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Full text of "Tung pao. Toung pao"

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T'OUNG PAO 


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ARR INNES 


CONCERNANT L'HISTOIRE, LES LANGUES, 
LA GÉOGRAPHIE ET L'ETHNOGRAPHIE 
DE 
L'ASIE ORIENTALE 


Revue dirigée par 


Henri CORDIER 
Membre de l’Institut 
Professeur à l’Ecole spéciale des Langues orientales vivantes 
ET 
Edouard CHAVANNES 


Membre de l’Institut, Professeur au Collège de France. 


VOL. XII. 


LIBRAIRIE ET IMPRIMERIE 
CI-DEVANT 
Er J'BRTET 


LEIDE — 1911. 





| yes 
IMPRIMERIE CI-DEVANT E. J. BRILL, LEIDE. 1% 





SOMMAIRE. 


Articles de Fonds. 
Pages 
ALFRED LiÉTARD, Essai de Dict. Lo-lo Français, dialecte A— hi. 1, 123, 316, 544 
ALFRED LièTARD, Notions de Grammaire Lo-lo, dialecte A—}i . . . . (627 
HeNrr Corbier, La politique coloniale de la France au début du second 
empire (Indo-Chine, 48521858) 0. LU... + 1198, 157 
HENRI CORDIER, L’arrivée des Portugais en Chine. . . . . . . . . 483 
GEORGES MaASPERO, Le royaume de Champa. . . . 53, 236, 291, 451, 589 
PIERRE LEFÈVRE-PoNTALIS, Les Younes du royaume de Lan Na ou de Pape. 177 
E. HAENISCH, Bruchstücke aus der Geschichte Chinas unter der Gegen- 


wärtigen Dynastie . . . SU CR R AO TT 
LÉoOPOLD DE SAUSSURE, Les origines Fe Pa done ne ANS Mot COUII 
Louis VANHÉE, Problèmes Chinois du second degré , , . re Tr 50 


Pauz PELLIOT, Deux titres Bouddhiques portés par des Me nestoriens. 664 
Paur PeLLior, Les kouo-che ou «maîtres du royaume» dans le Bouddhisme 


Chinois . . . ‘ 671 
GREG. ARNAIZ et Max VAN get ne sur les Run te Mueul 
manes de Ts’iuan-tcheou. , . ! À 677 


Dr. Evmunp SImoN, Ein alter Plan de Dion Hannstidte “ demain 
Kônigreiches Chusan D te Le Gr eat ide 


Mélanges. 
Bwtraversile Tibet Oriental: (D BAGOT) =": 15, Maine : .. :1.101,7 909 
MARBES ton ON 12 de NT en, set sept à cons. à 0907 
Renseignements reçus ultérieurement . . . . . .°. . . . . . . 979 
I. Prince K’ing. — II. Opium agreement, — IIL. Chinese Loan. — 

IV. Transfer of the Chinese post office to the Central Government . 568 
Incephonsand Development Etain Cu, un 22: #573 
Chinese; Japanese and Tibetan books . .. . . , 3 : . . . . . . 1736 

Nécrologie. 
PR PACA VINDE Nam ce ele ie à Ve du ct 000 
CHR ODONL HAE Ne Ted De ee, ete dec ssl Co à C2, 0U569 
William George Aston, par Henri Cordier . . . . . . . . . . . "740 
Bulletin critique. 
E. Baelz, Dolmen und alte Konigsgräber in Korea; — Albert Herrmann, 

Die alten Seidenstrassen zwischen China und Syrien; — V. Alexeief, 

O niekotorych glavnych lipach kitaiskich zaklinatelnych izobrajenii 

po narodnym kartinam À amulelam; — Colonel E. Diguet, Etude 

de la langue thô; — A. von Le Coq, Chuastuanift, ein Sündbe- 


kenntnis der Manichüischen Audilores, gefunden in Turfan: — 
P. Hoang, Concordance des chronologies néoméniques chinoise et 
européenne; — Oscar Münsterberg, Leonardo da Vinci und die 
chinesische  Landschaftsmalerei; — R. Tori, Les aborigènes de 
Formose (premier fascicule); — A. Spitsyne, Tatarskiia baïicy (P'ai- 
tseu tartares); — A. D. Roudnef, Materialy po govoram vostotchnoi 
mongolii (Ed. CHAVANNES). — Antoine Cabaton, Les Indes néerlan- 
CASE UHONTINCORDIER) Ne NUM UN . -, . . : .. 88 


SOMMAIRE. 


Joseph Dautremer, La grande Artlère de la Chine — Le Yang tseu; 


(Henri CorDiER). — Berthold Laufer, Der Roman einer Tibetischen 
Künigin; — O. Franke, Ostasialische Neubildungen. (Ed. CHa- 
VANNES). 


Le T'ai chan par Prof. Ed. Chavannes (A. C. MouLe). — Note de M. 


Chavannes: — C. W. Seidenadel, The First Grammar of the 
Language spoken by the Bontoc Igorrot (A. van GENNEP); — William 
Cohn, Die Malerei in der ostasiatischen Kunstabteilung der Berliner 
Museen; — Georg Friedrich Muth, Stilprinzipien der primitiven 
Tierornamentik bei Chinesen und Germanen; — Collection of Chi- 
nese bronze Antiques; — Alexander Csoma de Kürôs, Sanshrit- 
Tibetan-English Vocabulury; — An insc: iption recording the reslo- 
ration of a Mosque at Hangchow in China A.D. 1452; — Torii 
Ryûzo, Rapport sur une exploration de la Mandchourie méridio- 
nale; — F. W. K. Müller, Uigurica Il; — Prof. Alfred Forke, 
Yamen und Presse; — A. I. Ivanov, Str anitsa iz istorij Si-sia. 
(Ed. CHAVANNES) 


Kouo hio ts'ong kan «Recueil < Dares imprimés se rapportant à 


l’érudition nationale»; — W. Perceval Yetts: Notes on the disposal 
of buddhist dead in Chu: — Wilhelm Grube, Religion und Kul- 
tus der Chinesen: — Beauty, a Chinese drama, translated from the 
original by Rev. J. Macgowan; — Dr. L. Wieger, S. J., Taoïisme, 
tome I, Bibliographie générale; — Berthold Laufer, Che grave- 
sculptures of the Han period; — Ernst Boerschmann, Die Baukunst 
und religiose Kultur der Chinesen; — Lionel Giles, An alphabetical 
Index to the Chinese Encyclopedia Ch'in ting ku chin lu shu ch 


Page 


274 


425 


ch'éng (Ed. Chavannes) 


Correspondance. 


Lettre du Dr. Legendre. : 
Lettre de M. Paul Pelliot à M. Gba stne è 


743 


Department of Oriental Printed Books and Mo Bat Me 


Mione ABS. AS: ne ce) 00 
Note de M. Chavannes . 


La date exacte de li on te 1452 fête “a ed te ons 


tcheou . dre 
Lettre du Dr. Legendre. 
Lettre du Dr. A. F. Legendre 
Lettre de M. le Dr. A. F. Legendre à M. Ho Corée 
Note rectificative par M. Ed. Chavannes . 


Bibliographie. 


IE teaux % . 0. LME OENOEMOT 


Publications Périodiques . 


Chronique. 


Chine, Etats-Unis, France, Siam, Indo-Chine 
Index alphabétique . 





TA 


978, 576, 759 
110 


111, 286, 587 
775 


sa. 


De 


ESSAI DE DICTIONNAIRE LO-LO FRANÇAIS 


DIALECTE A—HI 


PAR 


ALFRED LIÉTARD 


de la Société des Missions étrangères de Paris. 





—f— 


AVANT-PROPOS. ° 


Au commencement de 1908, j'avais envoyé à l’Æcole française 
d'Extréme-Orient, de Ha-noi (Tonkin) un petit travail Notions de 
Grammaire lo-lo, dialecte A-hi, qui parut, dans le Bulletin 
de cette école, en 1909 (tome IX, n° 2, avril-juin). Je complète 
cette étude du parler A-hi par un Essai de dictionnaire lo-lo 
français, mais mon intention n’est nullement d’essayer de détrôner 
ce qui a été fait avant moi! Ce serait chose impossible d’ailleurs! 
Mon seul but est de faire connaître le dialecte d'une des tribus lo-lo 
qui peuplent le sud-ouest de la Chine et de livrer ainsi aux savants 
un terme de comparaison de plus! 

Ce dictionnaire a été composé au Yun-nan, lors de mon séjour 
(1898 à 1904) à Lan-gni-tsin HE A ne , Village de la sous-préfecture 
de Lou-lan F4 (Lou-nan-tcheou), où j'avais remplacé le P. Kircher, 
missionnaire, qui, à son départ, m'avait lègué ses cahiers particuliers. 
Enfin mes notes linguistiques ont été revues par un séminariste, 
Pi Kin-sin, aujourd’hui prêtre et missionnaire à A-ki-i, dans l’arron- 
dissement de Mi-lè #ffj #f (Mi-lo-hien). Le P. Pi est lui-même 


un «A-hi». 


AVANT-PROPOS. 


INTRODUCTION. 


Le «Précis de grammaire», précédant généralement tout diction- 


naire, a paru par ailleurs, je ne le reproduirai pas ici. J'aurai soin 


de signaler dans le cours du Dictionnaire ce qui a pu m'échapper 


dans la Grammaire. 


Je dois faire observer cependant que je n’adopterai pas ici le 


genre «d'écriture spéciale de la Grammaire». 


1° — Voyelles. Les voyelles auront la même valeur qu’en français. 


La semi-voyelle W sera partout remplaçée par ou. 
à P plaçee p 


É sera écrit de trois façons, au lieu de deux; à savoir: 


é fermé; è ouvert; ê très-ouvert. 


E pourxa être écrit de deux façons; à savoir: 
e correspondant à e bref, 


A 


eu 2 à e long. 


O peut être bref ou long, dans le dialecte A-hi. Mais dans 
quelques mots il se prononce ou0 très légèrement senti. 
Je signalerai ces mots en écrivant, par ex.: | 


So*, Souo* Vivre. 


29 __ (Consonnes. Les consonnes €, s, des transcriptions scientifiques, 


seront remplaçées par teh, ch, de l'orthographe française. 
ñ — gn français, sera écrit ny. Ex.: 
nyé?: tôt; lisez 2é?, ou gné”. 
nyi: jour; , 22°, ou gm°. 
H devant à, y, 4, ne doit pas être prononçé € — tch français 
(comme on me le fait dire dans la Grammaire n°. 7); 


mais il doit être prononcé $ — ch français. 


3° __ J'ai signalé dans les «Notions de Grammaire n°. 7», quatre 


espèces de mots (voyelles é, 4, 0, eu), où l'émission de la 


voyelle est accompagnée d’un soufile. J'écrivais ces mots avec 


AVANT-PROPOS. 3) 


un 4 final (4, 24). Ici j adopterai une orthographe différente 
pour rendre l'aspiration de ces voyelles. J’écrirai, par ex., 


“OS ou? 


4 — Qu’ on ne me tienne pas rigueur si l’on constate des différences 
de tons et dans la Grammaire et dans le Dictionnaire. Je 
suis convaincu qu'il ne doit pas être commode aux Imprimeurs 


d'éviter les erreurs dans une telle numérotation. 


5° — La grande préoccupation de beaucoup sera sans doute d'essayer 
de trouver la signification de chacun dés mots composant 
certains substantifs, verbes, etc... Je tiens à faire remarquer 
qu'il ne faut pas toujours se fier aux tons. En a-hi, comme 
du reste dans tous les dialectes lo-lo de ma connaissance, 
«le même mot change souvent de ton, en entrant en com- 
position», de même qu’ «une voyelle brève (surtout a et 0) 
peut fort bien devenir longue en composition», Là où je 
suis sûr de la valeur de chacun des mots, j'ai fait à dessein 
de les noter partout au même ton, pour ne pas dérouter les 


Lecteurs. 


Pour faciliter les recherches, je ferai suivre le Dictionnaire Lo-lo 
Français, «d’un petit Lexique Français-Lo-lo», et précéder de «quel- 
ques textes avec mot-à-mot et traduction littérale», pour mieux 
faire saisir le génie particulier du parler A-hi. 

Ce dialecte, n'étant fixé par aucune écriture, je suis cependant 
embarrassé pour le choix de ces textes. 

Pour ce qui concerne le langage journalier, on trouvera dans le 
Dictionnaire de nombreux exemples qui en donneront une idée 
très exacte. 

Pour les sujets plus importants, qu’on se reporte à la traduction 
de la «Parabole de l’enfant prodigue», parue dans le «Bulletin de 
l’École Française d'Extrême-Orient T. IX n°. 3. Juillet-Septembre 1909». 


Je me contenterai de donner ici trois chapitres du Catéchisme 


4 AVANT-PROPOS. 


de Lan-gni-tsin et reproduis ces Leçons comme les enseignait mon 
Maître d’école. 


Je donnerai enfin un spécimen de «Lamentations des femmes 


aux enterrements» (genre poésie). 


‘ 





18 


CHAPITRE I. 
De la Création. 
1. D. Atseu mou mi  gou’. 
Qui ciel terre faire? 
R. Mou* sat-p'ot gou*. 
[du] Ciel seigneur faire. 


2. D. A-seu® fou'-fou® né*-né* gou. 
Qui toutes choses faire? 
R. Mou sa*-p'o* gou*. 
Dieu faire. 


3. D. Mou* sa*-po* a*-mi\ ngeu’. 





Dieu quoi être? 
R. Mou* saï-p'o à-s6% biv-ta?-mo Vi-leu ngeu’; eu’ fou'-fous 
Dieu esprit grand un être; Lui tout 
sa', fou'-fou gou keu' aÿ.? 
savoir, tout faire habile. 
4. D. Mou sa*-p'o* i'-po° beu ben’. 
Dieu corps avoir avoir? 
R. Mou* saï-p'ot, i-sé5 fou’-mo ngeu’, d-pit  a* beu*. 
Dieu, esprit pur être, corps ne-pas avoir. 
1. Qui a créé le ciel et la terre? — C’est Dieu. 
2, Qui a créé toutes choses? — C’est Dieu. 
3. Qu’ est Dieu? — Dieu est un grand esprit qui connait tout, 
qui peut tout faire. | 
4, Dieu a-t-il [un] corps? — Dieu, étant un pur esprit, n'a pas 
de corps. | 





1) Je soulignerai les mots euphoniques. 





AVANT-PROPOS, 5) 
D. D. Mou* sa*-p'o° L'a-leu'-meu*-tchou® dou'-lé?, 
Dieu d’où venir ? 
R. Mou* sa-p'o* eut né, d%-do n° a* Leu’; jou ne 
Dieu commencement et, fin et ne-pas avoir; engendrer et 
jou aŸ ngeu', at-ma°-leu"-mo lchou? nyeu?, 
engendrer ne-pas tre, soi-même étant tre. 
6. D. Mon sa*-p'o* kaÿ-mi jo, mou mit gout. 
Dieu quoi prendre, ciel terre faire ? 
R. Timo né? ja“ 0, keu! ka*-mi' ngo' na'-deut, 
Une-chose même ne-pas prendre, lui quoi vouloir désirer 


kr 1%-ma beu? keu!. 


vite être capable. 
7. D. Téhaÿ-20*, US, Mo%-bos Mou sat-p'o4 16° gou’ ngeu* ngeu. 
Etoiles, soleil, lune Dieu faire être être? 
R. Noeu’, 
Etre. 


8. D. Mou* sa*-p'ot haÿ-zeut a-seul sou  gou’. 
Dieu comment nous hommes faire? 
R. Mou* sa*-p'o* kat-mil ngeu’ at  ngeu’ gou? do 40,1) 
Dieu quoi être ne-pas être faire ayant, 
nina jo’, 204-p'0* geu*-mo* gou*; 1-ho? Vit-leut 
boue prendre, [de] l’homme corps faire; âme une 
JoŸ  keul  geu. 
prendre lui donner. 


D. D'où vient Dieu? — Dieu n’a ni commencement ni fin, il n’a 
pas été engendré, il est par lui-même. 

6. De quoi s’est servi Dieu, pour faire le ciel et la terre? — Ii 
ne s’est servi de rien, car il lui suffit de vouloir une chose 
pour qu'elle existe à l'instant. 

7. Est-ce Dieu qui a créé les étoiles, le soleil, et la lune? Oui. 

8. Comment Dieu nous at-il créés? — Dieu, ayant créé toutes 
“choses, prit de la boue dont il fit le corps de l’homme, à qui 
il donna une âme. 





1) Dof = ablatif absolu. — Ho = signe dun parfait. 


6 
9.-D. 


k: 


10 D. 


12°. 


AVANT-PROPOS. 
Kañ-mi jo%, maf-tchaÿ-mo ou’. 
Quoi prendre, femme faire. 
Ni-na* a“ jo”; 204-p'04 neu\-gou* jo,  ma“- 
Boue ne-pas prendre; [de]l’homme côte prendre, [de] 
tcha-mo®  geu*-mo° gou’; i'-hlo® lit-leu* jo keul geu*. 
femme corps faire; âme une prendre elle donner. 
Kù  ni-tch'é aï-seul ka-mil {s'ou°  ngeu’. 
Ces deux-personnes [de] nous quels personnes être? 


Aseul  ts'eu’-nyé? a-peu a-byél ngé. 

[de] nom [de] l’origine ancêtres être. 
Keu'-hi* k'a-zeu* mé». 

Eux comment se-nommer ? 

Zo-p'o* Aldamé mé, ma‘-tcha-mo° E'-va! A8 mé. 
Homme Adam nommer, femme Eve nommer. 
Ai-da-mé n&, “Eva! né dou'-ho°, Mou* sa-p'o* val-ni ts’ou’ 


Adam et, Eve et outre, Dieu autres hommes 


JOUŸ  no-n0. 
faire a-t-il davantage. 


R. Gou a* no; mi-nyé-l a? ts'ou” fou'-fou’ 
Faire ne pas davantage; [de]toute la terre hommes tous 
keu' nit-ich'é 18 jou  dou'-lé. 
eux deux engendrer venir. 

13. D. A'-da-mé n&, E-va! né, keu*t'i-ha ka-leu! ni. 
Adam et, Eve et, alors où demeurer ? 
R. Mi! geu’-k'eu? n°. 
[de] la terre jardin demeurer. 
9. De quoi s’est-il servi pour faire la femme? — Il ne s’est pas 


servi de boue; il prit (une) côte de l’homme dont il fit le 


corps de la femme, à qui il donna une âme. 


10. Ces deux personnes que sont-elles par rapport à nous? Ce sont 


nos deux ancêtres originels. 


11. Comment s’appellent-ils ? — L'homme s'appelle Adam, la femme Eve. 


12. Outre Adam et ve, Dieu a-t-il créé d’autres hommes? — 


Non, tous les hommes de la terre entière descendent d’eux deux. 


13. En ce temps-là, où Adam et Eve habitaient-ils? — Ils habi- 


taient le jardin terrestre. 





AVANT-PROPOS, 4 


14. D. Mi! geu”-k'eu* ka-mi\ ngeu’. 


de] la terre jardin uoi être? 
J q 


KR. Mil-teu pé”-lé? tchou* ngeu* tehou* L'it-mo? ngeu’, 


Pays très bon à habiter un être. 
15. D. Mou* sa“-p'o* keu'-li* djou* ha*-zeu* byé?. 
Dieu eux à comment dire? 
KR. Mou* sa'-p'o* keu'-h* djon byé: Na'-hit ho*-Ui-l tcha- 
Dieu eux à dire: Vous heureux  ici- 
tchou*-to* ;  sa*-ka! k'0* ngeu’ dzo* de? ; ki dis 


habiter; fruits semblablement être manger pouvoir; cet un- 


ts 63.204 0! dzo* a* di?. 


arbre manger ne-pas pouvoir. 
16. D. Keul-hit Mou* sat-p'o* dou nô'-n0!. 
Eux [de] Dieu paroles écouter-écouter? 
R. Dout a* no! ; nyé\no keu'-hit ha?  byé?: A4 


Paroles ne-pas écouter; diable eux tromper dire: Ne-pas 


ka? nal-hrt fi! satka! p'yé? dzot Lo,  Mou* sa“-n’04 
3 »} 


craindre, vous ce fruit si manger avoir, Dieu 

16 seu'-yé a, 
semblables. 

17. D. Mou sa*-p'ot ha’-zeut keu'-hit o1-ma-tch'ouf, 
Dieu comment eux punir ? 
KR. Mou* sa*-p'o* keu'-hit Leu? 1e bye: Na'-hit keu’t’it-ha 

Dieu eux chasser-dehors dire: Vous alors 
no né? no? 1e keu}, cheu* né cheu a 


malades et malades ne-pas capables, mourir et mourir ne-pas 


14 Qu’ était le jardin terrestre ? 
Un pays délicieux à habiter. 

15. Que leur a dit Dieu? — Dieu leur a dit: Soyez heureux ici; 
vous pouvez manger de tous les fruits; seule cette espèce vous 
est interdite. 

16. Ont-ils obéi à Dieu? — Non; le diable les trompa leur disant : 
Ne craignez pas, car en mangeant de ce fruit, vous serez 
semblables à Dieu. 

17. Comment Dieu les punit-il? — Dieu les vhassa dehors leur 
disant: Jusqu'à présent vous n’étiez sujets ni à la maladie, ni 


180; 


19D: 


R: 


20. D. 


R. 


2 NAMIER 


à 


AVANT-PROPOS. 

keu'; ü-dona'-hitné nal-hit 200! z04-lyél né no? 
capables; après, vous et, [de] vous les descendants et, malades 
ngoua', cheu  ngoua? 
falloir, mourir falloir. 
Kat-mi  kyé  nyé'-no A8 byé?. 

Quoi précisément diable dire ? 


PA RS NO nn 3 
. Nyél-no os Æyé-m0° ngeu’. 


Diable esprit méchant être. 
Mou* sa“-p'ot it-l'ou* sé  beu*  beu*. 
Dieu dessous esprits avoir avoir? 
Mou“ sat-p'o* sé? tcha*ti go ho’, keu! o'-ma°-m0° mo. 
Dieu esprits beaucoup faire avoir, lui servir faire. 
2 
Ka“-mi-do* s6% tcha?, sé yé? À byé* ngo’. 
Pourquoi esprits bons, esprits mauvais dire falloir? 
Ï ; 


"Tito, Mou sa*-p'o* dou“-no' do’, mou“-k'a° tcha?-do® fou* 


Un-cent, Dieu obeir ayant, Ciel bonheur jouir, 

hit, Æ sé 1cha?-mo° Aè° bye; l'a-ho* Mou* sa“-p'o* dou“ 

ceux esprits bons dire; un-cent Dieu paroles 

a* no! do, ngo=mi\ tchou’-mo° hi, kil s6° k’yé?-m0 

ne pas écouter ayant, enfer habiter, ces esprits mauvais 
dè üyé*. 
dire. 


Mou“ sé,  mou“-k’a° tchou*, a*-mi! mo°. 
[du] Ciel esprits, ciel être, quoi faire? 


la mort; mais maintenant vous et vos descendants vous serez 


sujets et à la maladie et à la mort. 


18. Qu'est-ce que le démon? — Le démon est un esprit mauvais. 


19, Sous Dieu, y a-t-il des esprits? — Oui, Dieu a créé de nombreux 


esprits pour qu’ils le servent. 


20. Pourquoi dire qu'il y a des esprits bons et des esprits mau- 


vais? — C’est que les uns, ayant obéi à Dieu, jouissent du 


bonheur du ciel; on les appelle bons esprits (anges); les autres, 


ayant désobéi à Dieu, sont en enfer; on les appelle mauvais 


esprits. 


21. Les bons anges que font-ils au Ciel? 


28. D. 


D; 


AVANT-PROPOS. 9 


Mou* sé, mou“-k'a° lchou*, Mou* sat-p'ot o0'-ma°-mo?, a-seu 

Anges, Ciel être, Dieu servir, nous 
ha mou*-kK'a  dyé* tcho*-ma* ouo!. 

inciter ciel monter route aller. 

Nyé\-n0, ngo-mi! chou’, a*-mi! mo. 

Diable, enfer être, quoi faire? 


Nyé'-n5, ngo-mi tchou’, Mou* sat-p'o% 16 heu, a*-seu1 ha 
Démons, enfer être Dieu haïr, nous inciter 
ngo=mil 26? tcho-ma* ouo!. 

enfer descendre route aller. 


TE 
CHAPITRE IIL. 
Commandements de Dieu. 


Mou* sa-p'o* Yé-sou' mi-nyét tchou li-ha, a*-seu\ djou’ 


Dieu Jésus terre être alors, nous-à 


{ 3 


a-mi mo° ngo' A8 byé?. 


quoi faire falloir dire. 
Mou* sa“-p'o* Uhr chou’ ngo! Aè° byé?, 
[de] Dieu commandements observer falloir dire. 
Mou* sa-p'o* U-hi Ka-no°-leu* ngeu’. 
[de] Dieu préceptes combien être? 
Ts'eu*-leu* ngeu*. 
Dix être. 


Les bons anges au Ciel servent Dieu, et nous incitent à suivre 


la route qui mène au Ciel. 


22. En enfer, que font les démons.? — Les mauvais anges en enfer 


haïssent Dieu et nous incitent à suivre la route qui mène en 


enfer. 


1. Alors que N. $. Jésus était sur la terre, que nous a-t-il com- 
mandé de faire? — Il nous a dit qu’il fallait observer les 
commandements de Dieu. 


2. Combien y a-t-il de commandements de Dieu? — Il y en a dix. 


10 AVANT-PROPOS. 


3. D. Ha ts'eu?-leu* ngeu*. 


Quels dix être ? 
R. Ti.) Mout sat-p'o* go-li  ngô'; 
Un.) Dieu faire-aimer falloir; 


Ni) Dou-dou* Ha°-ka Mou* sa‘-p'o* mé* jo° tou“ 0! tchou* 
Deux.) à tort à travers (de) Dieu (le) nom prendre  jurer 
CNE 


ne pouvoir. 


(2 


Seu5.) Mou* sa#-p'o* nyi-ko*  meu* ©! mo af di. 
Trois.) Dieu jour-arriver travail faire ne pouvoir. 
Li.)  Tiba ilm0° o!'-ma°-moŸ  ngo'. 

Quatre.) Père mère servir falloir. 


Npo*.) "Ts'ou 0! 40 at. 


Cing.) Homme tuer ne pouvoir. 

Tehou?.) Nilisé! hit ‘Oo!  go° a° de. 

Six.) (d’)impureté choses faire ne pouvoir. 
Cheu*.) Dza! 0! mo a dr. 

Sept.) Voleur faire ne pouvoir. 

12.) Dou“-dou*  so3-lé* ©! a? a* di’. 
Huit.) Méchamment autrui tromper ne pouvoir. 
Keu°,) Nil:moŸ so mat O0! deu‘ a d. 
Neuf.) Coeur (d'autrui femme désirer ne pouvoir. 
Ts’eu°.) So dyit Ao-nyé* 0! ngo' a di. 
Dix.) Autrui de biens vouloir ne pouvoir. 





3. Quels sont ces dix? — Un.) Il faut aimer Dieu. — Deux.) Il 
_ ne faut pas se servir en vain du nom de Dieu pour jurer. — 


Trois.) Le Dimanche, il ne faut pas travailler. — Quatre.) Il | 
faut honorer ses parents. — Cinq.) Il ne faut pas tuer le pro- | 
chain. — Six.) Il ne faut pas commettre l’impureté. — Sept.) | 





Il ne faut pas voler. — Huit.) Il ne faut pas tromper autrui. — 
Neuf.) En son coeur il ne faut même pas penser à la femme 
du prochain, — Dix.) Il ne faut pas désirer le bien d'autrui. 


AVANT-PROPOS. 11 


IT. 
CHAPITRE VI. 


Observation du Dimanche. 


1. D. Mou“ sa-p'o* ny ha’ Vi-nyi ngeu’. 


2. 


3. 


R, 


(de) Dieu jour quel un jour être? 
Cheu* ny vit d'il  ngeus. 
Sept jours une fois être. 


D. Kaï-mi'-do* Mou sa*-p'o* nyi Aù° Lyé?, 
Pourquoi Dieu jour dire ? 

R. Mou* sa*-p'o* mou* mit gou ken l'it-ha tchou? nyi ngo!, 

Dieu Ciel terre faire alors six jours vouloir, 

cheu® ny Lit-ny ouot not; Heu’ l'itnyi  Mou* sa*-p'ot 
sept jour un jour travail cesser; ce un jour Dieu 
ny A bye, A-seul né keu! dou‘-sou ngo'; tek'ou? 
iour dire. Nous aussi lui imiter falloir; six 
ny neu* mo’, cheut ny PE ny ouo not  ngô!. 
jours travail faire, sept jour un jour œuvre cesser falloir. 

D. Mou* sa'-p'o* ny 40° at-mil mo  ngo!. 

Dieu jour au que faire falloir? 

KR. Nit-m0°  djo*-djot-20*  Mou* sa*-p'o* 16° deu* ngoua', keu! 
Coeur  avec-amour Dieu penser falloir, lui 
na-vou\ ngoua';  li-ouai Mou* sa*-p'o* dou byé?, Mi°-sa* 
remercier falloir; en-outre (de) Dieu paroles dire, Messe 

no" ngoua, 
entendre falloir. 

Le Dimanche quel jour est-ce? — Il arrive une fois tous les 

sept jours. 

Pourquoi l’appelle-t-on Dimanche? — Dieu pour créer le Ciel 


et la terre a mis six jours; le septième jour, il s’est reposé. — 


C’est ce jour qu’on appelle Dimanche. Nous aussi devons faire 


comme Lui, travailler pendant six jours et nous reposer le septième. 


Le Dimanche que faut-il faire? — Avec affection il faut en 


son coeur penser à Dieu. Le remercier: et de plus prier et 


entendre la Messe. 


12 
4, D. 


R. 


AVANT-PROPOS. 
Mou* saï-p'o* dou byé* a* keu',  Kazeu*  gou. 
Prier ne-pas habiles, comment faire? 

Mou* sa-p'o* dou* byé* a* keu', so°4lé* pyé* Mou* sa*-p'o* 
Prier ne-pas habiles, autrui avec Dieu 
fi-reu*  keu, ni-mo* djv*-djo*-20* Mou“-sa“-p’o* 16° deu’ ; 
devant s'agenouiller, coeur avec-amour Dieu penser; 
na-na Mousa-p'o* dou sou  ngoua’. 
vite prières apprendre falloir. 


Aë-seu! Æa-zeu* Mou* sa*-p'o* 16° deu*  ngo. 
Nous comment Dieu penser falloir. 


Zo“-neu i'-ba* i'-mo° deu* Ko, 1!-ba* 1'-m0°  a*-zeu* 
) 
Fils-filles père mère penser comme, père mère comment 


tcha?, ha%-zeu* keu'-h* ngo-hit go-li, Hi-zeu a‘-seu 
bons, comment eux nous aimer, ainsi nous 


Mou* sa*-p'o*  djo*-djo*-20* deu  ngô". 


Dieu avec-amour penser falloir. 
6. D. Mou* sa*-p'o* ny, Mi-sa* a no! mo,  neu* m0’, 
Dieu jour, Messe ne pas entendre-faire, travailler, 
a*-mi' sou!  beuÿ. 
quel péché avoir? 
R. Cheu*  isou'  beu. 
[De la] mort péché avoir. 
eiC., EtCr 
4. Que doivent faire ceux qui ne savent pas prier? — Ceux qui 


ne savent pas prier, qu'ils s’agenouillent devant Dieu avec les 


autres; qu'en leur cœur, ils pensent à Dieu avec affection; et 


que vite ils apprennent les prières. 


5. Comment devons-nous penser à Dieu? — Comme les enfants 


pensent à leurs parents; combien ces parents sont bons, combien 


ils nous aiment, ainsi avec amour devons-nous penser à Dieu. 


6. Le Dimanche quel péché y a-t-il à ne pas entendre la Messe? — 


Il y à péché mortel. — etc., etc., .... 





d. 


Ce 


ni 


AVANT-PROPOS. LS 


A'-ba* la a!-ba 
Pou cheu Li'-ma? mi! 
NE ichou Mo'-leu* mi! 


A'-bat Jaÿ a!-La 
Po°-po' n° né ho° 


NE ho° iché? a* ti! 


A'-ba* la a!-ba 
Ni ti! no°-ho* nê? 


NS né a* p'ol lé3! 


Tso° né y né 0! a dzot 


NE ichou m-vi* do? ; 


No° dou* a* djo* mo° ; 


IV. 


Spécimen de Lamentations 


\ 


à un enterrement, !) 
Père! père! 

Vieillard mourir Lou-lan pays 

Fille habiter Mi-lé pays! 


Père! père! 
En-vain toi fille nourrir 
Fille nourrir vrai ne-pas rendre ! 


Père! père! 
Deux fois malade-(avoir-été) 


Toi fille ne-pas avertir-venir ! 


Riz et eau et ne-pas manger. 


Fille habiter (de) terre-éloignée 
[endroit ; 


Maladie paroles ne-pas entendre- 


[faire ; 





Cheu°-ho° no-djo* lé?! Mourir-(Ayant) entendre venir! 
vi 


Père, ah! père! 

(Cher) vieillard, tu viens de mourir au pays de Lou-lan, 

(Alors que moi ta) fille j'habite au pays de Mi-lé! 

Père, ah! père! 

C’est bien en vain que tu as élevé ta fille, 

Vu que cette fille nourrie par toi n’a pu à la vérité te rendre 
la pareille! 

Père, ah, Père! 

Deux fois tu as été malade, 

Et ta fille n’a pas été prévenue! 


. Et maintenant tu ne peux plus ni manger ni boire. 


Et ta fille habite au loin, 
Elle n’a rien su de ta maladie, 


Elle n’a connu que ta mort ! 


1) Ce spécimen a déjà paru. — Voir «Annales de la Société des Missions étrangères, 


128, Rue du Bac.-Paris. — n° 32. — Mars-Avril 1903. — Je le reproduis ici pour le 
transerire avec l'orthographe adoptée pour le présent Dictionnaire, 


at 


AVANT-PROPOS. 





. A'-ba* 1aÿ a-ba* Père! père! 
T'ié-mo cho a° ma. Une-chose trouver ne-pas loisir. 
Teh'eu* na' dyé* na'-deu* Marché petit monter désirer 
Tekeu* na dyé a ma’. Marché petit monter pas loisir. 
K'yé ra* dyé? na'-deu’, Village grand monter désirer, 
K'yé ra* dyé a ma’. Village grand monter pas-loisir. 
. NE 4 a-mi! ti Fille porter quoi porter? 
Né tà bou'-tch'é* li. Fille porter pièce d’étoffe porter. 
Né beu* a-mi' beu* Fille porter quoi porter? 
NE beu* po-dea beu*! Fille porter natte porter! 
. A'-ba# 1a° a!-ba* Père! Père! 
A* tcha? né° n° dyi* ngeu’ Pas beaux même, toi de être; 
A\-ba* ni! yi°-po! Père coeur clairement! 
NS dy s0° la* geu* Toi de autrui ne-pas donner. 
So? dyi* n° l’a* ngo'! Autrui de toi ne-pas vouloir! 


. Père, ah, père! 


y 


Je n’ai pas le temps de rien chercher pour toi, 
Je voudrais aller au petit marché! 

Hélas! je n’en ai plus le temps! 

Je voudrais aller au grand village! 


Hélas! je n’en ai plus le temps! 


. Que t’apporte ta fille? 

Ta fille t’apporte une pièce de toile. 
Que t’apporte ta fille? 

Ta fille t’apporte une natte fleurie! 


. Père! ah! Père! 

Que ces objets (apportés par ta fille) ne soient pas beaux, (c’est 
possible), mais ils sont à toi! (Accepte-les donc!) 

Père ton cœur le sait bien! 

Ces objets qui sont tiens ne les donne pas à autrui. (Ils sont de 
ta fille)! 


Par contre n'accepte pas ceux des autres! (A quoi bon?) 


AVANT-PROPOS, 15 


8. A'-ba* La? a\-ba* Père, Père. 


A'-ba* ni yè-po! Père coeur clairement. 


8. Père! ah! Père! 
Ton cœur le soit bien! 


AVERTISSEMENT. 


Je n'ai pas la prétention de reproduire ici le Lolo (dialecte A-hi) 
tel qu'il devrait être parlé, ou plutôt tel qu’il était peut-être parlé 
autrefois. Je le transeris tel que je l'ai appris à Lan-gni-tsin et 
aux environs. 

Je constate que ce dialecte a été influencé par le chinois, non- 
seulement quant aux mots (ce qui est le cas le plus ordinaire); 


mais même, quelque peu, quant à la syntaxe. 


1°. Les mots empruntés au chinois seront d’abord écrits tels que 
les A-hi les prononcent. Au-dessous, je noterai la prononciation chi- 
noise du Yun-nan, (d’après le mode d'orthographe adopté pour le 
«Dictionnaire Chinois-Français> de la langue mandarine ... par les 
Missionnaires du Seu-tch'ouan, méridional. — Hong-kong. — Impri- 
merie de la Société des Missions-Etrangères. 1893), 

Si parfois le mot chinois est suivi d’un point d'interrogation, c’est 
que je doute cependant de l’origine chinoise du mot «a-hi». — Ex.: 

a. F&° (ch. Fen), |, de l’once. 

b. Fou! (ch. Foé?) Particule spécificative, ce qui veut dire que: 
Fê° est sérement le mot chinois Fën déformé; tandis que Fou! n’est 


que «probablement» le mot chinois Fou. 


2°. Par ailleurs, j'écris, par ex.: 

a. Af-B1*, Vêtement, (0. Ka“-BI1“). 

6. Ni'-pof (v. Pimo’). Ce qui veut dire A‘-B1* 0% Ka“-Br#, 
c. a. d. que les deux mots sont indifféremment employés: ou Ni!-p’o* 


voyez également le mot Pi-mo*. 


16 AVANT-PROPOS. 


3°. Enfin, j'écris, par ex.: 
Lr?, Li2-xeu*, Quatre. Ce qui signifie que Li?, à lui seul, signifie 
«quatre», mais qu'il n’est pas employé ordinairement sans une 


particule spécificative. 
1 4 4 Pé-chéu-ngäi, 1% Juin 1910. 


À. L1ÉTARD. 


ESSAT DE DICTIONNAIRE LO-LO FRANÇAIS. 
Dialecte A-HI 


À: 


A% Particule 


banale. (Voyez. 


A'-DÉ* Renard. 4!-dé4 fr fa4-bit, 


Notions de Grammaire, n°. 108). pardessus en peau de renard. 


Go Li geu*-mo* 4°-na! keu? a, 
je n'ai plus rien de sec sur le 
corps. (m. à. Im. moi un corps 
mouiller complètement). 


A* Négation ordinaire. Non, ne 





pas. Keu! 2° a tou a! di? ilne | 


peut pas se passer de vin, Qui 


vin ne-pas boire ne-pas pouvoir). | 


A* byé*, ne pas dire. (v. T'a‘; 
V. K’a-T’A‘). 

A'-BA* Père; beau-père (père du 
mari; second mari de la mère). 
A'-ba* bif-ta*, oncle (frère aîné 
du père). (0. 1‘-BA4; 0. BA“). 

A'-BA-Z0* Enfant; 


A'-ba-20* beu* cha?, être enceinte. 


bambin. 


(enfant avoir (signe du présent). 

A'-BEU* Tubercule (en général); 
bulbe ; 
pomme 


racine. 
de 
0. I'-BEU°; Y. I'-MO°). 
A*-BI* Habit; 
KA‘-BI{). 
A'-BYÉ' Ancêtre féminin. 


A'-beu°  ya?-yu#, 


terre. (0. A!-BOU°; 


vêtement, 


(0. 


(0.24 4-DED*). 
A#DJÈ* Certain, tout de bon, 


sûrement, bonnement; c’est bien 


| vrai; vraiment. A‘-djè feu dou“ 


'at-ki nga*, c'est absolument cela 
(sûrement cette parole une être). 
GoŸ a*-djé keu' djou byé* Lo’, 


oui, je lui ai dit formellement (moi 


sûrement lui à dire (signe du parfait). 





| A-dy h*-tch'eut, 


A#-DJË*-P°0* Homme [de la 
tribu des] A-djè (voisine de Ja 
tribu des A-hi). 

A$-DJT° 
l'avenir; dans la suite; plus tard. 


Avenir, prochain; à 


au prochain 


marché ([de] l’avenir un marché). 


| (0. Af-Dyr°). 


A*-DJI* NYI° Demain. 4*-dyé* 
nyi n0°-he ; a-dji no°-hi°, demain 
A*-dyé* 
|af-djé meu“-ts ®; a%-dj os ; 
4 


matin. nyi  meu*-ls' à ; 


a* no-ls’i? (7), demain soir. 4*-dyé* 
(ay Fou’; A-dji-nyé F'ou?, an 
| , 4 

| prochain. (0. A-DYÉ* Ny1°.) 


3 
# 


18 

A-DJYÉ?2-MO* Bariolé, fleuri, 
tacheté. K'it a!-djyé?-mo*, chien à 
la peau tachetée. Djyé?-tsé, d'une 
belle variété de couleurs. Po? s0' 


[a-DIYÉ#?-M0°] 


at bout a'-djyé?-mo yé, la toile 
mal teinte est bariolée. (0. aA'- 
DYÉ?-MO°.) 

A!-DZEU* Résine de pin. Do*- 
cho a-dzeu* dzou*-p'yé? heu’, la 
cire, la résine se figent vite. 

A'-E!' Glaire. 

A'-GA* Abcès, bouton, gale. 
A'-ga*-mo, dartre, l4-ga*-dou', 
avoir un abcès; avoir la gale 
(abçès sortir). (0. GA). 

A!-GÈ! Patate (rouge). A'-ga', 
patate (plate). 4'-gè' {s0°. mélange 
de riz et de patates cuits ensemble, 
(riz de patates). 

A!-GO0? KEU $e prosterner; 
faire la prostration. (V. GO*-KEU; 
Y. KEU). 

A-GOU! Détour. 4'-gou! échou, 
faire un détour. (v. A'-vE*). 
A'-GOU'! A!-GOU!-Z0* 

strade. 

A'-HEU-DÉ: Fenêtre. 4'-eu-de* 
té'-to?, rideau, (chose pour voiler 
A'-heu-dé ti-nyé 


ts’eu*-p'yé, boucher une fenêtre, 


Balu- 


la fenêtre). 
(fenêtre un-trou boucher (verbe 
auxiliaire). (0. A!'-TSEU-DÉ‘). 

A'-HEU*-M0*-Z0* Müre (fruit). 

A'-HI' Homme [de la tribu des] 
A-hi; indigène Lo-lo. A!-4i'-p'o*, 
un A-hi (A-hi homme). 4!-4i'-mo°, 
une ÀA-hi (A-hi (femme). 


[al-x’vf°] 


ACHE de 
| l’homme. 
A-HI'-HA Auparavant, ancien- 
| nement. 44-41! #’it-myi°, avant-hier. 
A'-HLEU* Tourterelle. A'-4/eu*; 
A'-Aleu* ni, pigeon. 
A'-JA*!Exclamation de douleur. 
(o. A!-74%-Mo°!) 
A!-JO* Droite. (0. 70°). 
A'-K'At-GOU' Creux du genou. 
A'-KA4-ZO-VYÉS Creusé;: sil- 
lonné. 
AI-K'ÈS 


tchou°-10" ; 


Partie sexuelle 


À la maison. 41-463 
Ke? 


présent à la maison, (à maison 


tchou*-to*, être 


être (verbe auxiliaire). (0. A'-K’EU”; 
K'Ë°; HÊ°-K'É°). 

A'-K'EU* Fumée. 4!-f’eu* se?, 
fumée (fumée-vapeur). 


A'-KI° Peau (de chèvre portée 


par les femmes). (o. A!'-Tx1”; 
VAR): 
A'-K'I2-DÈ* Seuil. À!1-45 


go*-dé*, seuil de la porte. Go 
tcha?Ll'i-no keu' vi a'-k-dé* Li 
a* no, il y a très-longtemps que 
je n’ai plus franchi le seuil de 
sa porte, (moi très-longtemps lui-de 
seuil (de porte) aller ne plus). 
(o. A!-T’HI?-DÈ*). 

A'-KO®-KËÈ® Coquille. (0. a!- 
KO*-KEU”). 

A'-K'OU Aiïgremoine; absinthe. 
A'-#6?-lo*, absinthe. (0. A'-K’5*; 
Al-K'OU-NYÉ*). 

A!-K'YÉ® Grande gibecière. (0. 
| ALTHÉ*). 





[A-LAŸ-LI-M'*] 


A'-LAS-LI-M'# Ane. (0. Al-ra?- 
LI-MO*). 


ALLÈSLE-YÉ® Cerclé. A'-/0?. 


zo*, boule. 


A! LEU-M' Cheval. 4'-leu-m'3 | 


deé* 
monter à cheval; aller à cheval. 


Q A à - hf 
; al-leu-m'4 m°-dzé3; mo dé", 


(o. A!-LOU-M’*; Moi). 

A‘-LEU-SÉ*’ Un moment! At- 
tends. (?) 

A'-LO* Lièvre. (v. TI'-HLO?). 

A'-LO* Daim. 41-70 Uit-neu!, 
daim musqué (daim-sentir). 4'-/o* 
&*, chasser le daim. A!l-/0° jo, 
prendre le daim. (0. A!-LOU*; TCH'EU”- 
Z0*). 

A'-LO' Marmite en sable. 

A'-LYÉ-MO* Belle-mère (mère 
de la femme). (o. A'-LYÉ-MoU*). 

A-MA°! 
prise. 

A'-MA* Public, commun. 4!- 
commune (du 


Exclamation de sur- 


ma°-hé*, maison 
public maison). 

A-MA* Personnel, soi-même, 
l’un l’autre, chacun. A'-ma?.teu ; 
a-ma leu’-leu*; a-ma* teu’-m0*, 
soi-même ; personnellement. A*- 


ma dy, a'-ma* byé*, que chacun 





9e 
| HR : 


par le pour soi (soi-même de, 


soimême dire). A'-ma*-ma* gou*- 


[A!-NEU*] 19 


lyé'-c0', jeune fille (adolescente). 
A'-mé* ra-m0*, fille aînée. (0. a!- 
MÉË°; v. NEU). 

A'-MEU" Frère aîné. (v. A!-Mou*). 

A'-MI Belle-sœur. (femme d’un 
frère plus âgé). (v. Mi). 

A'-MI' Quoi? quel? que? À*- 
mi ngeu’, qu'est-ce? Ne a-mi! 
ngo', que veux-tu? (0. KA*-MI!). 

A'-MI'-DO* Pourquoi? (0. Kaï- 
MI!'-DO!). 

A'-MI-MO*! 
surprise. (0. A4-MO°!) 

A'-MO* Mère. (0. 1!-Mo*; Mo?). 

A'-MOi Caille. 

A'-MO°-LI' Belle-sœur, (femme 
d'un frère cadet). 

A'-MOU: 


ni-kyé*, frères (aînés et cadets); 


de 


Exclamation 


Frère aîné. A!'-mou 


a'-mou* neu'-mo*, frères et sœurs; 


a'-mou* bi*-ta*, premier frère aîné; 
a'-mou* li, second frère aîné; a!- 
mou tcho', troisième frère aîné; 
a'-mou* dja, quatrième frère aîné; 
a'-mou* na, dernier des frères aînés. 
(o. A!-MEU‘). 

A'-NA? Enfant, (terme servant 
à interpeller les enfants) (o. A!- 
v. Al-NÈ-Z0!). 
A'-NÈ-ZO* Enfant, 


(rarement 


| employé). (v. A!-BA-Z04; A!-NA?), 


. : a 
la, fait personnellement, par soi- | 
A'-NOI-Z0-YÉ®), 


même. A'-ma* neu'-mo*, devoir; 
obligation propre. A*-"4° neu-m0° 
gou*, remplir son devoir. 


AI-MÉ:-ZO' Fille. 


A'-méê%-20* 


AI-NEU'-ZO'.YÉ® Tendre. (+. 


A'-NEU* Lait. A'-neu* pr!, sein; 


mamelle; a!l-neu* tou’, boire du 


| lait; a!-neu* icheu', prendre (sucer) 


mo”, vierge (fille faire). A!-mé?- | le sein. 


20 


[A!-n1!] 


A!'-NI' Buflle. (o. A!-Ny1!). 

A'-NGA Nénuphar. A'-nga teu, 
racines de nénuphar réduites en 
poudre; 72° nga vi!, fleur de nénu- 
phar. (eau-nénuphar fleur). 

A#-NGÉ3-DO* Vice, défaut. 4*- 


ma? a#-ngé*-do* té'-djé* keu', habile | 


à cacher ses propres défauts. 
A'-NGO* 


écaille de poisson; #g0* Lo”-lyé?, 


Poisson. ÂWgo* sa, 


nageoire de poisson; »0* deu’, 


arêtes (épines) de poisson; a'-#g0* 


j0°, attraper (prendre) des poissons. | 


(o. NO; NG0“-Z0*). 

AI-NGO2Z0* Bas (peu élevé). 
O'-}0 a'-ngo?-20* gou’, baïsser la 
tète. y 

AI-NO'-ZO#-YÉ® Tendre, pliant, 
souple. A'-n0!-20* a* yé*, pas tendre, 
dur. (0. A!-NEU!-Z0*-YÉ”*). 


AI-NOU' Singe. Nou' Æou’, an- 


née du singe. (0. A!-N5!'; NG!). 


Af-NOU' Haricot, pois, fève. | 


At-nou' mou*-ho°-ba*, pois; a*-nou'- 


mo; a*-nou' qa-l°; a*-nou ga-li*- 
mo®, fève; a*-nou' mo°-l'o*, haricot 
(espèce servant à nourrir les che- 
vaux, ou à fabriquer le fromage); 


a*-nou' ni-pé', haricot rouge (des 


quatre saisons); a‘-nou' lou-20*, 
haricot rond très-petit; a*"ou! 
da*-zo*, haricot-lentille;  4“-nou! 


djeu*, fromage de haricot; a*-nou’ | 


té-cha, les haricots montent. (4“- 


NGl: ANOUO!; NOU!). 


A'-NYE* Noir. Al-nyé'-mo°; a'-| 


nyé#-mo-yé*, noir. (0. NYÉ*). 


[A-8É] 


AI-NYÉ: LO'-LO! Cris des en- 
fants (appelant au jeu). 

A'-NYI' Buflle. Alnyi écho", 
char à buffle. (o. A!-N1!). 

A'!-NYI DYÉ2GEU* Escalier. 

A'-PA TCHEU!-MO* Boîteux 
(qui va saut par saut). 

A'-P’A* Piège à oiseaux. 

A1-P’A* Couleur d’un bleu-clair. 
bleu ; 


17e 3 23 1 
A'-p'a°-mo°-yé ”, bleu-clair. 


| (o. A!-P’AŸ-Mo*; P’A). 


A'!-PI Fougère. 

A!-P’I+ Grand-mère ; aïeule. 4'- 
p'it-m'#; al-p'it-mou*; vieille femme 
(titre donné par respect à toute 
femme quelque peu âgée). 

A1-PO' Grenouille. 

A!-PO-Z0* Corbeille. 

A!-POU Grand-père. Aïeul. An- 
cêtres masculius; a!-pou a'-byé!, 
(nos) ancêtres; su*-2a!-na° keu' pou, 
le grand-père de Suzanne; a)-peu- 
ml; a)-peu-mou*; vieillard. (titre 
donné par respect à tout homme 
âgé). (0. Al-PEU; POU; PEU). 

A'-P'OU* 


mou*-#6?, courge-calabasse. (0. A'- 


Courge. A!'-p'ou* 
P'EU*). 

A'-P'YÉ: Superstitions. A'-p'yét 
pi, faire des superstitions. (v. NI'- 
OU? NI!-VÉ?). 

A'-RA* Oncle (frère aîné du 


père). 





A-SE Sans bruit, en cachette; 
à voix basse. Atsé; af-sé tcho”, 
chut! taisez-vous! A%sézot bye, 


| parler à voix basse; parlez plus 


[A‘-sEu 1] 


bas. 
très-bas. 

ASEU'! Nous. 4#-seu! dyi*, de 
nous, nôtre, la nôtre. — MN. B. 


« A*-seu'» sert à désigner la com- 


munauté des personnes; nous, 


c'est-à-dire tout le monde. «Go°-| 
hi» ne désigne généralement que | 


ceux qui parlent. « Go°-ki*» cepen- | 


dant, en A-hi, est souvent employé 
dans le sens de « A-seu! ». 


Af-SEU* Qui? lequel? 4“-seu° | 


,4 


dy”, 


a*-seu* vi’, de qui? à qui? 


A-seu° ngeu*; a*-sen”-leu* ngeu?, qui 


est-ce? (0. A-SEU*-LEU*; KA-SEU*. 


A'-TCHO-P'04 
(pour mariage). (0. A'-TCHOU-P’0*). 


Entremetteur 


AZTI Éternuer. (v. nol-pov*. | 


MO*). 

A°-T'O? (Ch. Po tông PIN FE ) 
Absurde. 

AI-T’0° A8 05-mo a 
ngeu* ; al-Lo%-m0° a* yé*, pas blanc. 
Yé* Vo a'-{'9%-m0*, blanc d'œuf 


(de poule). 


Blanc. 


N.B. — Pour ces adjectifs à 
forme spéciale au dialecte A-hi, 
voyez Notions de grammaire, n°5 
33, 94, 35, 36. (o. A!'-r'o-mo: 
AÏ-T'OŸ-MOŸ-YÉ?; v. T'o°). 

AI-TS’A-DZ0* Cancer. 


A'-TSEU' Petit. Nét-nétal-tseu!, | 


bagatelle; a'-{seu-20*, enfant (o. 
Al-TSEUl-Z0*; Al-TSEUl-YÉ*). 


AI-TSEU* Aubergine. 


A!'-TSEU-DÉ Fenêtre. (v. 4!-| 


HEU-DÉ*). 


AŸ-sé a*-sé-20* byé*, parler | 








[BA?] 21 
A'-TS’0* Oignon. 
A'-VE? Rond, circuit, A!-vè? 


chou", rond, circulaire. A!'-vè? #'it. 
tchou', un rond, un circuit. 4!- 
vè* lchou-leu*, alentour, autour. 
A'-vè* tchou'-lou*, alentour, autour. 
A'-vè*-1chou' dou*. paroles captieu- 
ses, cérémonieuses. (0. A'-VÈ’-vÉ”- 
YÉŸ; Al-VÈ*-MO°-yÉ®; y. A!-Gou') 
A'-VI? Sœur aînée. Belle-sœur. 
(sœur du mari). A'-w5? p'o*-mo*, 
sœur et frère. A!-w2° seu*reu*, beau- 


frère. (mari de la sœur aînée). 


| A'-v® cheu'-icha-p'o*, beau-frère. 


Gr) 


(mari de la sœur aînée). A4!-vi° 
bit-ta?-mo*, belle-sœur (sœur du 
mari). (0: VI"). 

A'-VOU'-MOU* Beau-père. 4'- 
vou' a'-lyé-mou*, beaux-parents. 

AI-ZË'-MO3-YÉ? Bègue. Dou* 
byé* a'-26°, bégayer. (v. K'1°-TSEU”- 
MO0*). 

B. 

BA Bifurquer. Zcho*-ma* ba, 
bifurcation de route. Vi°-m0° ba, 
bras de rivière, de fleuve. F2°-m0° 
seu” bä, fleuve qui se divise en 
trois branches. 

BA' Tirer du fusil. Ba! 163-163, 
as-tu atteint (l'oiseau) en tirant? 
Ba' po'-po', as-tu tué (l'oiseau) 
en tirant? (0. M’“-Ba!). 

BA” Particule spécificative des 
corps de vent. Mout-hleu* t’i‘-ba?, 


un coup de vent. 


22 [B4°] 


BA* Avoir. (vV. BEU’; O0. BOU‘). 

BA* Lutter. Ba* Lo“, être vain- 
queur à la lutte. Ba‘ a“ Lo“, être 
vaincu à la lutte. 

BA“ Père. Su“-za'-na° keu! ba, | 
le père de Suzanne. (Suzanne (d’) 
elle (le) père). (v. A'-Ba*; 1!-BAf). 

BA* S'amuser. Ba* gou, aimer 
à s'amuser. 

BÈ*-DÉ?-MO* Nid. (v. K’r°). 

BE*-LE®-Z0* Barbe d’un épi; 
frange. Be*-le°-lè°-yé*, poilu, frangé. | 

BEU' Nœud. Seu* beu', nœud 
dans l’arbre. (0. BOU'; v. PÊ*-BEU!). 

BEU' Foyer. Y2°-40° beu!, foyer 
de la pipe. (o. Bou'). 

BEU* Riche. Beu° to°-lé?, s’en- 
richir; devenir riche. (0. BOU”). 

BEU* Rassasié; à satiété. Dzo* 


beu*, assouvir la faim; manger à 


satiété. N° dzo* beu* beu”, es-tu 
(toi 
rassasié). Go° dzeu* beu* ho”, j'ai 


rassasié ? manger rassasié- 

mangé à satiété. (0. Bou). 
BEU” Avoir. Beu° beu”, y a-t-il? 

Peu’; Beu’ a°, il y a: 4% Beu°5 a? 


beu* a°, il n'y a pas. 4* deu” af myi, 


il n’y en a plus. Peu” beu” sé*, y en 


a-t-il encore? Beu* sé°; Beu? a° sé?, 
il y en a encore. (0. BA*; Bou”). | 
BEU* Table 
Cho-beu*, autel domestique des 
paiens, (table (à brüler) l’encens). | 
BEU“* Porter (à dos). K’i* beut, | 





servant d’autel. | 


porter du fumier. (0. Bou“). 
BEU*-KO*-M0* Bossu. (0. Bou<- 
KOŸ-M0°). 





[0°] 


BEU*-LÉË® Fin, finement. Beu- 
lE% beu-lé* ko cha; Mou“-ho° 
beuY-lé* beulé* ko? cha’, pluie 
très-fine; il tombe du cerachin. 
(o. BÊ°-LÉ*). 

BEU'-Z0* Idole; poussah. (0. 
BOU!-Z0*). 

BEU+Z0* Ver, insecte. (0. BOU<- 
Z0*). 

BI Bouleverser; disperser, se 
dissiper. 

BI NEU'! $Sentir, flairer ; odeur. 
Ne bi%-neu! neu', sens-tu ? Go? bit 
a* neu\; go° bi neu! a* keu!, je 
ne sens pas. Mou’-1s'et bi-neu!, 
sentir la drogue. 7ch'eu* bi‘-neu!, 
puer, sentir mouvais. //ya'bi*-neu!, 
parfumer; sentir bon. (0. BI‘-NÉ'). 

BISTA? Grand. Bi-“a?-ta? ; 
bi-ta®-ta?-yé, très-grand. (0. BI‘- 
TA?-MO°; BI+-TA?-MO*-YÉ”). 

BO' Retentir, s'entendre. Xeu! 


3 


1'-Fé bo! mi-vi a°, sa voix s’en- 


tend au loin. 


BO* Sabot (d'animal). 

BO* Luire, éclairer. (v. B0°-11* ; 
DOU*). 

BO* Particule spécificative des 
tas. Amas, tas ; amonceler, entasser. 
T'if-bo un tas. Ai! bo?, mettre 
de l'herbe en tas. 7’2*-40° #'2#-L0%-204, 


_s’attrouper. eu! 4’i4-bo* djo*, lance- 


lui une bordée d’injures. (0. Boc° 
Y. TCH'A). 

BO* Plaine. Mi'-sa° bo*, plaine 
salblonneuse. (v. D1°-Kou!). 

B0* Cabane, baraque. Mo“ bo*- 


[B0*] 

hé; M'# bo?-ké*, écurie. Ni“ bo?- 
hé3, étable. É! bo, cage à oiseaux. 
Hé3-Lo%-20*, appentis. (0. BO°-HÊ*; 
HË*-B0°). 

BO* Côté. Æ’1°-n0° bo*, empeigne. 
(v.: VAŸ-B0“.) 

BO* Faire écouler; s’écouler. 
Ya bo, faire écouler l’eau. 

BO* Mince, léger, rare, peu 
épais. (0. HO*-B0*). 

BO*#-KO! Joue; soufllet (gifle). 
(o. BOŸ-REU*). 

BOS-LI* (ch. Po? SR FH). 


Miroir, verre. Bo'-li* Fa-pa’, 
bouteille. 
BO®-LI* Briller, luire; clair, 


luisant, resplendissant. Bo°-/5*-li* ; 
bo°-Ui#li-ye ; boŸ-li-mo*-yé* ; bo*- 
leu*-mo-yé*; bo*-lè*-lèf-yé, clair, 
luisant. (v. B0°). 

BO*-MO* Maître, propriétaire 
de Ia rente. (v. mi! saf-p’o*). 

BO*-REU* Joue; gifle. Go° n1° 
bo*-reu* dja*, je te donne une g'ifle. 
(o. BO*-KO!). 

BO#-TA'-ZU-YÉ* Mince. 

BO>TYÉ Plante (des pieds). 
K°2° bo?-tyé, plante du pied. | 

BOU* Riche, Bou*-p'o*, richard. 
richarde. 





Bou°-m0*, Ts’ou* bou”, 
riche; richard. 7s’ow° bou” li, les 
Ts’ou ; 


ny, ne pas distinguer entre riche 


riches. bou? ts'ou* chô! a 


et pauvre. (0. BEU‘). 
BOU*? Talus. 
BOU* Accoucher. (0. KEU?). | 
BOU* Avoir. (0. BA; BEU‘). | 


[Bou!-20*) 23 


BOU* Soie. Bou’-tch'é*, fil de 
soie. 

BOU'-DÉ* Toit. HE? bou'-dé#, 
toit de maison. 16° bou'-dé* k'a° 


dyé*, monter sur le toit. (0. Bou*- 


DEU“), 
BOU*-DJI*-MO* Cigale. (0. Bou*- 
DYI*-M0”). 
BOU*-HLEU* Papillon. (0. Bou“- 
HLEU*-Z0*; BEU‘-HLEU”). 
BOU*-KO*-M0* Bossu. (0. BEU*- 
KO*-MO0*; v. BEU*) 
BOU'-LEU ? Bou'-leu 
nyé”-lo*, les sept trous du corps 


cheu* 


humains. 

BOU*-NA!' Blatte, cancrelas. (0. 
BEU*-NA'). 

BOU*-PT Chenille (ordinaire). 
Bou* pa-teu?, chenille à sauts. 
Bou* t’éu-leu, chenille dont le con- 
tact est très-douloureux. (0. BEU*- 
PI). 

BOU'-TCH'É* Pièce de toile 
(qu’on place sur la poitrine du 
défunt dans le cercueil). 

BOU*-TCH'EU* 
nade. Bou*-tch'eu* yi°, eau sucr 

BOU?2-TÉ#-MOS-YÉ® Moisi. 

BOU*-T’0*-MO* Ver blanc. (o. 


Sucre, Casso 
é 


e. 


| BEU‘-T/0*). 


BOU*-TS'É* Moustique. Beu*- 


is'é* teu'-lo*, moustiquaire. (o. 


BEU*-TS'É*). 
BOU!-TS'È? Cymbale. 
BOU?-TSEU! Jarre; cruche. 
BOU'-Z0* Idole. Bou'-20* hé ; 
Aë?, Bou'-20* la, 


bou’ pagode. 


24 [B0u*-70] 


sacrifier aux idoles. Bou'-20* ts0° 
hi, sacrifier aux idoles. (idoles riz 
sacrifier). (0. BEU!-Z0*). 

BOU*-Z0* Bouton; globule. (v. 
0!-BOU*). 

BOU*-Z0* Ver; insecte. (0. BEU“- 
Z0*). 

BYÉ® Dire, parler. Dou* byé?, 
parler (paroles dire). Byé*-mou ; 
byé*-meu, avertir, enseigner, an- 
noncer. Byé*lo'; byé-mi, dire 
clairement les choses. Byé*-n0-m, 
déclarer. Byé*-lo'; byé*-p'o', ex- 
pliquer, avertir. Byé* ts'o* cha’, 
mal parler. Byé* icha? cha”, c’est 
dit élégamment. Byé* keu' cha”, 
c’est bien tourné. Byé* nga*, ce 
qu'il dit est bien cela. Byé* a* 
do*, balbutier; il ne faut pas dire; 
ce n’est pas la peine de dire. 
K'a-zeu* byé” a* do?, ce n’est pas 
la peine de parler ainsi. X'a-zeu* 
byé” a* di, il ne faut pas parler 
ainsi. Byé* do° a° keu”, ne pouvoir 
pas encore tout dire. Byé* eu’ 
a* di”, ne pas finir de dire. Go° 
keu' djou* n° seu kil byé* hoa’, 
je lui ai dit ses vérités; je lui 
ai fait mes recommandations. 

BYÉ'-TÈ! 


cuisine; coupe-légume, (0. BYÈ° ml!) 


Grand couteau de 


Ch. 
N.B. Ch, français; équivalant 


ici à «s» des transcriptions scien- 
tifiques. 
CHA! Déchirer, abîimer, user. 








[cHA*] 
Ka*-bi* we cha'-hoa°, l'habit est 
usé (à force d’être porté). (Habit 
vêtir user (signe du parfait). 

CHA! (Oh. C£é Hÿ) Serpent. 
Cha' k'ou°, année du serpent. (v. 
HA!-MO*). 

CHA! Or, jaune. Cha!'-do“-mo?, 
de couleur jaune; blême. CAa!- 
geu*-mo*, couleur jaune (tirant sur 
rouge). T'ou-nyé cha'-do*-mo°-yé*, 
figure blème. 

CHA! 
Mo' cha”, facile à faire, (v. 80°). 


Bon 4 42. tfacle ta 

CHA* Chanter, crier, appeler, 
(chant ou cri de certaines bêtes). 
Yé*-p'ou’ cha l’o*, au chant du coq. 

CHA* Particule employée avec 
les verbes et les adjectifs pour 
marquer «l’action présente», «l’état 
d’être actuel»: «être en train de». 
Souvent est purement euphonique. 
(Voyez Notions de Grammaire 
nos 84—85) Go ts0° dzo* cha, 
je mange; je suis en train de 
Teha?-cha’, 


bon; qui est bon. 7c40°-ma* ouo' 


manger. bon; c’est 


cha”, faire route ; être déjà en route. 

CHA“ (Ch. Chang 5). Blesser, 
nuire, tromper. Cha* té”, attraper 
des coups, être blessé, tromper. 
No-cho? 1 À 


boire tant soit peu ne nuit pas, 


tou a cha le, en 
(beaucoup-peu un-peu boire ne-pas 
nuire-venir). A2! nou-ts'e* 1s’ou° 
lé chat a* di?, ce remède ne peut 
nuire. Zs'ou° cha*-té*; ts'ou* da“- 


cha, blesser quelqu'un. 





[CHA*-DZE*] 


CHA#-DZE* (Ch. Chd-tsè JE 
+ ). Balcon d’en bàs (devant la 
maison principale). 

CHA#-LA#MO* À voix basse. 
Cha*-la*-mo* byé* ; dou* cha*-la*- 


 byé*, parler à voix basse. 


mo 
(v. Af-sÉË). 

CHA-MA? Besace. (v. TA?-LA?). 

CHE: (Ch. CA 48 ). Donner 
de bon cœur ; abandonner. CAè* di?, 
donner de bon cœur. Chè* a* di?, 
ne pas donner de bon cœur, (imi- 
tation du chinois «chè té» 4 f: 
«chè pou té» +8 # +). Go° ni? 
chè* a* di?, je ne puis me séparer 
de toi. 

CHEU Saisir, tordre, tourner; 
de travers. No-pa' cheu, pincer 
l'oreille. (v. HÊ*). 

CHEU Diminuer, baisser, A7! 
Æou? ts0°-sa* dja? cheu hoa*, cette 
année la récolte du riz a été en 
baisse, (cette année riz battre dimi- 
nuer (signe du parfait). (v. SEU'). 

CHEU' (Ch. Chën ff ). Mesure. 
(ho du boisseau). Zso*-bil dif. 
cheu', un «chen» de riz. 

CHEU* Mourir, éteindre. Ckeu*- 
mo”, mort, morte. Zs’ou° cheu*-mo* ; 
cheu* mo°;  cheu*-meu*, cadavre. 
Ts'ou* cheu’-mo* ts'eu*, laver le 
cadavre. 7s’ou° cheu*-m0° ngo°-té?, 
exposer le cadavre. Meu!-chen”, 
éteindre (en souflant). 

CHEU* (Ch. Chèn/ #&). Juger, 
approfondir, deviner. Xeu! dou*-t’é? 
Va n0!', kyé* keu' ni'-mo cheu* 








[CHO] 29 
té lé* di a”, en l’entendant parler, 
il est facile de deviner le fond 
de son cœur. 

CHEU* Sept. Cheu* Lo°, sept 
cents. (CHEU*-LEU*). 

CHEU'-FOU Bonheur, chance. 
Cheu'-fou  tcha?; cheu-fou' kof, 
avoir de la chance, Cheu'-fou a* 
tcha®; cheu'-fou a* k'0o*; cheu'-fou 
tch'eu*, n'avoir pas de chance. 
(0. CHEU'-FEU). 

CHEU-DZEU*-KYA! (Ch. CAë- 
sé-kié + 7 ZE). Croix. Mou’ 
sat-p'o* Yé?-sou'  Cheu-dzeu*-kya' 
£'a° cheu* ho°, N. $. Jésus est mort 
sur la Croix. (0. KOU!-LYÈ?-HLÈ). 

CHEU?-HOUI' (Ch. CAé-Aoni 
1 7R) Chaux. (0. Lou'-mov”). 

CHEU*-SO*Ressusciter, revivre. 
(o. 40°-80*; v. 80°). 

CHEU'!-TCHA-P'0{ 
mari. (0. CHOU'-TCHA-P'0*; v. MA‘- 


Epoux ; 


Jou'). 

CHEU'-TCHEU*-P'O04 Lettré; 
maître d'école, (v. S0-Mou-P’0#). 

CHEU*-TCHEU:-TI° 
(v. DO*-SOU”*). 

CHOC Chercher: acquérir. Cho 


trouver, 


Imiter. 


no; cho ro, (arriver à 


chercher). Co a* no; cho a* ro, 
ne pas trouver. Do*-cho, trouver 
Ki! 


(aboutir-chercher). va”-lyé” 


yÜ-mo* cho a* di, à ce commerce 


il n’y à rien à gaguer, il ne reste 
pas de bénéfice. 

CHO Adopter. Cho! 20% mo, 
adopter pour fils. 


26 [cH0] 


CHO Pauvre. Zs’ou* chô'-mo*, 
pauvre, homme pauvre. (0. CHO'- 
MO0°; CHOU!). 

CHO Encens, résine. C4o d’it-Lo”, 
un bâton d’encens. C4o 16!, brûler 
de l’encens. Cho t6'-t0°, bâtonnet 
Cho tch’o!, 
(baton d’) encens. Cho-beu*, autel 


à encens. fixer un 
domestique. 

CHO! Ail. Cko!-p'ou°, tète, bulle 
d'ail. Cho! t’it-p'ou?, une tête d'ail. 
(o. cHOU!). 

CHO' 

CHO* 


devoir (argent). Go* keu' yi*-mo° 


Sarcler. 


Dette; avoir à payer; 


ts’eu°-lou* cho, je lui dois dix 
ligatures. 

CHO? Peu, moins; manquer; 
se passer. Cho? cha*; cho® di, 
c'est peu; il en manque. Cho*-cho?, 
très-peu. Cho? cha’ di’, très-peu. 
Cho?-cho?-20*-/n*, 


peu; à peine 


suffisant. 7°* cho? un peu, un peu 


moins, très-peu. 2° #1° 4° cho°-cho° 


tou* ngoa', il te faut boire un peu 
moins de vin. Cho a* di”, il ne 
faut pas qu’il en manque rien. 
Ne dy yi-mo° cho? a* di?, je te 
donnerai exactement tout ce qui 
te revient en fait de sapèques. 
Tai-leu-20* cho? né a* di,"je 
n’en rabats pas d’une seule (en 
fait de sapèques). Gou-lou' mo° 
ni'-hit 


l’agriculture, on ne peut se passer 


cho® a* di, pour faire 


de fumier. 
CHO* Avorter. Nou°-ts' e* tou? 


[pa°] 


a'-ba-20* cho* mo, se faire avorter: 
Cho*-mo? nou’-ts’e, abortif. 
CHO-DY[I°-PO' Faire la causette. 
CHOU Sapin, Chou-seu*, (arbre) 
sapin. Chou a'-dreu*. aiguilles de 
pin. Chou mo°, graines de pin. 
CHOU! Ëtre triste; compatir. 
Go? ni-chou', je suis triste, (moi 
cœur-triste). (v. CHOU'-MÈË*). 
CHOU' (Ch. Cou ii ) Perdre 


au jeu. Ÿi*-m0° l’it-lou* chou! 0° 


a, (il) a perdu une ligature. 
Chou! fou'-fou-20"-yé*, perdre ab- 
solument tout. 
CHOU* (Ch. Chèou SF) Obser- 
ver, accomplir. 
CHOU* Entortiller, 


Kyé-ts’eu* chou”, 


enrouler. 
ramasser une 
corde en rouleau. 

CHOU:-K[' Passoir (pour égout- 
ter le riz). (0. CHOU*-THI!). 

CHOU'-MÊË* Compatir; bien à 
plaindre; être triste; être inquiet. 
Ve? ma*-1ché?-mo* ngeu”, yé* ts’ou° 
cho'-m0* ngeu*, pé?-lé?-s0* chou'- 
mé? hit a'-p'it-m* ti-tch'é nqeu’, 
et elle est veuve, et elle est sans 
ressource: vraiment bien à plaindre 
cette pauvre vieille, Ai chou'- 
mé%-mé*, Es-tu triste? Chou! a* 
mé; Ni a* chou', je ne suis 
pas triste. (0. CHG'-MÈ’; CHOU'; 
ni!-cHou'; NI'-CHO!). 


D: 


DA® Tard. Ni 2#-nyi dou'-lé? 


da*, tu viens bien tard aujourd’hui. 








[pa] 


Nyé*-da*, tôt ou tard. Ni° dou'-lé” | 


pé3-lé? da”, tu arrives très-tard. Da° 
do° a*, c’est tard, c’est trop tard. 

DA* Battre, frapper, détruire, 
inciser, couper. Verbe auxiliaire. 
Da*-tcho';  Da-tchu, battre. 
Da“-té*, être frappé; recevoir des 


se 


coups. Zs0°-bil-sa* da‘, battre le 
riz (au fléau). 6% da*, détruire 
une maison. Ja?-yi da*, inciser 
l’opium. Da“-pé'; da*-té\, fermer 
(porte). Da-p'i*, 
détruire. Da*-po', renverser, assom- 


casser, briser, 


mer, tuer en frappant. Da*-mo',) 


bâton. F2*-da*, se baigner. (battre 
l’eau). Go a* dou'-lé* byé*, keu'- 
va nit-tché* byé*-da* a ts’eu”, si 
je ne m'en étais pas mêlé, à eux 
pu 
tomber d'accord. (moi ne-pas venir 


deux ils n'auraient jamais 


dire, eux deux-personnes dire-battre 


ne-pas pouvoir). Da‘-til, clouer.. 


(mauvaise imitation du chinois 


1à tin? FT ET). 


DA*-MO' Bâton, verge. Da*- 


mo\ a'-ba*-ngo'-20*, béquille (?) Ni 


da*-mo' jo keu' da, prends un 
bâton et frappe-le. 
DA‘-PË! Fermer. (v. PË!). 
DA*-P’I# Briser. (v. P’1*). 
DA“-PO' Tuer, renverser, assom- 
mer. (v. PO!). 
DA“-TCHA* Arêne, aire. 
DA#-TÉ' Fermer. (v. rô!). 
DA#-TI' (Ch. Tè-tin ŸT &T) 
Clouer. Heu-dzeu* du-ti', clouer 
(un) clou. 


| 


| 5e mois. 





[nè?] 27 


DA*-VE* Hôte, convive, visiteur. 


DE Transgresser. 7sou'-ko dé; 


isou'-ko mo”, pécher. Ni ka-mi! 
| 


isou' dé té”, quel pêché as-tu 
commis? (v. HLÉ!) 

DÉ' Délier. K'i-n0o kyé dé! 
hoa®, les cordons des souliers se 
sont dénoués. 

DÉ' Eau peu profonde; étroit. 
Nyé”-dé", profondeur (profond, peu- 


profond). V2 dé pi-20*, flaque 


d'eau peu profonde. Y%-m0° dé”, 
y &', quand la rivière est res- 
serrée, le courant est rapide. Æ6° 
dé', maison étroite. 

DE! Couper (avec des ciseaux). 
P'o dè', couper une étofle. 

DÉ? Tarder, différer. Go° Do*-su*- 
koué* ni* nyi° dé” ngoa, je resterai 
deux jours à Yun-nan-sen, Z*-#yi° 
go* k'ou? ouo a* ts’eu”, l'i-Va' dé” 
sé”; je ne puis payer aujourd hui, 
accordez-moi un peu de répit, 

DE? Particule euphonique. Par- 
ticule employée pour désiguer les 
dix premiers jours du mois. — 


Particule spécificative des huiles. 


| Mou* sa*-p'o* de” byé*, c'est Dieu 
|qui a dit (Dieu dire). Seu° Alo° 
| de’ vif, 1% jour du 3° mois. Nyo* 


Alo° dè* ts’eu*, 10° jour du 5° mois. 


| Ngo* Alo* ts'eu’-t'if, 11° jour du 


Ka*-mi'-do* z0* beu° de° 
byé*, pourquoi dire qu’il a (un) fils ? 

DE* Accomplir, remplir, plein. 
Go* ngo“-ts'eu* k'ou? dé*, j'ai cin- 


quante ans accomplis. O*-po° dé’, 


28 [nés] 


se rassasier, (ventre emplir). Ÿ2*- 


[DEU<] 


DDEU  Glissant, plan, poli. 


mo® l'it-lou* t’i-dè*, ajouter ce qu'il | Teho*-ma* pé-lé ddeu, le chemin est 


faut pour compléter une ligature. | 


DÉ* Penser. (0. DEu*). 


DÉ* Piquer. Dot és'ou* dé’, les 
abeilles piquent, (abeilles hommes | 


piquer). (0. DEU*). 

DÉ* Kiosque, belvédère, salon. 

N.B. Cette particule est celle-là 
même qui sert à former nombre 
de substantifs, comme: 4'-4eu-dé* 
fenêtre. Bou'-dé*, toit. Tso° dzo*- 
dé, réfectoire. (0. DEU‘). 

DÉ* Tonnerre; retentir. (0. DEU“; 
V. MOU“-DÉ*). 

DË*Cuvette. Partieule spécifique 
des jarres. T’ou*-nyé ls'eu*-dé*, cu- 
vette (pour se laver la figure). 
Voutyi t'it-dé* une jarre d'huile. 
(VSD): 

DË* Creuser, bêcher, enterrer, 
enfouir. Mi! dé*, piocher; bècher 
la terre. Mi! dé*-mo*, terre bêchée. 
Seu* dé*, déraciner (creuser) un 
arbre (à la pioche). Nye?-nyé* dé* 
il 
Dé pi! a 


faut creuser profond. 
4 


ngoa\, 
di, (c’est trop dur), 
la pioche n’y mord pas. 
DÉÈ?-CHA3, Abondant, beaucoup, 
nombreux. (0. DÈ‘-CHA*-M0*). 
DÊ*-DÉ? 
2 


ment, peu à peu. Dé*-dé* li; 


Lentement, douce- 
Dé-dé* ouo!, allez lentement, (pa- 
roles de politesse à celui qui s’en 
va; lequel répond: DE *-dé* ni, as- 
seyez-vous lentement (ne vous dé- 
rangez pas davantage). (v. LO°-L0°). 





très-glissant. Go° 4'-byé ddeu hou”, 
le pied m’a glissé. (DDEU-CHA*). 
N.B. Voyez Notions de gram- 
7. Rem. 4. Dans le 
dialecte a-hi, les mots affectant 


maire n°. 


des consonnes initiales redoublées 
ne sont pas très nombreux. J'aurai 
soin cependant de les noter au 
fur et à mesure de leur rencontre. 
D'autre part, je crois bon de 
faire remarquer que dans certains 
villages, ce «ddeu» se prononce 
«tleu ». 

DEU Tremper (dans l’eau). 

DEU' Faire du brouillard. Deu! 
cha; mou deu' cha”, il fait du 
brouillard. 

DEU* Bêcher. deu“, 
entasser (de la terre) sur la tombe. 
(v. DË*). 


Lo®-po° 


DEU* Particule employée avec 
le sens de «celui-là». (V. Notions 
n0.- 793.1 Rem) 
Cette particule, employée seule- 


de grammaire 


ment dans ce cas en A-hi, est au 
contraire très-fréquente en dialecte 


Lo-lo p'o. sou’ deu-mo°, cet 
homme-là. (v. va”-T'Eu’!). 
DEU* Particule spécificative 


des pièces de toile. P'o* l'i*-deuf, 


| une étofle. 


DEU* Piquer. (v. DÈ‘). 
DEU* Penser, songer, désirer. 
avoir 


Noô'-deu*-deu*-yé”, envie, 


(vouloir désirer). Nyo'-deu*-deu* 


[Deu*-K1°-L1-Z0*] 
a-yé n'avoir pas envie. Dzo* ngo'- 
deu*-deu*-yé*, avoir envie de man- 


ger. 


je n'aurais pas crû qu'il y avait 


za! beu° a, deu“ LE a* deu“, 


des voleurs. (0. DE‘). 
DEU*-KI°-LI-Z0* Épervier. 
DEU*-P'OU! Ortie. 
DEU*?-TCHOU! Cacher. (v. KEU- 


TCHA!). 

DI' Enlever. Sa*-li! k£eu* di!, 
peler une poire. 

DE Suflire. 4* d?, ne pas 


suffire; insuffisant. 1° di”, est-ce 
Di' a, (cela) suffit. 


(souvent prononcé «ddi? a*»). A* 


suffisant ? 


di, (cela) ne suffit pas. 4* di? sé”, 
(cela) ne suffit pas encore. (v. Lou*). 

DIE Verbe auxiliaire. Pouvoir, 
permettre, possible, agréer, ap- 
Uni 


être», sert à former des expressions 


prouver. au verbe «ngeu”, 
particulières. 7Z£* di?, (cela) peut 


servir). Z€* a* di, cela ne peut 





A° 


im possible 


servir. di, pas nécessaire; 
Dieu*-mou* a* di, le 
mandarin ne permet pas. Owo!- 
dyé* a* di, il est dangereux, il 
est défendu d'y monter, (aller- 
monter ne-pas pouvoir). À1!' #’ou° 
dou'-lé* cho® di, il en vient peu 
cette année. Zs'ou* 21-264 bye” hi* 





cho? di”, il y a peu de gens qui 
disent ainsi. Go no-djo* dzeu*- 
mou li di? a* byé*, j'ai oui dire 
que le mandarin allait s’en aller. 
Ts'ou* p'yé” ngeu* di?, tout homme. 


Ts'ou® gou* a  dimo*, vagabond. 


[DIÈ*] 29 


+ di?-mo° mo*, faire 


Ts'ou® gou*? a 
le vagabond. Na'hit Hi! sat-ka' 
ko* ngeu* dzo* di, vous pouvez 
manger de tous ces fruits (vous 
ces fruits semblablement être 
manger pouvoir). (V. DO?) 

DE Presque; environ. 7s’eu?- 
leu* di? nga*, environ dix. X°3-n0° 
ba di cheu* hou, (il) s’est éva- 
noui plusieurs fois. (0. DI?-DI?). 

DI° Particule spécificative des 
de TES 
lat-di, un compartiment de maison. 

DI-DOU' Dehors; s’absenter; 
s'éloigner. Di*-dou! yi°, s'absenter. 

DI-KOU' Plaine. Di°-kou'-mo?, 
en plein air. (v. D1°-MI'). 

DI°-MI' Plaine; vallée. 


DJA* Frasser avec la main; 


compartiments maison. 


battre (le riz à la main dans la 
rizière). Bo*-40' dja*, donner une 
gifle, Lyé”-kou' dja*, faire des 
signes dans la main, (frapper la 
paume de la main, comme font, 
p. ex., deux individus pour débattre 
secrètement les prix). Wi'-meu* 
dja, faire sortir la poussière en 
frappant. Ts0°-bi! dja*, battre le riz. 

DJA"-LA* Balançoire. 

DJÉ' Donner de main à main. 
So° Lo djé!, 


quelqu'un. 


glisser la pièce à 


DJE' Bien ajuster sans laisser 
de vide. Pé?-lé? go djè' a, c’est 
parfaitement ajusté. 

DJÉ® Lancer, jeter, frapper de 


loin. Lo'-po dje*, lancer des pierres. 


30 [pré] 


Do“ djè, chercher à arrêter un 
essaim d’abeilles qui s’envolent, 
en jetant du sable, de l’eau. Do* 
djè* no* Aoa, on à fait poser 
l’essaim. (0. DJEU*). 

DJÉ® Croire, admettre comme 
valable, Dout-djé*, nouvelles. Nyc'- 
dé®-ou* dou nô', ni'-mo* a* djé”, 
n’obéir qu’extérieurement, (exté- 
rieurement obéir, cœur 
admettre). Go° a* djé*, je ne puis 
croire, admettre. Nyél-nou a* djé?, 
ne pas croire au diable. 

DJÀ Cacher. Zé'-djé*, dissimuler. 

DJÈ Soutenir. (Sert d’auxiliaire 


à beaucoup de verbes). 


DJÈ#REU* Lance. Djé#-#o* 
mi'-lo*, armes. 

DJEU Caler. (v. Né). 

DJEU'  Barbouiller, enduire, 
broyer. 


DJEU? Coudre. Kuat-bi* djeu’- 
po, tailleur. K’4°-n0° djeu?-p'o*, 
cordonnier. 

DJEU* $e quereller. Dou*-dou* 
a* ka? djeu*, se quereller comme 
un forcené. (0. DJ0*). 

DJEU* Fromage. A*-nou' djeu*, 
fromage de haricots. A*-nou'1ch'eu, 
ce même fromage pourri et poilu. 
A*-nou! djeu* keu*, ce mème fromage 
et feuilles (écorce). {nou djeu* 
tch'eu, moudre les haricots pour 
faire ce fromage. A*-nou! djeu* lo, 
griller ce fromage dans la poële. 

DJEU*-HEU* Couverture oua- 
tée. (v. Y1?-BEU!; HEU“-BI*). 


ne-pas | 





{pr04-Ma°] 


DJEU*-TCHO* Nerf. 

DJEU*T'VÉP, bit. 

DJIS Tirer; bander; sortir. Lo® 
dji° té? lé”, sors la langue. (v. KOU). 
DITS Plataplanr. (02x10) 

DJI, Froid; avoir froid. (v. 
DIVÉ 0 VU DYÉS) 

DJI* Animal, bête, bétail. 2y1* 
lou! ; dji*-mo* lou’, paître les bêtes. 
Dji djyé? lou', conduire paître les 
bêtes. (0. Di1*-MO*; Dy1*). 

DJI* Monter. (v. Dyf*). 

DJI4 Cuivre. Dyi* cha', cuivre 
jaune. Djit ni, cuivre rouge. Dji* 
lo, cuivre blanc. Dj* ts’6*, tam- 
tam. Dji* bo, marmite en cuivre. 
Dji* da“-p'o*, ouvrier en cuivre. 
Dj ché, fil de cuivre. Dji* 
ts0-beu, théïière en cuivre. (0. DYI‘). 

DJI#-GO0* Plancher, étage. (o. 
DJI4-GO5-K’A°; V. DYI‘-GO°-K'A°. 

DJI#MO* Bête, animal. (v. pJ1*). 

DJO' Craindre. 4* djo', ne pas 
craindre ; ne crains pas. Z’a* djo', 
ne crains pas. (0. DJOU'). 

DJ0*Maudire, disputer, injurier. 
Djo*; djo*-pi; djo*-po-la; maudit ! 
Sois maudit! (o. pJeu*). 

DJO* Entendre. (v. No-DJ04). 

DJO* Aimer; penser à (quel- 
qu’un); espérer. Djo*-djo* mo’, 
embrasser, caresser. 

DJO Particule spécificative des 
pagodes. 

DJO#LI* Barre. Heu djo*-li, 
barre en fer. 


DJO*+-MA*° Charrue. 


[DrO*-Mo*] 


DJO*-MO* Bâtonnet. Mo'-djo*, 
bâtonnet (en bambou). 1jo* kÆyé*, 
petite corbeille pour bâtonnets. 
(0. DJ0*). 

DJO*-PI* Ceinture. (o. DJou?- | 
PI°). 

DJOU' Craindre; effrayer. Ni 
a*-mi' djou', que crains-tu ? Djou!- 
hi, effroyable. Ts’ou cha? cho! | 
a* djou', le sage supporte tran- 


quillement la pauvreté. So djou!, 


faire peur à quelqu'un. S0° djou! 
hi% nga*, des choses à faire peur. 
PE -lé-s0" djou' a°, très-effrayant. 
(VV DJ0!: KA°). 

DJOU* 
tout avec le verbe 4yé, dire). 


...à... (Employé sur- 


Go° ni° djou* byé*, que je te dise, 
(moi toi à dire). 
DJOU* Droit, juste, selon la 
raison. (0. DJOU*-MO°), 
DJOU1-DÉ* Cadenas. Djou'-dét | 


l’i-leu*,un cadenas. Djou! p'ou-to”, | 





clef, (chose pour ouvrir le cadenas). 


Djou} p'ou-to* t'it-leu*, une clef. | 

DJOU*-PI* Ceinture, (0. nrou?- 
PI°-NI). 

DJOU*-REU* Reins. Djou? gou?, | 
se baisser, 

DJYÉ! Pouvoir: à... Go? keu! 


djyé' ro ouo' di, je lui permets 





de partir. (o. Dyé£!). 
DJYÉ? Galette, pain. Got djyé?, 
galette de sarrasin. (v. BYÉ?). 
DJYÉ® Conduire, mener, chas- 


ser, écarter. Djyé”t’'eu?, chasser; | 


gaire sortir. Djyé® geu°-lé*, rentrer, | 


| froid). (o. 


[bo*; pouo*] dl 


ramener. /yyé”-lo*, instrument à 
chasser (les moustiques). 

DJYÉ? Propre. Djyé*-djyé? a?, 
très-propre. (v. FEU*). 

DJYÉ* Diner (repas de midi). 
(V DYE ) 

DJYE4* Le froid; avoir froid; 74- 
ny djyé*-geu* po! lya*, aujourd’hui 
il fait un froid de chien. Hou* 
djyé* lo, hiver (époque du ciel 
DJYÉ*-GEU*; DYÉ‘-GEU” ; 
V:UDIT 


DO Inondé, immergé; baigner. 


Do po' ho°, (il) s’est noyé. 


DO' Sortir. Meu'-té do', prendre 
feu; commencement d'incendie, (0. 
pou). 

DO* Verbe auxiliaire. Pouvoir, 
falloir, devoir, valoir la peine de... 
Particule euphonique. 4* do?, ne 
pas falloir. Bye a* do?; Byé a* 
dr”, (cela) ne peut se dire. Byé? 


a 


do*, ce n’est pas la peine de 
dire. Pyé* a* do?, balbutier. Keu!- 
207 a%-seu a*-seu-20* do?, il s’obstine 
à ne pas parler. (v. DI°). 

DO? Coiïffer, chausser. X’4%-n0° 
do”, chausser (ses souliers). 

DO? Brüler, rôti. Tek’'o? do? ko, 
brülé. 


150! a°, c’est trop rôti; 


trop rôti avec odeur de 
Tch'o° do? 
c'est brûlé. 76 do? to*, c'est allumé 
(allumer brüler se-lever). 

DO? (DOUO*) Fouler, marcher 
sur; piétiner; ruer. X’2%-byé do’, 
marcher sur le pied (de quelqu'un). 


D6°-po', écraser avec le pied. Do*- 


Je [Do°] 


né, piétiner fin. A°2°-do°, traces, 
vestiges. Keu’ dj l’eu' ki-byé 
j0 ts'ou* do keu' a°, cet animal 
est habile à lancer des ruades (cet 
animal là pieds prendre hommes 
ruer habile). 

DO* Déménager. 

DO* Abimer, amincir, couper. 

DO* Particule, marque du passé 
(ablatif absolu). Tet-40° Mou* sa“- 
p'o* dou“ nô' do°…., les uns ayant 
Mi'-vi-vi* dou! do, 
il s’en alla au loin. 

DOÿ Accoutumer. Go° ki! m!- 


té tchou” do* oa*, je suis habitué 


obéi à Dieu. 


à ce pays (moi ce pays habiter 
accoutumé). (0. DZOU”). 

DO* Tomber. Kal-li-mo* do”, 
il tombe du verglas. 

DO* Endroit, lieu. Cette parti- 
cule correspond au chinois éck’où 
Ë . Elle sert à former nombre 
de substantifs, et le gérondif. Con- 
fondu il me semble avec écho et 
tch'où Æ : HA Na tsou! Alé! do? 
la* li, ne va pas dans les endroits 
dangereux (toi péché commettre 
endroit ne-pas aller). 7s’ou* p'yé? 
ngeu” di?, ts'o#-do beu a, tout 
homme a ses défants. (és’04-ts6 
4 chinois. 7s’0*-do*, imitation de 
ts 6-tch'oû ge B ). Z6*-do* a* beu?, 
n'être d'aucun usage. Mo-dou° af 
di”, propre à rien; il n’y a rien 
à faire. Gou°-do”, réparer. (0. pou). 

DO* Aboutir, conclure, réussir. 


Hi* do* hoa*, l'affaire est conclue. 





[pou] 


Hit byé do, l'affaire a réussi. 
Hi do a* di, l’affaire ne peut 
se conclure. Dyé* do a di, il 
n’y a pas moyen d'y monter. Do- 
cho, trouver. (0. DOU*). 

DO“ Abeille. Dot-cho!'; do*-chou!, 
cire. Do*-cho' t6'-to?, cierge. (chose 
à brûler la cire). Do*-cha', guêpe 
(abeïlle jaune). Dof-nyé-mou*; do* 
ka vou“, frelon. Do*-y2°, miel (eau 
d'abeille). Do*-chou' 15', allumer 
les cierges (cire allumer). Do“-20, 
petite abeille; nymphe. Do* éck’eu*- 


pa, rayons de miel. Do*-bo*, ruche. 


DO*K'OU? Rendre, 
(o. K’ou?). 

DO*LO#-YI® Déluge. Do*-lof- 
y is’é, époque du déluge. 


restituer. 


DO*-MA* Accompagner, suivre, 
avec. Xeu! do*-ma” li°, accompagne- 
le. Ts'ou° tcha? do*-ma* ts’ou° tcha? 
sou*, en fréquentant les bons, on 
devient bon. 

DO#-SA4-KOU'(É# Yun-nan sen 
(Capitale du Yun-nan). Do*-sa* mi, 
province du Yun-nan. 

DO:-SOU* Imiter. 0° do*-sou”, 
imiter les autres. (0. DoU*S0U*). 

DO*-TCH'EU* Gâter, corrompre 


ex. réputation); offenser. (v. 


Cp: 
TCH'É*; DO*). 
DO#-YT* Miel. 
DOU' 
montrer, couler. A'-da-mé* né”, 
É-va né? dou'-ho*,  Mou* sa-p'o* 


va\-ni ts’ou* gou* no-no, outre Adam 


Sortir, retrancher, se 


et Eve, Dieu a-t-il créé d’autres 





[pou*| 


hommes (Adam et ve sortis, 


retranché; Dieu....). Go° n° 


ro*- 
n'ou* k'a* dou', je retranche de 
ton salaire (moi (de) toi salaire 
sur retrancher). #2* dou, l’eau 
sort, coule; source. F2°-dou! tcho*- 

o Fes 


ma”, ruisseau. 
lcho*, fossé, canal, ruisseau. Dou!- 


fossé, canal, 
dé*, mine, carrière. Dou'-do*, issue, 
aboutir. A2! 4cho*-ma* Do-sa1#-koué* 
dou'-do* ngeu* ngeu*, cette route 
aboutit-elle à VYun-nan-sen? (0. 
DO!; DEU!). 

DOU* Lieu, endroit. Auxiliaire. 
Mou“* sa*-p'o* dou'-ho*, ts'ou® mo?- 
dou” a* di?, séparé de Dieu, l’homme 
ne peut rien. (Dieu en-dehors, 
homme faire-à ne-pas pouvoir). 
(20°). 

DOU* Mot, 


Dou* Lif-k'il, une parole, un mot. 


parole, langage. 
Dou* Lif-k'i na, ce n’est qu'une 
parole. Dou* byé*, converser, parler. 
Go* dou*-teu” ni djou* byé*, que 
je te dise en toute sincérité (moi 
parole-droite toi à dire). Dout a!- 
lo-mo*, mensonge. Dout a!-#'o?- 
mo byé*, mentir. Ts'ou? no, dou* 
no, beaucoup de monde, beaucoup 
de monde, beaucoup de paroles. 
Dou* djé, croire; nouvelle. Dout 
no, obéir. Dou* at no', désobéir. 
Ki'-L'eu! 


s'appelle parler. A2! Æat-mi' dou* 


dou* ngeu*, voilà qui 


ngeu*, voilà ce qui s'appelle parler. 
Dou* bik'i né byél'eu? LE? a 


feu", il ne sait pas dire un seul mot; 











39 


[pout-pou#] 


il n’est pas habile à parler. Go° 
dou Phi byé* n° mou, j'ai un 
mot à te dire. Pyé*-mo* dou* nt 
&’a ngeu’, il à fait une double 
supposition sans rien affirmer, A2! 
dou* tit fil no! 


ce mot ne peut passer. Dou* bit- 


ngeu* a* tchou, 


ta*-m0° byé*, parler à voix haute. 
Dou* cha*-la*-mo* byé?, parler à 
voix basse, Dou-k'ou?; dou“-k'ou? 
byé*, répondre; rendre réponse. 
Dou* byé* l'a, se tromper en par- 
lant; parler de travers. Dout-pou', 
se dédire (paroles tourner). Dou‘- 
sou*, étudier (paroles apprendre). 
Dou* a* sou*, ne pas étudier. Dout- 
l’é*, accent; patois; paroles; ma- 
nière de parler de quelqu'un. Dou* 


40°, seu* a* dou! «?, 


byé* lo! une 
fois qu'on s’est bien expliqué, il 
n'y a plus de rancune, Dout no! 
ngeu a* échou’-mo-hi byé*, parler 
d’une manière désagréable, 

DOU'-DO* Issue, sortie; aboutir. 
Dou'-do* a* beu*, c'est un cul-de- 
sac; sans issue, 

DOU“*DOU“* Mêchamment, mal ; 
à l'aventure; à tort à travers; 
indignement. 

N.B. Dou‘-dou* correspond au 
louän Al chinois. Jou*-dou* zeu*, 
Dou“-dou* a* ka zeu*, abuser. 
S0Ÿ ma* pyé dou“-dou* go*, com- 
mettre l’adultère, (d'autrui femme 
4 


avec mal faire). Dou‘-dou* byé?, 


parler de travers; paroles de 
travers; paroles de délire. N° dou*- 


2 
Le] 


34 


dou* a“-ka* byé, tu déraisonnes. 


(o. Dou“-pou KAŸ-KA°; DOU“-DOU* 


[pou!-x0*] 


A4 KAŸ). 

DOU'-H0* En dehors, en outre, 
sans; excepté. (v. DOU'). 

DOU<-K'OU? Répondre. (v. DOU‘; 
K’OU?). 

DOU'-LÉ® Venir. 4‘ dou#-lé’, 
ne pas venir. J0° dou*-lé?, apporter, 
(prendre-venir). Dou“-lé? no,affluer, 
(venir nombreux). 

N.B. Dou'-lé3; venir. m. à. m. 
Ces 


sont jamais séparés dans le sens 


sortir-venir. deux mots ne 
simple de «venir». Mais lé venir, 
est souvent employé seul comme 
auxiliaire. (V. LË°). 


DOU* NO! Obéir. Dou* a* nô!, 


désobéir. 

DOU+-POU'! $e dédire. (Paroles 
retourner). 

DOU*SOU* Étudier, imiter. 


(v. Do{-SOU*). 

DYÉ' Abiîmer, gâter, s’abimer, 
se corrompre. Dyé! ho*, c’est gâté. 
Dyé' ka, c'est tout gâté. Dyé' 
eu a*, c'est tout gâté. Go° dyé 
hoa?, il l'a gâté, brisé. 276 pélé 
dyé', la maison est en très-mauvais 
état. ou! dyé' hoa*, c’est pourri, 
gâté par la fermentation. 

DYÉ!' Pouvoir; à... Go? keu° 
dyé' a* gou* mo, je ne lui loue 
pas. Go ni dyé} po’-po' ouo*-djo° 
at ngo', je ne veux pas t'aider 
en vain. (v. DJYÉ'). 

DYÉ?2 Conduire. (v. DIYÉ?). 


[pv1!-GBU*-KEU] 


DYÉ? 
équarrir. 
taillant. 
arbre. 

DYÉ? Pain, galette. (v. DIYÉ?). 

DYÉ* Monter, grimper. Po!-dé 


dyé*, monter, gravir la côte. Seu*- 


Tailler, râcler, couper, 
Dyé? bo*-bo*, amincir en 


Seu® dyé?, équarrir un 


is’ dyé, monter à un arbre. 
Ouo'-dyé*, monter (marcher-mon- 
ter). X2° dyé go*, Est, orient, 
(soleil monter côté). (v. Dz1*). 

DYÉ Froid. (v. m1‘). 

DYÉ* Repas de midi. Zs0°-dyé* 
dzo*, faire le repas de midi. 750°- 
dyét dzo%-to#, midi. M ts0°-dyé* 
dzo*-dzo* ho; Na ts0%-dyé* ts0° 
dzo*-deo* Lo°, as-tu fait le repas 
de midi? Myé? sé, (c’est trop) 
tôt encore. (TS0*-DYÉ*; v. DIYÉ*). 

DYÉ#GEU* Échelle. 

DYÉS#-GEU* Froid. (v. nrvét- 
GEU*). 

DYÉ'-HLÉ2-POU(É®) Vent du 
nord. 

DYI° Plat, poli, glissant. Dyr° 
gou®-cha*, aplanir. Zeho°-ma* dyi*-i 
cha, la route est glissante. (0. 
DY1°-I5 V. DJI°). 

DYI* Cuivre. (o. D31*). 

DYI< Sacrifier à... Mi! dyi*; Mi! 
djit, sacrifier à la terre. (Ce sacrifice 
se fait dans la forêt sacrée). (0. DJ1*). 

DYI* Animal, bête. (o. DJ1{). 

DYI* De... (marque du génitif). 
(v. VIF; KEU!). 

DYI'-GEU*-KEU Se prosterner. 
(v. A!-G0? KEU; KEU). 


nine 
re 


[py14-G0°-K’A°] 


DYI#GO%-K’A* Étage. (v. Dii‘- 
GoŸ-K’A°). 

DZA' Couper (au ciseau). Dza'- 
Lo*, ciseau. 

DZA! Piller, voler. Dza!-p'o*, 
voleur, brigand. Dza! to', lier un 
voleur. Dza! jo*, arrêter (prendre) 
un voleur. (v. K’EU*). 

DZÉ Régoutter. 

DZÉ* Couple. A'-Heu’ ni Pit- 
dzé*, un couple de pigeons. 

DZÉ? Aligner, ajuster, appa- 
reiller, égal. Né! 46? af dzé*, il 
y en a de courts, il y en a de 
longs, ils ne sont pas appareillés. 

DZÈ® S’abstenir, renoncer. Yu?- 
y dzè*, renoncer à l’opium. Æ6* 
dzè, s'abstenir de viande; absti- 
nence. Jlo* dzè* nyi*, jour absti- 
nence. Zs'ou° no°-mo*, no° fa! keu'- 
mo° vou*-tsyé! dzè* nyoa', un malade 
doit s'abstenir de mets contraire à 
son mal (homme malade, maladie 
habile-faire 


s'abstenir falloir). 


fermenter légumes, 

N. B. Dans ce dermier exemple, 
il serait plus’ logique de dire: 
dzè* 


vou*-isyé" no* fa! keu'-mo* 


ngoa'. (0. DZEU*). 


DZÉ® Particule spécificative des | 


fagots. (v. KA. 

DZÉ? Couper, abattre, trancher. 
(V. DZEU”). 

DZÈ* Sue. 

DZÈ* Enfourcher. Mot dzé*; 
Mo* n-dzé4, aller à cheval. 


DZEU* S'abstenir. (v. DZÈ°). 





| dzeu*-mou, 


[DzEu*-mou“] 5) 


DZEU* Parties déshonnêtes du 
corps de l’homme. 

DZEU*Couper, abattre, trancher. 
Ho*-mou* dieu, couper le mais. 
O'-Xo dzeu*, couper la tête. Seu° 
dzeu*, couper un arbre. Seu°-s’ €? 
dzeu* po' hoa*, l'arbre a été abattu. 
(v. DZÉ°). 

DZEU* Gouverner, régir. Dzeu*- 
mou* nmit-tch'é dou'-lé% hou; l'it- 
tch'ES 4 ls’ou? mou, s0° mi'-lé? 
ni seu° k'ou? dzeu* no; nyé na! 
l’eu', dzeu*-mou* mo°, k’a-no* a* 
lou?, il est arrivé deux mandarins; 
l’un un peu plus vieux, a gouverné 
quelques années déjà ailleurs: le 
plus jeune fait mandarin, il n'y 
a pas bien longtemps encore. 

DZEU* Atteindre, rencontrer. 

DZEU* 
montrer. 

DZEU* Guise, volonté. Ni° ngeu’ 


ha-zeu* gou* dzeu*, à ta guise. 


Indiquer (du doigt); 


Keu' dzeu*, à sa guise. Mou* sa*- 
p'o* ngoa! k’a-zeu* go dzeu*, à la 
volonté de Dieu. Xeu! ngeu? ka*- 
mi ds'ou® ngeu* dzeu*, n'importe 
qui. (V. DZEU* gouverner). 


DZEU* 


des chars, des palanquins. 7chu*- 


Particule spécificative 


bo* L'it-dzeu*, un palanquin. 7e4’0* 
l’it-dzeu*, un char. 
DZEU“ Épine; arête. Heu-dzeu*, 


clou. Dzeu* tyé té, s’enfoncer une 


épine. 
DZEU*-MOU* 


4 


Mi 


indigène. 


Mandarin. 


mandarin 


36 [DZ6; DzZoUu0] 


Dseut-mou* hé3, prétoire. (. DZEU‘; 
0. DZBU*-MO*). 

DZO (DZOUO) Curer. TehaŸ-reu* 
dzo-to8, cure-dents. 

DZ0* Manger. Tso* dz0*, manger 
le riz; (et par extension tout ce 
qui sert à la nourriture fonda- 
mentale); s’attabler. No {503 dz0* 
dzo* ho, as-tu mangé? Dzo* cha, 
je suis en train de manger. Dz0* 
ho3, j'ai mangé. Dzo* tya, je vais 
manger. 4° dz0* sé*, je n'ai pas 
encore mangé. d* dz0*, je ne mange 
pas. Mi° dz0* beus beu*, as-tu mangé 


à satiété? Dzo* Leu a; Beus a, 


je suis rassasié. Dzo* af beu* séÿ, 
je n’ai pas encore mangé à satiété. 
Dazo* di? x*, mangeable. Dzo* di”, 
on peut manger. Dzof a* di”, pas 
mangeable. Dzo* a* di? sé*; Dzot 
a* lou? sé3, n'avoir pas encore assez 
mangé. No?-Mi3 {50% dzo*; ki dzo°, 
repas du matin. Zs0%-dyé* ts0° dzo* ; 
Ts0°-dyé dz0*, repas du midi. Meu*- 
ts’? tso* dzot; Tch'eu* dzo*, repas 
du soir. Dzo* ni?-né3; Dao nyi® né”, 
avoir bon appêtit; appêtissant. 
Ngô' dzo*, appêtit. Ngo! aï dz0", 
n'avoir pas d’appêtit. 


DZOU: Réservoir. V2 dzou!, 
réservoir à eau. 
DZOUS Accoutumer, habituer. 


Go yù ke tou dzou’-ho*, a kaï, 
accoutumé à boire de l’eau froide, 
je puis en boire sans crainte. 
Go3-dzou? ko mo no nyeu, vieille 


maladie; ancienne maladie. (Go*- 





[£1-841] 


dzou*, accoutumé. Æo*, particule 
marque du parfait. Moë, faire; 
signe de l'adjectif, du part. passé. 
No*, malade. Nyeuÿ, être. Imita- 
tion du chinois: Xoudn-st li m&o- 
pin FT 7 HJ € JA ). Aï-seu} 
nis-tch és g0°-dzou ho; Aï-seu!\ nii- 
tch'é% go*-do* ho, nous sommes 
habitués l’un à l’autre (0o.G0°-pzou”; 
V. DO°). 

DZOU: $e coaguler, se cailler, 
se figer, attenant. Dzoui l’eu* hou’, 
c’est bien pris, solidement. Deoui- 
p'yé? aï keu', ne pouvoir se coa- 
guler. (0. DZOUi-P'YÉ?). 


E. 


É! Ce. À vyé? d'isleui 1s'03- 
cha3, hot di? a, ce porc est gras 
à point, il est bon à tuer. 

N.B. Les adjectifs ou pronoms 
démonstratifs (voyez Notions de 
grammaire n*® 69 à 73) sont K2'- 
Vas-L'eu!, 
très-souvent en 2!, ou même en 


A 


Cu 


l'eu'; Æi' se change 
il et é! sont adjectifs ou pro- 
voms démonstratifs, usités en dia- 
lecte"Lo-l0 po: ((o. T7; 2v. KI, 
KEUS, VA). 

fi! Éi! Exclamation d’étonne- 
ment! (o. #1! mË'!) 

Éi-DA3! Éi-LAï! Qui! 

É-GOU Fourche. 

É'-LEU'-Z01, De petite taille. 

Éi-SA4 Céréales; graines bat- 


tues; denrées. (0. ‘£i-SAi). 


[é'-ra!] 
E'-TAI Iei, ÆZ'-al chou? 1o3, 
il est ici. (o.1!-ra!; Kr'-ra!; v. él; 
TCHA). 


r 


‘E. 


NB: 
Notions de grammaire n°. 7. 


‘e correspond à c# des 


Les mots formés ou composés 
des voyelles aspirées ‘e; à ete... 
sont plutôt rares en dialecte a-4i. 
Par contre, ils sont fort nombreux 
dans certains autres dialectes. 

“Éi-DZEUS Joindre. Lyé ‘éi- 
dzeui, joindre les mains. 


És-LYÉ2TSEU! Verrue. 





[au*] 37 
“Éi-NYÉ:-TSEU'-BOU!  Che- 
ville. 

“É'-ZO1 Oiseau (en général). 
“É\-bos, cage à oiseaux. ‘A!-neu!, 
filet à oiseaux. ‘Él-neu! reui, 


manche de ce filet. ‘Él-neu! po?, 
fourche de ce filet. °X'-201 l’eu?, 
“E-201 djaï, prendre des oiseaux 
(au filet). 

“EU? Appeler. Xeu! ‘eu3 dou'-lé3, 
(lui 
So* ‘eus Lo, réveiller quelqu'un 
(Autrui 


se-lever). So ‘eu3 Lo3 aï di, ne 


appelle-le, appeler venir). 


en l'appelant. appeler 


pouvoir réveiller quelqu'un en 
l'appelant. (v. KEU; No). 


(à suivre). 


L'abbé Huec. 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE 
AU DÉBUT DU SECOND EMPIRE 


(INDO-CHINE, 1852-— 1858) 
PAR 
HENRI CORDIER. 
(Suile.) 1) 


—®@, L D 0 —— 


CHAPITRE XX. 
L’Abbé Huc et Mgr. Pellerin à Paris. 


S'il est un projet dont la France, si mobile cependant dans sa 
politique étrangère, ait poursuivi l'exécution avec esprit de suite, 
c’est celui de créer un établissement permanent dans l’Extrême- 
Orient: sous Louis XVI, avec l’évêque d’Adran, même sous Napo- 
léon I°', sous Louis XVIII, avec le duc de Richelieu, sous la 
Monarchie de Juillet, avec M. de Lagrené, nos souverains écoutèrent 
d'une oreille complaisante les plans d'occupation de territoires qui 
leur étaient présentés à l’envi par officiers, fonctionnaires, voyageurs 
ou même aventuriers, quand ils n’allèrent pas jusqu’à un commen- 
cement d'exécution. Comment le prince à l'esprit tout à la fois 
pratique et aventureux qui devait lancer notre pays dans l’expédi- 
tion du Mexique, serait-il resté insensible aux paroles de conseil- 
lers hardis ? 


Il y avait alors à Paris un prêtre, l’abbé Huc:?), qui s'était 





1) Voir Z’oung pao, 1909, Mars, Mai, Juillet et Décembre. — 1910, Juillet, Octobre 
et Décembre. 

2) Evariste Régis Huc, né à Caylus (Tarn & Garonne), 1% juin 1813; admis au 
Séminaire interne des Lazaristes à Paris, 5 sept. 1836; voeux, 15 oct. 1838; quitta la 


Congrégation, 26 déc. 1852; + à Paris, mars 1860. 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 39 


fait une grande réputation par le récit du remarquable voyage qu’il 
avait accompli au Tibet, en compagnie de son confrère l'abbé 
Gager ‘), appartenant comme lui à la Congrégation de la Mission. 
Huc écrivait et parlait d’une manière agréable; son succès personnel 
était considérable: rien de surprenant qu’il eût l'oreille d’une Cour 
désireuse de conquérir les bonnes grâces de l'Eglise. Huc et Montigny 
avant son départ pour Siam avaient causé de leurs projets d’établis- 
sements lointains avec l'Empereur, et Napoléon III leur avait 
répondu qu'il leur dirait ce qu'il pensait de leurs idées après la 
guerre de Russie. Il s'agissait alors de créer une nouvelle Compagnie 
des Indes française, et de prendre possession pour elle, sous certai- 
nes conditions, de la presqu'île de Corée, de la presqu'île de Tou- 
rane et de Madagascar. Projet moins chimérique qu’il ne parait à 
première vue, puisque la République a réalisé une grande partie du 
rêve de l’Empire, en occupant l’Annam et Madagascar. 

En débarquant en France, Mgr. Pellerin ?) allait donc trouver 
un concours inespéré. 


En Janvier 1857, l'abbé Huc remit à l'Empereur la note suivante: 


«M. l'abbé Huc, ancien missionnaire apostolique en Chine, a l'honneur de 
soumettre à l'Empereur les considérations suivantes : 

«L’Extrème Orient sera bientôt le théâtre de grands évènements. Si 
J Empereur le veut, la France pourra y jouer un rôle important et glorieux. 
Dans la Préface de mon nouvel ouvrage intitulé: Le Christianisme en Chine, 


1) Joseph Gabet, né 4 déc. 1808, dioc. de St. Claude; admis au Séminaire interne 
de St. Lazare, 22 fév. 1834; + au Brésil, 3 mars 1853. 

2) François Marie Henri Ayathon PELLERIN, du diocèse de Quimper; Miss. ét. de 
Paris; parti le 26 déc. 1843; miss. en Cochinchine; évêque de Biblos; premier vicaire 
apostolique de la Cochinchine septentrionale (chef-lieu. Hué), 1850; + 13 sept. 1862, au 
collège général de Poulo-Pinang, à 50 ans. 


3) Note autographe signée. 


Note de l’abbé 
Huc, Janvier 
1857. *) 


40 HENRI CORDIER. 


en Tartarie et au Thibet, *) j'ai jeté un coup d'oeil sur les affaires politiques de 
la Haute Asie, mais je n'ai pas cru prudent de dire toute ma pensée et d’indi- 
quer les grandes choses que la politique de l'Empereur pouvait entreprendre 
dans l'intérêt de la France et à la gloire de son règne. 

«Voici un fait peu connu et de la plus haute importance. En 1784, Gta- 
Low, Roi de Cochinchine, fut dépossédé de son royaume par une insurrection. 
Un Français, l’évêque d’Adran, qui exerçait en Cochinchine une grande influence, 
saisit cette occasion pour négocier entre la France et la Cochinchine un traité 
d'alliance. Il se rendit en France avec le fils ainé du Roi Gialong et arriva à 
Paris en 1786. La guerre d'Amérique venait de donner une grande extension 
à la puissance maritime de la France, et le projet de l’évêque d’Adran fut 
accueilli avec empressement par Louis XVI. Le traité d'alliance fut signé à 
Versailles le 28 novembre 1787, par les ministres de Louis XVI et par le prince 
Canh, au nom de son père Gia-Long. 

«D’après ce traité, la France s’engageait à fournir au roi Gia-Long alors 
expulsé de la Cochinchine, les moyens de reconquérir son royaume; de son 
coté le roi Gia-Long faisait cession à la France du port, de la presqu'île et de 
la province de Tourane. 

«L'évèque d’Adran repartit donc pour la Cochinchine avec le fils ainé du 
roi Gia-Long et un personnel choisi d'officiers français, marins et militaires. Il 
devait en passant prendre des troupes à Plle de France et à Pondichéry. Mais 
la nouvelle de la révolution française y mit obstacle. Néanmoins les officiers 
partis avec l’évêque le suivirent en Cochinchine et ce fut par leur énergique 
et habile assistance que le roi Gia-Long put reconquérir ses états. Les Chrétiens 
indigènes organisés par l'évêque d’Adran formèrent la portion la plus solide et 
la plus dévouée des troupes du Roi. 

«La révolution française fit oublier la Cochinchine et l'exécution des con- 
ditions du traité. 

«Sous Louis XVIII, au commencement de la Restauration, la France essaya 
de réclamer ses droits sur le Port et la Province de Tourane mais les tenta- 
tives furent si maladroites qu’elles n’aboutirent qu’à l’exclusion absolue des 
Français de la Cochinchine et aux persécutions les plus sanglantes contre les 
Chrétiens indigènes. 

«Aujourd’hui les circonstances sont des plus favorables pour occuper en 
Cochinchine le territoire auquel la France à un droit incontestable, d'après le 
traité de 1787 signé à Versailles. L'occupation de la Cochinchine est la chose 
la plus facile du monde; elle offrirait des résultats immenses. La France a 


dans les mers de Chine des forces plus que suffisantes pour exécuter cette 


1) Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet par M. Huc, ancien mis- 


sionnaire apostolique en Chine, Paris, Gaume, 1857 —1858, 4 vol. in-8. 





LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 41 


entreprise et repousser toutes les attaques que le roi de Cochinchine oserait 
tenter. 

«La population, douce, laborieuse, très accessible à la propagation de la 
Foi chrétienne, gémit sous la plus abominable tyrannie. Elle nous accueillerait 
comme des libérateurs et des bienfaiteurs. Il faudrait peu de temps pour la 
rendre entièrement catholique et dévouée à la France. 

«Tourane entre les mains des Français serait un port inexpugnable et le 
point le plus important pour dominer les affaires de la Haute Asie. Le terri- 
toire de la Cochinchine est d’une fertilité comparable à celle des plus riches 
régions intertropicales. Le pays est propre à la culture de toutes les denrées 
coloniales. Ses principaux produits et moyens d'échange sont actuellement le 
sucre, le riz, les bois de construction, l’ivoire, etc. .... enfin, l’or et l'argent 
dont les mines sont riches et exploitées depuis longtemps. 

«En résumé, il importe grandement à la France dans les circonstances 
actuelles d’avoir un établissement riche et puissant dans l'Extréme Orient. A 
tous les points de vue la Cochinchine est le poste qui nous convient le mieux. 
Nous avons le droit de l’occuper; l'occupation est des plus faciles. Elle ne 
coûtera rien à la France; elle ne peut manquer d’avoir de grands résultats en 
gloire et en richesses. 

«Les Anglais ont les yeux ouverts sur Tourane. Ils nous y précéderaient 
s’ils avaient connaissance de nos droits et d’un projet d'occupation. 

«Si ce court exposé est de nature à faire impression sur l’esprit de l'Empereur, 
il sera facile à M. Huc de donner à Sa Majesté les renseignements les plus 
détaillés et les plus précis.” 

E. Huc 
28, rue de Bourgogne. 


Napoléon IIT donna cette note au Ministre des Affaires étrangè- 
res qui demanda à M. Cinrrar, garde des archives, ancien direc- 


teur des affaires politiques, de lui faire un rapport. 


«Mr. Pabbé Huc, ancien missionnaire de St. Lazare en Tartarie et en Note, 20 Mars 
Chine, à fait parvenir sous les yeux de l'Empereur une note dans laquelle il LATE 
demande que la France profite de la présence de ses forces navales dans les 
mers de Chine pour occuper la Cochinchine en s’emparant du port et de la 
presqu'île de Tourane. Il affirme que nous y avons un droit incontestable, aux 
termes du traité conclu en 1787 entre la France et le Roi de Cochinchine, 
représenté par l’évêque d’Adran, et d’après la cession de l’isle de Tourane que 
cet acte stipulait en faveur de la France. 


«Deux questions se présentent ici: une question de droit et une question 


42 HENRI CORDIER. 


de convenance ou d'utilité, sans parler d’une troisième: la question d’exé- 
cution. 

«Au point de vue du droit, il convient avant tout d'examiner la valeur 
des stipulations du traité signé à Versailles le 28 novembre 1787 par le Cte de 
Montmorin, Ministre des Affaires Etrangères, et l’Evèque d’Adran, plénipoten- 
tiaire du roi Nguyen-anh, qui, dépossédé de ses Etats par une révolte, l’avait 
envoyé en France, avec le jeune prince son fils, pour solliciter l’assistance du 
Roi Louis XVI. 

«Ce traité contenait de la part du Roi de France, l’engagement de fournir 
au Souverain de la Cochinchine les secours nécessaires pour l’aider à remonter 
sur le trône. Ces secours devaient consister dans une expédition de quatre 
frégates portant un corps de troupes de 1200 hommes d'infanterie, deux cents 
artilleurs et 250 caffres. De son côté, le Roi de Cochinchine, dans l'attente d’un 
service si important, cédait éventuellement à la France la propriété absolue et 
la souveraineté de l'isle formant le port principal de la Cochinchine, appelé 
hoi-nan et par les Européens Touron. Il cédait également l’île de Pulo-Condor 
dont la Compagnie française des Indes, après l'avoir fait reconnaître en 1720, 
n'avait pas voulu prendre possession, et que les Anglais avaient abandonnée 
après quelques années d'occupation, comme un poste sans importance, et pro- 
bablement aussi à cause de son insalubrité. 

