. La seule différence
qu'il y ait, c'est que ouïr est devenu verbe défectif
et d'un usage restreint. Quand le sens peut être lou-
che, il faut, sans hésiter, employer ouïr. Ainsi ce
mot de Pacuvius sur les astrologues : Magis aHdien-
dum quam auscultandum censeo, se traduira par :
U vaut mieux les ouïr que les écouter. Entendre fe-
rait un contre-sens. || 8. entendre, écouter. Enten-
dre c'est être frappé des sons; écouter c'est prêter
l'oreille pour les entendre. Quelquefois on n'en-
tend pas quoiqu'on écoute , et souvent on entend
sans écouter.
— HlST. XI* 8. Et dis» ^l rei : bien l'avez cnten-
ENT
cUid, Ck. de Roi. xvi. Un en i ad à qui li autro en-
londent, ib. CCLXXV. || xu* s. Beau sire Guene, de-
rers moi entendez, Rone. p. 31. Or me refait Amors
à lui entendre, Couci, v. Ele voit bien et conoist
it entent Qu'il n'en est plus qui aimt [aime] si leau-
ment, ib. v. Quant plus estli bernages à granljoie
antanUanz, Atant es un paienquiotnom Margulanz,
Sax. V, Sire, dit li messages, antandez ma raison,
ib. XIV. Pour lor bonté [je] le di, ne nul mal n'i au-
tant, ib. XXI. Laienz entra Thomas od mult poi con-
paignuns : Poi i mena dessuens, si cum nus l'en-
tenduns[nousrapprenons], Th. lemart. 38. || xiirs.
Killo, se vous vouliez entendre à mariage, Fil do roi
[je] vous donroie, riche et de haut parage, audefr.
LEBAST. liomancero, p. <7. Bêle Doette, es fenestres
séant. Lit en un livre, mais au ciier ne l'entent
[maisson cœur n'y est pas] , 16. p. 48. Par huit jors
se sont entendu Li baron à grant fesie faire ; Puis
vait cascuns à son repaire Molt lié [Irès-contentj ,
quant le congié a pris. Roman de Mahomet, p. 64.
Chacun qui s'entent jugera C'on doit miex mauvese
pugnir Queli loial lessier languir, Bibl. des Chartes,
*' série, t. V, p. 4 76. Et Loeys estoit sages et en-
tendans, Chr. de Rains, p. 2. Cui conscience ne re-
prent, plus tost au mal qu'au bien entent, ib. 235.
Einsi te voloie essaier; Quar certes je n'i entent mie
Ne traison ne félonie, Ren. <803. Lors esluet [il
convient] jones gens entendre À estre gais et amou-
reus, la Rose, 78. Plait de murtre est moult soutil,
etmoultle peut on soutilmentplaider qui faire le set,
mais que l'on seit bien entendu, Xis. de Jcr. i, 1 32. Lou
conseil li loa , si comme l'en [l'on] me donna à enten-
dre,que il s'en venistàDamiete en galles, JOINV. <92.
Et sachiez que, se il se feussent pris garde do nous,
il nous eussent touz mors [tués], mes il enten-
doient [faisaient attention] au roy et aux autres
grosses batailles, iD. 227. Et me dist ainsi, que il
n'entendoit mie [comprenait pas] comment li roys
eut pooir de demourar. id. 255. || xiv s. [Œuvre de
chirurgie qui doit être lésirée] et de ceux qui s'en-
tendent moiennement, et des ydiots qui se mescon-
noissent, h. de mondeville, f*32, verso. Arislote
entent tousjours pour fors ceulx qui ont la vertu de
forlilude, oresme, Eth. 79. Bienfais n'est point
perdus à chelui [celui] qui s'entent, Baud, de Seb.
XII, 770. ||xv' s. Quand ces chevaliers de Bretagne
Tirent venir les Anglois, et qu'ils s'ordonnoient pour
eux assiéger, si n'en furent mie trop effrayés; mais
entendirent premièrement au chastel et puis aux
guérites et aux portes, froiss. i, i, <97. Quand vint
le matin, de rechef ils commencèrent à assaillir fo<-' '
et appertement en plusieurs lieux, et ensonnierPu'
[inquiétèrent] si ceux de la ville, qu'ils ne savoir,.!
auquel entendre, lo. i, i, 224. On leur donnoit
tant à faire que on ne savoit, par dedans, auquel
lez [côté] entendre, ID. 11, u, 21 6. [Les Écossais
parlant des Français] Ils ne nous entendent point,
ni nous eux, id. ii, ii, 228. Sur ce, s'advise qui a
sens. Soit en jeunesse ou en vieillesse; Et qui ne
m'entend, je m'entens, Monstrant que suis dame
et maistresse, ch.d'orl. Bail. 90. Qui entend mal,
raporte mal, lekoci de linct, Prov. 1. 11, p. 390.
Comme vous entendrez cy après, comm. i, ). Or il
fault entendre que monseigneur du Magne estoit
avec sept ou huyt cens hommes d'armes au devant
des ducs, id. i, 3. Que on tyreroit vers Paris pour
essayer si on pourroit reduyre la ville à vouloir en-
tendre au bien public du royaulme, id. i, 6. Et y
en a assez qui ne parlent que après les autres, sans
gueres entendre aux matières, id. h, 2. Il [Louis XI]
estoit assez lettré; il aymoit à demander et à en-
tendre de toutes choses, id. ii, 6. X riens ne voulut
ledit duc entendre, ID. v, i. Ung des plus sages
chevaliers et plus entendus que je cogneus jamais,
ID. II, 2. Elle se délibéra de soy appareiller pour
honnestement faire son messaige; car bien conve-
noit le faire de bonne sorte, entendu que les pucel-
les à qui il falloit qu'elle feist les messaiges esloient
de grand estât, Peneforest, t. vi, f° 79. [[xvi's.
J'entendz et veulx que tu apprennes les langues
parfiiictement, rab. Pant. n, 8. Mon amy, je n'en-
lendz point ce barragouin; pourtant, si voulez qu'on
TOUS entende, parlez aultrelanguaige, id. ib. 11, 9.
Vous y amènerez vostre femme, s'il vous plaist,
«vecques ses voisines, cela s'entend, m. ib. iii,3i.
Vous l'avez ouy, l'avez-vous entendu? id. ib. v.
Prol. Ny n'entendent les stoïciens que l'ame de leur
sage puisse.... MONT, i, 60. Le seigneur de Langey,
très entendu en telles choses, id. i, 58. Crœsus lui
feit entendre qu'il verifioit lors à ses despens l'aver-
tissement de Solon, id. i, 66. Il leur sembla bien
Uiro les modérez et les entendus quand.... id. 1
2ci4. Et encoresse moquent-ils des autres qui n'en-
tendent pas letonr dubaston, et les appellent lour-
dauts, LANOUE, <06. L'art militaire est aussi mieux
entendu qu'il n'estoit, id. 402. La plupart de la no-
blesse, ayant entendu l'exécution de Vassy, se dé-
libéra de venir près Paris, id. 647. Chacun s'incitoit
à paix, et à persuader les grands d'y entendre, id.
658. En quelque style qu'il soit mis, pourveu qu'il
s'entende, il ne peut faillir à estre bien receu, amtot,
Épit. Je ferois moins de doute delà volonté du pape
à nous assister en ceste occasion que de celle du roy
catholique; car sa Sainteté s'est déjà laissé enten-
dre [a donné à entendre] qu'il falloit choisir un
prince du sang catholique pour hériter du royaume,
après le décès de M. le cardinal de Bourbon, ville-
ROY, Jfe'm. t. II, p. 170, dans lacurne. X bon en-
tens-tu il ne faut qu'un mot, cotgrave. Equivoques
par amphibologie, vulgairement appellées des en-
tends-trois, des accords. Bigarrures, ch. e. On
peut faire l'habile, l'empesché et l'entendu, c'est-
à-dire le sot et misérable, charron. Sagesse, 1, 41.
^ — ÉTYM. Bourguig. entarre; provenç. entendre;
catal. entendrer; espagn. pnlender ; ital. intendere;
du latin intendere, diriger vers, appliquer, detn,
en, et tendere, tendre (voy. ce mot), et, par ex-
tension, dans les langues romanes, ouïr et com-
prendre.
ENTENDU, UE (an-tan-du, due), part, passé
d'entendre. || 1° Qui a été perçu par l'oreille. Le
tonnerre entendu de loin. Des menaces à peine en-
tendues de celui à qui elles s'adressaient. || 2° Qui a
été écouté. L'accusé entendu dans ses moyens de dé-
fense. Il Terme de palais. La cause est entendue, c'est-
à-dire les débats sont clos. Il S'Dontlesensa été saisi.
Cette phrase diversement entendue par les traduc-
teurs. Le monstre furieux de se voir entendu Venge
aussitôt sur lui tant de .sang répandu, corn. Œdipe,
I, 4. Il C'est entendu, c'est-à-dire c'est convenu, ar-
rêté. 'Teresina: N'oublie pas de laisser la petite porte
ouverte en t'en allant. — Tenorio: C'est entendu, pi-
card. Alcade, 11, iS. || Bien entendu, Joe. adv. Assu-
rément, sans doute. Y consentez-vous? bien entendu.
Il Bien entendu que, loc. conj. Toutefois, pourtant.
Voilà la règle, bien entendu qu'il y a des excep-
tions. Causons comme si nous n'avions rien à dé-
mêler; bien entendu, ajouta-t-elle, que nous ne
nous en aimerons pas davantage et que nous re-
prendrons nos démêlés au retour, m"' de caylus.
Souvenirs, dans pougens. || 4" Qui a l'intelligence
d'une chose. Un homme entendu aux affaires. Qu'on
ne croie pas qu'il fût peu entendu dans ces affaires,
Boss. Var. 5. Les hommes les plus entendus à la
guerre, id. Ilist. m, 6. Des hommes fins ou en-
tendus, LA BBUY. XI. Fort entendu au métier de la
guerre, fléchier, Hist. de Théod. 11, <6. |{ Sub-
stantivement. Faire l'entendu, agir en personne qui
s'entend aux chos'es, et, le plus souvent, en un
sens défavorable, faire l'important, le capable. Au
reste, il fait l'entendu comme s'il était sorti de la
côte de saint Louis, scarr. Rom. com. i, 5. Vous
voyez que je fais un peu l'entendue, sÉv. t ) 1 . Quoique
je fasse l'entendue, je ne suis pas si habile, id. 239.
Il On dit dans le même sens trancher de l'entendu.
....J'en sais comme lui qui parlent d'Allemagne, Et,
si l'on veut les croire, otit vu chaque campagne.
Sur chaque occasion tranchent des entendus, Con-
tent quelque défaite.... cORN. Ment, m, 3. jj 5° Bien
entendu, disposé avec intelligence, avec art. Une
draperie bien entendue. La décoration en est bien
entendue, th. corn. l'Inconnu, v, 4. Dieu qui avait
fait un ouvrage si bien entendu et si capable de sa-
tisfaire tout ce qui entend.... boss. Connaiss. iv, 8.
Ce fut à frais communs qu'ils donnèrent les repas
les mieux entendus et les plus délicats qu'on eût
encore vus, hamilt. Gromm. < t. Les jardins étaient
bien entendus et ornés de belles statues, vOLT.Ca/id.
25. U les vint prendre lui-môme, pour les inviter à
un repas propre et bien entendu, in. Zadig, 20.
Il Dans le sens contraire, tout était mal entendu,
disposé sans goût, sans intelligence. || Bien en-
tendu, mal entendu, se dit aussi des choses morales.
Si vous n'eussiez fait que conquérir la Grèce, les
lies voisines et peut-être encore quelque petite
partie de l'Asie Mineure, et vous en composer un
État, il n'y avait rien de mieux entendu ni de plus
raisonnable, fonten. Dial. des morts, Alexandre et
Phriné. X l'égard des personnes qu'un zèle sincère,
quoique mal entendu, pourra indisposer contre moi,
j'en respecterai la cause sans en craindre et sans
en approuver l'effet, d'alemb. Ab. de la crit. Œuv.
t. IV, p. 285, dans pougens. Loin d'être une mau-
vaise mère, elle a une tendresse très-bien entendue
pour les enfants, M°* de genlis, Adèle et Théod.
1. 1, lett. 21, p. t64, dans pougkns.
ENT
U21
— REM. Entendu toutes les parties, ou bien le*
parties entendues. Le participe est indéclinable
dans le premier cas, déclinable dans le second, d'a-
près la règle moderne qui veut qu'ainsi placé, le
participe soit indéclinable, par exemple : excepté, in-
clus, etc.
t ENTÉNÉBREU (an-té-né-bré) , v. a. Envelopper
de ténèbres. Les vitraux [de la cathédrale de Rçgens-
burg] l'enténèbrent de cette obscurité propre au re-
cueillement, chateaub. dans le Dict. de nociiEZ.
— HIST. XIII' s. Cil qui ont longuement demorè
en cnartre ont les oelz [yeux] entenebrez et oscurs,
et ne poent veoir clerement, du canoë, tenebrari
— ÉTYM. En 1, et ténèbret.
ENTENTE (an-tan-f), s. f. || !• Manière d'enten-
dre, de comprendre. Mot, phrase à double entente.
Chacun sait quelle est mon entente, la font. Pâté.
Ces expressions sont susceptibles de plusieurs
ententes; destermes à double entente.t'ABBÉ iioute-
yiLLE, dans desfontaines. jj 2° Terme d'art. Intel-
ligence dans la distribution des parties d'une com-
position, d'un ensemble. Il a l'entente du coloris.
C'est lui [ApoUodore] qui trouva enfin le secret de
représenter au vif et dans leur plus grande beauté
les divers objets de la nature, non-seulement par la
correction du dessin , mais principalement par
l'entente du coloris et par la distribution des om-
bres, des lumières et du clair obscur, rollin, Uist.
anc. (Jliuvres, t. xi, i" part. p. I50, dans pougens.
La plus belle entente de lumières, diderot. Salon
de t785. Œuvres, t. xiii, p. t43, dans- pougens. Il
y a dans le morceau d'Anacréon couleur, entente
de lumières, vigueur et transparence; le tout est
d'un ton vrai et suave, id. Salon de <767, t. xvi,
p. 26. Il Par extension. Cet auteur a l'entente de la
scène. || 3° Bonne intelligence. Il y a de l'entente
dans celte famille. || Entente cordiale, témoignages
de bon vouloir qu'échangent entre eux les chefs de
deux États; locution qui date de l'adresse de la
Chambre des députés, de (840-1841, et qui, du lan-
gage politique, a passé dans le langage ordinaire.
Il Proverbe. L'entente est au diseur, c'est-à-dire celui
qui parle entend bien ce qu'il veut dire.
— HIST. XII" s. Entre liantes merveilles cum Deus
daigna ovrer.... Or i dunez entente : si la m'orrez
cunter, Th. lemart. I66. {| xiii' s. Amis, la voslre
amors me livre tel entente. Qu'en larmes et en plors
userai ma jouvente, audefr. le bast. Romancero,
p. <2. X Bertain aaisier chascune met s'enlente,
Berte, xlviii. Mais l'amor qui te tient au las, Char-
nex delis te représente, Si que tu n'as aillors l'en-
tente, la Rose, 46)8. Les yex ot [Déduit] vairs, la
bouche gente Et le nez fait par grant entente, ib.
8)2. Il XIV* s. Il convient avoir son entente aus diz
ou opinions des gens expers, oresme, Eth. )86.
Il XV* s. Ils vouloient faire à leur entente, froiss.
II, II, 80. Chacun emporte entre la selle et le pan-
neau une grande plate pierre, et trousse derrière
lui une besace pleine de farine, en cette enter.te
que.... ID. I, I, 34. Par les veilles, peines, et la-
beurs et ententes [soins] que tu as prinses,LomsX!,
Nouv. c. Il XVI* s. Tout ainsi qu'entente. Espoir et
attente Nous avons en toi, marot, iv, 27t.
— ÉTYM. Entendre; provenç. ententa.
ENTER (an-té) , V. a. || 1* Terme d'horticulture.
Greffer par ente. Enter un poirier, un pommier.
Il Fig. Ils entent sur cette politesse un esprit de
règle.... LA bruy. xi. Nous avons enté sur l'olivier
franc le germe de l'infidélité , mass. Myst. Ferv. Re-
cueillir avec affectation les débris de ces familles
antiques et éteintes pour les enter sur un nom ob.s-
cur, ID. Panég. St Franc, de Paule. Le Seigneur
fera sécher la racine de votre orgueilleuse postérité,
et entera dessus une race qui connaîtra la justice et
fera la miséricorde, id. Or. fun. Villeroy. || 2° In-
sérer en général. L'amant juge sa dame un chef-
d'œuvre ici-bas. Encore qu'elle n'ait sur soi rien
qui soit d'elle.... Qu'elle ente en son palais ses dent»
tous les matins, Régnier, Sat. ix. || 3° Terme de
fauconnerie. Raccommoder une penne de l'oiseau,
froissée ou rompue, soit par la jonction d'une penne
gardée, soit à l'aiguille ou au tuyau. || 4* Terme de
charpentier. Joindre ou assembler deux pièces de
bois de la même grosseur ei dans la même direc-
tion. Il B* Mettre une ente, a'iionger plus ou moins
quand on a préalablement coupé le bout qui était
usé ou trop court. Les bouts de ces bas sont mauvais,
il faudra les enter.Tous mes bas sont entés, jj 6° S'en-
ter, V. réfl. Être enté. Le prunier s'ente sur sauva-
geon. Il Fig. Un vice qui s'ente sur un autro vice.
HIST. xin* s. J'apel leurcuers [des deux amans!
leur volontés; Et leur vouloirs sont si entés Sur un desil
qu'entieeusdeusont.QuededeuscuersaE voloir font
1/.22
ENT
Blanche ttJcUn, «03. ||xiV s. Ceste science estoit
nalur«llemcnl en leurcueur enlée, noée et plantée
ORESME Ptol. [les métaux] Des elemens pronnent
leur esVre Par vous en l'élément terrestre, Et sans
«emer et sans planter, Sans cultiver ne sans enter,
VAkh. à nal. 478. Se voslre oysel a une penne rom-
pue vous lui remeterez et enterez en ceste ma-
niéré.... Kodits, t. xciv, verso. || xV s. Une vertu
en Ion coerente. Que dame belle, jeune et gente
Obéiras et crcmiras, fboiss. Espinelte amour. Pins
heurte li vens aux clochiers Qu'il ne fait aux petits
planchiers. Et par fouldre sont crevantez Plus que
les celiers bas entez , eust. descii. Poésies mss.
f° 667, dans LACOBNE. Se argent avez, il n'est enté;
Mais ie despendez tost et viste, Villon, Ballade,
Uçon aux enfants perdus. || xvi« s. Le baptesme
nous certifie que nous sommes entez en la mort et
la vie de Jésus Christ, calv. Inst. t062. En sa dextre
elle cnt [mit] la liaclie Par qui les rois sont irri-
tez, BONS. 367. L'enter en fente on au coin, par
d'aucuns en poupée, et en petite coronne ou entre
l'cscorce et le bois, sont en mesmo predicament,
parce qu'en l'une et l'autre sorte se sert-on de gref-
fes, les inserans sur les arbres sauvages ou francs,
0. DE SERBKS, 656. Par l'escu.sson et canon, beau-
coup plus d'arbres sont entés que par greffe, ID. 16.
J'ai enté heureusement en escusson au mois de
juin, des arbres dont j'avois tiré les esoussons en
arbres entés au coin, au précèdent mois de mars,
ID. 061). Vous conserverés vos greffes sains et entiers
jusqu'au poinct qu'il les faille enter, id. 060. La
manière d'enter en pièce rapportée, a quelque cor-
respondance avec celle à l'escusson , aiant ceci
de commun , qu'un seul œillet suffit à faire un
ente, id. 674.
— ÉTYM. Ente; provenç. empeltar, enpeutar ;
cat. empeltar.
f ENTÉRADËNE (an-té-ra-dê-n'),s. f. Terme d'a-
natomie. Ganglion lymphatique intestinal.
— lïTYJl. Knléro et àô^v, glande.
t ENTÉRADÉNOGRAPHIK ( an-té-ra-dé-no-gra-
fie), s. f. Description des ganglions lymphatiques
intestinaux.
— ÉTYM. JSntéradène, et Ypâçciv, décrire.
fENTÉRALGIE (an-té-ral-jie), s. f. Terme de
médecine. Douleur qui a son siège dans les intes-
tins.
— ÉTYM. Entéro et àXyoç, douleur.
t ENTIÎRECTASIE (an-té-ro-kta-zie) , s. f. Terme
de médecine. Dilatation des intestins.
— ÊTYM. Entéro et Ixiasic, dilatation, de èx,
etTiait, tension, teCveiv, tendre (voy. tendue,». a.).
t ENTÉRÉPIPLOCËLE (an-té-ré-pi-plo-sè-r), «. f.
Voy. ENTÉnO-ÉPIPLOCÈLE. .
t ENTÉRINAL, ALE (an-té-ri-nal , nal'), adj.
Terme de liroit. Qui concerne l'entérinement , qui
le permet.
ENTÉRINÉ, ÉE (an-té-ri-né, née), part, passé.
Qui a reçu entérinement. Requête entérinée. Encore
que le roi ait donné grâce à un homme, si faut-il
qu'elle soit entérinée, pasc. Pensées, Pape et
Ègl. le.
ENTÉRINEMENT (an-té-ri-ne-man) , i. m. Terme
de jurisprudence. Action d'entériner; jugement par
lequel on entérine. Demander un entérinement.
Il État d'un acte entériné.
— ÉTYM. Entériner. On trouve enterinance dans
des Coutumes.
ENTÉRINER (an-té-ri-né), v. a. Ratifier juridi-
quement un acte pour le rendre valable. L'arrêt qui
entérine une requête. Entériner des lettres de rémis-
sion, PATBU, Plaid, b, dans kichelet. || Absolu-
ment. Si le parlement entérine sans le roi, ou s'il
refuse d'entériner sur l'ordre du roi, ce n'est plus
le parlement du roi, mais un corps révolté, pasc.
Pensées sur le pape etl'Égl. to. || lig. Ma prière par-
vint aux temples étoiles. Parut devant sa face [de
Dieu], et fut entérinée D'un mot qui fit trembler
les citoyens ailés, la font. t. vi, p. 47, éd. Walc-
kenafir. Ce saint pontife [Jésus-Christ] par qui toutes
les gr&ces sont entérinées, boss. Ase. 3.
— RF.M. Vaugelas avertit contre la mauvaise pro-
nonciation intériner; elle avait prévalu dans le
xvi> siècle, qui, par Affectation de latinité, a changé
plus d'une fois les formes vraiment françaises.
-- HisT. xin* s. Li procureres doit entériner à le
[la] partie ce qu'il li convenancha ou autant vail-
lant, ncADM. 86. Et ce que li tesmoing tesmoiifne-
roient, le mestre le devroit faire tenir et entériner,
t««. des met. («8. Il XIV s. Les choses devant dites
r^? /', *"'«"('"«■• et loyaument garder en bonne
»;.:?. '.."^ '•'"2,»ELiSLE, AgHe. normande au
""".V"' dge, p. 44». Il „,. g. Tu me feras joye et
ENT
liesse ouïr, Me révélant ma grâce interinée : Lors
sentiray croistro et se rejouîr Mes os, ma force, et
vertu déclinée, «jabot, iv, îas. Fu la demande
desdit advocat et procureur interinée, selon la forme
et teneur, H. du hellay, 43s.
— ÉTYM. Ane. franc, enterin, qui avait donné
l'adverbe cntmnemcnf, et dont le .sens etl'étymologie
sont les mêmes que pour entier : forme latine fictive
integrinus , de integer, entier. Entériner signifie
donc, proprement, rendre entier, complet. Vaugelas
le tire de Vinlérim accordé par Charles Quint aux
protestants; mais, lemot existant dts le xin' siècle,
cette étymolofçie n'a aucune valeur.
f ENTÉRIQUE (an-té-ri-k'), adj. Se dit de ce qui
appartient à l'intestin ou en dépend.
— ÉTYM. 'EvTeptxiç, de IvTspov, intestin.
t ENTÉRISCIIIOCËLE (an-té-ri-ski-o-sè-l), s. f.
Terme de chirurgie. Hernie intestinale par l'échan-
crure ischiatique.
— ÉTYM. Entéro et ischiocèle.
t ENTÉRITE (an-té-ri-f), s. f. Terme de médecine.
Inflammation de la membrane muqueuse qui tapisse
le canal intestinal.
— ÉTYM. 'Evïcpov, intestin, et la finale médi-
cale ite, qui indique inflammation.
f ENTÉRO.... mot qui vient de fviepov, intes-
tin, intérieur (comp. intérieur), et est employé en
composition.
t ENTÊRORR ANCHE (an-té-ro-bran-ch') , adj.
Terme de zoologie. Dont les branchies sont cachées
dans l'intérieur du corps.
— ÉTYM. 'EvTEpov, intérieur, et branchie.
tENTÉROCËLE (an-té-ro-sè-l') , s. f. Terme de
chirurgie. Hernie formée par l'intestin seul.
— HlST. XVI' s. Si c'est l'intestin qui descend
dedans le scrotum, la hargne se nomme enterocele
ou intestinale, paré.
— ÉTYM. Entéro et xi^Xii, hernie.
t ENTÉRO-COLITE (an-té-ro-ko-li-f), «./'.Terme
de médecine. Nom donné par quelques auteurs à
l'entérite.
— ÉTYM. Entéro et colite.
t ENTÉRO-CYSTOCÈLE (an-té-ro-si-sto-sW), s.
f. 'Terme de médecine. Hernie contenant la vessie
urinaire et une anse intestinale.
— ÉTYM. Entéro et cystocèle.
t ENTÉRODELE (an-té-ro-dè-l'), adj. Terme de
loologie. Qui a un tube intestinal bien distinct.
Il S. m. Section des infusoires dits polygastriques,
où le canal alimentaire est terminé par une bouche
ou un anus.
— ÉTYM. Entéro et 8îiXoç, visible.
t ENTÉRO DOTUIÉNIE (an-té-ro-do-tié-nie) , s. f.
Autre nom de la dothiénentérie (voy. ce mot).
t ENTÉRODYNIK (an-té-ro-di-nie) , s. f. Terme de
médecine. Douleur intestinale, colique nerveuse.
— ÉTYM. Entéro et oôùvt), douleur.
t ENTÉROÉPIPLOCÈLE (an-té-ro-é-pi-plo-sè-1'),
s. f. Hernie qui renferme à la fois l'intestin et l'é-
piploon.
— ÉTYM. Entérn eiépiplocèle.
t ENTÉROGRAPUIE(an-té-ro-gra-fie), s. f.De.s-
cription anatomique des intestins.
— ÉTYM. Entéro.... et Ypâçsiv, décrire.
f ENTÉROHÉMIE (an-té-ro-é-mie), s. f. Terme
de médecine. Congestion du sang au canal intestinal.
— ÉTYM. Entéro et aliia, sang.
f ENTÉRO-BÉMORRHAGIE (an-té-ro-émo-rra-
jie) , s. f. Terme de médecine. Hémorrhagie dans
l'intestin.
— ÉTYM. Entéro et hémorrhagie.
t ENTÉRO-HVBROCftLE (an-té-ro-i-dro-sè-1'),
s. f. Terme de chirurgie. Hernie intestinale compli-
quée d'hydrocèle.
— ÉTYM. Entéro et hydrocèle.
t ENTÉRO -IIVDROMVIIALE ( an-té-ro-idron-
fa-i'), s. f. Terme de chirurgie. Hernie ombilicale
contenant une portion d'intestin avec un amas de
sérosité dans le sac herniaire.
— ÉTYM. Entéro et /lydromp/iaîe.
t ENTÉROLITHE (an-té-ro-li-f) , s. m. Terme de
médecine. Concrétion ou pierre intestinale.
— ÉTYM. Entéro et JiiOo;, pierre.
t ENTÉROLOGIE (an-té-ro-lo-jie) , t. f. Traité
sur les intestins.
— ÊTYM. Entéro et Xôyoi;, traité.
+ ENTÉRO-MÉROCÈLE (an-té-ro-mé-ro-sè-l') ,
s. f. Terme de chirurgie. Hernie crurale formée par
l'intestin.
— ÉTYM. Entéro et mérocèle.
t ENTÉRO-MÉSENTÉRIOUK (an-té-ro-mé-zan-
té-ri-k'), »./•. Terme d'anatomie. Qui a rapport aux
intestins et au mésentère. j| Terme de médecine.
ENT
Fièvre entéro-mésentérique, synonyme de dothié-
nentérie ou fièvre typhoïde.
— ÉTYM. Entéro et mésentérique.
t ENTÉRO-MÉSENTÉRITE (an-té ro-mé-zan-té-
ri-t') ,s. /'.Terme de médecine. Synonyme de carreau,
— ÉTYM. Entéro et mésenlérite.
t ENTÉROMPOALE (an-té-ron-fa-1'), t. f. Terme
de chirurgie. Hernie ombilicale formée par l'intestin
seul.
— ÊTYM. Entéro et 4(iço).è;, nombril. '
t ENTÉROMYIASE (an-té-ro-mi-ia-z'), s. f. Terme
de médecine. Affection intestinale caractérisée par
l'expulsion de larves de mouches développées dani
le canal intestinal.
— ÉTYM. Entéro et [luïa, mouche.
t ENTÉRO-PËRISTOLE (an-té-ro-pé-ri-sto-l'), i.
f. Terme de chirurgie. Étranglement des intestins,
dans une hernie, ou autrement.
— ÉTYM. Entéro et itEpiatoX-^, resserrement,
de Ttept, autour, et (jxéXXeiv, disposer.
t ENTÉRO-PNEUMATOSE (an-lé-ro-pneu-ma-tô-
7.'), s. /'.Terme de médecine. Développement morbide
d'une quantité considérable de gaz dans l'intestin.
— ÉTYM. Entéro eipneumatose.
t ENTÉRORRHAPHIE (an-té-ro-rra-fie), t. f.
Terme de chirurgie. Suture des intestins, qui se pra-
tique pour maintenir en contact les lèvres d'une plaie
faite à l'intestin.
— ÊTYM. Entéro et (lou^, couture.
t ENTÉRORRHÉE (an-té-ro-rrée) , *. /. Terme da
médecine. Diarrhée.
— ÊTYM. Entéro et fEïv, fluer.
t ENTÉRO-SARCOCÈLE (an-té-ro-sar-ko-sè-l') ,
s. f. Terme de chirurgie. Hernie intestinale com-
pliquée de sarcocèle.
— ÊTYM. Entéro et sarcocèle.
t ENTEROSCHÉOCÈLE (an-té-ro-ské-o-sè-I'), ». f.
Terme de chirurgie. Hernie scrotale formée par l'in-
testin seul.
— ÉTY»t. Entéro eloschéocèle.
t ENTÉROSTÉ, ÉE (an-té- ro-sté, stée), ndj.
Terme de conchyliologie. Qui a un ou plusieurs os
dans l'intérieur du corps.
— ÉTYM. Entéro et Jttéov, os.
t ENTÉRO-STÉNOSE (an-té-ro-sté-n6-z') , t. j.
Rétrécissement de l'intestin.
— ÉTYM. Entéro...., et o-c£v4c, étroit.
tENTÉRO-SYPHILiniE (an-té-ro-si-fi-li-die), t. f.
Terme de médecine. Affection syphilitique de l'in-
testin.
— ÉTYM. Entéro eisyphilide.
tENTÉROTOME (an-té-ro-to-m'), î. m. Ci-seaux
avec lesquels on peut, dans les ouvertures de cada-
vres, fendre rapidement le canal intestinal dans
toute sa longueur. || Instrument imaginé pour la gué-
rison des anus contre nature.
— ÉTYM. Entéro et Topt^, section.
fENTÉROTOMIE (an-té-ro-to-mie), s.f. Terme
d'anatomie. Dissection des intestins. || Terme de chi-
rurgie. Division des parois d'une anse intestinale, 6
l'effet d'évacuer les matières qui y sont retenues.
Il Opération pratiquée sur les deux bouts de l'intes-
tin pour détruire un anus contre nature et rétablir
le cours naturel des matières stercorales.
— ÉTYM. Entérotome.
f ENTÉROZOAIRE (an-té-ro-zo-ê-r'), s. m. Terme
d'histoire naturelle. Nom donné aux helminthes et
aux larves qui ne vivent que dans l'intestin de cer-
tains animaux.
— ÉTYSl. Entéro et Cwipiov , diminutif de
Çôiov, animal.
■j- ENTERRAGE (an-tè-ra-j'), s. m. Massif de
terre dont le fondeur remplit la fosse autour du
moule, pour rendre celui-ci plus solide.
— niST. xv* s. Icelluycuré voult faire payer pour
l'enterraige et sépulture du corps d'une des niepces
du suppliant, qui n'avoit que unze ans, autant
comme d'un grant corps, du cange , in(«iTare.
Il XVI' s. Ressemblant au gueux, lequel, interrogé
s'il vouloit gaignerune pièce d'argent pour estreun
des pleureus à un enterrage, respondit ne pouvoir
plorer, mais qu'il ne laisseroit pas d'estre bien
marri, Contes d'Eutrap. p. <72, dans lacubub.
— ÊTYM. Enterrer.
ENTERRÉ, ÉE (an-lè-ré, rée), part, pasii.
Il 1» Mis dans la terre. Un trésor enterré et oublié.
Il i° Inbumé. Les morts enterrés après la bâtante.
Il 3' Recouvert comme d'un tas de terre. Enterré
sous les décombres de.la maison. || «• Fig. Retiré,
caché profondément et comme sous terre. RespecXe
au moins l'asile où je suis enterré, volt. Olympie,
III, 3. Ma fille aux déserts enterrée, id. Scythes,
I, 3. Vos beau» jsurs enterré» «ont perdus sans r«>
ENT
ENT
ENT
1423
tour, ID. ib. m, <. Car quoique loin de tout, en-
terré dans ces lieux, Je suis toujours sensible aux
biens de ma patrie, ghesset, Méchant, m, 0. Cette
mère qui faisait si peu défigure, qui était si en-
terrée, que les gens même de son fils ne savaient
pas sa demeure.... uahivaux, Marianne, 2" part.
Je ne vois plus ni ta mère, ni.... je suis enterré
pour tout le monde, p. l. cour. Lett.n, (56. l|Oui
est dérobé & la connaissance. Qu'un homme si sa-
vant, un fameux médecin comme vous êtes, veuille
se déguiser aux yeux du monde, et tenir enterrés
les beaux talents qu'il a, mol. Méd. malgré lui, i, e.
J'ai vu je ne sais combien de livres et de genres
d'écrire enterrés avec leurs auteurs, ainsi que chez
de certains peuples on enterre avec les morts les
choses qui leur ont été les plus précieuses pendant
leur vie, fonten. Dial. 2, Morts mod. || 5° Qui
a, en parlant d'un lieu, une situation basse, une
vue bornée. Cette habitation est tout à fait enterrée.
ENTEUREMENT(an-tê-re-man),s. m. || 1° Mise
en terre. L'enterrement des charognes. 1| Mise dans
la sépulture. L'enterrement d'un corps mort. || 2° Cé-
rémonies observées dans les funérailles. Tout Paris,
vêtu d'enterrement , ainsi que tout Marly, rem-
plissait les salons et la chambre du roi, st-sim.
296, B2. Il Le cortège funèbre. Là d'un enterrement
la funèbre ordonnance D'un pas lugubre et lent vers
l'église s'avance, boil. Sa(. vi. || Figure, air, mine
d'enterrement, figure sombre, triste.
— IIIST. XII* s. Le cors atant il enterrèrent; Graiit
e petit trestuit i erent [étaient]; Tuit vont à la pro-
cession, X l'enterrement del baron, Grégoire le
Grand, p. 3). ||xv* s. 0 Bretaingne, pleure ton es-
pérance; Normandie, fai son entièrement; Guyenne
aussi, et Auvergne, ort'avence, Et Languedoc, quier
lui son monument, E. descuamps. Sur la mort de
Cuescl. Il XVI" s. En ce reïteré enterrement [enfouisse-
ment] , tousjours se perd quelque œil [d'un plant] , de
pourriture ou d'autre événement, o. de serhes, 5|3.
— ÉTYM. Enterrer.
ENTERRER (an-tè-ré), V. a. || l" Mettre dans la
terre. Enterrer son or, ses bijoux. La méfiance et la
tyrannie font que tout le monde enterre son argent,
HONTESQ. Esp. XXII, (. || Fig. Enterrer de l'argent, le
dépenser en travaux, en remuements de terre. Ce
jardin lui coûte gros, il y aenterré plus de dix mille
francs. || Terme de marine. Mettre avec le lest
du vaisseau. On a enterré ces futailles. || 2" In-
humer, mettre un corps mort en terre. On l'a en-
terré avec beaucoup de pompe. On l'enterra sans
cérémonie. On enterrera vif qui l'enterrera mort
[Polynice], rotb. Antig. m, B. Si elle meurt, ne
manquez pas de la faire enterrer du mieux que
TOUS pourrez, mol. Médec. malgré lui, m, 2.
Un mort s'en allait tristement S'emparer de son
dernier gîte; Un curé s'en allait gaiement Enter-
rer ce mort au plus vite, la font. Fabl. vu, U.
Ils n'avaient pas de quoi se faire enterrer, uoss.
Jïis(. III, 6. Criton lui ayant demandé [à Socrate]
comment il souhaitait qu'on l'enterrât : comme il
TOUS plaira, dit Socrate, si pourtant vous pouvez
me saisir et que je n'échappe pas de vos mains,
ROLLIN, Hist. anc. Œuvres, t. iv, p. 437, dans
POOGENS. Il Absolument. Sous la première et la se-
conde race, on n'enterrait pas même dans l'enceinte
des villes, saint-foix, Ess. Paris, Œuvres, t. iv,
p. 27, dans POOGENS. || Par extension, survivre à.
U nous enterrera tous. Ce malheureux père a en-
terré ses enfants. Je ne savais pas que vous eussiez
enterré votre médecin, volt. Lett. d'Àrgental, e
DOï. ) 767. 1) Fig. Que le monde voit peu de ces fem-
mes dont parle saint Paul, qui, vraiment veuves et
désolées, s'ensevelissent, pour ainsi dire, dans le
tombeau de leur époux et y enterrent tout amour
humain avec ces cendres chéries! boss. Anne de
Goni. Il Par moquerie, en parlant d'un médecin in-
habile , faire mourir ou laisser mourir. Encore
un malade qu'il vient d'enterrer. || 3° Recouvrir de
choses comparées à un tas de terre. La maison
tomba et les débris 'l'enterrèrent. Être enterré sous
les décombres d'un édifice. || 4° Obliger à demeurer
dans un lieu triste et ennuyeux. U veut m'enter-
rer en province. Mais sur une terreur qui peut
être indiscrète. L'enterrer toute vive au fond d'une
retraite, la chaussée, Gouvern. ii, to. Ainsi loin
du palais ou vous fûtes nourrie , Vous allez ,
bell» Irène, enterrer votre vie , volt. Irène, iv
t. Il U se dit des choses qu'on met comme en
terre et qu'on fait oublier. À qui la peur de perdre
enterre le talent, Régnier, Sat. xii. Cette honte
qu'aurait le silence enterrée, Court le pays, et vit
(Juvacarme qu'U fait, la font. Coupe. || B" Faire
oublier, effacer la réputation de quelqu'un, Ce poète
avait des rivaux, il les a tous enterrés. 11 y a telle
femme qui anéantit ou enterre son msri au point
qu'il n'en est fait dans le monde aucune mention,
LA BRUY. m. C'est ce qui donna lieu à ce mot de
Benserade, où le double sens est assez visible : Si
quelqu'un de nous, dit-il à Racine, avait pu pré-
tendre d'enterrer M. Corneille, c'était vous, mon-
sieur; cependant vous ne l'avez pas fait, d'ouvet,
Hist. Acad. t. Il, p. ses, danspouGENS. || 6° Voirlafin
de. Si nous t'enterrons, Bel art dramatique, Pour toi
nous dirons La messe en musique, bérang. Musique.
Il Familièrement. Enterrer le carnaval, se livrer
aux dernières folies du carnaval. 1| Enterrer la sy-
nagogue avec honneur, sortir d'un engagement
avec honneur et d'une manière irréprochable (voy.
synagogue). Il 7° Tenir caché. Enterrer ses secrets.
Il II faut enterrer cela, il n'en faut plus parler.
Il 8° S'enterrer, v. réfl. Être inhumé. Les morts ne
s'enterrent pas dans l'enceinte des villes. || 9° Être
recouvert de débris qui s'écroulent. Samson s'en-
terra sous le temple des Philistins. |{ Fig. S'enterrer
sous les ruines d'une place, mourir en défendant
une place de guerre. S'enterrer sous les ruines de
la patrie, ne pas survivre aux désastres de la patrie.
Il 10» Se mettre dans un lieu retiré, dans une retraite
profonde. S'enterrer dans une province, vivre hors
de Paris , au fond d'une province. L'offre que vous
me faites de venir à Bourbon est tout à fait héroï-
que; mais il n'est pas nécessaire que vous veniez
vous enterrer dans le plus vilain lieu du monde,
uoiL. Lett. à Racine, (3 août 1687. || S'enterrer
tout vif, rompre tout commerce avec le monde.
Mon dessein n'est pas de renoncer au monde et de
m'enterrer toute vive dans un mari, mol. G. Dan-
din, II, 4. La dame s'enterrait ainsi toute vivante,
la font. Matr. J'eus en horreur le monde et les
maux qu'il enfante; Loin de lui pour jamais je m'en-
terrai vivante, volt. Olympie, n, 2. Le marquis de
Mirepoix s'amouracha de la fille d'un cabaret en Al-
lemagne, et s'enterra si bien avec elle qu'on ne l'a
pas vu depuis, st-sim. 69, (27. || 11° Terme de ma-
nège. On dit qu'un cheval s'enterre quand, cher-
chant un point d'appui sur la main du cavalier,
il baisse la tête et s'abandonne sur les épaules.
— HIST. XI* s. X grant honur puis les ont en-
terrez, Ch. de Roi. ccix. Long un autel bêlement
[ils] l'enterrèrent, ib. ccLxxi. {| xii* s. Baron, dit
Charles, nos amis enterrons, flonc. p. <54. Funt il;
que s'a 11 reis si fort à dementer ? Se il veïst ses fiz e
sa femme enterrer, E trestute sa terre ardeir e em-
braser. Ne deûst il tel duel [deuil] ne faire ne me-
ner. Th. le mart. i33. |{ xiii" s. Et fu entierée [la
reine] en l'église Sainte-Crois, Chr. deRains, p. 88.
Si recevez mon palefroi. Et as gens irez demander
S'il i a cors à enterrer Ne nul enfant à bautizier,
Ken. 2IIB0. Au temps que les corneilles braient,
Qui por la froidure s'esmaient. Qui sor les cors lor
vient errant, Qu'eles vont ces noiz enterrant Et s'en
garnissent porl'yver, ruteb. u, 66. ||xvi" s. Disant
qu'il ne falloit point déterrer Lysandre, ainsplustost
enterrer avec luy sa harengue, amïot, Lysand. 67.
— ÊTYM. En t , et terre; bourguig. anlarré; pro-
venç. et espagn. enterrar; ital. interrare.
t ENTERUEUR (an-tè-reur) , s. m. Celui qui en-
terre. Voyez ces retraites [monastères] des pèlerins
du bien mourir, des enterreurs de morts, chateaub.
Génie, iv, m, 3. || 11 s'emploie le plus souvent dans
le style badin. Certain curé, grand enterreur de
morts. Au chœur assis, récitait le service; Certain
frater, grand disséqueur de corps. Tout vis-à-vis
chantait aussi l'office, J. b. rouss. Épigr. i, is.
Il Terme de zoologie. Un des noms vulgaires des dif-
férentes espèces du genre nécrophore [coléoptè-
res], et principalement du nécrophore fossoyeur,
dit aussi enfouisseur et fossoyeur.
— HIST. XVI' s. Enterreur, cotgrave.
— ÉTYM. Enterrer; provenç. enteraire; espagn.
enterratore.
t EN-TÊTE (an-tê-f) , s. m. Ce qui s'écrit en tête
d'une lettre , d'un tableau. Faire imprimer des en-tête.
ENTÊTÉ, ÉE (an-tê-té, tée), part, passé. || 1° X
la tête de qui quelque influence s'est portée. Entêté
par des fleurs très-odoriférantes, par la vapeur du
charbon. Une espèce de petit temple qu'il avait dé-
coré de toiles d'opéra, et qui ce jour-là était orné
de tant de guirlandes do roses que nous en étions
entêtés, uarmontel, Mém. vi. || 2° Dont la tête, le
cœur, les sentiments sont prévenus, préoccupés en
faveur de quelqu'un.- Mais il est devenu comme un
homme hébété, Depuis que de Tartuffe on le voit
entêté, mol. Tart. i, 2. Savez-vous bien que je
suis plus entêtée de vous que jamais? sÉv. 405.
Testu est entêté de Mme do Coulanges, m, lae. Je
chéris l'Anoste et j'estime le Tasse, Plein de Ma-
chiavel, entêté de Bocace, J'en parle si souvent
qu'on en est étourdi, la font. Poésies mêlées, LXX.
Cambyse.... prince entêté de lui-même, plein de
vanité et de hauteur, livré aux excès les plus hon-
teux de la crapule et de la débauche, roll. Hist.
anc. Œuvres, t. u, p. 472, dans pougens. || Il se di*
aussi des choses en faveur desquelles on est prévenu
Je suis toujours un peu en'ètée de mes lectures,
sÉv. 89. Il a été entêté de vous faire voir sa maison,
iD. 414. S'il n'était point entêté des erreurs qu'il
cherche dans les Pères, boss. Avert. 6. La fréquen-
tation d'une parente entêtée des vanités et des fo-
lies du siècle, FLÉcn. Panég. ii, p. 218. C'est la
veuve d'un riche et fameux architecte, une femme
entêtée de noblesse, lesage, Uiable boit. ch. 10. Le
peuple prévenu est entêté de ces visions, vehtot,
Rév. rom. u, p. 206. L'on n'en est pas moins en-
têté de la parure, de la fortune, des amusements,
MASS. Car. Vérit. culte. Un homme entêté de l'élé-
vation et de la fortune, id. Car. Évid. de la loi.
Henri IV, né dans cette secte qu'il aimait sans être
entêté d'aucune, volt. Louis XIV, 36. Homme plus
entêté d'avoir le chapeau de cardinal que de soute-
nir une bulle, id. ib. 37. Outre qu'une grande par-
tie des gens de la campagne étaient encore idolâtres
et entêtés d'une religion grossière comme eux-mô-
mes, MONTESQ. Rom. xx. Je vois un jeune homme
entêté de chimères à qui tout déplaît, cuateaubh.
René, 217. |1 3° Absolument. Qui tientà ses volontés,
à ses idées, sans en démordre. Un vieillard, un en-
fant entêté. || Substantivement. C'est un entêté, uno
entêtée.
SYN, entêté, têtu. On est entêté quand on
s'est mis quelque chose dans la tête, quand on s'est
entêté de quelque chose. On est têtu, quand natu-
rellement, et sans avoir été entêté de quelque chose,
on tient à ses volontés, à ses idées. Mais, dans l'u-
sage, entêté se rapproche tellement de têtu, qu'ils
se confondent l'un et l'autre.
ENTÊTEMENT (an-tê-te-man) , s. m.\\\° Action
de se porter à la tête, d'alTecter la tête. L'entête-
ment par des parfums. || 2° Fig. Êlat d'un esprit,
d'un cœur, d'une ame entêtée. J'aime la poésie avec
entêtement, mol. Fem. sav. m, 2. Une fausse gloire,
un faux esprit de réforme, une fausse religion, un
entêtement de parti, et les aveugles passions qu:
l'accompagnent, boss. Var. Avert. v, §35. C'a été
autrefois mon entêtement comme il est le vôtre;
mais il y a trois choses à considérer.. . labruy. v.
De là les entêtements en faveur des uns, delà les
déchaînements bizarres contre les autres, bourda-
LOUE, Uomél. sur l'aveugle-né, Domin. t. iv, p. 478,
Un temps aété que les Latins étaient modernes, et
alors ils se plaignaient de l'entêtement que l'on avait
pour les Grecs qui étaient les anciens, fonten.
Digr. anc. mod. OEuvr. t. iv, p. (96, dans pou-
gens. Connaissant l'entêtement qu'il avait pour le
nom d'érudition, hamilt. Gramm. 4. Les deux en-
têtements de c^tte dernière [dame] étaient la danse
et la parure, id. ib. 7. Elle commençait à re-
venir de l'entêtement qui l'avait séduite en sa
faveur, ID. ib. H. Tel est aujourd'hui l'entête-
ment du siècle, de s'y faire des plans de religion,
MASS. Myst. Visit. On ne revient guère de l'entête-
ment de la naissance , id. Av. Dispos. La folle,
opiniâtreté que produit l'entêtement, bayle, Lett.
à Constant, 4 juill. <697. Je n'ai pas l'entêtement
des grandes alliances, mahivaux, l'Epreuve , se.
i. \\ U se dit de celui qui est un objet d'entête-
ment. Si, à votre âge, vous êtes si vif et si impé-
tueux , quel nom, Théobald , fallait-il vous don-
ner dans votre jeunesse, et lorsque vous étiez la
coqueluche et l'entêtement de certaines femmes? la
BRUY v. Il 8° Attachement excessif d'une personne à
ses opinions. Bien n'égale l'entêtement de cette
femme. Outre que l'entêtement est partout vicieux,
il ne laisse jamais le cœur dans une disposition pai-
sible, parce qu'il est toujours impatient et violent,
DOURD. Pensées, 1. 1, p. 380. Rien ne ressemble plus
à la vive persuasion que le mauvais entêtement,
la BRUY. XII. La faiblesse a mille fois plus d'incon- •
vénients que l'entêtement, W' de genlis, Ad. et
Théod. t. I, lett. 26, p. 4 ta, dans pougens.
— ÉTYM EfitétCT.
ENTÊTER (an-tê-té), v. a. || 1* Remplir la tête de
vapeurs qui l'incommodent. Les chèvrefeuilles ne
m'entêtent point, sEv. t4t. || Absolument. Le char-
bon entête. || 2° Fig. Porter à la tête des fumées
d'orgueil, de vanité, etc. Sa grandeur l'entête. La
qualité l'entête, et tous ses entretiens Ne sont que
de chevaux, d'équipage et de chiens, mol. Mis. ii,
t. Et de quoi tous eert donc d'être auprèi d'un
I
I
U24 KNT
Kran-I prince, Si ces titres d'honneur ne vous en-
donc rtpinuaSocrate, cequi vous enté e un point
de te re mperceptible [les b.ensfonds d'A cbiade],
m, llùt. anc. œuvr.X. iv, p. "f, Ja"' «"J"-
oiNS. Retranchez ces petits agréments-là de votre
discours; ce sont des fleurs do rhétorique qui m en-
têtent, MAHiv. la fausse suivante, ii, 8. || Abso-
lument. Les louanges entêtent. || 3' Prévenir d'une
passion pour. Qui vous a entêté de cette personne?
Vous no m'entêterez pas d'une pareille opinion.
Pourquoi m'avez-vous entêtée d'une chose que les
gens qui m'estiment ne peuvent pas croire que je
soutienne sérieusement? fonten. hondes, 6' soir.
P. Lenlulus s'était laissé entêter de je ne sais quelles
prédictions qui promettaient, disait-on, l'empire à
trois Cornélius , vertot, ttév. rom. xii, p. <86.
L'art d'entêter les hommes, lesage, Gil Blas, ix,
6. Si vous pouvez entêter cette fille jusqu'à l'obli-
ger de vous épouser, vous serez à votre aise le
reste de vos jours, id. EsI. Comalei, ch. 4. L'ar-
chevêque Laud avait fait beaucoup de mal à Char-
les 1" en l'entêtant de la suprématie épiscopale,
CHATEAUBR. StuaTts , 207. || 4° Terme d'épinglier. At-
tacher la tête d'une épingle à la hanse, de manière
qu'elle paraisse y avoir été soudée. Un ouvrier en-
tête communément 8 à 9 milliers d'épingles en un
jour. II 5° S'entêter, v. réft. Prendre des préventions
favorables et tenaces à l'égard de quelqu'un. Écou-
tez, n'allez pas vous entêter de ce petit vilain-là,
LA FONT. Coupe enchant. se. «2. La dame s'était en-
têtée depuis peu du comédien Octave, premier ac-
teur de la troupe du prince, lesage, Est. Gonza-
lez, ch. 26. Il 11 se dit des choses comme des
personnes. Il n'est pointa propos d'engager les filles
dans des études dont elles pourraient s'entêter, fén.
t. XVII, p. 4. Ne méprisez personne, ne vous entêtez
de rien, maintenon, Lett. à Mme de Caylus, i7o6,
t. VI , p. * , dans pouoens. Quand les philosophes s'en-
tetentune foisd'un préjugé, ils sontplus incurables
que le peuple même, parce qu'ils s'entèteut également
et du préjugé et des fausses raisons dont ils le sou-
tiennent, FONTEN. Oracl.i, 8. Il 6» Tenir fortement
à sa volonté, à ses opinions. 11 s'entête dans culte
détermination. Ce vice si commun de croire toujours
une chose', parce qu'on l'a crue d'abord, ou de n'y
acquiescer jamais, parce qu'on l'a une fois com-
t*ttue; de s'entêter qu'elle est, parce qu'on veut
qu'elle soit; delà contredire avec obstination, parce
qu'on a intérêt qu'elle ne soit pas, bouiiDAL. Carême,
Sur la paix chrétienne.
— HISTj XIII* s. Etavoecunbarilde vin [il] Aporta,
qui crut sur le Rin; Moût estoit fors et entestans,
Bl.et Jeh. 3838. En lieu de liaires, haubers vestent,
Kt boivent tant que il s'entestent, kuteb. iM. Vent
et fouldre et tonnoirre qui tout perce et enteste. Feu
et gresle, et orage, noif [neige] et glace, et tem-
peste Les tormentent adès des pies jusqu'à la teste,
J. DE MEUNO, Test. 1957. Il XIV* s. Tu romps alam-
bics, grosse beste, Et brusle charbon qui t'enteste,
Nat. à Valch. t». ||xvi* s. Bertrand ne s'entesta
point de touttes ces louanges, U^m. s. D. G. ch.
2t. La tranquillité sombre et stupide se treuve assez
pour moy, mais elle m'endort et enteste : je ne m'en
contente pas, uo.nt.iii, 309.
— KTYM. En t, et tête; piovenç. enlestar.
t ENTÊTEUR (an-te-teur), s. m. Celui qui entête
les épingles.
t ENTËTOIR (an-tê-toir) , s. m. Machine pour en-
têter les épingles.
t ENTHI,ASIE (an-tla-zie), i. f. Terme de chirur-
gie. Fracture du cr&neavec dépression d'une partie
osseuse.
— ETYM. "EvOXaoi;, deiv, en, et OXâv, enfoncer
en brisant.
ENTHOUSIASME ( an-tou -zi-a-sm' ), t. m.
jl !• Fureur divine, état physique désordonné comme
celui des sibylles qui rendaient des oracles en pous-
sant des cris, écumant, roulant les yeux. L'enthou-
siasme de la sibylle. || î" Par extension, inspira-
tion divine, se manifestant par des discours pleins
de grandes images. L'enthousiasme poétique. L'en-
thousiasme des prophètes. || Mouvement pas-
sionné, transport qu'un poète, un artiste éprouve
dans te moment de la composition, et qui consiste
en ce que, préoccupé du seul sujet qui l'intéresse,
le monde extérieur disparaît à peu prés pour lui.
Lenthousiasme qui transporte les poètes. Les im-
promptus lui étaient assez familiers, et il a beau-
Mup contribué à établir cette langue à Sceaux, où
^génie et la gaieté produisent assez souvent ces
?!. ,L!"t °"''"'"^' soudains, fonten. Maléiieu.
l-ei foéiie. qui sont le fruit de l'enthousiasme ont
ENT
un tel aiTucÙ'Te. de licauté qu'on ne peut les lire
sans être échauffé du même feu qui les a produites,
noLLiN, Uist. anc. t. xii, liv. xxv, ch. i, art. t,
§ 6. Il 8° Tout transport qui, enlevant l'âme à elle-
même, excite à des actes extraordinaires. L'enthou-
siasme guerrier. L'enthousiasme religieux. Rien ne
se fait sans un peu d'enthousiasme , volt. Leit.
d'Argental, 3) aoûtt"»). Son noble enthousiasme
embrasera les cœurs, de belloy. Siège de Calais,
IV, 4. Il n'y a point de véritable amour sans enthou-
siasme, et point d'enthousiasme sans un objet de
perfection réel ou chimérique, mais toujours exis-
tant dans l'imagination, j. j. Rouss. Emile, v. Il
est de la nature de tout enthousiasme de se com-
muniquer et de s'accroître par le nombre des en-
thousiastes, DiDER. Lett. sur les sourds et muets,
OEuv. t. II, p. 373, dans pougens. L'esprit de la
secte stoïque fut l'enthousiasme de la vertu; le gé-
nie de l'ancienne Rome fut l'enthousiasme de la
patrie, marmontel, Élém. litt. Otuvr. t.vii.p. 2(6,
dans POUGENS. C'est ce même enthousiasme prêt à
se communiquer à l'auditeur qui met tant de diffé-
rence entre l'éloquence parlée, si on neuf se servir
de cette expression, et l'éloquence écrite, d'alemb.
Réfl. sur l'éloc. oral. Œnvres, 1. 1, p. t48, dans pou-
gens. Cet enthousiasme froid et stupide qui ne sent
rien à force d'admirer tout, espèce de paralysie de
l'esprit, qui nous rend indignes et incapables de
goûter les beautés réelles, m. Tiéfl. sur le goût,
OlCuv. t. m, p. 422. Dans ce temps, tout se faisait
par enthousiasme, les belles actions, les fautes et
les crimes, H"°* de geni.is, Mlle de la Fayette,
p. 28, dans POUGENS. || Kn mauvaise part, lubie. Mais
voyez quel diable d'enthousiasme il leur prend de
me venir chanter aux oreilles comme cela, mol.
Prol. de la Prine. d'il. 2. Ce sens défavorable ne
se trouve peut-être que dans cet exemple de Molière.
Il 4" Grande joie, vive allégresse. 11 fut accueilli
avec enthousiasme. Enthousiasme impossible à dé-
crire. L'enthougia.sme d'une bonne réception m'au-
rait enivrée, sEv. 226. || 5° Admiration vive el
passionnée. Son enthousiasme pour cet auteur l'a-
veugle. Celte machine [le joueur de flûte] devint
bientôt l'objet de la curiosité d'un monde plus
avide de nouveauté que sensible aux grands talent-,
prodiguant au hasard l'enthousiasme ou le dédain,
et passant rapidement de l'un à l'autre pour un ob-
jet qui n'a pas cessé d'être le même, condorcet,
Yaucanson.
— HIST. XVI* s. Il me faudroit non l'ardeur de ma
ryme. Mais l'enthousiasme, aiguillon de Pontus,
aONS. 48 Et qui sera plus tost un coup de for-
tune, ou une saillie de quelque extraordinaire en-
thousiasme, qu'une production vrayement nostre,
charron. Sagesse, i, t.
— ÉTYM. 'ÉvBouffiaoïxôç, de IvOouî inspiré par un
dieu, de êv en, et Geiç, dieu.
ENTHOUSIASMÉ, ÉE ( an-tou-zi-a-smé, smée),
part, passé. Saisi d'enthousiasme. Tout est mer-
veilleux, je vous assure ; je suis enthousiasmée de
l'air et des paroles, mol. Préc. rid. to. Elle est tou-
jours enthousiasmée de votre mérite, sÉv. 3i. Notre
abbé enthousiasmé des succès de l'inoculation dont
il s'est donné la peine de faire un cours à Londres,
MONTESQ. Correspondance, 01. Elle est aussi enthou-
siasmée deCassandre que vous en êtes mécontente,
VOLT. Lettre à Mme de Fontaine, 4 janv. t762.
ENTHOUSIASMER (an-tou-zi-a-smé),«. o. || l' Ra-
vir d'enthousiasme, d'admiration. La lecture de ces
vers m'a enthousiasmé. Cette musique a enthou-
siasmé le public. Il 2° S'enthousiasmer, v. réfl. S'é-
prendre d'enthousiasme. Cet homme s'enthousiasme
pour tout ce qui est nouveau. Il s'enthousiasme sur
votre solide mérite, sÉv. 491.
— HiST. XVI' s. Et pour ce j'ay voulu t'envoyer
cet escrit Pour enthousiazer ton phantastique es-
prit, Vers de Charles IX à Ronsard (p. 666, dans
RONSARD).
— ÉTYM. Enthousiasme.
ENTHOUSIASTE ( an-tou-zi-a-st'), s. m. et f.
Il 1" Celui qui était ou que l'on croyait possédé de la
divinité ou violemment inspiré par elle. || 2° Vision-
naire qui se croit inspiré. Enthousiaste ou fourbe,
il faut cesser de l'être, volt. Fanât, i, 4. Le phi-
losophe n'est pas enthousiaste, il ne s'érige point
en prophète, il ne se dit point inspiré des dieux,
iD. Dict. phil. Philosophe, t . Ce sont les hommes
inspirés qui éclairent le peuple, et les enthousiastes
qui l'égarent, d'alemb. Disc, prélim. Encycl. Œu-
vres, t. I, p. 261, dans pougehs. D'abord enthou-
siaste et bientôt imposteur, Un rêve prépara sa future
grandeur [de Mahomet], delille, /mag. vui. | 3* Ce-
lui, celle qui a une admiration excessive pourqu ri-
ENT
que ctiosc. Ne fttcn que des épingles, ilfaut être en-
thousiaste de son métier pour y exceller, didehot,
Obi. sur la sculpt. (Miuvres, t. iv , p 314, dans pou-
GïNS. Mais trois fois plus heureux le jeune homme pru-
dent Qui , de ces novateurs enthousiaste ardent. Ab-
jure la raison, peureux lasacrifiel gilb. Le is' siècle.
Il Adj. Inspiré, visionnaire. DansPythagore, qui, le
premier chez les Grecs, prit le nom de philosophe ou
d'ami delà sagesse, nous reconnaîtrons un discip'.e
enthousiaste des prêtres de l'Egypte, de la Chaldée
et des Indes, parlant comme eux par symboles et
peut-être aussi fourbe qu'eux, d'iiolbach, Essai
préj. ch.o , dans nu marsais, OKKDr«t,t.vi, p. 260.
Il Prompt à s'enthousiasmer. C'est un peuple en-
thousiaste et léger. Enthousiaste des nouveautés.
Il Oui tient de l'enthousiasme. Des démonstrations
enthousiastes.
— ÉTYM. Voy. enthousiasme.
t ENTU'JfMÉMATIQUE (an-ti-mé-ma-ti-k'), adj.
Oui est de la nature de l'entbymème. Qui s'appuie
sur l'enthyméme.
ENTHYMÈME (an-ti-mê-m"), s. m. Terme de lo-
gique. Raisonnement qui n'est qu'un syllogisme ré-
duit à deux propositions, dont la première est ap-
pelée antécédent, et la seconde conséquent. La
célèbre proposition de Descartes : Je pense, doncja
suis, est un enthymème. On peut même sous-enten-
dre l'une des deux prémisses, lorsqu'elle est évi-
dente; c'est ce qui fait l'enthyméme, syllogisme
abrégé qui convient beaucoup mieux à un raison-
nement rapide, et que préféré l'orateur lorsqu'il veut
être véhément et pressant, marmontel, Élém. lill.
Œuv. t. IX, p. 607, dans pougens.
— HIST. XV* s. Emptimeme sans quelque consé-
quence, CH. d'orl. Bal. 1 H.
— ÉTYM. 'Ev60|ir,(ia, réflexion, pensée, de èvOu-
IxEîaOai, avoir dans l'esprit, de ii, en, et Ou|i.i;,
esprit.
ENTICHÉ, ÉE (an-ti-ché, chée), part, passé.
Il 1° Qui commence à se gâter, en parlant des fruit';.
Des fruits entichés, Dict. de l'Acad. Aujourd'hij
on ne dit plus guère que taché. || 2° Fig. Qui a quel-
que lésion morale comparée à la lésion d'un fruit
entiché. Mon frère, ce discours sentie hbertinage;
Vous en êtes un peu dans votre âme entiché, mol.
Tart. I, fi. Grâce au ciel, je ne suis point entiché de
ce vice-là, lesage, Di'abZe doit. ch. 3. Exempte du dé-
faut qui nous est reproché Et dont monsieur Léan-
dre est si fort entiché, boissy. Babillard, se. t.
Raisonner est de toutes les folies des hommes celle
qui nuit le moins au genre humain, et l'on voit
même des gens sages entichés parfois de cette fo-
lie-là, 1. 1. Houss. £e(t. de lamont. 5. || 3° Qui est opi-
niâtrement attaché à. Il est entiché de cette opinion.
t ENTICHEMENT (an-ti-che-man), *. m. Néolo-
gisme. Action d'enticher; résultat de cette action.
Si on avait le temps et l'espace pour s'égayer, il y
aurait mille choses curieuses et piquantes à dire à
.son sujet [St-Simon] ; on rirait de son opinion sur
■Voltaire, sur tout ce qui était de robe ou de plume,
on rirait de ses entichements nobiliaires, ste-beuve,
dans le Dict. de dochez.
— ÉTYM. Enticher.
ENTICHER (an-ti-ché) , t>. «. || 1* Commencer .H
gâter, à corrompre. En ce sens il n'est usité qu'au
participe passé. || 2° Terme de couture. En posant
des patrons sur une étoffe pour la tailler, on enti-
che quand un des patrons prend un petit coin de
l'étoffe de celui qui est posé à côté; c'est empiéter,
avec l'idée d'épargner, sur ce qui est destiné à une
autre pièce nécessaire au tout. || 3' Fig. Gâter par
quelque chose de faux ou de moralement mauvais
Qui vous a entiché de cette opinion? || 4° S'enticher.
V. réfl. Devenir entiché. 11 s'était entiché de ce vice.*
Il S'éprendre d'une personne. 11 s'enticha d'une co<c
mêdienne et il l'épousa. ~
— HIST. xiu* s. Elles se souillent en l'ordure Da
lecherie et de luxure Et des autres vilains pechiés
Dont tout h mons [monde] est entichiès, Hist. lill.
de la Fr. t. iviii, p. 793. Et qui d'orgoil est enti-
chiès, Il ne puet [peut] son cuer aploier [plier],
la Rose, 2i38. || xv* s. Item doivent enquérir ceuli
de l'ûst, quelles condicions a le prince de l'ost, el
le prendre.... par la condicion dont ilz le sentent
entechiez, chr. de pisan, Charles F, ii, 33.
— ÉTYM. Diez et Scheler le tirent de l'allem. an-
stecken, infecter d'une contagion; mais on ne con-
çoit pas comment l't aurait disparu. La forme pro-
pre est entecher, composé de en t , et de l'anciea
français teche, qui est le même que tache; entecher
ou enticher est donc identique à entacher. Il ne faut
pas confondra entecher, enticher, avec l'anclei
verbe enftcter, exciter, enticement, instigation.
ENT
ENTIER, lËRE (an-tié, tiè-r'. Du temps de Chif-
flet, Gramm. p. (88, er se prononçait dans entier
comme dans fer, hiver), adj. || 1° Oui a toutes ses
parties, toute son étendue, l.'uidvers entier. Le
gâteau est encore entier. Du corps du grand Ranl-
zau tu n'as qu'une des parts; L'autre moitié resta
dans les plaines de Mars ; Il dispersa partout ses
memlires et sa gloire; Et Mars ne lui laissa rien
d'entier que le cœur, Épitaphe de Uaiitiau, ICBO.
Personne [pendant une bataille] ne sentit un trem-
blement lie terre qui arriva dans cette contrée,
et qui renversa des villes entières, rollin, Hisl.
anc. Ût'ut!. t. I, p. 4(8, dans pougens. || Terme de
botanique. Se dit des feuilles et des pétales dont
la circonférence n'est ni incisée nidentelée. || Terme
de féodalité. Homme lige entier, vassal qui n'est
attaché par le serment de fidélité qu'à un seul sei-
gneur. Il 2° Oui n'est pas châtré. Cheval entier.
Il 3° Terme d'arithmétique. Unité entière, celle
qui n'indique pas de fraction. || Nombre entier,
tout nombre qui ne renferme que des unités en-
tières. Il 4° Fig. Il se dit des choses abstraites, mo-
rales, qui sont dans leur totalité. Une entière con-
fiance. Une entière indépendance. Une soumission
entière. Je l'envisage entier [notre malheur], mais
je n'en frémis point, corn. Ilor. il, 3. (|5° Qui n'a
pas subi de diminution, de déchet, de modification.
Un homme d'une réputation peu entière, st-sim.
4ii0, 202. 11 abusa de ce secours [les calmants], si
c'était en abuser que de l'employer à diminuer ses
peines et à con.server plus entières les facultés de
Min âme, condorcet, Bucqwt. || La question reste
entière, c'est-à-dire elle n'est pas résolue du tout, on a
répondu à des difficultés accessoires, mais non à la
véritable qui faisait le fond même de la question.
Qu'est ce que les comètes ? les anciens pensaient que
c'étaient lies vapeurs; mais l'observatiim a montré que
c'étaient des corps bien au delà du cercle de la lune;
la question a changé de face, mais elle reste entière.
Il Les choses ne sont plus entières, c'est-à-dire les cir-
constances ne sont plus les mêmes. || Ne laisser rien
d'entier, toucher atout, innover en tout, changer tout.
Il faut une autorité.... autrement, la présomption,
l'ignorance, l'esprit de contradiction ne laissera rien
d'entier parmi les hommes, boss. Pensées chrét. n.
Déf.ez-vous de ces dangereux esprits, de ces hardis
novateurs, en un mot des Sociniens, qui bientôt, si
on les écoutait, ne laisseraient rien d'entier dans la
religion chrétienne, lit. Var. Àvert. i, § 48. || 6° Qui
maintient entières ses idées, ses volontés. C'est un
homme entier. En tous ses sentiments elle est assez
entière, tristan, Uorl de Chrispe, u, 3. Plus entier
que jamais en son impiété, kotr. SI Gen. v, 7. Ce
vieux plaideur, quoique inflexible et entier presqu'au
tant que son adversaire, n'a pu résister à l'ascendant
qui nous a tous subjugués, j. i. Rouss. Hél. v, 6.
Il Terme de manège. Cheval entier, celui qui re-
fuse de tourner, il peut être entier à une main ou
aux deux mains, suivant qu'il a de la peine à tour-
ner d'un seul côté ou des deux côtés. || 7° U se joint
à tout; ce qui lui donne plus de force. Le pays
tout entier se souleva. La haine sur Titus tombera
tout entière, rac. Bérén. m, 2. || Cette afl'aire,
cette fonction exige un homme tout entier, c'est-à-
dire elle exige toutes les forces et tout le temps d'un
homme. Quand pourront les neuf sœurs, loin des
cours et des villes, M'occuper tout entier, et m'ap-
prendre des cieux Les divers mouvements inconnus
à nos yeux! la font. Fabl. xi, 4. || Tout entier à,
uniquement occupé de. Livré tout entier à mon nou-
veau goût. De ne vivre jamais pour soi et d'être tou-
jours tout entier aux passions d'un maître, mol. Si-
cil. 2. U a voulu témoigner par là qu'il est tout entier
à vos charmes, id. Comtesse d'Esc. 2. Je volais tout
entière au secours de son lils, rac. Phéd. IV, 6. || Se
livrer tout entier à, se donner tout entier à, se don-
ner, consacrer tout son temps, se dévouer à. U se
donne tout entier à l'étude. Se donner tout entier à
son pays. || On dit dans un même sens se donner en-
tier. X ce reproche l'assemblée. Par l'apologue ré-
veillée, Se donne entière à l'orateur, la. Fûtii . Fabl.
VIII, 3. Il Mourir tout entier, mourir sans laisser de
postérité, de souvenir, de renommée. Voudrais-je....
Ne laisser aucun nom et mourir tout entier? rac.
Iphig. 1, 2. Il En un autre sens, il est mort tout en-
tier, il est mort avec ses facultés entières, avec
toutes ses facultés. Il 8" S. m. La totalilé, l'ensem-
ble d'une chose. Ce passage est raj.porté dans son
entier. || En son entier, dans un état d'intégrité,
intact , dans le même état qu'auparavant. Uemettre
les :ho3es en leur entier. Ce n'était pas une explica-
tion qui laissât en son entier le fond du mystère,
bObS. Àtert. 4. Le Parthéuon subsista dans son en-
iJlCT. DE i-A LANGUE FKANÇAISE.
ENT
tier jusqu'en 1887, chateadbr. llin. I99. || 9° Terme
d'arithmétique. Un entier, un nombreentier. jj 10" Le
mot qui fait le sujet d'une charade et qui se divise
le plus souvent en deux parties nommées le premier
et le dernier. On dit aussi le tout. || 11° Un entier,
un cheval entier. || 12° En entier, loc. adv. Entiè-
rement, complètement. Il a récité le morceau en
entier. || Terme de droit. Restitution en entier, voy.
RESTITUTION.
— SYN. ENTIER, COMPLET. Une chose est entière
lorsqu'elle n'est ni mutilée, ni brisée, ni partagée,
et que toutes ses parties sont jointes et assemblées
de la façon dont elles doivent l'être : elle est com-
plète lorsqu'il ne manque rieu, et qu'elle a tout ce
qui lui convient, Girard.
— HIST. XII' s. Set ans aconplis et entiers,
Ronc. p. 3). Ja cil d'Espaigne n'eschaperont en-
tier, ib. p. 83. Bien [je] peilsse ma joie avoir en-
tière D'esgarder, de veoir, Couci, xviu. Il tenoit
un espié dont la hante est entière, Sax. x. Idunc
l'en comencierent al mustier amener; Mais parmi
l'entier mur lur estoveit [il leur fallait] aler, E par
les huis fermez, s'il volsissent passer, Th. le mnrt.
146. Il XIII* s. Et les ronces n'ont pas laissé sa robe
entière, Bcrle, XL. Qui veïst Blanchefleur la dame
au cuer [cœur] entier [excellent], ib. cxxix. Dame,
voici, il est mes sire; Je sui son home lige en-
tiers, la Rose, dans du cange, solidus. \\ xiv* s.
Kt requéraient que la chose fust gardée entière jus-
ques à la venue de lui, hebcheuhe, P" 65, verso.
Il XV* s. Il convenroit passer par la force de plu-
sieurs seigneurs, qui ne sont pas si entiers ne si
loyaus aus chrestiens comme il deussent, du cange,
interjraliter. La vertu et proesse des quatre cheva-
liers estoitjoeuse à regarder; car sans heaulmes et
sans escuz estoient en estant, le roy Perceforest, le
roy Lyonnel, le roy GadilTer, etle chevalier doré son
frère, qui n'avoient d'entiers que lescueurs, Per-
ceforest, t. IV, f° 84. Il xvi* s. Fidèlement représen-
ter les choses en leurentier, MONT. i,59.J'avois une
santé ferme et entière, m. i, 19B. Nous appelons un
cheval entier, qui acrin etaureille,iD.i,368. Martius
estoit homme ouvert de sa nature et entier, et qui ne
fleschissoit jamais, amyot, Cor. 2i. En tempérance
et netteté de mains, pour ne se laisser point cor-
rompre par argent, il se peult accomparer aux
plus vertueux, plus nets et plus entiers [intègres]
des Grecs, id. AU. et Cor. comp. 8. Il aima mieulx
acquérir la réputation d'homme de bien, vaillant,
eniieretdroilturier, id. P.jEm. 4. Chevauchant une
mule entière, d'aue. Fœn. m, 23. Le harangueur
fut ferme et entier à la tollerance des reformez, id.
Hist. <08. Je ne suis homme si entier en mes opi-
nions, que je ne reconnaisse facilement ma faute,
PARÉ, Au lect. Et si en l'une et en l'autre partie
y avoit entier et roiit [fraction] ensemble.... est.de
larochr, Arismelique, f° t3.
— ÉTYM. Bourguig. antei; provenç. entier, en-
tieyr, enleir; calai. ent(r ; espagn. et ital. intero;
portug. iiUeiro; du latin inlegrum (avec l'accent
sur te), entier (voy. intègre).
f ENTIERCEMENT (an-tièr-se-man), s.m. Terme
de droit coutumier. Action de saisir une chose mo-
bilière et de la mettre en main tierce.
— HIST. XI* s. De entercement de vif aveir [de
bétail vivant]. Lois de Guill. 'H.
t EN'TIERCER (an-tièr-sé), e. a. Terme de droit
coutumier. Mettre en main tierce.
— ÉTYM. En 1 , et tiers.
ENTlEUEMEN'T (an-tiè-reman) , adv. D'une ma-
nière entière. Se livrer entièrement à l'étude. 11 est
entièrement oublié. 11 est entièrement de mes amis.
Le soin qu'elle devait avoir de son honneur cède en-
tièrement au souvenir qu'elle a de son amour, Aca-
démie, Sentiments sur le Cid. Les hommes sont
aujourd'hui tellement corrompus, que, ne pouvant
les faire venir à nous, il faut bien que nous allions
à eux, autrement ils nous quitteraient; ils feraient
pis, ils s'abandonneraient entièrement, pasg. Pro-
vinc. 6.
— STO. ENTIÈREMENT, EN ENTIER. Entièrement,
d'une façon entière; en entier, sans que rien man-
que. Entièrement se rapporte à la qualité comprise
dans le verbe ; en entier se rapporte à l'objet : la
somme est entièrement payée; la somme en entier
est dans le sac.
— HIST. XII' s. [Amour] Qui tout me done à vous
entièrement, Couci, xvi. || xiii's. [Us] Ne purent une
messe entièrement oïr, Berte, lxiii. Et disent àcels
de laiens que, se il vouloient rendre Cristople enti-
rement.... li cuens [le comte] et tout 11 autre pri-
son [prisonniers] seroient délivré, h. de valenc.
XXYII. Il xV s. C'estoit mon cueur que j'ordounoye
ENT
♦ 425
Pour avecques vous demeurer, X qui je suis entiè-
rement. CH. d'orl. Hall. (3.
— ËTYM. Entière, et le suffixe ment; provenç,
«ntieramen ; catal. cnfcramtnt ; espagn. enleramente,
Ital. interamente.
ENTITÉ (an-ti-té), s. f. Terme de philosophie
scolastique. Ce(]ui constitue l'existence d'une clioiu,
existence considérée comme distincte et indépen-
dante de la chose même. D'autres soutiennent
qu'il [Aristote] entend [par forme] une eniilé sub-
stantielle, réellement distincte de la matière, iiiN.
Aristote. Voici ce qui arrive ordinairement aux
philosophes : ils voient quelque effet nouveau; ils
imaginent aussitôt une entité nouvelle pour le
produire, malebr. Rech. m, 8. U e.st bien plus
commode de supposer dans les choses une réa-
lité dont on regarde les mots comme les véritables
signes; d'entendre par les noms homme, animal, etc.
une entité qui détermine et distingue ces choses,
que de faire attention à toutes les idées simples qui
peuvent leur appartenir, gondil. Conn. hum. sect. 5,.
Œuvr. t. I, p. 227, dans pougens.
— ETYM. Bas-lat. entitas, de ens, l'être, par-
ticipe présent du verlie esse, être.
t ENTOCÉPHALE (an-to-sé-fa-I') , s. m. Terme
d'entomologie. Une des pièces de la tète des hexa-
podes.
— ÈTYM. 'EvTà;, en dedans, et xE<pa>T), tête.
fENTODISCAL, ALE (an-to-diskal, ska-l'), adj.
Terme de botanique. Qui est situé en dedans du
disque.
— ÉTYM. 'EvToi;, en dedans, et disque.
t ENTOGASTRE (an-to-ga-str') , s. m. Terme d'en-
tomologie. Une des pièces de l'abdomen des insectes.
— ÉTYM. "EvTè;, en dedans, et Yaixrlp, ventre.
ENTOILAGE (an-toi-la-j'), s. m. || l'Action d'en-
toiler; le résultatde cette action; la toile dont on
s'est servi pour entoiler. || 2° Réseau auquel on coud
une dentelle.
— ÉTYM. Entoiler.
ENTOILÉ, ÊE (an-toi-lé, lée), part, passé. Uno
estampe entoilée.
ENTOILER (an-toi-lé) , v. a. || 1° Garnir de toilo
quelque chose de plus léger et de plus fin pour le
soutenir, le garantir d'accident. Entoiler une carie,
c'est la coller sur la toile. || 2° Remettre de la telle à
une dentelle.
— HIST. XII" s. Et son mantel à fin or entoillet,
Raoul de C. 244.
— ÉTYM. Enl, et toile.
f ENTOIR (an-toir), s. m. Synonyme de greffoir,
qui est aujourd'hui le seul usité.
— ÉTYM. Enter.
fENTOISAGE (an-toi-za-j'), s. m. Action d'en-
toiser.
t ENTOISEU (an-toi-zé), v. a. Disposer des ma-
tériaux de manière à faciliter l'opération du toisé;
ce qui se dit aujourd'hui emmétrer.
— ÉTYM. En i , et toise.
t ENTOMIQUE (an-tomi-k'), adj. Terme de zoo-
logie. Oui a rapport aux insectes.
— ÉTYM. Voy. entomo....
f ENTOMO.... mot qui signifie insecte et qui est
le grec Ivcoiiov, deèv, en, et to|jii!|, section: in-
secte, proprement échancré, divisé en...., et par-
ticulièrement, ici, divisé en trois parties, la tète, le
corselet et l'abdomen.
+ ENTOMOGÈNE (an-tomo- jê-n'), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui se développe et vit sur le
corps des insectes morts.
— ÉTYM. Entomo et yevïiç, né.
t ENTOMOGRAPUE (an-to-mo-gra-r), s. m. Ce-
lui qui s'occupe d'entomographie.
t ENTOMOGRAPIIIE (an-to-mo-gra-fie), s. f.
Histoire des insectes.
— ÉTYM. Entomo et ypiifBi.^, décrire
t ENTOiMOÏDE (an-to-mo-i-d'), adj. Terme de
zoologie. Oui ressemble à un insecte.
— ÉTYM. Entomo et eiôo?, forme.
t ENTOMOLITUE (an-to-mo-li-f), s. f. Insecte
fossile. Il Pierre ayant des empreintes d'insectes.
— ÉTYM. En'omo.... etXiôos, pierre.
ENTOMOLOGIE (an-lo-mo-lo-jie), s. f. Partie de
la zoologie qui traite des insectes.
— REM. Bonnet dit {Contemplât, nat. Œuvres,
t. VIII , p. 291 , dans poogens) : « J'ai donné le nom
d'insectologie à cette partie do l'histoire naturelle
qui a les insectes pour objet; celui d'entomologie,
qui est tout grec, convenait mieux sans doute, ei
on l'a remarque; mais sa barbarie m'a effrayé. » Au-
jourd'hui entomologie, qui est soûl correct, est en
plein usage.
— ÉTYM. Entomo et Xoyo;, traité.
I. - - 179
I m ENT
Kn-OMOLOGIOPE («n-to-mo-lo-gi-k'), adj. Qui
il«ïOol"U>e. yui vil d'iiiscctos.
ETVM i?""""" ^' p'"'»'' '""y- =* '°°''-
f E.NT<)Ml)l'illl-K (aii-lo-mo-n-rj, «. m. Ama-
leur, colleciuunl'insecics.
ETVM. Eilimnd.... et çOoc, ami.
+ B.N'TOMOI'llORE (an-lo-mo for"), ad;. Terme
didactii)"e. Oui (lorle, qui contient des insectes.
ETYM. Eiitiimo.... et çopo;, qui porte.
f ENTOMOSTOME (anlo-mo-sto-m'), adj. Terme
de conchyliolugie. Dont la bouche ou l'ouverture est
écliancréc.
— ETYM. F.iitomo et <rt6ii», bouche.
f ENTOMOSTUACÉ, ÊE (an tomo-stra-sé, sée),
adj. Terme de conchyliologie. Qui a une coquille de
pIusit-Mirs pit'ces.
ETYM. Eiitnmn et Aoxpéov, coquille.
t ENTOMOZOAIKE (an-tomo-zo-ê-r ), s.m.Terme
do zoologie Nom des animaux formant, d'après
Blainville, un emiiranchement qui répimd aux in-
sectes etaux vers de Linné, aux annelésdc Lamarck.
— ETYM. EtUono et ^uxipiov, diminutif de
Çwov, animal.
t ENTONNAGE (an-to-na-j') , ». m. Action de
mettre un liquide en tonne.
— IIIST. XVI' s. Kntonnage, coîgrave.
— ETYM. Eiilnnner.
\ ENTONNA ISON (an-to-nS-7.on), s. m. Action de
meure en tùiinenu. Il arrive assez souvent, prin-
cipalement dans le Jura, où li's vendannes se font
vers le I6 octobre, saison déjà froide el peu favo-
rable à la fermentatiiin, que le vin est encore doux
au moment île l'enlonnaison , pasteur, Acad. des
IC. Cowples rendus, t. Lvm, p. 146.
4. ENTONNÉ, ÉE (an-to-né, née), part, passé
d'entoiiniT l. Mis en tonneau. Du cidre entonné.
2. ENTONNÉ. P,E (an to-né, née), part, passé d'en-
tonner i. Mi^siirlfton. Un C(ni|let gaiement entonné.
f ENTONNKMENT (au-lo-ue-mau), s. m. Action
ie mettre en tunnc.
— IIIST. xvi' s. Ladite cour pnrmet, ausdits ques-
.»eurs, aprts le premier entonnement fait, de jauger
ij sonder les cuves, (lottes et hacqiiels desdits bras-
seurs, pour estimer quel nombre il peut rester à
entonner, Cour des aides de Rouen , Anêt 30
mars is40.
— ETYM. Eninnner I.
t. ENTONNEH (an-toné), ». o. || 1° Verser une li-
queur dans un tonneau. {{ 2° Kig. et absolument. Il en-
tonne bien, il boil bien. La gorge.... À force d'enton-
ner se trouve un peu gâtée, chaul. Seconde réponse à
M. Genest. \\ 3° S'entonner, v. réft. S'engouHrer
avec impétuosité dans un lieu étroit. Le vent s'en-
tonne dans la vallée. S'entonnant dans les tuyaux de
cheminée, nF.sc. Mèlé.or. 7.
— IIIST. XIII* s. Tant en cntonent par la goule,
RUTEB. 33. Le vent s'entonne en la voile, joinville,
p. 24, danst.ACUBNK. |{ xvi" s. Une creuse coquille
Retorse par le bout et large que souvent Ainsi qu'un
flageolet il entonne de vent : Il n'a si lost dedans en-
tonné son haleine. Que.... bons. 849. Lors le sortant
du tout de la cuve pour l'entonner, o. se serres, Sli.
— ETYM. Fn 1 , el tonne.
a. ENTONNER (an-to-né), e. a. || l" Mettre un
air sur le ton. Entonner un air. || 2" Chanter le
commencement dune hymne, d'une antienne. En-
tonner le Te Deum. || Absolument. Ce chantre en-
tonne bien. Il 3* Se mettre à chanter. Entonnez un
cantique de louanges, Boss. i, Àss. 3. Le peuple
prosterné sons ces voûtes antique» Avait du roi pro-
phète entonné les cantiques, relav. K^pr. «Vil. v,
2. M'enilormais-je un peu sur ma chaise. Il enton-
nait la Marseillaise, BÉnANO. Homme rouge. || Fig. El
.lu dieu des raisins entonnant les louanges, boil.
■irt p. m. Tout chantre ne peut pas sur le ton d'un
Orpliée Entonner in grands ver» la discorde étouf-
fée, iD. Sol. IX. Il Entonner la trompette, prendre
le siyle héroïque ou lyrique. Au milieu d'une églo-
/ue entonner la trompette, boil. Sat. ix. Désormais
entonnant la trompette éclatante, delille, Enéide, i.
— REM. D'après inlotuilion, comme d'après dé-
lonatiim et détoner, on devrait écrire mtoner avec
«ne seule », et eninnner avec deux n signiflerait
mellre dans un tonneau.
.1;."^ "'^l' v'"* *■ L'antienne rtel mngnificaz, Celé
nu a,nl Tyber» Il chai, Et Renart l'a bien entoné
Kt glorios. m.;nt chanté, Ren Ji367. Ge connois tel
lex U tonne. H„t. de Ste leoc. ms de S,~Gtr,n.
ENT
f »9 , dans LACUBNE. Il XVI' s. Oui aura l'haleine i
assez forte Et l'estomac pour entonner Jusqu'au |
bout la buccine [la trompette] torte Que le Manluan |
fil sonner? du bell. m, <4, verso. Je tiens qu'il i
fault esire prudent à estimer de soy, et pareillement
conscientieux à en tesmoigner. soit bas, soit haidt, {
iiidifferemm'înt; si je me Eemblois bon et sage, ou I
prèsde là, je l'entonneroisJ pleine teste, mont.ii, 61. |
— ETYM. Proveiiç. el espag. entonar; portug. en- !
loar; liai. t'nJonare; du latin tntonare, de in, et
(onore, faire du bruit (voy. tonneb).
t E.NTONNERIE (an-lo-ne-rie), s. f. Lieu oii sont
rangés les tonneaux que le brasseur emplit de bière
à mesure qu'il achève un brassiu.
— ETYM. Entonner I.
ENTONNOIR (an-to-noir), i. m. \\ 1° Instrument à
l'aide duquel on verse une liqueur dans un tonneau,
dans un vase. Un entonnoir de verre, de fer-blanc.
Il Entonnoir magique, instrument à l'aide duquel
on fait à volonté couler ou s'arrêter la liqueur qui
est dedans. || En entonnoir, loc. adv. En forme d'en-
tonnoir. La chaîne de montagnes dont j'occupe le
sommet, et qui Torment avec celles que j'ai quit-
tées, un amphithéâtre en entonnoir, DinEBOT, Sa/on
de 1787, ût'Mire», t. xiv, p. 185, dans pougens.
Il Fleurs en entonnoir, fleurs évasées par le som-
met et étroites par la base. || 2" 11 se dit quelquefois,
en plaisantant, pour gosier. Il a l'enionnoir large.
Il 3° Terme d'anatomi<'. Prolongement conique de la
base du troisième ventricule du cerveau, regardé à
tort par le» anciens comme un canal par lequel la
sérosiié'des ventricules du cerveau lombait dans les
fosses nasales. || Petite cavité conique au sommet du
noyau commun qui forme le centre du limaçon,
dans l'oreille interne. || Entonnoirsrtes reins, lescali-
ces. 114° Terme de chirurgie. Instrument qui sert à
conduire le raulére actuel vers certaines parties ma-
lades. Il B' Terme de botanique. Le pédoncule creux
de certains lichens. || Demi-entonnoir, espèce de
champignon. || 6° Terme militaire. Ce qui sert à
couler la poudre dans la lumière d'une pièce. || Es-
pèce de cratère qui résulte de l'explosion d'une mine.
Il 7° Partie du four à chaux. || 8" Termede ccmchy-
liologie. Paielb' profonde et coni(|iie. || 9° Sorte d'in-
strument dans lequel on jette quelquefois les dés
au lieu de les lancer du cornet sur la table.
— IIIST. XVI' s. Toujours avecques moi je porte
Un fort bon entonnoir à vin, J. lehoux, m.
— ETYM. Entonner 1.
t ENTOPUVLLIN, INE (an-to-fil-lin, li-n'), adj.
Terme de botanique. Qui porte des bourgeons en-
foncés dans la substance même de la plante. || S. f.
pUir. Les eniophNlliiies, famille d hépatiques.
— ÊTVM. 'EvTÔ;, en dedans, et çûXXov , feuille.
t ENTOPHYTE (anto-fi-t'), s. m. Terme de bo-
tanique.Végétal qui se développe dans le tissu même
d'une plante vivante,
— ETYM. 'EvTè;, en dedans, etçuxàv, plante.
t ENTOPUVTOGENP,SE(an-to-fi-to-je-nè-/.'), s. f.
Terme de botanique. Production des plantes para-
sites internes.
— ETVM. Entnphyte, et genèse, production.
t ENTOPTIQUE (anto-pti-k'), adj.Terme de phy-
siologie. Phénomènes enlopliques, phénomènes de
vision qui s'observent dans l'intérieur de l'œil, les
paupières étant fermées.
— ETVM. 'EvTè;. en dedans, etiwtoijiai, voir.
(.ENTORSE (an-tors'), t. /•. || 1" Distension vio-
lente et subite des ligaments eldes parties moUesqui
entourent les articulations et particulièrement celles
du pied. Bomston à demi ivre se d.onna en courant
une entorse qui le força de s'asseoir; sa jambe enfla
sur-le-champ, et cela calma la querelle mieux que
tous les soins que M. Dorbe s'était donnés, j.j. bouss.
Hél. l, 66. Il 2" Fig. et familièrement. Donner
une entorse à quelqu'un, lui enlever une partie de
son crédit. Pelletier de Sousi, conseiller dËtal,
avait reçu une entorse de la probité de son fière,
ST-siMOs, 69, 138. || Donnerune entorse à un texte,
le délonrner de son vèrilatilesens. Donner une en-
torse à la vérité, l'altérer. Donner une entorse au
bon droit, le méc nnaltre.
— HIST. XVI' s. Mieulx qu'un luicteur, avec toute
sa force. Ne lui sçauroit donner la moindre entorse
|croc en jamliej, amyot, Com. refréner la colère,
37. On chaslre aussi les taureaux en leur estoidanl
les genitoires avec de.s tenailles.... les plaies ve-
nantes de l'entorce.... o. de serbes, 290.
— ETYM. En I , et tors, anc. part, de tordre.
+ 2. ENTORSE (»n-lor-8'), I. f. Résidu de la cire
fondue.
t ENTORTILLAGE («n-tor-ti-lla-f, «mouillée», et
non en-tor-ti-ya-i'), ». m. || !• Action d'entortillor ;
ENT
résultat de celte action. Je ne puis me reconnaître
dans l'enlorlillage de ces fils. || 2° Fig. Manière d'en-
tremêler, dans un discours, des idées équivoques
afin do n'être pas compris, ou des idées affectées
pour donner au style le caractère de la rechercne.
Je rentre dans la lice, armé de mes seuls principes
et de la fermeté de ma conscience, et je prin tou8
ceux de mes adversaires qui ne m'entendront pas de
m'arrôter, afin que je m'exprime plus clairement;
car je suis décidé à déjouer tous les reproches tant
répétés d'évasion, de subtilité, d'entortillage , mira-
beau, Collection, t. m, p. 368.
— ETYM. Entortiller.
ENTORTILLÉ, ÉE (an-tor-ti-llé, liée. Il mouillées,
et non en-lorti-yé, yée), part, passé. || 1° Tortillé
dans. Entortillé dans un tablier. || ferme de bota-
nique. Synonyme de volubile , en pailanl de ta
tige. Il 2" Fig. Oui a le caractère de l'entortillage.
Des phrases entortillées. Arguments captieux et en-
tortillés, pour me servir du terme de Cicéron, rol-
LIN, Hist. anc. t. XII, liv. xxvi, 2* part. ch. l. A
travers ce jargon si entortillé, si précieux, si éloi-
gné de la nature, Marivaux a su conserver un mé-
rite dnnt on doit lui savoir d'autant plu» de gré qu'on
le croir'il incompatible avec un pared langaye, d'a-
LKMB. ^lor/'j. Marirnux.
EN'rORTlLLEME.NT (an-tor-ti lle-man. Il mouil-
lées, et non cn-tor-ti-ye-man), s. m. j, 1* Action de
ce qui s'entortille autour d'une chose; état d'une
chose enlorlillée autour d'une autre. || 2° Par eiten-
sion. Ce que je demande, c'est qu'on ne me force
pas d'admirer les entortillements des vallées des
Alpes, ciiATEAiBR. Uontlilanc, I4i ||3" Fig. Em-
barras, obscurité du style. Il y a de l'entorlillement
dans cette phrase. Quel entortillement dans tout ce
discours! Boss. Item. Ces correctifs ne sont que de
vrais entortillements capables de tourner les tctes,
ID. Relat.
— HIST. XVI* s. Estans deceus de tels entortille-
mens , nous sommes distraits par beaucoup de
dieux divers, calv. Inst. 67. Les boyaux ont esté
faits avec plusieurs révolutions ou cntortillem>'ns,
afin que... pabé, i, 16. Les jetions des haies, agen-
cées par entortillements el entre las, lesrendenlde
belle représentation, o. uesekkes, 742
— f.TYM. EniorUller.
ENTORTILLER (an-tor-ti-llé. Il mouillées, et
non en-tor-ti-yé). v. o. || 1° Envelopper tout autour
en tortillant. Entortillez cela dans un linge. || 2- Fig.
Exprimer une chose d'une manière embarra.s-ée,
avec recherche. Entortiller son style. || 3° Familière-
ment. Circonvenir, séduire. On vousa si bien entor-
tillé que vous avez consenti. || Populairement. En-
nuyer. Ah! laissez-moi, vousm'entorlillez.||4° S entor-
tiller, V. réfl. S'attacher à une chose en l'entourant
plusieurs fois. Le serpent s'entortilla autour de sa
jambe. Si la vigne el les autres plantes qui sont fai-
tes pour s'attacher aux grands arbres, en choisis-
sent si bien les petits creux el s'entortillent si pro-
prementaux endroilsqui sonlcapablesdelesappuyer,
BOSS. Connaiss. v, 2. || Kamiliéremenl. Senvelopper
dans un manteau, dauf une couverture. j| 6" Fig.
S'entortiller dans des phrase» équivoques. j| Ab>olu-
ment. Vous vous entortillez.
— HlST. xui* s. S'il eschape, ce est merveille, La
roiz frets] entor lui s'entorteille. Pris est el par col
et par piez, Hen. 5080. L'une des resnes du ceval à
l'escuier entorteilla enlur le pié du chevalier, beau'M.
LXIV, 12. De toiiailles [toiles] sont enlorleillées leur
testes [des Bédouins], qui leur vont par desous le
menton, dont ledes (laide.>] gens et hydeuses sont
à regarder, joinv. 230 ||xV s. Le petit S,.inlréaï:>it
perdue toute contenance, fors de enlorleiller le pen-
dant de sa ceinclure entre ses doits, Jeh, de Sain-
tré, ch. 3. Il xvi* s. Il laisse espoir de pardon 4 ceux
qui auront esté entoriillez aux 61elsdu diable, calv.
Imtit. 116. Les concupiscences sont si cachées et
entortillées, que facilement elles trompent la veuO
de l'homme, ID. ib. 261. Ilzleurenlorlillerent leurs
robbes autour du col, el les entraînèrent par force,
AMYOT, Public. 7.
— ETYM. £n I , el tortiller.
t ENTOSTERNAL (an-to-stèr-nal), *. m. Termt
d'anatomie. Pièce du steiniim des tortues.
— ETYM. 'EvTèi;, en dedans, el sternum.
f ENTOTHORAX (an-to-to-raks'),s. m Termed'en.
tomologie. Une des pièces du thorax des insectes.
— ETYM. 'Evioî, en dedans, et thnraa.
ENTOOR (an-tour), s. m. || 1» N'est guère us.\Xà
qu'au pluriel. Lieux circonvoisins. Les entours de»
Tuileries. Une vallée environnée de bon qui for»
maient les eolours de celle belle salle bitie des
mains de la nature, cbatbaubb. Natch. lu, 02.
ENT
ENT
ENT
14-27
Il Fig. Ce qui entoure, ce qui concourt à. Allons, je
yeux savoir Tous les entours de ce procédé noir,
VOLT. Enf. prod. v, 3. 11 faut qu'ils aient certains
eiilours et (les facilités peu communes pour l'impres-
sion de ces feuilles, bacmaum. Hem. secrets, t. xxx,
p. i.4.(iiins POUOENS. Il Circonlocution. Elle |Mmed'A-
lègre] épuisa tous les amours et les environs, avec
une patience de ma part inexprimalile, st-sim. 475,
9». |] t" Parextension, ceux qui viventdans la fami-
liarité de quelqu'un, ses voisins, ses serviteurs, etc.
Mon-eigneur, pour d'autres temps, leur était as-
suré (aux liâtards] par ses entours, st-sim. t»0, ou.
Avec de tels eniours, il fallait toute l'amitié du roi
pour soutenir Cliamillart, I». 70, 150. Nous sommes
à vos pieds, madame, avec toute la colonie et tous les
entouis, VOLT. Leit. lime de St-Julien, 3 oct. t77B.
Même au temps de ma plus grande faveur auprès de
Mme la maréchale, j'avais toujours senti qu'il n'y
avait que mon sincère aitachemeni pour M. le ma-
réchal et pour elle, qui put me rendre leurs entours
supportables, i. 1. Rouss. Confess. xi. La gaieté....
fait que nous nous plaisons par instinct en nous-
mêmes, dans nos possessions, nos entours, notre
esprit, VALVENAnouKs, De l'esprit humain, 23, Sa
résolution fixée, il lui importait qu'elle ne mécon-
tenlât pas ses entours; il pensait qu'en oux la per-
suasion aurait plus de zèle que l'obéissance, séguh,
;/t.v(. de finp. V, 2. Il Savoir bien prendre les entours,
gagner ceux qui entourent la personne dont on a
besoin. 113° X l'entour, loe. adv. Voy. alentour.
— HIST. XI» s. xn* s. [Ils] orent porpris entor et
environ. Boneisv. p. 47. Une hart lui ont fait en-
tor le col fermer, ib. p. (97. || xui" s. Cis Foulques
commença à pitiler de nostre Seigneur par Fiance
et par les autres païs d'enlour, villeh. i. Eniour
la St .iehan que la rose est florie, Berle, II. Le dit
comte de Ch.impaigne donna à la royne de Cypre
eniour deux mille livrées de terre, joinv. 204.
Il xv« s. D'entour lui [il] doit tous menteurs rebou-
ter, EusT. DEscH. Vertus nécess. au prince. |1 xvi- s.
Comme aveilles chassent les frelons d'entour leurs
rouches, rab. Garg. i, 40. Les pigeons qui ont le
col doré, l'entour des yeux et les pieds rouges,
0. DE SERBES, 393.
— ETVM. En \ , et tour, s. m.; bourguig. enta;
provenç. entnrn, entor; ital. tnforno. Dans l'an-
cienne langue. fn(o«r éiait aussi piéposiiion.
ENTODHAGE (an-tou-ra-j'),s. m J| 1° beditde tout
ce qui entoure, proiége un olijet. Mettre un entou-
rage à une tombe, à un nibre. à un parierre. || 2° Or-
nements qui entourent un Injou. Kntouragede perles.
Il 3° Fig. Ceux qui vivent dans la familiarité de quel-
qu'un. On ne peut fréquenter cette personne à cause
de son entourage.
— ÉTYM Entourer.
t ENTOURANT, ANTE (an-tou-ran, ran-t') , ad;.
Oui sert à entourer. || Terme de botanique. Feuilles
enlourantes, celles qui forment, en se réunissant au-
tour lie la lige, une sorte d'entonnoir.
ENTOURÉ, ÊE (an-tou-ré, rée), port, passé
Il 1° Oui a autour de soi. Je suis un malade entouré
de gens plus malades que moi, volt. Lett. d'Argen-
tal, 2f> janv. (773, La Macédoine était presque en-
tourée de montagnes inaccessibles, monteso. llom.
ch. f>. Il 2° KiK. Ta promesse suffit, et je ia crois plus
sûre Que les autels des dieux entourés du parjure,
volt. Mort de Ces. I, t.||Un homme bien, mal
entouré, un homme qui a dans sa familiarité des
gens honnêtes, malhonnêtes.
ENTOURER (an-tuu-ré), i). a. || 1° Mettre autour.
Entourer une ville de murailles. Entourer un champ
de haies. || Fig. Nos rois ont mis le titre de chrétiens
à la tête de tous les titres qui entourent et ennoblis-
sent leurs couronnes, mass. Petit car. Grandeur de
J.-C. En vain font-ils la guerre la plus cruelle à la
science; en vain, dans la vue d'assurer leur empire,
enluurent-ils les têtes humaines, dès l'enfance, des
bandelettes sacrées de l'opinion, d'iiolbach. Essai
préjug. ch. 6, dans dumarsais, CHuvres. Oui, de
soins paternels j'entourai votre enfance, delav. Vê-
pres sic. 1, 3. Il î» Il se dit aussi des personnes qui
se mettent autour d'une autre. Les gendarmes
entouient les rebelles. Ouand j'entrai dans le
salon, tout le monde m'entoura pour me deman-
der des nouvelles de M, d'Aimeri, m""" de genlis,
Ad. et Théod.l. m, lett. «7, p, 40û. || Il se dit aussi
des personnes que l'on mei autour dequehju'un. La
polii.e l'a entouré d'espions. || 3" Former la société,
la cocniiagnie habituelle de quelqu'un. Il fait le
maltieiir de ceux qui l'entourent. Veille sur lui, sur
son gouverneur, sur tout ce qui l'entou-e, m""' de
genlis, ib. p. ;i63. ||4° S'entourer, v. rèjl. Héiiiiir
autour de soi, élabbr dans sa i'umiliarit^. S'entou-
rer de savants, d'artistes. {{ Mettre autour de soi ,
en parlant de choses. S entourer d'objets d'art, de
livres de prix || Fig. S'entourer de piérautions, de
mystère, se conduire avec de grandes précautions,
avec beaucoup de mystère.
— SVN. ENTOURER, ENVIRONNER. Les environs s'é-
tendent plus loin que. les entours; donc entre ce
qui environne et ce qui est environné, l'éloignement
est plus grand qu'entre ce qui entoure et ce qui est
entouré. Une ville environnée de riches campagnes,
signifie qu'elle a, même au loin, autour d'elle de
riches campagnes. Une ville entourée de coteaux,
signifie que les coteaux lui font une sorte d'enceinte.
— ÉTVM. Eniour; boiirguign. entorné. Entourer
est un mot récemment fait d'entour, mot dans le-
quel l'n étymologique des dérivés de tour, comme
tourner par exemple, a disparu. La forme régulière
était entourner, qui a duré jusque dans le xvi* siècle :
Les appareils effroyables, de quoy nous entournons
la mort, mont, i, 90,
ENTOURNURE (an-tour-nu-r') , s. f. Partie du
corsage où la manche s'adapte et qui a la forme du
bras. Il Le haut de la manche lui-même prend aussi
ce nom. L'entournure de la manche. Ce corsage a
les entournures trop étroites. || Fig. et familièrement.
Cela le gène dans les entournures, cela le met mal
à l'aise. || C'est là l'entournure, le point difficile.
— ÊTYM. Ancien franc, entourner, de en t , et
tourner.
t EN-TOUT-CAS (an-tou-kîl), s. m. Espèce de pa-
rapluie qui est plus petit que la forme ordinaire des
parapluies et un peu plus grand qu'une ombrelle, et
qui sert à abriter delà pluie ou du soleil. || Auplur.
Des en-toul-eas.
t ENTOZOAIRE (anto-TiO-ê-r'), s. m. Terme de
zoologie. Animal qui vit dans le corps d'autres ani-
maux.
— ÉTYM. 'EvTo;, en dedans, et Çuôpiov, dimi-
nutif de î^ùiov, animal.
t ENTOZOOGEXÈSE (an-to-zo-0-je-né-z'), j. /.
Terme de zoologie. Production des entozoaires.
— f;TYM. Enlozon.... (voy. entozoaire), et genèse.
f ENTOZOOGENÉTIQUE (an-to-zo-o-je-né-ti-k'),
adj. Oui a rapport à l'entozoogenèse.
t ENTOZOOLOGIE (auto zo-0-lo-jie), s. f. His-
toire des animaux qui vivent dans le corps d'autres
animaux.
— ÊTYM. Entoioo.... (voy. entozoaire), et X6-
Yoc, traité.
t ENTR'ABATTRE (S') (an-tra-ba-tr') , v.réll. S'a-
battre l'un l'autre.
— HIST. xiii' s. Ambedui [tous deux] s'entr'aba-
tent tout sanglant enl'erbier, Berte, xxxviii.
— ETYM. Entre, el abattre.
t ENTR'ABORDER (S') (an-tra-bor-dé) , v. réft.
S'aborder mutuellement.
— iilST. xvi' s. Le roy etleroy d'Angleterre mon-
tés chacun sur un cheval d'Espagne s'enîre-aborde-
rent, M. du bellay, 26.
— ÉTYM Entre, et aborder.
t ENTR'ACCOLER (S') (an-tra-ko-lé) , V. réfl.
S'accoler réciproquement.
— HIST. xiir s. [IlsJ S'entr'acoloient et baisoient,
la Rose. 8471. || xv" s. Si s'entr'accolerent et firent
grant chère, froiss. il. II, <t7.
— ÊTYM. Entre, et accoter.
ENTR ACCORDER (S') (an-tra-kor-dé), t). réfl.
S'accorder, se mettre de bonne intelligence ensem-
ble. Il l'ar extension. Et, pour lier des mots si mal
s'entr'accordants, boil. ^pi(. xi.
— HIST. xvi' s. Ce n'est seulement de climat à
autre, où telles différences se voient, ains d'horizon
à horizon, ne s'entr'accordans pas mesme en toutes
choses deux terroirs contigus, o. de serres, 51.
— ETYM Entre, et accorder.
\ ENTR'ACCROCHER (S') (an-tra-kro-ché),t). réft.
S'accrocher mutuellement.
— HIST. xvi' s. Les deux capitaines, laschant les
brides de leurs chevaux, avec les deux mains s'en-
Ir'accrocherent l'un à l'autre, taschans à s'arracher
les armets des testes, amyot, Eutnenes, xiii. [Les
atomes] Hennés ensemble ont composé le monde,
S'entr'accrochans de liens tous divers, rons. 2),
— ÉTYM. Entre, el accrocher.
ENTR'ACCUSER (S') (an-tra-ku-zé), t). réfl. S'ac-
cuser l'un l'autre. Chose incroyable! ils meurent
presque tous avec courage, après s'être entr'accusés
lâchement, didebot. Règne de Claude ettiéron, i,
§ 82.
HIST. xii* 8. Si com tesmongent sainz Paules,
ki disl ke les penses [pensées] soi entracuserunt u
defenileruni, Joh, p. 456.
— ï;xYM. Entre, et accuser.
ENTR'ACTE (an-tra-kf), t. m. || f Intervalle
entre deux actes d'une pièce de théitre. Des en-
tr'actes courts. Présenter des rafraîcliisseinents aux
dames dans les entr'actes.voLT. Utt. à illlr Clairon,
1705. Il 2" Partie d'un spectacle qui s'exéciiie entra
deux actes, intermède. || Petite symphonie qui est
qiieli|uefois placée par le composteur entre deux
actes d'un opéra. || 8° Par extension. Il y a des en-
tr'actes à nos conversations, sév. 174, Nous avons
un instant crié; la Grèce, Athènes!.... Puis l'en-
tr'acte est venu; c'est bien, et maintenant.... Nous
avons tout rayé pour écrire autre chose, v. hugo,
Crép. 8.
— ÉTYM. Entre, et acte.
t ENTR'ADMIRER (S') (an-tra-dmi-ré), ». ri'/T.
S'admirer mutuellement.
— ÉTYM. Entre, et admirer.
t ENTR' ADMONESTER (S') (an-tra-dmo-nè-sté),
V. réfl. S'admonester réciproquement.
— HIST. xvi" s. Hz se rallièrent en bataille au de-
vant de luy, s'en tre-admonestans les uns les autres de
n'abandonner pas leur capitaine, amyot, Cam. 84,
— ÉTYM. Entre, et admonester.
t ENTR'AFFRONTER (S') (an-tra-fron-té),o. réfl.
S'affronter l'un l'autre.
— HIST. XVI' s. S'entr'afronter, lanoue, 813.
— ÉTYM. Entre, et affronter.
t ENTUAGE (an-tra-j'i, s. m. Terme de droit féo-
dal. Droit que l'on payait au seigneur en prenant
possession d'un fief ou d'un bail à cens.
— ÉTYM. Entrer.
ENTR'AIDER (S') (an-trèdé), v.réfl. S'aider mu-
tuellement. H se faut entr'aider, c'est la loi de na-
ture, LA FONT. Fabl. VIII, (7.
— HIST. xiii" s. Rt s'entrejurent et affient Qu'à
leur pooir s'eniraideront, laRose, 1532».
— ÉTYM. Entre, et aider.
t ENTR'AIGUISER (S') (an-trfc-gui-zê, ui pro-
noncé comme dans huj7e), v.réfl. S'aiguiser réci-
proquement.
— HIST. xvi* s. Une escole où, comme deux cou-
teaux qui s'entr'aignisent , celte gaillanle jeunesse
par un exercice alternatif, apprend, yveh, p. 69f ,
— ÉTYM. Entre, et aiguiser.
ENTRAILLES (an-trA-U', Il mouillées, et non an-
trS-ye). s. f. || 1» Nom géné.-ii|ue donné aux parties
enfermées dans le tronc de l'homme et des animaux,
et paiticulièrement dans le ventre. Ils vidèrent les
entrailles et embaumèrent le corps, vaugel. Q. C.
X, to. Il eonsulie les entrailles des victimes, fén.
Tél. IX. Ses entrailles commencèrent à sortir avec
un ruisseau de sang : son teint se flétrit comme une
fleur que la main d'une nymphe a cueillie dans les
prés, ID. ib. XX. Celle science frivole qui consiste à
connaître la volonlédesdieux, ou par le vol des oiseaux,
ou par leur chant, ou par l'inspection des entrailles
d'une victime, diuer. Opin. des anc. phil. (Itomains),
Ici des athlètes qui n'éiaient pas encore entrés en lice,
cherchaient dans les entrailles des victimes la des-
tinée qui les attendait, babtiiél. Anach. ch. 38.
Il Sentir crier ses entrailles, avoir faim. Un auteur
qui, pressé d'un besoin importun. Le soir entend crier
ses entrailles à jeun. Goûte peu d'Hélicon les douces
promenades, boil. Art p. iv. || Fig Déchirer ses
entrailles, en parlant d'un peuple, être en proie
aux discordes civiles. Assez de funestes batailles.
Et de carnages inhumains Ont fait en nos propres
entrailles Rougir nos déloyales mains, malh. m,
2. Qu'elle-même [Rome] sur soi renverse ses murail-
les. Et de ses propres mains déchire ses entrailles,
CORN. Hor. IV, 6. Rome par ses mains déchirait
ses entrailles, id. Ct'nna, I, 3. || Fig. Sentir ses
entrailles se déchirer, éprouver une vive douleur.
C'est lui [Smindyride] qui, voyant un paysan sou-
lever sa bêche avec effort, sentait ses entrailles se
déchirer, et qui ne pouvaitdormir si, parmi les feuil-
les de rose dont son lit était jonché, une seule ve-
nait à se plier par hasard, barthél. Anach. ch. 37.
Il 2" Sein de la mère. Le fruit de vos entr.illes. || 3° Il
se dit des lieux les plus profonds de la terre. Les
entrailles d'un volcan. U a fouillé les entrailles de
la terre, Boss. Connaiss. vu. || Fig. Ce qu'il y a de
plus intime dans une composition littéraire. Cette
distinction sort des entrailles mêmes du sujet. || i" Ce
qui sort de nous, notre famille, nos enfants. C'est lin
homme armé contre ses propres entrailles, patbu,
Plaid. VI, dans rii.iielet. Maianie, épargnez-les,
épargnez vos entrailles, cohn. Uédée, m, 4. || 6" L'in-
térieur, le fond de l'âme. Ceux qui écrivent [lar hu-
meur, que le creur fait parler, à qui il inspire les
termes et les figures, et qui tirent, pour ainsi dire,
de leurs entrailles tout i e qn'ils expriment sur le pa-
'■'sr, LABKUt. I. Il 6° Sensibilité, tendre affection.
1/.28
ENT
Ul«on.-nousiaierd.honnefoi aux choses cfui nous
S. rBi*>nnement pour nou. empêcher d'avo.r du
Dlaii'r «OL. CrK.-?»', »c- '• » *«'" '"" ''"""«■■ Pf»""
So « entrailles do mtre, Bcss n ^«««•'- % ' "«
iwnsa plu» qu'à ce jeune prince (le dauphin, fils de
Louis XIVI.... de peur de l'amollir par la tendresse,
il emprunta l'autoriié du roi ; de peur de le rebuter
par laustéritA des préceptes, il prit les enlrailles du
p*ro, ritcn. Duc de Konlausier. Et vous qui lui
ripvei (au malheureui) de» entrailles de phra, hac.
Alhal. n, » Je sens que, malRré ton offense.
Mes entrailles pour toi se troublent par avance, m.
Phèdre, iv, 3. Il fut surpris de trouver ses entrailles
attendries, fén. Tél. xi. || Absolument. Je prédis à
quiconque a des entrailles qu'il versera des larmes,
j. j. BOiss. Ém. I. La politique, qui a des yeux et
point d'entrailles, raynal, llitt. pinl. xiv, 26. An-
nilwil, cruel, sans entrailles, fut en maRnanimité
fort inférieur à son rival, chatf.aud. /(in. m, 134.
Il Cet acteur a des entrailles, il joue avec chiileur
et une (jrande vérité dans les situations pathétiques.
,17' Terme de dévotion. Les entrailles de la mi.séri-
corde divine. Dieu qui ferme pour toujours ses en-
trailles Ma miséricorde, mass. Pet. carême, Vices.
Que sont devenues les entrailles de vos miséricordes "i
ID. Carême, Mélange. \\ Par extension. Kevétez-vous
envers vos frères d'entrailles de miséricorde, Boss.
Instr. Un attachement inviolable pour le roi, des
entrailles de miséricorde pour les malheureux, une
immu,ihle persévérance dans tous ses devoirs, :d.
Uar.-Thér Dans ces malheurs, les entrailles de la
charité s'émurent, montebq. Esp. x\x, t).
— SYN. BOYAUX, ENTRAILLES. Ces deux mots si-
gnifient exactement la même chose; mais eiitrailles
aatdu style noble, et boyau du stjle le plus trivinl,
» il n'est pas purement didactique. De plus, entrailles
so prend très-bien dans le sens figuré, et boyau ne
s'y prend pre.sqiie jamais qu'en ridicule : Ce loge-
ment n'est qu'un boyau.
— IIIST. xii* s. Si le prist grant dolor en ses en-
trailles, Machab. n, 8. || xni' s. Il vesti maleïçon
[malMiction] ansi corne vestemcnt, et entra ele es
antrailles de lui. Psautier, f" )3c. Par sa peldure
qui vorroit [vou'lraitj. Ses entrailles veoir porroil,
la Rnse. t0204. Del sanc ausSarrazins font corre
grant ruisel. Tout li pré sont covert d'entraille et
de boiel, Ch. d'Ant. ii, 583.
— ÊTYM. Provenç. intralia; espa?n. entrafias ;
du bas-lat. inirania, dans la loi salique; du latin
iiiferoueo. L'I a éié sub.siituée à l'n dans le français
et dans le provençal, peut-êlie par inllueiice de la
finale aille qui est commune en français. Roquefort
cite une forme française entreigue, qui était la
vraie dérivation.
ENTR'AIMER (S') (an-tré-mé), V. réfl. S'aimer
l'un l'autre. El si la ressemblance est par où l'on
s'entr'aime. J'ai lieu de vous aimer comme un autre
moi-même, cobn. Allilu, m, 4. Je n'ai que trop de
tendresse à rendre de petits services, quand je vois
des gens qui s'entr'aiment on tout bien et en tout
honneur, mol l'Avare, iv, ». Souvenez-vous que
tous les hommes doivent s'entr'aimer, rttt.Tél. xxi.
Rien ne serait plus insipide si l'on ne faisait que
B'entrViimer, fonten. Dial. n. Morts anc. et mod.
— HIST. xiii* s. Moût doucement [ils] s'entr'ai-
ment, loiaument. sans feintise, AunEFBOi le bast.
Romancero, p. tn. || xv* s. Savoysiens et Bour-
guignons de tous temps se entre aymoient, comm.
n, 5. Il XVI' ». Il veull que nous nous entraymions
l'ung l'autre comme frères, despeh. Cymbal. (02.
— ETYM. Entre, et aimer; provenc. eniramar.
t ENTRAIN (an-lrin), s. m. || 1» Chaleur, gaieté
naturelle et coniraiinicative. Cette personne n'a
pas d'entrain. Cet homme a de l'entrain || 2° Ar-
deur au travail. Êiudier avec entrain. Je n'ai point
d'entrain , je n'ai aucun entrain aujourd'hui.
Il 3* Mouvement rapide et animé d'une pièce, d'une
composition, dans l'enchaînement des scènes et des
situations. Ce vaudeville, cet opéra a de l'entrain.
Vantez de ses écriis le lyrisme et l'entrain, vien-
HKT, ÉpUreâ Boilrau.
— Rtym. En I. et irain.
+ ENTRAÎNABLF ( an-trê-na-bP) , culj. Néolo-
gisme. Oui) l'on peut entraîner, qui se laisse en-
traîner.
ENTRAÎNANT, ANTE (an-trê-nan, nan-f), adj.
Oui entraîne le creur, l'esprit. Une éloquence en-
traînante. Un charme entraînant.
J. KNTRaTné. Êe (antré-né, née), part, posté
fo^^l7rlJ V'i"'"" mou'ementviolenVemiîone.
(.c iLigeur entraîné par le cour.int. Sur un ruisseau
rapide, Ver» la France entraîné, Il s'assied l'oeil hu-
ENT
mide Et le front incliné, di^rano. Exilé, jj 2* Fig.
Entraîné par ses appas, je l'ai suivie jusqu'en cette
ville, MOL. Festin, i, 2. De soins tumultueux un
prince environné Vers de nouveaux objets est sans
cesse entraîné, rac. Esth. m, S. L'homme ac-
coutumé à croire divin tout ce qui était puis-
sant , coriime il se sentjit entrain^ au vice
par une force invincible, crut aisément que cette
force était hors de lui et s'en fit bientôt un d'eu,
BOSS. Hist. II, 3. Un roi par les méchants dans le
crime entraîné, volt. Ilenr. m, 3o. Une vie tumul-
tueuse, agitée, entraînée, pour ainsi dire, par le
mouvement dos autres hommes, buff. Cerf. Conti-
nuellement assaillis par des idées sensibles et des
idées intellectuelles, nous sommes entraînés des
unes aux autres, condil. Art de pens. n, 3. Et tou-
jours eniraîné, croyait toujours choisir, deulle.
Trois règnes, v.
t 2. ENTRAÎNÉ, ÉE (an-trê-né, née), par», passé
d'entraîner 2. Cheval entraîné, cheval préparé pour
la course.
1. ENTRAÎNEMENT (an-trê-ne-man ) , s. m.
Il 1° Action d'entraîner; état de ce qui est entraîné.
Il 2° Fig. Cette tragédie a produit beaucoup d'effet
et l'entraînement a été général. L'entraînement de
l'exemple. L'entraînement des passions Elle avait
mêlé toute sa vie le calcul à l'entraînement, stael,
Corinne, xii, 2.
— ÊTYM. Entraîner t.
t 2. ENTRA!ne.MENT (an-trê-ne-man) , t. m.
Terme de course et de gymna.stiqne. Action de pré-
parer un cheval pour la course, un homme pour
certains exercices, par un régime convenable. La
pratique principale de l'entraînement consiste dans
des courses suivies de soins qui ont pour but de
débarrasser le cheval de son superflu et de lui ap-
prendre à cwirir.
— ÊTY.M. Entraîner 2.
(.ENTRAÎNER (an-trê-né), V. a. || !• Traîner avec
soi, après soi. Le torrent entraînait des arbres. Vous
laisserez-vous enlraînerà l'autel sans vous [ilaindru?
LESAGE, Diable boit. ch. B. Que tout chargé de fers
à mes yeux on l'entraîne, volt. Zaïre, v, 8. Elle
l'entraîne dans la chambre voisine, m"" iie genlis^
Veillées du chat. t. i, p. (97, dans pougens. Piir
mon ordre arrêté devant vous on l'entraîne, dela-
vigme. Vêpres sicil. m, 3. || Fig. L'àme est donc
toute esclave; une loi souveraine Vers 'e bien ou le
mal incessamment rentraîne, corn. CKrf iii,(. Peu
s'en fallut qu'elle n'entraînât Jmla dans sa ruine,
BOSS. Hiit. i, 6. Et sans cesse veiller à retenir mes
pas Que vers vous à toute heure entraînent vos ap-
pas, BAC. Bérén. jv, B. Mais les rois en tombant en-
traînent leurs flatteurs,iD. Théb. v, 3. Si le destin en-
traîne celui qui résiste, il ne fait que guider celui
qui veut, CONDIL. Hist. anc. Ili, 22. || 2° Agir sur les
sentiments. Cet orateur entraîne tous les esprits.
Il a entraîné tout le monde dans son sentiment.
Le mauvais exemple nous entraîne. Madame sait
appuyer le sien [ avis J par des raisons si con-
vaincantes, qu'elle m'a entraînée de son côté, mol.
Critique, se. 6. Comme ils ne gagnaient rien avec
leursdoctes ouvrages, et que l'éloquence d'Osiandre
entraînait le monde, boss. Var. viii, § 36. Et l'on
craint, s'il paraît dans ce nouvel or<ige, Qu'il n'en-
traîne aprfis lui tout un peuple volage, rac Phèdre,
I, 4. Je me livre en aveugle au transport qui m'en-
traîne, m. Andr. i, (. L'amour le relient quand la
crainte l'entraîne, id. Alex, i, 3. Dans ces occa-
sions, c'est le public qui entraîne ses maîtres, et les
force à se joindre à lui, fonten. JSocWiaare. Ces
paroles douces et flatteuses qui se glissent comme
un serpent sous les fleurs, loin de déplaire aux
princes, les charment et les entraînent, rollin,
lli\t.anc. Œwres, t. m, p. (73, dans pougens. Je
cède à la pitié dont je suis déchirée; Je n'y puis
résister, elle entraîne mes sens, volt. Fanal. iv,(.
Il fallut dérober cetie tendre victime Au fatal ascen-
dant qui l'entraînait au crime, m. Œdipe, iv, (.
Elle ne jugeait pas , elle se laissait entraîner,
M-' DE GENLis, Veillées du chdl. t. m, p. (2B, dans
paooENS. Vous m'avez entraîné dans ce complot fu-
neste, nELAV. Vêpres sicil. v, B. || Absolument. Le
charme de cette lecture entraîne. La voix publique
entraîne; Même en s'en défiant on lui résiste à
peine, volt. Tancr. iv, B. || 3° Etre la cause, avoir
pour conséquence. La guerre entraîne avec elle ou
après elle luen des maux. Elle a cru que ma perte
entraînait sa ruine, rac. Bril. v, ( Tantde pru-
dence entraîne trop de soin, m. Andr. I. S. Mais
trop de vers entraînent trop d'ennui. obesset. Vert
Vert, I. Il Terme de jurisprudence. Avoir pour effet
nécessaire. Toute peine affliciive et infamante en-
ENT
traîne la perte des droits civils. || 4* S'entraîner, v.
réfl. S'entraîner l'un l'autre. Ils se sont entraînés
de faute en faute.
— HIST. xii" s. Et Renoarz son tinel entraîne,
Bat. d'Aleschans, v. 4707.
— ETYM En 2, et traîner. On trouve dans Calria
Inst. 22 : airniner.
t2. ENTRAÎNER (an-trê-né), D.o.Termedecourie
et de gymnastique. Préparer par un système d'ali-
mentation et de médicaments, un cheval à la course,
un boxeur au comb.tt, etc. Un cheval ne peut cou-
rir avec quelque chance de succès s'il n'a pas été
entraîné.
— ÊTYM. En I, et l'angl. to Irain, dresser, qui
est le français traîner.
i ENTRAÎNECR (an-trê-neur) , s. m. Celui qui
entraîne, qui prépare les chevaux pour la course.
— ÊTYM. Entraîner 2.
ENTRAIT (an-trê), s. m. Terme de charpentier.
La pièce principale d'un comble, après la poutre,
celle qui soutient le poinçon et empêche l'écarte-
ment des arbalétriers, dans chacun desquels on trouve
assemblée une des extrémités de l'entrait, tandis
que la poutre sert à soutenir les solives ou les plan-
ches. Il Dansun cintre servant à construire une voûte
ou arcade, la pièce posée horizontalement, et sous
laquelle sont les poteaux.
— HIST. XV* s. Les jambaiges, esseliers et antrais
seront du Mrage à yceux chevrons, tant en un sens
comme en'l'autre, Mém. de la soc. des antiq. de
Norm. t. XXIV de la collection, p. 63B.
— ÊTYM. En ( . el trait.
ENTRANT, ANTE (an-tran, tran-t'), adj. || 1* Oui
entre Demandez leurs billets aux personnes en-
trantes. Il Substantivement. La personne qui entre.
Les entrants et les sortants. La liaison des scènes
se fait par la vue, quand l'entrant a vu le sortant,
ou le sortant l'entrant, ou qu'ils se sont vus l'un
l'autre, batteux. Traité de ta pnés. dram. cliap. 4.
Il 2' Par extension, qui prendson tour dans l'exer-
cice tempo'aire d'une fonction. Le vérificateur en-
trant. Il Substantivement. 11 sort tous les ans de
l'école de Paris trois élèves qui vont à l'école du
Rome, et qui font place à trois nouveaux en-
trants, moEROT , Salon de (787, Œuv, t. xv,
p. (54, dans PODGENS. || 3° Fig. Oui entre, qui pé-
nètre, qui s'insinue. Un homme dont le carac-
tère a je ne sais quoi d'entrant. Sois entrant,
effronté, et sans cesse importune; En ce temps l'im-
pudence élève la fortune, régnier, ^a(. m. Je ne
suis pas entrant, ma façon est rustique, ID. tb. Il [le
roi] n'aimait pas Mme de NoaiUes; elle avait trop
d'esprit pour lui, et trop entrante, et trop intri-
gante, ST-SIM. LV, (70.
— HIST. xii* s. Moult m'est bêle la douce com-
mencence Du nouveau tens à l'entrant de pascor
[Pâques], Couci, xvi. Il xiu' s. Et par le commun
conseil des François et des Grieus fu devisé que li
noviaus empereres seroit coronnés à la feste Saint
Piere, à l'entrant d'aoust, villeh. lxxxvii. ||xv" s.
Il est entrant [d'un facile accès], il a ses loix. Il
accorde à chascun ses droiz, eust. tesch. Poésies
mss. f°20.'>, dans laclrne. || xvi' s. Je voudroisquo
le duc d'Albe fust plus entrant qu'il n'est en compa-
gnie, BRANi. Duc d'Albe.
ENTR'APPELER (S') (an-tra-pe-lé), v. réfl. S'ap-
peler l'un l'autre. Ne nous entr'appeler que mon
âme et ma vie, corn. Veure, l, 3.
— HIST. XVI* s. Ils s'entre-appeloient liel oncle,
beau cousin et beau neveu ; coutume qui dure en-
core entre les grands, carloix, i, 34. Les ungs ont
souillé leurs livres d'injures et convices, s'entre-
appellant par animosité huguenots.... ID. a, 4.
— ÊTYM. Entre, el appeler.
fENTR APPRENDRE (S) (an-tra-pran-dr^ , i.
réjl. Se donner des leçons réciproques.
— HIST. XVI* s. S'entr'aprendre, lanodb, soo.
— ÉTYM. Entre, et apprendre.
t ENTR'APPROCIIER (S) (an-tra-pro-ché), ».
réfl. S'approcher l'un do l'autre. Enfin on s'entr'ap-
proclie, et les rames contraires D'un air impétueux
font choquer les galères , brRbeup, Phars. m.
— ÊTYM. Entre, et approcher.
I ENTR'AROI'ERl'SER (S') (an-trai^ke-bu-ré), v.
réjh S'arqiicbuser l'un l'autre.
— BIST, rvi* s. Et dura ce passe-temps de »'en-
treharquebuzet, quatre jours, CARtoix, vu, 40.
— ÊTYM. Entre, et arguebuser.
tENTR'ASSASSINER (S') (an-trâ-»a-si-né),«.rt/l.
S'assassiner l'un l'autre. Colisée où souvent oespeu-
ples inhumains [les Romain»] De s'entr'assa»sinerse
donnaient tablature, scarron.
— ETYM. Entre, et assassinet.
I
ENÏ
ENT
ENT
1429
t ENTR'ASStGNER (S') (an-lra-si- pné) , r. rifl.
S'enlr'assigncr un rendez-vous, s'assi^iner l'un à
l'autre un remiez-vous. || Lancer l'un contre l'autre
une assignation, lis se sont eritr'assiynés.
— HlST. XVI' s. S'entr'assigner lieu, LANODE, 266.
— ÊTYM. Entre, et assign(r.
t ENTR'ASSOMMER (S') (an-tra-so-mé), V. réfl.
5'assoDimer l'un l'autre. Nous frappons sur eux et
«ur nous, Nous nous entr'assommons de coups,
scABRON, Yirg. ii.
— f.TYM. Entre, el assommer.
t ENTR'ATTAQUER (S') (an-tra-ta-ké) , V. réfl.
'attaquer l'un l'autre.
— HlST. XVI* s. On ne doit point désirer que si
uissans monarques s'entr'attaquent, lanoue, 395.
— ÉTYM. Entre, et attaquer.
t ENTRAVA1I.LÉ , ÉE (an-tra-va-Ilé , liée, Il mouil-
ées), adj. Terme de-blason. Se dit des oiseaux qui
iont représentés les ailes éployées, mais avec un
liâton passé entre les ailes et les pattes.
— ÉTYM. En t, et travail, instrument de maré-
chal.
t ENTRAVANT, ANTE (an-tra-van, van-t'), adj.
Oui entrave. Le duc du Maine sentit que sa mère
ne lui serait qu'un poids fort entravant , st-sim.
413, 189.
+ ENTRAVE, s. f. Voy. entraves.
ENTRAVÉ, ÉE (an-tra-vé, vée), part, passé.
Il 1» Arrêté par des entraves. Un cheval entravé.
Il 2°Fig. Entravé dans ses travaux parla-misère.
ENTRAVER (an-tra-vé), v. a. || 1° Mettre des en-
traves. Entraver un cheval. || Terme de fauconnerie.
'.Ccommoder les jets de l'oiseau de manière qu'il ne
puisse se déchaperonner. HÎ'Fig. Embarrasser, gê-
ner. Entraver des opérations, la marche des affaires.
Il 3° S'entraver, v- réfl. Se prendre dans des en-
traves. Il Fig. Se faire mutuellement obstacle. Ils
s'entravent en sollicitant le même poste.
— HlST. XV' s. Poulain entravé, coquillart, En-
quesle entre la simple et la rusée. || xvi* s. Tantost
la peur nous cloue les pieds et les entrave, mont.
I, 82. Je ne puis souffrir d'aller desboutonné, ils se
sentiroient entravez de l'estre [boutonnés], id. i,
S60. Il n'est plus temps de regimber quand on s'est
laissé entraver, m. m, 322.
— ÉTYM. Entraves; provenç. entravar.
f ENTRA VERSER (an-lra-Ver-sé), v. a. Terme
de marine. Mettre un navire en travers relativement
i une côie, à un objet quelconque.
— HlST. XVI". s. Les gens du pays avoient faict
tranchées et fossez par les chemins et sentiers, ab-
battu ponts et planches, entraversé grands arbres
en la voye, J. d'aviou. Annales de Louis Xll, p. 32,
dans LACURNE.
— ÉTYM. En t , et travers.
r.NTR'AVERTIR (S') (an-tra -ver-tir), v. réfl. S'A-
vertir mutuellement.
— HIST. xvi* s. Et est encores en usage entre les
filles de là une chanson, par laquelle elles s'entra-
vertlssent de ne faire point de grandes enjambées,
MONT. I, 92.
— RTYM. Entre, et avertir.
ENTRAVES (an-tra-v'), s. f. pliir. \\ 1° Lien qu'on
métaux jambes de certains animaux et particuliè-
rement des chevaux. Mettre des entraves à un che-
val. Il Liens usités à l'effet d'abattre les animaux et
de les fixer pour les opérations. || Ce mot a aussi un
singulier; car on peut mettre une entrave ou deux
entraves à un cheval. Acheter une entrave, perdre,
laisser tomber une entrave, legoarant. || 2° Fig.
Ce qui retient, contient, empêche. Tous les hommes
vivants sont ici-bas esclaves; Mais, suivant ce qu'ils
sont, ils diffèrent d'entraves : Les uns les portent
d'or et les autres de fer, Régnier, Sat. m. Nous ne
saurions briser nos fers et nos entraves, Du lecteur
dédaigneux honorables esclaves, boil. Épit. vi. Phi-
lippe appelait cette citadelle les entraves de la Grèce,
BOLLiN. Hisl. anc. Œuv. t. vu, 500, dans pougens.
Il les éclairera sur le caractère de notre langue, sur
ses entraves et ses ressources, sa richesse et son in-
digence, la sagesse de ses lois et la singularité de
ses bizarreries, d'alemb. Éloges, d'Olivet. La main
du fils des braves Du ]>euple de Morvan a brisé les
entraves, nucis. Oscar, ii, t. [Us] De leur chaîne
honteuse adorent les entraves, F,t du plus vil tyran
sont les plus vils esclaves, legouvé, Epich. et Nér.
I, 3. Jeté, farouche encore, àtravers ces entraves, Je
frémis sous leur poids, léger pour des esclaves, de-
là v. Paria, i, 2. Quoi! pour livrer vos mains à
d'indignes entraves, id. Vêpres sicil. m, 6. Point
d'entraves à la pensée Par ordonnance de Bacchus,
bérang. Ha répub. \\ En ce sens, il s'emploie aussi
au singulier. La jeunesse a besoin de auelque
entrave qui la retienne. Dans l'entrave où mon
pied se sent pris en arrière, v. hl'oo, les Bur-
graves, i, 3.
— ÊTYM. En 1 , et un radical trav.,.. ; portug.
frnt'C, bAton, lien; du latin (robes, poutre; la poutre
percée de trous ayant servi à entraver les pieds de
détenus, comme on le voit parce pa-ssagede Grégoire
de Tours: tralies iUaquae victorum pedes coarctabat
(cité dans Kaynouard, Lexique, au mot enfraear).
t ENTRA VON (an-tra-von), ». m. Petite pièce de
cuir dont on entoure le paturon du cheval pour
qu'il ne soit pas blessé par l'entrave.
— ÊTYM. Entraves.
t ENTR'AVOUER (S') (an-tra-vou-é), v. réfl. S'a-
vouer quelque chose réciproquement l'un à l'autre.
Après s'en être demandé la raison l'un à l'autre, ils
s'entr'avouèrent leur passion, SACi, Bible, Daniel,
XIII, 14.
— Rtym. Entre, et avouer.
ENTRE (an-tr'), prép. || l» Dans l'espace qui sé-
pare deux ou plusieurs objets. Il est assis entre eux
deux. Tours est entre Paris et Bordeaux. Ce bataillon
se trouva entre deux feux. Lesdangersqu'ilavaitcou-
riis entre Scylla et Charybde, pEn. Tél. i. Hermione,
seigneur, arrêtera vos coups; Ses yeux s'opposeront
entre son père et vous, rac. Andr. I, 2. 11 [Jésus-
Christ] vint se mettre entre ses foudres [de Dieu] et
nos crimes, mass. Carême, Pass. Entre les deux em-
piresil se forma des déserts; entre les deux empires
on fut toujours sous les armes, montesq. Esp. xxi,
(6. Vous me laisserez vivre entre ces murs sacrés
Quelle vos ennemis mon bras a délivrés, volt. Irène,
n,'i. Ils [les deux hôtes] se quittèrent pour mettre de
grandes régions entre leurs tombeaux, chateaubr.
Génie, li, vi, 3. || Familièrement. Mettre quelqu'un
entre quatre murailles, le mettre en prison. [| En-
tre deux eaux, sous l'eau. Nager entre deux eaux.
Il Entre deux vins, dans un état voisin de l'ivresse.
Pour éviter bien des maux. Veut-on suivre ma re-
cette. Que l'on nage entre deux eaux. Et qu'entre
deux vins l'on se mette, dêrang. P. coups. || Entre
quatre yeux (on prononce entre qiiatre-z-yeux), seul
à seul, sans témoins. || Regarder quelqu'un entre les
deux yeux, le regarder fixement. || Entre les bras,
sur le sein. Les enfants mouraient entre les bras de
leurs mères. Dites-moi, monsieur, être entre les bras
comme vous dites, ou être dans les bras comme dit
Ouinault, cela est-il synonyme? nu marsais, ie((re
d'une jeune demoiselle. || Entre les mains de, au
pouvoir de.... Dieu tient le cœurdes rois entre ses
mains puissantes, rac. Esth. 1, 4. Mon bonheur est
entre vos mains, baron, Homme abonnes fort, i, t.
Il Entre ses mains, en parlant d'un médecin, d'un
avocat, d'un professeur, d'un directeur de con-
science, etc. signifie être traité par lui, être sous sa
direction, etc. De quarante-deux malades.... il [Hip-
pocrate] avoue qu'il n'y en a eu quedix-sept qu'il ait
guéris, et que tous les autres sont morts entre ses
mains, rollin, Hist. anc. t. xiii, liv. xxvi, ch. 4,
§ t. Il Entre quatre planches, dans le cercueil. || En-
tre ciel et terre, dans l'air, au-ilessus du sol. Il a
fini ses jours entre ciel et terre, il a été pendu.
Il Fig. Entre les deux, ni bien ni mal. Est-elle laide?
Entre les deux. || Terme de marine. Un bâtiment
a le vent entre deux écoutes lorsqu'il est poussé-
par un vent de l'arrière. || Fig. Se trouver pris entre
la vergue et les rabans, être dans une situation
imprévue et fâcheuse. || 2° Il se dit des objets
intellectuels , moraux, abstraits. L'homme placé
entre le vice et la vertu, f'iotter entre la patience
et la crainte. Un état moyen entre la pauvreté
et les riches.ses. On ne met point, dans cette ville,
de différence entre les voluptés et les besoins, mon-
tesq. Temple de Gnide, 4. || Être entre la vie et la
mort, être dans un danger imminent, près d'ex-
pirer. Incertain de sa condition, entre la mort
et la vie, boss. Hist. ii, 4. || 3" Il se dit, en un sens
analogue, d'un intervalle qui n'est qu'idéal, moral,
entre les personnes. Se tenir entre deux partis.
Fatigué de me trouver entre deux hommes que je
ne pouvais accorder, fEn. Tél. xiii. L'Etre su-
prême enfin, placé entre les rois oppresseurs et les
peuples opprimés, pour effrayer les rois et venger
les peuples; tel est l'objet de ce Petit (^rême, digne
d'être appris par tous les enfants destinés à régner,
d'alemb. Éloges, Ilassillon. || 4° Dans un temps
qui suit une époque et en précède une autre. Entre
midi et une heure. Entre deux soleils. Entre le
lever et le coucher du soleil. Entre ces deux con-
férences, la compagnie [l'Académie française] per-
mit à MM. Racine, la Fontaine et Despréaux, amis
de Furetière dès l'enfance, d'aller le voir au nom
de tous, pour le disposer à donner des marques de
sa soumission, d'olivet, Hist. Âead. t. n, p. 45,
dans POUGENS. || Entre temps, pendant ce temps-
là. Il Entre la poire et le fromage, voy. fromage.
Il Entre chien et loup, voy. chien. || Entre ci et là,
voy. CI. Il 5° Il exprime le rapport que des per-
sonnes ou des choses ont l'une avec l'autre. L'ac-
cord conclu entre la France et l'Angleterre 11 y a
procès, querelle, amitié, inimitié entre ces gens-là.
Qu'y a-t-il de commun entre vous et moi? Ressem-
bl»nce , différence entre deux choses. Là liaison
que CBS questions ont entre elles. Ils s'aident entre
eux. Ils parlaient entre eux. Entre amis il ne faut
point de cérémonie. Entre vous et moi, c'est h la
vie à la mort. L'union qJi est entre les hommes
n'est fondée que sur cette mutuelle tromperie, et
peu d'amitiés subsisteraient , si chacun savait ce
que son ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas, PASC.
Pensées, part, i, art. B. Croire que nous pou-
vons partager ce cœur entre la créature et Dieu,
entre notre passion et Dieu, bourdaloue. Puri-
fication de la Vierge, Myst. t. u, p. 254, dans
POUGENS. Entre le pauvre et vous, vous prendrez
Dieu pour juge, rac. Athal. iv, 3. Que le Sei-
gneur qui nous entend soit entre vous et nous,
SACi, Bible, Juges, xi, to. Il lia avec lui une étroite
amitié qui depuis ne se démentit jamais, chose
assez rare entre deux personnes du premier mé-
rite, et qui courent la même carrière, iiolun, Hist.
anc. Œuvr. t. xi , ('• part. p. t70, dans pou-
gens. Et que ce Dieu soit juge entre Séide et
moi, volt. Fanât, v, 4. Il faut de la jusUce en-
tre le prince et le sujet; de la tendresse entre le
père et le fils; de la fidélité entre la femme et le
mari; de la subordination entre les frères; de la
concorde entre les amis, diderot. Opinions des
anc. phil. (Chinois). Homme petit et faible, qu'y
a-t-il entre Caton et toi? i. J. bouss. Hél. m, 22.
Il 6° Soit dit entre nous, ou, elliptiquement, entre
nous, c'est-à-dire que cela ne soit pas redit à d'au-
tres, mais de vous à moi .seulement. Soit dit entre
nous, je le crois fort ignorant. C'est un homme, en-
tre nous, à mener par le nez, mol. Tart. IV, 6. Allez,
c'est se moquer; votre femme, entre nous, H.st, par
vos Wchetés, souveraine sur vous, id. Femmes sav.
II, 9. Ceci soit dit entre nous deux, sÉV. ti. Ce soin
d'immoler tout à son pouvoir suprême. Entre nous,
avait-il d'autre objet que vous-même ? rac. Esth.
m, (.Est-il donc, entre nous, rien de plus despo-
tique? volt. Brutus, II, 2. Il Entre vous et moi,
même sens C'est, entre vous et moi, Auprèsd'un
philosophe un fort chétif emploi, regnard. Dis-
trait, II, 4. Il Entre nous, signifie aussi sans per-
sonne d'étranger. Nous dînerons entre nous. || Fa-
milièrement. Entre nous tous, c'est-à-dire nous
ensemble; entre eux tous, c'est-à-dire eux ensem-
ble. Us n'avaient entre eux tous que sept francs
à dépenser. || Entre et un pronom personnel au
pluriel, signifie souvent sans sortir de la classe où
l'on e^t. Ils se marient entre soi, entre eux. Les
véritables sages vivent entre eux retirés et tranquil-
les, VOLT. Babouc. \\ 7° Au nombre de, parmi.
Que la voix commune des hommes A fait asseoir
entre les dieux, malh. vi, 8. Ayant considéré
combien un même homme, avec son même es-
prit, étant nourri dès son enfance entre des Fran-
çais ou des Allemands, devient dilléient de ce qu'il
serait s'il avait toujours vécu avec des Chinois ou
des cannibales, DESC. Méth. ii, 4. [Rome] Vous pré-
pare déjà des temples, des autels. Et le ciel une
place entre les immortels, corn. Cinna, v, 3. Les
gens de Cornélie, entre qui les Romains Ont déjà
reconnu des frères, des germains, id. Pomp. iv,<.
Certain chagrin conçu dans l'esprit de la reine M'a
fait, entre autre avis, estimer à propos De l'envoyer....
ROTROU, Bélis. III, 6. Vous que l'Orient compte
entre ses plus grands rois, rac. Bérén. i, <. Et s'il
te faut chercher, ce n'est qu'entre les morts, id.
Alex. IV, t. Distinguait-on entre les premiers fidèles
ceux qui étaient du monde de ceux qui n'en étaient
pas? MASS. Carême, Samarit. || Entre autres, se dit
quand on veut désigner d'une façon particulière
quelqu'un ou quelque chose. J'ai visité les princi-
pales bibliothèques de l'Italie, entre autres celles de
Rome. Il Entre tous, au suprême degré. C'est une
chose injuste entre toutes. || Brave entre les braves,
extrêmement brave. || 8» Il exprime aussi distribu-
tion, séparation, distinction, choix. Il se distingue
entre tous ses disciples, LA brut. Dise, sur Tliéo-
phraste. Ouintilien n'ose décider entre ces deux
grands orateurs [Démosthène et Cicéron], quoi-
que pourtant il semble laisser entrevoir quelque pré-
dilection et un penchant secret pour Cicéron, rollin ,
Traité des Et. iv, 4. Il fit le partage entre tous les
i
1430 KNT
alhéi «TM une grande équité, ro. ïïùt. anc. OKu-
-,« 1 Ml n «♦», 'l«n» poLOKNS. fcntre quels at-
to,M,'„ «ut'i nue je choisisse? volt. Ah. v, 6.
^r Kn.n^ c'e.^idire lan. de l'un que de 'autre.
En.re |.i*c«, do » franc, et piîxes ie 2» rancs,
Il y avait dans cette liourse 200 rrancs. || 10° Ueii-
u' «lu milieu de. Six jour» avant la |ifl.|iie, Jésus
vint i Béllianie, où il aiaii ressusciié Lazare d'en-
tre les mon». SACI, Bihte, Év. de Si Jean, xii, t.
Il Parmi. Quelqu'un d'entre vous.... || 11° Car entre,
par l'intervalle de. Il falliiit aller aux ennemis par
entre Us deux villages, s-siu t2, i3is.
— IlEM. L'e final de entre s'élide dans les com-
posés de ce mot : eutr'acie, s'entr'aider, etc. mais
dans tous les autres cas on n'emiiloie pas l'apo-
strophe : entre eux, entre elles, entre autres, entre
onze heures et midi.
— HIST. XI' s. E le surplus les orphaiiins et les
parents départent [partaKenl] entre els, Lois de
Guill. ». Kntre ses poinz |ilJtenoit s'iiauste frai.s-
nine, Ch. de Roi. lv. ||xii' .s. (Ces choses) Pais se-
nefient entre paienes lois./lonc. p. 7. Kntr'als [eux]
sont bien li mile chevalier, ib. p. 37. Mort [ilj le
trébuche entre mil Arabiz, i6. p. 63. [Ils] Dient
enir'enx : Franc ont les porz passés, ib. p. 80. Et
qu'il n'avient souvent Que je m'oubli, pensant [[len-
sif] entre la gent.Couci. xvi. Que vont queranl cil fol
berger, Qu'il ne viennent à ma dame ser\ir, Qui
mieus sauroit le mont [monde] justicier Qu'enire
eus Iresloiis d'un pauvre bourg joîr, hues dk la
FEnTft. BoHianMro, p. 1»4. Seifiior, par tel manière,
jà nus [nul] n'en soit duutans, Fu meue la guerre
anire Siiisnes et Francs, Sax. v. Autre ci c]ue as
porli-s n'i ol arrestoison, ib. vai. Kntre ces affaires,
li reis David à un jiir levad après meriene [méri-
dienne] ; si se aloiit [allail] esb^miant [aniusant] en
un .solier, Bois, p. 16*. || xiii's. Emprès piisreiit en-
tr'aus [euxj 11 baron un |iailemecil à Soissons, viL-
LEH. viu. La (luchoise sa suer [sœur] entre ses bras la
prent. lUrte. ix. Puis (elle) dist entre ses dens,
que nuls ne l'a oit, ib. lui. tant i avoit trésor entre
argent et or clair [tant en argent qu'en or|, ib.
xcvii. Alons il lui parler, sire, entre vous et moi,
ib. r.v. Berle fu en la chambre.... Ijure lui et riy-
mon et Constance s'amic [entre eux trois, elle, riy-
mon et CoiLsIance], ib. cxix. Kl lor dist qu'il venis-
sent en se [sa] meson entre quien et leu [chien et
loup], BK»UM. Lxix. m. Et pur ce il reijueruieiil que
11 remaiians fiist partis igalineiit entrax [entre eux],
autnnt à l'un comme à l'autre, lo. xiv, 12. Monsei-
gneur Iinbert de Beaujeu esloit au dehors de l'o-st,
entre li et |tant lui que) le iiieslre des arlialestrier ,
JOiNv, ÎI7. Entre Ihs autres (entre autres choses|.
Il manda que il estoit prest de li aidier à conijuerre
la tffre sainte, iti. an. |( xv" s. Demeura monsei-
gneiirde Hainaiit entre les Angtois, (jui lui falsoient
toujours toute Ihunneur et compagnie i|u'ils pou-
voient, Fnotss. I, i, 2.'>. Après iliner, un grand bu-
tin commeii(;a entre les garçons des Hainuyers et
les archers d Angleterre qui enire eux estoient her-
bergés, pour occasion d'un jeu de dés. ID. i, i, 31,
Je veuil que entre nous..., nous en allons notre che-
min à mie-nuit..., et le dites aussi l'un à l'autre et
tout ce soit tenu en secret, m. ii, ii, 2:12. El à
g'entre-enibrasser par entre les troux [à l'enlrevue
de Pecquignyl, comu. iv, m. Le roy Edouard estoit
beau prince entre les beauli du monde, tu. vi, \i.
Lu duo Philippe lequel entre toutes les maisons du
monde ayrooit celte maison de Uuurbon, id. i, 2,
" XVI' s. Que si j'eusse esté entre ces nations [chez
ces nations], mont. Au lecl. p. xti. Arracher d'entre
les mains des sergeants, id. i, 4. Faire différence
entre les faultes c|ui viennent de nostre faiblesse et
celles qui.... m. I, 54. Entre unze heures et midi,
ID. I, 72. Entre les Scythes, quand les devins avoient
failly de rencontre, id. i, 338. Aux battaitles don-
nées entre les Ai:gyptiens et les Perses, id. i, 2b(i.
Les médecins vivent bien entre les malades, id. i,
374. Il y a, entre autres, deux principales espèces
[d'histoire], aktot, Préf. xx, 47. Il fut emporté
entre les bras de ses gens dedans la ville, id. Public.
»2. Mutins regardant franchement Porsena entre
deux yeulx, id. 16. 33. El furent les uns tuez par
les enni-mis i|u'iU avoient à dos, les autres par
entre eux mesme», id. Sicias, 39.
~ KTVM. Picard , Vnter; provnnç. et espagn. entre;
ital. inira; du latin «nier, entre; sanscrit, antara.
ENTRÉ, f.K (aii-iré tréei, pari, pntîf' d'entrer.
Qui «al aiW ilan» X pp,n» entré dans la maison. || Fig.
Jeune lioiiiii,« à |„.,|,H eiiiré dans la vie.
ENTRE BÂILI.e. f.E (antre-bâ lié, liée, Il mouil-
U«s, et
non aii-irB-Uâ-jé yée), par». paiU De»
volets cntre-bftiU&s.
ENT
t ENTRE-BÎILLKMENT (an-tre-bâ-lle-man, /!
mouillées, et non an-tre-bâ-ye-man), s, m. État de ce
qui est ouvert à ilemi. L'entre- bâillement d'une porte.
ENTRE- BAILI.ER (an-lie-bâ lié , Il mouillées, et
non entre-bA-yé),t/. a. Ouvrir un peu. Entre-bâlller
une porte. Le marquis [de Villena] s'y étant pré-
senté (.1 la porie du roi d'Espagne] , un des valets l'en-
tre bSillaetluiditqu'il lui était défendu de le laisser
entier, sr-siMON, 476, <25, || S'entre-bâiller, v. réft.
Ace momentla porte s'entre- bâille, et j'aperçois,,..
— HIST. xv s. Le dit Bourguignon baillai iceluy
archier, enentre-baillant ledit guichet, d'une dague
dedans le ventre, jean ue thoves, Chrnn. t485.
(I xvt* s. Quand les os s'eslochenl, s'eiitr'ouvrent
et entrebaaillent, sans toutefois estre luxés, pabé,
xiv, (. Lors que par le moien du coin la fente entre-
baillera, l'on parlera la préparation des greffes, 0,
de SKRRES, 66 2.
— ÉTYM. Jînfre, et bâiller; picard, entrebeyé,
entr'ouvert.
ENTKE-BAISER (S') (an-tre-bè-zé) , v. réfl. Se
baiser réciproquement. Je descends, nous pourrons
nous entre-baiser tous, la font. Fabl. 11, (6. C'é-
tait un spectacle très- amusant, que de voir ces pe-
tites chenilles aller et venir, les unes d'un côté, les
autres d'un autre, sans confusion, et s'entre baiser
comme les fourmis quand elles se rencontraient,
BONNET, Insect. Obsrrv. 4.
— HIST. xii' s. Miséricorde e verited encuntrerent
à sel; justice e pais s'entie-baiserent. Liber psalm.
p. t2t Donc se sont aprescié [approché], Qu'en
pais s'entrebaisa.s.sent et en veire [vraie] amistié, Tli.
le mart. t08. ]| xiii* s. Après cest mot s'entre-baisie-
rent cil qui onques ne s'entr'amerent, Ne jà jor ne
s'enlrameronl. Dire pueent [peuvent] ce qu'il voilronl,
Ben, 5087. Il xvi* s. Là est emplasiré l'escusson, de
telle sorte qu'il joint l'escorce de l'arbre de trots
divers endroits, s'enirebaisans parfaitement les es-
corces du franc et du sauvage, o. de serbes, 669.
— f.TVM. Entre, et baiser.
t ENTRE BANDE ian -tre-ban-d'), s. f. Terme do
commerce. Se dit du commencement et de la lin
d'une pièce d'étoffe de laine.
t ENTRERAS (an-lre-bâ), t. m. Terme de fabri-
que. Éloignement trop grand, ou distance inégale
des fils de la chaîne d'une étoffe; c'est un défaut de
fabrication.
t ENTRE-BAT (an-tre-ba), ». m. Synonyme d'en-
tre-bande. Les fabricants seront tenus de revêtir les
étoffes des lisières, liteaux ou entre-bats indiqués
par ledit tableau, Lelt. pat. 22 juiU. <78», art. 4.
Il On trouve aussi entre- batte, s. f.
\ ENTREBAT (antre-bâ), s. m. Partie qui se
trouve au milieu du bât d'une bête de somme,
t ENTRE BATI'RE(S)(an-tre-ba-tr'), v. réft. Se
battre l'un l'autre. Il semble que les autres se soient
entre-battus à qui.... G. nauué. Apologie, p. 19,
L'un jurait, l'autre injuriait, tous s'entre-battaient,
SCARB. flom. corn, i, 3. || Avec l'ellipse île se. [L'a-
droite Ch.iusseraye dit au roi] qu'elle ne se souciait
pas plus d'un des deux partis que de l'autre; qu'elle
n'était touchée que de sa santé, de sa tranquillité,
qu'il ne conserverait jamais qu'en les laissant entrer
battre tant qu'ils voudraient, st-sim. 444, 104.
— HIST. XV s. Ce n'est pas à Paris nt en France
seulement, qu'on s'eiiirebat pour les biens et hon-
I neurs de ce monde, comm. i, 7. || xvi' s. Nous nous
entrebattions à qui l'auroit, yver, p. 664. Mais pour
[ néant son cœur s'en rcsjouit, Entrebatu du désir
de la gloire Et de l'espoir d'emporter la victoire ,
BONSARU, 618,
— ÊTVM. Entre, et battre.
t ENTRE-BIENFAIRE (S') (an-tre-biin-fê-r"), v.
réft. Se faire du bien réciproquement l'un à l'autre,
— HIST, XVI' S. Cherchant l'un et l'autre, plus
que toute autre chose, de s'entre-bienfaire, celui
qui en preste l'occasion est celui-là qui fait la li-
béral, MONT. I, 216.
— ÊTïM. Entre, bien, et faire.
i KNTBE-BLESSER(S'l(an-tre-blè-sé),t). réft. Se
blesser l'un l'autre. Les bourreaux s'entre-blessèrent
en s'acharnant à frapper leurs victimes, mérimEe,
dans le Dict. de poitevin.
— ÉTVH. Entre, et blesser.
fENTREBOUQUE (an-tre-bou-k'), s.f. Terme de
pêche. Première chambre des bourdigues, du côté
de l'entrée.
t ENTRE-BRISER (S") (an-tre-bri-ié), t). rfT/l. Se
briser l'un l'autre.
— HIST. xvr s. Assis en des chaires qui sem-
bloienl estre faites naturellement de vieux tronc» de
bois et de rochers entrebrisés, ïVER, p. 6U0.
— STYM, Entre, et briser.
ENT
t ENTRE-CABESSER (S") (ar-tre-Va-rè-sé) , «,
réft. .Se caresser réciproquement. Laissons-les s'en-
tre-caresser, comme deux personnes qui s'aiment
beaucoup, scarron, Hom. corn. 11, tl.
— HIST. XVI' s. Ils s'entre-caresserent quelque
peu, et puis se reunirentau promenoir, marg. Nouv
XLiv, Ceux mesmes qui plus s'entre-caressoyent ea-
toyent les plusaspres à s entre-donner des coup» de
lance et de pi.stolle, LANOtiE, 688.
— f.TYM. Entre, et caresser.
t ENTRE-CASSER (S') (an-tre-kâ-sé) , v. réft.
Casser réciproquement l'un à l'autre. S'entre-cas^er
les dents, les os.
— HIST. XVI' s. [Ils] halètent l'un sur l'autre, et, se
battant les os, S'entrecassent les dents.,,, bons. 862,
— ÉTYM. Entre, elcasser.
t ENTRE CÉDER (S') (an-tre-sé dé) , v. réft. Se
céder réciproquement quelque chose l'un à l'autre.
Il Céder l'un à l'autre. Sans pouvoir se plier pour
s'entre-céder, desc. Météor. 3.
— HIST. xvi' s. S'entreceder, cotgbavb.
— ÊTYiW. Entre, et céder.
] ENTRE CHARGER (S') (an-tre-char-jé), v. réft.
Se charger réciproquement. Les deux troupes s'en-
Ire-chargèrent. || S'accuser l'un l'autre. Les accusés
s'entre-chaigeaient.
— IHST. xvi' s. Les deux armées commencèrent à
s'entrecharger, amyot, Publ. is.
— ÉTYM. Entre, et charger.
ENTRECHAT (an-tre-cha; le t ne se lie pas dans
le parler ordinaire; au pluriel, l'i se lie : desan-lre-
cha-z agiles; entrechats rime avec pas, mâts, etc.),
s. m. Terme de danse. Saut léger, dans lequel les
pieds battent rapidement l'un contre l'autre. Faire,
battre, passer un entrechat. [Il] Kit comme un en-
trechat avec un escabeau. Trébuchant.... régnieh.
Sot. X. Celui qui fera le mieux un entrechat sera
le financier le plus intègre, volt. Zadig, 14. Elle
[une danseuse] aimait le faste, la splendeur: comme
elle di-'^ait, la vie est un entrechat; peu imp 'rie
qu'on retombe, pourvu qu'on se soit élevé luen haut,
ANCi-LOT et DUPOHT, Une camarade de pi-nsion, i,
3. Il l.e mol entrechat se sous entend souvent dans
l'expression battre des six, des huit, c'eslà-dire des
entrecbat>de six (où les pieds battent trois fois l'un
contre l'autre), des huit (oi ils battent quatre
fois), etc.
— ÉTYM. Corruption de l'italien inirecciato (dans
cette locution capriola intrecciala, cabriole entre-
lacée), d'inlrecciare, de i», en, et (rcccio, tresse
(voy. ce mot).
t ENTRE-CHERCHER (S') (an-tre-chèr-ché), v.
réft. Se chercher mutuellement.
— HIST. XVI' s. 11 y a des conditions qui s'entre-
chercheiit, mont, i, 256.
— ETYM. Entre, et chercher.
t ENTRE-CHOQUEMENT (an -tre-cho-ke-man) , s.
m. Choc de plusieurs combattants.
— HIST. XVI' s. Ces entrechoquemens et cheutes
où l'on ne se fait point de mal, et puis qu'on reû-
saute incontinent à cheval, comme si on estoit de-
venu léopard, LANGUE, 146,
— ÉTVM. Entre- choquer.
ENTRE-CHOQUER (S) (an-tre-cho-ké), e, rcft.
Il l°Se choquer l'un l'autre. Kn courant ils se sont en-
trechoqués. Feront pions et chevaliers S'entro-cho-
quer comme béliers, scarh. Virg. vi. On vit les co-
hortes s'entre-choquer, uoss, Ilist. il, 9, Les vagues
qui s'entrechoquent dans une tempête, fên. Tél. vi.
C'était un grand et terrible spectacle que de voir la
mer couverte de trois cents galères prêles à s'entre-
choquer, BOLL. Uisl. anc. Œuvres, t. iv. p. «t , dans
pouGENS. Il 2° Se contredire, s'opposer l'un à l'autre.
Ces deux hoilimess'entre-choquent sans cesse. Leurs
hypothèses fragiles [des philosophes) .s'entre-cho-
quent librement; leurs querelles ne peuvent avoir des
conséquences pour l'Etat, d'iiolbach, Essai. Préj.
ch. 4, dans DUMARSAis, (Èuvres, t. vi. || Avec el-
lipse du pronom personnel. Quel envieux démon et
quel charme assez fort Faisait entre-choquer deux
volontés d'accord I cobn. la Suiv. v, 8.
— REil. Gilbert laemployé activement : Le bouchon
saute en l'air; Le vin brille, le verre entre-choque
le verre. De tous les dons du ciel le vin est le plus
cher, oilb. le Printemps. Lamartine la employé,
activement aussi, au sens de pousser l'un contre
l'autre. [Les passions].... Soufflant de l'enfer sur
ce million d'âmes [Paris] , Entre-choquent entre
eux ces hommes et ces femmes, lahart Jœ. viii,
254. Les feux croisent les feux ; le fer frappe le fer;
Les rangs entrechoqués lancent un seul éclair, la-
mabt. Hédit. Préludes. Ces emplois ne paraissent
pas devoir être recommandés.
I
4
ENT
— HIST. xvi'5. Par celte rencontre d'oeillades,
comme de deux cailloux qui s'entre-choquent, s'ex-
cite un feu.... YVEH, p. B3I.
— f.TYM. Entre, et chnquer.
t E>TR'ÉC1.A1RC1R (S') (an-tré-Wêr-sir) , v. réjl.
Se donner des éclairccssemenls réciproques. Il faut
un certain nombre de per.soiuies pour expédier
promptement les affaires et s'entr'éclaircir les uns
les autres, st-simon, 465, 68.
— f.TYM. Entre, et éclaircir.
t ENTUE-CLORE (an-tre-klo-r'), v. a. Clore à
demi. ICiitre-clore les yeux.
— ÉTYM Entre, et clore.
V EM-R'ÊCLOS, OSE (antré-klâ, klô-z'), adj. A
demi éclos.
— HlST. XVI' s. J'aime un bouton vermeil entr'es-
clos au matin. Non la ro.se du soir, konsabd, 31o.
— ÊTYM. Entre, et éclos.
ENTRE-COLONNE (an-tre-ko-lo-n') ou ENTRE-
COLONNEMENT (an-tre-ko lo-ne-man),i. m. Terme
d'architecture. Espace compris ou projeté entre les
axes de deux colonnes consécutives. Les enirc-co-
lonnement.s se mesurent en mudules et fractions de
module. L'architecte avait supprimé le murcirculaire
qui remplit lesentre-colonnes, chateaubh. Itin. 230.
— HIST. XVI' s. Entrecolonne, cotorave.
— ÉTYM. Entre, et colonne.
t ENTRE-COMBATTRE (S') (an-tre-kon-ba-tr'),
V. réfl. Se combattre l'un l'autre.
— HIST. XII' s. Quant je trovai en uns essarz Tors
[taureaux] salvages, ors [onrs] et lieparz, Oui s'an-
trecombatoient tuit, crestikn de troies, Chev. au
lyon, V. 277. Il xiii* s. Li vent qui s'entrecomlwtent
si merveilleusement, brun, latini, Trésor, p. au.
— ETYM. Entre, et cntnbultre.
t ENTRE-COMMUNIQUER (S') (an-tre-ko-mu-ni-
ké), V. réfl. Communiquer réciproquement l'un à
l'autre. Le mieux sera de ne plus rien s'entre-com-
muniquer, boss. Letl. abb. 22u. L'empressement de
nous eiitre-communiquer nos folies, id. Pridic. i.
Il fallait se mettre avec l'Espagne sur un pied d'as-
sez de confiance pour s'entre-communiquer toutes
ces diverses tentatives, st-simon, 437, 83.
— HIST. XVI' s. Ceci se peut rapporter à l'esiroite
cousture de l'esprit et du corps s'entre-communi-
quants leurs fortunes, mont, i, toi. Par le moien
du trafique, un pais aide à l'autre, s'emre-commu-
nicaiis leurs particulières, commodités, 0. de ser-
res, 8*2. Quant aux festes et sacrifices, ilz se les
entrecommuniquerent, et n'en estèrent pas une de
celles que l'un et l'autre peuple observoit aupara-
vant, AMÏOT, Rom. 33.
— ÊTYM. Entre, et communiquer.
t KNTRE-CONFESSER (S) (an-lre-kon-fè-sé) , v.
réjl. Se confesser réciproquement.
— HIST. xvi' S. Le prevost leur vint dire qu'ils
«'entre-cotifessassent et qu'ils ne seroient pas le len-
demain à telle heure en vie, cahloix, vi, 36.
— ETY.M. Entre, et confes.'ier.
\ ENTRE-CONNAÎTRE (S") (an-tre-ko-nê-tr"), 1).
réjl. Se connaître mutuellement. Quand il faut dire
tout, on s'entre-coiuiaîl hien, curn. la Gai. du pa!.
IV, <4. Puisque ces quartiers doivent être si éloi-
gnés l'un de l'autre, que les acteurs aient lieu de ne
pas s'entre-coniiaître, id. Hél. Examen.
— HIST. xiu' s. Tant aprocha qu'il s'entre-conu-
rent, villeh. cxlix. || xv" s. Je voys donc penser du
disner; Car il nous fauldra choppiner Un peu, pour
mieux s'enire-congnoistre, liée, de (arces, p. 156.
Il xvi* s. Si tost qu'ilz se feurent entiecogneuz, ilz
brochèrent leurs chevaux des espérons l'un contre
l'autre, les espées aux poings, avec grands cris,
AUïOT, Eum. <3.
— ÊTYM. Entre, et connailre,
t ENTRE-CONSOLER (S') (an-tre-kon-so-lé), u.
réjl. Se con.'^oler réciproquement. Us s'entre-conso-
leni par l'espérance de la nouvelle ou de la pleine
lune, BAYLE, .Sur la comète.
— HIST. XVI" s. Toujours un ris, toujours un bon vi-
sage,Toujourss'escrireets'entre-consoler, rons. 2(8.
■ — ËTYM. Entre, et consoler.
ENTRE-CÔTE (an-lre-kô-f), s. m. Terme de bou-
sherie. Morceau de viande coupé entre deux côies
du bœuf. [\Au plur. Des entre-côtes.
— ÊTYU. Jïnire, et côte.
] ENTRE-COUDOYER (S') (an-tre-kou-do-ié; plu-
sieurs disent an-lre-kou-doi-ié), t). re/L Se coudoyer
l'un l'autre.
— HIST. XVI' s. S'entrecoudoyer , cotgrave.
— ÉTYM. Entre, et coudoyer.
t ENTRECOUPE (an-tre-kou-p') , ». f. Terme
«l'architecture. Espace ou vide qui reste entre deux
voùte» sphériques , depuis l'extrados jusqu'il la
ENT
douelle. jj Dégagement que deux pans coupés font
vis-à-vis l'un de l'autre dans un carrefour étroit,
.ou dans une porte cochère, afin que les voitures
y puissent liiuiner.
— ÉTYM. Entrecouper.
ENTRECOIPÉ, ÉE (an-tre-kou-pé, pée), part.
pas.'<é. Il 1° Coupé en divers points. La Grèce, entre-
coupée de lous côtés par des mers, devait fleurir par
le commerce, raynal, llist.phil. i, Introd. || Terme •
de botanique. Vais.seaux entrecoupés , ceux qui i
composent le tissu cellulaire nioniliforme. || 2° Par j
extension, interrompu, saccadé. Vénus lui répondit
d'une voix entrecoupée de prufonds soupirs, fen.
Tél. IX. Plus de fadeur, plus de galanterie; son lan-
gage était rapide, entrecoupé, plein de substance
et de clialeur, i^ahmontel, Cont. moraux. Les qua-
tre flacons. 11 balbutia quel(|ues mots entrecoupes,
M"" DE GENLIS, Ad. cl TIléod. t. m, lelt. (6, p. H2,
dans poi GENS.
t ENTRECOCPEMENT (an-tre-kou-pe-man), s.
m. Action d'entrecouper; résultat de cette action.
— HIST. XVI' s. Puis du livre ennuyé, je regar-
dnis les fleurs.... Et l'entrecoupement de leurs faces
diverses. Peintes de cent façons, jaunes, rouges et
perses, bons. 3iio.
— ÉTYM. Entrecouper.
ENTRECOUPER (an-tre-kou-pé), v. a. \\ 1° Cou-
per, diviser en plusieurs endroits. Des canaux en-
trecoupaient les jardins. || Terme île couture. Po.ser
les patrons sur une étolîe de façon à ce que les
contours des uns entrent dans ce qui est laissé par
les entailles des autres ; c'est utiliser toutes les
coupes de façon qu'il y ait le moins d'étoffe peidiie
possible. Il 2° Par extension, inlerrompie l'réi|uem-
ment. Entrecouper un récit, un discours de di-
gressions, de citations. De profonds soupiis en-
trecoupaient toutes mes paroles , fén. Tél. u.
Il 3° S'entrecouper, v. réfl. Se faire à soi-même
des coupures. Se dit des chevaux qui se ble>sent
en froUant un pied contre l'autre, dn dit plus or-
dinairement se couper. {| Il se dit aussi de ligues
qui se enlisent. En exiiriinant par des lignes ces
mouvements, et en tirant à ces lignes des parallèles
qui s'entrecoupent, malehr. Hecherche, vi, i, 4.
Il Couper réci|iroqiieraent l'un à l'autre, ils se sont
entrecoupé la gorge. À quoi bon s'entrecouper la
goige"? vAUGEL. Q C. liv. x, ch. &, dans riciielet.
Je ne sais si la vue de cent mille hommes qui s'en-
trecoupent la gorge cause uno joie bien pure,
ni si cette joie peut subsister avec le sentiment
d'humanité qui nous est naturel, rollin, llisl. anc.
Œuvres, t. I, p. ri2u, dans hoixens. || 4° Par ex-
tension, s'interrompre l'un l'autre. Ensuite s'il
vous plaît? — Nous nous entrecoupâmes De mille
questions qui pouvaient nous toucher, mol. Amph.
II, 2. Il Avec ellipse du pronom personnel. Et de
votre penser chassez les déplaisirs Qui font entre-
couper votre voix de soupirs , tristan , M. de
Chrùpe, u, 3.
— REM. On ne voit pas pourquoi l'Académie, qui
met un tiret k entre-bail 1er , verbe actif, n'en met
pas également un à entrecouper , verbe actif aussi.
— HIST. XVI" s. Attachant le plus haul point d'hon-
neur des chevaliers à s'entrecouper la gorge pour
choses frivoles, lanoue, 143. Quelques uns s'atta-
chent à la cailence des périodes, ne veulent pas
qu'elles entrecoiippenl l'haleine du lecteur pour estre
trop courtes, d'aub. Ihst. l'réf. m. En un cosieauen-
tre-couppé de bois taillis, id. ib. i, 322. Il fallut l'en-
trecoiiperde petites traverses, qui couvroient chacune
le cariieau et le passage de l'autre, ID. ib u, 388.
— ÉTYM. Entre, et couper.
f ENTRE-COURS (an-tre-kour), s. m. || 1° Terme
de droit coutumier. Société contractée entre deux
seigneurs, au moyen de laquelle les sujets de l'un
pouvaient librement aller prendre domicile dans la
seigneurie de l'autre. || 2° Terme rural. Réciprocité
de p.lturage entre les habitants de plusieurs com-
munes. Lorsque la vaine pâture s'exerce par les ha-
bitants de deux paroisses sur le territoire l'une de
l'autre, elle prend le nom de parcours ou d'entre-
cours, ROBIN, Sfém. sur les marais de Cléville, p. 46.
— HIST. XVI" s. Droit de bourgeoisie s'acquiert par
demeure par an et jour, ou par aveu, es lieux cù il
y a droit de parcours et entrecours, loïsel, 39.
Geste commune patience de pais, de repos, d'abon-
dance de biens, d'enlrecours de marchandises,
M. DU BELLAY, BU3.
— ÉTYM. ErUre, et cours; d'où l'anglaisinfiTCOurse,
qui est revenu en français sous la forme anglaise.
t ENTR'ÊCOCTER (S') (an-tré-kou-té), v. réjl.
S'écouter réciproquement.
— HIST, XVI" s. L'une partio et l'autre a failli en
ENT
i/»;îi
n'ayant point la patience de s'entr'ecouter, afin do
suivre la venté sans affection, là où. elle seroit
trouvée, calv. 201).
— Ktvm Entre, et écouter.
t ENTRK-COUVRIR (S) (an-tre-kou-vrir),», rt/l.
Se couvrir réci|iroquemenl.
— HIST. XVI" s. Aussi seront les herbes pesées en
rangées convenablement esloigiiées les unes des
autres, afin d'éviter la confusion que le trop de
presse causeroit à l'œuvre, s'entrecouvrans, o. de
SERRES, 681.
— ÉTYM. Entre, et couurir.
t ENTRE CRAINDRE (S') (an-tre-krin-dr'),e.rc7Z.
Se craindre réciproquement.
— HIST. xvi" s. Hz s'enlrecraignoient réciproque-
ment et se deffloient l'un de l'autre, amïot, Pyr-
rhus, 13.
— ÊTYM. Entre, et craindre.
f ENTR'fXRIRE (S') (an-tré-kri-r'), e. réfl. Écrire
récipniquement quelque chose l'un à l'.iutre. Us
s'entr'écri valent des lettres fort aimables.
— HIST. XVI" s. Avec une lettre de sa main , comme
les rois s'entrescrivent, non point pour affaires,
mais.... cabloix, ii, 6.
— ÊTYM. Entre, et écrire.
ENTRE-CROISÉ, ÉE (an-tre-kroi-zé, zée), part.
passé. Croisé réciproquement. Des fi. s entre-croisés,
t ENTRK-CROlSEiMENT (aii-tre kroi-zenian), s.
m. Etat de choses qui s'entre croisent. Ijlerme d'à-
natomie. Passage réciproque des fibres en général,
des tubes nerveux en particulier, d'un côté du plan
médian du corps à l'autre. L'entre-croisement des
nerfs optiques.
— HIST. xvi's. Le terroir pendant ne souffre l'en-
tre-croisement des raies par angles droits, comme
à volonté cela se fait en planure, o. de serres, 92.
— ÉTYM. Entre-croiser.
ENTIÎE-CROISER (an-tre-kioi-zé),i). a. || 1" Croi-
ser réciproquement. Entre-cruiser des fils. || 2" S'en-
tre-cioiser, v. réfl. Se croiser l'un l'autre. Des lignes
qui s'entre-crobsent. Ce qui fait que ces rayons s'en-
trecroisent, desc. D'optr. 7.
— HIST. xvi" s. Les fusses s'entre-croisans l'un
l'autre, fai.sans, par ce moien, des grands quairés
au champ, o. de serbes, 189
— ÉTYM. Entre, et croi.ter.
t ENTRE-CUISSE (an-tre-kui-s'), s. m. L'eutre-
deux des cuisses. || Au plur. des entre-cuisses.
— HIST. XVI" s. Après avoir esplumé la teste et les
entre-cuisses des chapons et des poules, on les met
en mue, o. de serbes, 362.
— ÉTYM Entre, et cuisse.
ENTRE DÉCHIRER (S') (an-tre-dé-chi-ré),v. *^/J.
Il 1° Se déchirer l'un l'autre. || 2° Par extension, se
battre. Los nymphes jalouses sont prêles à s'entre-
déchirer, fén. Tél. vu. La fureur des brigands à
s'entre-déchirer Lîiisse aux vertus du moins le temps
de respirer, lemebc. Charles VI, il, 6. || 3° Kig.
Médire violemment l'un de l'autre.
— HIST. XVI' s. S'entredochirer, oudin, Dict.
— ÉTYM. Entre, et déchirer.
t ENTRE-UÉCLAREK (S') (an-tre-dé-kla-ré) , ti.
réjl. Déclarer réci|iroquement quelque chose l'un
à l'autre. La France eU'empereur venaient de s'entre-
déclarer la guerre, j. j. ROtss. Confess. v.
— ÉTYM. Eii're, et déclarer.
f ENTRE-DËCOURAGER (S') (an-tre-dé-kou-ra-
jé), V. réfl Se décourager récipn'quement.
— HIST. xvr s. Les Islois, malades du regret df
Mirambeau, prenoientsi aigrement les occasions df
s'entre-decouragur , qu'au prix qu'on jetoit def
hommes à bord, il en sortoil autant pour venir à la
Rochelle, d'aub. Hist. il, 3iio.
— ÉTYM. Entre, et décourager.
t ENTUE-DÉFAIRE (S') (an-tre-dé-fê-r') , ». réfl
Se défaire l'un l'autre.
— ÉTYM. Entre, et défaire.
t ENTRE-DÉFENDRE (S') (an-tre-dé-fan-dr'), «
réfl. Se défendre réciproquement.
— HIST. xvi" s. S'entredefl'endre, cotorave.
— ÉTYM. Entre, et défendre.
t ENTRE DEMANDER (S') (an-tre-de-man-dé),
ti. réfl. Se demander réciproquement quoique chose
l'un à l'autre. Ils s'entre demandèienl des nouvelles
HIST. xvi's. Quand mes deux eordouanii.ersse
trouvèrent à l'hôtellerie, avec chacun une bi.ile à
la main, ils s'eiilredemanderenl pour qui esioii la
botle, nESPKB. Cont. xxv. El s'eulre-ilemandent,
qui vive, qui va U, le maresctial se nomme le pre-
mier, CaRLOIX. VIII, 37.
— ÉTYM. Entre, et demander.
t ENTRE DÉPOSSÉDER (S') (an-tre-dé-po-sé-dé)
V. réfl. Se déposséder réciproquement. Les hommes
1432
KM
M Hrent It guerre les un» aux aulre* pour sonlru-
dépoMédar de leur» bien», vM. Ëptcure.
- ItTYM. Knlre. ei dépotttder.
t ENTIIK-Df-KOBER (S) (an-lre-dé-ro-bé ) , v.
ré/l. Se dérolwr quelque chose réciproquement
l'un 1 l'autre.
— ÊTYM. Kntre, et d/rober.
ENTBK-D&ruUIRE (S') (an-tre-dé-trui-r'), e.r^/l.
I !• Se détruire l'un l'autre. Et (jue son amitié, se
laissant moins séiluire, Ne nous exposât point à
nous entre-délruire, corn. Pulchérie, i, 5. Lus fa-
milles s'entre-détruisirent, montesq. llom. cli. 'io.
Il J' Harextension, être en opposition, en contradic-
tion. Quel e.st le but ([ue vous vous proposez dans
vos écrits? est-ce de parler avec sincérité? non,
me» père», puisque vos répon.ses s'entie-détruisent,
PASC. ProtK ih. Tant de mouvements opposis qui
i'entre détruisent, j. j. Houss. Contrat soc. m, 6.
— F.TYM. Kntre. cl détruire.
ENTRE-DEUX (an-tre-deû; Vx se lie: un an-tre-
leCi-7. et....), s. ni. Il 1° Partie ou place qui forme
séparation entre deux clioses. ôter l'cntre-deux qui
sépare deux chambres. L'entre-deux des éjiaules.
Vous la sentirez chaude dans les entre-deux de vos
doigts, DEsc. Héiénr. 2 Et pour vos endossures,
Laissez les entre-deux, servez-vous de memlirures,
LESNÉ, la Reliure, p 55. HÎ^Fig. Parcelle brèche,
ils ronnpent l'entre-deux qui le séjiare du peuple,
iiALZ. 6* dise, sur la cour. On ne montre pas sa gran-
deur pour être à une extrémité, mais bien en touchant
les deux à la fois, et remplissant tout l'entre-deux,
PASC. Pensées, t. i, p. 275, édil. Lahure. Il y a des
amusements de passion ou de vanité qui dissipent ut
qui mettent quelque entre-deux entre Dieu et nous,
FÉN. Leit. spir. 132. Les conséquences y [dans un
livre de Newton] naissent rapidement des principes,
et on est obligé de suppléer de soi-même tout i'eii-
tre-deux, fonten. Newton. Il fallait former un rang
intermédiaire [pour les princes légitimés] qui ne
blessftt pas las princes du san;; et qui les engageât
à les maintenir dans tous les temps, par l'intérêt de
se conserver un entre-deux entre eux et les pairs,
ST-siM. 20, 236. Mme la duchesse d'Orléans ne pou-
vait souffrir que ses enfants ne fussent que princes
du sang, et voulait imaginer un entre-deux, avec
an nom d'arrière-petit-fils de France, id. 227, 40.
Il 8* Entre-deux, loc. adv. Exprime un terme ou un
degré moyen. Ce mouton est-il dur? — Entre-deux.
Kait-il froid?— Enlre-deux. On voit des querelles en-
tre le clergé et la noblesse, et les rois enlre-deux,
«otlTESo. Espr. XXXI, 23. Il 4» Espèce de console
qu'on place entre deux fenêtres. || B" Petite bande
(10 dentelle ou de mousseline ou percale brodée,
servant à orner les divers objets de la toilette des
femmes désignés sousie nom de lingerie. 116° Terme
de fabrique. Endroit où les forces n'ont pas tondu
le drap d'assez près. || 7° Terme de marine. Entre-
deux des sabords, espace plein de la muraille in-
térieure qui est entre les deux sabords. || Entre deux
des lames, espace vide que laissent entre elles les
lames élevées par une grosse mer. || Absolument. La
distance entre le grand màt et le màt de misaine.
Il 8* Terme de pèche. Entre-deux d'une morue, la
partie entre la tète et la queue.
— HlST. xiif s. Engigneus est [il est rusé], mes
n'est pas fort. Se Ysengrin li fait effort, De l'enlre-
deus se set covrir, El bien lapir.... Hen. tibbi.
Il XIV s. [La chair] raemplit les concavités et les eii-
tredous des autres membres, h. de monueville, f" tu.
Il XV* s. Et si nous sommes à l'ahbaye, la ville est
nosire; car il n'y a point d'entre deux entre la ville
et l'abbaye, pboiss. i, i, t37. || xvi« s. La mer a
joinct des terres qui estoyent divisées, comblant de
sable les fosses d'entre-deux, mont, i, 23i. Le soleil
nous élance si dru ses rayons, que nous n'en pou-
vons appercevoir l'entre-deux, id. i, 27). M. l'ad-
mirai voulut lui-mesuies venir jusques là; la ri-
vière entredeux toutes fois, LANOi'E, 686. Il départit
ses gens par petites troupes, et leur enjoignit qu'ils
se jutlassent habilement es entredeux, amyot, P.
.«m. :i3. Les soudard.s se mutinèrent, de sorte
qu'ils furent eniredeux de les tuer sur le cham»
mais.... m. Sylla, t».
— F.TYM. Hnlre, et deux; picard, interdeux.
t ENTRE-DEVOIR (S') (aii-tre-de-voir). v. ri'/I.
r.!)",!,'' .'','P™''"*'°''""'"«''l""ho5el'un à l'autre.
Lu. .m f rencontre à mon âme ravie. De voirque
''"::! '"*"'*; ""'"-doivent la vie, cor,;, dit. m, t.
bJIL ^"'re, et dnoir.
Ke^*^"^VO"KR (S') (an-trenlé-vo-ré), r. r<'/l
«"■r. xvi'». bemre-devorer, tANous, 34ii
ENT
— ÊTVM. Entre, tt dévorer.
t ENTRE-DIFFAMKR (S") (an-tre-di-ffa-mé), v.
réfl. Se diffamer l'un l'autre.
— HIST. xvt* s. S'eiitrediffamer, cotgbavb.
— ETYM. Entre, et dijlamer.
t ESTBE-DIRE (S') (an-tro-di-r') , v. réfl. Dire
réciproquement quelque chose l'un à l'autre, llss'en-
tre-dirent leurs vérités. L'entretien de Daphnis au
troisième acte avec cet amant dédaigné a une affec-
tation assez dangereuse de ne dire que chacun un
vers à la fois ; cela sort tout à fait du vraisemblable,
puisque naturellement on ne peut être si mesuré en
ce qu'on s'eiitre-dit, conN. Suiv. Examen. Les fem-
mes S'cntre-dis lient en leurs menus devis.... la
KONT. rroq. Les rois des environs, alarmés, s'entre-
disent comme autrefois les rois de Chanaan : Ce
peuple va dévorer tousles peuples d'alentour, mass.
Or. fun. Dauphin.
— iilST. xvi' s. Ils s'entredirent chacun une cen-
taines de bonnes et fortes injures d'arrache-pied,
DESPER. Contes, LXV.
— f.TVM. Entre, et dire.
ENTRE-DONNER (S'} (an-tredo-né), v. réfl. Don-
ner réciproquement quelque chose l'un à l'autre.
Elles se sont eiitie-donné quelques petits objets. Les
objets qu'elles se sont entre-donnés. Deux ou tiois
cents soldats s'enlre-donnent courage, mairet, ilort
d'Asdr. V, 2. El ces yeux les ont rus s'eiiire-donner
parole, mol. le Dép, m, 40. Tous deux s'étaient
entre-donné la foi, la font. Gag. || Absolument. Se
frapper l'un l'autre. Les deux éperviers s'entre-don-
naienl du bec, vaugel. Q. C. 'iv. m, dans richelet.
— HIST. XI* s. [Ils] Se vont ferir, granz cops
s'entre-diinerent, Ch. de Rnl. ccLX. || xm" s. Ain-
sinc lorcuers [leurs ciimrs] ensemble joignent. Bien
s'entrament, bien s'entre-doignent, la Rose, 4604.
Il XVI* s. Par fervens messages des yeux, ils s'enlre-
dnniierent signes de leurs mutuelles volontés, des-
PEH. Contes, xviii,
— ETYM. Entre, et donner.
ENTRÉE (an-trée) , s. f. \\ 1° Action d'entrer. L'en-
trée des juges au tribunal. Faire son entrée. Par
un nouveau carnage il y (il son entrée [dans Rome),
coHN. Othon, IV, 2. Mon entrée en ces lieux ne le
surprendra plus, nue. Bajaz. i, i. Il faut attendre,
pour faire le compliment d'entrée, que les petits
chiens aient aboyé, la bruy. xili. || En parlant des
éclipses, l'entrée de la lune dans l'ombre, etc. || 2° Cé-
rémonie .solennelle avec laquelle un personnage
considérable entre ou est reçu dans une ville. 11 nous
semble que vous ayez fait votre entrée à Aix . sÉv. 23.
Us avaient fait ici une manière d'entrée à mon Hls,
ID. 57. On lui fit une entrée magnifique dans la ville
capitale, pebrault, Contes, 4a. Ce prince [Alexan-
dre] fit son entrée dans Uabyloiie, avec un éclat qui
surpassait tout ce que l'univers avait jamais vu, Boss.
Ili.it. m, 5. [Us] Sont prêts à vous conduire à la
porte sacrée D'où lus nouveaux sultans font leur
première entrée, bac. Bajai. Ii, 3. || Entrée se dit
aussi d'un vainqueur qui est reçu dans une ville
soumise. L'entrée de l'armée dans la capitale enne-
mie. Il Joyeuse entrée, inauguration des anciens sou-
verains de la Flandre. |{ 3° Terme de théâtre. Action
d'entrer enscène; moment d'y entrer. Cetacleur a
manqué son entrée. L'une.... Semblait faire l'entrée
en quelque tragédie, Régnier, Sal. xi. i| 4° Entrée de
ballet, ou, simplement, entrée, se disait autrefois des
intermèdes d'un ballet. Danser une entrée. Pendant
la répétition de ce bsilet, le comte de Guiclie était
très-souvent avec Madame, parce qu'il dansait dans
la même entrée, M"* de la Fayette, Uist. de H.
dWngl. Œuvres, t. ni, p. )07, dans pougens.
Il Fig. Faire une entrée de ballet dans une compa-
gnie, y entrer sans garder les convenances et faire
les civilités nécessaires. || Il se disait aussi des actes
d'un opéra-ballel, lorsque chaque acte était un sujet
détaché. Première entrée. Seconde entrée. || Au-
jourd'hui, divertissement exécuté par un certain
nombre de danseurs . dans un ballet, dans un opéra.
Une entrée de paysannes. || Terme de musique. Se
dit du moment où chaque partie commence à se
faire entendre. L'entrée des cors. || Kitournelle
qui, dans un mélodrame, annonce l'entrée en scène
d'un personnage. || 6° Droit d entrer sans payer dans
un spectacle. Cet auteur a son entrée ou ses entrées
& la Comédie-Française. Je m'avisai de présenter ma
petite comédie de Narcisse aux Italiens : elle y fut re-
çue, et j'eus les entrées, qui me firent grand plaisir,
J. 1. ROiiss. Confess. vu. Ce théâtre t)ont je me suis
fait nommer médecin honoraire pour avoir mes en-
trées, picard, Noce sans mariage, l, 7. || 6* Droit
de siéger. Le gouverneur de Paris avait entrée
au parlement. Avoir entrée au conseil d'Ëtau I
ENT
Il 7* Accès dans un lieu. Donne entrée 1 Placide et
souffreque.... cORH.Théod.u, 7. Hamiltonyavait la
entrées libres à toutes heures, hamilton, Gramm.
8. La vicomtesse n'a les entrées ici que parce que
vous supposez qu'elle aime encore mon neveu,
u"* de genlis, Théd. d'éduc. Tendr. matem. se. ».
Il Ancien terme de la cour. Privilège attaché à cer-
tains rangs et à certaines charges, d'entrer à cer-
taines heures dans la chambre du roi. Cette charge
donne toutes les entrées. On lui a donné les même»
entrées qu'à la dame d'honneur, sêv. 3a3. Ella a
prétendu avoir les entrées de dame d'honneur, lu.
396. Il Les grandes entrées, se disait des entrées qu'a-
vaient les gentilshommes de la chambre. Après le
coucher, le roi appela M. do la Trémouille, et lui
dit de donner ordre aux huissier» de laisser entrer
M. le duc du Maine comme les gentilshummes de la
chambre: c'est en qu'on appelle avoir les grande»
entrées, dangeau, Journal, i, 45, I9 août (684.
Titus, prince adoré de tout ce qui avait les grandes
entrées et qui montait dans les carrosses, p. l. cour.
I, 302. Il Les petites entrées, se disait des entrées
que donnaient les autres charges. Louis XIV avait
ses petits couchers, ses grandes, ses petites en-
trées, volt. Louis XIV, 9. Il Par métonymie. Celui
ou celle qui a ses entrées. Le P. leTellier, Mme de
Maintenon, et une douzaine d'entrées, maîtres ou
valets, y reçurent ou y suivirent le saint sacrement
[à la mort du roi), STsm. 405, 42. Le même [.sei-
gneur qui avait les entrées] lui donnait (au roi] sa
robe de chambre, et cependant les secondes entrées
ou brevets d'affaires entraient, id. 4(7, 5, |i 8° Ad-
mission. Depuis son entrée au collège, ctt élève a
fait beaucoup de progrès. L'entrée au séminaire.
L'examen d'entrée à une école. On a d t que i'iai- n
refusait l'entrée de son école à quiconque n'ét.ut
pas géomètre, mairan. Éloges, l'abbé de Uotièret.
On peut lui reprocher [au président Rose] ce|«'n-
dant d'avoir, par amitié pour Despréaux et Racim-.
retardé l'entrée de Fontenelle à l'Académie Imir-
ça'se. d'alemb. Éloges, Rose. || Ce qu'un payait •
entrant en charge; bienvenue. |l 9" Endroit par oi\
l'on entre, l'on pénètre. L'entrée de la maison. A
l'entrée de la ville. L'entrée est de ce cfité. L'entri c
d'un port, d'une rade. || Terme d'aichitecture. Ei.-
trée de chœur, décoration, façade qui sépare Jt
chœur d'une église du reste de la nef. || Les abord >.
11 s'arme de toute l'ardaur de son zèle, et défend
avec une vigilance incroyable les entrées de son din-
cèse,FLECH. Panég. il. p. 305. 11 laissa Jacqueiii.t
avec ses enfants à l'entrée du bois, m"* de genlis,
Veill. du chdt. t. Il, p. 457, dans polgens. || 10° ou-
verture de certaines choses. L'entrée de ce cliapeau ,
de cette chaussure, de cette manche est trop étroiie.
Il Ouverture par laquelle une clef entre dans la ser-
rure. Il 11° Fig. Il se dit de tout ce qui est comparé à
une action d'entrer, à un acheminement. [Les «rails
de la mort].... Ne font voir à leur clarté Que la fin d'un
triste esclavage Et l'entrée à la liberté, corn, liint.
1, 23. Ce serait leur fermer l'entrée de notre reli-
gion, p*âc. Prov. (8. Dieu a voulu se servir de l'en-
tremise des sens pour donner entrée à la foi, lu. ib.
.... Le Tellier, à qji la divine Providence fai.smi
faire ce léger apprentisisage des affaires d'État; il
ne fallait qu'en ouvrir l'entrée à un génie si peruini,
pour l'introduire bien avant dans les secrets de a
politique, uoss. le Tellier. Les dégoûts, les dépas
ne peuvent y avoir aucune entrée (aux Champs Éiy-
sées|, FÉN. Tél. xix. Solon donna entrée dans les
affaires publiques à tout le peuple, lo. Holon. ie
trouvai une petite tracasserie domestique que je ns
dédaignerai pas de mettre ici, comme l'entrée à des
choses plus considérables, st-sim. 5( , (Oi. || L'u'i-
trée dans le momie, la naissance. On la compte [ia
vie de l'homme] depuis la première entrée dan^ le
monde; pour moi, je ne voudrais la compter que
depuis la naissance de la raison, pasc. Amour,
Il L'entrée dans le monde, se dit aussi des persoiiiu'»
qui commencent à fréquenter la société. Je n ai ja-
mais vu une si souhaitable entrée dans le mon<ie,
SËV. 486. Il 12° Occasion, opportunité. Cette innota-
tion donnerait entrée à bisaucoup de désordres.
Donner entrée i un abus. Les entrées qu'elle nous
ouvre pour faire des amis, uoss. ii, Uonn. Il 13° Il
se dit du premier temps, des premiers moments
de quelque chose qui dure. L'entrée du mois.
t. l'entrée de l'hiver. L'entrée de son itontiticaC
Je revins secrètement chez moi à lentrëe de 14
nuit, LESAGE, Viable buit. cb. 13. jj Dès l'en-
trée de table , dès le commencement du repas.
Il 14* Début, commencement. Voyez Diana qui a
tant écrit; il a mis à l'entrée de ses livres la lista
des auteurs qu'il rapporte, pasc. Prov. 6. Que dé*
I
ENT
KNT
ENT
1433
les premiers vers l'action préparée, Sans peine du
sujet aplanisse l'entrée, iîoil. Art p. m. Ce que j'ai
touché liés l'entrée de ce discours, Boss. Bonté, l.
{I On dit dans le même sens, entrée en possession,
en jouissance. || Entrée en séance, action de com-
mencer une séance. |1 D'entrée, loc. adv. Tout d'a-
bord, dès le début. Madame arriva, à qui d'entrée
le roi dit qu'il comptait bien qu'elle ne voudrait pas
s'opposer à une affaire que Monsieur désirait, st-
iSiM. 2, 46. M. Fayou, d'entrée et faute d'expérience,
/pourra faire des fautes, il les corrigera bientôt à
force d'esprit et de réflexion, id. 232, 97. Et vrai-
ment il serait étrange qu'on se proposât, d'entrée,
de rembourser ce qu'on ne doit pas, au risque de ne
pouvoir pas alors rembourser ce qu'on doit, mirab.
Collect. t. IV, p. 56. N'est-il pas clair que désespérer,
d'entrée, de tout rétablissement fondé sur notre
seule ressource actuelle, c'est empêcher cette con-
fiance précieuse de se rétablir? m. t6. t. iv, p. 120.
Il D'entrée de jeu, dés le commencement du jeu. Il
se mit à jouer, et d'entrée de jeu il perdit presque
tout .son argent. Il Fig. D'entrée de jeu, d'abord.
D'entrée de jeu il fit voir son extravag.ince. || 15° Se
d'tde la permission d'entrer d.ins un pays, en par-
lant de marchandises, délivres, etc. Je vous dirai
conlîdemment que j'ai une joie très-vive de ce que
l'on n'a point permis en France l'entrée de mon Dic-
tionnaire, BAYLE, Lett. à }[***, ta mal («97.
Il Avoir l'entrée d'un port, avoir accompli les forma-
lités nécessaires pour y être admis. || 16° Terme de
douane. Droit qu'on paye pour les marchandises
qui entrent dans certaines villes ou certains pays.
Ces troupes étaient seulement commandées pour
faire payer les entrées aux portes de la ville, la
ROCHF.F. Wém. <oa. Ce qui entrait dans Rome sous
le nom des ambassadeurs ne payait jamais d'en-
trée, VOLT. Louis XIV, 14. Il 17° Terme de cuisine.
Mets qui se servent au commencement du repas.
On servit les entrées. Cet estomac était amoureux
du ragoût. De potages farcis et de fines en-
trées, la MOTTE, Fabl. III, ts. Il Fig. On dit qu'il
faut actuellement des entrées recherchées [ouvrages
littéraires] et des nouveautés dont on n'aurait pas
mangé autrefois, VOLT. Lett.d'Argental, 7 avr. 4777.
Il 18° Terme d'eaux et forêts. Bois d'entrée, ceux
qui commencent à donner quelques signes de dé-
périssement. Il 19° S. f. phtr. Terme de commerce.
Se dit des valeurs, des marchandises qui entrent.
Le livre des entrées.
— HIST. XI' s. Et Guineman jouste à un roi l'en-
trée [d'entrée, d'abord] , Ch. de Roi. ccxnx. || xii' s.
Le premier jour de mai, à l'entrée du mois, Sax.
zxxiii. Vint s'en al tabernacle; truvad le vesche
Heiy à l'entrée, qui asis iert [était]. Rois, p. 3. Dun-
kes de tote vertutfait à guarnirli entreie del cuer.
Job, p. 444. Il XIII' s. Sur les ieus [je] vous commant
que vidiez ma contrée, Si que jamais nul jour ne
rcvoiei l'entrée, audeproi le bast. Romane, p. 23.
Jà du raoustier [il] n'en avéra l'entrie, tb. p. 48. X
l'entrée de quaresmes, après ce que on prent cen-
dres, viLLEH. VI. Ensi gardèrent les entrées et les
issues dou castiel un an et trois mois, Chr.deRains,
p. t38. Ele i est jusqu'au ventre entrée. Et la fosse
a petite entrée, Refi.eei. Maint sunt qui d'entrer
ens se hestent, Qui tuit à l'entrée s'arrestent. Ne
n'ont pooir d'aler avant, la Rose, 6030. ||xiv' s.
Lieu qui a droitement regart et larges entrées au
cuer [au cœur], h. de mondeville, f" si. || xV s.
Houltse tint le parlement sur ce longuement; mais
enfin riens n'en fut fait; car le roy Henry vouloit
avoir trop grant entrée sur le royaume, fenin, )4i9.
Comme il se trouva grant et roy couronné, d'entrée
ne pensa qu'aux vengeances, comm. i, to. \\ xvi' s.
Le mariage est un marché qui n'a que l'entrée libre,
MONT. I, 209. Ils les exhortoyent de penser à eux et
ne s'obstiner pas à donner entrée à ceste misérable
guerre, langue, 668. 11 y eut un chantre phocien qui
chanta l'entrée du chorus de la tragœdie d'Electra,
laquelle se commence ainsi.... amyot, Lysandre,
S9. Pour entrée de table, je te donne ces petites
fricassées, des accords, Bigarr.î' 1 81 , dans lacurne.
— ÉTYM. Entrer i provenç. intrada; espagn. en-
Irada; ital. entrala.
t ENTRE-FÂCHER (S') (an-tre-fâ-ché), v. réfl. Se
fâcher mutuellement.
— HIST. xvi* s. S'entrefascher, cotgrave.
— ÉTYM. Entre, et fâcher.
t ENTRE-FAIRE (S') (an-tre-fê-r') , v. réfl. Se
faire l'un à l'autre. Et [les vents] l'un à l'autre
acharnés S'entre-font sur mer et sur terre En souf-
flant une rude guerre, scarr. Yirg. 1.
— ÉTYM. Entre, et faire.
ENTREFAITES (aa-tre-fè-f) , s. f. plur. Usité seu-
DICT. DE U I.ANtîTJE FBANÇAISS.
lement dans cette locution adverbiale : Sur ces en-
trefaites, c'est-à-dire dans cette circonstance, en ce
moment-là. Sur ces entrefaites il reçut des lettres
desesamis. Il Onditaussi :Dans ces entrefaites. Dans
ces entrefaites, la plus ancienne des deux femmes
de chambre qu'elle avait tomba malade d'une
fièvre aiguë qui l'emporta, Marivaux, Afarianne,
tO" part. Il On dit quelquefois au singulier : Dans ou
sur cette entrefaite, sur l'entrefaite. L'ennemi vint
sur l'entrefaite, la font. Fabl, vi, 8.
— HIST. XIII' s. Ensino sevra li pruzdom son fil
[son fils], et avintenlreces entrefetes que... Merlin,
b 68. Il xV s. En ces entrefaictes envoya le duc de
Bourgongne.... comm. m, 3. || xvi' s. Vous vous ver-
rez hors la subjection Des infernaux, et de leurs en-
trefaites, MAR0T, I, 255. Sur ces entrefaictes, les
Aquiliens, qui en ouirent le vent, s'en recoururent
incontinent à la maison, amyot, Puhl. 7.
— ÉTYM. Enirefait, participe passé d'entrefaire,
faire dans l'intervalle.
t ENTRE-FA VORISER (S') (an-tre fa-vo-ri-zé), V.
réfl. Se favoriser l'un l'autre.
— HIST. XVI' s. S'entre-favoriser, lanoue, 318.
— ÉTYM. Entre, et favoriser.
t ENTRE-FESSES (an-tre-fè-s"), s. m. Terme de
boucherie. Maniement impairou simple, particulier
à la vache, situé entre les fesses et immédiatement
en arrière du pis.
f ENTRE-FESSON (an-tre-fè-son), s. m. Inflamma-
tion érysipélateuse déterminée quelquefois, entre
les fesses et la région du périnée, parle frottement
continuel de ces parties pendant une longue mar-
che. Il Terme de vétérinaire. Excoriation qu'un che-
val gras se fait entre les fesses. || Au plur. Des entre-
fessons.
— HTST. XVI' s. Leperinseum, que Dalechamps
en sa Chirurgie françoise appelle l'entrefesson,
PARÉ, XIV, 46.
— ÉTYM. Entre , et fesse.
t ENTRE-FESTOlEMENT(an-tre-fè-sloî-man), s.
m. L'action de .s'entre-festoyer.
— HIST. XV s. Quand les deux parties s'encontre-
rent, la noblesse doubla pour les beaux entrefes-
toyemens, et aussy pour aller à l'espousaille du no-
ble conte, Perceforesl , t. m, f° <36.
f ENTRE-FESTOYER (S') (an-tre-fè-sto-ié; plu-
sieurs disent an-tre-fè-stoi-ié), v.\réfl. Se festoyer
réciproquement.
— HIST. XVI' s. De sorte que nous vivions en toute
seureté, et s'entrefestoyoit-on à tour de rôle et à
l'envi, CARLOix, ix, 9.
— ÉTYM. Entre, et festoyer.
t ENTRE-FEUILLE (an-tre-feu-ll', ZJ mouillées,
et non an-tre-feu-ye) , s. f. Terme rural. Intervalle
entre les feuilles d'un cep de vigne. || Terme de bo-
tanique. Feuille secondaire qui croît à l'aisselle des
feuilles primordiales. || Au plur. Des entre-feuilles.
— ÉTYM. Entre, et feuille.
t ENTRE-FIN, INE (an-tre-fin, fi-n'), adj. Terme
de commerce. Intermédiaire entre gros et fin.
— ÉTYM. Entre, et fin, adj.
t ENTRE-FLANQCER (S') (an-tre -flan-ké), V. réfl.
Se flanquer réciproquement, se couvrir par le flanc.
— HIST. XVI' s. En sorte que le péril est grand à
la cavallerie d'attaquer par tels endroits qui s'entre-
flanquent, langue, 3(9.
— ÉTYM. Entre, et flanquer.
t ENTRE-FLATTER (S') ( an-tre-fla-té) , v.réfl.
Se flatter réciproquement. La vie humaine n'est
qu'une illusion perpétuelle; on ne fait que s'entre-
tromper et s'entre-flatter, pasc. Pensées, part, i, art. 6.
— HIST. xvi* s. S'entreflatter, cotgravb.
— ÉTYM. Entre, et flatter.
f ENTRE-FOUETTER (S') ^an-tre-foi-té), v. réfl.
Se fouetter l'un l'autre, les uns et les autres.
— HIST. xvi' s. S'entrefouetter, cotgrave.
— ÉTYM. Entre, et fouetter.
ENTRE-FRAPPER (S') (an-tre-fra-pé) , v. réfl. Se
frapper l'un l'autre.
— HIST. XVI' s. S'entrefrapper, cotgrave.
— ÉTYM. Entre, et frapper.
tENTRE-FROISSER (S') (an-tre-froi-sé) , V. réfl. Se
froisser réciproquement. Que sera-ce quand il y en
aura tant de milliers ensemble, qui ne feront que
s'entre-froisser? vaug. Q. C. ix, 2, dans richelet.
— HIST. XVI' s. Comme deux cailloux s'entre-
froissent en rendant le feu caché dans leurs entrail-
les, YVEH, p. 688. Parmi les pommes est mise delà
paille pour les garder de s'entre-froisser, 0. de ser-
bes, 687.
— ÉTYM. Entre, et froisser.
t ENTRE-FROTTER (S') (an-tre-fro-té), v. réfl. Se
frotter réciproquement. Anaxagoras disait que le ton-
nerre venaitdu choc des nuées, elles éclairs, brsqua
les nuées ne faisaient que s'entre-frotter, rÉtf.Anax.
— HIST. XVI' s. S'enirefrolter, cotgrave.
— ÉTYM. Entre, et frotter.
t ENTRE-GARDER (S') (an-tre-gar-dé), V. réfl.
Se garder réciproquement. Par cela seul que touj
les citoyens se connaissent mutuellement ets'entre-
gardent.... j. i. rouss. Pologne, 5.
— HIST. XVI' s. Se fortune ne t'eust entregardé
[préservé], Triomphe des neuf preux, p. 206, dan»
lacurne.
— ÉTYM. Entre, et garder.
ENTREGËNT(an-tre-jan),s. m. Adresse à se con-
duire dans le monde, à se lier, à obtenir ce qu'on
dé.sire. Vous êtes honnête homme et savez l'entre-
gent, RÉGNIER, Sat. XI. Est-ce un crime en amour,
est-ce de l'entregent. De faire un peu passer de la
fausse monnaie Pour beaucoup de bon argent? ben-
serade, dans richelet. Le comte de Roucy avait,
avec toute sa bêtise, un entregent de cour que l'u-
sage du grand monde lui avait donné, st-sim. 39,
t99. Des sous-fermiers, ou d'obligeants, notaires,
Qui, dans les pressantes affaires. Ont un merveil-
leux entregent, Pour faire trouver de l'argent,
dancourt, Enf, de Paris, i, 7. Ayant vécu dans
deux des plus brillantes maisons de Paris, je n'avais
pas laissé, malgré mon peu d'entregent, d'y faire
quelques connaissances, j. i. rouss. Confcss. vin.
Dans votre position, il faut un certain entregent
dont, par malheur, vous êtes tout à fait dépourvu,
CH. de BERNARD, la Cinquantaine, § 4.
— REM. C'est une expression métaphorique em-
pruntée à la fauconnerie (voy. l'historique).
— HIST. XIV' s. Il vous convient continuer à la
tenir [le jeune faucon] souvent sur le poing et en-
tre gent tant et si longuement que vous pourrez,
ilénagier, n. 290. En cest endroit d'espreveterie,
le convient plus que devant tenir sur le poing et le
porter aux plais et entre les gens aux églises et es
autres assemblées, ib. p. 296. || xV s. Mais lui, qui
sait son entregent, se desarmoil [s'excusait, se dé-
chargeait] gracieusement de tout ce dont charger le
vouloient, LOUis xi, Nouv. lxiii. || xvi* s. Lascience
de l'entregent [les lois de la civilité], mont, i, 52.
11 y a plus de crevecœur que de consolation à pren-
dre congé de ses amis : j'oublie volontiers ce deb-
voir de nostre entregent, id.iv, ho. Il a meshuy
assez de façon et d'entregent pour se présenter en
toute bonne compagnie, id. iv, 337. Je veulx que
la bienséance esterieure, et l'entregent, et la dis-
position de la personne se façonne quant et quant
l'ame, id. i, (82. Il suivoit, par son entregent, les
tables des princes et seigneurs de la cour, pour es-
pargner, carloix, ix, 3. Eloquence en son parler,
foy en sa parole, bonne grâce en son entregens, et
amiable recueil à qui avoit à faire à luy, amyot,
Pomp. î. Vous sçavez mieux votre court; j'ay pensé
dire, comme nos docteurs, vostre entregenle; mais
il me sembleroit dire entre jambes, tant cela est
fat. Moyen de parvenir, 47, dans lacurne (L'au-
teur, comme on voit, blâmait le mot qui pourtant
est ancien et remonte au moins au xV siècle).
— ÉTYM. Entre, et gens; c'est-à-dire pour les fau-
cons l'habitude de vivre sans s'effrayer des gens, et
pour les hommes l'habileté, l'adresse à se conduire
entre les gens.
ENTR'ÉGORGER (S') ( an-tré-gor-jé ) , v. réfl.
Il 1° S'égorger les uns les autres. Alors, voyant que
leur entreprise ne pouvait réussir, ils la terminè-
rent par une fin tragique et sanglante, s'entr'égor-
geant tous les uns les autres, pour se dérober à la
honte du supplice, rollin, Hist. anc. Œuvr.t. viii,
p. 64, dans pougens. J'ai vu les citoyens.... S'en-
tr'égorger l'un l'autre au nom de la patrie, c. dela-
viGNE, Vêpres sicil. v, 2. j] 2° Par exagération. Se
combattre à outrance, se faire tout le mal qu'on
peut. D'Antin et Mme la duchesse se défiaient fort des
deux Lorrains, avec l'extérieur le plus intime, en
attendant qu'ils s'entr'égorgeassent pour la pos-
session de Monseigneur, st-sim. 238, 469.
— ÉTYM. Entre, et égorger.
t ENTRE-GOURMER (S) ( an-tre-gour-mé ) , v
réfl. Se gourmer réciproquement.
HIST. XVI' s. Quand on voyoit pages ou laquais
s'entre-gourmer, on disoit qu'ils se confessoient
comme les cordeliers de Metz, carloix, vi, 36.
— ÉTYM. Entre, et gourmer.
t ENTR'ÊGRATIGNER (S') (an-tré-gra-ti-gné), V.
réfl. S'égratigner l'un l'autre, ou égratigner sur soi-
même deux parties symét'iques l'une pat l'autre.
Ursule qui de ses ongles s'entr'égratignait les ma'ns,
CB. DE BERNARD, te Getitilh. campagn. § rv.
— ÉTYM. Entre, et égratigner.
I. — 18C
U34 ENT
tKimiFflBATrra (S-) (.n-tre-pa-Jé), o. r<f/l.
Se Rra.ter l'un l'autro. et flg. «e daller I un l'autre.
Voyez comme elles s'entre-grattent, niUTEROCHE,
Boura.de qualité, ", '•
— iiisr. x>T s. S'cntrcgralter, cotohavb.
... ETVM. Entre, et gratter.
f E.VTBE-CKEFFÉ, ÊE (an-tre-grè-fé, fée), adj.
Terme de bolanique. Se dit d'organes qui, d'abord
distincts, se sont soudés et confondus, de manière
à ne former qu'une seule masse. Fruits entre-greffes,
f ENTRE-GREFTER (S') (an-tre-gr6-fé) , V. réfl.
Être greffés les uns sur les autres. Les arbres s'on-
tre-greffent.
— ETYM. tntre, et greffer.
f ENTRE-GROXDER (S) (an-tre-gron-dé) , «. réfl.
Se gronder l'un l'autre.
— HIST. XVI' s. S'enlregronder, cotorAVE.
— ÉTYM. Erxtre, et gronder.
t EMTIE-GCERROYER (S') ( an-tre-ghè-rro-Ié ;
plusieurs disent an-tre-ghé-roi-ié), v. réfl. Faire la
guerre réciproquement l'un contre l'autre. Ils se
sont entre-guerroyé longtemps.
— IIIST. xm' s. Et se nousnous entreguerrions....
H. DE VALESC. XVIII. || XVI" S. Vcu que leurs maistres
s'entre-guerroient à toute outrance devers la fron-
tière de Valenciennes, cahloix, vi, 43.
— Rtym. Entre, et guerroyer.
t ENTRE-HAÏR (S") (anlre-ha-ir) , c. réfl. Se haïr
mutuellement. Elle porte nécessairement les hommes
à s'entrehaîr, j. J. nouss. Ort'g. not.
— HIST. XIII* s. Li quens Gauthier de St Pol et li
quens Renaus de Boulogne, qui trops'entre-haoient
d'armes, s'enlreprisent devant le roi , Chr. de Rains,
p. (42. F,t ne pourquant il [le mari et la femme]
s'entreheent tant que il ne veulent demorer ensem-
ble, DEAUM. LVii, t. Il XV* S. Par avant ilz se entre-
hayoient comme chiens et chas, Chr. du siège d'Or-
léans, Bibl. des Chartes, 2* série, t. ni, p. 609.
Il XVI* s. Ceux qui s'enlre-haîssent, se mordent,
reprennent et injurient l'un l'autre, tournent tout à
Tice et reproche, calv. Instit. 619.
— ÉTYJl. Entre, et hatr.
t ENTRE-IIANTER (S') (an-tre-han-té) , v. réfl.
Se hanter l'un l'autre.
— IIIST. xvi* s. S'entrehanter, lanode, 36).
— ÊTYJi. Entre, et hanter.
t ENTRE HAPPER (S') (an-tre-ha-ppé), v. réfl.
Se happer l'un l'autre.
— HIST. XV* s. Ainsi commença la mesiée des deux
lyons, et dura moult longuement, si s'entrehap-
perent aux ongles et aux dens, qu'iln'y eutnelluy qui
n'eusl plus de dix playes, Lancelot du lac, t. m, f° 2.
— Ctym. Entre, et happer.
t ENTRE-HARCELER (S) (an-tre-har-se-lé), v.
réfl. Se harceler mutuellement.
— HIST. xvr s. S'enlreharceler, cotgravb.
— Etym. Entre, et harceler.
tENTRE-HARPER (S') (en-tre-har-pé), v. réfl. Se
saisir, s'empoigner. Tous deux, aussi brutauxl'un
que l'autre, s'étaient entre-harpés et se battraient
peut-être encore, scarbon, 71om. com. ii, 6.
— ÊTYM. Entre, et l'ancien verbe harper, saisir
(voy. IIlHPON).
t ENTRE-IIEURTER (S') (an-tre-heur-té), ». réfl.
S» heurter mutuellement. De même qu'il n'appar-
tient qu'à des aveugles, qui ne voient pas le but où
Ils vont, de s'entre heurter dans un chemin, fonten.
Dial. des morts, Ép. à Lucien.
— HIST. XII* s. Li cheval s'entrehortent devant en
mi le pis [poitrail), flonct-v». (94. || xiii*s si dent
[ses dents] Ensembles! s'entrehurtoient. Que por un
poi ne s'esmioient, Lai du trot. || xvr s. Les armées
a'e.sbranlerent pour s'entreheurter, langue, 692.
— CTYM. Entre, et heurter.
t ENTREILLISSÉ , ÊE (an-trè-Ui-sé, sée, Il
mouillées), adj. Fait en forme de treillis ; qui res-
semble à un treillis.
— ÊTYM. En ( , et treillis.
t ENTRE-JOINDRE (S') (an-tre-join-dr'),t).r^/l. So
joindre réciproquement.
^ — HIST. XVI* s. Kstans les arbres plantés fort prés
l'un de l'autre, i la longue s'entrejoindront entière-
ment, O. DE SERBES, 744.
— ETYM. Entre, et joindre.
^ tENTRE-JOUER (S') (an-tre-jou-é) , v. réfl. Se
^uer, se tromper l'un l'autre.
— HIST. XV* s. S'entrejouer, rob. BSTiEHitB, Dict.
— ETYM. hntre, n jouer.
f«r S!!3?*^"''*^" (S')(an-treju-ré), r. r<'/I. Se ju-
_».«"^"*"^'" qu-'l'iue chose lun à l'autre.
laQTnMÉr.'îi'^'.'-/' ''«"'fcjurent et affient, Qu'à
laar poon^, enlraideront, Jo Hose, 463(7.
j — KTTM. Kntrt, et jur«r.
ENT
EITTRELACÉ, ÉE (an-tre-lasé, »ée), pari, paiti.
Joint comme par un lacs. Deux mains entrelacées,
r.es parties crochues étaient si parfaitement entre-
lacées, sÉv. 602. Nous étions épaule contre épaule,
pied contre pied, tous les nerfs tendus et les bras
entrelacés comme des serpents, chacun s'efforçant
d'enlever de terre son ennemi, fsw. Tél. v. || Fig.
Rimes artistement entrelacées, marmontbl, Élém.
de litt. vers.
ENTRELACEMENT (an-tre-!a-se-man) , s. m. Ac-
tion d'entrelacer ou de s'entrelacer; état de ce qui
est entrelacé. Entrelacement de chiffres, d'arabes-
ques, de branches. X la fin, le Thébain, par l'entre-
lacement de SCS jambes ettle ses bras, suspend tous
les mouvements de son adversaire qu'il tient sous
lui, le serre à la gorge, et le force à lever la main
pour marque de sa défaite, barthél. Anach. ch. 38.
Il Fig. Les vers irréguliers ont le même entrelacement
de rimes que les odes, fén. t. xxi, p. (88. Il y a
dans l'entrelacement des morceaux [de musique] un
art exquis, j. I. Rouss. Dict. de mus. au mot goût.
— HIST. xvi* s. Les rouages et entrelassements
des corps célestes, «ont. '279.
— ÊTYM. Entrelacer.
ENTRELACER (an-tre-Ia-sé. Le e prend une cé-
dille devant o ou o : nous entrelaçons, entrelaçant),
V. a. Il 1° Joindre comme par un lacs. Entrelacer
des guirlandes. Ils entrelacent leurs bras en dan-
sant. Il [Archidamus] fit couper des arbres sur la
montagne de Cythéron, et les entrelaça de fascines
pour soutenir la terrasse de part et d'autre, rollin,
Ilist. anc. Œuvres, t. m, p. 526. || 2» S'entrelacer,
1). réfl. Être disposé comme un lacs. Le lierre s'entre-
lace à cet arbre.
— SYN. ENTRELACER, ENLACER. Enlacer, c'est
prendre, envelopper dans un lacs; entrelacer, c'est
joindre par un lacs.
— IIIST. XIV* s. Un chancre [cancer] moult an-
cien et entrelacié de vaines et de ners, H. de mon-
DEViiLE, f" 04, verso. Il XV* s. [Philippe d'Artevelle
aux Gantois :] Souvienne vous de nos ennemis, et
chacun porte son baston tout droit devant lui; et
vous entrelacez de vos bras, par quoi on ne puisse
entrer dedans vous.... FROiss. n, Jl, (»5.
— ÉTYM. Entre, et lacer.
ENTRELACS (an-tre-19),s. m. || 1* Cordons entre-
lacés pour faire quelques nœuds. || 2° Terme d'ar-
chitecture. Ornements de fleurons et de listels liés
ensemble et croisés. 1| Entrelacs d'appui, autres orne-
ments de sculpture à jour, qui tiennent quelquefois
lieu de balustres et de rampes d'escalier. || 3" Terme
de peinture. Ornements de feuillages ou de vignes
qui se croisent dans un tableau. || 4° Terme de pas-
sementerie. Cordons ou filets propres à attacher des
rideaux, des ornements, etc. || 5° Terme de calli-
graphie. Traits de plume qui se lient et s'entrelacent
les uns dans les autres.
— HIST. XVI* s. N'estant possible, comment qu'on
manie ces coucons, d'en sortir toute la soie, à
cause de certains entrelas qui se rencontre es plo-
tons, 0. DE SERRES, 490. Los jetous des haies, agen-
cés par entortillemens et entrelas, les rendent de
belle représentation, ID. 743.
— ÉTYM. Entre, et lacs.
t ENTRE-LAISSER (S') (an-tre-lê-sé), v. réfl. Se
laisser réciproquement quelque chose. Ces deux per-
sonnages se sont entre-laissé leurs portraits.
— HIST. XVI* s. Hz se entrelaissoient tousjours au
départir l'un d'avec l'autre un aguillon de désir,
AMïOT, Lyc. 28.
— ÉTYM. Entre, et laisser.
ENTRELARDÉ, ÉE (an-tre-lar-dé , dée), part.
passé. Piqué de lard. Il Viande entrelardée, viande
mêlée de gras et de maigre. || Fig. Discours entre-
lardé de citations. || Style entrelardé, style mêlé île
français et d'une autre langue, surtout de latin :
Et si hune librum par aventure Reperiasen ton che-
min, Redde miliila couverture, Quae facta est en par-
chemin. Il On dit aussi style bigarré.
t ENTRELARDEMENT (antre-lar-de-man), î. m.
Terme de cuisine. Action d'entrelarder; état d'une
viande entrelardée.
ENTRELARDER (an-tre-lar-dé), v. a. || 1* Terme
de cuisine. Piquer de lard. Entrelarder un filet de
bœuf. Il t° Par extension, mêler certains ingrédients
dans un mets. Entrelarder un pâté de clous de gi-
rofle. Il 3" Fig. Entrelarder un discours de vers, de
citations latines, y insérer des vers, des passages
latins.
— HIST. XIII* 8. Leur disners entrelardés fu De
ce qui plus plaisant leur fu. Ce fu do baisiers sa-
voureus, Bl. et Jehan, 3660. || xv* s. S'il avoit eu
peu de pitié des tripes et de la langue de bœuf, en-
ENT
core en eut-il moins de ce beau bœuf entrelardé
LOUIS II, Nouv. Lxxxiii. Et puis se assirent en ordre à
tableentrelardez de damoiselles, Perceforest, 1. 1, f" S t .
— ÉTYM. Entre, et larder.
t ENTRE-LARGE (an-tre-lar-j') , adj. Terme de
commerce. Oui tient le milieu entre large et étroit.
— ÉTYM. Entre, et large.
f ENTRELASSCRE (an-tre-la-sur') , ». f. Entre-
lacement, complication de figures.
— HIST. XVI* s. Des danses à plusieurs entrelas-
seures, coupeures et diverses cadences très diffi-
ciles à apprendre, mont, n, (76. Plusieurs ramifi-
cations et entrelassures de petites vaines, artères et
filamens nerveux, paré, i, 32.
— ÊTYM. Entrelacer.
tENTRE-LlER (S') (an-tre-li-é), v. réfl. Se lier
l'un l'autre.
— HIST. XV* s. L'amour dont leurs cœurs estoient
entreliés et enlacés, locisxi, Nouv. xcvui. ||xvi* s.
On a de la difficulté à faucher le sain-foin, par estre
de lui-mesme fort espés et entrelié comme toison de
laine, o. de serres, 273.
— ÉTYM. Entre, et lier.
ENTRE-LIGNE (an-tre-li-gn'), t. m. || 1* L'espace
entre deux lignes d'écriture. Écrire dans l'entre-
ligne. Il En entre-ligne, dans l'espace qui est entre
deux lignes. 11 est défendu aux notaires d'écrire en
entre-ligne. || Terme de musique. Les espaces ou in-
tervalles qui sont entre les lignes de la portée. On
dit plutôt intervalle ou interligne. || 2° Ce qui est
écrit entre deux lignes. Un entre-ligne portait que....
Il Auplur. Des entre-lignes, parce que, bien qu'il
s'agisse non de lignes entre, mais d'espaces entre
les lignes, on peut dire qu'il s'agit de plusieurs li-
gnes, puisqu'il s'agit de plusieurs espaces. Le singu-
lier lui-même serait mieux écrit entre-lignes. Ce mot
est comme entre-côte ; le grand usage où il est l'a
fait prendre pour un mot unique.
— HIST. xiii* s. Encore pol estre lettre faussée en
autre manière, si comme quand il y a entrelignure,
LEAUM. X.XXV, (2. || XVI* S. Premier que de passer
outre, je vous prierai me permettre de faire icy
cette entreligne pour puis reprendre à mon point
le fil de cette gen»alogie, pasquhr, Recherches,
p. 385, dans LACURNE.
— ÉTYM. Entre, et ligne.
f ENTRE-LIRE (an-tre-li-r') , v. a. Lire imparfai-
tement, à demi. Je n'ai fait que l'entrelire, Beau-
marchais dans le Z^t'cl. de beschebelle.
— HIST. XVI* s. Entrelire [lire ensemble] , çxn-
GRAVE.
— ÉTYM. Entre, et lire.
I ENTRE-LORGNER (S') (an-tre-lor-gné), v. réfl.
Se lorgner l'un l'autre. Vois-tu ces deux qui s'entre-
lorgnent Et d'intention s'entr'éborgnent î scareon ,
Virg. VI.
— ÉTYM. Entre, et lorgner.
f ENTRE-LOL'ER (S') (an-tre-lou-é) , v. réfl. Se
louer l'un l'autre.
— HIST. XVI' s. S'entrelouer, cotgravb.
— ÊTYM. Entre, et louer.
ENTRE-LUIRE (an-tre-lui-r') , v. n. Luire à demi.
On voyait la lune entre-luire à travers le feuil-
lage.
— HIST. XVI* s. Il sembloit de veoir, assez loin
de la ville, entreluire des harnois à la réverbération
du soleil qui donnoit dessus, M. du bellat, s«4.
— ETYM. Entre, et luire.
t EN TRE-MAILLADE (an-tre-ma-lla-d', li mouil-
lées) , s. f. Terme de pêche. Filet pierre et flotté en
usage sur la Méditerranée.
ENTRE-MANGER (S') (an-tre-man-jé), v. réfl. Sa
manger les uns les autres.
— HIST. XVI* s. Les petits potentats sont bien aises
que les grands s'entre-mangent, langue, 395. Ayant
receu des assiégez le serment de l'attendre, se deus-
sent-ils enlremanger, d'aub. Ilist.ii, 3(2.
— ÊTYM. Entre, et monger.
t ENTRE-MANGERIE (an-tre-man-je-rie), t. f.
Hostilités par lesquelles des hommes de même
profession cherchent à se nuire réciproquement. Je
n'aime point les conflits, le.s cabales et les enlre-
manseries professorales qui régnent dans toutes nos
académies, bayle, Lett. à Jfinulofi, 8 mars (694.
— ÊTYM. Entre manger.
■f ENTR'EMBARRASSER (S") (an-tran-ba-ra-«é),
». réfl. S'embarrasser mutuellement.
— ÊTYM. Entre, et embarrasser.
t ENTR'EMHRASSER (S) (an-tran-bra-sé), e. rifl.
S'embraiiser l'un l'autre. Les épines s'entrelacent et
s'entr'embrassent dans les halliers, saci , BiUt,
Nahum, i, 40.
— HIST. XTT s. Aucuns s'entre-saluer, autres
ENT
'entr'einbrasser, langue, B8». Ils s' entrembrassent
avec protestation d'oubliertoutes choses, carl. u, t.
— ÉTYM. Entre, et embrasser.
f ENTRE-MÉKAIUE (S") (an-tre-mé-fê-r'),e. réfl.
Se faire réciproquement du malles uns aux autres.
— IIIST. XIV s. S'entremefTaire, Ordonn. des rois
dtFr. t. I, p. 67.
— ÉTYM. Entre, ni mé faire.
ENTREMÊLÉ, ÉE (an-tremê-lé, lée), part, passé.
Mêlé par-ci par-là. Des chênes entremêlés aux hê-
tres. X peine eut- il dit ces paroles entremêlées de
soupirs, FÉN. Tél. ïvii. Il y a eu un temps où la
conversat*in était soutenue par un discours entre-
mêlé de mots et d'actions, condillac, Conn. hum.
part. II, sect. ). Mon travail, entremêlé de lectures
intéres-santes, me laissait peu de moments d'ennui,
MABMONTEL, Xém. VI.
t ENTREMÊLEMENT (an-tre-mê-le-man), *. m.
Action d'entremêler; résultat de cette action.
HlST. XVI' s. Cest entremeslement qu'ils font
du beau avec le laid, et du bon avec le mauvais,
esblouil les yeux des simples, langue, bo3.
— ETYM. Entremêler! provenç. entremesclament ;
espagn. entremesclamiento.
ENTREMÊLER (an-tre-mê-lé) , V. a. || 1» Mêler
par-ci par-là, insérer par-ci par-là. Entremêler des
fleurs rouges à des fleurs blanches. || Fig. Entremê-
ler la retraite et la société. Entremêler des plaisante-
ries dans une discussion sérieuse. Le P. Dutertre
entremêle son récit de sentences de Sénèque, cha-
TEAiiBR. Génie, iv, iv, 7. || 2" S'entremêler, t). réfl.
Être entremêlé. Des nuances qui s'entremêlent. Le
mal est que dans l'an s'entremêlent des jours Qu'il
faut chômer; on nous ruine en fêtes, la font.
Fabl. VIII, 2. L'histoire générale et les mémoires
particuliers se communiquent et s'entremêlent toutes
les fois que l'intérêt public et l'intérêt privé ont
des rapports communs, maemontel, Élém. littér.
Œuvres, t. viii, p. 34t, dans pougens. || 3° S'en-
tremettre. X quoi bon s'entremêler ici?
— HIST. XIII* s. Puistraisent [tirèrent] les espées,
et s'entremellerent li uns es autres, et i ot grant
capleïs [tuerie], Chron. de Rains, p. 64. Si ot par
leus [lieux] entremeslées FoiUes de roses grans et
lées [larges], la Rose, 897. y xiv» s. Le plus jireu de
son corps que nul/, porroit trover. Et eureux de ce
dont se venlt entremêler, Guescl. t83(8. || xv s. Se
sont si avant entremeslées icelles choses d'un costé
et d'autre.... monstrel. ii, 89. || xvi" s. Il ne voulut
ne luy mesme prendre ceste charge, ny soufl'rir
que personne des siens s'en entremeslast, amïot,
Publ. 23. Ceste publique resjouissance estoit entre-
meslée de larmes, m. Alcib. 65. Sçais tu [las bien
qu'amour a de coustume D'eniremesler ses plaisirs
d'amertume? marot, i, 340. Que m'amuserai-je à
vous despeindre la mer toute en sang, entremeslée
de ciirps de toutes façons? d'aub. Ilist. ii, si. Cer-
tains imposteurs, qui s'entremeslent de traiter au-
cunes parties de la chirurgie, paré, Introd. 27.
— ÉTYM. Entre, et mêler; provenç. eniremesclar ;
espagn. entremeidar ; ital. intramischiare.
t ENTRE-MESCRER (S') (an-tre-me-zu-ré),r.r(f/I.
Se mesurer réciproquement. Je vois de tous côtés
des partis et des ligues; Chacun s'entre-mesure et
forme ses intrigues, corn. Pulch. i, I.
— ETYM. Entre, et mesurer.
ENTREMETS (an-tre-mè ; Ys se lie : des an-tre-
mè-z au sucre), s. m. \\ 1° Proprement tout ce qui
88 fait entre les mets, et, dans le moyen âge, di-
yertlssement qui se faisait dans un intervalle du
repas. Sur la fin du dîner commença le spectacle
ou entremets; on vit paraître un vaisseau avec ses
mâts, voiles et cordages, saint-foix, Ess. Paris,
Œuvres, t.iv, p. tac. || 2° Aujourd'hui, en termes de
cuisine, le second service, celui où paraît le rôti.
118° Particulièrement. Les entremets, ou, au singu-
lier dans le sens de plat d'entremets, les mets ser-
vis en même temps que le rôti et que l'on mange
après, pâtisseries, œufs, fritures, salades, etc. Il y
avait huit entremets. Le maréchal d'Humiêres fit
manger des ragoûts et des entremets, volt, tours
XIV, 8. Il L'instant de ce service. On était à'i'en-
tremels.Vers l'entremets, comme il [Monsieur] ver-
sait d'un Tin de liqueur à Mme de Bouillon, on s'a-
perçut qu'il balbutiait, st-simon, 93, 222. jj 4» Il
»'est dit longtemps au théâtre au sens d'intermède.
— HIST. xiu" s. Atant ez-vos un entremis De bo-
nes saucisses pevrées, barbazan. Fabliaux, t. iv,
p. 87. De tables plaines d'entremez, la Rose, <t75t.
Il xtv* s. Leschefroies, darioles, et l'entreraès, ilé-
uagier, ii, 4. L'entremets : lux [brochets] et car-
pes, ib. Il xv s. Grand plenté de mets et d'entre-
mets. FBOiss. I, I, »(. L'un et l'aultre prtserterent
ENT
La bataille pour entremais. Vigiles de Charlet VU,
1. 1, p. t23, ilansLAcuRNE. Il xvi's. Si m'a semblé que
c'est entremets de ce que nous avons escrit du tyran
Dionysius, ne ne seroit point impertinent ny hors de
propos d'estre inséré en ces vies, amïot, Titnol. 22.
— ÉTYM. Entre, et mets.
ENTREMETTECR, EUSE (an-tre-mè- teur, teû z'),
s. m. et (. Il 1° Celui, celle qui s'entremet. Il a été
l'entremetteur de cette affaire. Voici quelques arti-
cles qu'il a dictés lui-même à notre entremetteur,
pour vous être montrés, avant que de rien faire,
MOL. l'Avare, ii, t. Les péchés dontils sont les en-
tremetteurs, pasc. Prov. 6. Théodole vise également
à se faire des patrons et des créatures; il est média-
teur, confident, entremetteur; il veut gouverner,
LA BRUT. viii. Il est juste que celui qui en est l'in-
terprète ou l'entremelteur [des marques de la cha-
rité de J. C] la ressente avec abondance, fléch.
Pane'g. il, p. 396. Aurait-il fallu tant d'entremet-
teurs pour TOUS réconcilier? mass. Carême, Pardon.
Il 2° En un sens spécial et défavorable. Celui, celle
qui sert des intrigues de galanterie. Je conclus que
la marquise avait des inclinations bizarres, vu que
le bossu faisait le personnage d'entremetteur, le-
SAGE, GilBlas, IV, 8.
— HIST. XVI' s. Il effacea incontinent tous les au-
tres orateurs et entremetteurs du gouvernement,
AMYOT, Aie. 19. Ce prince vouloit que d'Aubignéfut
son entremetteur dans cette intrigue [amoureuse],
d'aub. Vie, xxxix. Aulcuns [dieux], moyens entre
la divine et l'humaine nature, médiateurs, entre-
metteurs de nous à Dieu, mont, u, 277.
— ÉTYM. Entremettre.
ENTREMETTRE (S') (an-tre-mé-tr'), v. réfl. Il
se conjugue comme mettre. S'employer dans une
affaire en faveur de tiers. Il s'entremit pour les ac-
corder, pour obtenir leur grâce. Ahlahl c'est toi,
Frosineî que viens-tu faire ici? — Ce que je fais
partout ailleurs : m'entremettre d'affaires, me ren-
dre serviable aux gens, mol. l'Àv. ii, 3. Car quand
l'amour d'un et d'autre côté 'Veut s'entremettre, et
prend part à l'affaire, la font. Rich. Nous nous en-
tremettons les uns pour les autres, boss. Asc. 2.
U voulut même s'entremettre pour le maintenir dans
sa dignité, flégh. Théodose, ii, 66.
— HIST. xii' s. Mais li honurez reis de France
Loewis Endementieres [pendant ce temps] s'est du-
rement entremis Que il fesist le rei e saint Thomas
amis, Th. le mart. <04. Saùl aveit osted de la terre
ces [ceux] ki s'entremeteient d'enchantement et de
sorcerie. Rois,]). (08. || xiii" s. D'avoir lor paiz moult
m'entremis, Et vosisse bien estre mis Avec Bel-acueil
en prison, laRose, (6165. Droit ot raison de moi
blasmer. Quant onques m'entremis d'amer; Trop
griés maus m'en convient sentir, ib. 4i62. Ainçois
Savoie tout de voir [vrai], Que de l'avoir [le boulon]
noient estoit, S'amorsnes'en entreraetoit, t'b. 2790.
Tout soit il ainsi que il n'ait pas en nous toutes les
grâces qui doivent estre en homme qui s'entremet
de baillie, beaum. (7. Aucuns d'eulz s'entremi-
strent d'apaisier le conte Perron audit conte
Tybaut, joiNV. 203. || xV s. De s'entremectre de
mes faiz. Je n'en requier nulles ne nuls, CH. d'orl.
Rond. 43. Il XVI' s. Qui s'entremet [agit comme pro-"
cureur] doit achever, et qui commence et ne par-
fait, sa peine pert, loysel, 37Ç. Numa ne vouloit
pas qu'ilz ouyssent rien du service divin, par ma-
nière d'acquit, en faisant autre chose, ainz qu'ilz
entremeissent [laissassent] toute autre besongne,
AMYOT, Numa, 24.
— ÉTYM. Entre, et mettre; proTenç. entremetre;
espagn. entremeter; ital. intrametlere.
ENTREMIS, ISE (an-tre-mi, mi-z'), part, passé
d'entremettre.
ENTREMISE (an-tre-mi-z') , s. f.\\l' Action de
celui qui s'entremet. U a obtenu cette place par
l'entremise d'un ami. Ils se maintiennent par le
commun besoin qu'on a de leur entremise, balz. 6*
dise, sur la cour. L'infante l'a mandée, et par son
entremise J'espère à vos souhaits la voir bientôt sou-
mise, rotr. Vencesl, i, < . Et toi, fameux héros,
dont la sage entremise De ce schisme naissant dé-
barrassa l'Église, BOIL. Lutrin, i. Qui croirait en
effet qu'une telle entreprise Du fiis d'Agamemnon
méritât l'entremise? rac. ^indr. i, 2. || Par exten-
sion. Je sais aussi que Dieu se sert de l'entremise
des causes secondes, balz. liv. vu, lett. 63. En cas
qu'il se servit de l'entremise des démons, pasc.
Prov. 8. Dieu a voulu se servir de l'entremise des
sens pour.... iD. Prov. t8. || 2'> Terme de mer. Nom
de certaines petites pièces de bois, qu'on place en-
tre deux autres, pour les renforcer et les affermir.
—HIST. xiu s. [les gemmes] Qui à blanc esmail sont
ENT
usa
assises De lius en lius [lieux] par entremise, FI. et
Dl. y. 120). Il XVI' s. C'estpar l'entremise de la cous-
tume que chascun est content, MONT, i, ti6. Si cette
fureur [amoureuse] tomboit en un courage géné-
reux, les entremises [moyens de plaire] estoient gé-
néreuses de mesme, id. i, 2ii. Incessamment il
s'opposoit aux entremises et négociations ou des
trêves ou de la paix, carloix, i, 8.
— ÉTYM. Entremis.
t ENTUE-MODILLON (an-tre-mo-di-Uon, K mouil-
lées), t. m. Terme d'architecture. Intervalle entre
deux modiUons. || Au plur. Des entre-modillons.
— ÉTYM. Entre, et modillon.
t ENTRE-MOQCER (S') (an-tre-mo-ké), V. rifl. Se
moquer l'un de l'autre.
— HIST. XVI' s. S'entremoc(|uer, cotoravk.
— ÉTYM. Entre, et moquer.
t ENFRE-MORDRE (S) (antre-mor-dr') , ti. rt/î.
Se mordre l'un l'autre. Tout leur camp était en dés-
ordre; On n'y faisait que s'entre-mordre, ssAHaoM,
Virg. II.
— HIST. XVI' s. S'entremordre, coigrave.
— ÉTYM. Entre, et mordre.
t ENTR'EMPÊCUER (S) ian-tran-pê-ché),«. réfl.
S'empêcher, se gêner mutuellement. Souvent les
attributs de la divinité s'entr' empêchent, uontesq.
Lett. pers. 69.
— HIST. xvi' s. Si nous voyons quel'ame contient
le ciel et la terre, sans qu'ils s'y entr'empeschent,
paré, xviii,h. Ils s'entre-heurtoient et s'entr'em-
peschoient les uns les autres pour leur grande mul-
titude, amyot, Thém.so.Ce sont deux occupations
qui s'entr'empeschent en leur vigueur, mont. iI, 4 6.
— ÉTYM. Entre, et empêcher.
t ENTR'ENCOURAGER (S') (an-tran-kou-ra-jé) ,
V. réfl. S'encourager i'un l'autre.
— HIST. XVI' s. S'entrencourager, coigbavB.
— ÉTYM. Entre, et encourager.
t ENTRE-NERF ou ENTRE-NERFS (an-tre-nêr) ,
s. m. Espace compris entre les nervures du dos d'un
livre. Un seul entre-nerf exige quelquefois 20 ou 30
coups de fers qui, chacun, tient, pour ainsi dire,
autant de temps à pousser qu'on en mettrait à pousser
les fers à dos, laine, la Reliure, p. 204.
— ÉTYM. Entre, et nerf.
t ENTR'ENLEVER (S') (an-tran-le-Té),e.r^/l. En-
lever réciproquement quelque cliose l'un à l'autre.
Pour tâcher de s'entr'enlever les profits de la jour-
née, iiAMiLT. Gramm. t).
— ÉTYM. Entre, elenlever.
ENTRE-NOEUD (an-tre-neu) , s. m. Terme de bo-
tanique. Espace compris entre deux noeuds de cer-
taines tiges. Il Portion de la tige comprise entre deux
paires ou deux séries de feuilles. || Au plur. Des
entre-nœuds (voyez entre-ligne).
— ÉTYM. Entre, et nœud.
t ENTRE-NOUER (S') (an-tre-nou-é) , v. réfl. Sa
nouer réciproquement.
— HIST. xvi' s Leurs tresses secouées X l'a-
bandon du vent erroient entrenouées, bons. 9H.
— ÉTYM. Hntre, et nouer.
t ENTR'ENTENDRE (S') (an-tran-tan-dr') , v. réfl.
Être d'intelligence l'un avec l'autre. Vous vous
entr'entendez comme larrons en foire, corn. Suite
du Menteur , m, 3.
— mST. XVI' s. Nous descouvrons bien évidem-
ment qu'entre elles [les bêtes] il y a une pleine et
entière communication et qu'elles s'entr'entendent,
MONT, n, 468. 11 y a des conditions qui s'entrecher-
chent, et, pourne s'entr'entendre, laissent les hom-
mes en extrême nécessité, id. i, 266.
— ÉTYM. Entre, et entendre.
ENTRE-NUIRE (S') (aii-tre-nui-r'), V. réfl. Se nuire
réciproquement l'un à l'autre. Elles se sont entre-
nul. Lorsque ces pensées sont en trop grand nom-
bre, elles s'entre-nuisent et s'étouffent mutuelle-
ment, comme il arrive à des arbres qui sont plantés
trop près les uns des autres, hollin. Traité des Et.
II, III, 3. C'est un grand spectacle de considérer les
hommes méditant en secret de s'entre-nuire, et for-
cés néanmoins de s'entr'aider, vauven. Max. cccxii.
HIST. xvi* s. L'ame contient le passé et le pre«
sent, sans qu'ils s'entre-nuisent, paré, xviii, 44.
— ÉTYM. Entre, et nuire.
t ENTR'ENVOYER (S') (an-tran-vo-ié ; plusieurs
disent an-tran-voi-ié), v. réfl. S'envoyer réciproque-
ment quelque chose l'un à l'autre.
— HIST. xvi' s. Ils s'entr'envoyerenl des ris l'un à
l'autre, akyot, Sylla, 72.
— ÉTYM. Entre, et envoyer.
t ENTRE-PARDONNER (S') (an-tr»-par-do-né),
tJ. réfl. Se pardonner réciproquement quelque cliose
l'un à l'autre.
1436 ËNT
— lUST IW ». Ko s'enlre-pardoiinanl les cour-
M bruriiments, meurtres et volerjes qu'ils avoient
• xtteéM le» un» contre le» autre», cabloix, i, e.
— rm«.ïn<r«, et pardonner.
tHrrBB-PABLEB (S') (an-tre-par-lé), t). réfl. Se
arler réciproquement l'un à l'autre. Ils se sont
nlre-parlé quelque temps.
— HisT. XVI' s. Toula ces convive» s'entre-parloient
A l'oreille, ïvkr, «20.
— ÉTYM. Entre, et parler.
ENTBEPAS (an-tre-pâ) , ( m. Terme de manège,
Synonyme peu usité d'amble. Ce cheval va l'en-
trepas.
— HIST. xvi* s. La poitrine [du cheval] devant
large, haute, et avancée en dehors, laquelle cause
grand en trépas et destourne l'entre-taiUeure, 0. de
SERRES, 300.
— ÈTYM. Entre, et pas. Entrepas signifie, dans
0. de Serres, l'intervalle entre les deux pas, entre
les deux jambes.
fENTRE-PAYER (S') (an-lre-pè- ié) , V. réft. Se
payer l'un l'autre. 11 a beau m'accabler de protes-
tations; Je démêle aisément toutes ses fictions; Il
ne me prête rien que je ne lui renvoie ; Nous nous en-
Ire-payonsdelamêmemoiinoie, CORN, la Yeuve,l, *.
— ÊTYM. Entre, elpayer.
ENTRE-PERCER (S') (an-tre-pèr-sé. Le c prend
une cédille devant a ou 0; s'entre-perçant), v. réfl.
Se percer l'un l'autre. Les deux combattants s'entre-
percèrent.
— ÊTYM. Entre, et percer.
t ENTRE-PERSÉCUTER (S') (an-tre-pèr-sé-ku-té),
V. r('/î. Se persécuter l'un l'autre.
— ÊTYM. En(re, et peri^cutcr.
t ENTREPIED (an-tre-pié), s. m. Partie d'une
raeulede moulin qui joint concentriquementla feuil-
lure. Il Au plur. Des entrepieds (voy. entre-ugne).
t ENTRE-PILASTRE (an-tre-pi-la-str'), s. m.
Terme d'architecture. Intervalle entre deux pilas-
tres. Pour ce qui touche les ornements des entre-pi-
lastres, il me semble qu'étant cannelés et riches
d'eux-mêmes [les pilastres], il se faut bien garder
(le gâter leur beauté par la confusion des ornements,
poussm, Leit. à Chanlelou, 21 sep. 1642. || Auplur.
Des entre-pilastres (voy. entru-ligne).
t ENTRE-PILLER (S') (an-tre-pi-Ué, Il mouillées),
r. rijl. Se piller l'un l'autre.
— nsT. xvi" s. Laissant le monde ici S'entre-pil-
1er, navrer et tuer sans merci, rons. 936.
— ÊTYM. £n(re, et piller.
tEKTRE-PLAIDER (S') (an-tre-plé-dé) , t). réfl. Se
faire réciproquement un procès l'un à l'autre. Deux
gens de bien, tels que Vire en produit, S'entre-plai-
daient sur la fausse cédule, j. b. ROL'ss.^p. m, 49.
— ÊTYM Entre, et plaider.
t ENTRE- PLANT (an-tre-plan) , s. m. Terme ru-
ral. Ceps plantés dans une vieille vigne, pour en
regarnir les vides.
— ÊTYM. Entre, et plant.
t ENTRE-POINTILLÉ, ÉE (an-tre-poin-ti-Ué, liée.
Il mouillées, et non an-lre-poin-ti-yé, yée), adj.
Terme de gravure. Tailles entre-poinlillées, tailles
entre lesquelles on met du pointillé.
ENTRE-PONT (an-tre-pon) , s. m. Terme de ma-
nne. Elage entre deux ponU dans un vaisseau. L'en-
tre-pont d'un navire de commerce. || L'étage infé-
rieur d'un grand navire. |{ L'espace compris entre
la batterie basse et celle qui est immédiatement au-
dessus. Il Faux entre-pont, se dit du second entre-pont.
WÀuplur. Dos enlre-ponis (voy. entbe-ucne).
— ÊTYM. Entre, et pont.
t ENTRE-PORTER (S) (an-tre-por-té) , ». réfl. Se
porter l'un à l'autre. Ils soufl'rent sans gémir les
coups qu'ils s'entre- portent, BnÊnEUF, Pharsale.iv.
— HlST. XVI" s. La fraternelle amitié que nous
nous estions entreportée, mont, iv, 3)9.
—ÊTYM. Entre, et porter.
ENTREPOSÉ, ÉE (an-tre-pô-zé, zée),part.patsé.
Mis en entrepôt. Des sucres entreposés
ENTREPOSER (an-tre-pô-2é) , v. a. Mettre des
marchandises en entrepôt.
— RRM. 11 y a des provinces où l'on donne à entre-
poser le sens de déposer : entreposer sa canne en-
treposer son ombrelle. Mais entreposer n'a aucun
•ulre sens que celui de déposer des marchandises
«ans un entrepôt.
roi« fil/"* •■ '■'''""'®' ^'°^'"«-' [«^Pliimères] et enlre-
P0f*es[mterm.ttentcs],CHn.DEPi5AN.aartefr,ii.t.
KTYM. Bniri, et poser.
U.^^S^*"-"«-'^-«"r). ». m. Celui qui
* ei a la \omc de certaines choses dont le
ENT
gouvernement a le monopôle. Un entreposeur des
tabacs.
— ÊTYM. Entreposer.
t ENTREPOSITAIRE (an-tre-pô-zi-tê-r") , s. m. et
f. Terme de commerce. Celui, celle qui a, ou qui
dépose des marchandises dans un entrepôt.
— ÊTYM. Entreposer.
ENTREPÔT (an-lre-pô ;le J nese lie pas; au pluriel,
l's se lie : des an-trepô-z-utiles) , 1. m. \\ 1° Lieu de
dépôt pour les marchandises, en attendant la vente,
ou l'expédition, ou l'acquittement des droits de
douane. Tenir un entrepôt. Marchandises en en-
trepôt. Aller à l'entrepôt. || 2° Versement réel ou fic-
tif dans des magasins publics des produits propres à
la consommation actuelle. L'entrepôt est réel, quand
le versement a lieu dans les magasins du gouver-
nement; il est fictif, quand le versement se fait dans
les magasins du commerçant, sous la condition de
représenter, à toute réquisition, aux agents du pou-
voir les produits entreposés, ou de payer l'impôt
de ceux qu'il ne peut pas représenter. Le but de
l'entrepôt est, pour le négociant, de retarder le
payement des droits de douane jusqu'à la vente de
ses marchandises; il paye ces droits à mesure que
ses marchandises sorlent de l'entrepôt réel ou fictif.
Il 8° Certains magasins où l'on vend pour Is compte
du gouvernement ou d'une compagnie. Entrepôt de
tabac, de sel. || Il se dit aussi des magasins pu-
blics où sont déposées les marchandises jusqu'à l'ac-
quittement des droits. L'entrepôt des vins, des
eaux-de-vie. ||4° Pays, villes d'entrepôt, pays, villes
où les raarchandises sont déposées jusqu'à ce qu'on
les dirige vers le lieu de leur consommation.
Selon son desseir [du czar], tout doit aboutir à
Pétersbourg, qui par sa situation serait un entre-
pôt du monde, fonten. Le czar Pierre. Cartha-
gène, magasin et entrepôt des richesses que l'Es-
pagne tire du Mexique, voLT.iouis XIV, te. Qu'on
réiléchisse sur la situation de la France : faite pour
être l'entrepôt du Nord et du Midi, pourrait-elle
craindre de manquer ou d'acheter cher? condillac,
Comm. gouv. 1, 29. Depuis longtemps les Anglais
désiraient une possession qui pût devenir un entre-
pôt où les marchandises, les denrées de la Chine et
des îles orientales seraient échangées contre les den-
rées, les marchandises de l'indostan et de l'Europe,
raynal, llist.phil. m, 27. || Commissionnaire d'en-
trepôt, facteur qui, dans les villes d'entrepôt, se
charge de recevoir les marchandises qui arrivent
pour ses commettants et de les leur faire parvenir.
|] h° Port libre ou place de commerce où des mar-
chandises étrangères qui ne peuvent entrer dans le
pays, sont déposées en magasin pourêtre réexportées.
— HIST. xvi' s. Depuis ce temps là [le temps de
Lucullus, qui rapporta le cerisier d'Asie], l'Italie
non seulement s'est trouvée fournie de ceriziers,
ains, par sonentre-pos, le reste de l'Europe, 0. de
SERRES, 682. Le grenier pour l'entre-pos des olives
sera à couvert, en lieu frais, sec....iD. 706.
— ÊTYM. Entreposer.
t ENTRE-POURSUIVRE (S') (an-tre-pour-sui-vr"),
e. réfl. Se poursuivre l'un l'autre.
— HIST. xvi* s. C'est chose déplorable de voir ceux
qui adorent un même Christ s'entre-poursuivre à feu
et à sang comme bestes sauvages, langue, 396.
— ÊTYM. Entre, et poursuivre.
ENTRE-POUSSER (S') (an-tre-pou-sé) , v. réfl.
\\ i° Se pous.ser quelque chose l'un à l'autre, La Im-
gère, le mercier, après qu'ils se sont entrepoussé
une boite qui est entre leurs boutiques, corn Gai
du Pal. IV, 13. Il 2° Se pousser l'uii.l'autre. X force dé
s entre-pousser. On pensa le roi renverser sgar-
RON, Yirg. II.
— HIST. XVI» s. S'entreheurtans les uns les autres
et s'entrepoulsans dedans la tranchée, en grand
desarroy, amyot, Pyrrhus, 63.
— ÊTYM. Entre, et pousser.
t ENTREPRENABLE (an-tre-pre-na-W) , adj. Qui
peut être entrepris. n j v^
— HIST. xiii- 8. Si nous doit estre souvenable. Et
à Jeux mams enlreprenable. Pour la grant joie per-
manable Gaaigner, qui n'est pas en terre, j. de meung,
— ÊTYM. Entreprendre. Cet adjectif est formé
comme prenable, imprenable.
ENTREPRENANT, ANTE (an-tre-pre-nan , nan-t') ,
oa;. Oui se porte activement à quelque entreprise.
Un homme actif et entreprenant. Si de votre parole
un manque surprenant U jette entre les bras d'un
homme entreprenant, corn. T. et Bérén. 11, 1. Les
?ô?r./ ""f"*"» ont un sentiment naturel de leurs
lorcesqui les rend entreprenants même sans qu'ils
ENT
s'en aperçoivent, fo.nten. Jlenau. La vieillesse et
les malheurs domestiques du roi l'avaient rendu
['lus faible, et madame la duchesse du Maine plus
entreprenante, m-'decaylls, Souvenirs, p. 248,
dans POUGENS, La trêve de I60» donna i cette en-
treprenante et heureuse république [la Hollande] la
temps de mûrir ses nouveaux projets, raynal, Jlitt.
phil. IX, 8. Il En mauvaise part, qui se laisse aller
!i des hardiesses excessives. Cet homme est bien en-
treprenant. Le roi entreprenant est odieux à tous le»
autres et sans cesse exposé à leurs ligues, fén. Tél.
V. Le prince était stupide et l'impératrice entrepre-
nante à l'excès, MONïEso. Espr. vi, 6. || Au mascu-
lin et pris absolument. Hardi auprès des femmes, en
fait d'amour et degalanterie.C'était un jeune homme
entreprenant et digne de l'attention d'une jolie
femme mal mariée, lesage. Diable boit. 9. Il de-
vient entreprenant sans désirs et fat par mauvaise
honte, J. 1. Houss. Emile, iv. Cette folie m'a tou-
jours rendu très-peu entreprenant près des femmes,
10. Confes. 1.
— HIST. xv« S. Hardis et entreprenans, froiss. i,
1, 160. De tout cerchier en ce temps m'elforçay,
Je fus hastis, cliaux et entreprenans, E. deschahps,
Err. de la jeunesse. l\xvi' s. Homme reposé, non
entreprenant, amyot, SoJon, 61.
ENTREPRENDRE ( an - tre - pran-dr' ) , j'entre-
prends, tu entreprends, il entreprend, nous entre-
prenons , vous entreprenez , ils entreprennent;
j'entreprenais; j'entrepris; j'entreprendrai ; j'entre-
prendrais; entreprends, qu'il entreprenne, entre-
prenons, entreprenez, qu'ils entreprennent; que
j'entreprenne, que nous enli éprenions; -que j'en-
treprisse, entreprenant; entrepris, v. a. || !• Se
mettre à faire une chose. Qu'on serait heureux de
pouvoir imiter Hérodote en la beauté du discours,
ou en la gravité des sentences, ou en la délicatesse
de la langue ionique, ou enfin en mille autres avan-
tages qui font tomber la plume des mains de tous
ceux qui le voudraient entreprendre I d'ablancoubt,
Lucien, Hérodote ou Âétion. Sur quelle confiance
a-t-il tant entrepris ? coHN.r/t^odore.iv, 6. Et ce sera
du moins à force ouverte Qu'un si vaillant guerrier
entreprendra ma perle, m. Œd. m, 4. Je hais ces
cœurs pusillanimes qui, pour trop prévoir les suites
des choses, n'osent rien entreprendre, mol. Scapiit,
III , I . Un homme [Cromwell] s'est rencontré d'une
profondeur d'esprit incroyable; hypocrite raffiné
autant qu'habile politique, capable de tout entre-
prendre et de tout cacher, boss. Berne d'Angleterre.
Il entreprenait les sujets qu'on croyait avoir épui-
sés, FLÉCH. Lam. Narcisse, encore un coup, je ne
puis l'entreprendre [le meurtre de Britannicus] ,
RAC. Brit. IV, 4. J'entrepris le bonheur de mille
malheureux; On vit de tous côtés mes bontés se ré-
pandre, ID. B^r^re. II, 2. Il Tout entreprendre, sa
porter aux dernières extrémités. En l'éiat où je
suis je puis tout entreprendre, rac. Bérén. v, e.
Il Entreprendre de, avec l'infinitif. C'est un dessein
très-dangereux Que d'entreprendre de te plaire, la
FONT. Fab. II, 1. N'entreprenez donc plus de faire
les maîtres, pasc. Prou. 16 J'approuve les soin»
du monarque guerrier Qui ne pouvait soufl'rir qu'un
artisan grossier Entreprit de tracer d'une main cri-
minelle Un portrait réservé pour le pinceau d'Apelle,
boil. Disc, au roi. Si les Socrate et les Platon n'a-
vaient pas été les docteurs du monde avant Jésus-
Christ, et n'eussent pas entrepris en vain de régler
les mœurs et de corriger les hommes par la force
seule de la raison, hass. Pet. car. Triomphe de la
rel. Il Absolument. Ce n'est pas tout d'entreprendre,
il faut exécuter. Et si sa liberté [de Rome] te faisait
entreprendre, corn. Ctmia, v, i. On entreprend
assez, mais aucun n'exécute, id. ib. 11, <. Ne diffé-
rons donc plus puisqu'il faut entreprendre, TH. corn.
Maxim, i, 3. Leur crime découvert le pressait
d'entreprendre, id. xb. iv, t. Des esprits turbulents y
trouvaient de nouveaux moyens de brouiller et d'en-
treprendre, BOSs.Hii». m, 7. La difficulté de réussir
ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre,
BEAUMAR. Barbier ,1,6. Mais c'est trop différer; il est
temps d'entreprendre, LEMERC.^ jam. v, 1. 1| 2" S'en-
gager à faire certains travaux ou certaines fourni-
tures à un prix et à des conditions déterminés. 11
aentreprisla fourniture des vivres. || 8* Entreprendre
quelqu'un, s'attaquer à lui, diriger une attaque
contre lui. Sur tout autre toujours votre art me per-
sécute; Vous m'entreprenez seul ; seul je vous suis
en butte, roth. Àntig. v, 6. Vous ne pûtes plus les
accuser d'aucune erreur contre la foi, et vous fûtes
réduits à les entreprendre sur des questions de fait,
PASC. Prov. \l. C'est ce qu'a éprouvé depuis peu
le P. Quiroga, capucin allemand, lorsqu'il vculuj
mi
ENT
ENT
</i37
s'y opposer, car votre père DiscatiUas l'entreprit m-
contrncnt, et il parla de cette dispute en ces termes. ...
PAsc. Prov. 4 6. On entreprenait méchamment l'É-
criture sur le grand nombre des étoiles, ic.Pens. div.
3*. Alexandre voulut s'affermir avant que d'entre-
prendre son rival, boss. Uist. i, 8. Vous conservez
la vie et laissez la clarté.... X qui vous entreprend et
vous veut détrôner, rotb. Si Genest, m, 3. Si,
'evêtu de l'autorité de Dieu , j'entreprenais actuelle-
ment certains de mes auditeurs, réputés gens d'hon-
neur et passant pour tels, mais dans le fond hom-
mes corrompus, bourdal. Carême, t. i, p. 266. Le
repas fini, le sergent la Place posta son embuscade,
et le chevalier de Grammont entreprit son homme
[l'attaqua au jeu], hamilton, Gramm. 3. || Tâcher
de gagner quelqu'un. Attale à ce dessein entreprend
sa laaitresse, corn. Nicom. i, 6. Il avait mis à mal
toutes les femmes qu'il avait entreprises, bl'Ssy,
Ilist. amour, des Gaules, dans godefroy, Lexique
de Corneille. Sans perdre temps à m'entreprendre,
Si vous avez des douceurs à conter. Ma compagne
est toujours en humeur de causer, th. corn. Circé,
V, 3. Vous n'avez point la mine de vous rendre
pour une élégie, et je crois que ce serait étrange-
ment commettre les muses que d'entreprendre un
cœur comme le vôtre, sans aucun autre appui que
celui qu'elles peuvent donner, sénecé, Lett. â M***.
Il Commencer à s'occuper d'une personne pour la
former, l'instruire. Je vous prie d'entreprendre la
fille de notre paysanne pour la bien instruire,
H""* DE MAiNTENON, Lett. SUT l'éduc. à Mme Brinon,
dcns GODEFROY, Lex. de Corneille. || 4° Rendre per-
clus. Un rhumatisme lui entreprend toute la jambe.
Il est constant que le cerveau est attaqué dans les
maladies où le corps est entrepris, boss. Connaiss.
u, 6. Dame goutte entreprend et les pieds et les
mains, lamotte, Fabl. ui, <8. || 8° V. n. Entre-
prendre sur, faire des attaques, des empiétements.
Le choix que vous m'offrez n'appartient qu'à la
reine ; J'entreprendrais sur elle, à l'accepter de
TOUS, CORN. Ilodog. III, 4. Votre haine tremblante
est un mauvais appui X quiconque pour vous entre-
prendrait sur lui, iD. Penh, n, t. Sur son autorité
c'est beaucoup entreprendre, m. Thénd. v, 6. Ce
serait à vos yeux faire la souveraine. Entreprendre
sur VOUS....ID. JVi'com. III, (. Es-tu né pour ma fille?
— Hélas! non; car le vent Me fie nuage] chasse à
son plaisir de contrée en contrée; Je n'entrepren-
drai point sur les droits de Borée, la font. Fabl.
IX, 7. Mère affligée , l'Eglise a souvent à se plaindre
de ses enfants qui l'oppriment; on ne cesse d'entre-
prendre sur ses droits sacrés, boss. le Tellier.
Pour avoir osé entreprendre sur l'office sacerdotal,
ID. Hist. 1, 6. Les Romains entrèrent en jalousie
contre les Carthaginois trop puissants dans leur
voisinage par les conquêtes qu'ils faisaient dans la
Sicile , d'où ils venaient d'entreprendre sur eux
et sur l'Italie en secourant les Tarentins, id. ib. i,
8. Ses quatre enfants partagèrent le royaume et ne
cessèrent d'entreprendre les uns sur les autres, id.
ib. 1, <<. lly avait quelques dispositions pour entre-
prendre contre cette ville, pellisson, Lett. histor.
H août 4 874. Son règne [de Jacques II] aurait été
aussi heureux, selon les apparences, que celui de
son frère, si, à la persuasion de sa femme, et vou-
lant suivre l'exemple et peut-être les conseils de
notre roi, il n'avait entrepris contre la religion de
son pays et contre les privilèges de son parlement,
LA FABE, ifém. ch. 9. C'est entreprendre sur la clé-
mence de Dieu, de punir sans nécessité, vauvem.
Max. CLXV. Il Activement (ce qui est peu usité et en-
core avec certains régimes indéterminés, comme
quoi, rien, etc.). Mais quoi que sur mes vœux mon
frère ose entreprendre, eotr. Vencesl. ii, 6. Ne rien
entreprendre sur des péchés qui sont réservés
i. des tribunaux sunérieurs, flécu. Serm. ii, 258.
Il 6» En un sens plus restreint, entreprendre contre
quelqu'un, entreprendre contre sa vie, sur sa vie,
chercher à le faire périr. Et lorsque contre vous
il m'a fait entreprendre, La nature en secret au-
rait dû m'en défendre, corn. Héracl. iv, 4. Elle
lui pardonne son crime, le livrant à la honte d'avoir
«ntrepris sur la vie d'une princesse si généreuse,
BOSS. Betne d'Anglet. Et puisque sur ma vie il vous
plaît d'entreprendre, quinault, Jforl deCi/nw, iv,
6. On ne peut sur ses jours sans moi rien entre-
prendre, BAC Bajax. m, 8. Dès qu'il entreprend
ïur la vie des autres, la sienne n'a plus un quart
d'heure d'assuré, fén. Dial. des morts mod. Char-
les VU et le duc de Bourgogne. Ennemi, sur tes
(ours j'étais prêt d'entreprendre ; Ami, je donnerais
les miens pour te défendre, ducis, Bomio, iv, 2.
Il Entreprendre sur la liberté de quelqu'un, essayer
da lui ôter la liOerté. {{ 7° S'entreprendre, v. réfl.
Être entrepris. Cette expédition s'entreprit sous de
mauvais auspices. || S'attaquer réciproquement. Ces
deux hommes s'entreprirent avec beaucoup d'ai-
greur. Il 8" Devenir malade. L'état du malade a em-
piré, la tête s'entreprend.
— REM. Entreprendre une carrière, tenter l'exé-
cution de quelque chose : Vous n'entrepreniez point
une injuste carrière, rac. Baj. ii, 4. Racine le fils
remarque que cette locution est peu ordinaire; cela
est vrai , et on peut ajouter qu'elle ne paraît pas
très-juste.
— HlST. ïii* s. Li cens [le comte] Rolant estoit
moût entrepris X Roncevaul entre ses anemis, Rone.
p. 103. Liement [gaiement] ont entrepris Ce qui
tant m'aura grevé Mi fol œil volonteïs, Coud, xii.
Car nessuns homs, puisqu'amors l'a saisi. Ne de-
vroit ja si griel faix entreprendre , ib. xxiv. Rien
[ils] feront le message, se cliascuns l'entreprant,
Sax. xxi. Puis lui dites cornent Guiteclins de Sas-
sogne envers nous entreprant, ib. xxi. Guiteclins de
Sassogne a la guerre entreprise, t'b. xxin. Altrement
en ert [sera] hum envers Deu entrepris [compro-
mis]. Th. lemarl. 27.11x111' s. Vieille, ce distli rois,
à honnir t'entreprist Qui ceste traïson t'enseigna et
t'aprist, Berte, xci. Or s'en va Blancheflors dolente
et entreprise [troublée], t'b. c. Si avint que li quens
Gauthiers de St Pol et li quens Renaus de Boulogne,
qui trop s'entrehaoient d'armes, s'entreprisent de-
vant le roi, Chr. de R. p. 4 42. Lors s'entrepristrent
par les meins Le père et les frères germains, Ren.
22734. Renart se voit moult entrepris. De totes parz
liez et pris, ib. (4 4(7. Sans demorance et sans ar-
restXla karole [danse] me sui pris. Si n'en fui pas
trop entrepris [embarrassé], la Rose, 800. Tel famé ai
prise, Que nus [nul] fors moi n'aime ne prise; Et s'es-
toit povre et entreprise Quant je la pris, buteb. vi.
Nulz n'en pooit faire la pez [paix] , car ils s'esloient
entrepris par les cheveux, joinv. 244. || xiv" s. Sei-
gneur, dit li Anglois, dam Piètres soit maudis I
Car par lui sui ainsi de mon bras entrepris [il avait
le bras cassé], Guescl, 4 0236. ||xv°s. Le doux main-
tien, le parfait sens, la grand noblesse, la grâce et
la fine beauté que j'ai trouvée en vous m'ont si sur-
pris et entrepris, qu'il convient [il faut] que je sois
de vous aimé, fboiss. i, i, 460. Une vieille toute
desarroyée, le regard bas, la voix entreprise, et la
lèvre pesant, alain chart. l'Espérance ou consol.
des trois vertus. Et fut entreprinse une journée et
lieu où ledit connestable se devoit trouver pour povoir
parler au roy en bonne seurté, comm.iii.H. || xvi's.
J'entroprendrois voler jusqu'à la lune, marot, m, 39.
Tuas entreprinsde me tuer, mont.i, 4 29. Quelle hé-
résie n'y [dans la philosophie] a trouvé de fondements
assez pour entreprendre et se maintenir? m. ii,
352. Or, entreprenant à former la vie de l'homme
chrestien, je n'ignore pas que je n'entre en une
matière ample et diverse, calv. Instit. 634. II meist
en teste à Agesilaus qu'il entrepnst ce voyage de
passer en Asie, amyot, Agés. 7. Ceulx qui veulent
entreprendre sur mon authorité, et estre plus grands
que moy, id. ib. 40. Ils l'entreprirent six lieues du-
rant sur ce sujet, lui alléguant que.... d'aub. Vie,
XLii. Puis le connestable entreprit Mariembourg et
l'eut par composition, iD. Hist, i, 24. J'espère les
rencontrer [les ennemis], et, si l'occasion s'offre
d'entreprendre sur eulx, ne la laisseray passer,
HENRI IV, Lettres missives, t. iv, p. 4 77.
— ÊTïM. Entre, et prendre; bourg, entreprarre ;
provenç. entreprendre; espag. interpretider ; ital.
intraprendere. L'ancienne langue disait souvent
emprendre.
ENTREPRENEUR, ECSE (an-tre-pre-neur, neû-
z') , s. m. et /■. Il 1° Celui , celle qui entreprend quelque
chose. Le projet échoua, et les entrepreneurs furent
obligés d'y renoncer. Cette entreprise fera beaucoup
d'honneur à l'entrepreneur, à l'Académie et à la na-
tion, d'alemb. Lett. à Voltaire, 9 juillet 4764. Ce
cousin entreprend de changer une femme ! ... Et quel
est donc ce sot entrepreneur? la font, le Florentin,
3. Il 2° Celui, celle qui entreprend d'exécuter certains
travaux, de faire certaines fournitures, qui prend
une entreprise. Un entrepreneur de bâtiments. Un
entrepreneur de vivres. Un entrepreneur pour la con-
fection. Veut-on établir une manufacture? un homme
riche ou une compagnie fournit les fonds, un entre-
preneur la conduit et des ouvriers travaillent sous sa
direction, conwl. Comm. gouv. part, i, ch. 42.
Il Celui, celle qui se livre & certaines exploitations
Entrepreneur de diligences. |{ Terme d'économie po-
litique. Entrepreneur d'industrie , ou , simplement,
entrepreneur, celui qui cré; im produit pour son
compte. C'est l'ajrculteur, le manufacturier, la
commerçant, ou, pour les désigner par une déno-
mination commune à tous les trois, c'est l'entrepre-
neur d'industrie, celui qui entreprend de créer pour
son compte, à son profit et à ses risques, un pro-
duit quelconque, J. b. say, Traité, 4844 , p. 7l>. || Ce-
lui qui dirige pour son compte une exploitation
industrielle et qui emploie les ouvriers. Les entre-
preneurs exercent toujours un monopole à l'égard
des ouvriers, j. b. say. Cours, 4840, t. n, p. 43.
Il Adj. Maître entrepreneur. |l 3" Absolument. Un
entrepreneur, un constructeur de bâtiments.
— HIST. XV* s. Durs aux maulvais et fiers aux
ennemys, Ardans d'honneur, et baulx entrepie-
neurs, al. chart. Exil. Alors Saintré, qui jà estoit
en point comme commenceur et entrepreneur de
l'emprinse, monta à cheval, Jehan de Saintré, ch.
33. Et pour trouver moyen meilleur, Faignant que
point on ne se joue, U viendroit un entrepreneur
[compère] Qui lui bailleroit sur la joue, villon, fle-
puts franches, Comment ils eurent du rost. Mais les
entrepreneurs dessus ditz [les conjurés] se trouvè-
rent mal suyviz, comm. vi, 6, || xvi* s. Les vases que
souloient ordinairement offrir les entrepreneurs qui
avoient remporté le prix es jeux dont ilz avoient fait
les frais, amyot, Arist. 4. Il ne put jamais les dé-
terminer à dresser une embuscade ausdits entre-
preneurs [assaillants], d'aub. Vie, lxiv.
— ÉTYM. Entreprendre, par le part, entreprenant.
t ENTRE-PRESSER (S') (antre-prè-sé), v. refl.
Se presser l'un l'autre. Tant qu'à passer s'entre-pres-
sant chacune, la font. l'Abb. mal.
— HIST. XVI* s. Outre les branches mortes et fles-
tries, l'on leur en estera des vives tout ce qui s'en-
trepressera et excédera la convenable hauteur de
l'arbre, o. de serres, 744.
— ÈTYM. Entre, et presser.
t ENTRE-PRÊTER (S') (an-tre-prê-té) , v. réfl. Se
prêter réciproquement quelque chose l'un à l'autre.
Il faut s'entre-prêterdes yeux à se conduire; Il faut
s'entre-donner une aide à se guérir, corn. Imit. i,
4 6. Et le trio de louves surannées Qui, tour à tour
à me mordre acharnées. Dans leur fureur semblent
s'entre-prêter L'unique dent qui leur a pu rester,
J. b. rouss. Épit. I, 3.
— ÉTYM. Entre, et prêter.
ENTREPRIS, ISE (an-tre-pri, priz'), part, passé
d'entreprendre. || 1° Qu'on a commencé à faife. La
conquête de la Perse entreprise par Alexandre. || 2' At-
taqué, pris à partie. Entrepris par un vigoureux ad-
versaire. Il 3° Malade de, perclus. Entreprisd'un tor-
ticolis. Ils demeuraient comme entrepris de leurs
membres, et l'ennemi survenant ne les réveillait
qu'en leur faisant de nouvelles blessures, vaugel.
Q. C. 275. Outre que la goutte l'avait pris violem-
ment, un rhumatisme le tenait entrepris de tous
ses membres, lesage, Gil Blas, i, to.\\ Par exten-
sion. Il en a de si pressantes [inquiétudes] au sujet
d'une colonie moderne et de la famine qui est dans
son pays que sa pauvre petite âme en est toute en-
treprise, VOLT. Lett. Thibouville, 40 déc. 4770. || Fig.
et familièrement, se dit d'un homme embarrassé
de sa contenance.
ENTREPRISE (an-tre-pri-z') , s. f. \\ 1° Dessein
formé qu'on met à exécution. Échouer dans une en-
treprise. Esprit d'entreprise. Quand les places sont
prises. Il n'est plus temps d'avoir recours aux en-
treprises, RÉGNIER, Élég. I. Jamais contre un tyran
entreprise conçue... corn. Cinna, i, 3. Mon entre-
prise est sûre et sa perte infaillible, id. Nicom.l, B.
Allons, déesse, allons; et sûrs de l'entreprise, Re-
portons à Médée une âme plus soumise, id. roi».
d'or, IV, 6. Je me plais à tenter des entreprises ha-
sardeuses, MOL. Scap. m, I. Le lion dans sa tête
avait une entreprise, la font. Fabl. v, 4 9. Qui pré-
voyait de plus loin et qui donnait des moyens plus
sûrs pour éviter les inconvénients dont les grandes
entreprises sont environnées? boss. le Tellier. L'en-
treprise, madame, est étrange et soudaine, bac.
Brit. III, 8. Quelle entreprise ici pourrait être for-
mée? id. Iphig. II, 7. Il Se dit dans un sens analo-
gue d'opérations militaires. Rome fit tous les jours
de plus grandes entreprises, BOSS. Hist. m, 6. Les
Étoliens avaient fait quelques entreprises contre
PhiUpiie, qui leur avaient assez réussi, bolun,
Hist. anc. Œuvres, t. vni. p. 446, dans pougens.
Il semble que les grandes entreprises soient, parmi
nous, plus difficiles à mener que chez les anciens;
on ne peut guère Its cacher, montesq. Rom. ch.
24. Nous tromper dans nos entreprises. C'est à quoi
nous sommes sujets; Le matin je fais des projets,
Et le long du jour des sottises, volt. Quett. lur
VEnrycl. conf en soi-même. || Entreprise industrielle.
i
14^38
ENT
opération de l'industrie. || «* Conditions détermi-
née» pour l'oxécuiion de cert.nins travaux, pour une
fourniture. Les travaux publics se donnent à 1 en-
trennse II Rlablissement industriel ou commercial.
Entreprise générale de roulage, de messageries.
Il Opération de commerce. Ils faisaient en société
]«a entreprises qu'il» ne pouvaient faire seuls, PÉN.
Tél. XII. l'ouf sauver le» pensions, il fallut enfin
qu'on fit une entreprise de libraire, mabmontel,
Mém. VI. Il 3° Empiétement. Une entreprisfl sur la
prérogative royale. Quand ils se seront ainsi ren-
dus maîtres de l'esprit de» peuples, ce sera en vain
que les parlement» s'opposeront aux entreprises de
Rome sur la puissance temporelle de nos rois,
PASC. jPro». «9. Malgré la justice qu'il y avait dans
ces remontrances, le peuple décerna le triomphe
aux consuls; nouvelle entreprise des tribuns sur
l'autorité du sénat, vertot, Bévol. rom. vi, 88.
Il Tentative contre, attaque. C'est la premiijre entre-
prise que fit Tibfcre sur le bien d'autrui, picbhot,
Tacite, 206. Baasa, fils d'Ahias, fit une entreprise
secrète contre sa personne, saci. Bible, Rois, iii,
XV, 27. Il 4» Par extension, tentative faite sur une
femme. Vous exposant à des regards, que dis-je à
des regards? peut-être aux entreprises d'un per-
fide qui vous aura souillée, montesq. Lett. pers.
20. Il 6° Terme de fauconnerie. Oiseau de grande
entreprise, celui qui attaque hardiment le gibier.
— msT. xvi' s. Rois sans honneur, sans cieur,
sans Entreprise, Dont la vertu sera la paillardise,
noNS. 652. Il n'est entreprinse que d'homme hardi,
LE ROUX DE LINCY, PrOl'. t. II, p. 3)4.
— ÉTYM. Entrepris. L'ancienne langue disait sou-
vent emprise.
i ENTRE-PRODOTRE (S') (an-tre-pro-dui-r'), v.
réjl. Se produire mutuellement. Ces deux rares ver-
tus lui étaient si naturelles [à Auguste], qu'il sem-
ble qu'en cette histoire [Cinna] que j'ai mise sur no-
tre théâtre, elles se soient tour à tour enlre-produjtes
dans son âme, corn. Éptired M. de lUonthorori.
— ÉTYM. Entre, et produire.
t EN'TRE-PROMETTRE (S') (an-tre-pro-mè-tr'),
». rrfl. Se promettre quelque chose l'un à l'autre.
— HIST. XVI' s. Et s'entre-promirent la foi de ne
s'abandonner jamais, carloix, viil, 10.
— ETYM. Entre, et promettre.
t ENTR'ÉPROCVER (S') (an-tré-prou-Té) , v.réfl.
S'éprouver réciproquement.
— HIST. XII* s. Car ainçois nous entr'esprovasmes,
Si que bons amis nous trovasmes, la Rose, SU 5.
— RTY.M. Entre, et éprouver.
ENTRE-QCERELLER (S') (an-tre-ke-r6-16), v.réfl.
Se quereller l'un l'autre. Ils ne font que s'entre-
quereller.
— HIST. XVI* Employan» quelquesfois plus de
temps à s'entre-quereller, qu'à travailler à leur be-
Bongne, 0. HE serres, 42.
— ÉTYM. Entre, et quereller.
+ ENTRE-QUITTER (S') (an-tre-ki-té), «, réfl. Se
quitter l'un l'autre. Faut-il pas après tout chacun
s'entre-quitter?Oii tous les hommes vont, aucuns ne
vont ensemble, corn. Imit. ii, 9.
— ÊTYM. Entre, et quitter.
ENTRER (an-tré) , v. n. || 1° Passer du dehors au
dedans. Entrons dans le salon. Le voleur [le re-
nard! tourne tant qu'il entre au lieu guetté. Le dé-
peuple, remplit de meurtres la cité, la font. Fabl.