«Le Roi de la Cochinchine nous accordait, en outre, une liberté de com- 
merce exclusive dans ses Etats et la faculté d'y fonder tous les établissements 
que nous jugerions utiles pour le commerce et la navigation. 

«Enfin le traité du 28 novembre 1787 constituait une alliance défensive 
entre la France et la Cochinchine par l'engagement mutuel que les deux sou- 
verains y prenaient de se secourir contre leurs ennemis respectifs. 

«La condition essentielle des cessions de territoire et des avantages stipu- 
lés à notre profit était, comme on vient de le voir, la prestation effective du 
secours promis par la France au Roi Nœuyen-anh, mais cette condition ne fut 
pas remplie. L'expédition qui devait partir de Pondichéry n'eut pas lieu, et le 
Roi de la Cochinchine ne recouvra ses Etats qu'avec l'assistance de quelques 
volontaires que l’Evêque d’Adran lui avait amenés de Pondichéry. 

«Le traité de 1787 n'ayant donc pas reçu d'exécution de la part de la 
France, le titre que nous voudrions nous en faire pour réclamer la propriété 
de Tourane et de Pulo Condor, serait sans valeur. Vouloir occuper par la force 
ces portions du territoire cochinchinois, ce serait la guerre avec la Cochinchine, 
une guerre injuste, qui se prolongerait probablement même après la conquête 
de Tourane, et pourrait nous entraîner dans une suite d'entreprises difficiles et 
de dépenses ruineuses à d’aussi grandes distances. 

«Ainsi, au point de vue de la question de droit, nous ne serions pas fondés 
à nous prévaloir du traité de 1787 pour revendiquer la presqu'isle de Tourane 


ou pour nous en emparer de vive force. 





LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 43 


«Quant à la convenance et à l’utilité qu’il y aurait de l’entreprendre, ce 
côté de la question est tout au moins fort contestable. 

«Et d’abord, quand on veut former des établissements si lointains, il faut 
que la fondation puisse s’en rattacher à une idée d'ensemble, à un système de 
possessions maritimes et coloniales qui puissent leur servir à la fois de lien et 
d'appui. Il ne saurait en être ainsi d’un établissement français en Cochinchine 
depuis la perte de l’isle de France que Mr. de la Bourdonnais, si bon juge en 
pareille matière, considérait comme la clef du commerce des Indes pour la 
France, comme le boulevard de ses établissements en Asie, et comme un moyen 
de conquêtes en devenant le dépôt de nos forces de terre et de mer. Tourane 
entre nos mains ne serait qu'un poste isolé, difficile à protéger et peut-être 
encore plus difficile à conserver. En effet, ce n’est ni de Bourbon, ni de Pondi- 
chéry, dans l’état présent de ces colonies, que Tourane pourrait recevoir appui 
et protection, surtout en cas de guerre maritime, L'occupation de cette partie 
du territoire de la Cochinchine ne serait, on peut le craindre, qu’une source 
d'embarras pour nous, sans compensations suffisantes. Elle tendrait à diviser 
et à affaiblir l’ensemble de nos forces navales par la nécessité qu'il y aurait 
d'entretenir sur ce point de l’Extrème-Orient des stations pour la sécurité de 
notre établissement. Elle risquerait enfin de nous préparer, sous plus d'un 
rapport, de fâcheuses et regrettables déceptions, comme en offre déjà l’histoire 
de nos entreprises coloniales. 

«Et à ce sujet, il convient de se demander ce que c’est que la presqu'île 
de Tourane ou Hoi-nan. Or, voici ce que le gouverneur de Pondichéry, M. 
Conway, disait dans une dépêche adressée au Maréchal de Castries, Ministre 
de la Marine, le 20 juillet 1788: 

«Je lui ai demandé (à l’évêque d’Adran) des renseignements sur l’isle 
d'Hoi-nan qui appartient aux Chinois. Il m'a répondu que cette isle, longue de 
quatre à cinq lieues, formait le port et la baye de Touron; qu'à la vérité, elle 
ne produisait rien, mais qu'on pourrait y semer du riz. Je lui ai demandé ce 
que produisait le continent voisin de cette isle. Il m'a répondu que cette partie 
du continent était inculte et avait été dévastée par les Cochinchinois pour se 
mettre à l'abri des incursions des Tonquinois. Ainsi, Monseigneur, vous voyez 
que les cessions faites au Roi, au nom du Roi de la Cochinchine qui n’a rien 
et ne peut rien, consistent en une isle affreuse, (Pulo Condor) qu'aucune 
nation n'a voulu habiter, et une autre isle déserte, voisine d’un continent désert. 

vil est bon d'ajouter que le commerce extérieur de la Cochinchine est presque 
exclusivement entre les mains des Chinois; qu’ils en sont, depuis des siècles, 
en possession, échangeant leurs produits manufacturés contre les produits natu- 
rels de ce Royaume; et qu’il serait sans doute bien difficile de supplanter dans 
des relations si habituelles et si anciennes une nation aussi industrieuse, aussi 
économe, aussi adroite que le peuple chinois. 

«On prétend, disait encore le gouverneur de Pondichéry dans la lettre déjà 


44 HENRI CORDIER. 


citée, qu'il serait avantageux de jeter les fondements du commerce français 
dans une partie éloignée des établissements anglais en Asie. Mais en jetant les 
yeux sur la carte, ne voit-on pas que l'établissement fait à la Cochinchine, en 
le supposant praticable et présentant un avantage réel, est à la merci des Anglais 
et des Hollandais qui sont, pour ainsi dire, les maîtres des détroits de Malacca 
et de la Sonde?» 

«Les objections qui précèdent acquièrent encore plus de force, si l’on se 
représente non seulement la presque nullité de notre commerce dans l’Indo- 
Chine, mais l'absence d'éléments propres à l'y féconder. À cet égard, le présent 
est misérable, et l’avenir plus que douteux. 

«Au total, nous n'avons dans l’Extréme-Orient que des intérêts bien mini- 
mes en comparaison de ceux de l'Angleterre, maîtresse de l’Inde et d’autres 
possessions importantes, des Pays-Bas, maîtres de Java, et des Etats-Unis dont 
le commerce avec la Chine a pris et acquiert encore tous les jours une si 
vaste extansion. Nous ne pouvons avoir là qu’une position en rapport avec 
une telle infériorité: toute illusion à ce sujet pourrait avoir des dangers. Notre 
mission dans les Mers de Chine se réduit, quant à présent, à un rôle d’obser- 
vation attentive des évènements qui tendent à s’accomplir, de protection active 
en faveur de la religion et de l'humanité, — d'influence civilisatrice, comme il 
appartient à la France d’en exercer, — de surveillance nécessaire par rapport 
à l'exécution des traités existants, et d'encouragement accordé, dans la mesure 
du possible, aux faibles et timides essais de notre commerce de même qu’à 
tout ce qui pourra tendre à en améliorer la situation dans ces régions lointaines. 

«Notre légation en Chine, nos Consulats et nos Stations navales paraissent 
devoir suffire à cette tàche. 

«En résumé, la proposition de Mr. l'abbé Huc, tendante à nous faire 
occuper la Cochinchine, ne parait admissible ni au point de vue du droit et 
des traités, ni au point de vue de l'utilité et encore moins de la "nécessité. 

«Nous avons des intérêts et des questions assez graves à suivre en Europe, 
en Orient, en Amérique, une tâche assez rude et assez compliquée à accomplir 
en Algérie, d’autres possessions maritimes assez arriérées en colonisation, à 
peupler, à cultiver et à faire prospérer, sans nous lancer ailleurs dans des entre- 
prises hasardeuses, sans aller créer, de nos propres mains, au centre des mers 
de l'Inde et de la Chine, de nouvelles sources de préoccupations, d’embarras et 


de charges pour la France.» 


J'ai jadis publié intégralement la correspondance de l'évêque 


d'Adran avec la Cour de Versailles !); elle indique clairement les 





1) La Correspondance générale de la Cochinchine (1785—1791) publiée par M. Henri 
Cordier, — Ext. du T'ourg pao, — Leïde, E. J. Brill, 1906 —1907, in—8, pp. 236. 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 45 


causes de la non-intervention de la France en An-nam. Il est bon 
d'ajouter que Nguyen-anh n'avait aucun droit ni au titre de Roi 
ni au trône de Cochinchine; il n’était que l'héritier des Nouyen, 
les maires du Palais à Hué; le souverain légitime était le descen- 
dant des princes de la dynastie des Lé; il est impossible que 
l'évêque d’Adran ait ignoré ce fait que je signale plus loin. 

Le 7 Avril 1857, le Ministre des Affaires étrangères prévenait 
ses collègues de la Marine et du Commerce que l'Empereur, après 
avoir entendu les observations dont M. Huc l'avait entretenu, avait 
décidé que la question serait déférée à l'examen d'une commission 
composée de personnes appartenant aux Ministères des Affaires 
étrangères, de la Marine et de l'Agriculture, du Commerce et des 
Travaux publics, et qu’il avait fait choix en ce qui le concernait 
du Baron BRrenter ‘), Envoyé extraordinaire et ministre plénipo- 
tentiaire à Naples, alors à Paris, et de M. Cintrat *), Directeur des 
Archives et de la Chancellerie des Affaires étrangères dont nous 
n'ignorons pas l'opinion; le Ministre priait son collègue de vouloir 
bien lui faire connaître les personnes que de son côté il aurait jugé 
convenable de désigner; la commission après avoir été constituée 
se réunirait au Ministère des Affaires étrangères, sous la présidence 
du B°2 Brenier et aurait à écouter et à apprécier les explications 


que M. Huc devait être appelé naturellement à lui donuer. 


1) Alexandre Anatole François Tenri BRENIER, baron de la Renaudière (fils de 
Joseph Henri B., chef de la comptabilité au Ministère des Affaires étrangères) né avant 1819; 
+ à la Lucassière (Indre-et-Loire) le 28 mars 1885; il avait été envoyé à Naples le 7 
nov. 1855 comme ministre plénipotentiaire. Cf. Louis FARGES, dans la Grande Encyclopédie. 

2) Pierre CiNTRAT, né à Courcelles (Sarthe) le 7 novembre 1793; mort après 1866; 
entré aux Affaires ctrangères, 1815; Directeur des Affaires politiques (1848—3 mars 1849); 
garde des Archives (3 mars 1849) (à la place de M. Edouard Carterou) jusqu'à sa retraite 
(29 oct. 1866). 


Commission 
spéciale. 


46 HENRI CORDIER. 


Pour faire partie de la commission, l'Empereur avait désigné le 
Contre-Amiral FouricHon; de son côté le Ministre de la Marine, 
l’Amiral Hamelin, fait choix (11 avril 1857) du capitaine de vaisseau 
Jaurès, Membre de l’Amirauté; le Ministre de l’Agriculture, du 
Commerce et des Travaux Publics délégue M. Fceury, Directeur 
du Commerce Extérieur; le 22 avril, le Comte Walewski désigne 
M. de Morras') pour remplir les fonctions de Secrétaire de la 
Commission. 

Le 3 Mai, le Baron Brenier remettait au Ministre des Affaires 
étrangères le procès verbal de la première séance de la Commission 
avec une série de questions à résoudre, base d'examen de la question 


qui fut approuvé le 11 Mai par le O® Walewski. 


Cependant Mgr. Pellerin adressait une lettre au Baron Brenier 
que celui-ci remettait au Ministre des Affaires étrangères le 29 


mai 1857: 


1) Eugène Durcor de Morras, né le 4 juillet 1810; chargé de travaux historiques à 
Madrid (1837); attaché à l’ambassade du due de Fezensac, à Madrid (19 juillet 1838); 
attaché à la Légation du Mexique (8 oct. 1839); chargé de mission en Californie (nov. 
1839); part le 29 mai 1840 de Mexico; s’embarque à Mazatlan le 23 mars 1841; l’ex- 
ploration dure trois années, et à son retour, il est attaché au Cabinet de M. Guizot; 
chargé de nombreuses missions politiques et historiques à Madrid (sept. 1844); en Cata- 
logne (sept. 1845), à Londres (déc. 1845), en Navarre et dans le pays basque (mars 1846) 
à Bayonne (juin 1846), à Berlin (oct. 1846), à ‘Madrid (avril 1847, janvier 1848), à 
Rome (sept. 1849). — Secrétaire de la Commission de liquidation des indemnités mexi- 
caines (25 mars 1851); de la Commission de délimitation des Pyrénées (14 juillet 1853); 
de la Commission de l'indemnité de Guatemala (13 janvier 1855); de la Commission de 
délimitation des Guyanes (14 août 1855); de la Commission du Testament de Napoléon 1 
(6 mai 1856); de la Commission d’examen d’un projet d’établissement en Cochinchine 
conseillé par le P. Huc) (22 avril 1857) — Rédacteur à la direction politique (19 juin 
1857); secrétaire de la Commission, de répartition des indemnités aux victimes des corsai- 
res colombiens (1% août 1858). — Sous-directeur à la direction politique (12 déc. 1867); 
membre du Comité des Travaux historiques (15 fév. 1875); ministre plénipotentiaire de 
2° classe (10 janvier 1878); admis à la retraite (11 fév. 1879); membre de la Commission 


du Commerce extérieur (11 fév. 1879); chargé de travaux particuliers. — Mort le — 189? 





LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 47 


A Son Excellence Monsieur le Baron Brenier. Lettre de Mgr. 
Pellerin au 
Baron Brenier, 


Monsieur le Ministre, 

«Je prie V. E. de me permettre de lui adresser quelques nouveaux ren- 
seignements qui pourront être utiles à la cause de la Cochinchine en faisant 
mieux connaître la triste situation dans laquelle se trouve ce malheureux 
royaume par suite de la mission de M. de Montigny. 

«Je savais déja qu'à peine le Catinat avait paru dans la rade de Tourane 
et surtout lorsqu'il eût détruit les forts qui entourent cette rade, le roi furieux 
avait donné les ordres les plus sévères contre les Chrétiens, et par suite de ces 
ordres tous les mandarins chrétiens avaient été mis à la chaîne et torturés, 
les principaux de nos néophytes avaient été emprisonnés, nos colléges avaient 
été détruits, nos maisons religieuses dispersées, partout l’appréhension des plus 
erands malheurs: une lettre que je reçus de Mgr. le Vicaire apostolique du 
Tonquin occidental lorsque j'étais à Hongkong me confirmait toutes ces choses ; 
mais depuis peu de jours j'ai reçu des lettres désolantes de Mgr. mon coadju- 
teur, et je vais me permettre de transcrire ici quelques passages de ses lettres: 
[Suit un récit des mauvais traitements infligés aux Chrétiens]. 

«Voila, Monsieur le Ministre, une partie de ce que m'’écrit mon coadjuteur 
et qui peut donner une idée du triste état dans lequel se trouve ma pauvre 
mission. Je l’avais quittée afin d'aider l'expédition de M. de Montigny par les 
renseignements que j'étais plus à même que personne de donner: j’y étais for- 
tement engagé par les autres vicaires apostoliques du royaume et par mes 
confrères. Aussi dès que j'ai appris que des navires français étaient dans les 
mers de la Cochinchine, je m'embarquai avec un de mes missionnaires pour les 
rejoindre; mais je fus assaill par un horrible typhon, ma barque fut broyée 
sur le rivage; nous avons été longtemps au fond de l’eau; tout ce que nous 
avions à été perdu ou pillé par les pêcheur payens; si ce n'avait pas été la 
nuit, ils nous auraient reconnus et livrés aux mandarins pour obtenir la prime 
promise et nous aurions eu la tête tranchée; nous pümes cependant nous 
réfugier dans les montagnes où nous avons erré longtemps mourant de faim, 
de soif et de misère, et souvent poursuivis par les Mandarins et les soldats. Le 
missionnaire qui m'accompagnait n’a pu résister à tant de souffrances, et il est 
mort entre mes bras. Ce n’est qu'après deux mois et demi d’horribles tribula- 
tions que j'ai pu arriver exténué et à moitié nu à bord de la corvette La 
Capricieuse où j'ai trouvé la plus touchante hospitalité. 

«Lorsque M. de Montigny arriva à Tourane je l'aidai dans les tentatives 
qu'il a faites pour obtenir un traité d'alliance en servant d’interprète et en 
traduisant plusieurs pièces: mais les moyens dont pouvait disposer M. de Mon- 
tigny étant insuffisants pour en imposer au Roi et vaincre ses mauvaises dispo- 
sitions, il a fallu partir après avoir éprouvé un déplorable échec, et alors il 


m'était impossible de rentrer dans ma mission; j'aurais été pris, coupé en cent 


48 HENRI CORDIER. 


morceaux, et ce que je redoutais le plus c'est que j'aurais compromis les Chrétiens. 

«Alors après avoir pris conseil de plusieurs personnes sages, je me suis 
décidé à venir me jeter aux pieds de S. M. l'Empereur pour la supplier d’avoir 
pitié de nos pauvres missions, et j'espère tout de son grand cœur. 

«Je demande pardon à V. E. de la tracasser ainsi par tous ces détails, 
mais son dévoñment à toutes les bonnes causes m'est un sûr garant que je 
serai exCusé. 

»Je suis, etc.» 

+ Fr. Mar. Hen. Ag. PELLERIN Evèque de Biblos 
Vic. apost. de la Cochinchine septle. 


En juin 1857, la note suivante est rédigée: 


Note demandée «Depuis plus de trente années, les dispositions du Gouvernement annamite 
Ain F8ST: à l'égard des étrangers n’ont subi, en apparence, aucune modification. C’est 
qu’en effet, si, dans ces derniers temps, l'Empire a changé de souverain, il n’a 
point changé de maître. Le conseiller intime du cruel Minh-mang, le grand 
mandarin Long-koué, a gouverné sous son faible et indolent successeur Thieu-tri 
et occupe encore la place de premier Ministre auprès de l'Empereur actuel Tu- 
Duc. À la mort de Minh-mang, Long-koué plaça Thieu-tri sur le trône et quand 
celui-ci ne fut plus, comme il lui fallait un souverain qu'il put conduire au 
gré de son ambition, il mit la couronne sur la tête de Tu Duc, second fils de 
l'empereur défunt, au préjudice de son frère aîné An-fong. Sous les règnes de 
Minh-mang, de son fils et de son petit-fils, les Chrétiens ont toujours été plus où 
moins persécutés et les étrangers toujours tenus à distance. Long-Koué a tou- 

jours été fidèle à sa politique. 

«Ce n’est point cependant que cette politique, tout en maintenant invaria- 
blement son principe, n'eut cessé parfois d’être aussi active, ni qu’elle se soit 
toujours signalée par d'aussi sanglantes exécutions. L'un des mandarins les plus 
haut placés à la Cour, converti récemment au Christianisme, protégeait sous- 
main ses coreligionnaires et prévenait, autant qu'il était en lui, l’exécution des 
ordres du premier ministre. L’effroi inspiré par les actes vigoureux du Com- 
mandant Lapierre seconda merveilleusement ses généreux efforts. Il ralentit la 
persécution et si quelque temps après, elle se ralluma, sous l'influence du vieux 
Long-Koué, plus vigilante et plus inexorable qu’elle n'avait jamais été, si en 
1854 et en 1855 les missionnaires Schæffler et Bonnard furent martyrs, si leurs 
confrères furent toujours contraints de se tenir cachés, les Chrétiens indigènes 
respiraient depuis deux ans, lorsque M. de Montigny reçut la mission qui l’auto- 
risait à conclure un traité de commerce avec le gouvernement annamite. 

«Déjà, le Gouvernement anglais en avait confié une semblable à son repré- 
sentant en Chine, Sir John Bowring, et celui-çi avait envoyé en Cochinchine, 


au mois d'août 1855, le Secrétaire interprète de la Légation britannique, M. 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 49 


Wade, pour lui préparer les voies. M. Wade conduit à Tourane sur le vapeur 
de guerre, le Rattler, devait chercher à entrer en rapport avec un des hauts 
fonctionnaires du royaume annamite, lui remettre une lettre adressée par le 
gouverneur de Hong-kong au Roi et attendre la réponse. La mission dont il 
était chargé échoua complètement, il ne put avoir de communications qu'avec 
des autorités subalternes et rapporta la lettre qu’on lui avait confiée. Cette 
tentative avait paru toutefois avoir inspiré une inquiétude salutaire et utile 


pour des négociations futures au gouvernement annamite.» 


Suivent le récit de l'affaire du Catinat et de la mission de 
Montigny. 
D'autre part, l'amiral Rigault de Genouilly donnait son opinion 


sur la question: 


Le 24 juin 1857, il écrivait à M. de Lesseps, à bord de la 


Némésis, de Singapore: 


DA te «Je recueille ici que les missionnaires français de Cochinchine se 
remueraient à Paris pour faire faire une expédition contre le royaume anna- 
mite. L'usage des missionnaires est de représenter tout comme facile, et c’est 
par ce procédé qu'ils ont lancé M. LAPiERRE dans une expédition qui n’a eu 
d'autre résultat que de nous couvrir de ridicule. Si donc l’on entame quelque 
chose de ce côté, il faut être décidé à pousser la chose à fond, et que le gou- 
vernement sache bien qu’il y a insuffisance de forces pour faire capituler le 
gouvernement Cochinchinois, non pas de torces navales, mais de troupes. Il faut 
au moins 1000 hommes d'infanterie de marine, 2 compagnies d'artillerie et une 
compagnie du génie pour prendre Tourane, ses forts et occuper le’ tout jusqu’à 
capitulation du gouvernement d'Hué. On peut tabler là-dessus ou l’on se jette 
dans des entreprises qui pourront être peu honorables et sans résultats. Je 
parle d’après la connaissance des lieux car j'ai fait l'expédition de M. 
Lapierre.» 


Le 10 septembre 1857, M. Mocquaro est chargé par l'Empereur 
de soumettre à l'examen du Ministre des Affaires étrangères la 
requête par laquelle le Vicaire apostolique de la Cochinchine sollicite 
la protection du (Gouvernement en faveur des Chrétiens de cette 


contrée. 


Opinion de 
PAmiral Ri- 
gault de Ge- 
nouilly. 


50 HENRI CORDIER. 


Requête de Sire, 


Mgr. Pellerin 


ben «Je prie Votre Majesté de me permettre de lui parler encore de nos pauvres 


néophytes de la Cochinchine et des Missionnaires français qui sont dans le 
royaume d’Annam; leur sang coule à l'heure qu’il est, et leur condition est 
devenue encore plus horrible depuis la dernière démarche tentée par la France. 
Si maintenant, on ne fait rien pour nous, il est à craindre que le christianisme 
ne soit anéanti dans ces contrées qui semblent cependant si disposées à recevoir 
les bienfaits de la religion chrétienne et de la civilisation. 

«Lorsque M. de Montigny quitta le port de Tourane après avoir essuyé 
le plus déplorable échec, et il ne pouvait pas en être autrement, vu les moyens 
dont il pouvait disposer, il dit au gouvernement annamite qu’il allait en référer 
à son gouvernement qui ne laisserait pas les choses là. Il ne m’appartient pas, 
Sire, d'exposer ici à Votre Majesté les avantages matériels et politiques qui 
résulteraient pour la France d’une occupation de quelques ports de la Cochin- 
chine sur lesquels la France a des droits: je crois que cette occupation n'est 
pas nécessaire pour sauvegarder les intérêts des Chrétiens, mais je viens supplier 
Votre Majesté de ne pas nous abandonner. Ce qu’elle fera pour nous attirera 
sur Elle et sur son auguste dynastie les bénédictions de Dieu. 

«Pour nous obtenir un peu de paix et de liberté, il me semble que les 


moyens à employer ne seraient pas très onéreux pour la France. 


«Je suis avec le plus profond respect», 
Sire, 
De Votre Majesté 
Le très-humble et très-obéissant serviteur et sujet. 
+ Fr. Mar. Hen. Ag. PELLERIN Ev. de Biblos 
Vic. ap. de la Cochinchine Sept.le 
Le 30 Août 1857. 





Opinion de la Plusieurs questions devaient naturellement se poser à l'esprit 
Commission 
spéciale. des membres de la Commission spéciale. Les attentats répétés contre | 


les missionnaires nos compatriotes ou nos protégés justifiaient sans 
doute les mesures coercitives que nous pouvions être appelés à exer- 
cer, mais n’avions-nous pas aussi quelques droits en Annam, stipu- 
lés par des traités ou des conventions, en un mot quelle était la 
valeur de ce fameux traité signé à Versailles en 1787 par l'évêque 
d'Adran qui était le principal argument — il venait de l'être tout 


récemment encore par l'abbé Hue — mis en avant à l'appui de 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. dl 


nos réclamations en Cochinchine. [Il suffisait d'examiner un instant 
la question pour la résoudre et s’apercevoir que nos droits n’existaient 
pas. En effet, le traité de Versailles était un contrat bilatéral: les 
avantages qui y étaient stipulés ne nous étaient acquis que si nous 
exécutions nous-mêmes les clauses de ce traité, c’est-à-dire si nous 
prétions secours au futur Gia-long; or les instructions secrètes 
envoyées au Comte de Conway ‘), gouverneur de Pondichéry, laissaient 
cet officier juge de l'opportunité de faire l'expédition de Cochin- 
chine, ce qu'ignorait d’ailleurs l’évèque d’Adran. M. de Conway 
pensa que dans les circonstances, l'entreprise offrirait trop de risques 
et peu de profits; l'évêque d'Adran fut donc obligé d'agir par ses 
propres moyens; lui seul et ses compagnons avaient droit indivi- 
duellement à la gratitude du prince annamite: la France et son 
gouvernement s'étant tenus à l'écart. 

L'évêque d’Adran qui habitait la Basse Cochinchine ne me parait 
avoir eu que des notions vagues sur le centre de l’Annam, c’est- 
à-dire Hué et Tourane. En outre, il fit preuve d'ignorance, sinon 
de ruse, en présentant Noœuyên-Anh, le futur Gia-long, comme 
l'héritie des rois d’Annam: Nœuyên-Anh n'était que le neveu et 
l'héritier de Dué-tông, chua ou maire du palais et non roi, à Hué, 
administrant la Cochinchine au nom du Bua, le véritable souverain, 
Lê Hiên-tông, de même qu'avant la révolution de 1868, les Chogouns 
de la maison de Tokougawa dirigeaient les affaires du Japon à 
Yedo, tandis que le Tenno, le véritable empereur, végétait à 
Kyoto. 


Mais la Commission spéciale n’aborda pas l'examen de cette 


1) Voir la Correspondance générale de Cochinchine, citée supra. 


52 HENRI CORDIER. 
dernière question; elle constata comme l'avait déjà fait la note 
citée plus haut la non-valeur du traité de Versailles, mais comme 
il fallait châtier les persécuteurs de nos missionnaires et satisfaire 
en même temps au désir secret de l'Empereur Napoléon et de son 
entourage, elle proposa l'occupation des trois villes principales de 
l’Indo-Chine: Hué, Ke-tcho [Hanoï] et Saigon. 


(à suivre). 





LE ROYAUME DE CHAMPA 


PAR 


GEORGES MASPERO, 


Administrateur des Services Civils de l’Indochine, Correspondant-Délégué de l’Ecole 
Française d’Extrème Orient. 


(Suite). 1) 


CHAPITRE V. 


Le Tech’eng Cheng. 


La VIe Dynastie 860—900. — Indrapura capitale du Champa. — La VIe Dy- 
nastie 900—986. — Nouvelle hégémonie de Pandurañga. Invasion du Champa 
par Rajendravarman IT, Roi des Khmers 945—946. — Prise et Destruction 
d'Indrapura par Lè Hoùn, Empereur du Dai Cù Viét 982. — La 
VIII dynastie 989—1044. — Vijaya capitale du Champa 
1000. — Prise de Vijaya par Phat Ma, Empereur du 
Dai Cù Viét 1044. 


Avant sa mort, Vikrantavarman, n'ayant pas d'enfant, <désigna?) VI° Dynastie 


860 — 900. 
«aux premiers des citoyens)» pour le remplacer, un nommé De 
man ‘ 
Laksmiudra Bhüumiçvara Gramasvamin ‘). Ceux-ci «l’allèrent chercher FT 


«pour protéger ce cher pays de Champa‘)» et lui décernèrent, 
avec les insignes de la souveraineté, le nom protocolaire de Cri 
Jaya Indravarman Mahäräja Adhiraja°). 


Les raisons de ce choix nous demeurent assez mystérieuses. 


1) Voir T'oung Pao, Mars 1910, pp. 125—136. Mai 1910, pp. 165—220. Juillet 
1910, pp. 319—350. Octobre 1910, pp. 489—526. Décembre 1910, pp. 547—566. 

2) Dông Du'o’ng, Quang Nam, 66. Stèle Bxr st 797c = 875 AD. Finor IV 84. 

3) ibid Bix. 

4) ibid B?!. Fixot IV 97 n. I, au lieu de 20 lire 21. 

5) ibid. B1x. Il rappelle que cette élection d’un roi par les Grands se fait «de temps 
en temps» et que Prithivindravarman fut élevé au trône de cette façon. Ibid Bvir. 

6) Comme, en parlant de lui, il n’emploie ce titre qu’une seule fois, ibid. B'° et se 
désigne partont ailleurs Axx—xxrr. Bxv. D'!, par le nom de Çri Jndravarman, nous 


l’appellerons Indravarman II. 


54 GEORGES MASPERO. 


Laksmindra Bhümiçvara était de haut lignage, et sa famille se 
réclamait, si nous l'en croyons, «de la descendance de Paramec- 
«vara!)» lui-même: de cet ancêtre divin étaient nés, dans la suite 
des temps, Uroja, puis Dharmaräja, Rudravarman, enfin, son grand- 
père et Bhadravarman son père; mais ni l’un ni l’autre de ses 
deux ascendants immédiats n'avait régné?) et «la royauté ne lui 
«fut point donnée par son grand-père, ni donnée par son père *)». 
C'est à lui seul, à ses seules vertus passées et présentes qu’il la 
dut, il le dit, le répète avec fierté et le redit encore afin que nul 
n’en ignore: <C’est par l’exellence de son ascétisme, par la puis- 
«sance de sa pure intelligence qu'il devint roi, non par son père 
»on son grand-père» ‘); c'est parce que «son âme supérieure s’est 
«sans cesse purifiée de naissance en naissance)» que «les premiers 
«des citoyens le sont venus chercher»; c’est «par la perfection des 
«fruits de l’ascétisme (pratiqué) dans de nombreuses existences 
«antérieures, qu'il est parvenu à la souveraineté de Champa, par 
«la faveur du destin)». 

Sa famille était du Nord, du pays d'Amarävati sans doute, et 
appartenait probablement au Clan du Cocotier; il invoque Bhadrec- 
vara, Cambhubhadrecvara et l'ancêtre mythique Uroja que les rois 
du Clan de l’Aréquier paraissent ignorer, pour se réclamer du 
«fortuné Vicitrasagara». Il résida à Indrapura. 


Aussi bien, c’est dans les environs de cette ville, à Dông Du’o’ng, 


1) ibid. A XVIII. 

2) Finot IV 96 voit en Rudravarman et Bhadravarman, grand père et père de Jaya 
Indravarman des rois qui le précédèrent sur le trône. Mais l’insistance d’Indravarman a 
déclarer qu’7 doit la royauté à ses mérites seuls et non à son père ni à son grand-père se 
comprendrait mal si c'était d’eux qu’il eût précisément hérité la couronne. Il faut donc 
platôt voir, à mon sens, dans les qualificatifs de raja et vibhu qu'il leur applique, des termes 
de respect assez naturels dans la bouche d’un souverain parlant de son père et de son 
grand-père. 

3) Ibid. Axxr. 4) ibid, AXXIT. b) ibid. Bix. 

6) ibid. 412500" 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 55 


qu'ont été retrouvées les seules inscriptions de son époque, et sa 
veuve parle avec amour de «la ville parée de la splendeur de la 
«ville d'Indra, brillante de lotus blancs, ornée des plus belles fleurs 
«de lotus, fondée par Bhrgu dans les temps anciens, cette ville 
«appelée Campa» !). 

Il était fort populaire, «chéri des plus éminents gurus de la 
«terre» *), célébré par les chants des «princes des poëtes» *) et 
avait su s’attirer toute l’affection et la confiance de Vikrantavarman. 

Son règne fut long‘) et pacifique et le qualificatif d’« arracheur 
«de bornes frontières» qu'il s’attribue*) semble pure figure de 
rhétorique. Aussi bien, à cette époque, le Champa n'avait point 
d'ennemi. Au Cambodge, Jayavarman II, d’abord, qui s’éteignit en 
869, après un règne de soixante sept ans, puis Jayavarman III, 
Iudravarman I, enfin, le premier des grands bâtisseurs d’Angkor‘), 
qui mourut en 8897), étaient plus occupés à assurer la paix chez 
eux qu'à porter leurs armes au dehors. 

Le tcheou de Giao avait été envahi et occupé de 863 à 865 


par les troupes de Che-long), roi du Nan-Tchao”), et le Vice-Roi 


1) Dông Du’o’ng Quang Nam. 67. Stèle Arr skt. sans date. Haradevi, veuve d’Indra- 
varman II. FinoT IV 105. Cf. infra p. 57. 2) DIT DEEE 3) ibid. Bxr. 

4) La dernière date que nous possédions du règne de Vikrantavarman III est 776c — 854 
(Po Nagar de Phanrang, Binh-Thuân, 14, stèle, skt, cf. supra p. 565) et la seule qui nous 
soit parvenue de celui de Jaya Sinhavarman I est 820c = 898 AD (Bàn Lanh, Quang-Nam, 
106, stèle, skt, ch, 820c — 898 A D, Finor IV 99. On peut donc attribuer au règne 
d’Indravarman II une trentaine d’années environ: de 860 à 890 approximativement. 

5) ibid. Bxur. 

6) Jayavarman III Visnuloka, successeur de Jayavarman II Paramecvara, serait monté 
sur le trône en 791c — 869 AD. Kuk Rosei [Neak Ta Bakkâ]. Promtép. 175. Stèle 
khmer. AYMONIER Cambodge 1, 420. MasPERO Empire Khmer 32. Ce serait sous son règne 
qu'aurait été commencé la construction du Bayon. Maspero Empire Khmer 32. 

7) 8lle. Maspero Empire Khmor 33. 


8) Che long EE PÆ fils et successeur de Fong Yeou ei] 4& Il règna de 859 
à 871. Nan Tchao Ye Che F4 ré Hi LU Histoire particulière du Nan-Tchao, Tra- 


duction C. SaINSON. Publications de l’Ecole des Langues Orientales vivantes. Paris. Leroux, 
1904. 70—76. 


9) Les troupes du royaume de Nan-Tchao, 4x Nam Chièu F4 HA (Yun-Nan) enva- 


56 GEORGES MASPERO. 


Kao P'iên avait fort à faire à relever les ruines laissées par elles. 
La Chine, enfin, livrée aux mains d’'Yi Tsong'), un fou mystique, 
puis de Hi Tsong*°), un enfant, ne songeait guère aux expéditions 
étrangères. Indravarman se considéra comme libéré de tous ses devoirs 
envers elle lorsqu'il lui eut une fois adressé des présents: c’étaient, 
il est vrai, des éléphants savants, 877). 

I1 était fervent Buddhiste. Sans doute, il adresse des hymnes 


de louange au liñga Cambhubhadreçvara*) et se vante de l'avoir 


hirent pour la première fois le tcheou de Giao en 846, sous le règne de Fong Yeou, 


père de Che-long (sixième année Houei tch’ang 2 E de Fong Yeou). En 858 (douzième 


année Ta tchong K FH de Fong Yeou) nouvelle invasion. En 862 (le Nan Tchao 
Ye-che donne «deuxième année Hien t'ong 157 jf de Che long» 861) elles y font 
une nouvelle incursion. En 863 (le Nan Techao Ye Che donne «cinquième année Ilien 
t’ong 864) elles s'emparent de La Thành, ch Lo-Tch’eng ZÈ JX. occupent le pays et y 
demeurent jusqu'en 866 (septième année Ilien T'ong de Che long 866), époque où Kao 
Pien, am Cao Bien je jf. King lio, en Kinh lu'oe XX EX du teheou de Giao, les 
en chasse définitivement. Histoire particulière du Nan-Tchao. SaixsoN 65—76. Vs! I 146. 
15ab et la Notice sur Cao Biên 154. 1648. 1Ta. An ET 164 IX 54. 6a et la Notice 
sur Cao Biên 66. Ta. SAINSON 43—215—17—369—74. 77 ng V 8 ab. 9a 6. 108. etlla 
à 15a Cm. tb IV 35a 376. 38a V la 2b 3a 7h à 10a et les Notices sur le Nam Chièu 
IV 35ab. 3a et Cao Bièn V 66 Ta. Des Michels 185 à 207. Six Tang Chou Notice sur 


Nue Tea COX XII FH 166 17a et Notice sur Kao P'ién COXXIV JA 346 à 372. 


2 Eh . = r 
1) Yi Tsong A = fils et successeur de Siuan Tsong +. = régna de 869 à 
873. Sin Tang Chou IX 33b à 340. 


2) Hi Tsong fË = dernier fils de Yi-Tsong. Il monta sur le trône âgé de douze 
ans, et règna de 874 à S88. Sin T'ang Chou IX 346 à 37Ta. 


3) En quatrième année K’ièn fou F S de Hi Tsong) le Champa présenta 
6 À | ‘Tong pa p 


trois éléphants dressés. Conduits au palais, on les fit danser et saluer. Ils farent, par la 


“suite, reconduits dans leur pays”. Zinrg-piao-lou-yi Lu 86. ,Cette ambassade de 877 
n’est mentionnée à ma connaissance que dans le Ling piao lou yi de Lieou Siun des 
,»T'ang, dit Perrot IV 197, 3. Les Histoires des Tang sont trop insuflisamment informées 
sur les pays étrangers pour que leur silence puisse être opposé au témoignage de Lieou Siun”. 

4) Fixor IV 98—99 fait remarquer qu'Indravarman, au liea de glorifier Bhadravar- 
man Ï qui, le premier érigea ce liñga sous le nom de Bhadreçvara, et Çambhuvarman qui 
le réédifia après l'incendie des guerres de Rudravarman I célèbre deux personnages mythiques, 
Bbrgu et Uroja auxquels il en attribue la fondation (ibid Ar à vis et xui) et la réédification, 
(Az à xu). J1 n'ignorait point l’histoire, cependant; les stèles de Bhadravarman et Çambhu- 
varman étaient là pour la lui rappeler. S'il fait intervenir Bhrgu et Uroja, c’est simplement, 


« . PLELZ . »” ee as » “ A 
à mon avis, à fin de généalogie, pour légitimer, par une origine céleste, son avènement au trône. 





LE ROYAUME DE CHAMPA, 5 VW 


pour ainsi dire <érigé à nouveau» ‘) en le protégeant par un étui 
au visage d'or?); mais c’est surtout au Buddha, adoré sous le vocable 
«(ri Laksmindralokeçvara» *) que sont particulièrement adressées 
ses offraudes. En 875‘) <en vue du Dharma, dit-il, un monastère ) 
«a été fondé par moi, exempt de tout impôt royal, pour le profit 
«de la communauté des moines. J'y ai placé tous les moyens de 
«subsistance pour l'usage de la communauté des religieux, pour le 
«profit des êtres. Ce n’est pas au profit du Roi, ce n’est pas comme 
«extension d'impôt, c’est au profit de la communauté des religieux 
« que ce monastère est fondé à perpétuité)» et il énumère «les champs 
«avec leurs récoltes, les esclaves des deux sexes, l'argent, l'or, le 
«laiton, le cuivre et autres richesses» dont il fait donation au 
suprême Avalokiteçevara Svabhayada”) «pour l'usage de la communauté 
«des religieux, pour l'achèvement de la propagation du Dharma» *). 


Cette dévotion lui valut le nom posthume de Cri Paramabuddhaloka ?). 


1) ibid. But. 2) Koçarüpam suvarnnaänanam, ibid. 

3) ibid. D'5# 1%, Lokeça A Invocation Bv x11, Lokecvara Biv ou Cri Avalokiteçvara 
B°: 2%, vénéré suivant l'usage sous un nom qui rappelle le donateur (Laksmindra). 

4) ,Le roi des Çakas étant illuminé par les montagnes, neuf et les Munis (797c), 
nSaturne étant dans le Verseau, le soleil dans le Taureau, Jupiter, l’horoscope et Vénus 
ndans les Gémeaux, le Vendredi, Mars étant dans le Bélier, la Lune dans le Cancer, sous 
“le naksatra Pusya, le cinquième jour de la quinzaine claire de Quer (Jyaistha)” ibid. 
Bxv. Cf. BarTH Notes sur les dates de deux Inscriptions de Campä BEF EO IV 116—117. 

5) Les ruines de Dông Du’o’ng (Quang-Nam) où a été retrouvée l'inscription, marquent 
probablement l'emplacement de ce monastère. 

6) ibid. 

7) ibid. Bxv'°. ,C’est à dire apparemment, qu'il était représenté faisant le « geste 
qui rassure», abhayamudra” Finor IV 98. 

8) ibid. Di, ui. 

9) Dông Du’o’ng, Quang Nam, 67, Stèle B° Ské, sans date. FiNor IV 105. 

”La princesse Haradevi était veuve d’un roi qui portait le nom posthume de Parama- 
”buddhaloka; son abhisekanäman ne nous est pas donné, mais si on considère que le dieu 
érigé à sa mémoire par sa veuve est appelé Indraparameçvara, on ne peut guère douter 
que le roi défunt ait eu pour nom de règne Indravarman. Il est en outre vraisemblable 
que cet Indravarman n'est autre qu'Indravarman (II), prédécesseur de Siñhavarman. Il 
métait (nous l’avons vu par la charte de fondation du monastère de Laksmindra) très favorable 
»au buddhisme, ce qui s'accorde à merveille avec le nom de Paramabuddhaloka que nous 
supposons qu'il reçut après sa mort.” FINOT IV. 117. 


Jaya Siñha- 
varman Î. 


58 GEORGES MASPERO. 


La Reine Haradevi, princesse Po ku lyañ Ori Rajakula') sa 


femme, habile comme lui dans l'observation du Dharma*), ne lui*) 


A 


ayant pas donné d'enfant apte à règner, fit désigner comme héritier 
présomptif le fils de sa soeur aînée‘) qui avait épousé un noble 
nommé (ri Jaya Guheçvara sur la terre*). 

Ce prince fut, à la mort d’Indravarman IT, proclamé (ri Jaya 
Siñhavarmadeva Campäpura Paramecçvaraf) (Jaya Siñhavarman 1). 
Il résida dans «la ville parée de la splendeur de la ville d'Tudra..… 
brillante de lotus blancs, ornée des plus belles fleurs de lotus... 
«appelée Campa.…. illustre... dont la puissance renouvelle sans cesse 
«la postérité» ’); et c’est à peu près tout ce que nous savons de 
son règne. 

Reconnaissant envers sa tante, il lui érigea à Indrapura*), sous 
les traits de la glorieuse déesse nommée Haromädevi”) une statue 
dans le temple même qu’elle avait construit et où elle édifiait «un 
«Indraparamecvara pour le mérite de son mari, un Rudraparamec- 
«vara pour l'accroissement du mérite de son père et une Rudroma 


«pour l'accroissement du mérite de sa mère » !°). 


D)élibid.2BrAuTT 2 ee 2) Ibid. B1, ui. 

3) Indravarman Il. Znv. 

A—I. Dông Du’o’ng, Quang-Nam, 66. stèle sk£ 797 = 875 AD, Indravarman II. 
J. A. 1896 [1] 147 Finor IV 84. 

C—I. Dông Du’ong, 67 Stèle S%é Ch. Haradevi sa veuve J. A. 1896 [1] 147, 
Finor IV, 107. 

II. Bàn lanh, 106. Stèle S#é ck 820c — 898 À D. Civacarya, son ex-capitaine des 
gardes. BEF EO IV 99. 

4) Ibid. B°. 

5) Et dont le nom posthume semble être Paramecçvara (loka) Ibid A I. C’est ainsi du 
moins que je comprends la phrase « Ce Parameçvara.... nommé Gubheçvara sur la terre, 
«dont les pieds, lotus.... la gloire de son fils, (Jaya Siñhavarman) ». Ainsi s’explique 
alors l'invocation adressée par ce roi à la mémoire de Ori Jaya Guheçvara. Bàn lanh 106 Ar. 

6) Ibid B5. 7) Ibid. Art—1v. 

8) Alias Campapura, la «viile de Campa» Of. Finor IV 112. 

9) Ibid. B7, v. 

10) Ibid. B'° à :5 V, VI. Ils étaient en même temps l'oncle, le grand-père et 1. 


grand-mère maternels de Jaya Siñhavarman I. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 59 


Il consentit enfin une charte de protection et d'immunité en 
faveur de deux temples que son capitaine des gardes, Civäcarya !) 
avait élevés au dieu €Cri Rudramaddhyeçvara et au dieu Cri 
«Qivaliñgeçvara» ?), le premier, semble-t-il, quatre ans avant la 
délivrance de la charte ) et le second en 898“), année qui pourrait 
être celle où elle fut octroyée ?). 

Sa mort ou sa chûte fit perdre le trône à la famille qu’Indra- 
varman Il y avait élevé et y ramena, avec Haravarman, les princes 
du Clan de l’Aréquier. Nous ignorons tout des évènements qui 
accompagnèrent ce changement de dynastie dont, à vrai dire, nous 
ne possédons qu'une preuve: l'absence, sur les monuments du Nord, 


d'inscription tracée par les successeurs de Haravarman qui, au con- 


traire, en ont laissé plusieurs dans les temples de la Région Sud. 


1) Il avait rempli le même oflice auprès du Roi Indravarman II et il en avait «recu 
trois noms .... magnifiques». Bàn lanh 106 Av. Sur le titre « dandaväsa bhata», Capitaine 
des gardes, cf. FiNoT IV 104, supra Ch. I. 

2) Ibid. A!%, !*. Sur ces noms, cf. FINOT IV 104. 

3) »Il érigea sur la terre Ori Rudramaddhyecvara.... au bout de quatre annces .... 
“il y eut un ordre de S. M. Cri Jaya Siñhavarmadeva à quatre ascètes . . .”’ Ibid Avr * à *?, 

4) ,En l’année caka, ciel-deux-huit (820 — 898 AD.), le cinquième jour de la quinzaine 
“noire de Çuci, Givaliñgecvara a été érigé par le sage Civacarya” ibid. B VIII. 

5) Jaya Siñhavarman II. nv. 

B.—T. Dông Du’o’ng, Quang Nam, 67 stèle s44 cA, sans date, Haradevi, veuve d’Indra- 
varman Il (Paramabuddhaloka) tante maternelle de Jaya Siñhavarman I. J. A. 1896 [1} 
147. Finor IV 105. 

IT. Bâàn-lanb, Quang Nam, 106 stèle skt ck 820c = 898 AD, Civacarya, Capitaine 
des gardes d’Indravarman II, puis de Jaya Siñhavarman I. Finor IV 99. 


Vie DYNASTIE. 
860—900 


Dynastie de Dông-du’ong 


Bhadravarman 
Rudravarman 
1 Indravarman 11 Po ku lyanñ Cri Rajakula sa soeur aînée Jaya 
Paramabuddhaloka Haradevi | Guhecvara 


2 Jaya Sinhavarman 


VII° Dynastie 
900— 986. 
Iaravarman. 


Indravar- 
man IIl,. 


60 GEORGES MASPERO. 


«Le roi Çri Haravarman'), qui donne ses richesses au monde 
«entier, a été maître de la terre entière, qui a pour vêtement 
«liquide l'Océan». 

«Il eut pour fils le roi Qrt Indravarman*), qui se donna tout 
entier au gouvernement de Campa et qui était pareil à la pleine 
«lune dans le ciel). C'était un lettré qui se jouant dans les belles 
«ondes des six systèmes philosophiques, à commencer par les 
«Mimämsas, et dans celles de Jinendra, fréquentant les eaux de la 
«Grammaire et de la Kaçika, était un poisson dans les légendes 
cet dans l'Uttarakalpa des Civaïtes : car il était, entre les meilleurs 


«des sages, le plus versé dans tous ces récits» ©). 


1) Haravarman. Znv. 
C. — Po Nagar de Nha-Trang (Edicule Nord-Ouest) Khanh-hoù, 38, Stèle, E, ské, 
840ç = 918 AD. Indravarmau III son fils. Corpus II, 242xxvI. 


2) C’est le Che-li Yintô. Man, FE À] (A) fa Crindra(var)man du Wow 


Tai Che XI 156 celui-ci écrit ici Man fn, Song Che CCCCLXXXIX 264. Tsô fou 
gyuan louei CMLXXII 22 Wen Hien long E'ao XXIV H D 53a. Méridionauxr 545. 


Sur l’emploi de FE . Che comme transcription de Gi, Cf. Pectior 197 note 4. Et le 


Yin to Man FAI fi ÿ du Wou Tai Che LXXIV 69a et du Wou Tai Houei Fao XXX 14. 

3) Po Nagar de Nha-Trang 38. E. II. 

4) ibid. E III. ,L'intérêt de cette inscription est dans les données littéraires qu’elle 
contient. Le roi était, paraît-il, très lettré, et, dans l’énumération de ses connaissances, 
»la stance III comprend, avec les six systèmes philosophiques, la doctrine du Buddha et 
les légendes, äkhyäna, la grammaire accompagnée de la Käçikä, d’une part, et l’Uttarakalpa 
ndes Civaïtes de l’autre. Ce dernier ouvrage est probablement le même qui, d’après le 
catalogue des manuscrits d'Oxford dressé par M. Aufrecht, est cité dans la compilation 
ntantrique intitulée Cäktänandatarañgint. 11 est intéressant d'en trouver déjà la mention 
»dans une inscription du X° siècle. Quant à la grammaire, vyäkarana, c’est évidemment 
»celle de Pänini, avec son commentaire, la Käçikävritti. La mention de ce dernier ouvrage 
»a une réelle importance pour l’histoire littéraire de l'Inde. On a beaucoup disputé sur 
sa date, que les uns font remonter au VII° siècle, tandis que d’autres la font descendre 
jusqu'au XII° ou même, comme l'éditeur du texte, Balaçastrin, au XII, et l’on ne peut 
dire que la question soit encore définitivement résolue. Du moins, sera-t-il désormais 
rimpossible de supposer la Käçika postérieure au IX° siècle, puisque au commencement du 
»X°, elle était connue sur la côte orientale de l’Indo-Chine”. BERGAIGNE C. II 247 — 48. 


Cf. supra I. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 61 


En Juin 918 '), peu de temps, semble-t-il, après son avènement*), 
«désirant répandre sa gloire dans le monde entier», il érige dans 
«le temple de Yan Pu Nagara, au pays de Kauthara, une déesse 
« Bhagavatr, avec un corps d’or» *). 

Elle sut mal protéger le Roi qui l’honorait et l’image qu’il lui 
avait consacrée: vers 945 ou 946, les armées de Räjendravarman II, 
Roi du Cambodge”, envahissent le Champa, s'emparent de Yan Pu 
Nagara; «la statue d’or de cette déesse que ce roi (Indravarman II), 
«d’une majesté difficile à atteindre, avait autrefois érigée, les Kam- 
«bujas, dominés par la cupidité et les autres vices, l’ont dérobée et 
«en sont morts»). Au moins sut-elle se venger par la suite et 
donner aux Chams la force de repousser l’envahisseur qui subit 
des pertes considérables et laissa derrière lui nombre de siens. 

Depuis de longues années”), les Rois du Champa n’entretenaient 
plus aucune relation avec la Chine. La dynastie T’ang s’était éteinte 


dans l'anarchie), laissant l’Empire divisé en principautés rivales, 


1) »Quand le temps du roi des Cakas eut atteint le ciel, les! mers et les corps (340 c), 
»le onzième jour du mois de Quci, dans la quinzaine noire, un dimanche” ibid EIII, date 
“qui correspond au 7 Juin (vieux style) ou 12 Juin (nouveau style) 918 de notre ère, 
lequel était un dimanche. BarTa. Corpus 11 259 n. 9. 

2) 11 règnait encore en 959. Cf. infra, p. 62. 8) ibid. Erv. 

4) L'inscription de Jaya Indravarman I (Po-Nagar de Nha-Trang 38 D), qui mentionne 
l'invasion khmère n’en donne pas la date, mais celle de Baksei Canñkrañ, Siem-Räp, 286, 
datée de 869c = 947 AD, compare Räjendravarman (II) »au feu de la destruction univer- 
”selle qui brûlait les royaumes ennemis, à commencer par celui de Campa”. L'expédition 
khmère au Champa a donc eu lieu entre l’année 8666 = 944 AD, qui vit l'avènement 
de Räjendravarman I, et l’année 869c — 947, où fut gravée l'inscription de Baksëi Cañkran. 

5) Rajendravarman 11, fils aîné de Jayavarman IV Paramacivapada, fut évincé au 
profit de son frère cadet Harsavarman II, Brahmaloka, mais réussit à s'emparer du pouvoir 
et règna de 944 à 968 AD. 11 reçut le nom posthume de Civaloka. MaspEro. Æmpire 
Kmer 36—37. 

6) Po-Nagar de Nha-Trang, 38, DI. 7) Depuis l’année 877 AD. 

8) Tchao Siuan, Hi Er fils de Tchao Tsong 4 EE et le dernier Empereur 


de la dynastie des T’ang, monta sur le trône en 905 à l’âge de 13 ans. Il fut dépossédé 


en 907 par Tchou Wen El ui est proclamé Empereur Leang YR Tai Tsou, 
P q I I AN 


K ML premier Empereur de la dynastie des Leang postérieurs A He 907—923. 
Sin Tang Chou X 40a. 


62 GEORGES MASPERO. 


sans force à l’intérieur, sans prestige à l'extérieur; en quarante 
quatre ans, quatre dynasties: Leang, T'ang, Tsin et Han, que les 
Rois du Champa voulurent ignorer ‘). 

C'est en 951?) qu'Indravarman IIT songea à les renouer, et 
c’est au fondateur d'une nouvelle dynastie, KouoWei*), que P'ou 
Ho San‘), son ambassadeur, se présenta. 

Il chargea cet officier d’une nouvelle mission en 958, qui fut 


renouvelée l’année suivante”). 


1) La période qui s’étend de la déposition de Tchao Siuan des T’ang, 907, à l’avène- 
ment de T’ai Tsou A Ji des F Song, 960, est dite , Période des Wou Tai . 4e 
cinq dynasties”. Deux des vingt quatre Histoires officielles lui sont consacrées: Le Kieou 


Wou Tai Che #È . ft 5 et le Wou Tai Che CA fe 5H. Le Kieou Wou 


Tai Che est muet sur les relations de la Chine avec le Champa. Tout ce que j'ai pu 
relever touchant ce royaume est, dans la partie XF CXXXVIII 355, cette phrase 
véritablement bien intéressante: « Dans le Champa il y a de grands oiseaux et des paons ». 
Le Wou Tai Che LXXIV 694 est un peu plus complet: il consacre une notice au Champa 
et note l'ambassade de 958 à la fois dans cette notice et dans la partie principale XII 
156. Le Wou Tai Houei Yao 7. fe ér D. XXX 14 donne également une notice 
sur le Champa et cite cette ambassade. Le 7sù fou yuan kouei CMLXXII 22 en mentionne 
deux, l’une en 951, l'autre en 959. Il est donc à peu près certain que, pendant les quatre 
premières dynasties, le Champa n’entretint aucune relation avec la Chine et qu’il les 
renoua seulement sous la cinquième, celle des Tcheou, par l'ambassade de 951. 

2) »En première année FE JE Kouang Chouen, à la neuvième lune, le roi de 
»Champa Che li yin tô man envoi l’oflicier P’ou Ho San et sa suite présenter des produits 


“du pays” Z75ü fou yuan kouei KCMLXXII 22. Les Wou Tai Che ne mentionnent pas 
cette ambassade. 


3) Kouo Wei ER El (T’ai Tsou K Nik) est proclamé roi par les troupes après 
le massacre de Jieon Tch’eng You #1] 7K Don (Ying Ti E fr) dernier empereur 
de la dynastie des Han postérieurs. Kiou Wou Tai Che C 1 4a à C III 104. 


4) P'ou Ho San Hj HA] MX Vox Tai Che XIT 156. LXXIV 594. Wou Tai Houci 
Yao XXX 14. Song Che CCCCLXXXIX 26a et Wen hien Tong kao XXIV un D 


53a. Méridionaux 545. + T'sû fou yuan kouei CMLXXII 224 écrit Siao Ho San FE Si) DL < 

5) Le Wou Tai Che XII 156 et LXXIV 19 et le Wow Tai Houei Yao XX 14 ne 
mentionnement qu’une ambassade qu’ils placent en ,cinquième année Hien Tô, BE fi 
958, à la neuvième lune” Le Ts'ü fou yuan kouei CMIXXII 224 ne mentionne pas 
celle de 958 mais en place une en »sixième année Hien To, à la sixième lune” 959. Enfin 
le Song Che CCCCLXXXIX 264 et le Wen hien T'ong kao XXIV 534, Méridionaux 545, 


se bornent à dire: »Dans le milieu des années Hien Tô, le roi Che li Yin tô man envoya. 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 63 


Il mourut peu après!) et son successeur Jaya Indravarman IL?) Jaya Indra- 
varman I. 


renvoie P’ou Ho San, dès la fin de l’année 960*) offrir les dons‘) 
de joyeux avènement à Tchao K’ouang Ying qui venait de s'emparer 
du trône et se proclamer Empereur Song”). Il ne cessa, sa vie 
durant, d'entretenir, avec ce souverain, les meilleurs rapports et de 
lai présenter de somptueux présents: en 962, ce sont vingt-deux 


défenses d’éléphant et mille livres d’encens‘); en 966, des éléphants 


»”oflieier P’ou Ho San offrir...” Or l'énoncé des présents est à peu près identique dans 
les quatre derniers textes; ce sont: »des boucles de ceintures en corne de rhinocéros 

c à ras 
rtransparente en forme de dragon dans les nuages, une pierre du Bodhisatva (FE PP 
#4) de l’eau de rose (&& fi 7K) qui, répandue sur un vêtement, y conserve le 
“parfum une année (elle venait des pays de l'Occident py E% dit le Wou Tai Houei 

7 r » Q » , A , 

»Yav XXX 14), de l’huile de naphte EFA k H) dont la flamme s’accroît par l’eau, 


”le tout dans des flacons de lieou-li.... so F5 ete”. Il se pourrait done qu’il n’y 


ait eu qu'une seule ambassade. PELLIOT IV 197 en compte deux sans discussion C’était 


alors Kouo Yong ER E< Chô Tsong TE na des Tcheou postérieurs 1% FA 


qui règnait. 
1) Indravarman III. Z»v. 
A. Po-Nagar de Nha-Trang, Edicule Nord-Ouest Khanh-hoù, 38, Stèle, E, s4é, 
840c — 918 AD. C II 242xxvr 


2) C’est le Che li to pan FE 1] LA pe Cri(n)dravarman du Song Che 
CCCCLXXXIX 264, le Che li yin to pan FE À] | Fe FE . Cri Indravar(man) 


du Wen Hien T’ong Kao XXIV 534. 

3) L'ambassade se présenta à la Cour à la première lune, jour Keng tseu HE + 
“de la deuxième année Kien long” Song Che 1 2a, c’est-à-dire vers le 23 Janvier 961. 
Elle avait donc quitté le Champa vers la fin de 960. Wen hier long kao XXIV 53. 
Méridionaux 545. Ling wui l'ai ta II 11. 

4) Il présenta ,une lettre écrite sur feuilles de palmier maintenues entre deux lames 
»de bois odorant, des cornes de rhinocéros, des défenses d’éléphant, du camphre, quatre 
“paons et vingt jarres arabes GA É FL Ta Tche p'ing)”. T’ai Tsou le chargea de 
présents pour son maître, parmi lesquels un grand nombre de pièces de soie. Soxg Che 
CVLXXXIX 26a. Wen hien long kao XXIV 53a. 


5) Tchao K’ouang Ying AE] EA Jél (T’ai Tsou K MIEL ), premier Empereur des 


= Song, dépossède Kouo Tsong Hiun ER = ll] ( Kong Ti À ñf 960), 
dernier Empereur des Teheou, et règne de 960 à 976. 

6) ,Troisième année Kien long, neuvième lune, jour Ping tseu” Song Che I 3a 
CCCCLXXXIX 264. Wen hien Long kao XXIV 53a. Méridionaux 546. Le Ling wai l'ai 
ta II 11 place cette ambassade à la troisième lune. La traduction d’Hervey de Saint Denys 


64 GEORGES MASPERO. 


apprivoisés, des rhinocéros, des tissus de laine blanche et de soie 
unie‘) et des plantes parfumées offertes par la Reine Po lyañ Pou 
Mao’). En 967%), 970“) et 971), ce sont de nouveaux envois 


auxquels prennent part le Second Roi Li Neou et un fils de la reine‘). 


“ 


En 9657), pour la gloire, il <érige à nouveau, dans le pays 
«de Kauthara» ©) la statue de la déesse Bhagavati que les Khmers 
avaient emportée vingt ans auparavant; mais, moins riche ou moins 


dévot, il se contente de la faire «de pierre» ?). 


est, en cet endroit, fautive: au lieu de ,la troisième et quatrième année Kien te (963—964), 
nes troisièmes... etc.” il faut lire »la troisième année (Kien long 962), la quatrième 


année Kien tô (966), les troisièmes . .. etc.” 


1) Quatrième année Kien td EA fi, troisième lune, jour Kia Meou FA JK 
Song Che IL 45. Wen hien long kao XXIV 53a. Méridionaux 546. ,Les ambassadeurs 


étaient FA Fa EF Yin t’o fen et le Po-lo JE fé brahmane Li-ti 2 fr ” Song 
Che CCCCLXXXIX 264. À remarquer ces tissus de Po-tie = | É laine blanche; le 
L1- 


mouton n’est pas connu en Indochine. 


2) Wang ts’i Po-leang Pou-Mao + 5 J E 1€ JE Les caractères Po leang 


JX É sont la transcription des mots chams Po lyañ que nous trouvons accolés au 


nom de la veuve d’Indravarman II (Dông-du’o’ng, Quang Nam, 67 supra ) 
3) »Cinquième année Kien Tô.” Song-Che CCCLXXXIX 26a. 


4) ,Troisième année K’ai pao” F4 FAQ Song Che ibid. Wen hien T'ong kao XXIV 
53a. Méridionaux 546. 

5) »Quatrième année K’ai pao” Song Che ibid. Il écrit Che li to pan 7 À] 
Dre i 2e he one 2 DR Re AOL 
y fe Wen hien T'ong kao ibid. Méridionaux ibid. 


6) Fou Kouo Wang Li Neou, F| Æ ZE À le Second Roi Li Neou. Wang 
Ts’i Kouo Che Tseu P’ou lou ki Po lo En 2 ËP 20 + jh & gfE JX SË 


,le brahmane P’ou lou ki, fils de la reine Kouo Che” ibid. 
7) »En l’année du roi des Çakas, désignée par les montagnes, huit et les membres” 
887c = 965. Po-Nagar de Nha-Trang 38. 8) ibid. Dir. 
9) Jaya Indravarman I. Inv. 
A. I — Po-Nagar de Nha-Trang, Edicule Nord-Ouest. Khanh-hoà, 38, stèle D sk, 
887c —= 965. C IL 242xxvr 
II. Po Nagar de Nha-Trang, Khanh-hoù, 39, Inser. sur statue, c4 sans date. 
BERGAIGNE 79. AYMONIER 27. 
Attribution conjecturale. 
1 — Po-Nagar de Nha-Trang, Tour Nord, Khanh-hoù 11 733. Inser. sur côté Sud 
du vestibule, s££, sans date. C II 260xxvir BERGAIGNE 78. 
II — Po-Nagar de Nha-Trang, Tour Nord, Khanh-hoù, 34. Inser. sur côté Nord 
du vestibule, c*, dans date, BERGAIGNE 78. Aymonier 27. 


LE ROYAUME DE CHAMPA 65 


Parameçvaravarman 1’) lui succède et son premier soin est de Parameçvara- 


varman Î. 
présenter l'hommage de vassalité à l'Empereur Song. 972*). 


En 973%), 974), 976°), 977‘), 9797), il s’acquitte du même 


devoir. 


Cependant, l'assassinat) de l'Empereur Pinh°) avait provoqué 


1) Le Soxg Che l'appelle, tantôt IT 646. Po mei chouei Dj ES FÈ et Che li 


to pan yin teha 7 AI] M KE El] 2: tantôt CCCCLXXXIX 264 Po mei chouei 
ho yin tch’n JX RE Ti fi El] $ et Po ma chouei lang pou yin tcha 
JX ES Fè D} 1h F[] HS. Le S% I 120 lui attribue une fois ce dernier nom qui 


se lit en annamite Ba mi thüè du’o’ng bo in sà lo’i et le nomme autre part, I, 224, 


Ti mi thüè FÈ Jä FE, nom que lui donnent généralement les textes annamites: 
Vsl I 256. Tt I. 164. Cm I. 19. 


2) ,Cinquième année K’ai pao, troisième mois, jour Sin Wei. L’ambassadenr était P’ou Ho 
San. Song Che III 6a. CCCCLXXXIX 264. Wen hien t’ong kao XXIV un bk 53a. Méri- 
dionaux 546. 

3) Sixième année K'ai pao, quatrième lune, jour Kia Chen, FH b< le roi du 
»Champa Che li t'o pan yin tch’a envoie un ambassadeur présenter des produits du pays, 
Sixième mois, jour Kouei sseu 2% Er le Champa envoie un ambassadeur présenter 


des produits du pays. Sorg Che II 66. 


4) »Septième année K’ai pao, première lune, jour Keng Chen H FH. Song Che 
"III 66. Ce tribut se compose de paons, de deux parasols, de torches (?) et de quarante 


nlivres de fer” CCCCLXXXIX 26%. 


5) »Neuvième année K’ai pao (le Champa) envoie les ambassadeur Tehou to li 


LS la I] et Tchen t'o ye it BY ff apporter le tribut. S’org Che 


CCCCLXXXIX 264. 

6) .Deuxième année T’ai p’ing hing kouo, K 2p po deuxième lune, jour 
,Ting wei ï À. Song Che IV 86. Ce roi Po mei chouei yang pou yin tch'a envoie 
“un ambassadeur apporter le tribut”. Sozg Che CCCCLXXXIX 26a. 

7) »Quatrième année T'ai ping hing kouo, douzième lune, jour Ting wei ui À 
mle Champa envoie un ambassadeur apporter le tribut” Song Che IV 104. 


inh Tié ane Dé 
8) »Dixième année Thai Binh K 2p- de Dinh Tièn Hoùng Di A Se El 
, à la dixième lune 979. S& I 184. T4 I 56. Cm I 8a. Le Vs2 I 236 place cet évènement 
à la onzième lune. 


9) Din Bô Linh qe FL #A (ou Länh), fondateur de la dynastie annamite des 
Din, “J: 968—980 AD. Etant Thi Su” fi) 5h du Hoùn Châu, il vainquit les 
douze Su’ quân 2 ES GE n qui, à la mort de Ngô Nam Tân Vu’o’ng Xu'ong Vän 


La F2] FE + 1 L'4 en 965 AD, s'étaient partagé le pays, puis se proclama 
: b 


66 GEORGES MASPERO. 


de grands désordres au Dai Cô Viêt'). Noô Nbu’t Khänh,?) un 
des douze Sü’quân*) qui à la mort de Ngô-Vu'o’ng Quyên*) s'étaient 
partagé son empire, avait fui au Champa, lors de l’avènement de 
Bô Linh. 

Dès qu'il apprend la mort de ce dernier, il prie Paramecvara- 
varman de l'aider à conquérir le trône. Une flotte est équipée, dont 
le Roi prend lui-même la direction. Tout semblait promettre une 
heureuse expédition Déjà on avait pénétré dans le Fleuve Rouge, 
dépassé Dai Ac‘) et Tiéu Khäng'); on se trouvait à quelques 
heures à peine de Hoa-Lu’7) la capitale, quand, de nuit, une bour- 


rasque surprend les navires au mouillage, les fait se dresser sur 


Hoàng Dé IE if Empereur, et fixa sa capitale à Hoa Lu’. Il règna de 968 à 979. 
Vsl I 216 à 230. Sk 1 la à 86. IT le à 68. 1E Cm I 1 à Ja. Chronologie 83—84, 


A 


1) Tièn Hoàng, lors de son avènement avait donné à son royaume, l’actuel Tonkin, 


le nom de Dai C6 Viêt k SE HE. 12e TEL 12 Om lle. 


2) LL H Le Ngô Nhu’t Khành. Il était originaire du FF FF Dong läm 

- . El . A 

(Cf. Cm I II6, et Giao Thuy RS Cm NV 270), et membre de la famille de Ngô 

Quên 53 ÂFE , il s'était, à la mort de celui-ci, proclamé Công UN (le titre le plus 

. A A [ei Lé 
élevé des cinq classes de princes fondateurs) de Ngô làm Lu FE et emparé du Gouver- 
nement de Dune lÂm. Le VsZ 1 205, dans la liste des douze Su’ quân, le donne comme 
\ = 0) 7L 

Trân Công Lâm Pi À se du nom de Nhu’t Khänh. 


3) GE # Su’ quân. Cf. dans le VsZ 1 20 la liste des douze Su’ quân. 
4) Ngô Quyên L:a ff . Après avoir chassé les Chinois, il se proclame Vu o’ng Æ 


et établit sa capitale à C loa. Règna de 939 à 944. Vs7 I 185. Sk ng VIL 646. T4 ng 
V 205 21a. Cm tb V 2044. 


5) Dai Ac K HIS ou K pu dit aussi Dai Nhà Kk FÉ . Les Ly l’appelèrent 
Dai An Ne Je. C’est aujourd’hui le village de 4 Nes Quân Lièn, sous-préfecture 
de Dai An Cm tb IV 13a. 


2 2 2 
6) op HE #$ [a Tièu khäng hai khäu, le port de Tiêu khäng est situé à la 
limite de Ja sous-préfecture de Ninh-Binh. C’est maintenant le port de Can EF 


Cm I 124. 


7) Hoa-Lu’ Âk, [H (écrit encore F FE] et +1: FE) était situce dans le 
\ \ 3 » LA ” 
Ninh Binh, à peu près dans l'actuel Phu de An Khänh, a Es dans la vallée du 
K FT Dhui-Hoàng. Elle a servi de de capitale à partir de Tièn Hoàng. Vsl I 218. 
Sk I, 2a. Tt I, 26. Cm tb V 246 25a. 1 26. Des Michels 226—221. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 67 


leurs ancres, se coucher sur le flanc, et couler à pic. Seule la 
jonque royale put hisser la voile à temps, prendre le large et 
regagner le Champa. Nhu't Khänh et une quantité de Chams furent 
noyés; d’autres tombèrent aux mains des Annamites, 9791). 

Quelques mois après, Lê Hoûn était proclamé Empereur par 
les Grands mandarins, à la demande même de la veuve de Pinh 
Tiên Hoàng pé!?), et il chargeait un grand dignitaire d'annoncer 
son avènement à l'Empereur Kouang Yi) et de lui offrir quelques- 
uns de ces prisonniers Chams. Mais celui-ci, qui menait campagne 
contre le Dai Cô Viét et ne voulait point s’aliéner le Champa, 
donne l'ordre au Gouverneur de Kouang Tcheou de les retenir, 
soigner, munir de provisions de route, repatrier et en informer 
leur Roit). 

Cette campagne fut malheureuse et Lê Hoàn vainqueur resta 
maitre incontesté du trône. Il envoie un ambassadeur®) à Paramec- 


varavarman, mais celui-ci, le retient prisonnier, au mépris de tous 
droits. Lê Hoàn, furieux, fait réparer les jonques de mer, compléter 


les armements eb prend lui-même la direction de l'expédition; les 


1) « Dixième année Thâi Binh» À 2 SE 112. TI 806. Cm L 116. 
» 


! 

2) Au lendemain de l’assassinat de Dinh Tièn Hoàng D&, les Grands mandarins avaient 
proclamé Empereur son fils Toàn +, qui portait le titre de Vé Vu’o’ng 5j Æ. 
Il n'avait que six ans. 979 (il n’eut pas de titre de période et son règne, de quelques 
mois, est marqué à la onzième année Thäi-Binh). Lè Hoàn, F4 fr ch Li Hoùn, Thäp 
dao tu’6’ng quân Le NE PA “f, Maréchal des dix corps d’armées et Phô Vu’o’ng 
Hi|| + Vice Roi, de complicité avec la Reine Mère, se fait proposer la couronne par 
les Dignitaires de Ja Cour et monte sur le trône en 980. Vs! I 244. Tehl XI 56 à Sa. 
TEL 104. Sk 1 4a. Cm 1 12. Song Che 2€ JL CCCOLXXXVIIT 226. Wen lien l'ong 
k XXIV 39a 4. 
ao 76 EH, XXIV 39%a 0 


a. Ÿ 
: AE) : pe Css _ m>.: 
3) Kouang-Yi ie & , Empereur T'ai Tsong k 2 : deuxième frère de Tai 


Tsou, fondateur de la dynastie Song. Règna de 976 à 997. 


4) Song Che CCOOLXXXIX 264. Wen hien Tong kao XXIV jé DR 550. 


2 
5) C'était un nommé Ngô tu’ Canh LL —E H£ du grode de f$ F5 , 


Indravar- 
man IV. 


68 GEORGES MASPERO. 


Chams sont battus et Parameçvaravarman') tué à la première 
rencontre ?). Continuant sa marche en avant, Lê Hoàn occupe peu 
à peu le pays et se dirige sur la Capitale. 

Indravarman IV*) qui venait de s’y faire proclamer Roi, la 
quitte en grande hâte. Les Annamites y pénètrent derrière lui, la 


rasent de fond en comble après en avoir pillé et incendié tous les 
temples‘); puis Lé Hoàn reprend le chemin du retour, emmenant 
avec lui cent femmes de la suite du Roi, un bonze Indien), de 
l'or, de l'argent et une incalculable quantité d'objets précieux, 982 °). 

Indravarman, refugié dans l'extrême Sud, à Phanrang probable- 
ment, était dans une situation fort précaire, sa capitale en ruine, son 


royaume à peu près entièrement aux mains de l'ennemi. En 985”, 


1) Le SX I 22a reproduisant des textes qui ne nous sont pas parvenus, ne reconnaît 
as ici, en Ti Mi Thu 4 le roi qu’il appelle &’autre part, I 125 Ba Mi 
E > # JË à q PP D ? A 


! 

A DADReE A A » LS _ 
Thuë Du’ong Bô In Sà Lo’ Dé ES Fè D} in EI] 7 1] (Paramecvara yang 
po....) et lui attribue le titre de Tu'é’ng LEA Général. D le T£ I 164, le caractère 
qui suit le mot # «leur» a disparu et on lit # ÿ JA in Ki Ti Mi Thüëé, 


leur Ti Mi Thüé. TD Cm 1 19a reproduit le titre de md sans doute pour expliquer 


la fuite dn roi de sa capitale à la suite du combat. Une étude plns approfondie du Vsz I 


25b qui dit bien # Æ 4 JE fF et du S#4 I 224 qui donne au roi en fuite le 
nom de Xà li à A ngô nhu’t hoàn 2 |] fÉ Rte La H Ex #4 (Indravar- 
man) lui eût montré que ce dernier était précisément le successeur du roi tué dans le 
combat et permis de rectifier l’erreur. Cf. Pezctor 203 Note 4. 


2) Paramecvaravarman. Inv. néant. 


3) Che li To Pan Wou Je Houan ff Ai] PE fe Li H ÉX. ne Che 
COCOLXXXIX 262. Xà Loi Da Ban Ngô Nuh’t 2 À (£ HE Se H 


2 + - Fe 
et, en abrégé, Nhu’t Hoan H FER Sk 1 22a 25a. 

4) S% 1 224. 

6) Thièn tru’6’e täng ke KE (24 T4 1 16a. 

6) »Troisième année Thiên Phüc” K Mi - Le Vs1 I 256 fait de cette même année 
(cyclique ._. 1 Nhâm Ngo la deuxième Thièn Phüc. VsZ I 256 Sk I 218. 22a. T{ I 
la. Cm I. 194. 

7) Deuxième année Yong Hi #Ë WE deuxième lune, jour Ki hai”” E, Z 
Song Che N 124. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 69 


il expédie le Brahmane K'in Ko Ma') se plaindre à Kouang Yi de 
ce que les Annamites occupaient son territoire; mais celui-ci, peu 
soucieux de recommencer la lutte avec Lé Hoûn, fit répondre au 
malheureux roi d’avoir à garder son royaume lui-même et de vivre 
en bonne intelligence avec ses voisins ?). 

Ce n’était point chose facile. Non seulement les Annamites 
occupaient son territoire, mais ils s’en disputaient entre eux la 


possession au grand détriment du pays. Ces luttes, à vrai dire, ne 
sont point des plus claires et les Chroniques ne nous permettent 
d'en discerner qu’imparfaitement la cause et définir la personnalité 
de ceux qui les entretenaient. C’est ainsi que, du vivant même de 
Parameçvaravarman, en 978%), les Annales Chinoises signalent un 
roi, Ki Nan Ta Tche‘), qui, du Champa adressa le tribut à la Cour 
de Chine. Quel était-il, et comment se croyait-il autorisé, en cette 
année, à se dire roi du Champa? Nous ne sommes pas en mesure 
de le dire. 

Peu de temps après la défaite des Chams par les armées 
Aunamites, et tandis qu'Indravarman était réfugié dans le Sud, 


un nouvel usurpateur se déclare roi du Champa. Il se nommait 


1) K'in ko Ma, 4 AR JR Sox Cie COCCLXXXIX 26a. 


2) Song Che CCCCLXXXIX 264. Wen hien T'oxg kao XXIV nn k 53a. Méri- 
dionaux 547. Sk T 254. Je ne sais si les ambassades de 982 et 983 doivent être attribuées 
à Indravarman ou Lu’u-Ky Tông. »En septième année T’ai p’ing hing kouo, 982, à la 
douzième lune, le Champa envoie un ambassadeur amener un éléphant de bât en tribut; 
on donne l'ordre de laisser l’éléphant à Kouang Tcheou”. En huitième année, 983, à la 
neuvième lune, jour Kouei tcheou %$ H., le Champa envoie un éléphant de bât” Song 
Che N Lla. CCCCLXXXIX 26a. Wen hien Tong kao XXIV on b£ 53a. Méridionaux 541. 

3) En troisième année T’ai ping hing kouo. Song Che CCCCLXXXIX 264. C'est la 
même probablement qui arrive à la Cour à la cinquième lune, le jour Yi wei La À . 
Song Che IV 9. 


4) JR D SE A ki Nan Ta The. 


70 GEORGES MASPERO. 


Lu'u Ky Tông‘). Il fit trancher la tête à un fils adoptif de Lé 
Hoùn, que celui-ci, pour une raison de nous inconnue, lui avait 
adressé, puis à la tête d’une troupe forte de 10.000 hommes, com- 
prenant nombre de chevaux et d’éléphants, 1l pénétre sur le territoire 
du Dai Cô Viêt. Lê Hoàn informe aussitôt l'Empereur Song de 
cette invasion et de son intention d’aller la repousser*). Il rassemble 
ses armées et, comme la mer était peu favorable, leur fait suivre 
la voie de terre. On était en saison sèche; la route était longue, 
les chemins escarpés et difficiles, surtout dans la région accidentée 
qui s'étend entre la montagne de Dông Cô *) et celle du fleuve de 
Bà-Hoù‘). Bientôt hommes et bêtes furent à bout de forces et il 
se vit contraint de donner l’ordre de la retraite; sans l’appui des 


» lé 


tribus indépendantes®) elle eût dégénéré en déroute, 9835). 


! 
1) Lu'u Ky Tông #2] LÉ ch Lieou Ki Tsong. Il avait, dans son village, 
obtenu le grade de Le HA Quan Giap (c’est, au dire du Zck! XIV Sainson 482, un 
grade héréditaire dans le village et qui comportait trois classes ayant respectivement rang de 


Dai lao K = A Chû Vi ÉA «A et Lang tu’6’ng ES HE) et s'était réfugié 


au Champa. 
2) »L’ambassadeur chargé de cette mission se présenta à la Cour en huitième année 
»T'ai ping hing kouo, en été à la cinquième lune.” Soxg Che V 11a CCCCLXXX VIII 


234 COCCLXXXIX 264 Wen lien T'ong kao XXIV ZE HD, 300. JE RQ 532. 


Méridionaux 314—315. Tel XI 56. Sainson 424. « Quatrième annce Thiên Phu’e» Sk 
I 22a. Tt I 16& Cm I 19%. 


2 
3) Dông Cô Sn &i] DX (] . “La montagne du « l'ambour de cuivre » se trouve 


dans le village de Don Nè FF JE, de la sous-préfecture de An Dinh La Æ: 
province de Thanh-Héa Th {4  Sk I 22a. Cm 1 204. 


24 | LU \ \ 4 Q NV 
4) Ba H6a Giang JE fn PAR , le fleuve de Bà Hoà, est appelé maintenant Dông 


2 = 
Hoù Xa Giaïñg Jr] A lt PAP Fleuve du village de Dông Hoù Cm I 204. Le mème 
ouvrage IIT 104 parle du Poste de Bà Ho JE An FE. 


5) Wen hien Tong kao XXIV ZE FH 39a. Méridionaux 314—315. Les textes 
Annamites sont muets sur l'issue de la campagne; elles se bornent à dire: ,, Pour aller do 
»a montagne de Ding Cô à celle du Fleuve Bà Hoù, la route était escarpée et difficile, 
les hommes à bout de forces. L'Empereur ordonna alors d'approfondir le Tän Câng, 
# V2 le nouveau chenal. Lorsqu'il fut achevé, les jonques en profitèrent au mieux 


des intérêts publics et privés” Sk I 22a Tt I 168. Cm I 195. L'un et l’autre déclare 
ignorer la situation de ce canal. 6) « Quatrième année Thièn Phuc ». 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 41 


La puissances de Lu'u-Ky-T'ông s'en accroît d'autant: il assure 
son autorité sur le Nord du Champa. Indravarman') mort, il se 
fait officiellement proclamer Roi*), s’empresse de notifier son avène- 
ment à Kouang Yi, 986*°). Dur envers un peuple qu’en sa qualité 
d'Annamite il méprisait profondément, sa domination pesa lourdement 
aux Chams') qui commencèrent d’émigrer en grand nombre et s’en 
allèrent chercher à l'étranger la tranquillité qu'ils ne trouvaient 
pas chez eux: en 986 nous en voyous débarquer dans l'île de Hai-Nan 
et demander au Préfet de Tan Tcheou asile et protection °); l’année 
suivante) le Gouverneur de Kouang Tcheou en répartit dans les 
districts de Nan-Hai et Ts'ing Yuan’) une bande de cent cinquante 
qui étaient venus se réfugier sur son territoire, et en 988%) il 
accorde la résidence à trois cents nouveaux venus. 


1) Indravarman IV /xv. Néant. 


! 
2) «Nhu’t Hoàn (Indravarman) mort, Lu’u-Ky-Tông monta sur le trône» SX I 254, 
3) Troisième année Yong Hi, a la troisième lune” Soxg Che V 12a CCCCLXXXIX 264. 


4) Sk I 236. 
5) Ils étant conduits par un nommé P'ou lo Ngo. F5 A Ne Song Che CCCCLXXXIX 
26a Wen hien t'ong kao XXIV D 53a. Méridionaux 541. Sk 1 235 Tan Tcheou, 


É PA] arrondissement et ville du second ordre, département de Kiong Tcheou fou, de 


l’île de Hai-Nan. 
6) «Quatrième année Yong Hi» Sozg Che ibid. Wex Lien long kao ibid. Méridionaux 
ibid. « Huitième année Thièn Phüc» 54% I 235. 


V2 u à = , e 
7) Nan Hai FA Æ£ et Ts’ing Yuan fi je arrondissements et villes du troisième 


rang du département de Kouang Teheou Fou 


8) »Première année Touan Kong Di HE. Ils étaient conduits par Ho Siuan”? 
IN > Song Che. Wen hien long kao, Méridionaux ibid. 
D EL 5 9 

Vile DYNASTIE 
900— 986. 
Jaravarman 

Indravarman III. 

Jaya Indravarman I 


Parameçvaravarman I 


Ki Nan Ta Che? 
978 
Indravarman IV 


U 
Lu'u Ki Tông usurpateur 
986—988, 


12 GEORGES MASPERO. 


VIII: Dynastie D’autres, peu soucieux de s'expatrier, se groupent autour d’un 


989 —1044. 


Indravar- 
man V 
989— ? 


prétendant national, «<l’entraînent» à Vijaya, 988), et, Lu’u-Ky- 
Tông®) disparu, le reconnaissent Roi, sous le nom de Ku (ri 


Indravarman [V]*), 989 *). 


1) ,Neuvième année de Thiên Phu’c” S4 I 254. T4 I 186 19a. 
! 
2) Lu’u Ky Tông. Znv Néant. 
‘ , La En . Q “. 2 r \ 
3) Büng Vu’ong La DK + RÉ y LOMAOUS le nom de Cu Thi Léi Ha Thanh Bai 


Mà Ia 4 F |] Nnf HI} #JE Dir bar (Ku Cri Indravarman) ou Da’o’ng D; pi 


#5 6 DE Ganx (Im)ravar(man)), Yang to Pai du Sorg Che CCCCLXXXIX 264. 
Sk I 254 14 I 18b 19a. C’est au moins, ce qui semble résulter des données assez vagues 
fournies par le Song Che et de la Généalogie que nous transmet le SX 1 254: ,D’après 


les Anciennes Annales, en cette année là (neuvième de Thièn Phûc) Bäng Vu’o’ng La 


b DK En ZË du pays de Champa, s'établit à Phât-Thàänh 4 F1 À] Fnf HF 


* HE pi SE: il se donnait lui-même le nom de Cu Thi Loi Ha Thanh Bai Mà La. 


A 


»Comme à cette époque, le Champa était très affaibli, l'Empereur (Lé-Hoàn) y conduisit 
une expédition militaire. ÆEn 6e année Thièn Phûc (985) le Roi Ngô-Nhu’t-Hoàn 
” Le H fE (Indravarman 1V Cf. supra p. 69) s’était plaint aux Song que l’Empereur 
»(Lè Hoàn) avait envahi son territoire et l'avait mis au pillage. NhU’t Hoän mort, 
.Luu-Ky-Tông XI] de = règne. Ky-Tông mort, À BY JE Du’o’ng Di Bai 
"(Yang To P’ai, Ku Cri Indravarman) règne. I”/Empereur fait une nouvelle expédition 
n(au Champa). à Bài se plaint à nouveau aux Song. Les Song donnent l’ordre à chacun. 


“de demeurer (à l’intérieur) de ses frontières (et défendent) que nos armées essaient de se 


réunir encore (pour une nouvelle expédition). En la 7e année Ung Thièn Fe Re 
EN 


"1000 AD, le Roi Du'ong Phô Cu Bi Sà Xà Loi $5 2€ {A M E & Fil] 


\ 
»”(Yañ Pu Ku Vijaya Jaya(varman) se retire avec ses soldats et se réfugie à Phät Thê 


»Thành, c4 Fo Che Tch’eng ÂF FX D (ville) distante de l’ancienne capitale de 700 li.” 
La concordance de dates et de faits est assez précise pour autoriser l'attribution à un 
même roi des noms Bäng Vu’o’ng La, Cu Thi Loi Ha Thauh Bài Mà La, Du’o’ng D: 
Bài et Yang T'o Pai, fournis par les textes Annamites et Chinois. Enfin, quoique n’étant 
pas absolument régulière, la lecture Indravarman de ces transcriptions ne peut guère, je 
crois, être contestée. 

4) C’est en 988 — S% I, 25a« Te 186, 18a — qu'Indravarman s’installe à Viaya; 
c’est le 31 Décembre 990 en première année Chonen Hoa x #4 (cyclique Keng Yin 
H Œ à la douzième Inne, au jour Yi Sseu a EP, Song Che V 135 — que son 


ambassadeur présente à la Cour de Chine une plainte au sujet de l'invasion annamite. Or 
celle-ci, d’après le SX ibid, ent lieu au lendemain de la mort de Ky-Tông et de l’avènement 
d’Indravarman. Etant donné que presque toutes les expéditions Annamites au Champa ont 
eu lieu au printemps, on peut placer celle-ci au printemps de 990 et par conséquent dater 


1 
la mort de Ky-Tông et l’avènement d’Indravarman de 989. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 73 


Mais le pays était affaibli par les guerres civiles, les armées 
décimées, les ressources dispersées. Lé Hoàn en profite pour l’envahir, 
saus autre but que de s’y procurer un riche butin en razziant les gens 
et les biens. Il dévaste le Dia-Ly 1) et emmène en captivité les 
habitants du chef-lieu, 990. 

Indravarman?) s’en plaignit dans une lettre à Kouarg Yi°) 
où il s'intitulait <Iudravarman du Royaume de Viaya nouvellement 
établi *)». L’ambassadeur‘) chargé de la présenter, offrit en même 
temps en gage de vassalité, de la part de son souverain, un rhinocéros 
apprivoisé et des produits du pays. L'Empereur donna à Lé Hoàn 
l'ordre de rester sur son territoire, et de ne plus rassembler ses 
armées pour une nouvelle expéditionf). 

Indravarman n'avait nulle velléité d'user de représailles. Il 
n’aspirait qu'à la paix et, sollicité par un certain Du’o'ng Tân 
Lôc qui avait soulevé les deux provinces de Hoan et de Âi, il lui 


refusa toute assistance, 9897). De son côté, Léê Hoàn, intimidé par 


1) Dia Ly Hi H : Dia Ré ou Ri Hh HHI, Châu, situé au Sud de celui de 
Bô Chinh. »Sous les Han il faisait partie du Nhu’t Nam Quân H F4 Sous les Song 
vcétait le Châu de Dia-lÿ du Champa Les Li lui donnèrent le nom de Lâm Binh KE 2. 


,Les Trân lPappelèrent Tân Binh 2 Ær et les Lè Tièn Binh sie 2P C’est à présent 
2 2 \ .2 2 où / 
»la terre du Phu de Quang Ninh F# HE] du Thinh de Quang Binh” Cm K 3 p. 29a 
PSS 

et 348. Cf. également Cadière B.E.F.E O. II 58—59. 

2) Un »nouveau Roi” dit le Sorg Che K. 489 p. 264. 

3) Son ambassadeur la présenta à l'Empereur le 31 Décembre 990 ,Première année 
”Chouen Hoa n 14 (cyclique Keng Yin Æ  . douzième lune, jour Yi Sseu 
C; 2 Song Che N 136 Wen Hien T'ong kao XXIV on D 53a. Méridionaux 541. 


4) Sin to Fo Che kouo yang t’o pa’ #r A}: 4 fr k; Fh HE Song 


Che CCCCLXXXXIX 264. PELLIOT 204. 
5) Li Tchen 2 FR. Song Che CCCCLXXXIX 264 
6) Soug Che CCCCLXXXIX 26a Sk I 25a. Wen hien Tong kao XXIV 53a. Méri- 
dionaux 561. 
7) »Première année LE Ha Hüng Thông Envoyé pour y percevoir l'impôt, Du’o’ng- 
Tân-Lôe À fÉ DE qui avait le grade de Quan Giäp (Cf. supra p.70, n 1) avait soulevé 


les populations des Châu de Hoan et de Ai et demandé au Champa de le seconder. Il fut 


74 GEORGES MASPERO. 


les menaces de la Chine, ou reconnaissant peut-être du refus oppossé 
par Indravarman à Tân Lôc, mit un terme à ses incursions; bien 
plus, en été 992!), il fit relâcher plus de 860 prisonniers chams 
dont il avait fait la capture lors de la prise de la citadelle de 
Dia-Ly et les autorisa à retourner dans leur pays?). 

Cette même année Indravarman reçoit de Kouang Vi à qui il 
avait adressé une ambassade‘), deux chevaux blancs, une grande 
quantité de socs de charrue, de brûle-parfums et tont un équipement 
militaire: cinq étendards, cinq épées à fourreau d'argent, cinq lances 
du même métal, cinq arcs et des flèches. Une pareille munificence 
le comble de joie et il riposte incontinent par un somptueux tribut *) 
composé de dix cornes de rhinocéros, 300 défenses d’éléphant, 10 
livres d’écailles de tortue, 2 de camphre, deux mille de parfums 


divers, 160 livres de bois de santal, 200 livres de poivre, cinq 


pris par Lé Iloàn qui était allé en personne réprimer la rébellion, dégradé et mis à mort 
en même temps qu’un nombre incalculable d'habitants des deux Châu. S% I 258. T4 1 194. 
Cm 1 Q4a. Le Vs! 1 26wb place cet évènement en neuvième année Thiên Phûe. 


1) »Quatrième année Hung Thông” 7% 1 20a. Cm 1 27a. 
2) Te 1 204. Cm 1 27a. ,Anciennement, terre du Viêt Thu d’ng EX 4R : Sous les 


»Ts’in faisait partie du Quân de Tu’o’ng. Sous les Han appartenait au Nhu’t Nam. 
nSous les T’ang c'était le Kièn-Chau + Ph . Sous les Song il formait, sous le nom 
1 = Y 2 2 
de O Ly 5 H ; la province du Champa. Dans les années Hu’ng-Long LCR fÆ 
= « . \ 0 2 
»(1293—1314) le Roi du Champa l’offrit aux Trân qui en firent le Phu de NE #4 
à] 

»Thuñn Jloä, composé des Châu de Thuän et de Hoä. Sous la dynastie de Lè, le Thuân 
nHoä s'appelle Thu’à Tuyèn 7K H.: C'est maintenant le Quang-Tri É #3 » Cm 
27b 284. 

3) "Troisième année Chouen Hoa, douzième lune, jour EF PI . Le roi du Champa 


: : 0 Et HE : DU EN 
»Yang T’o P’ai envoie l’ambassadeur Li Lang P’ou ZE FH F3 offrir le tribut” Song 


Che N 14a. CCCCLXXXIX 264. Wen hien Tong Kao XXIV un bk 53a. Méridionaux 541. 


4) L’ambassade chargée de le présenter était composée de l’ambassadeur Li Po Tchou 


2 JX PR et de l’ambassadeur adjoint Li Mo Wou 2 Dis 7] du grade de 
Ho San P’an SH) DL 1: Elle se présenta à IE cour la première année 2 NE 
Tcehe tao (995) à la première lune, au jour JK ?F- Wou Wou. Song Che N 15a 


CCCCLXXXIX 264 Wen hien T'ong kao XXIV on D 53a. Méridionaux 548. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 75 


nattes et 24,300 paires de faisans. Une lettre accompagnait l'envoi; 
il s’y confondait, dans les termes les plus humbles, en protestations 
de reconnaissance: «Je suis un chef de peu de renom; continuelle- 
«ment les pays étrangers envabissaient et dévastaient mon pays: 
«mon peuple était dispersé comme les brins de paille après la 
«tempête, comme les étoiles dans le ciel, et ne pouvait se défendre. 
«Alors votre protection s’est étendue sur moi; vous m'avez accordé 
«de magnifiques chevaux, des étendards et tout un équipement de 
«guerre. Mes voisins, apprenant les bienfaits dont m'a favorisé le 
«Grand Empire, ont éprouvé la crainte de Votre Majesté Impériale 
«et n’osent plus former le dessein de me nuire. Maintenant mon 
«royaume a retrouvé le calme et mon veuple dispersé se rassemble 
«à nouveau. Comment la bienveillance de Votre Majesté ne serait- 
«elle pas une protection? Aussi mon pays tourne vers vous les 
«mêmes regards qu'il porte vers le Ciel qui nous couvre et la terre 
«qui nous porte, et ma reconnaissance est sans bornes. De votre 
«Capitale Auguste au pays que j'habite il faut traverser des mers 
«sur 10,000 li et cependant vos bienfaits se sont étendus jusqu’à 
€moi....» [Il terminait en demandant que trois cents de ses sujets 
réfugiés à Nau-Hai et Lo-Tcheng-Tcheng') et retenus à Kouang 
Tcheou, fussent rapatriés. L'Empereur fit donner l’ordre au Gouverneur 
de cette province de s’enquérir des Chams qui désireraient retourner 
dans leur pays, puis il fit remettre à l'ambassadeur, pour son souve- 
rain, deux chevaux blancs. Ce cadeau devint, par la suite, habituel ?). 

En 994, Indravarman avait envoyé son petit-fiis*) à la Cour 
de Lê Hoùn comme otage. Les causes en sont assez obscures et 


les textes se bornent à dire: «En 995, l'Empereur (Lé-Hoàn) envoie 
: 
D JE 5 mi 
2) Song Che CCCCLXXXIX 2646. Wen hien T'ong kao XXIV jf D 53e. 
Méridionaux 548. 


3) Les Annamites lappellent Chè Cai fi] 2. 5% 1 276. 24 1 21e. Cm 1 30 


Yan-Pu-Ku 
Vijaya. 


76 GEORGES MASPERO. 


«un ambassadeur aux Song et leur annonce que Ché-Cai, petit-fils 
«du roi de Champa est arrivé à la Cour. Auparavant, l'ambassadeur 
«du roi de Champa était venu offrir le tribut: l'Empereur lui 
«adressa des réprimandes et refusa les cadeaux. Le roi, effrayé, 
“envoya son petit-fils à la Cour')». On peut cependant supposer 
la colère de Lé-Hoùn motivée par les agressions des Chams, et ce 
d'autant que, malgré l’ôtage qui constituait, selon les habitudes 
extrême-orientales, une reconnaissance expresse de vassalité, ceux-ci 
n’en continuaient pas moins leurs razzias. En 995 et 997 ils ne 
cessent de troubler les populations annamites voisines du Champa, 
chassent les familles paisibles installées sur les frontières et s’em- 
parent de leurs rizières. Lê Hoàn dut envoyer des soldats pour les 
protéger *). En automne, même, une troupe chame s'approche jusqu’à 
la limite du territoire du Pai-Cô- Viêt, mais disparaît sans avoir 
osé y pénétrer *). 

Du successeur d’Indravarman V‘) ne nous est parvenu qu’un nom 


tronqué <Yañ Pu Ku Vijaya Cri...» ). Il occupait le trône en 999"). 


1 »Première année Ung Thiên”. L’ambassadeur se nommait Chê Dông. Sk I 276. 
Té I 214. Cm I 304 

2) ,Cette année là, quatrième année Ung Thiên (997), le Champa commit des attaques 
”à main armée sur les frontières. L'Empereur (Lè-Hoàn) les arrête et les fait fuir. Ensuite, 
envoyant une ambassade porter aux Song des produits du pays, il leur écrit: Les frontières 
”du Giao-Chi sont contigues au Champa. Tous les un ou deux ans, les provinces voisines 
“de la frontière sont troublées par lui, et il perçoit des impôts sur les villages voisins 
»(de la frontière). Les familles (chames) envahissent peu à peu et chassent les populations 
mpaisibles des frontières. J’ai envoyé des soldats armés pour les protéger. C’est pourquoi 
»ÿ'ai tardé à envoyer le tribut à la Cour. J’ai gravement manqué à mon devoir”. TA 
X1 76. Sainson 430 —431. T4 1 23a. Cm 1 334. 

3) Sk I 304 4) Indravarman V. Znv. Néant. 


5) Yang p’ou kiu P’i t’ou yi Che li À Je 4 H} % e DD À Yang 
p'ou kiu Pi ou Che li À SE À HE 2 Æ À Sexy Che COCOLXXXIX 26. 
Le Sk 25a l'appelle Du’o’ng phô cu Bi sà Xà loi À 7 4 H} Z A #1] . 


La lecture de P’i t’ou yi et Bi sà Xà en Vijaya qui donnent en transcription littérale 


Vidhyaya ou Vidhyaye est à peu près certaine. bien qu'elle ne soit pas tout à fait régulière. 


6) »Deuxième année Hien pin = 2P , le roi Yang p'’ou kiu P’i t’ou yi Che li 
P1n8 Jp 8 P y 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 97 


Indravarman V, bien qu'ayant été proclamé roi à Viaya, avait 
réinstallé la Cour à [ndrapura, qui était la véritable capitale de 
tous les rois appartenant ou se réclamant du Clan du Cocotier. Il 
y subit toutes les horreurs de l'invasion et la vit saccagée par les 
armées de Lé-Hoàn. Son successeur l’abandonna définitivement en 
l'an 1000!) et, pour échapper définitivement à la suzeraineté des 
Empereurs du Dai-C6 - Viêt «il se retira avec ses soldats et se 
créfugia à Viaya», qui devint dès lors la capitale du royaume 
de Champa et le restera jusqu’à sa chûte définitive. 

En fin 1004?), Yan Pu Ku Viaya envoie une ambassade à la 
Cour de Chine*). Elle y rencontra Minh-Dé fils de Lé Hoùn‘), et 
une députation Arabe. Les uns et les autres furent reçus en céré- 
monie le 15 de la première lune de l’année 1005; il y eut grand 
festin et illuminations*). 

Deux ans aprèsf) il écrit à l'Empereur une longue lettre qui 


fut présentée”) enfermée dans une enveloppe en soie brochée: «Yang 


“envoie l'ambassadeur Tchou Teh’en Yao À BR FE et l’ambassadeur adjoint Li kou 


»Jouen F4 Le 4 du titre de P'ou sa t’o p'an kouan Y} PE RE a VE Æ] 


offrir le tribut composé de rhinocéros, éléphants, écailles de tortue de mer et ie 
»L’'Empereur gratifia Yao et sa suite de bonnets, ceintures, robes et tapis selon leur grade” 


Song Che NI 176 CCCCLXXXIX 266. Wen hien long kao XXIV té nn b3b. Méri- 
dionaux 548. 

1) »Septième année Ung Thién” Sk I 254. 

2) Première année King tô Er pi. Song Che VII 204 CCCCLXXXIX 264. 


3) L'Empereur était, depuis 998, le fils de Kouang-Yi, Heng IE] (Empereur Tchen 
Tsong fi =, 998—1022). 

4) Lê Minh Dè il BH} LE on Vuo’ng-Minh-D FT H}} pe 1 de Lè-Hoàn. 
Il était parti de Hoa Lu en «onzième année U” ng Thièn 1004», Vs! I 276, et avait déja 
été reçu plusieurs fois par l'Empereur 4x XI Ta. Sainson 432, Sk 1 316, 32a. T4 T 24ab Cm I 366. 

5) An XI 8a. Sainson 432. L'Empereur, comme de coutume, envoya au Roi Cham de 
bons chevaux et des effets d'équipement militaire. Song Che CCCCLXXXIX 264. 

6) « Quatrième année King Tô,» 1007. Song Che VII 214 CCCCLXXXIX 264. 


7) L'ambassade était composée de Pou lou tie ti kia ff DE Æ Hi TN, 
ambassadeur, 5 J Dit ZX En EN Tch’ou Pou Ma hia Kia Ye, ambassadeur 


adjoint et du juge P'i pa ti La El h<. Song Che CCCCLXXXIX 266, 


78 GEORGES MASPERO. 


<P'ou Kiu P’i T'ou Che li, Roi du Champa, se prosterne et dit. 
«Moi, votre sujet, j'ai entendu dire que les frontières des deux 
«Empereurs') au Sud, s’arrêtaient au Siang et au Tch’eou°) et 
«que les limites des Trois Rois) au Nord n'arrivaient pas au 
«Yeou et au Yen‘). Voyant que ce glorieux temps surpasse réelle- 
«ment les exemples d'autrefois, je me prosterne humblement. C’est 
«seulement à Votre Majesté Impériale que le Ciel et la Terre ont 
«donné leur énergie; sur elle seule le Soleil et la Lune ont amassé 
“leur splendeur. L'Empereur occupe le rang suprême; il prend 
«soin de la base et surveille le faite: sa bonté se répand sur 
«l'univers et ses instructions s'étendent dans le monde. Il a hérité 
«des anciens rois et ses mérites seront transmis à ses successeurs. 
«Le peuple entier pense bien du Palais Jaune‘), et les cœurs 
«mauvais ne peuvent pas ne pas devenir bons. Par la force mysté- 
«rieuse qu'il produit, il possède la terre. A la fois en faveur de 
«ses sujets et de ses sujettes, comme un bon vent, il se répand 
«en tous lieux; comme une pluie bienfaisante, il pénètre partout. 
«Tous ceux sur qui descend sa lumière bienfaisante(?), tous, en 
“affluence, se dressent et battent des mains. Moi, votre sujet, qui 
«suis né dans un pays limitrophe (de l’Empire) j'ai le bonheur de 


«recevoir le vent parfumé (de la perfection impériale). La fourmi 


1) FE À DEA 5e us ïp «Tang et Yu sont appelés les deux empereurs » 


San tseu king. 

2) «Siang AH , montagne située dans la souspréfecture de Pa-ling E BE. préfec- 
«ture de Yo Tcheou, à l’ouest du lac Tong T’ing. Au Sud (Houang-Ti) alla jusqu'au 
«(Yang-Tseu) Kiang et gravit les monts Hiong hé et Siang»... Sseu-Ma-Ts’ien Ch. I. 
CHAvVANNES T. I. p. 30. Tch’ou RE, nom d’une ancienne principauté qui occupait le 
Hou-Kouang et une partie des Ngan-Houei et Ho-Nan. 

3) C 2 2e À D 1 DE — ÉL De (Fou) Hi et (Chen) Nong jus- 
«qu’à l'Empereur Houang on dit les Trois Rois» San tseu king. 

4) Yeou 4 et Yen PE, anciennes principautés qui comprenaient la partie Nord 
de la province actuelle de Teheu-li. 


5) Qu’'habite l'Empereur et par extensiou l'Empereur lui-même. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 79 


«habite une fourmilière et l'abeille une ruche; et parce qu'ils suivent 
«leurs caractères, le dragon réside en un palais et le phénix en 
«un belvédère. Je ne puis encore venir admirer votre splendeur. 
«De plus j'ai pensé: depuis que j'ai mis ma confiance en S. M. 
«Céleste, et que j'ai reçu l'investiture impériale, mes frontières ne 
«sont plus violées, les mœurs vont s’améliorant. Chaque année, 
«envoyant un ambassadeur, moi, votre serviteur, je demande des 
«nouvelles du Royaume Suzerain et je reçois les bienfaits que votre 
«sainteté fait descendre sur moi. Quand la pluie arrose les roseaux, 
«les pores et les poissons en profitent également (?) ‘). Les ambas- 
«sadeurs, en revenant, m'ont remis les armes (que vous leur aviez 
«données); moi, votre sujet, dans mon propre pays, j'ai attendu à 
«la porte de mon palais, j'ai brûlé des baguettes d’encens et 
«poussé des cris de joie pour les recevoir respectueusement. Mon 
«cœur reconnaissant les nombreuses faveurs (reçues de Votre 
«Majesté) répond abondamment à la bonté immense (de Votre 
«Majesté). Le Saint Prince se souvient d’avoir reçu des rois; quand 
«il les a reçus, il veut sincèrement oublier les comptes qu'ils lui 
«ont rendus de leur administration ?). Maintenant j'ai spécialement 
«envoyé l'Ambassadeur extraordinaire *) Pou Lou Tie Ti Kia, l’am- 


«bassadeur adjoint‘) Tehou Pou Ma Hia Kia Ye, le juge°) P'i pa 


1) HA ff T’ouen Yu, pores et poissons, allusion possible à la phrase du Yi King. 
Cf. trad. Philastre. Collect. Guimet Tome XXIII p. 439. 

2) Cf. Mencius... FA f% Hi} hS K + : H Um H& «Quand les fenda- 
«taires se présentent devant le fils du Ciel, on appelle cela rendre compte de son admini- 
«stration». Le sens de la phrase de la lettre serait donc: «Le roi de Champa, bien qu’il 
«ait voué toute sa reconnaissance à l'Empereur de Chine, sent que c’est encore bien peu. 
« Heureusement, le Saint Prince oublie les fautes des Rois ses hôtes. De même l'Empereur, 
«qui est un Saint Prince, pardonnera au roi de Chamypa, dont les ambassadeurs ont été 


ses hôtes, l’insuflisance de ses sentiments. » 


3) Tch’ouen sin Tch’en H 45 ER - 
4) Fou chen tch’en ] GE pr. s 
5) P’an kouan tch'en ÆI] FE En ; 


80 GEORGES MASPERO. 


«ti et leur suite présenter (à Votre Majesté) des produits du pays. 
«De loin, fournissant le tribut annuel, bien que je m'adresse à 
« Votre Majesté suivant le rite de Tch’eou'), et que je n'offre (à Votre 
«Majesté) véritablement rien de mieux que le vin du Due de 
«Lou*), j'espère respectueusement que Votre haute intelligence 
«interrogera et jugera avec clémence. Le jour où l'Ambassadeur 
«extraordinaire et ses collègues reviendront, l’armée présentera les 
«armes et fera briller les instruments guerriers. En même temps 
«je vous annonce que le vêtement, la parure et le char de Votre 
«Majesté en personne (qu’elle m'a donnés), dans mon respect pour 
«vous, je n'ose, moi, votre sujet indigne, les considérer comme 
«miens et m'en servir. J'espère que Votre Majesté, dans sa clémence, 
«me fera grâce de la peine de mort (encourue pour avoir osé faire 
«ces présents indignes)». 

En même temps que cette lettre l'Ambassadeur fit l'hommage 
de présents considérables. [Interrogé par l'Empereur, il lui répondit: 
«Mon pays dépendait anciennement du tcheou de Giao, puis nous 
«nous sommes enfuis à Vijaya*), distant de 700 li au Sud‘) de 
«l’ancien emplacement °).» 

Yan Pu Ku Viaya‘) eut pour successeur un roi que nous 
trouvons sur le trône en 1010 et dont le nom paraît être Cri 


Harivar- Harivarmadeva’) (Harivarman Il). 
man ji, 


1) F& EL Je ne sais à quoi répond cette allusion. 
9) À #$ JM du vin gûté? 


3) Fo-Che. Le Song Che COCCLXXXIX 26% col. 15 écrit fautivement 4 E 


pour 4 r - 


4) Le Song Che ibid. met «au Nord». 

5) Song Che CCOLXXXIX 266. Wen Hien T'ong Kao XXIV jf jf 538. Méri- 
dionaux 548. 

6) Yang Pu Ku Viaya. Zav. néant. 


7) Che li Hia li pi ma ti ff NE Be ME Le bi JR Sox Cie CCCCLX xxIX 


268. Lecture très douteuse. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 81 


Il nous est connu seulement par l'ambassade qu'il envoya à la 
Cour de Chine pour, semble-t-il, demander l'investiture, 10101). 
Mais c’est à lui sans doute qu'il faut attribuer l'envoi de «lions» ?) 
aux Empereurs de Chine*) et du Pai-Cô - Viét), 1011, et l’ambas- 
sade de 1015°). Il règna peu de temps‘) et dès l’année 10187) 
c'est un Parameçvaravarman”*) qui présente le tribut de vassalité 


à l'Empereur Song”). 


1) En troisième année Ta tchong Siang fou DA FH É FT: le roi du pays Che 
»li pi ma ti envoie l’ambassadeur Tchou pou li apporter le tribut” Song Che VII 23a 
CCCCLXXXIX 26% ,Au huitième mois au jour Wou Wou D ?F- on gratifie le roi 
"du Champa de chevaux et d'équipements” Sozg Che VII 224. 

2) Che Tseu, ax Su’ Ta’ AË +-- Song Che VIII 238 CCCCLXXXIX 266. Psl 
II 44. Tt II 54. Il est assez difficile de savoir d’où lui venaient ces lions. 

3) En quatrième année Ta Tchong Siang au onzième mois, au jour Keng Wou 
La e , un ambassadeur du Champa, amène des lions. Ordre est donné de les nourrir 
»dans le Jardin du Palais et l’ambassadeur laisse deux barbares pour les soigner. Mais 
ceux-ci furent bientôt pris de nostalgie, si bien que l'Empereur, après les avoir largement 
»approvisionnés de vivres, les laissa retourner dans leur pays” Song Che VIII 235 
CCCCLXXXIX 265. 

4) ,En deuxième année Thuân thiên” NE + Vsl II 4a Tt II 54. L'Empereur du 
Dai-cô Viêt était alors Ly Công Uân ZE À zh Ly thäi Tô ZE K NH. 1009—1028). 
Il s'était fait offrir la couronne par les grands dignitaires et avait dépossédé Long Dinh 


HE $E, fils de Lè Hoan (règna de 1005 à 1009). Il est le fondateur de la dynastie 
1 
des 2 Ly. Psl II la. Sk II la. T4 IL 24. Cm II 4. 


5) En huitième année Ta tchong siang fou, l’ambassadeur Pou louen Ho lo ti 


” J# EE El SË Ff apporte le tribut. Ayant rencontré à la porte du Palais son 
"frère cadet T’ao tchou King ] ER LH venu du Tcheou de Kiao (le Pai-Cô Viét 
Où il avait sans doute été amené prisonnier par les Annamites) pour dresser des éléphants, 
nil demande à l'Empereur la permission de le ramener (au Champa). Sa Majesté y consentit 
»et fit donner à T'ao Tchou des robes, de la soie et de l’argent monnayé” Sorg Che VIII 
25a CCCCLXXXIX 266. Wen hien T’ong kao XXIV un Lin 536. Méridionaux 549. 

6) Harivarman II. /nv. Néant. 

7) Deuxième année T'ien Hi + JE : à la deuxième lune”. Sozg Che VII 264 
CCCCLXXXIX 264. 

8) Lecture très douteuse de la transcription chinoise Che Mei P’ai mo tie PF né£ 
HE FE PÉ . Cri) (Para)mecvar(avar)ma(räja)dhi(räja). Song Che CCCCLXXXIX 264. 


9) Présenté ; oPitiku JE JE M: Ve PA RRE 

) Présenté par l'ambassadeur L’o P’i ti kiu S4Ë jm il était particulière 

ment important. Il comprenait ,soisante douze défenses d’éléphant, quatre vingt six cornes 
6 


82 GEORGES MASPERO. 


Dans les premiers jours de l'année 1021’) le camp de Bô 
Chänh°) qui défendait la frontière Nord du Champa, est assailli 
à l'improviste par une armée annamite, venue par mer et conduite 


par le fils aîné de Lÿ công Uäu, Phât Mä*). Le Commandant de 


“de rhinocéros, mille livres de carapaces de tortues de mer, cinquante d’encens, quatre 


nvingt de clous de girofles, soixante cinq de cardamome, cent livres de bois d’aigle 


À 7%, deux cents de parfum Æ, une dose de 31] SE pesant soixante huit 


livres, cent livres d’anis étoilé, quinze cents d’arec et bétel. Lo P’i ti kia (interrogé) dit: 
“Lorsque les gens de mon pays vont au Kouang Tcheou, si le vent agite leur bateau et les 
»pousse vers Che T’ang Æ HE ils ne peuvent arriver à la fin de l’année (ÉI E 
, x À YÉ ). La troisième année, l'ambassadeur fut autorisé à retourner chez lui; il 
fut chargé pour Che mei p'ai mo tie, de 4,700 onces d’argent, d'effets d’habillement et de 
selles”. Song Che CCCCLXXXIX 264. 

1) »Onzième année Thuñn Thièn, en hiver à la douzième lune. Elle correspond en 


réalité à l’année 1020. 


[1 
Trai Bô Chânh . Un Trai est un cam rotégé par des 
LEURS n 1h IX ni, est, nn senmpy prrléeé 
palissades. Bô Chänh était anciennement le Châu de BG Chinh Âf AE JM . Sous les 


Han, ce fut la terre du Huyên de Tho Lanh, == 4 dépendant de la commanderie de 
! { 
Nhu’t-Nam. Sous les Song, c'était BÔ Chänh Chäu du Champa. Sous les Ly, les Ming le 


changent en Trân Binh Châu IE 2 PP . Sous les Lê, ce sont de nouveau les deux 
Châu de Bô Chänh et de Nôi Ngoai A ‘1 C’est maintenant la terre des trois huyën 


de Binh Chénh, Minh Chénh et B6 Trach SH dela préfecture de Quang 
Binh. Cm III 296. Cf. mi x 218. ali dit: »BÔ Chânh Phà : 
»à Vorigine, sous les Han Occidentaux, c'était la sous préfecture de Tu’o’ng lâm R 
F LUN ia de la province de Nhu't Nam. A la fin des Han, les habitants tuèrent leur 
nsous-préfet et s’administrèrent eux-mêmes. On appela leur état Lâm Âp FF Éd . 
Au commencement des années Yuan Ho TÉ fu des T’ang (806—821) ce pays fut 


é é de | éfect d’A . 15 tuel 
hreplacé sous la dépendance e la préfecture nnam a F4 FF on me S ue 
(en 1280) est Bô Chinh Âf nr . Il est très montagneux et couyert de forêts”. Lieou 


tsen Heou PT +- JE2 (poète chinois 773—819) a écrit dans ses vers: «Le Lin-Y est 


à l’ouest, tout couvert de m ntagnes» Tckl 1 4a. Sainson 62 Cf. également Géogr. Histor 
2 \ 
du Quang Binh. Cadière B.E.Y. E. O. II 58 à 61, 64, 65 et 68. 


à st / D; : “ se 2 
3) Phat Ma 4 HE autrement appelé Ew’e Chinh fi IX : fils aîné de Thäi-To. 
Lui succède au trône en 1028. Sk Te II l4a 18a. Cm II 29a. Il portait, en 1021, le 
titre de Khai Thièn Vwong [H ZX Æ. 7 II 2 86 94. Cm IT 219 224. Comme il 


traversait le golfe dn Tonkin, avec ses troupes, un dragon jaune apparut sur sa jonque, 
signe indubitable de réussite. 7£ II 188% 194. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 83 


la place!) effectue une sortie pour refouler l’assaillant, mais il est 
tué au cours du combat?) décapité et ses troupes se retirent en 
désordre *). Cependant les forces du prince impérial avaient éprouvé 
des pertes assez sensibles pour qu'il n’osût pas aller plus avant. 
En 1030 ‘), nouveau roi, dont le nom, tel qu'il nous est transmis 
par les Chinois, pourrait êrre Yan Pu Ku Cri Vikrantavarman IV. 
L'époque de son règne est assez obscure et il semble que la 
fin en ait été troublée par des compétitions dynastiques ou rébellions. 
Aïnsi par deux fois, en 1038 et 1039, son fils‘) se présente à la 
Cour Pai-Cô-Viêt et y demande protection: quelques mois plus 
tard, c’est toute la garnison du camp de Bô Chinh qui vient y 


chercher refuge auprès de l'Empereur Phât Mäf). 


! 
1) Les textes Annamites le dénomment Bô Linh ff Ce) + TT II 8. Cm II 224. 
Mais ce semble plutôt un titre qu’un nom, car, dix-huit ans plus tard, nous trouvons un 


nouveau DO: Lint, Cm IT 464. 


2) Le combat eut lieu au pied de la montagne de Long Ti HE Es sur le territoire 
du village de Tuän Chât AI Fi aujourd'hui Tüng Chât {À Fi , du huyën de Binh 


Chänh dans le Nord de Quang-Binh. Ce nom a été donné à la montagne à cause de sa 
forme droite et pointue comme un nez de dragon. Cm II 224. Cudière Quang Bink I 58. 
Lieux Historiques B. E. F.E.O. III 204. 

3) Vsz II 48. Tt II 86 Ja. 186 194. Cm IL 216. 224. 


4) »Huitième année Tien Cheng Re En, dixième lune, le roi du Champa Yang 
»P’ou Kou Che-li P’i lan Tô Kia pan motie th Y HN 

T5 Ke pan motie [D hf JR D EE JX EU 

fn Im 1 bit FE , Yang Pu Ku Cri Vi[kJranta[var]man envoie l’ambassadeur Li 

”"P'ou Sa Mo Hia To 2 ïh PE Din x IDE offrir le tribut composé de cara- 


"paces de tortue, encens, cornes de rhinocéros, dents d’éléphants” Soxg Che IX 29a. 


CCCCLXXXIX 264. 
5) Cinquième année Thông Thuy hi Fi : 1038, Dia Bà Thich Hi VE di), 


“fils du Roi du Champa, vient à la Cour. VsZ II 85. Sixième année Thong Thuy (1039), 
»au printemps, 4° mois Dia Bà Thich Lac Thuân Sa Dâu La Ké A Thât Thich Hi 
” DE fi] sg B£ {€ in Para ME Pay FE il avec cinq personnes, viennent 
demander protection” Ÿt K 2 p. 27e. Bien que rien ne dise explicitement que Sa Dâu 


fût fils de Vikräntavarman, les dates autorisent à l’admettre sans grande chance d’erreur. 


\ L à 
6) »Première année Kièn Phù hu’u dao HA FT À NE (1039) à la douzième lune 
1 [l 
-Bô-Linh 7fj À 56 Ca fi FF Lan D6 Thinh HE ÿÉ AL, de la citadelle de 


Vikrantavar- 
man IV. 


Jaya Sinha- 
varman II. 


84 GEORGES MASPERO. 


Il mourut vers 1041 et l’année suivante, son fils Jaya Sinha- 
varman (I1)') adresse à la Cour de Chine sa demande d'investiture*). 

En 1043) ses navires, profitant du vent et du flot, vont piller 
et dévaliser les populations Annamites du littoral et ne reprennent 
le large qu'à l’arrivée des forces dirigées contre eux. Phât Ma se 
décide alors à une grande expédition militaire contre ce voisin 
turbulent qui, depuis seize ans, n’avait jamais fait acte de vassalité *); 
il hâte la construction de plus de cent nouveaux navires, «dragons, 
«phénix, poissons, serpents, tigres, léopards, perroquets») puis, 
à la douzième lune, il ordonne par rescrit impérial que, dans chaque 
corps d'armée, les hommes soient approvisionnés d’armes offensives 
et défensives, et bien exercés. Enfin le 12 Janvier 1044°) il confie 


la régence à Nhu't Tôn du grade de Khai Hong Vu'o'ng’) et 


»Bô Chanh, qui défend le Champa, tous suivis de plus de cent personnes sous leurs ordres, 


»viennent demander protection” Cm II 464. Phât Ma (Ly Thâi Tôn Z& DR DE ) avait 
succédé à son père en 1028. 