XI, 3. Il Par analogie. Nous entrâmes dans un chemin
creux. Il Entrer en prison, être mis en prison. || En-
trerau port, aborder. || Entrer en chaire, à l'autel,
y monter en parlant d'un prêtre. || Entrer en scène,
paraître sur la scène pour jouer son rôle. || Kig. et
familièrement. Il ne faut pas entrer dans le sanc-
tuaire, il ne faut pas chercher à pénétrer les secrets
des grands. || Absolument. J'entre et je salue. Ne
laissez pas entrer. Pour se sauver de la pluie Entre
im passant morfondu ; Au brouet on le convie ; Il
n'était pas attendu, la font. fabi. v, 7. || Terme
d'escrime. Kntrcr en mesure, approcher de son ad-
versaire en faisant un petit pas en avant. || Terme de
manège. Entrer dans les coins, pénétrer autant que
possible dans les angles du manège. || Fig. Sortant
d'un embarras pour entrer dans un autre, mol. lÉt.
III, 3. Il ï" Fig. Il se dit aussi de l'introduction en des
conditions comparées à un lieu où l'on entre. D'où
Yient que cet homme est entré dans la robe ? mass.
"îî*' ^''"''- La plupart de ceux qui m'écoutent
sont déjà entrés dans des engagements qui ne leur
permettent plu» de choisir, id. t*. Socrale ne pres-
sait point ses amis d'entrer de bonne heure dans les
!^iu ?' " "^ ^°"'*'' qu'a'jparavant on eût Ira-
wiiie » se remplir l'esprit des connaissances néces-
Mirespoury réussir, rolli», Uiit. anc. (fiucre*,
ENT
t. IV, p. 878. Mme de Maintenon, entrant en charge
dans ce temps-là, n'eut plu» rien à démêler avec
Mme de Montespan, m"* de caylus, Souvenirs,
p. 119, dans pousENS. Il Entrer au service, devenir
militaire. Il Entrer dan» le» pages, aux pages, ou,
simplement, entrer page, c'est-à-dire être reçu page.
Il Entrer dans une famille, s'yallier. Et l'on juge ai-
sément au coeur que vous portez Où vous êtes entrée ,
et de qui vous sortez, cobn. Pomp. m, 4. Je vous fis
sur mes pas entrer dans sa famille, bac Brit. u, 2.
Il Entrer dan» une carrière, l'embrasser. Entrer
dans le commerce, dans la marine, dans l'adminis-
tration. Vaincu par lui, j'entrai dans une autre car-
rière, BAC. Âth. m, 3. Il Entrer en ménage, se
marier. Ce n'est pas à mon cœur qu'il faut que je dé-
fère Pour entrer en da tels liens, mol. l'stjché, i,
3. Il On dit, dans le mSme sens, entrer en mariage.
Mais quand j'eus bien pensé que j'allais à mon âge.
Au sortir de Poitiers, entrer au mariage, corn.
Suite du Kent, i, <.|| Entrer en religion, se faire
religieux. Il Entrer dans le monde, à la cour, com-
mencer à paraître dansle monde, à la cour. Quand
j'entrai dan» le monde, je sortais du couvent, et
l'on n'en sort qu'avec une seule idée, celle de se li-
vrer entièrement à tout ce qui peut amuser, m'°'de
OENLis, Ad. et Théod. t. i, lett. 6, p. 23, dans pou-
gens. || Entrer dans la vie, naître. Entrer dans la
vie signifie aussi entrer dans le monde. || Entrer
dans un collège, dans un établissement public, y
être reçu. Entrer au collège, à l'École polytechni-
que. 11 entre dans un très-bon collège. On sait que,
pour entrer à Saint-Cyr [maison d'éducation pour les
jeunes demoiselles, fondée par Mme de Maintenon],
il faut faire également preuve de noblesse et de pau-
vreté, M'"' DE caïlus, Souvenirs, p. i97. {| Entrer
dans lin corps, dans une académie, y être nommé,
être élu pour en faire partie. Il [Tallard] entra ho-
noraire dans la compagnie en 1723, et, l'année sui-
vante, nous l'eûmes à notre tête comme président,
FONTEN. Tallard. Il se présenta donc pour entrer à
l'Académie en 1722; il y fut reçu, mairan, Éloges,
Petit. Il Entrer en condition, entrer en place, de-
venir domestique. Entrer au service de quelqu'un,
devenir domestique de quelqu'un. || 3° Entrer ex-
prime le commencement d'une chose. Entrer en
convalescence. Nous entrons dans la belle saison.
Entrer en correspondance. Tout le monde s'élève
contre un homme qui entre en rèj)utation, la bruy.
XII. Il F.ntrer en jeu, se dit, à certains jeux, de ce-
lui qui, ayant levé une main, est en état de jouer
comme il lui plaît; et fig. avoir son tour, dans
quelque affaire ou discussion, pour agir ou pour
parler. || U se dit aussi pour entrer en mouvement,
en action, en parlant des choses. Dans une ma-
chine à vapeur, les forces qui entrent enjeu, sont à
la disposition du mécanicien. || Entrer à table, se
mettre à table, commencer son repas. Ils ne font
que d'entrer à table. || Entrer en connaissance de
cause, commencer à prendre connaissance de quel-
que chose. Entrer en payement, commencer à
payer ce qu'on doit. Ces deux locutions ont vieilli.
Il Entrer en chaleur, en amour, se dit des fe-
melles d'animaux qui commencent à désirer le
mâle. Entrer en rut, se dit, dans le même sens, des
bêtes fauves et particulièrement de la biche. || En-
trer en comparaison, en paralR-le, être mis en com-
paraison, en parallèle. || Entrer en concurrence,
faire une entreprise, poursuivre un but en riva-
lité d'intérêt avec quelqu'un. || Entrer en com-
position, écouter des propositions d'accommode-
ment, d'arrangement. || Entrer en danse, prendre
place dans une danse; et fig. s'engager dans quel-
que affaire dont d'abord on n'était que spectateur;
être à son tour obligé d'agir ou de parler. || 4° Fig.
Eprouver certains sentiments comparés aune chose
dans laquelle on entre. J'entre en des sentiments
quinesont pas croyables, corn. Poii/eucte, iil,6. Elle
entre en confusion d'avoir préféré.... pasc. Conti.
des péch. Je suis entré en défiance de moi et des
autres, m. danscousi :-•. J'entre en une humeur noire ,
en un chagrin profond. Quand je vois vivre entre
eux les hommes comme ils font, mol. iifts. i, f. Et
l'accord que son père a conclu pour ce soir La fait
à tous moments entrer en désespoir, id Tari, iv, 2.
N'entrez point tout à fait dedans l'étonnement, ID.
Dép. am. II. <. Ils [les Romains] entrèrent en ja-
lousie contre les Carthaginois, soss. //ist. i, 8.
Si entrant aujourd'hui dans des sentiments de com-
ponction.... MASS. Carême. Enf.prod. Entrez en in-
dignation contre vous-même, id. Paraphr. psaume
IV. Ahl c'est pour cela même que vous devez entrer
dans des inquiétudes plus vives et plus tendres sur
les besoins de vos frères, lo. Carême, Àumàne- I^es
ENT
mère» d'ailleurs chrétiennes et timorée» ne s'avisent
pas même d'entrer en scrupule sur cet article, id.
Carême, Élus. || Entrer en colère, en fureur, céder
à un transport violent de colère. Quelquefois il [Lu-
ther] entrait contre Mèlanctlion en une telle colère
qu'il ne voulait pas même lire ses lettres, Boss. Var.
m, §03. Ma foi, j'entre en fureur; Égoisme tout pur
qu'une telle manie. Et ce n'est pas pour soi que
l'on a du génie, c. dïlavigne, la Princ. Aurélie,
11, 6. Il 5" Comprendre, saisir, en parlant de cho-
ses dans lesquelles l'esprit pénètre. Entrer dans la
pensée de quelqu'un. Entrer dans le sens d'un au-
teur. Elle entre dans la vue des grandeurs de son
créateur, pasc Conv. des p. Les saints disent qu'on
n'entre dans la vérité que par la chanté, dont ils
ont fait une de leurs plus utiles sentences, iD.Pe»»-
sces, part, i, art. 3. Si on considfre son ouvrage
incontinent après l'avoir fait, on en est encore tout
prévenu; si trop longtemps après, on n'y entr
plus, ID. ib. t. l, p. 264, édit. lahdre. C'est que
tu n'entres point dans tous les mouvements D'un
coeur, hélas rempli de tendre» sentiments, mol.
Mélicerte, ii, \. Nérine, entres-tu bien, lorsque le
ciel m'accable, Dans tout ce qu'a mon sorld'afl'reux,
d'épouvantable? th. cobn. Ariane, v, 6. Pour vous
faire entrer dans une vérité si honorable à la vertu,
MASS. Avent, Itonh. Profanes, qui n'entrez jamais
dans les secrets de l'Éternel, vos lumières ressem-
blent aux ténèbres de l'abîme, mostesq. Lett. per
18. Il Vous n'entrez pas dans ma pensée, vous ne
concevez pas ce que j'ai voulu dire. || 8° Donner
adhésion, assentiment. Entrer dans les sentiments,
dans les idées de quelqu'un. Ils entrent dans leurs
principes pour modérer leur folie, au moins mal
qu'il se peut, pasc dans cousin. Us étrangers qui
la conquéraient [l'Egypte] entraientdans ses mœurs,
BOSS. llist. m, 3. Ne devons-nous pas tous entrer
dans ce qui plaît au roi ? maintenon , Lett. àUmede
Caylus, t. VI, p. 82, dans pougens. Il entra dans
mes plaisirs, il flatta mes passion», fén. M. xiii.
Entrons dans l'esprit de nos saints prédécesseurs, et
nous entrerons dans le succès de leurs travaux,
MASS. Confér. Zèle c. les vices. Voilà les disposition»
où vous devez entrer, id. Prosp. temp. Pas un seul
n'ose se déclarer protecteur de l'innocence; tout en-
tre lâchement dans la pa'^sion du chef, in. Carême,
Passion. Pour entrer aujourd'hui dans les intentions
du Sauveur, id. Carême, Prod. Si le ministre saint
ne parle pas le langage du monde, s'il n'entre pas
dans les préjugés attachés au rang et à la nais-
sance.... id. Carême, Prosp. temp. Qu'il est rare de
trouver un artiste qui entre profondément dans l'es-
prit de son sujet! DIDEROT, Salon de 4707, OEutr.
t. XIV, p. 74, dans pougens. J'y consens, je vous
sers et j'entre en vos projets, lemerc. Charles VI, i,
2. Il Entrer avant dans une science, y acquérir de»
connaissances profondes. |i Entrer dans la pensée
de quelqu'un, comprendre et approuver les motifs
qu'il a de penser de telle ou telle manière. || Cet
auteur, cet orateur, ce peintre entre bien dans les
passions , il les exprime, il les représente bien.
Il Ce comédien entre bien dans l'esprit de ses rô-
les, il reproduit fidMement le personnage qu'il re-
présente. || Entrer dans la plaisanterie, s'y prêter.
Quoique , pour entrer dans le badinage , elle se
plaignît d'être trop gênée, il est vrai qu'elle mangea
très-peu, marivaux, Marianne, 2* partie. || 7° Sym-
pathiser à, prendre intérêt. Elle feignit d'entrer
dans sa douleur, fén. Tél. i. D'abord elle entra dans
sa peine, id. ib. xxii. C'était un ami , entrant dans
touslesbesoinsdes autres, mass. Orais. fun. Dauph.
J'entre dans votre situation; car je me conforme vo-
lontiers aux sentiments des autres, du fresnt, £t-
prit de contrad. se. 20. Il est cruel, d'accord; j'en-
tre dans votre peine, dancourt, Mme Artus, v, 3.
Il 8° Prendre part à, s'occuper de. Ennemies de
tout soin et de toute peine, elles n'entrent presque
en rien, elles ne s'informent de rien, aouRu. Pen^
sées, t. i, p. 468. Kous entrons dans ses travaux,
mais c'est à lui que la vigne appartient, mass. Ca-
rême, Culte. Ne paraissant entrer en rien, nesat-
iribuantrien, id. Èlyst.Ass. Ils protègent les gens
de bien, ils entrent dans les œuvres de miséri-
corde, ID. Carême. Prosp. (emp. || Entrer dans un
complot, dans une intrigue, dans une guerre, y
participer. On prétend que ces frères Bohémiens,
dont les paroles étaient si douces et si respectueuses
envers les puissances, à mesure qu'ils s'engageaient
dans les sentiments des Luthériens, entrèrent aussi
dans leurs intrigues et dans leurs guerres, BOSs.
Var. XI , § 1 02. Il Entrer dans une affaire , y prendre
part soit pour la conduire, soit pour en tirer profit.
Il 8° Contribuer à. J'entrerai dans la dépense.
ENT
ENT
ENT
1439
Il 10° S'engager dans, entamer, exposer. Car, mes
pères, puisque vous m'obligez d'entrer dans ce dis-
cours, PASC. Prov. M. Prince, n'entrons pas dans
ces compliments, mol. Princ. d'Él. v, 1. Kntre en
propos et lui fait compliment.... la font. Fabl. i, 5.
N'entrons point dans un éclaircissement fâcheux,
BARON, Homme à bonnes fort, ii, 3. Que j'entrerais
volontiers dans les motifs de ses actions! flecii.
Tur. Il Entrer en matière, commencera traiter le su-
jet dont il s'agit. || Entrer dans le détail des choses,
examiner les choses en détail. Pour acquérir cette
connaissance, il faudra que vous entriez dans beau-
coup de petits détails très-minutieux. M"' de gen-
Lis, Ad. et Théod. t. ii, lett. 37, p. 303, dans pou-
gens. Il Absolument. Entrer dans le détail, dans les
détails, expliquer minutieusement. || 11° Terme
de théologie. Entrer en jugement, se dit de Dieu
jugeant les hommes. Si vous [Dieu] entriez avec lui
[l'homme] dans un jugement rigoureux, lioss.
Bonté, 4. Il Terme de l'Écriture. Kntrer en tentation,
être tenté. Priez, afin que vous n'entriez point en
tentation, saci. Bible, Évang. St Luc, xxii, 40.
J'ai lu maître Louis [Arioste] mille fois en ma vie,
Et même quelquefois j'entre en tentation Lorsque
l'ermite trouve Angélique endormie, la font. Bail,
sur les romans. \\ 12° Entrer dans l'âme, dans le
cœur, s'y insinuer, y faire impression. Je fuis la
gloire aisée.... d'entrer dans un cœur de toutes
parts ouvert, hac. Phèdre, ii, t. |{ 13° Pénétrer,
avec un nom de chose pour sujet. Le vaisseau entra
dans le port. La voiture entra dans la cour. La lu-
mière entre dans le cachot par une petite ouverture.
Le coup est entré bien avant dans les chairs. Les
racines de cet arbre entrent à une grande profon-
deur. Ce couteau n'entre pas facilement dans la
gaine. L'esprit entra en moi, me fit tenir sur mes
pieds, me parla, saci, Bible, Ézéchiel, m, 24.
Il II se dit des marchandises, des produits qui sont
apportés dans une contrée, dans un lieu. || Familiè-
rement. Ce bruit entre dans la tête, dans les oreil-
les, il étourdit. || Fig. S'insinuer, naître, en par-
lant de sentiments. La défiance entre dans les
cœurs, dans les esprits. Une injuste vengeance en-
tre-t-elle en ton cœur? volt. Ali. v, 5. Des soup-
çons n'entraient point dans ces esprits altiers, id.
Tancr. ii, ). L'amour innocemment est entré dans
son âme, ducis, Abuf. m, e. L'injustice, la dissi-
mulation, la haine peut-être viennent d'entrer à la
fois dans son âme, m"' de genlis, Ad. et Théod.
t. I, lett. 20, p. 149, dans pougens. || Entrer dans
l'esprit, se dit des connaissances, des idées que
l'esprit saisit. Pourvu qu'ils fassent faire Que ce
beau savoir entre en l'esprit du vulgaire, Régnier,
Sat. IX. Celle [l'inhumanité] que vos préteurs ont
sur nous exercée N'entre qu'à peine en la pensée, la
FONT. Fabl. XI, 7. Il On ne peut rien lui faire entrer
dans la tête, on ne peut rien lui faire comprendre.
Il J'ai essayé de lui faire entrer cela dans la tête,
j'ai essayé de le lui persuader. || Cela ne m'est ja-
mais entré dans l'esprit, dans la pensée, dans la
tête, dans l'imagination, je ne l'ai jamais cru, ou
je n'y ai jamais songé. Et impersonnellement : Il
ne m'est jamais entré en pensée qu'il fût l'auteur
de ce livre. Entra-t- il jamais en l'esprit de personne
que les choses dussent tourner ainsi? || 14° Entrer
en caisse, entrer dans la caisse, être reçu, en par-
lant de l'argent. Il avait fait entrer dans les caisses
publiques plus de trésors qu'aucun des autres aven-
turiers , raynal, Hist. phil. vu, 3. || 1S° Faire
partie , être compris. L'égoîsme entre dans une
grande partie de nos actions. Cette étude entre
dans le domaine de l'astronomie. Ne parler que
de ducs, de cardinaux et de ministres; faire en-
trer dans les conversations ses aïeux paternels et
maternels, et y trouver place pour l'oriflamme et
pour les croisades, la bruyère, viii. Ils ne pou-
vaient pas entrer tous dans un panégyrique, mais
ils entraient bien tous dans une satire, fonten.
Dial i, anc. mod. Les jçux et les comb,Hts faisaient
partie de la religion, et entraient dans presque
toutes les fêles des anciens, rollin, Ilist. anc. Œu-
vres, t. V, p. 61, dans pougens. Plusieurs disposi-
tions du droit romain sont entrées dans nos coutu-
mes, montesq. Esp. xxviii, 45. Il Cela n'entre pas
dans ses vues, dans ses intentions, cela n'est pas
conlorme à ses vues, à ses intentions. Et imper-
sonnellement : U n'entre pas dans ses vues, dans
«es intentions que vous partiez sitôt. Il entre rare-
men' dans leur caractère de prévoir l'avenir, hay-
RAL, Hist. phil. XI , 22. Il Entrer en compte, en
ligne de compte, être compris dans un compte.
Il Terme de procédure. Entrer en ordre parmi d'au-
tres créanciers, être mis dans l'ordre des créan-
ciers qui, ayant hypothèque ou privilège, doivent
être payés. || 16' Être pour quelque chose. L'in-
grat est-il touché de mes empressements? L'amour
même entre-t-il dans ses raisonnements? bac.
Bnj. II, 4. Vous voulez que notre intérêt entre pour
beaucoup dans notre fidélité, mass. Carême, Conf.
La faveur du maître est entrée pour beaucoup dans
le plan de notre nouvelle vie, id. Carême, Disp.
Qui sait si l'amour môme entre dans ses douleurs?
volt. Zaïre, m, 7. Lisez le règne de Tibère ou
celui de Néron, ces deux terribles et longues tra-
gédies dont Rome est le théâtre, et où Tacite a
porté si loin l'art d'émouvoir : l'éloquence artifi-
cielle, le soin d'orner et d'agrandir n'y entre pour
rien, marmontel, Élém. lilt. Œuvres, t. viii, p.
4 H , dans POL'GENS.. Dans nos amitiés même il entre
du destin, ducis, Abufar, i, B. || Il entre bien de
l'homme en cela, c'est-à-dire que ce qui déter-
mine en cela ce sont des considérations humaines.
Il 17° Être employé dans la composition d'une
chose, dans sa confection. Je ne sais quelles sont
les drogues qui entrent dans ce remède. De mau-
vaises pierres sont entrées dans la construction de
cet édifice. Oui, c'est un fromage préparé où il
entre de l'or, du corail et des perles, et quantité
d'autres choses précieuses, mol. Médecin malgré
lui, III, 2. Il 18° Être contenu. Cela n'entrera pas
dans votre poche, dans votre sac. Que de choses
entrent dans ce livre I || Impersonnellement. Il en-
tre deux mètres d'étofl'e dans ce manteau. || Par hy-
pallage. Ce chapeau ne peut entrer, n'entre pas
bien dans la tête, c'est-à-dire la tête ne peut en-
trer, n'entre pas bien dans le chapeau. || 19° V. a.
Faire entrer (l'Académie n'a pas entrer dans le sens
actif; mais elle a admis sortir, actif, et l'usage ad-
met entrer]. Il faudra entrer ce piano par la fenê-
tre. Entrez ce cheval dans l'écurie. Entrez la voi-
ture dans la remise. || Terme de commerce. Inscrire
des objets sur le registre des entrées. Entrez ces
traites. || Il se dit aussi des marchandises étrangères
qu'on apporte dans un pays. U vaut mieux défendre
de les porter [dentelles et bijoux], que de les en-
trer, j. j. Rouss. Pologne, ch. 44. || Terme de ma-
rine. Le Ilot ou le fiux entra tel bâtiment dans la
rade, c'est-à-dire le fit entrer.
— liEH.l. Quand on voulait marquer une actioiî,
un mouvement, entrer se conjuguait avec avoir.
Ai-je, autre Œdipe, entré dans le lit de ma mère?
ROTBOD, Antig. i, 3. Voilà ce que j'en ai appris par
votre oncle qui dit avoir entré dans les chambres,
la font. t. VI, p. 370, édit. WALCKENAER. De ma-
nière que le soleil n'a pas entré dedans, sêv. 425.
Tous les hommes ont entré dans la vie de la même
manière, Boss. Politique, x, vi, 4. Les prédica-
teurs ont entré en société avec les auteurs et les
poètes, LA bruy. XV (Des éditions portent sont en-
trés; mais les plus anciennes portent ont entré).
Cette construction n'est plus guère emploj;ée. || 2. Ré-
gnier a dit entrer sur pour commencer: J'entre sur
ma louange, et bouffi d'arrogance.... Sat. n.
— HIST. XI' s. [Il] entre en sa veie, si s'est ache-
minez, Ch. de Roi. xxvi. Al cors vous est entrée
mortel rage, ib. Lvii. || xu" s. Dedans ton cors est
entrez li maufez [le diable], Jîonc. p. 44. As porz
d'Espeigne s'en est entré Rolant, ib. p. 37. Bien
[tu] peuz conquerre France; or est anlrez li ans
[l'année est venue], Sax. v. Nous enterrons [en-
trerons] en France en bataille rangie, ib. xxxii.
L'arcevesque respunt: faites les enz entrer. Th. le
mart. 4 39. Car grant hunte li faites quant en sa
curt [du roi] entrez, Com en feu et en flambe, de
vostre cruiz [croix] armez, ib. 39. || xiii* s. Or est
yvers entrés [com.Tiencé], et nos ne poons [pou-
vons] mais de ci movoir devant la pasque, villeh.
xLix. Entrez en cest sentier, n'en issiez [sortez]
pour riens née, Berle, xlvi. Tout droit à l'entrer
de la porte, Ben. 43595. Ne porquant, se li croisiés
et le [la] feme veve entrent en plet en cort laie [laï-
que], sainte Eglise ne s'en doit nieller, beaum. xi, 9.
Il ne loist pas [n'est pas loisible] à franc home en-
trer en bataille contre bastart, ID. LXiii, 2. || xiv° s.
Seigneur, ce dist Bertran, j'ai visé maintenant
Comment nous enterrons en cechastel vaillant,
Guescl. 881.11 xv s. En esperonnant leurs che-
vaux, et en abaissant leurs glaives et en escriant
leurs cris, entrèrent les uns es autres [les Fran-
çais et les Gascons], froiss. u, u, 6. Quand ils
[les EscotsJ veulent entrer au royaume d'Angle-
terre.... ID. I, I, 34. Ils se saluèrent [les envoyés
chargés de négocier la paix entre les rois de
France et d'Angleterre] moult amiablement et les-
tèrent grandement; et après ils entrèrent en leur
traitement, u>. I, i, 4 44. Là fut accordée une trêve
à durer un an entièrement; et devoit entrer tantoit
entre ces seigneurs.... et entre ceux qui.... id. i6
Envoya povoir à aucuns qui estoient à Amyenspour
entrer en une trefve, comm. m, 3. Le conte de Var-
vie entra en différent avec son maistre, id. m, 4.
Et celuy là et moy entrasmes en paroles d'appoin-
ter ces deux osts, sans combattre, m. viii, 0.
Il xvi* s. Lors pourront les humains envahir les ré-
gions de la lune, entrer le territoire des signes ce-
lestes.... BAB. Pant. m, 51. Quelz signes entroyt le
soleil, id. Garg. i, 23. Entrer en haine contre....
mont, i, 48. À mesure que j'entre en desdaing
de la vie,iD. i. 81. Plusieurs caveaux de grande ca-
pacité qui entrent l'un dedans l'autre, amyot, Cra»-
sus, 7. J'entre parfois en pensée qu'il puisse assez
bien convenir à un.... mont, i, 403.
— ÊTYM. Picard, intrer; provenç. intrar, entrar;
espagn. entrar ; ital. intrare, entrare; du latin in-
trare, de tntro, intra, en dedans, le même que tn-
ter, entre (voy. entre).
t ENTRE-RABOTER (S') (an-tre-ra-bo-té), «. réfl. Sa .
polir réciproquement. [En parlant de M. de Montau-
sier, gouverneur très-rigoureux, et du Dauphin opi-
niâtre et fier] Laissez-les faire, ils s'entre-raboteront
l'un l'autre et se poliront, m'°''de sablé, dans laveaux.
— ÉTYM. Entre, et raboter.
t ENTRE-RAFRAÎCIIIR (S') (an-tre-ra-frô-chir) ,
V. réfl. Se rafraîchir réciproquement.
— IllST. xvi* s. Afin que l'on tire nuit et jour, il
faut que les canoniers alternativement s'entre-rafrai-
chissent, carloix, v, 25.
— ÉTYM. Entre, et rafraîchir.
t ENTRE-RANG (an-tre-ran) , s. m. Espace entre
les rangs. |{ Au plur. Des entre-rangs.
— HIST. XVI' s. Avec le soc, cinq ou six lignes
sont faites en l'entre-rang des ceps, o. de serbes, 4 74,
— ÉTYM. Entre, et rang.
f ENTRE-RECEVOIR (S') (an-tre-reu-se-voir), v.
réfl. Se recevoir l'un l'autre.
— HIST. XVI' s. Ginglyme se fait quand les os
s'entrereçoivent, c'est à dire quand en un mesme
os il y a une cavité qui reçoit la teste de l'autre os,
PABÉ, IV, 43.
— ÉTYM. £n(re, et rererotV.
t ENTRF>-RECONNAÎTRE (S') (an-tre-re-ko-uô-
tr') , V. réfl. Se reconnaître l'un l'autre.
— HIST. XVI" s. La brebis sera enfermée avec son
agneau dans quelque petite estable séparée, pour
trois jours, durant lesquels apprendront à s'entre-
recognoistre et aimer, o. de serres, 348.
— ÉTYM. Entre, et reconnaître.
t ENTRE-REGARDER (S") (an-tre-re-gar-dé) , v,
réfl. Se regarder l'un l'autre. Les vieillards s'entre-
regardèrent en souriant, fén. Tél. v. || Entre-regar-
der, V. a. Regarder furtivement, jeter de temps en
temps un coup d'œil.
— HIST. XVI' s. Les femmes s'entre-regardoient
et se cachoient les yeux à doigts entr'ouverts, des-
PER. Contes, xxxvii.
— ÉTYM. Entre, et regarder.
t ENTRE-REGRETTER (S') (an-tre-re-grè-té), ».
réfl. Se regretter mutuellement.
— insT. XVI" s. S'entrerègretter, cotgrave.
— ÉTYM. Entre, et regretter.
f ENTRE-RENCONTRÈR (S) (an-tre-ran-kon-
tré) , V. réfl. Se rencontrer l'un l'autre. Parties de
la vapeur qui s'entre-rencontrent, desc. Météor. B.
— hist. XIII" s. Si avint unjour que messire Guil-
laume des Bares chevauchoit parmi Acre, et li rois
Richars aussi, et s'entre-rencontrerent, Chr. de
Bains, p. 40. || xvi' s. Il mit sa bosse contre celle
d'un cardinal, en lui montrant que deux montagnes
s'entre-rencontroient bien, contre le commun dire,
despeb. Contes, xxxii. Il apprit les plus communs
termes dont on use en leur langage, pour parler
quand on s'entrerencontre, amyot, Sert. 2.
— ÉTYM. Entre, et rencontrer.
ENTRE-HÉI'ONDRE (S') (an-tre-ré-pon-dr'), v.réfl.
Se répondre réciproquement l'un à l'autre. Ces deux
cœurs se sont entre-ré|iondu. Ils s'entre-répondaient
touràtour, d'ablancourt, ^popAlA. dans bichblet.
— ÉTYM. Entre, et répondre.
t ENTRE-REVOIR (S') (an-tre-re-voir) , v. réfi.
Se revoir l'un l'autre.
hist. XVI' s. S'enlrerevoir, langue, 354.
— ÉTYM. Entre, et reroir.
t ENTRE-RUINER (S') (an-tre-ru-i-né), v.réfl. Sa
ruiner réciproquement.
H!ST. xvi' S. C'est irriter horriblement la ma-
jesté divine, que les ohrestiens s'entre-ruinent d'uno
si cruelle façon, carloix, vu, 8.
— ÉTYM. Entre, et ruiner.
t ENTRE-SABORDS (an-tre-sa-bor) , s, m. Terme
1440 ENT
J. marine. «ord.«. ?'«'=««"'"':;'"'*"'' '''"" ••*■
liment. IMup/ur. De. entre.«bords.
_ ÊTYM. Entre, et «ofrord.
tETTRE-SAlSIR (S') (an-tre-.4-ïir).». r<?/I. Se »a.-
ilr l'un l'auire.
_ iiisT. x»i" «. S'entresaisir, cotgbave.
_- BTYM. Entre, et MÙi'r.
+ EN-rnE-SALCER (S') (an-tre-sa-lu-é), e.ri'/î. Se
Mluer l'iin l'autre, llss'entre-saluèrentense baisant,
MCI, B'ble, Tobie, ix, ts.
IIISX. XVI' s. M. de Ncvers mist pied à terre,
at tous sembUblement, pour s'enlre-saluer et cares-
ger, CABLOIX, V, 24.
— f.TYM. Entre, et laluer.
f ENTR'ESCItOQUER (S') ( an-tfè-skro-ké ) , v.
réfl. S'escroi)uer l'un l'autre. [Des hypocrite.sJ Gar-
dant toujours l'air froid sur leurs visages jaunes, Et
ne s'entr'escroquantque par dévotion, Poussés d'un
saint désir de faire des airnifines, Ils tachaient, di-
saient-ils, de gagner dans leurs jeux Pour les pau-
vres, non pas pour eux, saint-glas, Contes(HTi),
cité dans le Chasseur bibliographe, 2' année, n° 8.
— f.TYM. Entre, et escroquer.
KNTRE-SECOURIU (S') (an-lre-se^kou-rir), v.
réfl. Se secourir mutuellement. Ils se sont entre-se-
courus. Us s'avançaient quand ils voulaient s'entre-
secourir, vaugel. Q- C. ix, f, dans bichelet.
— mST. XVI' s. Lors les corps de garde françois,
s'entre secourans, les meslerent, en tuèrent sur la
place soixante-six, d'aub. Ilisl. m, 406.
— F.TYM. Entre, et secourir.
t ENTRE-SÊDUIKE (S') (an-tre-sé-dui-r') , v. réfl.
Se séduire l'un l'autre.
— HIST. XVI' s. Car chascun ores ne respire Que
fraude et que meschanceté; Et pour le gain on veut
i'entre-seduire , J. leiioux, 2.
— ËTYM. Entre , et séduire.
t ENTRE-SEMER (an-tre-se-mé) , V. a. Semer
entre, disperser entre.
— HIST. XVI' s. Uemocritus, Parmenides.... ont
une forme d'escrire doubteuse en substance, et un
desseingenquerant plus tost qu'instrui.sant, encores
qu'ils entresement leur style décadences dogmatis-
tes, MONT. II, 240. Il forme un bataillon de toutes
«es piques, entre-semé de tous ses mousquets et
d'autant d'arquebusiers, d'aub. Ilist. m, <5.
— ETYM. Entre, et semer.
t r.NTRE-SERRER (S') (an-tre-së-ré) , «. réfl. Se
«errer réciproquement.
— HIST. XVI' s. Toujours les belles naiades. S'en-
tre-serrans par les mains, Jointes avec les sylvains,
IIONSABD, B54.
— ÈTYM. Entre, et serrer.
t ENTRE-SERVIR (S') (an-tre-sêr-vir) , V. réfl. Se
«ervir l'un l'autre. Elles se sont entre-servies. Comme
leurs intérêts étaient égaux, et qu'ils pouvaient
s'entre-servir pour se venger, m"' de scudêhy, Cy-
rus, 9' part, livre i, p. 383.
ENTRE-SOL (an-tre-sol), s. m. Terme, d'architec-
lure. Logement pris sur la hauteur d'un étage;
appartement entre le rez-de-chaussée et le premier
étage, \oger il l'entre-sol. Celui qui.... vient cou-
cher au Louvre dans un entre-sol , la bruy. ii.
Je fus hier enfermée dans mon entre-sol une heure
et demie avec M. de M.iulevrier, UAiNrENON, Lett.
au ducde Noailles, t. v, p. 89, dans pougens. {| Con-
férences de l'entre sol, conférences ainsi dites parce
qu'elles se tenaient chez l'abbé Alary, logé place
■Vendôme à un entresol , et où l'on .s'occupait de
questions morilles et politiques, au commencement
du xviii* siècle. || Au plur. Des entre-sols.
— REM. 1. Danslesquatrepremièreséditionsdeson
Dictionnaire, l'Académie écrivait ce mot sans tiret :
entresol. || 2. Autrefois ce mot s'écrivait entre-solo
et était du féminin : Elle regagna son entre-sole,
IIAMILT. Gramm. io.
— ETYM. Entre, et sol.
t ENTRE SOUFFRIR (S") (an-tre-sou-frir), i). réfl.
Se souffrir réciproquement.
— HIST. XVI' s. S'entresouffrir, cotoravs.
— ÊTYM. Entre, et souffrir.
t ENTRE SOULEVER (S') (an-tre-sou-l6-Té),tf. réfl.
8e soulever l'un l'autre.
— HIST. XVI' s. L'homme et la femme, s'estants
embrassés toujours de trois pas en trois pas, tant
que la danse dure, ne font que tourner, virer,
«'entre-soulever et bondir, cabloix, vi, 3«.
— ETYM. Jînire, et souleter.
t F.NTKH-SOURCILS (an-tre-sour-si), s. m. L'es-
pace qui est entre les deux sourcils.
— ÊTYH. Knire, et sourcil.
t «raK-SOUTKNlR (S') (an-tre-sou-te-nir), r.
rtH, St «outenir l'un l'autre. Qu'il faut donner aux
KNT
bons pour s'entre-soutenir Le temps de se remettre
et de se réunir, coni». Othon, v, 2. Un coml)at dure
encor que mille autres surviennent; Et cet enchaî-
nement dont ils s'entre-.soutiennent. Fait un cercle
de maux qui ne sauraient finir, m. Imit. m, 20.
Ces différentes manières d'aller à vous [Dieu], ou
plutôt de vous trouver en moi, sont liées et s'entrc-
soutiennent, pèn. Exist. 274.
— HIST. XVI' s. Et faudroit jetter après eux vingt
mille chevaux, par escadrons s'entre-soustenanz,
LANGUE, 428.
— ETYM. Entre, et soutenir.
t ENTRE-SUIVI, lE (an-tre-sui-vi, vie), adj.
Oui ne se suit pas également, qui est entrecoupé,
semé de variations. L'aise et l'ennui de la vie Ont
leur course entre-suivie, malh. il, 4. Notre sort en
[de nos actions] dépend; sa course entre-suivie Ne
va, non plus que nous, jamais d'un même pas,
LA FONT. Fabl. VIII, <fi. Douze lustres et plus ont
roulé sur ta vie; De soixante soleils la course entre-
suivie Ne t'a pas vu gollter un instant de repos,
ID. Poésies mêlées, LXix.
ENTRE-SUIVRE (S') (an-fre-sui-vr') , v. réfl. Venir
à la suite l'un de l'autre. Les jours et les nuits
.s'entre-suivent. La mort et l'arrivée s'y pouvaient
entre-suivre d'aussi près, cobn. Ex. du Cid. Et nous
verrons toujours si Dieu le laisse vivre. Un change,
un repentir, un pardon s'entre-suivre, ID. Plare
roy.ii, 5. Tels que d'une mer agitée On voit les
flots s'entre-suivants Se fuir après au gré des vents
Et ne tenir jamais une assiette arrêtée, botb. Àntiy.
m, 1.
— HIST. XIII' s. Et en ceste manière de proeve
convient il deus loiax tesmoins, li quel s'entresivent
sans varier es demandes qui lor sunt fêtes, beaum.
xxxix, 5. Il XVI' s. De la conférence on vint au bap-
tesme, et la roine eut pour parrin le vice-roi; et
pompes et festins s'entre-suivirent jusques au ma-
riage, d'aub. Hist. m, «98.
— ETYM. Entre, et .mivre.
t ENTRE - SURPRENDRE ( an-tre-sur-pran-dr' ).
Il 1° F. a. Surprendre à demi. ||2° S'entre-surpren-
dre, V. réfl. Se surprendre mutuellement.
— HIST. XVI' s. Dedans mon sein mon pauvre
cœur se pâme, Entre-surpris de joyeet de tristesse,
BONS. (60. C'estoit au point du jour Quand tout en-
semble on veille et tout ensemble on dort D'un œil
entre-surpris du frère de la mort, ID. 708.
— ÉTYM. Entre, et surprendre.
ENTRETAILLE (an-tre-ta-U' , U mouillées), s. f.
Il 1° Terme de gravure. Taille légère entre d'autres
plus fortes. || Chez les graveurs sur bois, taille plus
nourrie dans certains endroits que dans le reste de
la longueur. || J' Terme de danse. Pas qui se fai-
sait en jetant un pied à la place de l'autre, et qui
est hors d'usage.
— ÉTYM. Voy. ENTRE-TAILLEB.
ENTRE-TAILLÉ, ÉE (an-tre-ta-llé, liée. Il mouil-
lées) , part, passé. Cheval entre-taillé.
ENTRE-TAILLER (S') (an-tre-ta-llé, ii mouillées,
et non an-tre-ta-yé) , v. réfl. S'entre-couper. Ce che-
val s'entre-taille en marchant.
— HIST. xiv s. Advise que le cheval ne s'entre-
taille de la jambe de l'autre lez [côté] , Idénagier,
II, 3. Il XVI' s. Et là où le cordeau entretaillera
[point d'intersection] la ligne tracée, là sera plan-
tée la crocele ou la chevelue, o. DE serbes, (04. La
grande confusion de paroles , parmi laquelle on s'en-
tretaiUe [on se coupe], bbant. Cap. fr. t. i, p. 24 8,
dans LACURNE.
— ETYM. Knire, et tailler.
ENTRETAILLCRE (an-tre-ta-llu-r', Il mouillées,
et non an-tre-ta-yu-r'), s. f. Blessure que se fait
aux jambes un cheval qui s'entre-taille.
— HIST. XVI' s. La poictrine et devant large,
haute et avancée en dehors, laquelle cause grand en-
tre-pas et destourne l'entre- tailleure.o. de serbes, aoo.
— ÊTYM. Entre-tailler.
t ENTRE-TALONNER (S') (an-tre-ta-lo-né) , v.
réfl. Se talonner l'un l'autre. Quand les malheurs
commencent, ils s'entre- talonnent, lesaoe, dans le
Dict. de POITEVIN.
— ÊTYM. Entre, et talonner.
t ENTRE-TÂTER (S) (an-tre-tâ-té), v. réfl. Se
tâter réciproquement.
— HIST. XV' s. Se vont entretaster aux espées un
assaut si grand, et font tant en peu d'heure, qu'il
n'y eut celluy dont sang n'issist [ne sortît] en plu-
sieurs lieux. Perce forest, t. 1,1» 2t.
— ÊTYM. Entre, et tdier.
ENTRE-TEMPS (an-tre-Un) , t. m. Intervalle de
temps entre deux actions. Tout est à craindre dans
cet entre-temps, sév. 200. Le P. Tellierse servit de
fiNT
cet entre-temps pour faire écrire au roi par tous les
évêques, st-sim. 3(5, ( 08. Cet entre-temps [l'entrée
du roi dans son cabinet après sa prière] était celui
des audiences, quand le roi en accordait, id. 4(7, 6.
Il II s'emploie aussi adverbialement. Entre-temps il
arriva.
— HIST. XV' s. Boire et manger largement du
souper de ceux qui, entre-temps, au lit se devi-
soient, à son grand préjudice, louis xi, Nouv. 1.
— ETYM. Entre, et temps.
ENTRETÈNTîMENT (an-tre-tè-ne-man) , ». m. Ac-
tion de pourvoir à l'entretien de quelqu'un ou de
quelque chose. Vous me direz qu'à ce compte-là
vous ne devez rien ni àlaluneniau soleil, parce que
ce qu'ils tournoient au ciel, ils ne le font pas pour
l'amour de vous; ils le font pour le bien et pour l'en-
tretènement de l'univers, malh. le Traité des bienf.
de Sénèque, vi, 20. L'entretènement de ses plaisirs
ne coûte rien à personne, balz. le Prince, ch. (7.
La respiration n'est pas moins nécessaire à l'entretè-
nement de ce feu, DESC. i'ffomme. L'entretènemfint
des soldats, perbot. Tacite, 64. Dès lors qu'fn
endroit [de la levée de la Loire] se dément [dété-
riore]. On le rétablit tout à l'heure; La moindre
brèche n'y demeure, Sans qu'on y touche inces-
samment. Et pour cet cntretènement. Unique obs-
tacle à tels ravages. Chacun a son département, la
FONT. t. VI, p. 388, édit. WALCKENAF.B. SalomoD don-
nait à Hirara pour l'entretènement de sa maison
vingt mille mesuras de froment et vingt mesures
d'huile très-pure, EACi, Bible, /(où, m, v, ((. L'a-
mitié de cet oncle ne va pas toute seule, il y faut
de l'entretènement, sév. 60fi.||lla vieilli. L'on ne
dit plus guère que entretien.
— HIST. XV' s. Par quoy il n'y eut point de gou
vernement ni entretenement en leurs gens, pénis,
(415. En Espagne avoit toutes paroles d'amitié et
d'entretenemerit et presenspar tout, de tous costez,
COMM. Yi, 8. Il xvi' s. Oens d'apparence, et gens
d'entendement. De bonne grâce etd'entretenement,
Degrand beauté, d'honneste accoustrement, la Mar-
guerite de la marquer, f 303, dans lacurne.
— ÉTYM. Entretenir.
t ENTRFTENEUR (an-tre-te-neur) , ». m. || 1' Ce-
lui qui entretient. Boute-feu et entreteneur de sé-
ditions. Il Peu usité en ce sens. || 2° En mauvaise pan,
celui qui pourvoit aux dépenses d'une maîtresse.
Un entreteneur de filles.
— HIST. XVI' s. Pour les meschantes pratique»
dont estoit le dit Merveilles auteur et entreteneur,
M. DU BELLAY, 264.
— ÊTYM. Entretenir.
ENTRETENIR (an-tre-te-nir), j'entretiens, nous
entretenons, vous entretenez, ils entretiennent ;
'j'entretenais; j'entretins; j'entretiendrai; j'entre-
tiendrais; entretiens, entretenons; que j'entre-
tienne, que nous entretenions; que j'entretinsse;
entretenant; entretenu, u. a. || 1' Au sens propre
qui est d'ailleurs peu usité, tenir entre, fixer, assu-
jettir les diverses parties d'un tout. Cette pièce de
bois entretient toute la charpente. |{ Terme de
métier. Tenir une chose ferme dans la situation où
elle est, pendant que l'on travaille aux autres par-
ties de l'ouvrage. || 2° Tenir en bon état. Entretenir
un bâtiment, une route. Entretenir une maison en
l'absence de ceux qui l'habitent. Les Français n'ont
soin de rien et ne respectent aucun monument, ils
sont tout feu pour entreprendre, et ne savent rirn
finir ni entretenir, i. i. rouss. Confess. vi. || Tenir
sur pied. Entretenir une armée , des forces considé-
rables. Il 3° Maintenir dans le même état, rendre
durable. Les vestales entretenaient le feu sacr.'.
Entretenir l'abondance. Les richesses entretiennent
l'orgueil. Entretenez d'encens cette sainte fumée.
BOTB. Herc. mour. m, l. On ne sut pas longtem|is
à Rome Cette éloquence entretenir, la font. Fnll.
xt, 7. D'une guerre si longue entretenir le rssi.\
BAC. Ândr. i, 2. Mlle Choin fut chassée de la cour.
et se retira à Paris, où elle entretint toujours l's
bontés que Monseigneur [le fils de Louis XI',
avait pour elle. M"' de caylus. Souvenirs, p. ai!',
dans POUGENS. || S'entretenir la main, continuer à
tenir la main agile et adroite par l'exercice. Faiv
des armes pour s'entretenir la main. || Entretei.ir
une correspondance , écrire et répondre par let-
tres. Il Entretenir commerce avec quelqu'un, êtîe
en relations suivies avec lui. Quiconque entretiei-
drait avec nos ennemis Un commerce secret fr-
tal à son pays, volt. Tancr. l, >. || Nourrir,
repaître. Tout contribue à entretenir son illusion.
Il Entretenir ses pensées , ses rêveries, mé<liter,
rêver. Et, foulant le parfum de ses plantes fleuries,
Aller entretenir ses douces rêveries, poa, Snt. vj
RNÏ
ENT
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1441
I 4» Il se dit aussi des personnes chez qui l'on
nourrit certains sentiments. Propre à entretesir
les pécheur» dan» leurs désordres, pasc. Prov.
9. La plupart de ceux qui noui entourent, nous
entretiennent dan» des préjugé» qui leur sont
communs et que souTent Ils nou» ont donnés, COR-
DitLAC, Art de pent. n, t. || Entretenir quelqu'un
d'espérances, l'entretenir de belles promesses, le
tromper en lui donnant des espérances, des pro-
messes qu'on n'a pas intention d'effectuer. Les Ta-
rentins que Pyrrhus entretenait d'espérance , boss.
Hist. 1 , 8. Il Terme de manège. Entretenir un cheval,
l'exciter de manière qu'il conserve une vitesse
égale dans son allure. || B* Fournir ce qui est né-
cessaire à la dépense. Entretenir une nombreuse
famille. Entretenir sa maison sur un pied convena-
ble. Entretenir une armée, une garnison. Entrete-
nir un grand train, un nombreux équipage. Ils [les
membres du musée, à Alexandrie] avaient une salie
où ils mangeaient tous ensemble aux dépens du
public qui les entretenait fort bien, roll. Hist. anc.
Œuvres, t. vu, p. 304, dans pougens. || Entretenir
des mattresses. Certain marquis l'entretenait, la
FOUT. Orais. Les libertins entretiennent ici un nom-
bre infini de filles de joie , montesq. Lell. pers. 67. Le
reste me sert à entretenir des filles, volt. Cand. 24.
Pour me récompenser de mes soins bienfaisants, II
en entretenait une autre [femme] à mes dépens,
legrand, flot de Cocagne, u, 7. jj Absolument.
Aujourd'hui on entretient; se serait-on jamais ima-
giné que le Français deviendrait si humble? on
prétend qu'il y a à présent dans Paris près de trois
mille filles entretenues, saint-poix, Ess. Paris,
t. III, p. 422, dans POUGENS. |{ Soudoyer. Quelle
honte.... Que même parmi nous Solamir entretienne
Des sujets corrompus, vendus à .ses bienfaits 1 volt.
Tancr. I, *. || 6" Parler à quelqu'un, conférer sur
un sujet. Hier dans sa belle humeur elle entretint
Valère, corn. Hor. i, i. Vous voyez, elle veut que
jgvous entretienne, mol. Jft». m, 7. Non, madame,
l'époux dont je vous entretiens, rac. Érit. ii, 3.
Entretenir Titus dans un autre lui-même, iD.Béréii.
i, 4. Il courut de ses feux entretenir la reine, in.
Ùithr. II, 3. C'est d'Enghien qui s'offre à mes yeux.
Sur Nerwinde et Steinkerke entretenant Achille,
cnAUL. Éptire au chev. de Bouillon. On trouvera
assez à se mortifier en entretenant contre son goût
les personnes dont on ne peut se défaire, fén.
t.xviii, p. 216. Il Fig. [Polyeucte à Pauline] Je ne mé-
prise point vos pleurs ni votre foi; Mais, de quoi que
pour vous notre amour m'entretienne, Je ne vous
connais plus si vous n'êtes chrétienne, corn. Poly.
V, S. Il 7° S'entretenir, v. réfl. Être tenu, assujetti
réciproquement. Ces deux pièces de bois s'entre-
tiennent. Il Fig. Donc toutes les choses, étant cau-
sées et causantes, aidées et aidantes, mùdiatement
et immédiatement, s'entretiennent par un lien na-
turel et insensible, pasc. Pensées, i, art. 6. || Être
conservé. La sagesse s'entretient par les bons con-
seils. Cette femme .s'entretient toujours fraîche.
II 8* Se fournir de choses nécessaires. Il gagne de
quoi s'entretenir. Les domestiques s'entretiennent
de linge et d'habits. || S'entretenir du jeu, y gagner
de quoi vivre. Il Fig. S'entretenir de chimères, s'en
repaître. || 9° S'entretenir, se maintenir en état pour
ne pas perdre la souplesse de ses membres, pour ne
pas oublier ce qu'on sait. S'entretenir dans les ma-
thématiques, dans la lecture du grec. || 10° Converser.
D'un cœur ardent, en tous lieux. Un amant suit une
belle; Mais d'un jaloux odieux La vigilance éter-
nelle Fait qu'il ne peut que des yeux S'entretenir
a?ec elle, mol. le Sicil. ». Il lui prit aussi envie de
vojager et d'aller par le monde s'entretenir avec
ceux que l'on appelait philosophes, la font. Vie
d'Ésope. Louis n'aimait véritablement à s'entrete-
nir qu'avec elle, M"' db genlis, Mme de Mainlenon,
t. I, p. 2<7, dans pougens. Il S'entretenir de Dieu,
parler de Dieu. || 11* S'entretenir avec Dieu, penser
à Dieu, méditer les choses divines. || S'entretenir de
ses pensées, avec ses pensées, méditer, réfléchir.
Le commencement de l'hiver m'arrêta en un quar-
tier où, ne trouvant aucune conversation qui me
divertit, je demeurais tout le jour enfermé seul dans
un poêle où j'avais le loisir de m'entretenir de mes
pensées, desc. Iléih. u, ). Et ne pourrai-je au
moins dans de si grands malheurs M'entretenir moi
seule avecque mes douleurs T rac. Alex, iv, i.
— REM. « Je l'ai de votre part longtemps entre-
tenu, CORN. Cid. On dit bien : je lui ai parlé de
TOtre part; ou bien : je l'ai entretenu de ce qun
vous m'avez commandé de lui dire de votre part
mais on ne peut dire : je l'ai entretenu de votre
part. Académie, Sentiment sur le Cid. i> Cette dé-
EICT. DE L.4 LANODU FRANÇAISE.
cision de l'Académie est trop rigoureuse et ne peut
être adoptée.
— HIST. nir ». Cornent poron» entrer dedens?
Ces piex [pieux] sont si entretenans Que n'i porrons
mètre les piez, Ren. 2700. |{ xv* s. Laquelle femme
leprinten son amour desordonnée, et, pour l'entre-
tenir, envendit et engaija de ses bagues et vais-
selle de son dit mary, jeaw de trotes, Chron. U82.
Et si est quasi impossible que grans personnages
ensemble et de semblable estât se puissent longue-
ment entretenir, si non qu'il y ait chef par dessus
tous, coMM. I, <6. Entretenir la paix de l'an précè-
dent, ID. II, <. Si vous lairai Jeannette, qui vous
entretiendra, et je m'en irai en ma chambre là der-
rière penser à Dieu, loiisxi, NOUV. XXXIX. Ijxvi's. Il
n'y trouva nulle occasion de s'entretenir, maisilglosa,
MONT. I, 67. Je me suis dez tousjours entretenu des
imaginations de la mort, id. i, 77. On l'entretiendra
que c'est que logique, physique, m. I, <74. Je
lègue à Arethus de nourrir ma mère et l'entretenir
en sa vieillesse, id. i, 2(6. Ceulx qui entretiennent
les bestes, se doibvent dire plustost les servir qu'en
estre servis, id. ii, i70. Outre ces maistresses, il
entreteint Servilia, m. m, 168. Qui vouldroit bastir
de ces histoires tm corps entier et s'entretenant,
ID. III, <85. Cependant qu'on s'entretenoit là [que le
combat se soutenait] , quelques soldats escartez rap-
portèrent que, vers le quartier des lansquenets, on
n'y faisoit pas trop bonne mine, langue, 600. Il
taschoit cependant à les entretenir en ce soupçon,
ID. 624 Qu'il vouloit que ses edits fussent entre-
tenus [maintenus], d'aub. Hist. ii, 32 Des per-
sonnes qui s'entretinssent par la main , et qui
sautassent, qui virassent, desper. Contes, xl. Il
estoit en partie cause de ce combat, pour avoir luy
mesme interprété en trop maulvaise part ce mot
d'entretenir, sur lequel fut fondée la querelle [de
Jarnac et la Châtaigneraie] , cahloix, ii, I3. Ceulx
qui ont affaire de la lumière d'une lampe, y met-
tent de l'huile pour l'entretenir, amyot, Pér. 36.
Alcibiadessçavoit bien s'entretenir de bonne grâce,
et se comporter comme il falloit avec toutes gens,
Aie. et Cor. comp. 6. Hz n'avoient qu'une petite
maison en la ville, et une petite possession aux
champs dont ilz s'entrotenoient , id. P. Mm. 8.
Les cosies vers la racine sont plus entretenantes,
pareillement et plus difficiles à rompre, paré,
II, 4.
— ÉTYM. Entre, et tenn ; provenç. enlrelenxr ;
espagn. entretener; ital. intrattenere.
ENTRETENU, UE (an-tre-te-nu, nue),porf. passé
d'entretenir. |{ 1° Assujetti. Charpente entretenue par
des pièces de bois. |1 Terme de blason. Se dit des clefs
et d'autre chose de même nature, liées ensemble par
leurs anneaux. || 2» Tenu en bon état. Des armes
bien entretenues. Des jardins d'une vaste étendue et
entretenus avec soin et une propreté qui faisait plai-
sir à l'œil, ROLUN, Hist. anc. Œuvres, 1. 1, p. 228,
dans pougens. |{ Fig. Et ces biens.... Rendraient d'un
peu d'espoir mon âme entretenue, Régnier, Plainte.
Il 3° Se dit des personnes que l'on continue à tenir
en de mêmes sentiments. Entretenus en leurs espé-
rances. Entretenue en son erreur fatale, rac. Bajat.
I, 4. Il Se dit aussi des sentiments que l'on nourrit.
Illusion entretenue. Souvenir toujours entretenu.
Il i" Fourni des choses nécessaires à la vie. Vingt
pauvres entretenus à l'hospice. || Femme entrete-
nue, femme à qui un amant fournit de quoi s'en-
tretenir. Une Italienne qui était entretenue par
le prince Eugène, volt. Louis XIV, 23. On sait
qu'Aspasie élevait des filles pour être entretenues,
p. L. cour. Lelt. II, 3B4. Il eût paru étrange qu'une
demoiselle noble gagnât sa vie ainsi [à faire de la
tapisserie]; on n'eût pas voulu y croire; on l'eût
dite entretenue; ce mot entre alors dans la langue,
michelet, Louvoit et St-Cyr, Revue des Deux-
Mondes, l"juin I86<, p. 575. (C'est une erreur;
du moins, dès le xvi' siècle, on a dit entretenir
une femme.) |{ S" Dans la marine, le terme entre-
tenu s'oppose à l'épithète auxiliaire par laquelle on
désigne soit des officiers emprunté» pour un temps
au commerce, soit des employés non commissionnés
et révocables à volonté. Il était enseigne de vaisseau
auxiliaire et fut entretenu à la suite d'un combat.
Il est chirurgien auxiliaire et va passer au concours
pour être entretenu, legoahant. || Non-entretenu,
qui est simple auxiliaire, qui n'est pas pourvu d'un
brevet ou d'une position stable.
ENTRETIEN (an-tre-liin) , s. m. || 1» Action
d'entretenir, de maintenir, de conserver. Ne se dit
guère en ce sens que dans le langage élevé et poé-
tique, ô vous à ma douleur objet terrible et tendre,
Éternel entretien de haine et de pitié, corn. Pomp.
V, », Tomnean, cher entretien d'une douleur amSre,
LAMART. Harm. m, 7. jj 2* Ce qui est nécessaire
pour la subsistance et les autres besoins. L'entretien
d'une famille entière. Pourvoir à l'entretien d'une
garnison. Son entretien sera moins coûteux en pro-
vince , Lui dis-je , chargez-m'en ; l'entretien fut
très-mince, colin d'harlrv. Vieux célib. i, «.
Il Terme d'économie rurale. Nourriture et soins que
l'on donne aux animaux. Ration d'entretien, celle
que l'on donne aux bêles pour les maintenir en leur
état. Il 3° Particulièrement, dépense pour l'habille-
ment. Il donne tant à son neveu pour son entretien.
En grandissant, votre entretien deviendra beaucoup
plus cher, m"* de genlis. Veillées du chdt. t. i,
p. )»3, dans pougens. || 4" Réparations qu'exigent
certaines choses pour être tenues en état. L'entretien
du pavé. En état de bon entretien. || Terme de ponts et
chaussées. Entretien simple, travail qui a pour ob-
jet la simple réparation d'une chaussée pavée. En-
tretien courairt, se dit de tous les travaux ordi-
naires qui s'exécutent annuellement dan» les attri-
butions des ponts et chaussées, du génie et de
l'artillerie. || Dépense faite pour les réparations. Ce
bâtiment estde grand entretien. || B" Conversation sur
un sujet particulier. Et vous, chers entretiens, qui me
sembliez si doux, Régnier, Plainte. L'entretien des
amants veut un entier secret, corn. Cinna, m, î.
Sabine m'en a fait un secret entretien, id. Ment, v,
6. X peine ai-je voulu lui porter la nouvelle Du mo-
ment d'entretien que vous souhaitiez d'elle, Qu'elle
m'a répondu tenant son quant à moi.... mol. Dépii
am. IV, i. Madame, mon abord, comme je connais
bien. Assez mal à propos trouble votre entretien,
id. D. Gare, m, s. Je trouvai quelques gens d'un
très-rare mérite. Qui, parlant des vrais soins d'une
âme qui vit bien . Firent tomber sur vous, madame,
l'entretien, id. Mis. m, 6. On souffre aux entre-
tiens ces sortes de combats. Pourvu qu'à la per-
sonne on ne s'attaque pas, id. F. sav. iv, 3. La
bagatelle, la science. Les chimères, le rien, tout
est bon; je soutiens Qu'il faut de tout asx entre-
tiens, la font. Fahl. x, i. Et si j'en crois, seigneur,
l'entretien [les bruits] de la cour, rac. Bérén. I, 3
Celui qui sort de votre entretien content de soi et
de son esprit, l'est de vous parfaitement, la bruy. v,
Xénophon nous a conservé un entretien de Socratc
avec I■:uthyd^me sur la Providence, qui e.st un des
plus beaux endroits qui se trouvent dans les écrits
des anciens, rollin, Hist. anc. Œ'uvres, t. iv, p.
379, dans pougens. Ils étaientsur la fin du repas, et,
par conséquent, entrain de disputer; mais, aussitôt
qu'ils m'aperçurent, ils firent succéder un profond
silence à leurs bruyants entretiens, lesage, Cil
Blas, XI, 14. Il est certain que les entretiens inté-
ressants et sensés d'une femme de mérite sont plus
propres à former On jeune homme que toute la
pédantesque philosophie des livres , J. J. Rouss.
Conf. IV. Est-ce que Platon, lui dis-je, n'a pas rap-
porté fidèlement les entretiens de Socrate ? Je ne le
crois pas, répondit-il, je pense même que la plu-
part de ces entretiens n'ont jamais eu lieu,BARTHiSL.
Anach. ch. 58. Son entretien est un échange, dk-
lille, Conversation, m. || L'entretien avec la fan-
taisie, la conversation avec sa propre imagination,
Vous aimez l'entretien de votre fantaisie, corn. Gai.
du palais, ii, 2. || Il se dit, dans le langage mys-
tique, des muettes communications avec la Divinité.
Quelles grâces. Seigneur, ne dois-je pas te rendre,
X toi, ma seule gloire et mon unique bien? Mais
qui suis-je pour entreprendre D'élever mon esprit
jusqu'à ton entretien T CORN. Imit. m, 3. jj 6" Ta-
lent de conversation. Le pauvre esprit de femme et
le sec entretien I mol. Jfi's. ii, 6. Comme il joignait
à la sagesse La mine d'un héros et le doux entre-
tien, Il fit tant que l'enchanteresse Prit un autre
poison peu différent du sien, la font. Fabl. xii,i.
Spitridate a l'entretien charmant, corn. Agés, i, l.
Il T Le sujet de la conversation même. Qu'ils soient
[mes trophées] dorénavant ton unique entretien,
CORN. Hor. IV, 6. Cette vieille amitié faisait votre
entretien, id. Ment.u, 3. Vous faites aujourd'hui
l'entretien de la ville, th. corn. Feint astrol. iii,< .
Conservez le souvenir d'un héros dont la bonté avait
égalé le courage; ainsi puisse-t-il toujours vous être
un cher entretien I aoss. Louij de Bourbon. N'avons-
nous d'entretien que celui de ses pleur»? rac.
Andr. m, ». Et ce triomphe heureux qui s'en va
devenir L'éternel entretien de» -siècles à venir , id.
Iphig I, *. Ce nouveau commerça taisait l'entre-
trén de la ville, hamilt. Gramm. H. || 8; Titres de
certain» ouvrages en dialogues. Entretiens spiri-
tuel». Les Entretiens d'Érasme. -
— HIST. xvi* s. Si s'estudia il de le contenir et
I. - 181
■
— .- A. Mm Êiuafr p»r bonne» p»rolM et gr»-
•Si fcSÏÏ^»* •'»" '• ""''"'•• •* '«'«'*««>«»
r^nw-rmeiM»') ("-"o-H-r*), •• réft. se
I».' réoipniqu»ai««L
— iiUT. irr ■. U» âicUir» et tonnerres rte l'ar-
iij|.ri» di ihtâqua fêié, qui •'enlreliroient ince«-
mmtotot, citii-oix, V, s.
^trru Entré, et (ircf.
f ENTKB-TlSSeil (aa-»r»-ti-ié), r. o. Tijser en-
tre, unir pur Lu liuu.
— iliST. iiï'e. Iluec [le< veines et les artères]
^enlt<ti»un( eosemUs et composant la dure mère,
V. DK MnNDKVIIXK, f M, Vtfte.
— r.TYM. k'iiîrt, 01 litier.
fEMTKKTIiUiU, UE (an Ire-ti-su, aua), adj. Oui
e(( mAM, joint, en forme ile (issu, à d'autres cho-
•es. Une couronne eiilrotiiisue do feuillage d'or.
— IHST. ivir a Ktsi aroil enfior Ktilretissu les
toiles de fin or, ou BEiXiV, iv, <>, «erto.
— «TVM. Enirt, et litsu.
EVrBETOILE (an-tie-toi-1'), ». f. Ornement de
dentelle placA entre deiii bandes de toile.
— tmu. Untre, et «oi7«.
lOrrRETOISK (aa-tra-toi-z') , t. f. Pièce de bois,
de fer qui se met entre deui autres pour les forti-
fier ou les unir. L'entretoise est un assemblage en
forme de sautoir. || Morceau de bois qui surmonte
les deux pièces d'une voiture appelées moutons de
derrière. || terme d'artillerie. Pièces qui unissent les
deux flasques d'un affût.
— CTYK. Sans doute entre et toUe.
t tWTSE-TOCCHEB (S) (sn-tre-tou-ehé), «. rifl.
Se touclier mutuollemeut. En architecture, on nomme
colonnes accouplées celles qui, étant deux à deux,
i'entre-touchant par leurs bases et leurs chapi-
teaux. Les parcelles de glace, étant poussées les
unes contra les autres par les vents, s'entre-tou-
cliant SUIS l'unir pour cela tout à fait, pKSO. Ué-
Uor. ».
— HIST. xvif s. Les qualités de teu^ corps qui
s'entretouchent agissent l'une contre l'autre, pahë,
t. III, p. 118.
— Btvii. Knlre. et toucher.
t BNTRK-TKOMPEB (S') (»n-tre-trom-pé), e. r^^.
So tromper l'un l'autre. On ne fait que s'entre-trom-
p«r, i>ASc. Peméet, part, i, art. 6.
— 8TVII. Entre, et (romper.
t EHTnB-TKOUVRR (S') (antfe-trou-vé), V. rift.
Se trouver l'un l'autre.
— HIST. XII' s. Voetre fizsui, e vos [vous] ma mère;
Bien ui que Des (Dieu], Il notre père. Nos voist
(veut] k bone fin mener, Oue nos [nous] a fait en-
tretrover, Cr^0Oirs Je Crand.
— *TYM. Kntr», et trouver.
t ENTHE-TUEIl (8") (an-tre-tu-é), V. réfl. Se tuer
l'nn l'autre. Donne ordre que sous ton génie Se ter-
mina cette manie; El que, las de perpétuer Une si
longue malveillance, Nous employions noire vail-
lance Ailleurs qu'à nous enlre-tuer, malh. m, ï.
Un peuple qui repaissait ses yeux homicides du
cruel plaisir de voir des hommes s'entre-tuer de
ctng-froid, aoLi. Hùl. ont. CKuvrei.t. v, p. «7,
dans rouecN*.
— niST. xiir s. Si que jadis s'enireluoient, la
floir, I4t(7. Ilxiv». U larron se comhalent.... Be
tout s'tntraluoient, ne aeroit yti pitié, £aud. de
8eb. vm, 1101. Ilivi' ». On les voyoit se charger,
blecer et entreluer les uns les autres, mont, i, et.
— *TYM. Knlre, et tuer.
t Hî(THf.VRII,I,ER (S') (an-trévè-Ué, Il mouil-
lées), v.Hfl. S'éveiller l'un l'autre.
— HIST. ivi" a. B'entreveiller, cotcravk. Je le
voy, ce mesemhle, au milieu des soudars. Un
comme enire-esveillé prendre dessur la terre hons
Me.
tntre . et értilUr.
t R1TTBR-VB5PIUI (S') (an-tre-van-drO , «• f^ifl
8e trahir mutuellement.
— tmt. ffnire, et tmdrf.
i wmtn-fismm (s-) (an-tr«-vl-xl-t«), ç. r»*/!.
»• Miller mutuellement. '
— W»T. XV j. Au soira'entre-vi^iUnl, sur lefro-
■•••, Ue ehasuignes ou le jambon, [ils] Buvolcnt
?-„ 'w!**^"" V»"- Il ">• »• l-ette louable cous-
»»me, oheervèe eiilre U;. grands princes, de s'en-
vm .,.''"""• ""'»"• c*,nKratulation, cahloix,
dli hoJiîîiîî"'''"* •'•"«"''«Itoient en toute cor-
J«5^»aliU, iHTO, ^ „
tWT»K.V0IB (.n-tr-vo»), .. f.Tspuo eom-
ENT
pris entre deux voies d'un chemin de fer. || Au plur.
Des entre-voies.
— *TYM. Knlre, et rote.
ESTKEVOIIt (an-tre-voir), V. a. So conjugue
comme voir. || 1" Me voir qu'imparfaitement, sans
bien distinguer. Entrevoir un objet à travers le
brouillard, dans l'obscurité GrAce au ciel, j'en-
trovol.... Dieux! quels ruisseaux de sang coulent
autour de moi I BAC. Andr. v, S. Ils entrevoyaient
déjà la lumière du séjour des héros, fén. WJ. xix.
Il Absolument. L'on ne peut pas tout voir; il faut
souvent se contenter d'entrevoir, bonnet, Contid.
corps org. t. vi, p. «8, dans pougens. || Fig. Nous
ne faisons qu'entrevoir la vérifé. Entrevoir l'inten-
tion de quelqu'un, patro, Plaid. 8, dans bichelet.
Je crois de ce désordre entrevoir l'origine, rac.
Uérin. u, e. J'ai cru dans son désordre entrevoir
.sa tendresse, m. Bajai. m, 6. J'entrevois vos mé-
pris et juge à vos discours Combien j'achèterais vos
superbes secours, la. Iphig. iv, 6. Dans l'espoir
dont j'entrevois les charmes. Ne m'abandonnez pas,
Dieu qui voyez mes larmes! volt, ^aîre, ii, 8. Je
fus profondément touchée de la compassion qu'il ma
laissait entrevoir, u"' de genlis, ild. et Théod. t. ii,
lett. 38, p. 360, dans pougrns. || Prévoir. J'entre-
vois de grands obstacles. || 8" Ne voir qu'un moment.
Je n'ai fait que l'entrevoir. Je n'en puis trop juger,
je ne l'ai qu'entrevu, colin d'hablev. Chat, en
Esp. II, 2. Il 8" S'entrevoir, v.réft. Avoir une ra-
pide entrevue. Ils s'entrevirent dans telle maison.
Leurs captifs dans ce trouble osèrent s'entrevoir,
RAC. Bajax. i. t . || 4° Se rendre mutuellement visite.
[Sans le besoin] Rien ne les inviterait fies hommes]
à se connaître et i s'entrevoir, FitN. Exist. xi.
— HIST. XI" s. Bien [ils] s'entreveient en mi la
plaine terre, Ch. de Rot. xxxix. || xii* s. Si tost
cum s'entrevirent, lues [sans tarderj se sont encon-
tre, E li reis Henri l'a, e il 11, salué, Th. le mart.
1 14. Il xiu' s. Lajoiedu père et du fil fu moût grant,
car grant pièce avoil qu'il ne s'estoient mie entre-
veus, viLLEH. Lxxxvii, || XV' S. Les compagnons du
chastel vinrent voir les Anglois, ainsi que gens
d'armes s'entrevoient volontiers et especialement
François et Anglois, proiss. ii, ii, 84. Mes bons sei-
gneurs, je pense à mon avis. Que s'entrevoir etvi-
ziter souvent. C'est ce qui faict toujours les bons
amis, BASSELIN, XL. Il XVI' s. Pour l'obscurité de la
chambre, ne lespouvoit connoistre; parquoi, les en-
trevoyant bien près l'un de l'autre, se printàcrier....
MARG. Nouv. Lxvi. Ils s'enlre-esloient vu» aux uni-
versités, DBSPER. Contes, XVIII Sans s'entrevoirj
car jamais les roys ne se voyent, au moins que bien
rarement, de peur que l'entrevue ne leur face tom-
ber en mespns les uns des aultres, carl. vn, 20.
Faudra avoir diligemment esgard au patient, et
l'entrevoir de temps à autre, paré, xxv, 4». Et fut
advis à l'un de ceulx qui rnarohoient devant qu'il en-
treveoit tout au bas au pied des rochers le camp des
Grecs, AMYOT, Caton, 27.
— ÊTYM. Entre, et x:oir; bourgulg. entervir.
t ENTRE-VOULOIR (S) (an-tre-vou-loir), v. réfl.
Vouloir quelque chose l'un pour l'autre. Ils s'entre-
veulent beaucoup de bien. || S'entre-vouloir suivi
d'un verbe actif. Ils s'entre-veulent surpasser, ils
veulent se surpasser l'un l'autre.
— HIST. XIV s. Il convient que les amis viellent
[veuillent] bien l'un à l'autre ensemble, et que il
sachent que il s'entre-veullent bonnes choses ,
0R8SMK, JflA. Ï32. Il xvi" S. Les deux armées, en
s'entre-voulant vaincre, ne peurent pas seulement
se combattre, langue, «67.
— f.TYli. J?n(re, et l'ouioir.
ENTREVOUS (an-tre-voû) , ». m. Terme d'archi-
tecture. L'espace qui est entre chaque solive. || Es-
pace garni de plâtre ou maçonnerie faite entre les
poteaux d'une cloison. Doubles fonds oij entrevoqs
disposés sur tout le pourtour de chaque éUge [d'un
théâtre], morin, ^c«d. des se. Comptes rertdus,
t. LVi,p.3««. Il Planche qui n'a qua 20 à 26 millimè-
tres d'épaisseur, et qui est propre à faire des pan-
neaux. Les dosses, ohènes et entrevous de toutes
longueurs, seront comptées trois toises pour deux;
et les droits seront perçus comme de la planche, à
proportion des longueurs, Vicl. 22 oct. t7ilt*. Tarif.
— ÉTYM. U semble, malgré la forme irrégulière
de ce mot, qu'il çst formé de <»i(re, et toiutot'r ou
i-oille.
t ENTBEVOCter (an-tre-TQû-t*) , u, a.GarAirdo
plilre rinttrvalle laissé eptre les jolives,
— ÉTYM. Jînirerou*,
BîrrREVU, CB(an-tre-Tu, vue), port. po*rt d'en-
trevoir. Vu k peine. Le jour i peina entrevu par ses
yeux mouMnis. || Vu un moment. Entrevue au bal
ENT
par un Jeune homme. || Prévu. Toutes les difâcultéa
entrevues .s'aiilanirent.
E!n"REVUE (an-tre-¥ue), s. f. Rencontra entre
des personnes où l'on cause, oA l'on traite d'affairei.
L'entrevue aisément se termine en querelle, ceRH.
Poly. m, t. Polynice , seigneur, demande une
entrevue, RAC. Théb. m, 6. D'un père et d'un aœaal
soutenir l'entrevue, volt. Irène, v, t.
— HIST. XVI' s. X l'entreveus qui sa dressa du
pape Clément et du roy François h Maraeille, mort.
I, 61.
— ÉTYM. Entrevue.
f ENTR'EXCITER (9') (an-trè-ksi-té) , n. rift.
S'exciter mutuellement. Par de nouveaux efi-orts les
rameurs s'entr'excitent, brébsup, Phars. m.
— ÉTYM. J?(i(re, et exciter.
t ENTR'EXHOHTER (S') (an-trè-gzor-té) , ». rt*/).
S'exhorter mutuellement. X l'exemple du chef les
soldats s'entr'exhorlent, ehébeup, Phars. iv.
— ÉTYM. 7?n(re, et exhorter.
+ ENTR'IIIVER (an-tri-yêr) , ». m. Terme d'agri-
culture. Labour fait pendant l'hiver à la suite d'un
dégel.
— ÉTYM. Entre, et fciïer.
f ENTR'HIVERNER (qn-tri-vèr-né), v. a. Terme
d'agriculture. Ponner un labour aux champs dans
l'intervalle des gelées.
f ENTR'HONORER (S') (an-tro-no-ré) , t). réfl.
S'honorer mutuellement.
— HIST. xii* s. Les deux dames s'entrenorerçnt,
Et de ce que lor plot [plut] parlèrent, wace, Ki'erjc
Marie, p. 47.
-- ÉTYM. Entre, et honorer.
f ENTRIGUET (an-lri-ghè), t. m. Les gens de
l'entriguet, gens d'importance. Et que toute notre
famille Si proprement s'babillo Poqr être placée au
sonjmet De la salle où l'pn met Les gens de l'entri-
guet, mol. Bourg, gent. Ballet. \\ Mot vieilli et tombé
en désuétude.
— ÉTYM. Mot qui paraît se rapporter, comme di-
minutif, à intrigue, (Jans le sens (1 occupatJtm,
affaire.
t ENTR'IMMOLER (S') (gn-trl-mmo-lé) , v. réfl.
S'immoler réciproquement. Ils s'entr'immolent tous
au commun adversaire, corn. Tbis. d'or, v, 2.
— ÉTYM. Entre, et immoler.
t ENTR'INCOMMODER (S) (an-trin-ko-mo-dé),
V, réfl. S'incommoder réciproquement.
— HIST. ivi' s. Meslans ensemble les arbres (Je
noiau et à pépin, sans crainte que leurs différentes
qualités les entre-incommodent, o. de serres, «6t.
— ÉTYM, Entre, et incommoder. Au xvj" siècle,
il a été employé activement.
f ENTR'INJUBIER (S') (an-trin-ju-rl-é), ç. réfl.
S'injurier mutuellement.
— ÉTYM. Entre, et injurier.
t ENTR'INSTRCIRE (S") (an-trin-strui-r') , V. rifl.
S'instruire l'un l'autre, H faut donc s'entr'aimer, il
faut donc ?'entr'instruire ; Jl fciijt dopo s'entre-çg-
courir, CORN. Imit. i, ts.
■ — HiST. xvi* s. S'eptr'instruire, MNOUB, îÇOi
— ÉTYM. Entre, et «nîtrui're.
t ENTRIPAILLÉ, ÉE (sn-tri-paHé, Uéfl, U
mouillées), adj. Qui a de la trlpaille, qui a une
grosse bedaine 11 faut un roi qui soit gros etgraj
comme quatre; un roi, morbleu! qui soitentripaiHé
comme il faut; un roi d'une vaste circonférence , et
qui puisse rempbr un trône de la lielle manière,
MOL. Impromptu, f, Phébus, de tous les diem lo
plus entripailié, En pèse pour le moin? une d«ini-
donzaine, boiirsault, Phaéton, v, 4.
— ÉTYM. En \,e\. tripaille,
t ENTR'OBLIGER (S") (sn-tro-bli-j4), ç. r4fl,
s'obliger mutuellement.
— HIST. XVI' s. S'entrobliger, cotbrave.
— ÉTYM. Enire, et obliger.
t ENTROCmiE (an-tro-ki-f), f. f. Voy. EHTWJ^
QDB.
t ENTR'ŒIL (an-treuU, {{ mouillées), î, m. Par-
tie de la face qui se trouve «ptre le» deux ytU).
Il 4u plur. Des entr'œil,
— ÉTYM. Entre, et vil,
t ENTR'OFFENSER (S") (an-tro-fan-sé) , V. rifl.
S'offenser mutuellement.
— HIST. ivt' s. Aveoques defentei de no »'eiitr'o{-
fenser, lanous, t»».
—ÉTYM. Entre, et nffenttr.
t ENTR'OMnRAGEB (S') (an-tron-bra-jé), f. r*i*
S'ombrager réciproquement.
— HIST. xvf ». [Un bocage] Dont 1m cheveux par
le fer non tondus S'entr'ombrftgegieDt l'un sur l'au»
tre eipaudus, rohs. 642.
— ETYM. Entre, et ombrager.
ENT
F/NV
ENV
1443
t ENTR'OPEHCUI.B (an-tro-pèr-ku-P), s. m.
Terme d'anatomie. Partie osseuse delà tête des pois-
sons, placée derrière le matillaire inférieur.
— ÊTYM. Eiitte, et opercule.
t ËNTROPIOl* (an-tro-pi-on) , s. m. Terme de chi-
rurgie. Renversement du bord libre des paupières
Ters le globe de l'œil.
^- ÊTYM. 'Ev, en dedans, et tpénsiv, tourner.
t ENTHOQtTE (an-tro-k') , ». f. Petit corps fossile
en fortoe de rouelle, ayant des stries ou sillons di-
vergents du eentfe k la cireonférence.
— ÉTYrt. 'Ev, en, et Tpâ/oç, roue.
t ESTll'OnBLIER (S') (an-trou-bli-é), W. réft:
S'oitblier mutuellement.
"- BlST. xiil* s. Mais ijiiant li dévoie conter, Tant
me plâisoil à regarder Sa biauté, tous in'entrou-
blioie; Qui me deûst les iel [yeui] crerer. Ne
seûsse un seul mot souner [sonner, dire] De quan-
qUeS énpëhsé àvoie, IHst. lUt. de la Ft. t. Xliii,
p. 614. S'en avde (êlgderredon. Que mes maus en
entr'oblloie POr lo délit et por là joie, la Rose, iSii.
Là parole DàVid estbieh entr'oubliie. Oui dist: rapi-
des vos veus, né les trépassés mie, ruteb. î39.
Il XV* s. Ainsi fut Sntr'oubliée petit h petit là mort
Jacques d'Arfevelle, fhoiss. i, i, 24».
— ÊTYJf. Entre, et oublier. Dans l'historiqtie,
elitt'oublier a le seftfe d'oublier à demi, feu à peu.
ÉÎÎTR'Otï, ÏE (an-trou-i, le), pUrt. passé d'en-
tr'ôilli'. Des paroles entr'ouïes et mal rapportées.
ÈStR'OUm (aû-trmi-irj, «. d. S'entendte ç(ù'à
demi. J'enlfouïs sa voix.
— BiST. xv S. La dame, ç(ui âvoit l'oSif et Po-
reiUé toujOufs i son ami, l'entrouit d'avehtiire,
louis XI, flOuv. Lxxii. ||xVi* s. La bassesse de ses
ferestfes dcfnnant moyen aux passais d'en<r'oufr et
d'enffe-voif té t/u'oii y dit et fait,- o. DE sehhes, 23.
— ÉTYH. Etitre, et ouïr.
t E*m'OUTKAGEft (S') (àfi-troù-tra-jé), v. réfi.
S'outrager l'un l'autre.
— {fiST. xvi* s. S'entf*oiitrâg'éf , lAnoù^, ièe.
— ÈTVm. Entre, et outrager.
iSrTR'OTJVERT, ERTE (an-froKi-Vêf , v^M*j, pdH.
passé d'entr'ouvrir. [| 1° Ouvert par disjonction. Que
du fond de l'abtme entr'ouvert sous ses pas.... hac.
Alhal. m, 6. |i 2° Ouvert à demi. Ces yeux fermés
ot éteints, ce visage pâle et défiguré, cette bouché
eatr'ouverfe qui semblait vouloir encore achever des
paroles commencées, fén. Tél. n. ta gloire est en
danger, ta tombe est enlr'ouvei'te, volt. Fanai, iv,
I. Il Terme de vétérinaire. Chevaïenfr'ouvert, cheval
qui a fait quelque effort aux membres antérieurs.
KNTR'OuVÈRTlrttE ( an-trou-vér-tu-r' ) , s. f.
Il 1° Etat de ce qui est entr'ouvert. Glisser une lettre
par rentr|ouverture d'une porte. || i° Terme de vété-
rinaire. Effort qu'un cheval se donne aut membres
antérieurs.
— HlST. îvi* s. Ôuand l'os n'est du tout sorti de
sa cavité et est appelle contorsion ou elongation et
entr'ouverture, pahé, xiv, 2.
— ÉTYM. Entr'ouvert.
ENTR'OÙVRIR (an-frou-vrirj , v. a. Se conjugue
comme ouvrir. |1 1° Ouvrir par disjonction. Des mers
pour«ui ilentr'ouvrit les eaux, rac. Athal. i, 4. La
terre.... nous paîra sa culture; Ce bras, nerveux en-
core, est propre à l'entr'ouvrir , ducis, Lear, u, 5.
Il 2° Ouvrir à demi. Èntr'ouvrir la porte. Ce prince
en soupirant Avec assez de peine entr'ouvre un œil
mourant, corn. Rodog.y, 4. Il entr'ouvre ses yeux
à la lumière, fén. Tél. v. || Fig. Ninias en secret
privé de la lumière Du trône où j'aspirais m'entr'ou-
vrait la barrière, voLt. Sémir. il, 4. La douleur
lentement m'entr'ouvre le tombeau, lamaht. J(éd.
I, 48. 113° S'enlr'ouvrir, v. réfl. Etre ouvert par dis-
jonction. La terre s'entr'ouvrit. Le nuage descend,
il s'arrête, il s'entr'ouvre, corn. Toison d'or, m, 6.
Le ciel brille d'éclairs, s'entr'ouvre, et parmi nous
Jette une sainte horreur qui nous rassure tous, bac.
Iphig. y, 6. jf S'ouvrir k demi. La porte s'entr'ou-
vrit.
- HIST. XII' s. La dame ki fu en atente, Avoit
le postic entr'ouvert, Lai d^Ignaurèi. || xiu* s. Le
?rant huis de la chambre Blanoheflors entrouvrit,
Berte, lxxxix. || xV s. Ha hayl qui puet avoir osté
Du monument et descouvert Le couvercle et entrou-
vert? Résurrection de N. S. Mystère. \\ xvi' s. Quand
.es os s'esloohent, s'entr'ouvrentet entre-baaillent,
.ans toutesfois estre luxés, pahé, xiv, 4. Le ciel
■embla saitr'ouvrir, AHTOT, f o6. 4.
— ÉTYM. Entre i et ouvrir i
t ENTRCRE (an-tru-r'), ». f. Terme rural. Pro-
fondeur plus ou .moins grande à IsqueBe pénètre le
soc de la charrue.
- fiTYM. Entrer.
I ENTR'USER (S') (an-tni-zé), v. réfl. Néologisme.
S'user l'un l'autre.
— ÉTYM. Entre, et user.
t ENTURBANNÉ, ÊE (an-tur-ba-né, liée), adj.
Coiffé d'un turban.
— HIST. xvi« s. Pour cimier une teste de more, de
front en turbané d'argent, la Colomb. Thédt. d'honn
t. I, p. 4 06, dans LACURNE.
— ÉTYM. En 4 , et turban.
BNTURB (an-tu-r'), s. f. || 1° La fente où l'on met
l'ente ou la greffe. || 2° Petites pièces de bois, qui
en traversent une grosse, pour former des échelons
des deux côtés, comme dans les échelles des carriè-
res; Il 8° Opération par laquelle un arquebusier re-
médie à la rupture d'un bois de fusil. || 4° Nœud
fait à un fil cassé par le fabricant de bas au métier
Les entures seront au moins de quatre mailles, la
couture double, Lett. pat. fév. 467%.
— ÉTYM. Enter.
tENTYPOSE (an-ti-pô-z"), ». ^. Terme d'ariato-
mie. Nom donné à la cavité glénoïde de l'omoplate,
à cause de son peu de profondeur.
— ÉTYM. "EvTÛTîwtrti;, empreinte, da h, en, et
TÛTto; (voy. typk).
t ÉNlJCLÊATION(é-nu-klé-a-sion),ï. f. \\ 1° Terme
de chirurgie. Mode particulier d'extirpation, qui
consiste à faire sortir , à travers une incision
préalablement faite, one tumeur, à peu près comme
un noyau qu'on chasse en pressant un fruit.
Il a° Fig. dans le langage didactique, se dit pour so-
lution d'une difficulté.
— éTym. Lat. enucleare , ôter le noyatl ^ de e ,
hors, et nucleus, noyau (voy. noyau).
ÉNUMERATEUR (é-nu-mé-ra-teur), ». W. Celui
qui fait une éhumération. Depuis trente années, on
prête l'oreille aux rhéteurs, aux déclamateursy aux
énumérateurs; on court ceux qui (leignent en grand
ou en tniniatufè [il s'agit de l'éloquence de la
chaire], la brut. iv.
— ÊTYM. Énumérer.
ÉNCMÉRATtF, IVE (é-nu-mé-ra-tif, ti-v'), adj.
Qui énùmère, qui sert S l'énuméralion. Le roi,
selon l'usage, débute par une invocation énuméra-
tivê au* grands dieux du pays d'Assouf , Vivien de
st-martin, Fouilles de l'Assyrie, Rev. gerrn. t. xx,
p. 400. Il Terrfiè de gramriiaire. Se dit de^ adverbes
qui Servent à énumérer, comme: premièrement, se-
condement, etc. oupriûio, secundo, etc.
— ÉTYH. Ênwnéref.
ÉSruJÎÈRATION (é-nù-mé-rà-siott ; en vers, de
six syllabes) , s. ^. || 1° Action d'énOmére*. Une lori-
gue ériumérafion. Faire l'éfiumération. |( 2" jî'îgure
de rhétorique, qui consiste à passer eh revue toutes
les iriainières, toutes lès cirtonstances, toutes les
parties, || Partie d'un discours qui précède la péro-
raison, et dans laquelle l'auteur Récapitule toutes
les preuves comprises dans rargùmentatîon. L'énu-
mérafion ott distribution consiste à parco'nr'ir en dé-
tail divers états, diverses circonstances et diverses
parties ; on doit éviter la minutie dans l'énuirtéfation,
DUMARS. Bel. gramm. philos, t. v, p. 286.f| 3° Terme
de logique. Enumérafion incomplète, sorte de so-
phisme qui consiste à îie pas faire une énuméfatioh
complète, et à conclure comme si elle l'était.
— H/ST. XVI* s. Cet usagé de projjositioris diverses
et conjoinctes et de la suffisante énùïnération des
parties, mont, ii, 4 72.
— ÉTYM. Lat. enumeraiionerh (voy. ë'nûMèrer).
ÉNUMÉRÉ, ÊE (é-nu-mé-ré, rée), part, passé.
Des circonstances exactement énuméréés.
ÉNUMÉRER (ê-nu-mér^. La syllabe mé prend un
accent grave, quand la syllabe qui suit est muette :
j'énumère ; excepté au futur et au conditionnel :
j'énumérerai, j'énumérerais), e. o. Compter un à
un. On exempte ces terres de toutes les charges
qu'exigeaient sur elles les comtes et aufres Offi-
ciers du roi; et conime on énumère en particulier
toutes ces charges , et qu'il n'y est point ques-
tion de tributs, il est visible qu'on n'en levait pas,
1I0NTESQ. Etp. XXX, 4 3. jj Terme de rhétorique. Faire
une énumération.
— ÉTYM. Lat. enumerare, de e, et numeru»,
nombre (voy. ce mot).
t ÉNCRÉisiE (é-nu-ré-zie), s. f. Terme de méde-
cine. Écoulement involontaire d'urine, incontinence
des urines.
— ÊTYM. 'ïv, en, et oûpudn;, action d'uriner, de
oOpov, urine.
ENVAHI, lE (an-va-i, ie), part, pas»^ d'envahir.
Il l'Occupé de force. Les pays envahis par l'ennemi.
Vois ces murs,vois ce temple envahi par tes maîtres,
VOLT. Zaïre, ii, 3. Non, je ne verrai point ma vieil-
lesse réduite X pleurer dÂns l'exil nés foyers enva-
his, masson, Ilelv. II. Il Par extension. Des sommes
immenses envahies retournent aux légitimes et pre-
miers possesseurs) didéroTj Essai sur Claude, i,
§ 48. Il 2° Occupé, en parlant du feu, de l'eau, etc.
qui s'avancent. Les terres envahies par l'inondation.
Il Fig. La république romaine envahie par le luxe.
ENVAHIR (an-va-ir) , t). o. || 1° Occuper par
force. Son armée eut bientôt envahi leur teârttoiré.
Il a envahi mon héritage. La Macédoine, son an-
cien royaume tenu par ses ancêtres depuis tant de
siècles, fut envahie de tous côtés comme une suc-
cession vacante, boss. Hist. m, B. || Absolument.
Lorsque César menace d'envahir, le sénat crie à ion
tour et n'espère plus qtfen Pompée, montesq. Rom
XI. Il II se dit aussi des animaux. Les sauterelles en-
vahissent des contrées entières. Les rats avaient
envahi sa maison. || 1° Il se dit de l'action de
s'emparer du commerce et autres choses comparées
à un domaine. Les Hollandais de Curaçao envahis-
sent tine grande partie du commerce de la colonie
française, raynal, Hist. phil. xiii, 45. |J 8° Occuper,
gagner, en parlant du feu, de l'éau, des plantes, etc;
L'eau envahissait rapidement le bâtiment. Tout un
quartier était envahi par le feu. Ces plates-bandes sont
envahies par les mauvaises herbes. || Fig. La politi-
que envahit tout, on ne s'occupe que de politique.
— HIST. xi* s. Tout par seil fel qui nés [soit très-
félon qui ne les] vait envaîr [attaquer] , Cft. de Roi.
CLi. Il xii' s. El par lor grant barnagô ert [sera]
Sassogne envaîe, Sax. xX. Car trop sembleroit estfb
orguel et desverie D'envaïr son seignor, se aineois
nel desfie, ib. xxxil. Joaz le méstièr Deu cum pre»-
Ires envaî, Encensa cum evestjues in domo dominii
Th. le tnart. 7S. {| xvi* s. 11 fit entreprise avec unô
grosse armée dé invahir le royaume de France j
CARLOIX, i, 4 6.
— ÉTYM. Provènç. ehvaxir, énvair; éspagn. hi-
vadir; ital. invddere; du latin invàdere, de iitj
dans, et vadere, aller (voy. je vais). Sauf l'italien;
les autres langues romanes ont formé leur verlr'a
tomme si le latin était invddire.
t ENVAHISSANT, ANTE (aii-và-i-San, ian-t'),
adj. Oui envahit. Des voisins envahissants. Une am-
bition envahissante. L'armée envahissante.
ENVAHISSEMENT (an-va-i-sê-man), s trt. Action
d'envahir. Il a des projets d'envahissement. L'ert-
vahissement de la Russie fiar Napoléon en 48t2. Lcti
seul, de ses tributs soulageant la Bavière, X l'en-
vahissement eût inîs une barrière, lemêrc. Chdt-
lem. m, 4. || Par extension. Les envahissements dt
là mer sur les terres. || Fig. Lès envahissemehts du
pouvoir.
— HIST. ïiii* s. Geste armeure et ce pourpoint.
C'est noslre garentissotaent Cqn<re tout envaîsse-
men< [attaque], J. de meùno, fr. 47g. ||xiV" s. Les
envaîssements des énemis de nostre roiauffi'è, ntj
GANGE, ini'ost6t7iî. |[xv' s. En tant qu'il jirocedé
par màiiiere d'envayssemenf [attaque] de parolles et
par la fOrme dé reprendre , a. cuartier, p. 4oa ,
dans RAYNOUARD, Lexiq.
— ÊTYM. Envahir; provenç. envaxirnent, erivdi'
ment, embadiment.
El*îVAtilSSEtn(l (ah-va-i-seur), s. m. Celci qui
envahit. [| Adj. L'Europe résistait aux deux État» en-
vahisseurs, V. Huad, leRhiri, ionclusioh.
— HIST. xvi* s. Si aucun estant envahy [attaqué]
tue, mutile ou navre son envahisseur, en son corps
deffendant, Cousturrt. génér. t. i, p. 784.
— ÊTYM. Envahir; provenç. envaidor.
t ENVALÉMENT (an-va-le-man] , s. m. Terme de
pêche. Action d'ouvrir un verveux.
t ENVALER (an-va-lé), v. a. 'ferme de pèche
Tenir un verveux ouvert avec rarchelet.
t ENVASEMENT (an-va-ze-man), ». m. Dépôt de
terre ou de vase fait par les eaux sur un terrain
qu'elles recouvrent' accidentellement oud'une façoB
permanente. L'envasèmenf d'un port. L'envasemeà*
des lagunes. || État d'une c^ose envasée.
— ÊTYM. Envdser.
t ENVASER (an-va-zé) , v.a Encombrer de vase",
enfoncer dans la vase. || S'envaser, e. réft. fitre en-
coiùbré de vase. || S'enfoncer dans la vase.
— HIST. ivi* s. Il eut bien d» la peine à retirer
des vases le comte Ootavio, qui s'estoit envasé, ne
regardant pas qui le suivoit, d'aub. tiist. lû, 204.
— ÉTYM. jïn 4, et v<we, *• A , .
f ENVEILLOTAGÈ (an-vé-llo-ta-j', U mouillées),
s. m. Terme rural. Action d'enveilloter. Ou dit éuMi
enveillotement.
t ENVEILLOTER (an-vè-llo-tô, {{ mouillée»),
V. a. Terme de faucheur. Ruiemblar le foiit «oupi
et le mettre en petits tas..
— ÉTYM. £» 4 , et veiliote.
JM
KNV
•*• "*,i; , . Ml «' S- r Terme de géo-
"V~ .. no qui onTeloppo.
„;, P'). »• A II»- Ce qui en-
ij" .(>er. L'enveloppe d'un pa-
ou!rt J'u-.B leur», ^f» P-»y* «'""ï «o'» ''•. '* """P'"
tour* tii «ol» P""'' '» '*'"■• ■'*" «nveloppe, sept
«clipôurU doiil.le lettre, et quinte loU pour l'once
iat BtquflJ, Tarif, Il avr. 187». Nom admirons la
luseil* du nsluraliite qui a suie premier découvrir
le papillon sous l'enveloppe de chenille, bonnet,
CoHtid. corpi org. t. T, p. »», dans pouoens. M. do
la Ch. .. se churge de tous faire parvenir ce paquet
que j'ai mis sous enveloppe avec mon cachet, P. L.
cot;». un. I, !♦*■ Il Écrire sous l'enveloppe de quel-
qu'un, enfermer sous son adresse une Icitre destinée
i un autre. ||So dit da petites feuilles toutes pliées
et toutes munies de gomme, pour mettre les lettres
qu'on envoie parla poste. Vous n'aurez plus de ces
petites enveloppes toutes faites qui vous déplaisejit,
«~ DE oBSLis, AdiU et TMod. t. i, le», lo, p. 60 ,
dans P0U0EJI8. || Terme de botanique. Enveloppes
florales, le périanthe, c'est-à-dire le calice et la
corolle. Il Terme d'anatomie. Enveloppes du fœtus,
le chjrion cl l'aranios. || i' Terme de fortification.
OuvrJK* qui en entoure et en couvre un autre. Pre-
mi6r«, seconde enveloppe, première, seconde en-
ceinte. Il i" Héunion des carreaux formant le corps
d'un poêle; cloison en briques de son pourtour ex-
térieur. Il 4" Hg. Ce qui cache, comme fait une en-
veloppe. Les ordures y sont à visage découvert,
elles n'ont pas la moindre enveloppe, mol. Criti-
qve, 3. Vous ne verrez la vérité que sous de belles
enveloppes, fén. Tél. xii. On peut être charmé du
beau, même au travers de l'euveloppo d'un corps
tris-laid, roNTEN. Platon, Marg. d'Ec. Que la plu-
part des hommes ont une enveloppe, mais qu'elle
liant et serre si peu, qu'il est trÈs-dirUcile que quel-
que c6té ne vienne à se découvrir, montksq. Arsac.
et limén. \\ B"Kig. Enveloppe épaisse, apparence d'un
corps épais et de lourdeur que présentent certains
hommes. Homme d'esprit et homme sage, qui, sous
une épaisse enveloppe, ne laissait pas de réunir une
littérature exquise, beaucoup de politesse et d'ama-
bilité , MÀRUONTEL, Mém. VI. Il On dit dans un sens
analogue, rude enveloppe. C'est comme vous, mon
ami, qui, sous la rude enveloppe d'un marin, ca-
chez une véritable délicatesse «t un cœur d'or pour
vos amis, picabu. Cap. Belronde, i, 7.
— BIST. XV* s. Il lui bailla un escu pour avoir et
acheter des chemises et enveloppes, du cange, in-
tolttmen.
— iTYU. Voy. ENVglOPPER.
ENVELOPPE, ÉE (an-vo-lo-pé , pée), part, passé
d'anvaloppor. || i* Garni dâ' quelque chose qui s'en-
roule. Ces livres sont enveloppés avec soin. Enve-
loppé dans son manteau. Enveloppé Jusqu'aux yeux.
Il Chrysalides enveloppées, celles des lépidoptères,
parc* qu'en elTet elles sont enveloppées d'un léger
réseau de soie entre des feuilles. || Kig. Et l'exil d'A-
riitia enveloppé d'ennuis, cobh. Serlor. n, i Sa
valaur trompée Des maux que j'ai prévus sa voit en-
veloppée, »ic. àUm. m, i. Le roi d'un noir cha-
grin parait enveloppé, u>. £<lh. ii, l. Cet homme
caché dans son désert, enveloppé dans sa vertu et
comme anéanti an lui-même, devint un des plus
nobles inttrumenls dont Dieu sa soit servi dans son
rgllse pour faire éclater sa puissance, flEcu. Pané-
Vyr. 41 f'ranfois de Pault. ie vois la fille de Sion
enveloppée de sa honte et de son ignominie, hass.
TMSari. C'est k la sagesse humaine et corrompue à
être inceruine et timide; toujours enveloppée sous
da fausses apparences , elle doit toujours craindre
qu'un coup d'oiil plus beuraui ne la perce enfin et
ne la démasque, to. Ptt. car. ÉeueiU. Dans ses som-
bras fureurs 'Assur enveloppé, volt. Sémir. y i.
Pour moi, qui dans ma carriira publique n'ai' ja-
mais craint que d'avoir tort; moi qui, enveloppé da
ma conscience «I armé de principes, braverais Pu-
luvers.... maasiAU, Coiicciioit, t. i, p. ai. || |- n
•• dit de personnes, de troupes qu'un nombre supé-
rieur entoure. U-s séditieux aiiveloppés par les gen-
«aimea. Il lui importait da former le plus grand
ffoiit qu'il lui serait possible, sans trop affaiblir ses
r»alany«, pour ne pas être enveloppé, bolun, Uùt.
"»c. wf.ucTM, t. u, p. io«, dans pouobk». Je veux
2!î'- V""*"'" P*'*°*" envaloppée, Rome rappeUe
rn •al';**"'? •'• ''ompée, «AC. Jfithr. ilTi.
.«w,, q<n «M tantu par le même danger. Tous
ENV
deux enveloppés dans une même accusation. Il
croyait qu'il ne pouvait être enveloppé dans sa ruine,
Ff.N. Tél. XIV. Tout Juda, comme vous, plaignant sa
destinée [de Joas] , Avec ses frères morts le crut en-
veloppé, «AC. Alhal. IV, 3, Sans cette précaution,
vous pourriez bien vous trouver enveloppé dans sa
disgrâce, maintenon, Leit. au duc de Noailles, *
août 171*. 114° Caché comme sous une enveloppe.
Ils cultivent un désir eiivelo|ipé de la mort d'autrui,
LA BRUT. VI. Ce n'était point un mérite enveloppé,
qui perçât difficilement au travers d'un extérieur
triste et sombre, fontkn. UaUzieu. || Avoir l'esprit
enveloppé dans la matière, être fort grossier, sans es-
prit. Il Un esprit enveloppé, un homme dont les idées
sont confuses et les expressions obscures. || Dis-
cours enveloppé, discours dont l'expression est ren-
due oliscure par circonspection. Je vous fais tort de
douter de votre intelligence sur ce qui est un peu
enveloppé, sÉv. 08. On craint assurément d'être en-
tendu, ou plutat on ne s'entend pas soi-même,
quand on se charge de tant de paroles inutiles, de
tant de phrases enveloppées, de tant de pas.'iages
confusément entassés, Boss. Var. xii, § 5. U sait
parler d'une manière enveloppée, la bbuy. x. Platon
ne nous a exposé ses opinions que d'une manière
enveloppée, pén. Platon. Sa manière de s'expliquer
était sublime, et quelquefois fort enveloppée, fon-
ten. Jugem. de Vluton. Elle n'est qu'un amas d'é-
((uivoques ou de blasphèmes enveloppés , mass.
Ai). Ctrc. 11 Raisonnement enveloppé, raisonnement
obscur, embarrassé.
— REM. Voltaire a dit : Mon fils enveloppé dans
un piège funeste, Mérope, iv, l. C'est une méta-
phore manquée : il a pris piège pour filet.
\ ENVELOPPÉE (an-ve-lo-pée), s. f. \\ 1° Terme
de fort ficalion. Ouvrage qui a pour objet de rétré-
cir un fossé. Il 2" Terme de géométrie. Ligne enve-
loppée par une autre. La sjmme des enveloppées,
dans une figure convexe, est plus petite que celle
des enveloppantes.
f ENVELOPPEMENT (an-ve-lo-pe-man), *. m.
Il 1° Action d'envelopper. L'enveloppement est néces-
saire pour conserver les marchandises. || 2° Par
extension, on dit que des germes sont à l'état d'en-
veloppement lorsqu'ils sont encore dans leurs enve-
loppes; et fig. que des idées, des principes sont à
l'état d'enveloppement, quand ces idées, ces prin-
cipes n'ont encore reçu aucun développement.
Il 8" Dans le langage de Leibnitz, état d'un germe
qui n'a pas commencé à se développer. Ces idées
n'ont rien de commun avec cet enveloppement dont
parle Leibnitz ; il est manifeste qu'il l'oppose au dé-
veloppement ou à ce qu'il nomme une augmenta-
tion dans le tout organique préformé, bonnet, Pa-
lingén. philos, vu, 4.
— ËTYM. Envelopper; provenç. enioiopomcnt,
cvolopament ; ital. tnt)i7upponien(o.
ENVELOPPER (an-ve-lo-pé), e. a. || 1* Mettre
autour d'une chose quelque objet qui la couvre. En-
velopper des étoffes, des habits, des marchandises.
S'envelopper la tête d'un linge, le corps d'un man-
teau. Il II se dit de la chose qui enveloppe. La toile
qui enveloppe ces marchandises. 1| Par extension.
Mais, seule, sur la proue invoquant les étoiles. Le
vent impétueux qui soufflait dans ses voiles. L'en-
veloppe; étonnée et loin des matelots, Elle tombe,
elle crie, elle est au sein des Ilots, A. chên. Él^g.
20. Il Fig. Et vous ne deviez pas envelopper d'un
crime Ce que votre victoire ajoute à votre estime,
conM. ^tcom. Ii, ». Dans un coin du jardin sous un
épais nuage Je l'enveloppe encor d'un sommeil
assez doux, ID. Tais, d'or, v, a. Et dans une em-
brassade on leur a, pour conclure. Fait vite en-
velopper toute la procédure, mol. ifi*. iv, 1. 1| 8° En-
vironner, entourer. Envelopper l'ennemi. César,
de tant d'objets en même temps frappé. Le laisse
entre les mains qui l'ont enveloppé, rac. Bril. v, 8.
Mais les prêtres bientôt nous ont enveloppés; On
nous a fait sortir, m. Athal. u, s. || 8° Prendre
comme dans un filet. Admirables sans doute pour
envelopper une dupe, la brut. ix. Je savais bien
que TOUS aviez une manière particulière de raison-
ner, et d'envelopper si adroitement ceux à qui vous
aviez affaire dans des arguments dont ils ne pré-
voyaient point la conclusion, que vous les ameniez
où il vous plaisait, fonten. Ùial. m. Morts anc.
et mod. Il 4" Comprendre dans. Envelopper quel-
qu'un dans une accusation. Créon bannit Médée, et
se» ordres précis Dans son bannissement envelop-
paient ses fils, CORN. Jf^d^e, tu, î. Et [elle] m'en-
velopperait dans le juste courroux Qu'elle aurait
pour le roi, qu'elle prendrait pour vous, m. Tois.
d'or, IV, I. Dans sa ruine tnimc il peut l'cnvo-
ENV
lopper, ID.. Cinna, i, l. Voulant perdre Poppée,
il enveloppa dans ta ruine Valérius, d'ablamc. Ta-
cite, Antiales, dans riciielet. Je veux dans mon
exil n'envelopper que moi, Qom. Arm. n, l. Pour
l'envelopper dans sa perte, aoss. Uist. ii, l. Une
condition qui l'enveloppe dans la condamnation gé-
nérale, MASS. Car. Samar. Il 5° Obscurcir, voiler.
Tout à coup une noire tempête enveloppa le ciel,
FÉN. Tél. VI. Il Par extension. Une nuit obscure en-
veloppe son esprit. Bientôt, quoi qu'il [un héros]
ait fait, la mort d'une ombre noire Enveloppe avec
lui son nom et son histoire, boil. Ép. 1. 1| 6° Cacher,
déguiser, dissimuler. On a enveloppé cette vérité da
fables ridicules. L'allégorie que pouvaient envelopper ,
ces absurdités est entièrement perdue, baynal,
Ilist. phil. u, t2. Il 7° V. n. Terme de chasse.
Quand on est en défaut, on enveloppe avec des
chiens au-dessus et au-dessous de l'endroit où le
défaut a commencé. || 8° S'envelopper, t;. réfl. Mettra
autour de soi quelque chose qui entoure. S'enve-
lopper dans son manteau. Dans ce sac ridicule où
Scapin s'enveloppe. Je ne reconnais plus l'auteur
du Misanthrope, boil. Art p. m. X peine la déesse
eut achevé ce discours, qu'elle s'éleva dans les airs
et s'enveloppa d'un nuage d'or et d'azur, où elle
disparut, FÉN. Tél. ixiv. || Fig. Un naturel bénin,
doux, facile, arrêté. Qui, ne ressentant jioint en soi
de grands obstacles, S'enveloppe et s'endort dans
sa tranquillité, corn. Imit. i, 2B. S'il faut s'enve-
lopper des ombres du mystère. C'est lorsqu'on craint
surtout d'offenser la misère, DUCis, Abufar, i, 8.
Il S'obscurcir. Une raison qui déjà s'enveloppe,
MASS. Car. Impén. || Être compris, renfermé. Tout
cela s'enveloppe sous le nom de campagne, pasc.
dans COUSIN. || S'exprimer avec obscurité, avec am-
bages. On leur reproche d'avoir provoqué les com-
bats par une politesse insidieuse, de s'être enve-
loppés dans des discours indignes de la France,
BAYNAL, Hixt. phil. xviii, 4».
— HlST. XI' s. Envolupé d'un paile Alexandrin,
Ch. de Roi. xxr. || xu* s. Les meins [moins] honestes
menbres [du clergé] doit l'un plus honurer Sulunc
l'apostle, e plus d'onur envoluper, Th. le mart. 88.
L'anfant a pris la dame au cors vaillant ; Si l'envos-
lespe an un chier boquerant [une étoffe chère],
Raoul de Cambrai, 4. |{ xui* s Tu fais prester à
usure. Pour avoir l'envoiseûre [la parure] En qui
l'on envelope orgueil, les Vers du Monde. || xvi* s.
La foy, cependant que nous sommes pèlerins au
monde, est tousjours enveloppée de beaucoup de
nuées d'erreurs : nous ne comprenons pas tout ce
qui seroit à souhaiter, calv. Inst. 419. Si quelcun
confond ce vocable d'élection en ces passages, il
s'enveloppera povrement; s'il le sait distinguer, il
n'y a rien plus facile, id. ib. 780. Enveloppez en
leur suaire, momt. i, 6t. Ce reproche semble enve-
lopper [impliquer] la couardise, id. ui, 78. Pyr-
rhus eskoit de telle nature, qu'il amassoit et en-
velopoit continuellement espérances sur espérances,
AMYOT, Pyrrhus, 6». Pour engarder que les enni«-
mis ne les peussent envelopper par derrière, lo.
Sylla, 39.
— ÉTYM. Bourguig. atigliopai; provenç. envelo-
par, envolopar, envolupar; ital. iniHluppare ; de in,
et d'un radical qui se trouve dans l'ancien fran-
çais voleper, anc. espagn. voiopor, ital. viluppo
(voy. développeb).
+ ENVELOPPEUR (an-ve-!o-peur) , s. m. Celui
qui enveloppe. || Fig. Celui qui sait voiler, gazer un
sujet peu décent.
ENVENIMÉ , ÉE ( an-ve-ni-mé , mée ) , parf.
pois^ d'envenimer. || 1" Infecté de poison. Une flèche
envenimée. || Par extension. Ce veut de nos déserts,
terrible, envenimé, Moins brûlant que l'amour dans
mes sens allumé, dbcis, Abufar, ii, 2. Il Eig Si
j'eusse avec moi porté dans ta maison, D'un astre
envenimé l'invincible poison, CORN. Pomp. m, 4.
D'un œil envenimé Marcelle vous regarde, id. Théod.
u, I. Ils ne connaissent pas quel trait envenimé Est
caché dans ce cœur trop noble et trop charmé,
VOLT. Tancr. iv, î. || î" Qui a empiré comme par
un venin. Une plaie envenimée. || Fig. Ce mal en-
venimé résiste à la raison, tristan, ifonane, i,
3. Il 8» Qui est plein de venin, de malveillance.
Cet écrit si envenimé qu'il a fait contre lÊvangile,
BOSS. Hol. I. Les confessions de foi, quelque enveni-
mées qu'elles fussent contre le pape, iD. Yar. l».
Il 4" Qui a été irrité comme par un venin. Amour, tu
perdis Troie I et c'est de toi que vint Cette querelle
envenimée, la pont, fafti. vu, 13. E^que reproche
aux Juifs sa haine envenimée? bac. Esth. va, 4.
t ENVENIMEMENT (an-ve-ni-me-man ), s. m.
Action d'envenimer; résultat de celte action.
ENV
— illST. xiu' S. IcU serpent se reponent [cachent]
porceus qui les quierent aus envenimemenz faire,
Psautier, f° 68. {| xv* s. Comment Lancelot prit l'en-
venimement en la fontaine, dont a pou qu'il n'en
mourut , tonceio( du Im,1. u, t" H, danSLACUKME.
— Etym. Envenimer.
ENVENIMER (an-ve-ni-mé), V. a. || 1" Infecter de
venin. Certains sauvages enveniment Uurs flèches.
Il Peu usité en ce sens propre. On dit plutôt em-
poisonner. Il a° Donner un caractère malin à une
plaie. Il a envenimé sa plaie en la grattant. || Par
extension. Cette herbe m'a envenimé la bouche.
Il 3" Fig. Donner un caractère odieux. Envenimer un
fait, un récit. Ils venaient d'envenimer la sainteté
de ses paroles, mass. Carême, Médisance. Ne vous
est-il jamais arrivé qu'on ait envenimé vos dis-
cours les plus innocents? id. Carême, Pardon. C'est
là-dessus que Zozime fonde le récit si propre à
envenimer les motifs de la conversion de Constan-
tin, MONTESQ. Esp. xxnr, <3. Il 4« Inspirer des sen-
timents d'aigreur, de haine, comparés à un venin.
Envenimer l'esprit de quelqu'un. Il l'a envenimé
contre moi. Point de colère qui l'emporte [le chré-
tien ] , point de ressentiment qui l'envenime ,
point de plaisir qui le tente, bourd. Pensées, t. i,
p. 366. Il En un sens analogue, rendre plus cui-
sant, plus vif, en parlant de sentiments, de que-
relles, etc. Envenimer une querelle N'envenime
point le cuisant souvenir. Que le commandement
devrait m'appartenir, corn. Sertor. i, i. Des deux
princes d'ailleurs la haine est trop puissante....
Moi-même je saurai si bien l'envenimer , hac.
Théb. a, s. || 6° S'envenimer, v. réfl. Devenir en-
venimé. La plaie qui s'envenimait dans leur cœur,
FÉN. Tél. vu. Il Être tourné par la malveillance en
un mauvais sens. Et puis le monde est plein d'é-
chos; tout se répèle, tout s'envenime, imbert, Ja-
loux sans amour, ii, 7.
— HIST. xn' s. El peires [père] fu de la menzonge ,
quant il l'envelimeie semence de sa falseteit gittoit
en l'omme, st bekn. p. 623. || xiu' s. Car cis qui
sor soi la porloit [la pierre], Nesuns [aucuns] ve-
nins ne redoloit; Nus nel pooit envenimer, la Rose,
1079. Laquele nate sur quoy il sol [sut] que le
soudanc s'asseoit tous les jours, il l'envenima,
JMNV. 2)3. Il XIV" s. Bestes qui sont envenimées, si
comme chien enragié, H. de mondeville, f° 80 bis,
iierso. Le pechié envenime et art le cuer do l'en-
vieux, Ménarjier, 1 , 3. || xv* s. Cil Vautre.... mauvais
garçon etenveniméestoit, froiss. ii, ii, <o7. Ne s'en
put mie garder jadis Hercules le fort, quant il vestit
la chemise envenimée dont il ne se donnoit de
garde, Boude, i, 2». || xvi« Car quant l'honneur de
nous envenimez [souillez], Vous offensez Dieu, la
loy et nature, J. iiarot, y, 285. Son cœur est tant
envenimé de péché, qu'il ne peut produire que
toute perversité, calv. InsU 2«8. Aucunes flèches
sont envenimées, les autres non, paré, ix, 48. Et
ce qu'il parloit peu, et qu'il s'en îilloit triste, morne
et pensif, monstroit plustost un courage envenimé
au dedans, que non pas humilié par son bannisse-
ment, AMYOT, Marius, 78. Je n'ose envenimer ma
langue à Ja satyre, K0N3. 668.
— ÉTYM. Berry et norm. envelimer ; bourguig. «n-
eairim^; picard, tnm'me; provenç. enverinar, evt-
rinar, esverenar; ital. invenelire, courroucer; du
lat. in, en, et vinenum (voy. venin).
t ENVENlMEUR(an-ve-ni-meur), s. m. Celui qui
envenime. Les envanimeurs de vos pensées et de
toutes vos paroles.
— HIST. ivi" s. Envenimeur [empoisonneur], Ànc.
coût. d'Orl. à la suite de beauuanoir, p. 470, dans
LACURNE.
KNVERGÉ, ÊK (an-Tèr-jé, jée), part, passé.
ENVERGER (an-vèr-jé. Le g prend un e devant o
ou o; j'envergeais, nous envergeons), «. a. Garnir
de petites branches d'osier. || Croiser les fils d'une
partie ourdis. || Garnir les soufflets de baguettes de
bois sur lesquelles entend le cuir. || Terme de pape-
terie. Balancer la forme, afin que la matière s'é-
tende dans la sens des brins de la vergeure, ou
s'introduise dans leurs intervalles.
— ÉTYM. En < , et verge.
t ËNVERGEUR (an-vèr-jeur), t. m. Nom d'an-
cians préposés aumesurage par verge. Ordonne que
lesdits mesureurs.... gardes de nuit, forts euvergeurs,
pareurs de cordes.... seront tenus.... de représenter
leur» lettres da provision, Â.rrét du conseil, ai
mars 4674.
t SNVERGEURE (an-vèr-ju-r') , s. m. Terme de
tisserand. Action d'envargar.
ENVERGUfi, ÉB (an-Tèr-ghé , ghée) , part, passé.
Voiles ouverguée.-.
ENV
ENVERGUER (an-vèr-ghé), v. a. Terme de ma-
rine. Attacher les voiles aux vergues.
— ÉTYM. En i , et vergue.
ENVERGURE (an-vèr-gu-r"), s. f. \\ i' Terme de
marine. L'arrangement des voiles dans leur lar-
geur sur les mâts. || Longueur d'une vergue ;%t, par
extension, largeur d'un bâtiment. Ce vaisseau a
beaucoup d'envergure. || Envergure d'une voile, sa
largeur dans le haut, jj 2° Par analogie, étendue
des ailes d'un oiseau, du bout de l'une à l'extrémité
de l'autre. Tu donnes.... X l'aigle l'envergure et l'om-
bre de ses ailes, lamart. Joc. m, 44 4. Les ailes du
condor ont jusqu'à deux mètres et demi d'envergure,
BOoiLLET, bict. des se. Condor.
— ÉTYM. Enverguer; génev. enverjure.
t ENVERRER (an-vè-ré) , v. a. Mettre dans un
vase neuf une petite quantité de verre en fusion,
pour enlever la crasse ou la poussière du vase.
— ÉTYil. En 4 , et verre.
4. ENVERS (an-vêr; Vs ne se lie pas : envers eux
se prononce an-vêr eux ; cependant quelques-uns
lient : an-vêr-z eux ) , prép. || 1° X l'égard de , pour.
Compatissant envers les pauvres. Ingrat envers ses
bienfaiteurs. Il est bon d'être charitable ; Mais en-
vers qui? c'est là le point, la font. Fabl. vi, 4 3.
L'humanité envers les peuples est le premier devoir
des grands, mass. Pet. carême, Bum. des grands.
Il 2° Auprès de. Je perdrai mon crédit envers sa ma-
jesté, CORN. Polyeucte, v , 6. Je vois qu'envers mon
frère on tâche à me noircir, mol. Tart. m, 7. || Cet
emploi d'envers vieillit. [| 3° Envers et contre tous,
loc. adv. qui terminait les formules des anciens ser-
ments de foi et hommage, et qui signifiait contre
tout le monde. || Par extension. Je serai défendu par
elle [la cabale] envers et contre tous, mol. Fest. v,
2. Dispose de ma griffe et sois en assurance; Envers
et contre tous je te protégerai, la font. Fabl. viii,
22. Envers et contre tous, je protège Dorante, pi»on,
Métrom. iv, ).
— HIST. XI* s. E qui dreit jugement refuserad seit
forfait envers celi ki dreit ço est à aveir. Lois de
Guill. 44, Envers le rei s'est Guenes aprismet [ap-
proché] , Ch. de Roi. xxxv. || xif s. Envers Espaigne
[il] a son cheval torné, /ionc. p. 69. Droites lor lances
[ils] portent envers le ciel, ib. p. 433. Car je ne sui
si forz ne si hardiz. Qu'envers amor [je] me peùjse
contendre [avoir querelle], Couci, v. PleUstàDieu
qu'amor feïst, ainsi Envers tous ceus qui en lui ont
fiance I ql'Esnes, Romancero, p. 98. Puis lui dites
cornent Guiteclins de Sassogne envers nous entre-
prent, Sax. xxi. Felenie n'ad en mei, ne crime en-
vers tel, flots, p. 96. Il XIII* s. [Je] Vous defens qu'en-
vers moi n'aiez pensée amere, Berte, cxm. ||xv' s.
Trop estoit noble femme envers lui et plus jeune as-
sez, Lancelot du lac, t. i, f" 74, dans lacurne. Et
avient souvent, por ce qu'il est très jeune envers
elle, elle devient jalouse, Les 1 6 joies dt mariage,
p. 4 4 8. Lasse! or [je] me voy aujourd'hui si perio
Que nul na fait envers moy «on devoir, s. desch.
Complaintt da la France. || ivi* s. Tenant conclu-
sions en tout sçavoir, publicquement envers et con-
tre tous, RAB. Pant. II, 8. Il est soupçonneux à
l'endroict de celuy qui l'ayme, et simple envers celuy
qui le trompe, la boétie, 51. La rigueur dont il usa
envers ces misérables luy donnant espérance d'cslre
assez bien envers ses ennemis, d'aub. Hist. i, «6.
— ÉTYM. Un 4, et ter», prépos. (voy. ce mot);
wallon, ivier', évier'; picard, d mn'envers, à mon
égard; provenç. enves; ital. inverso. Le sens pro-
pre est du côté de, en allant vers.
2. ENVERS (an-vêr ; Vs ne se lie pas), t. m. || 1° Le
côté opposé à l'endroit, le côté qui ne doit pas être
exposé à la vue. L'envers de cette étoffe est pres-
que aussi beau que l'endroit. On a dit de la traduc-
tion qu'ella était comme l'envers de la tapisserie,
cela suppose une industrie bien grossière et bien
maladroite, makmontel, Êlém. litt. Œuv. t. x,
p. 2t4 , dans pougens. || Étoffe à deux envers, étoffe
qui n'a ni envers ni endroit. Serges de Beauvais à
poil et à deux envers, Règl. sur les manuf. août
4669, art. 2. Il On dit plus souvent aujourd'hui
qu'une étofle n'a pas d'envers. || Fig. Le» plusadroits,
lorsqu'ils sont consultés, gardent sur les endroits
critiques un silence mystérieux, ou prononcent,
comme les oracles, en se ménageant par l'ambi-
guïté de leur» réponses les deux envers d'une opi-
nion qu'ils laissent flotter jusqu'à l'événement, afin
de ne jamais sa compromettre, KÀRUonTBL, Élém.
litt. Œuvres, t. v, p. 448. || Gens à deux cnver»,
gens doubles et trompeurs. Ses membre», jongleur»
adroits et gens à deux envers, mènent le peuple par
l'hypocrisie et les grands par l'irréligion, ). j. aooss.
L'.l", à .11. Velue, Ccvnap. t. vi, p. 44, dans pou-
ENV
1Vt5
gens. Il 2° L'envers d'une feuille d'arbre, le côté qui
regarde le sol. || Faire voir la feuille à l'envers, voy.
feuille. Il 8° Fig. Le contraire. Vous serez toujours.,.,
Un envers du bon sens, un jugement à gauche, mol.
l'Ét. II, 4 4. Voilà l'envers tout juste de ce que nous
pensons, sév. 606 || 4° A l'envers, loc. adv. qui se dit
lorsque l'envers se met ou se prend par erreur pour
l'endroit. Mettre son manteau , sa chemise à l'envers.
Le docteur, l'ayant regardé depuis la tête jusqu'aux
pieds, lui dit pour toute raison : Prenez garde, mon-
sieur da la Fontaine, vous avez mis un de vos bas à
l'envers; et cela était vrai, en effet, D'oLivET,7/ist.
de l'Acad. t. n, p. 338, dans pougens. Ce qui était
dessus, le fripier le met à l'envers, montesq. Lett.
pers. 438. Il Relais à l'envers, voy. relais. ||8° Fig.
Dans un état de désordre et de ruine. Ses affaires
sont à l'envers. En vain contre le roi vous opposez
vos armes; Sa majesté brillante avec de si doux
charmes Peut mettre en un moment vos desseins à
l'envers, corn. Inscript, sous des estampes, u, La
déroute du pont de Ce. Pour te peindre ce grand re-
vers Qui trompa notre espoir frivole Et mit nos pro-
jets à l'envers, chadl. Ep. à Dangeau. || Avoir h
tête, la raison à l'envers, être tout à fait étranger
au bon sens, à la raison. Il faudrait que l'esprit su-
périeur qui nous tromperait nous eût donné une
raison à l'envers, fén. Exist. 22». Déjà les cœurs
s'envolent à Nevers; Voilà d'abord vingt têtes à l'en-
vers, GRESSET, Vert-Vert, ii.
— HIST. XI' s. L'un gist sur l'autre et envers et
adenï [sur le dos et sur les dents) , Ch. d» Roi.
Il xui* s Que nus na puisse fere cote ne gam-
baison de tele [toile] dont l'envers et l'endroit ne
soit de tele noeve, et dedenz de coton et de plois de
toiles, Liv. des met. 370. Si ont chanté salmes et
vers Moult hautement à deus envers, Les antiennes
mouit noblement, Ben. 2)346. || xiv* s. Son jacque
[jaquette] qui estoit de clochettes garnis, [il lui]
Fist tantost despoillier, et puis fu revestis X l'envers,
à la fin qu'il ne fust pas choisis [reconnu] , Guetci.
4 9360. Il XV* s. Et en disant ceste parole, il cheut à
l'envers [Charles VIII], comm. vm, 16. || xvi* s.
Bref on y fait tant de comptes divers. Que vérité
souvent est à l'envers, j. marot, v, 443. Voicy
celluy qui par ses heurtz divers, A rais l'orgueil de
Venise à l'envers, m. v, 4 70. J'ay quelque oprnion
de l'envers de cette sentence, mont, iv, 4. Des ta-
bleaux où il estoit flatté à l'envers, d'aub. Hist. ii,
4 96. Andromaohus luy tendant l'endroit de la main,
et puis tout à coup luy monslrant l'envers, luy dit:
AMYOT, Timol. 46.
— ÉTYM. Lat. inversus, retourné, de tn, et ver-
rus, tourné (voy. version).
t ENVERSER (an-vèr-sé), v. a. Façonner uns
étoffe en l'étirant.
t ENVERSIR (an-vèr-sir) , v. a. Carder une étoffa
avec des chardons.
4 . ENVI (A L') (an-vi) , loc. adv. || 1* X qui mieux
mieux, an rivalité. Ils servent à l'envi la passion d'un
homme, corn. Cinna, m, 4. Un noyau vint frapper
Harpagème au visage, Il leur dit de n'y plus re-
tourner davantage ; Eux sans daigner l'ouïr, et jetant
à l'envi. Cet agaçant noyau de plusieurs fut suivi,
la FONT, l* Florentin, se. 8. Esther a triomphé des
filles des Persans; La nature et le ciel à l'envi l'ont
ornée, hac. Esth. m, ». Tout vous livre à l'envi lo
rebelle Hippolyte, id. Phèdre, ii, 2. lisse haïssent,
mais ils aiment l'État; ce sont des amants jaloux
qui servent à l'envi la même maltresse, volt. Princ.
de Babylone, s. De là sur l'Hélicon deux partis op-
posés Régnent, et l'un par l'autre à l'envi déprisés....
GILBERT, Le 4 8*». || Il Se dit aussi des choses qui
semblant rivaliser. Et qu'ensuite à l'envi mille autres
hyménées.... corn. Sert. I, 2. Et tandis qu'à l'envi
leur amour se déploie.... RAC. /phig. ii, 4. || Il se dit
même d'une seule personne qui rivalise comme avec
elle-même. La flotte qu'à l'envi favorisait Neptune,
corn. Pomp. III, 4. Il 2* Loc. prépos. X l'envi de,
en rivalisant avec. Toutefois mon cœur X l'envi de
Chimène adore ce vainqueur, coRir. Cid, y, 4. Et
ses yeux qui brillaient sous son front assuré Écla-
taient à l'envi de son armet doré, trisiam, M. de
Chrispe, i, ».
— HIST. xn» g. A. Marsile en alai ad enviz ou de
gré, Ronc, p. 199. Ignaures si très biel s'acointe A
chascune, quant il i vient. Que de l'autre ne Ii sou-
vient, Ne nul semblant k'il l'ait envie, Lai (ïlgnau-
rès. Il XIII» s. Mais moût envis leur donne [le congé]
l'emperere et otroie, acdefroi le bast. Romane. p. 26.
Une grant pece [il] fu od lui, Moult à envis s'en de-
parti, Lai del désiré. Calondres i ot amassées En
ung autre lieu, qui lassées De chanter furent 4 en-
vis, la Rose, 657. Car tor [une tour] de toutes pars
1446
ENV
IMiM
MIS.
M tuilteéa], Kariê eichap» d'estrfl prise, ib.
7 \ riv" f C» doit il faire «nvii et à poine,
onfuk m <«■ " 1"' '"' ■ ren(le/-vouf, ou tous
uHi '-c'cisf I^r. M reiKli Thomas volenliers Ou envis ,
Cutiel i»*»!- Il »»• »• ''■'■op envi» »'y consentit la roy
d« Frmnce, m»u toutefois l'acoorda il, moiss. l ,
I »4. Il XVI* «. Et «i je suis entre les hommes vifs,
C'est malgré nioy, certes, et bien envis, st-oelais,
to. Oui estoit la seule cause que Sa Majesté moult en-
Tie dewendoit 1 ce party : mais que force luy esloil
de ce faire, M. du bellxï, m». Ceux qui courent i
l'envy doibvent.... most. i, «». La saveur se trouve
eicertente, k l'envi des nostre», en divers fruicl» île
de ces contrées là, ro. I,ai4. Ily a dos pertes trium-
pfiMites à l'envy des victoires, id. i, 243. Il s'obstina
à se mocquer et à rire, & l'cnvy des mSulx qu'on
luy faisoit, 10. I. 307. J'eniçageois mes hardes....
aveciiues bien moins de conlraiiicte, et moins envy
que lors je ne faisois bresche à cette boUrse, lu. l,
14*. Il fault reurilcr l'inclination vers le mal, suy-
Tre envy cette pente, id. iv, «.t*. Les philosophes
mesmes .sa desiont plus tard et plus envy de celle
humeur [l'amour de la Kloirel que de nulle autre,
ID. I. aao. Quand il?, font à l'cnvy les uns les au-
tre» i qui chantera la inienlx, amïot, Péric. 4. Or je
t'aimeray donÉ , bien qu'envis de mon cœur, Si
c'est quelque amitié que d'aimer par cotitrainte,
RONS. 47*.
— ÉTYM. Èourguig. ami , involontairement ;
wallon, enV, malgré soi; namur. nU (i muette) ;
provenç. a mvti, malgré soi; du latin invitus, qui
parait composé de tn, privatif, et rilu», formation
contracta de lici'dw, rattaché au sanscrit ïof, vou-
loir. L'historique montre la série des sens : d l'enm,
malgré la vulonté de, puis en rivalité de, ce qui
•si une sorte de lutte contre la volonté de quelqu'un.
La dérivation par inticem est impossible^ tant à
causa de l'accent qui est sur tn, qu'à cause du sens
primitif d'mct.
f 1. K.'WI (an-Ti), (. m. terme de jeu. Argent
qu'on met au jeu pour enchérir sur son compagnon.
On fait (les envis au brelan, au hoc.
— HIST. xvi' s. Le roy, le pape et le prince ger-
main Joot*nt un jeu die prime assez jolie; D'arme
est leur vade, et l'envy l'Italie; Elle roy lient le
grand point en sa main, st-oelais, en. Cet usante
portoit avec f^ny un» accoiistumance à la simplicité
et un envy entre elles k <|iii auroit le corps plus ro-
buste et mieui dispu<!, amvot, Lye. m.
— tTTM. fc'nri » , ilans le sens de rivalité; un
envi, dit Génin, Récréât, t. i, p. 40o, étant une
chose que l'on Tait à l'envi pour tenir tête et en-
chérir. L'exemple d'Amyol à l'hislorique preuve quo
Otain a raison.
t ENVlABLK(an-Ti-a-brj, adj. Digne d'envie; que
l'on peut envier; à qui l'im peut porter envie. Bien
enviable. Personne enviable.
— HiST. XV» s. Envieuse non enviable, EVST. besc.
Poé$iei mis. dans lacvrnc^
— ÉTYM. Knrier.
t JiNVIDAGH (an-vi-da-i"), ». m. Action é'envi-
dar le fil.
i KNVIDRH (an-Trl-d*)y ». a, "fourner le 61 *ti-
WDr du fn.seau.
— *TY11. V07. niviDïii.
BMVIK (an-vie), ». f. || f Chagrin et h.iine qu'on
rWMtnt du bonheur , dos Succès, îles aranlages
(faXrni. L'envie, le mépris, le discord incon.'stant.
KtolfrtR^ 8al. Ti. lA verld n'est venu, l'envie la
déttuise, m. ib t. L'envie avec sa trahisw», tus-
tan. M. d* Chritpt, m, 4. La jaloniie est en quel-
qmt manière juste et rai.sonnaMey ^aisqu'ellâ ne
temlqu'à oonserrer un biefi qui nous appartient;
»■ lieu qoa l'envie est une fnreur qui ne peut souf-
frir la bien des aatoa*, La locHXFtnicAiiLn^ Jr(u. a».
U y a aneora pioa da graa nna intérêt qne sans efi-
m, ID. ib. *M. Utrû fla* qua Panvia oti natta -
1— «» ■•loCeolat BOT». BUit. v, ». L'eoTia leur
**"*** '•» J«w; Caat un démon qoi ne Inssvrien
«nafpar, a« qui tira cons*(|aam:a da lotîtes choses
••*» bien que la jalousie, la roUt. Ptyché, 1. p.
'^Ttuw jatoaaia aasl poikt eiampta do quelque
"J»OaoTla, at «ouvantintro» ce* ilaid passions se
y*»««»>t>tWMia} ractrio at U bSn.
vtTi hSZ -'°?y"'*** * »• P«*»«f. r*it«â
imil mm^tSa^T^ pourrait dn 1
MM gJL??!— *»«W prethat; fa
Iftn
moliMtado-
.ranvWluiMe
> ■» «Ml MMt aioéreox
ENV
échappe k leur injure? volt. Tancr. m, i, .... nos
tyrans sont nos vices; Le plus cruel de tout dans ses
sombres caprices. Le plus lâche à la fols et le plus
acharné, Qui plonge au fond du cœur on trait em-
poi.sonné. Ce bourreau de l'espriti quel est-il? c'est
l'envie i id. Dite, tur l'envit. On pourrait, ce me
semble, représenter l'envie, égorgeant d'une main
un génie vivant, et de l'autre offrant de l'encens à
un génie qui n'est plus, d'alemb. IHal. Christ, et
Dtieart, \\ Poétiquement. O ciel, pourquoi faut-il que
ta secrète envie Kermeàde tels héros le chemin de
l'Asiet BAC. /ph. 1,2. Il Kig. Le serpent, les serpents de
l'envie, se dit quelquefois de l'envie et de ses œuvres
malignes et perfides. Cette expression vient de la
manière dont les poêles, les peintres et les sculp-
teurs ont représenté l'Envie. Là gît la sombre Envie
à l'œil timide et louche^ Versant sur les lauriers tes
poisons de sa bouche, volt. Wenr. chant iv. || î" Dé-
sir de jouir d'un avantage pareil à celui d'autrui.
Que tu tombes au point de me porter envie, cobn.
Wor. IV, B. Qu'aux honneurs de ta mort je dois
porter envie liu. Uéracl. iv, ♦. Je porte peu d'en-
vie à .sa bonne fortune, id. Œdipe, 1, 3. J'ai pitié
de moi-même et jette un œil d'envie Sur ceux dont
notre guerre a consumé la vie, id. Horace, 11,
3. Et ce pays si beau.... Avec un œil d'envie est
toujours regardé, id. C«d , 11, 7. Jamais de tant
de soins mon esprit agité Ne porta tant d'envie
à sa félicité, bac. Iphig. iv, 4. Elle ne veut pas
qu'on regarde d'un œil d'envie la prospérité de
son frère, mass. Carême, Vérité de la relig. Va,
mort ou triomphant, tu feras mon envie, volt.
Hrut. IV, fl. I) Faire envie, exciter l'envie, le désir.
Et mon destin doit faire envie, mol. Amphit. i, t.
Loin que b-iir destinée nous fasse envie, mass. Ca-
rême, Salut. La terre ainsi devint une image des
ci<!nx, El le séjour de l'homme eilt fait envie aux
dieux, DELILLE, Parad.yu. || 8" L'odieux d'une chose.
De Mesmes n'avait rien oublié pour jeter sur moi
toute l'envie de la collusion aveo les ennemis de l'É-
tat, RETZ, II, 254. Ijt" Désir, volonté. En vain, pour
satisfaire à nos Iftclies envies, Nous passons près des
rois tout le temps do nos vies A soufTrir des mépris,
à ployer les genoux, malh. i, 3. L'avis que l'on m'a
donné... m'a fait naître l'envie et le loisir de faire
cette promenade, voit. Lett. 39. Vous n'avez pu
former une si noble envie, cOrn. Pomp. m, 2. Nous
autres asservis à nos lâches envies. Sur des biens
passagers nous occupons nos vies, id. Imilatinn, i,
41. Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines efivies, la
font. Fabl. m, 12. Ce que veut la raison, Pamour
me le défeiid Et m'en fite l'envie, rac. Thib. v, 4.
Ella implore à grands cris le fer et le poison, Vous
seul vong lui pouvez arracher cette envie, id. Bér.
IV, 7. Quoi I vons ne perdrez point cette cruelle en-
vie [de vous donner la mort]? in. Phèd. ly 3< N'eùt-
il pas sans regret secondé mon envie? id. Baj. m,
7. Il Avoir envie , avoir désir. Je m'aime un peu moi-
même et n'ai pas grande envie De vous sacrifier le
repos de ma vie, COHN. Othnn, 11, B. Pour moi je 1«
confesse, Mofort, cette faute m'a choquée et j'ai tou-
tes les envies du monde de l'engager pour rabattre
un peu son orgueil, mol. Princ. d'Él, ni, 2. J'aurais
toute l'envie du monde de vous croire^ id. le Fest.
II, ». Si vous avez envie de répondre à mes causeries,
sév. 6J». Si elle ne le trompait, elle en avaitbien en-
vie, HAHILT. Gramm. 8. Il avaîtenvied'allersôjeter
h son cou, feu. Tél. vu. || Faire envie, sedit des cho-
ses qui excitent le désir. Des gâteaux qui lui faisaient
grande envie, j. j. souss. Êm. 11. || Absolnmeilt. Des
fruits mûrs à faire envie. H Faire envie d'une chose,
se dit de quelqu'un qui excite en un autre le désir de
cette chose. Vous ne deviez point... me montrer ma
bonne fortune pour m'en faire seulement envie,
DALz. Lett. II, ». A force de baiser, vous raCen feriex
envia; Trêve.... corw. Mél. v, B (4" édit.). |t Imper-
snnnellemem. H me prend envie, j'ai volonté,désir.
Ahl sire, pirtt an ciel qu'il vous eût pris envie De
me laisser en Perse abandonner ma Vie! iiairbt,
Soliman, i, ». Adien, si de ma vie Je voira rappelle
et qu'il m'en pfenne envie, la »ont. Fabl. vu, ».
Il me prendrait envie en mon juste ootfrroux De me
battre mot-méme, et me donner cent eoups, hol.
l'Ét. m, »». Il Passer son envie, .»« satRifaire. Pouf
un mouton potirri, pour quelque chien hiirgneux
Dont jaurai passé mon envie, ta pont. Fabi. t, e.
Qwâquefois j'en pa.ss» mon envie, «*v. 7». |} Faire
pMNf l'tnvie de quelque chose, en 6terl« désir. Je
TOUS en venx faire pa.sser Fenvie, hac. Plaid, m,
♦. Il L'tnvie m'en tst passée, j« tfen ai plut le désir.
Il !• Kntia s'applique aussi aux différen*» besoins
oorpereli. Bnvie de manger, de boire. La séche-
resse du gosier nous fait anvia de boira, onc. Méd.
ENV
t. Nul mets n'excitait leur envie, i.A font. Fahi.
VII, ^. Nous avions tous envie de pleurer, s*v. 4 29,
Il Envie de vomir, nausée, soulèvement de eœur.
Il Absolument. Chez les enfants, avoir envie, dési-
rer de faire ses nécessités. || Envie de femme grosse,
ou, simplement, envie, dépravation de l'appétit qui
constitue le pica, et qu'on observe surtout che» les
femmes enoeintes. |j Familièrement et fig. Envie
de femme grosse^ tout désir vif et subit. || 6" Nem
donné à de petites portions de peau qui se détachent
autour des ongles, et causent une assez vive douleur
quand on les arrache. || 7* Nom donné à des taches
que les enfants apportent en naissant, et auxquelles
on s'imagine trouver de la ressemblance aveo cer-"
tains objets dont la mère a eu envie pendant sa gros-
sesse. Les envies sont comme des nuées : on y voit
ce que l'on veut, bonnet, Consid. corp» org. CEur
vre$, t. VI, p. 100, dans pouoehs. || Proverbe. U vaut
mieux faire envie que pitié.
— SYN. BNVIE, JALOUSIE. Tant que le jaloux est
seulement jaloux de ce qu'il possède, il n'a rien de
commun avec l'envieux; mais quand il jalouse au-
trui, alors il y a à distinguer : l'envie est un senti-
ment de haine et de chagrin à la vue de ce qui est
leliien d'autrui; la jalousie est un sentiment de cha-
grin de voir en autrui et un désir rie voir à soi les
avantages qu'un autre possède. Le jaloux est voisin
du rival, l'envieux est voisin da l'ennemi.
— HlST. XII' s. Et nostra gent rjui d'avoir oiut efn-
vle, Rotii. p. 447. Les douze pairs qui sont mort paf
envie, ib. p. 4B4. Mais quant j'aurai de vous haïr envie,
Couc. 14. Mais jàd'amors ne me prendra envie, QUEa-'
WES, Romane, p. 86. CuensTibaut [le comte Thibaut)
doré d'envie. De félonie fretté. De faire chevalerie
N'estes vous mie aloséj hues de la perte, Romane.
p. 487. [Cil] Qui plus ont esmeU la tançon etl'anvie,
Sas. XX. Mais plusor lo.sangierqui de nous ont anvie,-
ib. xzxn. Petiz est cil cui li envie ooit, ^uar il tes-
monget que il menre [plus petit] est de celui cui il
portet envie. Job, p. B47. || xiii" s. Envie dure toi
jorz et sera tant come li mondes durera, Merlin,
f" BB, t;er»o. Se l'on eslit l'un de ces deux haus ho-
mes, li autres en aura si grant envie que il enmenra
[emmènera] toute sa gent,viLiEu. cix. Il furent bon
ami sans mal et sans envie, Berte, 11. Et li autres
[eut nom] Heudri, faus fu et pleins d'envie, ib. hx.
Il XIV* s. C'est envie qui est tristesce du bien d'au-
trui, ORESME, Eih. 46. || XV* S. De ses jiarolesy do
ses ruses, de ses faits [Jean Balle, qui excitait les
serfs contre leurs seigneurs] furent avisés et infor-
més trop grand foison de menues gens en la cité de
Londres, qui avoient envie sur les riches et sur les
nobles, froiss. ii, ii, 406 Toutes ces guerres
murent par envie que les bonnes villes de Flandre
avoient l'ane sur l'autre, id. n, ii; 62. On dit en un
commun Jrroverbe que envie en mourutj H), iij 11,
206. Tourmente* moi de plus fort en plus fort,Ponr
en passer tout à cop vostre envie, en. n'ont. C/(Oi»^
son. [Charge] de toutes bonnes viandes qui font
envye de boire; gomm. iv, ». || xvi* s. Bien est vray
que toute ma vie j'auray envie que je ne pois faire
pour luy office pareil au vostrey marg. Lett. ixt. Si
vous avés envie que je vive/ je vous prie, qnejo
sache de vos nouvelles, id. ib. lxvii. U Iti refreidira
l'envie d« s'attacher au prince / mout. i, 4«7. Si
vous avez envie qu'il craigne la honte, rie l'y en-
durcissez pas, ID. i, 48». L'ambition, le dépit et
l'envie l'agitent comme un aullre/ 1*. 1, ï»7; L'envie
de vomir luy estoit passée, m. rv; î. .... Qu'd fsltoit
mieux les faire mourir tous deux, cependant que efl
fils en pouvoit portef l'envie [prendra l'odieitx],
d'aub. tlitt. 1, 4 03. En lisant les faicts heroiquet
des vaillants hommes, il leur prend envie d'en faire
de semblables, amyot, Préf. iviii, 4«. L« feflilne
dilàyant jusques à un autre temps reiecutiôa de
l'envie qu'elle porta à im si noble exploit, 1». Pi
Mm. 37. [ Le*in] douce liqueur, le plaisir de la vie.
Oui an nectar porte bien pe« d'envie, Do bïil.- tin,
4«, Ttrto.
— ÊTYM. Provenç. enveia, fiïf<a,ee<o;eatal. rn-
veja; espagn. «ifidto; port, inw/o; itah invidia;
du latin invidia (roy. «*TrtR).
ENVIÉ, ÉE (an-vi-é, ée), p<trt. faai. || 1* À qui
l'on porte envie. Ceux qui font bien irtérrte'raient
seuls d'être enviés, ^il n'y arvatt encore rni mtiUenr
parti i prendre, qui est de faire mieux, lA BliçY.
IV. Chaetm brille d'un fsui éclat aux yeW de
(Quelque «ntre, chacun est envié pendari» qu'il Mt
lui-même envieux, roNTEit. Bonheur, dan» foc«ei»*.
Il S* À quoi l'on porte envie. Det jcmri toujours &
plaindre et toujours envié», Mo. BtiU U, ». » fê-
tais dans une de ces positions ebtiéas rfofWi^arôon-
que aime à faire un rftla te prévaut toujours jiiii»
ENV
ment, J. J. rouss. Lett. de la montagne, yni. || Une
place, une position bien enviée, désirée de tous.
ENVreiLLl, lE (an-vi6-lli , Uie, J( mouillées), part
paué d'envieillir. || 1° Devenu vieux dans. Une pau-
vre femme envieiUie dans la misère. || 2* Fig. Oui a
contracté parle long temps quelque habitude bonne
ou mauvaise. Les péct ^urs les plus envieillis ,
i-ASC. Prov. to. Faire environner la table de Jésus-
Christ de péoneurs envieillis sortant de leur infamie,
m.ib.te. Il Invétéré, en parlant des choses. Une baina
envieiUie en un cœur déloyal, thistam. If. de
Chrispe, iv, t. Laquelle maladie par laps de temps
naturalisée, manifestement envieiUie et ayant pris
droit de bourgeoisie chez lui, mol. M. de Pou:-e.
I, a. La dureté du cœur et l'erreur envitillie [chez
les protestants], la pont. t. vi, p. ms, édit. Walc-
kenaer. Un cœur que dss passions envieillies ont
affaibli, mass. Av. Ditp. Plus leurs plaies sont en-
vieillies et désespérées, îD. Car. Temples.
EXVIEILLIR (an-viè-llir. Il mouillées, et non
an-vife-yir). || !• ¥. n. Devenir vieux dans. La ri-
^'lleur de ses lois, après tant de licence, Redonnera
I ' cœur à la faible innocence Oue dedans la misère
■•n faisait envieillir, MAi.n. n, 4. || a* Y. a. Faire
paraître vieux. Cette coiffure l'envieillit. || 8' S'en-
ïieillir, v. réfl. Devenir vieux. Mon âge, avant le
temps, par mes maux s'envieillit, bégnieb, Élég. i.
— HlST.xiii* s. Je sui juenes et puis envieilli, et
onques ne vj juste ome déguerpi de Dieu, Pmulier,
t' 46. Sire Dieux, tu les uns melsmes [un même]
qui n'envellis ne ne changes, ib. f' ^st.Li tens qui
envieillipt nos pères, Et qui tous nous envieillira,
(o Ro»e, »83. Fines colors, fresehes et vives N'i sunt
pas au soir enveillies ; Ains i pueent [peuvent] estre
cueillies Itex [telles] le soir comme le main [le ma-
tin], ib. 50181. Robe qui empire par vers ou par
enviesir, beal-m. xxxvii, t. || xV s. Je trouvay ung
peu le roy nqstre maistre envieilly, comm. vi, ».
II ivi* s. Le dernier de ces roys fut chassé de son
Estât, et moiirut en exil après y estre envieilli,
AMYOT, JVumo, 36. Depuis un long traict de temps
je me suis envieilli, mais assagi, uort. iv, 9t.
— l^TYM. En I , et vieillir.
t KNVIEILLISSEMENT (an-viè-Ui-se-man , Il
mouillées), s. m. L'action d'envieillir; le résultat
de cette action.
— HIST. XIV* s. Aussi comme la vertu du corps en-
vieillis!, aussi envieillist la vertu de la pensée....
cest envieillissement à venir.... oresme. Thèse de
MEUNIER. ||xvi*s. Douter de la continuelle suffisance
de la terre, crainte de son envieillissement, o. de
SEBHES, t46.
— ÉTYM. Envieillir.
1 . ENVIER (an-vi-é) , j'enviais, nous enviions, vous
enviiez; que j'envie, que nous enviions, que vous
enviiez, v, a. \\ 1° Éprouver envers quelqu'un le sen-
timent de l'envie. Ils envient tous ceux à qui l'on
donne, LA PRDT. VIII. Je n'envierai personne, et
personne ne m'enviera, voit. Vemnon. || 2° Éprou-
ver pour quelque chose le sentiment de l'envie. Ce
qui rendit sa faveur plus singulière, c'est qu'elle ne
fut ni enviée ni traversée et que personne n'en fut
victime, VOLT. liut$ie, n, *. || Envier quelque chose
,\ quelqu'un, désirer posséder ce qu'il possèae. Si
la fortune qui mç fait vaincre partout m'accompagne
encore auprès de vous, je n'envierai pas îi Alexan-
dre toutes ses conquêtes, voit. Lett. 7. Moi qui en
toute autre occasion me réjouis de vos avantages
plus que d»s miens propres, çt qui ne vous envie
|i:is votre esprit, votre science, ni votre réputation,
)0 vous porte envie d'avoir été huit jours avec M. de
Ualzao, ID. ib. 1 25. Je ne viens point ici par de jalouses
larmes Vous envier un cœur qui se rend à vos char-
mes, BAC. Àndr. III, *. Il U s» dit aussi des person-
nes qu'on désire posséder. Quand un homme a
mérité d'être envié à son parti par ceux qui le com-
battaient, il a touché à la véritable gloire, A. car-
liEL, (MSuvret, t. iv, p. î8». || 3" Souhaiter, sans être
envieux, c« que quelqu'un possède. Envier la haute
fortune de quelqu'un. Et ce sont c«3 plaisirs «t ces
pleurs que j'envie, rac. Drit. ii, 3. Allons, n'en-
vions plus son indigne conquête, id, Àndr. ii, 1.
Dans mon triomphe btureux j'envierai peu les siens,
VOLT. Sémir. u, i.||U se dit aussi pour désirer.
Voilà le posta que j'envierais la plus. || 4" Ne pas ac-
corder, refuser. Ah! destins «nnemis Oui m'enviez
lu bien que ja m'étais promis, corn. Jîodogi. v, 4.
M'enviertz-vous l'honneur da mourir à. vos yeuxT
ID, Kitowt. i, t. De votre lieutenant m'envieriez-
vuus le nomT m. Strtor. m, 2. Bonté qui a donné
l'être aux plus nobles, tt ne l'a pas voulu envier aux
moindres, Boss. Nécets. i. Soitque son cœur jaloux
d'une austère fierté Enviât à nos yeux sa naissante
ENV
beauté, rac. Brit. n, a. Pourquoi m'envisz-vous
l'air que tous respirez? id. Bérén. iv, 6. Si ta haine
m'envie un supplice si doux, m. Phèd. il, 6. || Dans
un sens latin. Le ciel nous a envié ce grand homme,
c'est-à-dire ce grand homme est mort. || 6" S'envier,
V. réft. Se porter envie l'un i l'autre. Ces deux
hommes s'envient et se font le plus de mal qu'ils
peuvent.
— REM. Des grammairiens ont prétendu qu'on ne
disait pas correctement envier quelqu'un , mais en-
vier quelque chose , et qu'au lieu d'envier quel-
qu'un, il fallait dire porter envie à quelqu'un. Cette
décision est contredite par la Bruyère, Fontenelle,
Voltaire , et avant eux par Montaigne, qui, avec
envier, ont mis les personnes au régime direct. On
ne voit d'ailleurs aucune raison pour laquelle ce ré-
gime ne devrait pas être employé.
— HlST. XVI' s. J'envie ceulx qui sçavent s'appri-
voiser au moindre de leurs serviteurs, mont, m,
278. U avoit escrlpt beaucoup d'autres vies, que
l'injure du temps nous a enviées, amtot, Préf. xxv,
63. Je porte envie à ta mort, Caton , puisque tu m'as
envié la gloire de t'avoir sauvé la vie, id. Cat. d'Ut.
8». C'est grand mald'estremiserable. Mais c'est grand
bien d'estre envié, rons. 37 (.
— ÈTYM. Provenç. enveiar; catal. envejar; es-
pagn. envidiar; portug. invejar; ital. invidiare;
d'un bas-latin invidiare, formé de tntiidta, envie, de
iniidere, de in, en, et videre, voir : fixer les yeux
sur, comme fait l'envieux.
t 2. ENVIER (an-vi-é), v. n. Terme dejeu. Jouer
pour voir qui aura le point le plus haut; faire un
envi.
— HIST. ira* s. La teste Godefroy [ils] metent à
l'envier, Tangré ne Buiemont n'i vourent oblier,
Chanson d'Ant. vu, 721. ||xvi' s. Quelques fois il
plaistà. la fortune envier sur nos miracles, mont, i,
253.
— ÊTTM. Inrt 2; provenç, envidar, enviar.
ENVIEUX, ECSE (an-vi-eû, eû-z'), adj. || l'Qul
éprouve de l'envie. Être envieux du bien d'autrui.
Un esprit envieux. Envieux l'un de l'autre, ils mè-
nent tout par brigue, corn. Cinna, n, t. On est
jaloux de ce qu'on possède et envit ir i^e ce que pos-
sèdent les autres, d'alemb. Synon. iJtuv. t. ni, p.
320, dans pougens. Vous prétendez être jaloux, et
vous n'êtes qu'envieux; cette méprise arrive souvent,
GENLis, Thédt. d'éduc. le Bal d'enfants, i, 6.
Il Substantivement. Les envieux n'ont jamais de re-
pos. Jamais un envieux ne pardonne au mérite,
corn. Suréna, y, 2. Nos envieuses se confirmaient
dans leur mécontentement et leur dessein, la font.
Psyché, I, p. 74. Les envieux mourront, mais non
jamais l'envie, mol. Tart. v, 3. Et son trop de lu-
mière, importunant les yeux. De ses propres amis
lui fait des envieux, boil. Ép. vu. Moi-même dont
la gloire ici moins répandue Des pUes envieux ne
blesse pas la vue, id. tb. || 2° Qui a le caractère
de l'envie. Un regard envieux. Quelle faiblesse à
moi d'en croire un furieux Qu'arme contre son frère
un dessein envieux 1 rac. if i(/ir. ni, 4. 113° Désireux.
Envieux d'arrêter le carnage et les flammes, lemerc.
Charles VI, v, S. || 4° Oui n'accorde pas, qui refuse.
Un passant inconnu touché de cette enfance Dont un
astre envieux condamnait la naissance, corn. Œdipe,
IV, 2. Quel démon envieux M'a refusé l'honneur de
mourir à vos yeux? bac. Brit. Ii, 6. || Régnier a dit
en ce sens envieux sur, ce qui n'est pas à imiter. Si
le ciel n'eût été sur mon bien envieux, Élég. iv.
C'est un archaïsme, comme on peut toir h l'histo-
rique.
— HIST. m* s. Celle envieuse gent, Co«ct, p. »2l.
S'envieux l'avoientjuré. Ne me nuiroient-il néant,
ib. Il Iiii* !. Dame, amors ne »e daigne pren-
dre ices faus cointes orguiUex, Ces mesdisanz, ces
enviex. Qui amors ne sevent avoir, Lai du conseil.
Et sachiésque moult m'agréa. Quant Cortoisio m'en
pria. Et me dist que je carolasse [dansasse]. Carde
caroler, se j'osasse, Estoia envieus et sorpris, la
Rose, 80J. Il XV' s. On dit en un commun proverbe,
et voir est, qua oncques envie ne mourut; je le ra-
mentois, pourtant qua par nature Anglois sont trop
envieux sur le bien d'autrui et ont toujours esté,
FROiss. II, u, 20». H n'est chose qui soit plusgriefve
à l'envieux mauvais que de venir devant aoy ou
de ouir louer la bon et vertueux, Boucic. m, 13.
Il XVI* s. Je ne suis pas sur vostre aise envieux, du
BELLAY, n, 27, rccto. Ses envieux, amyot, Thém.
45. L'envie ne mourra jamais, mais les envieux
mourront, adrien ds montluc, Comidie des pro-
verbes. Icy tomba son corps [d'Icare] degarny de
plumage. Laissant tous braves coeurs da sa chute
envieux, despories. Amours d' Uippolyte , i.
ENV
U47
— ÉTYM. Berry, tnvioux, enviousê; provenç. «»•
veios, envexoi, envios; eatal. envejos; eepagn. <n-
vidioso; portug. tn«g'oso; ital. invidioso; do latin
tmiidi'oiui, de invidia (voy. bkvie). Dans les ma»
nuscrits de textes d'ancien français il n'est pas tou-
jours facile de distinguer entiieus qui s'écrit tnuieuj
d'ennuyeux qui s'écrit aussi enuieut, et qui signifie
fâcheux, méchant.
+ ENVILA8SE (an-vi-la-s'), s. f. Terme de bota-
nique. Arbre de Madagascar (sorte de bois d'ébène).
ENVINÉ, ÉE (an-vi-né, née), adj. Qui a pris l'o-
deur du vin, en parlant d'un vase. Une cruche en-
vinée.
t ENVINEE (an-vi-né), v. tt. Garnir de vignes.
Bacchus envine nos coteaux, Ducis, Œuvres posth.
t. u, p. «5, 4826.
— ÉTYM. £n 1 , et vin.
ENVIRON (an-vi-ron). (| 1" Prép. Dans le voisi-
nage de. Une petite glande située environ le milieu
de la substance, desc. l'Homme. \\ U se dit aussi du
voisinage dans le temps. Environ ce même temps les
consuls furent de retour à Rome, malh. Le xxxiu*
liv. de T. Live, ch. M. Je me souviens d'avoir vu en-
viron le mois de mai.... desc. MHéor. 7. C'est-à-dire
environ le temps Que tout aime, la pont. Fabl. iv,
22. Ce fut environ ce tempsque....BOSS. Hisl. i, 10.
Anaxagore, l'un des plus illustres philosophes de
l'antiquité, naquit à Clazomènes, dans l'Ionie, en-
viron la soixante-dixième olympiade, et fut disciple
d'Anaximène, rolun, Hist. ane. liv. xivi, 1'* part,
ch. 4. Environ la neuvième heure, volt. Phil. v,
244. Environ ce temps, je trouvai à me placer très-
avantageusement, p. l. cour, i, 148. || 2° Adv. X
peu près, un peuplas, un peu moins. U y a envi-
ron vingt ans. 11 y a quatre cents francs ou environ.
La hauteur de ce monticule est environ de quarante
pieds. Il demeura sur le champ de bataille deux
mille hommes ou environ. Une armée de dix mille
hommes environ, ou d'environ dix mille hommes.
La réfraction d'un rayon qui, de l'air, entre dans
l'humeur aqueuse, est à peu près comme 4 à 3, dans
le cristalhn comme 3 à 2 , dans l'humeur vitrée
comme io à 7 ou environ, malebh. Kech. Maire,
sur l'opt.X. IT, p. 43», dans pougens.
— REM. L'Académie ne donne pas environ prépo-
sition ; mais ce mot a été employé en ce sens par
de trop bons auvcvre pour qu'on le rejette.
— HIST. xr s. Environ lui pi<i3 da vingt milie
homes, Ch. de Roi. u. ||xn' s. Vingt chevalier en-
viron le roi vont, Rone. p. 4 38. Et nouvelles en vin-
rent au saisne Brunamont, Qui justisoit [gouver-
nait] Sassoigne et la terre environ, 5ax. _ui 11 voit
environ lui ses chevaliers ocire, ib. x. Hxiii* s, Et
li escu furent pourlendu es chastiaus tout environ
les nés fnefs, vaisseaux], villeh. xliv. ||xv s. Un
mois ou environ que le siège fut là devant, oncques
ne plut, mais faisoit bel, chaud et sec, raoïss. ii,
II, 2S2. lA mareschal Joachin estoit toujours en-
viron de luy, coMM. i, J. Et y arriva environ sept
heures du matin, id. i, s. ||xvi* s.. Se esveilloyt
doncques Gargantua environ quatre heures du ma-
tin, BABEL. Garg. i, 23, Il m'envoya, environ mes
six ans, au collège de Guienne, mont, i, 4»6. So-
crates parla environ en ce sens aux juges qui....
m. IV, ai 6. Né le 2i du mois de Thoth, environ îd
soleil levant, amtot, Rom. 4 8.
— ÉTM. En 1 , et l'ancien français viron, autour,
de vtrer (voy. ce mot); provenç. enrtron, enciro,
eviron. Dans l'historique, environ a le seas de au-
tour, qu'il a perdu dans le langage moderne.
t ENVIRONNANT, ANTE (an-vi-ro-nan, nan-t')
adj. Oui environna, qui est dans les environs. Les
lieux environnants. Le terrain environnant. Les col-
lines environnantes,
ENVIRONNÉ, EB (an-vi-ro-né, née) , part. paui.
Il i° Qui a autour de soi quelque chose qui ceint.
Un jardin environné d'une haie. La mai.son du sei-
gneur seule un peu plus ornée Se présente au dehors
de murs environnée, boil. Ép. vi. || Fig. Environné
de gloire et chargé de lauriers, rotr. Bélis. i, 5.
Desoins tumultueux un prince environné, rac £*(/>.
a, ». L'ayant reçue [la parole de Dieu] non pas
comme d'un homme faible, pécheur, environné d«
misères.... mai» comme la parole de Dieu roêice,
elle fructifiera en vous, mass. Car. FaHSSS conf.
Il 2* Oui a autour de soi des personnes. Environné
par la foule. J'expire environné d'ennemis que
j'immole, bac Uithr. v, 6. || Qui a parmi sas en-
tours. Dieu fit de» promesses jt Abraham qui était
tout environné d'idoUtre», et il lui fit connaître le
mystère du Kessie qu'il devait envoyer , fAsc.
Pensées, part, u, «rt. 4. Comme il n'aimait point
les hommes vertueux et qu'il ne sarait point les
tVfS
ENV
Hiwrner il iiVlail environné que rte g<-m inlérei-
fr'.rllfliieu., prêt» A «*5ciilcr M» ordres injuste»
et-nVuSÎ^-îN. M.i... Knvironnô ,1e fainéant,
0 ru'illo"» q"i remanient l'Ignorance oisive comme
ripansBe et presque le litre do leur noblesse, d'a-
iiuà. Iftogf'. SIAulaire.
f ENVIKONNEMKNT (an-vl-ro-ne-man), t. m.
Action d'environner; rtsuliat de cette action
— HIST. xvr s. Et ne scauroit on faire une lieue
au tr«Ter« qu'elle n'en monte à plus de six, à cause
de» environnements [circwlls] qu'il faut faire pour
en »ortir, palissy, îb6.
— f.TYM. Environner.
ENVIRONNER (an-vi- ro-né) , «. a. || !• Mettre au-
tour. Knvironner une ville de fossés, de murailles.
Il î" Être autour. Il enleva ce fameux cercle d'or qui
environnait le tombeau du roi Osymandias, lequel
avait 386 coudées de circuit, et représentait tous les
mouvements de» différentes constellations, rollin,
llist.ane. OlCuvrei, t. ]i, p. 323, dans pouoens.
Il Se mettre autour. Mais qui pourra de nous appro-
chera personne, Si durant le festin sa garde l'envi-
ronne? cohn. l'omp. IV, (. Le peuple cependant,
que ae spectacle étonne, Vole de toutes parts, se
presse, l'environne [JunieJ, bac. Brit. v, 8. Les
uns avec respect environnaient la reine, :d. Iphig.
j, 4. Les nymphes qui l'environnent [CalypsoJ ,
TÉN. Tél. vu. Il Fig. Les dangers l'environnent de
toutes parts. Les soucis l'environnent. Peut-être
assez d'honneurs environnaient ma vie Pour ne
point souhaiter qu'elle me fût ravie, bac. /phtff.
IV, 4. Dfjà la mort m'environne, et je ne songe pas
à supplier la honte divine de me pardonner d'avoir
moi-même borné le cours d'une vie dont elle seule
devait disposer, lesage, Z>ta6Je boit. < 6. Songe à
ce bras puissant, vainqueur de tant de rois, À cet
aimable front que la gloire environne, volt. Zaïre,
I, (. Il 3° S'environner, v. réfl. Réunir autour de
soi. Voyez, quand tous les maux s'amassent sur nos
têtes, Fiesque s'environner de la pompe des fêtes,
ANCEI.0T, Fiesque, I, 4. || Prendre pour enlours. 11
ne s'environne que d'hommes suspects.
— IIIST. xiii* s. Et au venir que il list vers le roy,
environna [il fit le tour de] toute Espaingne, et le
convint passer par les destroiz de Marroch, Jomv.
ï«5. Il xv s. Et l'avoient les assiegeurs tellement
environnée de tous côtés, froiss. >, i, 432. Et
avoient ja esté environnez [assiégés] trois mois qua-
torze jours, coMM. viu, 8. Il XVI' s. Il lui prit envie
de naviger luy mesme, «ntrant par la bouche de
l'Eiiphrate en l'Océan avec une bonne et grosse
(lotte do vaisseaux, et s'en aller environner toutes
les coste* de l'Arabie et de l'Afrique, pour puis
après rentrer dedans la mer Méditerranée par le
dcstroit des coulonnes de Hercule, amyot, Alex. 4)0.
— ÊTYM. Envirom provenç. environar. L'ancienne
langue disait aussi avironner.
KlfVIBONS (an-vi-ron), s. m. plur. Les lieux cir-
convoisins. Paris et ses environs. Aux environs de
cette cabane. On prenait garde que le plus grand
nombre fût toujours des environs, patbu, Plaid. 4 ,
dans Bir.iiELET. Après avoir bâti Alexandrie , il
quitta l'Egypte et passa en Assyrie, où il joignit
Darius aux environs d'Arbelles, condil. Ilist. anc.
II, 40. Il La Fontaine l'a dit au singulier, qui était
usuel dans l'ancienne langue: Le quadrupède écume,
et son œil étincelle; Il rugit; on se cache, on tremble
àl'environ, la font. Fabl. ii , ».
— BEM. Aux environs de ne se dit que de l'es-
pace, et non du temps; ainsi ces phrases vulgaires
sont inusitées dans le style soigné : J'irai te voir aux
environs de Noël; 11 est aux en vironsdo quatre heures.
— HIST. xv s. [Les troupes du duc d'Anjou] se
logèrent à l'environ, au plus prés de la rivière qu'ils
purent, froiss. ii, ii, 3. || xvi's. Us trouvarent tout
le pays à l'environ en paix et silence, rab. Garg. i,
s». Ils eurent recours à percer la digue, au des-
sus de Burch pournoier l'environ de Calho, d'aub.
Hist. II, 480.
— ÊTYM. JSnviron.
ENVISAGÉ, ÉK (an-vi-za-jé, jée), part, passé.
Il !• Regardé au visage. Envùsagé par l'agent de
police et au.ssitAt reconnu. || 2° Regardé en esprit.
De» périU envisagés avec sang-froid.
t raVISAGEMENT (an-vi-za-je-man) , ». m. Action
d envisager. L'envisagement du sort qui l'atlandait.
- RKM. Th. Corneille a employé ce mot dans le
«en» de figure : Ai-je d'un assassin l'envisagement
blèmo^ U GeiUer de loi-mime, ni, 7.
~ *TYll. Envisager.
..!!fI'**^^'^.<''°;''-"-J*- Le g prend un « de-
« M 4? ni" "V ™'"''«?"'s, nous envisageons). «.
a. Ijl» Regarder une personne au visage Phorbas,
ENV
.'i.vis igcz eu prince en ma présence, cohn. Œdipe,
IV, 3. Plu» je vous envisage, Et moins je me re-
mets, monsieur, votre visage, bac. Plaid, ii, *.
Soit que je vous regarde ou que je l'envisage, Par-
tout clu désespoir je rencontre l'image, ID. Bérén.y,
7. Et je n'ouvris les yeux que pour envisager Les
miens que sur le marbre on venait d'égorger, volt.
Ilenr. ». L'aspect d'un Capulet n'a donc rien qui
t'irrite I Comme un autre homme enfin tu peux l'en-
visager, nncis, Roméo, iv, 6. || Par extension. L'œil
n'ose envisager ces antres écumants, delille,
Enéide, vi, 763. || 2» Tourner le regard vers. C'est
aussi l'artifice De ceux qui, pour couvrir quelque
puissant effort. Envisagent un point directenseiit
contraire, Et font vers ce lieu-là courir leur adver-
saire, la font. Fabl. xii, 4o. || Fig. Tourner le re-
gard vers, se régler sur. C'est lui seul [l'empereur]
que la cour envisage, bac. Brit. iv, 4. || 3» Regarder
face à face en esprit. La mort qu'elle envisage avec
beaucoup de fermeté, sÉv. 430. Lorsque j'envisageai
le moment redoutable Où pressé par les lois d'un
austère devoir.... bac. Bérén. v, o. J'envisage dans
l'avenir des peines dont je ne puis supporter l'idée,
M— DE GENLIS, Ad. Ct Théorl. t. III, lett. 25, p. 4 88,
dans ponoENS. Votre devoir est grand, osez l'envi-
sager, DUCis, ifacb. V, 2. Je sais, sire, qu'un héros
tel que vous envisage ce dernier moment [la mort]
avec tranquillité, d'alembebt, Lett. auroide Pr. 29
janv. 4 768. Laissons, mon fils, laissons les vulgaires
douleurs Craindre d'envisager l'objet de leurs mal-
heurs, M. I. cnÉN. Gracques, i, 5. Je n'ose envi-
■sager un présage si triste, lemerc. Agam. iv, 7.
Il Envisager de, avec l'inlinitif. Puisque j'envisage
bien de partir dans l'état où est ma pauvre tante, il
faut croire que rien ne peut m'en empêcher, sÉv.
4 44. Il ne peut envisager de rentrer dans le service,
ID. 60S. Il 4» Considérer. Le sage quelquefois fait
bien d'exécuter Avant que de donner le temps à la
sagesse D'envisager le fait et sans la consulter, la
FONT. Fabl. X, 4 4. Ceux qui, d'un œil cruel envi-
sageant ma vie, Voyaient d'un œil jaloux mon pou-
voir souverain, id. Poésies mêlées,. ixxiv. 11 faut
observer par quel côté il envisage la chose, pasc.
Pensées div. 4 4 0. Seigneur, je cherche et j'envisage
Des monarques persans la conduite et l'usage, bac.
Esth. Il, 6. N'envisageant le» systèmes que comme
des moyens de rendre l'étude de la botanique
moins pénible, condorcet, Ilaller. Il Avoir en vue.
C'était l'objet le plus ordinaire de la guerre, et le
principal fruit qu'on envisageait dans la victoire,
VERTOT, Révol. rom.-iii, aie. N'envisager sa for-
tune qu'à travers son devoir, mass. Or. fun. Vil-
lars. Nous envisagions le plaisir de le ruiner; mais
la justice est jalouse de ce plaisir-là, lesaGE, Tur-
caret, v, 4 0. Qu'elle envisage moins ma perte que
ma gloire, volt, l'riumv. iv, 3. || Compter sur.
Une grâce précieuse que je n'ose envisager de si
loin, SÉV. BB5. Il Se faire une idée de. Un moment
do réflexion lui fit envisager la dés.igréable aventure
que ce serait, hawilt. Cramni. 5. || Regarder comme.
Que d'hommes amoureux de la gloire céleste Envi-
sagent la croix comme un fardeau funeste 1 corn.
Imit. Il, 44. Il B° S'envisager, v. réfl. Se regarder
soi-même. |{ Fig. Chacun s'envisage toujours par
certains côtés favorables, mass. Car. Parole. || Se
regarder mutuellement. Us s'envisageaient l'un
l'autre avec attention. L'un et l'autre rival, s'arrê-
tant au passage, Se mesure des yeux, s'observe,
s'envisage, hoil. Lutrin, v. || Être considéré. Cet
événement peut s'envisager de plusieurs manières.
— ÊTYM. En i, et visage. Ce mot paraît avoir été
formé dans le xvii' siècle, du moins nos exemples
ne remontent pas plus loin.
ENVOI (an-voi), ». m. || 1° Action d'envoyer, d'ex-
pédier des marchandises. Par le dernier envoi, j'ai
reçu.... Il La chose même qu'on a envoyée. J'ai reçu
votre envoi. Votre envoi est arrivé franc de port.
Il Lettre d'envoi, lettre qui annonce qu'une chose
a été envoyée. || 2° Terme de jurisprudence. Envoi
en possession, jugement qui autorise à prendre pos-
se.ssion de certains biens , les héritiers présomptifs
des absents déclarés, les héritiers irréguliers des
défunts, les enfants naturels, les conjoints et l'État.
Il 3° Se dit de quelques vers mis k la suite d'une
pièce de poésie, comme un hommage à la personne
il qui elle est adressée. || Dernière strophe de l'an-
cienne ballade et du chant royal. || 4° Terme de
liturgie. Leçon de matines ou fin d'office, dans cer-
taines communautés.
— ÊTYM. Voy. ENVOYER.
ENVOII.É, ÉE(au-voi-lé, lée), part, posté. Une
lamo envoilée.
ENVOILER (SI (an-voilé), v rifl. Terme de mé-
ENV
lier Se courber, gauchir, en parlant du for, de l'a-
cier, lorsqu'on les trempe. Le» lime» s'envoiler!
quelquefois à la trempe.
— ÊTYM. En 4, et voile, par comparaison avec
la courbure d'une voile que gonfle le vent.
t ENVOILURE (an-voi-lu-r'), s. f. Nom donné à
la légère courbure de la lame des ciseaux.
— ÉTYM. Entoiler.
ENVOISINfi, ÉE (»B-voi-zi-né), ad;. Qui a des
voisins. Être bien, mal envoisiné.
+ ENVOISIMR (an-voi-zi-né) , v. a. Entourer dn
voisins. On n'oublie pas d'envoisiner convenable-
ment cet homme, J. J. eouss. dans le Dict. de bes-
cheeelle. Il S'envoisiner, v. réfl. Se donner des voi-
sins. Il s'est mal envoisiné.
— HIST. xvi* s Le quel [foin] plus abondam-
ment viendra il que moins sera envoisiné d'aucunes
plantes, o. de serres, 283.
— ÉTYM. En t, et voisin.
ENVOLÉ, ÉE (an-vo-lé, lée), part, passé. Qui s'est
échappé en volant. Il trouva la cage ouverte et les
oiseaux envolés. || Par extension. X peine enfin les
derniers mots, De leur impulsion tardive Frappant
son âme inattentive, Du discours envolé lui portent
les échos, delille, Convers. n. \\ Kig. Les plaisir»
envolés. Il pleure sa jeunesse avant l'âge envolée,
V. nuGO, Odes, iv, 4.
ENVOLER (S') (an-vo-lé), v. r^/l. || 1* Partir en
volant. Les perdrix se sont envolées trop tôt. [L'hon-
neur] S'en va trouver sa sœur [l'Équité] , et dès ce
même jour Avec elle s'envole au céleste séjour,
boil. Sat. XI. L'aigle des légions que je retiens en-
core Demande à s'envoler vers les mers du Bos-
phore, VOLT. Jf. de César, i, 4. Satan, sans répli-
quer, s'envole à ses conquêtes, delille. Paradis
perdu, XI. || Avec ellipse du pronom personnel. Le
moindre bruit fera envoler cet oiseau. || Familière-
ment. Il n'y a plus que le nid, les oiseaux se sont
envolés, se dit lorsque certaines perscfnnes, s'étant
retirées dans un endroit où l'on espérait les sur-
prendre , ne s'y trouvent plus. On dit aussi plus
brièvement : Les oiseaux se sont envolés, ou sont
envolés. || Fig. Lorsque pour moi vers Dieu ta voix
s'est envolée, v. m go, F. d'aut. 37. || 2° Par exten-
sion, il se dit des choses légères que le veut emporte.
Tous les papiers s'envolèrent par la chambre aussitôt
que la fenêtre fut ouverte. || 3° L'àme s'envole, se dit
|iour exprimer que l'on meurt. La nuit assiégea se»
prunelles, Et son .'une éiendant les ailes Fut toute
prête à .s'envoler, malii. v, 20. Sa lumière s'éteint et
son âme s'envole, corn. Bodog. v, *. Us rappelaient
peu à peu son âme prête à s'envoler, fén. Tél. xvn.
Il L'âme s'envole, se dit aussi d'une personne dont
le cœur suit quelqu'un, ô Dieux I je sens mon âme
après lui s'envoler, cobn. FIllus. com. ii, 2.
Il 4° Disparaître, s'effacer, s'écouler. On fait beau-
coup de bruit et puis on se console; Sur les ailes
du temps la tristesse s'envole, la font. Fabl. vi,
2t. L'Alcyon fuit devant Êole, Éole le fuit à son
tour; Mais, sitôt que l'amour s'envole. Il ne con-
naît plus de retour, j. b. rodss. Cantate, Circé.
L'amitié reste au moins quand le bonheur s'envole,
ancelot, Fiesque, m, 4. Trop de gloire nous a nui,
Le plaisir s'envole, bérang. Gaudr. || Le temps, l'oc-
casion s'envole, c'est-à-dire passe rapidement. || Fa-
milièrement. Notre déjeuner s'est envolé. Les deux
chevaux, la mule au marché s'envolèrent [furent
vendus], boil. Sat. x.
— HIST. XIII* s. Atant bâti ses ailes et s'en vola,
Chr. de Bains, 237. Les dous deduiz, les dous be-
siers, Et les très douces acolées, Oui s'en ierent si-
tost volées, laRose, 43o7o. ||xiv s. Et ainsi comme
il s'envola, Tousli beaux arbrisseaux crola, Si qu'a-
donc la froide rousée Est seur mon visage avalée,
MACHAUT, p. 38. ||xvi' S. Hehisl tu es trop belle, et
tu dois prendre garde Qu'un Dieu si gr.ind trésor ne
puisse désirer. Qu'il ne t'envoie au ciel pour la
terre empirer , bons. 249. Des dames sans retour
s'envole la beauté, id. 282. Puis la mort vient qui
nous en-vole, id. bb.5.
— ÉTYM. £n 2, et voler, v. n. On voit que envo-
ler a quelquefois un sens actif, ce qui fait compren-
dre comment voler a pris le sens de dérober,
en latin (ttrari.
ENVOÛTÉ, ÉE (an-voû-té, tée), part, passé. Qui
a été en butte à l'envoûtement.
t ENVOÛTEMENT (an-voû-te-man), s. m. Opération
magique par laqueUe on envoûtait une personne.
— HIST. iiv* ». Envoûtement, dd cangï, ttellio-
natus. Il XV' ». L'en dit que ce sont envoustemens
ou maléfices, que sa femme ne l'ameroit jiiinès,
les li joies de mariage, p. »4.
— ÉTYM. Knvuûler
ENV
ENV
ÉON
1449
ENVOflTER (an-vou-té), ti. a. Faire un prétendu
maléfice, qui consistait à former une figure de cire
suivant la ressemblance d'une personne, avec la
persuasion qu'à la suite de certaines pratiques on
faisait souffrir à la personne elle-même toutes les
atteintes portées à cette figure. Il courut un bruit
qu'il [ Enguerrand de Marigny ] avait dessein de
faire mourir le roi, et que sa femme s'aida:t d'un
nommé Paviot et d'une vieille boiteuse réputés
grands sorciers à faire des images de cire à la res-
semblance du roi et des princes pour les envoûter,
uÉZERAi, Louis X.
— HIST. xiV S. Jehane de Cretot avoit ensorcelé
ou envousté Pierre Coquel clerc, du cange, invul-
lare. Icellui Pastant lui dist qu'il doubtoit qu'elle
ne envoultasiou fist morir sa femme, id. ib. Sur les
paroles que le dit messire Jean avoit dites au roy,
c'est assavoir que le dit messire Henris l'avoit en-
Tulté ou fait envulter, id. vullivoli.
— ÉTYM. Bas-lat. invultare, invulluare, de in,
en, et vuUus, face; àcause de l'image qu'un faisait
de la personne qu'on voulait envoûter. Cependant
DiBz, remarquant que cette opération magique se
disait en latin (kiotare, pense que le français a
formé un mot semblable invotare, envoûter; mais
tniio(ore aurait donné envouer comme devolare, dé-
vouer. Il faut s'en tenir à ce que donne le bas-latin.
Dans tous les cas, c'est à tort que l'Académie met
un accent circonflexe, comme si le mot venait de
xoûte.
t ENVOYE (an-vot), s. m. Un des noms vulgai-
res du serpent qu'on nomme aussi orvet et aveugle
(anguis fragilis).
ENVOYÉ, ÉE (an-vo-ié, iée; plusieurs disent
an-voi-ié, iée), part, passé. \\i° Qu'on a fait aller
vers. Un messager envoyé à la hâte. || Substantive-
ment. Celui qui a quelque mission. Un envoyé du
grand seigneur. Un ange est un envoyé; mais voici
un envoyé d'une dignité merveilleuse, un envoyé qui
a un temple, un envoyé qui est Dieu et qui entre
dans le temple comme dans sa propre demeure,
Boss. Hist. II, 4. Lui, l'envoyé du ciel et le seul
interprète, volt. Fanât, i, 2. Vous allez des Ro-
mains entendre la réponse. Votre envoyé paraît,
SAUBiN, Spart. 1, 2. Dans le sérail comptez com-
bien de têtes Vont saluer les envoyés chrétiens,
bEbang. Psara. || Particulièrement. Ministre envoyé
par un souverain ou par une république, mais dont
la dignité est inférieure à celle d'ambassadeur. Un
envoyé extraordinaire. || Envoyée, s. /". La femme
d'un envoyé. || 2° Qu'on a fait porter vers. Un cadeau
envoyé à un ami.
— REM. On dit envoyer avec un infinitif : On
l'envoya annoncer la nouvelle. La Fontaine a em-
ployé de cette façon le participe; emploi qui est
rare : Le vôtre [opéra] est plein de grands événe-
ments. Gens envoyés peupler les monuments. Beau-
coup d'effets, de fureur martiale, la font. Poé.iies
mêlées, à Turenne, xLii. Kt aussi St-Simon : Barbe-
sière, envoyé de l'armée d'Italie conférer avec l'é-
lecteur de Bavière, fut pris déguisé en paysan,
tn, 23.
ENVOYER (an-vo-ié ; plusieurs disent an-voi-ié),
j'envoie, tu envoies, il envoie, nous envoyons, vous
envoyez, ils envoient; j'envoyais, nous envoyions,
vous envoyiez; j'enverrai; j'enverrais; envoie, en-
voyons, envoyez; que j'envoie, que tu envoies,
qu'il envoie, que nous envoyions, que vous en-
voyiez, qu'ils envoient; que j'envoyasse; envoyant;
envoyé, ». a. |{ 1° Mettre en voie, en chemin; faire
partir. Envoyer un courrier, un exprès. Ils se sont
envoyé des présents. Et pour vous y conduire As-
suérus m'envoie, bac. Eslh. m, 2. On m'envoie à
Pyrrhus, j'entreprends ce voyage, w. Andr. i, <.
Il Par extension Envoyer quelqu'un aux honneurs,
l'envoyer là où il trouvera des honneurs. Prince que
j'ai peine àquitter, Àquelques honneurs qu'on m'en-
voie, COBN. Œdipe, m, i. || Envoyer à la mort,
remettre quelqu'un à ceux qui dui-vent lui ôter la
vie. Il Fig. Envoyer à la mort, exposer à un péril
mortel. Prononcer mon nom serait m'envoyer à la
mort, GENUs, Thédt. d'éduc. Zélie, v, 4. {| Fig. et
familièrement. Envoyer promener, paître, coucher,
c'est-à-dire renvoyer, congédier quelqu'un avec hu-
meur, avec colère. || Envoyer quelqu'un au diable, à
tous les diables, le repousser avec colère, avec im-
patience. Il Envoyer dans l'autre monde, envoyer ad
patres, faire mourir, jj Absolument. J'enverrai ce
soir chez lui. De crainte qu'après moi vous n'eussiez
envoyé, corn. Cinna, v, 3. La reine envoie en vain
pour se justifier, id. Rodog. i, 6. Pour dresser le
contrat elle envoie au notaire, mol. Fem. sav. iv, 7.
On envoie aux nouvelles [on envoie chercher des
DICT. ÙE LA I.ANOU:; FRANC.IISE.
nouvelles], sÉv. inl. On envoie ohe? Pecquet, qui
eut de moi des soins extrêmes; on envoie chez l'a-
pothicaire; on envoie quérir un demi-bain; on en-
voie chercher de certaines herbes, id. 58. Elle en-
voie vers son père , la bruy. xiv. || Envoyer avec
un infinitif. On craignait qu'Amurat par un ordre
sévère N'envoyât demander la tête de son frère,
BAC. Baj.i, t.\\i° Faire porter. Envoyer une lettre,
un ballot. Ils se sont envoyé un défi. !| Fig. Tu dois
envoyer par avance Tes bonnes œuvres devant toi,
Qui de ton juge et de ton roi Puissent préparer la
clémence, cobn. Imit. i, 23. || 3° Lancer. La lu-
mière que le soleil nous envoie. || Terme de marine
et de guerre. Envoyer un coup de canon. Envoyer
une bordée. U lui envoya un coup de fusil. || Par
extension. Envoyer un coup de pied, un soufflet,
donner un coup de pied, un soufflet. || Fig. En-
voyer un mot piquant , adresser à quelqu'un un
mot piquant. || 4° Envoyer se dit quelquefois fami-
lièrement pour jeter à bas , renverser. Il l'envoya
d'un coup de pied au bas de l'escalier. || 6° Fig.
Faire parvenir. Pour envoyer l'effroi sous l'un et
l'autre pôle, cohn. Tite el Bérén. ii, t. Marchons,
et dans son sein rejetons cette guerre Que sa fu-
reur envoie aux deux bouts de la terre, rac. Mithr.
m, I. Ah! qu'un seul des soupirs que mon cœur
vous envoie. S'il s'échappait vers elle, y porterait
de joie! in. Andr. i, 4. La vue, privée des secours
du tact, n'envoie à l'âme que des modifications
simples qu'on nomme couleurs, condillac, Trait,
sens. Extr. rais. Œuvres, t. m, p. 33, dans pou-
gens. Il 6° U se dit de ce que l'on attribue à une
volonté divine. Dieu nous a envoyé de grandes tri-
bulations. Le ciel sait qu'au milieu des honneurs
qu'il m'envoie Je n'attendais que vous pour témoin
de ma joie, rac. Bérén. I, 4. || Par extension, il se
dit, dans le même sens, de la nature, du sort, etc.
N'ajoutons pas à tous les maux que la nature et la
fortune peuvent nous envoyer la ridicule et inutile
vanité de nous croire invulnérables, fonten. Bonh.
Il 7» Députer à une assemblée. Paris a envoyé un
tel à l'assemblée. |1 On l'a envoyé en province, se dit
d'un employé à qui on donne un emploi en pro-
vince en échange d'un emploi qu'il occupait à l'ad-
ministration centrale, à Paris. || 8" S'envojer, v. réft.
Être envoyé. Les petits paquets s'envoient par la
poste.
— REM. 1. Envoyer suivi d'un infinitif prend tan-
tôt la préposition pour et tantôt ne la piend pas :
j'envoyai mon fils au-devant de lui l'assurer.... ou
pour l'assurer. Mais il faut dire d'une seule façon :
j'envoyai mon fils au-devant de lui pour l'empêcher
de venir. On pourra mettre l'infinitif sans préposi-
tion quand le régime d'envoyer, exprimé ou sous-
entendu, fait lui-même l'action dont il s'agit: en-
voyer un commissionnaire demander; envoyer faire
des compliments; envoyer dire. Envoyez donc vos
enfants se renouveler, i. J. Rouss. Ém. i. On mettra
nécessairement pour si la personne envoyée ne fait
pas expressément l'action. || 2. Le futur régulier se-
rait j'envoyerai ou j'envolerai; une contraction an-
cienne, semblable à celle qui disait je lairrai au lieu
de je laisserai, a prévalu, tandis que je lairrai est
resté hors du bon usage. J'envolerai était très-usité
dans le xvii" siècle : Jusqu'à toi, mon Sauveur, j'en-
volerai ma prière, corn. /im'(. II, 9. Envoierez-vous
encor, monsieur aux blonds cheveux , Avec des
boites d'or des billets amoureux? mol. Éc. des mar.
u, ». Je l'envoyerais ainsi qu'elle est venue, la font.
Serv. Je vous envoyerai une relation avec cette let-
tre, SÉv. 45. J'envolerais remercier son altesse,
hamilt. Gramm. 4. || 3. On trouve dans Corneille
envoyer des soupirs, pour les faire exhaler : Je ne
m'oppose pas à la commune joie. Mais souffrez des
soupirs que la nature envoie, corn. Héracl. v, 8.
— HlST. XI* s. Enveions i les filz de «os moillers
[femmes], Ch. de Roi. m. I enverrai le mien [fils],
th. Il xii" s. Cist brief vous est de Charlon en-
volez, Ronc. p. H. Chançon, va-t-en là où mescuers
[mon cœur] t'envoie, Couci, xvi. Dame, son cuer
vous envoie Li voslres loiaus amis, t6. p. (20. || xiii's.
Seigneur, 11 baron de France, 11 plus haut et 11 plus
puissant, nous ont à vous envoies, et vous crient
merci, vulleh. xvi. Et Tybert leur cousin avec [j']
envolerai, Berte, vn. Envoyez pour Tibert [envoyez
chercher Tibert], qu'il nous soit conseillère [conseil
1er] , ib. xii. Ce que pleit au prince vaut loi, ausint
com se toz 11 pueples donoit tout son poer et son
commandement à la loi que li rois envoie, Liv. de
just. 9. Et sitost comme je la mis à ma bouche
[l'eau] pour envoler aval [avaler] , elle me sailli hors
parles narilles, lOiNV. 240. ||xv' s. Or eurent cour
seii ceux de l'ost, pour leur besogne approcher et
pour plus grever leurs ennemis, que ils envoie-
roient querre en la RioUe un grand engin qu'on ap-
pelle truie, FROiss. ii, u,' 5. [Coitier disait à
Louis XI] Je sçay bien que ung matin vous m'en-
voyrez comme vous faictes d'autres, mais vous n'y
vivrez point huyt jours après, comm. vi, <2. Hxvfs.
Il m'envoya au collège de Guienne, mont, i, 4 96.
Ayant envoyé un ambassadeur vers le roi, id. i,
39. Si la fortune continue, elle m'en eavoyera [me
renverra] très content et satisfaict, lO. iv, 442. Je
l'envoyai convier à disner chez moy, ib. iv, 320.
Elle envoyoit quérir un médecin, id. iv, 324. Le
capitaine More l'envoia d'un coup de chevron sur la
teste au bas delà rivière, d'aub. Hist. u, 264. Les
habitants à la fin furent contraincts d'envoyer de-
vers lui, AMYOT, Cimon, 3. Cette réponse ouye, les
envoyés reprirent incontinent leur chemin deversla
mer, id. t'b. 34.
— ËTYM. Norm. el Berry, envier; bourguig. envié;
provenç. etespagn. enrior; ital. inviare; de irt, en,
et via, chemin (voy. voie).
t ENVOYEUR (an-vo-ieur; plusieurs disent an-
voi-ieur), s. m. Terme de commerce. Celui qui fait
un envoi, celui à qui l'envoi est fait recevant le nom
de destinataire. || Terme d'administration. Celui qui,
par l'entremise de U poste aux lettres, adresse de
l'argent à un correspondant.
— ÉTYM. Envoyer.
t ENZOÏQUE (an-zo-i-k*), adj. Terme de géolo-
gie. Terrain enzoïque, terrain qui renferme beau-
coup de débris fossiles d'animaux.
— ÉTYM. 'Ev, en, et Çùov, animal.
t ENZOOTIE (an-zo-o-sie), s. f. Terme de vété-
rinaire. Toute maladie qui règne constamment, ou
à certaines époques périodiques, sur une ou plu-
sieurs espèces d'animaux dans une contrée. Enzootia
répond à endémie.
— ÉTYM. 'Ev, en, et Çwov, animal.
t ENZOOTIQUE (an-zo-o-ti-k'), adj. Qui a le ca-
ractère de l'enzootie.
— ÉTYM. Enloolie.
t ENZOOTIQUEMENT (an-zo-o-ti-ke-man), adv.
D'une manière enzootique. Maladie qui règne enzoo-
tiquement.
f ÉOCÈNE (é-o-sê-n') , ad;'. Terme de géologie. Se
dit du groupe le plus ancien parmi les terrains ré-
cents.
— ÉTYM. Mot fait par Lyell, de fiibç, aurore, et
xatvà:, récent.
f ÉOLE (é-o-l') , s. m. Terme de mythologie. Dieu
qui préside aux vents. Dans les champs que l'hiver
désole Flore vient rétablir sa cour; L'alcyon fuit
devant Êole, Éole le fuit à son tour, j. B. rouss.
Cantate, Circé. \\ Terme d'histoire naturelle. Bou-
ches d'Éole, certaines fissures qui se forment dans
les montagnes, et d'où il s'échappe un courant
d'air.
— ÉTYM. Lat. JRolus ; grec, Aio\oi.
4. É0L1EN,IENNE (é-o-liin, liè-n'),od). || 1' Dia-
lecte éolien, celui des cinq dialectes de la langue
grecque qui était propre aux peuples de l'Éolide.
Il S. m. L'éolien, le dialecte éolien. L'éolien a étA
suivi par Sapho et par Alcée. || 2° Mode éolien, l'un
des principaux modes de la musique des Grecs.
— ÉTYM. AîoXeç, les Éoliens.
2. ÉOLIENNE (é-o-llè-n'), ad/. ^. Usité seulement
dans cette locution : harpe éolienne, table ou boîte
sonore sur laquelle sont tendues des cordes que le
vent fait vibrer, ce qui produit des murmures mé-
lancoliques.
— ÉTYM. Éole.
f ËOLI-HARPE (é-o-li-ar-p'), *. f. Harpe éo-
lienne.
ÉOLIPYLE (é-o-li-pi-l'), S. m. Terme de physi-
que. Instrument consistant en une sphère creuse
pourvue d'un tube à mince ouverture, qui, rem-
plie d'eau et chauffée, donne issue à un jet impé-
tueux de vapeur. L'eau qui reste en l'éolipyle Ne
se refroidit pas quand il devient moins plein; L'ai-
rain soufflant fait voir que la liqueur enclose Aug-
mente de chaleur, déchue en quantité, la font.
Quinquina, il. || Sorte de ventilateur que les fu-
mistes emploient pour former un courant d'air et
chasser la fumée.
— HIST. XVI' s. jEollpyle, porte d'.fiolus; c'est un
instrument clos, auquel est un petit pertuis, par
lequel, si mettez eau et l'approchez du feu, vous
verrez sortir vent continuellement, rab. Notes sur
le livre iv, ch. 44.
— ÉTYM. ÉoU, et TTÛXni, porte (voy. ptlône).
ÉOLIQUE (é-o-li-k') , adj. Voy. éolien.
t ÉON (é-on), s. m. Terme des systèmes gnosti-
ques. Nom des émanations ou intelligeûces éter-»
I. — 182
'iiM au Min de l'un. Les éoiis sont les
"vine. qui en (do DieuJ émanent plu.
■ ont les uns actif», les autres
' i rent sexe : il n'y en a qu'un
iLLAC, Iliit- one. XV, 6.
c«ri-.u^.-".|^ -- ^^^p^^ j^ j^^^g_ l'éternité;
Ut «Tvm/goili. fliii/sanscr. âyut; ainsi dit parce
aue IVon *i»i< une '"""'Sence élernelle.
t ÉOUSE (é-ou-z'), t. (■ Nom vulgaire du chêne
yeuse.
— illST. XVI' s. Eause. ouom, Dtct.
— RTYM. Autre fnrme A'yemt.
f ÉPACMASTIOUE (é-pa-kma-sti-k'), adj. Terme
de niédeciiie. Qui croit, en parlant des maladies
ligues. . , . ,
— HlST. XVI* 1. Quelques un» divisent la synoque
en homotone ou acmastique, epacmastique nu ana-
balique, et en paracmastique, que les latins disent
gquales, creseentes, deecesuntes, tahé, xx, o.
— ÉTVM. 'E«ax(iia<jtixo«, de in\, sur, et àxjiâ-
;(iv, être fort.
t ÊPACTAL, ALE (é-pa-klal, kta-1') , od;'. Terme
d'astronomie. Qui se rapporte à l'épacte. Nombre
épactal.
ÉPACTE (é-pa-kf), *. f. Terme de chronologie.
Nombre indiquant l'âge de la lune au commence-
ment de l'année, c'esl-à-dire le nombre de jours
écoulés depuis la dernière nouvelle lune jusqu'à la
fin de l'année qui vient de finir. En (830, l'épacte
était «, et, comme l'année solaire vaut (2 lunai-
sons plus environ H jours, l'épacte augmente or-
dinairement de H jours par an ; ainsi, pour <83t,
l'épacte a été a plus <t ou t7 ; pour (832, elle a
été 17 plus tl ou 28; pour 4 833, c'était 28 plus
tl ou 39, ou un mois de 30 jours, plus » pour l'é-
pacte, SAiGKY, Métrologie. \\ Différence, en jours,
heures, minules et secondes qui existe entre une ré-
volution solaire et douze révolutions lunaires. || Cycle
desépactos, espace de trente années, aprJs lequel
les épactes reviennent à peu près dans le même
ordre.
— HIST. XIII' S. Li uns nombre a à nom epacte
qui à nous sone autant comme sorajoustcmens,por
ce qu'on ajouste avoec le [nombre] régulier por
trovcr l'aage de la lune, CompuI, f" 8.
— ÊrYM. 'ETtaxTo;, ajouté, de iiù, à, et à-yeiv,
mener (voy. agir).
fiPAGNECL, ECLE (é-pa-gneul, gneu-1'; du temps
de Chifflet, Gramm. p. 209, l'J ne se prononçait
jamais : é-pa-gneu; aussi la Fontaine a-t-il dit :
Qu'elle vienne admirer le roi des épagneux, Petit
cfctcn), ». m. et f. Espèce de chien de chasse à longs
poils. Los épagneuls sont originaires d'Espagne.
Dieu n'éteindra pas plus sa divine étincelle Dans
l'étoile des nuits dont la splendeur ruisselle Que
dans l'humble regard de ce tendre épagneul, la-
MABT. Joe. IX, 279. Un bon épagneul quête le gi-
bier avec ardeur, l'arrête à distance et le fait partir
sous le coup de feu de son maître, ce. de Bernard,
la Chasse aux amanU, § xi. || Àdj. Un chien épa-
gneul.
— llIST. xiV S. Que l'espreveteur [le chasseur à
l'épervier] se garnisse d'espaignols, Uénagier, m,
2. ||xvr s. Un grand cspagneul qui avoit accoutumé
do coucher sur les pieds du roy, d'aub. Yie, u.
— ËTYM. Erpagnol, k cause de l'origine de ces
chiens ; wallon, epagnote; namur. èpagno.
t ÊPAGOMENE (é-pa-go-mê-n') , adj. m. Terme
de chronologie. Jours épagomènes, les cinq jours
que les Egyptiens ajoutaient aux 360 jours de leur
année vague.
— ÊTYH. "EitaiïoiJicvoç, ajouté, de liA, à, et
dyjiv, mener (voy. agir).
t ËPAILLAGE (é-pa-lla-j', «mouillées), t. m.
Action d'effeuiller les nœuds inférieurs des cannes à
sucre.
— RTYM. i^ pour et.... préfixe, etpai'Ke.
t ÉPAILLEUENT (é-|)a-lle-man, U mouillées),
f. m. Action d'épaillor; résultat de cette action.
t ËPAILLER (é-pa-Ué, Il mouillées), v. a. En-
lever de l'or toutes les saletés qui proviennent de la
fonte ou du mal forgé.
— Etym. É pour et.... préfixe, etpoiH*.
, P-PAIS. AISSE (é-pê, pê-s'), adj. || 1' Epais, con-
sidéré quant à U dimension : qui a une certaine
épaisseur. Mur épais do deux milres. Une planche
«paisse de quatre centimètres. La seconde édition
des recherches de M. Parent est en trois volumes
tn-t» fort épais, tortkn. Parent. || ferme de bota-
nique. Sa dit de toutes les parties dont l'épaisseur,
«omparée à celles d'organes analogues, est plus
rande nue ne sembleiail le comporter leur éfcn
aue. Il tort, soUde, pat opposition à mince. Drap
RPA
épais. Etoffe épaisse. || Par extension. Langueépaisse,
langue pâteuse, lourde, articulant difficilement.
Il Taille épaisse, taille grosse, peu élégante. H Kig.
et familièrement. Avoir la mftchoire épaisse, avoir
l'esprit grossier. On dit aussi : c'est une mâchoire
épaisse. || Cheval épais, cheval gros, lourd, sans
élégance. || 2" Epais, considéré quant au nombre :
srré, touffu. Des cheveux épais. Les bois épais.
D'épais bataillons. J'ai craint que de ces bois l'é-
paisse solitude Ne cachât un ramas de brigands ré-
voltés, DUCis, Lear, i, 1. 1| Terme de péclie. Tissure
épaisse, tissure d'un filet à mailles serrées, (j 3° Epais,
considéré quant à la consistance : dense, peu fluide.
Du vin épais. Un épais brouillard. Cette liqueur
épaisse MCle du sang de l'hydre avec celui de Nesse,
CORN. U('dée, IV, 2. Une épaisse vapeur s'est du
temple élevée, m. OEd. u,' 3. Ils l'ont enveloppé
d'une épaisse fumée, m. Tais, d'or, v, 2. Mais quelle
épaisse nuit tout à coup m'environne? rac. Andr.
V, 6. Climats qu'un ciel épais ne couvre que d'o-
rages, VOLT. OrpM. I, <. Il Fig. et familièrement.
Cela est épais à couper au couteau, se dit d'un
esprit grossier, d'une ruse grossière, etc. || Fig.
Lourd, pesant, grossier. Monlchevreuil était un fort
honnête homme, modeste, brave, mais des plus
épais, ST-siu. 4, 64. Les Béotiens, les plus épais de
tous les Grecs, prenaient le moins de part qu'ils
pouvaient aux affaires générales, montesq. Rom. 5.
Et la grosse gaieté de l'épaisse opulence, gresset,
Méch. II, 3. Il II se dit des choses dans un sens ana-
logue. Une ignorance épaisse. Que son intelligence
est épaisse I «ol. Préc. rid. 0. Dans la plus épaisse
barbarie, pléch. Panég. u, 3S3. || 4' Substantive-
ment. Epaisseur. Une pierre qui a deux pieds d'épais.
Il B° Adv. Avec densité, d'une manière serrée. Se-
mer trop éjiais. U a neigé épais.
— REM. Au xvii' siècle, à côté d'épais on disait
épois : On verrait Les poètes plus espois que mou-
ches en vendanges, Régnier, Sot. iv. De son gros
chef couvert de bois, S'exhale maint nuage épois
Qui le cache et qui l'environne Et lui fait comme
une couronne, scarron, Virg. iv. Épais était la
prononciation de l'ouest de la France; épois celle
du centre et du nord.
— HIST. XI' s. Al plus espes [de la mêlée], Ch.
de Roi. ccLvii. Il xii' s. [Un haubert] Fort et espes
et serré et entier, Ronc. p. 49. Plus espois, ib. <42.
Il xm' s. Ensi pourprist li feus de defors le port en
travers jusques parmi le pVas espeisde la vile, villeh.
xci. Sous une e.spine espesse [elle] s'est allée mu-
ci er, i?er(e, xxxvui. D'autre part sunt li mur de
boe, Qui n'ont pas d'espès plaine paume, la Rose,
6t3l.||xv's. Je ferai, par enchantement, l'air si
espès, que dessus la mer il semblera à cils de de-
dans qu'il y ait un grand pont pour dix hommes de
front, FROiss. 11, u, 137. || xvi' s. [La forêt] Voit
par l'espais de sa neuve ramée Mainct libre oiseau
qui de tous cfités erre, du bellay, 11, <9, recto.
Meutes de chiens, piqueurs Massiliens Marchent es-
pais [serrés nombreux], id. iv, to, recto. Des
tuyaux praticquez dans l'espez du mur, mont, iv,
256. Des urines espesses, noires et effroyables, id.
IV, 27). Ces espesses poussières, id.iv, 291. Le ca-
pitaine Nesde et un sergent qui y mourut, firent
quelque jour dans cet espais à coups d'hallebarde,
d'aub. llist. Il, 363. Espesse fumée, id. ib.
— ÊTYM. Wallon, spès, spèie, au féminin; bour-
guign. etpoo; provenç. espes; espagn. espeso; ital.
spetso ; du latin spissus.
t ÉPAISSEMENT (é-pê-se-man), ode. D'une ma-
nière épaisse. Il [le duc de BeauviUier] nous conta
que tout le dessus de la cassette, et assez épaisse-
ment, s'était trouvé rempli d'un fatras de toutes sor-
tes de mémoires, st-sim. 325, 25t.
— HIST. XII' s. Espessement [ils] leur jettent
maint fust et maint baston, Saxons, viii. {| xm' s.
Les chaussées jonchées... De fresche herbe et de
jonc partout espe.ssement, Berte, cxxxiii. ||xv' s.
Onques grésil ne goutte de pluie ne cheurent plus
espessement du ciel quelàcheoientflesches, Boude.
I, 24. Il xvi« s. Le blé inégalement semé ne peut
naistre qu'inégalement, c'est assavoir espessement
d'un costé, et rarement del'autre.o. deserhes, tl3.
— ÉTYM. Épaisse, et le suffixe men»; provenç. es-
pessament ; espagn. espesamente ; ital. spessamente.
ÉPAISSEUR (é-pè-seur) , î. ^. || 1° Dans le langage
géométrique, l'une des trois dimensions d'un corps
solide , par opposition à la longueur et à la largeur.
Il Dans le langage ordinaire, épaisseur se dit égale-
ment, en parlant d'un corps solide, de la dimen-
sion dans le sens vertical ou profondeur, et de la
dimension dans le sens horizontal ou largeur. Epais-
seur d'une pierre, d'une planche. Epaisseur d'un
EPA
mur. Il fit une cachette dans l'épaisseur du mur.
Il 2" Qualité de ce qui a une certaine épaisseur.
Son menton sur son sein descend à double étage,
Et son corps, ramassé dans sa courte grosseur, Fait
gémir les coussins sous sa molle épaisseur, boil.
Lutr. i. Il 3° 11 se dit du degré de densité, de résis-
tance d'un tissu. L'épaisseur d'une étoffe , d'un
drap. Il 4° Qualité de ce qui est serré, rapproché.
L'épaisseur de la foule. L'épaisseur d'un plant. L'é-
paisseur d'un bois, la partie où les arbres sont le
plus serrés. Dans la sombre épaisseur de ces pro-
fonds taillis, VOLT. Scythes, iv, 8. || 6° Qualité de
ce qui a beaucoup de consistance. L'épaisseur d'un
sirop. Il Qualité de ce qui est dense. L'épaisseur du
brouillard, de l'air. Une noire fumée Dont l'épais-
seur corrompt la pureté de l'air, roth. Antig. y, 6.
C'est ainsi que nous avons vu cent fois l'astre de la
nuit en percer l'épaisseur, diderot, Salon de (767,
Œuv. t. XIV, p. 244, dans pouoens. || 6° Il se dit
d'esprits comparés à quelque chose d'épais , de
lourd, de peu subtil. Comme son esprit était de
la portée de tous les esprits qu'il voulait, il faut voir
comme il s'insinua dans l'épaisseur de celui des
opulents échevins et dans la délicatesse de leurs
tendres et très-magnifiques moitiés, hamilt.
Gramm. to.
— HIST. xvi' s. Par l'espesseur des forests che-
velues, DO BELLAY, II, t3, Tecto. Il avoit enfermé
un poinçon de poudre dans l'espesseur d'une mu-
raille, d'aub. Hist. II, 410.
— ÉTYM. Épais; wallon, îipcheur. L'ancien fran-
çais avait espesse au lieu d'épaisseur.
ÉPAISSI, lE (é-pê-si, sie), port, passi. Devenu
plus épais en dimension. Au détour d'un sentier
deux arbres opposés, Laissant tomber leurs bras
épaissis et croisés, Forment sur leur passage une
large barrière, gilb. Ifort d'Abel, viii. || Devenu
plus épais en consistance, en densité. Sirop épaissi.
Quel nuage épaissi se répand sur mes yeuxî volt.
Fanât, v, 4. || Devenu plus épais en nombre. Les
rangs épaissis de la foule.
ÉPAISSIR (é-pê-sir), v. a. || 1° Rendre plus épais
quant à la dimension. Epaissir un mur. 112° Rendre
plus épais quant à la consistance. Epaissir un sirop
avec du sucre. Épaississez-vous un peu le sang ;
tempérez votre feu par votre flegme, balz. 4' dite,
sur la cour. Qu'il mûrisse la datte et ses sucs nou-
riciers. Des troupeaux de Cédar épaississe les lai-
nes, MILLEV. le Phénix. \\ Rendre plus dense, de
manière qu'on voit moins à travers. Les vapeurs
épaississent l'air. || Fig k propos de quoi [la querelle
du quiétisme préoccupant tout le monde en 1697],
on renouvela ce mot échappé à M"' de Sévigné lors
de la chaleur des disputes sur la grâce : « Epaissis-
sez-moi un peu la religion, qui s'évapore toute à
force d'être subtilisée, » st-sim. t. i, p. 425, édit.
cuÉHUEL. Épaississons la nuit qui voile sa naissance,
volt. Fanât, iv, t. Ah! la fatalité sur nous deux
étendue Epaissit le bandeau qui te couvre la vue,
LEMERC. Agamemn. iv, 6. || 3' F. n. Devenir plus
large. Sa taille épaissit. || Devenir plus consistant.
Le sirop épaissit en cuisant. Celle sauce épaissit.
Il Par extension, devenir plus dense, plus serré,
plus touft'u. Que de ses beaux jasmins les ombres
épaississent, lamart. Médit. 1,12. || 4° S'épaissir,
V. rcfl. Devenir gros. Sa taille s'épaissit. || Devenir
plus consistant. Ce sirop commence à s'épaissir. Sa
gorge enfle, et du sang dont le cours s'épaissit Le
passage se ferme ou du moins s'étrécit, corh. Attila,
v, 6. Mais le jour baisse et l'air s'est épaissi , ducis,
Othello, V, 2. Il Fig. Socrate s'aperçut que plus il
avançait dans la carrière, plus les ténèbres s'épais-
sissaient autour de lui, BARTHÉLÉMY, ^nacfc.ch. 07.
Il 5° Devenir embarrassé. Une langue qui se lie et
s'épaissit, mass. Car. Jmpén.\\6' Devenir lourd,
inhabile à comprendre. Son esprit s'épaissit tous les
jours.
— HIST. XII' s. La guerre crut e espeissa.... Li
genz Héraut chescun jor creissent, Tote jor vie-
gnent e espeissent, iiou, v. 16239 et (2303. || xvi'a
Pourquoi espessit l'araignée sa toile en un endroict,
et relascheen un aultre? mont. 11, I60.
— ÉTYM. Épais; provenç. espftïior, espiessai }
catal. espessir; espagn. espesar; ital. spcstare.
t ÉPAISSISSANT, ANTE (é-pêsi-san, san-t"),
adj. Qui a la propriété d'épaissir ou de s'épaissir.
ÏEPAISSISSEMENT (é-pê-si-se-man), s. m. Action
d'épaissir, de s'épaissir; état de ce qui est épaissi.
L'épaississementde l'épiderme. L'épaississement des
liqueurs. L'épaississement de la taille. L'épaissis-
sement de la langue. L'épaississement de la nuit
des ténèbres.
— ÉTYM. £faistir.
ËPA
f EPALEMEHï' (ê-pa-Ie-man), s. m. Action d'é-
paler. Pour avoir, sans déclaration préalable, dé-
monté, réparé ou autrement changé la capacité des
Taisseaux repris au procès- verbal d'épalement; pour
avoif substitué aux cuves épalées d'autres de plus
(rrande dimension, une amende.... Loi belge du 27
juin 1842 sur les distilleries, art. 32, § <*.
f ÉPALER (é-pa-lé), t>. a. Jauger par empote-
meiit ou dépotement, par opposition au jaugeage
métrique. Les vaisseaux jaugés ou épalés seront tous
marqués distinctement, Arrêt royal de Belgique sur
le sucre de glycnse, 16 sept. <846, art. 4.
t ÉPALPJÉ, ÉE (é-pal-pé, pée), odj. Terme de
zoologie. Qui est dépourvu de palpes.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et palpe.
t ÉPAMPRAGE (é-pan-pra-j') , s. m. Action d'é-
panjprer la vigne, le blé.
ÉPAMPRÉ, ÉE (é-pan-pré, prée), part, passé.
Vignes épamprées.
ÉPAMPREMENT (é-pan-pre-man) , s. m. Terme
d'agriculture. Action d'épamprer la vigne.
— HIST. XVI' s. Espamprement, cotgrave.
— ÉTYM. Épamprer.
ÉPAMPRER (é-pan-pré), v. a. Terme d'agricul-
ture, ôter de la vigne les pampres, les feuilles inu-
tiles. Il Par extension, diminuer , au printemps, l'ex-
cès de végétation herbacée des blés. On épampre,
soit en coupant à la faux ou à la faucille le som-
met des feuilles ou des jeunes liges, soit en fai-
sant passer un troupeau de moutons dans le champ.
— HlST. XVI" s. Sera bon en mesme temps qu'on
bine la vigne, qu'en certains endroits du Langue-
doc on appelle reclorre, de la faire espamprer et es-
bourgeonner, o. de serres, 174.
— ÉTYM. B pour es.... piéfixe, et pampre.
t ÉPANADIPLOSE (é-pa-na-di-plô-z'), s. f.
Terme de grammaire. Il y a une autre figure [de
mots] qu'on appelle épanadiplose, qui se fait lors-
que, de deux propositions corrélatives, l'une com-
mence et l'autre finit parle même mot, du marsais,
t. IV, p. 139.
— ÉTYH. 'EltavaSiny.liXTiç , de Inî, àvà, etSirXoOv,
doubler.
t ÉPANALKPSE (é-pa-na-lé-ps') , s. f. Terme de
grammaire. Figure d'élocution qui consiste à répé-
ter un ou plusieurs mois, ou même un membre de
phrase tout entier.
— ÉTYM. 'EltavâXïiiJd;, de £iti, àvà, etXîi<|"î, ac-
tion de prendre.
t ÉPANAPHORE (é-pa-na-fo-r'), s. f. Terme de
grammaire. Figurede mots qui consiste à répéter le
même mot au commencement de chacun des mem-
bres d'une période.
— ÉTYM. 'Eitava^opà, de êitl, àvà, et <pop«, ac-
tion de porter.
t ÊPANASTROPHE (é-pa-na-stro-P) , s. f. Terme
de grammaire. Synonyme d'épanadiplose.
— ÉTYM. 'Enavaarpoç^Ôi de im, àvà, et a^po(f^,
aclion de tourner.
ÉPANCHÉ, ÉE (é-pan-ché, chée), part, passé.
Il 1" Dans le style élevé, versé. De l'eau épanchée
sur les mains. Rentrons et qu'un .sang pur par mes
mains épanché Lave jusques au marbre où ses pas
ont touché, rac. Athal. ii, 8. || Fig. Puisque cette
grandeur à son trône attachée Sur nul autre que
vous ne peut être épanchée, corn. Nicom. ii, 3.
Que partout de leur nom la gloire est épanchée,
BOL. F. sav. IV, 3. Il 2'' Qui a de l'épanchement,
de la disposition à communiquer ses sentiments.
Quand vous en voyez d'épanchées, sujettes à dis-
courir, noss. Vie relig.
ÉPANCHEMENT (é-pan-che-man), s. m. || 1° Ac-
"tion d'épancher. L'épanchement du vin dans les li-
bations que faisaient les anciens. Féconds épanche-
ments de pluie et de rosée, Bénissez le Seigneur,
CORN. Trad. du cant. des trois enfants. Que fait-il
en moi, ce soleil si grand et si vaste, par le pro-
digieux épanchement de ses rayons , que d'exci-
ter dans mes nerfs quelijue léger tremblement?
Boss. Connaiss. iv, 9. || Par extension. Ce vain
dé>ir de paraître jette l'âme tout entière au de-
hors, et dans cet épanchement elle se dissipe ,
BOSS. Vélure, Bouillon. \\ Fig. Telles sont les faveurs
que la main nous partage. Grand roi, du roi des
rois la plus parfaite image; Tel est l'épanchement
de tes nouveaux bienfaits. Il prévient l'espérance,
il surprend les souhaits, corn. Bemere. au roi. Un
plem épanchementde consolations, id. Imit. ii, l.
D'une clarté céleste un long épanchement Fera bril-
ler incessamment D'un rayon infini la grandeur inef-
fable, ID. ib. m, 47. Alcine nous la faisait voir ma-
gnifique et inépuisable dans l'épanchement de ses
doni, BARMONTEL, ContestiiCraux, École del'amilii.
ÈPA
Il i' Terme de médecine. Accumulation d'un (luide
dans une partie du corps qui n'est pas destinée à le
contenir. Epanchement de sang, de bile. Un petit
épanchement de sang dans le cerveau suffit pour
boucher les pores par où les esprits entrent dans
les nerfs et pour arrêter tous les mouvemeuts, Ni-
cole, Ess. demoT. t" traité, ch. 4. Partout où il
y a rupture de vaisseaux, il y a épanchement de
sucs, et c'est le cas de toutes les plaies soit des par-
ties molles, soit des parties dures, bonnet, Con-
sid. corps organ. Œuvres, t. v, p. âge, dans pou-
gens. Il 3° Fig. Communication de sentiments et de
pensées intimes. Ce qui se dit dans ces épanche-
ments de cœur que la conversation produit entre
deux amis, ne peut être regardé que comme des
pensées, montesq. /îom. xiv. Avec quelle innocence
et quels épanchements Nos cœurs se sont appris
leurs premiers sentiments! volt. Adélaïde, v, i.
Il est certain que l'épanchement des conversations
ne se concilie guère avec la gravité, p. l. cour.
Letl. II, 329.
— ÉTYM. Épancher.
ÉPANCHER (é-pan-ché), ». a. || 1° Dans le style
élevé, verser. Épancher du vin. Ma main de cette
coupe épanche les prémices, rac. Brit. v, 6. || Par
extension. Tantôt un bois profond, sauvage, téné-
breux Épanche une ombre immense, et tantôt,
moins nombreux. Un plant d'arbres choisis forme
un riant bocage, delille, Jardins, il. || Par une
autre extension et fig. Mettre en dehors. Un vain
désir de paraître, qui nous épanche au dehors et
nous rend ennemis de toute retraite, boss. Vèture,
Bouillon. Lui seul, disaient-ils, savait dire et taire
ce qu'il fallait, seul il savait épancher et retenir
son discours, id. le Tellier. || 2° Fig. Verser
comme un liquide qu'on répand, produire libérale-
ment. Les fruits que la terre épanchait de son sein,
FÉN. Tél. II. Il épancha ses dons sur le globe fer-
tile, st-lamb. Saisons, i. Un grand cœur veut dans
l'ombre épancher ses bienfaits, gilb. Stancef à
M. d'Arnaud. Alors [sous les païens] la religion
n'était que souff'erte, alors les prêtres ne dem.'in-
daient pour elle aux maîtres du monde que de la
laisser épancher dans le sein de l'homme ses bien-
faits inestimables, Mirabeau, Collection, t. iv, p.
333. Il 3° Verser, communiquer des choses intimes.
Souffrez qu'en votre sein j'épanche mon secret, la-
MOTHE, Inès de Castro, il, 1. 1| Épancher son cœur,
exposOi' avec sincérilésa pensée, ses sentiments.
Elle épancha son âme devant Dieu, fléch. Aiguil-
lon. 11 épancheson cœur dans celui de son ami,
J. J. Rouss. Ém. v. Il 4° S'épancher, v. réfl. Être
épanché. Lorsqu'il est plein, ses eaux s'épanchent
en cascades; mais, dans les temps de sécheresse,
ces épanchoirs n'en versent plus, et alors c'est du
fond du réservoir qu'on les tire, marmontel, Mém.
vu. L'onde rafraîchit l'air; l'air s'épanche en rosée,
delille, liom. des champs , i. Plus loin, surlarive
où s'épanche Un fieuve épris de ces coteaux.... la-
MART. Méd. Il, 1. Il Fig. Le sommed sur ses yeux
commence à s'épancher, boil. Sat. viii. Mon coeur
vous fut ouvert tant qu'a vécu mon père; C'était le
seul présent que je pouvais vous faire : Et lorsque a-
vec mon cœur ma main peut s'épancher. Vous fuyez
mes bienfaits tout prêts à vous chercher, rac. Bé-
rén. m, i.\\5' Il se dit, principalement en méde-
cine, du sang, d'une humeur qui s'extravase. Le
sang s'est épanché dans la poitrine. || 6° Verser li-
brement les sentiments de son cœur. Il s'épanchait
en fils qui vient, en liberté. Dans le sein de sa
mère oublier sa fierté, rac. Brit, v, 3. Mon cœur
pour s'épancher n'a que vous et les dieux, ic.
Phèd. V, 1. Au lieu de vouloir vous cacher mes
ennuis, je cherche à m'épancher et trouve une
douceur secrète àvous découvrir mon âme, lesage,
Diabl. boit. 13. Quand l'étourdi venait s'épancher
à lui, J. J. rouss. Ém. iv. Je m'épanche avec vous,
je ne dois rien vous taire, la chaussée, Préj. à la
mode, V, 5.
— HlST. XVI' s. Je ne m'espancheray pas d'avan-
tage à poursuivre ces allusions et etymologies, des
ACCORDS, Bigarr. t° 92, dans lacurne.
— ÉTYM. Bourguign. épainché. Autre forme de
épandre, comme pencher est une autre forme de
pendre. Ces formes supposent un développement du
mot latin par un suffixe, expandere en expandi-
care, elpendere enpendicare.
lÉPANCHOlR (é-pan-choir). s. m. Ouvrage d'art
par lequel se déversent les eaux u'un canal, d'un étang.
t ÉPANDAGE (é-pan-da-j') , s. m. Terme d'agri-
culture. Action de répandre l'engrais sur le sol.
L'hygiène publique et l'agriculture réclament un
mode d'enlèvement et d'utilisation des matières fé-
EPA
im
cales solidas et liquides, qui permette d'en obérer
facilement le transport et l'épandage, mosselman,
Àcad. des se. Comptes rendus , t. lvi, p. 4 26).
— ÉTYM. Épandre.
ÉPANDRE (é-pan-dr'), j'épands, nousépandons;
j'épandais ; j'épandis ; j'épandrai ; j'épandrais ;
épands, épandons; quej'épande, que nous épan-
dions; que j'épandisse; épandant ; épandu, ». o.
Il i° Étendre en versant, en dispersant, en épar-
pillant. Ce fleuve épand ses eaux dans la campagne.
Épandre du fumier dans un champ. Où Polycrène
épand ses libérales eaux, j. b. bouss. Ép. vi. Océan,
qui sur tes rives Épands tes vogues plaintives, la-
MART. Harm. ii, et. || Fig. La terreur de son nom
qui devance ses armes Épandit dans les rangs de si
vives alarmes.... Perrault, Poëme de la peinture.
Il 2° Verser, faire couler. J'épandrais mon sang
Plutôt que de rien faire indigne de mon rang, corn.
Cid, I, 4. J'abandonne mon sang à qui voudra l'é-
pandre, id. Cinna, iv, 4. || 3'' Fig. Verser, donner,
accorderen abondance. L'astre qui luit aux grands...
Ëpandit dessus moi tant d'heur et de puissance,
MALH. V, 30. Daigne du juste ciel la bonté souve-
raine n'épandre sur vous que des prospérités,
corn. Bodog. ii, 3. Une majesté douce épand sur
son visage De quoi s'assujettir le plus noble cou-
rage, m. Pomp. m, 3. Je ne sais d'homme néces-
saire Que celui dont le luxe épand beaucoup de
bien, LA FONT. Fabl. viii, 19. C'est un parterre où
Flore épand ses biens, id. tb. x, t. || 4° S'épan-
dre, r. réfl. Être épandu. Les eaux s'épandent dani
la campagne. Un peuple inconnu et renfermé jus-
qu'alors entre le fleuve Tanaïs et la Mer Glaciale sor-
tit de son pays, et s'épandit comme un torrent dans
toutes les provinces voisines, fléch. Théodose, i,
58. Tes cheveux déliés, soudain Par anneaux flot-
tants s'épandirent. Et comme un nuage couvrirent
L'ivoire poli de ton sein, eernard, Poés. div. Ép.
X, à Batilde. || Fig. Pour ce trait de douceur le nom
de Constantin S'épandra désormais du couchant au
matin, Tristan, M. de Chrispe, i, 3. J'ai couru
vers les lieux où le bruit s'épandait, id. Mariane,\,
3. Retournez vite au camp où s'épand un murmure,
MAiR. Soi. m, 3. Et si l'erreur s'épand jusqu'en nos
garnisons, corn. Sertor. iv, 3. Un bruit s'épand
qu'Enghien et Condé sont passés, boil. Ép. iv. Un
embrasement qui s'épand au loin dans une forêt,
LA bruy. I II S'épandre en, produire avec abondance.
En superiluités s'épandaiit d'ordinaire. Et poussant
trop abondamment. Il [le blé] ôte à son fruit l'ali-
ment, LA font. Fahl. IX, II. || 5° Se promener au
loin, en parlant des regards. En voyant ses regards
s'épandre sur les eaux Pour jouir et juger d'un com-
bat de vaisseaux, corn. Androm. i, l. [j 6° Être
versé, donné libéralement. Je souhaiterais.... que
vos bontés s'épandissent sur quelques personnes,
MÉRÉ, QKtt». post. t. II, p. 126.
— SYN. ÉPANDRE, RÉPANDRE. Épandre indique,
dans l'action , une sorte d'ordre et d'arrangement
qui n'est pas dans répandre.
— HIST. XI' s. [Il] Tranche la teste por la cervelc
espandre, Ch. de Roi. cclxiv. ||xii' s. Li sans de lui
espant [se répand] parmi la prée, Jionc. p. 90. La
novele espandue du saint martyr novel. Qui giseit
au mustier ocis sur le quarrel, Th. le mart. 153,
Venge le sanc des tuens [tiens], Deus, qui est e.»-
pandus, ib. 76. [II prie] Que Deus le mete en bone
veie, E que sa grâce 11 espande. Si qu'od lui Iruist
[qu'avec lui il trouve] ceo qu'il demande, benoIt, ii,
6222. Il xm" s. Si s'espandront de toutes pars parmi
la terre pour querre viandes, villeh. lxii. Les au-
tres gens qui furent espandus parmi la ville gaain-
gnerent assés, id. cvii. L'odor de lui [au bouton]
entor s'espent, la Rose, 1676. Très bien les servent
li serjant; Vin aportent à espandant. En coupes,
en hanas d'argent Aportent clair vin et plument,
FI. et Bl. 1265. Que vostre sang devés espandre, Et
pour sainte église défendre, barbazan. Fabliaux,
I, 65. Il XIV' s. Cardes autres bourjois en y ot rêve
nus. Qui tout ont confermé et les fais espandus,
Guesl. 8435. Queceste doctrine signée sous certain
chapitre soit trouvée plus legierement que se ele
estoit espandue en divers chapistres de çà et de là,
n. DE mondeville, t° 104. Adoncs'espandirent nou-
velles par le pays, froiss. i, x,' <8. ||xvi' s. San»
espandre ny voix ny pleurs, mont, i, 8. Tantost
elles s'espandent d'un costé, lanlost d'un aultre[le»
rivières], m. i, 232. Main à demy espandue et ou-
verte, ID. ir, 231. Il fault espandre le grain, non
pas le respandre, id. iv, 9. La renommée de sa vail-
lance estoit fort espandue pa^ .oute la Grèce, amtoi.
Thés. 38. Il espandit sur l'heure grande quantité de
larmes. ID. Péric. 6 9.
4452 . KPA
-tTYM. ProTcnç. upandréi liai, tpandere ; du
hlin mander*, de ex, «1 pandere, déployer.
futidn II I* Rlendu on renianl, en dispersant, en se-
mjnc Tel qu"» vague» épamlup» Marche un neuve im-
pirieùz De '|ui le» neiges fondues Rendent le cours
Trieui,' «ALir. Il, 2. Notre fuite, madame, est as-
uz difflcile; J'ai vu des gens de guerre épandu» par
la ville, conw. Hod. m, a. Quelques restes de feu sous
Il cendre épandu».... la font. Phil. et Baue. Dt»
noir» torrents de soufre épandus dans les airs, volt.
Hmr. VI. r.« superbe Éridan, franchissant ses riva-
ge», Dans son onde écuinante épandue à grands Ilots
I otratna les pasioura, leurstoits et leurs troupeaui,
UALFiL. C^Mt de firg. || i° Se dit de tout co qui est
comparé k quelque chose de disséminé. De qui la
renommée épandue en tous lieux, desmabets, Vi-
rionnairet, li, t. Un inconnu frisson dans mon
corps épandu, corn. Mél. ii, l. On n'a pas aimé la
surprise avec laquelle Perlharite se présente au troi-
.siéme acte, quoique le bruit de son retour soit
épandu dis le premier, id. Perth. Examen. L'u-
sage de notre lannue est à présent si épandu par
toute l'Europe, principalement vers le Nord, qu'on
y voit peu d'Ëlais où elle ne soit connue, id. TMdt.
Préface, édit. tesa. Une voiit sortit de la nue,
lîcho redit ces mots dans les airs épandus, la font.
PaU. XII, 27. L'Église était épandue par tout le
monde, koss. Yar. I5. || 3° Versé. Puisqu'ils sont sa-
tisfaits par le sang épandu, corn. Uor. iv, 5. Un
ïoupir, une larme à regret épandue, id. Poly. ii, 2.
il 4» Qui s'épanche comme fait une eau. Quel est sur
votre front ce nuage épandu? v. hugo, Cromwell,
II, t». ||Fig. Sun amour [de Dieu], épandu sur
toute la famille, Tire aprèslui le père aussi bien que
la elle, COHN. Poly. v, ». De toute la vertu sur la
terre épandue Tout le prix à ces dieux, toute la
gloire est due, id. Œdipe, m, 6.
t ÉPANNELAGK (é-pa-ne-la-j'), t. m. Terme de
maçonnerie. Première taille en chanfrein <l'une
•rête sur laquelle on veut tailler une moulure.
II Parties superllues enlevées d'une pierre, d'un
bloc de marbre.
+ ÉPANNKLER (é-pa-ne-Ié. VI se double devant
une syllabe muette ; j'épannelle), v. a. Dégrossir le
marbre, enlever tout ce qui excède les plans du
polyèdre. || Tailler en chanfrein le parement d'une
pierre qui doit être profilée.
— ÊTYM. É pourM.... préfixe, etpanneJ [panneau].
t ÊPANNKLLPJIEmr (é-pa-né-le-man), s. m. Ac-
tion d'épaiineler; résu.jit de cette aciion.
■f ÉPANODE (é-pa-no-d'), ». f. Terme de gram-
maire. Figure d'élooution, dite aussi régression. Es-
pace de répétition qui se fait en reprenant tour à
tour plusieurs mots qui précèdent, pour développer
l'idée contenue dans chaunn d'eux.
— ÉTYM. 'EitivoSo;, de iitî, àvà, et ASi;, che-
min.
fiPANORTHOSB (é-pa-nor-l6 z") , ». f. Figure de
rhétorique, dite plus souvent correction, par la-
quelle on feint de rétracter ce qu'on avait dit,
comme trop faible pour ce qu'on veut exprimer.
Exemple: J'esp(re, que dis-jeT je suis sûr qu'on
vous rendra justice.
— ÊTYM. 'En»vép6(»ffK, correction, rectification,
de in), Ivà, et 6p6àc, droit.
fiPANOCI, 18 (é-pa-nou-i, ie), por(. ;)(u»(!d'épa-
nouir. Il 1* Ouvert, en parlant de Heurs, de bou-
tons, etc. Une fleur épanouie. || >■ Fig. Se dit de ce
que l'on compare k un bouton qui s'ouvre. Ahl s'il
peut consentir qu'une telle allégresse Tienne ses
sens épanouis, corn. Imit. i, at. C'est demain que
votre cœur sera épanoui, b£v. 4»t.|| Traits épa-
nouis, traita qui se dilatent et s'ouvrent par la joie.
On dit de même un front, un visage épanoui.
Il S* Ëclalant, bruyant. Une joie épanouie. Veux-tu
de ces enjouements épanouis, de ces joies toujours
ouvertesT mol. Bourg, gerit. m, *.
ËPANOCIR (è-pa-nou-ir), v. a. \\ 1* Se dit, en
parlant des fleura et des boutons dont les feuilles,
les pétales s'ouvrent et s'étalent. La chaleur épa-
nouit les fleurs. La jeune plante épanouit ses fleurs
odoriférantes avec mille couleurs nouvelles, tt-x.
ni. iz. Il Fig. La gaieté épanouit le visage. || Fig.
•t familièrement. Epanouir la rate, faire rire, ré-
jouir. C'est bien lli pour lui faire épanouir la rate,
ra. coaii. D. Btrtr. d» Cigarral, iv, s. Après nous
Mre égayés tous deux et bien épanoui la rate, je
01» aa brtve: Que ferons-nous de ce riche hahille-
"^M '*"*"'' '•'' *'•". X, <o. Il »" S'épanouir,
0. rt(l Wployer se» feuilles, sortir du boulon, en
perUnldune plante, d'une fleur. On voit les fleurs
s épanouir. || r.». D,o» cet l«e où les charrav^ co-a-
EPA
inencint à s'épanouir, iiamilt. (."ramm. 7. Faites
remarquer aux enfants que la beauté du corps est
une fleur qui «'épanouit le matin, et qui est le soir
llétrie et fobléeaux pieds, pài». t. xvii, p. (>7. Comme
les fleurs, l'âme «'épanouit, bbrnahd, i4r« d'oitner,
ch. II. Il Son visage s'épanouit, il prend l'aspect de
la joie, du contentement. || Sa rate s'épanouit, il
devient gai. Sa rate s'est épanouie d'un rire exlra-
vag.mt, Bf.v. »79. Il 8" On dit dans le langage ana-
tomique, que des vaisseaux, des fibres s'épanoiiis-
.sent, quand elles ilivernent l'une de l'autre au même
point ou k peu près. || 4° Être joyeux, radieux. On
s'épanouissait d^'jà des succès de Vendôme comme
d'une communication sûre et établie, st-sim. tao,
6B. Mon cœur séché d'ennuis, flétri par la tris-
tesse. S'épanouit enfin dans sa pure allégresse,
DE BKLLOT, Gabr. de Vergy, m, «. Le cœur de ce
chrétien s'épanouissait en parlant de son épouse,
CHATEAUB. Mart. 47, Mais jusqu'à sa de^ni^re au-
rore Kn buvant frais s'épanouir, .... Mes amis, ce
n'est pas vieillir, bèrano. Vieillesse.
— HIST. xiii* S. Que jà estoit passez yvers, Et
l'aube-espine florissoit, Et que la ro.se espanisoit,
Ren. 966a. [Des boulons] Qui s'apresloient d'espa-
nir, la Base, t65l.||xiv» s. Doulce Heur espanie,
odorable et flairant, Giiescl. ai478. Si advint ceste
chose entour la St Jehan, que les blés sont es-
panoys, Chron. de St Denis, t. ii, f° 7, dans la-
CURNE. Il xvi* s. La rondeur de ces joues, oii les
roses s'espanouissoient en tout temps, yver , p.
691. Celuyqui espanouit ses ailes en rongnant celles
d'autrui, comme estant homme net et sincère sans
aucune passion, se fait roputer importun et fas-
cheux, AMYOT, Comment diicerner le flatteur de
l'ami, 57. Les fleurs tost espanouyes, Tost s'en vont
esvanouyes, bons. b37. Ha le voici, jà voici la bar-
rière Du jour declose, et le ciel s'espanir, id. 760.
— ÈTYM. Picard, épénir ; de l'ancien français e»-
panir, avec l'intercalaliondeou (intcrcalation inex-
pliquée jusqu'à présent) , comme dans esvanouir
pour esvanir. Espanir est une autre forme de es-
pandir, qui est dans le provenç.il et qui est une
autre conjugaison de espandre (voy. épanuhk).
Épanouir signifie donc déployer. On trouve en
efl'ot fîpandre pour eapanouir : Flor qui s'espant,
et feuille qui verdoie, Poésie* m»», avant taco,dans
lACURNE.
ÉPANOniSSEMEXT (é-pa-nou-i-se-man) , s. m.
Il 1° Action de s'épanouir; état de ce qui est épa-
noui. L'épanoui-ssement dos fleurs. || %• Terme d'a-
natomie. Épanouissement des vaisseaux, des fibres
tendineuses, des nerfs, disposition anatomique qui
résulte de la subdivision en branches, filtres et tu-
bes, au même niveau ou à peu près. || 3" Fig. Se dit
d'un sentiment chaud et agréable qui agit sur le
cœur en l'épanouissant pour ainsi dire. La joie n'est
qu'un épanouissement du cœur, coi\N. Disc, à l'Àc.
fr. Un air léger dont je sentis la fraîcheur m'ap-
porta des parfums qui me causèrent un épanouis-
sement intime et me donnèrent un sentimerl
d'amour pour moi-même, buff. Des sens. L'épa-
nouissement de l'extrême joie, qui d'un mouvement
uniforme semble étendre et raréfier tout notre être,
se conçoit, s'imagine aisément, J. i. Bouss. £mi7e,
V. Il Epanouissement du visage, air de gaieté, de vif
contentement. || Epanouissement de rate, joie, gaieté
éclatante.
— HIST. XVI* s. On l'apperçoit par les espanouis-
semens eteslargissemens du visage, quand l'homme
est en espérance de quelques voluplez, amvot, Pc
la vertu morale, 26.
— ÊTYM. épanouir.
ËPARCET (é■par•s^), ». m. Voy. esparcbtte.
t ÊPARCETTE (é-par-sè-f), ». {. Voy. espar-
cette.
tÉPARCHIE (é-par chie), ». f. Dignité d'éparque.
ËPARER (S) (é-pa-ré), v. réfl. Terme de manège.
Synonyme inusité de ruer.
— ÊTYM. Ital. »parar«, ruer, de t préfixe répon-
dant à es.... indiquant dérangement, et le latin pa-
rare (voy. parer).
ÊPARGNAfiT, ANTK (é-par-gnan, gnan-t'), adj.
Oui use d'épargne, qui est très économe.Un homme
épargnant. Crassus : Je ne prétends pas être avare,
je crois même en bonne foi que je ne suis pas assez
épargnant, p8n. t xix, p. a»4. Il ne put soulTrir plus
de trois mois les cruels remords de son humeur épar-
gnante, au lioul desquels il fit une taxe de deux
écus par tête sur chaque académicien, pour le paye-
ment d'un repas qui était déjà mis en oubli, puRg-
Titm, Fartums, t. i, p. 179.
— HIST. XIV* s. Ceulx que nous appelions tenans
•Ml espergnan» ou avers au chetifs, orksue, Eth
lîPA
HO. Il xvi* ,■!. On drc«ser.i cet enfant à esire espar-
gnant et meisnagier de sa suffisance quand il l'auia
acquise, mont, i, <«8.
ÉPARGNE (épar-gn'), ». f. || 1° Administration
des dépenses telle qu'elles soient moindres que les
recettes. Il a amassé de grands biens par son épar-
gne. L'épargne est n6ces.saire à qui veut s'agrandir,
TH. corn. d. Bertr. de Cignrral, i, 4. peut-on rien
voir de plus cruel que cette rigoureuse épargne
qu'on exerce .sur nous, que cette sécheresse étrange
où l'on nous fait languir? mol. Avare, i, a. Vivre
d'épargne et de travail, Boss. Ilist. m, 8. Et pour-
quoi cette épargne enfin? l'ignores tu? Afin qu'u.i
héritier bien nourri, bien vêtu, Profitant d'un tré-
sor en tes mains inutile, De son train quelque jour
embarrasse la ville, boil. Sat. viii. De l'épargne
sordide : Cette espèce d'avarice est dans les hommes
une passion de vouloir ménager les plus petites
choses sans aucune fin honnête, la bhuy. Théophr.
X. Il L'épargne de bouche, la diminution de dé-
pense sur la nourriture. Elle est nourrie et élevée
dans une grande épargne de bouche, mol. Atare,
II, 8. Il Aller à l'épargne .chercher à épargner, || Fig.
Il va à l'épargne des mots, il affecte de la conci-
sion dans son style. || 2° La somme même que l'on
a économisée. Les épargnes des domestiques. Il n'est
point difficile de sentir que toute épargne dans la
main d'œuvre, loin de diminuer les moyens de tra-
vail pour le peuple, tend au contraire à multiplier
ces moyens mêmes, en augmentant pour tous les
hommes la masse des objets de consommation, et
par conséquent celle de leurs jouissances et de leurs
richesses, coNDOBCET,Jfon(igBt. || Terme d'économie
politique. Portion des produits qui est réservée pour
être employée à la production. C'est l'accumulation
des épargnes qui forme les capitaux, l. B. say, Épi-
tomé , épargnes. || Caisse d'épargne et rie pré-
voyance, ou, simplement, caisse d'épargne, éta-
blisssment de bienfaisance où les plus petites
sommes sont reçues et portent intérêt, à partir d'un
franc. || 3' Ancien nom du trésor royal. Quelques
officiers qui sont au trésor royal ont été à même
temps et officiers de l'épargne et officiers du trésor
royal, parce que, lors de leur premier élablisse-
ment, on disait l'épargne, et aujourd'hui l'on dit
le trésor royal, vaugel. Août-, rem. Observ. d:
H**', p. ai6, dans POUGF.NS. || Il s'est dit, par ex-
tension, dans Tancien langage élevé ou poétique,
du trésor de tout souverain. Mon épargne [c'est
Auguste qui parle] depuis en sa faveur ouverte,
CORN. Cinna, ii, t. J'ai fait en son épargne [de
Sparte] entrer tons les trésors Des peuples subju-
gués par mes heureux etTorts, id. Agésil. m, t.
L'épargne qu'il manie avec profusion, roth. Ven-
eesl. I, 6. Des débris des traitants ton épargne gros-
sie, BoiL. Éptt. 1. Il 4" Fig. Il se dit de tout ce qu'on
économise comme on fait pour l'argent. L'épargna
du temps. La nature est d'une épargne extraordi-
naire.... cette épargne néanmoins s'accorde avec une
magnificence surprenante, fonten. les Mondes, 4"
soir. Médecin n'employant qu'avec une sage épargne
les ressources de l'art, et n'ajoutant qu'à regret aux
dangers et aux douleurs de la maladie les dangers
et l'incommodité des remèdes, condorcf.t, Bour-
deKn. {| B° Poire d'épargne , ou , simplement ,
épargne, sorte de poire, dite aussi beauprèsent,
belle cueillette , qui vient de bonne heure et est
juteuse. Il 6° Terme de gravure. Taille d épargne,
taille en épargne, sorte de taille qui se fait lorsque,
enlevant le fond, les traits qui doivent paraître
sont ceux qu'on épargne, qu'on laisse en relief.
Il 7" Terme de doreur. Mélange de blanc d'Espagne,
de sucre et de gomme, dont on couvre les parties
qui doivent être brunies.
— HIST. xiir s. Maint ribaus.... despendent en
la taverne Tout lor gaaing et lor espergne. Puis
revont porter les fardiaus, la Rose, 6072. || xv* s.
Comme qui en compassion n'avoient donné espar-
gne à nulluy, que justement de nulluy ne dévoient
recevoir ni pitié ni merci, chastelain, Chron. du
duc Philippe, Proesme. || xvi* s. Duquel paslé ayant
mangé deux ou trois lèches à l'espargne [parcimo-
nieusement] avec ceux qui dineient quand lui,
DESPER. Contes, xvi. Il estoit malconteiit de l'es-
troitte espargne de son père, amyot, PeVic. 68. 11
se trouva tant d'or et tan; J'argenl es coffres de
l'espargne [trésor public] qu'il suffit à tous autres
affaires, m. Cimon, 84.
— ETYM. Voy. ÉPARGNER.
ÉPARGNÉ, ÉE (é-par-gné, gnée), part, passe.
Il 1* Mis en réserve par l'économie. Une somme
importante épargnée peu k peu. Il fit k la reine des
funérailles très-magnifiqueioù rien ne fut êpargni'.
EPA
nPA
iiVA
1453
soLUN, Hist. anc. Œmv. t. vi, p. s^e, dans ror-
GENS. Il i' X qui on a fait grflce. Oui, jusqu'à ce mo-
ment le traître est épargné, volt. Orphel. v, 4. Ma-
rins épargné par le Cimbre qui ne peut se résoudre
t luer ce grand homme, stael, Corinne, viu, 4.
ÉPARGNER (é-par-gné), V. a.\\i' Oser d'épar-
pne dans la dépense; ménager une chose, ne l'em-
ployer qu'avec réserve. Nous n'avons guère de pro-
visions, il faut les épargner. Épargnez votre argent.
C'est parler mal à propos que de s'étendre sur un
repas magnifique devant des gens qui sont réduitsà
épargner leur pain, la bruy. v. Les huit ou les dix
mille hommes sont au souverain comme une mon-
naie dont il achète une place ou une victoire: s'il
fait qu'il lui en coûte moins, s'il épargne les hom--
mes, il ressemble à celui qui marchande et qui
connaît mieux qu'un autre le prix de l'argent, id. x.
Ne manquez pas de représenter l'erreur grossière
de ces femmes qui se savent bon gré d'épargner une
bougie, pendant qu'elles se laissent tromper par un
intendant sur le gros de toutes leurs affaires, fén.
Éduc. filles, xi. || Absolument. Quoiqu'elle ait soin
de tout, et qu'elle soit chargée de corriger, de re-
fuser, d'épargner (choses qui font haïr presque tou-
tes les femmes), elle s'est rendue aimable à toute la
maison, fén. Tél. xxii. || S'épargner une chose, se
la refuser par épargne. L'avare s'épargne jusqu'aux
choses de première nécessité. || 2° Fig. Ne doimer
qu'avec réserve. Épargner ses pas, ses démarches.
Je n'ai pour vous rejoindre épargné temps ni peines,
MOL. lÉt.v, 3. Il Supprimer, écarter. Épargnons
des discours superflus, corn. Sert, n, 5. Je puis par
ce partage épargner les soupirs Qui naîtraient de
ma peine ou de vos déplaisirs, id. Rodog. i, 2. || Ne
pas épargner, employer sans réserve. On n'y épar-
gna ni les meurtres ni les violences, vaugel. Q.C.
m, H. Quand il fallait calmer toute une populace,
Le sénat n'épargnait promesse ni menace, cobn.
Nicom. y, 2. Mais j'ai des biens en foule et je puis
m'en passer.— On n'en peut trop avoir, et, pour en
amasser, Il ne faut épargner ni crime, ni parjure,
BoiL. Sat. viii. Us [les Manichéens] n'épargnaient
pas le parjure pour cacher leurs dogmes, eoss. Far.
XI, § 203. Il Ne rien épargner, employer tous les
moyens. Les Romains n'épargnaient rien pour la
grandeur de leur ville, boss. Hist. m, 6. Il avait
ordre de ne rien épargner pour faire mourir Télé-
maque, fén. '''él. xx. || S'épargner quelque chose,
épargner ilsoi quelque chose, s'en dispenser, s'en
exempter. Épargnez-vous ce soin. Le succès de celte
tragédie a été si malheureux que, pour m'épar-
gner le chagrin de m'en ressouvenir, je n'en di-
rai presque rien, corn. Pertharile, Exam. Épar-
gnez-vous le blâme D'un coup peu convenable à la
mais ''■me femme, rotr. Bélis. m, 6. Ohl que
vous ,^1(3 seriez épargné de mouvements et d'a-
gitations.... BOURD. Pensées, t. i, p. 382. || 3° Épar-
gner quelque chose à quelqu'un, l'en préserver, l'en
garantir. Kt pour vous épargner un discours inutile,
CORN. Uéde'e, I, (.Je voudrais que le ciel inspirât
au sénat De m'épargner ce maître, i». Pulck. v,
t. J'épargne à sa vertu d'éternels déplaisirs, id.
Nicom. III, 3. Il lui pourra sans doute épargner plus
d'un crime, id. ib. iv, 2. Je vous suis bien tenu de
ce soin obligeant Qui m'épargne un grand trouble
et me rend mon argent, mol. l'Ét. i, 7. Seigneur,
je ne sais pas encore ce que je veux; donnez-mui
le temps d'y songer, et m'épargnez un peu la cou-
fusion où je suis, ID. Princ. d'Éi. v, 2. D'une mère
en fureur épargne-moi les cris, rac. Iphig.i, 2.
Cesse, cesse et m'épargne un importun discours,
ID. Phèd. IV, 2. Je t'en ai dit assez, épargne-moi le
reste, id. ib. i, 3. Les bienfaits de M. le duc de
Bourgogne épargnèrent à la France et la douleur
de perdre un si excellent homme [la Fontaine] et la
honte de ne l'avoir pas arrêté par de si faibles se-
cours, d'olivet, Hist. Acad. t. ii, p. 331, 3' édit.
Il aura eu l'avantage de prendre tout dans l'état
où l'ont mis les nations les plus savantes, et elles
lui auront épargné cette suite si lente de pro-
grès.... FONTEN. Ciar Pierre. Un ruisseau par son
cours, le vent par son haleine. Peut à leurs faibles
bras épargner tant de peines, l. bac. Relig. m. Di-
vinités de ce bois formidable, J'épargne à votre
içreille un entretien coupable, delavigne, Paria,
2. Quels affronts ou quels maux nous ont-ils
épargnés? id. Vêpr. sicil. n, 6. || En un sens
Inalogne. Ces deux maximes bien entendues épar-
gneraient bien des préceptes de morale, j. j. houss.
Sansle /)tf(. de poitevin. || Aujourd'hui, en cet em-
ploi , on dit souvent éviter; ce qui est une grosse
iute. Il i° Traiter avec indulgence. Épargner la
Ivieillcsse, l'e ifance, U> f-iblesse. Vous qui livrez
la terre aux discordes civiles, Si vous vengez sa
mort , dieux ! épargnez nos villes, corn. Pomp.
II , 2. Quoi ! tu veux qu'on t'épargne et n'as rien
épargné! id. Cinna, iv , 2. Les injustices des
pervers Servent souvent d'excuse aux nôtres; Telle
est la loi de l'univers : Si tu veux qu'on t'épargne,
épargne aussi les autres, la font. Fabl. vi, I6.
Pendant que nous tremblons sous leur main [des
princes]. Dieu les frappe pour nous avertir.... et il
les épargne si peu qu'il ne craint pas de les sacri-
fier à l'instruction du reste des hommes, boss.
Duch. d'Orl. Je n'épargnerai rien dans ma juste co-
lère, SAC. Àndr. I, 4. D'un cœur trop faible encore
épargnez la faiblesse, id. Baj. v,6. Et vos refus cruels,
loin d'épargner ma peine, Excitent ma douleur,
ma colère et ma haine, id. Bérén. in, a. Mes soins,
en apparence épargnant ses douleurs, De son fils en
mourant lui cachèrent les pleurs, id. Brit. iv, 2.
Il Elliptiquement. Ne m'épargnez pas, c'est-à-dire
mettez mon zèle, mon amitié à contribution. || Ne
pas compromettre. Toutefois épargnez votre tête sa-
crée, RAC. Ilithr. m, 4. || Laisser vivre, laisser sub-
sister. La mort n'épargne personne. En perdant tous
les miens, tu m'as seule épargnée, corn. H&acl. i,
2. Monstre qu'a trop longtemps épargné le tonnerre,
RAC. Phèd. IV, 2. Le temiis, de tout souverain
maître, Fait périr tout ce qu'il voit naître; Il n'é-
pargne que les beaux vers, la motte. Odes, t. i,
p. 137, dans pouGENS. Je n'épargne rien sur la terre,
Jen'épargne rien mêmeauxcieux, bérang. le Temps.
Il 6° Faire gr;lce , parler avec ménagement. Ahl
seigneur, épargnez la triste Iphigénie, hac. Iphig.
V, 2. Il Être retenu dans les louanges qu'on donne.
Elle allait s'étendre sur l'honneur que lui ferait dans
l'histoire cette circon.stance de son règne ; mais il
là pria de l'épargner, mahmontel. Contes moraux ,
Soliman //. || Épargner quelqu'un, en parler avec
modération; ne pas l'épargner, en parler mal; n'é-
pargner personne, médire de tout le monde. Car
vous ne m'épargnez guère, Vous, vos bergers et
VOS chiens, la font. Fabl. i, 40. Les hommes tou-
jours hardis à juger les autres san>> épargner les
souverains, car on n'épargne que soi-même dans
lesjngements, boss. Mar. Thér. On ne sait si on a
affaire à un chrétien ou à un païen, lorsqu'on en-
tend ainsi déchirer le christianisme, sans l'épargner
dans ses plus beaux jours, id. Yar. I" awrt. § I8.
On n'épargne ni le roi ni le cardinal de Richelieu,
qu'on accuse de la plus noire ingratitude, oenlis,
Mlle de la Fayette, p. H , dans podgens. || En un
autre sens, ne pas épargner, battre. J'aurai soin du
valet, n'épargnez pas le maître, rêgnahd, Ménechm.
II, 6. Il 6° Terme d'arts. Employer avec habileté la
matière que l'on travaille. || Épargner un gilet sur
un coupon de drap, tailler tellement le coupon qu'il
reste de quoi faire un gilet. || 7° Terme de dessin.
Faire servir le blanc du papier ou de l'ivoire aux
effets de lumière, sans peinture ni crayon. || Terme
de peinture. Ne rien coucher sur certaines parties
d'un tableau. 11 faut mettre une couche sur telle
partie , et épargner telle autre. On épargne les
figures et les fabriques quand on fait le ciel d'un
tableau. || 8° Étendre l'épargne sur une pièce de do-
rure. Il 9° Terme de menuiserie. Former une se-
conde figure , en même temps qu'on pousse celle
qu'on s'est proposée. Ainsi le menuisier qui pousse
un quart de rond, épargne un filet s'il forme en
même temps un filet près du quart de rond. || 10° S'é-
pargner, V. réfl. Se traiter l'un l'autre avec ména-
gement. Les combattants ne se sont pas épargnés.
Il Ne pas s'épargner, dire tout ce qu'on sait de soi,
bon ou mauvais. J'écris par votre ordre l'histoire de
ma vie, et le plaisir que je me fais de vous obéir
avec exactitude a fait que je m'épargne si peu moi-
même, RETZ, t. III, liv. IV, p. 237, dans pougens.
Il Ne pas s'épargner à une chose, y travailler de
toutes ses forces. Je sais que Léonor ne s'y épargne
pas, baron. Homme à bonnes fort, ni, 6. || Je ne
m'épargnerai pas , je ferai tout ce qu'il faudra.
— HIST. XI" s. Ne mais [excepté] seissante que
Deus ad esparniez, Ch. de Roi. cxxv. || xu' s. Il
vont ferirau greignor tas; Illes ne s'i espargne pas;
Moult i emploie bien sa main , gautier d'arras,
llle et Galeron. Et ja ne me avieingne que je es-
pargne mon cors en tôt le tens de tribulacions, Ha-
chab. i, 4 3. Et quant li bers Renoars l'a veû, Ne
l'esparna, ains l'a bien conseil [atteint]. Bat. d'A-
Jesc/ians.v. 0493. La terriene leis ne deit nul espar-
nier. Pur les feluns danter e pur els chastier, Th.
le mart. 32. (| xiii* s. La mors qui nului n'espargne,
ne grant ne petit.... Chr. de Rains, p. 484. Dragon,
fols est qui atent; On doit jehir son talent [expri-
mer son désir], Si c'autres n'i puist à tans sour-
venlr. Et chou [ce] qu'il a cspargnié envaïr, Bihl
des chartes, t. v, *• série, p. 477. jj xiv* s. Quant
il s'y expose, il le fet forciblement et hardiement,
sans espargner à sa vie aussi comme se il reputast
du tout que vivre n'est pas chose digne estre espar-
gnie en tel cas, oresme, Elh. 422. Ne veuilliez vos
chevaus nullement espargnier, Guescl. 48277. Par
ma foy I dit Bertran , jà on a dit pieça : Moult es-
pargne de bien celui qui point n'en a, ib. 4 4644-
4 4652. Il xv 3. Et n'espargnoient ni or ni argent,
non plus que s'il leur plut des nues, froiss. i, l,
76. Là estoit damp abbé, qui point ne s'espargnoit
[à combattre], id. i, i, 86. Permettez-nous De n'es-
paigner ce pommé [cidre] Si bien aimé, bassel.
xxxix. Il XVI' s. Pour espargner la despense, mont.
I, 400. Mastinez les fonctions du corps, pour es-
pargner à l'ame la solicitude de les conduire, m.
II, 259. Les trompettes ne s'espargnerent pas,
CARL. m, 4 5. X la guerre il se montroit vaillant
homme, et qui n'espargnoit point sa personne,
AMYOT, Péric. 4 4. Le peuple luy cria, qu'il enten-
doit qu'il les feist parachever aux despends du
public, sans y rien espargner, id. ib. 34. N'es-
pargnez point de dire ce qui est requis, pour bien
faire entendre la qualité de vostre offence, ST fr.
DE SALLES, p. 4S8.
— ÉTYM. Wallon, spdrgnt; bourguig. reparmer;
provenç. espargnar ; ital. sparmiare, sparagnare,
risparmiare. Origine douteuse. On est attiré par
l'allemand sporen, épargner, et par le latin parcere,
sans qu'on puisse se rendre compte du mode de
dérivation qu'ont suivi les langues romanes.
ÉPARPILLÉ, ÉE (é-par-pi-llé, liée , H mouillées),
part, passé. Disséminé. Je plains surtout les pauvres
philosophes, je les vois éparpillés, isolés et trem-
blants, VOLT. Lett. Marmontel, 4 2 avril 4 764. || Fig.
Nous trouvons notre pauvre secret éparpillé partout,
SÈV. B74.
ÉPARPILLEMENT (é-par-pi-Ile-man, Il mouil-
lées, et non é - par-pi -ye-man), s, m. Action d'épar-
piller; état de ce qui est éparpillé.
— HIST. XVI* s. EsparpiUement, cotgrave.
— ÉTYM. Éparpiller. On trouve éparpille: Grand
effroi et esparpille, monstrel. i, 4 89.
ÉPARPILLER (é-par-pi-llé. Il mouillées, ef non
é-par-pi-yé), v. a. || 1° Disperser çà et là. Épar-
piller des papiers, des notes. Éparpiller ses trou-
pes, les distribuer en petils corps. En même
temps que l'encensoir Sur son visage sec et noir
Était prêt, par grand malencombre. D'éparpil-
ler charbon sans nombre, scarron, Virg. viil.
Il Fig. La vie de Paris éparpille les idées, volt, dans
le Dict. de poitevin. |1 Terme de peinture. Éparpil-
ler les lumières, les répandre çà et là sur un ta-
bleau de façon qu'elles ne forment plus de masses.
Il 2° Éparpiller l'argent, le répandre en différentes
mains. Partout la Providence Veut en nous proté-
geant Niveler l'abondance, Éparpiller l'argent, bé-
rang. Contreb. \\ Éparpiller son argent, le dépenser
en frivolités. || 3" S'éparpiller, v. réfl. Être éparpillé.
En s'envolant les papiers s'éparpillent. || Se disper-
ser. Toute la compagnie s'était éparpillée. || Par ex-
tension. Votre esprit.... sur le clavier qui frémit
sons vos chants S'éparpille en notes sonores ,
v. HUGO, Feuilles d'aut. 84. || Passer d'idées à au-
tres, d'occupations à autres. Il faut s'appliquer bien
à une chose et ne pas s'éparpiller sur plusieurs.
Recueillez-vous-y, au lieu de vous y éparpiller,
MAiNTENON, Lett. àd'Àubtgné, t. i, p. 47i, dans
POUGENS.
— HIST. XII' s. Sicum eve [eau] espandut sui, et
esparpeilet sunt tuit li mien os. Liber psalm. p. 26.
K este vus cil se furent esparpeilled; e jurent [tu-
rent gisants] partutmangians e bevanz, Roit, 44«,
Il XIII' s. Tuit autre bien sunt de fortune. Qui leg
esparpille et aune, Kt toit et donne à son voloir, la
Rose, 5360. La gent à l'aversier sor le pont espar-
paille [s'éparpille] , Ch. d'Ànt. iv, 383 Dieu te
volt faire veiller. Et repentir et traveiller, Kt les
sains crins esparpiller Sur ses piez que tu acolas,
J. de meung, Tr. 884. Mont vous verrai e.sparpul-
liez En ceste nuit e esmaiez, la Passion, ms. de
St-Brieuc, f 48. ||xiv' s. Et se entretiennent ft une
masse sans esparpiUier ou départir, Ménngier , ii,
5. Il xvi' s. Esparpillez de toutes pars, Belle, ces
beaux cheveux espars, bu bellat, iv, 76, retto.
— ÉTYM. Norm. épaupiller; provenç. esparpalhar;
catal. esparpillar; ital. sparpagliaie; de es.... pré
fixe, et le provençal parpalhô, ital. parpaglione,
qui signifient papillon et qui sont une corruption de
papilio (voy. papillon e' parpaillot). On trouva
aussi asparpilliei, dans Edouard le conf. v. 4G0( ;
et apparpiUiex, dans Machaut, p. 74.
f45A
FAW
♦ K.PAIIO«J« (*•!»'■'')■ '••"• Terme ,1 l..»i-.i,.
•iici.nn(.. Nom du prtfoe d« Con.lanlinople.
— rrïM 'B«<i?x<x. «'•'"'• """' *' "f''"*' '^'"*
"1?»AHS, AHSB («-P»r, par-s'), adj. Êpan.luçi
et là. Col horrible (léliris d'aigles, d'armes, de
eh»™'. Surceschamp» omppstés confustnientépara,
COM. ' Pomp. 1, ' Sa milice éparso à chaque
coin d» rue, ID. Héracl. iv, ». El les membres
«pars des mauvais Interprèles [de l'éniKiiie du
sphinxj Ne laissaient dans ces murs que des bou-
ches muettes, ID. Œdipe, i, 4. Il voit do toutes
paru Ses pâlesdùfeiiscursparla frayeur épar-s, iioiL.
^. IV. C'est luiqui rassembla cescolombos timides,
Éparses en cent lieux sans secours el sans guides,
gAC. A'»(/t. /"roi. Il Avoir les cheveux épars, les avoir
en désordre. U plaintive élégie, en longs habits de
deuil. Sait, les cheveux épars, gémir sur un cer-
cueil, BOiL. Art p. II. Il Terme de bolanifiue. Feuil-
les éparses, feuilles disposées autour do la lige,
•ans ordre apparent. || Fig. Souvenirs épars. Idées,
notions éparses.
— HiST. xiii" s. H se misent au fuir sansplusat-
tendre, et s'esparsent li uns çà et 11 autres là, H. de
VALENC. u. Si bieau chevel erent [étaient] espars,
I,aschement mis à une tresse, Bl. et Jeh. 4702.
Il XV* s. Si estoient comme brebis esparses sans
pasteur entre les loups, Bot^ctc. i, ch. 26. ||xvi* s.
One babilleront ici les Pelagiens, que le péché a
eité espars au monde par l'imitation d'Adam ? cai.v.
Jnjt. (74. Nos iniquitez nous ont espars comme le
vent, ID. ib. «79. Les catholiques quittent et s'es-
pardenl par le bourg, d'àub. Ilitt. u, 241.
— ÊTYM. Lat. iparsiu, part, passif do spargere,
disperser; bourguign. ipardre, disperser; ano. fr.
espardre.
t 2. ËPARS (é-par), ». m. Terme de mer. Il sedit
de petits éclairs qui ne sont pas suivis de coups de
tonnerre.
— HIST. XIII* I. Par tonnoires et par espars, la
Rose, 18U88. Il XV* s. Que mal temps, tonnuira n'es-
part Ne puent [peuvent] longuement durer, E. des-
CH. Poétiet mss. dans LACURt«B.
— ÉTYM. Ane. fr. espars, éclair, espardre, éclai-
Mf; mot qui coïncide pour la forme avec espardre,
disperser (voy. i>.pars<); Vespars étant ainsi dit de
la dispersion de la lumière dans le ciel.
f ÉPARSEMENT (é-par-se-man), ad». D'une ma-
nière èparse. Après ce qui a été éparsement expli-
qué sur Monseigneur, on a vu par avance quelle
sorte de sensation fit la perte de ce prince, st-sih.
»i, 38.
— HIST. XV* 8. Les seigneurs se logeront esparte-
ment aux champs, au mieux qu'ils purent, froiss.
Il, p. 252, dans LACURNE. Il XVI* s. Esparsement,
OUDIN, Dict.
— 6TYM. Éparse, et le suffixe ment.
t ÊPAKTIK (S') (é-par- tir), v. ré/l. Terme vieilli.
8e répandre, se distribuer. Car c'est lui qui répand
lA neige à pleines mains; Comme llocons de laine il
l'oblige k descen<lre; La bruine à son choix s'épart
»ur les humains. Comme s'épartirait la cendre,
CORN. Trad (lu pi. cxLvii.Lorsquel'aube, ensuivant
la nuit qu'elle a chassée, Espart ses tresses d'or,
THEOPHILE, Pour Mlle de à....
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et parlir (voy. ce
mot), dans le sens de partager.
t ÉPARVIN (épar-vin) ou ÉPEUVIN (é-pèr-vin),
(, m. Terme do vétérinaire. Tumeur qui vient au
jarret d'un cheval. || Éparvin sec, flexion convul-
sive du membre postérieur au moment du départ.
Il Ëparvin calleux , éparvin de bœuf, tumeur os-
seuse de la même nature que chez le cheval , et se
développant sur la partie supérieure et latéifale du
canon et sur les os plats des bœufs.
— HIST. xui* ». Ccvaus esparvigneus, Pohies
mss. axant laoo, dans LACUBi^E. || xiv* s. Il [mon
cheval] a les quatre piezrouviaus, F;spavains, cour-
bes et molestes, maciuut, p. 8u. Kl par entre les
deux jambes de devant [du cheval], regardes atix
jambM de derrière qu'il n'y ait espanrain ou
tourbe ; eaparviin dedens le plat do la cuisse d«
derrière eit et s'apperçoit mieulx par entre les
deux jambin de devant, Ménagier, ii, 3.
— RTYM. Espagn. espararan; ital. tjmcmio et
spattnio; bas-lat. sparenus; angl. spavin. Ménage
le tire i'épervitr, parce que le cheval tient bout le
pied malide comme fait l'épervier; étymologie que
met approuve, la fortifiant do la forme caialane
etpaTTtrenc qui, signifiant éparvin, signifie aussi
évidemment do U nature de lépervier ; esparver
•t ta floal««dj«ciiv« Mit.
IPATt. Rk (é-pa-ié, léc), fart, passé. ||l'Dont
l'P.\
lu picJ est cassé. Uu vorro tpaté. jj 2» Un nez épalA,
court, put, éeraa*. 1)9* Sertissure épatée, celle
dont la circonférence est plus largo en bas (\a'en
haut. Il *• Terme de marine. Haubans, galhaubans
épatés , haubans, galhaubans faisaut un certain
angle avec la tète de leurs mUts.
t ÉI'ATE,MENT (é-pa-te-man), s. m. || 1* État de
ce qui est épaté, plat. Epalementdu nez. H 2» Terme
de marine. Angle plus ou moins ouvert que le
Iws des haubans forme avec le mit sur la tête du-
quel ils sont capeiés.
— HIST. XVI* s. Espalement [action d'épater, d'é-
largir], COTCllAVE.
— ÉTYM. Épater.
ÉPATER (é-paté), V. a. || 1* Rompre le pied
d'un verre. Épater un verre. || Donner à un ou-
vr.ige d'art moins de hauteur qu'il ne faudrait, eu
égard à sa base. || 2° Trivialement. Faire tomber
sur les quatre pattes; et fig. étonner, déconcerter.
Celle réponse Fa épaté. Cela est épatant. || 3° S'épa-
ter, ». ré/l. Être épaté. Ce verre s'est épaté. || 4* Pren-
dre une certaine largeur, en devenant moindre eu
hauteur. Au bout d'un certain temps, là larve [du
corail ] , en se mouvant à reculons, va se fixer
par sa partie postérieure sur un corps solide quel-
conque; alors elle s'épate, et ce ver allongé se
traii-sforme en un disque plat, quatrefagp.s, Acad.
des se. Comptes rendus, t. LVii, p. 1070 || 6° Tomber
à terre tout de son long.
— ÊTYM. É pour es.... préfixe, et patte: priver
de patte, de pied, rendre plus petit; wallon, spalé,
épaté, aspater, écraser, aplatir; rouchi, du fier
espali, du fer en tôle, c'est-à-dire aplati.
t ÉPACFBURE (é-pô-fru-r), s. f. Terme de pa-
veur et de maçon. Eclat de pierre emporté mal à
propos par un coup de travers ou par un accident.
Si quelques légères épaufrures se remarquenl sur
les parties les plus saillantes du visage [dans un
bas-relief d'ÉleusisJ , viTET, Revue des Deux-Mondes,
1800, t. XXVI, p. 218.
— ÉTYM. Origine inconnue. Est-ce que espautrer
serait du même radical : xiv* s. Et elles se sont es-
pautrées Au rire.... J. de condet, p. 173.
ÊPAULARD (é-pô-lar; le d ne se lie pas), s. m.
Terme d'histoire naturelle. Nom vulgaire de la pho-
cène orque de Cuvier [cétacés].
— HIST. ivi* s. Espaular, cotgrave.
— ÊïYM. Épaule.
ÉPAULE (é-pô-l'), s. f. Il 1* Partie la plus élevée
du bras chez l'homme. Déjà Despine était sur Ké-
chafaud, Les cheveux retroussés et les épaules
nues, MAiB. Solim. v, 2. Il no me fallait point
payer en coups de gaules. Et me faire un aiïront
si sensible aux épaules, mol. Et. ii, 9. Suis-je ce
même Alcide? ai-je de ces épaules Pour le secours
d'Atlas soutenu les deux pôles? rotrou , fferc. mour.
IV, I. Je vous ai vu cent fois sotu sa main bénis-
sante Courber servilement une épaule tremblante,
iioiL. Lutrin, iv. Il n'occupe point de lieu, il ne
tient pas de place, il va les épaules serrées, le
chapeau abaissé sur les yeux pour n'être pas vu,
LA BHUY. VI. Platon fut d'abord appelé Aristocle, du
nom de son grand -père; son maître de palestre
l'appela Platon à cause de ses épaules larges et car-
rées, HOLLiN, Ilist. anc. xxvi, I'* partie, ch. 2,
art. 4, § I. Il Marcher des épaules, marcher pesam-
ment en balançant les épaules et en se donnant un
air d'importance. Vous voyez des gens qui entrent
sans saluer que légèrement, qui marchent des
épaules et qui se rengorgent comme une femme,
LA BRUï. viu. Il Terme de manège. Trotter des épau-
les, se dit d'un cheval qui trotte pesamment. || 11
est bien large, mais c'est par les épaules ou des
épaules, se dit d'un avare, par un jeu de mots sur
large, qui, outre l'acception propre, signifie géné-
reux. Il Familièrement. Hausser , lever les épau-
les, témoigner en haussant les épaules, qu'une
chose déplaît, choque. Vous avez un ridicule orgueil
qui fait hausser les épaules, mul. Mal. imag. ii, 7.
Il ne répondit qu'en haussant les épaules, sEv. 2io.
Le Jupiter d'Homère avec ses deux tonneaux me fait
lever les épaules, volt. Memmitu, ix. || Mettre quel-
qu'un & la porte par les deux épaules, le cha.sser
honteusement. Thésée, après cent coups de gaules.
Le mit dehors par les épaules, scarron, Yirg. vu.
Il Porter sur les épaules, se dit d'un fardeau dont
on a les épaules chargées. || Fig. Je porte cet
homme sur mes épaules, il m'est à charge, il me
déplaît. Il Avoir queb]ue chose sur les épaules, avoir
quelque embarras. Quand nous n'aurons plus Plii-
lisbourg sur nos épaules, s8v. 474. Je veux m'ôter
sa charge de dessus les épaules, u>. 4io. || Être sur
ics épaules, peser sur Ib^épaulei, être & charge, être
EP\
un embarras. Il Piier les épaules, témoigner en pliani
les épaules qu'on n'approuve jias. El parlé de vos vers,
en pliant les épaules, piron, Métrom. m, 4. || En un
autre .sens. Plier, baisser les épaules, subir un affront
avec résignation. || Avoir les épaules assez fortes, trop
faibles pour ...., c'est-à-dire être capable, incapa-
ble d'exécuter une chose. || Donner un coup d'é
paule à quelqu'un, lui venir en aide dans un em-
barras , dans une difficulté. || Prêter l'épaule à
quelqu'un, lui fournir les ressources dont il a be-
soin. Il Prèlor l'épaule à quelque chose, y être favo-
rable. Et dans son désespoir à la fin se mêlant,
Pourra prêter l'épaule au monde chancelant, cohn.
Pompée, 1,1. Perfides, vous prêtez épaule à leur re-
traite, iD. la Veuve, iv, 'i. ]| Un tour d'épaule, un
coup d'épaule, un effort pour quelque chose. Ces mes-
sieurs [du parlement] sont l'image de la justice; les
images portées ou menées en procession précèdent
le roi; encore un tour d'épaule et ils prétendront le
précéder, st-simon, 445, 200. || Lire par-dessus Pé-
paule, lire par derrière une personne ce qu'elle
lient dans la main. Et vous croyez bien que je me
rends maltresse de la lettre, pour qu'on ne lise pas
sur mon épaule ce que je ne veux pas qui soit vu,
sÉv. 278. Un jour qu'en ayant ouvert une [lettre]
et s'étant mis à lire, Éphestion s'approcha et lisait
avec lui par-dessus son épaule, rollin, Hist. anc.
t. VI, p. 385, dans poiigens. || Manger par-dessus
l'épaule, jouer par-dessus l'épaule, manger derrière
les autres, jouer sans avoir de place à la table du
jeu. Il Regarder quelqu'un par-dessus l'épaule, le
regarder avec mépris. || Faire quelque chose par-
dessus l'épaule, ne point le faire du tout. Ne comp-
tez pas être remboursé par cet homme; il vous
payera par-dessus l'épaule. || Pousser le temps à l'é-
paule,vivre petitement en attendant un meilleur
temps, gagner du temps. En attendant, je vais
pousser, comme je pourrai, le temps avec l'épaule
jusqu'au printemps, où j'irai revoir.... e'alemb.
Lelt. à Voltaire, li oct. I77«. || 2° Partie la plus
élevée de la jambe de devant chez les quadru-
pèdes. Le sanglier a été blessé à l'épaule. Une
épaule de mouton, de veau. || U sent l'épaule de
mouton, se dit de quelqu'un qui sent mauvais.
Il 11 ne jette pas les épaules de mouton par les fe-
nêtres, il est avare. || Épaule de mouton, cognée
à l'usage des charpentiers. || Terme d'entomolo-
gie. Chez les hexapodes, épaule se dit du second
article des pattes antérieures. || 3° Terme d'escrime.
Avoir de l'épaule, faire tous les mouvements avec
celte partie du corps; ce qui est un défaut. || 4" Terme
de manège. L'épaule en dedans, se dit de la ma-
noeuvre par laquelle on amène les épaules du cheval
dans le manège, en conservant toujours les jambes
de derrière sur la piste. Épaule gagnée, se dit du
cavalier qui est parvenu à diriger les épaules d'un
cheval. || Un cheval qui ne s'assied point sur les
hanches, et qui ne pUe pas les jarrets, s'abandonne
trop sur les épaules. || B° Terme de fortification. L'é-
paule d'un bastion, le terrain à l'endroit où la face
el le flanc se joignent. || L'angle de l'épaule, l'angle
formé par ces deux lignes. || 6* Terme de marine.
Partie de l'avant du navire sur laquelle il s'appuie,
comme par l'arrière il s'assied sur ses fesses. || Epaule
de mouton, espèce de voile triangulaire.
— HIST. XI* s. Li reis Marsiles tint Guene par
l'espalle, Ch. de Roi. li. ||xu* s. Desor s'espaule U
a son doi assis; Tant le bouta que li cuens [le
comte] le senti, li Coronemens Looys, v. (675. Le
paslre deit... l'oeiUe malede sur l'espaule porter;
Ne la deil pas lessier al larrun estrangler, Th. U
mart. 20. Sur tut le pople plus fut hait de l'espalde
en avant, Jtot's, p. 20. ||xiii's. Et li atachierent, de
par Dieu, la crois en l'espaule, villeii. xxvii. Si
traist au roi à descouvert au tournant de la drete
espaule, et le navra durement, Chr. de Raitis, p.
79. Il XV* s. Et lors ledit duc d'Aquitaine.. ..tout esmu
d'ire prit son chancelier par les espauleset le bouta
hors de le chambre, jionstrelet, i, io7. Mandoit
le roy à messire Jean Jacques de Tremont, qu'il fist
espaule audit messire Baptiste de Campefourgouse ,
GOMM. viii, 16. Il XVI* s. Hasle-toy donq' et n'attend
pas Que la grand' espaule chenue Des Alpes déçoive
tes pas, DU BELLAY, m, 18, verso. Elle leur feit es-
paule à succéder aux estais de leur père, mont. 1,
245. Hausser les espaules à l'iualienne , lanoue,
342. Leur ayant toutesfois fait tourner les espaule*
[prendre la fuite], m. 42». Ceux du dedans eurent
loisir de se couvrir de deux espaules et d'un bon nv
Iranchement qui les fermoit toutes deux, d'ai».
Wisl. I, 68. C'est pourquoy l'on dit qu'ils sentent le
bouquin ou l'espaule du mouton, PAKt, xvi,3».
— trvM. 'Wallon spal, s. f.; provcnç. espatla.
ÉPA
•s/taila; catal. espaUla; es|i. espalda; poriug. es-
poJdo ; ital. tpalla; du latin jpaihuto, omoplate,
diminutif de spatha , spatule (voy. spatule et épée) ,
ainsi dite à cause de la forme large do cet os. L'é-
tymologie montre que l'ancienne forme espalde est
la plus conforme à l'origine, et que dans les autres
il y a eu assimilation du d à l'I: espalle, espaule.
ÉPAULÉ, ÉE (é-pô-lé, lée), part, passé. || 1" Blessé
à l'épaule, en parlant des animaux. Une jument
épaulée. |j Fig. C'est une bfrle épaulée, se dit, par
comparaison à une bêle qui a un vice rédliibitcire,
d'une fille qui s'est déshonorée, d'un liomme sans
capacité et sans talent. || Terme d'horticulture.
Arbre épaulé, arbre mal taillé ou dont le vent a
cassé les branches. || i° Fig. Qui a de l'appui.
Épaulé par un ami puissant.
ÉPAULÉE (é-p6-lée), s. f. || l" Effort qu'on fait de
l'épaule pour pousser quelque chose. || Fig. et fami-
liÈrement. Faire une chose par épaulées, la faire à
diverses reprises, négligemment. |1 Maçonnerie faite
par épaulées, celle qui n'est pas élevée tout de suite
ni de niveau, maisàdiverses reprises et par redents,
dans un ancien mur, etc. || 2° Terme de boucherie.
Le quartier de devant du mouton, dont on a retran-
ché l'épaule. Il 3° Coquille bivalve.
— HiST. xiv s. Bertran devant portoit une grande
espaulée [charge sur l'épaule]; Bien sambla bos-
quillon, qui le vit la journée, Guescl.
— ÉTYM. Épaulé. Paré, xvi, 37, a dit: Faire
par espaulelées, ce que nous disons par épaulées.
ÉPAULEMENT (é-pô-le-man) , s. m. || 1° Terme
de fortification. Rempart de fascineset de terre, etc.
servant à garantir du feu de l'ennemi. || Fig. Dans
le dessein de se faire un épaulement contre le car-
dinal [de Noailles], il [l'archevêque d'Arles] .se jeta
plus que jamais auxjésuites, st-sim. 28( , 06. || 2° Mur
qui sert à soutenir des terres. |{ 3° Terme de char-
penterie. L'épaulement d'untenon, côlé d'un tenon,
moins diminué que l'autre, pour donner plus de
force à la pièce de bois. || Terme de menuisier. Petit
Bsmce de bois plein entre deux mortaises, ou entre
une mortaise et l'extrémité de la pièce.
— ÉTYM. Épauler.
ÉPAULER (é-p6-lé), V. a. \\ 1° Rompre, démettre
l'épaule, en parlant des animaux. Epauler un sanglier.
Il 2' Prêter l'épaule, assister, aider à. Je vous épaulerai
démon crédit. C'est bien lamoindrechosequenousde-
vions faire que d'épauler de nos louanges le vengeur
de nos intérêts, mol. Impromptu, 3. |j 3° Terme de
guerre. Épauler des troupes, les mettre à l'ahri du
feu de l'ennemi par un épaulement. || 4° Épauler un
fusil, l'appuyer contre l'épaule pour faire feu.
Il 6° Terme de coutellerie. Faire baisser une partie
et monter l'autre M'aide de la lime et du marteau.
Il Terme de menuisier. Diminuer la largeur d'un te-
non pour qu'elle soit égale à celle de la mortaise.
Il 6° S'épauler, v. réfl. En parlant des quadrupèdes,
se blesser à l'épaule. Ce cheval s'est épaulé. || Terme
d'horticulture. Un arbre s'épaule, quand il périt
d'un côté et porte sa sève du côté opposé, jj 7° S'é-
pauler, se donner réciproquement de l'appui, du se-
cours. J'y consens, repartit-il: je vais à mon rendez-
vous, et nous nous épaulerons s'il en est besoin,
LESAGE, Gil Bios, v, 1.118° Terme militaire. S'é-
pauler, se couvrir d'un épaulement.
— HIST. XIII' s. Nus ne puet avoir drap espaulé,
c'ost à savoir drap delquel la chayne ne fust ausi
bone au milieu corne aus lisières, Liv. des met. (2).
Il xiv" s. Mais le cheval qu'il ot s'espaula, cedist-on,
Guescl. 17607. Il xV s. Long col ai, mal suy espau-
lez [j'ai mauvaises épaules], BUST. desch. Poésies
mss. dans lacurne.
— ÉTYM. Épaule.
t ÉPAULETIER (é-p6-le-tié) , s.m. Terme de dé-
nigrement, qui se dit de militaires tirant vanité de
leurs épaulf'ttes.
ÉPAULETTE (é-pô-lè-f), s. f. || 1» Bande de toile
ou d'étoffe, attachée sur la partie du vêlement qui
couvre le dessus de l'épaule. On a fait l'épaulelte de
cette robe trop étroite. || Hn langage de lingerie, pe-
tite bande de toile qui se met sur l'épaule de la che-
mise. Il Terme de religieuse. Kubanqui s'attache sur
l'épaule et qui tient au scapulaire. || 2° Large bande
de galon que les militaires portent sur chaque
épaule, et qui est ordinairement garnie d'une touffe
de fileta pendants. Les grenadiers ont l'épaulette
rouge; celle des voltigeurs est jaune. On reconnaît
le grade d'un officier à l'épaulette. Son habit d'or-
donnance avait deux épaulettes, volt. Tactique.
Sous le fardeau de deux énormes épaulettes, il [Do-
rante] jure comme Lannes, p. L. cour, i, 227.
Il Épaulette à graine d'épinards, nom vulgaire de ce
^.\B les règlements appellent grosse torsade. |1 Kpau-
EPE
lette à grosse torsade, celle qui Indique un grade su-
périeur; les grades inférieurs ont de petites torsades.
Il Par antonomase, épaulette se prend surtout pour
désigner le grade d'officier. || Obtenir l'épaulette,
être fait officier. Double épaulette, le grade de capi-
taine. Il 3° Pièce qui enveloppe la base de l'aile an-
térieure des insectes hyménoptères. || 4° Terme de
marine. Entaille faite sur l'arête d'une pièce de
bois pour l'endenteravec une autre pièce. || Sorte de
renfort servant d'arrêt dans un mât.