1) Le roi Cham qui fut battu par les Annamites en 1044 se nommait Sa Dâu; 
= in c'était donc le prince qui, cinq ans auparavant était allé à la Cour de Thäi-Tôn. 
D'autre part, celui qui règnait en 1042, au dire des Chinois, (Song Che CCCCLXXXIX 264) 
se nommait Hing Pou che li Tehô Sing Hia Fou Fi] P FR BE ÂË # ÉA 3} 
Yañ Pu Cri Ja[ya] Siñhavarman. On peut d’autant mieux assimiler Sa Däu 4 ce dernier 
que ce nom même de Sa Dau peut êtré une transcription phonétique annamite de Siñha 
[varman]. 

2) Deuxième année K’ing li Es RE la onzième lune le . Hing Pou Che li 
,»Tchô Sing Hia Fou envoie un ambassadeur offrir trois éléphants apprivoisés” Song Che 


II 225. CCCCIXXXIX 268 Teheng JA Jeu Tsong 1e = fils de Tcheng Tsong 
avait succédé à son père en 1023. 

3) Deuxième année Minh Dao EF E. au printemps, quatrième lune.” 7% II 
318, 326. 

4) Tt TL 324. Cm III 66. 

5) Tt IL 334. Cm IIT Ta probablement des navires dont la proue était sculptée en 
figure de dragon, phénix, poisson, etc... 


6) Troisième aunée Minh Dao, première lune, jour Qüi Meo ze ou TN 1 


104. Le Ier Janvier de cette année «FH FH) et pour signe cyclique + KE: 


\ 
7) F4 SE TH P4 Khai Hoëng Vu’ong Nhw’t Tôn. Ps7 II 1026. T{ II 
34a. Cm III 84. 








LE ROYAUME DE CHAMPA, 85 


preud en personne la direction de l'expédition. Sa flotte comprenait 
10.000 rames Le 14, elle arrive au port de Dai Âc où elle trouve 
refuge contre une furieuse tempête'). Dès qu’elle fut en mer, les 
présages réglèrent la marche: en vue de la montagne Mo’ C6°) 
c'est un nuage pourpre qui couvre le soleil; dans la mer de Hà 
Näo*) un nuage rebrousse chemin et suit la jonque de l'Empereur, 
mauvais signe qui arrête l'expédition une journée au mouillage. 
Au port de Tu’ Minh‘), c’est un poisson blanc qui saute sur son 
navire. Cependant la flotte continuait sa route; favorisée par le 
vent elle double en un seul jour le Grand et le Petit Bane de 
sable) et arrive au port de Diên Long). Il apprend que Jaya 
Sinhavarman avait fait marche en avant et avait rangé ses troupes 


sur la rive méridionale du fleuve Noû Bô’); il donne l'ordre du 
1) L'Empereur, en souvenir du refuge qu’il trouva dans ce port changea son nom de 


Daiie en celui de Hai An K a «la Grande Paix ». 


A 


2) vArrivé à la monatge de Mo’ Cô } #4 [ll un nuage pourpre couvre le 
soleil” Té II 344. Cm III 94. Mo’ Cô ou Co, comme écrit le VsZ II 104 est un des ,noms 


de la montagne Ii Ti 1 LÉ dans le Huyên de Ky Anh &} re du Ha-Tinb, en 
“dehors de la mer” Cm III 9% Je ne vois guère, dans le huyên de Ky Anh que la mon- 


tagne qui forme le cap Mui Dong qui soit suffisamment visible du large pour correspondre 
à celle de Mo’ Cà. 


3) Hà Nao Biên 7e] LES Fe . Ce doit être la baie formée par le creusement de la 


côte au Sud du cap Bungquiua. Le Cm III 104 déclare en ignorer la situation. 


4) Port de Tu’ Minh A HA #E [I . Vs IT 108. J'ignore où il est situé 


peut-être au Nord du Grand banc de sable. 


» 
5) Le Grand Banc de sable, Dai Tru’d'ng Sa K E tp va de l’embouchure 
méridionale du Nhut Lèé H RE à l'embouchure du Minh Linh. Le Petit Banc de 


sable, Tièu Tru'd’ng Sa oh Ë > , va de l'embouchure méridionale de Viêt (Cua Viêt 
5bk de nos cartes) jusqu’à l’embouchure de # ZS Tu’ Dùng. Cm I1I 9 104. 


6) Diën long hai khâu EL HE #4 [a , port de Dién Long. Situé au S. E. du 
huyèn de Phü Vinh A Ee de Thüà Thiên 7K . Sous les Trân il fut appelé 
Tu’ Dùng H 7 Sous les Mäc Tu’ Khäch # Ze. Les Lè lui donnèrent à nouveau 


le nom de Tu’-Düng. C’est maintenant le port de Tu’ Hièn H EX . Cm VIT 96. PELLIOT 206. 
» _ \ . 
7) . ii] /L Ngu BÔô Giang. Le Om III 104 déelare ignorer sa situation. 


86 GEORGES MASPERO. 


débarquement, dispose ses divisions sur la terre ferme, fait arborer 
les étendards, frapper les tambours, traverser le fleuve par le plus 
court et attaque les Chams. Ceux-ci «n'avaient pas encore senti 
«le tranchant de ses armes» qu'ils lâchent pied; officiers et soldats 
se dispersent en grande confusion: plus de 30.000 restent sur le 
terrain, plus de 5000 sont faits prisonniers; Jaya Siñhavarman lui 
même gisait sur le champ de bataille, décapité; les cadavres 
couvraient la plaine; l'Empereur en fut saisi de pitié et arrêta ce 
carnage désordonné. Plus de 60 éléphants de guerre avaient suc- 
combé sous les coups. 

Phât Mä continue sa marche en avant, arrive à Vijaya à la 
septième lune‘), y pénètre en vainqueur à la tête de toutes ses 
troupes, occupe le Palais, s'empare de toutes les femmes du Roi, 
du harem, des inusiciennes, danseuses et chanteuses Il envoie des 
fonctionnaires parcourir les provinces et les villes, les occuper en 
son nom et soumettre les populations. Enfin à la huitième lune, il 
donne l’ordre de la retraite et regagne le camp du Nghé-An*) et 
à la neuvième lune il arrivait à son palais de Li Nho’n*). [Il annonce 
sa victoire au Temple de ses ancêtres‘), y dépose le butin pris sur 
l'ennemi‘), répartit les prisonniers Chams, au nombre de plus de 


5000, en différents villages qu'il forme dans le Vinh Khu'o'ng°) 


1) Fs2 II 102. 


2) NghAn NZ. 

3) Li Nhon IL 1= appelé maintenant Id'i Nho’n À] LE nom d’nn Chàu, 
c'est à présent le Li Nho’n Phu H BA FF de ve] A Ha nôi”. Cm K 3 p. 96, 
K. 4 p. 146. 

4) Pai Miêu K Éf Temple où sont disposées les tablettes des ancêtres. 

5) Il fit, à la onzième lune, distribuer des robes de soie aux mandarins des six premiers 
degrés et des robes de soie mince à ceux des autres degrés qui avaient pris part à la 


campagne du Champa. 74 IL 356 364. Cm III 106. 
6) 3K HF Vinh Khu’o’ng, au Nghé An. C’est maintenant le Phu de Tu’o’ng Du’o’ng 


5 pe + : Huyên de Vinh Hoà TK RULES On II 107. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 87 


et le PDäug Châu') et les y fait inscrire aux rôles. Les femmes 
capturées à Vijaya et qu'il avait gardées à son harem, furent, 
l’année suivante, élevées à différents grades à la Cour”). Toutes, il 
est vrai, ne s'étaient par soumises aux baisers du vainqueur. Une 
d'elle, même, appelée par Phât Mä sur la jonque impériale, se noya 
plutôt que s'y rendre. L'Empereur, admirant sa fidélité, lui donna 
le titre posthume de «Hiép Chänh H6ô Thiên», femme très chaste 


et très douce *). 


1) Ping Châu 2& PM du Hu’ng-Hoù DEN À. Sous les Trân, ce devint le 
7% 


Thin Hung K FE - Sous les Ming, le Châu de Qui Hoù Er #4 qui fut chengé 


en Phu sous les Lé. Aujourd'hui, c’est le Phu de Qui Ho. Cm 1 114. 
2) T4 II 368. 


3) Ef 2 Cm III 9. 


VIIIe DYNASTIE. 
989 —1044. 
1% dynastie de Vijaya. 


Indravarman V 
is 
Harivarman II 
Paramecvaravarman II 
Vikrantavarman III 


Sinhavarman II 
(à suivre). 


BULLETIN CRITIQUE. 


E. Baeiz, Dolmen und alte Konigsqräber in Korea 
(Zeitschrift für Ethnologie, 1910, p. 776 —781). 


Les dolmens de l’île de Kang-hoa, ceux de Pabalmaq et ceux 
de Sune-sane-hi, en (Corée, nous sont déjà connus par divers 
articles ). M. Baelz a visité en 1903 un autre site où se trouve 
un grand nombre de ces monuments mégalithiques; cette localité 
est dans la vallée de la rivière Kuriong-gang, affluent septentrional 
du fleuve Andjugang a JM 7L ou Tching tschhông gang TH 
JI ZT, par environ 126° de longitude et 40° de latitude Nord. 
Sur le haut cours du Kuriong, à Puktschin, près de la ville de 
Wursan = JÜJ, on pratique depuis fort longtemps le lavage de 
l'or; cette exploitation, la plus riche de la Corée, est aujourd’hui 
entre les mains d'une Compagnie américaine et emploie des milliers 
de travailleurs. C’est dans les environs de Puktschin que sont 
disséminés les dolmens, en si grand nombre que M. Baelz à pu 
en compter jusqu'à 68 sur un parcours de 2 kilomètres; les dol- 
mens sont toujours orientés vers le Sud; M. Baelz n’a pu y trouver 
ni ossements humains, ni débris d'armes ou de céramiques. 


Dans la même région que les dolmens, à 14 kilomètres au Sud 


1) Voyez E. Bourdaret, Ex Corée (Paris, 1904, p. 302, 334—335); Rapport sur une 
mission scientifique en Corée (Nouv. archives des missions scientifiques, t. XII, p. 135—138); 
note sur les dolmens de la Corée (Soc. d'anthropologie de Lyon, t. XXT, 1903). — Transac- 
tions of the Korea Branch of the Roy. Asiatic Society (vol. IT, p. 21, 22; vol. II, p. 
31, 32). 





BULLETIN CRITIQUE. 89 


de la ville de Wunsan, M. Baelz a signalé deux monuments funé- 
raires du plus haut intérêt; ce sont deux pyramides tronquées 
construites en blocs de granit qui sont en retrait les uns sur les 
autres, de manière à former des gradins. Il suffit de lire cette 
description pour comprendre que nous sommes ici en présence de 
monuments exactement semblables à ceux que j'ai visités et photo- 
graphiés en 1907 à T'ong-keou [A] Ÿ# sur la rive Nord du fleuve 
Yalou (voyez ma Mission archéologique dans la Chine septentrionale, 
planches CCCLXXV —CCCLXXIX et T'oung pao, 1908, p. 236 —263). 
Ce rapprochement permet aussitôt de formuler quelques observations. 
__ La mieux conservée des pyramides de 7“ong-keou est appelée 
«Tombe du maréchal» HA: une des deux pyramides de 
Wunsan est appelée «Tombe de Wei-man» fi “ - Cette seconde 
dénomination, plus précise que la première, nous reporte au com- 
mencement du deuxième siècle avant notre ère, puisque Wei-man 
est un aventurier chinois qui fut le premier fondateur du royaume 
de Teh'ao-sien. Mais il ne semble pas qu'il faille faire fond sur le 
nom populaire attribué à un édifice pour en déterminer la date; 
nous possédons, à 7"ong-keou, un témoignage d’une toute autre 
importance qui est constitué par la fameuse stèle quadrangulaire du 
roi de Kao-keou-li mort en 414 p.C.; cette stèle ayant été érigée 
au commencement du cinquième siècle de notre ère, c'est donc à 
cette date que fut édifiée la pyramide, aujourd’hui presque entière- 
ment détruite, de l’auguste roi (cf. Mission archéologique dans la 
Chine septentrionale, pl. CCCLXXIX, N° 810); c’est vraisemblable- 
meut à la même époque qu’il faut rapporter les monuments tout à 
fait analogues connus sous le nom de «Tombe du maréchal» à 
T'ong-keou, et de «Tombe de Wei-mans à Wun-san. 

En second lieu, M. Baelz estime que les dolmens et les pyra- 
mides appartiennent à deux époques très différentes, les premiers 


devant être bien antérieurs aux secondes. Je ne partage pas son 


90 BULLETIN CRITIQUE. 


opinion; les pyramides, quand elles étaient complètes, présentaient 
en leur centre une chambre qui, dans les pyramides de petites 
dimensions, avait exactement la forme d’un dolmen: c’est ce dont 
on peut se convaincre en jetant les yeux sur la planche CCCXX VII, 
N° 804, de l'album de ma Wission archéologique: on verra qu’une 
pyramide, qui a conservé par derrière sa forme primitive, s’est 
éboulée sur sa face antérieure de manière à présenter toute dénudée 
sa chambre intérieure; or cette chambre est construite comme un 
dolmen. Je me demande donc si les dolmens de Corée ne sont pas 
des chambres qui, dans le cas de sépultures riches étaient recou- 
vertes de blocs de granit en gradins, tandis que, dans les cas de 
sépultures ordinaires, on se bornait à recouvrir la chambre avec de 
la terre; cette terre a aujourd’hui disparu et la chambre seule à 
subsisté. Dolmens et pyramides seraient donc, dans cette théorie, 
deux aspects d’une même sorte de monuments funéraires. 

Les pyramides et les dolmens étaient-ils des tombeaux? M. Baelz 
le croit, tout en reconnaissant que l’absence d’ossements dans ces 
édifices peut laisser planer quelques doutes. Pour ma part, j'ai cru 
aussi que les pyramides de 7'ong-keou étaient des tombeaux. Je me 
demande cependant maintenant s'il en est réellement ainsi. M. Baelz 
a remarqué tout près de la pyramide de Wei-man un haut tumulus 
en terre au centre dequel était une chambre de pierre qui, pense- 
t-il, avait pu servir à abriter les gardes qu’on affectait au service 
du tombeau; j'ai moi-même vu un tumulus tout semblable, quoique 
dépourvu de chambre, derrière la tombe du maréchal à T’ong-keou, 
et j'en ai vu un autre derrière la pyramide connue sous le nom 
de tombe de Chao-hao au N. E. de K'iu-feou him (Mission archéo- 
logique, pl. CCCCIV, N° 892). Je serais disposé à croire que, dans 
tous ces cas, c’est le tumulus en terre qui marque le véritable 
emplacement de la sépulture, et que la pyramide en pierre jouait 


le rôle d’un temple funéraire dans l’intérieur duquel on présentait 





BULLETIN CRITIQUE. 91 


les offrandes à l’image du mort. En d’autres termes, la pyramide serait 
l'équivalent de ce qu'’étaient chez les Chinois, à l'époque des ÆJan, les 
chambrettes funéraires telles que celle du Æiao t'ang chan; on sait en 
effet maintenant que ces chambrettes servaient de salles d'offrande 
et que le tumules abritant la sépulture était situé plus en arrière. 

Pour terminer, je sigualerai que la restauration que propose 
M. Baelz de la pyramide me paraît inexacte; il fait consister l'édifice 
en cinq assises de blocs de granit et place au centre un amas de 
maçonnerie de forme hémisphérique; en réalité, la pyramide devait 
s'élever beaucoup plus haut: elle n’était tronquée que tout près de son 
sommet et elle était surmontée d’un pavillon en bois couvert de 
tuiles; les trous dans lesquels s'encastraient les poutres de cet édicule 
sont encore visibles au sommet de la Tombe du maréchal, et, sur 
les flancs de cette tombe on peut ramasser les débris des tuiles de 
la toiture; la Tombe de Chao-hao, à K'iu feou hien, a conservé 
jusqu'à nos jours le pavillon surmontant la pyramide (Mission archéo- 
logique, pl. CCCCIV, n° 892), Les pyramides de Wun-san devaient 
certainement être construites de la même manière. 

En conclusion, les monuments décrits par M. Baelz présentent 
une étroite connexion avec ceux que j'ai photographiés à T'ong-keou 
sur les bords du Yalou; ils s'expliquent de la même manière qu’ 
eux et doivent, comme eux, être attribués au royaume de Xao-keou-li 


et au cinquième siècle de notre ère. En. CHAvaNNEs. 


Albert Herrmann: lie alten Seidenstrassen zwischen China 
und Syrien (forme le 21° cahier des Quellen und For- 


schungen zur alten Geschichte und Geographie, heraus- 


gegeben von W. Kieglin; — Berlin, Weidmannsche 
Buchhandlung, 1910, in-8 de 130 p. et 1 carte hors 
texte). 


Grâce aux récentes explorations dans le Turkestan oriental et 


92 BULLETIN CRITIQUE. 


grâce aux traductions nouvelles qui ont été publiées dans ces derniers 
temps de textes chinois relatifs à l’Asie Centrale, il est devenu 
possible de reprendre l'étude des routes que suivit, à partir du 
premier siècle avant notre ère, le commerce entre la Chine et les 
grandes civilisations de l'Asie occidentale. M. Albert Herrmann 
s'est acquitté de cette tâche d’une manière très satisfaisante; il 
connaît bien toutes les sources d'informations auxquelles il pouvait 
puiser; il interprète les témoignages avec un sens géographique et 
historique qui lui permet souvent d'atteindre à plus de précision 
que ses devanciers; enfin la carte qu'il a jointe à son mémoire est 
claire et rendra des services. 

J'examinerai deux points sur lesquels l’auteur se trouve être 
en désaccord avec moi. 

En premier lieu (p. 65—66), M. Herrmann estime que, lorsque 
Tehang K'ien décrit le Tarim sous le nom de ff, il n’y a point 
vu le cours supérieur du Âouang ho; c'est l’empereur Wow qui, 
trompé par le double emploi du mot 1] appliqué, d'une part au 
Tarim, d'autre part au Æouang ho, aurait cru que les deux cours 
d'eau n’en faisaient qu’un seul et aurait mis en circulation la 
fausse conception qui devait rester admise pendant plusieurs siècles. 
L'examen des textes ne me paraît pas justifier cette thèse; dans le 
passage du Che ki (chap. CXXIIT, p. 3 r°), lorsqu'il est dit: «A 
l'Est de Yu-tien (Khoten), les rivières coulent vers l'Est; elles se 
jettent dans les marais salés; les marais salés coulent cachés sous 
terre; plus au Sud, apparaît la source du Æo», — ïl est bien évident 
qu'il y à un rapport étroit entre l'apparition de la source du Æo 
et le cheminement sous terre des eaux du marais salé; Brosset est 
le seul des traducteurs de ce passage qui n'ait pas vu cette con- 
nexion et il a manifestement tort. Quant à l'intervention de l’em- 
pereur Wou, voici en quoi elle a consisté: un vieux livre aujourd’hui 


perdu, le Yu pen ki FE 7% #b, disait que le ÆZo prenait sa source 





BULLETIN CRITIQUE. 93 


dans le ÆXouen-louen EÈ à (Che ki, chap. CXXIII, p. 8 v° et 
Ts'ien Han chou, chap. LXI, p. 6 r°); ce ÆKouen-louen était une 
montagne merveilleuse toute environnée de légendes; quand l’empe- 
reur Wou sut que Zhang K'ien était remonté jusqu'aux sources 
du Æo et qu'il avait trouvé, dans les montagnes où le //0 prenait 
naissance, beaucoup de jade, il fit un rapprochement entre ces 
montagnes et celles que mentionnaient les anciens livres tels que 
le Yu pen ki et c’est pourquoi il leur donna le nom de Kouen-louen; 
le rôle de l’empereur s’est donc borné à attribuer le nom de Xouen- 
louen aux montagnes qui sont au Sud de Khoten (cf. BEFEO, 
1903, p. 230, n. 3). Je ne vois aucune raison d'admettre que 
Tehang K'ien aurait nettement distingué le Tarim du Æouang ho 
et que l’empereur Wou les aurait ensuite confondus. 

Sur un second point, M. Herrmann (p. 101—109), me paraît 
avoir raison; il s’agit de la localisation de Zeou-lan FE LXE Dans 
mon article sur les Pays d’occident d'après le Wei lio (T'oung pao, 
1905, p. 531—533 et 537), j'avais admis que l’ancien Zeou-lan 
x FE Éi devait être placé au Nord-Ouest de Hami, tandis que, 
à partir de l’année 77 av. J.-C., ce royaume fut transféré au Sud 
du Lob nor et prit le nom de Chan-chan SEK £ ; M. Herrmann 
admet avec moi que les événements de l’année 77 av. J.-C. amenè- 
rent, en même temps que la substitution du nom de Chan-chan à 
celui de Zeou-lan, le déplacement de ce royaume; si M. Herr- 
mann est d'accord avec moi au sujet de la localisation de Chan-chan, 
il me reproche d’avoir situé l’ancien Zeou-lan beaucoup trop au 
Nord; je me rends à ses arguments; mais M. Herrmann est-il dans 
le vrai en voyant l’ancien Zeou-lan dans l'endroit exploré par 


Sven Hedin, puis par Stein et enfin par Tachibana ‘) au Nord du 
1) Tachibana a exhumé en ce lieu une lettre écrite par un certain Zi Po Ze #4 : 


tchang-che des pays d’occident p4 EY 5; le Tsin chou (chap. LXXXVI, p. 
7 v°) nous apprend que Zi Po portait ce titre en 324 p. C. et cette indication nous permet 


04 BULLETIN CRITIQUE. 


Lop nor, par 40° 31’ 84" lat. N. et par 89° 50’ 53" long. E.? Je 
serais assez disposé à le croire; je remarque capendant que, dès 
l’année 119 p. C. une colonie militaire fut établie à Zeou-lan par 
le général Pan Yong; comment donc se fait-il que, dans le site 
récemment fouillé par les voyageurs on n'ait trouvé aucun document 
de l’époque des Han? Cette raison est la seule qui me retienne de 
donner mon adhésion pleine et entière à la théorie séduisante sou- 


tenue par M. Herrmann. Ed. CHavanxes. 


V. Arexgter: © niekotorych glavnych tipach kitaiskich 
zaklinatelnych isobrajenit po narodnym kartinam 1 
amuletam (De quelques types principaux d'images 
chinoises d’exorcisme d’après les peintures populaires 
et les amulettes. — ŒExtrait des Mémoires de le 
section orientale de la société impériale russe d'ar- 
chéologie, tome XX, 1910; 76 pages in-8 dont 17 
planches hors texte). 


Pendant les années qu'il a passées à Péking, M. Alexéief a 
porté son attention sur les images populaires et il en a réuni une 
collection du plus haut intérêt. Il étudie aujourd’hui celles de ces 
images qui ont une valeur magique et qui sont suspendues dans 
les maisons en vue de détourner les mauvaises influences ou d'attirer 
le bonheur; il y a joint quelques amulettes qui jouent le même rôle. 
On trouvera dans son article des renseignements très nouveaux sur 
Tchong K'ouei fi JR4, sur Tehang T'ien-che WR KR ÉM et sur Lu 
Tong-pin 4 fr] À ; on y trouvera aussi l'explication et la repro- 


duction de plusieurs de ces signes cabalistiques nommés fou 44 


de dater notre document; dans cette lettre, qui est adressée au roi de Cxau-chan, Li Po 
annonce son arrivée dans la localité occupée par la garnison chinoise; on voit par là que 
le roi de Chan-chan ne résidait pas dans l'endroit où étaient cantonnées les troupes chi- 


noises, c’est à dire dans l’endroit exploré par MM. Sven Hedin, Stein et Tachibana. 





BULLETIN CRITIQUE. 95 


que les taoïstes ont inventés pour frapper de terreur les démons. 
Les bouddhistes ne se sont pas privés d’avoir recours au même 
moyen d'influence; ils ont figuré sous une forme stylisée la syllabe 
sauscrite représentée en chinois par le caractère ngan w# et ils lui 
ont attribué une puissance souveraine d’exorcisme; M. Alexéief étudie 
ce dernier type d’amulette dans un estampage de l’année 1901 
(p. 4—5 et fig. 6); les explications qu'il donne peuvent être com- 
plétées au moyen d’une stèle de l’année 1566 que j'ai publiée dans 
l'album de ma Mission archéologique dans la Chine septentrionale 
(pl. CCCCXXX VIII, N° 997); cette dernière stèle nous apprend que 
ce signe magique était en réalité la première syllabe de la formule 
om mani padme hûm qui est transcrite en Chinois BR DE AN 
HA je (voyez l'inscription de 1348 dans mes Dix inscriptions de 
l'Asie Centrale, p. 97); la syllabe om était écrite sur la main du 
Buddha, et c'est pourquoi la stèle de 1566 l’associe à la représen- 
tation des pieds du Buddha qui, comme on le sait, offrent eux 
aussi des marques distinctives; au-dessous des pieds du Buddha, 
l’auteur de la stèle de 1566 raconte que le prototype de cette 
image fut rapporté de l'Inde par le pélerin Æiuan-tsang pendant la 
période tcheng-kouan (627—649); l’empereur T‘ai-tsong, qui régnait 
alors, ordonna aussitôt de la graver sur pierre; elle fut regravée en 
1387 dans le temple du dhyâna Wouo-long FA HE JE ES à à Tch'ang- 
ngan (Si-ngan fou); enfin en 1566 on en fit une copie dans le 
temple Chao-lin sseu AP FF + où j'en ai pris l’estampage. Il est 
aisé de voir maintenant comment a été constitué le texte de 1901 
reproduit par M. Alexéief: de même que l'image des pieds du 
Buddha passait pour avoir été rapportée par le pélerin Æiuan-tsang, 
ainsi le signe magique de la main du Buddha fut considéré comme 
ayant été rapporté par le pélerin Yi-tsing; seulement, tandis que 
l'inscription de 1566 est dans son droit en attribuant à l’empereur 


T'ai-tsong, sous le règne duquel Æiuan-tsang revint de l'Inde, la 


96 BULLETIN CRITIQUE. 


première gravure sur pierre de l’image des pieds du Buddha, l'in- 


scription de 1901 a tort d'appliquer au signe de la main de Buddha 


un éloge composé par ce même empereur T‘ai-tsong qui était mort. 


près de cinquante ans avant le retour d’Yüi-tsing. Enfin l'inscription 
de 1901 se donne comme étant gravée dans le même temple Wouo- 
long de Si-ngan fou où fut érigée en 1387 une stèle qui est le 
modèle de celle de 1566; mais on peut se demander si cette in- 
scription de 1901 existe bien réellement, car, en fait, nous n’en 
avons que des estampages tirés manifestement sur une planche en bois. 


Ed. CHAVANNES. 


Colonel E. Dieugr: Etude de la langue thô (in-8° de 111 +- 
132 p.; Paris, Challamel, 1910). 


On donne le nom de thô à la langue thaïe telle qu’elle est 
parlée sur la frontière du Tonkin et de la Chine, depuis Laokay 
jusqu'à Monkay. M. le colonel Diguet a fait de ce dialecte une 
étude approfondie; il commence par dresser un vocabulaire synoptique 
qui permet, d'une part, de saisir les rapports qui existent entre le 
thô et deux autres langues thaïes, à savoir le taï de la Rivière noire 
et le siamois, d'autre part, de reconnaître dans quelle mesure plus 
ou moins grande l’annamite a influé sur le thô et sur le taï. 
L'auteur donne ensuite des éléments de grammaire thô; il termine 
son ouvrage par un vocabulaire français-thô. Ce volume sera utile 
à tous ceux qui auront à faire un séjour plus ou moins prolongé 
sur la frontière de la Chine et de Tonkin; il rendra service aussi 
au Jinguiste qui, en y joignant le mémoire publié en 1895 par 
M. Diguet lui-même sur la langue des Taï noirs, pourra prendre une 
idée exacte de ce que sont deux dialectes importants du groupe thaï. 


Ed. CHAVANNES. 





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BULLETIN CRITIQUE. 97 


A. von Le CoQ, Chuastuanift, ein Sündbekenntnis der 
Manichäischen Auditores, gefunden in Turfan (aus 
dem Anhang zu den Abhand. der K. Preuss. Aka- 
demie der Wissenschaften vom Jahre 1910; in-4° de 


43 p. et 2 planches hors texte). 


En 1909, W. Radlof avait publié en transcription et en traduction 
un texte manichéen fort intéressant contenant une confession des péchés 
(cf. T'oung pao, Déc. 1909, p. 718 —719). Ce texte s’est retrouvé en 
d’autres exemplaires, car il paraît avoir été répété fort souvent à 
l'usage des fidèles qui le faisaient copier en y introduisant leur nom; 
M. A. Stein en a rapporté un beau manuscrit en langue turque et 
en écriture manichéenne, qu’il a recueilli dans la fameuse grotte de 
Touen-houang; M. von Lecoq éditera prochainement ce manuscrit 
dans le Journal of the Royal Asiatic Society; mais, en attendant de 
faire cette publication, il vient de mettre à notre disposition les 
fragments de ce même texte qu'il a exhumés lui-même dans la 
région de Tourfan; ces fragments sont, les uns en écriture mani- 
chéenne, les autres en écriture ouïgoure. Dans son introduction, 
M. von Le Coq remarque que les Bouddhistes de l'Asie Centrale ont, 
eux aussi, des formulaires de confession analogues; il est important 
de constater que les Bouddhistes ont emprunté les expressions 
techniques aussi bien que la forme extérieure des formulaires mani- 
chéens. À la p. 36, M. von Le Coq signale l'expression éaidan que 
F. W. K. Müller croit empruntée au chinois pour désigner un temple 
ou une salle de prière; je pense qu'il faut y voir la transcription du 
chinois ji # lchai l'ang salle de purification»; dans le fragment 
chinois manichéen rapporté par M. Pelliot, on trouve, dans l’énumé- 
ration des salles constituant un temple manichéen, le nom du ju Eu 
ir «salle de purification et d'explication» (voyez Touen houang che che 


yi chou, fascicule 3, fragment manichéen). Ed. CHavanNes. 
7 


Y8 BULLETIN CRITIQUE. 


P. Hoaxc, Concordance des chronologies néoméniques chi- 
noise et européenne (Variétés Sinologiques, N° 29; 
Chang-haï, Imprimerie de la mission catholique, 1910; 
in-8 de XV + 569 pages). 


On attendait depuis longtemps avec impatience la publication 
de cet ouvrage du père ÆHoanqg; la mort de l’auteur, survenue le 8 
Octobre 1909, avait pu faire craindre un moment qu'il n’eût pas 
eu le temps de mettre la dernière main à son livre; par bonheur 
il n’en est rien, et, grâce au zèle des pères de Zikaweiï, ce travail 
considérable a pu enfin voir le jour. 

Pour établir le tableau des concordances entre les dates euro- 
péennes et les dates chinoises, il fallait commencer par dresser la 
série des années chinoises avec la date des néoménies et la place des 
lunes intercalaires: le P. Hoang n’a pas eu à se préoccuper de ce 
problème, car il l’a trouvé tout résolu dans l'ouvrage intitulé Zi tai 
tch'ang chou tsi yao BE in nn Po Hit LE publié en 1877 par Wang 
Vue-tcheng YÆ FA fa ; mais il est évident que la valeur du livre 
du P. Hoana dépend de l'exactitude avec laquelle Wang Yue-tcheng 
a fait ses calculs. Pour vérifier ces calculs, nous n'avons qu’à recou- 
rir aux textes ou aux inscriptions qui n’ont pas été connus de 
Wang Yue-tcheng; si les dates exprimées dans les monuments s’ac- 
cordent avec son système, c’est que ce système est exact. 

1° Inscription de Zreou P'ing-kouo (cf. T‘oung pao, 1908, 
p. 97—98): «la quatrième année yong-cheou, le huitième mois dont le 
premier jour était le jour Aia-siu, le douzième jour qui était le jour 
yi-yeou.» Cette date correspond au 22 Septembre 158 p. C.: le P. 
Hoang indique exactement le jour kia-siu, onzième du cycle comme 
étant le premier jour du huitième mois. 

2° Inscription du Xao keou li (cf. Journal Asiatique, Mars — Avril 


1898, p. 230): en l’année 414 p. C., le vingt-neuvième jour du 











BULLETIN CRITIQUE. 99 


neuvième mois est le jour yi-yeou; on en conclut que le premier 
jour de ce mois est le cinquante-quatrième jour du cycle; c’est 
exactement ce qu'indique le P. Hoang. 

3° Inscription de Long-men (N° 589 de ma Mission archéologique). 
«La première année yen-tch'ang, le rang de l’année étant jen-tch'en, 
le onzième mois dont le premier jour était le jour ting-hai, le 
quatrième jour (27 Novembre 512 p. C.).> Accord rigoureux avec 
le P. Hoang. 

4 Inscription de Long-men (ibid., N° 660): «La troisième année 
hiao-(tch'ang), le rang de l’année étant kouei (Lisez ting)-wei, le 
quatrième mois dont le premier jour était le jour Louei-sseu, le 
huitième jour qui était le jour keng-tseu (23 Mai 527 p. C.)». Accord 
avec le P. Hoang. 

Je ne poursuivrai pas plus loin cette énumération qui pourrait 
être fort longue, car, en fait, l'exactitude des tables du père Hoang 
se vérifie dans la grande majorité des cas. Voici cependant un cer- 
tain nombre de dates où l'exactitude n’est plus qu’à un jour près: 

1° Tseu tche t'ong kien: en l’année 93 av. J.-C., le premier jour 
du onzième mois est le cinquante-deuxième du cycle. Le P. Hoang 
dit que c'est le cinquante et unième. 

2° Heou Han chou, chap. XX VI, p. 5 v°: en l’année 174 p. C., 
le premier jour du premier mois est le onzième du cycle. Le P. 
Hoang dit que c’est le douzième. 

3° Heou Han chou, chap. XXVIII, p. 6 r°: en l'année 219 
p. C., le premier jour du troisième mois est le quarante-neuvième 
du cycle, le P. Hoang dit que c’est le cinquantième, ce qui est 
d’ailleurs en accord avec le témoignage du Tseu tche t'ong kien. 

4 Kin che ts'ouei pien, chap. XXXVI, p. 5 v°: en l’année 564 
p. C., le premier jour du neuvième mois est le cinquante-quatrième 
jour du cycle. Le P. Hoang dit que c’est le cinquante-troisième. 


9° Inscription de l'impératrice Wou en l'honneur du Cheng sien 


100 BULLETIN CRITIQUE. 


l'ai tseu (cf. ma Mission archéologique, pl. CCCLIV, N° 761): en 
l'année 699 p. C., le premier jour du sixième mois est le vingt et 
unième jour du cycle. Le P. Hoang dit que c’est le vingt-deuxième. 

6° Inscription de Kul tegin (cf. Thomsen, Znscr. de l’'Orkhon 
déchiffrées, p. 174): en l’année 732 p. C., le premier jour du sep- 
tième mois est le trente-huitième jour du cycle. Le P. Hoang dit 
que c’est le trente-neuvième. 

Restent enfin les erreurs portant sur l’intercalation; j'en ai 
relevé deux: 1° faut-il placer le mois intercalaire en 97 av. J.-C. 
ou en 96 av. J.-C.? la première solution, qui est celle qu'adopte 
le P. Hoang, est d'accord avec le système qui fut appliqué ultérieure- 
ment, puisque, de 19 en 19 .ans, les années 78 av. J.-C., 59 av. 
J.-C., 40 av. J.-C., etc. sont intercalaires. La seconde solution serait 
d'accord avec le système qui était appliqué antérieurement, puisque, 
de 19 en 19 ans, les années 115 av. J.-C., 134 av. J.-C., ete. 
furent intercalaires. C’est la seconde solution qui doit être adoptée 
comme le prouve une des fiches de bois exhumées par M. A. Stein le 
long de l’ancienne grande muraille (T XIV, iü, 67), car cette fiche 
nous apprend que le premier jour du douzième mois de l’année 96 
av. J.-C. fut le trente-huitième du eycle. Il faut donc corriger les 
tables du P. Hoang de la manière suivante: à la fin de l’année 97, 
on supprimera le mois intercalaire, puis, on dressera pour l’année 


96 la liste ci-dessous. 


Cycle de la lune Lune Mois solaire Jour du mois Cycle du jour 
15 1 1 23 14 
12 2 2 21 43 
17 3 5) 23 13 
18 4 À 21 42 
19 5 5) 21 12 
20 6 6 19 41 
21 7 7 19 11 





BULLETIN CRITIQUE. 101 


Cycle de la lune Lune Mois solaire Jour du mois Cycle du jour 
22 8 8 17 40 
23 9 9 16 10 
24 10 10 15 39 
25 11 14 14 9 
26 12 12 13 38 
Interc. 12* 1 12 8 


2° En ce qui concerne l’année 75 p. C., on peut se demander 
si le mois intercalaire doit être placé après le douzième mois, comme 
dans les années 56 p. C., 37 p. C., 18 p. C., etc., ou s’il doit être 
placé le onzième mois, comme en l’année 94 p. C.. Le P. Hoang 
s'arrête à cette seconde solution: en réalité cependant, c'est après 
le douzième mois que doit être placé le mois intercalaire, puisque 
le Tseu tche l'ong kien nous apprend que le premier jour du douzième 
mois fut le quarante-deuxième du cycle. Il faut corriger en consé- 
quence le tableau du P. Hoang: le douzième mois de l’année 75 
p. Ü. commencera au quarante-deuxième jour du cycle, correspon- 
dant au 27 Décembre; puis viendra le mois intercalaire qui com- 
mencera par le onzième jour du cycle, correspondant au 25 Janvier 
Hop. C. 

Comme on le voit, les tables de Wang Yue-tcheng adoptées par 
le P. Hoang, ne sont pas absolument exemptes d'erreurs; d’une 
part, elles ne sont pas arrivées à éliminer l’approximation à un 
jour près que le calcul est impuissant à supprimer; d’autre part, 
elles se sont parfois égarées dans les modifications successives appor- 
tées à la méthode d’intercalation. Dans l’ensemble cependant, elles 
sont remarquablement correctes et elles nous fournissent un instru- 
ment de travail qui n'aura besoin que de quelques retouches pour 
devenir parfait. 


Ed. CHAvanxNeESs. 


102 BULLETIN CRITIQUE. 


Oscar MünsrerBerG: Leonardo da Vinci und die chine- 
sische Landschaftsmalerei (Orientalisches Archiv, tome 


I, p. 92—100 et 2 planches hors texte). 


Dans cet article, M. Münsterberg cherche à établir que les 
paysages de fond dans les tableaux de Léonard de Vinci décèlent 
une influence extrême-orientale; des peintures des Ming auraient 
été apportées en Europe vers la fin du quinzième siècle et ce 
seraient elles qui auraient modifié la manière dont on avait jusqu’ 
alors conçu le paysage. Sans contester l’ingéniosité de l'hypothèse, 
je dois avouer que les faits ne me paraissent pas la rendre néces- 
saire; assurément, si on regarde la reproduction que M. Münster- 
berg donne de la Joconde, il semble que l'arrière-plan ait quelque 
analogie avec certains tableaux chinois; maïs, si on va voir l'origi- 
nal au Louvre, ce faux-semblant s'évanouit; là où la gravure pré- 


sente une vague grisaille qui peut être confondue avec la buée 
lumineuse dans laquelle les Chinois aiment à noyer le pied de leurs 
montagnes, on aperçoit sur le tableau une série de plans successifs 
qui s’étagent les uns derrière les autres; le paysage a une extension 
en profondeur que les Chinois n’ont jamais su rendre. Je ne vois 
pas d’ailleurs pourquoi M. Münsterberg n’a pas cité à côté de 
Léonard de Vinci le vieux maître allemand Albrecht Altdorfer dont 
la Bataille d'Arbèles (tableau de 1529) aurait été peut-être un exemple 
aussi probant à l'appui de sa thèse; mais, dans ce cas aussi, je crois 
que l’analogie avec l’art Chinois vient simplement de ce que, à partir 
de l'an 1500 environ, l’art européen a su introduire l'air et la 
lumière dans le paysage; il n’est pas indispensable de supposer une 


influence de l'Extrême-Orient pour expliquer ce progrès. 


Ed. CHAvVANNES. 





BULLETIN CRITIQUE. 103 


R. Torri: Les aborigènes de Formose (premier fascicule) 
(Journal of the College of Science, Imperial University 
of Tokyo, vol. xxxvutr, article 6; publié le 23 
Décembre 1910). 


La réputation de M. Tori comme ethnographe n’est plus à 
faire; mais sa publication sur les aborigènes de Formose le mettra 
au tout premier rang de ceux qui se livrent aux études anthropo- 
logiques. Le volume que nous avons sous les yeux ne renferme 
que 17 pages de texte; M. Torii y relate brièvement les quatre 
voyages successifs qu'il fit de 1896 à 1899 dans l’intérieur de For- 
mose; puis il expose la manière nouvelle dont il divise les abori- 
gènes en neuf groupes principaux: cette division est fondée, non 
sur les caractères physiologiques de ces peuplades, mais sur leur 
costume, leur langue et leurs mœurs. Une carte ethnographique de 
l’île permet de comprendre à première vue la répartition des tribus 
sauvages de Formose. Le corps du volume est formé par soixante- 
cinq planches qui reproduisent chacune deux, et parfois trois pho- 
tographies; on ne saurait trop louer cette abondante documentation 
ethnographique qui a été recueillie au prix de peines et de dangers 
sans nombre; il est fort évident que M. Torii a risqué plus d’une 
fois de laisser sa tête sur une des étagères à crânes dont il nous 
montre les étranges aspects (pl. VI, XXXVI A, XLIV B), et il 
aurait bien pu, au lieu de nous rapporter la photographie d’une 
bande de chasseurs d'hommes (pl. XXXV), être leur première victime. 
Les notices qui accompaguent ces vues sont en général fort brèves; 
quelques unes d’entre elles cependant soulèvent de graves questions; 
par exemple, dans la notice de la pl. XXVIIT A, il est dit que, 
chez les Ari, les femmes n’ont pas le droit de pénétrer daus la 
maison du conseil; les hommes mariés eux-mêmes n’y ont accès que 


les jours de conseil; cette maison, en temps ordinaire, est habitée 


104 BULLETIN CRITIQUE. 


par les jeunes garçons depuis le moment où ils peuvent marcher 
jusqu'à l’âge de quatorze ans; il serait intéressant de déterminer 
exactement les raisons qui motivent cette affectation d’une case aux 
enfants de sexe mâle antérieurement à la puberté. — M. Tori 
annonce que ce premier volume sera suivi de cinq autres fascicules 
traitant des caractères physiques des aborigènes, de leurs langues 
parlées, de l’ethnographie, de l’âge de la pierre, enfin des ouvrages 
qui ont déjà été publiés sur ces matières. En terminant, nous ne 
pouvons que remercier vivement l’auteur d’avoir fait traduire son 
texte en français par M. Tulpin; nous aurions voulu cependant que 
les caractères chinois correspondant aux noms propres de lieux et 


de tribus eussent été conservés entre parenthèses. 


Ed. CHAvANNES. 


À. Srrrsyne: Tatarskia baïcy (P’ai-tseu tartares) (Izviestiia 
imperatorskoi archeologiteheskoi kommissii; 29° livrai- 


son, 1909; p. 130—141). 


On connaît bien les p'ai tseu HA -, ou tablettes de comman- 
dement, qui avaient cours à l’époque mongole; Yule en a repré- 
senté un spécimen dans son édition classique de Marco Polo; M. 
Spitsyne étudie et reproduit cinq de ces petits monuments; deux 
sont eu écriture carrée de Phags pa; les trois autres sont en éeri- 


ture mongole. 


À. D. Roupxer, WMaterialy po govoram vostotchnoï mongoli 


(Saint Pétersbourg, 1911; in-8 de XXXII + 258 p.). 


M. Roudnef continue brillamment la lignée des savants russes 
qui ont constitué la science de la langue mongole. Le présent 


ouvrage traite plus spécialement des dialectes orientaux pour lesquels 





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BULLETIN CRITIQUE. 105 


il donne des textes en langue usuelle, un vocabulaire et des remar- 
ques sur la phonétique et sur la grammaire. Nous regrettons de 
n'avoir pas la compétence requise pour faire un compte-rendu cri- 


tique de cette importante publication. 


Antoine CaBarTon. — Les Indes néerlandaises, — E. Guil- 
moto, Paris, 1910, in-8, pp. VIII—382, carte. 


Il n'existe que peu d'ouvrages en français sur les Indes néer- 
landaïses, eb si, aux titres que cite M. C. dans sa Préface, 
pp. VI— VII, on ajoute l'excellent Catalogue de la section des Colonies 
néerlandaises à l'Exposition tenue à Amsterdam en 1883, rien d’impor- 
tant dans notre langue n’échappera à l'étudiant. «Ce livre, nous dit 
l’auteur, a été primitivement écrit pour les élèves du cours de malais 
à l'Ecole des Langues orientales vivantes. Son but est de leur don- 
ner un aperçu très bref, mais précis, de l'aspect des races et des 
moeurs du pays dont ils apprennent la langue la plus usuelle, mais 
dont ils ignorent, en général, à peu près tout». Il dépasse le but 
que se proposait l’auteur et il est appelé à rendre service, non 
seulement aux jeunes gens qui aspirent à un diplôme, mais aussi à 
tous ceux qui s'intéressent aux questions de l'Asie orientale et en 
particulier de la Péninsule indo-chinoise qui renferme encore 
aujourd'hui une population malaise dont nous méconnaissons trop 
l'importance. 

L'ouvrage, outre une préface, se compose de dix-sept chapitres, 
dont le premier renferme des Généralités sur les Indes Néerlandaises. 
Les Chapitres II à XI sont consacrés à Java; les suivants traitent 
des Possessions Extérieures, Sumatra et l’Archipel de Riouw Lingoa, 
de l'Etat politique et économique de Sumatra et de l’Archipel de 


Riouw Lingga, de Bornéo, de Célèbes et ses dépendances, des Mo- 


106 BULLETIN CRITIQUE. 


luques et de la Nouvelle-Guinée, de Timor et ses dépendances, Bali 
et Lombok. 

M. Cabaton me paraît avoir étudié les sources les plus récentes; 
un index géographique permet de consulter facilement son livre; 
je ne lui ferai qu'un reproche, c’est de n'avoir pas donné dans son 


ouvrage un développement plus grand à la partie historique. 


H. Cororer. 


apprennent" 


BIBLIOGRAPHIE. 


LIVRES NOUVEAUX. 


Les Douanes impériales chinoises ont fait paraître les Returns 
of Trade 1909, Part IT. — Port Trade Statistics and Reports. — 
Vol. IIT. — Central Ports (Shanghai to Wenchow); il renferme 
Sketch Map illustrating Shanghai Means of communication with the 
open Ports of Hangchow, Soochow, Chinkiang and Nanking, by 
R. T. Neison, Note on Whangpoo River Conservancy Work during 
1900, by H. F. Merrizr, un des directeurs, avec une carte. — 
Vol. IV. — Southern Coast Ports (Santuao to Pakhoi), avec Sketch 
Plan of Coast Line with Canton and West River Deltas to illustrate 
Junk Trade with Hongkong, by E. T. Youxe, et Chart of newly 
established port of Heungchow and surrounding district. Heung chow 
7 |] près de Macao. — Cf. T. P., Déc. 1910, p. 700. — Vol. V. — 
Frontier Ports (Lungchow to Yatung). 


M. le Commandant Dinoukr, du 3° Tirailleurs Algériens, chargé 
d'une mission au Yun-nan, a rapporté d'intéressants documents sur 
les Musulmans de Ta-li qui sont insérés dans la Dépêche Coloniale, 
du 30 septembre 1910. 


On vient de publier sous la direction de Florence Wheelock 
AyscoucH une nouvelle édition du Catalogue of the Library of the 


North China Branch Royal Asiatie Society. 


108 BIBLIOGRAPHIE. 


Nous avons reçu le Calendrier-Annuaire pour 1911 (9° année) 
publié par l'Observatoire de Zi-ka-wei; nous en tirons les renseigne- 
ments suivants: l’année 1911 comprend la 48® année du 76° cycle 
chinois et la 3° année de l'Empereur Siuen-t'ong A RÉ ÂË ; 
cette année comprend 384 jours; elle a pour signes cycliques 
da ZZ sin-hai, correspondant au porc # tchou; l'élément est la 
terre -f: t'ou. Voici les dates de quelques fêtes: Nouvel an, 1° jour, 
1ère June = 30 janvier, JÉ H Yuen-tan; Fête des Lanternes, 15° 
jour de la 1è'e lune = 13 février, LE xx ff Chang-yuen tsie; 
Bateaux-dragons, 5° jour de la 5° lune = 1% juin, ZX FH fI 
T'ien-chong tsie. Nous n'avons pas à insister sur la valeur de ce 
petit ouvrage indispensable à tous ceux qui s'occupent de la Chine. 
ICECT. P,, Mars 1910, p.153 


Nous avons reçu les publications suivantes de l’Institut oriental 


de Vladivostok [cf. 7. P., Juillet 1910, p. 410]: 


Tous XXX: F. II. [fn6uKorB. JAam-pum 4eu-n0. Tome I. Brinyek? I. 
TomB XXXII, 8bin. 1-4: Cry4. H. Mauokuur. Marepunckaa uaiauia BB 
BOCTO4HOM A LeHTpaABHOM A3in. Bpin. 1-ÿ. 


TouB XXXIV, Bin. 2-ñ: E. CnaAbBAHB. IE FH gr 1 IpakTudeckie Aro- 


HCKie pasroBopBi. acte Il-A, BBin. 2-1. 


Tom XXXV, Bb. 2-H: E. CnaAbBux'. H LAN PE El fArloHCKaA apMif. 
\acrTk Il-4, Bb. 2-H. 

Ipnaoxenie l-e KB 11l-My ro4y u34ania: OT4ers o cocroanin Bocrounaro 
Vacruryra 3a 1909 ro4B CR HCTOPHYECKHMB OJEPKOMB T0 AeCATHABTHEÏN AHATE- 
ABHOCTH. 


Le premier no. de 1911 des Geographischen Mitteilungen du 
Dr. A. Petermann renferme un article intéressant de M. le Dr. 
Albert HErkManN, de Hanovre, accompagné d’une carte: Zur alten 


Geographie Zentralasiens. 


Nous avons à signaler dans la revue Orientalisches Archiv un 
mémoire curieux du Dr. Oscar MünsrerBERG: Leonardo da Vinci 


und die chinesische Landschaftsmalerei. [Voir Bulletin critique.] 





BIBLIOGRAPHIE. 109 


Le numéro d'Octobre 1910 du Journal of the Royal Asiatie Society 
.a publié des critiques de M. FarJener sur la traduction d’une in- 
scription du Yun-nan que M. Ed. Cnavannes avait fait paraître 
dans le Journal Asiatique de Juillet-Août 1909. M. Chavannes a 
cru devoir se donner la peine de répondre à ces critiques dans le 


D 


no. de Janvier 1911 du même recueil et un tirage à part a été fait 


de son mémoire qui clôt une discussion assez inattendue, — H. C. 


M. le Dr. W. Raprorr, de l’Académie impériale des Sciences de 
Saint Pétersbourg, avait donné en 1900 le Theil II de son édition 
Das Kudatku Bilik des Jusuf Chass-Hadschib aus Bülasagun com- 
prenant la I. Lieferung: p. 2—95 du Ms. de Vienne; la II. Liefe- 
rung comprenant les p. 96—185 du même Ms. vient de paraitre. 
Le volume entier comprend 560 pages et se termine, pp. 549—560 
par un ÂVachwort dans lequel l’auteur examine un certain nombre 
de théories en particulier celle du Dr. V. Taowsex, de Copenhague. 


Le texte du Xudatku Bilik en transcription avait paru en 1891. 


M. Fusrra F& FH}; professeur à l'Université de Péking, vient de 
publier une édition annotée des fragments retrouvés par M. Pelliot 
du voyage de Houei-tch'ao dans les cinq Indes ## 44 5 EL K 
&k f# PE È - M. Fujita paraît bien informé sur les travaux 
publiés en Europe au sujet de la géographie et de l’histoire de 
l'Asie Centrale; peut-être pourra-t-on améliorer un peu le texte qu'il 
a établi au moyen des photographies prises à Péking de l'original 
qui est maintenant à Paris; mais c’est là une tâche pour laquelle 


M. Pelliot est mieux qualifié que personne. 


Ed. Caavanxes: Cinq cents contes et apologques extraits du Tripitaka 
chinois et traduits en français. — 3 vols. in-8°, chez Leroux. Le 
quatrième volume, contenant les notes critiques et les index, paraîtra 


dans quelques mois. 


110 BIBLIOGRAPHIE. 


PUBLICATIONS PÉRIODIQUES. 


Journal of the North-China Branch of the Royal 
Asiatic Society. — [Cf. T'oung Pao, Juillet 1910, p. 415.] — 
Vol. XLI, 1910. — The Confucian Reformers in Japan in the 18th 
Century. — Dazui's exposition of doctrine. Translated by J. C. Hazr. 
— The Music of China, by Thomas W. KinGsmiLz. — Burial Customs 
in Sz-chuan. By Thomas TorRance. — The Christian Monument at 
Hsi-an-fu (as described by Father Havret, S.J.) By À. C. Mourr, B.A. 
— In Memoriam — Thos. W. Kingsmill. By George LanNNinG. — 
Notes and Queries. — Literary Notes. — Recent books on China. — 


Proceedings. — List of Members. 








CHRONIQUE. 


CHINE. 


Dans le numéro de Mai 1910 du T’oung pao (p. 314), j'ai donné le fac- 
simile d’une phrase qu’un Chinois avait écrite avec son sang le 8 Décembre 
1909 afin de réclamer la prompte convocation d’une assemblée nationale. Ce 
patriote a trouvé de nombreux imitateurs; une correspondance de l’agence 
d’'Extrème-Orient, datée du 17 octobre 1910, a raconté comment deux jeunes 
hommes s'étaient grièvement blessés en présence des délégués des assemblées 
provinciales réunis à Péking; toute la presse européenne a parlé de ce drama- 
tique incident. Un entrefilet du journal chinois, d'inspiration japonaise, le 
Chouen lien che pao NE 5e FF #hR (numéro du 22 Décembre 1910) nous 
apprend que les mêmes procédés continuent à être employés pour émouvoir 
l'opinion publique; les faits se sont passés à T’ien-tsin: le 19 Décembre, les 
élèves de l’école de médecine militaire discutaient avec animation sur la qua- 
trième pétition qu'on se proposait de présenter au gouvernement pour demander 
la convocation de l’assemblée nationale: soudain l’un d’eux, nommé Fang Hong- 
tcheng 1 ? 7&, originaire du Kouang-si, se coupa le doigt du milieu de 
la main gauche, et écrivit avec son sang les deux mots EL IX qui signifient 
littéralement «chaude sincérité» et qui sont une exhortation à être ardent au 
service de la bonne cause; aussitôt après, le jeune homme tombait à terre 
évanoui. Le même jour, un étudiant de l’école de droit, nommé Kiang Yuan- 
ki TL JÉ Fe , originaire du Hou-pei, s’enlevait avec un couteau un morceau 
de chair au bras gauche et il s’en servait pour écrire ces huit mots: > 
A] en) AL <E FF] HY «en faveur de mon pays je demande une direction 
d’en haut; avec larmes je le dis à mes compatriotes.» Dans ce second cas, 
le protestataire avait été indigné du décret autographe par lequel le régent 
avait déclaré sans effet la plainte portée par l’assemblée consultative (fseu 
tcheng yuan) contre le conseil d'état (kiun hi tch'ou); puis, lorsqu'il discuta 
avec ses condisciples au sujet de la quatrième pétition relative à la convocation 
de l’assemblée nationale, ses sentiments patriotiques arrivèrent à un tel paroxysme 
qu'il accomplit ce don de sa propre chair à ses convictions. 


112 CHRONIQUE. 


ETATS-UNIS. 


Voici le programme des six conférences faites par M. le Prof. J. J. M. de 
GrooT aux Etats-Unis dans les établissements scientifiques suivants: Lowell 
Institute, Boston; University of Yale, Newhaven; Brooklyn Institute; Columbia 
University, New-York: Pennsylvania University, Philadelphia; John Hopkins 
University, Baltimore; University of Chicago: 

SYLLABUS for « course of six lectures on the development of religious 
ideas in China by Prof. J. J. M. de Groot of the University of Leyden. 


LECTURE I. 
Tue TAO OR ORDER OF THE UNIVERSE. 


Unity of Taoism, Confucianism, and Buddhism; it does not mean religious 
tolerance. The three religions have one common basis, which is Universalism. 

Foundation of the Chinese Empire by Shi Hwang. The creation of the 
state institutions and the state religion under the Han dynasty (two cent. 
B. C. and two cent. A. C.). Classicism, Confucianism. 

The Tao (Way) or Order of the World. Man has to live in accordance 
with it; this discipline is the Tao of Man. The Confucian Classics are the holy 
books of that discipline. 

Man's dual soul (shen and kwei) is a part of the dual soul of the Uni- 
verse, Yang and Yin, resp. warmth and cold, light and darkness, heaven and 
earth. The Yang consists of an infinite number of shen or good spirits, gods, 
and the Yin consists of an infinite number of kwei or evil spirits, spectres. 

Polytheism. Polydemonism. Spectres are the agents of Heaven for punish- 
ment. Morality on the demonistic base. 

The Patriarchs of Universalism: Lao-tszé, author of the Tao teh king, 
Chwang-tszé, and Kwan-tszë. 


LECTURE II. 


Tue Tao o0F Max. 


The Tao or conduct of man, adapted to the Order of the Universe. Mora- 
lity consists of shang or cardinal virtues, created in man by the Universe. In 
particular it is the li, social laws and rules of life, ceremonies and rites, reli- 
gion. The Confucian Classics as bibles of the Tao. Orthodoxy and state persecution. 

The universalistic principle of justice, unselfishness, compliance, tolerance, 
indulgence, abnegation, dispassion, quiescence, inaction or wu wei, taciturnity, etc. 


LECTURE III. 
HOLINESS. 


Perfection in universalistic virtue is holiness, divinity, ‘reality’, omnipotence, 
omniscience, omnipresence, Magic. 


CHRONIQUE. 113 


Classical wisdom as sources of virtue in the Confucian system. The posi- 
tion of the Classics for China’s culture, religion, ethics, and politics. Virtue 
and wisdom of the Emperor. 

The saints of Confucian China. Holiness and divinity of the emperor and 


his government. 


LECTURE IV. 
ASCETICISM. PROLONGATION OF LIFE. 


Asceticism and seclusion, produced by the Universalistic discipline. Tao shi 
or Taoist doctors. 

Hagiography. Monastic life, influenced by Mahayanistic Buddhism. Prolon- 
gation of life by virtue. Transition to a future life. P’eng-tsu. Wisdom and 
study leading to longevity and exorcising magical power. Artificial prolongation 
of life by pulmonic gymnastics and animated medicines. The development of 
the medical art under the influence of Universalism. 

The Paradise of Si Wang Mu and the immortal saints. 


LECTURE V. 
WOoRsSHIP OF THE UNIVERSE. 


The gods (shen) of Universalism are the parts and phenomena of heaven 
and earth, and the souls (sken) of the dead. Filial piety (kiao), and worship 
of ancestors. 

Chaos or Pan-ku. Lao-tszë. The creation of the Taoist church. Chang 
Ling, Chang Lu, Chang Siu. The T’ai-p'ing religion of Chang Kioh. ; 

Exorcising magic. Ritualistic worship. The State Religion. The popular 


religion. 


LECTURE VI. 
SOCIAL AND POrITICAL TAOISM. 


The high duty of the emperor to maintain the Tao of Man by means of 
calendrical rescripts and institutions. His duty With respect to chronometry and 
chronomancy. The imperial almanac. 

Official observation of dislocations of the Tao, viz. extraordinary pheno- 
mena, eclipses, etc. Astrology and divination. 

Fung shui, the science of man to dwell under the beneficial influence of 
the Universe. 


FRANCE. 


Parmi les conférences du Musée Guimet annoncées pour 1911, nous notons 
les suivantes consacrées à des sujets asiatiques: Henri CoRDIER, Lao-tseu. — 
J. Bacor, L'Art tibétain. — PELLIOT, Les récents progrès de l'archéologie chi- 

8 


114 CHRONIQUE. 


noise. — Sylvain LÉvi, Les études orientales. Leurs leçons. Leurs résultats. — 


D. MENANT, Sacerdoce zoroastrien à Nansari. 


Il a été fait un tirage à part du mémoire de M. Ed. Caucnois, Aux 
Ruines d’'Angkor, paru dans la Revue Indochinoise Nos. 1, 2 et 3, de Janvier — 
Février —Mars 1910. 


Dans sa séance du vendredi 10 février, l’Académie des Inscriptions et Belles- 
Lettres a décerné le prix Stanislas Julien à la seconde édition du Chinese- 
English Dictionary de M. le Dr. Herbert A. GILES. 


Dans la séance du 4 novembre 1910 de la Société de Géographie de Paris, 
M. le Comte Charles de PoLi@Nac a rendu compte de son exploration de la 
boucle sud du Yang-tseu et du cours inférieur du Ya-long: 

«Plusieurs années d’admirables eftorts dans un pays difficile par son relief 
et ses conditions climatériques, faisaient aboutir notre chemin de fer du Tongking 
à Yunnan-Sen, mais diverses considérations doivent maintenant difiérer sa pro- 
longation vers le nord, ou du moins, de l’avis des gens compétents et des voya- 
geurs, une seule direction est possible, celle du nord-est vers Soui-Fou. Quelle 
autre voie permettrait de drainer vers Yunnan-Sen, point terminus actuel, pour 
les amener de là au Tonkin, les produits du Kien-tchang, du Tibet et de 
l'importante région de Ta-Li, c’est-à-dire tout le secteur Nord-Ouest? A la 
simple inspection de la carte le Yang-Tseu, qui décrit une large boucle vers le 
sud en se rapprochant de Yunnan-Sen, et son grand affluent le Yalong sem- 
blent s'imposer par l'étendue des régions que drainent leurs eaux. Ces fleuves 
étaient-ils navigables en cette partie? Voilà qui était d'autant plus intéressant 
à savoir que les voyageurs Baber, Hosie, Davies, dont les intinéraires avaient 
coupé en plusieurs points ces énormes artères, semblaient en douter. Seul, un 
voyageur Français, le vicomte de Vaulserre, cherchant en 1899 une voie pour 
le chemin de fer, nous prouvait en empruntant fréquemment le fleuve qu’il 
n’était pas impossible d'y circuler en barque. Et. plus tard, le commandant 
Hourst, mis au courant de l’existence d’un bief dans la boucle sud, et à l’in- 
stigation des amiraux Pottier et Philibert, se décidait à en tenter l’étude lorsque 
les événements l’en empèchèrent,. 

«Ce bief existait-il réellement? sur quelle étendue et dans quelles condi- 
tions de navigabilité, aussi bien pour le Yalong que pour le Yang-Tseu? Voilà 
ce que je me proposais d'élucider, et c’est dans cette intention qu’au mois de 
juin 4909, je soumettais mon projet à M. Berthelot, qui voulut bien me 
donner son appui et me mettre en relation avec le commandant Audemard, 
chargé de remonter la nouvelle canonnière française de Changhaï à Tch’ong- 
King, et qui accepta de se joindre à moi. | 

«Ne devant donc plus songer à entreprendre ce voyage par le sud, je déci- 








CHRONIQUE. 115 


dais d’arriver par le nord, c’est-à-dire de remonter le Yang-Tseu depuis son 
embouchure, m'offrant ainsi l’occasion de faire connaissance avec le même fleuve 
que nous devions retrouver à 4000 kilomètres en amont, et me familariser avec 
les façons chinoises qui m'étaient inconnues. 

«Mon ami J. Faure, qui avait longtemps vécu à Pékin et avait fait la 
traversée du Tongking en Birmanie devait aussi m’accompagner; nous nous 
retrouvions à Chang haï au milieu d'octobre 1909. 

«Je passerai rapidement sur cette partie de notre voyage, qui devait nous 
conduire à Tch’eng-Tou, capitale du Se-tchouan, pour y préparer le détail de 
notre reconnaissance. 

«D’autres que moi et de plus autorisés ont trop bien décrit ces régions 
pour que j'insiste. Mais je veux dire l’aimable accueil qui nous fut toujours fait 
par les représentants de la France, dont la précieuse expérience apporte une 
aide si généreuse aux efforts de leurs compatriotes. J’envoie nos remerciements 
à M. Bodard, vice-consul à Tch’ong-K’ing, et un souvenir ému à la mémoire 
de M. Morisse, consul à Han-k’eou, qui, tout jeune encore et plein d’avenir, 
vient, il y a quelques jours, de mourir subitement. 

«Je rappellerai aussi la brillante remontée des rapides d’I-tch’ang à Tch’ong- 
K’ing accomplie par la canonnière française Doudart de Lagrée, entièrement 
construite d’après les plans du commandant Audemard. 

«Le plaisir de naviguer sous les couleurs nationales à 10.000 kilomètres 
de la France, la beauté sauvage des gorges, la lutte de chaque instant contre 
un fleuve terrible par son courant, ses rapides et ses remous, tout cela occupe 
dans notre souvenir une place spéciale, et ce nous fut un grand honneur, en 
arrivant à Tch'ong-K’ing, de pouvoir lever nos verres à la santé du comman- 
dant Audemard, que quatre années d'efforts persévérants avaient amené au 
magnifique résultat d'effectuer sans incident et en quarante et une heures un 
parcours de 360 milles, battant ainsi tous les records précédents des cannon- 
nières étrangères. 

«Tch'engtou. — À Tch'engtou nous sommes reçus par le Consul général de 
France, M. Bons d’Anty, avec la plus belle hospitalité. — Cette grande ville, 
centre de tout l'Ouest chinois, a été ici même trop souvent l’objet des des- 
criptions de voyageurs pour que j'essaie d’en rappeler la physionomie. 

«je me contenterai de raconter un incident survenu pendant notre séjour 
parce qu'il peut servir d'exemple pour toutes les manifestations de la curiosité 
chinoise vers les choses européennes, manifestations que l'ignorance, l’insouciance, 
la cupidité et l’amour-propre condamnent, en général, à l’insuccès. 

«Un ballon sphérique libre fut construit. On le gonfla. Moyennant quelques 
sapèques on décida un loqueteux à prendre place dans la nacelle, et celui-ci 
s'étant engagé à agiter avec conviction ses bras munis de longues ailes pour 
bien prouver à la foule que la force humaine seule détermine l'ascension de la 


masse, ce malheureux s’enleva. À cent mètres le ballon éclata, l'homme tomba, 


116 CHRONIQUE. 


se tua et nous apprîmes que l’appendice d'échappement avait été ligaturé pour 
empêcher la fuite du gaz, l'hydrogène avait coûté fort cher à fabriquer, et il 
était bien naturel d’avoir voulu l'emprisonner. 

«J. Faure dont vous connaissez les exploits d’aéronaute, ayant proposé au 
préfet de Tch’engtou de recommencer l'expérience, en pilotant lui-même un 
nouveau ballon, ce mandarin refusa, n’ayant à recevoir d’un Européen ni propo- 
sitions, ni conseils. 

«En faisant une pointe sur le Min notre intention était de pénétrer chez 
les Wazeu indépendants. Mais, malgré toutre notre habileté et les cadeaux 
européens que nous lui avons offerts, le roi des Wazeu, conseillé par un habile 
secrétaire chinois, ne voulut pas nous autoriser à entrer chez lui, et nous avons 
consacré une vingtaine de jours à relever cette partie du fleuve torrentueux 
qui se fraie un difficile passage au milieu des contreforts tibétains. 

«La traversée du fleuve se fait à l’aide de càbles en bambou, en général 
accouplés; le passager serre ses liens lui-même et, obéissant aux lois de l’accé- 
lération d’un corps qui tombe, file à toute allure. 

«S'il n'existe qu’un seul câble, ses points de départ et d'arrivée étant fixés 
à la même altitude, c’est un gros travail pour se hâäler d’un bout à l'autre, et 
la seule fois où j’essayai je revins les mains en sang. 

«Kouan-hien est la clef hydrographique de la plaine de Teh’engtou: c’est 
là que le Min, au sortir des montagnes, se bifurque en quatre bras qui alimen- 
tent successivement dans l’année les rizières, Par des moyens fort ingénieux et 
des travaux simples, les Chinois arrivent à faire dériver les eaux dans l’un ou 
l’autre de ces bras. 

«C’est en rentrant à Tch’eng tou et au moment de nous mettre en route 
pour le sud, que nous avions le malheur de perdre subitement un camarade français, 
G. du Gardier, qui nous avait accompagné depuis Hankeou. A la veille de nous 
quitter pour rentrer en France par le Kouei-Tcheou et le Tongking et apporter 
aussi sa part d'efforts à la connaissance de la Chine, ce brave compagnon nous 
fut brusquement arraché par une syncope cardiaque. 

»L'itinéraire de Tch’engtou au Kien-tch’ang, décrit ici-mème récemment 
par M. Duchesne-Fournet, s'allongea pour nous par le crochet de Kiating et du 
Mont-Omei. La montée fut rendue particulièrement difficile par la présence de 
la neige gelée, sous laquelle les escaliers avaient disparu. Il nous fallut trois 
jours pour atteindre le sommet, et c’est à 3200 mètres que, sortis des nuages, 
dont la mer ondulait à nos pieds, nous eûmes l’éblouissante surprise de con- 
templer vers l’ouest les neiges éternelles du Tibet émergeant toutes roses au 
soleil du matin. Par delà leur chaîne c’est Lhassa, c’est le pays défendu aux 
Européens; notre œil s’y promène libre et avide. 

«Nous arrivons à Ning-Yuen-Fou, capitale du Kien-tch’ang, et nous atteig- 
nons le Ya-Long par Hosi et Hopien.» 

Le conférencier fait alors défiler une série de projections tout en décrivant 


CHRONIQUE. 117 


sa route et en fournissant sur le pays et les populations traversées des détails 
intéressants. 

A noter la rencontre du Père de Guébriant, avec lequel les trois voyageurs 
ont poursuivi leur itinéraire. Ils quittèrent à Ma-tch’hang ce missionnaire 
«grâce auquel, ajoute M. de Polignac, nous avons pu entreprendre et mener à 
bonne fin la descente du Ya-Long.» 

«Le Yalong. — Je parlerai du Yalong, puis du Yang-Tseu, de son courant, 
de son débit, des obstacles et de la navigation. 

»La vallée du Yalong est formée d’un plissement de terrain régulier, dirigé 
nord-sud, dans lequel le Yalong coule étroitement encaissé entre deux chaînes 
de montagnes élevées, formées surtout de roches éruptives, de schistes et de grès. 

«Au |point de vue hydrographique, le Yalong présente le caractère d’un grand 
fleuve et non celui d’un torrent qu’on serait porté à lui attribuer a priori, en raison 
de l'altitude de son thalweg, et du système orographique qui resserre sa vallée, 

«Sa largeur atteint 200 à 250 mètres et descend rarement au-dessous de 
100 mètres en dehors des rapides, mais par suite de l’étroitesse de la vallée 
qui canalise, en quelque sorte, le Yalong dans un chenal resserré, aucune marge 
n'est laissée au fleuve pour épandre ses eaux, d’où il suit que les crues doivent 
être subites et violentes, et que les eaux, descendant sans trouver d'obstacles 
dans cette étroite rigole, doivent être animées d’une vitesse considérable sur 
tout le parcours. Les rapides du Yalong, tout en affectant, en général, la même 
conformation que les rapides du Yang-Tseu, offrent cette particularité de con- 
stituer de véritables barrages qui s'opposent à la descente des eaux, et de 
créer, entre chaque rapide, des biefs plus ou moins étendus, où l’eau reste 
calme, avec faible courant. C’est à cette nature hydrographique du fleuve qu'il 
faut attribuer la faiblesse du courant moyen (environ 7 à 8 km. à l’heure) 
pour une différence d’altitude de 410 mètres sur un parcours de 180 kilomètres 
seulement, alors que le Yang-Tseu, avec une pente trois fois plus faible, accuse 
une vitesse moyenne de 11 kilomètres environ. 

»Le Yang-Tseu supérieur. — Dans la vallée du Yang-Tseu supérieur, le 
relief du sol, essentiellement tourmenté, présente une série presque ininter- 
rompue de barrières que le fleuve doit surmonter avant d’atteindre l'immense 
plaine du Hou-pé, où il s’étale librement jusqu’à son embouchure. 

«Un cours aussi désordonné, brutalement percé à travers un chaos de 
montagnes, doit donner au Yang-Tseu un caractère torrentueux, peu propre, 
semblerait-il, à la navigation. 

«Le Yang-Tseu offre, en effet, l'aspect d’un immense torrent dans la plus 
grande partie de son parcours en montagne, mais il présente également sur ce 
même parcours, de grands biefs tranquilles, où les eaux s’étalent librement. 
Ces biefs principaux se trouvent sur le plateau du Yunnan, et, en aval, dans 
le bassin du Se-tchouan; ils correspondent à la région des grands lacs, aujourd’hui 
disparus, qui ont formé le tracé initial du fleuve. 


118 CHRONIQUE. 


«La vallée étroite et accidentée depuis le pont de Li-Kiang s’ouvre progres- 
sivement, les collines s’abaissent, le fleuve roule des eaux tranquilles entre deux 
berges basses et largement espacées; c’est le bief qui va jusqu’à Kin-Kiang-Kaï. 
Puis le fleuve s’enfonce à nouveau dans un étroit couloir à travers un massif 
montagneux jusqu'à Ma-chang; les rapides y sont nombreux et violents, mais 
aucun d’eux n’est infranchissable aux barques locales, à condition de décharger 
préalablement les marchandises. 

«En aval de Ma-chang, la vallée du Yang-Tseu est constituée par une 
succession de plateaux peu élevés, anciens bassins lacustres limités de part et 
d'autre du fleuve par des chaines de montagnes distantes de 3 à 4 kilomètres, 
qui vont en se rapprochant insensiblement vers Long-Kai et finissent par se 
rejoindre à 100 kilomètres plus loin, pour former à Homen-Tchang une large 
barrière qui donne naissance à une série d'obstacles, les plus considérables 
existant sur le cours du Yang-Tseu dans la partie visitée. 

«La grande déclivité du fleuve — 310 mètres environ sur un parcours de 
455 kilomètres — doit nécessairement produire un courant général très violent. 
Mais les nombreux obstacles qui s’interposent au mouvement des eaux réduisent 
beaucoup ou accélèrent l'intensité du courant; de sorte que ce courant est 
extrêmement variable dans les chenaux accidentés. 

«La vitesse moyenne, basée sur la distance totale et le temps employé à 
la descente du pont à Long-Kai, est de 11 kilomètres à l’heure. La vitesse 
maximum, appréciée à la descente, en dehors des rapides, atteint 16 km. 500. 

«Dans les rapides, le courant s’accélère, en général, beaucoup, mais bien 
souvent cette accélération qui nous frappe est l'effet d’une illusion produite par 
l'agitation et le bouillonnement de la masse liquide soulevée par les aspérités 
du fond. Dans les rapides à faible profondeur où les eaux s’entrechoquent 
violemment, se heurtent de tous côtés en causant de violents ressacs, la vitesse 
du courant peut être évaluée à 13 kilomètres. Dans les rapides affectant la 
forme d’une langue cambrée, polie, affilée où l’eau s'écoule sans heurt, dans la 
partie aval, la vitesse du courant atteint son maximum dans l’axe de la 
langue, et peut atteindre 18, 20, 22 kilomètres; cette dernière vitesse est, à 
notre avis, le maximum que l'on puisse attribuer au mouvement des eaux, 
s’'échappant d’un obstacle normal. 

«Le débit du fleuve et de son grand tributaire calculé en amont du con- 
fluent est pour le Yang-Tseu de 580 mètres cubes et pour le Yalong de 470 
mètres cubes. 

«La différence de débit entre les deux fleuves, est en somme peu considé- 
rable, mais elle serait plus en faveur du Yang-Tseu si les observations du Yalong 
eussent pu être faites plus loin, en amont, de manière à éliminer, dans la ligne 
de sondage, l’afflux des eaux du Yang-Tseu, qui doit certainement se faire 
sentir assez loin de son confluent. 


«Quoiqu'il en soit, le Yang-Tseu a une supériorité bien marquée sur le 
q ) 8 


CHRONIQUE. 119 


Yalong, à l’époque des hautes eaux, si l’on en juge par la trace des eaux sur 
les rives, qui s'élèvent à 10 mètres environ dans le Yang-Tseu, et à 5 ou 6 
mètres seulement dans le Yalong. Ce qui n'empêche pas les habitants du Yalong 
de considérer leur fleuve comme l'artère principale. 

«La pente générale du fleuve ne suffit pas à expliquer les courants violents 
que l'on rencontre sur le haut Yang-Tseu. Ce sont les augmentations et les 
diminutions alternatives de la section de la rivière dans lesquelles il faut rechercher 
la cause de ce phénomène, et ces variations sont dues surtout à des différences 
de profondeur. 

<Œlles sont aussi la cause des tourbillons qui se creusent, violents, par 
place, même en dehors des rapides. 

«Lorsque la diminution de fond coïncide avec un rétrécissement produit 
par des pointes ou des bancs, il y a rapide. 

«Indépendamment de ces rapides, il existe en maints endroits des obstacles 
artificiels qui augmentent considérablement les difficultés de la navigation: ce 
sont les pêcheries installées sur les bords du fleuve par les riverains. Elles sont 
constituées par un amas de gros galets destinés à briser le courant et à former 
des remous pour attirer les poissons et les entraîner dans les nasses cachées 
sous les galets. Le hälage des barques par le travers de ces pêcheries, est une 
manœuvre délicate et pénible. Pour les doubler, les barques doivent s'éloigner 
de la rive, pénétrer dans le courant principal du fleuve et remonter la déni- 
vellation, souvent très grande, produite par le barrage artificiel: la suppression 
de ces obstacles s’imposerait. 

«Navigation. — La manœuvre d’une barque de faible dimension est déjà 
fort difficile, la plupart des rapides ne peuvent être franchis qu'après déchar- 
gement des marchandises et à la suite de manœuvres longues et périlleuses. 
Quant à la descente des grands rapides, en se laissant aller au fil du courant, 
il ne faut pas y songer avec ces barques instables, non pontées et sans conso- 
lidations, la violence des tourbillons, les chutes brusques, les auraient vite sub- 
mergées, chavirées ou réduites en miettes. 

«En dehors des rapides, toujours dangereux, la navigation est extrémement 
pénible pour les barques, par suite de l’absence de tout sentier de halage, de 
l'insuffisance et de la rusticité de l'outillage. Tous les détails ont pourtant une 
grande importance dans une navigation où les mêmes hommes, en nombre 
très réduit, répètent les mêmes manœuvres mille et mille fois par jour. 

«Enfin, dans un autre ordre d'idées, les conditions de navigation pourraient 
être singulièrement améliorées si l'on entreprenait, aux basses eaux, l'assainis- 
sement des principaux rapides. Les dépenses ne seraient pas considérables, non 
plus hors de proportion avec le but à atteindre. 

«Le dérochement de quelques roches isolées, voisines de la berge, l'enlève- 
ment de quelques galets diminueraient la pente et rétabliraient l'équilibre des 
eaux dans le chenal fréquenté par les barques. 


120 CHRONIQUE. 


«Avec des jonques mieux construites et appropriées à cette navigation en 
courant, avec quelques améliorations faciles à apporter dans le cours du fleuve, 
nous avons la conviction que la battellerie s’exercerait, entre Long-Kai, Kin- 
Kiang-Kai et Ta-Tsin-Keou, avec autant d’aisance et plus de sécurité que dans 
la région d’I-tch'ang à Tch'ong-K’ing. 

«Il est bien entendu que toutes ces observations se rapportent à l’époque 
des basses eaux, époque où nous avons visité le fleuve. 

«Il est probable, cependant, que par analogie avec ce qui se passe en aval, 
sur le bief I-tchang-Tch’ong-K'ing, le cours du fleuve s'améliore avec la montée 
des eaux. 

«En résumé, si la navigation des chaloupes à vapeur ne peut être envisagée 
par suite de la difficulté de manœuvre dans un chenal parfois si resserré et par 
un courant aussi violent, celle des barques, au contraire, est toujours possible 
et s’étendrait même à de plus grands échantillons. 

«Le Yang-Tseu de Long-Kai à Souifou. — La vallée du Yang-Tseu, de 
Long-Kai à Souifou, offre des aspects très variés sur ce parcours de 800 kilo- 
mètres, mais elle conserve à peu près partout son caractère de stérilité et 
d'abandon qui la rendent difficilement accessible aux entreprises des voyageurs. 

«Pourtant de Yen-Tsin jusqu'à 30 kilomètres en aval de Kiao-Kiating, le 
fleuve coule dans une longue dépression lacustre, orientée nord-sud, soigneuse- 
ment cultivée par la population chinoise, qui occupe les villages, très nombreux, 
de part et d'autre du fleuve. 

«Dans cette région les rives s’élargissent, le courant diminue et les rapides, 
en général, clairsemés et peu violents, sont accessibles à la petite batellerie qui 
est établie sur ce bief, de 100 kilomètres de longueur, pour le transport du sel 
provenant de Yen-Tsin. 

«En résumé de Long-Kai à Suifou, les obstacles à la navigation se présen- 
tent si nombreux et sous une forme tellement brutale qu'on ne peut espérer 
utiliser ce bief comme voie de transport aussi bien dans un sens que dans 
l’autre. 

«Fâcilitée par le courant et la déclivité naturelle des obstacles, la descente 
d'une barque, de très faibles dimensions, peut être tentée avec quelque chance 
de succès, mais il n’en serait pas de même dans le voyage de montée, où la 
violence du courant, l’absence de chemin de halage et la nature de certains 
dangers rendraient l'entreprise périlleuse et vraisemblablement irréalisable. 

«En dehors du bief de Kiao-Kiating, où cireule une centaine de barques 
très légères, il n'existe aucune embarcation naviguant sur le fleuve: Quelques 
bacs, en de rares endroits, assurent les communications d'une rive à l'autre, 
mais sans jamais s'éloigner de leur point d'attache.” 

Nous regrettons de nous en tenir à ce résumé incomplet du voyage et à 
ce simple aperçu des résultats. Le conférencier a tenu à rendre justice à ses 


devanciers comme à ses collaborateurs et surtout| à l’œuvre remarquable du 





CHRONIQUE. 121 


capitaine de frégate Audemard, qui a mis son savoir et sa compétence, son 
expérience aussi, au service de l’expédition. 

Le fleuve Bleu a été remonté jusqu'au pont de Li-Kiang, puis redescendu 
jusqu'à Long-Kaï, où MM. de Polignac et Jacques Faure ont pris au sud, vers 
Yunnan Sen, pour étudier le chemin de fer français qui, de ce point, se rend 
par Ami et Mong tseu à Lao Kai et à Hanoï. Le commandant Audemard, 
pendant ce temps, achevait la navigation du fleuve Bleu entre Long-Kai et 
Soui-fou, complétant par une étude nouvelle et brillante le bilan scientifique 
de ce remarquable voyage. 


SIAM. 


Le rapport consulaire anglais sur le commerce de Bangkok en 1909 vient 
de paraître; nous en tirons les renseignements suivants: la valeur moyenne du 
tical en 1909—10 était de 1s 6 4 1474; le poids d’un tical est de 45 gram- 
mes; la population de Bangkok d’après le recensement de 1909 était 628.675 ; 
le total des importations pour l’année siamoise 1 avril 1909 au 31 mars 1910 
a été £ 5.278.768; le total des exportations pour la même période a été 
£ 7.755.798. L'exportation du riz est la plus considérable connue (1909—10) : 
952.889 tonnes valent £ 6.433.162; 76081 tonnes de bois de teck ont été 
exportées. Le budget en receltes était de £ 4.846.154 et en dépenses £ 4.840.686, 
la longueur totale des chemins de fer en exploitation au Siam le 31 mars 1910 
était de 1032 kilom. Sur 804 bâtiments représentant un tonnage de 754103 
entrés dans le port de Bangkok en 1909, l'Allemagne tient la tête avec 346 
navires et 376.315 tonnes, tandis que la France figure avec 25 navires et 9428 
tonnes seulement. 


INDO-CHINE. 


Nous extrayons du discours prononcé le 29 octobre 1910 par M. A. KLo- 
BUKOWSKI, Gouverneur général de l’Indo-chine, à l’ouverture de la session ordi- 
naire du Conseil supérieur, le passage suivant relatif à l’École française d'Extrème- 
Orient [cf. T’oung pao, Mars 1910, pp. 163164]: 

«Dans ce chapitre, l'École française d’Extrème-Orient, qui s’est montrée 
digne, par ses travaux, du haut patronage de l’Institut de France, mérite une 
mention spéciale. 

«Sa création aura été d’une grande utilité pour la science. Elle aura permis 
à des archéologues français d'étudier sur place, ou à proximité de leurs pays 
d'origine, deux branches remarquables de l’art: l'art cham dont les rares vestiges, 
déterminés par son actif et distingué Directeur intérimaire, présentent des 
beautés de premier ordre, et surtout l’art cambodgien, aux nombreux monu- 
ments, dont le groupe principal, celui d’Angkor, s'impose à l'admiration du 
monde. Elle aura été, de même, une station utile pour ces jeunes professeurs 
spécialisés dans les études sinologiques ou indianistes à qui la facilité est offerte 


122 CHRONIQUE. 


de se rendre en Extrème-Orient pour compléter leur instruction au contact des 
vieilles civilisations. 

«L'oeuvre archéologique de l’École française doit être louée. La période des 
découvertes commencée à l’époque des Francis-Garnier, des Delaporte, des Harmand 
et des Aymonier, période d’explorations et de classement des ruines, est terminée. 
11 s’agit aujourd'hui de sauver de la destruction complète ce qui reste du passé. 
C’est à quoi l’École française tend par un effort constant, aidée non-seulement 
par l’Administration, mais par l’imtiative privée de nos compatriotes et de nos 
protégés cambodgiens et annamites que nous avons intéressés à des recherches 
par lesquelles se reconstitue l’histoire des époques lointaines. Avant peu l’Indo- 
chine, comme l'Egypte et l’Inde, sera l’un des points d’attraction principaux 
du tourisme international. 

«La question des études philologiques est plus complexe, envisagée au point 
de vue annamite. Une première complication naît de la nature même de ces 
études. La possession de la civilisation annamite ne peut s’acquérir, d’une ma- 
nière scientifique, indépendamment de la connaissance de la langue chinoise. A 
cette tâche se consacrent des jeunes gens qui se sont déjà distingués dans les 
milieux savants de Paris. 

«Mais en arrivant en Indochine, la préoccupation très légitime d’un jeune 
sinologue détaché à l’École française est de poursuivre sa propre évolution. Dès 
lors, les études annamites ne peuvent offrir à ses yeux, à côté des études chi- 
noises, qu’un moindre intérêt et le temps qu’il leur consacre s’en trouve consi- 
dérablement réduit. 

«Une deuxième difficulté provient du fait suivant: dès qu’un pensionnaire 
de l'École a pu considérer ses premiers travaux personnels comme achevés, 
Paris et la France l’ont rappelé ou retenu, au moment mème où il allait pou- 
voir se donner plus entièrement à un travail, secondaire pour lui, mais d'impor- 
tance capitale pour nous. 

«J’exprime l'espoir que, dans un avenir prochain, le domaine des Lettres 
chinoises ayant été abondamment exploré, l’Indochine conservera quelqu’attrait 
aux yeux de savants qu’elle a accueillis avec le vif désir, attesté par ses sacri- 
fices, de s'assurer une collaboration qui devrait être assidue et n’est en fait 
qu’intermittente. 

«Je m’empresse d’ajouter que, grâce à leurs connaissances antérieures et à 
leur esprit de méthode, les membres de l’École, bien qu’occupés par ailleurs, 
ont su rapidement réunir et cataloguer un grand nombre de documents et 
d'ouvrages précieux. On leur doit la bibliothèque de Hanoi, une des plus riches 
du monde en ouvrages extrème-orientaux. C’est aussi à leurs correspondants 
que j'adresse mes félicitations, à ces collaborateurs bénévoles, qui, de l'intérieur 
du pays, ont apporté leur contribution à l'étude des moeurs et des coutumes 
indochinoises.» 














ESSAI DE DICTIONNAIRE LO-LO FRANÇAIS 


DIALECTE A—HI 


PAR 


ALFRED LIÉTARD 


de la Société des Missions étrangères de Paris. 


(Suite). ?) 


ï 


FA! (Ch. Fà 2% ) Fermenter. 
FA! (Ch. Fäng? Pr ) S'assurer, 
se garer, tâcher d'éviter, se défier: 


i! ts'ou l'it-tch'é* L'a-zeu* yé* a* 


sa}, 


keu' ti fa'-dré* ngo', on ne 
sait de quel bois se chauffe cet 
individu, il faut se défier quelque 
peu de lui. Meu'-té fa'-dzè”, prendre 
des précautions contre l'incendie. 
Ne tcha’-tcha*  fa'-dzè*, prends 
bien garde. Mou“-ho* fa'-dzè*, pren- 
dre ses précautions contre la pluie. 
(ra!-DZÈ*). 

FA? (Ch. Fa Éd ) Punir; amende. 

FA-HYÉ-Z0* Baquet (?) 

FA?-TCH'OU? (Ch. Jü-tch'oû 


28 JE ) Allumette. Ya” fa°-tch'ou*, | 


allumette chimique. (Du) Chinois 
idng fä-teh'ot 2 28 VE. 


1) Voir Z'’oung pao, 1911, Mars. 











FFA? Sec, séché. Go? li geu*- 
mo ka*-bi ffa-ffa t’if-to' a beu’, 
je n'ai plus un fil sec sur le corps 
(moi un corps habit sec-sec un 
ne-pas avoir). (0. FFAŸ-HOA°). 

FÊ? (Ch. Féa #p) '/,59 de l'once; 
lo de ligature. T'oÿ t'if fé”, un 
d'argent. Jit-mo* d'i-fe, 
dix sapèques. 

FÊË* (Ch. Fén? 27) Espèce. 


Seu* ti-fé*, une espèce de bois. 


«fen» 


Ki! dit-fé*, cette espèce-ci. Va’ 
l'is-fé*, cette espèce-là. (v. 30°). 

FEU* Propre. À‘ feu*, malpro- 
pre. Lyé?-peu' a* feu”, n'avoir pas 
les mains propres (se dit aussi 
«des gens portés au vol.»). (v. FOU’; 
0. FOUÉ*). 

FFI' Vêtir, revêtir. Ka‘-bi* fi'; 
Ka*-bi* g0°-fi'; Ka*-bi* vi, s’habil- 


ler. (o. Go°-FFI'; v. VI°). 


124 [1] 


FI Partager, diviser, répartir. 
(o. Vi). 

FI! Gratter, racler. Lo?-ti-s0 fi', 
déterrer les arachides. (0. vi'). 

FO! Ferme, solide, fort; brave. 
Fo'-f0-20* mo* ngoa', il faut être 
plus ferme. 7s’ou° fo'-mo°, homme 
vaillant. ÆKeu! a*-dje ts'ou* fo’ 
l’it-ich'é* nyeu”, c'est vraiment ce 
qu'on appelle un homme. 

FOU (Ch. Foë? E ) Nourrir. 
Ni'-p'yé? fou lou, avoir de quoi 
manger. (Bouche nourrir suffire). 
K'a-no* fou a* lou’; K'a-no° fou- 
djé* a* di, n'avoir pas de trop 
pour vivre. A! 4’ou? lou'-ngou* 
ni-p'yé? mé* fou-djé* a* di?, la 
récolte de cette année ne nous 
suffit même pas pour vivre. (0. 
FOU-DJË*). 

FOU Jouir. Zcha°-do* fou, jouir 
du bonheur. 

FOU' (Ch. Fou? FR) Soutenir, 
aider, protéger; assurer; garantir. 
A-maŸ  geu*-mo* fou', protéger, 
défendre son corps, sa vie. Zch'é”- 
do*-fou, des (o. 
FOU'-DJË*). 

FOU! (Ch. #64? ff) Particule 


spécificative des remèdes. Mo°-is’e* 


excuser torts. 


l'it-fou\, une potion. Keu' nô°-ts'e* 
seu°-fou' tou’ hoa*, il a pris trois 
potions. 

N. B. Nombre de mots lo-lo 
ressemblent parfaitement aux mots 
chinois. Ce n’est pas toujours à 


dire que ces mots ont été emprutés 





[Fou*] 


au chinois. Je ne suis pas le seul 
à être de cet avis, que: il a dû 
exister, il y a quelques milliers 
d'années, un idiome commun de 
la Haute-Asie, d’où sont sortis la 
chinois, le lo-lo et les langues y 
apparentées. Le lo-lo me parait 
avoir mieux conservé de beaucoup 
les formes primitives. Du reste si 
les Lo-lo ont fait des emprunts 
aux Chinois, les Chinois eux aussi, 
c’est chose évidente au Seu-tch'ouan 
et au Yun-nan, en ont faits aux 
Lo-lo. 


tères chinois qu’on ne peut expli- 


Nombreux sont les carac- 


quer d'une manière satisfaisante 
que par le Lo-lo. 

Beaucoup de caractères chinois, 
parmi d'innombrables formes et 
synonymes, sont notés comme 
ayant eu des prononciations non- 
nasales, des sens parfaitement sem- 
blables aux mots Lo-lo dialecti- 
quement correspondants; et cela, 
dans des caractères fossiles, c’est- 
à-dire tout-à-fait inusités mainte- 
nant, ignorés de la plupart des 
Lettrés; et conservés par la tra- 
dition, par la voie des Dictionnaires 
assez complets, qui citent tous les 
sons et tous les sens qu’ils ont 
leurs 


trouvés dans devanciers , 


même sans y voir goutte. 
FOU' Abriter. 
FOU' Produire, émettre. 7c4a' 


fou', se faire suer. 


FOU* Propre, pur, sans mélange. 





US 
oo 


[rou*] 


Tek'o* fou’ do*, purgatoire (brüler 
pur endroit). Zek’o* fou* do” zé?, 
descendre en purgatoire. Zs'eu* 
fou”, blanchir (par la lessive). (v. 
FEU*; DJYÉ?). 

FOU* Fou, furieux, fureur. 2° 
Jfou* cha, tu es fou! Fou-é*!; Fou’ 
pa'-lo*; Fou y imbécile! (o. 
FOUÉ® ; FOU°-T”A?). 

FOU'-FOU* Tout, tous; abso- 
lument tout; tous sans exception. 
Fou'-fou* dou'-lé* a*, ils sont tous 


venus. 
CR 
GA (Ch. Gax %£) Disposer, 


ajuster. A'eu°-k’eu” gä mo*, poser, 
disposer solidement, 
GA! Lâche, peu serré. X°1°-n0° 


ga', go°-ou0' a* 


di?, les souliers 
sont trop grands, on ne peut pas 
marcher. 

GA* Abcès, bouton. À°2° yi°-a*, 
abçès aux jambes (provenant, dit- 
on, de la rosée), Ga* ts’eu* lyé?- 
peu lo°-lo*-20* mo*, pour laver un 
abcès, il faut avoir la main légère. 
(v. A'-Gaf). 

GA-DO* Avantage, utilité. (0. 
NGA-DO*), 

GA'-K’0* Col (d’habit). 

GA*-LA* Chapeau. 


GA*-MA Queue de l’habit des. 


femmes. 
GE! Aimer; aimer à. Dzo* gé!, 
mangeur; aimer manger. À%° tou” 


gé', avoir la passion du vin. Me 


[&o?] 125 


dzo* gé', gourmand, (0. NGË!; RÊ!), 
GE! 


traverser une rivière. 


Traverser. Y2°-m0° gé!, 
Vr°-mo* k'a- 
noŸ tcho* gé', passer plusieurs 
rivières. 

GEU* Revenir. Geu? dat; Geu? 
Ja, partons; il faut s’en retourner, 
Geu°-yi; retourner, s’en retourner. 
Geu*-lé*, revenir, rentrer. (0. GOU*). 

GEU* Entrer, rentrer. (o. NGEU*). 

GEU* Donner, offrir, conférer. 
Go* yit-mo* jo keu! a* geu* sé?, 
je ne lui ai pas encore donné les 
sapèques (moi sapèques prendre 
lui ne-pas donner encore), Fé?- 
sou' geu*-m0° j0° geu*, distribuer la 
Sainte-Eucharistie (de Jésus corps 
prendre donner). Dou“-geu*, an- 
noncer. 

GEU*-BI* Écureuil (rat palmiste). 
(o. HEU<-BI*). 

GEU*-K’EU* Jardin. 

GEU*-MO* Corps. Ti geu*-mo* 
no”, souffrir par tout le corps. 


GO (Ch. Go na) Atroce, mê- 
chant. X’2* go-mo°, chien méchant. 
Li pé*-lé? go a, le soleil est 
ardent. 
GO Prendre, puiser. Zs0° go, 
puiser du riz (dans la petite cuve). 
GO! 


Go'-ko' nyi, voir si c’est large ou 


Large. Go'-ko', largeur. 
étroit; voir 
GO! Rôti. 
s'attache au fond de la marmite). 
GO? Plier, baisser, courber. 0'- 


40 go”, baisser la tête. (0. Gou”). 


la largeur. (v. Ko’). 


Tso° go", riz rôti (qui 


{ 





126 [ao?] 


GO? Exposer. (0. NGo?). 

GO® Faire, agir, disposer, orga- 
niser. Z'a* you”, ne fais pas (cela). 
Go go ngo'-deu‘-deu* a* yé”, je 
n’ai pas envie de faire (cela). 4*- 
ma? neu*-mo° gou”, s'attacher à son 
devoir. Gou* tcha”, c’est bien dispo- 
sé, bien organisé. Go° £’a-zeu* g6”, 
comment me tirer d'affaire? Go° 
k'a-zen* gou° ngo' a* sa', je ne sais 
comment m'en tirer. 

N. B. Ce verbe 70° ou you pré- 
céde nombre de verbes, comme 
Go°-dzou’, 


coutumer, habituer. Go°-do?, chaus- 


auxiliaire. Ainsi: ac- 
ser, coifler. Go°-keu”, finir, achever, 
parachever. G0°-keu”, s’agenouiller. 
Go*-pou?, refaire, raccommoder, 
réparer. Go°-tchk'a', accrocher. Go°- 
to', allumer (la lampe). Go°-ésé”, 
brûler; allumer (le feu). Go°-1s0!, 
chaufler, Go°-fi'; Go’-vi°, revètir. 
Go-pé'; Go°-té', fermer. (0. GOU”; 
VMO RDA) 

GO Je; moi. Go°-g0°; Go l'i-- 
mo; Go t'it-tch'é%-z0*; Go a*-ma°; 
Go? tseut-ki°, moi-même. Go d'o“- 
tch'63-20: Go l’it-mo°, moi seul. 
Go? né?, moi aussi. Go #i!-k'yé!, 
en ma présence. Go-hit; Go-vi’, 
nous. Go° dyit; Go* vi’, de moi; 
le mien; mon. Go°-hit dyi, de 
nous; le nôtre; nôtre, Go° a'-bo*, 
mon père (de moi le père). 

G0* 


côtés). L?-seu!, carré, La°-gou° li?- 


Côté. Li’-gou, carré (4 


dzou*, carré. (0. GOU”). 








[&ou] 

GO? Porte. (De maison-porte). 
Go t’i-ka, 
porte des maisons (c’est le méu- 
kan F4 2 chinois). Hé*-g0* da*- 


7; hé%-go da*-té'; hé-go° go°- 


escalier devant la 


pé's 
pé'; hé%-g0* p'ou*, ouvrir la porte. 
(HÈ*-G0*). 

G0* Assaisonner. 

GO? S’amuser, jouer, demeurer 
à flâner dans un endroit. Go* Do“- 
sa“-koué* ni k'ou? go° ho, je me 
suis amusé (je suis demeuré) deux 
ans à YVun-nan sen. Po'-dé* go 
y, 
Keu' pyé* la* go, ne joue pas 
avec lui. (v. G0°-L0-Gou*). 


aller s'amuser à la montagne. 


GO* Sarrasin. Go* p'a*, sarrasin 
amer. (?) Go*tch’eu*, sarrasin doux. 
Go* djyé?, pain, galette de sarra- 
sin. Go* p'a djyé?, galette de 
sarrasin amer. 

GO* Mâcher. 

GO-K'0! Cercueil. Go#-k'0! d'it- 
leu‘, un cercueil. Go* po! dlo, 
cimetière. (GO*-K’Ou0!'). 

GO-LA Ramasser, recueillir. 

GO%-LO® Variole. Go°-lo* L’eu', 
vacciner. (vV. TSÈ!-TSÈ!). 

GO*-LO* GOU* S'amuser, jouer. 
(0. GOU°-LOU GOU”). 

GO?-NYI' Talon. 

GO?-TA!' Boîter. Go?-ta! go?-ta'- 
zo*-yé*, clopin-clopant,. 

GO*-YI? Se coucher. G0°-yi? da“, 
il est temps d’aller se coucher. 
(o:)d00°-rrver) 

GOU Emprunter. Né*-né* gou, 


+ © 


[&00] 


Æ'ou® ngoa', quand on emprunte, 


il faut rendre. 

GOU Aimer à... Æa* gou, aimer 
à rire. Aa*-jeu bye gou, aimer à 
plaisanter. G0° you, aimer à faire. 
Ba“ gou, aimer à jouer. So? a 
gou, aimer à maudire les gens. 
Byé* gou, aimer à dire. 7ch€* gou, 
aimer à courir. 

GOU' Vide, inculte. Lyé? gou!, 
mains vides. Zyé? gou'-20* mo’, 
aller les mains vides (sans rien 
porter). Po! you'-mo*, montagne 
inculte, nue. (v. 1!-Gou'). 

GOU*? Karcler (avec les mains). 
Tso* qou*, sarcler le riz (en herbe). 

GOU? Plier, courber, baisser. 
Djou” qou*, se baisser (reins plier). 
(v. 607; A'-NGu?-704). 

GOU* (r’1“-cou*) Un 


L'ét-gou*-20* hi dou'-lé9, tu viendras 


instant. 


dans un instant. 
GOU: 


retourner, 


Revenir. Gou’-yi*, s'en 
retourner en arrière, 
Gou*-lé*, revenir; passer; appro- 
Gou°-do”, 


gou*-do*, passer une rivière. Va’ 


cher. passer. #i°-m0° 
gou-lé?, racheter. 4!-f’eu° jou’ yi, 
retourner chez soi. (v. GEU*). 
GOU* Affermer; louer. Keu! 70° 
tcha' cho gou*, go* keu!' dyé' a* 
3 


gou® mo, il veut affermer, je ne 


veux pas lui louer. (Lui moi 
devant chercher affermer, moi lui 
à ne-pas affermer faire). 


GOU* Ecrire, peindre. So you”, | 





écrire une lettre. A*-a° gou*-hit, 


[HA 127 


écrit par soi-même; autographe. 
(o. 45°). 

GOU* Cerceau. 

GOU-LOU' Agriculture. (v.Lou!- 
NGEU“). 


ET. 


N. B. 77, marque l'aspiration 
initiale. Devant «4, e, 0, l’aspira- 
tion est très-donce, souvent même 
difiicile à distirguer d’un r frôlé. 
Autrement dit, # est souvent con- 
fondu avec 7, et même dans cer- 
tains dialectes avec ‘é, ‘eu, ‘à, ete. 
Voyez Notions de grammaire n° 7. 

HA (Ch. Ho? ÿJé) Trompette. 
Hàä meu', jouer (soufller) de la 
trompe. 

HA Temps, instant, Keu* fat. 
ha, en ce temps-là; auparavant; 
alors; autrefois. (Ce un-temps). 
Ts'eu*-nyi L'i-ha, autrefois (dix- 
jours un-temps; dix jours alors). 

HA $e mettre en colère; répri- 
mander. Âà té*, être réprimandé. 
Ha-djeu*, se disputer. HMou* sa*- 
p'o* ha, blasphémer contre Dieu. 
I! a'-p'if-mou* Heu 20% ma*-lyé! 
pyé* lVif-lcho ha-djeu* Lo, cette 
vieille est toujours en dispute avec 
sa bru. Ni'-»0° kou! ni-ha,rancune:; 
garde rancune dans son cœur. (0. 
N1'-HA). 

HA KSoufller, attirer, amadouer. 
Ha-deu* mo°, baîller. (?) Ts'ou° ka, 


} 


attirer les gens. Xeu' ts'ou* ha 


keu', il est habile à attirer les 


128 [HA?] 


gens, à les tromper. Va*-lye*-mo° 
ts’ou® ha keu' ngoa', pour faire 
le commerce, il faut savoir ama- 
douer les gens. 
HA? (Ch. Ha? 


retourner, étendre, disperser. 7%0°- 


)? Remuer, 


sa*-ha', retourner, remuer le riz. 
Ha’ a* ts'eu”, ne pouvoir étendre. 
VE La', agiter, remuer l’eau. (0. 
RA!). 

HA° Tromper. 50° La?, tromper 
autrui; mentir. //a?-té*, être trom- 
pé. (0. RA?). 

HA? 


20% ha?, garder un enfant. 


Garder, surveiller. A!'-ba- 


HA° Rire. 4‘ ha’, ne pas rire. 
Haÿ-jeu’, railler. Ha-jeu? byé*; 
Ha°-jeu*-jeu”, plaisanter. So 4aÿ- 
jeu-jeu°-yé*, plaisanter quelqu'un. 
Haÿ-seu-20*; Ha-seu-yé*, sourire. 
(o. RA°). 

ÉAENITTOp, 


tseu* ha*, les mailles du crible 


très. O'-41! nyé 
sont trop serrées. (0. RA‘). 

HA* Particule spécificative des 
coups de vent. 

HA°-LEU' Où; d’où? N° 4aÿ- 
leu! ni, où demeures-tu? Zs'ou° 
ki Lidch' €, ha°-leu! ts’ou° ngeu’, 
d’où est cet homme ? (0. K’A-LEU!). 

HA°-LEU'-MOU* D'où? Ha’- 
leu\-mou*-tcho"; Ha*-leu'-tcho?, d’où? 
(0. K’A-LEU'-MOU*), 

HA'-M0° Serpent. Ha!'-mo° d’it- 
leu*, un serpent. {a'-m0* a'-djyé?- 
2o*, couleuvre. Lo! Aa'-mo*, cou- 


leuvre noire (serpent de la pierre). 











[ré] 


HA*-NO* Combien? Ua?-no? a 


3 


yé”, 
l’o* ko”, quelle heure est-il? (com- 


pas tellement. a* dz0*-10° 


bien manger-se lever tempsarriver). 
(0. K’A-N0°). 

HA'-SEU ... HA'!-SEU Quoi- 
que... ; comment...; n'importe quoi. 

HA*-T'A°? Chemise. 

HA®-T'EU'-LÉ* Ch. Zàn d'a léi ? 
PEk fE 3K ) Appeler. Mi° keu! ha?- 
t’eu'-lé*, appelle-le. 

HA*-T°0# Quand? (0. K’a-Tr'o4). 

HA°-ZEU‘ Comment? (o. K’A- 
ZEU“). 

HA1-Z0* Petite tasse; coupe. 
Lo* ha'-20*, tasse à thé. K2° 4a!-204, 
tasse à vin. Lo* tit }a!-20*, une 
tasse de thé. Æ1° tou° Aa'-20*, fos- 
settes aux joues (vin boire tasse). 

HA%Z0* Étoile. Ha? mi-seu!, 
comète (étoile-balai). (0. TcHA°-Z0*). 

HÉ! Rat. Hé! Fou?, année du rat. 

HË! (Ch. Houdr jm , prononcé 
lai au Yun-nan) Encore (rarement 
employé). Hé! keu! byé* ma*-lyé' a* 
byé* sé*, il n’a pas encore cherché 
femme. (Encore lui dire femme ne 
pas dire encore). 

N.B. On dit mieux et plus sim- 
plement: Xeu! ma*-lyé' a* byé* sé?, 
lui femme pas dire encore. 

HË? Long, élevé. Hé?-ta?-ta?-y63, 
très-élevé, très-haut. /16°.teu*-mo*; 
Hé-tchou*, long. X°à hé?-tchou?, qui 
est long: (combien long être). 4* 46? 
a* né', ni trop long ni trop court. 
(0. HÈ*-TA?-MOŸ; HEU?). 





[né] 


HÉ* Mesurer à la brasse. Ayé- 
ts’eu* lé”, mesurer une corde. 

HË* Loger, s'arrêter. 

HË* Maison. Hé? d'it-leu, une 
maison. 16° d’if-di, un comparti- 
ment de maison. //6% m0, bâtiment 
central (maison-mère). //6%-20*, ailes 
de bâtiment (maison-fille). 46° /n!, 
chaume; herbe à couvrir les mai- 
sons. /1i! 26°, chaumière; maison 
en paille. Zsou! hé*, maison cou- 
verte en tuile. //6* {s’ou, bâtir une 
maison. {16% 4é!, couvrir une mai- 
son. Zsou'-lo* hé*-té", la couvrir en 
tuiles. 5! 46? té', la couvrir en 
chaume. H6*-mo° h6*-20*, les voisins. 
Hé* bou'-dé*, toit. Hé*-40*, porte. 
HE? sa*.p'o*, maître de maison. /76* 
ts 0%-no'; HE* ts’ou°-no!, voisin. Hé6*- 
469, à la maison. S0° Lé* le, aller 
en visite dans une famille. X1! a!- 
mé-20* s0° hé geu* geu* hoa”, cette 
fille l’a-t-on livrée à une famille? 
(est-elle fiancée ?). 

HÉË* Tordre, filer. Zseu hé”, tor- 
dre le chanvre; filer. (v. CHEU). 

HÉ*-B0*-Z0* Appentis. (v. HÉ°). 

HÉ-GO0* Porte. (v. @0°). 

HË?-K'É* A la maison. Keu! hé?- 
LE tchou? to*, keu! k'6% tchou* to”, 
il est à la maison. (0. K'Ë*; A!-K’£?; 
K’AŸ TCHOU* To*). 

HEU Hair, détester, effrayer. 
S0* heu, haïr le prochain. So°-76° 
heu, abominable. Pé?-lé? s0* heu, 
détestable. Ts'ou° Leu, effrayer quel- 











[HEU*] 129 


moi-même j'ai été effrayé un mo- 
ment. {leu 6'-né* hoa*, hébété par 
la peur. Heu nyé'-to° nyé'-lo° yé* 
a, effrayé à en perdre la tête. N° 
go* heu na'-deu*, nyé* a sé*, tu 
penses me faire peur, c’est encore 
trop tôt, mon garçon. Go eu! 
ngeu* heu nyé-nyi a* di, je le 
déteste au point de ne pouvoir 
le voir. 

HEU Oeuf de pou. (HI°-HEu). 

HEU Fer. Zleu du“-p'o*, forgeron. 
Heu da*-pou”, marteau. Heu djo*- 
li', barre de fer. Heu-d:é*, acier. 
Heu-dzeu*, clou. Heu-dzeu* ki-to?, 
tenaille. /leu-hyé', ciseaux. Heu 
n0°-djo*, pincettes. Aeu-lch'a*, mar- 
mite (en fer). Âeu-kyé, chaîne. 
Heu ts’eu, hache. Heu-t0°-20*, alêne. 

HEU' Anse. 

HEU' Engrais humain (v. HLEU'). 

HEU' Chaud, chaleur, bouillant. 
Heu'-cha*; Mou* heu'-cha?, il fait 
chaud. Mou* heu! lot, Êté. (Ciel 
chaud époque). (0. REU'; v. DJYÉ*). 

HEU* Long. (0. HÉ”). 

HEU? Avancer, tendre. Lyé”?- 
peu' heu?, avancer la main. 

HEU* Boîter un peu(?) X° 
heu”, boîter un peu (pied boîter) 
en appuyant sur la pointe du pied. 

HEU* 


se moucher (le nez). 


Moucher. Nüô-bo? heu”, 
HEU* Verser, répandre, arroser, 

asperger. (0. REU‘; V. HO”). 
HEU* Verbe auxiliaire. Pouvoir, 


qu'un. Go né la heu 1lé* a”, | facile, capable, de bon cœur. Céeu’ 


130 [av] 
a* heu”, il lui est pénible de 
mourir. La'-k5 ngo?, ta-mi y 


ffa* heu” ha, par un soleil ardent, 
l’eau des rizières se dessèche très- 
vite. 

HEU* Commencement, avant. 
Heu*-ki'; Heu-thi' antérieur, avant, 
auparavant. /eu“-ki' ou l, aller 
en avant. Âeu* ouo ni* seu” ny’, 
deux jours avant, ou deux jours 
après. Âeu*-heu* ouo-ouo, les uns 
après les autres. (0. REU*). 

HEU“-BI* Feutre, tapis. 


Hi.—Hl. 


N.B. Voyez Notions de gram- 
maire n° 7. Prononcez chi; chleu; 
etc. ou ski; shleu; etc. 

HI (Ch. Hién? FR) Sacrifier ; 
Beu\-20* Ai, 


offrande aux idoles; sacrifier aux 


offrir en sacrifice. 
idoles. Beu'-20* tso* ki, offrir du 
riz aux idoles. Po° sé* i, sacrifier 
à l'arbre sacré (c. a. d. à l'esprit 
de la montagne, résidant dans un 
arbre). 

HI! Herbe. Mot-i!, herbe (pour 
cheval); paille. 5! {s’a', couper 
de l’herbe. 5! pa'-tseu*, escabeau 
en paille. Æ5' a'-neu'-20*, herbe 
Hi! 
verte. (vV. PO). 


tendre. ni\-chou\-20*, herbe 

HI' Mettre, poser, placer. Æ:'- 
djé”, conserver, garder. Vyé* Ao* 
mou*-mo* tcha? M, li°-kÆ'ou? hi!- 


djé* di* a”, la viande salée bien 





Cm] 
plaçée peut se conserver une an- 
pée entière. X’a-n0° hi'-djé* a di?, 
cela ne peut se conserver long- 
temps. Jo° £’a-leu' kil, où placer? 
où est-ce placé? 

HI! Attendre. T’it-Fou? hi! at 
ngoa', avant un an (un an atten- 
dre ne-pas falloir). 7’a' ki! sé?, 
attends (encore) un peu. 

HE? (Ch. Sin? fr) Nouveau. 
HE }i°-mo°, maison neuve. X’ou°? 
hi ko, nouvel an (an nouveau 
arriver). 

HI° Pou. Æi°-pi*, puce. Mo!- 
h°, punaise. O'-X5 ki, pou de tête. 
Hi mo-lo*, pou de corps. 

HI (Ch. Hin FH) Usité; usage. 
Ki mit-lé® af hi, il n’est pas 
d'usage dans ce pays. 7”24-4c4'6 
né* a* hi, personne n’a cet usage. 
Hi a tcha?. l'usage est mauvais. 
Hi gou* af di? ax, l'usage a aboli 
la règle. 

HI* (Ch. Sr Â5) Croire. Go 
a* hif, je ne crois pas; je ne puis 
croire. (0. 814). 

AE (Chr IE) Comédie. 
Ts'ou* hi, vraie comédie chinoise 
(comédie d’hommes, de person- 
nages). Pa°-hif, comédie, tours de 
passe passe (du Ch. pà-4é Hf JÉE ). 
Ts'ou* }* nyi, assister (voir) à la 
comédie. 

HI* Marque du pluriel; joue 
le rôle de pronom relatif; marque 
de l’adjectif, du participe. Souvent 
euphonique. Chose; affaire. Zs’ou°- 


[Hi-4!-L10%-704] 


4 
li, 


Ts'ou” beu*-hi*, les riches. Zs’ou? 


les hommes, des hommes. 


mou*-hi*, les vieux. Zs'ou° tcha?- 
hit, des hommes bons; les bons. 
Tso° dzo* a* keu' hit, ceux qui ne 
peuvent manger. Aa“-mi' hit; Ka*- 
mi lit ngeu*, quelle affaire? it 
a* ra*, petite affaire; accessoire ; 
chose de peu d'importance. Hi* 
nga*-hit; Hit ra*-hit, de grandes 
choses (choses importantes). Xew! 
meu*-dé* ra*-cha* hi ngeu*, grande 
est sa réputation. Z! 4it fat bye, 
ne parlous pas de cette affaire. 
A*ma-ma* gou’-hit, fait par soi- 
même. {lit at tcha?, les affaires 
vont mal. Æeu* yi#-mo* ngô! kif 
ngeu*, c’est là une affaire à absor- 
ber de 
habile à susciter des affaires. Zc4'o° 


l'argent. Ait 96° keu!, 


ni-geu*-mo° yé* hi, chauffé à rouge 
(imitation du Ch. chao hông lù ti 
Je #T T HA ). Naü'-hif a* soua, 
passablement grand (imitation du 
chinois po soudn siào ti PIN sf 
oP H9 ). Dzeu“-mo* hit, les man- 
darins. Ma*-tcha%-mo® hit, les fem- 
mes. Zs'ou’-kou° hit, les parents. 
Djou'-hif, effroyable. 
HT-A'-LO*-ZO# Lapin. (v. A !-LO®). 
HI'-MOU“*HI'-YI* Arc-en-ciel. 
HI-NGA'-ZO#-Y É*Mince grêle. 
HI°-PI' Maigre. Hé-pi-mo°;Hi°- 
pi-20*-yé*, maigre. Hi-pi'-pi'-mo?; 
Hi-pi'-pit-yé?, très-maigre. 
HI'-TSÈ* Palme. Hi-{567 seu, 


palmier. 








131 
HIS-TSE® (Ch. Züe-tsè ML Y-) 


Botte (chaussure). 


[HLEU”*] 


HLÉ' Transgresser, violer. Zsou! 
hlé', pécher. (v. DÉ). 

HLÉ* Cuir. 

HLEU! 
HEU!). 

HLEU' Tardif. Æo*-mou° heu, 
maïs tardif, //0*-mou* leu, maïs 
hâtif. (v. P’r°). 

HLEU* Vent; venter. WMou*-hleu? 


ra*-mo”, tempête. Mou*-leu” ra*-m0° 


Engrais humain. (v. 


mow', il fait (souflle) grand vent. 
Mou*-hleu* ki-veu do mo”, tourbillon 
de vent. Mou*-hleu* k'2° cha”, vent 
froid ; le vent est froid. Mout-Aleu? 
seu*-ts’ 6 mou! po! ho*, le vent à 
renversé l'arbre. Dyé* Aleu*, bise 
(sans doute fausse imitation du chi- 
nois ln fony & 0). Mou*-kleu’ 
no', à l'abri du vent. Ouo* mou*- 
hleu*, vent de neige. Mou*-hleu* 16° 
mou' hoa*, le vent a dispersé les 
nuages. Mou*-hleu* ouo*-no' hou”, 
le vent s’est apaisé (se repose). 
Mou*-hleu* mou', être exposé au 
vent ; le vent souflle, Ts’ou° no°-m0° 
mou*-hleu® mou! a* di, les malades 
ne peuvent s’exposer au vent. 
Mou*-hleu” p'ou°-n6', éviter de s’ex- 
poser au vent. 6° mou*-hleu* a* 
l’ou', (cette) maison n’est pas ex- 
posée au vent. (0. MOU*-HLEU*). 

HLEU* Particule spécificative 
des brasses. 7”14-}/eu*, une brasse. 
(o. HLÉ°; v. HÉ?). 

HLEU* Rente, fermage. Mi! 


182 [aLEU*] 


hleu* ho, payer la rente (de la 
terre). 

HLEU* Lourd. 4* leu’, pas 
lourd, léger. leu” cha”, lourd; c’est 
lourd, 

HLI' Enrouler, entortiller. La*- 
tcho° seu°-ts € hh\-djé* to}, les lianes 
ont enlaçé l'arbre. 

HLI!' Franchir. Po o!'-dé* Al, 
franchir la montagne. 

HLI°-KI' Sud. (0. HLEU*-Ki!; v. 
TCHA‘-ZÉ). 

HLI*-MA Nord. (0. HLEU*-MA). 

HLO! Percer, trouer. 

HLO!' Apparaître. Æ/o!' dou'-lé”, 
qui apparait (clairement). Nyé'-n0 
hlo' dou'-lé*, le diable apparait. 

HLO* Enfanter. 

HLO* Mois. T’2t-2lo°, un mois. 
T'ét-hlo*; 
Tcheu-y1*, premier mois de l’année. 
(Ch. échén tué JE F]). Eu! y, 


second mois de l’année. (Ch. e#/ iuë 


Seu* Alo*, trois mois. 


Z À ). Séu* Ao°, troisième mois. 
12? hlo*, quatrième mois. Ko! teu” 
Alo*, onzième mois. La yi°, dou- 
zième mois. (Ch. /à iuë FH Æ]). 
(v. HLO*-B0°). 

HLO*-B0O* Lune. /Æ{0°-bo* dou! 
cha”, clair de lune. (Lune sortir). 
Hlo°-bo* k'i* dzo*, éclipse de lune 
(lune chien manger). (0. H0*-B0°). 

HLO*-PO' Médire. 

HLO*-P'OU' Hlo- 
p'ou' té*, attraper une ampoule. 
GoŸ k'é-byé hlo*-p'ou' V’if-leu* té”, 


j'ai une ampoule au pied. 7’a! 4lo°- 


Ampoule. 











Cro”] 
p'ou\ té, en se brülant attraper une 
ampoule. 
HLOU* Attendre. Go* m° 


nyà lou né* a* dou-lé*, je t'ai 
attendu tout un jour et tu n’es pas 
venu. {lou a-dyé*-nyi* ko”, at- 
tends jusqu’à demain. N° feu! Llou* 
tcha? hoa”, attends qu’il aille mieux. 
Na'-h% ka-seu® hou cha sé, qui 
T'is-l'a! 
hlou*, attendre un instant. 

HLY É*Chaud,bouillant,bouillir. 


attendez-vous encore ? 


H. 


HO Cueillir. A*nou!' tot ko, 
cueillir les feuilles de fève (en 
laissant la tige). 

HO Observer. Mou* sa*-p'0* nyi° 
ko; Mou* sa*-p'o* nyi° mo*, observer 
le Dimanche. 

HO Coq de bruyère. 

HO' Froment; blé. Ho! djyé?, 
galette de froment. {o'meu*, farine 
de froment. 

HO! Efort, application. Ho'{'é?, 
faire des efforts; y alleravecardeur. 
Ho! té? so sou”, s'appliquer avec 
ardeur à l'étude. 

HO' Acerbe; atroce, méchant, 
mauvaise humeur. {0° té*, montrer 
de la mauvaise humeur. A0? if, 
les méchants. V:!'-40?, acerbe ; cha- 
grin. (0. RO*; NI'-H0°). 

HO? $e tenir debout. Æ/o°-djé”, 
s'arrêter. Z0°-4o°, se lever, se tenir 


| debout. (Équivaut au ch. #ckdn-A"à 


ÿ AE). (v. &’a-H0”). 





[0°] 


HO° 
Byé* ho°?, mettre les gens d’accord ; 
accommoder; s'arranger à l’amia 
ble. Byé* ko* a* di, exhorter en 
vain à la réconciliation, Z'-#'6? at 
ho°, les voix ne s'accordent pas. 
(0. RO°). 

HO* Pleuvoir. (Mou“ xo?). 

HO° Verser, répandre. Vout-yi 
ho*, mettre de l’huile (dans la lam- 
pe). 2° Lo, verser du vin. Y2° 40°, 
répandre, verser de l’eau. (0. RO‘; 
Y. HEU°). 


H0* Nourrir, élever. (0. 0°). 


HO° Particule, signe du parfait, | 


Dz0* ouŸ, avoir mangé. (0. H0A°). 

HO0* (Un) cent. T'24-40° #'it-leut, 
cent-un. 7s’ou° L’i-ho°, cent hom- 
mes. Z5s’ou* d'it-ho° t'i*-leu*, cent-un 
hommes. 7°5*-40° là, d'it-ho a li, 
les uns y vont, les autres n’y vont 
pas. (TIS-H0*; v. Ts’É°). 

HO* Accompagner. Ne° £eu! Lo? 
geu*-yi*, reconduis-le. 

HO* Exprimer. Traire. Mit a!- 
neu* Àô*, traire le lait de vache. 

HO* Viande, chair. Vyé? 404 mou, 
viande salée et conservée. /10* dz0#, 
manger de la viande. //6* dzeu”, 
s'abstenir de viande. //6*-44°, peau. 
(o. HOU*; PO!-H64). 

HO* Difficile. Zo* cha”, c'est diffi- 
cile. Sou* Lo*, difficile à apprendre. 
Do” %0*, brûler difficilement. No? 
icha® ho* di’, Ja maladie guérira 
difficilement. (0. Ro‘). 

HO* (Ch. H6? IA ) Malheur, 


(Ch. 46 I) D'accord. | 


[H0*-M0*] 133 


calamité. of {ck'oua*, provoquer, 
susciter des malheurs. (Ch.éc4'ouûng 
| À6 fs] D ). Ho*-do* 0'-neu vou?-yi? 
fa'-d2e*, prévenir des malheurs. (0. 
HO*-DO*). 

H0* Tuer; blesser (dans le des- 
sein de tuer). Keu! nt-seu° ts’ a! Lot, 
n6% Lo* a po}, on lui porta plusieurs 
coups, sans toutefois le tuer à mort, 
Fé* ho*, tuer une poule. Yé* 404 
d:o*, tuer une poule (pour manger). 
Ho* té?, être blessé. Hot po', blesser 
à mort. 7s’ou° ho*ts’ou*?, bourreau. 
Ts'ou* ho* ts’eu*, assassin. (0. Ro‘). 

HO* Vaincre, gagner, l’empor- 
ter; vainqueur, AÀ* Lo“, être vaincu. 

HO'-BOU* Hanneton. (0. Ho- 
BEU*). 

HO-CHA'-P°0* (Ch. Ho-chéng 
A fi) Bonze. 

HO?-CHEU* (Ch. Hô-chéu À 
TÙ) Apte, convenable. Æ0°-cheu* 
cha*, c’est juste à point. 

HO#-JO' (Ch. Hoio R #}) 
Poudre. 

HO#-LÈ Fièvre. (Chair-chaude). 

HO°-LI Tranquille; être en bon- 


ne santé; être heureux; avoir du 


| bonheur. N2° 4o-i-li yé* yé*, es-tu 


en bonne santé? Go ko%-li-li a* yé?, 
Je ne me porte pas bien; je suis 
indisposé. Ni!-m0° Lo a* li, n'avoir 


pas le cœur à l’aise, (0. HO°-LI-11; 


| 
HO"-LI-LI-Z0%; v. LI) 


HO-MO*. Mais. Hot-mo° ta, plan- 


| ter le maïs. Ao*-m0° po, tige de maïs. 





| (0. HO*-MOU*), 


134 


HO'-NYÉ® Biens; héritage pa- 
ternel. (o. Hü!-Pou*). 

HO-SA4-Z04 Grêle. (v. Lou!-o!- 
SA). 

HO3-S0* Nourrir, viable. Ho° at 
80*; Ho°-s0* a* di?, pas viable. (v.65; 
HO”). 

HO-TCHOU-PO' Son. 

HOUA* Dorénavant. (Ki'-HOUA*). 

HOUA?-CHA! (Ch. Houdng-chän 
La fi£) Anguille. 

HOUA?-K0? (Ch. Houdng-kù La 
FL) Orange. 

HOUI! (Ch. /oéi 7) Assem- 


blée, réunion. 


[H6'-NYÉ*°] 


Hy. 


N.B. Voyez Notions de Gram- 
maire n° 7; voyez plus haut N.B. 
après Ai et HI. 

HYA'Sentir bon; parfum; arôme. 
Hya' bi*-neu\, sentir bon. 

HYA* (Ch. Sièny AA — M) 
Réfléchir; aimer. 7’a' ya” nyi, 
réfléchis-y un peu. (0. 8Y4A*). 

HYA* (Ch. Siang (&) Ressem- 
bler. Vi Aya ro cha”, on dirait 
que tu es fou (enragé). 

HYÉ Cueillir, 4#-nou! Ayé, cueil- 
lir les fèves. 


HYÉ! (nev-nv£!) Ciseaux. 
HYÉ!' Payer (l'impôt) (?) 


HYÉ? 
déchaîner. 

HYÉ? (Ch. Hièn? HA) Montrer, 
manifester, A/yé* 16° lé*, apparaître. 


Délier. Héu-kyé hyé?, 


[1!-D20*] 


I. 


N. B. De même que « (voir 
Notions de grammaire nes 1let 12), 
i est souvent élément initial des 
substantifs, adjectifs, etc.: Cet à 
lui aussi est souvent supprimé. 
Cependant (à part a!-ba* ou i!-ba*, 
a'-beu* ou 2!-beu, a!-mo° ou '-m0°), 
a et 2 ne sont pas confondus. Je 
fais la même observation pour les 
mots composés avec 0 initial. 

I Arroser. 2° 2, arroser d’eau. 

LOC (MR RO) 

I'-BA* Père. Z'-ba* i'-mo, père 
et mère. (v. A!-BA*; BA‘). 

I'-BEU* Racine, bulbe. (0. 1!- 
BOU*; v. A!-BEU°; 1!-M0*). 

I*-BO*-M0* 


le monde; entièrement. /*-40%-m0° 


Tout, tous; tout 


a* if, personne n'a cet usage. 
l'-CHEU! Graine, 

I'-CHEU* Aïnsi (cette espèce). 
l'-cheu* ngeu°; Ki-zeu* ngeu”, c’est 
ainsi. 

I'-DI? Oui; de fait. (o. 1*-1'-D1?). 

IS-DJOU* Auge. (Réservoir à 
eau). (0. YI*-DJOU+). 

l'-DJYÉ#MO® Refroidi, (v. K’12- 
TCHEU*-M0*). 

If-DO* Après, ensuite, fin. Z*- 
do* tchou*-to*, derrière; en arrière. 
(v. ouo!-D0*). 

I-DZË* Arête (angle saillant). 

l'-DZÉ* Crû. 

1'-DZO* Maître-ouvrier; chef; 
patron. 





pra] 


I-5 Oui! 

HePAS.. /TCRA?... Plus. 
plus... A écha*-mo%-hif à'-fa° 
hi il-fa* tcha?, plus on garde le 
bon vin, plus il se bouifie. 

I'-GOU' Vide. Z'-gou'-m0°, sans 
rien (terme de politesse: je rougis 
de me présenter les mains vides). 
(v. &ou!). 

I'-HI° Nouveau. (v. H1°). 

I'-HLO* l'-hlo*-20* a'- 


lou-m'*, espèce de sauterelle verte 


Ame. 


(cheval de l’âme!) (0. 1'-HL0°-Z0*). 

I'-K’A# (Ch. X’äang PE) Balle 
des céréales. A{-nou! k'a*, feuilles 
de fèves séchées et réduites en 
poudre pour nourrir les pores. 
(o. K’A*; v. 1'-NEU!). 

l'-KÈ* Foie, 

l'-KEU Croûte, enveloppe. (v. 
K'0?K’0?; NOŸ-NGO). 

J'-KEU-LEU' Intérieur, cham- 
bre, appartement. 

I'-KI. Auparavant, d’abord. Com- 
mencement, Z!-ki dyi*, commencer. 
(o. 1-THI; i'-HI-HA). 

l'-KF Bile, fiel. (o. 1'-rx1°). 

DERCE, Nid.:1(0:: x) 

I'-KOU Agreste, sauvage. (v. 


KOU). 
I-KOU' Milieu, centre; au 
milieu: entre. Z*-Æoua!, dans, 


dedans. (0. 1-KOU'-TSEU ; KOU!). 
l'-KYÉ' Branche (v. SEU? KyÉ!). 
L'-LEU' Vieux; vieille; usé (en 

parlant des choses). (0. LEU'). 
l'-MË* Cuit; mûr. (o. MÈË°). 





f1'-sà°] 135 


I'-MO0* Mère. (v. A!-Mo*; Mo?). 

I'-M0* Femelle d'animaux. (o. 
M0*). 

I-MYÉ' D'abord: avant tout ; 
d'avance; premièrement. /*-myé- 
mo*, avant; en avant. /#-myé!.... 
L'-myé'..,., en même temps... 
en même temps.... 

l'-NEU' Poil, plume; balle (des 
céréales). Z'-neu' la’, les poils 
tombent. (0. NEU'!; v. 1!'-K’A‘). 

l'-NEU* Bourgeon. (0. 1!-NÉ*; 
V. NEU*). 

J'-NI-MO* Certainement: oui. 

J'-NI-Z0* Amande (noyau de 
fruit). (v. 1!-5A4). 

I'-NYI Bout. 

I-NYI° 


no?-hi, 


Aujourd'hui. Z*-nyi° 


ce matin. J‘-meu“-ts'2?; 
['-mou“-ts"i?, ce soir. (v. NYI°). 
I'-NYI* Appeau. 
I'-O-NGEU' Antérieur ; au com- 
mencement; le premier. 
LEPI 
blance. 
I'-PO' Mâle (des animaux). Z!- 
p'ou*, mâle (des oiseaux). (0. PO!). 


Corps, forme, ressem- 


I'-P'OU Franges (à la saccoche 
des femmes). 

l'-REU' Coquille. 

I'-REU* Manche. (0. REU*). 

1'-SA* Amande (noyau ou grain 
de fruits, de légumes). (v. 1!-N1-Z0“). 

I'-SÈ? Air, vapeur, respiration, 
Î'-sè? kou’; Se? 


ou’, aspirer. l'-sè! ’eu?; Se? L’eu?, 


haleine, souflle. 


expirer. Ji’ se°, vapeur d’eau (0. 8È°). 


136 
L'-SÈ? Esprit. Z'-s6% Xi; L'-s63 


zé?, sacrifier à l’esprit. (0. SÈ*). 


I#-SEU (Ch. “sé À H ) Avis, 


4» LL 


[r'-8É3] 


opinion. 
I'-SE* K’A°-DO* 
couteau, par ex.). (0. 1'-8*K’A°-DO”; 


Revers (du 


V. K’A°-D0*). 

L'-TÉS Voix; accent; son (de Ja 
voix). L'-'é ra*, voix haute; voix 
forte. 1'L'é%na';1'-Lé a\-tseu'-yé?, 
voix basse. Go? il-é* a* Leu’, je 
n'ai pas de voix. Z'-#’6* dou, faire 
entendre sa voix ; parler. (0.1'-T’EU”; 
V. DOU*-T'É?). 

L'-TT* BYÉ? (Ch. ckô à tin HR 
— RE) Affirmer. 

I*-T°0* Dessous, au-dessous ; en 
bas ; fond. Z##’ou* tchou-to*, en bas; 
fond. (0. 1*-T’ou*; 1*-T’OUÉ*). 

I'-T'OU“ Surface. 

I'-TSEU! En dehors; à côté.….; 
limite, frontière, borne, bord, bor- 
dure. Xa'-bi* i!'-{sé*, bord d’un ha- 
bit. Z'-{sé* ouo!', marcher sur le 
bord. Z'-iseu* r0°-meu* mi; Vaÿ-ni' 
ro°-meuŸ mil, royaume étranger; 
royaume voisin. (0. 1'-TSÉ!). 

I1-Z0* Rente d’un capital; intérêt. 


Vit-mo° i'-20*, intérêt de l'argent. 


(v. z0*). 
H-Z0* Fils; petit; moineau. 
(v. 20). 
T. 


‘I! Exclamation de moquerie. 
Huit. “l'4s’eu*-leu*, quatre- 
vingt. “2? ko*, huit cents. °Z° nyi° 





[0°] 
lou” hoa*, après huit jours. °Z? 4/0? 
k'ou'-djyé”, gâteaux spéciaux de la 
8° lune. (?-LEU*). 
L-DÉ-DÈLYÉ Gonfé. 


J. 


JA Falloir; être temps de... (v. 
NGO!). 

JA! (Ch. Jény À) Céder, relà- 
Go° n° 


d'it-mo°-n6* a* ja’, je ne te fais grâce 


cher, pardonner, adoucir. 
de rien. Go° a*-dje* keu' a“ ja', je ne 
lui céderai certes pas. 

JA* Exclamation de douleur! 
(o. Al-JAŸ; AlJA3-MO*). 

JA®-LEU*-FOU* Épilepsie. 

JA2-YTI® (Ch. Zéng-ion 2 9 ) 
Opium. Ja°-yi° da“, inciser l’opium. 
(o. vA?-Y1°). 

JÉ-NA* (Ch. Jé la 5 []) 
Bruyant. 

JEU (Ch. Jéx 5%) Avouer, re- 
connaître. 

JEU'Couler à travers; dégoutter. 
Jeu' cha”, (cela) coule. Y2° jeu! cha”, 
l’eau dégoutte ; gouttière…. 

JEU-TS'O (sev-rs’ouo) (Ch. Jén- 
ts'6 5& $#) Amende honorable; 
demander pardon. 

JO Démanger. Mi'-j0o, âcre (li- 
vres-démanger). 

JO? Particule spécificative des 
affaires, des troupes, des bandes. 
Espèce, manière. A2! t’i-j0°, de 
cette espèce. 7'1-j0°, une troupe; 


une espèce; autant. Z'! Xi v'i- 


memes 





L0°] 
jo? ni LE Jn* a* ngeu*, cette af- 
faire ne te regarde pas. Æu*-4it 


Ÿ sé; ni fou'-fou’ 


feu” 0° beu* à 
10 U°, ts'eu* fou”-fou’-mo*, il y 
a neuf espèces d'habits; emporte- 
les tous pour les laver propement. 

J0* Prendre; attraper. J0° dou'- 
té”, apporter (prendre-venir). Jo° 
B*, emporter (prendre-aller). Dza! 
Jo”, attraper un voleur. 

JO* Droite. Lyé? j0*, main droite. 
(oO: AA TO): 

JOU  Accoucher; Jou 


ny”, jour (anniversaire) de la nais- 


naître. 


sance, 
JOU* Mouton. Jou° 4o*, viande 
de mouton. Jou° neu!, toison. Jou*- 


4 


0", agneau. Jou* kÆ’ou*, année du 


mouton. 

JOU-MO* Cuiller. Jou-mo?-20*, 
petite cuiller. 

JOU?-P'0* Aïeul paternel. Beau- 
père (père de la femme). Jou°- 


mo*, belle-mère (mère de la femme;. 


K. 


KA Complètement. Dyé! ka, 
complètement gâté: c’est tout gâté. 

KA! Grand. MNit-eut kil ka 
tchou*, deux (fois) grand comme 
ceci. 

K’A' Agrafe; agrafer; boucler ; 
boutonner. X’&'-hou*-204; K'a'-beu”- 
K’a'-bou® k’a!-do, 


boutonnière. K’a!'-beu°-c0* 40°-k'a!, 


204, bouton. 


boutonner un habit. Æ6°-y0* 90°- 





[k’A*] 157 


k'a', fermer la porte avec une 
espèce d’agrafe ou chaïinette en 


fer. 

K'A' Passer, traverser. Zseu? 
k’a'-ouo', passer un pont. (K’a!- 
Ou0'). 

K’A! fcosser. Lo?ti-sô La}, 


écosser des arachides, 

K’A* Enlever; prendre; expri- 
mer; tirer. Dotyi {'a?, tirer le 
miel. 

K’A* Particule spécificative des 
bandes, des morceaux, des blocs. 
P’o° Vi-k'a?, une bande de toile. 
T'o* k'a-no* k'a? beu*, combien y 
at-il de morceaux d'argent, 

KA° Parce que. Go° ni djyé! 
ro mo° a* di”, tcho°-ma* ka? a4 85, 
je ne puis te le permettre, parce 
que cela ne concorde pas avec le 
droit. 

KA° Craindre. 44 La; A4 Ja Lo?, 
ne crains pas. Z! it at ka, c’est 
une affaire de peu d'importance ; 
il n'y a pas de risques à courir. 
K1' no° ku* a* ka*, cette maladie 
est-elle dangereuse? (v. pJo!). 

KA° Poser (un piège, par ex.). 
(o. KA°-H1!). 

KA* Curer. 

K’A° Sur, dessus. Zso!-t8e Ja, 
sur la table. 

KA* Particule spécification des 
fagots. (v. DZÉ?). 

K'At Àcre, maigre, amer. (0. 
K’'A{CHA), 

K’A* Balle des céréales. Vyé? 


138 [k’A4] 
£'a*, son pour les cochons. (v. 
1'-K’A). 

K’A* Fendre, couper. Seu° ka’; 
Seu* 'a*-mo*, fendre du bois. X’a“- 





pi, ouvrir avec un instrument 
tranchant. O-po° k’a-p’if, ouvrir 
le ventre. Seu* L'a-p'it, éclats de 
bois à brüler. Æ’a* ni pit mo*, 
fendre en deux parties égales. (0. 
K’A-M0*). 

KA‘-BI* Habit, vêtement. Ka*- 
bit d’it-to', un vêtement. Ka*-bi* 
hé?-ta?-mo*; Ka*-bi ma-dji'-mo’, 
robe. Kat-bi4 fit; Ka*-bi* go°-fh'; 
Ka“-bi* wi, s'habiller. (0. A-B1“). 

K’A°-DÉ'-MO* Bile. 

KA!-DI Ouvrir(?). Ni” lyé?-peu! 
ka'-di, ouvre la main. 

KA'-DJEU Frotter. 

K’A°-DO* Revers. (v. 1!-54-K’a°- 
DO*). 

KA*#-FOU Hélas!; quel dom- 
mage! Xa* a* fou; Ka* a* fou-0, pas 
dommage ! (0. KA‘-FOU-A*; KA‘-FEU; 
KA“-FOU-0). 

KA°-HEU Acier. (V. HEU-DZË*). 

KA-HLA!' Lécher. 

K’A*-HO’*$e tenir debout.(v.H0?). 

K'A-LEU!' Où? K’a-leu'-mou“; 
Haÿ-leu'-mou*; K’'a-leu'-mou-tchô, 
d'où? X'’a-leu' i*-l'o*, dans quoi? 
K'a-leu meu\-té do? cha, où le feu 
a-t-il pris? (0. HAŸ-LEU'; K’A; HAS). 

RA-'LI-M0* Glace; 
Ka'-li-mo° do’, il tombe du ver 


verglas. 


glas. 


KA-MA: Atteindre. Xa-ma° a‘ 


ts’eu*, ne pouvoir atteindre. 


[K’A-N05] 


KA*-MI' Quoi? que? quel? Ka“- 
mi ts'ou3 ngeu*, quel homme? Xa“- 
mi hi; Ka*-mil seu-tsi',qu'y a-t-il?; 
quelle affaire? Mi byé*-mo* ka*-mi' 
ts'ou® ngeu*, de qui parles-tu ? Mi’ 
ka-mi' si; NS kat-mi! si! ngeuÿ, 
quel est ton nom (de famille)? Xa“- 
mi ngeu° à ngeu’, n'importe quoi; 
tout; toutes choses. Xa-m1! mo’ a* 
mo*, na\-na mo ngoa', entravaillant 
(en faisant n’importe quoi), il faut 
y aller plus lestement. Mi Zaf dif. 
tch'é* ngeu’, quel est ton rang, par 
ordre de naissance, dans ta famille ? 
(o. A‘-m1'). 

KA*-MI'-DO* Pourquoi? (0. a. 
M1!-D0*). 

KA*-NO° Corps dur qui fait mal. 
Goÿ k-n0° heudieu* k'i-byé 4° 
ka*-n0° di?, un clou de mes souliers 
m'a blessé légèrement le pied. 

K’A-N0O* Combien? Très; beau- 
coup; autant; quelques. Zs’ou° 4’a- 


no°-leu*; Ts’ou? k'a-no3-tch'é*; Ts’'ou 


| £'a-no3 ngeu*, combien de person- 


nes? À’à ra a, très-grand. K’a 
vit-ve*, très-loin. K’a-n0° a* beuÿ, 
il n’y en a pas tellement; il n’y 
en à pas autant que cela; il n'y 
en a guère. À’a-n0° a* tcha?, piètre. 
K'ä-no3 ny, combien de jours; 
quelques jours. X°’à no° peu“, quel 
prix? (combien prix). À’à no° byé* 
a*icha?, ce n’est pas bien dit. Xeu' 
yi-mo k'a-no* zeu* Lo, combien 
a-t-il dépensé de sapèques? — Il 
a dépensé beaucoup de sapèques. 


[K’at-p’14] 

K'a-no3 beus k’a-no3 ngoa', autant 
il y en a, autant j'en veux. X’a-n0° 
af lou? sé3, il n'y a guère qu’un 
instant. X'a tcha?, c’est fort heu- 
reux. Go dou'lé% ho ka tcha?, 
heureusement que je suis venu. 
N° li a ra! ka tcha?, tu as de la 
chance de n'être pas monté en 
barque. 

K’A*-P’[f Lanière. Mo! L'at-p'it, 
lanière de bambou. (v. K’a*). 

KA'-SA° 
petite caisse; boîte. 

KA*-SEU* Qui? lequel? Xat-seu° 


ngeu*; Ka*-seu”-leu* ngeu*, qui est- 


Caisse.  Ka!-su°.204, 


ce?. Ka‘-seu° tcho*-ma* t’o1, ka*-seu’ 
tcho*-ma* a% l6!, qui a raison, qui 
a tort?. Au'-seu* ngeu* a* nyeu’, 
byé* di? aŸ, n'importe qui a droit 
de parler (dans cette affaire). (0. 
KAŸ-SBUŸ-LEU‘; A{-SEU°). 

K’A'-$I S'appliquer, s’adonner. 
Nit-mo° 2'-hlo* he Æa-si, mettre 
toute son application aux choses 
de l'âme. Mil-mo° Mou* sat-p'o* 
F’a\-si, diriger son intention vers 
Dieu. 

KA’-T’A‘ 
K’atl'a* 95; 
(We T'AS), 


Impératif prohibitif. 
T'a yo*, ne faite pas. 


N.B. X’ est, je suppose, le #’a 
de #’a no”, de £'a-zeut, employé ici 
pour renforçer l'impératif prohibitif 
l'ai. 

KA-TCH’'EU? Embrassement ; 
baiser. Ka-tch'eu? kô°; Ka-tch'0? ko?, 


embrasser. (0. Ka-TCH'0?). 





139 
K'ATCHOU*-TO® Dedans.…….: 


à la maison. 
N.B. «XK°a° tchou-lo être à la 


maison», ne s'emploie que pour les 


[K’A-ZEu“] 


femmes en couches. 
Ma*-tcha*-mo* k'a tehou?-lo?, la 
femme est à la maison (c’est-à-dire 
elle est dans le mois de ses couches, 
elle garde la maison). (v. HË°-K'Ë”; 
Al-K’Ë*; TCHA! TCHOU*-TO?). 
KA*-TEU* Dommage. 
K’À T'I#-HA Quand? (0. xa4° 
T'IS-HA; HA°-T'O*; v. K’A-T'o4). 
K'ATI TÉ* Heurter. 
K'A-T'O* Quand?; lorsque. Æew! 
k'a-t'o* U*, quand part-il? (o. HA?- 
T0; V. K'A TIf-HA) 
KA-VOU? Fourmi. 
zo*, fourmi rouge. (0. KA-VEU?). 
K’A-ZEU« 


coup. Â'a-zeu* nyi-ngeu*-tchou? a 


Ka-vou? ni- 


Comment?; beau- 
sa', que c’est beau à voir! (com- 
ment à voir beau ne pas savoir). 
K'a-zeu* 90° ngo' a sal, il n'y a 
plus de ressource (comment faire 
falloir ne pas savoir). A’a-zeut go° 
ngo', comment faire? A2!-}’ou? va?- 
lyé? ka-zeu* yé*, comment va le 
commerce cette année? Æeu’-gou° 
k’azeu*, n'importe comment; de 
toutes façons (cela-faire comment), 
Keu’-gou* k'a-zeu* go L'it-j0?-20* 
ngeu*, cela reviendra toujours au 
même. Xeu*-gou ka zeu* go zeu* 
cheu* ngo', n'importe comment, 
il faudra bien mourir. (0. Ha*- 
ZEU“). 

10 


140 
KAO®CHEU' (Ch. Kdo-cré 
7) Édit: affiche. Kao-cheu! na?, 
afficher (coller) un édit. 
KAO%PÉ! (Ch. Kdo-pé À 1) 
Édit; affiche, 
K'É* Forniquer. 
K'Ë? Sous. (0. K’EU°). 


[KAo-cnev'] 


[ Crav*] 


dyt*; Keu' w°, de lui, son, sien. 
Keu'-hi*; Keu'-vi°, ils, elles, eux. 
Keu\-hi® dyi*, d'eux, leur, le leur. 
Keu' 204, son fils. Su-za!-na% keu! 
ba*, le père de Suzanne. Xéu! dyi* 
ngeu3, (cela) lui appartient. Xeu! 
dy cho, c'est à lui de. Keu! 4i* 


KE®KE* Union, concorde, paix. | #geu*, c’est son affaire. 


Ké*-k6%-mo*, être en paix. Ti! ro° 
go lili ké%-ké a% yé*, toute la 
famille est en désaccord. 

K'É-LEU Angle. 

KEU Appeler. (0. “Eu*). 

KEU S'agenouiller. Mi'-dé* keu, 
s’agenouiller par terre. Pal-teu* 
ka keu, s’agenouiller sur un banc. 

KEU' Verbe auxiliaire. — Pou- 
voir; apte à...; habile à...; adroit 
à... ; adroit; adresse. A!-ba-20* ts0° 
deo* a* keu' sé”, l'enfant ne sait pas 
encore manger (le riz). AWi* byé”* 
keu\ cha’, tu es habile à parler 
(ou, cela ne prouver pas que tu 
aies raison). Byé* a* keu', pas ha- 
bile à dire; ne pouvoir, ne pas sa- 
voir prononcer. Lo'-po djeu* keu', 
babile à lancer des pierres. A*-keu', 
pas habile, peu habile. Nof a* feu! 
ny a* keu', n'avoir pas le senti- 
ment de la douleur, de la faim. 

KREU! Il, elle, lui. Fait aussi 
l'office de marque du génitif. Xeu! 
Leu); Keu' l'à*-mo*; Keu'a*-ma3; Keu\ 
iseu*-lr3; Keu! 


même. Keu!t'it-tch 6%-20*; Keu! lit. 


t’it-tch é%-z0*, lui- 


mo*, lui seul. Xeu! né, lui aussi. 


Keu\ deeu*, soit; à sa guise. Æeu' 


KEU! Dormir. Keu! tcha? cha, 
bon à dormir. Keu! cheu* hoa°; Keu! 
po' hoa, sommeil de plomb. Xeu! 
0!-n63 hoa, profondément endormi. 
T'is-l'al keu', faire un somme. (v. 
YINI KEU!; KEUI-NÉ‘). 

KEU* Accoucher. (v. BOU*). 

KEU* Finir, achever, terminer; 
fin, 
mo keu* aÿ, l'ouvrage est terminé 
(travail faire finir). Zck’o° Heu, 


dernier, complètement. Weuf 


(c’est) brülé entièrement. P’2* Keuÿ, 
(c'est) tout-à-fait abîimé. Go° feu’ 
ki! d’a%-t'o neu* mo° a“ keuÿ, la der- 
nière fois je n'ai pas achevé le tra- 
vail (moi de la fin cette une-fois 
travail faire ne-pas achever). Neu* 
mo keus tya3, l'ouvrage est presque 





fini (travail faire finir — marque 
du futur —). Byé keus a keu}, 
ne pouvoir accorder une aflaire, 
terminer une discussion. 

KEU* Cueillir, choisir, ramasser, 
recueillir, trouver. Zs’ou° chô'-m053 
eu’, recueillir les pauvres. A0'-lo3 
feu*, cueillir des champignons. 
Kit keu*; Hleu' keu’, ramasser du 
famier. Go“ feu’, faire la récolte du 





sarrasin. (0. KEU*-TO*; KEU° TO*-LÉ*). 








[K£v”*] 


KEU?* Ce, cet, celui. (v.va°-T’EU'). 

KEU* (xeu*-Leu*). Neuf. Keu° 
ho, neuf cents. 

KEU* Écorce. Keu? di', peler. 
Sa-li' feu’ di', peler une poire. 
(OKI KO"). 

K’EU* Ronger. X’1° a*-mi!' k’eu”, 
que ronge le chien? Keu!' vyé” reu*- 
ko! k'eu° ngeu”, c’est un os de porc 
qu'il ronge. 

K’EU* Solide. Zou! a* k’eu*, en 
ajustant, ne pouvoir faire tenir 
solidement. A’eu’-k’eu°-20* li', po- 
ser solidement. (v. K0°). 

K'EU* Voler, dérober. (v. DzA'). 

KEU'-NÉ* S'éveiller (dormir- 
s’éveiller). Yi?-neu*, s'éveiller (se 
coucher-s’éveiller). (0. KEU'-NEU‘; 
Y. KEU!). 

KEU-NO KOU!: $e presser (?). 
Keu-no t'a kou', ne te presse pas. 

KEU'-POU-LI' Beau-frère (mari 
moins âgé d’une sœur). 

KEU*-TCHA! Cacher. (v. pr!- 
TCHA!). 

KEU*-TCH'O Retrousser. (KEU*- 
TCH'OUO). 

KI Acide, aigre. X35-pi-mo-yé?, 
acide ; aigre. Vou*-ki, légumes aci- 
des. (Soñan-ts di He es chinois). 

N.B. Dans le dialecte a-hi, pres- 
que tous les mots en #2, ou en #yé 
se prononcent aussi 442 — chi; tshi 
ou thyé — tchyé; ishyé. (0. THi). 

KI Offenser. A7 t6*, être offensé. 

KI Sue, sève. A*-neu! kr, lait de 
haricots. 








[kr] 141 


KI Arracher, retirer, extraire, 


| rompre, dissoudre. //eu-dzeu* ki-to”, 


tenailles. //eu-dzeu* ki, arracher des 
clous. Ma ki, rompre un mariage. 
Li' ki, arracher les plants de riz. 
Neu' ki, arracher les plumes, les 
poils. Seu-tsé* ki, déraciner un 
arbre (en creusant avec la main ou 
un bâton). Z5! ki i'-bou° ki ngo!, 
en arrachant l’herbe, il faut extraire 
la racine. (0. TSI; v. vl!'; K'YÉ*). 

KI Dette, prêt. So Xi cho?, débi- 
teur. Ti geu*-mo° s0° ki cho? to”, 
être criblé de dettes (un corps 
d'autrui dette devoir — verbe 
auxiliaire —). Ki d’eu', prêter à 
intérêt. Go* ki yi*-mo° n° ho°-lou* 
dzo* vi ko*, pour ma part d’héritage, 
il m'est échu deux cents ligatures 
de dettes. 

KI Près. 

KI! Ce, cet, ces. Ai!-l’eu'; Ki!- 
heu, ce...ci; celui-ci. Aï!-zeu*, ainsi, 
de cette manière. Zs'ou° #i!-l'eu, 
cet homme-ci. Zs’ou° beu* kil-L'eu, 
cet homme riche. ÆX1! és’ou*, cet 
Ki! 
homme riche; ce richard, 7s'ou 
beu® ki! L'it-mo*; Ki'ts’ou* Leu? l'i- 


mo, cet homme riche. Dou* 2! lit- 


homme-ci. {sou beu?, cet 
3 


k'ai'; Ki! dou t’it-k'il, cette parole. 
Ki seu-ts' 6, Hi'-L'eu' Ui*-ta?, de 
ces arbres, celui-ci est le plus grand. 
Ki-ta°; K1'-ta°-mo°; Ki'-ta°-ma*, ici. 
Ki dif-ko*, maintenant. ÆAi!-zeu* 
nga*, c’est ainsi (de cette façon 


être). ÆXi!'-seu! nga*, c'est ainsi 


142 [kr] 


(ceci semblable être). (o. #!; 1'; 
V. KEU°; VAS). 

KI! Rapide. euf-kil, avant. Tcho 
ki! ho°, l'horloge avance. (0. TH1'). 

K’I' Dépit, bisque. 

KI! Particule spécificative des 
paroles. 744%’ bye, kyé* t'i-k'i 
ngeu*, je n'ai qu'une parole. Dou* 
dit-il, une parole, un mot. 

K’I' Oser. 4* k’i!, ne pas oser. 
(o. T'HI). 

K’I? Particule spécificative des 
accès de fièvre. Trembler… No’ 
k'r°, fièvre. Mi! Li, tremblement 
de terre. (0. T’HI°). 

K’T? Froid. X°2° Æyé* no’, refroi- 
dissement (froid précisément ma- 
lade). K’2°-icheu*-mo*, refroidi. F2 
ki, eau froide. Æ°2? ko*, refroidi. 
(o. T’H1°). 

K'T Chèvre (en général). X’:? 
kou', bouc. Ki? cko', bouc châtré. 
K'°-mo°, chèvre (femelle). K’2?-204, 
chevreau. X°4* lou! ts’ou”, berger. 
(o. T’HI°). 

KI° Eau-de-vie, alcool, vin. X2° 
ts’eu”, distiller de l’alcool. (0. Tær°). 

KI° Fondre, faire fondre; dis- 
soudre. Ts'a° k+°, faire fondre de la 
graisse. Do“-cho' k°, fondre de la 
cire. Ouo* ki hoa°, la neige est 
fondue. X1° £eu* hoa?, c'est entière- 
ment fondu, dissous. A%° yi° lou’ 
hoa°, résolu en eau. 

KI° Soleil. (o. THI’; v. LI'-Kl°). 

KI° Écorce. Seu° 45°, écorce d’ar- 


bre. (V. KEU*; Ko*). 





LS 

K[° Peau. (o.THI; Ho*-KI°; v. H64). 

KI° Sauver. O'-Æou° 1°, sauver la 
vie (à quelqu'un). (0. THI*; v. KOU). 

KI° Particule spécificative des 
charges de bêtes de somme. (0. THI°). 

KT Nid. Do #’it.k'i°, un nid de 
guëpes. (0. T'HI°; 1!-K'L°; V. BÈ°-DÈ°- 
M0°). 

K’T* Actif, brusque. Æ’:°.42 
ouo', se hâter; va vite. X’2°-41° 
cha*, actif; avec ardeur. X°1°-k'1°- 
ma”, vite; aussitôt. (0. K’1°-CHA*; 
T’Hl°). 

K’I° Mûr; murir. (v. MÉË°). 

KI* Bourdonnement. No-pa! kif, 
bourdonnement dans les oreilles. 

KI“ Livre. Ho* t’it-Hi, une livre 
de viande. 

K’If Grifler, gratter. Yé# pé!-le? 
k'a* gou, les poules aiment à gratter. 
(0. T8’1<). 

K’I* Chien. X’i* ro, chien en- 
ragé. ÀX’it £’ou*, année du chien. 
(o. T'HI*). 

K’I* Fumier, excrèments, im- 
mondices. Vi! #1, fumier (mélangé 
de terre). Xi yi*, engrais liquide. 
K'o#-hlo* kif, cendres servant d’en- 
grais. X'2* keu*, ramasser du fu- 
mier. X’?* vyé?, porter du fumier 
(à balançoire). X’2* £eu*, porter du 
fumier (sur le dos). X°1* yc° reu”, 
arroser avec de l’engrais liquide. 
(o. TH'I*). 

K’1* Repas du matin. X°i* dz0*, 
faire (manger) le repas du matin. 


(o. T’HI<). 


[K’I"-BYÉ|] 


K'I°-BYÉ Pied, fondement. Æ°1° 
bo®-tyé; Ki t’ou*, plante du pied. 
K'i tcheu’-mo*, doigt du pied. 
K' djeu-mo* seu; K2 seu, cor 
au pied. À’%°-0*, soulier, chaus- 
sure. X'i-reu*, jambe. Lo' #i*-byé, 
fondement en pierres. X’1°-su*, 
griffe. X’4’-do*, empreinte, trace 
Tcha’-ki, gencives. 
(pieds des dents). (0. T'HI°-BYÉ). 

K'I'-CHOU! P’0* Tribu lo-lo 
(sœur des Ko-p'ou, Kar-ÿ #6 
en chinois; dont les femmes au 


,» Kouâng-st tcheou” LS pg hi 


portent l’habit chinois). 


des pieds. 


KI-DJÉ* $e souvenir, se rap- 
peler. (v. KI-ZEU*; O. TCHI-DJË*). 

KI*-DOU! Est. (côté où sort le 
soleil). (o. K1i°-Dou! &0*). 

KI'-GEU* Devant; en face de. 
Cheu-dzeu*-kya\ li'-geu* keu, s'agen- 
ouiller devant {adorer) la Croix. 
(o. KI!'-REU*; KI!'-HEU*). 

KI'-K’'A° Dessus. (v. o!-K’4°, 
K’A°). 

KI'-KO* 
KOUA!; v. A‘-NË°). 

KI'-K'YA' En présence. (0. KI'- 
K'YÉ!'; v. KI!-GEU*). 

KI°-LA-Z0# Vinaigre. 

K'I5-LYÉ? TCHA? Agile. (pieds 
mains bons?) 

K'1#-NO* (K'1*-xouo) Chaussure, 
soulier. Seu* #’2°-n0*, sabot. (chaus- 


Maintenant. (o. Ki!- 


sure de bois). X’2°-n0° djeu?-p'o*, 
cordonnier. 71! #’i*-n0°, sandales 
en paille. Æ//é* ki°-n0*, souliers 











[Kko*] 143 


en cuir. L'o? #'2°.n0°, souliers en 
toile. X'2°-10* da‘, fabriquer des 
sandales. 

KI'-REU* Devant. (v. K1!-GEU*). 

K’I'-TCHO! Seu*  k’i- 
tcho', racine d’arbre. 

KL-T'EU! GO Ouest. (côté où 
décline le soleil). 

K'L?-TSEU?-MO* Bredouiller. (v. 
A!-7£*-M0°). 

KI-VÉ* Sommet de la tête. 

KI'-ZË# Ainsi. (0. 1'-ZËt; Kl!- 


ZEU*). 


Racine. 


KI-ZEU* $e souvenir, se rap- 
peler. (0. THI-ZEU*; v. KI-DJË*). 

KO! Moment. 7”2t-ko', un mo- 
ment. 

KO! Étroit. 

K'O! semblable, de 


même que. So°-6% a*-ma° ko! db, 


Comme, 


aimer le prochain comme soi- 
mème. K’a-no° cho? a k'o', à tout 
le moins (?) (0. K’0!-YÉ?). 

KO? (xouoë) Vie. (o. KOU*; v. 
0!-KOU*). 

KO* (Kkouo*) Jusque; parvenir; 
jusqu’à.….; arriver. Ao°-/6°, venir, 
arriver; viens. Ai! yi’-m0°-djou* 
l’o a-leu' kôÿ, 


fleuve? Do-sat-koué* kô*, arriver à 


où aboutit ce 


Yun-nan sen. (0. KOA*). 
K'0* Dur. K'5°-tsa%-tsa-yé”, dur 
(le bois, par ex.). (v. K’EU*). 
KO* Particule spécificative des 
pipes. 2 Pat-koÿ, une pipe. F?° 
Pit-ko* tcheu', famer une pipe. 


KO* Écorce. (v. Kl'; KEU'). 


144 [K’0°] 


K’O* Béler; 
colère ; réciter. A'-ba-20* k’0°, gron- 


crier fort, avec 


der à grosse voix les enfants. Go° 


no-djo* ho°, k’0° a* ngoa!, j'ai en- 





tendu, inutile de crier si fort. Lo” 
ra*-mo° k’o°, crier fort. (Langue 
grande crier). (0. K’OU”). 

K’0* $e trouver mieux, aller 
mieux, guérir. Zs’ou° no°-m0° nou”- 
ts’e* tou, k’o* di, le malade ge 
trouve bien de la médecine. Ts’ou° 





no°-mo® nou’-ls'e* tou’, a* ko, le 
malade prend des médecines sans 
éprouver d'amélioration. 

K’0* Chance, bonheur. Nyé? k'o* 
s0* cha*, (il) vit heureux et sans 
chagrin. (v. K’0*-K’0*; CHEU'-FOU). 

KO-BO! (kovo-B0!) Tomber; cul- 
buter. 

KO*-B0*° Four, fourneau. 

KO-FA? HÉË* (Ch. Kong-fäng 
2 5) Maison commune. 

KO-JOU Poudre. (v. xo“-J0!). 

KO®-K’I° Trépied. 

K’0?-K'0* Croûte. 

K’0*-K’0* Plaise au Ciel! Mou“- 
k0Ÿ ko° k'o*-k'o*, ah! s’il pouvait 
pleuvoir! Zsou'-ko d'a* mo° k’0*-ko*, 
avoir le bonheur de ne pas pécher. 
(o. K’o“-K’0*-vÉ£”; K'0*-yÉ*). 

KO®-LÉ® Venir, arriver. O'-yi° 
dzeu*-mo* h1°-mo° ni*-teh' 6% ko-lé3 
Aoa*, hier il est arrivé deux nou- 
veaux mandarins. (v. DOU!-LÉ*), 

K'O#-LO* Cendre. Zck’0° £’o*-lo9 
lou, réduire en cendres (brûler cen- 
dres devenir). (0. K’0*-HL0”). 


[K’ou<] 

KO2-TI KO>TÉ:-TÉ* Jeu d’en- 
fants (imitation des cris d'oiseaux). 

KOU Tendre avec effort, étirer, 
entraîner, tirer, attirer, bander. 
Kou-dji° to hi*, étiré. Kou ts’eu’ 
hoa*, rompu par la tension. 7s’ou’ 
kou tsou' mo°, entraîner quelqu'un 
à pécher. N° go° ka*-bi* l’a* kou, 
ne me tire pas par les habits. (0. 
KOU-DJI°). 

KOU Sauver, racheter. (v. KYOU; 
KI‘). 

KOU Sauvage, agreste. (v. 1!- 
KOU). 

KOU' Milieu ; dans; à l’intérieur. 
P'é?-tse j0* lyé*-k5' koué' té!, 
pose l'assiette dans l’armoire. (v. 
1{-KOU'; 0. KOUA!'; KOUË!). 

K’'OU! Servir. Zs0o° £’ou', servir 
le repas. Xeu! vi° dzeu*-mo* k’eu'- 
tcheu”, il sert le mandarin. (0. K’EU!; 
Y. TCHEU*). 

K’'OU*? S’accroupir; se chauffer. 
Meu'-teu k'ou?, se chauffer (au feu). 
Mou“-g0°? k’ou?, se chauffer au soleil. 

K'OU? Rendre, restituer. Y2*- 


8 rendre des sapêques 


mo kÆ’ou?, 
(dues). Keu* ouo ki, k’eu* ouo ki, 
fou'-fou” jo sa*-p'o* Fou? ngo!, 
les objets trouvés ou volés doivent 
retourner à leur premier maître. 
Ouo* k’ou*, rendre des journées de 
travail. Go° £’ou? keu° a’, j'ai tout 
rendu. ÀX2 k’ou*, payer ses dettes. 
K'ou? ouo a* ts’eu”, n'avoir pas de 
quoi rendre. (v. DO“-K’OU?). 





K'OU* Année; an. Ti Æ’ou?, 


[Kou*] 


un an. Vi* £’ou°, deux ans. K’ou? 
hi 40%, nouvel an; fin de l’année. 
K'ou*l’o*, époque de l’année; saison. 
K'a-n0° k'ou* lou?, combien y a-t-il 
d'années? Xeu! k'a-no° k'ou? lou?, 
quel âge a-t-il? 

KOU* Aspirer. 82? #ou°, aspirer 
(l'air). 

K'OU® Particule spécificative des 
rouleaux. Enrouler. Xyé-ts’'eu* L'it- 
£'ou*, un rouleau de cordes, 

K'OÙ* (Ch. K'où aus Peiner, 
travailler. 7s’ou° Æ'ou° m0o°, homme 
de peine. 

KOU*-BO'-BO 
Chat-huant. 

KOUA? (Ch. Xoun #$) Ad- 


ministrer, s'occuper, gérer. Go° a* 


(Kou*-B0!-BOUO) 


koua”, je ne m'en occupe pas. Keu! 
hi® koua* a* di”, il ne peut gérer les 
affaires. Keu' l’a* koua?, ne t'occupa 
pas de lui; ne fais pas attention à 
lui. So°-lé% foua?-264, être sous 
l'autorité de quelqu'un. 

KOUA* (Koa*) Jusque; dans: 
le temps où... (v. Kü°). 

KOUA* (Ch. Kofa FE) Accro- 
cher, accroc. Aa*-bi* 30° Leu-dzeu* 
ka? koua*, accroche l’habit sur ce 
(à ce) clou. Ka“-bi* Æoua* cha! 
hoa, l'habit a été déchiré par un 
accroc. 

KOUË:(Ch. Kowai ES ) Bizarre. 

K'OUEU* (Ch. K’uén FE) Faire 
des remontrances. 

KYÉ Corde; grosse corde. Hew- 


kyé, chaîne. Tseu kyé; Tseu kyéts'eu*, | 





[K’vé] 145 


corde de chauvre. Kyé l'it-tcho, 
une corde. {15 kyé, corde (de bourre) 
de palmier. Meu'-lé-lo' kyé, longue 
corde à amorcçer le fusil. Xyé-tch’é?, 
ficelle. ÆAyétch'é jo ny; Kyé- 
ich jo° 16\, ficeler, Tsi-m'* kyé; 
Tsi-mou* kyé, balle à jouer. (o.THYÉ; 
KYÉ-TS’EU*). 

KYÉ Bouillir. 
bouilli avec son eau. Âyé fu? hou’, 


Tso°-kyé, riz 
cuit jusqu’à être desséché, (0, Go°- 
KYÉ). 

KYÉ! Branche, rameau. Sex? 
kyé', rameau d’arbre. 

K'YE! Brosser; peigner. O'-0? 
kyè', se peigner la tête. (0. K'vÈè!- 
To”). 

K'YÉ? Mauvais, méchant, effron- 
té. K1!' no nyi° a* k'yé?, pas telle- 
ment méchant. (Ceci abondant s’as- 
seoir pas méchant). (0. N1'-K’yf?). 

KYÉ? Large. O!-}i nyé? kyé? 
ha*, les mailles du crible sont trop 
larges. 

KYÉ? 
alors. Ayé*-cheu*, c’est; précisé- 


Précisément; aussitôt; 


ment; c’est cela même (imitation 
du chinois: sieüu-ché Rt À). 
SE%-ba* kyé*-cheu* i'-hlo* i'-ba* i!- 
mo* ngeu”, le Père, c’est le père et 
la mère de l’âme. Myo! Æye* ngo!, 
il faut absolument; je veux ab- 
solument,. 

KYÉ* Colle. Mit H° Hyé?, colle 
forte (vache peau colle). 

K'YÉ® Village. Ai! #yé?, ce 
+ 


village. X°yé* ra*-mo*, bourg. 


146 


K'YÉ* Cher, enchérir. Z#-p'ou 
k'yé*, forcer le prix. 

KYÉ* Panier, corbeille. Kyé4- 
ich'o*, grand panier. 

K'YÈ“ Grelotter (de froid). 

K'YE* Égratiguer, grifler. (v. 
K'1°). 

K'YÈS-DZE® Râteau (pour re- 
tourner les céréales). 

K'YÉ-K’'0* Dur, raide. Seu° #’yé- 
& mo Lit-fés, 


bois dur. Dou* k'yé-k’0*-mo* byé?, 


[K'YÉ?] 


une espèce de 


parler avec fermeté et hauteur. 
L'-keu k'yé-k 0°-mo°, enveloppe dure 
d’un fruit. X’yé né° kyé-k'o hoa’, 
c'est déjà dur; il est déjà raide. 
Vé* V0 4° kyé L'yé-k'o Lou, les 
œufs sont un peu trop cuits. (0. 
K'YÉ-K'O°-MO°-YÉ”; v. K'0°). 

KYÉ-TCH'É*? Ficelle. 

KYÉ-TS'EU* Corde. Xyé-ts’eu 
l’it-lcho*, une corde. 


KYOU (Ch. Kiéou À) Sauver. 


L. 


LA Changer, dépouiller, tomber. 
Mé* la, changer de nom. Nyi-Aé* 
la, changer le jour (fixé). Ha'-m0° 
k% la, le serpent se dépouille de 
sa peau. Z'-neu' la, les poils tom- 
bent; muer. Vi!-m0° beu* 16%, ts’ou? 
tcha®-mo° la di, il faut de la per- 
sévérance pour se corriger. (Cœur 
avoir — signe du passé —, homme 
bon changer pouvoir). Zcka*-reu* 
la hoa*, perdre une dent. 

LA Particule spécificative des 





[LA°-T8’0] 


paquets, des ballots. 7°’ Z, un 
paquet. 7’o° ti la, un paquet 
d'argent. Myé*-houa' tit la, une 
balle de coton. 

LA' Pommer. 

LA? S'affaisser. A2! 46° la? tya*, 
p'a“-lo*, cette maison va s’affaisser, 
je crois. 

LA? Ladre, avare. La?-dze? 5. 
bou”, très-avare. (0. LA?-DZE*). 

LA? Facile, commode. Sou° La, 
facile à apprendre. Zcka°-do* mo? 
ro*, tch'é”-do? mo° la?, il est difi- 
cile de faire le bien, et aisé de 
faire le mal. (v. 86°). 

LA* Bander, envelopper, rouler. 
Laÿ-lo°, bandage. X’i°-byé la’, 
bander les pieds. 4° /a°, rouler 
du tabac. 2° Za°-mo, cigares. 
(o. LÉ?). 

LA* Paresseux, fatigué; négli- 
ger. La* po'-tya*, très-paresseux ; 
très-fatigué. Go la* tsou'-ko dé 
té*, j'ai commis le péché de paresse. 
A*-ma* neu* E'a° la-leu', négliger 
ses devoirs (de soi-même devoirs 
sur négligent). (0. LA-CHA°; LAf- 
LEU'). | 

LA“-BA* Tapis. 

LA?-DZE* (Ch. Lä-ts ÿ$ F) 
Piment. 

LA£-T Magnifique, orgueilleux, 
faste. La‘? ngo'-hit, aimant le 
faste (qui aime le faste). 

LA?-TCHO* Liane. 

LA?-TS’O (z4?-rs’ouo) (Ch. Laà- 





ts'aô ER Je) Actif, déluré, alerte. 


[Lê] 

LË Chaud, brûlant. 646, 
fièvre; chaleur intense. Lé-lé-yé?, 
tiède. (0. LÊË-CHA*). 

LÉ! Vieux, usé. Hé? lé1-mo5, 
Ka“-bit 
vieux habits. (0. LEU!). 


vieille maison. lé \-mo*, 

LË' Affermer, louer, faire un 
prix pour un travail. Meuf 6! 
mo”, entreprendre un travail à prix 
fait. Neu* lé s0° geu*, donner à 
quelqu'un un ouvrage à faire à 
prix convenu. Weu* l61 {cha?, tra- 
vail bien loué. 6° s0° ng0! lé! 


a* 


ro, personne ne vent louer la 
Lé” 


(l'ouvrier se nourrit lui-même. 


maison. ki a, prix fait 

LÉ* Particule euphonique. — 
Auxiliaire employé avec les verbes 
marquant le mouvement. — Venir; 
à; même. Vo-cho? ti? dzo* a chat 
lé, en manger tant soit peu ne 
peut nuire (beaucoup-peu un-peu 
manger ne-pas nuire-venir). eu! 
LE go ngeu* lé*, est-ce lui qui 
(ba fait} Tate JE af LE, 
nyi di® a, n'importe qui peut voir. 
T'it-nyi lé” a* lé*, chaque jour. 
Byé* l6* a* keu', ne pouvoir pro- 
noncer, Geu°-lé*, revenir. T’2*-tch' 6° 
né keul LE Leu’ a! ts'eu°, per- 
sonne n'ose s’y frotter. (Un même 
lui à toucher ne pas pouvoir). 
(v. Dou!-LÉ*), 

LÉ* Border. 

LÈ* Avaler. Ai! nou°-ts'et 104 
ngoa', ce remède doit être avalé. 
(0. LEU*). 








147 


LÈ-BEU* Forêt. (0. LÉÈ-Bou?). 

LÉ*BEU* Bouger, remuer. (v. 
LEU!). 

LÈ-BYÉ?-DZ0O' Chanter. 

LÉ*-BYÉ NI-CHEU? $e pendre. 

LË-GEU* Merise. Lé-geu* seu’, 
merisier. 

LÉ-GOU? Collier. 

LÉS-HÊË? Musc. Zé”, daim mus- 
qué. 

LÉ-KOU' Montagne. Lé-kou! li 


neu* mo°, aller travailler à la mon- 


[LEU*] 


tagne. Lé mi', pays de montagne. 
LE mi' ts'ou*, montagnard. Lé tseu', 
colline. (0. LÉ-Ko'). 

LÉ?-REU* Cou. ZLé*-pa’, goître. 
(0. LEU°-REU*; LEU°-GË*; LÊ°’-GEU*). 

LÉ-TCH'É* Faisan. 

LÉ?-A? (Ch. Ledng K+) Impôt. 
Lé?-a% hyé', payer l'impôt. 

LÉ?-A® (Ch. Ledng JR) Frais. 
Léa? lé?-a° 20% yé*, très-frais. 

LEU Hôtif. Ho*-mou* leu, mais 
hâtif. 

LEUT Imbécile, écervelé, idiot. 
(o. LEU!-LÉ*). 

LEU' Vieux, usé. K’i°-n0° leu', 
souliers gâtés, usés. (v. 1'-LEU'). 

LEU? Oter, enlever. K’1°-n0° 
leu?, enlever ses souliers; se dé- 
chausser. Ka‘-bit leu, se désha- 
biller. 

LEU* (r1f-LEu*) Particule spé- 
cificative ordinaire, correspondant 
au #6 {4 chinois; de même que 
mo, Dans certaines dialectes, leu 


est réservé aux personnes ; #0° aUx 


148 [Leu] 


choses. Zs’ou° d'i-leu*; Ts'ou? L’i*- 
mo*; Ts’'ou’ t’if-tch’é*, une personne. 
(v. Mo). 

LEU* Remuer, bouger. Leu*-beu* 
pi; Leu“-bou* pi', remuer, bouger. 
Leu“-beu* l’a pi', ne remue pas. 
To cha*, lé%.beu* pi! af di, je suis 
tellement fatigué que je ne puis 
remuer. (0. LEU*‘-BEU‘; LÉ‘). 

LEU-GEU* Meule. 
tch'eu*, moudre. 


Leu-geu* 


LI Barque. Li ra!', ramer; tra- 
verser en barque. /4 ra'-lo*, pagaie. 
Li o'-dé*, avant d’une barque. Z4- 
dyé', naufrage (barque abîmer). 
Li-dyé\ ho, ts'ou* tcha?-L'i ts'eu' 
po! ko’, il a péri beaucoup de monde 
dans le naufrage. 

LI Aimer, réjouir, se réjouir, 
agréer, être content, être en joie. 
N& go° lili, m'aimes-tu? Mi li li, 
es-tu content? Go° a* li, je ne suis 
pas content. 4° li, aversion. Ts’ou’ 
li a*ma* k'o*-yé* gou’, aimer le 
prochain comme soi-même. Go 
ni-m0° a* li, (cela) ne me plait pas. 
Ka*-seu” a* tcha®-mo°-hit li, qui 
aime ce qui n’est pas bon? A4* X 
seu'-seu, n'avoir pas l'air content. 
Li-li ké°-ké*, en paix; concorde. 
Ni-mo k'yé k 0° Lili kE°-k6 a yé”, 
cœur dur qui refuse de faire la paix. 
Li-li ké°-ké* mo, être d'accord. So° 
ni! li, réjouir le cœur de l’homme. 

LI! Plant (en général); et par 
extension «plant de riz, le plant 


par excellence». Zi! sè, semer le riz 


[1'-M4*] 


(c.a.d. les plants de riz). Z4'-seu ki, 
arracher des plants. Seu*-{s’ 6 li, 
plants d’arbres. (0. LI'-SEU). 

LI? Quatre. Z4°-leu* l’eul, qua- 
trième. /2? 4o*, quatre cents. (LI- 
LEU“). 

LI® (Ch. Zi H) Ly (mesure 
itinéraire). 

LI* Aller, s’absenter, s’écarter, 
se retirer. À* 4°, ne pas aller. M° 
go* vit-vit li, retire-toi de ma pré- 
sence. MVe° d’it-p'i di Ui°, écarte-toi 
un peu. Ve La Di, où vas-tu? 

LI-GOU* LI? Carré (4 côtés. — 
4 semblables). Ze?-gou* li2-20*-20- 
yé?, carré. (0. LI*-SEU'). 

LI-HI (Ch. Li-sin NE 4) 
Règles, bienséant, 
Li-icho*, 


convenances, 
commandements, lois. 
doctrine, sens, intention. 

LI-L2(Ch.Léi AI] AP) Avantage, 
utilité. 

LI-KI® Soleil. Zi!-ke dou'-lé*; 
Li'-ki3 dyé3-lé*, lever du soleil. 
Lai'-k® dou‘ cha*, le soleil brille, 
luit. Li'-ki% mou* kou' dzeu*, midi 
(soleil ciel milieu rencontrer). L'- 
ki ra, soleil grand (3 heures après- 
midi). Zä'-ki° teu*, soleil se couche 
(décline). Zi!-H° ngo°, se chauffer 
au soleil: soleil ardent, Z2'-#1° Alo*- 
bo*; Lai'-kù° l’o'-bo*, tournesol. Za!- 
ki lo dzo*, éclipse de soleil (soleil 
tigre manger). (0. L1'-TH1*; V. MOU‘- 
NGO°). 

LI'-MA* Lou-lan ( F4 Ph }: 


Li-ma* mi, pays de Lou-lan. 





[LI-OUAI] 


LI-OUAI (Ch. Zin-oiai #4} À) 
Autre; d’ailleurs. 

LI-SOUI (Ch. Lin-soii FÆ À) 
Accessoire. 

LI-TA Faucille. 

LI'-ZO* Petit-fils. 
petite-fille. 

LLO!' (zuouo') Éclairer (faire 
des éclairs). (0. LLOUÉ!). 

LO (Lovo) Sécher. 750° /5, sécher 
du riz. Lo ffa*, sécher à point 


. 1° 
Li a'-mé*, 


(sécher sec); tout racorni à force 
d’être exposé à la chaleur. 

LO Tigre. Zo k’ou°, année du 
tigre. Lo hi, peau de tigre. Zo 
&'é-sa*, griffes de tigre. Lo reu*- 
ko', os de tigre. 

LO Frire, griller. Lo do hou”, 
c’est trop rôti. 

LO Tomber. (v. LA). 

LO' Rébus; énigme. Lo! Pé, 
donner des rébus. 

LO!' Flamme: flamber. 

LO*? Langue. (0. Lou). 

LO* Mur, paroi. (0. LO°-P’1°). 

LO® Ville. Lo koua', en ville. 
Lo* go°-nyé* da*, attaquer la porte 
de la ville (ville porte-trou frap- 
per). 

LO* (Ch. Zong?) Dragon. Lo* 
Æ’ou, année du dragon. Lo* ka'- 
mo*, gros serpent. 

LO* Thé. Zo* fo, feuilles de 
thé. Lo*-yi, thé (influsion); eau 
de thé. Lo“-ys° {s01, faire bouillir 
(de l’eau pour infuser) le thé. 

LO-BI* Pantalon. (0. LOU-BI*). 


[L0°-rI-80] 149 
LO-BEU! 

| Aé, taureau. (0. Lo-Bou'). 
LO*-DJI* Chinois. Lo*-dji* p'of, 


chinois. Lo*-dji* mo°, chinoise. Lo- 


Taureau châtré. Lo- 


| djif mi, Chine. Vyé? lof-djit, mu- 
| sulman. (0. LOU* py1*). 


LO#-DZE* (Ch. Lo-tsè EEK +) 








Mule. 

LO*HÈË Taureau. (v. L0-BEU!). 

LO*-KO* Fléau. 

LO*-LO* Doucement, lentement. 
(v. DÈ*-DÉ?). 

LO'-MO* Pierre. Lo! da*-p'o°; 
Lo' d:à'-p'o*; Lo'-po da*-p'o*, tail- 
leur de pierres. Lou'-mou*, chaux 
(poudre de pierres). Lo'-mo* ko*- 
Alo*, chaux (cendre de pierre). Lo'- 
t’'yé? l’if-leu*, une pierre de taille. 


Lo' p'itl'yé*, pierre de taille plate. 





Lo' p'i-t'yé* icho*-ma*, route pavée 
avec ces pierres. Lo! ésè lou, esca- 
lier en pierre(?). Lo! seu”, pont 
en pierre. Lo' {seu* nyé*-ba', arche 
de pont. 5€ lou’, pierre à aiguiser. 
Lo'-ts’'a*; Lo! ts’a°-mo*, cristal de 
Lo! 


pierres. Lo'-dé*; Lou'-dé*, caillou. 


roche. dza'-dé*, carrière de 
(o. LOU!-Mo*; LO'-PO). 
LOS-P’T* Mur. (v. 20°). 
LO?-PO* 


Lo®-po* €i*-leu*, un tombeau. ZLo?- 


Tombeau, tumulus. 


po to*, cimetière. Lo®-po* dyé”, 
aller au tombeau (pour y faire 
les superstitions). (v. LOU*-PO*). 
LO*-TEU* Fouet. 
LO?-TI-SO (Ch. Zo-ti-song Va 





Hh 44 ?) Arachide. 


150 [Lou] 


LOU Gargariser, rincer. Mi!'- 
p'yé? lou, se rincer la bouche. 
(0. LOU-H0). 

LOU Balancer. Lou gou”-do', lou 
gou’-lé*, faire aller tantôt d’un 
côté, tantôt d’un autre (comme le 
balancier d’une horloge). 

LOU' Paître. Mi* lou, paître 
les bœufs. Lou! tcheu* mo*, berger 
(paître esclave faire). 

LOU! $Sacrifier (à un défunt; 
au dragon). Zs'ou* cheu’-mo* lou, 
sacrifier à un défunt, Lo* lou, 
sacrifier au dragon. (0. LEU!). 

LOU! 
Ka*-bi* 
habits. //6* lou, réparer une mai- 


Raccommoder, réparer. 


lou', raccommoder des 
son. (0. LOUÉË!). 

LOU? Suffire, suffisant, assez. 
A* lou”, insuffisant, pas suffir, pas 
assez, manquer. A* lou? sé*, pas 
encore assez. 70° d'i-ho° l’a byé? 
né”, kyé*-cheu* Lri-to® né, keu! 
zé* a* lou?, ne parlez pas de cent 
taëls, il en aurait mille que cela 
ne lui suflirait pas pour ses dé- 
penses. (v. DI*). 

LOU? Passer, 


N> k'ano* k'ou? lou” ho*, combien 


écouler, après. 


as-tu d’ans (écoulés). Æ’a-n0° a* 
lou?, bientôt; il n’y a pas bien long- 
temps. Ni ni seu” ny lou’ geu’-lé?, 
tu reviendras dans quelques jours. 

LOU* Devenir, changer, se chan- 
ger. Zch’o* k'o*-hlo* lou’, réduit 
en cendres (brûler cendres devenir). 


Ts'ou* 204 lou’, adulte. 














[LOU?-Po*] 


LOU* Lèger. P'ou* lou’, bon 
marché; le prix est bas. 

LOU* Langue. (v. 16°). 

LOU“ Plein, remplir, déborder. 
Lou* dou'-dou' ho°, déborder. Mi!- 
nyé* ka tcha?-do* ts'ou m'-m0° 
lou* a* keu', le bonheur terrestre ne 
peut remplir le cœur de l'homme. 

LOU“ Particule spécificative des 
ligatures de sapèques et des onces 
Vit-mo*  l'it-lou, 


ligature (de sapèques). T’o° f'if- 


d'argent. une 
lou‘, une once d'argent. T’o° seu”- 
lou*, trois taëls (onces). 
LOU“ Plomb, balle de fusil. 
LOU-BI* Pantalon. (o. Lo-BI*). 
LOUS#-DJI* LO*- 
DJ1*). 
LOU'-K’At Sable, (v. ni!-84°?). 
LOU'-MO0* Pierre. (v. L01-Mo0*). 
LOU'-MOU* Chaux (poudre de 
pierre). Lou'-mou* tch'o*, faire de 


Chinois. (v. 


la chaux. Zou'-mou* tch'o°-deu*, 
four à chaux. Zou'-mou* yi° reu° 
no mo, chaux éteinte. Lou'-mou° 


# no mo*, chaux vive. 


y reu’ a 
Lou'-mou* na°, passer une couche 
de lait de chaux. 

LOU'-NGEU* Agriculture, ré- 


colte. (0. LOu'-NG0*; LOU'-NGOU*; 


LOU!-M0*). 

LOU'-0'-SA# Grêle. (v. H0*- 
SA-Z0*). 

LOU'-P'È-ZO-YÉ® Léger. (v. 
LOU”*). 


LOU?-PO* Tombeau. (0. 
PO*; v. AGO?-PO*). 


LO°- 





[Lou!-T’Eu?] 


LOU'-T'EU? Abjurer, abandon- 
ner, délaisser, renoncer. Va*-lyé? 


lou'-l’eu?, renoncer au commerce. 


Keu! cheu? ho a'-ba-20* seu--tch'6* 


lou'-t'eu? ho, à sa mort, il a laissé 
trois enfants. Nyé'-n0, nyé'-n0 hi* 
lou'-l'eu*, renoncer au démon et 
à ses œuvres. Go° Mou* sa*-p'o* 
lou' a l’eu?, je ne veux pas abju- 
rer Dieu. 

LOU'-ZEU* Épier (un rat, par 
ex.,). 

LOUA* (Ch. Loéan fl) Trou- 
ble, révolte. Lou'-mo* p'ou* k'yé*, 
p'a* ts'ou* loua*, quand les vivres 
sont chers, on craint des troubles. 

LYÉ' Couverture (de maison). 
HE* lyé', toit de la maison. 

LYÉ?-CHA Ce qu'un membre 
de la famille gagne et garde pour 
lui-même, au lieu d’en enrichir 
la bourse commune. (Chose très- 
fréquente dans certaines tribus 
Lo-lo, surtout chez les femmes). 
Lyé’-cha yi-mo*, sapèques ainsi 
conservées en dehors de la com- 
munauté. 

LYÉ2-DO' Commencer. (Main- 
sortir); attaquer. Xeu' a‘-seu! af 
4 mo, a*-seu' 1°-myé' lyé”-do!, 
accusons-le avant qu’il nous accuse. 

LYÉZ-HYÉ! Gibecière. 

LYÉEK'O  (Lyé#-K’ouo!) 
moire, coffre. 

LY É2-PEU' Main: poignée. Lyé? 


jo*, main droite. Lyé? va, main 


Ar- 


gauche. Lyé?-reu*, bras. Lyé? reu*- 


[4°] 151 


arrière-bras. Zyé? reut-to?, 


| po’, 
avant-bras. Zyé? reu* ts’eu'-20*, 
poignet. Lyé* k’ou-ls'eu', poing. 
Lyé* k'ou*, paume de la main. 
Lyé? ka, revers de la main. Zyé?- 
| mi, coude. Zyé?-seu*, ongle. Lyé? 
tcheu”-mo*, doigt de la main. Lyé? 
|dcheu*-mo*-20*, petit doigt. ZLyé? 
mo*-tcheu”; Lyé”? tcheu*-mo* bi-ta?- 
mo*, le pouce. Lyé?-pou' bi?, cre- 
vasses. Lyé® pi'-t6, durillon. Zyé? 
pi', dé à coudre; bague. Lyé?-tcho!, 
bracelet, Zyé?-dé*,manche(d’habit). 
| Lyé?-pou' heu, avancer la main. 
Lyé®-keu'-p'o*, artisan. T'i4 lyé?- 
pou', une poignée. Lyé?-do!, atta- 
quer; commencer. (0. LYÉ?-POU!). 

LYÉ?-PI!' Anneau, bague, dé, 

LYÉ?-PYÉ®, Compagnon, ami, 
associé, collègue. Lyé?-pyé* mo’, 
accompagner. Lyé?-pyé* ro?, pair. 
Lyé*-pyé* a* ro?, impair. So* pyé* 
lyé*-pyé"-20* mo°, tenir compagnie 
à quelqu'un. Ni° n° keu'-hi* lyé?- 
pyé” né”, toi aussi tu fais bande 
avec eux. 

LYÉ2-TCHO! Bracelet, anneau. 


LYÉ'-Z0# Arrière petit-fils. 


M. 


MA Güiron. Tyé* gou* ma-k'a’, 
sein, giron. Go° ma k&'a° l'o° beu”, 
j'ai de l'argent dans mon sein. 

MA? Se donner de la peine, 


Ni ma* cha*, tu te donnes bien 





de la peine. 


152 


MA*° Atteindre. (0. KA-MA4°). 
MA* Libre, loisir. A* ma, pas 
libre; pas le temps de. Go m0° 


Exra”] 


a* ma”, je n’ai pas le temps de faire 
(cela). Lyé? a* ma’, je n'ai pas les 
mains libres ; je suis occupé ; je n'ai 
pas le temps. 

MA* Femme. Ma‘ seu* dou, 
règles de la femme (de femme sang 
couler). (v. MA-TCHAŸ-M0*). 

M'#-BA! Fusil, tirer du fusil. 
M'*-ba' leu, tirer un coup de fusil. 
M'*-ba' po'; M'#-ba! té*, attraper 
en tirant du fusil. M’#-ba! té* té”; 
M'#-ba! po'-po', as-tu tué (la bête) 
en tirant? ÂMou-ba'-20*, pétard. 
(0. MOU<-BA!). 

MA-DJA'-MO* Long. Xa“-bi* 
ma-dji'-mo*, robe (habit long). Xa“- 
bit ma-dji'-mo* L’i* to', une robe. 
(0. MA-DJ1!-MO*). 

MA*-DJEU* Queue. Ma’-djeu* 
vi-nyi, remuer la queue. Ma’-pa”, 
anus. Ma-kô-reu*; Ma’-p'it-reu*, 
fesses. 

MA-HLO* Sorgho. 

MA#-JOU' Époux, mari. Ma*- 


1 se marier (homme); 


jou\ mo, 
mariage. Ma*-jou' mo° so, écrit de 
mariage. Ma ki, dissoudre un 
mariage. (V. CHEUl-TCHA-P’0*). 

MA'-K’A* Devant du haut de 
l’habit des femmes. 

MA4-LY É! Épouse. Ma*-lyé! Feu, 
se marier (homme); mariage pro- 
prement dit (Épouse appeler). 


Ma“-lyé' mo°, se marier (femme) 











[Mau] 


| (Épouse faire). Zo* ma*-lyé\, bru 


(Épouse du fils). Mi° ma*-lyé! keu 
keu hou”, es-tu marié? Ma*-lyé’ keu 
Hi, rites du mariage. Ma*-lyé' 
byé*, fiançailles; débattre la ques- 
tion du mariage. 
MA*-TCHA*-MO* Femme (par 
opposition à homme). 
MA#TCH'É2-MO0* Veuve. 


MA-TË* S'accoupler (chiens, 
par ex.). 
MÉ (Ch. Më 2) Encre. Mé 


djeu', broyer de l'encre. 

MÉ (Ch. Mé? Jjk) Artère. 

MÉË* Mür, cuit, prêt. Mürir. 4 
mé”, pas cuit, pas mür. À* mé* sé”, 
pas encore cuit; pas encore mûr. 
Tch'o° mé, rôti à point; cuit à 
point. Z50° mé* a, le riz est prêt, 
cuit à point. ÀAyé mé* to*, cuit à 
point. (v. 1!-MÉ?). 

MÉË? Se nommer; nom (petit 
nom; prénom). Mi° k’a-reu° mé”, 
comment t'appelle-tu? Æeu! mé” 
beu” beu*, a-t-il un nom? Mé*-dou!, 
célèbre. 

MÉË3-DO*Renommée réputation. 
Mé°-dé*tch'eu*, briser laréputation. 
Keu' meu”-dé* no! ngeu° a* tchou, 
il a mauvaise réputation. Wé*.do*- 
ngou', orgueil. (0. MEU*-DÉ“). 

MÊ'-FOU' Bâchelier. 

MË+#-JO'-MO®-YÉ*, Fâné, blet. 
Mé*-pi'-mo°-yé*, fàné. 

MË’-LA! Châtrer. 

MÂ'NÉ? Chat. 

MEU Couver. (v. M5; o. Mou). 


[ME] 


MEU Enseigner. Byé°-meu,aver- 
tir. Go° 2t-ny0 a ma, n° keu\ byé?- 
meu a*-dyé*-nyà geu’-lé* mo’, au- 
jourd’hui, je ne suis pas libre, dis- 
lui de revenir demain. (0. Mou). 

MEU! Soufller. (o. mou!) 

MEU* Poudre, farine, (0. MOu*). 

MEU'-DÉ? Rat. (0. Mou!-Df?). 

MEU'-TÉ Feu. Meu'-té 6 '-204, 
rouge-sorge. (0. MEU'-TEU; MOU!- 
TEU). 

MEU*-TS'T? Soir. Z* meu“-ts’:?, 
ce soir. Meu*-ts à tya”; Nyé*-dét- 
mo°-yé* tya*, il va faire soir. (0. 
MOU<-TS’1?). 

MI Belle-sœur. (v. A'-Mr). 

MI" Distinguer. Mi? mil ts’ou° 
tcha* a* ngeu*,ilapparait clairement 
que ce n’est pas un honnète homme. 
(o. MI°-MI!). 

MI" Terre, sol, champ. Ai! r'it 
Jo?, une bande de terre. Mi!-teu*; 
Mi'-deu* ni'-na, 
terre, boue. il ddeu cha”, la terre 
est glissante. Mi'-di, vallée. Mi! 
dzeu*-mou*, 


Mitté*, pays. 


mandarin indigène, 
Mi'-hleu*, rente. Mil-nyé*; Mi'- 
nyé*-k'a*, toute la terre; sur terre 
(par opposition à ewou* ka’, le 
Ciel»). Mi'-nyé* L'i-po ka, sur 
toute la terre. Mil-pou°-leu*, toute 
petite plaine. il sé*, esprit de la 
terre. Mil sé° pi, sacrifier à cet 
esprit. 50° mil-leu” {s’ou*, étranger 
(homme du pays d'autrui). A! to- 
pou’, borne, limite. Mi! ts’eu; Mi! 
tch'a, bècher la terre. J/:! {’yè, dé- 











[mr'-vit] 153 


fricher la terre. Mi! kou'; Mi! ka’, 
aux champs. Mi! ngot; Mi dit, 
labourer. Mi!-dé* tchou’-10", à terre ; 
par terre. (o. m1'-D£*; M1!-DEu*), 
MI? (Ch. Min-pé HF FT ) Claire- 
ment. (0. Mi--PÉ; M1?-PO; V. Y1?-PO). 
MI-HI Centipède. 
MI'-HLEU* Rente; 
(V. HLEU*). 
MIKI-T'0° Gingembre sauvage. 
MI'-K’0* Climat. Mi'-Lot at 


lou, le climat ne convient pas; 


fermage. 


ne pouvoir s’acclimater. 

ML'-K'YÉ* Herser. Mi1-}yé #40? 
herse. 

MI'-LEU* Mi-lé Lien. CH Xl 
IER Mi-lo-hien). (0. Mo'-LEU*). 

MI*-GA* (Ch. Mén-gén fn 2 ) 
Cause capitale. 

MI'-SEU! Balai. Yi! seu! cha*, 
balayer. 

MI'-TEU* Pays. ZX! 


ts’ou”, les hommes de ce pays-ci. 


m2\-lé 


A%-ma* mi'-leu*, lieu de naissance. 
Mi'-té* gou*-yi’, retourner au pays. 
(o. Mi'-TÉ*), 

MI'-T"0* Couteau, sabre. Mit- 
lo-mo*, grand couteau. Mi!-l'o* 
lou’, lame de couteau. Mi!-l’o* 0!- 
dé*, pointe du couteau. 

MI'-VI* Loin, lointain 


lontaine). Mil-ve* Ze, aller au loin. 


(terre 


Mi'-vit mi'-té?, pays lointain. 
N.B. J'ai dit (v. Notions de 

grammaire n° 39) que cette ex- 

pression w2!-v2* mil-1é me semblait 


être un «sinicisme» étranger au 


154 [M5] 


génie de la langue. Retrouvant 
cette expression dans tous les 
dialectes, je doute fortement à 
présent de ce sinicisme. Il faut 
traduire, je crois: «pays de terre 
lointaine»; et alors nous avons 
une expression parfaitement lo-lo. 
(Oo MINI VIS): 

MO Couver. Yé* Hi! 
yé#-z0* mo-ga keu' keu', cette poule 


L'it-leu* 


est-elle une couveuse? (o. mou; 
MEU; MO-GA). 

MO Haut, élevé. it tch'eu mo, 
haut d’un pied. X°& mo-m0, très- 
haut. 4* mo, pas haut, bas. M5 
neu' a* sa', ignorer si C’est haut 
ou bas. (0. MOU). 

MO' Toucher, atteindre. 7’a* 
mo, n'y touche pas. Mo! a* do’, 
on ne peut toucher. Mo! &é3 dit, 
parvenir à toucher, atteindre. 

MO' Aigrir, rance. Mo! bi*-né!, 


odeur de rance. /1:! l 


bit-né! a! dr? 


di? a°, mo 
, cela peut se con- 
server, sans prendre mauvais goût, 
3 


Ki! ts’0*-yi° à mo! bif-né! a, ce 


\ 


bouillon commence à aigrir. 
MO0* Faire. — Particule spéci- 
ficative ordinaire. — Signe distinc- 
tif de l’adjectif; du participe passé. 
Neu* mo, travailler (travail faire). 
Mo keu*, finir, achever. Mo Keu*- 
ya, à peu près, presque fini. 
T'it-.mos lE3 a* lé”, 1'-zeu* yé*, en 
général, il en est ainsi. Go° byé”? 
ni ngeu° no! mo”, que je te dise. 


Go dou'-lé keu' a* sal mo°, je 





[Mo!-10:] 


suis venu en cachette de lui. Hoÿ- 
dou’ a* di, n’en pouvoir plus; 
être à bout; ne pas réussir. Zs’ou° 
no°-mo° mo°-dou* a* di?, le malade 
est à bout. MN: dou‘-dou* a*-ka’ 
kat-mi mo* cha, que fais-tu là? 
tu fais tout de travers. 

MO* Mère; tante maternelle; 
Mo°-l', 2e sœur de la 


mère. Mo*-lchou, 3e sœur de la 
1 


femelle. 


mère. Mo*-na', dernière sœur de 
la mère. (v. A!-Mo°; 1!-Mo°). 

MO* Tiède, tempéré. Mo“-ché- 
mo*, tiède, (0. MEU). 

MO* Cheval. Mot-po', cheval 
(mâle). Mot-mo*, jument. Mo*-20*, 
poulain. Mo*-ki', herbe pour che- 
val. Mo*-hi' icha*-t'o*, hâche-paille. 
Mo* dzé*; Mo* ni°-dzé*, monter, 
aller à cheval. Mo“ dzé* ro, selle 
(de cheval). Mo ro-ra, bât (de 
cheval). Mo tcheu*, palefrenier 
Mo* ki, 
crotin de cheval. Mo“ t’2*-f1°, une 


(esclave du cheval). 


charge de cheval. Mo-1s'0?, auge. 
Mo* k'ou°, année du cheval. (o. 
A'-LEU-M’*; A!-LOU-M’#). 

MO*-DJA? Jonc. 

MO'-DJO* Bâtonnet en bambou. 
Mo'-djo* t’i-iseu’, une paire de 
bâtonnets. (v. DJ0*Ÿ-Mo*). 

MO'-HI*. Punaise. 

MO'-HI Guimbarde. (0. MEU'-H1). 

MO'-LO* Champignon. Mo!'-lo° 
keu”, 


Hyé-seu  mo'-lo”, 


cueillir des champignons. 
champignon à 


crête de coq. Z50°-bi! mot-lo”, 





[M5'-70*] 


champignon (jaune, de l’époque) 
du riz. Mo'-lo* ni'-chou'-mo*, cham- 
pignon vert (espèces bonnes à 
manger). 
MO'-TO* 
lanière de bambou. 


M5'-E a", 


M5' neu, 


Bambou. 


pousse de bambou. 

MO'-VA', Flûte. (o. mou'-va!). 

MO°-YA!' Moule (forme). 

MOU Enseigner, avertir, rap- 
porter. (V. MEU). 

MOU' KSouffler. Jouer d’un in- 
strument. Mou' po', éteindre (en 
soufllant). (v. MEU!). 

MOU* (w’°) Particule spécifica- 
tive des bouchées, des gorgées. 
Ti m’?, une bouchée, une gorgée, 
une bouflée, Yi° #’i*-m"? mou, pren- 
dre une gorgée d’eau dans la 
bouche. (0. MEU?). 

MOU* Farine, poudre, (V. MEU?). 

MOU* Vieillir; vieux, âgé, an- 
cien. Mou* lyé', les vieux et les 
jeunes. 75'ou* mou“, vieux, vieillard, 
ancien. 7s’ou° mou* hou”, être vieux, 
âgé. Lou'-pè mou-mo*, inscription 
ancienne. 2*-Mm0° mou*-mo*, vieilles 
sapèques. Zs’ou* mou“, ni'-mo° a* 
mou“, l'homme vieillit, mais pas 
son Cœur. (0. MEU*). 

MOU* De (latin «ex »). (0. MOU<- 
TCHO*; MOU*-K'A°). 

MOU* Ciel. Mou* sa*-p’'0o*, Dieu 
(Maître du Ciel). Mou* sé*, ange 
(esprit du ciel). Mout-go?, soleil, 
Mou“-k'a, ciel; limites du ciel ; au 
ciel; dans les airs. (Voyez Mil-nyé* 


[mou!-TEU] 155 


&’a*). Mou*-dé*, tonnerre: tonner. 
Mou“ dé* cha”, il tonne. Mou“-kleu”, 
vent, venter. Mou*-hleu* mou, il 
Mou“-ho°;  Mou*-ho°-lé?, 
pluie, pleuvoir. Mou*-ho° LE? cha’, 
il pleut. Mout-4o° li'-Aù bat cha?, 
pleuvoir et faire du soleil en même 
temps (pluie soleil luttent). Hou*- 
lo", éclair; éclairer. Mou* Uo' cha?, 


vente. 


il fait des éclairs. Mout-ts”2?, soir. 
Mou-nyà; Meu-nyi, le jour; pen- 
dant le jour. Mou“ djyé* L’o*; Mou* 
li! L’o*, hiver. Mou* djyé* cha’, 
froid ; il fait froid. Mou* Leu! l'ot; 
Hi o' t’of, été. Mou* lé mi! lé, 
partout, 

MOU*-HLEU*-RO, Apoplexie ; 
convulsions. (0. MOU*-HLEU*-OU0). 

MOU* I!-Z0* Ombre, forme: 
2° âme (petite âme). (0. MOu* y1!- 
Z0*). 

MOU-L?-M0%-Z0+ Sifet. 

MOU-G0?* Soleil. (0. Mou<-x60/; 
Y. LI!-KI°). 

MOU*-PYÉ Dais. 

MOU-P'YÉ Cuiller en bois. 

MOU“#-SOU* MA'-BÉ? Anis. O!- 
isè ma'-b6%, anis. 

MOU'-TEU Feu. Mou'-teu sè?; 
A'-k'eu* sè?, fumée. Meu'-té lo!, 
flamme. Meu' té lou, silex ; pierre 
à feu. Meu'-té lou' da*, battre le 
briquet. Meu'-tlé da* té a* d?, ne 
pouvoir tirer du feu. Meu'-té heu’, 
briquet. Meu'-lé p'ét-t0*; Meu'-té 
meu\-to°, soufllet. Meu'-té gou-tsé*; 
Meu'-té g0-10', allumer le feu. 

11 


156 [mou*-r’Eu?] 


Meu'-té tsé% t’o*, temps d'allumer 
le feu. Meu'-té k’ou?, se chauffer 
(au feu). Meu'-té tlé?-ho*, incendie, 
Meu'-té da“, 


Meu'-té da“-po', éteindre le feu 


combattre le feu. 


(en frappant dessus). Meu'-tét0'-to?, 
lampe (chose pour allumer du feu). 
Meu'-té 151, 


Meu'-té 151 ’o*, temps d’allumer 


allumer la lampe. 


la lampe. Meu'-lé meu'-po', étein- 
dre la lampe. Meu-té 15! do? a* di, 
ne pouvoir allumer le feu. Meu'-té 
dou', se mettre en colère. (0. MEU'- 
TEU ; MEU!-TÉ). 

MOU*-T'EU? Ciel. (?) Mou-té? 
djé*, aurore. 

N.B. Je n’ai pu jusqu’à présent 
décomposer ce terme qu’on retrouve 


[mvé-pyé? Ts’É*] 


sous cette forme dans tous les dia- 
lectes lo-lo. Il n’est employé que 
dans l’expression Mou“-l'eu* djé”?, 
aurore, équivalent au chinois 7’2en- 
leang 5e Fe. 

MOUS-TS"T? Soir. (0. MEU“-TS’1°). 

MYÉ Mendier. 750 myé-p'of, 
mendiant. 

MYÉ? Soldat. 

MYÉ?-H0? Anéantir. 

MYÉ2-HOUA! (Ch. Mién-houa 
À 4Ë) Ouate. 

MYÉ?2-K’0! Boîte. (0. MYÉ?-Ho). 

MYÉ2PYÉ® S’amenter, se ré- 
volter, combattre. Myé? da*, com- 
battre; bataille. 

MYÉ-PYÉ? TS'È° Bananier. 


(à suivre). 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE 
AU DÉBUT DU SECOND EMPIRE 


(INDO-CHINE, 1852-- 1858) 
PAR 


HENRI CORDIER. 
(Suile.) 1) 


————"Le— 


CHAPITRE XXI. 
Préparatifs d’Intervention en Cochinchine. 


Il est certain que dans l'esprit de l'Empereur, une intervention 
en Cochinchine était décidée et qu’elle aurait eu lieu quelle que 
fût la décision de la Commission spéciale. 

Le 28 novembre 1857, le Ministre des Affaires étrangères 


annonçait à son collègue de la Marine qu'il avait reçu de M. de 


+ Bourboulon, une dépêche annonçant l'exécution de Mgr. Diaz, mais 


déjà on avait pris les dispositions pour intervenir en Cochinchine: 
l’Amiral Ricauir de GENOUILEY commandant les forces navales 
opérant en ce moment même contre la Chine devait prendre la 
direction des affaires en Cochinchine, mais seulement lorsque le 
baron (Gros, notre ambassadeur extraordinaire dans l'Empire du 
Milieu, aurait jugé que l'action militaire était terminée contre le 


souverain de Pe-king. 


Paris, le 25 Novembre 1857. 
Monsieur l’Amiral et cher collégue, 
«L'Empereur ayant décidé que M. le Commandant en chef de la station 
navale de S. M. en Chine serait chargé de pourvoir, au moyen des forces dont 


il dispose, au redressement de nos griefs contre la Cochinchine et à l’établisse- 


1) Voir T’oung pao, 1909, Mars, Mai, Juillet et Décembre. — 1910, Juillet, Octobre 
et Décembre, — 1911, Mars. 


Lettre du Mi- 
nistre des Af- 
faires étran- 
gères au Mi- 
nistre de Ja 
Marine et des 
Colonies. 
Instructions 
premières, 


Minute. 


158 HENRI CORDIER. 


ment des rapports qu’il nous importe de nouer avec ce Royaume, je viens vous 
faire part des dispositions que cet Officier-général devra prendre pour atteindre 
ce double résultat, en ce qui concerne mon Département. 

«M. le Contre-Amiral RIGAULT de GENOUILLY sait de quelle nature sont 
les griefs que nous avons à reprocher au Gouvernement annamite et connait 
les intérèts religieux, politiques et commerciaux qui, en nous en conférant le 
droit, nous imposent également le devoir de mettre fin aux dispositions hostiles 
que nous n'avons cessé de rencontrer à la Cour de Hué. 

«Comme vous le verrez, d’ailleurs, par la note cçi-jointe, le Gouvernement 
cochinchinois, malgré l’appui que la France lui a prèté en vertu d’un traité, 
méconnaissant les engagements que de son côté, il avait contractés envers nous, 
a successivement renouvelé les persécutions qu’il a dirigées contre nos Mission- 
naires dont plusieurs ont été mis à mort et a constamment refusé d’entrer 
avec la France en relations d'amitié et de commerce. 

«L'Empereur à jugé que nous ne saurions tarder plus longtemps, sans 
préjudice pour notre considération, à prendre, vis-à-vis du royaume annamite, 
une position propre à garantir nos intérêts et les droits de la civilisation. 

«Une commission, vous le savez, composée de fonctionnaires appartenant à 
nos deux Départements, a fait, de cette éventualité, l’objet d’un examen parti- 
culier. J'ai l'honneur de joindre ici copie de son rapport dont les développe- 
ments et les conclusions pourront ètre utilement consultés par M. le Contre- 
Amiral Rigault de Genouilly. 

«Ainsi que la Commission l’a fort bien établi, nous nous exposerions à un 


échec certain en recommandant à M. le Commandant en Chef des forces nava- 


les de S. M. I. en Chine de recourir à la voie des négociations pour ouvrir des 
rapports avec la Cour de Hué; les vains efforts que nous avons tentés dans 
ce sens à plusieurs reprises, ont démontré qu'il est indispensable d'inviter M. 
le Contre-Amiral Rigault de Genouilly à donner la préférence à des moyens 
d’une efficacité plus prompte et plus certaine. Pour s'acquitter de la mission 
que l'Empereur a confiée à son expérience et à son habileté, cet officier général 
devra, en arrivant, sur les côtes du royaume annamite, occuper la baie et le 
territoire de Tourane. Maitre de cette position, il aura à examiner en s’éclai- 
rant sur les lieux de tous les renseignements désirables et en prenant en con- 
sidération d’un côté l’importance des résultats à obtenir et de l’autre les sacri- 
fices probables et les chances à courir pour les atteindre, si ses efforts doivent 
tendre à réaliser l'établissement du protectorat de la France sur la Cochinchine 
ou s'ils doivent se borner à la conclusion d’un traité d'amitié, de commerce 
et de navigation, en stipulant des réparations convenables pour les persécutions 
exercées contre nos missionnaires dont la sécurité future devra faire l’objet 
d’une stipulation formelle. L'Empereur entend s’en remettre entièrement sur 
le choix entre ces deux alternatives, à la sagacité de M. Rigault de Genouilly 


qui, sans cesser de se préoccuper du soin d'obtenir l’un ou l’autre de ces 


tee 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 159 


résultats, aura nécessairement à proportionner l'étendue de son entreprise à 
ses moyens d'action. 

«Si une fois en possession de Tourane, M. le Commandant en Chef des 
forces navales de S. M. I. en Chine juge qu’il peut, avec toutes les chances de 
succès, entreprendre de faire consacrer par un pacte régulier et solennel, le 
protectorat de la France, il ne devra pas perdre de vue que le protectorat 
implique nécessairement la direction des rapports que l'Etat protégé peut ouvrir 
ultérieurement avec les puissances étrangères, — le traitement national pour 
les commerçants et les navigateurs de l’Etat protecteur, — la juridiction exclu- 
sive des Agents du Protecteur sur tous ses propres sujets indistinctement et en 
toute matière. Ces effets primordiaux du protectorat entrainent des conséquen- 
ces qui varient selon les circonstances et la forme du gouvernement protégé; 
M. Rigault de Genouilly, auquel l'Empereur désire laisser la plus complète 
latitude, saura les déduire et en préciser le sens de manière à les faire tourner 
à la consolidation de lautorité que la France serait appelée à exercer en 
Cochinchine. 

«Si, renonçant à cette combinaison, M. le Contre-Amiral Rigault de Genouilly 
pensait devoir se borner à négocier et à conclure un traité, il emploiera tous 
les efforts pour que cet acte soit conforme au projet que vous trouverez ci-joint 
en copie et qui semble réunir tous les avantages que nous pourrions attendre 
d'un pareil arrangement. Il pourra toutefois en modifier les dispositions qui lui 
paraïitraient pouvoir être conçues plus avantageusement pour nos intérêts et 
même en atténuer la portée s’il y était contraint par les circonstances sans 
faire toutefois le sacrifice des clauses indispensables au développement de notre 
commerce et à la sécurité de nos missionnaires. 

«Du reste, dans l’une et l’autre hypothèses, qu’il obtienne la reconnais- 
sance du protectorat de la France ou qu’il signe simplement un traité, M. le 
Contre-Amiral Rigault de Genouilly doit conserver la possession de Tourane 
comme gage de l'entière exécution des engagements pris par le Gouvernement 
annamite. Il vous appartient, M. l'Amiral et cher collégue, de lui donner à ce 
sujet ainsi que pour tout ce qui concerne les opérations navales où militaires 
les instructions que vous jugerez convenables. 

«Comme vous le savez, M. l’Amiral et cher collégue, l'Empereur désire 
que M. le Contre-Amiral Rigault de Genouilly puisse se conformer à ses inten- 
tions aussi promptement que possible, mais vous savez également que S. M. 
n'entend nullement modifier ou suspendre le concours que cet officier général 
doit à la mission de M. le Baron Gros. En lui transmettant les ordres de 
l'Empereur, vous jugerez sans doute nécessaire de l’inviter à prendre ses dispo- 
sitions de manière à ce que l'expédition qu'il fera en Cochinchine ne puisse, 
dans aucun cas, entraver les opérations à poursuivre en Chine de concert 
avec les forces navales de S. M. B.» 


160 HENRI CORDIER. 


Mathieu Le 25 novembre 1857, le même jour, le Ministre des Affaires 


Ministre des , 4 SE . 
Affaires étran- étrangères écrivait confidentiellement au Baron Gros. notre ambas- 


gèresau Baron 

Gros, 25 Nov. sadeur en Chine: 

1857. 

«L'Empereur ayant décidé que M. le Commandant en chef de la Division 

navale française en Chine, serait chargé de pourvoir au moyen des forces dont 
il dispose au redressement des griefs contre la Cochinchine et à l'établissement 
des rapports qu’il nous importe de nouer avec ce Royaume, j'ai, en exécution 
des intentions de S. M. adressé à M. le Ministre de la Marine la lettre dont 
vous trouverez çi-joint copie. Elle vous fera connaître le but que M. le Contre- 
Amiral RiGAULT de GENOUILLY a mission de s’efforcer d’atteindre. J’ai jugé utile 
de vous en donner confidentiellement connaissance. Comme vous le remarquerez, 
d’ailleurs, le concours que M. l’Amiral Rigault doit vous prêter pendant le 
cours de vos négaciations n’en reste pas moins entier et l’expédition qu’il est 
appelé à faire en Cochinchine ne pourra, en aucun cas, entraver les opérations 
qu'il y aurait lieu de poursuivre en Chine de concert avec les forces navales 


britanniques». 


D'autre part, la dernière victime des Annamites étant espagnole, 
la courtoisie nous dictait de faire au gouvernement de Madrid des 


offres de coopération dans la répression: la plainte du consul d'Espagne 


“ 


à notre Ministre en Chine, la mission confiée au Comte Kleczkowski 
à la suite de la demande de ce fonctionnaire, nous faisaient même un 
devoir de prévenir la Cour espagnole de nos intentions; nous n’y 
manquâmes pas, et dès le 1% décembre, le Ministre des Affaires 
étrangères adressait la dépêche suivante à notre ambassadeur 
à Madrid: 


Lettre du Paris, le 1er décembre 1857. 


Ministre des Monsieur le Marquis, 
Affaires étran- 


gères au Mar- «La triste nouvelle de la mort de Mgr. Draz, vicaire apostolique du Tong- 
quis de Tur- . RER s 
gotl),Ambas- king central, doit être actuellement parvenue au Gouvernement Espagnol. Dès 


Hi à Ma- que M. le Consul Général d’Espagne à Macao avait été informé de l’arrestation 


1) Louis, Marquis de TurGoT, ancien pair de France; ministre des Affaires étrangères 
du 26 oct. 1851, au 28 juillet; il avait remplacé le général Aupick comme ambassadeur 
en Espagne le 12 mars 1853; il eut lui-même comme successeur dans ce poste le 24 août 
1858 M. Adolphe Barrot. M. de T. est { le 1° oct. 1866. 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 161 


et de l’emprisonnement de ce missionnaire suivis bientôt de sa condamnation 
au dernier supplice, il s'était adressé au Ministre de S. M. en Chine pour qu'il 
voulut bien, attendu l'absence, en ce moment, de tout bâtiment de guerre 
espagnol, envoyer un navire de la Marine Impériale sur les côtes du Tong-king 
pour y réclamer la délivrance de Mgr. Diaz. M. de Bourboulon, certain de se 
conformer aux sentiments du Gouvernement Impérial, en accédant à cette 
demande, s’empressa de s'entendre avec le Commandant en Chef de nos forces 
navales en Chine pour qu'un des bâtiments de sa division fut expédié dans le 
golfe du Tong-king vers les parages les plus rapprochés de l'endroit où l’Evêque 
espagnol avait été emprisonné afin de le ramener s’il était possible, à Macao. 
Le Catinat ayant été désigné dans ce but, M. de Bourboulon confia au Comte 
Kleczkowski, secrétaire de sa Légation, la mission d’aller, avec cette corvette, 
réclamer la mise en liberté de Mgr. Diaz. Avec quelque promptitude qu’aient 
été prises toutes ces mesures, M. Kleczkowski n’a pu cependant arriver assez 
à temps pour sauver le respectable prélat qui, le 20 juillet, c’est à dire depuis 
trois semaines déjà, avait été exécuté à Nam-Ting, chef-lieu de la province où 
il résidait. Le Catinat a dû, en conséquence, après avoir acquis la certitude de 
ce douloureux évènement, revenir à Macao, mais non sans que M. Kleczkowski 
eût rédigé une protestation que le vicaire apostolique du Tong-king occidental 
s’est chargé de faire parvenir entre les mains du Gouverneur de cette province. 
Le Gouvernement de l'Empereur, qui a donné son approbation à la détermina- 
tion que M. de Bourboulon n’avait pas hésité à prendre, a résolu d'envoyer au 
Commandant en Chef de ses forces navales en Chine l'ordre de se rendre sur 
les côtes de l'Empire Annamite afin d'obtenir une prompte satisfaction et 
d'amener la cour d’Hué à un arrangement propre à prévenir le retour de ca- 
tastrophes semblables à celle que nous déplorons. Vous voudrez bien, M. le Mis, 
demander au Gouvernement de S. M. Catholique s’il est disposé à réunir, dans 
cette tirconstance, ses efforts à ceux du Gouvernement de l'Empereur. M. 
jAmiral Rigault de Genouilly aura, d’ailleurs, à se conformer sans retard à 
ses instructions. Il est autorisé, toutefois, à tenir compte pour leur exécution 
du moment qu’il jugera le plus opportun. 

«ll serait possible que cet officier général eut besoin de mille ou de deux 
mille hommes de troupes de terre pour obtenir de cette expédition les résultats 
qu’elle a pour objet d’atteindre et il nous importerait de savoir, dans le cas 
où le Cabinet de Madrid voudrait faire coopérer ses forces avec les nôtres, 
s’il est en mesure de distraire du contingent qu'il entretient aux iles Philippines 
l'effectif de troupes de débarquement dont M. lAmiral Rigault de Genouilly 
pourait avoir éventuellement besoin d’après nos prévisions. S'il en était ains 
le Gouvernement de la Reine pourrait dès lors transmettre à M. le Gouverneur 
des Philippines les ordres convenables pour qu'il tint ses soldats prêts à être 
embarqués afin que leur coopération se trouvât assurée à notre station de 


Chine, selon les vues des deux Gouvernements. Celui de l'Empereur s’empres- 


162 HENRI CORDIER. 


serait d’adresser de son côté des instructions, pour cette éventualité, à M. le 
Contre-Amiral Rigault de Genouilly qui aurait à pourvoir à tous les moyens 
de transport exigés par les circonstances. 

«Je vous prie, M. le Marquis, d'entretenir sans retard et confidentiellement 
de cette affaire M. Martinez de la Rosa et de me faire connaître le résultat de 
votre démarche». 


Le cabinet espagnol acceptait avec empressement notre offre et 
notre ambassadeur pouvait en prévenir immédiatement notre 
Ministre des Affaires étrangères qui communiquait le 3 décembre 


la nouvelle au Ministre de la Marine: 


«M. le Marquis TurGoT m’apprend, par la lettre dont j'ai l'honneur de 
joindre ici la copie que le Cabinet de Madrid a accueilli cette communication 
avec empressement, mais qu'avant de prendre une détermination définitive il 
désirerait être fixé sur l’époque et le lieu où M. le Contre-Amiral Rigault de 
Genouilly aurait à opérer, ainsi que sur l'importance des forces que nous comp- 
tions employer dans cette circonstance. 

«Comme vous le verrez par une réponse également çi-annexée en copie’ 
jai dû me borner à rappeler à l'Ambassadeur de $. M. Impériale que M. le 
Commandant en chef des forces navales de l'Empereur dans l'Indo-Chine pou- 
vant être retenu par les exigences de la mission confiée à M. le Bon Gros, nous 
avions dû laisser, sur tous ces points, la plus entière latitude à cet officier 
général et qu’il nous était impossible, dès lors, de satisfaire au desir exprimé 
par le Cabinet de Madrid. 

«Je présume, d’ailleurs, que le Gouvernement de la Reine, en définitive, se 
décidera volontiers à se joindre à nous dans cette circonstance; mais vous 
penserez peut-être avec moi qu’il ne saurait être superflu d'informer, sans plus 
de retard M. le Contre-Amiral Rigault de Genouilly de la démarche que M. le 
Mis Turgot a été chargé de faire auprès du Cabinet de Madrid, et c’est à cet 
effet que je m'empresse de vous faire part des premières informations qui me 
parviennent à ce sujet. 

«M. le Commandant en Chef des forces navales de S. M. I. dans l’Indo- 
Chine aura, au surplus, à apprécier l'opportunité du concours que le Gouver- 
neur des Iles Philippines sera en mesure de lui prêter. Mais dans toutes les 
hypothèses il devra, bien entendu, exiger du Gouvernement annamite des répa- 
rations non moins satisfaisantes pour les réclamations du Gouvernement Espagnol 
que pour celles du Gouvernement de l'Empereur, ainsi que M. le Marquis Turgot 
a été chargé de l’annoncer au Cabinet de Madrid, comme vous le verrez par 
les annexes çi-jointes». 





LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 163 


Les pièces suivantes donnent la confirmation officielle de l’accep- 


tation de l'Espagne de coopérer à l’action de la France en Annam. 


Madrid, le 4 janvier 1858. Dépêche de M. 

Monsieur le Comte, ee 

«J'ai l’honneur de transmettre ci-joint à V. E. pour faire suite à ma de S. M. en 
Espagne. 


dépèche télégraphique d'hier la traduction et la copie de la dépêche que m'a 
adressée M. Martinez de la Rosa pour me faire connaître la décision prise par 
le Gouvernement de S. M. Catholique de coopérer avec le Gouvernement de 
l'Empereur à l'expédition qui pourrait avoir lieu contre la Cochinchine». 
Veuillez agreér, etc. 
Sig. TURGOT. 


Palais, le 1er Janvier 1858. NL Mate 


de la Rosa, 
Min. des Af. 
ét. de S. M. 
le 24 du mois dernier, en me transmettant celle du Cte Walewski relative aux Catholique à 
M. le M de 
Turgot Am- 
«Dans cette dépêche, le Ministre indique les raisons qui empêchent le Gou- bassadeur de 


: Fr à M 
vernement de l'Empereur de donner au Gouvernement de $. M. Catholique les di 0 


Monsieur l'Ambassadeur, 


«J'ai reçu la note confidentielle que V. E. m'a fait l'honneur de m'adresser, 


Affaires de Cochinchine. 


renseignements précis sur l'expédition dans le cas où elle aurait lieu. Le Gou- ds 
vernement de S. M. s’en remet à la promesse, qui lui est faite dans cette même com- | 
munication, d’être mis au courant des informations, à mesure qu'elles seront reçues. 

«Cela est absolument indispensable afin que l'accord indispensable existe 
des deux côtés et qu’on obtienne tous les résultats désirables de cette commu- 
nauté d'efforts. Déjà le Gouvernement de S. M. a donné au Capitaine général 
des Philippines les ordres et les instructions nécessaires pour qu’il se mette 
en rapport avec l’Amiral Rigault de Genouilly si l’état de ces îles ne s’y oppose 
pas ou si quelque évènement imprévu ne se présente pas (évènement impossible 
à calculer à de si longues distances) pour qu'il convienne avec l’Amiral de 
mettre à sa disposition, le cas échéant, 1400 hommes d'infanterie et une bat- 
terie ainsi qu’un ou deux bâtiments de guerre à vapeur parmi ceux qui se 
trouvent en station dans ces parages. 

«A cet eflet, les ordres nécessaires ont été transmis au Capitaine général 
par les Ministres de la Guerre et de la Marine et, en ce qui me concerne, je 
lui ai envoyé des instructions pour le cas où se réaliserait l'expédition projetée, 

«S. M. a donné l’ordre de porter cette décision à la connaissance de son 
Auguste Allié l'Empereur des Français comme un témoignage nouveau des 
relations d'amitié qui existent entre les deux pays et du desir qui l’anime de 
concourir à un but si important sous tous les points de vue. 

«Agréez ,.,.» 

(sig.) MARTINEZ de la Rosa, !) 


Le Ministre 
des Affaires 


étrangères au 
Baron Gros, 
4 déc. 1857. 


Le Ministre 
des Affaires 
étrangères au 
Baron Gros, 
25 déc. 1857. 


164 HENRI CORDIER. 


Le 2 décembre 1857, le Ministre de la Marine avisait son 
Collègue des Affaires étrangères que le capitaine de première classe 
du génie Victor Eugène Maximilien LaBBe, appelé à commander le 
détachement de sapeurs qui allait être mis à la disposition de 
l’Amiral Rigault de Genouilly devait partir de Paris le 7 et de 
Marseille; faute de place, Labbe ne put s’embarquer par le paquebot 
du 12; il ne partit que le 28, muni d’une lettre de recommandation 


près de nos agents en Chine, mais sans la dépêche suivante: 


Le 4 décembre 1857, le Ministre des Affaires étrangères écrivait 


au Baron Gros: 


«Je confie ce pli à un officier du génie qui va rejoindre M. le Contre- 
Amiral Rigault de Genouilly et qui lui remettra les pleins pouvoirs dont il y 
a lieu de le munir pour l’accomplissement de sa mission en Cochinchine dont 
je vous ai entretenu par une dépèche confidentielle du 25 nov. M. l’Amiral 
Rigault reçoit en outre des instructions qui lui prescrivent d’envoyer à Bang- 
kok, lorsque les nécessités du service le lui permettront un navire de sa divi- 
sion à l'effet de prendre conformément aux intentions de l'Empereur une ambas- 
sade que la Cour de Siam désire envoyer à S. M. Ce navire devra la trans- 
porter jusqu’à Suez et un autre bâtiment sera envoyé à Alexandrie pour la 
conduire de ce point à Marseille. J’en informe M. HEURTIER, gérant du Consulat 
de France à Bangkok qui aura à se mettre en rapport avec M. le Commandant 
en Chef de notre division navale en Chine pour que les envoyés siamois soient 
en mesure de s’embarquer à l’époque où le navire de guerre expédié par M. 
l’'Amiral viendra les chercher. 

«P. S. Le départ de l'officier du génie auquel cette dépêche devait être 


confiée se trouvant retardé, je vous l’adresse par la voie ordinaire». 


Enfin le 25 décembre 1857, le Ministre des Affaires étrangères faisait 


connaître au Baron Gros les démarches faites auprès de l'Espagne: 


«Je vous aijinstruit confidentiellement de la mission que M. le contre-amiral 
Rigault de Genouilly aura à remplir en Cochinchine, en la subordonnant toute- 
fois au concours qu’il est appelé à vous prêter pendant la durée de vos négo- 
ciations. Le Gouvernement de l'Empereur a pensé qu’il y avait lieu de faire 
connaître au Cabinet de Madrid sa résolution d’obtenir le redressement des 


1) Francisco MARTINEZ de la Rosa, né à Grenade le 10 mars 1789; + à Madrid le 
7 février 1862. 





LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 165 


x 


griefs que la France est fondée à reprocher au gouvernement annamite afin 
que le gouvernement espagnol qui a, de son côté, à réclamer une réparation 
éclatante du meurtre de Mgr. Diaz, püt nous prèter sa coopération, s’il le 
désirait et en tant que les circonstances nous détermineraient à y recourir. Je 
vous communique en conséquence, çi-joint, pour faire suite à nos informations 
précédentes, et également à titre confidentiel, copie de la Jettre que j’ai adressée 
à ce sujet à M. le Ministre de la Marine». !) 


CHAPITRE XXII. 


Le Baron Gros et l’Amiral Rigault de Genouilly. 


Nous avons vu que le 25 novembre 1857, le Ministre des 
Affaires étrangères avait donné avis au Baron Gros de la mission 
que devait accomplir l'amiral Ricaurr de GENouILLY quand auraient 
pris fin les hostilités contre la Chine; on s'était fait des illusions 
à Paris sur la durée de la lutte avec l'Empire du Milieu. Mais 
avant que notre Ambassadeur n'ait reçu les instructions de son 
ministre, le bruit de l'expédition de Cochinchine s'était répandu en 
Chine, l’Amiral ayant recu des dépêches du Département de la 
Marine, en sorte que par suite d’un manque unique de direction 
des affaires à Paris et aussi de la rivalité qui a toujours existé 
entre la Marine et les Affaires étrangères, notre Agent ainsi qu’il 
l'explique par la dépêche suivante, faute d'instructions, se trouvait 
dans une position fausse non seulement vis-à-vis de son subordonné 
Rigault de (Genouilly, mais aussi de son collègue anglais, Lord 
ELcix. 

Le 27 Janvier 1858, à bord du Primauguet, le Baron Gros 


écrivait au Ministre des Affaires étrangères: 


1) Henri Corvise, L'Expédition de Chine de 1857—1858, p. 226. 


Lettre du 
Baron Gros 
au Ministre 
des Affaires 
étrangères 27 
janvier 1858. 


166 HENRI CORDIER. 


«Je suis allé voir M. l’Amiral RIGAULT de GENOUILLY au Quartier général, 
et, dans cette visite, il m'a appris confidentiellement que le dernier courrier 
lui avait apporté l’ordre de l'Empereur d’aller le plus tôt possible prendre pos- 
session de Tourane et d’y faire flotter notre drapeau. 

«A mon retour à bord du Primauguet, j'ai été prévenu par les personnes 
attachées à ma mission, que le bruit était généralement répandu dans le camp 
et à bord de tous les bâtiments, que l’Amiral allait se rendre bientôt en 
Cochinchine avec la Némésis, le Phlégéton et le Primauguet, et que la Durance 
avait l’ordre de se rendre tout de suite à Manille pour y recruter des Tagals, 
détails d'exécution qui ne peuvent être connus que de l'Etat-Major de la divi- 
sion. J'ai vu dans la confidence de l’Amiral et dans les rumeurs qui l’avaient 
précédée, une complication d'autant plus fàcheuse pour les affaires de Chine, 
que Lord ELGIN m'avait déjà parlé d’une dépêche que Lord CLARENDON lui 
avait écrite exprès au sujet de quelques paroles que V. E. aurait dites sur la 
Cochinchine à l'Ambassadeur d'Angleterre à Paris, et il ne m'avait pas été 
difficile de voir que mon collègue d'Angleterre n’avait pas vu avec plaisir que 
nous fassions à Son Gouvernement des ouvertures dont il semble comprendre 
la portée. Je me suis rendu de nouveau au Quartier général et j'ai exprimé à 
l'Amiral les regrets que j’éprouvais de la publicité donnée à une entreprise qui 
pourrait compromettre, en ce moment, les rapports si confiants et si intimes 
établis entre Lord ELGIN et moi. L’Amiral a partagé mes regrets tout en 
m’exprimant, cependant, la singulière idée que les indiscrétions, dont il se 
plaignait autant que moi, ne pouvaient provenir que des personnes attachées 
à ma mission. 

«Le 921 janvier, mes dépêches m'ont été remises portant le timbre de 
Macao, et, le même jour, j'ai écrit officiellement à l’Amiral une lettre dont 
V. E. trouvera ci-joint une copie, lettre que j'ai rédigée de manière à provo- 
quer une communication officielle de sa part au sujet de cette affaire de Tou- 
rane; je joins ici une copie de la réponse que j'ai reçue et une copie aussi de 
la réplique que cette réponse a motivée de ma part. Mais, dans l’intervalle du 
29, date de la lettre de l’Amirail, au 26, jour où ma dernière réponse lui a 
été remise, des communications officieuses et satisfaisantes ont eu lieu entre 
nous et j'ai dû lui écrire ma lettre du 26 pour mettre, d’une part, ma respon- 
sabilité à couvert, et de l’autre pour assurer autant qu’il peut dépendre de 
moi le succès de la mission que l'Empereur a daigné me confier. 

Cet incident n'aura, je l'espère, aucune suite, bien que le départ de la 
Durance pour Manille, qui, je crois, a déjà eu lieu, puisse faire faire quelques 
conjectures à bord du Furious sur lequel Lord Elgin a son pavillon. 

«Si le Haut Commissaire de S. M. Britannique me parlait des rumeurs 
qui ont circulé dans le camp, et qui peuvent être arrivées jusqu’à Jui, je lui 
répondrais que je sais bien qu’après la solution des affaires de Chine, une partie 


de nos forces pourront peut-être se diriger sur Tourane où nous avons des 





LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 167 


griefs sérieux à faire redresser, mais qu’en ce moment je ne crois pas qu’il soit 
question d'éloigner de ces parages la moindre partie de nos forces, alors surtout 
que l'alliance si heureusement consolidée par des succès obtenus en commun a 
réuni nos deux drapeaux.» 


La correspondance suivante s’engageait par suite entre le diplo- 
mate et le marin; le Baron Gros avait enfin reçu avis des inten- 


tions du Gouvernement impérial: 


Primauguet, le 21 janvier 1858. 
Monsieur l’Amiral, 


«Ce n’est que ce matin à dix heures que j'ai reçu les lettres et les dépé- 
ches apportées pour moi par le dernier paquebot d'Europe arrivé à Hongkong. 
Parmi ces dépèches, il s’en trouve une de M. le Ministre des Affaires étrangè- 
res qui me fait connaître la décision prise par le Gouvernement de l'Empereur 
au sujet de nos affaires en Cochinchine, et je m’empresse de vous en envoyer 
une copie, à laquelle, je joins aussi une autre copie de la lettre écrite à ce 
sujet par M. le Comte Walewski à S. E. M. le Ministre de la Marine. 

«J'ai déjà eu l’honneur de vous faire connaître la marche que nous nous 
proposions de suivre, Lord Elgin et moi, pour donner suite à la mission qui 
nous est confiée, et, dès que nous nous serons définitivement entendus sur 
l’époque où nous aurons à nous rendre à Chang-haï ou à remonter dans le 
Pe Tche-li, s'il y a lieu, j'aurai l’honneur de vous le faire savoir, sans perdre 
un instant, afin que vous puissiez prendre les dispositions qui vous paraîtraient 
nécessaires pour remplir les intentions du Gouvernement de l'Empereur», 

«Recevez, etc.». 


Baron Gros. 


Quartier-Général. 
Canton, le 22 janvier 1858. 
Monsieur le Baron, 


«J'ai reçu, avec votre lettre du 21 janvier, les pièces qui y étaient jointes 
au sujet de nos affaires en Cochinchine, et j'ai l'honneur de vous renvoyer ces 
documents en vous remerciant de cette communication. Pour que les intentions 
du Gouvernement de l'Empereur puissent être exécutées, il importe que je sois 
fixé le plus tôt possible sur la suite que vous devez donner en commun avec 
votre honorable collégue Lord Elgin, aux affaires de Chine. 

«En effet, si les mouvements au Nord sont ajournés pour longtemps, ou 
si, étant d’un caractère tout pacifique, ils n’exigent pas un grand déploiement 
de forces, je pourrai, sous un mois, entreprendre et achever la première partie 


Baron Gros à 
l'Amiral Ri- 
gault de Ge- 
nouilly 21 jan- 
vier 1858. 


Lettre de l’a- 
miral Rigault 
de Genouilly 
au Bon Gros 
22 Janvier 
1858 


Le Baron Gros 


163 HENRI CORDIER. 


de la tâche particulière qui m'est confiée. Chang-haï est toujours accessible aux 
navires, et le golfe de Pe Tche-li le sera à la fin de Février. J'ai donc l’hon- 
neur de vous prier de vouloir bien amener M. l'Ambassadeur d'Angleterre à 
une décision prochaine sur la marche à suivre: il serait important, en effet, 
que par le prochain courrier je puisse faire savoir à S. E. M. le Ministre de 
la Marine, quelles mesures je vais prendre, en raison des instructions nouvelles 
qui m'ont été adressées et à l’accomplissement rapide desquelles l'Empereur 
parait attacher une extrème importance. 
«Veuillez agréer, et.». 
RiGAULT de GENOUILLY. 


À bord du Primauguet, le 26 janvier 1858. 


au Contre- Monsieur l’Amiral, 
Amiral Rigault 
Gantr «J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 22 de 
anvier 2 : , . 
dis ce mois en réponse à celle dans laquelle je vous ai envoyé une copie de la 


dépèche confidentielle que S. E. M. le Ministre des Affaires étrangères a bien 
voulu m'adresser le 25 novembre dernier au sujet de la mission que la con- 
fiance de l'Empereur vous appelle à remplir en Cochinchine, mission, dit M. le 
Comte Walewski, que «L'Empereur désire que le Contre-Amiral Rigault de 
Genouilly puisse remplir le plus tôt possible», mais avec cette restriction, cepen- 
dant, que «Sa Majesté n’entend nullement modifier ou suspendre le concours 
que cet Officier Général doit à la mission de M. le Baron Gros, et que les dispo- 
sitions à prendre par l’Amiral ne pourront en aucun cas, entraver les opéra- 
tions à poursuivre en Chine, de concert avec les forces navales de Sa Majesté 
Britannique». 

«Permettez moi, Monsieur l’Amiral, de vous soumettre quelques observa- 
tions qui se présentent à mon esprit au sujet de la complication qui surgit 
en ce moment et qui, je l'espère, pourra ne pas avoir de suites. 

«La dépêche dont j'ai eu l’honneur de vous envoyer une copie a été écrite 
le 25 novembre dernier, alors que l’on était fermement convaincu, à Paris 
comme à Londres, que les affaires de Chine forcément ajournées par les graves 
évènements de l'Inde, ne pourraient être reprises que dans un avenir éloigné 
et je conçois que pendant l'inaction forcée dans laquelle on supposait l’escadre 
placée sous vos ordres, le Gouvernement de l'Empereur ait jugé convenable de 
l'utiliser en Cochinchine. Mais, si je ne me trompe, vous verrez par les dépèches 
qui nous arriveront avant le 15 février et qui répondront à celles que nous 
avons écrites au Gouvernement de l'Empereur pour lui annoncer que les forces 
des deux nations allaient se réunir pour agir de concert et que les deux causes 
anglaise et française en Chine, étaient devenues solidaires, vous verrez, dis-je, 
que selon toute [probabilité l'expédition de Tourane devra être remise au moment 
où la conclusion des arrangements à faire, de gré ou de force avec la Cour de 


Pe-king, nous aura rendu notre liberté d’action. 





LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 169 


«Ajourner pendant quelques mois encore l'expédition de Tourane dont je 
comprends, du reste, toute l’importance, n'offre, à mon avis, du moins, aucun 
danger: il n'y a nul péril en la demeure, tandis que distraire une partie de 
nos forces de l’action commune en Chine pour les porter ailleurs, pourrait avoir 
quelques inconvénients dont je vous ai confidentiellement fait connaitre la portée. 

«Je vous prie donc, M. l’Amiral, et autant que vos instructions vous per- 
mettront de vous rendre au désir que je vous exprime officiellement, de vouloir 
bien ajourner l'expédition contre la Cochinchine jusqu’au moment où les questions 
dans lesquelles nos forces sont engagées avec celles de S. M. Britannique auront 
. reçu une solution définitive, à moins, et il est inutile de le dire, que de nou- 
veaux ordres venus de Paris alors que l’on y connaissait l’action commune des 
forces anglo-françaises devant Canton, ne pressent l'expédition contre Tourane. 