— HIST. XVI' s. Ils disent : voilà qui est beau!
ayant oui une entière page de Virgile: mais d'en-
treprendre à le suyvre par espaulettes [pied à pied],
poisant les mots.... mont, iv, B5. Omoplate est un
mot grec qui signifie espauletteou palleron de l'es-
paule, PARÉ, XIII, 9.
— ÉTYM. Diminutif d'^potite.
t ÉPAULIËRE (é-pô-liê-r*), s. /■. |I 1» Partie de
l'armure qui défendait l'épaule. || 2° Sorte de bre-
telle, bande d'étoffe qui soutient un pantalon, une
jupe d'enfant. || 3' Pièce de l'aile des insectes co-
léoptères.
— HIST. XIII* s. Primes [il] vest unes espaulieres
De boure de soie moult chieres, Bl. et Jehan, v.
J979. En celui tensnen i avoit bacinet ne espaulie-
res, Ilist. occid. des crois, t. i , p. 197. || xvi' s. Fau-
dra bastir une muraille du costé de septentrion ser-
vant d'espauliere aux arbres, afin de les tenir en
abri, o. de serres, 7to.
— ÉTYM. Épaule.
t ÉPAULU, UE (é-pO-lu, lue), adj. Mot burles-
que. Qui a de grosse^ épaules. Entellus prit l'un
[des cestes] , Darès l'autre. Disant tout bas sa pate-
nôtre De voir l'autre tout épaulu, Ossu, membru,
fessu, velu, scarron, Virg. v.
— ÉTYM. Épaule; provenç. espalut; catal. es-
patllut.
ÉPAVE (é-pa-v'), adj. || l" Terme de jurispru-
dence. Qui est égaré et dont on ne connaît point le
propriétaire. Cheval épave. Biens épaves. || 2° S. f.
Chose perdue et non réclamée dont la propriété ap-
partenait au seigneur haut justicier, et dont la pro-
priété appartient aujourd'hui à l'État. Les animaux
à pied fourchu appartiennent au pacha dans les épa-
ves, CHATEAUB. Itiii. II, 36. || Êpaves maritimes, les
objets que la mer jette sur ses bords. || Êpaves
d'eau , objets trouvés dans les rivières ou sur leurs
rives. Il Êpaves d'abeilles, essaims égarés. |{ Terme
de droit coutumier. Épaves foncières et immobi-
lières, héritages abandonnés, dont le propriétaire
estinconnu.il Droit d'épave, droit du s'approprier
les choses épaves. || Fig. Ce qui reste après perte ou
ruine. Toute cette fortune est perdue; il sera bien
heureux s'il en recueille quelques épaves. Aurélien,
Dioclétien, Maxence font exception; de ceux-là il
re.ste des monuments et des monuments considé-
rables, épaves de ce grand naufrage de l'empire ro-
main, AMPÈRE, Ilist. rom. d Home, introd. p. lx.
— HIST. XIII' s. Les cozes trouvées et les espa-
ves, qui n'ont point de suite.... doivent estre au
segneur qui a la haute justice, beaum. lviii, 3. La
coze n'est pas espave qui est porsivye de celi cui ele
est, iD. Lxix , 2B. il xiv s. Espaves sont hommes et
femmes nezdehorsle royaume, de si lointains lieux,
que l'on ne peut en royaume avoir conoissance de
leurs nativitez, ducange, espavus. Pour conflsquier
à lui et à son domaine comme espaves et estraners,
Ordonn. des rois, t. vu, p. 544. ||xv"s. Un cerf
s'en pourra bien aller [hors du pays] , de l'espave et
effreinte des chiens, gaston phebus, Chasse, ms.
p. 218, dans lacurne. || xvi» s. David estoit perplex
et comme espave, sinon d'autant que la promesse
l'asseuroit, CALV. Instit. 680. Comme disoilOctavian
[Auguste] que il fault éviter les molz espaves, en
pareille diligence que les patrons de navire évitent
les rochiersde mer, iulb. Pant. u, a. Des espaves
et prises do mer, la somme de vingt et un milions
de livres tournois liquides.... fhoumenteau, fi-
nances, 1" liv.. n. 17.
— ÉTYM. Bas-latin, espavus, espoïO;du lat. ex-
pavidus, effrayé, écarté par la peur (parce que ce
mot s'est dit d'abord des bêtes etlrayées et égarées),
de ex, et pavidus (accent surpo), de pavor (voy.
peur).
+ ÉPA VITE (é-pa-vi-té) , f. f. Terme de droit cou-
tumier. Droit d'épave.
— HIST. XVI' s. Espavité, cotobavk.
— ÉTYM. Épave.
ÉPEAUTRE (é-pô-tr'), t. m. Espèce de froment.
Grand épeautre {trilicum $pelta, L.). Petit épeau-
tre {triticum monococcum, L.) , nommé aussi en-
grain, ingrain, locular. Les épeautres sont cultivés
dans les terrains maigres ; on les distingue des au-
EPÉ
1455
très froments par la difficulté avec laquelle le grain
se sépare des balles.
— REM. Les livres d'agriculture font épeautre fé-
minin; ce qui est plus conforme à l'étymologie.
— HIST. xiii' s. Avoine et espiautre sont froit et
sec, ALEBRANT, f° 42. || xv S. Le Suppliant prist du
blé, appelle l'espiote ou gros blé, pour son cheval,
du cange, spclta.
— ÉTYM. Wallon, spaite, spiate, sipaite; gène".
épaute; provenç. espeuta ; espagn. espelta; ital.
speim; du latin spella, mot venu des langues ger-
maniques; allem. Spelt ou Spelx.
t ÉPEC (é-pèk) , s. m. Épeiche ou pic varié.
— ÉTYM. Voy. ÉPEICHE.
tÉPËCHER (é-pê-ché), v. a. Terme de salines.
Puiser ce qui reste au fond de la chaudière pour !•
reporter au réservoir.
ÉPÉE (é-pée), s. f. || 1° Chez les anciens, arme
offensive semblable à un sabre droit, dont on frap-
pait l'adversaire; chez les modernes, arme offensive
longue et aiguë que l'on porte suspendue au côté.
Longue, courte épée. Se battre en duel à l'épée. [U]
met l'épée à la main, tourne le reste en fuite, corn.
Théod. IV, 4. Contre nous de pied ferme ils tirent
leurs épées, id. Cid, iv, 3. Mon père est mort, El-
vire, et la première épée Dont s'est armé Rodrigue
a sa trame coupée, id. ib. m, 3. Si je savais qui ca
peut être, je lui donnerais tout à l'heure de l'épée
dans le ventre, mol. Georg. Dandin, i, 6. Aussitôt
dans son sein il plonge son épée, bac. Milh. v, 4.
Il tira son épée pour se percer, fén. Tél. v. || Épée
de Damoclès, voy. damoclês. || Il est brave comme
son épée, se dit d'un homme très-brave. Achill'i,
beau comme le jour. Et vaillant comme son épée,
sarasin, au duc d'Enghien. \\ Avoir l'épée sur la
gorge, être saisi et menacé d'être tué; et fig. être
vivement pressé. Se voir l'épée à ia gorge, patru.
Plaid. 5, dans richelet. || Se battre de l'épée qui
est chez le fourbisseur, se disputer de choses qui
ne sont pas en la puissance de ceux qui se les dis-
putent. Il Un coup d'épée, un coup donné avec l'é-
pée. Ton premier coup d'épée égale tous les miens,
CORN. Cid, m, 8. Il Faire deux coups d'épée, s'e.st
dit d'un échange de quelques bottes, d'un duel sans
acharnement. Plutôt, si votre amour a tant de vé-
hémence, Faisons deux coups d'épée au nom de la
beauté, corn. Illus. corn, m, a. || il a fait un beau
coup d'épée, se dit ironiquement d'un homme qui
a fait quelque sottise. || Familièrement. Un coup
d'épée dans l'eau , un effort sans résultat. || Pour-
suivre, presser l'épée dans les reins , presser vive-
ment à la guerre, dans une affaire, dans une dis-
cussion. Il Emporter une chose à la pointe de l'épée,
l'obtenir par la voie des armes; et (ig. avec effort,
de vive force. Rien d'assuré, point de franche lip-
pée; Tout à la pointe de l'épée, la font. Fahl. i, 6.
Nous avons gagné la requête du grand conseil à la
pointe de l'épée, sÉv. B3*. || Poser l'épée, cesser la
guerre. Il Rendre son épée, se déclarer vaincu, cé-
der. N'avez-vous point vu un prince qui se bat jus-
qu'à l'extrémité? un autre s'avance pour voir qui
peut faire une si grande résistance; il voit l'inéga-
lité du combat.... il écarte ses gens, il demande
pardon à ce vaillant homme, qui lui rend son épée
à cause de son honnêteté; car, sans lui, il ne l'eût
jamais rendue, sÉv. 209. || Rendre l'épée à un offi-
cier, la remettre entre les mains d'un officier qui
l'avait déposée pour passer en jugement et qui est
honorablement acquitté. || On lui a demandé son
épée, on l'a arrêté (en parlant d'un officier). || Briser
son épée. quitter le service. || Mettre son épée au
service de l'étranger, prendre du service dans une
armée étrangère. || Fig. Se blesser de son épée, sa
faire du mal en voulant en faire aux autres. Je me
blessai tellement de ma propre épée que j'en pleu-
rai, SÉV. 610. Il N'avoir que la cape et l'épée, se di-
sait autrefois d'un gentilhomme, d'un cadet, qu>
n'avait point de fortune. || Fig. Cela n'a que la cape
et l'épée, ce mérita n'a que la cape et l'épée, cela
est de peu de valeur, ce mérite est léger. || Son éoée
ne tient pas dans le fourreau, au fourreau, se Jit
d'un homme toujours prêta se battre. |1 Son épée est
trop courte, se dit de celui qui ne peut obtenir ce
qu'il prétend , faute de force ou de crédit. || Son
épée est vierge, se dit de celui qui ne s'est jamais
battu. Il Us en sont aux épées et aux couteaux, ils
sont en grande querelle. On vous a mandé comme
M. de Coetquen était avec M. de Chaulnes : Il était
avec lui ouvertement aux épées et aux couteaux,
CHARL. de sév. Lell. à Mme de Grign. I7 janv. 1676,
Il Tralneur d'épée, batteur de pavé qui porte uue
épée et ne va pas à la guerre. || Chevalier de la pe-
tite ipée, filou. Et l'autre un chevalier de la petiie
1/.r)G lii'l^-
t,4,, .te...», !M. X. Il s. faire blanc de»onépée
M fi^l^ 'lire, comme on dit quelquefois, aire
"l«,eda\»» épée. Il Mettre, faire passer quelque
ehoMdu cfllé rfirOpée, mettre quelque prolil, qucl-
ouwfondi i cou»ert, en réserve. Quoique les pots de
nn OM Son Eminence prend sur toutes les charges
puisMiil avoir été du cité de l'épée, car on i-'en voit
pai le débouché dans le peu de petites charités qu'il
fait. D'AiOENsotf, Mém. t. m, <88) , p. 122. || Il se dit
(ouvent, en mauvaise part, de quelque profit illicile,
ou de quelque bien qu'on soustrait à ceux qui y au-
raient droit. Il nbandonne ses biens à ses créanciers ,
mais il .1 mis quelque chose du côté de l'épée. Mais
prompt, iiabile, diliKent k saisir un certain arKent,
Somme aui Inspecteurs échappée, H a du côté de
l'épée Mia, ce dit-on, quelques deniers, la font.
un. XXI. Ij Mourir d'une belle épée, d'une vilaine
épée, éprouver un revers, quelque accident par
une belle, par une vilaine cause, succomber sous
un adversaire considérable ou sans considération.
Il Se laisser dire quelque chose d'injurieux l'épée au
côté, soulTrir une injure sans rien dire. || 2" Épée
de chevet, épée qu'on mettait sous son chevet pour
se défendre en cas d'attaque nocturne. || Fig. Èpéu
de chevet, personne sur laquelle on compte, chose
dont on fait un usage continuel. Toujours parler
d'argent! voilà leur épée de chevet, mol. i'.4i'are,
lit, B. Il Ë|>ée àdeux mains, épée à lame très-longue
et très-forte dont on se servait au moyen âge.
Il Epée d'Etat, (,'laive qui se porte devant les souve-
rains d'Angleterre dans les cérémonies. || Épée flam-
boyante, épée dont la lame semble jeter des flam-
mes. Un ange armé d'une épée flamboyante. || Terme
de blason. Ei>ée haute , épée dont la pointe est
tournée vers le haut de l'écu. Êpée garnie, épée
dont la garde et le pommeau sont d'un autre émail
que la lame. || 8" Plat d'épée, ou de l'épée, la par-
lie plate de la lame. Donner des coups de plat
d'épée. Il i' L'état militaire. X la fin j'ai quitté la
robe pour l'épée, corn, le Menteur, 1, (. X son
retour en France, il quitta l'épée et se mit dans
l'élat ecclésiastique, non point par ambition, mais
par goût et pour jouir d'une vie paisible et réglée,
d'olivet, Uiit. Acad. t. 11, p. 3uo, dans poloens.
Il Les gens d'épée, les militaires. J'ai si grand peur
de ces hommes d'épée, Régnier, Sol. ix. Les gens
d'épée sont les princes, les duos et pairs, les maré-
chaux de France et les grands officiers de la cou-
ronne, les gouverneurs et lieutenants généraux des
provinces, les gouverneurs et états-majors des villes
et places de guerre, vausan, Vime, p. 07. || S" Fig.
Vaillance à la guerre. Il ne doit son élévation qu'à-
son épée. Une noblesse fiére aimait à soutenir ses
droits par son épée.... hontesq. Esp. xxvm, I8.
Il 6* Celui qui est l'arme offensive, celui qui porte
la guerre. Qui fut tantôt le bouclier, et tantôt l'épée
de son pays, flëcb. Tut. || 7* Une bonne épée,
un bon tireur, un homme qui se bat bravement.
C'était la plus rude épée de France, uahjlt. Gramm.
♦. Il 8* Nœud d'épée, nobud de rubans dont les
hommes en habit de parure garnissaient autrefois
la garde de leur épée. || 8* Terme d'escrime. Le
fort de l'épée, la partie de la lame la plus proche
de la garde. Le mi-fort de l'épée, le milieu de la
lame. Le faible de l'épée, l'extrémité de la lame.
Il 10* Terme de manège. La uiain de l'épée, se disait
de la main <iroite. || Êpée ou épée romaine, marque
en forme d'épi, qui vient sur l'encolure de certains
chevaux, près de la crinière. || 11* Terme de cor-
dier. Morceau de bois en forme de coutelas qui sert
à battre la sangle, jj Grande alêne de bourrelier.
Il 12* Chacun des deux montants d'un avant-tram de
charrue. || 13* Terme de pèche. Instrument qui sert
& prendre les poissons en les piquant, et qui a du
rapport avec la foine. || 14* Ëpèe de mer, e.spadon,
scie de mer, espèce de dauphin. || IB* Terme d'al-
chimie. £pée des philosophes, le feu. || Proverbes. 11
• couché comme l'épée du roi, dans son fourreau,
se dit de celui qui s'est couché sans se déshabiller.
Il A vaillant homme courte épée, c'est-à-dire un
homme vaillant n'a pas besoin d'une longue épée,
un homme habile n'a pas besoin de beaucoup d'ins-
truments. Il L'épée use le fourreau, se dit en par-
lant des personnes dont la grande activité d'espril
altère let forces, la santé.
^ msT. X* s. Ad une spede [il] li roveret [com-
manda) tolir lo chief [tête], £u/o<i«. Il XI* s. [Il]
««nt Murglies s'espée à son cosled,t'h. d* Roi. xxvi.
Quant le vit Ouenes, misi la main à l'espée, t6.
^j"*"- Il «»• ». Car nos espées bones sont et trau-
■ HMt, Mont. p. M. Fou», fait-il, lui dis fustes et
eaw», « terw, Quant tua l'espéa traite de sur le
rrpK
rei »eneï; S'il trait »ur vu» la sue, cornent tus dé-
fendre! T Th. le mari. 30. Co» [coup] d'espée ga-
rist et sainne Mult lost, des que mires [le médecin]
i painne; F.t la plaie d'amors anpire. Quant ele est
plus près de son mire, crestiens de troie, dans
HOLLAND, p. 208. || xiii* S. Deus espées sunt, par
lesquele» toz li pueples doit estre govemés esperi-
tuelment et temporelment, car l'une des espées doit
estre espiriluel et l'autre temporel, beauk. xlvi,
il. Tant lui prièrent tout cil qui là esloient que li
rois rendi s'espée au soudan, joinv. 208. || xv s.
Si commanda ledit comte qu'on mit tout à l'espée
[qu'on tuât tout], FROiss. I, i, t38. H ouyt une voix
qui lui dist : Chevalier sans espée, où vas-tu si vis-
tementî car chevalier sans espée n'est que femme
sans quenouille, l'erceforesl , t. iv, f" t67. || xvi* s.
Il mesle la première trouppe qui estoit sur le bord
de l'eau, et, sans la desmordre, va mesler à l'en-
trée d'un chemin quelques espées dorées [seigneurs,
muscadins] qui firent ferme, d'aub. Uist. 11, 38*.
La mort de son espée de chevet Bussi, de qui la fin
fut telle, II). ib. 11, 423. Je faillis à le frapper, mais
c'estoit un homme d'espée, id. Conf. 11, 6. Lui qui
est aussi vaillant que son espée. Caquets de l'ac-
couchée, p. t35, dans LACURNE, au mot martial.
Qui porte espée porte paix, gênin. Récréai, t. 11,
p. 248. [Cheval ayant] poil chaslain, astre au front,
aux jambes deux balzans, romaine espée aucol, de
l'aage de sept ans, des accoeds, Bigarr. f (40.
— ÊTYM. Provenç. espaia, espada; catal.eçpaso;
espagn. et port, espada; ilal. spada ; du latin spa-
tha, larve épée, ainsi dite par assimilation avec spa-
tha, outil de tisserand, en grec, anâSri. Cependant,
comme le celtique a tpad, bôche (irland. et angl.
jpodf), elspadaim, abattre, tuer, et que Diodore,
V, 30, dit que spatha est le nom d'une longue épée
des Oaulois, certains étymologistes ont pensé que
spatha, dans le sens d'épée, était celtique, et ne
s'était trouvé que par hasard conforme avec le latin
spatha, outil de tisserand.
t ÉPF.ICHE (é-pè-ch'), s. (. Nom du pivert bi-
garré, oiseau du genre des pics (picxis major, L.).
— ÊTYM. Namur. spoi; picard. épêke;noTni. épé,
épec, épeu; champ, éprèche ; de l'allemand Specht, pic.
+ ÉPEICUETTE (é-pfe-chè-f), s. f. Le pic mi-
neur, dit aussi petite épeiche {picus minor, i.).
ÉPELÉ, ÉE (é-pelé, lée), part, passé. Quelques
mots épelis par cet enfant.
ËPELER (é-pe-lé. La syllabe pe prend deux II,
quand la syllabe qui suit est muette : j'épelle, j'épel-
lurai; on trouve aussi l'accent grave ; j'épèle, j'é-
pèlerai), «. a. Nommer les lettres qui composent un
mot et en former des syllabes en les assemblant.
Ëpeler un mot. En épélaiit le doux nom de patrie
Je tressaillais d'horreur pour l'étranger, bërang.
Déesse. || Absolument. Cet enfant commence à épe-
1er. Il épelle assez bien. François Xavier, obligé de
se servir d'un truchement [au Japon] , ne fit pas
d'abord de grands progrès : Je n'entends point ce
peuple, dit-il dans ses lettres, et il ne m'entend
point; nous épelon? comme des enfants, volt.
Mœurs, 442. E-prit qui tient le livre où l'innocence
épèle, v. HUGO, Feuilles d'aul. 37. || Lire avec dif-
ficulté. Le vieux prêtre se courbe, et, n'y voyant
qu'à peine , X ce jour ténébreux épèle un livre obs-
cur, V. HUGO, Crép. prél.
— HiST. XII* s. Uethsames , cest nom espelt [veut
dire] cité de soleil, Jloij, p. 22. || xiii* s. Mes les
entendanz [je] n'en dont mie, Ceus qui savent qu'es-
piaut [signifie) amie.... Lai du conseil. Adont s'es-
veilla Pieres, et Diex s'e.st esconsés [caché]; Au pa-
triarche en vint; quant il fu apensés, Disi li qu'il a
songié: sire, or lem'espelés, Cli. d'Ànt. i,2iii
— ÊTYM. Wallon , speli; provenç. espelar, espel-
Kar, expliquer; du germanique : goth. spillôn,
anc. h--allem. spelldn, raconter; angl. (0 sptll. Du
sens général d'expliquer, espeler a passé au sens
particulier de nommer les lettres; l'historique mon-
tre que le latin appellare n'a rien à faire ici.
ÉPELLATION (épèl-la-sion), s. f. Action d'épe-
1er; l'art d'épeler.
— ÊTYM. Épeler. Mot moderne qui aurait dû être
épelation, et quia été lait, à tort, sur le modèle
d'appef/ad'on.
t ÉPENCIIYMK (é-pan-chym*), t. m. Terme de
botanique. Tissu dans lequel prédominent les cel-
lules dont le contenu est de nature amylacée.
— ÊTYM. 'Eiti, à, èv, dan-, et yyvài, suc.
+ ËPENUYME (é-pan-di-m"), *. m. Terme d'ana-
tomie. L'un des noms de la membrane des ventri-
cules du cerveau et du cajial rudimentaire de la
moelle épinière.
— ÈTYH. 'EkI, sur, et lv5u|ji«, vêtement.
EPE
ÊPENTHÈSE (é-pan-tè-z'), ». f. Terme de gram-
maire. Addition, insertion d'une lettre, ou même
d'une syllabe au milieu d'un mot.
— ÊTYM 'EnévfleTtç, de lizl, sur, li, en, et
iiaii, action de mettre (voy. thèse).
ÉPENTHÉTIOUE (é-pan-ié-ti-k'), adj. Qui est
ajouté par épenthèse. Lettre épenlhétique.
— ÉTVM. Épenthèse.
t ÉPEPINER (é-pe-pi-né) , v. a. ôter les pepini
d'un fruit.
— ÊTYM. ^pour es.... préfixe, et pépin.
ÉPEIIDD, UE (é-pèr-du, due), adj. || 1* Qui est
profondément troublé par la crainte, ou par une
passion quelconque. Et mon âme d'ennuis est si fort
éperdue Que.... Régnier, Plainte. 11 les étonna
tellement par la fermeté de son courage qu'ils pri-
rent la fuite tout éperdus, vaugel. Q. C. liv. x,
dans BICHELET. Et quelle âme, dis-moi, ne serait
éj'ierdue Du coup dont ma raison vient d'être con-
fondue? HAC. Andr. III, i. Peins-toi dans ces hor-
reurs Andromaque éperdue, id. ib. m, ». Mes filles,
soutenez votre reine éperdue. Je me meurs, id.
Esth. II, 7. Pompée éperdu ne vit dans les pre-
miers mouvements de la guerre, de parti à prendre
que celui qui reste dans les affaires désespérées,
MONTESQ. Rom. XI. Je marche en frissonnant, mon
coeur est éperdu.... volt. Zojre, v, 9. || 2* Vif, vio-
lent, en parlant de l'amour. Comme un honteux ef-
fet d'un amour éperdu, CORN. Tile et Bérén. 1, t.
Il Transporté d'amour. Madame Paul qui est devenue
éperdue, sÉv. 443. La sultane éperdue N'eut plus
d'autres désirs que celui de sa vue, bac. Bajal. 1,
t. Tu veux commander seul à mes sens éperdus,
VOLT. Zaïre, iv, 2.
— HIST. xu s. De lui [se] venger ne fut mie es-
perduz, Ronc. p. «0. Grant alure s'en est à la porte
venuz; Fermée la trova : dune fu mult esperduz.
Th. le mart. 47. ||xiii* s. Quant Blanchefleurs l'en-
tent, le cuer [elle] ot esperdu, Berte, LXiix.
Il XVI* s. Esperdu de frayeur, mont, i, 62. Une
fuyte esmeue, mais non pas estourdie ny esperdue,
ID. IV, 3. Lors il se trouva délivré de la frayeur es-
perdue et du grand trouble où il estoit, ahyot,
Thémisl. 48. Les troupeaux sont esgarés et esperdus
par les champs, paré, xxiv, 52.
— ÊTYM. Part, passé de l'anc. verbe esperdre (Li
vilains.... Jure et esmaie, si s'espert, Por ce que^a
jornée pert, Ren. taoei), de et, et perdre; provenç.
esperdut.
ÉPEUDUMENT (é-pèi-du-ma.i), adt. D'une ma-
nière éperdue. Il est éperdument amoureux de cette
femme. Sa femme qu'il aimait éperdument, f£n.
Tél. XX.
— HiST. xvi* s. Il ne fault pas se précipiter .si
esperduemeutaprez nos afifections etinterests, hohi.
IV, 46).
-;- ÊTYM. Eperdue, et le suffixe ment.
ÉPERLAN (é-pèr-lan) , s. m. Petit poisson de mer
qui a des couleurs nacrées fort brillantes; dit aussi
éperlan commun, éperlan de rivière (l'osmère éper-
lan). Une friture d'éperlans. L'éperlan tout frais et
sortant de l'eau sent la violette, ce qui a été nié à
tort. Il Avaler l'éperlan sans l'éplucher, manger gou-
lûment. Or entre tous ceux-là qui se mirent à table.
Il ne s'en trouva point qui ne fût remarquable, Et
qui, sans éplucher, n'avalât l'éperlan, hEgnier,
Sat. X. Il Ëperlan de mer, variété d'éperlan qui se
tient constamment dans l'eau salée autour des terres
magellaniques. || Eperlan bâiard, se dit parfois de
petits poissons, tels que les ableltea, dont on se
sert pour amorcer les lignes. || Eperlan franc, petit
poisson qu'on pêche â l'embouchure de la Loire,
et qui ressemble un peu à la sardine de moyenne
grosseur.
— IllST. xiv* s. Espellens, au poivre aigu fetde
gingembre et de canele, Bibl. des cliartes, !>• série,
t. I, p. 223. Il XVI* s. Merlans, esperlans, aigrefins,
turbots, PAHÈ, XXIV, 22.
— ÊTYM. Allem. Spicrling, éperlan.
ÉPERON (é-pe-ronj, s. m. || 1* Petite branche de
métal qui s'adapte aux talons, et est armée à l'ex-
trémité d'une espèce de roue en étoile dont les
pointes servent à exciter le chevaL |{ Ancienne-
ment Chausser les éperons, faire chevalier; locu-
tion qui vient de ce que, en armant le nouveau
chevalier, on lui chaussait ses éperons. || Familiè-
rement. Gagner ses éperons, se distinguer à sa pre-
mière affaire; et fig. bien mériter par ses actes
Il Pig. Ot homme a besoin d'éperon, il a besoin
d'être excité, pous.sé. || Il a plus besoin de bridu que
d'éperon, d'être retenu que d'être poussé. Notre es-
prit assez souvent n'a pas moins besoin de bride que
d'éperon, boil. Long:'», Sublime, ch. 2. || Chausset
EPE
ÉPE
EPII
r.57
(te près les éperons à quelqu'un , poursuivre de près
quelqu'un qui s'enfuit. Les ennemis se retiraient,
notre cavalerie leur chaussa les éperons. L.icution
qui vieillit. || Donner un coup d'éperon jusqu'à un
certain endroit, y courir, y aller en diligence. ||Ce
cheval n'a ni bouche ni éperon, il a la bouche dure
et n'est pas sensible à l'éperon. Et Cg. Cet homme
n'a ni bouche ni éperon, il est stupide, insensible.
Terme de manège. Souffrir l'éperon, se dit d'un
cheval peu sensible à cette manifre de le conduire.
Avoir l'éperon délicat et fin, fuir l'éperon, connaître
l'éperon, s'attacher à l'éperon, se manier aisément
avec l'éperon, expressions qui toutes désignent un
cheval facile à conduire et à stimuler. |1 Journée des
éperons, bataille perdue par les Français à Guine-
gate[i6i3], ainsi nommée parce que les Français
firent plus usage de leurs éperons que de leurs
armes; et la bataille deCourtray [<302j, perdue par
les Français, ainsi dite à cause de la grande quan-
tité d'éperons que les Flamands vainqueurs prirent
sur les chevaliers tués dans la bataille. || 2° Par
analogie, ergot des coqs. ||3° Ergot que les chiens
ont aux jambes de devant. || 4° Terme de botanique.
Prolongement postérieur de la base du calice ou de
la corolle de cerlaines fleurs. || Terme de jardinage.
Branches courtes, droites, parallèles à l'horizon.
1 II Éperon de la Vierge ou de chevalier, plante, pied-
I d'alouette (delphinitim consolida, L). \\ 5° Terme
; d'analomie. Petite saillie formée, dans l'intérieur
; des artères, par leur membrane interne, au niveau
de chacune de leurs divisions. || Terme d'entomo-
■ logie. Certaines épines insérées à l'extrémité du
tibia de quelques insectes. || 6° Partie de la proue
j d'un bâtiment terminée en pointe. L'éperon, qu'on
* appelait roslrum, était à fleur d'eau ; c'était une
poutre qui avançait, munie d'une pointe de cuivre
et quelquefois de fer, boll. Hist.anc. (Euvr. t. iv,
p. B89, dans POUGENS. Leurs gros vaisseaux, portés
;■ sur les rochers des côtes voisines, brisés les uns
contre les autres, entr'ouverls dans leurs flancs par
les éperons des galères athéniennes, couvraient la
merde leurs débris, barthél. ^nach. /nlrod. part.
II, sect. 2. Il Aujourd'hui les éperons des vaisseaux
cuirassés sont des masses d'acier, à bord tranchant,
qui occupent toute la hauteur de la proue. || 7° Terme
de guerre. Fortification en angle saillant, qui se fait
au milie\i des courtines, sur les bords des rivières,
etc. pour garantir une place. || 8° Tout ouvrage en
pointe qui sert à rompre le cours de l'eau. || Terme
de marine. Pointe de rocher qui rompt les lames
à l'entrée d'un havre. || Ouvrage de maçonnerie
terminé en pointe et servant d'appui à un bâti-
ment, à une muraille. Une assez haute portion de
tour gothique avec l'éperon qui la soutient, diderot,
Salon de 1767, Œuvres, t. xiv. p, 486, dans pou-
gens. Il Terme de géologie. Saillie brusque que pré-
sente le contre-fort d'une chaîne de montagnes.
Il 9° Fig. et familièrement. Rides qui se forment
au coin de l'œil des vieillards. || 10° Terme d'eaux
et forêts. Instrument pour repiquer en glands les
clairières des bois. || 11° Anciennement, couper les
éperons, dégrader un chevalier. || 12° Ordre de l'E-
peron, ordre institué en <260 par le roi de Naples.
Il Ordre de l'Éperon d'or, ordre institué en <B59 à
Home par les papes, pour récompenser le mérite
civil.
— HIST. XI* s. Espérons d'or [il] ad en ses piez
fermez , Ch. de Roi. xxvi. || xn* s. Et [il] li
chaussa son premier esperon, Ronc. p. 29. || xiii' s.
I.i Barrois le .saisit par le co!, et feri cheval des es-
pérons, et le traist par force de bras des archons,
Chr. de Rains, p. 40. Se j'estoie montés sor mon ce-
val et le feroie [piquais] des espérons parmi enfans
ou par presse de gent, beaum. lxix, o. || xv° s.
Montèrent à cheval, et au fraper des espérons en-
trèrent en la ville de Courtray; car il n'y avoit def-
fense, nul contredit, froiss. ii, p. 226, dans la-
CUKNE. Il xvr s. Je ne pouvois fournir de rennes
[rênes] pour les premiers; ces derniers ont usé mes
espérons, d'aub. 7/is«. i, <56. ils poursuivirent leur
victoire en tuant jusques dans l'eau, à la merci et
sous les espérons des galères, id. ib. I, 246. On avoit
basti au milieu du pont deux demi-esperons qui se
flanquoient bien, id. ib.ii, 3b0. Le ressentiment de
la roine d'Escosse servit d'espron pour faire partir
cette grande armée, id. ib. m, <99, L'os de l'esperon
ou petit focilede la jambe, paré, iv, Si. Les er-
gots et espérons hautement posés à costé des jam-
bes [chez le coq], o. de serbes, 360. Que Millan
seroit bientôt révoltée, et qu'il esperoit aller jus-
qiips dedans Millan avec un esperon de bois [sans
difficulté], ROB. DR LA MARK, Seign. de Fleuran-
ges, ilém. ms. p. (60, dans lacurne.
Dir.T nE I,A I.ANfUE FRANÇAISE.
— lîTYM. Wallon, sporon; provenç. pspero; espagn.
esperon, espolon; portug. espora, esporào ; ital.
sperone, sprone ; de l'anc. h.-allem. sporo au no-
minatif, sporon à l'.iccusatif; gaélique, spor. Le ra-
dical spor tient peut-être au sanscrit sphar, agiter.
ÉPERONNÉ, fM (é-pe-ro-né, née), adj. || 1° Oui
a des éperons aux talons. Ses jambes éperonnées s'é-
tant embarrassées dans celles des autres, scarb.
Tlotn. com. i, 10. [Dorante] éperonné, botté, prêt
à monter à cheval, il attend .e boute-selle, p. !..
cotiRR. I, 227. Il 2° Muni d'un éperon, en parlant des
coqs et des chiens. || 3° Terme de botanique. Termi-
né en éperon, en parlant d'un caliee, d'une co-
rolle, etc. Il 4° Avoir les yeux éperonnés, ou être
éperonné, avoirdes rides au coin de l'reil. || Le Dic-
tionnaire de l'Académie a l'adjectif éperonné, mais
ni le verbe éperonner, ni le participe éperonné.
tÉPERONNELLE (é-pe-ro-nê-1'), s. f. Nom vul-
gaire appliqué selon les provinces : i° au gaillet
accrochant (rubiacées), dit aussi grateron (galium
aparine, L.); 2° au gaillet crucié, appelé encore
croisette (galium crucialum , L.) ; 3° aux espèces
du genre xnnthium, nommées en outre lampourde,
LEOOARANT.
— Rtym. Diminutif d'éperon.
t ÉPF.RONNEMENT (é-pe-ro-ne-man), s. m. Ac-
tion d'éperonner.
— HIST. xvr s. Esperonnement, cotgrave.
— f.TYM. Éperonner.
t ÉPERONNER (é-pe-ro-né), t'. a. \H' Piquer
avec l'éperon. Le cheval vivement éperonné par
son cavalier. || Fig. Aiguillonner, stimuler. Que la
peur tout ensemble éperonné et retarde, Régnier,
Sa(. XI. Il 2° Chausser les éperons à quelqu'un. Il Épe-
ronner un coq, chausser ses ergots de pointes d'a-
cier pour le combat. || 3° Y.n. Terme d'escrime. Faire
un mouvement comme pour donner un coup d'épe-
ron. En se fendant, il ne faut point éperonner.
— IIIST. xi° s. [Il] Laschela resne, moût souvent
l'esperonne [son cheval], Ch.de Roi. cxxni. || xii° s.
Sanglans [il] ot les talons de tost esperoner, Sax.
xiii. Il xiii° s. Et au cheval reparoit auques [parais-
sait un peu], que il avoit esté espouronnés par
besoing, h. devalenc. iv. ||xv's. Si tost comme ils
se purent connoistre et appercevoir [les Gascons et
les Français] , comme ceux qui se tenoient ennemis
les uns des autres et qui se desiroient à avancer et
combattre , en esperonnantleurs chevaux et en abais-
sant leurs glaives et en esoriant leurs cris, entrè-
rent les uns es autres, froiss. il, ii, 5. || xvi' s. Nous
disons que par espérons on commence soy armer,
BABEL. Pant. m, 8. Les Anglois, qui, pour parestre
gentils-hommes, sont toujours bottez et esperonnez
dans les navires, d'aub. Fœn. iv, 2. Bon vin,l)on
esperon, oudin. Curiosités.
— ÉTYM. Éperon; provenç. esperonar ; espagn. es-
poZcar; portug. esporear; ital. speronare, spronare.
t ÊPERONNERIE (é-pe-ro-ne-rie) , s. f. Commerce
et fabrication de tout ce qui a rapport au harnache-
ment des chevaux de selle et d'attelage.
— ÉTYM. Éperonner.
ÉPERONNIEU (é-pe-ro-nié), i. m. || !• Celui qui
fait ou qui vend des éperons, des mors, des
étriers, etc. Il 2° Terme d'histoire naturelle. Paon
de la Chine, qui porte à chaque pied deux ergots,
dit aussi petit paon de Malacca et faisan paon {poly-
plectron chinquis, gallinacés).
— HIST. XVI' s. Le muscle nommé esperonnier,
à cause qu'il descend de l'os de l'esperon, ou petit
focile, paré, IV, 39.
— ETYM. Éperon.
t ÉPERONMÈRE (é-pe-ro-niê-r'), s. f. Terme de
botanique. Pied-d'alouette.
— ETYM. Éperon.
f ÉPERVERIE (é-pèr-ve-rie), s. f. Art de dresser
les éperviers ;i la chasse comme on dresse les faucons.
— HIST. xvi° s. Quant le roy Modus ot monstre à
ses aprentis tous les dis cappities de faulconnerie,
il leur demanda s'ils vouloient oyr de Testât et de
la manière d'espreverie, Modus, f° xcv.
— ETYM. Épervier.
ÉPERVIER (é-pèr-vié;rrne se lie jamais; au plu-
riel, l's se lie : des é-pèr-vié-z avides),», m. || 1° Oi-
seau de proie dont on se sert dans la fauconnerie
{accipiter nisus). Lâcher l'épervier. Les personnes
distinguées par leur naissance, hommes et femmes,
portaient toujours un épervier sur le poing, saint-
FOix, Ess. Paris, Œuvres, t. iv, p. 238, dans pou-
GENS. Il 2° Terme de pêche. Filet à prendre du pois-
son, ainsi dit parce qu'il prend le poisson comme
l'épervier prend les oiseaux. Jeter l'épervier. Coup
d'épervier. || Nerfs de l'épervier, cordes qui servent
à retenir ce filet en le lançant et à !e serrer quand
le poisson est pris. j| 3° Terme de chirurgie. Ban-
dage destiné à maintenir un appareil appliqué sur le
nez. Il 4° Fig. Usurier, homme âpre au profit, à la
surée. Il Proverbes. C'est un mariage d'épervier où
la femelle vaut mieux que le mâle, se dit d'un ma-
riage où la femme est plus habile, plus agissante
que le mari; parce que, dans les éperviers, les fau-
cons, et, en général, les oiseaux de proie, la fe-
melle est plus grosse et plus forte que le mâle. || On
ne saurait faire d'une buse un épervier, c'est-à-dire
on ne saurait faire d'un sot un habile homme.
— HEM. On disait encore très-communément,
au XVII* siècle, éprevier: L'éprevier se couvre de
plumes, étendant ses ailes vers le midi, saci, Bible,
Job, XXXIX, 26.
— HIST. xi* s. Plus est isnels qu'esprever ne
aronde [hirondelle], Ch. de Roi. cxv. || xii* s. E Ri-
charz d'Ivecestre lu l'un des mesagiers. Qui al rei
Henris ert [était] ses privez conseilliers.... E al rei
Loewis porta dous[deux] espreviers. Th. le mart.
B3. Il XIII' s. Là veîssiez les troi si fièrement aidier;
Aussi corne Taloe fuit devant l'esprevier, Vontli Turc
après aus [eus], nés [ne les] osent aprochier, Ch.
d'Ant. VII, 83. Il XIV* s. Les plus fors espreviers font
leurs aires sur bas arbres, Ùénagier, m, B. Au liée
et au deslier te tien saisy de l'esprevier, ib. ni, 2.
Il XVI* s. Que l'heur des armes estoit journalier,
qu'ils ne vouloient .se condamner à une pareille mort,
comme ils meriteroient en se rendant esparviers de
bourreau, ou valets de gens en robe longue, d'aub.
Hist. Il, 276.
— ÉTYM. Provenç. esparvier; espagn. eaparabel;
ital. sparriere, sparafiere ; du germanique : ancien
haut-allem. sparvari, épervier; allem. Sperber ; rat-
taché au goth. sparra, moineau ; allem. Spening;
angl. sparrotv, même sens , les noms d'animaux
permutant souvent de l'un à l'autre. Les étymolo-
gistes y admettent un radical spar, lancer, sanscr.
sphnr, se mouvoir, en grec trTtaîpsiv, s'agiter.
ÉPERVIÈRE (é-pèr-viC-r'), s. (. Terme de bota-
nique. Genre de plantes à fleurs composées. || Nom
de Vhieracium murorum , t. recueilli autrefois
afin de le donner aux éperviers qu'on élevait pour
lâchasse, ou parce que Ton croyait que ces oiseaux le
recherchaient instinctivement pour se fortifier la vue.
— ETYM. Épervier.
fiPERVIN (é-pèr-vin), s. m. Voy. épabvin.
t ÉPEULER (é-peu-lé), v. a. Terme de point
d'Alençon (dentelle réseau). Retirer avec une pince
les fils qui traversent le parchemin.
t ÉPEULECSE (é-peu-leû-z'), s. f. Terme da
point d'Alençon (dentelle réseau). Celle qui épeule.
t fiPEXÉGÊSE (é-pè-gzé-jê-z'), s. f. Terme de
grammaire. Figure que Ton appelle plus ordinaire-
ment .apposition.
— ETYM. 'EmÇJiviltriî, de ItiI, sur, et IÇrj-pl-
«Tli; (voy. EXÉGÈSE).
t ÉPHA (é-fa), s. m. Mesure des grains chez les
Hébreux valant 18 litre3,.08.
t ÉPUÈBE (é-fè-b'), s. m. Terme d'antiquité
grecque. Jeune homme parvanu à l'âge de puberté.
J'arrivai alors de Perse, je le trouvai dans la dix-
huitième année; c'est à cet âge que les enfants des
Athéniens passent dans la classe des éphèbes et
sont enrôlés dans la milice, barthél. Anach. ch. 26.
— ÉTYM. "Etfnëoi, jeune homma, de M, sur, et
flSn, jeunesse.
t ÉPHËDRE (é-fè-dr'), s. f. Ephedra dista-
cliya, L. (famille des conifères), vulgairement rai-
sin de mur, arbrisseau à feuilles squammeuses, à
aspect de prêle, nul vient dans les sables et porte
pour fruit une petite baie rouge et aigre.
— ETYM. 'EçÉSpa.
ÉPIIÉLIDK (é-fé-li-d'), s. f. Terme de médecine.
Tache à la peau. || Éphélides lentiformes, trè.s-petites
taches lenticulaires, d'un jaune fauve, persistantes,
qui se voient surtout chez les individus à cheveux
blonds ou roux. || Ephélides hépatiques, taches d'un
jaune pâle ou brun, qui se développent sans cause
appréciable, particulièrement à la nuque, à la poi-
trine, sur les seins. || Éphélides ignéales, taches
qui se développent à la partie Interne des jambes et
des cuisses, chez les femmes qui font usage de
chaufl'ereltes très-chaudes. || Éphélides scorbutiques,
taches produites par du sang extravasé dans la peau
chez les individus affectés de scorbut.
— ÉTYM. 'EfTiUî, de ini, et fj/toç, soleil : c'eSt-
à-dire causé par le soleil (voy. héliaqoe).
ÉPHÉMÈRE (é fé-mè-r'), adj. \\ 1° Qui ne dure,
qui ne vit qu'un jour. Fleurs, animaux éphémères.
Bourdonnez sous votre herbe, insectes éphémères,
LAMART. Ilarm.n, 4. || Terme de médecine. Fièvre
éphémère, ou courbature, fièvre causée la plupart
I. — 183
lAns
l'FlJ
du lemp. p«r un e.cè» de fatigue, une marche for-
eta un rcfroi'li"i-n""i'. eio. et qui ne dure guère
Xi do .ingl qNnlte heures. || f Par ejtension,
momenlané, («««a^er. Donhcuréphémi;re. Ouvrages,
production!! éphémères. Desmahis, auteur célèhre,
mais éphémère, de la comédie de l'Impertinent,
j. i. BOUS», Cnrif- t. Tu veui livrer au peupla un pou-
Toir éphémJre, ancp.lot, /ïmi/ub, iv, 4. || 3" S. m.
Genre d'insectes névropléres qui naissent et meu-
rent le même jour, dans lequel on dislingue l'ephe-
mtra eommunù. L'éphémère dont je parle ne vil
guère que quatre à cinq heures; jamais une mou-
che de celte espèce n'a vu lever le soleil, bonnet,
Cotuid. corps organ. Œuvres, t. vi, p. 2110, dans
poi.cENS. Montre-moi l'Ëlernel donnant comme un
royaume I.e temps k i'éphèmi're et l'espace à l'a-
tome, V. iiuno. Odes, iv, 9. || S. f- Terme de bota-
nique. Ephémère ds Virginie, ou, simplement, éphé-
mùre, niim vulgaire de la Irailescautie virginienne
(commélinacées) , dite aussi èphémérine. Les sau-
vages de la Louisiane marquent la sixième heure du
jour par le moment où l'éphémère sort des eaux,
CHATEAi'D. Génie, i,v, 8.
— IllST. XIV* s. Et la fièvre appelée cffimere, n.
DE MONDEviLLE, f «T. || XVI* S. Fievre ephemcrc ou
diaire, paré, xx, 2.
— ETYM. 'lifTiiAcpoç, éphémère, de iîil, sur, et
^(u'pa, jour.
ÊI'IlfiMÉRIDES (é-fé-méri-d'), s.f. plur. || l» Ta-
bles astronomiques par lesquelles on détermine,
jour par jour, le lieu de chaque planète dans le
zodiaque. Quatre ans aprts, il publia deux volumes
d'épliémérides dédiés au pape Clément XI, fonten.
Uanfredi. \\ I!:pliémérides d'une comète, sa position
indiquée par de courts intervalles dans une assez
longue durée. || Ausing. Ouvrage qui énumère et en-
seigne les événemenis sujets à calcul et à prévision
dans l'année. La Connaissance des temps est une
éphémériile. Quelques personnes cremandèrent que
le Nautical almanac devint une éphéméride astrono-
mique complète. araco. Éloge d'ïuung.\\i' Livres,
ouvrages indiquant les événemenis arrivés le même
jour de l'année à difTérenies époques. {| Publication,
1.1 ile dans un journal, des événements arrivés à di-
verses époques le même jour que la date du jour-
nal. || 3* Titre, dans l'antiquité, d'ouvrages qui ra-
contaient jour par jour les événemenis de la vie
d'un personnage. Les Êphéraérides d'Alexandre.
— REM. Ce mol est masculin dans le Dictionnaire
de l'Académie de 17«2 et dans d'autres diclioniiairis.
Voltaire a dit : « On leur doit [aux Urahmanes] les
premiers éphémérides. » Mais Feraud et d'autres le
font féminin, genre adopté par l'Académie en <836
et conforme au genre de ce mot en laiin et en grec.
— ÊTYM. 'E?r,(»epU, de içTijispo;, éphémère.
t PJ'IIÉ-MÉIILNE (é-fé-mé-ri-n'), j. f. Terme de
botanique. Genre de plantes d'Amérique et des Indes
(VOy. ÉPHÉMÈRE).
t ÉPUP,SIE.NNES (é-ré-7.ii-n'), adj. f. plur. Let-
tres épliésiennes, anciennes lettres magi(iues qui
étaient ècriies sur la couronne, la ceinture et les
pieds de la statue de Diane d Ê|)h"se, et qui pas-
saient pour avoir la vertu de faire obtenir à celui
qui pouvait les lire et les prononcer tout ce qu'il
désirait.
t fiPIII (è-fi), s. m. Synonyme d'épha. Le gomer
est la dixième partie de l'èphi, saci, Bible, Exode
ivi, 30. ......
t KpiIIALTÉ fé-fl-»I-t'),Mn.bémbn incube, cau-
ahemar. On doit tenir pour des eiïels d'une imagi-
nation blessée et déréglée tout ce qu'on raconte des
dénions inculies et succubes et des éphialles, dont
on fait tant de mauvais contes, D. Caliiet Trailé
des appar. 2' éd. t. 1, ch. 38. '
w,T ",^"- ''^?"»^"lî. de iifiàXXu, de iRl, sur, et
laXï.u, lancer.
t ÊPIIIDKOSE (é-fi-drfl-z-), ,. f. Terme do méde-
cine. Sueur critique incomplète, ou sueur à la par-
tie supi^rieure du corps.
r*^Tl;?!; "'■'î'''P"'";.''e^'!!, sur,etr3pa)«, sueur.
toLf T'^"?,'" (^«PPi-»"). '■ m. TeVme d'anà-
VoWe' ** lurcique, portion de l'os sphé-
— ÉTYM. «Eftitittov, selle, a cause de sa forme,
e J^., sur, et f«„o«, cheval. '
bai TuZ'» . '"n?8^''*™' 1" Lévites; il tom-
E?U dWi ?h • " '" '•''^•^'"- P"-Jessus. de la
t ÉPHODE (é r'o d'I . f V
a. rh6u.rique'diu fnlinUion " '""^ '" '=' ''S"^"
ÉPI
t ÉPHORAT (é-fo-ra), ». »n. Charge d'éphore;
temps pendant lequel on l'exerce.
ÊPIIOBE (é fo-r'), s. m. Terme d'antiquité grec-
que. Magistrats lacédémoniens au noirbre de cinq
établis pour contre-balancer l'autorité des rois et du
sénat et qu'on renouvel.iit tous les ans. Ils étaient
élus par le peuple; le premier d'entre eux donnait
.son nom à l'année. Contraindre la plupart des ma-
gistrats k rendre compte de leur administration,
suspendre de leurs fonctions ceux d'entre eux qui
violent les lois, les traîner en prison, les déférer au
tribunal supérieur, et les. exposer, par des pour-
suites vives, à perdre la vie; tous ces droits sont ré-
servés aux épliores, BABraEL. Anach. chap. 45.
— IIIST. xtv* s. Ces princes effores ont la mais-
trise et la puissance des grans jugemens, oresme,
Thèae de melnier.
— ETYM. "Eçopoç, inspecteur, de iiti, sur, et
ôpSv, voir.
f ÉPIIORIE (é-fo-rie), ». f. Charge d'éphore.
— HIST. XIV* s. Cesluy princey appelé efforie
maintenoit la policie en estât, oeesme, Thèse de meu-
nier.
— ETYM. tphnre.
t ÉPUORIQUË (é-fo-rl-k'), odj. Qui appartient aux
éphores. Dignité éphorique.
— ETYM. Éphore.
RPI (épi), ». m. Il 1° Partie du blé, du froment
et de pUisieur» autres graminées, qui, placée au
sommet de la tige, est formée par la réunion des
graines. Graines, fleurs, disposées en épi. Épi serré.
Fleurs en épi. Les prémices dos épis que l'on rôtit
sur le feu, SACi, Bible. Paialip. i. ixui, 2fl Ainsi
sur les moissons quand l'orage a souillé. Reposent
confondus dans le sillon comblé Et le pavot san^dant
et le bluet céleste. Et l'ivraie ennemie et les épis de
blé. MASSOK, Hclve't. vu. Près de la borne où cha-
que Ëiat commence. Aucun épi n'est pur de sang
humain, bèrang. Sainte alliance des peuples. La
vie a dispersé, comme l'épi sur l'aire. Loin du champ
paternel les enfants et la mère , lamart. Ilarm.
m, 2. Il Fig. Du champ que ton pouvoir féconde
[Amour], Vois la mort trancher les épis, bébANG.
Prière d'un épie. || Terme de botanique. Inflorescence
du type indéfini, composée de fleurs rapprochées ses-
siles, disposées le long d'un axe indéfini. Epi simple,
disposition des fleurs qui sont attachées immédiate-
ment .sur un axe ou pédoncule commuri et allongé;
le plantain, par exemple; épi composé, épi formé
d'épillels ou petits épis, le blé, par exemple. || 2° Par
extension. Un épi de diamants, un asscmbla^'e de
diamants montés en forme d'épi. || 3" Disposition
par petites toufl'es. Les Târtares n'ont que peu de
barbe, et elle est par petits épis comme celle des
Chinois, nUFF. De l'homme, Variétés. || Epi de che-
veux, petite toufl'e de chevesx qui ont une direction
contraire aux auires. || Che?. le cheval, ligne plus ou
moins régulière formée, sur ccrtainspointsdu corps,
pardeschangementsdedirectiondespoils.il 4" Terme
d'architecture. Assemblage de charpentes dont la
disposition rappelle la forme d'un épi. || Terme d'ar-
chitecture hydraulique. Ouvrage de charpente, de
maçonnerie ou de fascines, qui part de la rive d'un
cours d'eau , et s'étend en long ou en travers. Le
vendredi dix-septième , je fis commencer un épi à
l'embouchure du pont neuf qui était ouvert, pour
empêcher que ladite embouchure ne fût remplie de
sable au reflux de la mer, bassompiehre. Mémoires,
t. m, p. 382, dans laclrne. || Terme de construc-
tion. Crochet de fer placé sur un mur d'appui, pour
empêcher qu'on ne l'escalade. || 5* Épi d'eau, nom
vulgaire d'une plante qui croit dans les étangs et
dont la fleur est en épi (potamogélon flottant). || Epi
celtique, le nard (nardut stricla, L graminées).
Il 6* Terme d'astronomie. Epi de la Vierge , étoile
de première grandeur qui se trouve dans la con-
stellation de la Vierge. || 7° Terme de géologie. Epi de
blé, fossile rapporté soit à une tête d'encrine, soit
à un épi de graminée. || 8* Terme de chirurgie. Nom
d'un bandage qu'on désigne plus ordinairement par
celui de spica. || Proverbe. Jamais avril né Se passa
sans épi.
— IIIST. xn*s. Ausi cum cil, ceo m'est avis, Qui
vont coillanl les bons espis, E ce laissent qui n'a
valor, BENOIT, 11, t2007. Il XIV* s. Et li jeunes
païens point ne s'en esbahi, Ainçois en mercia Ma-
homet le pourri ; II ne vous prise "tous la monte d'un
espi, Cuescl. (5740.
— ETYM. Provenc. et espagn. espigà; ital. spiga;
du latin tpi'co, épi.
tÊPlAGE (é-pi-aj"), I. m.TermeruraL La forma-
tion de 1 épi dans le chaume et »a»orl>9 du tuyau.
— tTY». Épier I.
t ËPIAIBE (é-pi-ê-r"), ». f. Terme de botanique.
Slachide (genre slachys, famille des labiées).
ÉPIALE (é-pi-al') , adj. leime de méilecine.
Fièvre épiale, nom, chez les anciens, d'une fièvrs
continue dans laïuelle on sentait avec une chaleur
générale des fnSsons intercurrents.
— ETYM. 'Il-ia).o;.
t ÊPIATION (é-pi-a-sion), ». f. Terme de boUni-
que. Formation ou développement de l'épi d'une
plante graminée.
— ÉTYM. Épier i.
t ÊPIULASTE (épi-Wa-sf), ». tn. Terme de bo-
tanique. Ap|>endice unguiforme qui garnit le blaste
de quelques graminées.
— ÉTYM. 'Eni, sur, et pXaatè;, germe, pousse.
■f ÉP1CALYC1E (é-pi-ka-li-sie), j.f. Terme de bo-
tanique. Classe de plantes dont les étamiries s'in-
sèrent sur le calice.
— ÉTYM. 'Eitl, sur, et calice.
t ÊPICANTIllS (épi kan-tis'), ». f. Terme de chi-
rurgie. Maladie de l'angle interne de l'œil produite
par une trop grande laxité de la peau.
— ETYM. 'ETiixavOl;, de iiti, sur, et xav6ô{, an-
gle.
t I. ÉPICARPE (é-pikar-p') , s. m. Terme de bo-
tanique. Epidenne Ju fruit.
— ÉTYM. 'Etiï, sur, et xocpité;, fruit.
I 2. ÉPICARPE (é-pi-kar-p'), ». m. Terme de chi-
rurgie. Topique qu'on appliquait au poignet, sur le
pouls, et aucpiel on supposait une action fébrifuge.
— ÉTYM. .'Eiti. sur. et xapità;. carpe, ». m.
+ ÉPICARPIÉ. ÉE (é-pi-kàr-pi-é, ée), adj. Terme
de boianique. Se dit des parties qui sont portées par
le fruit.
— ÉTYM. 'Eicl, sur, et xapitiç, fruit.
t ÉPICARPIQUE (é-pi-kar-pi-k'), ad). Terme de
botanique. Qui appartient à l'épicarpe.
— ÉTYM. Épfca'pe I.
t ÉPICAULE (é-pi-kô-l'), adj. Terme de botani-
que. Qui croit, en parasite, sur la tige des plantes.
— ETYM. 'V.TiX. sur, et xau).o;, tige.
t ÉPICAUME (é-pi-kô-m'), s. m. ferme de chi-
rurgie. Phlyciène sur la cornée.
— ETYM. 'Enixaujia, de inl, sur, et xaCeiv,
brûler.
ÉPICE (é-pi-s'), s. f. Il 1° Toute drogue aroma-
tique ou piquante dont On se sert pour l'assaison-
nement. Le poivie est une épice. || Terme de cui-
sine. Quatre épices, mélingede girolle, de muscade,
de poivre noir, de cannelle ou de gingembre en
poudre. Il C'est chère épice. se dit d'une chose qui
est plus chère qu'elle ne devrait étie. || C'est une
fine épice, se dit d'un homme rusé. || Pain d'épice,
sorte de pain qui se fait avec de la farine de seigle,
du miel et des épices. et qui est d'une couleur
jaune foncé. || De pain d'épice, c'est-à-diie de cou-
leur de pain d'épice. 11 avait les cheveux plats, un
visage de pain d'épice, J. J. rouss. Conf. m. || Epice
blanche ou petite épice, se disait autrefois du gin;.'em-
bre en poudre. || 2° S. f. plur. Anciennement, dra-
gées, confitures. || Épices des juges, ainsi dites parce
qu'anciennement celui qui avait gagné son procès
faisait présent au juge ou au rapporteur de quel-
ques dragées ou confitures qui ensuiie furent con-
verties en argent; d'abord volontaires, elles étaient
devenues une taxe due. Il me redemandait sans
cesse ses épices; Et j'ai tout bonnement couru dans
les offices Chercher la boîte au poivre, rac. Plaid.
II, 7. Il 3° Fig. et familièrement. Mordant du style,
ou langage graveleux. Il n'épargne pas les épices.
Il Proverbe. Dans les petits sacs sont les bonnes épi-
ces, les fines épices, se dit des personnes petites,
mais spirituelles.
— HIST. xiii* s. Gynsembre, poivre, canele et
autres espesses, aleurant, f* 63. Après laver, is-
nellement La dame fit donner le vin El les espices
en le [la] fin, du cange, species. El mainte espica
delitable Que bon mangier fait après table, /a Uose,
1348. Il XV* s. Assez toi après apporta-t-on vins et
espices, et puis se relraist le roi en sa chambre,
FBOiss. I, I, 329. Exactions que l'on nomme vulgai-
rement espices , monians à grandes et excessive»
sommes de deniers. Procès de Jacques Cœur, ms.
p. 15, dans LACLRNE.
— ETYM. Génev. espice ; wallon, spéss; provenç.
et espagn. especia; ital. »pejie; du lau species, es-
pèce (voy. ce mot) ; species ayant déji en latin dé-
signé les aromates, c'est-à-dire les espèces par ei-
cellence, et, finalement, dans les langues romanes,
le spns s'en étant particularisé dans les épices. Sem-
blablemcnt , l'apothicaire nommant ses drogues
species, non pas des drogues en général, mais dts
drogues particulières et spéciales, l'italien nomme
l'apothicaire spiiiale.
I
ÉPICÉ, ËK(é-pi-sé, sée), part, passé. Assaisonné
avec les épices. Uagoût épicé. || Fig. Rempli de traits
mordants ou de choses graveleuses. Pamphlet for-
tement épicé.
t ÉPICÉA (épi-sé-a), s. m. Synonyme de pesse.
Mot corrompu de picéa (voy. ce mot).
ÉPICÈNE (é-pi-sê-n'), adj. Terme de grammaire.
Qui désigne indiiït;remn:.ent l'un ou l'autre sexe:
par exemple enfant, qui sert à désigner un garçon
et une fille, est un nom épicène. Renard, perdrix,
qui se disent du mâle et de la femelle, sont aussi
(les noms épicènes.
— ÉTYM. 'Etiûoivo; , de lit\ , et xotvô;, com-
mun.
ÉPICER (é-pi-sé. Le « prend une cédille devant
o ou o; nous épiçcns, épiçani), v. a. || 1° Assai-
sonner avec des épices. || Absolument. Ce cuisinier
a le défaut d'épicer trop. |1 2° Autrefois on disait
qu'un juge épioait rudement, pour signifier qu'il
taxait trop haut les épices d'un procès.
— mST. xvf s. Ainsi l'or n'y aura, ny la faveur,
accez. Et re sera besoin d'espicer les procez, du
BEi.i,. VIII, 52, reclo.
— frVM. Èpicer.
t ÉPICÉKASTIQOE (é-pi-sé-ra-sti-k'), adj. Ancien
ternie de médecine. Propre à tempérer l'acrimonie
de» humeurs.
— ÊTYM. 'EitixspauTixciî, de èni, et X£pâvv«|jii,
méhinger.
ÉPICERIE (é-pi-se-rie), s. f. || 1° Toutes sortes
d'épices. Aussitôt que les Hollandais se virent soli-
dement établis ai.x Moluques, ils cherchèrent à
s'approprier le commerce exclusif des épiceries,
iiAY.NAL, llist. phil. II, 8. Il 2° Nom donné au com-
merce non-seulement des épices, mais aussi du
sucre, du miel, du café et d'une foule d'autres me-
nus olijets de consommation courante. Le commerce
de l'épicerie. 11 est dans l'épicerie. || 3° Se disait
autrefois d'un corps de marchands comprenant les
épiciers proprement dits, les ciergiers, les apothi-
caires et les confiseurs.
— HIST. xni* s. Devant l'espicerie vendent de lor
espices, Ce sont sainies paroles, en quoi il n'a nuls
■vices, RUTF.B. (Si. Il XV' s. En tout plein de lieus
l'ont tilecié Juifz par leur forcenerie; Or alun en
l'espicerie Dignement pour ly oindre prendre, la
Passion de J. C. \\ xvi* s. Es petits sacs sont les fines
espiceries, cotgrave. Rondeaux, virelais.,., et au-
tres telles espiceries qui corrompent le goust de
nostre langue, joacii. du bellaï, Œuvres, f" 26,
dans LACiiBNE.
— ËTYM. Épicier; wallon, spessereie; génev. eç-
picerie ; provenç. eipeciaria ; espagu. especieria;
porlug. especiaria ; ilal. spezieria.
t ÉPICIIÉRÉMATIQUE ( é-pi-ké-ré-ma-ti-k'), adj.
Qui est relatif à l'épicliérème.
ÉPICIIÊRÈME (é-pi-ké-rêm'), s. m. Terme de
logique et de rhétorique. Syllogisme dans le(|uel les
prémisses ou l'une des prémisses est accompagnée
de sa preuve.
— ÈTVM. 'Eif.yeEpTiiJia, proprement attaque, de
iTtl.siir, elytlo, main.
t ÊPICIIORIÈN , lENNE (é-pi-ko-riin, ri&-n'),
adj. Terme d'anliquiié grecque. Se dit des dieux
particuliers à une contrée.
— ÉTYM. 'Eiiiy,tipio{, local, de iizi, sur, et
Xdopi, région.
f ÉPICHORION (é-pi-ko-ri-on), s. m. Terme d'a-
nalomie Nom donné a 'a membrane caduque.
— ÉTYM. 'Kit'i, sur, et !horioti.
f ÉPICUTIIONIEN, lENNK (é-pikto-niin, nièn'),
adj. Terme d'antiquité grecque. Se dit des dieux
terrestres, par opposition aux dieux infernaux et
quelquefois aux dieux célestes.
— ÉTYM. 'EmxOovioî , de inc , sur, et x^"^)
terre.
ÉPICIER, 1ÈRE (é-pi-sié, siê-r'), s. m. et /'.Celui,
celle qui tient un commerce d'épicerie, c'est-à-dire
qui, outre les épices, vend le sucre, le café, le
miel, le vinaigre, l'huile, la bougie, et une foule
de denrées de consommation journalière. Épicier en
gros, en demi-gros , au détail. || Fig. Ce livre ira chez
l'*picier, est bon pour l'épicier, se dit d'un mauvais
ouvrage qui sera vendu pour le papier et servira à
faire des sacs et des cornets. Tes vers, aussi peu lus
que ceux de Pelletier, N'ont fait de chez Sercy
qu'un saut chez l'épicier, boil. Art p. ii. || Par dé-
nigrement. C'est un épicier, c'est un homme dont
les idées ne s'élèvent pas au-dessus de son com-
merce, et qui n'a que des idées et des goûts vul-
gaires. Littérature, idée: d'épicier. || iid/. Marchand
épicier. Garçon épicier.
— HIST. ïiv* s. I-e roy aura tousjours k court
EPI
quatre valez de chambre, et non plus, le barbier,
t'espicier, le tailleur et un autre mangent à court,
nuCANGE, speciarius. \\ xvr s. Le fol: Helas I ne
m'en vueillez blecier ! — Gravelle:Tu conlrefaizde
l'espicier [le benêt]. Mais tantost sentiras mes m^ins,
Rec. de farces, p. 307.
— ÉTYM. ipice: génev. espicier; provenc. es-
pessier ; espagu. especiero; portug. especieiro.
t ÉPICLINE (é-pi-kli-n'), adj. Terme lie botanique.
Qui est placé sur le réceptacle de la fleur, çn par-
lant du nectaire.
— ÉTYM. 'Eal, sur, et x)îvti, lit.
■[ÉPICOUQUE (é-pi-ko-li-k'), adj. Terme d'anato-
mie. Qui répond aux différentes parties du colon,
en parlant de la surface du ventre. Région épi-
colique.
— ÉTYM. 'Eiti, sur, et coîon.
f ÉPICOME (é-pi-ko-m'), s. m. Terme de téra-
tologie. Monstre qui a une I6te accessoire, insérée
par son sommet sur le sommet de la tête principale.
— ÉTYM. 'Eni, sur, et xôut), chevelure.
t ÉPICON'PYLE (é-pi-kon-dil'), s. m. Terme d'a-
natumie. Tubérosité externe de l'extrémité cubitale
de l'humérus.
— ÉTYM. 'Em, sur, et condyle.
+ ÊPICOROLLfi, ÉE (é-pi-korollé, lée), adj.
Terme de botanique. Dont la corolle s'implante sur
l'ovaire.
t ÉPICOROLLIE (é-pi-ko-rol-lie), s. f. Terme de
botanique. État d'une plante à fleurs épicoroUées.
Il Groupe de plantes divisé en deux classes : -l' à an-
thères réunies; 2» à anthères distinctes.
— ÉTYM. 'Ettî, sur, et corolle.
ÉPICRANK (é-pi-krln'), s. m. || 1° Terme d'ana-
tomie. L'ensemble des parties qui recouvrent le
crSne (peau, cheveux et péricràne). || Terme d'en-
tomologie. Pièce du crâne des insectes. || 2° Adj. Qui
est situé sur le crâne. Le muscle épicrâne est l'oc-
cipito- frontal.
— ÉTYM. 'Emxpivio;, de inî, sur, et xpdviov,
crâne.
t ÉPICRÂNIEN, lENNE (é-pi-kra-niin, niè-n'),
adj. Voy. ÉPicniNE.
t ÉPICRASE (é-pi-krâ-z'), s. f. Terme de méde-
cine. Cure par épicrase , mode de traitement par
des remèdes auxquels on supposait la propriété de
corriger peu à peu les humeurs viciées.
— ÉTYM. 'Eli, sur, et crase.
t ÉPICHISE (é-pi-kri-z'), s. f. Terme de médecine.
Jugement porté sur une maladie. || Phénomène isolé
important qui survient aprè.s la crise et qui la com-
plète.
— ÉTYM. 'Ekî, sur, et xpi'ut;, jugement et crise.
■|-ÉPlCURE(é-pi-ku-r'),s. m.Nom d'un philosophe
grec, né dans l'Attique l'an 342 avant J. C, qui
niait que les dieux eussent aucune providence, rat-
tachait la formation des choses à la rencontre des
atomes, et faisait consister le bonheur dans la vo-
lupté, mais la volupté liée à la raison et à la mo-
dération. Princess' , puissiez-vous comprendre par
ma voix, Ce léger crayon des lois Que la prudeme
nature Dictait en Grèce autrefois Par la bouche d'É-
picure; Cet esprit élevé qui, dans sa noble ardeur,
S'envola par delà les murailles du monde. Affran-
chit les mortels d'une indigne terreur, Et le premier
bannit de la machine ronde Les dieux, le mensunge
et l'erreur, ciiaulieu, Ép. à la duchesse de Bouil-
lon, ô maison d'Aristippe , 6 jardins d'Épicure,
Vous qui me présentez dans vos enclos divers Ce
qui souvent manque à mes vers. Le mérite de 1,'art
soumis à la nature, volt. Ép. 76. |i Troupeau d'Epi-
cure, se dit, par dénigrement, des épicuriens qui
entendent la doctrine d'Epicure comme signifiant
les voluptés sensuelles, et des voluptueux qui vivent
selon cette interprétation. || On dit dans le même
sens pourceau d'Épicure. || Enfants d'Épicure, fils
d'Épicure, gens de plaisir. X l'enfant d'Épicure Hon-
neur et prompt retour, désalgiers, Chans. à M. de
Piis. Je disais aux fils d'Épicure : Réveillez par vos
joyeux chants Parny.... bébang. Pamy.
— ÉTYM. 'Enîxovpo;, de ènuoiipEiv, secourir.
f ÉPICURÉISME (é-pi-ku-ré-i-sm') , s. m. Yry.
ÉPICURISME.
ÉPICURIEN (é-pi-ku-riin), s. m. \\ i' Sectateur
d'Épicure. || 2° Un voluptueux, un homme qui
aime le plaisir et qui s'y connaît. C'est un épicu-
rien. D'un naturel indolent, épicurien par caractère,
mais presque aussi pauvre que moi, marmonïel,
ilém. m. D'un sot à face rubiconde, Us [nos fils]
feront un épicurien, bérang. Age futur. \\Au fém.
On dit épicurienne. || 3" Adj. Conforme aux opi-
nions d'Épicure. Système épicurien. Quelle indigne
et épicurienne idée de vouloir que Dieu même n'ait
m
1459
aucune prise sur la volonté de l'homme! pén. t. ui,
p. 289. Il Conforme à l'interprétation sensuelle de la
doctrine d'Épicure; qui cherche les plaisirs des sens,
La Feuillade, avec sa fausseté, son masque de phi-
losophie, son épicurienne morale, sa bassesse pour
la faveur, n'avait pas deviné que M. le duc d'Or-
léans deviendrait le maître, si-siM. 433, H,
— ÉTYM. Épicure.
ÉPICURISME (é-pi-ku-ri-sm'), s. m. Doctrine
d'Épicure et des é|)icuriens. Vouloir la vertu pour
son plaisir, c'est tomber dans l'épicurisme, fên. t. m,
p. 318. I) Morale des épicuriens, rechercha da l<t vo-
lupté, soit au sens élevé soit au sens bas.
—REM. On trouve épicuréisme, qui n'est pas bfln ;
car on ne dit pas l'aristotéléisme. Ainsi s'aiguise la
volupté du sage : s'abstenir pour jouir, c'est la phi~
losophie, c'est l'épicuréismede la raison, j. j. rouss.
Hc'l. VI, 6. Lucrèce chanta l'épicuréisme, Celse 1?
professa sous Adrien, Pline le naturaliste sous Ti-
bère, DIDEROT, Opinionsdcsanc.phil. {épicuréisme).
— HIST. xvi' s. Ouoique l'épicurisme n'ait qu^
trop de lieux parmy le monde, ciiolières, Cotit.
t. n, Âprès-dinée iv, p. i3t, dans pougens.
— ÉTYM. Épicure, et la finale isme.
ÊPICVCLE (é-pi-si-kl'), s. m. Terme d'astrono-
mie. Petit cercle imaginé par les anciens astrono-
mes, et dontlecentre parcourt la circonférence d'un
cercle plus grand. Chaque inégalité nouvelle que
l'art d'observer, en se perfectionnant, fai.sait décour^
vrir, surchargeait lesystèmede Plolimée d'un nou-
vel épicycle, laplace, Exp. v, 2.
— ÉTYM. 'Eni-Aux/o;, de èjii, sur, et xûxXo?, cer-
cle (voy. CYCLE).
t ÉPICVCLOÏDAL, AI.E (é-pi-si-klo-l-dal, da-1'),
adj. Oui a rapport, qui appartient à l'épicycloide.
ÉPICVCLOÏUE (é-pi-si-klo-i-d'), s. f. lerme de
géométrie. Courbe engendrée par la révolution d'un
point de la circonférence d'un cercle qui roula sur
la partie concave ou convexe d'un autre cercle. Le
premier de ces traités est sur les épicycbiïdes, cour-
bes comprises dans la même formation générale que
la cycloïde, mais plus com|iosées et qui lui succéda
rent quand elle eut été presque épuisée par les géo-
mètres, FONTEN. Lnhire. L'application d'une épioy-
cloide aux dents des roues seiait certainement utile,
mais elle est négligée, in. ib. I.a lune décrit un
orbe presque circulaire autour de la terre ; mais
vue du soleil, elle parait décrire une suite d'é|ucy-
clûïdes dont les centres sont sur la circonférence de
l'orlie terrestre; pareillement la terre décrit une
suite d'épicycloîdes dont les centres sont sur la
courbe que le soleil décrit autour du centre de gra-
vité du groupe d'étoiles dont il fait partie; enfin le
soleil décrit lui-même une suite d'épicycloîdes dont
les centres sont sur la courbe décrite par le centre
de gravité de ce group.e autour de celui de l'uni-
vers, LAPLACE, ExpOSit. V, 8.
— ÉTYM. Épicycle, et ide, suffixe.
f ÉPICViïME (é-pi-si-èm"), s. m. ou ÉPICYÈSE
(é-pi-si-è-/') , S. f. Terme de médecine. Synonyme
très-peu usité de superfétation.
— ÉTYM. 'EnixOr,|ia OU èuixOnou;, de inl, sur, e<
x'jEÏv, concevoir.
f fiPIUËME (é-pi-dê-m'), s. m. Terme de zoolo-
gie. Une des pièces du thorax des insectes hexar
podes,
— ÉTYM. 'ETiî8e(ia, lien.
ÉPIDÉMIE (é-pi-dé-mie. Ménage dit, pour son
temps, que l'on prononçait épidimie), t. f. \\ 1' Ma-
ladie, contagieuse ou non, qui attaque un très-
grand nombre de personnes. Il régnait une épidé-
mie dans le pays. Les grandes épidémies qui ont
ravagé le monde. L'épidémie du choléra. || Au plur.
Les Épidémies, titre d'un ouvrage d'Hippocrale oi
il rapporte l'histoire de différentes maladies et l'in-
fluence pathologique de quelques années. || 3° Fig.
Ce qui s'empare des esprits comme l'épidémie s'em-
pare des corps. Il est pour ainsi dire des épidémies
d'esprit qui gagnent les hommes de proche en pro-
che comme une espèce de contagion, J. J. houss,
2" dial. Cent orateurs fameux sous le seul régna
d'Auguste! quelle épidémie! diderdt, Itègtie ds
Claude et Néron, i, § 1. L'épidémie des croisades
eût entraîné les Français loin de leurs frontières,
RAYNAL, llist. phil. IV, 17.
— HIST. xiii* s. Pestilence que li phisicien ape-
lentypidime, alebrant, ^2l.||xv• s. Et de jour
en jour aloient mourant, en l'ost, d'impidemie,
Oesie des nobles, viriville, p. m. De mauvais air
corrompu, de pourceaulx. Font en maint lieu cau-
ser l'epidemie, eust. desch. Poésies mss. ^ 3B0,
dans lacurne. Dieu me fiere [frappe] d'espidimie,
CD. d'orl. Bail. «38. Il XVI' s. Les anciens l'ont
lîpl
« lU pmmI wiJomw, quanil la corruption
i^ioltderâlr qui promptement fait mourir plusieurs
JTuaZunt.ti .nme»œe reRion, pabé xx.v, J.
_ tTYH tmiitiMi, épidémique, populaire, lic
imt BUT «t tf.uo:, peuple. On trouve tmpfdumié,
fnppé d'une .^pidiitnia régnante : Et lors le roi lui
demanda >i elle esioit impedumiéo, duclos, //«(.
d/ Louit II. piicfs jutlif. in-n, «74«, p. 64. On
renianiuera l'ancienne forme ypidime, qui est con-
forme k l'accentuation latine, epidimia, et à la pro-
nonciation gn-cque moderne.
tEPIDÊMIKS (é-pi-dé-mie), i. f. plur. Terme
d'antiquité. File* d'ApoUoD, k Delphes et à Milet,
et de Diane A Argos.
— ÊTYM. 'Eiii2r,iiicit, populaire.
t EPIDËMIOLOGIE (é-pi-dé mi-o-lo-jie) , «. f.
Recherches sur les causes et la nature des épidé-
mies.
— tTVll. Épidémie, et Xiyoi, traité.
ÉPlDÊMIODE(é-pi-dé-mi-k'), adj. || !• Qui tient
de l'épidémie. Maladie épidémique. Il i' Pig. Qui a
la caractère de l'épidémie morale. Un engouement
épidémique. Ces horreurs épidémiques sont comme
ces grandes pestes qui ravagent quelquefois la terre,
VOLT. Dial. xziv, 3.
— HIST. XVI* s. Les fièvres pestilentes, les épidé-
miques, PARK, XX, t.
— ÊTYM. Epidémie. On trouve, au xv siècle, epi-
deminix; et au xvi*, epidfmt'af.
t lîPIDÉillOUEMENT (é-pi-dé-mi-ke-man), adv.
D'une manière épiilémique.
— ETYM. Épidémique, et le suffixe mfnt.
t ÉPIDENCE(é-pi-dan-s'). s. f. Terme de marine.
Cordage auquel on suspend un hamac.
t ÊPIDENDRE (é-pi-dan-dr), ad;'. Terme de bo-
tanique. Qui croît sur les arbres. || S. m. Genre d'or-
chidées.
— ïTVM. *Eitl, sur, etScvipov, arbre.
fiPIDERME (é-pi-dèrm'), t. m. || 1* Membrane
transparente qui fait partie de la peau et recouvre
toute la surface du derme. || Par extension. Une
petite drôlerie [traduction] dont vous me demandez
des nouvelles, est assez dégrossie, j'en suis k l'épi-
derme, p. l. cour. Leil. i, 2i«. {| Kig. 11 a l'épi-
derme sensible, c'est-à-dire il est facile à toucher,
à offenser. || Chatouiller à quelqu'un l'épiderme, le
flatter. || 8* Par extension, pellicule mince servant
d'enveloppe aux plantes herbacées et aux jeunes
rameaux. || Peau qui recouvre quelquefois les co-
quilles. ;| S" Il se dit quel|uefois de la couche exté-
rieure qui enveloppe quelque chose. X peine con-
naissons-nous l'épiderme de notre globe, bONMET,
Paling. xu, s.
— REU. Le genre de ce mot a été incertain ; Mo-
lière l'a fait du féminin : La beauté du visage est
un frêle ornement. Une fleur passagère, un éclat
d'un moment. Ltqui n'est attaché qu'à la simple épi-
derme. F. tav. m, t. Aujourd'hui il est masculin.
— HlST. XVI* s. L'épiderme, levray cuir.... parB,
1, ».
— ÊTYM. "EmStpiiiç, de ini, sur, et ôép|ia, peau,
t ÊPtDERUÉ. ËE (é-pi-dèr-mé. mée), adj. Terme
d'histoire naturelle. Qui est couvert d'un épiderme.
i ËPlDERMigUK lé-pi-dèr-mi-k"), ad}. Qui a rap-
port ou qui api>arueut k l'épiderme. || Ecailles épi-
dermiques, celles qui sont formées par l'épiderme
et qui se trouvent dans les reptiles k peau écaïUeuse.
t ËPIDEKMOIDB (é pi-dè*-mo-i-d') , adj. Tenu
d'anaiomie. Oui ressemble k l'épiderme.
t ËPlUERMOkK (é-pi-dtr-mo-x'), i. f. Terme de
chimie. Produit d'altération qu'on retire de la fibrine
fraîche en la traiianl par du l'eau acidulée avec de
l'acide chlorhydrique, et qui paraît analogue à la
aubstance qui fait le fond de l'épiderme.
t f.PII)ÈSK (é-pi-dè-z'). j. f. Terme de chirurgie.
Application d'une luuide, d'un bandage.
— ETYM. 'E«iêtoi{, déligatioa, de i«l, sur, et
ê«îv. lier.
fÊPIDlCTIQDK (é-pi^ii-kti-k'), ady. Dans la rhéto-
rique greojue, discours éiiidiciique, discours d'ap-
parat ide iTxi. pt îiixvOeiv. montrer).
t ÉPiniDYUE (é-pl-diKli-m'). t. m. Terme d'ana-
toinie. l'elil corps oblong, vermiforme, qui est cou-
ché le long du bord supérieur du testicule.
— ETYM. 'Kni, sur, et£t2u|to;, testicule.
I^EPIDlDYMiTK (é-pi-di^Ii-mi-f), t. /.Terme de
■Wacmo. Infiammation de l'épididyme.
.T ^"f^- Él»d>dyme, et la finale «K, indiquant
inuammation. ' ^
r^él^^' ^^ («-Pl-di-skal, aka-O, «(,.
w^t^iî'"''".*- <^"* •'"'**™ »"f •• disque, Id-
^^5?il'* des étaminos.
— «Tï». Irt. sur, et dù4u«.
IvPI
t ÉPI DOTE (û-jn-do-t'), t. m. Sorte de minéral
qui se présente sous la forme d'aiguilles aplaties;
c'est un silicate.
— ÊTYM. Épidole, qui a reçu un accroissement
ou allongement dans un sens, de M, sur, et io-
Tè«, donné (voy. dose); nom attribué par Haûy à
ce silicate , parce que sa forme primitive a pour
base un parallélogramme dont deux des cAtés sont
beaucoup plus étendus que les autres.
fÊPIE (é-pie), t. f. Espion. Elle avait des épies
dans le couvent de Laure, J. J. Bouss. llél. vi, 3.
Il Vieilli et hors d'usage.
— HIST xm* s. Il sorent par leur espies que li
rois l'avoit défendu, joinv. 21». || xv* s. Louis XI
avoit maintes espies et messagiers par pays, comu.
— ETYM. Voy. ÉPiEH S; proveno. et espagn. espta;
ital. spia.
<. ÉPIÉ, ÊE (é-pi-é, ée), part, passé d'épier).
Monté en épi. Les seigles sont déjà épiés. || Qui est
disposé en épi. || Un chien épié, chien qui a, au
milieu du front, un épi de poil. Queue de chien
épiée, queue dont les poils s'écarteul comme les
barbes d'un épi de blé.
2. ÉPIÉ, ÉE (é-pi-é, ée), part, passé d'épier 2.
Observé secrètement. £pié par ses ennemis. Des
paroles épiées.
t ÉPIEMENT (é-pi-man), ». m. Action d'épier.
— HIST. xv* s. La mauvaise reine dessus dite
[Athalie] régna sept ans.... et le huitième an, le
vaillant evesque la fit occire par aguets et espie-
ments, uonstrelet, i, 39.
— ETYM. Épier 2.
i. ÉPIER (é-pi-é), V. n. Monter en épi. Les ge-
lées du printemps endommagent le seigle lorsqu'il
est nouvellement épié et en lait, buff. Exp. sur les
régél. 4* mém. \\ H se conjugue avec l'auxiliaire
acoi'r, quand il marque l'action : le blé a épié heu-
reusement; avec l'auxiliaire être, quand il marque
l'état : le blé est épié dans notre canton. 11 n'est
employé qu'aux troi.sièmes personnes du singulier
et du pluriel.
— HIST. un* s. Que cil blez sont creQ en haut.
Et espié et tuit grenu, Iteii. (9890. || xiv* s. Percil
qui est semé en aoust est le meilleur , car il n'espie
point, et se lient en vertu toute l'année, Ménagier,
i II, 2. Il XV* s. Chiens aux queues espiées, Chasse de
Gaston Phebut, ms. p. fil , dans lacurne.
— ETYM. Épi; Berry, épiger; provenç. et espagn.
espigar; ilal. spigare.
2. ÉPIER (é-pi-é), j'épiais, nous épiions, vous
épiiez; que j'épie, que nous épiions, que vous
épiiez, v.a. || 1* Observer secrètement quelqu'un.
Vous autres que j'emploie à l'épier sans cesse, rE-
CNIF.R, Élég. II. Je l'ai' fait épier par des regards
fidèles, VOLT. Sémir. v, 2. On l'observe, on l'épie,
et tout me fait trembler, ID. Triumv. m, 3. || Il se
dit aussi des choses. On épie toutes vos démarches.
Épier les mouvements de l'ennemi. Je ne sais pas
du moins épier ses discours, rac. Brit. m, 8.
Il Absolument. La Forêt, qui se loge en même hô-
tellerie. Peignant de ne rien voir, observe, écoute,
épie, HAUTEBOCHE, Esp. follet, u, 1. 1| i' Par exten-
sion, observer attentivement, essayer de découvrir,
de pénétrer. Arons vient voir ici Kome encor chan-
celante. Découvrir les ressorts de sa grandeur
naissante. Épier son génie, observer son pouvoir,
VOLT. Brut. 1, I. Tu venais épier le secret de mes
feux, ID. ib. u, 3. Est-ce de nos tyrans quelque mi-
nistre affreux Dont l'œil vient épier les pleurs des
malheureux? id. Mérope, lu, 2. Le cruel dissimule,
il observe, il épie S'il pourra dans nos champs por-
ter le glaive impie, u. i. chén. Charles IX, u, 3.
Du printemps près de vous épier les prémices, de-
ULLE, Paradù perdu, u. || Épier l'occasion, le mo-
ment d'agir, attendre l'instant convenable. Je viens
pour épier le moment favorable, bac. Estli. u, i.
Ma sœur et moi, cédant à tout par complaisance. Du
nouveau possesseur épiâmes l'absence, lauart. Joc.
vu, 140. Il 8* Terme de vénerie. Épier le relevé,
guetter le temps où. la bête sortant du lieu qui lui
a servi de retraite pendant le jour, va repaître.
Il 4* S'épier, v. réfl. S'observer secrètement l'un
l'i.jtro. Il S'épier, être comme à l'affat des propres
mouvements de son àme. Il faut s'épier de près, dit
Montaigne.
— HIST. n* s. Que Guenelon nous a toiu espiez
[irahi.s] , Ch. de Roi. Lxxxvui. || xm* s. Et tant erra
qu'il vint à Osterriche, et fu espiiés et connus, Chr.
deRains, p. 4S. Por ce l'apel on larrecin, que li
lerres espie l'ore [l'heure] et le point que nus ne le
voie, bRAUM. XIX, ». Il XV* s. Au voir dire et ra-
conter, c'estoit grand merveille de ce qu'ils faiso^ent
EPI
[les pillards en campagne]; ils cspioient, telle fois
estoit, et bien souvent, une bonne ville ou un bon
chastel, une journée ou deux loin; et puis s'assem-
bloient vingt ou trente brigands froiss. i, i, 324.
Il XVI* s. Avoir l'œil au guet, l'oreille aux escoutes
pour espier d'où viendra le coup, hont. iv, 184.
Moy qui m'espie de plus prez, comme celuy qui
n'ay pas fort à faire ailleurs, id. il, 323. Hz se ca>
choient durant le jour, puis sur la nuit s'en alloient
espier les chemins, et y tuoient le premier qu'ils
renconiroient des ylotes, amyot, Lyc. 58.
— ÉTV.M. Provenç. et espagn. «piar; ital. (piare;
du germanique: anc. baut-ailem. ipe/tôn; allem.
spdhen; danois, tpaa; angl. to spy. Comparez le
latin tpicere, le grec aytiimn, le sanscrit paç,
mots qui signifient voir.
tÉPIERRAGE (é-piè-ra-j'), s. m. Synonyme d'é-
pieriemeiil.
ËPIEKRË, ÉE (é-pié-ré, rée),part. passe. Champ
épierré.
t ÉPlERREIrtENT (é-piè-re-man), t. m. Enlève-
ment des pierres qui couvrent un terrain.
— HIST. XVI* s. Le terroir de la Sicile, estant des-
cheu par trop curieux espierrement, fut restauré,
quand, par décret public, y furent remises des me-
nues pierres, o. de serbes, 67.
— ETYM. Épierrer.
ËPIERREK (é-piè-ré), v. a. Ôter les pierres d'un
terrain. || Absolument. Epierrer n'est pas toujours
utile.
— HIST. xvi* s à faire coupper les buissons
des prairies sèches, les espierrer, charrier matières
pour bast.r, o. de serres, 33,
— ETYM. É pour es.... préfixe, et pierre.
ÉPIEU (é-pieu), s. m. Sorte d'arme qui n'est
qu'un bâton d'un mètre et demi environ de lon-
gueur, garni, par le liout, d'un fer large et pointu,
et qui sert particulièrement à la chasse du sanglier
et autres grosses bèies. Le cerf est reconnu, chacun
prend un épieu ; Chacun donne un coup à la Ii>Mp,
la font. Fabl. iv, 2(. || Terme de blason. Epeu
emmanché, épieu dont le manche est d'un autre
émail que le fer.
— HIST. Tans cops [il] a pris de lances et d'es-
piez, Ch. de iiol.XL. |] xii's. Son fort espiez o [avec]
le confenon blanc, Ronc. p. 38. U tenoit un espié
dont la hante ert entière, Sax. x. || xiii* s. Parmi le
gros du cœur li mist l'espiel trenchant, Mort l'abat
du cheval delès un desrubant, Ch. d'Ant. i, 384.
Il XV* s. I.ors commença à dire à ses hommes quilz
lançassent sur eulx glaives, dars et espieux t.int
qu'ils les eussent mis à mort, Perceforest, I. i, f"8a.
— ETYM. Champen. espiel; provenç. espieut, es-
peut. espiaul; espagn. «pirhe; portug. «pe/o; ital.
spiedo. U y a dans l'historique deux formes : espiet
oaespié, elespiel. Espiel, d'où épieu, vient du latia
spiculuni , pointe , comme essieu , d'ajiculus.
Espiet vient du germanique : danois, tpyd; suéd.
spiut.
tÉPIECR. EUSE (é-pi-eur, eû-x'), t. m. et f.
Celui, celle qui épie, qui observe.
— HIST. IV* s. Ruffîen, mourdeur et larron. Es-
pierres qui bien sçavez Aler es bois, où il fait bon
Desrober.... eust. desch. poésies mss. dans la-
curne. Il XVI* s. Espieur de chemin [voleur], cot-
GRAVB.
— ÊTYM. Épier 2.
I ÉPIGAHIE (é-pi-ga-mie), s. f. Terme d'anti-
quité grecque. Liberté de contracter des mariages
ensemble, par exemple entre les citoyens de deux
villes unies par un traité d'alliance.
— ÉTYM. 'EitiT«|Aia, de iici, sur, et irâ|io;, ma-
riage.
tÉPIGASTRALGIE (é-pi-ga-slral-jie), t.f. Terme
de médecine. Douleur à l'épigastre.
— ETYM. Épigasire. et âXyo;, douleur.
t ÉPIGASTRALGIQUE (é-pi-ga-stral-jt-k'), adj
Qui a rapport à l'épigastralgie.
ÉPIG.ASTRE (é-pi-ga-str'), s. m. Terme d'anaio-
mie. La partie supérieure de l'atidomen, laquelle
s'étend de l'appendice xiphoïde jusqu'à deux tra-
vers de doigt de l'ombilic. || Le premier segment
ventral des hexapodes.
— HIST. XVI* s. En l'epigastre faut considérer
deux parties latérales, PARi, i, t.
— ETYM. 'Eiciydorpiov, de ini, sur et fourt^p,
estomac.
ÉPIGASTRIQUE (é-pi-ga-stri-k"), adj. Qui appar-
tient à l'epigastre. La région épigastrique.
— HIST. XVI* s. Les veines cpigastriques en mon-
tant rencontrent les mammillaires, pabE, i, i.
— ETYM. Értigastre.
t ÉPIGASTROCÈLE (é-pi-ga-stro-«^l'), ». /.
EPI
RPl
EPI
U61
Terme de chirurgie. Hernie dans la région épigas-
trique.
— ÊTYM. Épigastre, et x^X»i, tumeur.
t ÉPIGÉ, ÉE (é-i)i-jé, jée), acij. Terme de bota-
nique. Qui est sur la terre ou hors de terre. Coty-
lidons épigés, ceux qui, lors de la germination, s'é-
lèvent hors de terre par l'allongement du colletqui les
sépare de la radicule, par exemple ceux du haricot.
— ETYM. 'ETiifaio;, de im, sur, et yaïa , terre,
t ÉPIGÉIQUK (é-pi-jé-i-k'), adj. Terme de géo-
logie. Se (lit d'un dépôt d'une récente , formation.
— ÉïTM. Épigé.
t ÉPIGËNE (è-pi-jê-n'), adj. Terme de minéra-
logie. Oui offre le phénomène de l'épigénie.
— ÉTYM. 'Eui, sur, et un radical y^'» 1"' signifie
engendrer.
t ÉPIGEN^ËSE (é-pi-je-nê-z'), s. f. Système d'a-
près le<|ucl on conçoit la formation des corps orga-
nisés par genèse graduelle , c'est-à-dire par l'addi-
;ion successive de leurs diverses parties; le nouvel
être étant d'abord à l'état d'ovule, puis de germe,
enfin d'emhryon. L'épigenèse, opposée au système
d'après lequsi les parties, préexistant dans le germe,
ne font que se développer, est adoptée par la pliy-
Biologio moderne.
— ÉTYM. 'Etti, sur, et fÉvesii;, génération (voy.
genèse).
t ÉPIGEN ÉSIQUE (é-pi-je-né-zi-k') , adj. Qui a
rapport à l'épigenèse.
t ÉPIGENIÎSISTE (é-pi-je-né-zi-sf) , s. m. Phy-
siologiste qui est partisan de l'épigenèse.
tÉPIGÉNIE (é-pi-jé-nie), s. f. Terme de miné-
ralogie. Phénomène qui a lieu, quand un cristal,
sans changer déforme, change de nature chimique.
— ÉTYM. Épigène.
t ÉPIGEONNÈU (é-pi-jo-né) , V. a. Terme de ma-
çonnerie. Voy. PIGEONNER.
+ ÉPIGI.OSSE (é-pi-glo-s') , s. f. Terme de zoolo-
gie. Partie de la bouche des insectes hyménoptères.
— ÉTYM. 'E-KÏ, sur, eif/Mana, langue.
ÉPIGLOTTE (é-pi-glo-f) , s. f. Terme d'anatomie.
Valvule libro-carlilagineuse, qui, placée à la partie
supérieure du larynx, recouvre la glotte au moment
de la déglutition, et empêche ainsi l'introduction des
I aliments ou des boissons dans les voies aériennes.
— HIST. XIV' s. Le neu de la gorge est dit epi-
glote, H. DE monijeville, f° 18, rerso. ||xvi* s. L'e-
piglotte ou languette couvre et descouvre l'orifice
i\i larynx, ainsi qu'un couvercle couvre un pot,
PARÉ, IV, t5.
— ÉTYM. 'EthyXiocktIç ou èiriY^wTTÎ;, de Ènî, in-
diquant adjonction, et •^Xàaaa, langue.
t ÉPlGLOrriQUE (é-pi-glo-tti-k'), adj. Qui a
rapport à l'épiglolte.
t ÉPIGLOTTITE (é-pi-glo-tti-f), s. f. Terme de
médecine. Inflammation de l'é|>iglotte.
— ÉTYM. Épiglotte, et le suffixe médical iie, in-
diquant intlammation.
t ÉPIGNATUE (é-pigh-na-f), s. 7ii. Terme de té-
ratologie. Monstre qui a une tète accessoire très-in-
complète attachée au palais de la tète principale.
— ÉTYM. 'Etxî, sur, et YvàSoç, mâchoire.
tÉPIGNATUIE (é-pigh-na-tie), s. f. ÉUt des
monstres épignatlies.
f t . ÉPIGONE (é-pi-go-n') , s. m. Terme de botani-
que. Enveloppe de tissu cellulaire qui recouvre l'en-
dogone.
— ÉTYM. Voy. au suivant l'étymologie.
f 2. ÉPIGONE (é-pi-go-n'), s. m. Terme de my-
thologique grecque. Nom des héros qui firent la se-
conde expédition contre Thèlies et prirent cette
ville; nom donné parce qu'ils élaier;tles fils de ceux
qui avaient fait la première gtiene.
— ÉTYM. 'EuiYtivo;, né après, de im, sur, et
YÔvo;, engendrement.
ÉPIGRAMMATIQUE (é-pi-gra-mma-ti-k') , adj.
Qui appartient à i'épigramme. Style, trait épigram-
matique. Marot me semble à cet égard le jilus in-
génieux des poëlesépigrammatiquss tant par la sin-
gularité que parla variété de ses petits dessins,
MARMONTEL, Élém. liU. Œuv. t. vu, p. 226, dans
POUGENS.
— ÉTYM. Épigramme.
t ÉPIGUAMMATIQUEMENT (é-pi-gra-mma-ti-ke-
man), adv. D'une manière épigrammatique.
— ÉTYM. Épigrammatique, et le suffixe ment.
t ÉPIGRAMMATISER (é-pi-gra-mma-ti-zé), v. n.
Néologisme. Faire des épigrammes.
— ÉTYM. Épigramme.
ÉPIGRAMMATISTE (é-pi-gra-mma-ti-sf) , s. m.
Celui qui compose des épigrammes. Un épigram-
tlDfttiste spirituel.
— ETYM. Épigrimme.
ÉPIGRAMME (é-pi-gra-m') , s. f. \\ 1* Ancienne-
ment, petite pièce de vers sur toute sorte de sujets.
L'épigramme, pour les anciens, était une petite
pièce qui ne passait guère huit ou dix vers, d'ordi-
naire en vers hexamètres et pentamètres ; c'était
une inscription soit tumulaire, soit triomphale, soit
votive ou descriptive ; une peinture pastorale trop
courte pour faire une idylle, une déclaration ou
une plainte amoureuse trop peu développée pour
faire une élégie; la raillerie y a aussi sa part, mais
une part restreinte, tandis que, dans les épigram-
mes modernes, elle est presque tout, et que c'est
toujours le trait et la pointe finale à quoi l'on vise,
SAINTE-BEUVE, Constitutionnel, * janv. ISOi.
Il 2° Courte pièce de vers qui se termine par i;n
mot ou par un trait piquant. La pointe d'une épi-
gramme. Alcandre, c'est ta passion; Tu veux une
longue épigramme , Bien qu'elle soit digne de
blime, Comme une longue inscription; D'un seul
coup elle fait sa brèche, Ainsi que le trait d'un ar-
cher; As-tu jamais vu décocher Une pique au lieu d'une
flèche? GOMBAUD, dans kiciielet. D'un trait plai-
sant aiguiser l'épigramme, boil. Art p. i. L'épi-
gramme, plus libre en son tour plus borné. N'est
souvent (|u'un bon mot de deux rimes orné, m. ib.
II. Il S'Parextension, mot très-piquant ou railleur,
lancé dans la conversation ordinaire ou ailleurs.
Cela a bien l'air d'une é[iigramme. Il y a bien à dire
des épigrammes là-dessus, sÉv. 3o». Fi ! dites-
vous ; sous l'épigramme Ces fous rêveurs [Fourier,
St-Simon, Enfantin] tombent tous trois, bérang.
Fous. Poursuivons de nos épigrammes Ce sexequej'ai
trop aimé, id. Vin et coq. || Employé adjectivement,
emploi qui n'est plus en usage. Cela me paraît fort
épigramme, sév. 37. |{ 4° Terme de cuisine. Épi-
gramme d'agneau, ragoût au blanc dans lequel on
fait entrer quehjues parties intérieures de l'animal.
Côtelettes en épigramme.
— REM. Epigramme a été longtemps de genre
incertain; aujourd'hui il est féminin décidément.
M. lie Zuglichem n'a pas dédaigné de montrer au
public le cas qu'il fait de cette comédie par deux
épigrammes, l'un français et l'autre latin, corn.
^Iellleur, Aris au lecteur. Epigramme est ici dans
le sens du W t.
— HIST. xvi" s. Mais d'avantage, Lazare de Baïf
a donné à nostre langue le nom d'Epigrammes et
d'Elégies, aveq ce beau mot composé Aigredoux,
afin qu'on n'attribue l'honneur de ces choses à quel-
qu'autre, nu bellay, i, 39, recto. U y a un epi-
gramme en Martial, qui est des bons, mont, m,
104. U y a entre autres une sienne statue, soubs
laquelle est engravé cest epigramme [épigraphe,
inscription], amyot, Slarcell. 61.
— ETYM. 'Em-(pa.p.\i.<i, inscription, petite piège en
vers, de Èiti, sur, et Ypâçs" > écrire.
ÉPIGRAPHE (é-pi-gra-f) , s. f. \\ 1° Inscription
mise sur un édifice pour eu marquer la date, la
destination, etc. || 2° Courte citation qu'on met en
tête d'un ouvrage ou d'un chapitre, pour en indi-
quer l'esprit. 11 a pris pour épigraphe un vers
d'Homère.
— ÉTYM. 'ETtiYpaçri, de èm, sur, et Ypâ?"v,
écrire.
t ÉPIGRAPBIE (é-pi-gra-fie) , s. f. Science des
inscriptions.
— ÉTYM. Épigraphe.
t ÉPIGRAPHIQUE (é-pi-gra-fi-k') , adj. Qui est
propre à l'épigraphe. Style épigraphique. || Qui est
relatif à l'épigraphie. Études épitrraphiques.
t ÉPIGYNE (é-pi-ji-n') ou ÉPIGYNIQUE (é-pi-ji-
ni-k'), ad;. Terme de botanique. Qui naît sur l'o-
vaire ou au-dessus. Corolle, étamines épigynes.
— ÉTYM. 'Km, sur, et -(wn, femme, femelle.
■)• ÉPIGYSIE (é-pi-ji-nie), s. f. Terme de botani-
que. État d'une plante dont la corolle ou les éia-
mines sont épigynes.
tÉPILANCE (é-pi-lan-s'), s. f. Terme de fau-
connerie. Espèce d'épilepsie à laquelle les oiseaux
sont sujets.
— HIST. XVI' s. Epilence, dans cotgrave.
— ÉTYM. Forme altérée d'épilepsie (voy. ce nom),
pour laquelle on trouve aussi espilencie.
t ÉPILARYNGIEN.IENNE (é-pi-la-rin-jiin,jiè-n'),
adj. Terme d'anatomie. Qui est, qui se passe au-
dessus du larynx. Les phénomènes épUaryugieus de
la phonation.
— ÉTYM. 'En!, sur, et laryngien.
f ÉPILATION (é-pi-la-sion) , s. f. Action d'arra-
cher des poils. Il Terme de médecine. Avulsion des
cheveux, aiin de guérir certaines affections du sys-
tème pileux d ues à des cryptogames parasites.
— ÉtYSl. Épiler.
ËPIXvATOIRE (é-pi-la-toi-r') , adj. Qui sert k épi-
ler. Pâte, onguent épilatoire.
— ÉTYM. Épiler.
ÉPILÉ, ÉE (é-pi-lé, lée) , part, passé. Va côté de
la tète était épilé.
ÉPILEPSIE (é-pi-lè-psie), s. f. Terme de méde-
cine. Affection cérébrale caractérisée par la perte
subite de connaissance et par des convulsions. Une
attaque d'épilepsie.
— HIST. XV' s Je vouidroye Qu'iU fussent
mors du mald'espilencie, ecst. desch. Poésies mss.
dans LACURNE. || xvf s. Epilepsie signifie surprise
ou rétention de tous les sentiments. — On le nomme
aussi le mal Saint-Jean, pource que la teste de
saint Jean cheut en terre lorsqu'il fut décapité,
puis posée dedans un plat à l'appétit d'Herodias,
PARÉ, VIII, 25.
— ETYM.Provenç.ep«!epsio,epi7emcto,epiJ«fi«o;
espagn. epilepsia; ital. epilessia; de è7n),ni)/ii, sur-
prise, epilepsie, de inl, sur, et >.a[iêâveiv, prendre,
t ÉPILEPTIFORME (é-pi-lè-pti-IOr-m'), adj. Terme
de médecine. Qui se rapproche des accidents de
l' epilepsie, sans dépendre de la même cause. Con-
gestion épileptiforme.
— ÉTYM. Épileplique, et forme.
ÉPILKPTIQUE (é-pi-lè-pti-k'), adj. || 1' Qui est
de la nature de l'épilepsie. Convulsions épileptiques.
Il 2° Qui y est sujet. Cette personne est épileplique.
Il Substantivement. Leséiiileptiques. Un épileplique.
— HIST. XIII' s. Boçu, e tort,_ epilentic. Muet,
gutus [goutteux] e pleuretic, Edouard le confes-
seur, V. 4426. Il XVI' s. Convulsions épileptiques,
PARÉ, XX bis, e.
— ÉTYM. 'Eiti).r)7tTixô;, de Im'/.Tnj/ia, epilepsie.
ÉPILER (é-pi-lé), V. a. || l'Arracher, faire tom-
ber les poils ou les cheveux. || Absolument. Onguent
pour épiler. || 2° Enlever les cheveux blancs. Il se
fait épiler pour cacher son âge. || 3° Knlever les jets
des pièces d'étain fondues. || 4° S'épiler, v. réjl.
S'ôter les cheveux, et, en particulier, les cheveux
blancs. Il s'épile chaque matin.
— ÉTYM. E pour es.... préfixe, et le lat. piius,
poil; picard, épnillier.
t ÉPILEUR, EUSE (é-pi-leur, leû-z'), s. m. et f.
Celui, celle qui épile.
t ÉPILIMNIQUE (é-pi-'ii-mni-k'), adj. Terme de
géologie. Se dit des terrains lacustres supérieurs.
— ÉTYM. 'EtzI, sur, et ).ip.vri, marais.
ÉPILLET (é-pi-llè, ii mouillées ; le I ne se lie
pas dans le parler ordinaire; au pluriel, l's se lie :
les é-pi-llè-z agglomérés), s. jn.Terme de botanique.
Subdivision d'un épi composé.
— ÉTYM. Diminutif d'epi.
t ÉPII.OBE X £PI(é-pi-lo-b'). s. m. Osier fleuri
(eptlobium spicatum L.) (ouagrarièes) , dit aussi
laurier de Saint-Antoine.
— ÉTYM. 'Eni, sur, et ),ùê6; (voy. lobe).
tÉPlLOGATION (é-pi-lo-ga-sion; , s. f. Action
d'épilogiier.
— HIST. xiV s. Epilogacion, c'est longue chose
briefvement racontée, uu cange, epilogatio.
— ÉTYM. Épilogue.
-f- ÉPILOGISME (é-pi-lo-gi-sm'), s. m. Raisonne-
ment qui induit d'un fait sensible à un fait caché.
— ÉTYM. 'EicdoYi(J[io;, de im, sur, et ÀOYiap-oj,
raisonnement.
ÉPILOGUE (é-pi-lo-gh'), s. m. Sorte de conclu-
sion, de résumé placé à la fin d'un apologue ou
d'un discours et surtout d'un livre. La Fontaine a
mis des épilogues à la fin de plusieurs livres de ses
Fables. L'épilogue du poème de Jocelyn.
— HIST. xiV s. il fait son epylogue oii il recapi-
tule.... ORESME, Thèse de meunier.
— ÉTYM. 'Enî/.oYoç, de èiti, sur, et Xôyo^, discours.
ÉPILOGUE, ÉE (é-pi-lo-ghé, ghée), part, passé.
Qui a été l'objet de commentaires peu charitables.
Sa conduite èpiloguée en cent façons.
ÉPILOGXIEK (é-pi-lo-ghé). || 1" K. n. Chercher,
trouver à redire. C'est un homme qui épilogue sur
tout Et pourquoi, s'il vous plaît. Lui bailler un
savant qui sans cesse épilogue? mol. F. sav. v, 3.
Adieu, ma chère enfant; venez et partez, et tenez-
vous donc une fois pour décidée, et défaites-vous
d'f piloguer sur les bienséances de votre voyage...
SÉV. Lett. 21 oct. <67.1.11fut attentif à épiloguersur
les paroles, boss. Avert. 4. Cinq aunes pour un ha-
bit à l'espagnole I juste ciel!.... mais n'épiloguons
pas là-dessus; les tailleurs qui sont en réputation
en prennent toujours iilus que les autres, image,
Gil nias, VIII, 7. Il 2° Y. a. Censurer. Epilog'ier les
actions d'aulrui. Sans qu'on vous épilogue et sans
qu'on vous méprise, boss. Lett. Corn. (27.113" S'é-
pilogner, v. réfl. Se critiquer mutuellement.
1A62
BPI
tnT^ mé, «.tendu. ...urenu, Epilogui m.lfe tra-
JT".'t K d2. orm«.| d« dame.. ll xvl. s.
^,;^. d'om, f <", "ianl LACURNB.
_ r.Tvii. ipiioii-. r. , ■■
epil.OGUKt-R (é-pi-lo-gheiir), «. m. Celui qui
tpil'Kiie qui "« f^'' qu'Épiloguer. C'est un grand
émloKuour. II «e soucie fort peu dos épilogueurs,
lc»*o», CilBiat, viM, s. Tonépilogueurd'homir.e
osa bien me dire qu'il ne me reste que six mois en-
core t reloiimer la salade avec les doigts, j. j. houss.
JUl. VI, S. II 11 »« dit •""' •" fétninin. C'est une
é|<lln|tueu.<e.
— KTYM. Épilogmr.
t KPII-UBE (é-pi-lu-r"), ». f. Ca qu'on enlève en
épilant les pièces d'étain fondu.
t KPlMf.DF. (é-pi-mè-d'), t. m. Genre de plantes
herbacées, famille des lierbéridacées.
— ÊTYM. 'Eitiiir,4iov.
t ÉPIUÉMOE (é-pi-mé-ni-d"), *. m. Sage Cretois
qui s'endormit un jour dans une caverne et ne se
réveilla qu'au bout de cinquante ans. || Kig. Som-
meil d'Êpiiiiénide, se dit d'une personne ([ui, étant
longtemps restée absente du monde, y rentre et ne
s'y reconnaît plus.
f EP1.MÈRE (é-pi-mS-r'). H 1* Adj. Terme d'arith-
métique ancienne exprimant un nombre qui en
contient un autre augmenté de plusieurs de ses
parties, par exemple, 7/ii, puisque 7=^5-f 2 (voy.
ÉwnioRio.N). Il 2" S. m. Terme de zoologie. Une des
piticcs du thorax des insectes hexapodes.
— f.TYM. 'Em|i«p»i;, do ini, sur, et [lÉtioi;, partie.
I ÊP1!UCRIUE (é-pi-mé-ri-d), adj. Terme de mi-
néralogie. Cri-tlaux épiniéridos, cristaux dont les bords
subissent un décroissement de plus que les angles.
— f.TYM. 'KtA, sur, el(iépo;, partie.
f ÉPIMf.niSME (6-pi-mé-ri-sm'), t. m. Artifice
oratoire p.ir lequel, au milieu du discours, pour ai-
der la mémoire des auditeurs, on récapitule les par-
tie» di'jà traitées.
— trVM. 'K.itiiiipiij(i6c,de in\, sur, et (upoc, partie,
j f.PlMONE (é-pi-mo-ti'), t. f. Ternie de rhéto-
rique. Voy. INSISTANCE.
— ÊTYM. 'Emiiovri, de M, sur, et (jitvE'.v, de-
meurer.
t ÉPIMORlON(é-pi-mo-ri-on), ad; .ou j. m. Terme
d'arithmétique ancienne. Nom donné à un nombre
qui en contient un autre plus une seule de sts parties,
par exemple t/* puisque 6 = *-|-i (voy. épimêhe).
— ÉTYM. 'Knt|jLopio«, de M, sur, et piopiov, pe-
tite partie.
t ÉPINAGE (é-pi-naj"), ». m. Opération qui con-
nste à faire écouler l'eau dans laquelle on lave la
ptle de savon avant île la faire cuire.
I EpINAIE (é-piné), s. f. Terme rural. Lieu
où crois-eni des arbustes épineux.
— ETYM. Épine.
fiPlNARH(é-pi-nar;ledne se lie pas; au pluriel,
l't ne se lie pas :desé-pi-nar excellents; quelques-
uns disent des é-pi-nar-z excellents), s. m. Il 1" Plante
potagère (chénopoJées) (ipt'naeia olcracea , L). Les
épinards ont été apportés d'Orient en Espagne.
P Vert d'épiiianis, jus que l'on retire des épinards
cuits et piles. Il Epinard du Malabar, épinard de
l'Inde, épinard d'Amérique, nom vulgaire de la ba-
lelle rouge (chénopodées) {batella rubra, L.). Épi-
nard do la Chine, nom vulgaire de la baselle blan-
che. Il Ëpinard-fraise, blette (chénopodées) (blitum
virgalum, L). || %• Fig. Frange, épaulette, gland à
graine d'épinards. L'épnulette & graine d'épinards
indique un grade supérieur dans l'armée française.
— mST. xiV s. E^pinars sont en février et crois-
sent par touffes comme porées, H^nagier, u, 3.
Il XVI* s. Les ospinars sont ainsi appelles i cause de
leur graine qui est espineuse, bien qu'il y en ait de
ronde sans piqueron; et des deux, masie ot femelle.
L'espin^r masIe, seul, produit U graine : demeu-
rant stérile la («melle, aans faire semences, o. de
■l»El. 613.
— CTYM. Épine, à cause des pointes épineuses du
calice fructifère; wallon, tpind; provenç. tspinar;
Mtal. ripinac, pspagn. lapinaca; poriug. rxpitia^rt,-
ital. tpinaci. L'ancifn fronçais disait aussi upi'no-
ch« {w cvHO«. ipinan'uin), ttpinau (alebbant, f"
«»), (ipinnc« (H. DK MONnEviu.a, I* »6, irrjo). Et-
VfMr «SI iLinsIe Renart, v. n oo6, le nom du hérisson.
1 ePINARIiE (* pi-ii»r-d'), ». (. Épinoche.
■""'*'■• ►jpinardo, oïDm, pic».
\ EPINÇAOK (é-pin-sa-j), voy. ipii«CRTAGI.
1*1»^.'^^'''^" <*-P'»-'^»*>. vy- tUNCÏTE».
t EriNCfcR (è-piB-sé. U»pr«nd une cédille devant
KPl
a on o) , V. a. || 1* Terme de manufacture. Synonyme
d'énouer. On dit aussi épincher. || !• Terme rural.
Supprimer, entre deux sèves, les bourgeons qui ont
poussé au printemps sur le tronc. || 8" Tailler du grés
avec l'épinçoir.
— lllST. XVI' s. Les fapot» marchans qui de^Tont
cstre espincez de trois pieds et demi de long, nou-
veau coust. gêner, t. Il, p. <♦».
— ETYM. /■'.... pour es préfixe, et pince, pincer.
t ÉPINCETAGE (é-pln-se-ta-j'), s. m. Action d'é-
pinceter ou épincer le drap.
t > . EPINCETER (é-pin-se-té) , V. a. Terme de fau-
connerie. Aiguiser les serres et le becde l'oiseau.
— illST. XVI' s. Plus nobles et plus espinchéts que
un esmcriUon, Perce forest, t. i, f 134.
ETYM. É.... pour es préfixe, et pince.
f 2. ÉPlNCETER (é-pin-se-té. Le t se double
quand la syllabe qui suit est muette), v. o. Syno-
nyme d'épincer. en parlant du drap.
t EpINCETEUR, EUSE (é-pin-se-teur, teu-z'), t.
m. et f. Synonyme d'épinceur.
t ÉPINCECR , EUSE (é-pin-seur, seûz") , s. m. et f.
Celui, colleqiiiépinceledrap.Ondit aussi épincheuse.
■f ÊPlNCErrE (é-pin-sè-f), I. f. Petites pinces
dont on se sert pour épincer le drap,
f EPINCHER (é-pin-ché), V. a. Voy. épincer.
t ÉPINÇOIR (é-pin-ioir), s. m. Terme de métier.
Nom d'un gros marteau fendu en angle par les
deux bouts, qui sert particulièrement aux tailleurs
de pavé.
I. fiPlNE (é-pi-n'), s. f. jj 1* Arbre ou arbrisseau
dont les branches sont armées de piquants. Épine
blanche, aubépine (rosacées) {craticgus oxijacantha,
L.). Il Epine noire, prunellier (rosacées) (prunui spi-
novo, L.). Il Épine luisante, nom vulgaire de l'/iip-
pop/ia^ rhamnoide (éléagnacées), dit aussi argoii-
sier, argoussier et priset. || Épine aiguë, un des
nom du craiscgus pyracanlha (rosacées), dit aussi
épine ardente et buisson ardent. || Épine de scor-
pion ou épine à scorpion , un des noms vulgaires
donnés : r dans le midi de la France, en Italie et
en Espagne, à l'éryngion des champs, ombellifère,
dit adssi panicaut dos champs; 2° au Pérou et k la
Guyane , à l'éryngion fétide. || Épine solsticiale,
nom vulgaire de la centaurée solsticiale (synanlhé-
rées). ainsi dite parce que ses fleurs hérissées de lon-
gues épines remontrent vers le solstice, lkgoahant.
Il C'est un fagot d'épines, on ne sait par où le pren-
dre, se dit d'un homme revèclie et fâcheux. iJGr.i-
cieui comme un fagot d'é ines, rude, d'une hu-
meur bourrue. || Fig. Entourons nos oreilles d'épines
pour ne pas les laisser infecter par des discours em-
poisonnés, MASS. Car. Uidis. || Être sur les épines,
sur des épines, être dans une grande impatience,
dans une grande anxiété. N'ayez point pour ce fait
l'esprit sur les épines , MOL. l'Etour.i, lO. Il me parla
du roi Jacques, j'étais sur les épines, J. J. bolss.
Cnnf. VI. Il Marcher sur les épines, se trouver dans
une conjoncture très-difficile. || »' Piquant qui vient
sur certains végétaux. La rose et ses épines. La cou-
ronned'épinesde Jésus-Christ. Ses yeux étaient noyés
de pleurs; Comme les anges des douleurs. Il était
couronné d'épine, A. DE musset, Poésiesnouv. Nuits
de décembre. || Le langage botanique distingue l'é-
pine de l'aiguillon : l'épine naît du corps ligneux ;
l'aiguillon naît de l'épiderme. Le langage vulgaire
ne distingue pas ces deux termes. || Une épine au
pied , un sujet de gêne et d'inquiétude. Tirer h quel-
qu'un une épine du pied, le tirer d'embarras. Cou-
rage! s'il se peut enferrer tout de bon. Nous nous
ôtons du pied une fâcheuse épine, mol. l'Étaur. m, 2.
Voilà donc cette grande épine hors du pied, SÉV. 242.
Il 3' Auplur. Difficultés, choses fâcheuses, désagréa-
bles. Dans les affaires aisées, ils sèment des épines
pour les cueillir, balz. ï' diiC. sur la cour. Ahl que
je me trouvais sur d'étranges épines! CORN. l'Illusion,
IV, B. Je vais par un chemin d'épines et de flamme
Te retenir un lieu digne de ta vertu, rotr. SI Ce-
fieil, IV, 4. Vous allez vous enfoncer dans d'étran-
ges épines [en plaidant], mol. Scapin, ii, 8. U [le
désespoir du damné] sera sans bornes dans l'autre
vie, lorsque les péchés auront poussé leurs épines,
comme dit Si Augustin, et que nous en serons per-
cés, NICOLE, £ii. mor. 2' traité, ch. lo. Couraient
chercher le ciel au travers des épines, boil.
Luir. VI. Les mariages ont assez d'épines sans cette
amertume, fén. Til. xxiii. Où les plaisirs mêmes
porient avec eux leur» épines, mass. Av. Bonh. Dé-
trompé.... des passions dont les voies ont toujours
été pour moi semées d'épines et d'amertume, lo.
Car. Mol. de conv. Ainsi les amertumes et les épi-
nes de la vertu ont toujours du moins une utilité
préiente qui en dédommage , id. ib. Digoûl». Le
EPI
cardinal de Richelieu vent que l'on évite dans let
monarchies les épines des compagnies qui forment
des difficultés sur tout, montesq. Esp. v, (U. Après
avoir cueilli les fleurs de la poésie, il faut passer
aux épines de la métaphysique, volt. Lett. Prusse,
19. Il 4° Terme d'anatomie. Nom donné aux éniinen-
ces osseuses allongées, telles que l'épine nasale.
Il L'épine du dos, l'épine dorsale, et, absolument, l'é-
pine, la colon.ne vertébrale, la série des verlèbra»
qui régnent le long du dos des animaux vertébrés.
Quelques historiens, moines grecs, ont cru et écrit
très-sérieusement que tous nos rois de la première
race naissaient avec l'épine du dos couverte et hé-
rissée d'un poil de .sanglier, saint-foix, Ess. Paris,
(Jliuvres, t. IV, p. I89, dans pougens. Son épine
[du chevalj sedoubleet frémit sur .son dos, delille,
Géorg. III. Il Fig. Courber l'épine, s'abaisser, faire
une platitude ou une démonstration de civifité exa-
gérée. Il B" Terme de métallurgie. Pointes qui hé-
rissent le cuivre après l'opération du ressuage et
de la liquation. || 6° Longue épine , un des noms vul-
gaires du diodon holacanthe (poissons pleclogna-
ihes). Il Épine double, le. svngnathe, poisson. || Épine
de Judas, la vive. || 7" Epine d'été, poire hâtive.
Épine d'hiver, poire grosse et longue. Épine-rose,
grosse poire hâtive, variée de vert et de rose.|| Pro-
verbe, il n'est point de roses sansépines, c'est-à-dire
II n'est point de joie sans quelque déplaisir. [Elles]
S'en vont bientôt changer nos épines en roses, tris-
tan, lf.de Chn'spe, IV, 4.
— IllST. xii' s. Car Dex les fist espines [aubépi-
nes] devenir. Bouc. p. 156. || xiii' s. Sous une es-
pine espesse [elle] s'est alée œucier, Berte, xxxviii.
Un grant feu [ils] font d'espines, n'i firent longue
ater.te, tb. ïcn De mm pié destre par derrière
Passai hier en lii* cùnriere, Une espine me feti
enz. Tien. 7677. Virge. pucele nete et pure. Si coin
la rose isl [sort] de l'ospne, Issis, glorieuse roine.
De jiierie [juiverie] qui est poignans, butkb. Il, li6.
Il xiv s. Les ulcères qui sont sur l'espine [du dos]
sont de forte curation, H. de monpeville, f 74
Il XV' s. El qui avoit bouté l'espine au pied de son
enfant, maintenant ne l'en sçavoit tirer dehors ne
lui procurer garison, G. ciiastelain, Chron. m, <8.
Il XVI' s. Et furent les fols et hautains Comme feu
d'espines esleints, mabot, iv. aan. Que ladite ville
n'esloil pas seulement une petite espine dans le pied
de la France, ains plustost une trop grosse sageite,
qui lui perçoit les entrailles, lanoi'E, 578. Le di-
manche [après la Saint-Barihélemy] toute la ville se
réchauffa pour aller voir une espine qui fieunssoit
au cimetière Saint-Innocent, d'aub. llisl. u, ai.
Partant Saict Jean d'Angeli [ville] fut pour le coup
armé de ses espines et deffendii par ses afflictions,
in. «6. m, 6. Ce qui s'y fit encores de plus ingénieux
fut un pont d'espines liées ensemble, sur lequel
nous passions l'Oise à cheval fort aisément, et mes-
mes l'artillerie, lo. «6. m, 374. Comme on dit, au
fond git l'épine, ïver, p. 628. La ligne, autrement
dite espine de l'os des iles, paré, i, u. Les apo-
physes droites, c'est à dire espines des vertèbres,
ID. IV. 18. Faire haye d'espines à mains nues, CÉ-
.Ni.'», Recréai, t. ii, p. 239.
— ETYM. Wallon, sipeinn; bourguign. épéiie,
épeigne; provenc. et espagn. csptiio; portug. ei-
pinha ; ital. spina ; du lat. spi'no.
t 2. ÉPINE (é-pi-n'). s. f. Drap gris d'épine, sorte
de drap. Charles XII mit un chapeau bordé d'or avec
un habit gris d'épine, volt. Ch.XII , 7.
+ ÊPINÈME (é-pi-nê-m'), i. m. Terme de botani-
que. Partie supérieure du filet des élaaiines des
plantes à Heurs synanthérées.
— ETYM. 'Eiti, sur, etvT,|ia, fil.
<. ÊPlNErrE (é-pi-nè-f), s. f. Nom d'un instru-
ment de musique, dont on joue par un clavier com-
posé de quarante-neuf touches. Le piano a rem-
placé le clavecin et l'épinetle. Les facteurs de
clavecins font aussi des épinetles, qui sont des de-
mi-clavecins à une corde par chaque touche; ou
bien des épinettes en octave de clavecin, qui ne
sont d'aucun usage pour une musique réglée, Z>ic(.
des ans el mél. Amst. 1767. F", de clavecins.
— lllST. XVI' s Par-aprés on assortit les plumes,
selon ce à quoi on les destine; pour les bcU, pour
escrire, pour les espicetes, pour empeniier les fies-
ches, et pour autres usages, o. de sEr.Rts, 374.
— ETYM. ^piiie, parce que des pointes de plumes
de corbeau en forme d'épines servent à pincer
les cordes.
+ 2. EPIXETTK (é-pi-nè-f), ». J. Terme de pê-
che. Sorte d'hameçon que l'on fait avec des épines
d'arbre. Pêcher à l'épinettc.
+ ». ÉPINETTK (épi-nè-f), f. f Cage en bois, en
EPI
osier, dans laquelle on place une volaille pour l'en-
graisser.
— iirsT. rv* s. Et quant il plaira à ma dame Que
j'aie aussi grant q-i'une dragme De confort, adont
resjoïs Serai de ce dont ne joïs, Ains languis en
■vie eOreiise Dedens l'espinelte amoureuse, froiss.
Kspinette amour.
— tTYM. Dénomination qui vient peut-être de
ce que, avant la cnge, on se contenlail d'enfermer
la volaille dans une enceinte d'épines.
t 4. ÉPtNETTE (é-pi-nè-t'), s. f. Épinette blanclie
de la Nouvelle-Angleterre, sorte de sapin avec les
jeunes pousses duquel les pêcheurs de Terre-Neuve
font une bitre (nbi'cs canadensis , Michaux). || Épi-
nette rouge ou tamarac, arbre de l'Am'érique du
nord dont le bois est à peu près incorruptible {larix
americarta, Michaux).
ÉPINEUX, ECSE (é-pi-neû, neû-z'), adj. || 1" Hé-
rissé d'é|iines. Les arbres épineux. Une feuille
épaisse et épineuse. Sur un tertre épineux je cueil-
lis non sans peine Le laurier frêle encor par Thés-
pis effleuré, millev. Élég. 2, Eschyle. || 2° l'"ig.
Hérissé de difficultés, d'embarras. Il avait une af-
faire épineuse où il fallait de l'habileté, sÉv. 215.
l'our servir de règle immuable dans les questions
les plus épineuses, Boss. For. xv, § 99. X vous
qui.... Courez du bel esprit la carrière épineuse , boil.
Art p. 1. X la profession épineuse de journaliste, le
président Cousin en joignit une autre, qu'il exerça
avec la même probité, celle de censeur royal, d'a-
LEMB. Éloges, L. Cousin. || Douloureux, blessant.
Peu usité en ce sens. A qui ne reste rien.... Qu'un
regret épineux d'avoir jadis été, régnier, Sat. xiii.
Il 3* Qui fait des difficultés sur tout. C'est un
homme, un esprit épineux. Tout épineux et triste
qu'il est, il [un auteur] ne me parait point désa-
gréable, BALZ. liv. V, lett. 2. Ces gens, épineux
dans les payements qu'on leur fait, rebutent un
grand nombre de pièces qu'ils croient légères, la
BHUY. Théophrasie, iv. Les hommes sont si épi-
neux sur les moindres intérêts.... que je ne sais par
oOi et comment se peuvent conclure les mariages,
les contrats, les acquisitions, m. xi. D'Aguesseau....
avait une conscience tendre, épineuse, qui émous-
sait son savoir, saint-simon, t. v, p. 286, édit. Ché-
ruel. Il 4° Terme d'anatomie. Se dit de toute partie
qui ressemble à une épine, ou qui a rapport aux
éminences connues sous le nom d'épines. || Le mus-
cle demi-épineux, ou, substantivement, le derai-
epineux, nom donné à des faisceaux charnus qui
appartiennent au transversaire épineux. || 5° Terme
de marine. Se dit, dans certaines mers, des endroits
dangereux.
— HIST. XII' s. Mis pères [mon père] vus bail de ver-
ges déliées , mais je vus baierai de grandîmes balains
ki scrunl dur e espinus. Rois, p. 282. || xvi* s. Une
afi'aire très espineuse et fort délicate, d'aub. Vie,
cxii. Il se trouve obscure séparation, distincte du
muscle transversaire avec son compagnon, nommé
espineux [la séparation est obscure entre le trans-
versaire et l'épineux], PARÉ, IV, <7.
— ÉTYl». Provenç. espinos ; espagn. espinoso ;
portug. espiiihoso; ital. spinoso ; du lat. spinosus,
■le .îpino, épine.
ÉPmE-VINETTE (é-pi-ne-vi-nè-f), s. f. Arbuste
<rmé de piquants, qui produit des grappes de petites
baies d'une extrême acidité {berberis vulgaris, L.).
J'ai cru me ressouvenir qu'on faisait autrefois des
pastilles d'épine-vinette à Dijon, et j'en ai fait tenir
une petite boîte à votre voisin, volt. Lett. d'Àr-
gcnlal, i août 1777. || Au p!ur. Des épines-vinetles.
— HIST. XV s. Espine vignelée, Perceforest, t. i,
f° t B:i.
— ÉTYM. Bourguig. epeigne-reignelte : de épine,
et fine((«, qui, dans quelques provinces, signifie
oseille, d'.iprès Lehéricher, Flore pop. de Norman-
die, additions . p. ♦ , qui remarque que les feuilles de
l'cpine-viiielte sont acides. D'après Legoarant, au
contraire, l'épine-vinetle a été ainsi nommée parce
qu'on fait avec ses baies une sorte de vin. Peut-
être aussi est-ce k cause de ses fruits en grappes
qui lui donnent l'aspect d'une petite vigne.
ftPlNGAKD (é-pin-gar) ou ÉPINGARE (é-pin-
gi-r'), s. m Terme d'ailillerie. Petit canon au-des-
suus d'une livre de balles; il n'est plus en usage.
— f.rVM. Voy. ESriNGOLE.
KPINGLE (é-pin-gP), s. f. \\ 1» Petite pointe mé-
tallique en fil (le laiton garnie d'une tête, dont on
se sert généralement pour la toilette. La pointe
d'une épingle. Un quarteron d'épingles. S'enfoncer
une épingle dans le doigt. || Mettre une épingle sur
sa manche, afin de se souvenir de quelque chose.
'1 V'-ff. et familièiement. Tirer son épingle du jeu.
EPI
se dégager adroitement ou sans perte d'une mau-
vaise affaire; locution qui vient d'un jeu de petites
filles: elles mettent des épingles dans un rond, et,
avec une balle qui, lancée contre le mur, revient
vers le rond, elles essayent d'en faire sort- ries épin-
gles; quand on fait sortir la mise, on dit qu'on retire
son épingle du jeu. Vous tirez sagement votre épin-
gle du jeu, MOL. le Dép. i, 4. Je crois que le plus
sur est de ne me point mêler de tout cela et de
tirer adroitemmt mon épingle du jeu, oancourt,
Chev. à la mode, iv, 7. || Être tiré à quatre épin-
gles, être très-paré, très-ajusté. Le tout soutenu
d'une propreté tirée à quatre épingles, marivai'X,
Paysan parvenu, part. 1. || Discours tiré à quatre
épingles, discours dont le style est affecté, sans
naturel. || Cela ne vaut pas une épingle, je n'en
donnerais pas une épingle, je m'en soucie comme
d'une épingle , j'en donnerais le choix pour une
épingle; toutes phrases qui se disent de choses
qu'on regarde comme sans importance. || On jette-
rait une épingle qu'elle ne tomberait pas à terre,
se dit d'une foule très-compacte. || Fig. Coups d'é-
pingles, petites offenses, petites contrariétés qu'on
inflige à quelqu'un. J'aime à rêver, mais ne veux
pas Qu'à coups d'épingle on me réveille, delille.
Corners. II. || Conspiration de l'épingle noire, con-
spiration qui se forma sous la Restauration et dans
laquelle les conjurés avaient pris pour signe de ral-
liement une épingle noire. || 2° Épingle à cheveux,
épingle qui autrefois était droite, et qui est main-
tenant à deux branches ondulées dans le milieu;
elle est noire et sert aux femmes à retenir leurs
cheveux. || 3° Bijou, en forme d'épingle, qui se fixe
au liuKe sur la poitrine et sur la cravate. Épingle
de diamant. || 4" .lu piiir. Don ou gratification
qu'on accorde à une femme pour quelque service
rendu. C'est pour les épingles des filles, se dit de
ce qu'on ajoute , en payant une marchandise ou
un ouvrage, au prix convenu. || Don fait à une femme
quand on conclut quelque marché avec son mari.
Ce sont les épingles de madame. Ah! que vous êtes
adroit, monsieur Dubois! vous prétendez que,
pour mes épingles, je me contente de ce petit sur-
plus, dancourt. Femme d'intrigue, iv, 15. || En
quelques provinces , épingles se dit pour arrhes.
En Bourgogne, quand on vend du vin, on de-
mande des épingles. || 5° Terme de cuisine, filet
de glace qui se forme dans une crème ou dans
une autre composition glacée. || 6" Goutte de sou-
dure qui perce dans l'intérieur du tuyau de plomb
que l'on soude. || 7" Petit morceau de bois fendu,
pour attacher du linge ou des estampes sur une corde.
— HIST. xiii' s. Que nul mestre ne mestresse ne
puisse acheter fil cher pour fere,espingles, se ce
n'est à ceus du dit mestier, sus peine de l'amande,
Liv. des met. 364. || xv s. Humbles furent, coies et
simples. Ne sçurent que ce futd'espingles, Ne d'or-
gueil; car humilité Estoit en leur simplicité, eust.
DESCH. Poésies mss. dans lacurne. Un carteron de
longues espingles à la façon d'Angleterre, de la-
BORDE, Émaux, D. 302. Mme d'Estampes prend de
pension, pour ses espingles, cinq cens livres, m. ib.
p. 303. Et s'il chiet [tombe] à la dame une espille,
il l'amassera, car elle se pourroit afibller ou bleçer,
Les quinze joyes du mariage, p. 2i. || xvi' s. La
moindre picqueure d'esplingue et passion de l'ame,
MONT. I, 329. Mais, ne pouvant rien contre vent et
marée, il tira son espingle du jeu, d'aub. Ilist. m,
334. Ung saphir encassé à jour, sur ung espingle
d'or, garny de douze petites perles, de laborde.
Émaux, p. 303.
— ÉTYM. Champ, éplingue; picard, épieule,
épiule ; génev. ipingue; bas-latin, spindula, spi-
niila; du latin spinula, petite épine, d'après Diez.
Scheler conteste celte éiymologie, n'admettant pas
l'intercalalicn d'un g; l'allemand Spange, agrafe,
avec ses diiiiinulifs dialectiques, spangel, spcngel,
spingel, lui paraissent expliquer plus naturelle-
ment la forme épingle. L'ancien français espille
et le picard épieule représentent non rpinula,
mais spiculum.
f ÊPlNGI-fi (é-pin-glé), adj. Velours épingle, tissu
à petites côtes légères en travers de l'étoffe; ces
petites côtes sont faites avec des fils de soie comme
s'ils avaient été enroulés sur des épingles fines qu'on
aurait retirées après le tissage fini, ce qui fait une
élofi'e qui se froisse facilement comme le velours.
I ÉPLN'GLER (é-pin-glé), v. a. Kicher une épin-
gle , attacher avec une épingle. |{ Percer la gargousse
d un canon avec l'épinglette. Déboucher la lumière
d'un fusil avec l'épinglette. || Êpingler un bec de
gaz, nettoyer à l'aide d'une épingle très-fine les
petits trous par oil le gaz s'échappe, et qui sont
ÊPl
UC3
sujets à se boucher. || S'épinçlerj «. réfl. Attacher
ses épingles.
— IHST. xvi* s. Espingler, ouDm, Dîct.
— f.TYM. Épingle; génev. épingoler.
t ÊPINGLERIE (é-pin-gle-rie) , s. f. Manufacture
d'épingles.
— HIST. XIII* s. Ils ont regardé que nus [nul] du
mestier d'espingnerie ne puisse prendre aprentis,
se deux des maistres du mestier n'i sont presens
pour les convenances oîr, Liv. des m^t. tB3.
— f.TY.M. Épingle.
ÉPINGLETTE (é-pin-glè-f), s. /■.Aiguille defer
pour percer la jfargousse avant d'amorcer. || Épingle
de fil d'archal pour déboucher la lumière du fusil.
Il Aiguille pour nettoyer les étoffes à mesui-e qu'on les
fabrique. || Terme de marine. Sorte de petit épissoir.
— ËTYM. Diminutif d'^pt'ng/e.
ÉPINGLIER, lËRE(é-pin-gli-é, gli-ê-r'), s. m. et
f. Il 1° Celui, celle qui fait ou ([Ui vend des épingles.
Le valet de chambre de mon gouverneur trouva
chez une miséraljle épinglière une nièce de <4 ans
qui était d'une beauté surprenante, retz, i, 54,
Il 2* Épinglier, pièce de la bobine du rouet à filer.
— niST. XIII' s. Les espingliers de Paris ont es-
gardé pour le proufit et por l'avancement du mestier
que chascun doit lessier envie à compile en toutes
saisons de l'an, Liv. des met. 152.
— ÉTYM Épingle. Espinglicr s'est dit aussi pour
étui, coQUiLLABT, Droits noureaux.
■f ÉPINICION (é-pi-ni-si-oii),s. m. Terme de litur-
gie. Se dit de l'hymne Sanctus, sanclus, par où fi-
nit la préface de la messe.
— ÉTYM. 'E7ttvi-,itov , chant de victoire, de èici,
sur, et vî/ïi, victoire.
f ÉPINIER (é-pi-nié), s. m. Un des noms vul-
gaires du tarin.
— ÉTYM. Épine.
ÉPINIÈRE (é-pi-niê-r'), adj. f. jl 1° Terme d'anato-
mie. Qui appartient à l'épine du dos ; usité seulement
dans cette locution : bi moelle épinièie, organe cen-
tral nerveux que renferme l'épine du dos ou co-
lonne vertébrale, et qui est continu par en haut
avec le cerveau. || 2° S. f. Un des noms vulgaires
de l'aubépine.
— ÉTYM. Épine.
ÉPIXIERS (é-pi-nié), s. m. plur. Terme de véne-
rie. Fourrés d'épines, où se retirent les bêtes noires.
— ÉTYM. Épine.
\ t. ÉPINOCUE (é-pi-no-ch'), s. f. Petit poisson
commun dans les ruisseaux de France, vulgaire-
ment, pec, ou savetier, ouécbarde,ou épinard(jaî-
terosteus aculeatus).
— ÉTYM. Épine; picard, épinoke. L'ancienne lan-
gue disait espiiioche, pour épinard.
t 2. ÉPINOCUE (é-pi-no-ch'), s. m. Nom que les
droguistes donnent au café de la meilleure qualité.
t ÉPINYCTIDE (é-pi-ni-kli-d'), s. f. Nom donné
par les médecins grecs à une éruption cutanée
qu'on ne sait pas au juste à quoi rapporter.
— ÉTYM. 'EtiivuxtI;, de èjif, et vùÇ, nuit.
■[■ÉPIODONTE (é-pi-o-don-t'), s. m. Mammifère
du genre dauphin, qui se trouve dans les mers do
Sicile.
— ÉTYM. 'Enî, sur, et èSoùç, dent.
f ÉPIOOLlTlIIQUE(é-pio-o-li-ti-k'), adj. Terme
de géologie. Se dit des terrains situés au- dessus du
calcaire oolithique.
— ÉTYM. 'Enl, sur, et oolithique.
t ÉPIORNIS (é-pi-or-nis'), s. m. Terme de ioolo-
gie. Oiseau de Madagascar, connu seulement par ses
œufs qu'on a trouvés pétrifiés ou fossiles, et dont
chacun a une capacité d'environ huit litres, et par
quelques os.
— ÉTYM. 'Eiti, sur, et «pvii;, oiseau.
t ÉPIPAROXVSME (é-pi-pa-ro-ksi-sm'), s. m.
Terme de raéd 'cine. Paroxysme qui reparaît plus tôt
ou plus fréquemment qu'il ne doit revenir.
— ÉTYM. 'Eiti, sur, et paroxysme.
lÉPIPASTlQDE (é-pi-pas-ti-k'), adj. Terme de
pharmacie. Papier épipaslique, papier saupoudré
de poudre de canlharides retenue par de ta matière
emplastique.
— ÉTYM. 'Emiziaoti-i , saupoudrer.
t ÉPIPÉTALE (é-pi-pé-ta-l'), adj. Terme de bo-
tanique. Qui naît sur la corolle. Étamines épipéta-
les, par exemple dans les labiées.
— ÉTYM. 'I-'.Tii, sur, et pétale.
t ÉPIPÉTAHE (é-pi-pé-la-lie), *. m. Terme de
botanique. État d'une plante dont les étam nés s in-
sèrent sur la corolL'. || Douz.ème classe de la mé-
thode de Jussieu.
— ÉTYM. Épipétale.
t ÉPIPUANE (é-pi-fa-n'), adj. Terme de mytho-
1464 i:rf
lore. Oui appar.lt, .umom quo Ion nppliquait à
îr»tr»in. ,..rmi le. ,ucce«.eur. d'Alexandre.
— rrr». Voy. «piphawii!.
CPIPIMNIE (épifa-nie). #./. Fôte de a mani-
fMadori de Jdsui »")t genllls; le jour de» liois,
_ iiisT. xiii* »■ '•' nininx Inlomelier [boulang^rj
dnil lo premier a» qu'il a achelé le mestier de lale-
Dielert», vinKi cinq deniers de coustume à payer
lU roy,'» la Tiphanie el k Pasques vingt deux dé-
niera, et t l> ^"i"' Jehan ISaplisIe, cinq denlerg^
pbole, l.<v. des met. 7.
— KTVM. l'rovenç. rpifania, piphania ; espagn.
el ilal.rpi'/'inifl; d'iTtiçivtia, inaiiileslalion, de èni,
«iir, cl fiiviti, liriller, apparaître (voy. piiEnomènk).
tÉPIl'HARVNX (é-pi-farinks'), s. m. Terme de
zoologie. Pièce de la bouche des insectes hyméiio-
pléres.
— RTYM. "EnJ, mir, elpharynx.
t fiPIPIIfiNOMÈNE (épi-fé-no-m6-n') , ». m.
Terme do médecine. Sympiflmo qui survient dans
le cours d'une maladie et qui, n'étant pas nécessaire
pour la caractériser, paraît comme surajouté aux
symptômes essentiels.
— KTYM. 'Eni, sur, et phénomène.
t ÉPIPllI,i;oi)E{é-pi-flé-o-d'), adj. Terme de bo-
tanique. Oui naît sur l'épiderme des végétaux.
— RTYM. 'ICiti, sur, et çXoiwSriî, d'écorce.
t fiPIPIILlîO.SE (é-piflé-ôz'), s. f. Terme d'his-
toire naturelle. Epiderme des végétaux. || Ëpiderme
qui recouvre certaines coquilles.
— F.TYM. 'Kiti, sur, etç)oi4;, écorce.
EpipiionP.ME (é-pi-fo-nê-m'), s. m. Terme de
rhétorique. .Sorte d'exclamation sentencieuse paria-
quelle on termine un récit.
— ÉTYM. *Eit'.çMvTiiJLa, de iiti, sur, et çwvetv, par-
ler, crier.
fiPIPIIORA (6-pi-fo-ra), s. m. Terme de méde-
cine. Flux habituel des larm"S qui tombent sur les
joues au lieu de passer par les points lacrymaux.
— insT. XVI' s. Epiphora, yeui pleurans, moi-
te» ou mousses, pauè, xv, 6.
— ETYM. 'Eni<popà, flux, de eue, "sur, et çépeiv,
porter.
t ftPIPIIOUE (épi-for'), s. ^. Terme de gram-
maire, népétilion par laquelle un mol ou plusieurs
mots reviennent à la fin de chacun des membres
d'une période.
— ÉTY»l. 'Eniçopà, proprement apport, de litl,
•ur, et ç'pttv , pnrier.
t ÉPIPIIUAGMATIOUE (é-pi-fra-gma-ti-k') , adj.
Oui a le caractère d'un épiphragme.
lÉPIPHRAfiME (é-pi-fra-gm'), s. m. Terme de
loologie. Opercule temporaire à l'aide duquel certains
mollusques bouchent leur coquille, ce qui le distingue
de l'opercule proprement dit qui est permanent.
— F.TYM. 'Eiti, sur, et çpiYHa, ce qui obstrue.
i ÉPIPIIRASE (épi fra-7.') , s. f. Terme de litté-
rature. Figure de style par laquelle on ajoute, à une
phrase qui semblait finie, un ou plusieurs membres
pour développer des idées accessoires.
— F.TYM . 'Eitl, sur, et phrase.
t f-PIPHYLLANTHE (é-pi-fil-lan-f), ad;. Terme
de liotanique. Dont les fleurs naissent sur les feuilles.
— F.TYM. T.nl, sur, çjXXov, feuille, et àvOoç, fleur.
•( ftPIPllYLLE (é-pi-lll') , adj. Terme de liotani-
que. Oui croit ou est inséré sur les feuilles des
plantes, |1 S. f. Espùce de cactéc.
— Ktym. 'Eiti, sur, etçiJXXov, feuille.
t F.PIPIIYIXIN, INE (é-pi-fil-lin , li-n'), adj.
Terme de botanique. Dont les organes reproducteurs
naissent Ik la surface des feuilles.
— FTYM. Épiphijlle.
t f.PIPHY.SE (é pi-fl-i:'), i. f. Terme d'anatomie.
Eminence osseuse qui, unie au corps d'un os par le
moyen d'un cartilage, .se change en apophyse par
les progrès de l'ossification.
— ETYM. 'Enifuffu, de lui, sur, et çûat?, action
de produire.
i ÉPIPIU-TElépi-fl-f), adj. Il !• Terme de bota-
nique. Oui croît sur d'autres plantes. || 2* S. m.
Plante qui naît sur d'autres plantes, mais sans en
tirer sa nourriture; ce qui la dislingue des plantes
parasites.
— F.TYM. "Eiti, sur, et çutèv, plante.
lEPIPHYTlE(é-pi-a-tie),ï. ^. Terme de botanique.
Le» altéralions morbides qui atteignent une grande
quaniiié de plantes do même espèce à la fois, dan-
YiK, Organ. dt la midec. en France, p. B«, <845.
ill?*Trl*" '* P*"""'^ "fe terre, l'oïdium, la ca-
ne du bl« ionl de» épiphylies.
rnmm^v"' *^"'' '"' ««P^T*», plunte ; mot fait
comme tpnooitt.
ÈP\
t EpiphyTIQUE (é-pi-fl-ti-k*), adj. Oui appar-
tient aux épiphytes. Maladies épiphytiques, mala-
dies produites sur les plantes, soit par des épi-
phytes, soit par des parasites végétaux. || En un
autre sens, maladies épiphytiques, maladies qui
régnent par épiphylie.
tfiPIPI.fiROSE (épi-p!é-rô-7.'), s. f. Terme de
médecine. Héplétion excessive.
— ETYM. 'Eitl, sur, et TiXiioMstc, réplélion.
t ÉPIPLOCELE (é-pi-plo-s6-l'), s. f. Terme de
chirurgie. Hernie de l'épiploon.
IllST. XVI* s. Le dit omentum descent dedans
lo scrotum, dont telle affeclion est nommée epiplo-
celo, PAIIÉ, I. (3.
— ETYM. Épiploon, etx#n, hernie.
t ÉPIPI.O-ENTÊROCÈLE (é-pi-plo-an-té-ro-sè-l'),
». [. Terme de chirurgie. Hernie de l'intestin et de
l'épiploon à la fois.
— ÉTYM. Épiptoon, ot entérocèle.
tfiPIPLOÏQCE (é pi-plo-i-k') , adj. Terme d'a-
natomie. Oui appartient à l'épiploon. Artère, veine
épiploïque.
— ETYM. Épiploon.
t EPIPr.O-ISCHIOCÈLE (é-pi-plo-i-,ski-o-sW), ».
f. Terme de chirurgie. Hernie de l'épiploon par l'é-
chancriire ischiatique.
— ÉTYM. Épiplonn, eiischiocèle.
f F-PIPLOÏTE (é-pi-plo-i-t') , s. f. Terme de méde-
cine. Inflammation de l'épiploon.
— F.TYM. Épiploon, et la finale ite.
t ÉPIPLO-MÉROCÈLE (é-pi-plo-mé-ro-sè 1'), s.
f. Terme de chirurgie. Hernie crurale formée par
l'épiploon.
— ETYM. Épiploon, et mérocèle.
t ÊPIPLOMPIIALE (é-pi-plon-fa-1'), ». /".Terme
de chirurgie. Hernie de l'ombilic, causée par la
sortie de l'épiploon.
— ÉTYM, Épiploon, et à|i(pa),è;, nombril.
ÉPIPLOON (é-pi-plo-on) , s, m. Terme d'anatomie.
Grand repli du péritoine qui flotte sur la surface
des intestins.
— HIST. XVI" s. Sous la partie umbilicale des-
cend l'eophy.sis, et partie supérieure de l'épiploon,
PARÉ, I, I.
— ÉTYM. 'EuîitXoov, de Inl, sur, et tcXeîv, flot-
ter; à cause que l'épiploon flotte, pour ainsi dire,
sur les intestins.
t ÉPIPLOSARCOMPHALE (é-pi-plo-sar-kon-fa-l') ,
». f. Terme de chirurgie. Hernie ombilicale de l'é-
piploon, devenu dur et comme squirrheux.
— ETYM. Épiploon, aàp5, chair, et èjiçaXJi;,
nombril.
t EPIPLOSCHEOCÈLE (é-pi-plo-ské-o-sè-1'), s.
/", Terme de médecine. Hernie de l'épiploon, qui
descend jusque dans le scrotum.
— ÉTYM. Épiploon, èsxéov, scrotum, et xi^Xr),
hernie.
t ÉPIPOLASE (é-pi-po-la-2,') , s. f. Ancien terme
de chimie. Action par laquelle, sous l'influence de
la chaleur ou autre, une substance se sépare d'un
liquide, monte à sa surface, s'y arrête et y surnage
sans se volatiliser.
— ETYM, 'EiT',7t6).a<ri{ , de êitiTtoXàÇeiv , surnager,
de ini, sur, et tioXeïv, aller.
t ÉPIPOLIQUE (é-pi,-po-li-k'), adj. Qui a rap-
port à l'épipolase. || Force épipo'ique, nom donné
par quelques physiologistes à une action par la-
quelle urte substance se sépare d'un tissu pour se
montrer au dehors.
tÉPIPOLISME (é-pi-po-li-sm'), s. m. Manifesta-
tion, dans un corps, de la force épipolique.
ÉPIQUE (é-pi-k'), adj. \\ 1° lise dit des grandes
compositions en vers, où le poêle raconte une ac-
tion. Le poème épique, regardé en lui-même , est
un récit en vers d'aventures héroïques, volt. Ess.
sur la pods. dp. i. Les poètes épiques sont obligés
de choisir un héros connu dont le nom seul puisse
imposer au lecteur et un point d'histoire qui soit
par lui-même intéressant, ii>. ib. m. Les Français
riaient quand on leur di.sait que l'Angleterre avait
un poème épique dont le sujet était le diable com-
battant contre Dieu et un serpent qui persuade à
une femme de manger une pomme.... je fus le pre-
mier qui fis connaître aux Français quelques mor-
ceaux.... iD. iTi. IX. Quelques-uns ont voulu réparer
notre disette en donnant au Télémaque le titre de
poème épique; mais rien ne prouve mieux la pau-
vreté que de se vanter d'un bien qu'on n'a pas : on
confond toutes les idées, on transpose les limites
des arU, quand on donne le nom de poème à la
pro-se, ID. ib. ix. Ce serait un grand plaisir et même
un grand avantage pour un homme qui pense d'exa-
miner tous ce» poèmes épiques de différenle i.a-
ÉPI
ture, nés en des siècles et dans des pays éloignés
les uns des autres, m. ib. i. Thomas est en travail
d'un gros poûine épique, Gilbert, XVIll' siècle.
Il 2° Propre à l'épopée. Le genre épique. Des vers
épiques. Le ton épique. D'un air plus grand encor
la poésie épique. Dans le vaste récit d'une longue
action. Se soutient par la fable et vit de fiction,
BOiL. Art p. m. Ce reproche fait par un homme
d'esprit [Malezieu] à la nation française de n'avoir
pas la tête épique, appartient un peu à tous nos
pennies modernes, si enfoncés dans les intérêts ma-
tériels de la vie, si entravés, si préoccupés de
tous les soins de leur civilisation élégante et indus-
trieuse, viLLP.MAiN, Litt. fr. i S' siècle, 2' partie,
)'• leçon. Il Hubslanlivemenl. On fait vanité de porter
l'épique dans la tragédie; en croyant la parer, on
la dégui.se, i.amotte, Réponse à M. de Voltaire.
Il 3° Oui s'applique à l'épopée. Un poète épique.
il 4" Par extension, digne de l'épopée. Les dragons
chevelus, les grenadiers épiques. Et les rouges
lanciers.... v. IIUGO, Cri'p. 5.
— ÉTYM. 'Euoc, poème.
t ÉPIRRIIÉE (é-pi-rrée), ». f. Terme de méde-
cine. Afflux des humeurs.
— ÉTYM. 'Em^fioia, de im, sur, et ^eïv, couler.
t ÉPlRRniZE (é-pi-rri-z'), adj. Terme de bota-
nique. Se dit des plantes qui croissent sur les ra-
cines des arbres el y vivent en parasite.
— ÉTYM. 'Eiti, sur, et fi'Ça, racine. L'orthographe
épirhize qu'on trouve dans cr-rtains livres est fau-
tive; l'r se double dans les mots grecs ainsi composés.
f ÉPISCnÈSE (é-pi-skê-z') , s. f. Terme de méde-
cine. Suppression d'une évacuation naturelle, telle
que les menstrues.
— ÉTYM. 'ExtTyEiTi;, de Ini, et ff/.îïv, arrêter.
ÉVISCOPAL , ÀLE ( é-pi-sko-paf, pa-1'), adj.
Il 1° Oui appartient à l'évêque. La dignité épi-
scopale. Palais épiscopal. Ornements épiscopaux.
r.e caractère de saint Chrysostome était de parler
aux grands et aux puissants, même dans le temps
de leur plus grande prospérité, avec une force el
une liberté vraiment épiscopale, bollin. Traité des
El. IV, 2, Les qualités littéraires étaient relevées et
même sanctifiées dans l'archevêque de Rouen par
toutes les vertus épiscopales, par la vie la plus exem-
plaire, el la plus tendre bienfaisance pour les mal-
heureux, d'alembert, i?/o(/pi, Coibm. Il 2* L'Église
épiscopale, c'est-à-dire l'iîglise anglicane, ainsi diie
parce qu'elle a conservé les évêques. || Episcopaux,
nom qu'on donne, en Angleterre, à ceux qui com-
posent proprement l'Église anglicane, et par op-
position aux presbytériens.
— ÉTYM. Laf. episcopalis, de episeoput, évêq.ia
(voy. évêqi-e).
t ÊPISCOPALEMENT (é-pi-sko-pa-le-man), adv.
D'une manière épiscopale. Il [Nesmond] vivait fort
honorablement, mais sans délicatesse, fort épisco-
palemenl, avec modestie et avec économie, st-sim.
387, 23).
— ÉTYM. Épiscopale, el le suffixe ment.
ÉPISCOPAT (é-pi-sko-pa: le t ne se lie pas), s. ni.
Il 1° Dignité d'évêque. L'épiscopal est un ministère
de force el de fermeté, mass. Or. /un. Yillars.
Il 2° Temps durant lequel un évêque occupe un
siège. Puissent les siècles à venir dater de son épi-
scopal la renaissance de la foi, de la doctrine, de la
piété 1 MASS. Or. (un. Yillars. || S- Corps des évê-
ques, L'épiscopal français. Kn vain les rois d'An-
gleterre onlcrules pouvoir retenir [les esprits émus]
sur celte pente dangereuse [l'innovation religieuse]
en conservant l'épiscopal, BOss. Reine d'Anglet.
Qu'est-ce que l'épiscopal, quand il se sépare de
l'Église qui est son tout, aussi bien que du sainl-
siége qui est son centre, pour s'attacher contre sa
nature à la royauté comme à son chef? id. ib. Né
pour ainsi dire dans le sein de l'épiscopal, et trou-
vant, à côté de ses ancêtres, une si longue suite de
sages pontifes, mass. Or. (un. Villars.
— ÉTYM. Lat. cpticopafus, épiscopal (voy. évêché;.
t ÊPISÉMASIE (é-pi-sé-ma-zie), ». f. Terme de
médecine. L'invasion d'une maladie, le premier
moment où elle se fait remarquer.
— ÉTYM. 'Emsiuxaffia, de Ént, et ijTi;ioffia, ma-
nifestation.
t ËPISÈME (é-pi-sê-m') ou ËPISÉMON (é-pi-sé-
mon), s. m. Nom des trois caractères étrangers à
l'alphabet (les caractères pour 6 ou sigma-tau, pour
00 ou coppa, et pour 900 ou sampi) dont les Grecs
se servaient dans leur numération écrite, el par-
ticulièrement alTeclé au signe du nombre six (le
sigma-tau, Ç).
— ÉTYM. 'EuioT.uiov. signe fvoy. épisBhasie),
passé d'un sens gêi.cra. â un sens spécial
ÉPI
EPI
EI'I
146
a
t él>lSIOCELE (é-pi-si-o-sè-l"), ». f. Terme de
chirurgie. Prolapsus du vagin.
— ÉTYM. "Eitiusiov, pubis, et x-^X»i, hernie.
t fiPISIOBRHAPHlE (é-pi-si-o-rra-fle), s-^Terme
de chirurgie. Suture des parois vaginales ou des
grandes lèvres, à l'effet de remédier au prolapsus de
l'utérus ou du vagin.
— ÉTYM. 'Etiîiteiov, pubis, et fàçri, suture.
ÉPISODE (é-pi-zo-d'), s. m. || 1" Action incidente
liée à l'action principale dans un poëme, dans un
roman, dans un lableau. L'épisode d'Aristée dans
les Géorgiques. L'épisode de Velléda dans les Mar-
tyrs. Inventer des épisodes, ce n'est pas tant inven-
ter qu'ajouter à ce qui est déjà inventé, corn.
2' dise. trag. Un autre reproche qu'on peut faire
à Marivaux dans ses romans, c'est de s'y être per-
mis de trop longs épisodes; celui de la religieuse,
dans Marianne, occupe lui seul plus d'un volume,
d'alemb. Éloges, Marivaux. || 2° Incident, fait re-
marquable qui se rattaolie à un ensemble d'événe-
ments importants. Un épisode de la Révolution. De
croire qu'entre Alberoni et Chamillart il n'y ait point
quelque épisode de Flandre, je pense que ce serait
fort se tromper, st-sim. 208, 43. Admirez la sagesse
d'Homère, il n'a choisi pour l'Iliade qu'un épisode
de la guerre de Troie, barthél. Anach. chap. 71.
Il 3° Terme de musique. Pensée accessoire que l'on
introduit dans une fugue ou toute autre composi-
tion d'un style rigoureux.
— REM. Ce mot a été masculin ou féminin durant
le XVII' siècle, aujourd'hui il est masculin.
— HIST. XVI' s. Et si quelque subtil esprit me
reproche que c'est une episodie....D'AuB. Ilist. m, 21.
— ÉTYM. "EneiaoSo;, action d'intervenir, de ÈTti,
el;, en, et iSèç, voie, chemin. Le nom grec de 1'^-
ptiode était non i7tei(To5oç, mais un dérivé, int.im-
6iov ; et c'est ce dérivé dont d'Aubigné fait un mot
français.
t fiPISODIER (é-pi-zo-di-é), V. a. Étendre une
fable en y entremêlant des épisodes, Dictionn. de
l'Acad. de t7(8. Hors d'usage.
ÉPISODIQUE (é-pi-zo-di-k') , adj. Qui appartient
à l'épisode, qui n'est pas essentiel à l'action princi-
pale. Les intérêts des seconds amants qu'on intro-
duit et qu'on appelle communément des person-
nages épisodiques, corn, i" dise. Une action épiso-
dique qui ne doit pas amuser le théâtre quand la
principale est finie , id. Ex. de Mélite. \\ Poème
épisodique , celui qui se forme de plusieurs chants
indépendants les uns des autres, comme les Amours
épiqttes de Parsevil. || Pièce épisodique ou pièce à
tiroirs, pièce .composée de scènes qui ne sont pas
liées entre elles, comme les Fâcheux de Molière,
les Originaux de Kagan. Au lieu d'une intrigue,
j'en vois trois ou quatre; et c'est pour excuser ce
défaut que j'avais d'abord appelé la pièce comédie
épisodique, picabd. Préface de la Petite ville.
— ÉTYM. Épisode.
t ÉPISODIQUEMENT (é-pi-zo-di-ke-man) , adv.
D'une façon épisodique. Interrompre épisodiquement
une narration.
— ÉTYM. Épisodique, et le suffixe ment.
f ÉPISPADIAS (é-pi-spa-di-as') , s. m. Terme de
médecine. Vice de conformation de la verge, dans
lequel l'ouverture de l'urèthre est placée sur la par-
tie supérieure ou dorsale.
— ÉTYM. 'EtiI, sur, etonâu, tirer.
■j- ÊPISPASE (é-pi-spa-z') , s. f. Terme de méde-
cine. Éruption locale survenant sous l'influence d'un
traitement et indiquant une modification générale
de l'économie, telle que la poussée des eaux de
Louesche.
— ÉTYM. Voy. ÉPISPASTIQUE.
ÉPISPASTIQOE (é-pi-spa-sti-k') , adj. || 1° Terme
de pharmacie. Qui irrite la peau et soulève l'épi-
derme. Les canlharides sont épispastiques. || S. m.
Un épispastique énergique. {| 2° S. m. Terme de
zoologie. Nom d'une famille d'insectes coléoptères
(les vésicants).
— ÉTYM. 'EmanaoTixèç, de ImaTiôv, attirer, de
Ini, et CTitâv, tirer (voy. spasme).
t ÉPISPERMATIQUE (épi-spèr-ma-ti-k') , adj.
Terme de botanique. Qui a rapport à l'épisperme.
tÉPISPERME (é-pi-spèr-m'), s. m. Terme de
botanique. Tégument extérieur de la graine, dit
vulgairement peau. |{ Sac membraneux dans lequel
sont contenues les spores de quelques algue-»-
— ÉTYM. "Eitl, sur, et CTnipixa, graine.
ÉPISSÉ, ÊE (é-pi-sé, sée), port, passé. Cordes
épissées.
ÉPISSER (é-pi-sé) , v. a. Terme de marine. Sé-
parer les torons de deux bouts de corde et les en-
trelacer de manière à réunir les deux cordes.
DICT. DF LA LANGUE FRANÇAISE.
— ÉTYM. Holl. splilsen; allem. splilMn; angl. (o
îpZtce; du haut-allem., çph'zan; isl. sph'm, fendre.
ÉPISSOIR (é-pi-soir), s. m. || 1° Terme de marine.
Instrument en forme de poinçon, dont on se sert
pour épisser les cibles. || 2° Terme de pêche. Sorte
de cheville de fer dont les emballeuses de poisson se
servent pour écarter les osiers des paniers et y pas-
ser les ficelles.
— ÉTYM. Épisser.
ÉPISSURE (é-pi-su-r'), s. f. Terme de marine.
Assemblage do deux bouts de cordages par l'entre-
lacement de leurs torons.
— ÉTYM. Épisser.
t ÉPISTAMINAL, ALE (é-pi-sta-mi-nal, na-V),
adj. Terme de botanique. Qui se développe sur les
étamines. Glandes épistaminales.
— ÉTYM. 'Eui, sur, et le lat. slamen, fil (voy.
étamine).
jÉPISTAMINÊ, ÉE (é-pi-sta-mi-né, née), adj.
Terme de botanique. Dont les étamines naissent sur
le pistil.
■f ÉPISTAMINIE (é-pi-sta-mi-nie) , s. f. Terme de
botanique. État des plantes dont les étamines sont
implantées sur le pistil. || Cinquième classe de la
méthode de Jussieu.
■)■ ÉPISTASE (é-pi-sta-z'), s. /'.Terme de méde-
cine. Matière qui est tenue en suspension dans l'u-
rine, soit nuage, soit énéorème.
— ÉTYM. 'EnioTaffi?, de Itii, sur, et atiia, se
tenir.
t ÉPISTATION (é-pi-sla-sion), s. f. Terme de
pharmacie. Action d'épister.
t ÉPISTAXIS (é-pi-sta-ksis'), s. f. Terme de mé-
decine. Écoulement de sang par les narines.
— ÉTYM. 'ETtî(T-ta$i«, de inl, sur, et oTiiieiv, cou-
ler goutte à goutte.
-j- ÉPISTER (é-pi-sté), V. a. Terme de pharmacie.
Réduire enplte une substance que l'on pile dans un
mortier. || Détruire la cohésion des sirops mous en
les écrasant dans un mortier.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et le lat. pislare,
piler.
t ÉPISTERNAL, ALE (é-pi-iitèr-nal, na-1'), adj.
Terme d'entomologie. Se dit des apophyses qui se
portent dans l'intérieur du corselet de l'insecte, et
se dirigent obliquement en dessus et en dehors.
Il S. m. Pièce du sternum des tortues.
— ÉTYM. Episternum.
t ÉPISTERNUM (é-pi-stèr-nom'), s. m. Terme
de zoologie. Pièce du thorax des insectes hexapodes.
— ÉTYM. 'Eal, sur, et sternum.
ÉPISTOLAIRE (é-pi-sto-lê-r') , adj.\\ 1° Qui ap-
partient à l'épttre; qui concerne la manière d'écrire
les lettres. Genre épistolaire. Jugeant de vous par
moi-même, je suis persuadé, monsieur, que notre
amitié n'a pas besoin, pour se conserver dans toute
sa force, du secours ou de l'aliment d'un com-
merce épistolaire, bayle, Lclt. à Sihestre, 6 juin
(698. Rien n'est plus propre à nourrir, si l'on peut
parler ainsi, la réputation d'un homme de lettres
et quelquefois même à la fonder, au moins pour un
temps, qu'un grand commerce épistolaire, d'alemb.
Éloges, Bouhier. Si, dans la vie réelle, les lettres
sont ce qui met le plus l'homme à nu, il me sem-
ble que, dans le roman, l'adoption du style épisto-
laire est la plus puissante et, pour ainsi dire, la
plus vraie des illusions, villemain, Litt. fr. xvuv siè-
cle, 2' part, i" leç. || Genre épistolaire, division
des traités de littér-ature dans laquelle on co.mprend
particulièrement les lettres familières; règles sur
la manière d'écrire une lettre. || S. m. Auteur qui
a cultivé ce genre. Mme de Sévigné et Voltaire sont
nos meilleurs épistolaires. |{ 2° Terme de paléogra-
phie. Papier épistolaire, papier auguste ou royal
dont les anciens se servaient pour écrire des lettres.
— ÉTYM. Lat. epistolaris, de epistola, lettre,
épître (voy. épître).
t ÉPISTOLIER, ÈRE (é-pi-slo-lié, liê-r'), s. m. et
f. Celui, celle qui est célèbre par les lettres qu'il
a écrites, et aussi celui, celle qui écrit beaucoup de
lettres. Vous ne serez pas fâché de savoir particu-
lièrement que le grand épistolier de France [Balzac
lui-même] a jugé en votre faveur que vous écri-
viez mieux des lettres qu'homme du monde, bslz.
Lett. à Conrart, (6 aoilt (6-19. Mais grâce.... Au
grand épistolier Balzac, S Chapelain l'archipuriste,
MÉN.^GE, Requête des dict. à l'Acad. la nature avait
comblé Mme de Sévigné.... l'art, se joignant en elle
au génie, en a fait l'incomparable épistolière qui a
laissé à mille lieues derrière elle Balzac et Voiture,
et que Voltaire lui-même n'a point surpassée, cou-
sin , dans le Dict. de dochez.
— ÉTYM. Lat. epistolaris, de epistola, lettre.
épître (voy. épître). Au xvi' siècle on trouve cpù-
tolier, signifiant celui qui chante l'épltre au diman-
che, PARK, VI, 46.
ÉPISTOLOGRAPIIE ( é-pi-sto-lo-gra-r ) , s. m.
Il 1° Celui qui écrit des lettres. || Auteur ancien dont
on a des recueils de lettres. || 2° Nom du secrétaire
des rois Lagides, qui était à la fois chef suprême
des établissements littéraires d'Alexandrie et mi-
nistre des cultes pour toute l'Egypte; il était tou-
jours Grec de naissance.
— ÉTYM. 'EitiiTToJoYpâçot, de imirzol^, en latin
epistola, épître (voy. ce mot), et Ypâç^'v, écrire
(voy. graphique).
t ÉPISTOLOGRAPHIE (é-pi-sto-lo-gra-fie) , s. f.
Il 1° L'écriture des lettres , l'art de les écrire.
Il 2° Terme d'antiquité. Système d'écriture vulgaire
chez les anciens Égyptiens. On enseignait d'abord
au néophyte l'épistolographie ou la forme et la va-
leur des caractères ordinaires, dider. Opinions des
anc. phil. (égyptiens).
— ÉTYM. Vov. ÉPISTOLOGRAPUB.
t ÉPISTOLOGRAPHIQUE (é-pi-sto-lo-gra-fi-k*) .
adj. Qui a rapport à l'épistolographie. || Se dit de
l'espèce d'écriture égyptienne qui est plus souvent
appelée démotique ou enchorique.
t ÉPISTOME (é-pi-sto-m'), s. m. Terme d'histoire
naturelle. Synonyme d'opercule.
— ÉTYM. 'EtiI, sur, et môjjia, orifice.
t ÉPISTROPHE (é-pi-slro-f), s. f. Figure de dij-
tion. Répétition d'un mot à la fin des membres
d'une phrase.
— ÉTYM. 'EitKTTpoç-?! , retour, de iiû, sur, et
oxpocp-J] (voy. strophe).
t ÉPISTROPUÉE (é-pi-stro-fée), s. f. Terme d'a-
natomio. Nom donné à la seconde vertèbre cervicale
ou axis.
— ÉTYM. "ETCKjrpÉBetv , tourner, de in\, et <rrpt-
çtiv (voy. strophe); ainsi dite parce que la pre-
mière tourne sur elle comme sur un pivot.
ÉPISTYLE (é-pi-sti-l') , s. m. Terme d'architec-
ture. Nom que les architectes gréco-romains don-
naient à une architrave ou poutre placée horizonta-
lement sur les chapiteaux d'une colonne et s'étendant
de l'un à l'autre, de manière à former un lit con-
tinu sur lequel reposait la construction qui couron-
nait l'édifice.
— REM. L'Académie indique ce mot comme étant
du féminin; mais ce ne peut être qu'une faute d'im-
pre.ssion, tous les mots en .... style étant masculins.
— ÉTYM. 'E7tt(TT0).iov , de èitl, sur, et dtûXoi;,
pilier, colonne (voy. style).
f ÉPISYLLOGISME (é-pi-sil-lo-ji-sm') , s. m.
Terme de logique de Kant. Raisonnement qui, fai-
sant partie d'une série polysyllogistique, prend,
pour une de ses prémisses, la conclusion d'un rai-
sonnement précédent, dit prosyllogisme. C'est à
peu près ce qu'on nomme plus souvent sorite,
sinon que le sorite comprend non pas seulement
deux, mais plusieurs syllogismes.
— ÉTYM. 'Eni, sur, et syllogisme.
t ÉPISYNALÈPHE (é-pi-si-na-lè-P) , s. f. Terme
de grammaire. Espèce de contraction, consistant
en l'élision d'une voyelle dans l'intérieur d'un mot :
je vous loûrais, pour je vous louerais.
— ÉTYM. 'Eîti, et synalèphe : autre synalèphe.
t ÉPISYNTHÊTIQUE (é-pi-sin-té-ti-k'). || 1° Adj.
Qui appartient à l'épisynthétisme. ||2° 5. m. plur.
Les épisynthétiques, nom d'une secte médicale dont
les partisans se proposaient de concilier les principes
des méthodistes avec ceux des empiriques et des
dogmatistes, le clerc, Ilist. de la méd. ii, iv, i.
— ÉTYM. 'Eitt<juv9£Tixô; , qui enta.sse, de éici,
sur, et (jûvOsaiç, composition (voy. synthi-se).
t ÊPISYNTHÉTIS.ME (é-pi-sin-té-ti-sm'), s. m.
Doctrine des épisynthétiques.
f ÉPIT (é-pi) , s. m. Grande perche de bois qui
forme le manche d'une pelle à feu dans les salines.
— ÉTYM. Le même que épieu.
ÉPITAPHE (é-pi-ta-f) , s. (.\\l° Inscription sur
un tombeau. Toutes nos charges tomberont bientôt
avec nous; la mort confondra les cendres de celles
[les dames] qui brillent à la cour et de celles qui
sont obscures dans la retraite, et toute la différence
ne va qu'à quelques titres de plus ou de moins dans
nos épitaphes, fléch. Mme de Monlausier. Ci-gît
Olympe, à ce qu'on dit; S'il n'est pas vrai, comme
on souhaite. Son épitaphe est toujours faite; On ne
sait qui meurt ni qui vit, m""decrecy, dans mé-
nage. Remarques. Il paraît qu'on ne commença à
mettre des épitaphes sur les tombeaux de nos rois
que sous la seconde race, saint-foix, Ess. Paris,
Œuvres, t. iv, p. H2, dans pougens. Copernic fui
inliunié dans la cathédrale de Frauenberg lani
l. — 184
1/ifi6
m
MnM él uni «ptuphe, UPiAcr, Frpot. v, *.
t^JL\Z»<L v«n« lire répilaphe que je me
rJllm'Ïn rfir. «préVs. mort le bien ou le m.nl
2"'nVn%en.». fl^ temp, aprts I» mort) ou l'on
?. 1 1" r'cu^l Ile. bonne, et de, mauvniso. qua'it^s de
vu. «M, meurent, et où charun. re.r»çant dan» son
r,,,r.l I.» »ujet. .(u'il a .le s'en louer ou de s en plam-
en Mion «r« pawion». fait leur épilaphe à sa mode,
ntai. Umf <lf Monlautier. || Menteur comme une
épilaplie, se dit d'un louangeur exa,:«ré. || Il fera
l'éi.iiapho du genre humain, se dit d'un homme
miHUle qui paraît devoir vivre longtemps. Les yeux
Tif», i« leiiil frai", '■i f''" niliiconde. Vous ferez,
JVn'iui» stU, l'épitaphn du monde, boijbsault,
Éinptà la cour, iv, 2. |l 2" Terme d'architecture.
Tablotin ornée de sculpture» que l'on place sur le
mur d'une éplise ou contre un pilier avec une in-
icripiinn «épulcrnlo.
— BF.M.Dans le xvii'siMe, épilaphe était indif-
féremment des deux genres (Je n'ai j.lus qu'à mou-
rir, mon épitaphe est fait, coiiN. Suite du ilenteur,
I, e); nujourdliui il est uniquement féminin.
— IIIST. xiii" s ont escrit une espitace Desnz
eel arhre en une place, «-"n. I«i2i. || xV s. r.e roy
fut mal content des epitaphes [plar.anls] et libelles
diffamatoires qu'ainsi avoiont esté mises et atta-
chées, à l'csclanilie du dit monseigneur le connes-
taWo et d'aullres, Chr. scaiid. de Louis XI, an
4471, p. (73, dans lacurne. H xvi* s. Hz feirent en-
grsver dessus sa sépulture un epitaphe de telle
substance, amvot, Arisl. 50 Puis mourant dit
adieu A ses enfants qui sur lui ont posio Cette epi-
taphe et la tombe arrosée, MAnoT, dans ménage,
Hem.
— ÉTYM. "EttiTiçio;, de M, sur, etTaç^l, sé-
pulture.
ÉPITASE (é-pi-ta-z") , ». f 11 1° Terme de rhy-
thmique ancienne. Appui de la voix sur la syllabe
accentuée, par exemple sur la syllabe re dans
avi'nn. Il J" Terme de musique ancienne. Passage
du grave à l'aigu. || 3" Terme de critique littéraire.
Partie du poème dramatique qui, venant après la
prolase ou exposition, contient les incidents essen-
tiels et le nœud de la pièce. Ouoil monsieur, la
nrotase, l'épitase et la péripétie.... mol. Crit. de
Fec. drt ffmmfs, 7.
— ÉTYM. 'ETtlxaii;, de M, et T(iiji;, extension,
de t((vei'', tendre (voy. ce mot).
t P.PITE (é-pi-f), s. f. Terme de mer. Petit coin
de bois qu'on insère dans une cheville pour la
grossir.
j; PITIIALAME (é-pi-ta-la^m") , s. m. || !• Petit
poëino pour célébrer un mariage; genre qui nous
vient de l'antiquité, où il était particulièrement
usité. L'épiihalame de Thétis et de Pelée, par Ca-
tulle. Quelque épithalame k la glace Dans un petit
monde bourgeois, gbfsset, Chai'reuse, Paris, dont
TOUS allez vous attirer le bl4me. Fera votre épi-
laphe au lieu d'épithalame, BOissv, Deh. Iromp. v,
3. Alors le poète [MiUon], resté comme à la porte
du Iwrceaii |où sont Adam et Eve], entonne, à la
face du firmament et du pôle chargé d'étoiles, un
cantique à l'hymen; il commence ce magnifique
épithalame sans préparation, et par un mouvement
in.'piré. ciiateaub. d'Hic, ii, n, s. || Fig. Quand,
laissant ma voile Fuir au gré de l'air. Penché sur
la lame. J'écoute avec l'âme Cet épithalame Que
chante la mer, v. uuGo, Crép. 20. || 2» Se dit de
gravures allégoriques, composées par des dessina-
teurs hollandais, pour accompagner des vers sur la
célébration d'Iin maria^-e.
— tTYM. 'Em9«).ii|ito;, de iiti, sur, et eiXa-
pjti, lit nuptial.
i fiPmiF.I,IAI., AI.E (é-pi-té-llal, a-1'), adj.
Il l'Termi-danalomie. Quia rapport à l'épilhélium.
Il î'Termede chirurgie. Tumeiirépithéliale, tumeur
formée essentiellement ries éléments de l'épithé-
lium. et qui, extirpée, est sujette à récidive.
t f,PITHfiLIOMA (é-pi-té-li-o-ma), ». m. Terme
de chirurgie. Svnonyme de tumeur épitheliale.
_t EriTIlftUliM (é-pi-tWi-om'), ». m. Terme
d'«n»lo«iie. L'analogue, dans les membranes mu-
queuses, de ce qu'est l'épiderme k la peau.
— tm. "Eiti, sur, et irM, mamelon, parce
que riuisch attribua dabord ce nom à la pellicule
qui recouvre cette partie; (nriX^, de Oi», nourrir,
donner k teier (voy. tetsh).
ÊTITHÈMR (é-pi-tA-m-), ». m. || !• Terme de
lw^!!l'".T."" ,"'*d"-«n""'t topique, autre que
i^rJiT' " ' «"°P'*'™- Il »• Terme de ziologie. Ap-
SL.r! "™* ''"' «unnonte le bec de certains oi-
m
— HIST. XTi's. Appliquer emplastres, linimens,
cataplasmes, epithemes, fomentations, PAH8,i,Pr(<^.
— ETYM. *Ejti9in», de M, sur, et 6i\M, action
do poser (voy. thème).
lÎprrnF.TE (é pi-té-f), ». f. || l* Mot qualificatif.
Amas ri'épilhèles. Kncor si, pour rimer dans sa
verve indiscrète, Ma muse au moins souffrait une
froide épithéte, boil. Sal. ii. Kn général, il ne
faut pas multiplier les épithèles sans nécessité ;
car tout mot qui n'est pas nécessaire nuit à la liai-
son, connii.LAC, Arl d'écrire, i, 5. C'est en partie
de la liberté que nos pères prenaient de donner
des épithètes aux personnes qu'est venu ru.sage des
noms propres de famille, dumabsais, Mél. gramm.
t. v, p. 228. Il Épithètes caractéristiques, celles qui
caracti^risent immédiatement un objet, une situa-
tion ; épithètes oiseuses, celles qui ne signifient
rien ou presque rien ; épithètes contradictoires ,
celles qui disent le contraire de ce que l'auteur de-
vrait dire. Il Se dit, dans les dictionnaires poé-
tiques ou gradus, des adjectifs qui peuvent être
donnés comme épithètes à un substantif, et qui,
réunis sous un même coup d'œil, aident l'élève à
faire des vers latins. || 2° Oualification, presque tou-
jours en mauvaise part, L'épithète est un peu forte.
— KEM. Ce mot a été longtemps masculin : épi-
thètes oisifs, BALZAC, dans ménage. Remarques;
épithéte mal placé, vaugelas, ib. Aujourd'hui il est
féminin.
— SYN. ÉPITHÉTE, AnjECTiP. Ces deux mots si-
gnifient étymologiquement la même chose. Mais,
chez nous, l'usage met entre eux une différence qui
est très-bien exprimée dans le passage suivant :
■I En éloquence et en poésie, on appelle épithéte
un adjectif sans lequel l'idée principale serait suf-
fisamment exprimée, mais qui lui donne ou plus
de force, ou plus de noblesse, ou plus d'élévation,
ou quelque chose de plus fin, de plus délicat, de
plus touchant, ou quelque singularité piquante,
ou une couleur plus rinnte et plus vive, ou quel-
que trait de caractère plus sensible aux yeux
de l'fsprit, b mabmontel, Elém. littér. (Kur. t. vu,
p. 2^9, dans pouGRNS.
— HIST. XVI" s. Quant aux épithètes qui sont en
nos poètes françois, la plus grand' part en sont
froids ou ocieux, du beli.ay, dans ménage. Hem.
— ÊTYM. 'EmÔETO!;, ajouté, adjoint, de èiti, à, et
Tt6évai, mettre, placer; formation à laquelle est pa-
rallile le latin adjectivits, de ad, à, et jacere, je-
ter, mettre.
t ÉPITHCTIQUE (é-pi-té-ti-k'), adj. Néologisme.
Chargé, rempli d'épithèles. Style épithétique.
t ÉPrTHÉTISME (é-pi-té-ti-sm'), s. m. Terme de
rhétorique. Figure d'élocution qui consiste à modi-
fier l'expression d'une idée principale par celle
d'une idée accessoire.
— lîTYM. Épithéte.
t ÉPITICHISME (é-pi-ti-lti-sm') , s. m. Terme
d'antiquité. Construction plus récente faite sur
d'anciennes suhstructions. Cette légende , tirée
d'un vers d'Euripide , consiste en ces mots bases
cyclopéenurs ( Kux>.io7iwv pàOpa), signifiant que
la partie inférieure a été bâtie par les Cyclopes,
comme si le poète à qui nous l'empruntons avait
voulu montrer qu'il avait déjà remarqué le fait con-
stant de l'épitichisme des constructions helléniques
au-dessus des construclions cyclopéennes , petit-
eadel, Hnnum. cyd. p. (t.
— REM. Il faut écrire épitichisme, et non épitei-
chisme, la diphthongue ei se rendant par t en
latin, et, par conséquent, dans les transcriptions
françaises qui se font suivant le système latin.
— ÊTYM. 'ETriTEtyiajièî, cofistruction sur, deim,
sur, et Ttïyo;, muraille.
ÉPITOGÉ (é-pi-to-j), t. f. Il 1» Sorte de manteau
des anciens Romains, qui se portait par-dessus la
toge. Il 2'' Sorte de chaperon que les présidents à
mortier et le greffier en chef du parlement portaient
dans les grandes cérémonies. Il ne s'agissait [pour
les présdents] que de prendre leurs grandes robes
rouges avec leurs épilogesetleur mortier à la main,
ST-siM. 343, 243. || 3° Sorte d'ornement que les
professeurs des lycées portent sur la robe, attaché
sur l'épaule, pendant devant et derrière, en soie
jaune pour les professeurs des lettres, en soie rouge
groseille pour les professeurs des sciences , et
garni de un. deux ou trois rangs d'hermine, sui-
vant les grades de bachelier , licencié ou docteur.
Cet ornement sa nomme aussi chausse (voy. ce
mot).
— msT. XV s. Le greffier civil vestu d'un epi-
toge d'escarlatte, godefrot, Obt. sur Charles Vlll ,
p. 433, dans LACDHNE.
ÉPI
— ÉTYM. Lat. epitogium, de M, sur, et toga,
toge.
t ÉPITOIR (é-pi-toir), t. m. Terme de manne.
Instrument ilo fer qui sert à faire entrer l'épite.
f KPITOMATECR (é-pi-to-ma-teur), ». m. Celui
qui cnmpo.se un épitome.
— ETYM. lat. fictif epitnmatorem, indiqué par
le verbe epilomare, abréger.
fiPITOME (é-pi-to-m') ou, plus usité, ÉPITOMÉ
(é-pi-to-mé), s. m. \\ !• Abrégé d'un livre. L'épitoms
de Justin. Kepler dit, au quatrième livre de son
épitome.... volt. Newton , m , 6. {| 2" S'écrit et se
prononce toujours épitome, quand on parle d'un
abrégé de l'histoire sainte ou de l'histoire grecque
à l'usage des élèves qui commencent l'étude du la-
tin. Il en est encore à l'épitomé.
— ÉTYM. La t. épitome, du grec imxo^ii, abrégé,
de ini , sur, et to[iyi, section, retranchement.
fiPÎTRE (é-pi-tr'), ». (. || 1" Lettre missive chez
les anciens. Les épîtres de Cicéron. Eplire de saint
Paul aux Corintliien.s. || Cet homme est familier
comme les épîtres de Cicéron, il a une familiarité
excessive; se dit parce qu'on a appelé les lettres de
Cicéron à ses amis, lettres familières (cpislote ad
familiares). \\ Familièrement. J'ai reçu de lui une
longue épître. || 2° Lettre en vers sur un sujet philo-
sophique ou satirique. Les épîtres d'Horace, de Boi-
leau, de Pope. La faveur que l'ode semble avoir
perdue, l'épître paraît l'avoir gagnée, d'alemb. Ré-
flex. sur la poésie. Œuvres, t. iv, p. 426, dans
pougens. On attache aujourd hui à l'épître l'idée de
la réflexion et du travail, et on ne lui permet pas
les négligences de la lettre, mabmontel, Éléments
un. Œuvres, t. vu, p. 2Bn, dans pougens. || 3 Êpltre
dédicatoire, dédicace mise en tète d'un livre. 11 faut
croire que l'estime et l'amitié ont inventé l'épître
dédicatoire, mais la bassesse et l'intérêt en ont
bien avili l'usage, mabmontel, id. p. 26.i. ||4» Terme
de liturgie. Leçon qui se dit un peu avant Pévan-
gile. La messe en est à l'épître. Le côté de l'épître,
la partie du chœur qui est à la droite du prêtre
quand il est tourné vers l'autel.
— SYN. ÉplTBE, LETTBE. Missive qu'ou envoie à
quelqu'un : lettre est le terme général; épître, au
contraire, est plus particulièrement appliqué aux
lettres des anciens auteurs (les épîtres de Ci-
céron) ou aux lettres en vers qu'on adresse \ quel-
qu'un. Au cas de missives modernes et non en vers,
épître ne se dit qu'ironiquement.
— lllST. xii* s. Voidrai vus les epistles e dire o
reconter, Qu'ai rei et as evesques enveiad II bon
ber [homme, voy. babon], Th. le mart. 7i. Hxiii» s.
Après, Il viesti on le [la] tunique qui doit iestre
vers [verte] , en la quele on list l'epistole qui se-
nefie soufrance, Chr. de Rains, p. I04. Une mer-
veilleuse parole Que moult de gens tindrent à foie,
Qui est escrite en ses epistres [d'Héloïse] , la Rose,
8851.
— ETYM. Lat. episiola, du grec jTtiuTo).^, lettre,
de ini, vers.yet otaXeiv, envoyer, disposer (voy.
stole). Palsgrave, p. 23, remarque qu'on écrit fpw-
tre et qu'on prononce ept'tre.
f JtPlTRITE (é-pi-tri-f), adj. || !• Dans l'arith-
métique des anciens, nombre épitrite, nombre com-
posé d'un autre nombre, plus le tiers de celui-ci.
4 est épitrite relativement à 3. || 2'' S. m. Terme de
prosodie. L'épitrite, pied grec ou latin composé de
quatre syllabes, dont trois longues et une brève.
Il Terme de musique ancienne, ou plutôt d'an-
cienne rhythmique.Rhythme correspondant au pied
qui porte le même nom.
— ÉTYM. 'EitixpiTo;, de M, sur, et TpÎTOc, troi-
sième, tiers.
t ÉPITROCHLÉE (é-pi-tro-klée) , ». f. Terme d'a-
natomie. Eminence située à la partie interne de
l'extrémité cubitale de l'humérus, au-dessus de la
trochlée.
— ÉTYM. "Eitl, sur, et trochlée.
1. ÉPirROPE (é-pi-tro-p'), ». f. Figure de rhé-
torique, qui consiste à accorder quelque chose qu'on
pourrait contester, afin de donner plus d'autorité k
ce qu'on veut persuader.
— ÊTYM. 'EitiTpojrii, concession, de M, sur, et
vplKEiv, tourner.
t 2. f.PITROPE (é-pi-tro-p"), f . m. Nom person-
nel d'office, en Turquie, parmi les chrétiens grecs.
— ETYM. 'Entipoitoi;, surveillant, de im, sur, et
TpéTitiv, tourner.
t ÊPIXYLE (é-pi-ksi-n, ad;. Terme de botani-
que. Qui croît sur le bois.
— ETYM. "Eiti, .sur, et ÇiXov, bois.
t ÊPIZOAIRE (é-pi-io-ê-r*) , ». m. Animal qui vit
en t>arasite i la surface du corps d'autres animaux
EPL
ÉPO
ÉPO
1A67
(la puce), ou qui ss loge sous l'épiderme (l'acarus
de la gale).
— ËTYM. 'Eiti, sar, et CoKÎpiov, diminutif de
ÇtSov, animal.
t ÉPIZOÏQCE (é-pi-zo-i-li') , adj. Terme de géo-
logie. Se dit de terrains supérieurs à ceux qui ren-
ferment des débris de corps organisés.
— ÊTYM. 'EtiI, sur, et Cmov, animal.
ÉPIZOOTIE (é-pi-zo-o-sie), s. f. Maladie qui règne
sur beaucoup d'animaux à la fois.
— SYN. ÉPIZOOTIE, ENZOOTiE. Il y a entre ces
deux mots la même différence qu'entre épidémie et
endémie. L'épizootie est une maladie qui frappe un
grand nombre d'animaux à la fois; l'enzootie est
une maladie qui rigne habituellement en un can-
ton sur les animaux.
— ETYM. 'Eni, sur, et ÎCov, animal.
ÉPIZOOTIQUE (é-pi-zo-o-ti-k'), adj. Qui tient
de l'épizootie. Maladie épizootique.
t ÉPLAIGNER (é-plègné), V. a. Tirer le poil du
drap avec des chardons.
— ÉTYM. Il semble le même mot que l'ancien
verbe eplaner , aplanir : Le lieu où il y aura le
moins de bois pour l'avoir plus tôt couppé eteplané,
ÎALNOVE, Vénerie, p. 310, dans laCurne.
t ÉPLAIGNEUR (é-plè-gneur) , s. m. Celui qui
ÈplaiRne le drap.
t ÊPLOIIATION (é-plo-ra-sion), s./". Néologisme.
Plaintes de l'homme éploré. Ce discours déborde
de majesté, de douleurs, d'éploralions sublimes,
tAMAHT. dans le Dict. de poitevin.
ÉPLORÉ, ÉE (é-plo ré, rée), adj. Qui est tout
en pleurs. Une femme éplorée. J'ai laissé tout au-
tour une foule éplorée, corn. Poly. m, 5. Au bruit
de votre mort justement éplorée, rac. Esth. i, t.
Il Par extension, lîeaux lieux, recevez-moi sous vos
sacrés ombrages; Vous qui couvrez le seuil de ra-
meaux éplorés. Saules contemporains, courbez vos
longs feuillages Sur le frère que vous pleurez, la-
MART. Méd. II, 16. Vous étiez jeune alors, vous, notre
chère gloire. Vous veniez d'essayer pour la pre-
mière fois Ce beau luth éploré qui vibre sous vos
doigts, A. DE MUSSET, Poésies nouv. Lettre à La-
martine.V[ei chers amis, quand je mourrai. Plantez
un saule au cimetière; J'aime son feuillage éploré,
La paieur m'en est douce et chère, id. Fois. nouv.
Lucie, élégie.
— HIST. XIII' S. Par semblant [il] lait [laisse] la
serve dolente et eplourée, Berle, lxviii. || xvi' s.
Des valets pasles et esplorez, mont, i, 90. Il trouva
une .sienne petite fille qui estoit toute esplorée; si
luy demanda, en la caressant, ce qu'elle avoit à
plorer, amyot, P./Em. 14.
— ETYM. É pour es.... préfixe, et pleurer, an-
ciennement plurer.
ÉPLOYÉ, ÉE (é-plo-ié, iée; plusieurs disent
é-ploi-ié, iée), adj. Terme de blason. Oiseaux
éployés, ceux qui ont les ailes étendues. || Par ex-
tension. C'est un déchaînement de dire que le saiiit-
()ère est Espagnol et que l'ambassadeur est dupe;
lous le verrons, cela ne peut se cacher : celte aigle
sployée nous fera voir de quel côté elle prend son
;ol, SÉV. 612.
— nE.M. Le verbe éployer n'est pas usité; il pour-
rait l'être sans peine, et l'on dirait très-bien : Un
.igle qui é|iluie ses ailes.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et ployé.
ÉPLCCIIAGE (é-pln-cha-j'), s. m. Action, ma-
iière d'éplucher des étoffes, des laines, des légu-
nes, des fruits, etc. || Fig. Examen minutieux.
— ÊTYM. Éplucher.
ÉPLUCHÉ, ÉE (é-plu-ché, chée), part, passé.
ùéharrassé des bourres , des peluches. Étoffe
épluchée. Il Fig. Examiné comme une étoffe qu'on
ipluche. Sa conduite épluchée avec toute la perspi-
jacité que donne le ressentiment. 11 n'est question
que (le ses discours académiques, sorte d'ouvrages
toujours épluchés avec la dernière rigueur, la harpe,
Correspond, t. m, p. 200, dans pougens.
ÉPLUCUEMENT (é-plu-ctie-man) , s. m. || 1° Voy.
tPLUci'AGE. Il î° Action d'ôter une partie des fruits
d'un arbre, lorsqu'il s'en est trop formé.
— ETYM. Éplucher.
ÉPLUCHER (é-plu-ché), D.o. || i' Enlever les bour-
res, les pailles, etc. desétoffes. Éplucher des soies, des
laines. || 2° ôler soigneusement les ordures qui peu-
vent se trouver dansdes herbes, dans des grains, etc.
Éplucher do la salade. Éplucher du riz. |{ 11 se dit
aussi de la volaille dont on ôte les bouts de plume
Testants, du poisson dont on ôte les écailles. || Abso-
lument. Et qui, sans éplucher, n'avalât l'éperlan,
RÉGNIER, Sat. X. Il II se dit aussi des fruits dont on
ôte l'enveloppe. Éplucher une noix. || 3° Éplucher
un arbre, le débarrasser du bois mort, des fruits
qu'il E (le trop. {| Éplucher un champ, le débarrasser
des herbes. Il nous faudrait mille personnes Pour
éplucher tout ce canton [en arracher tout le chan-
vre], LA font. Fabl. I, t>. Il 4° Fig. Examiner comme
on fait pour une chose qu'on épluche. Qui sût d'un
choix prudent toute chose éplucher, Régnier, Sat.
XIV. On peut connaître quelle est la meilleure de
toutes les sectes, sans les avoir toutes épluchées ,
d'ablancourt, Lucien, Ilermotime. Combien avez-
vous passé de nuits k éplucher les questions épi-
neuses de la dialectique? fonten. Anacréon, Àris-
tote. Il Éplucher une personne, s'enquérir de ce
qu'elle est, de sa conduite, etc. Mon avis était qu'il
fallait éplucher un homme en sa vie, et non pas en
son origine, malh. Lett.àM. Colomb. Femmes aussi
trompent assez souvent. Il ne les faut éplucher trop
avant, la font. Troq. Il sera fort bien d'éplucher
tous ces petits messieurs-là, et de les examiner à fond
sur leur bien, sur leur figure, sur leur conduite,
legband. Philanthrope, se. 4. || Terme de palais.
Éplucher une personne , ticher de la trouver en
défaut. Éplucher des témoins, une personne sus-
pecte. Il 5° Plus spécialement, rechercher avec un
soin minutieux ce qu'il peut y avoir d'incorrect, de
répréhensible en quelque chose. Et jusqu'au fond
du sac épluchons notre vie, Régnier, Sat. xv. Et
bien que ma pensée Épluche à la rigueur ma con-
duite passée, corn. Clit.m, 3, i"éi. Pièce à pièce
épluchant vos sons et vos paroles, boil. Éptt. x. Il
me siérait mal d'éplucher les défauts d'une personne
dont je mange le pain, lesage, Gil Blas, vu, 2.
Si j'osais éplucher cette épître, je vous dirais que
trompette ne rime point à tête, volt. Lett. Prusse,
35. Vous verrez que l'Académie mettra beaucoup
plus de temps à éplucher mes remarques que je
n'en ai mis à les faire, id. Lett. d'Argental, ia août
176). On a donné ma dernière brochure à éplucher
à un substitut, p. L. cour. Lett. u, I80. || 6° S'é-
plucher, V. réfl. Il se dit de certains animaux qui se
nettoient le poil ou la plume. Les oiseaux s'éplu-
chent avec leur bec. || Fig. S'examiner soi-même.
En m'épluchant avec soin, je fus surpris du nombre
de choses de mon invention que je me rappelais
avoir dites, J. J. rouss. Prorr>. 4. || Être épluché,
être nettoyé. Le riz s'épluche aisément.
— HIST. xiii* s. Un jur [la souris] s'asit desor le
sueil. Ses grenonez [petites moustaches] apareiUa,
E de ses pioz s'espelucha, marie, Fobl. m. ||xiv" s.
Aucunes femmes qui par dessus la raison et sens de
leurs maris veulent gloser et esplucher.... Uéna-
gier, i, 0. || xv s. Que par trop esplucier parfont les
choses secrètes.... je n'aquisisse liaynes envers moi,
chastelain , Exp. sur vérité mal prise. || xvi* s.
Tous ne peuvent esplucher du safran, il faut que
les auicuns espluchent des poys, palsgr, p. 667.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et pluche; pic.
épluker; bourguig. eplonge. Le simple est dans le
provenç. pelucar ; iial. piluccare, que Diez tire, à
l'aide du suffixe uc, du latin pilare, arracher les
cheveux, les poils (voy. peluche). 11 rejette l'anc.
baut'allem. pluccian, allem. mod. pflûckcn, ôter
en cueillant , qui aurait donné en italien piuc-
care; il est même porté à croire que ces mots ger-
maniques proviennent des langues romanes.
ÉPLUCUEUR, EUSE (é-plu-cheur, cheû-z'), s.
m. et f.\\i° Celui, celle qui, dans une manufac-
ture, épluche les laines, les soies. || Celui, celle qui
épluche des herbes, des légumes, etc. Éplucheuse
de pommes de terre. || 2° Fig. Celui qui ne laisse
rien passer. Un grand éplucheur de mots. Grand
éplucheur, clairvoyant à merveilles. Capable enfin
de pénétrer dans tout, LA font. ISelphégor.
— ETYM. Éplucher.
ÉPLUCUOIR (é-plu-choir), s. m. || 1° Instrument
pour éplucher des étoffes, etc. || 2°Atelier dans lequel
On enlève les corps étrangers mêlés à la pâle du carton .
ÊPLUCHURE (é-plu-chu-r'), s. f. || 1" Ordure
qu'on enlève quand on épluche. Chercher dans les
épluchures. || 2° Fig. Depuis la mort ilu roi, l'an-
cienne cour se trouvait éparpillée; Dangeau, retiré
chez lui, ne voyait plus que des restes d'épluchures,
ST-SIM. 464, 39.
— ÉTYM. Éplucher.
ÉPODE (é-po-d') , s. f. Terme de prosodie grec-
que. La troisième partie d'un chant divisé en stro-
phe, antistrophe et épode. Les épodes d'Horace, le
dernier livre de ses odes.
— ÉTYJI. 'EitipS^, de inl, sur, et ^S^, chant
(voy. ODE).
t ÉPOINÇONNER ( é-poin-so-né), v. a. Terme
vieilli. Piquer. Jadis un loup, dit-il, que la faim
époinçonne, régnieb, Sat. m.
— HIST. XVI* s. Tous sont espolnçonnez d'une
mesmo fureur, du bellat, iv, 76, recto.
— ETYM. É pour es.... préfixe, et potnfon.
t ÉPOINDRE (é-poin-dr'), v. a. Terme vieilli.
Faire sentir un aiguillon, un désir. Qui sont cei
deux bergers dont ton coeur est époinf? récwkr,
Dial.
— HIST. XVI» s. Si quelqu'un n'est espoint d«
ceste courtoisie, il est plustost à nomhrer entre les
bestes qu'entre les hommes usans de raison, parB,
Au lecteur.
— ÉTYM. .^ pour ej.... préfixe, et poindre, piquer,
t ÉPGINTAGE (é-poin-ta-j'), s. m. Action d'é-
pointer un outil, un instrument.
— ÉTYM. Épointer t.
ÉPOINTÉ, ÉE (é-poin-té, tée), part, passé d'é-
pointer ». || 1° Qui a perdu sa pointe. Une aiguille
épointée. || Terme de minéralogie. Se dit d'un cristal
dans lequel les angles solides de la foime primitive
ont été remplacés chacun par une facette. || 2° Terme
de vétérinaire. Cheval épointé, cheval chez lequel
une hanche, ayant été brisée, se trouve moins sail-
lante que l'autre. || Chien épointé, chien qui s'est
cassé les cuisses.
t ÉPOINTEMENT (é-poin-te-man ), f. m. Etat
d'un outil, d'un instrument épointé.
— IllST. Espoinlemeut, oudin, Dict.
— ÉTYM. Épointer t.
1. ÉPOINTER (é-poin-té), «. o. || 1» Casser la
pointe, émousser. Épointer une aiguille, un cou-
teau. Il 2° S'épointer, v. réfl. Perdre sa pointe. Ces
aiguilles s'époiiitent facilement.
— HIST. XVI* s. Espointer, cotgravr.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et pointe.
t 2. ÉPOINTER (é-poin-té), e. a. Terme de re-
lieur. Rendre pointu, effilé. Quand la colle forte est
sèche, on détortille et l'on époinie les nerf*, lesné,
la Reliure, p. <67. Détortillez les nerfs jusquesdans
leur racine; Ayez soin de leur faire une pointe
très-fine ; Des nerfs bien épointés sont secs en un
moment, id. ib. p. 63.
— ÉTYM. É pour es.... augmentatif, et pointe.
t ÉPOINTILLAGE (è-poin-ti-lla-j'. Il mouillées),
s. m. Action d'époinliller les draps.
t ÉPOINTILLER (é-poin-ti-llé, U mouillées),!'.
a. Enlever avec des pinces les ordures qui se sont
introduites dans le drap pendant la fabrication. On
dit aussi épinceter.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et pointillé, di-
minutif de pointe.
t t. ÉPOINTURE (é-poin-tu-r') , s. f. Terme da
vétérinaire. Maladie des chiens qui leur rend une
hanche plus basse que l'autre.
— ÉTYM. Épointé.
t 2. ÉPOINTURE (é-poin-tu-r'), s. f. Terme de
relieur. Action d'époinler les nerfs. || Parcelles de
ficelles qui proviennent de l'épointure des nerfs,
LESNÉ, la Reliure, p. (60.
— ÉTYM. Épointer 2.
ÉPOIS (é-poî), s. m. plur. Terme de vénerie.
Cors qui sont au sommet de la tête du cerf.
— HIST. XVI' s. 11 jugeoil un vieil cerf à la perche,
aux espois, Â la meule, andouillers et â l'embru-
nisseure, rons. 210.
— ÉTYM. Le même que espiés (voy. épieo, à
l'historique): cum quodam ense seu gladio evagi-
nato, nuncupato espoy de guerre (an )365), du
GANGE, espieius.
t. ÉPONGE (épon-j'), i. f. \\ i' Substance prove-
nant d'un zoophyte marin, très-légère et poreuse,
qui absorbe tous les liquides dans lesquels on la
plonge. Pêcheur d'épongés. Nettoyer avec une
éponge. Ce drap boit l'eau comme une éponge. || Fa-
milièrement. Boire comme une éponge, boire lieai>-
coup. Ragotin fit tout à fait bien les honneurs da
sa maison et but comme une éponge, scabr. Rom.
com. n, (6. Il Avoir une éponge dans le gosier,
dans l'estomac, être grand buveur. || Passer l'éponge,
effacer avec l'éponge. Passer l'éponge sur un ta
bleau. Il Fig. Passer l'éponge sur quelque faute, la
pardonner, n'en plus parler. Sur les nuires couleurs
d'un si triste tableau 11 faut passer l'éponge ou tirer
le rideau, corn. Rodog. u, 3. L'oubli, comme une
éponge, a passé dessus, boss. hgl. t. L'éponge
était passée [sur la conduite de Vendôme à Aude-
narde], l'oisiveté réelle de Mons en Puelle, ignorée,
ST-siM. 209, 67. Ces préceptes n'avaient qu'une
bonté relative, ce qui est l'éponge de toutes les dif-
ficultés qu'on peut faire sur les lois de Moyse,
MONTESQ. Esp. XIX, 2t. || Presser l'éponge, mettre à
contribution; extorquer de quelqu'un tout ce qu'il
est possible d'en tirer. Cette veuve, je crois, ne se-
rait point cruelle. Ce serait une éponge à presser au
U(38
hCMMD, MONAHD,
to Joueur, I, «. Il a-Torn.e.lc
,^- iji loop'byta lui-même. Genre d'animaui
f~°Kr;* /r reml,r.nchement des rayonnes.
7';*,';*. '«....t.. Le U.lu„ de la b^e. || «• Terme
i, T'rmo ^^ijjgy^ n,^||„ qui ,« développe à la
" „ chez le» chevaux, et qui est cau-
^ , n'iusions réputées d'un pied contre
rTulfolli- ii'rme de botanique. Éponge d'églan-
licr protubérance des rosiers vulgairement nom-
Diée' Wilégar. || 6* Terme de chimie. Eponge ou
mousse de platine, platine spongieux, provenant de
la décomiiosilion, par lu feu, du chlorure de pla-
tine ammoniacal, et i|ui a la propriété d'enflammer
un courant d'hydrogène.
— IIIST. XVI' s. Il fera rendre gorge à ces es-
ponges, et larrons des deniers publics. Sa». Mén. p.
Iî7. L'on trempe un esponge femele (car telle est plus
lisse et douce pour son égalité que l'esponge masie)
en ladite décoction chaude, pab4, xxv, 29. Par es-
largir et par presser on voit l'esponge boire et pleu-
voir, CÉNIN, Récréai, t. ii, p. 246.
— F.TïM. Trovenç. csponja, esponga ; espagn.
etponja; ital. spugna; du lalin spongia; grec,
onoyyo;.
+ 2. ÉPONGE (é-ponj') , i. f. \\ i' Terme de maré-
cbalorie. L'extrémité de chaque branche du fer à
cheval. || i' Châssis bordant la table sur laquelle on
coule le plomb en nappes.
— HIST. XIV" s. Les espondes du pied du jeune
cerf plus tranchans que celui de la biche, Jfodus,
f* vu, verio.
— ÉTYM. Provenç. etponda, bord, extrémité;
eatal. espona; espagn. sponda; du latin sponda,
boni du lit. Esponde est devenu, par assimilation
et altération, éponge.
ÉPONGÉ, ÉK (6-pon-jé, jée), part, passé. Ab-
sorbiS avec l'éponge. L'eau épongée. || Nettoyé avec
l'éponge. Les carreaux bien épongés.
ÉPONGER (é-pon-jé. Le g prend un e quand il
est devant o ou 0 : j'épongeais, épongeons), v. a.
\\i' Êtancher avec une éponge ou quelque chose de
spongieux. Épongez vite celte encre. |{ 2" Nettoyer
avec l'éponge. Éponger les jambes d'un cheval.
Il Dorer le pain d'épice avec une éponge imbibée
de jaune d'œuf. || 3° S'éponger, t'. réfl. S'essuyer.
Je ruisselais de sueur, je ne faisais que m'éponger.
— KTYM. Éponge; noim. hipinger,
f ÉPON'GIER (è-pon-jié), s. m. Porteur d'épon-
gés, mot plaisant créé par la Fontaine. Camarade
Apongier (l'Ane chargé d'épongés] prit exemple sur
lui [l'&ne chargé de selj , Comme un mouton qui va
dessus la foi d'aulrui, la font. Fabl. Il, 4 0.
t ÉPONTE (é-pon-t'), s.f. La paroi supérieure ou
inférieure d'un filon. La veine du sud [dans des ar-
doisières] n'est pas limitée par des épontes carac-
térisées, BLAviER, Preste scient. 1804, 1. 1, p. JI7.
— ÊTYM. Ce semble un dérivé de pont.
t ÉPONTILLAGE (ô-pon-ti-Ua-j', U mouillées),
(. m. Terme do marine. Action de placer des épon-
tilles pour étayer les ponts, les gaillards, etc.
tÊPONTILLE (é-pon-ti-ll", U mouillées), j. f.
Terme de marine. Élai de fer ou de bois placé ver-
ticalement sous les baux et barrots, entre les ponts
de> grands b&timents.
— ÊTYM. Dimin. d'^ponl«, paroi supérieure ou
inférieure.
t ÊPO.NTILLER (é-poiyi-Ué, H mouillées), v. a.
Terme de marine. Soutenir avec des épontilles.
ÉPONYME (é-po ni-m'), adj. jj !• L'archonte
éponyme, ou, substantivement, l'éponyme, le pre-
mier de.s neuf archontes d'Athènes qui donnait son
nom à l'année. || t'Se dit aussi des divinités qui,
donnant leur nom à une ville, l'avaient sous leur
protection. Les dieux éponymes, et, substantive-
ment, les éponymes.
— KTYJI. *£xûvu|iio(, de ItX, sur, et ivojia. nom.
Epopée (é-po-pée), t. f. \\ l- Dans un sens trts-
général, narration eu vers d'actions grandes et hé-
roïques. L'/iiad« chez les Grecs , le Uahabarala
chez les Indiens, les Nibtlungen chez les Allemands,
chez noui les pofimcs de Roland et d'Artus sont des
épopées. Il Épopées primitives, poèmes dans lesquels
certains peuples, avant la culture liltéraiie, ont
célébré leurs dieux et leurs héros. || i" Dans un sens
plus restreint, le poSme épique proprement dit, sou-
mit à ses règles, avec son merveilleux, ses épiso-
des, etc. C'est l'iiniuiion, ou récit, d'une action
'^'*"«"nte et mémorable ; ainsi l'épopée diffère de
fWrtwre, qui raconte sans imiter; du poème dra-
■«UquB.qui peint en action; du poème didactique,
V>t est un tifciu de préceptes; et des fastes en vers,
î^.^.r^ ''1,".°' •""* d'*véncment» sans unUé,
«AUKWTM.. iUn. litiiT. CE..r. t. vu, p. J«4
ÉPO
dans rouoENS. || Épopée comique, badine ou héroï-
comique, poème épique où les^événemenls sont tra-
vestis, soit que le poète plaisante sur un grand su-
jet, par exemple le Roland furieux de l'Arioste, soit
qu'il en rehausse un petit, par exemple le Lutrin de
Boileau. || Fig. Suite d'actions éclatantes et dignes
de l'épopée. Ce n'était pas alors, sire , cette épopée
Que vous aviez naguère écrite avec l'épée, Arcole,
Austerlitz, Montmirail, v. hugo, Crépusc. B.
— ETYM. 'EitoTiotta, de lno;, poème, et itouïv,
faire.
t ÉPOPTE (é-po-pf), t. m. Terme d'antiquité
grecque. Celui qui était arrivé au troisième et der-
nier grade dans l'initiation aux mystères d'Eleusis.
— ÉTYM. "Eitôirni;, proprement celui qui voit,
de iitî, sur, et inTopai, voir.
f ÉPOPTIE (é-po-ptie) , s. f. Dignité d'épopte.
— ETYM. 'EnoTiTeia (voy. épopte).
tÉPOPTIQUE (é-po-pti-k') , adj. Terme de phy-
sique. Se dit des couleurs qui se produisent à la
surface des lames transparentes, quand ces lames
sont très-minces.
— ÊTYM. 'EtiI, sur, etinto[i.ai, voir.
ÉPOQUE (é-po-k'), t. f. Il 1° Point déterminé
dans l'histoire; moment où quelque fait remarquable
s'est passé. La naissance de Jèsus-Christ est l'époque
où commence l'ère chrétienne. Cette époque de la
ruine de Troie, arrivée environ l'an 30 1 après la
sortie d'Éijypte et II84 ans après le déluge, est
considérable.... Boss. llist. i, B. Avant l'époque des
olympiades, les Uhodiens s'appliquèrent à la ma-
rine,'Barthélémy, Anach. ch. 73. || Se dit aussi
d'événements remarquables choisis dans l'histoire
pour y établir des divisions, et de chaque espace
lie temps qui s'écoule entre deux de ces événemenUs.
U faut avoir certains temps marqués par quelque
grand événement auquel on rappor e tout le reste;
c'est ce qui s'appelle époque, d'un mot grec qui
signifie s'arrêter, parce qu'on s'arrête pour consi-
dérer comme d'un lieu de repos tout ce qui est ar-
rivé devant ou après, boss. Ilist. Dessein général.
U faut premièrement que je parcoure avec vous les
époques que je vous propose, et que, vous mar-
quant en peu de mois les principaux événements
qui doivent être attachés à chacune d'elles, j'accou-
tume votre esprit à mettre ces événements à leur
place, sans y regarder autre chose que l'ordre des
temps, ID. t'b. Il Par extension. Eux seuls [les mau-
vais prêtres] sont les corrupteurs des peuples, les
sources publiques de la décadence des mœurs, la
première époque de la dépravation générale, mass.
Confér. Excel, du sacerd. || Faire époque, se dit
d'un fait important et remarquable. Nous ne savons
que le mal; à peine le bien fait-il époque, J. J.
Rouss. .^m. IV. Il sera toujours grand de l'avoir
tenté; ce projet fera époque, dideh. Sur la prin-
cesse d'Ashkow. Il 2° Toute p.irtie du temps par rap-
port à ce qui s'y pas,se. L'époque de son mariage.
J'étais à cette époque très-loin de Paris. L'époque
des invasions barbares, des croisades, etc. Si la
vie, en effet, n'est qu'un rapide instant, Faisons-
en une époque utile et mémorable, sairin. Spart,
l, 2. Il Un homme au niveau des connaissances de
son époque, un homme qui est au courant des idées
les plus avancées en science. |] 3° Terme d'astrono-
mie. Époque des moyens mouvements d'un astre,
le lieu moyen de cet astre fixé pour un instant dé-
terminé, afin de pouvoir ensuite, en partant de cet
instant, trouver le lieu moyen de l'astre pour un
autre instantquelconque, Vict. des math. ||4''Teime
de géologie. Nom des durées qui ont succédé chaque
fuis et respectivement aux grauds changements que
la terre a subis.
— ETYM. 'Enoyi\, de iniyiii, retenir, de ini,
sur, et î/.civ, avoir, parce que l'époque est un
point fixe où l'on s'airête dans le temps.
f ÉPOCCË, ÉE (é-pou-sé, sée), adj. Terme de
zoologie. Oui n'a jias du pouces. 1| S. m. Nom d'une
famille d'oiseaux.
— ÉTYM. E |iour et.... préfixe, et pouce.
ÉPOUDRÉ, ÉE (é-pou-dré, drée), jiarl. passé.
Lu tapis époudré.
ÉPOUDRER (é-pou-dré), f. o. Ôler la poussière,
la poudre dont une chose est couverte. Époudrer
des meubles. || On dit plus liouvent épousseler.
— UIST. XV' s. Un paysan qui naguère avoit esté
au dit chastel, et, comme il disoit, avoit espoudré
tous les blés de leans, donna à entendre qu'il estoit
impossible qu'ils pussent vivre ne entretenir plus
hault d'un mois, monstrkl. ii, 221.
— ÉTYM, É poure*.... préfixe, et poudre.
ÊPOUFFÉ, ÉE (é-pou-fé, fée), adj. Terme fami-
lier. Oui s'est essoufflé pou.- un sujet sans im[or-
EPO
tance. Il est venu tout épouffé nous apporter cette
belle nouvelle.
— ETYM. Voy. ÉPOUFFE» 2.
<. ÉPOUFFER (S') (é-pou-fé) , 13. r^/l. Terme popu-
laire. Se dérober, disparaître, s'enfuir. Comme on
le poursuivait, il s'est épouffé dans la foule.
— ÉTYM. Pouffer, avec le préfixe es, indiquant
extraction: cesser d'être pouCfant ou boulTaot, dis-
paraître.
t 2. ÉPOCFFER (S') (é-pou-fé), v. réfl. Terme
familier. S'essouffler, ne se dit guère en ce sens que
dans la locution suivante : s'époufl'er de rire, rire
avec excès. Ce que la jeune mariée trouva si plai-
sant, que, s'épouffant de rire en commençant de
boire, elle couvrit le visage de sa belle-mère, scar-
RON, iiom. corn, ii, ».
— HIST. XII* s. Otle la dame [la dame l'entend],
de rire s'esbofi, la Uort de Garin, v. (476. ||xvi' s.
Commencèrent à s'esboufi'er de rire, cuoliêres.
Contes, t. I, matinée 2.
— ETYM. Pouffer ou bouffer, avec le préfixe es....
indiquant augmentation, dilatation.
ÉPOUILLÉ, ÉE (é-pou-llé, liée, 21 mouillées),
part, passé.
ÊPOUILLER (é-pou-llé, U mouillées, et non pas
é-pou-yé), V. a. il 1° Chercher les poux à quelqu'un.
'Vous me parlez fort com|)laisamment de ce saint
qui vous est tombé à Aix et qu'on épouille à tout
moment, sÉv. 278. || 2° S'épouiller, u. r</I. Cher-
cher ses poux. Un gueux qui s'épouille.
— HIST. XIV* s. Ils mettoient leurs faucons au so-
leil pour eulx espoueiller, et semblabloment tuent
leurs poulz emprès leurs faucons, Uodus, ms.
f* (45, dans lacubne.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et pou.
t ÉPOULARDAGE (é-pou-lar-da-j') , ». m. Action
d'époularder.
t ÉPOULARDER (é-pou-Iar-dé), «. o. Nettoyer
les feuilles de tabac avariées qui pourraient com-
muniquer aux autres une mauvaise odeur.
t ÉPOULLE (é-pou-l'), s. f. Voy. espoule.
•j ÉPOULLIN (6-pou-lin), s. m. Voy. espqlin.
ÉPOUMONÉ, ÉE (é-pou-mo-né , née), pari,
passé. E|ioumoné à force de crier.
ÉPOUMONER (épou-mo-né), t. a. 111° Fatiguer
les poumons à parler, à crier. Celte lecture m'a
époumoné. || 2* S'époumoner, v. réfl. Se fatiguer
les poumons. Surpris, après m'êlre longtemps épou-
moné, de ne voir paraître ni dames ni demoiselles
qu'attirât la beauté de ma voix, J. J. rouss. Conf.
II. Pourquoi m'époumonerais-je à dissiper un doute
que vous n'avez pas? dider. Opinions des anc. phil.
(Pyrrhon.).
— REM. On ne voit pas pourquoi l'Académie ne
met qu'une n à époumoner , tandis qu'elle en met
deux à occasionner et autres analogues, ou plutflt
pourquoi elle ne supprime pas partout, dans les
cas de ce genre, les doubles n, écrivant occasio-
ner, etc.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et poumon.
ÉPOUSAILLES (é-pou-zà-ll', //mouillées), s.f.
plur. Célébration d'un mariage. Le jour des épou-
sailles. Assister aux épousailles.
— HIST. xiii* s. Nous prendrons jour des espou-
sailles, Bl. et Jehan, 2222. E' avant que les plevi-
sailles ne les espousailles fussent fêles, il firent
convenence entre li et son fil.... beaum. xxxjv, 4(9.
— ÊTYM. Provenç. esposalltas; catal. esposallas;
anc. espagn. esponsalias; portug. esponsaes ; du
latin sponsalia, de sponsus, époux.
ÉPOUSE (ô-pou-z') , s. f. Voy. ÊPOUX.
ÉPOUSÉ, EE (é-pou-zé, zée), pari, passé.
Il 1° Qui a contracté mariage, en pariant d'une
femme. Cette jeune fille épousée par un homme
beaucoup plus âgé qu'elle. || 2° Il se dit plus rare-
ment de l'homme. Ce jeune homme épousé par une
riche veuve. C'est fort bien entendu; Vous serez
épousé; moi, je serai pendu, regnabd, l'oliet
amour, u, ». || S. m. Sou épousé la faisait dame,
la font. Aïc.
ÉPOUSÉE (é-pou-zée), s. f. \\ V Celle qu'on vient
d'épouser, et quelquefois, par anticipation, celle
qu'on va épouser. Mener l'épousée à l'église. L'é-
pousée recevait du curé la bénédiction des fian-
çailles, cbateal'b. Génie, I, I, (0. Et Suzanne mon
épousée, où croyez-vous qu'elle soit? beal'mabch.
Jfar. de Fig. v, 8. || Marcher comme une épousée,
marcher lentement, d'une manière réservée. Doux
comme une épousée, à la joue il me baise, réonim,
Sat. viu. Il Être parée comme une épousée de vil-
lage, être chargée de parure. Reluire de joyaux
ainsi qu'une épousée , m. Sat. xiii. || Voir l'é-
pousée, ancien dicton militaire qui signifiai! avoir
ÊPO
une teneur panique, et qui venait, dit-on, de ce
que des coureurs du duo d'Albe, ayant aperçu de
loin une noce de paysans, la prirent pour une troupe,
et revinrent donner l'alarme; sur quoi le duc d'Albe
mit son armée en bataille [il s'agit du duc d'Albe
qui fit longtemps la guerre dans les Pays-Bas in-
surgés contre l'hilippe 11].
— HIST. xiii' s. Mais foi que je doi m'espousée
Herme, la franclie, la loée, Ren. 3601. [Beauté]
Tendre ot la char comme rosée, Simple fu corne
une espousée. Et blanche comme flor de lis, h
llose, 1004. Il XV' s. Et quoique ce roi Jacques fut
frère au bon roi Pierre de Chypre, il n'estoit pas
d'espousée, mais bastard, froiss. m, iv, 58. Et il
la mainc par dessoubz l'esselle comme une espousée,
et s'en vont disner, Les t!>joijes de mariage, p. 59.
— tTYM. Épousé; bourguig. cpôsée.
ÉPOUSER (é-pou-zé), f. a. || 1° Prendre pour
époux ou pour épouse. Cette veuve a épousé un
jeune homme. Il épousera sa cousine. Près d'é-
pouser la sœur, il faut tuer le frère, corn. Hor. ii,
3. Il [Claude] n'osait épouser la fille de son frère,
RAC. Brit. IV, 2. II était défendu à un homme qui
avait soixante ans d'épouser une femme qui en avait
cinquante, montesq. Esp. xxiii, 2|. || Absolument.
Je prends loi de Cassandre, épousons dès ce soir,
BOTHOU, Vencesl. m, 2. L'hymen détruit la ten-
dresse: Il rend l'amour sans attraits; Voulez-vous
aimer sans cesse. Amants, n'épousez jamais, qui-
NAULT, Alcesle, v, 3. c'est, dans son caractère,
une espèce parfaite; Un ambigu nouveau de prude
et de coquette, Qui croit mettre les cœurs à contri-
bution. Et qui veut épouser, c'est là sa passion,
BEGNAnn, Joueur, i, 6. || Il s'est laissé épouser, se
dit, avec quelque ironie, d'un homme à qui on a fait
les avances dun mariage, et qui s'est laissé faire.
Il Épouser la mer, se disait, dans la répuidique de
Venise, d'une cérémonie annuelle où figurait le doge,
et qui était la célébration d'un droit de souverai-
neté sur l'Adriatique conféré au doge en (277 par
le pape Alexandre III. || 2° Il se dit des choses qu'on
reçoit en épousant une femme. Épouser une grosse
dot. Il 11 épouse la misère, se dit en parlant d'une
personne qui se marie à une autre très-pauvre.
Il 3° Marier, rendre époux; sens archaïque . aujour-
d'hui inusité. Aucun des curés ne voulut les épou-
ser, SCARR. Rom. com. m, U. || 4° Fig. S'attacher
par choix à, prendre parti pour. Dieux seuls que je
réclame, épousez ma défense, mairet, Uorl d'As-
drubal, m, 2. Il fallut épouser les passions du
frère, corn. Perth. 1, <. On ne montera point au
rang dont je dévale. Qu'en épousant ma haine au
lieu de ma rivale, id. Rudog. ii, 2. Le mien [mon
maître] me fait ici épouser ses inquiétudes, mol.
Sicil. t . Et sur les queslions qu'on pourra proposer,
Faire entrer chaque secte et n'en point épouser,
ID. F. sav. ni, 2. Dois-je épouser ses droits contre
un père irrité? bac. Phèdre, I, t. Tu épouseras
mes intérêts, lesace, Gil Rlas, x, 1\. Quelques
vengeurs pourtant, armés d'un noble zèle, Ont de
ces morts fameux épousé la querelle, Gilbert, Le
t8' siècle. Il 6° On dit quelquefois dans le langage
familier, épouser une étude, un instrument, s'y
appliquer. || 6» S'épousur, v. réfl. S'unir par ma-
riage. Ils s'aimaient depuis longtemps , enfin ils
se sont épousés. Tu vois que c'en est fait, ils se vont
épouser, bac. Baj. m, 3. On s'épouse de tout
temps, on s'épousera toujours; on n'a que cette
honnête ressource quand on aime, marivaux, le
Legs, se. 2. || Proverbes. Tel fiance qui n'éjiousepas,
se dit pour exprimer que les affaires manquent
qu'on tenait pour les plus assurées ; on n'achève pas
tout ce qu'on commence. || Qui épouse la femme
épouse les dettes.
— IIIST. xii* s. Du meillor homme serez vous es-
posée, Ronc. p. 161. || xiii* s. Espousa rois Pépins
Eerte la belle et gente, Berte, x. Dont vont entre
els no barons devisant là où on espouseroit [marie-
rait] la demoiselle, et quant, h. de valenc. xi. 11
me mena à un prestre en secrè liu qui m'espousa,
et je ne l'ozai veer [refuser], [de peur] qu'il ne m'o-
cesist, beaum. XXX, 98. || xv s. [Leur fille] ayant
depuis peij de jours esté espousée avec le roy do
Portugal, COMM. vni, (7. 1| xvi' s. Les filles n'osent
espouser [se marier] qu'elles n'ayent.... mont, i,
413. Il ne fault pas seulement loger la science chez
soy, il la fault espouser, id. i, (99. Il fault [pour la
vérité d'un récit] un homme qui n'ayt rien espousé
[sans parti pris], id. i, 233. C'est trahison de se
marier sans s'espouser, id. m, 323. Qui espouse le
corps espouse les dettes, loysel, tio. 11 permit à
qui Toudroit de prendre et espouser la querelle de
celuy que l'on auroil oultragé, auyot, Solon-, 32.
ÉPO
Il avoit tousjours continué à espouser leurs affaires,
ne plus ne moins que si c'eussent esté ses alliez,
ID. P.ASm.62. Le fit prendre prisonnier avec mon-
sieur de Montmorency au bois de Vincennes, et
puis espouser [confiner] à la bastille pour seize ou
dix sept mois, brant. Cap. fr. t. ii, p. 315, dans
LACURNE.
— ÉTYM. Wallon, sipozé; provenç. espogar; ca-
tal. esposar; ilal. sposare ; du latin sponsare, de
sponsum (voy. époux). Dans l'ancienne langue, es-
pouser voulait dire aussi marier.
ÉPOUSEUR (é-pou-zeur), s. m. Celui qui re-
cherche une fille en mariage. Théraméne était riche
et avait du mérite; il a hérité, il est donc très-
riche et d'un très-grand mérite; voilà toutes les
filles en campagne pour l'avoir pour épouseur, la
BRUY. VII. Je te dirai sur les deux épouseurs, que je
n'aime point ce mot, même par plaisanterie, J. j.
Rouss. BÛ. II, t9. Une maison où il y a quatre de-
moiselles à marier est bonne à fréquenter; les épou-
seurs y abondent, picard, Filles à marier, i, 1.
Il Familièrement et ironiquement. Un épou.seur à
toutes mains, l'épouseur du genre humain, c'est-
à-dire un trompeur qui promet aux femmes de les
épouser. Un épouseur à toutes mains, mol. le Fest.
I, (. Il en a bien abusé d'autres, c'est l'épouseur du
genre humain, id. th. ii, 7.
— f.TYM. Épouser.
tÉPOUSSETAGE (é-pou-se-ta-j'), s. m. Action
d'épousseter. || Dernière façon que l'on donne à la
poudre de guerre ou de chasse.
ÉPOCSSETÉ, ÉE (é-pou-se-té, tée), part, passé.
Nettoyé avec l'époussette. Meubles époussetés.jl Fig.
Battu. Sans cela, vous n'auriez de nous Reçu la
moitié tant de coups; Je m'offrirais de les repren-
dre. Si tant de coups se pouvaient rendre. Sans
qu'aucun de votre côté En demeur&t épousseté,
scarron, Virg. i.
ÉPOUSSETER (é-pou-se-té. Régulièrement, la
syllabe sset prend deux ( quand la syllabe qui suit
est muette: j'épousselte, j'époussetterai; cependant
l'Académie, qui ne dit rien sur le présent, écrit,
au futur, épousseterai , qu'elle laisse prononcer
comme on voudra. La prononciation vulgaire et
fautive est j'épouste, et j'épousterai ; cela se trouve
aussi dans quelques auteurs : Oui-da, très-volon-
tiers, je l'épousterai bien, mol. l'Êlour. iv, 7; 11
épouste parfois aussi mon justaucorps, legrand,
Famille extravagante, se. tt), v. a. || 1° ôter la
poussière avec une vergette, une brosse. Épous.seter
son habit. Tu rencontres un homme qui, pour
épousseter ses habits et faire sa chambre le matin,
donne six réaut par jour, avec la Iiberlé de te pro-
mener et de te diveilir comme un écolier dans les
vacances, i.esage, Gil Blas, m, t. || Absolument.
On n'en finit pas de biosst-r, d'épousseter, de la-
ver, etc. Il Épousseter un cheval, le brosser après
l'avoir étrillé. || S" Fig. Épou.sseter quelqu'un, ]e
battre. Je l'épousseterai comme il faut. Au reste,
pour se venger un peu du poète qui avait médit
de lui, il lui fit épousseter le dos à coups de bâ-
ton, Francion, vi, p. 231. L'impératrice de Russie
époussette le vicaire de Mahomet , volt. Roi de
Prusse, <72. Il Critiquer sans ménagement. La pre-
mière fois, mon ami, nous épousseterons Wicliel
Vanloo, DiDER. Salon de 17C7, Œuvres, t. xiv,
p. 30. dans pougens. || 3° Faire i'époussetage de la
poudre de guerre ou de chasse, jj 4° S'épousseter,
V. ré)}. Se brosser. Allez vous épousseter.
— HIST. XVI' s. Le cheval sera estriUé, espous-
seté, bouchonné, ,o. de serres, 307. Il s'associa
avec Louis XII pour faire la guerre aux Vénitiens,
que nostre roy espousselta bien à bon escient,
BRANT. Maximilian, 2.
— ÉTYM. Époussette; wallon, èpoâseler.
+ ÊPOUSSETOIR (é-pou-se-toir), s. m. Petit pin-
ceau à l'usage du diamantaire.
ÉPOOSSETTE (é-pou-sè-f), s. f. || 1» Réunion de
plusieurs brins de bruyère, de poil ou de crin liés
ensemble, dont on se sert pour faire tomber la
poussière de dessus les meubles. Ses cheveux étaient
de coton. Et gros comme poils d'époussette, scar-
RON, Virg. vu. || On l'emploie très-souvent au pluriel,
quoiqu'il ne s'agisse que d'une époussette : Voilà
des époussettes trop rudes. || 2» Abusivement. Brosse
ou vergette. || 3° Morceau d'étoffe avec lequel on
nettoie un cheval après l'avoir étrillé.
— HIST. xv s. Auquel chemin le suppliant trouva
une espoussete [vieux linge] en laquelle il bouta les
tasses et autres utensiles par lui prinses, du cange,
espnussorium. || xvi' s. Il faut lui passer doucement
l'estriUe, le peigne, l'e-spoussete et le bouchon sur
le dos, 0. DE serres, 30fi.
LPO
14G9
— ÉfYM. E pour es.... préfixe, et pousse, radical
de poussière (voy. pousse 2). Cette étymologie,
donnée par Scheler , est meilleure que celle do
pousser.
t ÉPOUTI (é-pou-ti), s. m. Petite ordure qui se
trouve dans les draps et autres ouvrages en laine.
— ÉTYM. Part, passé à'époutir.
t ÉPOUTIER (é-pou-tié), ». o. Voy. ÉPOUTIB.
t ÉPOUTIEUSE (é-pou-tieû-z'), s. f. Synonyme
d'épincheuse.
t ÉPOUTIU (é-pou-tir), v. a. Synonyme d'énouer,
— ÉTYM. h.... pour es préfixe, et pouiie ou potie
qui, dans l'ancienne langue, signifiait petite ordure :
Se poulie poés veoir Sor li [sur eile] de quelque
part cheoir, Ostez li tantost la poulie, la Rose,
78>(. Poulie avait donné poutieux, qui fait le diffi-
cile, le minutieux. Origine inconnue.
t ÉPOUTISSAGE (é-pou-li-sa-j'), s. m. Action
d'époutir.
ÉPOUVANTABLE (é-pou-van-ta-bf) , adj. || i' Ca-
pable de causer une épouvante. Vision épouvantable.
Des cris épouvantables. Que Cambrai , des Français
l'épouvantable écueil, A vu tomber enfin ses murs
et son orgueil, boil. ^pf(. vi. Des plus puissants
Etats la chute épouvantable. Quand il veut, n'est
qu'un jeu de sa main redoutable, rac. Eslh. m, *.
En achevant ces mots épouvantables. Son ombra
vers mon lit a paru se baisser, id. Ath. ii, 6.
Il 2° Par exagération et en mauvaise part, excessif,
monstrueux. Action épouvantable. Laideur é|)ou-
vantable. C'est épouvantable de se comporter ainsi.
— HIST. xii' s. Tu espowcntables les [es]; e li
queiscontresteraà tei? Liber psalm.p. t02. ||xiii's.
Enfer et trestous les deables Moult laiz et moult
espoentables, la Rose, 20508. La noise que il me-
noient de leur nacaires [timballes] et de leur cors
sarrazinois estoit espoventable à escouter, joinv.
213. Il xv's. Une pestilence rie mortalité très grande
et très espoentable se bouta en l'ost, froiss. ii,
III, 30. Il XVI' s. L'espovantable [merveilleuse] ma-
gnificence des villes de Cusco et de Mexico, mont.
IV, 17. Ceux dont la puissance leur est e.spouvaii-
table [les épouvante], langue, 379.
— ÉTYM. Épouvanter; Berry, épouvantible ; pro-
venç. espaventable ; espagn. espantable; ital. spa-
ventevole.
ÉPOUVANTABLEMENT (é-pou-van-ta-ble-man),
adv. D'une manière épouvantable, excessive. Cet
homme est épouvantablement laid. Cet homme-là
vous aime épouvantablement, regnard, le Joueur,
II, B.
— HIST XVI' S. Hz avoient mis au devant les cha-
riots de guerre armez et esquipez fort espouvanta-
blement, amyot, Timol. 30.
— ÉTYM. Épouvantable , et le suffixe ment; pro-
venç. espaventablament ; ital. spaventevolmente.
ÊPOUVANTAIL (é-pou-van-tall, Il mouillées),
s. m. Il 1° Objet quelconque propre à effrayer les oi-
seaux et placé dans un champ, un jardin, pour les
empêcher de venir manger les semences déposées
dans la terre, les fruits, etc. Mettre des épouvan-
tails sur les cerisiers. Comme on met auprès des
concombres un épouvantait qui ne peut les garder,
ainsi sont leurs dieux de bois, d'argent et d'or,
sAci, Bible, Baruch, vi, 09. || Fig. C'est un épou-
vantail de chènevière, à chènevière, ou, simple-
ment, c'est un épouvantail, se dit d'une personne
ou d'une chose beaucoup moins redoutable qu'elle
ne le paraît. || Personne très-laide. Un vrai monstre
amphibie, un triste épouvantail, favaht, Soli-
man II, 1, to. Il Par plaisanterie, dans le style de la
galanterie, adorateur vieux et laid qu'on met en
avant pour effrayer les autres ou dérouter les soup-
çons. Au milieu de cette foule d'adorateurs, on en
choisit un, le plus insignifiant, mais d'une patience
à toute épreuve, qui est toujours là, prêt à profiter
en apparence du plus léger refroidissement de ses
rivaux; sa vue seule entretient les craintes, irrite
les amours-propres, empêche les défections; c'est
ce que j'appelle l'épouvantail, mélesville et dovey-
rier, la Marquise de Senneterre, i, 7. || 2" Fig. Ce
qui cause l'épouvante. Ce grand mot dont il fait un
épouvantail à son parti, boss. Var. )5. Que tout ce
qu'on leur prêche d'un avenir n'est qu'un épou-
vantail pour alarmer les enfants, mass. Carême,
Doutes. Il 3" Un des noms vulgaires de la sterne
noire, sorte d'hirondelle de mer, appelée aussi
goélette et Pierre Garin. || Au pi. Des épouvantails.
HIST. xiii' s. Li vilains a la face bise. Qui res-
sembloit espoentail, Fabl. mss. de SP^Germain,
dans lacuhne. || xvi' s. Ils dévoient avoir pour tiltra
espouvantaux des hosles et jouets de nos ennemis,
d'aub. Uist. II, 480,
14T0 i'PO
»__, ttaa,MnUr:pronnç.eir>ar<mtalh; M-
ïioirVAirTB (é-pouT.nf), : (■ Terreur pro-
fPOUVArrr» ic-i ivpouvanle et la vou-
'""'!• VnTÏ?7c."'%u^e5pé"'» ne peuvent
* 'Ih .'uLÎ den pren.lre l'Épouvante î botbOU,
Ç."^,,';r I L'éilouvanle est au n.d plu» forte
JuTiâmaU, " roNT. Fabl. m, îo. Autre qua ité
2««( naturelle aux conquérants, qui savent que 1 é-
Muranie fait plu» de la moitié de» conquête»,
Wnu IM m, »• Tandi» qu'on vou. verra, dune
T^Uiuppliante, Semer ici la plainte et non pa»
répouvante, bac. BnU i. ♦• Ce cri glace dépou-
ranle lo« ennemis, fén. Tel. xx.
— HIST. xvr ». Il suit l'espouvanle des siens,
D'AiiB. mit. u, «o?. Depuis que lespavente 5e met
en un royaume, 600 homme» en feront fuir dix
mille, CABLOIX, I, «8.
— ÉTYM. Voy. épouvanter; provenç. etpaven,
», m, ; ital. spavento.
ÉPOUVANTE, ÊE (é-pou-van-té , tée) , part,
passé Frappé d'épouvante. Le Oot qui l'apporta re-
cule épouvanté, BAC. Phèdre, v, 6. Je suis épou-
vanté de ce comble d'horreur, volt. Zaïre, iv, 5.
Voil» la source des reproches d'une conscience
épouvantée et de» murmures secrets qui déchirent
mon cœur, J. J. aouss. Ilél. ii, 6. Pourquoi mon
cœur bat-il si vite? Qu'ai-je donc en moi qui s'agite.
Dont je me sens épouvanté? A. de musset, Poésies
nouv. la Nuit de mai.
t ÊPOUVANTEMENT (é-pou-van-le-man), ». m.
Action d'épouvanter. U se repose sur la parole de
celui qui a promis à ceux qui le servent d'envoyer
son épouvantement devant eux, balzac, le Prince,
8. L'Écriture appelle la mort le roi des épouvan-
temenli, chateaub. Génie, II, vi, *.
— HIST. xii* s. E li luen cspowentement contur-
berent mei. Liber psalm. p. *^<>. Il xV s. Et toutes
parolle» semblables de grans espoventemens, comm.
m, J. Il xvi* 9. Ces mouvements guerriers qui nous
ravissent de leur horreur et espovantement, mont.
Il, 407. Lors ce front [de Dieu] qui ailleurs porte
contentement. Porte à ceux-ci la mort et l'espou-
■vantement, d'aub. Trag. vu.
— Stym. ^poutanler; provenç. espaventament ;
ital. tparentamenlo.
ÉPOUVANTER (é-pou-van-té), v. a. || !• Causer
de répouvante;»*;t comme ils font du vrai, du faux
il» m'épouvantent, bêgnieb, ÉUg. I. La rigueur de
»e» loi» m'épouvante pour vous, bac. Bérén. i, i.
De noirs pressentiment» viennent m'épouvanter, id.
Phèdre, m, «. C'est par vos faibles mains Qu'il
[Dieu] veut épouvanter les profanes humains, volt.
fono». III, «. Je cherchai la gloire dans les com-
bats, je plongeai ma main dans le sang des mal-
heureux; et mes fureurs m'épouvantirent, baetiié-
LEMY, Anach. ch. 78. || %' Inspirer de l'horreur. Le
nom seul d'assassin l'épouvante et l'arrête, bac.
Andr. v, i. Je vais t'épouvanter par ce secret af-
freux, VOLT. If. de César, m, î. Je vous dis que
vou» m'épouvantei, delaviome, Éc. des Vieillards,
IV, ». Il 3" S'épouvanter, v. réfi. Être frappé d'épou-
vante. Théodore , parlez sans vous épouvanter,
COBN. Théod. II, 6. Le peuple s'épouvante et fuit
de toute» part», bac. i4lhal. il, 2.
— HIST. XI' ». Home nel veit qui mult ne s'es-
faent. Ci. de Hol. cix. || xii* ». I^ien frémissent,
ost est espoanlée, iio'ie. p. 88. Ne puet muer
[ne peut»'empêcher] qu'il ne s'en cspaant, ib. p. 77.
Que li plus fier en sont espocnti, ib. p. Iti de
vnr. niaii>i.vs ne auiespocnté; Del martire suiïrir sui
dul tut aprestez, Th. te mari. M8. Les ovres Belial
me unt espovented, Roit, p. 10(. || xiii* s. Quant sa
fille le voil, forment s'en espouvenle, Berle, xcvi.
Kl bien appartient à office de bailli qu il espoente
•t contraigne le» mellii [querelleurs], si que les
paisibles vivent en paix, beauh. 34. Et sa U pères
M plaint de son fils, il puet le fiz menacicr et es-
poenler, s'il ne se contient en bone manière, Liv.
dfj'uil. 71, Il XV 1* » Dont les ennemis s'espou-
«anlerent si fort qu'ili reculèrent arrière, aiivot,
Cit. «0. U n'y avoit qua ce populace de Pari» qui
l'espavAnt* incontinent, cabloix, vm, ï5.
— tTYM. Bo'irguig. tpoiUer ; picard, epauter,
tfttamàtr, tfomandtr, tpeuler ; wallon, tpauilé ;
norro. ^pmtcr; provenç. oparenfar, espaïamar;
«pagn. «t portug. «ipoBjor; it.il. tpaventare; du
ttlin fapawMm, avec la finale «•, faire trembler,
'■• •' P«v«Tt, avoir crainte, pator, peur (voy.
nuB). U forma par a M trouva dans les plus an-
oitD» tntM (voy. l-hiitonqua) : ttpamttr ,i'oii et-
EPR
poenler; et puis, par l'intercalation d'an v , tspoven-
ter (comme l'ancien pooir devenu poiiotr).
ÉPOUX, OUSE (é-pou, pou-z'; 1'* se lie: un
é-pou-z aimable) , ». m. et f. || !• Celui, celle qui a
épousé, qui est conjoint par mariage. Bien plus que
l'on ne croit le nom d'époux engage. Ht l'amour est
souvent un fruit du mariage, mol. Sganarelle, t.
Iji perte d'un époux ne va pas sans soupir, la font.
Fabl. VI, 21. L'hymen déplaît toujours quand l'é-
poux ne plaît pas, ouinault, Àsirate, u, 2. U me
semble déjà que ces murs, que ces voûtes Vont
prendre la parole, et, prêts à m'accuser. Attendent
mon époux pour le désabuser, bac. Phèd. m, •>.
Quoil déjà de Titus épouse en espérance, id. Bérén.
I, 1. Elle ne prendra pour époux qu'un homme qui
craigne les dieux, fên. Tél. xxii. Penses-tu que je
sois moins épouse que mère? volt. Orphel. iv, 6.
Il »• Dans le langage mystique. Le céleste époux,
l'époux de l'Église, Jésus-Christ, ô mort 1 quand
viendras-tu me donner le baiser de l'époux? fên.
t. xviii, p. tte. Il L'épouse de Jésus-Christ, rÉt'lise.
Il Les épouses de Jésus-Christ , les religieuses.
IIBelzunce, illustre par les prodiges qu'il fit dans
le temps de la peste , et après par le refus de l'é-
vêché de Laon pour ne pas quitter sa première
épouse [Marseille son premier diocèse] , st-sim. 224,
e. Il 3° S. VI. plur. Les époux , le mari et la femme ,
les gens mariés. Deux jeunes époux.
— REM. C'est une faute contre le bon usage que
de dire, dans le langage familier, époux pour mari
et ^poui« pour femme. Dites; ma femme est ma-
lade, et non mon épouse est malade. Cette nuance
est signalée dans Molière quand don Juan dit à
M. Dimanche : Comment se porte Mme Dimanche,
votre épouse?.... c'est une brave femme (Festin,
IV, 3); et, dana Lesage, quand Mme Jacob dit : U
fait bien pis, le dénaturé qu'il esll il m'a défendu
l'entrée de sa maison , et il n'a pas le cœur d'em-
ployer mon époux (Turc, iv, <2).
— HIST. XI* s. Qui altri ospouse purgisl [prit] ,
ioii de Cuill. tt. Ilxii's. Porquant [il] no raist pas
en obli La granl amor qu'il out od lui [elle]; S'es-
pose en fist; si fist mult bien, benoît, u, 7964. E
li espos venoil, e si ami, e si frère, od tambors e
oz estrumenz, Machab. i, ». Li reis Henris h vielz
les espuse» preneit, E à lur dreiz espus del tut les
defendeit , Th. le mart. 93. Lai [laisse] saint iglise
aveir ses decrez e ses leis; Ele est espuse Deu, qui
est sire des reis, tb. 20. Et lur poesté prenent li rei
de saint iglise : Mais el n'a pas la sue de nul des
vostres prise. Fors de Deu sun espus.... ib. 7».
Il XIV* s. Nous ottroions à Ysabeau, notre famé et
nostre espouse, nostre chastel, du cange, avenius.
— ETYM. Provenç. espos; espagn. et portug. es-
poso; ital. sposo; du lat. sponsus, de spondere, pro-
mettre, fiancer; grec, otcvSeiv , au proiire, verser
et, par suite, faire des libations, promettre solen-
ni'Uement, vu qu'en promettant on faisait des liba-
tions aux dieux.
t ÉPRAULT (é-prô), s. m. Un des noms vulgaires
du céleri.
ÉPREINDRE (é-prin-dr^, j'épreins, nous éprei-
gnons; j'épreignais, nous épreignions; j'épreignis;
j'épreindrai; j'épreindrais ; épreins, éf.reiynons;
que j'épreigne, que nous épreignions; que j'èprei-
gnisse; éiireignant; épreint, v. a. Presser entre
ses doigts quelque chose pour en exprimer le suc.
Épreinilre du verjus, des herbes. Vénus était assise
dans une conque en l'état d'une personne qui vien-
drait de se baigner et qui ne ferait que sortir de
l'eau; une des Grâces lui épreignait les cheveux
encore tout mouillés, la font. Psyché, ii, p. (66.
Il Se dit aussi du liquide qu'on fait sortir en éprei-
gnant. Ils épreignaient du jus de sésame et s'en
frottaient le corps comme d'huile, vaugel. p. C.
VII, 4. Il S'épreindre, v. refl. Être épreint. Le brou
de noix ne s'épreint pas facilement.
— HIST. XIV* s. Mettez l'herbe en un sac, et l'es-
praignez pour avoir le jus, Ménagier, ii,5. ||xvi* s.
t-ar trop s'espreindre d'aller à la selle, pabé, vi,
(». Puis seront posées en ceste décoction, de» com-
presses un peu espraintes, m. vi, 22. Et que la
mère se epreigne [s'efforce] tant que possible lui
sera, id. ii, 62». Ils se baisèrent les uns les autres,
de manière que tout le camp se trouva plein de
caresse» et de larmes très doulces et espraintes à
force de joye, amvot, Fab. 28.
— ÉTYM. Lat. exprimere, qui , ayant l'accent
sur pri, a donné réguhèr«meiit es-preindre (voy.
F.XPBIMEB). Entre épreindre et «atprimer, qui sont un
même mot, on voit comment la pronuocialion la-
tine encore subsistante déterminait la forme du mot
français naissant.
EPR
ÉPREINT, EINTE (é-prin, prin-t"), port. pa*sé
d'épreindre. Serré pour en exprimer un liquide. Les
cheveux mouillés, puis épreints. || Tiré hors par
expression. L'aliment commence à s'amollir dans U
bouche par le moyen de certaines eaux épreintes det
glandes qui y aboutissent, Boss. ConnaiH. Il, tu,
ÉPREINTE (é-prin-f), s. f. || 1* Envies fréquen-
tes, inutiles et douloureuses d'aller à la selle. Avoir,
sentir des épreintes. || U ne se dit guère qu'au
pluriel. Il 8* Terme de vénerie. Se dit de la fient*
des lo'.tres et de quelques autres bêtes.
— HIST. XIV* s. En la vénerie des loutres, 1*
fiente est appelée espraintes, Uodus, f" XLi, verso.
Il XVI* s. Les violens cris et espreintes d'un cruel
enfantement, pabé, vi, 14. Il jette de la boue par
le siège, ayant de grandes doiileurs et espreintes,
ID. IX, 18.
— ETYM. Épreint.
ÉPRENDRE (S') (é-pran-dr^, je m'éprends, nous
nous éprenons; je m'éprenais; je m'épris; je m'é-
prendrai; je m'éprendrais; éprends-toi; que je m'é-
prenne , que nous nous éprenions; que je m'éprisse ;
m'éprenant; épris, «. réft. || 1° Se mettre à, s'atta-
cher à, en parlant du feu. Si quelquefois le feu s'é-
prend en ces corps, DKSC. If^lfor. 2. Il 2''Fig Se laisser
entraîner par quelque passion, quelque sentiment.
11 s'est épris d'une belle passion pour cette leinme.
On a touché mon âme, et mon cœur s'est épris,
CORN. Cinna, i, 2. Ah! lorsqu'elle m'a vu, si son
âme surprise. D'une ombre de pitié du moins s'était
éprise, volt. Scythes, m, I. Je m'épris pour elle
de l'inclination la plus tendre, mabivaux, Marianne,
7* part. Qu'il étudie les plus grands maîtres, qu'il
s'éprenne davantage de la simplicité, dideb. Salon
de <767, Œuvres, t xiv, p. 3)8, dans pougens.
Il 3° Y. a. Éprendre, inspirer amour, amitié. Et l'a-
mour qui pour lui m'éprit si follement, cobn. lff(.
m, 5. Beauté, le cher souci de tant de beaux es-
prits. Qui d'une douce flamme avez mon cœur épris,
BACAW, Berg. u, 5. Sa vertu, sa douceur, sa poli-
tesse, tout m'avait épris de lui, st-sim. dans code-
FROY, Gloss. de Corn.
— REM. Éprendre, v. actif, qui n'est pas dans l'A-
cadémie, ne se trouve qu'au figuré, et est très-bon.
— HIST. XI* s. Saut en li fus [l'étincelle] , que l'erlia
en faitesprendre, Ch. de TioJ. cclxixvii. || xii* s. Ou
cierge espris ou lanterne embrasée, Ronc. p. <67.
Ses blanches mains, ses doigts Ions et trutis. Qui
font l'amour enflamer et esprendre, Couci, v. Ce
est la riens dont je sui plus espns, ib. xvii. Et se je
sui de vostre amour espris. Douce dame, ne m'en
doit estre pis, tb. D'ire et de mautalent [il] esprent
tous [tout entier] et atise, Sax. xxiii. Maintenant
li esprist [rougit] la chiere, Lai d'ignaurit. \\ xiii's.
Si commença li feus si grant à esprendre que....
viLLEH. lxxx. Et la vile [Coiistantinople] commença
à esprendre et alumer moût durement, et ardi toute
celé nuit et l'en demain jusques à la vesprée, id.
cvi. Tant sont espris de joie que nuls d'eus ne pirla,
Berte, cxxii. Toz revenlis et esprendans, [elle] Li a
geté ses iex [yeux] es suens [siens], toi de l'ombre.
De son lit saut toz estordiz ; Si a une chaiidoile prise;
Au feu en vient, si l'a esprise, Hen. 3412. Tant est
grainilre la covoitise Qui e^pre^t mon cuer et alise,
la Rose, 3708. || xiv* s. Je me double forment qu'au
jour d'ui ne perdez; Trop voi vos eni.emis espris et
alumez, Guescl (4778. || xv* s. Le clocher s'espre-
noit à ardoir, fboiss. u, ii, 05. La bonne femme
esprinse de joie, louis xi, Nouv. xiv. Avoit ung
chevalier au dehors du tournoy, p.sgardant et es-
prenant l'alaine de son pis, Perceforest, t. i, f* <4(.
Il XVI* s. Esprins d'une extrême passion de honte,
MONT. I, H. Il faut tenir, tirer el pousser la partis
qui est ici esprise de douleur, paré, Inirod. 2. La
fureur, qui esprent ceulx qui sont inspirez d'esprit
prophétique, amvot, Rom. 33. Toute la ville se
trouva esprise d'une superstitieuse crainte, id. Se-
lon, (9. Tous espris de sommeil et de vin, ID. Cam.
42. U fut incontinent espris par un regard et un
parler affetté, comme si c'eust esté quelque jeune
garson, m. Sylla, 72.
— ETYM. t pour es.... préfixe, et prendre; wal-
lon, esprende, allumer; provenç. esprendre.
ÉPREUVE (épreu-v'), s. f. || 1* Action d'éprou-
ver, opération à l'aide de laquelle on juge si une
chose a la qualité que nous lui croyons. Faire l'é-
preuve d'une machine nouvelle. || Fig. Faire l'é-
preuve d'une chose, en essayer. Assurer par là [par
des dévotions à Marie] son salut avec tant de certi-
tude que ceux qui en font l'épreuve n'y ont jamaii
été trompfs, de quelque manière qu'ils aient vécu,
quoique nous conseillions de ne laisser pas de bien
vivre, pasc. Prov. ». || Faire l'épreuve, signifie
ËPR
au^si recevoir témoignage de, marque de. Un si
vaillant disciple aura bien le courage D'en mettre
jusqu'au bout les leçons en usape; L'Asie en fait
l'épreuve, corn. JVi'com.iii, 2. La princesse palatine
«vait les vertus que le momie admire, inébranlable
dans ses amitiés, et incapable de manquer aux de-
voirs humains; la reine sa sœur en fit l'épreuve
dans un temps où leurs cœurs étaient désunis,
Boss. Anne de Gom. \\ 2' Il se dit au sens moral.
La défiance.... Ne peut venir d'ailleurs que du man-
que d'épreuve, maipet, Sophnn. m, i. De son propre
intérêt chacun se fait des lois; Et l'épreuve m'ap-
p.end que du pur artifice Nature, son contraire,
aujourd'hui fait l'office, BOTHon, Aniig. ii, *■ La
vraie épreuve du courage N'est que dans le danger
que l'on touche du doigt; Tel le cherchait, dit-il,
qui, changeant de langage, S'enfuit aus.sitôt qu'il
le voit, LA FONT. Fabl. vi, 2. Il vent faire une dan-
gereuse épreuve de sa liberté, boss. Ilist. ii, i.
J'ai fait de mon courage une épreuve dernière, bac.
Bfrén. v, 7. || 11 se dit aussi en parlant des person-
nes. Tenter une épreuve sur quelqu'un. Quelquefois
l'une des parties présente d'elle-même ses esclaves
à cette cruelle épreuve [la question] , et elle croit
en avoir le droit parce qu'elle en a le pouvoir, bar-
THÉL. Annch. ch. (8. || Mettre quelqu'un, quelq\ie
chose à l'épreuve, essayer si quelqu'un, quelque
chose peut suffire, résister, fournir, etc. Je ne veux
point mettre ma vertu à l'épreuve, sÉv. 277. L'Église
d'Kspagne fut mise à une nouvelle épreuve, boss.
hist. I, 4). Les dures épreuves où il met sa pa-
tience, ID. Anne de Gom. L'autorité met les talents
à une rude épreuve, fén. Tél. xii. 11 voulut mettre
la patience de Télémaque à une dernière épreuve,
m. ib. XXIV. Il Familièrement. Mettre à l'épreuve la
patience de quelqu'un, abuser de sa patience. || Â
l'épreuve, après avoir essayé. S'étant choisis l'un
et l'autre h l'épreuve, la font. Cal. \\ Acheter
quelque chose à l'épreuve, l'acheter à condition
qu'on l'essayera avant que la vente soit définitive.
Il 3° Être à l'épreuve de, pouvoir résister à. Vne cui-
j rasse est à l'épreuve du mousquet; un manteau est
à l'épreuve de la pluie. || Fig. Mon cœur n'est point
à l'épreuve des traits Ni de tant de vertus, ni de
tant de bienfaits, cor.n. Pomp. iv, 3. Est-il une
constance à l'épreuve du foudre Dont ce cruel arrêt
met notre espoir en poudre? id. Rodog. ii, 4. X l'é-
preuve d'un sceptre il n'est point d'amitié, m. Héracl.
I, 3. Nous n'avons pas les yeux à l'épreuve des
belles. Ni les mains à celle de l'or, la font. Fabl.
VIII, 7. Je ne suis pas encore à l'épreuve de tout ce
que vous me mandez, sÉv. 2). Mon discernement
esta l'épreuve de toute dissimulation, boss. Lett.
abb. 231. Il n'y a pre.sque plus d'amitié qui soit à
l'épreuve de la franchise d'un ami, flécii. Duc de
IVont. Elle ne fut pas à l'épreuve de cette raillerie,
bamilt. Gramm. 40. || Absolument. Etre à l'é-
preuve, opposer i tout une force invincible de ré-
sistance Lorsque la prudence à la valeur s'allie.
Il n'est rien à l'épreuve, corn. Attila, i, 2. Si ma
santé n'était pas à l'épreuve, elle serait fort ébran-
lée, sÉv. 670. Il À toute épreuve, même sens. Je
crois être à toute épreuve là-dessus, boss. Lett.
Corn. 47. La soumission doit être à toute épreuve,
ID. Arert. B. On lui attribuait un courage à toute
épreuve, hamilt. Gramm. 8. |{ 4" Dans les assem-
blées délibérantes, épreuve par assis et levé, mode
de voter dans lequel ceux qui adoptent, puis ceux
qui rejettent se lèvent; le bureau juge où est la ma-
jorité. Il 5° Souffrances, malheurs, dangers, etc.
qui éprouvent et qui exigent force et courage. J'ai
peine à contempler son grand cœur dans ses der-
nières épreuves, BOSS. Duch. d'Orl. Les épreuves
par lesquelles ils devaient passer, m. Hist. ii, 6.
X quelle épreuve, fi ciel, réduis-tu Mithridate? rac.
Uilhr. IV, 4. On n'essuya jamais des épreuves plus
dures, volt. TarKr. v, 3. || 6° Épreuve judiciaire,
manière de décider de la vérité ou de la fausseté
d'une accusation , ou même de toute chose en contes-
tation, en usage dans la première partie du moyen
ige. Épreuve du feu, de l'eau, de la croix (voy.
croix, eau, feu). Il 7° Terme d'imprimerie. Feuille
d'impression sur laquelle on indique les corrections
et les changements que le compositeur doit faire.
Os épreuves sont chargées de corrections. Ce per-
sonnage est un vieux licencié qui lit une épreuve
d'nn livre qu'il a sous la presse, lesage, Diable
hoit. 40. Ma méthode étant de travailler toujours
sur les épreuves des feuilles, attendu que l'esprit
sumble plus éclairé quand les yeux sont satisfaits,
VOLT. Lett. Duclot, 4" mai 4764. Je ne suis pas
11 4e Malesherbes : je n'ai pas, dans mon enthou-
siaime, corrigé secrètement les épreuves de l'Emile,
EPR
VILLEMAIN, Littér. Tabl. du 4 8' siècle, 2' partie,
2' leçon. Il 8* Terme de graveur. Première feuille
d'essai d'une planche gravée. Cette épreuve est mal
venue. || Toute estampe tirée après que le travail est
entièrement terminé. Épreuve avant la lettre,
épreuve après la lettre (voy. lettre). Chaque
épreuve d'une estampe a ses défauts particuliers
qui lui servent de caractère, J. J. Rouss. Ilélo'ise,
II, 3. Il Épreuve avec la remarque, celle qui a été
tirée avant que l'artiste eût fait disparaître quelque
accident, tel qu'une fausse taille. || Épreuve grise,
celle qui a été tirée sur une planche usée. || Épreuve
neigeuse, celle dans laquelle on voit çà et là quel-
ques taches blanches. || 9° Dans la photographie,
épreuve négative, celle qui reproduit le modèle en
couleurs inverses, en clair les obscurs, en obscur
les clairs : si on veut obtenir une épreuve positive,
on applique ce premier dessin négatif sur une autre
feuille de papier jouissant de la même propriété,
et on expose le tout à la lumière.
— HIST. XIII' s. Et quant que l'en [on] a en ceste
mortel vie, suefTre nostres sires à avoir por es-
prueve de l'autre recovrer, Merlin, f" 69, rerso.
Li rois Aedward le mors [morceau] benoît [bénit],
E di.st : duoint Deus l'espruf voirs soit [que l'é-
preuve soit vraie], Edouard le conf. v. 324 9.
Il XIV* s. Les queles [bandes] doivent premièrement
estre séparées du membre en metant une espreuve
[sondel ou semblable entre ce qui est sus la plaie et
la plaie; et o [avec] celé espreuve soit faite sépara-
tion environ la plaie legierement, H. de mondeville,
f° 41 , terso. Une espreuve que l'on met sur la table
du roi, DE LABORDE, Émaux , p. 303. Il XV* s. Las ! ils
ne me cognoissent mie. Et n'ont pas faict de l'art
espreuve. Comme Avicenne et Villeneuve, Kat. à
l'alch. errant, 4 006. Don à une povre fille, soup-
çonnée de la maladie de leppre, pour aller aux e.s-
preuves en la ville de Soissons, Bibl. des Chartes,
B" série, t. v, p. 4 39. || xvi* s. Nous en sommes à
l'espreuve [nous l'esprouvons], mont, i, 4 65. Semble
elle pas avoir preste sa vie à ceste espreuve de sa
patience? id. m, 4 62. Ils ont eu bonne raison de
rendre les harnois plus massifs et à meilleure es-
preuve qu'auparavant, lanohe, 286. X l'espreuve
du pistolet, d'aub. Conf. préf. Quand ils avoyent
cuit leur fournée et qu'ils venoyent à tirer mes es-
preuves, je n'en recevois que honte et perte, pa-
LissY, 343. Pompeius n'estoit point présent à ceste
espreuve qui se feit de la volunté du sénat, amtot,
Pomp. 83. On lui baille [à l'auteur] pour contrôleur
un homme qui prend le tiltre de correcteur, auquel
on présente la première espreuve.... on a recours
pour la seconde espreuve à l'autheur, pasquieb.
Lettres, t. i, p. 602.
— ÉTYM. Voy. éprouver; Berry, éprouve; prov.
esproa. La voyelle ou s'est changée en la voyelle
eu, comme dans esprouver qui se conjuguait, au
présent, f espreuve, comme (rourfr, je treuve.
ÉPRIS, ISE (é-prî, pri-z'), part, poss^ d'épren-
dre. Il 1" Qui est en feu. Des tisons bien épris.
Il 2° Fig. C'est ou d'elle ou du trône être ardem-
ment épris Que vouloir ou l'aimer ou régner à ce
prix, CORN. Rodog. m, 5. Epris de colère et d'a-
mour, rotrou, Antig. v, 3 Les deux troupes,
éprises D'ardent courroux , n'épargnaient nuls
moyens, la font. Fabl. vn, 8. Ame raisonnable,
toi qui es née pour l'éternité et pour un objet éter-
nel, tu deviens éprise et captive d'une fleur que le
soleil dessèche, boss. la Yallière. II y a des âmes
sales, pétries de boue et d'ordure, éprises du gain
et de l'intérêt, comme les belles âmes le sont de la
gloire et de la vertu, la bruy. vi. Je vois qu'un fils
perfide épris de vos beautés.... rac. Mithr. ii, 4.
Sans craindre ces vertus qu'ils admirent en vous.
Dont j'ai vu Rome éprise et le sénat jaloux, volt.
Brutus, II, 2. Épris de mille erreurs, m. i. chén.
Fénel. I, 2. y On trouve épris pour. Un esprit vrai
doit être épris Pour des vérités éternelles, volt.
tpit. 33. Il Absolument. Amoureux. Car enfin il
vous hait; son âme ailleurs éprise.... rac. Andr.
Il, 2. Et toujours plus épris et toujours plus fidèle,
volt. Scythes, ii, 3.
t ÉPROBOSCIDÉ, ÉE (é-pro-bo-ssi-dé , dée), odj.
Terme de zoologie. Qui n'a pas de trompe. || S. m.
plur. Famille d'insectes diptères.
— ÉTYM. Lat. e, sans, et proboscis, trompe.
ÉPROUVÉ, ÉE (é-prou-vé, vée), part, passé.
Il 1* Qui a subi une épreuve. C'est comme un ar-
gent éprouvé au feu, purifié dans la terre, et raf-
finé jusqu'à sept fois, saci. Bible, Psaum. xi, 7.
Et qu'enfin tout ce bois, éprouvé par les feux, Se
durcisse à loisir sur ton foyer fumeux, delille,
Giorg. I. Il 2° Sur qui on paut compter. Des mortels
EPR
1471
éprouvés dont la tête et le bras Sont faits pour
ébranler ou changer les États, volt. Brut, i, 4.
Quelques gens éprouvés dont le zèle est habile....
M. J. cnÉN. Tib. V, 4. || Il se dit aussi des cnoses.
Un homme d'une fidélité, d'une vertu, d'une va-
leur éprouvée. Des yeux toujours ouverts et des bras
éprouvés, volt. Mérope, i, 2. || 3" C'est un homme
dont la vie a été fort éprouvée, qui a été fort éprouvé,
se dit d'un homme qui a beaucoup souffert. Par
combien de tourments ma vie est éprouvée, bhi-
FADT, Ninus, I, 2. Il 4" Res.senti. Des passions éprou-
vées par un cœur ardent.
ÉPROUVER (é-prou-vé), v. a. || l" Reconnatlrff
par une opération si une chose a la qualité requise.
Éprouver une arme à feu, une cuirasse. C'est un
remède que j'ai éprouvé. Je les épurerai comme on
épure l'argent , et je les éprouverai comme on
éprouve l'or, saci, Bible, Znchar. xin, 9. {| 2° Mettra
à l'épreuve, en parlant des personnes. Éprouver
son ami. Celui qui n'a point été éprouvé, que sait-
il? BOSS. Politique, X, il, 7. Il [ThéophrasteJ avait
coutume de dire qu'il ne faut pas aimer ses amis
pour les éprouver, mais les éprouver pour les ai-
mer, LA BRUT. Disc, sur Théoph. || Il se dit aussi
des choses. Sans doute qu'il voulait éprouver votre
zèle, RAC. Esth. I, 3. Tranquillisez mon cœur, vous
l'éprouvez sans doute , gbesset , Méchant, v , 7.
Il 3* Hasarder, risquer. Va contre un arrogant
éprouver ton courage, corn. Cid, i, B. Quand tu
vins du monstre éprouver l'aventure , th. corn.
Ariane, m, 4. Et qu'en me réduisant à la nécessité
D'éprouver contre lui ma faible autorité, rac. Brit.
1, 2. Il 4° Faire subir des épreuves, mettre en des
difficultés ou des souffrances qui donnent occasion
au mérite. Dieu nous éprouve en toutes manières
BOSS. Lett. Corn. 33. Jupiter vous éprouve, mais il ne
veut pas votre perte; au contraire, il ne vous éprouve
que pour vous ouvrir le chemin de la gloire, fén.
Tél. II. Il 5° Apprendre par sa propre expérience. J'é-
prouvai, mais trop tard, que....||6° Ressentir. On
éprouve sur cette montagne un froid très-rigou-
reux. Éprouver du plaisir. Pensez-vous avoir seul
éprouvé des alarmes? rac. Andr. ii, 2. La Middle-
ton allait éprouver comme il s'y prenait pour tour-
menter, après avoir éprouvé ce qu'il savait pour
plaire, hamilt. Gramm. 7. Mon cœur Éprouve à .
son nom même une secrète horreur, volt. Fanât.
m, 2. J'éprouvais ses plaisirs, ses peines, ses goûts,
ses aversions, dider. Règne de Claude et Néion,
liv. II, § 4. Il Éprouver, suivi d'un qualificatif. Quoi
qu'il en soit, depuis que je vous vois chez elle,
Toujours de plus en plus je l'éprouve cruelle, corn.
lllus. com. II, 4. Je lui dois d'un ami le secours et
la foi ; Il ne l'éprouvera légère ni perfide, crêbillon,
dans DEsFONTAiNES. |{ 7* Subir. La forme du gou-
vernement éprouva de grandes altérations. Dieux I
que le crime seul éprouve enfin vos coups! volt.
Œdipe, I, 3. Il 8° S'éprouver, v. réfl. Être éprouvé.
L'or et l'argent s'épurent par le feu; mais les hom-
mes que Dieu veut recevoir au nombre des siens
s'éprouvent dans le fourneau de l'humiliation, saci,
Bible, Ecclésiastique, il, B. ||Se mettre soi-même
à l'épreuve. Portant partout le trait dont je suis
déchiré. Contre vous, contre moi, vainement je
m'éprouve, bac. Phèd. ii, 2. Saint Paul ordonnait
aux fidèles de s'éprouver avant que de venir manger
le pain de vie, mass. Car. Parole. Tout homme qui
est l'esclave d'un tempérament fâcheux, aigri par
la malignité, poussé par des motifs déshonnêtes,
n'est capable ni de s'éprouver lui-même ni de dé-
couvrir la vérité, ni de la faire entendre aux au-
tres, d'holbach, Ess. préj. ch. 8, dans dumabsaip,
GCuvres, t. vi. || Se mettre l'un l'autre à l'épreuve.
Ils ne voulaient pas se battre, mais seulement s'é-
prouver. Il Tenter aventure. Contre un si grand cou-
rage il voulut s'éprouver, rac. Alex, v, 2.
— HIST. XI* s. De vasselage [vaillance] [il] es*
souvent esprovet, Ch. de Roi. ccxvii. || xii* s. [Elle
le fait] Por esprover se por mal [je] recreroie [re-
noncerais], Couci, viii. Tant [j']ai d'amor mon fin
cuer esprové. Que jà sans li n'aurai joie certaine,
ib. XIV. N'esprovez plus sur moi vostre vengeance,
ib. XVII. Car au besoin est amis esprovez, Bat. SA-
leschans, y. 2635. || xiii* s. Je di que c'est grant
folie D'essaier ne d'esprover Ne s', famé ne s'amie,
auboins DE SEZANNE, Romanc. p. 126. Mais, espoir
[sans doute], ce m'a grevé, Qu'on ne connoit boin
servise. Tant qu'on ait autre esprové, «6. p. 4 27.
Bien est vos traïsons veùe et esprovée , Berie, xvi. Le
punt vus estuet [il vous faut] espruver, Cumvuspor-
rez outre passer, marie, Purgat. 4 276. Entor le jar-
din va et vient Por veoir et por Sesprover e jà peii^t
partuis Irover, Par où il se peûst eni mètre, ^j,.
1*72
I<1»U
la H
. croire M. p.role e«provéo c yo.re,
iiV». Kl 'el jugement font couli
. !,■« »ln» et qui assaveurent cl con-
2"' ', I ^, .s Imucc») et le» potages, ohesmb,
r,A »« 's« .-^uaan.z perlu, n'aiez le cuer marri:
tint »ou> rcult esprouver se vous este» à lin,
ruetet <"M- C'esto.ent toute gent d esloffe souf-
fl'jant Oui e^prouvô avoienl esté en combattant, ib.
«0768* Il XV s. Il» »'««prouverent »i bien et si vassa-
lement qu'il» obtinrent la place et l'eau (dans un
comhai naval], pboiss. i, i, m. Et s'avisa qu'il se
viendroit éprouver à celui qui estoit plus prochain
de «a baniero, m. i, l. <*0. Ce Croquarl clicvau-
ehoit une fois un jeune coursier fort embndé, que
il avoit acheté trois cents escus , et l'esprouvoit au
courir, ID. I, I, 325. Le vaillant et gentil chevalier
llouciquaut et ses bons et esprouvés compaignons,
Deu merci, n'eurent mal ne blessure, Bouciq. i,
l«. Il XVI* s. Et si «lit d'avantage qu'il ne falloit pas
que les lieslcs sauvages mesraes de l'Afrique de-
meurassent sans esprouver la force et la fortune des
Romains, amyot, Pomp. 20 Comme s'il eust eu
k «'esprouver à rencontre d'un Isocrates ou d'un
Anaximenes, et non pas à manier et redresser un
peuple, m. Cic. et Déin. Elle luy monstra sa ble-
leure, et luy compta comment elle se l'avoit failte
pour s'esproiiver elle mesme, m. Bru(uî, U. Ce qui
filus espreuve et qui plus descouvre la nature de
'homme, c'est la licence et l'authorité d'un mapis-
Irat [le pouvoir], m. Cie. et Dém. *. Ou voir Me-
duxe, ou au cours [à la course] s'esprouver Aveo-
ques Atalante.... du bkllay, vu, î6, rcrîo.
— ETYM. É pour M.... préfixe, et prouver; lîerry,
épreuter; bourgiiig. eprovai; provenç. esproar. .
F-PROUVETTE (é-prou-vè-f), ». f. \\ f Instrument
dont on se sert pour faire quelque épreuve. Il fallait
savoir si la force qui est communiquée aux projec-
tiles dépend di' la promptitude avec laquelle la pou-
dre s'enflamme; mais, pnur faire ces expériences,
on avait besoin d'une éprouvette qui donnât des
résultats précis, et il n'en exi-stait pas; M. d'Arci
imagina de suspendre un petit canon à un pen-
dule... coNDOBCET, d'Àrci. Il 2* Terme de physitjue.
Tube de verre nu de cristal d'un fort diamJtre, à
parois plus ou moins épaisses, fermé par un bout,
ouvert par l'autre, ordinairement divisé en parties
d'une égale capacité et servant à diverses manipu-
lations. Il Petit récipient, petite cloche qui fait par-
tie de l'appareil de la cuve pneumatique, et l.>nt
on se sert pour opérer sur une petite quantité de
gaz. Il 8* En chirurgie, esp^ce de sonde. || 4' Sorte
de pivot qu'on réserve au bout d'un rasoir, pour le
casser apris la trempe et connaître le grain de l'a-
cier. || 6* S f. plur. Terme de métallurgie. Barres
de fer placées dans le fourneau de cémentation
pour connaître le degré de carburation du fer dans
les caisses.
— H1ST. XVI* s. Extraire les choses estranges qui
•ont entrées dedans les yeux, en renversant les pau-
pieresavrc la queue d'une esprouvette,PABÉ,/nlrod.2.
• Rtym. ï?j)rr>uter.
t EPSILON (t-psi-lon'), s. m. Terme de gram-
maire grecque. Nom de l'E bref des Grecs; cin-
quième lettre et deuxif'me voyelle de leur alphabet.
— ÊTYM. B, e, et «ViXiv, menu. C'est la lettre
phénicienne ou hébraïque he.
t EPSOM (è-psom'), sel d'Epsom, sulfate de ma-
gnésie, qui est purgatif. Epsom est un village du
comté de Surrey, en Angleterre, qui possède des
eaux minér.ilcs riches en sulfate de magnésie,
EPTACORDE, voy. hf.ptacorue.
EPTAfiO'E, voy. IIIÎPTAGONE.
fprcfi, P.E (épu-sé, sée), part, passé.
r.Pl'CER (é-pusé. Le c prend une cédille devant
a ou 0 ; épuçant, épuçons), v. a. Débarrasser des
puces. Ëpncer un chien. || S'èpucer, v. réfl. Se dé-
barrasser de se» puces.
. llisT. XVI* s. Espuiccr. ODDiN, Diet.
— ÊTYM. ^pourei.... préfixe, et puce; provenç. çt
•spagn. espulgar; ital. spulciare.
t EPCCUR (é-pu-ch") , ». f. Pelle pour enlever la
tourbe.
— ÉTm. É pour es.... préfixe, et puch, une des
formes de puilt (>ov. puits et puiseb).
EPCISABLE (é-pii-ia-W), adj. Qui peut être
Aputfté.
— KTT¥. t.puiter.
ttroiSAirr. aNTB (é-nui-zan, lan-t'), adj. Oui
«propre t épuiser. CuUures énuisantes, culture»
qui énutsent rapidement U terre.'
KPinsE, ER (é pui-iè, ,éc), porr. passé. \\ i* Mi»
ÉPIJ
à sec. Des ruisseaux èpuiié» pour les arrosements.
Il sent tarir ses jours comme une onde épuisée. Et
son dernier soleil a lui, lauart. llarm. 11, 4 0.
Il Fig. Voire pire attendait que ma colfcre fût épui-
sée, PÉN. Tél. XV. Il Un esprit épuisé, une imagi-
nation épuisée, un esirit, une imagination qui no
peut plus proiluire. Après six mille ans d'observa-
tions, l'esprit humain n'est pas épuisé; il cherche,
et il trouve encore, afin qu'il connaisse qu'il peut
trouver jusqu'à l'infini, Boss. Conn. v, 8. || î" Terre
épuisée, terre à laquelle on a trop fait produire sans
la restaurer par l'engrais. L'homme do génie est
celui qui enfonce le soc de la charrue dans un ter-
rain qu'on n'a qu'effleuré avant lui, et qui sait par
là rendre fécond un sol que l'on croit épuisé, mar-
MONTEL, Élém. litl. Olluires, t. viii, p. ^76, dans
pouoENS. Il Kig. Leurs Elats et d'argent et d'hommes
épuisés, COBN. /'ompi'e, i, (. X t'en payer le prix
ma fortune épuisée, volt. Zaïre, l, *■ || 3* Edition
épuisée, édition dont tous les exemplaires ont été
vendus par l'éditeur. || 4° AflTaibli. Des soldats épui-
sés par les privations. Si les sens épuisés man-
quaient à la vieillesse, volt. Scythes, iv, 7. L'on
y montre encore la pierre sur laquelle on prétend
qu'elle [Cérès] s'assit épuisée de fatigue, Barthé-
lémy, Ânach. ch. 08, || Absolument. C'est un homme
épuisé, c'est un homme qui n'a plus les forces
physiques ou morales.
EPUISEMENT (é-piii-ze-man), s. m. || 1' Action
d'épuiser. On travaille à l'épuisement des eaux de
la mine. || 2° Perte considérable des forces et de
l'énergie vitale. On l'a tant saigné qu'il est tombé
dans l'épuisement. Elle est dans un épuisement qui
fait pitié, sÉv. 385. Quelquefois on a beau vouloir
marcher; il se sera jeté une telle humeur sur les
jambes, ou tout le corps se trouvera si faible par
l'épuisement des esprits, que cette volonté sera inu-
tile, Boss. Connaiss. m, 42. Des mouvements qui
les jettent dans l'épuisement, la bruy. i*. U fut
six mois en danger, et trois ans dans une langueur
qui était un éi)uisement d'esprits visible, fonten.
Varignon. Et ne présume rien de leur triste pâleur
[de mes traits] Que mon épuisement, effet d'un
long malheur, lemerc. Louis IX, m, 3. Les chefs
et Mortier lui-même, vaincus par l'incendie qu'ils
combattaient depuis trente-six heures, y vinrent
[au Kremlin] tomber d'épuisement et de désespoir,
SÈGUR, Bist. de Napol. viii, 6. || 3° Tarissement mo-
ral. Il prend l'épuisement du cœur pour l'effort de
la raison , J. J. Bouss. Hél. 1, «0. || 4° Épuisement des
finances, pénurie du trésor public. |{ 6* Terme de
mathématique. Méthode par épuisement, méthode
qui consiste à épuiser toutes les racines d'une équa-
tion. L'énumération exclusive, et que les mathéma-
ticiens appellent la preuve par épuisement, mar-
MONTEL, Elém. littér. Œuvres, t. ix, p. 490.
— RTYM. Épuiser.
ÉPUISER (é-pui-zc), V. a. || 1° Mettre à .sec.
Épuiser une source, une fontaine. Et ne m'exposez
plus aux plus vives douleurs Qui jamais d'une amante
épuisèrent les pleurs, rac. Baj. 11, B. || 2° Il se dit
aussi du sang et de tout ce qui contribue à entre-
tenir îs forces du corps. On l'a épuisé par d'abon-
dantes saignées. Ses déliauches ont épuisé ses for-
ces. [Elles] De leur père endormi vont épuiser les
veines, corn. Médée, i, 4. Une passion qui épuise
votre santé, mass. Car. Temps. Viens épuiser mon
flanc Du reste infortuné de cet auguste sang, volt.
Zaïre, v, 10. Et celte émotion dont son âme est
remplie A bientôt épuisé les sources de la vie, m. 16.
m, ♦. Il Absolument. J'étais donc brûlant d'amour
sans objet, et c'est peut-être ainsi qu'il épuise le
plus, J. J. BOUSS. Conf. v. |{ Familièrement. Cela
m'épuise, cela me cause de l'épuisement. Vous m'é-
puisez, vous m'obsédez par vos instances, par votre
bavardage, etc. || Il se dit aussi des forces morales
et intellectuelles. La nature nous a donné des goûts
qu'il est aussi dangereux d'éteindre que d'épuiser,
BARTHELEMY, Anach. ch. "8. Cette succession rapide
de mouvements vifs et tumultueux épuise et dessèche
le. cœur, sans l'avoir jamais pu remplir, m*** be
GENLis, Ad. et TMod. t. 1, lett. 6'i, p. 438, dans
rouGENS. Il 3* Épuiser une terre, la faire devenir in-
féconde par suite de cultures mal combinées ou do
mauvais assolements. || 4° Épuiser une mine, en ex-
traire tout le métal qu'elle contient. |{ B* Causer
l'appauvrissement d'un État, la dépopulation d'un
pays, la ruine d'une armée. Les guerres de Louis XIV
avaient épuisé la France. La victoire l'épuisé en le
favorisant, sauriî», Sparlac. I, 4. Et Charles ce-
pendant, rassemblant des soldat». D'airain, d'or et de
sang épuisait ses États, hass. Helv. v. || Épuiser
quelqu'un , le miner. || <• Consommer, absorber
ÊPU
complètement. La citadelle a épuisé toutes ses rou-
nilions. Nous avons épuisé nos dernières ressources.
De Claude en même temps épuisant les richesses,
bac. Brit. IV, a. || Kig. Cette suite continuelle de
méchantes affaires qui nous réduisent à toute heure
à lasser les bontés du souverain, et qui ont épuisé
auprès de lui le mérite de mes services et le crédit
de mes amis, mol. le Fesl. iv, 6. Bientôt il eut
épuisé tout le savoir de son maître, et il fallut qu'il
allât herboriser lui-même aux environs du Mans et
y chercher des plantes nouvelles, fonten. Jfori'n.