«Le courrier qui est parti de Paris le 10 décembre dernier et qui arrivera 
dans peu de jours, nous apportera, je l'espère, des réponses aux lettres écrites 
de Castle Peak le 14 octobre 1857; le courrier du 26 décembre apportera 
des réponses à nos dépêches du 26 oct. 1857; il arrivera ici avant le 15 
février et nous saurons ce que le Gouvernement de l'Empereur, instruit alors 
de la solidarité établie entre les deux causes, anglaise et française, en Chine, 
jugera à propos de déterminer sur les affaires de Hué et de Tourane. 

«Nous n'avons donc que peu de jours à attendre, et avant l’arrivée du 
paquebot, c’est-à-dire vers le 15 février, nous serons fixés, Lord Elgin et moi, 
sur l'attitude que nous avons à prendre et sur l’appui que nous aurons alors 
à réclamer des forces navales alliées, 

«Je vous confierai, M. l’Amiral, que Lord Elgin voudrait conserver l’attitude 
de belligérants que les évènements de Canton peuvent motiver, si nous le vou- 
lons. Je ne partage pas tout-à-fait son opinion et je fais ce que je peux pour 
séparer encore l'affaire du Commissaire Impérial Yé de celle de son Gouverne- 
ment; il est probable qu'un terme moyen sera pris, et j'aurai l'honneur de 
vous le faire connaître dès que cette question qui a amené un échange de notes 
entre les deux plénipotentiaires aura été résolue dans un sens où dans un autre, 

«J'ai eu l'honneur de vous dire, M. l’Amiral, que nous allions écrire direc- 
tement à Pe-king, et, pour hâter autant que possible l'envoi des notes des deux 
plénipotentiaires, démarche qui devrait être faite depuis longtemps, selon moi, 
j'ai pris le parti de rédiger un projet que j'ai pu terminer hier et qui se trouve 
entre les mains de mon honorable collégue d'Angleterre. 

«Agréez, etc.». 

Baron Gros. 


La lettre suivante du Ministre des Affaires étrangères, du 24 re 


Tr - : NE tres Ce 
mars 1858 au Ministre de la Marine devait mettre fin à toute a aie Ma. 


tn dela part do l'Antral: 1858, 


170 HENRI CORDIER. 


«J'ai reçu la réponse de M. le Baron Gros à la dépèche par laquelle je 
lui donnais connaissance de la mission que M. le C. A. Rigault de Genouilly 
aura à remplir en Chine. 

«Il est d’une extrême importance, en effet, que M. le Commandant en 
Chef de la Division navale de S. M. en Chine ne détourne aucune partie de 
ses forces pour les diriger sur la Cochinchine afin d’y poursuivre le but assigné 
à ses efforts, tant que les questions que M. le baron Gros est chargé de traiter 
de concert avec Lord Elgin continueront à rendre indispensable Ja présence de M. 
l’'Amiral Rigault de Genouilly auprès de l'Ambassadeur extraordinaire de 


l'Empereur». 


Et le Ministre des Affaires étrangères ajoute de sa main: 


«J'ai pris les ordres de l'Empereur à ce sujet. S. M. tient spécialement à ce 
que l'expédition de Cochinchine ne puisse dans aucun cas entraver les opéra- 
tions à poursuivre en Chine de concert avec les forces navales de S. M. B.». 


CHAPITRE XXIIL. 


Le Siam. 


Nous racontons plus loin comment l’Amiral RiGauLr de GENOUILLY 
put enfin entreprendre son expédition; au moment même où il 
commençait les hostilités, un incident, heureusement terminé aussitôt, 


faillit brouiller nos bonnes relations avec le Siam. 


Notre agent à Bangkok racontait ainsi les faits à notre Ministre 


en Chine: 


Bangkok, le 19 octobre 1858. 


Le Gérant du 
Consulat de 


M. le Ministre. 
France à Bang- ; ; ; . 
Je ? L 
kok à M. le «J'ai l'honneur de vous informer, que des faits graves et qui auraient pu 
Du Plénip. avoir pour résultat de porter atteinte dans une certaine limite aux bonnes 
e l'rance en 
Chine. 19 oct. relations qui existent entre le Gouvernement de S. M. l'Empereur et la Cour 
188 de Siam, se sont accomplis à Bangkok, dans les premiers jours de ce mois. 

«Pensant qu'il est du devoir d’un agent de mettre ses supérieurs à même 
de pouvoir apprécier, d’une manière exacte, sa conduite par un exposé, fidèle 
et sans restrictions, des motifs qui l’ont déterminée, je vous prie, M. le Ministre, 


de me permettre de vous soumettre cette affaire dans tous ses détails. 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 171 


«Le 2 octobre, les Chrétiens de la Paroisse du Rosaire à Bangkok, se pré- 
paraient à célèbrer la fête patronale de leur Eglise qui devait avoir lieu le 
lendemain; à cet effet un feu d'artifice avait été commandé par M. Duponp, !) 
Missionnaire apostolique et curé de la Paroisse, et un artificier fut chargé d’infor- 
mer l'autorité de ces dispositions, ainsi que cela se pratique en pareille circon- 
stance; mais cet artiste ne s’acquitta qu’à moitié de la commission dont il 
avait été chargé et oublia de mentionner dans sa déclaration que des boîtes 
pyrotechniques devraient être tirées en même temps. 

«La soirée s'était terminée sans qu'aucun incident vint troubler cette 
fête de famille, lorsque vers minuit, les gens du Roi se présentèrent au pres- 
bytère, afin d'arrêter le nommé Nar KLom, Chrétien siamois, accusé d’avoir, 
pendant la soirée, tiré le canon sans y avoir été autorisé; n'ayant pas pu pro- 
céder à cette arrestation, la police se présenta de nouveau le lendemain et se 
saisit pendant la messe solennelle célébrée par l'Évèque, du Chrétien Nai Klom 
et de son père, mandarin siamois, chef de la circonscription. Bientôt après le 
père de Klom fut relâché, mais le fils fut retenu en prison et condamné, par 
le Roi, à payer une somme de deux livres d'argent siamoises (environ 500 francs). 

«Le 4% du même mois sans qu’il ait été possible de connaître les motifs 
qui ont pu porter S. M. à revenir sur sa sentence, Nai-Klom et l’artificier 
furent condamnés à recevoir devant l'Église du Rosaire, chacun 50 coups de 
rotin et à subir, pendant six jours, la promenade infamante au milieu de la 
population. 

«Le 5 octobre, la sentence royale reçut un commencement d'exécution ; 
Nai-Klom fut battu de verges à quelques pas de son église. 

«Le chätiment cruel infligé à ce malheureux et innocent Chrétien était 
tellement peu en rapport avec la nature du délit, en admettant qu'il eut existé, 
que toute la Chrétienté indigène, les étrangers et mème les grands mandarins, 
en témoignèrent hautement leur indignation, et Mgr. PaLLEGoIx, Évèque de 
Mallos, Vicaire apostolique de Siam, dont la patience et la mansuétude sont 
bien connues dans ces lointains pays, m’adressa, le 7 octobre, tant en son nom, 
qu’au nom des missionnaires présents à Bangkok, une protestation à l'effet 
d'obtenir réparation de l’injure faite à la religion catholique par les ordres du 
Roi de Siam. 

«J'ai pensé, M. le Ministre, qu’en présence de ces faits, il était de mon 
devoir de donner immédiatement suite à la protestation de Mgr. Pallegoix, afin 
d'éviter de plus grandes avanies, et je fis, le jour même, demander une audience 
au Chao Phaya Phra Khlang, Ministre des Affaires étrangères. S, E. me fit 
savoir qu'elle me recevrait le lendemain à quatre heures du soir. 





1) Ferdinand Aimé Augustin Joseph Duponn, du diocèse d'Arras; Missions étrangères 
de Paris; parti le 28 avril 1839; missionnaire au Siam; évêque d’Azoth; vicaire aposto- 
lique du Siam après Mgr. Pallegoix (1864); + à Bangkok, le 11 déc. 1872, à 63 ans. 


12 


172 HENRI CORDIER. 


«A l'heure indiquée, je me rendis, assisté de deux interprètes, au palais 
du Ministre, lequel, contre l'habitude, m'attendait; je le trouvai fort bien 
disposé et le priai d'abord, de me faire savoir s’il avait été chargé par le Roi 
d'entendre mes réclamations; S. E. me répondit que l'affaire étant grave, Elle 
avait reçu les instructions de Sa Majesté. 

«Je n’entretiendrai pas V. E. de toutes les particularités de cette audience 
qui se prolongea jusqu’à la nuit, mais ce que je dois lui faire connaître, c’est 
la facilité avec laquelle, j'ai pu amener le Phra Khlang à reconnaître: que le 
4er Roi avait, en cette circonstance, agi avec précipitation; que l’article VI, du 
traité, portant que les Siamois au service des Français, jouiront de la même 
protection que les Français eux-mêmes, avait été violé; qu’enfin, la religion 
chrétienne avait été outragée. 

«Des satisfactions me furent offertes, mais telles que les comprennent les 
Siamois; elles consistaient : 

«19, A faire ériger sur le lieu-même où Nai Klom avait été frappé injuste- 
ment, un théâtre chinois et y à faire jouer la comédie, pendant un certain 
nombre de jours, pour la récréation des habitants du lieu. 

«20, À faire préparer, dans le même endroit, un feu d'artifice royal, qui 
aurait duré pendant trois nuits consécutives. 

«30, À payer à la Mission, une somme dont le chiffre aurait été réglé 
ultérieurement. 

«Je répondis au Phra-Khlang, que des satisfactions de cette nature ne 
pouvaient s’accorder avec nos habitudes, qu'elles étaient, au point de vue des 
convenances, complètement inadmissibles: et à mon tour, j'exigeai: 

«1°. La liberté immédiate du Chrétien Nai-Klom. 

«20, La remise entière de l'amende qu'il avait déjà payée, ainsi que des 
frais de justice occasionnés par les diverses condamnations qu’il avait subies. 

«30, La cession, à titre gratuit, au profit de la mission apostolique française 
de Siam, du terrain sur lequel avait été mise à exécution la sentence royale, 
en vertu de laquelle Klôm avait été battu de verges. 

«Je déclarai, en mème temps, que si dans les 24 heures, le gouvernement 
siamois n’avait pas pris une résolution à ce sujet, j’en réfèrerais à la Légation 
de S. M. l'Empereur en Chine. 

«Le lendemain, 9 octobre, le grand Conseil s’assembla; il se composait de: 

«S. À. Krôm Hluang Wongsa, Prince Royal, Président. 

«Chao Phaja, Kralahom, Ministre de la guerre, et premier Ministre. 

«Chao Phaja, Phra Khlang, Ministre des Affaires Étrangères. 

«Chao Phaja Jomarat, Ministre de la Justice. 

«On y décida à l’unanimité, que la satisfaction demandée par le Consulat 
de France serait accordée sur tous les points, et, le Ministre des Affaires étran- 
gères dépêcha, dans la même soirée, le grand mandarin Chrétien, Phaja Viset, 
pour me faire connaitre au nom de Sa Majesté, la décision du Conseil. Le 


LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 173 


undi, 11 octobre, un Inspecteur Royal fut chargé de mesurer le terrain et on 
s’occupa de l’expropriation du mandarin Chao Rôt, qui en était propriétaire. 

«Ce terrain, dont la mission se trouve aujourd’hui en possession, est situé 
en face de l’église du Rosaire, sur les bords du Menam; il mesure à peu près 
cent mêtres de longueur sur trente de largeur; il est d’un rapport annuel de 
2500 francs environ. 

«Ainsi s’est terminée cette affaire, à la grande satisfaction de Ja popula- 
tion étrangère de Bangkok et de mes collègues, qui ont bien voulu m'adresser 
quelques félicitations sur son heureuse conclusion. 

«Jose espérer, M. le Ministre, que prenant en considération les motifs qui 
ont rendu nécessaire mon intervention, vous daignerez approuver la conduite 
que j'ai tenue en cette circonstance, 

«Hier, j'ai eu l’honneur de diner chez le Roi à l’occasion de l’anniversaire 
de sa naissance; Sa Majesté m’a témoigné une bienveillance toute particulière, 
et parait me savoir bon gré d'avoir pris sur moi de régler cette affaire qui 
commençait à lui causer quelque inquiétude. 

«J'ai l'honneur, etc.». (sig.) Ch. Pavrox. 


À la suite de cette solution heureuse de la difficulté, Mgr. ParrrGoix 


adressa à notre Ministre en Chine, la lettre suivante de remerciements: 


Bangkok, le 28 Octobre 1858. L’Evêque, 


Vicaire aposto- 
lique du Siam 
au Ministre 

au Gouvernement de S. M. l'Empereur, le faible tribut de sa gratitude à l’oc- Plénipoten- 

tiaire de Fran- 
ce en Chine. 


M. le Ministre. 


«La Mission de Siam dont je suis le chef, a l'honneur de vous transmettre 


casion des faits qui ont eu lieu à Bangkok les 3 et 5 du présent mois. 

«Vous avez sans doute été instruit des circonstances de cette affaire, M. 
le Ministre, et il serait superflu d’y apporter de nouveaux détails. Notre sainte 
religion avait été outragée; mais Dieu n’a point permis que l’offense demeurût 
impunie. Heureusement, il s’est trouvé ici un agent qui, s'inspirant des nobles 
sentiments du Gouvernement qu'il représentait, a su par sa fermeté, pleine de 
convenance, faire tourner au profit de la Chrétienté l’injure dirigée contre elle, 
En un mot, en exigeant et en obtenant de S. M. le Roi de Siam une prompte 
et complète réparation, Mr. Pavion, notre Consul, n’a pas seulement opéré dans 
l'intérêt d’une Religion éminemment civilisatrice, il a fait plus, il a laissé dans 
ce lointain pays un chemin tout tracé à ses successeurs. 

«Permettez-nous, M. le Ministre, d'espérer que vous daignerez signaler à 
la haute bienveillance de S. E. M. le Ministre des Affaires Etrangères la con- 
duite honorable tenue par son Agent à Bangkok. 

«Je vous prie d’agréer, etc.». 


(sig.) J. Bapt. PaLLeGoix, Evèque de Mallos, Vicaire apostolique du Siam. 


174 HENRI CORDIER. 


CHAPITRE XXIV. 
Epilogue. 


Le traité signé à T'ien-tsin le 27 Juin 1858 par le Baron Gros 
mettait fin aux hostilités avec la Chine et rendait à l'amiral 
RiGaurr de GenouiLLy sa liberté d'action. Le 30 Août, l’'Amiral ayant 
concentré ses forces, partait de l’île de Haiï-nan, à la tête de quatorze 
batiments de guerre, avec une canonnière espagnole Æ{ Cano, et 
un corps de tagals commandé par le colonel espagnol LANZEROTE. 
Le 1% Septembre, il paraissait devant Tourane, s’emparait des forts 


sans coup férir et déclarait le blocus: 


Blocus de Tou- Je Soussigné, Contre-Amiral, Commandant en Chef les forces françaises et 

rane, l°' sept. ; - ; Ne : ; 
1858 pi espagnoles chargé de poursuivre près de l'Empereur de Cochinchine les répa- 
rations des griefs qui sont dues aux Gouvernements de France et d’Espagne, 


et en vertu des pouvoirs qui m’appartiennent comme Commandant en Chef: 


Déclare 


A partir du er septembre 1858, la baie et la rivière de Tourane et le 
port de Cham-Callao sont tenus en état de blocus effectif par les forces navales 
et militaires placées!sous mon commandement. 

Il sera procédé contre tout bâtiment qui essaierait de violer le blocus, 
conformément aux lois internationales et aux traités en vigueur avec les Puis- 
sances neutres. 

Baie de Tourane, 1er septembre 1858. 

C. RIGAULT de GENOUILLY. 


L’amiral Ricauzr de Genourrzy prévint immédiatement de son 
succès, notre ministre en (hine, M. de BourBouLoN, qui a son tour, 
fit part de notre victoire au Ministre des Affaires Etrangères par 


la dépêche suivante: 


M. de Bour- Macao, 26 septembre 1858. 
bonlon à M. 
Walewski, 
Min. des Aff, 
Etrangères. 


Monsieur!| le Comte. 


«Je viens de recevoir de M. le C. Amiral RIGAULT de GENOUILLY une 
dépèche datée de Taurane le 15 de ce mois par laquelle il m’annonce qu’arrivé 





LA POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE. 175 


le 31 août devant ce port, il a, le lendemain 1er septembre, après une courte 
sommation restée sans réponse attaqué simultanément les défenses de la baie 
de “Tourane et les deux forts construits jadis par des ingénieurs français qui 
défendaient l'entrée de la rivière et s'en est rendu maître: les deux forts, dits 
de l'Ouest et de l'Est ayant successivement sauté sous le feu de nos canonnières. 
Cet Amiral était débarqué le même jour à la tête des troupes parmi lesquelles 
se trouvaient 450 hommes du contingent espagnol, les seuls qui fussent encore 
arrivés de Manille. Il n'avait rencontré qu’un semblant de résistance et avait 
pris possession de la presqu'île de Tourane où il s’occupait à établir sa ligne 
de défense, hôpitaux, magasins, etc. de manière à former un établissement 
complet et à pouvoir, en y laissant un petit nombre de troupes entreprendre 
d'autres opérations. Aucune communication officielle n'avait eu lieu jusques là 
entre lui et le Gouvernement Annamite. 

«M. l’Amiral Rigault m’'annonce aussi qu’il a déclaré à partir du 1er sep- 
tembre le blocus de la baie et de la rivière de Tourane, en me priant de don- 
ner connaissance de cette mesure aux agents diplomatiques et consulaires, ainsi 
qu'aux autorités navales des diverses Puissances en Chine. J'ai l'honneur de 
joindre ici une copie de cette déclaration de blocus. 

«En m'empressant de transmettre à V. E. ces importantes nouvelles, 
j'ajouterai qu'il était arrivé ici quelques jours auparavant un de nos mission- 
paires du Tong-king, M. GaLy !), qui avait quitté ces rivages inhospitaliers il 
y a environ un mois, et était parvenu à travers mille hasards, dans une simple 
barque, accompagné de dix indigènes chrétiens, abordé et pillé jusqu’à cinq fois 
par des pirates, à gagner Macao en longeant la côte. [l nous a apporté les nou- 
velles les plus tristes; au moment où il s’est échappé du Tong-king, la mission 
espagnole avait été entièrement balayée; on savait que Mgr. MELCHIOR avait 
été arrêté par les mandarins et décapité comme Mgr. Diaz, que sa tête avait 
été exposée au haut d’un mât à Nam-ting et les autres parties de son corps 
envoyées pour l'exemple dans les diverses Chrétientés, et on craignait que les 
quelques autres missionnaires espagnols qui se trouvaient avec lui n’eussent 
eu le même sort. Notre évêque Mgr. RETORD et ses missionnaires avaient été 
plus heureux: ils avaient pu fuir à temps et chercher un refuge dans les 
montagnes de l’intérieur, où Mr Galy pense qu'ils étaient en sureté. Ces détaiis 


ne pouvaient naturellement être connus de l’Amiral.» 


Notre but n’est pas de raconter ici l'expédition de Cochinchine; 
rappelons seulement que les succès des Amiraux RiGauLr de GENOUILLY, 
1) Jean Paul Gary, du diocèse de Toulouse; Missions étrangères de Paris; parti 15 


mai 1S38; missionnaire au Tong-king occidental et en Cochinchine; + à Saigon le 15 
octobre 1869, à 59 ans. 


176 HENRI CORDIER. 


(prise de Saigon, 18 février 1859) Cnarxer (Ki-hoa, 24 et 25 
février 1861) Pace (Mytho, 13 avril 1861) et Bonarn (Bien-hoa, 
9 décembre 1861) obligèrent les Annamites à signer un traité à 
Saigon (5 juin 1862): l’île de Poulo Condor et les trois provinces 
de Gia-dinh (Saigon), Dinh tuong (Mytho) et Bien-hoa nous étaient 
cédées; trois ports devaient être ouverts au commerce étranger: 
Cù-a-hân (Tourane), Ba-lat et Quàn-yen; une indemnité de 4 mil- 
lions de piastres mexicaines devait nous être payée; nous obtenions 


la liberté du eulte et l'Annam nous cédait ses droits sur le Cambodge. 


FIN. 


LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA 
OÙ DE PAPE 


PAR 
M. PIERRE LEFÉVRE-PONTALIS. 
(Particle). 
—— = —— 


Nulle cause n'influa plus sur l'accroissement de la puissance 
Thaïe en Indo-Chine que la politique des Empereurs Mogols 
intéressés à l'effondrement des anciennes dynasties qui régnaient 
sur la péninsule, L’'affaiblissement du pouvoir des Yuen en Chine, 
pendant la seconde moitié du XIVème Siècle ne fit qu'accentuer 
ce mouvement et facilita non seulement le développement du Lan Na 
et du Lan Piyéa, mais encore celui du Lan Chhang, sous le règne 
de Fa Noom qui fit en 1353?) son entrée triomphale à Luang- 
prabang, après toute une série de victoires dans l’Indo-Chine 
orientale. 

Désireux avant tout d’asseoir sa domination sur les rives du 
moyen Mékhong, ce prince qui, par des alliances de famille, pouvait 
compter sur la bonne volonté du Cambodge affaibli, parait avoir 
surtout lutté contre le Campa. Il ménagea avec soin le roi d’Annam 
Tran An tong qui, en 1355), engagea à son tour une lutte 
meurtrière contre ses voisins du sud. 

1) Vois T’oung pao, Mars 1910. 


2) Annales de Luang-prabang. Mission Pavie. Recherches historiques. 
3) LaAuNaY. Histoire de l’Annam. 


178 PIERRE LEFÈVRE-PONTALIS. 


Sur le Bas et le Moyen Ménam c'était le Lo hou qui assurait 
définitivement son empire sur le $Sieu et constituait le royaume de 
Sien lo’). Sur les rives du golfe du Bengale, les rois thaïs de 
Martaban s’emparaient en 1366 du Pégou et transportaient leur 
capitale à Hongsavady. 

Sur un seul point de la péninsule, les Thaïs reculaient. C'était 
à Panya, dans l’ancien royaume de Pagan, où une dynastie Birmane 
parvenait à s'implanter en 1364, et fondait à Ratnapoura la capitale 
du nouveau royaume d’Ava, appelé à jouer dans les siècles suivants 
un rôle si important dans l’histoire de l’Indo-chine. 

Il ne semble pas que le Lan Na ait vu d’un mauvais oeil le 
développement des royaumes Thaïs de son voisinage, et même la 
conquête par le Lo hou de ce territoire de Sokhotaï, ou Sien si rap- 
proché de sa capitale Xieng Maï. Les deux dynasties étaient unies 
par une proche parenté, et la branche de la famille de Mang Raï 
qui régnait à Xieng Maï, dut même voir avec une certaine satis- 
faction l’accomplissement des grands projets de l’auteur commun. 

Depuis 1369, le trône de Xieng Mai était occupé par le roi 
Kina, qui fut un des plus grands souverains de la dynastie. Il 
survécut de nombreuses années au roi de Sien lo Phra Rama 
Suen”), qui était monté la même année que lui sur le trône de 
Lophburi, et dont le successeur Phra Baroma-Raxathirat, couronné 
en 1371) s’empressa d'envoyer une ambassade d'hommage à la 
nouvelle dynastie chinoise des Ming, avant d’envahir pour la seconde 
fois (1372)*) le royaume décadent d'Angkor. 

Solidement installé dans sou royaume de Lan Na, Kina ne se 


jugeait pas sans doute tenu aux mêmes avances envers les nouveaux 


1) PELLOT. Bulletin de l'Ecole française d’Extréme orient, 
2) Puayre. History of Burmal. 

3) Annales du Lan Na. 

4) PALLEGoOIx. Description du royaume Thai. 


LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA OU DE PAPE. 179 


maitres de la Chine, que le Sien-lo et Ava lesquels, en 1376) et en 
1377°) éprouvérent le besoin de faire confirmer par les Ming leurs 
récentes conquêtes, et que le Cambodge, qui en 1383) reçut de la 
cour chinoise des marques d'encouragement bien platoniques, sous 
la forme de distinctions honorifiques. 

Kina eut mieux fait de se conformer à l'attitude aussi 
déférente que profitable de ses prédécesseurs à l'égard de la 
suzeraineté Chinoise. Dès l’année 1381 ‘), les Ming se sentirent 
en mesure de faire peser tout le poids de leur autorité sur les 
Thaïs du Nan-tchao. Les princes Thaïs de la famille Touan perdirent 
à cette occasion les derniers priviléges héréditaires que les Mogols 
avaient bien voulu leur laisser. Ce fut, semble-t-il pourtant, dix ans 
après, en 1391), que le roi du Lanna se décida seulement à imiter 
les autres princes ses voisins et qu'il envoya le tribut à la Cour 
des Ming, et bien malgré lui sans doute, car les annales du Lan 
Na mentionnent que l'habitude d'envoyer des ambassades régulières 
d'hommage en Chine fut abandonnée sous ce règne. 

Dans les dernières années du XIVÈèM® Siècle, le prestige des 
Ming en Indo-Chine n’en était pas moins devenu considérable. En 
1397°), l'Empereur s'était fait adresser un mémoire détaillé sur 
les relations de la Chine avec les pays Barbares, et tout faisait 
prévoir qu'il allait donner une importance de plus en plus grande 
à ces relations. 

À cet égard, un des événements les plus significatifs du début 
du XVÈèME siècle, fut l'entrée en scène du royaume de Lan Chhang 
(Lao tchoua) qui, pendant toute la période Mogole, parait avoir été 
quelque peu négligé par ses voisins du nord. Mais, en 1403”), 
les Chinois, dont la surveillance était devenue plus active sur les 


frontières méridionales de l'Empire, intervinrent du côté de Muong- 


1) PELLIOT. 2) SAINSON: Nan 1chao Ye tche. 3) RÉMUSAT. 4) SAINSON. 
5) Tien-hi. Bulletin de l'Ec. fr. E. O., T vu. 6) GROENEVEUDT, 7) Tien-hi. 


180 PIERRE LEFÈVRE-PONTALIS. 


Hou, pour mettre fin à quelques désordres. Il semble qu’à cette 
occasion, ils jugèrent à propos de resserrer leurs liens avec le Lao 
tchoua, car en 1405!), le souverain de ce royaume envoya, pour 
la première fois sans doute, le tribut aux Ming qui installèrent à 
sa cour uu commissaire de surveillance. 

De tous les côtés à la fois, l’action impériale s’affirmait d’une 
manière plus énergique: au Tchin la où en 1405*) on procédait 
à l'installation d’un nouveau roi; en Birmanie où en 1406), une 
ambassade chinoise venait intimer l’ordre d'abandonner sur le champ 
le territoire de Muong Yang. 

L'accueil fait à cette ambassade fut peu satisfaisant et les 
Chinois apprirent à connaitre l’arrogance Birmane. Dès l’année 
précédente en 1405"), les Thaïs du Lan Na avaient donné l’exemple. 
A une demande de tribut, le successeur de Kina, Sam-Phaun-ken 
avait répondu par un refus, en déclarant que depuis son grand 
père, le tribut était aboli. L'Empereur donna l’ordre de châtier cette 
iusolence par l'envoi d’une armée. Le gouverneur du Yunnan 
(Muong-$Sè) vint faire le siége de Xieng Sen, mais si l'on en croït 
les annales du Lan Na, Sam-Phaun-Ken, avec l'assistance des 
contingents de Xieng hai, de Muong Yang, de Xieng Khong et de 
Phou Yao, fit une si belle résistance, qu'après deux attaques 
successives, Xieng Sen fut délivré et les Chinois durent se retirer. 
Deux ans après, une troisième attaque contre Xieng Sen aurait 
également échoué. Tout le Lan Na se montra profondément ému 
de ces menaces renouvelées des armées impériales. De tous les côtés, 
ou invoqua les génies protecteurs des cités et ceux des eaux du Mékhong. 
Les prières du peuple Youne furent exaucées; un orage formidable 
mit en déroute l’armée chinoise qui se retira définitivement en 


renonçant à rien tenter désormais contre l'indépendance du Lan-Na. 





1) Tien-hi. 2) RÉMUSAT. 3) Huger. Bull. Ec. fr. E. 0. 
4) Annales du Lan Na. 





LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA OU DE PAPE. 181 


Il est permis de douter de la valeur d'une telle affirmation, lorsque 
en consultant les sources chinoises, on constate l'envoi en 1406!) 
par le roi du Lan Na, d’une ambassade d'hommage à la cour 
Impériale. 

Malgré tout, un vent de révolte soufflait dans tout le nord de 
l’Indo-Chine. Le roi de Muong Mau lui même, si proche voisin du 
Yunnan, ne consentit à payer le tribut en 1411?), qu'après avoir 
levé lui aussi les armes contre son puissant suzerain. 

Tandis que dans le sud, le Tchin-la *), de plus en plus débile, 
renouvelait en 1408, 1417, 1419, ses protestations de dévouement, 
les princes Thaïs prenaient l'habitude de la résistance, et de son 
côté l’Annam, sous la conduite du glorieux Le-loi') (1418—1428) 
entrait en révolte ouverte contre la domination des Ming. 

Vis à vis des Annamites, les Chinois firent appel au concours de 
leur nouveau client le prince du Lao tchoua. Fuyant devant l’insurrec- 
tion de l’Annam, Tchen-tien-ping avait trouvé asile chez les Laotiens. 
Il se réfugia de là en Chine et alla solliciter le secours des armées 
impériales. La Chine poussa les Laotiens à prendre l'offensive contre 
Le-loi. [ls obéirent à cette impulsion, mais ne tardèrent pas à 
apprendre à leurs dépens, ce qu’il en coûtait de se mesurer avec 
ur adversaire aussi redoutable (1422). Les Annamites commencèrent 


ainsi à connaitre les chemins qui conduisaient au cœur de l’Indo- 


Chine. Ce fut un danger nouveau pour le Lan Na, qui avait si 


imprudemment rompu avec ces traditions d'entente cordiale vis à 
vis de la Chine, auxquelles il devait le développement de sa puis- 
sance, eb qui n'avait pas prévu que le Lan Chhang saurait profiter 
de cette défaillance momentanée. 

La bonne volonté du suzerain commun n'était certes pas à 


dédaigner, au moment où se multipliaient les difficultés avec le 





1) Mozcer. T’oung pao 1894. 2) Ney Erras. 
3) RÉMUSAT. 4) Tien-hi. 


182 PIERRE LEFÈVRE-PONTALIS. 


royaume du Sud. De ce côté on avait laissé fort imprudemment le Lo hou 
s'emparer définitivement du Sien et consolider cette annexion par 
le consentement de la Chine qui, dès 1376 !) accordait au conqué- 
rant le sceau du royaume de Sien lo. Et pourtant, le roi Kina, qui 
parait avoir été le Soukoutha Kiri *) du Pongsavadan Muong Neua, 
savait à quoi s’en tenir sur les véritables sentiments de ses cousins 
du royaume du Sud, si l’on doit considérer comme exact que le Phya- 
Utong fit, traitreusement assassiner son fils, pour avoir entretenu des 
relations coupables avec une princesse de la famille royale du Lohou. 

Il était d'autant plus difiicile de maintenir de bous rapports 
entre les deux cours que les intérêts du Lan Na et du Lan Piyéa 
tendaient à devenir de jour en jour plus distincts. La guerre éclata 
entre Kina et Boroma Tray chak *) qui avait donné asile au chao 
de Xieng haï révolté. On finit par se récoucilier et le chao de 
Xieng hai reintégré dans son gouvernement, fut même autorisé à 
aller prêter main forte au roi du Sud (1402) contre le chao de 
Sokhotai, qui supportait sans doute avec peine la domination récente 
d’Ajuthia. 

De ce côté là des frontières, on paraissait toujours disposé à se 
soutenir mutuellement, mais sur les confins méridionaux de l’ancien 
royaume d'Haripountchay, la limite d'influence du Lan Na et du 
Lan Piyéa était beaucoup moins précise et devait donner lieu par 
la suite à bien des conflits. 

C'est entre le roi du Lan Na, Tilok'), (1444 —90) et le roi 
d'Ajuthia Boromaratch Ban Taune, que la querelle s’envenima et 
provoqua une rupture définitive. À trois reprises différentes, Tilok 
infligea à son adversaire de sérieux revers qui lui permirent de 
s’annexer Muong Nan, Muong Pray et Kène Tao, et d'aller surveil- 


ler du côté du Mékhong, les agissements des Laotiens du Lan Chhang. 


1) P£LLIoT. 2) Pongsavadan Muong Neua. 
3) Annales du Lan Na. 4) Annales du Lan Na. 





LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA OU DE PAPE. 183 


En 1464, Tilok portait ses armes contre Moné dont le chao avait 
noué des intrigues avec celui de Tchéli (Xieng Hung). Avec l’aide 
du ehao de Xieng Tong, Tilok força Moné à payer tribut au Lan 
Na et profita de l’occasion pour annexer de ce côté quelques terri- 
toires. De tous les côtés, le descendant de Mang Raï rétablissait le 
prestige de la dynastie, quand au cours d’une de ses opérations par 
delà la Salouen, on vint le prévenir qu’une armée Annamite avait 
envahi le territoire de Nan. Il se hâta d’accourir de ce côté et mit 
en fuite l’armée ennemie. 

Ces Annamites étaient les mêmes qui venaient de ravager le 
Lan Chlang, dont le roi avec deux de ses fils était tombé sous leurs 
coups. Ils poursuivaient le troisième des jeunes princes, qui trouva 
refuge auprès du chao de Nan et du roi Tilok, en dépit du chao 
de Tcheli, qui par jalousie des succès du roi de Lan Na à Muong- 
Nai (Moné), se montrait prêt à seconder les envahisseurs. Ces événe- 
ments eurent lieu en 1471 ou en 1481, la concordance des faits 
étant mieux établie que celle des dates par les récits des Annales 
du Lan-Chhang et du Lan Na, aussi bien que par les documents 
d'origine annamite. 

Il semble étonnant que les Annamites, généralement si peu 
portés à s’aventurer au delà de leurs frontières, aient pu, dès le 
XVème Siècle se laisser entrainer au delà même du bassin du Mékhong. 
Jamais il est vrai, dans la suite, ils ne se montrèrent aussi hardis, 
qu'à cette époque où leurs victoires sur les Laotiens de Lan Chhang 
leur ouvraient les plus brillantes perspectives. 

A vrai dire, ils n'étaient pas des inconnus pour les Younes, 
car les annales du Lan Na signalent dès 1264 un combat du roi 
Mang Raï, dans le nord de ses états, contre les troupes chinoises et 
annamites. D’après les mêmes annales, les Annamites ou Kéos étaient 
nombreux dans les armées du Lan Na, où ils formaient, parait-il, 


des bataillons d'élite. 


184 PIERRE LEFÈVRE-PONTALIS. 


Quant à la connaissance que les Younes avaient du Tonkin et 
de la côte où voisinaient les populations annamites et thiames, 
elle semble avoir été, à toute époque, quelque peu rudimentaire. 
Les annales du Lan Na racontent, il est vrai, que le roi Lao Chœung, 
qui monta sur le trône de Muong Yang Ngeua en 1075, ayant 
refusé au roi des Kéos, Thao Koua, la main d’une princesse de 
sa famille, vit son royaume envahi par ce souverain qui fut heureuse- 
ment tué au milieu de ses troupes. À la suite de sa victoire. 
Lao Chœung serait allé faire la conquête de Pra Kam, le pays des 
Kéos, où il aurait été couronné sur le Phou-Heuat. Au bout de 
trois ans de séjour dans son nouveau royaume, Lao Chœung serait 
rentré momentanément à Muong Yang Ngeua, pour y faire couronner 
un de ses fils, tandis que le Lan Chhang devenait la part de son 
second fils et Nan, la part du troisième. Le quatrième Thaopha- 
Neua Kham aurait recueilli sa succession dans le royaume des Kéos, 
après un combat contre les indigènes, où le conquérant trouva 
finalement la mort. Pour donner à cette légende, qu'aucune 
donnée aunamite ni laotienne ne vient confirmer, une apparence 
un peu plus vraisemblable, les annales du Lan Na, généralement 
plus dignes de foi, racontent que lorsque Mang Raï régnait sur le 
Lao Chong, il reçut sur les rives du Mékhong, la visite de Thao- 
Ken vhong roi de Pra Kam et fils de Thao pha heua Kham le 
successeur de Lao Chœung sur le trône du pays des Kéos. 

En tenant compte de l'ignorance compléte où les Younes 
paraissent avoir été au sujet de ce lointain pays d’Anuam qu'ils 
n'avaient pas l’occasion de visiter, il y a lieu de constater que 
tout n’est pas absolument à rejeter dans la légende de Lao Chœung. 
Ce nom de Chœung lui même est parfaitement caractéristique, car 
aux yeux de tout Indo-Chinois de race thaïe, il rappelle le fils de 
Koun Borom, Koun Chet Choeung, auquel échut, dans le partage 


de la péninsule, le pays des Pou Eun, Muong Koang, par le- 





tt 


LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA OU DE PAPE. 185 


quel on communique le plus directement de la vallée du Mékhong, 
avec le pays Annamite, 

Lorsque vers le commencement du XIyème Siècle, les Annales du 
Lan Chhang ') nous font le récit des exploits de Fa Noom, c'est encore 
en présence des envoyés du Phya Chet Choeung, roi des Muong 
Pou Eun et Xieng Koang qu'elles placent le héros Laotien, à 
son arrivée sur le Mékhong, au confluent du Nam Houng. Ces 
envoyés ayant salué dans Fa Nom le descendant de Koun La, fils 
ainé de l'ancêtre Koun Borom, le souverain du Lan Chhang recon- 
nut volontiers à son parent la possession des territoires de Muong 
Sa et de Muong Moun. 

Ce qu'il faut retenir de ces différentes légendes, racontées dans 
des documents d’origine diverse, c’est que les Younes qui avaient 
des Annamites une connaissance directe par les rencontres qu'ils 
en firent dans le bassin du Ménam, n'avaient sur le pays de ces 
étrangers que des données très vagues, bien qu'ils fussent renseignés 
sur les routes qui y menaient à travers le territoire de Xieng Koang. 

Tilok ne manqua pas de profiter du prestige que lui donnait 
sa victoire sur les Annamites, pour rétablir ses affaires auprès de 
l'Empereur chinois et supplanter dans son estime le roi du Lan 
Chhang qui s’y était si perfidement insinué. Sous le règne d’Yng- 
tsoung 1457.1464, la gloire de la dynastie des Ming s'était singu- 
lièrement accrue, et il s'agissait de faire oublier à la Cour l'attitude 
des derniers rois du Lan Na. 

Aussitôt après sa victoire de 1481,°) Tilok fit partir pour la 
Chine une ambassade chargée de présenter à l'Empereur un certain 
nombre de captifs et de raconter ses exploits. L'Empereur aurait 
d'abord refusé de croire à la vérité de pareils récits, que le témoi- 


gnage personnel des captifs réussit finalement à lui faire admettre. 





1) Mission Pavie. Recherches historiques. 
2) Annales du Lan Na. 


186 PIERRE LEFÈVRE-PONTALIS. 


Reconnaissant la puissance du roi du Lan Na, il décida que désor- 
mais ses ambassadeurs passeraient avant tous ceux des autres pays 
tributaires et il s’empressa d'envoyer l'investiture à Tilok, en lui 
confiant la haute surveillance des princes vassaux à l'ouest de 
l'Empire. Le roi du Lan Na ne se tenant pas encore pour 
satisfait par des égards aussi exceptionnels, aurait fait accepter 
par l'Empereur un protocole spécial pour les envoyés chinois à la 
cour de Xieng Mai, auxquels il jugeait nécessaire de faire sentir 
tout le poids de son importance. 

Quelque exagération de vantardise qu'il puisse y avoir dans ce 
récit des Annales du Lan Na, il n'en est pas moins vrai que la 
vaillance et l’habileté de Tilok avaient rétabli le prestige de la cour 
de Xieng Mai, sur le même pied tout au moius qu’à l’époque du 
roi Mang Raï. Lorsque en 1483. Tilok eut enfin soumis à son 
influence l'important chao de Xieng Toung, ses états atteignirent 
leur maximum d'extension et il put se vanter, quand la mort le 
surprit en 1489, d’avoir fait du Lan Na un des royaumes les plus 
puissants de l’Indo-Chine. 

Ce fut l’apogée de la dynastie. Aucun des successeurs de Tilok, 
n'eut à beaucoup près la même valeur que lui. Les princes voisins en 


profitèrent et quelques unes des conquêtes du Lan Na furent éphémères. 
C’est vers le nord, afin d’implanter sa domination à Xieng Tounug, 
que Tilok avait fait ses dernières campagnes, et pour mieux prendre 
possession du pays, ce descendant de Lawa Chakri avait repoussé 
jusqu’en territoire Lu, les populations Lawa qu'il avait balayées 
sur son chemin. Si le souvenir de son origine autochtone ne lui 
fit pas faire un retour vers le passé, il n'en fut pas de même pour 
ses successeurs que la nécessité de défendre leurs frontières du nord 
ou tout au moins de surveiller les gens de Xieng Toung, obligea 


plus d’une fois à séjourner à Xieng Sen. 





LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA OU DE PAPE. 187 


Les chroniques locales ‘) ont conservé le souvenir des rois Phya- 
Jodh, Phya Kéo et Phya Ked. Le roi Thippedi Phya Kéo qui régnait 
en 1497, offrit une urne d'or aux reliques de Bouddha que l'on 
conservait pieusement à Xieng Sen. Ce fut le même prince qui 
éleva en 1504 une statue dans un des sanctuaires de l’ancienne cité, 
exemple qui fut suivi par Phya-Ked, son successeur et le dernier 
roi de la dynastie. Celle ci s’éteignit, on peut le dire, dans le culte 
des vieux souvenirs et ce qu’il y a de touchant, c'est que les chro- 
niques postérieures en ont transmis la tradition, en dépit des ruines 
qui se sont depuis accumulées sur l’infortunée cité de Xieng Sen. 

Les premiers coups partirent du royaume du Sud. Déjà dans 
les dernières années du règne de Tilok, les querelles avaient repris 
avec les gens d’Ajuthia, d’abord à cause de Muong Teun puis à 
cause de Nan et de Lakhon. C'étaient les vieilles disputes de 
frontières qui renaissaient. 

Sous le règne du Phya Keo en 1509,2) les Younes allèrent 
batailler du côté de Sokhotai, et les Siamois ripostèrent en venant 
attaquer Muong Pray. Pendant plusieurs années ces deux points 
servirent de champ de bataille aux armées des deux royaumes. À 
certains moments, la situation devint si menaçante, qu'en dépit de 
succès partiels Phya Kéo dut songer à la défense de Lakhon et de 
Xieng Maï dont les fortifications furent reconstruites. Le Phya Athit 
prince héritier du Siam, qui commandait l'armée du sud, se décida 
à temporiser et offrit même une alliance au roi de Lan Na. 

Celui-ci profita de cette période de détente (1525) pour s'oc- 
cuper des affaires de Xieng Toung où il y avait un nouveau chao 
à désigner, Son candidat, le Chao de Xieng Khong ayant été évincé, 
Phya Kéo dut battre en retraite du côté de Xieng Sen, furieux 


contre ses officiers. C'était la sécurité qui était menacée sur les 


1) CAronique de Xieng Sen. 
2) Annales du Lan Na. 
13 


1388 PIERRE LEFÈVRE-PONTA LIS. 


frontières du nord, au lendemain du jour où l’insolence des Thaïs 
Ngious de la Salouen venait de porter l'inquiétude jusqu sous les 
murs de Xieng Maï. 

Phya Kéo mourut en 1527. Il eut pour successeur Chetha Phya 
Ked, fils du Phya Yodh qu'on avait forcé à abdiquer. Le nouveau 


Le 


roi fut jugé à son tour insuffisant et déposé; puis en 1545 on le 
replaça sur le trône où il ne tarda pas à être assassiné (1547). La 
dynastie s’écroulait et les destinées du Lan Na étaient compromises. 
On put croire un instant qu’en recueillant l'héritage de Phya Ked, 
de petits princes comme ceux de Xieng Toung oz de Moné par- 
viendraient à les raffermir, mais ni le roi du Lan Chhaug ni celui 
du Lan Piyéa ne purent admettre cette solution. Plutôt que de 
s’adresser aux Siamois d'Ajuthia avec lesquels ils entretenaient 
depuis longtemps déjà de si mauvais rapports, les Younes de Xieng 
Mai préférèrent s'adresser aux Laotiens de Luang prabang, pour 
leur demander un roi. Ce fut Ou-va-nhou (Oupayo) fils du roi de 
Lau Chharng que l’on désigna pour régner sur le Lan Na (1548). :) 
Mais son règne éphémère ne se prolongea pas plus de deux ans, 
car le Siam et le Pégou ne lui laissèrent aucune 1rève, si bien qu’ 
Oupayo se décida à retourner sur les rives du Mékhong, d'où il fit 
dire en 1553 qu'il ne reviendrait plus jamais à Xieng Mai. 

C’est au Chao Mékou de Moné qu'échut sa succession, mais dans 
des circonstances particulièrement difficiles, car dès 1560?) le roi 
du Pégou vint bloquer la citadelle de Xieng Mai qui ne tarda pas 
à tomber en son pouvoir. Après deux cent soixante deux ans d'existence 
glorieuse, le 1oyaume de Lan Na fondé par Mang Raï perdit ainsi son 
indépendance. Ce fut le commencement d’une période singulièrement 
sombre pour le peuple Youne; elle se prolongea jusqu'au milieu du 


XVIIIÈME siècle, et l'on peut dire que pendant cette longue durée, 


1) Annales du Lan Na et Annales du Lan Chhang. 
2) Annales du Lan Na. 








LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA OU DE PAPE. 189 


le Lan Na ne fut plus qu’une expression géographique, sans aucune 
réalité politique. Les Pégouans laissèrent Mékou à Xieng Mai, 
non pas comme successeur des rois, mais comme chao vassal, 
chef d’une petite principauté locale, autour de laquelle se con- 
stituèrent d'autres petites dynasties. L'unité était rompue et tout 
le haut bassin du Ménam de même que la région de Xierg 
Khong et de Xieng Sen connut de nouveau les incertitudes du régime 
féodal, dont les Thaïs s’accommodent relativement mieux que les 
autres populations de l’Indo-Chine, car il répond à l'organisation 
primitive de leurs muongs. Aussi, bien que pendant plus de deux 
siècles, le Lan Na continuellement asservi, soit devenu le théatre des 
incurs'ons et des pillages et le champ de bataille habituel des Pégouans, 
des Siamois et de tous les petits princes Thaïs qui fourmillaient au 
delà de la Salouen, les Younes ne perdirent jamais le souvenir de 
leur unité passée et de leur gloire ancienne, ce qui leur permit, 
après la tourmente, de reconstituer dans une certaine mesure le 
royaume de Mang Raï et de Tilok. 

C'est comme une occupation passagère non comme une conquête 
définitive que les Younes supportèrent la longue domivation des 
Pégouans qui ne donna lieu à aucune organisation nouvelle et ne 


laissa finalement dans le pays que fort peu de traces. Aussi le récit 
des fréquentes incursions des armées du Pégou dans le Lan Na 
n'offrirait-il pas beaucoup plus d'intérêt pour l'historien, que celui 
des querelles locales entre muongs voisins, s'il n'évoquait de temps 
à autre le souvenir de quelque grand guerrier comme ce Bureng 
Naung des chroniques Birmanes, le Paramansasthi du Ragawan 
Pégouan, le Mangta louong des Annales du Lan Na, qui fut durant 
la seconde moitié du XV° siècle, le héros par excellence de l'épopée 


Indo-Chinoise, 


La prise de Xieng Mai par Bureng Naung en 1560 eut pour 


190 PIERRE LEFÈVRE-PONTALIS. 


conséquence une campagne contre le Lan Chhang,') dont le second 
Roi fut emmené en captivité, puis, afin de soumettre tous les 
princes du Haut Mékhong, une expédition jusqu’à Xieng hung, ?) dans 
le pays de Muong Sene vifa. — Le Lan Chhang et le Siam furent 
les deux pays de la péninsule qui surent le mieux résister au con- 
quérant et qui du moins se relevèrent le plus rapidement, après 
de sanglants échecs, des coups qu’il leur avait portés. Ils étaient 
d'ailleurs les seuls pays qui à cette époque fussent en mesure de 
se défendre. 

Lorsque eu 1581,*) Bureng Naung mourut, tous les princes 
Indo-Chinois, grands et petits, commencèrent à respirer. Les Chinois 
reparurent aussitôt en 1582*) à Muong Mau d’où ils avaient été expul- 
sés. Eu 1585 ils virent les Barbares de Pa po ou Pape, c’est à dire les 
Younes du Lan Na leur rapporter le tribut d'usage. De son côté Phra Na- 
ret, le roi d’Ajuthia, dont la capitale avait été si lamentablement sacca- 
gée, alla s'emparer en 1587°) de Hongsavady où il installa un gouver- 
neur Siamois. En peu d'années, la puissance du Pégou et de la Birmanie 
tomba à un degré si bas, que de 1600 à 1605 la conquête de 
la plus grande partie de cette région fut accomplie sans difficulté 
par l'Empereur Chinois Ti-jouei. A la même époque, 1601,°) les 
Laotiens de Lan Chhang pénétrèrent dans le Lan Na qu'ils trou- 
vêrent sans maitres par suite de la retraite des armées Birmanes 
et Pégouanes, et ils s’emparèrent de Xieng Sen. 

Mais en 16247) il y eut une nouvelle surprise. Phra Va Mang 
ta Southo Thami Kalat, parti d'Hongsavadi, se chargea d’anéantir en 
peu de temps le résultat de si beaux efforts. Il commença par 


reprendre Xieng Khong et Xieng Sen puis Muong Kie et Xieng 


1) Mission PAviEe. Recherches historiques. 

2) Chronologie inédite de Xieng Houng. 

3) PHAYRE, 4) Ney Ecras et Tien Hi et Nan tchao ye tche. 
5) PALLEGOIx. 6) Annales du Lan Na. 

7) Chronique de Muong luong pou Kha. 


LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA OU DE PAPE, 191 


Houng en 1626. Après avoir organisé les muongs de la rive gauche 
du Mékhong et les Sipsong panna, il marcha contre le Lan Chhang, 
mais à Muong Saï, il rencontra les chefs de l’armée Laotienne avec 
lesquels il préféra s'entendre plutôt que de pousser plus loin ses 
exploits. C’est ce même prince qui en 1653 !) vint en pélerinage 
à Xieng Sen, où les bonzes, en lui faisant vénérer les reliques du 
Bouddha, lui racontèrent le passé glorieux de la cité. 

Maugtasoutho n'avait évidemment pas la même impétuosité 
que le terrible Bureng Nauug. C'était un adversaire moins redou- 
table, qui ne sut pas s'opposer en 1660?) à un coup de main des 
Siamois sur le territoire de Xieng Maï. L'année suivante, la nouvelle 
dynastie Maudchoue qui régnait en Chine, fit envahir le terri- 
toire Birman pour y rechercher le dernier des Ming *) qui y avait 
trouvé refuge. 

Les temps étaient décidément changés. Mais si, jusqu’au milieu 
du XVIIIÈME siècle, où surgit le grand conquérant Birman Alung 
phra, l'Indo-Chine échappa à de grands bouleversements, le sort 
des habitants n’en devint pas plus tolérable, car d’un muong à 
l’autre, les querelles se succédaient, dans les intervalles où les bandes 
de Pégouans et de Ngieous ne dévastaient pas le pays. 

Le Lan Na en avait assez de toutes ces incursions, ces luttes, 
ces pillages et ces meurtres, mais l’anarchie était telle que l’ordre 
était singulièrement difficile à rétablir. Ce fut seulement en 1727) 
avec la révolte de Thepha Sing, à Xieng Mai, qu’ apparut le pre- 
mier symptôme de relèvement, mais cette entreprise mal soutenue 
échoua misérablement, 

Après Thepha Sing, le prince Laotien Ong Kham qui s'empara 
du pouvoir à Xieng Mai, tirt tête pendant quelque temps aux 


bandes pégouanes. Ce fut aussi le moment où les Chinois consoli- 


1) Chronique de Xieng Sen. 2) Annales du Lan Na. 
3) PAUTHIER. 4) Annales du Lan Na. 


192 PIERRE LEFÈVRE-PONTALIS. 


dérent leur autorité dans la région des Sipsong panua, en annexant 
Sse-Mao (1730). :) 

Mais dix ans après, l'agitation reprenait de plus belle, à la suite 
des conflits provoqués au delà de la Salouen par les ambitions 
contraires des Pégouans, des Thaïs et des Birmans. Alaung-phra 
finalement assura la victoire aux Birmans en 1753. ?) Ce fut une 
nouvelle ère de grandes expéditions à travers l’Indo-Chine. Le Pégou 
en 1757,°) le Siam en 1758,') le Lan Chhang en 1764°) subirent 
momentanément la loi du vainqueur. Au milieu de toutes ces épreuves, 
le Lan Na plusieurs fois traversé et pillé par les armées d’Alaung- 
pra, puisa dans le mécontentement général une énergie suffisante 
pour tenter un soulèvement. Lampoun et Xieng Mai expièrent 
cruellement cette audace ©) (1765) par un redoublement de rigueur 
qui ne fit qu’ exciter davantage le zèle de leurs habitants. L’excès 
des misères communes rétablit entre les Younes et les Thaïs du 
Bas Ménam c’est à dire les Siamois, l'accord qui avait cessé d’exister 
depuis le règne du roi Tilok. 

Au milieu de la détresse générale, une famille Thaïe avait trouvé 
moyen de sauvegarder à Lakhon un semblant d'indépendance, à 
force de prudence et de ménagements à l'égard des Birmans. 
Reconnu par ces derniers comme chef de Lakhon, le Chao Sai Kéo 
avait été obligé par les troubles de s’enfuir au delà de la Salouen, 
mais, rétabli dans son gouvernement par les maitres du jour, il 
avait autour de lui sept fils valeureux que les souffrances de leur 
pays exaspéraient; ils firent secrètement le serment de le délivrer 
par n'importe quel moyen (1769). 


Pour parvenir à leur but, ils nouèrent des intrigues avec le 


1) Holt HALLETT. À fhousand miles on an elephant. 
2) Annales du Lan Na. PHAYRE etc. 

3) SCHMIDT. Ragawan. 

4) PALLEGOIX. 

5) Mission Pavie. Recherches historiques. 

6) Annales du Lan Na. 


LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA OU DE PAPE. 193 


Lan Chhang et avec Ajuthia. Tandis que ces deux royaumes subis- 
saient le joug des armées Birmanes, l’un des jeunes gens, Chapane 
parvint à s'assurer la confiance de ses maitres et prit possession 
de Xieng Mai, tandis que son frère Kavila se préparait à Lakhon, 
à profiter de la première occasion. 
C'est d’Ajuthia que vint le secours. Le roi Phya Tek Sin venait 
à peine de relever les murs de sa capitale, quand le Chao Sai Kéo 
apprit qu'il se disposait à envahir le Lan Na pour s'y mesurer avec 
les Birmans. Avant de s'engager avec les Siamois, les sept frères 
tinrent conseil, car ils couraient un grand risque et leur père était 
à ce moment entre les mains des agents d'Alaung phra. Ils finirent 
. 
par promettre leur concours à Phya-tek Sin, qui parut devant 
Xieng Maï, à la tête d’une armée. La ville fut livrée aux Siamois 
qui délivrèrent Chao Sai Kéo de la cage où les Birmans le tenaient 
enfermé (1774). 
Cet événement mémorable eut pour conséquence de placer le 


Lan Na sous l'influence du Siam, qui en 1778 étendit de même équ, à. 
autorité sur le Lan Chhang. HR: 

À Xieng Mai, où les titres de Chapane furent confirmés, comme 
à Lakhon où régnait Kavila, la suzeraineté d'Ajuthia sur les pays 
Younes fut reconnue. Elle s’affirma pendant les années suivantes, 
chaque fois qu'il s’agit de défendre les muongs libérés contre les 
entreprises des Birmans qui cherchaient à prendre leur revanche. 
«En ce temps, disent les annales du Lan Na, la misère du pays 
fut extrême; Xieng Mai était devenu une épaisse forêt et par 
«crainte des tigres, les habitants durent s'installer au Vang-phao 
«(1775)». Ils ne rentrèrent définitivement qu'en 1786 dans leur 
ancienne cité restaurée. 


La suzeraineté siamoise était lourde. Kavila et Chapane l’appri- 


rent à leurs dépens, quand ils furent appelés à Ajuthia pour rendre 





compte de leur résistance aux généraux de Phya tek Sin, qui 


194 PIERRE LEFÈVRE-PONTALIS. 


revenaient victorieux d’une expédition à Vieng Chang (1782). 
Chapane mourut prisonnier à Ajuthia et Kavila n'obtint sa grâce, 
qu’en allant guerroyer, pour le compte du roi de Siam, dans le 
nord, où il fit conquête de Xieng Sen. Plusieurs fois, pour inspirer 
confiance à ses nouveaux maitres, il dut aller faire à Ajuthia des 
actes d'hommage et de soumission. 

Cependant, avee l’aide de son frère Kam Som, devenu Chao de 
Lakhon et de Lampoun, tandis qu'il régnait lui même sur Xieng- 
Mai, il s’appliqua à reconstituer l’organisation civile et religieuse 
du Lan Na, où il fit revenir une partie des habitants dispersés à 
la suite des troubles dans différentes régions de l’Indo-Chine. | 

Le roi de Siam, Phra Voutha Boroma Khot favorisa fort heureu- 
sement l'initiative de son vassal et lui permit même d’annexer à 
ses Etats les deux muongs de Raheng et de Taheun. 

C'est surtout dans la région du nord que Kavila multiplia ses 
efforts, luttant avec une rare énergie contre les Birmans qui avaient 
la prétention d'y maintenir leur domination, en s'appuyant sur les 
Chinois (1788). Xieng Sen fut à plusieurs reprises le champ de 
bataille où se rencontrèrent les armées Thaïes et Birmanes. Xieng- 
Toung résista quelque temps aux appels de Kavila, mais le chao de 
Muong Yang et le roi de Lan Chhang se montrèrent plus dociles 
et s’unirent aux Younes contre l'ennemi commun. 

Tandis que dans le sud les armées siamoïses garantissaient 
l'intégrité du Lan Na contre les Birmans qui subirent de sanglantes 
défaites, Kavila luttait pied à pied dans le nord, poursuivant les 
Birmans jusqu'au delà de la Salouen, pour les éloigner définitive- 
ment de Xieng Sen et des rives du Mékhong. 

Dès 1788, on pouvait considérer le Lan Na comme libéré. C'est 
alors que le vieux Sai Kéo, se trouvant à Xieng Maï au milieu de 
ses fils, put leur adresser en guise de testament de touchantes 


recommandations, les priant de maintenir envers et contre tout et 


LES YOUNES DU ROYAUME DE LAN NA OU DE PAPE. 195 


sans tenir compte de leurs intérêts particuliers l’unité de la patrie 
qu'ils venaient de reconstituer. 

La Birmanie vaincue s'étant décidée en 1790 à conclure la paix 
avec le Siam et avec la Chine, les dernières années du règne de 
Kavila furent consacrées au rétablissement de l'autorité Youne dans 
les régions de Xieng Sen et de Xieng Toung (1791—1794) et dans 
les muongs situés sur la rive gauche du Mékhong. Il revendiqua 
même les Sipsong pauna comme ayant fait partie de l'ancien domaine 
du roi Mang Raï. 

Jusque dans cette partie éloignée de ses possessions il reçut un 
bon accueil de la part des populations thaïes encouragées par les 
récits des bonzes qui racontaient une prédiction ancienne d'après 
laquelle un prince de Xieng Mai était destiné à reconstituer l'ancien 
Lan Na jusqu'à la limite du pont de fer et de cuivre dans Île 
voisinage de Li Kiang. 

Les Annales du Lan Na s'arrêtent au récit de ces derniers 
triomphes. Mais d’autres documents nous permettent de prolonger 
de quelques années l'étude de cette histoire. Une chronique) qui 
raconte les évènements de 1769 à 1827 se trouve exposer en détail les 
hauts faits des fils de Sai Kéo et s'achève par le récit de la cam- 
pagne des Siamois contre le Chao Anouk de Vieng Chang, à laquelle 
les princes du Lan Na prirent une part considérable. 

Les Younes ne retrouvèrent en somme leur indépendance à l'égard 
des Pégouans et des Birmans, de race étrangère, que pour subir la 
suzeraineté des Thaïs d'Ajuthia qui étaient du moins comme eux 


les descendants des anciens compagnons de Lawa Chakri. 
Après la mort des fils de Sai Kéo, les Siamois ne permirent 
jamais la reconstitution intégrale de l’ancien royaume de Lan Na, 


mais ils s’appliquèrent à y maintenir un certain nombre de petites 


1) Chronique postérieure du Lan Na. 


196 PIERRE LEFÈVRE-PONTALIS. 


principautés vassales, sur lesquelles ils exerçaient suivant les circons- 
tances une action plus ou moins directe. Grâce aux liens de famille 
qui unissaient les différents chaos, l'unité du Lan Na n’en subsista 
pas moins, au profit des Younes, qui conservent encore de nos jours 
le souvenir de Lawa Chakri, de Mang Raï, de Tilok et des sept 
frères fils de Saï Kéo, auxquels ils durent au XVIIIème siècle la 


libération de leur territoire. 


PRUCHSTUCRE AUS DER GESCHICHTE CHINAS 
UNTER DER GEGENWARTIGEN DYNASTIE 


VON 


E, HAENISCH. 


11 


Die Eroberung von Tibet, 
aus dem ,,Feldzug gegen die Dsungaren” auszugsweise übersetzt, 


——— 





Unter den Sorgen, welche die chinesische Regierung sich um 
den Bestand des Reiches macht, steht zur Zeit die tibetische Frage 
im Vordergrund. Man scheint in Regierungskreisen der Überzeugung 
zu sein, dass man sich unter den heutigen Verhältnissen den Besitz 
Tibets nur durch den engen Anschluss dieses Landes an das Reich 
sichern kônne. Ob die Lüsung dieses Problems noch môglich sein 
wird, muss die nächste Zukunft lehren. 

Es sind noch keine 200 Jahre her, dass sich China Herrin über 
das Land des Dalai Lama nennen kann. Zwar gehen die Bezieh- 
ungen der beiden Reiche bis in das siebente Jahrhundert zurück. 
Bekannt ist die Geschichte von der Prinzessin Wén-ch'êng, welche 
der Kaiser T'ai-tsu von der T'ang-Dynastie dem Künige Lung-tsan 
nach Tibet als Gemahlin schickte. Seitdem kamen und gingen die 
Gesandtschaften zwischen den beiden Ländern. Damals, zur Zeit der 
T'ang-Dynastie, war Tibet noch ein mächtiges selbständiges Staats- 


wesen. Mit den zunehmenden Beziehungen wuchs dann naturgemäss 


198 E HAENISCH. 


auch der politische Einfluss des grossen Nachbars im Osten. Und 
als um die Mitte des siebzehnten Jahrhunderts, kurz vor dem Sturze 
der Ming-Dynastie, der Hosotenfürst Gusi Han, welcher sich des 
Gebietes von Kuku uoor und Tibets bemächtigt hatte, dem Kaiser 
T'ai-tsung in einer besonderen Gresandtschaft seine Ergebenheit aus- 
drückte ‘), betrachteten die Mandschus Tibet bereits als Tributär- 
staat, Von einer tatsächlichen Herrschaft über Tibet kann aber erst 
vom Herbst des Jahres 1720 abgesprochen werden, dem Zeitpunkt, 
als die Generale Galbi und Jansin sich der Burg Potala bemäch- 
tigten und eine ständige Garnison in die Stadt Lhasa legten. Im 
Tempel oo zu Lhasa befindet sich eine Inschrifttafel zur Erinnerung 
an diese Besitzergreifung ?). Über den Feldzug, welcher diesem Ereig- 
nisse vorausging, berichtet in knapper, zusammenfassender Form 
das Shéng-wu-chi *), ,das Kriegsbuch der Mandschudynastie”, im 
finften Kapitel. Ein ausführliches Sonderwerk, das Hsi-tsang fang- 
lio') ,,der Tibetfeldzug”’ soll existieren, ist aber nicht bekannt ge- 
worden. Doch gibt es ein anderes Werk, welches die Tibetexpedition 
in seinen Inhalt einschliesst. Es ist das Chun-ko-rh fang-lio $) ,,der 
Feldzug gegen die Dsungaren”. Das Buch gehôrt zu der Klasse der 
Kriegsgeschichten. Eine Sammlung der während des Krieges erschie- 
nenen amtlichen Dokumente, Armeebefehle und Meldungen enthal- 


tend sind diese, sehr umfangreichen, Werke am ersten unseren 


1) {m 10. Monat des 7. Jahres Ch‘ung-tê = fi, s. Tung-hua-lu K FÈ EX 
Shanghai-Ausgabe III, 344. 


2) Der Text dieser Inschrift, welche einmal von Klaproth in Übersetzung herausge- 
geben worden ist, findet sich in der Reïchsgeographie Ta-Ch'ing-i t‘ung chi AS Th — 
A x im Beginne des Abschnittes Tibet. 


3) HE GE SU verfast von Wei Yüan SÙ JA. 

4) DE JG 7 2. Der vollstindige Titel dieser Kriegsgeschichten ist 2 
Di JE 7 À 

0) HE D 77 Æ 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 199 


Generalstabswerken vergleichbar. Eine kurze Geschichte des Krieges 
findet sich in der Kinleitung. Zu diesen Büchern, welche in Doppel- 
ausgaben, in mandschurischer und chinesischer Sprache, erschienen 
sind, gehôüren z. B. das K'ai-kuo fang-lio ‘) ,die Begründung der 
(Mandschu-)Dynastie”, das San-ni fang-lio *) ,,die Bekriegung der 
drei Rebellen’”’°), das Shuo-mo fang-lio ‘) ,,der Krieg in der Nord- 
Gobi” (gegen Galdan), das Chin-ch'uan fang-lio *) ,die Eroberung 
des Chin-ch'uan-Landes” und das Hui-pu fang-lio ‘) ,die Unter- 
werfung der mohamedanischen Stämme. Diese seien aufgeführt als 
die bedeutendsten unter deu Kriegsgeschichten. Von dem ,,Feldzug 
gesgen die Dsungaren”’ allein sind dem Verfasser dieser Arbeit voll- 
ständige Exemplare noch nicht vorgekommen. Er selbst besitzt 
nur die mandschurische Ausgabe, welche den Titel trägt: Han-1 
araha Jun gar-i ba be necihiyeme toktobuha bologon-i bithe, Das 
Werk ist im Jahre 1771 erschienen und zählt 171 Bücher in drai 
Teilen. Also ein sehr umfangreiches Werk, entsprechend der Länge 
des behandelten Feldzuges, welcher einen Zeitraum vom mehr als 
sechzig Jahren umfasste. Aus diesem Werke sind alle die Tibet- 
expedition betreffenden Schriftstücke, von den ersten militärischen 
Massnahmen im Sommer 1717 an bis zur Einnahme von Lhasa im 
Herbst 1720, ausgezogen und in Übersetzung gebracht. Die kritische 
Behandlung der Arbeit machte Schwierigkeiten, einmal weil im all- 
gemeinen das Kartenmaterial über Tibet und Kuku noor recht dürftig 
ist, sodann weil im besonderen von den einschlägigen europäischen 


Literatur geographischen und historischen Inhalts am Ort der Ab- 


) 3 5 77 À. » = 7} À. 
3) Wu San-kuei D: —= ÀE , Shang Chih-hsin fi A 45 und Këng Ching-chung 


HK #4 4 
1) JDE 1 À. 5 & NN # À. 
0) [E] Pr 


200 E. HAENISCH. 


fassung nur sehr wenig zur Verfügung stand ‘). So kam fast aus- 
schliesslich chinesische Hülfsliteratur in Betracht. Auch der Übel- 
stand, dass nur die mandschurische Redaktion vorhanden war, machte 
sich fühlbar. In geringerem Masse bei der Interpretation einiger 
schwieriger Textstellen als bei der Feststellung der chinesischen 
Personen- und Ortsuamen, welche ja nur in der mandschurischen 
Schreibung vorlagen. Nun liessen sich allerdings fast alle Namen 
durch Hinzuziehung chinesischer Hülfsbücher identifizieren. Von den 
37 in Übersetzung gebrachten Schriftstücken sind allein 24 mehr 
oder weniger vollständig im Tung-hua-lu *) enthalten. Immerhin 
blieben einige Namen unaufgeklärt. Die vorkommenden Eigennamen 
sind der Folgerichtigkeit halber durchweg in mandschurischer Schrei- 
bung gebracht worden, so wie sie im Texte standen, ohne Rücksicht 
auf ihren maudschurischen, chinesischen, mongolischen oder tibeti- 
schen Ursprung. Doch ist ihre eigentliche Schreibweïse, vor allem 
aber sind die chinesischen Zeichen, soweit sie bekannt, in Fussnoten 
dazu gesetzt worden, ebenso Varianten in der Schreibart. Die Romani- 
sierung folgt bei den mandschurischen Wôürtern dem Gabelentz'schen *), 
bei den chinesischen dem Wade’schen System. 

Da die Schriftstücke oft aus dem Zusammenhange herausgenommen 
werden mussten, so wird es sich rechtfertigen, wenn davor, der 
Übersichtlichkeit halber, eine kurze Skizze des Tibetfeldzuges ge- 
bracht wird: 

Schon der Kaiser Kanghi hatte in den Jahren 1677—1698 einen 
gewaltigen Krieg gegen den Olôtenfürsten Galdan ausgefochten. Der 
olückliche Ausgang desselben war nicht zum mindesten Galdan's 


Neffen Tsewang Rabtan zu verdanken, welcher aus persünlicher 





1) Es sei aber wenigstens auf den im Vol. XI N° 1 erschienenen ausführlichen Auf- 
satz von W. W. Rockhill hingewiesen: the Dalai Lamas of Lhasa and their relations with 
the Manchu emperors of China 1644—1908. 

2) 8. S., Fussnote 1. 

3) Nur ist statt z ein /s gesetzt. 


— 


BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 201 


Feindschaft gegen seinen Oheim dem Kaiser seine Waffen zur Ver- 
fügung stellte. Galdan, bei Ioo Modo geschlagen !), kam durch Gift- 
mord ums Lebeu, und Tsewang Rabtan erbte die Herrschaft über 
das mächtige Dsungarenreich, welches Turkestan und den westlichen 
Teil der Mongolei bis zum Altaigebirge umfasste. Aber auf Tsewang 
Rabtan’s Treue war kein Verlass. Der Kaiser Kanghi bezeichnet ihn 
in einem Edikt als ,.niohe deberen-i gese gônin toktoho akô” un- 
berechenbar in seinem Wesen wie ein juuger Wolf. Nicht lange, so 
musste der Kaiser von neuem die Westgrenze seines Reiches in 
Verteidigungszustand setzen. Die Linie von Barkul bis Sining im 
Kuku noor-Gebiet wurde durch grüssere Truppenkürper gesichert. 
Dort in Barkul stand im Beginn des Jahres 1717 der General 
Funingga mit einem starken Heere und hatte bis zum Sommer 
seine Vorbereitungen soweit getroffen, das er im sechsten Monat in 
drei Abteïilungen den Vormarsch auf Urumtsi antreten konnte und 
damit den grôssten Krieg einleiten, den die Dynastie geführt hat. 
Bei seinem Vormarsche erhielt Funingga nun eines Tages durch 
einen gefangenen Dsungaren die überraschende Kunde, dass Tsewang 
Rabtan im elften Monat des vergangenen Jahres ?), also um die 
Jahreswende 1716/17 eine Kolonne von 6000 Mann unter den Ge- 
neralen Dugar Sanduk, Ceringdondob und Tobei über Arik, d. h. in 
der Richtung auf Tibet, vorgesandt habe. Hierdurch wurde ein neues 
Moment in die Operationen hineingebracht. Die Verhältnisse in 
Tibet waren zu der Zeit durchaus nicht geregelt. Der Mann, welcher 
dort die Macht in der Hand batte, war der Fürst Latsang in Dam, 
ein Nachkomme des oben erwähnten Gui Han. Latsang hatte im 
Jabre 1705, wie es scheint, im Einverständnisse mit Kaiser Kanghi — 


jedenfalls wurde seine Handlungsweise von diesem nachträglich gut 


1) Sieg des Generals Fiyanggô, s. Shuo-mo fang-lio Buch XXV S. 1 ff.; Tung-hua lu 
Kapitel XHI 84. 


2) Bei der Bezeichnung der Monate ist immer der chinesische Stil gemeint. 


202 £. HAENISCH. 


geheissen — sich des Dalai Lama mit Gewalt bemächtigt und nach 
dessen bald darauf erfolgtem Tode einen von ihm selbst entdeckten 
Hubilgan auf den Kirchenthron erhoben. Es ist begreiflich, dass 
Latsang durch seine Gewalttätigkeit sich unter den Lamas eine 
Menge Feinde erworben hatte. Von seinem neuen Dalai Lama wollte 
auch ein grosser Teil der buddhistischen Welt nichts wissen. Bald 
faud sich ein anderer Prätendent auf den Kirchenthron, mit grosse 
Auhange besonders im Lande Kuku noor, der aber von Kanghi 
Kaiser in weiser Voraussicht in einem Kloster bei Sining in 
Gewahrsam, für spätere Verwendung bereit, gehalten wurde. Der 
Dsungarenfürst Tsewang Rabtan, welcher das Steigen des chinesi- 
schen Einflusses in Tibet mit wachsender Besorgnis bemerkte, — eine 
entscheidende Stimme in Lhasa musste dem Kaiser auch einen ge- 
steigerten Einfluss auf die Gesamtheit der mongolischen Stimme ver- 
schaffen — glaubte jetzt den Augenblick gekommen, wo er mit 
Hülfe von Latsang’s Feinden die Gewalé in Tibet an sich reissen 
müsste, um damit seinen eigenen Stamm zur lamaistischen Vormacht 
zu erheben. Es galt für ihn, in aller Stille zu handeln, damit ihm 
der Kaiser nicht zuvorkäme. Denn er, der Dsungar, hatte den län- 
geren und bei weitem beschwerlicheren Weg. In grôsster Heimlich- 
keit überschritt sein Feldherr Ceringdondob die Pässe des Tingkur- 
ting-Gebirges, und es gelang ihm tatsächlich Latsang's Wachen zu 
überraschen. Nach Osten verhinderten die ungeheuren wege- und 
verkehrslosen Strecken das Weiterdringen von der Kunde des Über- 
falls. Als der chinesische Kaiser die ersten Gerüchte davon vernahm, 
befand sich das Dsungarenheer schon sieben Monate im Lande der 
Tibeter. Kanghi wusste bei Funingga’s kurzer Meldung zuerst nicht 
recht, was er von dem feindlichen Handstreich halten sollte. Ob 
die Dsungaren es wirklich auf Tibet abgesehen hatten, oder ob sie 
beabsichtigten über Caidam, vielleicht im Verein mit Latsang, das 


Land Kuku noor anzugreifen und sich des Hubilgan’s in Sining zu 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 203 


bemächtigen. Denn so klug war der Kaiser, dass er seinem Freunde 
in Dam auch nicht unbedingt traute. Der Entschluss des Kaisers 
lautete, die gesamte Westgrenze, vor allem aber das Gebiet von 
Kuku noor durch Truppen zu sichern. Im Norden wo die Generale 
Faningga und Arna mit ihren Heeren standen, war alles schon von 
langer Hand vorbereitet und eine Überraschung nicht zu befürchten. 
Zum Schutze von Kuku noor mussten dagegen umfassende Mass- 
nahmen getroffen werden. In Sining und Sung-p'an wurden Abtei- 
lungen zusammengezogen und bei den dortigen Eingeborenen Hülfs- 
truppen aufgeboten. Die in Gas stehenden Garnisonen erhielten Befehl], 
sich in ihren Stellungen zur Verteidigung einzurichten. Von Ssü- 
ch‘uan aus wurde ein Rekognoscierungszug in der Richtung auf Kuku 
noor unternommen. Die Ungewissheit über die Absichten der Dsuu- 
garen sollte aber nicht lange dauern. Noch im achten Monat kam 
ein Brief von Latsang mit der Nachricht, dass der Marsch der Dsun- 
garen ihm gelte, und bald darauf ein dringender Hülferuf. Der 
Kaiser zügerte nicht, ihm zu folgen. Somit wurde die Expedition 
nach Tibet beschlossen, welche entscheiden musste, ob Dsungaren 
oder Chinesen die dauernde Herrschaft über das heilige Land in die 
Hand fallen sollte. 

Un für alle Fälle gerüstet zu sein, hatte man bereits eine all- 
mühliche Verschiebung der stehenden Truppen nach Westen eintreten 
lassen. Die Bannertruppen vou T'ai-yüan hatien einen Teil ihres 
Bestandes nach Hsi-an abgeben müssen, die von Ching-chou nach 
Ch'êng-tu, zur Bildung neuer Garnisonen. In der Provinz Yün-nan 
lagen Bannertruppen aus Hang-chou und Chiang-ning. Im Anfange 
des Jahres 1718 begann die Offensive auf zwei Linien: im Norden 
von Sining durch Kuku noor und Caidam, im Süden von Ch'éugtu 
über Ta-chien-lu, Litang, Batang d.h. auf der Strasse, auf welcher 
sich von jeher der Handelsverkehr zwischen China uud Tibet bewegte. 


Im Norden marschieren Generalgouverneur Erentei, der Herzog 
14 


204 E. HAENISCK. 


Tsewang Norbu und Acitu in Kuku noor ein und besetzen dort 
alle Plitze von strategischer Bedeutung. Die Fürsten des Landes 
müssen ein Hülfsheer von 6000 Mann stellen. Ein Rekognosierungs- 
trupp trifft in Caidam mit einer Schar flüchtiger Tibeter zusammen, 
welche von der Eroberung Potala’s durch die Dsungaren und Lat- 
saug’s Tod berichten. Da ungefähr gleichzeitig ein Gerücht eintrifft, 
Tsewang Rabtan sei selbst mit seinem Stamme nach Tibet gezogen, 
so werden auf Befehl des Kaisers sämtliche Operationen für das 
laufende Jahr eingestellt, nur ein selbständiges Detachement unter 
dem Kommandanten Sereng wird nach Tibet vorgeschickt um auf- 
zuklären. Erentei soll dem Zuge folgen, um ïhn nôtigenfalls zu 
entsetzen. Sereng, dessen eigentliche Aufgabe es war, sich den Feind 
durch die Eingeborenen heranlocken zu lassen, dann Fühlung mit 
dem Feinde zu halten und môglichst genaue Nachrichten aus Haupt- 
quartier zu senden, führt seinen Marsch auf selbständigen Entschluss 
ohne Aufenthalt durch. Er erreicht am 13/V den Fluss Muru usu, 
welchen er überschreitet, und kommt ins Land der Tangguten, wo 
sein Erscheinen eitel Freude hervorruft. Denn die Dsungaren hatten 
unter dem Volke übel gehaust wie sie auch in Lhasa unmenschliche 
Greuel begangen hatten. Sicher gemacht durch die freundliche Auf- 
nahme bei der Bevülkerung marschiert er weiter, obgleich ihm die 
Verbindung mit der Abteilung Erentei schon lange verloren gegangen 
war. Er schickt nur eine Patrouille zurück, um Erentei zu suchen 
und ihm zu melden, er wolle am Ufer des Kara usu auf ihn warten. 
Am Kara usu wird dann Sereng’s Lager in der Nacht vom 21. 
zum 22. VII von den Feinden überfallen. Der Überfall wird abge- 
schlagen. — Erentei, welcher nicht vermutete, das Sereng in solcher 
Übereile marschieren würde, hatte seinem Heere erst noch ein paar 
Tage Ruhe gegünnt und war dann hinter dem Detachement her- 
marschiert. Er ist am 18/VI am Muru usu und überschreitet den 


Strom bei Dolon olom. Er wundert sich hier keine Spuren von 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 205 


Sereng zu finden, obgleich er ihn auf den Flussübergang an dieser 
Stelle verwiesen hatte. Zufällig erfäihrt er durch den türkischen 
Proviantspediteur Dargan Bek, dass Sereng auf einem anderen Wege, 
über Baitu, marschiert sei. Erentei ändert darauf, um Sereng noch 
emmzuholen seine Route und rückt in Eilmärschen auf den Kara usu 
zu, über Kukusai, Bok ak und Mengdsan sirik. Am Flusse Cino 
gool wird auch er am 17/VII abends von den Dsungaren über- 
fallen, wirft sie aber unter Verlusten zurück und marschiert weiter 
in der Richtung auf den Langla-Pass. Zehn Tage später hat er sich 
mit Sereng am Kara usu vereinigt, und beide zusammen haben nun 
harte Kämpfe mit den Dsungaren zu bestehen, die ihnen keinen 
Schritt weiteren Vormarsches gestatten. Uneinigkeit zwischen den 
beiden Führern, wie es scheint, Sereng’s Starrküpfigkeit, besiegelt 
das Schicksal des Heeres. Sereng und Erentei behalten ihre ge- 
trennten Feldlager, werden vom 29/VIT bis zum 20/VIII durch 
grosse feindliche Scharen von einander abgeschnitten. Proviantmangel 
tnitt ein, und ein trauriges Ende der beiden Führer sowie der ge- 
samten Heeres ist die Folge. Die Feinde scheinen einen weiten 
Vorstoss nach Norden unternommen zu haben, denn etwa gleich- 
zeitig wurde am Muru usu eine 500 Mann starke Eingeborenen- 
kolonne zersprengt, welche eine Proviantzug geleitete. — Im Süden 
lagen die Operationen zuerst in der Hand des Gouverneurs von 
Ssü-ch'uan Nien Kéng-yao. Die erste Massnahme war die Detachierung 
einer starken Truppe nach Ta-chien-lu, wo unter der Bevülkerung 
bereits eine recht bedenkliche Stimmung herrschte. Da verlautete, 
dass mann in Litang mit dem Feinde sympathisiere, wurde sogleich 
eine besondere Abteilung zur Besetzung dieses Platzes ausgesandt, 
Weïtere Operationen gab es hier in diesem Jahre nicht mehr, in 
Gemässheit mit dem Kaiserlichen Entschlusse. Doch wurden die 
gewonnenen Stellungen verstärkt, die rückwärtigen Verbindungen 


gesichert und die Proviantierung für die nächstjährigen Operationen 


206 E. HAENISCH. 


vorbereitet. — Mit dem Beginne des nächsten Jahres (1719) traf 
General Galbi aus Peking in Ch'éng-tu ein, um mit Nien Kéng-yao 
gemeinsam die Leitung der jetzt beschlossenen Expedition nach Tibet 
zu übernehmen. Batang wurde besetzt und das Heer allmählich von 
Ch'éug-tu über Ta-chien-lu und Litang vorgeschoben. Diese Anmarsch- 
linie hatte man nach Nordwesten gegen den Dsungarengeneral 
Cuimpil zu sichern, der sich auf einem Streifzuge im Kuku noor- 
Gebiete gezeigt haben sollte. Es hiess auch, dass der Feind bedeutende 
Verstärkungen erhalten habe. Die Offensive erfolgte im nächsten 
Jahre (1720) von Batang aus. Von Ssü-ch'uan führte General Fara 
Verstärkungen heran, von Yüu-nan marschierte General Uge mit 
einer Abteilung über Chungtien nach Batang. In Sungp'an brach 
General Ningguri nach dem gleichen Ziele auf. Ein Kaiserliches 
Edikt ernannte Galbi zum Befehlshaber des Expeditionsheeres, und 
im Sommer wurde der allgemeine Vormarsch angetreten, welcher die 
Armee über Bark'am, Lari und dan nach kurzern Aufenthalt weiter 
über Meju und Gungk'a am 22/VIIT vor die Tore der Stadt Lhasa 
führte. Sie fiel dem Heere ohne grosse Opfer in die Hände. Dem 
Volke und den Lamas wurde in einer Proklamation ,,die Errettung 
vom Dsungarenjoche durch den chinesischen Kaiser” verkündet, und 
das Heer bezog eine feste Stellung in der Nähe der Stadt. 

Von Kuku noor aus war ungefähr um dieselbe Zeit ein neues 
Heer unter General Jansin ins Feld gerückt, um den neuen Dalai 
Lama nach Lhasa zu geleiten. Nach harten Kämpfen bei Bok $ak 
und am Flusse Cino gool langte das Heer am 8/IX in Dam an 
und hielt gleich darauf seinen Einzug in Lhasa, Und jetzt wurde 
vom Kaiser in seinem Spiele der letzte Zug getan, die Tat, ohne 
welche er sein Werk nicht als abgeschlossen betrachten konnte. 
Der Kaiser brachte den Tibetern den Hubilgan von Sining, der 
allgemein herbeigesehnt und als die einzig wahre Wiedergeburt 


betrachtet wurde. Denselben Mann, dessen sich auch Tsewang Rabtan 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS, 207 


hatte bedienen wollen. Den mit ihren Vorstôssen nach Kuku noor 
hatten die Dsungaren nichts anderes bezweckt, als sich des in 
Sining eingeschlossenen Hubilgan’s mit Gewalt zu bemächtigen und 
ihn im Triumph nach Lhasa zu führen, um dort ihre eigene Stel- 
lung zu festigen. — Jetzt war grosser Jubel in den lamaistischen 
Ländern. Von allen Seiten drängten sich die mongolischen Grossen 
mit der Bitte, den neuen Dalai Lama in seine Residenz geleiten 
zu dürfen. Und gefolgt von einer zahlreichen Schar mongolischer 
Fürsten und Edler zog der Hubilgan in Potala ein, wo er als Dalai 
Lama der sechsten Wiedergeburt den Kirchenthron bestieg. 
Ceringdondob war mit seinem Heere nach Norden entwichen. 
Schon bei ihrem Einfall in Tibet hatten die Dsungaren, welche, 
ohne regelmässige Zufuhr, auf Raub und Plünderung angewiesen 
waren, schrecklich unter Hunger und Kälte leiden müssen. Wie es 
dem geschlagenen Heere bei seiner Flucht durch das feindliche Land 
mit der erbitterten Bevülkerung gegangen sein mag, das Lisst sich 
nur ahnen. — Im Norden ging der grosse Krieg, in welchen die tibe- 
tische Expedition ja nur eine Episode war, noch viele Jahre weiter. 
Er überdauerte noch den Tod Tsewang Rabtan's ebenso wie den 
des chinesischen Kaisers ‘). Aber in Tibet hatten die Dsungaren 
das Spiel verloren. Für die Chinesen handelte es sich darum, die 
gewonnene Stellung zu halten und zu befestigen. Um das Volk und 
die Lamas môglichst zu schonen, wurde der grôüsste Teil des chine- 
sischen Heeres aus dem Lande zurück gezogen. Nur etwa 3000 
Man», die meisten davon Hülfsvôlker aus Kuku noor, also Lamaisten 
uud besonders treue Anhänger des neuen Dalai Lama’s, blieben unter 
Herzog Tsewang Norbu als Besatzung in Lhasa. Doch nahm der 
Generalissimus Prinz Jôn-ti eine Bereitschaftstellung am Flusse 


Muru usu, an der Strasse. Lhasa-Kuku noor. Im Sommer des näch- 


1) Neben dem Chun-ko-rh fang-lio s. Shêng-wu-chi Kap. III u. IV, Huang-ch‘ao wu- 


kung chi-shèng ET H}] ME JT} EU Jk Shanghai-Auss. Kep. I, 9. 


208 E. HAENISCH. 


sten Jahres (1721) beschloss der Kaiser dann die Errichtung einer 
ständigen Bannergarnison unter dem Kommando des Generals Jansin. 
Die Stärke derselben betrug tausend Mann: 500 Mann Chiang-ning- 
und Hang-chou-Mandschutruppen, welche in Yün-nan standen, und 
500 Mann vom Grünen Banner der Provinz Ssü-ch‘uan zu sammeln 


und persünlich in ihre neue Garnison zu führen. 


Es folgen hierunter die Schriftstücke in der Übersetzung aus 
dem Mandschurischen, 37 an der Zahl. Das vier dreissigste, welches 
die Geographie der tibetischen Länder behaudelt, ist des Interesses 
wegen gebracht worden, wenn es vielleicht auch mit dem Thema 


nur in losem Zusammenhange steht,. 


Lie 


Am ersten des achten Monats, am Tage jèn-wu [im 56. Jahre der Regierung 
Kanghi, 1717] bestimmte ein Kaiserliches Edikt den mit der Aus- 
übung der Geschäfte des Bannergenerals von Si-an 
betrauten Generalgouverneur Erentei mit 


einer Heeresabteilung nach Sining 1). 

Es war eine Meldung von General ?) Funingga *) eingelaufen: 
»Ein kriegssefangener Mohamedaner namens Aduhôli) hat ausge- 
sagt: Tsewang Rabtan ‘) habe die taisangs ©) Dugar Sauduk, Cering- 
dondob und Tobci*) an der Spitze von 6000 Mann im elften Monat 

1) Tung-hua-lu Kanghi XX, 9. 


2) Der Titel des Generals lautete Nr] fi LEA #5 mandsch. fudaraka be geterembure 
jiyanggiyôn ,, Vernichter der Aufständischen”’. 


5) 5 2 2€ seine Biographie s. die Biographiensamniug [4 #H 2€ 1E 
Æ Z2 Kuo-ch'ao hsien-chêng shihlio Kap. 7. 

s) y #6 nf 1. 

5) SR 2e (ii D) 751 M. 


6) JE SK ein mongolisches Wort, bedeutet das Haupt siner Horde. 


D 0 NT À #6, À À 24 © 1h, 46 10 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 209 


des vergangenen Jahres über Arik ‘) nach Westen gesandt. Ob das 
geschehen sei, um Latsang ?) zu bekriegen oder 1hn zu unterstützen, 
künne er (Aduhôli) auch nicht genau sagen.” 

Der Kaiser verfügte darauf: ,,[ch weiss zwar nicht, ob die 
Kunde, dass Tsewang Rabtan ein Heer über Arik vorgeschickt 
habe, auf Wahrheit beruht oder nicht. Aber ich entsinne mich der 
Worte, welche der hôchst verabscheuungswürdige Tsewang Rabtan 
seinerzeit die Boten des Iebtsundamba Hôtuktu *) gerichtet hat: 
Latsang Han sei ein Säufer und Nichtstuer, den man nicht 
als voll ansehen künne. So sagte er und behielt auch Latsang’s 
Sohn zurück, ebenso wie er die Gesandten des Dalai Lama ‘) und 
des Bancan *) festhielt und nicht wieder entliess. Nun kann man 
nicht mit Bestimmtheit sagen, ob sein Heer Latsang bekriegen und 
die Westländer erobern oder ob es Latsang bei einem Angriff auf 
Huhu noor°) helfen soll. Falls sein Heer, welches im elften Monat 
vorigen Jahres aufgebrochen ist, den Marsch unternommen hat mit 
der Absicht, Latsang zu bekriegen, so wäre das Unglück jetzt schon 
geschehen, und wir künnten Latsang mit unserm Heere nicht mehr 
helfen, wenn wir auch wollten. Denn der Platz ist zu weit. Falls 
aber Tsewang Rabtan's Heer den Plan hatte, Latsang zu unter- 
stützen und mit ihm gemeinsam einen Angriff auf Huhu noor zu 
unternehmen, so wären wir gezwungen mobil zu machen und gegen 
die Feinde die Offensive zu ergreifen. Nun stehen zur Zeit in 


Barkul’) Funingga und Arna‘), welche in jeder Heinsicht mit 


1) Fnj Hi 55. 2) hi JE. 

) À PH EN Lx. 

1) RE HET D) Ji - 

5) = Pancen Erdeni JJE JIHI AE PA fi JE, , der Pancen Lama. 

6) = Kuku noor chin. Fj ff. ) EE. 
s) FT FT 10 


210 E. HAENISCH. 


der militärischen Lage vertraut sind, sodass die Operationen dort 
sehr bequem auszuführen wären. Wir geben aber dem Staatsrat zur 
Erwägung, ob es vnicht angebracht wäre, Erentei') (von dort) 
zurückzunehmen und ibm seinen ständigen Posten in Si-ning ?) 
anzuweisen, mit dem Auftrage, die Hülfstruppen der Eingeborenen 
samt den Leuten von Huhu noor in Kriegsbereitschaft zu brirgen, 
Der Beschluss ist mir vorzulegen.” 

Der Staatsrat richtete nach Beschlussfassung folgende eingabe an 
der Thron: Ew. Majestät haben in Ihrem Edikt die Lage auf das 
Richtigste gekennzeichnet. Wir wollen folgende Massnabmen an- 
orduen: den mit der Wahrnehmung der Geschäfte des Bannergenerals 
betrauten Generalgouverneur Erentei anweisen, sich eiligst nach Si- 
ning zu begeben und dort die militärischen Geschäfte und die 
Proviantfrage zu regeln; den Brigadegeneral *) von Si-ning Wang- 
i-kiyan *) und Calihôn‘), vortragendes Mitglied im Hanlin-Kolle- 
gium(), nach Sungp'an ) kommaudieren, um dort Vorkehrungen 
zu treffen; schliesslich den Provinzialgeneral 5) K'‘ang-tai ”) sowie 
den Ministerialhülfssekretär ‘°) Batma !’) beauftragen, unverzüglich 
Patrouillen mach Huhu noor zu senden und genaue Nachrichten 


einzuholen; falls sie Nachrichten erhielten, sollten sie einerseits 


D 84 Àù #F- 
2) pt 25 in Kansu. 
3) A + = mandsch. uheri kadalara da. . 


s E LÀ. 5) À Ne PE 


6) (S: = SE mandsch, aliha bithei da. 


7) 4 CHE) in Ssü-ch‘uan. 
8) LE 7x mandsch. fideme kadalara amban. 
9) Es Z$ aus Kansu, tat sich im Kriege gegen Galdan bei Ioo Modo hervor. 


Über seine Person s. die Biographiensammlung DEA +, Fr. 1# Han ming-ch‘ên chuan 
Kap. 14. 


10) 2 ÆF mandsch. ejeku hafan. un) EL À Ji 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 211 


Ew. Majestät davon Meldung machen, andrerseits es sich gegen- 
seitig benachrichtigen, und dann jeder für sich so handeln, wie es 
ihm die Lage gebôte. An die in Gas!) stehenden Gardekapitäne °) 
Acitu *) und HooSan “) wäre schliesslich die Losung auszugeben: 
mit grüsster Gewissenhaftigkeit sich zur Verteidigung einzurichten 
sowie die Spuren des Feindes zu rekognoscieren.” Der Kaiser befahl 


die Ausführung dieser Vorschläge. 


LE 


Am Tage Ting-wei erschien ein Kaiserliches Edikt, welcher Truppen 

aus der Mandschugarnison Ging-jeo nach Ceng-du und Truppen 
aus der Mandschugarnison Tai-yuwan nach Si-an 
kommandierte ÿ). 

Der Staatsrat hatte in Beratung eines Berichts von dem in 
Si-uing stehenden Han-lin-Mitglied Calihôn eine neue Eingabe ge- 
macht: ,,Von dem Fürsten des Westlandes Latsang Han ist ein 
Brief gekommen: am Vierten des siebenten Monats ist Tsewang 
Rabtan’s Heer angerückt und hat das Volk von dem Stamme Bom- 
boo f), welcher in dem Gebiete seines Landes Nakcan *) wohnt, ge- 
plündert. Weiïter heisst es, Ceringdondob sei mit einem Heere von 
10000 Mann gegen mich, Latsang, im Anzuge. — Da wir unter 
diesen Umständen nicht umhin künnen, Vorkehrungen zu treffen, 
so beantragen wir, die Truppen von Sung-p'an und $i-ning über 


die Grenze zu dirigieren und dort Lager beziehen zu lassen.” 


1) DE Hÿ ein wichtiger strategischer Platz im westlichen Caidam. Von Gas führte 
eine Relaisverbindung in 18 Stationen über Gum nach Muru usu. 


2) + f mandsch. hiya. 
1:1) où Æ #. 


5) Tung-hua-lu Kanghi XX 104. 
6) Æ 5 die Umschreibung hat hier den Wert der ersten Silbe nicht wieder- 


gegeben. Es wäre etwa ein F5 Zu ergänzen. 
Û 


DH ZE NE 


212 E. HAENISCH. 


Der Kaiser befahl die Ausführung dieses Antrages. Da man aber 
bei der weiten Entfernung des Ortes wohl nicht auf Eintreffen von 
Nachrichten warten und danu erst Truppen kommandieren kônnte, 
so verfügte er die Verlegung von 2000 Mann Mandschutruppen aus 
Ging-jeo ‘) nach Ceng-du ?) und von 500 Mann aus Tai-yuwan ©) 


nach $Si-an *). 


LIT. 


Am Ersten des neunten Monats, 
am Tage jèn-tzü, erging ein Kaiserlicher Befehl an Norbu, Sereng 
und Budari 5). 

Norbu, Sereng und Budarif) hatten sich auf den Kaiserlichen 
Befehl zum Einmarsche in Huhu noor hin an den Thron gewandt 
mit der ehrfurchtsvollen Bitte um nähere Anweïsungen. 

Daraufhin schrieb ihnen der Kaiser: ,,Ïhr alle drei seid im 
Huhu noor-Gebiet viel herumgekommen und wisst mit den Wegen 
Bescheid. In Rücksicht darauf will ich Euch dorthin kommandieren. 
Falls jetzt Latsang im Stande sein sollte, Tsewang Rabtan’s Heer 
zu verjagen, würde ich euch, sobald die Nachricht käme, wieder 
zurückziehen. Falls aber Latsang dem Tsewang Rabtan unterliegen 
sollte, dann hältet ihr, den Taijis’) von Huhu noor eure Unter- 
stützung leihend, ins Feld zu ziehen, was ihr ihnen klar und deutlich 
verkünden müsstet. Unter allen Umständen wie eine Person han- 
delnd, hättet ihr euch davor zu hüten, jene auch nur in die ge- 


ringste Unschlüssigkeit zu versetzen und Verwirruugen zu verur- 


n 3h) MA. >) DK KV: 
5 K JE. s) Di À. 


5) Tung-hua-lu vacat. 


6) 24 SR NE 5 AT 1, (& À; die chin. Umschreïung des Namens 


Budari war nicht festzustellen. Tsewang Norbu ist ein mongolischer Fürst, Sereng ein 
Offizier des geränderten gelben Mongolenbanners. 


7) ñ == ist ein mongolischer Edelmann. 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 213 


sachen. Falls schliesslich Latsang im Verein mit Tsewang Rabtan’s 
Heere sich anschicken sollte, Daicing Ho$ooci ‘) anzugreifen, dann 
hättet ïhr an alle Taïis von Huhu noor folgenden Aufruf zu 
erlassen: ,,lTsewang Rabtan hat sich dem Kaiserlichen Heere ent- 
gegengestellt, wenn jetzt Latsang sich mit den Feinden vereinigt, 
so ist es klar, dass dies Feindschaft mit uns bedeutet. Unser aller- 
heïligster Herr und Kaiser hat die Sühne und Enkel Guéi Han'’s ?) 
vom ersten bis zum letzten gehest und beschirmt. Das ist bis auf 
den heutigen Tag geschehen. Wahrlich, eine Gnade unsres aller- 
heiligsten Kaiïsers, so hoch und so umfassend wie Himmel und Erde! 
Jetzt wäre der richtige Augenblick, in treuer Hingebung und mit 
Aufbietunug aller Krüfte sich dankbar zu erweisen. Wenn wir mit 
vereinten Kräften handeln, ist die Sache von grôsster Leichtigkeit. 
Die Zahl der zur Zeit an den Grenzen von Secuan *) und Sining 
stehenden Truppenkôrper beträgt hunderttausend Mann. Jetzt haben 
wir noch dazu von der Mandschugarnison in Gingjeo 2000 Mann 
kommandiert und nach Ceng-du in Bereitschaft legen lassen, und 
von Tai-yuwan und anderen Orten Mandschutruppen nach Ki-ning 
legen lassen. Wenn wir im Ernst unsere Truppen ins Feld führen 
wollten, wären sie unerschôpflich.” In dieser Weïse müsst ihr auch 
mit Daicing Hosooci sprechen. Und dass Tsewang Rabtan's Heer, 
weun er erst Latsang angreift, hernach dann dem Dalai Lama Ge- 
walt antun wird, dass must ihr ihnen auch unbedingt einprägen. 
Noch eins: der Bannergeneral Erentei ist ein Mann von ausserge- 
wôühulichem Mut und bedeutenden Fähigkeiten. Ihr habt euch in 
allen Angelegenheiten mit ihm ins Einvernehmen zu setzen. Und 
wenn ihr irgend etwas in Erfahrung gebracht habt, dann habt ïhr 
unter allen Umständen erst nach gemeinsamen Beratung (mit ihm) 


Massnahmen zu treffen.” 


n ? » RH TT. » PU Jr. 


214 E. HAENISCH. 


IV. 


Am Tage I-ssû beorderte ein Kaiserlicher Befehl den Divisionsgeneral 
Hori nach Jôn-nan, den Gardekommandanten Umpu 
nach Da-jiyan-lu !). 

An den Staatsrat kam ein Erlass des Kaisers: ,,]n Anbetracht 
dessen, dass der jetzige Kriegsschauplatz im Westen Zugangsstrassen 
nach Jôn-nan ?) und Da-jiyan-lu *) besitzt, ist es nôtig Vorkehrungen 
zu treffen. Ich befehle hiermit, den Divisionsgeneral *) Hori °) nach 
Jôn-nan und den Gardekommandanten $) Umpu *) nach Da-jiyan-lu 
zusenden. Dieselben sollen sich je zwei Garde-Majore und Kapitäne 
sowie zwei Ministerialbeamte mitnehmen und sich mit Relais an 


ihre Posten begeben.” 


V. 


Ein Kaiserliches Edikt (von demselben Tage) kommandierte den Herzog 
Tsewang Norbu, den Bannergeneral Erentei und den Garde- 
kapitän Acitu an die wichtigen Plätze im Huku- 
noor-Gebiet 8). 


Es lag eine Meldung von dem Prinzen Lobtsang Danjin *) von 


Huhu noor vor: ,,Als Ceringdondob, welchen Tsewang Rabtan aus- 





1) Tung-hua lu Kanghi XX 124. 
2) ES F4: Weg nach Tibet über Chung-tien. 


3) FT Fi cn der natürliche Grenzplatz zwischen Tibet und der Provinz Ssü- 
chwan. Hauptstapelplatz für den Zwischenhandel, und heute noch wichtigste Etappe für 
militärische Unternehmungen gegen Tibet, Sitz eines militärischen Präfekten. Die Stadt ist 
von Ch‘êngtu 1000 Li entfernt, von ibr bis nach Litang sind es noch 620 Ii, bis nach 
Batang, der äussersten Grenzstation der Provinz Ssü-ch'uan, 12C0 Li. Ta-chien-lu befand 
sich seit dem Ausgange des 17. Jahrhunderts in der Hand der Mandschudynastie, Im 
Jahre 1700 wurde die berühmte Hängebrücke Lu-ting-ch‘iao gebaut. Die Strasse obwohl 
heute im allgemeinen gut im Stande gehalten, ist doch noch jetzt an vielen Stellen recht 


schmal und gefährlich. 


4) #T A mandsch. gôsa be kadalara amban. 5) fu NE . 
6) TE Es À FE mandsch. (bayara coohai) tui janggin. 7) A H 


8) Tung-hua-lu Kanghi XX 12a. 


te 
9) dé P JE FF EE Enkel Gusi Han’s. Erst ein Anhänger der Dynastie, 
empürte er sich im 1. Jahre der Regierung Yung-chêng und wurde von General Yo-Chung- 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 215 


gesandt hat, mit 3000 Mann heranmarschierte, um Tibet zu erobern, 
ging ihm Latsang mit seinem Heere entgegen und nabm den Kampf 
mit ihm auf, wobei es auf beiden Seiten weder Sieg noch Nieder- 
lage gab'). Die Leute aus Ceringdondob's Heer, welches von weit 
her durch den Schnee gezogen kam, waren verfroren und verhungert, 
ibre Pferde und Kamele gefallen und krepiert, sodass alle Leute zu 
Fuss marschieren mussten und sich auf dem Wege mit dem Fleisch 
von Menschen und Hunden nährten. Von den 3000 Mann, unter 
welchen sich mehr Uriyanghai-Leute ?) als Ületen *) befinden, kamen 
nur noch 2500 Mann an. Die übrigen waren zu Tode erschüpft 
und hatten nicht Schritt halten künnen.” 

Hieraufhin gab der Kaiser folgenden Erlass an den Staatsrat : 
«In Tibet gibt es eine Menge Proviant, den der Dalai Lama auf 
gespeichert hat. Auch Waffen sind vorhanden. Das Volk von Tibet 
hält an der Religion fest. Wenn jetzt Tsewang Rabtan ohne Grund 
die Religion stürzen und Tibet erobern will, so müchten sich das 
die Bewohner wohl kaum gefallen lassen. Nun befand sich noch 
dazu Ceringdondob’s Heer bei seiner Ankunft auf dem Gipfel der 
Erschüpfung. Und wenn es jetzt erst ins (Gefecht gekommen ist, 


und man den Abgang au Gefallenen uud au Krankheït Gestorbenen 
in Betracht zieht, müchten schwerlich noch 2000 Mann da sein. 
Ob er damit noch imstande wäüre, Latsang’s Burg zu nehmen? Nein! 


sondern, wenn Ceringdondob im Siune hat, das Land mit Waffeu- 


ch'i in einem sehr schwierigen Feldzuge besiegt, s. die Biographien dieses Generals, Han 
ming-ch‘êèn chuan Kap. 28 und Kuo-ch‘ao hsien-chèng shih-lio Kap. 14, auch Mêng-ku 
ÿa-mu-chi ES nr Pres # SL »die Nomadengebiete der mongolischen Stämme” 
Kap. XII, S. 96. 

1) s. Shêng-wu-chi Kap. 5. 


2) LL 7 # auch 5 7 #.. eine Landschaft nôrdl. Kobdo. 


3) Es] & JE auch JE nés JE. Die Ülôten sind der Hauptstamm, welcher 


wieder in vier Einzelstämme zerfällt, darunter Dsungaren und Ho$oten, s. Mêng-ku yu-mu- 
chi Kap. 11. 


216 £. HAENISCH. 


gewalt zu erobern, so ist seine Streitmacht nicht mehr ausreichend. 
Und wenn er den Rückzug in die Heimat antreten will, so wird 
er auch keinen Wew zur Rettung mehr finden. Da es aber nicht 
ausgeschlossen ist, dass er in seiner Bedrängnis raubend und plün- 
dernd umherzieht, so ist es für uns unbedingt nôtig die umfassendsten 
Vorsichtsmassregeln zu treffen. Wir geben euch die Frage zur 
reiflichen Überlegung und wünschen Bericht darüber.” 

Die gleich darauf eintreffende Antwort lautete: 

Wir empfehlen, die Taiïjis von Huhu noor mit ihren Streit- 
kräften schleunigst ins Feld marschieren zu lassen und den Herzog 
Tsewang Norbu, Bannergeneral Erentei und Gardekapitän Acitu 
mit ihren Abteilungen an die strategischen Punkte von Hubu noor 
zu postieren um Nachrichten zu erlangen. Dieselben hätten unter 
allen Umständen nur mit gegenseitiger Unterstützung und nach ge- 
meinschaftlicher Beratung zu handeln. Schliesslich müsste General 
Funingga schleunigst benachrichtigt werden.” Der Kaiser verfügte 


demgemäss. 


VI. 


Im ersten Monat (des 57 Jahres Kanghi), am Tage këng-shèn, erging 
ein Kaiserlicher Befehl, welcher den Gardekommandanten 
Umpu mit Gingjeo-Mandschutruppen nach Da- 
jiyan-lu in Garnison legt !). 
Eine Meldung des Divisionsgeneral Fara ?) lautete; ,,Die Strasse 
nach Da-jiyan-lu *) ist schmal. Es macht grosse Schwierigkeiten, 
den Proviant auf ihr heranzuschaffen. Die Mandschutruppen aus 


Gingjeo hatten, als sie im vorigen Jahre ankamen, einen weiten 





1) Tung-hua-lu vacat. 


2) “k ii] seine Biographie s. Man ming-ch‘èn chuan D A Fr. fÈ Kap. 20 


(aus der ,Sammlung von Biographien bedeutender mandschurischer und chinesischer Beamter”’. 


1 À Æ BE. 


3) s. Kap. IV, Anm. 3. 











BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 217 


Weg hinter sich, und ïhre Pferde waren abgemagert. Sobald wir 
sie wieder herausgefüttert haben, will ich 500 Mann von den Truppen 
abteilen, Offiziere kommandieren und die Truppe an ihren Posten 
führen. Weiïter beabsichtige ich, von dem Grünen Banner des 
Generalmajors von Giyan-cang ‘) 700 Mann Kavallerie und Infanterie 
und von dem Grünen Banner vom Hua-lin-ying ?) 800 Mann Ka- 
vallerie und Infanterie aussondern und an ihren Garnisonen in 
Bereïtschaft halten zu lassen, damit sie bei Bedarf zur Verwendung 
bereit sind.” 

Der Staatsrat bemerkte dazu: ,, Wir empfehlen diesem Antrage 
stattzugeben : den Gardekommandanten Umpu mit 500 Mann Gingjeo- 
Mandschutruppen nach Da-jiyan-lu zu legen, den Gouverneur Niyan- 
geng-y00 *) aber zu beauftragen, dass er Beamte kommandiert, welche 
für die Verpflegung der Truppe sorgen.” Der Kaiser verfügte dem- 


gemiäss. 


VIL. 


Im zweiten Monat, am Tage wu-tzü, beauftragte ein Kaiserliches Edikt 
den Generalgouverneur Erentei, Bestimmungen über die Kom- 
mandierung der Ablüsungsabteilungen auf der Strasse 


nach Gas zu treffen #). 

Der Brigadegeneral von Si-ning Wang-i-kiyan hatte gemeldet : 
»Wenn man die Ablüsungsmannschaften für Gas nur aus den mir 
unterstehenden Truppen nimmt, dann bleiben mir wirklich nicht 
genug Leute übrig.” 

Dazu hatte der Staatsrat beantragt, unter den Truppen, welche 


der Divisionsgeneral Hôsitu 5) mitgebracht habe, sowie unter den in 





1) GE 4 der bekannte Bezirk Kien-ch‘ang im S. W. der Provinz Ssü-ch‘uan. 


2) À, 4 ist jedenfalls ein Ortsname. 


3) ÀE es 3 später Generalgouverneur von Ssü-ch‘uan. 
4) Tung-hua-lu vacat. b) ? 


218 E. HAENISCH. 


Gu-yuwan ‘) und Liyang-jeo ?) zur Verwendung stehenden Truppeñ 
vom Grünen Banner zu gleichen Teilen Leute zu kommandieren 
and nach Si-ning zu senden, 

Der Kaiser bestimmte: ,,În der Frage der Ablôsung der auf der 
Strasse nach Gas stehenden Detachements ist, da zur Zeit der 
Generalsouverneur Erentei, Herzog Tsewang Norbu und Acitu dort 
in der Gegend stehen, diesen Bescheid zu schreiben, und sind die- 


selben aufzufordern, Bestimmungen zu treffen.” 


VIIL. 


Am Tage këng-yin sandte ein Kaiserlicher Befehl den Gardekapitän 
Sereng mit einer Heeresabteilung aus, um Tibet 
Hülfe zu bringen à). 

Vorher hatte Generalsouverneur Erentei gemeldet, dass ein von 
Latsang gesandter Bote, Hôlaki ‘), mit folgender Mitteilung einge- 
troffen sei: ,,Bei unsern neulichen Kämpfen mit Tsewang Rabtan's 
Heere haben wir den Feinden einen Verlust von über 200 Mann 
au Toten und Gefangenen beigebracht. Die Dsungaren kônnen das 
Klima nicht vertragen: die Leute schwellen am ganzen Kôrper auf. 
Latsaug, welcher sich augenblicklich zusammen mit dem Dalai Lama 
und dem Bancan Erdeni bei der Befestigung und Verteidigung der 
Burg Budala*) befindet hat mich abgesandt, um Ew. Majestät 
diesen Brief zu überreichen.” Weiter hätten die Grosslamas Tsoleim ‘) 


und Tsangbu Ramjamba*) berichtet: ,,Als wie von G'angdisa ©) 


nach Lasa *) heimkerhbrten, teilte uns Latsang mit, das Tsewang 


1) [#| Ji CM ) in Kansu. 2) Ji JM in Kansu. 


3) Tanghua-lu Kanghi XX 224, 23a. 

s) ÉD A à 5) ff LE fr un 1h € hr. 
o #5 A À À. D DS #5 hi À HE AL. 
s) Hi] 56 Là. 9) hi Re 











BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 219 


Rabtan dem Ceringdondob ein Heer von über 6000 Mann gegeben 
habe, mit welchem dieser über das Jingkurting-Gebirge') hereinge- 
brochen sei und sich in Besitz der gefährlichen Passagen und stra- 
tegisch wichtigen Plüitze gesetzt habe. Mit uns kämpfend habe er 
mitten in der Nacht die Pässe überstiegen und das Land Dam ?) 
genommen, wo er zur Zeit noch sitze.” Weiter besagte ein Bericht 
von Acitu: ,,Latsang’s Bote Hôlaki hat erzählt: Bei den Kämpfen, 
welche unläingst zwischen Latsang, Surtsa und dem Heere Tsewang 
Rabtau’s stattgefunden hätten, habe es eine ausserordentliche Menge 
von Toten und Verwundeten gegeben. Jetzt seien Latsang und 
Surtsa *) beide aus dem Lande Dam in Ioo ‘) eingetroffen.” 

Der Staatsrat beantragte dazu: Man sollte dem Gardekapitän 
Acitu und dem Generalgouverneur Erentei brieflichen Befehl schicken, 
unter gespanntester Aufmerksamkeit und in aller Eile sich in Bereit- 
schaft zu setzen, weithin Patrouillen auszusenden, und wenn sie 
Nachrichten über den Feind hätten, bei gegebener Gelegenheit ins 
Feld zu rücken. Der Kaiser befahl diesen Vorschlag in aller Eile 
auszuführen. 

Als die Sache so stand, kam ein Brief von Latsang: ,,[ch, Ew. 
Majestät Untertan, habe Generationen lang die überreiche Gnade 
meines erlauchten Herrn erfahren. Jetzt hat, ohne dass ich mich 
dessen versah, der Rebell Tsewang Rabtan ein Heer von 6000 Mann 


ausgeschickt, welches seit zwei Monaten mit unseren tibetischen 


Truppen im Kampfe steht. Obgleich der Kampf durchaus unentschieden 


1) 2 F| RFI RE [1] der Einbruch der Dsungaren in Tibet erfolgte über das 


Kun-lun Gebirge, südl. von Keriye (Kiria). Ob das Jingkurting Gebirge diese Stelle be- 
zeichnet, ist nicht zu sagen. 


2) JE ÆS tibetische Landschaft nôrdl. v. Lhasn. 


5 ff AY L. 


4) 72) und H ist ein mongolisches Wort und bedeutet Buddha, Gôtterbild und 
auch Tempel. 
15 


220 £. HAENISCH. 


war, wieder Sieg noch Niederlage, ist das feindliche Heer doch in 
Too einmarschiert, sodass ich jezt mit meinem Heer das Land Too 
verteidige. Da aber die tibetischen Truppen an Zahl unterlegen sind, 
so isb die Lage sehr kritisch. Sollten die Länder K'am, Wei und 
Tsang !) den Feinden in die Hände fallen, so würde das den Unter- 
gang der gelben Lehre bedeuten. Ich richte nun an Ew. Majestät, 
welche die Lage ja klar wie in einem Spiegel sehen, die Bitte, ob 
uns nicht in Eile ein Hülfsheer geschickt und auch die Truppen 
von Huhu noor hergesandt werden künnten um uns zu retten.” 

Der Staatsrat bemerkte dazu: ,,Latsang ist ein Nachkomme von 
Gu$i Han und hat der gelben Lehre manchen Dienst erwiesen. 
Wenn er jetzt um Entsendung eines Hülfsheeres bittet, sollte man 
ihm willfahren. Wir empfehlen, an die Plätze Si-ning, Sung-pan, 
Da-jiyan-lu und Gas Befehl zum Beginn der Operationen zu geben, 
an allen Plätzen die Truppen marschfertig zu machen und mit den 
dem Stammesbeamten ?) Jang-Zu-sung *) unterstehenden Truppen 
gemeinsam zu marschieren. Jetzt kônnten zwar die Fürsten und 
Taiïjis von Huhu noor 6000 Mann aufbringen und mit ihnen am 
10/1 aufbrechen, aber es müssten doch auf alle Fälle auch Mand- 
schutruppen dabei sein. Diese Truppe sollte man den Gardekapitän 
Sereng und den Ministerialsekretär Calihôn bilden lässen: sie hätten 
sich von den Mandschutruppen in $i-ning 200 Mann, vom Grünen 
Banner 200 Mann auszuwählen, dazu eine Eingeborenentruppe in 


Stärke von 1000 Mann sich stellen zu lassen, diese Abteilung nach 


1) LEA A F5, JE s. Wei-tsang t‘u-chih 145 JE En am Anfange, 


sowie Ta-ch‘ing ïi-t‘ung chih, unter Tibet”. Tibet Zerfällt in die 3 Landschaften: 


113 np À (HE) ist Batang und Camdo — Hi JR . 2. (JE) ist das Gebiet 


von Lhasa und ôstlich bis Camdo = FH JE . 5. JEk ist das Gebiet von Tashi lunpo 


und westlich davon — 1 DEk . Die westlichste Landschaft ist Ari Frj H. 
2) <E F] mandsch. aiman-i hafan. 


3) #5 AU À. 











BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 221 


Hubhu noor zu führen und nach gemeinsamer Beratung mit den 
Fürsten und Taijis von Huhu noor der Lage gemäss zu handeln. 
Da nuu die Fürsten und Taijis von Hubhu noor nach Entsendung 
ihres Heeres niemand hätten, der auf ihren Tross aufpasste, s0 
sollte man den Herzog Tsewang Norbu und Generalgouverneur 
Erentei brieflich anweisen, nach Verabredung mit äen Fürsten und 
Taÿis von Hubu noor au strategisch wichtige Punkte Truppen zu 
legen und gut Wache zu halten.” 


Der Kaiser befahl die Ausführung dieses Vorschlages. 


IX. 


In einem Edikt vom Tage kuei-hai, im dritten Monat des 57 Jahres 
Kanghi, gab der Kaiser Anweisungen für den Generalgouver- 
neur Erentei mit den Herzog Tsewang Norbu !). 

Erentei hatte geschrieben: In einer früheren Meldung des Garde- 
kapitäns Sereng stand: ,,Angesichts der Tatsache, dass die Tangout- 
Leute *) noch keine bestimmte Stellung eingenommen haben, würden 
die Feinde, falls wir unter Wahrnehmung der Lage das Kaiserliche 
Heer nach Muru usu °) legten, nicht wagen, das Gebiet von Huhu 
noor ohne weiteres anzugreifen. Damit wäre die ruhige Stimmung 
bei den Huhu noor-Vülkern gesichert. Danach kônnten wir durch 
Aussendung vou Patrouillen Nachrichten über deu Feind einholen. 
Sollte sich ein erfolgreiches Vorgehen als leicht herausstellen, so 
müssten wir bei der ersten Gelegenheit vorgehen. Wenn nicht, s0 
müssten wir eben unser Lager etwas nach rückwärts verlegen und 
uus auf eine scharfe Beobachtungs- und Verteidigungstätigkeit be- 
schränken.” Der Staatsrat hatte darauf angeordnet: da die bei Sereng 


stehenden Mandschutruppen, Truppen vom Grünen Banner und Hülfs- 





1) Tang-hua-lu vacat. 


2) HE ru JE . Die Tangguten sind hier gleichbedeutend mit ,, Tibeter”. 


3) FE #8 = A Oberlauf des Kin-sha-kiang (Yangtsce). 


229 E. HAENISCH. 


vôlker samt der aus Si-ning dorthin kommaundierten Abteilung nur 
2400 Mann zählten, die Streitkräfte also sehr schwach seien, so 
sollte ich, Erentei, ihm die unter meinem Kommando stehenden 
2000 Mann vom Grünen Banner als Verstärkung schicken. Darn 
sollten wir beide, Erentei und Herzog Tsewang Norbu, mit dem 
Besatzungsheere von Hubhu uoor uns an seinen Nachtrab anschliessen 
und eine grosse Streitmacht demonstrieren. Schliesslich sollten wir, 
da an den Orten Gasan ‘) uud Gum ‘) keine Truppen ständen, den 
Divisionskommandeur Hôsitu mit 1000 Mann dorthin als Detache- 
ment legen. Ich habe nun in Erfahrung gebracht: Von Si-ning 
gibt es drei Wege, auf welchen man nach Tsang gelangen kann. 
Der eine Weg heisst Iurken ?), der andere Kukusai*), der dritte 
Baitu ‘). Der Weg über Iurken jedoch ist schmal und schlecht 
passierbar, während die beiden anderen Wege für Truppen gangoar 
sind *). Demgemäss môchte ich den Gardekapitän Sereng mit den 
ihm ursprünglich zugeteilten Truppen vom Maudschu- und Grünen 
Banner sowie den Eingeborenentruppen und den Truppen von Huhu 
noor auf dem einen Wege vorgehen lassen, während ich selbst mit 
den 2000 Mann vom Grünen Banner, welche aus Si-ning detachiert 
sind und jetzt in Boro Hoso ‘) stehen, sowie den von Coklai Namjal ?) 
gestellten 10000 Tangœuten auf dem anderen Wege vorgehe. Falls 
dann der Feind nur auf dem einen Wege anmarschieren würde, 
so kôünnte unsre eine Abteilung [die, welche sich auf dem freien 
Wege bedfinde] geradeswegs durchmarschieren, das Land Tsang in 


Besitz nehmen und dem Nachtrupp des Feindes auf dem Fusse 


1) Nicht feststellbar. 