Il Épuiser la patience, faire qu'on ne puisse plus
supporter. || Épuiser sa patience, ne pouvoir plus
supporter. Les Cretois avaient épuisé toute leur pa-
tience, FÉN. Tél. Xlll. Il 7° Épuiser le sort, les coups,
la vengeance, la colère, etc. avoir éprouvé du
sort, du ciel, etc. tout ce qu'il y a de plus funeste.
Mais quand ce coup tombé vient d'épuiser le sort
Jusqu'à n'en pouvoir craindre un plus barbare effort,
COBN. Cfc'dipe, v, 3. Dureront-ils toujours ces ennuis
si funestes'? N'épuiseront-ils pas les vengeances cé-
lestes? BAC. Theb. III, 2. Je conjure les dieux d'é-
puiser tous les coups Qui pourraient menacer une
si belle vie, id. Bérén. v, 7. Je suis la plus cou-
pable; épuise tout sur moi, id. Baj. I, 4. Les des-
tins désormais Ont assouvi leur haine, ont épuisé
leurs traits, volt. Tancr. v, B. Dieux cruels, épui-
sez sur moi votre colère, id. Triumr. 11, B. || 8" Met-
tre en usage toutes les ressources de. Il se prépare
contre le prince quelque chose de plus formidable
qu'à Rocroy; et, pour éprouver sa vertu, la guerre
va épuiser toutes ses inventions et tous ses efforts,
BOSS. iotiii de Bourbon. On épuise toutes sortes
d'artifices pour le tromper, fên. Tel. xii. Épuise
ton esprit et ton adresse pour bâter mon bonlieur,
LESAGE, Diable boit. 4 5. Nous [prédicateurs] que
l'exercice de notre ministère appelle, s'il est per-
mis d'ainsi dire , dans un monde de morts et
de mourants... il nous semble que nous devons
épuiser toute la religion pour arracher au monde
ceux qui nous écoulent, saurin, Disc, de saint Paul
d Félix et à Drusille. Le ciel, industrieux dans sa
triste vengeance, Avait à le former [le Sf hinx] épuisé
sa puissance, VOLT. Œd.i, 4. || 9° Épu serun sujet,
n'y omettre aucun détail, le traiter à fond. Crois-tu
qu'il ait épuisé dans ses comédies tout le ridicule
des hommes? mol. Impromptu, 1, 3. Les longs ou-
vrages me font peur: Loin d'épuiser une matière,
On n'en doit prendre que la (leur, la font, t'abl.
VI, Épilogue. Je ne vous en parlerai pas, nous
avons épuisé cette matière, sév. 6B2. La curiosité
fait toujours agir jusqu'à ce qu'elle ait épuisé l'objet
de ses recherches, et aucune question ne peut être
épuisée que par le vrai, Ti:Br,oT, Ébauche du 2" di.c.
Progrès de l'esprit humain, p. 203. Les premiers
maîtres du théâtre avaient épuisé les combinai.son»
des caractères, des intérêts et des passions, mar-
montel, Élém. Utiér. Œuvres, t. vu, p. 432, dans
pouGENS. On cui reprochait d'épuiser ses sujets et
de ne rien laisser à penser au lecteur, id. Kém. xi.
Il Un homme qu'on ne saurait épuiser, homme d'un
grand savoir et qui parle bien et facilement sur
toute sorte de sujets. || 10° Épuiser une idée, mettre
en dehors tout ce qu'elle renferme. Ceux qui ont
compris que le terme d'infini est tellement absolu
qu'il épuise ou plutôt qu'il renferme la totalité de
l'être sans exception, ont voulu éviter cet écueii eu
employant une distinction scolastique, boullair-
villiers, Réfut. de Spinosa, p. «4. || 11* Traiter
comme par la méthode de l'épuisement (terme de
mathématique). X force de tâtonner, de multip'.ier
les systèmes, d'épuiser pour ainsi dire les erreurs,
on arrive enfin à la connaissance d'un grand nom-
bra de vérités , tlrgot , 2* dise en Sorbonne.
Il 12° S'épuiser, v. réfl. Se tarir. Cette source s'é-
puisera bientôt. Les vivres s'épuisent. L'or et l'ar-
gent s'épuisent; mais la venu, la constance, la
force cl la pauvreté ne s'épuisent jamais, monteso.
flom. ch. 4. Sur son lit une lampe fatale Versait en
s'épuisant sa lumière inégale, dlcis, Othello, v, i.
Dieu veuille que ce charme ne s'épuise pas! stael,
Corinne, XV, 9. || Se vendre jusqu'au dernier exem-
plaire. Uneéditionqui s'épuise rapidement. |i 13° Em-
ployer tout ce qu'on a de force ou d'hi■^ileté. L'ar-
chitecte ne s'est pas épuisé en la structure de c«
palais royal, cobn. Ancirom. Décor, du 5* acte. Il
se hâte et s'épuise en efforts superflus, id. Ilor. IV,
2. Il ne faut pas vous épuiser en lectures. SÊV.
408. Après s'être épuisé en regrets inutiles, hamilt.
Gramm. 3. \\ S'épuiser en conjectures, faire une
multitude de conjectures coup sur coup. || Employer
tout ce qu'on a. Ceux qui s'épuisent en folles dé-
penses, FLSCH. Aig. Ce peuple s'épui.sait en fêtes
ÈPU
et en réjouissances pour son retour [la restaura-
tion de Charles II] , hamilt. Gramm. a. Son État
s'épuise d'argent et d'hommes, pén. Tél. xii. L'ima-
gination des hommes s'épuise en fictions romanes-
ques, VOLT. Mœurs, 69. Il dépensa beaucoup, pen-
dant que ses parents s'épuisaient pncore davantage
à vivre en grands seigneurs, ID. Jeannot et Colin.
II s'épuise à payer leurs plaisirs onéreux, c. delav.
Vf près sicil. u, 6.
— HIST. xW S. Vus espucerez ewes en joie des
fontaines del salvediir, Liber psabn. p. 232. Le ca-
lice en la main del Seignur.... la lie de lui nen est
expuisede, ib. p. )0i. ||xiii" s. Richart, ne que es-
puchier Puet on la mer d'un tamis [pas plus qu'on
ne peut épuiser la mer avec un tamis]. Ne vous
vauroit [vaudrait] mais castis [correction], Qu'on
[car on] ne puet musart casioier, mâtzner, p. 77.
Elle est riche et très eUreuse, Elle est en tous hiens
plantureuse, Si qu'on ne la puet espuisier, Tant y
puist on prendre et puisier, J. de meung, Tr. 630,
Il xiv s. La cilé espuisée par mortailles [mortalités]
continues, bebcheure, f° 61. rec(o. || xvi" s qu'il
s'en fidsoit fort d'en vuider l'eau.... et estant le tout
espuisé.... CARLOix, IX, 27. Comme nous voyons la
mcre nourrice, après la naissance de l'enfant, luy
présenter son mammelon pour en espuiser du laict
pour sa nourriture, pabé, ii, 2B.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et puiser; picard,
épucher.
t ÉPUISETTE (é-pui-zè-f), s. f. \\ 1° Écope, sorte
de pelle creuse , pour ôter l'eau d'un bateau.
Il 2" Terme d'oiselier. Filet pour prendre les petits
oiseaux dans une volière. || S" Terme de pêche. Pe-
tit filet en forme de poche, monté sur un cerceau
et attaché à un long manche de bois.
— ÉTYM. Épuise.
t lÎPUISE VOLANTE ( é-pui-ze-vo-lan-t' ) , s. f.
Moulin à vent pour épuiser les eaux d'un endroit
que l'on veut mettre à sec.
— ÉTYM. Épuise, mot qui n'est resté usité que
dans cette locution, el volant.
ÉPULIDE (é-pu-li-d') ou ËPULIE (é-pu-lie), s.
f. Terme de chirurgie. Petite excroissance qui se
forme sur les gencives.
— HIST. xn° s. Des tumeurs et chairs superflues des
gencives, appellées des Grecs epulides, paré, vi, 4.
— ÉTYM. 'EitoviVi;, de ÈTtl, sur, etoijXov, gencive.
lÎPULONS (é-pu-lon), s. m. plur. Prêtres de
Rome qui présidaient aux repas donnés en l'hon-
neur des dieux.
— ÉTYM. Lat. épuise, repas.
fiPULOTIQUE (é-pu-lo-ti-k') , adj. Terme de phar-
macie. Qui favorise la cicatrisation. j{ S. m. Un bon
épulotique.
— HIST. XVI* s. Médicament épulotique ou cica-
trizatif, PARÉ, vin, 1B.
— ÉTYM. 'Eirw^MTixà; , de iiû, sur, et oiXfi, ci-
catrice, de oîXo;, entier, mot à mot aàpîoûX»],
chair entière , cicatrisée. OJ).oi; est la forme io-
nienne de 6)01;, le même que le latin solus.
ÉPURATION (é-pu-ra-sion; en vers, de cinq syl-
labes), s. f. Il 1° Action d'épurer. L'épuration des
métaux. L'épuration des huiles. || 2° Fig. L'épura-
tion des mœurs. L'épuration du goût. L'épuration
d'un texte fautif. || 3° Par extension , l'épuration
d'un corps, d'une compagnie, exclusion de ceux qui
sont indignes d'en faire partie. || Épurations politi-
ques, exclusions dictées par des motifs politiques.
— ÉTYM. Épurer.
tÉPURATOIRE (é-pu-ra-toi-r'), adj. Qui sert à
épurer.
— ÉTYM. Épurer.
ÉPURE (é-pu-r'), s. f. || 1" Terme d'architecture.
Dessin d'une construction tracé sur une muraille,
ou, plus généralement, sur un plancher ou sur une
aire horizontale, de la grandeur dont l'ouvrage
doit être exécuté. L'épure d'une façade. {| 2° Terme
de géométrie. Reprôsentation, sur un plan, des
points et lignes situés dans l'espace et appartenant
à un corps de forme déterminée; au moyen de l'é-
pure, on peut retrouver les positions de ces points
et de ces lignes, relativement à deux plans coor-
donni^s, l'un vertical et l'autre horizontal. Un offi-
cier du génie vint en congé à Besançon où était
une école d'.artillerie; il laissa dans sa chambre la
collection de ses épures et s'absenta pour quelques
mois; les officiers d'artillerie, qui avaient sur le
cceur quelques plaisanteries sur leur ignorance des
travaux de l'école de Mézières, où Monge [l'inven-
teur de la géométrie descriptive] professait, résolu-
rent de s'emparer du trésor de l'officier du génie; le
complot fut exécuté; les épures enlevées furent cal-
quées, et puis les originaux remis en place; mais
DtC* M LA LANGUE FRANÇAISE.
EPU
grand fut l'étonnement lorsque, le travail fini, on
voulut se mettre à déchiffrer les hiéroglyphes de
l'école de Mézières; personne n'y comprenait rien;
alors on va trouver Lacroix, on lui remet les cal-
ques; Lacroix parvint à déchiffrer tout ce qui est
relatif au point, à la droite et au plan, et publia le
premier traité, même avant Monge, olivier. Géo-
métrie descriptive, préface. || L'ensemble de lignes
et de points que l'on trace sur un plan pour résoudre
un prdbl'-me de géométrie descriptive, pure ou ap-
pliquée. Une belle épure. Tracer une épure. Les
candidats devront exécuter une épure.
— ÉTYM. Ce mot semble être formé de pur (avec
epoures.... préfixe), et signifier la mise à pur, au
net, du plan des bStiments.
ÉPURÉ, ÉE (é-pu-ré, rée), part, passé d'épurer.
Il 1° Rendu plus pur. Une matière épurée. Un air
épuré. Il 2° Fig. Cet amour épuré que Tite seul lui
donne, cohn. Tite et Bérén. v, 2. Il [Dieu] est seul de
nos cœurs l'allégresse épurée. Et seul notre félicité,
ID. [mit. II, B. U est d'autres esprits.... De qui tous
les désirs dignement épurés.... id. ib. m, 4. Des
raisons choisies, épurées, méré, (Xiuvres posth. t. i,
p. B7.I1 n'a laissé dans mon cœur, pour vous, qu'une
flamme épurée de tout le commerce des sens, mol.
Don Juan, iv, 9. Pourvu que ses transports, par
l'honneur éclairés, N'offrent sur mes autels que des
vœux épurés, id. F. sav. 1, *. Mon culte épuré De
ma grandeur naissante est le premier degré, volt.
Fanut. II, B. Dégagés de la terre, épurés de tout
crime, lemercieh, Louis IX, v, 6. ||3° Débarrassé
de ce qui, dans le langage, n'est pas pur. Par ce
sage écrivain la langue réparée N'offrit plus rien
de rude à l'oreille épurée, boil. Art p. 1. \\ Qui s'at-
tache à la pureté du langage (emploi vieilli). J'ai
des amis fort épurés, méré. Œuvres posth. t. 11,
p. 54. Epuré dans le langage, m. th. p. 42. || 4° Dé-
barrassé de ce qu'il y a de grossier, en parlant des
ouvrages d'esprit. [Le comique] qui est épuré des
pointes, des obscénités.... la bruy. Disc, sur Théo-
phraste. |{ Rendu plus correct, plus élégant, en
parlant du langage, du style. Je n'aime pomt qu'on
affecte avec les enfants un langage trop épuré, et
qu'on fasse de longs détours, dont ils s'aperçoivent,
pour éviter de donner aux choses leur véritable
nom, J. J. Houss. Emile, iv. || 5° Qui a subi une
épuration, une élimination, par raison politique
ou autre. D'autres invités y sont venus [au bal] et
s'en sont allés parce qu'ils n'ont pas trouvé le bal
assez épuré, p. L. cour. Lett. n, <09.
t ÊPUREMENT (é-pu-re-maii) , s. m. Action d'é-
purer; état de ce qui est épuré. L'épurement des
métaux. || Fig. Il se dit de la pureté morale. Qu'un
tel épurement demande un grand courage. Qu'il
est, même aux plus grands, d'un difficile usage I
CORN. 0(/ion,i, B. En tout temps, en tous lieux,
en toutes actions, Ce digne épurement de tes inten-
tions Doit garder sur toi-même une puissance égale,
ID. Imit. III, 38. La croix est la vraie épreuve de
la foi, le vrai fondement de l'espérance, le parfait
épurement de la charité, boss. IJist. u, 6. |{ Se dit
aussi des exclusions par cause politique ou autre.
L'épurement d'une compagnie.
— ÉTYM. Épurer.
ÉPURER (é-pu-ré), v. a. || 1" Rendre pur, puri-
fier. Épurer de l'eau en la filtrant. Le feu épure les
métaux. U règne en dieu sur les airs qu'il épure.
Des prés, des bois ranime la verdure, malfil. JVar-
cisse, ch. I. Il Fig. Le malheur avait épuré l'armée;
ce qui en restait n'en pouvait être que l'élite, d'es-
prit comme de corps, ségur, Hist. de Nap. v, 2.
Il 2° Rendre plus pur, en parlant des choses morales.
Epurer les mœurs, les sentiments. Dieu veut épurer
votre charité parles afflictions, boss. Sou/f. 2. Dé-
gageant l'âme des sens, elle épure la vue de la foi ,
MASS. Car. Tiéd. i. Mais je parle à Brutus.... Dont
le cœur inflexible, au bien déterminé. Épura tout le
sang que César t'a donné, volt. M. de Ces. m, 2.
Je fais en frémissant ce sacrifice impie, Mais mon
devoir l'épure, et mon trépas l'expie, 'in. Orphel.
IV, 6. Il ne sera jamais question , pour des Fran-
çais, dont la constitution vient d'épurer les idées
(le justice, de faire ou de concerter une guerre of-
fensive, c'est-à-dire d'attaquer les peuples voisins
lorsqu'ils ne nous attaquent point, Mirabeau, Col-
lection, t. III, p. 30(. Il Purger de. Mais qui connaît.
Seigneur, les péchés d'ignorance î Ëpure-m'en dès
aujourd'hui, corn. Psaume xviii. || Épurer un au-
teur, l'expurger, jj Êfiurer le théâtre, n'y mettre
rien qui puisse blesser les mœurs. || 3° Rendre poli,
châtié, en parlant du langage et des ouvrages û'es-
prit. Cet auteur a contribué à épurer la langue.
La satire, en leçons, en nouveautés fertile, Sait
EQU 1473
seule assaisonner le plaisant et l'utile, Et d'un vers
qu'elle épure aux rayons du bon sens. Détromper
les esprits des erreurs de leur temps, boil. Sat. ix.
On a voulu épurer notre langue depuis François I";
peut-être a-t-on fait comme ces médecins qui, à
force de saigner et de purger, précipitent leur ma-
lade dans un état de faililesse d'où il a bien de la
peine à revenir, d'olivet. Rem. Racine, § M. Trop
heureux l'écrivain qui dans la solitude.... Epure ses
travaux dans le creuset du temps, millev. Indépen-
dance du poêle. Écrivain soigneux et correct, il
[RobertsonI s'attachait à épurer son style de ces
idiotismes écossais qu'affecte aujourd'hui le célèbre
romancier d'Edimbourg |W. Scott], villem. iiltér.
franc, ts' siècle, 2' part. 3« leçon. Ces premiers cri-
tiques qui épurèrent notre langue, Palru, Vaugelas,
Régnier- Desmarais, étaient des esprits justes et
fins qu'on n'a pas surpassés dans la même œuvre,
ID. Diction, de l'Àcad. préface, p. xii. || 4° Eliminer
d'une compagnie, d'un corps, les membres qui -
sont jugés indignes d'en faire partie. || B° S'épurer,
1'. ré/l. Devenir plus pur. L'or s'épure dans le feu,
BOSS. Ilist. 11, 9. Par lui tout s'embellit, et s'épure
et s'anime, delille. Paradis pndu, xii. || Fig.
Cette purification par laquelle l'âme s'épure peu à
peu, BOSS. Lett. Corn. 75. Ainsi parmi les souf-
frances et dans les approches de la mort, s'épura
comme dans un feu l'âme chrétienne, iD. le Tellier.
Dont les âmes se sont épurées dans la solitude, id.
I, Paq. t. Plus il approche delà mort et plus il s'é-
pure, sÉv. 48. Les intérêts personnels qui s'épurent
par leur réunion, se sont Lsolés entièrement, et la
corruption est devenue générale, baynal, Ilist.
phil. H, 28. Il Devenir plus châtié, en parlant de
la langue. La Bruyère et Fénelon paraissent croire
que la langue de leur temps s'était trop épurée,
avait rejeté trop d'anciens mots expressifs, et l'Aca-
démie a été chargée de ce tort, villemain, Dict.
de l'Acad. préface, p. xx.
— IIIST. xiii* s. Cilz qui argent espure, Armuriers,
guainiers, chapeliers, Dict des peintres. Ainsi fut
luxure lavée D'omme, de femme, et espurée, A'(-
Graal, v. t7). || xvi* s. Avoir le jugement affiné et
le discours espuré par raisons de philosophie, auyot,
Aratus, 12.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et pur.
ÉPCRGE (é-pur-j'), s. f. Un des noms vulgaires
de l'euphorbia latlujris, L. dite petite épurge, ca-
tapuce, petite catapuce. || Grande épurge, un des
noms vulgaires du ricin commun (eupborbiacées),
dite aussi grande catapuce.
— ÉTYM. É pour es... préfixe, et purger.
t ÉQDANIME (é-koua-ni-m'), adj. Dont l'humeur
reste égale. M. de Chevreuse, toujours équanime,
toujours espérant, toujours voyant tout en blanc,
st-sim. 322, 209. || Peu usité.
— HIST. XVI' s. J'ai estimé qu'il ne falloit attendre
pour juges aeqnanimes de ma louange que ceux qui
l'ont méritée pour eux, d'aub. Ilist. Préf. m.
— ÉTYM. Lat. œquanimus, de œquus, égal, et
animus, âme, cœur.
tÉQUANIMITÉ (é-koua-ni-mi-té), s. f. Qualité
d'une âme équanime. Sa mère [du duc de Noailles]
avait su profiter de la douceur et de l'équanimité
du duo de Chevreuse, st-sim. 3I8, 150. || Peu usité.
— HIST. XVI* s. Cela donc est une de ces choses
qui trouble l'équanimité et tranquillité d'esprit,
AMYOT, De la tranq. d'âme, 3|. Nous reprochans
qu'il sort bien des François quelque chose subtile et
délicate, mais jamais d'œuvre où il paraisse force
pour supporter un labeur, equanimité pour estra
pareil à soi-mesme, ni un puissant et solide juge-
ment, d'adb. Hist. Préf. v.
— ÉTYM. Lat. sequanimitas, d'xquanimus, équa-
nime, de xquus, égal, et animus, âme.
f EQUANT (é-kouan), s. m. Terme de l'ancienne
astronomie. Cercle dont le centre était celui de»
mouvements réguliers.
— ÉTYM Lat. ,rquans, qui égale.
t F.QUARRÉ (é-ka-ré), s. m. Terme de char-
pente. Carré tracé dans le cercle qu'ofi're la section
d'un tronc d'arbre, afin d'équarrir celui-ci.
— ÉTYM. Voy. équarrir.
ÉQUARRI, lE (é-ka-ri, rie), part, passé d'équarrir.
Il 1° Dressé de manière à être taillé à angle droit.
Un arbre équarri. 112° Dépecé, en parlant des ani-
maux abattus ou morts. Un cheval équarri.
t ÉQUARRIER (éka-ri-é), v. t,||l° Couper lai
barbes du parchemin, jj i' Terme de cirier. Dres-
ser la cire des flambeaux.
ÉQCARRIR (é-ka-rir), v. a. || 1* Tailler i angle
droit. Equarrir une pierre. Apprends à manier d'un
bras vigoureux la hache et là scie, à equarrir une
I. — 18S
U74
pMtr», ». >■ «»w"
I. Jfm. m. C'Mt rinslroment [la
S^arn. iio"^ronc,. cutk*... ^m^r. . || 2- Ken-
dre c»rr*. L'habilml» où nous sommes d équarnr
Bo« parterro' •' m*""' ""' arbres, behn. de st-p.
iftiufe t. Il S* Terme <ie menuiserie. Rafraîchir les
rire* rarfresser l'épaisseur lics ballants, refiire les
ninu'rei, etc. Il 4' Éqiiarrir une glace, la rendre
carrée en se servant du di.imani et des pinces.
Il 6' Agrandir un trou avec l'équarrissoir. 118* Dé-
pecer un animal mort ou qu'on abat. Équarrir un
ebeval, un mouton. Locution tirée de ce qu'on le
coupe par quartiers.
— BIST. XIII* s. Ly carette de tous bois esquariz
doit un denier, tailuab, Recueil, p. 47(.||xiv's.
Despense pour abatre et esquarrer le dit boys,
Bibl. des Chartes, f série, t. m, p. 240. jj xvi* s.
Le juschoir sera composé de perches de bois es-
quarries, pour mieui la poulaille s'y affermir,
qu'eslans rondes, o. de serrks, 348.
— ÉTYM. ^pour«....préfiie,etcarr^;Berry,(;</«ar-
rier; provenç. esquayrar, escairar, scayrar; espagn.
escuailrar; portug. esquadriar ; ital. squadrare.
ÉQUARRISSAGE (é-ka-ri-sa^j'), s. m. \\ i' État de
co qui est éqiiarri Une poutre de sapin de cent
vingt pieds de long et de deux pieds d'équarrissage
aux deux bouts, bern. de st-p. Étude 6. {| Bois
d'équarrissage, liois qui doit avoir au moins seize
centimètres en tous les sens. || 2" Action de dépecer,
pour en ultli.ser les diverses parties, les cadavres
d'animaux dont la chair ne doit pas être consommée
par l'homme. Un clos d'équarrissage.
— ÈTYM. Éqiinrrir.
ÉQUAHKISSEMENT (é-ka-ri-se-man) , s. m. Ac-
tion d'équarrir; état de ce qui est équarri. {| Terme
de maçonnerie. Manière de tracer les faces des
pierres sans le secours des panneaux. || Manière
de mesurer les pierres.
— ÊTYM. Équarrir.
ËQITARRISSEUR (é-ka-rl-seur), «. »n. Celui qui
fait métier de dépecer les bêles mortes ou abat-
tues.
— ftTYM. Équarrir.
t ÉODARRISSOIR (é-ka-ri-soir) , ». m. Instrument
de fer carré, qui sert à percer des trous dans le fer
et dans le cuivre. || Instrument à l'usage du cir'er,
de l'orfèvre et du vannier. |1 Couteau de l'équarris-
seur.
— ÊTYM. Équarrir.
ÉQUATECR (é-koua-teur), s. m. || 1° Terme d'as-
tronomie. Grand cercle de la sphère céleste, per-
pendiculaire à l'axe, et qui la divise en deux hé-
misphères, l'un méridional, l'autre septentrional.
Les régions situées sous l'équateur. La situation de
l'équateur qu'on .se figure comme un grand cercle
tracé au ciel et dont la moitié seule est visible,
FRAKCŒUB, Uranogr. n° 8. || 2° Grand cercle de la
sphère terrestre, projection de l'équateur céleste
sur notre globe, appelé autrement ligne équinoxiale
ou, simplement, ligne. La France est au nord de l'é-
quateur. Les degrés de latitude se comptent à partir
de l'équateur. L'équateur coupe l'horizon en deux
parties égales, fbahcœub, Uranogr. n° ti. || Equa-
teur se dit, dans le même sens, du soleil, des planètes
et de leurs satellites. L'équateur du soleil. Ainsi
que Mars, cette planète [Jupiter] a deux bandes pa-
rallèles à son équateur et qui en sont très-voisines,
KBAîicŒUB, Uranogr. n* 84. |I 3° Terme de physique.
Équateur magnétique , ligne irrégulière, formée
autour du globe par la suite des points où l'inch-
naison do l'aiguille aimantée est nulle.
— ÉTYM. Lai. irquatorem, nom, chez les Ro-
mains, d'un inspecteur dos monnaies, de œquare,
rendre égal; ctrcuJiw ,rq«a(or, cercle qui rend égal,
i cause que, sous l'équateur, les jours sont con-
stamment égaux aux nuits, et surtout parce que,
quand le soleil arrive A l'équateur, les jours sont
égaux aux nuits par toute la terre.
ÉQUATION (é-koua-sion ),»./■. lit* Terme d'al-
gèlire. Formule de l'égalité établie entre deux quan-
tités fiquution du premier degré, du second degré,
fiquatiou différentielle. Les racines d'une équation.
En tirant la racine d'une équation cubique, desc.
Géom. ). Il Membres d'une équation, les deux qtian-
tités qui sont données comme égales entre elles et
qui sont ?épa réespar le signe =. || Termes d'une équa-
uon , les différentes quantités dont chaque membre
M l équation est composé et qui sont affectées du
irn!!' "'"■°" ''" """^ -• Il Résoudre une équation,
irouTer u ^i^u, j^ j^ quantité inconnue qui y
mltr . » '" 1"»"''"*» connues. || Terme de géo-
touon algébrique qu, existe entre les coordonaées
d'un point quelconque de cette ligne ou de celte
surface. Descartes avait trouvé l'art de mettre les
courbes en équation, turgot, Ébauche du 2" dise.
Progrès de l'esprit hum. p. 280. || 2" Terme d'astro-
nomie. La quantité variable, mais déterminée par
le calcul, qu'il faut ajouter ou ôler aux mouvements
moyens pour obtenir les mouvements vrais. || Équa-
tion du centre, différence entre la longitude vraie et
la longitude moyenne de la terre. || Équation du
temps, différence du temps vrai au temps moyen.
Il Équation personnelle, temps qui s'écoule entre
voir et enregistrer, qui varie avec les différents ob-
servateurs, et qui entre comme élément dans la
correction d'une observation. || 3° Terme de chimie.
Équation chimique , équation représentant d'une
part les substances chimiques propres à donner lieu
à une réaction, et d'autre part les substances pro-
duites par cette réaction, ainsi: SO',lîaO-f 4C =
.SBa-|-4C0; ce qui veut dire que du sulfale de
baryte, plus du charbon, se décompose en sulfure
de baryum, plus de l'oxyde de carbone.
— ÈTYM. Lat. œqxiationem , de aquare, égaler.
t ÉQDATORIAL, ALE (é-koua-to-ri-al , a-l'), adj.
Il l°Oui appartient à l'équateur. |1 Les climats équa-
toriaux , climats voisins de l'équateur terrestre.
Plante équatoriale, plante qui naît et prospère dans
les régions équatoriales. || Qui se rapproche de l'é-
quateur. Étoiles, constellations équatoriales, étoiles,
constellations très-voisines de l'équateur. |{ Ligne
équatoriale, l'équateur. || 2° S. m. Terme d'astrono-
mie. Instrument pour suivre le mouvement des
astres, pour déterminer leur ascension droite et
leur déclinaison. Les équatoriaux de l'observatoire
de Paris sont tous fabriqués en France.
— ÉTYM. Equateur.
tÊQUATORIEN, ENNE (é-koua-to-riin, riê-n"),
adj. Qui appartient à la république de l'Equateur.
L'envoyé équalorien. || Substantivement. Les Equa-
toriens.
— ÉTYJt. La république de VÉquateur, contrée
de l'Amérique méridionale.
f ÉQUEURAGE (è-kè-ra-j') , *. m. Angle dièdre
que forment deux faces planes d'une pièce de bois.
Il Terme de marine. Porter les équerrages, présen-
ter la fausse éqiierre sur une pièce désignée.
— ÉTYM. Équrrre.
ÉQUERRE (é-kè-r'), s. f. \\l' Instrument de ma-
thémaiique ou de construction, servant à tracer
des angles droits. Notre assassin [un mauvais mé-
decin] renonce à son art inhumain, Et, désormais
la règle et l'équerre à la main. Laissant de Galien
la science suspecte, De méchant médecin devient
bon architecte, boil. Arl p. iv. || Équerre à épau-
lement, celle dont une branche est trois fois plus
épaisse que l'autre. || Double équerre, règle au bout
de laquelle s'emboîte une autre règle, de manière
à former avec la première deux angles droits.
Il Triple équerre, instrument de gnomonique formé
de trois règles. |] Équerre à onglet, équerre ayant un
rebord saillant et épais. || Équerre d'arpenteur, in-
strument de cuivre, à pinnules fendues , pour tracer,
sur le terrain, des perpendiculaires à une ligne
tracée d'avance et mesurée. || 2° Fausse équerre,
équerre qui, s'ouvrant et se fermant à charnière,
sert, dans plusieurs arts, à mesurer les angles
quelconques formés par deux surfaces adjacentes.
Il Fausse équerre, l'angle formé par les faces con-
tiguës d'un bâtiment, d'une pièce de bois, etc.
lorsque cet angle n'est pas un angle droit. || 3° Terme
d'aru géométriques. Ce qui est h angle droit, ce
qui a la forme d'une équerre. Mettre d'équerie.
Disposer en équerre. Un livre sur tous sens doit se
trouver d'équerre, En tête, en queue, au do^, aux
mors, à la gouttière, lesné, la Reliure, p. 40.
Il 4* Pièce de fer plat, en forme de T ou d' L, pour
consolider diffé>-ents assemblages. || Terme de serru-
rerie. Petite pièce qui retient le pêne du demi-tour.
Il 8° Coude fait à un tuyau de conduite pour l'eau.
Il 6" Terme d'astronomie. Petite constellation aus-
trale.
— HIST. xn* s. Li reis cumandad que l'am preist
pierres grandes e de gentil grein e de bone quar-
riere, e que tuz fussent taillié à esquire, pur mètre
alfundementdeltemple, Bois,p.ï4B. ||xni's Sans
compas ou sans esquierre, la Rose, H97i. || xiv« s.
L'aloe qui vole par ondées et plie son vol par es-
quierres, Kinagier, m, 2. || xv« s. De géométrie,
qui est l'art et science des mesures et des ecquerres,
[Charles V] s'entendoit souffisamment et bien le
monstroil, christ, dk pisan , Charles V, m, tt.
Il XVI' s. Nous avons le compas, la reigle, l'escarre,
le plomb, le niveau, la sauterelle [fausse équerre],
PAUssYi «1. L'angle droict est nommé d'aucuns
EQU
angle de l'esquierre : l'ouvert , angle hors d'o<;-
quierre; et le poinctu, l'angle en l'esquierre, poa-
cadel, Éléments d'Euclide, p. 3.
— ÉTYM. Wallon, skuer, s. m.; provenç. escaire,
tcayre, s. m.; ital. S'/uadro; du latin fictif ejqua-
drare, de ex, et quadrare, rendre carré, parce
que cet instrument sert à dresser certaines pièces
au moyen d'angles droits.
f ÉQUERREK (é-kè-ré), v. a. Donner à une pièce
de bois la forme, l'équerrage voulu.
— ÉTYM. Équerre.
t ÉyUEHKET (é-kè-ré) , ». m. Nom de plusieurs
oiseaux du genre des mauves.
tÉUUERRINE (é-kè-ri-n'), adj. f. Terme de la
méthode de Guenon. Vache équerrine, classe de
vaches laitières, se distinguant par un écusson de
poils qui, après avoir embrassé les mamelles et la
face interne des cuisses, forme une sorte d'équerre.
— ÉTYM. Équerre.
ÉQUESTRE (é-kuÈ-str'), adj. || 1° Figure, statue
équeslre, figure, statue représentant une personne
à cheval. || Terme de di]ilomatique. Sceau équestre,
sceau qui représente un cavalier. || 2° Terme d'his-
toire romaine. L'ordre équeslre, l'ordre des cheva-
liers romains. || On désigne aussi par là le corps
des nobles servant à cheval. || Rangs équestres, ceux
qui étaient réservés aux cheraliersdansles théâtres
romains. || 3° Noblesse du second rang en Pologne.
— ÉTYM. Lat. equestris, de equus, cheval; grec,
ÎTCTio;; éolien, 'ixxo;;anc. baut-allem. ehu; lithuan.
aszva, jument; zend. açpa; pali, assa; sanscrit,
açia, qui vient lui-même de açu, rapide.
+ ÉQCI.... en composition , mot qui vient du
latin œquus et signifie égal.
ÉQUIANGLE (é-kui-an-gl'; ui prononcé comme dans
biiile), adj. Terme de géométrie. Il se dit des figures
dont tous les angles sont égaux. Les polygones régu.
liers sont équiangles. Le triangle équiangle est en
même temps équilaléral. || Figures équiangles, figures
qui ont leurs angles égaux chacun à chacun.
— ÉTYM. Équi.... elle latin angulus , angle.
f ÉQDIAXE (é-kui-aks'; ui prononcé comme dans
huile),ad/.Termede minéralogie. Oui ades axes égaux.
— ÉïYM. hqui.... et le laiin axis, axe.
f ÉQUICRURAL(é kui-krii-ral; ui prononcé comme
dans huile), adj. m. Oui a deux jambes égales. || Syno-
nyme peu usité d'isocèle en géométrie.
— ÉTYM. Équi.... et crural.
t ÉQUIBIFFÉRENCE (é-k:ii-di-fé-ran-s' ; ui pro-
noncé comme dans huile), s.f. Terme d'arithmétique.
Égalité de deux rapports par différence, aulremeul
dite proportion arithmétique.
— ÉTYM. Équi.... et différence.
t ÉQUIDIFFÉRENT, ENTE (é-kui-di-fè-ran ,
ran-t'; ui prononcé comme dans huile), adj. Terme
didactique. Oui offre des différences égales entre elles.
— ÉTYM. Voy. ÉOmOIFFÉRENCE.
t ÉQUIDISTANCE (é-kui-di-slan-s'; ui prononcé
comme dans huile), ». f. Qualité de ce qui est équidis-
tant. Des parallèles qui conservent entre eux une
parfaite équidistance.
ÉQUIDISTANT, ANTE (é-kui-di-stan , sUn-t';ui
prononcé comme danshuile), adj. Terme de géomé-
trie. Oui, dans toutes ses parties, est également éloi-
gné des parties d'un autre corps. Les lignes parallèles
sont équidislanles. Les points d'une circonférence de
cercle sont tous éqnidislants du centre.
— HIST. xiv s. Lignes équidislanles de l'equino-
cial, ORESME, Thèse de meunier. || xvi* s. Vous
planterez vos maillots dans des raions d'un pied
et demi de profondeur, tirés à ligne droicte, equi-
distans d'un pied, o. de serbes, (61. Deux lignes
equedistant entre le nombre à partir et le partiteur,
DE la roche, Arism. f° 9, verso.
— ÊTYM. Équi. ...et distant; provenç. equidistant.
t ÉQUIER (é-ki-é), ». m. Anneau de fer dans
lequel passent les .sommiers, à chaque bout de la
scie du scieur de long.
t ÊQUIFFLE (é-ki-fl'), ». /■. Jouet d'enfant avec
lequel on lance de l'eau comme avec une .seringue.
Nous faisions «es tambours, des maisons, des équif-
fles, des arbalètes, J. 3. bouss. Conf. i.
t ÉQl'IGNON (é-ki-gnon), s. m. Bande de fer
dont on garnit le dessous de la fusée d'un essieu
de bois.
+ ÊOUILARGE (é kni-lar-j'; ui prononcé comme
dans huile) , adj. Terme didactique. Qui offre la
même largeur dans ton le son étendue.
— ÉTYM. Équi... et large.
ÉQl'ILATÉRAL, ALE ( é-kui-lalc-ral , ra-l'; ui
prononcé comme dans huile), adj. || 1* Terme de
géométrie. Dont tous les côtés sont égaux entre eux.
Figure équilatérale. Triangle équitatéral. Deux p»
ËQU
(ygones sont èquilatéraux entre eut, lorsqu'ils ont
les côtés égaux chacun à chacun et placés dans le
même ordre. || 2" Terme de zoologie. Coquille équi-
lalérale, coquille bivalve qui, lorsqu'on la partage,
présente deux moitiés exactement semblables.
IIIST. XVI' s. Pour bien mesurer le champ
triangulaire equilateral, convient le réduire en
juarré parfaicl, o. de serres, 13.
— ÉTYM. Équi.... et latéral.
ÉQUILATÈRE (é-kui-la-tû-r'; ui prononcé comme
Jans huile), adj. Terme de géométrie. Synonyme
peu usité d'équilatéral. |{ Il s'applique surtout à Ihy-
perbole dont le demi-axe est égal à l'ordonnée cen-
trale rendue réelle. L'asymptote coupe par moitié
les angles de tous les diamètres conjugués de l'hy-
perbole équilatère, fhancœur, Cours de malhém.
pure, t. i, p. 453.
— lllST. xiu' s. Li costés du triangle equilatere
est graindres de [plus grand que] sen livel [perpen-
diculaire abaissée sur la base] le [la] septisme par-
tie de soi, Compul, f. te.
— lïTYM. Équi.... et le lat. latus, lateris, côté,
t lÎQUILBOQUET (é-kil-bo-ké), s. m. Nom d'un
petit instrument de charpenterie et de menuiserie,
qui sert à vérifier le cnlibre des mortaises.
— ÉTYM. Mot singulier et qui paraît avoir de
commun avec bilboquet la finale boqriet, petit mor-
,iu de bois.
f ÉQCILIBKANT, ANTE (é-ki-li-bran , bran-t'),
adj. Oui établit, qui rêtabUt l'équilibre. La puissance
éqnilihrante.
ÉQUILIBRE (é-ki-li-br"), s. m. || 1° Terme de mé-
canique. État d'un corps sollicité par deux ou un
plus grand nombre de forces qui s'entre-détruisent,
ou qui s'annulent sur une résistance. En mécani-
que, on démontrait bien la nécessité de l'équilibre
dans les cas où il arrive, mais on ne savait pas
précisément ce qui le causait; c'est ce que M. Vari-
gnon aperçut par la théorie des mouvements com-
posés.... FONTEN. Varignon. Tout le monde convient
qu'il y a équilibre entre deux corps quand les pro-
duits de leurs masses par leurs vitesses virtuelles,
o'est-à-dire par les vitesses avec lesquelles ils ten-
dent à se mouvoir, sont égaux de part et d'autre,
d'alemd. Traité de dynam. G'Àtvres, t. xiv, p. 221 ,
dans ponoENS. || Equilibre stable, celui qui tend à
se rétablir lorsqu'il est légèrement troublé. Équi-
libre instable, celui qui est détruit par la plus lé-
gère perturbation. || 2° Dans le langage général,
état d'un corps qui se tient debout, sans pencher
d'aucun côté. Cela est en équilibre. L'homme, fier
de marcher debout. Vante son équilibre, bérang.
Jfartonn. {| Perdre l'équilibre, perdre la position où
l'équilibre se maintient. 11 perdit l'équilibre et tomba.
Perdant l'équilibre, il me donna les moyens de le
renverser, fén. Tél. v. || Fig. Arriver à un certain
état d'équilibre entre le crin,e et la vertu, mass, Ca-
rême, Tiéd. 2. Il Terme de danse. Position du corps
sur un seul pied. || Terme dj manège. Action de
suivre avec élasticité les mouvements du cheval.
Il 3° Tour d'équilibre, tour d'adresse dans lequel on
maintient le corps ou quelque objet fragile en équi-
libre, bien que les positions soient très-difficiles.
Dans toutes les foires, on en voit faire des équili-
bres, 3. 1. ROLSS. Ém. II. Il 4° Fig. Juste proportion,
juste mesure. De la droite raison je sens mieux l'é-
quilibre, BOiL. Éptt. V. Parmi les peuples de la
(irèce, les uns ont plus d'esprit, les autres plus de
bravoure ; il en est chez qui les qualités brillantes
sont dans un juste équilibre, barthél. Anach. ch.
62. Avec un cours plus libre, La richesse prendrait
un plus juste équilibre, M. j. chénier, Gracques,
II, 3. Il Faire, rétablir, tenir l'équilibre, rendre des
choses égales. Tenez l'équilibre entre les uns et les
autres, fén. Tél. x. En peines, en plaisirs l'illusion
féconde Rétablit en secret l'équilibre du monde,
DEULLE, Imagin, vi. || L'équilibre des humeurs,
ancien terme de physiologie, pour exprimer une
juste proportion des humeurs, un bon état de santé.
Il Terme de peinture. L'équilibre d'une composition,
la distribution égale des masses dans un tableau.
Il B° Terme de politique. État des pouvoirs qui se
contiennent les uns les autres. Oui, tant que son
pouvoir [de Rome] n'aura point d'équilibre. Par elle
un peuple en vain serait déclaré libre, saurin,
Spariacut, l, i. Comme il n'y a point ici d'autre
volonté de corps qui, résistant à celle du prince,
fasse équilibre avec elle, il doit arriver tôt ou tard
que le [irince opprime enfin le souverain et rompe
le traité social, i. i. rouss. Contr. m, (O. .lusiice
ou non, poursuis, tribun séditieux, Détruis tout
équilibre, et brise tous les noeuds, M. J. chénier,
Gracques, n, s. || L'équilibre européen , la balance
lîQU
des possessions territoriales telle que les traités l'ont
établie entre les puissances européennes. Je me sou-
viens toujours du mot de Fontenelle, qui disait :
on ne parle en temps de guerre que de l'équilibre
des puissances en Europe; il y a un autre équi-
libre aussi efficace pour le moins et aussi propre à
conserver chaque puissance; c'est l'équilibre de sot-
tises, d'alemb. Lelt. au roi de Prusse , 3o juillet I78i.
— EtYM. Lat. {cquilibrium, de sequus, égal, et
libra, livre, poids.
t ÉQUILIBRÉ, ÉE (é-ki-li-bré , brée), pmrt. passé.
Tenu en équilibre. Des forces équilibrées. || Terme
d'ornithologie. Pieds équilibrés, pieds posés au mi-
lieu de l'abdomen, en sorte que le corps de l'animal
debout est presque horizontal et en équilibre. |{ Fig.
Dont les facultés se maintiennent en un juste rap-
port. Le génie girondin, celui de Fénelon, Mon-
taigne, Montesquieu, celui du grand parti qui, en
93, périt pour ne pas tuer, est vif, mais modéré,
équilibré, ce semble, michelet, Régence, p. 438.
t ÉQUILIBRER (é-ki-li-bré), V. a. Mettre, tenir
en équilibre. Éjuilibrer la pesanteur par la force de
torsion d'un fil métallique, Acad. des se. Comptes
rendus, t. lvi, p. 245. || S'équilibrer, v. réfl. Se
mettre en équilibre. || Se faire équibbre l'un à
l'autre.
— HIST. XVI' s. Equilibrer, cotgrave.
— ÉTYM. Équilibre.
f ÉQUILIBRISME ( é-ki-li-bri-sm' ) , s. m. Tour
d'éqiiilibriste.
t ÉQUILIBRISTE ( é-ki-li-bri-st') , s. m. et f.
Celui, celle dont le métier est de faire des tours
d'adresse , qui s'applique à maintenir certaines
choses fragiles en équilibre, ou à s'y tenir soi-
même dans une position difficile.
t I. ÉQUILLE (é-ki-ir, Il mouillées), s. f. Nom,
sur les côtes entre Caen et le Havre, du poisson dit
lan?on à GranviUe et Saint-Malo (genre de poissons
malacoptérygiens apodes, vivant sur les plages sa-
blonneuses et se cachant dans le sable à la marée
basse).
t 2. ÉQUILLE (é-ki-U", î! mouillées), ». f. Croûte
qui couvre le fond de la chaudière à cuire le sel.
Il Outil pour rompre cette croûte.
t ÉQUILLEUR (é-ki-Ueur , Il mouillées) , s. m.
Ouvrier qui rompt la croûte du fond des poêles dans
les salines.
f ÉQUIMULTIPLE (é-kui-mul-ti-pl'; u! prononcé
comme dans huile), adj. Terme d'arithmétique.
Nombres équimultiples, nombres qui contiennent
leurs sous-multiples autant de fois l'un que l'autre.
Quinze et dix-huit sont équimultiples, l'un de 5,
l'autre de 6.
— ÉTYM. Équi.... et multiple.
f ÉQUIN, INE (é-kin, ki-n'), arfj. Terme d'ortho-
pédie. Pied équin , difformité dans laquelle le pied
présente une disposition assez semblable au sabot
du cheval et n'appuie que sur la pointe. || Terme
de médecine vétérinaire. Variole équine, nom d'une
affection pustuleuse du cheval qui se comniUnique
à la vache et ,à l'homme et y produit une vaccine.
— ÉTYM. Lat. equinus, de cheval, de equus,
cheval.
■j- ÉQUINITTE (é-ki-nè-f), s. f. Terme de ma-
rine. Partie horizontale du support des girouettes.
ÉQUINOXE (é-ki-no-ks'), s. m. Terme d'astrono-
mie. Moment donné où le soleil, passant à l'équa-
teur, rend les jours égaux aux nuits dans tous les
pays du monde. L'équinoxe du printemps. L'é-
quinoxe d'automne. Hipparque reconnut que les
deux intervalles d'un équinoxe à l'autre étaient iné-
gaux entre eux et inégalement partagés par les
solstices, de manière qu'il s'écoulait 64 jours et
demi de l'équinoxe du printemps au solstice d'été,
et 92 jours et demi de ce solstice à l'équinoxe d'au-
tomne, LAPLACE, Expos. V, 2.
— ÉTYM. Provenç. equinocct;espagn. cgut'noccto;
ital. equinoiio; du lat. sequinoctium , de xquus,
égal, et nox, nuit.
ÉQUINOXIAL, ALE (é-ki-no-ksi-al , a-1'), adj.
Il l°Qui appartient à l'équinoxe. Lorsque le soleil est
dans l'équateur, le jour doit être égal à la nuit,
puisqu'il décrit au-dessus de l'horizon une partie
de cercle égale à celle qu'il décrit au-dessous, voilà
pourquoi on donne à l'équateur le nom d'équinoxial,
coNDiL. Art déraison, v, 4. || 2° La ligne équinoxiale,
l'équateur terrestre, ligne qu'on suppose tracée sur
la surface entière du globe, et ainsi nommée parce
que, quand le soleil décrit son cercle perpendiculai-
rement sur cette ligne, les jours sont partout égaux
aux nuits. || On appelle aussi ligne équinoxiale, les
parties de cette ligne qui ont été quelquefois tracées
réellement sur la terre pour quelques observations
ÉQU
1475
astronomiques, comme on en voit une dans l'église
Saint-Sulpice à Paris. || Points équinoxiaux , les
points où l'écliptique coupe Téquateur. || Les payi
équinoxiaux, ceux qui sont voisins de l'équateur. || La
France équinoxiale , nom donné anciennement à
l'établissement de Cayenne. || Cadran équinoxial,
cadran solaire dont ïe plan est parallèle à l'équa-
teur. Il 3° Terme de botanique. Fleurs éqiiinoxiales,
fleurs qui s'ouvrent et se ferment chaque jour à des
heures déterminées, de manière que le temps de
leur sommeil est égal à celui de leur épanouisse-
ment.
— HIST. XIV" s. Lignes equidlstantes de l'eqviino-
cial, ORESME, Thè.'ie de meunier.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. eqmtnocetaJ; ital.
équinoxiale; du latin xquinoclialis, A'aquinoctium,
équinoxe.
t ÉQUINTER (é-kin-té), v. a. Terme d'équipe-
ment militaire. Tailler en pointe l'extrémité d'uns
lanière.
— ÉTYM. Provenç. esquintar, déchirer. Le lan-
gage populaire a esquinter, fatiguer, éreinter. Ori-
gine inconnue.
ÉQUIPAGE (é-ki-pa-j'), ». m. ||1° Terme de ma-
rine. Ce qyi sert à équiper un navire, mais réduit
par l'usage à signifier uniquement le personnel de
bord pour la manœuvre et le service du vaisseau.
Le bâtiment a péri, mais on a sauvé l'équipage.
Il Rôle où sont inscrits tous les hommes embarqués.
Il 2° Par extension, tontes les choses nécessaires
pour certaines entreprises ou opérations. Équipage
de chasse. Ce seigneur était grand chasseur et avait
fait venir au Mans son équipage, scarron, Jîom.
corn. Il, 17. Il En bon équipage, bien disposé, bien
préparé. Tant à nous voir qiarcber en si bon équi-
page. Les plus épouvantés reprenaient de courage,
CORN. Cid, IV, J. Il Equipage de construction, les
chariots, chèvres, grues, échafauds, échelles, etc.
nécessaires pour construire un édifice. || Equipage
de routier, de conducteur, etc. l'ensemble des ob-
jets qui servent au roulier pour le transport, d'un
lieu à un autre, des marchandises dont il se charge.
Il 3° Terme de mécanique. Equipage de pompe, toutes
les pièces qui servent au mouvement d'une pompe.
Il 4° Ensemble des machines et des outils servant
à la construction des divers ouvrages qu'on fabrique
dans un atelier. || Ensemble de toutes les lames de
lisses qui servent au tissage d'une étoffe. || 5» Train,
suite de chevaux, de voitures, de valets, etc. Il
marche sans suite et sans équipage, flf.ch. Tur. Le :
vénérable pontife. Innocent XI, chassé de son siège l
et errant comme l'arche d'Israël de contrée en con- j
trée dans un équipage peu convenable à sa dignité,
MASS. Panigyr. St Bernard. \\ Faire l'équipage de
quelqu'un, préparer ce qui est nécessaire à un mi-
litaire qui va faire campagne. Je fais présentement
l'équipage de mon fils, sÉv. 127. En attendant i|u'on
fit mon petit équipage, bamilt. Gramm. 3. || L'équi»
page de Jean de Paris, un équipage magnifique. Un
équipage de bohème, équipage délabré. || 6° Equi-
page de guerre, les fourgons, chevaux, harnais,
tentes et autres appareils. Equipage de l'artillerie.
Équipage des vivres. On ne concevait pasi.;mment
la tête de cette colonne [l'armée française sortant
de Moscou] pourrait traîner et soutenir dans une si
longue route une aussi lourde masse d'équipages,
sÉGtiR, Hist. de Napol. IX, 1. 1| Equipage de pont,
le matériel nécessaire pour jeter un pont militaire.
L'armée avait deux équipages de pont. || 7° Voiture
de haaître et ce qui en dépend. Un équipage modeste,
il est vrai, mais propre et surtout fort commode»
BOURD. Pensées, t. i, p. 347. Quel est l'égarement
de certains particuliers qui, riches du négoce de
leur père, se moulent sur les princes pour leur gar-
derobe et leurs équipages! la bruy. vu. Quand il
vint s'établir dans son gouvernement, Il avait pour
cortège un valet seulement. Et pour tout équipage
une méchante rosse; Maintenant six chevaux font
rouler son carrosse, boursault, Fables d'Ésope,
11, 6. On m'assure, mais d'assez mauvaise part,
qu'on vend les équipages de M. le duc de la Feuil-
lade, MAINTENON, Lett. à d'Aubigné, t. i, p. 17I_,
dans pouGENS. D'où vient que vous êtes sans équi-
page, vous qui faites une si grande dépense? ha-
MiLT. Gramm. 7. || Avoir équipage, avoir vmture et
chevaux. Mais, par exemple, n'est-ce pas une chose
honteuse que vous n'ayez pas encore songé à lui
faire présent d'un équipage? lesage, Turcaret, m,
12. La plupart des femmes sont plus sensibles à la
vanité d'avoir un é(|uipage qu'au plaisir même da
s'en servir, ID. ib. m, 2. Deux fois elle eût équi»
page, Dentelles et diamants, bérang. FrétiÛon.
1 N'ayant pas encor d'équipage , Je pars à pied
U76
ÉQU
modMU-neol, 10. Ilobit d, cour. || Équi(»g« au lieu
d* »oilur., Itofgo rfvoluiionnaire, (Il Mmede
U«nii< Méi». I. V, p. »<. Equipage implique toii-
ioun »(> • ' ' 'Viux, cl l'on ii« <lira fus : Mon-
{,, da,i , .-'8 il 8" Toul ce qu il fiut pour
—m,. Il ic! en élal de s'acquillor d'un
«ruin ofllM. Tout c« que la grandeur a de vains
^uipi*rei. «ALii. VI. 26. Elle est prête il partir
MM plu» grand équipaKe, cobn. Nicom. il, a. Je
rini alor» tout mon «oui, quand je [Caron] les
terrai dans ma nacelle , «ans tout cet équipage
de (?rand''ur, d'ablancoubt, Lucien, Caron. Klle
B'a pa» eu plus de peine que tou.h à faire son équi-
page, »«v. 67». En Suisse, tout particulier qui se
maria e»t oUiné d'être fourni d'un uniforme qui
devient «on habit do fête, d'un fusil de calibre et
de tout l'équipaRe d'un fantassin, J. i. nouss, Po-
logne, 18. I! 9* Familièrement. Manière dont une
personne est vêtue. Le trop .superbe équipage Peut
souvent en un passage Causer du retardement, L*
FOKT. Fafci. iv,«. Qu'est-ce que c'est donc, mon
mari, que cet êqnipuge-là? mol. Bourg, gintilh.
m, 3. Elle est folle de n'avoir point changé d'habit,
»>. de venir en ce lieu-ci, avec son équipage de
campagne, ID. le Festin, l, «. Mais vous ne
dite» rien de tout mon équipage [déguisement],
BAC. Plaid. 11, I. J'aperçus le grand Orion encore
en équipage lie chasseur, KÉN. t. xjci, p. 436. Il fut ques-
tion do me présenter Ji la cour en équipage d'abbé,
IIAMILT. Cramm. 3. Dans l'équipage d'un homme
qui a pris médecine, la bhcï. xiv. Si je reste dan»
un équipage à faire peur, personne ne me recon-
naîtra plus, j. I. nouss. //e(. VI, u. |{ Kig. J'ai
maintenant affaire à des caprices, à des fantaisies:
équipages d'esprit que toute femme apporte en nais-
sant, MARIVAUX, .Surpr. de l'amour, ii, 6. || Mettre
en piteux équipage, g&ter de toute façon. Le pis
fut que l'on mit en piteux équipage Le jardin....
LA FONT. Fabl. IV, 4.
— H1ST. XVI* s. Hz luy aidèrent i mettre sus son
esquipage pour faire voile, amïot, Timol. to. Il
s'er. alla en telle equippage dansant jusques au beau
milieu de l'assemblée du peuple, m. Pyrrh.27.
J'ay veu qu'ayans mangé à la suitte de ce chef la
moitié de nos équipages, la promesse d'une bataille
nous faisoit encores parla^;er le reste, o'aub. l'réf.
Till. Il fallut r'envoyer quérir équipage nouveau
pour faire une seconde batterie, m. Ilist. i, 298.
Chaires à demis baings avec tout leur équipage,
PARS, m, p. 640.
-• ÉTYU. Équiper (voy. à fiooiPER la série des
■en s).
t ÉQUIPE (é-ki-p'), s. f. Il !• Héunion de deux,
quatre ou six ouvriers qtii transportent sur bran-
canls de$ pierres dans l'intérieur des ateliers de
construction. || 2° Un certain nombre d'ouvriers at-
tachés à un travail spécial. Une équipe de drainage.
Une équipe dans les gares des chemins de fer.
Composer une équipe. Un homme d'équipe. Un
chef d'équipe. || S* Série de bateaux amarrés les uns
aux autres, allant à la voile ou traînés par des
hommes. Quand il arrive une équipe de vin appar-
tenant k quatre particuliers, si les voituriers choi-
sissent pour leur boisson le vin de l'un plulêt que
celui de l'autre, nomme ils en sont les maîtres, il
faut avant la déch.irge qu'il en soit indemnisé,
iirr^l du Conseil d'Étal du 36 septembre 46B8.
— ETYM. Voy. équiper; Berry, équipe, bande,
atelier d'ouvripn.
fiQUIPÉ, ÊE (éki pé, pée), port, posté. || !• Garni
de toul ce qui lui est nécessaire, en parlant d'un
navire. Galères.... équipées de bons rameurs, com-
manilées par de bons officiers, bollin, Ilist. anc.
(It'.uvret. t. m, p. 68», dans pouoens. || Terme île
blason. Se dit d'un vaisseau qui a ses voiles et ses
cordages. De gueules à la nef équipée d'argent.
Il !• Pourvu d'un train. Equipé pour aller faire
campagne. || 8* Vêtu d'une certaine manit^re. Vous
me verrez équipé comme il faut, depuis les pieds
jusqu'à la tête, MOU Hourg. gent. i, i. Quel plaisir
j'avais de me voir si bien équipé I mes yeux ne pou-
vaient pour ainsi dire se rassasier de mon ajuste-
ment, lesaor. Cil Bios, 1, t6.
t EQUIPEDE (é-kui-péKl'-, ui prononcé comme
dans huile), orf;'. Terme de zoologie. Qui a les
pattes d'énale longueur.
-■ fTYM ^(jui.... cl le lat. pet, pedit, pied.
EOIIPEE (é-ki-pée). .. f. Il l' Proprement, ac-
uen do partir avec équipage. Mon lils partit hi^T
l£l" ,""**'• " *" '"■■* '"'"^ <*« Cf'l» Pe'i'e *'|ui-
pw; tel l'en b;imo qui l'aurait ajcablé s'il n'était
K 'î"'' "" '" *°'>' '•"• S'il revient d'aussi
l»nr.« heure qu ,i |e croit, il viendra nous trouver
ÉQU
k Grignan; priez-le de faire cette jolie équipée, id.
^63. Je fais pourtant de petites équipées de lemps
en lemps, m. 138. || ï'Fig. Action, démarche irréflé-
chie. Il a voulu faire cette équipée pour Mlle de T....
sF.v. 460. Aiouez que vous m'avez prise pour une
(le ces femmes de qualité qui se plaisent à faire des
équipées, LESAOK, Gillllas, m, 6. Il lui fit sentir
l'imprudence de son équipée, J. J. Rouss. Km. il.
Que pen-se Votre Majesté de la belle équipée que
nous venons de faire devant GibralUr [siège infruc-
tueux]? d'alemb. Lettre au roi de Prusse, <• oct.
1783.
— HIST. XVI* ». Les coureurs de Montaigu ne
laissoient pas pour le siège de faire des esquipées
assez loin, d'aï B. Hist. u, 382.
— ÊTVM. Équipé.
ÉQUIPEMENr (éki-pe-man), i. m. || 1« Terme
de marine. Tout ce qui sert aux manœuvres, à
l'armement du navire, à la subsistance de l'équi-
page. L'éi|uipement de ce vaisseau a coûté beau-
coup. Il 2° Tout ce qui sert à habiller, à pourvoir
d'outils, d'armes, etc. Les frais d'équipement d'un
soldat. L'équipement d'un conducteur d'omi.ibus.
Il Action de pourvoir à ces besoins. L'équipement
des troupes doit être complet.
— ETYM. Équiper.
ÉQUIPER (éki-pé), V. a. || 1" Pourvoir un vais-
seau de tout ce qu'il lui faut pour la manœuvre, la
subsistance, la défense, etc. Aussitôt que l'on aura
équipé une frégate, j'espère passer le détroit et
voir Ceuta, voit. Lett. 39. Sémiramis, s'élevant au-
dessus de son sexe, bâtissait de superbes villes,
équipait des flottes, subjuguait les peuples voisins,
noLLiN, Ilisl. anc. ÛKucres, t. u, p. 62, dans pou-
gens. Justinien ne put équiper contre les Vandales
que cinquante vaisseaux, montesq. iiom. ch. 20.
Quand il s'agissait d'un armement, chacune des dix
tribus ordonnait de lever dans son district la même
quantité de talents qu'elle avait de galères à équi-
per, BARTHÉLÉMY, Anach. ch. 66. Il 2° Pourvoir de
choses nécessaires, de vêtements. Equiper un sol-
ilat. Equiper un régiment de cavalerie. || 3° Accou-
trer. Vous y prenez le deuil; vous m'en équipez,
moi, Qui ne pleure personne et qui ne sais pour-
quoi, hautehociik, le Deuil, se. i. || Kig et fami-
lièrement. Il a été bien équipé, c'est-à-dire il a été
maltraité, raillé comme il faut. Comme vous éifui-
pez votre ami ! vahé, A'tcotse, se. 7. || 4° S'équiper,
V. réfl. Pourvoir à son équipement. Il n'a pas de
quoi s'équiper. Nous voilà au temps que je dois par-
tir pour l'armée; je suis ajirès à m'équiper, mol.
Scapin, II, 8. || Par extension, s'accoutrer. Peut-on
s'équiper de la sorte î
— HIST. xu* s. Â la mer vint li ber, à Sandwiz
eschipa [s'embarqua], Th. le mart. 60. || xiii' s. Une
nef [il] vit que on chartia. Qui la nuit devoit es-
kiper Et en Yrlande droit aler, Lai de Uelmn. Lors
s'est de la rive esquipé; Si s'en vait aval durement;
Et Renan le governail prent, Ren. 22018. || xiv s.
En mer vont e.squipant, et li vens les mena; Tosl
furent eslonglet, quant li vent se leva, Beand. de
Seb. II, 441. Il xV s. Quand ils furent esquiiïés en
la mer, le vent se changea; fortune monta; ils fu-
rent trop malement tempestés, froiss. m, iv, 6s.
Adonc fut le voile levé, et le vent, qui estoit comme
à souhait, ferit dedans, tellement que la nef s'es-
quipa en la haulte mer, Perceforest , t. m, f° 64.
Il xvi* s. Tout ce qui vit est naturellement esquippé
de suffisante couverture pour se deffendre de l'in-
jure du temps, mont, i, 2B8. Deux pièces [de canon]
le retardèrent pourestre mal esquipées, d'aub. Wis(.
I, 161. Quelques uns se couvrirent de mauvaises pe-
tites places, ni basties ni esquipées en guerre, id.
ib. I, 2112. Cela bien esquippé de vivres arrive en Af-
frique à la mi-octobre, m. «6. ii, 86. Les Corinthiens
esquipperent une galère, amyot, Timoléon, lo.
Nous trouver, au premier mandement du dict sei-
gneur prince, esquippez pour l'accompagner par-
tout où il Iny plaira nous commander, condë, Mé-
moires, p. 647.
— ETYM. Esquif (voy. ce mot). Équiper est pro-
prement se mettre en mer, c'est le sens ancien ;
puis, de là et de l'attirail qu'exige un vaisseau,
tous les sens consécutifs.
t ÊQUIPET (é-ki-pè), s. m. Terme de marine.
Planche fixée à la muraille dans les chambres des
officiers et des maîtres, et servant i ranger quel-
ques netits objets.
t EQUIPÉTALË, ÉB (é-kui-pé-ta-lé, lée ; ui
prononcé comme dans huile) , adj. Terme de bota-
nique. Dont les pétales sont égaux ou à peu près.
— ETYM. Équi.... et pétale.
fËQClPEUR (é-ki-peur), «. m. Ouvrier arque-
ÉQU
busier qui ajuste toutes les pièces d'uu fasil. || On
dit aussi éqiiipeur-monteur.
— ETYM. Équiper.
fÉQUIPOLLÉ, ÉE (é-ki-po-lé, lée), part, passé
La perte équipollèe par le gain. || Terme de blason.
Se dit de neuf carrés mis en forme d'échiquier,
dont il y a cinq, savoir ceux des quatre coins et
du milieu, d'un émail difTérent de celui des autres
carrés. Cinq points d'or équipollés à quatre d'azur.
ÉQUIPOLLE.VCE (é-ki-polan-s') , |. ^. || 1» Éga-
lité de valeurs. {[ Peu usité. |l 2" Terme de logique.
Il se dit des propositions équivalentes. L'équipol-
lence des propositions. Il y a trois choses à consi-
dérer dans la proposition: l'opposition, l'équipol-
lence et la conversion, dider. Opin. des anc.phil.
{péripa téticiens ) .
— lilST. xv s. Les parties de lui [de l'homme]
sont disposées à la equipoUence des a-ssietes du
monde, christ, de pisan, Charles V, i, 12.
— ETY.M. Équipoller.
ÉQUIPOLLENT, ENTE (é-ki-po-lan, lan-t'), adj.
Il 1° Équivalent. L'un est équipollent à l'autre.
Il Vieilli. Il 2° Terme de minéralogie. Se dit d'une
variété produite par des décroissements en nombre
égal sur deux angles ou sur deux bords. || 3° S. m.
L'équivalent, .le lui en ai rendu l'équipollent.
Il Vieilli. Il 4° Lùc. adv. X l'équipollent, à propor-
tion. Chacun dans cette affaire perd à l'équipollent
de ce qu'il y avait mis. De grasses brebis non ga-
leuses Il avait des troupes nombreuses. Des tau-
reaux à l'équipollent, scarron, Virg. vu. || Vieilli.
— HlST. xin* s. Por ce qu'il sunl en loi clamé
[appelés] Equii'olens as diffamé, la Rose, 8228.
Il XIV' s. La moitié du zodiaque, ce sont six signes
ou l'equipolent [l'équivalent] ne plus ne moins,
OBESME, Thèse de meunier. || xvi' s. Si je n'ai point
le cœur assez gros, je l'ay, à l'équipollent, ouvert,
et qui m'ordonne de publier sa foiblesse, mont, iv,
28. Commutation equipollente à ce qui avoit esté
ordonné par le testament, p. pithou, 26.
— ÊTYM. Lat. aquipollens, de .rquus, égal, rt
pnllere, être fort; provenç. equipollen; espagH.
equipolente ; ital. eguipalleme.
ÉQCIPOLLER (é-ki-po-lé). || l" Y. a. Egaler, va-
loir autant. Le gain éqnipoUe la perte, Dict. de l'A'
Cad. Il 2° V. n. Équivaloir. Cette clause équipolle à
l'autre. || Terme vieilli.
— HlST. XVI* s. Une satiété si lourdequ'elle equipoUe
àpenitence.MONT. i, 70. Ce qui me fait admirer nostre
Fr.ince, voyant les moindres pièces de ses ruines equi-
poler à des petits royaumes, lakoue, I02.
— ETYM. Équipollent.
t ÉQUIPONDÉRANCE ( é-kui-pon-dé-ran-s' ; ir
prononcé comme dans huile), s.f. Terme didactique,
Égalité lie poids.
t ÉQUIPONDÉRANT, ANTE (é-kui-pon-dé-ran,
ran-t'; ui prononcé commedans huile), ad). Qui ost
de même poids. || Fig. Article essentiel, article éqii:-
pondérant à tous ceux qui vous sont contraires, j. i.
ROuss. Litres de la mnningne, viii.
— ETYM. Équi.... et le lat. ponderare, peser.
+ ÊQUISÉTACÊES (é-kui-sé-ta-sée ; ui prononré
comme dans huile), s. f. plur. Famille de plant's
acotylédones, qui ne renferme que le genre equisc-
lum (prêle).
— ETYM. Lat. equus, cheval, et seta, soie : soie
de cheval, à cause de la forme des rameaux.
f ÊOUISÉTIOUE(è-kui-sétik'; ui prononcé comme
dans huile), adj. Terme de chimie. Acideéquisélii|ii>,
acide trouvé dans la prêle commune (egu:«e(um ;«i-
lustre, L.).
t ÊQUISONNANCE (é-kui-so-nan-s'; ui prononcé
comme dans huile), s.f. Terme de musique ;ui-
cienne. Consonnance d'unisson d'octave ou de douliie
octave.
— ETYM. Lat. squisonantia, de œquus, égal, et
sonore, sonner.
t ÉQUIS'VLLABISME fé-kui-sil-la-bi-sm'; ui pro-
noncé commedans huile), s. m Terme de grammaire.
Prononciation de toute syllabe dans un temps égal. I.e
caractère particulier à la langue française est l'équi-
syllabisme, toutes les fois que la voyelle n'est pa»
surmontée d'un accent circonllexe ou rendue dou-
teuse par une syllabe fémininequi la suit, legoaraDT.
— ETYM. Équi.... et syllabe.
ÉQUITABLE (é-ki-ta-b!'), adj. || !• Qui a de l'é-
quité, en parlant des personnes. U n'est pas permi.
au plus équitable homme du monde d'être juge en
sa cause, pasc. Pensées, t. i, p. 26», éd. Ijthiire.
Un jour, u m en souvient, le sénat équitable Vouf
pressait de souscrire à la mort d'un coupable, bac.
Bril. IV, ». Si les hommes sont hommes plutAl
qu'ours et panthères, l'ils sont éqattables, s'iU u
EQU
font justice à eux-mêmes.... que deviennent les
lois...? L,\ BRUY. XII. Je me flatte en mourant qu'un
Dieu plus équitable Itéserve un avenir pour les coeurs
innocents, volt. Fanât, v, 4. Ô justice suprême....
Tu lis seule en mon cœur, toi seule es équitable,
ID. Tancr. m, 6. Chez un peuple équitable et re-
douté des rois, ID. Scythes, il, i. || Équitable à. X
tous deux équitable, hélas 1 j'ai fait des vœux Et
même des efforts pour vous sauver tous deux, du
BYER, Scévole, m, 4. Il 2» Conforme à l'équité, en
parlant des choses. Un jugement équitable. Et nous
verrons du ciel l'équitable courroux.... cobn. Cid,
v, B.
— ÉTYM. Voy. ÉQUITÉ.
ÉQUITABLEMENT (é-ki-ta-ble-man), adv. D'une
manière éi|uiiable. Il a jugé équitablement.
— ÉTYM. Équitable, et le suffixe ment.
t ÉQUITANT, ANTE (é-kui-lan, tan-t'; ui pro-
noncé comme dans huile), adj. Terme de bota-
nique. Se dit des feuilles pliées longitudinalement,
à cheval l'une sur l'autre, chez les iris.
— ETYM. Lat. equitare, aller achevai, de equus,
cheval.
ÉQUITATION (ékui-la-sion; en vers, de cinq
syllabes; ui prononcé comme dans huile), s. f.
I| 1° L'art de monter à cheval. École d'équitation.
Apprendre l'équitation. Simon d'Athènes, auteur
du premier traité d'équitation, 4* siècle avant Jésus-
Christ, BARTHÉL. Anach. t. VII, tabl. 6. || i" Action
de monter à cheval. L'équitation est recommandée
par les médecins en certains cas.
— HIST. XVI* s. Par ceste equitation et mouve-
ment, la pierre souvent descend en la vessie, paré,
XV, 89.
— ÉTYM. Lat. equitationem , de equitare, de
equus, cheval.
ÉQUITÉ (é-ki-té), s. f. \\ 1° Disposition à faire à
chacun part égale, à reconnaître impartialement le
droit de chacun. La timide équité détruit l'art de
régner, corn. Pomp. i, t. Dans le monde il n'est
rien de beau que l'équité; Sans elle la valeur, la
force, la bonté, Et toutes les vertus dont s'éblouit
la terre, Ne sont que faux brillants et que morceaux
de verre, boil. Sat. xi. Sur l'équité des dieux osons
nous confier, rac. Phèdre, v, <. De votre cœur,
Abner, je connais l'équité, ïD. ÀJhal. v, 2. Il est
vrai qu'il ne fallait que de l'équité de part et d'au-
tre; mais la pratique de l'équité est si opposée à la
aature humaine qu'elle fait les plus grands héros
en morale, fonten. Renau. L'intérêt est ton dieu,
le mien est l'équité, volt. Fanât, ii, 6. || 2° La j'us-
tice naturelle, par opposition à la justice légale.
Les arbitres jugent plutôt selon l'équité que selon
les textes. La force tenait lieu de droit et d'équité,
BOiL. Art p. IV. Il En é(|uité, loc. adv. Conformé-
ment à l'équité, indépendamment de toute loi, de
toute convention.
— HiST. XIII' s. Vraie fois de nécessité. Non tant
seulement d'équité, Nous fait de Dieu sept choses
croire, J. de meung, Tr. 58, || xv" s. D'entour lui
[il] doit touz menteurs rebouter, Justice avoir,
équité et raison, e. desch. Des -vertus nécess. au
prince.
— ÉTYM. Provenç. equitat; espagn. equidad;
ital. equità; du latin xquilatem, de sequus, pro-
prement égal, d'où équitable. Palsgrave, p. 61 , re-
marque qu'on prononçait é-ki-lé, ce qui est notre
prononciation.
t ÉOUIVALEMMENT ( é-ki-va-la-man ), adv.
D'une manière équivalente. C'était équivalemment
recevoir le décret du concile de Constance, boss,
Projet.
— ÉTYM. Équivalent, et le suffixe ment.
t ÉQUIVALENCE (é-ki-va-lan-s"), s. f. Terme
didacti(|ue. Qualité do ce qui est équivalent. L'E-
glise latine n'a pas admis l'équivalence [des deux
termes hypostase et substance], couhnot, Traité
de Venchainem. de nos connaiss. t. ii, p. 440.
Il Dans le droit universitaire, obtention d'un grade
de l'université de France, sans examen ni thèse,
par un gradué d'une université étrangère; on lui
accorde l'équivalent du grade qu'il a dans son pays.
Il Teime de physique. L'équivalence des forces,
théorie dans laquelle on démontre que les forces de
la nature, ne se perdant jamais, ne font que se
convertir en une somme éijuivalente d'autres forces;
linsi la lumière se convertit en chaleur, la chaleur
en électricité, l'électricité en chaleur, et ainsi de
suiie.
— HIST. xiv S. Nul ne leur peut onques rétribuer
ceste équivalence, oresme, Eth. 267.
— ÊTvri. Équivalent.
ÉQUIVALENT, ENTE (é-ki-va-lan , lan-t'), adj.
EQU
Il 1° Qui équivaut, qui est de même valeur. Rendre
un service équivalent à celui que l'on a reçu.
Il 2° Terme de géométrie. Il se dit des surfaces ou
des volumes qui ont les mêmes contenances sans
avoir les mêmes formes. Triangle équivalent à un
quadrilatère. Le problème de la quadrature du
cercle consiste à trouver un carré équivalent à un
cercle. || 3° S. m. Ce qui équivaut. On lui offrit l'é-
quivalent. Cette proposition est l'équivalent de cette
autre. Ce mot latin n'a pas d'équivalent en français.
Elle lui confia son goût pour le jeune mage, et
l'assura que dans toutes les maisons de Persépo-
lis il trouverait l'équivalent de ce qu'il avait vu
dans la sienne, volt. Babouc. Quel peut être l'équi-
valent de la perte du nom de juste? raynal, hist.
phil. IV, 33. Il Terme de chimie. Nom donné à des
quantités nialérielles qui peuvent, dans les combi-
naisons, se remplacer de manière que l'une d'elles
représente telle ou telle autre, et conduise à en ap-
précier le poids. On rapporte les équivalents à une
unité de convention, qui est de too d'oxygène pour
les chimistes français, et I d'hydrogène pour les
chimistes anglais. || Équivalent d'un engrais, la
quantité de cet engrais qui, pour une égale super-
ficie de terrain, un hectare par exemple, équivau-
drait, quant aux proportions de l'azote et des phos-
phates, à la quantité moyenne du fumier de ferme
employé annuellement.
— ÉTYM. Équivaloir; provenç. équivalent; es-
pagn. et ital. équivalente.
t ÉQUIVALEUR (é-ki-va-leur) , s. f. Synonyme
d'équivalence.
— ÉTYM. Équi.... et valeur.
ÉQUIVALOIR (é-ki-va-loir) , j'équivaus, tu équi-
vaus, il équivaut, nous équivalons, vous équivalez,
ils équivalent; j'équivalais; j'équivalus; j'équivau-
drai; j'équivaudrais; équivaux, qu'il équivaille,
équivalons, équivalez; que j'équivaille, que nous
équivalions: que j'équivalusse; équivalant; équiva-
lu, t). n. Il 1° Être de même prix, de même valeur.
Une once d'or équivaut à quinze onces d'argent.
Il 2" Par extension, être à peu près la même chose
que. Cette réponse aurait équivalu à un refus. || Il
se conjugue avec l'auxiliaire avoir. Dans le langage
vulgaire, on fait quelquefois équivaloir actif : cette
chose équivaut telle autre; c'est une grosse faute.
L'Académie dit qu'il se conjugue comme valoir;
par conséquent il ne suit pas les irrégularités de
prévaloir.
— ÉTYM. Équi.... et valoir.
fÉQUIVALVE (é-kui-val-v'; ui prononcé comme
dans huile), adj. Terme d'histoire naturelle. Dont
les valves sont égales.
— ÉTYM. tpii.... et valve.
f ÉQUIVOCATION (é-ki-vo-ka-sion) , s. f. Action
d'équivoquer.
— HIST. XIV' s. Par equivocation [homonyme]
l'en appelle clef un membre qui est au col d'une
beste , et appelle l'en clef ce à quoy l'en ferme les
huis, oresme, Thèxe de meunier.
— ÉTYM. Équivoquer ; provenç. equivocalio; es-
pagn. equivocacion ; ital. equirocazione.
ÉQUIVOQUE (ô-ki-vo-k'), adj. || 1» Qui peut s'in-
terpréter en différents sens, s'appliquer à différentes
choses. Un terme équivoque. Cela est équivoque.
Vous n'avez pas pris garde à ce sens équivoque Qui
fait qu'en vous flattant il semble qu'il se moque,
MAIR. Soliman, v, 3. U^r de mots équivoques sans
les expliquer, PASC. Prov. I. Ce terme est équi-
voque, il le faut éclaircir, boil. Art p. i. [Qui] D'un
songe équivoque envoyé par les dieux Lira d'un œil
plus sûr l'avis iLystérieux, c. delav. Paria, ii, 2.
Il 2° Se dit de tout sur quoi on peut porter des juge-
ments divers. Des traces équivoques. Une expérience
équivoque. Si la machine du corps disséquée et dé-
montrée présente encore tant d'énigmes très-diffi-
ciles et très-obscures, à plus forte raison la machine
vivante, où tout est sans comparaison moins ex-
posé à la vue, plus enveloppé, plus équivoque,
FONTEN. Du Verney. Savez-vous bien qu'ici votre
face équivoque. Et rare en son espèce, étrange-
ment nous choqueY regnard, Démocrite, iv, B. 11
se contenta de sourire, en faisant une mine très-
équivoque, GENLis, Ad. et Théod. t. i, lett. 8, p. 37,
dans POUGENS. || Terme de médecine. Signe équi-
voque, signe qui peut convenir h plusieurs mala-
dies. Il 3° En mauvaise part, suspect, en parlant des
personnes. Et malgré la vertu dont il faisait pa-
rade. Très-équivoque ami du jeune Alcibiade, boil.
Sat. xii. Il Un homme équivoque, homme à qui l'on
ne peut se fier. || Il se dit aussi des choses qui exci-
tent quelque soupçon peu honorable. Sa nais.sance
est un peu équivoque, sEv. 421. Us s'engagent dans
ERA
U77
des professions équivoques dont ils se cachent long-
temps à eux-mêmes les périls et les conséquences,
LA BiiUY. VI. Que j'ai toujours aimé, quoique sa con-
duite à mon égard ait été souvent équivoque, J. j.
Rouss. Confess. viii. || 4° Rime équivoque, petite
pièce de poésie badine autrefois en usage, dans la-
quelle le son d'un mot placé à la fin d'un vers re-
paraissait dans le vers con.sonnant, mais en formant
un autre sens. Par exemple : Je viens de faire un
vers alexandrin; Qu'en penses- tu, mon cher Alexan-
dre, hein? Il 8" S. f. Sens équivoque, interpréta-
tion à double entente. Toute cette entrevue se passe
dans cette équivoque [l'un des interlocuteurs com-
prenant une chose, et l'autre une autre], pASC.
Lett. à Jaqueline. 26 janv. 1648. Si on vous laissa
la licence de corrompre les expressions les plus ca-
noniques par les malicieuses subtilités de vos nou-
velles équivoques, id. Prov. (6. Je m'aperçus qu'il
y avait dans ces vers une équivoque de langue,
iioiL. Sat. xii, Préface. Ceux de Bâle se montraient
fort éloignés et des sentiments de Luther et des
équivoques de Bucer, Eoss. Var. iv, §16. Les équi-
voques qu'on pourrait faire sur la divinité du fils de
Dieu, m. Euch. 2. Je dois, pour lever toute équi-
voque, distinguer deux sortes de mouvements, fén.
Exist. 279. Les soupçons et les jalousies se réveil-
laient ; les équivoques des traités , les questions
qu'ils laissaient indécises, ne fournissaient que trop
de ces prétextes toujours prêts à servir tous les be-
soins ou toutes les passions, fonten. Rép. card.
Dubois, t. III , p. 3t 9 , dans pougens. || 6° Mauvais
jeu de mots, calembour. La belle chose de faire
entrer, aux conversations du Louvre, de vieilles
équivoques ramassées parmi les boues des halles et
de la place Maubert! mol. Critique, se. <. Ces sour-
ces d'un amas d'équivoques infimes Dont on vient
faire insulte à la pudeur des femmes, id. Fem. sav,
III, 6. Il V" Terme de beaux-arts. Défaut de préci-
sion dans la pose, l'expression, la couleur, la per-
spective. Équivoque de mouvements. Équivoque de
plan.
— REM. Dans le xvii' siècle, équivoque était in-
différemment masculin ou féminin. Je vous de-
mande pardon de ce mauvais équivoque , balz.
liv. m, lett. 9. Du langage français bizarre herma-
phrodite. De quel genre te fiire, équivoque mau-
dite. Ou maudit? boil. Sat. xii.
— HIST. xiv s. L'un [mètre] est de rime serpen-
tine, L'autre équivoque ou léonine, machaut, p. 9.
Cest nom ici n'est pas dit comme non équivoque à
cas d'aventure, oresme, Eth.\u, 12. ||xvi's. Les
gens de guerre firent courir parmi eux un équi-
voque un peu gaillard sur le nom de la place et sur
ce qui perdoit l'armée, d'aub. Hist. m, 413. De-
mosthenes disoit que l'effronté n'a pas de prunelles,
mais des putains aux yeulx, se jouant en l'équivo-
que de ce nom Cora, qui signifie une pucelle et la
prunelle de lœil, amvot, llauvaise honte , i.
— ÉTYM. Provenç. equivoc; espagn. et ital. equi-
voco; du latin !cquivocus, de xquus, égal, sem-
blable, et vox, voix, parole.
t ÉQUIVOQUE, ÉE(é-ki-vo-ke, kée), part, passé.
Vers équivoques ou rime équivoquée, voy. équi-
voque.
ÉQUrVOQUER (é-ki-vo-ké), v. n. \\ 1° Ancienne-
ment, faire des jeux de mots, des homonymies,
Il 2° User d'équivoque. Il ne fait qu'équivoquer.
Il II se conjugue avec l'auxiliaire at'otr. || 3° S'équi-
voquer, i;. réfl. Dire involontairement un mot pour
un autre. Mais parce que vos gens de Limousin se
pourraient ici équivoquer, vous les avertirez, Bal-
zac, liv. VII, lett. 34. Oui, mais enfin parlons sans
nous équivoquer, th. corn. Berger extrav. iv, 3.
— HIST. XVI' s. Afin de n'equivocquer point, nous
entendons par honteux celuy qui rougist de honte,
AMYOT, Mauvaise honte, I.
— ÉTYM. Équivoque.
ÉRABLE (é-ra-bf), s. m. Genre d'arbres de la
famille des acérinées, qui croît dans les pays tem-
pérés. Il Érable champêtre , acer campestre , L.
Il Érable à sucre (acer saccharirtum) , qui donne,
par la perforation du tronc, au printemps, une
sève abondante dont on extrait du sucre. || Érable
sycomore, nom vulgaire de l'érable faux-platane
des botanistes.
— HIST. XIII' s. Fin cuer de cnaisne, sanz aube,
de perier, d'aller et d'érable, Liv. des met. 103.
Arable, J. degahlande, p. 590.
— ÉTYM. Namur. aïaui; wallon, atatibe ; gêner.
iserable; bourg, âseraule ; Franche-comté, àera«i«,
euzeraule ; Bercy , arabe; haute Provence, arabre ;
d'après Grandgagnage, du latin aeer, érable, et
arbor, arbre; acer, qui donnait er ou air, ayant
1478
ÉRA
^21iiÏÏi?r2?; «r.bl.i oui. i« forn... dm pa-
-^ £:r.nS îi^JS^";. »' V.H*.. a-onne cul.
'''[lîî',' )tifd'<*roWf.
tÉJli . iVK (é-ra-di-ki-tif, ti-»*), adj.
Terni» ilniKCi.iu». yui détruit une chose psr la racine.
— JTTlI. V.îy. «R*i)ic»ilON.
ttiiniCATIoN (*ra-ili-ka-sion), ». f. Action de
iMneiner, d>ilir|ier. || Kig. Ce qui était leur
crime en France (dei religieuses do Port UoyalJ,
digne d'éradication et des dernières peines persoii-
nelleii, parut fort innocent àKomo, ST-siM. 260, mS.
— ÈtitM. I.al. eradifalionem, de eradieare, ar-
racher, dee, hors, et radt's, racine.
f.HArtÊ, ÉE (é-ra-flé, liée), part. paaé. Il eut
la joun érallée par une balle.
t EraKLKMKNT (é-ra-de-man), ». m. Terme
d'art militaire. Ëtat d'une pièce de canun dont l'âme
est irdfiée.
flRAFI.KR (é-radé), «.a. || 1° Écorcher légère-
ment, effleurer la peau. Le coup d'épée lui a éraflé
la peau, |{ 1* Kniever une portion de la surface inté-
rieure de rime d'un canon, en parlant d'un boulet
qui s'y brise.
— HiST. xïi* 8. Esrafler, cotohave.
— Rtym. É pour M.... préfixe, et rafler f bour-
guig. ^riflrr.
I^HAFLURE (é-ra-nu-r'), t. f. \\ i* Légère écor-
chure. Il a reçu une éradure à la main. || 2° Terme
d'aru. Hachure faite dans les bois ouvrés par une
main inhabile.
— ETYM. Èrafler.
ËRAILLË, ËE (é-r&-llé, liée, U mouillées, et non
é-rl-yé, yée), part. faué. || 1* Une élolTe éraïUée,
étolTo dont les fils s'écartent. || 2° Oui présente un
aspect semblable k celui d'une étofle éraillée. Un
mur éraillé par le soleil. Visage éraillé. Teint
éraillé. l'eau éraillée. || Avoir l'œil éraillé, avoir des
filets rouges dans l'œil, ou les paupières renversées.
Rien ne le rebuta, ni sa vue éraillée.... boil. Sat. x.
Mme Panache était une petite et fort vieille créature
arec des lippes et des yeux éraillés, ST-sm. 44, g.
Il Terme do marine. Cordages éraillés, cordages
détériorés.
ÉRAILLEMEtrr(é-rA-lle-man, H mouillées, etnon
é-ri-ye-man), ». m. || 1* Action d'érailier. || i° Ren-
versement de la paupière inférieure, qui l'empôche de
le réunira la paupière supérieure pour couvrir l'œil.
— HIST. XTi* s. U survient inflammation, et quel-
ques fois lippitude ou chassie, et enfin eraillement
des yeux, park, xv, <3.
— f.TYM. Érailter.
fiRAII.LER (é-ri-llé, <2 mouillées, et non é-r&-yé),
V. a. Il 1* Kellcher, séparer, en parlant du tissu des
élofTes. Erailler du satin. || 2" S'érailler, B. ré/l.
Devenir éraillé. La soie est sujette fc s'érailler. Des
yeux qui s'étaient éraillés.
— HIST. XVI' s. Eclropion : œil éraillé, quand la
paupière inférieure par cicatrice, ou autre occasion,
se renverse et ne peut couvrir son blanc, park, xv, 6.
— ETYM. ÉrailUr se dit dans le wallon ardt, que
l'on tire de rdî, arracher; rai est la forme wallone
correspondant k l'ancien français rachi'er, qui est
demeuré dans arracher et qui vient du latin ra-
iicart; mais cette étyraologie ne peut convenir k
U forme française , parce qu'elle ne rend pas compte
do t(( et de la disparition de ch. Scheler la tire
d'un type latin eradulare, dérivé de eradne; mais
il faut plutél y voir un composé de e», et du latin
fo//um, racloir.
ËRAILLURE (é-rt-llu-r*, il mouillées, et non
é-rl-yu-r*), ». f. Marque qui resta k une étoffe quand
elle est éraillée.
— ETVM. f.millfr.
t ËRASMIEN, IKNNE (é-ra-smiin , smiè-n'), adj.
Terme de phUulogie. Prononci.ilion érasrnienne,
frononciation du grec dans laquelle on prononce
tta comme un e ouvert, le tliéta comme un (,
le delta comme un d, l'upsilon comme un u, le chi
comme un », et, dans chaque diphthongue, les
deux voyelles qui la composent, prononciation que
l'on suit dans nos lycées, par opposition & la pro-
nonciation rcuchlinicnno. qui est l'application nu
|Te« ancien de la prononciation du grec moderne.
""•j™- Èrntmt, érudit du xvf siècle.
t RtAsmANlSME (é-r»-.tl-«.ni-8m'), ». m. Doc-
l4iM» dM 6r».iie,„, "
I fiMASTIKM (é-rt-stiln), ». m. Sectaire angli
qw niait que l'figUM, anglicane eOt le pouv.
d'excommaoisr.
RIS
pouvoir
ÈRE
— ÊTTM. TTioma» trotte, chef de cette lecte
dans le xvii* siècle.
£IIATÉ, ËE (é-rs-té, tée), ^rt. patte. Un chien
ératé. || Kig. et familièrement. Rire, courir comme
un ératé, rire beaucoup, courir très-bien, sans point
lie cdlé, comme si on n'avait pas de rate (voy.DËKATÉ).
ËRATER (é-raté), v.a. ôter la rate, jj Fig. et
familièrement, s'ératcr, v, réfl. S'essouffler k force
de courir.
— ËTVH. É pour e».... préfixe, et rate.
t ÉRATO (é-ra-to) , ». f. Terme du polythéisme
grec. La muse qui préside k la poésie tendre et
amoureuse.
— ETYM. 'Epaxw, de ipiu>, être amoureux.
+ ÉRAYEB (é-rè-ié), V. a. Se conjugua comme
payer. Terme rural. Labourer en faisant verser la
tranche en dehors, de manière k former une rigole
au centre de la planche ou billon.
— ETYM. É pour «».... préfixe, et raie.
t ERBUE (êr-bue), ». f. Fondant argileux qu'on
ajoute au minerai de fer dans les hauts fourneaux.
On trouve aussi arbuc.
ÈRE (ê-r'), ». f. Il 1" Terme de chronologie.
Epoque fixe d'où l'on commence k compter les an-
nées. Il est ixm de remarquer que le mot d'ère si-
gnifie dénombrement d'années commencé à un
certain point que quelque grand événement fait
remarquer, Boss. Ilist.i,7. \\ Ere des Olympiades, ère
grecque commençant au solstice d'été de l'an 770
avant J. C. |{ Ere de la fondation de Home, commen-
çant au at avril 763 avant J. C. || Ere de Nabonas-
sar, ou des Babyloniens, ère fort employée par les
astronomes grecs , qui commençait le 26 février 7i7
avant J. C. || Ere d'Alexandre le Grand, ou ère de
Philippe, ou ère des Lagides, ou ère d'Edesse,
commençant le <2 novembre 324 avant J. C. ,
avec le rèRne de Philippe Aridée, frère et pré-
tendu successeur d'Alexandre. || Ere des Séleucides,
ou syro-macédonienne, ou d'Apamée, commençant
k la prise de Babylone par Séleucus Nicanor, dans
l'été de l'an St2 avant J. C. Son entrée [de Séleu-
cus] k Babylone après une victoire devint une ère
commune k presque toutes les nations de l'Asie;
c'est ce qu'on nomme l'ère des Séleucides, condil-
LAC, llist. ane. u, n. || Ere julienne, ère établie
par Jules-César, commençant le t" janvier 45 avant
J. C, et dont l'année est l'année julienne. || Ere
d'Espagne, ou ère des Kspagnols (qui fut abolie
vers )36t) commençait environ *8 ans avant J. C,
époque de la conquête de l'Espagne par Auguste.
Il Ere chrétienne, ère vulgaire, ère de l'incarna-
tion , point de départ proposé au vi« siècle par De-
nys le Petit, et adopté en France sous Pépin et
Charlemagne, d'après lequel les modernes suppu-
tent soit avant, soit après. || Ere dioclétienne, ère
qui date de 284 avec le règne de Dioclétien, mais
qui, dite ère des martyrs, ne commence qu'en 302,
époque de la dixième persécution contre les chré-
tiens, la 4 8* année du règne de Dioclétien. || Ere
des Arméniens, ère instituée par l'Église armé-
nienne, lors de sa condamnation par le concile de
Chalcédoine, et commençant le 8 juillet 632 après
J. C. Il Ere de l'hégire, ère des musulmans, com-
mençant à la fuite de Mahomet k Médine, le < 6 ou
ta juillet «2J après J. C. || Ère républicaine, ère
établie en France k partir du 22 septembre <792
le jour de fondation de la république, et suppri-
mée k partir du i" janvier 4800. 112° La suite même
des années que l'on compte depuis un point fixe.
Les événements qui se sont accomplis durant l'ère
républicaine. || 3" Par extension, époque remar-
quable; ouverture d'un nouvel ordre de choses.
L'ère des croisades. Une nouvelle ère commence.
De» droits de l'homme ici l'ère féconde S'ouvre et
du globe accomplira le tour, bérano. h juillet.
— ETYM. Lat. sera, nombre, chiffre, d'm\ épo-
que; paraît être primitivement le pluriel «ra, de
.Ti, .rri», cuivre, proprement morceaux de cuivre,
pièces, d'où nombre.
ËREBE (é-rè-b'), ». m. Terme de mythologie. La
partie la plus obscure do l'enfer ; l'enfer même. Les
monstres de l'érèbe. Le chaos engendra l'érèbe et la
nuit, niDgaoT, Opi'n. des ane. philos. {Grecs).
— ETYM. 'Epi6o?, obscurité, ténèbres.
ËRECTECR (é-rè-kteur) , adj. m. Terme d'anato-
mic.Musclosérecteiirs, ou, substantivement, les érec-
teurs, miiscipsqui servent à redresser certainsorganes.
— ETYM. Voy. r.nECTION.
t ËRKCTILK (é-rè-kti-I'), adj. Terme d'anatomie.
.Susceptible d'érection. Tissu érectile, tissu qui de-
vient roido, dur, gonOé par l'afQui du sang dans
se* vaisseaux.
— CTYM. Voy. iiiEcnoii.
ERG
t ÉBECTII.ITÉ (é-rè-kti-li-té), ». f. Terme d'ana-
tomie. Qualité du tissu érectile.
— ETYM. Érectile.
ÉRECTION (é-rè-ksion; en vers, do quatre syl-
labes), ». f. Il 1° Action d'ériger un monument. L'é-
rection d'une statue, d'un temple. |{ 2» Fig. Insti-
tution, établissement. L'érection d'un tribunal.
L'érection d'une terre en duché. Depuis l'érection
des grands fiefs, les rois n'eurent plus, comme j'ai
dit, des envoyés dans les provinces pour faire ob-
server des lois émanées d'eux; ainsi, sous la troi-
sième race, on n'entendit plus parler de capitu-
laires, montesq. Esp. xxvjii, 9. || 3° Terme de
physiologie. Action par laquelle certaines parties
molles se redressent.
— HIST. xvi* s. Ces muscles ferment en deue si-
tuation et érection ledit membre, paré, i, 33.
— Etvm. Lat. erccit'ofiem, de «rectum, supin de
erigere (voy. ériger).
ÉREINTÊ, ÉE (é-rin-té, tée), par», passé. As-
somméde coups. || Parextension, très-fatigué. Je suis
éreinté. Le lévrier tout éreinté qu'il était, SÉV. 338.
t ÉRKINTEMENT (é-rin-teman), ». m. Néolo-
gisme. Action d'éreinter un auteiw, un acteur, etc
ÉREINTER (é-rin-té), v. a. \\ l' Rompre ou fouler
les reins, et, par extension, battre, rosser. On l'a
éreinté. || 2° Familièrement, excéder de fatigue. II
{ éreinté tous ses employés. || 3° Fig. Faire perdre la
crédit, la réputation, etc. Montjeu avait la protec-
tion de M. Fouquet.... la chute de M. Fouquet l'é-
! reinta, st-sim. 44, 434. Le chancelier demeura mal
i avec Mme de Maintenon , qui peu à peu avec les
jésuites léreintèrent auprès du roi, ID. 4 14, 246.
Il Êreinter quelqu'un , le maltraiter excessivement
dans une feuille publique, dans un compte rendu.
Il 4° Terme de sculpture. Défaire, gâter, détmire
une étude en terre faite d'après le modèle. || 5° b'é-
reinter, v. réfl. Se donner un tour de rein. Il fit un
si firand effort qu'il s'éreinta. || Se fatiguer excessi-
vement. Chaque jour je m'éreinte k co travail.
Il Fig. Se maltraiter l'un l'autre par la critique.
Ces journalistes se sont éreintés réciproquement.
— HIST. xvrs. Udisoitque c'esloit une éloquence
cassée et esrenée, mont, n, 408 S'ils portent
le harnais Une heure sur le dos, ils ont l'eschitie
arnée, Et en lieu d'un roussin prennent la haque-
née, RONS. 857.
— ÉTYM.J? pour es.... préfixe, et rein; bourguig.
erenat, errenai; Berry, ereiner, érener, erner. La
forme ancienne erener, qui est aussi celle des pa-
tois, est plus conforme k l'étymologie; rien en effet
dans ce mot no justifie le ( moderne.
t ÉBEINTEUR (é-rin-teur), ». m. Celui qui éreinté,
maltraite excessivement dans un discours public ou
dans un écrit. Jamais M. VeuiUot, dans ses plus
beaux jours, n'a eu la verve bilieuse ni le fouet
sanglant de ce formidable éreinteur [le P. GavazziJ,
MARC MONNiER, Rnue germati. t. xxv, p. 444.
+ ÉBÉ.MACAUSIE (é-ré-ma-kô-zie) , ». f. Terme
de chimie. Oxydation par degrés, décomposition qui
a pour cause l'action de l'air humide sur certaines
parties contenues dans les matières organiques.
— ETVM. 'Hf/éu.a, peu à pou, elxaûai;, combustion.
ÉrÊmITIQUE (é-ré-mi-li-k), adj. D'ermite. La
vie érèmitique, la vie isolée, par opposition k la vie
cénobitique.
— ETYM. Voy. ermite.
t ÉBÉ.ttONT (é-ré-mon) , ». m. Morceau de bois
qui est enchâssé sur l'avant-train d'un carrosse, et
qui vient embrasser le timon.
ÉBÉSIPÉL.\TEUX, EU.SE (é-ré-zi-pé-la-teO,
teil-z'), adj. Voy. érysipélateux. Les médecin»
appelaient .sa maladie une ébuUition érésipélateuse;
les courtisans disaient que c'était la rougeole, dan-
GKAU. I, 74, 26 nov. 4 0H4. . .
ÊBÊSIPELE (é-ré-zi-pô-r), t. m. PrononciaUon
vulgaire et vicieuse du mot érysipèle. L'Académie
l'adopte; mais ce mot n'est pas tellement entré dans
l'usage commun, qu'on ne puisse en réformer la
prononciation et l'orthographe. Voy. érïsipéle.
ËBEtUISME (é-ré-ti-sm'), ». m. || 1" Terme de
physiologie. Etat d'irritation, d'excitation; exalta-
tion des phénomènes vitaux dans un organe. || %' Fig,
Violence d'une passion portée k son plus haut degré.
— ETYM. *Epeet<TtJ.4« , de tpcôiCEiv, irriter, de
ïpi;, querelle, èpiÇtiv , quereller, le même que
iijtiv. fut. fiîtiv, d'oi'v le latin riia (voy. rixe).
t EBGASTCLE (èi-ga-stu-l') ou ERSASTULUM
(èr ga-stu-lom'), s. m. Terme d'antiquité romaine.
Prison pour les esclaves condamnés k des travaux
pénibles.
— ETYM. bit. ergattulum, prison oit l'on tra-
TBille, de l^i^ov-ai, travailler, de Ip7«, œuvr».
ERG
ERI
ERI
|/t79
I
f ERGO (6r-go), conj. Conséquemment, donc. Ma
fille est nonne, eigo c'est une sainte, la font.
ilazet. Vous vous sentez en fonds, ergo plus de
maîtresse, regnabd, Joueur, m, 6. Damis est riclie,
ergo Damis est redoutable, boissy, Impatient, m,
*. Il S. m. [Il] Lui barbouillait l'esprit d'un ergo so-
phistique, RÉGNIEH, Sat. X. Moi, j'ai cinquante ans!
moi! Finette.... — Ma sœur, dans mon calcul je
crois TOUS faire grice; Et je raisonne ainsi : j'en ai
cinquante et passe; Vous êtes mon aînée; ergo,
dans un seul mot. Vous voyez si j'ai tort. — Voire
ergo n'est qu'un sot, begnabd, JUéncchm. i, 6.
Il Au plur. Des ergo.
— HIST. xvf s. Hz nourrissoient leurs grans trou-
peaux de songes, D'ergog, d'utrum, de quare, de
mensoiiges, marot, i, 276. Ce sont les thèses des
deux partis, pour lesquelles on e,st venu des ergots
aux fagots, et puis des arguments aux armements,
d'aub. Hist. I, 60. Un maistre aux arts est si plein
d'ergots qu'on ne sauroit durer auprès de lui, des-
PEB. Contes, IV.
— ÉTVM. Lat. ergo, donc, qui est le grec IpYw,
parle fait, véritablement, de lf(ov, œuvre (oomp.
organe).
ERGO-GLC (èr-go-glu) ou ERGO-GLCC (èr-go-
gluk). Expression familière par laquelle on se mo-
que de grands raisonnements qui ne concluent rien.
Cette femme de chambre l'avait dit à cette blan-
chisseuse, cette blanchisseuse à la nièce, cette nièce
à son confesseur, ce confesseur à ce bon religieux,
et oe bon religieux, qui n'aurait pas voulu mentir,
au sieur Sigoigne; ergo-gluc, scarron, Factum,
OHuvres, 1. 1, p. <2l , dans pougens.
— HIST. xvr s. Il s'en suit qu'elles sont plus pe-
santes, ergogluc, c'est-à-dire moins promptes à
babiller, choliêres, Contes, t. ii, Apresdinée 6.
Ego sic argumentor : Omnis clocha clochabilis, in
clocherio clochando, clochans clochativo, clochare
facit clochabiliter clochantes : Parisius habet clo-
chas. Ergo gluc, RABELAIS, Garg. 1,19.
— ÉTYM. D'après Scheler , ergo glu sont les pre-
miers mots de la conclusion : ergo glu capiunUir
aves, donc les oiseaux sont pris par la glu.
ERGOT (èr-go; le ( ne se lie pas dans le parler
ordinaire; au pluriel, 1'* se lie : des èr-go-z aigus;
ergots rime avec repos, travaux, etc.), s. m. || 1° On-
gle pointu, éperon qui est à la partie postùrieure
du pied de certains oiseaux. Les ergots d'un coq.
Un coq qui monte sur ses ergots. Le P. le Vassor
attrapa les poules [des moines], leur coupa le bee et
les ergots avec un couperet et les jeta aux moines
par-dessus la haie, st-eim. 79, 27. Cet ergot [l'er-
got naissant coupé à un jeune coq] , qui n'est pas
plus gros qu'un grain de chènevis, quand on Fin-
sère dans la duplicature de la crête coupée, y prend
racine et croît en six mois de demi-pouce; au bout
de quatre ans, il devient une corne de trois à qua-
tre pouces de longueur, BONNET, Consicl. corps or-
gan. Œuvres, t. vi, p. 77, dans pougens. || Fig. et
familièrement. Se lever, monter sur ses ergots, le
prendre sur un ton fier et menaçant. La femme in-
continent montant sur ses ergots : Je t'ai tout ap-
porté, disoit-elle en colère L'avare dupé ou
L'homme de paille, i, 3, 48G2, dans fr. michel.
Argot. Il Être sur ses ergots, être d'une humeur
fière et impérieuse. Junon donc revenait d'Argos,
Dame toujours sur ses ergots, scarron, Virg. vu.
Et sur ses ergots comme uncoq, id. ib. iv. {| 2° Terme
de vétérinaire. Tubercule corné, placé en arrière
de la région du boulet, chez les mammifères mo-
nodactyles et didactyles. L'ergot n'est que la trace
des doigts manquant à ces animaux. || Terme de vé-
nerie. Ongles de surcroît d'un chien. || Par plaisan-
terie. Et puis Jupin, chargé de laine. Commençait
à manquer d'haleine. Et n'allait plus que d'un gigot,
Ayant une épine à l'ergot, scarr. Typhon, iv.
Il 3° Terme de jardinier. Portion de branche morte
qui reste sur les arbres fruitiers et qu'on doit re-
trancher. Il 4° Terme de botanique. Ergot de blé,
ergot de seigle, corps droit ou Cburbe et allongé de
I à 4 centimètres, rarement plus, occupant la place
du grain de blé ou de seigle. L'ergot de seigle est
formé par une espèce de champignon de l'ordre des
tuberculariées , la sphacelidie ergot de M. Fée ; il
est très-vénéneux. Le seigle dégénéré ou altéré,
et qu'on nomme blé cornu ou ergot, n'est bon qu'à
jeter, il cause des maladies funestes, Dict. des arts
et met. Amsterd. (767, Boulanger. \\ 5° Terme d'a-
natomie. Ergot de Morand, petite éminence recour-
bée qui est dans la cavité digitale des ventricules
latéraux du cerveau.
- HIST. xu* s. [De morts! En fu si junchée la
place. Qu'on sano i sunt desqu'as argoz, benoît,
II, 9539. Il XVI' s. Les coqs bataillent du bec et des
argots, PARÉ, Animaux, 16. Subtilz renards et
grands mangeurs d'images , Pour hault monter,
contrefont les bigots. Puis, quand ils sont huchez
sur leurs argots, Au monde font de merveilleux
dommages, guill. crétin, dans jaubert. Glossaire.
— ÉTYM. Berry, argot, arigol; génev. argot;
champ, arlot. Origine inconnue. Le mot est très-
ancien sous la forme d'argot,
ERGOTAGE (èr-go-ta-j') , s. m. Voy. ehgoterie.
ERGOTÉ, ÉE (èr-go-té, tée) , adj. Qui a des er-
gots. Chien bien ergoté. || Seigle ergoté, seigle at-
taqué par l'ergot. Un jésuite irlandais, d'ailleurs
grand observateur et ayant de bons microscopes,
lit des anguilles avec de la farine de blé ergoté,
VOLT. ÏII. aux 40 écus, Nouv. douleurs.
— ÉTYM. Ergot. Ronsard a dit s'ergoter, en par-
lant d'un coq qui se dresse sur ses pattes, 742.
«.ERGOTER (èr-go-té) , 1). n. Chicaner par des
raisonnements captieux, trouver à redire. Il ne fait
qu'ergoter. Que tous les philosophes viennent er-
goter contre, ils perdront leur temps et leur pei-
ne, J. J. Bouss. 3' Promen. || Le participe passé peut
s'employer absolument. Bien raisonné. — Dites bien
ergoté.
— HIST. xvi* s. Après avoir bien ergoté pro et
contra, feut ccnclud en baralipton que.... rab. Garg.
I, 17.
— ÉTYM. D'après Ménage, approuvé par Diez,
ergo, donc, à cause que ce mot revenait sans cesse
dans les disputes scolastiques. Dans ce cas le vieux
verbe hargoter (du cange, argutio); le bourguignon
erigotay, provoquer; erigâ, chicane; le normand
hargoter, quereller, auraient une autre source et
se rattacheraient sans doute à ergot. Cependant, à
l'historique d'ERGOTiiUR, voyez hargoteur, qui semble
plus près de ergot que de ergo.
t 2. ERGOTER (èr-go-té), V. a. Terme de jardi-
nage. Couper l'extrémité d'une branche morte.
— ÉTYM. Ergot.
f ERGOTERIE (èr-go-te-rie) , s. f. Action d'ergo-
ter; observation vétilleuse; raisonnements captieux.
Elle avait là-dessus une simplicité de coeur, une
franchise plus éloquente que des ergoleries, et qui
souvent embarrassait jusqu'à son confesseur, j. j.
Bocss. Confess. vi. || On dit aussi ergotage. Tout
cela n'est que de l'ergotage.
— ÉTYM. Ergoter i.
ERGOTEUR, EUSE (èr-go-teur, teû-z'), s. m. etf.
Celui, celle qui no fait qu'ergoter. C'est un en-
nuyeux ergoteur. Le Socrate d'Athènes était, entre
nous, un homme très-imprudent, un ergoteur im-
pitoyable qui s'était fait mille ennemis, volt. Lett.
Villevieille, 20 déc. 1768. Ce furent parmi les er-
goteurs de leur temps deux hommes merveilleux,
DiDEB. Opinions des anc. phil. (scholastiques) .
— HIST. XV* s. Le suppliant dist à Bertran Ogier:
tu n'es que un tricheur, et un plaideur et un har-
goteur, ou CANGE, argutio. \\ XVI' s. Vous estes un
subtil ergoteur, choliêres. Contes, t. n, Apres-
dinée 2. Il Montaigne a dit ergoliste: Je trouve ces
ergotistes encore plus tristement inutiles, l, 180.
— ÉTYM. Ergoter (.
t ERGOTINE (èr-go-ti-n') , s. f. Terme de chimie.
Nom donné à deux substances différentes trouvées
dans l'ergot de seigle et toutes deux mal déterminées.
— ÉTYM. Ergot, et la finale ine, qui, en chimie,
désigne les principesde beaucoup de corps organisés.
•j- ERGOTISER (èr-go-ti-zé) , v. n. Synonyme peu
usité d'ergoter. Us ne sauraient se persuader que
Dante se soit amusé à ergotiser dans les collèges à
l'âge de plus de trente-cinq ans, bayle, Dict. art.
Dante, note k.
f t . ERGOTISME (èr-go-ti-sm'), s. m. Manie d'er-
goter, de se servir des arguments en forme.
— IllST. XVI* s. Je crois que ces ergotismes en
sont cause [du mépris de la philosophie] , qui ont
saisi ses advenues, mont, i, Mh,
— ÉTYM. Ergoter \.
t 2. ERGOTISME (èr-go-ti-sm') , s. m. Terme de
médecine. Affection déterminée par l'usage alimen-
taire du seigle ergoté qui agit comme substance vé-
néneuse.
— ÉTYM. Ergot.
f ÉRIANTUE (é-ri-an-f), ad;. Terme de bota-
nique. Qui a des fleurs velues, laineuses.
— ÉTYM. 'Epiov, toison, et âvCoç, fleur.
I ÉRIBLE (é-ri-W), s. f. Un des noms vulgaires
de l'arroche.
t ÉRICACÉE (é-ri-ka-sée) ou ÉRICINÉES (é-ri-si-
née), ». f. plur. Famille de plantes dicotylédones
monopétales.
— ÉTYM. Lat. erice, bruyirs.
f ÉRICITE (é-ri-si-f), s. f. Empreintes fossiles d«
feuilles de bruyère.
— ÉTYM. Lat. erice, bruyère, et la finale ile, qui
en géologie indique un fcssile.
fÉRICOÏDE (4-ri-ko-i-d'), adj. Terme de bota
nique. Qui ressemble à une bruyère.
— ÉTYM. Lat. erice; grec, èfs.Un, bruyère.
ÉRIDAN (é-ri-<ian) , s. m. Ancien nom du Pô,
fleuve d'Italie. || Terme d'astronomie. La troisième
constellation des quinze méridionales, placée au-
dessous do la Baleine.
t ÉRIDELLE (é-ri-dè-r) , ». f. Sorte d'ardoisa
étroite et longue, qui a deux câtés taillés et les
deux autres bruts.
ÉRIGÉ, ÉE (é-ri-jé, jée), part, passé. || 1° Dressé,
élevé. Une statue érigée en l'honneur de.... || Par
extension. C'est aux manufactures érigées dans les
villes à produire une circulation générale parmi
toutes nos cités, condu,. Comm. gouv. u, 2. || 2" Fig.
Etabli. Combien de fortunes érigées et bâties sur ces
prétendues récompenses! bourdaloue. Sur la ré-
compense des saints, t" av^nt. \\ 3° Transformé
en une chose considérée com.Tie plus élevée, plus
importante. Des hypothèses érigées en axiomes.
ÉRIGER (é-ri-jé. Le g prend un e devant o ou o ;
érigeant, érigeons), v. a. \\ 1° Elever, construire,
dresser. Ériger un temple , un autel. Il érigea les
veaux d'or, auxquels il donna le nom du dieu d'Is-
raël, afin que le changement parût moins étrange,
boss. Hist. I, 6. Sur leurs corps tout sanglants éri-
gez vos trophées, volt. Tancr. v, l. Une société
considérable de philosophes et de gens de lettres,
du nombre desquels je suis, ont résolu, sire, d'é-
riger à M. de Voltaire une statue, d'alemb. Lettre
au roi de Prusse, 6 juillet )770. On doit ériger au
Bosphore trois statues de seize coudées chacune,
représentant le peuple d'Athènes couronné par ceux
de Byzance et de Périnthe, bahthél. Anach. ch. 82.
Il 2° Instituer, établir. Ériger un tribunal. Ériger
une église en cathédrale. || Ériger une commission,
une fonction en titre d'office, faire d'une commis-
sion, d'une fonction amovible une charge inamo-
vible. Louis XIV, au mois d'avril 1674, érigea les
terres et seigneuries de Saint-Cloud , de Maisons,
de Créteil, d'Ozoi-Laferrière et d'Armentières en
duché-pairie en faveur de François de Harlay, ar-
chevêque de Paris, et de ses successeurs, saint-
FOix, Essai Paris, Œuvres, t. m, p. 234, dans
pougens. Il 3° Fig. Donner le caractJre de, trans-
former en une chose considérée comme plus élevée,
plus importante. Nous devons tous tant que nous
sommes Ériger en divinité Le sage par qui fut ce
bel art [l'apologue] inventé, la font. Fabl. vu,
dédie. Je riais de le voir.... En lapins de garenne
ériger nos clapiers, boil. Sat. m. Chacun veut en
sagesse ériger sa folie, m. ib. iv. L'argent en hon-
nête homme érige un scélérat, id. Ép. v. Et bientôt
en oracle on érigea ma voix, rac. Athal. ni, 3.
Il En mauvaise part. Je saurai.... L'ériger en tyran
par mes propres conseils, cohn. Perlhar. ii, 2. Et
le généralat , comme le diadème , M'érige sous
votre ordre en fantôme éclatant, id. Agésil. m, <.
Il 4° S'ériger, v. réfl. Être érigé, dressé, construit.
Des palais s'érigeaient dans la ville. || Se poser
comme. Dorante est-il le seul qui de jeune écolier,
Pour être mieux reçu, s'érige en cavalier? corn.
Ment, m, 3. Et de dépositaire et de libérateur U s'é-
rige en tyran et lâche usurpateur, id. Itodog. n, 3.
Et vous voulez cependant vous ériger en homme
de bien, mol. Festin, v, 2. Muncer entreprit do
s'ériger en pasteur, boss. Variât. 1. Où le vice or-
gueilleux s'érige en souverain, boil. Sat. i. Capys
qui s'érige en juge du beau style, la bruy. i.
— HIST. xvi* s. Erigez ceste ymage qui est cou-
chée à terre ycy en ung coing, palsgh p. 43i;.
— ÉTYM. Provenç. et espag. erigir ; ital. erigere ;
du latin erigere, de e, et regere, mettre droit (voy.
régir).
t ÉRIGEROîf (é-ri-jè-ron),i. m. Plante de l'Amé-
rique du Nord, delà famille des synanthérées. L'é-
rigeron canadien, dit vulgairement vergerolle et
verge rette.
— ÉTYM. "HpiyipMy, séneçon.
ÉRIGNE (é-ri-gn') ou ÉRINE (è-ri-n'), s. f. Terme
d'anatomie et de chirurgie. Petite pince armée de
crochets donton se sert soit en disséquant soit dans
certaines opérations pour soulever et écarter les
parties qu'on veut disséquer. || Ërigne est beaucoup
plus usité qu'érine.
— HIST. XVI" s. Puis ce fait, inciseras la matrice,
la levant en haulto avec arainées ou petitz crochetz
propres à ce.... paré, t. u, p. 032. Tentes, cro-
chets, araignes, id. t. m, p. 639.
448U
ERM
- trvi rom» âlt«ré« A-araignéê m iraigne
f<«J« <r«»/) , comme le prouve fh.slonque;
"WoÔWr (*-riBO-n'). : r. Terme d-a,lronomie.
L* coii»!"!!»!'"" ''•' '* Vierge.
_ «TYH (trigoni, nom lie l'amante de Bacchiis,
« mi de» nom» que les anciens onl donnés à la
^TcRWAClî, IÎK(ft-rl-na-sé, «ée), adj. Terme de
looloftie. Oui ressemble à un hérision.
_ ETYM. Lat. erinaceut ou herinaceus, hérisson.
I!liI!VE. »oy. àaiONE.
t fiHINlîE (éri-née), i. f. Terme de botanique.
Champignon parasite nuisible à la vigne.
t ÉRINNYE (é-ri-nnie) eu ÊRINNYS (é-ri-nnis'),
/. f. Terme du polythéisme grec. Nom des furies.
— ETYM. "Epiv.ùc; sanscrit, saranyâ. Le grec et
le sanscrit signifient celle qui se hSte, se préci-
pite. C'est originairement, dans la mythologie grec-
que, un nom de Démêler, quand, changée en ca-
vale, elle eut, du cheval l'oseidon, Dfspoina et le
cheval Arion. De m^me , dans l'Inde , Saranyâ
te change en cavale pour échapper à son époux.
t ÊRIO.... signifie laineux, velu, et vient de
Ipiov, toison.
t ÊIIIOCAMCÊ, ÉE (é-ri-o-ka-li-sé, sée), adj.
Terme de botanique. Qui a le calice velu,
— ETYM. ^rio.... et caii'ce.
t ÉRIOCARPE (é-ri-o-kar-p'), ad}. Terme de bo-
tanique. Oui a les fruits velus.
— ETYM. Ério.... et xapniç, fruit.
t ÉRlOCACI-E (é-ri-o-kô-l'), adj. Terme de bota-
nique. Oui a la tige velue.
— ETYM. Ério.... et xaM),è?, tige.
t ÉRlOCfiPUALE (é-ri-o-sé-fa-l') , adj. Terme
d'hisloire naturelle. Oui a la tête velue.
— ETYM. Ério.... et xtçaXVi, tèie.
+ ÉRIOMÈTRE (é-ri-o-mè-tr'), s. m. Terme de
physique. Instrument pour mesurer les épaisseurs
des libres les plus déliées.
— ETYM. Ério... et mètre, mesure.
t ÉRIOPÉTALE (ério -pé-ta-l'), adj. Terme de
botanique. Oui a les pétales velus.
— r.rvM. Ério.... et pélale.
f ÉRIOPUORE (é-ri-o-fo-r'), ad/. 'Terme de bota-
nique. Oui est chargé de poils laineux.
— ETYM. ^rio.... et fopo;, qui porte.
tÊRIOPHYM.E (é-ri-o-a-l'), adj. Terme de bo-
tanique. Oui a les feuilles velues.
— ETYM. Ério.... et çû).),ov, feuille.
t I5R10P0DE (é-ri-o-po-d'), od;. Terme d'histoire
naturelle. Qui a les paiies ou les pédicules velus.
— ETYM. Ério.... et itoù;, pieil.
I ÊRIOPTÈRE (éri-o-plê-r') , adj. Terme de zoo-
logie. Oui a lus ailes velues.
— ETVM. Ério... etTcTtpèv, aile.
tERIOSPERME (é-ri-o-spèr-Br), odj. Terme de
botanique. Oui a les graines velues.
— ETVM. Êrio.... et <ni£p(ia, graine.
•t ÊRIOSTft.MONE (é-ri-o-sté mo-n'), adj. Terme
de iKilanique. Oui a les étamines velues.
— ETYM. Ério... et <rtïi|j.u)v, filament.
tÊRlOSrOME (é-rio-slo-ni'), adj. Terme d'his-
toire naturelle. Qui a la bouche ou l'ouverture velue,
— ETVM. ^rio.... et ^6(ia, bouche.
t ÊRIOSTYl-E (é ri o-sti-1'), adj. Terme de bota-
nique. Oui a le style velu.
— ETYM. Ério... et slyle.
t ÉRISTIQUK (é-ri sti-k") , odj. Terme didactique.
Oui app.irlient à la conlroverse. Écrit énslique.
Il S.f. L'éristiqiie, l'art de la controverse.
— ETYM. 'Kpi!itix4;,de Ipi;, querelle, controverse,
t ERMAILlC (t:r-ma-llé, U mouillées), s. m.
Celui <jui fait le fromage fde Gruyère], que l'on ap-
pelle ermaillé et qui est comme le chef du chalet,
Dicl. des arti et m^l. Amst. «767, tat(iér«. || Asso-
ciation, à Gruyère, de propriétaires de troupeaux
qui mettent leur laitage en commun pour la fabri-
cation lies fromages. || On dit aussi ermailli.
t ERMES (ér-m'), t. m. plur. Terrains vagues
(Drime).
— ETYM. Provenç. mne; cspagn. yermo; ital
trmo; du bas-lat. ermus, hermus, du lat. erfmiis,
dans Prudence, aliéralion ti'erimus, du grec Ipr,-
liiK. ilésert.
KRMtN (èr-min>, ». m. Droit qui sa paye pour
lenlrt» et U sortie des marchandises dans le»
éclieJlet du Uetant.
— ÊTTM. Orig'nn inronnnp,
».S!!f 'l'^T^'i'"' "''•«M>>ETrF. (èr-mi nft-f), ». f.
ERO
— ETYM. Hermine, parce qu'on a comparé la
partie recourbée de l'erminetle au museau de Vher-
mine.
ERMITAGE OU HERMITAGE (èr-mi-ta-j') , $. m.
Ijl" Habitation d'un ermite. || 2» Il se dit quelque-
fois, par abus, fwur couventd'ermiles. Ily avait au-
trefois un ermitageaumont Valérien,près de Paris,
Dict. de FAcad. || 8° Fig. Lieu écané, solitaire.
C'est un véritable ermitage. || Par extension, petite
maison de campagne simple et modeste. Venez
me voir dans mon ermitage. Vous ne connaissez
pas les moulins, l'ermilage , colin d'haiilkv.
Châteaux en Etpagne, iv, «. || 4- Vin de l'Her-
raitage , vin d'un cru fameux dans le Daupliiné.
Un auvernat fumeux qui, mêlé de lignage. Se ven-
dait chez Crenet pour vin de l'Ermitage, boil.
Sal. ni.
— IIIST. XIII* s. Il commença par grant estude
entendre diligemment à piteuses œuvres, les quex
li hermitaiges [vie d'ermite] li avoit enseignie. Lé-
gende en prose de Girart, cité clans J. des savants,
avril 1860, p. 202. Dedenz la lande enz el boscage
Ot uns sainz homs son hermitage. Lai del désiré.
Il xV s. Mon cueur est devenu hermite En l'ermi-
taige de Pensée, ch. u'obl. Bal. 42.
— ETYM. Ermite; provenç. ermitatge et hertni-
tori ; ital. eremilaggio. L'ancienne langue disait
aussi ermiloire.
ERMITE ou IIERMITE (èr-mi-f), s. m. || l' Soli-
taire retiré dans un lieu désert, où il se livre à des
exercices de piété. Les ermites de la Thébaîde.
Il Familièrement. Vivre comme un ermite, vivre
seul, loin du monde. || Par plaisanterie, pAlés d'er-
mite, noix sèches. || 2" Terme de zoologie. Crustacé
du genre pagure appelé aussi Bernard l'ermile, qui
se loge dans la première coquille univalve qu'il
rencontre. Il Proverbe. Quand le diable fut vieux,
il se fit ermite, c'est-à-dire qu'un vieux pécheur
se convertit alors que l'âge lui interdit les plaisirs.
— REM. 1. Mme de Sévigné a dit hermitesse : Le
conte de cette hermitesse dont j'étais charmée,
338. Il 2. L'orthographe juste d'ermite et ermitage
est sans h, puisque le mot grec dont ils viennent a
un esprit doux.
— HlST. xni* s. Car, si cum tes habis nous conte.
Tu semblés estre uns sains hermites, Ren. tM23.
Li abis ne fet pas l'ermite; S'uns hom en hermi-
tage abite Et il en a les dras vestus. Je ne pris
[prise] raie deux festus Son abit ne sa vesteûre,
HUTEB. 260. Il XVI* S. De jeune hermite, v'jux dia-
ble, NOÈL DU FAIL, ContCS d'EutTap. ch. VIII, f" 41 ,
dans pouGENS.
— ÉTYM. Provenç. ermita, hermitan ; espagn.
ermi(a/7o; ital. eremita; du latin eremita, du grec
èpr.jiîro;, de lpT)|AO;, désert.
t ERNECTE (èr-neu-t) ou ERNOTT'='. (tr-no-f), s. f.
Terme de botanique. Nom vulgaire du carum bul-
bocastamim (ombellifères), et, en Norxiiandie, de
la raijionse (phyleuma spicatum, L.).
— ËTYM. L'anglais eartk-nul, noix de terre, de
earih. terre, et nut, noix, d'api-fes LECOAhvNT.
t ftRODÉ, f,E (é-ro-dé, déeV pari, passé. Terme
didactique. Une casserole érouée "ar le vert-de-gris.
t ÉKODER (é-ro-dé), v. a Terme didactique.
Ronger. L'arsenic érode l'estomac.
— IIIST. XVI* s. Les dites vapeurs acquièrent une
acrimonie qui erode les parois et costés de la plaie,
PAKE, IX, 6.
— ETYM. Lat. erodere, de e, et rodere, ronger,
t ÊROS (é-ros'), s. m. Terme du polythéisme
grec. Le dieu de l'amour.
— ETYM. 'Eow:, l'Amour.
t ÉRCSIF, iVE (é-ro-zif, zi-v'), ad;. Oui a la
propriété d'éroder. Dépressions [dans la plaine de la
Haule-Loire) par où les courants, à toute crue no-
table, deviennent érosifs et trop souvent ouvrent
brusquement de nouveaux lits, dausse, Acad. des
se. Comptes rendus, t. un, p. 4248.
— ETYM. Voy. ÉROSION.
ÉROSION (é-ro-zion), s.f. Action ou effet d'une
substance érosive. On trouva dans le tube intesti-
nal des érosions plus ou moins étendues.
— HlST. XVI* s. Les anevrismes se font par ana-
stomose, et diapedese, ruption, érosion, et playe,
PABË, v, 30.
— ÉTYM, Lat. erosionem, da erosum, supin d'ero-
dere (voy. èrodeb).
t ÊROTÉMATIQUE (é-ro-té-ma-ti-k*), adj. Terme
de philosophie. Oui est énoncé sous la forme inter-
rogativa ; qui procède par interrogation. Argu-
ment, méthode érolématique.
— ÉTYM. 'F.pwTT.iia, interrogation.
t ÊROTIDIES (é-ro-ti-die^, s. f. plur. Terme d'an-
ERR
tiquité grecque. Fêtes en l'honneur d'Ëros ou Ou-
pidon.
— ÉTYM. 'Ep<««, l'Amour.
ÉROTIQCE (é-ro-ti-k'), adj. || 1* Qui appartient,,
qui se rapporte à l'amour. Ouvrage, poème é[0tir{ue
Il Terme de médecine. Délire erotique, délire ca-
ractérisé par une propension sans frein pour let
jouissances de l'amour. || 2° S. m. plur. Les eroti-
ques grecs, les poètes grecs qui ont chanté l'amour.
Il Les erotiques, anciennes poésies relatives à l'a-
mour. Théophraste, qui avait été disciple d'Aristote,
et Aristote lui-même avaient écrit des erotiques
comme Cléarque, huet, De l'orig. des romans,
p. 44, dans POBGENS.
— REM. U se met toujours après le substantif
quand il désigne un genre de composition :'un ou-
vrage erotique; un pogme erotique. Il peut se met-
tre avant quand il désigne une disposition : cet ero-
tique délire , ce délire erotique. Cependant, en
termes de médecine, on ne peut dire que délira
erotique.
— ÉTYM. 'Eohmxic, de loioç, l'amour.
t ÉROTIQUÈMENT (é-ro-ti-ke-man), ado. D'une
manière éioiique.
— ETYM. Erotique, et le suffixe ment.
ÉROTOMANIE (é-ro-to-ma-nie), s. /". Terme de
médecine. Aliénation mentale causée par l'amour,
ou caractérisée par un délite erotique.
— ÉTYM. 'Epto;, amour, et piavia, folie.
I ERPfiTO... Voy. hehpéto.... le mot grec ayant
un esprit rude qu'on rend toujours par h.
t. ERRANT, ANTE (è-rran, rran-t'), ad;. || 1* Qui
erre, qui n'est pas fixé. Peuples errants. Hordes er-
rantes. La vie errante que je mène depuis quaranti
ans et plus, m'ayant donné occasion de voir et de
visiter, plusieurs fois et de plusieurs façons, la |ilu3
grande partie des provinces de ce royaume.... vau-
BAN, Dlme,3. Dans maint auteur de science pro-
fonde. J'ai lu qu'on perd à trop courir le monde;
Très-rarement en devient-on meilleur; Un sert er-
rant ne conduit qu'à l'erreur, gresset, Fer(-ter(,
I. Ces traits de sang, ce spectre el ces errantes om-
bres, volt. Fanât, iv, 4. Lorsqu'on voit les peupla-
des qui erraient commencer à se fixer, ce change-
ment doit être moins regardé comme les premier»
temps des sociétés civiles que comme les derniers
de la vie errante, condillac, Ilist. anc. l, ch. li.
Voir, c'est avoir, allons courir. Vie errante Lst
chose enivrante, biîrang. Bohémiens. || Kig. Mener
une vie errante, vivre au hasard, sans but. || Étoiles
errantes, les planètes, par opposition aux étoiles
fixes. Il 2°' Poétiquement. Oui flotte. Et mon àma
déjà sur mes lèvres errante, bac. l'hèd. m, ).
Il 3° Par extension, qui ne se fixe pas. Imagination
errante. Et ainsi que mon corps, mon esprit est
errant, RÉGNIER, Élég. ii. De nos désirs errants rien
n'arrête le cours; Ce qui plaît aujoiini'hui déplaît
en peu de jours, st-évbem. dans richelet. Que je
raiïermirai votre fortune errante, tbistan, M. de
Chrispe, ii, 3. Ses yeux creux sont pleins d'un feu
âpre et farouche; ils sont sans cesse errants de tous
côtés, FÉN. Tel. m. |{ 4* Oui se trompe, qui erre
dans la doctrine, dans la religion. Ceux qui se lais-
seraient tromper ne seraient qu'un troupeau errant,
Boss. lar. I" ave^t. § 49. U [St Loiis) lâcha d«
les ramener comme errants, il les dompta comme
rebelles, fléch. Panér/yr. St Louis. || S. m. plur.
Ceux qui errent dans la foi. S'il arrivait miracle du
côté des errants, on serait induit à erreur, pasc.
Mir. in. Saint Augustin, que j'aime à citer comme
celui dont le zèle pour le salut des errants a égalé
les lumières qu'il avait reçues pour les combattre,
BOSS. l'or, t" insir. pastor. § 49. Les hommes ne
peuvent donc se passer d'un culte extérieur qui les
réunisse, qui les discerne des infidèles el des er-
rants, MASS. Car. Yéril. culte. Celte multitude ef-
froyable d'infidèles, d'errants, de pécheurs, id.
Prof. rel. Serm. l.
— IIIST. xvi* s. Les calamités des errants au dé-
sert, MAROT, Ps. cvii.
— ETYM. Errer.
2. ERRANT, ANTE (è-rran, rran-t'), adj. Qui
voyage au hasard. Usité seulement dans ces locu-
tions-ci : Le Juif errani , personnage imaginaire
que l'on suppose condamné à voyager incessam-
ment jusqu'à la fin du monde, peur 8«oir outragé
Jésus-Christ lors de la passion; c'est la représen'ii-
tion légendaire du peuple hébreu deiuis la disper-
sion ; Chevalier errant, chevalier qui courait le
monde à la recherche d'aventures. |! Fig. et familiè-
rement. C'est un chevalier errant, c'est un homme
qui change souvent de demeure, qui voyage «ans
cesse.
EKU
ERR
ERR
1/^81
— mST. XII' s. Moult se vont entresaluanl Li re-
nianïnt et li errant, Roman du Brut, dans lacubnb.
Il XVI" s. Le chevalier errant, J. mabot, v, 238.
Quant aucune personne tient et occupe aucun chemin
public et errant [par où l'on passe, passant], par sa
coulpe empesché.... Coiistum. génér. t. ii , p. 28).
— ETYM. Non pas le verbe actuel errer, qui vient
(lu latin errare, mais l'ancien verbe errer, qui vient
A'itinerare (voy. erre et aussi errer à l'étymologie).
Voyager même au hasard n'est pas la même chose
que errer; et dans cet emploi d'errant l'idée de
voyager existe.
ERRATA (è-rra-ta) , s. m. Liste des fautes recon-
nues dans l'impression d'un hvre et signalées sur
les dernières pages imprimées. Tout mérite d'être lu
dans le traité des tropes, jusqu'à l'errala; il contient
des réflexions sur notre orthographe, sur ses bizar-
reries, ses inconséquences et ses variations, d'alemb.
Éloges, du Harsais. {] Au plur. Des errata.
— REM. L'Académie remarque que quelques per-
wnnes disent erratum quand il n'y a qu'une seule
faute : Cette faute donnera lieu à un erratum. Mais
la plupart des grammairiens s'accordent pour dire
que vouloir ici suivre le latin est pédantesque, et
(|ue, errata ayant pris en français le sens de liste de
fautes, peu importait qu'il y eût plusieurs fautes ou
une seule.
— ËTY.M. Lat. erratum, chose oii l'on a erré, de
errare, errer.
ERRATIQUE (%-rra-ti-k'), adj. || !• Terme de
zoologie. Qui n'a pas d'habitation fixe. || 2° Terme
d'astronomie. Planète erratique, comète. || 3° Terme
de médecine. Irrégulier, déréglé. |{ Fièvres errati-
ques, les fièvres intermittentes dont le type est ir-
régulier. || Douleurs erratiques, celles qui changent
de place d'un instant à l'autre, comme certaines
douleurs rhumatismales des membres. || 4" Terme
de géologie. Blocs erratiques, fragments de roche
qui, ne se rattachant à aucune couche, paraissent
avoir été transportés loin des formations auxquelles
ils appartenaient. || Par extension. On voit les trois
éléments anthropologiques fondamentaux, le nègre,
le jaune et le blanc, arriver jusqu'aux confins du
continent, et se montrer parfois d'une manière er-
ratique, à l'état de pureté plus ou moins complète,
soit siir la terre ferme, soit dans quelques-uns des
archipels qui en sont, pour ainsi dire, le prolonge-
ment, QUATBEFAGES, Revue des Deux-Mondes, <8G4,
t. xux, p. 627. Il 5° Terme de chimie. Acide erra-
tique, un des acides qui constituent la matière co-
lorante des fleurs de coquelicot ; il est d'une belle
Couleur rouge.
— HIST. XIII* s. Sept planètes Qu'on nomme es-
toilles erratiques, j. de meung, Tr. 9S. || xV s.
Ce monde est vain, decourant, erratique; Tuyt y
mourront, et li fol et li saige, eust. descu. Poésies
mss. dansLACCRNE. || xvt" s. Cette humeur les rend
fantastiques, lunatiques, erratiques, fanatiques,
DESPER. Contes, XLiii. Laugucurs, fièvres lentes et
erratiques, paré, v, t».
— ETYM. Provenç. erratic, eratic; espagn. et
Ital. erralico; da latin erralicus, de errare, errer.
ERRATUM (è-rra-tom'), s. m. Voy. errata.
ERRE {ê-r'), s. f. || 1" Train, allure. Il n'est usité
que dans ces locutions : aller grand'erre; aller
belle erre. Aucuns à coups de pierre Poursuivirent
le dieu qui s'enfuit à grand'erre, la font. Scam.
Car comme l'on m'a fait tantôt courir grand'erre,
TH. CORN. Geôlier de soi-même, ni, 3. || 2° Terme
de marine. Vitesse acquise par le navire. Ce bâti-
ment n'ayant plus assez d'erre, le gouvernail ne
fonctionne pas. Diminuer l'erre d'un vaisseau.
Il 3° Au plur. Terme de cha.sse. Traces et routes
d'un cerf. Les erres sont rompues, les traces sont
effacées. On dit qu'un cerf est do hautes erres lors-
qu'il fait de longues fuites, ou quand il y a plusieurs
heures qu'il est passé. || Fig. Suivre les erres, aller
Bur les erres de quelqu'un, l'imiter dans sa con-
duite ; adopter ses opinions, ses sentiments. Re-
prendre, suivre les premières erres, les dernières
erres, reprendre une affaire où on l'avait laissée.
11 Les erres, parties de devant d'une bête à quatre
pieJs, en y comprenant les épaules.
— HIST. XII* s. Endementres [pendant ce temps]
ad fait tut Sun eire [voyage] aprester. Th. le mart.
48. li xin* s. Le jor qu'el devra l'erre prendre [venir],
la Rose, 4 452). ||xv* s. Il n'est pas bon de trop en-
querre Ne s'empechier es faiz des cours; S'on m'as-
sault, pour avoir secours. Vers nonchaloir iray
grant erre, ctt. d'orl. Rond. Le mareschal appresta
son erre au plus test qu'il put. Boude, n, 6.
|l XVI* s. Bajazet se sauvoit belle erre sur une ju-
ment arabesque, si.... mont, i, 367. Mais quoi?
DICT. DE LA LANGtIP, FRANÇAISE.
je vole un peu trop hault, Et m'esloigne trop de
mes erres, du bellay, vu, 74, verso. Monlauban
demeura donc jusques à la paix en cet estât, où
nous la lairrons pour conduire le duc de Montpen-
sier et Burie joint à lui, sur les airres des vaincus,
d'aub. llist. 1, )62. Volant aux desmarches du duc
qu'il prenoit toutes les erres d'un siège, id. ib. li,
310. Hocstrat, espérant annuler la sentence, print
ses erres vers Rome, sleidan, f° 23.
— ÉTYil. Lat. iter, chemin ; ce que montre l'an-
cienne orthographe eire, et aussi oire, et le pro-
vençal edrar, voyager, qui représente iterare, au
sens non latin de voyager.
ERREMENTS (ê-re-man) , s. m. plur. Procédé ha-
bituel, en parlant; d'affaires. Suivre les derniers, les
anciens errements. Suivre les vieux errements, faire
une chose comme on la faisait autrefois. Bissy dans
les mêmes errements [ayant les mêmes intentions]
le soutenait [Godet] de toutes ses forces naissantes,
ST-SIM. 4)5, 225.
— HIST. XII* S. Merci clamant [demandant] de
mon fol errement, pe] Ferai la lin de mes chansons
oïr, Couci, XX. Je deïsse et l'estre et l'errement.
Se j'osaisse en faire mention De la grant court de
France au dous renom, hues be la ferïé, Romane.
p. (82. Il XIII" s. Et si baille on toz les erremens du plet
[procès] ou copie du dit as témoins, beaum. vi, )4.
— ÉTYM. L'ancien verbe errer, cheminer, procé-
der, qui vient non de errare, mais de ilinerare,
faire voyage (voy. erre).
t ERRENÉ, ÉE (è-rre-né, née), adj. Ancien sy-
nonyme d'éreinté. Les sceaux que portait fièrement
La chancelière haquenée, Qui chancela si bien
qu'en fut presque errenée, la font. t. vi, p. 461,
édit. WALCKENAEH.
— ÉTYM. Voy. éreinter.
ERRER (è-rré), ». n. || 1* Aller de côté et d'autre,
à l'aventure. Errer çà et là. L'humble toit est exempt
d'un tribut si funeste; Le sage y vit en paix et mé-
prise le reste ; Content de ses douceurs, errant parmi
les bois.... LA font. Phil. et Bauc. Ces hommes au-
trefois morts au monde erraient par le désert et
dans les villes, fléch. Panég. I, p. 39). Tantôt un
livre en main, errant dans les prairies. J'occupe
ma raison d'utiles rêveries, boil. Épit. vi. Il erra
cinq à six mois, toujours poursuivi ei toujours tran-
quille, dans les montagnes et les es Iles au
nord de l'Ecosse, h'alemb. Éloges, Mi/ord Uaré-
chal. Il 2" Fig. S'égarer, flotter çà et là. Mais sans
errer en vain dans ces vagues propos, boil. Sat. iv.
Le bonheur de l'impie est toujours agité; Il erre à
la merci de sa propre inconstance, rac. Eslh. ii, 9.
Son esprit errait d'impiété en impiété, mass. Car.
Évid. Il Se dit de la pensée, de l'esprit qui ne se fixe
pas. Où allez-vous, cœurs égarés? quoi! même
pendant la prière, vous laissez errer votre imaginst-
tion vagabonde? BOss. Slarie-Thér. Notre esprit erre
sur mille vains objets, mass. lHyst. Pentecôte. || Lais-
ser errer, laisser en toute liberté. Laisser errer ses
pensées, s'abandonner à ses rêveries, à de vagues
méditations. 11 laisse errer sans art sa plume et son
esprit, Sait peu ce qu'il va dire, et peint tout ce
qu'il dit, DELiLLE, I)iiagin. vi. || 3' Se tromper,
avoir une opinion fausse. Ses chagrins le rendaient
pourtant méconnaissable. Un œil indifférent à le
voir eût erré, la font. Filles de Min. Très-lourde-
ment il errait eu cela, id. Cal. Ils n'auront point le
malheur d'avoir erré dans la foi, pasc. Prov. )7.
Dont quelques-uns ont pris sujet d'errer contre l'im-
mortalité de l'âme, id. Juifs, 3). La même erreur
les fait errer diversement, boil. Sat. iv. Si j'avais
erré dans ma méthode, j.j.houss. Emile, 1. 1{ Abso-
lument. Se tromper dans quelque doctrine. Cet es-
prit de douceur et de modestie, seul capable de ra-
mener ceux qui errent, mass. Mijst. Dispos. Si ce
grand homme a erré, que ne dois-je pas craindre?
montesq. Esp. XXX, 26. Il est faux que le mufti
prétende, comme le grand lama, qu'il ne peut
errer; loin de vouloir persuader qu'il est infaillible,
il met toujours au bas de ses réponses et de ses dé-
cisions : D'ailleurs il n'y a que Dieu qui ne peut ja-
mais se tromper, saint -Foix, Ess. Paris, ckuvres,
t. IV, p. 372, dans pougens.
— SYN. EHRER, VAGUER. Vaguer, c'est être vaga-
bond, c'est-à-dire n'avoir pas de demeure fixe, ou
sortir de l'ordre fixé. Errer, c'est porter ses pas à
l'aventure. On erre dans les bois ; et l'on n'y vague
pas, ou, si l'on y vague, c'est comme un vagabond.
Il ne faut pas laisser vaguer les bestiaux dans les
champs; errer ne pourrait pas ici remplacer vaguer,
attendu que vaguer a quelque chose de blâmable
qui n'est pas dans errer. Au figuré, Bossuet (cité
I par Roubaud) a dit : « L'homme qui se pri.-%ate à
vous par contrainte, par bienséance, laisse vaguer
ses pensées, sans que vos discours arrêtent son es-
prit distrait. » Ici errer pourrait remplacer vaguer,
sauf que vaguer a une nuance méprisante qui n'est
pas dans errer.
— iiiST. xiu* s. Oui erre contre la foi, comme en
mescreance, de lequele il ne veut venir à voie de
vérité, il doit eslre ars [brûlé], eeadm. xxx, t».
Il XIV* s. Kt pour ce aucuns errent en ceste ques-
tion, ORESME, £(h. )02. Il XV* s. Et cognoissoit lois
qu'il avoit erré en beaucoup de passages, comm. iil,
)2. Il XVI* s. Il alla errant çà et là par le monde,
jusques à ce que.... amvot, Lyc. 3.
— ÉTYiM. Provenç. et espagn. errar ; ital. errare;
du latin errare; grec, êpfeiv; allem. irren. Il ne
faut pas confondre ce verhe avec un autre errer,
qui se trouve dans l'ancien français et qui signifie
aller, voyager, cheminer: Tant erra qu'il vint en uns
prés par delà Andrenople, H. de valenc. xi ; Les
chevaliers qui la menoent. Qui ensemble od li er-
roent. Si cumanda tuz à rester, marie de frange,
I, p. 394. Ce verbe, sous cette forme ou sous celle
de oirrer, était très-employé; il vient du bas-latin
iterare, voyager (voy. erre). Le chevalier errant
était, d'après la remarque de Diez, non pas le che-
valier qui erre, mais le chevalier qui voyage de
pays en pays.
ERREUR (è-rreur), s. f. || 1° Action d'errer çà et
là. L'autre soleil d'une erreur vagabonde Court inu-
tilement par ses douze maisons, malh. v, 25. Sur
son voyage et ses longues erreurs. On aurait pu
faire une autre odyssée, gresset, Vert-Vert, i. Con-
tez-moi d'Ilion les terribles assauts. Et vos longues
erreurs sur la terre et sur l'onde, delille. En. i.
Il se pourrait que vous m'eussiez écrit, car, dans
mes longues erreurs, j'ai perdu des lettres, p. L.
COUR. Lett. I, 322. Il Ne se dit, en ce sens, que
dans le style élevé ou dans les emprunts faits à ce
style. Il 2° Action d'errer moralement ou intellec-
tuellement; état d'un esprit qui se trompe. Je con-
nais bien l'erreur que l'amour m'a fait faire, malh.
V, 30. L'erreur n'est pas une pure négation, c'est-
à-dire n'est pas le simple défaut ou manquement de
quelque perfection qui n'est point due, mais c'est
une privation de quelque connaissance que je de-
vrais avoir, desc. Médit, iv, 4. Qui chérit son er-
reur ne la veut pas connaître, corn. Poly. m, 3.
Les plus courtes erreurs sont toujours les meilleures,
mol. l'Etour. IV, 4. Josèphe tomba dans une sem-
blable erreur, BOSs. Uist. il, )0. Ce que l'âme con-
naissait l'induisait à erreur, id. ib. ii, 6. Je sais
sur leurs avis corriger mes erreurs, Et je mets à
profit leurs malignes fureurs, boil. Épit. vu. Quelle
était mon erreur! bac. Bére'n. l, 4. Je reconnais
l'erreur qui nous avait séduits, ID. Iphig. m, t. Je
t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur, id. Phèdre,
II, 6. Il reconnut son erreur, fén. Tél. ix. Par l'er-
reur d'un moment ne jugez pas ma vie, gresset.
Méchant, iv, 5. |1 Laisser dans l'erreur, ne pas re-
dresser quelqu'un qui se tfompe. Mais ne le laissez
pas dans l'erreur davantage, corn. Héracl. iv, 6.
Il Mettre en erreur, faire que quelqu'un se trompe.
Elle, que vos mépris ayant mise en fureur. Rendent
opiniâtre à vous mettre en erreur, corn. Perihar. iv,
3. Il lUusion. L'erreur des sens. Chacun songe en
veillant.... Une flatteuse erreur emporte alors nos
âmes; Tout le bien du monde est à nous, la font.
Fabl. VII, ». Des ennemis de Dieu la coupable in-
solence Accuse trop longtemps ses promesses d'er-
reur, RAC. Athal. 1, 2. Il faut que l'erreur de l'a-
venir nous soutienne , mass. Car. Prosp. De ce
soupçon jaloux écoutez-vous l'erreur? volt. Zaire,
I, 5. Où manque un bien réel, la douce erreur
abonde, delille, Imagùi. il || 3° Fausse doctrine,
fausse opinion. Et cette vieille erreur que Cinna
veut abattre Est une heureuse erreur dont il [la
peuple romain] est idolâtre, corn. Cinna, n, t.
L'erreur et la nouveauté se faisaient entendre dans
toutes les chaires, BOSs. Reine d'Anglet. Ce dieu,
maître absolu de la terre et des cieux. N'est point
tel que l'erreur le figure à vos yeux, hac. Esth. m.
4 Aller à l'erreur par la vérité et établir de nou-
veaux abus en voulant rétablir les anciens usages,
MASS. Confér. Yoeat. à l'ét. ecclét. ). Si l'erreur les
dicta cette erreur m'est utile; Elle occupe le peuple
et le rend plus docile, volt. Orptel. n, 6. L'erreur
n'est pas un crime aux yeux de l'Eternel, M. J.
CHÊN. Finelon, ui, 4. || Erreur populaire, faussa
opinion accréditée parmi le vulgaire. Les erreur»
populaires en physique, en médecine, en astrolo-
gie, en histoire, telles que le phénix, le rémora, le
chant du cygne, le tombeau de Mahomet..., du
MARSAis, Virit. princ. de la gramm. Of.'uwe»,
i — 18G
t ,. p. ,«. Il o"p^'jrr'irrp:;: voti-';fo'"
,'„, un» '"«:';;Jj;riu pTur. Dérégleme»t
'.°^'.-',^u«. Ueviendr. tit ou tard de ses er-
ï^'^JVS.Î.un» erreurs maintenant revenu,
P?r în mj""- ol..<aclo il n'est pn, retenu bac.
i-hMr, 1 < Il 6- Faille, méprise. Erreur de rédac-
ilM il Krrcur de calcul , faute commise dans une Bup-
nuulion l| «' Tero-e d'astronomie. Différence entre
la calcul et l'observation. || Erreur d'un quart de
cerele, la quantité qu'il faut ajouter aux hauteurs
qu'il indique. || Erreur d'une lunette méridienne,
la quantité dont elle s'éloigne du véritable méri-
dien. Il Erreurs ayslématique», erreurs régulières
ayant une ou plusieurs causes définies, par exem-
ple des causes qui agissent sur les observations,
comme l'imperfection de certains instruments, etc.
{I 7« Terme de jurisprudence. Opinion contraire à
la vérité sur le fait ou sur le droit, qui détermine
k agir. Erreur du fait. Erreur de droit. || Erreur
dan* la personne, erreur qui consiste à prendre
une personne pour une aulro. Lorsqu'il y a erreur
dans la personne, lo mariage ne peut être attaqué
que par celui des deux époux qui a été induit en
erreur, Code Nap. art. )80.|| Erreur sur la subs-
tance , chose prise pour une autre. L'erreur n'est
une cause de nullité que lorsqu'elle tombe sur la
substance même de la chose qui en est l'objet,
Codé Nap. art. »(io. || Erreur commune, erreur
partagée par la plupart, jj 8' Terme de médecine.
Erreur de lieu, ancienne hypothèse d'après laquelle
on admettait que les globules sanguins pouvaient
s'engager dans des capillaires trop petits pour les
recevoir. || Proverbe. Erreur n'est pas compte ,
c'est-à-dire on peut toujours revenir sur une erreur.
— REM. « Erreur est du masculin, » dit Marg.
Buffet, Obierv. p. te), en toas. Erreur, en effet,
a été masculin au xvi* siècle, alors qu'on refit du
masculin, d'après le latin, les substantifs en eur
qui venaient de noms latins en or, qui étaient tous
féminins dans l'ancienne langue et qui ont presque
tous repris leur genre ancien, excepté quelques-
uns, par exemple, omoiir, honneur, labeur, etc.
, -• lilST. XII* s. Que il ne laissent la voie par er-
rer, ou, brisié par lassement, perdent la déserte
(le mérite] du travail qui devant est aies. Job, p. 448.
Hais de ce [je] sui en error [troublé], Ou'onques
n'am.n sans poor [peur], Couci, 1. 1| xiii' s. Et s'il
ne le» veut croire, ancois se veut tenir en se [sa]
malvcse erreur, 11 soit justiciés comme bougres
! [hérétique] et ars, beal'M. xi, î. ||xiv' s. Et si est
chose périlleuse vivre par innocence en celles hu-
maines erreurs, bebchecre, ^ 28, recto. ||xv" s. Si
elle avoit fait quelque erreur, le chastis [le châti-
ment] ne luy en appartonoit pas en public, comm.
V, (7. Pour éviter tout erreur fabuleux, J. lemaire,
8« livre, Prologue, dans palsghave, p. lee (qui
blâme le masculin). || xvi* s Afin de retirer tous
fidèles de cest erreur pestilent, calv. Instit. 323. Là
fut soubs toy Moyse ton amy Chef de ta gent, qui
murmuroit parmy Les longs erreurs de ce désert
sauvage, du bellay, m, «s, recto. Nous sommes
toutsen cette erreur, mont, i, (72. Lors tourna son
pespris de la religion en trop craintifvo supersti-
tion; et encores infecta il davantage les autres de
co cont.igieux erreur, par l'inconvénient qui luy
advint à sa mort, amyot, Numa, 37. Les prestres
afformoient qu'il y avoit eu erreur [vice] en leur
création, et qu'jlz avoient esté induement eslcus
contre les signes et prognostiques des oiseaux, id.
Marcell. 4. Le commun estimoit qu'il fist erreur
[eut tort] de laisser l'Attique, qui est pals aspre et
malaisé pour gens de cheval, id. Sylla, 34.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. error; itaL errore;
du latin erroreriK (voy. erreb).
ERRHIM, INE (è-rrin, rri-n'), adj. Terme de
médecine. Se dit des médicaments qu'on introduit
dans les narines. || S. tn. Les errhins. Le tabac est.
an errhin.
— BIST. XVI' s. La cause de l'ulcère pourra estre
divertie par purgationi, masticatoires et errhines,
rAit, II, 47.
— ETYM. 'E^^ivov, de Jv, en, et ilc, fivè;, nez.
KRRONfi, £E (é-rro-né, née), adj. Qui est enta-
ché d'erreur. Proposition erronée. Pourquoi se fait-
on dans le momie des consciences erronées, sinon
p«rc« qu'on a dans le monde des intérêts à sauver?
■onMALoui, Sur la fautse conscience, t" ai-ent.
•— itlST. XV* i. Une proposition dampnable, con-
mant (aulm doctrine et erronée en la foy catho-
llqt». '.MU da no^fci, viawiLua, p. (17.
— triM. Ut. erroneiM, errant, vagabond, de
fTC, vagibood, da trrare, errât.
ÉRD
+ ERRONÉMENT (è-rro-né-man), adv. D'une ma-
niiire erronée.
— lilST. XVI" g. SI Eusebe en la vie de Constantin
dit crronément.... do tii-l. Rec. des II. de Fr. p. 239,
dans LACi'HSH. Erronéemcnt, cotgrave.
— ETYM. Erroné, et le suffixe ment.
ERS (ér), *. m. Terme de botanique. Genre de
plantes légumineuses parmi lesquelles, outre la
principale espèce qui est l'ers lentille, on distingue
l'ers crvilie ou ers proprement dit.
— msT. xvi* s. Les pois, la vesse, les orobes ou
ors et autres légumes, o. de eerbks, 400.
— ÉTYM. Provenc. en; catal. er; espag. terro;
ital. ervo; du latin ervum. L'« appartenait à l'an-
cien nominatif, et elle est restée adhérente à ce mot
comme dans bras, fitt, etc.
f 4. ERSE (èr-s'i, adj. Le dialecte erse, ou, sub-
stantivement, l'erse, dialecte celtique parlé dans la
Haute Ecosse. L'erse, ou gaélique proprement dit,
et l'irlandais sont les deux dialectes do la branche
du celtique nommée gaélique; voy. kymbiqi'E.
t ». ERSE (ér-s"), s. f. "Terme de marine. Petite
élingue. || Erse de gouvernail, anneau ou cordage
reliant le gouvernail à l'étambot, pour empêcher
que la mîche du gouvernail ne sorte de sa place.
f ERSEAU (èr-s6), s. m. Terme de marine. Pe-
tite er.se. || Valet de bouche à feu.
t ËRIJBESCENCE (é-ru-bè-ssan-s'), ». f. Terme
didactique. Action do rougir, état de ce qui com-
mence à rouRir.
— HlST. xiv's. Passion est mouvement de l'apetit
ou resgart do bien ou de mal, comme sont eru-
bescence, admiration, espérance, oresme, Elh. 42.
— ÊTYM. Lat. erubescere, devenir rouge.
t ÉRiniESCEXT, ENTE (é-ru-bè-ssan, ssan-t'),
adj. Terme didactique. Qui devient rouge. Les bois
érubescents, bern. de 6T-pierrb, dans le Dict. de
BESCIIKBF.I.I.E.
KRUCAGE (é-ru-ka-j') ou ÉRUCAGO ( é-ni-
ka-go) ou ÉRUCAGUE (é-ru-ka-gh') , s. f. Terme de
botanique. Plante qui est une espèce de roquette
et qui croît dans les blés de nos provinces méridio-
nales, bimi'as erwcajo, L. (crucifères).
— ÉTYM. Lat. eruca, roquette.
f ÊRCCINE (é-ru-si-n") , s. f. Terme de chimie.
Substance qui provient de l'extrait acre de moutarde
blanche.
— ÉTYM. Lat. eruco, roquette.
lîRtICTATION (é-ru-kta-sion) , s. f. Émission so-
nore, par la bouche, de gaz provenant de l'estomac.
— IlIST. XVI* s. Il se fait quelque vacualion par
l'éructation et par le sanglot, pabé, xxiv, 44.
— ÉTYM. Provenç. eructuatio; du latin eructa-
lionem, de eruetari, de e, et ruclari (voy. koter).
ÉRCDIT, ITE (é-ru-di, di-l"), adj. || 1« Qui a
beaucoup d'érudition. Il est érudit et se connaît en
inscriptions. Avant de se rendre érudit. Se mettre
au fait de la patrie, Savoir Paris avant Madrid, Sa-
voir l'Europe avant l'Asie, Voilà le bon esprit,
PANNAHD, Mercure de janvier 4749, dans richelet.
Il Le peuple érudit, les savants qui cultivent l'éru-
dition. I.e peuple érudit vante fort le bon Homère,
Dissert, sur le poème épique, dans desfontaines.
Il Qui a le caractère, les qualités de l'érudition.
Ouvrage érudit. La profusion érudite d'Origène,
l'abbé iiouteville, dans ceskgktaines. L'abbé
Alary, quoique formé par ce savant, digne du
seizième siècle, n'eut garde de l'imiter, ni dans sa
critique un peu brutale, ni dans ses préventions
érudites, ni dans ses opinions hasardées ou dange-
reuses, d'alemd. Éloges, Alary. \\ i" S. m. Un éru-
dit. Les illustres érudits qui ont déchiffré les hiéro-
glyphes et l'écriture cunéiforme. De là cette foule
d'érudits profonds dans les langues savantes jusqu'à
dédaigner la leur, qui, comme l'a dit un auteur cé-
lèbre, connaissaient tout dans les anciens hors la
grâce et la finesse, d'alemb. Encyclop. disc.prélim.
Pour l'érudit, il méprisait Qui? tout le monde et ses
voisins sans doute, lamottb, dans desfontaines.
— HEM. L'abbé Massieu {Préface aux ceuvres de Tou-
rctJ)accusait denéologisme, en 4724 , lemotd'érudit.
— SYN. ÉRUDIT, SAVANT, DOCTE. Savant est le
terme le plus général , désignant celui qui sait.
Ainsi l'Académie des sciences est composée de sa-
vants ainsi que l'Académie des inscriptions et belles-
lettres, mais ces deux ordres de savants sont bien
différents : les premiers s'occupent de mathémati-
ques, d'astronomie, de physique, de chimie, de
biologie ; les autres s'occopent des langues des peu-
ples anciens, de leurs ouvrages écrits, de leurs
usages, de leurs monuments, etc.; et on les nomme
des érudits. Docte, étymologiquement celui qui a
reçu de l'instruction, exprime une autre nuance ; il
fiRU
s'applique non pas & ceux qui sont versés dans les
sciences mathématiques, ou physiques, ou organi-
ques, mais à ceux qui sont versés soit dans l'éru-
dition, soit dans les lettres.
— ÉTYM. Lat. eruditus, part, passif du verbe eru-
dire, instruire, de «, etrttdù, ignorant, grossier,
proprement, dégrossir.
ÉRUDITION (é-rudi-sion ; en vers, de cinq lyl-
labes), ». f. Il 1* Savoir approfondi dans les langue»
anciennes ou orientales , dans les origines des
peuples, dans les inscriptions et les médailles, en
un mot dans tous les documents qui fournissent
les matériaux à l'histoire. La sûre érudition d'un
du Cange. Livre plein d'érudition. Plus soigneux
d'étaler de l'érudition que de parler avec précision,
uoss. Yar. 12. Les commentateurs, si abondants et
si chargés d'une vaine et fastueuse érudition , la
BBUï. XIV. Budô surtout communiqua à la nation
française le goût de l'érudition grecque, l'ayant
reçu lui-même de Lascaris son maître, qui avait
été employé par Laurent de Médicis à établir cette
fameuse bibliothèque de Florence, rollin. Traité
des Et. i, 4. Je vois toujours en vous la politesse
d'un grand seigneur, avec l'érudition d'un homme
d'État ; vous auriez été digne d'être sénateur ro-
main, VOLT. Diai.xni. La philosophie, qui forme In
goût dominant de notre siècle, semble, par les pro-
grès qu'elle fait parmi nous, vouloir réparer le
temps qu'elle a perdu et se venger de l'espèce de
mépris que lui avaient marqué nos pères; ce mépris
est aujourd'hui retombé sur l'érudition', et n'en est
pas plus juste pour avoir changé d'objet, d'alemb.
Encyclop. Disc, prélim. Votre mépris pour l'éru-
dition est très-injuste; c'est elle qui nourrit et fait
vivre toutes les autres parties de la littérature, de-
puis le bel esprit jusqu'au philosophe, id. Apol. de
l'étude, Ofîuireî, t. iv, p. 223, dans podgens. La
vaste érudition, qui était sa partie dominante et
comme son élément naturel, n'est pas notre objet
principal, quoique nous ayons pour elle tout le res-
pect et toute la reconnaissance qu'un enfant bien né
doit à sa nourrice, m. Éloges, Douhier. \\ 2° Choses
érudites, recherches savantes, curieuses. Elle sem-
blait raser les airs à la manière Que les dieux mar-
chent dans Homère ; Ceci n'est-il point trop savant?
Des éruditions la cour est ennemie. Même on les
voit assez souvent Rebuter par l'Académie, la font.
Poésies mêlées, Lxv. C'est une vieille traduction
d'un vieil auteur en vieux français, réimprimé, non
pour le public, mais pour mes amis amateurs de
ces éruditions, P. L. cotR. Lell. l, 378.
— IlIST. xvi* s. En chaire ne se doit tenir propos
qui ne soit totalement à l'érudition de son prochain
et l'honneur de Dieu, marg. JVoui'. il.
— ÉTYM. Lat. enidt'd'oncm (voy. érudit).
ÉRUGINEITX, ECSE (é-ru-ji-iieû, neû-z'), adj.
Terme didactique. Qui tient de la rouille de cuivre;
qui est de la couleur de vert-de-gris. Crachats éru-
gineux, crachats verdâtres et porracés, dont la cou-
leur est analogue à celle du vert-de-gris.
— HIST. xui* S. La quinte manière de cole [bile]
si est erugineuse, ki est samblans à rouge d'arain
ALEBRANT, f* 4 6.
— ÉTYM. Provenç. eruginos; du latin seruginosus,
de .rruffo, vert-de-gris, de a-j, cuivre (voy airain),
ÉUC'PTIF, IVE (é-ru-ptif, pli-v'), ad;. || 1° Term»
de géologie. Qui a rapport aux éruptions volcani.»
ques. Les volcans et leurs phénomènes éruptifs.
Il Plan éruptif, plan suivant lequel se fait une érup-
tion de volcan. || 2° Terme de médecine. Accoia-
pagné d'éruption. Fièvres éruptives, fièvres dans
lesquelles il se développe une éruption de boutons,
de vésicules, de pustules, etc.
— ÉTYM. Voy. ÉRUPTION.
ÉRUPTION (é-ru-psion; ec ver», de quatre
syllabes), s. ^. || 1° Sortie instantanée et violente.
L'éruption d'uii volcan. || Fig. Ces différentes érup-
tions de la tyrannie; précédées, accompagnées et
suivies de terribles secousses, se distinguent toutes,
comme celles de l'Etna, par des traces effrayâmes,
BARTHELEMY, Anach. cli. 6 4 . || 2* Terme de méde-
cine. Evacuation abondante de sang, d'humeur.
Éruption de sang, de pus. || Sortie de taches, de
pustules, do boutons, etc. qui paraissent à la peau.
Éruption de petite vérole. Éruption cutanée. || 3° Érup
tion des dents, la crise dans laquelle les premières
dents sortent de l'alvéole. Le temps où l'on doit le»
sevrer est indiqué par l'éruption des dents, J. i.
Rouss. Ém. I. Il Par extension. Un chêne droit et
sans branches jusqu'à la hauteur de quinze pieds,
scié à quatorze, afin d'éviter les défauta du boii
causés par l'éruption des branches, sur». Kxpér.
sur lesvégél. 4" mém.
ÉRY
ESB
ESC
1483
I
— REM. ÉRUPTION, IRRUPTION. Deui mots que
l'on confond quelquefois, qui ont le même radical,
mais qui diffèrent par le préfixe. Le premier de ces
préfixes exprime Ja sortie, et l'autre l'entrée. Erup-
tion indique que quelque chose se fait jour au de-
hors: l'éruption de la lave d'un volcan. Irruption
indique que quelque chose se précipite dans : l'ir-
ruption des barbares dans l'empire; l'irruption de
la mer dans les terres.
— msT. XVI' s. Les fleurs blanches cessent à l'é-
ruption des mois [menstrues], paré, xviii, 08.
— ÉTYM. Lat. eniptionem, de erumpere, sortir
avec violence, de e, el rumpere (voy. rompre).
+ ÉRYCINE (é-ri-si-n'), s. f. Genre de lépido-
ptères diurnes.
t ÉRYNGE (é-rin-i'), s. f. ou ÉRYNGION (é-rin-
ji-on), s. m. Plante hérissée de piquants dans plu-
sieurs de ses parties.
— ÉTYM. 'HpuYT°î <"^ ^pÛYTfiov.
|- ÉKYNGIÉÈS (é-rin-ji-ée), s. f. pi. Famille de
plantes qui ont pour type le genre panicaut.
t ÉKYSIMON (é-ri-zi-mon), s. m. Genre de
plantes crucifères.
— ÉTYM. 'EpOai|tov.
ÉRYSIPÊLATEUX, ECSE ( é-ri-zi-pé-la-teû,
teû-z'), adj. Qui tient de l'érysipèle. Inflammation,
tumeur érysipélateuse.
— HIST. XVI" s. Phlegmon erysipelateux, pahé,
— ÉTYM. Erysipèle.
ÊRYSIPÈLE (é-ri-zi-pè-1') , s. m. Terme de mé-
decine. Inflammation superficielle de la peau avec
tension et tumeur et ordinairement avec fièvre gé-
nérale.
— REM. Erysipèle a été quelquefois fait féminin
au xvii' siècle ; Ces maux étaient .... une petite éry-
sijièle ou érésipèle sur le ventre, que j'ai encore et
qui m'inquiète beaucoup de temps en temps par les
cuis.sons qu'elle me cause, rac. Lett. à son fils,
25 avril t698.
— HiST.xiv's HerisipiUe, quant elle est causée....
II. DE MONDEVILLE, f° 48. || xvi* S. Ils sont subjels
aux herpès, erysipeles et autres pustules choléri-
ques, paré, Introd. vi.
— ÉTYM. 'Wallon, régipel; provenç. et espagn.
crisipila, s. f . ; ital. risipilo; do êpusÎTttXaç, de
Ipudà; pour ipuOpi;, rougo, et TiÉXa? outiéXo;, peau;
mot inusité qui ne se trouve que dans le composé
âne/oç.
t ÊRYTIMîMATIQlTE (é-ri-té-mï-ti-k'), adj. Qui
a rapport à l'érythème.
t ÉRYTUÈME (é-ri-tê-m'), s. m. Terme de mé-
decine. Exanthème non contagieux, caractérisé par
des taches ronges disséminées sur la corps.
— ÉTYM. 'EpûOirina, rougeur.
t JÎRrrURÉE (é-ri-trée), adj. f. Usité dans cette
locution : la mer Erythrée, la mer Rouge. || S. {.
Genre de plantes gentianées, renfermant la petite
centaurée.
— ÉTYM.'EpuOpaïoç, rougeitre, de èpuOpôç, rouge.
t ÉRYTURIN (é-ri-trin), t. m. Sorte de poisson.
— ÉTYM. 'EpuOpîvo;, de èp^epo;, rouge.
t ÉRYTIIRINE (é-ri-tri-n') , t. f. Terme de chimie.
Matière colorante extraite de la roccelle des teintu-
riers (lichens) et non colorée paroUe-môme, mais
devenant d'un beau rouge violet sous l'influence de
l'air et de l'ammoniaque, legoarant.
— ÉTYM. 'Voy. ÉRYTiino.
f ËRYTURO.... mot employé en composition qui
signifie roufre et qui vient du grec IpuSpàj, rouge.
t ERYTllROCARPE (é-ri-tro kar-p'), adj. Terme
de botanique. Oui a des fruits rouges.
— ÉTYM. Érylhro.... et xapTtôi;, fruit.
t ÉRYTIIROtJÎPUALE (é-ri-tro-sé fa-1') , adj.
Terme d'histoire natureUe. Qui a la tête rouge.
— ÉTYM. Érythro.... et xsça).r|, tête.
t P.RYTHROCËRE (é-ri-tro-sê-r'), adj. Terme do
zoologie. Qui a les antennes rouges.
— ÉTYM. Érythro.... et xÉpoc;, corne.
t ÉRYTHRODACTYLE (é-ri-tro-da-kti-1' ), adj.
Terme de zoologie. Qui a les doigts rouges.
— ÉTYM. Érythro.... et 8àxTv).oç, doigt.
t ÉRYTHRODERME (é-ri-lro-dèr-m') , od/. Terme
do zoologie. Qui a la peau rouge.
— ÉTYM. Érythro.... et derme.
t ÉRYTUROGASTRE.(é-ri-Ho-gastr') , adj. Terme
de zoologie. Qui a le ventre rouge.
— ÉTYM. Érythro.... et yaiTi^p, ventre.
t ÉRYTIIROÏOE (é-ri-lro-i-d'), adj. Terme di-
dactique. Qui est d'une couleur rougeâtre. || Terme
d'anatomie. Tunique érylhroïde, ancien nom de
l'enveloppe musouleuse et rougeâtre du testicule.
— HIST. XYI» s. Les parties naturelles sont toutes
celles qui sont contei.ues dans la circoLSCripfon
universelle du péritoine et apophyses œrythroîdes
qui enveloppent en second lieu les testicules, paré,
I, t.
— ÉTYM. 'EpuôpoEiSf,;, de IpuOpè;, rouge, et
eISo;, apparence.
t ÉRYTHROLOPHE (é-ri-tro-lo-r), adj. Terme de
zoologie. Qui porte une huppe rouge.
— ÉTYM. Érythro.... et >,6?o;, huppe.
tÉRYTHRONE (é-ri-lro-n'), s. f. Petite plante
bulbeuse des Pyrénées et des Alpes, vulgairement,
dent de chien et vioulte, erythronium dens canis,
L. (liliacées).
— ÉTYM. 'Epuepè;, rouge.
I ÉRYTUROPE (é-ri-tro-p*), adj. Terme d'histoire
naturelle. Qui a les pieds ou pédicules rouges.
— ÉTYM. Érythro.... et itoO;, pied.
t ÉRYTIIROPUYLLE (é-ri-tro-fl-1') , adj. Terme
de botanique. Qui a les feuilles rouges. || S. f. Nom
de la matière colorante des feuilles qui prennent
une teinte rouge au moment de leur chute, et de
celle des fruits qui présentent la même teinte.
— ÉTYM. Érythro.... et (pûXXov, feuille.
t ÉRYTHROPTÈRE (é-ri-tro-plê-r'), adj. Terme
de zoologie. Oui a les ailes ou les nageoires rouges.
— ÉTYM. Érythro.... et uTEpôv, aile.
t ÉRYTHROSE (é-ri-trô z') , s. f. ferme de chimie.
Matière colorante extraite des différentes rhubarbes
par l'acide nitrique.
— ÉTYM. 'Epuepoç, rouge.
t ÉRYTIIROSPERME ( é-ri-tro-spJr-m' ) , adj.
Terme de botanique. Qui a des graines rouges.
— ÉTYM. Érythro.... et <r:tép(ia, graine.
I ÉRYTHROSTOME (é-ri-tro-sto-m'), adj. Terme
de zoologie. Qui a la bouche ou l'ouverture rouge.
— ÉTYM. Érythro.... et aniia, orifice.
t ÉRYTIIROTIIORAX ( é-ri-tro-to-raks') , adj.
Terme de zoologie. Qui a la poitrine rouge,
— ÉTYM. Érythro.... et thorax.
t ÉRYTIIRO'XYLE (é-ri-tro-ksil'), adj. Terme de
botanique. Qui a le bois rouge.
— ÉTYM. Érythro.... et {û),ov, bois.
f ES.... préfixe, répondant à la préposition latine
ex, dont les sens sont très-variés (grecèÇ).
ES (ê devant une consonne, bachelier ê lettres ;
plusieurs prononcent 1'» : es' lettres; devant une
voyelle l'j se lie : ê-z arts), prép. Dans les. bache-
lier es lettres. Licencié es lettres. Le lion, pour bien
gouverner, 'Voulant apprendre la morale, Se fit
un beau jour amener Le singe maître es arts chez
la gent animale, la font. Fahl. xi, 5, )| Il est en-
core usité en jurisprudence dans cette locution :
'Verser une somme es mains d'un tel. || Hors de
là, es est ou archaïque, ou dit par plaisanterie
avec affectation d'archaïsme. Le bien qui se trouve
es cho.'ies tem|)oreUes, pasc. Prov. 9. Encore que le
pape soit souverain es choses spirituelles, m. ib. (8.
S'il advient que ces pttits V£r.s-ci Tombent es
mains de quelque galant homme, volt. HuU du
pape. Le vilain que ledit procureur du roi par son
serviteur le gendarme a fait constituer es prisons,
p. t. COUR. I, 176.
— HIST. X' s. Es périls, Fragm. de Valenc. p.
407. Il xiii" S. Et longuement avez es bois esté per-
due, Derte, lu. Autre amor naturel i a Que nature es
bostes créa, la Rose, B788. || xiv* s. C'est la puissance
vegetlativequi estes plantes, c'est assavoir es herbes
et es arbres , et si est es bestes et es hommes, oresme,
Elh. 30. Il XV* s. Le duc de Bourgogne fit une che-
vauchée es marches de Picardie, froiss. ii, h, t.
Nourri es anciennes guerres de France et d'Angle-
terre, coMM. I, 2. Il XVI* s. Cette tragédie que le duc
d'Albe nous fait voir ez comtes do Horne et d'Ai-
guemond, mont, i, 30.
— ÉTYM. Contraction de en les, comme des pour
de les.
t ESBR0U1''E (è-sbrou-P), ». m. Terme populaire
et trivial. Faire de l'eshroufe, faire ses esbroufes,
faire de l'embarras, se donner de grands mouve-
ments pour rien.
— ÉTYM. Ch. Nlsard, Revue de l'Instruction pu-
blique, 2 aol5t <860, trouvant dans des textes an-
ciens esioufer pour éclater, rejaillir, pense que
c'est le même mot; cela est possible, bien que l'é-
penlhèse de l'r au milieu du mot fasse difficulté.
f ESBROCFER (è-sbrou-fé) , v. a. Terme popu-
laire. Imposer à quelqu'un, l'interdire. Rien qu'en
le regardant, je l'ai esbroufe.
— ÉTYM. Esbroufe.
t ESBROCFHUR (è sbrou-feur) , ». m. Terme po-
pulaire. Celui qui fait de l'esbroufe. Il a l'air de
quelque chose, mais ce n'esi qu'un «sbroufeur.
— ÉTYM. Esbroufe.
tESBROCSSER (.S') (è-sbrou-sô), «. rifl. Terme
populaire. S'esquiver.
— HIST. XIII* s. Quant II vassai s'estend et il «'es-
bruce. Et si li enfle li cuers com une puce, flomati
d'Atidigicr, ms. dans lacurne.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et l'ancien verbe brosser,
brousser, passer au travers. t
ESCABEAU (6-ska-bô), s. m. Siège de bois sans
bras, ni dossier. La terre est appelée dans l'Écriture
l'escabeau des pieds de Dieu, bourual. Hyst. Très-
st sacrem.
— HIST. XII* s. Exalcez le Segnur nostre Dieu, e
aorez le scamel des piez de lui, Liber psolm. p. (43.
Il xm* s. Essauciez nostre Seigneur Dieu, et aourei
l'eschamel de ses piez. Psautier, ftis. || xv* s.
Et le roy se vint seoir sur ung escabeau, comm. iv,
8. Il XVI* s à ma destre te sieds. Tant que t'aurai
renversé et fait estre Tes ennemis le scabeau de tes
pieds, MAROT, IV, 321.
— ÉTYM. Bourg, escaibeau ; wallon, hame; na-
mur. c/iame ; provenç. escabel; catal. escambèll ;
espagn. escabelo ; iiiil. sgabetlo ; du lnl'm scabcllum ,
diminutif de scamnum, qui a donné dans l'ancien
français escaine, d'où aussi eschamel.
t ksCABÉCUER (è-ska-bé-ché) , v. a. Terme de
pêche. Préparer les sardines pour les conserver.
— ÉTYM. Provenç. escabessar, décapiter, de es,
et cabessa, tête.
ESCABELLE (è-ska-bè-1') , s. f. Synonyme d'es-
calieau. Ma chambre est petite, à peine suffit-elle
Pour un lit, une table, avec une escabelle, desmar.
Fisi'o»uiatre, iv, 4. Soudain nous entassons pour
défenses nouvelles. Bancs, tables, coffres, lit cl
jusqu'aux escabelles, corn, le ilent. ii, 5. Un tapis
tout usé couvrit deux escabelles, la font. Phil. et
Baue. Il Fig. Déranger, renverser les escabelles i
quelqu'un, rompre toutes ses mesures. M. de Beau-
villier fut des premiers favorisé de ces dîners [où
venait Mme de Maintenon], jusqu'à ce que Godet en
renversa les escabelles, et arrêta tout court les
progrès de Fénelon qui s'était fait leur docteur,
ST-siMON, 414, (94. Il Remuer ses escabelles, déména-
ger; et fig. changer d'état, de fortune, de situation.
— HIST. XV" s. Deux scabelles prisées ensemble
seize deniers parisis, Bullet. du Biblioph. mai 1863,
p. 233. Il XVI" s. Faut que le malade soit assis sur
une escabelle, paré, viii, 25,
— ÉTYM. Voy. escabeau.
t ESCABELON ( è-ska-be-Ion ) ou ESCABLOλ
(è-ska-blon) , s. m. Terme d'architecture. Piédestal
sur lequel on place un buste, un vase, etc. dans
les galeries et les cabinets.
— ÉTYM. Voy. escabeau.
ESCACUE (è-ska-ch'), s. f. Mors ovale.
— ÉTYM. On indique le celtique: bas-breton,
gweskein, mors. Mais il est probable que escache se
rattache, à cause de la pression exercée, au verbe
écacher (rs-cacher) ; d'autant plus que l'ordonnance
de lB8fl dit escacher l'or, escacheur d'or, pour tirer
l'or, tireur d'or.
ESCADRE (è-ska-dr'; Chifflet, Gramm. p. (87,
dit que l'o est long : escadre; cette prononciation
est abandonnée), s. f. Réunion de vaisseaux do
guerre sous un amiral. Chef d'escadre, aujourd'hui
contre-amiral. Escadre d'évolution. Escadre d'ob-
servation. Il Anciennement, division d'une flotte.
— HIST. XV* s. Chascun conductier, chief d'esca-
dre et de chambre, sera tenus de chevauchier ave«
ceux de sa charge, du canoë, atliqurta. Leurs ba-
tailles d'Italie n'ont point accoustumé d'eslre telles '
car ils combattent escadre après escadre ; et du.-i
quebiuefois tout le jour sans ce que l'un ne l'autr»
gagne, comm. viii, 6.
— ÉTYM. Ital. squadra, brigade, de quadro,
carré, à cause de la forme des bataillons (voy.
CARRÉ). Du sens de bataillon, il a passé à celui du
réunion de vaisseaux. Escadre est entré dans le
français au xv" siècle, venant de l'italien; aupara-
vant'le français avait esquiere, plus souvent altéré
en eschiele,'eschde, bataillon, troupe de guerre,
qui est le provençal esqueira; ital. schtcra ; bas-lal.
scara; du germanique : haut-allem. scara; allem
mod. Sehaar.
+ ESCADRILLE (6-ska-dri-ll' , Il mouillées, et
non è-ska-dri-ye),t. f. Escadre de vaisseai>ï légers,
comme frégates, corvettes, etc.
(IIST. XVI* s. M. de Lezigny accompagné de sa
squadriUe de commissaires et clercs des vivres,
CARLOix, IV, 14. Et quelques scouadriUes de gens
ramassés, m. v, 3,
f.TVM. Diminutif d'e.îcadr«. On voit par 1 histo-
rique que escadrille signifiait petite escouade, et
que ejcouad* est le même mot que escadre.
tm ESC
ESCADBO.V (».U-dron). i. m- Il 1* Troup« de
co»N. Cid, I,» Un
ns do joio, ID. Kodag
MmUlUoI', f
l«ur MOI MO»
fT (u1i?r.i IT.>.i'"-.il à r.nstant des escadron»
l^œit <:onlr. la mémo main qui les avait semé»,
mTMéiit II, ». Il f"»- l»*-! mi'i'sl'-e' •'" «^'e» 'f
Moadrons' nolianl» (le. rciit», le» nu.igos] Enlrat-
ntnnl »»n» chou animaux, habilants, la font.
mi. ttHauci: Il »• Toute espèce de bajide, com-
parée * un c%cadron de guerre. 0 élernel, veillez
sur «Ile; anwe» saint», rangez à l'entour vos esca-
dron» inrisilile», et faite» la gnrde autour d'une
princcMe ai grande et si délaissée, Boss. Duch.
(TOrl. Un esca<lron coifTé [les femmes] d'alwrd
court A son aide, boil. Soi. x. Ft partout des plai-
deur» le» escadron» épars, id. Lut. i. Ou'il trouve
de p*<lants un escadron fourré, id. Sat. viii. || Es-
cadron volant, parti de cardinaux qui, dans un
conclave, font profession de n'cmbmsser les intérêls
d'aucune cour. Le premier pas que (it l'escadron
volant, dans l'intervalle des neuf jours, qui sont
employés aux obsèf|ues du pape, fut de s'unir avec
le cardinal Darberin, hetz, Mém. t. iv, liv. V,
p. 191, dans POUCFNS, au mot obsfques. || Fig.
Puisque les épitres liminaires sont la plupart lon-
gue» et ennuyeuses, et que ces gros escadrons de
helles parole» dont elle» sont composées.... scabr.
Yirg. v, Éi'<tre.\\3' Aujourd'liui, en termes mili-
taires, division d'un régiment de cavalerie, cora-
DJandée par un capitaine. Former un escadron. La
télé, le llano d'un escadron. || Chef d'escadrons
dan» la cavalerie ; chef d'escadron dans l'artillerie
et l'état-major, grade au-dessous de lieutenant-co-
lonel, au-dessus de capitaine.
— IIIST. XVI' s. Oulire plus fist venir pour son
renfort Le tiers scadron, qui feisl terrible effort,
J. MABOT, V, «30. Devant le roi tous leurs quatre
escadrons S'en vont fuyant, id. v, 134. De mil' au-
tres vertus cachées L'n long escadron j'apperçoy,
nr BP.LLAY, V, 17, verso, llsn'alleri'nt gueres loing
qu'ils ne trouvassent aucuns escadrons de gens de
pied, qui.... M. DU bellay, bo». Scadrons de ca-
vallerie ligicre, cabl. iv, M. Un escadron de Sor-
boniste», Sat. Uin. p. 105. Le moyen de la rendre
fnotre gendarmerie] insuperable est do l'iiccoustu-
mer de comlmttre en esquadron, langue, 292.
— £tym. Ital. sqfuadrone, de squadra, troupe de
guerre (voy. escadre).
ESCADRONXF.R (è-ska-dro-né), e. n. Terme d'art
militaire. Faire des évolutions propres à la cava-
lerie. D.-ins huit jours, il ira s'y élallir avec toute
cetle noblesse, pour lui apprendre àescadronner et
les accoutumer à un air de guerre, sév. BS9. On n'y
npprend [à l'école des mousquetaires] que l'exercice
et à oscadronner, st-simon, *7( , î3a.
— ÉTYM. E\cndrnn.
^ FJîCADRONNlSTE (è-ska-dro-ni-sf), ». m. Car-
dinal qui apiiai tient à un escadron volant (Toy. es-
cadron).
•J FJlCAFE (*->ka-r), ». f. Au jeu de ballon, coup
de pied donné au ballon pour le renvoyer.
— tTYM. Même radical que Mfa/igMOn.
t ESCAFIGNON (6 ska-fi-gnon) , ». m. Terme
Tleilli. Sorte de chaussure légère. Sentir l'escafi-
(tnon, sentir mauvais des pieds. Gousset, escafi-
gnon, faguenas, cambouis. Qui formez ce présent,
que mes yeux réjouis. Sous l'aveu de mon nez,
lorgnent comme un fromage, X qui la puanteur
doit o^me rendre hommage, Que vous avez d'ap-
pas, que toire odeur me plaît I st-auand, le
Cantnl.
— IIIST. ty s. De bon» hamois, de bons chau-
çons velus, D'escafllon», de soUers d'abbaye, bost.
DESCil. Potsiei m», dans lacurnk.
— ETYM. Scheler le tire de escafrr, échauffer, &
cause du sens de puanteur ; mai» ce sens est dérivé.
La forme ancienne est escafilon, et se rapporte à
tteafihiie.
t F-SCAFILOTTF, (ê-ska fl-lo-t*), ». f. Côte de
biruf qui a été perforée par les fabricants de moules
à bouton».
— IIIST. IV» s Puis juien» aux papelotles, X
Wf « voler aval vent Une plume ; et s'ai moult sou-
Tent TamUié en une escifotte La poudrette parmi
jn* colle , ruoiss. Potutt mit. dan» lacdunk.
nî''j'' '■''^*'""i '"e" une grnnde et longue co-
qunu de moule de riviem dont le» femme» en Pi-
cattlio M servent pour amasser la crème de dessus
M Utl pour en faire du beurre, nicot.
j«««gnon), à oaiu, de U forme, du Utin «copha.
ESC
ESCALADK (è-ska-la-d'), t. f. || f Attaque, as-
SI.UI à l'aide d'échelles. Monter & l'escalade. 11 va
donner au château l'escalade, la font. Fiancie.
Prague emportée d'assaut le 28 novembre loai par
Jean George, électeur de Saxe, et par escalade le
même jour 2» novembre I74i par son arrière-petit-
lils, MAaMONTEL, Êlém. Ult. aHuvret, t. viii, p.
3«5, dans pour.KNS. || 2" Action d'un voleur qui s'in-
troduit quelque part en franchissant un obstacle,
mur ou haie. Est qualifiée escalade, toute entrée
dan» les bâtiments, cours, basses-cours, édifices
quelconques, jardins, parcs et enclos, exécutée
par-dessus les murs, portes, toitures ou toute autre
clôture, Code pénal, art. 397. Vol k l'escalade.
— HIST. XVI' s. Et seroyent ordonnez six mille
hommes pour présenter et donner des escalades,
tant pour amuser que pour estonner les ennemis,
LANGUE, 462. Us emportèrent d'escalade la ville de
Garnache, d'aub. llist. il, 374, Ils retournèrent à
l'eschalade, trouvans plus seur (si la hauteur des
eschelles leur eust permis) de.... id. n, 204.
— ETYM. Ital, scalata, de scalare, écheler, du
latin scala, échelle (voy. échelle).
ESCALADÉ, ÉE (è-ska-la-dé , dée), part, passé.
Un mur escaladé,
ESCALADER (è-«ka-la-dé) , r. a, || l'Attaquer,
emporter par escalade. Escalader une forteresse. Les
géants voulaient escalader le ciel. Je crains ... Que
ce nouveau Titan n'escalade les cieux, boil, Sat. iv.
Il Absolument. Louis XIII mena lui-même [à Suze]
ses troupes aux retranchements et les escalada à
leur tête, l'épée à la main et poussé par les épaules
pour escalader sur les roches et sur les tonneaux et
sur les parapets , st-simon, 8 , 96. || î' Monter
dans une maison par les fenêtres; passer par-dessus
un mur de clôture. J'escalade les murs, gagne une
galerie, rotrob, Vencesl. iv, 2. De leur jardin on
pouvait Irès-aisément escalader le petit mur qui le
séparait de mon donjon, J. J. Bouss. Confess. xi.
Il Par extension. Eussent-ils été [des fruits) au haut
d'un arbre, il l'escaladait pour les apporter à sa
sœur, BEBN. DE ST-piEBRE, Paul et yirg,
— ETYM. Escalade.
+ ESCALADON ( è-ska-Ia-don ) ou ESCALADOC
(è-ska la-dou), ». m. Espèce de dévidoir pour la
soie,
ESCALE (è-ska-l') , s. f. Terme de marine. Ville
maritime de la Méditerranée ou, plus parliculière-
ment, des Etats barbaresques, oii les navires du
commerce abordent. || Faire escale, relâcher ; pen-
dant un voyage, dont le but est déterminé, s'ar-
rêter dans un ou plusieurs ports sur sa route pour y
décharger ou charger des marchandises, pour y tra-
fiquer, JAL. Il Nom des marchés établis le long du
fleuve Sénégal, où se traite la gomme,
— lliST. XVI' s. Je retourne faire scale au port
dont suis issu, hab. Gorg. i, ». Et fist crier par les
soldats : escalle, escalle [échelle], à la sape, à la
sape, CARLOlX, V, 6.
— ETYM. Ital. scala, échelle (voy. ce mot), parce
qu'on descend à terre à l'aide d'une échelle.
t ESCALER (è-ska-lé), r. n. Terme de marine
employi!' dans le Levant. Relâcher.
— ETYM, Esrale.
i ESCALETTE (è-ska-lA-t*), », f. Cube de bois
équarri qui sert pour la lecture du dessin des
soieries.
ESCALIER (è-ska-lié ; l'r ne se lie jamais ; au
pluriel, r» se lie : des è-ska lié-z élégants), », ni.
Il 1* Suite de degrés qui , dans un bâtiment ou
autre part, sert à monter ou à descendre. Au vesti-
bule obscur il marque une autre place. Approuve
l'e.scalier tourné d'autre façon, hOiL. Art p. iv. Dans
le temps qu'il fait un salon, il ne prévoit pas qu'il
faudra faire un escalier convenable, fén. Tél. xxu.
Des célestes palais escalier magnifique, delille.
Paradis perdu, m. Prés de St Jean de Latran est
l'escalier saint, transporté, dit-on, de Jérusalem à
Rome; on ne peut le monter qu'à genoux, stael,
Corinne, v, 3. || Terme de charpente. Escalier cir-
culaire, escalier dont les limons sont cintrés et toutes
les marches triangulaires, jj Escalier déroW, esca-
lier placé dans les endroits cachés d'une maison,
j] Terme de marine. Escalier de commande , escalier
mobile pl.icé sur le côté de tribord d'un vaisseau en
rade lorsqu'il e.st monté par un amiral. 1| %' Machine
pour élever l'eau par échelons. || 8" Terme de zoo-
logie. Coquille univalve.
— RKM, Dans quelques province», on dit esca-
lier pour degré : monter les esr.alier» quatre à
quatre. C'est une faute ; escalier , étymologique-
menl, est collectif et signifie une réunTon de de-
Igrés. Hais on pourra mettre le pluriel en parliint
ESC
d'escaliers partiels : les difl'érents escaliers d'une
maison, ou les escaliers des différents étages; cou-
rir dans les e.scalier».
— IIIST. XVI' s. Le moine l'ayant conduit jiisques
dan» l'escallier de la chambre, d'aub, //ii(. ii, 473.
Aisée montée aux estages du logis, par escalier-à-
repos, vis, ou autrement, o. de serbes, îO.
— ETYM, Provenç. escalier; espagn, scalere, ba»-
lat. »caiart«m; de scala, échelle (voy. échelle).
ESCALIN (è-ska-lin) , ». m. Monnaie des Pays-Bas
qui vaut soixante-cinq centimes environ.
— HIST. XIII* s. Quant li rois Richars vit qu'il ot
falli, si traist au conte de Flandres et au conte
de Champagne, et tant lor doua de ses eskallins
que U jurèrent la mort le roi, Chr. de Raim,
p. 43.
— ÉTYM. AUem. Schilling; hoU. schelling ; angl.
»he(it>ig.
t ESCALOPE (è-ska-lo-p'),». f. Terme de cuisine.
Tranches de veau ou de toute autre viande apprê-
tées d'une manière particulière. Escalopes de per-
dreaux, de foie, etc. || Sorte d'assaisonnement.
.— ETYil, Ane, franc, escaïopc, coquille : La limace
gole son cors De l'escalope toute fors, buteb, ii,
215, L'escalope, étant une tranche mince, a peut-
être été dite ainsi parce qu'elle est roulée en forme
de cornet ou coquille. Escalope, au sens de co-
quille, tient au germanique : allem. Schale, écaille.
f ESCALPE (è-skal-p'î, I, f. Action de scalper.
Le couteau d'escalpe est à ta ceinture, chateaubr.
Natch. IX, 398.
— ÉTYM. Voy. SCALPER.
t ESCAMETTE (è-ska-mè-t") , ». f. Terme de com-
merce. Toile de coton du Levant.
ESCAMOTAGE (èska-mo-la-j'), ». m. jj !• L'art,
l'action de l'escamoteur. L'escamotage accompli
[un mouchoir dans lequel il y avait une lettre d'a-
mour étant pris adroitement] , M, de Livernois se
redressa et passa outre d'un air calme, cii, de Ber-
nard, la Chasse aux amants, 61. || a- Fig. Action
de dérober subtilement. La loterie offre le hideux
spectacle d'un gouvernement exerçant le plus vil
des escamotages, et mettant l'innocence, le bien-
être des hommes au misérable prix de quelques
millions, Mirabeau, Coiiecd'o», t. iv, p. 249.
— ÉTYM, Escamoter.
t ESCAMOTE (è-ska-mo-f), ». f. Petite balle de
liège qui sert à escamoter avec les gobelets, fj En
général, objet que les saltimbanques escamotent.
— ÉTYM. Voy. escamoter.
ESCAMOTÉ, ÉE (è-ska- mo-té, lée), part, passé.
Une muscade adroitement escamotée.
ESCAMOTER (è-ska-mo-té), v. a. \\ 1' Faire dis-
paraître quelque chose par un tour de main, un
tour de gobelet, ou de toute autre manière. Esca-
moter une carte. || Absolument. Ce prestidigitateur
escamote bien. |1 2° Par extension, dérober sublde-
ment. Assemblés autour du carrosse pour en esca-
moter les oranges, hamilt. Gromm. to. Monsieur
que voilà vous a escamoté 60 pistoles et la montre,
ST-SIMON, t37, 152. C'est lui qui m'escamola le dia-
mant que m'avait donné la princesse, volt, le
Blanc el le Noir. || Fig. Des courtisans avides et
officieux qui, dans ces occasions [événements im-
portants], se postent sur les avenues pour esca-
moter la nouvelle d'un pauvre courrier, hamilt.
Gramm. 6. Nous tenons le présent dans nos mains;
mais l'avenir est une espèce de charlatan qui, en
éblouissant nos yeux, nous l'escamote, fontenelle,
dans DKSFONTAiNEs. Tu pourrais bien aussi escamoter
Dorante à ta maîtresse, Marivaux, Jeux de l'atn. et
du hns. I, 6. Il 3' Terme de broderie. Tirer les ex-
trémités des fils d'or ou de soie du côté de l'enver»
de l'étolTe. || i' Terme militaire. Escamoter l'arme,
supprimer, dans le maniement du fusil, certains
mouvements prescrits par l'ordonnance, afin d'ac-
célérer la charge.
— ETYM. Espagn. escamofor et escamodar, chan-
ger les choses de place, terme de bohémiens. Là
s'arrête ce que nous savons sur ce mot; ni commii-
lare de Ménage, ni squama, indiqué avec doute
par Diez, ou le gaélique com, tromperie, ne don-
nent rien d'assuré.
ESCAMOTEUR (è-ska-mo-leur), ». m. || !• Celui
qui escamote. || 2° Fig. Escamoteur, escamoteuse,
celui, celle qui dérobe subtilement.
— ETY»1. Escamoter.
t ESCAMPATIVOS (è-skan-pa-ti-vôs'), f. m. plur.
Faire des escampativos, s'échapper furtivement,
faire une absence furtive. Ah I je vous y prends
donc, madame ma femme, et vous faites des es-
campativos pendant que je dors, mol. G. Dandin,
III, R. Il Ausing.tv »uis lais d'attendre, je m eu
ESC
ESC
ESC
1485
\at3 faire un petit escampativos et daiisur ici moi-
même, si tu ne viens tout à cette heure, Francion,
Uv. IV, p. <B6.
— ÉTYM. Forme burlesque tirée d'escamper, ou,
peut-être, le latin macaronique escampate vos.
ESCAJfPER (è-skan-pé), t'. n. Terme familier,
fie retirer, s'enl^uir en grande hâte.
— HIST. XV' s. Comment, y estant prins Bertrand
de Guesclin, le roy Henry fut contraint d'eseamper,
après s'y estre porté fort vaillamment, froiss. liv. i,
p. 321 , dans LACUHNIÎ.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et champ : prendre les
champs.
KSCAMPETTE (t-skan-pè-f), s. f. Terme fami-
lier, usité seulement dans cette phrase : prendre
la poudra ou de la poudre d'escampette, s'enfuir.
— ETYM. Diminutif de l'ancien substantif es-
campe : Il eut une fois un laquais d'Auvergne qui
luy avoit desrobé dix ou douze escus, et avoit pris
Fescampe, hes accords, Contes de Caulard, f° 22,
dans LACURNE (voy. escamper).
t KSCAP (6-skap), s. m. Terme de fauconnerie.
Faire l'escap, donner l'escap à l'oiseau, lui faire
connaître son gibier.
— ÉTYM. Voy. ESCAPER.
ESCAPADE (fe-ska-pa-d') , s. f. Action de s'échap-
per d'un lieu, en manquant à un devoir pour un
plaisir ou un caprice. On le mit chez un autre maî-
tre, d'où il faisait des escapades, j. j. rouss. Conf.
I. Mme de la Touche , qui fit une escapade en
Anpleterro avec le duc de Kingston, iD. ib. vu.
Il Terme de manège. Action subite d'un cheval qui
s'emporte et refuse d'obéir à son cavalier. || Fig.
Acte par où l'on s'échappe des règles de la bieur
séance ou du bon sens.
— HIST. XVI' s. Voyez ses allures [de Plutarque]
au daimon de Socrate ; o Dieu I que ces gaillardes
escapades, que celte variation a de beauté ! mont.
IV, 137. I! fut délivré de prison fort secrettemeht;
les seize accusent promptement le président Brisson
et les conseillers l'Archer et Tardif d'avoir favorisé
l'escapade [évasion], d'aub. llist. ni, 2r.8.
— tTYM. liai, scappala, de scappare (voy. échap-
per). On trouve eschapeillon , au xv siècle : Et ne
l'eussent pas baillée au bon homme, si ce ne fusl
ung petit eschapeillon que elle avoit fait en sa jeu-
nes.se. Les <6 joyes du mariage, p. 40.
ESCAPE (è-ska-p'), s. f. Terme d'architecture. Le
fût d'une colonne; et, proprement, la partie infé-
rieure et la plus proche de la base. || Adoucissement
qui lie et accorde avec les fûts des colonnes les
filets qui terminent les fûts dans certaines ordon-
nances, tant par en haut que par en bas.
— ÊTYM. Lat. scapus, fût.
■)■ ESCAPER (é-ska-pé) , V. a. Terme de faucon-
nerie. Mettre le gibier en liberté pour lâcher l'oiseau
de proie à sa poursuite.
— ÉTYM. Autre fornoe d'échapper.
f ESCAPODLER (è-ska-pou-lé) , v.a. Terme de
métallurgie. Dégrossir dans la forge.
t ESCARBILLE (è-skar-bi-ll'. Il mouillées, et non
è-skar-bi-ye),s. f. Portion de houille qui, ayant échap-
pé à la combustion, reste mêlée avec des cendres.
— ÊTYM. Forme diminutive tirée du latin carbo.
charbon, de la même façon que escarboucle vient
de carbunculus.
t ESCARBIT (è-skar-bif) , s. m. ou ESCARBITE
(è-skar-bi-f), s. f. Terme de marine. Petit vase de
bois dont les calfats se servent pour mouiller leurs
ferrements et l'étoupe.
ESCARBOT (fe-skar-bo ; le ( ne se lie pas dans le
parler ordinaire; au pluriel, l's se lie: les è-skar-
bo-zet...; escarbots rime avec repos, travaux), s.
m. Insecte du genre des scarabées. Le trou de l'es-
carbot se rencontre en chemin , la font. Fabl. ir, 8.
M. Gleditsch s'est assuré qu'un seul escarbot peut
enterrer une taupe en entier dans le court espace
de vingt-quatre heures, bonnet, Contempl. nat.
XI, B, note 10. Il Nom du hanneton vulgaire dans
certaines contrées. || Adj. et par plaisanterie. Quand
la gent escarbote Est en quartier d'hiver, et, comme
la marmotte, Se cache et ne voit point le jour, la
FONT. Fabl. Il, 8.
— HIST. XIV' s. Esoorpion est beste petite semblable
à escharbût, fors que il a queue, n. de mondeville,
f° 86 , verso. Il xv s. Escharbot qui naist en fiens
de cheval, Gloss. du xv siècle. Plus enflée qu'ung
venimeux scarbot, villon. Bail. \\ xvi' s. Les es-
carbots meurent à l'odeur des roses, pare. Ani-
maux, 21.
— ÉTYM. Berry, écharbol; du latin scardbmus;
grec, cxàpa6o;, scarabée; provenç. escaravat; ital.
icarabone
ESCARBOUCLE (è-skar-bou-kl' ; Chiffiet, Grotiim.
p. 2^8, dit qu'on prononçait indifféremment escar-
boucle et écarboucle), i. /■. || 1° Nom que les anciens
donnaientaux rubis. || Par extension. Quand j'observe
ces nuits si pures, si tranquilles. Où le ciel est
semé d'escarboucles mobiles, bernis, Ifelig. veng.
vil. M. Pigal prendra, dans les deux escarboucles
dont la nature vous a fait des yeux, les feux dont
il animera ceux de votre statue, d'alemr. Lett. à
Volt. 30 mal 1770. || 2° Tonne de blason. Pièce qui,
embrassant le champ de l'écu, est formée de huit
rais terminés chacun par un bouton. || 3" Espèce
d'oiseau -mouche ( l'oiseau -mouche rubis-topaze).
— RE.V1. Chateaubriand a distingué à tort l'escar-
boucle du rubis : Cent degrés de rubis, d'escar-
boucles et d'éméraudes conduisent dans la demeure
de Marie au sanctuaire du Sauveur, Mart. 82.
— HIST. XI' s. L'elme [ilj li freint, où li carbuncle
luisent, Ch. de Roi. cv. Il li dona s'espée et s'es-
carbuncle, «6. cxv. X Tervagant [ils] tollent son
escarhuncle, ib. clxxxiii. *A.ssez y a carboncles [on
croyait que l' escarboucle luisait dans les ténèbres] et
lantarnes [sur les m^ts], ib. clxxxvi. || xiii* s. Ses
elmes [son haume] fu forgiés en la cit de Baudart;
Au nasel pi r devant uns escarboucles art [brille],
Ch. d'Ant. vm, »90. Mais devant ot pargrant mes-
trise Une e.scharboucle ou [au] cercle assise, la Rose,
1 106. Il xvi* s. Le charbon a pareillement similitude
à une pierre nommée escarboucle, dont aucuns lui
ont attribué ce nom, paré, xxiv, 36.
— ÉTYM. Provenç. carbuncle: espagn. earbunclo;
ital. carbonchin; du latin carbunculus, escarboucle,
diminutif de carbo, charbon.
I ESCARBO0ILLER (è-skar-bou-lI6, Il mouillées,
et non è-skar-bou-yé), v. a. Écraser. Le museau
vermoulu, le nez escarbouillé, Régnier, Sat. x.
— HIST. xvi's. Ez uns escarbouiUoit la cervelle,
ezaultres rompoit bras et jambes, RAiiEL.Garj.i, 27.
— ÉTYM. Escarbouiller ou escarbiller, réduire en
petits morceaux de charbon, en escarbilles ; bourg.
écrabnuiller .
ESCARCELLE (è-skar-sè-l') , s. f. Grande bourse
à l'antique, qui se portait suspendue à la ceinture.
Mettre la main, fouiller à l'escarcelle. Mainte pis-
tole se glissait Dans l'escarcelle de notre homme,
LA FONT. Ch. imp. Pour tout carquois, d'une large
escarcelle En ce pays le dieu d'amour se sert, m.
Jlich. Bon homme, c'est ce coup.... Qu'il faut fouil-
ler à l'escarcelle, id. Fabl. iv, 4. Tout douxl son-
geons d'abord à garnir l'escarcelle, ducerceau, Le
faux duc de Bourgogne, m, 4. St Louis reçut l'es-
carcelle et le bourdon de pèlerin, chateaub. /tin.
m, 193. Il Fig. Il pleut dans son escarcelle, il de-
vient riche, l'argent afflue dans ses mains. Le luxe
et la folie enflèrent son trésor; Bref, il plut dans
son escarcelle, la font. Fabl. vu, ti.
— HIST. XVI' S. Ouvrit son escarcelle et en tirant
de l'argent.... Nuits de Straparole, t. n, p. 447,
dans LACDRNR. Larron habillé semblablement en
gentilhomme, fouillant en la gibecière ou grande
escarcelle du feu cardinal de Lorraine, H. est. Apol.
pour Ilérod. p. <56, dans lacurne.
— ÉTYM. "(vallon, carcèle, gousset; provenç, es-
carcella; espagn. escarsela; ital. scarsella. Diez
conjecture que escarcelle est un diminutif d'e^c/iarpe
(escharp-celle); mais cette étymologie ne peut pas
prévaloir contre celle que le mot offre directement;
escharcellus se trouve dans un texte du xi' siècle
avec le sens d'avare, épargnant; l'escarcele est la
poche où l'on met ses épargnes, et vient, comme le
dit Raynouard, de l'ancien français eschars, avare;
ital. scarso; anglais, scarce; hoïland. schaars; tous
mots que Diez rattache au latin excarpsus, réduit
en volume, contracté, d'cxcarpere pour excerpere.
ESCARGOT (è-skar-go; le t ne se lie pas dans le
parler ordinaire; au pluriel, l's se lie: les è-skar-
go-z et....; escargots rime avec repos, travaux),
s. m. Il 1" Espèce de limaçon. Les yeux du limaçon
terrestre^ connu sous le nom d'escargot, sont placés
au sommet de ses grandes cornes; les petites en
sont dépourvues, bonnet, Conteiupl. nat. m, 2i,
note 6. Il Fig. Ce vilain et dangereux escargot [l'abbé
de Vaubrun aux jambes tortues] se produisit à la
cour et chercha à s'y accrocher, st-sim. 78, 4.
Il 2° Terme d'hydraulique. Machine en spirale, dite
ordinairement vis d'Archimède, servant k épuiser
l'eau. Il 3° Escalier en escargot, ou, simplement,
escargot, escalier en spirale.
— HIST. XIV' s. Limassons que l'en dit escargols,
Me'nagier, il, B.
— ÉTYM. Ch. Nisardie tire de e.?chorgai«tcr, être
en sentinelle, citant un Compost [almaiiach] de
IS33, réimpression du Compost de Uiu, oùl'on
voit une gravure représentant à droite un château
fort flanqué d'un bastion, et, sur ce bastion et au
haut de la tourelle ou escharguele , un escargot; de
sorte qu'il y eut, pour nos aïeux, peut-être à causa
des variations de la température, un rapport entre
Ye.icargot et Vescharguette. Mais il ne faut voit
là qu'un jeu de mots en image. Diez, avec raison,
conjecture q\i'escargot est de même racine que l'es-
pagnol caracol, escargot (voy. caracoler), aveo
l'épenthèse d'une s. La forme citée à l'historique
justifie cette conjecture.
t ESCARGOTIÈRE (è-skar-go-tiê-r"), ». ^. Lieu
où l'on élève des escargots pour l'alimentaticn.
— ÉTYM. Escargot.
fESCARGOULE (è-skar-gou-l") , s. f. Voy. CA»-
tharelle, champignon.
ESCARMOUCHE (è-skar-mou-ch'), s. f. Combat
entre des corps détachés ou entre des tirailleurs.
Une légère escarmouche. Il n'engageait que de lé-
gères escarmouches, et avec tant de précaution,
que .ses troupes y avaient toujours l'avanLage, rol-
LiN, Hist. anc. Œuvres, 1. 1, p. 42."., dans podgens.
C'étaient des escarmouches entre des partis, et non
des batailles entre des armées, raynal, Hist. phil.
XIX, 3. Il Attacher l'escarmouche, la mettre en ac-
tion par un premier mouvement, une première
tentative. || Par extension. Puis, s'échaufl'ant dans
l'escarmouche, L'un d'eux son adversaire touche,
SCARRON, Vtrg. V. |1 Fig. Croissi s'entremit poui
faire cesser cette escarmouche déplumes, retz, Mém.
t. II, liv. m, p. 379, dans pougens. Peu de temps
après commença contre lui la légère escarmouche
des facéties parisiennes, marmontel, Hém. vu.
— HIST. XV* s. Il est bien vrai que conquis nous
avez à l'escarmouche par vostre haulte vaillance,
Perceforest, t. v, f° 8. || xvi' s. Cela et quelques
gentilshommes volontaires présentèrent l'eîcar-
mouche, d'aub. Hist. ii, 464. Il y eut quelques uns
des Romains qui coururent après, et cela fut cause
d'attacher l'escarmouche, amyot, P. jEm. 30. Me fit
commandement d'envoyer trente chevaux en oidre
d'escarmouche [épars], Mém. d'Angoulesme, p. 45 ,
dans lacurne.
— ÉTYM. Provenç. escarrmtssa; catal. escara-
mussa; ital. escaramuza , scaramuccia ; angl. skir-'
mish; allem. Scharmûtiel ; de l'ancien haut-allem.
skerman, combattre, d'après Diez, qui cite à l'appui
l'anc. franc, escormte, combat, où le mot est dans
sa simplicité. 11 rejette par conséquent l'étyraolagie
de du Cange : haut-allem. skara, bande, et le vieux
verbe musser: la. bande qui se cache, qui est en
aguet; cela, en effet, n'est pas satisfaisant pour le
sens. On a proposé aussi le celtique : welsh, ys-
garmes, combat, du welsh gram, cri.
ESCARMOUCUER ( è-skar-mou-ché) , v. n.
Il 1° Combattre par escarmouches. On r.e combattit
point, on ne fit qu'escarmoucher. || 2° Fig. Disputer
légèrement. On n'a point approfondi la question,
on n'a fait qu'escarmoucher. Escarmouchez seule-
ment avec lui, sév. 467. M. Duveyrier, qui escar-
mouche légèrement avec finesse, bachaumont,
Mém. secrets, t. xxxiv, p. 154, dans pougens. {| S'es-
carmoucher, v. réfl. Même sens. Je travaillerais en
vain tant que le chancelier s'escarmoucherait aveo
le duc sans cesse au con.seil, st-simon, 305, 246.
C'est [l'Ëcriturej un champ de bataille où l'on s'at-
taque, où l'on s'escarmouche de bien des manières,
MONTESO. Lett. pers. 134. Mais on ne dira pas que
nous nous étions escarmouches la veille, id. ib. 54.
— HIST. xv s. Il se commença à aider et escar-
moucier d'icelle pelle pour faire place, Bibl. des
Chartes, i" série, t. v, p. 489. Et si fit-on aucun
compagnon monter sur coursiers pour escarmoucher
à eux [les Escots], froiss. i, i, 41. || xvi' s. Si la
volonté [comparée à un cheval] s'escarmouche trop
fort, il la reprime, il corrige sa rébellion, calv.
[nstit. 223. Il se meit à suivre son ennemy à la
trace, donnant sur la queue, et escarmouchant les
derniers dedans les destroits des montagnes, amyot,
Fab. 18. C'est la cause par laquelle il [Luther] s'est
si fort escarmouche, sleidan, f° 19. Elle qui estoit
toute plaisante , joyeuse et hardie , voyant cet
homme beau, gaillard et de bonne façon, commença
l'escarmoucher du coin de l'oeil, lui lançant mille
amoureux regards. Nuits de Straparole, t. H, p. 188,
dans LACURNE. Si est il vray que à qui me veult
loyalement injurier, il me semble fournir bien suffi-
samment où mordre en mes imperfections advouées
et cogneues, et de quoy s'y saouler, sans s'escar-
moucher au vent, mont, iv, <13.
— ÉTYM. Escarmouche.
ESCARMOCCUEUR (è-skar-mou-cheur) , t.m. Celui
qui va à l'escarmouche. Noirmoutier «ortit avec
<486 ESC
M* «bmui d. Piri.. pour pouM.r d» e»c.rmou.
«te«M dM iroup.. qu« «OW.PI«1.0DI d.. Mm-
'^'mn'xri' î.' Courir ç« •« U comme wcarmpu-
ebwr.âri« à là l.««r., *«i»0T, Phitop. a. E.-
etraiouch«uri de coIIm [g«n. entroprenanU auprîis
^ r*aiiD«>], DieUoguu d» tahukkau, J* )7, dan»
UCUMt.
— ÏTYM. Ktcarmouener.
f ESCAUNIJl (à->k>r-n6), v. a. Par«r , «mincir
du ciiir. .
—ETYM. E:... préfiie, et le lat. coro.eamif, chair.
ESCAROLK (è-»k»-ro-l'), ». f. || 1" Le lacluca
tcttriola, L II I* Plante potagère , espèce de chlco-
rte i largw feuilles, dite ausai acarole, cichorium
endMa, L. C'est l'escarole cultivée ut dunt on fait
dea ulailes.
— ETYM. Gène», ùeariole , eicariole ; latin bota-
oique, tcariola. Du resta origine inconnue , à
moins qu'on n'y voie la racine ikar, qui, daai les
langues germaniques, signiûe couper : l'herbe que
l'on coupe.
ESCAROTIQUB ( fc-ska-ro-ti-k' ) , adj. Fausse or-
thograpiie du Dictionnaire de l'Académie pour
escharotiqua.
I. ESCARPE (6-Bkai^p') , t. f. Terme de fortifica-
tion. Muraille de terre ou de maçonnerie qui rfgne
au-dessus du fossé du cAlé de la place : on appelle
contresnarpe le cdté opposé, jj Terme d'architecture.
Talus d'un mur jus(|u'au cordon. || Instrument pour
régler le talus d'un rempart ou d'un mur.
— HI8T. XVI* 8. Le roi entreprend un retranche-
ment de Bit pieds de gueule en ouvrage et en fonds,
faisant mettra la plus part de la terre en escarpe et
vers soi, d'aub. Mi$t. ni, m,
— Stym. Ital. searpa, talu», escarpe; du germa-
nique : scand. $carp; anc. haut-ull. tcarp; ail. scharf;
angl. iharp, aigu, tranchant. Cependant Schelcr
élève quelques doutes , demandant s'il ne faudrait
pas plutôt y voir un dérivé du latin tcalpellum, pe-
tit couteau, qui a donné l'italien scarpello.
+ 3. ESCAHPB (è-slcar-p'), t. m. Terme d'argot.
Voleur, et particulièrement celui qui ne recule pas
devant l'assassinat.
ESCARPÉ, ÉB (è-akar-pé , pée) , part. pané.
Oui a un talus fort roids , nbruot. Où le rivage de
la mer était escarpé, ff.n. Tél. vii. J'ai marché quel-
que temps dans cette Ile escarpée , volt. Triumv.
11, 4. Du penchant escarpé de ces antiques monts
Le rocher tombe, roule, et s'élance par bonds, de-
ULLt, Enéide, xil. Il avait d'abord fallu passer la
Loujaaujtied de Halo-Iaroslavelz , dans le fond d'un
repli que fait son cours, puis gravir une colline es-
carpée.... stouH , i/if(. de Nap. ix , a. || Kig. La
route qu'il [Locke] ouvre est si souvent escarpée
qu'on a autant de peina à aller à la vérité, sur ses
traces, qu'à ne pas s'égarer sur celles da Male-
brancha, condil. Trailidestytt. ch. 7.
KSCARPEllEirT (6-skar-pe-man) , <. m. || 1* Ëtat
da ce qui est escarpé. L'escarpement des monta-
Îinas, étant trts-rapide , montra en divers endroits
a grès des rochers, J. i. Roos^tedre au mar. de
Luxembourg, Corretp. t. iv, p. M, dans poucïns.
Dat lianes, chargée* de fleurs blanches ou écarla-
tet.... pendaient çt et là le long des escarpements
da la montagne, birn. di st.-p. Paul et rirg. Der-
rière aux [les Russes] et ilii haut des escarpements
de la villa , leur avant-garde plongeait ses feux sur
Dalzons, séour, llist. de Nap. u, i. jj!" Terme de
géographie. Pentes des plateaux ; monU accolés aux
plateaux; versant le plus abrupt d'une montagne.
Il 8* Terme da fortificalion. l'ente roido. L'escarpe-
ment d'un fossé. || Perpendiculaire du terrain qui
s'élève du fond du fossé au sommet du rempart, et
à la eréla des glacis.
— RTYM. Etcarper
BSCARPER (»4kar-pè), «. o. || !• Couper droit de
haut an bas, en parlant d'un rocher, d'une mon-
tagne, d'un ross4, d'une route, etc. Las vagues de
tt mer ao [de certaine* oétes] rongent le pied et
en aaetrpant tonla U hauteur en falaise, parce que
P''**' '** '■'"* '>»"'e». «« trouvant sans appui,
tombent lan* cessa dans l'eau, cuvu», Hérol. p. 3».
C est U nature du terrain qui a décidé Kutusof à
raruser ainsi eetta alla; car ici la ravin, qui escarpe
plateau du centra, est déjà à sa naissuice , sÊooa,
i-îh^!?!*- '"• •• Il »* S'ascarpar, v. rift. De-
^z!!^.J!^V*, roida, incliné. X l'endroit où les
■ntu^.. •'•"•nwnt et sa couvrent, il y avait un
- «UT. xv,. ^ Voua aUa, monUnt de rideaux
ESC
[rompes] en rideaux, aisez & escarper jusque* aux
maisons de la ville, d'alb. Ilitt. i, 2»8. Descendre
dedans le fossé pour escarper [rendre escarpée] la
brescha, m. du bellat, 6»t.
— iîTYM. Escarpe.
ESCAIlPI.V(é-skar-pin), ». m. Soulier léger qui
laisse le cou de pied découvert, et qui est à semelle
simple, excepté au talon où il y a deux épaisseurs.
Il Kig. et familièrement. Jouer de l'escarpin, s'en-
fuir. Il Par plaisanterie. Escarpins de Limoges, des
sabots, parce que les paysans limousins portent
tous des saboU. || L'escarpin, étant une chaussure
élégante, se dit pour aristocratie, richesse. Au vrai
bonheur puisqu'il mène, Le sabot vaut bien l'escar-
pin, HÉBANO. Turlupin. || 2* S. m. plur. Terme de
tanneur. Souliers pour fouler les peaux. || 3' Sorte
de torture qui consistait dans le serrement des
pieds. On lui a mis les escarpins.
UIST. XII* s. Toute dolente hors de la chambre
esi [sortit] , Desafuhlée, chaussée en eschapins,
Garin, dans nu canoë, scarpus. \\ xv* s. Aller sans
chausses en eschappin, Tous les malins, quand il se
lieve, Au trou de la pomme de pin,viLLO,N, Test, ron-
deau. Il xvi*s. Et lors, tout estant desgarni, se pré-
sente l'assaut; ceux de dedans descouverts jusque* à
l'escarpin, d'aub. llist. m, 30. L'on luy donna les
escarpins avec le feu, que l'on dit estre l'un des plus
cruelz ferments qui se peut appliquer sur l'homme,
coNDfi, Mémoires, p. 688. J'ay cette aultre pire cous-
tume, que, si j'ai un escarj)in de travers, je laisse
encores de travers et ma chemise et ma cappe : je
desdaigne de m'amender à démy, mont, iv, 67.
— ETY5I. Picard, escrepin; espagn. escarpin;
ital. scarpa et scappino ; bas-lat. scarpus. Mot dif-
ficile. Muratori la tire du latin carpisculus, sorte de
chaussure; mais carpisculus aurait donné escar-
pilte, et il manque un intermédiaire pour rendre
sûre cette élymologie. Diez ne voit dans l'italien
icarpa, chaussure, qu'un même mot avec scarpa,
escarpe, et venant, comme lui, de rallemanù
scharf, aigu , c'est-à-dire ce qui se termine en
pointe. U faut remarquer, ce qui est singulier, que,
dans une des formes italiennes et françaises scap-
pino, eschapin, l'r a disparu.
t ESCARPINER (è-skar-pi-né) , f. n. Terme fa-
milier et vieilli. Courir légèrement.
— HiST. XVI* s. Escarpiner, cotgrave.
— ÊTYM. Escarpin.
ESCARPOLETTE (è-skar-po-lè-f) , s. f. Espèce de
siège suspendu par des cordes sur lequel on se place
pour être balancé. D'une façon sadinette Se bran-
lent à l'escarpolette, BÉoHiEa, Mac. || Fig. Ne vous
proposez pas de me balancer entre la terreur et la
volupté; c'est une escarpolette sur laquelle je ne
saurais me tenir longtemps, diueb. Sur les saisons.
Il Une tête à l'escarpolette, un étourdi.
— HIST. xvi* s. Le tout ainsi arresté, et les as-
siégez aians garni les flancs de fauconnaux, et quel-
que pierrier, mettent leur femmes en sentinelles
aux autres endroit* et se trouvent k l'escarpoulette,
d'aub. 7/ij(. m, t36.
— ÊTYM. Écliarpe, d'après Ménage, l'escarpo-
lette étant une grande écharpe, sur laquelle on
s'asseyait. D'Aubigné semble donner à ce mot le
sens d'eicarpe (voy. sscahpk) : toujours est-il que
la formation en est douteuse.
t. ESCARRE (è-ska-r"), ». f. Fausse orthographe
du Dictionnaire de l'Académie pour escliare. Ce mot
n'est pas d'un usage assez vulgaire pour qu'on ne
puisse le corriger.
«. ESCARRE <è-ska-r'), ». f. Terme vieilli. Ouver-
ture faite avec violence, avec fracas. Le canon a fait
une grande escarre dans ce bataillon, dans ce mur.
— HIST. XVI* s. Aliculi, Cham et Simon allèrent
au devant, et firent un grand escarre à la teste
(front, avant-garde] de Assam; mais le gros des
Turcs arrivant au combat, Aliculi fut pris, d'aub.
/f<»l. II, S88.
— ÊTYM. Anglais, sear, cicatrice; ancien haut
allem. jcar, couiicr.
t ». ESCARRE (è-ska-r"), ». f. Terme de blason.
Pièce qui a la forme d'une équerre.
— ETYM. Le même que équerre.
t ESCART (è-skar) , ». m. Terme d'écolier. Au jeu
de barres, avance sur l'adversaire, dans la course
qu'on doit fournir. Demander de l'escart.
— ÉTYM. Sans doute le même que écart.
t ESCVltTABLE (è-skar-ta-bl") , adj. Terme de
fauconnerie. Se dit d'un oiseau fort chargé de plu-
mes qui s'élève très-haut lorsque la chaleur le presse.
t ESCACMB (è-sko-m"), ». m. Terme de pèche. Le
même que échome.
B8CAVECADB (i-ska-ve-ea-d') , a. f. Terme de
ESC
manège. Secousse du caveçon pour presser le cheval
d'obéir.
— IllST. XVI* s. Escavessade [licou] , cotgbave
— f.TVM. F.S.... préfixe, et carefon.
t ESCA VILLE (è-ska-vi-U', U mouiUées) , ». (.
Voy. canthakelle, champignon.
tESCUARE (è-ska-r'),». {. Croûte noiritre qui se
forme sur la peau par gangrène ou par application
d'un caustique ou du feu.
— HIST xiv*s. Quand l'escharre sera cheue, h. dr
MONDEviLLE, f* 68. || XVI* S. Si la brusleure est pro-
fonde, il s'y fait escarre ou crouste qui est la chair
bruslée, pabé, x , t.
— F.TVM. 'lW/_ipi, eschare, proprement foyer.
tESClIARIFlCATION (è-ska-ri-fi-ka-s;on), ». f.
Terme de médecine. Production d'une escliare.
— ÊTYM. lischare.
t ESCIIAUIFIEU (È-ska-ri-fl-é) , v. a. Produire
une eschare.
t ESOLiROTIQl'E (è-ska-ro-ti-k') , adj. Terme de
médecine. Oui produit une eschare. i| S. m. Un es-
charolique, substance qui, appliquée sur une partie
vivante, la désorganise.
— HIST. XVI* s. Faudroit venir aux médicaments
escharotiqucs, faisans crouste, paré, vu, 7.
— f.TYSl. 'Ea/afUTizi;, de iu/ipa, eschare.
t ESCUATOLÔGIE (è-ska-to-lo^jie), ». {. Terme
de théologie. Doctrine des choses qui doivent adve-
nir lors de la consommation des siècles ou fin du
monde.
— ÉTYM. ''E<TxaTo;, dernier, et Xiyo;, doctrine
(voy. logique).
t ESCHATOLOGIQCE(è-ska-lo-lo-ji-k'), a<y. Oui
a rapport à l'eschatologie. Les idées eschalologiques
tiennent une grande place dans plusieurs des Uvres
des Guèbres.
— ÉTYM. Eschatologie.
t ESCUILLON (è-ski-Uon, U mouillée», et non
è-ski-yon), ». m. Météore fort dangereux dans les
mers du Levant, trombe, siphon.
ESCIENT (è-si-an) , t. m. 11 ne s'emploie que
dans ces deux locutions adverbiales : 1° X son es-
cient, à mon escient, sciemment, avec connaissance
de cause; 2° X bon escient, sciemment, et, par
extension, tout de bon, \érilablcmeiit. Ceux que
l'abbé de Polignao avait engagés par là [par pro-
messes] voulaient voir des espèces à bon escient,
SI-SIM. 48, 60.
— HIST. XI* s. Mon escient, deus cens ans [il] a
passet , Ch. de Roi. xxxix. || xii* s. Là me souvint
des gens de maie guise Oui m'ont mis .sus men-
songe à esciant. Que jai chanté des dames laide-
ment, OUESNES, Romane, p. s». Pour Dieu conseil-
lez m'ent [de cela] U'envoier eu Herope selon vostre
esciant, Sax. ixi. Prudhome sont et sage et de bon
esciant , ib. xxi. Lur paroles n'ai pas tûtes ci en
présent. Mais de ce qu'unt requis dirrai mun es-
cient , Th. le mart. 65. ||xui* s. Cius [ce] Robiers
estoit de petit enscienl, ne riens ne savoit, Chr. de
Rains, p. 2. Lois est communs commandemanz de
sages homes et conseil, et chastiemant des torz fez
que l'en fet à escient et sans esciant, Liv. de just. i.
Il XIV* S. Li evesques de Durs a pris le sairemcnt
Des plus vaiUans de tous qui plus ont d'escient,
Guesc. 8696. Il XV* s. Et travailloient d'y mettre
gens [dans la ville] s'ilz en eussent peu finer à temps
et la deffendre à bon essient, comm. v, <6. || xvi* s.
....Soit qu'ils le facent à leur escient ou par in-
consideration , calv. Inslit. 986. La cler le disoit
de tel escient [si sérieusement] que la pauvre garse
n'eustosé faillira le croire, DESPER.Contf», x. Il n'y
a rien, en bon escient, en notre puissance que la
volonté, MONT. I, 30. Ainsi que l'on procedoit à cesie
élection, il tonna à bon escient, amïot, Uarcell. t7.
— ÊTYM. Génev. avoir de l'escient, manquer d'es-
cient; provenç. escien, ccien; du latin scientem,
part, présent de scire, savoir (voy. scjence).
t ESCIONSEMENT (è-ssi-0-ne-man), t. m. Ebour-
geonnement.
— F.TVM. J?».... préfixe, et scion.
ESCL.\IRE (è-sklê-r') , ». m. Terme de fauconnerie.
Oiseau de proie dont le corps est allongé et qui
vole bien.
t ESCLAME (è-skia-m') , adj. Terme de vénerie.
Se dit d'un animal dont le corps est grêle et menu.
Cerf esclame.
— ÊTYM. Voy. ÉCLAM*.
ESCLANDRE (è-sklan-dr'), ». m. \\ i* Bruit scan-
daleux à propos de quelque accident fâcheux, dés-
agréable. Je ne veux point d'esclandre dans ma mai-
son ; ni moi ni Toinon, nous n'en avon* que faire,
MARiVAOX , Mitrinnue, 3* part. Il n'y aura pas d'eï-
dandre; mais toute la société est au fait, riCARD,
ESC
ESC
ESC
1487
I
reliU ville, iv, 2. Croyez-moi, sans esclandre, i
nous seuls, étouffons la flamme, P. t. cour, i, 2«0.
Il Faire esclandre ou causer de l'esclandre, faire
du tapage. Tous les amours y [dans mon gîte] met-
tent garnison; En vrais soudards ils y faisaient es-
clandre, BÉRANG. Uétemf)sych. || î'aire esclandre,
éclater d'une façon scandaleuse, i.es désordres de sa
vie ont fini par faire esclandre. || Faire un esclandre à
quelqu'un, lui faire une querelle publique et scan-
daleuse. Il 2° Attaque, rixe. Le pauvre loup dans
cet esclandre, Empêché par son hoqueton, Ne peut
fiiir ni se défendre, la pont. FaU. m, 3. Quand on
n'a quun endroit à défendre On le munit de peur
d'esclandre, ID. ib. i, ». Ce n'est coup sûr en-
contre tous esclandres, ID. On ne s'avise. Vieux en
ce sens.
— HEM. F.sclandre a été du féminin : La fortune
lui trame en secret cette esclandre, iafont. Fianç.
Aujourd'hui le genre est fixé; esclandre est du mas-
culin; mais plusieurs auteurs s'y trompent encore :
Si vous vous en étiez souvenu, vous n'auriez pas
fait une pareille esclandre, angelot et dcport,
Une camarade de pension, li, 13; Ahl ah! c'est
pour cela que vous voulez , ma toute belle , une
bonne petite esclandre , fr. soulié , Les quatre
sœurs, part, iv, § 6; Condamnons par maintes es-
clandres.... SCRIBE, Nouv. l'ourc. se. 3.
— HlST. XII' s. Encuntre tun frère parlowes [tu
parlais], e encuntre le fil ta mère posowes [tu met-
lais] escandie , Liler psalm. p. 67. De sa mortel
ovre haïe E de sa laide félonie, Dunt par le munt
fu grant esclandres.... benoIt, ii, 434)7. De la des-
corde sunt entur de conseillier; Wai [malheur à]
celui par qui vient escanles d'escunbrier, Th. le
mort. 89. Il XIII' s. Mener une vie .si deshoneste que
ce soit escanlles à li et à son lignage, beaum. xii, 17.
Mfcs s'il fussent garnis de meurs et bien letrez, Ja-
mais par symonie ne fussent enmitrez , Dont Diex
et la gent laie les tiennent en viltez Por l'erreur et
l'esclandre où il se sunt boutez, j. de meuno. Test.
B40.il xV s. Et tous ces appareils et l'esclandre qui s'en
faisoit estoient pour retraire hors le duc de Lancastre
et sa route du royaume de Castille, froiss. ii, m, 40.
Il xvi" s Pour avoir esté si hardis, que d'avoir fait
cette esclandre si près du roi, yver, p. 0(6.
— ÉTYM. Provenç. escandol ; espagn. escandalo ;
ital. scandalo; du latin scandalum, qui, ayant l'ac-
cent sur Scan, a donné e-selandre (avec épenthèse
de l'e comme dans e-sprif), et qui, beaucoup plus
tard , a fourni .icandale.
ESCLAVAGE (è-skla-va-j') , s. m. || 1* État d'es-
clave dans l'antiquité. L'esclavage chez les Grecs et
chez les Romains. Emmener, réduire en esclavage
des femmes, des enfants. On ne croirait jamais que
c'eûtété la pitié qui eût établi l'esclavage, montesq.
Ssp. XV, 2. Je ne vous demande que la liberté d'une
jeune esclave de Babylone que vous avez depuis
quelques joiirs; et je consens de rester en escla-
vage à sa place, si je n'ai pas le bonheur de guérir
le magnifique seigneur Ogul , volt. Zadig , \».
Il État d'esclave chez les modernes. L'esclavage des
nègres. Le cri pour l'esclavage est le cri du luxe et
de la volupté, et non pas celui de l'amour de la féli-
cité publique, montesq. Esp. xv, 9. L'esclavage est
d'ailleurs aussi opposé au droit civil qu'au droit na-
turel ; quelle loi civile pourrait empêcher un es-
clave de fuir? ID. ib. xv, 2. || 2° Par extension,
assujettissement, dépendance. Etre en esclavage
sous un despote. Gouverner les peuples contre leur
volonté, c'est se rendre très-misérable pour avoir le
faux honneur de les tenir dans l'esclavage, fén.
Tél.vm. Ce serait mettre les familles dans le plus ri-
goureux esclavage, id. ib. xxiii. L'esclavage politique
établi dans le corps de l'État fait que l'on sent peu
l'esclavage civil, montesq. Jfsp. xv, <3. Dans les
climats où les femmes vivent sous un esclavage do-
mestique, il semble que la loi doive permettre aux
femmes la répudiation, et aux maris seulement le
divorce, id. ib. xvi, <B. X peine Jérusalem jouit-elle
de quelque ombre de liberté , qu'elle fut déchirée par
des guerres civiles, qui la rendirent, sous ses fan-
tômes de rois, beaucoup plus à plaindre qu'elle ne
l'avait jamais été dans une si longue suite de difTù-
rents esclavages, VOLT. Dic(. phi(. Jui/s. || 3° Fig.
Ce qui assujettit, subjugue. L'esclavage des pas-
sions. Je ne hais point la vie et j'en aime l'usage.
Mais sans attachement qui sente l'esclavage, corn.
Poly. V, 2. Je brise avec honneur mon illustre es-
clavage, ID. Ilodog. m, 3. U vous dégage des pas-
sions.... qui sont les sources de vos péchés.... si
vous en aimez l'esclavage, eoubd. Axent, Pénit.
♦82. Vous vivez dans l'esclavage du péché et vous y
mourrez, id. 8* dim. après la Pentec. Dominic.
t. III, p. 1.15. Mais si, par d'autres soins plus dignes
de mon âge, Par de profonds respects, par un long
esclavage, bac. Baj. m, 2. || L'esclavage de la
rime, la gêne, la contrainte qu'elle impose, || Ce
qui laisse peu de liberté, de loisir. Cet emploi est
lucratif, mais c'est un esclavage. || 4° Terme de
gravure. Manière gênée, taille qui n'est point quittée
à propos. Il 5° Sorte de chaîne , ordinairement
ornée de diamants ou de pierres précieuses, qui
descend sur la poitrine en demi-cercle, dite ainsi
parce qu'on la compare à la chaîne portée par l'es-
clave. Il portait un chapeau pointu retroussé d'un
gros diamant, et un esclavage de perles et de rubis
au lieu de carcan, hamilton. Le bélier, au com-
mencement. Il 6° Ancien terme de négoce. Le droit
qu'une compagnie de marchands avait seule de
vendre et d'acheter certaines marchandises.
— HEM. M. de Malherbe disait et écrivait esclavi-
tudo, et ne pouvait souffrir esclavage; néanmoins
esohivage est beaucoup plus usité que l'autre, vaug.
Rem. t. II, p. est , dans pouoens.
— ÉTYM. Esclave.
t ESCLAVAGISTE (ê-skla-va-ji-sf), s. m. Néo-
logisme. Celui qui, dans les pays où les nègres
sont esclaves, est partisan de l'esclavage.
ESCLAVE (è-skla-v'), s. m. et f. || 1° Celui, celle
qui est sous la puissance absolue d'un maître, par
achat, par héritage ou par la guerre. Délivrer, ra-
cheter des esclaves. Platon vendu comme esclave. Le
trafic des esclaves à la côte d'Afrique. On trouve la
sainteté dans les emplois les plus bas, et un esclave
s'élève à la perfection dans le service d'un maître
mortel, pourvu qu'il y sache regarder l'ordre de
Dieu, Boss. le Tellier. De mon rang descendue, à
mille autres égale, Ou la première esclave enfin de
ma rivale, bac. Baj. v, 4. Aristote veut prouver
qu'il y a des esclaves par nature ; ce qu'il dit ne le
prouve guère, montesq. Esp. xv, 7. Les Athéniens
traitaient leurs esclaves avec une grande douceur ;
on ne voit point qu'ils aient troublé l'État à Athènes,
comme ils ébranlèrent celui dn Lacédémone, m. ib.
XV, 17. Chaque nation européenne a une manière
de traiter ses esclaves qui lui est propre : l'Espa-
gnol en fait les compagnons de son indolence ; le
Portugais, les instruments de ses débauches ; le
Hollandais, les victimes de son avarice, eaynal,
IHst.phil.Ta, "22. Il est prouvé que quatorze ou
quinze cent mille noirs, aujourd'hui épars dans les
colonies européennes du nouveau monde, sont les
restes infortunés de huit ou neuf millions d'esclaves
qu'elles ont reçus, m. ib. Les esclaves de tout âge,
de tout sexe et de toute nation sont un objet consi-
dérable de commerce dans toute la Grèce, babtiiél.
ch. 8. Il Terme de droit romain. Esclaves de la
peine, ceux qui étaient condamnés à travailler
dans les mines, ou à combattre des animaux féroces
pour divertir le peuple. || Par extension. Esclave
couronnée, Je partis pour l'hymen où j'étais des-
tinée, BAC. Milhr. I, 3. Ce n'est donc point, Ismène,
un bniit mal afiermi ? Je cesse d'être esclave et n'ai
plus d'ennemi, m. Phèdre, n, <.||Fig. 11 [un livre]
est esclave né de quiconque l'achète, boil. Sal. ix.
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir, in.
Art p.i II 2° Celui qui est soumis à une domination
étrangère, à un gouvernement despotique. Fut-il
jamais au joug esclaves plus soumis? bac. Esth.
m, 4. Quand l'esclave imprudent pour ses maîtres
combat. Tout son sang prodigué se répand sans
éclat, c. DELAV. Yépres sicil. i, 2. D'anciens Gau-
lois, pauvres esclaves, Un soir qu'autour d'eux tout
dormait. Levaient la dîme sur les caves Du maître
qui les opprimait, bérano. Escl. gaulois. \\ En es-
clave, à la façon des esclaves, servilement. Je pré-
tends n'être point obligée à me soumettre en es-
clave h vos volontés, mol. G.Dandin, ii, 4. Le
sang des Ottomans Ne doit point en esclave obéir
aux serments, hac. Baj. m, 3. || 3° Dominé par,
assujetti à. Vous seriez devenu, pour avoir tout
dompté. Esclave des grandeurs où vous êtes monté,
CORN. Cinna, ii, <. Elle a trop de vertus pour n'être
pas chrétienne.... Pour vivre des enfers esclave in-
fortunée, ID. Poly. IV, 3. Père dénaturé, malheu-
reux politique. Esclave ambitieux d'une peur chimé-
rique, JD. ib. V, 6. Vil esclave toujours sous le joug
du péché. Au démon qu'il redoute il demeure at-
taché, BOIL. Éptt. XII. Triste destin des rois, es-
claves que nous sommes Et des rigueurs du sort
et des discours des hommes, hac. Iphig. i, 6. Es-
clave d'une lâche et frivole pitié, id. Alhal. ii, 7.
L'empereur soupçonneux, esclave de son rang,
CAMPisTRON, Andron. I, 8. Plus une âme mondaine
est esclave de ses passions, mass. Car. Respect hum.
Elle n'en est pas moins l'esclave des vanités d'Egypte,
IB. t6. Prosp. J'eusse été près du Gange esclave des
faux dieux , Chrétienne dans Paris, musulmane en
ces lieux, volt. Zaire, i, ). Mais le reste du monde,
esclave de la crainte, id. Àlx. l, 4. En arrivant i
la cour, il se vit entouré une seconde fois des es-
claves de la faveur, conlorcet, Kaurepas. || Être
esclave de sa parole, tenir religieusement la pro-
messe qu'on a faite. || Être esclave de son devoir,
l'accomplir scrupuleusement. Tout cela part d'un
cœur toujours maître de soi, D'un héros qui n'est
point esclave do sa foi, rac. Andr. iv, 6. || i' Qui
est volontairement asservi aux volontés de quel-
qu'un. Tous les hommes vivants sont ici-bas es-
claves; Mais, suivant ce qu'ils sont, ils diffèrent
d'entraves, Régnier, Sat. m. Qui est plus esclave
qu'un courtisan assidu, si ce n'est un courtisan plus
assidu? la BHUY. VIII. Les hommes veulent être es-
claves quelque part et puiser là de quoi dominer
ailleurs, id. ib. Vous exigez que vos esclaves vous
servent avec tant de respect, mass. Car. Temples.
Diderot s'est fait esclave des libraires, et est devenu
celui des fanatiques, volt. Lett. à d'Alembert, 15
oct. 1769. Je ne désire pas des amis; il ne me faut
que des dupes et des esclaves, genlis. Veillées du
chdt. t. III, p. 38) , dans pougens. || Dans le langage
de la galanterie, amant et serviteur d'une dame.
Je ne souffrirai point qu'Hypsipile me brave. Et
m'enlève ce cœur que j'ai vu mon esclave, corn.
Tois. d'or, IV, 3. Une aventure me fit voir la char-
mante Élise; cette vue me rendit esclave de ses
beautés, mol. l'Avare, v, 6. Mais enfin je ne puis....
.... esclave d'un coup d'oeil Par des soumissions ca-
resser son orgueil, volt. Ali. i, 4. il B° Qui n'a au-
cun moment de libre. Cet emploi le rend esclave.
Les domestiques sont esclaves dans cette maison.
Il 6° Adj. Les nègres esclaves, ô malheureuse et res-
pectable reine, comment vous retrouvé-je en ce
lieu écarté, vêtue en esclave et accompagnée d'an-
tres femmes esclaves qui cherchent un basilic pour
le faire cuire dans de l'eau rose par ordonnance du
médecin? volt. Zadig, 1. 1| Fig. Avoir une âme es-
clave, avoir une âme vile et basse. || Par extension.
Oui obéit comme ferait un esclave. Sylla peut en
effet quitter sa dictature; Mais il peut faire aussi
des consuls à son choix. De qui la pourpre esclave
agira sous ses lois, corn. Sertor. iv, 3. L'air tient
les vents tous prêts à suivre sa colère [de Médée] ;
Tant la nature esclave a peur de lui déplaire, ib.
Méd. III, 4. Il est beau d'étaler cette prérogative
Aux yeux du Rhône esclave et de Rome captive,
ID. Sert. IV, 2.
— liiST. XII" s. Qui estoit franc est devenu es-
clave, Hachab. I, 2. || xiii' s. Et qui celé rançon ne
porroit paer, si seroit esclas, Kist. occid. des croi-
sades, t. I, p. 80. Quant Seif Eddin ot les mil es-
claz, ib. p. 87. L'on se peut clamer par l'assise de
esclaf ou de esclave qui est mesel [lépreux] ou me-
selle, ou qui cheit dou mauvais mau [épilepsie],
Ass. de Jér. i, 429. || xiv s. Le royaume de Rome
estoit abandonné non pas seulement à gens es-
tranges et pèlerines, mes encores à serfs et à es-
claves, BERCHEUBE, f° 20, verso. Voulons que lesdits
Cathelans qui vouldront venir en nostre dit royaume
le puissent faire .seurement et sauvement avec leurs
femmes, enfans, serviteurs, esclaux [valets], es-
claves, bagues, joyaulx, Ocdonn. avril 1486.
— ËTYM. Provenç. esclau, s. m. ; esclava, s. f.;
espagn. esclavo ; portug. escravo ; ital. schiavo ;
allem. Sclave ; angl. slave ; de slavus ou sclavus,
Slave, nom de peuple, qui fut employé pour dési-
gner un serf après les guerres qu'Othon le Grand et
ses successeurs firent aux peuples slaves et dans
lesquelles une partie de ces peuples furent emmenés
en captivité, distribués aux guerriers de l'empire
d'Allemagne et réduits en servitude. Un très-grand
nombre de Slaves étant devenus serfs, le mot de
slave fut employé pour synonyme de serf. Les pre-
miers exemples de l'usage de slavut en cette signi-
fication remontent au x- siècle; voy. guérard, Po-
lyptyque d'Irminon, i, 283.
fESCLIPOT (ô-skli-po), *. m. Terme de pèche.
Caisse dans laquelle on laisse tomber la morue tran-
chée et habillée.
t ESCOBAR (è-sko-bar), s. m. Nom d'un jésuite,
célèbre casuiste, né en I689à Valladolid (Espagne).
Quoi I vous ne savez pas qui est Escobar de notre so-
ciété, qui a compilé cette Théologie morale de vingt-
quatre de nos pères, sur quoi il fait, dans 1» préface,
une allégorie de ce livre à celui de l'Apocalypse
qui était scellé de sept sceaux, pasc. Prov. 6. C'est
à bon droit que l'on condamne h Rome L'évêqus
d'Ypre [JanséniusJ auteur de vains débats; Ses seo«
tatcurg nous défendent en soinine Tous les plaisirs
«488
ESC
• Ton foni» icii'
i,On yp«rTi»iit.
r,Hii allant au petit
,.«lnou»en die; La
Veut-on monler
Ïtfeîîïïir .ou«T C1...U... ...erreux est Braod.
rfMfto- Mteobêt Mit un chemin de rcloum, la
Sî^r. monle. J'ai toujour, on 1.1 lé à vous dire
«u'ily a de» Eaoobar de différenle» imprcMions,
«ac Pro'- •■ Il Kamilièrement. Adroit hypocrite,
qui uii résoudre, dan» le aens conveiial.le à se»
\nltrH* le» eu de conscience les plus subtils.
e!U;OBAIIIif!. ÊK (fc-sko-bar-dé, dée), pari, patte.
Knl«»4, obtenu par tromperie. Un tesUment esco-
ÛMé.
ESCOBARDKR (é-»ko-bar-dé). || 1* K. n. User
de réticence», do mois à double entente dans le
dessein de tromper. Nous n'escobarderons point sur
une de» plu» grandes questions qui nous aient été
jamais founiise», miraukau, Colleclion, t. v, p. *li.
Il f Y. a. Obtenir, se procurer selon les décisions
d'I'Ucoliar. C'est aiiusi qu'on escol/ardait les survi-
vance» depuis que le roi n'Oii voulait plus donner
que des charKes de secrétaire d'État, si-sm. 353,
)«7.
— ETYM. Escnbar, avec l'addition d'un d, comme
si le nom s'écrivait Kscobard (voy. marivaudage).
Ce verba n'a pas été fait «l'.nprès lo caractère de
l'homme, qui fut toujours d'une piété exemplaire,
mais parce que dans sa Théoloqif morale univer-
selle , disouLiiit tous les cas possililes, ilconalut en
autorisant les deux partis opposés en cette façon ;
les sujets sont obligés et ne le sont pas de payer
le tribut.... Un faux serment est un péché mortel et
n'en est pas un, etc.
KSCOBARDKKIE (*-sko-bar-de-rie), t. f. Parole,
acte par lequel on escoliarde. Celui [le mot] d'escor-
banlerie pour signifier un adroit mensonge, d'a-
LBMB. Destr. dei Jésuites, Œuvres, t. v, p. d»,
dans pouoKNS.
— r.TY.M. Kscoharder.
+ ESCOBAUTIN, INF. (è-sko-bar-tin, ti-n'), adj.
Mot forgé par Pascal. Oui a le caractère de la ca-
suistique d'Escoliar. Ridicule do dire qu'une récom-
pense éternelle est oITerte à des mneurs escoliartines,
PASC. Pensées, art. xxiv, 65, édil. havet.
t KSCOCIIKR (è-sko-ché), t). o. Battre la pAte du
biscuit avec la paume de la main, afin de la ramas-
ser en une seule masse.
t ESOOFFIËR (è-sko-fi-é), v.a. Terme populaire.
Tuer.
— RTYM. Prov. eseofir, tuer, défaire; ital. «on-
/l(7(jpre; du latin ex, et conficere, achever, tuer, de
Itim. avec, et facere, faire (voy. confire).
KSCOKriON (é-sko-fion), i. m. Ancienne coiffure
à l'uiago <lii peuple. U'abord leurs escoffions ont volé
par la place, mol. i'Élnur. v, u.
— llisr. XVI' s. Car les pendants et les bracelets
d'or, Les scoffions et leschaisnes encor, db bellaï,
VII, »(, rMio. Sa leste en ce beau mois sans plus
estoit couverte D'un riche e-scoffion ouvré de soie
verte, ronsahd, <8i.
— BTTM. liai, scuffia, euffia (voy. coiffe).
F.SCOr.RIFFE (é-sko-gri-f), ». m. || !• Celui qui
prend hardiment sans demander. Un tour d'esco-
gnffo. Il 2* Par ironie et familièrement, homme de
grande uille et mal fait. Quel grand escogriffe! Et
surtout ce grand escogriffe de maître d'armes qui
m'emplit do poudre tout mon ménage, mol. Hourg.
0(n(. III, 3. Cil Ulas, me dit-il, qui est ce grand
escogriffe que j'ai vu tantôt avec toi? lesage. Cil
niai, III, 3. lin certain escogriffe avec noire ja-
quette Se plantait devant moi droit comme un
échilu, DDcnciAO, Li faux due de Bourgogne,
V, I.
— HIST. XYi' 1. F.scogriffe, oudir, Diet.
— CTYM. Mot d'origine inconnue et qui semble
provenir de griffe ou griffon par quelque formation
burles'iue, |ieut-étre avec ucot, blton (comp. éco-
rCRCIIK).
KsœMPTK (è-skon-f), t. m. (|1« Primo payée
lu banquier ou k toute autre personne qui fait
avança du montant d'un effet avant l'échéance.
Il Le taux de l'escompte, la quotité variable du prix
de TMcompte. L4 Danqiia de France abaisse ou
*rtv« !• taux de l'escompte || Escompte en dedans,
escompte qui s« prend en calculant quelle e.st la
•omme qu'il fimlrait placei au jour de l'opération,
pour qu-«lle prorfuislt, k l'échéance, et déduction
rait* de l^Mcompu, la toUl porté au billet qu'on es-
compta. Eacompte en dehors, escompte qui se prend
ta cakulant Ut intértu de la somma portée au bil-
ratnaeluDt da «m. «mme. || f Opération da
ESC
banque qui consiste à payer par anticipation le
montant d'un effet non échu, sous déduction d'une
somme pour intérêt, change ou frais de recouvre-
menu. || Caisse d'escompte, comptoir établi à Paris
par Turgot en «776, pour faciliter l'escompte des
effets de commerce. On donne aujourd'hui à un
établissement analogue le nom de comptoir d'es-
compte, de banque d'escompte, de caisse d'es-
compte.|| î' Terme de bourse. Exercice de la faculté
laissée k l'acheteur par marché ferme de se faire
livrer plusieurs jours après avoir prévenu le ven-
deur.
— ÊTYM. Voy. ESCOMPTER.
ESCOMPTÉ, ÉK (é-skon-té, tée), part, passé. Un
billet escompté.
ESCOMPTER (è-skon-té), v. a. || 1° Payer à quel-
qu'un le montant d'un effet avant l'échéance, moyen-
nant un escompte. || Absolument. Faire l'escompte
des billets, faire la banque. || Kig. Liberté, gloire,
honneur, patrie. Sont des mots qu'on n'escompte
point , BÉRANG. Poète de cour. || 2° Dépenser d'a-
vance. E.scompter le succès d'une affaire. || Dépenser,
consommer rapidement et prématurément. Escom-
pter la vie. Escompter sa jeunesse. Passer ses jours
en liberté, C'est en termes de banque, escompter sa
jeunesse, panard, dans le Dict. de dochez. || 3° S'es-
compter, V. réfl. Etre escompté. Ces billets ne s'es-
comptent pas.
— ÈTYM. Es.... préfixe, el compte.
t ESCOMPTEUR (è-skoii-teur), s. m. Homme qui
fait l'escompte. |{ Adj. Uanquier escompteur, celui
qui fait l'escompte.
— ÊTYM. Escompter.
ESCOPE (6-sko-p') , s. f. Voy. ÉCOPE.
— REM. Les bateliers de la Seine disent échope.
— ËTYM. Du germanique : angl. scoop ; holland.
schoppen.
t ESCOPERCHE, ». f. Voy. êcoperche.
ESCOPETTE rè-sko-pJi-t') , t. f. Arme à feu , es-
pèce de carabine que l'on portait ordinairement en
bandoulière. Une espèce de soldat qui, sur deux bu-
tons croisés , appuyait le bout d'une escopette qui
me parut plus longue qu'une pique , etavec laquelle il
me couchait enjoué, lksage, Gil Bios, i, 2. || Sorte
d'arquebuse dont la cavalerie française se servait
sous le règne de Henri IV et de Louis XIV, et qui,
dit-on, portait à cinc| cents pas
— HtST. XVI' s. Tué d'ung coup d'escouppette par
un soldat, d'aub. Uist. i, 94.
— ÊTYM. Espagn. escopeta ; ital. schioppetio,
scoppietio, lie l'italien schioppo, scoppio, bruit, ex-
plosion, arme à feu ; du latin stlopus ou sclopus,
bruit que produit un coup sur les joues gonflées.
ESCOPETTERIE (è-sko-pè-te-rie), ». f. Décharge
de plusieurs escopettes. L'année ne fut point trou-
blée par cette escopetterie, et passa la nuit auprès
de nos deux brigades, st-sim. 47, 62. || Kig. Cou-
Ion avait dit à l'oreille de Monsieur que l'escopet-
terie des entjuëtes ne serait pas moins forte, retz,
m, Ï02.
— HIST. xYi* s. X la faveur d'une escoupetterie à
travers la rivière, il fit passer les meilleurs soldats
dedans l'eau, d'adb. Hist. i, 2»6. L'escopelterie du
canon et d'arquebuserie, ID. ib. i, 3(7.
— ÊTYM. Escopette.
+ ESCOPETTIER (è-sko-pè-tié), ». m. Soldat qui
était armé d'une escopette.
— ÊTYM. Eicopette.
ESCORTE (è-skor-t"), ». f. || !• Troupe armée qui
est commandée pour suivre quelqu'un, ou quelque
chose, et veiller à sa sûreté, dans une roule. Mar-
cher sous bonne escorte. Une vaillante escorte. Le
malheureux Araspe avec sa faible escorte , corn.
iVicom. V, S. La princesse partit pour Garbe en
grande escorte, la font. Ftonc^e. Pour marcher sans
escorte on doit se faire aimer, c. dklav. Yépr.ticil.
u, 2. Il Escorte de convoi, détachement mis, en
vertu d'un ordre de route, sous un chef spécial,
accompagné du nombre nécessaire d'officiers. || Es-
corte d'honneur, troupe de soldats ou de citoyens
armés qui accompagne un souverain, un prince ou
tout autre grand personnage, à l'entrée ou à la sortie
d'une ville. || Terme de marine. Vaisseaux de guerre
qui accompagnent des bâtiments de transport , des
navires marchands , etc. jj 2' Cortège. Des millions
d'anges y descendent avec lui pour lui faire escorte,
BouHD. Carime. m, 2I8. Errant dans le palais sans
suite et sans escorte, La mère de César veille seule
k M porte , BAC. Prit, i, «. || 3« Il se dit aussi d'une
aeule personne. Je vous servirai d'escorte, je vous
ferai escorte jusque chex vous. Sous mon escorte
vous n'avei rien k craindre dans ce trajet. || Fig.
Bientôt l'ambition et toute son escorte Dans le sein
ESC
du repos vient le prendre k main forte, boil. Sat.
VIII.
— HIST. XVI* g. Les mérites, rencontrant une no-
ble extraction, sont plus forts et se font meilleure
escorte l'un à l'autre, bbant. Pescayre. Les rivières,
les passages , à sa dévotion , luy conduiroient et
vivres et deniers en toute seureté et sans besoing
d'escorte, mont, i, 356.
— ÊTYM. Ital. scorta, escorte, de scorgere, mon-
trer le chemin, du latin ex-cornjere, diriger (voy.
corriger).
ESCORTÉ, ÉE (è-skor-té, tée), part, passé. Es-
corté d'une troupe nombreuse. Escorté jusque chez
lui par .ses amis.
ESCORTER (è-skor-té), v. a. Accompagner pour
protéger, défendre ou .surveiller pendant la marche.
On détacha cent hommes pour escorter le convoi.
Mais ce ne sera pas sans vous faire escorter De dix
mille des miens, tristan, Panthée, v, B. || U se dit
de même d'une seule personne qui accompagne.
Damis : Ne me quille pas au moins. — Lavigne :
Je n'ai garde, j'escorte l'escorte, mol, dancourt,
la Parisienne, se. il. || Fig. Le mérite est un sot si
l'argent ne l'escorte, montkleury, Femme juge et
partie, ii, l.
— ÊTYM. Escorte; ital. scortare.
t t. ESCOT (è-sko), ». m. Terme de commerce.
Sorte d'étoffe de laine à tissu croisé, dont on fait
des robes de deuil, des vêtements pour religieuses
et des tabliers communs.
— ÊTYM. Escot est peut-être ici pour écossais;
du moins on trouve dans le Tarif du m avril 4667 :
Serge d'Esco.sse demy-ètroite.... serge de seigneur
et d'Ascot, L'Isle, Cipre, Angleterre, et autres pals
estrangers.
t 2. ESCOT (è-sko), ». m. Terme de marine.
Angle le plus bas de la voile latine qui est triangu-
laire.
— ÊTYM. Le même que écoute.
t ESCOTARD (è-sk» tar), ». m. Terme de marije.
Palier de l'écoutille.
ESCOUADE (è-skou-a-d') , ». f. Terme militaire.
Fraction d'une compagnie sous les ordres d'un ca-
poral ou d'un brigadier. Une escouade d'infante-
rie. Une escouade de cavalerie. || Escouade brisée,
escouade formée des soldats de plusieurs régiments.
Il Contrôle d'escouade, feuille dont les fourrie.s
font usage en route pour délivrer par escouades les
billets de logement des compagnies.
— HIST. XVI' s. Et fut faict commandement à tous
les capitaines de gens de pied, d'envoyer une es-
couade de leurs compaignies, carloix, v, 2«. Le
sergent-major est tenu d'assister à toutes les exécu-
tions de justice avec une scouadre de soldats, que
chaque capitaine doit fournir à son tour, lo. vi, t ».
La nuict que ledit soldat devoit livrer sa marchan-
dise, escheut à son esquadre son rang de faire la
garde au dit boullevert, m. du bellay, 461. Douze
vaisseaux espagnols, l'on ne me mande point si ce
sont les dunkerquois ou ceux de l'escouade de dom
Frédéric de Tollede, bassompierre, Ambass. t. i,
p. 302, dans lacurne. Il y avoil [dans l'armée de
Gustave-Adolphe] un lieutenant qui avoit la con-
duite de trois régiments, un colonel et un lieute-
nant dans chaque régiment; et un capitaine, un
lieutenant, un enseigne, un sergent et plusieurs
chefs d'esquadre dans chaque compagnie, l'His-
toire de Oitstave-Adolphe , par R. de phade, <686.
— ÊTYM. Ital. squadra (voy. escadre). On a dit,
ce qui prouve l'identité des deux mots, comme on
voit à l'historique, escouade pour flotte, et esquadre
pour troupe.
f ESCOUPE (è-skou-p'), ». f. Pelle de fer dont on
se sert dans les fours à chaux.
— ÊTYM. Le même que cscope.
ESCOURGÉE (è-skour-jée), ». f \\ i' Fouet fait de
plusieurs lanières de cuir. En les faisant [les Juifs
qui refu.saient de manger de la chair de porc] dé-
chirer avec des fouets et des escourgées de cuir de
taureau, saci. Bible, Uachab. ii, vu, t.||3' Coups
donnés avec ce fouet. Chœur et héros s'en allant
chargés d'escourgées, BOiL. Héros de roman.
— HIST. XIII' s. Dont fu Renaus Porquès de main-
tes pars saisis , De corgies noées fu batus et laidis,
Ch. d'Andoch. V, 3H. || iiv s. Et s'avoit cascun
jor balii d'une escorgie La blanche cbar de lui que
toute l'ot siUie [marquée], llaud. de Scb. vi, »6.
Il XV s. Avoit l'un de ses bras couvert duquel ella
tenoit unes très singlans escourgiées, alain cuart
l'Espérance.
— ETYM. Wallon, cor<h«; namur. îcon'e; rouchi,
écorie, écourie ; ital. scoreggia, scorregiata ; «s-
courgie est un renforcement par es prosthètique de
ESC
ESC
ESP
U89
torgie, qtie donne l'historique, qui est le mémo que
tourroie (voy. ce mot). Il ne faut donc pas chercher
ici une étymologie celtique : bas-breton , skourjez ,
fouet; gaélique, sciurs, fouetter. L'italien a aussi
scuriada, qui paraît venir d'un autre radical, peut-
être le latin conum, cuir.
t. ESCOURGEON (è-skour-jon), t. m. Variété
d'orge appelée orge d'automne ou d'hiver (hor-
deum hexastichon, L). C'est l'orge à six rangs (orge
escourgeon de certains auteurs) qu'il ne faut pas
confondre avec la variété à six rangs de l'orge vul-
gaire, LEGOABANT. Il Variété précoce de l'orge com-
mune, que l'on fait manger en vert aux chevaux.
— HIST. xiv s. Une pièce de terre semée de nou-
ïiau d'un grain appelé scorion, du cange, scario.
■ Il XVI' s. Une espèce de froment, dict l'escourgeon,
0. DE SERRES, -107.
— ËTYM. Ardennais, socoran; namur, socouran;
Hainaut, soucorion, soucrion; norm. sugrégeon,
épeaulre ; liég. soucrion, orge nu ; bas-lat. scario.
Origine inconnue.
t 2. ESCOURGEON (è-skour-jon), s. m. Lanière
de cuir servant de lien pour un fléau.
— ÉTYM. Voy. ESCOURGÉE.
ESCOUSSE (è-skou-s') , s. f. Terme familier. Élan
qu'on prend pour mieux sauter. Prendre son es-
cousse. Il Fig. Ne prenez pas de si loin votre escousse
pour être en peine, sÉv. 623. Je retournai chez moi
prendre haleine, et, comme on dit, son escousse,
tandis qu'on attelait mon carrosse, st-sim. 404, 33.
— HIST. xiii' s. Si a choisi [aperçu] une fenestre
Bien haute dix piez et demi. Il s'escosse, si saut
par mi, Ren. 35)0.
— ÉTYM. Provenç. escosa; ital. scossa; du latin
excussus, part, passé de excutere, secouer. 11 y avait
le verbe escovsser, escosser.
t ESCRÉPER (è-skré-pé), V. a. Éventer la soie
teinte en bleu pour la déverser.
ESCRIME (è-skri-m'), s. f. Art de faire des ar-
mes; exercice pour apprendre à se battre à l'épée
ou au sabre. Maître d'escrime. || Fig. La fameuse
Macette, à la cour si connue, Qui... A soutenu le prix
en escrime damour, HéONiER, Sat. xui. Dans les
combats d'esprit savant maître d'escrime, boil.
Sat. u apprendreàneleur plus répondre Que par
des mœurs dignes de les confondre.... X fuir enfin
toute escrime inégale Qui d'eux à nous remplirait
l'intervalle, J. B. rocss. ^p. n, 4. Sa vie est un com-
bat, son commerce une escrime, DELii.LE,Conrers.]i.
— HIST. XV s. Si allèrent tant que ils vinrent
assembler aux Sarrazins, et si dure escrime leur
livrèrent que tous les occirent, Bouciq. n, 2).
Il xvi" s. En moins de quatre desmarches, il luy fist
perdre toutes ses escrimes, carloix, vi, B. Jamais
il ne prit plaisir à faire combattre à l'escrime des
poings, ny à l'autre escrime où les combattans s'ai-
dent de tout ce qu'ilz peuvent, amyot, Alex. 7. X
ce siège [de Metz], M. de Guise fît perdre l'escrime
[fit échouer] à ce grand capitaine, le duc d'Albe,
voire à l'empereur son maistre , brant. Cap. estr.
p. -249, dans LACURNE.
— ÊTYM. Voy. ESCRIMER; provenç. escrima; esp.
esgrima; ital. seherma. L'ancienne langue disait
escremie.
ESCRIMER (é-skri-mé), «. n. || 1° S'exercer à
iire des armes. || Faire le coup d'épée. Avoir es-
crimé dans quelques combats particuliers n'est point
du tout une preuve sûre qu'on a véritablement de
valeur, st-foix, Ess. Paris, Œuvres, t. m,
220, dans pougens. j| 2" Par extension et familiè-
Irement. Agiter, mouvoir comme on fait avec un
fleuret. Puis escrima de l'encensoir, scarron, Yxrg.
IT. 113° Faire tous ses efforts. Mais si bien il escri-
Qera Que de tout à bout il viendra, scarron, Yirg.
|i. Il i" Familièrement. Disputer contre quelqu'un
Bur une matière d'érudition, de science, etc. Il y a
Î* ilaisir à voir deux savants escrimer l'un contre
'autre. Il B" S'escrimer, v. réfl. Terme famdier. Se
Ibattre. Il s'escrimait de sa canne et parait les coups
[de balai. L'un s'escrimait du bec, l'autre jouait des
pattes, LA FONT. Fabl. xn, 2. || Fig. S'escrimer des
pieds et des mains, faire les plus grands efforts.
Car chacun s'escrimait et des pieds et des mains,
fciÉGNiER, Sat. X. Il Se disputer. Laissons-les donc
entre eux s'escrimer en repos, boil. Art p. m.
IJI 6" S'exercer, s'appliquer à. S'il s'est heureuse-
nent escrimé du pinceau, scarron, Jodelet ou Le
naître valet, i, K Tel que vous me voyez, je m'en
escrime [de poésie] un peu, mol. Prie. to. \\ Popu-
' lairement. S'escrimer des mftchoires ou de la mâ-
choire, s'escrimer des dents, bien manger.
— HIST. XII' s. Et escremissent cil bacheler le-
gier, Lancent et gitent por lor cor essaier, Rokc.
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE
p. 6. Il XV' 3 Il, qui estoit tout nu et dépourvu,
etneportoit forsuncoutel, espoir [à peu près]de deux
pieds de long, trait le coutel et commence à estremir,
FROiss. m, IV, 28. Il XVI' S. Nous ne serons jamais
bons amis que nous n'ayons un peu escrimé ensem-
ble, LAROUE, B64. Le régiment de M. d'Yvoy s'es-
crima encor mieux [au pillage] que les deux au-
tres, ID. B7B. Je luy appris à tourner les talons en
dedans, à escrimer des deux bras [les balancer], à
s'amonceler le ventre, d'aub. Conf. ii, t.
— ÉTYM. Provenç. escrimir, escremir ; catal. et-
grimar; espagn. et portug. esgrimir; ital. scher-
mire; du germanique: ano. haut-allem. skirm,
skerm, bouclier, défense. Comp. escarmouche.
ESCRIMEUR (è-skri-meur), s. m. Celui qui con-
naît l'escrime. Un escrimeur adroit.
— HIST. xvi* s. Il n'y a escrimeur dans Paris qu'il
n'ait porté par terre, d'aub. Fœn. m, U.
— ÉTYM. Escrimer.
ESCROC (é-skro; le c ne se prononce jamais; au
pluriel, Vs se lie : des 5-skro-z adroits; escrocs rime
avec sots, repos, travaux), s. m. Celui qui pratique
l'escroquerie. Dévalisé par des escrocs. X. femme
avare galant escroc , la font. Conte. Le prince
d'Harcourt était grand menteur, grand dépensier
en tout, grand escroc avec effronterie, st-sim. 1 13,
229. Car quel malheur qu'il fût si dépravé.... Et
qu'il portât, sous un si beau plumage, La fière hu-
meur d'un escroc achevé, gresset, Vert-Vert, iv.
Mais un escroc que je chéris Me vole en parlant ma-
riage, bérano. Cinq étages.
— ÊTYM. Ital. scrocco, écornifieur; de l'allemand
Schurke; ano. haut-allem. scurjo, coqi>in, d'après
Diez, qui rejette croc, parce que crocco manque à
l'italien, et puis parce que ie mot aurait donné en
français escrocher.
ESCROQUÉ, ÉE (è-skro-ké, kée), part, passé.
Qui a été dérobé. Une somme escroquée par un che-
valier d'industrie. || Qui a subi une escroquerie. Ce
jeune homme escroqué par un filou.
ESCROQUER (è-skro-ké), v. a. || !• Tirer quelque
chose d'une personne par fourberie. Ils se sont es-
croqué de l'argent l'un à l'autre Raton avec sa
patte... Tire un marron, puis deux, et puis trois en
escroque, la font. Fabl. ix , il. L'un et l'autre
dès lors vécut à l'aventure Des présents qu'à l'abri
de la magistrature Le mari quelquefois des plai-
deurs extorquait, Ou de ce que la femme aux voisins
escroquait, boil. Sat. x. j| Absolument. U ne fait
qu'escroquer. || Fig. Escroquer des approbations.
Grand et hardi menteur s'il en fut jamais, et un
de ces faux honnêtes gens qui ont escroqué mon
amitié, balz. Lett. à Coniart, 28 avril 4 653. || Fa-
milièrement. Escroquer un dîner, prendre part
à un dîner auquel on n'a pas été invité. || 2' Es-
croquer quelqu'un , lui soustraire par fourberie
quelque chose. U n'est point de marchand qu'il
n'escroque. Le drôle fit un trait de franc sou-
dard; Car aux faveurs d'une belle il eut part Sans
débourser, escroquant la chrétienne, la font. À
femme cmre. [\ 3° S'escroquer, ». réfl. Se faire l'un
à l'autre des escroqueries. Ils se sont escroqués l'un
l'autre.
HIST. XVI' s. Et les ayant escroqués tous deux
de cent cinquante escus, il se déroba, d'aub. Fœn.
IV, 40.
— ÉTYM. Ital. seroecare (voy. escroc).
ESCROQUERIE (è-skro-ke-rie), s. f. Action d'es-
croquer. Il Tertpe de jurisprudence. Vol à l'aide
d'artifices, de manœuvres frauduleuses.
— ÉTYM. Escroquer.
ESCROQUEUR, EUSE (è-skro-keur, keù-z"), ». m.
et /. Celui, celle qui escroque.
— HIST. XVI' s. Mais par sus tout je craignoy le
danger Des escroqueurs, ne me tenant mocquée....
DU BELL. VII, 61 , verso.
— ÉTYM. Escroquer.
f ESCUARA (è-sku-a-ra) , s. m. Langue des peu-
ples basques.
t ESCULAPE (è-sku-la-p'), s. m. || l' Terme du po-
lythéisme. Nom du dieu delà médecine. || 2° Nom
donné quelquefois à un médecin en renom. Il [M. Hu-
nauld] est le seul médecin de Paris qui ait expliqué
publiquement les œuvres classiques de cet Esculape
de nos jours [Boerhaave] , mairan, Éloges, Uu-
nauld. Mon Esculape a renversé mon verre; Plus de
gaîtél mon front se rembrunit, bérang. Malade.
Il 3° Terme d'astronomie. La constellation du Ser-
pentaire. Il 4* Espèce de couleuvre. En ce sens il ne
prend pas de majuscule.
— ÉTYM. Lat. M'iculapitis ; grec, 'Ao*>ifi7ii6ç.
f ESCULINE (è-sku-li-n') , (. f. Substance tirée
des marrons d'Inde
— ÉTYM. Lat. iescultis, nom d'une espèce de
chêne à glands comestibles, dont la vraie ortho-
graphe serait esculus, de esca, nourriture; nom
appliqué par les botanistes à Vssculus hippocat-
tanum.
t ESGALIVER (è-sga-li-vé) , «. a. Terme de tein-
turier. Tordre fréquemment et légèrement la sois
teinte.
t ESHERBER (è-zêr-bé), v. a. Terme de jardinier
ôter les herbes dans une planche de légumes ou do
semis.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et herhe..
E-SI-MI (é-si-mi). Ancien terme de musique. Le
ton de mi. E est le nom de la note mi dans la
gamme alphabétique encore en usage en Allema-
gne et en Angleterre; si est la dominante de ce
ton, et mi le nom de la tonique, dans la gamme
adoptée d'après Gui d'Arezzo.
t ESMILLER (è-smi-Ué, Il mouillées), ». a. Autre,
forme de smiller.
t ÉSOCES (é-zo-s"), t. m. plur. Terme de zoologis.
Famille de poissons malacoptérygiens abdominaux,
dont le type est le brochet {esox lucius, L).
— ÉTYM. Lat. esox, brochet.
t ÉSOCIEN, lENNE (è-zo-siin, siè-n'), adj. Terme
de zoologie. Qui ressemble à un brochet.
■^ÉSODERME é-zoder-m'), s. m. Membrane in-
térieure chez les insectes.
— ÉTYM. 'EffM, en dedans, et SipiJia, peau.
t ÉSOPE (è-zo-p'), s. m. Personnage à demi fa-
buleux à qui les Grecs attribuaient l'invention de
l'apologue et qu'ils représentaient comme bossu et
contrefait. || Familièrement. C'est un Esope, se dit
d'un homme laid et bossu.
t ÉSOPIQUE (è-zo-pi-k'), adj. Se dit du genre de
fables attribué à Ésope, c'est-à-dire des apologues,
pour les distinguer des fables mythologiques, des
fables milésiennes, etc.
— ÉTYM. Ésope.
fÉSOTÉRIQUE (é-zo-té-ri-k"), adj. Terme d'his-
toire de la philosophie. Doctrine ésotérique, doc-
trine secrète que certains philosophes de l'anti-
quité ne communiquaient qu'à un petit nombre de
leurs disciples; il se dit par opposition à exotérique.
— ÉTYM. 'E<rwTepixà; , intérieur , de ïaa> , en
dedans.
t ÉSOTÉRISME (é-zo-té-ri-sm') , s. m. Ensemble
des principes d'une doctrine ésotérique.
— ÉTYM. Voy. ésotérique.
t ÉSOUCOEMENT (é-sou-che-man), s. m. Terme
d'eaux et forêts. Action d'extirper les souches.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et souche.
ESPACE (è-spa-s'), s. m. \\ 1° Certaine étendue
superficielle. Un grand espace. Un petit espace. Mé-
nager l'espace. Il fallait entre vous mettre un plus
grand espace, rac. Théb. y, 2. Les espaces par-
courus sont entre eux comme les produits du
temps par la vitesse, c'est ce qu'on exprime encore
en disant qu'ils sont en raison composée du temps
par la vitesse, condil. Art de rais, u, 3. Je regar-
dais au loin; j'interrogeais l'espace; De tes pas
vers mes pas je rappelais la trace, ducis, Abuf iv,
8. Il 2° Étendue indéfinie. L'espace est l'ordre des
choses coexistantes, LEIBNITZ. Le compas d'Uranie a
mesuré l'espace; ô temps, être inconnu que l'âme
seule embrasse.... thomas, Ode, Temps. Où s'arrête
l'espace à nos yeux étendu? drulle, Parad. perdu,
VII. [Aussi] Trop serré dans l'espace et dans l'im-
mensité, Promène-t-il partout sa vague inquiétude,
ddcis, Abufar, i, 3. Ainsi chaque sens a son champ
qui lui est propre, le champ de la musique est le
temps, celui de la peinture est l'espace, j. J. Rouss.
Essai sur l'origine des langues, ch <8. Nous n'es-
sayerons pas de définir la notion de l'espace : c'est
une de ces idées qu'il suffit d'énoncer pour que
l'esprit la conçoive clairement; ainsi, en disant que
l'espace est le lieu qui contient les corps, le récep-
tacle universel, comme l'ont appelé lesscolastiques,
nous n'avons nullement la prétention d'en donner
une idée plus exacte que celle qui est dans tous les
esprits, Dict. des se. philos. Espace. || 11 se dit au
pluriel dans le même sens. Le silence éternel de
ces espaces infinis m'effraie, pasc. Pens. art. xxv,
t7 édit. HAVET. Iris fend les espaces immenses
des airs, fén. Tél. xvi. || Espace céleste, ou,
simplement, espace, le ciel. Des signes destruc-
teurs ont parcouru l'espace , c. df.lav. Pana ,
IV 7. Il L'espace absolu, l'immensité dans laquelle
se'meuvent tous les corps de l'univers. || Espaces
imaginaires, espaces qui n'existent pas, locution
tirée de la philosophie ancienne qui, au delà de la
sphère du monde, n'admettait ni aucun corps ni
aucun espace. Un monde que je ftrai naître dans les
1. — 187
uoo
ESH
£î.m '. "". *• Il ^ P«"*™ '*'"" '*'
■*JJ^' ijuind elle moraliMÏt , elle »e
mÎjIÎi ùii pou Jju» iM e»paces, ». J. ROOïS. Con^. m.
ftfldfsrJ pordu dtiu l'espace, regard vague, qui ne
M die «iir aucun objet || 8* Étendue de lemps. Le
fer (|ui lo!i lua Idur donna cette grâce, Que, si de
hire liien il» n'eurent pa» l'espace, Ils n'eurent pas
la lemp* de faire mal aussi, HAi.n. i, 4. Et rose elle
a Ȏcu ce que vivent les roses. L'espace d'un matin,
10. n, <s. Et comme la douleur un assez long espace
M'a fait sans remuer demeurer sur la place, hol.
icoh dei f. V, ». Quoi 1 voire ambition serait-aile
bornée l régner tour à tour l'espace d'une année T
lAC. Théb. IV, 3. Ce petit conciliabule [de M. du
Vainc, Villeroy et d'Efliat] dura quelque espace,
l>»ndant lequel M. le duo vint me parler, STsm.
iil3 , 43. L'espace entre la fin de la première
guerre punique et le commencement de la seconde
fut de vingt-quatre ans, rollin, Ilist. ane. (Jliu-
vrtt, t. I, p. 381, dans rooGENS. Après Cécrops
régnèrent, pendant l'espace d'environ 665 ans, dix-
sept princes dont Codrus fut le dernier, barthél.
Ànaeh. Introduction, part. I. || 4' Terme de musi-
que. Intervalle blanc des lignes de la portée. || B''Terme
de métallurgie. Espace nuisible, partie du soufflet
d'où l'air ne peut être chassé. || 6° S. f. Terme d'im-
primerie. Petite pièce de fonte qui sert à séparer
les mots. Il y a des espaces petites, fortes, minces,
moyennes, pour donner au compositeur la facilité
de justifier.
— REM. Espace a été anciennement fait quelque
fois du féminin ; c'est pour cela qu'il a gardé ce genre
dans l'imprimerie.
— UIST. XII* s. Hall deables, fel tiranz, Holt te
peines en tote guise De mètre nos en ton servise ;
Jamais de mei, se j'ai espace [temps], N'auras bai-
lie, ennuie place, Crégotre le Grand, p. si. ||x]ii's.
Pour avoir plus d'espace [de temps] de leur chose
arreer, Berle, xvii. Et en ceste espasse de tans li
rois Jehans envoya à Rome, Chr. de Rains, p, (67.
Par l'espace de six ans que je fu en sa compaignie,
JOINV. 181. Il xiv s. C'est une mesme voye ou es-
pace, mais les deux manières de aller au courir sont
contraires, ORESits, Eth. v. ||xv' s. Quand on l'eut
regardé une espace, on l'osta de là, et fut pendu à
un arbre, fboiss. u, u, t»8. Et se pourmenerent
eulx deux ung espace de lemps, COM». i, 13. jjxvi's.
Nul n'estoit fait sousdiacre, qu'il n'eustcsté esprouvé
par longue espace de temps, calv. Jmttf. 864. Pre-
nant leur visée grande espace au dessus de la bute,
HONT. ir, 161. Le petit espace de la place, amyot,
Eumfne, 33, H employa cette espace à la lecture des
bons livres, d'aub. UUt. i , 47.
— £TYH. Provenç. espaci, espaii ; espagn. esyor
cto; ital. tpaiio; du latin spatium.
ESPACE, ËE (è-spa-sé, sée), part, passé. Mis à
distance. Des arbres espacés convenablement.
ESPACEMENT (è-spa-so-man), s. m. Action d'es-
pacer. Il Terme d'imprimerie. Intervalle entre les
mots, entre les lignes. Espacement régulier.|| Terme
d'architecture. Les distances convenables entre plu-
sieurs corps.
— ETYM. Bipactr.
ESPACER (è-8pa-»é. Le e prend une' cédille de-
vant o ou o; espaçant, espaçons), v. a. jj !• Ranger
plusieurs chose*, de mani&re t laisser entre elles
l'espace nic«ssaire. || Terme d'imprimerie. Établir un
interralle rigulier entre les mots et les ligne.s. Bien
espacer les mots. || Terme de maçonnerie. Espacer
tant plein que vide, laisser les intervalles égaux
aux poteaux, aux solives, etc. || î" S'espacer, v. réfl.
Prendre de l'espace, s'étendre. Louis de Bade avait
jeté un pont de bateaux sur le Rhin & Hagenbach,
et de là s'était espacé en Aîiace par corps séparés
rr-siii. 3», «. Il Fig. Parler en détail. Au sortir du
salut, Brissac lui conta [au roi] ce qu'il avait fait,
non sans s'espacer sur 1» piété des dames do la
cour, ID. <94, vo.
— msT. xvi« s Observant la loy de traduire,
ÏBl est, n'espacier point hors des limites de l'au-
ear, do ullat, i, 8. vtrso.
— tTTM. Kipau.
JJMPADAOR (»-,pa-da-j'), ,. m. Action d'es-
Jj^îf^" (*-»P^<i"), : f. Sabre de bois pour
rprïrï^\%^b'|:;2<'»'«"«''-<'''"--ch.nvre
"'■• •*«»»«>»• opada. épie (toy. tri,).
ESP
t KSPADER (è-spa-dé), v. a. Battie le chanvre
sur le chevalet avec l'espade.
— ÈTYM. Etpade.
f E.SPAUEUR (è-spa-deur), f. n». Ouvrier qui
nettoie et pare la filasse.
— ÊTYM. Espader.
t ESPADOLE (è-spa-do-r), ». f. Instrument pour
battre la filasse avant de la passer au peigne.
— ÉTYM. Diminutif A'etpade.
ESPADON (è-spa-don), ». m. || 1' Grande et large
épée qu'on tenait à deux mains. Les Suisses quit-
tèrent les piques pour l'espadon à deux mains,
VOLT. Mœurs, l'-n. || *• Terme d'escrime. Sabre. Se
battre à l'espadon. D'être mort avec Sarpédon, Ce
maître joueur d'espadon, scarron, Yirg. 1. 1{ Domi-
eiîpadon, épée à lame plate et droite. || 8" Terme
d'histoire naturelle. Squale dont la mâchoire supé-
rieure est armée d'un os plat et allongé comme un
glaive (xiphias gladius). L'espadon fait une guerre
éternelle à la baleine et la poursuit avec acharne-
ment; le combat de ces deux cétacés offre un grand
spectacle, bonnet, Contempl. nat. xii, 27, note.
— ÉTYM. Génev. espadron; de l'italien tpadone,
augmentatif de spada, épée (voy. épée).
ISPADONNER (è-spa-do-né), v. n. Se servir de
l'espadon. || Il se conjugue avec l'auxiliaire orotr.