2) ? 3) Jéi Ji €. a) FF A 


5) Über die Wege von Hsi-ning nach Tibet 8. Ta-ch‘ing i-t‘ang chih im Abschnitt 


Kuku noor, auch Wei-tsang t‘u-chih fé JEg a : F À A Ha Es Yh - 


Es sind von Hsi-ning bis Lhasa 4120 Li. 
6) ? 1) 1520 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 223 


folgen und ïhn angreifen. Falls aber der Feind auf beiden Wegen 
aurücken sollte, so würde es wohl nicht schwierig sein, den Feind 
bei seinen geteilten Kräften zu vernichten. In dem Vorschlage, 
welchen der Staatsrat eingereicht hat, steht: man künne nicht 
wissen, ob nicht Tsewang Rabtan auf die Kunde, dass unser Heer 
sich zur Besetzung Tibets anschicke, heimlich ein Heer über Gas 
schikken würde. Man sollte Acitu den brieflichen Befehl zugehen 
lassen, durch den mit der Verteidigung von Gas betrauten Kapitän 
Nachrichten über den Feind einzuholen und dann nach Peking zu 
melden. Ich habe nun betrefts der Pferde in Hôsitu's Abteilung 
festgestellt, dass die Tiere, seitdem sie aus Peking gekommen sind, 
überhaupt noch keine Ruhe gehabt haben, sodass es nicht müglich 
sein wird, mit ihnen die Grenze zu überschreiten. Dagegen sind die 
Pferde der in Si-ning stehenden 200 Mandschusoldaten aus Si-an 
sowie der unter dem Generalgouverneur stehenden 300 Mann heraus- 
gefuttert und gut im Stande, also felddienstfähig. Dann kônnte man 
von den aus Gu-yuwan nach Si-ning detachierten 1000 Mann 500 
Mann herausnehmen und von den von General Hôsitu mitgebrachten 
Truppen 1000 Mann, für diese zusammen Pferde ausmustern, welche 
man an Acitu schicken würde als Ersatz für die mangelhaften 
schwachen Pferde. Wenn man dann diese Truppe als Besatzung an 
die Orte Ga$un und Gum sowie Gas legte, wo sie auch bei Gelegen- 
heit aktiv eingreifen künnten, so würde das von grossem Nutzen 
für den Fortgang der Operationen sein, Soweit KErenteï’s Bericht. 

Weïter hatte Herzog Tsewang Norbu geschrieben: ,,In dem 
Bericht des Staatsrates wird emphohlen, mich gemäss dem Antrage 
des Gardekapitäns Sereng mit dem Generalgouverneur Erentei und 
General Hôsitu zusammen als Detachementskommandeur nach Gasun 
und Gum zu schicken. Da nun, wenn jene beiden Müänner dort 
stehen, in Hubu noor kein Grund zur Besorgnis vorliegt, so bitte 


ich mich dem Expeditionsheere zuzuteilen, damit mir auch Gelegen- 


224 E. HAENISCH. 


heit gegeben wird, meine Kräfte in den Dienst des Kaiïisers zu 
stellen.” 

Der Kaiser verfügte darauf wie folgt: ,,[ch erkenne aus der 
Durchsicht der einzelnen Meldungen von ŒErentei und Tsewang 
Norbu, dass sie beide, jeder für sich allein, berichtet haben, ohne 
irgend welche gemeinsame Beratuug vorher. Wie es für mich schwer 
ist, von hier aus eine Entscheidung zu fällen, so wäre es für sie 
dort schwer, danach zu handeln. Wenn der eine allein wäre, so 
würde ich es so machen, wie er hier beantragt. Und wenn der 
andere allein wäre, so würde ich es machen, wie er beantragt. 
Wenn ich das aber tun wüllte, so würden die Massnahmen sich 
widersprechen und eine einheitliche Aktion käme nicht zu stande. 
Es wäre richtiger, wenn alle Kommandostellen — wie eigenthich 
selbstverstindlich — ein ordnungsgemässes Verfahren gemeinsamer 
Beratung einführten. Da noch dazu die Entfernungen zwischen den 
Kommandostellen unter einander nicht übermässig weit sind, so 
soll es von jetzt ab so gehalten werden, dass über alle vorkom- 
menden Angelegenheiten erst eine gemeinsame Beratung stattfindet 


und dann ein bestimmter Beschluss gefasst wird.” 


X. 


Im Sommer, am Tage ting-ssü des fünften Monats, berichtete General- 
gouverneur Erentei über die Gefangennahme von Boten der 
Ceringdondob, Lobtsang u. Genossen 1). 

Vordem hatte Gardekapitän Acitu eine Meldung an den Kaiser 
geschickt: Als ich mit seiner Abteilung in das Gebiet von Caidam *) 
gelangt war, stiess ich am 2/1 auf eine Schar von Flüchtigen unter 
Idamjab *), welche unter Mitführung der Frau des Surtsa, Sohnes 


1) Tung-hua-lu vacat. 


2)  H À: 


3) Chines. Umschreiïbung des Namens unbekannt. 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCOHICHTE CHINAS, 225 


von Latsang, nach der Niederlage bei Ioo entwichen waren und ihm 
folgendes erzählten: ,,Als im Winter des vergangenen Jahres das 
Dsungarenheer gegen Dam anrückte, hatte es mit unseren tibeti- 
schen Truppen verschiedene Zusammenstüsse zu bestehen, wobei 
es auf beiden S$eiten Verluste gab. Aber dann am 380/X fiel der 
Ülete Gelong Sakdurjab ‘) von uns ab, setzte sich in Klein-Ioo fest 
und ging zu den Dsungaren über. Daraufhin zerstreuten sich unsere 
Scharen, Taïñi Namjal ?) mit seinem Anhang, welche sich zur selben 
Zeit in der Burg Budala befanden, üffneten das Nordtor der Stadt 
und übergaben dieselbe, worauf sich die Scharen der Feinde weit 
und breit hineinergossen. Am 1/XI wurde Latsang gefangen ge- 
nommen. Sein Sohn Surtsa, der an der Spitze von 30 Mann aus 
dem belagerten Platz auszubrechen versuchte, wurde von den Feinden 
ergriffen. Nur uns gelang es zu entweichen.” 

Auf diese Meldung von Acitu beantragte der Staatsrat: ,,In 
Hinsicht darauf, dass nach der Eroberung von Tibet (durch die 
Dsungaren) die Gattin Surtsa’s sich mit ihrer Begleitung an unser 
Heer gewandt hat, wären der Generalgouverreur Erentei und der 
Kaiïserliche Agent Cangseo *) anzuweïisen, den Flüchtlingen Pferde, 
Vieh und Unterhalt zu geben und sie in aller Ruhe in Boro Cungkak ‘) 
anzusiedeln.” 

Der Kaiser gab seine Genehmigung dazu. 

In diesem Zeitpunkt traf eine Meldung von Erentei ein: Am 
5/1V habe ich Boten von Ceringdondob gefangen genommen, Lobtsang °) 
und noch ein paar andere, zusammen acht Mann, welche auf Be- 


fragen folsendes aussagten: ,, Wir waren im ersten Monat des ver- 


1) Gelong, tibetisch dge-slon ist ein hoher lamaistischer Priester, der Eigenname war 
in seiner chines. Form nicht zu finden. 

2) Chines. Schreibung unbekannt, 

3) re späterer Vizepräsident des Kriegsministeriums. 

4) Unbekannt. 


5) SE JE. 


226 E. HAENISCH. 


gangenen Jahres von Tesis !) aufoebrochen und langten im zehnten 
Monat vor Budala an. Am Abend des 28. nahmen wir Gross-[oo 
und Klein-Ioo im Kampfe und am nächsten Tage schlossen wir 
Budala ein, wobei wir Latsang tôteten. Den jüngsten Sohn Latsangs 
und die ihn zugehôrendeu Iaisangs haben wir gefangen genommen 
und an Tsewang Rabtan geschickt. Sein ältester Sohn Surtsa entkam 
beim Fall der Stadt, wurde aber nachher von Tibetern ergriffen. 
Den Dalai Lama halten wir im Kloster Iakburi ?) eingeschlossen, 
während der Bancan nach wie vor in Rasi Lumbu *) wohnen ge- 
blieben ist.” Ich habe den Lobtsang und die anderen mit ihm, die 
wir gefanswen haben, dem Ministerialsekretär Naimandaiï ‘) übergeben, 
der sie in sicherem (Geleit nach der Hauptstadt bringen soll. — Der 


Kaiser nahm hiervon Kenntnis. 


iQ 


Am Tage jén-shên erging ein Kaiserlicher Befehl, welcher den Oberst 

bei den Avantgardetruppen Ulimpa mit einer Abteilung 
zur Besetzung von Litang kommandierte ®). 

Der Divisionsgeneral Fara hatte berichtet: ,,Der jenseits Da- 
jiyan-lu gelegene Ort Litang ©) gehôrt eigentlich zu Latsang”’s Gebiet. 
Jenseits Litang liegt Batang 7). Ich habe nun gehôürt, dass Cering- 
dondob vor kuïzem geheime Nachrichten an den Ing-guwan Lama ©) 
in Litang geschickt hat um diesen zum Anschluss an Tsang zu 
überreden. Ich habe, aus Besorgnis, die Leute dort müchten sich 


von jenem durch seine Einflüsterungen in Umruhe bringen lassen, 


1) JE 2 H)f ein Fluss Tegis entspringt auf dem Altai. s. Mêng-ku yu-mu chi 10. 


2) FL J À La tibet. lcagspori. 
3) FL 1 fi 15 tibet. braSishlunpo einer der 3 Berge von Potala. 


4 2 à 4€. 


5) Tung-hua-lu Kanghi XX 27a, b. 


co) 25 HE. DIU, D. 8) Militär-Lama, 











BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 227 


den Ministerialsekretür Batma benachrichtigt und mich in Eile an 
den Platz begeben, wo ich die Macht und die Tugend Eurer heiligen 
Majestät dem Lande weit und breit vor Augen gestellt habe. Infolge- 
dessen ist jetzt alles ruhig. Unmittelbar (nach meinem Eintreffen) 
erschien der Lama (Gelong Awang Lamk'a!) und erzählte: 500 
Mann vou dem Dsungarenheer näherten sich Camdo *), und der von 
Cagan Danjin *) geschickte Iaisang, welcher jetzt in Litang residiere, 
unterhalte heimlichen Verkehr mit den Dsungaren. Weiter las ich 
in einem ausführlichen Bericht des Gardekommandanten Umpu, da 
die Stimmung des K'ambu ‘) immer noch nicht verlässlich sei, liege 
die Notwendigkeit vor, Gegenmassregeln zu treffen. Ich habe mich 
bei dieser Lage entschlossen, dem Umpu einen Eilbrief zu schicke», 
er solle 100 Mann von den in Da-jiyan-lu stehenden Mandschu- 
truppen auswählen und dem Kommando des Obersten von der Avant- 
garde Ulimpa *), weiter vom Grünen Banner 100 Mann Kavallerie 
uud 300 Mann Schützen auswählen und dem Kommando des Ober- 
sten aus Hôwa lin Cao-hung-oi°) unterstellen und diese Truppe 
dann vereinigt nach Litang marschieren lassen. Sie hätte den Platz 
zu besetzen und künnte von dort aus, bei gegebener Gelegenheit, 
dem Feinde Verluste an Toten und Verwundeten beibringen. 
Weiter habe ich erfahren, dass man von Litang bis nach Tibet 
hinein an die Gottheit des Hôbilgan *) glaubt. Nun wohnt der 


Vater des Hôbilgan im Tempel Tsungkaba *) bei Si-ning. Wenn 


D Foi IE À À Né. 

» RE Z. 0 PR JTE. 

4) Hi ir 2 N 1h tibet. mk‘an po, der Abt eines grossen Klosters 
5) {Hi UN If CRT &Æ R FE mandsch. gabsihiyan-i janggin). 
0 Ù 2 AK. 

7) É} DA FI %; eine Verkôrperung Buddhas. 


8) == NX EL (Hj) nach dem berühmten Reformator benannt. Es ist der be- 
kannte Tempel Kumbum, 


228 E HAENISCH. 


man also den Vater hersenden und durch ihn dem Iug-guwan 
Lama und die den Einwohnern verkünden lassen würde, die Beset- 
zung Litangs durch Truppen sei einzig und allein zum Schutze 
erfolgt, weil Ew. Majestät fürchtete, der Heimatsort des Hôbilgan 
môchte von den Feinden zerstürt werden, dann kônnten wir aut 
diese Weiïise die beiden Plätze Litang und Batang zu Grenzfesten 
der Provinz Secuwan machen.” 

Der Staatsrat richtete darauf folgeuden neuen Antrag an den 
Kaiser: ,,]m Rücksicht darauf, dass der Ort Litang in der Nähe 
der beiden Orte Da-jiyan-lu und Camdo gelegen ist, sollte man 
dem Berichte gemäss verfahren. Also den Oberst von der Avant- 
garde Ulimpa mit seiner Abteilung nach Litang senden, um den 
Platz zu besetzen und von dort zu rekognoscieren. Weiter sollte 
man dem von Cagan Danjin gesandten Iaisang bestellen: da die 
Dsungaren sich Unrechtmässigkeiten und Gewalttätigkeiten hätten 
zu Schulden kommen lassen, so werde man sie mit der Strafe des 
Himmels treffen. Falls die Dsungaren in Camdo erschienen, sollten 
Ulimpo und die mit ihm Beratung halten und handeln, wie es die 


Lage erfordere.” Der Kaiser gab hierzu seine Zustimmung. 


XII. 


Im sechsten Monat, am Tage jén-wu, erging ein Kaiserliches Edikt, 
welches den Vormarsch beider Armeen vorläufig 
einzustellen befahl !). 

Vordem hatte der Staatsrat die Bitte des Feldmarschalls Herzogs 
Furdan ?), mit beiden Kaiïserlichen Armeen in die Offensive über- 
gehen zu dürfen, an den Thron weiter gegeben. Darauf war folgender 
Bescheid gekommen: ,,Euer Antrag besagt, wir müchten mit beiden 


Armeen den Vormarsch antreten. Ich habe aber gehürt, dass in 


1) Tung-hua-lu Kanghi XX 234. 
2) À f# PE Dis Biographie s. Man ming-ch‘èn chuan Kap. 40. 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 229 


Tsang jetzt das Gerücht geht, Tsewang Rabtan, welcher den Cering- 
dondob zur Vernichtung Latsang’s nach Tibet geschickt hat, habe 
die Absicht, sich selbst nach Tibet zu begeben, um das Volk von 
Wei-Tsang und Bark'am !) zu unterwerfen. Es ist zwar nicht müglich 
zu entscheiden, ob das auf Wabhrheit beruft. Immerhin ist mir das 
Gerücht zu Ohren gekommen. Nun liegt eine Meldung vor, wonach 
die Feinde Latsang bereits überwältigt hätten. Falls Tsewang Rabtan 
daraufhin mit Kind und Kegel in Tibet einrücken würde, so würe 
zu befürchten, dass unsere beiden Armeen, wenn sie dann in Ili 
einträfeu, vergeblich marschiert wären. Ich beabsichtige daher, 
Sereng mit seiner Abteilung jetzt sogleich in Tibet einmarschieren 
zu lassen und Nachrichten von dieser Abteilung abzuwarten. Die 
allgemeine Offensive aber will ich für dieses Jahr vorläufis einstellen 
lassen. Der Staatsrat hat zu erwägen, was zum Bedarf jener Expe- 
dition (des Sereng) an Proviant und Sold gehôrt und mir darüber 


noch einmal Meldung zu Machen.” 


XIIT. 


Am Tage hsin-ch‘ou wurde in Litang eine Relaisstation eingerichtet ?). 


Der Gouverneur von Secuwan Niyan-geng-yoo stellte folgenden 
Antrag: ,,Jetzt, wo Latsang’s Person sich in Gefangenschaft befindet, 
ist niemand da, die Verwaltung des Litang-Gebietes wahrzunehmen. 
Ich habe daher einen dringlichen Brief an den Kommandanten 
Umpu geschickt, mit der Weisung, schleunigst aus Mandschu- und 
Chinesentruppen eine Abteilung zusammenzustellen und sie in Litang 
in Garnison zu legen, ausserdem dort Relaisposten einzurichten zur 


Befürderuug des militärischen Schriftverkehrs. Von Da-jiyan-lu bis 


Litang sollten zehn Relaïistationen errichtet und auf jede derselben 


1) ee FA hÆ UN , tibet. bar-k'ams mittleres Kam. 


2) Tung-hua-lu vacat. 


230 E. HAENISCH. 


sechs Pferde gestellt werden. Für Heu und Bohnen, welche gemäss 
der in Da-jiyan-lu geltenden Futterordnung in doppelten Rationen 
auszugeben wären, bitte ich besondere Gelder anzuweisen.” !) 

Vom Kriegsministerium wurde die Annahme dieses Antrages 


empfohlen, worauf die Kaiserliche Genehmigung erfolgte. 


XIV: 


Im achten Monat, am Tage kèng-yin, 

wurde in die Stadt Ceng-du-fu in der Provinz Secuwan eine Mandschu- 

garnison gelegt ?). 

Der Gouverneur von Secuwan Niyan-ceng-yoo hatte folsendes 
Schreiben eingereicht: Secuwan ist eine Grenzprovinz. In ihrem 
Innern wohnen die Eingeboreuen-Stämme mit der anderen (chinesi- 
schen) Bevülkerung vermischt. Nach aussen hin stüsst sie an die 
äussersten Ecken von Tibet und Huhu noor. Das Land ist von 
hüchster Wichtigkeit. Nun sind hier zwar ein Provinzialgeneral und 


ein Generalgouverneur eingesetzt. Aber unter den Mannschaften der 








1) Es mutet den Leser wunderbar an, aber es war wirklich der Fall: trotz der mass- 
losen Entfernungen in diesem Feldzuge leitete der Kaiser die Operationen in der Haupt- 
sache persünlich von Peking aus. Die Meldungen der Generale gingen durch die vorschrifts- 
mässigen Instanzen an den Thron und kamen mit dem Kaiserlichen Bescheide auf demsel- 
ben Wege wieder zurück. Diese Art der strategischen Leitung sowie die gegenseitige Be- 
nachrichtigung der einzelnen Kommandostellen auf dem ungeheuer ausgedehnten Kriegs- 
schauplatze (vom Altai-Gebirge bis zur Provinz Yünnan) war nur durch das Relaiswesen 
môglich, welches es gerade in jener Zeit zu einer hervorragenden Leistungsfühigkeit ge- 
bracht hatte. Die Relaisposten, welche ja heute auch noch bestehen, aber mit dem wach- 
senden Telegraphennetz ihre Bedeutung eingebüsst haben und sich in verwahrlostem Zustand 
befinden, vermochten damals an einem Tage bis zu 600 Li zu bewältigen. So wurde z. B. 
die Strecke von Peking bis Kingchou in 6 Tagen zurückgelegt, und die Generale an der 
Westgrenze konnten einen Entscheid auf ihre Meldungen binnen einem Monat erwarten. 
So behielt der Kaiser die Oberleitung aller Operationen in der Mongolei, in Turkestan, 
in Kuku noor und Tibet in seiner Hand, und nur in besonderen Fällen wurden den 
Führern selbständige Entschlüsse zugestanden, unter der Formel: acara (oder nashôn) be 
tuwame Yabukini — ,es ist nach Lage der Verhältnisse zu handeln”. Über das Relaiswesen 
zu den verschiedenen Zeiten s. die ofliziellen Geschichtsannalen Nien-ssü shih ip py Æ 
unter dem Abschnitt Militär”’. 

2) Tung-hua-lu Kanghi XX 288 (nur eine kurze Notiz). 














BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 281 


von ihnen ausgewählten und mitgebrachten Truppenteile befinden 
sich zuviel Leute aus fremden Provinzen. Da nun die Eigenart und 
der Charakter der hiesigen Landesbewohner ein ganz besonderer ist, 
so ist (für die Soldaten) sehr schwer mit ihnen auszukommen. Ich 
môüchte nun in Rücksicht darauf, dass bei den zur Zeit hier liegenden 
Mandschutruppen aus Gingjeo in ihrem Verkehre mit den Einhei- 
mischen stets die grôsste Eintracht seherrscht hat, beantragen, diese 
Truppe in Ceng-du zu belassen, auf dem freien Gelände vor dem 
Westtor der Stadt Gebäude aufzuführen und dort 1000 Mann hinein- 
zulegen, einen Brigadegeneral !) zu ernennen, weiïter die übrigen 
Offiziere und Beamten nach Erfordernis zu kommandieren und ihnen 
diesen Platz als dauernde Garnison anzuweïisen. Dabei würde man 
die Macht des Reiches an den Grenzen erweitern *) und daneben 
auch in den Stand gesetzt sein, das Innere der Provinz in Schach 
zu halten. In Anbetracht der jetzisen Verhältnisse, wo man gerade 
die Truppen benôütigt, habe ich die Angelegenheit fürs erste noch 
aufseschoben, müchte aber beantragen, die Mittel für den Bau der 
Stadtmauer und die Anfführung der Gebäude schon vorher bereit- 
zustellen.” 

Der Kaiser verfügte darauf: ,,Was Niyan-geng-yoo über seine 
Absicht sagt, in Secuwan eine Mandschugarnison einzurichten, klingt 
sehr vernünftig. Der Staatsrat soll sich mit der Sache beschäftigen 
und ein Gutachten darüber vorlegen.” 

Der Staatsrat äusserte sich darauf wie volgt: ,Wenn wir nach 
Secuwan eine Mandschutruppe von 1000 Mann legen, so reicht 
das nicht hin, um Mannschaften auf die einzelnen Posten abzu- 
seben, Wir müchten daher beantragen, noch 600 Mann dazuzufügen. 


Diese sollten nach Beendigung der kriegerischen Operationen von 


1) ll #T Ha mandsch. meiren-i jangyin. 


2) In der Provinz Ssu-ch‘uan gab es noch weite ununterworfene Strecken, z. B. das 
Gebiet von Kin-ch‘uan. 


232 £. HAENISCH. 


dem Gouverneur Niyan-geng-yoo und dem Generalmajor Ningouri !) 
gemeinsam in besagter Zahl aus den jetzt dort garnisonierenden 
2000 Mandschusoldaten ausgewählt und in der Stadt belassen 
werden. Für zwei Banner gemeinsam ist ein Oberst, für jedes ein- 
zelne Banner sind zwei Kapitäne, zwei Unterkapitäne ?), sowie zwei 
Leutnants zu ernennen mit der Garnison Secuwan. Ausserdem wäre 
noch ein einzelner Brigadegeneral zu bestimmen, welcher das Ober- 
kommando übernähme. Alle Geschäfte betr. den Bau der von den 
Truppen benôtigten Kasernements wären Niyan-geng-yoo mit der 
Weisung zu übertragen, das Erforderliche rechtzeitig zu veranlassen.” 


Der Kaiser befahl demgemäss zu verfahren *). 


XV. 


Am Ersten des achten (Schalt-) Monats 

berichtete (reneralsouverneur Erentei von einem Siege über den Feind 

bei Cino gool#). 

Eine frühere Meldung von ŒErentei lautete: ,,Ich hatte dem 
Gardekapitän Sereng mitgeteilt: da das Wasser des Muru-usu-Flusses 
gerade im Steigen sei, so sei ein Übergang unmôglich; ich hätte 
aber erfahren, dass der siebenarmige Strom Dolon Olom ) passiert 
werdeu kôünne. Während nun S$Sereng mit seiner Abteilung schon 
vorausmarschiert war, beschloss ich selbst, im Hinblick auf die gute 
Weide und das gute Wasser, den Leuten und Pferden ein wenig 


Ruhe zu günnen und daun erst abzumarschieren. Am 18/VI ge- 


1) Die chines. Schreibung des Namens war nicht feststellbar. 

2) fn #A, 7 SE, 17 EF mandsch. gôsai da, nirui janggin, tuwa$ara 
hafan-i jergi janggin. 

3) Heute eine grosse Ansiedlung mit angeblich 30.000 Einwohnern, wie eine freund- 
liche Gartenstadt am Nordtor von Ch'èng-tu gelegen. 

4) Tung-hua-lu Kanghi XX 284. 


5) & fi LA fé K ; ist mongolisch: dolugan olom (sieben Arme) = chines. 


€ x il. 











BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 233 


langten wir über Muru usu au einen Ort Tulhatu !), wo wir Lager 
bezogen. Da wir sahen, dass der Strom zwar tief, aber äusserst 
ruhig war, so machten wir Fäühren aus Lederschläuchen *) zurecht 
und setzten die gesamte Mannschaft nebst den Pferden über den 
Fluss, was drei Tage in Auspruch nahm. Als wir aber von dort 
aus an den Sieben-Arm-Strom gelangten, konnten wir keine Spuren 
finden, welche auf Sereng’s Übergang hindeuteten. Da trafen wir 
einen Proviantspediteur, den Mohamedaner Dargan Bek*), welcher 
uns folgendes erzählte: Bevor der Proviant herangeschafft gewesen, 
habe er Boten abgesandt, um Sereng zu benachrichtigen (dass der 
Proviant komme). Seine Boten seien über den Sieben-Arm-Strom 
gesetzt und hinter jenem hergezogen. Doch seien sieben Tage ver- 
gangen, ohne dass er irgend eine Nachricht erhalten habe. Eben 
jetzt habe er erfahren, dass Sereng auf dem Wege über Baitu 
marschiert sei‘). Wenn ich nun mit meinem Heere wieder umkehren 
und über Baitu hätte marschieren wollen, so hätte ich für Rück- 
und Vormarsch einen Umweg von über 20 Tagen machen müssen 
und Sereng unmôglich einholen künnen. Ich brach daher am 24/VI 
vom Sieben-Arm-Strom auf und rückte auf dem Wege nach Kukusai 
vor. Dabei schickte ich seitwärts der Marschstrasse Patrouillen aus, 
welche genaue Ausschau halten sollten. Den Vortrab schob ich 
etwas weiter vor, mit dem Auftrage, falls er auf den Feind stiesse, 
ihn mit Aufbietung aller Kräfte anzugreifen und zu vernichten. 
Falls der Vortrab, auf seinem Vormarsch in Bok ak‘) Sereng's 
Abteilung träfe, sollte er sich mit ihr vereinigen und mit ihr 
weitermarschieren”. 


Von diesem Bericht hatte der Kaiser Kenntnis genommen. 


) fe À9 25 fé - 


2) Fähren aus Lederschläuchen zusammengesetzt, mandsch. tulum. 


9) XE FN LÀ F1 UC 


4) Cf. Kapitel IX. 5) fi se vp 55. 





234 E. HAENISCH. 


Danach kam ein neuer Bericht von Erentei: 

Am 16/VII waren wir von Mengtsan sirik !) aufsebrochen 
und hatten bei Cino gool*) unser Lager aufseschlagen. Da näherten 
sich am 17. um die Zeit der vierten Wache die Feinde unserem 
Lager. Ich schiekte ihnen den Major”) Waug-Zu-ts'ai*) mit seiner 
Abteilung entgegen, welcher die Scharen der Feinde im Gefecht 
besiegte. Als dann die Feinde noch einmal von zwei Seiten her, 
Osten und Süden, gleichzeitig angriffen, führte ich persünlich das 
Heer ihnen eutgesen und liess Geschütze und Gewehre auf sie 
feuern. In einem Gefechte, das von der Stunde Jin bis Ssü währte, 
wurde der Feind geschlagen und floh in die Berge. Ich verfolgte 
sie über zehn [Li weit. Als ich dann aber bemerkte, dass die Feinde 
zahlreicher als unsere Leute waren, und auch, dass in den Schluch- 
ten der Berge ringsaum Weoe heranführten, musste ich befürchten, 
es künnten Feinde im Hinterhalt liegen, und liess daher halten. 
Von einem Gefangenen erhielt ich die Nachricht: die feindlichen 
Anführer Tobei und Dugar seien beide mit einem Haufen von 
4000 Mann auf Nebenwegen, von Westen her über Kara usu°) im 
Anmarsch. Infolgedessen schickte ich einen Brief an Herzog Tsewang 
Norbu, in dem ich ihn bat, mir mit seinem Heere eiligst zu Hülfe 
zu kommen. Ich selbst will trotzdem den Kara usu-Fluss über- 
schreiten und auf den Langla-Passé) zumarschieren. Wenn ich 
Sereng treffe, so wollen wir mit vereinigten Truppen weitermar- 
schieren. Treffe ich ihn nicht, daun will ich den Umständen gemiäss 


handeln.”? 


1) F4 À DE H 


2) zik fi EL F3 mongolisch: Wolfsfluss, Zum Oberlauf des Huang-ho gehôrig. 


3) Dr He mandsch. dasihire hafan. 4) + Le #4 : 


5) NX il] F5 ras mongolisch: Schwarzwasser, tibet. nag é‘u. Oberlauf des Salwen. 


o 48 HA C4), RD fi ($k ). 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 235 


Ein Kaiserliches Edikt bemerkte dazu: ,,Ich habe aus dem 
Berichte ersehen, dass man den Olet-Rebellen eine schwere Nieder- 
lage mit ausserordentlich grossen Verlusten beigebracht hat. Das 
von Erentei geführte Heer hat sich trotz seiner geringen Stärke 
in Gegenden an den fernsten Grenzen gewagt, die seit langer Zeit 
nicht begangen waren. Es hat bei seinem Vergehen grosse Uner- 
schrockenheit und heldenhaftes Verhalten an den Tag gelegt. Die 
Truppe hat grosse Lorbeern errungen, welche sich mit den gewühn- 
licheu Kriegstaten nicht vergleichen lassen. Ich ordne hiermit av, 
dass den Familien angehôrigen der Leute, welche bei der Expedi- 
tion sich befunden haben, Geschenke gemacht werden. Ausserdem 
sind mir nach Feststellung der Einzelheiten noch besondere Vor- 
schläge (betr. Auszeichnungen) einzureichen.” 


(Fortsetzung folgt.) 


© LE ROYAUME DE CHAMPA 


GEORGES MASPERO, 


Administrateur des Services Civils de l’Indochine, Correspondant-Délégué de l’Ecole, , 
Française d’Extrême Orient. 


(Suite). 1) 
OS 


CHAPITRE VI. 


La 1Xe Dynastie 1044—1074. — Rudravarman III prisonnier de Lÿ Thänh 
Tôn 1069. — Abandon au Dai Viét des trois provinces septentrionales 
1069. — La Xe Dynastie 1024—1139. — Epédition de Hari- 
varman [II au Cambodge. 


LS Hurt Avec Jaya Simhavarman IT s’éteignit la dynastie qui s'était 


installée à Vijaya au lendemain de l’usurpation de Lu'u-ky-Tông. 
Elle n'avait duré que cinquante-cinq ans. 


Ce fut un seigneur, dont les ancêtres étaient de simples guerriers, 
Içvaras ?), vassaux des rois précédents, qui prit le pouvoir et se 


Jaya Paramec- fit couronner sous le nom de Jaya Parameçvaravarman. 
varavarman Î 


1044. Les «hommes de Pändurañga, toujours stupides, de mauvais 
esprit et malfaisants... qui, à plusieurs reprises, se révoltèrent contre 
«les divers rois de Campä»> ne voulurent par reconnaître Le nouveau 
souverain et <se livrèrent à des actes coupables: ils élevèrent des 


«hommes l’un après l’autre et les proclamèrent rois dans ce pays?). 


1) Voir T’oung Pao, Mars 1910, pp. 125—136. Mai 1910, pp. 165—220. Juillet 
1910, pp. 319—350. Octobre 1910, pp. 4$9—526. Décembre 1910, pp. 547—566. Mars 
1911, pp. 53—87. 

2) «le roi Rudravarman, qui appartient à la noble famille d’Içvaras, de Gri Para- 
«meçvara» Po Nagar XXX (408 A—2). C. II 275-279. Cf. BErGalIGNE 36 et 79. 
AYMONIER 81—32. Le nom du Roi n’est pas cité par le Soxg Che, à l'occasion des ambas- 
sades de 1050, 53 et 56 pas plus qu’il n’en est fait mention dans les textes annamites à 
l'occasion de celles de 1050—55—57—59 et 60. Seul le Vs2 II 118 parle du roi U’ng Ni 


BE JR, à l'occasion de celle de 1047. 


3) Po Klauñ Garai, Ninh Thuân 119 A°,*, sur roc, s£é. ck. 972 — 1070 A.D. 
Fixor IX 207. J’ai donné à cette inscription, dont la publication est postérieure à celle de 
l’Inventaire des Inscriptions de Champa de Coedès VIII, le numéro 119, et à la suivante 
le numéro 120. 











LE ROYAUME DE CHAMPA. 237 


«Comme le roi Parameçvaravarman était actif et avait des sujets 
«nombreux, il y conduisit à plusieurs reprises de nouvelles troupes 
<eb ordonna au Yuvaräja Mahasenapati'), son neveu, avec tous les 
«généraux, d'aller soumettre cette cité. Toutes les troupes de Panran 
<combattirent. Il les chassa; il les écrasa les unes et les autres, 


«une à une(?); elles allèrent se cacher dans les trous, les cavernes, 
«les rochers. Et $.A., qui avait une nombreuse armée, les fit 
«poursuivre par ses troupes dans toutes les directions’). Et ces 
«troupes prirent tous les gens de Panrañ avec les boeufs, les buffles, 
«les esclaves, les éléphants, au profit du roi Paramecçvaravarmadeva 
«Dharmaräja. A la moitié de ces gens... il donna l’ordre de 
«demeurer pour relever la ville; il donna (l'autre moitié) aux 
«temples, aux monastères, aux habitations de religieux, aux sâlâs, 
«aux ermitages, pour se créer du mérite(?)... Alors le yuvaraja 
«demanda des pierres aux diverses troupes et il érigea ce linga“) 
et aussitôt (après) il éleva une colonne de victoire‘). Et à cause 
«de sa piété envers Çiva, lorsque les gens de ce pays virent les 


«marques et la beauté de ce linga ... la résolution naquit en eux 


1) «Le Ksatriya nommé Cri Devaräja... Le pulyañ Grt Devaräja mahäsenäpati, neveu 
«de S. M. Cri Parameçvaravarmadeva... fils de la sœur cadette du grand roi Çrt Para- 
«meçvara» Po Klauñ Garai, Ninh Thuân, 120 A!':, B', sur roc. 972c = 1050 A.D, 
Finor IX 206. 

2) »S. M. Cri Paramecvaravarmadeva ... fit poursuivre les hommes de Paaduranga 
dans les cavernes, les forêts, ... le sommet des montagnes, l’orée des bois... les grottes, 
»les anfractuosités des berges, dans les trous des rochers” Po Klauñ Garai 119 A°,7, B',7. 

3) "Alors ces hommes, élevèrent un çivaliñga pour servir à leur gloire militaire en 
ce monde et (au salut) de leur âme dans l’autre monde” Po Klauñ Garai 120 B°,5. 

4) ,On fit déposer en divers endroits des pierres, une par personne, et on les donna 
toutes à l’armée qui était venue, et on érigea un jayastambha (colonne de victoire) pour 
“rester comme le signe de l’autorité de Cri Parameçvaravarmadeva ici même. Et lorsque 
»ce jayastambha d’autorité fut achevé, alors les hommes de Päândurañga qui s'étaient révoltés 


devinrent vertueux et loyaux envers le roi de Campä, toujours, définitivement” PO Klauñ 
Garai 110 B°,*,°. 


238 GEORGES MASPERO. 


« 


«de renoncer à leurs révoltes contre les rois du Champa qui étaient 
«toujours victorieux 1050)». 

La première ambassade de Jaya Parameçvaravarman I à l'Empereur 
Soug?) se présenta à la Cour de Chine au début de l’année 1050), 
et la seconde en 1053*); en 1056) son ambassadeur) ayant fait 
naufrage à T'ai P'ing du Kouang Si’) et perdu tous ses bagages, 


l'Empereur lui fait remettre 1000 onces d'argent ©). 


s 


Il rendit, avec autant d’exactitude, ses devoirs à l'Empereur du 
Dai-Cô-Viêt, bien que le premier ambassadeur qu'il lui ait adressé 


ait été retenu prisonnier 1047°): en 1050), il lui envoie un 


1) Po Klauñ Garai, Ninh-Thuân 13. Sur roc. Skt 972ç = 1050 AD. Finor III 
634vr1 642. La date est sur cette inscription, énoncée par les termes »personne, montagne, 
noreille” qui peuvent donner lieu à confusion (cf. FinorT III 638 n. 1); les inscriptions 
119—120 qui la rendent par les termes »ouvertures, montagnes, mains” et ,neuf, monta- 


ngnes, ailes” rendent toute hésitation impossible (cf. FIxor IX 20). 


2) C'était alors Tcheng TA ; Empereur Jeu Tsong 1e = (1023—1063). fils et 
successeur de Tch’en Tsong (= . | 


3) »En deuxième année Hoang Yen EN fr : à la première lune, à nouveau des 
ambassadeurs (du Champa) nommés Che li po wei #& HI] J& fx Cheou lo p’o mo 
& pv k A LE : : b 
| ftË VE Dpt et Ti Yang Pou LÉ + P (viennent apporter) le tribut (com- 
nposé de) 201 défenses d’éléphant, 79 cornes de rhinocéros, 2 pièces d’étoffe, une lettre en 
caractères du pays et une en caractères chinois” Song Che XII 345. CCCCLXXXIX 264. 


4) ,Cinquième année Hoang Yeou, quatrième mois”. L’ambassadeur se sommait P'ou 
3 


Sseu Ma Ying F5 H Æ JE . Song Che XII 364 CCCCLXXXIX 264 


5) »En première année Kia Yeou EF Dh : au troisième mois intercalaire”. Sozg 
Che XIT 364 CCCCLXXXIX 266 2Ta. | 


6) L’ambassadeur P’ou Sseu To P’a : H Fe ë . 
7) Tai P'ing Tcheou KR 2 hf arrondissement et ville de deuxième ordre du 


département de T’ai Ping Fou (Kouang Si). 

8) Le naufrage eut lieu comme il retournait au Champa et il fut probablement obligé 
de revenir à la Cour, car ce don lui fut fait à la première lune de l’année suivante (1057). 
Song Che COCCLXXXIX 27a. 

9) Je ne suis nullement certain qu’il faille attribuer à Parameçvaravarman cette am- 
bassade de 1047. Le Vs7 IL p. 114 est seul à en parler et l’attribue à un roi U’ng Ni. 
FË Æ, Voici d’ailleurs ce qu'il en dit: ,En quatrième année Thiên Cam Thän Vo 


JR Jk En nee (1047) le Champa vient présenter le tribut; ordre est donné d’exiler 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 239 


éléphant blanc; en 1055!) il adresse ses assurances de dévoûment 
à Nhu't-Tôn*) qui venait de succéder à son père et les renouvelle 
en 1057—1059 et 1060*). 

Jaya Parameçvaravarman «victorieux, souverain de la terre +)» 
eut fort à faire à relever les ruines que les armées Aunamites et 
les guerres civiles®) avaient laissées derrière elles et reconstituer 
les trésors que le vainqueur avait enlevés aux temples. En 1050) 


«brillant de prospérité» il procède à la réérection de la statue de 
la déesse de Pu Nagara, lui attribue des champs, cinquante-cinq 
esclaves chams, khmers, chinois, birmans’) et siamoiïs, quinze livres 
d'or et quinze livres d’argent*) et lui donne, pour le culte «un 
«vase incrusté d’or, un superbe ornement de diadème, une magnifique 
«corde pour ceinture, une aiguière d'argent, un parasol de plumes 


«de paon, un large baldaquin d'argent, avec de beaux vases d’or, 








»Vambassadeur à Tchen au Pang Châu, parce que le Roi U’ng Ni n'avait »pas obéi” Il 
n’est à remarquer qu'il n’est parlé de ce roi U’ng Ni dans nul autre document. 

10) Deuxième année Sùng Hu’ng Dai Bao = [EN ni I (1050)”. Cm III 148 
Tt II 376. 

1) »Deuxième année Long thuy thäi binh HE ii K 2, au printemps, à la 
»deuxième lune, le Campa vient apporter le tribut” Vs2 11 134. T4 III la. Cm III 214. 

2) Lÿ thâi Tôn mourut le premier jour de la dixième lune, de la sixième année 
Sùng Hung Dai Bao (054). 11 fut remplacé par son fils aîné Nhu’t Tôn H LÉ) 
qui règna sous le nom de Ly Thäanh Tôn x En D Lde 1054 à 1072. Vs2II 12 bis a. 
Tt II 3946. Cm III 2046. Il donne à son royaume le nom de Dai Vièt K Ek 
Cm III 204. 

3) »Quatrième année Long thuy thäi binh, en hiver à la douzième lune” (1257) Vs/ 
IL 135. ; Première année Chu'o'ng thânh gia khänh HZ HE EX JE après la huitième 
lune (1059). VsZ II 148. Deuxième année ibid. à la onzième lune” (1060). Vs2 II 154. 

4) Po Nagar de Nhatrang. Tour Nord. Khanh-Hoà, 30. Piédroit Sud. B—2. ch. 
BERGAIGNE 79. AymoniEr 29. Cette inscription n’est pas datée, mais sa situation sur le 


4 


même pilier et à côté de l’inseription Po Nagar 30 ibid. B—3 C. II 270, permet de 
les attribuer à un seul et même roi. 
5) »Dans cet âge Kali où la dispute règne sur le monde” Po Nagar 30 B—3 II. 
6) ; En l’année marquée par les marées, les montagnes et le chiffre neuf” ibid. IT. 
7) Pukam = Pagan, Birmanie. 


8) Po Nagar 30 B—2, 


Bhadravar- 
man Il. 


Rudravar- 
man III. 
1061—1074. 


240 GEORGES MASPERO. 


«cruches, vases de la contenance de huit demi noix de coco, et 
«larges vases !)». 


Le successeur de Jaya Parameçvaravarman 1?) Bhadravarman II 


.ne nous est connu que par la mention qu’en fait son frère cadet 
P 


Rudravarman III. Il était sur le trône en 1060 ou début de 1061 
et ce fut lui, sans doute, qui adressa à l'Empereur de Chine, en 
cette dernière année, un tribut composé d’éléphants domestiques *). 
La fin de l’année vit l'avènement de Rudravarman III') qui 
ne fut peut-être pas étranger à la disparition de son frère aîné. 
Son premier soin fut d'organiser l’armée et d’exercer les troupes®). 


Désireux de s'assurer la bienveillance et peut-être le concours 


1) ibid 1 10 à 13. 
2) Jaya Pareçvaravarman. Inventaire. 
A.—I. Po Nagar de Nhatrang. Tour Nord. Khanh-Iloà. 30. Piédroit Sud. B—2. 
ch. B—3 54. 9726 = 1050 A D. Paramecvaravarman IIL C. II 270. 275. BERGAIGNE 79. 
AYMONIER 29—31. 
11. Po Klaun garai, Ninh Thuân 119 sur roc. Sk%t ch 9726 = 1050 A. D. Para- 
meçvaravarman III. Finor IX 205. 
B.—I. Po Klaurñ Garai. Ninh Thuän. 13. Inscription sur roc. sk ck. 972c = 1050 
À D. Yuvaräja Senäpati, neveu de Parameçvaravarman 111. Finor III 634vr 643—646. 
III. Po Klauñ Garai, Ninh-Thuân, 120 sur roc, sk£ ch. 9726 =1050 A D. Cri 
Devaräja mähasenäpati, neveu de Parameçvaravarman III. Finot IX 205. 
IV Po Nagar de Nhatrang. Tour Nord. Khanh-Hoà 31. Piédroit Nord. A. ske. 
86çc = 1064. Rudravarman III. C. 11 275—279. BERGAIGNE 79. AYMONIER 32. 
3) Sixième année Kia Yeou neuvième mois (le Champa) à nouveau offre des éléphants 


domestiques”. Sorg Che XII 37 CCCCXXXIX 27a. 
4) Po Nagar de Nhatrang. 31 Che li Lu t’ou p’an mo tchang yang pou D H 


f# F Re it #5 À 8, (Qri Rudravarman sam yañ po) et Yang pou Che li 
Lu to p’an mo ti po h P F F] FE 152 Fe FE re VE (Yan Pu Çri 


\ 
Rudravarmadeva). Les Annamites l’appellent De Cu 56 FB, Vs£ II 176 18a. ou Chè 
Cu fi] ÆB 5 111 68. 

5) En septième année Kia Yeou, à la première lune, le Commissaire Impérial du 
,Kouang Si dit: Le Champa et le Cambodge n’exercent pas, d'ordinaire, leurs soldats; 
»aussi, leur voisin, le Giao Chi, les envahit-il et pille-t-il continuellement. Le Champa, 
“lui, recommence à préparer ses forces militaires pour résister au Giao Chi et envoie, par 


nes routes du Kouang Tong, son tribut à la capitale. 11 faudrait le traiter avec bienveil- 
lance” Song Che CCCCLXXXIX 27a. 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 241 


effectif de la Chine, il envoie une ambassade à l'Empereur Jeu 
Tsong lui présenter le tribut et annoncer ses préparatifs; il demandait 
en même temps l'octroi d’un cheval blanc qui lui fut accordé (1062)'). 

Cependant, ne S’estimant pas encore assez fort pour rompre 
ouvertement, et n'ayant pas obtenu l'effectif qu’il espérait, il envoie, 
l'année suivante, à Lÿ Thänh Tôn, le tribut règlementaire?), et le 
renouvelle en 1065“) et en 1068*). 

En même temps, et pour s’attirer la protection du ciel, il fait 
des dons magnifiques à la déesse Yan Pu nagara «pour lui montrer 
«sa dévotion»: vase en trois pièces), vases d'argent massifs et 
solides, une cruche en argent du Cambodge, un parasol d’or (1064)°). 

Mais il continuait ses préparatifs’) et du consentement de Chen 
Tsong, achetait des mulets dans le Kouang Tcheou; enfin, l’année 


n’était pas écoulée, qu’il ouvrait les hostilités sur la frontière‘). 








1) Septième année Kia Yeou, à la cinquième lune, l'ambassadeur Touen P’a Ni 


ME a Æ vient apporter en tribut des produits du pays. À la sixième lune, il est 
fait don gracieux au roi Che li Lu t’ou p’an mo tchang yang pou d’un cheval blanc 
& I g yanz p 


suivant le désir qu'il en avait exprimé” Sony Che XII 378. CCCCLXXXIX 27a. 

2) »Cinquième année Chu’o’ng thâänh gia khänh (1063), à la cinquième lune, le Champa 
vient apporter le tribut”. VsZ II 156. 

3) "Septième année Chu’o’ng thânh gia khänh, en hiver, à la douzième lune, le Champa 


“vient offrir, en tribut, un rhinocéros blanc” WsZ II 16. 
4) »Première année Thièn hu’ông bao tu’o'ng R LU Fi R (portée par le 74 


à la troisième année Long chu’o’ng thièn tu) HE LR K ET) le Champa fait cadeau 
“d’un éléphant blanc”. 74 III 46. 

5) Le vase, le couvercle et le plateau. 

6) »En l’année désignée par les goûts, le chiffre huit et les ouvertures”. Po Nagar de 
Nhatrang, 31, 11, III. 

7) En première année Hi Ning WE F5 à la sixième lune, au jour Ting Wei 

sis [a 

Ÿ À, le roi Yang Pou Che li Lu t’o p’an mo ti p’o envoie une ambassade offrir en 


S 


ntribut des produits du pays et demander à acheter des mulets et des chevaux. L'Empereur 
donne l’ordre de lui faire présent d’un cheval blanc et l'autorise à acheter des mulets 


dans le Kouang Tcheou” Song Che XIV 404 CCCCLXXXIX 274. L'Empereur était Chen 
— ee . . 
Tsong Ji ZIK » 1068—1085, fils et successeur de Chou IE, empereur Ying Tsong 


BA D. 1064—1068. 
8) Ze IL 46. 


242 GEORGES MASPERO. 


Lÿ thânh Tôn, aussitôt, décide une expédition et, les sacrifices 
propitiatoires accomplis, se met en route le 16 Février 1069). La 
flotte, après avoir mouillé au Dortude Nam Giäi?), arrive en face 
de celui de Nhu't Lê*) dont on s'empare; puis, longeant le Petit 
et le Grand banc de sable, on parvient à celui de Tu’ Dùng+). Comme 
les navires continuaient leur route, deux oiseaux, allant de compagnie, 
volèrent devant la jonque impériale comme pour lui indiquer la 
route. Arrivé au port de Çri Banôy*), on opère le débarquement; 
puis l’armée s’avance dans l’intérieur du pays. Une armée Chame 
l’attendait sur la rive du fleuve Tu Mao) elle essaye d'arrêter la 
marche de l’envahisseur et combat avec fureur; mais le Général 
Bô Bi Dà La’) ayant été tué, elle recule, perd pied, se retire en 
désordre, laissant un grand nombre des siens sur le terrain. Rudra- 
varman III, instruit de la défaite, quitte Vijaya de nuit avec sa 
famille; et lorsque l’armée annamite atteint le Gué de Dông La‘), 
les habitants de la ville, perdant tout espoir d’être secourus, 
viennent faire leur soumission, et laissent Lÿ thänh Tôn y pénétrer 


en vainqueur. 


Il envoie aussitôt des troupes poursuivre le Roi en fuite qui 


1) Jour Canh dân A & du deuxième mois de la première année Mi nee 
sThành V6”. Vs7 II 174. Cette année correspondait au signe cyclique E, 4 et le premier 


Janvier au signe FH FX. 
2) Port de Nam Giâi Pj JE ŸÉÉ F1. 
3) Port de Nhut Lè Fj KE # H. 
4) Port de Tw Ding PE ZX # FH: 
5) Chelip'inai Ji fi Æ Æ, an Th loi D nai. 
6) Tu Mao giang ZA Æ LL, C# Sin Mao Kiang, probablement une des branches 


du Song Nam An. Le Hv I 13a appelle Ph gia da 5 Eva LA le fleuve de Chà 
Bàn. 


7) Le Général Bô Bi Dà La 7 45 Je DE SE. 
8) Le Gué de Dông La F] SE +. 





| 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 243 


est rejoint et fait prisonnier sur le territoire du Cambodge !) (1069, 
4° mois). Le mois suivant, il offre un grand repas à tous ses 
miuistres dans le Palais du Roi du Champa et, pour bien marquer 
qu'il l'a vaincu et réduit à néant, il exécute la danse du bouclier 
et joue au volant?) sur les degrés de la salle du trône. Il s'empresse, 
en même temps, d'annoncer la nouvelle de sa victoire et de la 
capture du Roi à Chen Tsong *). 

Un recensement ayant fait ressortir un total de plus de 2.560 
familles, il ordonne de mettre le feu à toutes les maisons bâties 
dans l'enceinte et dans les faubourgs de Vijaya. Ceci fait, il donne 


l'ordre du retour; la flotte touche au port de Tu’ Minh), puis, 
traversant les petits et grands rochers du port de Bô Chänh°), perd 
une jonque «dragon» qui heurte un écueil et coule. Enfin, le 
17 Juillet®) il était de retour de son expédition. Il fit une entrée 
triomphale; deux armées l’escortaient, tous ses officiers à cheval 
autour de lui; lui-même sur uu char derrière lequel, conduit 
par cinq bourreaux, marchait Rudravarman, vêtu d'une robe d’étoffe 
blanche, coiffé d'un bonnet en tige de lin, les mains liées derrière 
le dos par une bande de soie blanche, sa famille à sa suite. A la 


septième lune enfin il annonçait sa victoire à ses ancêtres ?). 


D) HE HA 2 


2) Le Caù TK est une sorte de volant constitué par une plume de canard lestée, 
en sa partie inférieure, de trois ou quatre sapèques; les Annamites, qui y jouent encore, 


le Jancent avec le côté intérieur du talon. 
3) Song Che CCCOLX XX VIII 248 (Notice sur le ZE JJjh Kiao The, ax Giao Chi). 
Wen Hien T’ong K’ao XXIV ZE HA 40a. Méridionaux 330—331. 


4) Port de Tu’ Minh EE, H}} #$ F1. 

8) Le Port de Bô Chénh 1h 6 fi 

6) Sixième lune, jour 2 ue] : 

7) Psl Il 17ab 18a. Le Sk IIL 66 Ta, le 1% III 48 5a et le Cm III 2826 29a à 
font un récit tout différent de cette expédition: » Première année Thành Vo, au printemps, 


244 GEORGES MASPERO. 


Il ne retint pas longtemps Rudravarman et lui rendit la liberté 
moyennant l'abandon des trois provinces septentrionales du Champa 
dont les Annamites firent les Tcheou de Dia Ly'), Ma Linh?) et 
Bô Chanh*) (fin 1069*). 

C'était porter la frontière du Champa à l’embouchure du Viét: 
amoindrissement important de territoire auquel les rois Chams ne 
se résoudront que difficilement et après l'avoir repris, rendu, et lutté 
maintes années pour sa possession. 

Rudravarman emmené en captivité, le pays fut en proie à la 
guerre civile: de tous côtés, dans l’intérieur, plus de dix seigneurs 


se déclarèrent indépendants et prirent le titre de Roi, puis entrèrent 


à la deuxième lune, l'Empereur en personne, prenant la direction d’une expédition contre 
“le Champa, s'empare du roi Ché Cu et s’en revient. En ce moment, le Champa troublait 
»la frontière; l’Empereur, laissant la régence à sa première femme, prend la direction de 
»Vexpédition. Il fut longtemps sans pouvoir soumettre (les ennemis) et s’en revint à la 
“tête de ses troupes jusqu’au Châu de Cu’ lièn (Kiu lien FE JF ); là il entendit conter 
»que sa première femme, par la façon dont elle exerçait la régence, s'était attiré l'amour 
et les louanges du peuple. Alors il se dit ,Aïusi, elle, une femme, a été capable de bien 
“administrer le pays, et moi, un homme, j'ai été impuissant à soumettre le Champa. Puis-je 
“le supporter?” Il s'en retourna, attaqua une seconde fois le Champa, le vainquit, fit son 
»Toi prisonnier, puis revint”. Cm 286. | 

1) Châa de Dia-1y H PA , situé au Sud du Châu de B6 Chinh. En 1075 AD. 
on lui donne le nom de Lâm Biñnh Chau RE 2P PA . Cm III 346. Le Sk III a et le 


T4 III 5a disent ,c’est à présent le Quang Nam”, ce qui. est une erreur. 


2) Châu de Ma Linh bit ee) PM . "On change son nom en celui de HF En ui) 
»Minh Linh Châu en 1075” Cm K. 3 p. 340. Le SX III 7a dit ,c’est aujourd’hui Minh 


»Tinh”. Correspondrait aux deux arrondissements de Vinh Linh et Do Linh, et comprend 
tout le Nord de la province de Quäng Tri depuis l'embouchure du Cü'a Viêt. CADiÈRE, 
B. E. F. E. O. IT 59. 


3) Chäu de Bô Chänh in 154 PI "C'était autrefois le Bô Chinh Châu... c’est 


“maintenant la terre des trois huyên de Binh Chänb, 2P ne Minh Chanh Hj La 
et Bô Trach 15 = de la préfecture du Quang Binh” Cm III 295. Cf. également 
An I, 4a IV 2a. Sainson 62—187. Cm 11 216 IV 46. CADIÈRE, B. E. EF. E. O. II 58 à 68. 

4) Sk III Ta. Tt II1 54. Cm III 294 IV 46. lv I La. Le Tt date cette cession de 
la première année Thânh Vo, qui, d’après lui, n’a commencé qu’à la septième lune (74 
III 4b 5a). 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 245 


en campagne pour imposer leur suprématie à leurs voisins et rivaux !). 

À son retour de captivité, Rudravarman trouva le pays dans un 
état d'anarchie complet, et nous ignorons s’il parvint à ressaisir le 
pouvoir. Est-ce lui qui servit le tribut à l'Empereur du Pai Viêt 
en 1071°), 1072*) et 1074‘), et, en 1072, envoyait à l'Empereur 
de Chine «du lapis lazuli, du corail, de l'alcool, du camphre, de 
«l’encens, des clous de girofle, des pois, des aubergines mures, des 
«pierres à aiguiser brunes °)>? Dut-il au contraire y renoncer après 
plusieurs années de lutte et reprendre le chemin de l’exil°)? Une 
lettre que Lyÿ Nho’n Tôn écrivait en 1074 permet de le croire: 
elle annonçait en effet à l'Empereur Chen Tsong que le roi 
«du Champa, conduisant 8000 soldats, ses femmes et ses enfants, 
cétait venu faire soumission, au premier mois, de son propre 
mouvement’). 


Un certain prince Thäñ, yañ Visaumurti ou Maädhavamurti, 
qui appartenait à la fois, par sa mère au Kramukavañça, au clan 


des Aréquiers «race éminente dans l’état de Campa», et par son 


1) »Pendant les désastres de la guerre (les Annamites) entrèrent prendre le Seigneur 
“Rudravarman et saccagèrent le Royaume du Champa. Alors le pays fut en guerre une 
ndizaine et seize ans. Alors il y eut des hommes lesquels (furent) rois une dizaine de 
“personnes dans l’intérieur (pendant) la durée (de cette) guerre là...” Po-Nagar de Nha- 
Trang, Khanh-Hoà, Tour Nord 30, Piédroit Sud, A?°, C2 1006ç = 1084 A.D. AYMONIER 
33—34. Le mot paliñyak, qu'Aymonier traduit par ,expulser de”, signifie simplement 
«saccager». 

2) Sk III Sa. T4 TIT 58. Cm III 304 

3) Première année Thäi Ninh K ET de Lÿ Nho’n Tôn 2 1 = du nom 
de Kiên Due H}] fi, fils aîué de 14 Thành Tôn, auquel il succède en Février 1072. 
Vs II, 19. S4 IIL 9. 7é III 6. Cm III 314. Cette année à le Champa apporte à la 
Cour du Dia Viêt, d’abord de la fine toile blanche, puis le tribut. VsZ III 194 20a. 

4) «Troisième année Thäâi Niah» Vs2 III 214. 

5) «Cinquième année Hi Ning». Sozg Che CCCCLXXXIX 274. 

6) Rudravarman III. Inventaire. 

A. — Po Nagar de Nhatrang. Tour Nord. Khanh-Hoà. 31. Piédroit Nord A. skt, 
986ç — 1064. Rudravarman III. Finor 634vr 643, 646. 

7) Song Che ibid. Wen hien t’ong kao XXIV 536. Méridionaux 548. 


X° Dynastie 

1074—1139. 
Harivar- 
man JII 

1074—1080. 


246 GEORGES MASPERO. 


père, Praleyecvara Dharmaraja,') à la famille Narikela (Cocotier), 
et tenait par conséquent aux deux plus grandes familles du Champa, 
avait réussi par la force de ses armes à s'établir à Campapura et 
s’y était proclamé Roi. «Les ennemis (les Annamites) étant entrés 
«dans le royaume de Champa, et s’y étant installés en maîtres; 
«ayant pris toutes les possessions royales et toutes les richesses 
«des dieux; ayant pillé les temples, monastères, palais, cellules, 
«ermitages, villages et édifices divers, avec les chevaux, éléphants, 
«bœufs, buffles et récoltes; ayant ravagé tout dans les provinces ?) 
«du royaume de Champa.... alors S.M. Vijaya Cri Harivarmadeva, 
«Yañ Devatamurti règna. Il battit complètement les ennemis, alla 
«au nagara Campa et restaura le temple de Criçanabhadreçvara 
«que les ennemis avaient pillé et dévalisé.... Le royaume de 
«Champa fut prospère comme autrefois. Alors Harivarman célébra 
«son sacre suivant (les rites de) S.M. le roi Utkrstaraja. Cela fait, 
€Harivarman [III] jouit d’un bonheur complet et goûta la félicité 
«royale». ) Ce ne fut pas sans de longues luttes et de sanglants 
combats. «Il a dispersé les troupes ennemies sur les champs de 
«bataille jusqu’à douze fois. Il a pris les têtes des rois, des géné- 
«raux, des hommes, sur les champs de bataille, jusqu'à neuf fois» *). 
Sans doute Rudravarman IT était-il parmi ces «ennemis» que 
Harivarman III se vante d’avoir dispersés et ce fut la cause qui 
l'obligea à demander asile à Kién Pic. 

Il n'est pas absurde de supposer, non plus, que ce fut à son 
instigation que l'Empereur du PDai-Viêt, dans le but de le replacer 


sur le trône, décida, sous le prétexte de quelques actes d'agression 





1) Fixot IV 909 fait un roi de ce Praäleyçvara Dharmaraja: mais le soin avec lequel 
Harivarman III, son fils, se vante de ses origines et énumère tous les signes qui attestent 
ses droits au trône indique, à n’en pas douter, qu’il fut bien un usurpateur, 

2) Pramana, cf. supra. 

3) MiSon. Mont. E,, 94. Pilier. A. C4 Finor 1V 941xiv. 

4) Mi-So’n. Mont. D 3. 90. Stèle, B. C4. Finor 933xI1. 





en co if 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 247 


à la frontière ‘), une expédition contre le Champa. La direction en 
fut confiée à Lÿ thu’o’ng Kiét?) qui subit une défaite en 1075 ©) 
et s'en consola en dressant la carte des trois provinces nouvellement 
acquises, *) et faisant le cadastre des terres cultivables qui furent distri- 
buées aux Annamites assez hardis pour oser s’y installer. ®) Cette 
victoire assura définitivement Harivarman III sur le trône et mit 
fin à tout espoir de restauration de Rudravarman III et de sa dynastie. 

La nouvelle en vint à la connaissance de Wang Ngan Che,°) 
ministre de Chen Tsong, qui crut le Dai Viêt assez affaibli pour 
l'auéantir à jamais par une expédition décisive 7). Mais Kién D'u’e 
le prévient, s'empare des Tcheou de K'in *) (31 Octobre 1075) et 
de Lien”) (6 Novembre 1075 !°) et, le 18 Février 1076,!!) de la 





————— 


1) S% III 136. Tt III 8. 

2) Lÿ thu’o’ng Kièt Zi re E : 

3) « Quatrième année Thäi Ninh, à la huitième lune». 7% IIL 94. Cm III 344. Le 
SX TITI 164, quoique mentionnant la campagne à la ‘cinquième année, la reporte, dans 
l'examen, à la huitième lune de la quatrième année. 

4) C’est alors que le nom de Dia Ly fut changé en celui de Lam Binh et celui de 
Ma Lioh en Minh Linh. Cf. supra p. 09 et S4 IIL 164. T* IIL 9e. Cm III 34. 

5) Té III 9a. Cm III 34. 


IX° DYNASTIE 
1044—1074. 
Jaya Paramecçvaravarman ] 





Bhadravarman II Rudravarman III 
6) Wang Ngan Che, ax Vu'o’ng-an-Thach Æ L/2 4 : C£, sa biographie. So 
Che CCCXXV 3la à 324. 
7) Les textes annamites lui attribuent ces paroles: ,Le Giao Chi a été vaincu par le 
»Champa, ses troupes ne s’élèvent pas à dix mille hommes; on peut compter les jours 


nécessaires pour en faire la conquête”. WsZ II 2046. An XII 5a. Sainson 453. T{ III 8e. 
8) K'in Tcheou, an Khäm Châu &X Ÿf . 
9) Lien Tcheou, an Lièm Châu Bt PH (ils disent ordinairement Châu Lièm). 


10) « Huitième année Hi-Ning, onzième lune, jours Wou Yin D" FA et Kia Chen 
FA FH Song Che XV 434. 


11) « Neuvième année Hi Ning, première lune, our Wou Chen K x. Song Che 
XV 43a. 


248 GEORGES MASPERO. 


ville de Yong Teheou ‘), après un siège de plus de quarante jours ?). 

Chen Tsong alors charge Kouo K'ouei*) de la direction des 
troupes et donne l'ordre à ses tributaires, le Champa et le Cambodge, 
d'attaquer de concert le Pai-Viét par le Sud.) Le rescrit impérial 
fut présentée à Harivarman par un petit officier qui rapporta la 
nouvelle que le Champa avait déféré aux ordres qui lui étaient 
donnés °) et avait envoyé 7.000 hommes garder les passages difficiles ©). 

Il est difficile de démêler ce qui survint alors. Si les textes 
annamites disent Kiên Du'ce vainqueur,’) les textes chinois n’en 
relatent pas moins le succès de leurs armes. ©) Il est probable que, 
peu désireux de se compromettre, Harivarman, attendant les évène- 
ments, n'avait pas fait sortir ses troupes des «passages difficiles» où 
il les avait cantonnées. Incertain du succès, il adressa, l’année 
suivante, le tribut régulier à Kién Du'ce°) en même temps qu’à 


Chen Tsong. !°) 


1) Yong Tchcou ax U’ng Châu fi Ph : 

2) Vs II 206 21a. An XII 4a. Sainson 451. Sk IIL 146. T4 1II 86. Cm III 364, 374. 

3) Kouo K’ouei az Quâch Qui EL a . L'armée avait été jusque là commandée par 
Tchao Sie, an Triéu Tièt ie A qui conserva le vice-commandement. Sorg Che XV 
4&Ra et CCCXXXII 532 (biographie de Tchao Sie). 

4) «En neuvième année, à la deuxième lune, il est envoyé l'ordre au Champa et au 
«Cambodge d’attaquer ensemble le Giao Chi» Song Che XV 43a. 5% III 164 Té 946. 
Cm IT 284 4. 

5) Aucun texte Khmer ne nous permet de démêler si Harsavarman III (1079—1090), 
qui règnait alors au Cambodge, se conforma aux ordres reçus. MasPERo. Empire Khmer 
41. Moura Cambodge 1 473. Francis GARNIER Voyage 1 135. AYMonNIER Cambodge III 
508—508. 

6) Song Che CCCCLXXXIX 27a. C’est probablement à cette occasion que Harivarman, 
au huitième mois, envoya le tribut à l'Empereur. Sorg Che XV 436. 

7) Vel III 2146. 54 III 1646 17ab 13a. Tt III 946. Cm LUI 38ab, 394 b. 

8) Song Che XV 436. Wen hien l'ong kao XXIV ZE JAM 406. Méridionaux 334 
et 235. Le Tckl IV 10a 6. Sainson 221—223 rédigé d'après des documents chinois donne 
également ceux-ci comme vainqueurs. 


9) « Deuxième année Anh Vo Chiêu Thäng re nu 4 FF, en hiver» 1077. 
Vsl II 215. 


10) « Dixième année Hi-Ning, douzième lune, jour n 3 +, nouvelle lune, le Champa 
«présente des éléphants domestiques». Song Che XV 435. 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 249 


Il lutta contre le Cambodge, battit à Someçvara une armée 
Khmer, commandée par le prince Cri Nandanavarma deva, puis, 
chargea son frère cadet, le prince Pañ, Général en Chef «qui sur- 
«veille les amis et les ennemis du roi Harivarman» !) de poursuivre 
la victoire. Celui-ci pénètre sur le territoire Cambodgien, s'empare 
de la ville de Çambhupura,?) y fait un grand nombre de prison- 
niers Khmers et un riche butin qu’il offre au temple de (riçäna- 
bhadreçvara. *) 

Désormais à l'abri de toute agression extérieure, Harivarman 
s'efforce à relever les ruines qu'avaient accumulées dans le royaume 
invasion étrangère et guerre civile. Il rétablit les édifices et la cité 
de Champa *) qui avait été abandonnée de ses habitants à la suite 
de la guerre.‘) «Et la cité de Champa et tous les édifices furent 
«riches comme par nature, ornés, jeunes, nouveaux».f) Il charge 
son frère, le Prince Pän, du même travail dans l’intérieur. Celui-ci 
alors <réédifia les temples dans les diverses provinces (pramäna) 
«du royaume de Champa. Il donna toutes les possessions utiles au 
«service des Dieux, avec les serviteurs des temples: danseurs, musi- 
<ciens, comme autrefois. Il rétablit les sâlâs, les cellules, les ermi- 
ttages, dans les diverses provinces du royaume du Champa. Il fit 
«construire des sàlâs. Il donna l’eau et la nourriture aux différents 


sanctuaires pour durer éternellement. 7) Puis il ordonna aux gens 





1) Mi-So’n 94 B. Finor 941—43. 

2) L’actuelle Sambor sur le Mékong. Cf. Maspero. Empire Khmer 28, 

3) Mi-So’n. Mont E,, 95. Pilier A. c# Yuvaräja, prince Pän, frère de Harivarman Il. 
Fixor IV 943 xv. 

4) La «cité de Campä», est ici Indrapura. Elle était restée, bien qu’abandonnée depuis 
longtemps comme capitale à cause de sa proximité de la frontière [supra] la «ville par 
excellence», à cause sans doute de traditions antiques, du voisinage de l’ancien temple de 
Bhadreçvara, devenu Criçanabhadreçvara, et de tous ceux qu’au cours des siècles, les rois 
y avaient ajoutés. 

5) Po Nagar de Nhatrang. Tour Nord. 30: Piédroit Sud A, c4. Aymonier. 33. 

6) Mi-So’n. Mont D,. 90, Stèle. B. 4 Finor IV 933xtr. 

7) ibid. Bin. 


250 GEORGES MASPERO. 


«de Siñnhapura de faire des sanctuaires, de construire des maisons, 
«de faire des sacrifices perpétuels, de relever les chapelles, de rétablir 
«les routes tout comme précédemment».!) Enfin l’un et l’autre 
«donnèrent tous leurs soins à «restaurer le temple de CÇriçanabhadrec- 
«vara». Il avait été <pillé» et c«dépouillé» de «tout ce que les 
«rois d'autrefois avaient placé par fondation dans le domaine de 
«Çriçänabhadreçvara; toutes les richesses et les hommes du dieu: 
«danseurs, musiciens, serviteurs, avaient été emmenés en captivité, 
«et il était demeuré vide et privé de culte.» *) «Sachant que le dieu 
<(riçauabhadreçvara est le Dieu Paramecvara visible en ce monde, 
et voyant Oriçanabhadrecvara dépouillé de toutes ses possessions à 
«la suite de la guerre»,*) le prince Päñ <le restaura ainsi que 
«tous les temples que les rois d'autrefois avaient donnés au domaine 
«de Çriçänabhadrecvara. Il releva les tours, les chapelles, les arcades 
«et les différents édifices dans le domaine de Criçanabhadrecvara et 
«il les fit parfaitement beaux»). Harivarman, en 1080,5) «vint 
«adorer le dieu avec piété et lui donna tout le butin pris à Someçvara, 
«des objets divers, tels qu’un koça d’or orné de quatre visages, 
«pourvu de toutes sortes de joyaux, diadèmes, parures, colliers, puis 
«des hommes de diverses sortes: serviteurs et servantes, et des bœufs, 
«buffles et éléphants ». 

Harivarman III sut, en somme, donner à son royaume la paix 
et la prospérité, et, c’est à bon droit qu’il peut se glorifier «d’avoir 
«rendu au royaume de Champa son ancienne splendeur» ©). Ce fut 
«un grand roi, l'ambassadeur qui vint, en 1076,°) présenter de sa 


part le tribut à la Cour, le dépeignait ainsi à l'Empereur Chen 


Tsong. «Le roi a trente-six ans; il mange beaucoup, s'habille de 


1) Mi-So’n. 90 A. 2) ibid. A. 3) ibid. C. 

4) ibid. B. 5) En çaka 1002, ibid. C. 

6) Mi-So’n. Mons E,. 94. Pilier skt. Prince Pan. Finor IV 940xur1. 

7) «En neuvième année Hi Ning, à la huitième lune». Song Che K. 15 p. 424. 








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LE ROYAUME DE CHAMPA. 251 


csoies à fleurs de différentes couleurs ou de soie Tch'ouan Fa,') 
crevêt une longue tunique attachée par sept liens d'or, porte un 
«casque d’or orné de sept espèces de gemmes, et chausse des san- 
«dales de cuivre rouge. Quand il sort, le protocole veut qu'il soit 
<accompagné de cinquante hommes et de dix femmes, portant, sur 
«des plateaux d’or, l’arec et le bétel et jouant des instruments.» ?) 

Cependant, quand il eut bien <joui de toutes les félicités royales», 
le désir lui vint de s'assurer le bonheur de l'au-delà. Il fit sacrer, 
en 1080, son fils, le prince Vak*) Pulyan Räjadvara,‘) âgé de 
neuf ans 5) en présence de tous les <Notables» qui «lui donnèrent 
«le nom de Yañ po ku Cri Jaya Indravarman,f) puis pratiqua à 
«son gré les exercices spirituels, le recueillement, la dévotion envers 
«Çiva»r.7) Il ne jouit pas iongtemps de sa retraite: il mourut 
l’année suivante‘). 

Quatorze de ses femmes «le suivirent dans la mort» et on jeta 
dans la mer «tout à la fois ce qui restait de leurs os».°) Celles qui 
demeurèrent «fidèles, attentives» à la mémoire de leur maître se 


vouèrent à <d'incessantes bonnes œuvres à son intention». ‘?) 


1) Tch'ouan Fa J “k ? 

2) Song Che CCCCLXXXIX 27a. 

3) Mi-So’n. Mon‘ A I. 89. Stèle, A. c4 FiNor IV 946xv1. 

4) Mi-So’n. 90. C 

5) «Le lieu de sa naissance est dans le lamvin de Campäpura». Mi-So’n 89 B. 

6) Mi-So’n 90 C. 7) ibid. C, 

8) Le texte écrit «en çaka 1103»; ce qui est une erreur manifeste pour 1003 — 1081. 
CF. Finor IV 936. 

9) ibid. C. 

10) Harivarman III Inventaire. 

À. — Mi-Son Mont D,. 90. Stèle A. s#/ c4. Attribution douteuse, peut être attribuée 
également au prince Päû, son frère. FiNor IV. 933xtr. 

B. — I. Mi-So’n. Mont E,. 93. Pilier. skt. Prince Pañ. Fivor IV 940xur. 

IL Mi-So’n. Mon‘ E,. 94. Pilier. c4. Prince Pän, FiNor IV 941xtv. 

IT Mi-So’n. Mont E, 95. Pilier. c4. Fixor IV. 943xv. 

C. — I. MiSo'n 93. B. C. Jaya Indravarman II. Fivor IV 933xri. 

IL. MiSo'n. Mon‘ A,. 89. B. Stèle. 1080ç = 108$ AD. Jaya Indravarman II. 
Finor IV, 946xvr. 

17 


Jaya Indra- 

varman Il. 

1°" règne. 
1080. 


Paramabhodi- 
satva. 


1050—1086. 


252 GEORGES MASPERO. 


Jaya Indravarman IT «règna environ uu mois. Alors, comme 
«Cri Jaya Indravarmadeva était en bas âge, ne connaissait pas ce 
«qui était bon ou mauvais pour gouverner le royaume et faisait 
«tout contrairement aux règles du gouvernement, Cri Jaya Indra- 
«varmadeva, avec tous les senapatis, brahmanes, astrologues, pandits, 
«maîtres des rites, et avec les femmes de Çri Harivarmadeva, !) 
«chercha uu prince pour gouverner le royaume. Or ils virent que 
«le pu lyañ Cri Yuvaräja Mahasenäpati, prince Pän, oncle de Cri 
&Jaya Indravarmadeva et frère cadet de Çri Harivarmadeva, était 
«pourvu de toutes les marques d’un mahäraja, selon le canon du 
«souverain Cakravartin, et qu'il connaissait le bien et le mal, le 
«devoir, la libéralité, la véracité, la compassion envers tous les êtres, 
<saus partialité dans le gouvernement. Cri Jaya Indravarmadeva, 
«neveu du pu lyañ çri yavaräja mahäsenapati, avec les brahmanes, 
«pandits, astrologues, maîtres des rites et avec toutes les femmes 
«portant un ou plusieurs objets précieux et les insignes de la 
«royauté, allèrent vers le pu lyañ çri yuvaräja mahasenapati et le 
«firent roi. Cri Paramabodhisatva règna selon la règle.... et fit 
«des largesses aux senäpatis et à tous les hommes du pays de 
«Champa. Et une félicité sans obstacle règna comme auparavant, 
«Et Cri Jaya Indravarmadeva, prince Vak, neveu de Cri Parama- 
«bodhisatva (cultiva) les richesses, le bien-être et le plaisir à son 
egré. Et Cri Paramabhodisatva gouverna le Royaume de Champa».*) 
C'était une déposition et une usurpation à peine déguisée (1080). 

Lors des guerres civiles qui avaient suivi la captivité de Rudra- 
varmau, un homme de Panrañ s'y était proclamé Roi et s’y 
maintenait depuis seize ans:°) bien plus, il rançonnait les gens de 

1) Harivarman III, son père. 2) Mi-So’n 90 A. 

3) Les indigènes de nos jours encore quand ils citent la date d’un évènement comptent 
l’année où il eut lieu et celle en cours: ainsi quand Paramabodhisatva écrit, en 1006c, 


que la capture de Rudravarman eut lieu 16 ans avant, il n'entend point dire 1006—16 = 990c 


1068 À D) mais bien l’année qui est la seizième avant 1006 soit 991c (1069 A D). 








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LE ROYAUME DE CHAMPA. 253 


Champa qui s'étaient réfugiés sur son territoire à la suite des 
guerres. Paramabodhisatva «étant reconnu roi de Champa conduisit 
«des troupes pour aller combattre l'homme qui s’érigeait en roi à 
«Panrañ».') Il le bat, lui <confisque sa couronne et ses biens et 
«ÇQri Paramabodhisatva fut l'unique roi jouissant des biens et revenus 
«royaux». Grâce au butin ramassé en cette province, et de concert 
avec sa sœur aînée, la princesse Garbha-Lakshmi et son fils aîné, 
le Pu lyañ Cri yuvaräja, prince Vyu, il fait «en vue de la gloire 
«en ce monde-ci et fruits en l’autre monde» de riches offrandes à 
la déesse Yan Pu Nagar «dame du royaume» et à la déesse Yan Pu 
aneh «dame petite (?)»: éléphants, diadèmes d'or, colliers ornés de 
joyaux, plateaux et ustensiles d’or ou d'argent (1084). ?) 

Paramabodhisatva entretint des relations pacifiques avec l'Empire 
du Dai-Viét auquel il servit régulièrement le tribut chaque année *): 
par contre il ne paraît pas qu’il ait envoyé d’ambassade à la Cour 
de Chine. {) 

Cependant, si le fils de Harivarman IIT, encore tout jeune, accep- 
tait sa déchéance, son entourage, senapatis, brahmanes, officiers et 
lettrés, et les femmes de son père, avec toute leur clientèle en 
souffraient profondément. Désireux de retrouver la puissance d’autre- 


fois, et ses prérogatives, ils parvinreut à échauffer l’ardeur des par- 


1) Po Nagar de Nhatrang 30. 

2) « Au temps du roi des Cakas 1006» Ibid. 

3) «En sixième année Anh VG Chièu Thäng » (1081 AD); septième année (1082) en 
hiver; huitième année (1083); neuviène année (1084); dixième année (1085) le Champa 
envoie le tribut à l'Empereur Lÿ-nhôn-Tôn. F's7 11 226 234. 

4) Paramabodhisatva. Inventaire. 

A. — Par le prince Pän 

L — MiSo’n. Mon‘ E,. 93. Pilier S#z. Fixor IV 940xur. 

II. — Mi-So'n. Mon E,. 94. Pilier ibid. 941xiv. 

III. — MiSo’n Mon: E,. 95. Pilier ck ibid. 943xir. 

B — Par le roi Paramabodhisatva: Po Nagar de Nhatrang. Tour Nord. 30 Piédroit 
Sud. Ar. CA 1006 — 1084 À D. BERGatGNE 79—80. AyMoNIER 33— 36. 

C. — Mi-So’n. Mon‘, 89. Stèle A c. Jaya Indravarman IL. supra. Fixor IV 946xv1. 


Jaya Indra- 
varman 1]. 
2e règne 


1086. 


254 GÉORGES MASPERO. 


tisans de la branche aînée et, quaud ils se sentirent assez nombreux 
et en force suffisante, ils prirent les armes au nom du roi lésitime 
Cri Jaya Indravarman IT, sacré par devant les notables et indûment 
dépossédé par son oncle. Ce fut à nouveau la guerre civile, et une 
fois de plus la capitale vit dans ses murs de sanglants combats qui 
n’y laissèrent que ruine et solitude. ‘) Paramabodhisatva disparut, 
ses partisans furent réduits au silence et Jaya Indravarman IT reçut 
pour la seconde fois la couronne (1036). Il renoua les relations 
avec la Cour de Chine, interrompues depuis dix ans,?) et envoya 
une ambassade à l'Empereur dès son avènement (1086)°). Il relève 
complètement la ville de Champapura que la guerre civile avait 


laissé <ruinée et déserte»,*) fait des donations à Bhadrecvara et 





1) C’est au moins ainsi que je crois pouvoir expliquer la disparition de Paramabodhi- 
satva, le retour au gouvernement du roi Jaya Indravarman II et la phrase de l'inscription 
(Mi-Son XVI) où ce dernier dit qu’il a relevé la «ville de Champa» qui était «ruinée et 
déserte». Nous avons vu que son père Harivarman III et son oncle Paramabodhisatva 
avaient déjà réédifié et ramené dans cette ville la population dispersée au cours de linvasion 
annamite. Si donc Jaya Indravarman II a eu à la relever et peupler à nouveau, c’est qu’une 
nouvelle guerre l'avait ruinée après que Paramabodhisatva lui eut rendu sa prospérité. Or 
il semble, durant son règne, n’avoir eu qu’une guerre, heureuse d’ailleurs, celle qui eut 
pour but de réunir Panrañ au Champa. D’autre part les Annales annamites ne mentionnent 
aucune expédition dans ce royaume à cette époque, et rien ne permet de supposer une 
incursion Khmère. Ce ne peut donc être guère que la guerre civile qui ait fait fuir les 
gens de Champapura, ct il y a tout lieu de croire qu’elle eut pour objet d’occasionner le 
retour au pouvoir de Cri Jaya Indravarman IT. Si je date cet évènement de 1056, c’est 
que la reprise des relations avec la Chine, interrompue depuis, semble être le fait d’un 
nouveau roi, désireux d’assurer sa cause. Aussi bien je tiens À marquer que ce n'est là 
qu'une hypothèse et qu’il n’est pas certain que cet Indravarman soit le même que le 
neveu de Paramabodhisatva. 

2) «Depuis l'ambassade de la dixième année Hi-Ning, 1077». Song Che XV 43b 
C£. supra p. 248. 

3) vPremière année Yuan Yeou JÉ Don huitième lune, jour Kia Wou HA 2 
vle pays de Champa envoie un ambassadeur qui présente le tribut”. Soxg Che XVII 484 
Le Ling Wai T'ai Ta IL 11 mentionne une ambassade du Champa à la Cour en cette 
même première année Yuan Yeou, mais à la douzième lune. Un édit impérial ordonna de 


lui donner 2,600 ligatures de sapèques, ce pourquoi il manifesta grande reconnaissance. 
ière année du rè D) Tehe Tsong WF LE, fils et 
C’est la première année du règne de Hiu Ho , Empereur Tche Tsong FT ZE : 


successeur de Ying Tsong. 
4) Mi-So’n 89 B. 





LE ROYAUME DE CHAMPA, 255 


offre un monastère à (rt Indralokeçvara dans la circonscription de 
Tranul (1088). ‘) Enfin, il ne manquait pas de payer régulièrement 
le tribut à son puissant voisin du Nord ?); s’il le négligea cepen- 
dant en 1090, il s'y soumit à nouveau 1091 *). Mais ce vasselage 
lui pesait; il regrettait les territoires dont Rudravarman avait con- 
senti la cession et les deux peuples manifestaient de tels sentiments 
réciproques que leurs ambassadeurs, s'étant rencontrés à la Cour 
de Chine, et ayant été introduits le même jour devant l'Empereur, 
ils se tinrent fort éloignés l'un de l’autre; à un repas de gala 
auquel ïls prirent part, ils se placèrent chacun à un bout de 
la table.) En 1092, donc, il ne présenta pas ses devoirs de vassalité 
à l'Empereur Ly-nho'n-Tôn et adressa à Tche Tsong ‘) un mémoire 
lui exposant que, si la Chine était disposée à châtier le Pai-Viét, 
le Champa était prêt à envoyer des troupes pour coopérer à son 
action. Mais l'Empereur, considérant que le Dai-Viét payait le tr:but 
souvent et régulièrement et observait strictement ses devoirs de 
vassal, estima qu'il n'y avait pas lieu de l’attaquer, et Jaya Indra- 
varman II en fut pour ses avances t). 

Il se dispensa néanmoins d'adresser le tribut à la Cour du 


Pai-Viét jusqu’à ce qu’un envoyé 7) de Lÿ-nho'n-Tôn vint lui faire 


1) Ibid. 

2) «Deuxième, Troisième, Quatrième et Cinquième année FÉ DA Quang hu'u» 
(1086—87—88—89). Vsz II 234. 

3) « Septième année Quang hu» Vs2 II 24a. 

4) Song Che CCCCLXXXIX ?27a. il ne donne pas l’année où se présentèrent à la 
Cour les ambassades qui donuèrent lieu à ces incidents. 

5) Empereur depuis 1086. 

6) «Septième année Yuan Yeou». Soxg Che XVII 504 et CCCCLXXXIX 27. L'Empereur 


Tche Tsong, pour atténuer sans doute l'effet de son refus, nomma l'ambassadeur Leang pao 


kou lium ya tan FE 1 x 4 L FF et l’ambassadeur adjoint Pang Mou Tche 
T'ou 1E À FH DE au grade de Pao Chouen Leang Tsiang, f& NE EI 5. 


2 
7) J1 se nommait Mac Hiên Tich ET BE ES et était du grade de ôung(?)lam 
Q û UD cè Le Le 


be HR 


256 GEORGES MASPERO. 


des représentations (premier mois 1094); il prit peur, et prétendit 
avoir expédié le tribut que son ambassadeur n'avait osé présenter 
à l'Empereur ). Il fit des excuses, s’empressa de s'éxécuter et servit 
le tribut en 1095, 1097, 1098, 1099 et 1102 ?). 

Enfin en 1103, à l’instigation d'un Annamite refugié au Champa ) 
qui lui donna de faux renseignements sur la situation du Pai Viêt 
qu'il représentait comme affaibli par des luttes intestines et impuis- 
sant à résister aux armées Chames, il met ses armées en mouve- 
ment et s'empare des trois provinces perdues. Mais, dès le printemps 
suivant *) Lÿ thu’o’ng Kiét accourt, le bat et l’oblige à abandonner 
à nouveau ces provinces. Désireux d'éviter toutes représailles, Jaya 
Indravarman s’empresse d'adresser le tribut à Nho’n-Tôn°) et 
d’expédier une ambassade à la Cour de Chine ‘). 

Les années qui suivirent furent toutes pacifiques; le Champa, 
régulièrement, envoyait le gage de vassalité au Dai-Viêt,7) et, de 


temps en temps, une ambassade ‘). 


1) «Troisième année Hoi Phong Ér EE au printemps, la première lune». VsZ II 
248. Sk I1I 22ab. Te III 128. Cm IV la. 

2 LE # 

2) «Quatrième, sixième, septième et huitième année Hoi Phong et deuxième année 


«Long Phè» JE ef Pol II 248. 2546. 26a. 


3) «En troisième année Long Phàù, en hiver, à la dixième lune, Lÿ Giäc 2 ÉE 
«fomente la rébellion au rl M Diên Châu, ancien Viêt Thu'o'ng, actuellement le Phu 
«Dièn, dépendant de la province de Nghé-An. Cm tb K. 4 p. 20a). Lÿ Thu’o’ng Kiêt 
«est chargé d’aller le châtier. Giâc est battu et s'enfuit au Champa». S4 III 244. T 
LIT 14a. Cm IV 36 4a. 

4) «Au printemps à la deuxième lune de l’année Long Phü». S4 IIL 244. Té III 
146. Cm IV 46 5a. 

5) Vst II 26a. 6) Song Che K. 19 p. 55a. 

7) « En cinquième année, sixième, huitième année Long Phù (1105—06—08), le Champa 
“paie le tribut. En première année Hi tu’dng dai khänh ê EÉ K ee, en hiver, 
à la huitième lune (1110) le Champa envoie un éléphant blanc, en deuxième année (1111) 


»il envoie le tribut et en troisième année (1112), un nouvel éléphant blanc”. Vs/ 11 266 
27a b. Sk III 276. Té III 156 164. Cm IV 6a. 


8) En quatrième année Tch'ong Ning, = Le sixième lune, jour M + 


»le Champa présente le tribut”. Sorg Che K. 20 556. ,En troisième année, douzième lune, 
wle Champa présente le tribut” Sozg Cac XX 564. 








LE ROYAUME DE CHAMPA, 257 


Son neveu !) Harivarman IV lui succéda *) vers l’année 1113 *) Harivarman 
IV. 1113? 


et, dès l’année suivante, ‘) inaugurait des temples et une tour qu'il 
avait élevés à la gloire de Criçaänabhadrecvara *). 

Il entretint des relations amicales avec la Cour de Chine qui, 
à plusieurs reprises, en 1116), 1127 7) et 1129 5) le gratifin de 
titres honorifiques; et il n'eut que de bons rapports avec le Pai- 
Viêt: en 1117 il lui envoie des «fleurs d’or» *); l’année suivante, 
comme son ambassadeur arrivait à la Cour durant l'inauguration 
des pagodes de Thäng Nohiêm et Thäuh Tho, il fut prié d'y 


assister !°), De 1120 à 1124, il ne manque pas une seule année 


1) «Gri Harivarmadeva, neveu de S.M. Çri Jaya Indravarmadeva. . ., Mi-So’n. Mon‘ 


B, 82. Inser. sur deux blocs c 1036ç = 1114 AD. Harivarman IV Finor IV 951xvrr. 


Harivarman IV est le Yang pou ma tie À h bit É du Song Che CCCCLXXXIX 
2Ta et du Wen hien long kao on un XXIV 536. Méridionaur 553 —554, 
2) Jaya Indravarman IT. Inventaire 
A. — 1. MiSo’n. Mon‘ E, 93. Pilier B. C. 5% Finor IV 933xit. 
II. Mi-So’n. Mont D, 89. Stèle B. ch. 1010c = 1088 A D. Finor IV 946xv1. 
C. — Mi-So’n Mont B, 82. Bloc scié c# 1036c — 1114 AD. Harivarman IV. FINoT 
IV 951xvir. 
3) En 1114 (1036c) Harivarman, faisant des donations à Criçanabhadrecvara nous dit 
avoir précédemment fait élever un temple et ensuite un (autre) temple”. 
4) ,En Çakaräja (1036)”. Mi-So’n 82. 
5) Il lui fait en même temps de riches donations: quantité d’or et d'argent, de colliers 
ornés de gemmes, d’aiguières, etc. Ibid. 


6) Le Song Che CCCCLXXXIX 27a dit seulement »vers le milieu des annees Teheng 
Ho 154 A1” mais à XXI 584, il note une ambassade en sixième année Tcheng Ho. 


T) «Première année Kien Yen 2 R >. Wen hien t’ong kao XXIV on Lin 
535. Méridionauxz 554. Hervey de Saint Denis traduit, je ne sais pourquoi , La première année 
»Kien Yen, Yang Po Mo Tie vint Zui-même faire la visite d'hommage.” Or il n’est rien de 
tel dans le texte. 

8) , Troisième année Kien Yen” Song Che XXV 48 et CCCCLXXXIX 274. 

9) « Huitième année Hôi tu'd'ng dai khänh». SÆ 1II 276. 7*t III 186. 


LE 


10) « Neuvième année Hôi tu’ ng dai Kbänb, au printems, au deuxième mois”, d'après 





le Vsz 11 295. ,En automne, au septième mois”, d’après le Cm» IV 9a. Au neuvième 


mois selon le 77 I1I 194. Le Sk III 274 ne précise pas. Les pagodes de Thàng Nghièm 
M JE et de Thénh To 1 
e e an Q = FF: 


258 GEORGES MASPERO. 


de payer le tribut ') et, en 1126, son ambassadeur est à nouveau 


l'objet d’une attention spéciale: il est invité au palais impérial ?). 


1) »Première, deuxième, troisième, quatrième et cinquième année Thiên phù dué vë 


KR vas LS DÉ. 752 III 804. SE II 278. T4 III 20. 


2) »Septième année Thièn phù duë vo, à la neuvième lune”. 7% III 2446. 


X° DYNASTIE 


1074. 
Präleyeçvara Dharmaräja X 
Clan Cocotier Clan Aréquier 





Harivarman III Paramabodhisatva 
P—1080 1080 —? 
| 
| 
Jaya Indravarman I X 
ler règne 1080 


| 
2e règne 1086 — vers 1113. Harivarman IV. 
Avant 1114 — après 1129. 


(à suivre). 





NÉCROLOGIE. 


CET — 


Li Lien-ying. !) 


News has reached London that Li Lien-ying, Chief Eunuch of the Imperial 
Household at Peking, died at his residence in that city on March 4, at the age 
of 69. Since the passing of Her Majesty the Empress Dowager Tzu Hsi (No- 
vember 15, 1908) he had been slowly failing in health, his vigorous constitu- 
tion enfeebled by chronic dysentery, and his spirits depressed by the loss ot 
the Imperial Mistress, who had made of him a lifelong companion, as well as 
by the changes introduced into the Palace by the new Empress Dowager, Lung 
Yü. These gradually deprived him of nearly all his former authority and 
influence, leaving him in old age little interest in life beyond that of watching 
the accumulation of his wealth. 

For forty years his name was one to conjure with. In his unscrupulous 
hands lay the making and marring of China’s dignitaries, Grand Councillors, 
Viceroys, and Governors competing for his favour, Government contractors sur- 
rounding him with adulation and largesse. From Kalgan to Canton men went 
in fear of his displeasure; the subterranean channels of his pernicious influence 
reached out to every Yamên in the Empire, carrying to its remotest outposts 
the germs of political corruption and intrigue. So great was the power which 
this favourite enjoyed as confidential Chamberlain and intimate adviser of the 
“Old Buddha”, so firmly established his impunity, despite the repeated denun- 
ciations and righteous indignation of Censors and high officials, that in the 
latter half of his career, and especially after the Empress Dowager’s resumption 
of the supreme power in 1898, his position behind the Throne became a 
recognized feature in the life of the Forbidden City. And this man began life 
as a cobbler’s apprentice in the small provincial town of Ho Chien fu, becoming 
a eunuch at the age of sixteen for the sake of gain and a life of ease. 

His hopes were realized, for he attained to the post of Chief Eunuch in 
1869, his equally notorious predecessor, An Te-hai, having been summarily 
decapitated by the Governor of Shantung for assuming Imperial dignities and 


1) Times Weekly Edition, April 14, 1911. 


260 NÉCROLOGIE. 


insignia while engaged on a tribute-levying expedition in that province. Before 
that date, however, Li Lien-ying had attracted the notice and won the favour 
of Tzu Hsi by loyal services rendered at a time when her own authority was 
not yet firmly established, by his remarkable physical beauty, good manners, 
and intelligence, He was an adept at organizing and conducting the routs, 
masques, theatricals, and picnics wherein the heart of the pleasure-loving 
Empress rejoiced. To the end of her life, his services in this capacity made him 
indispensable to her, and won for him a familiar camaraderie which she 
vouchsafed to none other, not even to her faithful kinsman, Jung Lu. He was 
a good raconteur, able and willing to distract her mind in dull moments, of 
a nimble wit and cheerful disposition. And, let it be recorded to his credit, 
that, ignoble and vicious as he was, he served his mistress with a lifetime of 
dog-like devotion and affectionate care. 


His METHODS. 


The hand of Li Lien-ying was powerful not only in the finances and 
administrative affairs of the Palace and the provinces, but in higher matters 
of State. He, above all others, was instrumental im inducing the Empress Dowager 
to suppress with violence the reform movement of 1898 and to condemn the 
unfortunate Emperor Kuang Hsü to the humiliation of a gilded prison, which 
ended only with his life. It was he who, in his colossal ignorance, persuaded 
her to believe in the mystic powers of the Boxers and in their ability to “drive 
the foreigner into the sea”. His blind hatred of the Reformers and of Euro- 
peans was, no doubt, largely due to self-interest, since they had dared repea- 
tedly to denounce the eunuch system and to make its abolition a plank in 
their programme of reform, with the very general support of public opinion. 
His faith in the Boxers was, however, entirely genuine, and to the very last 
days of the siege of the Legations he continued to reassure the Empress of 
their eventual success, exhorting her to stand firm, and doing his utmost to 
counteract the prudent counsels of Jung Lu. After the capture of the city by 
the Allies and the flight of the Court, his courage forsook him, and for many 
months he went in fear that the Empress Dowager would be forced by the 
demands of the avenging Powers to hand him over for punishment with the 
other leaders of the movement. He owed his eventual safety to the influence 
exercised on his behalf by the Russian Government, which, with an eye to 
past and future benefits of his good will at Peking, intervened to shield him 
and others from their well-merited punishment. Nevertheless, he did not escape 
scot-free, for his hoard of treasure, hidden in the vicinity of the Palace, was 
betrayed to the French troops and by them joyously looted. He subsequently 
recouped himself, to the best of his ability and to the increasing scandal of 
the better class of officials, by provincial exactions of the most unblushing 
rapacity, while the Court was in residence at Hsi-an, so that in 1908 his 





NÉCROLOGIE, 261 


restored fortune was estimated to amount to about 21/, millions sterling, For 
many years he contested with Prince Ch'ing the doubtful honour of being 
China’s squeezer-in-chief, archtype and fountain-head of official corruption; the 
impunity with which he and his princely rival for years conducted their nefa- 
rious operations has probably contributed, more than any other cause to the 
general demoralization of the Peking Government. It is clear that all talk of 
reform must be vain so long as public opinion in China continues to tolerate 
the Manchu parasitic system and the eunuch régime of the Palace. 


MÉLANGES. 


—0- 00000 —— 


A TRAVERS LE TIBET ORIENTAL . 


D’après les nouvelles du Tibet venues depuis un an, l'entrée des troupes 
chinoises à Lha-sa et la fuite du Dalai lama aux Indes, il semble que l’inten- 
tion des Chinois de transformer leur vague protectorat sur le Tibet en une 
prise de possession plus effective doive être bientôt un fait accompli. Les Chi- 
nois ont commencé, au prix de cinq ans de lutte, par s’assurer une grande 
partie des pays frontière. Mais cette zdne des marches renferme encore des 
enclaves indépendantes, dont la plus importante est le Nyarong, au nord de la 
route Tatsienlou-Batang. Il paraît que les Chinois ne se sont pas attardés plus 
longtemps à cette conquête en détail, pensant, sans doute, que la marche en 
avant de leurs troupes isolerait ces pays indépendants du reste du Tibet, et les 
réduirait sans combat. 

De juillet à novembre 1909, j'ai traversé le Nyarong et les marches con- 
quises, alors que de part et d’autre on se préparait au dernier effort, mais que 
rien ne faisait prévoir un si soudain dénouement. 

Entre mes deux voyages de 1907 et 1909 il ne s’était rien passé d’impor- 
tant. Les Chinois semblaient temporiser et déjà les Tibétains remis de leurs 
défaites des dernières années reprenaient courage. 

En juillet 1909, j'arrivai à Ta-tsien-lou venant de Yun-nan-Sen par la vallée 
du Kien-Tch’ang. C’est un voyage d’un mois, très désagréable en cette saison. 
De Ta-tsien-lou je me dirigeai au nord-ouest vers le Dergué, en suivant la route 
du pundil hindou Krishna, puis celle de M. Rockhill. Le général chinois Tchao 
Eul-fong se trouvait à ce moment au nord de Dergué, attendant des troupes. 
Le Nyarong (Tchan-Toui en chinois), de son côté, levait des soldats, dont 
2000 cavaliers qui devaient avec ceux du Tsarong couper aux Chinois, à Tsiamdo, 
la route de Lha-sa. 

J'étais entré secrètement en relation avec les autorités du Nyarong. Je leur 
demandais l'autorisation de traverser leur pays pour gagner Litang. Les pour- 
parlers trainèrent tout le mois que je restai dans le pays de Tchangou. Après 


1) Extrait de La Géographie. — T. XXIII, 1911. 








MÉLANGES. 263 


plusieurs refus je fus autorisé à gagner Litang, mais par la route que me 
feraient suivre des guides fournis par les autorités. 

Le Nyarong est divisé en quatre districts dont trois entourent le quatrième, 
celui de Rounon, la résidence du gouverneur. Le gouverneur est nommé par 
Lha-sa et est assisté d’un sous-gouverneur religieux. Le district central de 
Rounon me fut interdit et c’est par les districts latéraux que je gagnai Litang, 
en ligne droite, toutefois. Nous avons mis dix jours de marche. Le Nyarong 
est un plateau élevé, à 5000 mètres d'altitude moyenne et couvert de patu- 


rages. Il est coupé par le Yalong 


g, affluent du Yangtseu, qui y creuse un sillon 


de 2500 mètres de profondeur. Le dixième jour seulement on passait le Yalong 
sur des barques en peau de yack. 

Le cours de ce fleuve dans le Tchantoui n’est pas celui que les géographes, 
faute de données, avaient tracé trop au nord sur les cartes. Tandis que le pla- 
teau n’est peuplé que de pasteurs nomades vivant sous la tente, les rives 
escarpées du fleuve sont jalonnées de nombreux villages aux maisons hautes et 
étroites, accolées les unes aux autres en raison de l’exiguité du terrain et sur- 
tout dans un but de défense. Du plateau au bord du fleuve la route traverse 
la zone des forêts, des cultures vers 3000 mètres, puis les villages près du 
fleuve vers 2800 mètres. 

On sort du Nyarong deux jours avant d'arriver à Litang. La principale 
richesse du Nyarong est ses pâturages et ses immenses troupeaux de yacks. 
Il possède aussi des mines d'or exploitées par le gouverneur, L'or du Tchantoui 
est le plus estimé sur le marché de Ta-tsien-lou. 

Litang est sur la route officielle du Seu-tch'ouen à Lha-sa. La route com- 
merciale est celle qui passe par le Dergué. Toutes deux se rejoignent à Tsiamdo 
en contournant le Nyarong. Litang est une grande lamaserie de 2800 lamas. 
Sous ses murs se trouvent une rüe de marchands chinois, des maisons tibétaines 
et les châteaux des débas ou rois de Litang. L’un d’eux a eu la tête tranchée 
au cours de la guerre, l’autre est en fuite avec sa famille. Un mandarin et une 
garnison chinoise occupent un quartier de la lamaserie. 

De Litang je continuai ma route vers le sud. Le plateau est moins élevé 
et plus accidenté que celui du Nyarong. C’est le grand quadrilatère compris 
entre le Yalong à l’est, la route officielle au nord et le fleuve Bleu à l’ouest 
et au sud, quadrilatère que M. Bonin avait traversé en diagonale de Likiang à 
Ta-tsien-lou en 1895. La partie supérieure que je parcourais est très fertile, 
offrant de larges étendues cultivables et très habitée. Elle comprend les pays 
et les lamaseries de Chontain, Conkaling et Kiatchrin ou Sanpiling. Ces lama- 
series ont été prises par les Chinois et transformées en casernes, écoles et 
yamens. Leurs temples, sauf celui de Sanpiling qui a été brûlé, sont de beaux 
monuments d'architecture, tant par leurs proportions que par la richesse de la 
décoration intérieure. 

Dans le pays de Do voisin de Chontain les villages sont mieux construits 


264 MÉLANGES. 


que partout ailleurs au Tibet. Les maisons aisées sont à plusieurs étages et 
aussi soignées que nos maisons d'Europe. Le pays de Kiatchrin était jadis 
célèbre par ses arts, le travail des cuirs, la sellerie, la coutellerie et l’orfèvrerie. 
Aujourd’hui le pays est ruiné, les populations ayant fui devant l'invasion chi- 
noise. La lamaserie de Sanpiling fut prise en 1906 après un siège de six mois. 
Celle de Chontain succomba en quelques jours et celle de Conkaling était 
abandonnée quand les Chinois y arrivèrent. Mais actuellement encore une autre 
grande lamaserie, celle de Louzon, près du fleuve Bleu, est restée indépendante. 
Elle est le refuge de tous les lamas révoltés et survivants des lamaseries prises, 
Des postes de soldats chinois sont établis tout autour de son territoire pour 
empêcher les lamas de faire des incursions en pays annexé. 

Comme je me dirigeais vers l’ouest, il me fut impossible de traverser le 
pays de Louzon. Les habitants des districts voisins me fournirent des guides 
pour en faire le tour. Je quittai alors ces contrées de culture, riches et peuplées 
pour franchir successivement les énormes vallées des quatre grands fleuves de 
l'extrême Asie méridionale. Je traversai le fleuve Bleu en radeau, puis le Mé- 
kong là où je l'avais traversé deux ans auparavant, enfin la Salouen et arrivai 
dans un pays de pasteurs appelé Djrougon, où le hasard me fit passer près du 
glacier qui donne naissance à l’Irawady oriental. Cette source est la plus 
septentrionale et la plus éloignée de l'embouchure. Elle serait donc la source 
de l'Irawady même, car cette branche orientale, celle qui passe à Bhamo, est 
appelée Irawady sur les cartes de Birmanie, tandis que la branche occidentale, 
dont les sources sont birmanes, est considérée comme affluent et s'appelle 
Shindwin. Là commence un plateau qui s'étend vers l’ouest et où le Kioukiang 
(nom chinois du haut Irawady) s’est déjà creusé sa vallée. 

Le glacier est à 5300 mètres d'altitude, voisin de la passe appelée Lageula. 
Le cours d’eau se dirige d’abord vers l’ouest coulant en vallée à fond plat à 
4500 mètres d’altitude. Il reçoit des filets d’eau en éventail venant du bord du 
plateau et devant l'obstacle que ce plateau présente, tourne au sud, puis au 
sud-est pour sortir parallèlement à la Salouen. Il semble du moins qu'il en 
doive être ainsi. Car je n’ai pu élucider le problème et acquérir une certitude. 
C'est au point le plus occidental du cours de cette rivière que les Tibétains 
assez épars dans cette région, s'étaient réunis pour m'arrèter. 

Depuis la Salouen jusqu'ici j'avais suivi la route du pandit Krishna. Sur sa 
carte le tracé itinéraire est exact, mais le col Lageula n’est pas marqué et les 
deux rivières qui de part et d’autre en découlent, l’une vers la Salouen, l’autre 
vers l’ouest ne sont qu’un seul et même cours d’eau affluent de la Salouen. 
Sa source est marquée au point où Krishna a rencontré cette rivière et où 
j'ai été arrêté par les Tibétains, point de bifurcation des routes Rima Batang 
et Songakioudzoug-Menkong. Or, je n'étais plus dans le bassin de la Salouen 
depuis un jour et demi de route. Quelques heures encore de marche vers 
ouest m’auraient appris si j'étais dans celui du Brahmapoutre. 








MÉLANGES. 265 


Je n’ai pas vu tout de suite l’importance du nœud orographique où j'étais 
parvenu. Les pourparlers avec les Tibétains occupaient alors toute mon atten- 
tion. Ce n’est que le lendemain au moment de quitter, au hasard de la route, 
le Kioukiang, que le manque de preuve, et, partant, de certitude absolue m'est 
apparu. Les indigènes me dirent que la rivière s’élargissait bientôt et s'enfon- 
çait dans le pays sauvage des Kioutze. Il n’y avait plus de route sur ses bords. 

Tout me porte donc à croire que c'était bien le Kioukiang traversé par le 
Prince Henri d'Orléans en 1895 dans la haute Birmanie par le 27° 40’ de Lat. 
et que les collines à allure de plateau au pied desquelles je fus arrêté étaient 
le Tila-la de Krishna séparant le bassin du Brahmapoutre de celui de l'Irawadi. 
Mais je laisse la confirmation de cette hypothèse aux voyageurs plus heureux 
d’un avenir moins troublé. 

Mon projet était d'aller jusqu’au coude du Brahmapoutre, où doivent se 
trouver le Pomi, pays peuplé, dit-on, par les descendants de soldats chinois 
fixés là depuis le XVIII siècle, et un pays plus curieux encore, «Knas padma 
Bskor», découvert par les Tibétains il y a neuf ans. Sa légende en fait une 
terre promise où les lamas se réfugieront lors de l'extinction du boudhisme et 
conserveront la tradition et les livres sacrés. 

Il y a cinq ans, dès les premières années de la guerre, les populations 
conquises du pays de Kiatchrin avaient émigré vers la terre promise. Sur ma 
route j'avais rencontré plusieurs de leurs villages abandonnés. 

Sans soldats chinois et en temps de paix, il n’eut pas été impossible d’at- 
teindre ce but. Les autorités de Sangakioudzoug depuis longtemps prévenues 
de mon arrivée avaient attendu que je fusse au croisement de toutes les routes 
pour me les faire couper toutes à la fois. Les Tibétains n'usèrent d'aucune 
violence pour m'arrèter, malgré leurs dispositions belliqueuses du moment. Des 
émissaires étaient, en effet, venus de Lha-sa pour lever des soldats. C'était le 
dernier effort des Tibétains pour couper aux Chinois la route de la capitale. 
J'avais de plus avec moi cinq soldats chinois de Sanpiling avec un officier. La 
présence de ces protecteurs, qui du reste estimaient depuis longtemps être allés 
assez loin, donnait à mon voyage un caractère hostile et devenait un danger. 

Je pus regagner la Salouen sans revenir sur mes pas, par la route la plus 
méridionale allant de Chine au Tibet. 

Le long de ce fleuve un mauvais chemin me fit sortir du Tibet par le pays 
Loutze dépendant de la Chine. C’est à quelques jours plus au sud que deux 
explorateurs allemands allant au Tibet, les docteurs Brunhüber et Schmitz 
furent tués par les Lissous indépendants en janvier 1909 près de Omati sur 
la rive gauche de la Salouen. J'ai entendu plusieurs versions de ce double 
assassinat. Aucune ne laisse supposer que les malheureux voyageurs aient dù 
leur sort, comme il arrive le plus souvent en pareil cas, à une attitude brutale 
vis-à-vis des indigènes. Il est plus probable qu'ils ont été trahis par leur inter- 
prète chinois. Le Père Monbeig, missionnaire à Quisi, acheta par l'entremise 


266 MÉLANGES. 


du Consul d'Allemagne à Hong-Kong les débris de leur caravane. Il me donna 
quelques boîtes de leurs clichés photographiques, une caisse de vêtements lissous 
et me céda onze animaux de leur caravane avec lesquels je partis pour Yunnan 
fou à la fin de janvier 1910. 

Pendant ce voyage de retour, la route traversant le pays des Mossos, j'ai 
fait quelques études sur leur langue et leur écriture. Leur ancienne capitale 
est la préfecture de Likiang fou dans le Yunnan. On trouve encore des Mossos 
au nord de cette ville le long du Mékong jusqu’au 29° de Lat. et jusqu’au 
Yalong à l'est. Les Mossos sont ainsi répartis à peu près également en pays 
chinois et tibétains. Les noyaux les plus purs se trouvent sur la frontière 
naturelle du Tibet et de la Chine c’est-à-dire entre les 27° et 28° de Lat. 
dans la principauté de Yetché et à Bedjri au sud de Tchongtien. Bedjri, l'ensemble 
de six gros villages, est la ville sainte des Mossos où les sorciers (fwmbas) vont 
au moins une fois dans leur vie en pélerinage. Il n'y a pas de sanctuaire, mais 
des sources et une grotte sacrées et une vaste terrasse de dépôt calcaire en 
forme de bassins circulaires étagés, toute pareille à celles du Yellowstone des 
États-Unis. La religion des Mossos n’est qu'un culte de la nature. Pour aller 
à Bedjri il faut descendre la vallée du Fleuve Bleu dans la première partie de 
sa boucle vers le nord. Les gorges y ont deux mille mètres de profondeur. Le 
fleuve y tombe en cascades que l’on voit de trop haut pour estimer la hauteur 
de chute. . 

La langue Mosso est actuellement polysyllabique. Sur un millier de mots 
que j'ai recueillis, un tiers environ est d'origine tibétaine et chinoise. Gramma- 
ticalemment la langue Mosso est nettement tibétaine. Elle comprend plusieurs 
dialectes différant par la prononciation et par les emprunts plus ou moins 
grands, suivant les lieux, faits aux langues chinoise et tibétaine. Les Mossos 
ont deux systèmes d'écriture, dont les {wmbas sont seuls à faire usage, l’une 
idéographique, déjà connue, et l'autre, syllabique dont j'ai découvert des spé- 
cimens en 1907. J'ai étudié ces deux écritures, l’une avec le tumba du roitelet 
de Yetché, l’autre avec le tumba de Likiang. 

Le T'ou seu (maître de la terre) est le descendant des anciens rois de 
Lik'ang qui, depuis les Mings, exercent les fonctions de préfet indigène avec 
un préfet chinois. Il possédait une généalogie de ses 29 ancêtres avec leur 
histoire et leurs portraits, Il voulut bien me donner une copie du texte qu’il 
avait déjà et faire reproduire les portraits. Cette histoire du royaume de Likiang 
remonte à la dynastie des Song et mentionne 16 générations antérieures de 
chefs de tribu débutant sous les T’ang vers 620. 

Comme histoire du Tibet j'ai rapporté plusieurs ouvrages tibétains, la plu- 
part manuscrits, dont le caractère légendaire enlève beaucoup de la valeur; au 
point de vue de l’art, 80 peintures provenant des grandes lamaseries pillées. 
Je dois mentionner aussi que les monastères de Chontain et Conkaling renfer- 


ment encore leur trésor que les autorités chinoises ont mis sous scellés. Les 





MÉLANGES. 267 


pièces les plus remarquables sont de grandes broderies murales valant jusqu’à 
2000 taels. Si les évènements rappelés au début de cet article marquent la 
fin de la guerre sino-tibétaine, les autorités s’aviseront sans doute de vendre 
le butin de guerre. Cette vente ne pourra se faire avantageusement qu’en 
partie sur place, à Tch’eng-tou et à Pekin. 

Mais je ne pense pas que, malgré des accalmies même prolongées, les 
Chinois en aient de sitôt fini avec les Tibétains. S'ils pratiquent la politique 
des résultats immédiats et se fient aux apparences de soumission, ils enverront 
à Pékin des rapports rassurants et Pékin réduira les dépenses et les effectifs 
des corps d'occupation. Le moment venu, les Tibétains se révolteront de nouveau. 
Les garnisons chinoises elles-mêmes ne sont pas sûres. 

Les mandarins qui me reçurent à Sampilling ont été depuis massacrés par 
leurs soldats mutinés. Ces soldats, parmi lesquels comptait l’escorte qui m'avait 
accompagné au Tsarong, avaient pourtant l’apparence des troupes les mieux 
disciplinées. Ces révoltes de soldats sont fréquentes au Tibet. J'en avais déjà 
signalé plusieurs lors de mon voyage en 1907. 

Le gouvernement de Pékin ne peut manquer de s'en inquiéter et les 
puissances limitrophes du Tibet à l'influence desquelles l'occupation chinoise 
porte ombrage, n'auraient qu’une pression énergique et simultanée à exercer 
pour ramener la Chine au respect de leurs conventions réciproques relatives à 
l'intégrité du territoire Tibétain. Celles-ci reconnaissent bien la suzeraineté de 
la Chine sur le Tibet telle qu’elle était avant 1907, mais r’autorisent certaine- 
ment pas un essai d’assimilation pure et simple. 


J. BAcor. 


LA PESTE EN CHINE. !) 


KHARBIN, March 8. 


When the late Li Hung-chang, who was for many years the most power- 
ful satrap in the Empire, died full of honours, Liu Kun-yi, the Viceroy of 
Nanking, is said to have remarked, “China's greatest enemy is dead”, and 
Chinese recalling those fatal secret negotiations conducted by Li Hung-chang by 
which Russia was conceded the right to a belt of territory across Chinese 
Manchuria for the purpose of constructing a military railway may well endorse 
the bitter saying of the Viceroy. 

Here in the heart of Manchuria there has arisen as a result of this con- 
cession a Russian city, a second Irkutsk with 40.000 Russian civilians, with 
Russian public buildings, churches, banks, hotels, mills, and factories equal to 


those of European Russia — a city guarded by Russian regiments and fed by 





1) D’après le Correspondant de Pe-king du Times; Cf. Times Weekly Edition, March 
24th and 31st 1911. 


18 


268 MÉLANGES. 


lines of railway patrolled by Russian soldiers. To supply this concourse of 
Europeans are masses of Chinese, a colony of Japanese, including 300 women 
of a certain class, and a number of business men of many nationalities. The 
“ty itself lies on the Sungari, the chief navigable branch of the Amur, which 
is here spanned by one of the finest bridges in Eastern Asia. Its growth has 
been continuous and amazing. In the Russian town proper there are not less 
than 20,000 Chinese; in the river plain near the railway bridge is the Chinese 
town of Fu Chia Tien, an unusanitary, undrained town of low, one-storeyed 
buildings, with a resident population of 25,000, and, when the river opens, a 
floating additional population of 10,000. This town with its narrow lanes, its 
open gutters, its overcrowding, has been stricken with plague, lurid details of 
which have furnished gruesome reading in Europe for some months past. 
Happily the plague has now subsided; for several days there have been no 
cases traceable to the city itself, and fear has disappeared. But there has been 
a period of considerable anxiety, and, in view of the approaching conference 
in Mukden, a brief résumé of the visitation may be recorded. 


THE MARMOT THE CAUSE OF THE PLAGUE. 


The plague began with the marmot, a rodent known to the Mongols by 
the name of tarbagan, which exists in immense numbers in the country tra- 
versed by the Manchurian Railway. Records existing for 60 years past show 
that this rodent is subject to a form of plague associated with the respiratory 
tract. Marmots yield a fur which in skilled hands in Europe is converted into 
imitation marten and sable. The value of the skin on the spot varies from 1s. 
to 2s. Russian houses have a monopoly of the trade, the chief centre of the 
industry being Manchouli, the first station on the railway on the Chinese side 
of the border. Some two million skins are now exported annually by the Rus- 
sian railway to Moscow, whence they are distributed along two main routes 
ending the one in Leipzig, the other in London. 

The tarbagan hibernates from October until April. It is attacked with 
plague in September and October. Those that die perish in their burrows, and 
there infect — how it is not known — the succeeding generation that resorts 
to the same burrows in the next hibernating season. It is hunted in April, 
May, and June: it breeds in July and August, and it is again hunted in the 
weeks preceding its hibernation. For years plague has been endemic among 
these rodents; Mongols and Buriats, who formerly hunted them for Russian 
dealers, could tell what animals were infected, and these they left severely 
alone. But when the trade assumed increasing importance and demand for 
skins increased in Europe, then Chinese were attracted to the chase. They came 
in hundreds and then in thousands, they had no experience, they were ignorant 


of the plague, they handled the plague-stricken, and were infected. 





MÉLANGES. 269 


How they were infected is still undetermined, but evidence points to direct 
infection from the breath or accidental inoculation in the process of skinning. 
There is no evidence yet available that the marmot had bubonic plague, nor 
is there evidence that it was the host of a flea or other blood-sucking parasite. 
Hunters live upon the flesh, but direct intestinal infection is believed not to 
occur. While the hunters are in the field they do not suffer from plague: the 
disease only manifests itself when they come back for the winter. 


OVERCROWDING. 


Manchouli, the chief centre of the trade, has, apart from a Russian gar- 
rison of 8,500, a permanent Chinese population of 4,500, who, with several 
hundred Russians engaged in the trade, live together near the railway station. 
Caravanserais are not numerous, and they are in ordinary times overcrowded. 
Imagine then the conditions when 4,000 or 5,000 ‘hunters return from camp 
and cram themselves into squalid rooms already overfilled with onefourth the 
number. But there is still greater overcrowding at this season. Chinese in 
Manchuria are mainly natives of the three northern provinces of China proper, 
Shantung, Chibli, and Shansi. À considerable proportion of these come to seek 
work in Manchuria in the spring, returning in the winter, when the soil is 
frozen. Harvesters and labourers, fishermen and boatmen crowd the inns in 
October, when their season’s work is done, October then is the month of 
greatest overcrowding, it is the month when plague would be most likely to 
declare itself, and as a matter of fact it is in October when the plague does 
manifest itself. Special arrangements are made for the movement of this floating 
population to Manchuria and back again. Steamers ply then from Niuchwang 
to the coast of Shantung; the northern Chinese railways alone carry not less 
than 80,000 coolies per annum at cheap rates to Tientsin in Chihli. Thus, 
October and November are the best months for facilitating the extension of 
the disease. 

At the season of overcrowding coolies in the inns lie close packed, naked, 
side by side along a raised earthen platform or kang, warmed by heated air, 
or they may lie in tiers in bunks rising from floor to roof in an atmosphere 
that is simply awful. Infection could fine no more fertile field. 

In the recent epidemic the first cases occurred in the railway area at 
Manchouli. After rapidly claiming 600 deaths its progress was stayed by the 
Russian authorities, who moved the whole Chinese community bodily into 
quarantine. Russians speak with praise of the docility of the Chinese under 
these conditions carried out in extreme winter. They praise their patience 
under suffering. No credence need be given to stories of Chinese spitting in 
the faces of the Russian doctors in order intentionally to infect them. There 


is no reason to credit the poor coolie with any such knowledge of the infec- 


270 MÉLANGES. 


tivity of his secretions. From Manchouli plague spread to other stations on the 
railway, and in each case was dealt with severely but effectively. Finally, it 
reached Kharbin in the first week of November, and here it remained until 
the last week in February. Faced with an onslaught of such unexpected viru- 
lence the local Chinese authorities not only failed to make any reasonable 
attempt to avert the danger—they obstructed the efforts of those who realized 
the peril. They showed deplorable ignorance, vacillation, and mendacity. 


CHINESE OBSTRUCTIVE TACTICS. 


The chief Chinese official of Kharbin and the chief obstructive was the 
acting Taotai, Yü Ssu-hsing, who lives in the Russian town; the second was 
a prefect who lived in the Chinese town, where, dozing over his opium pipe, 
he outdid even the Taotai in the concoction of lying reports for the bewilderment 
of the authorities in Peking. These two men are directly responsible for the 
deaths of thousand$ of their countrymen. Moreover, to their obstruction, to 
their refusal to co-operate with the Russians in an effort to prevent the spread 
of infection, may be attributed the exhaustion of Russian patience and the 
presentation of the Russian Note of February 17, threatening retaliatory 
measures unless China displayed a less unfriendly attitude towards Russia. Yet, 
while the prefect has been cashiered, the Taotai has received only nominal 
suspension, still enjoys official recognition, and is daily expecting promotion. 

When the plague broke out in the Chinese town Russia offered to render 
medical assistance, but the offer was refused “in deference to the popular wish.” 
It was an interference with China’s sovereign rights, rights in this case inclu- 
ding the right to die of plague without foreign meddling. Better to lose life 
than to lose face, argued this amiable mandarin, who, when plague was run- 
ning unchecked, not a single case of recovery after attack being recorded, was 
gravely telegraphing to Peking that 500 cases had been cured by Chinese 
doctors by means of Chinese medicines and acupuncture. 


# 
x * 


The first case of plague was discovered on November 8. The first Western- 
trained Chinese doctors arrived on December 6, but were prevented from 
working. À fortnight later the Director of the Army Medical College at Tien- 
tsin, Dr. Wu Lien-tèh, a Cantonese from Singapore, who had a brilliant career 
at Cambridge, arrived here with a number of assistants, only to encounter 
heart-breaking opposition. But then the Chinese Governor of Kirin came here 
himself. A Cantonese also, he had had personal experience of the advantage of 
Western medicine, for his own son had been treated by Dr. Wu Lien-téh and 
had recovered from a severe attack of typhoid. The Governor realized the 
importance of giving support to the doctors. Dr. Gibb was sent from Peking 


to assist Dr. Wu in organizing preventive measures. Soldiers were provided to 





MÉLANGES. 271 


form a cordon round the infected town. Sanitary measures were devised, police 
and à corps of stretcher-bearers were organized, and system introduced. The 
Russian authorities supplied 100 railway cars fors a quarantine station, an 
excellent arrangement, for they are easily aired and easily warmed. As I write 
1.200 “contacts” are living there more comfortably than in their own houses, 
- Their period of detention expires to-morrow. The town was divided into four 
sections, the occupants of each section being distinguished by a different coloured 
badge. Disinfecting stations and laboratories were created. There was daily 
house-to-house visitation. The cry “Bring out your dead” was heard as in the 


Plague of London. 


THE Work oF ENGLISH AND CHINESE DocToRs. 


À few days after the departure of the Governor, Dr. Stenhouse and Dr. 
Graham Aspland arrived from Peking, and the lastnamed has remained on 
duty until to-day. Too much praise cannot be given to these three English 
doctors for their courage and devotion, their skill and humanity. And all 
honour is also due to Dr. Wu Lien-tèh who has borne the brunt of the work, 
has faced constant danger, and has shown administrative gifts of a high order. 
He ïs the chief of the Chinese Sanitary Commission. His energy has been un- 
tiring, his good humour unfailing. With him have been 20 Chinese doctors 
trained in Western medicine and nearly all speaking good English; with him 
also have been 30 Chinese medical students and dressers. They have all deserved 
well of their country. The experience they have gained will be invaluable in 
the future. Conspicuous on the staff was a young doctor, Dr. Chuan, whose 
experiences have included à two years’ residence with the Chinese Amban in 
Tibet and a visit to Simla. 

Success attended organized effort. À I have said, plague declared itself on 
November 8, but it was not until January 14, after the visit of the Governor, 
that any effective measures could be instituted. The death-roll reached its 
height on January 28, when there were 173 fatal cases One month later, on 
February 28, no death was recorded in the Chinese town. 

Infection was by direct contact. Rats and fleas played no known part in 
the infection. The attack was fulminant, there was no authentic case of reco- 
very. Old persons and young children fared better than the strong and middle- 
aged. In one family, out of 14 persons there were only two survivors, a woman 
Of 71 and her great-crandchild of two. Among all the bodies cremated there 
was only one child. Evidence as to the value of inoculation is inconclusive, but 
evidence is overwhelming that nearly.every case of death among the Europeans 
was preventible, and there have only been 50 deaths among a European popu- 
lation in the infected areas of North Manchuria of not less than 60,000. 


Astonishing indifference was manifested in the face of danger. 





272 MÉLANGES. 


THE MORTALITY. 


Fu Chia Tien, the Chinese town, when winter began, had a resident popu- 
lation of 25,000 and an additional floating population of some 10,000, the 
numbers being estimates-only, and, if incorrect, erring by excess. Of these, 
5,438 have died from plague, a number insignifiant when compared with the 
mortality of plague outbreaks in India. 

In the chief plague hospital 1,600 plague patients were admitted and 
1,600 died. An aged Chinese quack of the old school named Mr. Ku, assisted 
by one dresser, was in charge of the hospital. They cared for the dying, super- 
intended the removal of the dead, incurred appalling risks, took no precautions’ 
and yet enjoyed complete immunity. 

Many true stories are told of the plague. In one shop a tailor had eight 
apprentices. Two of these died. Their bodies were hidden, and no report made. 
Then four more were stricken and died, and their bodies also concealed. But 
now the master was unnerved. He gathered together his money, collecting what 
debts could, and with a hoard of 690 roubles hurried off to the railway, deter- 
mined to flee from the city. But he had come from the infected district, and 
the railway would not issue him a ticket. In despair he returned to his shop, 
and three days later he died. Two apprentices now survived. They divided his 
money, and looked forward to the enjoyment of their gains and of the pro- 
perty. Escape, however, was denied them. Both died, and when the bearers 
came to search the house they found the money equally shared sewn up in 
the clothing on their dead bodies. 


But all anxiety has now passed, and the danger is over for the present. 


Voici quelques.renseignements reçus ultérieurement: !) 


FLEAS AS MEDIA OF INFECTION. 
(FROM OUR OWN CORRESPONDENT.) 
PEKING, April 14. 


À telegram from Mukden announces that yesterday Dr. Petrie, of the 
Lister Institute, the British delegate to the Plague Conference, discovered 36 
fleas of very large size on 12 marmots. This is an important discovery and 
provides a probable explanation of the method by which the plague infection 
is conveyed from the marmot to man. 


(FROM OUR SPECIAL CORRESPONDENT.) 


The discovery by Dr. Petrie will probably be found to have an important 
bearing upon the present inquiries into the origin of the recent epidemic of 





1) Times Weekly Edition, April 21, 1911. 








MÉLANGES. 273 


pneumonie plague in Manchuria. All medical experts upon the spot appear to 
have agreed that the epidemic in some way originated among the species of 
marmot (Arctomys bobac), which exists in great numbers in the country tra- 
versed by the Manchurian Railway. These marmots, locally known as “tarba- 
gans”, are hunted for their skins, and for some years it has been known that 
plague raged among them every autumn. It was not known, however, from 
what form of plague they suffered, or how human beings became infected from 
them. The Peking Correspondent of The Times wrote from Kharbin on March 
8 that there was no evidence that the marmot was “the host of a flea or 


Lu 


other blood-sucking parasite.” The Medical Correspondent of The Times in 
Manchuria, in a communication published yesterday, wrote that “it is highly 
improbable that an epizootic has played any part in the outbreak in Man- 
churia proper,” though he confirmed the theory that the epidemic was derived 
from marmots in districts further west. If the marmot theory was correct it 
became important to discover how the infection was originally transmitted to 
human beings. 

Dr. Petrie has now demonstrated that the marmot is the host of fleas, 
presumably as à prelude to seeking to establish that in Manchuria the marmot 
flea has to a limited extent played the same part as the rat flea in India. 
The discovery was not unexpected, but it was by no means a foregone con- 
clusion. There are over 400 known species of fleas, moreover, and only one or 
two of these species have up till now been proved to disseminate plague. 

In any case, it would be premature to assume that the discovery really 
carries us much nearer a solution of the mystery of the Manchurian epidemic. 
Dr, Petrie is far too cautious and experienced an investigator to claim to have 
read the riddle. What he has done is perhaps to have gone some way towards 
clearing up a single point. He has possibly shown how the hunters may have 
in the first instance contracted plague from the marmots through the inter- 
mediate agency of fleas. But why did the epidemic immediately assume a 
pneumonie form, whereas the rat flea in India usually produces bubonic plague ? 
Why was the type of plague so exceptionally virulent? How was it carried 
far and wide in Manchuria, in places where there were not only no marmot 
fleas, but, as is believed, hardly any fleas of any sort in winter? These are 
problems which still await an answer. 





BULLETIN CRITIQUE. 


+R —d— 


Joseph Davurremer, Consul de France, Chargé de Cours 
à l'École des Langues Orientales — La grande Artère 
de la Chine — Le Yang tseu. E. Guilmoto, Paris, 
1911, in-8, pp. 804, ill. et carte. 


L'ouvrage de M. Daurremer renferme plus que ne le promet 
son titre; tout en décrivant le Yang tseu, la grande artère fluviale 
qui traverse la Chine dans toute sa largeur et les villes qui se 
trouvent dans le bassin de ce fleuve immense, l’auteur traite de 
sujets plus généraux, comme les moeurs et les coutumes, l’admi- 
nistration, les industries, le système monétaire, les douanes, la poste, 
les corporations, ete.; ce livre a donc un but plus étendu que celui 
de décrire le Yang tseu; il donne un tableau d'ensemble de la 
Chine; c’est une oeuvre qui assurément n’a pas de caractère scien- 
tifique, mais qui sera utile comme livre de vulgarisation. Il y a 
des opinions qui sont contestables: pp. 18/14, il n’est pas, comme 
le croit l’auteur, prouvé «que les Chinoïs sont venus des environs 
du Tarim, et du plateau central de l'Asie»; il y a des fautes 
d'impression: p. 202, par exemple: K’oubilai ne pouvait soumettre 
le Yun nan en 1552, puisqu'il vivait au XIII® siècle; notons aussi 
des omissions; puisque l’auteur nous parle des Miao-tseu du Kouei- 
tcheou, il aurait dû également mentionner les Lolos du Ta Leang- 
chan, dans la grande boucle du Yang tseu, au sud du Se tch'ouan. 

Ce ne sont d’ailleurs que des critiques de détail. 


H:vC: 








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mme 


RE + 
ne te ln ee en 20 A 


BULIETIN CRITIQUE. 275 


Berraorb Laurrr: Der Roman einer Tibetischen Künigin. 
Tibetischer Text und Übersetzung. — Leipzig, Har- 
rassowitz, 1911; in-8° de X + 264 p. 


Depuis les beaux travaux de Grünwedel et de Laufer lui-même, 
on connaît mieux la personnalité de ce fameux Padmasambhava qui 
est regardé par la plus ancienne secte bouddhique du Tibet, la secte 
rNiñ-ma-pa, comme son fondateur et son patron. Parmi les écri- 
tures saintes de cette secte, c’est la vie de Padmasambhava qui tient 
la première place; au second rang en importance vient un recueil 
de cinq traités primitivement indépendants les uns des autres, qui 
contiennent des allocutions adressées par Padmasambhava à diverses 
catégories de personnes; le troisième de ces traités nous montre 
Padmasambhava dans ses rapports avec des princesses; c’est celui 
que Laufer a publié et traduit sous le titre un peu libre: le roman 
d’une reine Tibétaine. 

Ce texte doit, comme celui de la vie de Padmasambhava, avoir 
été écrit entre le neuvième et le douzième siècle; il nous apporte 
donc des renseignements sur la civilisation et sur les modes de 
penser du Tibet à une époque très reculée; il nous montre les débuts 
de la religion bouddhique et son opposition avec les sentiments 
naturels des indigènes; au point de vue philologique, il nous pré- 
sente la langue tibétaine dans un état plus archaïque que le style 
du Kanjur et du Tanjur. 

Le traité traduit par Laufer comprend quatre parties distinctes: 
la première raconte, sous une forme d’ailleurs moins complète que 
ne le font les annales royales, la fondation du Temple de Sam-yas 
vers le milieu du huitième siècle de notre ère; puis viennent les 
poésies religieuses et magiques qui furent chantées lors de la consé- 
cration du Temple. La seconde partie traite de l'amour et des souf- 


frances de la reine qui s’éprend du moine Vairotana, veut le 


276 BULLETIN CRITIQUE. 


séduire, n’y réussit pas et l’accuse alors d’avoir tenté de la violer; 
Vairoëana s'enfuit; le roi, qui regrette son départ, va à sa recherche 
et lui offre de lui donner la reine pour «perpétuelle amie»; mais 
Vairoëana gagne au large et la reine tombe malade à cause d’un 
enchantement qu'a jeté sur elle le moine vindicatif; sur l’interven- 
tion de Padmasambhava lui-même, la reine confesse ses péchés et 
se trouve guérie. La troisième partie est l’histoire de la princesse 
qui fut donnée en mariage au saint homme Padmasambhava, lequel 
la prit pour femme sans aucun serupule de conscience. Enfin la 
quatrième partie renferme diverses prédictions de Padmasambhava. 

Dans un appendice, Laufer a cherché à reconstituer la physio- 
nomie singulière de Padmasambhava, mélange de Faust et de Mé- 
phistophélès, saint et Satan en une même personne, à certains égards 
don Juan qui se plaît aux femmes et qui est payé de retour. Pour- 
quoi ce patrou de la secte rouge du Tibet a-t-il été adopté par la 
secte jaune qui a multiplié les publications à son sujet? Laufer 
croit que c’est pour des raisons de prudence politique qui se trou- 
veraient justifiées le jour où la secte rouge, beaucoup plus puis- 
saute au Tibet qu’on ne le croit communément, viendrait à reprendre 
l'avantage sur la secte jaune dont la suprématie n’est guère main- 


tenue aujourd’hui que par l'influence du gouvernement Chinois. 


En. CHAVANNES. 


O. FRanke: Ostasiatische Neubildungen. Beitrige zum 
Verständnis der politischen und kulturellen Entwick- 
lungs-Vorgänge im Fernen Osten. — (Hamburg, 1911, 
Verlag von C. Boysen; in-8° de X + 395 p.). 


Nous ne pouvons que nous féliciter de ce que M. Franke se soit 
décidé à réunir en un volume les nombreux articles qu'il avait pu- 


bliés ici et là sur l’évolution de la Chine moderne; ces petits mé- 





EE 


BULLETIN CRITIQUE. 211 


moires méritaient d'échapper à l'oubli qui menace les publications 
insérées dans des périodiques; outre l'intérêt qu'ils présentent du 
fait qu'ils ont été écrits au moment même où les événements se 
passaient et par un homme qui souvent y a été directement mêlé, 
ils ont une valeur philosophique et historique très réelle parce qu'ils 
n'isolent pas la Chine contemporaine de tout son passé et parce qu'ils 
indiquent avec précision et parfois avec profondeur les causes his- 
toriques qui dominent le processus du développement de la eivili- 
sation Chinoise. Le premier article, notamment, expose avec force 
la théorie extrême-orientale de l’état conçu comme un empire uni- 
versel et il montre comment cette conception devait nécessairement 
entrer en conflit avec les organisations politiques de l'occident. Je 
signalerai aussi comme particulièrement irtéressante (p. 20—35) 
l'étude sur le réformateur AX'ang Feou-wei et sur les idées qui atti- 
rèrent sur lui l’attention de l’infortuné empereur ÆAouang-siu. Les 
articles sur la politique japonaise en Chine, ceux qui concernent 
le Tibet et ceux qui sont consacrés à des hommes célèbres de la 
Chine actuelle sont pleins de renseignements et seront lus avec 
grand profit. 


En. CHAVANNES. 


BIBLIOGRAPHIE 


LIVRES NOUVEAUX. 


Nous avons reçu de Bangkok le volume suivant en texte mon: 
Sudharmavati Raäjävamsa Siharäjadhiraja Räjävamsa Edited in the 
original Mon by Phra Caudakanta of Wat Mokkharam and collated 
by Maha Phôm Nänamokka Paññakkhandhagära Printing Office, 
Wat Khë, Pak Lät. Nagara Khüen Khan B. E. 2453 C. E. 1272 
Bangkok 129. 


M. Fernand Roy a traduit dans le Bulletin de l'Association 
Amicale Franco-chinoise (Vol. 3 — N° 1 — Janvier 1911) les 
Statuts de la Banque impériale de Chine. 


Sous le titre de Beiträge zur Kritik des Codex Cumanicus, notre 
collaborateur, M. Willy Banc, a répondu dans le n°. de janvier 
1911 des Bulletins de l’Académie royale de Belgique à M. W. Raptor, 
Kudatku Bilik, I, 2, 1910, p. 549, Anm. 2. 


M. W. Raororr a donné à l’Académie Impériale des Sciences 
de St. Pétersbourg le texte ture et une traduction russe d’une tra- 
duction turque du XXV® chapitre, Xuan-ki-im Pusar, de la version 


chinoise du Saddharmapundarika. 





BIBLIOGRAPHIE. 279 


M. A. Vissière a publié en volume, sous le titre de «/Ætudes 
sino-mahométanes», un certain nombre d'articles qui avaient paru 
dans la Æevue du Monde musulman; quatre de ces articles con- 
cernent le Seyyid Edjell; puis vient une bibliographie détaillée des 
ouvrages chinois mahométans rapportés par la mission d’Ollone; 
enfin un appendice contient trois lettres de l'empereur K‘en-long 


au Khan du Badakchan. 


M. W. Raniorr poursuit dans le Bulletin de l’Académie Impé- 
riale des Sciences de St. Pétersbourg (1911) ses études sur les anciens 
dialectes turks, Alitürkische Studien, par deux nouveaux mémoires: 
IV. Æinleitende Gedanken sur Untersuchung der alttürkischen Dialekte 


et V. Die alttürkischen Dialekte. 


M. E. H. Parker à publié à part le mémoire intéressant qu'il 
a donné dans l’Asiatie Quarterly Review sur The Ancient City and 
State of Kutchar. Je crois que l'auteur se trompe lorsqu'il assimile 


le royaume de Pein de Marco Polo avec Kutchar. 


Il à été fait un tirage à part des deux travaux suivants de 
M. G. Cognès: Catalogue des Pièces originales de sculpture Khmère 
conservées au Musée Indochinois du Trocadéro et au Musée Guimet 
(Extrait du Bulletin de la Commission archéologique de l’Indochine, 


1910). — Les deux inscriptions de Vat Thipdäi Province de Siem Räp. 


Nous avons reçu également le tirage à part de l’article de M. 
Henri Gourvon sur l'Enseignement Anglo-Chinois à Hongkong paru 


dans la Æevue Indochinoise, de Mars 1911. 


M. Ant. BrégioN vient de faire paraître: Une Distillerie Indo- 
Chinoise, Châlon-sur-Saône, 1909, br. in-8:; et de l'Opium, Châlon- 
sur-Saône, 1910, br. in-8. 


280 BIBLIOGRAPHIE. 


= 


M. L. Fixor à fait un tirage à part de deux de ses articles 
du Bulletin de la Commission archéologique de l'Indochine, 1910: 
Les bas-reliefs de Bapuon et Inscriptions du Siam et de la Pénin- 


sule malaise (Missian Lunet de Lajonquière). 


M. le Commandant d’OLLoNE a fait paraître chez Pierre Lafitte 
le récit de sa mission intitulé Les Derniers Barbares Chine-Tibet- 


Mongolie, avec 146 illustrations, 4 cartes et le portrait de l’auteur. 


Nous avons reçu les publications suivantes de l’Institut Oriental 


de Vladivostok (Cf. T. P., Mars 1911, p. 108): 


Tour XXXIII, BB. 2-H: B. M. Menapuur. Hcroria cioryaata 88 finonin. K8. I. 

Tom XXXIV, Bb. 1-: B. M. Meny4pyunB. AHaAH3B ANOHCKATO 31HHCTOAAPHArO 
CTHAA. JacTk I-1. 

Ipuaoxenie 2-e KB 11-My ro4y ns4ania: [porokoant 3acb4ani Kondepeauin 
BocrouHaro HactTuTyTa 3a 1909—10 aka. ro48B. 


Les Douanes impériales chinoises ont fait paraître les Returns 
of Trade (1909), Part IIT. — Analysis of Foreign Trade. — Vol. I. 
— Imports” Le chiffre net des importations directes des pays 
étrangers s’est élevé en 1909 à H. Tls. 418,158,067 contre 
394,505,478 (1908), 416,401,369 (1907), 410,270,082 (1906); le 
change était de Haïikwan Tael = Francs 3,28. [C£. T. P., Mars 1910, 
p. 154.1. — Vol. IT. — Ævports. Le chiffre des exportations directes 
s’est élevé en 1909 à Hk. Tls. 338,992,814 contre 276,660,403 (1908) 
et 264,380,697 (1907). 


Les Petermanns Mitteilungen (n° de Février 1911, p. 75—76 
et Tafel 14) ont publié une carte de la Dzoungarie, du Turkestan 
oriental et du Lop-nor qui a été dressée en 1738 par Renat. — John 
Gustav Renat était, comme le fameux Strahlenberg, un des Suédois 
qui avaient été faits prisonniers par les Russes à la bataille de 
Poltawa; en 1716, il fut pris par les Kalmouks et resta seize ans 


chez eux; il leur apprit à fondre des canons et des bombes et fit 





BIBLIOGRAPHIE. 281 


campagne avec eux contre les Chinois. La très curieuse carte qu'il 
a établie fut découverte en 1879 par Strindberg dans la bibliothèque 
de Linkôping; elle a été publiée pour la première fois en 1881 par 
la Société russe de géographie; il est heureux qu’elle soit maintenant 


accessible à tous dans les Petermanns Mitteilungen. 


CORRESPONDANCE. 


Au mois de septembre 1910, le Dr Legendre est reparti pour entreprendre 
une nouvelle exploration dans la Chine méridionale. De Ning Yuen Fou il a 
adressé au Président de la Société de Géographie la lettre suivante sur les 


débuts de son voyage. 


Ning Yuen Fou, le 12 janvier 1911. 


Parti de France à la date du 12 septembre 1910, j'ai pu quitter Yun-nan 
Fou, le 13 novembre, avec mes deux collaborateurs, MM. Noiret et Dessirier. 
Au lieu de gagner le Kien-tch’ang par la route directe, j’ai traversé une série 
de districts du Yuan-nan septentrional inexplorés jusqu'ici. Le croquis ci-joint 
permet de localiser les régions parcourues. Après avoir fait un peu de nord, 
nous nous sommes dirigés vers l’ouest vers Hé-Tsin, coupant une série de chaî- 
nes orientées nord-sud d'une altitude moyenne de 2500 mètres. 

De Hé-Tsing, j'ai jugé intéressant d'explorer la vallée du Makai Hô, appelé 
encore Tso-Ling Hô (hô, fleuve), affluent important du Fleuve Bleu qu'il rejoint 
à Long Kai ou Kiang Pien, comme on sait. Nous avons reconnu les principales 
branches de ce fleuve et les avons suivies sur une partie assez étendue de leur 
parcours. Tous ces cours d’eau coulent dans des gorges ou vallées, très encais- 
sées, permettant un peu de culture, cependant, dans l’étroit talweg et sur les 
premières pentes. La seule plaine où le Tso Ling Hô s'étale et forme des 
méandres est celle de Ma Kai-Heou Kai dont la superficie ne dépasse guère 
90 kilomètres carrés. 

Avant de se jeter dans le Yang-tseu, le Tso Ling HÔ rentre, encore, dans 
une gorge de roches anciennes qui s’élargit un peu, à partir de Pin Ta Lang 
jusqu’au confluent. Les petites plaines reconnues, le long du Tso Ling Hô et 
de ses affluents, ne sont que des dilatations restreintes et pour ainsi dire 
«accidentelles» du talweg, des cuvettes, vrais bassins lacustres quaternaires 
s'échelonnant depuis la source du cours d’eau jusqu'à son confluent. Le faciès 
du talweg est tout à fait caractéristique du régime fluvial de ces régions, si 
loin vont ces rivières torrentueuses de leur profil d'équilibre. Le Tso Ling Hô, 


lui-même, large quelquefois de 50 mètres, n’est pas navigable: c’est une série 





CORRESPONDANCE. 283 


de petits biefs assez profonds coupés par de brusques dénivellations très mar- 
quées où les eaux roulent sur des roches dures: granulite, diorite ou micaschistes, 
formant «rapides». Le lit est presque partout encombré de blocs gréseux rouges 
ou verts ou de quartzites laminées qui limitant, à un degré extrême, la pro- 
fondeur du fleuve, n’en font qu'un mauvais torrent inutilisable même pour les 
petites barques. 

De Miao Men, accompagné par M. Noiret, j'ai, par une route nouvelle, 
gagné Tso Kio où nous avons retrouvé M. Dessirier que j'avais envoyé recon- 
naître le massif inexploré qui s'étend entre Pé Sen Tsin et la boucle nord-sud 
du Fleuve Bleu. 

De Tso-Kio, pendant que M. Dessirier gagnait Houei li Tcheou par une 
route nouvelle, en passant le Fleuve Bleu à La Cha, je descendais au sud-est 
avec M. Noiret en suivant un affluent du Tso Ling Hô; et de Long Kai, je 
pénétrais dans le massif inexploré bordé à l’ouest par la grande route de Yun 
nan Sen à Houi Li Tcheou et, au nord, par le Yang-tseu, C’est une région 
très intéressante peuplée de Lissous, Lolos et Miaotze qui nous ont fait le 
meilleur accueil. Ce massif, encore couvert, en partie, de belles forêts de chênes, 
pins, sapins et aulnes, forme un heureux contraste avec l’aspect ravagé, déser- 
tique des districts habités par le Chinois. Si celui-ci ne se hâte de reboiser, 
c'est la diminution graduelle et rapide, dans cette partie du Yunnan, de la 
surface arable envahie par des amas de pierres glissantes des pentes trop dénudées. 

L’altitude moyenne des chaînes constituant ce massif est 3000 mètres. 
Toute cette région, malgré l'intensité du ravinement, décèle, comme celle de 
Tso Kio, la forme «plateau», si fréquente au Yunnan, un plateau gréseux aux 
strates bousculées, souvent relevées jusqu’à la verticale, trouées, en certains 
endroits, par des micaschistes à séricite, et plus rarement couronnées par des 
calcaires cristallins. 

Ces grès, généralement gypsifères, rappellent tout à fait les formations 
reconnues permiennes par M. Leclère. J’ai relevé aussi des courbes charbon- 
neuses et recueilli des fossiles qui seront examinés ultérieurement. 

A Pé Cha Tan, dans le bassin du Tso Ling Hô, j'ai, au moment où je 
m'y attendais le moins, rencontré les roches anciennes, en affleurements impor- 
tants, sous la forme de granulite, traversée par des filons de diorite ou de 
syénite. Jai suivi fort loin ces formations et ai réussi à les relier avec celles 
que je signalais, il y a deux ans, dans le nord du Kientchang. 

Nous avons traversé le Fleuve Bleu à Lou Tchée Tou, dans l’est de Long 
Kai. En ce point, le passage du fleuve est très facile, le courant étant de deux 
nœuds au plus. Mais les abords de ce passage sont difficiles des deux côtés. 
On peut en juger par l’étendue de la dénivellation existant entre le talweg et 
le plateau surplombant. En effet, la côte relevée dans le talweg a été 930 
mètres (pression barométrique 686 mm. 5), celle du sommet du plateau rive 
droite 2170 mètres (pression barométrique: 592 mm.) et celle du plateau rive 

19 


284 CORRESPONDANCE. 


gauche 2050 mètres (pression barométrique: 600 mm.). Et le mauvais sentier 
qui nous amène au bord du fleuve atteint fréquemment une pente de 30° et 
même de 40°. 

J'ai observé ce fait intéressant que la gorge imposante où coule le Yangtseu, 
en aval et en amont de Lou Tchée, n’a pas été tout entière creusée par lui. 
Bien au contraire, ces eaux ont emprunté une cassure naturelle, un sillon 
d’effondrement rendu très évident, sur les deux rives, par Pinclinaison consi- 
dérable des couches et leur bousculement effroyable. 

Pour compléter cet exposé, je parlerai brièvement de la végétation des 
régions traversées, au Yunnan: les essences nettement dominantes sur les pla- 
teaux sont les chênes, pins et sapins; dans les vallées, ce sont les aulnes, les 
pins et un saule (Salix Babylonica). Sous ce climat très sec, les plantes épineu- 
ses abondent, naturellement: berberis, epimedium, zantoxylon, crategus, etc. 
Les cactus, opuntia, surtout sont excessivement répandus. Les graminées les 
plus communes des hauts plateaux sont des andropogon et des fétuques : elles 
voisinent avec les gnaphalles et hélichryses d’une extrème abondance; dans les 
vallées cultivées, ce sont les eragrostis qui dominent. 

On rencontre, en plein hiver, des camélias sauvages en fleurs jusqu’à 
l'altitude de 2500 mètres. J'ajouterai deux mots sur la population rencontrée 
dans ces régions. 

Qu'elle soit chinoise ou aborigène, elle apparaît généralement comme très 
misérable et ne présente aucun des signes d’une grande vitalité. Elle est affligée 
de maladies endémiques qui expliquent, en dehors du facteur «race», le peu 
de vigueur physique et morale de ces groupements. Le paludisme se fait sentir 
presque partout et le goitre, avec son aggravation, le crétinisme, est si répandu, 
que la proportion des atteints n’est pas inférieure à 95 p. 100 du chiffre de la 
population. L'activité de ces êtres est fatalement très restreinte et se réduit à 
l'effort indispensable pour s'assurer une maigre subsistance, presque une ration 
de famine. Ces populations, métissées ou non, sont dans l’ensemble à caracté- 
ristiques nettement «mongoloïdes». Le type caucasique, que des voyageurs ont 
parfois signalé, est fort rare. 


Je reviendrai, d’ailleurs, sur ces caractéristiques. 


Ya Tcheou, 2 février 1911. 


De Lou Tchée, nous avons gagné Ning Yuen Fou par la route connue et 
de Ning Yuen, étant obligé d'aller à Tc’eng-Tou, j'ai jugé intéressant d'aller 
reconnaître de nouveau le Pou Hsiong Hô ou Mo Lé Ghio, le fleuve Lolo dont 
j'ai déjà parlé dans «La Géographie». Je l'ai, en effet, reconnu, pour la pre- 
mière fois, à la hauteur de Yué Si, d’une part, et de Gai Joen, d'autre part, 
près de Ta Tien Pa, en février 1908. En 1909, quand j'ai réussi à pénétrer 
dans le Ta Leang Shan nord, j'ai retrouvé ce fleuve et ai pu reconnaître son 


confluent avec le Tong Hô, en aval de Foulin. 








CORRESPONDANCE, 285 


Cette fois, je suis allé, avec M. Noiret, le retrouver: 1° à la hauteur de 
Keou Tone, entre Yué Si et Pao Gan Gug:; 2° à la hauteur de Métze I, à son 
confluent avec la rivière de Liao Sé Ping; 3° un peu en amont de Gai Goen 
où nous avons reconnu un gros affluent qui parait aussi considérable que le 
Pou Hsiong HÔ lui-même. C'est cet affluent qu’en 1909 j'avais pris pour la 
branche mère. Il nous est facile, maintenant, de donner un tracé assez exact 
du cours du fleuve depuis Yué Si jusqu’au confluent avec le Tong Hô. 

De Yué Si à Ta Tien Pa, le Pou Hsiong H6 ne s’écarte guère de la grande 
route chinoise: quelques kilomètres seulement. Aussi, il semble quelque peu 
étrange qu'aucun des nombreux voyageurs qui ont suivi cette voie n’ait tenté 
d'aller reconnaître ce fleuve. Ses rives sont bien habitées par des Lolos que les 
Chinois représentent comme très féroces, mais elles ne sont difficilement abor- 
dables que par la nature chaotique du relief: les Lolos eux, loin d’être gênants, 
ont été plutôt des guides aimables pour nous. Certains m'ont d'ailleurs reconnu: 
c’est la quatrième fois que je passe dans ces régions. Je suis considéré par eux 
comme un grand guérisseur depuis qu'en 1907 j'ai débarrassé le chef de tribu 
Ma Tou, d’un diabète qui le minait. 

Nous allons continuer notre travail d'exploration dans l'Ouest setchouanais 


et, dès le printemps, commencer nos collections d'histoire naturelle. 


Dr. A. F. LEGENDRE. 





CHRONIQUE. 


——#ODODOe— 


FRANCE. 


Le libraire Ernest LEROUX a fait au mois de mars plusieurs ventes impor- 
tantes: du 24 au 27 mars celle de Ja Bibliothèque orientale de M. François 
TURRETTINI, le sinologue de Genève; les ouvrages chinois ont été réservés pour 
être vendus en bloc; du 27 au 30 mars, celle de la collection des objets d’art, 
de la Corée, de la Chine et du Japon, de M. Victor CoLLiN; cette dernière 


renfermait des livres et des peintures extrèmement précieux. 


Le cahier de mars 1911 du Journal des Savants contient un article de 
M. Henri CoRDiER sur les Mo-sos d’après de nouveaux renseignements recueillis 


par M. Jacques BAcoT. 


CHINE. 


Dans l’automne de l’année 1910, l’Université de Tôkyd a envoyé à Péking 


quelques professeurs (MM. Ogawa L]\ Ji] ; Kano FF HT, Naitô A FE , 
Tomioka SE F4] et Hamada VE FH) pour faire un examen complet des 
richesses archéologiques et bibliographiques dont ils pourraient avoir com- 
munication. Ces savants ont eu accès à une foule de documents et leur 
rapport, dont un résumé à paru dans le Chouen lien che pao DE DE FF af 
(23, 24, 25, 26, 28 Février et 1 Mars 1911), contient plusieurs renseignements 


intéressants. 
1° Les livres rapportés de la grotte de Touen-houang EX }£ Æ Æ 


nn ==. M. Pelliot «(| 7 fn a pris, disent les Japonais, tout ce quil y 


avait d’essentiel; ce qu’on a rapporté à Péking ne consiste qu’en livres boud- 
dhiques auxquels sont mêlés quelques textes Taoïstes; il y a de 5 à 6000 
rouleaux dont 800 ont été examinés par les rapporteurs; les livres qui ne sont 
pas incorporés au Tripitaka et qui offrent par conséquent plus d'importance 
sont les suivants: le Siang hao king #4 Li us (vraisemblablement un traité 


sur les marques distinctives primaires et secondaires); le Cheou-lo pi-k’ieou king 


NE) AE H É fx (sûtra sur le bhiksu Çüra?); le Fo chouo tch'eou mei 





CHRONIQUE. 287 


king 44 GA FL LUS nd (sûtra prononcé par le Buddha au sujet de la prière 


magique pour conjurer les démons); le Pan-jo li fen tchong lio tsi yi-tsinq 


ming king houan lchong sou pao Fe + 6 #ÿ (es) Les 4 & el Æ, 
us F4] (ea ft #h ; le Ming king TL. &K La plupart de ces huit cents 


rouleaux sont de l'écriture des Tang; quelques uns sont de l’époque antérieure, 
dite des six dynasties; trois textes sont formellement datés: ce sont: le Kiai 
yuanñn Fk #4 second chapitre, daté du troisième jour du septième mois de 
la quatrième année f'ai-ngan (458 p. C.): le Fa houa king ke us 
(Saddharma pundarika sûtra), daté de la troisième année {cheng-kouan (629 
p. C.); le Kin kang king & fil] #& (Vajraccedika prajñäpäramità), daté 
du vingtième jour du sixième mois de la quatrième année king-long (710 p. C.). 

2° Les livres conservés dans le Nei ko A lÆ . Le fonds de cette biblio- 
thèque est composé par les livres que le général mongol Bayan rapporta à 
Péking après la prise de Hang-tcheou en 1976; la dynastie Ming et la dynastie 
actuelle y ont ajouté plusieurs textes. Les conservateurs actuels de la biblio- 
thèque paraissent ne pas savoir bien exactement ce qu’elle contient; les savants 
japonais n’ont pu avoir entre les mains qu’une dizaine d'ouvrages, mais cela 
leur a suffi pour se rendre compte de l'importance de ce dépôt qui nous 
réserve sans doute plus d’une heureuse surprise: à côté d'éditions des historiens 
canoniques remontant à l’époque des Yuan, les enquêteurs japonais ont trouvé 
toute une série de cartes géographiques du plus haut intérêt; ils y ont remar- 
qué notamment les cartes dressées par les Jésuites au temps de K’ang-hi et 
ils en font le plus grand éloge. 

3° Ecailles de tortue dé DE Ces documents de la haute antiquité ont 
été découverts en 1899 au Nord de la rivière //ouan 4. à l’ouest de la sous- 
préfecture de Ngan-yang La D , qui forme la ville préfectorale de Tchang-tù 
#2 FA. dans le Ho-nan. Ils ont été étudiés par Lo Tchen-yu, Pa FR Æ 
(cf. Journal Asiatique, Janv.-Fév. 1911, p.127 —137), qui se propose de revenir sur 
ce sujet dans un ouvrage plus détaillé intitulé Yin hiu chou k'i ÉX h£ E 17 
«textes provenant du site de l’ancienne capitale des Yin». Dès maintenant, grâce 
aux travaux de Lo Tchen-yu, on peut constater la grande importance de ces 
documents qui nous renseignent sur la haute antiquité Chinoise, qui confirment 
l'authenticité des Annales écrites sur bambou, et qui, en outre, nous apportent 
les plus anciens spécimens de l'écriture chinoise. 

4° Moules à sapèques £È “a - Ces objets avaient été longtemps négligés 
par les archéologues; on a maintenant recueilli tous ceux qu'on pouvait trou- 
ver; les uns sont en terre cuite, les autres sont en bronze; la meilleure étude 
sur ces objets à été publiée par Tchang T'ing-tsi DE ÀÆ PL (âgé de 70 ans en 
1837); la collection la plus riche qui en ait été faite est celle de Teh’en Kiai-k’i 


NS] fi TH . Les savants japonais ont, lors de leur voyage en Chine, recueilli un 
à] ” Le 


288 CHRONIQUE. 


moule portant les caractères zik = # 7] ; ce moule était destiné à fondre une 


monnaie ayant la forme d’un couteau 7] : ce couteau était une monnaie et 
c’est ce qu’exprime le mot {4 qui est l’abrégé de Y: le mot est 


» U r . 5 . 
peut-être le mot *Æ. écrit sans la clef de l’eau; mais ce point reste douteux; 


quand au mot 7, il indique que cette monnaie avait cours dans le pays de Tsi, 
9° Anciennes aiguilles nr Æi . Ces objets ont été trouvés dans la région 


de Kouei houa tch'eng En 4 LU à l'angle Nord-Est de la grande boucle 
du Houang ho; ils paraissent avoir servi à faire couler le sang des deux con- 
tractants qui faisaient un serment. 

6° Sceaux de l’époque des Han PES El Ces sceaux sont fort curieux et 
nous apportent quelques renseignements complémentaires sur le temps des Han; 
parmi ceux qui ont été recueillis dans ces dernières années, on remarquera un 
sceau de Ma K’ang Æ FX : ce personnage n’est autre que le petit-fils du 
célèbre Ma Yuan, le général dompteur des flots ÂÀ JX LUS É Æ LE. 

7° Recueils de sceaux ET] md. En même temps que se constituaient les 
collections de sceaux des Han, on composait des livres pour les étudier. Sous 


les règnes de T'ong-tche et de Kouang-siu, les ouvrages qui ont paru con- 
Lei 


cernant ce sujet sont ceux qu’on appelle les ouvrages des trois Wou — 
D 


— 


ce sont ceux de Wou Yun La EE de Wou Che-fen La TÙ De et de Wou 


Ta-tcl'eny La KE: il faut y ajouter le livre de Lieou T'ie-yun %] # Æ 
intitulé T’ie-yun ts'ang yin wou lei & = JR ET] . KE . 

8° Sceaux en terre A É}. Les sceaux en terre étaient apposés dans une 
cavité pratiquée sur l'enveloppe d’une lettre, au temps où on écrivait sur des 
fiches en bois; nous pouvons maintenant très bien nous rendre compte de la 
manière dont on s’en servait puisque M. A. Stein a retrouvé dans la région de 
Khotan toutes les pièces qui permettent de voir exactement comment une lettre 
écrite sur bois était ficelée, puis scellée. Les premiers sceaux en terre qui 
furent découverts le furent en 1822 dans le Sseu-{ch'ouan; mais ces documents 
ne furent sérieusement étudiés qu’en 1904 dans l’ouvrage de Wow Che-fen 
La au DES et Tchen Kiai-ki Pi FT Mt intitulé Ni fong k’ao lio DA 
$} A EX «Résumé critique sur les sceaux en terre». Les enquêteurs japonais 
ont pu se procurer deux de ces sceaux; l’un porte la suscription. «Le conseiller 
du marquis de Pi-yang» F£ D 1% M : le marquis de Pi-yang n’est autre 
que Chen Yi-ki 2 Ê ni qui porta ce titre de 201 à 177; peut-être cepen- 
dant pourrait-ce aussi bien être son fils qui hérita du titre en 176 et se tua en 153 
av. J-C. (Se-ma Tien, trad. fr., t. IT, p. 438). Le second sceau en terre recueilli 
par les Japonais porte la suscription Ka Ji 7kR 4H «Conseiller de Tse- 
tch'ouan»; l'explication de ce titre ne me paraît pas très claire, car il n’y a 


pas de marquisat de Tse-{ch'ouan à l’époque des premiers Han. 


CHRONIQUE. 289 


9° Après avoir rappelé les principaux ouvrages épigraphiques parmi tous 
ceux qui ont été publiés en Chine, depuis les Song jusqu'à nos jours, les 
enquêteurs Japonais mentionnent des publications récentes qui leur ont paru 


particulièrement utiles et complètes: ce sont le Tchou yen hiong kin che mou 


# ITA $& & 4 H ,le Yi fong l'ang cheou ts’ang kin che mou en 18 
FAUUIEE Æh Hi LEA na JE & 1 H , oeuvre de Mieou TSs'iuan-Souen 
LE À + et enfin le Kiun kou lou JÉt nr k de Wou Che-fen Li 


au a Nous ne possédons en Europe aucun de ces trois catalogues d'inscriptions. 

10° Les inscriptions de la sépulture Tchao Hi BE. qui est celle de 
l'empereur Tai tsong (627—649), de la dynastie Tang, ont fait dernièrement 
l’objet d’une publication de Lo Tchen-yu SË TR +: cet érudit a fort bien 
étudié les vingt-six inscriptions qui, jusqu'à ces dernières années, étaient les 
seules connues; il à pu, grâce à d'anciens estampages, rectifier ou compléter 
plusieurs passages du texte; mais il n’a pas connu les stèles qui ont été 
récemment exhumées par le Comte Otani et ce sont les professeurs japonais 
qui lui fournirent les estampages de l'inscription de la Yue l'ai fei no K LIL 
et de celle de Yu-wen Houa-ki a D'é 1 J J'ajouterai que j'ai pu moi- 


même communiquer à M. Lo Tchen-yu les estampages des inscriptions de 


Tcheou Tao-wou Ji NES & de Fang Jen-yu 5 À= 1 et de Tch'eng 
Tche-tsie F5 PA ff ; 


Le reste du rapport des envoyés Japonais est consacré aux estampages, 
photographies, romans, pièces de théâtre, chansons et textes historiques qu'ils 
ont pu se procurer. Leur mission a été certainement très fructueuse et elle 
atteste le renouveau d'intérêt qui se manifeste actuellement au Japon pour 
l'archéologie et la littérature chinoises. 


Ep. CHAVANNES. 


Par un décret en date de 4 Avril 1911, l’empereur de Chine a pris offi- 
ciellement le titre de chef suprême commandant les armées de terre et de mer 
de l'empire Chinois K jh El x 2 PE #7 TÉ Éil 'e 

empire Chin Fi Ek ÿ F JG ÉIl: Cette 
décision a été fort commentée et approuvée par la presse Chinoise; on y voit 
en effet une preuve que le gouvernement veut remettre en honneur la carrière 


militaire. 





LE ROYAUME DE CHAMPA 


PAR 


GEORGES MASPERO, 


Administrateur des Services Civils de l’Indochine, Correspondart-Délégué de l’Ecole 
Française d’Extrême Orient. 


(Suite). ?) 


CHAPITRE VII. 


La XIe Dynastie 4139—1144 — La XIIe Dynastie 1149. — Suryavarman II, 


roi des Khmers, au Cambodge. — Campagne de Jaya Indravarman IV au 
Cambodge, 1172. — Invasion Cambodgienne & division du Champa en 
deux royaumes. — Süryavarman rétablit l’unité. — Le Champa 


province Khmère, 1203—1220. Jaya Parameçvaravarman II 
rétablit la XIIe dynastie sur le trône, 1220. 


Le successeur de Harivarman IV, ou du moins celui que, jus- xIe Dynastie 


”. ; 1139—1144. 
qu'ici nous connaissons comme tel, Jaya Indravarman IIL, n’appar- Jaya Inärs- 


varman III. 

tenait pas à la famille règnante et n'avait probablement aucun droit 1139—1144. 
à la couronne: il adopte, en effet, dans ses panégyriques, la généa- 
logie traditionnelle des souverains qui, n'ayant pas hérité le trône 
de leur père, tentent de justifier le sacre qui les fit rois en établis- 
sant leur lointaine descendance d'anciens rois dont toute postérité 
semblait éteinte *). «Il fut le roi Uroja, nous confient les deux seules 
«inscriptions signées de lui qui nous soient parvenues: il fut le 
<roi Bhadravarman; il fut Jaya Siñhavarman: trois fois il fut roi 
«jusqu'à ce roi; alors il fut Indravarman; ce furent ses quatre 
«naissances comme homme» *). Uroja est l'ancêtre mythique du clan 
du Cocotier, le fondateur légendaire de la royauté Chame, et Bha- 

1) Voir T'’oung Pao, Mars 1910, pp. 125—136. Mai 19:0, pp. 165—220. Juillet 
1910, pp. 319—350. Octobre 1910, pp. 489—526. Décembre 1910, pp. 547—566. Mars 
1911, pp. 53—87. Mai 1911, pp. 236—258. 

2) Cf. les généalogies établies par Harivarman III, Dông Du'ong 66 A XVII 
à XX et Jaya Harivarman I, Mi-Son 100 B XVIII tous deux fondateurs de 
dynasties. 


3) Mi-So’n, Mon: B 3, 83, Pilier ext. Nord. S#£é. cA. dernière date 1062c = 1140 AD. 
Jaya Indravarman IIL A. Finor, IV, 952. 


20 





292 GEORGES MASPERO. 


dravarman, le premier constructeur du temple de ce Bhadreçvara 
«qui sur le trône de Campapura, forme l'essence de la royauté et 
«de la perpétuité» !); aussi bien, ce sont incarnations toutes natu- 
relles pour un mortel sur le front duquel le Souverain Seigneur a 
posé la couronne. La dernière naissance, en la personne de Jaya 
Siñhavarman n’a d'autre but que de rattacher la généalogie de Jaya 
Indravarman III à un roi plus récent, Jaya Sinhavarman II, pro- 
bablement, qui mourut en 1044 sur le champ de bataille, et auquel 
le rattachaient peut-être de lointaines alliances ?). 

Il naquit en 1106, reçut, en 1129, le titre de Devaraja, et en 
1133, celui de Yuvaraja*), qui dans le protocole hindou, corres- 
pond à celui de prince héritier, et il est fort à penser que Hari- 
varman ÎV, n'ayant pas de fils apte à lui succéder, avait adopté 
Jaya Indravarman en raison de ses qualités personnelles ou sim- 
plement de sa lointaine parenté avec une ancienne dynastie. À sa 
mort‘) Jaya Indravarman III lui succéda du consentement de tous 
et sans que l’ordre en fût troublé, 1139°). L'année suivante‘), il 
érige un (Criçanabhadreçvara; deux ans plus tard’), il donne au 
temple de Po Nagar un Civaliñga et un Griçana Visnu et, en 


1143) fait une nouvelle donation à ce sanctuaire. 


1) Dông Du’o’ng 66. A XVII. 

2) Il n’y a donc pas lieu de voir en ces Bhadravarman et Jaya Siñharvarman, comme 
le font Aymonrer 36 & Kinor IV, 909, des souverains distincts prédécesseurs immédiats 
de Jaya Indravarman et dont il aurait légitimement hérité la couronne. 

3) «Dans l’ère çaka, il naît en 1028 (AyMonter lit 1021 sur Po Nagar de Nhatrang 
28); il devient devaraja en 1051, yuvaräja en 1055». 

MiSo’n. 83. À — Po Nagar de Nhatrang, Khanh ho, 28, Linteau, cZ. 1065ç = 
1143 AD. Jaya Indravarman III. BERGAIGNE 80—82 1. 2. BERGAIGNE, AYMONIER 36—37. 

4) La dernière date que nous possédions du règne de Harivarman IV est 1129. En 
cette année il adresse le tribut à l'Empereur qui lui confère en retour une dignité appro- 
priée au revenu de ses Ctats. Song Che XXV 45 COCÜLXXXIX 27a et infra. 

5) «ll est roi en 1061ç». Mi-So’n. 83 A. Po Nagar de Nhatrang 28. 1. 2. 

6) «En 1062ç» 1140. Mi-So’n. 83 A. Po Nagar de Nhatrang 28. 1. 2. 

7) «ln 1064ç» 1142. Po Nagar de Nhatrang 28. I. 2. 

8) «En 1065ç» 1143 AD. Ibid. 1. 3. En 1166ç, étant Yuvaräja, il avait fait des dona- 








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LE ROYAUME DE CHAMPA. 203 


ee 


En 1112 était monté sur le trône du Cambodge un prince bel- 
liqueux, Suryavarman IT, qui «voulut subjuguer les princes des 
«autres parties du monde» '). Les circonstances étaient propices à 
ses ambitions conquérantes: en Chine, toutes les forces vives des 


Song étaient appliquées à la lutte contre les Kin*); au Pai-Viôt, 


A 


l'enfant”) qui avait succédé à Nho’n-Tôn était mort fou à vingt 
ans, et de 1138 à 1210, les règnes de son fils‘) et de son petit- 


fils) n'avaient été que longues minorités livrées aux rivalités des 


Grands et de la Cour. 


Dès qu'il eut ceint la couronne, Suryavarman commença de har- 
celer le Champa: en 1023, en 1024, en effet, le Pai-Viêt ne cesse 


de donner asile à des bandes de Cambodgiens ou de Chams qui 


tions au dieu Saddharma, — Mi-Son 83 A. Po Nagar de Nhatrang. 28 1. 2 —, et 
offert un Civaliñga à Po Nagar. Po Nagar de Nhatrang 28. 1. 3. 

1) Ban That, Commissariat de Bassak, 364. Stèle XXXV. St. Süryavarman. KERN, 
Annales Extrême Orient I. 330. III 65 —76. MasPero, Empire Khmer 42—44. 

2) Le caractère & Kin par lequel les Chinois désignent l’Empire fondé par A-Kou- 
Ta est la traduction du nom de la rivière Altchouk-An Tchou Hou LS Hi  en arabe 
Altoun «Rivière ne arrosait le pays d'origine de A Kou Ta nÿ (=) Tr}; Kan 
des Niu Tch’en x IX (Jou Tch’en ou Djourtchen) — ils occupaient les deux rives de 
l’Amour et les vallées de la Soungari — et celui-ci le prit en 1115 comme nom de sa 
dynastie. En 1124 les Kin ayant soumis les Leao De dont ils avaient été tributaires 
jusqu’en 1114, se trouvèrent en contact avec les Song. En 1126, ils franchissent le Fleuve 
Jaune, s'emparent, en 1127, de la capitale et de l’Empereur K’in Tsong R =, 


passent, en 1129, le Fleuve Bleu et prennent Nanking; puis, franchissant le Tche Kiang, 
=, 
2 
fixe sa capitale à Hang Tcheou (1125) et les Kin transfèrent la leur à Pékin (Tabing 
Fou) 1153. Enfin Hiao Tsong LA == (1163—1189), renonçant à la lutte, se contente 
du pays situé au Sud du Fleuve Bleu et reconnaît aux Kin toute la région du Nord, Son 
petit-fils Ning Tsong 5 = (1195—1224), fils de Kouang Tsong DK: EE (1190— 1194), 
recommença la lutte en 1206, mais il dut bientôt leur demander la paix, 1208. 

3) Lÿ-Thân-Tôn 2 it EE neveu de Nho’n-Tôn; règna de 1127 à 1138. Fs/1III 
1 à 34. Sk III. Te LI 27, 28a. Cm IV 18, 34a. 


4) Ly-AnbTôn ZE À 2, fils du précédent; règna de 1138 à 1175. 752 II 
3a à 105. 7 III 42a, IV la. Cm IV 348. V 184. 


—L 
ils pillent Hang Tcheou. Incapable de reconquérir le Nord de son empire, Kao Tsong JF] 


—L. 
5) Lÿ-Cao-Tôn 2 JF] ER fils dn précédent; règna de 1175 à 1210. VsZ III 
1la à 2928. Sk III. TZ. IIL Cm. 


294 GEORGES MASPERO. 


cherchaient refuge sur son territoire contre les poursuites de leur 


ennemi !). 
En 1128, il conduit 20.000 hommes contre le Dai-Viét. Chassé 


du Nghé-An par Lÿ-công-Binh *), il envoie l’automne suivant une 
flotte de plus de 700 vaisseaux piller les côtes du Thanh-Hoù ‘), et, 
désormais, ne cesse plus d’assaillir cet empire, entraînant souvent 
avec lui le Champa, de gré ou de force“). C’est ainsi que ce royaume, 
qui, au début de 1131, envoyait le tribut à l'Empereur Thän Tôn°), 
envahissait le Nghé-An, l’année suivante, de concert avec les Khmers. 
Ils en furent bientôt chassés, d’ailleurs, par les garnisons de Nghé- 
An et Thanh-Hoà réunies sous le commandement de Du’o’ng-Anh- 


Nhef). Jaya Indravarman III ne voulut point continuer l'aventure 


1) «En quatrième année Thiên phà duê v6, au printemps, à la quatrième lune, jour 
& FH FH, cing Cambodgiens viennent demander asile. En cinquième année Thin 
«phù duê vô, à la première lune, Cu Ong H À : du Champa, et 30 hommes de sa 


«suite viennent à la Cour; à la quatrième lune Kim dinh a phû & ü Frf 1È 


«du Cambodge et quatre serviteurs viennent demander asile; au cinquième mois le Cham 


\ \ 
«Ba tu’ bô dà la JÉ F] jf a SÉ, avec 30 hommes, vient demander asile». S# 


IIL 296. T4 III 226. 
2) Ly công binh ZE À pe : 
3) Première année Thièn Thuan DR NE Vst III 14. Sk III 366, 39a. T7 III 


30a, 32a. Cm IV 206, 23a. 
4) Peut-être doit-on voir dans le fait qu’en 1133 (3° année Thièn Thuûn) Uñg Ma 


HE Jp et Ung Cäu Ë 3] ; hommes da Champa, demandent asile à la Cour du 


Dhai-viêt, la preuve qu’une lutte entre Cambodgiens et Chams eut lieu dans le courant 
de cette année. Vs III 24. Té III 156. 

5) «Troisième année Thièn Thuân, douzième lune, l’Empereur (Thuâ-Tôn) va jouer 
«au volant au palais de Thièn An 5,8 a . Au moment où le Champa venait offrir le 
«tribut l’empereur jouait au volant au palais de Thiên An. 11 ordonna à l’ambassadeur de 
«le regarder» Sk III 454. Té LIT 164. Cm IV 275. En réalité, la troisième année Thièn 
Thuân correspond à 1130 AD., mais le 12° mois en appartient à l’année 1131. 

6) Du’ong Anh Nhe À nee du titre de Dai Uy K il) . Vsl TIL 22: 
Sk III 47a. Tt III 374. Cm IV 29a. Ce sont probablement les Chams faits prisonniers 
durant cette campagne qui tentèrent de s’enfuir sur des jonques qu’ils s'étaient procurées, 
furent rejoints à Nhut Lé et ramenés à la capitale. 5% II1 458. Cm IV 276. Le T{ II 
164, cependant, place cette tentative d'évasion à la septième lune, alors qu’il ne mentionne 


l'incursion des Chams et Khmers au Nghé-An qu’au huitième mois. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 295 


et, en 1136’) s’acquitta de ses devoirs de vassalité envers Thän 
Tôn ; il ne prit aucune part à la nouvelle campagne que Süryavarman 
mena contre le PDai-Viét?). Le souverain Khmer, malheureux dans 
cette entreprise, reporta contre lui toute son ardeur conquérante, En 
1145) il envahit le Champa, s'empare de Vijaya et se rend maître 
du royaume. Jaya Indravarman III*) disparut pendant la guerre, 
prisonnier du vainqueur ou mort sur le champ de bataille. 


La couronne échut alors, dans des conditions que nous ignorons, Xle Dynastie 
49 


à Rudravarman IV qui fut «consacré» °) mais ne règna jamais: il ie Me 
L ranma- 


Cut fuir à Pandurañga devant les armées Khmères avant d'avoir pu loka 1149. 


faire acte de souverain ©). Il y «atteignit la fin des fruits et des œuvres; 


1) «Troisième année Thiên chu’o’ng bao tu’ TE 2 4 fi , douzième lune. Sk 
IT 486. Te III 394. Cm IV 304. Le VsZ K. 8, p. 26, place cette ambassade en 1134. 
Il est à remarquer d’ailleurs, que les luttes de Süryavarman contre le Dai-Viét ne l'empè- 
chent pas d’envoyer une ambassade en 1125 (mêmes références que ci devant), 

2) Cinquième année «Thiên chu’o’ng bao tu’» S4 III 514. T2 III 404 Cm III 304, 314. 

3) En 1067 caka. Batau Tablah, 17. BERGAIGNE 83. AYMoNIER 39. 

4) Jaya Indravarman IIT forme à lui seul la X° Dynastie 1139 — 1145. Inventaire. 

A. — I. MiSo’n. Mon‘ B 3. 83. Pilier ext. Nord. S#/ c. dernière date 1062e — 
1140 AD. Jaya Indravarman III. A. Finor IV. 952xvin. 

IT. Po Nagar de Nhatrang. Khänh-Hoù 28. Linteau c4. dernière date 1065ç = 1143 
AD. Jaya Indravarman III. BERGAIGNE 80. AYMONIER 36. 

III. Po Nagar de Nhatrang, Khänh-Hoà. 31. Piédroit Nord. A 3. Sk/, sans date ni 
nom. BERGAIGNE 82 l’attribne à Jaya Indravarman III. «Cette inscription ne porte aucun 
«nom de roi. Mais elle est certainement postérieure à la 2 de la même face, qui est 
«datée de 986, sous le règne de Rudravarman. C’est ce que prouve, mieux encore que sa 
«situation, l’usage de la forme nouvelle du ç. D'autre part, elle est tout entière en sanscrit. 
«ce qui ne permet guère de la faire descendre plus bas que le XIe siècle caka. Enfin tous 
«les rois dont nous avons des inscriptions depuis la fin du Xe siècle jusqu’à la fin du 
«XII ont fait graver des dédicaces sur les piliers d’entrée de la tour de gauche de Po 
&Nagar. Cri Jaya Indravarman II ferait seui exception. Je propose done de lui attribuer 
«provisoirement la troisième inscription de la face A du pilier de gauche». AyMONIER 37. 

B. — Mi-So'n. Mont D 3. 91. Socle. C4 1962ç = 1140 AD. prince Dav Veni Laksmi 
Sinyan, de Rupañ-vijaya, fils du pu lyañ Çri Devaräja prince Sundaradeva. FINoT IV. 954x1x. 

5) Jaya Harivarman I se dit «fils d’un roi consacré, diksitaksitibhrtsutah». Mi-So’n. 
Mon‘ G 6. 100. Stèle S%£ c4 1079ç = 1157 AD. Jaya Harivarman I, Finor IV 9551%x. Bix. 

6) Ce qui explique que son fils Jaya Harivarman I, fondateur de dynastie, ait cru 
devoir justifier sa prise de possession du trône par la phraséologie habituelle des rois usur- 


pateurs et se dire «Uroja quatre fois incarné. Mi-So’n 100 Bxvur. 





296 GEORGES MASPERO. 


( 


«alors les gens de Pandurañga invitèrent le prince Civanandana, son 
«fils, à règner en ce royaume pour l'avantage et la fortune du royaume 
«de Champa, de même que dans les temps anciens; et il règna dans 


«ce royaume, 1145» ‘). 





Il n’est point de roi du Champa qui nous ait transmis de lui- Le : 


même une biographie aussi précise. Il était, nous dit-il, petit-fils 


de Rudraloka?) et fils de Rudravarman*) Brahmaloka ou Parabrah- 


maloka de son nom posthume. Sa mère «membre de la caste des 


«la reine Jiñnjyañ» *). Il se vante de son «origine ksatriyo-brahmanique», 


«Ksatriyas“) était la reine Paramasundart: devi autrement nommée 
de sa descendance de «(ri Paramabodhisatva, roi suprême» °) et nous 


apprend «qu’il n'eut pas de frère cadet de haute race» 7). Il reçut 
à sa naissance le nom personnel de Ratnabhümivijaya) et portait, 


avant son avènement, le titre de «Prince Civanandana» ?). 
1) «En 1067ç» Batau Tablah (Da Né) Ninh Thuân. 17. Inscription sur roc. c# 
1092c = 1160 AD. Jaya Harivarman I. BERGAIGNE 83. Aymonier 39. FiNoT LIL 634vur. 
2) FINoT. IV. 905—909, attribue à Jaya Indravarman III le nom posthume de 
Rudraloka, l’assimilant ainsi au grand père de Jaya Harivarman I. C’est tout à fait impos- 
sible. Jaya Indravarman III, né en 1028c — 1106 AD, — Mi-So’n, 83 À, — avait en 


1145, 39 ans. Or, en cette même année, Jaya Harivarman I n’était plus un enfant puis- 


qu'il «avait longtemps subi heur et malheur dans les pays étrangers — Mi-So’n 100 Bu; 
il était même marié & nous connaissons son beau-frère Vañçaräja, — Mi-So’n. Mont G 1. 
101. Stèle C4. Finor IV. 963xxr B 6. — C'était donc un homme de vingt cinq ans au 
moins, et né antérieurement à 1120; d’où impossibilité d’être le petit fils d’un homme 


né en 1106. 3) Batau Tablah 17. AYMONIER, 38. 


4) Mi-So’n 100 Bix. 

5) Mi-So'n 101 A.B. 6) Ibid. A. 

7) Mi-So’n 100 Bx. 

8) Mi-So’n A. Batau Tablah. 17. AYMONIER 39. | 

9) Mi-So'n 100 Arr. Bvir. Mi-So’n 101 A. Mi-So’n, Mont B 1. 84. Pilier ext. Sud. 
Skt Ch. Jaya Harivarman I. FINoT IV 966xx11. Batau Tablah 17. Le Song Che donne à 


Jaya Harivarman I tantôt le nom de Teheou che lan pa #3 CCCCLXXXIX 
y Da jp H k 

27a) tantôt celui de Tcheou che pa lan FD FF EL fi (XXXIII 308) nom que lui 
attribue également le Wex Hien Tong K'ao XXIV nn D 536. Méridionaux 564; les 


textes annamites l’appellent Ché b ri bût il] La Be LS Vsl K. 3 p. Ta. Sk Tt K. 
/ 
4 p. 1046, Ila. Cm K. 5 p. Ga. 


nan nee 





Re 7 


— ER 
ne 
ne nn 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 297 


Les débuts de sa vie ne furent point heureux; sa qualité de 
descendant de Paramabodhisatva lui faisait, durant les rêgnes de 
Harivarman IV et Jaya Indravarman III, le séjour du Champa peu 
assuré. [1 connut l'exil. «D'abord il quitta sa patrie et longtemps 
«il subit heur et malheur dans les pays étrangers; puis il rentra 
«dans la terre de Champa').> Il aida son père à combattre pour le 
trône et, quand les armées cambodgiennes eurent occupé le Nord 
du Champa, il le suivit «dans la contrée du Sud» ?), au Panduranga, 
et reçut à sa mort la couronne des mains des gens de Pandurañga *). 

Dès que le roi des Khmers Suüuryavarman en fut informé, il 
<commanda au senäpati Çañkara, qui était le premier d’entre tous 
«les senäpati, d'aller avec les troupes du pramäna de Sipakhya‘), 
«combattre dans la plaine de Räjapura». Jaya Indravarman I prend 
l'offensive, livre combat au «<senapati (ankara et à tous les senapati 
«cambodgiens (?) et à leurs troupes. Ils moururent» 11485). Alors, 
«le roi du Cambodge envoya une armée mille fois plus forte que 
«la première». Jaya Harivarmau I, qui «heureusement était doué d’un 
<héroïsme incomparable, les défit en un clin d'œil, dans la plaine 
«de Virapura, au champ Kayev» ‘). 

Suryavarman, voyant la fortune des armes lui devenir contraire, 
sacre roi» du Champa «un Ksatriya, le prince Harideva, son beau- 
cfrère, frère cadet de sa première femme», le fait reconnaître par les 
populations chames du Nord du royaume, et donne l'ordre à divers 
senäpati de veiller à sa sûreté à l’aide des troupes khmères «qu'il lui 
«laissait, jusqu’à ce qu'il fût roi dans la cité de Vijaya”).» 

1) Mi-So’n 100 Bu. 

2) Mi-So'n 84 A. 3) Batan Tablah 17. 

4) Ce pramana devait se trouver daus le pays de Vijaya, car l'inscription de Batau 
Tablah 17. dit, en parlant de cette campagne et de la suivante, «les troupes du Cambodge 
«et les troupes de Vijaya». 

5) 1070 çaka Batau Tablah 17 et non 1080 cç. Cf. infra p. 299, Note 8. 


6) Batau Tablah 17 & Mi-So’n 101 A. 
7) Mi-So’n 101 A. 


298 GEORGES MASPERO. 


Jaya Harivarman marche sur Vijaya. Harideva, à la tête de ses 
troupes, chames et khmères, s’avance pour l'arrêter. La rencontre 
eut lieu «dans la plaine de Mahiça à l'Est du (temple de) Guhecvara, 
«sur la rivière Yami, dans le voisinage du lieu ou elle s’en approche 
«et s’en éloigne‘). Jaya Harivarman baîtit et tua*) Harideva, con- 
«suma ce roi avec tous les senapati chams et cambodgiens et les 
«troupes chames et cambodgiennes . .. ils périrent tous» *). Il entre 


dans Vijaya, «prend possession du trône» *), se fait ondoyer selon 
les «rites royaux*)> et règna comme «roi suprême depuis cette 
«époque» ‘), 11497). 

Mais, l'étranger hors du territoire, il eut à conquérir son royaume 
sur ses propres sujets. Ce furent d’abord les sauvages des montagnes 
qu'il dut combattre, «Radês, Madas et autres barbares» ©) que les 
Chams désignaient par le terme générique de «Kiratas» *). Ils avaient 
envahi <la plaine»; Jaya Harivarmau les joint près du village de 
«Släy», leur livre combat et les met en déroute. Conscients de leur 
faiblesse, alors les «Rois des Kirätas>, pour avoir un chef qui sût 
les diriger, <proclamèrent roi le beau-frère de Jaya Harivarman, 
«Vañçaraja, frère de sa femme, dans la cité Madhyamagrama». 
Harivarman <eonduisit ses troupes, combattit Vañçaräja, prit les 


«troupes des Kiratas, les battit toutes» !°). 
1) Mi-So’n 101 A & Batau Tablah 17. 
2) Mi-So’n 100 Bxir. 
3) Mi-So’n 101 A. 
4) Mi-So’n 100 Bxir. 
5) Batau Tablah 17. 
6) Mi-So’n 101 A. Cf. sur cette période Maspero, Empire Kmer 43. 
7) 1071 caka, et non 1081. Cf. infra p. 299. 
8) Po Nagar de Nhatrang 30. A—2. AYMONIER 41. 


9) Kiräta désigne, dans l'Inde, un peuple de montagnards. Ce terme correspond ici à 


celui de Moï chez les Annamites, de Pnong, chez les Cambodgiens, de Khas chez les 


Laotiens. 
10) Mi-So’n 101. B. 








I — 
0 
ne rene ee mn, à — 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 299 


Vañçaraja') se réfugia au Pai-Viêt et se présenta devant l'Em- 
pereur au LOÈME mois 11502), «demandant qu'on l'aidât à s'emparer 
«du trôve du Champa». Thiên T6, par édit impérial, charge le 
Thu’o'ng Ch'ê Nyuyên Mông*) de réunir «cinq mille hommes des 
«troupes du Thanh Ho et du Nghô An» et d'aller établir sur le 
trône Vañçaraja qu'il proclame «Roi du Champa»'). Le roi des 
€Yavanas, dit une inscription‘), parce qu'il avait appris que le Roi 
«du Cambodge suscitait des obstacles à Jaya Harivarman, et recon- 
«naissant que ce souverain était doué d’un héroïsme incomparable, 
proclama roi un homme de Champa, Vañçaräja; il lui donna plu- 
«sieurs senäpati Yavanas, avec des troupes Yavanas très valeureuses, 
«au nombre de cent mille hommes, et mille. Elles s'avancèrent jusque 
«dans les plaines de Dalva et de Lavañ. Alors Jaya Harivarman 
«conduisit toutes les troupes de Vijaya. Les deux parties se livrè- 
rent un terrible combat. Jaya Harivarman battit Vañçaraja. Les 
‘troupes Yavanas moururent nombreuses» 6). Vañçaraja et Nauyên- 
Mông restèrent sur le carreau”). C'était pour Jaya Harivarman une 


victoire complète (fin 1150 ou début 1151)°). 


1) Les textes annamites le dén ent U’ng Minh Die Hu Vsl III G6, 
) js ex nna s le dé es ng Min 1ep E EF PE 73 
où Ung Minh Ta Dièp JE HA DE Fu. 4 7e IV 1040. Cm V. Ga. 


2) «En onzième année Dai Din K ÎE en hiver, à la dixième lune» 157 III 64 


3) Nguyén Mông Din Ed ou Lÿ Mông Ze E à , du grade de Thu’o’ng Ch’è “6 fil] : 


4) Vs III 66. T4 IV 10c6. Cm NV 6a. 

5) Mi-So’n 101 B. 

6) Mi-So’n 101. B. — Batau Tablah 17. 

7) TL IV l0aba. Cm V Ga. 

8) BERGAIGNE, 84, publiant, pour la première fois, une transcription partielle de 
Vinseription de Batau Tablah 17, avait cru pouvoir déterminer comme suit les sept dates 
qui y sont données en chiffres et de lecture très douteuse: 1067 (lignes 2 & 6) 1080 
(ligne 7) 1081 (ligne 9) 1083 (ligne 12) 1088 (ligne 13) 1092 (ligne 14). AyMmonter, 38, 
et Finor IV, 905 ont reproduit la série sans modification. 

Un examen plus approfondi des inscriptions et leur comparaison avec les données 
annamites oblige d’abandonner cette lecture. Le tableau ci-dessous met en regard chacun 
des faits qui y sont relatés dans l’ordre de date ou, s’il n’en existe pas, dans l’ordre où 


ils sont énoncés. 


300 


GEORGES MASPERO. 


Vainqueur de l'étranger, 








il eut à imposer sa suzeraineté aux 


























Batau Tablah. 17 PR FRE Textes annamites 
(Bergaigne-Aymonier Finot) nee RETENUE Vsl III 64. 
Ç |AD Ç |AD 
Jaya Harivar- TE MP Tes 
man, proclamé RASE ET 
roi, bat es [1067/1145 Ron AE sans date 
Khmers à pan. | re es 
durañga. rañga). 
J. H. bat les 
Khmers à Vira- (1080/1158 
pura. 
J. H. bat, à 
J. H. bat et, Mahiça, “ee 
tue Re | J. H. bat et deva sacré roi 
proclame rol t 1 H t | -]l Kh 
par les Khmers, 10811159 and Atos sans date ire se sans date 
et se fait | FRE roi suprême 
res les depuis cette épo- 
yaux. que. 
Ch’ê Bi ri bût 
(J. H.) bat les 
| J. H. bat Vañ- CORP AT 
J. H. bat! FR £ es envoyées 
ARLES = sans date era les( sans date nes PTS sans date pour soutenir le 1150 A 
S Cham proclamé 
| namites. à : 
| roi par l’Em- 
pereur. 
Evènement qui 
ne peutêtre clai- jross 1161 
rement défini. 
Révolte de Lu 1166 
Panduranga. 
J. H. réprime ” 
la rébellion. Pro0e 0 
| 
| Il érige un | C = es A 
Criçanabhadrec- 
CRE Mont} sans date ärasurle Mosttsanssdate 
F | Vugvan. 
Il érige le 
dieu Harivar- (1079/1157 
mecvara. | 
| 


| L 


L'inscription Mi-So’n 101 n’est pas datée; mais elle paraît destinée à célébrer l’érec- 
tion d’un Giva sur le Mont Vugvan, évènement que l'inscription Mi-So’n 100, datée de 


1079 ç = 1157 AD, nous donne comme antérieur ou tout au plus concomitant; elle n’a 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 301 


seigneurs Chams qui souffraient de reconnaître l'usurpateur. En 1151, 
c'est le pays d'Amaravati qu'il soumet !); puis, c'est Pandurañga qui 
«dans un mouvement d'orgueil abject> se soulève à son tour (1156). 
Il fallut une longue guerre pour le ramener à la raison et c'est en 
1160 seulement que Jaya Harivarman put y imposer sa domination ®). 
Maître incontesté de tout le Champa, il pousse alors un cri de vic- 
toire <$S. M. Gri Jaya Harivarman, prince Civanandana, le Victo- 
crieux, fils de S. M. Cri Jaya Rudravarman, a triomphé également 
«de tous ses ennemis: Khmers et Annamites; il a conquis le pays 
«d'Amaravati, les régions du Sud et Pandurañga; il a soumis aussi 
«les pays de l'Ouest, Radé, Mada et autres populations barbares. Ce 
«grand Roï fut continuellement victorieux» *). Il relève les ruines 


de la guerre, répare les temples et leur offre partie du butin pris 


donc pu être rédigée postérieurement à cette année 1079 c = 1157 AD. Or, — l’une et 
l’autre mentionnant les victoires sur les Khmers, le sacre de Jaya Harivarman, son établis- 
sement de fait comme roi suprême du Champa, et la défaite des troupes annamites, — 
il est impossible d'accepter la lecture de Bergaigne qui place la défaite de Harideva et le 
sacre de Jaya Harivarman en 1081 ç — 1159 AD et l’échec des armées annamites à une 
date plus rapprochée encore, c’est à dire postérieurement à ces deux inscriptions, D'autre 
part, la dernière date, si elle était lue 1092 c — 1170 AD, n’appartiendrait plus au règne 
de Jaya Harivarman I, mais bien à celui de Jaya Indravarman IV qui, d’après le Song 
Che CCCCLXXXIX 27a demanda l'investiture à la Chine en 1167. 

Aussi bien faut-il chercher une autre lecture. C’est ici que les textes annamites nous sont 
dune grande utilité. Ils placent leur expédition au Champa dans les années 1150 — 
dixième année Dai Dinh. Vs! III 66 — et 1152 — treizième année Dai Dinh. S4 TL 
III 104 & 8. Cm V 64 — ce qui interdit d’attribuer aux dizaines un autre chiffre que 5, 
correspondant à un 7 de l'ère çaka. Aussi bien devons-nous, malgré Bergaigne, lire les 
dates de l'inscription de Batau Tablah comme suit: 1070 ç — 1148 AD (ligne 7) 1071 
g= 1149 AD (ligne 9) 1073 ç = 1151 AD (ligne 12) 1078 ç = 1156 AD (ligne 13) et 
1082 ç — 1160 AD (ligne 14). La défaite des Annamites, mentionnée sur l'inscription de 
Batau Tablah est citée entre les années 1071 ç = 1149 AD et 1073 c — 1151 AD. On 
peut accepter la date de 1150 fournie par le VsZ III 66, d'autant que le Fs2, écrit au 
XIV® siècle, doit être d’une chronologie plus exacte que le S#, le 7% et le Cm. 

1) Po Nagar de Nhatrang 30 A2. AyMONIER 41. L'inscription de Batau Tablah, 17 
ne mentionne pas le nom d’Amarävati, mais comme elle donne la date d’une campagne 
1073 ç (1151) contre un pays dont le nom a disparu, il est fort à penser que ce nom 
était précisément Amarävati. 


2) Batau Tablah, 17. 3) Po Nagar de Nhatrang, 30 A: 


302 GEORGES MASPERO. 


à l’ennemi'); il en érige de nouveaux: dans le Nord, à Mi-So'n, 
pour accomplir un vœu fait «à une époque antérieure au dieu 
«Gricanabhadreçvara en vue du succès»; il en élève «un sur le Mont 
«Vugvan, et y place des statues» ?); il en dédie un à son père Cri 
Paramabrahmaloka, et un autre à sa mère «la reine Jiñjyañ» et y 
dresse leur image‘). Il érige enfin un Harivarmecçvara et lui fait 
donation de «maisons et champs» 1157*). Dans le Sud, il présente 
de riches offrandes à la déesse Po Nagar 1160 °). 

Sa domination assurée, il envoya un ambassadeur à la Cour de 
Chine demander qu'on lui conférât la même dignité qu’à ses prédé- 
cesseurs; ce qui lui fut accordé (1155)5). Il s’efforça d’autre part 
de vivre en bonne intelligence avec le Pai-Viêt, bien que des ban- 
des Chames, concurremment avec des bandes Khmères, ne cessassent 
de commettre des actes de pirateries sur le territoire du Nhé-An’). 
En 1152 il offre des présents à Thiên T6); en 1154, comme les 
incursions de ses gens au Dai-Viêt devenaient plus répétées, et que 
la Cour poussait l'Empereur à conduire une armée au Champa, il 


se hâta d'envoyer des femmes, que Thién Tô accepta ”). En 1155: 


1) «Les troupes Yavanas, Annamites, moururent nombreuses. Jaya Harivarman prit 
«et donna du butin aux temples de Sadän et de Son, et il donna des serviteurs Chams». 
Mi-So’n 101 B. 

2) Ibid. 

3) Ibid. 

4) En 1079 ç Mi-So'n 100 B. 

5) Batau Tablah, 17. Po Nagar de Nhatrang, 30 A. La date de cette inscription — 
identique à la dernière de linseription précédente (Batau Tablah, 17)» (BERGAIGNE 86 
n. 1) — doit être lue 1082 ç et non 1092 ç (Cf supra p. 299, note 8). 

6) «En vingt cinquième année Chao Hing». Sorg Che CUCCLXXXIX 27a. Jaya Hari- 
varman y est dit fils dun roi précédent Yang Po Ma tie (Harivarman IV) ce qui est faux. 
Cf, également sur cette ambassade le Wex Hien T'ong K'ao XXXIV nn Lin 53b 54. 
Méridionaux 554—555. 

DIT ANT z; 

8) «En treizième année Dai Dion, après la neuvième lune le roi Chê Bi ri bût 
«apporte le tribut». VsZ III Ta. 


9) «Quinzième année Dai Dinb, en hiver, à la dixième lune». 74 IV 11a. Cm V Ta. 





a —————— ——— 


TS I ES SE 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 303 


1160, 1164 et 1165, il acquitte à nouveau le tribut!) 

L'ambassadeur qu’il chargea, en 1166, d'aller porter ses cadeaux 
à Thiên Tô comprit ses devoirs d’une si singulière façon qu'il se 
fit accompagner de troupes prises à Ô Li et pilla les populations 
annamites du bord de la mer*). La Cour souffrit mal cette insulte, 
et, comme l'année suivante) un nouveau roi, Jaya Indravarman 
IV, prenait possession du trône du Champa, elle crut le moment 
opportun pour y porter les armes. Ordre est donné à Tô Hiên Thanh‘) 
d'y conduire une expédition. Il part, arrivé en territoire Cham, écrit 
une lettre de réprimande au roi «lui rappelant ses fautes et les 
«dégâts commis». Celui-ci effrayé envoie un de ses Grands «porteur 
«de pierres précieuses et de produits du pays demander la paix» 
Thiên Tô reçut les présents et donna l’ordre à Hiên Thanh de 
«faire entres les troupes» *). 

Ce Jaya Indravarman IV était un usurpateur, et l'avoue, sans 


chercher à se rattacher, par une quadrupie incarnation, aux rois 


1) «En seizième année Dai Dinh à la deuxième lune 1155». 74 IV 124. «En vingt 
«et unième année Dai Dinh» 1160. VsZ II 85. «En deuxième année Chänh long bao 


aû’ng LY FÆ 1 FE, au peneupes à la troisième lune» 1164. 7% IV 144. Cm V 


12a. «En troisième année Chinh long bao dog» 1165. Vsz III 94. 

2) «Eu quatrième année, au printemps, à la troisième lune, l'ambassadeur du Champa, 
«chargé d'apporter le tribut, arrivé à O Li, prend les troupes Phong H et Thuy 7K 
«(les anciennes annales disent Ma TE et Tang 8, traverse la mer et pille les popu- 
«lations du bord de la mer». 74 IV 146. Cm V 136. 

3) En 1167. Jaya Harivarman I. Inventaire. 

A. — I. MiSon, Mont G,;. 100. Stèle. S#/ C4 1079 ç= 1157 AD. Jaya Harivar- 
man [. Fixor IV 955xx. 

IL. MiSo’n, Mont G;. 101. Stèle cé sans date. Finor IV 963xxr. 

III. MiSo’n, Mon‘ B,. 84. Pilier ext. Sud. 544 cA. sans date. Fixor IV 966xxu. 

IV. Batau Tablah (Da Né) Ninh Thuân, 17. Inscription sur roc cz 1032 e — 
1170 AD. BEerGaIGNE 83. AvMmonier 39. Finor LIL 634vrr. 

V. — Po Nagar de Nhatrang. Tour Nord. Khanh-Hoù 30. Piédroit Sud A—2. 
Skt ch 1092ç = 1170 AD. C IL. 282xxxit. BERGAIGNE 86. AYMONIER 41. 

4) T Hiën Thanh Æ$ < SI 

5) «En cinquième année Chânh long bao Wong» départ des troupes en hiver, à la 
septième lune; arrivée de l’ambassade à la dixième lune. 24 IV 148. Cm V 13ab. 


304 GEORGES MASPERO. 


antérieurs. «Ce souverain, dit-il, a règné le premier pour le bonheur 
«du monde» ‘). Il se nommait Jaya Indravarman où Vatuv*?) et se 
dit lui-même originaire <du lieu illustre connu sous le nom de 
«Gramapuravijaya» À). 

«Plein de force, de vaillance et de fierté, habile dans toutes les 
«armes; victorieux des troupes ennemies dans les batailles», c'était 
en outre, si nous l'en croyons, une manière de savant: «Il est versé 
«dans tous les traités (castras), savoir, la grammaire, l'astrologie 
«etc.; connaissant toutes les doctrines philosophiques, savoir, la 
«doctrine du Mahäyana etc.;..... habile dans tous les sanatap 
«(dharmaçastras), suivant notamment le Näradiya et le Bhärg- 
«gaviya..»*) Aussi bien, tenait-il à la Cour un rang important. 
Ses donations à (riçanabhadreçvara en font foi: en 1148, avant 
même que Jaya Harivarmau I se fût emparé de Vijaya, il offrait 


au dieu <de grands éléphants, des serviteurs et des servantes».); 
le roi couronné, son importance semble grandir: en 1150) il fait 
de généreuses offrandes d’argent et dépense «82 thei d'or au revê- 
«tement des pinacles des temples»”). Enfin, en 1163 il offre un 
koça d'or à cinq visages à la fabrication duquel furent employées 


quantités d'or, d'argent, de pierres précieuses et perles longuement 


1) MiSo’n. Mont D,. 92. Stèle A ck 1097c = 1178 AD. Jaya Indravarman IV. 
Frxor 1V 970xxrv. 

2) Je fais, on le voit, un seul personnage du «Jaya Indravarman de Grämapura» 
qui monte sur le trône vers 1167 et du Jaya Indravarman où Vatuv qui l'occupait lors 
de la conquête du Champa par les Khmers en 1190, et le désigne sous le nom de Jaya 


Indravarman 2V. Je me crois d'autant plus fondé à proposer cette identification, déjà 
rendue très probable par la similitude de nom et le rapprochement des dates qu’au dire 
du Song Che CCCCLXXXIX 27a, ce semble être le roi Tcheou Ya Na FD HI UN monté 
sur le trône vers 1167, qui l’oceupe encore au moment où les Khmers s'emparent du Champa. 

3) MiSo’n Mont B,. 85. Piédroit intérieur Sud. S%/ 1085 ç = 1163 AD Finor IV 
969xxur & Mi-So’n 92 À. 

4) Mi-So’n 92 A. 5) 1070ç, Mi-So’n 92. 

6) 1072 c. Ibid. 

7) Ibid. 





TT 
ee ee à 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 305 


énumérées. Il se donnait alors le nom de <Pu cei anak Cri Jaya 
«Indravarman de Gramapura» !). 


Aussi, lorsque Jaya Harivarman I par sa mort ou tout autre 


Jaya Hari- 


évènement encore ignoré, laissa le trône à son fils Jaya Harivarman II, EE AT 


Jaya Indravarman eut-il assez d'influence pour le faire déposer ou 


assez de partisans pour le détrôner et prendre la couronne. Cette Jaya Indra- 
varman IV 


usurpation eut lieu vers la fin de 1166 ou le début de 1167, puisque 1167-1192. 
l'ambassadeur que le nouveau roi dépêcha à l'Empereur Hiao Tsong ?) 
pour lui demander l'investiture se présenta à la Cour le 3 Octobre 
1167*). Nous savons, d'autre part, que Jaya Harivarman I était 
encore sur le trône en fin 1162*): le règne de son fils Jaya Hari- 
varman dura done au maximum quatre ans, mais fut peut-être 
éphémère et de quelques mois seulement *). 
Un des premiers actes de Jaya Indravarman IV avait été, nous 
l'avons vu, d'envoyer demander l'investiture à la Cour de Chine. Il 
avait chargé l'ambassadeur de présents provenant en grande partie 


de cargaisons de marchands arabes) que ses sujets avaient mis au 


1) En 1173 (1095 ç) 1174 (1096 ç) 1175 (1097 c) et 1176 (1098 c), étant roi, il fit de 
nouvelles donations à Criçänabhadreçvara. Mi-So’n 92. 


2) Hiao Tsong A — règnait depuis 1163. 


3) «En troisième année K’ieu tao A =) (cyclique In Z) dixième lune, jour 
« L À supplémentaire» Song Che XXXIV 339. CCCCLXXXIX 27e. 


4) En trente deuxième année Chao Hing, à la dixième lune, au jour EP, 1. l’Em- 
pereur lui confère une dignité. Song Che XXXIII 304. 

5) Ce Jaya Harivarman II est, à la vérité, des plus fantomatiques. Il nous est connu 
par les seules inscriptions Mi-So’n 83. C & Mi-So’n 84. La première dit: ,Il est un prince 
»Suzerain des rois, Jaya Indravarman, prince Harideva, de Sakañ-Vijaya, petit-fils de S. M. 
"(Jaya) Harivarman (1) suprême suzerain des rois, fils de S. M. Jaya Harivarman (II), 


» 


"grand roi suzerain...” et la seconde: ,1l y eut un roi, éminent petit-fils de Cri Hari- 
varmadeva (Jaya Harivarman 1): ce fut Çri Jaya Indravarman, fils de Cri Harivarmadeva 
»(Jaya Harivarman II)...” Le seul indice de son règne est la qualification de ,grand roi 
suzerain” que lui attribue son fils; et la place que je lui attribue entre le règne de son 


père et celui de l’usurpateur Jaya Indravarman IV n’est pas plus certaine que le règne lui-même. 
6) Ta Che À ÉÈ , les Arabes. Song Che COCCLXXXIX 24. Wen Hien Tong 
K'ao XXIV on nn 536. Méridionaux 554. 





306 GEORGES MASPERO. 


pillage. Ce tribut parut si considérable à l'Empereur qu'il ordonna 
d'abord de n’en accepter qu'un dixième, mais quand il en apprit 
l'origine, par la plainte des marchands eux-mêmes), il refusa le 
tout et ordonna d'écrire à Jaya Indravarman IV une lettre lui ex- 
pliquant le motif de ce refus’). De plus le Conseil des Ministres 
fut d'avis qu’il convenait d'attendre, pour investir ce roi des titres 
honorifiques traditionnels, que l’émotion causée par cet incident fut 
apaisé et de remettre l'octroi de ces titres à une prochaine am- 
bassade À). 

Ce refus n’émut que médiocrement Jaya Indravarman IV, qui, 
d’ailleurs, avait autre projet en tête: il voulait conquérir le Cam- 
bodge. Il s'assure la neutralité du PDai-Viét par une ambassade 
d'hommage et l'envoi de présents (1170)‘) puis, tranquille sur la 
frontière Nord, il attaque le royaume Khmer où règnait Dharanin- 
dravarman IL°). 

Mais de part et d'autre on avait même nombre d’éléphants et 
forces égales: la lutte durait depuis longtemps «sans vainqueur ni 


vaincu») lorsqu'un officier chinois ayant fait naufrage sur les côtes 


1) Elle était transmise par l'intermédiaire des autorités du Fo-Kiên. Wen Hier T'ong 
K'ao XXIV 534, Méridionaux 554—555. 

2) Hong Mai, un des membres du bureau chargé d’expédier la dépêche, proposa 
d'employer à cet effet du papier de soie à fleurs d’or; mais Li Tao, du ministère des 
rites, représenta que, suivant un précédent établi dans la vingt cinquième année Chao-Hing 
(1155, année où Jaya Harivarman I demanda et reçut l'investiture. Cf. supra p. 302), le 
papier blanc ordinaire suflisait pour la correspondance avec le Champa et qu’en d'aussi 


fâcheuses circonstances ce n’était pas l’occasion de faire plus qu’on avait fait jusqu'alors. 


Wen Hien T'ong K'ao XXIV nn D b4a. Méridionaux 555. 


3) Song Che COCCLX XXIX 27a. XXXIV 330. Weu Hien T'ong K’ao XXIV nn D 
536. 54a. Méridionaux 554—555. 

4) »En huitième année Chinh long bao ung” Ws2 III 104. Il renouvela sa demarche 
en 1184: onzième année Trinb Phù = +. Tt IV 20a. Ce qui n’empéchait pas 
d’ailleurs les Chams des provinces du Nord d’aller piller de temps en temps le Nghè-An. 
Vs III 126. Té IV 184. Cm V 19. 

5) Dharanindravarman 11. Cf. Masrero, Empire Khmer 45 & BEFEO. III. 462. 

6) »En septième année K’ien T’ao” Song Che CCOCLXXXIX 274. Ling Wai Tai Ta 








© 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 307 


du Champa enseigne au roi la manœuvre de cavalerie et l’art de 
lancer les traits tout en étant à cheval (1171). Jaya Indravarman 
IV, enthousiasmé de cette nouvelle tactique, chargea le Chinois de 
lui aller chercher des chevaux en son pays. Grâce à eux il put 
prendre quelque avantage sur l'ennemi et voulut s’en procurer d’autres. 
L'année suivante!) il envoya un grand nombre de ses gens au Kiong 
Teheou*). dans l’île de Hai-Nan, avec mission d’en acheter le plus 
possible. Ils furent mal reçus et s'en vengèrent en mettant tout au 
pillage et enlevèrent tous les habitants qu'ils rencontrèrent. Effrayés, 
les gens de Hai-Nan leur laissèrent faire les achats qu’ils voulaient. 
L'empereur le sut et bien que Jaya Indravarman lui eût présenté 
le tribut l’année précédente“), il renouvela en 1175 l'interdiction 
d'exporter des chevaux hors du territoire de son empire’). Jaya 
Indravarman, désireux de s’en procurer à tout prix, laissa retourner 
au Kiong Teheou les gens que ses hommes y avaient capturés en 
1172 et envoya un ambassadeur demander l'autorisation d'acheter 
des chevaux à Hai-Nan; l'Empereur lui répondit qu'il était défendu 
de laisser sortir ces animaux de l'Empire et que «l'île de Hai Nan 
«ne saurait avoir de règlement particulier» ) 1176. 

Aussi bien Jaya Indravarman renonce à envahir le Cambodge 


par terre et prépare une escadre qui lui permette d'accéder direc- 





IL 11. Wexz Hien T'ong K’ao XXIV on D 54a. Méridionaux 555—556. Ce Chinois 


était un habitant de Ki Yang Kiun = Br E circonscription qui correspond à l'actuel 
Yai Tcheou ÉÉ ff] sur la côte Sud de l’île de Hai-Nan. 

1) Huitième année K’ien T'ao Song Che CCCCLXXXIX 274. Ling Wai Tai Ta II 11. 
Wen Hien Tong K'ao XXIV jf M 54. Méridionauz 556. 


2; Kiong Tcheou FÂ Pf ,; département de l’île de Hai-Nan. 


3) «Première année Choen Hi ÿjj LE , dixième mois, jour JÉ > 1174. Sony 
Che XXXIV 3686. 

4) «Seconde année Choen Hi» Song Che CCCCLXXXIX 274. Wen Hien L’ong K’av 
ibid. Méridionaux 556—51. 

5) «Troisième année Choen Hi» Soxg Che ibid. Wen Hien T’ong K'ao ibid. Méri- 
dionaux 557. 


21 


308 GEORGES MASPERO. 


tement à la capitale même de Dharanindravarman. L'expédition eut 
lieu en 1177’). Suivant la côte, la flotte «guidée par un naufragé 
«chinois» *) arrive aux bouches du Grand Fleuve, en franchit les 
passes, le remonte jusqu’à la capitale des Khmers qu'elle surprend 
et met au pillage, pnis se retire emportant un butin immense *). 
Jayavarman VII, fils & successeur de Dharanindravarman IT), 
fit le serment de prendre une revanche éclatante. Il la prépara long- 
temps; lorsqu'il se crut en état d'y satisfaire, il profite en 1190) 
d'une agression Chamef), mobilise ses armées et en donne la direc- 
tion au prince Çri Vidyänandana. C'était un Cham, natif de Tum- 


praukvijaya, venu à sa Cour en 1182, «au temps de sa prime jeu- 

1) Le sac de la capitale de l’Empire Khmer eut lieu au dire de Wex Hien Tong 

K'ao la «quatrième année Choen Hi, le quinzième jour de la cinquième lune». Wen Hien 
2. 
T'ong K'ao XXIV IH R& 496. Méridionaux 487. 

2) Ling Wai Tai Ta I, 10. 

3) Song Che ibid. Wen Hien T’ong K’ao XXIV an Lin 54a. Méridionaux 557 dit 
que le roi du Cambodge fut tué, renseignement inexact qu’il contredit lui-même dans sa 
notice sur le Cambodge (Wen Hien T’ong K'ao XXIV = HA 49b. Méridionaux 487) 
en relatant que ce roi ,jura de tirer vengeance éclatante, ce qu’il parvint à exécuter après 
“dix-huit années de patiente dissimulation”. Cf. Maspero Empire Khmer 45. Un seul texte 
cham fait allusion à cette expédition: l'inscription Po Nagar de Nhatrang, 30. Piédroit 
A 3 ch (BERGAIGNE 87. AYMONIER 44—45). ,Etant allé conquérir le Cambodge, il (Jaya 
»lndravarman IV) donna un vase d’argent....” çaka 1105 — 1183 AD. 

4) Jayavarman VII succède à Dharanindravarman II en 1104ç = 1182 AD. Cf. 
BEFEO III 462. 

5) »En çaka deux lune-lune-lune (1112, 1190 AD) le roi du Cambodge. ... envoya... 
mprendre Vijaya et s'emparer du roi Jaya Indravarman où Vatuv....” Mi-So’n, 92. B. 

"En çakaräja 1112 — 1190 AD, il fut un souverain de la terre du Cambodge, nommé 
»Vrah päda Gri Jaya Varma deva qui conquit toute la terre. Il prit la capitale du 
»Champa, emportant tous les liñga....” Po Nagar de Nhatrang, 30. B*. AYMONIER 47. 
BERGAIGNE 89. La date de la conquête du Champa par Jayavarman VII n’est pas dou- 
tense. Les historiens Chinois par contre donnent une date inexacte : le Song Che CCCCLXXXIX 
21a et le Wen Hien Tong K’ao FL HK XXIV 495. Méridionaux 488 disent que cette 
campagne eut lieu dans les années K’ing Yuan, 1195—1201, et le dernier texte XXIV 


on nn 54a Méridionaux 557 la place en l’année cyclique Ki Wei E À de K’ing 
Yuan LA JÉ : 
6) “En 11126 le roi Cri Jaya Indravarmadeva où Vatuv se souleva contre le roi du 


»Cambodge”. Mi-So’n 92. B. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 309 


«nesse.» Jayavarman VII, voyant qu'il avait les «trente trois 
«marques au complet, l'avait pris en affection, lui avait fait en- 
«seigner, comme à un prince, toutes les sciences et toutes les armes», 
l'avait chargé de réprimer la rébellion des gens de Malyan!) et lui 


avait donné, en récompense de sa réussite, le titre de Yuvaräja ?). 
Division du 
Donc, «à la tête des troupes du Cambodge», Vidyänandana prend Champa en 
deux Royau- 
«la capitale du Champa» *) s'empare de Jaya Indravarman IV*), mes 1192. 


i l à : x Süryajayavar- 
le fait conduire au Cambodge, met à sa place an beau-frère de an VD 


Jayavarman VII, le prince In qui est proclamé «Roi Suryajaya- 
«varmadeva dans le Nagara de Vijaya»; puis, lui-même, sous ce 


même nom de Cri Suryavarmadeva, s’en va comme roi à Räjapura, apr, 


dans le pays de Pandurañga*). Le Champa se trouvait ainsi divisé 
à nouveau en deux royaumes, le ÆRoyaume de Vijaya, au Nord, 
ayant pour roi un prince cambodgien et le Royaume de Panrañ, 
au Sud, gouverné par un souverain d'origine chame, mais inféodé 


au Cambodge. 

Suryavarman, à Panrañ, eut à lutter contre de «nombreux pi- 
«rates qui s’insurgèrent contre lui; il les combattit, les repoussa 
cet les vainquit tous)». Suryajayavarman, à Vijaya”) fut moins 


heureux. Il fut «chassé» par un «prince Rasupati», un Cham sans 


1) Mi-So’n 92. B. Je ne sais où était située la «ville de Malyañ». C'était peut-être 
le chef-lieu de ce Gouvernement dont Tcheou Ta Kouan rend le nom par les caractères 
Mou Leang Li É . Mémoires sur les Coutumes du Cambodge. Trad. PELctoT I. 171—172. 

2) Mi-So’n 92 B. 

3) Po Nagar de Nhatrang, 30. Biv. 

4) Jaya Indravarman IV. Inventaire. 

A. — I. Mi-So’n Mont B,. 85. Piédroit intérieur Sud. S#t. 1085c — 1163 AD. 
Fixor IV 967xxur. 

II. Mi-So’n Mont D,. 92. Stèle A c4. 1097 ç — 1178 AD. Finor IV. 970xxrv. 

5) Mi-So’n. 92. B. 

6) Mi-So’n. 92. B. 

7) Je le mentionne dans la liste des Rois sous le nom de Suryavarman I et j'attribue 


au prince Vidyänandana, qui règna après Jaya Indravarman V sur tout le Champa, le 
nom de Süryavarman Il. 


Jaya Indra- 
varman V à 
Vijaya 1191. 


Réunion des 
deux Ro- 
yaumes. 


Süryavarman 
1192—1203. 


310 GEORGES MASPERO. 


doute, et «s’en retourna au Cambodge» pendant que son vainqueur 
«règnait dans Vijaya sous le nom de Jaya Indravarman V» 1191). 
Le roi du Cambodge, ne voulant pas reconnaître l’usurpateur, auto- 
risa son prisonnier à retourner au Champa et y reprendre la cou- 
ronne. Jaya Indravarman IV passa par Räjapura demander l’aide 
de Suryavarman. Celui-ci met ses troupes en marche, «prend Vijaya, 
«s'empare de Jaya Indravarman V qu'il met à mort»; mais, au 
lieu de remettre le pouvoir aux mains du souverain légitime, il 
prend la place pour lui et se proclame roi du Champa*). Jaya In- 
dravarman IV, ainsi frustré de ses espérances <échappa aux Cam- 
«bodgiens et vint à Amaravati. Il se révolta et leva des troupes à 
«Amaravati, Ulik, Vvyar, Jriy, Traik, dans plusieurs circonserip- 
«tions. Il alla prendre Vijaya. Suryavarman conduisit des troupes 
et poursuivit Jaya Indravarman où Vatuv (Jaya [Indravarman IV) 
«jusqu'à Yan Bharuv-vijaya; il lui livra bataille, le vainquit et 
«l'obligea à retourner à Traik; il le fit poursuivre, prendre et tuer 
«à Traik.» Dès lors, Suüryavarman ayant réuni sur sa tête les deux 
couronnes de Vijaya et de Panrañ <règna sans opposition» sur le 
royaume de Champa 1192). 

Le Roi du Cambodge indigné de la trahison de son ancien sujet, 
charge des troupes d'aller le châtier; elles furent battues 1193). 
L'année suivante, il envoie «de nombreux chefs cambodgiens avec 
«toutes sortes d'armes». Suryavarman les défait à Jai Ramya-vijaya 
et «vainc les chefs de l’armée cambodgienne. Puis il se mit en 
«route et vint à Amarävati, Il releva toutes les maisons; il fit 


«faire la maison appelée Qri Herukaharmya». Il offrit enfin de 


1) L'inscription de Mi-So’n 92 B. qui fournit ces renseignements, ne donne pas la 
date de l’usurpation de Jaya Indravarman V, mais comme le roi du Cambodge envoya 
dès 1192 (1114 6ç), une expédition pour le mettre à bas du trône, je crois pouvoir m’arrêter 
à cette date de 1191 (1113 ç) sans grande chance d’erreur. 

2) Mi-So’n. 92. B. 

3) /En çaka mers lune-lune-lune” (1114) Mi-So’n. 92. B. 

4) ,En çaka cinq lune-lune-lune”. Mi-So’n. 92. B. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 311 


riches présents à (riçänabhadreçvara <en vue d'acquérir du mérite 
«en ce monde et dans l’autre» 1194’). Il envoie en même temps 
une ambassade au Pai-Viêt (1194) *); puis, deux ans après, en 1198°), 
s'étant fait ondoyer selon les rites royaux, il demande à l'Empereur 
Long Cän“) l'investiture qui lui fut accordée l’année suivante, 11995). 

Il fut renversé par son oncle paternel, le Yuvaraja Mnagahna 
où Dhanapati Grama‘), auquel, le roi du Cambodge, irrité de voir 
son ancien sujet négliger à son égard toute marque de vassalité 
ou de reconnaissance avait «ordonné de conduire les troupes Cam- 
«bodgiennes et de prendre ce roi». Süryavarman fut battu et dut 


chercher refuge à l'étranger. Il arrive au port de Co La”) en Août 


1) »En çaka six June-lune-lune = 1116 ç — 1194 AD. Mi-So’n 92. B. 


2) »Neuvième année Thièn Tu’ Gia Thuy” K À FZ fi . Cette ambassade se 


présenta à la Cour en même temps qu’une ambassade da Cambodge. VsZ III 174. 
3) rTroizième année Thièn Tu’ Gia Thuy” 74 IV 224. Cm V p. 274. 
4) Long Cän HA EX, fils de Lyÿ Anh Tôn, règnait sous le nom de Lyÿ Cao Tôn 
2 

2 Eh 2 depuis 1175. Pet III, la. Sk LV 246. Tt IV 176. Om V 160, 18e. 


5) »Quatorzième année Thièn Tu’ Gia Thuy, en hiver, au ouzième mois” S4 Tt 
IV 228. Cm V 276. 
6) Le VsZ III 2045 et 214, et après lui le Sk TH IV 235 24a et Cm V 29a b 


ul 
dit qu’en 1203 ce roi de Champa Bô Tn Âf LD fut chässé par son oncle paternel 
! I 
Bô Do Lin Hi . La concordance de date permet d'identifier ce Bô Tri à Suryavarman II. 


Or la partie de l’inseription Mi-So’n 92 B.C. tracée par ce roi, est terminée par quelques 
lignes au nom d’un ,Yuvaräja, de naissance illustre, appelé Mnagahña où Dhanapati” qui 
gouvernait le Champa, et la face D de l’incription Mi-So’n, 90, à partir de la ligne cinq 
nous transmet le nom d’un ,Yuvaraja nommé Où Dhanapati Gräma” qui conduisit des 
troupes contre le roi du Cambodge; Süryavarman, s’en empara, et reçut en récompense un 
titre qui pourrait être celui de Gouverneur. Ce Yuvaräja était originaire du Champa comme 
Suryavarman Il; il s’était comme lui réfugié au Cambodge et y avait acquis gloire et 


honneur dans une guerre contre la ville de Malyañ. Aussi bien ai-je cru possible, puisque 


B6 Ti — Süryavarman II, d'identifier B6 Do au Yuvaräja Mnagahña où Dhanapati Gräma. 
M. Finor m'écrit à ce sujet , Leur cursus [à Mnagahña où Dhanapati & Où Dhanapati 
»Gräma] est si semblable qu’on est bien tenté de les identifier. Il est vrai que l’un est 
“envoyé contre Indravarman, l’autre contre Süryavarman; c’est une grosse difficulté. L'inscrip- 
tion 92 est dans une langue si barbare qu'on ne peut guère traduire à coup sûr: cepen- 
“dant il me semble maintenant que ce Dhanapati ne se qualifie pas de Yuvaräja, mais de 


fils de Yuvaräja.” 


7) Cuu La JU Ë (Fs1) ou Co’ La fe Pr c’est actuellement le port de Co? 
Anh Nhu’o’ng ii Eu #+ EI On v 2%. 


312 GEORGES MASPERO. 


1203, suivi de toute sa famille et de nombre de ses fidèles sur une 
flotte de plus de deux cents jonques et y demandait asile. Cette 
facon de venir solliciter asile à la tête d’une flotte aussi considé- 
rable parut suspecte à la Cour qui dépêcha Di Mông') à Co La 
avec mission de prendre des renseignements sur les intentions du 
Souverain déchu. Ce fonctionnaire, voyant une telle flotte, confia 
ses doutes à Pham Giêng*), Gouverneur du Nghê An. «ll me semble 
«difficile de croire ce que prétend cet homme. Le proverbe dit: un 
«trou de fourmi amène la ruine de la digue; une simple étincelle 
«met le feu à la maison. Tâchons que B’ô Tri ne soit pour notre 
«pays ni le trou de fourmi ni l’étincelle». Il lui donna en con- 
séquence l’ordre de surveiller étroitement le Roi, à quoi Pham Giêng 
répliqua «qu’on ne devait pas douter de la sincérité d’un homme 
«malheureux qui venait demander secours et le soupçonner injus- 
tement». Cependant, conscient d’avoir déplu à Di Mông et craignant 
de s’attirer une réprimande de la Cour, il se décida à se débarasser 
de Suryavarman. Celui-ci averti à temps invite Pham Giêng à son 
bord. Le mandarin s’y rend, suivi d’un certain nombre de jonques 
où il avait caché des lances, et les fait attacher aux navires Chams 
avec ordre de les surveiller à la lueur des torches. Mais, la nuit, 
les veilleurs s’endorment; les Chams jettent les torches au milieu 
des Annamites qui, réveillés en sursaut, et pris de panique, se jet- 
tent à l’eau et s’y noient en grand nombre. Suryavarman *) reprit 


la mer et l’histoire ne nous dit pas ce qu'il devint, 1203‘). 


1) Di Mông JA 5e. 2) Pham Ging y 4. 

3) Suryavarman II. Inventaire. 

A. — Mi-So’n. Mont D,. 92. Stèle B.C. C4 1116 ç = 1194 AD. Finor IV, 970xxtv. 

C. — Mi-So'n. Mont D,. 90. Stèle D. CZ sans date, Yuvaräja où Dhanapati Grama. 
Finor IV. 933x1r. 

4) ,En deuxième année Thièn gia bio hu’u en automne, aux septième & huitième lunes. 

J’ai suivi ici la version du VsZ III 2044, 21a plus complète, et reproduite partielle- 


ment par le Sk T4 IV 236 24a. Le Cm V 20ab m'a permis d’élucider quelques points 


obscurs. 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 313 


Après la fuite du Roi, le Yuvaräja on Dhanapati Gräma eut à Le Champa 


soumettre successivement chacune des provinces. «Ensuite le putau 
«Ajña ku se révolta. Il conquit depuis Amarävati jusqu'à Pidhyan. 
«Le roi du Cambodge ordonna au yuvaräja de conduire les troupes 
«cambodgiennes et de prendre le putau Ajña po ku; il le prit et 
«l’envoya au Cambodge, selon le désir du roi»!). Celui-ci «voyant 
«la vaillance du Yuvaraja, le favorisa» et lui confia, semble-t-il?) 
le gouvernement du Champa, devenu désormais province Khmère. 
Cependant où Añçaräja urañn Turai-vijaya *), fils aîné de Jaya Hari- 
varman II, était élevé à la cour de Jayavarman VIT. Il obtint en 
1201“), le titre de «Pu Poñ pulyañ Çri Yuvaräja», quelque chose 
comme «prince héritier», et la permission d’aller rejoindre au Champa 
le Gouverneur Dhanapati Gräma. Il conduisit, à plusieurs reprises, 
les troupes cambodgiennes”®) en territoire annamite, dans le Nohé- 
An, mais les documents ne sont d'accord ni sur les dates, ni sur 
les résultats: en effet, tandis que le texte cham semble placer une 
de ces expéditions en 1207 et assure que «les Annamites moururent» 
autrement dit furent battus), les textes annamites ne mentionnent 


d'attaques des Chams au Nghé-An qu’en 1216°) et 1218#) et notent 


1) Mi-So'n 90 D. 

2) L'inscription Mi-So’n 90 D dit qu’il lui donna un titre qui se termine par... 
putra: peut-être celui de rajaputra ou devaputra; ce qui correspondrait à la fonction de 
Gouverneur du Champa qui, au dire du Song Che CCCCLXXXIX 27a, aurait cessé de 
constituer un royaume pour appartenir entièrement au Cambodge”. 

3) Mi-Son. Mont B,. 86. Piédroit intérieur Nord. C4 1156 ç = 1234 AD. Jaya Para- 
mecvaravarman II. FINoT IV 976xxv. 

4) 1123c. Po Nagar de Nhatrang 30. B*. BERGAIGNE 90. AYMONIER 48. 

5) Elles comprenaient des contingents birmans et siamois. Cho’ Dinh, Ninh Thuân 4. 
Piédroit ruiné, C4 1149ç — 1227 AD., Jaya Paramecvaravarman II. BERGAIGNE 91. 
AYMONIER 50—52. Finor III, 63#4vur. 6) En çaka 1129, ibid. 

7) »En sixième année Kièn Già 2 , à la jus lune, les Chams sp les 
»Cambodgiens pilient le Nghé An, le Gouverneur du Châu Ly Bât Nhiêm Ze # Zu 
“les disperse” S% T4 IV 296. Cm V 39a. 

8) »En huitième année Kièn Già, en hiver, à la douzième lune, les Chams et les 
»Cambodgiens..... ibid”. Sk T4 IV 30a. Cm V 39a. 


province 
Khmère 


1203 —1220. 


314 GEORGES MASPERO. 


que Lÿ B’ât Nhiêm, Gouverneur de la province, les dispersa. 
Jaya Para- En 1220'), les <Khmers allèrent au saint pays?) et les gens 


meçvaravar- : " Le , : : é 
man II <de Champa vinrent à Vijaya. Ce souverain, [le prince Añçaraja 


D— ? 

«devenu Jaya Paramecvaravarman II] règna; en 1227) il se fit 
«ondoyer, fit construire des palais, des temples à Cri Vijaya*), et 
«derechef y fit ériger les Dieux)». C'était l'évacuation volontaire 
du Champa par les Khmers et la remise du pouvoir entre les mains 
de l’héritier des rois Chams. C'était, pour celui-ci, la reprise du trône 
qu'avaient occupé ses ancêtres, et l'ordinaire labeur des lendemains 
de grandes guerres: villes à repeupler, palais à reconstruire‘), tem- 
ples à relever et munir à nouveau de toutes les richesses empor- 
tées par l'ennemi’); travaux agricoles à recommencer sur des terres 
laissées en friche pendant toute la durée des guerres; rétablissement 
des barrages et des digues, creusement des canaux d'irrigation, défri- 
chement des champs rendus à leurs propriétaires °); et les provinces 
à ramener à l’obéissance °). 

Ainsi finit cette lutte d’un siècle entre les Chams et les Khmers. 
Ceux-ci, désormais, occupés par un nouvel ennemi, le Siam, ne 


rêveront plus la conquête du Champa. Ils se borneront, seulement, 





1) En çaka 1142”, Cho’ Dinh 4. 

2) Vrah Nagar, ibid. aujourd’hui Prah Nokor, le Cambodge. 

3) »En ce çaka ci 1149” ibid. 

4) AYMONIER lit Vinaya. 

5) Ibid. 

6) Ibid. | 

7) »11 (Jaya Parameçvaravarman IL) rétablit tous les linga du Sud, savoir ceux de 
»Yañ Pu Nagara, et les liñnga du Nord, savoir ceux de Griçanabhadrecvara”, Mi-So’n 86. | 
Po Nagar de Nhatrang. 30. B,, donations de champs. Binh Dinh (Pagode de Kim Chuà) | 
52. Stèle. C4 sans date. BERGAIGNE 92. AYMoNIER 53, hommages à des divinités bouddhiques. 

8) Lomngô. Ninh Thuân. 7. Piédroit ruiné. Jaya Paramecvaravarman Il. BERGAIGNE 
92. AymontErR 52—53. FinoT III. 634x. 

9) En 1230 (1152 ç) le lakei Pañkaja prince Abhimanyudeva, personne Catheiï, Seigneur 
de Pandurañga et Senäpati de S. M. Cri Jaya Paramecvaravarman (II) recoit de ce prince, 
ordre de venir comme senäpati à Panrañ pour S. M, sans doute, pour y assurer son 
autorité. Phanrang. Ninh Thuân. 6. Linteau CZ 1176 ç = 1254 AD. Krnor III. 635xn, 648. 











LE ROYAUME DE CHAMPA. 53 ES) 


au long des siècles, à suivre les évânements qui se succèderont dans 
ce royaume, et les aventuriers avides de butin et d'honneur iront, 
à la tête de bandes irrégulières, mettre leurs forces au service des 
différents prétendants et prendre une large part à toutes les guerres 
civiles !). 


1) Cf. le récit d’une expédition khmère au Champa en 1593, dans A. pe MorGa, The 
Philippine Islands, Moluccas Siam, Cambodia Japan and China at the close of the sixteenth 
century, translated by Hon. Henry E. J. Stanley. London. Hakluyt Society 1878 p. 199 soq. 


(à suivre). 


ESSAI DE DICTIONNAIRE LO-LO FRANÇAIS 


DIALECTE A—HI 


PAR 


ALFRED LIÉTARD 


de la Société des Missions étrangères de Paris. 


(Suite). 1) 


—b— SR —p— 


N. 


NA Oncle (frère du père). 

NÀ!' Petit. 7”:*-£'ou? na!', d’un 
an plus jeune. Ni! na'-na'-20* gou”, 
faire attention (cœur très-petit 
faire). 

NA' Humecter, mouiller. 7%°- 
nat, mouiller. Na'-ti%-mo°-yé?, hu- 
mide. 

NA Étroit. 

NA! Proche. M2! na! ouo!', aller 
en un endroit proche. 

NA! (NA'-Na!) Vite. N° na'-na! 
dou'-lé%, viens vite. 

NA? Perdre. Go? mil-l'o* na? 
hoa, j'ai perdu mon couteau. 

NA° Badigeonner, enduire, col- 


ler, adhérer, afficher, souder, s’atta- 











cher. 7s1'-drè* fa’ ho, lyé?-peu! 
a* na’, le vernis séché n’adhère 
pas aux mains. Zo*-n6 2!-ba* à'-mo° 
na? ngoa', les enfants doivent 
s’attacher à leurs parents. Mi ki°- 
kyé* na, passer de la colle (sur 
un objet). Nil-na* na?, badigeonner 
avec de la boue. Lou'-mou? na?, 
badigeonner avec de la chaux. 
So na?-p'yé?, cacheter une lettre. 
Na? k'eu*, souder solidement. (0. 
NA?-P'YÉ°). 

N'A*-B0* Comparé (terme de 
comparaison) (?). Go nf na“-bo* 
ts’ow* mou, je suis plus vieux 
que toi. Go mi na*-bo* nyi a* 
icha?, je suis moins beau que toi. 
Go : 


cha, tu es meilleur que moi; 


nit-mo n° dy na‘-bo* a 


1) Voir Z'’oung pao, 1911, Mars. — Mai. 





nn 





[NA!-DEU*] 


je ne suis pas aussi bon que toi. 
(o. No A‘-B0). 

NA'-DEU“ Désirer, avoir l’inten- 
tion de... Ts’ou° tcha? mo° na'-deu“, 
prendre la résolution de se cor- 
riger. (V. DEU*). 

NA'-HI* 
dyif; 
le vôtre. Na'-w°, ton, 


Vous. Na!'-v8: Na!- 
Na'-li® dyif, de vous, vôtre, 
tien, de 
toi (par politesse). (v. NI°). 
NA'-MO* Sœur cadette (d’un 
garçon). (0. NA!-M0*-Z0*). 
NA'-MO* De sitôt, instant. Na!- 
mo dita', un instant. Na!-m0° 
mou* ho a* di°, il ne pleuvra pas 
de sitôt. Nal-mo* dou'-lé* a di?, 
il ne peut venir de sitôt. 
NA'-NA! Vite, 
Na'-na' dou'-lé*, venez vite. (v. 
NA!). 
NA-VOU' Merci. Na-vou! cha? ; 


Na-vou' a, 


promptement. 


merci. Vi na-vou!, 
merci à toi. UVa-vou! byé3, dire 
merci; remercier. (0. NA-VEU!). 

NA'-VOU* Brouillard. (0. Na!- 
VEU*; NEU!-EU”). 

NAO* (Ch. Léo fil ) S'ameuter. 

NÉ Caler. Zs0!-tse% a4 k'eu, t'a! 
né ngoa', la table n’est pas d’aplomb, 
il faut la caler un peu. (v. DJEU). 

NË Caresser, provoquer, agaçer. 
(V. NEU). 

NË Fille. (Surtout employé en 


poësie, dans quelques expressions 


courantes et dans les noms de 
filles). Zo*-né, les enfants (fils-filles). 
(o. NEU; v. A'-MÉ*-z04). 








[nè?] 317 


NÉ! Court; bref: peu élevé; 
bas. ÆX’a-no* né! teu”, c’est trop 
court de combien? Dou* byé* mo, 
l'at-k'i! mo, l'i-Ki né', parler sans 
discrétion, tantôt haut, tantôt bas. 
(0. NEU!). 

NË! Fin, fine. 

NË' Puiser. (v. NEU!). 

NÉ? Affolé, fou, troublé. O'-né, 
affolé, fou (tête troublée). X2° né*, 
ivre. ÆA2° tou° né*, s’enivrer. (v. 
O!-NË°). 

NÉ? Son, bruit; sonner, réson- 
bêler, chanter 


ner, bourdonner, 


(oiseaux). Æ'’a-n0° di! né* hoa”, 
quelle heure est-il? (Combien fois 
sonner, signe du parfait). A1! y° 


ls É*-y pé”-lé? né” 


a’, ce rapide 
mugit terriblement. 7”*-4'al né”, 
un bruit retentit. Da né° di, 
faire résonner en frappant. Du“ 
né a* di, ne pouvoir faire réson- 
ner en frappant. 46-90 da* né° 
cha, on fait du bruit en frappant 
à la porte. Meu'-dé? 45° né* cha’, 
les rats font du bruit. Né* cha’ 
no-djo*, j'ai entendu du bruit. 
Mou“-ho* ho né* cha”, la pluie 
tombe avec bruit. (0. NEU°). 

NË Appêtissant: bon à manger, 
à boire. A* né”, pas bon (à man- 
ger). Dzo* ni'-né; Dzo* nyi°-né?, 
bon à manger. (v. $0”). 

NÉ Particule conjonctive. Et, 
aussi, encore, (0° né*, moi aussi. V:° 
keu' ka dou'-lé*, go? dyi* mo° né”, 


attire-le ici, ensuite c’est monaffaire. 


318 [né] 


NË* Pousser. (0. NEU“), 
NÉ'-HEU* Brouillard. Né '-heu? 


t6'-djé* to?, il y a un fort brouil- ! 


lard; les brouillards sont descen- 
dus. Nél-heu* beu’, il y a du 
brouillard, Né !-Seu° nyé*, le brouil- 
lard est épais. Mél-Zeu bit Lo’, 
le brouillard s’est dissipé. (0. N£!- 
EU*; NEU!-EU°; v. NA!-VOU*). 

NÉ#-NË* Objet, chose, bagage. 
(0. NEU“-NEU*; NEU“-NÉ‘). 

NË*-MÈË* Éh! bien! (0. Na-më°). 

NEU Fille. (v. à). 

NEU Agacer, provoquer, attirer, 
amuser. Âeu' l’a* neu, ne l’agace 
pas. ÆXeu!' 1*-myé' go? neu ho’, 
c’est lui qui m'a agacé le premier. 
A'-ba-20% neu, caresser un enfant. 
(0. NÉ; NO; NOU). 

NEU' Puiser (de l’eau). F2? 
neu'-deu*; Vi-deu*, puits. Fi°-deu* 
y, eau de puits. (0. NË!; Nou'). 

NEU' Filet. 

NEU! Court. 4 rat a neu!, 
pas (trop) grand, pas (trop) court. 
K'a-no° neu' té”, beaucoup trop 
court (combien court-droit). 4* 4€? 


a* 


neu', pas (trop) long, pas (trop) 
court. Ts'ou° neu'-bo-di'-mo*, nain. 
Neu'-bo-di' Lo, de petite taille. 
Ki hé ‘neu'-bo-di'-20* yé?, cette 
maison est basse. (v. nf!). 
NEU' Poil, plume, crin, laine. 
Yi* neu', plume de poule. Jou’ 
neu\, laine, toison. (0. 1!'-NEU'). 
NEU* Travail. Veu mo*, tra- 


vailler; devoir; obligation. Meu* 





[N&A!] 


mo* ts’ou”, serviteur, homme de 
peine. Weu“-mo* qou*, remplir son 
devoir. 
NEU* Bouton, bourgeon, pousse 
(d'arbre). (0. 1'-NEU*; 1'-NÉ°). 
NEU* Pousser, germer. Zchaÿ- 
reu* neu* cha”, pousser une dent. 
(o. NÈ‘; NOU“). 
NEU' Flairer. (v. BI‘-NEu!). 
NEU*-DZÉ-MO®-YÉ? Humide. 
NEU'-EU* Brouillard. (0. n£!- 
HEU°: NA!-VOU*). 
NEU'-GEU* Côte; côtelette (o. 
NEU!-GOU*; NEU/-REU‘). 
NEU'-MO* Sœur cadette (d’une 
fille). (o. NEU'-Mo*-z0*; NA!-Mo*). 
NEU*-NEU* Objet, chose, atti- 
rail, bagage. (0. NÊ‘-NÈ*). 
NEUST'É® Bruit. (Weu? équi- 
vant à Ming chinois; et neu*-l'é* 
à ing chèn NA) E ). Neuÿ-v'é° 
t’it-leu* dou', entendre (sortir) un 
bruit; faire du bruit. Neu°-t’é* a“ 
beu*, rien ne bouge (il n’y a pas 
de bruit). (0. NË°-T'É*; v. NÉ°). 
NGA  Adosser, 
s'appuyer, se confier. Go° ki! neu* 


compter sur, 
ni nga ngoa', pour ce travail, je 
compte sur toi (moi ce travail toi 
compter sur falloir}. Lo* nga-djé*, 
appuyer au mur. Vi go° l'a ngä- 
djé*, ne compte pas sur moi. Mou* 
sa*-p 0% nga ngoa!, il faut s’appuyer 
sur Dieu. Nya-do*, appui. (0. NGA- 
DJÈ*). 