— Rtym. Espadon; genév. espadronner.
f ESPADONNECR (è-spa-do-neur), ». m. Tireur
d'espadon.
t ESPADOT (è-spa-do) ou ESPARDOT (è-spar-do) ,
». m. Terme de pêche. Sorte de crochet de fer fixé
solidement i un bâton, et avec lequel on prend les
poissons restés au fond des écluses.
t ESPADRILLE (è-spa-dri-ll', JJ mouillées, et
non è-spa-dri-ye), ». (. Nom donné, dans les Py-
rénées, à une espèce de chaussure appelée aussi
spartille et spardègne. L'empeigne est faite de grosse
toile et la semelle consiste en un tissu très-serré de
la stipe très-tenace d'une graminée dite vulgaire-
ment spart ou sparte, legoarant.
— IlIST. xvi* s. Les Romains usoient de souliers
tirants la façon des espartignes et souliers de cor-
des dont l'on use en Espagne, fav. Th. d'honn. 1. 1,
p. 37, dans LACURNE.
— ÉTYM. Forme diminutive, tirée de l'espagnol
sparlo, spart (voy. ce mot).
f ESPAGNOL (è-.«pa-gnol) , ». m. Langue parlée
en Espagne, dite aussi castillan, et qui, dérivant du
latin, est sœur de l'italien, du provençal et du
français.
t ESPAGNOLE (è-spa-gno-l'), ». f. Jus ou coulis
très-concentré que les cuisiniers préparent à l'a-
vance pour mettre dans les sauces.
ESPAGNOLETTE (è-spa-gno-lè-t') , ». f. || 1" Sorte
de ratine fine qu'on fabriquait en Espagne, et qui,
depuis, a été imitée en France. || 2° Ferrure servant
à fermer une fenêtre. || 3° Faire espagnolette, s'est
dit, au jeu de reversis, quand le joueura trois as et
le quinola, ou simplement quatre as. Ij 4* Il s'est dit
quelquefois pour jeune fille espagnole. Ce n'était
que pour donner une preuve de tendresse à certaine
petite Espagnolette qui avait les yeux sur lui, ham.
Gramm. s.
— ÊTYJI. Espagnol.
+ ESPAGNOLISER (è-spa-gno-li-zé) , v. a. Rendre
espagnol, mettre du parti de l'espagnol; s'est dit
beaucoup du temps de 1.1 Ligue et sous Henri IV, alors
que le roi d'Espagne avait un fort parti en France.
La reine de Suède, qu'on dit être toute espagnolisée,
OOT PATIN, Lett. t. i, p. 345.
t ESPALE (è-spa-l"), s, f. Terme de marine.
Distance de la poupe au banc de rameurs le plus en
arrière.
— ÉTYM. Autre forme d'épaule (voy. ce mot), dans
le sens d'appui.
t ESPALET (è-spa-lè) , ». m. Terme d'armurier.
La partie d'un chien de fusil qui lui sert d'appui
quand il se débande.
ESPALIER (è-spa-lié; l'r ne se lie jamais; au
pluriel, r» se lie: desè-spa-lié-z exposés au midi), s.
m. Il 1* Rangée d'arbres fruitiers dont les branches
sont dressées et appliquées contre un mur ou sur
un treillage. Des murs tapissés d'espaliers, jj Con-
tre-espalier, treillage qui, placé à quelque distance
d'nn mur garni d'espaliers, sert lui-même à atta-
cher les branches des arbres fruitiers d'une moins
haute taille. || >• Par extension, nom du mur qui
soutient l'espalier. S'il a un espalier bien exposé,
bien crépi, qui réfléchisse bien les rayons de lu-
mière, Vict. des arts et m. Jardinier. || 8* Terme
d'ancienne marine. Nom donné aux deux premiers
forçats d'une galère qui réglaient le mouvement des
autres. Les deux premiers [forçats] qui manient le
ESP
giron des rames joignantes l'espale s'appellent espa»
liers, qui sont ceux qui donnent la vogue au reste,
i. UOBIER, De la conslruction d'une galère et de son
équipage, Paris, t622, p. «. Quoi I vous montrez,
monsieur, un tel art [de tricher au jeu] dans Paris,
Et l'on ne vous a pas fait présent en galère D'un
brevet d'espalier?.... rkonard. Joueur, i, to.
— HIST. XVI' s. Telle ordonnance de fruitiers est
appellée espalier et palis.iade, par laquelle les ar-
bres plantés en haie s'entre-embrassent et s'entre-
tient les uns les autrçs, o. de serres, 648. Il fut
fort fasché qu'un si petit poisson avoit le pouvoir
de s'opposer à l'effort de quatre cents espaliers et
galliots qui estoient en sa gallere, par£, Monstres,
app.i.
— ÉTYM. Ital. spalliere, appui pour les épaules,
de spalla, épaule (voy. ce mot); l'espalier, forçat,
était ainsi dit parce qu'il était placé sur l'espale
(voy. ce mot).
fESPALME (è-spal-m'), ». m. Terme de marine.
Matière qu'on mêle au goudron employé à calfater
la carène des vaisseaux.
—ÉTYM. Voy. ESPAI.MER.
ESPALMÉ, ÉE (è-spal-mé, mée), part, passé.
Une chaloupe bien espalmée. Ce Sergestus donc sus-
nommé Eut un vaisseau bien espalmé, scahron,
Virg. V.
ESPALMER (è-spalmé), v. a. Terme de marine.
Nettoyer la carène d'un bâtiment et l'enduire de
suif. Espalmer un navire. Les uns poussaient les
nefs dans l'onde Et les autres les espalmaient,sCAB.
Virg. IV. || Absolument. L'échouage donna une mer-
veilleuse facilité pour espalmer , fonten. Cha-
telles.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. espalmar ; ital.
spalmare ; du lat. expalmare, frapperavec la main,
àeex, 6\.palma, la paume de la main (voy. paume),
à cause que cet enduit s'applique avec la main.
t ESPALMECR (è-spal-meur) , ». m. Celui qui
espalme, qui étend de l'espalme sur le bois ou sur
la pierre.
f ESPAR (è-spar), ». m. || 1" Levier qui sert pour
la grosse artillerie. || 8° Terme de pêche. Forte per-
che plus menue qu'un mâtereau. || 3° Terme de ma-
rine. Longues pièces de sapin dont on fait de petits
mâts, des bouts-dehors de vergue, etc. Prenez un
espar pour faire un bout-dehors de bonnette.
— ÉTYM. Allem. Sparren, chevron ; gaél. spàr,
poutre.
t ESPARCET (è-spar-sè), ». m. Voy. espar-
cettz.
ESPARCETTE (è-spar-sè- 1'), ». f. Nom Tulgaire
du sainfoin.
— HIST. xvi* s. Le pais où l'esparcet est aujour-
d'hui le plus en usage est le Uauphiné, vers les
quartiers de Die; c'est une herbe fort valeureuse,
non de beaucoup inférieure à la luzerne, o. de ser-
res, 275.
— ÉTY»J. Espagn. esparcilla, qui paraît dan»
cette langue se rapporter au verbe esparcir,
épandre.
t ESPARCIER (è-spar-sié) , ». m. Écluse mobile
en bois ou en tôle, souvent munie d'un manche
dont on se sert pour fermer un rigolet d'irriga-
tion.
t ESPARER (è-spa-ré), t>. o. Frotter les peaux
avec du jonc.
t ESPARGOCTE (è-spar-gou-f) , ». f. Nom vul-
gaire de la spergule des champs (caryophyllées).
— HIST. XVI' s. Et estoient les personnes con-
traintes par la famine de manger l'herbe de l'espar-
goutte (napOéviov) qui croissoit à l'entour du chas-
teau, amyot, Sylla, 30. (Cette espargoute d'Amyot
n'a rien de commun avec la spergule.)
ESPARS, ». m. plur. Voy. espab. L'Académie ne
donne que le pluriel de ce mot.
t ESPART (è-spar) , ». m. || 1* Morceau de bois
tourné, terminé par une boule, et servant à tordre
les écbeveaux de soie au sortir de la teinture.
Il 8° Terme de construction. Chacun des six mor-
ceaux de bois qui composent la civière à tirer to
moellon.
— ÉTYM. Le même qu'e»por.
t ESPARTILLE (è-spar-ti-ll', » mouillées), ». f.
Se dit quelquefois pour espadrille (voy. ce mot).
t ESPATAGE (è-spa-ta-j'), t. m. Nom donné à la
secoude opération par laquelle on réduit l'épaisseur
du fer destiné à la têle et déjà mis en plaque par
le dégrossissage, legoarant.
— ÉTYM. Épater (voy. ce mot) , au sens de ren-
dre plat; le Hainaut dit du fer tspaté, réduit en tôle.
t BSPATARD (è^^pa-ta^), ». m. Enclume et mar-
teau de fonte qui arment un gros martinet dans
ESP
une usine à fer. || Cylindre tranchant sous lequel on
passe les barres de fer pour les couper dans le sens
de leur longueur.
— ÊTYM. Voy. ESPATAOB.
ESPËCE (è-spè-s'), *. (. || 1° Apparence. Ne se dit
en ce sens que dans la théologie : dans le sacrement
de l'eucharistie, les apparences du pain et du vin
après la transsubstantiation. Communier sous les
deux espèces. La liberté qu'on avait dans l'Église de
participer ou à une ou à deux espèces, fit qu'on fut
longtemps sans s'apercevoir de leur perpétuelle af-
fectation [des Manichéens] à rejeter celle du vin
consacré, BOfS. For. xi , § 12. |] 2° Terme de méta-
physique. Espèces ou images représentatives, sorte
d'émanations subtiles que l'on supposait sortir des
corps et les représenter dans les organes des sens,
par exemple dans la vision. La plus commune opi-
nion est celle des péripatéticiens, qui prétendent
que les objets de dehors envoient des espèces qui
leur ressemblent, et que ces espèces sont portées par
les sens extérieurs jusqu'au sens commun; ils ap-
pellent ces espèces-là impresses, parce que les ob-
jets les impriment dans les sens extérieurs, malebr.
Rech. vér. m, ii, 2. || 3° Sorte, qualité. Les diverses
espèces de délit. Marchandises de toutes les espèces.
Est-ce qu'on n'en voit pas de toutes les espèces [des
maris]. Qui sont accommodés chez eux de toutes
pièces? MOL. Éc. des f. i, t. Mlle Blake était une
autre espèce de ridicule; sa taille n'était ni bien ni
mal; son visage était de la dernière fadeur.... ha-
MiLT. Gramm. 7. M. du Maine voulut se marier; le
roi l'en détournait et lui disait que ce n'était point
à des espèces comme lui à faire lignée, st-sim. 4,
61. Le roi ne feignit pas de dire que ces espèces-là
[en parlant du duo du Maine] ne devaient jamais se
marier, id. 36t, 22. Cette loi est établie pour donner
à la république des enfants d'une bonne espèce, mon-
TESQ. Esp. XXVI. (8. Des auteurs de la petite espèce,
LE p. CATROU, dans DESFONTAINES. || Espècc de, suivi
d'un nom de personne, se dit de personnes, d'êtres
ijui n'ont pas toutes les qualités requises, qui ne sont
pas tout à fait ce qu'il faudrait qu'ils fussent. On a dit
que le singe était une espèce d'homme. Une espèce
d'intendant. U.ne espèce d'avocat. Dans les bureaux
des ministres , on avait de tout temps regardé
l'abbé de Saint-Pierre comme une espèce de prédi-
cateur plutôt que comme un vrai politique, J. J.
Rouss. Confess. ix. || Espèce de, suivi d'un nom de
chose, se dit des choses qui sont très-voisines et
qui se remplacent presque. L'enseignement est une
espèce de sacerdoce. C'est une espèce de prodige
que, dans un si vaste empire qui embrassait tant
de nations et tant de royaumes, les peuples aient été
si obéissants et les révoltes si rares, boss. Uist.
m, 6. Espèce d'instinct, dont les inspirations su-
bites lui dévoilaient, dans l'avenir et dans le pré-
sent, ce qu'il devait espérer ou craindre, barthél.
Anach. Inlrod. part, u, sect. 2. |{ Une pauvre es-
pèce, se dit de gens sans mérite, sans qualités. Il y a
longtemps que nous le connaissons pour la plus pau-
vre espèce d'Angleterre, hamilt. Gramm. 8. || C'est
une pauvre espèce d'homme , c'est un homme sans
mérite. || La belle espèce, se dit, Ironiquement, de
gens qu'on trouve doués de très-peu de qualités
de corps ou d'esprit. Quoi moi I quoi ces gens-là I
l'on radote, je pense, A moi les proposer [pour ma-
ris]! hélas! ils font pitié: Voyez un peu la belle
espèce! la font. Fabl. vu, 6. || Absolument. Es-
pèce se dit, par mépris, de personnes auxquelles
on ne trouve ni qualités ni mérite. Une espèce
comme celle-là [Langlée] dans une cour y est as-
sez bien; pour deux, c'en serait beaucoup trop,
ID. 95, 233. L'espèce, terme nouveau mais qui a
un sens juste, est l'opposé de l'homme de considé-
ration ; l'espèce est celui qui, n'ayant pas le mérite
de son état, se prête encore de lui-même à son avi-
lissement, DucLos, Considér. sur les moeurs, ch. 6.
AngéUque : Mais, entre nous, que ferais-je avec un
homme de cette espèce-là? car la plupart de ces
gens-là sont des espèces, vous le savez, Marivaux,
Préj. vaincu, se. 4. Ne t'inquiète pas de ces deux
espèces dont je daigne à peine te parler, j. j. rouss.
Hél. Il, 4 8. Comme si ce n'était pas trop honorer de
pareilles espèces que de faire attention à leurs procé-
dés,». Confess. xii. || De nouvelle espèce, c'est-à-dire
qui présente quelque singularité, quelque chose de
bizarre. Voilà un philosophe de nouvelle espèce! j| Des
gens de toute espèce, c'est-à-dire de toute condition,
de tout caractère. U y avait à cette réunion des gens
de toute espèce. |{ 4° Terme de pharmacie. Les pou-
dres mélangées qui forment la base des électuaires.
Il Mélange de racines, de fleurs, de semences ou
d'autres substances végétales, qu'on suppose douées
ESP
de propriétés médicinales analogues. Espèces amè-
res, feuilles d'absinthe, de fumeterre, de petite cen-
taurée, fleurs de houblon, de camomille. Espèces
anthelmintiques, absinthe, armoise, tanaisia, camo-
mille, etc. Espèces apéritives ou diurétiques, chien-
dent, racines d'asperge, de fraisier, de petit-houx,
de pissenlit, de persil, etc. Espèces aromatiques,
sommités fleuries des labiées. Espèces astringentes,
tormentiUe, bistorte, ratanhia, écorce de chêne,
roses rouges, etc. Espèces béchiques (pour la toux),
fleurs de mauve, de guimauve, de bouillon blanc,
de coquelicot, de violette, etc. Espèces émoUientes,
feuilles de mauve, de guimauve, de molène, etc.
Espèces pectorales, feuilles de capillaire, de lierre
terrestre, d'hysope, etc. || Fig. Brouiller les espè-
ces, s'est dit pour embrouiller les choses, empêcher
d'y voir clair. Jugez de l'effet de ce contre-temps,
si les mesures que j'avais prises avec madame la
Palatine ne l'eussent sauvé; elle s'en servit très-
finement, cinq ou six jours durant, pour brouiller
les espèces que l'impétuosité de Viole avait un peu
trop éclaircies, retz, Uém. t. il, p. 323, édit.
CHARPENTIER. || 5° Division du genre , réunion
d'individus sous un caractère commun qui les dis-
tingue de ceux qui appartiennent au même genre.
Noble et roturier sont des espèces par rapport
à homme; et homme, qui est un genre par rapport
à noble et roturier, est une espèce par rapport à
animal, condillac, Gramm. préc. de leç. prél.
art. t". Œuvres, t. v, p. lxxviii, dans poogens.
Il Terme de rhétorique. Un des lieux communs de
rhétorique. Le genre et l'espèce. || En chimie, es-
pèce, collection d'individus identiques par leur oom-
position élémentaire et immédiate. || En biologie,
collection d'individus descendants d'êtres vivants ou
ayant vécu, qui se ressemblent plus entre eux qu'ils
ne ressemblent à tous les autrei analogues. D'après la
plupart des biologistes d'à présent, le caractère fon-
damental de l'espèce est de reproduire, par la géné-
ration, des individus capables de se propager à leur
tour. Ce naturaliste a découvert plusieurs espèces en
botanique. Les espèces vivantes. Les espèces fossiles.
La nature n'est pas moins admirable dans les moyens
par lesquels elle conserve les individus que dans
ceux par lesquels elle conserve les espèces, bonnet,
Lett. div. Ôiiuvres, t. xii, p. 202, dans pocgens.
Combien, soigneuse encor de leur postérité. Par
des moyens divers la nature puissante Conserve
chaque espèce à jamais renaissante, helille. Trois
règ. vu. || L'espèce humaine, le genre humain. Je
hais, je fuis l'espèce humaine , composée de victimes
et do bourreaux ; et, si elle ne doit pas devenir meil-
leure, puisse-t-elle s'anéantir I raynal, Hist. phil.
XI, 24. Assez de monde concourt X propager notre
espèce, bérang. Chap. || 6° Terme de jurisprudence.
Le cas particulier sur lequel il s'agit de prononcer.
Cet argument n'est pas admissible dans l'espèce. Cet
arrêt n'est point dans notre espèce, patru. Plaid.
9, dans richelet. || 7° Terme d'arithmétique. Se dit
de quantités, par rapport à leur nature. Dix heures
et trois minutes sont des quantités de même es-
pèce; dix heures et trois mètres sont des quantités
d'espèce différente. |1 Terme de géométrie. Triangle
donné d'espèce , dont chaque angle est donné.
Courbe donnée d'espèce , courbe dont la nature est
connue ainsi que le rapport qu'ont entre eux les
différents paramètres. |{ 8° Chose, par opposition à
argent. Les saisies et exécutions ne se feront que
pour chose certaine et liquide , en deniers ou en
espèces; et si c'est en espèces, sera sursis à la
vente, jusqu'à ce que l'appréciation en ait été faite,
Ordonn. avril 1667, tit. xxxiii, art. 2. Si vous esti-
mez plus à propos de prendre seulement ce qu'il
faut de victuailles en espèces pour lesdits vaisseaux
et de leur fournir le reste en argent, colbert. Cor-
respond, t. m, p. to. Il Ce sens n'est plus usité. On
dit aujourd'hui en nature. || Terme de pratique. La
chose mêuje qu'on a empruntée. U faut rendre en
espèce un cheval qui a été prêté, c'est-à-dire il faut
rendre le même cheval. || 9° S. f. plur. Espèces son-
nantes (c'est-à-dire choses sonnantes), et, absolu-
ment, espèces, pièces de monnaie. Payer en es-
pèces sonnantes. Si j'eusse été bien en espèces,
je me serais sans doute piqué d'honneur, je n'au-
rais pas souffert qu'il eût payé pour n.oi, lesage,
Guaman, i, 6. Le roi Guillaume ordonna le grand
renouvellement des espèces d'Angleterre en )098,
MAiRAN, Éloge de }lalley.\\ Il se dit aussi au singulier.
L'espèce est rare dans sa bourse. Quantité de papier,
et fort peu d'argent ; et, pour ne pas manquer quel-
que bonne affaire, il faut incessamment faire de
l'espèce, dancourt. Agioteurs, i, 8. Toute l'espèce
vieille sortira doue de r£iat qui fait la refonte, et
ESP
1491
le profit en sera pour les banquiers, montesq
Espr. XX II, <o.
— HIST. XII* s. En la cited entrad od forment
grant cumpaignie, à cameilz [chameaux] ki portè-
rent espèces (épices] e or senz nombre, flots, 271
(I Hii' s. Force de génération, Por l'espèce avoir
tous jours vive Par renouvelance naïve, la Rose,
7003. Il iiv" s. La vertu ymaginative, laquelle reçoit
du sens commun les espèces des choses sensibles,
H. DBMONDEviLLE, f* •16. Les diverses espoisses du
spasme, m. ib. f" 68. Une est pour avoir lignée el
pour sauver et continuer humaine espèce, oresme,
£(/i. 2B4. Il XV' s. Et puisque, par bien et par espèce,
de bien et de humilité, vous estes venu en ce pays,
vous soyez le bien venu, froiss. n, m, 46. Luy
présente ses deux mil escuz en or, car en auitre
espèce ne donnoit jamais argent aux gens esfan-
gers, COMM. VI, 2. || xvi' s. / dsy, soubz especa
d'amitié, Antonius attira ArUvasdes, puis le feit
lier, RAB. Pant. iv, 36. Telle attestation, quand elle
est deument faite, est une espèce de glorifier Dieu,
CALv. Instit. 289. Ils enseignent de cercher Jésus
Christ en l'espèce du pain , qu'ils appellent, m. ib.
<I03. Ceste espèce de magiciens sont reputez estre
desbonsetsecourables, langue, <36. Unsols, demy-
sols, carolus et aultres espèces françoyses, carl.
VI, 8,
— ÉTïM. Provenç. especia, specia; espagn. et
portug. especie; ital. specie; du latin species, do
même radical que spicere, voir ( comp. spec-
tacle).
tESPÉRABLE (è-spé-ra-bl'), adj. Qu'on peut es-
pérer. Une fortune commença cette année à poindre
grandement et peu espérable alors, montée ensuite
au comble [Bellisle], st-sim. 230, 83.
— HIST. XVI" s. U n'est rien moins espérable du
peuple ainsin agité que l'humanité et la doulceur,
MONT. I, 136.
— ÉTVM. Espérer.
ESPÉRANCE (è-spé-ran-s') , s. f. ||1° Attente d'un
bien qu'on désire, et qu'on entrevoit comme pro-
bable. Mon orgueil à ce bruit prendrait quelque
espérance, corn. D. Sanche, iv, 3. Il mettait l'es-
pérance du succès dans les troupes, boss. Hist. m, 4,
Il éleva sa maison à de plus hautes espérances, m.
t6. I, ti. L'espérance enferme ou est elle-même,
selon les docteurs, une espèce de désir, id. Connaiss.
III, 6. Qui ne sait oil son rare mérite [d'une prin-
cesse] et son éclatante beauté , avantage toujours
trompeur, lui firent porter ses espérances? m. 4>m«
de Gonx. Nous n'avons jamais qu'un moment à vi-
vre, et nous avons toujours des espérances pour
plusieurs années , fléch. Mme d'Aiguillon. Cela
donna sujet à M. Despréaux de s'étendre sur vos
louanges, c'est-à-dire sur les espérances qu'il a con-
çues de vous; car vous savez que Cicéron dit que,
dans un homme de votre âge, on ne peut guère louer
que l'espérance, rac. Lett. à son jils, xxvi. J'avais
conçu de toi de grandes espérances, fén. Tél. xix.
L'espérance trompée accable et décourage , volt.
Oreste, iii, 4. Le temps viendra sans doute où l'Eu-
rope ne sera qu'une grande famille, mais l'espérance
a aussi son fanatisme; serons-nous assez heureux
pour que dans un instant le miracle auquel nous de-
vons notre liberté se répèle avec éclat dans les deux
mondes? MIRABEAU, Collection, t. m, 3)4. D'une
prison sur moi les murs pèsent en vain; J'ai les ailes
de l'espérance, A. chén. la Jeune captive. Hélas!
il disait lui-même, d'après Pindare, que l'espérance
n'est que le rêve d'un homme qui veille, barthél.
Anach. ch. 6\. Grâce aux amours, bercé par l'es-
pérance. D'un lit plus doux je rêve le duvet, bé-
rang. Dieu des b. gens. Mon cœur, lassé de tout,
même de l'espérance. N'ira plus de ses voeux impor-
tuner le sort, LAMART. Méd. 1,6. Te dirai-je....
Qu'un instant, comme toi, devant ce ciel immense,
J'ai serré dans mes bras la vie et l'espérance , Et
qu'ainsi que le tien mon rêve s'est enfui ? A. db
MUSSET, Lell. à Lamartine. Je sais ce que la terre
engloutit d'espérances, Et, pour y recueillir, ce
qu'il y faut semer, id. ib. \\ Par antiphrase. Grâce
aux dieux, mon malheur passe mon espérance, rac
Andr. v, b. || De grande espérance, qui fait conce-
voir une'haute idée d'un mérite futur. Un fils d'une
si grande espérance, boss. Ilist. i, 8. {j Par extension.
Dans une terre, dont le maître s'est éloigné, on voh
un arbre de riche espérance devenir stérile, cha-
TEAUB. Mart.u, 42. Il En espérance, en perspective,
en comptant qu'une chose se fera. Déjà de Titus
épouse en espérance, rac. Bér. 1, t. jj Dans l'espé-
rance , en espérant.... Je suis venu, dans l'espé-
rance de vous trouver. Dans l'espérance que le dé-
mon lui avait donnée de..,, pasc. Prov. H. \\ Être
1 fm
ESP
^^ZSnnM^n tu» iânf tnpénact, u du
dâi MnOBOM qui n'e»p»renl plm conserver
■J^ Nom «ni n» p«M«r8 pa» Ja journée,
noM*.
Iiqu*il« I
■aiu têttnat». m dit «l'un in»l»<l« 1"'on >>'«»l'*r.«
îaC;î5ÏÏÏîrr: U. médeelM l'on' «"'U"'"*..!;
rM mm '
•nal d*.
■a aalaito' Noir* Mii o* paiMra .
tl^mîum «M •»p4"nc«- Il -''' P'"»"- Espérance»
•IniAa e« que l'on «llend au décis de quelque pa-
rwL Uie a dii mille écus de rente et des espé-
II I* S* dit pour la personni ou la chose sur
I •• fonde l'espérance. Voilà donc votre roi ,
. "tpérance, bac. Alh. iv, s Notre
i(, :;.paiit sans éxard sur un arbre rniitier,
Q\i. ,♦ . lu boutons, douce et frCle espérance,
LA roNr. t'abl. IX, a. Je l'aurai fait passer [une
jeune flilel chez moi dés son cufance, Kt j'en aurai
cliéri la plus grande espérance, mol. Éc.deifemm.
IV, I. Il S* Celle des trois vertus théologales par la-
quelle nous es|>ér n* posséder Dieu. || 4* Jeu de
l'espérance, espèce >.'-i jeu de dés.
— IIIST. Xi* s. Oui de morir nen orent espérance
[no s'attendaient pas à mourir] , Ch. de Hol. cviii.
Il xu* s. Que tout [}'] i met mon cuer et m'esperance,
CoMci, n. Uls Deus [mon DIeuJ, ma forco, en lui
est ma speranche; il est mis escudz e ma satveted,
Roii, p. 2U&. Il xiu* s et n'avoisnt esperanche
que jamais fussent délivrés, Chr. de Hains, p. lou.
L'espérance où tu m'as mis par l.i promesse de l'a-
venement ton fil, Psautier, f <48. ||xv' s. J'ai es-
pérance que oeui qui le liront.... COMU. Prol. Folle
espérance déçoit l'homme, leroux de imcr, Prov.
I. II, p. 300. Il xvi' s. L'espérance qu'ils coBCovoienl,
que.... AMYOT, Philop. 18.
— ÉTïM. Espérant, part, présent d'espérer; pro-
venç. e»7)eran<a;espagn. eiyerania; ital. speraaîo.
t ESPÉRANT, ANTB (è-spé-ran, ran-f) , adj. Qui
espère. On y verra [dans des articles sur Heruaiii]
le vrai degré de chaleur des esprits ; rien ne rend
mieux le surcroît ei le tumulte de sentiment qu'é-
prouvait sincèrement alors toute une jeunesse cspé-
r.inte et enthousiaste, ste-beuve, Revue des Veux-
llondes, tr, mai 1803, p. 308.
ESPÉRÉ, ÉK (é-spé-rô, rée), port, passé. Un bon-
heur lonplemps espéré. Des récompenses espérées.
ESPÉRER (é-spé-ré. L'accent aigu se change en
accent grave, quand la syllabe qui suit est muette :
j'espère, excepté au futur et au conditionnel: j'es-
pérerai, j'espérerais), v. a. || !• Attendre un bien
qu'on diisiro et que l'on entrevolt comme probable.
On doit tout espérer d'un monarque si juste, boil.
Sal. I. J'avais espiréque Monseigneur achèverait la
campagne, si siu. a, 38. Je lui fais espérer la grâce
de Séide, volt. Fanal, y, i, I.ève-toi, cher appui
qu'espérait ma vieilles-se, id. Brut, v, 7. || Espérer
avec de, et un infinitif. J'espérais d'avoir de quoi te
satisfaire et répondre à tes dernières lettres, pasc.
Lclt. Jacqueline, aejanv. (648. Il espéra de conten-
ter son ambition, uoss. Ilist. i, 8. Hélas I puis-je es-
pérer de vous revoir encore? rac. Brit. n, e. J'es-
pérais de verser mon sang après mes larmes , id.
Btrin. i, 4. Que pouvez-vous offrir à l'Église dont
elle puisse espérer ds faire quelque usage pour la
gloire de Jésus-Christ et le salut de ses enfants?
MASS. Conf. Yoeat. i. Ils espèrent de jouir d'un pa-
radis où ils goûteront mille délices, momt(:sq. Lett.
pert. 3fr. Il Espérer avec un infinitif, sans préposi-
tion. J'espérais y régner sans elfroi; Moines, abbés,
prieurs, tout s'arma contre moi, boil. Lutr. u. Il
espère revivre en m postérité, rac. Bsth. u, ».
Il S* Espérer quelqu'un, espérer sa venue, sa pré-
sence. Je lis, je me promène, je TOUS espère; gardez-
vous de me plaindre, ttv. S06. || 8* Absolument Ks-
péroi et prenez courage. Il n'y a point d'homme
plus aisé à mener qu'un homme qui espère ; il aide
4 la tromperie, boss. Penties ehrél. S«. Après cinq
ans d'amour et d'espoir superflus Je pars fidèle on-
eor, quand je n'espère plus, hac. Bérin. i. a. il
n'y a guère de personnes à qui il n'en coûte cher
pour avoir trop espéré, rto. Édue. filles, ta. s'il
pouvait se montrer , j'espérerais encore , volt.
Tantr. i, s. || Espérer en, avoir confiance. Espère
en ton courage, espère en ma promesse, cobn.
•"'f- '• • Dieu veut qu'on espère en son soin
1 . '.""^ •*"•• '• *• Souvenez-TOus d'un fils
qui n espère qu'en vous, lo. Phid. u, ». Kn l'appui
2 1*»" ^umoi-'ous espérer? lo. m, «. |l Espérer
tJly*""* P'"»- °">" «m», aux promesses du
ahS II klîf • '• '• "*'' «»P*fe» au ciel qui vous
ySrt 1^ rTî.^""!."'"' •"" PO"' "oi. "OL.
M.. poir irSy-^traro: ." """'"•, ■"•
BO». iS7i, On espèr* k m hUnUeureui hôrilago,
ESP
Boss. ror. 3. Il Espérer de , avec une personne pour
régime. Ceux de qui j'espérais sont tous mes enne-
mis, VOLT. Irène, iv, ». || Espérer blende, avec un
nom de chose pour régime, avoir bonne espérance
qu'une chose se fera. Saint Ambroise, que le jeune
empereur avait mandé pour recevoir de lui le bap-
tême, déplora sa perte [il avait été tué avant d'être
baptisé] et espéra bien de ron salut, boss. Uist.i, t < .
— REM. 1. Après espérer, le qu» régit le futur
quand la phrase est affirmative, et le subjonctif
quand elle est négative ou interrogative : J'espère
que vous le ferez; je n'espère pas que vous le fas-
siez; espériez-vous que je le fisse? Cependant, dans
la phrase interrogative, on peut mettre aussi ;%<
futur : Espérez-vous que je lo fasse ou que je le fe-
rai? Il t. Quand espérer est à l'imparfait ou au
plus-que-parfait, c'est non du futur, mais du condi-
tionnel, que l'on se sert : J'espérais qu'il viendrait;
j'avais espéré qu'il serait venu. || 3. Des grammai-
riens ont condamné espérer avec le présent. Ce-
pendant ce verbe, présentant seulement l'idée d'une
chose douteuse, peut être suivi d'un verbe au pré-
sent ou au passé : J'espère qu'il travaille; j'avais
espéré qu'il travaillait. J'espère que Pauline se porte
bien, SÉV. dans girault-duvivieh. J'espère Que le
vin opère; Oui tout est bien même en prison, bé-
RANG. Guérison. || 4. Espérer, en Picardie et dans
tout l'Ouest, a simplement le sens d'atlendro : J'es-
père la diligence.
— HIST. XI' s. Danz Alexis entrât en une nef,
Ourent [ils eurent] lur vent, laisent curre par mer;
An dreit Talson espeirent arriver, St Alexis, xxxix.
Il XII* s. Tu es escuz à tous ces qui espeirent en tel,
iioii, 208. Et s'ilvousplaistàoïr ma prière, Ainsi com
je l'espoir, Couci, xvm. || xm's. La teue [ta] misé-
ricorde soit faite seur nos, si corne nos espérâmes
en toi. Psautier, P" tôt. ||xv* s. Ceux dont il es-
peroit à avoir profit, proiss. i, i, 76. J'espoire bien
que demain nous aurons besogne [paroles de Phi-
lippe d'Artevelle aux capitaines flamands], id. u,
II, tfll. Pour la joie qu'elle eut que son mari n'es-
toit point si mal ne si dévoyé qu'elle esperoit [crai-
gnait], LOUIS XI, Wouv. lix. ||xvi* s. Celuy qui se
trouve en ce 'langer ne doibt pas beaucoup espérer
ny de S£ force ny de sa vigilance, mont, i, 33. J'es-
père que nous en quitterons l'usage, ID. i, 302.
Lorsqu'aprez une longue queste la beste vient à se
présenter où nous l'espérions le moins, id. ii, t27.
On ne doibt point défendre aux gens de bien d'cs-
perer honneur de leurs vertueux faicls, amyot,
Préf. VI, 33. Joyeux de cesto prospérité non espérée,
id. Timol. te Ne jamais l'homme heureux n'es-
père De se voir tomber en mescbef , Sinon alors que
la misère Desjà lui pend dessus le chef, bons. 40».
— ÉTYM. Wallon, espérer, attendre; Berry et
normand, espérer, attendre: il espère à chaque in-
stant la fièvre; provenç. et espagn. «spcrar; ital.
sperare; du latin sperare.
ESPIÈGLE (è-spiè-gl'), adj. || 1* Vif et malicieux
sans méchanceté. Un enfant espiègle. Bon plaisant,
d'un sel fin dans son sérieux ironique, et plus es-
piègle que malin, MARMONTEL, Uém.iv. || 2° Substan-
tivement Un espiègle. Agathe, la plus jolie petite
espiègle quo l'amour eût formée, ne perdit pas un
mot de cet entretien, m. Contes moraux, Connaiss.
Eh bien, espiègle, vous n'applaudissez pas? Beau-
marchais, Ifar. de Fig. i, to.
— Etym. Wallon, tpièk; de l'allemand Eulen-
spiegel, proprement miroir de chouette, de Eule,
chouette, et Spiegel, miroir. Ménage a dit : a Un Al-
lemand du pays de Saxe, nommé Till Ulesplegle, qui
vivait vers 1480, était un homme célèbre en petites
fourberies ingénieuses. Sa vie ayant été composée
en allemand, on a appelé de son nom un fourbe in-
génieux. Ce mot a passé ensuite en France, dans la
même signification; cette vie ayant été traduite et
imprimée avec ce titre: Histoire joyeuse et récréa-
tive de Till Ulespiegle, lequel par aucunes fallaces
ne se laissa surprendre ne tromper. » On remar-
quera que l'allemand Spiegel, miroir, est le latin
spéculum, d'où le provençal etpelh; espagn. es-
pejo; ilal. tpeechio.
ESPIÈGLERIE (è-spiè-gle-rie), t.f. Tour d'es-
piègle. Mme des Ursins. embarrassée de l'éclat de
la retraite des deux cardinaux, fit une vraie espiè-
0erie; ce fut une nouvelle feinte, si-sim. tï6, la».
Mes tnurs ne me semblaient que des espiègleries et
notaient pas autre chose, j. i. bouss. Confea. i.
— KTYM. Kspiigle; wallon, spiekreie.
I BSPIGNETTE (è spignè-t') , t. f. Un des noms
TUlgaires de la clavaire coralloîde (champignon),
nommée vulgairement aussi petite clavaire, barbe
do bouc.
ESP
f ESPINQOIB (è-spin-soir), s. m. Marteau de pa-
veur.
ESPINGOLE (è-spin-go-1') , s. f. Espèce de fusil
court, à canon évasé en trompe, qu'on charge de
plusieurs balles; quelquefois le canon est en cuivre.
Elle se charge plus facilement que les autres armes
à feu, à cause de la forme du canon, mais elle re-
pousse beaucoup, ce qu'on attribue à l'évasemenl
de la bouche, legoabant.
— ËTYM. Le même que espringale.
ESPION, ONNE (è-spion, spio-n' ; en vers, de trois
syllabes), (. m. et f. \\ 1° Celui qui se glisse dans le
camp ennemi pour surprendre les desseins des chefs.
Quand on prend un espion, on le fusille presque tou-
jours. Il Un espion double, un espion qui sert les
deux partis. || FIg. Il ne dépense guère en espions,
se dit d'un homme fort mal informé des affaires du
monde. Il Fig. et familièrement. Tromper l'espion,
tenir un langage, une conduite propre à abuser sur
nos desseins ceux qui surveillent nos démarches.
Il 2° Personne de la police, chargée d'épier la con-
diiite et les projets des personnes en état de suspi-
cion. J'exerce en cette occasion Un plus noble mé-
tier que celui d'espion, maibet, Solim. i, 3. Mme
d'Épinette, concubine en titre d'Ondedei et es-
pionne avérée de Mazarin, retz, t. ii, liv. m, p. 94,
dans POUGENS. 113° Celui, celle qui surveille par in-
térêt ou par curiosité les actions d'autrui. Infidèle
espionne et mauvaise interprète , thistan , Ma-
rianne, V, t. Et de tous les emplois le plus l&che
aujourd'hui Est d'être l'espion des paroles d'autrui,
BOOBSAULT, Èsope à la cour, i, 6. Tous les esclaves
des rois et des reines sont autant d'espions de leurs
cœurs, VOLT. Zadig, s. \\ En bonne part. Aussitôt
M. Colbert, qui avait des espions pour découvrir le
mérite caché ou naissant, déterra M. Kolle dans
l'extrême obscurité où il vivait, fonten. Rolle.
Il 4* Merle d'Afrique très-rusé.
— HiST. xvr s. Ses espions luy avoyent dénoncé
que Quaresmeprenant, leur anticque ennemy, estoyt
en terre descendu, rab. Pant. iv, 42. La roioe-
mere entretenant à sa suitte 20 espions, d'acb.
Hist. H, t77. Il sçeut bien les rendre espions dou-
bles, et se servir de ses ennemis, id. ib. u, )8l.
Cette espionne avertit et pressa son mari et ses
compagnons, id. Hiit. ii, 60. Ce que voyans, les
espions de Nicoclès furent abusez, amyot, Arat. 7.
— ÉTYM. Épier; génev.épion; espaga. espion;
ital. tpione. L'ancienne langue disait espie.
ESPIONNAGE (è-spio-na-j' ; en vers, de quatre
syllabes), j. m. Action d'espionner; métier d'espion.
L'espionnage serait peut-être tolèrable s'il pouvait être
exercé par d'honnêtes gens, mo.mesq. Esp. xii, 23.
— HIST. XVI* s. Nonobstant toutes les rigueurs,
aguets et espionnaiges des deux frères, carloix,
vtu, <6.
— ÉTYM. Espionner.
ESPIONNE, ËE (è-spio-né,<i née), part, passé.
Espionné par la police.
t ESPIONNEMENT (è-spio-ne-man ; en vers, de
cinq syllabes), s. m. Action d'espionner.
— HlST. XVI* s. Espionnement, cotgrave.
— ÉTYM. Espionner.
ESPIONNER (è-spio-né; en vers, de quatre syl-
labes), V. a. Observer quelqu'un, ses actions, ses
discours en espion. Ses ennemis l'espionnaient
Il Absolument C'est un vilain métier que d'espion-
ner. Il S'espionner, ». réfi. S'observer l'un l'autre en
espions. Us se sont espionnés longtemps.
— SYN. épier, espionner. Ces deux mots ont
même radical, e.spionner n'étant qu'un allongement
de espier. Espionner c'est proprement faire l'espion,
tandis que épier ne contient que l'Idée de l'observa-
tion secrète. Espionner les démarches de quelqu'un,
c'est les observer secrètement pour en user en es-
pion; les épier, c'est aussi les observer secrètement,
mais dans des Intentions qui peuvent ne pas avoir
le caractère de l'espionnage.
— HIST. XVI* s. Ouy certainement, luy respon-
dit-il, je suis espie voirement, qui suis venu pour
espionner ton imprudence et ta folle, amïot, Com-
ment discerner le fiait, de l'ami, 52.
— ÉTYM. Espion; génev. ^pionn«r.
ESPLANADE (è-splanad') , s. f. || 1* Terme de
fortification. Espace uni ou terre-plein , qui s'étend
depuis le glacis d'une citadelle jusqu'aux premières
maisons de la ville. || Zone de servitude qui s'étend
à 250 mètres d'une place ou d'un poste militaire.
Il Le parquet même, corridor ou chemin couvert,
où s'établissent les assiégés pour inquiéter les tra-
vailleurs ennemis, protéger les sorties, etc. || 2° Es-
pace uni et découvert devant un grand édifice. L'es
; luiadc des Invalides, j] 8" lieu plus ou ïoins élevé
ESP
d'où l'oeil embrasse une certaine étendue de pays.
U le prend, il l'emporte [éléphant de pierre], au
haut du mont arrive, Rencontre une esplanade et
puis une cité, la font. Fabl. x, <4. X la base de
ce rocher est une esplanade couverte de grands
arbres, ber». de st-pierbe, P. et Yirg. Le Pnyi
[forum d'Athènes] est une esplanade pratiquée sur
une roche escarpée, CHATEAUB. Itin. I83i. || 4° Terme
d'artillerie. Madriers sur lesquels on place les bat-
teries de canon. {| B" Terme de fauconnerie. Route
de l'oiseau qui plane.
— HlST. ivi' s. Quand on est en quelque belle
splanade, mont, ii, 3S8. Sa tranchée de (8 pieds
en œuvre, flancquée de deux forts, au pied des-
quels il y avoit deux esplanades pour sortir au com-
bat, d'aub. Hùt. II, 69. Le prince de Condé retourne
sur ses pas, pour faire à ses ennemis (comme il di-
soit) pontd'or et esplanade d'argent, id. ib. ii, 435.
— ÉTYM. L'ancien verbe esplaner, rendre plan,
de es.... préfixe, et plan : Mustapha voyant la place
comme esplanée, d'aub. Ilist. l, 241.
t ESPLANDIAN (è-splan-dian) , t. m. Belle co-
quille univalve, appartenant au genre cône.
ESPOIR (È-spoir), s. m. {{ !• Le fait même
d'espérer. Attirer par l'espoir. J'ai bon espoir
qu'il réussira. U n'a point son espoir au nombre des
armées, malh. u, t. Apprends-moi de nouveau quel
espoir j'en dois prendre, corn. Cid, i, f. Quittez le
long espoir et les vastes pensées, la pont. Fabl. xi, 8.
Et que le refus qu'il a fait.... n'ait pas étouffé dans
mon âme toute sorte d'espoir, mol. Am. méd. i, 4.
Mais combien d'écrivains d'abord si bien reçus Sont
de ce fol espoir honteusement déçus ! boil. Sat. ix.
Mon espoir N'est plus qu'au coup mortel que je vais
recevoir, bac. Iphig. v, 2. Je meurs dans cet espoir,
satisfaite et tranquille, id. ib. Et l'espoir malgré
moi s'est glissé dans mon cœur, id. Phèd. m, y.
Il Sous espoir, dans l'espoir, en espérant. Lâcher ce
qu'on a dans la main , Sous espoir de grosse aven-
ture, Est imprudence toute pure, la font, f abJ. ix,
(0. Dans l'espoir d'élever Bérénice à l'empire, hac.
Bérén. ii , 2. || En espoir, dans l'imagination qui
esp&re. Mes guerriers en espoir dépouillaient votre
monde Des tributs éclatants qu'il recueille à Gol-
conde, delav. Paria, i, t. \\ Au plnr. Alors je revis
en moi-même Les doux espoirs, les bizarres pen-
sers, VOIT, dans girault-duvivieh. || Espoir est quel-
quefois appliqué au présent, parce que l'esprit
humain transporte volontiers une idée de futur au
présent. Me cherchiez-vous, madame? Un espoir si
charmant me serait-il permis ? bac. Andr. i, 4. Cet
emploi est justifié par un emploi analogue d'espérer.
Il d'Ancien terme de mer. Petite piJce de canon
mise sur le pont d'un vaisseau , et servant à fa-
voriser les descentes.
— SYN. espoir, espérance. Ces deux mots sont
très-voisins, ne différant que par un suffixe qui est
dans espérance et qui manque dans espoir. Espoir
est le substantif du verbe espérer, sans aucun suf-
fixe, commegardel'est de garder, et par conséquent
équivaut exactement à l'infinitif pris substantive-
ment; l'espoir ou l'espérer c'est la môme chose. Es-
pérance dérive du participe présent ; c'est l'état de
l'âme de l'espérant. Par conséquent, espoir a un
sens plus général, plus indéterminé qu'espérance;
et dans le vers célèbre de la Fontaine : a Quittez le
long espoir et les vastes pensées; » espoir seul con-
vient, espérance serait impropre. Spart cette nuance,
espoir et espérance se confondent.
— HIST. xii* s. Et je cuit [crois] bien au mien espoir
[d'après l'espoirquej'ai] Que.... Couci,\v. Benoit soit
U hardemensOù j'ai pris si bon espoir, t6. xii. Tost au-
ront perceti l'engin de félonie; Espoir [sans doute], il
manderont partout leur baronie, Sax. xx.|| xiii' s. Mais
un espoir m'a tant reconforté, le comte d'anjod. Ro-
mancero, p. t24. Et espoir il leur en prendra pitié,
viLLEH. XLii. En assembler trésor [elle] avoit mis
son espoir, Berte, Lxv. Bien le voudroit Pépins,
ainsi com j'ai l'espoir, ib. Mais, espo'r, ce n'iert [ne
sera] mie tost, Grans biens ne vient pas en poi d'ore,
la Rose, 2038. || xv' s. Les gardes de la porte com-
mencèrent & corner et à esmouvoir ceux de la ville,
qui, espoir [peut-être], dormoient encore, car il
estoit moult matin , froiss. i , i , 254. Plusieurs
menues folies auxquelles ledit mignon trop se don-
noit d'espoir, louis xi, Nouv. th. || xvi* s. Un vain
espoir qui de vent nous vient paistre, hons. *. Ainsi
i'alloy sans espoir [crainte] de dommage , ID. 34.
L'âge Tole tousjours sans espoir de retour, id. i,
6B7. Seize pataches de 2b à 30 tonneaux, garnies
d'espoires [canons] de fonte et de quelques moiennes
[pièces d'artillerie], d'aub. Ilist. m, I8.
— ÏTYil. Provenç. esper; du latin speret, qui se
ESP
trouve dans Ennius. Espoir dans l'ancienne langue
avait un emploi élégant : 11 signifiait peut-être, qui
l'a remplacé.
fESPOLE (è-spo-1') ou ESPODLE (è-spou-l'), s. f.
Fil de la trame d'une étoffe. Celui [le fil de laine]
qui est destiné pour la trame, est mis en espoule,
c'est-à-dire qu'il est dévidé sur de petits tuyaux ou
morceaux de roseau, disposés de manière à pouvoir
être facilement placés dans la poche de la navette,
Dict. des arts et m. Amst. <767, Drapier.
— ÉTYM. Voy. ESPOLIN.
fESPOLETTE (è-spo-lè-f) ou ESPODLETTE
(è-spou-lè-t') , s. f. Sorte de mèche qui seit à mettre
le feu aux bombes et obus.
— ÉTYM. Voy. ESPOLIN.
t ESPOLECR (è-spo-leur) , s. m. Ouvrier qui
charge et dispose les espolins,
i ESPOLIN (è-spo-lin), s. m. Petit tube de roseau
sur lequel on dévide la laine, le coton ou la soie,
pour la trame des étoffes. || Sorte de navette qui con-
tient la dorure et la soie propres à brocher.
— ÉTYM. Espagn. espolin; ital. spola , spuola;
de l'ancien haut-allemand spuolo, navette.
ESPONTON (è-spon-ton), s. m. \\ 1" Demi-pique
que portaient autrefois les officiers d'infanterie, et
dont on se sert sur les vaisseaux pour l'abordage.
L'épée au côté , l'esponton à la main , volt. Cand.
14. Il 2° Terme de serrurerie. Partie basse d'un bar-
reau de grille, qui est arrondie en diminuant comme
un fuseau.
— ÉTYM. Bourguig. se tenir comme un éponton ,
se tenir droit et ébahi ; espagn. esponton ; ital. spon-
tané, spuntone ; de l'ital. puntone, pointe, de punto,
piqûre, du latin punclum (voy. poindre).
t ESPODLE, s. f. Voy. espole.
I ESPOOLETTE, s. f. Voy. espolette.
t ESPOULIN (è-spou-lin) , s. m. Voy. espolin.
■f ESPOCLINAGE (ô-spou-li-na-j') , s. m. Action
d'espouliner.
t ESPOUHNANDE (è-spou-li-nan-d') , s. f. Ou-
vrière qui cliarge et dispose les espoulins.
t ESPODLINER (ti-spou-li-né) , v. a. Travailler
avec les navettes nommées espoulins.
t ESPRESSIONE (è-spre-ssio-né). Terme de mu-
sique. Con espressione, mots italiens qui signifient
avec expression, c'est-à-dire avec chaleur et sen-
sibilité. On écrit quelquefois, en abrégeant, con es-
press. ou, simplement, espress. mais, en le pro-
nonçant, on dit toujours con espressione.
— £TYM. Ital. espressione (voy. expression).
t ESPRESSIVO (è-sprè-ssi-vo). Terme de musi-
que. Mot italien signifiant expressif , c'est-à-dire
qui doit se chanter ou se jouer avec expression.
Andante espressivo.
— ÉTYM. Voy. expressif.
ESPRINGALE (è-sprin-ga-l'), s. f. Espèce de ba-
liste autrefois en usage dans les armées du moyen
âge.
— HIST. XIV* s. Ainsi que là Bertran recordoit son
vouloir. Un carrel d'espringalle vint lez lui asseoir;
Mais à lui ne mesfit ne à son cheval noir, Guescl.
v. 3971-4006. Canon ne espringalle ne leur vaudra
néant, ib. \\ xv* s. Et le [le château] fit pourvoir
moult bien d'espringales, de Lombardes, et d'arcs
à tourz et d'autres instrumens, froiss. i, i, 315.
— ÉTYM. Provenç. espingala; espagn. et portug.
espingarda. La vraie forme paraît être espringale,
avec l'r; et celle qui ne l'a pas paraît être une al-
tération. En tout cas, espringale vient de l'allemand
springen, sauter, qui d'ailleurs était entré dans le
français : Tan tost espringez et balez, la Rose,
10)22.
t ESPRINSONS (è-sprin-son) , s. m plur. Maladie
épidémique qui a régné à Metz en 1473-1474 et qui
paraît avoir été une sorte de dyssenterie.
— ÉTYM. Le radical parait être épreinte (es-
preinle).
ESPRIT (è-spri; le t se lie dans le parler soutenu;
au pluriel, l's se lie : des è-spri-z élégants), s. m.
Il 1» Souffle. L'esprit souffle où il veut. La terre
était informe et toute nue, les ténèbres couvraient
la face de l'abîme, et l'esprit de Dieu était porté
sur les eaux, SACi, Bible, Genèse, i, 2. || L'esprit
de Dieu descendit sur les prophètes, ils reçurent
l'inspiration divine. Il 2° Aspiration. Usité seulement
en cet emploi dans la grammaire grecque : esprit
rude, signe d'aspiration; esprit doux, signe qui
marque absence d'aspiration. || 3" Substance incor-
porelle et intellectuelle; le souffle ayant servi, comme
ce qu'il y a de plus subtil, à désigner dans les
langues l'immatérialité, ainsi qu'on le voit dans la
Bible où il est dit que Dieu souffla dans l'homme
un souffle de vio pour l'animer, Qui ne croirait, à
ESP
1493
nous voir composer toutes choses d'esprit et de
corps, que ce mélange nous serait compréhensible
PASC. Pensées, 1. 1, p. 263, édit. lahure. Le premier
de tous les esprits, c'est Dieu, souverainement in-
telligent, Boss. Conn. v, <3. Dieu est esprit, dit
notre Seigneur, et ceux qui l'adorent doivent l'ado-
rer en esprit et en vérité, c'est-à-dire que celte
suprême intelligence doit être adorée par l'in-
telligence, iD. ib. L'intellectuel et le spirituel, c'est
la même chose; notre langue s'est conformée i
cette notion : un esprit, selon nous, est toujours
quelque chose d'intelligent, et nous n'avons point
de mot plus propre pour expliquer celui de v«ûc et
mens, que celui d'esprit, id. ib. L'idée d'un être
supérieur à tous les autres êtres, qui les a tous faits,
et à qui tous se doivent rapporter ; un être souve-
rainement parfait, qui est pur, qui n'a point com-
mencé et qui ne peut finir, dont notre âme est
l'image, et, si j'ose le dire, une portion, comme
esprit et comme immortelle, la bruy. xvi. De ce
que je pense, je n'infère pas plus clairement que
je suis esprit, que je conclus de ce que je fais ou
ne fais point, selon qu'il me plaît, que je suis li-
bre, ID. ib. Il 4° Le Saint-Esprit, l'Esprit vivifiant,
l'Esprit consolateur (avec une s et un e majuscules),
la troisième personne de la Trinité. Docteurs, di-
tes-moi donc, quand nous sommes absous, Le Saint-
Esprit est-il ou n'est-il pas en nous? boil. Épit.xii.
C'est le Saint-Esprit qui est en nous le principe im-
médiat et substantiel de toutes les opérations de la
grâce, BOURD. Wystère, Pentecôte, t. i, p. 465. Le
Saint-Esprit est essentiellement ferveur et amour, ID.
ib. p. 472. Il On dit aussi l'E.sprit-Saint. || L'ordre du
Saint-Esprit, ordre institué par Henri 111 en )B97;
le nombre des chevaliers était borné à cent, sans y
comprendre les commandeurs ecclésiastiques et les
officiers de l'ordre. || 5° Les esprits, les substances in-
corporelles, telles que les anges et les démons, lime
semble que la science des esprits appartient bien
plus à la théologie révélée qu'à la théologie natu-
relle, d'alemb. Encycl. Disc, prélim. || Les esprits
célestes, les anges. Pareil à ces esprits que ta jus-
tice envoie, Quand son roi lui dit : pars, il s'élance
avec joie, rac. Esth. Prol. \\ Les esprits de ténèbrei,
les anges déchus. Il y a à Endor une femme qui a
un es|irit de Python, saci. Bible, Rois, i, xxviii, 7.
J'irai et je serai un esprit menteur dans la bouche de
tous ses prophètes, id. ib. m, n, 22. U n'était bruit
aux champs comme à la ville Que d'un manant qui
chassait les esprits, la font. Belph. Ceux qui sont
possédés du malin esprit, eoss. Nouv. myst. 47.
Je veux raconter la victoire que les fidèles rempor-
tèrent sur les esprits de l'abîme, cuateaub. Itart.
III. Revenants, lutins, noirs esprits. Sorciers, ma-
lignes influences, X tout croire on m'avait appris,
BÉRANG. Feux foU. || Les esprits immondes, les dia-
bles. || Fig. L'esprit du démon, pensée malfaisante
qui germe en nous et qui se révèle par quelque ac-
tion méchante. Il est animé par l'esprit du dé-
mon. Il Esprit follet, sorte de lutin familier qui,
selon le préjugé populaire, est plus espiègle que
méchant. J'espère que les zéphyrs, qui sont du
nombre des esprits doux, me seront favorables, et
que, devant que celte lettre soit en France, je pour-
rai être en Angleterre , voit. Lett. 42. || Esprit
familier, sorte de génie que l'on croyait attaché à
une personne pour la guider, l'inspirer. Le démon
ou esprit familier de Socrate. || Revenant, apparition
d'un mort. L'hôtesse.... Soutient toujours qu'il
revient des esprits, la font. Rém. L'hôtesse, étant
alors sans chambrière, Court à la cave, et, de peur
des esprits , Mène avec soi madame Simonetle, ID.
ib. Sa femme [à d'Heudicourt] avec tout son esprit
craignait les esprits jusqu'à avoir des femmes à ga-
ges pour la veiUer- toutes les nuits, st-sim. 2<8,)83.
Il Esprits frappeurs, esprits écrivains, âmes de
morts que, depuis quelques années , certaines gens s'i-
maginentvenirfrapperaux portes et aux murailles,
ou conduire la plume ou le crayon de personne»
qui écrivent, et substituer leur pensée à celle de ces
personnes. || 6° La vie considérée , suivant l'opi-
nion ancienne, entant qu'elle est le souffle. Un es-
prit vit en nous et meut tous les ressorts, la font.
Fabl. X, <. Il Rendre l'esprit, mouï'r. Et fais que
sur ma tombe Arcas rende l'esprit, botr. Ilercui,.
mour. V, «. Il 1° Les corps légers et subtils qu'on re-
gardait comme le principe de .a vie et des senti-
ments. Esprits vitaux. Enfin il se trahit lui-même
Parles esprits sortant de son corps échauffé ; Miraut,
sur leur odeur ayant philosophé, Conclut que c'est
son lièvre.... LA font. Fabl. v, 4 7. M. de Turenne
reçut la coup au travers du corps, vous pouvez pen-
ser s'il tomba et s'il mourut ; cependant le reste des
U9'» ESI'
.^1. il au'il M irtln. U longueur d'un pu et que
^U 2«UmâiDp«con.ul.ion. etpuuon jeta
OMM U -rn iMmM^r joi. Dei armée» mfe-
'*^. oà uîemNe que tout «.it nerfi et où tout
^ iM e.priu 1 démêler lei ïices dee hommes, la
«OT I. Kendre à mon «ang glacé wn ancienne
ebaleur, À mon corp», 4 me. «en. leur premiiru
fieueur Et d'espriu tout nouveaui réchauffer ma
i)eD.4e,'cHAUL./jfm« de Uiuay.[\ Reprendre se»
Mpriu, revenir à soi, sortir de syncope. J ai senti
défaillir ma force et mes espriu : Ses femme» m en-
touraient quand je le. ai repris, rac. Dajaxel,y, *.
Moi qui n'ai pu tantôt, de la mort menacée, Helenir
mes esprits pronipU à m'abandonner , ID. ib. v, V2.
On le porta au château , où l'on n'épargna rien pour
lui faire reprendre ses esprits, lesaok. Diable boit.
4» Je me meurs. — Dieux puissants I raiPiielez ses
esprit», VOLT. Kérope, m, ♦. Il Kn un sens moins
restreint, se remettre. Mais n'appréhende plus, je
reprend» mes esprit», mol. l'Ét. iv, 3. Permettez,
messieur», que je reprenne ici mes esprits, fLÉcu.
lam. Il Esprits animaux, fluide imaginaire qu'on
supposait formé dans le coeur et dans le cerveau
et distribué, par le moyen des nerfs, dans toutes
les parties du corps. Ce qu'il y a de plus remar-
quable, c'est la génération des esprits animaux,
qui sont comme un veut très-subtil, ou plutôt comme
une namme très-pure et très-vive, qui, montant
continuellement en grande abondance du cœur dana
le cerveau, se va rendre de là par les nerfs dans les
muscles et donne le mouvement à tous les membres,
DESC. Mélh. V, 8. Ce que tous les analomisles ont
nommé esprits animaux.... MAiBAN, Éloges, l'etiLle
me sers ici d'expressions qui ne doivent pas être
prises à la lettre : nous ignorons la nature des es-
prits animaux; ils sont encore plus hors de la portée
de nos sens et de nos instruments que les vaisseaux
qui les filtrent ou les préparent, bonnet, liss. anal.
dm», ch. 4. Il Les petits esprits, s'est dit quelquefois
pour esprits animaux. Je vous aime trop pour que les
petits esprits ne se communiquent pas de vous à moi,
et de moi à vous, sêv. 5 juiU. (67i. || 8" Terme de
chimie. Substance qui s'échappe des corps soumis à la
distillation et qui, à cause do sa sublililé, fut compa-
rée au souffle. Esprit-de-vin. Les esprits alcooliques.
11 s'agissait des droits sur l'espiit-de-vin, et de la
manière d'avoir égard, dans les droits d'entrée, aux
différents degrés de force de cette liqueur, conuor-
CKT, Motuigni. || Terme de commerce. Absolument.
U» esprit», nom des liqueurs alcooliques, et, en
particulier, de l'esprit-de-vin. || Terme d'ancienne
chimie. Esprit volatil, nom donné à tous les sous-
carbonate» d'ammoniaque provenant de la distilla-
tion de matières animales. Esprit de sel, solution
d'acide chlorhydrique dans l'eau. Esprit de uilre,
acide azotique étendu d'eau. Esprit de vitriol, acide
sulfurique étendu d'eau. Esprit ardent, l'alcool
trésrectiflé. Esprit alcalin , le gaz ammoniac. || Es-
prit» ou eaux spiritueuses, nom donné par les an-
ciens chimiste, à des alcool» chargés, par distilla-
tion, des principes médicamenteux de drogues
simple*. Il Esprit recteur, nom que Doerhaave avait
donné tu liquide odorant qu'on obtient de la distil-
lation directe des végétaux aromatiques. || Terme
d'alchimie. Esprit fugitif, le mercure. Esprit uui-
verMl, substance subtile et rare qui, réunie à son
lolide, régit et vivifie toute la nature. || 8° L'âme
de l'homme. L'esprit et le corps. Saint Paul appelle
Dieu le père de tous les esprit», c'est-à-dire de toutes
les créatures intellectuelle», capables de s'unir à
lui, iioss. Conn. v, O. Encore que notre esprit soit
de nature â vivre toujour», il abandonne à la mort
tout ce qu'il consacre aux choses mortelles, Boss.
Duch. iOri. || Ctre ravi en esprit, avoir une vi-
sion qui tran»iorte l'âme dans les régions célestes.
Il Terme de l'Ecriture sainte. L'esprit, par opposition
k la chair. L'esprit est prompt et la chair est faible.
Ne demande jamai. à ta chair infidèle Ce qu'elle veut
ou m veu t pa» ; Range-la lous l'esprit , et fais qu'en dé-
pit d'elle Son esclavage ait pour toi des appâts, cokn.
/mil. m, 44. Ceux qui vivaient selon l'esprit, ceux
qui vivaient leton la chair, boss. Uitt. l, 4. Quand
Hint Paul dit que U chair convoite contre l'esprit.
tt l'psprit contre la chair, il entend que la partie
tBieUigente combat la partie sensitive; que l'esprit,
«peMe de .'unir â Dieu, est combattu par le plaisir
•yMiMe attaché aux disposition, corporelles, id.
r?"\'> '*• Il En esprit, spirituellement Les Gen-
ul. ï^iniMent en esprit aux Juifs, nos». Uitt. Ii,
7. Vou» D'tilorariu pai le Seigneur en esprit,
MAM. tûf. Culn. Il Les espriu bienheureux, les
ESI»
âme* qui lont en paradis. Des esprit, bienheureux
la troupe l'environne, tristan, Mariane , v, 3.
Il 10* Grâce et don de Dieu. L'esprit de prophétie.
L'esprit d'Elie se reposa sur Elisée. L'esprit du Sei-
gneur fut en lui et il jugea Israël, saci. Bible,
Juget, m, *o. Ce roi qui avait l'esprit de pro-
phétie, PASC. Proc. 4 8. Des hommes à qui l'Es-
prit-Saint n'avait pas été donné ce semble avec
mesure, mass. Car. Culte. Le Seigneur a retiré son
esprit du milieu de cette Église infidèle, lU. tfyst.
Atsompl. Le fanatique recevait l'esprit ; on le lui
conférait en lui soufflant dans la bouche, volt.
Louis IIV, 36. Il Chercher l'esprit, se disait, entre
les puritains, d'un recueillement mental de dé-
votion où l'on attendait quelque inspiration du
Seigneur. || 11° En particularisant le sens d'es-
prit, l'âme considérée comme l'agent des pen-
sées, des souvenirs, des volontés. L'esprit dépend
si fort du tempérament et de la disposition des
organes des corps, que, s'il est possible de trou-
ver quelque moyen qui rende communément les
hommes plus sages et plus habiles qu'ils -n'ont
été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine
qu'il faut le chercher, desc. Méth. vi, 2. Mais la
pudeur peut tout sur l'esprit d'une fille Dont la
vertu répond à l'illustre famille, corn. rWotJ. ii,
7. Et j'ai l'esprit, seigneur, d'autant plus satisfait,
Que mon .sang rompt le cours du mal que j'avais
fait, ID. Nicom. v, 4 0. Vous ne me dites rien que
ce que j'en ai dit, Lorsqu'à Léon tantôt j'ai dépeint
son esprit, id. Pulch. iv, l. Peut-il dans ton esprit
passer pour innocent? maihet, Jforf d'Asdr.i, 4.
Et mettre en ton esprit cet éternel effroi Que le
crime en tous lieux met aux âmes sans foi, id. ib.
v, 3. Le temps m'a do l'esprit son portrait effacé,
BOTR. Bélis. I, 2. Mais combien mon esprit répugne
à ce devoir ! id. Hercule mour. v, 2. Tout en tout
est divers; ôtez-vous de l'esprit Qu'aucun être ait
été composé sur le vôtre, la font. l'abl. ix, 4 2.
Le cœur a son ordre; l'esprit a le sien qui est
par principes et démonstrations; le cœur en a un
autre, pasc. Pensées, 1. 1, p. 288, édit. LAiiuiiE.Quoi I
toujours Andromaque occupe votre esprit, uAcT/ln-
drom. II, B. Où laissé-je égarer mes vœux et mon
esprit? ID. Phèd. l , 3. Toi-même en ton esprit
rappelle le passé, ID. ib. ii, 6. Ce qui est arrivé
dans une même secte, c'est ce qui arrive à toute
heure dans un même esprit ; et l'expérience nous
fait voir qu'il se divise lui-même et qu'il se confond,
dès qu'il est assez malheureux pour ne s'attacher pas
à la simplicité de la foi , bourd.àL. Carême, Sur la
paix chrétienne. 11 pesait les esprits et donnait à cha-
cun le rang qu'il méritait, fléch. Jf. de Montawier.
Par le mot esprit, j'entends tout être pensant, uouL-
lainvilliers, Réfui. de Spinosa, p. 90. De quelque
côté qu'il tourne son esprit, soit qu'il rappelle le
passé, soit.... mass. Av. Uort du péch. || S'emparer
de l'esprit de quelqu'un, gagner sa confiance au
point de pouvoir le diriger. || Etre bien dans l'espnt
de quelqu'un, posséder ses bonnes grâces, sa bien-
veillance. Il Se mettre bien dansl'espritde quelqu'un,
gagner son amitié, sa bienveillance. Songez seule-
ment à bien vous mettre dans l'esprit de mon père,
MOL. l'Avare, 1,4. Pour se bien mettre dans l'esprit
du roi, HAMiLT. Gramm. 7. || Se dit aussi dans le
même sens au pluriel, en poésie. Junie .... S'est
vue en ce palais indignement traînée ; Hélas 1 de
quelle horreur ses timides esprits X ce nouveau spec-
tacle auront été surpris! rac. Brit, l, 3. Quoi donc I
à me gêner appliquant mes esprits. J'irai faire à mes
yeux éclater ses mépris I id. Bajax. iv, 4. D'horreur
et de pitié mes esprits déchirés, volt. Mort de Ces.
m, 2. Un sexe dangereux dont les faibles esprits....
ID. Toncr. i, 4. || Mettre en l'esprit, suggérer, in-
spirer. Et les tristes discours Que te met en l'esprit
l'amitié paternelle , malh. iv, 4 8. N'y a-t-il point
quelque Dieu qui me met en l'esprit ces pensées?
Dgsc. If^dit. u , 3. Tu te mets en l'esprit une crainte
frivole, coBN. Suiianlc, u, ». || Venir en l'esprit, se
dit des pensées qui surviennent. Chacun disait ce
qui lui venait dans l'esprit , tt». Tél. v. || Perdre
l'esprit, devenir fou. J'aurais perdu l'esprit si j'osais
me vanter Qu'avec ce peu de gens nous puissions
résister, cohn. Bodog. ut, 2. Elle a besoin de six
grains d'ellébore; Monsieur, son esprit est tourné,
MOL. Amph. u, a. C'est une radoteuse, elle a perdu
l'esprit, LA FONT. Fabl. x, 2. || Où avait-il l'esprit
quand....? X quoi pensait-il quand....? Je ne sais
pas où j'avais l'esprit , sÉv. 202. 1| En esprit ,
rla pensée, en imagination. 11 voyait en esprit
rang qu'ils devaient tenir, boss. Serm. Sept.
Jacob vit en esprit le secret de cette élection, id.
HiH, u, 2. u lettre dont Volro Majesté m'honore
ESP
m'a transporté en esprit à Orembourg, \olt. ietl. à
Cath. 4»«. Là, pesant mes projets, de Néron massacré
Je foulais en esprit le corps défiguré, LzooxiYi,Épich.
et Néron, 1, s. || Familièrement. Il a l'esprit au ta-
lon, se dit quand quelqu'un fait une lourde faute,
ou quand il est distrait, préoccupé. || 12* Présence
d'esprit, qualité de l'esprit par laquelle on fait ou dit
.sans hésitation ni délibération ce qui est à propos.
Il Dans le même sens. J'ai eu bon esprit de la laisser
Ih, sév. 4 65. Il 18° Il se dit en particulier des facul-
tés intellectuelles, del'aptitude à comprendre, à sai-
sir, à juger. Esprit solide, orné. Cultiver son esprit.
Avoir lin esprit vif et pénétrant. Avoir l'esprit ouvert.
Avoir l'esprit borné, bouché. Il n'a pas l'esprit de
régler ses affaires. Je n'ai jamais fait beaucoup d'état
des choses qui venaient de mon esprit, desc. Méth.
VI, 2. liicn que j'aie expliqué mes opinions à de.
personnes de tr^s-bon esprit et qui, pendant que je
leur parlais, semblaient les entendre fort distincte^
ment, id, ib. vi, 6. L'esprit est toujours la dupe du
cœur, LA rochep. Max. 402. Tous ceux qui connais-
sent leurs esprits ne connaissent pas leur cœur, id. ib.
4 03. U y a deux sortes d'esprits : l'une de pénétrer
vivement et profondément les conséquences des
principes, et c'e.st là l'esprit de justesse; l'autre, de
comprendre un grand nombre de principes sans les
confondre, et c'est là l'esprit de géométrie; l'un est
force et droiture d'esprit, l'autre est amplitude
d'esprit, pasc. Pentées, art. vu, 2. Tout l'éclat de»
grandeurs n'a point de lustre pour les gens qui sont
dans les recherches de l'esprit; la grandeur des
gens d'esprit est invisible aux- rois, aux riches, aux
capitaines, à tous ces grands de chair, ID. Pensées,
art. xvu, 4, édit. havet. Archimède, sans éclat,
serait en même vénération; il n'a pas donné des
batailles, mais il a fourni à tous les esprits ses in-
ventions, ID. ib. Mon esprit diminue, au lieu qu'à
chaque instant On aperçoit le vôtre aller en aug-
mentant, LA FONT, foti.xii, 4. L'homme du meil-
leur esprit est inégal; U souffre des accroissements
et des diminutions, la bruy. xi. Le mot esprit,
quand il signifie une qualité de l'âme , est un de
ces mots vagues, auxquels tous ceux qui les pro-
noncent attachent presque toujours des sens diflTé-
rents : il exprime autre chose que jugement, génie,
goût, talent, pénétration, étendue, grâce, finesse,
et il doit tenir Je tous ces mérites : on pourrait
le définir raison ingénieuse, volt. Dict. phil. Es-
prit, n. On a émis la question, si tous les hommes
sont nés avec le même esprit, les mêmes disposi-
tions pour les sciences, et si tout dépend de leur
éducation et des circonstances où ils se trouvent, id.
16. V. U n'y avait de réel que l'esprit, dont en effet
il avait beaucoup, c'est-à-dire une conception aisée,
uuo grande pénétration, beaucoup de discerne-
ment, de la mémoire et de l'éloquence, M»' le
CAYLUS, Souc. p. 243, dans pougbns. L'esprit ne
crée rien, mais il opère sans cesse sur cette mul-
titude presque infinie de perceptions diverses qu'il
acquiert par le ministère des sens, bonnet, Pa-
ling. XXII, 2. Un esprit élevé ne daigne apercevoir
dans son objet que les rapports qui l'agrandissenl,
marmontel, Élém. litt. Œuvres, t. x, p. 4 98, dans
poiiGENS. Un esprit profond ne s'arrête jamais aux
apparences superficielles, sa méditation s'exerce â
sonder son objet et à tirer comme de ses entrailles,
ex visceribut rei, ce qu'il y a de plus riche et
de plus enfoui, ID. ib. p. 4 97. |1 L'esprit et le
cœur, la partie intellectuelle et la partie morale de
l'homme. J'appelle mondains, terrestres ou gros-
siers, ceux dont l'esprit et le cœur sont attachés à
une petite portion de ce monde qu'ils habitent, qui
est la terre, la bruy. xvi. || ItoUin ayant fait un ou-
vrage à l'usage de la jeunesse pour se former l'es-
prit et le coeur, un grand nombre d'auteurs avaient
imité ce titre, et c'est d'eux que Voltaire se moque :
Que je vous sais bon gré, dit-il, de n'avoir point
dit l'esprit et le cœur; car on n'entend que ces
mots dans les conversations de Babylone, on ne
voit que des livres où il est question du cœur et
de l'esprit, composés par des gens qui n'ont ni de
l'un ni de l'autre, volt. Zadig, 4 6. || Bon esprit, un
esprit qui a les qualités requises. U a un bon esprit;
il sait bien ce qu'il sait, sÊv. B48. Le bon esprit
consiste à retrancher tout discours inutile et â dire
beaucoup en peu de mots, fên. Éduc. filles, ch. 9.
Elle savait que le bon esprit consiste à se confor-
mer à sa situation, volt. J'rtnc. de Babyl. 4. Il y *
bien loin du grand talent au bon esprit, id. Lett.
la Tcntraille, 42 mai 4 7ss Votre esprit est vif et
curieux, C'est le bon esprit à votre âge, st-lam-
BKRT, à Mlle '**. Il Avoir le bon esprit de, être asse»
raisonnable pour. 11 eut, daris cette affaire, le bou
lîSP
esprit de céder. || Avoir l'esprit bien Tait, avoir un
bon esprit. II a l'esprit bien fait, sÉv. 286. La nièce
aura l'esprit mieui fait que le neveu, begnard,
Ugat. in, 6. || En un autre sens, il a l'esprit bien
fait il ne se facile pas des contrariétés, des plai-
santeries. Il Esprit faux, esprit qui ne sait pas dé-
mêler l'erreur d'avec la vérité. Les plus grands gé-
nies peuvent avoir l'esprit faux sur un principe
qu'ils ont reçu sans examen : Newton avait l'esprit
très-faux quand il commentait l'Apocalypse, volt.
Dict. phil. Esprit, Vl. Un esprit faux est un es-
prit très-borné : c'est un esprit qui n'a pas contracté
l'habitude d'embrasser un grand nombre d'idées;
vous voyez par là qu'il doit souvent en laisser
échapper les rapports, condil. Artd'écr.i, 1. Le
caractère de l'esprit juste, c'est d'éviter l'erreur, en
évitant de porter des jugements; il sait quand il
faut juger, l'esprit faux l'ignore et juge toujours,
ID. ib. Il Esprit particulier, se dit parmi les proles-
tants, de la connaissance que chacun peut avoir sur
le véritable sens des Écritures et des dogmes.
Il 14° L'esprit humain, l'esprit de l'homme en géné-
ral. Lorsque j'ai voulu descendre aux choses qui
étaient plus particulières, il s'en est tant présenté à
moi de diverses, que je n'ai pas cru qu'il fût possi-
ble à l'esprit humain de distinguer les formes ou es-
pèces de corps qui sont sur la terre, si ce n'est
qu'on vienne au-devant des causes par les effets et
qu'on se serve de plusieurs expériences particuliè-
res, DESC. Méth. VI, 3. Si l'esprit humain est si peu
de chose, même lorsqu'il s'agite et qu'il cherche la
vérité, que sera-ce lorsqu'il s'abandonne au poids de
son corps et qu'il n'agit presque que par les sens ?
NicoLLE, Ess. mor. <" traité, ch. <0. L'esprit hu-
main a son enfance et sa virilité; plût au ciel qu'il
n'eût pas aussi son déclin, sa vieillesse et sa cadu-
cité ! DIDEROT, Opin. des anc. phil. {éclectisme).
Il IB" En un sens plus particulier que celui d'en-
semble des facultés intellectuelles, vivacité d'esprit
qui fait trouver des saillies piquantes, des mots spi-
rituels, des aperçus ingénieux. Il n'y a point d'es-
prit dans ce livre. Traits d'esprit. Vous avez de l'es-
prit si vous n'avez du cœur, corn. Nicom. m, 4.
Peu d'esprit avec de la droiture ennuie moins à la
longue que beaucoup d'esprit avec du travers, la
HOCHEP. Uax. 502. Eh! mon Dieu, il y en a beau-
coup que le trop d'esprit gâte, qui voient mal les
choses à force de lumière, et même qui seraient
bien fâchés d'être de l'avis des autres pour avoir
la gloire de décider, mol. Crit. 6. Ah! certes, le
détour est d'esprit, je l'avoue, id. Femmes sav.
I, 4. Nul n'aura de l'esprit, hors nous et nos amis,
ID. ib. m, 2. C'est un homme qui me parait avoir
de l'esprit, sèv. 41. Je dînai avec des gens qui
ont bien de l'esprit, m. 423. Â mesure qu'on a
plus d'esprit , on trouve qu'il y a plus d'iiommes
originaux ; les gens du commun ne trouvent pas
de différence entre les hommes, pasc. Pensées,
t. I, p. 284, édit. LAHURE. Considérez la princesse,
représentez-vous cet esprit qui, répandu par tout
son extérieur, en rendait les grâces si vives, Boss.
Vuch. d'Orl. Ceux qui se piquaient d'avoir de l'es-
prit, id. Var. 9. Rire des gens d'e.sprit, c'est le
privilège des sots; ils sont dans le monde, ce que
les fous sont à la cour, je veux dire sans conséquence,
LABRDT. V. Il est moins rare de trouver de l'esprit
que des gens qui se servent du leur, ou qui fassent
valoir celui des autres et le mettent à quelque usage ,
ID. II. Incapable de savoir jusqu'où l'on peut avoir
de l'esprit, il croit naïvement que ce qu'il en a est
tout ce que les hommes en sauraient avoir, ID. ib.
Mme de Longueville était alors dans cette grande
piété où elie a fini ses jours, et l'on sait que dans
l'un et dans l'autre temps de sa vie elle a fait un
cas infini de l'esprit, non pas seulement de cet
esprit qui rend un homme habile dans un certain
genre et qui y est attaché, mais principaiement de
celui qu'on peut porter partout avec soi, fonten.
Dodart. Son plus beau feu [de l'esprit] se convertit
en glace Dès qu'une fois il luit hors de sa place. Et
rien enfin n'est plus froid qu'un écrit Où l'esprit
brille aux dépens de l'esprit, J. s. Houss. Ép. ii, 3.
, Qu'est-ce qu'esprit? raison assaisonnée, m. tf>. i, 3.
Son esprit [de Pellisson] lui servait non pas à en
montrer, maisàen donner; etl'onsortaitd'avec lui,
non pas persuadé qu'il eût plus d'esprit qu'un autre,
mais se flattant d'en avoir pour le moins autant que
lui, d'olivet, Hist. Acad. t. ii , p. 286, dans pou-
gens. Ce qu'on appelle esprit est tantôt une com-
paraison nouvelle , tantôt une allusion fine ; ici
c'est l'abus d'un mot qu'on présente dans un sens
et qu'on laisse entendre dans un autre; là un rap-
port dilicat entre deux idées peu communes; c'est
ESP
une mélaphoro singulière ; c'est une recherche
de ce qu'un objet ne présente pas d'abord, mais
de ce qui est en efl'et dans lui; c'est l'art, ou
de réunir deux choses éloignées, ou de diviser
deux choses qui paraissent se joindre, ou de les
opposer l'une à l'autre; c'est celui de ne dire
qu'à moitié sa pensée pour la laisser deviner; enfin
je vous parlerais de toutes les différentes façons de
montrer de l'esprit, si j'en avais davantage, volt.
Dict. phil. Esprit, i. Loin que j'aie reproché à Voi-
ture d'avoir mis de l'esprit dans ses lettres, j'ai
trouvé, au contraire, qu'il n'en avait pas assez,
quoiqu'il le cherchât toujours, m. ib. Au peu d'esprit
que le bonhomme avait, L'esprit d'autrui par sup-
plément servait, id. Pauvre diable. L'esprit qu'on
veut avoir gâte celui qu'on a, gresset, Méch. iy, 7.
On n'applaudit guère dans un cercle que le genre
d'esprit que l'on croit avoir , genlis , Mme de
Maintenon , t. i, p. <70, dans pougens. || Faux
esprit. Le faux esprit est autre chose que de l'es-
prit déplacé ; ce n'est pas seulement une pensée
fausse; car elle pourrait être fausse, sans être in-
génieuse; c'est une pensée fausse et recherchée,
VOLT. Dict. phil. Esprit, ii. || Avoir de l'esprit en
argent comptant ou argent comptant, en montrer
sans préparation et aussitôt que la circonstance
l'exige. Il [Panard] n'avait de l'esprit que quand il
écrivait; il ne l'avait point en argent comptant ,
comme disait M. de Marivaux, collé. Journal,
t. m, p. <97. Il Avoir de l'esprit jusqu'au bout des
doigts, faire paraître de l'esprit jusque dans les
petites choses. || Avoir de l'esprit au bout des
doigts , être adroit aux ouvrages de la main.
Il Faire de re.>!prit, se fatiguer à montrer de l'esprit.
Il On dit de même courir après l'esprit. || Bureau
d'esprit, se dit d'un salon qui passe pour recevoir
des causeurs très-spirituels. || Proverbe. L'esprit
court les rues, rien n'est plus commun que l'es-
prit, tout le monde se pique d'en avoir. || Cet enfant
a trop d'esprit, il ne vivra pas, se dit d'un enfant
qui a beaucoup d'esprit, et, plus souvent, ironique-
ment , d'un enfant qui n'a guère de dispositions.
Il C'est dans le sens de ce dicton que la Fontaine a
dit : Cette réflexion embarrassant notre homme : On
ne dort pas, dit-il, quand on a tant d'esprit, Fabl.
IX , 4. Il Vive les gens d'esprit, se dit, soit sérieuse-
ment, soit en se moquant, des gens qui s'imaginent
avoir trouvé un bon expédient. || On dit dans un
sens analogue que l'amour fait venir l'esprit aux
filles. Comment l'esprit vient aux filles, la font.
Titre d'un de ses contes. Et mort de ma vie, ma-
dame , ce n'est pas l'esprit qui donne de l'amour;
c'est l'amour qui fait venir de l'esprit, dancobht,
la Parisienne , se. 7. || 16° En particularisant autre-
ment esprit pris au sens d'âme, les sentiments de
l'âme. Ton esprit amoureux n'aura-t-il point d'om-
brage? CORN. Cid, II, 3. Votre amour en tous deux
fait ce combat d'esprits, id. Cinna, ii, K Depuis
que mon esprit est capable de flamme. Jamais un
trouble égal n'a confondu mon âme, tu. Jfed. i, 2.
Ah! cruels déplaisirs à l'esprit d'une amante, id.
Cid, IV, 3. Ce que j'ai dans l'esprit, je ne le puis
celer, ID. Gai. du palais, ii, 9. Ne vous entr'ap-
peler que mon âme et ma vie. C'est montrer que
tous deux vous n'avez qu'une envie, Et que d'un
même trait vos esprits sont blessés, id. Veuve, i,
3. Madame, puissiez-vous lire dans mon esprit ;
Vous verriez jusqu'où va ma pure obéissance, id.
ib. I, 3. Ainsi que la naissance, ils ont les es-
prits bas, ID. Pomp. iv, 2. Ainsi, de vos désirs tou-
jours reine absolue, Les plus grands changements
vous trouvent résolue; De la plus forte ardeur vous
portez vos esprits Jusqu'à l'indifférence et peut-être
au mépris, ID. Poly.u, 2. || Changer d'esprit, chan-
ger de sentiment , de disposition. Avec votre ja-
louse elle a changé d'esprit; Et je l'avais laissée à
l'hymen toute prête, corn. Perth. m, 3. Le temps,
qui change tout, a changé mes esprits, volt. Oreste,
I, 6. Il 17° Humeur, caractère. Un esprit remuant,
turbulent, inquiet, brouillon. Un esprit souple, vo-
lage, faible. Je ne suis point d'humeur à vouloir
contre vous Faire éclater, madame, un esprit trop
jaloux, MOL. Sgan. 22. || 18° Bel esprit, la culture
des belles-lettres, de la littérature. Et pour l'homme
au sonnet qui s'est jeté dans le bel esprit et veut être
auteur malgré tout le monde, mol. Mis. y, 4. ôvous
donc qui, brûlant d'une ardeur périlleuse. Courez
du bel esprit la carrière épineuse, boil. Art poét. i.
Le faux bel esprit tiact de plus près qu'on ne croit
à la barbarie, d'alemb. Éloges, Terrasson. \\ Un
bel esprit , de beaux esprits , ceux qui se distin-
guent par l'élégance ei la délicatesse, parfois affec-
tées. Il [Boisrobert proposant à Balzac de le mettre |
ESP
1495
de l'Académie française nouvellement créée] me
parlait seulement, en termes vagues et généraux,
d'une académie des beaux esprits, et m'ordonnait
d'écrire une lettre pour demander d'y être reçu,
BALZ. Lett. à Conrart, 2 nov. 4663. L'ambition de
passer pour be! esprit, hamilt. Gramm. 8. || Une
femme bel esprit, une femme qui a des préten-
tions aux connaissances qui constituent le bel es-
prit. Une femme bel esprit est le fléau de son
mari, de ses enfants, de ses amis, de ses valets,
de tout le monde, j. j. Ronss. Emile, v. || 19° Es-
prit, absolument, pour bel esprit. Le duc de Cha-
rost fut attrapé par une madame Martel, vieille
bourgeoise de Paris, qui était un esprit et qui voyait
assez bonne compagnie, st-sim. 224, 24). Le vieux
Caderousse avait fait l'esprit et l'important, puis le
dévot, ID. »83, 4 6!i. Il [Louis XIV] préférait la sou-
mission aux lumières, et disait quelquefois qu'il
craignait les esprits, duclos. Règne de Louis XIV,
Œuvres, t. v, p. 4 76, édit. delaunay. || 20° 11 se dit
des personnes considérées par rapport au caractère de
leur esprit. Les esprits généreux jugent tout par
eux-mêmes, corn. Théod. iv, 4 . Et ces esprits lé-
gers, approchant des abois, Pourraient bien se dé-
dire une seconde fois, m. Nicom. iv, 2. Faites
quelque indulgence à déjeunes esprits, rotr. Antig.
v, 4. Tout ce que vous avez été durant vos jours,
C'est-à-dire un esprit chaussé tout à rebours, mol.
l'Êtour. II, 14. Un de ces esprits remuants et auda-
cieux qui semblent être nés pour changer le monde;
que le sort de tels esprits est hasardeux, et qu'il en
paraît dans l'histoire à qui leur audace a été fatale!
BOSS. Jîetiie d'Anglet. Mais je ne puis souffrir qu'un
esprit de travers. Qui, pour rimer des mots, pense
faire des vers. Se donne en te louant une gène inu-
tile, BOIL. Disc, aurai. Je sais qu'un noble esprit
peut sans honte et sans crime Tirer de son travail
un tribut légitime, id. Art p. iv. L'honneur seul
peut flatter un esprit généreux, hac. Eslh. ii, 5.
Ciel 1 verra-t-on toujours par de cruels esprits Des
princes les plus doux l'oreille environnée 1 id. Estlt.
m, 4. U y a des esprits, si j'ose le dire, inférieurs,
et subalternes qui ne semblent faits que pour être
le recueil, le registre ouïe magasin de toutes les
productions des autres génies, la brut. i. Pour trois
ou quatre esprits mal timbrés, de travers, N'allez
pas, emporté d'une critique vaine, Faire ici le pro-
cès à la nature humaine, regnard, Éptt. i. Il est
de ces esprits favorisés des cieux Qui sont tout par
eux-même et rien parleurs aïeux, volt. Fanât, i,
4. Personne ne conviendra que tous les esprits
soient également propres aux sciences, et ne diffè-
rent que par l'éducation, m. Lett. Gallitzin, 4 9 juin
4 773. Il Un grand esprit, un homme dont les pen-
sées ont étendue, portée, profondeur, non sans
générosité d'âme. U y a bien de la différence entre
un bel esprit, un grand esprit et un bon esprit, fén.
t. xvm, p. 86. Il Un bon esprit, un homme qui juge,
apprécie sainement. Communiquer au public le peu
que j'aurais trouvé, et convier les bons esprits à
tâcher de passer plus outre, en contribuant, chacun
selon son inclination et son pouvoir, aux expériences
qu'il faudrait faire, desc. Méth. vi, 2. Mais les
meilleurs esprits font des fautes extrêmes, tristan,
Mariane, v, 3. C'est un bon esprit qui ne se mettra
pas au bien à demi, boss. Lett. abb. 4 44. Un bon
esprit n'est pas autant qu'un autre le maître de
penser comme il voudrait, fonten. Saurin. Je vis
qu'un bon esprit peut suffire à tout; notre grand
Loclce était médecin ; il fut le seul métaphysicien
de l'Europe, et il rétablit les monnaies de l'Angle-
terre, VOLT. Jenni, 4. || Un petit esprit, un homme
dont les pensées sont dépourvues d'étendue, de
portée. & peine les petits esprits ont-ils appris quel-
que chose qu'ils croient tout savoir, et il n'y a
sorte de sottise que cette persuasion ne leur fasse
dire et faire, j. J. rouss. Rép. au roi de Pologne.
Il Un esprit fort , celui qui affecte de se mettre
au-dessus des opinions reçues, surtout en matière
religieuse. Qui font les esprits forts, parce qu'ils
croient que cela leur sied bien, mol. Fest. i, 2.
Les esprits forts savent-ils qu'on les appelle ainsi par
ironie? quelle plus grande faiblesse que d'être in-
certain quel est le principe de son être, de sa vie,
de ses sens, de ses connaissances, et quelle en doit
être la fin? la brdy. xvi. Ceux qui se donnaient
pour esprits forts dans le monde, mass. Car. Doutes.
Il 21° Opinions, sentiments communs à un certain
nombre de personnes et aux grands corps. L'esprit
de famille. L'esprit de parti. L'esprit républicain.
L'esprit monarchique. Qu'à la cour je m'engage,
Je n'en ai pas l'esprit ainsi que le courage, bëgnie»,
Sat. lu. Il ne sort jamais aucun ouvrage de chez
1496
ESP
rroî. ». Vteïi^àMribue /a. grâce, touta 1 année.
fT^I.rene. Ml«n., et U détot.on de. fidèle, de-
.,1 de «uivre «n e»prit, comme les êtres na-
,. manquent jamw. de «uivre l'esprit général
uiii rèaie le cour» de toute la machine du inonde,
■leoti Eu- àe mor. >• traité, ch. 7. Jl prend l'es-
prit de» lieux où il est, sf.v. .vm. L'esprit de l'Église
a'e.tpM de tous décharger de la croix, mass. Car.
Jtint. De l'esprit de parti ^e sais quelle est la rage,
TOLT. Taner. m, a. Kspnt d'un corps, d'une .o-
clété, .'emploie pour exprimer les usages, la ma-
nière de parler, de se conduire, les préjugés d'un
eorp.; esprit de parti est à l'esprit d'un corps ce
que wnt le. passions aux sentiments ordinaires, id.
bicl. phil Etpril, 11. Il L'esprit est bon, l'esprit est
mauvais, se dit des dispositions bonnes ou mauvai-
le. d'une population, de la troupe, d'une ville,
etc. à l'égard du gouvernement. || Ksprit de corps,
attachement des membres d'une corporation aux
opinions, aux intérêts, aux droits de la compagnie,
à l'honneur d'un corps de troupes, etc. L'esprit des
corjis porte malheur aux meilleurs esprits, d'alemh.
UH. à Volt. I* juillet «767. Admis enfin, aurai-je
lors, Pour tout esprit, l'esprit de corps? Il rend le
bon sens, quoi qu'on dise, Solidaire de la sottise,
BÉRANG. l'Aead. et le Caveau. La plupart arrivaient
par détachements, formés en bataillons provisoires,
MUS des officiers nouveaux pour eux, qu'ils devaient
quitter au premier jour, sans aiguillon de discipline,
d'esprit de corps ni de gloire, et traversant un sol
dévoré que la saison et le climat allaient rendre
chaque jour plus nu et plus rude, sëcur, Uist. de
Napol. VI, 10. Il Esprit publie, opinion qui se forme
dans une nation sur les objets qui l'intéressent. An-
glais, dont on nous vante ici l'esprit public, ayant
fait le mot, vous avez la cliose sans doute.... p. l.
COUR. Lett. X. Il bureau d'esprit public, salon, réu-
nion dont les habitués paraissent avoir la prétention
de diriger l'opinion en fait de politique. || Bureau de
l'esprit public, s'est dit d'une division du ministère
■de l'intérieur ou de la police où l'on s'occupe de faire
ou de diriger l'esprit public par des pièces de théâtre,
desféles,parlapresse,etc. || Esprit national, général,
ucial, les opinions, les dispositions qui dominentdans
une nation. Les lois sont établies, les mœurs sont
inspirées; celles-ci tiennent plus à l'esprit général,
celles-là tiennent plus à une institution particulière;
or il est aussi dangereux, et plus, de renverser l'es-
prit général que de changer une institution par-
ticulière, HONTESQ. Esp. XIX, 12. ]| faudrait que
l'elTet pût devenir la cause ; que l'esprit social,
qui doit être l'ouvrage de l'inslitution, présidât
à l'institution même, i. i. bouss. Contrat, ii,
7. Il On dit dans un sens analogue l'esprit du
.iècle. Il Esprit du monde, habitudes de po-
litesse et de ménagement. L'esprit du monde
est un esprit de souplesse et de ménagement ,
MASS. jrj/.tt. Pentecôte. || 22° Les esprits, les hom-
me, d'un état, d'un corps, d'une assemblée, consi-
dérés par rapport aux dispositions collectives qui les
animent. Les esprits étaient irrités. Calmer les es-
prit.. Cette fureur mit la compassion Dans les es-
prits d'une autre nation [les pigeons] Au cou chan-
geant, au cœur tendre et tidéle, la font. Fahl.
VII, 8. Exercé dan. la connaissance des hommes
«t dan. l'art de manier les esprits, le cardinal d'Es-
trées en fit un usage heureux dans plusieurs con-
claves, d'alkmb. Éloget, Card. d'Etirées. || 83" Prin-
cipes , motifs , impulsions , tendances , d'après
leMjuels on m dirige. L'esprit d'une législation. Je
croi. pouvoir dire qu'un mettre qui voudrait être
honore et servi, comme ayant en lui-même une
•utre puisunce que celle de Dieu, serait un dé-
mon ; et que ceux qui le serviraient dans cet esprit
wr«ient des idolâtres, half.br. Rech, vér. Éclaire.
liv. VI, t. IV, p. 331 , dans pouoeks. Et dans tout ce
qu'il dit De vous et de Joad je reconnais l'esprit,
RAC. Alhal. II, 7. Comprends l'esprit de Rome et
connais le sénat, volt. JBrulut, v, a. L'esprit de
Mahomet par ma bouche a parlé, id. fanal, u, 2.
L'esprit de la monarchie est la guerre et l'agrandis-
Mment; l'esprit de la république est la paix et la
modération, «onteso. Esp. ix, 2. Plusieurs choses
gouvernant les hommes: le climat, la religion, les
lois, le. maxime, du gouvernement, les exemples
rteschoMspusée., le. mœurs, les manières; d'où
u »8 forme un esprit général qui en résulte, id. ib.
m, ♦. Des lois dont l'esprit généreux Aguerrit aux
oangenee peuple valeureux, lehierrr, Bamerell,
". »■ Il Avoir l'esprit de «on éut, de son Age, con-
naître et pratiquer ce qui convient à wn éUt, k wn
•ge, Qui n. pu l'e.prit de sdn Age, De «.n âge a
ESP
tout le malheur, volt, dans le DM. de besche-
RELLE. Il Entrer dans l'esprit de son rôle, jouer un
rêle comme il doit être joué. || Dans l'esorit de,
dans l'intention de. Tout le monde était nourri
dans l'esprit d'observer les lois, uoss. Hist. m, 3.
Il nourrit ce peuple dans l'esprit de tout entre-
prendre, ID. tî». m, 7. Enfin dans l'esprit de conten-
ter ceux... LA BRUT. Disc. s. Théophr. M. d'Amiens dit
au P. de la Chaise qu'il n'avait acheté une charge
d'aumênier que dans l'esprit de se faire évoque, st-
siM. «C, 25. Il Esprit de retour, le désir qu'une per-
sonne éloignée de son pays a d'y retourner. S'établir
aux colonies sans esprit de retour. || Esprit de retour,
se dit aussi de certains animaux à demi domesti-
ques qui vont et qui viennent, notamment les
pigeons et les abeilles; ils appartiennent à leur
propriétaire, même étant hors de chez lui, tant
qu'ils n'ont pas perdu l'esprit de retour. || 24" Es-
prit de, se dit pour caractériser la force avec la-
quelle un sentiment, une passion, une idée agis-
sent. Ils [les papes] n'usent pas de domination ;
mais l'esprit qui paraît en toute leur conduite
est celui de paix et de vérité, pasc. Proi;. 48.
La chute serait trop horrible, de tomber dans une
réforme où l'esprit d'illusion domine si fort, Boss.
Var. xill, § 36. Dieu , notre dieu sans doute , a
versé dans son cœur Cet esprit de douceur, bac.
Eslh. II, 9. Répandre cet esprit d'imprudence et
d'erreur De la chute des rois funeste avant-cou-
reur, ID. Alhal. 1, 2. Elle répandait au dedans de
lui l'esprit de sage.sse, fén. Tél. xii. Tant ufi es-
prit d'emportement et de fureur avait alors saisi
toute la nation et même les premiers magistrats
des Étoliens , bollin. Ilist. anc.Œuvres, t. vin,
p. 351 , dans pouGENS. Ces grâces qui minent la force
des lois et qui achèvent d'épuiser ces espi'its primi-
tifs d'ordre et de régularité qui.... UASS. Or. fun.
rii/orf. On vient recueillir, môme sur de viles cen-
dres, des esprits de grandeur et d'élévation, id.
Or. fun. Villeroy. Nous Talions voir .... répandre
sur la contrée de sa dépendance des esprits de foi
et religion, id. Panég. St François. De leur esprit
de rage ils ont su m'animer, volt. Triumv. iv, 3.
L'esprit de système est dans la physique ce que
la métaphysique est dans la géométrie, d'alemb.
fnlrod. préress. équin. Œuvres, t. xiv, p. 4B, dans
pocGENs. Cet esprit de tyrannie et d'oppression qui
n'estime dans la fortune que le moyen d'acheter
des esclaves, et dans l'autorité que le droit odieux
de faire trembler ou gémir, marmontkl, Êlém. de
lut. t. VI, p. 49, dans pougens. L'esprit de la prière
et de la solitude Qui plane sur les monts, les tor-
rents et les bois.... lamaht. tfarm. 1, il. || Esprit
de vertige, état d'égarement, d'erreur, de fascina-
tion. Il 25° Aptitude, disposition. Il a l'esprit des af-
faires, du commerce. L'esprit de chicane. L'esprit
mathématique. Il [LeibnitzJ réunissait deux grandes
qualités presque incompatibles, l'esprit d'invention
et celui de méthode, dideb. Opin. des anc. philos.
{Leibnitiianisme). Le genre d'esprit qui fait cher-
cher et trouver des routes nouvelles est encore plus
rare que le talent de l'invention, avec lequel il ne
faut pas le confondre, condorcet, Margraaf. L'es-
prit de commerce est un esprit d'intérêt, et l'intérêt
produit toujours la division, raynal, Uist. phil. u,
23. Ses projets portaient l'empreinte du génie, et
l'esprit de détail qu'il avait supérieurement ne rétré-
cissait pas ses vues, id. ib. iv, 20. || 26» Le sens d'un
auteur, d'un texte, etc. Ils n'ont pas saisi l'esprit de
ce poste. Ils ont faussé l'esprit de la loi. Voici quel
e.st l'esprit de notre contrat, patru. Plaid. 3, dans
RiciiELET. Ils ne font que prendre le vrai esprit de
la réforme, boss. Arert. 6. Prenez l'esprit et l'in-
tention des promesses de Jésus-Christ, id. Instr. 2.
L'esprit des grands écrivains doit se chercher non
dans un passage seul, qui pourrait n'êtrequ'une faute
d'impression , mais dans l'usage constant et uniforme
auquel nous les voyons attachés partout ailleurs,
d'olivet, Ess. gramm. i, 2. || Le caractère d'un
auteur. Il a voulu imiter cet auteur, mais il n'en a
pas saisi l'esprit. || La lettre tue et l'esprit vivifie,
c'est-à-dire il faut s'attacher au sens même, non
aux mots. || 27» Choix de pensées extraites d'un
auteur. L'Esprit de Montesquieu, de Voltaire. Dans
ce siècle où l'on a mis le nom d'Esprit à la tête de
tant d'ouvrages qui souvent démentent leur titre,
la plupart de nos compilations périodiques pour-
raient être intitulées, l'Esprit des ignorants et des
sots, d'alemb. Éloges, L. Cousin. || 28° Aigrette de
plumes que les femmes mettent dans leur coiffure.
Puis de. dentelles, des fleurs, un esprit, une ai-
grette, picard, Hante de briller, m, to. || 29° Tulle
point d'esprit, voy. poirt.
ESQ
— SYN. 1. OCVHAGEDE l'eSPRIT, On f RAGE D'ESPRIT.
Tout ce que les hommes inventent dans les science.
et dans les arts est un ouvrage de l'esprit. Les com-
positions des gens de lettres sont des ouvrages d'es-
prit. || 2. ESPRIT PAL'x, FAUX ESPRIT. Un esprit faux
est un esprit qui ne sait pas discerner la vérité de
l'erreur. Le faux esprit consiste en pensées fausses
et recherchées. || 3. esprit, génie. Quand l'esprit
s'oppose au génie, il est toujours pris,dans'e sens du
n° t6, pour cette disposition qui fait saisir vivement
des rapports que tout le monde n'aperçoit pas; le
génie indique alors quelqu'une de ces grandes créa-
tions dans les sciences ou les arts qui honorent une
nation, une époque. Entre l'esprit et le génie.
Malgré ce qu'ils ont de pareil, La différence est in-
finie; Un éclair n'est pas le soleil, pons (de Verdun).
— HIST. xii° s. Fus [feu], grésille, neif, glace,
espiriz de tempestez, liber psalm. p. 229. Sainz
Thomas returna; si s'assist sur sun lit. Devint tels
cum s'il fust très tut en esperit, Th. le mart. U3.
Et quant li espirs moi présent trespassevet [passait
devant moi], Job. 483, || xiii* s. Que du père et du
fils et du saint esperite.... Berte, liv. || xiv's. La
nutrition et digestion se fait mieux en dormant,
car les espriz et la chaleur sont retraiz dedens,
ORESME, Eth. 30. Il xv s. Car ils n'estoient ni an-
gels ni esprits, mais hommes, froiss. u, u, <06.
Trop de gens sont qui honourent l'abit Et ne tien-
nent compte de esperit, e. desch. L'habit ne fait
pas l'homme. Dieu Père et fils et saint Esprit,
Sauve etgarscestecompaignie, Mart. de St Élieniie.
Cela allège le cuer et le reconforte [de se confier à
un ami], et les esperitz reviennent en leur vertu
pour parler en ung conseil ou prendre autre labeur,
COMM. V, B. Esprit subtil, à besoing, vaut digeste,
Faifeu, p. 72. || xvi' s. Pour gouverner les eeperitz
loyaux, marot, i. t02. Car je suis iant, 0 Pan, de
deuil espris Que presque suis hors de tous mes es-
prits, ID. I, 310. Tranquillité d'esprit, mont. 1, 219.
Androclus ayant repris ses espritz, id. i, t93. L'on
disoit qu'il y revenoit des espritz, et y apparoissoit
des fantosmes, amvot, Solon, <9. Rendre l'esprit,
ID. Arist. 41. Une femme de Syrie nommée Martine,
que l'on disoit avoir l'esprit de prophétie, id. Ma-
rins, 29. Par iceulx [nerfs] inllue l'esprit animal en
toutes les parties du corp,s humain, ir'. Moral. épU.
p. 7. De la manière de distiller l'eau de vie, ap-
pelée l'ame ou l'esprit de vin, paré, ïxvi, 8. On
ouvre mieulx l'esprit qu'on ne le clost, génin, fl^-
créai, t. II, p. 248. Si est-ce sans le corps qu'il
[l'homme] seroit ocieux.... L'esprit incorporé de-
vient ingénieux, bons. 25). Les ungz le disoyent
estre inspiré du saint esprit, et les aultres le di-
soyent estre inspiré des espritz du cellier, palsgr.
p. 637. L'esprit foible ne sait pas posséder la science,
s'en escrimer, et s'en servir comme il faut, char-
ron, Sagesse, Préf. de la 2° édit.
— ÊTYM. Bourguig. esperi; provenç. esperit, spe-
rit; espagn. espiritu; portug. espirito; ital. spirito,
spirto; du latin spiritus, esprit, proprement souffle,
de spirare, souffler, respirer. Quoique la dérivation
de ce mot soit certaine, il fait difficulté : espir est
correct, de spiritus, avec l'accent sur spi; mais
esprit suppose ou une transposition de espir sous la
forme espri ou esperi, ou une accentuation vicieuse,
spiritus au lieu de spiritus.
t ESPRITÉ. ÉE (è-spri-té, tée), adj. Terme pi-
card qui s'emploie quelquefois. Qui a de l'esprit La
Berchère, dont le fils guère plus esprité, mais fort
riche.... ST-siMON, t. xvii, p, 2(4.
t ESPROT (è-spro), s. m. Un des noms vulgaires
d'un petit poisson de la Manche, la clupée spratle,
dite aussi melet et haranguet.
— ÉTYM. Angl, sprot.
t ESQUAQUE (è-koua-k') , s. f. Un des noms vul-
gaires du squale ange, aujourd'hui la squatine ange
( chondroptérygiens), dit aussi ange de mer ou
simplement ange.
t ....ESQUE, suffixe italien, répondant à l'ancien
français esche , et indiquant une qualité : chevale
resque, tude.sque, etc.
f ESQCENIS (è-ske-ni), s. m. Terme de marine
La sellette des calfats.
ESQUICHER (è-ski-ché), 1). n. || 1° Terme du jeo
de reversi. Jouer sa carte la plus faible. {| 2° S'es-
quicher, v. ré/l. Même sens || Fig. Éviter de se pro-
noncer, de prendre part à une querelle. Pressé 'de
se prononcer, il s'est esquiché.
— ÉTYM. Ce pourrait être une «utre forme de
l'ancien verbe esehisser, glisser, couler (voy. do
CANGE, clidare).
KSQUIF (è-skif), s. m. Canot, barque. Hais voyant
«lue ce prince.... N'envojait qu'un esquif rempli de
ESQ
satellites, corn i>omp. „, 2. || Fig. Pour moi sur
cutte mer qu'ici-bas nous courons, Je cherche à me
pourvoir d'esquif et d'avirons, boiu Ép» v
QPfT ^rf ' j°?", ^"''''^^ *' ^^■■S''^' «' gàlies et
«,L ^^.""'^ '='^^- Il Ml- s. Et galietes et
escipss corant, Offt«r de Danem. 23u. Il xv,. s
Le port est procliain, et se peult on sauver à nage
iiors du corps, comme hors d'un esquif qui faicl
eau, MONT. II, aaa. ■» m
Mem.Schtfr;angi. ,h,p; comparez le latin scopfta,
LJ%.''t'^°''J"'"^!!^' " i« gaélique .ff.-o6, vais-
seau. Eschipre, dans l'ancien français, signifiait ma-
rinier, répondant à l'allemand ScAt/r^r
ESQUILLE (è-ski-11'. Il mouillées, et non è-ski-
ye^ ï-r- Terme de chirurgie. Petit fragment d'un
os carié ou fracturé.
— HIST XVI* s. Les pièces ou esquilles rompues
quelques fois ont leur bout mousse, et autres fois
agu et pointu, paré, xin, ).
n.7^ ^^™- ,e*"7- «^^Ai-Hs; du lat. «Wd,>; du grec
^■n ■ 7 "/ ^^''8"«'''. de cxiCew, fendre en
£" cSr ^''°'- '''""'''^' '=°'°P"^^ '"''="• «w"
t ESQUILLEUX, EUSE (è-ski-Ueù, lleû-z' Il
mouillées), a^. Terme d'histoire naturelle Qui se
esTuinru::'"'""^ = ■'"' '^' «*™ '''^^"'"«^- 1^---'
M^^^^'^'^n'^- ^«3 autres fractures sont dente-
lées et megalles et esquiUeuses, paré, xiii i
— ÉTyii. Esquille. -^
ESQUINANCIE (è-ski-nan-sie) , s.f. Terme de mé
d.>er-tom"hr''"^ '"'' «"^^' OuellneZtms
dirent tout haut que leur orateur Démosthène] avait
été surpris la nuit, non d'une esquinancie, mais
duneargyrancie, pour faire entendre que c'était
nen«-r. ^;,i t°'- «*?«'"«n"a ; espagn. eîçt^f-
nenca; ital tcfetnan^ta ; de xuvâyy,, , angine
(avec épenthèse d'une s) , de xOu.v , chien , ef ^
Zfiv, étrangler; ^uvà™ s'étant dit d'une angine
letanf^r/'" "T '' 'f"^"'' '=°'"'"« '« «^J-'^" h»!
AMïOT, /)én 36; sguinance, Rabelais, Pant. m
61 ;«9Utnanc!e, PARÉ, XXII 2 "". lu,
,Jvf QUINE(è-ski.n') , .. f. Terme de manège
^e dit des rems du cheval. Un cheval faible fori
desquine. Ce cheval saute d'esquine, il voûté son
dos en sautant. Vieux et inusité
— ÉTYM. Autre forme d'échiné.
,„*-,^S9"'^^ (è-ski-n'), .. f. Terme de botanique
an te d'Amérique dont la racine est employée comme
ESQUIPOT (è-ski-po), s. m. Sorte de tire-lire en
erre cuite, où l'on dépose de minces épargnes
L esquipot est plein. Tout son bonheur est là-defsou;
dans un esquipot, dancourt, la Désolât, des joueu-
ses, se 43 Le sexe plein d^ charité Pour li corn-
munauté Fournira de quoi mettre en pot; Tend" à
nZr 'T.^T'P°^' "'«»'• Chanson à unTèr,
des enfei '" '""'' ' ««"^'"^i^"^ le la IZll
un"^r'éfi™-ob:cr' "" ' " ""'^« • ""''"^' -vec
PrS nlfn^H"""'^' '■ f- Il *° ^^™« de peinture.
remier plan d'un ouvrage. Esquisse au crayon à
^ plume, au pinceau. Les esquisses ont communé-
«f "86, Œuvres, t. XIII, p. 206, dans pougens
L esquisse même a sa manière qui n'est pJceUe dé
1 ébauche, iD. ib. p. 206. L'esquive est l'ouvrage de la
vi'f h"" f ''"■^^"'«' ^* '« *^"«au l'ouvrageK-
va 1, de la patience, des longues études et d'une ex-
périence consommée, id. Salon de 4 787 txTv
p.Mi. |Fig. [L'oiseau-mouchel Vif, proiot eai
distinction quaal ii a dit -On Jni^^ii *'^ "^^"^
peinture un' tableau qui V'e^tpS m^sT. f
figures, les traits, les' effets de'fumiér'eTd'ombr:
CIGT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
ESS
llf^'/l Y"' P- *" ' dans PouGENs. Il faut ajou-
ter qu'ébauche emporte toujours l'idée d'un ou-
p[èTsM"on tr'.L '^"'^'^ 'ï"«. '''^^--^^ e^rcom-
phIow ? s* '^""" 'î"^ d'eUe : on peut avoir
\TJ.Z^r'' "- «^--. - - l'aTàl
— HIST. xvi's. Esquiche, cotgrave.
t,n~..w"' ^fP-^°- <'^9«'"''.- ital. schiiio; du la-
tin «Aedtus, fait sur-le-champ; du grec âvéSior
l^b fLT' '"-w^ * '* '■'i^' • P°" ^ commrdàn^
le bas-latm sctdo pour scheda
Il lo'?inf'ff' ^ ^'V'^'-^^' ^^«). P«^'- P«**<f.
„ . ,-f.?"™ g'-ossièrement esquissée. Il 2" Fig
Un sujet littéraire qu. n'est qu'esquissé. Voilà mon
t::TpZ::VT'''^ ^' '"'"^^'«' '■ '• -- ,
ESQUISSER (è-ski-sé), v. a. \\ i- Faire une es- '
quisse. Esquisser une figure, in tableau. M 2' Dé-
crire sommairement. Esquisser rapidement le ta-
bleau d'une époque.
— ÉTYM. Esquisse.
JiSQDIVE, ÉE (è-SKi-vé, vée), part, vassé Un»
mauvaise rencontre esquivée
t ESQUIVEMENT (è-ski-ve-man), s. m. Action
d'esquiver. " ■«t-iion
— HIST. XIII' s. Nul autre eschivement nour
moi garder [défendre], Qe] ne vi, Ber,., cxvm.
— ETYM. Esquiver.
mZT^^ ^t'"-'^^' "■ '^^ Il *° ^"'«f adroite-
ment quelque chose ou quelqu'un. C'est un impor-
tun que j esquive autant que je puis. L'autre es-
quive le coup, et l'assiette volant S'en va frapper le
mur et revient en roulant, boil. Sat. m. Allons
je ne pourrai pas esquiver l'interrogatoire, picard
Alcade, IV, 4. Faut-il esquiver la réflexion comme
une ennemie, au lieu d'y livrer toute son âme?
STAËL Corinne, i, 3. || Par extension. Esquiver une
difficulté, s'y soustraire, sans la résoudre. Il Absolu-
ment. J'esquive doucement, et m'en vais à grands
pas, RÉGNIER, Sat. viu. Les petits, en toute affaire
B-squivent fort aisément; Les grands ne le peuvent
faire, la font. Fabl. iv, 6. Le lion sort et vien
d un pas agile, Le fanfaron aussitôt d'esquiver m
'&. VI, 2. Je saute vingt ruisseaux, j'esquive, je' mè
pousse BOIL. Sat. vi. || 2° S'esquiver, v. réft. Se re-
tirer d un heu, d'un cercle, en évitant d'être re-
marqué. Je me suis doucement esquivé sans rien
dire, MOL. Fdch. i, .. || s'éviter l'un l'autre. 1
.,i7r "'^I' ^''n^', ^^ P""' """'■ "'eschiveront ba-
taille, Ch.de m. Lxxxv. Il XII. s. A mort serez j„-
gié, se [je] ne vous en eschiu, Sax. xxiv. || xiii-s
Li cuens [comte] qui chevalier ne doute [craintj
ne esquive, AUDEFK. le bast. liomancero, p. J.
[Elle] Ne sait comment le fioit [elle] puist avdr es-
chivé, Ber(e,XLv. Et l'ourse l'esohiva [l'évitai autre
vcne est tournée, ib. xlvi. Mais je û connois à s
sage Qu'il eskievera ce damage, Bl. et Jeh. 24h
....qui h face voloir le bien et eschuer le mal, brun'
lat. Trésor, p. 280. Fui et eschieve la compa ngnie
des mauvez, jomy. 3«o. 1| xv s. Adonc, pour^es!
chever le fossé qui estoit [lar devant eux les Fla-
mands] tournerent-ils autour du bosquet et prirent
l'avantage des champs, froiss. ii, h, ^»B. Sur ces
deux ailes gens d'armes les [les Flamands] com-
mencèrent à pousser de leurs roides lances à longs
fers et durs de Bordeaux.... dont ceux qui en es-
toient atteints se restreignirent pour escheve" les
horions ID. u, i,, 497. Donc, pour eschiver tous
perds, Jean de Hollande s'enferma dans la dite ville
ID. Il II, 235. Il xvi- s. Beaucoup se sont bien trou-
jez de mourir, eschevant par là des grandes mi-
sères, MONT. I 89. Il fault eschever aux coups que
nous ne sçaurions parer, id. iv, (64. Le moien
deschevir tel danger, est d'enfermer et la mère et
les petits, 0. DE SERRES, 336.
-ÉTYM. Wallon, hiuver; provenç. esquivar es-
chwar; espagn esquivar; ital. schivare; dû ger-
manique: anc haut-allem. skiuhan ; ^llern schclfn
avoir peur. I y avait un adjectif dans l'ancie"î
LTSJ:=i;-^'''--'''-"'--p^^"-4ur^
ESSAI (è-ssè), s. m. \\i' Moyens divers par les-
quels on s'assure si un objet convient à l'emnlni
qu'on en veut faire. Faire l'essai d'une macSne
d'une arme à feu. L'essai d'un remède |Ussa "'s
animaux, les divers exercices auxquels on les ou-
met pour apprécier leurs apUtudes. || Terme de
peut, à 1 effet de reconnaître la nature et le nombre
des substances contenues dans un minéral. S
ESS
U97
par la voie sèche. L'art des essai.. 11 di„„ „ .•
rement, opération qu'on flusuTrà'ld^fp'"""*"
Il 6° Fig. Tentative comoaréa anr «ni- , ?
d'urma"tre- ^Tib'u^ ""2 TT' ' '^"™ ''^'
sai de ses fo c s! pasc A,^" ^"n! f'""'- '"" *^-
de leur liberté, boT i^^^d'l^' . r^-îV-ii
ciel que sa main, heureusement cruelle Eût fait
"'ll'^o'p l^'f '^f f"^^"^ nouvelle, «iL^nV. y
les 'issafs? «rr'V ^" ""''^^' °^'^^^"' '"^'■'^^ ^^
RAC PW. IV, 8 II Faire l'essai, ressentir, éprouver
Quel tourment de cesser de plaire, Lorsqu^on a flh
nT'r^L^'f''' ••''"™ a"aél OUINAULT '?r, 13
" ' re°a t^^l^^^T^l!^^^^- Ôa buv'anl ei
mangeant je fis mon coup d'ess d «Éor» ^^ ''
Mes pareils à deux fois ne'se f^n ' p^f To n^;,^:'" ^l
pour leu,^ coups d'essai veulent des coups de maî'tre
Sai fllll";'- ■."' '^"'^''^ P°'"' ^ faire uToup
a essai fatal, id. tb. n, 2. Ce n'est pas sur ce coun
que je fais mes essais, id. le if«nt.iT, » CettenTèce
tes règles, puisque je ne savais pas alors au'il v p™
eût, ID. Examende Umie. Cette intendance ouf fut
ivJJl II *^^!^ssai, par forme d'essai. Prendre
venie a 1 essai. Pour détromper ma sœur et lui
'it'êr" MO? '; """ '"' P'^""^°P"« * ''«^^ai pou-
vait être, MOL. Femm. sav. v, 6. || Mettre à l'essai
éprouver, pousser à bout. Pour mettre à l'essa m à
complaisance ,. ,. rouss. Ém. „. || S-Pre^i^re
production d'un esprit qui s'essaye dkns unTeme
I quelconque. Les essais de ce jeune homme dofnënt
de grandes espérances. Douze ans sont écoulés de-
puis le jour fatal Qu'un libraire, imprimantes essai
de ma plume , Donna pour mon malheur un iron
heureux volume, boil. Éptt vi La <!tMM»\io t P
nous Offrit les premiers erslis'de^rs'c'ïure die
is es de laTrL'' ""'"'- "" "'' P'^ '"^-
tisles de a Grèce, barthél. Anach. ch. 74. Premiers
su'chrîs^' --édie par Susarion. 580 ans'a^anTjé
sus-Christ, ID. tb. tome dernier, table V. || Ouvrase
dans lequel l'auteur traite sa matière sai's avo la
prétention de dire le dernier mot. Ce n'est qi'un
spéc aux' 'd„r"^'^- " ^"™ <*« ^^-"-^«"P de livret
spéciaux donne par un sentiment de modestie
comme s. le nom de traité ou d'ouvrage était ïon
élevé. Les Essais de Montaigne. Essai de morale^
Essai sur la musique. || 10- Terme de vénerie. Écor
chures que font aux branches faibles et flexfbles îes
cerfs qui sont près de toucher au bois. H II a donné
1 essai, se dit du sanglier, qui, rentrant du ga-
S!'/'' ^°™^^' a frappé avec ses défenses
contre de jeunes arbres.
— SYN. ESSAI, épreuve. L'essai se fait pour savoir
SI une chose convient, si elle peut être employée-
1 épreuve pour savoir si la chose peut soutenir lé
service. On fait l'épreuve d'un pont de fil de fer; on
lait i essai d une nouvelle machine.
— HIST. xiii* s. St Bernars nous met à l'essai
Foie du Paradis. Bêle suer [sœur], combien puet
avoir Que vous poez apercevoir Qu'a voçc li conversé
avez ? Dites le nous se vous savez , Firent cil qui firent
lessai, ruteb. ii, 166. || xiV s. Un hanap d'argent
blanc pour faire essay , Invent, de Charles K de
LABOBDE, Émaux , p. 304. || xv s. Car s'oncques
nul sceut que c'est de détresse, Je pense bien que
J en ay fait l'essay, ch. d'orl. Bal. u. \\ xvi« s Je
1 aymerois mieux à l'essay, Avant qu'entrer en ma-
riage, MAROT. I, 203. Ill'escrivit par manière d'essay
en sa première jeunesse, mont. 1, 206. Ayant donné
nJuT'-', *''7.''^ '°? elo^nence et de 'sa magna-
d'S 9. '" «fandement estimé, amïot, Cat.
!■ — 188
♦ 498 ESS
"fiiZ it-^ù), : m. colonie d'aboillei lor-
UoVdîu rucU. mJr. pour «jlcr chercher une
il J. hll-lâ<.»u. Uii4>u»d6tt.imquau. U ruche
•I rîoeiwi r»»^ "» e»»lni, quelque nombreui
■■11 wU »• !■«•• P" orUinairemenl trop pour udo
mbI* mère; e«lU-« peut fort bien pondre ilan» l'an-
■i* 400M ceuli, BONMKT, Conltmpl. nat. xi, 27.
t)p «naini dool les pied* en mille et mille anneaui,
L'ua par l'autre alUchè* à U branche pliante, Uon-
(rirenl tout à coup une grappe pendante, oelille,
imtid*, VII. Il Par extension , multitude d'autres in-
Molai. Des tsiaima de uulerelica ravagèrent la
OMlrte II Fig. Ciel I quel nombreux e»saim d'iono-
«MMS beauté*.... hac. Eâlh. i, 2. Au bruit du luccès
dw eroiais, de nouveaux essaims partirent de l'oc-
oidut, VOLT. Jfouri. t>*. Dans cette longue suite
d'iieursions, les peuples barbares, ou plutAt les
essaims sortis d'eux, détruisaient ou étaient dé-
Ixuits, MOWTiso. Uom. 20. Mexico, qui put quelque
tuaps douter si les Castillans étaient un essaim de
bligaMb ou un peuple conquérant, se vit presque
trtlltnwt détruit par les cruelles guerres dont il
Mil théâtre, «aynal, lliti. phit. vi, 20.
.. atT. xui* s. [Les mauvaises Temmes, dont]
lapt easains plus grans que de mouches. Qui se
ramiiUcnt en lor rooche.s, la Bote, 87st.||xiv' s.
J« kwi* es [abeille.s] qui s'enfouirent de mon es-
min, Ordnm. des rois de Fr. 1. 1, p. 242. || xv s.
Lm moucbet à miel, qui chascune en leur eiain
gkrdaat kars etfices et leurs onlres, alain ciiart.
QuaérUoguê ùteictif. ||xvi*s. U ruche, pour loger
l'essoin, sera proprement neltoiée, o. de sf.rrks,
444. Voiey qui va bien, s'efcria Socrate, nous es-
■s en cherche d'une vertu, tu nous en apportes
nain; nous communiquons une question, on
I redonne une nichée, mont, it, 239.
I. Berry, asrt'an, essian, ession; provenç.
fMm, ùam; eatal. cxam, axam; cspagn.
mtiambrt; portug. enxame; ital. seiame;du latin
caaaua, essaim, pour eza^men, voy. examen.
t ESSAIMAfiE <k-ssS-ma-j'), s. m. Tenjps de Tan-
né* 01^ le» essaims d'abeilles sortent des ruches.
— tint. Essaimer.
t ESSADmiEHT (%-ssi-me-man) , t. m. Partage
qui sa fait, k certaines époques (le l'année , des
ah«illes d'une ruche, nue partie abandonnant Tan-
ciMo« demeure, pour aller s'en construire une
■«In.
— «wr. «Y* s. Easemement, Modus, ms. f" 125,
dans LACtntifB.
— ÉTYM. Kuaimer.
■SSADm (i-flsâ-mé), V. n. Sortir en essaim, en
pwlMit des abeilles.
— KEX. V.e verbe se conjugue avec l'auxiliaire
■M«r, quand il marque l'action : Ce» moucltes n'ont
pis encore essaimé; avec l'auxiliaire (tre, quand il
marqa* l'étal: Ces mouches sont essai mées depuis
hier.
— msT. xv s. Le supliant aia aider à mettre on
txsinou[au)bournaydemouchesàmiel, qui icellui
Jour estoit exainé ou vergier, do canoë, bvgaxo-
lut. Il XVI* s. Les mois d'avril et de mai seulement,
est le vrai temps pour les abeilles à essoiner, o. de
44a.
TM. Rioi'm; Berry, eriumer, estemer, et-
r, «snomer, essionner; picani, (^chômer ; wal-
lon, tamé; provenç. wiamenar; catal. axammar;
a. ensambrar; portug. enxamear; ital. «cto-
t BS.SALEH (é-ssa-lé) , c. a. Terme de salines.
Induire la poéle de muire gluante avant que de la
mettre au feu.
tBSSARS* (B>san-f), t. f. Action d'essanger le
Bnge.
ESSANGÉ, ËB (^san-jé, jée), part, patti. 0u
linge essangé,
BUAROn (Vsan-jé. Le g prend un e devant a
on o { essangwnt, essangeons) , e. o. Décrasser du
Unfi dans do l'eau, avant de le mettre à la lessive.
Wnger des torchons.
■ ~ '™- '^n» corruption très-vulgaire change, par
ssimilation, «ssan^cr en échanger, qui n'a aucun
Mnsia. ' ^
aZi"w!!' "i"* *• *'** '*' "•*""' boyaulx [du co-
-Î^'J^JU***'' 'en^ersés et essaugés en rivière
î««'o, '"""'' "• *• Il "'• * Ces ords cu-
îwïï*', mîtj "'""""*• «««igent leurs drapeaux,
Um^T™.!-'*.'". •**"«"'•. proprement faire sor-Jr
ESS
coûté, des femmes de leissive, Qu'esiauigian, je
cré, leâ paquet, buroaud, Ru. de fabl. en patois
saintongiois. p. 4a.
t KS8ARDER (è-sar-dé), v. a. Terme de marine.
Eponger les ponts. On trouve aussi is.sarder.
— HIST. XVI* s. V» te plonger trois fois dans le
fleuve d'Argire, Et te lave le corps, puis moitié le
retire. Et l'essarde k la lune, afin que la vigueur Et
le charme de l'eau pénètre jusqu'au cœur, B. bel-
LBAU, Berger. 1. 1, p. <i<, dans lacubnk.
— tmt. Ori|?ine inconnue.
fESSARMENTER (è-»ar-man-té), ». o. Terme
rural, ôler les sarments, ébourgeonner.
— ÊTïM. Es.... préfixe, et sarment.
t ESSART (è-sar), t. m. || 1* Champ qui élait en
friche et couvert de bois, et qui est défriché et prêt
à être mis en culture. || t° S'est dit aussi de remue-
ments de terre. Toutes les levées, essarts, écluses,
palissades, pêcheries, moulins et autres ouvrages
faits de nouveau.... dans la rivière de Charente....
Règlement, 30 août 1662.
— HIST. XII' s. Des dozc pers i ferai grant essart,
flonc. p. 42. Il a plus d'ennemis que lièvres en essart ,
Sax. XXIX. Li reis ert [était] riches huem, sages et de
grant art, Sout [sut] bien que chardenal [les cardi-
naux] sunt pernant [prenant] et lumbart; Coveiteus
sunt d'aveir plus que vilain d'essart, Th. je mar». 66.
Il XIII* s. Berlo s'en va fuiant par delez un essart,
Berte, xxii. || xtz* s. MoiennanI que la pluie sur-
vienne sur tel brnslement, laquelle de nécessité
convient attendre, et fuir 'es vents pour les raisons
des essars, o. ie serres, so.
— ÉTYM. Voy. essarteb; wallon, sar, saur; pi-
card, lart, champ; provenç. eissart; bas-lat. ex-
sartum, qui se trouve dan» les lois barbares. Dans
l'ancienne langue, essart, par une extension facile
à comprendre, avait aussi le sens de lieo désert,
et, par suite, de destruction, dégât.
f ESSARTAGE (è-sar-ta-j'), ». m. Action d'essar-
ter. Il Ejsartago ou essartement. mode d'exploitation
des bois, encore employé dans quelques cantons du
nord-est de la France, et qui se pratique en arra-
chant toutes les plantes qui couvrent le sol, en
écobuant ensuite, et cultivant pendant deux ou
trois ans, pour essarter de nouveau après quinze ou
dix-huit ans.
— ÉTYM. Essarter.
ESSARTÉ, ÉE (è-sar-té), part, passé. Champ es-
sarté.
ESSARTEMENT (è-sar-te-man) , s. m. Action d'es-
sarter.
— ÉTYM. Essarter.
ESSARTER (è-sar-lé) , ». a. || 1° Arracher le bois,
les épines d'une terre pour la défricher. || 3° Essar-
ter des bois, les éclaircir en arrachant les sous-bois
et les épines.
— HIST. xui* s S'il y a vignes, il ne les doit
pas essarter, ne laissier gastes sans feture, beaum.
XV, 12. Ne nus [nul] plus grans biens ne pot estre en
bailli, que d'essarter les raalvès bons des bons, par
radeur [roideur] de justice, id. (8. 1| xvi* s. Ainsi
comme le laboureur quand il veult essarter et arra-
cher quelque plante sauvage qui ne porte point du
fruict, mettant à bon esciant la marre tout du pre-
mier coup dedans la terre, il en couppe les racines,
ou , en approchant le feu , il la brusle, ahyot, JTau».
honte, 2.
— ÊTYM. Wallon, sarté, écobuer; Berry, esser-
ter; génev. ejsarlir, esserler ; bourguig. essatai,
déchirer; bas-lat. exarlare, du verbe fictif exsarri-
tare, de ex, et sarrire, sarcler.
t ESSAUGUE (è-ssô-gh'), *. f. Terme de pêche.
Voy. A1SSAUGUE.
t ESSAYER (è-sa-Té), ». a. Terme rural. Épui-
ser avec une pelle l'eau d'un fossé ou celle d'un
ruisseau qu'on a barré.
— HIST. XIV s. Aura dedans ce mur un treillich
de fer par où les yaues de la ville se pourront essia-
ver, DU GANGE, essatare. ||xv* s. Regeter le fossé,
et faire tant que le vivier se puist essayer, et qu'il
soit à scci], iD. ib.
— ETYM. Es.... et l'ancien français ère, ta»e (voy.
EAU). On dit en Normandie que la peau est essavée
quand elle est irritée par la présence de certains
liquides ; ainsi les petits enfants s'essavent dans
leurs langes.
1 ESSAVURG (&-5a-vu-r') , s. f. Terme de relieur.
Taches comme d'eau sur le cuir de ve;iu. Quand le
veau est d'une bonne qualité, qu'il est bon de ûeur,
exempt d'es.savures, l'encoUags est plus qu'inutile,
LUiit, la Reliure, p. tll4.
— ETYM. t'«o»er.
ESSAYE, £e (ô »à-ié, iée), jjort. paui. Dont on
ESS
a fait l'essai. Un métal essayé. Un cheval essaye.
Un vêtement essayé et trouvé trop juste. || Fig.
Burrhus essayé k la même coupelle ne lui aurait
paru qu'un lâche courtisan, dideb. Uègne de Claude
et Niron, i, 8 tao.
ESSAYER (è-sè-lé), j'essaye, tu essayes, il essaya
ou il essaie, nous essayons, vous essayez, ils es-
sayent ou essaient ; j'essayais jous essayions, voui
essayiez; j'essayai ; j'essayerai|^u essaierai, ou essai-
rai; j'essayerais, ou essaierais, ou essalrais; essaye es-
sayons; que j'essaye, que nous essayions, que vous
essayiez ; que j'essayasse ; essayant; essayé, ». a.
Il 1* Reconnaître par certains moyens si l'objet con-
vient, est capable de son office, etc. Es.îaycr un che-
val. Essayer une arme à feu. Qu'ils viennent essayer
leurmain mal assurée, bac. Brit. vt, ». C'est à pré-
sent le moment d'essayer tes forces; iln'estplus temps
quand il les faut employer, J. J. Bocs.'. Ém. v. Dès
que le faible oiseau peut essayer ses ailes, m. j.chém.
Fénelon, i, ». Qui laisse les chevreaux, autour de
lui paissant. Essayer leur dent folle à l'arbuste naiv
sant, V. HOGO, Voix intir. <3. || Essayer de l'or, de
l'argent, examiner à quel titre ils sont. |i2° Essayer
un vêtement, le mettre afin de voir s'il va bien,
soit qu'on le mette soi-même, soit qu'un autre nous
le mette : j'essaye mon habit; mon tailleur me l'es-
saye. Essayer un siège, s'y placer pour voir si on y est
bien, etc. Vous voulez essayer ce bandeau sur mon
front, RAC. At/iaî. iv, t. ||Par extension. Il suffit de
lui faire voir en éloignement le trône où il doit être
assis, et de lui essayer, pour ainsi dire, la con-
ronne, afin qu'il sache la porter quand la provi-
dence de Dieu la fera tomber sur sa tête, FtEcii.
Hontausier. Que tu vois mal encor ce que c'est que
l'empire I Si deux jours seulement tu pouvais l'es-
sayer. Tu ne croirais jamais le pouvoir trop payer,
CORK. Oitton, IV, 3. Quand on s'assied sur un trône,
on a bien l'air de l'essayer, MABMorrEi., Bétit. ch.
)5. Il Fig. D'un masque revêtu. J'ai d'abord quelque
temps essayé la vertu; J'ai senti que mon cœur
n'était pas né pour elle, legouvé, Épichar. et Sér.
III, 2. Il 3* Déguster. Essayer du vin. S'il a quelque
douceur, n'osez-vous l'essayer [l'amour] ? baC.
Fhédre,t, t. |(4° Fig. Reconnaître, comme par des
essais, l'action de. Essayez sur Cinna ce que peut
la clémence, corn. Cinna, iv, 3. Il me faut essayer
la force de mes pleurs, id. Poly. m, 2. Je vais près
de Phocas essayer la prifre, id. Héracl. i, 4. Tandis
qu'il n'est point de Romaine Qui, dès qu'à ses re-
gards elle ose se fier. Sur le cœur de César ne les
vienne essayer, bac. Brit. ii, 2. EUe brûlait d'im-
patience d'essayer ses regards sur ces riches mor-
tels, et de remplir ses coffres de leurs dépouilles,
LESAGE, Guîm. d'Alf. VI, 9. Il 5° Soumettre à l'essai,
à l'appréciation. Essayer le goût du public en lui
donnant des ouvrages nouveaux, Dict. de VAcad. J'ai
essayé dans nos assemblées publiques une bonne
partie des articles qui entrent dans ce volume; il ne
m'est jamais arrivé de contenter tout le monde, d'o-
uvET, fltJt. de VAcad. t. u, p. 387, dans pougens.
Il Reconnaître si quelque chose est réel. Essayez
dès ce jour l'effet de mes promesses, bac. Athal. u,
7. Il 6° Tenter. Et quelque cruauté qu'elle veuille es-
sayer. S'il ne faut que du sang, j'ai trop de quoi
payer, cohn. Théod. v, li. Essayons l'artifice où la
rigueur est vaine, botb. Yencesl. i, 4. J'en essaye-
rai tant de toutes les manières, que quelque chose
enfin nous pourra réussir, moi.. Sicii. «. J'essairai
tour & tour la force et la douceur, bac. Brit. m, 6.
Faisons mieux, ne proscrivons rien, laissons la
scène ouverte à tous les sujets et à tous les talents ;
essayons tout et conservons ce qui le mérite ,;
d'alejib. Éloges, la Chaussée. || 7° V. ». Essayer
d'une chose , l'éprouver pour savoir si elle est
propre à ce qu'on attend. Essayez de tous les plai-
sirs; ils ne guériront pas ce fonds d'ennui, mass.
Avent, Bonheur. Essayez - en , rompez avec U
monde, id. Carême, Samar. Vous avez longtemps
essayé du monde, id. Car. Salut. Vos passions ayant
essayé de tout, et tout usé, id. Pet. car. Math.
C'est ainsi qu'un pigeon mourrait de faim près d'un
bassin rempli des meilleures viandes, et un chat
sur des tas de fruits ou de grain, quoique l'un et
l'autre pût très-bien se nourrir de l'aliment qui!
dédaigne, s'il s'était avisé d'en essayer, j.j. rooss.
Inégalité, t " partie. L'âme de la jeunesse essiiie de
tous les sentiments, chateacbr. Natch. ii , «54.
Il Essayer de, avec l'infinitif, tâcher, faire ses ef-
forts. Lucile n'essaya pas de le distraire, et lord
Nelvil était blessé de ce qu'elle ne l'essayait pas,
STAËL, Corinne, xx, 2. || Essayer à, avec l'infiniuf,
même sens. Essayez sur es point k la faire parler ,
COBM. Hor. I, 4. Est-ce donc que par U vous voulez
ESS
essayer X réparer l'accueil dont je tous ai fait
plainte T moi. Amph. ii, 2. Essayez un peu par
plaisir à m'envoyer des ambassades, !i m'écrire se-
crètement de petits billets doux, k épier les mo-
ments que mon mari n'y sera pas, m. G. Dandin,
1, 6. C'est le plus grand sujet de félicité de la con-
dition des rois, de ce qu'on essaye sans cesse à les
divertir par toutes sortes de plaisirs, PASC. Pensées,
t. I, p. 266, éd. LAHÛBE. || 8° S'essayer, v. réfl. S'é-
prouver, voir si l'on est capable d'une chose. 11
s'est essayé k nager. S'essayer à la coursa. Trem-
ble, son bras s'essaye k frapper ses victimes, volt.
Fanât, v, 4. On s'essayera à chaque fois qu'une
occasion fera sentir le besoin de s'essayer, et,
parce qu'alors on aura quelque intérêt à savoir
faire, on fera«ieui; voilà un conseil qui ne sera
pas désagréable aux pîiresseux et qui sera utile à
tous, coNDiL. Lang. cale, ii, <). Il s'essaie à braver
un sceptre qui lui pèse, c. delav. Tépres sicil. n,
2. Il Faire la première épreuve de ses forces. 11 s'es-
saie en attendant mieux. Perdez un ennemi d'au-
tant plus dangereux Qu'il s'essalra sur vous à
combattre contre eux, rac. Àndr. i, 2. J'aimerais
mieux que mes chères filles n'entendissent pas de
sermon un jour de Pâques que d'être réduites à
tous les jeunes cordeliers qui viendront s'essayer
chez vous, MAiNTENON, Lettre à Kme de Fontaines,
<2 mars ten. Lorsque votre beauté, dans son choix
indécis. S'essaya sur le père avant de plaire ju
fils, LEMERC. Fréd. et Bruneh. m, 6. || S'éprouver
l'un l'autre. Ils n'ont pas lutté sérieusement, ils
n'ont fait que s'essayer.
— REM. Avec un verbe qui suit à l'infinitif, on
dit essayer à et essayer de, mais s'essayer à seule-
ment. Il n'en était pas de même au xvi* siècle.
— HIST. XI" s. Li archevêque, prudomet essaiet,
Ch. de Hol. CLii. || xii" s. [La prison] Qu'ele me fait
assaier et sentir, Couci, xiii. || xnr s. Je di que
c'est grant folie D'assaier ne d'esprouver Ne se [sa]
famé ne s'amie, auboins de sezanne. Romancero,
p. (26. Bien auras, ains que tu t'en partes. Les
dolors d'amors essaiées, le Rose, 2293. Ma paroUe,
Diex, est veraie. Corn est li argent c'on essaie.
Psaumes en vers, dans Liber psalm. p. 269. || xiv» s.
Se les turquoises [tenailles] ne soufîssent [à extraire
un dard fiché dans le corps], essoie le atraire....
H. DE MONDF.viLLE, f" 87. Que aucun barbier ne doit
faire office de barbier en la dicte ville et banlieue de
Paris, se il n'est , essaiez par le dit mestre et les
quatre jurez, Ordonn. des rois, t. v, p. iH. Le
Temple et l'Ospital li respondirent que il estoit bon
que l'en essaiast à prenre la cité, joinv. 27B. Il
disoient ou [au] païs que le soudanc de Babiloine [le
Caire] avoit mainte foiz essaie dont [d'où] le flum
venoit, id. 220. {| xv s. La gentil dame fut adonc
durement esbahie, et dit : a Ha I très cher sire, ne
me veuillez moquer, essayer, ni tenter [le roi venait
de lui dire qu'il l'aimait], FROiss. I, i, («6. Ijxvi's.
Et pleust à Dieu que l'empereur s'essayast de passer
le Rosne quand je suis icyl marg. Lett. <27. Nous
vous avons envoyé ce porteur, non pour essayer à
consoler mon nepveu et vous, id. ib. ^62. Ayant es-
sayé combien sa présence donnoit d'advantage à ses
aflaires, mont, i, <5. Perdre son temps à essayer de
prendre une ville, id. i, 27. S'estant essayé de leur
persuader de.... id. i, <(7. Quand ces receptes ne
peuvent servir, ils en essayent de contraires, id. i,
4 29. Je n'ai essayé [trouvé] gueres de fermeté en
mon ame pour soustenir des passions véhémentes,
ID. Il, 4 23. Ou les accidents ne nous essayant pas
jusques au vif, m. i , 67. Elle ne s'en essaya onc-
ques puis [de se farder], la boétie, <92. La resolu-
tion des reformez fut d'essayer Paris par la faim,
d'aub. Hist. I, 21). Ils essayèrent [éprouvèrent] ce
que les Turcs ont d'artifices et d'ingénieuses cruau-
îez, ID. ib. 1, 24). Si se meit à imaginer et à essayer
toutes sortes de ruzes de guerre dont il se pouvoit
adviser, amyot, Fab. )2. Si délibéra de se retirer
devers le roy Artaxerces, espérant que, quand ce
roy l'auroit une fois essayé, il ne.... id. Aie. 77.
Hz ne demandoient plus que quelque occasion pour
bien tost les [leurs armes] essayer et employer contre
leurs ennemis, id. Philop. )5.
— ÉTYM. £«so«; Berry, assayer; wallon, say ;
provenç. essaiar, assatjar, assaiar, ensaiar,issaiar ;
catal. ensajar; espagu. cnsayar ; portug. ensaiar ;
ital. assaggiare, saggiare.
t ESSAYERIE (è-sê-rie) , s. f. Endroit particulier
d'un hôtel des monnaies où l'on fait des essais.
— ÉTYM. Essayer.
ESSAifECR (è-sè-ieur), s. m. || !• Celui qui dans
UD hôtel des monnaies est préposé à l'essai des ma-
tières d'or et d'argeni et à la viriflcation du titre
ESS
des monnaies. || 2" Essayeur, essayeuse, se dit,
chez les tailleurs et chez les couturières, de celui
ou celle qui essaie un vêtement. Je vous enverrai
l'essayeur, l'essayeuse.
— HlST. xiii* s. Cm ne croit pas qu'il soit ameres
[amant]. Mes essaieres [entreprenant] etvanteres.
Si ne si ose l'en [on] fier. Fabliaux mss. n° 72)8,
^ )35. Il xrv* s. Pefrin langoieur ou essaieur de
pourceaus, du cange, essaium.
— ÉTYM. Essayer; provenç. issajaire, assajador;
espagn. ensayador; portug. ensaiador; ital. assag-
giatore, saggiatore. Le provençal issajaire, et le
vieux français essaiere, sont au nominatif; assaja-
dor et essaieur sont au régime.
t ESSAYISTE (è-sè-yi-sf), s. m. Auteur d'essais
littéraires. Macaulay, le prince des essayistes.
— ÉTYM. Mot anglais fait à'essay, qui est la
forme anglaise d'essai , et introduit récemment
dans le français.
t ) . esse', s. f. Nom de l's (voy. S).
2. esse (è-s'), s. f. Il 1° Cheville de fer tortue,
placée au bout de l'essieu d'une voiture pour empê-
cher la roue de sortir de l'essieu. || 2° Crochet qui
termine chaque extrémité du fléau d'une balance,
et auquel on attache les cordons. || 3° Morceau de fer
tortu dont on se sert pour accrocher les pierres qu'on
veut élever dans un bâtiment. || 4° Terme de marine.
Bandes de fer courbées, embrassant le bout des
traversins ou des barres de perroquet , et percées
pour laisser passer les haubans. || B" Lame de fer for-
mant des espaces circulaires de différents diamètres
et servant à jauger le fil de fer. || 6° Terme de lu-
thier. Ouverture faite en s qui est sur la table des
instruments de la famille du violon (violon, alto,
violoncelle, contrebasse et même pochette). || 7° Sorte
d'ancien jeu. La cour, sur le réquisitoire du procu-
reur général , étant informée que, dans l'étendue
de la justice de Chamarande, il se joue un jeu
nommé jeu de clefs ou de esse, duquel il est résulté
des inconvénients pour les spectateurs qui en ont
été blessés, défend à toutes personnes de jouer
ledit jeu , à peine de 20 livres d'amende. Arrêt de
la cour du Parlement, )6 juin )779.
— ÉTYM. La lettre s, à cause de la forme,
t ). ESSEAU (è-sô), s. m. Voy. aisseau.
I 2. ESSEAU (è-sô), s. m. Sorte de mesure pour
le fumier, usitée dans les environs de Paris.
— ÉTYM. Serait-ce le même mot que Berry isseau,
rigole, égout; picard, essiau, eiseau, puisard; ano.
franc, essau, évier?
i- ÉSSEIGLAGE (è-sè-gla-j') , s. m. Action d'es-
seigler.
+ ESSEIGLEU (è-ssè-glé), s. m. Terme rural. Ar-
racher ou couper à la faucille les brins de seigle
qui ont poussé dans les champs de froment.
— ÉTYM. Es.... préfixe, etseigle.
■f ESSEIMER, V. a. Voy. essimer.
t ESSEINER (è-sè-né) , ». a. Terme de pêche.
Tirer une seine à soi; en ôter le poisson.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et seine.
fESSELIER (è-se-lié), s. m. Terme de charpen-
terie. Nom de certaines pièces de bois assemblées
diagonalement à deux autres, et qui font angle obtus.
Il Dans le comble d'un toit, les deux esseiierssont
les parties qui sont assemblées sous l'entrait. || Pièce
du faux fond d'une cuve de brasseur.
— ÉTYM. Aissel, petit ais (voy. Aïs).
t ESSELLE (è-sè-l'), s. f. Appareil qu'on met sur
le dos des chevaux et des ânes, pour le transport du
fumier, du bois, etc.
f ESSEMÉE (è-sse-mée) , s. f. Terme rural. Ma-
nière dont une terre est ensemencée.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et semer.
t ESSEMILLER (è-se-mi-llé, H mouillées), v. a.
Voy. SMILLEB.
t ESSÉMINER (è-ssé-mi-né) , ». a. Eparpiller,
disséminer. La fourmi essémina les graines des
hauts cyprès, bern. de st-piebre, dans le Dict. de
BESCHERELLE.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et le lat. seminare, se-
mer ; mot fait par Bernardin de Saint-Pierre.
ESSENCE (è-ssan-s'), s. f. ||1° Terme de philoso-
phie et de théologie. Ce qui est, ce qui existe. Dieu
est l'essence première. || La divine essence, Dieu.
Les rois , comme rayons de la divine essence, En
leur gouvernement imitent sa puissance, R0TR.B(?/ts.
III, 6. Enveloppez-vous dans ce voile; vivez cachée
à vous-même aussi bien qu'au monde; et, connue
de Dieu, échappez-vous à vous-même, sortez de
vous-même, et prenez un si noble essor que vous
ne trouviez de repos que dans l'essence éternelle du
Père, du Fils et du Saint-Esprit, boss. la Vallière.
Adorant l'essence inconnue. Les saints, les martyrs
ESS
4499
glorieux Contemplaient sous l'ardente nue Le trian-
gle mystérieux, v. hogo. Odes, i, )o. || 2° Ce qui
fait qu'une chose est ce qu'elle est, ce sans quoi
elle ne serait pas. L'essence du triangle est d'avoir
trois côtés et trois angles. {| 3° Dans une significa-
tion très-voisine de celle-ci, et pourtant très-diffé-
rente, la nature intime des choses que nous ne pou-
vons pas bien connaître ni démontrer. Lorsqu'on
s'obstine à disputer sur les essences, il arrive qu'on
ne sait plus ce que les choses sont , condil. Art d'écr.
iv, 6. N'oubliez point que ce que nous appelons
essence des choses n'est que leur essence nomi-
nale, BONNET, Ess. anal, âme, ch. 4. || 4° Au sens
d'être. Essence première, essence qui est d'origine.
Essence seconde, essence qui est dérivée. Dieu est
essence première ; les créatures sont essences se-
condes. L'essence seconde suffit pour prouver que
deux substances difi'èrent, mais elle no suffitpaspour
mesurer avec précision la différence qui est entre
elles, coNDiLLAc, Art de raisonner , i, 3. || 5° Dans le
langage général, ce qui fait le fond, la nature d'un
objet. Et de la vouloir vaincre avecque des services,
Après qu'on a tout fait, on trouve que ses vices Sont
de l'essence du sujet, malh. vi, 24 Amour forcé
ne fut jamais amour; L'amour est dans les cœurs
libre dès sa naissance; Ravir sa liberté , c'est ravir
son essence, desmarets, Mirame, iv, 4. Cette pro-
position contenait l'essence des plus noires hérésies,
PASC. Prnv. 3. Il est de l'essence d'un bon livre
d'avoir des censeurs, et la plus grande disgrâce qui
puisse arriver à un écrit qu'on met au jour, ce n'est
pas que beaucoup de gens en disent du mal, c'est
que personne n'en dise rien, boil. Éplt. x, xi, xii,
Préf. L'essence d'un Spartiate était l'obéissance aux
loisdeLycurgue, volt, ilfœurs, )54. Voilà, cousine,
comment dans certains pays l'essence des choses
tient aux mots, et comment des noms honnêtes suf-
fisent pour honorer ce qui l'est le moins, j. i.rouss.
Uél. II, 23. Il 6° Terme de pratique. La chose même
que l'on a reçue. Rendre en essence. |{ On dit queles
choses ne sont plus en essence, pour dire qu'elle»
ne sont plus en nature, qu'elles sont détruites, qu'on
ne peut pas les représenter comme on les a reçues.
Il 7° Terme d'eaux et forêts. Espèce , nature des ar-
bres qui prédominent en un terrain. Les différentes
essences. Un bois d'essence de chêne. || 8° Terme ds
chimie. Essences, nom donné à des liquides sans
viscosité, très- volatils, qu'on appelait autrefois huiles
éthérées, huiles essentielles (dénomination aban-
donnée parce que ces substances n'ont rien de com-
mun avec les corps gras). Les essences se divisent
en trois groupes : hydrocarbonées, oxygénées, sul-
furées. Il Essence de térébenthine, liquide qui pro-
vient de la distillation de la térébenthine ordinaire.
Il 9° Terme de pharmacie. Substance aromatique
très-volatile qu'on extrait de certains végétaux. Es-
sence (Je rose. || Essence de lavande, dite aussi huila
d'aspic ou de spic, essence qui s'obtient par la dis-
tillation des sommités fleuries de la lavande offici-
nale et de la lavande spic. || Essence de Portugal,
essence fournie par le zeste de l'orange. || 10° Terme
de cuisine. Essence de gibier, de légumes , de
jambon , etc. extrait des parties les plus nutritives
des viandes, des légumes. || 11° Essence d'Orient ou
de perles, liqueur préparée avec une matière nacrée
qui se trouve à la base des écailles de l'ablette et
sur toute la paroi de la poitrine, de l'estomac et des
intestins. Cette liqueur, introduite dans de petites
boules de verre creuses , sert à la fabrication des
fausses perles.
— HIST. xiu" s. Tu iez saluz de nostre essence,
Balaiz de nostre vanité. Cribles de nostre concience,
buteb. Il, )4. 0 glorieuse Trinité , Une essence et
vraie unité En trois glorieuses personnes! J. de
MEUNG, Tr. 2. Il XIV s. Et par ce appert que toutes
choses n'ont pas une ydée commune qui soit leur
essence, obesme, Eth. vi,)). ||xV s. En tout, par-
tout est mesme essence, Auquel pas ne fait dille-
rence Entre animal et végétal, Et minerai, ful-ca
métal Qui t'enamoure, Nat.àValch.err. 09. ||xvi's.
La distillation des eaux et essences tirées de toutes
sortes d'herbes, racines et fleurs, lanoue , 479.
En une seule essence divine, il y a trinité de per-
sonnes, calv. /«st. 73. Ainsi les actions de vertu na
sont souvent que masques , elles en portent le visage
mais elles n'en ont pas l'essence, charron. Sagesse,
II, 3.
ÉTYM. Provenç. essentia; espagn. esencia; ital
essenxia; du latin essentia, de esse, être.
f ESSENCIFIER (è-ssan-si-fi-é) , V. a. Terme d'al-
chimie. Transformer en essence.
KSSÉNIEN (è-ssé-niin), t. m. Nom d'une secte
de Juifs qui faisaient profession de communauté de
«500 I''SS
« tîSS^I ôrSTr-u, n'ofrr.ient» Dieu que
SlpoleWmrn. qu'il» n'aurainnt PM remué un
!2» Phiinn 1 dirtingu* .leui ordres d'f^sén.en» :
(«Tan» .■«Hachaient à la pratique, et les autres
ou'on nomme Thérapeutes à la contemplation, w-
i>Ui Opin. ** <»"«• P'"'«'- (Ju»/*)- Josèphe dit
dan» un autre endroit qu'ils abandonnaient tout à
Dieu- ces paroles font assez entendre le sentiment
des È«*niens sur le concours de Dieu, m. ib.
_ gTYM. Syriaque, osa, soin, guérison.
t ESSENTIALISSIE (è-ssan-si-a-li-sm') , ». m.
Doctrine médicale qui admet que les maladies sont
des essences, existant par soi et indépendamment
du fonctionnement de l'économie animale.
t ESSEPfTIAUSTE (e-ssan-si-a-li-sf), adj. Méde-
cin essentialiste, celui qui admet l'essentialisnie.
i ESSENTIAIJT15 (è-ssan-si-a-li-té) , *. f. État de
ce qui est essentiel. Je nie l'essentialilé de cette
clause. Il Terme de méilecine. L'essentialilé des fiè-
vres, doctrine qui attribue les fièvres non à un état
patholofrique des solides ou des liquides, mais à un ef-
fort de la nature pour surmonter le mal qui l'opprime.
— ETYM. Estcntiel.
ESSENTIEL. ELLE (è-ssan-sl-èl, è-l'), adj.
Il 1* Qui appartient à l'essence ou nature propre
d'une chose. La rondeur est essentielle au cercle.
La raison est essentielle à l'homme. La sévérité
du pécheur envers lui-même est une qualité essen-
tielle à la pénitence, notmDAL. Avent, Sur la pé-
nitence, 4 84. Ce philosophe païen [Porphyre] as-
sure que les mauvais démons sont les auteurs des
enchantements, des philtres et des maléfices; qu'ils
ne font que tromper nos ycui par des spectres et
par des fantômes; que le mensonge est essentiel à
leur nature, fonter. Oracles, i, 3. En distinguant
ses idées, on considère quelquefois, comme entiè-
rement séparées de leur sujet, les qualités qui lui
sont le plus essentielles; c'est ce qu'on appelle plus
particulièrement abstraire, condillac, Conn. hum.
sect. II, ch. «. Il 2° Absolument. Nécessaire, indis-
pensable, qu'on ne peut séparer. La justice est la
vertu essentielle d'un roi. Les devoirs essentiels. En
cette paix donc, seigneur. Essentielle et suprême.
En cet unique bonheur, Qui n'est autre que toi-
même, P'ais le repos de mon cœur, corn. Imit.
m, 4 6. Chaque chose est vraie en partie et fausse en
partie; la vérité essentielle est toute pure et toute
vraie, pasc. Pensées, i, «. Les soupçons d'infidélité
dans lo lien sacré du mariage ne sont plus un dé-
cri formel et une flétrissure essentielle, mass. Car.
JfWi>. Il Terme d'histoire naturelle. Caractères es-
sentiels, ceux qui expriment les particularités les
plus remarquables des espèces, des genres et de
toutes les coupes systématiques. |{ Terme d« miné-
ralogie. Parties constituantes essentielles d'une
roche, celles dont la présence est nécessaire pour
la constituer. Il Terme de médecine. Maladies essen-
tielles, nom donné aux maladies qui ne dépendent
d'aucune autre, pour les distinguer de celles qui
no sont que symplomatiques. || Terme de musique.
Cordes essentielles du ton, ou cordes modales, la
médiantu et la sous-sensible (le mi et le la dans le
ton d'ut majeur; l'ut et le fa dans le ton de la mi-
neur). || 8" Grave, important, sérieux. Ces grandes
sectes de philosophes contraires aux oracles durent
leur faire un tort plus essentiel que celui de les ré-
duire à la prose, FOttTEN. Orad. ii, «. Ce défaut do
connaissance de soi-même, qui met un obstacle si es-
sentiel à l'utilité de nos confessions, mass. Car.Conf.
Tout est léger contre lui [le prochain] ; et sur ce qui
vous touche, tout paraît essentiel à votre orgueil, et
digne de vengeance, m. Car. Médis. Elle [la per-
sonne dont vous médisez] est peut-être d'un sexe
où, sur certains points principalement, les taches
les plus légères sont essentielles, m. ib. Le relâche-
ment, la recherche des commodités.... sont comme
des transgressions essentielles de ce premier vœu
de chasteté, id. Profess. rel. Serm. 3. || i" En par-
lant des personnes, doué de qualités sur lesquelles
on peut compter. Ici vous êtes homme essentiel,
ami généreux, lo. Car. Kesp. hum. Essentiel sur
!•» probité, réglé dans ses mœurs, id. Car. Riche.
Ami aussi essentiel qu'aimable, volt. Leit. Chaba-
non, 7 déc. )7«7. Vous aviez bien raison quand
TOUS ma disiei que le duc de Praslin était plus es-
mn i"*''?'^""'' '"• l^"- d'Argenlal, (9 févr
KSS
macie. Principes essentiels, produits qui appartien
nent en propre à chaque plante, et qu'on a cru con-
tenir les vertus particulières de chacune d'elles;
tels sont les sels essentiels. || Huiles essentiel-
les, ancien synonyme d'essences (voy. essrncb).
Il 6' S. m. Le point principal, impcMlant. Tu n'as
point d'ambition pour l'essentiel, hamilt. Gramm.
4. Je serais porté à croire que j'ai tort, si nous dif-
férions dans l'essentiel, p'alemb. Lett. au roi de
l'r. 40 avril 4 767. L'essentiel est de faire bien, VAC-
VEN. De Vaelivilé.
— lllST. XVI' S. Le Fils en autre sens s'appelle la
Parole essentiele et éternelle du Père, calt. Instit.
78, 90. Il est possible qu'à ceuli qui employent bien
le temps, la science et l'expérience croissent avec
la vie; mais la vivacité, la promptitude, la fermeté
et aultres parties bien plus nostres, plus importan-
tes et essentielles, se fanissent et s'allanguissent,
MONT. I, 408. Et ainsi sa preud'bommie luy sera
propre, intime, essentielle, comme luy est son es-
tre, et comme il est àsoy-mesme, charron, Sa-
gesse, II, 3.
— ÉTYM. Provenç. esseneial; espagn. eieneial;
ital. esseniiàle; du latin essentialis (voy. essence).
ESSENTIELLEMENT (è-span-si-è-le-man), adv.
Il 1° Par essence. L'homme est essentiellement so-
ciable. Un naturel- essentiellement mauvais. Il est
nécessaire, pour la conservation du corps, que nous
ayons des sensations essentiellement différentes,
quoique les impressions que les objets font sur no-
tre corps ne diffèrent que très-peu, malebb. Hech.
I, 46. Il î° X un Irès-iiaut degré. Des discours....
lesquels à la vérité n'attaquaient pas essentielle-
ment votre honneur et votre probité, mais qui ré-
pandaient dans le public... mass. Car. Médis.
— HlST. XVI' s. Nous enseignons selon l'Escriture,
qu'il n'y a qu'un seul Dieu essentiellement, calv.
Instit. 95.
— f.TYM. Essentielle, et le suffixe ment; proveno.
essencialment ; espagn. esencialmente ; ital. essen-
xialmente.
t ESSER (è-sé), V. a. Présenter le fil de fer à un
des espaces circulaires de l'esse, pour connaître s'il
est d'un calibre convenable.
— ÉTYM. Esse.
t ESSËRE (è-ssê-r') , s. f. Terme de médecine.
Variété de l'urticaire.
t ESSERET (è-se-rè) , s. m. Sorte de tarière fort
longue.
t ESSERNÊ, ÉE (è-sèr-né, née), adj. Se dit d'un
papier qui, faute de matière, n'a pas la grandeur
de la forme.
ESSETTE (è-sè-f), s. f: Sorte de marteau à tête
ronde d'un côté et tranchant de l'autre.
— ÉTYM. La lettre s.
ESSEDLÉ. ÊE (è-sseu-lé, lée) , part, passé. Laissé
.seul, éloigne de tous. Par-ci, par-là, quelques an-
ciens sages Tout esseulés errent au bord des eaux , la
MOTTE, Fabl. Il, 20. Avec plus de mérite que femme
du monde, on vous trouve aussi esseulée qu'un fa-
vori disgracié, dancourt, Été des coquettes, se. 43.
Avec un établissement considérable, je me trouvai
fort esseulé, st-sim. 45, 467. || L'Académie, n'ayant
pas le verbe esseuler, ne donne esseulé que comme
adjectif.
t ESSEULEU (è-sseu-lé), «. a. Laisser seul.
D'Huxelles bas, souple, flatteur auprès des gens
dont il croyait avoir à e.spérer, dominant sur tout
le reste, ce qui mêlait ses compagnies et les esseu-
lait assez souvent , st-sim. 4(6, 7.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et seul.
ESSIEU (è-sieu) , s. m. || f Pièce de bois ou de
fer dont les bouts entrent dans les moyeux des
roues. L'essieu crie et se rompt, rac. Phèdre, v, 6.
Il 2' Terme de marine. Dans les poulies, l'essieu est
la cheville en bois ou en métal autour de laquelle le
réa tourne comme sur un axe.
— HIST. XII' s. Sur quatre roes e aissels de
arainc fud chascune baseasise, flots, p. 866. || xiii's.
Le dit meslre Koiiques fist jurer aus charrons que il
ne metroient nus essiiujs en charete, se il n'es-
toient aussi souffisans corne il vouroient que on les
leur mcist se il estoient charetiers, l.iv. des met.
(06. Seeles [les roues] tornent en l'aisil, tailliah,
ttccueil, p. 4«o. Il xvi' s. Ses loix furent escriptes
sur des aiiieux ou rouleaux de bois, amyot, Soton,
62. Cleanthes le Samien s'advisa de maintenir que
c'estoit la terre qui se mouvoit par le cercle oblique
du zodiaque tournant à l'entour de son aixieu,
mont. II, 329.
— ETYM. Berry, oOjsw; picard, achu; wallon,
asi; ital. assiculo ; du latin axiculus, diminutif de
Oicis, aie.
ESS
j ESSIHERou ESSEIHER (e-ssi-mé) , V. a. Ternie
de fauconnerie. Amaigrir un oiseau pour le rendre
moins lourd au vol.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et un radical qui s«
trouve dans le berry semer, retrancher, et dans le
français se ehemer (voy. ce mot) , le provençal te-
mar, l'italien scemare.
t ESSOINE (è-ssoi-n"), ». f. Voy. iœoinb.
f ESSONIER (è-sso-nié), ». m. Terme de blason.
Double orle, qui couvre l'écu, dans le sens de la
bordure, et qui représente l'enceinta où les chevaux
des chevaliers étaient autrefois placés, en attendant
que le tournoi commençât.
— ÉTYM. Ce semble, à cause du repos provisoire,
un dérivé de essoine.
ESSOR (è-ssor) , ». m. || 1° Action da l'oiseau qui
s'élance pour prendre son vol. Avant que la nitée
Se trouvât assez forte encor Pour voler et prendre
l'essor, la font. FcU). iv, 2U. Déjà prenait l'essor pour
se sauver dans les montagnes cet aigle.... fléch.
Tur. Il reprit l'essor, il alla se reposer un peu plus
loin , et revint encore sur le sein de Vénus, hontesq.
Céphise et l'Am. || Être à l'essor, se dit d'un oi-
seau qui vole loin de son nid pour ses différents be-
soins. L'aube du jour arrive, et d'amis point du
tout; L'alouette à l'essor, le maître s'en vient faire
Sa ronde.... la font. Fabl. iv, 22. || Terme de
fauconnerie. Monter d'essor, se dit du vol de l'oi-
seau lorsqu'il monte à perte de vue pour trouver un
air plus frais. || Par extension. Et dès que son Dieu
l'ordonne, Son âme, prenant l'essor. S'élève d'un vol
rapide Vers la demeure où réside Son véritable tré-
sor, rac. Cantique, li. Son âme, hélas I trop tôt
prenant l'essor. Tel un fruit mûr qu'un jeune en-
fant dérobe. Nous est ravie.... bérang. Ou^netcourl.
Il Prendre l'essor, s'est dit aussi pour s'en aller à la
hâte. M'en croirez-vous, monsieur? prenez l'essor,
hadtehoche, le Souper mal apprêté , se. 48. || Fig.
Prendre l'essor s'est dit pour s'écarter de son sujet.
Pourquoi, me dira-t-on, nous ramener toujours
Cette cassette ? est-ce une circonstance Qui soit de
si grande importance? Oui, selon mon avis; on va
voir si j'ai tort; Je ne prends point ici l'essor, Ni
n'affecte de railleries, la font. Fianc. || 2° Fig. Mou-
vement moral, comparé à l'essor de l'oiseau, par le-
quel un homme, un esprit, une âme se portent aux
choses élevées, étendues. Leur esprit prend l'essor
où leur langue les guide, Régnier, Sat. v. Et quand
je me demande un titre légitime D'où prendre quel-
que gloire et chercher quelque estime. Je vois pour
tout appui de mes plus hauts essors Le néant que
je suis et le rien d'où je sors, corn. Imit. m, 40.
Son âme toute royale garde l'équilibre, même dans
ses plus grands essors ; ses élévations mêmes on"
quelque chose de modéré dans le principe, sainte -
BEuvE, Causeries, 4 9 janvier 4 862. || Donner l'essot
à son génie, à son imagination, à sa plume, lui
donner libre carrière. Vous n'avez qu'à suivre les
traits d'une imagination qui se donne l'essor, mol.
Critique, 7. || En un sens plus restreint, il se dit
d'une personne qui se dégage d'une contrainte,
d'une sujétion, d'une infériorité. Ce jeune homme
a pris tout à coup l'essor. Quand le poids du mal-
heur accablant son enfance Interdisait l'essor à ses
puissants destins, saurin, Spart, u, 4.||8" Suc-
cès qu'obtient un livre, une idée. N'espérons plus
que la haine pardonne A mes chansons leur trop
rapide essor, bérang. Xd. d to camp. || Essor s'est
dit pour pubbcation. Si Ton peut pardonner l'essor
d'un mauvais livre. Ce n'est qu'aux malheureux
qui composent pour vivre, mol. Ifii. i, ï. || 4' Dé-
veloppement qui a quelque chose de rapide comme
le vol de l'oiseau. Essor des sciences, ues arts, de
l'industrie. || B° Terme des fouriéristes. Essor har-
monique, marche que suivraient les pa.ssions indi-
viduelles dans une société réglée selon les principes
de cette école. Essor subversif, la marche que sui-
vent les passions dans les sociétés mal organisées
qui contrarient la nature de l'homme.
— HiST. XV* s. Sans estre mis à l'essor de lar-
gesse, CH. d'orl. Bail. 422. Il XVI' s. Les âmes donc
tirent la pénitence De leurs vieux maulx; les unes
hault pendues Sont parmy l'air à l'essor estendues;
Aucunes sont dedans la mer plongées, nu Bellay,
IV, 60, rrrto. Nous sommes en un royaume auquel,
pour la facilité de nos rois, les choses viennent ai-
sément à l'esisor [au désordre], pjiSQ. Recherches,
p. 46 , dans lacitrne. J'.ipprehende bien que nous
laissions les choses présentes et asseurées pouj
nous jelter à l'essor [à l'aventure], sullt, Mém. t. vi ,
p. 432, dans LACCRNE.
— ÉTYM. Voy. ESSORER.
t KSSORAGE (è-sso-ra-j'), s. m. || V Terme de fau-
ESS
ESS
EST
1501
connerie. Action de s'essorer. || t' Terme de fabri-
cation de poudre à tirer. Action d'enlever à la
poudre un excès d'bumiditô qui mettrait obstacle au
- ÉTYM. Essorer.
t ESSORANT, ANTE (è-sso-ran, ran-t"), adj.
Terme de blason. Oiseau essorant, oiseau repré-
senté les ailes à demi ouvertes et l'œil regardant le
soleil.
ESSORÉ, ÉE (è-sso-ré, rée), part. passé. || !• Linge
essoré. || Terme rural. Terrain essoré , terrain dont
la surabondance de l'eau a disparu à l'aide de fré-
quents labours. |{ 2"' Terme de blason. Se dit de
la couverture d'une maison, d'une église, d'une
tour ou d'un cbâteau, quand elle est d'un émail
différent de celui du corps de ladite maison, à cause
que, de toutes les parties d'un bâtiment, il n'y en a
point qui soient plus à l'air que la couverture (voy.
EssoREB, à l'ÊTYM.}. Maison d'azur essorée de
gueules.
ESSORER (ê-sso-ré), v. a. || 1» Exposer du linge
à l'air pour qu'il sèche. || Particulièrement, essorer
du linge, le mettre tout mouillé sur un linge sec;
rouler le mouillé et le sec ensemble, les presser ou
les tordre légèrement pour qu'on pujsse repasser
tout de suite le linge essoré, ou pour qu'il sèche plus
vite. Il 2° Terme de fauconnerie. Essorer un oiseau , le
laisser sécher au soleil ou au feu. || S'essorer, v. réfl.
Se dit de l'oiseau qui s'écarte, et qui revient diffi-
cilement sur le poing.
— HIST. xm* s. Tantost s'en vont tuit troi à destre ,
Tant qu'il vinrent à la fenestre; Overte estoit pour
essorer , Jlen. 9t i\ . Or pot [peut] cil son roucin ptoreir,
YA mettre la pel essoreir, ruteb. 290. || xiv* s. Qu'il
face remuer et essorer [mettre à l'air] vos grains et
autres garnisons [provisions], if ^noffîer, n,3. || xv"s.
Quant commenceray à voler Et sur elles [ailes] me
sentiray, En si grant aisejeseray Que j'ai doublé de
m'essorer, CH. n'oRL. Rondeau. \\ xvi" s. Il avoit des
mœurs si essorées et vagabondes qu'il n'estoit co-
gneu, ny de luy ny d'aultres, quel homme ce feut,
MONT. IV, 260. Il te falioit un esprit poétique, Non
pas ma plume essorée et rustique, Pour te respon-
dre.... MARDI, n, ICI.
— ÉTYM. Génev. essourer des couvertures , les
mettre à l'air; s'essourer, sortir de chez soi pour
prendre l'air; provenç. essaureiar, eisaurar; ital.
mrare ; du bas-latin exaurare, prendre le vent, de
e«, et aura , vent (voy. orage). C'est en vertu de
cette étymologie que essorer veut dire mettre à l'air
et s'élancer dans les airs.
ESSORILLÉ, ÉE (ë-so-ri-Ué , liée. Il mouillées),
part, passé. X qui les oreilles ont été coupées ou
détruites d'une façon quelconque. Mes deux cousines
seront-elles borgnes ou borgnesses et essorillées?
VOLT. l'Homme aux 40 écus, Conversation avec un
thiruryien. || Terme de zoologie. Dont on ne voit
point les oreilles. || S. m. plur. Les essorillés, fa-
mille de mammifères de l'ordre des rongeurs.
t ESSORILLEMENT (è-so-ri-Ue-man , U mouil-
lées), s. m. L'action d'essoriller, ancien supplice
qui consistait à couper les oreilles. || Aujourd'hui,
action d'essoriller un chien.
— ÉTYM. Essoriller.
ESSORILLER (è-so-ri-llé, iJ mouillées, et non è-so-
ri-yé), V. a. Il 1° Couper ou faire perdre les oreilles.
I' Anciennement , couper les oreilles d'un homme
en exécution d'un arrêt de justice. Au commence-
ment du règne de Charles VIII, on essorilla Doyac
gouverneur d'Anvers, qui avait été l'un des minis-
tres de Louis XI, MÉZERAi, Charles VIII. || Il se dit
de certains chiens auxquels on coupe les oreilles.
Essoriller un chien. || 2° Fig. et familièrement. Cou-
per les cheveux fort courts.
— HIST. XIV' s. Symon condamnez à estre essori-
liez et banniz du baillage, du cange, ouri».
— ÉTYM. Berry, essoriller, essouriÙer, prêter l'o-
reille; du lat. ex, sans, et auris, oreille.
t ESSOCCHEMENT (è-sou-che-man) , t. m. Action
d'essoucher.
t ESSOUCHER (fe-sou-ché) , D. a. Terme rural.
Arracher les souches d'un terrain.
ESSOUFFLÉ, ÉE (è-sou-flé , née) , part. passif. Hors
d'haleine. Fort essoufflé d'avoir couru , la font. Nie.
Un moment, s'il vous plaît, souffrez que je respire,
Je suis tout essoufflé.... hégnahd, Ménechm. i, 2.
ESSOUFFLE5IENT (é-sou-fle-man) , s. m. État de
celui qui est essoufflé. L'essoufflement , quand on
monte, est commun dans les maladies du cœur.
— ÉTYM. Essouffler.
ESSOUFFLER (è-80u-flé) , v. a. || !• Mettre hors
d'haleine par une course ou une ascension rapide.
Si vous ne retenez pas votre cheval, vous l'essouffle-
rez, il i' S'essouffler, ». ràfl. Perdre haleine. Je me
suis essoufflé à monter cet escalier. Tout homme qui
s'essouffle dans le travail fait plus que sa force ne
lui permet, la qotntinye, Jardins, i, 4.
— HIST. xii's. Mais la ventaille [du baume] [elle]
ne 11 velt [veut] pas noer, S'il a mestier [besoin] , por
le miex essoflur [lui donner plus d'air]. Et que
délivres peûst li bers [le vaillant] aler. Bat. d'A-
leschans, v. 4824.
— ÉTYM. Es.... préfixe, et souffler.
t ESSUOAND (è-ssu-gan) , t. m. Lieu destiné au
coupage du savon.
ESSUI (è-sui) , s. m. \\ i° Lieu où l'on étend une
chose pour la faire sécher. Un bon essui. Mettre quel-
que chose à l'essui, l'exposer à l'air. || Terme de
tannerie. Lieu où l'on fait sécher les cuirs tannés.
Il 2° Émail terne.
— HIST. XVI' s. Bien demesler d'un cerf les ruses
et la fiente, Le bon temps, le vieil temps, l'essuy
[la rosée essuyée], le rembuscher, rons. 210.
— ÉTYM. Voy. essuyer; provenç. efssuc ; italien ,
asciutto.
ESSUIE-MAIN (è-sui-main) , s. m. Linge avec le-
quel on s'essuie les mains après les avoir lavées.
Il Au plur. Des essuie-main ou essuie-mains, sui-
vant que l'on considère la main ou les mains.
— ÉTYM. Essuyer, et main.
t ESSUYAGE (è-sui-ia-j'), t. m. Action d'essuyer;
résultat de cette action. || Opération qui a pour but
d'essuyer les aiguilles.
— ÉTYM. Essuyer.
ESSUYÉ, ÉE (è-sui-ié, iée), part, passé. || 1" Dont
on a Oté l'humidité. Le corps bien essuyé après un
bain. Dans un temps où la terre n'était pas encore
bien essuyée des eaux du déluge, dider. Optn. des
anc. philos. (Chinois). \\ Fig. Â peine à demi es-
suyé du naufrage, mass. Car. Mélange. || 2» Enlevé,
en parlant d'une humidité. || Fig. Quels pleurs par
un amant ne sont pas essuyés! bac. Iphig. ii, 3.
118" Dont on a 6té une tache, un enduit. Ce n'est
plus qu'un cœur bas, un coquin ténébreux; Son
visage essuyé n'a plus rien que d'affreux, boil.
ÉpU. IX. Il 4° Supporté. De mauvais traitements
longtemps essuyés.
ESSUYER (è-sui-ié), j'essuie, nous essuyons;
j'essuyais, nous essuyions, vous essuyiiez ; j'es-
suierai; j'essuierais; essuie, essuyons; que j'es-
suie, que nous essuyions, que vous essuyiez; es-
suyant; essuyé, v. a. \\ 1° Oter l'eau, la sueur,
l'humidité , etc. en frottant. Essuyer une table.
Essuyer de la vaisselle. Essuyer ses mains à une
serviette, avec un linge. || Fig. Louis seul court au-
devant d'eux [le roi Jacques II et sa femme] , les
essuie du naufrage, offre un asile à la religion et
à la royauté fugitives, mass. Or. fun. Louis le
Grand. \\ Essuyer les larmes, les ôter du visage avec
un mouchoir, un linge. Puisque vous le voulez, je
veux bien essuyer mes pleurs, mol. Scap. I, 3.
Il Par extension. [Elle] Trouble à regret le repos de
Narcisse, Par cent baisers essuie à son réveil. Sur
ses beaux yeux, les restes du sommeil, malfil. Narc.
III. Il Fig. Essuyer les larmes, les pleurs, consoler.
Qu'au milieu de mes pleurs qu'il devrait essuyer...
CORN. Rod. v , 4. Ses larmes n'auront plus de main qui
les essuie, bac. Phèd. i , b. Tant de larmes répan-
dues, les essuyez-vous? mass. Car. Pdq. Le rejsi-fct
les répand [ les larmes ] , et l'espoir les essuie ,
DELIL. Par. perdu, xn. |{ Essuyer les plâtres, occuper
le premier un appartement dans une maison nou-
velle ; et fig. s'exposer au premier inconvénient
d'une affaire. || S'essuyer, essuyer à soi. Il s'es-
suyait les yeux à la dérobée. S'essuyer le front
d'où la sueur dégoutte. Elle s'est essuyé les mains.
Il 2" Sécher, en parlant de l'action du soleil, du
vent. Le vent, le soleil essuie la terre qui a été
trempée par la pluie. || 3° ôter une tache, un en-
duit. Il essuya la sauce qu'il s'était mise sur le vi-
sage. Il 4° Subir, supporter, souffrir. Qu'il me faut
de la sorte essuyer vos caprices, mol. l'Étour. i, (O.
La quantité de sottes visites qu'il faut essuyer est
cause que je prends plaisir d'être seule, m. Critique,
I. Ces conversations ne font que m'ennuyer. Et c'est
trop que vouloir me les faire essuyer, id. Mis. ii, 4.
On n'a point à louer les vers de messieurs tels, X
donner de l'encens à madame une telle, Et de nos
francs marquis essuyer la cervelle, m. ib. m, 7.
C'est un supplice assez fâcheux que de se produire
à des sots, que d'essuyei, »ur des compositions, la
barbarie d'un stupide, id. Bourg, gent. i, i. Plus
d'une fois essuyant les dangers Des pirates, des
vents, du calme et des rochers, la font. Fabl. vii,
41. Elle a essuyé toutes mes humeurs et toutes mes
lassitudes , hairtenon , Lett. à M. de Villette ,
!S mai l«83. Fallut-il essuyer à sa porte de mau-
vaises heures? fléch. Lamoignon. Je ne sais point
en lâcha essuyer un outrage, son,. Sat. i. Essuyer
l'inconstance au Parthe si commune, bac. Uithr.
m, 1. Il est des contre-temps qu'il faut qu'un sage
essuie, m. Esth. m, 4. U faisait un frais délicieux,
qui nous récompensait d'une jo\irnée fort chaude
que nous avions essuyée, fonten. Mond. i" loir.
J'essuyai tranquillement ce discours, parce qu'il ne
m'eût servi de rien de m'en fâcher , lesagb , Gil
Blat, I, 6. Ahl c'est trop essuyer tes indignes
murmures, volt. Brutus, iv, s. On n'essuya jamais
des épreuves plus dures, m. Tancr. v, 3. La flotte
d'Alexandre, partant de Patale au mois de juillet,
essuya bien des tempêtes, et le voyage fut long,
parce qu'elle navigua dans une mousson contraire,
MOifTESQ. Esp. XXI, 9. || Essuyer le feu de l'ennemi,
recevoir des décharges de canons et de fusils; et
fig. essuyer le premier feu, recevoir le premier des
manifestations de colère , des reproches , etc.
Il 6' S'essuyer, v, réfl. ôter l'humidité, les taches,
l'enduit qu'on a sur soi. Tandis que dans un coin
en grondant je m'essuie [d'éclahoussures] , Souvent,
pourm'achever, il survient une pluie, boil. Sat. vi.
— HIST. XIII" s. Je la vueil au soleil porter, Por
le cuir en fere essuer.... Ters tes iex [yeux], es-
sue ta face, Fabl. et contes ane. t. iv, p. <i et 474.
Jupiter, ce dist, le lavoit. Et Phebus la toaille
avoit, Et se penoit de l'essuier, la Rose, 6633.
Il XV' s. Souffrez qu'assuisse à bandon Cez piez [de
Jésus], quant il me fist pardon De mes péchiez, dont
tant avoie, Rés. de J. C. || xvi' s. Adonc estoyenl
très-bien essuez et frottez, changeoyent de chemise,
rab. Garg. l, 23. Hz commençarent cryer, myault,
myault, feignans cependant s'essuer les œilz, comme
s'ilz eussent plouré, m. Pant. iv, B4. Sus donc et
qu'on essuyé Les pleurs et le soucy, do bellay, ii,
48, verso. 11 falut se sauver dans les bateaux et
gagner Orléans, non sans essuyer quelques arque-
busades, que la commune leur tira vers Boteilles,
d'aub. Vie, vm. Vos larmes sont-elles des-jà essuiées?
ID. Hist. m, 188 Jusques à ce que les rayons du
soleil eussent essuyé l'aigail de la fraîche rosée,
yver, p. 623.
— ÉTYM. Berry, essuger, et au participe cssuj,
essuite, essuyé, essuyée ; bourguig. à Vessôtle, i
l'abri; provenç. eisugar, essugar, echucar, issugar;
espagn. enjugar; portug. enxugar ; ital. asciugare;
du latin exsuccare, ôter le suc, l'humidité; de ex,
et succus (voy. suc). D'après Scheler, essuyer au sens
de supporter est un tout autre mot et vient de :xse-
qui, qui, entre autres, signifie en effet supporter:
exsequi œrumnas; mais sequi a donné plusieurs
formes dans le français, et aucune n'est sut'er. Il faut
donc ne pas séparer ce mot en deux; en effet, dans
cet exemple de Mme de Maintenon, «Elle a es-
suyé toutes mes humeurs, toutes mes lassitudes, »
par rapport à Mme] de Maintenon qui parle, elle
les a enlevées; essuyer est ici au sens du n" 1 ; par
rapport à elle-même, elle les a reçues, elle s'en est
chargée, elle en a souffert, c'est le sens du n" 4. U
n'y a là qu'un changement de rapport, assez com-
mun chez nous, par exemple saistr, dans saisir
une chose et le mort saisit le vif.
+ ESSUYEUR, EUSE (ê-sui-eur, eû-z'), s. r.i. et
f. Il 1° Celui, celle qu'on emploie à essuyer. Un es-
suyeur d'assiettes. Une essuyeuse de vaisselle.
Il 2° S. m. Racloir du cylindre gravé qu'on appelle
docteur, dans les fabriques de toiles imprimées.
— ÉTYM. Essuyer.
EST (est'), s. m. Il 1° Celui des quatre points car-
dinaux qui est du côté du soleil levant. L'est est op-
posé à l'ouest. Le vent tournait à l'est. || Par exten-
sion, la partie du ciel, de la terre, d'une contrée,
qui est du côté de l'est. Un vent d'est. Chemin de
fer de l'est. Strasbourg est à l'est de Paris. || 2° Adj.
Longitude est.
— REM. 1. L's et le t sont nuls dans la pronon-
ciation, lorsque ce mot termine le nom d'une aire
de vent; ainsi sud-est, nord-est, etc. se pronon-
cent su-è, nor-dè, etc. que ces expressions soient
ou ne soient pas précédées du nom d'une autre aire
de vent, leooabant. Cette prononciation est la pro-
nonciation constante des marins; mais dans l'inté-
rieur, et particuhèrement à Paris, on fait sentir i.»
et le t. Il 2. Les dictionnaires de marine ne disent
rien sur est , employé pour vent d'est ; et dans
l'exemple de l'Académie : « Il y a quatre vents
principaux : l'est, le nord, le sud et l'ouest, » on
doit voir une ellipse aussi bien que le désir de ne
pas répéter quatre fois le mot vent; mais il serait fâ-
cheux qu'on pût en déduire la bonté des expres-
sions : U nous faudrait un nord, un est, etc. au
1502
EST
,U„ d'un «ni-"'"'"'. """""'''"• ''""°'"""
rî^ror'r/.Srérùel .empU ki fud dévora
'•.'^,î°"»So^«"m.niqu«: allem. 0««; anglais,
'"irACADE (A..U-k.-d'), ». r- Nom donné à plu-
d.u« «roMM el longues pièce. d« bo.s garnies de
Sî e» d. cU»Ine. qu'on met à l'entrée d'un port,
d.n. un chenal, pour le» fermer. Les ennemis s em-
„rèr.n« des foru qu'on avait faiu à Vigo et des
baiwriei qui en défendaient l'entrée, forcèrent 1 es-
uu!,d. qu'on y avait faite, st-aw. (oo. ni || Terme
de marine. Remplissage en boii qu on place dans
IH mailles de la carcasse d'un vaisseau ou dans les
intervalles qui séparent le» couple».
_ iiiST. xvi* ». 11 fallut armer le pont d une liai-
«on de ma»l» de navire, dcfîendus encore de plu-
sieurs paux que les Italien» appellent stechi, et de
\k cette ceinture fut apelée siechata; et non pas
l'eHtocquade qu'ont escrit les Flamens, par le mesme
erreur qui a fait donner ce nom aux duels celte
machine a))', .''aiser le pont et la stecade, ne se
contenta pli» de mettre tout en pièces... d'aub. Ilist.
Il, 481. Ce sont d',« ennemis très puissans, contre
I<).iquel» ayant à s'attacher, il ne faudroit (ainsi
qu'on dit) rien oublier au logis; ains faire comme
ceux qui doivent entrer en estacade [en champ
elos], qui auparavant regardent d'acroislre leur vi-
gueur et disposition, accomoder leurs armes défen-
sives et rendre bien tranchantes les offensives, afin
de vaincre ou mourir bravement, i.arouk, 400. En
combattant en estacade [en duel], mont, m, 206.
— RTYM. Ital. iteccala, de tieccare, palissader,
de tiecca ou ilecco, morceau de bois; du flamand
ilikke, petit morceau de bois; allem. Stecken. Le
mot devrait être estecade, comme il fut d'abord;
mais il fut transformé en estacade par l'inlluence
du mot tMlacht ou estaque, tiès-usilé jadis. L'es-
pagn. et leprovenç. eslaca, et l'ital. staca sont d'o-
rigine germanique aussi : ano. haut-allem. slaca;
flamand, itake ; angl. ilake, bâton. La faute d'ej-
ieeade pour estacadt signalée par d'Aubigné se
trouve dans l'exemple suivant : Comme deux braves
combattans en une estocade, après qu'ils ont bien
ftiit leur devoir, viennent à estre séparez par les
juge» et mareschaux de camps.... bbant. Cap. es-
tranq. t. I, p. 75, dans lacuhne.
t ÉSTADOO (f!-sta-dou) , ». m. Scie k deux lames
très-fines qui sert à former les dents des peignes.
ESTAFETTE (è-sta-fè-t') , ». f. Courrier qui porte
la paquet d'une poste à l'autre. Faire parvenir un
avi» par estafette. || Titre de certains journaux.
— ÉTTM. Ital. staffefla, au propre petit étrier,
et, par extension, courrier; de slaffa, étrier, qui
vient du germanique : anc. haut-allem. itaph, sta-
jtho, pas; allem. Staffel, marche, gradin (comp.
ÉTAPE).
ESTAFIEU (è-sta-fié; l'r ne se lie jamais; au plu-
riel, 1'» se lie : des è-sta-fié-z armés), ». m. || !• En
Italie, domestique armé et portant manteau. Ce
cardinal a tant d'estafiers. || S* En français, laquais
de haute taille. Ayant k ses étriers comme doux es-
tafiers La Rancune d'un côté et L'Olive de l'autre,
SCARHON, nom. com. II, 7. Maint estafier accourt:
on vous happe notre homme, On vous l'échiné, on
vous l'assomme, la font. Fabl. xii, ta. Il [un
grand] s'enivre de meilleur vin que l'homme du
peuple: seule différence que la crapule laisse entre
les conditions les plus disproportionnées, entre le
seigneur et l'eslafier, la brut. ix. Je lui réponds
bien que je ne ferai pas longtemps le personnage
d'estafier auprès de sa personne, hamilt. Gramm.
4. Il y avait derrière elle deux suivantes et un esta-
fier qui me confirmait dans l'opinion que j'avais
qu'elle ne pouvait être qu'une dame de condition,
LESAOE, Ciitm. d'Àlf. VI, 3. Il Aujourd'hui, peu usiié
en ce sens, et d'ailleurs pris en mauvaise part.
Il S* Souteneur de mauvais lieux.
— msT. xvi« s. Les estaffiers qui font marcher
res misérables [captifs] sont Cachât, la Bastide, etc.
n'AOB. Fan. iv, U. Tuants tout ce qui le suivoit,
San» e»pargner les stafflers, que l'on appelle en
iio»tre tangue lacqueti [il s'agit d'Espagnols], cab-
wa, ▼, »ï. Estaéer de St Martin [le diable], ou-
— trm. lui. ttafUere, de ttaffa, étrier (voy.
muiTW). h'etlaHer on avait tiré eslafe qui sigiii-
n«tt nn coup donné par «n etUtlifr. et un droit
pty» » un ataier; c'est pent-èiru do là que tstaficT
t prt» le leni de souteneur de fille»
RmnLADR (ëMita.fl.laKl'), ,. ,'. Grande coù-
pur«. n a riçu une MUfllade sur le nez. Il y a une
EST
estafilade k voire manteau. || Fig. Alboroni mena-
çait la maison Albani d'une estafilade que le roi
d'Espagne pourrait aisément lui donner, »i-sim.
603, 94.
— ËTYM. Ital. ilaf/ilata, coup d'étriviire», de
staffile, étrivière, de itajfa, étrier (voy. esta-
fette).
ESTAntADÉ, ÉE (è-sta-fi-la-dé, dée), port.
passé. Le visage estafilade.
ESTAFILAUER (è-sta-fi-Ia-dé), V. o. Faire, don-
ner une estafilade.
— iitST. XVI' s. Estafilader, otJDiN, Dict.
— ÉTVM. Estafilade.
f ESTAGNON (é-sta-gnon) , ». m. Sorte de bou-
teille en cuivre étamé, usitée dans le midi de la
France et dans laquelle on met de l'eau de fleur
d'orange, de l'huile, etc.
— ÉT'YH. Lat. ttannum, étain, k cause de l'éla-
mage.
t ESTAIM, ». m. Voy. «TAïu.
j ESTAIN (6-Btin), ». m. Terme de marine. Nom
de deux pièces de bois formées en portion de cercle,
pour faire le rond de l'arrière d'un vaisseau et sur
lesquelles on cloue les extrémité» des bordages tant
des flanc» que de l'arrière.
ESTAHE (è-sta-m'), s. f. Laine tricotée avec des
aiguilles, dont on fait des bas et d'autres pièces
d'habillement. Camisole d'estame. Et deux paires
de bas d'estame De la main d'Hécuba sa femme,
ECARR. Virg. vil.
— HIST. xiii's. X Paris [.j'] emportoie chaume,
busche et eslain , Berte , lïxiii. || xiv* s. Esthame,
DU CANOË, stannum. \\ xvi" s. Depuis que les bas de
soye, ras de Millan, et d'estame, ont eu la vogue et
le cours en ce royaume, carloix, iv, 27.
— ÉTYM. Provenç. et catal. eilam ; espagn. estam-
bre; ital. tfamc; du latin stnmen, fil de la que-
nouille, grec, (nriiiMv, fli, de CTtiu, être debout,
fixé; latin, stare (voy. stable).
ESTAMET (è-sta-mè), ». m. Petite étoffe de laine.
On dit aussi estamette.
— HIST. XVI" s. Pour ses chausses furent levées
unze cents cinq aulnes et un tiers d'estamet blanc,
RAB. Garg. i, 8.
— ÊTYM. Diminutif d'estame.
t E.STAMETTE (è-sla-mèf) , ». f. Voy. esiamet.
ESTAMINET (è-sta-mi-nè; le t ne se lie pas; au
pluriel l's se lie : des è-sta-mi-nè-z achalandés; esta-
minets rime avec traits, succès, etc.) , s. m. Café où
l'on fume. || La salle particulière où l'on fume dans
un café. || Fig. Ton, langage d'estaminet, ton,
langage .sans gêne. Pilier d'estaminet, fainéant qui
passe la journée à fumer et à boire.
— ÉTYM. WalloB, staminet. Origine inconnue.
On peut songer à estaminet , dérivé d'^tamme ,
sorte d'étoffe (voy. ce mot) , et supposer que les
tables étaient couvertes A'étamine ; c'est ainsi que
bureau, étoffe, a donné son nom à bureau, table
ou lieu où l'on travaille. Scheler conjecture le fla-
mand Jlrom, fatigué par le travail; ce serait le
lieu où l'on se délasse; mais ni le sens ni la forme
niî sont favorables k celte opinion. On ne sait où
Bescherelle a pris ce qu'il dit, que estaminet vient
du fl.amand ilamenay, dérivé de stamm, souche,
famille, et qu'on a nommé stamme des assemblées de
famille où l'on buvait et fumait. Quant à l'espagnol
eslamento, assemblée d'états, il n'a rien k faire ici.
t ESTAMPAGE (è-stan-pa-j') , ». m. || l" Action d'es-
tamper. Prendre l'estampage d'un monument épi-
graphique. Il i" Action d'imprimer des ornements
dans les pâtes céramiques encore molles. || 3° Terme
de coutellerie. Opération par laquelle on donne la
forme convenable k des pièces de tôle, d'acier fondu
découpées k l'emporte-pièce.
— ÊTYM. Estamper.
ESTAMPE (è-stan-p"), s. f. || f Image imprimée
par le moyen d'une planche gravée. Le cabinet des
estampes. Je ne doute pas que le vulgaire des
peintres ne dise que l'on change de manière, si
tant soit peu l'on sort du ton ordinaire; car la
pauvre peinture est réduite k l'estampe, poussiij,
Lett. 7 avril 1647. J'ai tout Callot, hormis une seule,
qui n'est pas, k la vérité, de ses bons ouvrages; au
contraire, c'est un des moindre», mais qui m'achè-
verait Callot; je travaille depuis vingt ans à recou-
vrer cette estampe, la brut. xiu. || Ï* Terme de
maréchalerie. Outil servant k estamper. || 3* Terme
do raffinerie. Mastic dont on garnit le fond d'une
forme. || 4' Terme de serrurerie. Outil pour river les
boutons. Il B- Terme d'orfèvrerie. Plaque de fer gra-
vée en creux, sur laquelle on frappe la feuille d'or
ou d'argent dont on veut former ou couvrir un or-
nement quelconque j
EST
— HIST. XIV* S. Pour avoir taillié et féru en es-
tampe grans quantité de très petit* bacin», de la-
BOKDE, Émaux, p. 307.
— ÉTYM. liai, stampa (voy. estamper).
ESTAMPÉ, ÉE (è-slan-pé, pée), part, patte. Du
cuir estampé.
ESTAMPER (è-stan-pé) , V. a. || i* Terme d'aris.
Faire une empreinte avec une matrice gravée. On es-
tampe la monnaie avec le balancier. || 2° Terme de ma-
réchalerie. Estamper un fer de cheval, voy. étamper.
Il 8° Terme de raffinerie. Mastiquer une poignée de
sucre dans le fond d'une forme. || 4" Terme d'orfè-
vrerie. Faire le cuiUeron d'une cuiller; former le*
contours d'une boite ou d'un ornement quelconque.
Il 6' Terme de potier. Imprimer dans un creux un»
pièce de poterie. || 6° Dans les colonies, estamper
un nègre, le marquer avec un fer chaud pour re-
connaître k qui il appartient. || 7° Terme de chapel-
lerie. Passer k plat sur le bord d'un chapeau l'outil
appelé la pitce.
— HIST. xvi" s. Sur une demoiselle nolivellement
estampée [dont on a fait l'estampage, le portrait],
DES ACCORDS, Bigart. !' t73, dans lacurne.
— ÉTYM. Norm. estamper, broyer; provenç. e«-
(nmpi'r, résonner, retez-tir; espagn. et portug. ««-
tampar; ital. stampare; du germanique : anc. haut
allem. stamfdn, frapper du pied; allera. »(amp^en.
Dans l'ancienne langue on trouve estamper avec le
sens de demeurer en place (froiss. ji, ii, 4*4), de
frapper du pied (Perceforest , 1. 1 , f" 63).
t ESTAMPEUR (ê-sUn-peur), ». m. \\ l' Pilon pour
estamper les formes k sucre. || i° Orfèvre, bijoutier
qui estampe. || 3° Adj. Les balanciers estampeur»,
dans les ateliers monétaires.
t ESTAMPILLAGE (è-8tan-pi-lla-j'. Il mouillée»,
et non ë-stan-pi-ya-j'), ». m. Action d'estampiller,
ESTAMPILLE (è-stan-pi-U' ; U mouillées, et non
è-stan-pi-ye), ». f. \\ i° Empreinte appliquée sur de*
lettres, brevets, diplômes, etc. pour en constater
l'authenticité. La Roche suivit le roi d'Espagne, fui
son premier valet de chambre et eut son estampille
[sceau d'acier sur lequel est gravée la signature du
roi] ïSansjusqu'ksamort, st-sim. 8B, <tB. || i° Mar-
que attestant la provenance de certaines marchan-
dises. Il 8» Marque apposée k des livre» pour indiquer
la bibliothèque k laquelle ils appartiennent , et
aussi pour leur permettre de circuler. Estampille
du colportage. || 4" Instrument avec lequel on fait
les estampilles. Par condescendance pour la déli-
catesse timorée du roi, il fut ordonné qu'en cas de
refus de sa part , on suppléerait k sa signature
par une estampille qui l'imiterait, conduxac, Etud.
hist. II, <.
— ÉTYM. Diminutif d'e»(ampe.
ESTAMPILLÉ, ÊE (è-»tan-pi-llé, liée, 21 mouil-
lées, et non è-stan-pi-yé, yée), part, passé. De»
livres estampillés.
— ÉTYM. Estampille.
ESTAMPILLER (è-stan-pi-!Ié, H mouillées, et non
è-stan-pi-yé), V. a. Marquer d'une estampille. Les
fabricants estampillent leurs produits. || Terme de
papetier. Marquer le papier d'une certaine marque.
Chaque manufacture estampille différemment.
— ÉTYM. Estampille.
t ESTAMPOIR, ESTAMPURE, VOy. ÉTAMPOIR,
étampure.
t ESTANCE (è-stan-s') , ». f. Terme de marine
Piliers posés le long des hiloires pour soutenir le*
barotins ou petits barots.|| Estance k taquets, échelle
de fond de cale, avec une corde k côté, k laquelle
on donne le nom de tire-vieille.
t ESTANCIA (è-stan-si-a) et, quelquefois, EffTAff-
CIE (è-stan-sie), ». f. Établissement rural pour l'édu-
cation et la conservation des bestiaux dans l'Amé-
rique du Sud.
— ÉTYM. Espagn. es^anet'o, établissement, de
estar, être fixé (voy. ester) ; provenç. cstan%a, for-
tune, avoir; anc. franc, estance, situation.
t ESTANT (è-stan) , voy. en estant.
t ESTAQUET (è-sta-kè) , ». m. Terme de pèche.
Attache qui sert k lier des parties de filets.
— ÉTYM. L'ancien français e»(aehe ou etiaqu*
(voy. estacade).
t ESTASE (è-sta-z') , ». f. Nom de deux pièce» de
bols qui fixent les quatre pieds d'un métier d'étofTet
de soie. || Traverse d'en haut du métier de velour*.
t ESTAU (è-slô),». m. Terme de mines. Massif qui
sépare, dans les galeries ouverte» k différentes hau*
leurs dans le sein du gîte, deux étages superpoaée.
— ÉTYM. Le même que étau.
t ESTEAU (é-stô), t. m. Outil des ébéniitee, dit
aussi àne.
fESTElLLES (è-stè-U', K mouillées), t. f. plur.
EST
Terme de milallurgie. Coins de bois qui assujeltis-
•ent le marteau.
— ÉTYM. Le même que l'ano. franc, attelé, pièce
de bois (voy. attelle).
-{• ESTELAIRE (è-Bte-lê-r'), adj. Terme de chasse.
Cerf estelaire , cerf appriTOisé qui, enroyé dans les
bois, sert à en ramener d'autres.
t ESTELIN (à-ste-lin), i. m. Ancien poids. L'es-
telin contient as grains 4/5 ; la maille contient
1 1 grains 2/6 ; le félin contient 7 grains t/i ,
Édits, etc. sur les monnaies, t. vi, f" f84.
-» ÉTYM. Voy. STERLING.
t ESTÈQUE (è-stè-k'), s. f. Outil de bois dont le
potier de terre se sert pour terminer ses ébauches.
— ÉTYM. AU. Stecfcen , bMon.
ESTER (è-sté) , V. n. Terme de palais. Usité seu-
i lement à l'infinitif dans cette phrase: ester en juge-
ment, poursuivre une action en justice ou défendre
• à cette action, c'est-à-dire se présenter en justice
I soit comme demandeur, soit comme défendeur,
ce que ne peuvent faire plusieurs sortes de person-
nes qui n'ont pas qualité pour cela, La femme ne
peut ester en jugement sans l'autorisation de son
mari, CodeHap. art. aïs. || Ester à droit, compa-
raître, se présenter devant le juge sur l'assignation
qu'on a reçue; expression de l'ancienno jurispru-
dence qui ne s'appliquait qu'au droit criminel. Il
fallait venir ester à droit soi-même, à moins d'une
dispense expresse du roi, volt. Mœurs, 85.
— HIST. XI' s. Au camp [champ] estez, que ne
seions vaincuz, Ch. de Roi. lxxx. || xu« s. Lors se
repasme, ne peut en piez ester, Ronc. p. <7l. Lais-
sez ester vostre ire, qui vient de mauvais art, Sax.
5tix. Il xm" s. Il tient de moi qui sui sa dame, Trois
forces que de cors, que d'ame; Car bien puis dire,
sans mentir : Jet fais ester , vivre et sentir , la Rose,
19238. Le pays où on est estans et demorans, beaum.
t4. Il xvi* s. Et pour en jugement (auquel ils sont
déferez et accusez de ne vouloir ester) y faire ap-
peler les détenteurs et occupateurs d'iceux leurs
droits, M. DU BELL. 3t2.
— ÉTYM. Provenç. •esfar, istar, star ; espagn. et
portug. estar; ital. «lare; du lalinstare, être debout;
grec, (TT?ivai; sanscrit, s(ha; comp. l'allem. stelten.
1. ESTËRE (è-slè-r'), s. f. Natte de jonc. Estères
ou nattes de jonc, le <00 pesant 3 livres, Tarif,
18 sept. 1604.
— ÉTYM. Espagn. estera, natte, esterar, natter;
portug. esteira; ital. sloja; du latin storea, natte.
t 2. ESTÈRE ou ESTERRE (è-stê-r') , s. f. Terme
de marine. Crique cachée entre deux mornes sur
les côtes de l'Amérique et servant de refuge aux ca-
boteurs. X l'égard de celles [cargaisons] qui sont
moindres et dont les barques anglaises, hollandai-
ses, françaises et danoises sont ordinairement char-
gées, on les porte dans les estères, c'est-à-dire aux
lieux d'embarquements ou embarcadères qui sont
éloignés des villes ou aux embouchures des rivières,
LABAT, Voyages, t. vir, p. 224, <742.
ISTERLIN (è-stèr-lin) , s. m. Nom d'une an-
cienne monnaie.
— HIST. x:ii' s. Nul orfèvre ne peut ouvrer à Paris
d'ar(;2nt, que il ne soit aussi bon comme esterlins
ou meilleur, delaborde. Émaux, p. 307. || xv' s.
Et firent ces vins là ravaller les vins quatre deniers
esterlins au galon, froiss. ii, ni, 64.
— ÉTYM. Voy. STEBLIHG.
fESTERNEAU (è-stèr-nô), S. m. Un des noms
vulgaires de l'étourneau.
t ESTEROTE (è-ste-ro-f), s. m. Terme de pêche.
Espèce de tramait qui sert à prendre des soles, des
turbots, etc.
t ESTERRE, s. f. Voy. ESTÈRE.
ESTEURLE, s. f. Voy. éteuble.
t ESTECF (é-teu), ». m. Ancienne orthographe
d'éteuf. Mais bah I vous voulez être un gaillard po-
pulaire. Adoré des bourgeois et des marchands
d'esteufs, v. hugo, Ruy-Blas, m, 6.
f ESTHÉSODIQCE ( è-stè-zo-di-k' ) , adj. Terme
d'analomie et de physiologie. Qui transmet la sen-
sation. Tubes esthésodiques, tubes nerveux de la
substance grise servant , sans être sensibles , de
conducteurs des impressions.
— ÉTYM. Aîa6T|ui;, sensation, et éôèç, voie.
(.ESTHÉTIQUE (è-sté-ti-k'), s. f. Science qui dé-
termine le caractère du beau dans les productions
de la nature et de l'art; philosophie des beaui-arts.
Traité d'esthétique.
- ÉTYM. AldOiriTixè;, de alaSdivEiOai, sentir. Es-
thétique a été créé par l'Allemand Baumgarten,
disciple de Wolf, qui nomma arinsi cette science parce
qu'il considéra l'idée du beau comme nne peroep-
lion Confuse ou un sentiment.
I-ST
a. KSTHÉTIQDK (è-sté-ti-k'), adj. Se dit de ce
qui se rapporte au sentiment du beau. Impression,
appréciation esthétique. || Jugement esthétique, se
dit, dans le système de Kant, du jugement lors-
qu'il considère les formes des choses de manière à
en tirer un sentiment de plaisir.
fESTHIOMÈNE ( è-sti-0-mè-n' ) , adj. Terme de
médecine. Qui ronge, qui corrode, en parlant de
certaines ulcérations. || S. m. Un esthiomène. .
— ÉTYM. "EoSiéiievo; , rongeant , de èoSîeiv ,
manger.
t ESTICEUX (è-sti-seû) , t. m. Sorte de machine
à l'usage des tireurs d'or.
f ESTIER (è-stié), s. m. Terme de pêche. Conduit
de communication entre un lac et une rivière, entre
un marais et la mer.
— HIST. xvi* s. Pons ou fossez, dits vulgairement
estez, Coust. génér. t. ii, p. 7)7.
— ÉTYM. Serait-ce une forme d'estuaire P Ce
semble le même que estère 2.
t ESTILLE, s. f. voy. étille.
ESTIMABLE (è-sti-ma-bl'), ad;'. || 1° Qui mérite
d'être estimé. Ses bonnes qualités auraient été
d'une grande ressource à la France à la mort de
Louis XIV, dont il était plus estimé qu'aimé, parce
qu'en effet il était plus estimable qu'aimable, m-"'
DE CATLUS, Souvenirs, p. 260, dans pougens. Un
estimable objet formé de votre sang, volt. Tancr.
I, 2. Laissez-le s'estimer pour qu'il soit estimable,
DELILLE, Hom. des champs, 1. 1| Il se dit aussi des
choses. Ils [les philosophes anciens] élèvent fort
hast les vertus, et les font paraître estimables par-
dessus toutes les choses qui sont au monde, desc.
Mélh. I, 10. Vous êtes pauvre; vous avez les biens
les plus estimables, et vous manquez de ceux qu'on
estime le plus, J. J. nouss. Ém. v. jj 2"" Qui a des
qualités solides mais non brillantes. Un auteur, un
livre estimable. Un travail estimable.
— HIST. XIV* s. Si par fortune non estimable [im-
possible à prévoir] estoit perdu, bouiill. Somme
rural, p. 372, dans lacuhne.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. estimable; port.
estimavel ; Ital. stimabile ; du Iditin asstimabilis,
(i'xstimare , estimer.
ESTIMATEUR (è-sti-ma-teur) , s. m. || i' Celui qui
estime, qui apprécie. Le monde, injuste estimateur
des choses du ciel, mass. Car. Resp. hum. Il [Jé-
sus-Christ] voudrait que tous les hommes la regar-
dassent [la pécheresse] des mêmes yeux que lui;
que tous les hommes fussent des estimateurs aussi
justes que lui de son amour et de ses larmes, m.
Car. Pécheresse. Quintilien, estimateur non moins
éclairé qu'équitable, bolun. Traité des Et. iv, ).
Juste estimateur du mérite, Louis XIV connaissait
trop parfaitement celui de l'abbé dePolignac... mai-
RAN, Éloges, card. de Folignac. || 2° Celui qu'on
charge d'estimer la valeur, le prix de certaines
choses. Prendre un estimateur.
— HIST. XVI' s. Dieu sera juste estimateur de
nostre différent, rab. Garg. i, 46. La difformité
corporelle, vice constant, inamendable, et, selon
nous, grands estimateurs de la beauté, d'important
préjudice, mont, u, 86.
— ÉTYM. Lat. xstimalorem, à'œstimare, estimer.
ESTIMATIF, IVE (è-sti-ma-tif, ti-v'), adj. Qui
a pour objet une estimation. État, devis esti-
matif.
— HIST. XIV* s. Ou quel [le 2* ventricule du cer-
veau] est la vertu resonable estimative qui juge et
devise et ordenne les choses, ii. de mondeville,
f" 16. Il xvi* s. En l'homme l'entendement est le
souverain, qui a soubs soy une puissance estimative
et Imaginative comme un magistrat, charron. Sa-
gesse, 1,19.
— ÉTYM. Estimer; provenç. estimatiu.
ESTIMATION { è-sti-ma-sion ; en vers , de cinq
syllabes),».^. || 1° Action d'évaluer , d'apprécier.
Suivant l'estimation qui en sera faite par des ex-
perts Mettre le prix et l'estimation à chaque
chose, BALz. 7' dise, sur la cour. Il faut [pour être
autorisé à tuer] que la chose soit de grand prix au
jugement d'un homme prudent; ce n'est rien dire,
mon père; où ira-t-on chercher un homme prudent
pour faire cette estimation? pasc. Prov. 7. || Appré-
ciation qu'on fait en mer du chemin parcouru, de
la position du navire, etc. Ignore-t-on l'imperfec-
tion des méthodes par lesquelles on mesure le che-
min qu'a fait un vaisseau, et on juge du lieu où il
est; et les estimations nautiques ne sont-elles pas
sujettes à bien des erreurs? condil. Art de rais, v,
8. Aujourd'hui on dit plutôt estime. |j 2° Jugement
par lequel on attache du prix. Dans ses premiers
éoi ita . il s'attache davantage & détruira ce prestige
EST
1503
d'illusion qui nous donne une admiration stupide
pour les instruments de nos misères et à corriger
cette estimation trompeuse qui nous fait honorer
des talents pernicieux, j. j. bouss. Dial. 3.
— HIST. xm' s. Et tel salere doivent estre paie
par l'estimation du juge, beauh, xxi, 34. || xvi* s.
Se rendre plus naturellement à la compassion qu'à
l'estimation, mont, i, 2. Juger par l'estimation des
forces de l'ennemy que.... id. i, b3. X euli [les
censeurs] appartenoit de faire la prisée et l'estima-
tion des biens de chaque citoyen, amyot, Caton,
82. D'où s'ensuit une estimation desmesurée de soy-
mesmes et uncontemnement d'autrui, langue, 328,
— ÉTYM. Provenç. estimatio ; espagn. estimacioni
ital. stimafione; du latin eestimatioriem (voy, es-
timer).
t ESTIMATIVE (è-sti-ma-ti-v'), s. f. Terme didac-
tique. Faculté qui apprend à juger, ï apprécier.
Il Peu usité.
— ÉTYM. Estimatif.
t ESTIMATOIRB (è-sti-ma-toi-ï"), adj. Terme di-
dactique. Qui concerne l'estimation. || Se dit de
l'action qui, à Rome, avait pour objet de déter-
miner la nature d'un contrat de vente, de prêt, etc.
— ÉTYM. Lat. «stimatorius , de asstimare, es-
timer.
ESTIME (è-sti-m'), ». f. || 1* Sentiment qui
attache du prix à quelqu'un ou à quelque chose.
Nous avons une si grande idée de l'âme de l'homme
que nous ne pouvons souffrir d'en être méprisés,
et de n'être pas dans l'estime d'une âme; et toute la
félicité des hommes consiste dans cette estime, pasc.
Pensées, 1. 1, p. 249, édit. lahure. Il est important
de se conserver dans l'estime de son confesseur, m.
Prov. io. Qu'un voisin malicieux X vous ruiner
s'apprête, Ou menace votre tète Par des crimes sup-
posés. L'estime a les bras croisés; Qu'il vous faille
pour ressource Un prompt secours de .sa bourse Dans
quelque péril urgent. L'estime n'a point d'argent,
pellisson. Recueil de pièces galantes , dans rjohblet.
Elle n'en parle pas avec beaucoup d'estime, sÉv. 44.
Quel spectacle de voir et d'étudier ces deux hommes
[Condé et Turenne], et d'apprendre de chacun d'eux
l'estime que méritait l'autre! boss. Louis de Bour-
bon. Tous les métiers étaient en estime, id. Hist.
m, 3. Sait-il en sa faveur jusqu'où va votre estime 7
HAc. Mithr. il, t. Vous devez avoir une haute es'
lime pour Idoménée, fén. Tél. xii. La véritable
estime est celle qui est distribuée par des hommes
dignes d'être estimés eux-mêmes, d'alemb. Ess.sur
la soc. des g. de lett. Œuvres, t. m, p. < oa , dans pou-
gens. L'estime est un sentiment tranquille et person-
nel , MARMONTEL, Fragm. philos, mor. gloire. || Es-
time de soi-même, la juste opinion de soi que donne
une bonne conscience. La source de toutes ses con-
solations est dans l'estime de lui-même. L'estime de
soi-même est le plus grand mobile des âmes fières;
l'amour-propre fertile en illusions se déguise et se
fait prendre pour cette estime , J. J. rouss. s* pro-
men. || Faire estime, estimer, faire cas. Et faire les
choses sans art Est l'art dont ils font plus d'estime,
MALH. VI, to. Vous méprisez trop Rome, et vous
devriez faire Plus d'estime d'un roi qui vous tient
lieu de père, corn. Hicom. m, *. Et quelle estime,
mon père, voulez-vous que nous fassions du pro-
cédé irrégulier de Ces gens-là? mol. Préc. se. B.
Certes de Spartacus c'est faire grande estiine Que
d'oser en mon camp vous commettre à ma foi, SAU-
rin. Spart, m, *. H Voltaire a critiqué cette locu-
tion ; mais elle est suffisamment justifiée par l'usage
et par l'analogie (comparez faire cas). || Être perdu
d'estime et de réputation, passer pour un homme
sans probité et sans honneur. || Etre en grande es-
time, jouir d'une grande réputation. || 2° Estime au
sens passif, pour l'estime qu'on inspire, bonne ré-
putation, gloire. Mon estime ne dépend point de
vous, VAUGEL. Obscrv. Ainsi vous me rendrez l'in-
nocence et l'estime. Lorsque vous punirez la cause
de mon crime, cgrn. Rodog. n, 3. Il faut le délivrer
du péril et du crime. Assurer sa puissance et sauver
son estime, id. Pomp. i, < Pour éviter le crime
D'employer à te peindre un pinceau sans estime, id.
Bemerc.au roi, en J6«3. La grande estime que vos
bonnes qualités vous ont donnée a déjà fait le coup
le plus important de cette affaire, betz, Conjur. de
Fiesque. Et qu'il eût mieux valu pour moi , pour
mon estime. Suivre les mouvements d'une peur lé-
gitime, MOL. Vép. am. m, 3. L'estime de modéra-
tion qu'il avait même parmi les nôtres, boss. Réfut.
du cal. de Ferry. Son estime ne sait que trop bien
éclater; Sa gloire Va si loin qu'elle est à redouter,
QuiNAULT, Bellér. l, ». jj Mettre en estime, mettre en
réputation, rendre digne d'estime. Par quel» faits
<S04 EST
Mbtunui N"â.-lu mli u gloira en wUmoT «alh
!!j. ^LEf Porno ni ». J'y vois U hauta estime
nrr; rTr.^ «pîôi.., ./ D. 5an^, ,. ». L.
!^,„ quelque «time .va.t m.» mon courte,
Etf A V » Il Voltaire a cntiqué cet emploi d es-
l!m»- aa'cri'tique, qui n'est pa. valable contre le
l«i« «iécle, prouve facilement qu'au xvm' cet em-
ploi «ail en désuétude. Mais, à présent, rien n'em-
p«eha d'utiliser celle acception, qui, du reste,
appartient aussi au xvi* siècle. || 8" Opinion, juge-
ment, appréciation. J'ai mal connu César; inais
puisqu'en son estime Un si rare service est un
inorme crime.... cobn. Portip. iv, *. C'est de mon
Jugement avoir mauvaise estime , Que douter si
j'approuve un clioix si légitime , mol. Éc. desf. v,7.
On médisant ne peut réussir, s'il n'est en estime
d'abhorrer la médisance, PASC. Prov. te. En quelle
estime est-il, mon frère, auprès de vous ? — D'homme
d'honneur, d'espri'., de coeur et de conduite, mol.
Femm. lav. ii, i. Voyons ce que c'est; suivant l'es-
pèce de la chose, je ferai l'estime de votre silence,
MABiv. Surprise de l'am. ii, «. || i» Évaluation ap-
proximative, surtout en termes de mer. Le tailleur
[un homme dont on avait démoli la maison pendant
son absence] les suit [les arbres] à l'estime , puis
croise et ne trouve plus sa maison, st-sim. 69, 237.
les déterminations astronomi'jues de plusieurs points
qui n'étaient connus auparavant que par des esti-
mes, CONDORCET, Jfourepoi. La géographie est bien
éloignée de ce degré de perfection : la position d'une
grande partie des villes , le cours des fleuves, la
forme des côtes, tous ces objets ne sont connus sou-
vent que par des observations grossières , des estimes
de voyageurs, des détails d'itinéraires, des comptes
inexacts, jd. d'Ànville.
— HIST. xV S. Et y mourut trente ou quarante
gentilshommes d'estime, comm. viii,t6. ||xvi's. On
ne fait pas moins de tort & l'homme en lui estant sa
bonne estime [réputation] qu'en le despouillant de
sa substance, calv. Inslil. 308. Tout ce que les œu-
vres ont de valeur et estime, elles l'ont au regard
de l'obéissance que nous rendons à Dieu , laquelle
seule il regarde, m. ib. 057. Nous devons avoir en
estime leur exemple, m. tb. tooo. L'ouvraige, pai
estime de tous, excedoyt en prix la matière, had.
Carg. i, 5). Xenagoras ne prit pas ceste mesure à
la volée, ny par estime scuiomeiit, ains selon les
règles de l'art, amïot, P. Mm. 25. Desquels fonds ils
(ont quatre ou cinq prix appelles estimes ; mettans les
plus fertiles et gras à la première, o. de sekbes, <2.
— ÉTYM. Voy. estimer; wallon, Oitème, astome,
supputation; provenç. et espago. estima; italien,
nima.
ESTIMÉ, ÉE (è-!iti-mé, mée), pari. passé.\\ i' Oui
jouit de l'estime. Estimé de tout le monde. || 2° Ré-
puté, cru. Pithée, estimé sage entre tous les hu-
mains, BAC. Phèdre, iv, 2. Il suffit, pour être es-
timé savant, de savoir ce que les autres ne savent
pas, quand même on ignorerait les vérités les plus
nécessaires et les plus belles, malebr. Rech. iv, 7.
ESTIMER (è-sti-mé) , v. a. || 1* Déterminer la va-
leur, le prix de quelque chose. Ou estime ce cheval
mille francs. Combien estimez- vous cette maison?
En quelc|ue contrée de l'univers que vous alliez,
vous y trouverez l'homme aussi fin que vous; et il
ne vous donnera jamais que ce qu'il estime le moins
pour ce qu'il estime le plus, raynal, //ù(. phil.
m, t. Il Kig. Permctlez, madame, que j'estime La
grandeur de l'amour par la grandeur du crime,
COBI». Sertor. v, 4. || 2' Faire cas, avoir de la con-
sidération pour. J'honore sa vertu, j'estime sa per-
sonne, CORN. Héracl. l, 2. Je vous estime trop pour
vouloir rien farder, lo. Nicom. i, 2. ... 11 [Annibal]
m'a surtout laissé ferme en ce point D'estimer beau-
coup Home et ne la craindre point, w. ib. ii, 3. Son
monsieur Trissotin me chagrine et m'assomme. Et
i'enrage de voir qu'elle estime un tel homme, mol.
F. tav. 1, ï. Sur quelque préférence une estime se
fonde; Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le
monde, lo. Mis. i, t. J'estimai ces bons pères de
reicellcnca de leur politique, pasc. Prov. B. Cet
homme [Retz] si fidèle aux particuliers, si redou-
table à l'État, d'un caractère si haut qu'on ne pou-
vait ni l'estimer, ni le craindre, ni l'aimer, ni lo
n«lr i demi, boss. le Tellier. U y a deux choses
quils (les hommes] estiment beaucoup.... la vie
«Urgent, la brut. xi. J'ai remis votre lettre
»u roi, il vous esUme autant qu'il peut estimer un
hértiique, MAiNTïHON, Ult. à M. de nUetle, lo
il!. .'••*,• " •■ '="'''■«• f*P"'". pr&umer; Si
Ï-Ti^l'"' *""«»"»«— Estima, mon ami, que
c a-l uû grtod miracle, aioaiEa, Sa«. iv. Ils répon-
EST
dirent qu'ils estimaient la place imprenable, vauoel.
Q. C. liv. m, dans BicnELET. Et j'estime Que ce
peu que j'ai dit est l'avis de Maxime, corn. Cinna,
II, i. Ouoi que vous estimiez de ma civilité, Je ne
me pique point d'insensibilité , ID. Suie, u , 3.
Tu m'estimes bien lâche, imprudente rivale, ID.
Rodng. II, t. le n'estime pas que l'homme soit ca-
pable de former un projet.... la bkuv. Disc, sur
théophr. Le plus sûr, c'est d'estimer celle [la forme
de gouvernement] où l'on est né la meilleure de
toutes, ID. X. Le roi Louis XllI expliqua pendant un
quart d'heure l'avis qu'il eslimait devoir être suivi,
ST-SIM. 6, 87. ||4° Terme de marine. Kaire une es-
time. Il 6" S'estimer, e. réfl. Avoir de l'estime pour
soi-même. Je m'estimais trop peu pour un honneur
si grand, corn. Hor. ii, 2. X l'égard de ceux qui
s'estiment à propos de rien, qui sont glorieux de
leur rang ou de leurs richesses, gens insupportables
et qui fâchent tout le monde... Marivaux, Marianne,
*• part. Ces peuples s'estimaient sans mépriser les
autres nations, raynal, Hist. phil. xviii, te. Qui
ne s'estime pas perd ses droits à l'estime, deulle,
Parad. perdu, viii. || S'estimer son prix, avoir de
soi la juste opinion qu'on doit en avoir. || Avoir une
estime réciproque. Nous nous estimons l'un et l'au-
tre. Il 6° Déterminer sa propre valeur. Glocester :
Moi, je paie; à présent tu ne t'appartiens plus. —
Tyrrel : Jamais on n'eut sur moi de droit si légi-
time; Vous m'avez acheté plus que je ne m'estime,
c. delav. Enf. d'Éd. ii, 3. || 7° Se croire, se répu-
ter. Leur brutale vertu veut qu'on s'estime heureux,
CORN. Hor. IV, 4. Avant que de combattre, ils s'es-
timent perdus, id. Cid, iv. 3. Roxane s'estimait
assez récompensée, bac. Baj. m, 4.
— HIST. XII* s. Et tant des autres que nus [nul] nel
peut esmer, Rone. p. 32. || xui* s. Vingt ans avoit
Pépins, ainsi [je] l'oï esmer, Berte, m. Sans les
autres richesses que je ne sai conter. Qu'à peine les
peut-on ne dire ne esmer, ib. xcviii. || xiv* s. Non
obstant que la valeur des choses et dons dessus diz
ne soit extimêe et declairée en ces présentes, Bibl.
•des Chartes, 6' série, t. i, p. bo. Ils furent si sur-
prins et orent si grant joie que nul ne le pourroit
extimer, Ménagicr, i, o. || xv' s. Adonc je regarday
l'entrée Du jardin qui estoit fermée; Mais comme
ma vue estima, Zephirus tost la deflerma, i.A font.
15. Le conte de Dunoys fort estimé en toutes cho-
ses, coMM. I, 3. 11 estima peu leurs requestes et
demandes, id. v, 16. || xvi* s. Il ne faut point esti-
mer d'un homme par un seul fait, calv. Instit. 826.
U se pourmena un tour ou deux par la salle, pen-
sant bien profundement comme l'on pouvoit estimer,
BAB. Pant. Il, 13. Estimant que cela ayderoit à....
MONT. I, <5. Je ne l'honore ny ne l'estime [la pra-
tique de la médecine], id. m, 2U7. 11 fut seul estimé
cause et autheur de la guerre peloponesiaque,
AMYOT, Péric. 67. Plusieurs estiment que cette
déesse Euclia soit Diane, et la nomment ainsi, u.
Ârist. 60.
t — ÉTYM. Wallon, astimer, évaluer, estimer;
provenç. esmar, estimar; espagn. et portug. esli-
mar; ital. stimare; du latin assUmare, que des
étymologistes latins dérivent de ses, argent, et le
suffixe tim (comme dans legi-timare) : évaluer en ar-
gent. £stimare avait donné, dans l'ancienne langue,
d'après la suppression des voyelles brèves , esmer
(d'où l'anglais to oi'm, viser à, ce qui nous indique
qu'on prononçait (mer); estimer d. été refait sur le
latin dans le xiv siècle.
jESTISSECSES (è-sti-seû-z'), s. f. plur. Petites
tringles du métier à fabriquer les élofles de soie.
— ÊTYM. Probablement es... préfixe, et tisser.
t t. ESTIVAGE (è-sti-va-j'), s. m. Saison d'été
que les troupeaux passent dans les montagnes.
— ÉTYM. Voy. ESTIVAL.
fa. ESTIVAGE (èsti-ïa-j'),«.m. Chargement d'un
navire. Quand lo navire est sous la charge, comme
on ne connaît point l'estivage des marchandises de
volume, on accumule sans ordre et sans arrange-
ment tout ce que les chargeurs apportent; et, pour
faire-un meilleur nolis, on charge souvent outre
mesure, et jusqu'au milieu du mât, peyssonnel,
Traité sur le com. de la mer tioire, u, 218, 1787.
— ÊTYM. Voy. ESTIVER I.
ESTIVAL, ALE (è-sti-val, va-1'), adj. Il i' Qui ap-
partient à l'été. Le Rhône conserve l'importance de
son débit estival, fournet, Acad. des se. Comptes
rendus, t. li, p. 95». || 2" Terme de botanique. Qui
est d'été. Fleurs, plantes estivales. || Terme d'entomo-
logie. Insectes estivaux, insectes qu'on trouve en été.
Il Terme de médecine. Maladies estivales, maladies
qui régnent en été.
— HisT. xvi* s. Aux longs jours estivaux, la bo-
EST
derie. Hymne écoles. ^ <96, dans raynouard. Les
foudres estivaux, garnieb, Porcie, i, choeur. I.a
saison des chaleurs esteales, amad. jamin. Poésies,
p. 166, dans lacurne.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. estival; ital. cslt-
vale ; du latin asstivalis, dérivé d'un radical xst,
qui est dans sestas, été (voy. ce mot).
t ESTIVATION (è-sti-va-sion) , s. {. \\ i' Terme de
botanique. Synonyme de prélloraison, agencement
qu'observent les diverses parties de la fleur avant
leur épanouissement. {| Estivation valvaire, où les
pièces florales se touchent seulement par leurs
bords. Estivation tordue, où les pétales se recou-
vrent les uns les autres et sont tordus en spirale.
Estivation imbricative ou imbriquée, quand cha-
que partie embrasse de ses bords ceux de la partie
intérieure. Estivation quinconciale , où l'on voit
deux parties extérieures , deux intérieures , une
intermédiaire. Estivation chiffonnée , où les pé-
tales sont plies et ramassés sur eux-mêmes sans au-
cune régularité. Estivation vexillaire , préfloraison
des fleurs papilionacées où l'étendard replié recou-
vre la moitié des autres organes. Estivation co-
chléaire, préfloraison des fleurs à deux lèvres, où la
supérieure recouvre l'inférieure. || 2° Terme d'his-
toire naturelle. Sorte d'engourdissement qui s'em-
pare de certains animaux pendant un certain
nombre de jours de la saison la plus chaude.
L'estivation s'observe chez certains serpents , chez
des crocodiles et chez des paissons qui s'enfoncent
dans la vase.
— ETYM. Au sens botanique, eestivatio est un mot
fait par Linné, et tiré du latin astira, lieux où l'on
cherche un abri contre la chaleur; le bouton étant
comparé à un de ces abris. Au sens zoologique,
estivation vient de asstivare, passer l'été en un cer-
tain lieu (voy. ESTIVER 2).
1 1 . ESTrVE (è-sti-v'), s. f. Contre-poids qu'on donne
à chaque côté d'un bâtiment pour en balancer la
charge, en sorte qu'un côté ne pèse pas plus qu'un
autre. Mettre une galère en estive. || Chargement
en coton, laine, et autres marchandises ayant plus
ou moins d'élasticité. || Charge en estive, se dit des
cargaisons susceptibles d'être pressées, comprimées.
Il Donner une estive à des haubans, les brider avec
des palans pour les roidir à mesure qu'ils s'allon-
gent, et avant de 'es mettre en œuvre.
— ÉTYM. Voy. ESTIVER i ; espagn. esliva, lest.
j 2. ESTIVE (è-sli-v') , i./. Instrument de musique
usité durant le moyen âge, qui paraît avoir été une
sorte de cornemuse.
— HIST. XIII' s. Amis, riens ne m'i vaut, sons,
note ne estive, audefroy le basx. Romancero, p. 1 1.
— ÉTYM. Bas-lat. sliva.
t t . ESTIVER (è-sti-vé) , v. a. Terme de marine.
Comprimer des marchandises d'un grand volume,
afin qu'elles tiennent moins de place.
— ÉTYM. Provenç. estipar, entasser, boucher,
espagn. et portug. ««Jtïar, même sens; itaX. stivare;
du latin stipare, serrer, presser.
t 2. ESTIVER (e-sti-vé). || l" F. o. Mettre les bes-
tiaux pendant l'été dans les pâturages. || 2° V. n.
Demeurer dans un endroit pendant l'été.
— HlST. xvi' s. Estiver les bestes, oudin, Dict.
— ÉTYM. Provenç. eitti'or; du latin asstivare, de
xstivus, estival, de xslas (voy. été t).
t EST-NORD-EST (èst'-nor-dèsf), s. m. Terme do
marine. Nom d'une aire de vent. || Par plaisanterie,
un enseigne non entretenu.
ESTOC (è-stok), s. m. i| 1' Terme d'eaux et forêts.
Souche. Couper un arbre à blanc estoc, le couper!
au pied sur la souche. Faire une coupe à blanc es-
toc, la faire sans laisser de baliveaux. || Fig. Êlrel
réduit à blanc estoc, être entièrement ruiné.}
2° Ternie de palais. Souche considérée mélapho»
riquement comme l'origine d'une famille. Être d«
bon estoc. Les biens qui viennent de son estoc. Je lut]
[à son fils, Charles de Sévigné] mande de venir ici,f
je voudrais le marier à une petite fille qui est uoi
peu juive de sou estoc, mais les millions nous pa-.|
raissent de bonne maison, sÉv. Letl. 13 oct. <«75.J
Cette fabrication se fait dans les hôtels des mon-
naies, par des officiers en titre et d'estoc et de li«]
gne, c'est-à-dire de père en fils, Dict. des arts e
n\ét. Uonnoyeur. |{ Terme de pratique ancienne.
Biens de côté estoc et ligne, biens propres de ligne.
Fig. Cela ne vient pas de son estoc, cela ne lut
vient pas naturellement. j| Dites-vous cela de votre
estoc ? Dites-vous cela de vous-même? || 8° Estoc
volant, bâton ferré que l'on pouvait cacher sous ses
habits. {I Brin d'estoc, bâton ferré en pointe par le»
deux bouts. || 4* Par extension, ancienne épée droit*
et fort longue La pique dans le poing et l'estoc sur
EST
EST
EST
1505
le flanc, ségnikh, Sat. n.. || Grande épée d'argent
doré, bénite par le pape et accordée comme marque
de considération. || 8° La pointe d'une épée. Coup
d'estoc. Frapper d'estoc et de taille. || Fig. D'es-
coc et (le taille, de quelque manière que ce soit.
N'importe, parlons-en et d'estoc et de taille. Comme
oculaire témoin, mol. Amph. i, <. || 6' Vase aplati
sur lequel le faïencier empile la terre molle. || In-
strument avec lequel il arrondit les vases sur le
tour. Si la pièce est délicate, il l'égalise avec une
espèce de lame de bois appelée estoc, Dict. des
aris et met. Porcelaine. I| 7° Terme d'argot de jeu.
Faire l'estoc, faire passer dessous la carte de dessus
sans qu'on s'en aperçoive.
— HiST. XI!' s. Bon ente en bon estoc deit bien
fructifier, Th. le mart. (28. || xiif s. Renart, qui
moult estoit soutis [subtil]. Sur un estoc [tronc d'ar-
bre] s'estoitasis, Ben. (982. Il n'estoitnus vivansqui
peust savoir le premier estoc dont li héritage vint,
BEAUM. XLiv, 8. Ferir de pointe, que les Franczeis
appellent ferir d'estoc, j. demkuno, Végèce, i, 12.
Il xiv* s. Selon ce que il sont plus près ou plus loing
de la première racine ou souche, ou estoc, oresme,
Elh. 25(. Lors assalent païens : chil [ceux-ci] qui
ont Ions basions Les frapoient d'estoc, parmi leshau-
bergons, Baud. de Seb. v, 204. || iv" s. Or m'est avis
que c'est grand ennui de piteusement pernseretaussi
considérer que ces grands bourgeois et nobles bour-
geoises et leurs beaux enfants, qui d'estoch et d'ex-
traction avoient demeuré, et leurs devanciers, en
la ville de Calais, devinrent [après le siège de Ca-
lais], FROiss. I, I, 32.1. Estoc d'oneur et arbres de
vaillance, La flour des preux et la gloire de France,
E. DF.scH. Sur la mort de Guescl. Lequel d'estoc et
de taillant Endure mainte passion D'amours qui le
vont assaillant, CH. d'orl. Dali. 80. Haches pa-
reilles desquelles ils combattront d'estoc de mail ou
de taille, Jehan de Saintré, ch. 48. Là devant en
estoc [tout droit] pendoii un escu blanc, et y avoit
appuyé deux glaives [lances] et deux espées, Lan-
celot du Lac, t. m, f" eu. Les monnoieurs d'estoc et
de liiîne, Ordonn. mars am. Les pires sont les
plus heureux Qui prennent de taille et d'estoc, liée,
de farces, etc. p. <29. || xvi's. Et combien que de
son propre estoc il eust grande dignité de noblesse,
pour estre de la race et maison des Servius, amtot,
Galba, 3. Il fut à la fin rembarré d'un coup d'estoc
qui luy donna droit dedans la bouche par telle vio-
lence, que la poincte de l'espée luy vint à ressortir
par derrière au chinon du col, m. Ces. 69. Il y en
a [des contes] de tous bois, da toutes tailles, de
tous estocs, à tous prix et à toutes mesures, fors
que pour pleurer, desper. Contes, i. Le meslier ou
nefflier se plaist d'estre enté, voir sur divers estocs :
sur soi-mesme, sur poirier, sur pommier, sur cei-
gnes et sur aubespin, 0. de serres, 694. [Les pi-
Queurs] Suyvant de près la meute, et sao» se sou-
cier De fossé, ni d'estoc, ni d'espineux roncier,
Plaisir des champs, p. H 69.
— ÉTYM. Wallon, stock, tronc d'arbre; génev.
et lorrain, estoc, esprit, imagination; provenç. es-
toc; espagn. et portug. estoque; ital. stocco; de l'al-
lem. Stock, bâton ; mot qui se trouve aussi dans le
celtiaue : gaélique, stoc, bâton. En Normandie, les
foresiiers prononcent blanc iloc. Brin d'estoc est
une altération (voy. brin) de l'allemand Spriny
stock, bâton qui aide à sauter, à franchir; on
aurait dû au moins écrire brind-estoc.
ESTOCADE (è-sto-ka-d'),j./'. || 1" Terme d'escrime.
Botte, grand coup de pointe. Allonger une estocade.
Parer une estocade. Et le perçant à jour de deux
coups d'estocade, cor», le ment, iv, 1. Au bruit des
estocades, des passants accoururent et les séparè-
rent, sT-siM. 14, 461. Il Estocade de seconde, botte
semblable à la botte de tierce, sauf que la lame
passe sous le bras de l'adversaire. || Fig. Les ducs les
laissaient [les nobles inférieurs] s'exhaler et tirer
leurs estocades en l'air sans rien dire ni faire, st-
siM. 453, (7. Il 2° Familièrement. Attaque à laquelle
on nes'attend pas. Cet argument était pour l'adversaire
une rude estocade. || 3" Demanded'argent. Présenteur
d'estocade, quémandeur. Voilà quelle est mon esto-
cade; N'en venez pas à la parade; Mais sur moi par
compassion Ripostez d'une pension Sur quelque bon
gros bénéfice; Ce n'est à moi crime ni vice. Étant
malade et n'ayant rien , De souhaiter un peu de bien ,
.scARRON, Estocade au card. Mazarin. || Cette locu-
tion a vieilli. || 4° S'est dit pour épée. Vénus [dans
un tableau] a le casque en tête et une longue esto-
cade, LA FONT. Lett. à sa femme, (2 sept. (663.
— HIST. xvi* s. Allonger une estocade [demander
l'aumône], oudin, Dict.
— ÉTYM. Estoe; ital. stoccata.
D'CT. DE Li» LANGUS FKAWÇAJSE
ESTOCADER (è-sto-ka-dé) , V. n. || 1» Porter des
estocades. Lui [La Chitre] toujours à crier : Les
voilà, à moi, marche ici! et choses pareilles, et
toujours à estocader et à ferrailler, st-sim. 216, (65.
Il 2° Fig. Argumenter vivement contre quelqu'un.
Il y a plaisir à les voir estocader.
— HiST. XVI* s. Estocader [demander l'aumône],
onDiN, Dict.
— t.TY1il. Estocade. L'ane. français disait estoquer.
fESTOCADEUR (è-sto-ka-deur), s. m. Quéman-
deur, mendiant. De créanciers, d'estocadeurs, De
faux mangeurs de patenôtres, scarhon, Tirg. vi.
Il Vieilli.
t ESTOGARD (è-sto-gar), $. m. Terme de métal-
lurgie. Petit ringard pour nettoyer la tuyère.
— ÉTYM. Estoc.
ESTOMAC (è-sto-ma; le e ne se fait jamais sentir;
cependant quelques-uns prononcent le c devant une
voyelle, et Chifflet, Gramm. p. 208, en fait un pré-
cepte : un è-sto-ma-k affamé; au pluriel, l't se lie :
des è-sto-ma-z affamés; estomacs rime avec tas,
lacs, appâts, etc.), s. m. || 1' Viscère où s'opère la
digestion des aliments. Se remplir l'estomac. Les
ruminants ont plusieurs estomacs. Plus l'estomac
est bon, plus les membres profitent; Quand il a de
la force, ils sont forts, agissants; Et quand il est
débile, ils sont tous languissants, boursault, Fabl,
d'Ésofte, II, 8. Ne crains pas, mon cher enfant, que
l'abondance de l'eau afraiblis.se ou refroidisse ton
estomac, lesage, Gil Blas. Car de tous mets sucrés,
secs, en pâte ou liquides, Les estomacs dévots fu-
■rent toujours avides, boil. Sat. x. Ce ne fut que
par un poids de 437 livres qu'il parvint à produire
dans les tubes des effets semblables à ceux de l'es-
tomac de l'oiseau, bonnet, Contempl. nat. Œuvres,
t. yiii, p. t3, note 2. || Avoir l'estomac creux, vide,
n'avoir pas mangé. |1 11 a deux estomacs, plusieurs
estomacs, se dit d'un gros mangeur. || "Très-popu-
lairement. Avoir ou sentir son estomac dans ses ta-
lons, avoir très-grand'faim. || Familièrement. II a un
estomac d'autruche, c'est un estomac d'autruche,
se dit d'un homme qui mange beaucoup, sans en
être incommodé , parce que c'est une vieille
croyance que les autruches digèrent les pierres.
Il se dit aussi d'un homme qui digère très-yite ; et
dans ce sens ou dit encore il a l'estomac chaud.
Il 2° Là partie du corps qui répond à l'estomac, la
poitrine. Le creux de l'estomac. Recevoir un coup
dans l'estomac. Je vais lui présenter mon estomac
ouvert, CORN. Cid, v, l. D'une profonde plaie en
l'estomac ouverte, m. Rodog. v, 4. Le général Hord
et le général Dardoff montrèrent au leurs esto-
macs couverts de blessures reçues à son service, et,
l'assurant qu'ils étaient prêts à mourir pour lui, ils
la supplièrent que ce fût au moins dans une occa-
sion plus nécessaire [qu'à Bender], volt. CharlesXlI,
6. Il Se dit populairement du sein d'une femme.
Elle a de l'estomac. || 3" L'estomac d'une volaille ou
d'une perdrix, ce qui reste quand les cuisses et
les ailes ont été détachées. f| 4° Morceau de fer qui
fortifie le devant de l'enclume.
— HIST. xiii* s. Cil ki ont l'estomach foible et ki
vomissent legierement, alebrant, f° 4 3. || xv* s.
Respons, et sauve de propre estomac ce que de pro-
pre estomac tu as mis avant, o. chastel. Expos, sur
la vér. mal prise. || xvi* s. Par le poulain on des-
cend le vin en cave, par le jambon en l'estomach,
RAB. Garg. i, 6. Quand je voy Barbo en habit bien
duisant, Qui l'estomac blanc et poly descœuvre....
MAROT, m, 426. Là il fut receu d'une sentinelle
perdue, qui, sans parler, lui planta une harque-
busade dans l'estomac de sa cuirasse , d'acb. Ilist.
II, 380. Je luy ay appris à relever sa ceinture à la
fosse de l'estomac, comme le petit Auger barbier de
Paris, ID. Conf. ii, (. Ledit ventricule a deux ori-
fices, à sçavoir un supérieur nommé l'estomach et
vulgairement cœur; et l'autre inférieur nommé py-
lore, PARÉ, I, (4. Chacua n'a pas les muses en
partage. Et leur fureur tout estomac na poind,
RONS. 307. Quiconque a l'estomach plein peult bien
jeusner, genin. Récréât, t. ii, p. 248. Entre la
boucha et l'estomach souvent y a guerre, id. ib.
t. II, p. 238.
— ÉTYM. Wallon, stoumak; Berry, estourna,
stouma; provenç. eslomach; espagn. estomago; ital.
ïlomaco; du latin stomachus, du grec (rrôiia/o;,
qui signifie gorge, pharynx, de oTÔiJia, bouche:
qui tient à la bouche. C'est dans le latin que, de
pharynx, stomachus a glissé au sens de gasier.
ESTOJIAOIIÉ, ÉE (è-sto-ma-ké, kée), part, passé.
Tout estomaqué de cette impertinence.
ESTOSLAQUER (S') (è-slo-ma-ké), v. réfl. Sa tenir
pour offensé de quelque chose, s'en choquer Il
s'estomaquera. Fera le difficile, et puis s'apaisera,
HAUTEROCHE, Dcuil. sc. 4. Mais tant s'estomaquer
n'est pas fort nécessaire, th. corn. D. lierlr. de
Cigarral, iv, 1. Il ne faut point, monsieur, s'esto-
maquer si fort; On peut en un moment nous nieitie
tous d'accord, hegnard, le Lég. iv, 7. || S'épjiser à
force de parler. C'est ainsi que s'estomaquait Le
Pythagore à longue queue; Ses exclamations s'en-
tendaient d'une lieue, Kt son zèle le suffoquait, la-
MOTTE, Fables, le Renard prédicateur. || Ce mot,
dans les deux sens, est du style familier.
— HIST. XVI* s. Il est stomacqué merveilleuse-
ment, que vous ayez faict tuer domp Alphonse do
sangfroid, carloix, v, (7. De quoy plusieurs bien
grands s'estomacquerent bien fort, id. vi, 3i9.
— ÈTni. Estomac, dans le sens de poitrine, cœur.
ESTOMPE (è-ston-p'), s. f. || 1" Terme de des-
sin. Petit rouleau fait de peau ou de papier, et ter-
miné ordinairement en pointe, et quelquefois en
coupe plate, pour étendre le crayon ou le pastel sur
le papier. Dessin à l'estompe, || 2* Ce dessin même.
Voilà une belle estompe.
— ÉTYM. Allem. stumpf, émoussé.
ESTOMPÉ, ÉE (è-ston-pé, pée), port, passé. Un
dessin estompé.
ESTOMPER (&-ston-pé) , V. a. Dessiner, ombrer
avec l'estompe.
— ÊTYM. Estompe.
jESTOMËRE (è-sto-niê-r*),*.^. Terme de pêche.
Sorte de tramail.
t ESTOQCIAU (è-sto-klô) , t. m. Terme de serru-
rier. L'anneau d'une petite cheville de fer qui tient
le ressort d'une serrure.
— ÉTYM. Diminutif d'estoc.
t ESTOn (ê-âtou), j. m. Terme de boucher. Tabla
à claire-voie pour habiller les moutons.
— ÊTYM. Le même que étal.
ESTOlîFFADE (è-stou-fa-d'), ». f. Terme de cui-
srfte. Manière de cuire des viandes en vases clos.
Veau à l'eslouffade. || Le mets ainsi préparé. Une
estoulTade de perdrix. || On dit plutôt étouffade, et
surtout étouffée.
— ÉTYM. Étnuffer.
ESTRADE (è-stra-d') , s. f. \\ 1» Terme de guerre.
Usité seulement en cette locution: Battre l'estrade,
courir la campagne, aller à la découverte. || Par ex-
tension. Les uns battaient l'estrade autour de sa
maison, hamilt. Gramm. 9. Il fait toute la nuit
sentinelle en dedans; Et sur le point du jour il va
battre l'estrade, regnard, Faites amour, i, t. Sans
adieu, je vais battre l'estrade dans les cafés, ti.vn-
codrt. Agioteurs, i, 9. || Les batteurs d'estrade,
les éclaireurs. Israël envoya des batteurs d'estrade
pour considérer le pays de Jazer, volt. Phit. iv,
(86. Il Par extension. Les batteurs d'estrade , les
gens qui courent les che.niins. || 2° Plancher élevé
dans une chambre, dans un édifice, un peu au-des-
sus du parqu'et, pour y placer un lit, un trône, pour
y faire une cérémonie. Le grand mouvement est sur
une estrade qu'on nomme lethé.1tr.e, montesq. Lett.
pert. 28. Il Fig. De l'estrade des grands dascenctint
au vulgaire Le mensonge sans frein, sans pudeur,
sans raison , S'accroît de bouche en bouche et s'enQe
de poison, volt. Don Pèdre, m, 2.
— HIST. xv s. Hector bastard de Bourbon vint à
tout trois cens »r.més hommes d'armes, sur aucunes
compagnies de gens du roy qui aJloient à l'estrade;
si en print et tua plusieurs, monstrel. f" 149, dans
lacurne. De là si fu le siège mis Devant la ville da
Heolle; Messire George Soliton Si en avoit la charge
et garde, Avecque un autre Anglois gascon Et qua-
tre cens hommes d'estrade. Vigiles de Otaries Vil,
p. 203, dans lacurne. Adieu, galans, qui soûliez
faire fringues Parmi les rues, routes et espan^des
[sic], Saillans en l'air, pour prendre les esplingues
Au seing des dames, regardans les estrades, ib.
t. II, p. 3(. Il xvr s. Là sont Crotte, Estanson et
Imbault, Et Fontrailles, lesquelz ont maint ribault,
Tous enragiez de courir à l'estrade, i. marot, v,
90. En telle pompe eslans lors décorez, Devers la
roy vindrent faire l'estrade, id. v, 4 73. Le duc de
Gui.'e envoya battre l'estrade vers la Fredonniere,
qui estoit le premier rendez-vous à l'entreprise da
Blois; ces estradiots luy amenèrent prisonniers 30
ou 40 de ceux qui commençoient à se desbander,
d'aub. Hist. I, 93. Quelques batteur» d'estrade, id.
l'ft. I, 93. Bon pied, bon œil, sus à coup qu'on s'es«
veille. Francs chastellains, soudain tost à l'estrade,
ROG. de collerte, p. 4 95, dans LACOaNB.
— ÊTYM. Provenç. espagn. et portug. ettrada,
voie, chemin; itaL strada, même sans; du latiu
strata, voie pavée, de stratum, supin desternere,
étendre. Estrade vient du provençal eu de l'espa-
I. — 189
1506
EST
îM^riirSSr. r...r«)e. e'e.t battre le.
■^ à «MM I* etioM étendue.
flHIVADIOT (»-itr«-di-o), ». m Eïp6c« de «ol-
dal à «b«»«l qu'oo •'"" •''•"'f°'» ''• '* ^^^^ •' "**
l'Altanit tl dont on i'e«t lerTi durant le xv« et le
rtf tàidt. Il On trouTe au»si itradiote. Lei «tndio-
Mi, irteboo* (oldits grecs da Venise , cbevau-
Uftn, arfflte de cimeterrei orientaux, devaient
pénétrer dam Ict fliea de U lourde gendarmerie
frîntaiM fl, do cfll6, faucher, poignarder les cho-
raui, mciiKLET, lliit. de France, au xvi'iiiele,\,i.
— HIST. XVI* 1. Plus fien qu'estradioU, ). lU-
WT, p. *7, dans LACORini.
— tTYM. Ital. tlTodiotto; du grec 0Tpatu«rr|<,
soldat
BSntAGON (è-stra-gon), $. m. Espèce d'armoise
aromatique {artemisia dracuneuiui, L), qu'on met
dans les ulàdes et dans les ragoAts.
— tTYM. Wallon, dra;on«; espagn. taragona;
portug. tstragio; ital. targone; du latin draconem,
dans la signification da dracunculut , nom qui
ne parait pas avoir été donné k notre estragon,
mais que les botanistes lui ont appliqué.
ESTRAMAÇON (é-stra-ma-son) , t. m. £p£e
droite, langue et à deux tranchants. Je me conten-
tai de lui donner d'un estramaçon sur la tète qui
l'effraya si fort qu'il s'enfuit hors du jardin, scahr.
Hom. com. i, 43 Ce D. Félix est un méchant
garçon; Il veut faire avec vous le coup d'estramaçon,
ta. CORN. D. Bertrand de Cig. n. i. || Coup d'estra-
znaçon.ou, simplement, estramaçon, coup de taille.
Mais il faut en user en diverses façons, Ou feindre
une estocade ou des estramaçons , deshahets, Vi-
tionnaira, m, <. Carillan sortit chargeant à coups
d'estramaçon tout ce qu'il trouva devant lui, retz,
ir, 147. Il Fig. 11. de la Rochefoucauld lui donna [au
premier président] tant de coups d'estramaçon, qu'il
Tint à bout de ce qu'il desirait, sT-siu. eg, 433.
— H18T. XVI* s. Vesme lui passe l'espée au travers
du corps, et en la retirant lui met le visage en doux
d'un estramaçon, d'aub. Ilist. ii, 4 7.
— tTYM. Ital. f (ramaixone ; bas-lat. tcramataxut,
grand couteau de guerre, da l'allemand Schramme,
blessure, et le bas-lat. taxa, couteau, da l'ancien
haut allem. tahs, couteau.
KSrRAMAÇONKÊ, £E (b-stra-ma-so-né , née),
part. paui. Rudement estramaçonné par son ad-
versaire.
BSTRAMAÇONNER ((-stra-ma-so-né). || 1* T. a.
Frapper de coups d'estramaçon. || 2* V. n. 11 ne cessa
d'estramaçonner durant tout le comb.\t Avez-vous
des ennemis secrets? Parlez, j'estramaçonne et je
TOUS en défais, th. corn. D. César d'Àv. ii, 4.
Il 8* S'estramaçonner, v. réft. Se battre k coups
d'estramaçon. Ils se sont eslramaçonnés rudement.
Il Ce terme ne sa dit plus guère qu'en plaisan-
tliit.
— BTm. Eslramofon.
fKSTRAN ou ESTRAND (è-stran), t. m. Terme
de marine peu usité. Partie d'une côte plate que la
mer couvre et découvre tour à tour.
— tTYM. Angl. tirand, bord de la mer.
t KSTBANGUÊLO (é-stran-ghé-lo), adj. Le carao-
tèra estranghélo, et, subsUntivemeut, l'estranghélo,
caractère s)rria(|ue employé dans les premiers siècles
de l'ère chrétienne.
— ETYM. Syriaque, star, écriture, et ingxl, évan-
gile, ainsi dit parce qu'il demeura consacré i la
transcription des Evangiles.
ESTEAPADB (é-stra-pa-d"), ,. f. || 1* Supplice
de mer qui consiste k guinder un coupable k la hau-
teur d'una vergue, d'où le laissant tomber dans la
mer, on l'y plonge autant de fois que le porte sa
••ntenca. || L'estrapade de terre s« donne en liant
les pieds et les mains du coupable, derrière le dos,
à une corda et la laissant tomber da la même ma-
niera jusqu'à deux ou trois pieds da terre : ce qui
eipoea ses bras at tas jambes k da grandes douleurs
par la poids du corps. L'astrapade éuit un châti-
ment qui ne s'inOigaait pas aux cavaliers; ce sup-
plice cessa d'ètra en usage dans les armées françaises
sous Uuis XIII. Il Fig. C'était un maître [Marit] ; Il
rimaH aisément; Point ne donnait à ses Ters l'es-
wapada, cainu Botul«<iu rur Benstrade. \\ »* La
wi!^ *'X '"'" **' '»q>"'"8 on élevait le patient.
1^ »L .^'"P*'**' P**" * »'»"•• ""1 "n« «e"e PO"
wSUMn.TJyy •* °* '"" •"!'?''<:"» beaucoup de
JJ"»™ Il r Terme da manège. Défense du che-
r»«1SS^u-« hi^ '*,««~"'l««n*« de ruades.
R • TOUT qu on fait an voltU-ant s.r h corde. U
EST
consisteà se tenir fortement suspendu avec les mains
k la corde et à taire passer une ou plusieurs fols son
corps entre les deux bras qu'on tient écartés l'un de
l'autre. Double, tripleestrapade. || 6* Se dit, au jeu de
l'hombre, de la chanca du joueur qui fait la bète
après avoir joué sans prendre. || <* Outil pour
monter le grand ressort d'une pendule.
— UIST. XTi* s. Les capporaulx sont tenus de l'ap-
pliquer à l'estrapade, rtar,. rv, 4 3. Et s'il y eust
eu une atrapado en la ville, ils se pouvoient bien
asseurer d'y servir d'eiempled'une telle abomination,
ID. v, 24. Il eust l'estrapade, c'est k dire trois traicts
do corde bien roi des; et estoit si haulte qu'il en
cuyda mourir, ■>. vi, 3.
— ÉTYM. liai, strappata, àe strappare, arracher;
du germanique : suisse, strapfen, tirer; allemand,
slralf, fortement attaché ; angl. ttrap , courroie
(com p. ËTRiER).
ESTRAPADE, tE (è-stra-pa-dé, iée) , parl.passi.
U fut tstrapaiié.
ESTRAPADER (ô-stra-pa-dé) , v. a. InHiger l'es-
trapade,
— ÊTYM. Estrapade.
ESTRAPASSÉ, ÉE (è-stra-pa-sé, sée) , port, passé.
Cheval estrapassé.
ESTRAPASSER (è-stra-pa-sé) , v. a. Terme de
manéfe. Fatiguer, excéder un cheval par un exer-
cice trop violent.
— ÊTYM. Ital. strapoMore, de stra, préfixe, qui
est le lat. extra, hors, et pauo, fou : rendre fou
k force de tourmenter.
fESTRAPONTLN (è-stra-pon-tin), Toy. stra-
pontin.
t ESTRAQUELLK (6-stra-kè-l') , ». f. PeUe pour
porter la matière du verre dans les pots.
fESTRASSE (è-stra-s*), s.{. Terme de commerce.
Bourre de soie. Estrasse ou cardasses [à faire capi-
ton] , le cent pesant payera comme bourre de soie,
4 00 sous. Tarif, 4 8 sept. 4 664.
jESTRELAGE (è-stre-la-j'), ». m. Ancien terme
de finances. Droit levé sur chaque setier. Défendons
de lever aucun péage , estrelage ou autre droit en
essence sur le sel , sauf aux propriétaires à s'en faire
payer en argent, suivant le règlement de notre con-
seil, Ordonn. mai 4 080. ^
— HIST. iiu*s. Franchement, sans paier tonlieu,
slrelage , ou autre débit , ou autre coustume, du
CAHOE, sextariaticum. \\ xiv* s. C'est assavoir tout
ce que on appelloit la justice et setrellage que te-
noit k censse Fourcy, ID. tb.
— ÊTYM. Lat. sextariale, setier, d'oii la forme
fictive sextarialaticum , du latin sextarius, setier.
+ ESTRIF (é-strif), ». m. Terme vieilli. Querelle,
lutta. En cet estrif la servante tomba, la font.
Sert. Il On écrivait aussi étrif. Pendant l'élrif, D'un
ton plaintif [je] Dis chose telle, la font. Poésies
mêlées, V.
— HIST. XII* s. Commenciez est li dex [deuil] et li
estris, Bonc. p. 72. |{ im's. Ensi remest [resta] ceste
chose en estrif, h. de valenc. xii.
— ÊTYM. Hainaut, ejirtve; provenç. ettris et es-
trit, dernière forme qui conduit Diez à regarder ce
mot comme dérivant de l'ancien haut-allem. strlt,
combat; angl. to strive. On cito aussi le gaélique
stri, strigh, combat. L'anglais strife vient du fran-
çais.
t ESTRIGUK (è-stri-gh*), ». m. Four où l'on met
les glaces pour les recuire quand elles sont apla-
ties; on les dresse à mesure qu'on les y met.
t ESTRIQUK (è-stri-k'), ». /. Couteau da bois
mince et flexible qui sert à estriquer.
— ÉTYM. Flam. sirikke, bâton.
+ ESTRIQCER (è-stri-ké), v. a. Boucher avec l'es-
trique les feules et les crevasses que la terre produit
sur les bords d'une forme à sucre en se séchant.
I ESTRIQUEUR (è-stri-keur) , ». m. Crochet de
bois pour fouler la terre autour d'une forme à sucre,
avant de la rafraîchir.
^ ESTRIQDEUX (6-stri-keù),«. m. Instrument pour
enlever les bavures attachées à une pipa qui sort
du moule.
t ESTRIVER (è-stri-vé), v. n. Terme vieiUi. Être
en querelle. Avecque tes voisins jour et nuit estn-
ver, BÉGMJ5R, Sat. xiii.
— HIST. XII* s. Donc en ont comencié entre eus à
estriver, 77». (e mari. 440. || xiu* s. Ce dit Renars:
n t a ipie; Foi est qui vers seignor estrive; Jamais,
k nul jor que je vive. Ne ferai rien qui lui desplaise,
Ben. 4 8363. Il xvi* s. La philosophie n'estrive point
contra les voluptés naturelles, pourvu que la mesure
y soit jointe, MONT, m, aso.
— ETYM. Estrif.
t ESTRIVIÊRKS (*4tri-Ti6-r^, ». f. plw. Se dit,
EST
chez les fabricants de soie, des bouts de cordes at-
tachées aux arbalètes des lisserons.
— ETYM. Le même que étrivière.
t KSTROFFE (è-stro-f) , s. f. Corde qu'on attacha
k la queue d'un cheval, puis au cou du suivant pour
les faire marcher à la file.
— fiTYM. Le même que estrope.
t KSTROPE ( è-stro-p' ), s- f. Terme de marine.
Anneau de cordage dont on ceint les poulies et au-
tres pièces. Il Estrope de gouvernail, cordage qui
sert à retenir les avirons sur les tolets. || Estrope de
marchepieds, étriers qui soutiennent les marche-
pieds. Il Terme de pèche. Ligne attachéa sur une
corde principale.
— ÊTYM. Angl. itrvp, estrope.
t ESTROPER (è-stro-pé) , v. a. Terme de marine.
Ceindre d'un cordage la caisse d'une poulie ou tout
autre objet.
t ESTROPIAT (è-slro-pi-a) , ». m. Anciennement,
soldat estropié qui mendiait. Prôner ce qu'on a fait
pour le bien de l'État, Et dire : ayez pitié du pau-
vre estropiât, du cerceau, Le faux duc de Bourg.
1, 1. Il Aujourd'hui, homme estropié, impotent, e<
aussi gueux de profession qui est estropié ou qu<
feint de l'être.
— HIST. XVI* s. Et ainsi espargnant pour les es-
tropiatz et souffreteux, bab. Pant. m, i. Aux es-
tropiais qui avoient perdu bras et jambes, carloix,
m, 9.
— ËTYM. Ital. stroppiato (voy. estropier).
ESTROPIÉ, ÉE (è-stro-pi-é, ée), port, passé
\\ 1° Qui a perdu un membre ou qui l'a hors de ser-
vice. Estropié par une chute. Il déterrait les sol-
dats estropiés dans la tranchée, hamiit. Gramm. 3.
On n'est pas tant estropié quand on l'est du bras ou
des jambes, que quand on l'est de la bourse, d'a-
BLANcouRT, Avophth. dans richelet. || Par exten-
sion. [Le lion] Peut à peine rugir, par l'âge estro-
pié, LA FONT. fobl. ni, 44. || Terme d'entomologie.
Se dit des papillons de jour, qui dans l'état de re-
pos ont, par la disposition de leurs ailes, l'appa-
rence d'insectes à ailes luxées. || Terme de pêche.
Se dit d'une morue qui n'est pas entière. || 2" Fig.
Qui n'a pas de développement, d'ampleur. Un tissu
d'énigmes leur serait une lecture divertissante, et
c'est une perte pour eux que ce style estropié qui
les enlève soit rare, la brut. i. Quelle dilTérence
de ce plaisir estropié, si je puis parler de la sorte,
à celai que le même air ferait éprouver, s'il était
chanté dans le goût et l'esprit qui lui conviennent,
d'alemb. 7/orm. des long. Œuvres, t. m, p. 4 48,
dans pouoENS. |{ 8° Altéré dans sa forme, en parlant
des mots, des phrases. Expression estropiée, PA-
TBU, Plaid. 8, dans richelet. Ils [certains visiteurs]
fatiguent plus les portes des maisons à coups da
marteau que les vents et les tempêtes; si l'on allait
examiner la liste de tous les portiers, on y trouve-
rait chaque jour leur nom estropié de mille ma-
nières en caractères suisses, montesq. Lett. pers.
87. Concevez, monsieur, huit pages sans points ni
virgules, des mots estropiés, transposés.. .. p. L. couB.
I, »4.||4'' Substantivement. L'estropié jnarcha, l'a-
veugle ouvrit les yeux, boil. Sat. xii. Ce sont des
estropiés hors d'état de gagner leur vie, maintehon,
lett. à l'abbé Gobelin, 8 mars 4684. M. de N'oailles
fit l'estropié du rhumatisme ot le joua longtemps,
ST-SIM. 29, 78.
t ESTROPIEMENT (è-stro-pi-man) , ». m. Action
d'estropier; résultat de cette action. Ce fut la cause
de son estropiement.
— HIST. xvi* s. Estropiement, oudin, Dtct.
— ÉTYM. Estropier; ital. itroppiamenlo.
ESTROPIER (è-stro-pi-é) j'estropiais, nous estro-
piions, vous estropiiez; que j'estropie, que nous
estropiions, que vous estropiiez, ». a. I{ 1* Priver
de l'usage d'un membre par coups ou b.essures. Sa
faire estropier sur les pas des Césars, boil. Sat. viil.
Il Par extension, en pariant des maladies. Un rhu-
matisme l'a estropié. {| Fig. Chose qui ne peut être
révoquée sans estropier la puissance publique, aoss.
Var. 4 0. Il î* Estropier un nom, les mots d'une lan-
gue, les défigurer en prononçant ou en écrivant.
Ils prennent par où ils peuvent les termes de l'art
qu'ils attrapent, et ne manquent jamais de les es-
tropier et de les mettre hors de place, mol. Crth-
que, se. 8. Le marquis: Tiens, ce que les Anglais
ont de mieux, c'est qu'ils parlent français, encore
ils l'estropient. — Le baron : Et nous l'estropions
nous-mêmes pour h plupart, boissy, Français d
Lond. se. 4. Ribaudier en personne Estropiait alors
un discours en latin, volt. 3 emper. || Estropier une
pensée, un passage, en altérer le sens, l'expression.
Va, va-t'en faire amende honorable au Parnasse
ET
ET
ETA
4507
D'avoir fait à tes ters estropier Horace, mol. Fem.
ïOB. m. 6. Certains passages de Dictys de Crète que
Scaliger avait estropiés, volt. Goût. Voltaire dans
ses derniers jours ne pouvait voir sans un véritable
chagrin qu'on se permît ainsi d'estropier nos belles
tragédies, marmontel, Élém. liuér. t. ix, p. 63,
dans pouGENS. 1| Estropier un vers, en altérer la me-
sure. Il Estropier une sonate, une chanson, la jouer
mal, la chanter mal. || 3° Terme de peinture. Estro-
pier une figure, n'en pas observer les proportions.
Il 4° S'estropier, v. réft. Quoi! ces dieui qui s'estro-
pient les uns les autres, PONTEN.Woi.^iope, Homère.
Il Fig. Voulant se redresser, soi-même on s'estropie,
Et d'un original on fait une copie, boil. Éptt. ix.
— HIST. ivi' s. Subjuguez par ung petit homme
estropié, rab. Pant. iv, Nouv. prol. En une bat-
taille, dix miïr hommes sont stropiez ou tuez, mont.
m, 23. On a attaché l'honneur à couper bras et
jambes, & estropier l'un, à tuer l'autre, ianoue,
248. Les armes d'aujourd'hui sont si griefves, qu'un
gentilhomme, à trente et cinq ans, est tout estropié
des espaules, d'un tel fardeau, m. 286. Estropié de
quelques coups et mesmes de l'honneur, d'aub.
Hùt. 1, 488. Infinis lieux y sont [dans le texte]
desesperéement estropiez et mutilez, amyot, Moral.
Éptt. p. <6.
— ÉTYM. Espagn. et portug. estropear; ital. strop-
piare, storpiare, estropier, stroppio, obstacle, em-
pêchement. Origine inconnue. Diez propose par
conjecture le latin ex-torpidare , rendre roide, en-
gourdi. Muratori fait mention de turpis, laid. Tout
cela est incertain. Estropier est récent et venu de
l'italien.
t ESTnAIHE (è-stu-â-U', Il mouillées), s. f. Nom
donné anciennement aux magasins de sels, Lettres
pat. 27 juin (680.
t KSTCAIRE (è-stu-ê-r'), s. m. Terme d'antiquité
romaine. Étang maritime oii l'on nourrissait du
poisson. Il Terme de géographie. Sinuosité du litto-
ral, qui n'est couverte d'eau qu'à la marée mon-
tante. Il Se dit, par analogie, de l'embouchure d'un
fleuve qui forme une sorte de golfe. Les rivages de
l'estuaire girondin encadrent de vastes nappes d'eau
où l'on peut étudier tous les phénomènes des cou-
ranls et des marées, reclus, Revue des Deux-Mon-
des, 4862, déc. p. 901.
— HKT. XIV' S. Une pièce de terre, ainsi comme
elle se levé, o [avec] le fons du fossé qui est et flert
[frappe, porte] à l'estier du port dessous le chas-
teau, DU GANGE, esterium.
— ÉTYM. Lat. asstuarium, de sestus, flux de la mer:
lieu où le flux pénètre.
ESTURGEON (ë-stur-jon) , s. m. Gros poisson qui
remonte de la mer dans les grands fleuves. Les œufs
de l'esturgeon constituent un aliment très-recherché
dans le Nord, sous le nom de caviar. On fait avec
la vessie natatoire de l'esturgeon l'ichthyocolle ou
colle de poisson. X son souper, un glouton Com-
mande que l'on apprête Pour lui seul un esturgeon;
Il n'en laissa que la tête, la font, le Glouton.
— HIST. XIV* s. Bresmes en rost, esturgon et ge-
lée, hénagier, ii, *. Esturgeon: eschaudez, osiez
le limon, couppez la teste et la fendez en deux, ib.
Il, s.
— ÉTYM. Espagn. esiurion; ital. slorione/ de
l'anc. haut-allem. stun'o ; allem. Stôr. Betz , i, 2,
écrivait éturgeon.
t ÉS0LE (é-su-l') , s. f. Nom de plusieurs euphor-
bes, dont une {euphorbia esula, L.) a une racine
dont l'écorce a été employée comme purgatif hydra-
goguo. Êsule ronde, euphorbia peplus, L. Petite
ésule, ancien nom officinal de V euphorbia cyparis-
sias. Grande ésule, ancien nom officinal de l'eu-
phorbe des marais.
JÉSUS (é-zus'), s. m. Nom d'un dieu des Gaulois,
assimilé tantôt à Mars et tantôt à Apollon, et à qui
on sacrifiait des victimes humaines. Il s'écrivait
aussi Ilésus.
ET (è ; le t ne se lie jamais, ce que remarque
Palsgrave, p. 37, au xvi* siècle, excepté dans les
locutions latines : et csetera, dites è-tsé-té-ra, et ab
hoc et ab hoc, dites : a-bo-kè-ta-bak), conj. || 1° Il
sert à lier entre elles les parties semblables du dis-
cours. Corneille et Racine. Bon et sage. Le riche et le
pauvre. Le sage est ménager du temps et des pa-
roles, LA font. Fabl. viii, 26. Les esprits justes, et
qui aiment à faire des images, la bruy. i. On n'a
pas dans le cœur de quoi toujouw pleurer et ai-
mer, ID. IV. Il Ordinairement, les mots joints par et
se suivent; mais on peut quelquefois les séparer, soit
Jans le style familier, soit dans le style élevé. La
raison veut et la nature Qu'après le mal vienne le
bien , halh. v , 5. Albe le veut , et Rome ; il faut leur
obéir, CORN. Ilor. m. «. Les truites y sont admira-
bles et les saumons an Rhin, pellisson, Lett. hist.
t8 oot. (08i. Il 2° Après les noms d'heure, démesure,
quand il y a une fraction, on met et .■ midi et demi,
midi et un quart; minuit et trois quarts; deux heures
et un quart; une aune et un tiers. || On peut aussi sup-
primer et , excepté quand la fraction est demi : minuit
un quart; midi trois quarts; une aune un tiers, etc.
Il 3° Dans les noms de nombre composés, et se met
généralement devant un quoiqu'il ne se mette pas
devant deux, trois, quatre, etc. vingt et un, trente
et un, etc. Il n'y a d'exception que pour cent et
quaire-vingt : quatre-vingt-un, cent-un. || Et se met
aussi devant onae après soixante. Soixante et onze.
Il 4° Et répété sert à donnerplusde force Ma phrase.
Quel carnage de toutes parts I On égorge à la fois
les enfants, les vieillards. Et la sœur et le frère
Et la fille et la mère. Le fils dans les bras de son
père, RAO. Eslh. i, 6. Et le riche et le pauvre, et
le faible et le fort Vont tous également des douleurs
à la mort, volt, t" Disc. égal, des cond. Aristote
met au rang des monarchies et l'empire des Perses
et le royaume de Lacédémone, MONTESQ.JPsp. xi, 9.
Il 5° Et s'emploie au commencement des phrases
qui en suivent d'autres sans liaison immédiate,
dans le style biblique ou poétique. Et Jésus se
rendit sur la montagne dos Oliviers. Et voilà que
tout d'un coup.... Et véritablement on ne saurait
nier que.... Et vous prononcerez un arrêt si cruel I
RAC. ^ndr. I, 4. Et je puis voir répandre un sang si
précieux I Et je laisse avec lui périr tous ses aïeux I
ID. ib. m, 8. Et moi aussi, j'avais espéré, mon-
seigneur, que vous viendriez à Versailles,''^ main-
tenon, Lett. au card. de Noailles, 3 avr. 4697. Et
je pleurais I et je me trouvais à plaindre I et la tris-
tesse osait approcher de moi 1 J. J. rouss. Hél. v, 9.
Et qui sait dans quels pièges adroits les perfides
ruses d'une femme vicieuse et jalouse de ses vertus
a pu surprendre son innocente simplicité I id. Ém.
V. Il Et fût-il, c'est-à-dire quand même il serait; et
fussiez-vous, c'est-à-dire quand même vous seriez.
11 faut les combattre, et fussent-ils trois contre un.
Vous le devez haïr, et fût-il votre père, corn. Hé-
raci. v,2. Je vengerai sur vous, et fussiez-vous mon
père....iD. tft. Vous-même en deviendriez, je le gage,
amoureux; On ne s'en peut sauver, et fût-on tout
déglace, LA font. i'BMnuque, v, 4. || £t de suivi
d'un infinitif se met quelquefois à la fin d'un récit
pour signifier que l'événement se termina par l'ac-
tion que l'infinitif exprime. Ainsi parla-t-il; et cha-
cun de rire. || De nos jours on a quelquefois com-
mencé une pièce de vers par et, ce qui donne l'air
au poète de continuer des réflexions dont le com-
mencement n'aurait pas été communiqué à l'audi-
teur ou au lecteur. Et j'ai dit dans mon cœur : que
faire de la vie? lamabt. Méd. ii, t9. || 6° Et cxtera,
et les autres choses, et le reste, et tout ce qui s'en-
suit. Par abréviation on écrit etc. Que lui-même [le
juge] il chante après boire, La liberté, la gloire, et
castera, bérang. Vendanges. || S. m. Le signe qui
représente cette expression. Un et caetera. Des et
caetera. ! Proverbe. Dieu nous garde d'un quipro-
quo d'ajwthicaire, et d'un et caetera de notaire,
parce que les quiproquos d'apothicaires empoison-
nent et que les et caetera de notaires engendrent
les procès.
— REM. 1. La règle est que, et joignant deux ou
plusieurs substantifs, le verbe qui s'y rapporte,
se mette au pluriel. Cependant on peut quelquefois,
quand ce ne sont pas des noms de personnes, se
soustraire à cette règle, soit que l'on considère les
mots ainsi joints comme un seul sujet, soit qu'il y
ait licence poétique. Ce grand homme [Moïse] a
écrit les œuvres de Dieu avec une exactitude et une
simplicité qui attire la croyance, boss. Hist. ii, 3.
On dit que ton front jaune et ton teint sans couleur
Perdit en ce moment son antique pâleur, boil. Lutr.i.
Quel nouveau trouble excite en mes esprits. Le sang
du père, ô ciel, et les larmes du fils? hac. Mithr.
V, 5. La sagesse et la pitié du souverain peut faire
toute s«ule le bonheur des sujets, mass. u" dim.de
carême La tenoresse et la crainte Pour lui dans
tous les cœurs était alors éteinte, volt. Henr. m.
L'univers, medis-je, est un tout immense dont toutes
les parties se correspondent; la grandeur et la sim-
plicité do cette idée éleva mon âme, Thomas, Éloge
de Marc-Aurèle. \\ 2. La régularité veut qu'avec e«on
ne change pas de construction et qu'on ne dise pas
par exemple : Saint-Louis aimaitlajustice et à chan-
ter à la chapelle. Cette règle n'est pas de rigueur,
du moins avec la conjonction que; et les exemples
suivants sont très-bons. Pour moi qu'en santé même
un autre monde étonne. Qui crois l'âme immortelle
et que c'est Dien qui tonne, boil. Sat. i. Vous-
même de vos soins craignez la récompense, Et que
dans votre sein ce serpent élevé Ne vous punisse un
jour de l'avoir conservé, bac. Andr. i, 2. || 3. La
versification regarde comme un hiatus la rencontra
de et devant une voyelle et la rejette; ce qui est
une très-grande gêne. Pourtant cette rencontre n'a
rien de dur à l'oreille, et les poêles auraient bien
dû suivre l'exemple de Régnier, qui met sans scru»
pule et devant une voyelle. U va comme un ban-
quier en carrosse et en housse , réonier , Sat. ji,
[II] Peut autant qu'autre prince et a trop de moyen .
ID. ib. III. La Fontaine aussi en a des exemples : Le
juge prétendait qu'à tort et à travers On ne saurait
manquer condamnant un pervers, Fabl. u, 3.
Il 4. Dans des membres de phrase mis en corres-
pondance par des adverbes comparatifs , on ne
met pas et devant le second : Plus je le vois, plus ja
l'aime. Et n'est de mise que quand, au lieu d'une
seule proposition il y en a plusieurs : Plus je la
vois et plus je le fréquente, plus je l'aime. Cepen-
dant la suppression de Yet n'est pas d'absolue
rigueur, et dans des phrases de ce genre il s'em-
ploie souvent par pléonasme : Plus je vous en-
visage. Et moins ja me remets, monsieur, votre
visage, RAC. Piotd. u, 4. || 5. Les grammairiens
donnent pour règle de mettre ni, non pasel, dans
les propositions négatives, et et, non pas ni, dans
les propositions affirmatives; et ils blâment les au-
teurs qui ne se sont pas conformés à cette règle.
Elle est sans doute bonne à suivre en général ; pour-
tant, comme le remarque M. Lemaire , il n'y a là
rien d'absolu, et c'est la pensée qui doit domi-
ner l'expression. Ainsi, cette phrase de la Bruyère :
Il n'est rien que les hommes aiment mieux et qu'ils
ménagent moins que leur propre vie, ch. u, vaut
mieux avec et qu'avec ni, demandé par quelques
grammairiens. En contre-partie, ce passage de Boi-
leau : Défendit qu'un vers faible y pût jamais en-
trer. Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer.
Art p. II, est critiqué, et l'on veut substituer et à
ni, sous prétexte que la phrase est affirmative;
mais, avec des verbes à signification négative, la
disjonctive ni répond mieux à la pensée. || 6° Et, au
xvii' siècle, se mettait sauvent où nous mettons ehl
Et bien I
— HIST. IX* s. Pro Deo amur et pro Christian po-
blo. Serment. ||x*s.E si distrent [et ils dirent ainsi],
Fragm. de Valenc. p. 467. ||xi" s. Il en apelet e ses
dux e ses contes, Ch. de Jioi. ii. || xii's. Sis [siles]
acouplons deux et deux as chevaus, Ronc. p. 160.
Il XIII* s. Dame, ce respont Berte, et je les amerai
Berte, vii Si tost qu'il eut lavé [qu'il se fut lavé],
Et no François en ont le messagier mené, ib. Lxvii.
 ardoir [elle] fut jugée, et par droit jugement [et
ce fut justice] , ib. xcv. || xv* s. Je ne vis oncques deux
meilleures dames ni de plus nobla condition, ni na
verrai jamais, et vesquisse mille ans, FR0iss.n,iii,
32. Nostre maistre et bienfaiteur et prince digne,
COKM. Prol. La plupart des gens taschent à leur
complaire [aux princes] et à leurs complexions et
conditions, id. ib. || xvi* s. L'Escriture a coustuma
de leur reprocher qu'ils ont cœur et cœur, c'est à
dire le cœur double, calv. Instit. 4032. Ils ne doi-
vent pourtant faire escarmouche, et [ni] n'entre-
prendre d'y mettre ordre, id. ib. 42)0. Puisque vous
le voulez, et moi aussi [je le veux bien], dit Lon-
garine, marg. Nouv. lviii. Sans contention et [ni]
artifice, mont. Au lect. p. xi. Mes défauts s'y liront
au vif, et ma forme naïfve, id. ii». Aprez qu'il se fust
rendu etsatronppe, id. i, 26. Etquoy! s'il t'eust
commandé de mettre le feu en nos temples T m. i,
213. Nous osons à cette heure et parler et escrire,
id. II, 42. Adono se prirent les Athéniens à luy dire
tout hault : « Et que n'y vas tu donc toy mesme?»
AMYOT, JVictas, 4 2. Le et caetera des notaires ne sert
qu'à ce qui est de l'ordinaire des contrats , lot-
sel, 368.
— ÉTYM. Provenç. et; espagn. et ital. e; du latin
et; grec, ts.
ÉTABLAGE (é-ta-bla-j') , s. m. Ce qu'on paye
pour la place d'un cheval, d*un bœuf, etc. dans une
étable, une écurie. || Terme de charron. Entre-deux
des limonières d'un avant-train ou d'une charrette.
HIST. XYi* s. Ceste chose ne vaut pas l'esta-
blage [est de peu de valeur], ocdin, Dict.
— ÉTYM. Étable 4.
4. ÉTABLE (é-ta-bl'), t. f. || 1' Logement où l'on
met les bestiaux. Étable à porcs, à brebis, et, plus
particulièrement, dans le langage ordinaire, loge-
ment du bœuf. Parmi ces gens, un gros valet d'é-
table, RÉGNIER, Sat. x. Christ, qui fut homme et
Dieu, naquit dans une étable, rutr. St Genett, ii,
1.'...v
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•/la MiMm Ooma»«« » ^»m»<>r,oi le premier
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irirti* »«r«il de p«Mer huit
lotie Ui Vi.W.» d-.AUKm», éuUo» s. encombrée»
^Lier que ce fut un de, iravau» d Hercule de
ZoeMf';»* ««■ «<"" '^''•••''«''. et arw. affaire»
îmbrou.ll«e. et ujalhonnêie». || Kig. Il leur faut une
éMlile k Part, M dit de gens hargneux, lia* Terme
d'»»l:unomie. l'eiiie conslellaUon «nuée «u cœur
du Cancer.
— (ilST. im* ». Car h tart comcnce à fermer S es-
Ubla eil qui a pcnlu Son cheval.... Lai du trot. Car
la je reconnoii devant justice que j'ai le ceval
d'aucun en m'ettable, je doi» estre tantost contrains
tu rendre, bbaum. xxivii, 2. || xv ». Conseil I re-
pondit l'archevcque; beau nepveu, c'est trop lard;
»ou» voulez dure l'esUble quand le cheval est perdu,
Kiioisii. u, m, »<.||xvi' 8. Il n'est iioint convenable
3ue le sanctuaire auquel il habite, soit infecté d'or-
ure comme un estable, calv. Intlit. 636. i ceste
heure un enfant ne sçauroit eslre huit jours marié
qu'il ne vueille incontinent faire estable à part.
lANOUE, 48. Il ne faut point se desmembrer de la
(Ocielé civile, et faire un estable et vie à part pour
mieux vaquer [à la contemplation], ID. 612. Là jet-
tera on le* fumiers à mesure qu'on les sortira des
«stables, o. de serres, 24. On juge un cheval non
•eulement i le veoir manier sur une carrière, mais
encore àluy veoir aller le pas, voire et à le veoir en
repos à l'estable, mont, i, 376.
— ETY»I. l'icard, fta/e, elave , elaule; Berry,
étoule,élaiUe; wallon, tlâf; provenç. estahle, s. m.;
espagn ettablo ; du hi. stahulum, do Jlare, être
fixé (voy. ester). Élable se disait de l'écurie ; au
XVI* siicle, on le faisait souvent masculin.
a. ËTADI.E (é-ta-bl'), ». m. Terme de marine.
Continuation de la quille d'un vaisseau depuis l'en-
droit où elle commence à se courber. || S'aborder de
franc étable, se dit de deux galères ou vais.seaux
qui s'approchent en droiture pour s'enfoncer par
leurs éperons.
— CTYN. Anglo-sax. ttefn; isl. ttefen; danois,
ttav; allem. Stab, bAton. l'I s'est introduite dans
le mot probablement par assimilation avec élable i.
ÉTABI.R, ÊK (é-ta-blé, blée), port, passé. Des
b(rHr< (tiiMi^K à l'aise.
fiTABLEK (é la-blé), v. a. Loger dans une éta-
ble, une éeurio. Élabler des moutons.
— IIIST. XI' 8. Les di^mulez fit Charles eslabler,
Ch. de Uol. XI. Il xni* s. OiI*nt 11 ceval estable sont,
Puerre et avaine II plenté ont, FI. et Bl. I24i.
Il XV s. .... La viUe fut si nettement arse que il ne
demnura oncque» pour establer ni loger un iSieval,
noiss. II, lii, e>.
— F.TYM. Lat. stabulare, de stabulum, étaWe.
4. ftTABLI, lE (é-ta-bli, blie), part, pa-tsé d'élii-
iilir. Il !• Fixé et assis. Des fondements bien établis.
Il Par extension. On ne reste point toute la journée
établi sur une chaise, on se livre à des jeux d'exer-
cice, on va, on vient, j. j. rouss. Leil. d d'Alemb.
Imaginet-vous qu'elle est établie dans ma chambre.
et qu'elle m'attend pour me prêcher, oknlis, Thédt.
fidve. Daiiffrt du monde, m, S. || Kig. Afin que
votre foi ne soit pas établie sur la sagesse des hom-
mes, mai» eiir la puissance de Dieu, saci, Ilibir,
St l'aul, «"^p. aux Cor. ii, 6. Sur tant de fonde-
ments sa puissanre établie Par vous-même aujour-
d'hui ne peut être alTaibhe, bac. Bri/. iii,3. Sur
d'éclatant» succès m.i piiis.sancn établie A fait jus-
qu'aux deux mers respecter Alhalie, in. Ath. il, 6.
Il Le gouvernemont établi, le gouvernement cpii. au
moment où l'on parle, a le pouvoir. || i' Institué.
Obéir aux puissances établies. Qu'il devait l'ordre et
la protection h ce peuple, qu'étant établi pour le gou-
verner, il l'était aussi pour le secourir, et que la
vie ne lui était pas plu» précieuse que son devoir,
VlEcil. duc de Konlausier. On aime àéfonlir ailleurs
ce qu'on trouve établi chez soi, «onteso. Eup. xix,
«. Il S* Reçu, admis. Une croyance établie dans
le» eaprits. Selon toutes les apparences, la pensie
du poison était établie dans son esprit [de Miidame{;
et. vjyanl que les remèdes avaient été munies, elle
ne 8onji>aii|ilu» à la vie, W delà eayktte, llisl.
iltnr d'Ang. CK-.uitm, t. m, p. 175, dans pouoens.
L» témoignage de ceux qui croient une chose déji
*l«|.lie n'« point de force (lour l'nppuyer; mais le té-
««"gnagfl de ceux qui ne la croient pas a de la force
»p'>U détruire, niNTEs Uratles, 1, ». Il est gé
" • Îl»"' *""'''' '^'^^ "' peuple» que les occupa
•» «éd^nuite»
ne convipnnent qu'aux femme»,
KATRAt.. ;/«!. pK,l. xni, to. Il Eiint établi que!
idm^Unt que, I, pemuasion iUnt que.... Ils flei
ÉTA
Komaiiis] avaient porté les choses au point que les
peuples étaient leurs sujets; étant éubli que c'éuit
assez d'avoir oui parler d'eux pour devoir leur être
soumis, mohteso. Ilom. 6. || 4* Posé comme dé-
montré. Des principes établis par une solide argu-
mentation. Il Question bien, mal établie, question
dont le sens est exactement, inexactement déter-
miné. L«8 questions bien établies sont des ques-
tions résolues, condill. Œuvres, t. m, p. is, dans
poiJGENS. Il 6* Oui a du crédit, de la faveur. Etre
établi à la cour. Vous êtes trop bien établi dans
mon cœur, lesage, Turcaret, m, 6. || Il se dit aussi
de choses qui ont du crédit. Une réputation bien
établie. La vérité est si obscurcie en ce temps et le
le mensonge si établi que.... pasc. dans cousm.
Il i6° Oui a une position fixe dans la société, une
profession, un méiier. Je suis jeune, éiabli, j'ai
quelque rang, du bien, dancourt, UmeArtus, i,
3. 11 n'est pas permis fen Kussie] à un bourgeois
établi de passer dans un cloître, volt. Charles XII,
I. Il Marié. U est tout naturel, lorsque l'on est jolie,
Jiiune, de souhaiter de se voir établie, colun
d'iiauleville, Optimiste, iv, B.
2. ÉTABLI (é-ta-bli), s. m. Sorte de table longue,
étroite et épaisse sur laquelle les menuisiers, les
serruriers, etc. fixent les pièces auxquelles ils tra-
vaillent. Il Table ha,ute sur laquelle les tailleurs tra-
vaillent, les jambes croisées.
— llIST. xiu* s. Nus menesterieus du mestier
dessus dit (tailleur] ne puet lever establiede ci donc
que li meslre qui gantent le mestier aient veu et
regardé s'il est ouvriers soufisant de coudre et de
taillicr, iiv. des met. Ui. || xvi* s. Ils feirent un
amas de bois autour de ce corps, des tables, bancs,
establis et barrières qu'ilz alloient arracher çà et
là par la place, amtot, César, »7.
— ÊTVM. ^«obJt 1.
ÉTABLIR (é-ta-blir), v. a. || 1° Asseoir et fixer
une chose en quelque endroit, l'y rendre stable.
Etablir les fondements d'un édifice. || Fig. Etablir
sa réputation, sa renommée, ô malheureuse fille,
Sur qui j'établissais l'espoir de ma famille, botrod,
Antig. :v, ï. Quelque temps devant la dernière dé-
solation de Jérusalem, Solon, l'un des sept sages,
donnait des lois aux Athéniens, et établissait la li-
berté sur la justice, BOss. Hist. i, 7. Achevons son
repos pour étabhr le mien, rac. Alex, m, 7. Hélas!
nous espérions.... Que sur toute tribu, sur toute
nation, L'un d'eux établirait sa domination, id.
Athal. I, 1. Non, vous avez trop bien établi ma
rti.sgrâce, m. Brit. m, 5. || Bien établir sa for-
tune, son crédit, les rendre assez solides pour qu'il
ne soit pas facile d'y porter atteinte. || Absolument.
La violence abat, la douceur établit. || 2° Installer,
placer, mettre. On établit des boutiques sur le champ
de foire. Établir un camp. Etablir une machine, la
construire et la mettre en état de fonctionner.
Il Fonder. Etablir une imprimerie, une fabrique.
Il Pratiquer, disposer. Etablir des étapes sur une
route, une croisière devant un port, une corres-
pondance entre deux villes, une communication
entre deux points. || 8° Mettre à demeure en un
certain lieu. Les Phocéens établirent dans la Gaule
une colonie qu'ils nommèrent Marseille. Psammé-
tique, qui devait son salut aux Ioniens et aux Ca-
riens, les établit dans l'Egypte, fermée jusqu'alors
aux étrangers, boss. Hist. I, 7. || Mettre en un
logement. Dans un an j'ouvrirai la porte condamnée,
et je l'établirai dans son nouvel appartement, gen-
Lis, Ad. et Théod. t. III, p. 202, dans pougkns.
Il II se dit somblablement des choses. Etablir sa
demeure en un certain endroit. Constantin établit
le siège de l'empire à Constantinople. || 4° En termes
de guerre, poster d'une façon stable. Il établit son
aile droite sur un bon terrain. || 6» Instituer,
pourvoir d'une fonction. Il établit des juges d'une
probité reconnue. Etablir un magistral dans une
charge. || Etre établi juge de certaines affaires, en
être constitué juge. || S'établir une espèce de juri-
diction, d'empire, etc.se faire une espèce de juri-
diction, d'empire. || On le dit de même des choses.
Établir un gouvernement, une administration, un
péage. La loi qui établit cette nouvelle magistrature
fut appelée la loi sacrée, et ce fut là que commen-
cèrent les tribuns du peuple, BOSS. Hist. I, 8. Les
rois furent bannis [de Kome|, et l'empire consu-
laire fut éubli suivant les projets de Servius Tul-
lius, iD. ib. Servius Tullius, successeur de Tarquin,
établit le cens ou le dénombrement des citoyens
d.stribué» en certaines classes, par où cette grande
ville [Home] se trouva réglée comme une famille
particulière, id. i, 7. || 8* Mettre dans un état, dans
un emploi avantage;», dus une condition fixe. Il a
lîrrA
IV
bien établi tous ses enfants. Je n'en parle pas dans
mon intérêt; car,Dieu merci, j'ai déjà établi mes
petites alfaires, mol. l'Amour médecin, m, i. Il
est vrai qu'il a établi sa famille, SÊV. *(8. || Etablir
un jeune homme, lui procurer un établissement,
une profession, un métier. || Etablir une lille, la
marier. || 7" Mettre en crédit, en faveur. Ses al-
liances i'éiablireiit à la cour. Ce livre l'a bien
établi dans I opinion publique. || 8° U se dit en par<
lant des doctrines, des lois, des devoirs, etc. Eta-
blir la foi chez les infidèles. Établir l'ordre. Rome,
toujours ennemie du christianisme, fit un dernier
effort pour l'éteindre et acheva de l'établir, boss.
Hist. I, (0. Nous lui avons vu dire, du commun
consentement de tout le parti, que la supériorité du
pape était un grand bien pour l'Eglise, qu'il la
faudrait établir si elle n'était pas établie, id. Var.
xiii, § 8. Il On a établi que, c'est-à-dire c'est une cou-
tume reçue que.... On a sagement établi que ceux qui
ont un commandement un peu étendu ne soient atta-
chés à aucun corps de milice, montesq. Esp. v, 18.
Il 9° Démontrer. Établir une vérité, une proposition
de géométrie. Etablir des principes, les poser.
Etablir un fait, l'exposer avec ses preuves. La rai-
son sur laquelle il établit sa pensée, pasc. Prov.
4. Ils pes incrédules] n'ont rien ; ils n'entendent
rien; ils n'ont pas même de quoi établir le néant
auquel ils espèrent après cette vie; et ce misérable
partage ne leur est pas assuré, boss. Anne de Gcm.
Moi-même du forfait j'établirai la preuve, H. j.
ciiêN. Tib. m, 3. Il Etablir l'état de la question, la
question, bien faire comprendre de quoi il s'agit.
Il Etablir un compte, la balance d'un compte, faire
un état de ce qui est dû. || 10° Terme de construc-
tion. Etablir les bois, faire une marque sur les
bois, à l'endroit où doit se donner le trait du
scie, afin de guider l'ouvrier qui doit les débiter. On
dit de même établir les pierres. || Etablir une ar-
moire, une bibliothèque, ta faire. || En imprimerie,
établir tant de feuilles sur un ouvrage. || 11° Terme
de marine. Etablir une voile, la déployer, l'orienter.
Il Établir un navire, en disposer convenablement
toutes les parties pour la marche ou pour la sia-
tion. Il lî* S'établir, v. réfl. Fixer sa demeure er
un lieu. Ils se sont étabhs en province. Une par-
tie de ces peuples que Josué chassa de leur terra
s'établirent en Afrique, boss. llist. ii, 3. De quel
droit les Français, portant partout leurs pas. Se
sont-ils établis dans nos riches climats? volt.
Tancr. I, i. || Fig. Etablissez-vous dans la charité ;
c'est le seul moyen de trouver la vérité, mass. Myst.
Incarnat. \\ 13" Prendre place à demeure pour un
temps plus ou moins long. U s'est établi dans mon
cabinet. 11 s'établit sans façon au coin du feu. Le
roi vint s'établir auprès d'elle et lui prodigua les plus
tendres soins, genlis, ilfme de Maintenon, L a,
p. 225, dans pouGENS. Deux officiers s'étaient éta-
blis dans un des bâtiments du Kremlin; de là leur
vue pouvait embrasser le nord et l'ouest de la ville:
vers minuit une clarté extraordinaire les réveilla.'
SÉGUR, Hist. de Napol. viii, 6. || 14° S'affermir. Et,
sous un faux espoir de nous mieux établir, Ce renfoit
accepté pourrait nous affaiblir, corn. Sert, i , 2. Pen-
dant qu'Asaraddon et les Assyriens s'établissaient
si puissamment dans la grande Asie, les Mèdes
commençaient aussi à se rendre considérables,
Boss. hist. i, 7. Il Prendre position. L'ennemi s'éta-
blit solidement sur la rive gauche du fieuve.
Le soir, ils [les Russes] s'établissaient de bonne
heure dans une bonne position, ne laissant sous les
armes que les troupes absolument nécessaires pour
la défendre, tandis que le reste se reposait et dor-
mait, SÉGUR. Hist.de Napol. vu, 2. || 15° Gagner
faveur, confiance. C'est sa destinée de se pi-rdre
dans votre esprit, en croyant toujours s'y éta-
blir, GENLIS, Thédt. d'éduc. Méchant pur air, iv, 4
Il 16° Se faire un état, une position. N'avoir pas
de quoi s'établir convenablement dans le monde.
Pour s'établir dans le monde, on fait tout ce qu'on
peut pour y paraître établi, la rociiee. ifor. 66,
Il Se marier. 'Vous êtes trop jeune pour vous éta-
blir. Je cherche à me venger, vous, à vous éta-
blir, corn. Sert. V, (. Il 17° S'instituer, se consi-
dérer comme. S'établir juge des actes d'autrui.
Il 18* Etre établi. Cette idée s'est établie sur toute
la terre. Expression qui aura peine à s'établir. Puis-
que toutes ces choses s'établissent par la volonté des
hommes et qu'elle.' sont le sujet ordinaire sur lequel
ils exercent leur liberté, boss. Libre arb. s. Un
compte s'établit entre les deux colonies, batnal,
Hist. phil. XIV, 30. Il Impersonnellf ment. Il s'établis-
sait peu & peu parmi eux l'opinior que.... Il s'éta-
blit dès ce jour entre eux la liaison la plus intime
ÉTA
»1 en appaience la plus philosophique, iiarmontel,
Cont. moraux, Serup. || 19» Terme de mer. S'éta-
blir, s'affourcher pour séjourner sur une rade.
— HIST. XI' s. Naimes li dux puis establist la
quarte [la quatrième troupe], Ch. de Roi. ccxvu.
Il XII' s. X bataille establie, Ronc. p. 28. Tele leis
volt li reis en sun règne establir. Th. le mart.
67. Il xni' s. Puis en fut la pais si et faite et esta-
blie. Bette, tt. X cest conseil [ils] se tiennent,
ainsi fu establis, ib. lixv. [Une chapelle] Que her-
mite jariis y orent establie, ib. cix. Sunt en terre
eslabli li juge Porestre deffense et refuge i cel cui
li monde forfet, la Rose, B48.1. Les cozes qui sont
establies à Diu servir, si ne doivent en nule ma-
nière estre mises hors de mains à cix [ceux] qui
sont eslabli h fere le service nostre Segneur, bbaum.
XII, 47. Chi [ici] commence li quars capitres qui
parole des procureurs el des establis pour autrui,
ID. 7B. Le roy el le conte d'Anjou, qui puis fu roy
de Cécile, furent establiz à garder l'ost par devers
Babiloine, JOINV. 222. || xiv s. Le jw^e est comme
droit animé et vivant et establi pour fais selon les
lois et non pas selon son opinion, oresme, Elli.
462. Il xvi* s. Avoir un but estably, mont, i, 32.
— ÊTYM. Provenç. establir, stablir ; espagn. es-
tablecer; \ta\. stabiiirei du latin fictif ifabitescere,
de stabilire, de stahilis, stable (voy. ce mot).
ÉTABLISSEMENT (é-ta-bli-se-man) , s. m.|| 1° Ac-
tion d'établir, d'instituer, de fonder. L'établisse-
ment d'une fabrique, d'un tribunal. Il n'y a rien de
plus absurde que de dire qu'il [Dieu] ne se mêle
point du gouvernement des peuples, de l'établisse-
ment ni de la ruine des États, Boss. Lib. arb. 3.
L'établissement de Carthage est attribué à Elissa,
princesse tyrienne, plus connue soirs le nom de Di-
don, BOLLIN, Hi.<^t. anc. (MMvres, 1. 1, p. 233, dans
pouGENS. Il Par extension. L'établissement d'une
doctrine. L'établissement du christianisme. Il doit à
(■(•t ouvrage l'établissement de sa réputation. || i° Ré-
sultat de l'action d'établir; la chose même qui est
établie Tout établissement Vient tard et dure
peu, LA FONT. Fabl. xi, 8. L'établissement de Car-
thage dans son pays était moins solide que celui de
lîotne dans le sien, montesq. Rom. 4. || Fondation
d'un ordre social ou politique. Établissement poli-
tique, religieux. L'établissement impérial, en par-
lant de l'empire romain. || 3° Lieu où une personne
fixe sa résidence, le siège de ses affaires. || Kraisd'éta-
blissement, frais qu'on fait pour s'intaller en un lieu,
en une profession. || Familièrement. Faire son éta-
blissement, s'arranger quelque part pour y rester à
demeure. Ah! voici nos sacs; allons, faisons notre
établissement, genlis, Thédt. d'éduc. Dangers du
viande, in, 3. ||4° Il se dit dans un sens analogue
de colonies qui se fixent en une contrée. Environ
deux siècles après la guerre de Troie, une colonie
de ces Ioniens fit un établissement sur les côtes de
l'Asie, dont elle avait chassé les anciens habitants,
BARTHÉLÉMY, Anach. ch. 72. Il II se dit aussi du pied
que prennent en une contrée une nation, un prince,
un gouvernement. L'établissement des Européens
dans les Indes. Mérovée y fit [dans les Gaules] un
plus solide établissement, boss. Hist. i, 4i.||Le
lieu même occupé, avec ses dépendances. Les éta-
blissements des Anglais dans l'Inde. || 5° Ce qui sert
essentiellement à l'exercice d'une profession, d'un
métier. L'atelier d'un menuisier est son étaiilisse-
ment. || 6° Se dit de toute espèce de fonds de com-
merce, quelle qu'en soit l'importance. || 7" Terme
de guerre. Action de se poster. L'établissement de
l'ennemi sur un point qui menaçait nos communi-
cations. Il L'établissement des quartiers, la distribu-
tion des troupes dans les cantonnements. || 8" Em-
ploi, charge, ou avoir qui fait que l'on est établi
dans la société. Il lui fit un grand établissement
malgré la jalousie des satrapes, boss. Hist. i, s.
C'est un hymen qui fait votre établissement, mol.
Femm. sav. m, 8. ?'allait-il appuyer une prétention
raisonnable,... procurer un petit établissement? elle
était toujours prête, fléch. Mme de Uontausier. Il
[Mazarin] lui fit épouser Hortense, la plus belle do
ses nièces, et disposa, en sa faveur, de tous les éta-
blissements qui dépendaient du roi, de la même
manière qu'd disposait de son propre bien , M""* nE la
FAYETTE, lUst. d'Uenr. d'Anglet. Œuvres, t. m,
p. 73 , dans poiiOENs. Pour élever mes enfants dans
les sciences qui feront un jour leur établissement, la
8RDY. x. Ils osent honorer le mérite dénué de grands
établissements, m. viii. Chacun se souvient assez
de tout ce que son établissement lui a coûté à faire,
ainsi que des discours qui lui en ont frayé le che-
min, iij. ib. Il y a un sentiment de servitude à courir
pour son établissement, in. iv. Il ne doit point vou-
ÉTA
loir donner à son élève un établissement au-dossus
de son rang, j. i. bouss. Ém. v. || Action de procurer
emploi, charge ou avoir. Il s'est donné beaucoup
de peine pour l'établissement de ses enfants. || Ma-
riage. Et je cours sans regret à mon bannissement.
Puisque j'en vois sortir ton établissement, COKN. Mé-
dée, m, 3. Ma fille désormais ne peut plus espérer
d'établissement, lesage, Crispin rirai de son maî-
tre, se. t7. Il Ce père a été heureux dans l'établisse-
ment de ses filles, c'est-à-dire il les a bien mariées.
Il 9" Exposé, preuve. L'établissement d'un fait, d'un
droit. Il Terme de pratique. Établissement de pro-
priété , analyse des titres en vertu desquels les
parties contractantes possèdent un bien cédé.
il Partie des actes qui contient cette analyse.
Il 10° Fondation faite en vue d'un service public.
Les hôpitaux et autres établissements de charité.
Les collèges, les pensions et autres établissements
d'instruction publique. Mme de Maintenon alla se
promener à un village ici auprès, oii elle fait un
établissement de charité (9 sept. t68B), dangeao,
I, 219. Il [le cardinal de Fleury] donna tous ses
soins à faire revivre, à mettre en exécution, ou
à perfectionner les étabUssements utiles, mairan,
Éloges, Card. de Fleury. Il se logea auprès du Jar-
din du roi, le seul établissement public où l'on en-
seignât alors à Paris ce qu'il désirait savoir [les
sciences physiques], condorcet, Duhamel. Con-
server les hommes, veiller sur leurs jours, écarter
d'eux les horreurs de la misère, est une science si
peu approfondie que même les établissements qu'ils
semblent avoir faits pour remplir cet objet, produi-
sent l'effet opposé, raynal, Hist. phil. xii, 4. || Éta-
blissement public, fondation civile ou religieuse qui
a pour objet l'utilité matérielle ou "morale du pu-
blic, et qui est instituée ou reconnue par l'État.
]] Établissements publics, édifices élevés aux frais du
public et destinés à certains services; tels sont les
églises, les hôpitaux, les musées, les casernes, etc.
11» Usine, siège d'exploitation industrielle. Cette
fabrique est un bel établissement. || Etablissements
dangereux, ceux où l'on a à craindre des explosions;
tels sont ceux où l'on fabrique la poudre. || Etablis-
sements insalubres, ceux qui répandent des exha-
laisons nuisibles. || Établissements incommodes, ceux
qui répandent de mauvaises odeurs, ou qui font un
bruit désagréable et persistant. || 12° S. m. plur.
Les Établissements de saint Louis, recueil de cou-
tumes fait sous ce roi. Qu'est-ce donc que cette
compilation que nous avons sous le nom d'Etablisse-
ments de saint Louis? qu'est-ce que ce code obscur,
confus et ambigu où l'on mêle sans cesse la juris-
prudence française avec la loi romaine? montesq.
Esp. xxviii, 38. Il 13° Terme de marine. L'établisse-
ment du port, ou l'établissement des marées, l'in-
dication de l'heure de la haute mer, le jour de la
nouvelle et de la pleine lune, dans un certain port.
Il 14° Terme de charpenterie. Action de faire le
choix du bois et d'en tracer les coupes et assem-
blages. Il S. m. plur. Marques des menuisiers pour
distinguer une pièce d'avec une autre.
— HIST. XII' s. Li lai [les la'iques] volent tenir lur
establisement E lur us, si cum orent devant els lur
parent, Tk. le mart. 29. Lai [laisse] ester autrui
dreit, ce qu'à autrui apent : Ne chalengier [dispu-
ter] à Deu sun establisement: De Deu as poesté e
tun corunement, ib. 76. Leis, droitures ne jugemenz
Ne autres establissemenz Ne tendront mais.... be-
noît, Chr. de Norm. 26683. || xui' s. Li establisse-
ment que li rois font por le commun porfit doivent
estre gardés par la porveance des baillis, beaum. 42.
Précieuse chose et digne est de plorer le trespasse-
ment de ce saint prince, qui si saintement et loia-
lement garda son royaume, et qui tant de bêles au-
mosnes y fist, et qui tant de biaus establissemens
y mist, joiNV. 303. Premièrement eslabli un gêne-
rai establissement sur les subjez par tout le royaume
de France, ID. 294. || xV s. Et ne rompirent point
leurs ordonnances ni l'establissement de leurs ba-
tailles jusques après prime, fboiss. i, i, 44.
— ÊTYM. Établissant; espagn. eslablccemiento.
f ÉTACISME (é-ta-si-sm') , s. m. Terme de gram-
maire grecque. Prononciation du Téta grec comme
un « ouvert, par opposition à itacisme, ou pronon-
ciation de Fêta comme un », qui est celle des Grecs
modernes.
— ETYM. 'HTa, nom de l'u).
ÉTAGE (é-ta-j'), *. m. || 1* Proprement séjour,
station. || Terme de droit féodal. Lige étage, ou, sim-
plement, étage, obligation des vassaux liges de rési-
der un certain temps chei le seigneur, afin de le dé-
fendre. || 2° Par extension de l'idée de demeure,
espace entre deux planchers, formant un ou plusieurs
ÉTA
1509
appartementsde plain-pied. Je me brisai hier d'une
chute sur l'escalier, je roulai tout un étage, mari-
vaux. Je Legs, se. 44. || Maison à un étage, maison
qui n'a que le rez-de-chaussée. || Le premier se dit
de celui qui est au-dessus du rez-de-chaussée, et
ainsi des autres. Elle fuit, et, de pleurs inondant son
visage, Seule pour s'enfermer vole au cinquième
étage, BOiL. Lutr. ii. Le cardinal Dubois, arrivé
comme lui [le cardinal de Fleury] au ministère su-
prême, et parti de bien plus loin, s'écriait souvent
dans l'amertume de ses dégoûts : Je voudrais être à
un cinquième étage avec une vieille servante et quinze
cents livres de revenu, d'alemb. Art. du cardinal
Dubois, Œuvres, t. x, p. 97, dans pougens. Leste
et joyeux je montais six étages; Dans un grenier
qu'on est bien à vingt ans I bérang. Crcn.|| Com-
munément on sous-entend le mot étage, et l'on dit
le premier, le second, le troisième, etc. || Étage
souterrain, les pièces en contre-bas du sol. || Étage
carré, celui où il ne paraît aucune pente de comble,
comme un attique. {| Étage en traletas, étage pra-
tiqué dans le comble. || 3° Par analogie, il se dit des
choses disposées par rang les unes au-dessus des
autres. Deux étages de redoutes. Il suffit que cet
arbre ait un seul étage de bonnes racines, c'est-à-
dire qu'il y ait des racines sortant tout autour du
pied, de sorte qu'il n'y en ait point de beaucoup
plus hautes ni de beaucoup plus basses que les au-
tres, LA QuiNTiNYE, t. I, dans RICHELET. Je coupais
les cheveux du jeune homme par étages, et tout allait
le mieux du monde, lesage, Estev. Gonzales, ch. I.
||X double étage, à triple étage, se dit de ce qui pré-
sente deux, trois dispositions en étage. Une coiffure
à triple étage. Il avait pris pour ce voyage Sa calotte
de maroquin ; Et cette loupe à double étage Dont il ne
vit jamais la fin. Ornait le haut de son visage, ciiau-
LiEO, ^p<t. de M. d'Hamilton.\\ Par extension, i
triple étage, de haute taille. Sur l'animal à tripla
étage [un éléphant] Une sultane de renom, Son
chien, son chat et sa guenon. Son perroquet, sa
vieille et toute sa maison. S'en allait en pèlerinage,
LA FONT. Fabl. ■VIII, t6. || Fig. C'est un fou, un sot
à triple étage, il est fou, sot au dernier point. || 4° Il
se dit des différents plans d'un terrain qui monte.
Un étage de collines conduisait à la montagne. De
colline en colline et d'étage en étage Les monts,
dont le miroir fait onduler l'image. Descendent jus-
qu'au lit des mers, lamart. Harm. i, lO. j] 5° Dans
le style badin, sillon qui ])artoge le menton chez les
personnes très-grasses. Son menton sur son sein
descend à double étage, boil. Lutr. i. Et ton men-
ton, l'honneur de ton chapitre. Aura bientôt deux
étages de moins, volt. Ép n. || S" Fig. Rang, con-
dition. Us [les dieux] descendent bien moins dans
de si bas étages [le vulgaire]. Que dans l'ame des
rois, leurs vivantes images, corn. Hor. m, 3. Il
tutoie en parlant ceux du plus haut étage, mol.
Uis. n, 5. fNaiure] que sa mortalité avait relé-
guée au plusbas étage de l'univers, boss. iii,.4n-
noiic. 2. Et [de mauvais poètes] , fiers du haut étage
où La Serre les loge, Avalent sans dégoût le plus
grossier éloge, boil. Épit. ix. Le duc de Biron, le
marquis de Castries, et quelques autres du môme
étage composaient sa société, marmontel, Mém. iv.
Il 7° Degré, espèce, genre. 11 y a des esprits de tout
étage. Piller maison, brûler villages, Faire serments
de tous étages, scarron, Yirg. y. Mon.sieur, dans
la faiblesse duquel il y avait bien des étages, retz,
III, (53. Mon Dieu! que votre esprit est d'un étage
basi MOL. Femm. sav. i, I. C'est un haut étage de
vertu que cette pleine insensibilité où ils veulent
faire monter notre âme, m. Préf. de Tart.
— HIST. XI* s. Il me suirat ad Ais à mon estage,
Ch. de Roi. xiii. En un emplain [plaine] il ont pris
lur estage [poste], ib. ccxxvi. Il XII' s. Lorsque [je]
la vi, lui laissai en hostage Mon cuer, qui puis i a
fait lonc estage, Coud, xix. Demain les ferai pen-
dre par dessus cest rivage. Ou saillir de la tour du
plus hautain estage, Sax. xxvi. Si, come li murs
monta et ces treis estages par trible entravure de-
visa, si que l'entravure le temple traversa. Rois,
246. Une vis [escalier] par unt l'un muntat à l'es-
tage meien et d'iluo al suverain i^au plus haut], ib.
p. 247. E se tu vols parler de mun povre lignage. Des
citehains de Lundres fui nés en cel estage. Th. le
mart. 87. || xiii' s. Et n'i avoit si haute tour qu'il
n'i feissent deus estages ou tro'r de fust pour plus
haucier, villbh. ci. Par dessus monte une fontaine
De ci qu'amont al tierc estage, FI. et Bl. <**»
Il XV' s. Un hault siège de l'estage [taille] d'un
homme, Percefnrest, t. ii, f° 39. || xvi' s. Quiconque
.a le sol appelle l'estage du rez de chaussée d'aucun
héritage, il peut et doit avoir le dessus et dessouz
1510 ETA
. ^-i« «laof ; »nc. caUl. eilalge; ital. slag-
r/d W o^rroliro ^.^m (ce que prouvent
Q do pror.,>çal et le W de l'.Ulicn qu. r6pon-
den? ..1 lâlin alicus), de /(«■<■, êlre debout, être
(lie (TOT. MTm). etiage signifiait étage, station
debout, résidence, position, nrag (Toy. siaoe).
ÉTAOÉ, ÊE (4-ta-jé. je»). P<»«- V<"'*- H ** «""8*
en éuge. Trois Tilles élagées, Galat», Constanti-
nople et ScuUri, chateaob. /(m. n, «o. Que la Tille
éugte en long amphithéâtre.... v. nuGO, Feuillet
daut. i. Il 2' Terme d'histoire naturelle. Superposé
fuivanl un cerUin ordre. Le blé.... reçoit du ciel
dans ses feuilles éugées de lonK» fileU d'eau, bebn.
Dg st-pikhrï, Harm. i, Tabl. géntr. || La queue
des oiseaux est étagée, lorsque les plumes arrivent
à des longueurs différentes, comme dans les per-
ruches, les aras, les faisans.
t ÊTACEMENT (é-la-je-man) , i. m. Disposition
de ce qui est étage.
fiTAGRR (é-ta-jé. Le g prend un e devant o ou o ;
j'étageais, nous étageons), «. a. Disposer, tailler
par étages. Il lui faut étaler les cheveux. || Terme
militaire. Étager des redoutes, disposer des redoutes
les unes au-dessus des autres. || S'étager, v. réft.
Être rangé comme en étage. Les maisons s'étagent
lur ta colline, tes troupe» s'élageaient sur la hau-
teur.
— mST. XVI* s L'aage trompeur malheureux ,
Oui Tient sur l'homme se panchcr , Tourne la roue
et la Tie, Or l'estageant au plus hault mal, Or l'a-
baissant au profond val Et la plus ténébreuse envie,
LOTS LE CAROt<, Poétiet, I* *», dans lacubne.
— ETYM. Étage.
t IÎTAGRre (é-ta-jê-r'), f. f. \\ 1* Dressoir, meu-
ble composé de tablettes disposées par étages.]] 2° Une
tnbletto dans un dressoir, dans une bibliothèque.
Il 3* Petit meuble ayant des planches superposées
horizontalement, sur lesquelles on pose certains ob-
jets dont on se sert jou.'cellement, ou bien de jolies
choses comme bijoux, objets d'art, petites porce-
laines. |] 4* Elévation graduée sur laquelle on range
les briques et les tulles.
— ETYM. Étager.
ÉTAI (é-tÎ!), ». m. Il !• Forte pièce de bols qu'on
emploie pour soutenir un mur qui menace ruine,
une construction qu'on reprend en sous-œuvre.
Mettre un étai, des étais. I] Terme de bla.son. Voy.
ÉTAiE. ]| Fig. L'émission d'assignats, en même
temps qu'elle est un étai moral et infaillible de
notre réTolution.... bibabeau, Collectinn, t. iv,
p. «7. Il î" Terme do marine. Gros cordage qui sert
à soutenir les mSIs d'un navire contre les efforts
qui pourraient tendre à les renverser de l'arrière
vers l'avant. Il Faux étai, cordage qu'on ajoute sur
les mâts majeurs et sur ceux de hune, pour doubler
et soutenir l'effort d'un étai.
— mST. XV* s. Nous savons bien que nous vous
avons si estreints et si menés que nous vous aurons
quand nous voudrons; car votre forteresse ne git
que sur estais [elle était minée], fboiss. i, i, 242.
— ETYM. Espagn. estay; du flamand slaede, stage,
appui.
t ÉTAIE (é-tê), ». f. Terme de blaiîon. Chevron
qui n'a que la moitié de la largeur ordinaire. Il porte
d'or k l'étaie de gueule.
— BTYll. C'est la forme féminine de étai.
i ÊTAILLISSAGE (è-ta-lli-sa-j', «mouillées),
». m. Terme rural. Action de couper les pousses les
plus faibles d'un taillis pour faire profiter les autres.
— ETYM. É pour et.... préfixe, et I<u7/t».
ËTAIH (é-tin), ». m. Sorte de longue laine qu'on
a (kit passer par un peigne ou grande carde. Lors-
que cette Uine a été filée et qu'elle est bien torse,
on lui donne le nom de fli d'étaim.
— HiST. xm* s. X Paris j'emportoie chaume,
busche et estain, Berte, lixjii. || ivi* s. Et ne sau-
roit on dire qu'il se soit emeu jamais débat en une
maison entre le mari et la femme i raison de la
trame et de l'esUim, aktot, Que la vertu t* peut
apprendre, 2.
— ETYM. Lat. ttamen (voy. bstame).
BTAIN (é-tin), ». m. Métal d'un blanc grisâtre
pu» dur mau moins pesant que le plomb, ductile
et oxydshie, pesant 71»», et faisant entendre un
Pl e en différent» sens. V«iMi.1i« H'i..in k.;ii.. a-a
«»'n l.'étain dan
M» »cns. Vaisselle d'étain. Cuiller d'é-
briïlaii .„r I ."l,"' ''"P' '•*" '«"P' "18 nos pères]
ÏÏns 1^ .ïi^lT >«foï«r.;l>.rgent e'tl'or étaient
OMS IM ooffn». i* ,noT. vu. ]) L'éUin en petit cha-
KTA
peau, l'étain le plus estimé (ainsi ditde sa forme, et
qui Tenait du Pérou); l'étain en rature, ou rature
d'étain, étain neuf sans alliage, en petites b.indes
trés-minces, Dict. des arts et m. Potier d'élnin. Ce
sont d'anciennes dénominations. Il Etain de glace,
ancien nom du bismuth. || Potée d'étain, deu-
toxyile d'étain. || Ëtain oxydé, un des noms de la
cassitérite.
— HIST. XIII* s. Il lor convint mettre jujques as
calices, et canterent lonc tans en calisces d'estain,
Chr. de Raint, p. 68. Droiz dit que tels hom ne doit
vivre, Ou'on voit pour femme fol et ivre, Tantqu'il
fait de son or estain. Clerc de Kotidrat. || xiv* s.
Vaisselle d'estain : dix douzaines d'escuelies, six dou-
zaines de petits plas, Ménagier, ii, 4. || xv* s. Mars
pour le fer, et pour l'estaia Entendons Jupiter le
sain, LA FONT. 417.
— ETYM. Provenç. eslaing, estanh; espagn. es-
taûo; ital. stagna; du latin stagnum, supposé àcAté
do tiannum, en raison de stagneus, siagnatus, qui
appartient à l'étain; stagnum répond seul aux mots
romans (stanrium aurait donné s(anno).
ÉTAL (étal), ». m. |11* Anciennement, table sur
laquelle un marchand met en vente sa marchandise.
....De faire construire et édifier.... halle, bancs,
élaux et autres choses nécessaires pour loger les
marchands et leurs marchandises, Lett. pat. juill.
(810. Il 2* Aujourd'hui, en un sens particulier,
sorte de table sur laquelle les bouchers débitent
les viandes. || Boutique de boucher. Ce boucher a
plusieurs étaux. || 3° Terme de pêche. Table sur la-
quelle travaillent les décolleurs et les trancheurs de
morue.
— HIST. XI* s. Nous remaindron en Testai [debout]
en la place. — Tour vostre amour ici prendrai estai
[position], Ch. deRoi. clvii. || xii* s. Les deux piez
[il] joint, si saut en son estai [sur son siège, sa
seUe], Bonc. p. I44. Dune s'en revont al rei cil dui
riche vassal; E li sainz arcevesques parti de son es-
tai, Th. le mart. 46. Li prélat deivent ostro li plus
espirital: Ne deivent chanceler pur rien de lur estai;
ib. 74 . Là où partout [parlait] al rei saint Thomas
achevai; De qiiisse en quisse sist, sovent changot
estai [changeait de position]. L'une quisse en la
selle e l'altre contreval, ib. ( 14. || xm* s. Car aussi
com quant est li pors [sanglier] Eschauffés des
chiens par effors. Et il à tous estai leur livre. Tant
que les pluiseurs à mort livre, IH. et Jeh. 43CO. Li
talemelier [boulangers] puent au dimanche porter
leur pain en leur corbaillons, et porter leur estai ou
buffez ou tables, por tant que li estaus ne soit plus
loncs que de cinq pies, Liv. des met. 18. Quant
aucuns hons qui vent denrées à estai ou à taverne,
beaum. XL, 2t. Et cil à cui fu commandé, As estaus
del bourcsont aie; Chars [chairs]! acatent [achètent]
des plus cieres [chères], FI. et Bl. t243. || xiv* s.
Et ainsi est apporté le corps du beuf à Testai, Mé-
nagier, II, 6. ||xv' s. Ils se relrairent, et là rendi-
rent estai [tinrent bon] tous les chevaliers, combat-
tant jusques à tant que leurs gens furent entrés à
sauveié, fboiss. i, i, )77. Il fut appointé qu'il iroit
Devant Testai d'ung rotisseur.Et de la chair marchan-
deroit, villon, Repues franches. || ivi's. La veille de
Pasques il y a un marché de lard à Paris, qui se tient
au parvis Nostre-Dame, où tous les maistres chair-
cutiers de Paris y ont des estaux, o. db serbes,
83g.
— ÉTYM. Bourguig. rtou; wall. sta; provenç. es-
tai, estau, place, séjour; anc. espagn. estalo; por-
tug. eslôo; ital. stallo ; de Tanc. baut-allem. stal,
lieu clos et couvert; angl. »(o/J, établi; hoU. stael.
Comparez Tallem. stellen, placer, et le grec otsX-
Xeiv, disposer.
Etalage (é-ta-la-j'), ». m. || l* ExposiUon de
marchandises; les marchandises étalées. L'étalage
d'un marchand. Sans néanmoins qu'ils puissent
avoir des cuisiniers chez eux, étalage de viandes,
loger, ni tenir chambres garnies, Décl. du roi, 2»
nov. t680. |] Par extension ....On vit un étalage
De corps sanglants et de caraage, la font. Fabl.
II. 3. Il 2* Droit d'étaler. Payer l'étalage. || 3* Fig.
et familièrement, grande toilette. Quel luxel quel
étalage! Le voilà bien parél ma foi, c'est grand
dommage Que vous ayez ici perdu votre étalage I
GRESSBT, Méch. IV, 6. Si mes paons de leur beau
plumage Me font admirer les couleurs, Je crois voir
nos jeunes seigneurs Avec leur brillant étalaîjB , volt.
*p. 107. Il 4* Montre, faite avec ostentation, de ce
qu^on est ou de ce qu'on a. Ces emplois singuliers
qu'on se choisit soi-même Doivent fuir avec soin
de paraître au dehors; L'étalage les perd... cobn.
Imtt. 1, t». S'en tenant à cet étalage d'éloquence,
hamilt. Gramm. ». Tout est écrit d'un style simple et
concis, dont toutes les paroles signifient, et qui n'a
ÉTA
pour but que l'instruction sans étalage, PONTEt.
Auy»cft. Je sais ce que vous m'allez dire, la Grèce,
TAsie, la Perse, tout cela est d'un bel étalage, id.
Alex. etPhryné. Les Esséniens étaient vertueux pour
eux-mêmes; ils ne faisaient aucun étalage, volt.
Phil. III, <4K. Quand j'aurai tout dit, j'aurai fait
l'étalage d'un vrai pédant, J. J. Bouss. Ém. m.
Tout cet étalage de fierté et de noblesse dans le
procédé, n'était donc qu'une vaine démonstration,
MARIVAUX, Marianne, 8* part. Je n'irai point, chan-
geant tout à coup de langage. Seigneur, d'un vain
remords faire ici l'étalage, benj. constant, Wal-
stein, II, 4. Il 5* S. m. plur. Les étalages, la par-
tie la plus renflée dans les hauts fourneaux (mé-
tallurgie).
— HIST. xni* s. Et se il les y porte, ou fait por-
ter, il doit un denier d'estalage tu roy de chascun
estai, Liv. des met. < I3. Les haies et li estalage de
le [la] vile, tailliar, Recueil, p. 3)8.
— ÊTYM. Étaler.
ÉTALAGISTE (é-ta-la-ji-sT) , adj. Qui étale sa
marchandise dans les rues ou sur les places. Un
marchand, une marchande étalagiste. || S. m. et f.
Un étalagiste.
— ETYM. Étalage.
t ÉTALE (é-ta-T) , adj. f. || 1* Qui a cessé de mon»
ter et qui ne descend pas encore, en parlant de la
mer. La mer est étale. || S. m. L'étalé de la marée.
Il 2° Adj. m. et f. Navire étale, navire qui ne va de
l'arrière ni de l'avant. Vent étale, vent médiocre-
ment fort. Cordage étale, cordage qui s'arrête après
avoir filé. Ancre étale, ancre qui s'arrête au fond
Il Terme de pêche. Filet étale, filet sédentaire.
— ÉTYM. Étaler 2.
4. ÉTALÉ, P.K (é-ta-lé, lée), part, patsé d'éU-
1er t . Il 1° Exposé à la vue pour la vente. Marchant
dises étalées. || 2° Exposé à la vue, sans idée de
vente. Tous ces livres étalés là sur ce bureau n'y
sont que pour l'ornement, comme des porcelaine»
sur une cheminée, genlis , Ad. et Théod. t. i,
lett. 33, p. 274, dans pol'gens. || 3* Déployé. Une
grande carte étalée sur le plancher. || Oui occupe
une grande place. Ce vaste empire étalé au nord et
à Test de l'Europe. || Terme de botanique. Se dit
des parties ouvertes, formant un angle presque droit
avec celles d'où elles tirent leur origine. Feuilles
étalées. Étamines étalées. || Tiges étalées, tiges cou-
chées naturellement sur la terre. || 4* Exposé à la
vue, avec éclat, avec solennité. Une croix lumi-
neuse lui p«rut [à Constantin] en l'air devant tout
le monde.... la croix fut étalée comme ta défense
du peuple romain et de tout l'empire, boss. Hist. i,
1 1 . Il Fig. J'ai trouvé votre siège d'Orange fort étalé
[célébré, répandu] à la cour, sSv. 474. Nous trou-
vâmes notre mystère tout étalé [répandu] à Vannes,
ID. 578. Il 6* Dont on fait montre et ostentation. Un
grand luxe étalé dans les cérémonies. || 6* Couché
ou tombé. Etalé sur un canapé. Un patineur étalé
sur le dos.
t 2. ÉTALÉ, ÉE (é-ta-lé, lée), part, passé d'éta-
ler 2. La marée étalée par le vaisseau.
t ÉTALEMENT (é-ta-le-man) , ». m. Action d'éta-
ler. Le suintement et Tétalement de ta lymphe plas-
tique sur une plaie récente.
— ÉTYM. Étaler t.
I. ÉTALER (é-ta-lé), v. a. \\ 1* Exposer pour
vendre. Les marchands étalent leurs marchandises
tes plus nouvelles. || Fig. et familièrement. Etaler sa
marchandise, tirer vanité de ce qu'on sait, de ce
qu'on possède. || Absolument. L'endroit du Pirée où
les marchands étalent, la bhuy. Théoph. xxiii. || Fig.
Le savant qui ne parle que pour instruire les autres,
et qu'autant qu'ils veulent être instruits, fait une
grâce ; au lieu que, lorsqu'il ne parle que pour étaler,
on lui fait une grâce si on l'écoute, fontkn. Loij-
ville. Gens à qui une communion ne coûte qu'une
journée de gêne et de réserve, qui ce joui^là ne
jouent pas, n'étalentpas, ne médisent pas, nes'assem
btent pas, «iass. Avent, Disp. à la comm. || 2* Eten-
dre, déployer. Etaler une carte de géographie. Etaler
une robe. Il étale son cordon bleu ou le cache par
Oiitentation, la bruy. ix. Etalant toutes deux l'or,
la pourpre et l'hermine, delille, Géorg. iv. || Etaler
son jeu, montrer toutes ses cartes. || Disposer sans
ordre, mais de manière à faire voir. Etaler des li-
vres sur un bureau. Il 3" Faire voir, montrer ave«
Tidée d'éclat, de solennité. J'ai horreur de leur in-
famie, car ils étalent ici partout leur mollesse et
leur lâcheté, d'ablabcodrt, Lucien, 1. 1, dans ricbi-
LET. Ainsi [flatteuses voluptés] n'espères pas qu'a-
près vous je soupire; Vous étalez en Tain vos char-
mes impuissants, cobn. Poly. iv, 2. Il (Dieul étala
à son tour des revers équitables. Par qui les grands
sont confondus, id. ib. Celle que j'éula N'est pas
tant qu'il vous semble une vertu brutale, cobn. IVi-
eom. :u, s. Quelque ravage affreux qu'étale ici la
peste.... ID. Ci'd. 1, t. Par ce trait de magnificence
Le prince à ses sujets étalait sa puissance, la font.
Fabl. VII, 7. Elle m'étale avec plaisir toute sa belle
âme, SÉV. 43a. La fortune, trompeuse en toute autre
chose, est du moins sincère en ceci, qu'elle ne nous
cache pas ses tromperies ; au contraire, elle les étale
dans le plus grand jour, boss. 2* serm. pour le
*• dim. de carême, ii. Dans le moment fatal Où
j'étale à ses yeux les pleurs de mon rival , bac. Bé-
rén. iii, 4. Le monde étale des prospérités; le monde
ne fait pas d'heureux, mass. Dauphin. Êgisthe....
Étalerait en vain l'orgueil de sa naissance, volt.
Mérope, i, 3. Un des premiers qui étala dans la
chaire une raison toujours éloquente, fut le P.
Bourdaloue vers 1868, id. Louis HV, 33. Jamais
écrivain n'avait étalé des idées politiques, en prose,
aussi fortement que Corneille les approfondit en
vers, ID. Comment, sur C'mna, n, <. Quand j'étale
à tes yeux ton crime et ma misère, Duas, Othello,
\ m, 6. Il Présenter Le sénat Dont plus de lamoi-
' tié piteusement étale Une indigne curée aux vau-
tours de Pharsale, corn. Pomp. i, \. \\ Fig. En par-
lant de choses qui étalent pour ainsi dire La
perte de sa vie Étalera sa gloire et ton ignominie,
CORN. Cinna, iv, 7. Ce discours vous fera paraître im
de ces exemples redoutables qui étalent aux yeui
du monde sa vanité tout entière, boss. iiejne d'^ln-
glet. Les spectacles pompeux que ces bords nous
étalent, bac. Iphig. i, *. L'Angleterre, si fertile en
beautés, étalait ce qu'elle avait de plus rare dans la
cour du roi, hamilt. Gramm. 8. Le petit terrain où
nous étions étalait les charmes d'un séjour riant et
champêtre, j. i. eouss. Hél. iv, <7. || 4° Il se dit
quelquefois dans le sens de faire paraître sur le théâ-
tre. Ces beautés étaient de mise en ce temps-là et
ne le seraient plus en celui-ci.... elles ont fait leur
effet en ma faveur, mais je me ferais scrupule d'en
étaler de pareilles à l'avenir sur notre théâtre, corn.
Cid, Exam. Voulez -vous sur la scène étaler des ou-
vrages Où tout Paris en foule apporte ses suffrages,
BoiL. Art p. m. Qui sait bien ce que c'est qu'un
prodigue, un avare. Un honnête homme, un fat,
un jaloux, un bizarre, Sur une scène heureuse il
peut les étaler, id. <b. || B" Exposer en un lan-
gage qui fait valoir les choses. Et d'abord leur étale
Tout ce que la faveur départ aux favoris, eégnier,
Sat. XIV Quoi que nous étale un langage si doux,
Elle a tout fait pour elle, et n'a rien fait pour nous,
corn. Rodog. ii, 4. J'ai voulu de Léonce étaler le
courage, in. Hérad. m, 2. Ils tombèrent sur la mo-
rale ; Il n'est pas besoin que j'étale Tout ce que l'un et
l'autre [Hippocrate et Démocrite] dit, la font. Fabl.
viii, 26. Que j'allais à tes yeux étaler de merveilles 1
BOIL. Épit. IV. Je ne me propose pas cependant de
vous étaler ici l'histoire de cet événement, mass.
Avent, Jugement. En vain ta politique Vient m'éta-
ler ici ce tableau fanatique, volt. Fonat. i, 4.
Phénix voulut lui représenter que c'était avilir la
magistrature à pure perte et jeter un comique ex-
travagant sur tout le cérémonial de la cour que
d'aller en grand appareil étaler du phébus à un pe-
tit marmot, avant qu'il le pût entendre ou du moins
y répondre, J.a. rouss. Reine fantasque. Comme un
jour il [Platon I étalait à leurs yeux [des prêtres
égyptiens] les anciennes traditions de la Grèce....
BARTHÉL. Anach. Introd. part u, sect. i". \\ 6° Faire
parade, déployer avec vanité. [Ces secours].... Qu'a-
vec tant de pom|)e à vos yeux elle étale, corn. Ni-
eom.iv, 2. Plus soigneux d'étaler de l'érudition et de
jeter en l'air de grands mots, que de parler avec
précision dans leurs décrets, boss. For. xii, §32.
Jusque-là je vous laisse étaler votre zèle, rac. Iphig.
I, 2. Il 7* Populairement, jeter par terre. D'un coup
de poing il l'a étalé. || 8° S'étaler, v. réfl. Se mon-
trer avec ostentation. Tant sa présomption inces-
samment le presse De venir s'étaler aux pieds de sa
maltresse, scarron, D. Japhet d'Àrm. lu, 2. Mais
on ne peut souffrir ces bruyants téméraires. Sur la
scène du monde ardents à s'étaler, volt, la Vanité.
Il aimait à s'étaler noblement aux yeux des voisins,
j. j. Bocss. Confets. n. \\ Etre montré avec ostenta-
tion. Plus savant que moi , du moins de cette science
qui s'étale, J. i. rouss. Ém. y. \\ 9° S'étendre. S'étaler
sur l'herbe. Il Familièrement, prendre une posture
trop abandonnée. Il ne faut pas s'étaler comme cela
sur son fauteuil. || Populairement. S'étaler, se lais-
ser tomber. Il faisait très-glissant, et il s'est étalé.
Il Se dit des métaux qui s'étendent sur des corps
durs à l'aide de fondants, de mordants. || Être étalé,
déployé. J'ai une grande carte qui s'étale facile-
ment. Son cordon s'étale sur sa poitrine.
ÉTA
— msT. XIII' s. Se vos volés là fors aler En cest
jardin pour estaler [pour vous y tenir], cobt d'art.
Ifs. de St Germain, dans lacubne. || xvi* s. Il fait
soudain ses vaisseaux envoiler, Guinder au mast,
les verges estaler, du bellay, iv, 38, verso. Un
médicament a charge d'aller droict aux reins, sans
estaler ailleurs ses opérations, mont, in, 218. Après
avoir estalé les noms des plus grands Romains, m.
1, 267.
— ÉTYM. .^(ol.
f 2. ÉTALER (é-ta-!é), v. a. Terme de marine.
Étaler la marée, mouiller pendant la marée con-
traire. (1 Etaler un bâtiment, l'égaler en vitesse.
Il Étaler le vent, le courant, la marée, opposer une
résistance égale à leur effort.
— ÉTYM. Étaler en ce sens, c'est ce qu'on disait
jadis faire estai, résister, tenir tête (voy. étal, à
l'historique) : X l'estaler et au poursivre, o. guurt,
t. II, p. 271.
t ÉTALEUR, EUSE (é-U-leur, leû-z'), *. m. et f.
Terme de commerce. Petit marchand qui étale sa
marchandise sur les ponts, dans les rues. Peu usité.
On dit plus souvent étalagiste. || Batteur-étaleur,
sorte d'engin qui sert, après le panier, à compléter
le nettoyage du coton arrivant des îles.
— ÊTVM. Étaler.
i. ÉTALIER (é-ta-lié), s. m. Celui qui tient un
étal au compte d'un maître boucher. Les bouchers,
du nom de ces élaux, s'appelaient autrefois éta-
liers bouchers; mais le titre d'étalier a passé à leurs
garçons et compagnons, et il n'y a plus qu'eux qui
le portent, Dict. des arts et m. Boucher. || Adj. Gar-
çon étalier.
— HlST. xiii* s. Il ne savent oii trouver les ven-
deurs, conporteurs, et einsi perdent leur argent, ce
qu'il ne pourroient faire aus estaliers, Liv. des met.
<39,
— ÉTYM. Étal.
t 2. ÉTALIER (é-ta-lié) , s. m. Terme de pêche.
Établissement de pieux et de perches que l'on fait
au bord de la mer pour tendre des filets; dit parc
sur les côtes de Normandie.
— ÉTYM. ital, dans le sens d'établissement.
ÉTALINGDÉ, ÉE ( é-ta-lin-ghé , ghée), part.
passé.
ÉTAUNGUER (é-ta-lin-ghé^ e.o. Terme de ma-
rine. Amarrer un cable à l'organeau de l'ancre.
— ÉTYM. Espagn. entalingar.
t ÉTALINGCRE (é-ta-lin-gu-r'), s. f Terme de
marine. Nœud qui fixe le bout d'un câble à l'orga-
neau d'une ancre. || Nœud d'un orin sur la croisée
d'une ancre. || Ontrouveaussientalingure,étalingue,
i. ÉTALON (é-ta-lon), î. m. Cheval entier pour
la conservation de la race. L'étalon généreux a le
port plein d'audace ; Sur ses jarrets pliants se ba-
lance avec grâce; Aucun bruit ne l'émeut; le pre-
mier du troupeau, Il fend l'onde écornante, affronte
un pont nouveau, delille, Géorg. m. || Étalons na-
tionaux, étalons qui appartiennent à l'État et sont
déposés dans les haras et dépôts. || Étalons approu-
vés, étalons particuliers qui ont été soumis à l'ap-
probation de l'administration des haras. || Étalons
rouleurs, chevaux entiers que leurs propriétaires
conduisent, à l'époque de la monte, dans les fermes
et les villages, pour la saillie des juments. || Étalon"
d'essai, synonyme de boute-en-train. || Bœuf éta-
lon (locution bizarre, puisque le bœuf est châtré,
mais reçue), âne étalon, le mâle employé à la re-
production et à l'amélioration de l'espèce. || Fig.
et familièrement, homme ardent aux plaisirs de
l'amour. Il croit en venir à bout , s'il peut faire
voir qu'il est bon étalon, d'ablancoubt, Lucien,
dans LE Boux, Dict. comique.
— REM. Ménage et le Dictionnaire de l'Académie
de son temps disent qu'on prononçait ételon.
— HlST. xiii' s. Et s'il eyt nule [jument] qui n'eyt
polein, soit enquis si ce soit par malveise garde ou
par deffaute de viande, ou par deffaute d'estaloun,
Traité d'agriculture, dans Bibl. des chartes, 2" sé-
rie, t. II, p. lit.
— ÉTYM. Berry, atelon; ital. stallone; loi des Vi-
sigoths, equus ods(aJ(um;dubas-lat. statla ouslal-
lum, écurie (voy. estal) : c'est-à-dire cheval tenu
à l'écurie et non soumis au travail, pour être em-
ployé à la reproduction. On trouve dans les langues
celtiques stal, stalan, étalon, mais il parait y pro-
venir du roman.
2. ÉTALON (é-ta-lon), s. m. || l' Modèle des me-
sures et des poids légalement autorisés. Fixer l'éta-
lon d'une mesure. || 2° Terme de construction. Aire
sur laquelle on trace le plan d'un bâtiment. On dit
aussi ételon. || 3° Terme d'eaux et forêt». lioUveau
de l'âga do la dernière coupe.
ÉTA
15H
— HIST. XVI* S. X charge qu'ils seront tenus esta-
lonner les dits bos [bois] de cent estalons [bali-
veaux] en chascun journel bons et souffisans, dd
CANQE, estallus.
— ÉTYM. Bas-lat. ttalo, stallo, dans des texte
du xiH' siècle. Ce mot, qui signifie aussi baliveau,
est le même que l'ancien français estaillon, qui si-
gnifiait un pieu d'un chariot, et tient à l'anciec
haut- allemand stihil, pieu : un bâton ayant été pris
pour étalon des mesures de longueur, et puis, par
extension, des poids. Comparez l'anglais sla»dard,
qui signifie à la fois étalon et étendard.
ÉTAJLONNAGE (é-ta-lo-na-j'), *. m. Action d'éta-
lonner des poids, des mesures.
— ÉTYM. Étalonner 2.
ÉTALONNÉ, ÉE (é-ta-lo-né, née), part, passé
d'étalonner 2. Les marchands ne doivent se servir
que de mesures et de poids étalonnés.
ÉTALONNEMENT (é-ta-lo-ne-man), t. m. Syno-
nyme d'étalonnage. Mesures ordinairement échan-
tillées sur la matrice de bronze.... pour servir d'éta-
lonnement et d'échantils à toutes les mesures. Bâti
Gautier, 6 mars <660.
t * . ÉTALONNER (é-ta-lo-né) , v. n. Terme de
haras. Servir d'étalon.
— ÉTYM. Étalon ( .
2. ÉTALONNER (é-ta-lo-né), p. a. Faire une em-
preinte sur une mesure, sur un poids dont on a
constaté la conformité avec l'étalon. Je vous envoie
quatre pintes, quatre chopines et quatre demi-sep-
tiers, mesure de Paris, qui ont été étalonnés à l'hô-
tel de ville, seiqnelai, aux intendants, m9, dans
JAL.
— HIST. xvi' S. Estaloner les poids et mesures
appartient au seigneur haut justicier, laubiërb,
Gloss. du droit fr.
— ÉTYM. Étalon 2.
ÊTALONNEUR (é-ta-lo-neur), «. m. Celui qui est
préposé à l'étalonnage.
— ÉTYM. Étalonner 2.
ÊTAMAGE (é-ta-ma-j'), s. m. Action d'étamer;
manière dont une chose est étamée. Il faut renou-
veler de temps à autre l'étamage des ustensiles de
cuivre.
— ÉTYM. Étamer.
ÉTAMBORD (é-tan-bor) et aujourd'hui ÉTAMBOT
(é-tan-bo), s. m. Terme de marine. Forte pièce de
bois élevée à l'extrémité de la quille sur l'arrière du
bâtiment. L'étambot sert de support au gouvernail.
Les pièces les plus nécessaires sont les quilles et
étambords^ les quilles et quelques autres sont d'une
telle longueur et grosseur qu'il faut avoir le plus
souvent deux charrettes pour les charger. Arrêt du
Conseil, 25juill. (666. Xla prière Devant et arrière.
Depuis l'étrave jusqu'à l'étambord; Réveille qui dort,
[paroles du mousse à bord des pêcheurs de Dieppe
pour appeler à la prière en commun], lehebicher,
Hist. et Gloss. du normand, l, p. <89. || Faux étam-
bot, pièce de bois qui renforce et soutient l'é-
tambot.
— ÉTYM. Étam pour estant, qui est debout, et le
hollandais bord, pièce de bois; angl. board (voy.
bord).
tÉTAMBRAI (é-tan-brè), s. m. || 1» Terme de
marine. Anciennement, toile poissée qu'on met
autour des mâts, sur le plus haut tillac, de peur
que l'eau ne pourrisse le mât. || 2° Aujourd'hui, ou-
verture pratiquée dans l'épaisseur de chaque pont,
pour le passage des mâts, des pompes, etc. || Pièce
de bois qui sert à arrêter et à affermir le mât.
— ÉTYM. D'après Jal, étancher, et braye, culotte;
proprement culotte qui empêche l'eau de couler
(sous le pont).
ÉTAMÊ, ÉE (é-U-mé, mée), pari, posté. Casse-
roles étamées.
ÉTAMER (é-ta-mé), v. a. Recouvrir la surface
d'un métal d'une couche d'étain. || Étamer une glace,
y mettre le tain.
— UIST. xur s. Ouiconques vuet estre lormiers à
Paris, c'est à savoir feseres de frains et de lorains
[rênes] dorés, seur-argentés , estâmes et blans,
estre le puet, Liv. des met. 222.
— ÉTYM. Élain, par un changement de l'n en m,
comme dans tenimeux, de tienm; génev. tamer ;
wallon, rislainé.
ÊTAMEUR (é-ta-meur), s. m. Artisan qui étame.
— ÉTYM. Élamer. Au iv* siècle on trouve «W-
myer, qui paraît signifier potier d'étain, Ordonn.
<6 mars tins.
1. ÉTAMINE (é-ta-mi-n*), ». f. \\ l' Petite étoffe lé-
gère. U est un art de donner d'heureux tours X l'éta-
mine, à la plus simple toile, QBESSET,Fer(- Fer», ch. 1.
Camelots appelés burats, ou étamine d'Auvergne,
1512
lîTA
.^K."Mun.. J. longueur, <b »» juUl. .780,
•''''•".," Rumine à voile, pour les religieuses;
"^ .,„„r de» voile» flni et fort», ib. Ta-
iL lourt. Une longue robe d'éUmine
«ronUcepour elle [Amélie] les ornemenU du siècle,
cii.tïAU». ««K». W7. Il Terme de marine. Nom dune
i)(off« .1» laine Kk*--» dont on se sert pour faire les
B«irflion«. Il *• Tissu trfcspnu serré de crin , de laine,
etc. Un Wuioir fait d'élamine. ÊUmine de laino, de
«oie. Il Toute pièce d'étoffe qui sert k passer des li-
queur» pour tes filtrer. || 8* Passer par l'étamine,
4lf« eiaminé sévèrement. Tout passait par son éta-
mine, la font. Caud. Tout ce qui s'offre à moi
passe par l'étamine, boil. Sat. th. || Passer par l'é-
Mmine, étreiourai» à des épreuves. Il y avait loin
d'una reine de 4i ans [Anne d'Autriche], fille d'Es-
pa(?iio, qui avait pllo-ménie passé déjà par jilus
H'iine étamine en affaires d'Élat, à M. le duc d'Or-
léans qui n'avait que sa naissance, st-simon, 400,
ail. Il Kn un autre sens. MM. do Vendôme et de
Vaudemont avaient passé par la même étamine
[traitement mercuriel]; Vendôme y a\Bit laissé
presque tout son nez, st-simon, )78, 120. || Acti-
vement, passer par l'étamine, eiaminer. 11 faut
passer ces opinions par l'étamine.
— HIST. XII' s. La couele [capuchon] e l'estamine
out desus cel [eut sous ce vêtement] li ber. Mais de
pan» et de manches les out fait escurter; Car nevoleit
•Isieclesa viedemustrer. Th. le mart. t65. Guillaume
lor seignor à Jloen aporterent ; Du cbief de son
braier une clef dellermcrent. Et cole et estamine et
un froc en osterent, Bomon de ilou, dans lacurne.
Il xiii* s Ains ne cuevre pas le visage, Qu'il ne
vuet pas tenir l'usage Des Sarrasins, qui d'e.stami-
nos Cuev-ent les vis as Sarrasines, la Rose, 21213.
|| XIV" s. pt toutesvoies fist il tant vers l'abbé que
Il enporta une coule et une estamine, BU cange,
rtlame'nha. |{ xv* ». Se estamine n'avez, sacs ou
bluteaux, villon. Ballade. 11 jeûnera ces jours là et
portera l'estamine ou vestirala haire, lechev. de la
IGOR, Ituiruction à tes filles, f «0, dans lacorne.
— ETYM. Dérivé A'eslame ; wallon, «itametnn ;
provenc. eslamenha; catal. estamenya ; esjiagn. es-
lamei'ia; itil. slamigna.
9. GTAHINE (é-ta-mi-n"), ». f. Terme de botani-
que. Organe sexuel mâle des végétaux, composé or-
dinairement du filet qui s'élève du centre de la fleur
et de l'anthère qui termine le filet en forme de pe-
tite tète. Vaillant, à qui M. de Linné accordait le
mérite d'avoir bien décrit le premier les étamines
et les pistils et connu leur usage pour la féconda-
tion des plantes, condorcet, Linné. || Fig. Leurs
mains [des nymphes] vont caressant sur sa joue en-
fantine Dé la jeunesse en fleur la première étamine,
A. cbEk. 08. IfFau.sses étamines, les filets des fleu-
rons stériles dans les composées.
— ETYM. Lat. stamina, filaments.
ËTAMINIER (^U-mi-Dié), i. m. Celui qui fait de
l'étamine.
— ETYM. Étamine t.
t ETAMOIR (é-U-moir) , ». m. Palette de bois
garnie de fer-blanc sur laquelle on frotte le fer
à louder pour en faire l'e.'isai. {{ Ais sur lequel on
attache une plaque de fer où le vitrier fait fondre la
soudure et la poix-résine. Plaque sur laquelle le vi-
trier soude.
t ÉTAMPAOE (é-ian-pa-j'), ». m. Action d'impri-
mer, par une forte pression, un dessin à une plaque
métallique mince, en la frappant fortement entre
deux moules, dont l'un est gravé en creux et l'autre
en relief.
t ËTAUPE (é-Un-p'), s. f. Modèle sur lequel on
frappe do l'argent, ou d'autres métaux, pour y faire
l'empreinte. || Pièce d'acier dans laquelle on creuse
de» moulure» pour les imprimer en relief au fer
rougi. H Outil de .serrurier pour river les boutons.
Il Instrument pour percer le fer. || Pièce d'acier
pour faire des moulures sur les plates-bandes de fer.
!! Poinçon pour former la tête du clou d'épingle.
Il Bloc cubique d'acier à l'usage du graveur de ca-
chets. Il Batte qui sert à pétrir la terre à pipe.
— ETYH. Voy. iTAMPEB.
ftTAMPfi, ÊE (é-Un-pé, pée), porl. passi.
ETAMPER (é-tan-pé), ». o. || !• Terme de maré-
chalerie. Eumper un fer à cheval, y faire les huit
trou» Êtamper gras, percer les trous très-près du
rebord intérieur du fer. Etamper maigre, pratiquer
le» trou» près du bord extérieur. || f Se servir de
leuœpe pour pratiquer diverses opéraUons.
, jE^*"' ^ même que estamper.
élMiM**''*"* '*-«»a-peur), ». m. OuTrier qui
ÉTA
t £TAM1>EUX (é-tan-peû), ». m. Poinçon pour
rendre les paroi? d'une pipe d'égale épaisseur.
t ÊTAMPOIK.(é-tan-poir), ». m. Outil que le fac-
teur d'orgues emploie pour faire prendre en relief
au métal la forme que l'élampe présente en creux.
Il Outil servant à ployer les lames de cuivre pour
faire les anche» de certains tuyaux.
t ÉTAMPDRE (é-Un-pu-r'), ». f. Evasement que
présente l'entrée d'un trou percé dan» une plaque
do métal.
ËTAMDRE (é-ta-mu-r"), ». f. La matière qui sert
à l'élamage.
— ETYM. Étamn.
t ÉTANCK (é-tan-s"), t.f. Terme de marine. Sorte
de soutien. Élances à coches ou à taquets.
— ETYM. Voy. ÉTANÇy.N.
t ÉTANCHE (élan-che), adj. Se dit do ce qui re-
tient bien les liquides. Un tonneau étanche. Une
chaussée élanche. Un navire étanche. || Substanti-
vement. X élanche d'eau, de manière à élancher
l'eau. Entretenir une toiture à étanche d'eau, faire
en sorte que l'eau n'y pénètre pas. || Mettre un batar-
deau à étanche, mettre à sec la partie d'un fossé,
d'un canal qui est close par ce batardeau.
— HIST. XIV* s. Ne n'y peut le sujet faire excluse ne
rigole ne eslanche , que du cours de la rivière elle ne ait
tons jours son droitcours, boutillieh, Somme rural,
p. 429, dans lacurne. |{ Eslanchesou carpieres à gar-
der et nourrir poisson, DU cange, estaiichia.
— ETYM. Voy. ÉTANCHER pour la discussion de
cette difficile étymologie.
ÉTANCUÉ, EE (é-tan-ché, chée) , part, passé.
Il 1" Dont on a arrêté l'écoulement. Des larmes étan-
chées. L'eau que versent mes yeux n'est jamais étan-
chée, malh. vi, 20. || Vaisseau étanche, vaisseau
dont on a bouché une voie d'eau. || 2* Calmé, en
parlant do la soif.
ÊTANCUE.MENT (é-tan-che-man), ». m. Action
d'étancher. l.'étanchement du sang.
— ÊTYM. Étancher.
ÉTANCHER (é-tan-ché), V. a. || 1° Arrêter l'écou-
lement d'un liiiuide. Etancher une source. Des plus
fraîches beautés une foule choisie Vient étancher
leur sans, leur verser l'ambroisie, deljlle, Imag.
VIII. Il Elancher ses larmes, cesser de pleurer. Élan-
cher les larmes de quelqu'un, le consoler. || 2° Terme
de marine. Étancher une voie d'eau, la boucher,
l'arrêter. || 3° Étancher la soif, l'apaiser en buvant.
Dans une extrême disette d'eau que Marc Aurèle
souffrit en Germanie, une légion chrétienne obtint
une pluie capable d'étancher la soif de son armée,
Boss. llist. I, <o. Et de l'eau de ce puits sans re-
lâche tirée. De ce sable étancher la soif démesurée,
BOIL. Épit. XI. Il 4* S'étancher, v. réft. Être arrêté,
en parlant d'un liquide qui coule. Le sang s'est
étanche. Ses larmes se sontétancliées. {| Être apaisé,
en parlant de la soif. La soif de l'hydropique ne s'é-
tanche jamais.
— HIST. XII' s. Se jà vos plaies se pourront es-
tanchier, Itonc. p. »7. E jo i lèverai un altel à nos-
tre Seignur, si estancherad à tant la murine [mor-
talité] el'ocùsion, Jlots, 219. Il xui's. Qui sa soifen
puisse estanchier , la Rose, cou. Tant que j'en
soie si venchiés. Que lor orguex [leur orgueil] soit
estanchiés. Ou qu'il seront tuit condampné , «6.
16086. Dont li fu ses chevaus devant lui amenés,
Grans ert [était], fort et isniaus, Baiars fu apelés,
Aine ne pot encore estre estanchiés ne lassés, Ch.
d'Ant. v, 643. Ilxiv s. Car la mortalitez des boces
[bubons pestilentiels] Qu'on apeloit épidémie, Estoit
dupaisestanchie, Et que les gens plus ne moroient,
MACHAUT, p. 76. Si le sans i commence à courre, il
est à paine estanchié, H. de mondeville, f" 4o. [Le
sang] Moût petit apriès estanca, j. de condet, v.
3«4. Il XV' s. [L'écuyer anglais] savoit paroles pour
«itancher [il s'agit d'une blessure], kroiss.ii, ii, 85.
Netrouveroit qui sa fainlui eslanchast, Lancelotdu
Lac, t. m, f"93. Il XVI' s. Et qu'ainsi soit en ce val
misérable Je.sus mourut pour la guerre estancher, j.
marot, v, 203. La risée en alla incontinent demain
en main en la plus part du camp, et ne se pouvoit
pas Hannibal mesme estancher de rire, amïot, Fab.
31. Il en sortit du sang en si grande abondance
que l'on ne le pouvoit estancher, id. Agés. 46.
Disant ces paroles, elle fondoit en larmes, de
telle sorte qu'on ne la pouvoit estancher, pas-
OUIER, Recherches, p. 52e, dans lacl'rnk. Pour
m'e-stancher de ce long discours [y mettre un terme] ,
ID. 16. p. 7J4. Ceulx especialement qui avec Bertrand
chevauchoient eurent du mal à foison; car il che-
vaucha SI fort qu'il eslancha [fatigua] soubzluydeux
bons chevauU, mkhard, Uist. de du Gucscl. p. m,
dans LACotNB.
ÉTA
— ÉTYM. Wallon, titancM, ttanehi; provenç. e»-
tatitar, estanquar; espagn. et portug. e»(anrar,
ital. ttancare. Estancher signifie dans l'ancien fran-
çais : fermer une plaie, faire cesser l'écoulement
(Lors respondi la dame franche, Qui del plorer e»-
tcil estanche, Grég. le grand, p. 76), abattre l'or-
gueil, faire cesser une mortalité, fatiguer un che-
val, apaiser la soif; l'e-spagnol estancar signifie
arrêter le cours; l'italien sii,'nifie lasser, manquer,
s'épuiser; le provençal signifie élancher, rassasier.
Diezle tire du latin stngnare, être stagnant, auqi.e'
le sens actif d'empêcher l'écoulement a é'é donné,
et qui a pu prendre le sens figuré de fatiguer (en
italien). H nous paraît plus vraisemblable de propo-
ser un autre sto.r/iiare ou sfannare qui veut dire res-
serrer, d'où faire cesser soit un écoulement, soit
toute autre chose; le sens provençal de rassasier
s'en déduit facilement; et c'est de ce sens que vient
étancher la soif. Celui de lasser soit dans le français
soit dans l'italien est beaucoup plus obscur; il
semble pourtant que estancher, de la signification
de faire cesser, est passée à celle de lasser, parce
que la la.ssitude fait cesser l'action à laquelle on se
livrait. L'expression mettre à bout ne représente-
t-elle pas quelque chose d'analogue?
f ÉTANCIIOIR (é-tan-choir), ». m. Couteau pour
introduire de l'étoupe entre des douves mal jointes.
— ÉTYM. Étancher.
ÉTANÇON (é-tan-son), ». m. Pièce de bois qu'on
met pour soutenir un mur ou des terres minées.
Il Terme de paumier. Tringle plate de bois de tilleul
dont est garni le manche de la raquette. || Terme de
marine. Kom de pièces de bois posées debout, sous
les baux, et qui servent, pendant que les vaisseaux
sont amarrés dans les ports, à les soutenir et à en
diminuer la fatigue. || Terme d'imprimerie. Pièce de
bois servant à maintenir la presse inébranlable dans
sa manœuvre.
— HIST. xiii* s. Ly carette d'estanchons de set
pieds ou de huitjusjuesà onze pieds doit un de-
nier, TAILLIAB, Recueil, p. 4"0.||xiv'8. Et vault
mieulx tendre rois [rets] à fourches que aux eslan-
çons pour trois causes.... Modus, f° XLVii.|jXY' s.
Et quand ils retournèrent dans la douce Escosse, ils
trouvèrent tout le pays détruit; mais les gens du
pays n'en faisoient nul compte et disoient que sur
six ou huit estançons ilsauroient fait tantoàt nou-
velles maisons, froiss. ii, ii, 238.
— ÉTYM. Wallon, ttansnn; de l'anc. fr. estance,
appui, soutien (comp. estancia), de l'ano. verbe
estant, qui se tient (voy. ester).
ÉTANÇONNÉ, ÉE (é-Un-so-né, née), part.passé.
Mur élançonné.
t ÉTAiyÇO\NEMENT(é-tan-so-ne-man), ». m. ko
tion d'étaiiçoiiner; résultat de cette action.
— HIST. XVI" s. Estançonnement, oudin, Dict.
— ÉTYM. Étançonner.
ÉTANÇONNER (é-tan-so-né), ti. a. Soutenir par
des élançons. || Fig. Les ducs de Chevreuse et de
Beauvillier étançonnaient leur amitié fugitive (de
Chamillartet de Desmarets],etse portaient pour mi>-
dérateurs entre eux, st-simon, 22(, 251.
— HIST. xv's. Ils prirent leurs lances, et se feri-
rent sur les targes si grands horions que les chevaux
estançonnerent [s'arrêtèrent], froiss. m, iv, 42.
Il XVI' s. Il donna l'avis d'eslançonner la grosse
tour de quatorze gros chesnes.... le feu mis à
la mine ne peult emporter que la moitié de la tour,
à cause desdits estançons, cauloix, ii, t6.
— ÉTY.M. Étançon; wallon, stansoné, Oitanceiter.
ÉTANFICUE (é-tan-fi-ch'), s. f. Hauteur de plu-
sieurs lits de pierre qui font masse ensemble dans
une carrière.
— HIST. XI V s. Le moulin à vent et tout ce qui
se meut et tourne à celui moulin est meuble; et
tout ce qui ne se tourne, c'est à .savoir l'estache du
moulin, l'eslanfique et croix qui le porte, tout ce est
héritage, boutiluer. Somme rural, p. 43i, dan»
LACUnNE.
— ÉTYM. Estant, debout, et fiche.
ÉTANG (é-tan; le g ne se prononce jamais, même
devant une voyelle; Chiffiet, Gramm. p. 213, le re-
marquait pour le XVII' siècle; au pluriel, l's sehe:
des é-tan-z agréables) , ». m. || 1' Amas d'eau rendue
stagnante par la direction du terrain ou par des
écluses. Pour qu'au loin il abreuve Le sol et l'habi-
tant, l.e bon Dieu crée un fleuve; Us [les gouver-
nements qui prohibent] en font un étang, bêrano.
Conireb. || Étang salé, étang communiquant avec U
mer. || i' Ré.servoir où l'on trempe les enclumes que
l'on vient de forger.
— HIST. xiu' s. En estans d'ave* Un stagna aqtta
rum], Ptautier, f 134.
ETA
ETA
ÉTA
1513
— ÉTYM. Provenç. estane , estaynch , estanh,
f»auc ; catal. estany ; espagn. estanque; port, tan-
gue; ital. stagna; du latin stagnum, étang.
t ÉTANGDE (é-tan-gh'), ». f. Terme des motl-
Tiaies. Nom d'une grande tenaille, qui sert à tenir
les flans et les carreaui.
— ÊTYM. liai. stanga;Ae l'ancien haut-allem.
stanga; allem. Slange, perche : ce qui est composé
de deux perches ou branches.
1. ÉTa.VT (é-tan), part, présent du verbe être.
t 2. ÉTANT (KN) (é-tan) , loe. adv. Voy. en étant.
t. ÉTAPE (é-ta-p'j, s. f. || 1° Anciennement, nom
donné aux places publiques, où les marchands
étaient ohligés d'apporter leurs marchandises pour
les y mettre en vente. L'étape est belle. L'étape des
vins est considérable. Nulles personnes, de quelque
qualité et condition qu'elles soient, ne pourront
faire magasins ou étapes de vins en leurs châteaux,
maisons de champs et villages, lièglemenl du 6 mars
4i;3,s. Il 2° Ville, localité, comptoir, où il y a entre-
pôt et commerce d'échange. Alexandrie étant deve-
rue la seule étape, celte étape grossit, montesq.
Fsp. XXI, <6. Dans la faiblesse de l'empire, les bar-
)>ares obligèrent les Romains d'établir des étapes et
rie commercer avec eux; mais cela même prouve
que l'esprit des Romains était de ne pas commercer,
m. ib. XXI, (5. On arrivait à Mu?,iris, première étape
des Indes, et de là à d'autres ports, id. ib. xxi, 9.
Il Terme de marine. Endroit d'un port où les mar-
chands apportent leurs marchandises. Peu usité.
Il 3° Fourniture de vivres, de fourrages qu'on fait
aux troupes qui sont en route. Recevoir son étape
en argent. La fourniture des étapes dans toutes les
villes et lieux sujets au passnge des troupes.... les
adjudicataires généraux de la fourniture des étapes
f.t les étapiers particuliers seront exempts, pour les
vins qu'ils fourniront à l'étape seulement, de tous les
droits d'octroi. Arrêt du conseil d'État, tsdéc. 4 708.
Il Magasin où l'on met les vivres destinés aux troupes
qui passent. Le roi ordonnait dans l'ordonnance
du 19 novembre 1549 que les troupes de passage
ne pussent s'approvisionner de vivres qu'à l'étape.
Il 4° Lieu où lies trouiies en marche s'arrêtent pour
passer la nuit, ainsi dit parce que c'était là qu'on
fournissait l'étape. Arriver à l'étape. Quand vous irez
à votre régiment, n'oubliez pas mon petit château
qui est votre étape, volt. Lett. la Villerieille, 20
déc. I7b». Il Brûler l'étape, ne pas s'arrêter à l'é-
tape. On a dit autrefois dans le même sens faire
cuire l'étape. || Par analogie, brûler l'étape se dit
des voyageurs qui ne s'arrêtent pas au lieu ordi-
naire. Je pris la résolution de brûler l'étape de ***
et de passer tout droit, j. j. rouss. Conf. vi. || La
distance entre deux étapes. Cette étape est longue.
Il Dans le langage familier, les soldats comptent par
étapes les marches qu'ils ont à faire. Il y a tant d'é-
tapes de Paris à Lille. || Fig. Faire une bonne étape,
faire une bonne partie d'un travail. || 5° Par exten-
sion, lieu où l'on s'arrête dans le cours d'un dépla-
cement successif , tel que colonisation , acclima-
tement, etc. Une plante peut-elle, par des étapes
successives, passer des pays chauds dans les pays
tempérés? || Fig. Les étapes de l'humanilé, de la
civilisation.
— HIST. xv s. Le maistre de l'estaple des laines
[entrepôt] de toute Angleterre, froiss. ii, ii, 22.1.
(I xvi* s. Le roy Loys vint jusqu'en leur estappe Les
assomer, heureux est qui esohappe, j. marot, v,
(39. Il faut six ou sept jours à déloger, à faire cuire
du pain, ordonner aux commissaires des vivres de
faire leurs estapes, et le chemin qu'il faut tenir,
Castelnau, 143. Allegans que ceulx d'Athènes leur
avoient défendu leurs ports, leurs estappes fleurs
marchés], et tout commerce et trafic es lieux de
leur obéissance, amyot, Péric. 58. Hannibal n'avoit
pas auparavant une seule ville, une seule estappe,
ny un seul port en Italie, id. Fab. 36.
— ÊTYM. Bas-latin , stapula; du germanique : flam.
ttaptl, entrepôt; angl. staple; danois, stabel, amas.
Ontrouvedans Palissy, p.3l6, cifape pour pieu ;c'est
un autre mot dérivé de l'allemand Stab, bâton
(voy. étable 2).
i 2. ÉTAPE (é-ta-p') ou ÉTAPLE (é-ta-pl'), s. f.
Sorte d'enclume de cloutier.
— ÉTV.M. Même dérivation que ilape 1.
ÉTAPIKR (é-ta-pié), s. m. Celui qui e.st chargé
d<! l'ournir l'étape ou provisions aux gens de guerre
qui passent. Droglio proposa d'obliger toutes les villes
qui sont sur le passage ordinaire des troupes, de con-
struire des casernes pour les loger et des magasins
fournis pour leur usage , moyennant quoi plus de
coûtes, d'étapiersnidemagasiniers,ST-siM. 483 264.
— ETYM. Étape.
UICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
t ÉTAPLIAU (é-ta-pli-6) , s. m. Chevalet sur lequel
l'ardoisier s'assied dans la carrière.
— ETYM. Môme dérivation que étape t.
t ÉTARQPE (é-tar-k'), aiij. Terme de marine.
Haut, tout à fait hissé. Ne s'emploie qu'avec le
nom d'une voile.
— H!ST. XV* S. Bennucq se retira en l'estarge
[place, rang, hauteur] qu'il avoit conquis sur Bla-
ncs, pour livrer estai à ceulx qui jouster vouldroient,
Perceforest, t. i, f" 149.
— Etym. Origine inconnue.
t ÉTARQUER (é-tar-ké), V. a. Terme de marine.
Hisser une voile, de manière que les ralingues en
soient très-tendues.
ÉTAT (é-ta ; le ( ne se lie pas dans le parler or-
dinaire; Chifflet, Gramm. p. 217, dit qu'il ne se
pronorce jamais, même devant une voyelle; au
pluriel, l'î se lie: des é-ta-z enrichis par le com-
merce, les Ê-ta-z unis; cependant l'ancienne pro-
nonciation, celle qu'on a pu entendre dans la bouche
des vieillards était é-ta unis; étals rime avec las,
appas, etc.), s. m. \\ 1° Manière d'être, fixe et du-
rable. On entend ici par le mot de bonheur un état,
une situation telle qu'on en désirât la durée sans
changement; et en cela le bonheur est différent du
plaisir qui n'est qu'un sentiment agréable , mais
court et passager, et qui ne peut jamais être un état,
fonten. Bonh. Œuvres, t. m, p. 247, dans pou-
gens. Il L'état de nature, par opposition à l'état de
société, se dit de la vie des hommes sauvages ou
des hommes supposés dans l'état d'isolement. Se-
lon le philosophe de Genève (.1. J. Rousseau], l'état
de nature est un état de paix; selon le philosophe de
Malmesbury [Hobbes], c'est un état de guerre, Di-
derot, Opin. des anc. philos, (hobbisme). || Terme de
théologie. État d'innocence, l'élat auquel le premier
homme aété, avant le péché, dans une connaissance
parfaite et dans un amour actuel de Dieu, sans concu-
piscence. Il Ëtat de grâce, de péché, état de l'âme
reconciliée , non reconciliée. |{ Terme de ju.rispru-
dence. État des personnes, l'ensemble des qualités
juridiques d'une personne, de ses droits et de ses
obligations. || Qualité à raison de laquelle une per-
sonne exerce un droit ou accomplit une obligation.
Etatde mineur, de femme mariée. || État civil, condi-
tion d'une personne dérivant des actes qui constatent
les rapports de parenté, de mariage, et les autres
faits de la vie civile. Actes de l'état civil, registres
de l'état civil, actes, registres qui constatent l'état
civil des personnes. Officier de l'état civil, fonc-
tionnaire chargé de tenir les registres de l'état
civil. Il Question d'état, contestation dans laquelle
on révoque en doute la filiation de quelqu'un ,
ou son état et ses capacités personnelles. || Élat de
prévention , état de l'inculpé contre lequel la
chambre du conseil de première instance a déclaré
qu'il y a lieu à suivre. État d'accusation, état du
prévenu contre lequel la chambre d'accusation a
prononcé le renvoi à la cour d'assises. |j Terme
d'astronomie. État du ciel, disposition où se trou-
vent les astres les uns à l'égard des autres dans un
certain moment. Il Terme de marine. État absolu,
différence entre l'heure donnée par le chronomètre
ou montre marine et l'heure du lieu que l'on consi-
dère; on en déduit la détermination de la longitude:
Il En physique, manière d'être de la matière pon-
dérable, qui se présente sous trois formes : l'état so-
lide, l'état liquide et l'état gazeux. || Terme de chimie.
État naissant, état dans lequel des substances, se
dégageant de combinaisons, naissent pour ainsi dire
et sont aptes à en former de nouvelles. |j Terme
d'arts. État d'une gravure, tirages d'une même
planche aux divers degrés d'avancement de l'œuvre.
L'artiste, à chaque phase de son travail (trait, pre-
mières tailles, travail à l'eau forte, pointillé, tra-
vail à la roulette), fait tirer une épreuve pour se
rendre compte de l'efTet; ces épreuves sont néces-
sairement très-rares, et de plus attestent d'une fa-
çon irrécusable le rang de chacune dans le tirage
général. || Terme de médecine. L'état d'une maladie,
le point où, cessant de croître, elle ne décline pas
encore. || 2° Faire état de, agir comme; emploi
aujourd'hui peu usité. Il ne faut plus que les
hérétiques fassent état de chefs de parti , balz.
le Prince, 2. || Faire état de, compter sur. Fai-
tes état de moi, monsieur, comme du plus chaud
de vos amis, mol. Impr. m. || Faire état de, se pro-
poser. Destin se coucha de bonne heure pour ne
pas faire attendre VerviUe, qui faisait étatde partir
de grand matin, scarbon, Rom. com. ii, 12. Sinon,
faites état de m'arracher le jour Plus tôt que de
m'ôter l'objet de mon amour, mol. Éc. des mar.
m, 8. Ceux qui font état de le [Dieu] servir, boubd.
Domin. i, Affl. dei justes, 12«. Faites état de me
voir arriver au départ des hirondelles, p. L. COUB.
Lett. Il, 8. Il Faire état que, présumer, penser, être
assuré. Fais état que demain nous assure à jamais
Et dedans et dehors une profonde paix, corn. Mé-
dée. II, 4. Faites état que la magnificence Ne con-
sista que.... La font. Diable. Faites état qu'il ne lu
manquait rien, id. Aveux. Faites état que jamais les
pères, les papes, les conciles ni l'Ecriture, n'ont
parlé de cette sorte, pasc. Prnv. 4. Nous ferons élat
que ce qu'elle [l'Église] a réglé ne nous exemple
pas de ce qu'elle a abandonné à notre prudence,
BOfRn. Car. i. Cendres, un. || Faire élat de, estimer,
attacher de l'importance, faire cas. J'en fais autant
d'étal comme de cliènevottes, bégnieb, Snt. x. Quoi-
que je ne fisse pas profession de mépriser la gloire
en cynique, je faisais néanmoins fort peu d'étal de
celle que je n'espérais point pouvoir ac(|uérir qu'à
faux litres, desc. i/e(h. i, (3. Je ne fis plus étatde
la toison dorée, cobn. Uédée, ll, 5. Avez-vous su
l'élat qu'on fait de Coriace? id. 7/or. ii, 4. Ou si da
mes conseils vous faites peu d'état, lo. Nicom iv,
5. Et, faisant peu d'état de m'avoir outragée, (il) Pré-
tend m'avoir rendue encor son obligée, hotbou,
llélis. IV, 1. Dis à ta maltresse Qu'avecque ses écrits
elle me laisse en paix. Et que voilà l'état, infâme,
que j'en fais, mol. Dép. am. i, 6. Il connaîtra l'état
que l'on fait de ses feux, ID. Éc. des mar. ii, 7. Je
ferais plus d'état du fils d'un crocheteur qui serait
honnête homme que du fils d'un monarque qui vi-
vrait comme vous, id. le Fest. de P. iv, «. Afin de
lui faire connaître Quel grand état je fais de ses no-
bles avis, id. F. sav. iv, 4. Les chrétiens font-ils
plus d'état des biens de la terre, ou font-ils moins
d'état de la vie des hommes que n'en font les idolâ-
tres et les infidèles? pasc. Prov. 14. Et son lâcha
attentat Vous fait voir que de lui vous fai.siez trop
d'état, montfleury. Femme juge et partie, v, 1,
Il 3° Disposition dans laquelle une personne se trouve.
Nous pouvons beaucoup, sire, en l'état où nous
sommes, corn. Pomp. iv, 1. Ma tante est toujours
dans un état déplorable [fort malade], sév. 143. Ces
voyages ont dû vous mettre en mauvais étal, id. 395.
Et peut-être après tout en l'état où je suis Sa mort
avancera la fin de mes ennuis, rac. Andr. i 4 e-
garde en quel état tu veux que j me montre. Vols
ce visage en pleurs.... in. Uithr. ii, 1. Que vous
semble, mes sœurs, de l'état où nous sommes?....
Est-ce Dieu, sont-ce les hommes Dont les œuvres
vont éclater? id. Esth. ii, 8. Mon père, en quel élat
[à genoux] vous vois-je devant moi? n. Athal. n,
2. La Grèce ignore que je [l'hiioctetej souffre; ma
douleur augmente; les Atrides m'ont mis dans cet
état; que les dieux le leur rendenti fén. Tél. xv. Ils
[Machaon et Podalire] me guérirent, ou du moms
me mirent dans l'état où vous me voyez, id. «i».
Il Être dans son état naturel, ordinaire, être
comme d'habitude, n'avoir rien qui trouble. Qu'a-
vez-vous? vous n'êtes pas dans votre état naturel.
didebot. Éloge de Richardson. Tout le monde a le-
marqué que vous n'étiez pas dans votre état ordi-
naire, GENLis, Ad. et Théod. t. i, lett. 49, p. 4i7,
dans poiGENs. || Etre dans un élat afl'reux, être griè-
vement blessé ou malade, et, au moral, êlre dans
de grandes souffrances. || Ironiquement. Il est dans
un bel état, il est très-i^ali, tout déchiré, ou, au
moral, il est dans des affaires très-embarrassantes.
Il Populairement. Être dans tousses états, êlre fort
troublé, fort agité. On dit da même meitre, se
mettre dans tous ses états. Laissez-le tranquille,
vous allez le mettre dans tous ses états. Pour un rien
il se met dans tous ses états. || État se dit aussi des
choses. Mon arc est en bon état. Mais ton cœur est
bien malade, la font. Imitation d'Anacréon. Mes
mains sont toujours au même état, sév. 29s. La cour
le rappelle en vain; il persista dans sa retraite, tant
que l'état des afl'aires le put soufi'rir, encore qu'il
n'ignorât pas ce qu'on machinait contre lui durant son
absence, aoss. le TcHier. Pour savoir si les armes et
toutes les autres choses nécessaires à la guerra
étaient en bon état, fén. Tél. xii. Mon fils avait en-
voyé ce merle s'informer de l'élat de votre sanié et
de tout ce qui se passait à Babylone, volt. Princ.
deBabylone, 4. || Élre en élat de, être dans un!
situation telle que l'on peut.... Mon père est en éla,
de vous accorder tout, corn. Poly. iv, 5. Vous acbè-
verez au sortir du combat. Si toutefois Carlos vou.
en laisse en état, ID. D. Sanche, m, 1. Le monde est
si inquiet, qu'on ne pense presque jamais à la vie
présente et à l'instant où l'on vit, mais à celui où
l'on vivra; de sorte qu'on est toujours en éwt de
vivre à l'avenir, et jamais de vivre maintenant, pasc.
Extraits des lettres à Mlle de Hoonnei,édit. nAVRT,
1. — 190
I5U KTA
4M ti i.u^ MU wwmm* «n «ut de neeroltfe bou»
\mi^mZ!!mZH<" >• '• So" âm.juiten état
.ll..objoorl.f Jeiul» bien en élal que l'on me Tienne
toirt «ol. r-rt. T, y II être hor. d'él.t de, nepou-
Tolr DU U pilote «l»'t h"'» <* **»• ■!« connaître le
d«n.er,r*K.M. Jt. || Mettre en étol, bon d'éut,
ianoer «ter '• pouvoir de. Je le mets hors d étal
«•«M jàmtiJ malade, cobn. Ment, iy, ( . Kt l'eût mise
«n 4UI, malgré tout son appui, De s'en plaindre à
PO!Bp«« «uparafïnl qu'à lui , ID. Pomp. H, *. Il mit
on Taiaseau en état de vOKuer, rtn. M. vu. || Ab-
solument. En état, en bonne condition. Mettre les
ehoMs, les lieui en état, les disposer d'une manière
propre, convenable k leur destination. Et j'en serai
plus libre et bien plus en élat, la font. Fabl. iv,
it. Us puissances de votre Jme étaient encore en
élat, «AM. Car. Rechute. |{ Tenir une cliose en éut,
la tenir prête. Qu'avon.i-nous de plus important en
celte vie que le soin de mettre en état ce compte re-
doutable que nous devons rendre au juge élernelT
ID. Car. Laxare. || Terme de procédure. Mettre un
procès, une affaire en état, faire les procédures et
Im productions nécessaires pour qu'elle puisse être
jugée. La mettre hors d'état, faire quelque nouvelle
procédure qui la recule. || Ancien terme de jurispru-
dence. Se mettre en état, se disait d'une personne
qui, décrétée de prise de corps, ou condamnée par
contumace, ou ayant obtenu des lettres de grâce,
se constituait prisonnière afin de se justifier ou de
faire entériner sa grSce. || Laisser les choses en état,
les laisser telles qu'elles se trouvent, sans y rien
changer. || En l'étal, les choses étant ainsi. En l'é-
tat, il ne sérail pas prudent d'aller plus avant. || En
tout étal de cause, quoi qu'il en soit. En tout état
de cause, un dénonciateur qui se cache joue un
rêle odieux, bas, lâche, J. ;. rooss. Dt'olosue v.
Il <• L'état de la question , l'exposition de tout ce
qui concerne une question, une affaire. Il fallait fijer
l'état de la question pour que le peuple l'eût tou-
jours devant les yeux; autrement, dans le cours
d une grande affaire, cet état de la question chan-
gerait continuellement, et on ne le reconnaîtrait
plus, MO»Tii.>;o. Etp. VI, 4. Il 6' Ëtat de situation,
proprement manière d'être d'une situation, écrit,
exposé qui indique quel est & un moment donné
10 recouvrement de l'impôt , quel est le nom-
bre d'hommes présents à un corps de troupes ,
d'élèves dans les écoles et les collèges, etc. Bien
plus, il veut que l'inileiibilité des états de situa-
tion se plie à cette illusion; il en conteste les ré-
sultats; l'opiniltreté du comte do Lobau ne peut
vaincre la sienne, par là il veut sans doute faire
comprendre k son aide de camp ce qu'il désire
que les autres croient, sëgur, hitt. de Nap.
Tiii, H. Il Absolument. Etat, liste, tableau. Dres-
ser un état des pensions. || Ëtat delà France, de
l'Angleterre, titre de certains livres qui contien-
nent le dénombrement des charges, des dignités,
des forces, etc. La résolution de rayer H. de Cam-
brai de l'ètal de celte année, Boss. Lett. quiét. 404.
11 Mémoire, détail article par article. Ëtat de comp-
tes. Ëtat de dettes. Eut de frais. || Ëlat d'hypothè-
ques, indication des hypothèques qui grèvent un
immeuble. || Ëlat de lieux, acte contenant la des-
cription délailiée d'un immeuble loué ou affermé.
Il 6* Position sociale. Il ne faut pas avoir des goûts
au-dessus de son état. Il se piqua pour certaine fe-
melle De haut étal, la font. Ifa^n. La cause la plus
immédiate de la ruine et de la déroute des person-
nes des deux conditions, de la robe et de l'épée,
est que l'eut seul, et non le bien, règle la dépense,
LA KSUT. n. Heureux qui, satisfait de son humble
fortune. Libre du joug superbe où je suis attaché.
Vil dans l'éUt obscur où les dieux l'ont cachet rac.
Iph. I, I. Vous êtes dans l'élat où fut Apollon, féx.
Ttl. II. Comme il [Massillon] parlait ta langue de
tous les états en parlant au cœur de l'homme, tous
les états couraient k ses sermons, d'ai.kmb. Éloget,
MassiUon. Le seul avantage que donnent les lumiè-
res, si c'en est un, est de n'envier l'éUt de per-
sonne, sans on être plus content du sien, m. Apol.
i* ri'iurff, OEutre$, t. iv, p. ïO«, dans podokns.
(>u'il est doux de les voir, dévorés d'amertume,
S'ennuyer par état et ramper par coutume I bernis,
rp<« IV, Ind^. Il Être au-dessus de son état, se dit
d'un* personne qui a des senlimenU ou des lumières
»"P«neure» à la condition où elle est. || Autrefois
condition élevée au-dessus du peuple et de la bour-
«•oiMe. Il y a en France trois sortes d'éULs, l'église,
tlï^t î* I?^' "OHTMO. un. po-i. 44. En pré-
lUt, au bonheur si d«ux d'êtr» «poux et pères de
ETA
lamille, Vicret du as floréaX an ii, rapport de Canv-
ben, p. «4. Celte convoi tisa ifs offices et étau (cu-
rée autrefois réservée aux nobles jmiers) est deve-
nue plus Ipre depuis que tous les rangs y peuvent
prétendre, p. L. codh. i, fs. || Manière de vivre.
Tenir état de prince. || Tenir un grand éUt, vivre
splendidement. || Avoir un grand état de maison,
avoir une maison considérable, un grand nombre
de domestiques. Ils étalent une grande magnifi-
cence ; mais, du reste, ils n'ont ni dîner, ni sou-
per, point d'état de maison, genlis. Ad. et Th.
t. m, Ictt. I , p. 12, dans pouof.ns. || Tenir un état,
représenter. || Façon de se vêtir. Où pouvez-vous
donc prendre de quoi entretenir l'étal que vous por-
tez ? MOL. VAv. 1, B. Il Profession. En Egypte, le
fils était obligé d'embrasser l'état de son père. Vous
riez de cette nécessité où l'on est en France de
prendre un état, chateadbk. René, (98. || V An-
ciennement, réunion de députés des divers ordres
représentant soit le pays tout entier, soit une pro-
vince. J'allai dîner lundi chez M. de Chaulnes
qui fait tenir les états deux fois par jour, sÉv.
74. Une tenue d'états ou les chambres assemblées
pour une affaire très-capitale n'offrent point aux
yeux rien de si grave et de si sérieux qu'une U-
ble de gens qui jouent un grand. jeu, la brut. vi.
Leurs prérogatives furent de présider aux grands
états du peuple, montesq. Esp. i, 44. J'ai ouï dire
qu'un roi d'Aragon ayant assemblé les étals d'Aragon
et de CaUlogne , les premières séances s'em-
ployèrent à décider en quelle langue les délibéra-
lions seraient conçues, id. Lett. pers. <0B. || Te-
nir les états, les présider au nom du roi. M. de
Chaulnes ne tiendra pas nos états [de Bretagne],
sev. les. Il Salle des états, ancien nom appliqué au-
jourd'hui, dans le nouveau Louvre, à la salle où
l'Empereur ouvre les sessions, en y réunissant le Sé-
nat et le Corps Législatif. || Les éUls généraux ou,
absolument, les états, l'assemblée des trois ordres du
royaume. Des cas si pressants qu'il y aurait dan-
ger à remettre la levée de l'impôt après la convoca-
tion des états, rén. t. xxii, p. 434. Ils assemblaient
souvent les états généraux, sans lesquels il n'y a
point proprement de nation, batnal, Hist. phil. i,
18. Il Par extension. Il [Alexandre] se hâta d'arriver
à cette grande ville [Babylone], pour y tenir comme
les étals généraux de l'univers, rollin, Ilist. ane.
OEutret, t. vi, p. B74, dans pougens. || Le tiers
état, la partie de la nation française qui n'était com-
prise ni dans le clergé ni dans la noblesse, et qui
formait le tiers ou troisième ordre dans les états
généraux. Palsambleul l'amour est un fat; Sans
égard pour ma naissance. Il me fait soupirer, gé-
mir, sentir l'absence, Comme un amant du tiers
élat, REGNARD, Àttetidei-moi tous l'orme, se. 10.
Il Pays d'états, pays où les députés des différents
ordres de la population interviennent dans le gou-
vernement. Il Pays d'états, en France, provinces
qui avaient des assemblées locales, où l'on traitait
les affaires de la province. On les opposait ordinai-
rement aux pays d'élection. || Les États-Généraux,
nom qu'au xvii* siècle on donnait souvent à la Hol-
lande. Il 8° La forme du gouvernement d'un peuple,
d'une nation. État monarchique. Ëtat républicain.
J'ose dire, seigneur, que par tous les climats Ne
sont pas bien reçus toutes sortes d'états, corn. Cin-
na, II, 1. Les Athéniens affranchis dressent des sta-
tues à leurs libérateurs et rétablissent l'état popu-
laire, BOSs. Hist. I, 8. Les enfants commencent
entre eux par l'état populaire, la brut. xi. || 9* Le
gouvernement, l'administration suprême d'un pays.
L'État ne doit pas entraver l'action du pouvoir
municipal. Ministre d'État. Secrétaire d'État. Con-
seil d'Stat. Il Le chef de ITËUt, le roi, l'empereur,
le président, le dictateur, etc. Tous, dégalonnant leurs
costumes, Vont au nouveau chef de l'État De l'aigle
mort vendra les plumes, bérano. Deux grenad.
Il Homme d'État, homme qui gouverne un pays
ou une branche de l'administration d'un pays; et
aussi celui qui a les qualités nécessaires pour gou-
verner. Richelieu, Cromwell et Frédéric II de Prusse
furent de grands hommes d'État. || Coup d'État, voy.
COUP. Il Raison d'État, considérations d'intérêt public
par lesquelles on se conduit dans le gouvernement
d'un Etat. La raison d'État est un mauvais prétexte
pour justifier une action criminelle. 11 n'est point de
soliise Dont par raison d'Etat leur esprit ne s'avise,
RÊGNIRR, Sa«. X. Et les raisons d'Étal.... corn. Pomp.
I, ï. Il On a ditaussi raisonsde l'État. Car ce n'e-^t point
•|*'"0"r qui fait l'hymen des rois; Les raisons de
l'État règlent toujours leur choit, corn. D. Sanche,
Vf, B. Il Par analogie. Les scrupules d'Etat qu'il fal-
lait mieux combattre, Assez et trop longtemps nous
ETA
ont gênés tous quatre, coan. TiteetBér.m, s. Vos
chimères d'État, vos indignes scrupules, id. tb. m,
b. Il C'est daiis un sens analogue à raison d'État que
Corneille a dit vertu d'État. La justice n'est pas
une vertu d'État, corn. Pomp. i, l . || Affaires d'Etat,
les affaires qui sont du ressort du gouvertiemeiiU Les
ordres de la cour obligeaient l'ambassadeur à con-
certer toutes choses avec l'intendant, à qui la divin»
Providence fait faire ce léger apprentissage des af-
faires d'État, BOSS. le TelUer. || Fig. et famibère-
ment. Affaire d'Etat, affaire importante. La moindre
chose pour lui est une affaire d'État. |{ Crime d'État,
tentative pour renverser les pouvoirs établis. Et d'ua
mot innocent faire un crime d'ÉUt, boil. Sal. n.
Il Par analogie. Autant que je le puis, je déguisa
son crime. Et nomme seulement imprudence d'État
Ce que nous aurions droit de nommer attentat, corn.
S'tphnn. V, 6. Il Lettres d'État, lettres que le roi
accordait pour suspendre le jugement et les pour-
suites contre une personne , qui , étant au service
de l'État, ne pouvait vaquer à ses affaires. {| 10" L'en-
semble des citoyens considéré comme un corps po-
litique. Si l'on doit regarder les Etats comme im-
mortels, y considérer les commodités à venir comme
présentes.... voit. Lett. 74. Et que l'État demande
aux princes légitimes Des prix pour lesivertus, des
peines pour les crimes, corn. Hor. v, s. Nous avons
vu que tout l'Étal est en la personne du prince,
BOSS. Politique, vi, i, t. Dans le calme d'une pro-
fonde paix vous aurez des moyens de vous signaler,
et vous pouvez servir l'État saiii l'alarmer, comme
vous avez fait tant de fois, en exposant au milieu
des plus grands hasards de la guerre une vie aussi
précieuse et aussi nécessaire que la vôtre, id. Reine
d'Anglet. La reine, qui se trouva grosse et qui ne
put par tout son crédit faire abandonner ces deux
sièges qu'on vit enfin si mal réussir, tomba en lan-
gueur; et tout l'Etat languit avec elle, id. tb. Je vous
croirai Burrhus, lorsque dans les alarmes II fau-
dra soutenir la gloire de nos armes. Ou lorsque,
plus tranquille, assis dans le sénat. Il faudra déci-
der du destin de l'Eut, bac. i?rit. m, l. Le grand
principe de Lycurgue, et Aristote le répèle en ter-
mes formels, était que, comme les enfanu sont à
l'État, il faut qu'ils soient élevés par l'Etat et selon
les vues de l'État, rollin, Hist. ane. Œuvres, t. u,
p. B44, dans POUGENS. La réunion de toutes les for-
ces particulières, dit très-bien Gravina, forme ce
qu'on appelle l'État politique, kontesq. Espr. i, ».
La vie des États est comme celle des hommes, id.
tb. X, 2. Chaque État a ses lois Qu'il tient de la nature,
ou qu'il change à son choix, volt. Brutus, i, 3.
Et j'ai toujours connu qu'à chaque événement Le
destin des États dépendait d'un moment, in. Jf. de
C^s. I, 1. Ce qui fonde un État le peut seul conser-
ver, ID. Sémir. m, «. || U" L'étendue de pays sou-
mise à une sculo souveraineté politique. Que le plus
grand État ne peut souffrir qu'un maître, corn.
Perthar. i, I. Régnez toujours, Porus, je vous rends
vos États, RAC. Alex, v, 3. Près de la borne où cha-
que Étal commence.... bérang. Ste Alliance. \\ L'E-
tat ecclésiastique, les Étals du pape. On a dit de
même les Etats ou l'État de Venise, de Toscane.
— REM. On a pris l'habitude d'écrire avec un B
majuscule État, quand il signifie le gouvernement
d'un pays, un corps de nation, l'ensemble d'un pays
sous une même domination : ministre d'Ëiat; coup
d'État; les lois fondamenUles de l'Eut ; l'étendue des
États de ce prince.
— HIST. XIII' s. Lors est la terre en bon estât ;
Cunte e barun e li prélat. N'est nuls à ki 11 reis ne
pleise, Edouard le conf. v. 872. Restorer, e mètre
en estât, E enricher de riches duns [une église],
tb. V. 2276. Mes s'il ont en eus engrestiés [méchan-
ceté], Orguel ou quelques mauvestiés, Li granl es-
Ul où il s'encroent. Plus tosl le mostrent et des-
cloent, la Rose, 6287. Li enfant demorent en le [laj
saizine, et li plais en Testât où il estoil quant li
pères morut dusqu'à l'aage des enfans, beaum. «9.
— xiv s. El dist Charles de Blois : Heraux, vcnei
avant; Sur quel estât veut-il qu'on TOist [qu'on
aille] parlementant? Cu»ci. B5B9.
— XV» s. Tenez esut, ainsi comme à message de
roi appartient, car nous le voulons, et tout sera
payé, FROiss. ii, ii, 4S. El en telle manière la plus
grand' partie de ses gens se confessèrent et miient
en bon estât, id. i, i, 284. Là estoyent les femmes
d'eslat [de distinction] de Paris mandées, dancié,
chanté, et fait joyeuse chiere, christ, du piîaN,
Charles V, m, î2. Prince, qui veult que le Don
temps reviengne. Les trois estas en bonnes meurs
repringne [reprenne], eust. desch. Souffrance du
\peuph. El faut advisé que c'esloit le moings mfll
ETA
que la royne presidast en conseil, que laisser les
choses en Testât que elles estoient, ju'venal. Char-
lei Tl, ues. sire, dist la pucelle, il fait bon ac-
querre honneur; car, par les grans honneurs, vient
on aux grands estais, Peneforest, t. n, f 97. Belles
filles, je TOUS prie que vous ne soyez pas des pre-
mières à prendre les estais nouveanlx [les nouvelles
modes] , le chev. de la tour , Instruct. à ses filles,
f» 42, dans LACURNE. La veille du jour de Noël, le
roy alla tenir son eslat [résider] au palais, et de-
meura là jusques au jour St Thomas, monstrel. t. I,
1° 93, dans LACURNE. De quoy tu n'as rien fait dont
il puisse apparoir par estât [réellement], Ordonn.
des rois de Fr. t. m, p. 70. Du costé du roy fuyt
ong homme d'estat [de haut rang] qui s'enfuyt jus-
ques à Lusignen sans repaistre, et du costé du conte
ung autre homme de bien, comm. i, 4. Tel perdoit
ses offices et estats pour s'en estre fuy, et furent
donnés à autres qui avoient fuy dix lieues plus
loing, ID. ib. Le roy arriva en la ville de Paris en
Testât qu'on doit venir pour reconforter le peuple,
car il y vint en très-grande compaignie, id. i, 8. II
[Louis XI] estoit naturellement amy des gens de
moyen estât et ennemy des grans qui se pouvoient
pisser de luy, id. i, 10,
— xvi* s. Certains estats dans les Indes.... mont.
I, 54. Affaires d'estat, id. i, 47. Jamais homme ne
feit moins d'estat [ne compta moins sur] de sa du-
rée, ID. I, 78. Estât [de santé] florissant, m. i, 91.
La philosophie faict estât [profession] de serener les
tempestes de Tame, ID. i, ns. Ils sont morts en
estât de n'avoir pas leur saoul à manger, id. i, 257.
Ainsi faites estât [comptez] que je m'en voys quand
et vous, ID. III, <83. 'Tout cela se peut apeler faire
un estât dans Testât, d'aub. Hisl. in, 450. Je luy
appris encore à dire souvent, maxime d'estat, ma-
ladie d'estat, période d'affaires, etc. id. Conf. il, t.
Jouer à honnestes jeux, comme aux merveilles, aux
estats, aux ventes, aux rencontres et autres, yveh,
p. B24. Ce livret contenoit Testât de la monition
dont il avoit fait provision pour la guerre, de bledz,
d'armes, etc. amyot, Cat. d'Ut. 77. 11 avoit d'estat
de Tempereur lUbOO cscus tous les ans, paré. Pré-
face. Autres medicamens sont requis au commen-
cement qu'en Taugment, en Taugment qu'en Tes-
tât, en Testât qu'en la déclinaison , id. Introd. 2a.
Commis et députez spécialement pour le tiers estât,
mesmes pour Testât de labour [les laboureurs] , Coust.
génér. t. i, p. 335.
— ÉTYM. Bourguig. étay; provenç. estât, stat;
espagn. estado; ital. stato; du latin status, état, de
stare, être debout, fixe (voy. ester et stable).
ËTAT-MAJOR (é-ta-ma-jor), s. m. || 1° En gé-
néral, se dit des officiers et sous-officiers sans trou-
pes. Il Les officiers attachés à un général pour Texé-
cution et la transmission de ses ordres, le lever des
plans, la correspondance, etc. et pour tous les dé-
tails du service. Le général et son état-major. Un
chef d'état-major. {{ Corps d'officiers chargés spécia-
lement du service d'état-major. || État-major géné-
ral, le corps des officiers généraux. || Ëtat-major
général, Tétat-major du général en chef. On traver-
sait les cours d'eau à des gués bientôt gâtés; les ré-
giments qui venaient ensuite, passaient ailleurs, où
Us pouvaient; on s'en inquiétait peu; Tétat-major
général négligeait ces détails, ségur, Hist. de Nap.
vj, 1. Il État-major des places, corps des officiers,
sous-officiers, caporaux ou brigadiers, employés au
commandement et au service des places de guerre.
Il État-major de TartiUerie, du génie, officiers d'ar-
tillerie, du génie qui ne sont point attachés aux
régiments de Tarme. {| Le lieu où se tiennent les bu-
reaux de Tétat-major. Aller à Tétat-major. || État-
major d'un régiment , le colonel , les officiers
supérieurs, et les officiers et sous-officiers qui ne
sont pas attachés à une compagnie. || Dans la ma-
rine , les officiers d'un bâtiment. || 2° Fig. État-major
se dit souvent, par plaisanterie, comme les gros
bonnets, des personnages les plus considérables.
L'état-major d'un colléj-'e, d'une association, etc.
— ÊTYM. État, elmajnr.
ÉTAU (é-to), s. m. Instrument au moyen duquel
les serruriers, lesforgerons, etc. établissent et fixent
les pièces auxquelles ils travaillent ; les étaux sont for-
mésdedeuxmâchoires qu'on serre parune vis. || Êtau
l main, petit étau qu'on tient à la main. || Fig. Être
jirig, serré comme dans un élau, et, simplement,
être dans un étau, être très-étroitement serré.
— ÉTYM. Picard, etau, souche morte et coupée à
quelque distance de la terre ; lorrain, eitauque, étau.
Comme tout historique manque , on peut admettre
que^tau est pour ettaf (voy. étal), et signifia, éty-
mologiqnement, la chose dressée, ou qu'il se rap-
ÉTÉ
porte à l'ancien flamand stael, fût. Mais le picara
etau semble se rapporter à estoc, et le lorrain eitau-
que s' y rapporte encore plus visiblement, de sorte que
Vétau serait proprement le bâton, la tige (esfocyallem-
Stock), où Ton serre, Schraub-stock des Allemands.
Tel est l'avis de Diez, qui paraît tout à fait fondé.
t ÉTAUPINAGE (é-tO-pi-na-j'), s. m. Terme ru-
ral. Action d'étaupiner.
t ÉTAtJPINEU (é-tô-pi-né), t. m. Terme rural.
Faire disparaître les taupinières, soit qu'on les ré-
pande sur le sol, soit qu'on les batte et les com-
prime, ou qu'on les fouisse, ou autrement.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et taupinière.
t ÉTAVILLON (é-ta-vi-Uon, Il mouillées), s. m.
Morceau de cuir coupé et disposé pour faire un gant.
On appelle étavillons les grandes pièces d'un gant
coupé, Dict. des arts et m. Amst. t767, gantier.
t ÉTAYAGE (é-tè-ia-j') , t. m. Action d'étayer.
Des travaux d'étayage.
ÉTAYÉ, ËE (é-tè-ié, iée), part, passé. Le châ-
teau étayé en plusieurs endroits menaçait ruine.LE-
SAGE, Gil Blas, V, ). Il Fig. De cent peuples rivaux
ce colosse étayé [l'empire de Rome] Va bientôt de sa
chute épouvanter le monde, saurin, Spart, i, t.
ÉTAYEMENT (é-tê-man; et aussi, suivant quel-
ques-uns, é-té-ye-man), i. m. Action d'étayer; ma-
nière dont une chose est étayée. Toutes les pièces
qui servent à étayer. || Planche qui soutient les ciels
plafonnés.
— ÉTYM. Élayer.
ÉTAYER (é-tè-ié), j'étaye, tu eiayes, il étaye ou
étale, nous étayons, vous étayez, ils étayent ou
étaient; j'étayais, nous étayions, vous étayiez; j'é-
tayai : j'étayerai, ou étalerai, ou étairai;j'étayerais,
ou étaierais, ou étaîrais; étaye, étayons; que j'é-
taye, que nous étayions, que vous étayiez, qu'ils
étayent; que j'étayasse; étiyant; étayé, v. a.
Il 1° Appuyer, soutenir par des étais. Étayer un
mur. Il Fig. Je ne voudrais pas qu'on allât faire un
usage indiscret d'un ressort si bas [la gourman-
dise] , ni étayer d'un bon morceau Thonneur de
faire une belle action, J. J. houss. Ém. ii. Et du
nom de justice Vous osez abuser pour étayer vos
droits, M. J. CHÉN.Grocq.ii, 3. ||2°S'étayer, v.réft.
Se soutenir sur un étai , sur un bâton. Le vieux de-
vin qui.... Pour s'étayer dans sa marche incertaine.
Courbe son corps sur un appui de frêne, malfil.
Narcisse, ii. ||Fig. En vain, pour s'étayer du nom
de mes aïeux. Par l'éclat des emplois Charles flat-
tait mes yeux, c. delav. Vép. sicil. I, 1. 1| Se sou-
tenir l'un l'autre. La richesse et le crédit s'étayent
mutuellement, l'un se soutient toujours mal sans
l'autre, J. i. rouss. Emile, y. Ces possessions for-
maient quatre masses trop éloignées les unes des
autres pour s'étayer mutuellement, raynal, Bist.
phil. IV, 23.
— HIST. ini* s. Salomon son temple en estaie Sur
sept pilliers.... j. de meung, Tr. 4(2. Hxiv s. Des-
pense pour estaier et relever le comble du toit, Bibl.
desch. 5* série, t. m, p. 239. || xvi' s. Fabius, par un
moyen de procéder tout différent, sousteint et estaya
dessoubz [sa ville], amyot, Péric. et Fab. eomp. 2.
— ÉTYM. Étai; Berry, atéyer.
*. ÉTÉ (é-té), s. m. || 1° La saison qui suitle
printemps et précède l'automne. || Été astronomi-
que; il commence au 2) juin et finit au 22 septem-
bre. Dans notre hémisphère. Tété commence au
passage apparent du soleil par le premier point
du signe de TEcrevisse et finit à son passage par
Téquinoxe d'automne. L'été est plus chaud, sous la
même latitude, dans Thémisphère boréal, que dans
Thémisphère austral, parce que le soleil reste huit
jours de plus dans le premier. || Été météorologique ,
qui est le véritable été dans le sens populaire; il
commence du lO au tB mai, et va jusqu'au 15 ou 20
aollt. Salon d'été. Habit d'été. Mais, qui l'aurait
pensé? pour comble de disgrâce, Par le chaud qu'il
faisait nous n'avions point déglace; Point de glace,
bon Dieul dans le fort de Tété, Au mois de juin....
BoiL. Sat. m. L'été même, à l'instant qu'on liait en
faisceaux Les épis jaunissants qui tombent sous la
faux, J'ai vu les vents grondants sur ces mois-
sons superbes Déraciner les blés, se disputer les
gerbes, dïlille, Géorg. i. Quel siècle ! dit-on vrai?
nos hivers font éclore Des fleurs qu'en nos étés un
vent glacé dévore, lemerc. Frédég. et Brun, ii, B.
J'offrais ma tête nue à l'ardeur des étés, c. delav.
Paria, m, 4. || Familièrement, se mettre en été,
quitter les habillements d'hiver et se vêtir légère-
ment. Il i' Le semestre d'été, semestre comprenant
les mois d'avril à septembre. Jl 3" L'été de la saint-
Martin, de la Saint-Denis, l'époque de ces fêtes,
ainii nommé, parce que, à ce moment de l'automne,
ETE
1515
U y a souvent des jours beaux et chauds. || Fig;
Ét« de la Saint-Martin, les retours de jeunesse qui
prennent quelquefois aux vieillards , et les der-
niers rayons de beauté des femmes. || 4" Grand été,
chaleur exceptionnelle du mois d'août due à la gran-
deur des arcs diurnes que parcourt alors le soleil.
Il Petit été, celui de la Saint-Martin (H novembre),
dû à la petitessedes rayons vecteurs, c'est-à-dire à la
moindre distance où le soleil est alors de la terre.
Il 5° Fig. et poétiquement. L'été de la vie, de l'âge,
l'époque de force et de maturité qui suit la jeu-
nesse. J'étais encor dans mon été. Quand cette
noire déité Me fit du fleuve de I.éthé Passer la
rive malheureuse, volt. Ép. xiii. || 11 se dit quelque-
fois en poésie pour année. || 6° Pas d'été, ou, sim-
plement, Tété, figure de contredanse, la seconde des
cinq figures qui composent le quadrille ordinaire.
L'été exige vingt-quatre mesures, et comprend les
pas suivants : un cavalier et la dauie vis-à-vis font :
1° en avant deux et en arrière; i' adroite et à
gauche; 3° un traversé; 4" un à droite et à gauche;
5° ils reviennent à leurs places et balancent quatre
avec leurs partenaires; 6° ils finissent par un tour
de main. Depuis plusieurs années, c'est-à-dire de-
puis qu'on ne danse plus dans les salons, cette fi-
gure était altérée dans sa seconde moitié, c'est-à-
dire qu'après avoir fait le traversé, le cavalier et la
dame refaisaient exactement pour retourner à leurs
places ce qu'ils avaient fait d'abord, savoir : 7» en
avant deux et en arrière: 8° à droite et à gauche;
9° un traverséqui les ramenait àleurs places. Enfin
aujourd'hui Tété est encore plus altéré: on fait deux
fois en avant quatre et en arrière , puis les deux cou-
ples traversent; après quoi ils font encore deux fois
en avant quatre et en arrière, et reviennent à leur
places par un second traversé.
— HIST. XI* s. Ce est en mai au premier jour d'es
ted, Ch. de Roi. clxxxv. || xii* s. Quand li estes e'
la douce saisons Font feuille et flor et les prés ra-
verdir. Coud, xiii. Mais cil faus amoureus d'esté
N'aiment fors quant talent lor pront, ib. p. <2l
Il xiv* s. Bien sembloient qu'il avoient esté Engran'
peine yver et aisté, Liv. du bon Jehan, v. 28)6
Il XVI* s. Quand en esté le haut coq boit, la pluy»
soudain vientet paroist, lerocx iie hncy, Prov. 1. 1,
p. 98. Printemps humide avec esté chasse des biens
bonté, planté [abondance] , id. ib. Si l'hiver est sur-
chargé d'eau. Testé n'en sera que plus beau, m. ib.
— ÉTYM. Wallon, oslé; Berry, sté, aslé, séche-
resse; bourguign. élai; provenç. es(a(,s. f.; ital.
State, eslate; du latin xstatem, du radical a;s( qui
est dans sestus, chaleur, et dans le grec aïOtiv,
brûler, identique avec le sanscrit idh, allumer.
î. É'TÉ (é-té), part, passéia verbe être (voy. ce mot) .
t ÉTEIGNARIE (é-tè-gna-rie), *. f. Terme de sa-
lines. Femme chargée d'éteindre la braise.
fÉTEIGNEMENT (é-tè-gne-man), i. m. Action
d'éteindre; résultat de cette action.
— HIST. XVI* s. Esteignement, cotgrave.
— ÉTYM. Éteindre.
t ÉTEIGNEUR, EDSE (é-tè-gneur, gneû-z') , s. m.
et f. Celui, celle qui éteint, au propre et au figuré.
— HIST. XVI" s. Esteigneur , cotgrave.
— ÉTYM. Éteindre.
ÉTEIGNOIR (é-tè-gnoir), t. m. || !• Petit usten-
sile creux en forme de cône qui sert à éteindre la
chandelle. || Fig. Peut-être, fait comme il était, Tau-
rait-il [le duc d'Orléans] forcé [le duc du Maine] à
jeter Téteignoir sur le feu qu'il avait allumé, st-sim.
327, 2». Il 2° Familièrement, celui qui éteint, ou ce
qui éteint le sentiment, la pensée, les lumières,
les progrès Messieurs les pédants De qui la
science chagrine Est Téteignoir du sentiment, volt.
Ép. CXI. Les Turcs ces ennemis des beaux-arts, ces
éteignoirs de la belle Grèce, id. Roi de Prusse, 210.
La crainte de déplaire est Téteignoir de l'imagina-
tion, ID. Lett. Vernes, 2 janv. )763. La controverse
est Téteignoir et Topprobre de l'esprit humain ; la
poésie et l'éloquence en sont le flambeau et la
gloire, ID. Dict. phil. Lieux commmns. || 3* Nom de
plusieurs champignons.
— ÉTYM. Éteindre.
ÉTEINDRE (é-tin-dr"), j'éteins, tu éteins, il éteint,
nous éteignons, vous éteignez, ils éteignent; j'étei-
gnais, nous éteignions, vous éteigniez; j'éteignis;
j'éteindrai; j'éteindrais; éteins, qu'il éteigne, étei-
gnons; que j'éteigne, que nous éteignions, que vous
éteigniez; que j'éteignisse; éteignant; éteint, ». a.
Il 1° Etoufl'er le feu, en arrêter Tactivité, l'action.
Éteindre un incendie. Éteindre le feu. || Il se dit
aussi de ce qui est allumé. Vous éteindrez la bou-
gie. Éteindre la lumière. || 2° Fig. Éteindre l'en-
cens, faire cesser la flaUiiria. Combien de fois étei-
1516 fiTB
^ii.11 Vmumn don» I» do"*» •' '»»''8''« «X*»"'
M 1 ,ru'.u,.roLT. aVi.p* .. ». Il K>R. ÉUi.ndre
21 lum.ér».. rm|.«clier le développcmenl de»»cien-
CM IVileiuJon .le rmulruclion. Ceux mêmes qui »e
lont »(Tofe<» d'éleindro les lumitre», n'ont fait que
I». f4f>»ndr«, n'ilOLBACii. Estai, préj. Cli. M, dan»
t>u«»M*i«, (Kurres. Éli-iKnons les lumières, M
nllumon» le feu, BÉBAKO. *i«ionnuirM. Il 8' Eteindre
U chiui, mettre de la chaux vire enconUct avec de
IViu pour former de l'hydrata de chaux. || Éteindre
le fer, le plonger dan» l'eau froide lorsqu'il est
ehaiilTé au rouge. || Eteindre les épingles, les laver
dans l'eau fraîche, aprJ» qu'elles ont été étamées.
Il i* Poétiquement. Eteindre U clarté des yeux,
rendre aveugle. Le fer n'a pas éteint le cœur de
Ilélisaire, Eicignanlde ses yeux l'iinmorlelle clarté,
aoTBOU, Uéiiiairt, v, 8. || Eteindre U lumière
de< yeux, faire mourir. Phèdre mourait, seigneur,
et sa main meurtrière Eteignait de ses yeux l'inno-
cci.le lumière, bac. Pl'èd. iv, ). || 6* Eteindre le
feu, faire cesser le fuu de l'artillerie ennemie par
une artillerie supérieure, par un tir supérieur. La
place éteignit plusieurs fois le feu de l'assiégeant.
Il S* Eteindre la vie, faire mourir. Il éteindra ma
vie avant que mon amour, cour. Œdipe, u, 2. Si
le duc est vivant, quelle vie ai-jeéteinleY rotr. Venc.
tv, 6. Il II s'est dit aussi quelquefois des personnes
mêmes. Berwick découvrit leur cache de poudre et
de munitions [des révoltés des Cévennes], et à la fin
éteignit tout \ fait ces misérables, st-sim. ^48,^68.
Il flteindro une famille, une r.ice, n'en laisser sub-
sister aucun membre pour la continuer. Les guerres
si meurtrières que les Grecs eurent à soutenir, élei-
Snirenl un grand nombre de familles, accoutumées
epuis plusieurs siècles k confondre leur gloire
avec celle de la patrie, barthêl. Anach. introd.
part, li, sect. 3. || 7' Calmer, en parlant de tout
ce qui est comparé i un feu, à une flamme, k un
incendie. Eteindre l'ardeur de la fièvre. Enfin je
suis sorti d'Kurope et j'ai passé ce détroit qui lui
sert de bomos; mais la mer qui est entre vous et
moi ne peut rien éteindre de la passion que j'ai
pour vous, VOIT. Leit. 40. Tu n'as dans leur que-
relle aucun sujet de craindre; Un moment l'a fait
naître, un moment peut l'éteindae, corn. Cid, ii,
s. Et comme tous mes feux n'avaient rien que de
saint. L'honneur les alluma, le devoir les éteint,
ID. Iléracl. m, t. J'ai prévu ce tumulte.... Comme
un moment l'allume, un moment peut l'éteindre,
ID. Nicom. y, t. Un si vaillant guerrier, qu'on vient
de nous ravir, Eteint, s'il n'est vengé, l'ardeur de
vous servir, id. Cid, u, ». Oui; mais cette grJce
n'éteint pas peut-être le ressentiment des parents et
dos amis, mou. le Festin de P. i, S. Rien n'est plus
doux que d'aller éteindre sa soif dans un clair
ruisseau, res. t. xix, p. »o. Cette soif de régner que
rien ne peut éteindre, bac. Iphig. iv, 4. || 8- Dé-
truire, faire disparaître. Aime une ombre comme
onibre, et de cendres éteintes Eteins le souvenir,
MALH. Y\, is. Le piemier sang versé rend sa fu-
reur plus forte [de la populace] ; Il l'amorce, il l'a-
rharoe, il en éli-int Ihorreur, cokn. Kicom. v,
4. Dans votre infâme sang j'éteindrai voire amour,
BOTMOo, YtncfMl.i, 4. Je devrais dans ton sang
éteindre ce forfait, la fost. Coup*. L'indifférence
éieinien quelque sorte la volonté, boss. Orai,t. ïiii,a3.
Il i« disposait k venir lui-même, k leur tête, élein-^
dr« l'Eglise et l'empire tout ensemble, et ajouter au
meurtre de tant de rois celui du souverain pontife
de Jésus-Christ, rt.«cB. l'anég. Fr. de Paule. Il
éteint c«t amour source de tant de haine, bac. Brii.
▼, t. Les larmes de la rein» ont éteint cet espoir
m. lUrin. Y, 7. Kt les soins d« I* guerre auraient-
Us en un jour Eteint dans tous les coeur» la len-
drass« et lamourT id. Iphig ii, 3. (Les «mes dans
!• TarUre souhaitent] une mo't qui puisse éteindre
tout sentiment, rtn. Tél. xviii. En qui des mœurs
tiéde» éteignirent toutes les grlces, mass. Car
fnèrt J. Un seul mol de César a-t-il étemt dans
toi L amour de ton pays, ton devoir et U foi ? volt.
«. « CCI. m, I. Le malheur tôt ou lard éteindra
ma raison, otcis, Lear, ii, 4. Us ISches courti-
•ans j, tont une élude rtallumer le vice et d'éteindre
". ^S:'.'- '• ""'"''"«M» l'«yer. Il lO-Terme
»BiiWrfo.inJLiîl. '"^* ''• P«'"'""-e. Adoucir,
<iS^i2îii-S:^"2^%'T,i*îrs.'d"i? r""-^""'"^
ETE
logue, dans le langagu ordinaire, d'un éclat qui
s'efTace. La tristesse avait éteint l'éclat de ses yeux.
La mort avait éteint se» yeux, fén. Tél. xvn.
!| 13« S'éteindre, v. réfl. Cesser de briller. Le feu, le
namlieau s'éteint. || Fig. Quiconque maudit son père
et sa mère, sa lampe s'éteindra au milieu des lénè-
lire.s, BACl, Bible, Prov. de Salom. xx, 20. Sa lu-
mière s'éteint et son Sme s'envole, cobn. Rodog. v,
4. Une mémoire qui se confond, un cœur qui s'é-
leint, liASS. Car. Impén. Tes yeux otl s'éteignait la
vio Hayonnent d'immortalité, lamart. If^dit. I, ».
Il 14* Cesser d'être en activité, en parlant des vol-
cans. Les volcans de l'Auvergne se sont éteints bien
longtemps avant l'Age historique. || 16* Perdre son
éclat. Les yeux s'allument et s'éteignent en un mo-
ment, PASC. Amour. || 16" Il se dit des maisons, des
dignités qui finissent faute d'héritiers. Cette famille
B'ust éteinte. Celte pairie s'éteindra par la mortd'un
tel. Il Avec suppression du pronom personnel. Le
jour qui de leurs rois vit éteindre la race Éteignit
tout le feu de leur antique audace, rac. Athal. i, t.
Il 17" Cesser d'exister, être détruit. Où le culte de
Dieu s'était éteint, boss. Ilist. i, 7. Sa loi ne s'é-
teint pas parmi ces rebelles, m. ib. u, 4. L'a-
mour de la patrie et le respect des lois s'y éteint,
ID. ib. III, 7. Et son fou [d'un auteur], dépourvu
de sens et de lecture. S'éteint à chaque pas faute de
nourriture, boil. Art p. m. Dans l'ombre du secret
ce feu [l'amour] s'»llait éteindre, bac. Bithr. iv, 4.
Les empires, ainsi que les hommes, doivent croître,
dépérir et s'éteindre, d'alembert. Éloges, ifontes-
qui'eu. Je languissais, mes ans s'éteignaient dans
l'ennui, m j. ciién. Gracques. i, 4. Les langueurs
oïl s'éteint la vieillesse, c. delav. Paria, m, 4.
Il 18" Mourir doucement. Il s'éteignit enfin le pre-
mier mars 17(5, âgé de près de 80 ans, fontkn.
Uorin. Si vous brillez à votre aurore, Quand je m'é-
teins à mon couchant, volt. Ép. lxxxix. Son agonie
[de Mme de Mainlenon] fut si douce qu'elle avait l'air
d'une personne qui dort tranquillement; elle s'étei-
gnit à six heures du soir, le (S avril I7i», âgée de
84 ans, GENLis, Urne de Itninlenon, t. ii, p. 277,
dans PODGBNS. Jeune je m'éteindrai laissant peu de
mémoire.... v. iiuGO, Odes, v, 1. 1| 19° Il se dit en
parlant du jour qui finit. Ce jour qui va s'éteindre
est le dernier pour moi, c. delav. Paria, v, 2.
Il 20" Expirer en parlant de la voix. Les sons ren-
dus parle timbre ne s'éteignent pas sur-le-champ,
DIDEROT, LeIt. sur les souris et muets. Je sens ina
voix s'éteindre et mes genoux trembler, G. delav.
le Paria, m, i.
— HlST. XII' s. Ta digne miseration Esteigne le
grant feu de t'ire, benoît, ii, (:1497. Puis qu'en
vous sont tout mal estaint Et tout bien à droit
alumé, Couci, m. Ne de mon cuer [je] ne puis la
llame eslaindre, ib. xi. Esteigniez, fait lor il, ces
cirges alumez, Th. le mart. 52. || xiii" s. Ne por ce,
se je veil estaindre La foie amor.... la Rose, 6776.
Si comme se [sa] me.sons art [brûle] et je l'estaing....
BEADM. XXII, 12. Quant aucuns a son enfant mort,
si comme par fu [feu], ou par yaue, ou parce
qu'on l'estaint [étouffe] en dormant, ou par aucune
autre malvese garde, id. lxix, b. Quant la royne
se esveiUa, elle vit la chambre toute embrasée de
feu, et sailli sus toute nue, et prit la louaille et la
jeta en la mer, et prist les touailles et les estaint
[éteignit], joinv. 286. || xiv s. La gent Fabie des-
confite et extalncte, bercheube, ^ 6o, verso. Les
queles choses se eles ne sont tantost ostées, eles
estaindront [feront mourir] le pacient, h. de iiondb-
viLLK, f 100, verso. || xv s. Il y ot aucuns mineurs
la-dedans esleints qui oncques ne s'en partirent, car
la mine renversa sur eux, fboiss. u, u, 36. Oadit,
et il est vérité, que le grand désir que on a aux
choses que elles aviennent, estaind le sens, et pour
ce sont les vices maistres et les vertus violées et
corrompues, lo. m, iv, 28. Et se sslaignisl le bruyt
que nous avions ouy, conii. ii, 3. || xvi- s. Trois
cents personnes et davantage esleintes, donnèrent
le premier exemple aux uns pour tuer impunément,
aux autres pour n'espérer point de miséricorde,
d'»ub. Iliit. 1, «30. Ce temple [de Janus] demoura
fermé 4a ans, tant estoient toutes occasions de guer-
res et par tout esteiiites et amorties, aiiyot, A'uma,
33. Leur monnoye estoit de fer, lequel première-
ment avoit esté esteinct, venant du feu, avec du vi-
naigre, ID. Lysand. 32. Puis en icelle [lessive] on
fera esleindre chaux vive, paré, xxv, 32.
— ETYM. Provenç. atvnner, etteinger, txlenjer;
espagn. et port titingnir ; ital. tstingunt ; du lat.
ezttmgwré, de ex, et «tmguere, éteindre, presser
sur, appuyer, comme le prouveut tn-ftincitw (voy.
iMTtucT), et les rapprochements avec stigare (i*-
ÉTÉ
stigare), le grec <rriY|ui, un point, et l'allemaud
tuehen, piquer. Bx-ttinf/uere , c'est Ater en ap-
puyant.
ÉTEINT, EnVTE (é-tin, tin-t"), part, passé d'é-
teindre. Il 1° Qui a cessé de brûler. Un feu éteint
très-promptement. La bougie est éteinte. || X chan-
delle éteinte, ou, substantivement, à éteinte de
chandelle, s'est dit d'une adjudication qu: reste ou-
verte tant qu'une petite chandelle qui brûle n'est
pas consumée. On dit aujourd'hui : à l'extiL^tion
des bougies ou des feux. || Fig. Et de David été ot
rallumer le flambeau, bac. Athal. i, 2. Même au
sein du sénat traînant Rome à son char, Germauicus
éteint triomphe de César, H. i. chén. Tibère, i, 4
Il 8" Volcans éteints, volcans qui ont cessé de brûler
et d'être en activité. {| 3° Qui a perdu son écat. U
(M. de Monaco] avait deux gros yeux d'aveugle,
éteints, et qui en effet ne distinguaient rien à deux
pieds d'eux, st-sim. 4 4, 2. L'air morne, l'œil éteint,
pourtant dans leur tristesse Se laissait entrevoir un
rayon d'allégresse, delille , Paradis perdu, t.
Il 4" Détruit, qui n'existe plus. La vérité était donc
éteinte avant que la réforme parût? boss. Avert. 3.
La tyrannie des Pisistratides est entièrement éteinte,
ID. Ilist. i, 8. Leur haine pour Hector n'est pas en-
core éteinte, bac. Andr. i, 4. L'esprit de pénitence
est presque éteint parmi les fidèles, mass. Car.
Jeûne. Des lois ou négligées par le relâchement, ou
éteintes par la coutume, lo. Or. (un. Villars. Grand
prince [le prince Eugène], qui, dans cette cour [de
Louis XIV] Où la justice était éteinte. Sûtes inspirer
de l'amour. Même en nous donnant de la crainte,
VOLT. Ép. vm. N'avoue-t il pas lui-même qu'il serait
ridicule de fonder la constitution de lElat sur des
maximes éteintes? j. j. bouss. Polysynodie, juge-
ment. L'amitié même éteinte avait encore des droits
qu'il aurait dû respecter, id. Conf. ii. Hélas! des
rois bientôt la mémoire est éteinte, ouas, llamlet,
11, B. Il Famille, race éteinte, celle dont il ne reste
plus d'héritier. Et quand Dieu, de vos bras l'arra-
cliant sans retour. Voudrait que de David la maison
fût éteinte, rac. Athal. iv, B. || B° Il se dit des fa-
cultés qui perdent leur activité. De ses sens presque
éteints il a perdu l'usage, lemerc. Fréd. et Br. v,
4. Il Dans un sens analogue. Et de mes jours éteints
[il a] ranimé la chaleur, M. j. cniN. Fén.iv,i.
Il Homme éteint, homme dont les facultés sont
amorties soit par les fatigues, soit par l'âge. Elle
est d'une extrême délicatesse; elle ne se promène
quasi pas; elle a toujours froid ; à neuf heures du
soir elle est toute éteinte; les jours sont trop longs
pour elle, sÉv. t. vu, lett. 705, p. 229, dans pol-
GENS. Il 6" Une voix éteinte, si faible qu'on peut à
peine l'entendre. Non , lui dit-elle , d'une voix
presque éteinte, je n'accepte point ces présents, je
pars, marmontel. Contes moraux, Soliman II.
Il 7° Terme de chimie. Mercure éteint, mercure telle-
ment trituré avec d'autres substances qu'on n'aper-
çoit plus, dans le mélange, aucun globule métallique.
t ÉTEIiVTE (étin-t'), s. f. Usité seulement dans
dans cette locution : à éteinte de chandelle (voy.
éteint).
f ÉTELLE (é-tè 1'), S. f. Nom donné, sur les bords
de la Seine, aux vagues secondaires ou éclats d'eau
qui suivent la barre ou mascaret.
— ÉTVM. Serait-ce le même mot que le lorrain
^(«ll«qui signifie éclat de bois, et qui, ici, aurait
un sens figuré? Ételle représente le latiu has-
tella, petit bâton (voy. attelle).
t fiTKLON (éte-lon), t. m. Voy. étalon 2.
ÉTENDAGE (é-tan-da-j'j , s. m. Assemblage de
cordes tendues horizontilement pour y étendre
des objets k sécher. L'étend.ige d'une blanchisseuse.
Il Lieu oti e-t l'étendage. Mettre, porter du linge,
du papier â l'étendage. || Opération qu'on fait aux
laines.
— ÉTYM. Étendre.
ÉTENDARD (é-tan-dar ; le d ne se he pas : un
é-tan-dar orné; au pluriel, Vs ne se lie pas : des
é-tan-dar ornés ; cependant plusieurs disent : des
é-tan-dar-z ornés), s. m. || 1" Toute sorte d'enseigne
de guerre. Et voyant pour suicrolt de douleur et de
haine Parmi ses étendards porter l'aigle romaine,
RAC. tlilhr. v, 4. Déployez en son nom cet étendard
fatal, Des extrêmes périls l'ordinaire signal, ta.
Raj. I, 2. Cet étendard était un aigle d'or au bout
d'une pique avec les ailes déployées, et, depuis
ce temp.s-là, les rois de Perse n'en ont point pris
d'autres, iioll. Hist. ane. OKur. t. n, p. 212, dans
LACDRNE. Le dieu dont j'ai porté les sacrés éten-
dards, volt. Fanât, u, t. || i' Aujourd'hui, ea
termes militaires, étendard ne se dit que des ensei-
gnes de la cavalerie. Se ranger sous l'éttindarti.
ÉTÉ
ÉTÉ
ÉTÉ
1517
Il 3' Fig. L'étendard, lo parli sous lequel on se range.
L'étendard d'un faux prophète réunit des pâtres
errants dans les déserts de l'Arabie, turgot, 2'
dise, en Sorbonne. \\ Suivre les étendards de, se
ranger sous les ôtendards de, combattre sous les
étendards , arborer l'étendard de , c'est-à-dire embras-
ser le part; ne, s'attacher à. N'arboreront-ils point
l'étendard de Pompée ?cohn. Serfor. i, i. Il obligea
les Grecs à marcher sous ses étendards contre
l'ennemi, Boss. Ilist. m, 6. Mais sous ses étendards
j'ai déjà su ranger Un peuple obéissant et prompt
à vous venger, Ji\c. Alhal. iv , 2. || Lever l'étendard,
se déclarer chef d'un parli , d'une faction. Matha-
tias leva l'étendard de la liberté, BOSS. .4i-ere. 5.
Contre nous de la tyrannie L'étendard sanglant est
levé, Marseillaise. || Lever, arborer l'étendard de
la révolte, se révolter. || Lever l'étendard, prati-
quer avec ostentation quelque chose. On peut être
homme de bien sans lever l'étendard, sans courir à
toutes les dévotions, MASS. Carême, Cuite. || 4° Éten-
dard désignait autrefois, sur les galères, ce qu'on
nomme aujourd'hui pavillon sur les vaisseaux.
Il 6° Terme de botanique. Pétale supérieur des fleurs
papilionacées. || 6° Sorte de papier.
— HIST. XI* s. Et l'estandarl Tervagan et Mahom,
Ch. de llol. ccxxxvu. || xir s. Nostre emperere fist
l'estendart venir [le chariot qui portait l'étendard],
Mult l'a bien fait de chevaliers emplir Et de serjans,
pour le fais soustenir, Garin, dans du cange, stan-
dards m. Quant il ont en bataille fiché leur estan-
dart, Sax. xix. || xiii* s. Oïl, se Diex me saut : nous
u'avons chi autre fremeté [forteresse] , ne autre es-
tendart fors Dieu tant seulement et vous, u. de
VALENC. IV. Il xv s. L'estendart du roy qui estoit
de satin vermeil cramoisy, al. chartier, Hist. de
Charles VII, p. t82, dans lacurne. Dame Ysengrine
y vint accompagnée de plusieurs de sa congnois-
sance, qui toutes apportèrent leurs quenoilles, lin,
fuiseaux, estendars, happles, et toutes agoubilles
servans à leur art, les Evang. des quenouilles, f. <3.
Il xvi' s. Alors fit le seigneur de la TremouiUe son-
ner à l'estendart pour rassembler ses gens, i. d'au-
TON, Annales de Louis XII , p. <09, dans lacurne.
Estendart, bannière ou enseigne, que nous disons
aujourd'hui drapeau, pasquier. Recherches, dans
LACURNE. U n'est umbre que d'estendarts, il n'est
fumée que de chevaux, et clicquetis que de har-
nois, RABEL. 11, 27. X l'estendard tard va le couard,
LEROuï '"' UNO"- P^nv. t. II, p. 79. Avant, avant,
gendarmeo, „ •'—•■ai; boute selle, boute selle, tost
à l'estendard , Chanson de la bataille de ilarignan.
— ÉTYM. Provenç. estandarl, eslandard; espag.
tstandarte ; ital. stendardo; angl. standart. Diez le
tire du latin extendere , étendre , déployer ; du
Cange, du germanique stand, être debout. Le fait est
que, à part l'italien, c'est l'o qui est dans le vieux
français, dans le provençal et l'espagnol. De plus,
Vétendard était quelque chose de fixé et d'immobile
durant la bataille, ce qui va à stand; enfin l'anglais
signifie à la fois étendard et étalon [de mesures],
ce qui ne paraît se concilier qu'avec une racine
analogue à celle qui est dans étalon lui-même. Ces
raisons font pencher la balance du côté de stand.
Cependant remarquez que, dans certaines provin-
ces, étendard, comme drapeau, signifie un lange.
t ÉTENDELLE (é-tan-dè-T), s. f. Sac de crin dans
lequel on renferme les graines oléagineuses broyées,
pour les soumettre à la presse. || Sorte de hangar
où l'on étend les verres dans les fours à vitres, après
avoir été soufflés en manchons. || Endroit où l'on
étend les peaux. || Division d'un bloc d'ardoise.
— HIST. XIV* s. Huit nappes de hoslel, une autre
estendelle de fin linge, du cange, extendere.
— Etym. Étendre.
t ÉTENDERIE (é-tan-de-rie), s. f. Voy. éten-
doir.
t ÉTENDEDR (é-tan-deur) , s. m. Ouvrier chargé
d'aplatir ou d'étendre les manchons de verre.
ÊTENDOIR (é-tan-doir), s. m. || 1° Terme d'im-
primerie. Long liteau en bois, surmonté, par un
bout, d'une traversed'un pied environ de longueur,
assemblé dans le manche à tenons et à mortaises,
qui sert à porter et à étendre, sur des cordes, les
feuilles imprimées sortant de la presse, ainsi qu'à
les enlever quand elles sont sèches. || 2° Endroit où
l'on étend ce qu'on veut faire sécher. On dit aussi
étenderie. || 3° Percha sur laquelle les blanohis-
•euses étendent le linge.
— ETYM. Étendre.
ÉTENDRE (é-tan-dr'), v. o. || !• Donner aune
chose plus de surface. On étend l'or sous le marteau.
Eteudre du beurre sur du pain. |j Etendre des trou-
pes, leur faire occuper plus de terrain, leur donner
plus de front. Arbogaste étendit dans la plaine cette
armée de barbares qu'il avait emmenés en Gaule,
FLÉCH. Théodose, iv, 48. || Terme de trictrac. Éten-
dre son jeu, distribuer les dames sur autant de flè-
ches qu'il se peut afin de faire facilement des cases.
Il Kig. et familièrement. Étendre le parchemin, faire
de longues écritures dans une affaire, pour en tirer
plus de profit, prolonger un procès par des chicanes;
ainsi dit parce qu'autrefois les écritures de justice se
faisaient surtout sur parchemin. || Étendre la cour-
roie, étendre les profits ou les attributions d'un
emploi, au delà de ce qui est permis. Sa place ne
lui vaudrait pas tant, s'il n'étendait un peu la
courroie. {| 'ferme de peinture. Grouper ensem-
ble plusieurs parties qui reçoivent la lumière,
et où les objets ne sont séparés que par des demi-
teintes adoucies. {| 2° Déployer en long et en large.
Étendre son manteau par terre pour se coucher.
Il Étendre du linge , le placer sur des cordes
pour qu'il y sèche. Les premiers objets qui se pré-
sentèrent furent Cunégonde et la vieille qui éten-
daient des serviettes sur des ficelles pour les faire
sécher, volt. Candide, 29. jj Étendre les bras,
les jambes, les allonger. Le Seigneur a étendu sa
main sur la mer, il a ébranlé les royaumes, saci.
Bible, Isaïe, xxiii, 4). [La Mollesse] Soupire, étend
les bras, ferme l'œil et s'endort, boil. Lutr. ii.
Il Terme de physiologie. Étendre la jambe sur la
cuisse, l'avant-bras sur le bras, faire que la jambe
et la cuisse, le bras et l'avant-bras soient en ligne
droite. Il Étendre les ailes, se dit d'un oiseau qui les
déploie pour s'envoler. || 3° Coucher de son long.
Étendre un blessé sur un lit. Télémaque fit la-
ver la plaie sanglante de Pisistrate, il le fit éten-
dre sur un lit de pourpre, fén. Tél. xxi. || Il
se dit aussi pour renverser à terre. Et si tu veux
m'en croire, Tu retendras tout plat, la font. Fabl.
viii, t7. i perne fut-il étendu par terre que je lui
tendis la main pour le relever, fén. Tél. v. || Eten-
dre un homme sur le carreau, le tuer, le renver-
ser mort par terre || 4° Développer, amplifier. Éten-
dre un sujet. Pour peu que j'eusse voulu étendre
quelques-unes de mes lettres, elles se fussent ap-
pelées des livres, Balzac, liv. iv, lett. 4. || Éten-
dre laclaused'un contrat, les termes d'un arrêt, etc.
porter le sens d'un contrat, d'un arrêt au delà de ce
que les termes signifient précisément. En cela il a
étendu sa commission et a fait plus qu'il ne devait
faire, balz. liv. vi, lett. 3. Selon divers besoins il
est une science D'étendre les liens de notre obéis-
sance, mol. Tart.iv, 6. || Étendre le sens, lasigni-
ficaiion d'un mot, lui attribuer un sens plus ample
qu'il n'avait, jj On dit de même étendre un mot. Ce
mot ne désignait d'abord que telle chose, on l'a
étendu depuis à telle autre. 115° Augmenter, agran-
dir. Étendre son empire. Étendre sa domination. La
découverte de l'Amérique a beaucoup étendu le com-
merce européen. Plus on étend sa puissance, plus
on est dévoré du désir de tout pouvoir, i. j. rouss.
Lett. de la montagne, 9. Il n'est point d'État aussi
heureusement situé que la Russie pour étendre son
commerce, raïnal, Hist. phil. v, 2i. La popu-
lation étendit l'industrie, m. ib. iv, 30. || Par ex-'
tension. J'ai trouvé l'art d'étendre ma vie sans la
prolonger; j'existe, j'aime, je suis aimée, je vis
jusqu'à mon dernier soupir, i. j. rouss. Ilél. vi,
41. Il Fig. On n'étend l'esprit qu'en abrégeant ses
idées, MALEBR. Hech. vi, u, 4.|16° Porter jusqu'à,
faire aller jusqu'à. Que servirait à Louis d'avoir
étendu sa gloire partout oà s'étend le genre hu-
main ? BOSS. ifar. Thér. Toutes les espèces sur les-
quelles il put étendre ses expériences , fonten.
Hartsoeker. Tel était le génie de Carthage : tou-
jours sévère et excessive dans ses punitions, elle
les portait aux dernières rigueurs et les étendait
jusque sur les innocents, rollin, Ilist. anc. Œuv.
t. I, p. 281, dans pouGENS. Etends la loi de la né-
cessité aux choses morales, apprends à perdre ce
qui peut t'être enlevé, i. J. ROuss. Ém. v. Antipaler
est, après Philippe, le plus habile politique de la
Grèce; actif, infatigable, il étend ses soins sur pres-
que toutes les parties de l'administration, bar-
THÉL. Anach. 61. Quand la mort sur le trône
étend ses rudes coups, volt. Henr. vi. Je vais,
sur les vaincus étendant mes secours, Consoler leur
misère et veiller sur leurs jours, id. Alt. iv, 4. Que
si cette inscription est de quelque nation ancienne
qui ne subsiste f us, elle étend notre âme dans les
champs de l'infini, bern. de st-piehre, Paul et
Virg. Il Etendre la vue, la porter sur un point éloi-
gné. C'est un plaisir d'étendre la vue sur cette belle
campagne, Dict. de l'Acad. || 7° Terme de chimie.
Étendre un acide, de l'cilcool, y ajouter de l'eau et
l'affaiblir de la sorte. || On dit de même étendre du
vin avec de l'eau. || 8° S'étendre, v. réfi. Prendre
plus de surface. L'or s'étend sous le marteau. || Se
déployer. L'armée s'étend dans la plaine. L'ombre de
cet arbre s'étend sur nos têtes. Sur la face des eaux
s'étend la nuit profonde, delille, Enéide, i En
vain sous de beaux cieux S'étendaient à tes pieds
des champs délicieux, id. Trois règnes, m. |{ Fig. Un
silence pieux s'étend sur la nature (pendant la nuit] ,
LAMAHT. Harm. ii, 4. || 9° So coucher tout de son
long. Ils se sont étendus sur le gazon. Étendez-
vous là seulement ; il y aura plaisir à confondre
votre frère ; voici madame ; tenez-vous bien, mol.
Mal. im. m, 17. || 10° Etre allongé. Ses jambes s'é-r
tendaient sous la table. Et vers l'amant qu'elle
adore. Ses bras s'étendent encore En se changeant
en rameaux, uarmontel, Daphné. Le liquide azur
Du fleuve qui s'étend comme lui [le ciel] calme el
pur, A. CHÉN. Élég. xiv || 11" Aller jusqu'à. Et sa
bonté [de Dieu] s'étend sur toute la nature, rac.
Athal. II, 7. L'horreur de mon destin s'étendrait jus-
qu'à vous, VOLT. Œdipe, iv, 3. La flamme dont
brttia àion désespérée S'étendit en fureur aux murs
de Césarée, id. Zaïre, u, 4. Je suis l'ami et le dis-
ciple de Socrate; et je crains bien que la haine qu'on
a pour lui ne s'étende jusqu'à moi, marmontbl,
Cont. moraux, Alcibiade. \\ 12° Occuper une certaine
étendue. L'Etat dont mon cœur est content Sur quel-
ques bords du Nil à grand'peine s'étend, corn. Pomp.
II, 3. Cette histoire s'étend depuis l'an du monde
3483 jusqu'à l'an 3600, bollin, Hist. anc. OHuvres,
t. III, p. 24, dans POUGENS. La plaine Qui s'étend
de Pisaure aux remparts de Césène , volt. Triumv.
m, 5. L'empire des Perses s'étendait jusqu'à l'In-
dus, MONTESQ. Esp. XXI, 8. || Par extension. Sa
réputation s'étend par toute l'Europe. Son culte [de
Diane ] , connu depuis longtemps dans quelques
pays éloignés, s'étendit dans l'Asie Mineure , dans
la Syrie et dans la Grèce proprement dite ; il était
dans le plus grand éclat sous les premiers em-
pereurs romains, barthél. Anach. ch. 72, note 8.
Il 13° Fig. Prendre plus de portée, en parlant de
l'esprit. Son esprit s'est étendu. Les idées se sont
étendues, genlis, Veillées du chat. t. m, p. 77, dans
POUGENS. Il 14° Il se dit des personnes, en parlant de
leurs propriétés. Ce propriétaire s'est fort étendu de
ce côté. Pourquoi, dit un riche, ne me sera-t-il pas
permis d'accroître mon fonds, et pourquoi, payant
bien ce que j'acquiers, n'aurai-je pas droit de m'é-
tendre? bourd. Carême, ii, Richesses, 14. |1 15° 11 se
dit de la vue, de la voix. La vue s'étend très-loin
de ce côté. Autant que la voix peut s'étenare. Au-
tant que mes regards au loin peuvent s'étendre,
volt, ilérope, v, 6. || Tant qu'elle peut s'étendre,
se dit d'une somme d'argent, et signifie pas da-
vantage, avec un sens d'ironie. Saint-Albin : J'ai
quinze cents livres de rente? — Le commandeur:
Tant qu'elles peuvent s'étendre, diderot, Père de
famille, ii, 8. || 16° Embrasser, être applicable à.
La règle que je vous ai donnée s'étend à toutes les
autres, boss. Lett.abb. 62. Cette maxime s'étend ,
quoique avec moins de sévérité, à tous les auti'es
objets, DIDEROT, Lett. sur les sourds el muets.
Il 17" S'étendre sur quelque sujet, le traiter avec
développement. Le prince s'étendit sur le malneur
ies grands, la pont. Fabl. x, 46. Il s'étendit fort
au long sur les justifications qui étaient dans ia
lettre, SÉV. 409. Je me suis un peu étendue sur cette
mort, ID. 345. Il 18° Il se dit aussi d'une armée qui
pousse au loin ses corps, ses partis. Depuis deux
mois les deux armées ne s'étaient fait qu'une guerre
de partisans ■• son but, pour les Français, était de
s'étendre dans le pays, poury chercher des vivres....
SÉGUR, Hist. de Nnpot. x, 4. || 19° Durer. D'après
David, la vie ordinaire ne s'étend pas au delà de
soixante-dix ans. || Proverbe. Le cuir sera à bon
marché, les veaux s'étendent, se dit pour repro-
cher à quelqu'un de s'étendre d'une façon peu con-
venable.
— HIST. xn* s. Tu estendras la tue ire [ta colère]
de generaciun en generaciun, Liber psalm. p. i2i.
Merveilles fait de sei Gerin Od [avec] le sueu cler bran*
acerin; N'en ateint home qu'il ne fende. Que mort
à terre ne l'estende, benoIt, u, 529. Donc [il] laisse
courre à plein frein estendu, Ronc. p. 60. Deus est
chiés [chef] dos prelaz : pur sale i maintenir. Il de-
vreient estendre les ccis, prez de mûrir. Th. le
mart. 70. || xiii* s. Dame Diex qui en croi fu pour
nous estendus, Berte, xxiv. Ne tapis estendus pour
son cors aaisier, ib. xxxviii. En sa chambre [elle]
l'enmaine, delez le feu Testent, ib. iLvn. Par très-
tout le royaume la nouvele s'estent, ib. cxxxii
Cis grans empereres meiimes, Qui fu d e tout le
■
4518 ET'-
■and* ànê. nnl «••flwdolt loin lei empire», la
ÎKr««»rBI f'il [M •'W're'I ••••««ndent en plu.,
,u. T«~n« .i »""« honneur en Acre q"» [1 1' «-
i„Jo..n. !.. dr.. d-or et d. wie par où lde.oU
«J.r. toi«r. »'«. Ili.y ». Car qui »e Touldrolt e»-
tondre i »•« P«"n» et u proceins (prochain»] et
uai» et »»«nii« de ae« ami», ce «eroitune chose
an» an, oir»ii«, Eih. viii, U. || xv ». Si je me
»«nlore aoroéda telle T»leur, je oseroye hardiemoiit
«t k cher» e»tendu» [à visage ouvert] tel honneur
et plu» gr»nt recevoir, Perceforeit , t. i, f »2.
Il XVI* ». Platon a'estend à mille préceptes pour ses
gymnizes, iio:<T. I, *»*. Le» fourmis esteiidunt
hors de l'aire leurs grains pour.... i». ii, <««• I-a
couardise ne va point jusque» là, non plus que la
vaillance ne l'estend pa» qu'un seul eschcUe une
forter«»*e, la boCt», <a. 11» ne voient autre moyen,
pour astaurer U nouvelle tyrannie, que d'estendre
fort laaervitude, id. 3t.
— CTYM. Wallon, tiieind; provenç. eslendre, ex-
tendn; espagn. txtender; portug. estender; ital.
iUndeTe;A\x latin exlmàert, de ci, et tendere, tendre.
ÊTENUO, DE (6-Un-du, due), part, pasii d'é-
tendre. Il 1* Déployé. Du linge étendu. Le régiment
étendu le long du chemin. || Terme d'entomologie.
Aile» étendue», ailes qui, dans l'état de repos de
l'insecle, ne se rabattent point sur le corps et lais-
sent l'abdomen à découvert. || t' Allongé. Les bras
étendus. || Fig. Votre empire n'est plein que d'enne-
mi» couverts; II» pleurent en secret leurs rois sans
diadèmes; Vos fers trop étendus se relâchent d'eux-
mêmes, bac. ill«i. il, 2. Il 3' Couché de son long. Sur
un lit de gazon de faiblesse étendu. Il semblait dé-
plorer ce qu'il avait perdu, cobr. Rodog. v, 4. Je
l'ai vu sous vos coups étendu sur la terre, botrou,
Jlerc. mour. i, 4. Vos corps seront étendus morts
en cette solitude, Ska, Bible, Nombres, x\y, 32.
Sur le bord d'un puits très-profond Dormait étendu
de son long Un enfant alors dans ses classes, lk
'ONT. Fabl. V, <<. Il i' Terme de peinture et de
culpture. Contours étendus, contours coulants, sans
Jiévation ou sans creux trop ressentis. || 6" Vaste,
grand. Une forêt fort étendue. Un village étendu.
Il Par extension. De tes forfaits la peinture étendue
Ne lai.sse plus Dotter ma haine suspendue, corn.
Toi», d'or, m, 3. Mes révérends pères, mes lettres
n'avaient pas accoutumé de se suivre de si près ni
d'être si étendues; le peu de temps que j'ai eu a
été cause de l'un et de l'autre, pasc. Prov. 16.
Il Fig. Les devoirs d'un magistrat sont fort étendus,
il 6* Qui a de l'étendue, qui saisit par llntelligence
beaucoup d'objets. L'esprit pouvant être fort et étroit,
et pouvant être aussi étendu et faible, pasc. Pent.
part. 1, art. to. ||7* Qui a de l'extension. Ce terme
est trés-étendu. || 8* Terme de métaphysique. Qui
jouit de la propriété de la matière dite étendue.
Nous connaissons l'existence de la nature du fini,
parce que nous sommes finis et étendus comme
lui, PASC. Peniiet, t. i, p. 303, édit lahore.
L'esprit de l'homme, n'étant point matériel ou étendu,
Mt »an» doute une »ulistance simple, indivisible,
«tsans aucune composition de partie», maleb. Jtec/i.
I, «. Il 9" Terme de chimie. A quoi on a ajouté de
l'eau. Acide étendu. Cette »ève [do l'érable] étendue
dans l'eau de fontaine offre une liqueur fraîche peu-
dant la chaleur de l'été, chateaub. Amer. 70,
ÉTEITDUB (*-Un-due), t. f. || i- L'espace étendu
devant nos yeux, sou» nos pas. La vaste étendue des
mers. La foudre gronde dans l'étendue. Les corps
célestes roulent dans l'étendue. || Terme d'escrime.
Avoir une grande étendue, avoir la faculté de se
fendre beaucoup et de toucher ainsi son adversaire,
en restant à une distance taset grande. || %' Pro-
priété générale de la matière, qui fait qu'elle oc-
cupe une certaine portion de l'espace. La question
se réduit k savoir si cette idée do l'étendae est une
modalité de l'tme; je prétends que non, parce que
cette idée est trop vaste, qu'elle est infinie, comme
Je viens de le prouver, malrbr. Rech. Rép. à Régit,
ch. I. L'école définissait l'étendue, ce qui a des par-
tie» hors des partie», BonmiT, ÛBiitre» miUet,
l. ïviii, p. ««, dan» pouoEH». La notion de l'éten-
due dépouillfa de toutes ses difficulté» et prise par
W c*té le plus clair, n'est que l'idée de plusieurs êtres
qui nous paraissent le» un» hors de» autres, conml.
Cowt. ftitm. I, ». Il 11 M dit aussi de chaque dimen-
T~ ^ «tendue d'une ligne, d'une surface. || $• Gran-
??JJ^^n«Jpr8cie. Un pare d'une grande étendue,
»|»w™»«« •• IM domaines. Par toute l'étendue du
JOJM»». «bajuD peut faire ses plaintes, assuré de
towoteçtion du pnnc. «>«. J. nilier. C'est lui
ITkaUa], àoequoQ dit, qui donna le nom de ThuM
ÉTÉ
& l'Ile qu'on appelle présentement Islande; comme
son empire allait apparemment jusque-là, il était
d'une l)elle étendue, pot«TBN. Oraclet, t, *. || 4* U
se dit de la durée. La vie de l'homme est d'une éten-
due bien boroée dans l'étendue de» siècles. || &* Por-
tée, en parlant de la vue, de la voix. L'étendue du
regard. Il m'ordonna de chanter en donnant à ma
VOIX toute l'étendue qu'elle avait, lesage, Guiman
d'Alf. IV, 6. IITerme de musique. Distance entre le
son le plus grave et le son le plus aigu, ou somme
de tous les sons propres à une voix, à un instru-
ment. L'étendue des sons appréciables. || Dans un
sens plus particulier, voix qui a de l'étendue, voix
sans étendue. || 6° Fig. Ce qu'une chose embrasse.
Cette haine a pour moi toute son étendue, corn. Sert.
m, 4. Mes sentiments d'estime auront plus d'éten-
due, 10. Tois. d'or, v, i. Vos vertus n'ont point eu
toute leur étendue, id. Pulch. m, 3. Votre pouvoir
est de grande étendue, pasc. Prov. 8. Donner à ma
haine une libre étendue, vkc.Andr.]i, 6. L'heure
approche, mon fils, où la trêve rompue Laissait à
mes desseins une libre étendue, volt. Fanât, iv, B.
De vos engagements remplissez l'étendue , id.
Triumv. i, 3. L'effroyable étendue.... de l'abîme où
je suis descendue, id. Scythes, v, 4. || 7* Terme de
grammaire. Stendue des noms appellatifs, l'ensemble
des êtres auxquels ces noms peuvent convenir. Le
nom cheval a moins d'étendue que le mot quadru-
pède. Il 8° Développement , longueur. L'étendue
d'un discours. Donnez à votre ouvrage une juste
étendue, boil. Art p. m. Celte matière est d'une
grande étendue, montesq. £sp. xix, 1. || 9* Éten-
due d'esprit, la faculté de comprendre un grand
nombre d'objets sans les confondre. De là vient
cette bizarrerie apparente de l'esprit humain, qui
a tant d'étendue en un sens et si peu en un au-
tre, FONTEN. Fragm. eonn. esp. hum. Son esprit
était d'une étendue infinie. M"' de caylus, Soitven.
p. 64, dans POUOENS. Je ne me lasserai point d'ad-
mirer la prodigieuse étendue de tête qu'il t'a fallu
pour conduire des drames de trente à quarante
personnage».... didbrot, Éloge de liichardson.
— SYN. étendoe, ESPACE. L'étendue, venant du
verbe étendre composé lui-même de tendre, emporte
avec elle l'idée d'une mesure, ou d'un rapport dans
les distances; espace ne suppose par lui-même ni me-
sure, ni rapport. De là vient qu'appliqué à un nom,
l'étendue se prend pour ses dimensions intérieures :
Ce champ a beaucoup d'étendue ; et espace pour ce
qui est libre àl'entour: Nous avons de l'espace.
— HlST. xvi* ». Pour vous faire rendre Metz,
Thoul et Verdun, dont vous avez desja faict estât,
pour Testendue [extension) des limites de vostre
couronne, carloix,iv, t». Ils ont grand tressail-
lement, baaillement et estendue [extension] des
membres, paré, ixiv, tB.
— ÉTYM. Éiendu.
t ÉTKNTE (é-Un-f), s. f. Terme de pêche. Filet
tendu à la basse-mer sur des piquets enfoncés dans
la vase. || On dit aussi tente.
—ÉTYM. Étendre. Ce filet »a nomme en Norman-
die l'tendage.
ÉTEttNÉL, ELLK (étèr-nèl, né-1'), adj. || 1* Qui
n'a pas eu de commencement et n'aura point de
fin. Des philosophes ont cru le monde éternel. Dieu
est étemel. Le Père éternel. Le Verbe éternel. Les or-
dres éternels D'un Dieu qui vous demande au pied
(le se» autels, volt. Zaïre, v, 3. Quel sang u de-
mandé l'éternelle justiceT id. Fanât, m, (.||Une
vérité éternelle, une vérité immuable. || 8° Qui
n'aura point de fin. Le bonheur éternel du paradis.
Venez-vous m'enlever dans l'éternelle nuit? bac.
Andr. v, «. D'un éternel oubli ne tirez pas les
morts, VOLT. S^mir. ii, 7. De tout ce qiie j'aimais
cette éternelle absence [la mort] Abattit mon cou-
rage, accabla ma constance, st-lambert, Saisons,
Hiter. La passion voit tout éternel; mai3 la nature
humaine veut que tout finisse, Diderot, Père de
famille, n, t. || La ville éternelle, Rome. Les ou-
vrages qui ont donné et donnent encore aujourd'hui
la plus hante idée de sa puissance [de Rome] ont été
faits sous les rois ; on commençait déjà à bâtir la
ville éternelle, «ontesq. Rom. i. || Poétiquement.
Le sommeil étemel, la mort. || 8* Par extension,
dont on ne peut prévoir la fin, fixer le terme. D'une
éternelle paix Hermione est le gage, rac. Andr.
II, 4. Un obstacle étemel rompt notre intelligence,
id. Bajai. u, s. || Un éternel adieu, adieu que se
font des peraonnet qui ne doivent plus se revoir.
Il V. Hupo a donné un comparatif à étemel. Mais
si la Grèce est sans prestige», Tu .savais des lieux
solennels Où sont de plu» sacrés vestige», Des mo-
n-imeiits plu» éternel», Odet, iv, «. y 40 par exa-
ÉTE
gération , qui semble ne devoir pai finir, qui fatigue,
qui ennuie. Claude même lassé de ma plainte éter-
nelle , bac. Brit. IV, 2. Tous me» moments n '
sont qu'un éternel passage De la crainte à l'espoir,
de l'espoir à la rage, id. Bérén. y, 4. [Klles]....
se plaignent tous les jours des dégoûts et des
égarements éterneb qu'elles éprouvent dans ce saint
exercice [la prière], mass. Car. Prière*. On ne
trouve plus guère après le siècle d'Hélène [mère
de Constantin] que l'éternel corinthien [ordre co-
rinthien), chateaub. Uin. II, t58. Qu'importe ce
vain flux d'opinions mortelles Se brisant l'une
l'autre en vagues éternelles? lamart. Ilarm. 1, B.
Il Un causeur étemel, un bavard infatigable. || Un
homme éternel, un homme qui fatigue. Dans l'es-
pérance que l'éternel Saint-Germain en sortirait avant
elle, HAMiLT. Gramm. 4. Léonore et son éternelle
gouvernante, lesagb, Diable boit. 4. Mais, baron
éternel, ce n'est pas sur un regard équivoque, sur
une simple civilité que je suis assuré qu'on m'aime,
BOISSY, Français à Lond. se. <. || Par plaisanterie.
Une personne éternelle, une personne dont on at-
tend l'héritage et qui tarde à mourir. J'en ai l'avis
sur moi, que je dois sûrement Hériter avant peu
d'une tante éternelle.... Qui me remet toujours, do-
rât, Feinte par amour, il, 7. Songe-t-elle à vous
a.ssurer de quoi vivre? elle ne sera pas étemelle, et
il serait fftcheux qu'elle ne vous mît pas en état
d'être toujours aussi proprement mise, Marivaux,
Hariane, i' part. || 6' S. m. Dieu. Il les reçoit comme
des hôtes que l'Étemel lui envoie, patru, Plaid.
9, dans richelet. L'Éternel est son nom, le monde
est son ouvrage, bac. Esth. m, 4. Oui je viens dans
son temple adorer l'Étemel, id. Athal. I, t. || En
cet emploi on met un É majuscule.
— SYN. éternel, perpétuel. Éternel se rapporte
à la durée infinie prise absolument. Perpétuel se
rapporte à l'homme, et admet comme possibles, et
même comme probables, les interruptions ou ter-
minaisons auxquelles l'humanité est sujette. Une
rente est perpétuelle ; l'abbé de Saint-Pierre rêvait
une paix perpétuelle. Au contraire ceux qui croient
que le monde ne finira pas, disent qu'il est éternel.
— HIST. m* s. Saches que tu es hom mortaus
[mortel], E il est veirs Deus eternaus, benoIt, ii,
6267. Il XVI* s. Tu y verras le» œuvres magnifiques
De l'Eternel, marot, iv, 208. Pourvoir ces mont»
couverts d'une neige éternelle, nu «bu,*t, vi, lO,
verso.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. etemal; ital. eter-
nale; du bas-latin .-Btemalis, d'a-lernus, contracté
pour xviternus, de svum, âge, durée infinie (giec,
otû>), et du suffixe terniw qui s'applique au temps,
comme dans hesternus, sempiternus.
ÉTERNELLE (é-tèr-nè-1') , t. f. Plante (voy. im-
mortelle).
ÉTERNELLEMENT ( é - ter - ne - le - man ) , adv.
Il 1" D'une façon éternelle. Dieu existe éternellement.
Il 2* Sans fin. Le bonheur des élus durera éternel-
lement. Par les muses seulement L'homme est
exempt de la parque; Et ce qui porte leur marque
Demeure éternellement, malh. ii, 2. Tous vous sa-
vent louer, mais non également; Les ouvrages com-
muns vivent quelques années; Ce que Malherbe
écrit dure éternellement, m. u, fo. Ils seront éter-
nellement connus par leur désertion, noss. Var.
>" instr. poil. § <o. Les Lettres Provinciales seront
éternellement regardées comme un modèle de goût
et de style, d'alemb. Dest. des jésuit. Œuvres,
t. v, p. 66, dans pougens. || 3* Sans cesse, conti-
nucUeraent. Resterez-vous là éternellement? L'avoir
[le prince de Condé] entre les mains, c'était y avoir
la victoire même qui le suit éternellement dans les
combats, boss. le Tellier. Il parlait éternellemei t
sans rien dire, hamilt. Gramm. 7. Voilà cette force,
cette raison, cette sagesse qu'ils nous vantent éter-
nellement, MASS. Car. Avenir.
— HIST. XIII* S. Tout avant ot il [Dieu] l'image et
la figure comment il feroit le monde et les autre»
choses, et ceot il toz jors eternelment, br. latini.
Trésor, i, I, «. Il XVI* s. Je commande sur pein»
d'inobedience et d'estre damnée éternellement que...
MARG. JVOUP. XXII.
— ETYM. Éternelle, et le suffixe m«nl; provenç.
etemalmen: espagn. et ilaL eternalmenle.
ÉTERNISE, ÉE (é-tèr-ni-zé, zée), part, passé. On
souvenir éternisé par des monuments durables.
ÉTERNLSER (é-tèr-ni-zé) , v. a. || I* Faire durer
sans fin. [Que] Le ciel, grand conquérant, éternise
tes jours! hotr. Bélit. t, 2. Il ne faut p.is que le
roi se persuade que ce palais superbe qui occupe
aujourd'hui tant d'esprits et qui lasse tant de main»,
éternise son nom, mMaùe, Préface aui œuvres de
ETE
Malherbe. Cet ouvrage est un monument qui éter-
flisera sa honte, pén. Tél. xtilIIs cherchent àéter-
niser sa mémoire par des titres et des inscriptions,
MASS. Car. Riche. Ce n'est point un talileau , c'est
une estampe; cela n'est fait qu'avec du noir de fu-
mée, on en tire cent copies en un jour, et ce secret
éternise les tableaux que le temps consume, volt.
Dial. XIII. Heureux qui, satisfait de lumières bor-
nées, A d'utiles travaux consacre ses années, Igno-
tant le désir d'éterniser son nom, gilb. Ode au roi.
Ou'une haine éternelle éternise la guerre! delille.
En. IV. De vengeance affamé, constant dans son
courroux. Voudrait-il, prolongeant son effroyable
joie, Ainsi que sa colbre éterniser sa proie? m. Fa-
rad, perdu, X. \\ Éterniser se dit aussi de la durée
indéfinie d'une race, d'une famille. S'il vous faut de
Bilus éterniser le sang. Si la jeune Azéma prétend
à ce haut rang, volt. Sémir. ii, 7. Je veux dans
ma famille éterniser l'empire, legouvé, M. de Nér.
IV, 6. Il Donner une gloire sans fin. Ou que d'un
beau trépas la mémoire durable. Éternisant des
jours si noblement finis.... bac. Phèdre, m, B. Cette
supériorité qu'une régence mémorable éternisera
dans nos annales, mass. Or. /un. 1/adome. || 2° Pro-
longer indéfiniment, traîner en longueur. Éterniser
un proc^s. D'abord sa politique, assurant sa puis-
sance. Semblait d'un fils docile éterniser l'enfance,
volt, ffenr. ii. Dion proposait-il des voies d'accom-
modement avec Denys, on le soupçonnait d'intelli-
gence avec ce prince; cessait-il d'en proposer, on
disait qu'il voulait éterniser la guerre, afin de per-
pétuer son autorité, Barthélémy, Anach. ch. 60.
Il 3° S'éterniser, v. réfl. Se donner une durée sans
fin. Il aurait voulu pouvoir s'éterniser sur la terre
dans l'usage des voluptés, mass. Car. Avenir. Vous
voudriez vous éterniser dans cette vallée de larmes,
ID. Car. Riche. || Se perpétuer. C'est ainsi que les
abus s'éternisent. Puisse votre maison s'éterniser,
comme vous avez immortalisé votre nom! volt.
Lett. Richelieu, H fév. 1764. || Se donner une re-
nommée éternelle. Pour vous éterniser sous ces arcs
glorieux Qu'une savante main taille aux victorieux,
TRISTAN, Mort de Chrispe, i, 3. || Familièrement.
Rester longtemps , trop longtemps. Le cardinal Fleury
s'éternisa au ministère. On aurait cru qu'il voulait
s'éterniser chez nous.
— HiST. XVI* s. Je veux brusler, pour m'envoler
auxcieux. Tout l'imparfait de mon escorce humaine,
M'eternisantcommelefilsd'Alcmeine, bons. 89.Tous-
jours, tousjours, sans que jamais jemeure, Je vole-
ray cyne par l'univers. Eternisant les champs où je
demeure De mes lauriers honorez et couvers, m. 576.
— ÉTYM. Bas-latin, ssternisare, de xternus, éter-
nel (ïoy. éternel).
ÉTERNITÉ (é-ttr-ni-té), s. f.Wl' Durée qui n'a
ni commencement ni fin. Dieu est de toute éternité.
Ze vois ces effroyables espaces de l'univers qui m'en-
ferment, et je me trouve attaché à un coin de
cotte vaste étendue, sans que je sache pourquoi je
suis plutôt placé en ce lieu qu'en un autre, ni
pourquoi ce peu de temps qui m'est donné à vivre
m'est assigné à ce point plutôt qu'à un autre de
toute l'éternité qui m'a précédé et de toute celle
qui me suit, pasc. Pensées, art. ix. Quand je con-
sidère la petite durée de ma vie, absorbée dans l'é-
ternité précédant et suivant.... je m'effraie.... m. ib.
art. ïxv, le. Que l'on célèbre ses ouvrages Au delà
du temps et des âges, Au delà de l'éternité, hac.
Esth. m, 9. Avant Aristote, plusieurs de nos py-
thagoriciens et entre autres Ocellus de Lucanie
avaient admis l'éternité du monde, bahthél. Anach.
ch. 64. J'ai réservé pour moi L'éternité qui te pré-
ciJe, L'éternité qui s'avance est à toi, delii.le, Di-
thyr. [J'ai] Quelquefois, sur l'Atlas, médité, près
des dieux. L'éternité du temps, l'immensité des
cieui, DOCis, Abufar, ii, 7. Roulez dans vos sen-
tiers de flamme, Astres, rois de l'immensité; In-
sultez, écrasez mon âme Par votre presque éternité,
LAMART. Harm.iv, 9. || De toute éternité, dans l'é-
ternité , c'est-à-dire d'après le dessein éternelle-
ment le même de Dieu. Son heure était marquée de
toute éternité, sÉv. 345. Les nœuds en [de cette al-
liance] étaient serrés dansl'éternité, fléch. Xar. Th.
Il De toute éternité, signifie aussi de temps immé-
morial. Cela est ainsi de toute éternité. || 2° Temps
qui n'aura point de fin. Et j'estimerai plus une mort
qui lui plaise.... Qu'une éternité qui ne lui plairait
pas, ROTH. Vencesl. iv, 6. C'est un fait constant
que l'Eglise chrétienne a toujours cru la divinité de
Jésus-Ctrist, l'immortalité de l'âme et l'éternité des
peines, boes. Var.xv, § ua. Ce grand empire qui
s'était vainement promis l'éternité , m. Hist. m ,
4. La bonté de Dieu n'exclut point l'éternité des
ETE
peines, ni l'éternité des peines n'est point contraire
à la bonté de Dieu, BDuan. Serm. <9» dim. après
la Pentec. Dominic. || S" La vie future. Il est une
autre voie et plus sûre et plus prompte Que dans l'é-
ternité j'aurais lieu de bénir, corn. Théod. m, 3.
Près du grand voyage de l'éternité, sÉv. 481. Il a
élevé votre ennemi dans le temps pour vous sauver
dans l'éternité, mass. Car. Pardon. L'affaire de l'é-
ternité ne va qu'apr^s toutes les autres, m. Car.
Impén. Que faites-vous pour l'éternité que vous
ne rendiez au monde au centuple? m. Car. Salut.
Devant votre tribunal il attend la décision de^on
éternité, m. Or. fun. Tilleroy. || L'éternité bienheu-
reuse, le bonheur sans fin des élus. L'éternité mal-
heureuse, le malheur sans fin des damnés. La foi
doit nous confirmer dans la créance de l'éternité
malheureuse, bourdal. Serm. <9' dim. après la
Pentec. Dominic. \\ i° Au plur. Éternités, l'éternité
passée et l'éternité à venir. Un philosophe nommé
Timée a dit, il y a plus de deux mille cinq cents
ans, que notre existence se trouve entre deux éter-
nités; et les jansénistes, ayant trouvé ce mot dans
les paperasses de Pascal, ont cru qu'il était de lui,
VOLT. Lett. à lime du Deffand, i mai <77î. La na-
ture m'a donné la permission de passer encore
quelque temps dans ce monde , c'est-à-dire une se-
conde entre ce qu'on appelle deux éternités, comme
s'il pouvait y en avoir deux , ID. Lett. Diderot ,
20 avril 1773. Il Le bonheur éternel des élus, le
malheur éternel des damnés. L'horrible nécessité
d'être éternellement ou anéantis ou malheureux,
sans qu'ils sachent laquelle de ces deux éternités
leur est à jamais préparée, pasc. Pensées, art. ix.
Il 5° Par exagération, un temps fort long. Cela est
solide et durera une éternité. Cette heure si dou-
loureuse m'a paru une éternité. || 6" Titre que l'on
donnait aux empereurs romains. Prince sublime
[Galérius], je vais commencer à punir les factieux
qui blasphèment ton éternité , chateaubr. Ifort.
397. Il 7" Mémoire éternelle. Il ne faut pas que tu
penses Trouver de l'éternité En ces pompeuses dé-
penses Qu'invente la vanité, malh. ii, 2.
— REM. Corneille a mis ce mot au pluriel pour
dire un temps fort long. Ah 1 combien ces moments
de quoi vous me flattez. Alors pour mon supplice
auraient d'éternités! Iléracl. m, i. Voltaire l'en a
repris et avec raison.
— HIST. xiii' s. Devant le commencement n'estoit
nul tens, mais sa éternité [de Dieu], br. latini,
Trésor, i,i, <o.
— ÉTYM. Provenç. eternitat; espagn. etemidad;
ital. eternità ; du lat. seternilatem (voy. éternel).
t ÉTERNUE (é-tèr-nue), s. f. Nom, chez les her-
boristes, de la ptarmique vulgaire (achillea ptar-
mica, L.). || Nom donné par quelques botanistes à
Vagroslis stolonifera, L. pa.T erreur sans doute (car
elle n'a rien de commun avec l'éternument) , et par
corruption du nom vulgaire cernue,
— ETYM. Éternuer, à cause que cette plante fait
éternuer.
ÉTERNUER (é-tèr-nu-é), j'éternuais, nous éter-
nuions, vous éternuiez ; que j'éternue, que nous
éternuions, que vous éternuiez, ti. n. || 1" Faire un
éternument. Ne fût-ce que pour l'heur d'avoir qui
vous salue D'un, Dieu vous soit en aide, alors qu'on
éternue, mol. Sgan. 2. 11 [le riche, le puissant]
crache fort loin et éternue fort haut, la bruy. vi.
Il [le pauvre, le faible] crache presque sur soi, et
il attend qu'il soit seul pour éternuer, ou , si cela lui
arrive, c'est à l'ihsu de la compagnie, id. ib. On
vous salue, quand vous éternuez, pour vous mar-
quer, dit Aristote, qu'on honore votre cerveau, le
siège du bon sen^ et à' l'esprit, saint-foix, Ess.
Paris, Œuvres, t. rv, p. 276, dans pougens.
Que direz-vous, monsieur le zélé, à ce malheureux
qui bâille et dort tout éveillé, et à l'autre qui depuis
trois heures éternue à se faire sauter le crâne et
jaillir la cervelle? que leur direz-vous? — Ce que je
leur dirai? — Oui! — F.hl parbleu I je dirai à ce-
lui qui éternue, Dieu vous bénisse, et va te coucher
à celui qui bâille , beaumarch. Barbier, m , B.
Il Substantivement.Touslesmarchers, toussers, éter-
nuers sont différents, pasc. dans cousin. || 2° Acti-
vement, par plaisanterie. Il m'a éternue son bon-
jour, il m'a dit bonjour en éternuant. || Éternuer un
mot, un nom, se dit quelquefois, par plaisanterie,
d'un mot où il y a beaucoup de consonnes sifflantes,
et particulièrement des noms polonais ou russes.
— HIST. xiii' s. Il esternue et se demaine. Moult
estoit li rois en grant paine, Ren. 19689. |{ xv* s.
Le quel Perrin en oyant vespres, par contrainte de
nature, esternua une fois bien haut, dont il se hon-
toya, DU CANGE, pudcratus.
ÉTÉ
1519
— ÈTYM. Berry, étoumer; bourguig. itarnué,
wallon, ilierni; provenç. estornudar, stornudar,
estrunidar; catal. estemudar; espagn. estornudar,
ital. starnutare; du latin sternutare, fréqtientatif de
sternuere, qui se rapproche beaucoup du greo
uTapvDfrQat.
t ÉTERNCEUR, EUSE (é-tèr-nu-eur, eû-z'), s.
m. et f. Celui, celle qui éternue fréquemment.
ÉTERNUMENT (é-tèr-nu-man), s. m. Mouvement
subit et convulsif du diaphragme, par suite duquel
l'air est expiré brusquement par le nez et par la
bouche. L'esprit est pour lui comme les éternuments
qui vont venir et qui neviennentjauiais, marmoniel,
Cont. mor. Connaiss.
— REM. Dans les substantifs de ce genre, l'Aca-
démie a l'habitude de marquer la dérivation, soit
en conservant l'e, soit en mettant un circonflexe.
Elle a laissé éternument sans aucune marque.
— HIST. XVI* s. Me demandez-vous d'où vient cette
coutume de bénir ceulx qui esternuent?.... le troi-
sième est l'esternuement ; et parce qu'il vient de la
teste, nous lui faisons cet honneste recueil, mont.
IV, *.
— ÊTYM. Éternuer; provenç. estomudament; ital.
starnutamento.
ÉTÉSIENS (é-té-ziin), ad/, m. pî. Les vents été-
siens, vents du nord qui soufflent dans la Méditer-
ranée chaque année après le lever de la canioule,
et qui tempèrent la chaleur de l'été pendant qua-
rante jours environ.
— ÉTYM. 'EtififfCai, sous-entendu ivepioi, vents an-
nuels, deÏToç, année, dit aussi îtoç ou Féioçavec le
digamma, et se rattachant au latin vêtus (voy.viEUX).
ÉTËTÊ, ÉE (é-tê-té, tée), part, passé. Arbre
étêté. Il Terme de blason. Se dit des animaux repré-
sentés sans tête.
ËTÊTEMENT (é-tê-te-man), s. m. Mode d'élagage
qui consiste à retrancher toutes les branches qui
forment la tête d'un arbre.
— ÉTYM. Ététer.
ÉTËTER (é-tê-té), V. a. \\ l' Couper la tête
d'un arbre. Ètêter des saules. On étête généralement
les jeunes arbres que l'on transporte d'un lieu dans
un autre. || 2° Par analogie. Étêter un clou, une
épingle.
— HIST. xvi* s. Etesfer, est couper généralement
toutes les branches pour faire reprendre nouvelle
vigueur à l'arbre, o. de serres, 723. Estester [cou-
per la tête] , cotgrave.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et tête.
f ÉTËTEUR (é-tê-teur), s. m. Terme de pêche.
Ouvrier qui coupe la tête des morues qu'on vient de
pêcher; le couteau dont il se sert.
ÊTEUF (é-teu; l'fnese prononce pas, si ce n'est
quand le mot qui suit est une voyelle ou une h
muette), s. m. Petite balle pour jouer à la longue
paume. Prendre l'éteuf à la volée. || Fig. Il joue de
ces éteufs-là, se dit d'un homme qui fait des coups
qu'il ne devrait pas faire. || Courir après son éteuf,
se donner beaucoup de peine pour ressaisir un avan-
tage qu'on laisse échapper. Il ne faut pas courir
après son éteuf, c'est-à-dire il ne faut lâcher les sû-
retés qu'on a entre les mains, pour des choses in-
certaines. Il Renvoyer l'éteuf, se décharger sur un
autre d'une affaire, d'une commission. 11 [le vent]
accourait, un mont en chemin l'arrêta; L'éteuf pas-
sant à celui-là. Il le renvoie et dit.... la font. Fabl.
IX, 7. Le docteur, voulant me faire de fête, dit
que je connaissais cette cause parfaitement et voulut
que je l'expliquasse; je lui renvoyai l'éteuf comme à
mon ancien, grosley. Vie, p. no. ||Se renvoyer
l'éteuf, se rendre la pareille. || Repousser ou ren-
voyer l'éteuf, répliquer vertement, repousser une
attaque. || Éteuf a vielli ainsi que le jeu auquel il
servait, et on ne l'emploie plus sans un certain ar-
chaïsme.
— HIST. xv* s. Sont-;e coups d'esteufs ou de bil-
les. Que ferez tesmoing vos voisins? ch. d'orl.
Rondeau. Le duc de Bou-gogne se mist encores
après son esteuf, et à remettre le siège devant Nancy,
COMM. v, B. ||xvi* s. Jouant à la paulme, il receut
un coupd'esteuf, mont, i, 74. Aubigné de ce pas
descend au cabinet du mareschal d'Anville ... il
joua des mesmes estœufs qu'il avoit fait vers l'autre
mareschal, d'aub. Hist. ii, 27X.
— ÉTYM. Bas-lat. stoffus; le même qn'étoffe (voy,
ce mot); ainsi dit à cause qu'il est fait d'étoffe,
garni d'étoffe.
I. ÉTEULE (é-teu 1'), s. f. Terme d'agriculture.
Chaume qui reste sur la place apr^3 la moisson
faite. On dit aussi esteuble. || Proverbe rural. Le
même champ ne doit pas porter deux éteules blan
ebes de suite , c'est-à-dire deux céréalas.
1520
RTH
_ HMT ni' 1. Tu *nT«l«. la lu» I"» [t« «'M-
u7o."d..r"r. leum ..tuble. Liber p.alm. p.M7.
H ,r^ C^«. d« ••■•" """"' '''"" "" tro,. fusée,
" i-!m..«n. qui e«toienl couvertes dï-stcules,
rD^".*".'? Htv.. s. U paille de, chaume,
îiM'rtair;.un.e.lroi.ed«sl.led, w meslera avec
U to-re^ur lu. •errir dauUnt d'amendement, o.
**J"tym. Wullon, iteil, ». f.; Berry, itroubU;
boonruig. i-rau/w, *<ou/«; nonn. élan, chaume;
l)âï,deTealmilon,^»»u», chaumes, dans un arrêt du
parlement du l4aoûH787; gêner, rtroufci/-»; pro-
fenç. eslobla; ilil. ifoppto. 11 yadeui forme» dans
ce mot: l'une ««fuie par eu; elle vient du latin »(«-
ptila. paille, comme l'ancien français neuU, du la-
lin lùbula; l'aulro ayec la Toyelle o, ou, vient du
baut-allem. itup/ila, allom. Sloppel, angl. jluble,
paille.
t î. ÉTEULE (é-teu-r), #. r- Voy- «TELLE. La
btrre a déjà beaucoup plus de violence que dans
la marées ordinaires; le» éteules se formaient déjà
en ondulations de t mètre 60 centimètres, /. des
Débalt, )7 mars 4882.
■f ÉrniAL(é-tal),».m. Terme de chimie. Matière
solide, cristallisable, grasse, qui se produit pen-
dant la saponificaiion de la cétine à l'aide des oxy-
des métallique,.
— ÉTYM. Mot formé de la première syllabe des
root, éiher et alcool.
ÉTHER (é-tèr), i. m. || 1' Selon les anciens,
«ubslancfi trèssuhlilo au-dessus de la sphère de l'air,
qui pouvait s'allumer par le frottement des sphères
supérieures, et était ainsi la matière du feu. Que
Junon soit l'air, que Jupiter soit l'éther, chateaubr.
CMe, II, V, a. || Esprit hypothétique animant
le monde entier. Pythagore tenait que le monde
était animé et inlelliKent; que l'Ame de cette
grosM machine était l'éther, d'où sont tirée, toutes
les tmes particulières , fénel. Philos. Pytha-
gore. L'air pur ou l'éther est un esprit qui meut les
corps et qui les rend visibles, diderot, Opinions
de» nne. philos. (Thomasius). || i* Chez le, moder-
nes, l'air le plus pur et le plus dilaté, celui qui est
dans les régions supérieures de l'atmosphère. D'un
feu rellgieui le saint poète épris Cherche leur pur
élher et plane sur leur cime [des montagnes], a.
cntn. m. L'harmonieux éther, dans ses vagues
d'azur. Enveloppe les monts d'un fluide plu, pur,
LAMART. llarm. ii, 4. || Par extension, les espaces
célestes. Les astres.... Dans le, champ, de l'éther
l'un par l'autre heurtés , lamart. Médit, i , 6.
'iH* Terme de physique. Fluide hypothétique, invi-
•ible et impondérable, éminemment élastique, que
beaucoup de physiciens modernes ont admis pour
expliquer le, |iliénomènesde la lumière et de la cha-
leur et qu'ils supposent remplir les vides de, corps
et le, e,pace, intermédiaires aux corps. Les ondula-
tion» de l'éther. {| 4'Termo de chimie. Liquides très-
volatils qu'on obtient par la distillation d'un acide
mêlé avec de l'alcool. Le mot éther a été introduit
dan» le langage chimique par Frobenius, en <730,
pour désigner ce liquide, déjà connu auparavant,
ijii'd appela ainsi proliablement par allusion à sa lé-
gèreté et fc »a volatilité. Fïiher nitrique. Ëiher sulfu-
rique. Respirer de l'éther. || Ether minéral fossile,
a'est dit quelquefois du naphte.
— IIIST. xvi" s. Ceux du plus haut estage ressem-
blent à l'éther et plus haute région voisine du ciel,
sereine, claire, nette et paisible, charron. Sagesse,
I, «6. De toute» par» où vous jetiez le» yeux, L'air
se fait calme, et l'sther gracieux, auadis jamin,
Poésies, p. (M, dans lacurne.
— ETYM. Provenç. elher ; cspagn. efer; ilal. etere;
du latin «ether; grec, ai6^p, de aWeiv, brûler.
t SniÈRATE (é-té-ra-f), s. m. Terme de chimie.
Sel produit par la combinaison de l'acide éthérique
«TW une hase.
ÉTHÈRÉ, ÉK (é-té-ré, rée), adj. || !• Qui est de
la nature de l'éther, qui appartient à l'éther. Corps
éthéré. Je contemple sa forme [de Laurence] avec
recueillement. Comme un être éthéré tombé du fir-
mament, LAMART. Jocel. IV, il». || L« Toùte éthé-
rée, U tcûte de, cieux, le ciel. Elle n'a d'autre
objet que la voûte éthérée, n*ONigR, Sat. xiii.
Il Mali^re éihérée, matière très-sublile que les phy-
•icien, du xvii- siècle et du xviii* suppoMient rem-
pur .es espace, qui séparent les corps célestes. Si
le» planiste, >e meuvent autour du soleil dan» un
milieu quel qu'il soit, dan, une matière éthérée qui
remp-Utout, et qui, quelque subtile qu'elle soit,
'*°...7*y* P» moins tinii qu'il est démontré,
«■wm» !•• mouvemenL, de, planètes n'en sont-ils
pu peTp«ii«a,œenl et même prompt»ment K.fTai-
bli» T poKTïH. Newton. |j Aujourd'hui, pour les phy-
siciens, matière éthérée est synonyme d'éther.
Il Les régions éthérées, l'espace du ciel; et flg. les
régions pure, et sublimes de l'âme. X mesure qu'on
approche dis régions éthérées , l'âme contracte
linéique chose de leur inaltérable pureté, l.J. Rouss.
Ilél. t, î3. Il étonna l'Kurope par des productions
dans le«]uellBS le» âmes vulgaires ne virent que de
l'éloquence et de l'esprit, mais où celles qui habitent
nos région» éthérées reconnurent avec joie un des
leurs, 10. Dialogue u. jj Fig. U se dit des sentiments
très-pur, et très-élevés. Un amour éthéré. Une piété
éthérée. || J* Terme de chimie. Qui a les qualités ou
les propriété» de l'éther. Liqueur, odeur éihérée.
Il Terme de pharmacie. Teintures éthérées, teintu-
res dont l'excipient est l'éther.
— ÊTYM. Provenç. elherey; espagn. et ital. etereo;
du latin xlhereus, de œlher, éther (voy. éther).
f ÉTHÉRÈNE (é-tè-rê-n') , *. m. Terme de chi-
mie. Nom du gaz oléHant, ou hydrogène bicar-
boné.
. + ÉrnÉRIFICATION (é-té-ri-fi-ka-sion) , ». f.
Terme de chimie. Conversion en éther.
tÉTnÉRIFIER(é-té-ri-fi-é),j'éthérifiais,nouséthé-
rlfîions, vous éthérifîiez; que j'éthérifie, que nous
éthérifiions, que vous éthérifîiez, v. a. Terme de
chimie. Convertir, transformer en éther.
— ÉTYM. Éther, et le lat. facere, faire, devenu
ficere en composition.
tÉTIlÉRIODE (é-té-ri-k'), od;. m. Terme de
chimie. Se dit d'un acide produit par la combustion
de l'alcool.
tÉTHÊRISATION (é-té-ri-za-sion), ». f. Action
d'éthériser.
+ ÉTHÉRISER (é-té-ri-zé) , c. o. || 1* Terme de chi-
mie. Combiner avec l'éther. Ëthériser un liquide.
Il %' Plonger, en faisant respirer l'éther, dans un
état où la personne perd tout sentiment d'elle-
même. On éthérise les patients qui doivent être opé-
rés, afin qu'ils ne ressentent pas de douleur.
— ÊTYM. Élher.
t ÊTIIÉRISME (é-té-ri-sm'), ». m. Etat dans le-
quel on a, par l'influence de l'éther ou du chloro-
forme, perdu tout sentiment.
— ÉTYM. Éthériser.
t ÉTUÉRO- CHLOROFORME (é-té-ro-klo-ro-for-
m'), ». m. Mélange d'éther et de chloroforme em-
ployé par quelque, chirurgiens dans les cas où
l'anesthésie chirurgicale et obstétricale a besoin
d'être prolongée longtemps.
tÉTIIÉROL (é-té-rol), ». m. Terme de chimie. Nom
de l'huile de vin légère, liquide oléagineux prove-
nant de la décomposition de l'huile douce ou pe-
sante du vin par l'eau.
t ÉTHÉROLAT (é-té-ro-la), ». m. Terme de phar-
macie. Produit de la distillation de l'éther sulfurique
sur des substances aromatiques.
t ÉTHÉROLATURE (é-té-rola-tu-r') , s. f. Terme
de pharmacie. Synonyme de teinture éthérée.
t ÉTHÊROLÉ (été ro-lé) , ». m. Terme de phar-
macie. Médicament liquide formé d'éther et de prin-
cipes médicamenteux qui y ont été unis en totalité
par solution directe ou par simple mixtion.
t ÉTHERONE (é-té-ro-n') , s. f. Terme de chimie.
Liquide limpide et léger, très-volatil, qui accom-
pagne l'huile douce de vin dans la distillation sèche
des sulfovinates.
t ÉTHÉRYLE (é-té-rl-l'), ». m. Terme de chimie.
Radical hypothétique de l'huile douce ou pesante
du vin.
tErniONIQUE (é-ti-o-ni-k'), adj. Terme de chi-
mie. Acide éthioniquo, acide obtenu par l'action à
froid de l'acide sulfurique anhydre sur l'alcool ab-
solu.
RTHIOPS (é-ti-ops'), I. m. Ancien terme de chi-
mie. Nom donné à certains oxydes et à des sulfures
métalliques, à cause de leur couleur noire. || Elhiops
martial, deutoxyde de fer noir. || Ethiops minéral,
sulfure noir de mercure. || Éihiops per se, pro-
toxyde noir de mercure. || Êlhiops végétal, char-
bon obtenu par la combustion d'une algue {fucus
vesiculotut, L. ) dans des vaisseaux fermés, et pré-
conisé contre les scrofules.
— ÊTYM. Ai6(o<|(, éthiopien, noir, de ot6eiv,
brûler, et û»!», visage.
ÉTHIQUE (é-ti-k'),». f. Il 1- Terme de philosophie.
La science de la morale. L'éthique politique a deux
objets principaux : la culture de la nature intelli-
gente, l'institution du peuple, didkrot, Opin. des
anc. philos. {Sarrasins). \\ Les Ethiques, titre d'un
ouvrage d'Aristote qui traite de la morale. Tel est le
traité des caractères de moeurs que nous a laissé
Thiophraste ; il l'a puiaé dan» les Ë'.hiques d'Aris-
ETH
tote, dont il fut le disciple, la brut. Diu. sur
Théofhr. Il 2* Adj. Qui appartient à la morale.
Précepte, éthiques.
— HIST. xiii* s. Ethique, laquelle nos enseigne à
governer no, meismes premièrement, à ensuivre
vie honeste et faire les vertueuses œvres et soi gar-
der de, vice, , brun. lat. Trésor, p. 7. || xvi' s.
Toute leur science éthique ne contient que ces deux
articles, de la resolution à la guerre, et affection à
leurs femmes, mont, i, 238.
— ÉTYM. *H6ixè{, moral, de ^9oç, l9oc, mœurs,
habitude; goth. tidus; anc. haut-allem. »tto;allem.
Silte, mœurs; mots que l'on conjecture représenter
le sanscrit svadhd, proprement se poser soi-même.
■fETHMOCÉPUALE (è-tmo-sé-ral') , ». m. Terme
de tératologie. Nom des monstres qui ont l'appareil
nasal atrophié, et ses rudiments apparents à 1 exté-
rieur sous forme d'une trompe au-dessus des orbites.
— ÉTYM. Elhmo, pour elhmoïde, et x£ça).ii, tète.
+ ETH.MOCÉPHALIE (è-tmo-sé-fa-lie), ». f. État
de, monstres ethmocéphales.
ETILMOÏDAL, ALE (è-tmo-i-dal, da-l') , adj. Terme
d'anatomie. Qui appartient à l'ethmolde. Les os
ethmoïdaux.
ETHMOÏDE (è-tmo-i-d'), adj. Terme d'anatomie.
Os ethmoïde, et, substantivement au masculin,
l'ethmolde, os du crâne dont la lame supérieure est
criblée de petits trous, et qui concourt à former
les cavités nasales.
— HIST. XVI' s. Cet os a esté nommé des auteurs
grec, ethmoïde, des latins spongieux ou cribleux,
PARÉ, m, 4.
— ÉTYM. "HOiidi;, crible, et ilSoç, forme.
E'niXARCHlE (è-tnar-chie), ». f. Terme d'anti-
quité. Dignité d'ethnarque. Il Territoire possédé par
un ethnarque.
— ÊTYM. *E9vapxîa,dei9vdipxi«f ethnarque (voy.
ethnaroue).
t ETUNARCniQUE (è-tnar-chi-k'), adj. Qui a
rapport à l'etnnarchie.
ETUNARQCE (è-tnar-k'), ». m. Terme d'antiquité.
Celui qui commandait dans une province. Au temps
où Jérusalem subsistait, les Juifs avaient, dans les
provinces, des chefs de leur nation nommés eu grec
ethnarques.FLEL'RV, Moeurs des Israélites, tit. xxxn,
3* partie.
— ÉTYM. 'E9v<£px'nc, de l9vo;, peuple, etdépxeiv,
commander.
ETHNIQUE (è-tni-k'), adj. || 1° Qui appartient au
paganisme, dans le style des Pères de l'Eglise. Les
nations ethniques. |{ 2° Terme de grammaire. Mot
ethnique, mot qui désigne l'habitant d'un certain
pays. Français est un mot ethnique. || 3° S. m.
L'ethnique, la désignation qui caractérise un peuple.
Gaulois est l'ethnique d'une population considérable
en Europe. Allemand est l'ethnique de la peuplade
des Alamans, dont les Français ont fait l'ethnique
de la nation entière.
— ÉTYM. 'E9vixèi;, de £9voc, peuple. Dans le lan-
gage ecclésiastique, rà levu'signifiait les nations,
les gentils, les païens, par opposition à chrétiens.
t ETH.VO-GÉNÉALOGIE (è-tno-jé-né-alo-jie), ». ^.
Terme didactique. Généalogie des peuples, c'est-
à-dire la manière dont ils procèdent les uns des
autres.
— ÉT'YM. TE9voc, peuple, et généalogie.
ETHNOGRAPHE (è-tno-gra-f ) , ». m. Celui qui
s'adonne à l'ethnographie.
— ÉTYM. 'EBvoc, peuple, etyptiçeiv, décrire.
ETHNOGRAPHIE (è-tno-pra-fie) , ». f. Science qui a
pour objet l'étude et la descri ption des divers peuples.
— ÉTYM. Voy. ETHNOGRAPHE.
ETHNOGRAPHIQUE (ô-tno-gra-fl-k'), adj. Qui
est relatif à l'ethnographie.
t ETHNOLOGIE (è-tno-Io-jie) , ». f. Traité sur
l'origine et la distribution des peuples.
— ÉTYM. 'EOvo;, peuple, et Xoyoî, traité.
t ETHNOLOGIQUE (è-tno-lo-ji-k'), adj. Qui cou-
cerne l'ethnologie, la connaissance des nations.
-f ETHNOLOGISTE (è-tno lo-ji-sl'), ». m. Celui qui
s'occupe d'ethnologie.
t ÉTHOGRAPHIE (é-to-gra-fie). ». f. Description
des mœurs, du caractère et des passions des
hommes.
— ÉTYM. ''II9o{, mœurs, et ypiçtiv , décrire.
t ETHOGRAPIIIQUE (é-to-gra-fi-k'), adj. Qui a
rapport à i'éthographie.
ETHOLOGIE (é-to-lo-jie), ». f. Discours ou traité
sur les mœurs et les manières.
— HIST. xvi' s. Ethologie, cotgrave.
— ÉTYM. ■'1190?, mœurs, elXofo;, traité.
tÊTHOLOGIQUK (é-to-lo-ji-k') , adj. Qu» appar-
tient à l'éthologie.
ETI
t fiTIIOLOGUE (é-lo-lo-gh'J, s. m. Celui qui s'oo-
eupe d'étholoKie.
ÊTIIOPÊE (é-to-pée), s. (. Peinture des mœurs et
des passions humaines. || Terme de littérature. Fi-
gure de pensée qui a pour objet la peinture des
mœurs et du caractère d'un personnage.
— ÉTYM. 'HOoî, mœurs, et noieiv, faire, exposer
(voy. poëme).
I ÉTHOS (étôs'), I. m. Terme de rhétorique an-
cienne. La i)artie qui traite des mœurs. Ce mot ne
s'emploie guère cliez nous que par moquerie pour
indiquer un style prétentieux et boursouflé. On le
jTononce le plus souvent et même on l'écrit ilhos
(voy. ce mot) par imitation de la prononciation des
grecs modernes. C'est le mot grec ^ôo;, mœurs.
t ÉTHRIOSCOPE (é-tri-o sko-p'), s. m. Terme de
physique. Appareil propre à faire connaître la force
du rayonnement de la chaleur vers le ciel exempt
de nuages.
— ÉTYM. AlOpto, pureté de l'air, et oxoiteïv,
eiaminer.
; lÎTUYLE (è-ti-l'), s. m. Terme de chimie. Com-
posé qu'on obtient eu décomposant l'élher iodhy-
drique par le zinc.
ÉTIAGE (é-ti-a-j') , s. m. Le plus grand abaisse-
ment des eaux d'une rivière. L'étiage est marqué
par un zéro, et les chiffres mis plus haut que le
zéro font connaître les diverses élévations des eaux
au-dessus de l'étiage, qui est susceptible de varier;
car, s'il arrive que dans une année les eaux devien-
nent plus basses que dans celle où l'on a fait l'ob-
servation et placé le zéro , le véritable étiage sera
plus las que celui qui est indiqué par l'échelle,
LEGOAKANT.
— ÉTYM. Bas-laU scstivaticum (xstivalicus est
dans du Cange), de seslas, été : le niveau de l'été pour
une rivière.
t ÉTIBEAD (é-ti-bô) ou ÉTIBOIS (é-ti-boi), s. m.
Petit carré de bois sur lequel on fait la pointe du fil
de l'épingle. || Billot sur lequel on fait avec la lime
une pointe au fil de fer qui doit passer par un nou-
veau trou de la filière.
ÊTIER (é-tié) , s. m. \\ 1° Terme de saline. Fossé ou
conduit, par lequel on fait entrer l'eau de ' mer dans
les marais, pour s'y transformer en sel. || 2° Terme
de marine. Petit canal qui aboutit à la mer ou à un
grand fleuve, et qui peut recevoir de petits navires.
Peu usité.
— HlST. XIV* s. Une pièce de terre.... ainsi
comme elle se levet, o le fons du fossé qui est et
fiert àl'estierdu port dessous lechasteau, nu cange,
esterium. Ou [au] dit ester, sur l'eaue, estoit aussi
une autre gabarre, ID. ib.
— ÉTYM. Bas-lat. esterium, du latin lestuarium
(voy. estuaire).
t ÉTILLE ouESTILLE(é-ti-ll', «mouillées), s.
t. Ancien nom d'un métier à tisser. Les marchands
fabricants seront obligés de porter à la halle en
blancs leurs pièces au sortir de l'estiUe ou métier
pouryêlrevues et visitées, Arrêt duconseil, règlem.
pour les manuf. d'Amiens, 47 mars <7I7.
ÉTINCELANT, ANTE (é-tin-se-lan, lan-t'), adj.
Il 1° Oui étincelle. L'opale étincelante, corn. Tois.
d'or, u, 3. J'ignore si de Dieu l'ange se dévoilant
Est venu lui montrer un glaive étincelant.BAC. Alhal.
II, 2. Quand le soleil brûlant Embrasait de ses feux
le sable étincelant, ducis, Abufar, i, 3. || 2° Il se
dit des regards, des yeux qui semblent jeter des
étincelles. Que d'yeux étincelants sous d'horribles
paupières Mêlent au jour qui fuit d'effroyables lu-
mières! CORN. Toison, m, 5. Porter partout la terreur
et étonner de ses regards étincelants ceux qui échap-
paient à ses coups, lioss. Louis deBourbon. Ou tel que
d'Apollon le ministre terrible, Impatient du Dieu
dont le soufle invincible Agite tous ses sens, Les yeux
étincelants. la tête échevelée.... J. b. houss. Ode
au comte de Luc. Les yeux étincelants d'une bar-
bare joie. SAURiN, Spartac. ii, l.||On le dit aussi
des personnes mêmes. Rapportez à mes yeux son
image sanglante, D'amour et de fureur encore étin-
celante, CORN. Jlodog. III, 3. Et Lacus aussitôt étin-
celant de rage, id. Othon, v, 8. Mathan près d'A-
thalie étincelant de rage, rac. Athal. v, 2. || 3° Kig.
Qui jette un vif éclat, en parlant de cequi brille mo-
ralement, littérairement. Tes vers étincelants et de
lumière et d'art, bégnieh, Sat. V. U roule, pour
ainsi dire, un torrent d'images sublimes, de méta-
phores hardies, de pensées fortes et de maximes
étincelantes de lumière, barthél. Anach. chap. 34.
II Substantivement. Un vif, une sorte d'étincelant au-
tour d'eux les distinguait malgré qu'ils en eussent, st-
EiM. i. IX, p. 123, édit. CHÉRUEL. || 4* Terme de bla-
son. Se dit des charbons dont sortentdes étincelles.
DICT. DE LA LANGDE FaiN^AlSE.
ETI
— HIST. xvi* S. Voici Henri qui s'avance. Qui
d'un fer estincelant Le chef lui va martelant, du iiel-
LOY, II, 39, reclo.
ÉTINCELÉ,ÉE (é-tin-se-lé, lée), adj. Terme de
blason. Semé d'étincelles.
— HlST. XV" s. L'aurmoire estoit toute par dedans
de fin or estincelée, Perceforest, t. i, f° 63.
ÉTh\CELER (é-tin-se-lé. VI se double quand la
voyelle qui suitest muette: il étincelle, il étiiicellera),
V. n. Il 1° Jeter des étincelles. Les justes brilleront et
ils étincelleront comme des feux qui courent au travers
des roseaux, saci. Bible, Sagesse, m, 7. Pendant la
nuit, des mouches luisantes se montraient dans les
airs; on eilt dit que la montagne étincelait, stael,
Corinne, xi, < . || Il se dit de ce qui brille comme si
des étincelles en sortaient. Il y a des étoiles qui élin-
cellent plus que d'autres. L'autel étincelait des flam-
beaux d'hyménée, volt. Uérope, v, 8. Sitôt qu'aox
champs de l'air l'œil du jour étincelle, gilb. le ./u-
M(^. 112° Par extension, on dit que le regard, l'œil
étincelle, à cause qu'il devient brillant dans certai-
nes passions vives. Ses farouches regards élincelaient
de rage, coRN.Pomp. iv, t. 11 étincelle des yeux, la
DRUY. XI. Il Par suite on dit que ces passions étincel-
lent par ou dans les yeux. La flamme de ton cœur
par tes yeux étincelle, Régnier, Dial. Ainsi du Dieu
vivant la colère étincelle, rac. Eslh. ii, 7. Mais déjà
la fureurdans vos yeux étincelle, boil. Lutrin, m.
Un feu divin étincelle dans les yeux du jeune guer-
rier, FÉN. Tél. XVII. Quel désespoir horrible en tes
yeux étincelle! volt. Ali. iv, 4. Ses traits durs et
pensifs ont un calme odieux. Et surtout quand la
joie étincelle en ses yeux, lemerc. Frédég. et Brun.
m, â. Il Enfin on dit qu'un homme et même un ani-
mal étincelle, quand il est plein de feu. Le cheval
partage aussi les plaisirs de l'homme; à la chasse,
aux tournois, àla course, il brille, il étincelle, buff.
Cheval. \\ 3° Fig. Avoir des traits vifs, d'éclatantes
beautés, en parlant des ouvrages d'esprit. Ses ou-
vrages [de Juvénal], tout pleins d'affreuses vérités,
Êtincelleni pourtant de sublimes beautés, boil. Art
p. II. Il On peut dire aussi que les beautés étincellent
dans un ouvrage. || Il se dit même des personnes.
Malgré son fatras obscur, SouventBrébeuf étincelle;
Un vers noble quoique dur Peut s'offrir dans la Pu-
celle, BOiL.^ptjr. 28.
— HlST. xiii's. [Le ciel qui porte] Toutes les estoiles
0 li [avec lui] , Estincelans et vertueuses Sor toutes
pierres précieuses, la Rose, 17007. || xvi" s. La pro-
vidence secrette de Dieu n'a jamais esté effacée tel-
lement du cœur des hommes, que tousjours quelque
résidu n'ait estincellé parmi leurs ténèbres , calv.
Instit. 4 42. En la nature de l'homme, quelque per-
verse et abastardie qu'elle soit, il y estincellé en-
cores quelques flammettes , id. tb. 1 8 1 . Je luy contay
le feu qui me brusloit. Dont la chaleur aux yeux
m'estinceloit. bons. 778. Ses yeux perçans, qui de
travers regardent. Incessamment estincellent^ et ar-
dent, MABOT, II, 279. Tout habit gris est une cen-
dre grise. Couvrant un feu qui tousjours estincellé,
ID. III, <20. Tout le ciel estincellé; Pour vray, onc
je ne vis une nuict estoillée.... la boétie, 608.
.... L'estinceler De vos œillades flamboyantes, Jac-
ques TAHUREAU, PoésicS , p. 461, dans LACURNE. '
— ÊTVM. Provenç. sintillar; espagn. centeltar;
portug. scintillar; ital. scintillare ; du latin scintil-
lare, de scintilla, étincelle.
ÉTINCELLE (é-tin-sè-l'j.s. f. || 1° Parcelle en igni-
lion et lumineuse qui se détache d'un corps qui
brûle ou d'un corps qu'on a choqué. Faire jaillir une
étincelle, des étincelles. Comme un feu mal éteint
qui sort de temps en temps de dessous la cendre
et qui repousse de vives étincelles, fén. Tel. vu.
Comme une vieille forêt qu'une étincelle de feu
a embrasée, id. ib. xvi. {| Fig. L'étincelle divine qui
anime l'homme,, l'âme, l'intelligence. || 2° Fig. Ce
qui est comparé à une étincelle qui met le feu. _Et
des embrasements d'une guerre immortelle Etouffer
sous vos pieds la première étincelle, volt. Faiiat.
1,4. Cet amour, dites-vous, qui vous toucha pour
elle Fut d'un feu passager la légère étincelle, id.
Orphel. m, 4. La querelle des sacrements refusés
aux jansénistes a été la première étincelle de l'em-
brasement, d'alemb. Destruction des }és Œuvres,
t. V, p. 73, dans pougens. || 3° Ce qui est comparé
à une étincelle qui jette une courte et vive lumière.
C'était un grand butin, s'il fût resté aux vaincus
une étincelle de courage, vaugel. Q. C. ix, 40,
dans bicuelet. Le cardinal Richelieu avait de la
naissance ; sa jeunesse jeta des étincelles de son mé-
rite, EETZ, II, 94. Avant que d'avoir la moindre
étincelle de l'amour de Dieu, boss. Yar. 3. il fau-
drai' que j'eusse quelque étincelle de ce zèle de
ÉTI
1521
saint Bernard, m. Birnard, *. Dieu avait répandu
quelques étincelles de cette lumière dans les Écri-
tures, m. llist. II, 26. Ces étincelles de poésies pa-
rurent principalement dans les deux extrémités du
royaume, en Provence et en Picardie, fonten. Uist.
Thédt. fr. Œuiret, t. v, p. il, dans pougens. Deux
ou trois étincelles de raison ne pouvaient pas éclai-
rer le monde au milieu des torches ardentes et des
bûchers que le fanatisme alluma pendant tant d'an-
nées, VOLT. Voyage de la raison. Vous ranimez eu
moi ces vives étincelles Des vertus dont brillaient
vos Ames immortelles, id. M. de Ces. ii, 2. J'avais
de quelque espoir une faible étincelle, m. Uércps,
II, 2. Ce n'est pas qu'il n'y ait des étincelles d«
génie dans Calderon, id. Lett. Cideville, 24 mai
(762. Il 4° Terme de physique. Étincelle électrique,
trait de lumière et de feu qui part soudain d'un
corps électrisé, quand un autre s'en approche.
— HlST. XII' s. Son douz regart, qui vient d'une
estencelle Mon cuer en moi ferir, Couci, xviii. E li
parent vienent à mei et demandent mun fiz, qu'il
l'ocient pur sun frère qu'il ad mort; e volent es-
teindre la stencele qui remese m'est, que remem-
brance ne seit de mun marid, flots, p. 488. Toute
ma terre iert mise en estencele [sera brûlée], iloouJ
de C. 41. Il XIII' s. El limon ot assez de belles Flo-
rettes d'or et estincelles [paillettes], Athis, dans
DU cange, scintilla. \\ xvi' s. Ces œuvres-là il re-
pula fient |fumier], Qui luy sembloyent auparavant
si belles. Mais ce n'estoient que vaines estincelles,
MABOT, I, 78. Petite estincellé luit en ténèbres,
OÉNIN, Récréât, t. il, p. 247. Quant meurt l'estiiv-
celle, elle luit tant plus clere, id. ib. p. 248.
— ÉTYM. Provenç. scintilla, cintilla; espagn.
centella; ital. scintilla; du latin scintilla. Le fran-
çais estincellé est, par métathèse, pour escinlele.
Le XVI' siècle reprenait parfois la forme latine et
disait scintille.
ÉTINCELLEMENT (é-tin-sè-le-man). s. m. Éclat de
ce qui étincelle. || Scintillation, en parlant des étoiles.
HIST. XVI' s. L'argentine rondeur de la lune,
l'eslincellemont des estoiUes, carl. m, 7.
— ÉTYM. Étinceler; provenç. scinlillament ; ital
scintillamento.
ÉTIOLÉ, ÉE (é-ti-o-lé, lée), part, passé. Qui i
subi l'étiol^ment. Plante étiolée. H Par extension.
Enfant étiolé. || Fig. Se dit aussi en pariant de l'in-
telligence. Un esprit étiolé.
ÉTIOLEMENT (é-ti-o-le-man) , s. m. || 1° Terme
de botanique. Etat d'une plante qui, ayant crû dans
un endroit obscur ou peu éclairé, n'a fourni que
des pousses grêles, allongées, flexibles, d'un blano
soyeux, munies de feuilles petites, écartées et d'un
blanc jaunâtre. Je recherche ensuite la cause se-
crète d'une altération singulière, qui survient aux
plantes qu'on élève dans des lieux renfermés et que
les jardiniers ont nommé étiolement , bonnet,
Rech. us. feuilles. Œuvres, t. iv, p. 45, dans pou-
gens. Toutes les expériences concourent bien à éta-
blir que l'étioleinent des plantes dépend, en dernier
ressort, de la privation de la lumière, id. Con-
templ. nat. v, 4). || 2° Terme de médecine. Affai-
blissement morbide qui survient chez les individus
soustraits à l'influence de la lumière et d'un air pur
et vif. Il Fig. L'étiolement de l'esprit, de l'intelli-
gence.
— ÉTYM. Étioler.
ÉTIOLER (é-ti-0-lé), v. a.\\i° Terme de bota-
nique. Causer l'étiolement. L'obscurité étiole les
plantes. || 2" Terme de médecine. Produire l'étiole-
ment sur une personne. || 3° S'étioler, v. réft. De-
venir étiolé. On dit, en termes de jardinage, qu'une
plante s'étiole, quand elle pousse des tiges longues,
effilées, d'un blanc éclatant, terminées par de très-
petites feuilles, assez mal façonnées, d'un vert
pâle, bonnet. Usage des feuilles, 4' mémoire. \\ Par
extension. Un enfant languit sans air comme la
plante qui en est privée; il pâlit et s'étiole comme
elle dans une chambre fermée, bebn. de st-p.
Ilarm. liv. ii. || Fig. Il se dit du caractère, de 1 in-
telligence, des grâces, de l'esprit, de la beauté, etc.
— ÉTYM. Origine longtemps cherchée inutile-
ment , et qui est donnée par le normand i'étieu-
1er, pousser en chaume, qui vient de éteule 4. i
ÉTIOLOGIE (é-ti-o-lo-jie), t. {. Terme de philo-
sophie. Étude sur les causes des choses. Les étioio-
gies des dogmatiques peuvent se réfuter de huit
manières, dideb. Opin. des anc. philos. (Philos,
pyrrhonnienne). \\ Partie de la médecine qui traite
des diverses causes des maladies.
— ÉTYM.AlxioXoYCa ,de aUiov, cause , et Xôyoc , traité.
t ÉnOLOGlQUE (é-ti-o-lo-ji-k') , adj. Qui a rap-
port à l'étiologie.
I. — 191
1522
m
•rtnnR (4ll-kT. adi. || 1* Ancien terma de m6-
d^dTaT./"'""' '•''■''•■ I>«ven.ré.H,""^ Kilo est
îi*^. D„ .'. votT. i>(». d'Argtnlal,
rLrni: Il »''<"• «il"»' •"'**" hal'iluelle qui
UMs'rit I. cJn<*- 0" «"' aujounl'hui Bfcvre hectique.
Hlhl'«reiU;n.ion, três-maigre. Corps, Tisage éti-
au« Un. roue éliq-ie. Avec ion nez étique et sa
Lunnlo mine, ttonin, Sot. x. Lei amant» -le ce
corpt étiqua DiMtnl qu'à son genou qui pique II faut
un^ut comme aux neurets, matnard, dans mé-
(uoc. Je riaii de le voir avec sa mine étique, Son
ralal jadi» Wanc et sa perruque antique, En lajuns
de garenne ériger nos clapiers, BOit. Sat. m. Sur
■m li.Hrp flanqué de six poulets étiques Paraissaient
deui la|iin«. animaux domestiques, ID. ib.Voyez-vous
celte jeune femme étiqueT elle a entendu dire que,
!orx|u'on éuit maigre, on étoit obUgé, en hon-
neur, d'avoir de l'esprit, voisbnon, Le sultan
Kuapouf, œuvres, t. v, p. '«. dans pouoens.
Il Kig. Parmi Unt de styles, il y en peut avoir
de trop enflés aus.si bien que de trop bas; de trop
iKjurii», comme de trop maigres el do trop étiiiues,
COSTA» , dans hâhaoe, Kern.
— lUST. xiii* S. Ele porroit faire l'oume devenir
elilce et tesike (phtisique), alebrant, f' 9. 1| xv s.
Elle [l'eau] rend l'homme étique et pale et mor-
(onilu, BASSEL. VIII. Il XVI' ». Les paliens ont une
Qevre lente, qui se tourne en étique, paré, v, il.
— fTYM. Le même que hecliqiie, l'ancienne pro-
nonciation efTaçant le c.
t firiOUET (é-ti-kè), ». m. Petit bSton. Pressoir
k éiiquel. Il Terme de pêche. Espèce de filet.
— ETYM. Étiqxtet est le masculin d'étiquelte et
signifia chose qu'on fixe; voy. étiquette à l'éty-
mologie.
ÊTIOt'ETÉ, ÊK (é-ti-ke-té, têe), part, passé.
Des bocaux étiquetés. U régnait tant de bonne foi
que le* sacs [d'argent] , étiquetés et cachetés par
les banquiers, circulaient des années entières, sans
être ni comptés ni pesés, katnal, llist. phil. iv, 7.
Il Fig. Ce n'est pas un esprit inventeur, mais imita-
teur; il a toutes ses idées, toutes ses connaissances
clas'<ées, étiquetées.
ÉTIOUKTKR (é-ti-ke-té. La syllabe que prend un
accent grave, quand la syllabe qui suit est muette:
j'étiquete; j'étiquMerai), v. a. Marquer d'une éti-
quette. Etiqueter des papiers, des marchandises.
Les apothicaires étiquetent leurs fioles. [L'Escurial]
où les roi» sont ensevilis dans des tombeaux pa-
reils, disposés en échelons, de sorte que toute
cette poussière est étiquetée et rangée en ordre
ccmme les curiusités d'un muséum, chateaus. Ilin.
ni, 309.
— REH. C'est une anomalie reRrettable d'écrire
j'étiquete par un accent grave, et l'étiquette par deux
I, quand la prononciation est exactement la même.
— HIST. XVI* s. Etiqueter les témoins [donner
leurs noms par écrit], lauriëre, Gloss. du droit fr.
— ÊTYM. £liquc(le.
ïrriQUKTTE (é-li-kè-f), ». f. || !• Polit écriteau
qu'on met sur des objets pour reconnaître ce qu'ils
sont. Ces fiacons, ces paquets ont tous une étiquette.
Mettez une étiquette i cliacun de ces paquets.{| Note
qu'on met au bord d'un sac de pièces de monnaie,
pour marquer ce qu'il contient || S* Autrefois, petit
écriteau qu'on fixait sur un sac de procès, avec les
nomi du demandeur, du défendeur, du procu-
reur, etc. Il Kig. Juger, condamner sur l'étiquette
du sac, ou, simplement, sur l'étiquette, prononce^
k simple vue et sans examen. Sur l'étiquette du
•ac, on peut fort bien juger que c'est un homme
de bon sens et de bon esprit, sÉv. Lett. à Bussy,
tu oct. <e7&. Sur l'étiquette hier je l'ai refusé net,
rsissT, Impatient, m, 3. || 3* Terme d'ancienne
pratiqua. PUcet qu'on remettait k l'huissier au com-
mencement de l'audience pour faire appeler une
UTaire. || Affiche que la sergent des criées apposait
k la porte des maisons saisies réellement || 4' Céré-
monial de cour. Il n'y a (loint dans les couvents
d'au»térités pareilles k celles auxquelles l'étiquette
de la cour assujettit les grands, baintewo.n, Letl.
i Mme de Brinon, t. Il, p. »4a, dans pouoens.
Charlos-Oulnt est occupé k régler les rangs et à for-
mer l'étiquette, VOLT. Mœurs, tM. Là du moins la
magnihoence, Tibondanue, les étiquettes qui com-
po*«nl la UuMB grandeur du Uéne, justifient en
quaUjue MTU la dissipation, baynal, llist. phil.
»". <• U code dt l'éliquelle a été jusqu'ici le feu
•acre dw g«D, de cour «t des ordres privilégiés; la
natiuD o y doit pu mettre U même importance,
««AMAU, CoUMto», X. I, p. 4W. U ministre!
ETI
absorbé tout entier dans la contemplation de l'éti-
quette, de» présentations, des tabourets, des pré-
séances, ne nous méprise pas, à proprement parler,
il nous ignore, p. L. couh. Lrtt. viu. II y eut [au
xvil* siècle) une tentative involontaire de répandre
[en écrivant l'histoire] sur tous les temps l'uniforme
étiquette de celte époque, villemain, Liltér. franc.
t S' siècle, 2' part. ♦• leçon. || 6" Formes cérémo-
nieuses dont les particuliers usent entre eux. Tenir
k l'étiquette. Moquons-nous de l'étiquette Et du sot
qui l'inventa, mahmontel, Luc. se. 4. Il environne sa
femme d'étiquettes, et se gouverne ainsi que toute
sa maison par l'autorité de la coutume, bern. de
ST-piEHRE, llarm. liv. vi. L'amour, l'amitié, le vin
Vont égayer ce festin; Nargue de toute étiquette,
KÉRANO. B. vin et fiUelte. || Dîner d'étiquette, dîner
de cérémonie. Il II se dit aussi des dilTérentes formules
dont on se sert dans les lettres et dans les placcls,
suivant les personnes auxquelles on s'adresse.
Il 6° Terme de pêche. Nom d'un filet carré qu'on
attache au bout d'une longue perche, parce que,
proprement, l'étiquette est une perche.
— HIST. xiv s. Comme le suppliant et plusieurs
autres eussent pris jeu aux grans billes à ferir en
l'estiquete [marque fixée à un pieu), du cange,
Pîfaqua. Il XV' s. Que nuls ne preignent logis sans
avoir l'etiquet [billet] de monseigneur le mareschal,
Ord. des ducs de Bourg, à la suite du journal de
Paris, an M88, p. 283, dans lacuhne. Venté ne
quiert tardemeut ne demeure, mais veult qu'on
vienne tosi à droit i. l'estiquete, sans circumlocu-
tions, Uist. de la toison d'or, t. ii, !°Hi, dans
LACDRNE. le temps est vostre maintenant, pour bien
ou mal en faire; mes il est si près de l'estiquelte
que, se vous ne le tournez k bien, jamès n'y re-
couvrerez, G. CUASTEL. Chr. des d. de Bourg, m,
.50. Il XVI' s. Aux lieux où les monstres [revues] se
feroyent, où chacun seroit logé par estiquettes [bil-
lets] et payeroit la taxe qui seroit faite, on se-
journeroil seulement huit ou dix jours, lanoue, 28o.
Les armes des bourgeois estoient envolées à l'hostel
de ville, sur lesquelles estoit mise une estiquette et
marque, pour les rendre à ceux à qui elles appar-
tenoient, condé. Mémoires, p. 706.
— ÊTYM. Estiquete, signifiant proprement chose
fixée, est de même origine que l'italien «(ccco, pi-
quant, et d'un même radical que le Hainaut stique,
épée, le champenois sliquer, piquer dans, le wal-
lon stichi, piquer, et provient du germanique : lli-
mand, slikke, tige pointue, mot qui est celtique
aussi : gaélique, stic, un bâton. La série des
sens est marque, écriteau, et, par suite, ordre,
arrangement, d'où cérémonial. L'étymologie, pro-
posée par quelques-uns, est hic quxstio, c'est là
la question (mots inscrits sur les sacs à procès), ne
tient pas devant l'historique.
t ÉTIRABLE (é-ti-ra-bl'), adj. Qui peut être étiré.
Les produits fondus étirables, aciers et fers plus ou
moins carbures, k l'étal liquide, contiennent tou-
jours en dissolution des gaz saturés de carbone, cizan-
COURT, Àciid. des se. Comptes rendus, i. Lvii, p. 3(7.
t ÉTIIIAGE (é-ti-ra-j'i, ». m. Action d'étirer un
fil métallique. || Allongement des barres d'un métal.
Il Terme de filature. L'élirage du coton , action de
le faire passer sous les cylindres cannelés.
t ÉTIRE (é-ti-r), s. f. Terme de corroyeur. Cou-
teau k manche double employé dans les ateliers du
planage des peaux.
ÉTIRÉ, ÉE (é-ti-ré, rée) , pari, passé. Du fer étiré.
ET' /«ER (é-ti-ré), t). a. || l'Terme de métallurgie.
Étendre, allonger. Etirer du fer. || Faire passer le
coton sous les cylindres cannelés. || Rendre les peaux
d'une épaisseur plus uniforme. Il 2° S'étirer, t;. réft.
être étiré. Le fer s'étire au moyen d'un cylindre.
Il Populairement, s'étirer, étendre les membres
pour en rétablir la souplesse, quand on se repose ou
qu'on se réveille.
— HIST. XVI' s. Estirons, eslevoDs et grossissons
les qualitez humaines tant qu'il nous plaira; enfle
toy, pauvre homme, etencores, et encores, et en-
cores, MONT. Il, 272. Estirantla peau avec des cor-
dons, CHARRON, Sagesse, p. 240, dans lacurnb.
— ÈTYM. É pour es.... préfixe, et (trer.
tÉTlREOR (é-ti-reur), ». m. Celui qui pratique
l'étirage de l'or, de l'argent. Êtireur d'or. On dit
aussi tireur d'or. Il Cylindre étireur ou, substanti-
vement, l'étireur, cylindre qui traite le fer devenu
malléable par le recuit.
— ETYM. Étirer.
ÊriSIE (é-ti-zie), ». f. Maladie qui amaigrit et
fait fondre le corps. Il est tombé en étisie. || Étal
d'émaciation eitrfmo résultant de quelque maladie
chronique. |1 Etisie n'est plus un terme de médecine.
ETO
— ÉTYM. Voy. ÉnODE. La finale, qui est irrigulière,
prorient sans doute d'une assimilation k phlhisie.
f ÉTNETTE (è-tnè-f) , t. ^ Pince qui sert à ar-
ranger le creuset dans le fourneau du fabricant de
laiton.
t I. ÉTOC (é-tok), ». m. Terme de marine. Se dit
de roches voisines des côtes et dangereuses pour la
navigation. |) On dit aussi estoc.
f 2. ÉrOC (é-tok). Terme d'eaux et forêts. Abatagi
à blanc étoc, Revue des Deux-Bondes, i. xxv (i8«o),
p. 469 (voy. ESTOC).
t ÉTOCAGE (é-to-ka-j') , ». m. Terme de marine
Sorte de cordage placé sur les étoqueresses.
ÉTOFFE (é-lo-n, ». f. Il 1* Nom général des tis-
sus de soie, de laine et d'autres matières dont on
fait des habits et des ameublements. U était fort
obligeant, fort officieux; et, comme il se connais-
sait fort en étofTes, il en allait choisir de tous eûtes,
les faisa t apporter chez lui et en donnait i ses amis
pour de l'argent, mol. Bourg, gent. iv, 6. L'étoffe
me sembla si belle que j'en ai voulu lever un habit
pour moi, ID. ib. li, 8. Je tâte votre habit; l'étofreen
est moelleuse, id. Tort, m, 3. Ils [les Spartiates]
ne pouvaient s'imaginer que ce même homme [AJci-
biade] eût jamais eu chez lui de cuisinier, qu'il eût
porté de fines étoffes de Milet, bollin, llist. anc.
Œuvres, t. m, p. 644, dans pougens. |{ Fig. Ne
pas épargner, ne pas plaindre l'étoffe, employer
une plus grande quantité de matière qu'il ne fallait.
Il En un sens contraire , rogner sur l'étoffe.
!| Tailler en pleine étoffe, se donner ses coudées
franches, prendre autant qu'on veut, faire ce
qu'on veut. Vous taillerez en pleine étoffe; Vite
un congrès.... bérang. Christophe. || Terme de
peinture. Se dit des vêtements d'un portrait et
de ceux des figures d'un tableau de genre. Draperie
se dit pour les tableaux d'histoire. || 2° Se dit de
toutes les matières qui entrent dans la fabrication
des chapeaux. || Terme de mégissier. Solution de
sel marin et d'alun, dans laquelle on fait chauffer
les peaux jusqu'à ce qu'elles en soient bien impré-
gnées. Il 3° Morceau d'acier commun dont les coute-
liers forment les parties non tranchantes de leurs
ouvrages. || Mélange d'étain et de plomb dont les
facteurs d'orgues font des tuyaux. || Composition k
l'usage des potiers d'étain. || 4° Fig. Matière, maté-
riaux, sujet. L'étoffe me manque quelquefois pour
remplir mes lettres, sÉv.446. Ce que vous me man-
dez est l'étoffe de dix épigrammes, id. 320. Je re-
touche la première édition [du Dictionnaire] , j'y
fais des additions qu'il faut enchâsser le mieux
qu'on peut et lier avec la vieille étoffe, bayle, Lett.
à Marais, 27 sept. I700. || B' Valeur et qualités des
personnes et des choses. J'ai bien un avis d'autre
étoffe , RÉGNIER , Éptt. m. Le barbon rapporte
quantités d'histoires de pareille étoffe sur la loi de
Callisthène, BALZ. le Barbon. Bourgeois, artisans
et autres gens de telle étoffe, d'ahlancourt, Lu-
cien, t. I, dans richelet. Un sot n'a pas assez d'é-
toffe pour être bon, larocuef. Réftex. 387. Nous
avons commencé la Morale |Ies Essais de moral»
de M. Nicole], c'est de la même étoffe que Pascal,
sÉv. 68. Il y a des gens d'une certaine étoffe ou d'un
certain caractère, avec qui il ne faut jamais se
commettre, la brut. v. Une femme qui fuit le
monde en enrageant. Parce qu'on n'en veut jilus,
et se croit philosophe. Oui veut être méchante et
n'en a pas l'étoffe, gbesset. Méchant, iv, 9. || Il y
a en lui l'étoffe d'un grand écrivain, il est capable
de devenir grand écrivain. || Absolument. Ce qu'il
faut pour atteindre à un certain point. 11 y a bien
des gens à qui l'étoffe manque, sÉv. 432. La gour-
mandise est le vice des coeurs qui n'ont point d'é-
toffe, J. j. Rouss. Ém. II. Il se chargea, s'il me
trouvait de l'étoffe, de chercher k me placer, ID.
Conf. m. Leurs subtiles pensées maripient des
esprits sans étoffe, ID. Emile, iv. || Se dit de la con-
dition, de la naissance. La maréchale de Rochefort
était d'une autre étoffe [que Mme de Villars] et de
la mai.son de Montmorency, st-sim. 3, 5). || Être
de mince étoffe, être d'une condition ou d'une valeur
fort médiocre, 'Ton œil ne peut se détacher, Philo-
sophe De mince étoffe, Du vieux coq de ton vieux
clocher, bérang. Bohémiens. || 6° Au plur. Terme
d'imprimerie. Proprement, le matériel d'une impri-
merie, et, par une extension naturelle, l'intérêt que
l'imprimeur en doit tirer et qu'il calcule en dehot»
des prix de composition, de mise en pages et de
tirage, etc.
— HIST. xm's. Nus [nul] du mestier devant dit ne
puet ne ne doit ouvrer ymage ne crucefiz , ne nule
autre chose aopartenant k sainte Yglise, se il ne le
fait de sa propre estoffe, ou il ne le font li un ou-
I
ÉTO
vrier K l'autre, Liv. des met. ne. Nus cordier ne
puet ne ne doit nule corde faire de quelque ma-
nière que ele soit, que ele ne soit faite tout de une
estoffe, ib. 41. Il XIV* s. Et tu n'as sçavoir, ny es-
tofTe, Ne théorique ne science De l'art, ne de moy
congnoissance, Nat. à i'alch. err. U. C'estoieiit
toute gent d'estoffe soufisaiit, Qui esprouvé avoient
esté en combatiant, Guescl. <0768. ||xv' s Se
départirent de l'ost environ trois cents lances de
bonnes gens d'estoffe, froiss. ii, ii, b. Adonc vin-
rent les seigneurs en bonne estoffe et en grand ar-
roi, ID. u, II, 229. Pour lesquels canons garnir de
pouldre, charlion et autres esloufles nécessaires, le
Jouvencel, f° 85, dans lacdhne. || xvi- s. Preslres et
clercs, et gens de tous estophes. Hébreux et grecs,
latins et philosoiihes, marot, ii, 2I6. J'ay aussy
parlé à des personnes de gros estoffe, qui désirent
que l'empereur allast en Italie, m'asseurant que bien
toust seriez mis hors [délivré], marg. Lett. xxv. Ils
avoient des médecins atiltrez, qui ne failloient de
leur mander l'yssue de leurs patients, quand ils es-
toient d'estoffe, carl. ii, <o.
— ÉTYM. Wallon, siloU', sfo/'; bourguig. eslofle;
espagn. et portug. estofa; ital. stoffa, s. f. elstoffo,
s. m.; ang'i. stiiff; allem. Stoff; du latin slupo, étoupe
(voy. ce mot), changé par la prononciation alle-
mande en slupfa, stuffa, stoff, stuff, et sous cette
forme entré dans les langues romanes. Le gaélique
sluhh paraît être non propre au celtique, mais em-
prunté à l'anglais stujf.
ÉTOFFÉ, ÉE (é-to-fé, fée), ■part. passé. \\ 1° Gar-
ni d'étoffe Chapeau bien étoffé. Lit bien étoffé. Je
donnerais donc él madame la baronne un bon grand
carrosse bien étoffé, lesage, Turcaret, m, 2.
Il 2° Fig. Un homme bien étoffé, bien vêtu. Maison
bien étoffée, bien meublée. On n'y voyait point d'a-
meublements magnifiques; mais rien n'y sentait
l'épargne, et tout y était bien étoffé, lesage. Es-
tev. Coni. ch. 45. Malgré mon petit habit violet....
j'avais l'air si peu étoffé qu'il ne me crut pas diffi-
cile à gagner, i. j. kouss. Conf. iv. || 3° Qui a du
corps, de l'embonpoint. Une belle demoiselle plus
grande que Mme M.... de deux doigts, plus jeune,
plus étoffée, VOLT. Lett. en vers et en prose, 176.
Il Se dit d'un cheval de forte construction, qui a de
l'embonpoint. Les chevaux arabes senties plus beaux
que l'on connaisse en Europe; ils sont plus grands
et plus étoffés que les barbes, buff. Cheval, jj 4° Qui
a des qualités de force et d'ampleur. Pour cette foi.".
le dépit fut mon Apollon, et jamais musique plus
étoffée ne sortit de mes mains , j. j. rouss. Confess.
IX. Une belle voix de basse, étoffée et mordante,
qui remplissait l'oreille et tonnait au cœur, id. tb.v.
ÉTOFFER (é-to-fé), V. a. Employer pour une
chose toute l'étoffe, toute la matière nécessaire. Bien
étoffer un chapeau. 1| Garnir de tout ce qui est né-
cessaire pour la commodité et l'ornement. Étoffer
un carrosse, un lit. Qu'elle [la Victoire] a fait riche-
ment son armure l'tofferl malh. ii, ti. || Fig. Mon
avis serait que vous travaillassiez à ceci [une dis-
sertation sur le système dp Leibnitz] comme à une
dissertation qui paraîtrait à part; vous l'étofferiez,
vous la poliriez, vous l'augmenteriez, comme il vous
semblerait à propos, baïle, Lett. à des llaUcaux,
2ï oct. 1700.
— mST. xiii« s. Li chaucier peueent [peuvent]
fournir et estoffer leur chauces de deux soies, mes
qu'eles soient nueves et souffisans, Liv. des met. (39.
Se bourelier vent coller, ou aucune chose de son
mestier, et on li demande de quoi la chose est
estoffée, dire le doit, ib. 221. j] xiv* s. Cinq cens
hommes de pié de gent bien estoffée, Archier, ar-
balestrier et geut de renommée, Guescl. <to24.
Pour sa peine et sallaire d'avoir garnye et estoffée
une chaiere appellée faulx-desteuil, de la borde,
Émaux, p. 3)0. Je sire de Blainville ay garnies et
estoflées les dites capelles d'un messel et d'un bré-
viaire pour chascune capelle, du cange, gradali-
rantum. \\ xv* s. Ces gens d'armes et archers [An-
glais], le roi de Navarre les devoit payer de tous
points et estoffer, fuoiss. ii, ii, 25. Mettant dessus
la place de chascune déesse un plat estoffe de pain
et de vin, Perceforest, t. m, f» 155. || xvi* s. Si
j'estoffois l'un de mes discours de ces riches des-
pouilles, MONT. I, (56. Leurs bastiments sont os-
toffez d'escorce de grands arbres, ID. i, 237. Estant
bien aisé à cognoistre, quand ce n'eust esté qu'à la
beaulté et sumptuosité de ses armes, qui estoient
magnifiquement esloffées, amyot, Pyrrhus, 35.
— ÊTYM. ÉtoHe ; espagn. et portug. estofar.
ÉTOILE (é-toi-l'), s. f. || 1» Primitivement et dans
le langage ordinaire, tout astre, soit fixe, soit er-
rant. Jamais étoile, lune, aurore ni soleil Ne virent
ÉTO
abaisser sa paupière au sommeil, corn. Médée, ii, i.
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles, ID. Cid,
IV, 3. Aurait-il [Dieu] imprimé sur le front des étoiles
Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles ? la
FONT. Fabl. u, 13. Thaïes plaçait la terre au centre
du monde, il la croyait sphérique, il a pensé que
les étoiles ne sont pas d'une autre substance, condil.
Uist. anc. m, H. Pour toute réponse à cette vive
attaque, l'empereur le prit par la main [le cardinal
Fesch], le conduisit à la fenêtre, l'ouvrit, et lui dit:
Voyez-vous là haut cette étoile?— Non, sire. — Re-
gardez bien. — Sire, je ne la vois pas. — Eh bien I
moi, je la vois, s'écria Napoléon, ségur, Uist. de
A'ap. II, 3. La lune est dans le ciel elle ciel est sans
voiles; Elle éclaire de loin la route des étoiles. Et
leur sillage blanc dans l'océan d'azur, lamart. Ilarm,
I, 10. Il Fig. Personne éminente ou chère. Quand....
Je demande à mon cœur tous ceux qui ne sont plus.
Et que, les yeux flottants sur de chères empreintes.
Je pleure dans mon ciel tant d'étoiles éteintes,
lamart. Ilarm. iv, lo. || L'âtoile du matin, l'étoile
du soir, la planète Vénus. Est-ce vous qui faites pa-
raître en son temps sur les enfants des hommes l'é-
toile du matin, ou qui faites lever ensuite l'étoile du
soir?SACi, Bible, Job, ch. xxxvui, v. 32. Là le lac
immobile étend ses eaux dormantes Où l'étoile du soir
s'élève dans l'azur, lamart. Méd. i, 1. 1| L'étoile du
berger, la planète Vénus. || U fait clair d'étoiles, la
nuit est claire et les étoiles brillent. || 2° Étoile fixe,
ou, simplement, étoile, astre fixe qui brille de sa
lumière propre. Ces masses prodigieuses qu'on appelle
des étoiles ne sont qu'un point à nos yeux et ne nous
paraissent presque que des étincelles , Nicole , Ess. de
mnr. l" traité, ch. 8. Les étoiles fixes ne sauraient
être éloignées de la terre moins que de vingt-sept
mille six cent soixante fois la distance d'ici au so-
leil, qui est de trente-trois millions de lieues, fon-
ten. Ilond. 6' soir. Il [Tycho-Brahé] a composé avec
tant d'exactitude un nouveau catalogue des étoiles
fixes, que ce seul ouvrage peut mériter à son au-
teur le nom que quelques-uns lui ont donné de res-
taurateur de l'astronomie, rollin, Hist. aiic. liv.
xxvii, ch. 2. Les étoiles fixes sont autant de points
de comparaison dont les astronomes ne peuvent se
passer.... aussi s'est-on donné des soins infinis dans
tous les siècles pour connaître le nombre et la si-
tuation des étoiles fixes, mairan. Éloges, Ualley.
Chaque étoile fixe est un soleil comme le nôtre en-
vironné de planètes, volt. Jenni, 8 Lorsque la
nuit sur ses immenses voiles De leur rayon trem-
l-'ont fait briller les étoiles, ducis, Àbufar, i, 3.
Ses grands yeux noirs brillaient sous la noire man-
tille : Telle une double étoile au front des nuits
scintille Sous les plis d'un nuage obscur, v. iiugo.
Orient. 33. || L'étoile polaire, étoile située à la queue
de la Petite Ourse, et très-voisine du pôle boréal.
Il Étoiles fondamentales , certaines étoiles dont
l'observation est presque toujours facile et qui
servent aux marins. || Étoiles groupées , amas
nébuleux ressemblant à de petites comètes, à la
vue simple. || Étoiles doubles, groupe de deux étoi-
les qui forment un système et dont l'une tourne au-
tour de l'autre, conformément aux lois de la gravi-
tation. || Étoiles doubles, multiples, se dit aussi de
groupes d'étoiles placées dans des directions vi-
suelles si voisines qu'elles paraissent ne former
qu'un astre. || Étoiles changeantes, étoiles qui pré-
sentent des variations de couleur. || Familièrement.
Loger, coucher à la belle étoile, coucher dehors, en
plein air. La nuit m'ayant surpris dans un endroit
où il n'y avait aucune habitation, il fallut nie ré-
soudre à coucher à la belle étoile, lesage, Estev.
Gonz. ch. 4G. Il Faire voir à quelqu'un les étoiles en
plein midi , lui donner un grand coup sur les yeux ,
sur la tête, qui lui fait voir mille bluettes, et aussi
lui en imposer, lui en faire accroire. || On dit d'un
prédicateur qu'il voit les étoiles, quand il bat la cam-
pagne et perdle filde son sermon. || Compter les étoi-
les, perdre son temps, pousser la curiosité trop loin.
Il Poétiquement. Porter le front, avoir le front
dans les étoiles, être au comble de la gloire. Quand
la faveur.... Vous ferait devant le trépas Avoir le
front dans les étoiles, malh. iv, b. || 3" Étoiles tom-
bantes, étoiles filantes, petits corps que l'on voit
pendant la nuit traverser l'air et s'éteindre presque
aussitôt, et qui proviennent de régions célestes pla-
cées bien au delà de l'atmosphère terrestre. La plu-
part des météores, les feux follets, les exhalaisons,
les étoiles tombantes, lesphosiihores naturels et ar-
tificiels, les bois pourris et lumineux, ont-ils d'au-
tres causes que l'électricité? Diderot, Interprét. de
la nat. n' 35. Encore une étoile qui file, Qui file,
file et disparaît, bérang. Étoiles /il. || i' Fig. Desti-
ETO
1523
née, fortune, influence prétendue desastres. Aussi,
pourvu que je vous aie favorable, il ne m'importe
que les étoiles me soient contraires, voit. Lell. 29.
Un destin tout-puissant, une invincible étoile Aux
yeux de ma raison attache un sombre voile, maibeï,
Panthée, i, 7. A ma mauvaise étoile imputons mon
ennui, rotbou, Vencesl. m, 2. Mais, madame, ac-
cusez une étoile fatale, id. ib. v, 2. Il semble que
nos actions aient des étoiles heureuses ou malheu-
reuses, à qui elles doivent une grande partie de la
louange et du blâme qu'on leur donne, larochef.
Ilé/lex. 58. Son étoile est d'être utile à M. de Lavar-
din, sÉv. 438. Tout le monde croit que l'étoile [le
crédit] de Quaiito [Mme de Monlespan] piUit, in.
310. L'étoile du roi résiste à Buyter, id. 225. C'est
mon étoile, disent-ils, c'est mon ascendant, c'est
l'astre puissant et bénin qui a éclairé ma nativité,
qui met tous mes ennemis à mes pieds, boss. Po-
lit. VII, VI, 5. Ils se trouvent ilignes de leur étoile,
LA BRUY. VIII. Je crois qu'à la fin je serai un sot; il
semble que ce soit mon étoile et que je ne puisse
m'en dispenser, montesq. Lett. pcrs. 54. Ils étaient
très-orgueilleux et très-ignorants; il n'y avait d'é-
toiles que pour eux; le reste de, l'univers était
de la canaille dont les étoiles ne se mêlaient pas,
VOLT. Dict. phil. Astronom. Berger , tu dis que
notre étoile. Règle nos jours et brille aux cieux,
BÉRANG. Étoiles filantes. Je m'en prends à mon
étoile, et j'accuse les dieux qui ne veulent pas
nous voir ensemble si près d'eux [au sommet des
Pyrénées], non plus que Castor et Pollux, P. L. cour.
Lett. I, 23. Il Être né sous une heureuse, sous une
fâcheuse étoile, réussir, échouer en ce qu'on fait.
Il Lire dans les étoiles, se dit des faiseurs d'ho-
roscope. Il 5° Petit artifice qui imite dans les
airs l'éclat d'une étoile. Chaque fusée en éclatant
lance un bouquet d'étoiles. || 6° Ornement qui a
quelque ressemblance avec une étoile. Un manteau
parsemé d'étoiles. La coupe transversale d'une raoine
de vigne offre une étoile à neuf ou dix rayons par-
faitement bien dessinée des mains de la nature,
BONNET, Usage des feuilles, 6' mém. || 7° Insigne
de décoration, ainsi dit à cause de ses rayons. || L'é-
toile des braves, l'étoile de l'honneur, la croix de
la Légion d'honneur. Us (les maréchaux] préfèrent
au cordon bleu De l'honneur l'étoile sacrée, béhang.
Deux cousins. L'étoile de l'honneur brille sur sa
poitrine, Barthélémy. || Ordj-e de l'Etoile polaire,
ordre de chevalerie institué en Suède. M. de Linné
fut le premier homme de lettres décoré de l'ordre de
l'Etoile polaire, coNDORCET.iinn^. || Ordre del'Eloile,
ordre de chevalerie institué à Paris en 135) par le roi
Jean. || 8° Fêlure en forme d'étoile faite à une bou-
teille, à une vitre, etc. Il est prudent de vider les bou-
teilles qui ont une étoile. || 9° Terme d'imprjmeiie
Sorte d'astérisque qui sert à remplir un vide, ou à
marquer un renvoi. || Monsieurtrois étoiles, s'emploie
pour désigner quelqu'un qu'on ne veut pas nommer ;
ce qui s'indique, en écrivant ou en imprimant : Mon-
sieur ou M.***. Des initiales d'abord; on attribue à
M. le comte trois étoiles... ; et puis demain le nom en
toutes lettres, scribe, LePuff, iv, \. Ces madrigaux
niais et doux. Qui peignent, avec ou sans voile, Des
bergères toutes à tous, À qui les adresserions-nous
Sans madame de trois étoiles? pons (de Verdun),
Contes el poésies, p. C4. || 10° Terme de vétérinaire.'
Étoile en lête, ou , simplement, étoile , marque blanche
et particulière des robes foncées, existant au front du
cheval et du bœuf. Comme on faisait beaucoup de
cas des chevai.x qui avaient, sur le devant du front,
une espèce d'épi ou rebroussement du poil qu'on ap-
pelle étoile ou pelote, ils vinrent à bout d'en faire
parai Ire, /)ic(.dci ails c( met. Marchands de chevaux.
il Fausse étoile, marque artificielle que les maciui-
gnons font aux chevaux qui n'en ont pas de véri-
table. Il 11° Étoile de mer, astérie. Diverses espèces
de vers d'eau douce, les vers de terre, les orties et
les étoiles de mer, coupés par morceaux, se repro-
duisirent de bouture comme le polype, bonnet,
\" mém. Ueprod. salamandre. \\ 12° Poéiiquement.
Étoile se dit pour fleur en étoile. Tandis que l'ètoilu
inodore [le bluet] Que l'été inèle aux blonds épis,
Ëmaille de son bleu lapis Les sillons que la moisson
dore, v. hugo. Orient. 31. || 13° Point central où
aboutissent plusieurs allées, qui forment comme au-
tant de rayons d'étoiles. Ce fut Chandenier qui fit
percer une étoile régulière à mon père qui voulait
bâtir, ST-siM. 38, (83. (;'est une sorte d'étoile où
concourent quelques allées qui ressai/cnt entre elles
un parterre moins étendu qu'irrégulier, diderot,
Mém. La promenade du scepd'^ue. H 14° ferme da
fortification. Étoile ou fort à étoile, ouvrage de for-
tification fait à angles saillants et qui a six pointes.
1524 ÉTO
Il t|> Point Rr.i«.«i «n forme d'étoile q"' J»,™"
.Mie («union; on H., «uai le» yeux du bouillon.
"rp.n«ii y «roù«r un« é.oile .1. gr».»».. aÉomEg.
Sn/ I II le- Terme de chirurRie Etoile, ou ban-
". . ;. u ou, «mplemenl, étoile, bandage im-
comper* à une étoile, parce que les
' l- forment à pou pr*s un X par leur en-
iro cn.i«ment. M 17- Terme de coilTeur. Extrémité
,)•„„, in»<« ilBcho»e»x. || 18- Terme de marine. He-
' ' r tilane, contenant la mèche qui
ilo routo. Il 19* Pifcce de la calra-
,„ „ ^ ; j ou d'une pendule iiépélllion.
Il ine dPS piicet du moulin à mouliner les soies.
|;Oulil pour faire une étoile sur le dos des livres.
Illnutrumenl pour vérifier le calibre des canon-s.
Il l'ro-crbe. On ne peut aller contre son étoile, on
ne peut résister à sa propre destinée.
— HIST. XI* s. Clere est la lune, les esteiles (lam-
bienl, Ch. de Rnl. ccLxviii. ||xii' s. Là sus au ciel
miinte estoile flambie, Rone. p. <*T. Enpris [}'] ai
greipior [plus grande) folie Que li faus enfes (en-
fant) qui crie Pour la bêle estoile avoir Qu'il voit
■jaut et clair seoir, Couci, m. As esteilles s'en vunt
j k la tcnebrur, E se su ni comandé à Deu nostre
seiBniir, Th. le mart. 4». |) xiif s. Li œl qui en son
;Mef ostoient A deus esloiles resembloient, la Uose,
•990 Diint aucunes gens cuident que ce soit li
dragons, ou que ce soit une estele qui cliiet [tombe],
muN. LAT. Trét. p. 130. |lxVs. Car fortune n'est
pas si très-cruelle, Qu'elle voulsist hors de ce monde
ester Celle qui est des princesses l'estoille, chailes
n'OBL. Bail. if. ||xvi' s. Estoient logez à l'enseijjne
de l'ealoile [en plein air], Jean d'auton, Annales
de Louis XII. dans lacuhne. Sa clarté [de ton livre]
nous suffit; l'homme n'a plus que faire D'esloiles
au m;ilin quand le jour est levé, rons. Sonn. à des
Vaurres. X midy estoile ne luit, chat-huanl ne sort
de son nid, leboux de lincy, Ptov. t. i, p. 97.
— ÉTYM. Wallon, jitcui; norm. Ùelle; ildtelle,
il fait clair d'étoiles; provenç. eslela, slela; espagn.
cstreHa; ilal. tlella; du latin Stella.
RTOILÉ, ÉE (é-toilé, lée), part, passé || 1° Semé
d'étoiles. Le ciel est étoile. || Le séjour étoile, la
vortte étollée, le ciel. L'opale étincelarile à la perle
mêlée Renvoie un jour pompeux vers la voûte étoi-
Ife. COHN. Tôt», (for, ii, 3. Plus heureux dans la
mort, les voûtes étoilées ^Henniront un jour nos
ombres consolées, nucis, Otcar, v, *. Tout me
sourit, les fleurs bnllènt plus lielles. Les jours plus
purs, les cieux plus étoiles, bérano. Encore des
amours. {fVar extension. Cloris n'est que parée et
dons se croit belle; En vêtements légers l'or s'est
changé pour elle; Son front luit, étoile de mille
iliamanls, oïLitruT, Le XVIII' siècle. Sur ce divan
■loilé d'or Qu'inventa l'opulente Asie, De ses che-
.eux je crois encor Respirer la pure ambroisie,
MiiLEv. ÉUg. I, s. I) 2" Qui re.ssomble à une étoile.
Il Terme de liolanique. Feuilles étoilées, petites
Touilles verticillées, fort étalées, disposées en rayons,
n.Tr ex.danslesBoJium. )| Chardon étoile, lachausse-
irape (cenlourra calcilrappa, t.). || Terme d'histoire
li.iturelle. Poils étoiles, poils groupés et rayonnant
d'un centre commun. |{ 3- Terme de chirurgie. Ban-
dage étoile, voy. «toile. || 4" Cliamlire étoilée, juri-
diction exceptionnelle établie en Angleterre depuis
Henri VII jusqu'à la fin du long parlement. || B» Fôlé
en étoile. Bouteille, glace étoilée. || Terme d'eaux et
forêts. Bois étoiles, les bois où il se trouve une
fente, et quelquefois plusieurs, qui se croisent sous
difTSrents angles et qui ouvrent le copur des arbres.
Ii8* S. m. L'éloilé, sorte de merle d'Afrique.]) ICs-
(lice de héron et de gobe-mouches. )| l'n des noms
vulgaire» d'une espèce de squale, appelé aussi len-
lillat, offrant, sur tout le corps, des taches blanches
qui ont la figure de lentilles ou de petites étoiles.
t frrOILlÎK (é-toiléo), ». f. Belle tulipe violette
et blanche.
+ ÉTOILEHENT (é-toi-le-man), i. m. Etat d'une
chose fêlée en étoile ; fêlure en étoile. Le sol de
celle partie de l'Amérique a éprouvé de profon les
dis ocations à une époque postérieure au soulève-
ment de la chaîne principale des Andes; le résultat
de ce souli'vement a été une suite d'étoilements
iitué» sur plusieurs lignes parallèles à l'axe des
Andes, pissis, Aead. des se. Comptes rendus, t. uv,
P. tt»«. Cette manière de considérer une éruption
^mme n pnxluisant à l'aide d'une fente diamé-
WM pa*s«ni par le centre du grand cratère) cou-
ïinî. \'"!î '."„''"" ''°"» *™^ f"' ''e l'étoilement
•«ce««lf de Etna, SA1MTK clair. rFv,u.c, Acad.
î «•Compte» rendus, i. uv, p, (o«.
T.. mam ,f, paon .uierbo étoda le plumage, r.EULLR,
firo
Imagin, t. |I Eclairer comme fait une étoile. X peine
quelque lampe au fonil des corridors Etoilait l'ombre
obscure, v. hugo, Cr('p. 33. )) 1- Fêler en étoile.
F.loilar une glace. On a étoile ces bouteilles. || 3° S'é-
toiler, V. réfl. Se fêler en forme d'étoile. Prenez
garde que vos bouteilles ne s'étoilent.
— KEM. L'Académie n'a étoiler ni au sens de
garnir d'étoiles, ni à celui de fêler; elle n'a que
s'Hoiler, se fêler.
— HIST. XIII" s. Li ciex fu cler et estelez , Ben.
1133. 11 vous fust avis que la terre Vosist [voulût)
emprendre estrif et guerre Au ciel d'estre miex
esielée; Tant iert [elle était] par ses llors relevée,
la Ilnse, 8407. Il xiv s. Cheval hay obscur, esloilé au
front, Ribl. des Chart. 3- série, t. n, p. 12». || xv s.
À la première porte de Saint-Denis.... y avoit un ciel
tout estellé, pnoiss. m, IV, ). )|xvi' s. Nuict estoil-
léc, LA BOÉTIE, 608.
— ÊTYM. Étoile; wallon, «(euîrf, étoiler; pro-
venç. estelat, étoile; espagn. estrellado; ital. stellaio.
ÉTOLE (é-to-l'), s. f. Ornement sacerdotal qui
consiste dans une bande d'étoffe, chargée de trois
croix et qui descend du cou jusqu'aux pieds. On
n'administre point les sacrements sans l'étole.
jj Droits d'i'tole, revenus qui, au moyen âge,
étaient attribués particulièrement au bas clergé et
que l'on considérait comme des dons volontaires
pour ne pas violer le principe de la gratuité des
fonctions ecclésiastiques.
— HIST. XII' s. E li rois li bailla lot son règne, e
li livera [livra] sa corone e sa estole e son anel,
Machab. i, 6. Se pape ou arcevesque sa terre entre-
diseit [interdisait], Senz criiiz e .senz estole li reis
les^ssoilleit [absolvait] ; N'i poeit sainte iglise vers
li mustrer nul dreil, Th. le mart. 68, i la curt en
ala quant il i fu mandez; Par desuz le surpliz s'est
de l'estole armez, D'une chape à canoine par desus
afuhlez, ib. 37. )) xiii' s. Et puis li misl-on l'eslole
enlour le col qui senefie obédience, Clir. de Itains,
p. l04.Jeme voiroie confesser. Se vos eussiez vosire
estole; Mes vostre feme n'est pas foie Qu'ele en a
lié son veel [veau], Ben. 20776. || xiv" s. Li uns
occisl un prestre à son col une estole, Li autres un
moustier par sa folour désole, Guescl. 17547.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. estola ; ital. stnla;
du latin Hola, robe; du grec TTo)ii, habillement,
de uTiiXeiv, disposer, arranger. Comparez l'alle-
mand stellen, poser, placer.
ÉTONNAMMENT (é-to-na-man), adv. D'une ma-
nière étonnante. Elle a eu une crise affreuse; mais
elle est bien, étonnamment bien à présent, genlis,
Ad. et Th. t. i, lett. 46, p. 384, dans pougens.
— ÊTYM. Étonnant, et le suffixe ment.
ÉTONNANT, ANTE (é-to-nan, nan-t'), adj.
Il 1° Oui frappe d'ébranlement moral. 0 nuit désas-
treuse ! ô nuit effroyable! où ralentit tout à coup
comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle :
Madame se meurt, Madame est mortel boss. Duch.
d'Orl. Il 2° Qui étonne. Et du consul Brutus l'astre
prédominant Dissipa tout d'un coup ce bonheur éton-
nant, CORN. Sertor. ii, *. Quels honneurs 1 quel
pouvoir! déjà la renommée Par d'étonnants lécils
m'on avait informée, bac. Iphig. Il, 3. Quel chan-
gement, grand Dieu! quel étonnant langage! volt.
Ali. V, 7. Il [Voltaire] vient de nous donner une
tragédie qui est encore un ouvrage étonnant pour
son Sge, d'alemb. Leit. au roi de Prusse, 23 mars
(778. Il 11 est, il n'est pas étonnant que.... avec le
verbe suivant au subjonctif, on doit, on ne doit pas
être surpris que.... Il est étonnant qu'une pareille
chance soit arrivée. D'où vient que vous ne pouvez
rire de tant de sottises des hommes? c'est qu'ils
sont faits pour être ridicules, et il n'est pas éton-
nant qu'ils le soient, fonten. Jugement de Pluton.
Il Familièrement. C'est un homme étonnant, c'est
un homme digrA d'admiration, ou singulier, de
manières extraordinaires. C'est un homme étonnant
et rare en son espèce. Il rêve fort à rien, il s'égare
sans cesse, regnard. Distrait, u, t. J'admire Vol-
Liire comme un des hommes les plus étonnants qui
aient encore paru , et c'est de très lionne foi que je
le pulilie, DIDEROT, Règnes de Claude et tiérnn,
II, 6. Il Un homme étonnant, se dit aussi ironique-
ment d'un homme qui fait de prodigieuses sottises.
Etonné, ÉE (é-to-né, née), pari, passé. || l-Qui
éprouve du vertige par suite d'un coup ou de quel-
que maladie. La faiblesse de ma tête toujours vide
et étonnée m'empêcherait, quand je l'oserais, de
suivre plus loin ces réflexions, d'.vlemb. Lett. au
roi de Pru.v.se, g mars i77o. || Terme d'architecture.
Se dit d'une voùle, d'une construction qui a été
ébranlée, lézardée par une commotion quelconque.
Il 11 fe dit aussi des pierres, en ce sens. Un certain
ÉTO
nomlire de ces débris de silex, fendillés, étonnés,
craquelés comme les porcelaines de Chine ou du Ja-
pon, semblent dénoter l'emploi du feu pour e.ssayer
d'attendrir les matières siliceuses, vibbaye, Acad.
des se. Comptes rendus, t. lvi, p. 680. || 2° Qui est
comme sous le coup d'une commotion, stupéfait.
Le destin se déclare, et nous venons d'entendre Ce
qu'il a résolu du beau-père et du gendre; Quand les
dieux étonnés semblaient se partager, Pharsale a
décidé ce qu'ils n'osaient juger, corn. Pomp. i, t.
Je sens manquer la force à mes sens étonnés, ID.
Suite du Ment, v, 3. De vos sens étonnés quel dés-
ordre s'empare? rac. Alhal. m, 6. Ah! lisons: ma
main tremble, et mon âme étonnée Prévoit que ce
billet contient ma destinée, volt. Zaire, iv, 6.
Il 3° Saisi par quelque chose d'inattendu, de singu-
lier. Avoir l'air étonné. Ne me regarde plus d'un
visage étonné, corn. Cid, m, ^. Je fus étonné que,
deux jours après, il me montra toute l'affaire exé-
cutée.... mol. Pref. de la Crit. de l'Éc. des f. Le gé-
néral accoutumé à une victoire prompte, étonné
de la voir bal.mcer si longtemps, mass. Or. fun.
prince de Conty. || Cet homme est étonné comme
un fondeur de cloches, il est étonné comme s'il
tombait des nues, comme si les cornes lui venaient
à la tête, il est étonné au dernier point. || Sulistan-
tivement. Jouer l'étonné, faire comme si on était
étonné. Elle lui apprit ensuite ce qu'elle savait
mieux qu'elle, dont elle fit bien l'étonnée, sciiBROH,
Rom. corn, i, ï2.
ÉTONNEMENT (é-to-ne-man) , t. m. \\ 1* Ébran-
lement, commotion. Depuis sa chute, il lui est
resté un élonnement du cerveau. || Terme de vété-
rinaire. Etonnemcnt du sabot, ébranlement occa-
sionné, dans le pied du cheval, par un choc violent
contre un corps dur. || Terme de joaillier. Fêlure
d'un diamant occasionnée par un contre -coup.
Il 2" Fig. Ebranlement moral. Aucun étonnement
n'a leur gloire flétrie, corn. Hor. m, 5. Sans regret,
sans murmure et sans étonnement, id. Poly. ni, i.
Ces promesses [de la reine et du cardinal] rassu-
raient M. le prince et ses amis; elles confirmaient
le monde dans l'opinion qu'on avait conçue de l'i-
tonnoment du cardinal, LA rochef. Mém. 82. L'elTroi
de nos aïeux et leurs étonnements De leur postérité
se font les châtiments, brébeuf. Pharsale. vu. La
colère de Dieu le tenait dans un profond étonne-
ment, BOSS. Ilist. II, 8. D'aucun étonnement il ne
paraît touché, bac. Brit. v, 5. || 3° Sensation mo-
rale causée par quelque chose d'extraordinaire, de
singulier, d'inattendu. Je comprends l'étonnemcnt
où vous avez été, sÉv. il. De voir cela.... me
donna un extrême étonnement, m. 437. Je sens
croître ma joie et mon étonnement, rac. Iphig.
II, î. De quel étonnement, ô ciel! suis-je frappée!
ID. Bajas. m, 6. Je ne sors pas d'admiration et d'é-
tonnement à la vue de certains personnages que je
ne nomme point, la bruy. m. Enfin nous aimions
à voir en lui [Napoléon] le compagnon de nos tra-
vaux, le chef qui nous avait conduits i la renom-
mée ; l'étonnement , l'admiration qu'il inspirait,
flattaient notre amour-propre; car tout nous était
commun avec lui, ségdr, Ilist. de Napol. m. 3. || Au
plur. Dans ces étonnements dont mon âme est
frappée De rencontrer en vous le vengeur de Pom-
pée, CORN. Pomp. m, 2. Je m'étonnerais qu'il y
eût un seul homme dans Gênes capable des senti-
ments que vous venez d'entendre, si mes étonne-
ments n'étaient épuisés par la considération de ce
que souffre la république, retz, Conjur. de Fiesque.
Vous avez tous les étonnements que doit donner un
malheur comme celui de M. de Lauzun, sEv. hob.
Un de mes étonnements est qu'elle s'y connaisse si
peu, DANCOURT, Folle enchère, se. 3. || Au grand
étonnement de tout le monde, tout le monde éunt
étonné. || On dit aussi quelquefois, simplement, à
l'étonnement. Le païen, à l'étonnement de l'univers,
l'abbé HOUTEviLLE, dans DESFONTAINES. || 4° Admi-
ration. Être ravi d'étonnement. Cette action fera
l'étonnement des siècles futurs.
— syn. étonnement, SURPRISE. La surprise est
ce qui saisit à l'improviste ; l'étonnement est ce qui
étourdit, cause un ébranlement moral. Par consé-
quent, la surprise est plus faible que l'étonnement;
on peut être surpris sans être étonné. La surprise
est aussi autre chose que l'étonnement; être sur-
pris, c'est voir ce à quoi on ne s'attendait pas; être
étonné, c'est en recevoir un certain coup qui arrête
et ébranle.
— HIST. XVI* s. Sirepilus ou estonnemonî [genre
de bruit d'oreilles], fait d'une grande commotion,
esbranlement, ou escousse du cerveau, par£, xvi,
40. X l'instant sont arrivez quatre cens chevaulx ar-
<
ÉTO
inez de toutes pièces qui ont donné jusqu'à la grande
place de la dicle ville, dont les dicts habitans ont
prins un tel estonnement qu'ils ne se sont jamais
mis en aucune deffense, henri iv, Lettres, t. rv,
p. 696.
— ÉTYM. Étonner.
tTONNEU (é-to-né), V. a. \\ 1° Causer un ébran-
lement. Le coup lui a étonné la tête. 1| Terme de
vétérinaire. Se dit du sabot d'un cheval qui se
heurie violemment à quelque obstacle. Ce cheval
s'est étonné le pied. {| Terme de mineur. Etonner la
roche, allumer un bûcher auprès, afin d'en rendre
rnl)attage plus facile. || Terme de métier. Faire fen-
diller, en le chauffant, le sable destiné à la fabri-
cation du cristal. || Étonner un diamant, y faire une
fêlure. Il II se dit aussi du drap qu'on tire trop. Si
on étonne la pièce entière à force de la tirer, et si
on en dissout tout l'assemblage en la contraignant
par une extension violente à donner 24 aunes au
lieu de <« ou 20, Dict. dps arts et m. Drapier.
Il 2° Fig. Causer un ébranlement moral. Va la voir
(le ma part, et tâche à l'étonner ; Dis-lui qu'à tout
le peuple on va l'abandonner, cobn. Théod. n, 7.
Trop de vérité nous étonne, pasc. dans cousin. Ma
laiblesse n'a point étonné mon ambition, :n. ib. On
le vit éionner de ses regards étincelants ceux qui
échappaient à ses coups, Boss.-iotn's de Bourbon.
Au conseil comme au sceau, la multitude, la va-
riété, la difficulté des affaires n'étonnaient jamais
ce grand magistrat, id. le Tcllier. Mon Dieu, pour-
quoi vois-je devant moi ce visage dont vous étonnez
1rs réprouvés? m. <" serm. pour le vendredi saint,
m. Pour moi qu'en santé même un autre monde
étonne, boil. Sat. i. Ah! qu'un si rude coup étonna
mes esprits I m. Poésies div. 6. Observons Bajazet,
étonnons Atalide, bac. Bajai. m, 8. Le .sangd'Al-
cide est beau, mais n'a rien qui m'étonne, volt.
lllrr. I, 3. L'aspect du souverain n'étonna point ce
traître, m. Umr. v. La Grèce avait été bien étonnée
par le premier Philippe, Alexandre et Antipater,
mais non pas subjuguée, montesq. Rom. v. || Abso-
lument. Les grandes choses étonnent et les petites
rebutent, la brut. xii. || 3" Causer, en qualité
d'extraordinaire, de singulier, d'inattendu, une
certaine sensation. Les exploits de ce héros étonnent
'univers. Ils [les jjhilosophes] étonnent le commun
des hommes ; ils [les chrétiens] étonnent les philo-
sophes, PASC. dans cousin. L'éternité des choses en
elle.s-mAmes ou en Dieu doit encore étonner notre
petite durée, id. ib La nouvelle en ce cas M'é-
tonne bien un peu, mais ne me change pas, pieon,
Mélrom. v, U. || Absolument. Ces œuvres mar-
quaient le pouvoir de bien faire plutôt que la volonté
(J'élcnner ; c'étaient des vertus plus que des miracles,
j. J. Bouss. Lettres de la montagne, 3. || 4° S'éton-
ner, V. ré(l. Se dit d'une voûte, lorsque étant sur-
chargée, elle paraît s'affaiblir par le poids. || 5° Res-
sentir un ébranlement moral, hésiter, s'effrayer.
Encore voyons-nous des gens qui attendent pour
s'étonner que la mauvaise fortune soit venue, balz.
6' dise, sur la cour. Ne vous étonnez point de ce
qui e.st arrivé; mais au nom de Dieu, que cela vous
serve pour prévoir et prévenir à l'avenir semblables
inconvénients, Richelieu, Lett.àM. deChdIillon, 4 4
Juin (638. Quoique le mien [courage] s'étonne h
ces rudes alarmes, corn. Hor. l, t. Quoi ! déjà votre
foi s'affaiblit et s'étonne! bac. Àthal. l, 2. Le
monstre [Jacques Clément] au môme instant tire
son coutelas, L'en frappe, et dans le liane l'enfonee
avec furie; Le sang coule, on s'étonne, on s'a-
vance, on s'écrie, volt. Henr. v. || 6° Trouver
étrange, singulier. Je m'étonne de vos manières.
Je m'étonne comment je la puis souffrir [une ma-
ladie], voit. Lett. 6. On ne devrait s'étonner que de
pouvoir encore s'étonner, larociief. Jllax. 3S4.Vous
faut-il étonner de ce que je l'ignore? corn. Ilor. m,
S. C'est de quoi .s'étonuer, id. Iléracl. v, 7. .l'ai
cédé mon amant, tu t'étonnes du reste, bac. Baj.
m, t. Je me suis étonné de son peu d'allégresse,
[ m. Phèd. IV, t. Il Ne pas s'étonner si, ne pas s'é-
I tonner de ce que. Je ne m'étonne pas s'il n^a pu
! venir. Faut-il s'étonner s'il n'a pu venir? Je ne m'é-
. tonne pas si je romps tes attentes, mol. l'Ét. m, 5.
i Ne vous étonnez pas si je m'informe des nouvelles
I de toute la famille, car j'y prends beaucoup d'inté-
rêt, ID. le Fist. de P. iv, 3. m vous étonnez pas si
■0 m'adresse à vous, bac. Alhal. m, ♦. ï'aut-il s'é-
tonner s'ils ne sont point aimés, puisqu'ils n'aiment
rien que leurs gramleurs et leurs plaisirs? péN. Tél.
xiii. Il S'étonner que, avec le verbe suivant au suh-
jonctif. Faut-il s'étonner qu'il ne soit pas aimé? Je
m'étonne que vous n'ayez pas prévu cet accident.
Il fallait qu'elle [cette feinte] cessSt bientôt sans
ETO
doute, et je m'étonne seulement qu'elle ait pu du-
rer la moitié d'un jour, mol. Princ. d'Él. v, î. Je
ne m'étonne pas que des hommes qui s'appuient
sur un atome chancellent dans les moindres efforts
qu'ils font pour sonder 1? vérité, la brut. xv:. Mais
je m'étonne enfin que pour reconnaissance, Pour
prix de tant d'amour, de tant de confiance, 'Vous
ayez si longtemps par des détours si bas.... bac. Baj.
V, 4. Ne faut-il pas s'étonner au contraire Qu'il en
en ait si longtemps différé le salaire? id. Esth. iii,4.
Il II peut se dire aussi avec l'indicatif. Il s'est étonné
que je n'ai rien vu de tout cela, balz. Lett. à Chape-
lain, sjanv. 4640. Il S'étonner de,' avec le verbe à
l'infinitif. [Les gens] S'étonnaient de voir que Martin
CbassSt les lions au moulin, la font. Fabl. v, 2i.
Il Proverbe. Cet homme est bon cheval de trom-
pette. Une s'étonne pas du bruit, se dit d'un homme
qui ne se trouble pas pour peu de chose, que les
cris, les reproches n'émeuvent pas.
HIST. XI* s. Granz fu li cops, li duz [le duc]
en estonad [en fut étonné] , Ch. de Bol. ccl. || xir s.
Par nous vous mande n'en soiez estoné, Bone.
p. 423. [Elle] Nel conut [son fils], ne s'estone mie
Cum faitement il est en vie, Grégoire le Grand,
p. 4 4 3. Il xiii* s. Dou fau [fou] moine qui de la noise
Est abaubis et estonés.... a. de coissi. Du cierge.
Tel cop lez l'oreille li done, Tote la teste li estone,
Ren. I -1902. Le chief [la tête] ai vuit et estoné Du duel ,
et de l'ire, et del pens [pensée] Dont tôt est desvoiez
mon sens, ib. tBS98. Sire Renart tel li redone. Que
toute la fosse en estone [retentit], Ren. 6)2. Nepur-
quant li reis sus se levé. Pur la grant feste d'icel
jur Se feint e ouvre sa dolur; Mais la feblesce tut
l'estune , Edouard ;« con^. v. 3640. ||xiv's. Nous
avons de bon vin le cervel estonné. Si en seront plus
fort dedensl'estour morte [mortel], Gnescl. 22169.
Il XV* s. Si en doibs parcourir la terre, faire retentir
les cieulx, estonner bois, roches et montaignes par
force de cris, g. chastel, Chr. du duc Philippe,
Introduct. Si prirent à lancer si grosses pierres
d'engins et de canons contre les murs que tous les
estonnerent, et si druement que l'un coup n'atten-
doit pas l'autre, m. Boude, i, 28. Plus estonné que
le premier coup de matines, Perceforesl, t. m,
f» 4 47. Il XVI* s. 0 bien heureux qui de rien ne s'es-
tonne, Et ne pallist, quand le ciel iré tonne, du
BELLAY, II, 7) , recto. L'yvrongnerie renverse l'en-
tendement, et estonné le corps, mont, ii, 12. Toutes-
fois il fut plus surpris qu'estonné : car ayant re-
tranché et rempli les passages.... d'aub. Ilist. i,
190. Ledit navire toucha en terre, et de ce heurt la
quille et gaborts s'estonnerent, de sorte que les
joints des planches s'ouvrirent tant que.... M. du
BELLAY, B97.
— ÉTYM. 'Wallon, estener, estcner, du lat. ex-tn-
nare, ébranler comme par un coupde tonnerre, d'a-
près Diez ; étymologie qui est confirméepar l'histori-
que oïl l'on trouve estoner au sens de retentir, etqui
rejette la dérivation germanique: angl. to stun,
étourdir; anglo-sax. stunian. Exionare est une (orme
romane au lieu de la forme latine attoriare, frapper
de la foudre, étonner. Il y a une autre forme, estor-
ner: I-^stornezfu [du coup] .Nemesli com bâtant, iionc.
p. 4 39. Diez y voit encore ex-tonare, à cause qu'en
italien tonare et tronare {in-trnnare, étourdir) sont
identiques; mais il est probable que dans estorner
nous avons le représentant de l'ancien haut-alle-
mand slorni'n, étonner.
t fiTONNlIUE (é-to-nu-r') , s. f. Glace blanche ou
éclat produit sur le diamant par l'outil du lapidaire
ou du mineur.
— HIST. XV* s. Il se tira ung peu arrière du tour-
nois, tant que l'estonneure de .son pied fust appaisèe,
Perceforest, t. I, f° 4 46, dans lacbrne.
— ÉTYM. Etonner, Dans le sens des lanidaires et
dans le sens de l'historique, etonnure est toujours un
ébranlement.
t ÉTOQLTîREAtJX (é-to-ke-rô), s. m. pi. Chevilles
de fer qui servent à arrêter certaines pièces de ser-
rurerie.
— ETYM. Diminutif d'«s(oc, bâton, épée.
t ÉTOOnERESSE (é-to-ke-rè-s') , s. f. Toute pièce
de fer qui sert à en arrêter, à en contenir d'autres.
Il S. f. plur. Terme de marine. Cordes longues de
huit à neuf pouces.
— f.TYM. Même radical qu'étoquereaux.
ÉTOCFKADE (é-tou-fa-d') , ». f. Voy. étouffée,
plus usité que estoufade , auquel l'Académie ren-
voie.
— ÉTYM. Étouffer.
t fiTOUFFAGE (é-tou-fa-j') , s. m. Action d'as-
phyxier les abeilles, la cochenille, les chrysalides
des vers à soie, etc. Ici on châtre les ruches, et
ETO
1525
ailleurs on a recouis à l'étouffage des abeilles, i.b-
ooarant.
— ÉTYM. Étouffer.
ÉTOUFFANT. ANTE (é-tou-fan, fan-t'), ai). Oui
fait qu'on étouffe, qu'on respire à peine. Un air
étouffant. Dans aucun temps on n'a éprouvé à la
Guyane ces chaleurs étouffantes si ordinaires dans
d'autres contrées de l'Amérique, batnal, Hist. phil,
XIII, 9. Le vent de mer, (|ui est si étouffant pendant
l'été, répandait alors une douce chaleur, stael,
Corinne, xx, i.
ÉTOUFFfi, EE (6-tou-fé, fée), part, pcusé. || 1* Qui
a perdu la communication avec l'air et ne peut plus
vivre. Les uns sont étouffés sous le faix de la terre
Qui tombe par l'effort des machines de guerre, mai-
bet, Mort d'Asdrub. l, 3. Quand tu me dépeignais....
Les monstres étouffés et les brigands punis, bac.
Phèd. i, 4. Songe aux cris des vainqueurs, songe
aux cris des mourants Dans la flamme étouffés,
sous le fer expirants, id. Andr. m, 8. || Dans l'An-
cien Testament, viandes étouffées, laciiair des ani-
maux tués, sans qu'on ait versé leur sang. || Qui a
perdu la communication avec l'air et ne peut plus
brûler. Feu étouffé. || 2° Trop serré. Il partit donc
auj acclamations de tout le canton, étouffé d'em-
brassements, volt. l'Ingénu. 7. Jeté sur cette boule,
Laid, chétif et souffrant. Étouffé dans la foule.
Faute d'être assez grand, bérano. Kocaf. || Terme
d'horticulture. Arbre étouffé, arbre entouré d'arbres
plus élevés qui l'empêchent de profiter. || Endroit
étouffé, endroit où il y a peu d'air. Chambre étouf-
fée. 'Vous allez dans une petite ville étouffée, où
peut-être il y aura des maladies et du mauvais air,
sÉviGNÉ, 84. Il 3° Fig. Oui ne peut se manifester.
Et des crimes si noirs étouffés au berceau , cor-
neille, Œdipe, I, 6. Sa vertu reconnue et l'en-
vie étouffée, BOTROU, Bélisaire, i, 2. La voix de
la nature était étouffée, boss. IHst. ii , 4 3. Dos
desseins étouffés aussitôt que naissants, bac. Brit.
IV, 2. Il croit peut-être, il croit que ma haine
étouffée.... ID. Alex, iv, 4. Quel feu mal étouffé
dans mon cœur se réveille! id. Phèd. iv, 5. Telle
fut la fin d'Alcibiade , en qui de grandes vertus
étaient étouffées par des vices encore plus grands,
BOLLiN, Ilisl. anc. Œuvres, t. iv, p. 440. || Ré-
primé. Révolte étouffée à grand'peine. Et foulant à
vos pieds leurs fureurs étouffées, volt. Tancr. v, 4.
Il Cris étouffés, les cris sourds d'une personne dont
la respiration est gênée. || Soupirs étouffés, voix
étouffée, soupirs, voix qu'on s'efl'orce de retenir, de
ne pas laisser entendre. 'Vos soupirs étouffés sem-
blent me faire injure, volt. Tanc, i, 4. Adieu, pour
toujours, dis-je d'une voix étouffée, genlis, Veillées
du chdt. t. l, p. 23B. Il Rire étouffé, le rire qui
échappe à une personne s'efforcant de le retenir.
Il Bruit étouffé, se dit d'un bruit qu'on empêche de
se faire entendre, et d'un bruit qu'on empêche d'être
divulgué.
t ÉTOUFFÉE (étou-fée), s. f. Terme de cuisine.
Préparation de viamles cuites dans un vase bien
fermé. Perdrix à l'étouffée. Des haricots à l'étouf-
fée. Il l'ius usité que étouffade ou estoufade.
ÉTOUFFEMENT (é-tou-fe-man), s. m. || 1* Action
d'étouffer. L'étouffement d'un incendie, {j Fig. l.'é-
touffement d'une révolte. || 2° Difficulté à respirer.
J'ai des étouffements et des faiblesses qui me pren-
nent de jour à autre, sans que l'on puisse trouver
ici de thériaque, voit. Lett. «.
— ÊTYM. Etouffer.
ÉTOUFFER (é-tou-fé),».a. || l'Ôter la respiration
en privant de communication avec l'air ou en com-
primant. J'ai pensé êtreétouffé à la porte, mol. Criti-
que,se. B. On étouffe aisément qui se laisse presser,
ROTBOU, Antig. l, 6. Les rlames de la cour, indi-
gnées de ce qu'il leur avait préféré une personne
d'une si basse naissance, étouffèrent l'enfant, mon-
TESO. £sp. VI, 43. Il Étouffer les cocons des vers à
scie, les mettre dans une étuve ou les exposer à la
vapeur d'eau botiillante pour tuer la chrysalide, afin
que le papillon qui en proviendrait sans cela ne
jierce pas le cocon pour en sortir; les cocons per-
cés ne peuvent plus être filés, parce que, pour
les filer, on les met dans l'eau où ils surnagent,
tandis que, s'ils étaient percés, ils se rempliraient
d'eau et tomberaient au fond. || Par exagération.
Serrer fortement. Les pleurs recommencèrent, et
on pensa étouffer l'enfant & force de le baiser, scar-
HON, Rom. com. l, 43. La connaissance la plus lé-
gère met un homme en droit d'en étouffer un autre
en l'embrasssant, montesq. Lett. i^ers. S8. || Fig.
Etouffer quelqu'un, le perdre, le faire périr. J'em-
brasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer, rac.
Brit. IV, 3. Égisthe est l'ennemi dont il faut trioin
1526 RTO
Blxr: Mit ta fon bercoiu je touIuj l'étouffer.
Volt *'rw i, «. || Kimiliêremont. Que la peste
rttoulbl far» <l'eicl.m«lion pour exprimer son
iZD»flt.mw« de quelqu'un I »• ôlcr la commu-
"«..on .reo l'.lr libre el par là empêcher <lo brû-
ler filoulTer un incendie. Eiouiïer du charbon, de
b braiM. Il Ki(f. Il n'oûl point vu Créûse, et cet ob-
1«» nou»eau N'eût point de notre hymen éloulTô le
llimlHWU. C01.N. Kédée, i, ». |1 Fig. Étouffer la ré-
Tolle. Il étouffait le» querelles dans leur naissance,
ntat. Duc de Mont. Employez votre autorité à
étouffer CI'» disputes dès leur naissance, fén. Tél.
«III. Il Étouffer une affaire, unu querelle, empêcher
quelle n'éclate, qu'elle n'ait des suites. Vous êtes
pris: ne vous montrez donc pas; C'est le moyen d'é-
louffor cotte affaire, la font. Rémoii. Croyez-moi,
madame, puisque nous y consentons, ce que vous
avez de mieux i faire, c'est d'étouffer cette mal-
heureuse aventure.... picard. Noce sans mariage,
IV, t J. Il S' Priver les plantes de l'air nécessaire à
leur végétation. Les mauvaises herbes étouffent le
blé. Il Fig. Le prédicateur, dans Samuel Clarke, a
étouffé le philosophe, volt. Ph. ignor. ta. (] Terme
de jardinage. Etouffer des boutures, les placer sous
une cloche en verre pour les soustraire à l'action
do l'air, et favoriser le développement des racines.
Il *• Étouffer des sons, les rendre moins éclatants,
les amortir. || Ne pas laisser entendre. Fasse le juste
ciel propice à mes désirs Que ces longs cris de joie
étouffent vos soupirs! cohn. Porno, v, 5. Pour étouf-
fer les cris que poussaient ces malheureuses victimes
[dans les sacrifices humains), on faisait retentir,
pendant celte barbare cérémonie, le bruit des tam-
bours et des trompettes, rollik, llist.anc. Œu-
rrtt, t. I, p. t«n, dans pobgens. {) Étouffer la voix,
on empêcher l'émission. La grande joie où je suis
étouffe toutes mes paroles, mol. l'Am. méd. m, 8.
Tant do coups imprévus m'accablent à la fois Qu'ils
m'ôteut la parole et m'étouffent la voix , hac. Phèd.
rv, a. Le sang qui coule étouffe sa voix, FêN. Tél.
XX. Il Fig. L'amour étouffe en vous la voix de la na-
ture, conn. Rodog. iv, s. || Étouffer se dit aussi de
celui qui retient sa voix, ses soupirs, etc. Je veux
bien toulolois étouffer ce murmure, corn. D. Sanche,
IV, 3. Je me suis tu, j'ai étouffé mes soupirs, fén.
Tél. vil. En l.lchant d'étouffer ses sanglots, J. J.
Rouss.^m.v.ll 5* Supprimer, détruire. Cette gloire....
Doit étouffer en nous tous autres sentiments, corn.
Uor. Il, i. Quand pourrai-je étouffer dans tes em-
brassements L'erreur dont j'ai formé de si faux senti-
ments' ID. ib. IV, 2. Et la peur d'être ingrate étouffe
votre douil, id. Toi». Sor, i, t. Croyez-vous que....
L'absence ait de mes feux les ardeurs étouffées?
Rornou, Bélis. il, 4. Il faut donc étouffer tous les
sentiments de la nature, sév. 4<8. Je le priais de
ne point étouffer le Saint-Esprit dans son cœur, lo.
Î7, On fit les derniers efforts pour étouffer cette
doctrine, Boss. Lett. W9. Etouffe dans son sang
ses désirs effrontés, rac. Phèd. Vf, 2. Quoi I j'étouffe
en mon cœur la raison qui m'éclaire.... ID. Andr. v,
♦. Quand il s'agit d'étouffer dans leur naissance ces
faibles désirs de pénitence, mass. Carême, Res-
ptct hum. Je sens naître malgré moi des scrupules.
— Il faut les étouffer, lesage, Turcaref, jv, ».
Etouffez dans son cœur un orgueil insensé, volt.
iDruIut, II, 4. De Séide et du reste étouffez la mé-
moire, ID. Fonat. V, 3. On étouffe l'esprit des eo-
faots sous un amas de connaissances inutiles; mais
de toutes les sciences la plus absurde, à mon avis,
et celle qui est la plus capable d'étouffer toute es-
pèce de génie, c'est la géométrie [paroles mises
dans la bouche d'un précepteur ignorant ] , m.
Jeannot. || 8* Terme de marine. Étouffer les voiles,
les presser contre le mât, pour les dérober à l'ac-
tion d'un vent trop violenL On dit aussi étrangler.
Il 7* Terme de cartonnier. Étouffer la colle, la faire
tourner en eau pour l'avoir trop remuée. || 8° Y. n.
Avoir la respiration gênée par défaut d'air. Ouvrez
la fenêtre, on étouffo ici. Délacez cette femme, elle
étouffe. Elle étoufferait plutôt que de laisser échap-
per un soupir en sa présence, j. t. rouss. Ém. v.
Sur ces sables muets, cette mer sans courroux S'en-
tr'ouvre, nous dévore, et se ferme sur nous; Ma
sœur, j'étouffe encore, Ducis, Àbufar, u, î.|| Fa-
milièrement. Étouffer de rire, rire jusqu'à perdre
I» respiration. Ahl pour étouffer n'étouffons que
P» rire, ntBAito. Courmand;. || Étouffer à force de
manuer, avoir la respiration gênée parce que l'es-
n-îl'T' '"P f'^'"' ^' d'ailleurs à chaque repas
I « r'î" "," '""'■•«-'ous pas? B8RAN0. GouTmands.
r Kiouller de rage, être si en colère qu'on eu perd
h rev.rition IIFig. J'étouffais dans l'univers, jau-
ni» voulu m éUnctr dan» l'infini , j. ,. «ouss. »•(.».
ÊTO
àH. de Haletherbet. \\ »• S'étouffer, t. réfl. Perdre
la respiration. Cette femme s'étouffait do rire, sév.
70. Il s'est étouffé de crier après les chiens, la bruv.
vii. Il S'étouffiT, se serrer les uns les autres dans
une grande foule. On s'est étouffé à ce bal. Il y avait
bien des places de vides, tout le monde ayant cru
qu'on s'y étoufferait, mairtf.non, Lett. d M. d'Aubi-
gnd, 6 oct. «082. || Se faire périr l'un à l'autre. Que,
rappelant leur haine , au lieu de la chasser, Us
s'étouffent, Altale, en voulant s'embrasser, rac.
Théb. iii,«. Il Être étouffé, n'être pas entendu. Leurs
murmures s'étouffèrent parmi lesacclamations géné-
rales. Et ce bruit insensé que l'homme croit sublime
Se sera pour jamais étouffé dans l'abtme, L'abîme
qui n'a plus d'échos, lamabt. Ifarm. i, to. || Avec
suppression dupronom personnel. Si cette méchante
doctrine était renfermée dans les livres de deux ou
trois casuites inconnus, peut-être qu'il serait utile
do la laisser étouffer par l'oubli et par le silence,
PASC. .■)■ et 4' factum pour les curés de Paris, 2' part.
— SYN. ÉTOUFFF.R, SUFFOQUER. Ëtymologiquement
étouffer, c'est empêcher l'air d'arriver; suffoquer,
c'est serrer la gorge; de là la différence entre ces
deux verbes. On étouffe quand l'air manque d'une
façon quelconque; on suffoque, quand la gorge est
obstruée d'une façon quelconque.
— HlST. xvi's. Les plantes s'estouffent de trop
d'humeur, et les lampes de trop d'huile, mort, i,
(39. Essayant d'estouffer dans le vin cette fascheuse
pensée, id. ii, 37. Ils [les chiensde la fable] entre-
prindrentde boire cette eau, d'asseicher le passage,
et s'y estoufferent, id. iv, 236. Logez pesle mesle
plusieurs ensemble dessoubs petites tentes et ca-
bannesestouffées, amyot, Perte. 66. Il fut foulé aux
piedz et estouffé à la porte du camp par la multi-
tude des fuyans, in. Lucull. 3I. Cest air estouffé et
le poulcier ensemble leur entroit dedans la gorge,
m. Serlor. 24.
— ÊTYM. Bourguign. étoffai; wallon, sito(é, stofé;
dee*.... préfixe, et un radical touf, qui se trouve
dans l'italien tuffo, immersion, l'espagnol tufo, va-
peur, le provençal moderne toufe, vapeur étouf-
fante, le lorrain toufe, étouffant. Ce radical est rat-
taché par Diez au grec tûço;, vapeur (voy. typhus).
Scheler conteste cette étymologie , objectant que les
autres langues romanes qui auraient le primitif n'au-
raient pas le dérivé étouffer, et que toufe n'est pas
dans le français (ce qui n'est pas complètement
exact, puisqu'il est dans le lorrain); en conséquence
il incline à regarder étouffer comme identique avec
étouper, par l'intermédiaire du germanique; anc.
h. allem. ituphan; allem. ttopfen. Ce qui semble
parler pour Diez, c'est que le français, le bourgui-
gnon et le wallon gardent Vf pour étoufer et le p
pour élouper (voy. touffeur).
t ÉTOUFFEUU, EU6E (é-tou-feur, fefl-z'), s. m.
et/. Celui, celle qui étouffe, au sens actif. |{ Nom vul-
gaire des grands serpents, du boa particiilièrement.
— ÉTYM. Étouffer.
ÉTOUFFOIR (é-tou-foir), î. m. || l'Espèce de clo-
che de métal, dont onse sert pour éteindre la braise
en la couvrant. {[ Fig. Pièce chaude et sans air. Les
salles d'assises sont de vrais étouffoirs. || 2° Petits
tampons do drap qui retombent sur les cordes d'un
piano, et en étouffent le son aussitôt que le doigt
cesse de presser les touches correspondantes du
clavier. Lever les étouffoirs, presser une pédale qui
les soulève tous et les empêche de retomber.
— f.TYM. J^(oi(//'er; wallon, slofeû.
t ÉTOUPAGE (é-tou-pa-j'), i. m. Terme de cha-
pellerie. Action d'étouper; ce qui sert à étouper.
— ÉTVM. Étouper.
ÉTODPE (é-tou-p'), s.j :u- La partie la plus
grossière de la filasse. Étojpe de chanvre, de lin.
Boucher avec de l'étoupe. Et l'étoupe enflammée et
la poix odorante D'une lente fumée exhalent la va-
peur, DELILLE, Enéide, v. || Fig. Mettre le feu aux
étoupes, exciter à la sédition, aux querelles, aux
procès, à faire l'amour, à satisfaire quelque passion
emportée. Je la regardais quelquefois du coin de
l'œil, d'une manière qui mettait le feu aux étoupes;
car le jeu commençait à me plaire, lesage, Gil
Dlas, II, 2. Cette fausse dévote, vrai suppôt de Sa-
tan, mit le feu aux étoupes en parlant sans cesse à
la dame de l'amour et de la persévérance du Gé-
nois, ID. Guim. d'Alf. I, 3. Il On dit dans le même
sens, le feu prend aux étoupes. |{ 2° Ti^rme de ma-
rine. Produit de la décomposition de v .-«u cordages
dont on détord les torons et filets. Etoupe noire,
celle qui résultedes cordages goudronnés. || S-ferme
de botanique. Substance filamenteuse et compacte
que l'on trouve au collet ou dans le fruit de certai-
nes plantes
ÉTO
— HIST. XV* s. Regardez et entendez que mon-
seigneur m'escrit.... Si m'aîst Dieu et les saints, i'
n'en fera rien; il aura en bref temps autres estou
pesen sa quenouille; de coque fol pense assez re.
maint [reste], froiss. m, iv, (7. || xvi* s. Cela n'e.s.
toit que mettre le feu auprès des estoupes, despkb.
Contes, VI. Ils avoient porté force estouppe et souf-
fre, avec grande quantité d'argent en la maison de
Celhegus, amyot, Cicéron, it.
— ÊTYM. Wallon, sitop, stop; provenç. eslopa,
stopa; es[>ign. estopa; liai, stoppa; an latin stup-
pa, étoupe, en grec (rtOnri, la partie de l'écorce du
chanvre la plus voisine du tronc, oTÙitoç, tronc, en
latin stipes (voy. éteule).
ÉTOUPÉ, ÉE (é-tou-pé, pée), part, passé. Le»
oreilles bien éloupées.
t ÉTOCPEMENT (é-tou-pe-man), s. m. Actioij
d'étouper; résultat de celte action.
— HIST. XVI' s. Le sergent doit faire dépendre
l'huys de la maison, sans que personne le puisse
remettre, sans autre closture ou estoupement,
Coustum. génér. t. i, p. 778.
— ÉTYM. Étouper.
ÉTOCPER (é-tou-pé), V. a. Il 1° Boucher, remplir
avec de l'étoupe. Étouper un bateau, les fentes d'un
tonneau. Le drôle avait étoupé la clochette, la font.
CtocheMe. Il S'étouper les oreilles, se les emplir de
coton. Il 2° Terme de doreur. Appliquer une pièce à
l'endroit où une feuille d'or manque d'éloffe. || Pres-
ser les feuilles d'or avec un tampon pour les faire
prendre sur la colle. || 3" Terme de chapelier. Ren-
forcer les parties faibles d'une capade avec les ro-
gnures dune autre.
— HIST. XII' S. Mult par fu [fut très] esbale la gent
chaperunée, Quant il virent lur veie tûtes parz estu-
pée. Th. lemart. (46. |{ xiu* s. Les huis et les fenes-
très très bien estouperons, Berte, lxxvii. Son nés [il]
estope isnelement , benoît, t. m, p. 621. Boa
fait estoper Male-Bouche, Qu'il ne die blasme ou
reprouche, la Uose, 7421. Encore pot on bien fere
demande en cort laie por cause de damace, si comme
contre cix qui estoupent cemins, ou aucun autre
aaisement commun, beaum. xlui, 4i. Por estoper
l'usure as mavès créanciers, Liv. de jmt. i"0. Et il
meismes son cors [lui-même, de sa personne] por-
toit les cors pourris et touz puans poui mettre en
terre es fosses, que jà ne se estoupast, et les autres
se estoupoient [se bouchaient le nez], joinv. 278. Dist
li provost : ce sont estoupes Dont vous me volez es-
touper [ce sont bourdes par lesquelles vous me vou-
lez tromper], du cange, slupare. \\ xv" s. Une povre
couste de vieille toile enfumée pour estuper le feu,
froiss. II, II, 167. En estoupant la langue aux mes-
disans. Qui ont langue pour mesdire legiere, CH.
d'orl. Songe en comptât n (e. || xvi' s. La main de
Dieu n'est point accourcie, qu'il ne nous puisse
sauver; et son oreille n'est point estouppée, qu'il ne
nous puisse ouir, calv. Instit. 689. Par quoy leurs
veues furent tantost estouppées [par la poussière],
AMYOT, Serlor. 24. Hz disoient que ce n'estoit pas
une esquinance qui luy avoit eslouppé ia nuict le
conduit de la voix, id. Démosth. 3e.
— ÊTYM. Étoupe; picard, étouper, boucher; wal-
lon, stopé, étouper; anc. espagn. eslopar; ital.
stoppare ; bas-lat. stuppare, dans la loi des Alle-
maïuis.
t ÊTOUPERIE (é-foupe-rie) , s. f. Terme de com-
merce. Toile d'étoupes. || Terme de marine. Lieu où
l'on met les étoupes.
t ÊTOUPEUX, ECSE (é-tou-peù, peû-z'), adj.
Terme d'histoire naturelle. Qui est garni d'étoupe,
de poils fins, serrés et mous (palpes de papillons).
t ÉTOCPIÈRE(é-tou-piê-r'), s. f. Terme de com-
merce. Toile faite d'étoupes. || Terme de marine.
Ouvrière qui charpit les vieux cordages pour calfa-
ter les vaisseaux.
ÉTODPILLE (é-tou-pi-11', U mouillées, et non
é-tou-pi-ye), s. f. Terme d'artillerie. Sorte de mèche,
non d'étoupe, comme ce mot semble l'indiquer,
mais de colon filé, et trempé d'eau simple, ou d'eau-
de-vie, ou d'huile de spic, et roulé dans de la pou-
dre, pour la communication plus ou moins prompte
du feu, dans les ouvrages des artificiers. || Petit cy-
lindre de cuivre rempli de pulvérin et contenant à
sa partie supérieure un peu de fulminate de mercure
pour y mettre le feu par le frottement d'un corps
rugueux renfermé dans le cylindre, legoarast.
— ÉTYM. Diminutif d'étoupe.
t ÉTGUPILLER (é-tou-pi-Ué, Il mouillées), v. a.
Terme d'artificier. Garnir d'étoupilles les pièces
pour que le feu s'y communique.
ÉTOCPILLON (é-tou-pi-Uon, Il mouillées, et non
é-toii-pi-jon) , s. m. Mèche d'étoupe suiffêe qu'on
ËTO
ÉTO
ETO
1527
aiet dans la liimitre du canon pour garantir la
charge contre l'humidité.
— liiST. Jiv's. I.c suppliant copparestoupiIlon[bou-
chon d'étoupe] d'une cane ou cruche qu'il portoit,
en laquelle avoit do la servoise, du cange, estopa.
— ÉTYM. hUoui'ille.
■f ETOUPIN (é-tou-pin), s. m. Terme de marine.
Peloton d'étoupe qui sert à hourrer le canon. || Cordes
de coton filé, qu'on prépare avec des drogues inflam-
mables, telles que du salpêtre, de lapoudre à tirer, etc.
— ETYM. Éloupe.
ÉTOCUDERIE (é-tour-de-rie), î. (. Caractère,
acte d'étourdi. Son étourderie est incroyable. 11 fait
loujours des étourderies. 11 n'a d'autre défaut qu'un
'>eu d'étourderie, gbesset, Méchant, II, \. En lais-
irit les enfants en pleine hberté d'exercer leur
rtourderie, il convient d'écarter d'eux tout ce qui
ourrait la rendre coûteuse, J. i. rouss. Ém. u.
— ÉTYM. Voy. ÉTOUBDIH.
4. ÉTOURBI, lE (é-tour-di,- die), part, passé
,1 élourdir. || 1° Oui a éprouvé un étourdissement. Il
,1 été un peu étourdi du coup. Je n'ai pu soutenir
Il douche, j'en suis fâchée, car j'aime à suer; mais
j'en suis trop étouffée et trop étourdie, SÉv. Lett.
22 se|)t. 1077.11 Familièrement. Etre un peu étourdi,
avoir bu un verre de vin de trop. || Avoir la tête
étourdie de.... être accablé de discours, de paroles,
de demandes, etc. De combien d'importuns j'ai la
tête étourdie! rotrou, St Genest, il, 3. Sainte n'é-
tait.... Qui de ses vœux n'eût la tête étourdie, la
FONT, ilandr. \\ 2° Il se dit parfois des parties du
corps où il ne reste plus qu'un léger ressentiment
de douleur. Sa goutte l'a quitté, mais il a le pied en-
core tout étourdi, la main étourdie, Dict. de l'Acad.
Il 3° Fig. Remets donc ton esprit de sa chute étourdi,
MAIRET, Sophonisbe, 1, i. Et s'il donnait loisir à
des cœurs si hardis De relever du coup dont ils
sont étourdis, corn. Pomp. u, *. Vous serez si
étourdie des honneurs , que vous n'aurez pas le
temps de.... sÉv. (6. ||I1 est encore tout étourdi du
bateau, se dit d'un homme qui n'est pas bien remis
de quelque événement fâcheux.
2. ÉTOURDI, lE (é-tour-di, die), adj.\\ 1° Qui
agit sans réflexion, sans prendre garde à ce qu'il
îa>t. Et puis, il faut écrire avec tantde retenue, qu'é-
tourdi comme jesuis, je ne prends jamais la plume,
oue je ne tremble de peur d'en tvoo dire, voit. Leit.
il. Des enfants étourdis viennent les hommes vul-
gaires ; je ne connais pas d'observation plus géné-
rale et plus certaine que celle-là, J. J. ROuss. Êm.
II. Il Être étourdi comme un hanneton, comme le
premier coup de matines, c'est-à-dire être fort étourdi.
Plus étourdi de peur que n'est un hanneton, Ré-
gnier, Sal. XI (locution tirée de ce que, quand on
touche un hanneton volant, il tombe). || Il n'a été ni
fou ni étourdi , se dit de quelqu'un qui a s'i se tirer
d'affaire dans quelque désordre, dans quelque em-
barras, qui a su profitei de quelque chose d'im-
prévu. Il II se dit aussi des choses. Une action
étourdie. Je n'approuverais pas ce début étourdi. Si
vous aviez affaire à quelqu'un d'estimable, gresset,
Méchant, u, 7. 1] 2° Substantivement. L'étourdi
ne calcule rien. Voyez cette étourdie. Il entra en
étourdi dans la chambre où on lui avait dit qu'était
M. de la Garouffiire, scahron, Rom. com. u, <5.
Il 3» X l'étourdie, loc. adv. Étourdiment. Les bar-
bares coururent sur lui à l'étourdie, vaugel. Q. C.
IX, B. Entre les pattes d'un lion Un rat sortit de
terre assez à l'étourdie, la font. Fabl. ii, n.
— SYN. ÉTOURDI, ÉCERVEi.É. Celui qui est étourdi
est léger, inattentif; celui qui est écervelé n'a pas
(le cervelle et est sans raison. Écervelé est donc un
défaut beaucoup plus grave que étourdi.
HIST. xiV s. Là commença bataille d'estourdie
façon; Maint chevalier versèrent adont jus de l'ar-
çon, Guescl. U709. ||xv' s. Si n'est ne chaud ne
liastif pour leur courir sus à l'estourdie, aine attend
lieu et temps convenable, Boucic. IV, 4. Lors vien-
drez-vous soubdainement X l'estourdy frapper sur
eulx, Rec. de farces, p. 297. ||xvi' s. Les absurdes
mouvements escervelez et estourdis de quoy l'amour
a agité ces hommes graves, mont, m, 3.ï8. Cette
perte leur estoit advenue par la témérité et noncha-
lance estourdie <ie leur capitaine, amyot, Fabius,
9. Bien vaillant homme de sa personne, mais au
demourant estourdy et léger, id. Pélop. 20.
— ÊTYM. Étourdi H ; bourguig. ^uidi,
É'I'OUKDIMENT (é-tour-di-man), Si>,.. Syvne façon
étourdie. Cloton ne neut vous faic.,- .fb'r''-", grâce
Que de filer vos jours trés-lentemenl; Kiis Cloton
va toujours étourdiment , la font. Épit. à Turenne.
Car comme étourdiment j'emprunte et je m'endette,
Etourdiment j'oublie aussi ce qu'on me prête, du
FRÉNT, Mar. fait et rompu, ii, 3. Un jeune officier
d'état-major russe, à peine sorti de l'enfance, vint,
en donnant étourdiment dans nos postes, se faire
prendre avec ses dépêches, ségur, Uist. de Napol.
m, 3.
— HIST. XVI* s. Une populace qui faisoit, tout es-
tourdiement estonnée, barrer les rues avec les chais-
nes, DES ACCORDS, Bigarr. Descript. pathétiques.
— ÉTYM. Étourdie, et le suffixe ment.
ETOURDIR (é-tour-dir), v. a. \\ i° Causer dans le
cerveau un ébranlement qui en trouble et en sus-
pend les fonctions. Une balle morte le frappa à la
tête et l'étourdit. || Étourdir un bœuf avant de le
tuer, lui ôter le sentiment en lui donnant entre les
cornes un violent coup de masse. || Fig. La pesanteur
du coup souvent nous étourdit, corn. Hodog. m,
6. Elle accusa sa sœur du plus énorme crime. Sut
à force d'audace étourdir sa victime, ducis, Lear,
1, 4. Il 2° Use dit de ce qui cause une sorte d'ivresse.
Le tabac étourdit l'homme. U but quelques verres de
vin qui l'étourdirent. || Absolument. L'opium étour-
dit. Il 3° Fatiguer par le bruit. Vous nous étourdissez
par votre caquet. Ces enfants nous étourdissent. Qui
donc est le coquin qui prend tant de licence Que de
chanter et m'étourdir ainsi? mol. Amph. i, 2. Pen-
dant que les violons étourdissaient les autres, ha-
milt. Gromm. iv. || Familièrement. Importuner, fa-
tiguer par du bavardage. Vous nous venez encore
étourdir la tête, mol. G. Dand. ii, ». U semble que
vous m'étourdissiez par vos discours, sév. 377. || On
dit de même étourdir les oreilles. Il y venait tous
les jours des poètes, qui ne manquaient pas de nous
étourdir les oreilles de leurs disputes et de leurs
vers, LESAGE, Estev.Gonx. 37. || Étourdir quelqu'un
de quelque chose, le lui répéter d'une manière fas-
tidieuse. Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles
dont vous nous étourdissez tous les jours, mol.
Critique, 7. Les âmes végétatives, sensitives, dont
on nous a tant étourdis, volt. Phtl. V, 308. || Par ex-
tension. Étourdir les bois, les faire retentir de grands
bruits. En ses filets quand la proie est surprise, De
son triomphe il étourdit les bois, millev. la Diffé-
rence. Il 4° Étourdir une douleur physique, faire
qu'elle soit moins sensible. Ce remède ne guérit
pas, il ne fait qu'étourdir la douleur. || Fig. et fa-
milièrement. Élourdir la grosse faim, la calmer
en mangeant quelque peu. || Étourdir, s'est dit
pour étouffer une affaire, empêcher qu'elle n'éclate.
L'avis du lieutenant fut d'étourdir la procédure, en
obtenant un arrêt qui fit défense de poursuivre
l'instruction du procès, guyot de pitaval, Causes
célèbres, i, 227. || Étourdir une douleur morale,
faire que l'esprit en soit moins occupé. U aime mieux
étourdir le sentiment qu'il a de ses fautes que d'a-
voir le chagrin de les connaîtfe, boss. Connaiss. i,
( 6. U délassait des longs ouvrages, Du pauvre étour-
dissait les maux, BÉRANG. Violon brisé. \\ Étourdir
quelqu'un, l'empêcher par toutes sortes de distrac-
tions, de réfléchir. Il fautétourdir Angélique à force
de jeux, d'amusements et de petites fêtes, et tâcher,
s'il se peut, d'empêcher qu'elle continue de réflé-
chir à l'engagement que j'exige d'elle, dancourt,
Colin-mailiard, se. 4. Jamais les cœurs sensibles
n'aimèrent les plaisirs bruyants; vain et stérile bon-
heur des gens qui ne sentent rien et qui ci^oient
qu'étourdir la vie, c'est en jouir, j. ;. Houss. Ém. v.
Il 6° Causer étonnement, stupeur. Cette nouvelle le»
a tous étourdis Pour un temps les extrêmes
douleurs Étourdissent l'esprit et restreignent les
pleurs, MAIRET, Soliman, v, 2. Un tel événement
étourdit ma prudence, regnard, Démocr. v, B.
Il 6° Étourdir la viande, la cuire à demi. || Étourdir
l'eau, la chauffer légèrement. || 7° S'étourdir, v.
réfl. S'occuper follement. Il s'étourdit de chimères.
Il Distraire son esprit de ce qui l'occupe, l'inquiète.
Vous devez vous étourdir et détourner le cours
de vos pensées, hoss. Lett. abb. 30. Je ne puis plus
soutenir ces grandes paroles par lesquelles l'ar-
rogance humaine tâche de s'étourdir elle-même
pour ne pas apercevoir son néant, id. Duch. d'Orl.
Je tâchais de m'étourdir par l'ébranlement de mes
passions, fén. Tél. viii. Pressé d'échapper au senti-
ment intérieur qui l'oppresse, il semble vouloir s'é-
tourdir en s'abandonnant à une joie expansive, sé-
gur, Uist. de Nap. vin, fO. || S'étourdir sur quelque
chose, y penser le moins possible, s'en distraire.
Pour nous étourdir sur le sentiment intérieur, mass.
Myst. Incarn. Pour s'étourdir sur les vérités les plus
terribles du salut, ID. Carême, Samar. Si l'on peut
s'étourdir sur son état en y pensant peu, J. ;. rouss.
Ilél. IV, ^3. Il Chercher à s'étourdir, chercher à
étourdir sa douleur, à distraire son chagrin, ses in-
quiétudes, etc. Mécontent, msJheureux, cherchant
à m'étourdir, genlis, Veillées du chdt. t. m, p 3b6,
dans P0UGENS.
— HIST. xii* S. Tant l'en donnèrent [du vin], tôt ■
le font estordir , Bat. d'Aleschans, v. 4BB2, || xm" s.
|Li prestres a la noise oïe. Et si avoit les sainz [les do-
uches] oïz ; De son lit saut toz estordiz, iîen. 3-110. [UJ
Hausse l'espée, etpuisfiert Honte, Tel cop qu'à poi
qu'il ne l'afronte; Honte en fu trestoute estourdie,
la Rose, <5703. jjxv's. Espoir, confort des malheu-
reux,Tu m'estourdistrop les oreilles De tes promesses
nompareiUes, Dont trompes les cueurs doloreux,
en. d'orl. Chans. 14. Quant elle estoit estourdie de
chanter, veiller et jeusner, elle se reposoit, Lan-
celot du tac, t. i, f° 28. Vrayement la teste m'es-
lonrdit De confesser; c'est trop grant peine, Rec. de
farces, p. 1B2. ||xvi's. Pensent ils qu'une apoplexie
n'estourdisse aussi bien Socrates qu'un portefaix?
MONT. Il, 20. U eut depesché cela en moins qu'une
horloge aurait sonné dix heures; car il ne faisoit
qu'estourdir ses morceaux, desper. Contes, lxxv.
— ÊTYM.Norm.cffaudt (Villedieu, e(aut); provenç.
stordit, étourdi, dans du Cange, au mot stordatus;
anc. espagn. estordir; ital. stordire ; bas-lat. ifordo-
tus. Le latin classique fournit stolidus; mais la
forme ne convient pas; l'allemand fournit stûrgen,
étonner, confondre; mais la forme ne convient pas
non plus. L'espagnol et le portugais ont aturdir,
étourdir, qui indique un radical turd, que Covar-
ruvias rattache i.turdus, grive, prise ici pour un
type de sottise, comme l'étourneau l'est lui-même;
de sorte que es-(ourdtV serait le même mot avec un
autre préfixe. Diez approuve celte étymologie, qui
paraît en effet tout à fait probable. Le bas-latin stor-
datus indique une conjugaison estourder, qui n'a
pas laissé d'autre trace. D'un autre côté, on a mis
en avant le kymri twrdd, bruit, tonnerre, qui serait
acceptable, si, comme le remarque Diez, une éty-
mologie latine -ne devait pas, en qualité de plus
prochaine, avoir la préférence. On a dit aussi eitoi--
mir ^ouT élourdir : xiV s. Cui [iljataintàjilain cop,
pourvoir, le fait dormir; Pierre de Mont-Raboy [il] a
si fait estormir Que jus chiet [tombe] du cheval....
Girart de Ross. v. ("8l. Ce doit être une confusion,
si la leçon est bonne, avec estormir, combattre.
ÉTOURDISSANT, ANTE (é-tour-di-san, san-t') ,
adj. Qui étourdit par son bruit. Ces cloches son*
étourdissantes. Il Fig. Des fêtes étourdissantes. Uni»
toilette étourdissante. Un luxe étourdissant. On dit
aussi : Elle était étourdissante de toilette, de bi .
joui, etc.
ÉTOURDISSEMENT (étour-di-se-man), s. m.
Il 1° Ébranlement causé par un coup violent ou par
une forte commotion. Son étourdissement dura long-
temps. Il 2° État de trouble cérébral qu'on éprouve
soit en montant sur un édifice élevé, soit en regar-
dant dans un abîme, soit par une cause interne. Et
comme sans mesure il veut toujours monter, Son
étourdissement le fait précipiter, tristan, l'anthée,
111, 6. Vous avez des étourdissements; comment
avez-vous résolu de les nommer, puisque vous na
voulez plus dire des vapeurs? sÉv. t. ix, Lett. soi ,
p. 60, dans POUGENS. || 3° Trouble où nous jette un
malheur subit, une mauvaise nouvelle. Le premier
étourdissement passé, on parvint à calmer sa dou-
leur. Il 4° Action de s'étourdir sur. Qu'est-ce donc,
après tout, que leur malheureuse incrédulité, sinon
une erreur sans fin, une témérité qui hasarde tout,
un étourdissement volontaire et, en un mot, un or-
gueil qui ne peut souffrir son remède, c'est-à-dire
qui ne peut souffrir une autorité légitime? BOSs.
Ann. de Gon%. \\ B" État qui fait tourner la tête par
orgueil, vanité, etc. Il est bien difficile d'être aussi
fortuné sans un peu d'étourdissement, marmontel,
ilém. XI. Il 6° Terme de médecine vétérinaire. Sorte
de maladie qui attaque les bestiaux.
— HIST. xvi' s. Quand il fut revenu de ce grand
estourdissement, il demanda le nom de son vain-
queur, Mém. surDuguescl. ch. 2. Au lieu de servir
à esteindre le feu, [les témoins d'un duel] aident
à l'enflammer davantage, et souvent à la ruine d'eux-
mesmes, pénitence très méritoire à un tel estour-
dissement, langue, 240.
— ÉTYM. Étourdir. On trouve dans l'ancienne lan-
gue estourdison, et au xvf siècle estourdiment , à
côté iVestourdissement.
t ÊTOUUUISSEUR, EUSE (é-tour-di-seur, seû-z'),
J. m. et f. Celui, celle qui étourdit.
HIST. XVI* s. Estourdisseur, ouDiN, Diet.
— ÉTYM. Étmtrdir.
ÉTOURNEAD (é-tour-nfi), t. m. jj 1* Sansonnet,
oiseau de l'ordre des passereaux (rfurniu vulgarù,
t.). Les étourneaux volent par bandes. Comme
après les raisins courent les étourneaux, Régnier,
1.V28
ÉTR
Mat yi El e«nl «eui «ta «nte ét.ienl comme rien
rSÎTl *.»0W«- <^'>»^"'- ■"'•"*• •'*«• """""*
uTaT^ liK»i>»i<J*r4 fl-élourni^au *unt pru. comme,
U liooHe. poor un type de lènèrci*). C'est un éu.ur-
iiMu ... Va m»rmouiBl , un maudit étournenu .
uoL.'sgan. ». U pl'^ce éuit Tondue aui hiflliU
iBuerrii »• lou» le» itourneaux de» café» do l'an»,
rTnon, Méiram. r, 1. 1| Vou» été. un bel étourneau
pour jiMr, >e dit ironiquement & un jeune homme
i|ui TBUl »9 mêler dan. une conver»alion où il n'a
que faire. || 8* Terme de maiiéKO. Cheval d'un poil
gri* Jaunâtre. || Adj. Cheval étourneau.
— HIST. xur I. Kn ung leu arolt rouigniau.. En
l'autre gais et eitorniau», la Hoti, 660. Merle» et
calondre» et gai» Et estorroiau» et roasigiios, FI. et
m. lOKO. Il XIV* ». Estourneaux toient plumé» à sec,
elTondré», pui» couppez le» col» et les pié», Uéna-
i/itr, u, 6. Il XV'». As-tu liien teste d'estournelT
Ventre lieu 1 ne me crois-tu raieT Mir. de SI Genev.
— ETYM. Berry, élourgneau; provenç. eiWmeiA,
eilonuu; ilal. itometln; du latin »«urfK/iu», diminu-
tif de ««iimitf, étourneau. Dans l'anc. français, U es-
lourniaui. au nom. «ingulier ; le alornel , au réttime.
t ÉTOCTKAD (é-iou-lû), ». m. Cheville, qui est
attachée perpendiculairement »ur le plat d'une roue
d'horlogerie, nommée par cette raison roue d'étou-
teau, el qui sert à régler la sonnerie des heure», des
demie» et de» quart».
t ÉTBAMPAGE (é-lran-pa-j"), ». m. ou ÉTRAM-
PCRR (étran-pu-r"), ». f. Terme rurjl. Action d'en-
foncer tanlAt plu» et tantôt moins le soc de la char-
rue dans la terre; aérie de trous dont l'âge de la
charnio est percé à cet elTut.
ftTRA.NC.K (étran-j'), adj. \\l' Élranger. Mcssire
Jean est-ce quelqu'un d'élrangoT I.A font. Jument.
Peu de nos chant», peu de no. vers, Par un eiicen.s
flatteur, amuaent l'univer» Et »e font écouter des
nations étrange», id. fabt. xii, 23. || Vieilli en ce
sen». ||1* Oui est hors des coudillon», des appa-
rences eommuue». Une résolution si étrange donna
de la frayeur il tout le monde, vacoki.. Q. C. liv. m,
liane *i<:helkt. L'autre répondit là-dessus, avec une
vantorie étrange, que curies il y avait quelques
dame» qui l'afTiiCtionnaient, .'"roncion, vi, 2ï7. Ju
fai» d'étranges efforts pour m'en eiupêcher, voit.
un. K. D'un étrange malheur son destin la me-
nace, CORN. Cinna, v, t. Si prés de voir mon feu
récompensé, ô Dieu! l'étrange peine! lo. Cid, i, t.
Pirmi tant de malheurs mon bonheur est étrange,
ID. Hfnui. T, ». Et par messieurs les paons plumé
d'étrange »orte [le geai], la fort. Fabl. iv, s. Ahl
vraiment je faisais une étrange sottise, mol. l'Étour.
I, •. C'est une étrange entreprise que celle de faire
rire le» honnêtes gens, id. Critique, vu. Ahl l'é-
trange cho»e que la vie ! id. <'i<mour méd. i, t. Je
sais qu'un tel discours de moi parait étrange; Mais,
madamo, apr6s tout, je ne suis pa» un ange, id.
Tart. III, a. Peut-on m'attribuer ces sottises étran-
ges T BOIL. l!plt. VI. t'n bruit a.s8ez étrange est venu
jusqu'k moi, Rxc. Iphig. iv, t. U [ce refus] pour-
rait me jeter en d'étranges soupçons, ID. Ath. ii,
t. Sirange ambition qui n'aspire qu'au crime, id.
7Vb. IV, ». Dieux puisaanlal quelle étrange pilleur
De son teint tout à coup efface U couleur , ID. Esth.
II, 7. Ctrange empreasement de voir des misérables,
VOLT. Tancr. m, 1. 1| Il est étrange qu'il ne soit pas
encore venu. Il n'est pas étrange de penser beau-
coup et peu juste, vauvkn. Ftionditi. || Trouver fort
étrange, trouver surprenant et blimalile. U trouva
fort étrange qu'on ne l'eAt pa» invité. Tous ceux
qui lui disent qu'il ne devrait pas y aller [ & l'ar-
iDée] trouveraient fort étrange qu'il n'y all&t pas,
stv, ^^h, Il S* U ie dit ausai des personnes. Vuire
flls n'est pas si étrange que voua le dites, et il se
met à la raison, mol. V Avare, iv, 4. Voici un étrange
théologien (|ui veut toujours qu'un' homme que
Dieu fait roi ait encore besoin du peuple pour
avoir ce litre. Boas. For. a* avtrt.^ 3». D'un cœur
qui a'offre à vous quel farouche entretient Quel
étrange captif pour un si beau lient rac. PMd. ii,
*. ta comtesse: Ne perdez point cela de vue, étrange
homme que vou» êtes , harivaox , U Ugt , se. lo.
— HIST. XI' s. Grani sont les oz [armées] de celle
lent estrange, Ch. dt RM. Lxxiiv. De plusurs re-
ine» viendront li home estrange, ib. ccv. Aide res-
rnl : CM mot m'est mult eatrange, ib. cclix.
*"'*•*'•'■ m'eatout [il me faut] mourir en terre
•.IratcM, Couei, xiii. Li saini huem fu .li» ans en
«irMig« contré», Mal aveit dura vie e sufferte e
m e« Uop Mtrao|« «t Sera, «ostachi li fuhtri.
ÉTR
dan» Couei, p. ««0. Ne vallet ne meschine, estrange
ne privés [étranger ou de la maison], Berle, cxxxii.
Kt moût doit on amer mius [mieux] son droit si-
gnour que un estraigne, Chr. de Haim, p. <&».
^:ar me [ma] mère est estrange de l'irelage qui me
vient de par le père, beaum. xiv, 23. || xV s. (Les
murs du châtel) estoient haut» malement et de
pierre dure, et ouvré» jadis de mains de Sarrasins,
ipii faisoient le» soudure» »l forte» et les ouvrages si
estrange» que ce n'est point de comparaison à ceux
de maintenant, fhoiss. i, i, 239. Car, sans faillir,
ce seroit trop estrange Que bien servir peust ung
cueur en maint» lieux, CH. d'orl. i. Si commanda
à son varlet qu'il print son escu et le portast à un
peintre , et feist faire une congnoissance (armai-
riusj estrange, car il ne vouloit nullement estre re-
congoeu, Perceforest, t. vi, ^ 33. Bailler sans
nul engin, comme héritier. Les diz lieus, sans faire
l'estrange (sans faire de difficulté], eust. descii.
Poésies mss. f Ii76, dans lacubne. || xvr s. Pour-
tant, mon Dieu, parmi les gens eslranges Te beni-
ray en chantant tes louanges, jiahot, iv, 268, Tous
ceux qui sont estranges de la religion d'un seul
Dieu, CALV. /;i»'(i(. C06. S'il y a quel'|ue corps es-
trange entré dans le nez, paré, Introd. 2. Nous
entendons dire des cho.ses eslranges de nous; car on
dit que nous avons esté entendrez miraculeusement,
et nourri» et allaictez plus eslrangement, amyot,
nom. ». Elles s'assirent, sans trop se faire semondre,
auprès de luy, et furent bien aises quand Cyrus com-
mencea à se jouer à elles et à les taster, en leur di-
sant à chacune quelque mot de joyeusetéen passant;
et ne firent point des estranges , id. Artax. 3«.
— ÉTVM. Bourguig. itreinge; bressan, eilranïe;
Berry, étrange, étranger; provenç. eslranli, es-
train, strani; espagn. ejlrano; porlug. estranho;
ital. esiraneo, estrano, esiranio, sirano, stranioi
du latin erlraneus, de exira, hors, dehors.
Etrange, ÉE (é-tran-jé, jée), part, passe d'é-
tranger. Eloigné d'un pays, d'un canton. Gibier
étrange par le déboisement.
ÈTRANGKMENT ( é-lran-je-man), adv. D'une
manière étrange Un rival.... étrangement nous
presse, mol. l'Étour. i, i. La raison est étrange-
ment ébranlée en la pré.<ence de l'objet, pasc.
Amour. De ce qui s'est passé la moindre connais-
sance Peut faire étrangement parler la médisance,
Otiw. Uèr» coquette, iv, 7. Avouez, Catilina, que
vous vous ennuyez ici étrangement, vauven. Dial.
— HlST. xu* S. Eslrangement est grande sa fier-
iez. Bat. d'Aleschans, v. <849. Si'n ocist à destre e
à senestre eslrangement, de ci que le braz li fud
endormi/, des granz colps que il oui dunez. Rois,
p. 2 1 2. Il xiir s. Et don( veissiez ces chevaliers esbahis
et courechiés eslrangement et desconseillés, H. de
VALENC. XXXVI. Il XV S. Dame, jesuy voslre serf lige-
ment; D'amour me plaing, mais de vous bien me loue;
Ne m'escripvez plus si eslrangement, eust. nKscii.
Poésies mss. f (71 , dans lacuhne. || xvi' s. Eslran-
gement et cruellement jaloux, amyot, Thémist. 48.
— ETYM. Étrange, el le suffixe ment; provenç.
esiranhamen, estragnamen; calai, estranyament;
espagn. exlrnnaiiienfe; ilal. siranamente.
». ÉTRANGER, ftRE (é-tran-jé, jè-r"), adj.
Il 1" Oui est d'une autre nation, qui appartient, qui
a rapport aux autres pays. Les coutumes, les mœurs
étrangères. Les langues étrangères. Rome par une
loi que rien ne peut changer N'admet avec son sang
aucun sang élranger, rac. Bérén. Il, 2. La Grèce
me reproche une mère étrangère, id. Phèd. u, 2.
Etrangers dans la Perse, à nos lois opposés. Du
reste des humains ils [les Juifs] semblent divisés,
ID. Esth. II, t. Des hommes étrangers qui venaient
de si loin, pén. Tél. u. Il (Newton] a laissé envi-
ron 32000 livres sterling.... M. Leibnitz, son con-
current, mourut riche aussi.... ces deux exem-
ples rares et tous deux étrangers semblent mériter
qu'on ne les oublie pas, fonten. A'etrton. L'hiver
était si près rie nous, qu'il n'avait fallu qu'un coup
de vent de quelques minutes pour l'amener ftpre,
mordant, dominateur; on sentit aussitôt qu'en ce
pays il était indigène, et nous étrangers, sêgur,
llist. de Napol. ii, 7. || Affaires étransères, rela-
tions d'un Etat avec les gouvernements étrangers.
Ministre des affaires étrangères, le ministre chargé
de diriger les affaires étrangères. Il On dit de même
le ministère, le département des affaires étrangères.
Il Etre étranger dans son pays, ne pas en connaître
les usages. Etes-vous à ce point parmi nous étran-
g'ireTBAC. Athal. il, ♦. || Par extension. Etre étran-
ger dans sa famille, ne aavoir pas les affaires de !^
maison. || N'être étranger nulle part, avoir ce qu'il
faut pour ne be trouver embarrassé nulle part, pour
ÉTR
être bien vu, bien accueilli partout. || Terme de pein-
ture. Lumière étrangère, lumière différente de la
princijiale, el ména,?ée artistetnent pour le bon effet
du tableau. || 2* Oui n'appartient pa» à. On écarte
tout cet attirail qui l'est étran^jer, pour pénétrer
jusqu'à loi qui n'es qu'un fat, la hbut. ii. Oue d'i-
mitateurs votre rang n'a-t-il pas donnés à vos dés-
ordre.%1 ....que de crimes étrangers sur lesquels on
ne s'avise pas même d'entrerenstrupulel mass. Car.
Confess. || Avecquoi on n'a pas de rapport. Ah ! si sou»
votre empire on ne m'épargne pas. Si mes accusa-
teur» observent tous mes pas, Que ferais-je au milieu
d'une cour étrangère? rac. Brit. iv, 2. [Cette courl
Ouel séjour étranger et pour vous et pour moi ! idI
ib. v, *. Il Oui ne concerne pas. Ces lois sévères
Sont faites pour vous seuls et me sont étrangère»,
VOLT. Scythes, /, <. || 3° En parlant des personnes,
qui n'est pas parent. Et les fils de ce roi , Ouoique
nés de mon sang, sont étrangers pour moi, bac.
Athal. 11, 7. Il fuf assassiné par des mains étran-
gères, VOLT. Œdipe, IV, (. Il 4' Oui ne se mélo
point d'une chose, qui n'y a point de part, qui n'y
prend point de part. U n'est pas élranger à cette
émeule. Je ne suis pas assez étranger aux affaires
publiques pour ignorer.... raynal, Bist. phil. xviii,
43. Si la reine étrangère à la publique ivresse, le-
MERC. Agamemn. m, a. || Absolument. Voyant avec
des yeux étrangers ce qui se passe ici-bas, mass.
Av. Disp. Il Etre élranger à une science, à un art,
n'en avoir aucune notion. || Etre étranger à une
compagnie, n'en pas faire partie. || Etre étranger à
toute humanité, n'avoir aucun sentiment d'huma-
nité. Il 5" Oui n'a point de liaison, d'intimité avec.
Nous somme» devenus absolument étranger» l'un
à l'autre, GENLis,.^d. et TMod. t. m, lelt. 7, p. 38,
dans pouGENs. || 6' Oui n'a aucun rapport, aucune
conformité avec l'objet dont on parle. Une disserta-
tion étrangère au sujet. Des citations étrangères à la
cause. Il Oui n'est pas naturel ou propre à une
personne ou à une chose. Se montrer sou» des de-
hors étrangers. Cette voie est basse , indigne el étran-
gère, pasc. Pens. i, a. Tout est élranger dans l'hu-
meur, les mœurs el les manières de la plupart de»
hommes, la bruy. xi. Dans quelques république»
anciennes , où le peuple en corps avait le débat
des affaires, il était naturel que la puissance exécu-
trice les propos.1t el les débattit avec lui; sans quoi,
il y aurait eu dans les résolutions une confusion
étrangère, montesq. Espr. xi, 6. || 7' En parlant de»
choses, ignoré de. Cette science lui est tout à fait
étrangère. Avez-vous quelque notion de physique et
d'histoire naturelle? Rien de tout cela ne m'est étran-
ger, GENLis, Veillées du ctidt, t. l, p. t>ii, dans
POUGENS. Il Ignoré, en parlant des sentiments. La
bienveillance lui est étrangère. La haine lui est
étrangère. Tout autre sentiment nous doit être
étranger, volt. Tancr. iv, 1. 1| Absolument. Parler
à un homme intéressé de faire des largesses aux
pauvres, c'est lui tenir un lanj-'age étranger, bourd.
Pensées, 1. 1, p. 34t. || 8» Oui est inconnu. Les traits
de cet homme ne me sont pas étrangers. Ma voii
ne l'est pas étrangère, bac. Esth. Prol. ||9° Terme
de chimie. Oui n'est pas de même nature que le
corps auquel il est uni, allié. Des métaux purifiés
de tout corps étranger. || Terme de chirurgie. Corps
étranger, toute chose qui se trouve engagée contre
nature dans les parties vivantes. Une balle, une
esquille sont des corps étrangers qui compliquent
souvent les plaies. || 10° S. m. Un peuple étranger.
L'étranger est en fuite et ie Juif est soumis, rac.
Athal. v, 8. L'étranger envahit la France Et je mau-
dis tous ses succès, bérang. Madcrn. chans. \\ 11° Les
pays étrangers. Vivre à l'étranger. Les ouvrages
français qui s'impriment à l'étranger. || Passer a
l'élianger, s'expatrier. || Ce que nous disons l'é-
Iranger, se disait, au xvui' siècle, le pays étran-
ger. S'il était possible qu'elle ri'Encyclopédie] s'im-
primât dans le pays étranger, en continuant,
comme de raiiîon, à se faire à Paris.... d'alemb.
Lelt. à Volt. 28 janv. (767. ]| lï° Caractère d'étran-
ger. Ouoiqu'aveo beaucoup d'étranger dans ses ex-
pressions el dans son accent, il [Law] s'exprimait
en fort bons termes, st-sim. 44(, (47.1(13' Ce qui
est étranger, non naturel. Par l'addition de l'étran-
ger et du superflu, vous effacez souvent le propre
et l'essentiel, balz. Socr. chrél. Disc. 7. || 14' S. m.
el f. Etranger, étrangère, une personne qui n'est
pas du pays oil elle se trouve. Songez qu'un même
jour leur ravira leur mère Et rendra l'espérance au
fils de l'étrangère, rac. Phèd. i, i. Huit ans déjà
passés, une impie étrangère.... id, Athal. l, (. La
règle, c'est qu'étant obiigé» de vivre comme étran-
gers sur la terre et de n'aimer ni le monde, ni
ETR
ETR
ÊTR
1529
,es choses qui sont dans la monde, nous devons
craindre tout ce qui nous rendra notre exil trop ai-
mable, MASS. Car. Co"/'ess. Il Celui, celle qui n'est
pas d'une famille. Il a légué presque tout son bien à
des étrangers. Il ne faut pas que les étrangers voient
,es papiers ni saclient les secrets de notre famille,
r.e moineau du voisin viendra manger le nôtre I
Non, de par tous les chats! entrant lors au combat,
Il croque l'étranger.... la font. Fabl. xii, 2.
— lllST. XV" s. Tuit estrangier l'ament et ame-
ront [Paris]; Car pour déduit, et pour estre jolis,
Jamais cité tele ne trouveront; Rien ne se piiet
comparer à Paris, E. desch. Sur les beautés de Pa-
ris. Il XVI' s. Ces exemples estrangiers ne sont pas
eslranges si nous considérons.... mont, i, )08. Par
ce moyen ne pouvoient les Lacedemoniens acliepter
marchandises estrangeres, amyot, l.yc. <4. Banni de
son pays, estranger en province estrange, id. Sert.
t. Mais comment voudriez-vous la France abandon-
ner, Quand tous les eslrangers y veulent séjourner?
UONS. Élég. <3.
— ■ SYN. ÉTRANGE, 'ÉTHANGER. Ces deux mots ont
lé primitivement synonymes. Aujourd'hui ils sont
ilislincts, et signifient, l'un ce qui est hors des con-
ditions naturelles, l'autre ce qui est hors de la na-
tion, du pays. Dans le figuré, les significations se
rapprochent beaucoup; cependant elles ne se con-
fondent pas complètement; voy. ci-dessus le n" fi.
— ÊtYM. Nivernais, étranzé; bourguig. étraingé ;
provenç. estrangier, estranher; catal. estranger;
esp.ign. fittrangero; porlug. estrangeiro; ital. stra-
niere; du latin fictif extranearius, d'extraneus,
(voy. ÉTRANOE).
2. ÉTRANGER (é-tran-jé. Le g prend un e de-
vant a ou o;nous étrangeons, j'étrangeais), v. a.
Il 1° Faire éloigner d'un lieu, désaccoutumer d'y ve-
nir, en parlant d'animaux. Etranger le gibier, les
loups d'un pays. || 2°Fig. et fiiniililrement. Ecarter,
éloigner, en parlant des personnes. Ils se séparè-
rent. Monsieur outré, mais n'osant éclater, et le
roi très-piqué, mais ne voulant pas étranger Mon-
sieur, sT-siM. 91, 204. Courtebonne, au lieu de
se laisser étranger et sa femme, sut plaire et en
tiier les meilleurs partis, m. <45, H3. || 3° S'étran-
ger, V. n'A. S'éloigner, s'écarter. Le gibier s'est
étrange de cette plaine. || Sauf l'usage technique
pour la chasse, ce verbe vieillit, et c'est dommage.
— HIST. xni' s. Pens i [penses-y] de bon cuer
orendroit Conment nos pui.ssons estrangier [éloi-
gner] Renart, qui bien quide raengier Nos gelines
et noz chapons, Rcn. )()475. Car bien est drois que
s'en estrange. Et die: trop m'avés meffait, Vengier
m'estuet de ce meffait, la Rose, <44)6. Contes, dus,
roys et princes sunt si en leur dangier [sous l'empire
des Franciscains], Que qui de leurs hostiex les voul-
droit estrangier. Je cuit qu'il le vouldroient par rai-
son ciialengier. Et prover par usaige qu'en ne les
puet [peut] chaiigier, J. de meung, Test. «us. || xvi" s.
.... Pour tel mal estranger [chasser], Besoin luy est
d'eslongner la personne, A qui son cœur énamouré
se donne, mabot. i, <G2. J'apperçois bien qu'amour
est de nature estrange, .... 11 se veut approcher
quand de luy on s'estrange, id. vi, 262. Du temps
qu'il esloit encores payen et estrange de la foy,
CALVIN, tnstit. 32. Le peuple des Pais Bas est d'une
nature franche; pardouceur et humanité non feinte
on remue les alTections de son cœur; mais parcou|is
et injures on l'estrange et on l'anime, lanour, .197.
Si la dame est légère, il faut estre léger; Si elle
fait l'estrange, il faut s'en estranger, am. jamin.
Poésies, p. i!07, dans lacurne.
— ËTYM. Du latin exiraneare, A'ertraneus (voy.
étrange), prov. estranhar ; catal. estranyar; esp.
«.rlroiior; port, estranhar; ital. Uranar:, straniarc'
ÉTUANGKTÉ (é-tran-je-té) , s. f. Caractère de ce
q~ùi est étrange. Êlrangeté de mise, ae langage.
Il Chose étrange. Une étrangoté fait quelquefois
rire.
— REM. Étrangeté a failli être banni de la langue
comme venu des pays étrangers (vaugel. A'oiu'.
rem. Observ. de M**, p. 296). L'accusation est
fausse; le mot est ancien et indigène, et heureuse-
ment il a triomphé.
— HIST. XV' s. Ballade sur restrangetédel'atour,
et du chief que plusieurs dames font à présent,
eust. desch. Poésies mss. f° 237. || xvi' s. Toute es-
trangeté est ennemie de communication et société,
MONT i, 184. Et m'a voit la coustume esté l'apperce-
rince de ceste eslrangeté, id. i, iuo. Je vous con-
Mille la moder&tion, l'attrempance, et la fuyle de
la nouvelleté et l'estrangeté, id. ii, 3(3.
— ÊTY5I. Étrange.
terHANGLANT, ANTE (é-tran-glan , glan-t'),
DICT. IiE LA LANGUE FUANgAISE.
adj. Oui accable; qui étonne. || Qui cuupe court à
t^ut. C'est une raison étranglante, sf.v. B8S.
ÉTRANGLÉ, ÉE (é-tran-glé, glée), part passé.
Il 1° Tué par quelque chose qui empêche la respi-
ration. L'un est percé d'un plomb funeste, Tel meurt
étranglé dans sin lit, corn. Imit. i, 23. || Fig^'
La Suisse étranglée entre deux armées victorieuses,
THIERS, dans le Ditt. de poitevin. || Voix étranglée,
voix comme d'un homme qu'on étrangle. Avec une
parole lente et désagréable par l'organe qui avait un
son étranglé, il [Janson] avait une sagacité qui ajou-
tait heaucoupà la finesse de son esprit, st-sim. 344,
n. Il 2° Terme de chirurgie. Qui a subi l'étrangle-
ment, la constriction. Hernie étranglée. || 3" Qui est
resserré, rétréci dans quelque partie de sa longueur.
Le corps de la guêpe est étranglé par le milieu.
L'injection a fait voir à M. de Réaumur que ces
prétendus petits cœurs ne sont qu'un même vais-
seau étranglé çà et là, bonnet, 4' lett. Hist. nat.
ij 4° Qui manque de largeur. Une allée étranglée.
Il Habit étranglé, habit trop étroit, qui n'a pas as-
sez de tour. || Substantivement. Le roi y [à Versail-
les] bâtit tout l'un après l'autre sans dessein géné-
ral; le beau et le vilain furent cousus ensemble, le
vaste et l'étranglé, st sim. 4io, <49. || 5° Qui n'a
pas reçu tout le développement requis, en parlant
d'un récit, d'une lettre d'un discours, etc. Voilà
le seul chapitre qui ne fut point étranglé, sÉv. H6.
De soigner le style, de le rendre touchant, que tout
soit développé avec intérêt, que rien ne soit étran-
glé, VOLT. Lett. à Chabanon, B mai <768. Il [ce
compositeur] n'offrirait que des phrases étranglées,
j. I. Rouss. Dict. de mus. Récitatif. \] Il se dit aussi
quelquefois des personnes, dans le même sens. Les
gens qui font de si belles restrictions et contra-
dictions dans leurs livres, eU' parlent bien mieux et
plus dignement, quand ils ne sont pas contraints ni
étranglés par la politique [les considérations de con-
duite], SÉV. 430.
f ETRANGLE-CHIEN (ô s'ran-gle-chiin), s. m.
La cynanque, plante, cynan<ftum acutum, L. (asclé-
piadées).
fÉTRANGLE-LOCP (é-tra i;le-lou), s. m. Un des
noms vulgaires du paris quai 'olia, t. (smilacées),
dite parisette, raisin de renard, herbe ^ Paris.
ÉTRANGLElttENT (é-tran-gle-man), s. m. || 1° Ac-
tion d'étrangler; état de celui qui est étranglé. Elle est
morte d'un étranglement à la gorge, sÉv. 472. La
fille aînée de la femme-chef ordonna l'étranglement
de douze enfants, chateaubr. 4mer. 2)6. || 2°Terme
de chirurgie. Toute constriction exercée sur une
partie quelconque de manière à y suspendre la cir-
culation. Il Élranglement des hernies , constric-
tion de l'intestin ou de l'épiploon sorti du ventre et
serré par l'ouverture qui lui adonnépassage. || Étran-
glement se dit encore, lorsqu'une partie celluleuse,
entourée d'une enveloppe aponévrotiqua ou d'une
gaine fibreuse, étant prise d'inflammation, l'enve-
loppe, peu extensible, résiste à la tuméfaction.
Il 3° État de ce qui est étranglé, rétréci en certains
points. N'oubliez pas de vous assurer si les petjts
sacs dont la grande artère vous a paru composée
sont de véritables sacs, et si ce ne sont point de
simples étranglements d'un vaisseau unique, BON=
NET, i'iett. Hist. nat. Il Terme d'hydraulique. En-
droit d'une conduite où l'eau ne passe qu'avec peine.
Il Terme de mine. Accident d'une couche dont le
toit et le mur se rapprochent en s'écartant de leur
parallélisme.
— ÉTYM. Étrangler; provenç. estrangolament.
ÉTRANGLER (é-tran-glé), V. a. \\ 1° Faire perdre
la respiration ou la vie en pressant le gosier avec
force ou en l'obstruant. Un os l'a étranglé. Sinon,
il consentait d'être en place publique Guindé, la
hart au col, étranglé court et net, la font. Fabl.
VI, <9. Il Par exagération. Étrangler quelqu'un, le
maltraiter, le châtier. Ah! maraud. Il faut que je
t'étrangle, iiauteroche, le Cocher, se. t9. Mercure
à Caron : Pour Mycène, Cléone et Troie, j'ai honte
do te les montrer; car je sais qu'à ton retour tu
étrangleras Homère d'en avoir parlé si byperboli-
quement, d'ablan-court, Lucien, Caron ou le Con-
templateur. Je l'étranglerais de mes propres mains,
s'il fallait qu'elle forlignât de l'honnêteté de t:a.
mère, mol. G. Dandin, i, 4. (1 Fig. J'ai un mot
qui m'étrangle, c'est-à-dire je ne puis m'empêcher
de le dire. || 2° Familièrement. Causer la ruine.
On a révoqué les édits qui nous étranglaient dans
notre province, sÉv. 80. || 3° Ne pas donner à une
chose la largeur nécessaire. Étrangler un corridor.
Il Terme de marine. Se dit en parlant de tours de
cordage dont on rapproche les cordons vers le milieu
par une bridure. || Rétrécir l'orifice d'une cartouche
en la serrant avec ane fleelle. || Terme militaire.
Étrangler le.s bastions, faire une ronde sans visiter
réellement les bastions et en passant seulement sur
la gorge. || 4" Terme de littérature. Ne pas donner à
un sujet l'étendue et les développements qu'il exige.
Il a étranglé son sujet, sa scène. Je ne fais qu'ef-
fleurer ces chapitres, et j'étrangle toutes mes pen-
sées, sRv. 284. Il Étrangler une affaire, l'expédier
trop promptement et sans l'avoir bien examinée. On
voulait non pas hSter, mais étranger l'affaire, boss.
Lett. quiét. Mém. à Louis XIV. Novion et M. de
Luxembourg crurent pouvoir profiter de l'état, prêt
à être jugé, où le procès en était demeuré, et réso-
lurentde l'étrangler à l'improviste, st-sim. <7, <96.
Il 5° V. n. Éprouver ce qu'on éprouve quand quel-
qu'un nous étrangle. Secourez - moi, j'étrangle.
Il Étrangler de soif, avoir grand'soif. Je m'appelle
Frontin, je suis garçon, je n'ai pas le sou, j'étran-
gle de soif, je suis las comme un chien, pont db
vesi.e, Somnamb. se. 2. || 6' S'étrangler, v. réft.
S'ôterla vie par l'étranglement. Il s'étrangla dans la
prison. Il Se prendre réciproquement à la gorge.
Pour un mot quelquefois vous vous étranglez tous;
Ne vous êtes-vous pas l'un à l'autre des loups? la
font. Fabl. xn, ). || Se faire mal à la gorge. Cette
femme s'est étranglée à force de crier. || S'étran-
gler, avaler de travers, c'est-à-dire avaler de ma-
nière que la substance avalée vient toucher l'ou-
verture de la glotte ou même s'y engager.
— HIST. XII' s. Li pastre deit.... l'oeille [la brebis]
malade sur l'espaule porter; Ne la deit pas laissier
al larrun estrangier. Th. le mart. 29. || xin" s. Et
après, quant il vit ce, si l'estrangla, et fist dire
partout que il estoit mort de sa mort, villkh. xcviii.
Et cil par la gorge l'aert [le saisit], i-deuspoins
l'estraint, si l'estrangle. Si li a tolue la jangle [le
babil], la Rose, (2569. || xiv s. Li lions qui gar-
doit le sanc nostre Signour, Les estranla tous deus,
s'en eurent dou piour [du pire] , Baud. de Seb. vi,
24). Il XVI' s Dont le malade suffoque et es-
trangle, pare, vi, 8.
— ÉTYM. Picard, etraner; wallon, sitrôné; pro-
venç. estrangolar, estragolar, estranglar, stran-
glar; portug. estrangular; ital. sirangolare ; du la-
tin strangulare ; grec , orpafYaioijy , dérivé de
aiçtif^Hy, serrer; comp. l'allemand Strang, corde,
t ÉTRANGLION (é-tran-gli-on), s. m. Terme de
métallurgie. Partie étroite du canal ou de l'arbre
des trompes.
tÉTRANGLOIR (é-tran-gloir), s. m Terme de
marine. Cordage fixé à une corne et formant la
principale cargue d'une voile.
t ÉTRANGLURE (é-tran-glu-r'), ». f. Faux pli du
drap occasionné par le foulage.
ÉTRANGUILLON (é-tran-ghi-llon, «mouillées,
et non é-tran-ghi-yon), s. m. |{ 1° Terme de vétéri-
naire. Angine qui attaque le bœuf et le cheval.
Il 2° Poire d'étranguiUon, espèce de poire très-
âpre. Il 3° Goulet d'un souffiet hydraulique.
— HIST. XVI' s. L'estranguillon est aussi du gibier
du mareschal; ce sont glandes qui procèdent de
l'humeur descendant du cerveau refroidi, sous la
gorge du cheval, o. de serres, 983.
— ÉTYM. Étrangler.
ÉTRAPE (é-tra-p'), s. f. Petite faucille qui sert à
couper le chaume.
— HIST. xv s. [Damp abbé] au seigneur de
Saintré vient par ung tour d'une estrape [par un
croc en jambe] , à bien peu qu'il ne l'emporta, J. de
Saintré, p. 635, dans lacurne.
— ÉTYM. Voy. ÊTRAPER.
ÉTRAPÉ, ÉE (é-tra-pé, pée), part, passé.
ÉTRAPER (é-tra- pé), t). O. Couper le chaum»
avec l'étrape.
— HIST. XVI' s. Estraper, oudin, Dict.
— ÉTYM. Ce paraît être une autre forme de l'ancien
verbe estreper, déraciner, extirper, du latin exstir-
pare, de ex, et stirps, tronc, souclie.
t ÉTRAQUE (é-tra-k'), S. m. Terme de marine.
Largeur d'un bordage.
t ÉTRAQUER (é-tra-ké), V. n. Terme de vénerie.
Suivre la trace d'un animal sur la neige, jusqu'à
son gîte.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et traquer.
É'ftlAVE (é-lra-v') , s. f. Terme de marine. Nom
des pièces de bois courbes, qui forment la proue du
vaisseau. Le mât de beaupré s'appuie sur l'étrave.
Il Fausse étrave, pièce de bois qui recouvre l'étraTS
d'un grand bâtiment, et qui en suit la courbure ex-
térieure.
— ÉTYM. Holland. steven: suéd. stxf.
i. ÊTRE (ê-tr'), je suis, tu es, il est, nous «om
mes, vous êtes, ils sont; j'étais; je fus; je serai; je
l. — 192
1530 <^'TR
Mntol Mil, qu'il foit. '«'yon», •oyez, qu'ils wient;
Lnl- él*. ». n. ni* n Mrt en général à ler lal-
irlbul .u ..ijtl. kM-mcr Teiislcnce de l'atlribul
dini !■ Mi«l, » «tuituer à quelqu'un ou à quelque
choM un» qualii*, un élai, etc.; c'est U le sens
propre el pnmilif. La terre est romle. Louis XIV
lut roi de Krance. Il était négociant. Mais soit cetl«
croyance ou faussa ou véritable, consi. Poly. ii,
», Je suis toujours nioi-même el mon cœur n'est
point autre, lo. Cinna, m, ♦. Et ne l'écouter pas
est le faire enragiT , mol. Mélic. i, 3. Je crois
que deux et doux sont quatre, iD. D. Juan, m, t.
Son pays le crut fou [bémocrlle] ; petits esprits I
mais quoil Aucun n'est prophite chez soi ; Ces gens
étaient les fous, Démocrite lo sage, la font. Fabl.
rrii, »». Combien de gens, seigneur, s'ils faisaient
Diéine chose, Sachant ce qu'ils étaient et voyant ce
qu'ils sont, Auraient à votre cour moins d'orgueil
qu'ils n'en onti boursaolt, ^iop« d la cour, v, 3.
Rarement un esprit ose être c» qu'il est, BOiL. Ép.
IX. J'étais pire et sujet, je suis amant et roi, rac.
y/K*. V, «. Mardochée à. ses yeux est une âme trop
vile, ID. Etth. Il, I. Qu'ils soient comme la pomire
et la paille légère Que le vent chasse devant lui, id.
t6. I , ». Jetez - moi dans les troupes comme un
■impie soldat, je suisThersite; mettez-moi à la tête
d'une armée dont j'aie à répondre, je suis Achille,
lA BRUT. a. Être chrétien et n'être pas pénitent
était une nouveauté, mass. Car. Jeûne. Séparez ce
que nous sommes du ministère que nous remplis-
•ons, ID. Car. Parole. Ce qui rend la ferveur si es
aentieUe est la majesté de celui que nous prions,
m. Car. Prière a. U ne faut que des substantifs
pour nommer tous les objets dont nous pouvons
parler ; il ne faut que des adjectifs pour en exprimer
toutes les qualités ; eniln il ne faut que le seul verbe
être pour prononcer tous nos jugements, condillac,
Gramm. i, O. || Soyons se dit souvent, surtout
dans le style élevé, en se parlant h soi-même. Soyons
indigne sœur d'un si généreux frère, corn. Hor.
IV, 4. Etouffe tes soupirs, malheureuse Constance;
Soyons en tous les temps digne de ma naissance,
TOIT, le Prince de Saiarre, m, 3. Ah! soyons sage,
il est bien temps de l'être, in. Enfant prod. m, o.
Soyons vrais, de nos maux n'accusons que nous-
mêmes, LA HARPE, Warwick, V, 5. Il Terme de ma-
nège. Etre droit, se dit d'un cheval qui ne boite
point. Il 2' Avec un sens antonomasti(|ue, par sup-
pression do l'attribut, avoir l'existence réelle.
Dieu, dans l'Écriture sainte^s'appelle celui qui est.
Kt je garde avec vous la même liberté Que si
votre Sylla n'avait jamais été, corn. Sertor. m, 2.
Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il
est au prix de ce qui est, pasc. Penséet, art. i, t.
Qui sait même ce que c'est qu'être, puisqu'il n'y a
rien de plus général et qu'il faudrait d'abord, pour
l'expliquer, se servir de ce mot-là même, en di-
sant : c'est être...? id. £'n(re(. ateclf. deSaci, p. xi,
édit. BAVKT. Quoique fils d'Abraham, il [Jésus-
Christ] était devant qu'Abraham fût fait, boss. Uisl.
11, «.Notre âme n'est pas devant notre corps, et quel-
que chose lui manque lorsqu'elle en est séparée, in.
«6. El les faibles mortels, vains jouets du trépas,
Sont tous devant ses yeux comme s'ils n'étaient pas,
RAC Eslh, I, 3. Et confonds tous ces dieux qui ne
furent jamais, in. t't. i, i. HAtons-nous aujourd'hui
do jouir do la vie ; Qui sait si nous serons demain ?
ID. Alhal. 11, 0. Peut être sommes-nous cause qu'on
y a fait [dans les autres planètes] le procès à des
philosophes qui ont voulu soutenir que nous étions
[que la terre avait des habitants], fontkn. Kondes,
♦■ soir. Les espèces inférieures sont pour les es-
pèces supérieures : la plante est pour la brute, la
brute pour l'homme, l'homme pour des natures plus
parfaites; celles-ci pour d'autres plus parfaites en-
core, BO.tNET, Œuvres mêlées , t. xviii, p. 198, dans
rouoE.NS. Accablés du soin d'être et du travail de vi-
vre, ST.-LAMBF.RT,5aifou, 111. || Il se dit aussi d'une
existence purement idéale. En un mot, une conver
sion qui n'est pas entière , n'est point du tout, mass.
Car. Piques. Où la vertu n'est point, la liberté n'est
P«», Dtias, Àbufar, u, 7. ||Cela n'est pas, je doute
Îjue cela soit, cest-i-dire cela n'est pas vrai, réel,
• dout» que cela loit vrai. || Cela sera, cela ne sera
rs, c'est-à-dire cela arrivera, cela n'arrivera p;is.
votti n'étiez pas encore au monde, ou, simple-
ment, vous n'éliez pos encore, quand.... c'est-à-dire
vous n'BUoi i«s encore né, quand.... U En poésie et
dan» lo style élevé, n'être plus, avoir cessé de
Wvr». J apprends eo ca moment que mon \>kto n'est
plna, coa.1. Olhm, v., ». Nos pères ont péché
ËTR
nos père» ne «ont plus , Et nous portons la peine
de leurs crimes, BAC. Esth. l, 6. || Le prétérit ^u»,
ou, imper» jnnellement, il fut, se dit pour signifier
qu» quelque chose a cessé d'exister. Il fut des Juifs,
il fut une insolente race, rac. Esth. ii, t. Homère
m'a guidé dans les champs où fut Troie, delille,
Imagin. vu. || 8° Être, se dit quelquefois pour ex-
primer la réalité , par opposition à l'apparence.
Uien n'e^t bon que d'avoir une belle et bonne âme :
on la voit en toute chose comme au travers d'un
cœur de cristal : on ne se cache point; vous n'a-
vez point vu de dupes là-<les3us; on n'a jamais pris
longtemps l'ombre pour le corps; il faut être, il
faut être, si l'on veut paraître.... sév. Lett. » sept.
1876. Il i' Se trouver en un lieu. Soyez ici ou là,
que m'importe? || Fig. Être ailleurs, ne pas prêter
son attention. Répétez, je vous prie, j'étais ailleurs.
Il 6' Être, se construit avec certains adverbes et
avec des locutions adverbiales. Maislais.sez-moi pas-
ser entre vous deux, pour cause : Je serai mieux
en main pour vous conter la chose, mol. Princ.d'Él.
I, S. Soyons de concert auprès des malades, id. Am.
méd. m, t. Il Être bien, être mal avec quelqu'un,
être avec quelqu'un dans de bons, dans de mauvais
rapports. || Être bien, être mal, se porter bien, se
porter mal. Et sans ces adverbes : Comment est notre
malade, comment va-t-iH || 6" Être, construit avec
la préposition à, exprime en particulier l'apparte-
nance , la dépendance. Cette maison est à moi. Avant
que d'être à vous, je suis à mon pays, corn. 7/or.
II, 5. Mais, pour en disposer, ce sang est-il à vous?
ID. Pulij. IV, S. Que si j'étais à moi, je voudrais être
à vous, ID. Tois. d'or, v, t. Que disje? votre vie,
Eslher, est-elle à vous? N'est-elle pas au sang dont
vous êtes issue? N'est-elle pas à Dieu dont vous la-
vez reçue ? rac. Esth. i , 3. Vous n'êtes point à vous ;
le temps, les biens, la vie, Rien ne vous appartient,
tout est à la patrie , gressf.t, Sidnei, il, 6. || Etre
à...., être lié par les noeuds du mariage, de l'a-
mour. Ce qu'elles nous sont [les liens qui nous atta-
chent à elles] ferait qu'avec justice On nous impu-
terait ce mauvais artifice, cobn. Ilor. il, 8. Je vous
vis, je formai le dessein d'être à vous, rac. Mithr.
I, 2. Je ne suis point à vous, je suis à votre père,
in. l'b. II, 6. Nous en avons parlé cent fois le comte
el moi, sat.s qu'il sût ce que je vous suis, dancoubt,
la Folle enchère, se. 22. || Être à, être au service
de Je connais ce valet, il est à don Fadrique....
TH. CORN. Engagem. du has. I, 6. Cela vient d'un
gentilhomme qui était à M. de Turenne, sÉv. 20),
Il Je suis tout à vous, tout disposé à faire ce qui
vxjussera agréable. || Je suis à vous dans un moment,
c'est-à-dire attendez-moi, je reviens à l'instant, ou
je vais m'occuper de vous. Je suis à toi dans un mo-
ment, HAMILT. Gramm. i. || 11 n'est plus à lui, se
dit d'un homme dont l'esprit est dans une agitation
extrême. Je ne suis plus à moi quand j'entends ce
discours, CORN. Poly. il, t. || On dit dans un sens
analogue, n'être plus soi-même. Je ne vous con-
nais plus; vous n'êtes plus vous-même, rac. Andr.
m, 4. Il Être à, se dit aussi de la situation, du
temps, de l'occupation , etc. Le malade est à l'agonie.
U est à Sun travail. 11 est au lit. Ma famille est à la
campagne. Nous sommes au mois de janvier. Vous
êtes à la fin du trimestre. || Être à jeun, se dit d'une
personne qui n'a pris aucun aliment dans la jour-
née. Il Être à mépris, être mé[irisé. Et toi, pour te
montrer que tu m'es à mépris, Voilà ton demi-cent
d'épingles de Paris, mol. Dép. am. iv, 4. || Être à,
se dit, dans le langage des mathématiques, des
rapports et des proportions. 2 est à 4 comme 8 est
à to. Comme le produit d'un terrain inculte est au
[iroduit d'un terrain cultivé , de même le nombre
des sauvages dans un pays est au nombre des la-
boureurs dans un autre, montesq. Esp. xviii, le.
Il Etre à quelque chose, s'en occuper, y prêter at-
tention. Il est tout à ce qu'il fait. Vous n'êtes pas à
à ce que je vous dis. || Être à, suivi d'un infinitif,
être occupé à.... Je fus samedi tout le jour chez
Mme de Villars à parler de vous, sév. 15. || Être
longtemps à, mettre beaucoup de temps. U est long-
temps à faire son ouvrage. Ces soleils sont parfois
longtemps à .se lever, tristan. If. de Chrispe, iv,
2. Il Familièrement. Il est toujours à se plaindre,
ils sont toujours à se quereller, il ne cesse de se
plaindre, ils ne cessent de se quereller. || Etre à faire,
à savoir, etc. c'est-à-dire ne pas faire encore, no pas
savoir encore, etc. Ah 1 sire, êtes-vous donc & vous
apercevoir Qu'il sème.... mairet, Si.lim. n, 2. Ce
glorieux vainqueur e.st encore à savoir Le mauvais
traitement qu'd me fait recevoir, id. Soph. i, 4.
Je n'étais pas à savoir en combien de choses elle
[Mlle Choinj enlmit, st-sim. t. yvi, p. 264, édit.
ËTR
ciiÉRUEL. Je n'étais pas à dire mon avis avec colère .'i
Mme la duchesse d'Orléans sur sa manièred'être avec
Monseigneur, st-sim. t. vin, p. 262. || Être à plaindre,
à blâmer, être digne de pitié, de blâme. |l Cela est
à vendre, à louer, c'est-à-dire on veut vendre, on
veut louer cela. || On dit aussi cette marchandise est
à prendre ou à laisser. || Cela est à faire, cela est à
recommencer, c'est-à-dire on devra faire, recom-
mencer cela. Il Être homme à, être capable de.... Al-
bert n'est pas un homme à vous refuser rien, mol.
/Vp. om. l, 2. Il Impersonnellement. 11 est à croire,
à désirer, etc. on doit croire, désirer, etc. HT" Être,
Construit avec la préposition de, indique le rapport
da l'effet à la cause, l'origine, l'extraction. Cette
tragédie est de Corneille. Cet enfant est de lui. Cette
marchandise est de fabrique anglaise. Ces figues sont
du Levant. Ces damnables complots sont des gens de
la cour, botr. Bélis. ii, 9. Le poète Epiménide,.qui
fil un voyage à Athènes du temps de Selon, était
de Crète, hollin , Ilist. anc. CEuvret , t. iv,
p. 483, dans pouGENS. Ces lois viennenldes dieux, le
reste est des humains, volt. Orphel. ii, 3. || Être de,
exprime la profession, la condition. 11 est d'Église,
d'épée, de robe. || Il exprime la matière. Cette statue
est de marbre. || Il exprime l'occuiiation. Je suis de
service, de garde. Un interne e^t de garde dans un
hôpital. U est de semaine. || Marque la participation.
Il est de moitié dans raffaire. Il sera de la paitic.
[Ils] Sont de tous leurs cadeaux, de toules leurs
parties, mol. Éc. des f. iv, 8. Mais, monsieur, cela
serait-il de la permission que vous m'avez donnée,
si je vous disais.... id. Don Juan, i, 2. On ne voit pas
que vous évitiez ces entretiens, ces lieux, ces plaisirs
qui sont pourtant de toules vos confessions, mass.
Car. Inconst. Je vous supplierais de permettre que
le nonce du pape en Pologne fût du .souiier, volt.
Lett. à Cath. 20. Aussi disait-on de Fontenelle qui!
avait été le patriarche d'une secte dont il n'élail
pas, d'alemb. Élog. Despréaux. M. de Mclun fut du
voyage, gf.nlis, Mlle de Clermont, p. lie, dan
POUGENS. Il Être du nombre de, ou, simplement. et: -
do, être parmi. Je ne suis pas de ces gens qui....
Il Je. suis d'à vis que. ....c'esl-à-dire mon avis est que....
I.e prince [Alexandre] ayant mis l'affaire en délihé
ration, Parménion était d'avis d'accepter cesolTre'-'.
et dit que pour lui il le ferait s'il était Alexandre,
noLiiN , 7/is(. anc. (Kuvres , t. m, p. 303, dans
pour.ENs. Il Cela est bien de son caractère, cei,^
est bien de lui, c'est-à-dire cela est conforme f
son caractère, à sa manière de penser el d'agir.
Il Cela n'e.st pas du jeu ou de jeu, c'est-à-dire col.i
n'est pas selon les règles du jeu, ne fait pas partie
des conventions. || Exprime la manière d'être.
Cet enfant est d'une grande intelligence. Celle étoïe
est d'un teint trop clair. Il est d'une jalousie qui
devient tous les jours plus insupportable, cenlis,
Thédl. d'éduc. la Bonne mère, ii , 3. ||Êlie de,
avec un substantif, exprime quelquefois la néces-
sité , l'obligation d'une chose. Dans ce lieu une
mise décente est de rigueur. Comme si le res-
pect qu'on a pour les anciens philosophes était de
devoir, et que celui qu'on porte aux plus anciens
pères était seulement de bienséance, pa.sc. Aulorilc
en phil. || Exprime la conformité. Ces habitudes
ne sont plus de nos mœurs. || Être de l'avis , de
l'opinion de quelqu'un , partager son avis, son
opinion. || Être de quelque chose à quelqu'un ,
l'intéresser. Le Hhflne el Lyon me sont de quelque
chose, SÉv. 39. Il U ne m'est de rien, nousnesomiiie.<
pas parents. || Familièrement. Il ne m'est ni d'Eve
ni d'Adam, je n'ai pas avec lui de parenté si éloigné'
qu'elle soit. {| Impersonnellement. Il est d'homnir
sage, etc. c'est l'action d'un homme sage. Pour-
quoi celle ruine? était-il d'homme sage De muti
ler ainsi ces pauvres habitants [arbres fruilier.s] '.
LA font. Fabl. XII, 20. Il U est de la justice, eic
la justice commande. || La peste soit du butor I Peste
soit de vousl Voy. peste. || 8" Terme de généalogi.'
Être du trois au quatre, du cinq ad quatre ave-
quelqu'un, être dans un degré de parenté tel qu '
les deux personnes dont il s'agit, appartenant '■
deux branches différentes, aient un bisaïeul, u'
trisaïeul commun; ainsi la larenté du grand Comlù
avec M. de Vardes était du cinq au quatre, c'est-
à-dire qu'ils avaient un trisaïeul commun, la Tré-
mouiUe. Ce qui fait que l'on exprime ainsi celle pa-
renté, c'est que le point de départ n'e>t compté
qu'une fois : la Trémouille, une fille , une fille, un»
fille, Condé, cinq ; de l'autre côté, une fille, un
garçon, une fille, Vardes, quatre. Elle [la princesse
de Tarenle] n'est que du trois au quatre avec ma-
dame la Dauphine; il faut être son neveu ou »a
nièce pour qu'elle compte cela pour quelque cho.so,
ËTR
ÊTR
EIR
153t
fÉv. lett. 2S mai )(î80. || 9° Être, construit avec la
particule en, exprime le point où l'on est parvenu
dans un travail, dans une affaire, et quelquefois
l'état où l'on est réduit. Où en êtes-vous de votre ou-
vrage? Où en est l'affaire? Où en êtes-vous de
votre procès? j'en suis à faire nommer un rappor-
teur. Voilîi où j'en suis. Juge , Araspe , où j'en
suis, s'il veut tout ce qu'il peut, cobn. Nicom. ii,
I. Et où en eussiez-vous été, si on eût pris vos
poSmes au pied de la lettre? fonten. Homère,
Ésope. Il II ne sait où il en est, i! est troublé au
point qu'il ne sait plus ce qu'il fait. Je ne sais où
j'en suis, corn. Ment, v, 6. || En êtes-vous là?
croyez-vous cela? ou bien êles-vous dans cette réso-
lution, dans cette erreur? || Où en sommes-nous?
se dit par indignation ou par plainte, quand on voit
quelcjue grand désordre. || Il n'en est pas où il croit,
il est bien loin de ce qu'il e«père ou imagine. || On
supprime quelquefois la particule en. Tu n'es pas
où tu crois; en vain, tu files doux : Ton excuse n'est
point une excuse de mise, mol. Amph. ii, 3. ||En
être, être de la partie, de l'affaire, etc. Je vous baise
les mains, je m'en vais ici près Chez mon oncle
dîner. — 6 Dieu! le galant homme! J'en suis.... hé-
GNiER, Sat. VIII. On proposait une chasse, elle dé-
clara qu'elle en voulait être, fén. Tél. vu. Ma foi,
je n'en suis plus; ceci devient tragique, campis-
not^ , Jaloux désabusé, iv, 6. S'il faut prendre long-
temps de la peine, je n'en suis plus, i. J. rouss.
Confess. iv. || J'en suis pour ce que j'ai dit, je garde
l'opinion que j'avais exprimée. || Elliptiquement et
familièrement. Il en est, il est d'une société, d'une
bande suspecte, de la police. || Elliptiquement et po-
pulairement. C'en est, je crois que c'en est , se dit,
par euphémisme, des excréments humains. || Cela
n'en est pas, celui-là n'en est pas, c'est-à-dire on
ne doit pas faire cela. Il s'agit de jeux, et les
coups n'en sont pas. || J'en suis pour ma peine,
pour mon argent, j'ai perdu ma peine , mon ar-
gent. J'en suis pour une dent, j'y ai perdu une
dent. J'en suis pour mon honneur; mais à toi, qui
me l'ôtes. Je t'en ferai du moins pour un bras ou
deux côtes, mol. Sgan. 6. Peste soit du lourdaud
qui me vient fracasser; Je crois que j'en serai du
moins pour une côte, legrand. Roi de Cocagne,
m, 9. J'en fus pour mes lorgneries et mes soupirs,
dont même je m'ennuyai bientôt, j. j. rouss. Con-
fess. VI. Il En être sur, pointiUer sur.... Quand je
vois des gens en être avec moi sur le plus ou sur le
moins.,., la bbuy. vi. || En être, se dit du résultat,
des conséquences d'une chose. On l'a traité outra-
geusement, et il n'en a rien été. Il en sera de cette
affaire ce qu'il vous plaira. || On peut aussi suppri-
mer la particule en : 11 sera de cette affaire ce qu'il
vous plaira. || Il en sera ce qu'il plaira à Dieu, se
dit pour exprimer qu'on se résigne à la volonté de
Dieu, à l'événement quel qu'il soit. || Ce qui en est,
la réalité, la vérité. On prétend qu'elle plut au roi,
je ne sais ce qui en est, m'"' de caylus, Souven.
p.l'is, danspouGENS. Il lien est, il n'en est pas de,
exprime la similitude, la conformité. Il en est des
peintres comme des poètes, ils ont la liberté de fein-
dre. Il en est de même de tout le reste. || Il n'en
est rien, c'est-à-dire cela n'a aucune vérité, cela
est faux. Ne croyez pas cette nouvelle, il n'en est
rien. || Il n'y a pas lieu à mettre en, lorsque la
phrase a un complément qui en tient lieu. Je prie
Dieu, monseigneur, qu'il ne soit rien de tout ce que
je viens dire, balz. liv. ii, lett. e. \\ 10"" Être con-
struit avec la particule y. Y être, être chez soi. Y
être pour quelqu'un, avoir donné l'ordre précis de
recevoir une personne. Et pourquoi lui dire que
je n'y suis pas? est-ce pour les personnes comme
elle qu'on n'y veut pas être? dancourt, Chev. à la
mode, II, 8. Il Par plaisanterie. Allez voir là dedans,
et, plus souvent, allez voir dehors si j'y suis, se dit
pour renvoyei quelqu'un avec qui l'on ne se gêne
pas ou contre qui l'on se fâche. Voyez là dedans
si j'y suis, legrand, lîot de Cocagne, ii, <o. ||Je
n'y suis pour rien, je n'ai pris aucune part à la
chose dont il s'agit, ou je n'y suis pas compromis.
lAvez-vous perdu à cette failUte? Non, je n'y suis
jpour rien. || Vous n'y êtes pas, vous ne comprenez
: pas. Il y est, il a compris. M. de Lauzun épouse di-
: manche, au Louvre, devinez qui.... c'est assurément
; Mlle de Créqui. — Vous n'y êtes pas, sÉv. 9. Com-
[ ment?je n'y suis pas; vous plairait-il de recommen-
f cer? LA BRUY. v. il II n'y est plus, il ne fait plus at-
tention , ou il est dérouté. || La tête n'y est plus, il est
[ fou, il est tombé en enfance. || 11° Être se construit
; avec différentes prépositions. || Être après, être oc-
[cupé à. On est venu lui dire et par mon artifice,
[Que les ouvriers sont après son édifice, mol. l'Klour.
Il, \. Il Être aprSs quelqu'un, l'obséder, le poursui-
vre , ou le harceler en paroles. Je ne puis bouger sans
qu'il soit après moi. Vous êtes bien moqueur, pour-
quoi êtes-vous toujours après moi? || Etre avec quel-
qu'un, vivre habituellement avec lui. Y a-t-il long-
temps que vous n'êtes plus avec votre frère? || Être
avec quelqu'un, se trouver quelque part avec lui.
Vous étiez avec moi lorsqu'il me parla. || Être avec
quelqu'un, rester avec lui. Soyez avec madame, mol.
Mis. 111,6. Il Dansle langage biblique, le Seigneur est
avec lui, le protège. Le Seigneur était avec lui, et
tout lui réussissait heureusement, SACi, Bible, Genèse,
XXXIX, 2. Il Être en, désigne la manière d'être. Être
en toilette, en robe de chambre, en pantoufles. Être
en fête, en promenade. Une exposition en plein
midi. En printemps, en hiver. Déguisé en Turc.
Il Être dans une affaire pour un quart, pour un
dixième, y avoir un intérêt d'un quart, d'un
dixième. || Être pour, suivi d'un infinitif, être pro-
pre à, capable de. Ce serait pour monter à des
sommes très-hautes, mol. Fâch. m, 3. Morbleu!
vous n'êtes pas pour être de mes gens, id. Mis. i, (.
Lui aurait-on appris qui je suis, et serais-tu pour
me trahir?». V Avare, u, 2. Il y a quelques dégoûts
avec un tel époux, mais cela n'est pas pour durer,
ID. ib. III, 8. Il Être pour, suivi d'un substantif, être
du parti de. Je ne suis point pour Albe et ne suis
plus pour Rome, corn. Uor. i, t. || Dieu est pour
nous, Dieu nous protège. ||Être pour,- être destiné
à. Ceci, cette part est pour vous. Mes vœux sont
pour vous. Sa dernière pensée a été pour vous. Ce
que je dis n'est que pour le contenter. || Être pour,
être d'avis de. Vous hésitez? Moi je suis pour la
promenade. ||Être sans fortune, sans amis, n'avoir
point de fortune, point d'amis. || On dit de même
être sans connaissance, sans vie, sans pitié, etc.
Il Être.... sans...., rester.... sans.... On fut quelque
temps à la cour sans entendre parler des affaires
d'Angleterre, lafayette, Mém. cour de Fr. Œu-
vres, t. II, p. 390, dans pougens. On fut deux ans
sans entendre parler d'elle, genlis, Yeill. du chat.
t. I, p. ^69, dans pougens. || Vous n'êtes pas sans
savoir... vous n'ignorez pas sans doute. || Cela n'est
pas selon la raison, selon la loi, selon les conve-
nances, etc. cela n'est pas conforme à la raison, à la
loi, aux convenances, etc. || C'est selon, la chose
dépend des circonstances. i| Être sous, dépendre de.
J'étais sous un dur maître. || Être sous, suivre les
leçons de. J'étais sous tel professeur. || Être sur,
siéger sur, être placé sur. Être sur les tréteaux.
Un grand causeur, s'il est sur les tribunaux, ne
laisse pas la liberté de juger, la bruy. Théophr. 7.
Il Être sur, s'occuper de quelqu'un , de quelque
chose, en converser Nous étions tout à l'heure
sur toi, MOL. le Dép. l , 2. Sur quoi en étiez-
vous, mesdames, lorsque je vous ai interrompues?
ID. Critique, B. Vous êtes là sur une matière qui
depuis quatre jours fait presque l'entretien de
toutes les maisons de Paris, m. ib. 6. L'autre ou-
vrage considérable et qui n'est pas encore impri-
mé, est la traduction de Quinte-Curce, sur la-
quelle il [ Vaugelas ] avait été trente ans , la
changeant et la corrigeant sans cesse, pellisson,
nist. Acad.X. i, p. 300, dans pougens. || Dans le
langage de l'Écriture, la main de Dieu est sur.'...
signifie le châtiment infligé par la colère divine.
La main de Dieu fut sur lui, son règne fut court,
et sa fin fut affreuse, boss. Hist. i, 6. || 12° Être
que de, être de, être à la place de; ne se dit
qu'avec les conjonctions si ou quand. Quand je se-
rais de vous, je ne le ferais pas davantage. Si j'étais
que de vous et que j'eusse une nièce, Je saurais
m'en défaire aussitôt... th. corn. Bar. d'Alhikrac,
IV, 7. Si j'étais que de vous, je lui achèterais dès
aujourd'hui une belle garniture de diamants, mol.
Am. méd. i, <. Mais enfin si j'étais de mon fils son
époux, Je vous prierais bien fort de n'entrer point
chez nous, id. Tart, i, <. Je ne souffrirais point, si
jetais que de vojjs. Que jamais d'Henriette il pût être
répoux, ID. Femm. sav. iv, 2. || 13° Impersonnelle-
ment. Il est, c'est-à-dire il y a , on trouve. Il est
des hommes que la résistance anime. Est-il puis-
sance capable de contraindre la volonté ?|| Un coquin
s'il en est, un coquin .s'il en fut, se dit pour exprimer
qu'un homme est aussi coquin qu'il est possible.
Grand et hardi menteur s'il en fut jamais , balz.
[xlt.à Conrard, 28 avril 1653. || Des grammairiens
ont demandé s'il fallait écrire s'il en fut ou s'il en
fût. Le verbe n'est pas au subjonctif, comme on le
voit quand le verbe est un présent. || Il est en.... de,
il est au pouvoir de.... Il est en vous de l'éviter [la
colère du ciel] par un prompt repentir, mol. Festin,
IV, 9. Il U n'est pas en moi de faire telle chose, je
n'ai pas le pouvoir de faire telle chose, ou bien mon
caractère ne mêle permet pas. || Est-il, signifiant il
est certain, ne s'emploie que dans des phrases con-
struites ainsi : toujours est-il, or est-il. Vous soute-
nez cet homme, toujours est-il qu'il a commis une
mauvaise action. Or est-il que j'en fais un tel fonde-
ment, que je ne vous rends pas même les devoirs
ordinaires, balz. liv. vi, lett. 3. Or est-il que le Fil»
de Dieu a voulu choisir la parole pour être l'instru-
ment de sa grâce, boss. Prédic. 3. || Il n'est rien de
si beau que...., nulle chose n'est aussi belle que
Il II est midi, une heure, trois heures, c'est-à-dire
l'heure actuelle est midi, une heure, trois heures.
Quelle heure est-il? X l'heure qu'il est. |1 11 est jour, il
est nuit, il fait jour, il fait nuit. 1| Il n'est que lundi,
mardi, etc. nous ne sommes encore qu'à lundi,
mardi. J'y reçus une de vos lettres; et, quoiqu'il
ne soit que lundi et que celle-ci ne parte que mer-
credi, je commence à causer avec vous, SÉv. Lett.
iDjuill. 1677. Il Ce qu'il peut être, autant qu'il peut,
être. Et Pompée est vengé ce qu'il peut l'être ici,
CORN. Pomp. V, 4. Il II n'est que telle chose, c'est-
à-dire il n'est rien de tel que, cela seul convient.
Pour perdre des amants celles qui s'en affligent
Donnent trop d'avantage à ceux qui les négligent :
Iln'estlors quelajoie, elle nous venge mieux, corn.
Mcl. m, B. Il II n'est que de.... c'est-à-dire le mieux
est de.... Il n'est que de prendre les choses comme
elles viennent. Il n'est que d'être fin et de soir et de
nuit, Régnier, Épit. ii. Il n'est que d'être libre, et
en deniers comptants, id. ib. ii. L'éclat d'un tel af-
front l'ayant trop décriée , Il n'est à son avis que d'être
mariée, corn. Suite du Ment, i, i. Ma foi, il n'est
que de jouer d'adresse en ce monde, mol. Mal. im.
Interm. i, se. 6. Il n'est que d'entreprendre pour
réussir. Exil de Cicéron, dans desfontaines. U
n'est pour se haïr que d'être un peu parent, boissy.
Babillard, se. 3. Il n'est que d'être roi pour être
heureux au monde; Bénits soient tes décrets, ôsa-
gesse profonde. Qui me voulus heureux, et, pro-
digue envers moi, M'as fait dans mon asile et mon
maître et mon roi, a. chén. Ëlég. xxiv. Il n'est
que de s'entendre; cet homme-là et moi sommes
quasi d'accord, p. l. cour, i, 282. || U n'est que
de... signifie aussi: en fait de choses dont il s'agit,
la meilleure vient de. Il n'est pommes que de Nor-
mandie. Il n'est pruneaux que de Tours. || Il n'est
pas que.. ..avccne, elle verbe suivant au subj onctif,
il n'est pas supposable que. . . . Il n'est pas que vous ne
sachiez quelques nouvelles de cette affaire , mol. VAv.
V, 2. Il n'est pas que vous n'ayez ouï parler du goût
bizarre de cet empereur qui préféra les écrits do je
ne sais quel poète aux ouvrages d'Homère, boil.
Dissert, sur Joconde. \\ 14° Être, construit avec ce
antécédent, voy. pour les règles de cette construc-
tion CE, à l'article et aux remarques. || Ce se rappor-
tant à une personne, à une chose, à une action déjà,
déterminée. C'est ce que je désirais. C'est bon. C'est
vrai. Vous m'aviez bien promis des conseils d'une
femme. Vous me tenez parole et c'en sont là, ma-
dame, corn. Cinna, iv, t. Est-ce là ce beau feu,
sont-ce là tes serments? id. Poly. v, 3. De grâce,
est-ce pour rire, ou si tous deux vous extravaguez
de vouloir que je sois médecin ? mol. Méd. m. lui,
1, 6. Hé parbleu! je l'aurais pendue [citrouille] Â
l'un des chênes que voilà; C'eût été justement l'af-
faire, LA FONT. Fabl. IX, 4. || Ce se rapportant à une
personne, à une chose, aune action indiquée seule-
ment dans la suite de la phrase. C'est moi qui l'ai
dit. Qui de vous deux aujourd'hui m'assassine?
Sont-ce tous deux ensemble, ou chacun à son tour?
CORN. Poly. v, 3. A-ce été sous mon nom que j'ai
brigué l'empire? ID. Pulch. m, 3. Mais est-ce un
coup bien sûr que votre seigneurie Soit désena-
mourée?ou si c'est raillerie? mol. Dép. amour, i,
4. Sont-ce encore des bergers?— C'est ce qu'il
vous plaira, id. Bourg, gent. i, 2. Sont-ce des vers
que vous lui voulez écrire? id. ib. ii, «. || C'est....
que, avec un substantif. C'est une plate composition
que' cette comédie, cette comédie est une plate
composition. En un mot, c'est un ambigu de pré-
cieu-se et de coquette que leur personne, mol. Préc.
I. Il C'est.... que, avec un infinitif. Si ce n'est pas
à moi trop de témérité que d'oser aspirer à l'hon-
neur de votre alliance, id. la Pr. d'Èl. v, l. C'est
une lâcheté que de se faire expliquer trop sa honte,
ID. le Fest. de P. i, 3. Vous moquez-vous? ce serait
être fou que d'aller parler à une statue , id. ib. m,
7. Il Est-ce que, se dit pour interroger. Est-ce que
vous feignez d'ignorer ma naissance ? rotr. Herc i
mour. IV, 2. Est-ce qu'on; croit encor mon supplice'
trop doux? RAC. Mithr. v, 4_. Est-ce que de Baal I9 '
zèle vous transporte?». AÏhal, m, 3, Est-ce que
<532
ÊTR
l5ti.o».6« <!««»• Il C«.t»voutd..... Il vous
!^^«^i C3i.i. i"»'»- I, ♦• C'est à moi de mou-
ÎT o.ta eî.« V «u/d. vivre, .d. ThM. m, 3.
[•••il bî*D à rousdefiireriiabilc homme t mol. Am.
au'd II «• Ce»» à mol do parler et d'êlro le mallro,
in JfW.' «•• lui, I. •• Ma flllc, cesl k nous do mon-
irir qui nou» sommes, iiac. Iphig. il, ♦. C'est à l'a-
mour do rapprocher Ce que sépare la fortune , i. B.
«OOM. Cvitatt XIX. C'est à Tou» de frémir et non
d« l'aauser, ddcis, llamlet, i, ». jj C'est i vous
»... . Il vous appartient de. C'est à vous h régler ce qu'il
faul que Je fa.ise; C'est à vous, Emilie, à lui donner
M (trace, COHN. Cinna, m, î. C'est k monsieur à
me mettre de la façon qu'il veut, «OL. SiciV. ta.
C'est 4 vous k juger de son crime, volt. Ilrulus, v,
». Kt ce n'est pas k vous k me croire infleiilile, lo.
Al:. IV, ». Il Ce n'est pas que.... avec l'indicatir,
lignifie «près tout. Ce n'est pas qu'il faul quel-
quefois pardonner k celui qui, avec un Rrand cortège,
un habit riche et un ma^niAque équipage, s'en
croit plus de naissance et d'esprit : il lit cela dans
la contenance et les yeux de ceui qui lui par-
lent, lA BRUT. II. Il On aura le mSme sens avec
le subjonctif préoéilé de ne. Ce n'est pas qu'il
ne faille quelquefois pardonner... || Ce n'est pas
que, avec ie subjonctif, signifie aus^i : on ne doit
pas dire, prétendre à cause de cela. Ce n'est pas qu'il
faille renoncer au monde. || Ce que c'est que de....,
k quoi aboutit...., voilà le sort. Ce que c'est que de
nousl Voyez ce que c'est que du monde aujour-
d'hui, MOL. lÉt. l, ». Il Voilà ce que c'est, voilà en
quoi consiste la chose, voilà ce dont il s'agit; et
au.<>si quelquefois : la chose e.st faite maintenant
comme il convient. || C'eiît-à-diro , voy. dire.
Il 16* Soit I expression elliptique d'assentiment. Vous
le ïouler; soiti j'irai avec vous. || Ainsi soit-ill for-
mule qui termine certaines prières. || Eipression de
souhait. Sois-je du ciel écrasé, ai je mens I uoi..
Mù. I, ». Jésus soit notre joiel boss. a Purif. Son
«ang soit sur nous et sur nos enfants, m. Ilist.
H, to. Il F.liiptiquement. Soit fait selon votre vo-
lonté, c'est-k-dire qu'il soit fait.... Fntre nous soit
dit. Soit dit confidemment, jecroisqu'il est jaloux De
tous tes sentiments qui m'attachent k tous,gbesskt,
nichant, V, &. || Soit, conjoncli'ori , voy. soit.
Il 18' Elliptiquement. N'était, n'eût été, si ce n'é-
tait, si ce n'eût été. N'était, n'eût été que je suis
votre ami. N'était l'amitié que j'ai pour vous. Et
encore n'était le hasard et la perte. Je voudrais....
KtoiiiER, Ép. II. Uais par ma foi, madame, n'était
que je lui ai déjà vu Jouer mille fols le même rôle, je
ne saurais qu'en dire, baron, Homme à bonnes (orl.
III, 1. Il Fût-il.... quand même il serait.... On résolut
sa mort, fût-Il coupable ou non , la font. Fabl. x, ».
Fût-elle mon ennemie, je la louerais de même, oen-
lis, jJd.ttr/idod. t.iii,leit.4o, p. 270, danspouoENS.
Il Ne fût-ce.... que, quand ce ne serait que.... IJes-
préauxestpoureuxunegrandeautorité, ne fût-ce que
parce qu'il est mort, d'ai.eub. Latin det modernes.
Il 17* Cela étant, vu que la chose est ainsi. Et cela
ét<int, qui doute qu'il ne fallût faire des prières
générale»? balz. liv. i, lett. 6. Cela étant, Valère
mon maître n'a plus qu'k chercher fortune ailleurs,
LISAOR, Critp. rir. de ton maUre, se. ». || Etant ou
en étant, dans une construction absolue, c'est-à-
dire ne s< rapportant ni au sujet ni au régime du
la phrase. Roqucbrune n'était pas d'avis qu'on le
reçût, on étant des poètes comme des femmes,
»CA«RON, Roman comique, m, 6. Je n'ai parlé que
des noms communs, étant indubitable que c'est
fort bien parler que de dire.... lancelot, Gramm.
génir. ii, lo. Je dis qu'étant impossible que Dieu
emprunte rien du dehors, il ne peut avoir besoin
que do lui-même pour connaître tout ce qu'il con-
naît, Boss. libre arb. 3. Vous ne pouvei dilTérer,
étant important de ne vous pas arrêter davantage,
ID. Un. quiét. 477. Nous étant défendu de fixer
notre cœur k la terre, la situation doit nous p.irallre
la plus souhaitable, mass. Car. Prosp. || Etant se
rapportant au régime. On connaîtra que , n'étant
»uir« chose qu'un poëme ingénieux, on ne saurait
le censurer sans Injustice, HOL. Tari. Prif. || 18* Etre
t emploie comme auxiliaire des verbes passifs (en ses
Umps simples «t composés : je suis aimé, jai été
««•It « dun grand nombre de verbes neutres
(Mulefflent en ses temps simples : je suis venu, je
«ni, !l^^" i^.P«'"*.»'« on pourrait dire : 11 devait
ÎÛ^'^ll^ ?""'•.*'* P*""- '^«:*"«> f"« exilé de
Uo«v* si te fusw venu k temps. .... H'our»] Vivait
ÊTR
seul cl caché; Il fût devenu fou ; la raison d'ordi-
naire N'habite pas longtemps chez les gens séques-
tré», LA TONi. Fabl. viii, tu. Il II est aussi auxiliaire
dans tous les verbes réfléchis, directs ou indirects,
mais seulement avec ses temps simples. Il s'est em-
paré de la Tille, Elle s'est cassé le bras. Ils se sont
blessés en jouant. Chez ces gens pour toujours il [le
fullel) se fût arrêté, la pont. Fabl. vu, «. || 19" Etre
se dit pour aller, quand on est allé dans un lieu et
qu'on en est revenu; ce qui fait voir qu'en ce sens
ilre a d'abord gardé sa signification naturelle; il est
allé k Rome exprime simplement qu'il a fait le voyage
de Rome, sans dire s'il est de retour ; il a été à
Rome exprime qu'il est revenu ; être pour aller ne
s'emploie qu'aux temps passés : je fus, j'ai été,
j'aurai été, j'aurais été. Je fusse, ayant été. J'ai été
premièrement tout contre l'arsenal au bout du fau-
bourg St-Germain , du faubourg St-Germain au
fond du Marais, mol. ilm. mcd. u, 3. Mon cheval a
fait tout cela aujourd'hui, et de plus j'ai été à Ruel
voir un malade, ID. tb. La comédiede Racine m'a paru
belle, nous y avons été, sÉv. à Mme de Grignan,
(lijanv. 1872. Il C'est abusivement qu'on emploie
(Ire pour aller en d'autres circonstances ; cependant,
dans l'usage vulgaire, on se sert souvent de je fus
et j'ai été au sens d'aller avec un inlinitif suivant;
et on en trouve des exemples dans d'excellents au-
teurs et dans de très-anciens textes. Il fut recevoir
le corps de son frère jusqu'à Pavie; son frère n'a-
vait été qu'une journée au-devant de lui , d'ablan-
couRT, Tacite, 434. Et nous fûmes coucher sur le
pays exprès, C'est-à-dire, mon cher, au fin fond
des forêts, mol. Fâcheux, ii, 7. X peine ai-je été
les voir trois ou quatre fois, depuis que nous som-
mes à l'aris, in. Impromptu, t. Jafus retrouver mon
janséniste, p»sc. Prov. l. Elle fut au-devant d'elle
les bras ouverts, sÉv. <7. Quand un Porphyre,
quand un Julien l'apostat, ennemis d'ailleurs des
Ecritures, ont voulu donner des exemples de pré-
dictions prophétiques, ils les ont été chercher parmi
les Juifs, BO.?s. Hist. II, 6. Il prit deux perdrix et
fut chez sa maltresse, hamilt. Gramm. *. Si on
eût eu à chercher un homme heureux, on l'eût été
chercher bien loin de lui et bien plus haut, mais
on ne l'y eût pas trouvé , fonten. Varignon.
Tu ceignis en mourant ton glaive sur ta cuisse. Et
tu fus demander récompense ou justice Au Dieu qui
t'avait envoyé, lamart. Uéd. n, 7. || Proverbes. On
ne peut pas être et avoir été, on ne peut être vieux
et jeune tout en.semble. || U faut être tout un ou tout
autre, il faut avoir une conduite, une manière de
penser décidée.
— BE.M. 1. Etre se conjugue avec l'auxiliaire aïoi'r;
J'ai été. et non je suis été; ce que dit l'italien : io
sono stato; italianisme qui au xvi* siècle essaya de
se glis.ser. || 3. Ce furent mes sœurs qui y allè-
rent. L'euphonie fait admettre le singulier dans les
locutions intcrrogatives : Fut-ce mes sœurs qui
le firent? || 3. Les constructions du verbe être
suivant que le sujet est au singulier ou le complé-
ment au pluriel, et vice versa, présentent de l'em-
barras. Il y a trois cas : t"cas. Un sujet au singulier
avec un complément au pluriel, et le verbe au sin-
gulier. Une tragédie doit être des passions parlantes,
VOLT. Lett.d'Argental, 12 mars 1 740. Celte construc-
tion ne fait pas difficulté. »• cas. Un sujet au sin-
gulier, avec un complément au pluriel, et la verbe
au pluriel. Le reste des hommes sont des coquins,
PASc. Imag. 8. Tout ce que je vois ne sont que do
vains simulacres, boss. Brièveté. L'effet du com-
merce sont les richesses, la suite des richesses, la
luxe, MONTESQ. Fspr. XX, 6. La seule chose qui les
surprenne [les éléphants| sont les pétards qu'on leur
lance, Burp. Éléphant. Sa nourriture ordinaire sont
des fruits, des amandes, des noisettes, de la farine
et du gland, bupfon, ^cureui'i. Tout cela ne sont
que des arguties et des subtilités, j. j. rouss. Prom.
s. Cette construction est archaïque, et aujourd'hui,
dans des cas pareils , on met de préférence le verbe
au singulier. 3* cas. Un sujet au |»uriel, avec un
complément au singulier et le verbe au singulier. Et
deux ans, dans leseie, est une grande avance,
MOL. Mélic. I, 4. Quatre ou cinq mille écus est un
denier considérable, mol. Poitrc. m, 9. Ici deux
ans, quatre ou cinq mille écus sont considérés clia-
cun comme un chiffre unique, et le sens entraîne avec
soi d'une façon naturelle la construction du verbe
au singulier. || <. L'Académie remarque à propos
du verbe ttrt que les grammairiens (et il vaudrait
mieux mettre : quelques grammairiens) l'appellent
verbe substantif. Cela est vrai ; mais il aurait fallu
•jouter : t* qu'ils lui donnent ce nom par opposi-
Uon k tous les autres verbes, qu'ils nomment
ÊTR
verbes adjectifs ; 2* que, dans tous les cas, ces deux
dénominations sont fort mauvaises, puisque «ub-
stanlifet adjectif désignent deux espèces de mots,
et verbe une troisième; et que le rapprochement de
ces mots contradictoires n'a absolument aucun sens,
3*que Dumarsais, considérant que tout verbe se ré-
sout dans le verlie être suivi de son participe pré-
sent, appelait être le verbe simple ou absolu, et
tous les autres des verbes composés ; 4° que ces
mots entraînaient une confusion, puisiue, k un
antre point de vue, mettre est un verbe simple, et ad-
tne((re, commettre, etc. des verbes composés; 6* que
Beauzée a trouvé le véritable nom en appelant ilre
le verbe abstrait ; et alors tous les autres verbes
sont concrets, comme réunissant au sens du verlie
être celui de leur participe; ou attributifs, parce que
ce participe commence l'attribut dans la proposition
oïl ils entrent.
— HIST. II* s. Nul plaid qui cist meon fradre
Karle in damno sit [qui soit en dommaRc à ce mien
frère Charle], Serment. In nullaaiudha fan nulle
aide] contra Lodhuwig non li vi [y] er [serai], i6.
— X* s. Buona pulcella fut Eulalia, Eulalie. Chi
[qui] rex eret [était] à cels dis [à ces jours] sovre
pagiens, ib. Por o [pour cela] s' furet [fueral] morte
à grant honestet , ib. Seit niuls , Frag. de Val.
p. 407. Et si fu co [cela], ib. p. 467. K eret [éiait]
mult las, ib. p. 468. Si astreient [seraient] li Judei
perdut, si cum il ore sunt, ib. p. 468. E io ne dol-
reie [je ne serais pas affligé] de tanta millia homi-
nuin, si perdut erent [seront]? ib. p. 409. Quand il
se erent convers [quand ils se seront convertis] de
via sua mala, ib. p. 469. Seietst •[ soyez] unanimes
in dei servilio, ib. p. 409.
— XI' s. Si ceo fust uevesquéuabeie. Lois de Guil.
I. X graiitdolur ermes (nous serons] lioi desevrez
[séparés], Ch. de Ilol. cxlv. [Des péchés] Que je ai
rail dès i'hore que nés [je] fui, ib. clxxii. Une pot
[peut] estro (il est impossible] qu'il seient desevrez,
ib. cCLxxxvj. Mais li quens Guenes. se fut bien
pourpenset, tb. xxxii. N'est hom quil [qui le] veit
e conoistre le sait. Qui ce ne die.... ib. xxxix. De là
[ils] s'en furent [s'en allèrent] pour la chresiienlet,
ib. LUI. Se vous mourez, esterez sainz martirs, tb.
Lxxxvii. Set ans touz pleins ad ested en Espeigne,
ib. l. Li reis Marsil esleit en Saragoce, tb. il. Que
nous seiuns conduit à mendier , tb. Quant clias-
cuns ert [sera] à son meillor repaire, ib. iv. Charles
serai ad Ais à sa chapele, tb. Dient païen : ainsi
puet-il bien estre , tb. Là où cis [ceux-là] furent,
des autres i ot bien , ib. viii. S'est qu'il denian-
det [s'il y a quelqu'un qui le demande], ne l'esteut
[il n'est besoin de] enseigner, tb. Seit qui l'ocie,
toute pais puis auriumes, ib. xxviii,
— III" g. Ah ! rois de gloire, lu soies merciû, Hoiic.
p.l60. AdainoDeusoiez....ii.p. 17. S'il est qui croiro
veuille ma volonté, ib. p. 20. Qui moût sont à pri-
sier, i6. p. 30. Là s'est armez li corlois Olivier, ib,
p. 49. Seinpres morrai, mais cher me sui vendiiz,
l'é. p. 93. Tant a esté [tant est allé], [que] devant la
tour antiu Est deseenduz voyant sa iiaroiiie, ib. p.
1 1 5. D'une grant terre qui fu au roi Orsaire, ib. p.
145. Si [je] m'i confort [en son souvenir], quant elo
m'est lointaine [absente]. Coud, Vlii. Mais itaiit fu
à moi reconforter Que, nuit et jour, en ploraut [je]
la reniir [regarde], i6. i. Mais il convient qu'à sa
volonté [je] soie, ib. m. D'hui cest jour eu un au
soier prest d'ostoier [entrer en campagne], Sax.
XVI. Comment vous a e.slé entre la gent foraine
[étrangère]? ib. xxx. Mult nota les paroles que li
quens respundi. Pur ço que li quens ert [était| cu-
sins al rei Henri, El erent d'un conseil et durement
ami, Th. le mari. 6 1. Se vus ncl délivrez, nus sû-
mes mal bailli : Li reis e saint iglise o nus iermes
[.serons] huni, tb. 4 2. Et quant vous estes eschapé
Et li besoin sont trespassé, Dont ne vous est gaires
de nous [vous ne vous souciez guères de nous] , lio-
man de Brut, v. 6346. Mon tré [lente] tendez en
milieu del mostier, Et en ces porches e.sseront mi
sommier, flaoui de C. 4 60. Et jo li serrai pur père,
e il me scrrad purfiz. Rois, p. t44. Uns hom astoit
en la terre Us, ki out num Job, Job, p. 441.
— un* s. Quant nous fusmes [allâmes] au
bois arcoier et joier, Alexandre, dans du cawge,
arcuare. La dame à qui je sui , s'el me vcll rete-
nir, VIDAME DB CHARTRES, Romancero, p. Il 4. Jà
pour autre ne me devra guerpir [quitter], Quant cl
saura com je lui al esté Fins et verais, courtois, sans
repentir, le comte d'anjou, ib. p. 424. Et tout cil
qui avoicnt devant esté contre lui estoient ce jour k
f.i vulenté, VILLEH. Lxxxvi. U i avoit un Grieu (GrecJ
qui miex estoit de l'empereour que tuit li autre, ID,
xcvu. Eusi deaiorerent huit jors pour atendre l9i
ÊTR
ÊTR
ETR
1533
nés [vaisseaux] qui encort! esloiout à venir, m. txi
tlec trovereiit Guillaume de Braiecuel et cex qui
ïvoec lui estoient, qui moût estoient à grant paor,
m. cxxxviu. Tant se travailla Joirois li marescliaux
il l'aide des barons qui estoient dou conseil au mar-
cliis, ID. cxx. Et de corone d'or [je] fui par vous co-
ronnée, Berte, xvi. Si [elle] saignoit com ce fust
perceOre de elou, ib. xxxii. Ainsi com vous orrez
[ouïrez], s'il est qui vous le die, ib. ix. Dame, ce
dist Constance, si soit com dit avez, ib. cxxxii.
Pour ce qu'il ert [était] divenres [vendredi].... ib.
. Vers le lion [il] s'en va, ou soit sens ou folie, ib.
11. Ne soiez vers les pauvres ne sure [aigre] ne
amere, ib. iv. Sire, fait-ele, c'estroit [ce serait]
lait, iat rfe J'ombre. Et tant furent ensamlile qu'il
tn ot un filg et une fille, Ckr. de Rains, p. 9. Et li
rois respondi que li legasdisoit savo!enli5, ne ne sa-
Miit pas à quoi ce moutoit : car Saraziu estoient
moult sa.qe et estoient sour le leur, et bien veoienl
lor meiliour quant temps et lius en estoit, ib. p.
101. Sire, ormais n'est que dou haster la besoigne,
:/). p. 61. Evain en son cuer porpensoit Que s'ele
f ncor une en avoit, Plus belle estroitla compaignie,
/l'en. G(. Car c'est celé qui la bonté Me fist si grant
(|u'ele m'ouvri Le guichet del vergier flori , la Rose,
(204. Je t'enseignerai bien autre hui; Autre, non
jias, mes ce meïsmes, Dont cbascun puet estre à
raeïsmes [être à même], Mes qu'il prengne l'enteii-
ilement D'amors ung poi plus largement, ib. 0462.
Trop sunt dolentes et confuses Pucellesqûi sunt re-
fusées, ib. 5800. Avis m'iere [m'était] qu'il estoit mains
[matin], Il ajàbiencincq ans, au mains [au moins],
En mai esloie, ce sonjoie, El tems amoureus plain
(le joie, ib. 45. Enciez [avant] qu'il vint, si m'es-
cria : Vassal, pris les [tu es], noient n'i a Du con-
tredire, ne détendre, ib. 4694. Il fu que [il y eut
un temps où] toutes les bonnes viles et li castel de
I.ombardie furent à l'empereur de Romme, en son do-
maine , et tenues de li , beaum. xxx, 64. Aucuns dons
et pramesses porroient estre convenencié qui ne se-
roient pas à tenir, m. vi, 24. Donques quant plusor
parchonier ont compaignie en tix [tels] héritages, il
doivent estre €^ ferme ou àloier, lo. xxii, 4. Tout soit
il ainsi que commune renommée keure [coure] en-
tre une feme qui est en mariage, qu'ele est bien de
plusors homes carnelment, m. xviii, 4. S'on espe-
roit qu'il se fust tués par aucune maladie, par le [la]
qucle il ne fust pas à soi , si oir [ses hèritier.s] ne
doivent pas perdre ce qui de li vient, id. lxix, iu.
Nous en sons [sommes] bien entré en voie, N'i a
si fol que nele voie, Quant Constantinohie est per-
due, BUTEB. 401. Un chevalier qui estoit à monsei-
gneur Erart de Brene , JOINV. 244. Sire, il me
semble que il iert [sera] bon que vous retenez les
forracns et les orges et les ris, lo. 2ie. El dit l'en
que nous estions trestous perdus dès celle journée,
su le cors le roy [le roi de sa personne] ne feust [ne
se fût trouvé là], id. 227.
— XIV' s. Quant nous avons communellement de-
lettacion en aucune chose, c'estsigne que nous suy-
mes [sommes] à telles choses enclins, et quant
nous avons tristesce en aucunes choses, c'est signe
que nous suymes enclins à l'opposite, oresme, Eth.
65. S'ainsi sons [nous sommes] pris au broi [piège],
s'iert [ce sera] de grant lachetey, Girart de Ross.
V. 3270.
xv's. Or ai -je un petit d'escusance De ce que lors
p Jones ère [j'étais] Et de trop ignorant manière,
hoiss. Espinette amoureuse. Et tel que fui, encor
le sui, ib... Beau fieulz, es-se [est-ce] Belle chose de
bien ouvrer?iD. ib. Or, regardez si je disoie bien voir
[vrai], veez là les vingt six mille hommes d'armes;
si ils sont trois mille lances, ils sont cent mille, id.
11,11, 2(2. Ainsi estoient menacés les Anglois par
les François, etdonnoient grand marché, et ibon-
troient par leurs paroles que tout fut à eux, id. ii,
m, 40. Lors demanda le roy à son conseil qu'il es-
toit de faire, id. i, i, 61. Et quant le jour du jiar-
lement qui estoit assigné à Mons, fut venu, ils y
furent, id. i, i, ici. Et sachez que, si ne fussent
les gentils hommes qui dedans Aubenton estoient et
qui la gardûient, elle eut esté tost prise et d'assaut,
II). I, I, (03. Sitost que le jour fut.... ID. i, i, (44.
Quand messire Aghos des Baux sentit que ceux de
la Keole se vouloient rendre, il ne voulut oncques
eslre à leur traité, mais se partit d'eux, id. i, i,
337. Votre capilaine où est-il? ne veut-il point estre
lie ce traité, ib. Si avoit un frère par son père qui
avoit esté [feu son père], id. i, i, 447.11 ne peut
eslre que en un tel ost que le roi d'Angleterre me-
noit, qu'il n'y ait des vilains garçons et des malfai-
teurs, ID. I, I, 272. Et fit depuis si grands proues-
ses [Watelet de Mauny] qu'on n'en pourroit savoir
le nombre, si comme vous orrez avant en l'histoire,
s'il est qui vous le die, froiss. i, i, 40. Tu es l'aisné
fils du roi, auquel, parla grâce de Dieu, tu es à suc-
céder, et es à eslre notre roi et seigneur, mOnstr.
1, 48. Et les aucuns disoient que le duc de Bavière
avoit laschement faict qu'il n'avoit tué le duc de
Bourgongne soudainement et s'en estre alléen Alle-
maigne, et il n'en eust plus esié, juven. des ubs.
Charles VI, (4(3. Et eussent les choses esté plus
triumphantes, se n'eust esté le temps, qui moult fut
mal advenant, jean de troyes, Chron. 4482. Ce
moût doutoit le roy, qui estoit tourné contre luy,
et plus lui en estoit que de tous les aultres à qui il
avoità faire, fenin, 44i3. Et de tels yen eut qui
bien se doubtoient de ce qui en estoit, mais rien
n'en dirent à présent, id. (407. Et sagement savoit
jeter son regard et ses semblans, que nul n'apper-
ceust où son cœur estoit, boude, i, 8. Qui, pour
le moins, ay tousjours esté des chambellans [de
Louis XI], COMM. Vrol. Le quel me print en son
service, et fut Tan mil quatre cens soixante quatre,
id. i, t. p]t faisoit le cas si énorme que nulle chose
qui se peut dire à ce propos pour faire honte et vi-
tupère à un prince, ne fust qu'il ne dist, ib. Mon
cousin, vous soyez le très bien venu, ID. IV, (0.
Moult se tenoit bienheureux de ce qu'il pouvoit es-
tre bien d'icelle [être bien avec elle], Perceforest,
1. 1, 4, f-eo.
— xvi* s. D'estre assis je n'ai plus d'envie : Il n'est
que d'estre bien couché, marot, ii, 247. Et fusse
Helaine au gracieux maiiUien, Qui me vinst dire,
amy, fais mon cueur tien. Je respondrois : point
ne seray muahle , id. ii , 398. Les fons du temple
estoit une fontaine. Où decouroit un ruisseau argen-
tin, ID. i , 482. Bref, fust de nuict ou fust de jour.
Je ne songeois rien que l'amour, du bellay, vu,
23, verso. Prenez le cas quecinqousixhyvers Soi'nt
jà passez, et qu'avec longue peine Ils soi'nt venus
en accroissance pleine, id. vu, 23, verso. Soyez
doux et clément, la doulceur te doit plaire, id. vin,
44 , verso. [Socrate se retiroit avec fierté] regardant
tantost les uns , tantost les aultres , amis et enne-
mis, d'une façon qui encourageoit les uns et signi-
fioit aux aultres qu'il estoit pour vendre bien cher
son sang et sa vie à qui essayeroit de la lui oster,
MONT, m, e. N'estoit que.... [si ce n'est que], id.
I, 7. Estre d'avis que.... id. i, (4. Le roy qui est à
présent [qui règne], id. i, 40. Ce sont vices toujours
conjoincts, id. i, 22. C'estoient les formes vraye-
ment romaines, id. i, 24. Est ce à toy de nous gou-
verner? id. i, 89. Il est en nous de.... [nous pou-
vons], id. i, (45. Il nous faudroit des topographes
qui nous feissent des narrations des endroicts où ils
ont esté, ID. i, 234. Puisque nous en sommes sur le
froid, ID, I, 20(. Pompeius lefeut veoir, lD.i,3u(.
Satan est l'adversaire qui machine nostre ruine, le
poché est les armeures des(|uelles il use pour nous
opprimer et meurtrir, calv. Inst. 728. Qu'est-ce
autre chose que...? id. ib. 70(. Si ne feront-ils jamais
tant par leur belle rhétorique, qu'une niesme chose
soyent deux, id. ib. 64. Estes vous encore à savoir
que les femmes n'ont amour ni regret? mars. Nouv.
XX.XII. Le pauvre gentilhomme ne savoit où il en es-
toit [qu!en penser], id. ib. lui. Madame fust hyer
disner aux Loges, dont elle s'est bien trouvée, id.
ielt. 08. Je feusse plus toust partie, n'eust esté la
grant envie que j'avois de voir Chumbert , id. ib.
(62. Lecardinal d'Armaignac aesté à la mort, aban-
donné des médecins, id. ib. (42. Ils demeurèrent
long temps muets, comme si fussent esté des images,
VVER, p. 636. Le guet nous prit, j'en fus pour mes
trois jours auCliastelet, d'aub. Fœn. ii, 44. Il n'est
pas que vous n'aiez veu un sonnet à sa louange qui
a fort couru, id. ib. ii, 4 2. Celict m'est un tombeau,
puis qu'ils [les martyrs protestants] n'ont point de
tombeaux, id. Ilist, i, 4 32. A il jamais esté que les
tyrans, pour s'asseurer, n'aient..,? la boétie, 64.
Toujours il a esté que cinq ou six ont eu l'oreille du
tyran, id. 62. U n'Est pas qu'eux mesmes ne souf-
frent quelques fois de luy, id. 65. Et faire que ma
cité n'ait point faute d'aucune chose qui soit pour
l'embelUr et orner, lu. 4'J9. 11 avoit abandonné à
piller à ses soudards quelques vases d'or qui avoient
anciennement esté à Alexandre le grand, amyoï,
P. Jim. 38. Un peu avant que je fusse la première fois
à Athènes, on dit qu'il y advint une telle chose,
ID. Démosth. 46. Et si Heraclides par envie a esté
desloyal et meschant , est ce pourtant à dire que
Dion par courroux doive maculer sa vertu ? id. Dion,
69. [Voyant tout cela] il se tourna devers ses fa-
miliers, et leur dit:C'estoit estre roy cecy, àvostre
advis, n'estoit pas? [n'est-ce pas?|, w.Alex. 37. La
nremiere chose qu'on leur donna, furent du sel et des
lentilles, amyot, Crassus, 38. Les Egyptiens disent
qu'il fut aus.si en leur païs, id. Lyc. 6. Qu'il ait esté
en Afrique et en Espagne et jusques aux Indes, je
ne sache personne qui l'ait escrit, id. ib. Si j'estois
à renaistre au ventre de ma mère, bons. 840 Et
par esclats les lances acérées Furent toucher les
voûtes etherées, m. 04 9. Car l'amour et la mort n'est
qu'une mesme chose, ID. 304 Pour faire voir
clairement à chascun Que les vertus et les dames
n'est qu'un, id. 765. La perte des grands rois sont
les langues llateuses, id. 603. L'im|iudence aujour-
d'hui sont les meilleures armes Dont on se puisse
aider.... id. 978. Une autre branche de la dissolu-
tion, sont les excez de table, et tenir grand équi-
page, langue, 4 6. Us répliqueront que ce que j'ay
allégué sont conseils evangeliques et non préceptes
obUgatoires, id. 76. Une des plus singulières choses
qu'on remarque en France, sont les beaux édifices
dont les campagnes sont parsemées, id. 4 06. La se-
conde cause furent les voyages qui s'entreprirent
pour la conqueste de la terre saincte, id, 228. Plu-
sieurs choses qui se firent alors et qui arrivèrent,
fut plus par hazard et inopinément quasi que par
conseil, id. 6B2, Le dit sieur de 'Vieilleville fut [alla]
estrader avesques 200 salades, carloix, ii, 4 3.
— ÉTYM. Bourguign. être; Berry, jeseus,ie suis;
provenç, esser; catal, esser, ser ;espagn. et portug.
ser; ital. essere; d'une forme latine barbare essere,
pour esse , être, du radical es ou as, qui fait aussi,
dans le grec iatt, in\i.lv, etc. dans l'allemand isl, et
dans le sanscrit asmi, le verbe abstrait. Le verbe être
est formé de trois verbes latins différents: t" esse, qui
a donné l'infinitif eslre, le présentée suis, tu es,
il est, nous sommes, vous êtes, ils sont, le subjonc-
tif je sots, le futur j'e serot, le conditionnel je se-
rais; 2» fuo, qui a donné le prétérit je fus et le
subjonctif je fusse ( voy. fus , pour l'élymolo-
gie); 3° stare, qui a donné l'imparfait j'estois,
le participe présent estant, et le participe passé
esW (voy. le verbe ester). D'après Vaugelas, qu'il
soit, qu'ils soient se prononçait sai'J, saient ; c'est
une prononciation usitée encore en Normandie. L'an-
cienne langue, à côté de l'imparfait estoie, avait ua
autre imparfait ère ou iere qui représente le latin
eram, et, à côté du futur serai, elle avait un autre
futur ère ou iere qui représente le latin ero. Dans
le latin barbare esse-re, re provient d'une assimila-
tion faite mal à propos avec les verbes en ère; car
déjà, dans es-se, se représente ce re,
2. ÊTRE (ê-tr'), s, m. \\ 1° Ëtat, existence,
qualité de ce qui est. La nature dure et se main-
tient perpétuellement dans son être , PAsc. dans
COUSIN. Le peu que nous avons d'être, id. ib.
Si notre être, si notre substance n'est rien, tout
ce que nous bâtissons dessus, que peut-il être?
Boss, Duch. d'Orl. Avant qu'il [Dieu] eût donné
l'être, rien ne l'avait que lui seul, id. Ilist. n, 4.
Qui a un cœur et qui peut aimer l'auteur de son
être, HASS. Prière i. Le corps politique ou le sou-
verain ne tirant son être que de la sainteté du con-
trat, j. I. Bouss. Contrat, i, 7. || L'être suprême
de Dieu, son existence suprême. Ô Dieul si c'était
là le caractère de votre être suprême.... mass. Ca-
rême, Avenir. \\ Le non-être, le néant, l'anéantisse-
ment Peut-être Que mon cœur combattu par la
peur du non-être, boursault, Ésope à la cour, m,
3. Il 2° Ce qui est. Le péché qui est le véritable néant,
parce qu'il est contraire à Dieu, qui est le véritable
être, PASC. Lett. à Mme Pêrier, i" avril 4648. Je
sens que je peux n'avoir point été; car le moi con-
siste dans ma pensée; donc moi qui pense n'aurais
point été , si ma mère eût été tuée avant que j'eusse
été animé; donc je ne suis pas un être nécessaire;
je ne suis pas aussi éternel, ni infini; mais je vois
bien qu'il y a dans la nature un être nécessaire,
éternel et infini, id, Pens. art, i, 4 1. Moi néant, moi
ombre de l'être, je vois celui qui est, fén, Exist.
346. ô Dieul ô le plus être de tous les êtres I id. ib.
264. J'aurais prié ce Dieu, seul être que j'adore,
VOLT, Ali. V, 4. Une existence évanouie Ne fait pas
baisser d'une vie Le flot de l'être toujours plein,
LAMAHT. Ilarm. iv, », || Être suprême, l'être au-
dessus de tout. Dieu étant par sa nature au-dessus
de tout, rien ne peut entier en comparaison, ni ne
doit être mis dans un degré d'égalité avec ce pre- '
mier être, cet être suprême, doord. Pensées, t. i,
p, 39. S'il y a au-dessus de nous un êire suprême,
auteur de cet univers, mass. Car. Prière u. ||. Ab-
solument, l'Etre suprême. Dieu, Le sang le plus
abject, le sang des plus grands rois Ne sont-ils pas
égaux devant l'Être suprême? volt. Olympe, ii, i.
Il Le grand Être, Dieu, Ne pouvant élever mes fai-
bles conceptions jusqu'au grand Etre, je rapprochais
■
1 53'.
ÉTR
M nïlur» el U inifnn., ). ». «oora. Em. iv. || Etre
ni •• «'^ m-éltTor t m« source qi.o do te mWi-
ïr MB. ««•, 10. •*• Il '>»"» 'j^'" »"P'-«me. ' î^'™
dM «lr«, te gran.1 Être, l'fiire souverain, qui,
pria âlMoIiinxint, «ignificnl Dieu, on met un F. ma-
ru«cul« Quand élre «uprérao n'est pas pris absolu-
œenl r» est minuscule. || Terme de métaphysique.
U science <le lêlifl, ou ontologie, étude de l'ôlre
en sol, de l'être absolu, indépondamment de toutes
Im propriétés qui le déterminest. || 8* Tout ce qui
«liste , considéré comme ayant l'eiistence d'une
façon quelconque. Les êtres de la nature. L'en-
semble des êtres vivants. [Il] Est devant tous les
f-mps et devant tous les êtres, botrou, St Genest,
ni. I. Tout en tout est divers; 6tcz-vous de l'es-
prit Ou'aiicun être ait été composé sur le vôtre,
lA FONT. Fabl. IX, ta. En comparant les propriétés
I moi connues de cet être que je nomme le corps,
avec les propriétés à moi connues de cet être que
je nomme l'âme, je découvre que les deux êtres
ne sont pas de même nature, noNNET, Ess. analijt.
ch. <n. Il Dans le langage philosophique. Il ne faut
pas multiplier les êtres, il ne faut pas supposer des
êtres qui n'existent point. || Être pensant, l'être qui
est (loué de la pensée. Citoyen, l'homme adopte
une forme de gouvernement; être pensant, il n'a
de patrie que l'univers, Mirabeau, Collection, t. v,
p. 383. Il Les êtres intelligents, tout ce qui est doué
d'intelligence, et, en particulier, l'homme. Les êtres
particuliers intelligents peuvent avoir des lois qu'ils
ont faites; mais ils en ont aussi qu'ils n'ont pas
faite», MONTESO. Bspr. i, t . || Être de raison , ce
qui n'existe que dans l'imagination. Il ne me
semble pas aussi que vous prouviez rien contre
moi en disant que l'idée de Dieu qui est en nous
n'est qu'un être de raison; car cela n'est pas vrai,
si par un être de raison l'on entend une chose qui
n'est point, mais seulement si toutes les opérations
de l'entendement sont prises pour des êtres de rai-
son, c'est à-<lire pour des êtres qui partent de la
raison, auquel sens tout ce monde peut aussi être
appelé un être de raison divine, c'est-i-dire un être
créé par un simple acte de l'entendement divin,
DEsc. H^. II, to. Un homme doué, à mesure égale,
de Jugement et d'imagination, de véhémence et de
finesse, de bel esprit et de sentiment, est un être
de raison, biderot, Règne de Claude et Néron, ii,
S». Il 4" Une personne. Un pauvre petit être, un
enfant malade, souffrant. Je m'arrête et j'entends
Le cri d'un être faible et qui souffrit longtemps, H. i.
ciifi*. Fénel. I, ». Pour cet être enchanteur que le dcs-
tincombla, ducis, Otcar,n, «. || Personne, avec une
signification de dénigrement. Quel être insupporta-
ble! Quel être vil et méprisable I || 6° Vie, naissance.
Mais n'as-tu point appris de qui j'ai reçu l'être?
conit. (tCdipe, v, ♦. Vous ignorez son nom et ceux
dont il tient l'être, mol. l'sychi, iv, a.Xcet enfant
obscur k qui j'ai donné l'être, volt. Orphel. i\, 3.
Le présent, l'avenir, et jusqu'à ta naissance. Tout
ton être, en un mot, est dans ma dépendance, ID.
Mérope, v, ï. Mon être se consume en pénibles
combats, ducis. Oscar, m, s. Faire un doux emploi
do son être. Mes amis, ce n'est pas vieillir, bébang.
Vietll. Oue j'ai bien accompli cette loi de mon être
fsouffrirjl LAMAHT. Méd. i, ». || 6' Ce qui constitue
la nature, le fond d'une chose. Je soutiens que le
temps n'est rien, parce qu'il n'a ni forme ni sub-
stance; que tout son être n'est que couler, c'cst-à-
diroque tout son être n'est quede périr, et, partant,
que tout son être n'est rien, boss. Yol. de Monlerby.
II Ce qui constitue le caractère d'un être vivant, et,
en particulier, la personnalité d'un homme. C'est
donc la pensée qui fait l'être de l'homme, et sans
quoi on ne peut le concevoir, pasc. Pens. part, i,
art. 4. Nous ne nous contentons pas de la vie que
nous avons en nous et en notre propre être : nous
Toulons vivre dans l'idée des autres d'une vie ima-
ginaire , cl nous nous efforçons pour cela de paraî-
tre; nous travaillons incevsamment à embellir et à
conserver cet être imaginaire, et nous négligeons
U véritable, id. Pens. 1. 1, p. sut , éJit. laiiure. Les
ancien» ami» sont les seuls qui tiennent au fond de
notre être, volt. Leit. Mme du Deffant, 27déc. 1768.
C» monde est un grand bal où des fous.... Pensent
•onor leur être et hausser leur bassesse, id. Dite. t.
Je chtn» un époux et je révère un maître; Voilà
mw «nument», et voilà tout mon être, id. OJwnne,
1, ». Oisposex de moi comme d'un homme qui n'est
Jiu. rten pour lui-même, et dont tout l'être n'a de
2f ^îllil.!'""' '.'■ """"'• '"'• '• '«• Le cheval
Ml OM cr4tluiequi renonce* son être pour n'exis-
ÊTR
ter que par la volonté d'un autre, BtTFPON, Cheval.
Il Un nouvel être, nouveaux sentiments, nouvelles
forces, nouvelles ardeurs. J'ai pris un nouvel être.
Notreespritéclairé tedoit un nouvel être, volt. .^iï.
I, î. Il 7* U réalité. En tout Zadig préférait l'être au
paraître, volt. Zadig, *. || Existence, importance,
en parlant des choses. Celait [porter le bougeoir du
roi] une distinction qui se comptait, tant le roi avait
l'art de donner l'être à des riens! st-simon, »o2, 02
Il 8»Manière d'être, condition, position danslemondc.
Il m'apprit en secret et son nom et son être, maik.
So(tm. 1, 6. On pourrait voir chaque chose réduite
En son état, s'il arrivait qu'un jour L'autre (le maî-
tre] devint l'intendant à son tour; Car, regagnant
ce qu'il entêtant maître. Ils reprendraient tous deux
leur premier être, la font. Belph. M. d'O fut mis
auprès de M. lo comte de Toulouse avec le titre de
gouverneur et d'administrateur de sa maison; cela
lui donna un être, une grosse subsistance, st-si.u.
39, 20t. Vaudemont, sans biens, sans être, .sans éta-
bli.ssement que ce qu'elle lui donnait, s'était soumis
aux ordres de l'Espagne, id. 96, 17. || Être représen-
tatif, qualité de représentant, d'ambassadeur. Si les
ambassadeurs abusent de leur être représentatif, on
le fait cesser, en les renvoyant chez eux, mont. Hspr.
XXVI, 21. 119" S. m. plur. Les êtres, voy. êtres.
— IIIST. XII' s- Je deî-sse et l'estre et l'errement,
Se j'osaisse en faire mention. De la grant cour de
France au dousrenon, hues de laferté, Tioman-
cero , p. 482. Ire et malveis conseil unt le rei de-
ceO, Oui l'unt vers le saint humme issi fort com-
mcQ; Li leis aveit sun estre [ sa manière d'Être]
ainceis bien coneû; Or cuidout [pensait] qu'il fust
tels cum il l'outainz veO, Th. Je mort. 39. Purespicr
et aprendre l'estre, e damager lo païs, ses messa-
ges i ad enveied, Tloù, p.) 51. Ilxiii* s. Or me laissiez
dont [donc] demander : Veniste» vos por truander?
Naie [non] , ainz je ving [vins] veoirvostre estre, Tien.
999. Et il les.sent la fin commune, Xquoi tendent et
tendre doivent Les choses qui estre reçoivent, la Rose,
6366. Il [l'homme] a son estre avec les pierres. Et
vi t a vec les herbes drues , Et sent avec les bestes m ues,
i6.(9246. Il XIV* s. Telle personne seroit bien loing
(le la commune nature et de l'estre des hommes,
ORESMF-, Elh. 97. Le père est au (Hz cause de son es-
tre, id. tft. 248. Il XV* s: Aucune fois venoit la royne
vers luy, ou on lui aportoit ses enfens; là parloit
aux femmes et demandoitde l'estre [de l'étal] de ses
enfens, christ, de pisan, Charles Y, i, te. Deman-
dèrent l'ung à l'autre dont ilz estoient, et quelle
adventure le menoit si seul; et il lui compte de son
estre une partie, Laneelot du Lac, t. ii, f° 34. Bons
mariniers experts qui sachent l'estre et la naissance
de tous vents, le Jouvencel, f'ss, dans lacurne.
Gérard, sachant .son estre [ayant l'usage du monde],
comme celuy qui à la court avoit esté nourry, les
salua moult courtoisement , Gérard de Nevers ,
I" part. p. t25, dans lacurne. || xvi* s. Le masle et
femelle ne cerchent seulement leur estre, mais aussi
de s'ayder l'un l'autre , la boétie, 89. Qui ne se
savent garder d'adviser à leurs naturels privilèges e'.
de se souvenir des prédécesseurs et de leur premier
estre, id. Serv. volant, p. 43, édit. felgère. Lycur-
gus n'a point laissé de livres ny de papiers, ains a
produit et mis realement en estre une forme de gou-
vernement que nul avant luy n'avoit jamais inventé,
amyot, Lyc. 65. Nous adorons nostre roy , comme
l'image du Dieu de nature, qui maintient toutes
choses en leur estre et entier, id. Thém. 49. Il y a
encore jusqucs aujourd'huy en estre quelques uns
des dons qu'il a consacrez aux dieux, id. Nicias, 4.
Bien que les champs de ton estre [pays].... Du pays
qui me vid naistre , Ne se bornent pas bien loin,
RONS. 548. En dignité pareille il nous faudroit donc
estre, Si voulions ressembler les auteurs de noslre
estre, in. Eleg. to. L'un [au lit de mort] plainct la
compagnie de sa femme, l'autrede son fils, comme
commoditez principales de son estre, mont, i, 79.
Il est du lignage et estre dont l'héritier procède,
CousMim. gêner, t. i, p. «97. Ne se faut point es-
merveiller si nous voyons venir en estre quelque
chose qui paravant n'ait point esté, pasqqier, Let-
tres, t. ui, p. 610.
— ÊTVM. Etre *.
3. ÊTKE (ô-tr'), ». m. Terme d'administration fo-
restière, qui s'emploie dans la locution : à blanc
être, synonyme de à blanc estoc. Voy. estoc.
— Hist. XVI* s. Si je voulois me contenter d'en-
mencr ce quejetrouverois de trouppes en estre [sur
pied], BASSOMPIERRB, hdm. t. n, p. iss.
— ÈTYM. Estre a quelquefois signifié être debout
par une confusion avec le verbe ester qui a propre-
ment ce sens. C'est ce qui est arrivé ici.
1<TR
ÉTRfiCI, IE(é-tré-si, sie), part, passé. Rendu
plus élroit. Le lit de la rivière ôtréci par un barrage.
ËTRÉCIR (6-tré-sir), p. o. |1 1° Rendre plus étroit.
Rirécir un lialiit. Qui servent à élargir et à étrécir
les entrées, desc. Pass. i, t5. Il prit les habits de
Ragotin et il en étrécit le pourpoint et les chausses,
SCARR. Rom. corn. u,«. || Aujourd'hui on dit plus
souventrétrécir, qui n'est pas aussi exact. || Termede
manège. Étrécir un cheval, le ramener graduelle-
ment sur un terrain étroit. || 2° Fig. De peur (;ue les
peines n'étrécissent le cœur que Dieu veut dilater,
Boss. Lett. abb. 208. || 3" S'étrécir, v. rdfl. Devenir
plus étroit. Cette toile s'étrécira au blanchissage. Le
cliemin va en s'étrécissant. Sa gorge enfle, et du
sang dont le cours s'épaissit. Le passage se ferme
ou du moins s'étrécit, corn. Attila, v, 6. La glotte
s'élargit ou s'étrécit selon les tons qu'elle doit
former, boss. Connaiss. ii, a. Tantôt ces bandes
[de la planète Saturne] s'étrécissent, tantôt elles
s'élargissent, fonten. Mondes, 6* «oir. La prunelle
s'étrécit ou s'élargit à une lumière plus forte ou
plus faible, buff. De l'enfance. \\ Fig. Devenir plus
intime. Depuis ce temps naquit une amitié entre
nous qui s'est toujours étrécie , st-sim. 3)H, i;a.
Il Kig. Devenir étroit, inhabile à comprendre. L'esprit
s'étrécit à mesure que l'ftmese corrompt, i. J. rouss.
Iléloïse, II, 27. Il Terme de manège. Un cheval s'étré-
cit lorsque, n'allant point assez au large, il perd de
son terrain et s'approche trop du centre de la volte.
— llis T. xm* s. Et si tu n'as si grant richece Qu'a-
voir les [certaines choses] puisses, si t'estrece [res-
serre la dépense], la Rose, 2168. Quant aucuns se
plaint d'impeecemens de lor communs, si comme
de cemins qu'on a estoupés ou estreciés.... beaiim
IX, ». Ilxvi* s. D'autant s'est relasché le noeud de
l'affection, que celuy de la contraincte s'est estrecy,
mont. III, 6. Les bords de la boette, qui sont carti-
lagineux, se sont estressis, et les ligamens relaxés
et allongés, PARÉ, xxi, 27. Depuis il changea d'o-
pinion et estroissit la bataille de ses gens de pied
en forme de brique plus longue que large, amïot,
Crassus, 43.
— ÉTVM. Etreit, qui est resté la forme norman.le
d'^(rot«, et qui, sous l'orthographe estreit, ét-it
dans l'ancienne langue la forme dialectique de Pa-
ris et de l'Ouest; Berry, élretiir ; génev. étroicir.
Dans la plus ancienne forme, ce verbe est de la i"
conjugaison, esireeer, estrecier.
ÉTRËCISSEMENT (é-tré-si-se-man) , s. m. Action
d'étrécir; état de ce qui est étréci. L'étrécissemeut
du lit de la rivière accéltire le cours de l'eau.
— HlST.xvi* s. Les planches et quarreaux seront
tant longs que voudra, mais seulement larges «le
quatre à cinq pieds, afin que par tel estroicissement
des costés l'on puisse attaindre avec la main jus-
qu'au milieu, 0. de serres, 632.
— ÉTifM. ÉIrécir.
t ÉTRÉCISSURE (é-tré-si-su-r') , s. (. Terme de
Dévier. Etat de ce qui est étréci.
— ÉTYM. Étrécir.
tÉTRElGNOlR (é-trè-gnoir), s. m. Terme de
construction. Instrument garni de clefs, avec lequel
on serre des pièces assemblées les unes dans l.s au-
tres.
— ÊTYM. Étreindre.
ÉTREINDRE (é-trin-dr'), j'étreins, tu étreins, il
étreint, nous étreignons, vous étreignez, ils étrei-
gnent; j'étreignais; j'étreignis; j'étreindrai ; j'é-
treindrais; étreins, étreignons; que j'étreigne, que
nous étreignions, que voijs étreigniez; que j'étrei-
giiisse; étreint; étreignant, v. a. || 1° Serrer forte-
ment par un lien. Étreignez ce fagot. || 2° Serrer,
presser. Il l'étreignit si fortement qu'il lui fit perdre
la rcspintion. Et des plis écaillés qu'avec force il
déploie, Saisit, étreint, étouffe et dévore sa proie,
DELiLLE; Trots règ. vu. || Fig. Étreindre les nœuds
d'une alliance, les resserrer. Mes bienfaits l'ont étreint
d'une chaîne éternelle, thistan, Panthée, i. i.
Quand les chaînes d'hymen étreignent deux esprits,
MAiR. Sophon. IV, t. Il 3» S'i'lreindre, t). rcft. &e
serrer l'un l'autre. Ces deux athlètes s'étreignireiit
de leurs bras nerveux. || Proverbes. Qui trop em-
brasse mal étreint, signifie qu'il ne faut pas faire
plusieurs entreprises à la fois. || Plus il gèle, plus
il étreint, c'est-à-dire plus un mal continue, plus
on en est accablé. Dans celte locution, étreindre est
pris absolument : Plus cela étreint, serre.
— HIST. xu* s. Là courona .sa famé Guitecllns li
pnissaiiz; Doucement la baisa et estraint par le»
flans, Sax. v. || xm* s. Doucement [il] l'a [sa fille]
baisiée, estrainte et acolée, Berle, cxxvi. Mais por
Diu esiraignez vostre consel entre vous, et faites si
que U bonnour de l'empereour i soit, etqua tous
l
ÉTR
ËTR
ETR
1535
n'i soies pierdant, ii. devalenc. xvii. Etamorsplus
et plus me lie, Et tout aiiès estraint ses las, Tant
cum j'i ni plus de solas, la Rose. 3387. || xiV s. Et
ainsi sa félicité n'est en rien altérée neiauée, mais
elle est pour ce aussi comme astreinte et compri-
mée, ORESME, Elh. 25. Qui trop embrasse pou es-
traint, Uéiiagier, l, ». 1| xv* s. Lors le liaisa et lui
estraingnit la main, en signe de trùs grand amour,
FROiss. I, I, <7. Le roi anglois entendit par ceux et
par autres que la cité estoit durement estreinte, id.
I, I, <32. ijxvi* s. Nous embrassons tout, mais nous
n'cstreignons que du vent, mont, i, 230. 11 feit
tant qu'il approcha de sa bouche le bras de celuy
qui l'estraignoit, et le mordit.... amyot , Aie. 3.
Si le ciel se descouvroit, il geloit et estraignoit si
ruidement, que les chevaux ne pouvoient boire de
l'eau des rivières, id. LucuU. 63. Pour estraindre
en peu de paroles ce qu'il estond bien au long, id.
Arlax. <3.
— KTYM. Provenç. estrenher, estreigner ; catal.
estrenger; ital. stringere, stregnere; du latin strin-
gère, serrer. Comparez l'anglais itn'nj, corde.
ÉTREINT, EINTE (é-trin, trin-f), part, passé
d'élreindre. Un cerf étreint et dévoré par un hua.
ÉTREINTE (é-trin-f), s. f.\\i° Action par la-
quelle on étreint. L'étreinte d'un nœud. Enfin, lasso
du jour, dans un transport fatal, Change en lien
mortel son vêtement royal. S'y suspend et finit
dans cette étreinte afi'reuse Par un trépas cruel une
vie odieuse, delille. En. xii. || 2° Par extension,
action de presser quelqu'un dans ses bras. Les étrein-
tes de l'amitié. Ses bras savent trouver des étreintes
caressantes, j. j. Bouss. Emile, iv. Je l'embras-
sai pourtant avec un serrement de cœur qu'il parta-
geait et qui se fit sentir réciproquement par de
muettes étreintes, plus éloquentes que les cris et
les pleurs, m. Héi. m, 44. ||3° Lien qui unit avec
une grande force morale. Serre d'une étreinte si
ferme Le nœud de leurs chastes amours Que....
MALH. II, 3. Serre encore ces nœuds d'une étreinte
plus forte, TBisTAN, U. de Chrispe, v, to. Et nous
sommes liés d'une chaîne si sainte Qu'on ne saurait
saDS crime en défaire l'étreinte, maibet, Sophon.
IV, 6. Et lors d'un nœud sacré l'inviolable étreinte,
COBN. Tois. d'or, i, 2. ô doux liens, 6 douce
étreinte I ô favorable poidsdujoug religieux! Sainte
captivité, qu'on te doit de louangesl m. Imit. m,
io. D'une étreinte invincible il [l'homme] embrasse
la vie, A. ciiÉN. tB7. Il 4° Sac de crin dans lequel on
renferme les graines oléagineuses avant de les sou-
mettre à la presse. Il 5° Nom, auxvii' siiicle, d'une
sorte de lien ou ruban. Les étreintes des demi-
ceints et branches d'éperons seront marquées et
contre-marquées, liègl. 30 déc. 4079.
— REM. Au commencement de ce siècle, Mercier,
dans sa Néologie, se plaint qu'étreinte tombe en
désuétude; aujourd'hui ce mot est redevenu d'un
usage très-fréquent : Les étreintes de la nature;
Une douce étreinte entre deux âmes; L'étreinte de
la reconnaliisance, etc.
— IIIST. XIII' s. Sire, pour Dieu mercis; ci n'a
mestierd'estrainte [de contrainte], audefr. le bast.
Romancero, p. 4 7. || xvi* s. Leurame [des femmes]
ne semble assez ferme pour soustenir l'estreinte d'un
nœud si pressé et si durable [celui de l'amitié],
MONT, i, HO.
— ÉTYM. Étreint.
ÉTRENNE (é-trè-n') , s. f. || 1° Présent à l'occasion
du premier jour de l'an. Recevoir des étrennes. Cet
enfant a reçu de très-jolies étrennes Si je t'ap-
prends la guise Et le moyen d'être un jour plus content
Qu'un petit roi, sans te tourmenter tant. Que me
veux-tu donner pour mes étrennes? LA FONT. Jument.
Vous m'envoyez donc des étrennes, ma Irès-chère?
sÉv. Ï96 Compare prix pour prix Les étrennes
d'un juge et celles d'un marquis, bac. Plaid, i, 4.
Mon libraire à qui j'ai donné cette petite histoire
pour ses étrennes, volt. Babijl. 1 1. 1| En ce sens, il
s'emploie le plus souvent au pluriel. || Au sing. Un
cadeau. Pourrez-vous souffrir que ma veine Ose vous
donner une étrenne. Vous qui n'en recevez que de
la main des dieux? volt. Épit. i. || 2° Au sing. Pre-
mière vente que fait un marchand dans sa journée.
J'ai toujours entendu dire qu'il ne fallait jamais re-
fuser son étrenne, legband , les Paniers , se. 2.
!| 3- Le premier usage qu'on fait d'une chose. Ce
linge est neuf, vous en aurez l'étrenne. || Donner à
quelqu'un l'étrenne de sa barbe, se faire embrasser
par quelqu'un quand on vient d'être rasé. |{ Proverbe.
i bon jour, bonne étrenne, se dit quand il nous
arrive quelque chose d'heureux en un bon jour.
— HIST. XII' s. Se truis Roland [si je trouve Ro-
land] , de mort [je] li fas estregne, llonc. p. 42. Près
[ils] ne m'ont mort; Diex leur doint maie estraine,
Couci, XIV. Il xiii' s. [Dieu] Lui a cestui lundi envoie
bonne estraine, Berte, l. || xiv° s. Messire Thomas
Channcnne, chevalier trenchant du royd'Engleterre,
lequel est veuu apporter l'estraine du roy d'Angle-
terre du jour de l'an, de laborde. Émaux, p. 307.
Sire, disÏBauduins , si soitcom vous plaira; Qui re-
fuse au matin l'eslrine, granttorta; En toute la jour-
née, jabiennevendera, Paud. deSeb. va, B38. ||xv'
s. Le lundi, premier jour de la semaine , abonne es-
trainne, se départirent ces gens, fboiss. ii, ii, los.
Escoutez les dures nouvelles Que j'oui le jour de
l'estraine, a. chartier, p. 625. Le dimanche après
les estrenes [le ("jour de l'an], Ord. des rois de Fr.
t. m, p. 683. Vous estes entré en ceste terre, en
vostre pute estraine, car vous y mourrez, l'crcefo-
rest, t. IV, f" 46. Il XVI' s. Et recevoir vueillez aussi
les gants, Que de bon cueur vous transmets pour
l'estraine De l'an présent, marot, ii, 73. Le prince
voulut donner les estrennes [ironiquement] au car-
dinal, d'aub. Hisl. m, 440.
— ÉTYM. Wallon, stremm; provenç. cstrena, es-
trenha; espagn. estrena; ital. strenna; du latin
strena, étrenne.
ETRENNE, ÉE (é-trè-né, née), part, passé. \\ 1° Qui
a reçu des étrennes. Cet enfant étrenne par les amis
de la maison. || 2° Dont on a fait usage pour la pre-
mière fois. Mon habit neuf étrenne pour aller dîner
chez vous. Il Z" A qui on a acheté pour la première
fois dans la journée. Un marchand étrenne.
ÊTRENNER (é-trè-né) , v. a. \\ 1° Donner des
étrennes à quelqu'un. Il a étrenne d'une poupée cette
petite fille. || Fig. Autrefois l'amour vainqueur Dans
mon cœur Aujourd'hui t'eût étrennée, Mais il est
mort l'autre année De douleur, chaulieu, à Urne D.
Étrennes. La nature en vous faisant naître Vous
élrenna de ses plus doux attraits, voLT.^p. i. ||2°Par
extension, faire usage d'une chose pour la première
l'ois. Etrenner une robe. Cela n'a pas encore servi,
vous l'étrennerez. Enguerrand de Marigny, qui les
lit b.ltir [les fourches patibulaires] , les étrenna,
saint-foix, Ess. Paris, Gîuvres, t. iv, p. oi , dans
pouGENS. Il 3" Être le premier qui achète à un mar-
chand. Ëtrennez-moi, je n'ai encore rien vendu au-
jourd'hui. Bénie soit la main qui m'étrenne, formule
dont beaucoup de marchands ambulants se servent
au premier argent qu'ils reçoivent dans la jour-
née. || 4° K. n. Faire une première vente, en par-
lant des marchands. Je n'ai pas encore étrenne
d'aujourd'hui. Apollon avec sa lyre S'en alla sans
élrenner pas, boursault, Ésope d ta cour, i, 5. || Fig.
Ne craignez rien, cette canaille ne fera pas fortune;
le dogme qu'ils prêchent et la morale qu'ils ensei-
f-'nent sont trop absurdes pour etrenner, d'alemb.
Lelt. à Voltaire, 2 mars (704.
— HIST. XII* s. Dapteiez fu li vasletons [l'enfant] ;
Aveirs trop beaus e riches dons Li a sis parreins pré-
sentez; De lui fu primes estrenez, benoît, ii,(0709.
Il XIII* s. L'aloete cante d'amor. Si estrine l'aube del
jor, Partonopeus, v. 2(. Et maintenant ce chape-
let. S'il vous plest, [à] Bel acueil portés. Et de par
li le confortés, Et l'estrenésd'ung biau salu, laltose,
(2047. Il XV* s. Elle luy priaqu'd l'estrenast le jour
des estraines, Àrresta amorum , p. 204, dans la-
CURNE. Il XVI* s. Mais de communiquer son honneur,
et d'estrener aultruy de sa gloire , il ne se veoid
gueres, mont, i, 32(. X vous qui avez tout, je ne
sçaurois donner Présent, tant soit-ii grand, qui vous
puisse estrener, bons. 608.
— ÉTYM. Étrenne; wallon, strimé; provenç. et
espagn. esirenar ; portug. estrear.
ÊTRES (ê-tr'), s. m. plur. Les diverses parties
d'une maison; la distribution différente des pièces
dont elle se compose. Je sais les êtres, je vous con-
duirai. Savoir les êtres de la chapelle, la bruy.
XIII. Tu sais parfaitement les êtres de la maison,
J. J. rodss. llél. i, 53.
— HIST. XII* Li reis estut [stetit] as estres en cel
palais auchur [élevé, mot k mol altius]. Th. le
mart. ((7. Seoir en voist [qu'elle aille s'asseoir] en
mil cel estre Lès celé ente qui est fleurie, Lai d'I-
gnaur. On le doit nommer quand il tonne; Jà puis
ne carra [choira, tombera] cos [coup] en l'estre, ib.
Il XIII" s. En mi la chambre aveit deus liz Bienatur-
Bez et bien garniz; Li neims [le nain] apele Dé-
siré, Si li ad tut l'estre mustré. Lai del Désiré.
Atant est cil entré en l'estre. Lai de l'Ombre. Re-
nart, qui savoit tous les estres, Regarde par unesfe-
nestres Se elesestoient fermées, lien.iSi'i. Lors s'en
vient droit à la feaestre Corne cil qui savoit bien
l'estre, du cange, asirum. Tant fui [je fus] à
destre et à scnestre. Que j'oi [j'eus] tout l'afere et
tout l'estre Du vergier cerchié et vetl, la Uose, ( 425.
Qu'ai n'entrecloe aire les fenestres, Que si soit um-
bragiés li estres, Que s'ele a ne vice ne tache Sor sa
char, que jà cil nel sache, la Pose, liisa. As estrei
delà tour estes vous [voilà] Garsion, Ch. d'Ànt. lu,
870. [Des voleurs entrés ilans une maison pauvre]
Lors s'assirent, regardent l'estre, Les angles et les re-
postailles [les lieux où l'on serre]. Fabliaux mss de
St-Germ. f 52, dans lacurne, || xv* s. Et quant re-
venus fui en l'estre. Par dessous le rosier m'assis,
fboiss. Espiiictte amour. Le suppliant trouva, en
ung vieil aistre où il y avoit ung four, du seigle,
DU GANGE, astrum. Le astre demurra au puné [la
maison demeurera au puîné], id. ib. On auroitune
lieue alée. Avant qu'on soit hors de cel estre, E.
DEscii. Poésies mss. f" 5(2, dans lacurne. ||xvi* t.
Que mille corps restent ci pour hostaiges, Dont
remplis sont nos monumens et estre, j. marot, v,
(0. Regarde donc Paris, ton royal estre, D'œil da
pitié; tu es son dieu terrestre, m. ti).209. Estant en-
tré la nuict dedans cette maison grande, dont il ne
sçavoit pas les estres, amyot, Cic. 30.
— ÉTYM. Origine inconnue. L'orthographe est or-
dinairement ciYre, rarement aistre. Quant au sens,
il varie: ce mot veut dire chambre, emplacement dans
un lieu ouvert, jardin ou autre; on entre en l'estre,
on parcourt l'estre d'un verger; une tour a des es-
tres ; Paris est dit l'eslre du roi; on dit savoir les
estres ou l'estre d'un lieu. Trois conjectures se pré-
sentent : ou bien c'est le substantif être employé
pour signifier manière d'être, et delà des sens con-
sécutifs qui sont bien forcés; ou bien c'est le latin
atrium, appartement, mais l's est constante dans
notremot, et atrtumavaitdonnéaj'fre (voy. atrium);
ou bien enfin c'est l'ancien haut-allemand astrih,
allemand moderne Estrich, plancher carrelé; mais
ce mot allemand paraît venir du roman : bas-lat.
astricus, milanais astn'c/i, comasque astrac, sicil.
astrucu, altérés, dit Diez, de l'italien laslrico, pavé,
que Diez croit tiré du bas-latin plastrum, plàtie
(voy. ce mot). Dans cette hypothé.■^e, il faudrait ad-
mettrequele français estreou Oîilre, si ancien, pro-
vient de l'altération d'un mot italien, dans lequel
plusieurs dialectes italiques et même le bas-latin
astricus, qui appartient à une très-ancienne pé-
riode de la baiise latinité, auraient pris 1'/ de las-
lrico pour l'article; cela n'est pas probable. Au-
cune de ces trois hypothèses ne peut donc être
reçue. 11 reste un radical astr qui est dans plusieuij
langues romanes, et dans le bas-latin astrum, qui
signifie foyer, maison, qui se retrouve dans dtre
(voy. ce mut) , et au delà duquel on ne peut jusqu'à
présent remonter.
ÉTRÉSILLON (é-tré-zi-llon, H mouillées, et non
é-tré-zi-yon), s. jn. || 1" Terme d'architecture. Pièce
de bois qu'on place en travers dans les tranchées
des fondations. || 2° Sorte d'étançon pour maintenir
les terres dans une mine. |{ 3° Pièce de bois, qui sert
d'appui ou d'arc-boutant, pour soutenir des murs qui
déversent, et tout ce qui a besoin d'être appuyé de
même. || 4° Morceau de bois qu'on fait entrer de force
entre les solives d'un plancher pour le consolider.
— ÉTY.M. É pour es.... préfixe, et trésilton.
ÉTRÉSU-LONNÉ, ËE (é-tré-zi-Uo-né, née, Il
mouillées, et non é-tré-zi-yo-né, née), part, passé.
ÉTRÉ.SILLONNER (é-tré-zi-llo-né, U mouillées,
et non é-tré-zi-yo-né) , v. a. Soutenir, étayer avec
des étrésillons.
t ÉTRICAGE (é-tri-ka-j') , s. m. Terme de ma-
rine. Action d'étriquer; effet de cette action.
t ÉTRICUER (é-tri-ché) ,v.a. Frotter les cordes à
boyau avec un paquet de cordes do crin imbibé d'eau.
ÉTHIER (é-tri-é; l'r ne se lie jamais; au pluriel,
l's se lie : des é-tri-é-z élégants), s. m. || 1° Anneau
pendant de chaque côté d'une selle et servant à ap-
puyer les pieds du cavalier. J'ai déjà remarqué que
chez les anciens, tant Grecs que Romains, il n'est
fait nulle part mention d'étriers; ce qui est bien
étonnant, bollin, Uist. anc. Œuvres, t. iv, p.
665, dans POUGENS. Il Terme de manège. Pied de
l'étrier, se dit du pied gauche, parce qu'on le place
le premier dans l'étrier. IfEn parlant du cheval, le
pied de l'étrier, le pied gauche de devant, dit aussi
pied du montoir. || Courir à franc étrier, courir au-
tant que le cheval peut aller. |{ Avoir toujours le
pied à l'étrier, être toujours en voyage, et, plus
souvent , se tenir prêt à partir. [La Choin était'
toujours le pied à l'étrier pour tous les voyages de
Meudon, st-sim. 295, 30. || Avoir le pied à l'étrier,
être sur le point de partir. || Fig. Avoir le pied à l'é-
trier, être en bonne voie de réussir. || Mettre la
pied à l'étrier à quelqu'un, l'introduire dans uns
carrière. Je n'oublie pas que c'est vous qui m'avez
mis le pied à l'étrier, c'est tous qui m'avez fait en-
1530 ETR
àtliin a tua eooMnrer ui» «wnUKei. Il Perdre les
étrt.« »X ".««ri»", "ro renversé do cheval.
I >Tétr. d*eo..ccr.é, p«r,lre de sm. créJ.l. Le a>a.
^h,id.Villeroy.du fond d.« disgrâce, n'av«il
(■^^ «rdu iJétner. cl.ex Mm. de Ma.ntenon,
Im,!, iMH. ««<. Il Èlre ferme sur ses étriers, être
«jw" sur «on chevsl! et Rg. être inébranlable dans
M manière do »oir, défendre ses sonlimcnls. M. de
Carobray paya d'esprit, d'autorités mystiques, de
fermeté sur SCS étners, ït-sim. m, 438. || Il signi-
fjn aussi «ire dans une position solide. Je ne le vois
pa* bien affermi sur ses étriers, d'alemb. UII. à
l'ollaire, 48 oct. 47«0. || Tenir l'étrier à quelqu'un,
lui aider i monter à cheval en tenant l'étrier. L'em-
pereur devait baiser les pieds du pape, lui tenir
lélrior, volt. Maun, tft. || Fig. Tenir l'étrieràquel-
qu'un, l'aider dans son entreprise. || Le vin de 1 é-
Irier, et, plus souvent, le coup de l'étrier, le der-
nier coup qu'on boit quand on est près de monter à
cheval, ou it cheval même, et, par extension, au
moment de partir, de se quitter. |{ 2° Bas à étrier,
ou, simplement, étrier, bas qui, au lieu de pied,
a seulement une espèce de bande qui passe sous le
pied en forme d'élrier. Les laines de Ségovie et au-
tres laines étrangères ne pourront être employées
qu'en trois fils, excepté seulement pour les menus
ouvrages, tels qiiu lionnets, calottes, chaussons,
éiriers et anlresde pareille qualité, Arrêt du Conseil
durai, 42juil. 4 74 7. || 3° Terme de chirurgie. Ëtrier
ou huit du cou-de-piert, bandage que l'on fait après
la saignée du pied pour comprimer la veine.
Il 4° Terme d'anatomie. L'une des petites pièces os-
seuses de l'intérieur de l'oreille. || 6" Terme de cliar-
pcnlerie. Harre de fer, coudée en deux endroits,
qui sertit .soutenir une poutre. || Terme de serrurerie.
Barre de fer plat à double équerre et à double talon,
servant à soutenir quelque chose. || Ternie de ma-
tinp. Ilande de fer, en forme de crampon, qui sert
k joindre une pièce de bois avec une autre. || Petites
cordes dont les bouts, joints ensemble par des épis-
sures, servent à faire couler les vergues et à d'au-
tres usages. Il 6" Bandes de cuir qui soutiennent les
couvreurs sur les toils. On dit aussi jambier.
— niST. xi* s. L'esireu lui tint ses oncle Guine-
mer, Ch. de Roi. xxvi. jj xii' s. Sun estriu li teneit
li reis al remonter; Et quant li arcevesques le voleil
refuser, Nellairrai, faiseit il.... Th. le mart. 444.
Il xm« s. Nonques miudres [meilleur] sarrasin no
misl pied en estrier, Chr. de Kains, 30. || xV s. Le
sire de Hangest n'en pcnlit selle ni estrier , fhoiss.
1., II, M. Se doit cxerciterà saillir sur chevaux tout
armez et sans mettre pié<M'estrief, cuhist. ce pisan,
Charles V, ii, il. Maintenant elle dit que elle a un
esiref trop long et l'autre trop court, puis dit que le
cheval Irote tropdur, Vestijoyfsde mariage, p. 80.
Il XVI* s. Entré dedans, remlit grâces à Dieu, Tan-
tnst s'en part, mect le pied h l'astrieu , Monte à che-
val,). marot , V, 484. I.'admiral, conduisant l'avant-
gardo, poussa devant lui le prince Porcian etMouy,
lesquels ayans & leur esirié chacun une trouppe
d'arquebusiers.... d'aub. Ilist. i, 404. Ayant misa
ses deux estriers deux bataillons, à droit celui des
François, k gauche celui des Espagnols, pousse....
in. t'b. 468. U n'aura jamais pour ceste occasion si
tost le pied k l'eslrier, que ci n'aye plus tost le cul
sur la selle pour ce faire, m. nu bellay, 4 37. Il l'a-
TOit faict bransler et quasi quicterlesestrieux,c«BL.
VII, î7.
— ETYM. Berry, elrivîeT, elriviire; provenç. es-
treup, esirieu, estriub ; ciM. eslreh;espagn. esiribo.
Ce mot vient, d'après Krisch, du flamand tiriepe,
lanière de cuir; mais Diez, prenant en consitlération
l'eîipagnol «fri6ar, s'appuyer, préfère le haut-alle-
mand ttriban , s'appuyer, l'étrier étant, d'après
cette étymologie, ce sur quoi l'on s'appuie. L'éty-
tnologie lin Friscli paraît plus naturelle.
t fiTRlÈRE (é-tri-ô-r*), *. f. Terme de manège.
Bande de cuir qui tient les étriers suspendus k la
«elle, quand on ne veut pas les laisser pendre. Ce
mol est aujourd'hui plus usité que porte-étriers et
Irousse-étricrs de l'Académie.
— ÊTYM. ÈlrifT.
t fîTRlKUX (é-trl-cû), ». m. pi. Etais transver-
•aui, assujettis d'une maison à l'autre, pour conso-
lider celle qu'on répare.
TJ^^' ^'''" ""* fortes ancienne i'étrier.
IkTRIP. ». m. Voy. bstbif.
KTKlU.B(étrl-U>, H mouillées, et non *-tri-ye),
«• U II »• Sorte de brosse en fer, employée dans le
pansag» <|m gramls animaux domestiques et sur-
tout des iolipédw. Il cja ne vaut pus le manche d'une
liTH
étrille, cela n'a aucune valeur. || 2- Fig. Un cabaret
où l'on paye trop cher. Être logé k l'étrille, l'être
en iinoiiétellerie où l'on fait payer trop cher. || 3» Tôle
demi-forle. || 4' Nom d'une espèce do crabe bon à
manger, sur les côtes entre Caen et le Havre.
— IIIST. xiii' s. Or faut roussin, or faut estrilles.
Espèce à porter par la ville, Choses qui (aillent en
minage. || xvr s. Le malheur fut qu'il s'attaqua à
celle lia cornette] des valets, qui portent l'estrille à
leur drapeau, n'Aua. Ilist. m, 84.
— ETYM. Wallon , sitreie ; cat. estrijol; ital.
slreglia,stregghia; du latin slrigilis, qui a l'accent
sur siri.
ÉTRILLÉ, ÉE (é-tri-Ué, liée, Jî mouillées), por(.
passé. Il !• Pansé avec l'étrille. Un cheval bien
étrillé. Il i' Battu , maltraité. Il a été étrillé d'impor-
tance. Oui, je dormais sur un petit volume Qui me
vaudra d'être encore étrillé , bérano. Cohier. || 3» Qui
a payé trop cher. Étrillé dans cet hôtel, il n'y est
pas retourné.
ÉTRILLER (é-tri-llé; Il mouillées, et non é-lri-
yé), V. a. Il 1' Nettoyer le poil d'un cheval avec l'é-
trille. Même, s'il est besoin, étrille le mulet, Ré-
gnier, Sat. XVI. Il 2° Fig. et familièrement. Étriller
quelqu'un, le battre, le malmener. U faut l'étriller
d'importance. Oui se trouvera pris, je vous pri',
qu'on l'étrille, Régnier, Sat. xiii. Si vous m'y surpre-
nez, élrillez-y moi bien, corn. Suite du lient, m, 5.
Veut-il qu'à l'étriller ma main un peu s'applique?
MOL. Amph. l, 2. Après m'avoir fait si bien étriller,
elle me mit à la porte, en disant qu'elle ne voulait
point souffrir chez elle de fripon, lesage. Cil lilas.
X, 10. Il Par extension. Qui d'estoc et de taille étril-
lent les auteurs, héonirb, .Sa(. x. || U se dit fami-
lièrement aussi d'une bataille. Les Français furent
étrillés à Pavie. || S" Faire payer trop cher. On l'a
étrillé dans cet hôtel. || Il a été bien étrillé, se dit
d'un homme à qui on a fait payer trop cher, ou qui
a fait de grosses pertes au jeu ou ailleurs, ou qui
a passé par quelque rude maladie.
— HIST. xV s Montés sur petites haquenées
qui ne sont ni liées ni estiillées, fboiss. i, i, 34.
Il XVI" s. Il fallut que le prince d'Orange, bien es-
trillé de coups de canon, se relirast pour ce jour,
d'aob. Ilist. II, 70. Bien e.strillée à coups de fouet,
parA, XIX, S2. Ils menoient des valctz de chambre
delicatr, pour lesestriller et frotter dedanslebaing,
amyot, Alex. 72. En Espagne, la beauté est vuidée
et cstrillée [grêle, mince, réduite comme par une
étrille], en Italie grosse et massive, charron. Sa-
gesse, p. 76, dans lACCRNB.
— f.TYM. Étrille; wallon, sirii; provenç. estril-
ftar; catal. esirijolar; ital. slregghiare, stregliare.
ÉTRIPÊ, ÉE (é-tri-pé, pée), porl. passé. Le che-
val aballii et étripé.
ÉTRIPEU (é-tri-pé), t>. o. Oter les tripes d'un
animal. Ç.'l qu'on l'attrape, qu'on le grippe, Çà
qu'on le châtie, qu'on l'étripe, scarron, Virg. iv.
Il Populairement et par une exagération plaisante.
Aller à élripe-cheval , presser excessivement un
cheval. Bon! c'est Pédrille; es-tu tout seul? — Ar-
rivant de Séville à élripe-cheval, reaumarch. Ma-
riage,s, 4 1. Il 2°S'étriper, v. ré/l. Se dit d'une corde
dont les filaments s'échappent par quelque effort
violent.
— HIST. XVI' s. Estriper, cotgravb.
— ETYM. ^ pour es.... préfixe, et tripes.
ÉTRIQUÉ, ÉE (é-tri-ké, kée), ad;. || 1» Qui n'a
pîis l'ampleur suffisante. Cet habit, ce rideau est
bien étriqué. |{ Terme de vénerie. Se dit d'un ani-
mal qui a peu de corps et qui est haut sur ses jam-
bes. Il 2" Fig. Voilà un plan bien étriqué. Cette
scène est bien étriquée. Ce que j'ai dit des arts dans
le Génie du christianisme est étriqué et souvent
faux, chateaub. Italie, 64. || Substantivement. Los
longueurs doivent être accourcies; mais l'étriqué et
l'étranglé détruit tout, volt. ieH.d'/jrjCTiraJ, 4 oct.
4760. Il L'Académie n'a plriîKe'que comme adjectif,
n'ayant pas le verbe étriquer.
t I. ÉTRIQUER (é-tri-k-), v. a. || 1» Rendre étri-
qué. Le Kainm'amandé qu'il avait en vain combattu
Mlle Clairon quand elle m'étriquait le second acte
[deTancrède], auquel la dernière scène est absolu-
ment nécessaire, VOLT. d'Argeulal, 28 oct. 476».
Il 2* Terme de marine. Ajuster. Etriquer une pièce
de bois, en retrancher les parties qui s'opposent à
sa superposition exacte sur d'autres pièces.
— ÊTYM. L'origine probable est le Hainaut
étriqué, rouleau de bois qui sert k raser les me-
sures de grain : d'où étriquer, mesurer rigoureu-
sement, et, figurément, rendre trop juste, étroit.
lîrrt(jfiie vient du flamand itrytcn, racler, allemand
ttreichen. L'ancienne langue a estriquer, qui paraît
ETR
un mot différent et signifie tantôt secouer (Si les es-
trique [les dés], puis li change, Fabl. mss n' 7248,
(' 236, dans lacdbne), tantôt faire sortir un animal
de son gîte; en ce sens il parait être pour ei-lrai/Hcr.
t 2. ÉTRIQUER (é-tri-ké), v. a. Terme de jiêclie.
Passer les doigts entre les harengs qui so;'l aux
ainnettes, pour les empêcher de se toucher.
— ÊTYM. Peut-être l'ancien français estriquer,
dans le sens qui est à l'élyroologie du précédent.
t ÉTRIQUET (é-tri-kè), s. m. Nom d'une osnècede
filet.
— ÊTYM. AUem. Strick, corde.
t ÊTRISTÉ, ÉE (é-tri-sté, stée), adj. Terme de
vénerie. Chien étristé, chien qui a les jarrets bien
formés.
t ÉTRrVE (é-tri-v'), s. f. Terme de marine. Po-
sition d'une manœuvre à laquelle la rencontre d'un
objet quelconque fait faire un angle. || Amarrage fait
sur deux cordages, à l'endroit où ils se croisent.
t ÉTRIVER (é-tri-vé) . || 1° K.o. Terme de marine.
Faire croiser deux cordages; les lier par un troi-
sième. Il 2° V. n. Se dit d'un cordage qui agit ou
appelle en faisant un coude.
— ÊTYM. Ce semble l'ancien verbe estriver, lut-
ter (voy. estrif).
ÉrruiVIÈRE (é-tri-viê-r') , t. f. || 1» Courroie à la-
quelle est suspendu l'étrier. |{ Coup d'étrivière,
coup donné avec l'étrivière. Ce cheval ne marche
qu'à coups d'étrivières. On peut lui donner cent
coups d'étrivières, volt. Amabed, 45* lett. d'Ama-
bed. Il Fig. Allonger l'étrivière, susciter une difli-
culté noiivelh^, un nouveau retard. || i° Au jilur.
Coups d'étrivières. Recevoir les étrivières. Il me
fera donner les étrivières si je ne le salue, pasc.
Pens. div. 4 37. Les fouets hâtifs sont déployts.
Oui de cent diverses manières Donnent à l'air les
étrivières, J. b. rocss. Lelt. àl.afosse. |{ Fig. J'ai bien
reçu ma part des étrivières; Grippe-minaud m'en
donna pour trois mois [d'emprisonnement], bé-
RANG. Cahier. \\ 3" Fig. Tout mauvais traitement qui
humilie ou déshonore. Il ne s'en est tiré qu'avec les
étrivières. Monsieur de l'épée royale, vous aurez,
au premier jour, les étrivières de ma façon, dan-
COLBT, Maison de camp. se. 30. jj S'en tirer avec
les étrivières, se dit aussi des entreprises oii l'on
reçoit quelque dommage, des affaires oii l'on perd
de l'argent.
— HIST. xii* s. Li chevax venoit trestoz seus
[seul]; S'ot de sanctainte l'estriviere, la Clutrretle,
262. Il XIII* s. Li lormier de Paris pueent taiUier
et faire taillier leur renés , leur cheneles , leur
poitriaus, leur estrivieres et toutes les choses qui à
leur mestier apartienent, Liv. des met. 22:). Toutes
manières de genz autres que chevaliers ne se dei-
vent combatre à pié, en bliaus ou en cotes rouges
et chauces rouges à estrivieres, sanz soliers.^ss. d.:
Jér. I, 478. Il XVI* s. Or si quelqu'un estrivoit, assa-
voir s'il y a eu un Platon, je vous prie, ne l'esti-
meroit-on pas digne d'estre chastié de bonnes
estrivieres? calv. Inst. 42. Ses vers sont faicts à
estriviere, Fort court devant, fort long derrière,
DU VERDiEB, Bibl. p. 237, dans laccrne.
— ÊTYM. Ane. franc, estrif, étrier (voy. étrier) ;
provenç. estrubieira; espagn. esiribaderai portug.
estribeira.
ÉTROIT, OITE(é-troi, troi-t'), adj. \\ 1* Qui a peu
ou n'a pas assez de largeur. Habit étroit. Rue étroite.
Dans un chemin étroit je trouvai deux guerriers,
VOLT. Œdipe, iv, 4 . Il fallut disputer, dans cet étroit
pa.ssape,in. ib. \\ Fig. et familièrement. Avoir la con-
science étroite comme la manche d'un cordelier,
n'être aucunement scrupuleux. || Terme de manège.
Un cheval étroit de boyau, cheval qui a le ventre
serré et les côtes plaies. {{ Adverbialement. .Mener
ou conduire un cheval étroit , lui donner peu de
terrain. || 2° Fig. Resserré, restreint. Ses affections
se renferment dans un cercle étroit. Nous divisons
les choses les plus simples en diverses idées, parce
que notre esprit est encore trop étroit pour les pou-
voir comprendre toutes ensemble , Nicole , Ess.
de mor. \" traité, ch. 8. Si son astre en naissant
ne l'a formé poète. Dans son génie étroit il est
toujours captif; Pour lui Phébus est sourd, et Pé-
gase est rétif, boil. Art p. I. || Des bornes étroites,
d'étroites bmitcs, se dit de ce qui a peu d'extension,
de ce qui est fort limité. Les bornes étroitesdu jour-
nal ne permettent pas de traiter toute sorte de ques-
tions. Il C'est un cerveau étroit, c'est un génie
étroit, un esprit étroit, c'est un homme de peu de
jugement, de peu de capacité, un homme dont les
idées ont peu d'étendue. Un génie étroit qui ne voit
les choses que par parties, et n'embrasse rien d'une
vue générale, MONTKsg. LeU. pers. 429. || 11 se dit,
ÉTR
ETR
ÊTU
1537
dans un sens analogue, de ce qui est sans portée,
sans grandeur , sans générosité. Une politique
étroite et oppressive mettait plus d'entraves aux
bonnes intentions des jésuites que l'opposition de
l'ennemi, chateaubr. Génie, iv, iv, 8. Les esprits
étrangers à l'activité comme à la méditation ont
quelque chose d'étroit, de susceptible et de con-
traint qui rend les rapports de la société tout à la
fois pénibles et fades, m"' de stael, Corinne, xiv,
1. Il 3° Où manque l'aisance. Sans fortune, saiis es-
pérance, et presque sans ressource, il se réduisit à
un genre de vie fort étroit, d'alemb. Éloges, du
Marsais. \\i° Très-uni, intime. Fières sœurs, si ja-
mais notre commerce étroit Sur vous et vos serpents
me donna quelque droit, cobn. Médée, i, 4. Con-
corde étroite, rotr. Bélis. m, 2. Ce sont doux arls
[la musique et la danse] qui ont une étroite liaison
ensemble, mol. Bourg, gent. i, 2. Il me favorisa
même quelquefois de sa plus étroite confidence et
i me fit voir son âme entière, et que n'y vis-je point!
BOIL. Lulr. Préf. U y avait une alliance étroite
entre Attila et Genséric, roi des Vandales, montesq.
Rom. ch. 19. Sans l'étroite amitié dont l'honore Ti-
tus, VOLT. Brut. IV, 7. Il Cœur étroit, cœur qui n'a
point d'expansion, de charité, de sensibilité. Faibles
esprits, ou plutôt cœurs étroits et entrailles resser-
rées, que la foi et la charité n'ont pas assez
dilatées pour comprendre toute l'étendue de l'amour
d'un Dieu, boss. Anne de Goni. Les cœurs étroits
ne sentent jamais de vide, parce qu'ils sont toujours
pleins de rien, J. J. rouss. Lettre à Urne de B. Cor-
respond, t. II, p. 201, danspouGENS. || 5° Qui est
selon la rigueur de la loi, de l'ordre, par opposition
à relâché. Quand on a failli contre une personne
à qui on a de si étroites obligations que je vous en
ai, VOIT. Lett. U8. Il est libre de quitter la pre-
mière vie pour «n embrasser une plus étroite, pa-
TRU, Plaid. <B, dans richelet. De quelque étroit
respect qu'un amour soit contraint. N'osant pas de-
mander, pour le moins il se plaint, rotr. Bélis. iv,
2. Cette justice étroite que l'on nous rend, bourd.
Carême, i, Jugem. dern. Si l'amour des grandeurs,
la soif de commander. Avec son joug étroit [de
Dieu] pouvaient s'accommoder, rac. Alhal. m, 3.
Vous souvient-il, mon fils, quelles étroites lois Doit
s'imposer un roi digne du diadème? lo. ib. iv, 2,
Cette règle étroite et austère que les disciples de
saint Benoît pratiquent si exactement, FLÉCH-Pon^ff.
I, p. 40t Les devoirs étroits où son rang l'em-
prisonne, c. DELAV. Paria, v, 2. 1| Droit étroit,
droit rigoureusement conforme au texte de la loi,
par opposition à droit par interprétation. On pou-
vait ajouter que ces successions de dignité en colla-
téral étaient de droit étroit, et qu'il ne pouvait dé-
pendre d'une volonté particulière de faire un homme
duc ou de l'empêcher de l'être, st-sim. 64, 60.
il Sens étroit, dit par opposition à sens général,
étendu. Pour terminer le détail des qualités acquises
de M. Leibnitz, il était théologien, non pas seule-
ment en tant que philosophe ou métaphysicien ,
mais théologien dans le sens étroit , fonten. Leibnili.
Il Prendre quelque chose dans le sens étroit, l'inter-
préter selon toute la rigueur de la lettre. || En ter-
mes de l'Écriture, la voie étroite, le chemin étroit,
le chemin du salut, par opposition à la voie large,
c'est-à-dire la perdition. Marcher dans la voie étroite
de l'Êiangile, c'est réformer son cœur et renoncer
à ses passions, bourd. 3* di'in. après la Penlecôle,
Dominic. t. ii, p. 383, dans pougens. |' 6° i l'étroit,
toc. adv. Dans un espace trop resserré. Vous savez
bien comme on est à l'étroit Dans ce logis... la
FONï. Berc. Le scorpion tenait la place de deux
signes.... et, en votre considération, se serait mis
plus à l'étroit, fonten. Dialogues, auguste, Arétin.
Quesnai , logé bien à l'étroit dans l'entre-sol de Mme
de Pompadour, ne s'occupait du matin au soir que
d'économie politique et rurale, marmontel, Mém. v.
il Par extension. Les rois de Macédoine furent ré-
iluits à l'étroit, boss. llist. ii, 9. || Fig. X la gêne,
'oyez dans quel sentier la vertu chemine double-
ment à l'étroit et par elle-même et par l'effort de
ceux qui la persécutent, boss. Reine d'Anglet. \\ Être
à l'étroit, vivre à l'étroit, n'avoir pas les commo-
dités de la vie.
— REM. Au xvu* siècle, il était encore loisible de
suivre la prononciation normande é(reit ; cela est
aujourd'hui tout à fait interdit. La nation des be-
lettes. Non plus que celle des chats, Ne veut aucun
iiien aux rats; Et sans les portes étrètes De leurs
liabitations.... la font. Fabl. iv, 6. Damoiselle be-
iotte au coros long et fluet Entra dans un grenier
par un trou fortétreit, lO. ib. m, 17.
— SYN. étroit, strict. Ces deux mots ne sont
WCT. DE la langue française.
synonymes qu'au sens de rigoureux, sévère, bien
qu'étymologiquement les mêmes, puisque étroit
est la forme française, et strict la forme latine de
strictus ; l'usage n'y a guère mis que cette nuance :
strict peut se dire des personnes, et étroit ne s'en
dit Jamais, en ce sens : un homme strict, et jamais
un homme étroiL
— HIST. XI' s. Es destriers montent, si chevau-
chent estreiz, Ch. de Bol. lxxvii. Contre son piz
[poitrine] estreit [il] l'ad embracet, ib. clxi.
Il XII' s. Bien se défendent à cet estroit passage,
Ronc. p. 65. Saint Thomas e li reis furent mult lun-
guement Emmi le champ tut sul à estreit parle-
ment; Un sul n'i apelerent de très tute lur gent,
ib. tM. Il xiii' s. Estroit [ils] lui ont la corde en la
bouche nouée, Berte, xvi. Moût lui sera la voie du
paradis estroite, ib. cxxxvi. Et s'il n'ont tant de
muebles, les despuelles de lor héritages, par desor
lor estroite soustenance, y corroient, beaum.xvii, 7.
Il XV' s Le comte d'Armignac, qui estoit jeune
et entreprenant et de grand'volonté, demanda ses
armes et s'arma tout au clair et à l'estroit et de
toutes pièces, froiss. m, iv, 20. || xvi' s. Selon les
vivres qui y estoient si estroits, que plus ne se pou-
voient, coMM. vui, 8. Se bâtirent bien estroit, tant
que d'un costé et d'autre en eut plusieurs de morts,
J. T)' wiTon , Annales de Louis XII, p. t88, dans la-
cuRNE. Vous passerez par l'estroict [détroit] de Si-
byle, HABEL. Garg. i, 33. L'estroicte cousture de
l'esprit et du corps, mont, i, io(. Les estruicts bai-
sers de la jeunesse, ID. i, 392. Nous embrassons ce
bien, d'autant plus estroict que.... id. m, K Les
siens qui ne pouvoient, pour l'estroit du lieu, aller
aux coups d'espée, lui faisoient passer de main en
main leurs pistoUets, d'aub. Hist. ii, 290. La ma-
nière de vivre et la police des Candiots pour lors
estoit austère et estroite, amyot, Lyc. B. Cognoistre
les maladies qui requièrent dielteestroitte ou large,
PARÉ, Intr. xiv.
— ÉTYM. Génev. etBerry, étret, étrette; wallon,
silreu ; provenç. estreg, estreit, estrech ; espagn.
estrecho; portug. ettreito; ital. stretto ; du latin
strictus, participe passif de slringere (voy. ètrein-
dre).
ÉTROITEMENT (é-troi-te-man) , adv.\\i°X l'é-
troit, dans un espace resserré. Vous êtes logé bien
étroitement. || 2° D'une manière étroite, serrée.
Ils se tenaient embrassés étroitement. || Fig. Ils
sont étroitement liés. C'est dans cette sainte maison
qu'elles venaient s'unir par la foi et par la charité
plus étroitement qu'elles n'étaient unies par le sang
et par la nature, fléch. Mar. Thér. Dans son voyage
d'Italie, il se lia étroitement avec le cardinal Corsini,
qui fut depuis Clément XII, d'alemb. Éloges, Mon-
tesq. Il 3° Rigoureusement, à la rigueur. Observer
étroitement le carême. De sorte qu'il oblige étroite-
ment tous les Français de reconnaître et de confes-
ser qu'ils n'ont plus ces saintes reliques, pasc.
Prov. 18. 11 faut étroitement observer le silence, Ou
faire d'un secret entière confidence, th. cokn. Mn-
gag. du has. 11, 3. || Avec une grande surveillance,
parce que plus on est dans un lieu étroit, plus la
surveillance est facile. La reine, pendant tout ce
temps, devait être étroitement gardée, volt. Za-
dig, 19. Il 4° En vertu d'une obligation étroite, sur
toutes choses. Scandale qu'il vous est d'autant plus
expressément et plus étroitement ordonné de pré-
venir, bourdal. Avent. Resp. hum. 379.
— HIST. XII' s. Estroitement [il] a Jhesu reclamé,
Ronc. p. B6. Et piez et poinz estroitement liés, ib.
p. 202. Il XIII' Bêle Yolans le baise estroitement. Ro-
mancero, p. 40. Il xiV s. Et ceulx qui gardent leurs
pecunes estroitement, oresme, Elh. no. Nous vous
mandons, commandons et estroitement enjoignons
(\\ie.... Bibl. des chartes, 3' série, t. 11, p. 127.
Il xvi* s. C'estoient lieux, es quelz on apprenoit à
vivre .sobrement et eslroittement, amvot, Lyc. <8.
Ordonnance qu'ilz gardèrent long temps fort eslroit-
tement, id. ib. Ils gardent leurs femmes si eslroitte-
ment, que personne ne les voit jamais dehors,
ID. Thém. 48. Quand le mal vient à son estât, il
faut nourrir eslroittement [en petite quantité], paré,
Intr. <4.
— ÉTYM. Étroite, et le suffixe ment; wallon, ît-
treutmain; provenç. cstrecAamcn; espagn. estrecha-
mente; ital. streitamenle.
f ÉTROITESSE (é-troi-tè-s') , s. f. Qualité de ce
qui est étroit. L'étroitesse d'un logement. || Fig. Nous
l'aurions vu porter dans les fonctions publiques
toute l'étroitesse du petit esprit monastique, Dide-
rot, Sur l'hist. du parlem.
— ÉTYM. Étroit. On trouve dans l'ancienne lan-
gue estrecc et estroisscur.
ÉTRON (é-tron), *. m. Terme très-bas. Matière
fécale consistante et moulée. || Étron de Suisse,
petit cône que les enfants font avec de la poudre à
canon mouillée et mise en p&te, et qu'ils allument
par le sommet.
— HIST. XIII' s. Estrons sans ordure, jubinal. Fa-
trustes, t. Il, 222. Ilxiv's. Adonques,ditle veneur,
tous les estrons que nos chiens font vous feussent
en la gorge! Modus, t" en. || xvi' s. Une tartre
bourbonnoise composée.... d'estronos tout chaulx,
BAB. Pant. II, 4 6.
— ÉTYM. Wallon, stron; ital. stronxo , étron, et
stronzare, couper; bas-lat. strundius, struntus;
flamand, stront, ordure, fumier; de l'allem. ifrun-
len, morceau coupé; du h. allem. strunzan, déta-
cher en coupant : proprement, ce qui est rejeté.
ÉTRONÇONNÉ, ÉE (é tron-so- né, née), pari,
passé. Arbre étronçonné.
ÉTRONÇONNER (é-tron-so-né) , v. a. Terme de
jardinage. Couper fort bas la tête à un arbre.
— ÉTYM. É pour es... préfixe, et tronçon.
+ ÉTROPE (é-tro-p') , s. f. Terme de marine. Nom
de la corde qui entoure le moufle d'une poulie.
t ÉTRUFFÉ, ÉE (é-tru-fô, fée), adj. Terme de
vénerie. Chien étruffé, chien atteint d'étruffure, qui
a une cuisse atrophiée.
— ÉTYM. Altération du mot atrophié.
t ÉTRUFFURE (é-tru-fu-r') , s. f. Terme de vé-
nerie. Maladie qui survient aux chiens, à la suite de
quelque effort, et qui les fait boiter, la cuisse ne
prenant plus de nourriture.
— ÉTYM Étruffé.
t ÉTRUSQUE (é-tru-sk') , s. m. Nom de peuples
confédérés qui habitaient le pays dit aujourd'hui
Toscane, qui exercèrent une grande influence sur
Rome primitive, et qui furent finalement soumis
par les Romains. || Adj. La langue étrusque, ou,
au masculin, l'étrusque, langue parlée par ces
peuples, dont il reste des inscriptions, mais que
les érudits ne sont pas encore parvenus à déchif-
frer. Il Vases étrusques, poterie rouge, brune et
noire, dont on trouve des échantillons nombreux,
qui sont remarquables par la forme et les dessins.
et qui paraissent dépendre de l'art antique des
Grecs.
ÉTUDE (é-tu-d'), s. f. \\ 1° Application d'esprit
pour apprendre ou approfondir les sciences, les let-
tres, les beaux-arls. Passer les jours et les nuits i
l'étude. L'étude des mathématiques. J'estimais fort
l'éloquence, et j'étais amoureux de la poésie; mais
je pensais que l'une et l'autre étaient des dons de
l'esprit plutôt que des fruits de l'étude, besc. iléth.
I, 9. L'étude a été pour moi le souverain remède
contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de
chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé, mon-
tesq. Pens. div. J'entends dire qu'il convient d'oc-
cuper les enfants à des études où il ne faille que des
yeux ; cela pourrait être s'il y avait quelque étude
où il ne fallût que des yeux; mais je n'en connais
point de telle, J. J. ROUSS. Ém. 11. J'ai su, pauvre
et content, savourer à longs traits Les muses, les
plaisirs, et l'étude et la paix, A. chén. Élég. xvi.
Entre l'étude et moi tu partageais tes jours, m. j.
cnÉN. Gracqucs, 1, 4. Dans l'étude autrefois vous
cherchiez un secours, c. delav. Paria, 11, 2.
Il 2° Connaissances acquises. Avoir de l'étude. Mais
je ne trouve point de fatigue si rude Que l'ennuyeux
loisir d'un mortel sans étude , boil. Épit. xi.
Il N'avoir point d'étude, nulle étude, être sans
étude, se dit surtout de ceux qui n'ont point les étu-
des littéraires qu'on fait d'ordinaire dans la jeunesse.
Il Au plur. Les différents degrés de l'instruction
classique. Faire de bonnes études, de mauvaises
études. Le cours des éludes. Traité des études.
Sitôt que j'eus achevé tout ce cours d'études,
au bout duquel on a coutume d'être reçu au rang
des doctes, eesc. Hélh. i, 6. L'abbé d'Olivet
avait dirigé au collège des jésuites les premières
études de cet écrivain célèbre [Voltaire], d'alemb.
Éloges, d^Olivet. \\ Faire ses études, passer par les
.différents degrés d'instruction qui doivent former
l'esprit de la jeunesse. || On dit de même faire des
études. 11 n'a pas fait d'études. || 3° Terme de théâtre.
Action, d'apprendre par cœur un rôle. Il ne lui est
rien arrivé que je ne lui aie prédit à elle-même,
en lui disant adieu, quand je sus l'étude qu'elle fai-
sait de ce rôle, corn. Lett. àl'abbé de Pure, ti
mars (669. || On dit plutôt aujourd'hui étudier un rflle.
Il Mettre une pièce à l'étude, en commencer les ré-
pétitions. Il La pièce est à l'étude, elle est en cours
de répétitions. || 4' Étude, se dit de tout travail p.-é-
paratoire. L'étude d'une question. Les études d'un
chemin de fer. Mettre ua projet de loi à l'élude. Ce
I. — 193
1 ^.•^<^
ÉTU
r*tn
rie.
lie c
(oin •! '
,,. •. iviurfe. Il 6* Un dewln ou un
„iurM do «lUpturo, exécuté pour
re d'un ol.jol. Une étu.le de drape-
, ^ ,..,,.. ,)e Haphaèl. Les études
!)ien il» ont encore lie-
\,j' ,1 de 1767, (>;u». t. XIV,
f'wV " dan»' pouoKHï. Nous y vîmes aussi un
mnd nombre d'étude» qu'ils avaient faites daprts
pluileura beaux monument», et en particulier da-
nrès eolle fameuae »tatue de Polycl&te , quon
nomme la canon ou la règle, barthèl. Anach.
ch 7a II Tête d'étude, tête dessinée pour servir
de modèle. || Terme de musique. Composition faite
pour exercer au doigté , au jeu d'un instrument.
Dm étude» pour le violon. || 6" Soin particulier
Joe l'on apporte à quelque chose. Tandis qu'autour
es deux tu perdras ton étude [à deviner lequel des
deux est ton fils), Mon 4me jouira de ton inquié-
tude, conN. I[((racl. iv, 6. Son ftme semble en vivre
[de soupçons], et je mets mon étude A trouver des
raisons à son inquiétude, mol. D. Gare, ii, 4. Je
mettrais toute mon étude k rendre ce quelqu'un
jaloux, ID. Si'ci'J. 7. Ils emploient toute leur étude
à chercher, Pasc. Prov. ». Se faire une étude d'une
bagatelle, noss m, Véture, 3. Je songe à me con-
naître et me cherche en moi-même, C'est là l'uni-
que étude où je veux m'attacher, boil. ÉpU. v. Je
mets à les former [de jeunes filles] mon étude et
mes soins, bac. Ksth. i, t. ... Ta fière ingrati-
tude Se fait de m'offnnser une farouche étude, volt.
Kortde Ces. ii, 6. Mamain donneau papier, sanstra-
vail, sansétude, Des vers fils de l'amour et de lasoli-
«ude, a. CHêN. Êlig. xvi. || Préméditation L'in-
dignation qu'on prend avec étude Augmente avec le
temps et porte un coup plus rude, corn. Pomp. iv,
«.Tranquille en me frappant, barbare avec étude ,
VOLT. Irène, iv, 4. || 7" Objet d'étude, de soin. Votre
exemple est partout une étude pour moi, corn. Sert,
m, ï. J'ai.... de l'inquiétude De voir qu'un sot
amour fait toute votre étude, hol. Sgan. 7. Je
me suis fait une élude de cet endroit d'une de vos
lettres, sév. 437. jj 8° En mauvaise part. Affectation,
recherche. Éviter l'apprêt et l'étude. Elle plaît sans
étude. Que ne puis-jo vous représenter cet homme
simple et .sans étude T flSch. ii, (24. Toute notre
vie est une étude de vanité, mass. Myst. Ass.
Il 9* Étude est quelquefois un titre d'ouvrage, moins
usité, il est vrai, que essai. Études sur la musique
ancienne. || 10° Anciennement, chambre, cabinet où
l'on étudie, où l'on compose. Et ces heureux ha-
sards de» fruits de mon étude, corn. La poésie à la
p«infur«. Ces vers, produits dans mon étude, Ré-
citent tes commandements, BACAN, Psaume tt 8.
Plus d'un héros, épris des fruits de mon étude,
Vient quelquefois chez moi goûter la solitude,
BOIL. Ép. X. Considérez les avantages d'un homme
(un orateur] qui n'apprend pas par cœur.... la cha-
leur qui l'anime lui fait trouver des expressions et
des figures qu'il n'aurait pu préparer dans son étu-
de, rtn. Dial. sur l'éloq. ii. î| 11- Aujourd'hui, lieu
où l'on réunit les élfves pour étudier leurs leçons
et faire leurs devoirs. Les études de ce collège
sont vastes et bien aérées. || On dit très-souvent
aussi : salle d'étude, jj Dans les lycées de Paris, aU'
lieu d'étude, on dit ordinairement quartier. || Le
temps de ce» exercices. L'étude la plus longue est
celle du soir. || Maître d'étude, maître chargé de
la surveillance pendant les études, les récréations
et les promenades. Le titre officiel est, depuis quel-
ques années, mattre-répétiteur. || U- Pièce où un
notaire, un avoué, un huissier fait travailler ses
clercs. Il Dépêt des minutes et des papiers que les
notaires et lesavoués conservent; clientèle du no-
taire, de l'avoué, etc. Acheter une étude. Il cède
ton étude k son premier clerc.
— REM. Élude a été longtemps masculin , d'après le
UtlD qui est neutre. . Etude pour un lieu où l'on
étudie est féminin; étude pour travail d'étudier est
■ masculin ; qui fait au contraire n'y entend rien,. »
MALH. Comment, tur Desporles , édit. lalannk ,
t. IV, p. 345. Cela est répété par Chifflet, Grainm.
p. M». Aujourd'hui la terminaison féminine l'a dé-
finitivement emporté, et étude est uniquement du
féminin.
— HIST. xii* ». Ainz voliez pcTerte de vostre gré
porter, Rn oreisun adès e en esludie ester, Th. le
niort.st. ||xiu«B. [Les roi» qui] Fièrement metent lor
««tulde X faire entoreus armer gens, la nnse, 62S8.
Il XV* ». Il ne vous est mie mestiers, Dame, dis-je,
qu« le vous die; Car, sans mettre y vostre estudie,
vous en aavés là et avant, froiss. Ksp. amour.
Wlle8B^ n attendez demain; Ksii.de» [universités!,
TOUS deussie;. »ler Devers le roy pour enhorter Le
ETIJ
concilie, et chprclier le voir [le vrai], e. desch.
dans pouoEWS. En laquelle chose France a grand
honneur, le roy et les princes d'icelle, avec la
noble université de l'estude de Paris, Boude, m,
20. J'ai ma fille à marier, où j'ay grant estude de
la bien asseurer, Perceforest, t. v, f 107. || xvi' s.
Mais par sus tout il mit son estudie À reparer son
paîs d'Arcadie, uarot, iv, 77. Puys se mettoyt à
son estude principal par troys heures ou d'advan-
taige, BAB. Garg. i, 23. Et des principaux estudes
de ma vie, c'est que le bout s'en porte bien, mont.
1, 68. Mais on trouva enfin que c'estoit une estude
profonde, so» esprit s'exercitant, m. ii, « 76. Faire
un capitaine d'un personnage qui n'auroit jamais
bougé dedessus les livres en une estude, amyot, Préf.
x, 36. Presque toute leur estude estoit d'apprendre
à obéir, id. Lyc. 33. Si estoit il en ses premiers ans
plus enclein à l'estude de la poésie qu'à nul autre,
ID. Cicéron, 2.
— ÉTYM. Wallon, sitûd, s. t.; proveno. ettudi ;
espagn. esîudio ; portug. cstudo; ital. sixtdio ; dulat.
jludtum. Estudie au xii* siècle est purement ortho-
graphique ; le vers montre que la prononciation était
esluide. Plus tard estudie se dit, mais alors il est
calqué sur le latin.
ÉTUDIANT (é-tu-di-an) , t. m. Celui qui étudie.
Je commence par mettre aux pieds de Votre Ma-
jesté la reconnaissance du jeune étudiant quelle
a bien voulu honorer de ses bontés, d'alemb. Lett.
auroide Pr. 28 oct. (761. || Particulièrement, celui
qui étudie dans une université, et, en France, dans
une faculté. Il y a peu d'étudiants à ce cours. Étu-
diant en droit. {| Au féminin, étudiante, dans une
espèce d'argot, grisette du quartier latin. Commis
et grisettes , étudiants et étudiantes affinent dans
ce bal.
— ÉTYM. Étudier ; provenç. estudian ; espagn.
estudiante; portug. estudante; ital. ttudiante.
ÉTUDIÉ, ÊE (é-tu-di-é, ée) , part, passé. || 1° Oui
a été l'objet d'études. Un auteur étudié avec soin.
Tacite étudié dans les classes. La botanique étudiée
avec ardeur. || Appris par cœur. Leçon bien , mal
étudiée. Il 2° Qui a été médité, composé avec soin.
La lecture de tous les bons livres est comme une con-
versation avec les plus honnêtes gens des siècles
passés qui en ont été les auteurs, et même une con-
versation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent
que les meilleures de leurs pensées, desc. héth.
I, 6. Leur discours étudié ne fit qu'augmenter les
soupçons qu'on avait déjà de la trahison, fléch. Hist.
de Théod.iv, 38. Tout cela était dit avec la rapidité
d'un discours étudié, harivadx, Paysan parv. 6* par-
tie. La tragédie ne représente pas les hommes tels que
nous les voyons dans la société ; elie peint un na-
turel d'un ordre différent, un naturel plus étudié,
plus mesuré, plus égal, condil. Art d^écr. iv, 6.
Il Fig. Feignant des sentiments longtemps étu-
diés, volt. Jf. de Cet. II, 4. Si de votre ennemi la
haine étudiée, id. Irène, ii, *. || Fait, travaillé,
fini avec soin. Un dessin, un tableau fort étudié.
Il S" Oui sent l'étude, le travail. N'attendez pas,
messieurs, que je ménage vos e.çprits, ou que par
des figures étudiées je flatte ou j'irrite votre dou-
leur, FLÉCH. Dauphine. L'arrangement étudié des
expressions, mass. Car. Conf. Fontenelle et La-
motte ont écrit en prose avec beaucoup de clarté,
d'élégance, de simplicité même, mais Lamotte avec
une simplicité plus naturelle, et Fontenelle avec une
simplicité plus étudiée, d'alehb. Éloges, Lamotte.
Il 4° Affecté, sans naturel. Des larmes étudiées. Le
jeu de cet acteur est étudié. Je n'ai jamais su goû-
ter cette tristesse étudiée, balz. liv. vi, lett. 2.
IS'attendez pas de cette princesse des discours étu-
diés et magnifiques, boss. Duch. d'Orl. Sans pitié,
.sans douleur, au moins étudiée, hac. Andr. v, t.
(Cette expression de Racine fut critiquée dans le
temps; à tort; car, bonne en soi, elle était déjà dans
l'usage.) Il II se dit quelquefois des personnes en ce
sens. Il n'est point naturel, il est étudié, Z>t<;<. de
l'Acad.
ÉTUDIER (é-tu-di-é), j'étudiais, nous étudiions,
vous étudiiez; que j'étudie, que nous étudiions, que
vous étudiiez. || 1° F. n. Appliquer son esprit à l'é-
tude des sciences, des lettres, etc. Étudier endroit,
en médecine. Il me semble qu'on pourrait tirer de
là que M. d'Avranches [Huet] est peut-être de tous
les hommes qu'il y eut jamais celui qui a le plus
étudié, D'oLivET, Hist. Acad. t. ii, p. 40S, dans
POUGENS. Il eut de si fréquentes maladies pendant
son enfance que ses parents n'osèrent le pres-
ser d'étudier, mairan. Éloges, abbé de Molières. On
doit étudier autant pour se former l'esprit que pour
•ppiendre, du mabsais, CEuvres, t. i, p. 32. Il
ETU
faut étudier pour s'in.struire. Mais coiuiaent faut-il
étudier? c'est une chose qu'on ignore assez com-
munément, COHDIL. Lang . cale, i, (2. || Étudier en-
semble, être élevés dans le même collège, dans la
même maison d'éducation. || Faire étudier, faire
faire à un enfant le cours des classes. J'enrage que
mon père et ma mère ne m'aient pas fait étudier
dans toutes les sciences quand j'étais jeune, mol.
B. gent. ii, 6. L'on trouva moyen de me faire étu-
dier,j.j. RODSS. JÈm.iv. Il 2° Étudier à, archaïsme resté
en usage au commencement du xvii* siècle. Et puis
quand je n'alléguerais autre chose, sinon que si j'ai
étudié aux bonnes lettres pour me rendre capable
de la vertu, si je suis homme de bien, je rends à
mon père en son bienfait même plus que je n'ai reçu
de lui, MALH. Le traité des bienf. de Sénèque, m,
31. J'avais un peu étudié, étant plus jeune, entre
les parties delà philosophie, à la logique, et, entre
les mathématiques, à l'analyse des géomètres et à
l'algèbre, desc. Méth. u, 6. Plus un homme à lui-
même étudie à mourir. Plus il commence à vivre à
l'auteur de son être, corn. Imit. ii, (2. Je m'ima-
ginais que vous avez quelque pensée d'étudier à la
magie, méré. Œuvres posth. t. ii, p. 360. Vous
n'étudiez plus qu'à bien vivre, iD.ïb. p. 260. ||3°K.a.
S'appliquer à apprendre une science, un art, à
comprendre un auteur, à bien connaître une chose.
Étudier les mathématiques, le grec, le dessin, l'a-
griculture. Il 4° Tâcher de fixer dans sa mémoire,
d'apprendre par cœur. Étudier un rôle, un morceau
de musique. Étudier ses leçons. || 6° Méditer, pré-
parer. Étudier un discours, un compliment. || On
dit dans le même sens il fait des contes plaisants,
mais il les étudie. || Absolument. S'exercer sur un
instrument de musique, piano, violon, etc. Cette
pianiste étudie six heures par jour. || 6° Terme d'in-
génieur. Étudier un projet, en vérifier les moyens
d'exécution et la dépense. || Les architectes disent
dans le même sens étudier un plan. || 7" Terme de
peinture et de sculpture. Étudier une draperie, une
pose, s'assurer de leur eff'et avant l'exécution défi-
nitive. Il Étudier un modèle, en examiner soigneu-
sement toutes les qualités. ||I1 se dit dans le même
sens en littérature. Je suis bien persuadé que de
tous les modèles celui que Massillon avait le plus
étudié, c'était Racine, marmontel, Élém. litt. Œuv.
t. v, p. 82, dans pougens. || 8° Examiner attentive-
ment. Étudier les pliénomènes de l'électricité, les
phases d'une maladie. || Observer avec soin l'hu-
meur, les habitudes, les inclinations des personnes.
Votre homme arrive.... je l'ai étudié une bonne
grosse demi-heure, et je le sais déjà par cœur, mol.
Pourc. I, 4. J'étudiai leur cœur, je flattai leurs ca-
prices, hac Athal. m, 2. Étudiez nos mœurs avant
de les blâmer, volt. Ail. iv, 2. Comme ils (les
affranchis] ont étudié les faiblesses de leur maître
et non pas ses vertus, montesq. Esp. xv, <9. |1 Étu-
dier un terrain, en examiner les diverses parties
pour l'objet qu'on se propose. || Fig. Étudier le ter-
rain , chercher à connaître à fond les choses et le»
hommes. || Il faut étudier le moment favorable,
l'épier afin de le saisir et d'en profiter. || 9° Feindre.
Cent fois je me révolte et cent fois je succombe;-
Tant le calme forcé que j'étudie en vain. Près
d'un si rare objet s'évanouit soudain, corn. Pulch.
n, 1. Il 10° S'étudier, v. réfl. Être étudié. Lo grec
s'étudie moins aujourd'hui qu'autrefois. || 11* Faire
étude de soi-même. Il se juge en autrui, se tâte,
s'étudie, corn. Pomp. m, i. Je veux exprimer ma
pensée , les paroles convenables me sortent aussitôt
de la bouche, sans que je sache aucun des mouve-
ments que doivent faire, pour les former, la langue
ou les lèvres, encore moins ceux du cerveau , du pou-
mon et delà trachée-artère; puisque je ne sais pas
même naturellement si j'ai de telles parties et que j'ai
eu besoin de m' étudier moi-même pour le savoir , boss.
Cnnnaiss. m, 42. Celui qui se sera étudié lui-même
sera bien avancé dans la connaissance des autres,
DIDEROT, Règne de Claude et de Nér. i,S i25.|| 12° S'é-
tudier, s'appliquer, s'exercer, avec d et le verbe à l'in-
finitif. Sa rigueur s'étudie assez à m'accabler, th.
CORN. Essex, IV, 5. Il s'étudiait à reconnaître les ta-
lents ; il les encourageait, les aidait par des attentions
particulières, fohten. Boerhaave. Plus sa place [de
Colbert] l'élevait au-dessus d'eux, plus il s'étudiait
à leur témoigner qu'avec eux il n'était que leur
confrère; il leur donnait des fêtes dans sa belle mai-
son de Sceaux, d'olivet, Hist. Acad. t. n, p. 208,
dans POUGENS. || Il se dit aussi avec un substantif.
Plus une âme est humiliée. Plus elle s'est étudiée
À ce noble ravalement, corn. Imit. ni, 43. Un per-
sonnage grave ne s'étudie point à une si extrava-
gante rhUorique, batle, Dict. erit. art Arodon,
ETU
ET Y
ETJC
1539
rem. A. || Pascal a construit s'étudier avec pour,
construction que rien de grammatical n'interdit.
L'on s'étudie tous les jours pour trouver les moyens,
PASC. dans cousin. || Bossuet a mis s'étudier de.
Une idée intérieure à laquelle je m'étudie de me
conformer, boss. Connaiss. v, 6. C'est peut-être
pour éviter deuid, compléments, l'un de s'étudier,
l'autre de se conformer, qu'on aurait si on suivait la
construction ordinaire : à laquelle je m'étudie à
me conformer. D'ailleurs, c'est un archaïsme que
la grammaire ne repousse en aucune façon (voyez
des exemples dans l'historique.)
— HlST. XIV' s. Mais j'ai estudié au livre de Ja-
son.... GuescUn, 8900. Aucun pourroit dire que
ceste science n'est pas si nécessaire, car au temps
passé plusieurs roys et princesses ont très bien gou-
verné qui oncques n'estudierent politicques, oresme,
Prol. Il XV* s. Vous devez savoir que grand' murmu-
ration estoit entre les clercs de l'université de ces
nouvelles, et cessoientde lire et d'estudier; et n'a-
voient puissance ni affection de rien faire.... fhoiss.
III, IV, 10. Ainsi le roi d'Angleterre et son conseil
estudioient nuit et jour à faire engins et instrumens
pour ceux de Calais mieux oppresser et contraindre,
ID. I, I, 309. Il xvi' s. Hà, malheureux, vous vous
estudiez A vous mocquer de.... MAROT, iv, 25). Qui-
conque s'estudie bien atentifvement , trouve en
soy.... MONT. I, 7. Il avoit en sa teste une harangue
estudiée, mais.... id. iv, 88. Les aultres s'estudienl
à eslancer et guinder leur esprit, id. m, 279. Ly-
curgus ne s'estudia de rendre les siens belliqueux
pour faire oultrage aux autres, amyot, Lyc.etNuma
comp. 3. Il estudia tousjours aux sciences jusques
à ce que Sylla fut demeuré vaincueur, id. Cic. 3.
Il se remeit de rechef à estudier en rhétorique, id.
ib. 5. Ils'estudioitàdire tousjours quelque chose de
nouveau à la louange de luy et de ce qu'il faisuit,
lu. ib. 6).
— Stym. Wallon, sitûdt; provenç. et espagn. es-
tudiar; portug. ciludar ; ital. studiare; du lat. s(«-
di'um, étude.
ÉTUDIOLE (é-tu-di-o-l') , s. f. Petit meuble à plu-
sieurs tiroirs, qui se place sur une commode ou sur
une table, pour y serrer des papiers d'étude ou
d'autres choses.
— ÉTYM. Diminutif d'étude, au sens de cabinet
de travail.
ÉTCI (é-tui), s. m. || 1° Sorte de boîte dispo-
sée de façon que les choses qu'on y veut placer y
soient étroitement serrées. Étui de chapeau ou à
chapeau. Élui de harpe. De son étui la couronne
est tirée; Dans une chartre un dragon la gardait,
LA FONT. Fabl. VI, 6. || Êtui de mathématique, bulle
contenant des instruments de mathématique. || C'est
un visage à étui, se dit d'un visage fort laid qu'il
faut cacher comme dans un étui. || 2° Petit meuble
de poche cylindrique où l'on enferme des aiguilles.
Il 3° Fig. Lieu étroit. Et moi, non sans bosse à la
tête. Avec quelques secours d'autrui, Je sors de mon
maudit étui, J. J. Houss. Lett. à Lafosse. \\ Le corps,
considéré comme un étui pour l'Ame. Mes maladies
augmentent tous les jours; la nature s'est avisée
de faire à mon âme un très-mauvais étui, volt.
Leit. Albergati, 7 mars t/OO. La nature a donné à
mon âme un étui très-faible et très-mauvais, qui
ne peut guère soutenir, à l'âge de quatre-vingt-
quatre ans, le voisinage des Alpes et des inon-
dations de neige, id. Lett. à M. Colini, 26 jany.
1778. Il En un autre sens, enveloppe trompeuse.
Je ne pus me refuser celte malice à cet étui de
sage de la Grèce et de citoyen romain , st-sjm.
454, 133. Il 4° Abusivement, étui pour gaîne qui
est le mot propre pour les choses tranchantes.
Déjà trois fois hors de l'étui.... Les lames des poi-
gnards ont lui, V. HUGO, Orient, xi. || 5° Terme d'en-
tomologie. Fourreau qui loge le dard des hyméno-
ptères. Il Terme d'anatomie. L'hippocampe, la partie
supérieure de la portion sphénoïdale du ventricule
latéral du cerveau. || 6° Terme de marine. Enve-
loppe, en toile peinte, des voiles de rechange.
Il T" Terme de pêche. Baquet couvert, long et étroit,
qui sert à renfermer le poisson dans le bateau.
— HIST. XII' s.E puis les portad l'um là où l'um
soleitlesarmesenestuiguarder, Jîois,p.296.||xiii"s.
Dix gelines pris sans faillie ; Les cinc en ai men-
gies hui, Et les autres mis en estui, Rcn. tOB48.
Il XIV* s. Un grant estuy de cuir boully pour met-
tre et porter uns tableaux que a faiz Jehan d'Or-
léans, peintre et varlet de chambre du roi, de la-
borde, Émaux, p. 308. ||xvi* s. Oisifs dedans leur
ctiambre, ainsi qu'en un estui, du bellay, vi, 3o,
verso.
— ÉTYM. Berry, éttau; provenç. e«(ui,es(ugi; es-
pagn. estuche; portug. estojo; ital. astuccio; du
moyen h. allem. Stûche (d'après Diez), sorte de
gaîne; allem. mod. stauchen, entonner.
ÉTDVE (é-tu-v'), s. f. Il 1° Lieu où. l'on élève à
volonté la température pour provoquer la transpi-
ration. Éluve sèche. Étuve humide ou bain de va-
peur. || Étuve naturelle, caverne dans un endroit
volcanique. || Par exagération. Cette chambre est une
étuve, se dit d'une chambre bien close qui est très-
chaude en hiver, ou d'une chambre où l'on a trop
chaud. La chaleur de leur sang et de leur haleine,
jointe à la vapeur de cette légère flamme, suffit
pour changer leurs cafés en étuves, raynal, Hist.
phil. XVII, 8. Il a* Lieu dont on élève artificielle-
ment la température pour y faire dessécher diffé-
rentes substances. Faire sécher des raisins dans une
étuve. Il Imagina et fit exécuter une étuve qui,
donnant une chaleur graduée et égale dans toute
son étendue, réunissait à la certitude entière du
succès [la conservation des grains] une économie
suffisante dans la dépense, condorcet, Duhamel.
Il Tablettes sur lesquelles le confiseur fait sécher
les fruits qu'il a préparés. || Endroit pour faire sé-
cher les chapeaux. |{ Cabinet clos pour connaître l'in-
fluence de la température sur les horloges. || Lieu
où l'on met éluver le sucre en pains. || Lieu échauffé
dans lequel sont des tonneaux à moitié pleins devin
destinés à aigrir pour faire le vinaigre. || 3° Terme
de marina. Ëtuve do corderie , lieu rempli de
fourneaux et de chaudières , pour y goudronner les
cordages. || Étuve à bordage, cylindre dans lequel
des bordages sont soumis à l'action de la vapeur
d'eau.
— HIST. xiii* s. Puis revonl entr'eus asestuves,
Et se baignent ensemble es cuves, la Rose, iOta.
Que nuls ne nule du dit mestier ne soutiengne, en
leursmesoiis ouestuves, bordiaus de jour nedenuit,
Liv. des met. <89. || xvi* s. Les estuves sont seiches
ou humides, paré, xxv, 43.
—ÉTYM. 'Wallon, sitoûf, s. f. ; provenç. estuba,
stuva; espagn. estufa; ital. stufa; bas-lat. stuba
dans la loi des Allemands; du germanique : anc. h.
allem. stupa; moyen h. allem. slobe; allem. Stube;
anc. scand. stofa; angl. stove.
ÉTUVÉ, ÉE (é-tu-vé, vée), part, passé. Bassiné
avec un liquide tiède. Une contusion étuvée avec un
liquide émollient.
ÉTCVÉE (é-tu-vée), s. f. || 1" Manière de cuire
les aliments dans leur vapeur. Mettre du veau, une
carpe à l'étuvée. || Mets ainsi préparé. Une étuvée
de pigeons. (1 2° Quantité de pains de sucre que peut
contenir une étuve.
— ÉTYM. Étuvé.
ÉTUVEMENT (é-tu-ve-man) , s. m. Action d'étu-
ver. L'étuvemeut d'une plaie.
— HIST. XVI* s. Fomentation est une evaporation
ou estuvement, parE, xxv, 29.
— ÉTYM. Étuver.
ÉTOVER (é-tu-vé) , v. a. || 1* Mettre au four ou à
l'étuve. Il Terme de marine. Passer à l'étuve des fils
de caret ou des bordages. || 2° Terme de cuisine.
Faire une étuvée. || 3° Faire une lotion douce (par al-
lusion à la chaleur de l'étuve). Étuver une plaie.
J'étuve de mes pleurs leurs blessures sanglantes,
RÉGNIER, Sial. Il 4° S'étuver, v. réfl. Se faire une
lotion.
— HIST. XIII* s. Et vous baingnerés en l'estuve
Où Venus lesdamesestuve, laliose, 12956. ||xiv*s. Se
vous voulez saler anguille, estuviez et effondrez, Ué-
nagier, n, 6. || xvi* s. Et avecques- gros raisins che-
nins, estuvarent les jamtes de Forgier miguonne-
ment, rab. Garg.i, 25. Ils estoient tousjours sales
et crasseux, comme ceulx qui ne s'estuvoient ny ne
s'oigiioient jamais, amyot, Lyc. 34. Nous estuve-
roiis les parties honteuses do décoction de mauves,
PARÉ, XV, 65.
— ÉTYM. Étuve; wallon , sitouvé; espagn. estufar,
eslnfar, estobar; ital. stufare.
ÉTCVISTE (é-tu-vi-sf) , s. m. Celui qui tient des
étuves, des bains de vapeur. || On dit aujourd'hui
baigneur.
— ÉTYM. Étuver. On trouve au xiii* siècle estuvier
et estuveur.
ÉTYMOLOGIE (é-ti-mo-lo-jie), s. f. \\ i' Doctrine
de la dérivation des mots par rapport à leurs raci-
nes, et de leur composition par rapport à leurs sim-
ples. Les règles de l'étymologie. || 2° Dérivation d'un
mot par rapport à un autre qui est dit la racine.
Rechercher, donner l'étymologie d'un mot. Les
étymologies servent à faire entendre la force des
mots et à les retenir par la liaison qui se trouve
entra le mot primitif et les mots dérivés; de plus,
elles donnent de la justesse dans le choix de l'ex-
pression, DU MARSAis, Uélh. de lalang. lat. Œu-
vres, t. I, p. 0.
— HIST. XIV* s. Si que des rossignos puet [peut |
très bien estre dis Rossillon li chastiaus sans aucuns
contredis; Cil noms près s'entr'accordent : rossi-
gnoz, rossillons; De telz ethymologes pas ne noua
merveillons, Girart de Ross. v. 53<. Lelonc celle
montaigne est assise Poutieres ; Par ethymologie
puet l'on dire Pautieres, Quar en yver y a trop
grant foison de pautes. De palus et de boues.... ib,
V. 647. Il xvi* s. Consire ou grande consoulde...
suivant l'étymologie de son nom, ceste herbe a
vertu de consolider, o. de serres, eto.
— ÉTYM. "ETuiioXovîa, de huiio;, véritable, et
XÔYO;, diction.
ÉTYMOLOGIQUE (é-ti-mo-lo-ji-k') , adj. Qui
concerne les étymologies. Dictionnaire étymolo-
gique.
— ÉTYM. Voy. ÉTYMOLOGIE.
t ÉTYMOLOGIQPEMENT (é-ti-mo-lo-ji-ke-man),
adv. D'après l'étymologie, selon les règles de l'éty-
mologie. Étymologiquement, étroit et strict sont le
même mot, venant tous deux du latin strictus,
serré.
t ÉTYMOLOGISER (é-ti-mo-lo-ji-zé). || 1" F. a.
Donner l'étymologie. Martin aura mon grand manteau
Que mante à eau j'étymologisais, scarhon, dans
LE ROUX, Dict. com. || 2° Y. n. S'occuper d'étymo-
logia.
— HIST. XV* s. Je puis assez ethimologier Le no-
ble nom de la fleur des François, E. desch. Sur le
nom du roi Charles.
— ÉTYM. Élymologie.
ÉTYMOLOGISTE (é-ti-mo-lo-ji-sf), î. m. || l" Ce-
lui qui recherche les étymologies. Là M. Leibnitz
paraît en divers endroits sous presque toute» ses
différentes formes, d'historien, d'antiquaire, d'éty-
mologiste, de physicien, de mathématicien, font.
Leibnits. Ces métaphores dont les premières lan-
gues sont pleines et dont les étymologistes aper-
çoivent même encore les vestiges dans les plus cul-
tivées, TURGOT, 2* dise, en Sorbonne. || 2° Le grand
Étymologiste, titre d'un dictionnaire d'Hésychius,
très-utile pour entendre les poètes grecs,
— ÉTYM. Étymologiser.
EU, EUE (u, ue), part, passé du verbe avoir.
— HIST. XIV* s. Soit eue une bende subtille de la
latitude d'un pouce, H. de mondeville, f" 67.
EURAGE (eu-ba-j'), s. m. Chez les Gaulois, classe
qui, nommée entre les druides et les bardes, avait
pour principale occupation l'étude de l'astronomie,
des choses naturelles et delà divination. Une chapelle
des chrétiens s'élève au fond d'une vallée près da
l'autel où l'eubage égorge la victime humaine,
CHATEAUB. Jfart. 292. || On trouve aussi euhage.
— ÉTYM. Eubages, euhages , dans Amm. Mar-
cellin (xv, 9), qui sont les oOâT6i« (qui paraît une
transcription du latin vates) de Strabon , iv , iv , 4 ; ce
mot n'a pas été retrouvé, jusqu'à présent du moins,
dans les langues néo-celtiques.
t EUBIOTIQUE (eu-bi-o-ti-k') , s. f. Terme de
philosophie. Ensemble de préceptes relatifs à l'art
de bien vivre.
— ÉTYM. Eij, bien, et piôw, vivre.
f EURLE (eu-bl'), J. f. Un des noms vulgaires de
l'hièble.
EUCHARISTIE (eu-ka-ri-stie) , s. f. Le sacrement
du corps et du sang de Jésus-Christ sous les espèces
du pain et du vin. Le sacrement, le mystère de
l'eucharistie. Adorer l'eucharistie. Exposer, porter
l'eucharistie. Ainsi l'eucharistie est parfaitement
proportionnée à notre état da foi, parce qu'elle en-
ferme véritablement Jésus-Christ, mais voilé, PAsa,
Provinc. <6 Quand il [Dieu] a voulu accomplir
la promesse qu'il fit à ses apôtres de demeurer avec
les hommes jusqu'à son dernier avènement, il a
choisi d'y demeurer dans le plus étrange et le plus
obscur secret de tous , qui sont les espèces de l'eu-
charistie, ID. Extrait des lett. à Mlle de Roannei,
p. *89, éd. HA VET. Ce nom nouveau du Seigneur est
celui de l'eucharistie, nom composé de biens et de
grâces qui nous montre , dans cet adorable sacrement,
une source de miséricorde , un miracle d'amour,
un mémorial et un abrégé de toutes les grâces, et
le Verbe même tout changé en grâce et en douceur
pour ses fidèles, boss. Marie-Thér. Dès l'origine di;
christianisme, on a porté l'eucharistia aux absents,
on a réservé la communion pour la donner aux ma-
lades, ID. rar. 1" imlr. past. § 44. La raison hu-
maine ne nous fait point comprendre qu'il y a un
Dieu en trois personnes; que le corps de Jésus-
Christ soit réellement dans l'eucharistie ;et comment
il se peut faire que l'homma soit libre , quoique
1540
ELG
Jéitj^Cliri». non»
le donn» (iaii5 l'eucharistie
.. J. p.
641.
S" h.iV S'Vi.îu-Cbn.t d.n. l-euchari,.ie es. l'a-
i^Jni de no. âœea, m. ib. p. »20. Le» ma'"» <>"
S«u.îînn"n.'l. nulieuM, eucharistie, CHA-
_ BTYII Kùx«(»"'*> ''» *^' '''*"• *' X'P'C»-
rt.,, donner une gricc, qui Tient de xipK, grice.
BÛCIMRISTI0UE(eu-ka-ri-8li k'), od;. Oui ap-
partien. A l'eucliaristie. Les esptces eucharistiques.
Ceux qui ne distinguent pas le pain eucharis.ique
des riandes communes, mass. Car. Jeûne.
— ETYM. Eucharittie.
f EDCHROME (eu-krô-m'), adj. Terme didac-
tique. Qui a une belle couleur.
— ETYM. Eu, bien, et XP"1»*. couleur.
f EUCUYLIE (eu-chi-liê), ». f. Terme de phy-
siologie. Bonne qualité des sucs ou fluides du
corps. , ,
— BTYM. EJ, bien, etxv^**. «"C (voy. chyle).
t EUCLASE (eu-kla-z'), J. f- Terme de minéra-
logie. Émeraude prismatique du Brésil.
EUCOLOGE (eu-ko-lo-j), i. m. Terme de liturgie.
Livre contenant l'office des dimanches et des princi-
pales fêtes de l'année. || La véritable orthographe
serait euchologe.
— ETYM. K0xo>4y<ov , livre des prières, de tOxe-
o9«i, prier, et Xàftov, recueil, deXt'Yeiv, lat. lejere,
cueillir, rassembler (voy. lire).
EUCRASIE (eu-kra-zie), ». f. Terme de médecine.
Bonne constitution du corps, juste tempérament
les humeurs.
— ETYM. EJxpaffta, de «î, bien, et xpâmc, mé-
lange (voy. crase).
f EUCRASIQUE ( eu-kra-zi-k' ) , adj. Terme de
médecine. Oui a rapport à l'eucrasie ; capable d'a-
Bidiorer la crase humorale.
t EUDÉMON (eudé-mon) , ». m. Terme d'astro-
logie. La quatrième maison dans la figure du ciel;
elle marque les succès, la pro.spérité, etc.
— ÉTYM. Eu, bien, et 8a{|jLwv, démon.
t EIIDIAPNEUSTIE (eudi-a-pneu-stie) , ». f.
Terme de médecine. Transpiration facile.
— ETYM. EO, bien, et îionveîv, transpirer, de
8ià, à travnrs, et it»eïv, souffler.
ECDIOMËTRE (eu-(li-o-mè-tr'), ». m. Terme de
chimie. Instrument consistant en un tube de verre
fort épais et employé à déterminer la proportion
relative des gaz qui composent l'air atmosphérique
ou tout autre mélange gazeui.
— ETYM. Kùîi«, beau temps (dans le sens d'at-
mosphère pure, parce que l'eiidiomètre mesure la
pureté de l'atmosphère), de ei, bien, et Sîo;, qui
appartient à Jupiter pris dans le sens de ciel, en
latin di'u», divin , céleste , de même racine que
di>», jour (voy. diurne et jour), et («l'Ire.
ECDIOMÉTRIE (eu<li-o-mé-trie), ». f. Art d'ana-
lyser les gaz i l'aide de l'eudiométre.
ECDIOMÉTRIQCE (eu-di-o-mé-tri-k'), adj. Oui a
rapport à l'eudiométrie.
t EUDISTE (eudi-sl') , s. m. Membre d'une con-
grégation de prêtres séculiers instituée par le P. Eu-
des, frère de Hézerai l'historien.
t El'EXIE (eu-è-ksie), ». ^. Terme de physiologie.
Bonne conformation du corps.
— ETYM. Evt{(a, de tJ, bien, et IÇi;, état, ma-
nière d'être, de lx"^i avoir (voy. hectique).
EUFRAISE (eu-frè-z'), ». f. Plante beaucoup em-
ployée autrefois contre les maladies des yeux (eu-
phrati'a oflicinalit, L.) (personées ou scrophula-
riées).
— lllST.'xvi' ». Eufraize vient de racine plus fa-
cilement et plus seurement que de semence; se
Îilâist en terre légère et humide non exposée au so-
eil; elle est aussi appellée luminete, pour estre sa
vertu d'illuminer et esclaircir les yeux, o. de serres,
ei6.
— ÉTYM. ProTenç. eu/raxta; espagn. et ital. eu-
/Vii»io; du grec ti^faaia, galté, allégresse, de «û,
bien, etçpoUiv, penser, sentir, parler.
tECGENlSE (eu-jé-ni-n"), ». /'.Terme de chimie.
Matière crisUlline qui se dépose spontanément dans
1 eau duiillée de girofle.
t ECOÉNIOUE (eu-jé-ni-k'), adj. Terme de chi-
-. L*, «"8*n'q"e> liquide d'une saveur épicée
rï!f-?il '' """ '"'■'« odeur de girolle.
miuwl^""* *!"■""-'''-"')• »''>• /■• P'"- Tables
«igub,n„, sept tables trouvées à Gubbioou Rugubio
i-T.*;.rur:„'i:,vr,T:;r. •>" '""«"«-
EUN
i EUGRAPHR (eu-gra-r), ». m. Terme de physi-
que. Sorte de chambre obscure.
— ETVM. EO, bien, et ypiçetv, tracer.
t EUH I (eu), inlerj. qui sert à marquer l'étonne-
ment, l'appréhension, l'ennui, l'impatience, surtout
quand elle est redoublée. Ouoi I L'avez-vous sur-
prise [la servante] à n'être pas lidèle?— C'est pis que
tout cela. — Pis que tout celai— pisi — Commentl
Diantre, friponne I euhl a-t-elle comnnis?... mol. F.
sav. II, 6. Kh bien! ne voilà pas votre tendre mau-
dit Oui vous prend à la gorge ! euh ! regnabd ,
Joueur, H, 4). Il Elle exprime aussi l'enrouement.
L'intim'é....— Laissez-nous. — S'enroue. — Hél lais-
sez-nous. Euh I euhl - Reposez-vous, Et concluez,
RAC. Plaid, m, 3. || On s'en sert encore en la redou-
blant pour se dispen.ser de répondre d'une ma-
nière positive. Comment va le malade? — Euhl
euh! euh I
f EUHAGE (eu-a-j') , ». m. Voy. ïubaoe.
j EUHÉ!HIE (eu-é-mie), ». m. Terme de méde-
cine. État normal du sang.
— ETYM. Ei, bien, et oltta, sang.
EULOGIE (eu-lo-jie), ». f. || 1° Ancien synonyme
de pain bénit. J'ai reçu votre eulogie avec beau-
coup de reconnaissance, Boss. Lett. abb. 40. || 2" Au
pluriel, dans l'Église grecque, nom des restes bri-
sés des espèces eucharistiques, qui étaient distri-
bués entre les fidèles non encore admis à la com-
munion. Il L'Académie ne donne que le pluriel.
— ÉTYM. EO)oYia, de eî, bien, et Xôyo;, dis-
cours, deXifeiv, dire, en latin légère (voy. lire).
t EULYSINE (eu-li-zi-n') , ». f. Terme de chimie.
Matière très-soluble dans l'alcool, qui se trouve
dans la bile.
— ÉTYM. Eî, bien, et XO<n;, solution.
ElIMÉNIDE (eu-mé-ni-d') , ». f. Terme de mytho-
logie. Furie. J'ai vu de près le Styi, j'ai vu les
Euménides, chaulieu. Sur la mort. Je vois les
Euménides Secouer leurs flambeaux vengeurs des
parricides, volt. Œdipe, v, 4. Les Euménides des
anciens sont belles,. et n'en sont que plus efl'rayan-
tes, DIDEROT, £»satî«r la peinture, ch. 4. Oreste,
condamné par un Dieu à tuer sa mère, et, pour
ce crime inévitable, tourmenté par les Euménides,
n'est guère moins intéressant pour nous que pour
les Athéniens, harmontel, ÉUm. litt. (Fmv. t. x,
p. 289, dans POUGENS.
— ÉTYM. Eù|ievî;, doux de caractère, par anti-
phrase et euphémisme, de eu, bien, et liévo;, ca-
ractère.
•j- ECMÊRODE (eu-mé-ro-d') , s. m. Terme d'his-
toire naturelle. Genre de sauriens à membres bien
formés.
— ETYM. Eî, bien, et |i£poç, partie.
t EUMOLPE (eu-mol-p') , ». m. Terme d'entomo-
logie. Eumolpe de la vigne , insecte nuisible dit aussi
coupe-bourgeon.
t EUMOLPIDE (eu-mol-pi-d'), ». m. Nom d'une
famille sacerdotale à Athènes, chargée du culte
de Cérès. X moins que l'accusé ne se pourvoie de-
vant les Eumolpides, car cette famille sacerdotale,
attachée de tout temps au temple de Cérès, con-
serve une juridiction qui ne s'exerce que sur la
profanation des mystères, barthél. Ànach. ch. 21.
— ÉTYM. EO|io),itoi:, auteur de cette famille.
t ECMOLPIQUE (eu-mol-pi-k'), adj. Nom donné
par Fabre d'Olivet à des vers alexandrins sans rime,
où il mettait alternativement des terminaisons mas-
culines et féminines.
— ÉTYM. EûiioXito;, harmonieux, de e5, bien, et
(loXTrfl, chant, parce que Fabre trouvait que ces
vers blancs avaient une belle harmonie.
t EDNOMIA (eu-no-mi-a), t. f. Petite planète
trouvée en 1851.
t EUNUCHISME (eu-nu-ki-sm'), ». m. État de
celui qui est eunuque.
— ÉTYM. Voy. EUNDQDE.
ECNtTQUE (eu-nu-k'), ». m. j| 1° Anciennement,
chez les souverains de l'Asie et de l'Egypte, homme
employé à la garde de la chambre des princes, sans
pour cela qu'il fût chStré. Le roi fit venir un de ses
eunuques, saci, Bi6I. Paralip. ii, xvni, 8. Dieu fit
en même temps que Daniel se concilia les bonnes
grâces et la bienveillance du chef des eunuques, id.
ib. Panxel, i, ». Par toute l'Écriture le nom d'eunu-
que se prend souvent pour un valet de chambre, ou
en général pour tout officier servant auprès de la per-
sonne d'un prince sans marquer aucun défaut person-
nel, FLEDBT, JTofur» det Israél. tit. xxv, 2" part.
Il S' Homme châtré employé & la garde des femmes,
particuIièrementdansl'Orient. On voit, dansl'histoire
de la Chine, un grand nombre de lois pour 6ter aux
eunuques tous les emplois civils et militaires; mais
EUP
Us reviennent toujours ; il semble que les eunuque»
en Orient soient un mal nécessaire, montesq. Espr.
XV, 48. L'eunuque Narsès fut encore donné à ce
règne pour le rendre illustre, id. Rom. ch. 20. Ja-
mais passion n'a été plus forte et plus vive que celle
de Cosrou, eunuque blanc, pour mon esclave Zé-
lide, lu. Lett. pers. 63. ||3° Tout individu humain
qui a été châtré. On crève les yeux au jeune roi
son fils [deTancrède], et on le fait eunuque, volt.
Mœurs, 49. || 4° Fig. Homme impuissant & agir, à
produire. Cet homme est sans imagination; c'est
un eunuque. Seule [Charlotte Corday] tu fus un
homme et vengeas les humains; Et nous, eunuques
vils, troupeau lâche et sans âme. Nous savons ré-
péter quelques plaintes de femme, Mais le fer pèse-
rait à nos débiles mains, A. chén. Ode ix. Même à
ces majestés caduques II faudrait des peuples d'eu-
nuques, bBrang. Ste-All. Il 6° Espèce de flûte qui n'a
que trois trous, dans laquelle on chante et qui donne
une sorte d'agrément à la voix; dite autrement jom-
barde.
— ÉTVK. EOvoûxo;., de eùv:^, lit, et l/u'', gar-
der, avoir (voy. hectique).
t EUPATHIE (eu-pa-lie), ». ^. Terme didactique.
Douceur, soumission dans les souffrances, facilitéà
soufl'rir.
— ÉTYM. Eu, bien, et itâOo;, souffrance.
EUPATOIRE (eu-pa-toi-r'), ». f. Genre de plantes
de la famille des composées , dont une espèce,
l'eupatoire d'Avicenne , ou eupatoire des Arabes,
ou chanvrin (eupafortum eannabinum, L.), a été
employée en médecine.
— HIST. XVI' s. Absinthe, eupatoire, agrimoine...
PABÉ, xxv, c.
-ÉTYM. EùitaTÔpiov, du roi Eupolor, qui mit
cette plante dans l'usage médical.
t EUPATORINE (eu-pa-to-ri-n'), ». f. Terme de
chimie. Poudre blanche, retirée de l'eupaloriam
eannabinum, L.
t EUPATRIDES (eu-pa-tri-d') , ». m. pi. Nom
donné, dans les commencements d'Athènes, à la
première classe du peuple, par opposition aux agri-
culteurs et aux artisans, et conservé plus tard à
des familles nobles qui avaient les sacerdoces et le
soin des choses religieuses.
— ÉTYM. EÙTtaTpîSnç, de eu, bien, et itaTrip,
père.
t EUPEPSIE (eu-pè-psie) , s. f. Terme de méde-
cine. Bonne digestion.
— ÉTYM. Ei, bien, et Tt^c, digestion, coction.
t ECPÊTALE (eu-pé-ta-l') , ». {. Pierre précieuse,
l'opale. Il Laurier nain à grandes feuilles.
— ÉTYM. EJ, bien, et néra^ov, pétale, Teuille.
tEUPHÉMIOUE (eu-fé-mi-k'), adj. Oui appar-
tient à l'euphémisme. Tour, expression euphémique.
t EUPHÉMIQUEMENT (eu-fé-mi-ke-man), adv.
Par euphémisme; d'une manière euphémique.
EUPHÉMISME (eu-fémi-sm'), ». m. Figure de
rhétoriqua qui consiste dans l'adoucissement d'un
mot dur. L'euphémisme est une figure par laquelle
on déguise des idées désagréables, odieuses ou tris-
tes, sous des noms qui ne sont point les noms pro-
pres de ces idées, dumarsais, Tropes, ii, I6. Un
ouvrier qui a fait la besogne pour laquelle on l'a fait
venir, et qui n'attend plus que son payement pour
se retirer, au lieu de dire payez-moi, dit par euphé-
misme: n'avez-vous plus rien à m'ordonner?iD. ib
— ÉTYM. Eùçriiiiffliô; , de eOçYip-CCEiv, employer
des expressions de bon augure, de ci, bien, et
çTi|ii, dire (voy. fable, fatal).
t EUPHONE (eu-fo-n*) , adj. ferme de zoologie.
Oui a une belle voix. || S. m. Terme de musique.
Sorte d'harmonica.
— ÉTYM. EOçuvot, de eu, bien, etçuv-ri, voix.
EUPHONIE (eu-fo-nie), ». f. \\ 1° Terme de musi-
que. Son agréable d'une seule voix ou d'un seul in-
strument. La musette sert â accompagner quelques
airs de romance qui ne sont pas sans euphonie,
CHATEAUB. CUrmont , I20. Il a° Terme de gram-
maire. Ce qui rend la prononciation douce et cou-
lante. L'euphonie n'a rien d'absolu, et chaque langue
a la sienne propre. La langue négligerait lanalogie
grammaticale pour s'attacher à l'euphonie , au
nombre, à l'harmonie, et à la beauté des sons, 1. 1.
Houss. Essai sur l'orig. des langues, ch. 3.
— ÉTYM. Provenç. espagn. et ital. eufonia, du
grec eùçtovîa, de eJ, bien, et çuvfi, voix.
EUPHONIQUE (eu-fo-ni-k'), adj. Oui produit de
l'euphonie, qui s'emploie, se met par euphonie.
Il Lettre euphonique, celle qui est employée pour
adoucir la prononciation , par exemple l't dan»
ios-y , lorsque l'impératif est va , et qu'on dirait
régulièrement va-y. C'est le mécacisioe des organes
EUR
EUX
lîVA
1541
de la parole qui fait ajouter ces lettres euphoniques,
gans quoi il y aurait un bâillement ou hiatus, on-
UAnSA'S, t. V, p. 40).
— ÉTYM. Euphonie.
t EUPHONIQCEMENT (eu-fo-ni-ke-man), adv.
D'une manière euphonique.
EUPHORBE (eu-for-b'), s. m. Genre de plantes à
suc laiteux, acre et caustique, qui a servi de type
à la famille des euphorbiacées.
— REM. L'Académie fait euphorbe du masculin;
mais les botanistes n'usent que du féminin, genre
qui, consacré par l'usage, doit être préféré.
— ÉTYM. Provenç. cu/brM, euforbia; espagn. et
ital. euforbio; du lalin etiphorbia ou euphorbion;
de Enphorbus, médecin du roi Juba. Ce prince, qui
cultivait les sciences naturelles, appliqua cette plante
à l'usage médical et la dénomma d'après son méde-
cin (Pline, xxv, 38). EÛ!popgo;,quisignifiebien nourri,
vient de e5, bien, et çopêri, nourriture, deçépëeiv,
nourrir, paître; à çopèri, ipepSJi, tient le latin herba,
herbe (voy. ce mot).
t EUPHORBIACÉES! (eu-for-bi-a-sée) , s. f. plur.
Famille de plantes à laquelle le genre euphorbe a
donné son nom.
t ECPHORBINE (eu-for-bi-n") , s. f. Terme de
chimie. Matière découverte dans la racine d'eu-
phorbe.
— ÉTYM. Euphorbe.
t EUPHOBBIQUE (eu-for-bi-k') , adj. Terme de
chimie. Acide euphorbique, acide cristaUisable,
trouvé dans les fleurs et les feuilles de l'euphorbia
cyparissias, L.
t ECPHOTIBE (eu-fo-ti-d'), s. (. Terme de miné-
ralogie. Nom donné par Haûy à une roche formée
de smaragdite et de jade.
— ETYM. Eu, bien, et 9<b{, ipioTè;, lumière.
t EUPHRAISE (eu-frê-z') , s. f. Voy. eufraise.
I EUPHROSYNE (eu-fro-zi-n'), s. f. || 1° Nom
d'une des trois Grâces. || 2° Nom donné à un asté-
roïde découvert en 485«.
— ÉTYM. E'JcppoaOvr] , joie, gaieté, de eùçpMV,
de tî, bien, et çpovetv, penser.
t EOPHCÏSME (eu-fu-i-sm') , s. m. Nom donné,
dans le seizième siècle, à ce qui fut appelé plus
tard en France style précieux; il était fort à la mode
à la cour d'Angleterre, sous Elisabeth, et Shaks-
peare en contient des exemples. || Par extension, et
dans un style recherché, bon goût dans la tenue,
dans les vêtements. Apparut soudain un être brus-
que , négligé , professant autant de mépris pour
l'euphuîsme que pour l'étiquette, ch. de bernabo.
Un homme sérieux, § viii.
— ÉTYM. EOçur;;, de bon goût, élégant, de eu,
bien, et çûeiv, être (voy. fus). Euphuès est le titre
d'un ouvrage de Lyly qui parut en Angleterre en
4 680, et qui donna son nom à un certain style
précieux et recherché d'une manière outrée.
jEUPHCÏSTE (eu-fu-i-st'), s. m. Personne qui
parle l'euphuîsme.
— ÉTYM. Voy. EUPHUÏSUE.
t EUPHUÏSTIQUE (eu-fu-i-sti-k'), adj. Qui a rap-
port à l'euphuîsme.
t EITPIONTÎ (eu-pi-o-n'), t. f. Terme de chimie.
Substance découverte dans les goudrons provenant de
la distillation de la houille et des matières animales.
— ÉTYM. Eu, bien, et ititov, gras.
t EUPLASTIQUE (eu-pla-sti-k'), adj. Terme de
médecine. Favorable aux forces plastiques.
— ÉTYM. Eu, bien, et plastique.
t .... EUR, E0SE, finale des noms d'agents for-
- mes avec le radical des verbes. C'est le suffixe latin
tor, en sanscrit tar, tri , qui marque l'action transi-
• tive. Le ( de ce suffixe est tombé dans l'ancien fran-
çais, qui avait deux terminaisons pour cette finale,
au cas sujet et au cas régime, suivant la déclinaison
imparisyllabique latine, où l'accent tonique se dé-
place. Ainsi imperator faisait emperere, et impe-
ratorem faisait empereor. Le féminin français en
euse parait s'être formé par analogie de la forme
dialectique en eux que subit la finale eur (voy.
EUX 2).
f EURASIEN (eu-ra-ziin) , s. m. Nom donné dans
l'Inde aux métis nés d'Européens et de femmes in-
diennes.
EURHYTHMIE (eu-ri-lmie. L'Académie écrit à
tort eurythmie), s. f.\\l' Bel ordre, belle propor-
tion, en parlant de l'ensemble des parties d'un ou-
vrage d'architecture. || 2° Terme de peinture et de
Bculpture. Harmonie dans la composition. || 3" Terme
de musique. Heureux choix du rhythme et du mou-
vement d'un morceau; belle proportion entre les
parties. || 4° Terme de médecine. Régularité du pouls.
— ÉTYM. Eu, bien, et ^uefiôç, rhythme.
t EURHVTHMIQUE (eu-ri-tmi-k") , adj. Qui a un
rhythme régulier.
t EURIPE (eu-ri-p'), s. m. || 1° Nom d'un détroit
entre la Grèce et l'Ile d'Eubée où la mer avait un
flux et reflux irrégulier. || Fig. S'est dit pour mou-
vement irrégulier. Une prudente critique des au-
teurs nous découvre le calme ou la tempête de leurs
passions, l'euripe de leurs mouvements et l'admi-
rable diversité de leurs esprits, naudê, dans le Dict.
de BESCHERELLE. |{ 2° Terme d'antiquité. Nom qu'on
donnait à Rome à un canal d'environ trois mètres
de largeur qui, dans le grand cirque, séparait de
l'arène les gradins, et avait pour objet d'empêcher
les bêtes féroces de se jeter sur les spectateurs.
EUROPÉEN, ENNE (eu-ro-pé-in, è-n'), adj. Qui
appartient à l'Europe. La république européenne.
Il S. m. et f. Habitant de l'Europe. Il n'y a plus
aujourd'hui de Français, d'Allemands, d'Espagnols,
d'Anglais même, quoi qu'on en dise; il n'y a que
des Européens , J. j. booss. Gouvem. de Poiog.
ch. 3. Le Père de la Rédemption s'embarque à Mar-
seille... il aborde le dey d'Alger, il lui parle au nom
de ce roi céleste dont il est l'ambassadeur; le bar-
bare .s'étonne à la vue de cet Européen qui ose seul,
à travers les mers et les orages , venir lui rede-
mander des captifs , CHATEAUH. Génie, iv, m, 6.
— REM. Au XVII* siècle et au xviii', on était par-
tagé entre européen et européan. Aujourd'hui euro-
péan est tombé en désuétude.
— ÉTYM. Lat. Europxus, de Europa, l'Europe ;
grec, Eùpiim).
t EURYCÈRE (eu-ri-sê-r'), adj. Terme de zoolo-
gie. Qui a de larges cornes.
— ÉTYM. Eu pu;, large, et xipai;, corne.
t EURYGNATHE ( eu-righ-na-t' ), adj. Terme
d'anthropologie. Se dit de la prédominance de la
partie moyenne de la tête, c'est-à-dire de la région
supérieure de la face. Le type mongolique est eu-
rygnathe.
— ÉTYM. Eùpùi;, large, etyvâôo;, mâchoire.
t EURYSTOME (eu-ri-slo-m'), adj. Terme de zoo-
logie. Qui a une large bouche, un bec très-fendu.
— ÉTYM. Eùpùî, large, et axôna, bouche.
EURYTHMIE, EURYTHMIQUE, voy. EURHYTHMIE,
EURHYTHMIOUE.
t EUSÉMIE (eu-sé-mie) , s. f. Terme de méde-
cine. Ensemble de bons signes dans une maladie.
— ÉTYM. Eu, bien, et <jr,(i.a, signe.
EUSTACHE (eu-sla-ch'), s. m. Petit couteau gros-
sier, à manche de bois.
— ÉTYM. Sans doute nom propre transporté à
l'instrument.
t EUSTYLE (eu-sti-l') , s. m. Terme d'architecture
ancienne. Espace convenable entre les colonnes,
deux diamètres et un quart, selon Vitruve.
— ÉTYM. EûffTuXo;, de eu, bien, et otû).o;,
colonne.
t EUTAXIE (eu-fa-ksie) , s. f. Terme de physio-
logie. Disposition régulière des différentes parties
du corps.
— ÉTYM. Eu, bien, etTiÇiç, ordre (voy. tactique).
t EUTERPE (eu-tèr-p'), s. f. || 1° Celle des neuf
Muses à laquelle on attribue l'invention des mathér
matiques et l'art de jouer du chalumeau. || 2° Nom
donné à une petite planète découverte en 4 853.
— ÉTYM. EùtepTm, de eu, bien, etTÉpiteiv, réjouir,
f EUTHANASIE (eu-ta-na-zie), s. f. Bonne mort,
mort douce et sans souffrance.
— ÉTYM.Eù6ava(Ti'a,deEu,bien, et6âvaToç, mort.
fEUTHYMIE (eu-tl-mie), s. f. Terme didactique.
Tranquillité d'esprit.
— ÉTYM. Eùôuiiîa, deeî, bien, eteu(iôc, le moral,
t EUTROPHIE (eu-tro-fie) , s. f. Terme de phy-
siologie. Bonne nutrition.
— ÉTYM. EÙTpoçia, de e5, bien, et Tpoç^, nour-
riture.
t EUTYCHIANISME (eu-ti-ki-a-ni-sm') , s. m. Doc-
trine des Eutychiens.
f EUTYChIeN (eu-ti-kiin) , s. m. Membre d'une
secte du V siècle, ainsi nommée d'après Eutychès,
abbé d'un monastère aux environs de Constanti-
nople, qui enseigna que la nature humaine et la
nature divine s'étaient confondues dans je Christ,
et qu'après l'incarnation elles ne formaient plus
qu'une seule nature, la nature divine ayant absorbé
la nature humaine comme la goutte d'eau qui, tom-
bée dans la mer, se confond avec l'eau de la mer.
On dit aussi Eutychéen.
i . EUX (eu ; \'x se lie : eû-z et nous), plur. masc.
du pronom il, lui. || 1° Il s'emploie comme régime
de préposition. C'est à eux qu'il faut vous adresser.
Il est question d'eux. Le plus considérable d'eux
tous était le fameux Milon , Exil de Cicér. dan»
DESFONTAINES. || Dans le langage grammatical tech-
nique on le met aussi après le verbe : je les aime,
c'est-à-dire j'aime eux. || F.ux peut enfin être com-
plément direct du verbe quand ce verbe est sous-
entendu. Qui accusez -vous? Eux, sans doute.
Il 2° Il s'emploie comme sujet. Nous voulons partir;
eux prétendent rester. Dindenaut prisait moins ses
moulons qu'eux leurs ours, la font. Fabl.y, 20.
Etaient-ce des esprits faibles, eux qui ont eu la
force de vaincre le monde? mass. Car. Mot. de
conv. Il Familièrement. Eux autres , ces gens-là
dont on parle. Il s'est fait un grand vol ; par qui ?
l'on n'en sait rien; Eux autres [des Bohémiens dont
on parle] rarement passent pour gens de bien, mol.
l'Ét. IV, ». Il Eux-mêmes, voy. même.
— HIST. x« s. Eus noieds, Fragm. de Val. p. 467.
E de cel péril que super els metreiet, ib. p. 468.
Il XI' s. Li quels d'els deuz en fut li plus isnels
(prompt] ? Ch. de Kol. cvi. || xii* s. Par als [eux]
conquis-je et Valence et Morel, Honc. p. 202. Et
avecaus, quatre cent compeignon, tii. p. 185. Mais
maugré eulx [je] vous ai mon cuer [cœur] donné,
Couci, XIV. Et yauls pourvoir profitablement, qui
pour le [la] foibleté de leurs corps ne poent enten-
dre à le [la] deffense de leur choses, tailliar. Re-
cueil, p. 600. De Jofroi de Paris [il] firent leur jus-
ticier, Pourmaintenir la guerre et pour ax enforcier,
Sax. IV. [Ils] avoienl entour aus gent françoise tous
dis, Berte, v. La traïson [ils] devisent entre eus
trois à loisir, ib. xiii. |1 xv* s. Pour ton noble cœur
encourager et eux montrer exemple en matière
d'honneur, froiss. i, i, <. N'avoyent nulles places
pour eux retirer, comm. i, 2.
— ÉTYM. Els, als, eus, aux, ax, yauls du vieux
français représentent le latin illos (voy. il).
t 2 EUX, EUSE, finale qui répond à la fi-
nale latine osus et qui, avec des radicaux de sub-
stantifs, forme des adjectifs indiquant ce qui com-
pose et constitue, ce qui possède et est doué de. L'o-
rigine de ce suffixe doit être recherchée dans le
suffixe sanscrit «ont, vat,vas, forme féminine usi,
qui a donné les participes passés actifs, en wç, uia
(pour uijia) dans la langue grecque. Le latin, qui
n'a pas de pareils participes, a appliqué aux suffixes
en osus le sens plus haut indiqué, et que vant
avait aussi en sanscrit , témoin açva-vant , qui
possède des chevaux, en parlant d'un pays. || Eux,
euse est aussi une forme dialectique du suffixe eur,
qui forme en français les noms d'agent. Cette forme,
fréquente au moyen âge et restée en usage dans
les campagnes, n'existe plus dans la langue admise
que pour un petit nombre de mots, tels que fau-
cheux (l'araignée), partageux, péteux (voy. eur).
ÉVACUANT, ANTE,(é-va-ku-an,an-t'),arfj. Terme
de médecine. Qui détermine des évacuations. Re-
mède évacuant. || S. m. Un évacuant. Les évacuants.
ËVACUATIF, IVE (é-va-ku-a-tif , ti-v'), adj.
Synonyme d'évacuant.
— IIIST. xvr s. Après avoir ainsi usé de reporcu»
sifs, il faut venir aux résolutifs et evacuatifs, paré,
XXI, 20.
— ÉTYM. Évacuer; provenç. evacuatiu; espagn.
et ital. ex'acuatiro.
ÉVACUATION (é-va-ku-a-sion ; en vers, de six
syllabes), s. f. || I°Action de vider. L'évacuation d'un
hôpital. Bagration et Barclay revenaient versSmo-
lensk à grands pas, l'un pour la sauver par une ba-
taille, l'autre pour protéger la fuite de ses habitants
et l'évacuation de ses magasins, ségur, Hist. de
Napol. VI, 3. Il 2° Terme de guerre. Action do sortir
d'une place, d'un pays , qu'on occupait. On stipula l'é-
vacuation de la place. Vous n'avez jamais vu un tel
vacaimedans le salon de Marly qu'il y en a eu sur
l'évacuition des troupes d'Espagne, maintenon,
Lett. au d. de Noaitles, 30 juin I7«9. || 3° Action de
sortir d'un établissement. L'évacuation au collège
de Clermont nous occupe beaucoup plus que celle
de la Martinique, d'alemb. Lett. d Volt. 4 mars 1762.
Il 4° Terme de médecine. Sortie des matières excré-
mentitielles, sécrétées ou exhalées, à travers un
organe quelconque ouvert naturellement ou par
l'art. L'évacuation du pus d'un abcès. || Plus parti-
culièrement, issue de matières par le haut ou par
le lias. Après avoir été près de mourir, il a fait une
si considérable évacuation que....sÉv. 4) 2. On donna
à monseigneur force émétinue, et sur les deux heu-
res il fit une évacuation prodigieuse haut et bas,
ST-siM. 9( , 196. Il Les matières évacuées. Les éva-
cuations étaient de mauvaise nature. || 5° Terme de
jurisprudence. Evacuation des procès, se dit da
l'action de terminer tous les procès pendants devant
une cour.
— HIST. xiv* s. Si comme le médecin conseilla se
1542
lîVA
en m»deelne, ohmm, *«• •»• Il ^* /• "/'*
Bind dit qu'il roulait mourir avec le. autres et par
".«.Mtion du «Dg et de. playe. mourut, ;uv.
Ctart* ^/. '»"• Il '"'' '■ ''"'"*' '' "
lion I b»*)'" d'eracuation, paré, xv, «8.
(TYH, ProTBDÇ. «'octiacto; espagn. evacua-
tUm; lui. eraeuaiione; du Utin «>o«u<Uion«m, de
<ra(uar«. éracuer.
ÉVACUÉ, ÉB (é-v»-ku-é,ée), port, patte.
Il !• Dont on e>l .orti. Le pay. évacué par l'ennemi.
Un colléRe évacué à cauM d'une épidémie de fiÈvre
typhoïde, jj 2' Terme de médecine. Qui a été rejeté
au dehors, laaliéres évacuée». Le liquida ayant été
évacué par la paracentèse.
ÉVACUER (é-va-ku-é), j'évacuais, nous éva-
cuions, vous évacuiez; que j'évacue, que nous éva-
cuions, que vous évacuiez, o. a. || !• Terme de guerre.
Cesser d'occuper un lieu, un pays. On évacua Man-
heim,on rasa la ville et la citadelle, en sortoqu'il n'y
resta pas une maison, et les ruines mêmes en furent
jetées dans le Khin et dans le Necker, lafayette,
Mém. Cour Franc. HCuv. compl. t. m, p. 3), dans
pouoiMS. Le peu de ces républicains qui avaient
échappé au fer et à la famine évacua le Brésil par
une capitulation du 2« janvier (654, raynal, Uist.
phil. IX, 10. Il Absolument. La garni.son fut obligée
d'évacuer. || On dit aussi évacuer des troupes, les
faire sortir du lieu qu'elles occupent. Evacuer de
l'arliUerie, la faire sortir d'un lieu pour la diriger
sur un autre. || i° Dans le langage ordinaire, sortir
d'un lieu quelconque. Le public a évacué la salle.
La gendarmerie fit évacuer les lieux. || 3° Terme de
médecine. Faire sortir du corps un liquide, une hu-
meur. Évacuer le pus d'un abcès. Evacuer les liu-
meurs. Il Absolument. Évacuer, rendre beaucoup
d'humeurs par le haut ou par le bas. Il prit de l'é-
métique, et évacua beaucoup. || Fig. Et la médecine
oie fil éTacuer ces malheureux vers que je vous en-
voie, CHAUtiEn, à Tousiin et à YoU. || 4' Dans le
langage mystique, affaiblir. C'eût été affaiblir et
évacuer la vertu miraculeuse de la croix, que d'ap-
puyer la prédication de l'Évangile sur le secours de
la nature, fén. t. xxi, p. sa. || 6° S'évacuer, v. réfl.
fllre évacué. La salle s'est évacuée peu à peu. || Etre
chassé hors du corps, il y a des humeurs qui s'éva-
cuent diflicilement.
— HIST. xiv s. La saigniée de la veine évacuante
la matière qui est coLJointe à la plaie, h. de hon-
DEviLLK, f 43, verso. Il XVI* s. Que la foy est éva-
cuée et anéantie, si la justice regarde le mérite de
noj œuvres, ou si elle dépend de l'observation de la
loy, CALV. Instit. 6ui. Du sang et pus qui peuvent
esire évacués par les urines, par^, xv, 62.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. euacuar ; ital. eva-
cuare; du latin euacuare, de e, et vacuus, vide
(voy. vacant).
ÉVADÉ, ÊE (é-va-dé, dée) , pari, passé. Oui s'est
échappé de quelque lieu. Un forçat évadé du bagne,
li Substantivement. On a repris les évadés.
ÉVADER (S') (é-va-dé), v. rifl. || 1» S'échapper
furtivement d'un lieu où l'on était retenu. Les pri-
wnniers M sont évadés. Comme on ne le trouvait
point, on croyait qu'il [Arétin] se fût évadé [hors
de l'enfer], et on n'avait garde de s'imagii.ar qu'il
éuit avec Auguste, koîiten. Jug. de Plut. \\ Simple-
ment, quitter un lieu sans être vu. Nous nous éva-
dons sans être aperçus, et nous nous renfermons
dans notre chambre, i. i. Rouss. Emile, m. || Kig.
Je vois notre maison, et ma frayeur s'évade [s'en
va], uoL.Amphit. i, 1. 1| Absolument et avec ellipse
du pronom personnel. Ce n'est pas mon dessoin
qu'on me fas.se évader, cohn. Polyeucte, iv, (. Si je
rentre chez moi, je ferai évader le dréle; et quel-
que chose que je puisse voir, moi-même, de mon
déshonneur, je n'en serai point cru à mon ser-
ment et l'on me dira que je rêve, mol. Georg. Dand.
Il, 8. Il I* FIg. Se tirer d'embarras par une échap-
patoire. Fourbe, tu crois par là peut-être l'évader,
HOL. Àmp>'. 111, 5. Il S'il s'est employé comme
verbe oautre, sans (ironom personnel. Nous nous
amuuDs trop, il est temps d'évader, corm. lllui.
com. IV, 9. Comme après le coup fait vous étiez
évadé, TH. COM. Calant doublé, i, i. De quelque
cité que VOUS VOUS tourniez, il ne vous reste plus
aucune défaite, aucun subterfuge, ni aucun moyen
d'évader, vous étespri. et convaincu, uoss. î'itTtn.
poi.rU("dim. de favent, ii.
— «tu. s'tvADCH, s'tcBAPPER. S'échapper, c'est
•orur d« c« qui retient: le mercure s'échappe des
doigta. 8'évader ne se dit que de l'homme , ou de ce
que 1 on aMimile à l'homme : Ce prisonnier s'est éva-
dé ; mon moineau s'nt évadé ouéchappé de laçage.
ÉVA
— HIST. nv* s. Ilz seront hors de foy, d'espé-
rance et d'amour pour évader aux biens qui puent
Ipeuvent] ensuire de la grâce du Père, du Kils et
du Saint Esprit, JToduf, f" LXiii, verto. Ainsi appert
par ceste exemple que l'enfant, qui estoit jeune, sceut
celer et taire et évada [trouva une évasion], Jf^na-
gier,i, ». jj xv s. Lors «uis-je esjoy de ton aise,
et prens plaisir en ce que tu évades les misères que
je seuffre chacun jour, alain chari. le Curial.
Il xvi* s. Il ordonna à son frère, qu'il allast environ-
ner le palais du roy, pour garder que personne
des serviteurs n'evadast, amyot. Public. 7. Les
subterfuges que cerchent ici les sorbonistes pour
évader ne lesdepeschent point, calv. Instit. 6(2.
— ÉTYM. Provenç. «laîtr; du latin evadere, aller
dehors, s'échapper, de e, etuarfere, aller (voy.JE vais).
ÉVAGATION (é-va-ga-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f. Terme ascétique. Disposition qui fait
que l'esprit se détache de l'objet auquel il devrait se
fixer. Mon indilTérenoe ne se fait que trop con-
naîtra dans toute ma conduite à l'égard du sacre-
ment de ce Dieu d'amour, dans les évagations de
mon esprit, dans mes tiédeurs, mes lâchetés, mes
ennuis en la présence de ce sacrement , bourd.
Pensées, t. m, p. 261.
— SYN. ÉVAGATION, DIVAGATION. La divagation est
la disposition qui empêche l'esprit de se fixer à un ob-
jet quelconque; l'évagation, celle qui l'empêche de
se fixer à l'objet qui devrait l'arrêter.
— HIST. xvi's. Evagation [action d'aller çà et là],
COTORAVE.
— ÉTYM. Lat. et-ajoltonem, deevagari, de e, et
vagari, vaguer.
t ÉVALTONNER (S") (é-val-to-né) , v. réfl. Prendre
un ton dégagé, s'émanciper. Un jeune homme éval-
tonné. M. de Breteuil a commencé à s'évaltonoer;
il a parlé au roi devant le cardinal pour rétablir
l'ordre du tableau dans la promotion, Q'aegens. sltm.
t. m, p. 36. Il Terme vieilli, ou du moins provincial.
— ÊTYM. È pour es.... préfixe, et l'ancien franc.
valeton, jeune garçon, diminutif de valet, qui si-
gnifiait jeune homme (voy. valet). Évaltonné, très-
usité en Lorraine, signifie évaporé, étourdi, et
quelquefois égaré, hagard.
t ÉVALUABLE (é-va-lu-a-bl') , adj. Qui peut être
évalué.
— ÉTYM. Évaluer.
ÉVALUATION (é-va-lu-a-sion; en vers, de six
syllabes), s. f. Action d'évaluer. Le peu d'unifor-
mité dans les mesures met continuellement dans la
nécessité de faire des évaluations, condil. Lang.
cale. I, 4 3.
— HIST. XVI* s. Escheant arpentement public,
gens experts sont députés pour faire l'évaluation
des propriétés, o. de serres, (2.
— ÉTYM. Évaluer.
ÉVALUÉ, ÉE (é-va-lu-é, ée), part, passé. Dont
le prix est fixé à. Un cheval évalué à mille francs.
Il Dont la quantité est déterminée approximative-
ment. Attroupement évalué à dix mille personnes.
ÉVALUER (é-va-lu-é), j'évaluais, nous évaluions,
vous évaluiez; que j'évalue, que nous évaluions,
que vous évaluiez, v. a. || 1° Estimer la valeur, le
prix d'une chose. C'est un calcul très-fautif que
d'évaluer toujours en argent les gains ou les pertes
des souverains; le degré de puissance qu'ils ont en
vue ne se compte point par les millions qu'on pos-
sède, J. J. Houss. Poil perpét. || 2" Fixer approxi-
mativement une quantité. La durée du phénomène
fut évaluée à cinq minutes. || 3° S'évaluer, v. réfl.
Etre évalué. Cela ne se peut évaluer.
— ÊTYM.ipoures ... préfixe, et t'aJu«. L'ancienne
langue disait a«aluer(BEAUM. xiii, 24). On ne trouve
pas évaluer dans les anciens textes.
t ÉVALVE (é-val-v'), adj. Terme de botanique.
Qui n'a point de valves. Péricarpe évalve.
— ÉTYM. É.... sans, et t!ûii-e.
t ÉVANESCENT, ENTE (é-va-nè-ssan, ssan-t'),
adj. Terme didactique. Qui s'évanouit, s'efface,
disparaît. || Terme de botanique. Nectaire évanes-
cent, celui qui s'amoindrit à mesure que le fruit
sa développe et qui finit par disparaître.
— ÊTYM. Lat. evanescere, de e, et vanus, vain.
tÉVANGÉLUIRE (é-van-jé-li-ê-r'), «. m. Livre
qui contient les évangiles lus ou chantés à chaque
messe et qu'on dit avoir été composé par saint Jé-
rôme. Parmi les livres que léguait aux frères mi-
neurs et aux frères prêcheurs le testament de saint
Louis, se trouvait un évangéliaire grec, envoyé au
roi, en 426», par l'empereur Michel Paléologue,
LE CLERC, Uist. litt. de la France, t. xiiv, p. »2.
— HIST. XIV* s. Un evangelier et un epistoliar de
grans volumes ou canob, evangeliarium.
EVA
— ÊTYM. Bas-lat. evangeliariutn , de evangelium,
évangile.
ÉVANGÉLIQUE (é-van-jé-li-k'), odj. jj 1* Qui ap-
partient, qui est conforme à l'Evangile. Mener une
vie évangélique. La loi évangélique, qui est une loi
de grâce, une loi d'amour et de liberté, bouhdal.
Purif.de la Vierge, Myst. t. ii, p. 477. Saint Justin
fut un des premiers philosophes qui embrassèrent
la doctrine évangélique, dider. Opin. des anc. phil.
(Jésus-Christ). || 11 se dit aussi des personnes. Nous
ne voyons point de riches contents de leurs riches-
ses ; et nous voyons des pauvres évangéliques con-
tents de leur pauvreté, bourdal. Sur la récom-
pense des tainis, Premier avent. Unissant sous les
lois d'une même profession ce qu'il avait assemblé
d'ouvriers évangéliques, plécb. Panég. t. u, p. 24 2.
Il 2° Particulièrement. Qui est de la religion protes-
tante. Ministre évangélique. Les cantons évangé-
liques et les cantons catholiques de la Suisse.
Il Substantivement. Les évangéliques. Bien de plus
licencieux, rien de plus séditieux tout ensemble,
rien enfin de moins évangélique que ces évangé-
liques prétendus, Boss. Kar. v, § 13.
— HIST. XV* s. Les estais de l'Empire qui sont
sous la confession d'Ausbourg, appeliez autrement
évangéliques, villeroy, if^in. t. vi, p. 7, dans
lacurne.
— ÉTYM. Provenç. evangelic; espagn. et ital.
evangelico ; du latin evangelicus, de evangelium.
Evangile.
ÉVANGÉLIQUEMENT (é-van-jé-li-ke-man), adv.
D'une manière évangélique. Prêcher évangélique-
ment. C'est en cela même qu'on serait véritable-
ment, qu'on serait évangéliquemenl, qu'on serait
héroïquement sévère, bourdal. 3* dim. après la
Pentecôte, Dominic. t. ii, p. 359.
— ÉTYM. Évangélique, et le suffixe ment.
t ÉVANGÉLISATiON (é-van-jé-li-za-sion), s. f.
La prédication de l'Evangile; ses effets.
— ÉTYM. Provenç. evangelisation, du lat. evan-
gelizare, évangéliser.
ÉVANGÉUSÉ , ÉE (é-van-jé-li-zé , zée) , part, passé.
On jette les fondements d'un édifice sacré où les
pauvres sont évangélisés, où les petits trouvent la
pain qui nourrit l'âme, mass. Villeroy.
ÉVANGÉLISER (é-van-jé-li-zé), v. a. Prêcher l'é-
vangile. Fonde-t-elle des hôpitaux? elle y joint des
missions, afin que les pauvres soient nourris et
évangélisés tout ensemble, flêch. j^iffuti. Ceux qui
évangélisent vos terres et vos vassaux, mass. Car.
Parole de Dieu. || Absolument. Saint François Xavier
a évangélisé dans le Japon.
— HIST. xui* s. Nostre sires donra la seua paroi»
[donnera sa parole] as evangelizanz, Psautier,
fia.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. evangelixar ; ital.
evangeliizare ; du lat. evangelitare , da evange-
lium. Evangile.
f ÉVANGÉLISME (é-van-jé-li-sm'), s. m. Néolo-
gisme. Caractère des enseignements évangéliques.
— ÉTYM. Voy. évangile.
ÉVANGÉLISTE (é-van-jé-li-sf), s. m. || 1° Chacun
des quatre saints qui ont écrit les Evangiles. Les
quatre évangélistes. Qui a ayipris aux évangélisies
les qualités d'une âme vériiablement héroïque, pour
la peindre si parfaitement en Jésus-Christ ? pasc.
Pensées, part, ii, art. lO. Et lorsqu'il est mort pour
nous sur le Calvaire, victime de l'univers, lia voulu
que le plus chéri de ses évanf;élistes remarquât qu'il
mourait spécialement pour sa nation, uoss. le Tel-
lier. Il Évangélistes synoptiques, voy. synoptique.
Il 2" Prédicateur en général. Voici vos libérateurs,
et je donnerai à Jérusalem un évangéliste , saci , Bible,
Isa'ie, XLi, 27. || Fig. Je me contentais de connaître
l'erreur sans la réfuter, et la vérité sans m'en ren-
dre l'évangélisle, scudéri. Sur le Cid. || 3* Chez les
protestants, celui qui assiste le pasteur. || 4* Se di-
sait autrefois, au palais, du conseiller qui tenait
l'inventaire d'un procès pendant que le rapporteur
lisait les pièces. Noailles ouvrit son sac, de colère,
en prit les pièces qu'il mit devant lui, et, tandis
qu'il rapportait, ma voilà à les feuilleter et à ma
faire son évangéliste, st-sim. 440, 42B. || Se di-
sait autrefois de celui qui, dans une compagnie,
était nommé pour être témoin et inspecteur d'un
scrutin. Il Ces deux acceptions viennent sans douta
de ce que ce surveillant voyait si l'on disait vrai, si
l'on parlait en mots d'Evangile.
— HIST. xii* s. Et ceste chose fust li encomen-
cemenz de ses miracles, si cum dist li evvange-
listes, ST BERNARD, p. 553. || xiu* S. Evangelistre,
apostre, martyr et confesseur Por Jhesu Crit soff ri-
rent de la mort la presscur, ruteb. I3e,
ÉVA
ÉVA
ÉVA
1543
— ÉTYM. Provenç. espagii. et ilal. evangelista,
du lat. evangelista {Moy. évangile).
ÉVANGILE (é-van-ji-1'), s. m. || 1° La loi, la doc-
trine de Jésus-Christ. Saint Thomas porta l'Évangile
aux Indes, boss. Hist. ii, 7. Saint Kilien prêcha l'E-
vangile dans la Franconie, id. ib. i, **. Les Juifs
qui avaient reçu l'Évangile, id. ib. ii, ». Que ses
douleurs l'ont rendue savante dans la science de
l'Évangile, et qu'elle a bien connu la religion et la
vertu de la croix, quand elle a uni le chrisliarnsme
et les malheurs I id. Reine <ÏAnglet. L'Evangile
est proposé à l'homme comme sa seconde raison,
comme le suppléicent de sa conscience, Mirabeau,
Collection, t. v, p. 27<. (| 2° Nom des livres qui
contiennent la vie et la doctrine de Jésus-Christ. 11
parut, dans les premiers siècles de l'Église, un
grand nombre d'Évangiles. L'Église n'a reconnu que
quatre Évangiles. Jurer sur les Évangiles ou sur
l'Évangile, jurer en touchant les Évangiles. || Évan-
giles apocryphes, ceux que l'Église n'a pas recon-
nus. L'Évangile de l'enfance, celui de ces livres où
est racontée l'enfance de Jésus-Christ. |{ 3° Abso-
lument. L'Évangile, le recueil des quatre Évangiles
reconnus par l'Église, à savoir l'Évangile selon
saint Matthieu, l'Evangile selon saint Marc, l'Évan-
gile selon saint Luc, et l'Évangile selon saint Jean.
Lire l'Évangile. || Croire une chose comme l'Évan-
gile, la croire sans réserve. || Familièrement. Ce n'est
pas mot d'Évangile, c'est une chose qui mérite peu
de foi. Les serments des gascons Passent peu pour
mots d'Évangile, la font. Gase. \\ En sens inverse,
parole d'Évangile, chose qui mérite toute confiance.
Tu as beau rire, c'est l'Evangile, bamilt. Gramm.
3. Ses procès-verbaux [du maire] sont paroles d'É-
vangile pour MM. les juges de Tours, p. L. conR. i,
(60. Il Gens de l'Évangile, bonnes gens, faciles à
tromper. Ce diable était des gens de l'Évangile,
Simple, ignorant, à tromper très-facile, la font.
Vapef. Il 4° La partie de l'Évangile qu'on lit à la
messe. Il Le c6té de l'évangile, le c6té gauche de l'autel
en entrant dans le chœur, ainsi dit parce que c'est
le côté où l'on dit l'évangile. || C'est l'évangile du
jour, se dit d'une chose nouvelle dont tout le monde
s'entretient. Je ne sais comment je pourrai vous
parler d'autre chose aujourd'hui que de cet évan-
gile du jour, sÉv. 46 mars 4 689. Vous savez que
Mme de Savoie ne souhaite au monde que l'ac-
complissement du mariage de son fils avec l'in-
fante du Portugal, c'est l'évangile du jour, sÉv.
t. VI, lett. B85, dans pougens. Il [Locke] prouve
que la souveraineté appartient aux peuples, et
■ qu'ils ne font que la déposer entre les mains de
ceux qu'on appelle souverains.... vous savez que
s'est l'évangile du jour k présent parmi les protes-
tants, BAYLE, Lett. à Uinutoli, 24 sept. <o»3.
Il B° Commencement du premier chapitre de saint Jean
qu'un prêtre récite en mettant un pan de son étole
sur la tête de la personne à l'intention de qui il le
récite. Il n'est pas croyable ce qu'elle [Mme de
Saint-Herem] dépensait à se faire dire des évangiles
sur la tête, st-simon, 97, se. || Cotte cérémonie se
nomme, dans le département des Côtes-du-Nord,
donner l'évangile. || 6° Évangile est le titre de quel-
ques anciens livres burlesques. L'Evangile des que-
nouilles. Il 7° Évangile éternel, doctrine de Joachim
de Flore, moine calabrais du xn" siècle, et de Jean
de Parme , du xiii" , suivant laquelle l'ancien
testament répondant au premier âge du monde,
le nouveau testament au deuxième âge, un troi-
sième testament inaugure le troisième âge (voy.
lOACHiMiTE). Il 8° Il se dit, dans le langage néo-
logique, des doctrines novatrices qui agitent la
société. Ses compagnons [de Byron allant en Grèce]
épars, groupés sur le navire. Ne parlent point entre
eux de foi ni de martyre, Ni des prodiges saints par
la croix opérés, Ni des péchés remis dans les lieux
consacrés; D'un plus lier évangile apôtres plus fa-
rouches, Des mots retentissants résonnent sur leurs
bouches: Gloire, honneur, liberté, grandeur, droit
des humains.... lamabt. Harold, xi.
— REM. 1. Évangile'prend un É majuscule quand
il s'agit de la loi de Jésus-Christ, des livres qui
contiennent sa vie, et du recueil de ces livres. Il
prend un é minuscule quand il s'agit delà partie de
l'Évangile que le prêtre dit. || 2. Le genre d'évan-
gile a été longtemps féminin; Boileau l'a encore fait
féminin : L'Évangile au chrétien ne dit en aucun
lieu: Sois dévot; elle dit: Sois doux, simple,
équitable, Sat. xi. Monsieur Joli [évêque d'Agen]
prêcha à l'ouTerture [de l'assemblée du clergé en
I67B] ; mais comme il ne se servit que d'une vieille
évangile et qu'il ne dit que de vieilles vérités, son
sermon p«rut vieux, sÉv. lett. 44 juin 467B. Au-
jourd'hui évangile est toujours masculin. ,1 3. Évan-
gile, au sens de la partie qui se dit à la messe, a
été fait féminin, par exception, pendant que le mot
était d'ailleurs masculin. Aujourd'hui aucune excep-
tion n'a plus lieu.
— HIST. XIII* s. Sire, tout n'est pas Evangile
Quanque l'en dit aval la vile, la Rose, I248I. Et
lors le seignor deit comander que on aporte une
Evangille, Ass. de Jér. 96. || xv* s. [Le chancelier de
France] dit en plein conseil royal au chancelier
d'Aquitaine, qu'il ne disoit pas Evangile [ne disait
pas la vérité], monstrel. t. i, f" 163, dans la-
CUBNE. Jl XVI' s. Il est maudit en l'Evangile qui a le
choix et prend le pire [par allusion aux Juifs qui,
ayant le choix d'adopter la religion du Christ, la re-
jetèrent et sont maudits], leroux de lincy, Prov.
t. I, 25. Ainsi choisissiez vous le pire; c'est pour-
quoy estes mauldict en l'Evangile, babel. iv, 46.
Je ne me soucie pas plus de l'évangile que de l'e-
pistre [pas plus de l'un que des autres], Moyen de
parvenir, p. 4)0, dans lacubne.
— ÉTYM. Provenç. evangeli, avangeli; espagn. et
ital. evangelio; portug. evangelho ; du lat. evange-
lium, du grec eOcuytiXiov , bonne nouvelle, de su,
bien, et àyyéWeiv, annoncer, d'où i-YYeXo;, mes-
sager, ange (voy. ce mot).
ÉVANOUI, lE (é-va-nou-i, le), part. paî.ç^ d'éva-
nouir. Il 1" Dissipé, disparu. Une ombre évanouie.
Projets évanouis aussitôt que formés, campist. An-
dronic, iv, 4. Et dans cette nuit funeste Je cher-
chais en vain le reste De mes jours évanouis, J. b.
Rouss. Odes, i, 4 0. Les soleils aux soleils succèdent
à mes yeux. Les cieux évanouis se perdent dans
les cieux, delille, Imag. m. || 2° Qui est en syn-
cope. Toujours évanouie. Madame, elle ne marque
aucun signe de vie, rac. Baj. iv, B. Je proteste
contre ceux qui prétendent que je suis tombé en
apoplexie; je n'ai été évanoui qu'un quart d'heure
tout au pfiis, VOLT. Lett. d'Argental, 2 janv. 4767.
ÉVANOUIR (S') (é-va-nou-ir), v. réfl. \\ 1° Dispa-
raître sans laisser de traces. Là périssent et s'éva-
nouissent toutes les idoles, et celles qu'on adorait
sur des autels, et celles que chacun servait dans
son coeur, boss. Hist. ii, 4 4. Dans les pays de com-
merce, l'argent qui s'est tout à fait évanoui revient,
parce que les États qui l'ont reçu le doivent, mon-
TESQ. Esp. XX, 23. Le lendemain on cherchait les
pieux voyageurs, mais ils s'étaient évanouis comme
ces saintes apparitions qui visitent quelquefois
l'homme de bien dans sa demeure, chateaubr. Gé-
nie,iv, m, e. Il Par extension. C'est le dernier éclat
d'un feu prêt à .s'éteindre , Sur le point d'expirer il
tâche d'éblouir. Et ne frappe les yeux que pour s'é-
vanouir, CORN. Au roi sur Cinna, Pomp. etc. Qui
croit les posséder [ces douceurs] les sent s'évanouir,
ID. lUracl. I, 4. Et ma haine, qu'en vain tu
crois s'évanouir, id. Rodog. iv, B. Vains fantômes
d'État, évanouissez-vous, id. ib.n, 4. Maissahaine
sur vous autrefois attachée Ou s'est évanouie ou
s'est bien relâchée, bac. Phèd. i, 4 . Nos bonnes ré-
solutions s'évanouissaient , fi5n. Tél. iv. Mais au
moindre revers funeste. Le masque tombe, l'homme
reste. Et le héros s'évanouit, j. b. rouss. Ode à la
fortune. Il Avec suppression du pronom personnel,
quand certains verbes, voir, sentir, faire, etc.
précèdent. X des paroles si consolantes, Don Garcie
sentit évanouir toute sa crainte, lesage, Diab. boit.
ch. 9. Il Faire évanouir, dissiper, détruire. Cette
nouvelle a fait évanouir toutes nos espérances. On
en [des mauxj a vu qui ont sapé , par les fonde-
ments, de grands empires et qui les ont fait éva-
nouir de dessus la terre, la bruy. x. Le spectacle
de la mort de Virginia, immolée par son père à
la pudeur et à la liberté, fit évanouir la puis-
sance des décemvirs, montesq. Esp. xi, 4 5. La
prude loua cette résolution d'un air bien capable de
la faire évanouir, mahmontel, Cont. mor. Alcib.
Il Terme d'algèbre. Faire évanouir une inconnue,
la supprimer à l'aide d'une opération dans une
équation. Ainsi x+y^=a, x—y^b; en ajoutant ces
deux équations, il vient 2x^a+b ; y s'est évanoui.
Il 2° Perdre connaissance, tomber en faiblesse. X
cette nouvelle elle s'est évanouie. || Faire évanouir,
causer une faiblesse, une perte de connaissance.
L'hémorragie l'a fait évanouir.
— REM. On trouve évanouir employé neutrale-
ment : Harlay, à ce qu'il a dit depuis à Valincourt,
pensa évanouir, st.-sim. t. i, p. 398, édit. chéruel.
C'est un archaïsme aujourd'hui inusité.
— HIST. XII* s. E, ço dit, [les deux anges] s'es-
vanoïrent, Machab. ii, a. Li duz esvano'iz del sanc
Qui li isseit parmi le flanc... Grégoire le Grand, p.
63. Il xiir s. Ensinc ont bien entendu li message ce
que Merlins leur a dit, et il se toment t.utre part
por parler ansambls, et cil s'esvanoist, et, quand cil
se retornent por parler à lui, si l'orent penîu, Jfer-
lin, !° 44 , verso. Quand il urent fini lurdiz, De mes
oiz [yeux] sunt il evaniz, Edouard le conf. v. 3777.
Quant jel vi, tant m'en esioi. Qu'à poi ne m'en es-
vanoï, la Ruse, 44966. ||xiv* s. Celle delettacion est
aussi comme evanuie et absorbée, et ne la sent l'en
pas, ORESME, Eth. 89. Le pacient s'esvanoist et
est descoulouré , henri de mondeville , f° 69.
Il XV* s. Ne demeura guère que la rougeur s'éva-
nouit, et print assurance, Louisix, JVoMV. c. ||xvi* 3.
Il se mit sur un lit, où il évanouit plusieurs fois,
MARG. Souv. XXVI. Advenant le soleil, esvanouissent
les ténèbres, rab. Pant. m, 47. X ces motz Pa-
nurge esvanouyt de la corapai^nie, et se mussa en
bas dedans lasoutte, id. tb. iv, 60. Appelerà nostre
secours un contentement esvanoui, pour l'opposer
à ce qui nous presse, mont.ii, 247. Comme onvoid
d'un esclair s'esvanouir le trait, bons. 926.
— ÉTYM. Provenç. csi!anuir; ital. svanire; defs....
préfixe, et le lat. vanescere, disparaître, de vanus,
vain (voy. ce mot), avec intercalation de la voyelle
u, ou (comme dans c'ponouir) , voyelle dont la na-
ture est douteuse ; on trouve dans du Gange eva-
nuare en un texte du xiii* siècle. L'ancien français
avait aussi envanir:m' s. E me volent vers vus mes-
1er et mal tenir, E l'amur et la pais défaire e en-
vanir. Th. le mart. 4 29; xiii" s. Li sainz s'en va
e s'envani , Edouard le Conf. v. 3B73.
t ÉVANOUISSANT, ANTE (é-va-nou-i-san, san-t'),
adj. Qui devient nul, en parlant de quantités ma-
thématiques. Il me montrait mille fois plus d'espace
au-dessus de ma tête que je n'en avais sous mes
pieds, et il m'humiliait par le rapport évanouissant
du point que j'occupais à l'étendue prodigieuse qui
s'offrait à ma vue, dideh. la Promenade du sceptique.
ÉVANOUISSEMENT (é-va-nou-i-se-man), s. m.
Il 1* Action de disparaître sans laisser de trace. L'é-
vanouissement d'une vision. || 2° Terme d'algèbre.
Disparition d'une quantité, d'un dénominateur.
Il 8° Syncope, perte de sentiment. Il est revenu da
son évanouissement.
— HIST. XII* s. Le duel [deuil] , l'esvanuiscement.
Tout ferai savoir à la gent, chhestien de troyes,
Perceval, v. 335, dans potvin. |1 xiv* s. Soit le cy-
rurgien garni de toutes les choses qui li appartie-
nent, avant que il face incision, quant à llus da
sang, à esvanissement et à ester dolour, H. de mon-
deville, {° 403. Il XV" s. Après l'évanouissement da
cette vision, notre jaloux se reveille, Lonis xi,
Nouv. XI. Il XVI* s. Soudain il luy prit au milieu da
son parler un esvanouissement, amyot, Flam. 4 0,
— ETYM. Évanouir.
jÊVAPORABLE ( é-va-po-ra-bl' ) , adj. Qui est
susceptible de s'évaporer. Quoique l'eau soit évapora»
ble, BERN. DERT-piEHRE, Liv. II, Jlarm. 29, de l'eau.
— ÉTYM. Évaporer; provenç. et espagn. evopo-
rable ; portug. evaporavel.
t ËVAPORATIF, IVE (é-va-po-ra-tif, ti-v'), adj.
Qui tient à l'évaporation , qui en dépend ou la produit.
— msT. XVI* s. Les eaux congelatives sont aussi
evaporatives et exalatives, palissy, 247.
— ÉTYM. Évaporer; provenç. «Daporaltu; espagn.
et ital. eraporativo.
ÉVAPORATION (é-va-po-ra-sion ; en vers, da
six syllabes), s. f. || 1° Passage d'un liquide à l'é-
tat de gaz an moyen de la dilatation de ses molé-
cules par le calorique ou par la diminution de pres-
sion. Il A.scension lente et graduelle, dans l'air, d'un
liquide qui s'y répand sous la forme de lluide aéri-
forme. || Évaporation spontanée, transformation des
liquides en vapeurs à la température et à la pression
ordinaires. || Terme de salines. Opération par la-
quelle on sépare le sel de l'eau qui le contient.
Il 2° Fig. Légèreté d'esprit. Il y a un peu d'évapo-
ration dans son fait. N'y ayant rien dont Dieu se .
serve plus souvent pour retirer les ftmes d'une cer-
taine évaporation que leur insensibilité produit, et
pour les faire rentrer en elles-mêmes, que de la
vue de ces terribles objets [idées de la mort], Kl-
COLE, Ess. mor. 3* traité, ch. 4.
— HIST. xvi* s. Et faut garder que rien ne s'en-
fuye par dessus, pour l'évaporation et la deperdi»
tion qui se feroit de sa vertu, paré, xvi, 8.
— ÉTYM. Provenç. evaporacio; espagn. évapora-
don; ital. evaporaiione ; du latin evaporalionem ,
de evapnrare, évaporer.
t ÉVAPORATOIRE (é-va-po-ra-toi-r'), adj. Terme
de physique. Appareil évaporatoire, appareil propre
à favoriser l'évaporation.
— ÉTYM. Évaporer.
ÉVAPORÉ, ÉE (é-va-po-ré, rée), part, passé.
au ÊVA
Il 1. MulBi vér ré.iponiion. Uqueur évaporée.
?•«, • I II Di»P* eomino quelque chose qui s é-
f.Do'r. Voiu l'acceplena Quand vos premier» «ou-
;n^nïïr.porér, .0. Olhony, *. H»- Fig Qu.
1 <1« l'élounierie arec peu de réserve. Le style de
CM jeunes gens évaporé», «àv. M9. Que sur le
visage (du jaMinier] il y ait une grande appa-
rence de bonne saiilé, et qu'il n'y en ait point d'es-
prit évaporé ni do sottn présomption, LA quintinye,
Jardins, i, ♦. Il veut être Tolàtre, évaporé, plaisant,
>oiL. t.pU. IX. Il II se dit aussi des choses. On les
découvre à leurs manières libres, à leurs airs éva-
porés, à leurs paroles peu mesurées et peu discrètes,
MURD. Pentéet, t. ii, p. 408. Birtoo, & qui tout était
égal, montrait une gaieté évaporée, volt. Jenni,
7. Il Substantivement. Son fils, qui m'embarrasse,
est un évaporé, mol. le Dép. m, i. Il lit vœu de
ne plus occuper son cœur d'une petite évaporée,
IIÀUILT. Gramm. 10.
— SYN. ÉVAPORÉ, ÉVENTÉ. Au sons propre, une
liqueur est évaporée quand sa substance s'est dissi-
pée en vapeur; elle est éventée, (juand le parfum
qui la distinguait s'est dissipé, quoique la substance
puisse rester. L'eau s'évapore et ne s'évente pas.
Une bouteille do vin est éventée, si le vin a perdu
son arôme. Au figuré, l'évaporé tient plus de la lé-
gèreté de la conduite; éventé tient plus de l'é-
tourderle des manières. Un coquette a des airs éva-
porés, mais elle n'a pas des airs éventés.
ÉVAPORER (é-va-po-ré), t). o. || 1* Résoudre en
vapeur, en parlant des liquides. Évaporer lente-
ment un liquide, l'évaporer à une douce chaleur.
Il 2* Fig. Donner issue, laisser s'exhaler. Et que
chacun, lassé du souci qui l'accable, Cherche à
l'évaporer pour le moins en discours, corn. Imi-
tation, I, (0. Je n'étais point fâché d'évaporer
ma bile, iioL. l'Êt. iv, 8. || 8' S'évaporer, v.réfl.
S'en aller en vapeurs. L'esprit de vin s'évapore ai-
sément. Il Avec suppression du pronom personnctl.
Faire évaporer une liqueur à un feu lent. || Fig.
Quand le creuset des ordonnances Peut faire éva-
porer la loi, BÉRANG. Ventru. || 4" Kig. Se répan-
dre au dehors, se faire jour, se faire entendre. J'ai
caché si longtemps l'ennui qui me dévore, Qu'en
dépitque j'en aie il faut qu'ils'évapore, corn. Pulch.
Il, I. Souffrez qu'une imprudente ardeur. Prête à
•'évaporer, respecte ma pudeur, id. t6. ii, t. Le mal
qui s'évapore en devient plus léger, id. Suréna, i,
i. L'innocente joie aime à s'évaporer au grand jour,
I. j. Bouss. Leil. à d'Alemb. sur les spect. || Absolu-
ment, avec ellipse du pronom personnel. Laissons
évaporer un peu sa bde émue, regnard, i^ga». v, 2.
Il 6' Se dissiper, se perdre. Leur contemplation [des
philosophes] s'évaporait en vaines pensées, et leurs
paroles aussi peu solides qu'elles semblaient magni-
fiques.... boss. /;««. II, 42. Au milieu des jeux et
dos assemblées où l'âme se dissipe et s'évapore or-
dinairement, la sienne se recueillait en elle-même,
rLÉCH. Marie-TMr. Ce n'est pas que ce cœur se
soit jamais évaporé dans les chimères d'une fausse
gloire, MASCARON, Or. fun. de Turtnne. Dès qu'il
a de l'argent, son amour s'évapore, hegnard, le
Joueur, I, s un passé qui s'évapore, lamart.
Kidit. XV. Et que les saints échos de la voûte so-
nore Te portent plus brûlant, avant qu'il s'évapore.
Le soupir qui t« cherche en montant vers lescieux,
ID. Ilarm. i, s. (La vie] Songe qui s'évapore, étin-
celle qui fuit, ID. ib. m, ». (I Son esprit s'évapore, il
devient fou. J'ai.... vu ses yeux s'égarer. Et son es-
prit frappé soudain s'évaporer , beonard , Fol.
amour, ii, «. ||6' Montrer de la légèreté dans ses
discours, dan» ta conduite. Ce jeune homme s'éva-
pore. Il II commence à «'évaporer, se dit de celui
qui, après avoir mené une vie réglée, se dérange.
A T^T''-***'*"'^»' VAPORISER. Employés en parlant
de liquides, ce» mots peuvent ôlre distingués en ce
que par l'évaporation on laisse perdre la vapeurdans
latmosphère, tandis qu'on la recueille par la vapo-
risation. On vaporise de l'eau pour utiliser la va-
peur aqueuse comme force motrice. On évapore un
»a tf "" *"°^' ^"""^ les concentrer, c'est-à-dire
nn.n.i!? .*"?"''"""■ '* ''«"'''* en diminuant la
SI ni. li" '"1""*? 1"'''^ conliennont , léooarant.
ta» i ' T'î"°" »« f"' "«"e k une tempéra-
U^pïr:;eri'ébXit."'"^"°" "^ '"'' '^
•«iCLmrn.*" <^"»''» fumées du ohief se puis-
■ Ulrr, ^ •*1P°;"«' P»T' P«' les cheveux,
11, iw!'^ ' ^"* ^ "omstant, mon ame.... «ont.
- eiTM. ProvMç. ttup^r, e,tap,rar.espagn.
EVE
etaporari Ital. (i)aporore;du latin evaporare, iee,
et vapor, vapeur.
ÉVASÉ, ÊE(é-va-zô, lée), pari, passé. Verre
évasé.ll Familièrement. Un nez évasé, nez dont les
narines sont très-ouvertes.
ÉVASEMENT (é-va-ze-man), s. m. || !• Action
d'évaser; état de ce qui est évasé. Ce n'est pas sans
raison que ce pont [le pont de Saint-Esprit, sur le
Rhône]lest cité; il est de toute beauté pour la hau-
teur, la longueur, l'évasement des arches et la
tournure légère des piles; je le mesurai en tous
sens; il a 1 1 18 pieds de long sur IB de large seule-
ment; les arches sous lesquelles je descendis ont 33
pas d'évasement, de brosses, Lett. sur l'Italie, 1. 1,
lett. I. Il 2* Terme de fortification. Évasement d'une
embrasure, côté qui regarde la contrescarpe.
— HIST. XVI* s. Esvasement, cotgeave.
— ÉTYM. Évaser.
EVASER (é-va-zé), V. a. || l* Élargir un orifice,
une ouverture. 11 faut évaser davantage ce tuyau.
Il 2° Terme de jardinage. Évaser un arbre, lui faire
prendre plus de circonférence. || 3° S'évaser, v. réfl.
Devenir évasé. Cet arbre s'évase. Cette baie va en
s'évasant du côté de la mer.
— lilST. XV" s. Il faut qu'il face contre-mur de
certaine espesseur, afin que le fondement dudit mur
ne s'esvaso par défaut de fermeté de terre joignant,
Ordonn. 148B.
— ÉTYM. É.... pour es.... préfixe, et vase, s. m.
ÉVASIF, IVE (é-va-zif, zi-v'), adj. Qui sert à
éluder. Réponse évasive. Moyen évasif.
— ÉTYM. VOy. ÉVASION.
ÉVASION (é-va-zion ; en vers , de quatre syllabes) ,
». (. Il 1" Action de s'évader. C'eût été [le ])lai-
doyer pour Mme de Mazarin] un bon morceau pour
votre recueil, et d'autant plus nécessaire qu'on y
aurait trouvé bien des choses qui excuseraient l'é-
vasion de Mme de Mazarin, bayle, Leit. à Des
Maiseavx, m janv. (706. Napoléon, qui depuis ac-
cusa Davoust de l'évasion de l'aile gauche des
Russes, pour être resté quatre jours dans Minsk,
SÉGUH, Hist. de Nap. iv, 6. || 2° Fig. Moyens, ar-
guments évasifs. Une lettre qui lui prépare des apo-
logies et des évasions, boss. Lett. quiét. 137. Elle
n'opposa à la bonté que des évasions et des arti-
fices, MASS. Car. Sam. Pour ne laisser aucune éva-
sion à l'erreur que je combats, id. Car. Fautes lég.
Point d'évasion , monsieur : elle était d'une humeur
charmante; en sortant d'avec vous on la voit fondre
en larmes, beaumarch. Mère coupable, u, i9.
— HIST. XV" s. Je faiz doubles conclusions, Je
trouve [trouve] tant d'évasions, D'escriptures en
parchemin, e. desch. Poésies mss. (" 373, dans la-
CURNE. Il XVI" s. Ceux qui ont voulu estre les plus
subtils entre eux, ont trouvé cesle évasion pour es-
chapper, c'est que.... calv. Inst. 487. Lui offrir
200 mil escus pour fermer les yeux à l'évasion de
son prisonnier, d'aub. Vie, civ.
— ETYM. Lat. evasionem, de evadere (voy. évader).
t EVASIVEMENT (é-va-zi-ve-man) , adv. D'une
manière évasive.
tÊVE (è-v'), s. f. La femme d'Adam, la mère
du genre humain. Saint Augustin nous apprend
qu'il y a dans chaque homme un serpent, une Eve
et un Adam : le serpent sont les sens et notre na-
ture, l'Eve est l'appétit concupiscible, et l'Adam est
la raison, pascal, Lett. à Mme Perrier, <7 oct. 17BI.
I) No connaître un homme ni d'Eve ni d'Adam, ne
le connaître nullement. || On dit aussi : Il ne m'est
ni d'Eve ni d'Adam, il n'est pas mon parent. || Fille
d'Eve, se dit on général des femmes, et surtout d'une
femme curieuse.
ÉVÊCHÉ (é-vê-ché), s. m. || 1» Territoire soumis
à l'autorité spirituelle d'un évêque. Une carte dos
évêchés d'Afrique.... il y avait on Afrique plus de
six cents évêchés, dont une partie n'était que de
gros bourgs et même dos châteaux, fonten. Delisle.
Il 2" La dignité épiscopale. Un autre, ambitieux
pour les vers qu'il compose. Quelque bon bénéfice
en l'esprit se propose, Et.... Méditant un sonnet,
médite un évêché, Régnier, Sat. ii. L'on a eu de
grands évêchés pour un mérite de chaire, qui pré-
sentement ne vaudrait pas â son homme une simple
prébende, la brut. xv. || 8" Siège d'un évêché. On
érigea cette ville en évêché. || 4" Le palais épiscopal.
AUer à l'évêché. || B" Les trois évêchés, Metz, Toul
et Verdun, et leur territoire, pris sur l'Allemagne
par Henri II. Le département de la Moselle est formé
d une partie dos trois évêchés.
-— hist. XI" s. Se ceo fust u evesqué u abeîe,
Lots de Cuil. i. || xiii" s. Tu devroies congnoistre
es clers de l'eveschié, Liquel ont bon engin, liquel
lont cmpeschié, j. DE MEUNo Test 697.
EVE
— ÉTYM. Provenç. ecejcal, avescat, bisbat ;c3.t.
bisbat; espagn. obispado; portug. bispado; ital.
vescovado; du latin episcopatus, de episcopus, évo-
que (voy. évêque). Evêché est du féminin, comme
duché, comté, dans l'ancienne langue et jusque
dans le xvi" siècle.
t ÉVECTION (é-vé-ksion) , s. f. Terme d'astro-
nomie. Inégalité périodique que l'on a observée
dans le mouvement de la lune et qui est due à l'at-
traction solaire. La seconde inégalité, appelée par
quelques-uns éveetion, est proportionnelle au sinus
du double de cette même distance, moins l'ano-
malie moyenne de la lune, d'alehb. Syst. du monde,
Disc, prélim.
— ËTYM. Lat. evectionem, action de s'élever en
l'air, de evectum, supin de evehere,de e, et vehere,
porter (voy. véhicule).
ÉVEIL (é-vèll. Il mouillées), s. m. || l'Action
d'éveiller. Peu usité au propre. || 2° Fig. Avis donné
à quelqu'un sur une chose qui l'intéresse et à la-
quelle il ne pensait pas. C'est lui qui m'en a donné
l'éveil. Vous saurez que c'est moi qui donnai l'éveil
à nos astronomes, marmontel, Cont. iiior. Con-
naiss. || Tenir en éveil, tenir attentif. || Etre, se tenir
en éveil, être attentif, sur ses gardes.
— HIST. xm" s. Certes, Dangier, moult me mer-
veil Que vous n'estes en grant esveil De garder ce
que vousdevés, la Rose, 3724. || xv" s. Le cheva-
lier, qui les voit venir par l'esveil du preudhomme,
se leva, puis print son escu et sa lance, Perce forât,
t. IV, f" 127.
— ÉTYM. Voy. ÉVEILLER.
t ÊVEILLABLE ( é-vè-lla-bl', » mouillées), adj.
Qu'on peut éveiller.Une curiosité facilement éveillaliie.
ÉVEILLÉ, ÊE(é-vè-llé, liée, iimouillées), pari.
passé. Il 1° Qui a cessé de dormir; qu'on a tiré du
sommeil. Éveillé par le bruit. Éveillé avant le jour
Il 2° Excité, suscité. Les admirations, les sympathies
éveillées dans son cœur. || 3° Gai, vif. Il a l'air
éveillé. Les petites de Valençais qui sont fort éveil-
lées, sÉv. 362. Elle était des plus jeunes et des plus
éveillées , et rassemblait chez elle ce qu'il y avait
de plus jeunes femmes, m"" delafaïette, Mém.
cour de France, t. m, p. 44, dans pougens. Si ces
yeux éveillés que vous savez si bien faire parler....
J. j. Rouss. Hél. II, te. Il Familièrement. Cotte femme
est bien éveillée, elle a de la vivacité dans le ton,
et de la liberté dans les manières. || Éveillé comme
une potée de souris (voy. potée). || Substantive-
ment. C'est un éveillé. C'est une petite éveillée.
C'est ce petit éveillé de Gil Blas qui avait plus d'es-
prit qu'il n'était gros, lesage, Gil Blas, z, 2. J'é"
tais un éveillé, un gaillard; ce qui me fit surnom-
mer le garçon de bonne humeur, id. Est. Gonx,
ch. I. Sans compter que le diable est un éveillé qui
pourrait bien tenter.... mabivaux , Paysan parv-
2" part. Il 4" Avisé, soigneux. Gens éveillés et aler-
tes surtout ce qu'ils croient leur convenir, la brut.
viiL 115" Gaillard, leste. Ils lui faisaient des contes
assez éveillés, hamilt. Gramm. H.
ÉVEILLER (é-vè-Ué, ii mouillées, et non é-vè-yé),
V. a. Il 1° Tirer quelqu'un du sommeil Les souri»
et les rats Semblent, pour m'éveiller, s'entendre avec
les chats, boil. Sat. vi. Oui, c'est Agamemnon,
c'est ton roi qui t'éveille, rac. Iphig. i, (.11 faut
que tous les jours j'éveilla tout mon monde,
ID. Plaid. I, 7. Dans mon réduit où l'on voit l'indi-
gence. Sans m'éveiller assise àmon chevet, bêrano.
Dieu des bonnes gens. \\ 2" Fig. Donner de la gaieté.
Il est mélancolique, il lui faudrait quelque chose
qui l'éveillftt un peu. || Rendre plus jctif. L'ambition
l'a éveillé. || 3" Stimuler, exciter. Éveiller les soup-
çons, la jalousie. Mais laissez-no'is le temps d'éveil-
ler un parti, volt. Mérope, v, 3. C'est moi qui U
première éveillai son courage, ducis, Macbeth, U,
2. L'aspect d'un tel censeur éveille ses remords, le-
merc. Agamemnon, i, i.\\ Absolument. Il faut qua
sa douceur [de l'idylle] flatte, chatouille, éveille,
BOiL. Art p. II. Il 4° Faire naître. Quelle foule d'i-
dées j'éveille dans son cerveau par ce pou de moisi
J. J. rouss. Ém. III. Il 5° S'éveiller, v. réfl. Sortir du
sommeil. U s'endort, il s'éveille au son des instru-
ments, BAC. Eslh. II, 9. Il Kig. Il n'est pas mauvais
que le peuple s'éveille de temps en temps, retz, it,
t-^8. [6 roi] Il est temps que tu t'éveilles: Dans la
sang innocent ta main va se plonger, rac. Eslh. lU,
3. IIS" Prendre de la vivacité, en parlant de choses.
Aussitôt des objets les images pressées En foule s'é-
veillaient dans ses vastes pensées , delille, Imag.
v. Dans mon cœur attendri quel sentiment s'éveille'?
c. DKLAV. Pario, III, A. Il Proverbe. N'éveillez pa»,
ou, il ne faut pas éveiller le chatqui dort, c'est-à-dire
ne rappelez pas une mauvaise afTa're assoupie.
EVE
— SYN. ÉVEILLER , RÉVEILLER. Ces tleux verbes ne
diffèrent que par le préfixe re, qui marque rôdupli-
calion de l'action. On dort et on s'éveille; on se ren-
dort et on se réveille. Cette distinction est réelle ;
mais, dans l'usage, on la néglige souvent : Je vous
réveillerai demain à six heures.
HIST. XI' s. Charles se dort, qu'il ne s'es-
veiUemie, Ch. de Roi. lv. || xif s. As oroilles vient
la parole, Ausi come li vanz qui vole. Mes n'i areste
ne demore, Se li cuers [cœur] n'est si esveilliez Qu'au
prendre soit apareillie/, crestien de troies, Chev.
au lyon, v. (57. Li sainz huem ne fist mie ses ser-
vans esveiUier, Th. le mart. (Oi. || xiii* s. Et que
or avoit li rois d'Espaigne enveillet le chien qui dor-
moit, Chr. de Bains, p. 74. Car mesdisant félon et
de put aire Font les amans à grant dolor languir,
Qui sont louzjors esveillé de mau faire, Quant on
cuide que il doient dormir. Poésies mss avant I300,
t. IV, p. 1468, dans lacurne. Mez seulement pour
le grant amour que il aen nous, nous esveille [Dieu]
|iar ses menaces, joinv. 285. ||xv« s. Plus esveillé
qu'un rat, louis xi, Nouv. n. 11 appela son varlet,
qui estoit un galant tout esveillé, id. ib. xviii.
— ÉTVM. Provenç. esvelhar, esveillar; ital. sve-
gliare; du lat. evigilare, s'éveiller, de e, ex, elvi-
gilare, veiller.
I lîVEILLEUR (é-vè-Ueur, «mouillées), s. m. Ce-
lui qui éveille. L'amour est l'éveiUeur suprême; L'âme,
la belle au bois dormant, m""' ackermann, dans la
Revue de l'inslruc. publique, (8 juin 1863, p. (82.
t ÉVEILLURE (é-vè-llu-r' , Il mouillées) , s. f. Creux
naturels qui se trouvent dans les meules des moulins.
ÉVÉNEMENT (é-vè-ne-man), s. m. || 1° Tout ce
qui arrive. Beaucoup d'événements ont démenti
leurs causes, rotrou, Antig. i, 2. Conseils marqués
par le doigt de Dieu, dont l'empreinte est si vive et
si manifeste dans les événements que j'ai à traiter,
qu'on ne peut résister à cette lumière, boss. Iteine
d'Angles. Le monde cependant se rit de mes excu-
ses, Croit que, pour m'inspirer sur chaque événe-
ment, Apollon doit venir au premier mandement,
iioiL. Épit. VI. Les choses de dehors qu'on appelle
les événements sont quelquefois plus fortes que la
raison et que la nature, la bruy. vi. Après cela,
sa vie [de M. Parent] n'a plus d'événements, et n'en
3. peut-être été que plus heureuse, fonten. Parent.
C'est-à-dire qu'il vous faut des hommes communs et
des événements rares ; je crois que j'aimerais mieux
le contraire, j. i. Rouss. Hél. i' préface. || Faire évé-
nement, causer un sentiment de surprise. Dans
cette maison, les actions honnêtes, délicates, ver-
tueuses ne peuvent faire événement, geni.is. Ad.
et Théod. t. iii, lett. 68, p. BU9, dans pougens.
Il C'est tout un événement, c'est une grande affaire,
une chose inattendue. || 2° Incident dramatique. Ce
drame est plein d'événements. || 3° Issue, bon ou
mauvais succès. Et les remèdes que je tente Demeu-
rent sans événement, malh. v, 5. Ce n'est pas à
dire que Dieu ne s'ennuie point de donner de bons
événements à tous nos mauvais conseils, balz. le
Prince, ch. (B. Nos souhaits ne règlent pas l'évé-
nement des affaires, m. liv. i, lett. 3. Mais ce n'est
pas assez d'entreprendre ardemment; L'honneur de
l'entreprise est dans l'événement, botrou , Antig.
m, B. Qui se voulant venger pense à l'événement
N'a pas ou grand courage ou grand ressentiment,
iD. hélis. a, (7. Jamais, certes, jamais plus beau
commencement N'eut en si peu de temps plus triste
événement, mol. l'Étour. ii, (3. L'événement n'a
point démenti mon attente, rac. Mitkr. v, (.Ce
combat doit, dit-on, fixer nos destinées; Et même,
si d'Osmin je compte les journées, Le ciel en a déjà
réglé l'événement, id. Baj. I, 2. Ah! de tant de
conseils événement sinistre, in. ib. iv, 7. C'est
par trop imiter les hommes : Nous jugeons par
l'événement, la motte, Fabl. i, (O. Fatalité con-
traire à l'événement de toutes les autres batailles,
où les blessés sont toujours le plus grand nombre,
VOLT. Louis XV, 22. Il Dénoûment, dans une pièce
de théâtre. Chaque vers, chaque mot court à l'évé-
nement, BoiL. Art p. m. Il 3° Terme de jurispru-
dence. L'événement de la condition, la réaUsation.
;| 4° A tout événement, loc. adv. X tout hasard,
quoiqu'il arrive. Six mille hommes Que.... Je faisais
tenir prêts à tous événements, corn. Pomp. iv, (.
Dont à tout événement ils puissent tirer parti, j.
j. RGUss. Ém. m.
— Hisr. xvi« s. Toutesfois l'événement de Cippus
[oe qui arrive à] est mémorable, mont, i, «2.
— ÉrY.M. Lat. evenire, advenir, se faire, de e,
et venire, venir.
ÉVENT (é-van), j. m. || 1° L'exposition au vent,
le grand air. Mettre des marchandises, des bardes
ÛICT. DE LA LANGUE FRANgAlit.
EVE
à l'évent. Il Donner de l'évent à une pièce de vin,
y donner de l'air en faisant une petite ouverture
par en haut. || Fig. et familièrement. Avoir la tète
à l'évent, être très-étourdi. Ecoutez, vous avez une
têle à l'évent. Dont la vivacité pourrait enfin vous
nuire, dancourt, Mme Artus, i, B. || Une tête à
l'évent, un étourdi. Elle est une tête à l'évent, th.
CORN. D. César d'Avalos, i, <. Cette tète à l'évent
me prend pour quelque grue, monfl. Fille capt.
m, 3. Il 2° Altération des viandes et des liqueurs qui
ont été exposées trop longtemps au grand air. Du
lard qui sent l'évent. Du vin qui a de l'évent. || Fig.
Je craindrais... Que votre vin.... Vu le long temps
qu'il est en perce, Se sentit un peu de l'évent, Ré-
gnier, Louanges de Mac. \\ Défaut du plâtre éventé.
Il 3° Terme d'Iiistoire naturelle. Nom donné aux na-
rines des cétacés, parce qu'ils rejettent parla, en
soufflant, l'eau restée dans leur bouche, chaque fois
qu'ils la ferment pour avaler leur nourriture.
Il 4" Terme de fondeur. Nom de petits rouleaux de
cire qu'on place perpendiculairement au modèle,
qu'on entoure d'une enveloppe de terre rouge et de
fiente de cheval, et qu'on soumet au feu de petites
bûches de bois rangées autour du modèle; la cire se
fond, et il reste autant de petits canaux formés par
l'enveloppe qui s'est durcie qu'il y avait d'évents.
C'est par les évents que s'échappe l'air chassé parla
matière en fusion. || 5°Terme d'artillerie. Différence
en moins du diamètre du boulet au cabbre de la
pièce. Aujourd'hui on ne dit plus que vent en ce
sens. Voy. ce mot. || 6° Défectuosité d'un canon de
fusil, d'une mine, qui consiste en une petite ou-
verture ou fente par où l'air peut passer. || 7° Ancien
terme de commerce. Mesurer une pièce sans évent,
la mesurer de manière qu'il ne reste rien par-des-
sus l'aunage. Faisons très-expresses défenses aux-
dits gardes-jurés et aux préposés, d'auner lesdites
toiles autrement que bois à bois et sans pouce ni
évent, Lett. pat. 28 juin t780, art. 9.
— HIST. XVI' s. Tenir les tonneaux bien bouchés,
de peur de l'esvent, o. de serres, 2((.
— ÉTY.M. Voy. éventer.
t ÉVENTABLE (é-van-ta-bl'), aiij. Qu'on peut éven-
ter ; qui peut s'éventer. Cette mine sera difficilement
éventable; une liqueur très-éven table, legoarant.
tÉVENTAGE(é-van-ta-j'),s.m. || 1° Terme de tan-
neur. Action de mettre à l'air les peaux destinées au
chamoisage. || 2° Terme rural. Action d'étendre sur
le sol les mauvaises herbes coupées par le ratissage.
— ÉTYM. Éventer.
ÉVENTAIL (é-van-lall. Il mouillées), s. m.
Il 1° Sorte d'écran portatif avec lequel les dames s'é-
ventent; il est en papier ou en étoffe, plissé en
forme palmée , et s'ouvre et se ferme à volonté
dans ses pbs. Mon éventail resta hier une grande
seconde à terre sans qu'il s'élançât du bout de la
chambre comme pour le retirer du feu, i. j. rouss.
Ilél. IV, 9. Il Recourir à son éventail, se dit d'une
femme qui ouvre son éventail pour se cacher quand
il se dit ou se fait quelque chose qu'elle a une cer-
taine honte de voir ou d'entendre. Champfort nous
avait lu de ses contes impies et libertins, et les
grandes dames avaient écouté sans avoir même re-
cours à l'éventail, laharpë. Prophétie de Caiotté.
Il Fig. I! se dit de ce qui a forme d'éventail. Le ma-
gnolia n'a d'autre rival que le palmier, qui balance
auprès de lui ses éventails de verdure, chateaubr.
dans le Dict. de bescherelle. || 2° Espèce de cadre
couvert de toile ou de papier qu'on suspend au pla-
fond, et dont on se sert, dans quelques pays, pour
donner du vent et de la fraîcheur eu l'agitant. J'ai
un éventail qui fait un vent dans ma chambre qui
ferait des naufrages en pleine mer, balz. liv. ii,
lett. 4. Il 3° Peinture exécutée sur un éventail.
Toutes vos petites compositions ne sont que de
riches écrans, de précieux éventails , diderot ,
Salon de (767, (Euv. t. xiv, p. 370, dans pougens.
Il 4° Terme de jardinage. Tailler un arbre en éven-
tail, lui donner par la taille la forme d'un éventail.
Il 5° Terme de marine. Voiles à éventail, voiles dont
les laizes sont taillées de manière à venir se réunir
aux points d'écoute. || B" Morceau carré de bois ou
de fer-blanc, que l'émailleur place entre la lampe et
lui, pour ne point être incommodé de la chaleur.
Il Tissu d'osier que les orfèvres se mettent devant le
visage pour examiner l'état de la soudure. || Treillis
portatif employé dans les serres. || Terme d'art mi-
litaire.Espèced'aispour couvrir les tireurs. Il 7*Terme
de construction. Croisée dont la partie supérieure
se termine en demi-cercle ou en ovale. ||8° Un des
noms vulgaires de l'agaric comestible (les jardins.
Il Au plur. Des éventail?.
— HIST. XVI* s. Auprès d'elle de beaux petits en-
EVE
1545
fans, avec des esventaux en leurs mains, dont ilz
l'esventoient, amyot, Anton. 3) Sans le mol
esvtintail [action d'éventer] De ce doux vent.... r.
belleau, Berg. t. ii, p. (62, dans lacurne.
— ÉTYM. Éventer.
t ÊVENTAILLIER ( é-van-ta-Ué , Il mouillées),
s. m. Marchand d'éventails.
ÉVENTAILLISTE (é-van-ta-lli-sf. Il mouillées,
et non é-van-ta-yi-st') , î. m. Celui qui fait des éven-
tails. Il Peintre qui ne peint que des éventails.
— ÉTYM. Éventail.
ÉVENTAIRE (é-van-tê-r') , s. m. Sorte de plateau
d'osier sur lequel des marchandes de fruits et de
légumes portent leur marchandise.
— REM. C'est une faute commune et grossière de
dire inventaire, au lieu d'éventaire; elle a été com-
mise par J. J. Rousseau : Une petite qui avait sur son
inventaire une douzaine de pommes, Prom. ix.
— ÉTYM. Ainsi dit de évent, à cause que les mar-
chandises y sont à l'évent.
t ÉVENTE (é-van-t'), s.f. Casier pour mettre des
chandelles.
ÉVENTÉ, ÉE (é-van-té, tée) ,par(. passé. || l°Qui
se donne de l'air; qui reçoit de l'air. Éventé par un
large éventail. || 2° Altéré par l'évent. Vin éventé.
Il 3° Dont on empêche l'effet, en parlant d'une mine,
en y donnant l'évent, en la découvrant. Mine éven-
tée. Il Fig. Ton piège est découvert, ta mine est éven-
tée,Tristan, Mariane, m, 2. Un dessein éventé suc-
cède rarement, corn. Médée, m, 4. Que ce secret
ne soit point éventé, la font. Aveux. || 4° Étourdi,
inconsidéré. Il n'est enseignement pareil A celui-là
de fuir une tête éventée, la fcnt. Fabl. ix, 8. Ou
prit ces paroles pour des propos d'un homme éventé,
BOSS. Var. (O. Ses airs éventés me le rendirent in-
supportaDle, et mon air froid m'attira son aversion,
J. /. ROUSS. Co/ifes. XI. Il Substantivement. Que l'on
me vît connu d'un pareil éventé, mol. Fdch. i, (.
Ne me parle jamais de ce vieux éventé, dorat,
Feinte par amour, i, 1 . Si d'un pied étourdi quelque
jeune éventé Frappe en courant son chien qui
jappe épouvanté, La voilà qui se meurt de tendresse
et d'alarmes, GiLB.te XVI!I<^siècle.
t ÊVENTEMENT (é-van-te-man), s. m. Action
d'éventer.
— HIST. XVI' s. Trois ou quatre fois de l'an, les
blés du grenier seront remués, revisités et esventés
avec la pelle; tel esventement lui profitera, pour le
moins, de deux ou trois pour cent, o. deserres, (39.
— ÉTYM. Éventer; provenç. eventament.
ÉVENTER (é-van-té), v. a. \\ 1° Agiter l'air avec
un éventail. Des gens éventent le sultan pendant sa
promenade. || Mettre au vent, exposer au grand air.
Il faut éventer un peu ce meuble. || Éventer du
grain, le remuer de temps en temps pour prévenir
la fermentation. || Soulever les étoffes plongées dans
le bain d'alun pour leur faire prendre l'air. || Terme
de marine. Éventer la quille, abattre en carène un
vaisseau jusqu'à ce que sa quille paraisse hors de
l'eau. Il 2° Altérer par l'exposition à l'air. Eventer de
la poudre, du levain. || Éventer une liqueur, une
substance, en affaiblir la vertu en la laissant expo-
sée à l'air. Il Fig. [Un de ces hommes qui].... te-
naient leur doctrine Non dans la tête, ains dans
certaine hermine. Bien chaudement, crainte de
l'éventer. D'où la tiraient quand en avaient affaire,
SAINT-GLAS, Contcs (1672), cité dans le Chasseur
bibliographe, 2' année, n* 8. || Terme de vénerie.
Éventer un piège, lui ôter l'odeur qui pourrait en
éloigner l'animal. |] 3° Éventer une mine, découvrir
l'endroit où elle est pratiquée et en empêcher
l'effet. Il Fig. Éventer la mine, la mèche, la pou-
dre, pénétrer un dessein secret et empêcher qu'il ne
réussisse, le divulguer. Messieurs Basnage et moi
serions trouvés enveloppés dans les dépositions, et
il [Jurieu] se glorifiait d'avoir été le premier qui
avait éventé la mine du malheureux complot, di-
sait-il, du projet de paix qui se tramait en Suisse,
BAYLE, Lett. à Minuloli, (4 sept. (693. || On dit
dans le même sens éventer un complot, un secret.
L'artifice est trop lourd pour ne pas l'éventer,
coEN. Poly. V, 1. Un confident peu sur, un parleur
indiscret. Qui des plus retenus évente le secret,
hotr. Bélis. III, 4. Fallut-il éventer les conseils
d'Espagne et découvrir le secret d'une paix trom-
peuse que l'on proposait afin d'exciter la sédition
pour peu qu'on l'eût différée.... boss. le Tellicr.
Il 4° Terme de jardinage. Éventer un oeil, approcher
la coupe très-près de cet œil ; alors il ne donne plus
qu'une pousse très-faible. || Éventer la sève, faire
de trop grandes plaies aui «rbres, ou tirer sea
coupes trop en lougueur. || 6° Terme de chassa
Éventer la voie, se dit du chien qui trouve une
J. -194
iTM
FTV'F
Ht. lUaùir hirbar* d— homme», Vint »ur ineroe
hT*/ ni u DrrTr» U premier. «renU, sa de-
„„ Im' «„r*au t érenwr leur dîner, comme le
eJil«a érent. le Riber, on pnmpndra.t peut-être à
Uur perfectionner Twlorat «u môme point, J. i.
tovuVÉm. H. Il Abuolumcnt. Lorsque lo loup Teul
iortir du boi», jamais il ne manque de prendre le
Tent il «'arrêt* lur la lisière, évente do tous côtés, et
nfoi'l les émanations.... Bvrr. Lnup. || Fig. J'évente
les beautés et leur plais d'une lieue, REONAnn,
Joueur, III, •'•!!•• Terme de marine. Éventer une
foile, la disposer de manière à mettre le vent do-
dan». Il 7' Terme de charpentier et de maçon.
Sventer une pi^ce de bois, une pierre, la tirer avec
la corde, pondant qu'on la monte, pour empêcher
qu'elle ne heurte contre le mur. || 8* Eventer une
carrière, éventer le tuf, y pénétrer, y faire ouver-
ture. Il»* F. n. Terme de manège. Lever trop le nez
en parlant du cheval. i| 10« S'éventer, «. réfl. Se
donner de l'air. S'éventer pour se rafraîchir.
LU' Se gâter à l'air. Ce vin s'éventera si on ne
uche la bouteille. || Avec ellipse du pronom per-
sonnel. Pour prendre tous les jours de ce vin, on
est contr,iint do le laisser éventer, Boss. Déf. eomm.
Il Fig. M'ol.liger à porter de ces petits chapeaux 0»i
laissent éventer leurs débiles cerveaux [des jeunes
gens à la mode], hol. ^e. det mar. i, <. || Sire dé-
eouvert, connu. Le secret s'est éventé.
— HIST. xiu* s. Gandins est oissus [sorti! du
tournois, Parlonopex enmaine o soi, Pourax [eux]
eshatre et esvanter. on canoë, ermiore. Emmi le
pré un tas avoitDe fcin qu'aOné [rassemblé] i avoil,
Por esventer et por fcncr, Rm. iiMU Li vens me
vient, li vens m'e- vente. Et trop sovent Plusors foies
sent te veut, rdtf.b. 36. Il l'esventoit d'un cuevre
chief. Et si lui soiistenoit le chief. Quant elle se
clinoit vers terre, Bl. et Jehan, ta63. || xiv* s. Se
le vin sent l'esventé, Ménagier, m, 3. || iv* s.
Oui ont ouy le fait compter Et l'yront partout es-
vanter , coomLLAiiT , Droiu nouveaux. || ivi' s.
Tant plus la drogue est precieusn, et moins se doit
esventor [exposera l'air), maro. Nouv. lui. Ayant
de.Hcouvert qu'il avoit esventé un secret important
qu'il luy avoit fié, hont. n, as. Les passions s'a-
languissent en s'esventant et en s'exprimant, ID.
III, «46. J'esvenle peu mes propositions [projets],
ID. tv, ti. Je ne fus pas si tost esventé [on ce sut
pas plus tAt ma sortie], que voyià trois ou quatre
cavalcades de divers lieux pour m'attraper, m. iv,
a». Les ruses et subtilitez que l'on pourroit ap-
prendra es livres, ne serviroient non plus que les
mines e^ventécs, amyot. Préf. a, 36. Crœsus com-
mença à l'estimer homme de cervelle esventée,
ou grossier et sans jugement, id. Sol. 67. Il com-
manda k ceuli qui estoient soubz sa charge, qu'ilz
l'en retournassent au pals sans esventer ny publier
sa mort, m. Ci'mon, Ss. En quatre coups de nez, il
(le chien) esvente une plaine. Et, guidé de son
flair, i petits pas se traine Le front droit au gibier,
«DNS. S3».
— ETYM. É ponr et.... préfixe, et vent; provenç.
esrenlar. rrrnfar; ital. «renlar».
i CVKNTEUB, F.rSF. (é vanteur, teû-z'), ». m.
«t /. Celui, celle qui évente.
— ETYM. Érenler. Esrenteur. dans habot, ni
«»», lignifie celui qui évente, qui fait connaître '
t ÉVEJITIP, IVE (é-van-tif, ti-v), adj. Oui peut
advenir. Il faut bien savoir les lois des sorts, les
prol)abilité5 éventives, pour juger quelle prédiction
ne peut s'accomplir sans miracle,' j. j. rouss
Ém. IV.
— f TYM IM. erentum, supin de«c;ntr«, advenir.
t ÉVEVriLl.ER (é-van-ti-llé, « mouiUées), v. n.
Terme de fauconnerie. Secouer tes ailes en restant i
U même place dans l'air.
— ETYM. Lat. gventilare, exposer au Tent; de «
et ttniut, Tent. ' .
ÉVHITOlR(é-van-toir), i. m. [jf Sorte d'éven-
ttil grossier dont on se «ort dans les cuisines pour
aunmer les charbons, jj V Ouverture de la voie qui
•• fait au-dessus de l'ouvrier, dans une houillère;
HIST. xiv> .. Le suppliant trouva d'aventure
»n "venlour de plumes, duquel il esventa le feu
oùlonf»,,o,tUdilte fausse monnoye, docangr.
ÎÎÎÎ^.'J' "'".'• ,'^"'™''"'" «ervesou roposoiri
I^'^iLTh"^'" '""'""''™ «»'"' de vingt en
i tramiATIOII (é-Tan-tra-lon). ,. f. Terme de
EVE
chirurgie. Hernie qui se fait en un point quelconque
des parois abdominales, par une ouverture acciden-
telle. Il Plaie pénétrante do l'abdomen avec issue
d'une portion des viscères.
— ETYM. Éventrer.
ÉVEHTRÊ, ÉB (évan-tré, trée), porl. patte.
Dont le ventre a été ouvert. Un chien éventré par
le sanglier. || Fig. Ouand, par les rois chrétiens
aux bourreaux turcs livrée, La Grèce, notre mère,
agonise éventrée, T. nuoo, F. d'aut. *0.
ÉVENTREB (é van-tré), «. a. || f Ouvrir le ven-
tre. 81 le tigre a mis à mort quelques gros animaux,
il ne tes éventro pas sur la place, bupp. Tigre. Faire
des araignées pour éventrer des mouches, voi-t.
Jenni, 8. || Terme de chasse. Blesser avec le bou-
toir. Le sanglier éventra plusieurs de nos chiens.
Il f Par extension, ouvrir en coupant. Eventrer un
pâté. Il Éventrer un portefeuille, un portemanteau,
les ouvrir en les fendant et sans se servir de la clef.
Il Terme de marine. Percer une voile, dans un dan-
ger. IIS" S'éventrer, v. rifl. S'ouvrir le ventre. Le
Japonais s'éventre par point d'honneur.
— HIST. XVI* s. Après avoir saigné et peDé le pour-
ceau, ils lui couppent la teste et les quatre jambes,
pour en faire des jamlions : est fendu de long en
long par le dos, puis est eventré . les intestins sont
emploies avec le sang.... Le lard est divisé en trois
parties: le ventre et les deux espis, o. db serres,
838.
— ÉTYM. E pour es.... préfixe, et «entre.
ÉVENTUALITÉ (é-van-tu-a-li-té), ». ^.Caractère
de ce qui est éventuel. L'éventualité d'une clause,
d'un traité. || Événement futur, incertain. Les éven-
tualités de la guerre.
— ETYM. ^cenfiie!.
ÉVENTUEL, ELLE (é-van-tu-èl, h-V), adj. Qni
est subordonné à quelque événement incertain.
Clause, condition éventuelle. Tout cela n'est qu'é-
ventuel. Il Protits éventuels, profits qui ne sont pas
fixes et réguliers. || Traitement éventuel, et, subs-
tintivement , l'éventuel, traitement attribué aux
professeurs des facultés et des lycées, et prélevé
pour les premiers sur les droits d'examen, et pour
les seconds sur la pension et les frais d'études payés
par les élèves.
— ÉTYM. Lat. fictif, eeenfuaîi», de eventus, évé-
nement, de ecenire, advenir, da e, et lenire,
venir.
Ê'VENTUELLEMENT (é-van-tu-è-le-man), adv.
D'une manière éventuelle. Il a eu cette succession
éventuellement.
— ETYM. Éventuelle, et le suffixe mcnl.
t ÉVENTURE (é-van-lu-r'), «. f. Crevasse dans
un canon de fusil.
— ÉTYM. Éventer.
ÉVÊQtTE (é-vê-k'), ». m. || !• Prélat chargé de
la direction spirituelle d'une circonscription terri-
toriale qui fut réglée dans l'origine sur les diocèses
de l'administration romaine et qui comprend un
certain nombre de paroisses. Nommer, préconiser
un évêque. Les évêques ont le titr? de Monsei-
gneur. Le chapitre où il est dit que, si un pape
parlant d'un évêque l'appelle son fils au lieu de l'ap-
peler son frère, au préjudice da la société qui est
entre lui et tous les évêques du monde dans l'épi-
scopat, l'acte oii se trouve une telle expression soit
nul, PAsc. Prov. 19. Les évêques, écrivante Louis,
frère de Charles le Chauve, lui disaient: Ayez soin
de vos terres, afin que vous ne soyez pas obligé de
voyager sans cesse par les maisons des ecclésias-
tiques, et de fatiguer leurs serfs par des voitures,
MONTESO. Esp. xix, 13. Comme les comtes menaient
les hommes libres à la guerre, les leudes y me-
naient aussi leurs vassaux ou arrière-vassaux ; et
les évêques, abbés, ou leurs avoués y menaient les
leurs, ID. ib. XXX, 17. Umourut comme était mort
Fénelon, et comme tout évêque doit mourir, sans
argent et sans dettes, d'alems. Éloges, Massillon.
Il Evêque l'n partibus tn/ide iiutn , on , simplement et
par abréviation, évêque in partibus, évêque dont
le diocèse est dans les pays des infidèles, et qui,
par conséquent, n'a point de siège effectif. || Dispu-
ter, se débattre de la chape à l'évêque, voy. chape.
Il 8* Quelques communions protestantes ont gardé
l'épiscopat, par exemple l'Église anglicane. Car que
peuvent des évêques qui ont anéanti eux-mêmes
l'autorité de leur chaire et la révérence qu'on doit à
la succession, en condamnant ouvertement leurs
prédécesseurs jusqu'il la source même de leur sacre,
c'est-k-dire jusqu'au pape saint Grégoire et au saint
moine Augustin son disciple et le premier apôtre de
la nation anglaise? boss. Jleinc d'Anglet. jj 8* Évê-
que des champs, ou évêque de campagne qui donne
EVE
la bénédiction par les pieds, ancienne locution
pour dire pendu. [Nous] Eussions été par ces mé-
chants Faits au moins évêques des champs, «CARHON,
Virg. III. Il Évêque d'Avranches, s'est dit pour pe-
naud (on ignore d'où vient cette locution). [Il
s'agit du diable qui voulait happer l'âme de Dagu-
bert mourant, et passa près d'un saint] qui se mil
en prières Pour que cette âme esquivât les chaU'
diëres Du faux glouton, qui reparait bientôt Non
pas al&gre et gai comme tantôt. Hais traînant l'aile
et la queue et la hanche, Penaud, maté, tout évê-
que d'AvranehCf piRon, Conte dtVagr>bert. || 4° Nom
da plusieurs oiseaux d'Amérique, à plumage bleu,
du genre du tanftara. || B" Pierre d'évêque, sorte de
quartz améthyste; ainsi dite, parce qu'on fait avec
cette pierre les chatons des anneaux pastoraux
116" Bonnet d'évêque, nom, au théâtre, des petites
loges du cintre, ainsi dites à cause de leur forme.
Il 7° Détacher, découper, faire le bonnet d'évêque,
se dit d'une manière de découper une dimle qui
consiste à détacher les cuisses d'un seul morceau
avec le croupion ; ce morceau, posé debout avec le
croupion en l'air, a quelque ressemblance aTec une
mitre. || Proverbe. Devenir d'évêque meunier, pas-
ser d'une bonne à une médiocre condition, déchoir.
On le dépouilla de son riche bénéfice, pour le faire
évêque Je Zamora, petit diocèse de quatre mille
écus de rente; c'était en quelque sorte devenir d'é-
vêque meunier, lesage, Bachel. de Salam. ch. 73.
Il Quelques-uns croient qu'on disait primitivement
d'évêque devenir aumônier, d'après certain conte
que l'on rapporte, de brieux. (Il n'y a aucune
trace de cette prétendue ancienne manière de dire.)
||Dn chien regarde bien un évêque, voy. cbien. || Le
proverbe a dit autrefois: Évêque d'or, crosse de bois;
Mais tout au rebours il dit or [maintenant] : Ëvêque
de bois, crosse d'or.
— HIST. XI* s. Assez i ad evesques et abés, Ch.
de Uol. Il xir s. En la terre le conte de Champaigne
se croisa Gamiers li Tesques de Troics, villeh. m.
Le soudanc, qui estoitjoene et legiers, s'enfui en la
tour que il avoit fet faire, avec trois de ses eves-
ques [imans] qui avoient mangié avec li, joinv. 245.
Il XVI' s. Flambeau de la guerre civile Et porte-en-
seigne des méchants, Si tu n'es evesque de ville,
Tu seras evesque des champs, Sat. Uénippée, Sur
un cur^ séditieux. Qui m'ont, par le moyen du feu
roi, fait de meunier devenir evesque, ib. Haran-
gue de M. le recteur Rose.
— ÉTYM. Provenç. evesques, avesqne, vesque,
bisbe; espagn. obispo; portug. bispo; ital. vescoio;
du latin episcopus, de iitCoxoito;, proprement sa -
veillant, de éizl, sur, et «Txomïv, examiner. L'an-
cien françab disait evesque et vesque; cette der-
nière forme provient du provençal, qui lui-même
fait, bien que rarement, comme l'italien, le retran-
chement de la première syllabe du mot.
t ÊVEROLE (é-ve-ro-l'), s. f. Ampoule ou ves-
sie qui vient sur la peau. Expert, il en savait cre-
ver ses éveroles, Régnier, Sat. i.
— ÉTYM. Ane. franc, eve, eau : ampoule pleine
d'eau.
t ÉVERRER (è-vè-ré), V. a. Terme de vétéri-
naire. Enlever sous la langue des chiens un petit
nerf qu'on a pris pour un ver occasionnant la rage.
— HIST. xvi* s. Esverer, cotgrave.
— ETYM. É pour es.... préfixe, et fer.
f ÉVERSIF, IVE (é-ïèr-sif, si-v'), adj. Qui ren-
verse, qui détruit. U est aisé de voir combien ces
dernières expériences sont éversives de l'opinion
de M. Priestloy sur la phlogislication de l'air par
la combustion, lavoisier, Mémoire sur la com-
bustion des chandelles dans l'air atmoiphéri-
que, <777.
— SYN. ÉvERSiP, subversif. Cbs deux mots ne
difiTirent que par le préfixe. Éversif se dit de ce qui
renverse; subversif, de ce qui bouleverse. Aussi
dira-t-on éversif d'une doctrine et non subversif; et
subversif de la société plutôt que éversif.
— t.rru. Voy. ÉvERSioN.
ÉVERSION (é-v6r-sion; envers, de quatre sylla-
bes), I. f. Ruine, renversement d'une ville, d'un
Etat.
— HIST. XV' s. Elle trouvera, dans les histoires,
destructions de maisons, eversions de royaumes et
de seigneuries, amtot, />e /o curiositf^, *o.
— ÉTYM. Lat. eversionem, de eiersum, supin de
evertere, renverser, de «, et vtrtere, tourner (voy.
VERSION).
ÉVERTUER (S') (é-vèr-tu-é), v.réfl. || l* Faire
vertu, faire cfi'ort pour arriver à quelque chose da
louable; s'efi'orcer de. Il n est pas digne d'un chré-
tien de ne s'évertuer contre la mort qu'au moment
EVI
qu'elle se présente j our l'enlever, boss. Mar.-Ther.
Il Avec un nom de chose pour sujet. Ma constance
contre elle à regret s'évertue, corn. Hor, ii, 5.
Il 2* n se dit aussi de tout effort. L'alarme vient trop
tard, en vain on s'évertue, tristan, Panth. n, 3.
Il laisse la tortue, Elle part, elle s'évertue, la font.
Fabl. VI, )0. Lorsqu'à la bien chercher d'abord on
s'évertue [la rime], boil. Art p. i. Honteux d'un
trop long silence, je m'évertuais pour relever l'en-
tretien , J. J. RODss. Confess. ix. Notre siècle ,
penseur brutal. Contre Delille s'évertue, bérano.
Couplet. Il Absolument. Se remuer, donner signe
d'activité. Allons, qu'on s'évertue, rao. Plaid, m, 3.
— REM. Régnier a dit s'évertuer de : En vain de
le cacher mon respect s'évertue, Élég. v. Cette con-
struction, qui est un archaïsme, n'a rien qui soit
contraire à la grammaire.
— HIST. XI* s. [Il] Met sei sur piet, quanqu'il pot,
s'esvertue, Ch. de Roi. clxvii. || xiii' s. Pour l'a-
nior la pucele [il] s'esvertue et esforce; Les escus
froisse et fent com s'il fussent d'escorce, audefr.
LE BAST. Homancero, p. <9. Adono d'amis me re-
sovint; Esvertuer lors me convint, la Rose, 7270.
Amors li entre ou cuer, et 11 sans h remue; De de-
sirrier fremist et d'espoir s'esvertue, ruteb. i, 432.
Dans Pierres li ermites à la barbe canue Del ferir
sor les Turcs durement s'esvertue, Ch. d'Ant. viii,
f 136. Il XVI* 3. Eux qui sont soubmis à la royauté,
doyvent esvertuer toutes leurs forces pour faire ser-
vice à leur souverain, amyot, Épit.
— ÉTYM. ^poures.... préfixe, et vertu; provenç.
esvertudar.
t EVHÉ.MÉRISME (e-vé-mé-ri-sm'), s. m. Terme
de philosophie. Système suivant lequel les dieux du
paganisme étaient regardés non comme des person-
nages divins, mais comme des personnages hu-
mains divinisés par la reconnaissance ou la folie des
hommes.
— ÉTYM. Evhémère, philosophe grec, auteur de
ce système.
t EVHÉMÉRISTE (e-vé-mé-ri-sf) , j. m. Partisan
de l'evhémérisme.
ÉVICTION (é-vi-ksion), s. f. Terme de juris-
prudence. Dépossession que l'on subit, en vertu
d'une sentence ou d'un droit exercé de quelque
autre façon, d'Uïie chose qu'on avait acquise de bonne
foi. Subir l'éviction. Garantir de l'éviction. Le ven-
deur est garant de l'éviction que l'acheteur peut
souffrir. Il Avant le code de procédure, on donnait le
nom d'éviction à la sentence même qui ordonne le
délaissement de l'objet.
— HlST. xiu' s. Et ferons quant que loiaul van-
deor puent [peuvent] faire ne doivent an toute cause
d'evicion, BiU. des chartes, 4" série, t. ii, p. tes.
|| xvi" s. En chose vendue par décret [autorité de
justice] éviction n'a point de lieu [la vente judiciaire
purgeant les hypotlièques], loïseù, 411.
— ÉTYM. Lat. evictioiiem, de evictum, supin de
evincere, évincer (voy. évincer).
I ÉVIDAGE (é-vi-da-j'), s. m. Action d'évider.
ÉVIDÉ, ÉE (é-vi-dé, dée), part, passé. Creusé
en cannelure. || Échancré. Une table évidée, un
bassin très-plat, j. j. rouss. Ém. m. || Toile évidée,
toile qui est percée ou découpée à jour. || Drap
évidé, drap qui, après avoir été foulé à sec, s'est
échauffé dans la pile, œ qui le rend lâcha et de
mauvaise qualité. |{ Terme de maiine. Se dit des
fonds de la carène Isrsqu'ils ont peu de renflement.
Il On dit d'un tsoalisr à rampe courbe qu'il est
évidé |>ar le milieu. Un esealier à rampes en lignes
droites brisées peut aussi être dit évidé, si le milieu
de la cage est vide «t non rempli par un poteau ou
massif qui soutirant las marches comme dans les
escaliers à vis.
t ÉVIDEMENT (é-vi-de-man), s. m. Etat de ce
qui est évidé. || Terme de maçonnerie. Refouillement
fait dans une pierre. || Taille faite sur le marbre, le
bois. Il Terme de chirurgie. Opération qui, dans cer-
taines maladies d'un os, consiste à en enlever la
partie intérieure, en respectant le périoste; ce qui
permet la régénération de l'os.
ÉVIDEMMENT (é-vi-da-man) , adv. ]| 1° D'une
manière évidente. De cela même que je pensais
à douter de la vérité des autres choses, il suivait
trùs-évidemment et très-certainement que j'étais,
DESC. Uéth. IV. s. Les uns veulent toujours croire
aveuglément, les autres veulent toujours voir évi-
demment, MALEBB. Rech.iv, 3. \\ 2° ]1 est certain
que.... Évidemment il a prouvé ce qu'il voulait dé-
montrer. Il Dans celte acception, évidemment se met
au commencement de la plirase. || S'emploie quel-
quefois dans les réponses pour certainement.
—, HIST. xiu' s. Je le connois evidanment, Lai
ÉVI
d'amours, iubinal, t. ii, p. <oo. || xv s. Et tous-
jours se plaignoit-on du gouvernement qui estoit
très mauvais, et le voioit on évidemment, mais au-
cune provision ne s'y mectoit, juven. des urs.
Charles YI, <405. || xvi* s. Hannibal s'en alla mon-
ter sur une petite butte, non gueres roide, de la-
quelle il pouvoit descouvrir évidemment tout le
camp des Romains, amyot, Fab. 3i.
— ÉTYM. Évident, et le suffixe ment; provenç.
evidenmen.
ÉVIDENCE (é-vi-dan-s') , s. f. Caractère de ce qui
est évident; notion si parfaite d'une vérité qu'elle
n'a pas besoin d'autre preuve. L'évidence d'une
proposition. Il faut bien que l'évidence de Dieu ne
soit pas telle dans la nature, pasc. dans cousin.
Faisons paraître cette vérité dans son évidence,
boss. Loi de Dieu, 3. Vous ne voyez pas dans une
moindre évidence comment.... m. Hist. m, 7. Pour
que l'esprit puisse acquiescer à une idée, il faut
qu'il connaisse la convenance entre cette idée et son
objet par une perception vive et sensible qui n'ad-
mette rien de contraire à elle-même; et l'idée de
cette perception est le mode de penser que nous
nommons évidence, boulainvilliehs. Réf. de Spi-
nosa, p. 124. L'évidence appartient proprement aux
idées dont l'esprit aperçoit la liaison tout d'un coup,
d'alemb. Disc, prélim. encycl. t. i, p. 228, dans
POUGENS. Aucune preuve n'a la même force, aucune
idée la même évidence, aucune image le même
charme pour tous les esprits, diderot, Claude et
Néron, à M. Naigeon. || Évidence des sens ou sensi-
ble, celle qu'on acquiert par les sens. || Évidence de
raison, celle qu'on obtient par le raisonnement. Les
deux exemples que j'ai apportés dans ce chapitre sont
plus que suffisants pour faire concevoir que l'évi-
dence de raison consiste uniquement dans l'identité,
condill. Art de rais, i, t.\\ Evidence de fait, celle
qu'on acquiert par le moyen de l'observation. |i Évi-
dence de sentiment, ce qui paraît certain par le
sentiment seul, et sans qu'on puisse en rendre
compte. Il Se rendre à l'évidence , admettre forcément
ce qui est incontestable. || Se refuser à l'évidence,
s'obstinera contester ce qui est incontestable. |1 Met-
tre en évidence, faire connaître clairement, mani-
festement. Nous sommes encor loin de mettre en
évidence Si nous nous conduirons avec plus de pru-
dence, CORN. Ci/ma, ii, 1. Je ne veux que mettre ici
en évidence tous les fondements de cette religion
chrétienne qui sont indubitables, pasc. Juif, t.
Il Mettre en évidence , faire qu'un objet frappe les
yeux, soit remarqué. La lumière mettra en évi-
dence leurs mauvaises œuvres, boss. Haine, 2.
Il Se mettre en évidence, se montrer avec l'inten-
tion de se faire remarquer, j] Se mettre en évidence,
être manifesté, en parlant de choses. De quel front
oserai.s-je, après sa confidence, SoufTiir que mon
amour se mît en évidence? corn. Suite du Ment.
IV, 8. Il Etre en évidence, être remarqué, attirer
l'attention générale. J'étais placé vis-à-vis d'eux, à
deux pas-dela table, bien isolé et bien en évidence,
marmontel, Mém. v. || Être en évidence, être ma-
nifesté, en parlant de choses. Eh bien, ta perfidie
est-elle en évidence î corn, la PI. roy. n, 2. Nier
des trahisons qui sont en évidence, Â l'infidélité
c'est joindre l'impudence, th. corn. l'Am. à la m
v, 9. Il On dit de même venir en évidence. Toujours
le fond du sac ne vient en évidence, régnier, Sat. ii.
— SYN. évidence , certitude. La certitude dé-
pend des motifs de crédibilité; l'évidence dépend de
la clarté de la chose même. Lacertitudead'ailleurs,
au sens philosophique, une solidité que l'évidence
peut ne pas avoir : il était autrefois évident que le
soleil tournait autour de la terre; cette évidence
était fausse ; les peuples en croyaient avoir la certi-
tude, ils n'en avaient que la persuasion.
— UIST. XIV* s. X greigneur [ plus grande ] évi-
dence du propos, H. DE MONDEviLLE, f° 07, verso.
Il XVI* s. X faulte d'éloquence ils ne les peuvent
mettre en évidence [leurs pensées], mont, i, <88.
— ÉTYM. Provenç. evidencia , evidensa ; espagn.
evidencia; ital. evidema; du lat. evidentia, de evi-
dens, évident.
ÉVIDENT, ENTE (é-vi-dan, dan-t'), adj. Qui est
connu tout d'abord et sans peine. Vérité évidente.
Péril évident. Surprise tout à coup d'un funeste ac-
cident. D'un jugement du ciel effet trop évident,
BOTROU, Bélis. V, 7. Philémon reconnut ce miracle
évident, la font. Phil. et Baucis. || Il est évident
que, il est clair et incontestable que. Il m'est évi-
dent que les sensations de couleur ne sont, pour
mon âme, que différentes manières de se sentir:
ce ne sont que ses propres modifications, Conuill.
Art de rais, i, e.
ÉV[
1 547
— REM. Quand une chose est évidente, elle ne
saurait être plus évidente; maïs l'évidence en peut
être saisie plus promptement et plus sensiblement,
Condil. Lang. cale, ii, (t. Cependant Montesquieu
a dit : Il nous est plus évident qu'une religion doit
adoucir les mœurs des hommes, qu'il ne l'est qu'une
religion soit vraie, montesq. Etp. xxiv, 4. En cet
emploi, évident reçoit fort bien la marque de la
comparaison.
— HIST. XV* s. Rien ne m'est seur, que la chose
incertaine. Obscur, fors ce qui est tout évident;
Double ne fais, fors en chose certaine, CH. d'orl.
Bal. 407. Il xvi* s. Et à nostre évident dommage,
MONT. I, 99.
— ÉTYM. Provenç. évident; eviden; espagn. et
ital. évidente; du latin evidens, dee, etvidere, voir.
ÉVIDER (é-vi-dé) , v. a. || 1° Creuser en canne-
lure. Evider une lame d'épée, un canon de pistolet.
Il 2" Échancrer. Évider le collet d'une robe. || 3° Creu-
ser à l'intérieur, en parlant des flûtes, des clari-
nettes. Évider une flûte. |{ 4° Terme d'architecture.
Tailler à jour, sculpter les rehefs d'une façade, etc.
Il 5° Terme de jardinage. Evider un arbre, ûter du
centre d'un arbre les branches qui, n'étant pas frap-
pées de la lumière, s'étiolent. || 6" Faire à la lime
la petite rainure qu'on aperçoit des deux côtés du
trou de l'aiguille. || 7° Mettre la dernière main à
un ouvrage de chaudronnerie. || Découper une
platine de verrou; refendre et terminer le panneton
d'une clef; faire une garniture de serrure sur le
tour. Il 8° Évider du linge, ôter l'empois qu'on a
mis dans le linge.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et vide.
t ÉVIDEUR (é-vi-deur), s. m. Ouvrier qui fait
la cannelure longitudinale des aiguilles et qui en
arrondit la tête.
ÉVIDOIR (é-vi-doir), s. m. Outil dont un facteur
d'in.struments se sert pour évider les flûtes, les cla-
rinettes, etc. Il Assemblage de pièces de bois avec
une échancrure, dans laquelle le charron assujettit
les pièces qu'il veut évider ou travailler.
— ÉTYM. Évider.
ÉVIER (é-vié; l'r ne se lie jamais; au pluriel,
Vs se lie : des é-vié-z engorgés), s. m. Large pierre
creusée en bassin, sur laquelle on lave la vaisselle,
et qui a un conduit pour l'écoulement des eaux de
la cuisine. || Canal de pierre qui sert d'égout dans
une pièce ou dans une allée.
— REM. C'est une faute populaire de dire levier
au lieu de évier, par coalescence de l'article, comme
dans ces autres fautes que l'usage a consacrées
lierre, loriot, lendemain.
— HIST. xiii* S. Ne soit nus [nul] si hardis ke
il ait euwier qui ait sen esseut [issue] devant de-
vers le [la] rue.... tailliar. Recueil, p. <63.
— ÉTVM. Wallon, aiot, puisoir; du latin aqua-
rium, de o'/uo, auo. frunç. eve, aujourdhui eau
(voy. ce mot).
t ÊVILASSE (é-vila-s'), s. m. Terme de com-
merce. Sorte d'ébène Je Madagascar.
ÉVINCÉ, ÉE (é-vin-sé, sue), part, passé. Évincé
par une cabale du poste qu'il occupait.
ÉVINCER (é-vin-sé. Le c prend une cédille devant
a ou o; évinçant, nous évinçons), v. a. || 1° Terme
de jurisprudence. Déposséder juridiquement quel-
qu'un. Ce jugement l'évincé du bien qu'il possédait.
Il 2° Par extension, enlever à quelqu'un par intrigue
une place, une affaire, etc. On est parvenu à l'é-
vincer. Il 3° S'évincer, v. réfl. Se chasser l'un l'autre.
Ils cherchent mutuellement à s'évincer.
— ÉTYM. Lat. evincere, vaincre, chasser, de e,
hors de, et viiicere, vaincre.
t ÉVIRATION (é-vi-ra-sion), s. f. Terme didacti-
que. Castration; état d'eunuque. || Terme de méde-
cine. Perte, avant l'âge, des désirs et des facultés
sexuelles chez l'homme.
— ÉTYM. Lat. evirationem, castration (voy. évihê).
t ÉVIKÉ (é-vi-ré) , adj. m. Terme de blason. Se dit
d'un animal qui ne porte jias la marque de ton sexe.
— ÉTYM. Lat. eviratus, châtré, de e, et vir, mâle.
t ÉVISCÉUATION (é-vi-ssé-ra-sion), s. f. Terme
de chirurgie. Synonyme d'éventration.
— ÉTYM. Lat. e, hors, et viscera, viscères.
ÉVITABLE (é-vi-ta-bl'), adj. Qui peut être évité.
Oui, par là seulement ma perte est évitable, cobn.
Pomp. IV, <. Si ce fut un piège que la fortune lui
dressa, l'on peut dire qu'il n'y en eut jamais de plus
subtil ni de moins évitable, uouhouhs. Rem. nouv,
— HIST. XVI* s. Toute estrangeté et pariicularité
an nos mœurs et conditions est évitable [doit être
évitée], MONT. I, <84. Au mal qui n'est point evi-
able, C'est grand folie en avoir peur, lekoli de
UNCï, Prov. t. II, p. 344.
1548
EM
— tmi. Ui. nitabilii, «le mitare, évilor.
«««*in> rA..i.i»-i'l ». m. T<"rmo de manne. K»-
jr^C. . P^ V,\;-un naT,re à l'ancre pui,,e
C.SÎnt U.urn.r lirsque le vont ou la marée
^oVll Mourement que fait un navire pour *v.-
u7 F»lri un *»lla«e. Il Largeur que doit avoir une
rivière ou un canal pour le libre passage de» grands
bâUmenti.
_ tm. Kriltr.
t.VrTÉ, ÉE (évi-t6, lée), pari, pasté. Dont on
l'est détourné. L'n péril évité. Un importun évité.
Il Terme de musique. Cadence évitée, cadence har-
monique à laquelle on ajoute une dissonance pour
moduler ou prolonger la phrase.
ÉVITÉE (é-vi-lée), t. f. Terme de marine. Syno-
nyme d'évilage. Une rivière ou un canal n'a point
tMM d'évitage ou d'évitée, lorsqu'il n'y a point as-
tet de largeur pour y faire tourner librement un
vaisseau.
— RTYM. tvité.
tfiVITEMENT (é-vi-te-man), t. m. Action d'évi-
ter. Il Terme de chemin de fer. Gares d'évitement,
portion de voie supplémentaire pratiquée de distance
en distance, pour y remiser un train et laisser la
voie principale libre et ouverte.
— lllST. XVI* s. Evitcment, coTORikVB.
— f.TYM. Éviter.
fiVITKR (é vi-lé), c. a. || 1° Se détourner de per-
sonnes ou d'objets, dont la rencontre est désagréa-
ble ou nuisible. Seigneur, depuis six mois je l'évite
et je l'aime, rac. Phèdre, iv, 2. Un songe (me de-
vrais je inquiéter d'un songe t) Entretient dans mon
cœur un ennui qui le ron^'e; Je l'évite partout,
partout il me poursuit, ID. Ath. ii, 5. Evite un mal-
neureui, abandonne un coupable, ID. Andr. m, 3.
De combien de soupirs interrompant le cours, Ai-je
évité vos ycui que je cherchais toujours? ID. Brit.
III, 8. Ce qui me désespère, c'est que je n'y vois
point de remède; cor la comtesse m'évite, mabi-
VAin, l'Heur, tiralag. i, 3. || Dans le style élevé,
il se dit aussi des choses. Ses yeux qui vainement
voulaient vous éviter, rac. Ph.id. n, i. Ne cherche
point la mort qui voulait t'éviter, volt. Mi. n, 4.
Il i' Êchapi'er i. Éviter la prison. On ne peut éviter
■1 destinée. Éviter un danger. La vertu la plus
ferme évite les hasards; Qui s'expose au péril veut
bien trouver sa perte, corn. Poiy. ii, 4. || Ne pas
donner lieu. Éviter une querelle. || Avec de et l'in-
finitif. Un vers était trop faible, et vous le rendez
dur; J'évite d'être long et je deviens obscur, boil.
Art p. I. 11 évite uniquement de donner dans le
sens des autres et d'être de l'avis de quelqu'un, la
BIDT. V. Duclos, ami sûr, homme vrai, mais cir-
eonspect, et qui faisait cas de ce livre, évita de
m'en parler par écrit, J. i. rouss. Confess. xi. || Avec
que elle subjonctif. J'évitais qu'il ne m'en parlât.
Il On pourrait au.ssi supprimer ne .• J'évitais qu'il
m'en parlât. ||8' Terme de musique. Éviter une ca-
dence, passer brusquement, dans une note de ca-
dence, à un accord différent de celui (lu'olle an-
nonçait; ajouter à cet accord final une dissonance
pour faire transition. || 4* V. n. Terme de marine.
Un vaisseau a évité, lorsqu'il a changé bout pour
bout, à la longueur ùo son câble, sans qu'il ait levé
«es ancres. || Éviter à la marée, présenter l'avant au
courant de la mer, à la longueur des amarres. || Évi-
ter au vent, présenter l'avant au lieu d'où le vent
vient. Il 6* S'éviter, v. réft. Se détourner l'un de
l'autre. Pour Valîire et Cléon, quoique je sois bien
ïûre Qu'ils se connaissent fort, ils s'évitent tous
deux, omssET, Méchant, iv, «. || S'éviter, faire ef-
fort pour perdre souvenir de soi-même. Possédé
d'un ennui qu'il ne saurait dompter. Il craint d'être
à soi-même et cherche à s'éviter, boil. Éptt. v.
M'itant imposé la loi de courir le monde et de m'é-
viter moi-même, volt. Princesse de Bab. 8. |1 Être
évité. C'est un inconvénient, une dépense, qui peut
s'éviter.
— REM. Peut-on dire éviter quelque chose à quel-
qu uiiT On le trouve dans de bons auteurs : Elle ve-
nait lui demander.,., de lui éviter une place dont je
ne voulais point [pour elle] , st-sim. t. viii, p. 864,
«dit. CHÉmiEL; Son exemple me dirigeait et m'a peut-
être évité bien des faux pas, mariyaux, Paysan
,|x"ri'. part. 7; La lapin évite par U à ses petits les
' '"'*'"*»'«"»» du bas âge, buffok, Lapin; Je veux
voui «viier l ennui de trouver cet homme maussade,
;*.?."■'•■ dan» i-AVKADx. Néanmoins il ne paraît
èvii^n, „""■ *"""" »'">'f "" régime indirect; nous
ter??», L, "" ';?";■'"" ■J""'» '"i f»i^« évi-
ter Lest «POTBnfr qu'il faut employer on ce cas
C ,u, ren^ P,„pw d'^ri^r impi,ssïble, c'e'l qTil
RVO
n'a pasdc régime indirect, et que. si on lui en donne
un (comme on fait avec quelques verbes, par exem-
ple; achetez-moi un livre, cherchez-moi un loge-
ment), ce régime indirect équivaut & pour; ce qui
n'a pas de sens dans éviter à quelqu'un quelque
chose. Cette locution vicieuse paraît être née au
commencement du xviii' siècle.
— HIST. XV* s. Eviter aux inconvénients, Gloss.
de l'hisloire de Paris, dans iacdrnr. I|xvi* s. Pour
éviter aux inconvénients, je vous prie, vruiUez faire
le vouloir du roy, maro. Leit. 141. X fin que nous
sçachions ce que nous devons suivre ou appeler,
et qu'il nous faut fuir et éviter, amyot, Préf. iv,
28. Combien qu'ils gouvernassent fort moderéemenl,
ils ne peurent éviter qu'ils ne tombassent en soup-
çons et murmures du peuple, m. Numa, 4. Evitant
toutes compagnies, il se tenait es plus solitaires et
plus esgarcz endroits des champs, id. Timol. 7.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. evitar; ital. cti-
tare; du latin evitare, d'une racine vil, qui se
trouve dans in-t3t(are et dans le simple tntare. Éviter
a été d'abord neutre, et il était resté neutre dans
cette ancienne phrase de palais : éviter aux frais.
ÉVOCABLE (é-vo-ka-bl) adj. \\ 1" Qu'on peut
évoquer. Un démon évocable. || %' Terme de juris-
prudence. Il se dit des causes que certains tribu-
naux peuvent évoquer.
— ETYM. Émqucr.
ÉVOCATION (é-vo-ka-sion; envers, de cinq syl-
labes), s. {. Il 1° Terme de magie. Action d'évoquer,
de faire apparaître les démons, les ombres ou les
âmes des morts. On raconte de cet empereur super-
stitieux [Julien] qu'assistant un jour à une évoca-
tion de démons, il fut tellement effrayé à leur appa-
rition qu'il fit le signe de la croix et qu'aussitôt les
démons s'évanouirent, didebot, Opin. des anc. phi-
los. {Éclectisme). || 2° Terme de procédure. Action
de la part d'un tribunal supérieur, de retenir la con-
naissance d'une affaire qui n'a pas subi le premier
degré de juridiction, ou de s'en saisir d'oflice. La
cour de cassation est chargée de statuer sur les de-
mandes en évocation. || L'évocation du principal, se
dit pour un appel interjeté d'une sentence qui n'a
été rendue que sur un incident. 11 y a requête pour
l'évocation du principal, patru , Plaidoyer 1 2 , dans
HICHELET.
— HIST. xvi* S. Les abus qui se font par faveurs
et surprises. Aux évocations, et aux causes commi-
ses, DU BELLAY, VIII, 62, rCCtO.
— ETYM. Prov. evocalio; du lat. ecocoJtonero , de
evncnre, évoquer.
ÉVOCATOIRE (é-vo-ka-toi-r'), ad;. Terme de ju-
risprudence. Oui donne lieu à une évocation. Cause
évocatoire. || Cédule évocatoire, acte qu'on faisait
signer à la partie adverse, pour lui déclarer qu'on
entendait se pourvoir au conseil, afin d'évoquer
l'affaire k un autre parlement.
— ÉTYM. Lai. erocatorius , deevocare, évoquer,
t ÉVOÉ ou ÉVOUÉ (é-vo-é). Terme d'antiquité.
Cri que l'on faisait entendre dans les orgies, pour
invoquer Bacchus.
tÉVOLAGE (é-vo-la-j') , s. m. Période pendant
laquelle les étangs de la Dombe sont pleins d'eau et
donnent du poisson, et qui est suivie de l'assec.
— ÉTYM. Ancien adjectif eveux ou evol signifiant
aqueux et venant de et'e (voy. eau).
t ÉVOLUÉ, ÉE (é-volu-é, ée), adj. Terme di-
dactique. Qui a subi son évolution, son développe-
ment. La fièvre jaune évoluée.
— ETYM. Voy. ÉVOLUTION.
t ÉVOLUER (é-vo-lu-é) ,v.n. || 1° Terme d'art mili-
taire. Exécuter des évolutions. || Terme de marine.
Bâtiment qui évolue bien. || 8° Terme de métier.
Faire un tour sur soi-même. On fait évoluer des
meules à deux cents tours par seconde, pour les met-
tre à l'épreuve. || 3° Fig. et néologisme. Passer par
des phases progressives. Dans l'histoire on voit les
formes de la liberté évoluer successivement.
— ÉTYM. Voy. ÉVOLUTION.
t ÉVOLUTÉ, ÉE (é-vo-lu-té, tée), adj. Terme de
zoologie. Se dit de coquilles univalves qui s'enrou-
lent dans le plan vertical, et dont la spire est plus
ou moins allongée.
— ETYM. Voy. ÉVOLUTION.
t ÉVOLUTIF, rVE (é-vo-lu-tif, ti-v'), adj. Néolo-
gisme. Oui a la propriété de développer, de procurer
l'évolution. La force évolutive inhérente aux sociétés.
— ÉTYM. Voy ÉVOLUTION.
ÉVOLUTION (é-vo-lu-sion; en vers, de cinq sylla-
bes),».^. III" Terme de physiologie. Action de sortir
en se déroulant. L'évolution des feuilles, des bour-
geons. Le papillon , comme le poulet , parvient à l'état
de perfection par une évolution dont lesMalrighi,les
EX-A
Swammerdam, les Héaumur nous ont dévoilé les
degrés, bonnet, Consid. corps organ. OEuv. t. v,
p. 281 , dans pouGENS. |{ Évolution organique, sys-
tème physiologique dont les partisans supposent, à
tort, que le nouvel être qui résulte de l'actd de la
génération préexistait à cet acte; ce système est
opposé à l'épigenèse. Tant de faits divers que j'ai
rassemblés dans cet ouvrage en faveur de l'évolu-
tion, prouvent assez que les corps organisés ne sont
point proprement engendrés, mais qu'ils préexis-
taient originairement en petit, bonnet, Consid.
corps org. (Hmv. t. vi, p. 318, dans pougens.
Il 2° Fig. Développement d'une idée, d'un système,
d'une science, d'un art. ]| L'évolution historique, le
développement des sociétés et de leur civilisation
suivant un ordre déterminé. || 3° Mouvements du
corps dans les exercices. Qu'il apprenne à faire tous
les pas qui favorisent les évolutions du corps, à
prendre dans toutes les attitudes une position aisée
et solide, j. j. rouss. tm. ii. |] S'applique aux divers
mouvements qu'on fait exécuter dans un manège.
Il 4» Terme de guerre. Mouvement de troupes qui
changent leur position pour en prendre une nou-
velle. Faire exécuter des évolutions à un régiment.
Dans cet état de choses, quoi espoir de se mesurer
avec avantage contre des hommes vieillis dans la
discipline, formés aux évolutions, instruits dans la
tactique? RAïiiAL, llist. phii. xvui, 47. || Par exten-
sion. Ils [les canards sauvages] attendent la nuit et
font des évolutions autour du bois, ciiateaub. C^nie,
i,v, 7. Il 11 se dit aussi d'une escadre. Une évolu-
tion navale. || Terme de marine. Rotation d'un na-
vire autour de son axe vertical. Manœuvre ou mou-
vement qui nécessite un changement d'allure ou de
direction dans le cap. |i 5° Terme de musique. Sub-
version du dessus à la basse et réciproquement,
sans qu'il en résulte aucune dissonance dans l'har-
monie.
— ÉTYM. Lat. et'oZulionem, de evolutum, supin
de erolrere, de e, et volière, rouler (vuy. volume).
t ÉVOLUTIONNAIRE (é-vo-lu-sio-nê-r'), adj.
Terme d'art militaire. Qui concerne les évolutions.
t ÉVONYME (é-vo-ni-m'), j. m. \\ 1" Nom mo-
derne du genre fusain (rhamnacées) dans lequel
on distingue l'évonyme européen, dit vulgairement
fusain, bonnet de prêtre. || 2° Terme de chimie.
Matière extraite des fruits de Vetonymus euro-
pxui, L.
— ÉTYM. Eù(ivu|/.o;, fusain , de ej , bien, et
ivofiix, nom.
ÉVOQUÉ, ÉE (é-vo-ké, kée), part, passé. Un dé'
mon évoqué du fond des enfers. || Une affaire évo-
quée devant la juridiction compétente.
ÉVOQUER (é-vo-ké;, v. a. {] l" Faire apparaître
les démons ou les âmes des morts par l'effet de
certaines conjurations. Samuel dit à Saûl : Pour-
quoi avez-vous troublé mon repos en me faisant
évoquer? SACi, Bible, Rois, i, xxviu, (5. La femme
lui dit ; Qui voulez-vous que je vous évoque? Evo-
quez-moi Samuel, répondit SaQl, boss. Polit, v. S,
(. Il 2" Figurément, il se dit des orateurs qui apo-
strophent les mânes des héros. Faut-il d'une ombre
illustre évoquer la puissance? m. j. chén. Tib. ii,
2. Il Évoquer un souvenir, le rappeler. Il me semble
qu'en prononçant ces paroles on évoque l'his-
toire et qu'on ranime les morts, stael, Cor. iv,
4. Il 3° Terme de jurisprudence. Attirer à soi la
connaissance d'une affaire. Le parlement évoque
à soi l'affaire, la font. Troq. Il craignait que les
amis qui leur restaient à la cour n'obtinssent du roi
qu'il évoquât à lui seul le jugement de cette affaire,
d'alemb. Desir. des jés. Œuv. t. v, p. lue, dans
POUGENS.
— HIST. XVI* S. LasI tu te tais, et aux miennes
demandes Tu ne rens point responses réciproques;
Tant seulement aigres soupirs évoques Du cœur
profond, mahot, iv, 4B.
— ÉTYM. Lat. eiocare, de e, et vocare, appeler,
de foi, voix (voy. voix).
t ÉVULSIF, IVE (é-vul-sif, si-v'), adj. Terme
didactique. Qui est propre & arracher.
— ÉTYM. Voy. ÉVULSION.
t ÉVULSION (é-vul-sion), s. f. Terme didactique.
Action d'arracher, extraction. Évulsion d'une dent,
d'un fragment d'os.
— ÉTYM. Lai. ei'uUioixm, de evulsum, supin de
evellere, de e, et réitère, tirer.
EX (èiis'), particule qui se joint par le trait d'u-
nion à certains mots pour exprimer l'état ou la po-
sition antérieure d'une personne : un ex-ministrei
un ex-député (voy. es....).
— ÉTYM. Lit. M; grec, <{, hors.
EX-ABRUPro (è-kza-bru-plo), voy. abudpto.
EXA
EXA
EXA
1 649
W:
EXACERBATION (è-kza-sir-ba-sion), s. f. Terme
de médecine. Accroissement passager de l'intensité
des accidents d'une maladie.
— SVN. EXACERBATION, PAROXYSME, REDOUBLEMENT.
Êtymologiquement, l'exacerbation indique que le
mal devient plus acerbe; le paroxysme, qu'il de-
vient plus aigu; le redoublement, qu'il redouble. Le
redoublement ne se dit guère que de la fièvre, dont
l'augmentation se manifeste par plus de chaleur et
un pouls plus fréquent. L'exacerbation et le pa-
roxysme sont extrêmement voisins; pourtant exa-
cerbation s'applique davantage à l'état général de
la maladie: Sa pneumonie a eu une exacerbation au-
jourd'hui ; au lieu que paroxysme s'applique davan-
tage à un symptôme particulier: 11 avait son asthme,
et il y est survenu un paroxysme de sufTocation.
— HIST. XVI' s. Quelquefois elle [une maladie] a
des exacerbations, c'est à dire que sa violence re-
double par certains périodes, paré, xx, 8.
— ÉTYM. Lat. exacerbationem, de ex, et acerbus,
acerbe.
EXACT, ACTE (è-gza, OU, suivant la prononcia-
tion la plus commune, 6-gzakt, c et t sonnant,
gzak-t'. Il y a des divergences pour la prononciation
du masculin: plusieurs disent 6-gza, ne faisant pas
plus sonner et que dans respect ; Richelet note
qu'on prononce è-gza; au pluriel, même diver-
gence, les uns disant è-gzakt, les autres disant
è-gzak; le mieux est de ne faire sentir et ni au sin-
gulier, ni au pluriel), adj. |1 1° Qui suit rigoureuse-
ment la vérité, la convention. Il est fort exact. His-
torien exact. Soyez exact au rendez-vous. Les rois
sont plus exacts à punir ce qui blesse leur caractère
que faciles à pardonner par le mouvement de la na-
ture, ST-ÉVREM. dans le i)t'c(. de richelet. Sur le
point dont il s'agit j'ai eu quelques entretiens avec
des ecclésiastiques instruits et d'une raison exacte et
saine, Mirabeau, Collection, t. iv, p. 340. || 2° En
parlant des choses, fait avec soin, avec ponctualité.
Compte exact. Expression exacte. Exacte recherche,
.'e veux, pour espion qui soit d'exacte vue, Prendre
le savetier du coin de notre rue, mol. Ëc. des f. iv,
4. J'espère que vous y verrez, mes pères, une ré-
ponse exacte, et dans peu de temps, pasc. Prov. xi.
Il Qui est vrai de tout point. Notion exacte. Le fait est
exact. C'est exact. Si les idées des mathématiciens
sont exactes, c'est qu'elles sont l'ouvrage de l'algèbre
etde l'analyse, condillac, Conn. hum. sect. Ii, ch. 7.
Il Les sciences exactes, les mathématiques et les
sciences qui s'appuient sur les mathématiques. 11
[Boiieau] ignorait jusqu'aux termes les plus com-
muns de la langue des sciences exactes, e'alemb.
Éloges, Despréaux. || 3° Qui est conforme à son
modèle. Copie, reproduction exacte. || 4° Sévère,
rigoureux. Ici l'exact refus fait montre d'amitié,
TRISTAN, M. de Chrùpe, m, 2. En matière d'Etat....
Il n'est scrupule exact qu'il n'y faille garder, corn.
Attila, i, 2. Observateurs zélés de l'exacte justice,
VOLT. Scythes, ii, 6. || Il se dit dans un sens ana-
logue du régime. Une diète exacte. Un régime
exact et même ses austérités lui valurent une santé
assez égale, fonten. des Billettes.
— ÉTYM. Lat. exactus, soigneux, exact, propre-
ment poussé jusqu'à, achevé, de ex, hors, et oc-
tus, part, passé de agere, pousser (voy. agir).
EXACTEMENT (è-gza-kte-man), ndi'. D'une ma-
nière exacte. Pour moi , monseigneur, qui vous
connais jusque dans l'âme, et qui sais combien exac-
tement vous vous acquittez de tous les devoirs de
toutes sortes d'amitiés, voit. Lett. (57. [Il] Tenait
exactement ce qu'il avait promis, tristan, Panthée,
i, 4. Observe exactement la loi que je t'impose,
HN. Cinna, v, t.
— ETYM. Exacte, et le suffixe ment.
EXACTEUR (è-gza-kteur), s. m. \\ 1° Celui qui
exige ce qui est dû à lui ou à un autre. Comme un
maître, sévère exacteur de ses droits et déterminé à
ne rien perdre de ce qui lui est dû, bourdaloue,
"yst. Purif. de la vierge, t. ii, p. 214. Des ber-
;ersqui, couverts à peine de lambeaux déchirés,
■ardent des moutons infiniment mieux habillés
u'eux, et qui paient à un exacteur la moitié des
âges chélifs qu'ils reçoivent de leurs maîtres, volt.
Vtitc. de Babyl. 3. || 2» Celui qui commet une ex-
':tion, qui exige plus qu'il n'est dû. Maudit so;t
lui qui créa la race détestable des grands exac-
lurs, DIDER. Salon de 1767, (Jlnmes, t. xiv, p. («o,
■,ns POUGENS.
— HIST. XIV' s. Les droiz de vray roy ne sont pas
«actions, ne les bons roys ne sont pas exacleurs,
«ESME, Thèse de meunier. ||xvi' s. Aussi se mons-
Ira-il pareillement severe observateur et roide exac-
''ur de la (Mscipline militaire, amyot, P. Aim. c.
'- ÉTYM. Lat. excctorem, celui qui exige, et pir-
ticulièrement celui qui exige l'impôt, de exactum,
supin de exigere (voy. exiger).
EXACTION (è-gza-ksion ; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1° Action d'exiger une chose due. Les
États les plus sages et les mieux policés, comme
Athènes et Rome, ont toujours été embarrassés à
trouver un juste tempérament pour réprimer la du-
reté dans l'exaction du prêt et la mauvaise foi
du débiteur qui refuse ou néglige de payer ses det-
tes, rollin, Ilist. anc. Œuvres, t. i, p. 6B, dans
LACURNE. Il Usure. Les Juifs, enrichis par leurs exac-
tions, étaient pillés par les princes avec la même ty-
rannie; chose qui consolait les peuples et re les
soulageait pas, montesq. Esp. xxi, 20. || 2" Aete
d'un percepteur des deniers publics, et, en géné-
ral, d'un administrateur quelconque qui exige ce
qui n'est pas dû ou plus qu'il n'est dû. Le reste de
l'empire souffrait beaucoup sous tant d'empereurs et
tant de Césars; les officiers se multipliaient avec les
princes; les dépenses et les exactions étaient infi-
nies, Boss. Hist. I, to. Il Contribution exigée d'une
population comme amende et punition. Thémistocle
parcourut les îles qui avaient suivi leur parti [des
Perses] pour y faire des exactions et pour en tirer
de l'argent, rollin, Hist. anc. (Jiuvres, t. m,
p. 249, dans POUGENS.
— HIST. xni' s. [Nous] affrancissomes la devant
dite abeye, et volons que ele soit efTranchie et cuite
[quitte] de toutes exactions, corovées et tailles,
tailliar, necueil, p. 263. || xiv s. Tirant regarde
lesquels de ses gens scevent mieulz trouver exac-
tions, oresme. Thèse de meunier. ||xvi' s. Il estoit
besoin d'imposer de bien grosses tailles et de faire de
griefves et excessives exactions, amyot, Ant. 26.
— ÉTYM. Provenç. exaction; espagn. exaccion ;
ital. esazione; du lat. exactionem (voy. exacteur).
t EXACTIONNER (è-gza-ksio-né) , V. n. Com-
mettre des exactions.
— HIST. xv* s. Le pape Boniface avoit mis en
difficulté à canoniser le roy saint Loys, alléguant
que le dit roy saint Loys avoit griefvement exaction-
né son peuple, Hist. de la toison d'or, t. i, f° 97,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Exaction. Ce mot, qui est ancien, est
régulièrement fait, comme passionner, de passion,
impressionner , de impression.
EXACTITUDE (è-gza-kti-tu-d') , i. /■. || 1' Qualité
de la personne qui est exacte. Avec exactitude il
suit toutes ses lois, corn. Pulchér. i, 3. L'exactitude
qu'on avait à garder les petites choses, boss. Jlist.
m, 3. L'Espagne sur ce sujet [les jeûnes] a des
coutumes que la France ne suit pas; mais la reine
se rangea bientôt à l'obéissance.... et l'extrême
exactitudjede cette princesse marquait la délicatesse
de sa conscience, id. Ilar.-Thér. Après qu'il avait
rempli dans la dernière exactitude ses fonctions né-
cessaires, il se renfermait dans son cabinet où il
étudiait.... FONTEN. Méry. L'exactitude de l'esprit
n'a presque rien de pénible : ce n'est point une ser-
vitude comme l'imagination la représente, malebr.
Rech. I, H. Dites, n'est-il pas vrai que votre promp-
titude M'a presque soupçonné de peu d'exactitude?
I. B. Rouss. le l'iatt. m, 7. Il me parut qu'on pou-
vait raisonner en métaphysique et en morale avec
autant d'exactitude qu'en géométrie, condill. Conn.
hum. Introd. || 2° Précision, justesse dans les cho-
ses. Un calcul d'une grande exactitude. L'exacti-
tude d'une mesure. Et quand l'obéissance . a de
l'exactitude. Elle voit que la gloire est dans la
promptitude , corn. Sertor. iv , 2. J'abandonne
l'exactitude Aux gens qui riment par métier; D'au-
tres font des vers par étude; J'en fais pour me
désennuyer, gresset, ies Ombres.
— REM. Vaugelas, Hemarques, dit : a C'est un
mot que j'ai vu naître comme un monstre et auquel
on s'est accoutumé; on lui a en vain opposé exac-
teté. >> Arnaud avait risqué le mot d'exaoteté dans un
livre De la fréquente communion (1643), se réglant
en cela sur les terminaisons en usage dans les mots
dene((e(e, sainteté, honnêteté; mais, sa voyant à peu
près seul, il se rétracta depuis et revint t exactitude,
ste-beuve, Vaugelas, Constitutionnel, 2S déc. isas.
— ÉTYM. Exact.
+ EXAGÉRANT, ANTE (è-gza-jé-ran, ran-t'.),
adj. Qui exagère. TertuUien, plus exagérant que
saint Cyprien, fén. t. ii, p. 107.
EXAGÉRATEUR, TRICE (è-gza-jé-ra-teur, tri-s"),
s. m. et/'. Il 1° Celui, celle qui exagère. C'est un
grand exagérateur. C'est un homme.... ne parlant
jamais qu'à propos, point prompt à décider, point
du tout exagérateur incommode, mol. Am. magn.
II, 3. Vespasion et Titus firent ce siège mémorable
qui finit par la destruction de la ville [Jérusalem];
Josèpho l'exagérateur prétend que, dans cette courte
guerre, il y eut plus d'un million de Juifs massa-
crés, volt. Dict. phil. Juifs. || 2° Adj. le ne suis
point exagérateur comme celui qui ne racontait
que des prodiges de votre altesse, balz. 6' dise. sur
ta cour. Toutes les passions sont exagératrices, et
elles ne sont passions que parce qu'elles exagè-
rent, CIIAMPF0RT, Max. et pcns. t. i, p. 367.
— ÉTV.M. Lat. exaggeratorem , de exaggerare,
exagérer.
EXAGÉRATIF, IVE (è-gza-jé-ra-tif, ti-v'), adj.
Qui tient de l'exagération. Ce qui paraît principale-
ment leur avoir inspiré ce langage exagératif, c'est
que, prenant pour modèle les livres attriijués à
saint Denys l'Aréopagite, ils en ont imité le style
extraordinaire, boss. États d'oraison, i, 2.
— ÉTYM. Voy. EXAGÉRATEUR.
EXAGÉRATION (6-gza-jé-ra-sion ; en vers, de
six syllabes) , s. f. \\ i° Action d'exagérer; résultat de-
cette action. Je l'ai vu [le prince de Condé], et ne
croyez pas que j'use ici d'exagération, je l'ai vu vi-
vement ému des périls de ses amis; je l'ai vu, sim-
ple et naturel, changer de visage au récit de leurs
infortunes.... boss. Louis de Bourbon. Hé bien! ne
croyez-vous pas que ceux à qui s'adressera une exa-
gération aussi forte l'écouteront avec plaisir ? font.
Auguste, Arélin. Je parle votre langage : je réponds
à vos exagérations par les miennes, marivaux,
Préj. vaincu, se. 4. Les fortes âmes de ceux-ci [les
anciens] paraissent aux autres [les modernes] des
exagérations de l'histoire, i. j. rouss. Gouv. de
Polog. ch. 2. L'exagération qui, en voulant agran-
dir les petites choses, les fait paraître plus petites
encore , d'alemb. Éloges , Fléchier. L'exagération
est naturelle au langage humain; les mots expri-
ment l'inspiration que l'homme reçoit des faits bien
plutôt que les faits mêmes, guizot. Histoire de la
civil, en France, S' leçon. || Figure de pensée qui
consiste à mettre à la place de la véritable idée de
la chose une autre idée du même genre, mais d'un
degré supérieur, jj 2° Terme de beaux-arts. L'exagé-
ration des formes. La manière de cet artiste a de
l'exagération. L'exagération des gestes.
— HIST. xvi' s. Au premier qui me demande la
vérité nue et crue, je quitte soubdain mon effort,
et la luy donne sans exaggeration, sans emphase et
remplissage, mont, iv, -isi.
— ÉTYM. Lat. exaggerationem (voy. EXAtÉRRR).
EXAGÉRÉ, ÉE (é-gza-jé ré, rée), adj. || 1° Qui
porte le caractère de l'exagération. S'il y a des peuples
qui aiment les expressions exagérées, ce n'est pas
parce qu'elles sont fausses, c'est parce qu'elles les
remuent; mais rien n'empêche d'allier l'exactitude
avec la force ; le style est donc susceptible d'une
beauté réelle, condillac. Art d'écr. ii, (6. Si l'on
considère le nombre des traits qui caractérisent un
personnage comique, on peut dire que la comédie
est une imitation exagérée, marmontel, Élém. de
litt. t. VI, p. -142, dans pougens. || S. m. Ce qui
porte le caractère de l'exagération. Quelle différence
mettez-vous donc entre le romanesque et l'exagéré t
DIDEROT, Salon de H767, Oliuvres, t. xv, p. IBO,
dans POUGENS. || 2° Dont les sentiments ne gardent
pas la juste mesure, en parlant des personnes. Je
la trouvai susceptible , exagérée, défiante: voilà les
suites amères de l'infortune, genlis, Thédt. d'éduc.
Ennem. génér. ii, 3. || S. m. Celui qui a des opinions
outrées, violentes, surtout en pplitique. || 3° Terme
de beaux-arts. Qui n'est pas soumis aux justes pro-
portions. Il ne faut pas mettre la nature exagérée à
côté de la nature vraie sous peine de contradiction,
DIDEROT, Pensées sur la peinture, Œuvres, t. xv,
p. 187, dans POUGENS.
t EXAGÉRÉMENT (è-gza-jé-rè-man) , adv. D'une
manière exagérée. Elle [la minorité de la chambre
de 1830] ne craint exagérément ni les journaux, ni
les sociétés populaires, ni l'ancienne congrégation,
ni le midi, ni l'ouest, ni l'Europe, carrel, tfc'ut).
t. I, p. 246.
— ÉTYM. Exagéré, et le suffixe ment.
EXAGÉRER (è-gza-jé-rè. La syllabe 5^ prend l'ac-
cent grave quand la syllabe qui suit est muette :
j'exagère , sauf au futur et au conditionnel : j'exagére-
rai, j'exagérerais), v. a. || 1° Donner aux choses des
proportions plus grandes qu'elles n'ont réellement.
Ces fortes expressions par lesquelles l'Écriture sainte
exagère l'inconstance des choses humaines,devaient
être pour cette princesse si précises et si littérales,
BOSS. Duch. d'Orl. En exagérant tout, on ne définit
rien, la chaussée, Gouvem. 1, a. Va, tempère,
Gracchus, ce zèle fanatique, Et n'exagère point la
misère publique, M. J. ciién. GracQ. 11, ». || Exa-
fSSO
BXA
!* .s «Sîtoi «agérer k M. de M"',
ti .„u>.ui «T?o " bon p.rl .*v. 33,. Il S-exa-
!î«,^^u«*wr » «". nendanl qu« .on esprit en-
fcl « d«^l."r. SV.aK'Ve »a peine et gro.s.l
r.Brd«dom.rt,que. vient d. .'eiaRérer les défaut,
d.".u™ m»ttr... oKmJS, TWdl. d-<du«. Jo Harch.
dt mode K. ». Il Al«olumcnt. Il y a, «an» cxaRérer,
einnuanle endroiU.... boïs. «ouv. myit. ♦. Le zèle
de luliliié publique était en lui une véritable pas-
(inn, et toute» les passion» «agirent, condobcet,
Puhamtl. On n'avait point exagéré en nous disant
que nous trouverions plu» d'or et d'argent à Delphes
qu'il n'y en a peut être dans le reste de la Grèce,
iARTiiiL. Anach. ch. 2J. || 2' Donner une expression
excrasive. L'action théâtrale étant privée de l'ei-
nrcsïion du visage, on s'efforça d'y suppléer par
l'expression du geste, et l'immensité des théftlres
oblige» de l'exagérer, iiarmontel, Élém. littir.
OHutret, t. ix, p. tB«, dans polokns. || Terme de
peinture et de sculpture. Exagérer les formes, les
proportion» de» figure». || 3° Faire valoir, faire res-
sortir. Surtout 'il est très-nécessaire que vous teniez
la main à ce que les règlements et instructions que
j'ii envoyés pour les manufactures et les teintures
•oient soigneusement exécutés, ne pouvant assez
Tou» exagérer les avantages que toutes les provinces
du royaume qui s'y conforment ex.icloment reçoi-
vent, COLBERT, Cnrresp. t. ii, Iclt. 210. Il ne man-
qua pas de bien exagérer combien il était important
de ne pas toucher aux rentes de la ville de Paris,
ID. ib t. u, p. 68. Cet arrêt ayant été publié et porté
lur le bureau de la Chambre de justice, au lieu
qu'elle devait rendre publique et exagérer une si
sensible marque de la bonté du roi pour ses peu-
ple», ID. ib. Il Cet emploi vieillit.
— IIIST. xvi' s. Exaggerer celte vengeance divine
[It mort d'Arius] par la circonstance du lieu [un
privé où il mourut], mont, i, 34».
— Ctyh. Lat. ezaggerare, proprement accumuler
U terre, et, par suite, exagérer, de ex, et aggerare,
faire un monceau de terre, de agger, monceau de
terre.
' fEXAGÉREDR. EUSE (è-gza-jé-reur, reû-z'),
*. m. et^ Celui, celle qui exagère. Ce propos de table
était bon; vous en auriez été contente? n'avez-vous
point quelque eiagéreuse comme celle-là? sëv. 6».
— ETYM. Exagérer.
EXAfiONE, aitj. Voy. hexagone.
t EXALBUMINÊ, ÉE (è-gzal-bu-mi-né, née),odj.
Terme de liotanique. Sans périsperme.
— ETYM. Lai. ex, sans, et albumine.
t EXALTABLE ( ègzal-ta-bl' ) , adj. Qui peut
s'exalter. Une âme exallable.
t EXALTANT, ANTE (è-gzal-lan, tan-f), adj.
Oui exalte. Des passions exaltantes.
EXALTATION (è-gzal-ta-sion ; en vers, de cinq
•yllabe»), i. f. || !• Action d'élever, d'exhausser. La
fête de l'exaltation de la sainte croix, fûte qui se cé-
lèbre le a septembre, en mémoire de ce que Hé-
raclius rapporta à Jérusalem du Calvaire la croix
de Jésus-Christ, enlevée quatorze ans auparavant
parCosrots, roi du Herse. || 2' L'avènement, l'intro-
nisation d'un pape. Les jours de son exaltation [du
pape] furent le» jour» de votre gloire, patru. Éloge
de M. Bellièvre. || 8* Terme d'ancienne chimie. La
sublimation ou volatilisation d'un corps quelconque.
L'exalution des sols, des soufres. || 4' 'forme
d'astrologie judiciaire. Une planète est dans sou
exaltation lorsqu'elle est dans le signe où les astro-
logues supposent le plus de vertu à ses influences.
Il S* Action de rendre plus éclatant, plus glorieux.
Si nous envisageons cet événement fia mort de
Pascal le père] non pas comme l'effet du hasard...,
mais comme une suite indispensable, inévitable
juste, sainte, utile au bien de l'Église et à l'eiall
tation du nom et de la grandeur de Dieu pasc
Ltlt. à Périer, n oct. «661. Pardonnez à des aveu-
gle» qui servent, sans le savoir, à l'exaltation de
mon nom, MASS. Myit. Pau. || 6' Etat de l'esprit
baussi tu delà de son état ordinaire. L'exaltation
«!•» espnt». U me fit d'abord connaître clairement
«• jf *""*"' "on *me;je fis de si prodigieux
enorta d exaltation que j'en tombai malade, volt.
• a auxioinu, Nouveaux tyitèmct. lia la tête vive,
ne ta grandeur dame, il est irès-suscepUble d'cxal-
~00Wi La manière de vivre des Chartreux sup-
religieux, ■- m „^ corinn,. x, ,. |i Exaltation
EXA
politique, ardeur cxccssiro dans lei opinions ou le»
partis politiqups. L'exaltation des hommes, des opi-
nions pendant la révolution. ]| 7" Terme de méde-
cine. Symptôme qui consiste en ce que le malade
a des idées plus vives qu'il ne conviendrait. U avait
de la fièvre, de l'exaltation. || Augmentation déme-
surée de l'action d'un organe ou d'un système d'or-
gane». L'exaltation des fonctions des reins.
— HIST. XV* s. Et semble monstrer que l'exaltation
et haut règne dos François est un heur grand et jo-
cunditéaux Bourguignons, 0. chast. Expos, sur vé-
rité mal prise. || xvi' s. En haine de son exaltation
on abaissoit son extraction, d'aub. Ilist. 11, *!>o.
— ETYM. Provenç. exallatio ; espagn . eia/(acton ;
ital. esaltaxinne ; du lat. eiai(a(JO»i«in, de exaltare,
exalter (voy. exalter).
EXALTE, ÉE (è-gzal-té, tée), part, passé.
Il !• Élevé très-haut; loué extrêmement. Parle pour
consoler mon âme inquiétée. Parle pour la con-
duire à quelque amendement. Parle afin que ta
gloire ainsi plus exaltée Croisse éternellement, cobn.
Imit. m, i. Ces pauvres autrefois si petits, mais
alors comblés de gloire et si hautement exaltés ,
BOUBDALOUE, 8« dim. après la Pentecôte, Dominic.
t. m, p. t<», dans TOUOENS. Ils savent qu'un héros
par son rang exalté Ne doit qu'à la vertu ce que
doit le vulgaire X la nécessité, j. b. Ronss. Odes, iv, B.
Il 2" Rendu plus actif. Qu'aurait-ce élé si le venin
eût été un peu plus exalté? et il le serait devenu
sans doute si l'on n'avait pas été assez heureux pour
trouver un remède aussi puissant que celui qu'on a
découvert, iiontesq. Lett. pers. <I3. || S" Avoir la
tête exaltée, l'imagination exallée, avoir une tête,
une imagination qui s'enflamme facilement et qui
s'emporte. Les têtes exaltées qui ne s'expliquent
rien, mai» que tout frappe, ont des visions, Dide-
rot, Hègne de Claude et Nér. 1, § Jio. Les petites
âmes portent dans les grandes choses le vice qui est
en elles; c'est la raison pour laquelle on donne le
nom de tètes exaltées à ceux qui marquent une
violente indignation contre des vices communs
qu'on partage ou qu'on a quelque intérêt à ména-
ger, ID. ib. II, 24. Il 11 se dit aussi des personnes.
Vous êtes un homme exalté. || En politique, le parti
exalté, le parti révolutionnaire le plus ardent. || S.
m. et f. C'est un exalté, une exallée.
EXALTER (è-gzal-té), V. a. || 1» Élever très-haut,
louer, vanter beaucoup. Exaller le mérite d'une ac-
tion. Ils exaltaient la taille et la valeur des Alle-
mands, d'ablancohrt. César, liv. i, dans richelet.
Pour sauver du mépris ma constance abattue, Je ne
puis exalter l'ennemi qui me tue, rotb. Uerc. mour.
m, 3. Ce n'est pas.... Qu'aisément je ne pusse, en
quelque ode insipide, T'exalter aux dépens et de
Mars et d'Alcide, boil. ÉpU. i. Oui, l'honneur, Va-
lincourt, est chéri dans le monde; Chacun pour
l'exalter en paroles abonde, ID. Sat. xi. On l'exalte
partout, on l'admire, on l'encense, c. delav. Po-
rto, u, î. Il 2» Rendre plus actif. Exaller les pro-
priétés d'un médicament. Exalter les fonctions du
foie. Il Fig. Ce conquérant imposteur exalta, si l'on
peut s'exprimer ainsi, par ses dogmes sanguinaires
la férocité naturelle de ces peuples, batnal, Uist.
phil.v, t. Contrarier ouvertement les grands sen-
timents est un moyen sur de les rendre opiniâtres
et de les exalter, genlis, Mlle de Lafayette, p. t63,
dans PODOENs. {| 3" Ancien terme de chimie. Redou-
bler la vertu d'une substance en la purifiant. Exal-
ter de l'antimoine. || 4° Élever l'esprit au-dessus de
«on état ordinaire. Le récit de ces grandes actions
l'exaltait. || Absolument. Alors, s'eialtant pour exal-
ter : Eh quoi! c'est vous, ajoute-t-il, que cette pen-
sée n'enflamme point? séour, Hist. de Nap. vm, 9.
Il Terme de piété. Exalter son âme, prendre des
sentiments d'orgueil. Si je n'ai pas eu d'humbles
sentimenta et que j'aie exalté mon âme, boss. Jfor.
Thér. Il 6* Jeter dans une sorte de transport, de dé-
lire. Des méditations prolongées lui ont exalté l'es-
prit. || 8* S'exalter, ». réft. Être élevé, loué. Si ta
gloire peut s'exalter Par l'effet où j'ose prétendre.
Permets qu'en ton saint nom je puisse exécuter Ce
que tu me vois entreprendre, corh. Imit. m, <6.
Il Prendre de l'exaltation. U s'exaltait en racontant
ce haut fait. || Se louer, se vanter réciproquement.
Dans la camaraderie on s'exalte les uns les autres.
— HlST. xvi- s. Puis je sens bien ma plume trop
ruralle Pour exalter sa maison liberalle, marot, u,
33. 11 est besoin de monstrer ici brièvement, com-
ment et par quels moyens il [le pape] s'est exalté
desja dès longtemps pour entreprendre quelque ju-
risdiclion sur les autre» l':gli»e», calv. Intlit. 899.
— ETYM. Provenç. «toJtor; lat. emUtart, haus-
ser, de ex, et a((i(.«, haut.
EXA
EXAMEN (è-gza-min. Quelques-uns prononcent
è-gza-mèn' ; mais cette prononciation est affectée :
autrefois c'était la bonne; Chifflet disait que l'n se
prononçait toujours),*, m. || 1° Action d'examiner.
L'officier auquel le roi renvoya l'examen de notre
affaire, fén. Tél. 11. Toute la vie du chrétien doit
être un examen et une censure continuelle et se-
crète de sf?s actions, de ses désirs, de ses pensées,
MASS. Car. Conf. Je mo borne à l'examen de quel-
ques questions qui me paraissent les plus impor-
tantes, CONDILLAC, Études hiit. part. l, ch. 8. U
y a. dans le septième tome de Paméla, un exa-
men très-judicieux de l'Andromaquede Racine, par
lequel on voit que cette pièce ne va pas mieux à son
but prétendu que toutes les autres, J. j. bodss. Let-
tre à d'Alembcrt. D'un sévère examen je ne crains
pas la suite, H. / chén. Œdipe roi, m, 2. || Terme
ecclésiastique. Examen de conscience, préparation
à la confession. Elle [Anne d'Autriche] redouble se»
dévolions toujours assidues; elle apporte de nou-
veaux soins à l'examen do sa conscience toujours
rigoureux, boss. Mar.-Thér. Ceux (livres d'heures]
dans lesquels les examens de conscience sont un
peu détaillés, genlis, Ad. et Théod. t. 11, lett. 7,
p. tu , dans pougens. || Faire son examen de con-
science, examiner attentivement sa propre conduite.
De bonne foi du moins il fait sonexamen, coLLtx
d'harlev. Chdt. en Esp. 11, 3. || Terme de philoso-
phie. Le libre examen, le droit naturel de n'accep-
ter comme vrai que ce qu'admet la raison ou l'ex-
périence; et, plus particulièrement, indépendance
d'opinion qui fait repousser le joug de l'autorité
en matière de foi et examiner les dogmes tradition-
nels d'après sa | ropre raison. Un homme d'examen.
Esprit d'examen. || 2" Épreuve orale ou écrite que
subit un candidat pour être admis à tel ou tel
grade. Subir un examen. Passer son examen, ses
examens. Il 3° Par extension, sorte d'interrogatoire
qu'on fait subir à quelqu'un sur certain» faits. Exa-
men d'un accusé. || Partie de la procédure publi-
que, en matière criminelle , qui comprend les in-
terrogatoires et l'exposition des charges.
— mST. XV* s. Il laissa meuble et héritage Et se»
parens sans retorner; Jhesucrist le face tourner Au
jour du derain examen De sa deslie partie; amen,
le Tombel de la Chartrose, ms. d'Avranches. Que cel-
luy qui sera passé maistre sans grâce et par exa-
men, sera tenu paier, avant qu'il levé son ouvrouer,
la somme de « escus d'or, Ordonn. fév. 1485.
Il XVI* s. Le nombre de qui on fait l'examen, de-
LABOCHE, Arismelique, f t) , verso.
— ETYM. Lat. examen, pro|iremenX l'aiguille de
la balance qui dénonce l'équilibre, de là action de
peser, d'examiner, pour exagmen, de exigere o\i
exagère, réduire à (voy. exiger).
t EXAMIXABLE (è-gza-mi-na-bl') , odj. Qui peut,
qui doit être examiné.
— HlST. xvi* s. Qui est celuy au monde qui ay«
droict de commander et donner la loy au monde,
s'assujettir les esprits, et donner des principes qui ne
soyentplusexaminables, que l'on ne puisse plusniei
ou douter, que Dieu seul? charron, Sagesse, u, ».
— ÉTYM. Examiner.
EXAMINATEUR, TRICE(è gza-mi-na-teur, tris'),
I. m. et f. Il 1» Celui, celle qui examine. On a des exa-
minateurs à proportion qu'on est élevé, st-évrb-
MOND, dans richelet. Ô fâcheux examen d'un mys-
tère fatal Où l'examinateur souffre seul tout le mal,
MOL. Éc. des f. II, «. Tous ces sages du paganisme,
tous ces examinateurs curieux de la nature et de»
choses du monde, Nicole, Essais, t. ix, p. 208, dans
poiGENS. Ces curieux examinateurs des coutume»
reçues, pasc. Pensées, t. i, p. 267, éd. Lahure. Il
faudrait voir les originaux et attendre qu'un grand
nombre de savanU eût fait cette étude à fond [an-
cienneté de la Chine] , afin que parle grand nombre
d'examinateurs la chose pût être pleinement éclair-
cie, FÉN. t. iix, p. 161. Il 2* Celui, celle quia pour
fonction de faire subir les examens aux candidats
pour de» gradesou des fonctions. Examinatrice pour
l'instruction primaire. \\Ad}. Dames examinatrices,
dames chargées de faire subir l'examen aux personnes
nui postulent les places de maltresses de pensions,
d'institutrices, de directrices de salles d'asile, etc.
— HlST. xiu* s. Les noms des six jurez exami-
neus sont teil.... Liv. des met. 42o. || xiv* s. Auili-
teurs, seelleurs, examinateurs, Ord. As rois del-'r.
t. I, p. 467.||xvi* s. II faut estre bien aspre et sé-
vère examinateur et contreroUeur de ce qui aura esté
dit quant à l'usage et à la vérité, auvot, Comm. il
faut OHÏr, 1 1.
— ETYM. Lat, examinatnrem , de czaminare,
examiner
EXA
tEXAMINAllON (è-gza-mi-na-sion), t. f. Ac-
tion d'examiner.
— HIST. xm* s. Quant aucuns est condam-
nés comme bourres, par l'examinalion de sainte
Eglise, sainte Eglise le doit abandonner à la laie
justice, BEAL'M. XI, 2. Il XVI' s. Une sérieuse et
•ttentifve examination non seulement de ses paro-
les et actions, mais de ses pensées plus secrettes....
CHARRON, Sagesse, i, i.
—ÉTYM.Provenç.raaminocf on; ital.eiominflitonf;
du lat. examinaiionem , de examinare, examiner.
KXAMINfi, ÉE (è-gza-mi-né, née), part, passé.
Il 1° Les lieux examinés avec soin Mais sur la
foi d'un songe, Dans le sang d'un enfant voulez-
vous qu'on se plonge ? Vous ne savez encor de quel
père il est né, Quel il est. — On le craint, tout est
examiné, hac. Àlh. ii, 6. ||2°Un élève examiné par
le professeur.
EXAMINER (è-gza-mi-né), V. a. \\l" Considérer
avec attention et pour se rendre compte. 11 se juge
en autrui, se tâte, s'étudie, Examine en secret sa
joie et ses douleurs, corn. Pomp. m, J. Allons exa-
miner pour ce coup généreux Les moyens les plus
firompts et les moins dangereux, m. Héracl. i, 5.
Lt sans examiner par quel destin jaloux La gran-
deur d'.i courage est si mal avec vous, m. Sicom.
m, 2. Sa rigueur importune examine et publie Où
manque le devoir d'autrui, id. Imit. ii , 3. Examine
leurs yeux, observe leurs discours, rac. Brit. i, 4.
Je n'examine point si j'y pourrai survivre, id. Bé-
rén. II, s. Il Examiner, se dit des différentes commis-
sions pour le théâtre, le colportage, les autorisations
de livres, etc. || Absolument. On doute, on examine,
et je reviens confus Demander à vos pieds vos or-
dres absolus, VOLT. Orphel. ii, 7. || 2° Regarder at-
tentivement. Plus j'examine cette personne, plus je
crois la reconnaître. On ne la contemplait point, on
l'examinait, genlis, MUede Clermont, p. (67, dans
POUGENS. Il 3° Faire subir un examen. Examiner
un élè?e. || 4° S'examiner, v. réfl. Examiner s^h
conscience, ses propres actions. Plus je rentre en
moi-même et plus je m'examine, Moins j'y puis de
mon mal rencontrer l'origine, rotr. Bélis. v, t.
Quand un homme s'examine , quelle satisfaction
pour lui de trouver qu'il a le cœur juste! montesq.
L'tt.pfrs. 83. Il Se regarder l'un l'autre. Ils s'exa-
^iiinent quelque temps, et enfin se reconnaissent.
— IIIST. xm' s. Bien le sauras par toi meïsmes ;
Il convient que tu t'essaîmes, la Rose, 2660. Toutes
les fois que tesmong sont examiné et on lor a fête
aucune demande, do Is [la] quele il ne sont pas
bien avisé.... beaum. ix, <3. || xv" s. Moult fut fort
et bien examiné, au tranchant des espées, ce noble
toumoy, Perceforest, t. iv, Bl. ||xvi* s. Nostre foy
n'est pas moins esproiivéepartribulation, que l'or est
examiné en la fournaise, calv. Instit. BBi. Les che-
valiers passoient par devant eulx [les censeurs] pour
estre examinez et visitez à la monstre , amvot ,Pomp.
32. Il me donna un meschant pourpoint tout deschiré
et deschiqueté d'usure et un collet de cuir bien exa-
miné [usé] et un meschant chapp?'iu , paré , m, p. 7H .
— ÉTYM. Provenç. et espagn. examinar; ital. esa-
minare ; du lat. examinare, de examen, examen.
f EXANIE (È-gza-nie) , s. f. Terme de chirurgie.
Procidence de l'intestin rectum.
— f.TYM. Lat. ex, hors, et omis.
t EXANTHÉMATEUX, EUSE (è-gzan-té-ma-teû ,
teû-z') ou EXANTHÉMATIQUE(è-gzan-té-ma-ti-k'),
ad;'. Qui a rapport aux exanthèmes. {| Fièvres exanthé-
matiques ou éruptives, fièvres qui sont caractérisées
par certaines éruptions, telles que la rougeole, la
variole, la scarlatine, etc. Ici exanthématique n'est
pas pris dans le sens rigoureux d'exanthème.
EXANTHÈME (è-gzan-tê-m') , s. m. Terme de mé-
decine. Groupe de maladies cutanées dont le carac-
tère commun est une rougeur plus ou moins vive, dis-
paraissant momentanément sous la pression du doigt,
et existant sans vésicules, papules, ni pustules.
_ — ÉTYM. 'EÇivOrifia, de èÇ, hors, et àv9eïv , fleu-
rir, proprement effleurir (voy. anthère).
EXARCHAT (è-gzar-ka), s. m. Province gou-
vernée par un exarque. Pépin conquit l'exarchat
de Ravenneetledonnaaupape. || Dignité d'exarque.
— f.TYM. Exarque.
EXARQUE (è-gzar-k') , s. m. \] 1° Vicaire général
de l'empereur en Occident qui faisait sa résidence
h Ravenne. L'exarchat fut institué sons l'empereur
Justin le Jeune, en 567, et le dernier exarque fut
Eutychius, qu'AstoIphe, roi des Lombards, défit
en 702. Il 2° Dans l'Eglise grecque, dignitaire dé-
puté par le patriarche pour visiter les provinces, et
dont le titre répond à celui de légat dans l'Église
lat.m;.
EXC
— ÉTYM. 'ESapxoî, de i$, hors, au loin, et âp-
yeiv, commander.
" t EXARTURftME (è-gzar-trê-m'), ï.m. ouEXAR-
TIIROSE (è-gzar-trô-z'), f. /'.Terme de chirurgie.
Synonyme de luxation.
— F.TYM. 'Ei, hors, et SpBpov, articulation.
t EXARTICnLATION (6-gzar-ti-ku-la-sion), s. f.
Terme de chirurgie. Synonyme de désarticulation,
d'amputation dans l'article.
— ÈTYM. Lat. ex, hors, et articulation.
t EXARTICCLÊ, ÉE (è-gzar-ti-ku-lé, lée), adj.
Terme d'histoire naturelle. Qui n'offre pas d'articu-
lations visibles.
— ÉTYM. Lat. ex, sans, et article.
EXASPÉRATION (è-gza-spé-ra-sion ; en vers, de
six syllabes) ,s.f.\\l' État d'un esprit exaspéré. 11 est
dans une grande exaspération. || Par extension, état
d'agitation, d'irritation des esprits. L'exaspération
était à son comble. || 2° Terme de médecine. Accrois-
sement de l'intensité des symptômes d'une maladie.
— HIST. XVI* s. Cette nostre exaspération immodé-
rée et illégitime contre ce vice [manie de parler de
soi], MONT, m, 338.
— ËTYM. Lat. exasperationem, de exasperare,
exaspérer.
EXASPÉRÉ, ÉE (è-gza-spé-ré, rée), part, passé.
Il 1° Irrité à l'excès. Je l'ai trouvé fort exaspéré,
il 2" Rendu plus âpre, en parlant d'une maladie.
Le mal exaspéré par un traitement intempestif.
EXASPÉRER (è-gza-.spé-ré : pé prend un accent
grave quand la syllabe q\ii suit est muette : j'exas-
père; excepté au futur et au conditionnel : j'exaspé-
rerai) , t). a. Il 1° Irriter à l'excès. Ce nouvel outrage l'a
fort exaspéré. || 2° Rendre plus Spre, plus cuisant.
Exaspérer une douleur. || 3° S'exaspérer, v. réfl.
Devenir irrité. Il s'exaspérait en racontant son aven-
ture. Il Devenir plus âpre, en parlantd'un mal Le
catarrhe s'exaspère par un temps froid.
— HIST. XVI' s. Exaspérer, cotgrave.
— ÉTYM. Lat. exasperare, de ex, et asper, âpre
(voy. ce mot).
EXAUCÉ, ÉE (è-gz6-sé, sée), part, passé. Cette
princesse demandait des enfants au ciel; elle fut
exaucée. Il en mourra peut-être; et d'un père in-
sensé Le sacrilège vœu peut-être est exaucé, hac.
Phèdre, iv, 6.
t EXAUCEMENT (è-gz6-se-man) , s. m. Action
d'exaucer ; état de celui qui est exaucé.
EXAUCER (è-gz6-sé. Le c prend une cédille de-
vant a ou 0 .• exauçant, exauçons) , «. o. || 1° Écouter
favorablement celui qui prie, supplie. Si j'ai gardé
l'iniquité au fond de mon cœur, le Seigneur ne
m'exaucera pas, saci. Bible, Psaume lxv, i«. Les
vents nous auraient-ils exaucés cette nuit? rac.
Iphig. i, 4. Il 2' Il se dit aussi de l'accomplissement
de ce qu'on demande. Souviens-toi que, pour prix
de mes efforts heureux. Tu promis d'exaucer le pre-
mier de mes vœux, hac. Phèdre, iv, 2.
— REM. Exaucer n'est pas synonyme d'octroyer,
accorder. Il ne se dit que de Dieu, du ciel, des
puissances célestes, ou des êtres que la passion ac-
tuelle nous leur fait assimiler (rois, princes, mat-
tresses, etc.).
— ÉTYM. Exaucer est le même que exhausser.
(voy. ce mot) : exaucer quelqu'un, c'est le porter
en haut, de manière que sa prière soit entendue des
puissances supérieures; et par catachrèse on dit
exaucer une prière.
t EXAUDI (è-gzô-di) , i. m. Premier mot de l'in-
troït de la messe du cinquième dimanche après
Pâques. Dimanche de l'Exaudi.
— ÉTYM. Lat. exaudi, écoute, de ex, et audire, ou'ir.
t EXCÉCARIE (è-ksé-ka-rie), s. f. Terme de ho-
tanique. Genre d'euphorbiacées, où l'on distingue
Vexcœcaria agalloche, connue dans l'Inde sous le
nom de calambac et appelée par Rumphius arbre
aveuglant, i.egoarant.
— ÉTYM. Lai. excxcare, aveugler, ileex, etcrcus,
aveugle.
t EXCARNATION (èks-kar-na-sion) , s. f. Action
de dépouiller un organe des parties charnues qui
l'entourent.
— ÉTYM. Lat. ex, hors, et caro, carnis, chair.
t EXCARNER (èks-kar-né), v. a. ôter le bois des
dents de peigne, en faire l'écartement.
— ÉTYM. Voy. excarnation, le bois qu'on ôte
étant comparé à de la chair.
t EXCAVATEUR (ek-ska-va-teur) , ». m. Terme de
chemin de fer. Appareil destiné à faciliter les déblais.
— ÉTYM. Excaver.
EXCA'VATION (èk-ska-va-sion ; en vers, de cinq
syllabes), s. f. || 1° Action d'excaver. Durant la capi-
tulation de LnieiTibourg, Vauban faisait travailler à
EXC
1551
l'excavation du fossé et à tirer de la pierre pour rac-
commoder la place, danoead, i, 2b, \3 juin t684.
Il 2° Creux dansle sol, dû soitàlamain de l'homme
soit à un accident naturel. On sol entrecoupé d'ex-
cavations.
t EXCA'VER (èk-ska-vé) , v. a. Creuser sous terre.
Excaver le sol. jj Absolument. X mesure qu'elles
[les marmottes] excavent, elles jettent derrière elles
la terre qu'elles tirent de la mine, bonnet, Con-
lempl. natur. xn, 3i.
— ÉTYM. Lat. excarare, de ex, et eavus, creux,
cave (voy. cave, adjectif).
EXCÉDANT, ANTE (è-ksé-dan, dan-V), adj.
Il 1» Qui excède, qui est de surcroît. Les sommes
excédantes. Pour mieux voir notre objet, nous ve-
nons de le circonscrire ; nous en avons retranché
toutes les extrémités excédantes, bufp. Nature det
animaux. \\ S. m. Surcroît; nombre, quantité qui
excède. Un excédant de compte. On croirait que les
pays ingrats ne devraient se peupler qu« de l'excé-
dant des pays fertiles et nous voyons que c'est le
contraire, j. j. Ronss. Orig. des langues, ch. 9.
Il Fig. Si j'ai trop de suite et de fermeté, je vou-
drais vous en pouvoir donner mon excédant, st-
siM. 480, 206. Tenté d'employer l'excédant de mon
entretien, j. j. rouss. Hél. ii, (3. Que fera-t-il de
cet excédant de forces? m. Etn.iii. || 2° Qui excède,
qui fatigue, importune k l'excès. Ou j'aurais une
prude au ton triste, excédant, Une bégueule enfin
qui serait mon pédant, gresset, Méch. ii, 7.
— REM. Autrefois l'Académie écrivait excédent,
s. m., ce qui était en harmonie avec précédent et
antécédent, qui ont même radical que excédant.
EXCÉDÉ, ÉE (è-ksé-dé, dée), part, passé. || 1° Dé-
passé. Le revenu excédé par les dépenses. || 2° Ac-
cablé au delà de ce qu'on peut supporter. Je suis
excédé de fatigue. Pour des âmes excédées de plai-
sirs et las-ses de repos, il faut sans cesse des at-
titudes nouvelles et des sensations toujours plus ex-
quises, rivarol, Dict. univers, de la lang. franc.
p. XXV. Il 3° Très-annuyé. Fatigué delà cour, excédé
de la ville, Je ne puis être bien que dans ce libre
asile, GRESSET, Sidn. ii, 2. 11 devint triste, inquiet,
jaloux; il fit tant, qu'elle en fut excédée et prit le
parti de le congédier, marmontel, Cont. mor. Qua-
tre flacons. Il ranime vingt fois l'auditoire excédé,
DELiLLE, Convers. i. || 4° Battu outrageusement.
Battu et excédé.
EXCÉDER (è-ksé-dé ; ce prend un accent grave
quand la syllabe qui suit est muette : j'excède; ex-
cepté au futur et au conditionnel : j'excéderai), v. a.
Il i" Outrepasser, aller au delà des justes bornes. Il a
excédé son pouvoir, ses pouvoirs. Il excède sa charge ,
et lui-même y renonce, corn. Nie. m, 3. C'est qu'ils
ont excédé toutes bornes, pasc. dans cousin. Les
hommes sepiquentd'être constants ou indifférents se-
lon la mode, qui excède toujours la nature, vauven.
Ifoï. 40. Il Absolument. Voilà ce qui regarde les vai-
nes et fausses sciences; et pour ce qui est des vé-
ritables, on excède beaucoup à s'y livrer trop, ou
à contre-temps, ou au préjudice de plus grandes
obligations, boss. Concupisc. 8. Dieu a tout fait
avec mesure, avecnombre et avec poids; rien n'ex-
cède, rien ne manque, m. Poh't. vu, vi, 6. Le peu
de discernement qui accompagne toujours une dé-
votion presque naissante, le faisait excéder [le duc
de Bourgogne] dans le contre-pied de ses défauts,
ST-siM. t. VIII, p. 207, édit. CHÉRUEL. || 2° Dépas-
ser. Vous pourrez employer jusqu'à mille francs,
mais n'excédez pas cette somme. || Surpasser en
longueur, en dimension, en valeur. Une dette qui
excède cent francs. Cette poutre excède le mur de
plus d'un pied. Celles [pièces] de la comédie par-
lent de personnes communes, et ne consistent qu'en
intrigues d'amour, et en fourberies qui se dévelop-
pent si aisément en un jour, qu'assez souvent chez
Plaute et chez Térence le temps de leur durée excède
à peine celui de leur représentation, corn. 2' dise,
trag. Pourvu seulement qu'en vendant il n'excède
pas le plus haut prix des étoffes de cette sorte, pasc.
Prov. 8. Ce prince [Porus] était monté sur un élé-
phant bien plus grand que tous les autres, et lui-
même excédait la stature ordinaire des hommes,
ROLLIN, Ilist. anc. Œuv. t. vi, p. 497, dans pof-
GENS. Et jamais ma dépense excédant ma recette
c. delav. Éc. desvieill. i, ). || Fig. Formé d'uir
telle manière Que l'art ingénieux excédait la m:,
tière, Régnier, ^pi*. i. Pour moi, quoique déjà mi
passion fût telle. Que sa force excédât toute forcf
mortelle, mairf.t, Sophon.iv, i. Ce sont des actions
dont la reconnaissance Du plus riche monarqueex-
cède la puissance, bothob, Tencesl. i, 4. || 3° Battre
outrageusement (sens autrefois très-usité en matière
<5R*2
hXC
lu-
tu:
Cil
4» cuii". Il 1
■ 1 ni.i» gain aujourd'hui; en
.' •uriout au parlicipe el
vaincu» il'avoir fait ris bcl-
, lufoico» et roiiclioii» (lewliu
r lialiu», oicéilés, Ole. dé-
" 'uconseUdÉtat, SU juiU.
uns :oxcéderquelqu'un
^^ j doli (lo ce qu'on peut
WPMrter. Celte course m'a excédé. Les nègres no
iOiit^U P" »»»«/ malheureux d'être réduits à la
i«r»itudoT faul-il encore les eicéderî bufp. Jforc.
thoitii, p. «3. Il Excéder de plaisir, fatiguer à force
de pUisir. || Familitremoiit. Kxcédor quelqu'un de
bonne chère, l'exciter h quelque cxcfs do table pur
l'abondance des mois. || 6" Importuner, tourmen-
ter. Vous m'excédez par vos railleries. Je ne sais
ce que j'ai, tout m'oxcôde aujourd'hui, gbesset,
U Méchant, l, ♦. Il t' S'excéder, v. ré/l. Se fatiguer
k l'excès. S'excéder à la chasse. S'excéder do tra-
vail, de débauches. Un jour 11 s'excéda de fatigue
pour des pauvres qu'il traitait, prit beaucoup de
froid.... FONTHR. Dodart.
— IIIST. XIV' 8. Proportion arismetique est quant
le grant surmonle ou excède lo moien aulantcomme
lemoion surmonte lo petit, obks.me, Elh. 44. Vertu
est entre excéder ou défaillir, id. t'i». 46. || xv* s. Un
chascun d'eux [des trois ordres) son droit estât
maintiengne; Car l'excéder est monstre et droicte
enseigne De pis avoir pour le peuple et l'Eglise, E.
DESCiiAMps . Souffr. du peuple. \\ xvf s. Plusieurs ef-
fects des animaulx excédent nostro capacité, mont.
Il, 368. Peu à peu elle [la noblesse] a tant excédé
qu'en fin, sou» la vertu de vaillance , elle a asservi et
confondu les autres, langue, t»7. La commune pre-
noil plaisir à rabbatro et rabaisser ceulxqui lui sem-
bloient trop excéder en grandeur, amïot, Thém. 43.
— ÊTYM. Lat. eicedere, excéder, do ex, hors,
et cedere, aller (voy. cédeh).
KXCELI-KMMKNT (èksè-la-man), ad». ||1' D'une
manière excellente, paifailemenl. .Si quelqu'un pou-
vait apprendre en un jour à jouer du luth excellem-
ment, DESC. Uéth. VI, (I. Par les secrètes et admi-
rables manières dont Dieu opère ce changement,
que saint Augustin a si excellemment expliquées,
et qui dissipent toutes les contradictions imaginaires
que.... PASCAL, Prov. (8. Comme dit excellemment
saint Jean Chrysoslome, uoss. Parole de Dieu, 2.
H f Par excellence. Oui n'est pas contre eux est
excellemment pour eux, pascal, dans cousin. La
fnideur, en colorant vos joues, vous rend excel-
emment belle, ciiateaub. Génie, i, i, 4».
— IIIST. XIV* s. Celui qui fait son œuvre excel-
lentement.... OHESME, i'i/i. IX (I6). Priamus excel-
lemment aorné defilz et de filles, id. Thèse de meu-
nier. Il xvr s. Comme ainsi soit que plusieurs choses
ayant esté escrites sagement et excellentement de
ces anciens pères, calv. Inslit. Dédie. L'authorité
de Hoyse fut si excellemment maintenue par ceste
horrible vengeance.... m. ib. 39.
— ETYM. Excellent, et le suffixe ment. Excellent-
ment est la forme régulière (représentée par excel-
lemment, grâce il l'assimilation des consonnes) , alors
que excellent était pour le masculin et le féminin;
puis, quand le féminin, suivant la nouvelle règle,
devint excellente, on forma cjiellenlemenl , qui n'a
pas duré.
KXCELLKNCE (fe-ksè-lan-s') , t. f. \\ i' Éminent
degré de qualité, en un genre. L'excellence d'un
remède, d'un fruit. Oigne de la grandeur et de l'ex-
coUonce do l'homme, mass. Car. Culte. L'excoUence
de la musique est dans le chant, et la mélodie on est
l'âme, MARMONTKL, Élém. liKér. UKuv. t. ix, p. l H ,
dans POUGKNS. jj Familièrement. Avoir une grande
idée de sa propre excellence, de l'excellence de son
esprit, être infatué do soi, de son mérite. || Dans les
collèges, lycée» cl pensions, prix d'excellence, prix
unique décerné à l'élève qui s'est lo plus distingué
pendant toute la durée de l'année scolaire, dans
toutes les branches d'étude réunies. || Dans les ly-
cées do Paris, prix donné à l'élève qui a obtenu le
plu» lie points dans les compositions durant les doux
premiers trimestres de raiinùe; prix dit aussi de se-
mestre. Il Par excellence, /oc. adr. Au plus haut
degré. Uien fait et beau par excellence, la font.
•■'<l. chien. Si le ciel t'eût, dil-il, donné par excel-
lence Autant do jugement que de barbe au men-
ton, ID. fabl. m, b. Sa mère Antonia disait d'un sot
par excellence : il est plus béto que mon fil» Claude,
WDMOT, Hignt de Clawi* et Kér. i, § lo. || par
•icallence, se dit aussi pour marquer 1 éminonce
aune qualit* dan» uno personne. Aristole a été ap-
r^!iLÎÇi "'"'"' P" «««'lenco. [Le roi de Perse)
qu eiM* lie» nanon» grecques) appelaient lo grand
EXC
roi ou le roi par excellence, boss. Ilist. m, 5. On
ne l'appelait jAgrigente] simplement que la grande
ville par excellence, fén. Empéd. \\ On dit dans
le même sens. Dieu est l'être par excellence. || Par
excellence, se dit enfin pour désigner qu'un nom
commun est pris pour un nom propre et par-
ticulier, tant la qualité dont il s'agit appartient
à la chose , à la personne dont on parle. Cha-
peau se dit, par excellence, du chapeau de car-
dinal. Il 2* Titre qu'on donne aux ambassadeurs,
aux ministres. Ils changeraient entre eux les sim-
ples Excellences, S'il» osaient, en des Majestés, la
KO.NT. Vabl. XI, 6. Il II se fait donner, on lui donne
do riCxcellence, on l'appelle Votre Excellence. || Une
F.xcellenco, une personne qui a droit au titre d'Ex-
cellence. J'ai cru suivre un ami et non un protecteur,
un homme et non une Excellence, p. l. coub. Lelt.
I, (54. Qu'est ceci? dit d'un ton dur Une Excellence
bretonne, BÉRANO.lfcise du .S't-i"ïp. || En ce sens,
on met des majuscules : Votre Excellence, Son
Excellence. || On écrit aussi en abrégé V. E. pour
Votre Excellence, S. E. pour Son Excellence. |1 Par
plaisanterie, ce titre se donne à des gens qui n'ont
aucune dignité. Ah I te voilà; bonjour, l'ami Fron-
tin; comment se porte Ton Excellence'? — Fort au
service de la Vôtre, monsieur la chevalier, dan-
COUBT, les Curieux de Compiègne, se. t et 2.
— lllST. xii' s. Ta grant proesce e ta science E ta
puissance e t'cxcellence [11] Prie et requiert, humles
vers loi. Que 11 tienges (que tu lui tiennes] amor e
foi, BENOIT, II, 4295. Il xm" S. L'eucollenco de ta
figure, BOTEB. II, 4 3. S'il plaisoit à la très deboniere
excellence le roy, tout cil qui seroient preudome et
loyal, porroient estre tainturiers, Liv.desmét. 137.
Il xiV s. Vers heroyques sont dittiés des faiz et ad-
ventures de gens de très grant excellence, obesme,
Elh. 22. Il XV* s. Et vous plaise me vouloir pardon-
ner, Se je n'escris devers vostre excellence, Comme
je doy, en telle révérence Qu'il appartient.... ch.
d'obl. Départie d'amour en ballade. \\ xvi' s. J'avois
ouï dire que la plupart des Italiens estoient sujets à
trois vices par excellence, MARG.iVou».Li. Entre toutes
choses animées, l'homme est de la plus grande ex-
cellence , LANGUE , 490. D'altez ni d'excellence et
autres mots nouveaux de nouvelle fabrique, le lan-
gage ni la franclii.se des François n'en csloit jadis
infectée, st-jul. Mesl. hist. p. 696, dans lacukne.
— ÉTYM. Provenç. excellencia; espagn. excelencia;
ilal. eccellenxia; du lat. excellenlia, de excellcns,
excellent.
EXCELLENT, ENTE (è-ksê-Ian, Un-t'), adj.
Il 1° Qui est à un degré éminent, qui l'emporte. 11
fut appelé à cette excellente fonction de ministre du
Dieu vivant pour la défense de l'Église et pour le
salut des peuples, boubdal. Panég. de S, Ignace,
II. Elle avait deux frères d'une excellente beauté,
LA BRUY. III. Il Titre qui se donne dans certaines
formules nobiliaires. Très-haut et très-excellent
prince. || 2° Qui est très-bon en son genre. Excel-
lent vin. Chère excellente. Musique excellente.
Un excellent Uvre. Certes il écrit bien, sa lettre
est excellente, corn. Suite du ilent. il, t. J'aurais
voulu faire voir que les plus excellentes choses sont
sujettes à être copiées par de mauvais singes, mol.
Prvf. des Préc. || 3° Il se dit aussi en îe sens des
personnes. Un excellent prince. D'excellents géné-
raux. Telle est l'opinion de beaucoup d'excellents
personnages. La nature, fertile en esprits excel-
lents. Sait entre les auteurs partager les talents,
BoiL. Art p. 1. Il On lo dit des animaux. Un excel-
lent cheval. Des chiens excellents. || Un excellent
homme, ou un homme excellent, un homme doué
d'une grande bonté do coeur. || Être excellent sur
quelqu'un, sur quelque chose, en bien parler, et,
quelquefois ironiquement, s'en moquer. Sur ma-
dame des Ursins, le cardinal [d'Estrées] était excel-
lent; il ne finissait point sur elle et avec une liberté
qui ne se refusait rien, st-sim. 370, 156. || Familiè-
rement. Je vous trouve excellent, se dit de quelque
acle, de quelque parole qu'on juge déplacée. Je
vous trouve excellent de me parler ainsi. Mais, mais,
je vous trouve excellent ! Et de vos volontés voilà
donc le ministre? FAVART, Soiimaii II, i, io.||On
dit dans lo même sens. 11 est excellent avec ses pro-
positions. Il 11 se dit des choses en ce même sens
ironique. Cela e>t excellent! Voilà qui est excellent!
Il 4* S. m. Ce qui excelle. Se consoler du grand et
de l'excellent par le médiocre, la bruv. ix.
— UEM. A cause du haut degré d'éminence qui
est dans excellent, des grammairiens ont dit que
ce mot ne comportait pas de <legrés de comparai-
son. Il y a là-dessus à consulter l'usage; car le mot
n'exclut pas, de soi, la comparaison. Le comparatif
EXC
est très-peu usité; pourtant on lo trouve, et il ne parai l
pas qu'on puisse condamner absolument ces emplois,
bien que rares. Il n'est dans tous les arts secret plli»
excellent Que de savoir connaître et choisir son ta-
lent, coBN. Remerc. au roi. Nous prenons plaisir de
nous comparer aux autres, et nous sommes bien ai-
ses d'avoir sujet de croire que nous sommes plus
excellents, bgss. dans le Dict. de BEscnEBELLE.
Quant au superlatif relatif, il est pleinement en
usage ". Les termes de cette lettre où M. de Salnt-
Cyran parle du sacrifice de la messe comme du plus
excellent de tous, pa.sc. Prov. 16. Employez- y
l'or et tout l'art des plus excellents ouvriers, la
BRUY. VI.
— HIST. XIV' s. [Toi] Qui yeulx de cinquante hom-
mes si faire chaplement [combat] Contre trois cens
ou plus en armes excellent, Guescl. i«098 || xV s.
Nostre prince digne de très excellente mémoire,
coMM. Prol. Il xvi* s. Ce voyage fut mieux consuliu
et digéré que les précédons, et y eut de plus excel-
lons chefs qui s'y trouvèrent, lanole, 408. Daim;
de beauté excellente et très renommée, amvot, /^t-
rn^tr. H. Xenophantus lopins excellent musicien
qui fust de ce temps là, id. ib. 75.
— ÉTYM. Provenç. eice(ienl; espagn. excelenie ;
du lat. excellenlem , de excellere, exceller. D'après
Palsgrave, p. 66, au xvi* siècle, on prononçait eu-
sellant. Le fait est que, longtemps auparavant, on
trouve eucellence dans Rutebeuf; voy. l'historiqua
d'EXCELLENCE.
EXCELLENTISSIME ( è - ksè - lan - ti - si - m' ) , adj.
Il 1° Forme superlative d'excellent. Titre donné aux
sénateurs do Venise. 112' F'amiUèrement. Très-bon,
parfait. C'est excellentissime. Il nous a donné d'un
vin excellentissime.
— ÊTYM. Lat. ezcellentissimus, superlatif de ex-
cellens, excellent.
EXCELLER (è-ksè-Ié) , c. n. Être supérieur en
son genre. Les humains sont plaisants de prétendre
exceller Par-dessus nous!.... lafont. Fabl. xi, 6.
Je ne connais rhéteur ni maître es arts Tel que l'a-
mour ; il excelle en bien dire, m. Con/id. Sur les
plus fins je prétends qu'il excelle , id. t6. Jacob excella
en tout au-dessus d'Esaû. boss. Ilist. i, 3. Corneilla
ne peut être égalé dans les endroits où il excolle; il
a pour lors un caractère original et inimitable, la
BRUY. l. La plupart de ceux qui ont excellé en quel-
que genre n'y ont point eu de maître, font. Tourne-
fort. D'Aguesseau avait excellé dans les première»
intendances, st-sim. 69,134. || Il se construit avec
à et l'infinitif. Tel excelle à rimer qui juge sotte-
ment, BoiL. Art p. II. Pour toute ambition, pour
vertu singulière. Il excelle à conduire un char dan»
la carrière, bac. Brit. iv, 4. |1 II se dit aussi des
choses. La géométrie excelle en ces trois genres,
PASO. Géom. Ses traités [de M. Perrault] do la circu-
lation de la sève dans les plantes, du son el do la
mécanique des animaux, excellent entre tous les
autres, fonten. Perrault. || Il se conjugue avec
l'auxiliaire ot;otr.
— HlST. XVI" s. Si on vouloit pratiquer cesto sou-
veraine reigle d'estat qui excelle les plus excellentes,
et dit : rendez à Caesar ce qui est à Caesar, lanouk,
348. La noblesse de France excelle toute autre de
ce monde, carloix, i, 2.
— ÊTY.M. Lat. exoellere, do ex, el l'inusité cel-
lere, aller, mouvoir; grec, xi),).Eiv.
■f- EXCENTUEK (è ksan-tré), v. a. Terme do toui-
neur. Faire varier le centre.
— ÉTYM. Lat. ex, hors, et centre.
EXCENTKICITÉ (è-ksan-tri-si-lé), s.f. \\ 1° Terme
d'astronomie ancienne. Distance ou écartement entre
le cenlre de la terre et le centre du cercle décrit par
un astre, quand on eut reconnu que cet astre n'é-
tait pas toujours à la même distance de nous.
Il 2° Terme de géométrie. Distance du centre d'une
ellipse à son foyer. Deux intervalles entre lo lieu
vrai et le lieu moyen d'une planète étant donnés, \\
fallait déterminer géométriquement son apogée et
son excentricité, fgnten. Cassini. La distance du
cenlre à l'un des foyers est l'excentricité de l'ellipse,
LAPLACE, Expos. I, 2. Il 3' Terme de botanique. Ex-
centricité des couches ligneuses, disposition ordi-
naire dans les tiges des arbres qui fait quo la moelle
occupe rarement le cenlre du bois, dont les couches
conceniriques sont en général plus larges d'un côté
que de l'autre. Les expériences décident que l'as-
pect du midi ou du nord n'est point la cause d»
l'excentricité des couches ligneuses, buff. Ezpoi
sur les végétaux, 3' mém \\ 4' Déviation de l'axe de
l'ftme d'une bouche à feu. || 6' Eloignement au
centre. L'excentricité d'un quartier. || 6' Fig. et
néologisme. Caractère original, bizarre, façon» sin-
EXC
EXC
EXC
1553
gulières. Cet homme se fait remarquer par son ex-
centricité, par ses excentricités. Il En ce sens, il a
été emprunté de l'anglais.
— ÊTYM. Excentrique.
EXCENTRIQUE (è-ksan-tri-k') , od/. 1| f Terme
de géométrie. Oui est en dehors du centre; dont
les centres ne se rapportent pas. Cercles excentri-
ques. Il Se dit des ellipses considérées par rapport
à leur plus ou moins grande excentricité. Une el-
lipse tr&s-excentrique, c'est-à-dire une ellipse très-
allongée. Vous voyez par là que plus l'ellipse est
excentrique, plus la vitesse varie de l'aphélie au
périhélie, condil. Art de rais, m, 6. L'orl)e de
Mars étant un des plus excentriques du système
planétaire, et la planète approchant fort près de la
terre dans ses oppositions, laplace. Expos, v, 4.
Il 2° Terme de physique. Choc excentrique, celui
qui a lieu quand les corps ne se meuvent pas sui-
vant une même ligne qui joigne leurs centres d'in-
ertie. Il 3° Terme militaire. Mouvement excentri-
que, mouvement qui écarte un corps du centre des
opérations. L'empereur russe ne s'était pas montré
comme un homme de guerre aux yeux de ses enne-
mis; ils le jugèrent ainsi sur ce qu'il avait négligé
la Bérézina, seule ligne naturelle de défense de la
Lithuanie; sur sa retraite excentrique vers le nord,
quand le reste de son armée fuyait vers le midi,
sÉGUR, Hist. de Napol. viii, <• || 4° Terme de bota-
nique. Se dit de l'ovaire quand il n'occupe pas le
centre delà fleur, et de l'embryon lorsqu'il s'éluigne
sensiblement du centre du périspernie. || Couches
ligneuses excentriques, celles qui ne sont pas con-
centriques à la moelle de l'arbre. D'autres veulent
que les cercles ligneux de tous les arbres soient ex-
centriques et toujours plus éloignés du centre ou
l'axe du tronc de l'ariire, du côté du midi que du
côté du nord, bdff. Expe'r. sur les végétaux, 3" mém.
Il B" Qui est loin du centre. Quartier excentrique.
Il 6' Fig. et néologisme. Oui pense et agit en oppo-
sition avec les habitudes reçues. Personnage excen-
trique. Il Au masc. Le club des Excentriques,
nom d'un club :mglais. || En ce sens, ce mot vient
de la langue anglaise qui lui a donné cette accep-
tion. II 7° S. m. Cercle dont le centre ne coïncidait
pas avec celui de la terre et qui fut imaginé par les
anciens astronomes pour expliquer les mouvements
des corps célestes qu'on avait reconnus n'être pas
toujours à égale distance de nous. L'hypothèse de
l'excentrique et des épicycles. || 8" Mandrin au
moyen duquel les tourneurs font varier le centre de
la pièce sans l'enlever de dessus le tour. || 9° Terme
de mécanique. Toute pièce qui, ayant la forme
d'une courbe sans être un cercle, communique
le mouvement dans diverses machines. C'est au
moyen d'un excentrique qu'on fait mouvoir le le-
vier qui sert k ouvrir et à fermer alternativement
la partie d'une machine à vapeur nommée tiroir,
LEGOARANT.
— HIST. XIV" S. Tout cercle qui divise l'e-spere
[la sphère]en deux moitiés et ne a pas son centre ou
[au] centre du monde est appelle excentrique,
ORESME, Thèse de meunier.
— ÉTVM. Provenç. exceiitric; espagn. excenirico:
ital. eccentrico; du latin excentricus, de ex, hors,
et cenirum, centre.
f EXCENTRIQUEMENT (è-ksan-tri-ke-man) , adv.
D'une manière excentrique.
— ETYM. Excentrique, et le suffixe ment.
(.EXCEPTÉ, ÉE (è-ksè-pté, ptée), part, passé.
Qui n'est pas compris dans. Encore impunément
nous souffrons en tous lieux, Leur dieu seul ex-
cepté, toute sorte de dieux, corn. Poly. iv, fl. De
ceux [captifs] qu'on peut te rendre il est seul ex-
cepté, vcLT. Zaïre, i, 4. Meurent les protestants,
les princes exceiités, u. j. chén. Charles IX, ii, 4.
■2. EXCEPTÉ (è-ksè-pté), prép. || 1» X la réserve
de. On trouve tout consterné excepté le cœur de
cette princesse, boss. Duch. d'Orl. On adorait jus-
qu'aux bêtes et jusqu'aux reptiles; tout était Dieu
excepté Dieu lui-même, id. Hist. n, 8. Les voici ces
nouveaux conquérants [les apôtres] qui viennent
sans armes , excepté la croix du Sauveur, fiîn. t. xvii ,
p. 179. Il 2° Excepté, suivi d'une préposition, quand
le terme duquel on excepte est lui-même régi par
cette préposition. Je crois bien que ce Lalli était un
homme odieux, un méchant homme, si vous vou-
lez, qui méritait d'être tué par tout le monde, ex-
••epté par le bourreau, d'alemb. Lett. à Voltaire,
23 juin (766. La malheureuse facilité qu'ont les
hommes de s'accoutumer à tout, excepté au repos
et au bonheur, barthél. Ânach. inlrod. part. <.
Il Cependant oii peut suivre aussi la rèsle ordinaire.
Il le [Dieu] faut regardercomme l'auteur de tous les
DICT. DR LA LANr,Un FRANÇALSE.
biens et de tous les maux, excepté le péché, pasc.
Extraits des lettres à Mlle de Roannex , vu . || 3" Ex-
cepté que, conj. avec l'indicatif. Neptune envoya
aussitôt une divinité trompeuse, semblable aux
songes, excepté que les songes ne trompent que
pendant le sommeil, fên. Tél. IX.
• —REM. Excepté est invariable placé avant le sub-
stantif, et variable placé après : Excepté une femme;
une femme exceptée. Cette règle est moderne,
comme on peut voir à l'historique de excepter.
— HIST. xiv s. Hormis et essieuté tout le fief
que je tieng de monseigneur, du cange, excepto
(voy. pour le reste l'historique de excepter).
— ÉTVM. Excepté*; provenç. exceptât, septat;
ital. eccettalo.
EXCEPTER (è-ksè-pté), V. a. Ne pas comprendre
dans. On accorda l'amnistie aux rebelles, mais en
exceptant les chefs. Ah I Seigneur, que le ciel,
qu'ici j'ose attester. De cette loi commune a voulu
m'excepter! rac. Phèd. n, 5. || Excepter que, avec
l'indicatif. J'ai oublié d'excepter, quand j'ai parlé
de son ignorance [de l'abbé de Lavau], qu'il .sait
fort bien lire, furetière, 3' faclum, 1. 1, p. sui.
Il S'excepter, v. réft. Se mettre en dehors de. ô
roi, qui du rang des hommes T'exceptes par ta
bonté, MALH. II, 4. Ils [les Pyrrhoniens] ne sont
pas pour eux-mêmes, ils sont neutres, indifférents,
suspendus à tout, sans s'excepter, pasc. Pensées,
t. I, p. 292, édit. Lahure. Il Proverbe. Oui dit tout
n'excepte rien. || On excepte toujours les présents ou
les personnes présentes, c'est-à-dire les jugements
désagréables qu'on exprime d'une façon générale
sont censés ne s'appliquer en rien aux présents.
— HIST. xiii* s. Ne nule grâce de fortune, Car
ge n'en excepte nesune [aucune], la Rose, 6284.
Il xv s. Exceptées les forteresses, froiss. i, i,
H8. Et furent ces trêves accordées de toutes par-
ties, mais on excepta hors la terre de la duché
de Bretagne, id. i, i, 323. ||xyi's. Tous les autres
bateaux périrent, exceptée la nacelle où estoient
ces deux petits enfans, amyot, Rom. 3. Si bien
formé en toutes les parties de son corps, qu'il n'y
avoit que redire, excepté qu'il avoit un peu la teste
longue, ID. I'éricl.3.
— ÈTYM. Provenç. picppfar; du latin exceplare,
fréquentatif de excipere, de ex, hors, et cipere
pour capere, prendre : mettre en dehors. Excipere
veut dire prendre en tirant au dehors, de là le dou-
ble sens de recevoir et d'exclur».
EXCEPTION (è-ksè-psion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f II 1" Action d'excepter. Dieu a fait quel-
ques exceptions à cette défense générale, pasc.
Prov. 14, Voilà qui est sans exception d'âge, de
sexe, de qualité, id. ib. 7. Tous les saints Pères sans
exception, id. l'b. I6. Je sais que cette maxime doit
avoir ses exceptions, mass. Carême, Commun. || A
l'exception de, loc. adv. Excepté, hormis. Les cy-
gnes sont blancs, à l'exception de ceux de la Nou-
velle Hollande, dont le plumage est noir. || 2° Ce qui
n'est pas soumis à la règle, à la loi commune. C'est
une exception. Il est dans l'exception. En fait de
bonheur c'est l'exception qui flatte, font. Dial. i,
Morts mod. Laissez les exceptions s'indiquer, se
prouver, se confirmer longtemps avant d'adopter
pour elles des méthodes particulières, j. j. houss.
Ém. II. Il n'y a point d'exception à cette règle, que
chacun doit parler d'après sa pensée, marmontel,
Élém. litlér. Œuvres, t. x, p. 45U, dans pougens.
Le système des athées n'est fondé que sur des ex-
ceptions, tandis que le déisme suit la règle géné-
rale, CHATEAUB. Génie, i, vi, 4.||Cet homme est
une exception, il a des qualités ou des vices qui le
mettent à part. Us sont moins l'ornement que l'ex-
ception de l'indéfinissable espèce humaine, qui,
dans le reste de ses individus, semble n'avoir été
qu'ébauchée par la nature, d'alemb. Éloges, Des-
préaux. Il S" Terme de grammaire. Constatation
d'une irrégularité, et dénombrement ou au moins
désignation des mots qui échappent à la règle.
Il 4° Terme de j'i" -jirudence. Tous moyens oppo.sés
à une demande judiciaire, particulièrement à la pro-
cédure. Présenter, fournir ses exceptions. Opposer
une exception. || Exception dilatoire, celle qui tend
à différer la procédure. || Lois, tribunaux d'excep-
tion, lois, tribunaux qui sont hors de la règle de
la constitution du pouvoir judiciaire, et que l'on
crée en vue de graves et exceptionnelles conjonc-
tures. Il Proverbe. L'exception confirme la règle,
c'esl-à-dire l'exception , manifestant la règle, la
constate. || Il n'y a point de règle sans exceptions,
proverbe qui, outre son sens propre, sa dit figuré-
raeiit pour excuser quelque manquement.
— UlST. xiii* s. La promesse qui estoit ntile por
l'esceptcion. Lin. de just. <Ba. Lesqueles deffenses
sont appelées exceptions [moyen de défense oppo.sé
au demandeur], beaum. vin, l. || xiv s. Exception :
ceste mille [règle] est exceptée en 3 liex [lieux],
H. de mondeville, f" fOO, t'erso. Il XVI' s. U allégua
plusieurs exceptions et subterfuges pour ne point
comparoir, amyot, Marcell. i.
— ÉTYM. Provenç. eicepft'o; espagn. excepcion;
ital. eccextone; du latin exceptionem ; àeexceptum,
supin de excipere (voy. excepter).
EXCEPTIONNEL, ELLE (è-ksè-psio-nèl, nè-l'),
adj. Il 1° Oui a rapport à une exception. Clause, dis-
position exceptionnelle. || 2° Néologisme. Oui fait
exception, extraordinaire. C'est d'un bon marché
exceptionnel.
— ÊTYM. Exception.
t EXCEPTIONNELLEMENT (è-ksè-psio-nè-le-
man), adj. D'une manière exceptionnelle.
— ÊTYM. Exceptionnelle , et le suffixe ment.
EXCÈS (è-ksê; l's se lie : des è-ksê-z indignes), s. m.
Il 1° Différence en plus de deux quantités inégales.
L'excès d'une ligne sur une autre. L'excès ou le dé-
faut d'une idée sur une autre, ou, pour me servi •
des termes ordinaires, l'excès ou le défaut d'une
grandeur, malebr. Rech. vi, 1, 5. || U se dit, en arith-
métique, pour exprimer le résultat- d'une soustrac-
tion. Il 2° Fig. Ce qui dépasse une limite ordinaire,
une mesure moyenne. L'excès du froid. L'excès du
chaud. J'espère que vous m'avouerez que la pension
que le roi me fait, n'est pas un excès qui doive
être sujet à réformation , balz. liv. vi, lett. 6. Pour
voir à quel excès irait ton insolence, corn. Hé-
racl. 1, 2. Un excès de plaisir nous rend tout lan-
guissants, id. Cid, IV, B. Et de sa digne ardeur [de
l'âme dévote] le salutaire excès. Égal aux fortunes
diverses. M'adore autant dans les traverses, Que
dans lesplus heureux succès, id. Imit. m, 6. Né-
ron tant détesté N'a point à cet excès poussé sa
cruauté, rac. Bérén. iv, 6. Ma douleur, à cette
triste vue, Â son dernier excès est enfin parvenue,
ID. t'i). v,6 Qui sait môme, qui sait si le ciel irrité
A pu souffrir l'excès de ma félicité? id. Ipliig. m,
6. Et qu'Aman soit admis à cet excès d'honneur,
ID. Esth, u, 7. Madame, je sais trop à quel excès
de rage La vengeance d'Hélène emporta mon cou-
rage, ID. Andr. iv, B. Protésilas ne disait rien; mais
il tâchait de me faire entrevoir le danger et l'excès
de toutes ces réformes que vous me faisiez entre-
prendre, FÉN. Tél. xiu. Peut-être que la bonté de
Dieu vous a réservé pour être un monument publii,
de l'excès de ses miséricordes envers les plus grands
pécheurs, mass. Car. iaiare. Un excès de pru-
dence est souvent un danger, DELiLLE, Pitié, iv.\\ Ab-
solument. Et toujours d'un excès vous vous jetez
dans l'autre, mol. Tart. v, 4. Toujours il va d'un
excès dans un autre, lafont. Mandr. Je veux avec
excès vous aimer et vous plaire, volt. Zaïre, i, 2.
Tout excès mène au crime, id. Ali.if, i.lJH so.
dit quelquefois au pluriel. Mais tels sont les excès
du malheur qui m'opprime, corn. Clit. ii, 8. || Fa-
milièrement. U n'y a pas d'excès, se dit quand on
veut rabattre quelque chose d'une louange. Il se
montre fort aimable. — Vraiment, il n'y a pas d'ex-
cès. Il Excès de pouvoir, fait de rendre une décision
ou d'agir en dehors des attributions légales. || 3° Au
plur. Débauche, dérèglement. Faire des excès. Ses
excès ont ruiné sa santé. Des excès de table. Vous
avez beau vouloir sanctifier vos passions; elles vous
punissent toujours des excès qu'elles vous font com-
mettre, 3. 1. Rouss. lév. d'Éphr. a. || Au sing. Fa-
milièrement. Nous avons fait hier unpelit excès, sa
dit d'une partie de table. || 4° Au plur. Violences,
outrages. 11 prévit à quels excès ils se porteraient,
Hoss. Hist. m, B. Il En termes de jurisprudence,
séparation de corps pour cause d'excès, de sévi-
ces et d'injures graves. || 5° A l'excès, jusqu'à
l'excès, loc. adv. Outre mesure, à l'extrême. Vous
montrez un chagrin qui va jusqu'à l'excès, corn.
Cid, 1, 2. Le respect pour l'autorité allait jusqu'à
l'excès, boss. Hist. m, B. Ses débordements allè-
rent à l'excès, ID. t'b. n, i.Ils [les Scythes] aiment le
vin au point que, pour dire boire à l'excès, on dit
boire comme un Scythe, barthél. Anach. ch. 20.
Il 6° Dans l'excès, au delà de la limite ordinaire.
Et lorsque la valeur ne va point dans l'excès, lillft
ne produit point de si rares succès, corn. Cid, iv,
3. Madame de Nesles est affligée dans l'excès, sÉv.
487. Il Proverbe. L'excès en tout est un défaut.
REM. Peut-on dire trop d'excès? Voy. la re-
marque à EXCESSIF.
— HIST. XIV' £. Se dix estoit le plus grand excè»
en aucune matière et deux estoit la plus grant det-
faute, ORESME, Elh. 44. Puisque il a ja fait les eici's
L —195
FXC
1 10. O. 1*- On du quo fieti
f554
ÏV ouffrir chotauli ne ours, E. ois-
JTTii 'P'* I^ If™"' Alenndre j«dii El
llatimnrojt en flreni gloire [de iKJirel; L'excès
[tel nVn «ppwuTe pourunt, ba»»»!.. i. Commo-
eion» do p«iipl« fHutroi delji et eicé» contre nos-
Irc dll Migneur, Bibl. dei ch. t' série, t. I, p. »<.
Il i»i» 1. Ceuli qui di«nl qu'il n'y » jamais deicfc»
en la fertu, d'autant que ce n'est plu» vertu si l'ei-
c»« y est... NOKT. I, aJ». Commettre des eicès,
iMTor. Cam. K. Il commença à parler et i nom-
mer celui qui lui avait fait cet eicèi [violence],
ri»t, VIII, »t.
— ETYH. Provenç. «are«; espagn. <»;«o; ilal.
weMto,'du lat. ncntus, de txcurum, supin de
mudtrt (voy. EicÉDKn).
mCESSIP, IVE {."i-ks6-sir, sl-v"), odj. ||1' Oui
evcMe la règle, la mesure, le degré ordinaire. Pour
un si cher objet que je mets dans vos bras. Est-ce
i:n prii eicessif qu'un si juste trépas? corn. Attila,
IV, «. Les qualités excessives nous sont ennemies et
non pas sensibles, pasc. dans cousin. Ce qu'ils
voient de plus dans les autres est oulré et excessif,
MASS. Cor. Hetp. hum. Le froid eicessif, la fai-
blesse excessive, la vieillesso excessive, et le mal
aux yeux eicessif ne m'ont pas permis, monsieur,
d« vous remercier plus têt , volt. Lett. à M. Panc-
koueke, <•' fév. 1768. || Climat excessif, celui où
rtiiver est extrêmement froid, et l'été extrêmement
chaud, li !• 11 se dit des personnes qui portent
les choses à l'excès. C'est un homme excessif. i:t,
n^tteur excessif, il loua la colère Et la griffe du
prince, et l'antre, et cette odeur, la pont. Fabl.
vil, 7. Oue vous êtes excessifs en Provence 1 tout
est extrême, vos chaleurs, vos sereins, vos bises,
vos pluies.... s<v. itt. Voilï quel est le peuple,
violent, mais eiorable ; excessif, mais généraux,
MiKABiAU, ColUelion, t. iv, p. 3)4. || Eicessif à,
suivi d'un infinitif. Corrigeant partout la nature.
Excessive à payer ses soins avec usure, la font.
FaH. XII, 90. Il On a dll eicessif à penser, de celui
^iii médite avec trop d'application. Il est excessif
k penser, utut, OEuv. posth. t. 11, p. sos.
— REM. 1. Kicessit n'admet ni le comparatif, plus
fiauif, ni le superlatif, tris-excessif. \\ S. Quant à
trop excessif, comme excès emporte déjà l'idée de
trop, c'est un pléonasme; mais ce pléonasme n'est
p.n inusité Deuxsoleils en un lieu trop étroit
Rendaient trop eicessif le contraire du froid, scahr.
Von Japhet, i, i. Mais de bonne foi, j'en écris [des
lotlres] souvent d'une longueur trop excessive, s£v.
es. Il 8. Trop d'excès est encore un pléonasme qui
se trouve : Ah I sire, un tel honneur a trop d'excès
pour moi, corn. llor. v, î. Sa faute a trop d'excès
pour être rémissible, m. la Place roy. u, 4. ||4. Si
excessif se dit (voy EXCEsgivF.MKNT).
— HIST. iiv a. Celle nouvelle [de la mort de Tar-
quin] fut aui Pères, oultre reson, luxurieuse et
excessive-, quar les premiers d'euls se prinstrent à
fer* Injures au pueple, bf.rciieure, ^ as, reclo.
Il XV s. [Maison] Où serviteurs ol en grande habon-
dance. Qui gaiges ont eices.sis sanz raison, F., des-
CHAHPS, Administr. de l'hilel du prince. N'y avoil
si meschtnio morveuse qui ne les face faire [des
halilu] plus excessifs, Arresta am. p. 3*7, dans
LACi'RNE. Il XVI* s. La bonne, l'excessive, la divine
[poésie], MONT. I, »*«. Puissance excessive et de-
mcsiirén, amtot, Thém. 43. El ne faudra point
qu'ils ayent crainte d'cslre excessifs en cola; car on
ne peut trop détester ce qui est si contraire à Dieu,
LA NOUE, 7«.
— ETYM. Fxeis; provenç. «zeetriu; espagn. «ce-
ïi'ro; ital. eecessiro.
EXCE.SSIVKMENT (è k.sêsl-ve-man), adv. Avec
excès, à un degré excessif. Ma Unie n'est plus si
excMsivement mal, s»v. a» avr. <«7ï. Puisqu'il
en est question, je vous dirai tout nel que cette li-
berté me déplaît excessivement, Beaumarchais.
Bari. de «r. Il, I s. '
— RRl. Ne dites pas : Ce vers est eicessivefnent
Barœonieui, cet adverbe ne pouvant s'appliquera
■ne qualité que l'on regarde comme bonne, jollien.
ceiw remarque doit être restreinte : elle est juste
pour les ,m.i,i;. ,.,,1 impliquent douceur, flnesso;
'» •- u pour les autres. Voici des exem-
P*»_. Il de blimable : Mme la maréchale
kL«^^\ 'Va*" ■"*•• ^ »»<« oicessiven,enl
»«»• ««o» v«lon.li„ Imprudentes, Marivaux,
EXC
Paysan part. part. î. Mais on ne dira pas excessi-
vement mieux : Sarrette, directeur du Conserva-
turc, n'était pas musicien, mais il éUiit excellent
logicien, ce qui valait excessivement mieux, ADAM,
Derniers souven. d'un musicien, Gossee.
— HIST. XVI* s. On pueit et trop aymer la vertu,
et se porter excessivement en une action juste,
MONT. I, MJ.
— RTYM. Exeessire, et le suffixe ment.
t EXCESSIVETC (•Vksè-si-ve-té), ». f. Qualité de
ce qui est excessif.
HIST. XIV* s. L'exposant avoit confessé avoir
orins, par exce.ssivelé de vin, les dittes choses, du
CAitOK. eieessititas.
— ÉTYM. Excessif.
EXCIPER (è-ksi-pé), r. n. Terme de jurispru-
dence. Alléguer une eiception, une fin de non-re-
ccvoir. Eiciper de l'autorité de la chose jugée
Il S'appuyer, s'autoriser d'une pièce, etc. Il excipa
de plusieurs actes.
— ETYM. Lat. exeipere, excepter (voy. ce mot).
EXCIPIENT (t-ksi-pi-an), s. m. Terme do phar-
macie. Substance qui sert à dissoudre ou à incorpo-
rer certains médicaments, soit pour leur donner la
forme convenable, soit pour en masquer la saveur
ou en diminuer l'activité.
— ÉTYM. Lat. excipicns, part. prés, de exeipere,
dans le sens de prendre, recevoir, de ex, et eapere
prendre (voy. excepter, à l'étymologie).
EXCISE (è-ksi-z'), s. f. Impôt établi sur la bière,
le cidre, etc. en Angleterre. || Le bureau od l'on per-
çoit l'excise.
— ETYM. Angl. excise, le même, sauf le préfixe,
que accise (voy. ce root).
f EXCISER (èksi-zé), v. a. Terme de chirurgie.
Faire une excision. Exciser un lambeau de peau.
— ETYM. Voy. excision.
EXCISION (t-ksi-zion), i. f. Terme de chirurgie.
Opération par laquelle on enlève des parties d'un
petit volume.
— HIST. XVI* s. Incision [sprte de fracture du
crine] contient en soi : excision ou entailleure, en
laquelle l'os est aucunement eslevé et renversé, te-
nant neantmoins encores l'os sain, paré, viii, t.
— ETYM. Lat. exeisionem, de ejcisum, supin de
excidere, de ex, hors, et crdere, couper.
t EXCITABILITÉ (è-ksi-ta-bi-li-té), s. f. Terme
didactique. Faculté qui appartientaux corps vivants,
d'entrer en action, quand ils reçoivent l'action d'une
cause stimulante.
— ÉTYM. Excitable.
t EXCITABLE (è-ksi-ta-W), od;. Qui est suscep-
tible d'être excité.
— Etym. Lat. excilahilis, da excitare, exciter.
EXCITANT, ANTE(è-ksi-tan, tant'), adj. || l°Ter-
me de médecine. Qui a pour effet d'augmenter l'ac-
tion vitale des organes. || S. m. Les excitants. Un
excitant. || 1' Terme de théologie. Grâce excitante,
grSce qui excite seulement sans déterminer. Vous
verriez, mon père, que non-seulement ils tiennent
qu'on résiste effectivement à ces grâces faibles,
qu'on appelle excitantes ou inefficaces, en n'exécu-
tant pas le bien qu'elles nous inspirent... pasc. Prov.
18. Cette attention précède toute grâce convertis-
sante et excitante, BOss. Averl. 2. || S- Dans le lan-
gage général, qui excite, anime, provoque. Des
paroles excitantes.
t EXCITATEUR, ICE (è-ksi-tateur, tri-s'), s. m.
et f. Il 1* Celui, celle qui excite. Un excitateur de
troubles. || 2* S. m. Terme de physique. Instrument
métallique & l'aide duquel on décharge, sans rece-
voir de commotion, un appareil électrique.
— HIST. XVI" s. Excitateur [instigateur], monet,
Oic<.
— Etym. Lat. excilatorem, de excitare, exciter.
EXCITA-HF, IVE (è-ksi-ta-tif, ti-v*), adj. Syno-
nyme d'excilant, qui est plus usité. || S. m. Une
nouvelle léthargie dura quatre jours; ni les remè-
des, ni les eicitatifs ne pouvaient le tirer de cet
étal, condorcbt, Bertin.
— HIST. XVI* S. Excitatif, cotgrave.
— Etym. Exciter; provenç. excitatiu; espagn.
exeitativo; ital. eccitalico.
EXCITATION (è-ksi-ta-sion ; en vers, de cinq
syllabe.*), s. f. Il 1* Action d'exciter. Les excitations
ne lui manquèrent pas. || Terme de jurisprudence.
Excitation à la haine ou au mépris du gouverne-
ment, k la débauche, etc. délits prévus et punis par
le code. || J* Terme de médecine. Etat d'activité plus
grande, soit d'un organe, soit de l'économie tout
entière. Excitation locale. Excitation générale.
HS'Kig. t'exçitaMon dçs esprits était grande.
— HIST. XVI* s. Estans accompagnez d'une esUte
EXC
de gens valeureux, il faut estimer que l'ordonnance,
l'ardeur et l'excitation ne manqueroit, langue, 43i.
— Etym. Provenç. excitasinn; ital. ecctloxion*,
du latin excitationem , de excitare, exciter.
EXCITÉ, ÉE (è-ksi-té, tée), part, passé. \\ 1* Animi
à. Excité par l'exemple. L'esprit, occupé de choses
incorporelles, par exemple de Dieu et de ses per-
fections, s'y est senti exciié par la considération de
ses oeuvres, ou par sa parole, ou enfin par quel-
que autre chose dont les sens ont été frappés,
BOSS. Connais», m, 1 4. || Absolument. Qui est dans
un état d'excitation. Il inquiétait, on le voyait
excité. Il î* Qu'on a fait naître , causé. La curio-
sité une fois excitée n'aime pas à languir, ponten.
It^fl. poét. Œuvres, t. v, p. 145, dans pougens.
Il vous importe peu qu'une des plus violentes per-
sécutions excitées, au seizième siicle, contre Ra-
mus, ait eu pour objet la manière dont on devait
prononcer quisquis et quamquam , volt, i'icl.
phil. Quisquis.
t EXCITEMENT (è-ksi-te-man), ». m. État de ce
qui est excité. L'eicitement des esprits.
EXCITER (è-ksi-té), V. a. \\ 1* Pousser à, presser
de. E*citer quelqu'un au travail. S'il [le Saint-Esprit]
agit en nous, s'il nous excite à de saints gémisse-
ments, il faut agir avec lui, gémir avec lui, avec
lui s'eiciter soi-même, BOSs. Etats dorais, m, li.
N'allez pas lui faire croire que vous m'excitez, et
que vous voulez me faire entrer dans ces sentiments,
maintenon, Lett. au duc de Noailles, t. v, p. 248,
dans poucENs. Ce fut pourtant le même Aristophane
qui commença à exciter le peuple contre la préten-
due impiétéde Socrate, fonten. Oracl. 1, 7. 11
étonne, il éveille, il excite notre Sme, delH/LE,
Imagin. 1, p. <6. || Exciter à pitié, à compassion,
porter à la pitié, à la compassion (locutions vieil-
lies). Il II se dit aussi avec certains noms de chose
pour régime. Va donc voir si le bruit de ce nouvel
orage Aura de nos amis excité le courage, bac. Brit.
I, 4. n presse, il fait partir tous ceux dont mon
malheur Pourrait à la révolte exciter la douleur,
ID. Mithr. IV, a. Excite la langueur, calme la vio-
lence, bernis, Belig. vengée, m. \\ Avec un nom de
chose pour sujet. Ma gloire, mon repos, tout m'ex-
cite à partir, bac. Bérén. m, 4. Vivez donc: que
l'amour, le devoir vous excite, m. Phèd. l, 3. Une
foulfc d'amis que son danger excite, volt. Mérope,
V, 6. Leur sang et leurs blessures Les excitaient
encore à venger leurs injures, id. Henr. viii. || S'Ani-
mer, encourager. Ce capitaine excitait les soldats
par son exemple. Je vais les exciter par un dernier
effort, ViKQ.Alex. n, 5. || Absolument. Le bon exem-
ple excite. || 3° Irriter Vous voyez bien qu'il va se
fScher; ne l'excitez pas. Il ne faut pas exciter ces
animaux. || 4° Faire naître, causer, avec un nom
de chose pour sujet. Jusque-là, réprimez les trans-
ports violents Qu'excitent d'une sœur les mépris
insolents, CORN. Pomp. n, 4. Nul mets n'excitait
leur envie, la font. Fabl. vu, t. Mais qu'en vous
ce discours n'eicite aucun souci, eotr. Antig. v,
4. Il semblait que ma vue excitât son audace, r\c.
Andr. v, 3. Un- sujet plus puissant excite mes alar-
mes, ID. Athal. II, 4. Il Dans le même sens, avec un
pronom personnel placé en régime indirect. Qu'il
[ce trépas] t'excite partout des haines immortelles ,
CORN. Perlhar. m, 3. Nous distinguons les choses
qui nous touchent ou nous environnent par les
sensations qu'elles nous excitent, boss. Conn. m,
8. Et, dans cette douleur que l'amitié m'excite, mol.
D. Gare, v, 4. Cette tournure est peu usitée, sang
être incorrecte. || Il se dit aussi en ce sens, avec
un nom de personne pour sujet. L'art plus grand
encore d'exciter à la fois le rire et les larmes .sans
qu'on se repente d'avoir ri, ni qu'on s'étonne d'a-
voir pleuré, d'alemb. Éloges, Deslouches. \\ Exciter
l'envie, la pitié, l'admiration, etc. être un objet
d'envie, de pitié, d'admiration. || 5° U se dit, en mé-
decine, de ce qui produit l'excitation. |1 6" S'exciter,
V. réfl. Se donner excitation. S'exciter au combat.
Sans avoir besoin de la mort pour exciter sa piété , sa
piété s'excitait toujours assez elle-même et prenait
dans sa propre force un continuel accroissement,
Boss. Mar.-Thér. Quand on réfléchit sur ses lie-
soins et sur les actes que Dieu nous commande, ou
que l'on commence à s'y exciter.... id. Et. d'orait.
v, 3. Âmes pures qui portez le joug du Seigneur el
qui marchez dans les sentiers de ses commande-
ments et de SCS conseils, venez vous exciter ici par
les exemples d'une reine, flP-cu. Mar.-Thér. Je
m'excite contre elle et tâche \ la braver, bac. Brit.
II, 2. Il S'exciter réciproquement. Ils s'excitaient en
marchtmt&l'assAut. y?" Etre excité, causé. Mais saisi
tu scus quel nom ce fâcheux bruit s'exciteî CORH
EXC
EXC
EXC
1555
Héracl. i, '. Quelle effroyable tempête s'est excitée
en nos jours, touchant la grUce et le libre arbitre!
Boss. Cornet. Les viandes frappent l'œil ou l'odorat
et en ébranlent les nerfs; les sensations conformes
s'excitent, c'est-à-dire que nous voyons et sentons
les viandes par l'ébranlement des nerfs, id. Connaiss.
ni, 41. Je prévis les troubles qui s'exciteraient
bientôt dans la petite république de Genève, volt.
Lelt. Pezai, 5 janv. 4767. |{ Impersonnellement. Il
s'excitera un cri commun contre tous les habitants
de la terre, saci, Bible, Urémie, xxv, 30. Tout ce
que nous apercevons [ dans la sensation ] , c'est
qu'à la présence de certains objets, il s'excite en
nous divers sentiments, par exemple , ou un sen-
timent de plaisir ou un sentiment de douleur,
BOSs. Conn. m, 8.
— RKM. Saint-Simon a dit exciter de : Ma mère
s'appliquait à m'exciter de me rendre tel que....
ST-siM. I, 20. Cette tournure, suggérée par le désir
d'éviter la répétition de à, n'est pas usitée.
— SYN. EXCITER, ANIMER. Étymologiquemeut, ex-
citer, c'est faire sortir, mettre en mouvement, en
action; animer, c'est donner de l'âme. On anime
ce qui est inanimé ou n'est pas assez animé ; on
excite ce qui est dans le repos, dans Timmobilité.
Là est l'origine des nuances qu'expriment ces deux
verbes.
— HIST. XIII* s. Si l'ont li deable escité, Et mis
au cuer si gran orguel. Qu'à peine daigne tourner
l'ueil. Ne regarder la povre gent , Theophilûs.
Il XV* s. Et puis querez joustes et les bouhours
[tournois], Et excitez tous excès en nature, e.
DEscii. Boiïade, Vie dissipée. \\^yi' s. Ils excitèrent
l'indignation et la haine du roy, langue, 6)2. Son
ambition l'excita et enflamma, de manière que....
AMYOT, Nicias, 13. Ceste amour esveilla et excita
plusieurs vices qui estoient encore cachez chez
iuy, ID. Anton. 30.
— ÊTYM. Provenç. et espagn. excitar; ital. ecci-
tare ; du lat. excitare, de ex, et citare, presser,
fréqui^ntatif de ciere, pousser (voy. CITE^).
t P:XC1TEUR (è-ksi-teur) , s. m. Celui qui excite.
Mais votre altesse qui le vit, Sans savon liva bien les
télés De ces eîciteurs de tempêtes, scARRon, Yirg. v.
— ÉTYM. Exciter.
f EXC1TO-MOTE0R , TRICE (è-ksi-to-mo-teur,
tri-s'), adj. Terme de physiologie. Système excilo-
motcur, division du système nerveux qui, formée
par les tubercules quadrijumeaux, la moelle al-
longée, la moelle spinale et les vrais nerfs spinaux,
est mise en action par les agents externes, sans
l'influence directe de la volonté.
— ÉTYM. Exciter, et moteur. La règle de la com-
position des mots latins voudrait exciti-moteur.
t EXCLAMATIF, IVE (èk-skla-ma-tif, ti-v'), adj.
Qui exprime, marque l'exclamation. Phrase excla-
mative. Point exclamatif.
— ÉTYM.Voy. exclamation; provenç. ciciamolîu.
EXCLAMATION ( èk-skla-ma-sion; en vers, de
cinq syllabes), s. f. \\ 1° Cri subit de joie, d'admira-
tion, de surprise, d'indignation, etc. Il fit des ex-
clamations douloureuses, iiamilt. Gramm. 3. Quel-
quefois le langage des sentiments est rapide; c'est
une exclamation qui tient lieu d'une phrase entière,
CQNuiLL. Art d'écr. ii, 4 2. Tant de bouches ne jiar-
lent presque que par exclamation, montesq. Lelt.
pers. 73. Dès qu'il fut seul avec ses officiers les plus
dévoués, toutes ses émotions [à la nouvelle de la
conspiration de IVlalet ] éclatèrent à la fois par des
exclamations d'étonnement , d'humiliation et de
colère, ségur, Hist. de Nap. ix, 4 2. ]| 2° Terme de
grammaire. Point d'exclamation, point ainsi figuré !
Il 3° Figure de rhétorique, qui consiste à se livrer
tout à coup dans le discours aux élans impétueux
de la passion. L'exclamation : c'est ainsi que saint
Paul, .après avoir parlé de ses faiblesses, s'écrie:
Malheureux que je suis I qui me délivrera de ce
corps mortel? dumarsais, OEutres, t. v, p. 285.
— HIST. XVI* s. Ils ne veulent qu'on s'en sej-ve
filu nom de Dieu] par une manière d'interjection ou
d'exclamation, mont, i, 402.
— ÉTYM. Provenç. exclamatio ; espagn. exclamoh
cion; ital. exclamasione ; du lat. exclamationem,de
exdamare (voy. exclamer).
t EXCLAMATIVEMENT (èk-skla-ma-ti-ve-man) ,
adv. D'une manière exclamative.
t EXCLAMER (S') (èk-skla-mé) , v. réft. Pousser
des exclamations. Il [le roi] avait affaire à un
homme [VaudemontJ qui savait répondre, s'excla-
mer, admirer, st-sim. 177, (OO. 'Voilà M. de .a
Roehefoucault à s'exclamer, M. de Bouillon, le duc
de Tresmes à répéter à basse note, m. 495, 400.
— REM. On devrait dire plutôt exclamer comme
au XVI* siècle; mais l'assimilation avec s'écrier l'a
emporté.
— HIST. XVI* s. Exclamer, cotgrave.
— ÉTYM. Lat. exdamare, de ex, et clamare, crier
(voy. CLAMEUR).
EXCLU, CE (èk-sklu,sklue), pan. poss^ d'exclure.
Il 1°X qui l'on interdit, Exclu du consulat par l'hy-
men d'une reine, corn. Sertor. iv, 3. Pourquoi, de
cette gloire exclu jusqu'à ce jour, M'avez-vous sans
pitié relégué dans ma cour? rac. Brit. 11, 3. Qu'avec
lui ses enfants de ton partage exclus.... id. .4(/iaJ. iv,
3. Si un seul pécheur devait être exclu de la grâce,
MASS. Car. F. conf. Tout le sexe est exclu de ces
solennités, volt. Scythes, in, 4. || 2* Mis hors.
Exclu de l'assemblée dont il faisait partie. || Sub-
stantivement. On a admis de nouveau les exclus.
I! 3° Incompatible avec. La recherche dans le style
exclue par le genre naïf.
— KEM. Jusque dans le courant du xvin* siècle ,
on a dit exclus, excluse, aussi bien que exclu, ex-
clue : Ca fut beaucoup de déplaisir à Psyché de se
voir excluse d'un asile où elle aurait cru être mieux
venue qu'en pas un autre qui fiit au monde, la
FONT. Psyché, II, p. 4 60; Pourquoi de ce conseil
moi seule suis-je excluse? rac. Bajax. m, 3. Au-
jourd'hui on ne dit que exclu, exclue.
EXCLURE (èk-skiu-r') , j'exclus, tu exclus, il ex-
clut, nous excluons, vous excluez, ils excluent;
j'excluais, nous excluions, vous excluiez; j'exclus,
nous exclûmes; j'exclurai; j'exclurais; exclus, qu'il
exclue; que j'exclue, que nous excluions, que vous
excluiez, que j'exclusse; exclu; excluant, v. a.
Il i" Interdire l'accès en fermant pour ainsi dire;
retrancher, renvoyer quelqu'un d'un corps, d'une
assemblée. 11 [la Fontaine] me doit savoir bon gré
de ne l'avoir point produite [une sentence contre
ses Contes] lorsqu'il poursuivait sa réception à l'A-
cadémie, parce qu'elle l'en aurait infailliblement
exclu, FURETIÈRE, 3* factum, 1. 1, p. 300. Furetière,
après avoir été de l'Académie pendant vingt-trois
ans, en fut exclu le 22 janvier 4685, d'oliv. Ilist.
Acad. t. II, p. 48, dans pougens. || 2° Fig. ôter l'ac-
cès, le droit de Rome vous permet cette haute
alliance Dont vous aurait exclu le défaut de nais-
sance, CORN. Nicom. I, 2. Il [l'empereur Julien] ex-
clut les chrétiens non-seulement des honneurs, mais
des études, BOSS. His(. i, 4(. Et d'ailleurs que tenté-
jeen prétendant régner? J'exclus un faible roi qui ne
peut gouverner, oucis, Uamlel, i, 4. Je vois plus
près, tout seul, Pierre Armand un neveu : Il exclut
les cousins; la chose paraît claire, collin d'harle-
ville. Vieux célib. ii, 44. || Exclure de, avec un in-
finitif, empêcher de. Je ne prétends pas vous ex-
clure d'écrire pour vos affaires, boss. Lett. quiet. 4 2
Aurait-il [Marculfe] traité d'impie la coutume qui
excluait les femmes d'y succéder? montesq. Esp.
XVIII, 22. Il 3* N'être pas compatible avec. La faveur
des princes n'exclut pas le mérite et ne le suppose
pas aussi, la bruy. xii. Ils croient qu'une manière
de vivre en exclut une autre, J. :. rouss. Ém. v.
Il 4° S'exclure, ti. re'/î. Se mettre hors, s'interdire.
Je ne vois pas que Dieu se soit exclu de s'en servir
[des anges], BOss. Déf. des Var. Le peuple voulut
bien s'exclure des premières places, mais il ne vou-
lut pas en être exclu; et la preuve qu'il méritait d'y
prétendre, c'est qu'il eut la sagesse et la vertu de
s'en abstenir, mahmontel, Œuv. t. xvii, p. 486,
dans pol'gens. {[ Se mettre hors l'un l'autre. Ces
deux prétendants s'efforçaient de s'exclure. |{ Il se
dit des choses incompatibles. Qualités rares en elles-
mêmes, et qui dans les esprits d'une trempe com-
mune semblent s'exclure mutuellement, condorcet ,
Uargraaf.
— HIST. XIV' s. Jà soit ce que nuls ne fust exclus
dudit suffrage ou assentement.... bercheure, f° 2I ,
verso. Et par ce est excluse violence, oresme, Eth.
62. Il xvi* S. Il les avoit priés d'empescher que Ti-
moleon no peust descendre et prendre terre en la
Sicile, à fin que, quand ce secours là en seroit ex-
clus, ils poussent à leur aise départir entre eulx
toute la Sicile, amyot, Timol. I2. Eulx seuls exclus
du traité de la paix, id. Age's. 47.
— ÉTY'M. Provenç. esctoure, Cidure ; espagn. ex-
cluir; ital. escludere; du lat. excludere, de ex, et
claudere, fermer (voy. clore).
EXCLUSIF, l-VE (èk-sklu-zif, zi-v'), adj. ||l°Oui
a force d'exclure. Un droit exclusif de tout autre.
Le vice-roi de Goa accordait à des particuliers des
privilèges exclusifs, montesq. Esp. xx, 20. Faut-il
de tous les champs qu'exclusifs possesseurs.... m. j.
CHÉN. Gracq. u, 3. || Avoir voix exclusive dans une
élection, avoir le droit d'exclure le candidat pré-
senté, U y a des couronnes qui ont voix exclusive
dans l'élection d'un pape. || 2* Oui jouit de 'privilè-
ges exclusifs. Les Danois s'établirent dans ces con-
trées, il y a plus d'un siècle ; une compagnie exclu-
sive y exerçait ses droits.... raynal, Hist. p/itj. xi,
20. Il 3° Qui est incompatible avec. Qu'on ne nous ob-
jecte plus nos idolâtries comme exclusives du salut,
boss. Avert. 3. ||4° U se dit aussi des personnes qui
n'admettent pas ce qui est contraire à leur opinion,
à leurs goûts. L'esprit de parti rend exclusif.
Esprit exclusif. || On dit dans le même sens goût
exclusif, patriotisme exclusif, passion exclusive, opi-
nions exclusives. Encore un coud, les plaisirs ei-
clusifssont lamort du plaisir, j. j. h'j.iss. Emile, iv.
Le christianisme a fait de l'amour de la patrie un
amour principal et non pas un amour exclusif,
chateaub. Génie, 1, v, 44.
— HIST. xvi* s. Il exclud toutes oeuvres.... ils no
peuvent donc faire par toutes leurs cavillations, que
nous ne retenions la diction exclusive en sa géné-
ralité, CALV. Instit. 688.
— ÉTYM. Voy. exclusion.
EXCLUSION (èk-sklu-zion; en vers, de quatre syl-
labes), s. f. Il 1° Action d'exclure, de mettre hors.
Je vous souhaite, dans votre retraite, des journées
remplies, des amis qui pensent, l'exclusion des .sots
et une bonne santé, VOLT, ieff.d'^rjence, 2 déc. 4 764.
Il Fig. Tant s'en faut que l'imagination donne l'ex-
clusion au génie, vauven. Du génie. \\ 2° Action
d'inlerdire quelque chose à quelqu'un. Exclusion
de la tutelle. Louis le Jeune ayant donné l'exclusion
à un de ses sujets pour l'évêché de Bourges, volt.
Mœurs, 6. Nous sommes étonné que l'auteur de la
Métromanie, qui avait été élu par l'Académie autant
qu'il pouvait l'être, ait continué, après une exclu-
sion dont elle avait été plus affligée que lui, à l'at-
taquer par des épigrammes qui ne font honneur ni
à son équité, ni à sa reconnaissance, d'alemb. Élo-
ges, Si Aulaire. Malgré la pluralité des suffrages,
j'aurais eu l'exclusion de la part de la cour, si les
marques de bonté et d'estime que j'ai reçues des
étrangers et surtout de Votre Majesté n'avaient été
ma sauvegarde, id. Lett. au roi de Prusse, 22 août
1772. Ces gens ne reconnaissent qu'un droit aux em-
plois littéraires, la capacité de les remplir, qui
chez nous est une exclusion , p. l. cour, i, 435.
Il 3° Incompatibilité. D'ordinaire il arrive que, ne
pouvant concevoir le rapport de deux vérités oppo-
sées, et croyant que l'aveu de l'une enferme l'exclu-
sion de l'autre, ils [les hérétiques] s'attachent à
l'une, ils excluent l'autre, pasc. l'ensécs sur le
pape, 4 2. Le roi dit à M. de Lauzun que cet ordre
[de la Jarretière] n'était pas une exclusion au sien,
sÉv. 624. Il 4° Caractère exclusif. Voulez-vous déga-
ger les plaisirs de leurs peines, ôtez-en l'exclusion,
J. J. Rouss. Ém. IV. Il 5"Termedecalcul. Méthode d'ex-
clusion, mode de solution des problèmes fondé sur
ce qu'on exclut successivement les inconnues. || 6" A
l'exclusion de, Joe. prép. Telle personne ou telle chose
étant exclue. Il ne vous suffit pas de posséder à notre
exclusion l'ancienne et la solide vertu, balz. liv. v,
lett. 8. On ne peut pas dire qu'elle soit en quel-
qu'une de ses parties à l'exclusion des autres, desc.
Pass. 29. Parmi les productions monstrueuses de la
nature, on peut compter le cœur d'une mère qui
aime l'un de ses enfants à l'exclusion de tous les au-
tres, marmontel. Contes mor. Mauv. mère.
— ÉTYM. Provenç. exclusio; esp. exclusion; ital.
escluxione; du ]a.l. exclusionem, de exclusum, su-
pin de excludere (voy. exclure).
EXCLCSI'VEMENT (èk-sklu-zi-ve-man) , adv
Il 1° En excluant. Si exclusivement à toute autre
science vous endoctrinez votre enfant dans la géo-
métrie, CHATEAUBR. C^n. ui,ii, 4 . || Uniquement.
Voilà comme une théorie exclusivement attachée à
la pratique des anciens donne les faits pour la li-
mite des possibles, et veut réduire le génie à l'éter-
nelle servitude d'une étroite imitation, mahmontel,
ÉUm. litt. œuv. t. X, p. 37, dans pougens. || 2° En
ne comprenant pas. Depuis le mois de mai jusqu'au
mois d'octobre exclusivement, c'est-à-dire le mois
d'octobre n'étant pas compris. || Ancien terme de ju-
risprudence. Jusqu'à sentence définitive exclusive-
ment, sans prononcer la sentence définitive, ce cjui
arrivait quand un juge supérieur chargeait un juge
inférieur de faire seulement l'instruction d'un procès
criminel.
—HIST. XVI* s. Ainsi de restreindre au Père ex-
clusivement le nom de Dieu pour le ravir au Fils,
il n'y a ne raison ne propos , calv. Instit. 97.
— t.TVil. Exclusive, elle suffixe menJ.
t EXCLUSIVISME (èk-skiu-zi-vi-sm'), t. m. Néo-
logisme. Esprit d'exclusion.
t EXCOGITATION (èk-skoji-ta-sion), s. f Effort
isr)6
l'.xi;
A, ,*i1...„n .1. r..,nbin.i«)fi. On p«ul jug«r de la
" I .lit) et d«« niécp», d une pa-
J^jj^' i.ilo» eicogilaiioni, »T-sjii.
rngiladonem, de escogitare, p«n-
tn, <
— I
"j |.\ i K (tk-*ko-ji-té, tel!), part, paiié
^u„ ..■ eicogiler. ImaKiné à K^nJ
, •' 1 <ls c()i"t.ii<.ii»on et lie réfleiion. [Le duc <le
!"^ anjll loulu wnes de reuourceii dana l'es-
: .iitea pour le niai, pour les plus pîo-
' un et lea noirceurs les plus longue-
„,, „i , », ,,^,iu.s, ST-Biii. »»ï, ".Il Inusité.
— HI«T. ivi' s. David n'a pu eicogiter une plus
gfjete male'liclion sur «es ennemis, quVn primt
qu'ils fussent efTacei du livre iJe vie, calv. Imt. 33».
— tnu Lat. txcogilart, de ex, et cogitarr,
ponwr (vov- ctMDPB).
KXC.OMMUNICATIOrJ (èk-skomu-ni-ka-sionj en
ven, <l' ■ • ' "• "ilics), f. f. f'uniiioii ecclésiasti-
que, > <|u'un de la communion exté-
rieure ■ ! I-', c'cst-à-dire du corps de ceux
qui la com|H»«nt. Fulminer une excommunica-
tion, une sentence d'pxcommunication. Je ne pense
l'Ss qu'on puisse rien imaginer de plus contradic-
luire d'un cAté, que de dénier aux rois l'admi-
nistration de la parole et des sacrements, et de
l'autre de leur accorder l'excommunicatioD, qui, en
elTet, n'est autre chose que la parole céleste armée
de la censure qui vient du ciel, boss. Var. vn,
<{ «8. Il y a deux choses dans l'excommunication :
une peine pour lo coupable et une Ini pour l'in-
nocent, boubdal. b'dim. apréi l'Épiph. Dominic.
t. i, p. 'iil, dans pouuKHS. Vnus savez sans doute
la grande nouvelle de l'excommunication de l'in-
fant duc de Parme par notre siint-pére le pape,
pour avoir attaqué l'immunité des biens ecclésias-
tique», d'alimb Letl. à foliaire, 18 fév. <708.
Il Kxcommunication majeure, celle qui retranche
entièrement de la communion de l'Eglise. Excom-
munication mineure, celle qui est encourue pour
avoir participé avec ceux qui sont frappés du l'au-
tre. La mineure entraîne privation des sacrements.
Kicommui.icalion de droit, celle qui est ordon-
née par les conciles, sous le nom d'anathème. Ex-
communication de fait, ouipjo/acto, celle que l'on
encourt immédiatement en faisant une chose défen-
due sous peine d'être excommunié. || Dans la reli-
gion protestante, c'est le consi:<t<>ire qui prononce
l'excommunication. Cette excommunication ne pou-
vant non plus se faire que par le consistoire et à la
pluralité de* voix, 1. 1. nouss. Confets. xii.
— IIIST. xvi» s. La vengeance extrême de l'Eglise
est l'excommunication, de la'juelle elle n'use qu'en
grande nécessité, cai.v. Irut. 87e.
— STVM.Prov. e.(Cumcniaxon,-espagn.ezcommu-
nicflfion ; ilal. .tcommuni'caxione ; du lai. rxcommu-
nirationem, evnmmunicalion fvoy. fxcommonieb).
L'ancienni' langue 'lisait escomuniement, et même,
au féminin, Mcomuni'e.
F.XCOMMINIÊ. ÊE ()k-sko-mu-ni-é,ni-ée),par(.
P'iur. I.e roi Robert excommunié par le pape. 11
faut mettre ces faits, et les raisonnements i|ui en
■ont la suite, k cAté des relations de la légende
dorée, du corbeau excommunié pour avoir volé la
bague de l'abb'' Omrad, et des extravagances que
l'imMcitlilé a débitées sur les prétendus hommages
que les animaux ont rendus i nos redoutables mys-
tères, n'ALRiiB. Éloges, du Marsait. || 5. m. Il n'é-
tait pas permis aux excommuniés d'entrer dans les
églises. Des excommuniés qui ne peuvent paraître
en aucun lieu et dont tout le monde doit s'éloigner,
ROUBDAL. F.ihort. eharit. rnrers les prisonniers, t. i,
p. 87, dans pouoENS. || Fig. Il est fait comme un
excommunié, il est mal habillé, en désordre. Crotté
depuis la lêtejusqu'aux pieds, botté jusqu'à la cein-
ture, fait enfin comme un excommunié, bamilton,
Gramm. 7. || Un visage d'excommunié, mauvaise
mine Je voyais déjà la nécessité avec son visage d'e«-
communié, et elle me faisait peur, lesaor, Cuzm.
tÀlf. II, (. Il Cet homme est pis qu'excommunié, il
Bit dans le mépris et la haine de chacun. || On dit
aussi : jurer, «a rer, comme un excommunié.
EXCOMMUNIER (èksko-mu-ni-é), j'excommuniais,
noiiseicoramiiniions, vous excommuniiez; que j'ex-
eommiinie, que nous excommuniions, (|iie vous ex-
communiie,, r. n ||f Retrancher quelqu'un de U
f omm :ninn .le Vf^Ue I es papes ont excomiiiunié les
r-iiJi'in.i„iq,iiiieni leur habit, PASC. Proï 6 Si
que.q.i un v révolte contre l'Église et qu'il la scan-
d.h.e i-jr ,., crimes ou par ses erreurs, on doit
enl
c
nleirommun.anl. le reirancherdu corps de l'Eglise
^' s^^iera,, ,. .- ,ar. xv, § .i. n AbsolumeirL le
EXC
consistoire (chez les protestants] seul a droit d'ex-
communier. Il 2* S'excommunier, v. réfl. Se retran-
cher de la communion des fidèles. Il .s'excommunie
lui-inérneduchrislianisme, boss. i, PerU. ï. Desimes
adonnées k la pratique de toutes les bonnes œuvres
ont passé des années entilTes sans paraître une fois
k la sainte table; elles se sont excommuniées elles-
mêmes, intimidées par les discours qu'elles enten-
daient, BOUBU. Pens. t. ni, p. 3i6. y S'eicommuoier
l'un l'autre. Les antipapes «'excommuniaient.
— HIST, XII' s. L'apostolies [pape] les leis [les lois]
idunc escumenia, E celui, qui qu'il seit, qui ja-
mais les ternira [tiendra] , ïTi. le mari. 6». ||xui's.
Simaudi et escomenie Tous ceus qui aiment vilonnie,
la Rose, 3091. Et aussi li moustiers est communs à
toz por ferescs orisons, en tans et en lieu convena-
bel, exceptés les esijueminciés, BHAtiM. xxiv, (♦. En
[on] prise si pou [peu] les excommuniemens hui et
tous les jours que avant se lessent les gens mourir
escommeniés que il se facent absodre, jomv. 200.
Il XV* s. Escommunié mange bien pain, le roux de
UNcr, Prov. t. i, p. M. || ivi* s. Les moines du
temps présent, en se dressant un autel à part, ont
rompu le lien d'unité; car ils se sont excommuniez
du corps do l'Eglise, calv. Inst. 1020. César, ayant
en horreur celuy qui la luy presentoit [la tête de
I'om|iée] comme un meurtrier excommunié, se prist
à plorer, auyot. Pompée, tiî.
— ETYM. Provenç. escotneniar, escomengar, escu-
menjar, escumergar; catal. escomunicar; espagn.
«Komuigar; porlug. escommunyar ; ital. scomuni-
care ; du lat. eicommuntcore, de ex, hors, et (om-
municare, communiquer.
EXCORIATION (èk-sko-ri-a-sion) , *. f. Légère
plaie qui n'intéresse que la peau.
— HIST. xvi" s. Quelque excoriation qui aura
esté faite en réduisant les intestins, pars, vi, <t.
— ÊTYM. Excorier; provenç. excoriacio; espagn
RreorinciVin; ilal. eiforiuxione.
EXCORIÉ, ÉE (."k-sko-ri-é, ée), part, passé. La
peau excoriée par les ontiles du.malade.
EXCORIER (èk-sko-ri-é), j'excoriais, nous exco-
riions, vous excoriiez; que j'excorie, que nous exco-
riions, que vous excoriiez), v. a. Terme de chirur-
gie. Ëcorcher légèrement. Le coup lui a excorié la
peau. Il S'excorier, v. réfl. Se faire une excoriation
k soi-même. 11 s'est excorié en tombant. |{ Être ex-
corié. Les parties comprimées s'excorient souvent.
— ËTYM. Lat. excoriare, de ex, etcorium, cuir,
peau
t EXCOR'nCATION(èk-skor-ti-ka-8ion), «.^.Syno-
nyme de décortication.
t EXCORTIQUER (èk-skor-ti-ké), v. a. Synonyme
de décorticjuer.
— ETYM. Lat. ex, et cortex, écorce.
EXCRÉMENT (èk-skré-man), s. m. || !• Tout ce
qui est évacué du corps de l'animal par les émonc-
toires naturels, comme les matiî'res fécales, l'urine,
la sueur, etc. || En particulier, les matières fécales.
Il i' Fig. Terme de mépris et d'injure. Va-t'en à la
maie heure, excrément de la terre, malh. iv, 14.
Va-t'en, chétif insecte, excrément de la terre,
LA FONT. FaM. Il, «.Leduc d'Estrées et Mazarin
étaient des excréments de la nature humaine, à qui
le reste des hommes n'osait parler, st sim. 455,
t55. X peine les deux philosophes daignérenl-ils
jeter les yeux sur ces excréments de la littérature,
volt. Ingénu, n. De par tous les diables! parle fran-
ç.iis, si tu veux ou si tu le peux, excrément de col-
lège I BBUBïs, Grondeur, i, )0.
— HIST. XVI' s. Le sang ne pourroit nourrir s'il
n'estoit purgé de deux sortes d'excremens, pabé,
Inirod. 6. Un lopin d'excrément de fer, palissy, 22.
— ÊTYM. Lat. excremenlum, de excernere, séparer,
de ex, hors, et cernere, séparer, le même que le
grec xpiveiv (voy. crise).
EXCRÊMENTEUX, EUSE (èk-skré-man-teû, teû-
z') , adj. Terme de médecine. Qui est de la nature
de l'excrément. |{ Peu usité.
— HIST. XVI' s. Si l'art [métier] est de petit tra-
vail comme des petits cousiuriers, elle rendra le
corps plus mol et excremenleux, pars, Introd. *i.
— ETYM. Excr('menl
EXCREMENTIEL. ELLE (èk-skré-man-siel, sièl')
ou EXCRÊMKNTITIEL, ELLE ( èk-skré man-ti-siel,
siè-l'). adj. Terme de médecine. Qui appartient k
l'excrément. || Humeurs eicrémentitielles, celles qui,
impropres k la nutrition , sont destinées à être
évacuées. {| Excrémentiel n'est plus guère usité.
— HIST. XVI* s. Ce que j'entends de la clioleie
[bile] excrementitielle, comme aussi l'alimentaire,
PAB*, Introd. 0.
— ElYX, Eiarimenl.
EXC
t EXCRESCESCE (èk-skrè-8san-s'), ». f.Le même
que excroissance. Au heu de s'unir comme frères
au pied du trône contre les eicrescences qui n'ont
et ne prétendent que contre notre ordre, sx-siu.
485, 87. Ce territoire [Metz, Toul et Verdun] pou-
vait être regardé comme une excrescence de l'em-
pire germanique, V01.T. Mœurs, (78.
— ETYM. Voy. excroissance.
t EXCRETA (ik-skré-ta) , ». m. pjur. Terme d'hy-
giène. Choses qui sont rejetées du corps.
— ETYM. Lat. excréta, choses excrétées, A'excre-
tus, part, passé de «rcemere (voy. excrément).
t EXCRÉTER (èkskré-té), v. a. lerme de phy-
siologie. Opérer l'excrétion. Les matières excrétées.
— ETYM. Voy. EXCRÉTION.
EXCRÉTEUR, ICE (èk-skré-teiir, tri-s'), adj. Qui
sert aux excrétions. |{ Conduit excréteur, conduit
qui porte le liquide sécrété, de la glande qui le
fournit, à un réservoir ou directement au dehors.
Il Poils excréteurs des plantes, ceux qui sont ter-
minés par une extrémité glanduleuse.
— HIST. XVI* s. Par évacuation de la matière
qui de qualité maligne irriloit la faculté excrétrice
à excrétion par en haut, paré, xviii, 76.
— ETYM. Lat. excernere (voy. excbément).
EXCRÉTION (èk-skré-sion), ». f. Terme de phy-
siologie. Action par laquelle certains organes creux
rejettent au dehors les matières liquides ou solides
qu'ils contiennent. L'excrétion des matières fécales
L'excrétion de l'urine. L'excrétion de la salive, du
mucus nasal, etc. || Les excrétions, les matières
excrémentitielles elles-mêmes. L'urine, les exhala-
tions cutanées et pulmonaires, les déjections alvi-
nes, etc. sont des excrétions.
— HIST. xvi" s. L'excrétion etretention ,PARÉ,xx,t 5.
— ETYM. Lat. eicretioncm, de excretwn, supin
de excernere (voy.EXChÉMENT).
EXCRETOIRE (èk-skré-toi-r*), adj. Terme d'ana-
tomie. Oui procure l'excrétion. || Glandes excrétoires
des plantes, celles dont la surface laisse suinter un
liquide.
— ETYM. Lat. excretum, supin de excernere (voy.
EXCHÉMENT".
EXCROISSANCE (èk-skroi-san-s') , s. f. || 1* Terme
de pathologie. Tumeur, de quelque nature qu'elle
soit, qui fait saillie sur une surface, par exemple
la peau, une membrane muqueuse, l'écorce d'un
arbre, etc. || Fig. Celui [le parlement] de Dombes,
qui n'était qu'une excroissance inutile, est suppri-
mé, VOLT. Ult. Rochefort, » nov. <77). || J* Par
extension, espèce de tubérosité. Ce globe dont nous
décrivons si pompeusement la superficie et sur le-
quel s'élèvent çà et là de petites excroissances que
nous nommons des montagnes, dont à force de
trigonométrie nous avons la gloire de mesurer l'élé-
vation, BONNET, Palingén. xii, 6.
— HIST. XIV* s. Excressances, poireaus, verrues.
H. DE MONDEVILLE, f° 401, t «rsO. || XVI* S. Ampuloi
les excroissances, comme loupes, verrues, pohpes,
chancres et autres chairs superflues, pabé, /n(r. 2.
— ETYM. Lat. excrescens, part, présent de excres-
cere, se développer, de ex, et crescere, croître (voy.
croItke).
EXCURSION (èk-skur-sion ; en vers, de quatre
syllabe.s) , I. /■. || 1* Course au dehorsi. Des excur-
sions botaniques. Ce fut de là qu'elle vint faire à
l'hermitage une nouvelle excursion, J. J. bouss.
Confess. ix. || Fig. Digression. Faire une excursion
hors de son sujet. {| i' Particulièrement. Irruption
sur le territoire ennemi. Us revinrent de leur excur-
sion avec des prisonniers et du butin, jj 3° Terme
d'astronomie. Cercles d'excursion, se dit des cercles
parallèles à l'écliptique, qui limitent les excursions
des planètes des deux côtés de ce grand cercle.
\\ 4° Terme de critique philologique. Longue disser-
tation sur un point d'antiquité peu connu, à l'occa-
sion d'un mol, d'une pensée d'un auteur. On dit
aussi eicursus.
— ETYM. Lat. excursionem, de cxcursum, supin
de excurrrre. lie ex, hors, et currere, courir.
t EXCURSIONNISTE (èk-skur-sio-ni-sf), s. m. Ce-
lui qui fait une excursion scientifique ou de plaisir.
t EXCURSUS (èk-skur-sus'), s. m. Mot latin (de
excurrere, voy. excursion), qui se dit souvent pour
excursion ii* 4 (voy. excdrsion)
t EXCURVÊ, ÊE (èk-skur-vé, vée), adj. Terme di-
dactique. Qui est courbé de dedans en dehors, op-
posé à incurvé.
— ETYM. Lat. ex, en dehors, et crinafiu, courbé.
EXCUSABLE (èk-sku-za-W), adj. Oui est dign»
d'excuse, en parlant des personnes. Madame, croyez-
moi, vous serez excusable D'avoir moins de cha-
leur conu-e uu objet aimable, corn. Cid, m, i. L'a
EXC
EXC
EXC
i:)ri7
long amas d'honneurs rend Thésée excusable, hac.
Phid, I, I. Voyez si le sujet est excusable de se
plaindre, lamlis que le maître,... K\sfi. Aient, Affl.
On n'est jamais excusable de faire mal ce qu'on fait
volontairement, i. >. rouss. 3' lettre à M. de Males-
herbes. || Il se dit aussi des choses. Tout est trop
excusable en un amant jaloux, corn. Nicom. iv, 2.
Regardez d'un autre oeil une excusable erreur, R.4C.
Phèd. IV, 6. Imprudence excusable au cœur des mal-
;heureux, volt. Oreste, iv, 3.
— HIST. xiv s. Pechié excusable et venial.ORESME,
Thèse de meunier. || xvi* s. Nulle occasion d'un si
horrible souhait peult estre excusable, mont, ii,
74.
— ÉTYM. Provenc. creusa 6 /«; espagn. escusable ;
ital. scusabile; du lat. excusabilis, de excusare,
excuser.
i EXCUSABLEMENT (èk-sku-za-ble-man) , adv.
D'une manière excusable.
— HIST XVI' s. Personne ne débat que le vice
soit à éviter et à haïr sur toutes choses : mais c'est
une question, s'il se pouvoit présenter tel proffit,
ou tel plaisir, pour lequel tel vice fust excusable-
ment faisable, charron. Sagesse, u, 3.
— f.TYM. Excusable, et le suffixe ment.
EXCUSATION{èk-sku-za-sion), s.f. Ancien terme
(le jurisprudence. Se disait des excuses qu'on allègue
pour être dispensé d'une tutelle, d'une charge. || On
ne dit plus aujourd'hui en ce sens qu'excuse.
— HIST, xii* s. Quand Deus par celé demandise
10 rapeloit à pénitence, si ajoinst-il parole d'escusa-
tion, et si dist.... Joh, p. 462. || xiV s. Il y chiet
[échoit aux péchés véniels] miséricorde et pardon
ou excusation, oresme, Thèse de meunier. || xv° s.
Ce qu'il commandoit estoit incontinent acomply
sans nulle difficulté ne excusation, comm, vi, (o.
— RTYM. Provenç. eicuzad'o; espagn. escuiacto//;
ital. scusazione; du latin excxuationem, de excu-
sare, excuser.
EXCnSE (èk-sku-z')', t. f. \\ i' Raison qu'on allè-
gue pour se disculper ou pour disculper un autre.
Kxciiso valable. Mauvaise excuse. Se confondre en
excuses. Quand nous pouvons couvrir d'excuses nos
défauts, RÉGNIER, Sat. xiv. Bien que je sache au
vrai tes façons et tes ruses, .l'ai tant et si longtemps
excusé tes excuses.... ID. Élég. il. S'il [lioileau) a
cherché quelquefois des excuses sur la rime, ça été
pour porter des coups plus violents, comme c]uand
il dit...., FfRETiÊRK, 3" /ac(«»n, 1. 1, p, 322. M. Bayle,
j'ai reçu vos excuses, et j'ai bien voulu vous lémoi-
gTier parla présente que j'en suis satisfaite , bayle,
lettres (Letl. de la reine Christine, I4 déc. 1686).
11 Fig. Votre amour fait ma f.iute, il fera mon ex-
cuse, corn. Pomp. IV, 3. Leur incrédulité n'a plus
d'excuse, boss. Ilist. n, U). Mais votre amour n'a
plus d'excuse légitime, rac. Iphig. i, 6. Mon cœur
n'a pour excuse aucune illusion, volt. Brutus,
IV, 3. Cotte triste vertu l'excuse des ingrats, m.
Adélaïde, iv, B. Ce tort afl'reux n'avait nulle ex-
cuse, OENLis. Urne de Uaintenon, t. ii, p. 2io, dans
pol'gens. Il 2° Prétexte. Lors pour sortir elle prend
tme excuse, la font. Rich. Je lui sers d'excuse
pour ne plus voir ses amies, siîv. 225. || 3° Kxcuse,
se dit du motif qui empêche un juré de siéger. Le
p'ésidenl ne trouva pas son excuse valable. || Motif
légal pour se dispenser d'une charge imposée par
la loi. Il [le tuteur nommé] devra sur-le-champ..,,
proposer ses excuses, sur lesquelles le conseil de
famille délibérera, C. Napol. art, i-m. || Circonstance
qui, de plein droit, diminue la gravité d'un crime et
par suite atténue la peine. || Se dit, dans un sens
analogue, du motif qui empêche un écolier de ve-
nir à la classe. L'enfant apporta une excuse écrite par
le répétiteur. || 4" Formule de politesse. Faire excuse à
quelqu'un, le piier qu'il excuse. Quoil tu faisais ex-
cuse à qui m'osait braver, corn, Hici, i. Pour vous,
je ne veux point, monsieur, vous faire excuse, mol.
Éc. des maris, m, lO, Je lui fis excuse d'avoir mal
pris son sentiment, pasc. Prov. i. Il m'écrit en me
faisant des excuses de la liberté, skv. 470. Je lui
fis mille excuses de l'avoir fait attendre, hamilt.
Gramm. ». || Faire excuse de quelque chose, s'en
excu.ser, s'en disculper. Et l'état où je suis ne sau-
rait consentir Que j'en fasse une excuse ou montre
un repentir, corn, Tois. d'or, m, 3. Oui, je l'aime,
Sévère, et n'en fais point d'excuse, id. Poly. ii ,
î. Ne m'oblige point à faire les excuses de ta froi-
deur [à l'excuser), mol. Princ. d'Él. n, 4. || Fa-
milièrement. Faire excuse, faire bien excuse , s'em-
ploie pour contredire. Il n'est pas encore venu?
Jo vous fais excuse, il est arrivé depuis une heure.
Il Dans le même sens, n.ais populairement. Faites
Sïcuse, il est arrivé. || Faire des excuses à quoi-
qu'un, lui témoigner le regret que l'on a de l'avoir
offensé, gêné ou contrarié. Il lui fit des excuses de
son emportement, et l'affaire n'eut pas de suite.
Toute excuse est honteuse aux esprits généreux ,
corn. Cid, m, 3. |{ Exiger des excuses, demander
une réparation, par excuse, d'une offense dont nous
avons été victimes. |{ Faire ses excuses, se dit par po-
litesse, quand on manque à quelque devoir de so-
ciété ou qu'on refuse poliment quelque invitation.
Je ne puis me rendre à ce bal; je ferai mes excu-
ses. Faites-lui mon excuse, rotrou, Vencesl. ii,fi.
J'ai fait mes excuses i Mme de Coulunges, sÉv.
481. Il lui dit qu'il ferait ses excuses à la compa-
gnie, hamilt. Gramm. 4. || Recevoir les excuses de
quelqu'un, se déclarer satisfait de la politesse qu'il
a faite en s'excusant. Sa maîtresse voulut bien rece-
voir ses excuses, hamilt. Gramm. 4.
— REM. Furetière d'abord, puis Ménage, Bou-
hours et Laveaiix ont condamné la locution deman-
der excusé , dans le sens de demander pardon.
Cette locution a été employée à diverses reprises :
.,,. Je suis confuse De ce que vous voyez! je vous
demande excuse, dupbesny, la Coquette de vi liage ,
I, 8. Je vous demande excuse, a-t-il dit, et j'ai
tort, LA font. Ragotin, n, H. Mme de Sévigné
écrit des Rochers : Ma chère enfant, je vous.demande
excuse, à la mode du pays (c'est un provincialisme
dont elle se moque). Ce qui fait que cette locution
est à rejeter, c'est que le sens rigoureux serait
qu'on demande à son interlocuteur qu'il fasse ses
excuses, comme dans l'expression exiger des excu-
ses; c'est le contraire de ce que l'on veut dire.
— SYN. FAIRE DES excuses, FAIRE SES EXCUSES.
Faire des excuses, se dit quand on aoffensé, blessé,
contr.irié quelqu'un , et qu'on veut faire disparaître
par ce genre de réparation le tort commis. Faire ses
excuses se dit des dispenses que l'on prend à l'égard
de certains devoirs de société et que l'on fait agréer
au moyen de ce genre de civilité.
— HIST. XV* s. Le curé en sa défense et excuse
parla en bref et dit.... louis xi, Nouv. xcvi. || xvi* s.
Et au partir, lui assignoit jour qu'il y devoit retour-
ner, où, sans trop grandes excuses [motifs], n'a-
voit encore failli, mahg. Nouv. lxx.
— RTYK. Voy. Excuser.
EXCUSÉ , ÉE (èk-skuzé, zée) , part, passé. \\ 1* Qui
a été disculpé. L'enfant excusé par la mère. Cruelle,
pensez-vous être assez excusée? rac. Phèdre, y, 7.
|] 2" Pardonné. Une faute excusée. L'ignorance de
la religion et de la police du pays n'était excusée
en aucun état, boss. Hist. m, 3.
EXCUSEE, (êk-sku-zé), v. a. \\ 1° Donner les rai-
sons qui peuvent disculper quelqu'un d'une faute,
d'un manquement. Je ne vois pas comment on
pourrait l'excuser [Dieu] de tromperie, si en effet
CCS idées [des objets extérieurs] étaient produites
par d'autres causes que par des choses corporelles,
DESC. Médit. SI, 9. Je vous excusai fort sur votre
intention, mol. Mis. m, 5. Je ne m'étais chargé
dans cette occasion Que d'excuser César d'une seule
action, bac. Brit. i, 2, || Excuser une chose sur, la
rejeter sur. Le monsieur sur la vue excuse ce dé-
faut, RéGNiEB, Sat. X. Il Excuser à, suivi d'un nom
de personne ou de chose personnifiée, excuser en-
vers, auprès de. Vous m'excuserez à lui si je ne lui
écris, car le messager part, malh. Lett. à Peiresc,
13 févr. 1611. Non , je te connais mieux, tu veux
que je te prie. Et qu'ainsi mon pouvoir t'excuse à
ta patrie, corn. Hor. ii, 5. Ne viens point m'excu-
ser l'action de cette infidèle, mol. B. gent. m, 9.
112° Recevoir, admettre les raisons que quelqu'un
allègue pour se disculper. Après l'avoir entendu, on
ne peut s'empêcher de l'excuser. Vous m'excuserez
.sur l'humaine faiblesse, mol. Tart. m. 3. 113° Ex-
cuser un juré, recevoir comme valables les motifs
qui l'empêchent de siéger. Le président l'excusa
comme malade. {| Se dit aussi dans les assemblées
délibérantes pour les membres qui ne peuvent pas
venir siéger. {| 4° Servir d'excuse, avec un nom
de chose pour sujet. Rien n'excuse à présent votre
cœur obstiné, volt. Orphel. v, 4.||S° Pardonner,
tolérer, par indulgence. Il faut excuser ce léger ou-
bli. J'ai tant et si longtemps excusé tes excuses,
EÉONIER, Élég. 11. Je veux bien excuser son heu-
reuse imprudence, rac. Iphig. iv, to. F.xcuse lus
transports de ce cœur offensé, volt. Zaïre, m, 7.
Il 6° Excuser quelqu'un de faire une chose, le dis-
penser de la faire. U m'a invité à dîner, je l'ai prié
de m'en excuser. || Absolument. Être indulgent. Le
rat [de ville].... Va, vient, fait les honneurs, le
priant d'excuser, A. chén. Fable, jj Excusez-moi,
vous m'excuserez, formules de civilité usitées quand
ou veut se dispenser de faire une chose, ou quand
on contredit une personne pour laquelle on a de ia
déférence. Vous resterez avec nous? — Excusez-moi,
je ne le puis. Vous m'excuserez, si je ne vous ac-
compagne pas plus loin. Monsieur, excusez-moi, je
n'y puis rien comprendre, bac. Plaid, ii, 2. || Ab-
solument. Excusez. Ahl seigneur, excusez, si, vous
connaissant mal.... corn. Aftcom. i, 3. || Ironique-
ment. Excusez, excusez du peu, se dit pour exprimer
son étonnement de l'outre-cuidance , de l'im-
pertinence, de l'avidité de quelqu'un, etc. || 7° S'ex-
cuser, V. réfl. Présenter ses excuses, ses raisons
pour se disculper. Elle s'excusa sur ce qu'elle n'a-
vait jamais vu le roi, vaugel. Q. C. liv. iv, dans
richelet. Tu sais bien t'excuser, et n'admets point
d'excuses Pour les faiblesses du prochain, cobn.
Imit. II, 3. Mais si pour s'excuser il nomme sa
complice.... id. Cinna, m, \. Tout l'Érèbe entendit
cette belle homicide S'excuser au berger qui ne
daigna l'ouïr. Non plus qu'Ajax, Ulysse et Didon son
perfide, la font. Fabl. xii, 24. Et vous vous excu-
sez de m'avoir fait heureux! bac. Milhr. iv, 2.
Il S'excuser sur une personne ou une chose, rejeter
la faute sur cette personne ou cette chose. Vous
excuserez-vous sur les suites inséparables d'une
naissance illustre? mass. Carême, Mélange. || 8° S'ex-
cuser de faire une chose, s'en dispenser. Encore
que les raisons pour lesquelles je l'avais prise [la
résolution de publier un livre] fussent trfs-fortes,
mon inclination, qui m'a toujours fait haïr le mé-.
tier de faire des livres, m'en fit incontinent trou-
ver assez d'autres pour m'en excuser, desc. Uéth.
VI, t. On dit que M. le prince s'est excusé de servir ,
celte campagne; je trouve qu'il fait fort bien, sÉv.
Lett. du 26 févr. t676. Lorsque Mendose le voulut
mener chez elle, il trouvait toujours quelque pré-
texte pour s'en excuser, lesage, Viab. boit. I3.
Il Absolument. Mais lorsque vous voudrez, sans elle,
en disposer, N'aura-t-elle aucun droit. Seigneur,
de s'excuser? CORN. Œdipe, i, 3. || 9° Être excusé.
Une telle action ne saurait s'excuser, mol. Mis.
i, 1. Il Proverbe. Qui s'excuse s'accuse, c'est-à-dire
chercher à se justifier avant d'être accusé, indique
qu'on se sent coupable.
— HIST. xii* s. Pour ce, dame, vous loe [je vous
conseille] à cscuser Que cil ne soient ateint de l'he-
resie Qui désormais ne vous verront [voudront]
amer, qoesnes. Romancero, p. <08. || xni" s. Par
iceste manière bien [nous] vous escuserons [de ne
pas vous montrer], Berte, lxxvii. Ce ne seroit pas
sens, se je m'en escusoie [je niais être la reine],
ib. cvi. S'il [un enfant] fesoit larrechin, il ne seroit
pas jugiés, car ses âges [son âge] l'escuseroit,
BE.\UM. XVI, 10. Il xiv° s. Vostre jeunesse vous ex-
cuse d'estre bien saige et vous excusera encores en
toutes choses que vous ferez en intention de faire
bien, Ménagier, Prologue. Plus tost s'escuse femme
que vens ne voist [n'aille] ventant, Baud. de Seb.
III, 301. Il XV' s. Et estoye [je] du guet ceste nuit,
car nul n'en estoit excusé, comm. i, 9. ||xvi' s. Je
leur donne la victoire s'ils se peuvent excuser que
ceste accusation de Christ ne s'adresse point à eux,
CALV. [nstit. 961 . Au-dessus du grand bastion d'en
haut y avoit un grand chemin creux qui excusoit
[dispensait] l'ennemy de faire tranchées , m. du
HELL. 428. Vous suppliant escuzer la paine que vous
donne à lire tant de fascheuses lettres, marg. Leit.
72. Mon ignorance m'excusera mieux sur ce que....
MONT, n, 107. Ils ra'esleurent maire de leur ville
[Bordeaux]; je m'en excusai, mais.... id. iv, 14».
D'Aubigné, ayant appris cette nomination, se ren-
dit à Chastelleraud pour s'excuser de l'accepter [pour
la refuser], d'aub. Vie, cxi. Qui trop tost s'excuse
rie péché s'accuse, genin, Récréât, t. u, p. 248. Tel
se plaint qui n'a point mal; tel s'excuse qui s'ac-
cuse, LEROUX DE LINCY, PrOV. t. II, p. 424.
— ÊTYM. Provenç. escusar; espagn. excusar; ital.
scusare; du latin excusare. H faut revenir sur l'é-
tymologie donnée à accuser : exciiser, accuser
c'est tirer de cause, mettre en cause; causa parât
donc bien être dans le mot. Mais, d'autre part,
causa SB rattache à cudere, frapper, pousser, dont
le fréquentatif cusare est admis par les étymolo-
gisles latins comme radical de accusare et excusare;
causa se rapportant, pour la forme, à cudere,
comme clausa h cludere, et, pour le sens, signi-
fiant ce qui pousse, et figurément affaire juridique.
t EXCUSEUR (ék-sku-zeur), ». m. Celui qui ex-
cuse. Quand je pense que cette lettre s'adresse au
plus indulgent de tous les hommes, à l'excuseurda
toutes les fautes, au loueur de tous les ouvrages,
à une colombe.... voit. Lett. 131.
— HIST. xiv* s. Car il n'avoit nul excuseur Ne
bon amy ne procureur. Qui pour U dire mot osastj
1553
EXE
tt ptour d'iToIr Mduo et mut, U Livre du bon
Hhan, T. 1711.
_ trvt. Eteuitr.
KXBAT (è-gi6-«l') , *■ n». Permission quo 1 évêque
donna t un «ocl*»iâ»tiqua , «on diocésain, daller
tutett d«n« un autre diocèse. || Dans les lycées,
collèges, fU:. Iiulielin, permis de sortie. Donner un
»ie*t. Dniribuer dos excat. || Dans lesliililiothècnies,
permis de sortir arec des livres. || Dans les liApitaux,
liltel desortie. H Kig. Donner i quelqu'un son eieat,
le conKédier. || Au p/ur. Des eieat.
— f.TYM. Lat. aeat, qu'il sorte, deeztre, sortir,
do«, lior», cti're, aller (voy. irai).
t KXKCHABILITÊ (è-gzé-kra-bi-li-té), t. f Qua-
lité di> ce qui est eiécrablo.
— IllST. XV* s. L'eiecrabilitédesonmeflalt, Uitt.
dt la toison d'or, t. u, I* 26. dans lacuhne.
— fmt. Lat. extecrabilitatem, li' exsecrabilit,
eiécniMe.
EXECRABLE (è-gzé-kra-bl') , ad/. || !• Qu'on doit
eiécrer, avoir en horreur. Exécrable assassin d'un
héros que j'adore, corw. Cid, v, a. Un exécrable
Juif, l'opprobre des humains, hac. Esth. ui, I- En
horreur i ses fils, exécrable à sa mère, volt. (HCd.
I, 3. Il S'il se dit aussi des choses. L'exécrable hon-
neur de lui donner un maître, cobn. Cinna, l, 3.
D'un infémc trépas l'instrument exécrable, u.c.
Esth.m, 4. Va, j'ai bien mérité Cet exécrable prix
de ma crédulité, volt. Fanal, iv, «. Depuis qu'un
'exécr.'ible duel nous a ravi notre autre fils, Beau-
marchais, Mère coupable, iv, )3. || 3* Serment exé-
crable, serment accompagné d'imprécations. Un
■ serment exécrable à sa haine me lie, corm. Cinna,
Ui, 2. Il [l'ierre] se mit alors à Taire des serments
exécrables, et à dire en jurant : Je ne connais point
col homme dont vous me parlez, Ska,Bible, Étang.
SI Mare, xiv,7l. ||i* Par exagération, très-mauvais,
pitoyable. Cela est d'un style et d'un goût exécrables.
— SYN. 1. EXÉCRABLE, uÉTKSTABLE. Ce qui est exé-
crable est digne de malédiction; ce qui est détes-
table est di^ne d'être repoussé, mais sans l'idée de
malédiction. Il y a donc quelqua chose de plus fort
dans exécrable que dans détestable. Un crime exé-
crable est plus, dans l'expression, qu'un crime dé-
testable, et un vice exécrable plus qu'un vice dé-
testable. Il 1, EXÉCRABLE, ABOMINABLE. La TorCO de
l'expression est la même; la nuance est diUérente.
On maudit ce qui est exécrable; on se détourne
ivec abomination de ce qui est abominable.
— HtST. XVI' s. Le roi, qui s'en alloit exécrable à
son peuple, se rend inimitable aux dévotions, d'aub.
Ilist. II, 330.
— ETYM. Lut. extecrabilis (voy. exScxer).
1-3LCCRABLEME!VT (ô-gzé-kra-ble-man) , adv.
D'une manière exécrable. Il versifie exécrablement.
— IllST. XVI' s. Ils juroient et blasphemoyent le
plus exécrablement que jamais homme ouyt parler,
PAUSST, m.
— ETYM. Ezierabk, et le suffixe menl.
EXl^CRATION (è-gzé-kra-sion; en vers, de cinq
syllabes), ». f. jjl'Chez les anciens, nicnaces et
malédictions sous des formules religieu.se$. La
royauté fut abolie avec des exécrations horribles
contre ceux qui.... boss. Uist. m, 7. Celui qui le
prêtait [le grand serment] , revêtu de la mante de
pourpre do la déesse Proserpine, et tenant à la main
une torche allumée, prononçait contre lui-même
dans le temple les exécrations les plus terribles qu'il
soit possible d'imaginer, rollin, Ilist. anc. DI-mv.
t. V, p. 302 , dans pouGENS. Les exécrations, lesdé-
lestalions, les conjurations, montesq. Esp. xii, 4,
Il i' Aujourd'hui, imprécation, jurement. lUit mille
exécrations. || 8* Sentiment qui fait maudire. La sa-
gesse est en exécration aux pécheurs, saci. Bible,
Scctéiiasliq. i, 20. Tout le monde en parle avec
exécration, pasc. i'roc. 16. Ils doivent être en exé-
cration k tous les siècles, pén. T^i. ivii. Elle re-
gardait avec exécration cet usage de vendre le mal-
heur et le lionheur des hommes, volt. Ingénu, ta.
Il Chose exécrable. Je ne veux plus parler de cette
exécration qui me rend odieux le pays où e;;a s'est
commise, d'alshb. Lett. à Voltaire, u août 1760.
Il II se dit dans le môme sens en parlant des per-
sonnes. L'opprobre de son sexe et l'exécration de la
pottérité, osaus, VtiUéei du chdt. t. u, p. 22s,
tton» PouoKRs. Il 4' Terme ecclésiastiiiue. Lorsqu'un
Uou Mint est pollué par quelque accident, on dit
qu il y 1 exécration, c'est-à-dire perte de oonsécra-
"on, et il faut de nouveau le consacrer.
— HIST. ivi- ». c'e.st la différence qui est entre
•««ommunication «t l'eiocraUon que les docteurs
ÎSLnf*!^^''?* *''■*""" anatbema, qu'en anathema-
utMl nu homme, on lui oste toute cspcranco de
pardon, et on le donne au diable; en l'excommu-
niant, on punit pluslost les mœurs, calv. Instit.
993. Des soldats qui a'csioicnt condamnez, avec hor-
ribles exsecralions, de n'entrer en aulcune compo-
sition que de se faire tuer ou demeurer victorieux,
HONT. ui, 1)2.
— ÊTVM. Lat. euecrationem , àeextecrari, exécrer.
i EXÊCRATOIRE (è-gzé-kra-toi-r*), ûd;. Terme
ccclé.si.i.siique. Oui a rapporta l'exécration, qui em-
porte l'exécration.
— f.TYM. Voy. exécration.
EXÉCRÉ, ÊE (è-gzé-kré, krée), part, passé. Né-
ron meurt exécré; quelques années plus tôt, Néron
mourait regretté, didebot, Claude et Nér. i, § 79.
EXÉCRER (è-gzé-kré. La syllabe xé prend un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
j'exècre; excepté au futur et au conditionnel; j'exé-
crerai, j'exécrerais), v. a. Avoir en exécration. Tout
le monde l'exècre. Ce ministre s'était fait exécrer
par sa tyrannie. || S'exécrer, v. rift. Avoir une
haine violente l'un pour l'autre. Ils ne peuvent se
souffrir, ils s'exècrent.
— lllST. xvi' s. Exécré, baIp, OEuv. (° 68, dans
LACL'RNK.
— ÊTYM. Lat. exsecrari, de ex, hors, et tacer,
sacré (voy. ce mot) : proprement, rendre maudit;
ex, par opposition à cum (eonsecrare), donne un
sens péjoraiif.
EXÊCITABLE (è-gzé-ku-table), adj. Qui peut
être exécuté. Cela n'est pas exécutable. Projet exé-
cutable.
— ÉTYM. Exécuter.
EXÉCUTANT (è-gzé-ku-tan), ». m. Terme de
musique. Musicien qui exécute sa partie dans un
concert. Il y avait à ce concert vingt exécutants.
Il On dit aussi, au féminin, exécutante.
EXÉCUTÉ, ÉE (è-gzé-ku-l6, tée), part, passé.
Il 1* Mené à accomplissement. Ce que tu m'as dicté.
Je veux de point en point qu'il soit exécuté, rac.
Esth. II, 6. Nos lois, nos justes lois seront exécu
tées, VOLT. Scythes, iv, 8. ||2'' Joué, en [larlanl de
musique. Un morceau bien exécuté, mal exécuté.
Il 3° Un débiteur exécuté, un débiteur dont on fait
vendre le bien pour le payement de ses dettes.
Il Se dit aussi, à la bourse, de celui dont on vend
les valeurs. || 4° Mis à mort par autorité de justice.
Un certain comte qui fut exécuté à Vienne, sév. 68.
EXÉCUTER (é-gzé-ku-té), v. a. || 1° Mettre à ef-
fet, mener à accomplissement. Soldats, exécutez
l'ordre que j'ai donné, corn. Poly. v, 3. On n'exé-
cute pas tout ce qui se propose, El le chemin est
long du projet à la chose, mol. Tari, m, l. L'em-
pereur exécuta son décret contre les images plus
violemment que jamais, boss. Ilisl. i, u. Que Bà-
ville me semble aimable. Quand des magistrats le
plus grand Permet que Bacchus à sa table Soit notre
premier président I Trois muses, en habit de ville,
Y président à ses côtés; Et ses arrêts par Arbou-
vllle Sonia plein verre exécutés, boil. Chanson à
boire. Vous pouvez justement vous llatter D'une
mort que leurs bras n'ont fait qu'exécuter, kac.
Andr. v, 3 Cessez, vous dis-je, et laissez-moi,
Madame, exécuter les volontés du roi, m. Mithr.
V, 4. Neptune, par le fleuve aux dieux mêmes ter-
rible. M'a donné sa parole et va l'exécuter, m.Phèd.
IV, 4. Gens prêts à exécuter ses ordres injustes,
FÉN. Tél. ui. On ne sait jamais bien commander que
ce qu'on sait exécuter soi-même, j. j. bouss. Ém. v.
Il Absolument. Seigneur, que veux-tu m'appren-
dreî Je suis prêt de l'écouter; Joins à la grSce
d'entendre La force d'exécuter, corn. 7miMu, t).
Je promettais beaucoup et j'exécutais peu, id. Ro-
dog. I, 6. Ne faut-il que délibérer, La cour en con-
seillers foisonne; Est-il besoin d'exécuter. L'on n'y
rencontre plus personne, la font. Fabl. u, 2. Le
sage quelquefois fait bien d'exécuter. Avant que de
donner le temps à la sagesse D'examiner le fait, id. ib.
1,14. Pour que celui qui exécute ne puisse pas oppri-
mer, il faut que les armées qu'on lui confie soient
peuple et aient le même esprit que le peuple, mon-
tesq. Esp. XI, 6. Il 2* U a quelquefois pour sujet un
nom de chose, et signifie alors faire exécuter. Ce
que n'ont pu mes soins et nos communs forfaits, Un
oracle d'Egypte, un songe l'exécute, volt. Sémir.
II, 8. Il 3° Terme d'arts. Faireun ouvrage d'après un
modèle, un plan. Exécuter un monument, un bas-
relief. Il Absolument. Il conçoit bien, mais il exécute
mal. Il Par extension. Exécuter un morceau de mu-
sique, un ballet, un opéra. || Exécuter de« mouve-
ments, se mouvoir d'une certaine façon. On dit de
même, exécuter une manœuvre, des évolutions.
Il 4* 1 erme de procédure. Saisir les biens d'un
débiteur pour les vendre par autorité de justice.
EXE
Kxécuter un débiteur en ses meubles. LaRappinière,
4 qui l'hôte devait de l'argent, le menaça de le faire
exécuter, et par celle menace lui ferma la bouche,
sCARR. Rom. corn, i, 12. || Terme de bourse. Exécu-
ter une personne, faire vendre ou acheter publique-
ment les valeurs dont cette personne est acheteur
ou vendeur, lorsqu'elle ne remplit pas, au terme,
son engagement. || Terme de guerre. Exécuter mili-
tairement un soldat, le punir de mort. Exécuter
militairement une ville, y exercer toutes les rigueurs
militaires, pour contraindre les habitants à ce qu'on
exige d'eux. || 6° Exécuter à mort, ou, simplement,
ce qui est seul usité présentement, exécuter, faire
mourirpar suite d'une condamnation judiciaire. Exé-
cuter un criminel. On exécuta les auteurs de la ré-
volte, vAicEL. Q. C. X, I. Il 6° S'exécuter, v. réft.
Se résoudre à faire une chose par raison ou par
complaisance. Tâchez que l'enfant s'exécute de
bonne grice, et qu'il ne vous reste qu'à adoucir la
peine qu'il aura acceptée, kén. t. xvii, p. 28. Nous
attendons toujours, pour nous exécuter, l'instant
où nous sommes forcés par les circonstances, Mi-
rabeau, CoUeclion, t. iv, p. 70. || 7* Vendre ce
qu'on possède pour éviter la saisie. On ne s'exécute
qu'à la dernière extrémité. || 8° Avec un nom de
chose pour sujet, être mis à effet. Puis les devoirs
qu'on rend à des fronts couronnés Doivent s'exé-
cuter sans être examinés, rotroo. Délit, u, s.
L'édit du prince s'exécute, la font. fabl. vi, u. Je
vois bien que la paix ne peut s'exécuter, rac. Théb.
II , 3. Ne vois point l'attentat qui va s'exécuter,
VOLT. Fanal, iv, 3. {| Impersonnellement. La volonté
du Seigneur demeure ferme, et, pendant que les
hommes délibèrent, il ne s'exécute que ce qu'il ré-
sout, BOSS. Mar.-Thér.
— HIST. XIV' s. U disoienl que ceste chose devoit
estre exécutée et démenée par le povoir et par l'of-
fice des consuls, hebcueure, f'37, rcclo. |1 xvi' s.
Les vengeances qu'il [Dieu] exécute sur les forfaits
ne sont point obscures, calv. Insl. t». Le mort
exécute le vif, et non le vif le mort; c'est à dire,
que tout droit d'exécution s'esteint avec la personne
de l'obligé ou condamné, loysel, 8»i. Plusieurs du
parti mesmede M. de Guise, le voyant si long temps
se tenir coy, pendant qu'on executoit [achevait de
poursuivre] ceux qui avoyent esté rompus, ne sça-
voyenl que penser de luy, langue, b93. En ceste
sorte s'amuserent-ils, pendant que leur entreprise
s'exécuta, id. 647. Les corps de ceuli qui ont esté
exécutez par justice, amyot, Thém. 42. Il fut appelé
en justice et exécuté à mort, id. «6. 47.
— ÉTYM. Provenç. executar; espagn. ejeciilar;
liai, esecutare; da latin eiseculum, supin de exsequi,
exécuter, poursuivre, de ex, et sequi, suivre (voy.
ce mol). Palsgrave, p. 38, au xvi* siècle, dit qu'on
prononçait euiecuter.
EXÉCUTEUR, TRICB (è-gzé-ku-leur, tri-s'), s. m.
elf. Il 1° Celui, celle qui exécute. L'exécuteur de l'en-
treprise. D'un ordre exprès encor j'étais l'exécuteur,
ROTiiOU, Bélis. I, 2. Le prince est exécuteur de
la loi de Dieu, BOSS. Polit, vu, m, t3. La vue des
démons exécuteurs de l'arrêt de Dieu ne fera tout
au plus sur eux qu'une légère impression, boubdal.
Uyst. Passion de. J. C. t. i, p. 240, dans pougens.
Voyez quelle peut être la situation d'un citoyen dans
ces républiques [d'Italie] : le même corps de ma-
gistrature a, comme exécuteur des lois, toute la
puissance qu'il s'est donnée comme législaieur,
MONTESQ. Esp. XI, 6. || Adj. Puissance exécutrice,
voy. EXÉCUTIF. Lorsque, dans la même personne ou
dans le même corps de magistrature, la puissance
législative est réunie à la puissance exécutrice, il
n'y a point de liberté.... il n'y a point encore de
liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de
la puissance législative et de l'exécutrice, monte50.
Esp. XI, 6. On dit plutôt aujourd'hui pouvoir exé-
cutif, puis.sance executive; mais exécutif est un néo-
logisme du xviii' siècle, et Montesquieu s'est servi
du mot existant. |{ 2" Exécuteur, exécutrice lesla-
meniaire, celui , celle que le testateur a chargéd'eié-
cuter ses dispositions testamentaires. Arislote fit un
testament dont Antipater fut l'exécuteur , pénel.
Arislote. || 3° L'exécuteur de la haute justice, ou,
comme on dit aujourd'hui, l'exécuteur des hautes
œuvres, ou, absolument, l'exécuteur, le bourreau.
Kl lors l'exécuteur, la voyant ainsi prêle. D'un
prompt éclair d'acier lui fil voler la tête, tristan,
Mariane, v, 2. Comme on le [Agis, roi de Sjiartel
menait au lieu oii il devait être étranglé , il vi
un des exécuteurs qui pleurait et qui était touché
de son infortune, rolun, Hist. anc. Œuvret, t. vu,
p. 646 , dans pougens. || Par extension. Qu'est-ce
qu'une armée selon celte idée? c'est une troupe
EXÉ
EXE
EXE
1559
troiécuteurs de la justice de Dieu qu'il envole pour
faire mourir des gens qui ont mérité la mort et qu'il
a condamnés à ce supplice, Nicole, Bti. demor.
2" traité, ch. 2.
— HIST. XIII' s. Enten que les letres doivent estre
montrées à l'essecutor, Liv. de Just. 20 Ou il le
demande comme eiecuiteres par le [la] reson de
testament, beaum. vi, 4. || xiv* s. Hz estoient exé-
cuteurs des punicions, oresme. Thèse de meunier.
Il XV' s. Ne tentez Dieu ne son eiecuteresse fortune,
0. DELA MARCHE, IfM. liv. I, p. 201 , dansLACURNE.
Il XVI' s. Et adonc commanda à l'exécuteur qu'il
luy tranchast la teste, amyot, Caton, 34. Nos cour-
tisans, juges de tout, exécuteurs de rien, d'aub.
Ilùt. I, 488.
— ÉTYM. Provenç. executor, execudor ; espagn.
ejecutor; ital. esecutore, eseguilore ; du lat. exsecu-
torem (voy. exécuter). Dans l'ancien français, exe-
cutor est le régime venant de l'accusatif latin ex-
secutôrem avec l'accent sur t6; mais execuiteres
est un nominatif venant d'un autre mot , le latin
fictif execittalor.
"EXÉCUTIF, IVE (é-gzé-ku-tif, ti-v'), adj. Chargé
de l'exécution. La puissance executive, le pouvoir
exécutif, pouvoir chargé d'exécuter les lois et aussi
de tracer les règles nécessaires à leur exécution. On
oppos.) le pouvoir exécutif soit au pouvoir législa-
tif, soit au pouvoir judiciaire. Le corps exécutif
doit l'emporter à la longue sur le corps législatif;
et, quand la loi est enfin soumise aux hommes, il
ne reste que des esclaves et des maîtres, l'Élat est
détruit, J. J. Rouss. Lett. de la montagne, vi. || On
dit quelquefois substantivement l'exécutif pour le
pouvoir exécutif.
— REM. Exécutif n'est ni dans Furetière, ni dans
Richelet, ni dans le Dictionnaire de l'Académie, si ce
n'est il partir de l'édition de (835 (voy. exécuteur).
— ÉTYil. Voy. EXÉCUTER ; provenç. exequtiu ;
espagn. ejecutivo ; ital. esecutivo.
EXÉCUTION (è-gzé-ku-sion; en vers, de cinq
syllabes), s. f, || 1° Action de passer du projet, du
dessein conçu à l'acte, à l'accomplissement. Ai-je
été, qu'il vous semble, ou rebelle ou trop lent A
l'exécution de ce coup violent? mair. Snphonisbe, v,
8. Voilà mon bras tout prêt Pour l'exécution de ce
funeste arrêt, rotrou, Bélis. m, 6. C'est par là
d'ordinaire qu'on en vient à l'exécution, sÉv. 417.
Lo dessein me plaît,- l'exécution n'est pas moins
heureuse, boss. Lett. 412. Le concile en exécution
de cette sentence déposa Nestorius, id. Hist. i, ( i .
Il Mettre à exécution, exécuter. Le projet fut mis à
exécution. || Absolument. 11 ne faut point être de
ceux qui, à force d'écouter, de chercher, de déli-
bérer, se confondent dans leurs pensées et ne savent
à quoi se déterminer; gens de grandes délibéra-
tions et de grandes propositions, mais de nulle
exécution, Boss. Polit, v, ii, 8. Il est prompt et ra-
pide dans l'exécution, fén. Tél. xvii. || Homme
d'exécution, bomme capable d'exécuter hardiment
une entreprise. Stuart, homme d'exécution et très-
zélé protestant, boss. Var. (0. Il n'y avait alors
auprès de sa personne que deux Français ; l'un était
M. Siquier, son aide de camp, homme de tète et
d'exécution qui s'était mi.s à son service en Turquie,
VOLT. Charles XII, 8. || 2° Terme d'arts. Action
d'exécuter d'après certaines règles, ou conformé-
ment à un modèle, à un plan. L'exécution d'un ta-
bleau, d'un monument, d'une symphonie. || Manière
d'exécuter. L'exécution entre pour beaucoup dans le
mérite des ouvrages de peinture, de sculpture et
de poésie. || Terme de peinture. Habileté à exécuter.
Ce peintre a de l'exécution. || Terme de musique.
L'action de jouer sur des instruments ou de chanter
un morceau. L'exécution de ce quatuor, de cet
opéra est parfaite, est mauvaise. || Facilité de lire
et d'exécuter une partie vocale ou instrumentale.
Cet artiste a beaucoup d'exécution. Pour la ma-
nière de chanter, que nous appelons en France
exécution, aucune nation ne saurait le disputer à
la nôtre, bichelet. Il ne me semble pas on effet
qu'on puisse pousser l'exécution à un plus haut
degré de perfection que celui où elle est aujourd'hui,
J. J. Houss. Dissert, sur la mus. mod. \\ 3° L'exécu-
tion d'un mouvement, d'une manœuvre, l'action
d'opérer un mouvement, une manoeuvre. || Terme
de marine. Signal d'exécution, signal relatif à une
évolution , à un ordre précédemment signalé. || Plans
d'exécution, plans des diverses parties d'un navire.
Il 4" Terme de jurisprudence. Fait d'accomplir ce
qu'un acte ou un jugement prescrivent. || Moyens
pour procurer l'exécution. || Exécution provisoire,
•xéeution nonobstant tout recours. || Terme de pro-
cédure. Exécution d'un débiteur, vente de ses biens
par autorité de justice. || Saisie-exécution, saisie des
meubles d'un débiteur pour les faire vendre. || Acte
portant exécution parée, acte qu'on peut mettre à
exécution, commandement préalablement fait ; tels
sont les jugements et contrats en forme authen-
tique. Il Terme de bourse. Vente ou achat public des
valeurs dont une personne est acheteur ou vendeur,
lorsque cette personne ne remplit pas, au terme,
snn engagement. || 6° Terme de guerre. Exécution
militaire, mise à mort d'un condamné par un con-
seil de guerre. || Exécution militaire, se dit aussi du
dégât que l'on fait dans un pays, dans une ville pour
punir les habitants ou pour les contraindre à faire
ce qu'on exige d'eux. || Effet que produit le feu d'une
troupe, d'une batterie. L'artillerie fit une terrible
exécution sur la masse qui s'avançait. |{ 6" Supplice
capital. L'exécution du condamné aura lieu demain.
Ceux qui ont vu l'exécution [de la Brinvilliers] di-
sent qu'elle est montée sur l'échafaud avec bien du
courage, sÉv. Lett. du <7 juillet 4676. S'il y a dans
la place une fameuse exécution ou un feu de joie,
il paraît à une fenêtre de l'hôtel de ville, la bruy.
VII. L'exécution se fit dans la prison, pendant la
nuit, de peur que la fermeté du coupable n'attendrit
les assistants, barthél. Anach. ch. 40. || Par ex-
tension. Il y eut en une nuit < 85,000 égorgés
de la main d'un ange; quoique Dieu ne fasse pas
toujours des exécutions si éclatantes.... boss. Po-
lit. VII, V, 16.
— HIST. xm' s. Ainçois doivent tout li jugement
estre mis à execussion sans délai, beaum. vu, 12.
Il xiv s. Il ont fait ou royaume mainte exécution;
Il ont ars [lirûlé] maint moustier, mainte belle
maison. Occis famés, enfans à grant destruction,
Guescl. 70(6. Quant aucuns biens se vendoient par
execucion de justice, bercheure, f" 32, verso.
Il xvr s. Execution odieuse [peine de mort], mont.
I, (9. Les effects et exécutions ne sont en nostre
puissance, m. i, 'JO. Une telle prudence est mortelle
ennemye des haultes exécutions, m. i, 34. La con-
noissance des exécutions testamentaires appartient
aux juges laiz, et par prévention aux royaux, loy-
SEL, 3(6. Homme d'exécution, amyot, Timol. 4. La
pluspart de la noblesse, ayant entendu l'exécution
[massacre] de Vassy, se délibéra de venir près Pa-
ris, LANOUE, 647. Les bons conseils sont les sources
d'où dérivent les belles exécutions, id. 585.
— ÉTYM. Provenç. executio ; espagn. ejecucion ;
ital. eseculione; du lat. exsecutionem , exécution
(voy. exécuter).
EXÊCCTOIRE (è-gzé-ku-toi-r') , adj. \\ 1° Terme
de jurisprudence. Qui doit être mis à exécution;
qui donne le pouvoir d'exécuter. Les lois sont exé-
cutoires en vertu de leur promulgation. Jugement
exécutoire, nonobstant appel. Ces arrêts sont exé-
cutoires de droit, Boss.^uert. 5. || 2° Terme de pra-
tique. Titre exécutoire, ou, substantivement, un exé-
cutoire, mandement du juge qui taxe le chiffre dos
frais et en vertu duquel on en poursuit le payement.
— HIST. xvi's. Les jugemens ne sont exécutoires,
après l'an et jour, loysel, 894.
— ÉTYM. Voy.. exécuter; espagn. ejecutorio ;
portug. exeeulorio.
t EXÉCUTOIREMENT (è-gzé-ku-toi-re-man), adx\
Terme de jurisprudence. D'une manière exécutoire.
— ÉTYM. Exécutoire, et le suffixe ment.
EXÉGÈSE (è-gzé-jè-z'), s. /■. Explication gram-
maticale et mot par mot. || Dans un sens plus par-
ticulier, l'interprétation grammaticale et historique
de la Bible. |{ Se dit aussi de l'explication des lois et
textes du droit. Exégèse du Cpde, des Institutes
de Gains. || Se dit enfin de toute interprétation en
matière d'histoire. L'exégèse historique.
— ÉTYM. 'E$:nY1oiÇ, explication, de èÇ, hors, et
fifiXa^ou , guider, de âfeiv, conduire (voy. agir).
t EXÉGÈTE(è-ezé-jè-t'), s. m. Savantqui se consa-
cre à l'explication etàl'interprétation desÛvres saints.
— ÉTYM. 'E£r)Yiitri;, interprète (voy. exégèse).
EXÉGÉTIQUE (ô-gzé-jé-ti-k'), adj. Qui sert à
interpréter, à expliquer. Commentaire exégétique.
Il Partie exégétique de la grammaire, celle qui
s'occupe du vrai sens, de l'étymologie et de l'em-
ploi des mots, par opposition à la grammaire mé-
thodique ou proprement dite qui traite des formes
des mots ou de leur syntaxe. || .Méthode exégétique,
celle qui procède par l'interprétation des textes.
— ÉTYM. Exégète.
1. EXEMPLAIRE (è-gzan-plê-r') , adj. \\ l» Qui
peut servir d'exemple. Vous autres grands hommes,
que la fortune a mis sur le théâtre, qui jouez un
rôle exemplaire.... voit. Lett. (87. Vous direz quel-
que jour que ce trait exemplaire Était pour votre
État un mal fort néces.saire, tristan, Hlariane, v.
2. Il faut mettre le poids d'unt vie exemplaire Dans
les corrections qu'aux autres on veut faire, mol.
Mis. III, 6. Il Idée exemplaire, type idéal. Quand
une fois par la considération d'un ou de plusieurs
triangles particuliers j'ai acquis l'idée exemplaire
de triangle, je juge que tout ce qui est conforme à
cette idée est triangle, et que ce qui n'y est pas con-
forme n'est pas triangle, du marsais, Ol'Aiiires,
t. V, p. (97. Il 2" Qui doit effrayer comme exemple.
Punition exemplaire. Sa trahison mérite un supplice
exemplaire, mair. Ifort d'Asdr, iii, 3. Rends, sans
plus différer, ta vengeance exemplaire, corn. Hél.
II, (. Et ce sont ces honneurs qui portent ma co-
lère X revêtir leurs noms d'un opprobre exemplaire,
GiLB. Apolog.
— IIlST. xiV s. Se il entendoit une forme exem-
plaire qui est en la pensée divine, oresme, Eth.
VI, (0. ijxvi' s. Ces exemplaires et terribles chasli-
ments, carloix, vii, 4.
— ÉTYM. Lat. exemplaris, de exemplum, exemple.
2. EXEMPLAIRE (è-gzan-plê-r'), s. m. \\ 1° Mo-
dèle à suivre. Ce roi, des bons rois l'éternel exem-
plaire, MALii. II, (.En sorte qu'il s'y trouve [en des
personnages de tragédie] un bel exem] 'lire d'équité
ou de dureté, corn. (" dise. Cette char. lé que pra-
tiqua sur la croix le fils de Dieu, notre Sauveur et
notre divin exemplaire, eourdai.ouk, Serm. il',
Dim. après la Pentecôte, Dominic. t. iv, p. 30(.
Je conseille à un auteur né copiste de ne se choisir
pour exemplaires que ces ouvrages où.... LA bruy.
1. Il 2° Archétype, idée divine. Ce qui est dit dans
la Genèse de l'approbation que Dieu donna d'abord
à chacun de ses ouvrages, ù mesure qu'ils sorlaient
de ses mains, puis à tous en générai quand il les
eut finis, pourrait bien avoir fourni à Platon cette
sublime idée des exemplaires éternels