NGA' Tourner, plier, attirer à 


soi, tresser. Seu°-{s' 6 nga!', tirer 











[NGA!] 


Ni ich'é 


ni-ts'e beu*, o'-1s'e* 16% a* nga!, 


violenment un arbre, 


tous deux portent la barbe, mais 
ils ne tressent pas leur chevelure. 

NGA' Afliger. So° ni! nga!, afi- 
ger quelqu'un. (Autrui cœur afli- 
ger). 

NGAS Être. (0. NGEU*: NGË°),. 

NGA* Grand, grandir. Mya- 
leu*-leu* yé*, en gros morceaux. 
(o::RA*). 

NGA-DO* Avantage, utilité, ap- 
pui. Noa-do* a* beu*, (je) n’ai pas 
d'appui. (v. NGA). 

NGÉ!' Aimer. (o. RÊ'; GË!). 

NGÉ® Ëtre. (0. NGA*: NGEU”?). 

NGEU Pleurer. Ho! l'E ngeu, 
éclater en sanglots. 
 NGEU' Écarter, se séparer, se 
passer de. A'-ba-20* i1-ba* à!-mo° 
ngeu\ a* di, l'enfant ne peut se 
passer de ses parents. 

NGEU* Être. — Très employé 
en des formes diverses. À la fin 
d'une phrase, suivi de l’auxiliaire 
lé*, donne au verbe une forme pas- 
sive ou interrogative. Cho! ngeu* 
heu, bou” ngeu* li, mépriser les pau- 


vres, aimer les riches. Mil-nyé*ka* 


né-né* ngeu* heu, mépriser les 


choses du monde. S0° dyi* a*-ngeu*- 
mo byé*, donner tort à autrui (tra- 
duction littérale du chinois: c4o 


jén-kia tt poï-ché (li) SA A Eva 


HJ À À HT). A! ngeu-mo° byé”, | 


dire des mensonges (dire ce qui 


n'est pas). Ngeu* a* ngeu*; Noeu* 


[NGo!] 319 


ngeu*, est-ce?; n'est-ce pas? Keu! 
lé* gou° ngeu* lé*, est-ce lui qui l’a 
fait? Nyeu”, oui; c'est (lui). Atngeu’, 
non; ce n'est pas (lui). Go° byé* ni° 
ngeu* n0' mo”, que je te dise. Nyeu* 
né* a* ngeu” né° l'i-k'ou? lou? ko’, 
encore une année passée, sans qu'on 
s'en soit aperçu. Mil-m0Ÿ nil-tsé!- 
mo°-hi* ngeu* li, s’adonner à l’im- 
pureté. Mou* sa*-p'o* nyeu* li ka*- 


* ngeu* k'a° dyé*, aimer 


mi' ageu* à 


Dieu 


Ngeu* né* a* ngeu* né*, sans s’en 


par dessus toutes choses. 
apercevoir. (0. NGA°; NGË°). 

NGEU* Branler, secouer, remuer, 
agiter, ballotter. Zi ngeu* té*, la 
barque est ballottée. Pil-{chou*-20* 
ngeu®; Teho*-lé* ngeu, agiter la 
sonnette. 

NGEU* Entrer. Mou* djyé* t'o* 
ha-mo° nyé*-bat ngeu*-do”, en hiver 
le serpent rentre dans son trou. 
(0. GEU*). 

NGEU*-MOU* 
MOU*; OUO*-MEU*). 

NGO! Vouloir, falloir: désirer, 


obliger, devoir, avoir besoin. Nyo!- 


Roi. (0. REU°- 


deu*-deu*-yé*, avoir envie. A* #gô'; 


A* ngoa', ne pas vouloir; pas be- 





soin de... Nyo' u* ki, pas néces- 
saire; accessoire. (Chin. poÿ 240 kèn 
7 D EX ). Go° keu' neu* a* ngo', 
je n'accepte pas, je ne veux pas 
faire son travail. Mil-ng0', con- 
| voiter (cœur vouloir). 6° és'ou 
| seu” ngo!, pour bâtir une maison, on 
| a besoin de bois. (0. N&ou!; NG0A'). 


320 


NGO? Exposer. Zi'-ki° ngo°; 
Mou“-70? ngo*, exposer au soleil. 
Oi-ko mou“-g0? ngo? a* di’, il ne 
faut pas exposer sa tête au soleil. 
Mou*-ngo?; Mou“-g0?, soleil. (0. &0?). 

NGO0* Apprèter, préparer. 

NGO* À la fois, ensemble, de 


même, en même temps. Xeu! ni*- 


[NGo?] 


ché ngo° ni-ts'e* beu*, tous deux 
ont de la barbe. 

NGO* (wGot-LEu*) Cinq. Nyo- 
leu*-l’eu', cinquième. 

NGO* Labourer; sarcler. 5! 
mauvaises 





pi ngo*, sarcler les 
herbes (v. mi!) 

NGO* Poisson. (0. NGo*-z0*; v. 
Al-NGO“). 

NGO-MI' Enfer. (Séjour où l’âme 
se rend après la mort pour être 
jugée. Si elle a de grandes fautes, 
elle y subit éternellement des 
supplices; sinon, elle va au Ciel). 

NGO?-PO* Tombeau (v. Lou”- 
PO*). 

NGOU Accrocher. 

NGOU! Vouloir, falloir. (v.N@ô'; 
0. NGOA!). 

NI Serrer ; lier. Vi f’eu*, serrer 
solidement. Ni a* keu*, serrer 
lâchenent. Ni-kyé, courroie. (0. NI- 
k’ê*). 

NI Rouge. Ni pé*-mo° ; Ni geu*- 


mo°; Ni reu*-mo*, rouge. Ni pé*- 


[nr'-caô!} 


selon les villages et les individus. 
(o. Ny1). 

NI Voir. (v. Nyi). 

NI' Gelée; givre. Ni! do° cha’, 
il tombe du givre. 

NI! Vert. (o. N1'-cHou'). 

NI° Toi, tu. Ve a'-mo*, ta mère. 
(v. Na!-H1*; GO*). 

N[° S'asseoir, demeurer, habiter. 
Gou*-n, s'asseoir. Dé*-dé* ni; 
Lo*-lo® ni’, asseyez-vous; ne vous 
dérangez pas (paroles de politesse). 
T'a' nà; Dév-dé* Va! n°, asseyez- 
vous (un instant). V:°-dzé*, monter, 
aller (à cheval). S0° /yé?-k’ou* ni-° 
to*, sous le gouvernement de quel- 
qu'un. (Autrui paume-de-la main 
s'asseoir, verbe auxiliaire). (0. Ny1*). 

NI° Apprivoiser, apprivoisé, °É'- 
20* ho°-ni°, apprivoiser un oiseau. 
(oiseau nourrir-apprivoiser). (0. 
HO°-NI°). 

NI (nif-zEu*) Deux. Mi*-és’eu’- 
leu*, vingt. Ni ko, deux cents. 
Ni nyi°, deux jours. Ni* 4o*, deux 
mois. it Æ’ou?, deux ans. Mi“- 
leu“-l’eu', deuxième. 

NI‘ Bœuf (en général). Mi*-m0°, 
vache. Nit-zo4, veau. Nit Lou, 
année du bœuf. Ni* /ou!, paître les 
bœuts. Not lou’ tcheu*-p'o*, gardien 
de bœufs. Nités’a° Lol-t0* bougie. 


(bœuf-graisse allumer chose). 





pé*-yé”, rougeûtre. Tck’0° ni-geu* 


A 


ngeu*, chauffer à rouge. 
N.B. Beaucoup de mots en «ni» 


se prononcent également «nyi», 


NI'-CHO' Chagrin, compatir. 
Ni-cho'-do* a* Leu”, sans chagrin, 
sans rancune. (0. NI'-CHOU'; v. 


CHOU'-mê*). 











[N1'-CHOU!] 


NI'-CHOU' Vert. (0. NI'-CHOU!- 
M0). 

NI-DJË* Avoir soin, surveiller, 
regarder, s’aperçevoir. (v. NY1). 

NI'-DO* 
Ni'-do* pr, sacritier aux ancètres, 

NI'-HLÉ'-MO® Gras. H6* ni!- 
H6* viande 
grasse. (V. TS’0°). 

NISHLO®LÉ® Printemps (?). 

NI'-H0* Chagrin:; éprouver du 


chagrin. Nal-mo? ou! ni'-Ao?, se 
(æ) , 


Image des ancêtres. 


hé -moÿ ; ts’ 0°-m0?, 


faire du mauvais sang. Ni! lat 
ho?, ne te fais pas de bile! AM:° 
ka*-mi'ni'-ho?, qu'as-tu à t’attrister? 
(V. H0?). 
NI-KI° Sale, sordide. Ni-ki3-f4. 
mo”, très-sale, 
NI'-K'YÉ? 


(coeur-mauvais). Ni'-#’yé-m0° lou!- 


Atroce, méchant. 
leu, lcha?-mo* mo*, éviter le mal, 
faire le bien. Ni'-m0° nè!-k'yé? dot, 
concevoir de mauvaises intentions. 
Ts'ou° n'-ky6-mo* ti tchE* ngeu?, 
c’est un homme méchant, scélérat. 
It UK yÉ). 

NI-K'YÉ? Frère cadet. Mit-4’yé° 
ma*-lyé', belle-sœur (femme d’un 
frère moins âgé). (0. NI‘ T’Hyf£?). 

NI'-LO Brique (séchée au soleil). 
Ni'-l6 heu’, faire des briques (ar- 
roser?). Nil-/5 tcheu’-p'o*, maçon. 

NI'-MA? Fatigué; se donner de 
la peine. (Cœur-fatigué). (v. MA?) 

NI'-MI Oublier. (Cœur-oublier). 


Ni' af mi, ne pas oublier. Go° mi'- | 


mi ho, j'ai oublié. 











[Nr'-p'vf!] 921 


NI'-M0* Cœur ; courage, dessein, 
avis, Opinion, résolution. Wi!-M0° 
ka'-si, appliquer son cœur; s’appli- 
quer. Ni'-m0° lcheu', cœur battre. 


Ni'-mo° ra“; l, courageux, 


Ni ya 
bardi, brave. Ni!-»m0* na!, peureux, 
lé, 


fervent. Ni!-/sél impureté. Ni-m0° 


lâche. N!'-m0° cœur chaud, 
pou', revenir sur son consentement. 
Nit-mo pou' ho a?, il a pris la 
chose de travers. Ml-mo* no, 
avoir mal au cœur; s’afliger (se 
dit en général de tout chagrin 
profond). Ni nil-mo% a* beu?, tu 
n'as pas de persévérance, 
NI'-NA* Argile, boue, terre. Wi!- 
sa”; Lou'-Æa*, sable, Nil-mou*, pous- 
sière (poudre de terre), Ni!-na* 
l'o°-mo*, argile blanche (dont on 
se sert comme de savon). (0. N1!'- 
TOSONTE), 
NI'-NGO' 


ambition. So? dyit ni! l’a nao! 
g0', 


Convoiter; cupide; 


ne convoite pas (le bien) d'autrui. 

NI'-OU? NI'-VÉ® Superstitions. 
(Na, esprits des morts). (v. A!- 
PAYER ). 

NI-PO' $e pendre. (v. LE°-BYÉ 
NI-CHEU*). 

NI1-P’0* Korcier. 
cière. (V. PI-MO*). 

NI'-POU* Front. M!-p'ou ka’, 
sur le front, 

NI'-P'YÉ? Bec, bouche: embou- 
Ni-kil, lèvres. Ni! 4o!, 
Nits'e*, barbe. 


M-p'yé* 


Ni-mo? sor- 


chure. 
lèvres acerbes. 


Ni'-pi-l'ou*, menton. 
pe ; 


322 


a; Ni-p'yé? ffa* hoa*, avoir soif 
P7 
(bouche sèche). Nil-y'yé? ka-to”, 


[n1!-s4?] 


bride (chose pour diriger la bouche). 
Fi-k0 nil-p'yé?, embouchure de 
pipe. So ni!-p'yé? ts'eu* (au figuré), 
fermer (boucher) la bouche à quel- 
qu'un. 
NI'-SA% Sable. (o. LOU'-K’A*). 
NI'-TSÈ' 


luxure. Dou* ni'-tsé-mo° bye”, dire 


Impureté; obscène, 


des paroles obscènes. 
NI'-TS'E* Barbe. Bo'-0è%-m0°, fa- 


a 


voris. Mil-ts'eŸ tcha?-tcha? yé”° 
une belle barbe. Ni!-és’e° a* nou* sé”, 


il n’a pas encore de poil au menton. 


Ni'-ts’e* l’it-to*, un poil de barbe. 


(o. NI!-BÈ*). 

NI-ZO0* Racine pour colorer en 
rouge. 

NO (nouo) Couper, tailler. Zo°- 
lyé? nô, couper les ailes. O'-és"e° n0, 
couper les cheveux. 

NO' Écouter, entendre, inter- 
roger, demander, consulter, s’in- 
former. Vo'-keu', comprendre. Dou* 
nô!, obéir. Dou* a* no', désobéir. 


4 31 


Byé* s0° dou* a* no', ne pas obéir. 


Go° byé* n° ngeu° no' mo; Go° byé* 
ni® no', je vais te dire la chose. 
I" dou* L'if-ka', go a* no}, je n’ac- 
cepte pas cette parole. Zo*-né 2'-ba* 
i-mo* dou* no' ngoa!, les enfants 
doivent se conformer à la volonté 
de leurs parents. W4°-sa no',assister 
à (entendre) la Messe. Dou* a* no'- 
no'-mo*-yé*, ne pas s'occuper de... 
(o. Nou!), 








[No*] 


NO Appeler (les bêtes). Vyé? no, 
appeler les cochons. Mé'-n6° no, 
appeler le chat. 

NO Abondant, abondance, trop; 
beaucoup ; longtemps ; autant; fois. 
Dzo* no, manger beaucoup. Xeu° no 
a* beu”, il n’y en a pas autant que 
cela. Xeu° d’it-ou0” €'o° yi-mo° no, 
cette famille est dans l'abondance. 
Ts'eu° no ra“, dix fois (aussi) grand. 
K'o*-yé* no a°, il y en a trop. No 
a* di?, il n’en faut pas trop. X%° 
tou® no a* di”, il ne faut pas excéder 
dans l’usage du vin. 

NO Particule, auxiliaire, marque 
du parfait avec le sens de <avoir 
déjà», «avoir en outre». Wi° dz0* 
no no, as-tu déjà mangé (de cette 
chose)?; Uzo* a* no, je n’en ai pas 
encore mangé. 

NO Entraîner, exciter. So 0 
tsou' mo, entraîner le prochain à 
pécher. 

NO' Tendre. 

NO' Attenant, proche. Z16* és’ou° 
no!, voisin. 

NO* Pincer. eu no°-djo*, pin- 
cettes. 

NO* Vaciller, branler. A2! dyé*- 
geu L'it-leu* a'-n0° a'-n0°-20* yé° di”, 
cette échelle est un peu branlante. 

NO* Avoir mal, être malade, 
maladie. No*-y0° p'o*, médecin. No° 
po! to?, alité. Zs'ou®no°-mo*, malade. 
Vi ha°-leu! no*; Ne a4-mi! no°; Ni° 
a%-mi no° beu?, où as-tu mal? Mo*- 


dzeu*, lèpre. No’-£o°; No°-ng0°, 








[noi] 


croûte d'une plaie. No k'a°-ka', 
avoir la fièvre. No mo*, cicatrice 
d’une blessure. 

NO* Arc. Not-c0* ba, lancer des 
flèches. 

NO* Se reposer, cesser. Ouo* n0*, 
cesser l'ouvrage; apaiser. Ouo*-n0* 
ho*, c'est apaisé. Go°-no*, placer, 
Ne 


tcha?-tcaa? g0°-n0*, installe convena- 


disposer, installer. da*-veu” 


blement les hôtes. 


NO-BO* A côté. Keu! no-bo*, à | 


côté de lui. 
NO'-BO? Nez. No! dou” mo”, éter- 
nuer. Vo'-bo? heu”; No'-bo? seu', se 
moucher. Vo'-bo? seu'-to*, mouchoir. 
No'-bo? nyé*-ba', narine. No'-bo* 
seu! a* keu' sé, petit morveux ! (nez 
moucher pas capable encore). 
NO'-BOU' Sourd. Æeu' nou'-bé* 
di?, il est sourd. (0. Nou'-BÊ!). 
NO'-BOU* ZEU“*-ZEU“-MO* 
Bourru. (Correspond au chinois: 
mad ts'ü ts'ü 7). 
NO-DJO* Entendre, 


dire ; apprendre (oreilles entendre). 


entendre 


Keu' ha°-n0* no-djo* a* keu!, il est 
à moitié sourd. 

N0O%-GO:-P'04 Médecin. (0. No?- 
GOu”-P'0*). 

NO-GOU* Boucle d'oreille. 

NO°-HI° Matin. Vo®-42° ts0° dzo*, 


| déjeüner (1er repas). 


NO-KO' Dos, derrière; par der- 
rière; en cachette. No-k6! beu*, por- 
ter sur le dos. {16% no-kou, der- 


rière la maison. P0° no-kou', der- 








[nyé!] 29 


rière la montagne. (0. No-Kou'). 

NO-NO K'0* Crier. (0. Ro‘ T’EU” 
RUN v. K'O°), 

NO-PA' Oreille. No-pal a* chu”, 
n'avoir pas bonne oreille. No-pa' t° 
no'-bou\, avoir l'oreille un peu dure. 
No-pa' o!-lch'eu-mo*-yé*, oreille 
fine. Vogou”; No-gou-10*, boucle 
d'oreille. 

NO®TS'E* Médecine, remède. 
Nô%-ts'e* mi, guérir (un malade). 
No%-ts'e* mi-p'o*, médecin. No*-{s’e* 
y®, médecine (potion prise dans du 
liquide). (0. NOU‘-TS’E*). 

NO-ZÉ' Gémir. Keu! no? no*-z61, 


la*ngo, 


il souffre à en gémir. No°-2é 
go? à'-ta' tchou” Lo”, cesse de gémir, 
je suis ici (pour t'aider). 

NOU Morceau, miette. 

NOU' Singe. Nou' k'on*, année 
du singe. (v. A!-NOu'). 

NOÛU* Humide, mouillé. (0. NEU”; 
v. NEU°-DZË*-MOŸ-YÉ*). 

NOU*-T'OU' Humidité (prove- 
nant de l’infiltration de l’eau. Nou°- 
l'ou' hoa*, profondément détrempé ; 
trempé jusqu'aux os. 


NOU“ Pousser, germer. (0, NEU*). 


Ny. 

N.B. Ny équivaut à ? des trans- 
criptions scientifiques, ou à y» fran- 
çais. 

NYA!' Étendu à terre. Go°-yi° 
nya', frappé au point de rester 
couché par terre. 

NYÉ' 


Age ; jour ou époque 


22 


324 [NYÉ!] 


fixés. Nyé! d'it-kou? 4°, fixer le 
terme précis d’un an. Myé! dou'- 
do* ho, le terme fixé est passé. 

NYÉ' Lumière. MNyé! té!, voiler 
la lumière. 

NYÉ' Dispenser, éviter. Lo®.lo° 
seul ni-mou° l’eu* nyé', balaie plus 
doucement afin de ne pas soulever 
la poussière. 

NYÉ? Tôt, 
Nyé* cha*, c’est tôt; c’est trop tôt. 


matin, plus tôt. 
Nyé?-nyé? dzo*, avancer l'heure 
du repas. (manger plus tôt). 4‘ 
nyé?, pas matin; tard. Nyé”*-du’, 
tôt ou tard. 

NYÉ* Particule spécificative des 
brèches, des trous, des portes. 75* 
nyé* une brèche. (v. NYÉ*-BA'). 

NYÉ* Profond, mystérieux. Nyé?- 
dé\ k'a-zeu* yé* a* sa', je ne sais 
quelle en est la profondeur. O!- 
ts’ e* nyé*, cheveux longs (profonds, 
pas rasés depuis longtemps). 

NYÉ* Noir. Nyé#-tcheu-mo-yé?, 
noir. Nyé*-dé*; Nyé*-deu*, obscur. 
Nyé-dé* po*, grande obscurité. 
Nyé#-dé*-mo°-yé* tya”, il va faire 
nuit; crépuscule. (v. A!-NYÉ). 

NYÉ:-BA! Trou; antre; maille. 
Nyé*-ba' Alo'-1o*, vilebrequin. O'- 
#i myé* kyé* ha*, les trous du 
crible sont trop larges. Go°-nyé?, 
porte (de ville). (0. Ny£°). 

NYÉ®DÉ! Profondeur. (v. pËl). 

NYÉ!-NO Démon. Nyé'-n5 ka 
dou* no, consentir aux suggestions 
du démon. (démon attirer paroles 





[NYÉË!-x0] 


écouter). Nyé'-no pr, sacrifier au 
démon. Nyé'-n0-20*, diablotin. (o. 
NYÉ'-NOU). 

NYEI-NO Colère. Nyé'-n0 dou, 
se mettre en colère. So° #0! nyé'- 
no dou', brouiller les gens. 

NYÉ-RO* Surveiller: avoir soin. 
(vV. NI!-DJÉ*). 

NYÉ-SA* Oeil. Myé-bou® ts’e?, 
Nyé-bou®-k'a° ;  Nyé-beu?-k'a° 
Nyé-ki, paupière. Nyé 


cil. 
sourcil. 
mi-ts'eu', cligner de l’œil. Myé £'it- 
mo”, borgne. Nyé t5'; Nyé touo!, 
aveugle. Myé-yi, larme (eau de 
l'œil). Vyé-ye° dou!, larmes coulent, 
Nyé-sa* nyé-la, chassieux. Myé-6”, 
estimer, honorer. 

NYÉ#-SOU3-P'0# Indigènes Lo- 
lo, appelés 65 De en chinois. 

NYÉË-TI Fermer. Ni /yé?-peu' 
nyé-ti, ferme la main. 

NYÉ-TO Troublé. 

NYI Rouge. (0. Ni). 

NY1 Regarder, voir. Myé-nyi, 
regarder, voir (œil-voir). M fa’ 
nyi, vois, regarde (toi instant voir). 
Nyi a* di, abhorer. Myé-nyi a* 
di, avoir en aversion: grossier. 
Nyi-ngou*, vue, aspect ; aperçevoir. 
Nyi-té*, agréable; beau à voir 
(qui peut «être vu»). Myi 16° léS 
at di; Go nyi té? LE a* keu/, 
je n'y vois pas clair. Xeu! go’ 
ts'ou® cho '-m0° nyi to* a* ts’eu”, il 
me rebute parce que je suis pauvre. 
Nyi ngeu* a* tcha?, laïd ; pas beau 


à voir. (0. NI). 





25 


[nx!] [o!-ra*... o'-r4] D?! 


NYT! 

NYr 
avoir faim. (0. NI°). 

NYI° Agiter. (v. vi!) 

NYI° S'asseoir. (v. NI). 


NYI° Jour. /*-xyi°, aujourd’hui. 


Ficeler. (0. To). moindre reproche à cet homme - là. 
(OMHO PRO): 
O3 (Ouo*) Pondre. Fe“ £'o9 5, la 


poule pond (des œufs). 


Avoir faim. O*-po° nyi’, 


0% Nourrir; élever. Jo°-sé! Fé?- 
sou' o°-ls'ou* ngeu”, (Saint-) Joseph 


Ti ny un jour. Nit nyi, deux | est le (père-) nourricier de Jésus. 





jours. T'étnye Pan; Ti ny | Kit a'-ba-z0* teheu-lehé a°-ma° 
a* ny chaque jour. T'ét-nyi ko, | duit «Ÿ ngé*, kyé* 0o%-hi* ngeu* dé’, 
pendant le jour. Seu* nyi° lou? ko°, | cet enfant à la vérité n’est pas 
dans trois jours. Seu* ny a* lou? | son fils, mais il a été élevé par 


sé, avant trois jours. (NYI'-HÉ’). 


NYI-CHEU $e soumettre, céder: 
Keu' go nyi a cheu, go* keu' 
nyi a* cheu, il ne veut pas céder, 
ni moi non plus. 

NYI'-DEU* Dehors, extérieure- 


ment. Nyi!-dét-ou*, dehors exté- 


rieurement (dehors là-bas), Au! 


3 4 


nyi'-dé#-ou* dou no, ni'-mo° à 


djé”, extérieurement il obéit, mais 


c'est sans soumission de cœur. (0. 
NY1!-DÉ*). 
NYI-DZ0* Ennuyer. Mi 50° 


nyi-dz0%-mo* yé’ tu ennuies passa- 
Bou*-ts 6 50° 


moustiques sont in- 


blement les gens. 
nyi-deo*, les 
supportables. (0. NYT DZOU*). 


NYI'-SA® Sable. (v. N1-84°). 


O. 


O! O! Exclamation de raillerie ! 
O' Particule banale euphonique 
(v. Notions de grammaire n° 110). 
Keu° ts'ou L'i-fét d'it-ki ne 0! 


byé a* di, on ne peut faire le 


Jui. Zo* 0 163, 2!-ba* à'-mo° tcha?- 
do” 


on apprend à connaître ce qu'on 


sa', en élevant des enfants, 


doit à ses parents. (0. H0°). 
O-BË* Barbe (d'un épi). (0. o- 
BOU”*). 
O'-BOU* Bouton, globule (insi- 
gne chinois) O!-bou*-20*, bouton 
(de calotte), Wil-Jo° o!-bou*; Vir- 


lo? bou 20*, bouton de fleur. (o. 
O'-BEU*). 
O'-DÉ* sommet; haut, tête; 


javant; pointe; bout. Po? o!-dé* 
Ali, franchir le sommet de la 
montagne. Po o!l-dé* ka neu* 
mo?, travailler au sommet de la 
O!-déf. Fa 


beu*, avoir des péchés sur la con- 


montagne. isou'-l0 


cience. Seu* o!-dé*, sommet de 
l'arbre. O'-dé* tchou°-p'o*, barbier. 
O'-deu* L’'eu*-1o*, cheveux tressés ; 
Li 


barque. (0. O!-DEU*; v. 


tresse. o!-dé*, avant d'une 


, 


OUR AS 





0'-K'O; I'-NYI). 
O'-FAS... O'FA* Plus... plus. 
1!-FA°.., 


(v. 1!-FA°). 


326 


O'-GEU* Oreiller. 

O'-K’A* En haut; au-dessus; 
sur; supérieur (en haut). O'-Æ’a° 
tchou"-to*, en haut. O'#a* ouo! 


ngoa', il faut prendre (le chemin) 


[o'-Gev*] 


de dessus. (0. K’4°). 

O'-KI Crible. 

O'-KI'-M0* Peigne. O'-Hi!-10°, 
peigne fin. 

O'-KO Tête. O!-X0 
dzeu*, décapiter. O'-k0 ki*, pou de 


(0!-KOUO) 


tête. O!-X0 tchou”, se raser la tête. 
O\-k0 k'yé*; O'-deu* k'yé”, se peigner 
(la tête). O'-neu, cervelle. O'-4*, 
turban. O!-f'6, calotte. Ol wi, faire 
signe de la tête. (v.0!-r78E"; 0!-D£*). 

O'-KOU* Vie. O'-kou* ko*, être 
en vie, vivre. O'-Æou° a* beu*, mort. 
O'-kou* fou, sauver la vie. (0. o!- 
KO; VO). 

O'-KOU KO* Fin (ia fin). 

O'-MA°-MO* Servir; honorer. 
Î'-ba* à -m0° 0}-ma*-mo*, honorer ses 
parents. 

O'-MA* POU Intervertir. O'-#a° 
pou-mo* byé*, intervertir l’ordre des 
mots (par ex., en parlant avec trop 
de précipitation). 

O'-MA-TCH’A! 


PEL? 0\-ma°-teh a' hoa*, vraiment 


Ennuyeux. 


ennuyeux. 

O'-MA° TCH’'OU* Punir, tancer, 
mettre à la raison, Go° keu' o'-ma° 
lch'ou* ngoa', j'ai bien envie de la 
mettre à la raison. N° dou'-lé* 40° 
ni 0'-ma° lch'ou*, viens que je te 


tance. (0. O!-MA°Ÿ TCH 0). 








[o!-rs’E°] 


O'-NÉ° Écervelé, idiot : absurde, 
troublé, aflolé (tête brouillée). Go? 
0'-né* o*, il est troublé. (Corres- 
pond au chin.: #aûù houën lùd JA 
I af ). Oil-né%-mo*, grand im- 
bécile. Ol-né* a*, c’est un imbécile : 
il a perdu la tête, Ol-né* hit gou”, 
faire de mauvaises actions. W1'-ny6* 
k'a* ki'-zeu* o'-né* hi af beu”, n'y 
a pas sur terre d'homme stupide 
à ce point. (o. O'-NÊ*-HI*). 

OI-NEU Cervelle. 

O'-NEU VOU?-YI? Calamité, 
malheur. (0. O!-NÈ vou”-v1?). 

O'-NY[I° Hier. O!' meu“-ts 2; O' 
mou*-k’?, hier soir. 

Of-PO* Ventre. 0*-p0° nyt°, avoir 
faim. O*-po* no*, colique; avoir 
mal au ventre. O*-po° {cho*; O*-po° 
fou, avoir la diarrhée. O*-po° p'ou”; 
O'-po* vou”, avoir le ventre bal- 
lonné. O* p'yé®-lé*; O p'yé?-lyé?, 
partie antérieure de l’habit des 
femmes depuis la ceinture. 

O'-TCH’EU* Corne. 

O-TÉ® Turban. 

O'-TO*. Pelle. 
pelle à feu. 

O1-T°0* (0!-r'ou0*) Calotte, bon- 
net. O'-{'0 o'-bou*, bouton de ca- 
lotte. O4’? na!, liséré (de toile 
fleurie) sur le bonnet (des filles). 
0-8 na! t’i-va!, un liséré. 

O'-TS'E* Cheveux. O'-s’e° kyé, 
démêler les cheveux. O!-#i!-m0°, 
démèéloir. O'-A1!-20*, petit peigne. 
O'-4s’e° vi'; O'-vi!, raie des cheveux. 


Meu'-té o!-to*, 








[o'-rsEu*-Z0*] 


O!-ts'e l'o°-mo*, chevelure blanche. 
(v. 0!-Ko). 

O1-TSEU*-Z04 Debout. O'-{seut- 
zo* ki, mettre debout. 

O-TSO* Nourriture. 


Ou. 
OU* Côté. (Ici; la-bas). Æeu*-ki'- 


ou li°, aller en avant (avant côté 

aller). A2! ou, ce côté-ci. Va” ou’, 

ce côté-là. Po* A2! ou, de ce côté 

de la montagne. (v. PI). 
OU*-DEU* Cuvette. 


Ou — W. 
OUA'! OUA! Exclamation pour 


éloigner les bêtes! 

OUA-CHEU?! Exclamation de 
colère ! 

OUAS#-SÈ* Ailleurs. 

OUL2-DJÉ* (Ch. Ofi FF] ) Assié- 
ger. 

OUO Kelle. Mo* ouo, selle de 
cheval. Ouo-ra, bât. (0. Ro). 

N.B. Presque tous les mots en 
ouo se prononcent également ro. 

OUÙUO Verbe auxiliaire. — Pou- 
voir; arriver à... (V. RO). 

OUO Ennuyeux, grave, pénible, 
embarrassant. A2! 20° ouo-hi* nga*, 
cette maladie est grave. A1!-l'eu! 


ouo-hi* ngeu* di’, voilà qui est bien 


ennuyeux. (0. RO). 
OUO' Marcher: aller. Ouo!-do”, 


en arrière. (0. RO!). 


OUO* Aiguille. Ouo? tyé, prati- | 


quer l’acuponcture. (0. RO°). 


nl 


CP"a°] 

OUO? Famille. (0. Ro°?). 
| OUO* Ouvrage, journée de tra- 
| vail. Ouo*-djo*, aider, servir. Ouo“- 
vou*, s'engager, servir comme do- 
mestique. (0. RO*). 

OUO* Neige. Ouo* do”, neiger. 
Ouo* do cha, il neige. (v. RO‘). 

OUO“-DJO* Aïder. So* ou0*-dj0?, 


# sa*-p'o* tseu a- 


aider autrui. Aou 
seu' ouo*-djo*, prier Dieu de nous 
aider. Nil-v6* qou* ouo*-djo*, aider 
à faire des superstitions. A2! #'i*-4’i! 
go n° ouo*-djo, n° yi'-m0° a* ngou!, 
cette fois je t'aide gratis. (v. OU0*). 

OUO!'-DO* En arrière; après; 


ensuite. (heu ho* ouo'-do*, après 


la mort. Ve° ouo'-do* dou'-lé*, viens 
par derrière. Ouo!-do* ts’ou*; Do 
ts’ou*, descendants. Æeu! do* ts’ou° 
a* beu*, il n’a pas de descendants. 
(o. RO!-DO*). 


EE 


P’A!' Feuilleter. 

PA* Particule spécificative des 
caractères d'écriture. 

PA* Tomber sur. 

PA* Piller. X2! mi'-té° tcho*-ma* 
bye? di? a* hi mo, da* pa* di? Hi, 
| dans ce pays ce n’est pas l'usage 
de parler raison, mais de frapper, 
de piller. 

P’A3 Bleu. P'a*-hi*; P'a-hi*-mo?, 
de couleur bleue. P'o° p'a*, étofle 





d’un bleu-clair. 
P’A* Amer, âpre. (v. P'È). 


328 [P’A°] 

P’A° Retrousser, P'a-tch'0°;P'a*- 
tch'é*, retrousser. 

P’A* Particule spécificative des 
aiguilles, des lampes. 

PAMCRSPE ff ) Craindre. 

P’A* Drapeau, bannière, bande- 
rolle. (0. P'A*-TSÈ*). 

PA-HOU' Ancre. Pa-hou' ngou- 
to*, jeter (accrocher) l'ancre. 

PA?-K[° Panier à fumier. 

PA-KO*-ZA* 
des enfants. 

PA-LA Aller en se balançant. 


z0*, 


Parties sexuelles 


Pa-la  pa-la qui va en se 


dandinant. Ke! wi d'é-vyé? pa-la 


") 


pa-la-20*, vyé? a* tcha?, ce fardeau 
n’est pas commode à porter, il 
balance trop. (v. TI-U). 

P'A#-LO* (Ch. P’a-lù }f sa 
Craindre que...; croire que; il 
est à craindre; peut-être. A2! 46° 
la? tya?, p'a’-lo*, je crains que 
cette maison ne s'écroule. (v. P’A*). 

PA-NA' 
nager. (V. NA!). 

P'A-NYI* Épaule. 

PA'-PA Affecter, faire à dessein. 

P’A-T’A? Pelote, balle à jouer. 

PAI-TCHÉ? Toupie. 

PAI-TÉ® (Ch. Pon-tén ÀX Æ) 


Banc, chaise. Pa'-teu® neu'-bo-dit- 
, 


Nager. 2 pa-na!, 


mo*, escabeau. (0. PA'-TEU‘). 
P'AZTÉ? Heurter. 
PACTT: Ver 
tcho*, avoir des vers. 
P'A#TSE® (Ch. P'é-ts2 If +) 


Serviette. 


intestinal. 4-11! 





[PEU'-PEU] 


P'A#-TSÉ® Drapeau (v. P’A‘). 

PÈ (Ch. Pa F4) inscription, 
stèle. Zou' pè, inscription sur 
pierre. 

PÊ' (Ch. Pà f) Réciter. So 
pé, réciter sa leçon. 

PÈ' Fermer en poussant. Hé*- 
go* da*-pé', fermer la porte. (0. 
DA*-PÊ!; v. TÉ!). 

P'È* Saveur piquante; âcre; 
àpre. 

P’È* Soufler avec éventail; éven- 
ter. Meu'-té p'é*, activer le feu. 
Meu'-té p'é*-to°, soufflet; éventail. 

PEU? 
des fleurs. (v. P’0°?). 

P'EU* Prix. (v. P’ou*). 

PÈ*-BEU' Nœud, empêchement. 
Pé3-beu\ leu“, faire un nœud. P6*- 


Particule spécificative 


1 défaire un nœud. 


beu' hyé=-ro, 
Kyé pé*-beu', nœud de corde. Seu° 
beu', nœud dans l'arbre. (0. PÈ*- 
BOU!; PEU‘-BEU'; V. BEU!). 
PÈ*-DÉ* Poche, blague, enve- 
loppe, bosse, bourse. P£*-dé*-0*, 
blague, bourse. 2° pé*-lé”, blague 
à tabac. (0. PÉ‘-HÉ°; PA°-HÉ°). 
PÉ2-LÉ? Superlatif:; très; tout- 
à-fait. Lé?-lé?-s0*, vraiment; de 
fait, (très-vrai; très-clair). 
P'ÈZ-TSE* (Ch. P'én-tsè f& F) 
P'EU*-NO! (r’Eu*-nouo') Se ca- 
cher. (v. P’ou*-N0!). 


PEU'-PEU 
dispute. Dou* byé* k’yé-k'o* peu'- 


Se raidir dans la 


peu-mo*, parler avec une raideur 


1 7), ‘ Al 3 1 3 
grossière. A’yé-k'0* peu’'-peu-mo 





[reu*-pEU |] 


raide, rigide. (0. LEU'-PEU-M0”) 
PEU*-PEU! (Ch. Pépë À] F1) 
En vain. Peu*-peu! ni'-ho°, se faire 
du chagrin inutilement. (0. PO*-Po"). 
PEU-TI-TS OU? (Ch. Pén-ti 
jén AS HK À) Indigène; abo- 
rigène. 
PEU*-TS'YEU? (Ch. Pèu-tsiéu 
LN &È) Capital de commerce. 
PI Sacrifier. Pi-mo* ts'ou*; Pi- 
mo”, sacrificateur, sorcier. A'-dyi 
pi, sacrifier à la pierre sacrée. Aii'- 
sé* pi, sacrifier à l'esprit de la 
terre. AWil-doŸ pi, sacrifier aux 
ancêtres, (0. PI-MO*). 
PI Racheter (ses péchés, par ex.) 
P'T Calomnier, nuire, imputer 
à... S0°-l6* pi, imputer à autrui. 
PI! Mouvoir, remuer, brandir, 


4 {s’eu*, ne 


danser. MNgeu* pi! a 
pouvoir faire remuer en secouant. 
Mi'-lo* pi', brandir un couteau, 
un sabre. 

P'I! Unir, assortir, accoupler. 
Djit v'it-isé* pi, accoupler une 


753 4 


paire d'animaux. Mi #i-n0* a 
p'i!, tes souliers ne sont pas de la 
même espèce. 

P'I! Côté. Ti p'il, de côté. 
Ki dit-pil; Ki! p'il, ce côte-ci. 
Keu' byé* ka li-pi dou'-dou* 


4 1 


ouo! a sa 


à côté de la question. (lui dire 


où un côté à-tout-à-travers aller | 


ne-pas savoir). 7°2* ni pi ouo'- 
ts’ou*, ambulant. Va? d’it-p'i; Va’- 
p'il, ce côté-là. (v. ou*). 


} 
a, il est tout-à-fait 


Cer-'pr-*pi-°yf"] 329 


PI (Ch. P} H) Mesurer. Ho 
neu' pi’, mesurer quel est le plus 
haut, quel est le plus bas. 

PT Tardif: 

P’I* Casser, abimer, briser. Aa*- 
D, 
strument tranchant. (0. DA*-P'1t). 


ouvrir (fendre) avec un in- 


P’I# Cracher, vomir. Z'-yi° pif, 
cracher. 

P'I* Grand-mère. (v. A'-P’1t), 

P'I* Particule spécificative pour 
les objets dont deux font la paire ; 
pour les planches. Æ’-n0° lat- 
p'it, un soulier. À°2°-n0° L'i-iseu”, 
une paire de souliers. Lyé* d'i- 
pi, une main. Seu°-p'i k’a-no° pi 
beu*, combien y a-t-il de planches. 

P'Té (r’1“-P°1) Un pas. 

PI-DEU* Flaque (o. pr). 

PI-FOU $e soumettre, 
Keu' go* pi a* fou, go* keu' pi 


céder. 


a* fou, il ne veut pas me céder, 
ni moi non plus. (vV. NYI-CHEU). 

PI-HYÉ® Chauve-souris. (v. T1!- 
VA NYÉ!-NOU). 

P'E-K'I* (Ch. P'i-ké fé K) 
Caractère. P’°-4’i* {cha?, de bonne 
composition; affable. 

PI°-LI* Hautbois. 


ts’ou*, homme qui fait le métier 


Pl meu! 





de jouer (soufller) de cet instru- 


, ment (aux noces, aux enterre- 
| ments). 

PI-MO* Sacrifier; sacrificateur. 
(V2 PT). 


PI-PI?-MO0* Espèce de grive. 
PI'-PI2-PIS-YÉ® Tendre. 


390 [P’1-P°1%-20*] 


P’I-P'1#-Z04 (Ch. P'én À) D'a- 
plomb; à plat. P’ip'i-20* hi, mettre 
à plat, d’aplomb. 

PI'-TCHA! Cacher. Né#-né* pi!- 
tcha', cacher (un) objet. v. KEU°- 
TCHA\). 

PI'-TCHOU*-Z0* Cloche, son- 
nette. (0. PI!-TCHO*-Z0*). 

PO (rovo) Changer; échanger; 
alterner. T’0° po, changer (des sa- 


pèques contre) de l'argent. 70°. 


yi-mo* Æa-no* po ho°, quel est (a 
été) le taux du change de l'argent 
en sapèques? Po va*-lyé*-mo*, com- 
merce de changeur. 

PO! (pouo') Tige; paille. Zs0°-bi! 
po', paille de riz. 

PO' Bassin, baquet. Vyé* écho 
po', baquet à nourrir les cochons. 

PO' Signe du masculin pour les 
animaux. (0. I!'-PO'). 

PO' Verbe auxiliaire; employé 
pour former le passif; aussi avec 
sens de : tomber; renverser à terre; 
à terre; par terre; tuer; mourir; 
à mort. No° po! to”, alité. Teu' po’, 
lier de façon qu’on ne puisse défaire 
le nœud. $0° da* po! hoa”, renverser 
quelqu'un par terre. Po'-tya*, à en 
mourir (superlatif). (v. TÉ*). 

PAOLPAertir. 

P’0? Particule spécificative des 
fleurs. (0. P’EU?). 

PO? Porc-épic. Po° dzeu*, piquant 
de porc-épic. 

PO* Particule spécificative des 


averses. — Part. — Teu°-teu*-n0°-20* 





[r’0°-DEu*<-DEU<-YÉ*] 


vi seu* po’ mo”, diviser en trois 
parts égales. Mou*-ho* li-po, une 
averse. 

PO* Montagne, côte. Po* dif- 
tché*, une montagne. Po° o'-dé, 
cime; sommet de la montagne. 
Po° k'i*-byé, pied de la montagne. 
Po sé, arbre sacré (Esprit de la 
montagne qui réside sans doute 
dans un arbre de la montagne). 
Po sé* }n, sacrifier à cet esprit. 
Po*-dé* dyé*, gravir une côte. Po° 
no-kou' gou°-lé*, passer une mon- 
tagne. Meu'-lé po*, volcan. (0. po*- 
DÉ*; PO*-DEU<). 

PO* Fourche; embranchement. 
É\ neu' po, fourche de filet (à 
oiseaux). 

P’0* Moitié, demi. 7”2* p’o°, une 
moitié. 

P'0* Étoffe. P'o° l'it-deu*, une 
étoffe,. P'o fit-Ka*, une pièce 
d’étofte. P’o* a!'-djyé”-mo*, étofle 
fleurie. L'o° cha', étoffe jaune. P’0° 
ni\-chou', étofle verte. P'o° ni-pé*, 
étoffe 


ni-reu*-mo*, étoffe rouge. P'o* nyé*, 


. P'o% ni-geu*-mo*; P’o° 


étoffe noire. P’o° p'a*, étofle bleue. 
P'o* t’o°, étofle blanche. 

PO“ Flotter. 

PO* Particule spécificative des 
livres. So 4’ po*, un livre. 

P’0* Signe du masculin pour les 
hommes. Ni“ p'o*, les deux, père et 
fils. 

P'OY-DEU*-DEU*-YÉ? 
(V. P’Ou). 


Gonflé. 








[PO-pzA ] 


PO-DZA (rovo-nza) Natte. 

PO'-HO4 Viande, chair, (Ÿ. Hot). 

P'O*-M0*-Z0* Frère cadet (d'une 
fille). 

PO*-PO' (Ch. Pe-pè 1 F1 ) 
En vain. (v. PEU*-P£EU!). 

PO*-TSEU' Genou. Po*-tseu! ni- 
ko*; Po-iseu' ni'-bou!, genou. 

PO'-TYA* Superlatif. — A en 
mourir. — (Po'— verbe auxiliaire; 
tya* = signe du futur). 

P’0*-Z0* Père et fils. 

POU Pousser des mains devant 
soi; rejeter. Zsou! pou s0* o'-dé* 
k'a° mo*, rejeter sa faute sur autrui 
(faute pousser autrui tête sur faire). 
Ni keu' pou l’eu?, pousse-le dehors, 

POU Grand-père. (v. A!-pou). 

POU' Tourner, retourner, cha- 
virer, feuilleter, fouiller; à l’envers. 
Ka*-bi Li%-t0l pou, retourner un 
habit. Poul gou°-lé*, retourner sens 
dessus-dessous. So pou', feuilleter 
(un) livre. Xa!-sa-20* pou!, fouiller 
dans une malle. Z2 pou! hou, la 
barque a chaviré. 2? geu* pou, se 
retourner dans son lit (dormir corps 
tourner). No pou' ko° cha a*, il y 
a eu rechute dans la maladie (ma- 
ladie tourner — signe du parfait — 
signe du présent — euphonique). 
Ni-mo* pou! gou°-lé ts'ou* tcha? 
mo, se convertir et se corriger. 

P'OU' Humecter (avec de l’eau 
qu'on rejette de la bouche sous 
forme de pluie fine). Y2° p'ov!, hu- 


mecter ainsi avec de l’eau, X2° p'ou!, ! 











[P'yÉ?] 99 1 


humecter ainsi avec du vin. Lot 
p'ou}, humecter ainsi avec du thé. 
(o. P'ou'-Nou*). 

POU? (Ch. Por 4H) Refaire; 
raccommoder; réparer. 

POU* Chanter (coq par ex.). 

POU* Puissant. Ts’ou° pou*-mo*, 
homme puissant. 

P'OU* Enflé, gonflé, ballonné. 
P'ou* to*-lé*, bombé. (o. p’o°; v. 
YOU). 

P'OU* Prix. Ouo* po, prix 
d'un ouvrage. P’ou k'yé*, cher, en- 
chérir. P'ou* a* k’yé*, pas cher. 
P'ou* lou” cha*, bon marché. P'ou* 
zé?, baisser de prix. (0. PEU‘). 

P'OU*-NQ! (P'ou?-novo!) Se ca- 
cher, se réfugier; éviter. Dzeu*-mou* 
keu' do*-cho, keu! p'ou’-n0' hoa*, le 
mandarin voulait le prendre, ils’est 
caché. P'ou*-n0'-do”, refuge. (v. Nô!- 
KO!). 

POU'-SA* Dais, baldaquin. 

POU2-SÉ (Ch. Pèn-sé? À$ Æ) 
Savoir-faire ; habileté. Pou?-sé ny1?, 
avoir du savoir-faire. 

POU*TSE* (Ch. Pois F) 
Cahier. 

P'OU*-TSE* (Ch. P'ox-tsè il ce) 
Boutique; atelier. 

PYÉ Se soumettre: se rendre. 
Pyé-hoŸ, se corriger. 

P'YÉ? Si; pour; à cause de. — 
Auxiliaire avec sens très-élastique ; 
le plus souvent jouant le mème 
rôle que 4’? EE ou ta ff en chinois. 


50° p'yé* vyé” lou', garder les cochons 


392 [Pvé*] 


pour un autre Go n° p'yé” cha* 
té*, ts'ou a ngeu di, si je te 
trompe, (je consens) à ne plus 
être (regardé comme) un homme. 
Go pyé Feu’-k'eu-z0* La! ni- 
p'yé”, aide moi à lier un peu 
plus solidement. Æ/6%-40° to'-to° j0° 
dou'-le to\-pyé?, cheville le verrou. 
Ts'ou” p'yé? ngeu* di?, tout homme. 
(homme si être pouvoir). Mou*-Ao° 
pyé? ko’, n° seu l’a cho, ° r! 
isa, n° ha d'it-nyi 9 Mi ts’a!, 
a\-leu-ni* tcheu* LR seu k'a*-mo?, 
quand il pleut tu n'as pas à aller 
chercher du bois, va alors couper 
de l'herbe; et quand tu coupes 
de l’herbe, le palefrenier doit aller 
fendre du bois (ciel-pleuvoir si 
pleuvoir, toi bois ne-pas chercher, 
aller herbe couper; toi quand un 
jour aller herbe couper, palefrenier 
aller bois frendre-faire). 

PYÉ® Avec ensemble: aider: 
accompagner; tenir compagnie; 
s’adjoindre. Pyé* nyi, coucher en- 
semble (sexes différents). Go* n1° 
pyé* hi, je vais avec toi. Ni 
pyé”, avec toi. Mou* su*-p'o* pyé?, 
se couvertir à la foi (tenir com- 
pagnie à Dieu). Go° keu! pyé* k° 
tou”. je lui tiens compagnie pour 
boire le vin. Dzeu*-mou*  pyé? 
ts’ou* a* beu”, il n’y a personne 
pour tenir compagnie au mandarin. 
S0Ÿ pyé* is0* mo”, aider quelqu'un 
à faire la cuisine. M: go? pyé* 
so tché*, aide-moi à porter une 





[P'vé®-r'0*] 
lettre. So* pyé* neu* mo*, aider 
quelqu'un à travailler. 

PYÉ? Particule spécificative des 
parapluies. Sa? l’it-pyé*, un para- 
pluie. 

PINÉ 
demi. 

PYÉ* (Ch. Pien #8) Altérer, 


changer. Zs'ou* no°-mo* pyé*, le 


Demi. Tit-p'yé", une 


malade baisse (change). Ts’ou° no*- 
mo* L'ou*-nyé pyé* ho*, le malade 
est tout défiguré. 

PYÉ2-BO? Cabane. (0. PY#?-Bo°- 
HË*). 

PYÉ-CHOU*-MO*-YÉ® De biais, 

PYÉ-HO* $e corriger. 

P'YÉ2NYI* Après-demain. 

PYÉ?-PYÉ®-MO® S’associer. Pyét- 
pyé* va-lyé? mo, s'associer pour 
faire le commerce. Pyé*-Pyé* ts0° 
dzo*, manger ensemble. 

PYÉ®TA# (Ch. Pièn tén hi 
#f) Bâton plat, servant à porter 
les fardeaux en balançoire sur 
l’épaule. 

P'YÉ?-T'0* Feuille. No! p'yé- 
t’o*, feuilles de fèves. 


R. 


N.B. Dans ce dialecte 7 est 
souvent difficile à distinguer de #, 
et même de l'aspiration de la 
voyelle “ De plus, il est souvent 
confondu avec ou —#w, et même 
avec »g et g. Ces confusions sont 
plus sensibles encore d’un dialecte 


à un autre. 








[Ra] 
RA' Traverser l’eau: 


nager; inondé, immergé. F2°-djyé* 


rame” ; 


ra); Ji ra!, nager. x ra!, ramer; 
traverser en barque. /4-ra!-do*, 
7e l'itich’e? 


a’, c'est un habile nageur. 


bac. ts’ou” yi-ra 
keu' 
F® lyé* ra! nager. Yi ra* lou'- 
la crue des eaux a 
Ra! 
Ts'eu* po! ho”, il s’est noyé. 

RA° Rire. (v. HA). 

RA° Blet, mou. Vou-thyé! ra 


cha’, les légumes sont bien cuits. 


nqou* rà 


inondé la récolte. po! ho ; 


RA* Grand, élevé; grandir. Xeu° 


4 


ra* a* tchouŸ, pas ami grand que 


cela. Aa ra* tchou* a* sa', infini. 
(combien grand être ne-pas savoir). 
A* ra, pas grand, petit. 7'it-{'ou? 
d'un an plus âgé. Aut-ra* 
gou”, at keu!, 


il ne grandit pas. Xeu'-20* ra ngeu? 
Jeu’, 


agrandir. Xeu! ra* 
il est plus âgé. Æeu! go° l'it Fou? 
ra*, il est plus âgé que moi d’un an. 

RA* Racheter. 

RA*-NO Prospérer. (grand-abon- 
dant?) Dot 
prospèrent. 

RA'-Z0* Araignée. F2° 
araignée d’eau. 


ra*-no, les abeilles 


ral-20#, 
RÊ! Aimer; aimer à... (v. NGË!). 

REU Déployer, ouvrir. 70*-/yé? 
reu, l’'é* dou'-do*, ouvrant les ailes 
il s’est envolé. 

REU' Chaud. (v. Heu!) 

REU* Verser, répandre. Fi° reu”, 
arroser, -reu”-10° 


asperger. J2° as- 


persoir. (0. RO°; v. HEU’). 








[Ro!] 999 

REU* Compter. 
REU* Couper. 
du tabac, 


Va reu*, couper 


reu*, couper 


Vou*-lhyé" 
des lécrumes. (v. K’YÉ°). 

PEU“ 
Fa-k0 
lot il-reu* L’it-leu* qou? to° 
il faut 
couteau. (0. 1!'-REU*). 

REU<-KO! (rgut-Kkouo! Os. 

REU*-M0* Ours. 

REU*-MOU* Roi. Xeu°-mov” p'o* 


reine, /eu*- 


Manche; tuyau, tube. 
reu*, tuyau de pipe. Hit- 
ng0", 


ajuster un manche au 


roi. eu*-mou* m0, 
mou mi, royaume. /eu-* mou Lo”, 
Capitale. (0. Ro°-Mou*; ou0*-Mou” ; 
V. NGEU*-MOU*). 

REU*-NI Beau-frère. (frère plus 
agé du mari). 

REU*#-TSEU Articulation. 

RO Éléphant. 

RO Selle. Xo-ra, 


RO Verbe auxiliaire. Arriver à: 


bât. (0. Ou0). 


pouvoir; recevoir; obtenir. (Corres- 
pond à l’auxiliaire chinois: £c4'ôu 

= < € . A! 
Hi : OÙ chOU fE ). Go? 80° ki! hé* 


lé! a* ro, je n'arrive pas à louer 


cette maison. (Moi à autrui cette 


maison louer ne pas arriver). P’ou*- 


k'yé di? a° mo, va né va’ 


nyé* 
ro a* di, si ce n'était que cher, 
rien à dire; mais on n’en trouve 
même pas à acheter. (0. oUo). 


RO Pénible; embarrassant. (0. 


| OUO). 


RO! Marcher, aller. Zo! s0°, bon 
à marcher; bonne route. 20! a so”, 


pas bon à marcher. (o. ouo!). 


334 [ro'] 


RO' Accident, (0. Ro!-BEU*). 
RO? D'accord, concorder. 44 ro?, 
ne pas concorder. Lyé?-pyé* a* r0?, 
ne pas avoir de quoi faire la paire 
(compagnon ne-pas concorder). (o. 
H0?). 
RO? 
RO? 
RO? 


T'it-ro? lé* a lé*, chaque famille. 


Aiguille. (0. ouo*). 
Atroce, méchant. (0. H0?;. 
Famille. Zs’ou°-ro?, famille. 


Ts'ou? l'it-ro?, une famille. Z’é#-ro? 
t0'; T'it-ro? touo', chaque famille. 
Ro? vi, partage de famille. Z' w1'- 
té ts’ou° ro? k’a-no° Leu’, dans cette 
localité combien y a-til de feux ? 
Thé? L'i-to* ts'ou° k’a-no° ro? nyi”, 
dans cette même maison combien 
y a-t-il de familles ? (0. ouo*; v. vi). 

RO* Verser, répandre. (0. REU'; 
V. H0°). 

RO (Tuer: (0. 0°). 

RO* Ouvrage. 20° p'ou*, prix de 
Lo* 
(cesser l’ouvrage). A0*-djo*, aider. 
(0. ouo!). 

RO* Difficile. (o. Ho“). 

RO* Fou, devenir fou, enragé. 


) 4 
l’ouvrage. no*, se reposer 


Ts'ou* r0*-mo*, fou. Ts’ou° r0*-m0° 
ngeu*, il est fou; c’est un fou. 
K2° tou ro*'; Kr° ro*, fou d'ivresse. 
K'’1* 


enragé. /o* Lo* a*, devenir fou, ou 


ro, chien enragé. À* ro*, pas 


enragé. À°2* ro*tchk'o? té di?, mordu 
par un chien enragé. Æo* n0*-{se*, 
remède contre la rage. 0° po'hoa*, 
mort de la rage. 


RO“ Force. (v. RO-NYÉ?). 








[sa] 


RO“ Neige. (v. ouo“). 
RO'-DO* Ro'-do° 


chou”, en arrière. 7%0° dzo° ko° 


En arrière. 


ro'-do*, lo*-yi* tou”, après avoir 
mangé, boire du thé. Heu“-ki! ro'- 
do*, devant, derrière ; avant, après. 
(o. oOU0!-D0*; v. 14-D0*). 

RO-NYÉ? Force. Ro*-nyé? l’eu?, 
déployer de la force. Zs’ou° ro* a“ 
ny, être sans force. (4* ny1*, ne 
pas s'asseoir; ne-pas habiter. — 
Correspond au chinois: po ésdi 
PIN 4 ). (o. RO“). 

RO-T’EU? K’0*° Crier. (v. No°- 
No° K’0°). 


S. 


SA Ramper. /a'-m0° sa ho°, ser- 
pent qui rampe. 

SA! Savoir, connaître. 4* sa!, ne 
pas savoir. Go keu! a sa, je ne le 


connais pas. À°a-2eu* sa}, comment 


sais-tu?; comment savoir? AM° 
tcho-ma sa! sa, connais-tu la 
route ? 

SA? Écaille. 


(Ch. Son À) Parapluie, 
(o. CHA?). 

SA* Particule spécificative des 
graines. — Graine; quelque chose. — 
No-cho® L'it-sa* keu' qeu* ngo', Si 
peu que ce soit, il faut lui donner 
quelque chose. (v. ɣ-sA*). 

SA* Fruit (en général). Sa*-bou”; 
Sa*-bou?-mo*, grenade. Sa*-bou? seu”; 


€ A° . =] 
Sut-bou? ts’'é*, grenadier. Sa*-la’, 








[saŸ-Mr*] 


framboise. Sa*-ka £'i-gé%-201, petite 
prune sauvage. Su“-ka'-lo°; A'-po' 
sa*-ka', fraise. Sa*-ka'-20*, prune. 
Su*-li', poire. Sa*-/i! p'i, poire séchée 


et coupée en morceaux. Saf-i! fi, 


cidre. Sa*-lou'-20*; Sa*-j0°-z0*, raisin. | 


Su*-mi°, noix. Sa*-mi seu’, noyer. 
Sa4-ki, concombre. Sat-ki-ki, corni- 
chon. Sa*-ngo'-beu”; Sa*-ngo'-bou?, 
noix de gale {pour teindre en noir). 
Sa*-0*, pomme sauvage. Sa? 0°-nyi, 
pomme ordinaire. Su*-pa', nèfle. 
Sa*-tcho', abricot. Su*-vou', pèche. 
Nyo* hlo* sa*-vou*, grosse pêche 
pèche de la 5e lune. (0. saf-Ka!). 

SAMI Noix. Sut-m2° mo°-20*, 
le fruit lui-même (ce qui est ren- 
fermé sous la coque). Saït-m2° feu, 
brou de noix. Sat-m1° bou-tch'eu”, 
mélange de sucre et de noix (sucre 
de noix). 

SA#NË! Clarinette. 

SA! NI'-DJÉ* Ktincelle. 

SA?-PILMO®-YÉ® Dur, raide (par 
ex., la barbe). 


SA*-P’0* Maître. Mou* sa*-p'o*, | 


Dieu (Maître du Ciel). Mi! sa*-p'o#, 
propriétaire. //6* sa*-p'o*, maître de 
maison. (0. SÈ+-P’0*). 

SA-PYÉ? Bol; tasse. Sa-pyé”? L'it- 
sa; Sa-pyé* Ll’i-lo°, un bol. Y2°- 
djyé* Vit-sa lou*, boire une tasse 
d'eau. 750* Æyé l'it-sa, un bol de 
riz bouilli, 

SÈ Semer (à la volée) : ensemen- 
cer. Sè Lot, c’est semé bien clair. 

SÈ Aiguiser, affiler. Mi!-l'ot sé, 





[SEU] 990 


aiguiser un couteau. S£ /ou!, pierre 
à aiguiser. Sé-{'yé?, aiguiser (aigui- 
ser-tranchant). 

SÉ' Distiller. X2° sé!, distiller 
de l'alcool (faire de l’eau-de-vie ; 
du vin). 

SE? Respiration, $2° 40°; S2? fon”, 
respirer. (v. 1'-SÈ°), 

SÉ? Encore. Peu’ sé?, il y ena 
encore. A dzo* sé*, n'avoir pas 
mangé encore. Byé* ngoa! sé, avoir 
encore à dire, Xa*-mi' bye” ngoa! sé!, 
qu'y a-t-il à dire encore ? 

SÈ* Là-bas. (KEU? 8È°). 

SEÈ* Balance, peser. Zs4!-sat sè?, 
peser du charbon. 

SÈ? Esprit; spirituel. Mou* sé?, 
ange. Mou* sé* fou’-mo°; Se* fou’- 
mo*, le Saint-Esprit. (v. 1!-88°). 

SÈ? 


amener; attirer; conduire; trainer. 


Conduire par la main; 


SE a* ng0' n€* ouo! keu!, il peut 
marcher sans qu'on le tienne. 7s’ou° 
sé dzeu*-m0° nyi, trainer quelqu'un 
devant le mandarin. Djit sé* yi° 
tou, conduire les animaux à l’ab- 
reuvoir. S£* dzeu*-m0* geu*, livrer 
(quelqu'un) au mandarin. (0. sË°- 
RO). 

SÈ'-DJEU* Maîtriser. Ai! w0*. 
20Ÿ n° s6*-djeu* ts'eu” Ls’eu”, te sens- 
tu de force à maîtriser ce cheval. 

SÉ3-MOU* 


(Les chefs de villages sont nom- 


Chef (de l’année). 


més pour un an). (0. SÈ°-MEU*). 
SEU Cuire au bain-marie. 70° 


seu, cuire le riz au bain-marie; riz 


330 [seu] 


sec. Seu-po', tonnelet pour cuire le 
riz au bain-marie. 

SEU Semblable ; de même: res- 
sembler. Z'!-4'6% d’it mi! d’it mai! Lé3 
a seu; L'-P63 dit mi L'it m1! lé* 
seu-seu\ a* yé*, la manière de parler 
diffère d’un pays à l’autre. 4° seu, 
autrement; pas semblable. Xeu! 0° 
seu di, il me ressemble. Seu-seu- 
yé* nga*, c'est la mème chose. (0. 
SEU-SEU!; SEU-SEU'-YÉ”). 

SEU' Diminuer, baisser. F2° seu! 
hoa*, l’eau a baissé. 

SEU'! Fumer, enfumer. Seu! cha”, 
il y a de la fumée. 

SEU' Essuyer, balayer. Hi'-seu!, 
balai. A2! seu! cha”, balayer. Ni'- 
mou* seu', enlever la poussière: 
épousseter. 

SEU* (x1°-sEu*) Avoir soif. 

SEU* Bois, arbre, (v. SEU*-TR’£”). 

SEU* (seu°-LEu*) Trois. Seu”-leu* 
l’it-leu*; Seu”-leu* l’eu\, troisième ; 
Seu* ny l’it-nyi", le troisième jour. 

SEU* Rancune. Seu° a* dou!, 
n'avoir pas de rancune. 

SEU* Sang. Seu* dou, saigner. 

SEU*-BA* Cangue. Seu*-ba* vyé?, 
porter la cangue. Seu*-ba* Alo*-bo* 
ni* seu*-leu* vyé? té*, condamné à la 
cangue pour plusieurs mois. 

SEU*-DJA# Baguette. 

SEU'-DZEU* (Ch. Sc-és ff +) 
Lion. 

SEU! MA:TCHO? Énormément, 
abondant, Sex ma*-tcho*; Seu m'(eu) 


a* tcho*, abondant. Seu ma* beu’; 





[s1"] 
Seu m'(eu) a* beu*, abondant. 
SEU*-P'T* Planche. Seu°-p'it d'o%- 
mo*, planche épaisse. 
SEU:*-REU* 


m0”, 


4 


Gendre. Seu*-reu? 
faire gendre. Seu*-reu* cho, 
chercher un gendre. (o.SEU*-NGEU?). 

SEU*TCHO? Veine, artère. 

SEU?-TS’É? Arbre. Seu? d'it-ts’ 62, 
un arbre. Seu* Lol; Seu°-ts'é* geu“- 
mo*, tronc d'arbre. Seu* éseu!-p’o*, 
menuisier. Seu*-neu*,  bourgeon, 
bouton (d’arbre). Seu*-p’if, planche. 
Seu*-p'it  bo*-ta'-20*-yé*, planche 
mince. Seu’-p'it l’0o°-po°-mo*; Seu’- 
p'& vi l'o°-po', planche épaisse. Seu’ 
kyé', branche d'arbre. Seu° #1; 
Seu° keu*; Seu* ko°, écorce d’arbre. 
Seu”-ts 6 beu', nœud dans le tronc 
de l’arbre. Seu° bou”, partie du pied 
de l'arbre enfoncé dans la terre. 
Seu° iso, souche de l’arbre. Seu* L!, 
plants d’arbres. Seu°-dja*, baguette. 
Seu’-yi, sève de l’arbre. Seu*-to°; 
Seu*, bois (en général). Seu*-tcho!; 
Seu*, bois de chauffage. (v. SEU*). 

SEU*-TSI! (Ch. Séts’in Æ ff) 
Affaire. 

SEU?-VOU®* La nuit, faire nuit. 
Seu?-vou? koa*, à la nuit. Seu° eu”, 
milieu de la nuit. Seu* d’eu° 45”, 
au milieu de la nuit, Mou* seu’-veu* 
hoaŸ, geu-yà di? a, il est nuit, 
il est temps de s’en retourner. 
PE?-lE? mou seu-veu* a?, fort tard 
dans la nuit. (0. SEU*-VEU”). 

SI! (Ch. S/x #E) Se nommer; 
nom de famille. Ve Æat-mi! si'; 








[sr*] 
NE ka-mi si! ngeu*, quel est ton 
nom (de famille). 

SI* (Ch. Six 45) Croire; ad- 
mettre. (0. H1‘). 

SI-TSÈ? SEU* Palmier. (0. x1'- 
TSÈ? SEU”). 

SO Compter, passer pour. 

SO (Ch. Song $£) À l'aise. Kew! 
ki! k'ou? so to*, cette année, il s’en 
tire bien, il est à l’aise (imitation 
du chinois: £’à lin nién-tsè tou song- 
lo A À 46 KE if) 
(v. 80°). 

SO Caractère d'écriture; signe; 
marque. So d'i-pa*, un caractère. 
So-po*, livre. So #’it-po*, un livre. 
So mou, enseigner. So mou-p'o*, in- 
stituteur. So p'a!, feuilleter un livre, 
un écrit. 50 gou*, écrire. So gou*-Lo”, 
pinceau. So {ché*, porter une lettre. 
So pé, réciter sa leçon. So-po* tcha?- 
mo”, bon livre. So-po* nyi, lire un 
livre. So £’a° do! hi* nga*, c'est dans 
les livres. Gou° s0 £’a° p'yé?, inscrire 
sur le registre. 

SO! Discuter, délibérer ; accusa- 
tion au prétoire. Da“ so! a* ko*, ètre 
vaincu dans la discussion. 7%° so! 
a* o*, perdre son procès. 50° p'yé? 
tcho°-ma° s0!, dou* byé* a* keu byé*, 
3 


kyé byé* s0! ho* a* di’, dans une 
discussion quiconque n’est pas ha- 


bile à parler ne peut manquer de 





perdre sa cause. 
SO! Peindre. 
SO? Degré, espèce, qualité. Sex? | 
so”, trois degrés. O!-Æa?, d-kou!, | 


[s01] 
d-L'ou*, seu* 80°, trois degrés ; trois 
espèces; trois qualités; celle d’en 
haut (la supérieure); celle du mi- 
lieu (la moyenne); celle d’en bas 
(l’inférieure). 

SO® Facile à...:; bon à...: 


mode. S0* cha*, c’est facile. 4* s0*, 


cCom- 


difficile ; pas commode. Ouo! a* s0?, 
pas commode à marcher. Ouo! so, 
facile à marcher. Zeu* s5°, com- 
mode; commode à employer. Nil- 
mo chou a* so°, n'avoir pas le 
cœur à l'aise. A2! {s'ou* d'it-tch’é° 
dou* byé* so*, c’est un homme de 
bonne composition. Nou! so*, agré- 
able à entendre; harmonieux. (v. 
CHA!; LA?; TCHA?: NÉË°). 

SO* Clair, serein, limpide, vrai, 
véritable. Z'-#yè mou s0°* tcha?, 
ka*-bi* lo ffa* di, aujourd’hui le 
ciel est bien serein, on peut sécher 
les habits. 

SO Ouest. So? leu, vent de 
l'Ouest. 

SO? Autrui, autre, les autres. 
So ka, tromper le prochain. Soÿ- 
lé3 p'i, nuire aux autres. So° mil-t63 
{s'ou3, étranger. So byé3, dire (de) 
quelqu'un. 50% djou* byé, dire à 
quelqu'un (0. S0-LÉ®). 

SO+ (souot) Vivre, vivant. S0* 
to3-lé3, ressusciter, revivre. S0+-i*, 


cheu-hi*, vivant, mort; vivants et 


| morts. Nyo*-20* s0*-m03, poisson vi- 


| vant. Z!-50*-m0° dé*, enterrer vi- 


kÆ’ou? so* a di, il 


K'a-n0: 
aura de la peine à vivre encore 


vant. 


338 [s80%] 


quelques années. Zs'ous 21-4103 90° 
s0*, ressusciter la vie surnaturelle 
dans l’âme. F2° s0*, eau vive. 
SO2-TCHO* Retirer, 
Ma-hlo* tit teu° ki ts’eu’-ngo* A1° 


so?-tcho® di a%, d'un boisseau de 


extraire. 


sorgho, on peut tirer 15 livres de 
vin. Seu* fé so’-lchos, retirer 
(prêter à) 8°}. 

SSU3 (ssouo*) Oindre. 

SOU Apprendre, imiter. So sou’, 
étudier. So sou a!-ba-z0*, écolier. 
So sou ts’ou*, étudiant. So sou Â63, 
école. Ka*-bi* djeu* sou3, apprendre 
le métier de tailleur. Sou* d’eu!, fin 
de la classe ; congédier les écoliers. 


SOU! MOU At TCHOU“ Beau- 


coup, abondant, énormément; on 


ne peut plus. (0. SEU'-MOU A*TCHOU*; 


SEU! MA‘ TCHO*°). 

SOUA (Ch. Sowdn Ÿ ) Calculer, 
compter, additionner; passer pour..; 
compte, Soua tcha; Tchasoua,comp- 
ter; ete. ... (chinois sofan tchäng 
F$ AE). Soua-tcha-mo*, abaque. 
Soua-p'a?,abaque (chinois soudnp'än 


ff ft). Soua-p'a’-da*, calculer 


(imitation du chinois éà soudn-p'dn 


FT ff R&). Ni heu! pyé tcha | 


soua, règle-lui ses comptes. 

SOUA*#-MI* (Ch. Soan-min sf 
ff ) Bonne aventure. 

SYA® (Ch. Sièng AA) Aimer, 
penser, aviser. MVi° l’a! sya, avise 
un peu; penses-y un peu (un in- 
stant). (0. HYA*). 

SYɮDZO* Poivre. 








[ra] 


Le 

TA Semer, planter, repiquer. 

TA Boîter. K°2° la mo*, boîter 
(pied boîter faire). 

TA Large, ample. 7c4o°-ma* ta, 
route large. 74 {chou*, en largeur. 

T°A Tomber. 7’a ts é%-lé5, tom- 
ber. l’a ts’é%-ho*, perdre. Ni° dou'- 
LE3 go* ka-bif j0° ts'eu*, l'a* l’a-ts' 63 
mo, viens prendre mes habits pour 
les laver, ne les perds pas. 

T’A Particule spécificative des 
crucnons. À Lila, un cruchon 
de vin. (v. T’A-PA*), 

TA «Placer: endroit 1K710708 
É\ da'; Ki ta -mo, ici. Va? ta'; 
Keu° ta!, là. (v. TCHA). 

T°A! Instant, moment. 7”24#a!, 


= 


un instant, un peu. Mi i-l'a! 
p'ou$-no', cache-toi un peu. Ta! Li! 
sé3, attends (encore) un peu. 7”1*- 
L'a\-20*; T'-t'a-mo*, en un instant; 
en un clin d'œil ; un moment. 7”:*- 
l'al-mo$ byé* keu° a* di, on ne peut 
tout dire en un instant. 7”#-4a!.20* 
dou'-lé* a* di, (il) ne peut venir 
de sitôt. Ze46! L’a-no° l'a! né3 houï, 
combien l'horloge a-t-elle sonné? 
T'asl'at hi! gou’ a sésjilyraen: 
cure du temps à attendre. 7s'oui 
no%-mo° lila l-20*-20* a* ka3, pour 
le malade, il n'y a pas de danger 
immédiat. 7°2*-4'a'nyi, voir un peu. 
T'i-la! vo, toucher un peu. 7'i- 
l'a! t’it-la'-20*, par ordre, distincte- 


ment. Je l'itl'al Lé3 at lé? s0°-lé3 





[ra] 


byé®, il faut donc que tu sois tou- 
jours à crier sur 


T'A' (Ch. T’éng 
bouillant ; 


les gens. 


2) Chaud, 


se brüler; 
Ts'ou® l'a! keu' di, qui brüle ou 
pique la pean. 

TA? (Ch. T’an 4) Picul. 7so°- 
bi! 3? 6a?, un picul de riz. 

TA* Particule spécificative des 
assortiments. Néf#-né* l'il-tat, un 
assortiment d'objets. T'ou’-yi lit. 
taf, une main de papier. 

T'A* Impératif prohibitif. — Ne... 
pas; défense de... 7s’ou° l'a* ro*, 
défense de tuer; ne tue pas le 
prochain. (v. A‘; K’A-T’Af). 

T’Af Se tromper; de travers. 
Byé t'a*, parler de travers (se 
tromper en parlant). 

T'AZFA? (Ch. o-fa FT #4) 
Envoyer. 

TA-HË'-MO°? Pus (0. Tè-HË!- Mo”). 

TA?-LA% Besace. (v. CHA-MA?). 

TA-MI' Rizière. (v. TA). 

TA'!-MO-MO Élevé; haut (v. Mo). 

T'A-PA* Bouteille ; flacon ; vase 
de terre ou de métal pour mettre 
les liquides. Lo* l’a-pa*, vase pour 
le thé. Dyi* l’a-pa*, vase en cuivre. 
Tch'a l'a-pa*, vase en étain. 

T’A'-PI* Arpenter. 

TA-PO* Talus, rive. Yi*-»0° ta- 


pou* mo ra! té* a* di?, les rives | 


de la rivière étant élevées ne peu- 
vent être inondées. (0. TA-POU”*). 

TA?-T'T Beaucoup, quantité. (0. 
TCHA?-T'1). 


chauffer. | 


[rcHA?} 399 


| TCHA (Ch. Zehéng ) Tehang. 
| (Mesure, 10 pieds). Ti écha, un 
| tchang (10 pieds). 
LT CHA 
| Seu” ick’a, entasser du bois. (v. B0*). 
TCH’A Étain. Zck'a dut-p'ot, 
étameur. 
TCH’A Bêcher: enterrer. Zs’ou° 


tch'a, enterrer quelqu'un. (v. TS’EU; 


Accumuler, entasser. 


DÊ*). 

TCHA' Ici; en présence, devant; 
en face de.….; prochain, proche. 
Go* teha', devant moi. Dzeu*-mou* 
tcha', en présence du mandarin. 
Go° keu' tcha! yit-mo* cho lé*, keu' 
nyé-sa* né go a* nyi, je vais lui 


réclamer une dette, il ne fait même 


pas attention à moi. (moi lui en- 
| présence sapèques chercher venir, 
lui yeux même moi ne-pas regar- 
l'der) (V, TA). 

TCHA!' Commencer. Mou* tcha'- 
bo*, aurore. (?) 

TCHA! (rca!-v1°) Sueur. Tcha'- 
y® dou', suer. Tcha' jfou', suer, 
se faire suer. 

TCH’A!' Accrocher. N° Æa*-bi* 


heu-dzeu* k'a° tch'a', accroche 





3 


j0 
l'habit à (ce) clou. 

TCHA? Accaparer. So° mi! lcha”, 
accaparer le terrain d'autrui. 

TCHA? Sain. (?) 

TCHA? Bon, beau, bien, con- 
venable; agréable. 4° fcha*, pas 
bien. Zs'ou* at {cha? mo°, mauvais 
| homme. Tceha? tcha?, est-ce bon? 

Tcha? cha*, bon; c’est bon. Tcha-- 


23 





940 [rex 4?] 

tcha?, PEé?-lé? tcha?. Tcha'-cheu* 
tcha”. Tcha? po'-tya*, très-bon. Keu' 
tcha? hoa”, il est guéri; il va mieux. 
Vr-tcha?, 


PE?-lé? tcha?-hi* nyeu*, de première 


vêtu convenablement. 


qualité. Ne Lt geu*-mo* ka*-bi* 
lcha?-cha® t'it-to a v2° to, tu n'as 
pas un seul bon habit sur le corps. 
Dou* tcha? byé, dire de bonnes 
paroles. Byé* cha? a°, c’est bien 
dit. A4°-/lyé” lcha?, agile (pieds 
mains bons). Zeu* {cha?, commode. 
(bon à employer). No {cha* hou”, 
la maladie est guérie. No’ écha? a* 
di, la maladie est inguérissable. 
Tcha?-lcha?-20* nyi, regarder avec 
soin; avec attention. Zo* {cha?-mo”, 
fils qui a de la piété filiale. 

TCH’A?(Ch.7c4'4 

TCHA* (Ch. Teli $H]) Hâcher. 
Tcha*-lo*, hâche-paille. 

TCH’A* Porter. 

TCHA* Tisser. 

TCH'A*-BO* Chaise à porteurs. 
Palanquin. 7ck'a*-bo* tck'a*, porter 


#7 ) Examiner. 


la chaise. Zck'a*-bo° l'eu'-1s'é-yr", 
déposer la chaise. 

TCHA'-CHEU* (Ch. Zchü-cheù 
À] ri ) Très ; énormément. 7chal- 
chew* tcha®-hi* a* ngé*, ce n’est 
pas très-parfait. 

TCHA?-DO* Félicité; bienfait ; 
grâce; heureux; bien. 7c4a°-do* 
ho, avoir du bonheur; reçevoir 


un bienfait. Mou* sat-p'o* lcha?- 


3 


do* 30° na' geu*, que Dieu vous 


bénisse!  Zcha°-do? jo s0* geu“, 








[roxa!-yr°] 


accorder un bienfait. 7c4a?-do* j0° 
ts’ou”. Tcha?-do* geu* ts’ou?, bien- 
Go* keu' tcha’-do? ni\ a 


mi, je n'oublie pas ses bienfaits. 


faiteur. 


Mou“ sa*-po* dyi* tcha?-do* ra*-mo° 
ngé*, c'est une grande grâce de 
Dieu. Mou* sa*-p'o* tcha?-do* ga- 
djé*, s'appuyer sur la grâce de 
Dieu. Zcha°-do* mo*, faire le bien. 
TOHA'-HEU Entier, complet, 
parfait. (?) TZcha'-heu tcha?-hi* a* 
ngeu*, ce n’est pas parfait (v. TCHA!- 
CHEU*). 
TCHA'-MO* Éventail. 
TCHA'-M0* Demoiselle (insecte). 
TCHA'-PO* Sauterelle. 
TCHA2-PYÉ? Barrière. 
TCH'A'-POU-TO' (Ch. Zc'a 
po 10 == # Z,) À peu près. 
TCHA*%REU* Dent. Tcha-ki, 
gencives (pieds des dents). Teha*- 
reu* dz0-to*, cure-dents. 
TCHA*-SEU* Siflet. Tcha*-seu’ 
mou, SifHer. 
TCHA'-TCHOU*-TO Ici; à la 
maison (v. K'A°-TCHOU*-TO*). 
TCHA?-TT Beaucoup; souvent. 
Tcha®-l’ no, très-longtemps. (0. 
TA?-T'1). 
TCHA!-TYÉ® Sac. 
TCHA#T'O* (Ch. Zeha-tao SA 
J]) Hâche-paille. 7Zeka*-t'o* 56, 
aiguiser le hâche-paille. 
TCHA-T0*-Z0* Perle. 
TCHA!'-YF 


dou', suer. Zs’ou° cheu-mo* tcha', 


3 


Sueur. Zcha'-yi 


sueur de l’agonie. 














_. ES 
rene 


[Trox’A-Y14] 


TCH’A-YI* Salutation. Zc4'a-yit 


mo”, saluer, (Correspond au chinois 


455 ? ÂÆ ŸE). 


TCHA?-ZÉ Sud, (v. aur°-Kr°). 

TCHA%Z0* Étoile (0. HA°-z0#). 

TCHÉ? Lâcher, abandonner. Lyé? 
a* tché?, ne pas lâcher prise. 

TCH'É? Corrompre, mal, mau- 
vais. 90° me°-dé* tck'é?, corrompre 
la réputatiou du prochain, 7ché? 
cha” vi, distinguer le bien du mal. 
Teh'é* cha? a* nyi, ne pas distin- 
guer le bien du mal. Tek'é?-do?, 
tort; le mal. (v. Tcha?-do). (0. 
TCH'EU-). 

TCHÉ* Vite, courir, Zehé® là, 
Tché* ouo!, courir. Tehé? dou'-lé?, 
accourir. Âeu' ché” ts'eu* cha’, 
go* keu! jo* a ts'eu’, il sait cou- 
rir, je ne puis l’attraper. 

TCHÈË* Vrai, véritable: clair. 
Dou*  a* 
prononcer clairement. (0. TCHEU”). 

TOH'ÉË* Particule spécificative 


des 


tché%-mo° byé*, ne pas 


personnes. Zs’ou? L'itich'é?, 
un homme; une personne. 7s'ou° 
k'a-no* ich’, combien de person- 
nes? T’itich'ét l'it-tch'63-204, l'un 
après l’autre. 

TCH'É* Fil. Zek’é? 90. Tch'E 
ho°, faire du fil. Æ/i éck’63, fil de 
laine teint en rouge. 

TCHÉ* Particule spécificative 
des montagnes. Po? d'it-ehé* Hit, 
franchir une montagne. 

TOHË* Porter. So tcké*, porter 
une lettre. 





[rom Eu*] 941 
TCH’É3- P'OU-Z0: 


d'oreille; franges glandées dans 


Pendants 


les cheveux. 

TCHEU Frais. 

TCHEU (Ch. Tek'ex | ) Pied 
(mesure). Ni seu” 1ch'eu né'-teu?, 
c'est trop court de quelques pieds. 

TCHEU' $Sucer, fumer: butiner. 
Ve écheu!, 


fumer (du tabac). Dot vi!-Zo tcheu" 


A'-neu* teheu!, tèter. 


do*-yà* go*, les abeilles butinent sur 

les fleurs pour faire du miel. 
TCHEU' Bondir; sauter; battre ; 

palpiter. Nil-m0o° tcheu!, le cœur bat. 
TCH'EU' Moment, instant. 
TCHEU* 


servir. Tcheu*-p'o*,(homme)esclave. 


Esclave; serviteur: 
Tcheu*-mo*, (femme) esclave, A41- 
leu-m'* tcheu’, palefrenier. ÆKeu'- 
Vi dzeu*-mo* tcheu’, il sert le man- 
darin. 

TCHEU* Vrai; clair. (v. rcHf?). 

TCH'EU* Fusil. 

TCHEU* Repas du soir. Zck’eu° 
dzo*, souper. 

TCH’EU* Tourner, moudre, Leu- 
geu* tch’eu*, tourner la meule: 
moudre. 

TCH'EU* Sucré; doux. Zch’eu?- 
ich'eu* yé*, sucré; un peu sucré; 
très-sucré. X2! do*-yà° tck'eu*-tch'eu* 
yé*, ce miel est très-doux. 

TOH’EU* Ligne. T'ét tch'eu*, 
une ligne. 

TCH’EU* Teh'eu* li, 


aller au marché. Zek'eu* tcha', au 


Marché. 


marché, Tek'eu*nyr?, jour de marché. 
YU] 


342 


TCH'EU*Excrèments, Ni*ich'eu*, 
bouse (de vache). 

TCH’EU* Pourrir, puer; se gâ- 
ter; se corrompre. Zch’eu* bi*-neu', 
puer, Ki! 


tch'eu* hou, ce bois est pourri. 


[rcx’Eu*] 


sentir mauvais. seu 
Tch'eu* p'o°-p'o%-mo*, se dit des 
choses à moitié pourries qui ne 
valent plus rien. (0. TCH’É*). 
TCH'EU*H0* 
besoins naturels. (v. T'1*-H0*). 
TCH'EU?-BOU“*DEU“-LEU!-Z0* 
Nombril. 
TCH’EU*-ZO0* Daim. (v. 4!-L0?). 
TCHO Nourrir. Tchô-to?, nour- 


riture. Veu* mo° tso° a* tcho, tra- 


Satisfaire aux 


vailler sans être nourri. 2° feu! 


LE? no! 


, M6 '-né* ls0* tcho tcho hoa”, 
demande-lui s’il a nourri le chat. 
(0. TCHOT). 

TCHO!' (Ch. Tehông F6 ) Hor- 
loge. 

TCHO (r’1*-ron0) Toujours, con- 
tinuellement. (v. T'1*-ZÉ°). 

TCHO' Frapper. Da-tcho!, se 
battre. Z*-myé'-20* go, ouo'-do-20* 
da*-tcho, on commence par s’amu- 
ser, on finit par des coups de poing. 

TCHO' Cribler. Zo?-ti so tcho!, 
passer des arachides au crible. 
K'o#-hlo? cho", cribler des cendres. 

TCH’O!' Ficher. Cho teh'o0!, fixer 
un bâton d’encens. 

TCH’'0? Aboyer; mordre. T*- 
mou® lch'o°, donner un coup de 
dent. A2 pélé? tch'o? a*, le chien 


aboie très-fort. Æa'-m0° ts ou? tck’0? 











(rcx'0*] 


eu', les serpents mordent. ÆX°1* 
ts’ou* tchk'o°, les chiens mordent 
les gens. Va’ dea d'a-tch'é keu' 
l’it-mou? tch'o? té*, le voleur l’a 
dénoncé comme complice. (Ce vo- 
leur une-personne lui une-bouchée 
mordre-signe du passif). 

TOHO* Être; être dans...; se 
temiridans:. "(0 TCHOU): 

TCHO* Par (latin «per»); de 
(latin «ex»).… 7cho dou'-lé*, ar- 
river de... (0. TCHOU*; v. MoU“). 

TCHO* Altérer, mêler, mélan- 
ger. ZJcho*-to*, altérer. Keu' 41° 
y dcho*-lo”, il y a de l’eau dans 
son vin. Ÿ2*-»0°-20" j0° tcho*, mèler 
(de mauvaises) sapèques (aux bon- 
nes, pour faire nombre). 

TCHO* Particule spécificative 
des routes, des rivières, des ter- 
rains, des rizières ; des cordes, fils, 
bracelets, poignées, bandes; des 
affaires: des couteaux. P'o* dif- 
cho, une bande de toile. Mai! d'i- 
cho, une bande de terrain. Æ* 
t’it-tcho*, une affaire. Y°-m0 dit 
tcho°, une rivière. (v. TCHO*-MA*). 

TCH'0* Brüler, rôtir, cuire; 
consumer par le feu. Tck'o°-do?. 
To'-do?, brûler. (Correspond au 
Chao-jän pE 3h chinois). Zek'o°- 
dé*, four. 

MCHO 


ment). Vou*-thyé mi! tch’o”, sarcler 


Sarcler (avec instru- 


le jardin. Â/o*-mou° tch'o*, sarcler 
le maïs. 
TCH’0* Char. Zck’o* d’it-dzeu“, 








[rox’o'-cx0] 


un char. Tek’o*-p'yé?-20*, brouette, 
Meu'-té teh'o*, locomotive. 

TCH’O0'-CHO  Enrouement. 
Tch'o'-cho-mo*-yé* hou, (la voix) 
est enrouée. Xeu! 2!46% tch'o'-cho- 
mo*-yé*, sa voix n'est pas claire; 
elle est couverte. 7c4'o!-ngeu* tch'o'- 
cho-mo*, qui à la voix très-embar- 
rassée, (0. TCH'O'-NGEU”). 


TCH'O%-DÉ* Four. Zsou!-lo? 
tch'o°-dé*, four à tuiles. 
TCHO*'-MA* Chemin, route; 


doctrine. 7c40o°*-ma* byé*, discuter, 
délibérer. 7Zc4o°-ma* a'-gou'-tehou' 
cha”, route plus longue. 7c40°-mua° 
teu*-cha*, route plus courte. Zcko*- 


ma” 


ouo!, aller; faire route; être 
en route. /'{cho*-ma*L'it-tcho? pé?- 
LE nyé*-nyé* a, cette doctrine est 
par trop profonde. Do*-sa*-koué* 
tcho*-ma* ha°-leu' nyeu*, où est la 
route qui mène à Yun-nan-sen ? 

TCHO'-LO*-PO Gosier; trachée- 
artère. Tcho'-lo°-po da, se couper 
la gorge. Teho'-lo*-po no°, avoir 
mal à la gorge. Tcho'-lo”-po Lé* 
ts’é* do° a* di?, ne pouvoir avaler. 

TCHO*-TÉ* Clochette; sonnette. 

TCH'O-T’0° 


Teh'o-to* l’it-cheu, un «chen» de 


Riz décortiqué. 
riz. (TCH OUO-T'0*). 

TCHOU' Tourner, faire un eir- 
cuit. — Particule spécificative des 
tours. Tehou! qou°-lé*, tourner (la 
tête); revenir au point de départ. 
Tehou' gou"-lé* nyi, tourner (la tête) 


pour regarder. ’*-{chou'ouo', aller 





[rcxou*-p’Ar°] 343 


et revenir. Lyé*-leho' seu* tchou!, 
trois tours de bracelet. (bracelet 
faisant 5 fois le tour du poignet). 

TCH'OU! Ériger (les colonnes, 
par ex.,). 

TCH'OU' Fin; raper. 

TCH’OU? Six. (ren’ou?-LEU“). 

TCHOU* Raser. Nil-4s’e° lehou, 
se raser la barbe. 

TCHOU* Correspond au chinois: 
tséi FE. — Être dans.….; habiter.…; 
assister; être présent. 7chou*-deu, 
endroit où l’on réside. chou” ngeu* 
tchou?, à l'aise; faire bon à habiter. 
Tehou* ngeu* a* tchou*, pas bon à ha- 
biter. Vyi ngeu* lchou*, beau à voir. 
Ni 6% tchou* da”, à ta guise. Go? 
LE tchou* di”, à ma guise (0. TH”). 

TCHOU* Bonheur. Tehou* kou!, 
jouir du bonheur. 

TCHOU* Cher, précieux. P’ou* 
tchou*, prix élevé. P’ou* a* tchou”, 
pas cher. (v. TOHOU”; 0. TCH6”). 

TCHOU* Force; se servir de 
ses forces. Byé* ngé* tchou* cha’, 
c'est dit avec force. 

TCH'OU* Assister. 

TCHOU-HLO-Z0* Têétard. 

TOHOU*L' (Ch. Tehoùi Æ À) 
Plan, dessein. Tchou*-i' da*, déci- 
der, aviser, tirer un plan. (Chin. 
à thoùt FT EE À). 

TOHOU'-NYÉ:-MO'-YÉ? Ridé. 

TCHOU*-P’AT? (Chin. Zchot- 
p'éi 22 KA) Tablette chrétienne. 
Tehou°-p'ai na°, afficher cette ta- 
blette. 


344 [ror’oua*] 


[reu'] 


TCH'OUA* (Ch. Tck'ouüng [)) | a”, très-simple. (v. TEu°). 


Attirer, provoquer. Âo* tch'oua*, 
attirer des malheurs. (Ch. tc4'ouûng 
À6 Ï] TA). 

TE Enfouir. (0. TEU). 

TÉ! Grimper. (v. TaU!). 

TÉ: (Ch. Ti? FF ) Conduire ; 
régir; diriger; gouverner; porter 
avec soi. Dzeu*-mou* myé? ngo*- 
ho* té', le mandarin dirige cinq 
cents soldats. N2 yi‘-mo* té'-to* 
a* té'-to*, as-tu des sapèques sur toi. 


A 


TE' Fermer en poussant. H6*- 
3 


70 
DA“-TÊ!; v. PÊ!) 

TÊ: Adorer. Mou* su-p'o* té, 
adorer Dieu. 


da*-té', fermer la porte. (o. 


TÉ! Couvrir: cacher, déguiser, 
abriter, voiler; arrêter, empêcher; 
inonder, baigner, immerger. Mou“- 
ngo? té, mettre à l’abri du soleil. 
Té* té, cacher par les nuages. 
Hé 1é\, couvrir une maison. Lyé? 
té, cacher, retirer les mains (dans 
ses manches). Ve ra* lou'-ngo* té 
té”, la récolte a été immergée par 
la crue des eaux. Hé? yi° té!, 
l’eau inonde la maison. Mou“-hleu* 
té-djé*, abriter contre le vent. 
TE\ Fo° a”, se couvrir d’une épaisse 
Té* 
0. TÉ!-DJÉ*; TEU!). 

T'É! Déposer. (v. T'EU'). 

TÉ? Exhiber. Ao! r’é?, s’eflor- 
cer (0. T'EU-). 

TÉ* Droit, simple. Ts'ou? té 
mo”, homme simple. Pé*-lé? té 


couverture. Lo, couvercle; 


rideau. 





TÉS 


passif, ou simplement euphonique. 


Auxiliaire, marquant le 
(Correspond au chinois: #0 fà|; 
cha À ; ou à {b. — peut être 
suivi de l’auxiliaire Z* venir). 

Ngé* 16? ngé* a, oui c’est bien 
cela (correspond au chinois: ché 
téo ché EE {À ÀE). Heu-deeu* kat- 
bi* ngou té, l'habit a été accroché 
par un clou. 

Cha* té”, reçevoir des coups. 

Té\ 163 a* di?, ne pouvoir voiler. 

TÉ* Nuage. 7€ deu! cha’, il 
y à des nuages. 

TÉ? Particule spécificative des 
étages. Djit-g0* l'if-t6?, un étage. 

T'É? Voler. (v. T'EU°). 

LÉ? (r’1t-7f9) Un empan (me- 
sure de longueur équivalant à 
l’espace compris entre l’extrêmité 
du pouce et celle du doigt majeur). 
(V. Tou!). 

T'É? Raboter. Z6%-po*, rabot. 

T'É'-BÉ* Tablier. 

TÉ-HÉ'-MO® Pus. (v. Ta é! 
MO”). 

T'Ê-PO? (Ch. T'oui-pad? ŸFÆ 
#{J) Rabot. 

TEU Enterrer, enfouir. Zs’ou 
leu, enterrer quelqu'un. (0. TÉ). 

TEU Farine (autre que celle du 
blé); fard. 4#-xou' leu, farine de pois. 

TEU! Lier. (o. ro!) 

TEU' Monter, grimper. 4*-nou' 
les haricots montent. 


leu! cha’, 


A1 
(0. TÉ ). 








[r’eu'] 


TEU' 


Ki'L'eu!, celui-ci. la*-l'eu', celui- 


Particule spécificative. 


là. Z°-leu* leu', quatrième. Z0* 
na'-l'eu', ce jeune fils là 

T'EU' Inoculer, déposer, lâcher, 
relâcher, placer; baisser. Né v1° 
leu! 
T'eu' 
plus bas. A2 l’eu!, coucher du 
Tr 


is'é”, baisse un peu. Mou!-bal-204 


is'é*-lé*, dépose ton fardeau. 
ts’ é*-lé, abaisser; mettre 


soleil. (soleil baisser). l'eu'- 
l'eu', faire partir des pétards. (0. 
ré!) 

T'EU* Chasser, pousser, exhiber. 
É1.20* l'eu?, preudre (poursuivre) 
des oiseaux. Se? {’eu”, expirer (l'air). 
® Jo t’eu? lé*, exhiber. (0. T'É?). 

TEU* (Ch. Tèou +) Boisseau. 
Ho*-mou* t'i*-leu*, un boisseau de 
mais. Zs'eu* cheu Ll'it-teu* nyeu’, 
dix <chen» font un boisseau. 

TEU* Droit, direct, véritable ; 
abréger. 7cho°-ma* teu*-mo* ouo!, 
aller par une route directe. A!- 
la! ouo!, k'a-no° teu? di, en allant 
par ici, de combien abrège-t-ou ? 
Nif-is'eu* l% leu di, on abrège 
de 20 Ly. Go* dou*-teu* ni djou* 
byé*, en toute sincérité je te dis 
la chose (moi paroles-droites toi 
à dire). Aa*-mi' mo° a* mo*, n1'- 


4 


mo° leu”-leu’-20* mo* ngoa', pour 








n'importe quoi, il faut toujours | 


[T1] 345 


brasses. T’i'-l'eu, une brasse. 

T'EU* Voler, se soulever, T’eu’ 
dou'-do*, s'envoler. Ni'-mou* L'eu’, 
soulever de la poussière. (0. T'£?). 

TEU* Milieu. 

T'EU* Toucher. T’a* t’eu’, n’y 
touche pas. A2! és’ou? l’it-1ch'é 
keu' lé l'en” a* di, c’est un homme 
qu'il ne fait pas bon provoquer 
(cet homme une-personne lui à 
toucher ne pouvoir). 

T'EU* S’absenter; sortir dehors. 
Go tit'a! 
m’absenter un instant. 

TEU* (Ch. T'eu 8A) Étrier. 
Mo* t’eu*, étrier. 

TEU'-BO* Caisse. (0. TÉ!-Bo°). 

TEU*-D0* Dommage. 

T'EU*T'EU* Ensemble, avec, à 
la fois. 


leu dÿ, je puis 


T'eu*-L'eu* seu-seu\-yé?, 
semblable: la même chose. T’eu*- 
l’eut-z0%,..., l’eu*-l'eu“-zof....., en 
mème temps... en même temps... 
(o. T'Ét-T'£*). 

TEU*-TEUS-NO* À parts égales. 
T'eu’-teu*-no* vi, diviser à parts 
égales. Vi teu’-teu"-n0° yé* a, les 
parts ont été faites égales. 

T'I Ajouter, succéder, augmen- 
ter. T'sa'-sa* l'i, ajouter du charbon. 
No a* Li cheu? a* di, si la ma- 
ladie ne s'aggrave pas, (il) ne 


ne mourra pas. To d'it-ho* là 


agir d’après sa conscience. Zeu*- | ngoa', il faut ajouter cent taëls. 


teu®  k'o'-ko'-204, uniformément. 
(0. T°). 


T'EU* Particule spécificative des 


| 


K'a-no Li ngoa', combien faut-il 
ajouter? 
TI Déposer, placer. Auxiliaire 


346 [ri!] 

correspondant au chinois chdng 
É; quant au rôle du moins. 
Ts'ouŸ cheu”-mo° tyé* go*-k'0' di, 
déposer le cadavre dans le cercueil. 
Hi ti a* di, ne pouvoir placer 
(faute de place). X%°-n0° na! do° 
ti a* di, les souliers sont trop 
petits, impossible de les mettre. 

TI' Labourer. (v. N&o“). 

TI' Supporter. 71! [6% ts’eu”, 
pouvoir supporter. Go* de! lé? a* 
ts’eu*, je n’en puis plus; je ne 
peux plus tenir. 

TI' Piler, broyer. 50° ti!, piler 
le riz. 

TI' Clouer. (employé seulement 


dans l'expression: Da*-4i', clouer. 


(Ch. Tü-tin FY ÀT ). (Ch. Tin ÀT ). 





[rr°] 
- TI! Combler, rendre, restituer. 
Ts'ou* ho o'-kou° tà' ngoa', l’homi- 
cide rendra vie pour vie. (homme 
tuer, vie combler falloir). 

TIM Pois Ti 2l0'unesfoise 
T'at-t'i'-mo, d'abord. T'it-d'il Lé3- 
lé3, chaque fois. Xeu ki! d'ifd'it, 
la dernière fois. (cette d'avant une 
fois). X’a-no° d’i!, combien de fois ? 
nombre de fois. Tet ni l'-20#, 
K'a-no° d'il 
LE a! ngeu*, pas souvent. 

IMC QUn Ti3-ta9, 


O'-nyi mou*-ho* 4° ho a*, hier 


une fois ou l’autre. 


peu. presque. 
il a plu un peu. 

TI? Adosser. X1! #’yé* po* ti 
to°, ce village est adossé à la mon- 


tagne. 


(à suivre). 








LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE 


PAR 


LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


(Suite) 1. 


_ _—— — 


F. LA RÈGLE DES CHO-TI. 


Avant de continuer l'étude des séries duodénaires, il convient 
d'abord de préciser la signification du terme Cho-t'i-ko, que nous 
avons déjà rencontré dans la liste astrologique ?) et qui interviendra 
dans la discussion de l'équivalence chronologique de cette liste avec 


celle des divisions sidérales de Jupiter. 


I. Les textes et leur interprétation astronomique. 


Cho-t'i-ko signifie la Règle #4 des Cho-t'i A LE : Et les 


Cho-t'i sont deux groupes de petites étoiles placées symétriquement 


à droite #1 hi LE et à gauche Æ hi LE de l'étoile Arcturus 
appelée la Grande Corne du Dragon HA K fj : 


Sur chacun des côtés de (l'étoile) Ta-kio (Grande Corne) sont trois étoiles 

disposées en angle comme les 

eds d'un trépied: on les ap- 

O CRT RENE + oi 

oT pelle les Cho-l'i (celles qui gui- 

dent et tiennent par la main). 

Se Ov Les Cho-l'i sont indiquées en 
0—O T : ; re 

o ligne droite par (les étoiles) 

Fig. 19. Piao du Boisseau; elles servent 

à fixer les saisons et les divisions 

du temps; c’est pourquoi on dit Cho-li-ko (ce que déterminent les Cho-l'i). 

(M. H. Il, p. 345). 





1) Voir T’oung pao 1909, pp. 121 (A) 255 (B); 1910, pp. 221 (C) 457 (D) 583 (E). 
Dans ce dernier article, la figure 17 (p. 621) contient nne erreur: au N E (Porc), au lieu 


de = —, lisez = —. 2) Voir D, p. 469. 


348 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


On attribuait done aux Cho-t'i une sorte de fonction calendé- 
rique et l'emploi de ce critère sidéral était considéré comme remon- 
tant à une époque reculée; bien informé des traditions astronomi- 
ques de par sa charge de grand astrologue, l’historien Sseu-ma Ts'ien 
caractérise la période de décadence astronomique qui aurait précédé 
le règne de l’empereur Ÿao en disant que «la constellation Cho fi 
ne servit plus de règle» !). | 

On voudrait savoir en quoi consistait cette règle. Plusieurs 
auteurs ont déjà tenté d'en donner l'explication; mais ils se sont 
confiés, d’une part aux commentaires chinois qui sont partiellement 
erronés comme nous le verrons tout-à-l’heure, d'autre part aux 
principes illusoires sur lesquels certains astronomes ont basé une 
conception quelque peu fantaisiste de la science primitive. Faisant 
donc provisoirement abstraction des vues exprimées sur ce sujet, 
nous allons chercher à définir la règle des Cho-t'i par le seul secours 


œéné- 


des textes et des inductions que l’on peut tirer des caractères g 


raux de l’astronomie chinoise. 
% 

Puisque les Cho-t’i sont placées comme des satellites à droite 
et à gauche d’Arcturus, cette belle étoile de 1° grandeur représente 
la position moyenne du double groupe Cho-t’i. Nous pouvons donc, 
au moins par hypothèse, substituer Arcturus aux Cho-t'i: lorsque 
Sseu-ma, par exemple, dit que les Cho-t'i sont indiquées en ligne 
droite par les étoiles Piao du Boisseau, cela signifie qu’ Arcturus 
est situé, comme chacun sait, sur l'alignement des deux dernières 
étoiles de la Grande Ourse (fig. 22). Avant de savoir en quoi con- 
siste au juste la règle des Cho-t’i, on peut inférer qu’elle repose 
sur une certaine position des Cho-t'i (par rapport à l'horizon ou au 
méridien), position qui sera nécessairement celle d’Arcturus situé 


au centre des groupes Cho-t'i. 


1) Voy. D, p. 484, 








LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 349 


La, règle des Cho-t'i semble être ainsi la règle d’Arcturus. Les 
Cho-t'i n’interviennent que par l’auréole qu’elles forment autour de 
cette étoile; elles lui font cortège, en la tenant par la main; elles 
sont comme une consécration de son rôle spécial, comme un attribut 
distinctif la désignant à l'attention des hommes. 

S'il en est ainsi, nous avons à rechercher ce que pouvait être 
«la règle d’Arcturus» et pour cela nous devons nous demander 
d’abord quelles étaient les fonctions d’Arcturus dans l’ancienne 
astronomie chinoise. 

Ces fonctions étaient de deux sortes: 1° Arcturus représente 
une des deux cornes du Dragon printanier dont l'apparition au 
crépuscule annonçait la nouvelle année. 2° Arcturus est désigné en 
ligne droite par le manche du Boisseau (la queue de la Grande 
Ourse); il participe donc spécialement au mouvement de la Grande 
Ourse dont la rotation autour du pôle indiquait les saisons. 

Arcturus a donc un double titre au rôle de Régulateur que la 
tradition chinoise lui confère. Examiuons séparément ces deux 
fonctions. 

Les Cornes du Dragon. Le palais oriental, ou palais du printemps, 
était symbolisé, nous l'avons vu, par un dragon dont la tête et le 
cou se trouvaient dans les astérismes ÆX%0 (ff corne) et X'ang 
(JC cou), dont le coeur était en Six (A coeur) et dont la queue 
se terminait en Wei (Æ queue)'). Ce palais du printemps était 
ainsi nommé parce que c’est là que se produisaient les pleines 
lunes du printemps ou, ce qui revient au même, parce qu’il appa- 
raissait an printemps, le soir, à lorient. 

Ce que l’on apercevait tout d'abord c'étaient les deux Cornes 
du Dragon (Arcturus et Spica). Arcturus (Ta kio) apparaissait en 


premier lieu, quelques jours avant le Zi-tch'ouen, puis ensuite Spica 


1) Voy. A, fig. 2, p. 170. 


350 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


qui marquait l'entrée du palais du printemps !). Dans le cours du 
mois une partie de plus en plus grande du Dragon émergeait au 
crépuscule; à la fin du printemps le Dragon tout entier se trouvait 
au dessus de l'horizon et semblait prendre son essor dans le ciel ?). 

Pour comprendre l'importance de ce mythe astronomique, il faut 
se pénétrer des anciennes conceptions chinoises. L'apparition de 
telle constellation, à telle époque de l’année, n’évoquait pas simple- 
ment une idée de concomittance, elle n'était pas considérée seule- 
ment au point de vue de son utilité calendérique: elle éveillait 
avant tout une émotion religieuse; le Ciel et les diverses parties 
du ciel étaient considérés comme la cause immédiate des transfor- 
mations terrestres qui marquent le cours des saisons. Si le printemps 
succédait à l'hiver, ce n’était pas (comme nous le pensons aujourd’hui) 
parce que la hauteur croissante du soleil augmentait la durée et 


l'intensité de son pouvoir calorifique, mais bien parce que le dragon 


1) Arcturus se levait le premier, mais c’est l’Epi, bien entendu, qui passait le premier 
au méridien puisqu'il marque le point d’origine du premier sieou du printemps et se trouve 
par conséquent à droite de toutes les étoiles du printemps. Toutefois, si l'Epi passait le 
premier au méridien, Arecturus l’y suivait de très près, car ces deux étoiles, quoique fort 
éloignées l’une de l’autre, sont situées dans un même fuseau horaire et faisaient partie du 
même sieou Kio dont le nom pourrait ainsi se traduire, au pluriel, par «Les cornes». 

C’est à tort que j'ai dit (E, p. 597) que «les cornes du Dragon se trouvent dans les 
sieou Kio et Kang; cela est vrai depuis deux mille ans environ, mais dans l’antiquité elles 
étaient toutes deux dans Æio, et c’est avec raison que Sseu-ma T's’ien (ou plutôt les vieux 
documents compilés par cet historien) classe Arcturus dans la mansion Kio. (Voy. à ce 
sujet la note 4 de M. Chavannes, M. H. III, p. 345). 

Cette situation de 74 Kio dans le fuseau horaire de Æio confirme que, dès la période 
créatrice de l'astronomie chinoise, les sieou étaient des fuseaux horaires et non de simples 
astérismes. 

2) Ce processus de Papparition du Dragon printanier se manifeste dès les premières 
pages du Ÿè #Æing, livre dont les développements d'ordre éthique reposent toujours sur un 
canevas astronomique: 

«The dragon lying hid (in the deep). It is not the time for active doing. 

«The dragon appearing in the field. ... 

«The dragon looking as if he were leaping up, but still in the deep. 

«The dragon on the wing in the sky». (LEGGE, pp. 57, 58). 


De même le Chouo wen: «A l’équinoxe du printemps, le dragon s’élève dans le ciel». 








LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 3b1 


venait substituer son influence (yang) à celle de la tortue (yin). Et 
le progrès de cette substitution se lisait chaque soir, au crépuscule, 
à l'horizon oriental. Pour ce peuple agriculteur, l'apparition des 
Cornes du Dragon était non-seulement le gage du réveil de la 
nature, mais la cause même de ce réveil manifestée aux sens. Un 
rapport s’établissait entre ces deux Cornes sidérales pointant au 
dessus de l'horizon et les pousses des végétaux qui, à la même 
époque, commençaient à percer le sol '). La constellation Aïo pré- 
sidait ainsi à la force productive du priutemps. <Quand l'Empereur 
vert (— Dragon printanier) exerce son influence, la Porte céleste 
(T'ien men = Kio) à cause de cela s'ouvre» dit le due grand astro- 
logue (M. H. IIT, p. 411). 

Le manche du Boisseau. Si, parmi les astérismes des quatre 
saisons, les Cornes du Dragon jouaient un rôle prépondérant en ce 


qu'elles ouvraient l’année et marquaient l'établissement du printemps, 


D Fi A RE € PE RE ff, Hi À ir, E # 
/Æ pe Do =: +4 , Xio est la tête du dragon printanier. (Quand elle apparaît) les 


oiseaux et les bêtes poussent leurs cornes et les plantes brisent leurs téguments Elle pré- 
i » ature fiat L AE Rp 
side au renouvellement de Ja nature. g£: DEN th : D) ii Hi Hi Hi . FE 
x mi ff th , ho (corne) signifie pousser, percer. Les créatures (végétaux, insectes, etc.) 
percent la terre et sortent. Elles portent (toutes) des tiges pointues ou des cornes. (Ur. 
pp. 55 et S7). 


» 
: , 3 ; = a 
Ce dernier texte, emprunté au NI DE E , se rapporte à la note musicale Æo, 


mais le nom de cette note provient lui-même du Æio sidéral comme on le voit par le 
À Tee À == 
: \ u 2 Lo a 
contexte : ff Fe NT 7 Ne (Chap. ff F& ww L 3 r°). Le nom même 
de ce chapitre aflirme l’équivalence des lois de la musique et de l'astronomie. 
Notons incidemment que ce même passage explique, un peu plus loin, la signification 


des t trologi F = fr = + An leo e -dénine (C 
es ermes astro ogiques EL [a] EL ray 4 ! ae a serie enalre (CL, P- 
€ A] À NX À 


239) et pourquoi Sseu-ma dit (M. IH. III, p. 291) que la note chang fait aimer la justice: 
en effet F4 = 1 Æ & = automne = justice. 

On trouvera au verso de la même page l’explication de deux autres termes de cette 
ETES Hi 2, ee 
série dénaire, Hg et Ze avec référence an Ye king (cf. LEGGE, p. 423); à la page 
T r°, on verra en outre que la prééminenee actuelle de la gauche sur la droite date bien, 


comme je l’avais inféré (D, p. 486), de la restauration des anciens rites sous les //an: 


7 ss À Es P& D} re KR eu . (Voy. aussi M. H. IIT, p.612, dernière ligne). 


352 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


elles le cédaient cependant en prestige à la Grande Ourse, qui 
trônait dans le palais central, au dessus des palais équatoriaux. 
Chez tous les peuples cette belle constellation a été la plus 
remarquée, non-seulement à cause de l'éclat de ses sept étoiles et 
de la régularité de ses lignes, mais encore parce que, comme le 
dit Homère, c’est la seule qui ne se baigne pas dans les flots de 
l'Océan. Par suite de sa situation circompolaire elle est, en effet, 
æ toujours visible et c’est la seule 
Pc des grandes constellations qui 
se présente successivement dans 
toutes les positions, tantôt droite 
\ tantôt renversée. Mais si cet 


astérisme polaire ‘) a attiré 







l "In l'attention de tous les peuples, il devait 
1 || M 


à 


ji 
en \ à cause du rôle capital joué, dès les 


Fig. 20. origines lointaines de leur civilisation, 






… captiver spécialement celle des Chinois 





par l'idée de Centre et de Pôle, synonymes d'impérial et de divin ?). 

La situation unique de cette constellation hors de pair, auprès 
du pôle, était bien loin d’être considérée par les Chinois comme 
une circonstance fortuite. La forme et la position de tout astérisme 
avaient pour eux une raison d’être mystérieuse qui se révélait d'une 
manière particulièrement manifeste dans la Grande Ourse: elle affec- 


tait la forme d’un boisseau *) parce qu'elle était une norme céleste 


mi 2 ‘) réglant l’ensemble du mouvement sidéral et dont le 


1) Le grande Ourse était antrefois beaucoup plus rapprochée du pôle que de nos 
jours. (Voy. fig. 21). 

2) Voy. plus haut, À, B et C. 

3) Dans la figure ci-dessus (Ur. p. 173) Schlegel reproduit la forme du boisseau antique 
d’après l’encyclopédie H Hi qe RE : l’astérisme qui s’y trouve représenté n’est pas 
le Boisseau du nord mais le Boisseau austral qui a, d’ailleurs, la même forme. 

4) C, p. 285, note. 





| 
| 
| 
| 
| 
| 





LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 353 


manche était un index surnaturel montrant à toute époque 
poq 


(au crépuscule) la marche de l’année. 


Quand le Manche du Boisseau est dirigé vers l'Est — écrivait Ho kouan tseu 
au IV® siècle avant notre ère — il est printemps dans tout l'univers. etc. !) 


Et Sseu-ma Ts'ien ajoute: 

La Boisseau se meut au centre: il détermine les quatre saisons; il fait 
évoluer les divisions (du temps) et les degrés (du ciel); il fixe les divers comptes. 
(M. H. I, p. 342). 

| * 

Revenons maintenant aux Cho-t'i ou, ce qui revient au même, 
à Arcturus. Cette étoile participait à la fois des deux règles sidé- 
rales que nous venons de rappeler et qui, toutes deux, indiquaient 
l’arrivée du printemps; d’une part elle se trouvait dans le sieou Kio, 
figurait elle-même une des cornes du Dragon et apparaissait au 
crépuseule au Zi-tch'ouen; d'autre part elle se trouvait sur le pro- 
longement du Manche du Boisseau dont la direction vers le NE 
indiquait (au crépuscule) le Zi-tch'ouen *); ces deux conditions se 
réalisaient done au même moment (à la tombée de la nuit, en 
février, c’est-à-dire vers 6 heures du soir. D'après la première, 
Arcturus se montrait alors au dessus de l'horizon; et d’après la 
deuxième, cette apparition se produisait au NE. Nous pouvons 
done, par ce rapprochement, deviner déjà en quoi consistait la règle 
des Cho-t'i: 

Quand Arcturus apparaît le soir, c’est le Z1-tch'ouen, c'est le 
mois yin qui commence 5 4H. À ce moment le manche du Bois- 
seau est dirigé vers le NE c’est-à-dire vers le commencement du 
signe yin CA H . 

D'où nous pouvons inférer qu’ Arcturus se levait alors au NE, 


ce qui expliquerait cette phrase de Sseu-ma Ts'ien: 


1) Voy. ci-dessous, p. 377. 
2) Le Li-tck'ouen est en effet le milieu entre le solstice (où le Boisseau pointait vers 
le N) et l’équinoxe (où il pointait vers l'E). 


354 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 
Quand on fait usage de l'observation à 6h du soir, ce qui indique, c'est Piao. 


Car les commentateurs nous apprennent qu'il faut entendre par 
là que Piao (le manche du Boisseau) indiquait, au premier mois 
du printemps et à 6 Qu soir, le signe sur l'horizon !). 

A en juger d'après les textes, la règle des Cho-t’i indiquait done 
l'approche Cu Li-tch'onen par les positions successives de la Grande 
Ourse: au mois + le manche du Boisseau pointait vers le signe 
- de l'horizon et au mois +4f vers le signe ÆH:. Arcturus restait 
eacore invisible sous l'horizon; mais au moment où la Grande Ourse 
commençait à indiquer le signe fa (c’est-à-dire le mois 4 | 
la Grande Corne du Dragon (Arcturus), entourée des Cho-t'i, faisait 
son apparition et donnait le signal du réveil de la nature. La règle 
des Cho-t'i faisait donc ressortir la concordance des deux grands 
indicateurs célestes qui annonçaient tous deux l'arrivée du printemps, 
Po teou et Kio, auxquels le mysticisme astrologique attribuait une 


finalité éminente dans le mécanisme sidéral. 


II. Vérification astronomique. 


Lorsque l'interprétation d’un texte suppose à telle époque, à 
telle heure, la situation particulière de tel astre par rapport aux 
repères locaux (horizon ou méridien), le procédé de vérification le 
plus simple est celui du globe à pôles mobiles iiventé par Biot et 
actuellement construit par la maison Thomas à Paris ?). Cet appareil 
va nous permettre de contrôler, en quelques instants, le bien-fondé 
des suppositions auxquelles nous avions été conduit par l'examen 


des textes. 


1) M. H. III, p. 341. «Le plus souvent, écrit en note M. Chavannes, Piao désigne 
les étoiles €, €, # de la Grande Ourse; mais ici ce terme désigne uniquement l'étoile #4». 
Nous montrerons plus loin qu'il n'en est pas ainsi et pourquoi les commentateurs ont admis 
cette interprétation erronée. Ici comme précédemment (p. 361), il s’agit de la direction 
de la queue de la Grande Ourse. 

2) On en trouvera la description dans l’Uranographie chinoise de Schlegel (p. 11). 











nn een mem a 


LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 399 


Puisque la règle des Cho-t’i est à coup sûr ancienne, il est 
naturel de commencer la vérification en nous plaçant dans les 
conditions où le centre des palais célestes correspondait effective- 
ment au centre des saisons, où les positions cardinales du soleil 
étaient par conséquent dans les sieou Hiu, Mao, Sing, Fang, (comme 
l'indique d’ailleurs le texte du Fao-tien). 

Il suffit pour cela de faire tourner la boule jusqu’à ce que le 
point vernal (intersection de l'équateur et de l’écliptique) vienne se 
placer devant les Pleïades (ao). Serrons la vis qui immobilise 
l'équateur: nous avons obtenu la position antique des équinoxes et 
par conséquent du pôle (ce dernier, remarquons le, au plus près 


de l'étoile T’ai yi; cf. B, p. 83, 86). 


Polaire actuelle 


— 





. Pôle de l’écliptique 
Fig. 21. Positions successives du pôle. 

La Chine primitive se trouvant à 36° environ de latitude, 
abaissons maintenant le pôle jusqu'à 36° du plateau circulaire qui 
représente l'horizon: en faisant tourner la boule de l'E à l'O nous 
aurons l'image du firmament visible sur les bords du Fleuve Jaune 


aux environs du 24® siècle avant J.-C. 


356 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


Au solstice d'hiver le soleil se trouve à 90° du point vernal ‘); 
marquons le sur l’écliptique, puis faisons tourner le globe jusqu’à 
ce que cette marque solsticiale atteigne l'horizon occidental: telle 
était la situation du ciel, au coucher du soleil (4h 45) à la date 
du solstice; mais comme les étoiles ne sont pas visibles à ce 
moment, faisons tourner la boule encore d’une heure (= 15°). Nous 
avons alors la situation du ciel solsticial, à la tombée de la nuit à 
5h 45M qu soir. 

Quelle est à ce moment la 
position de la Grande Ourse? 
D'après les textes sa queue 
doit pointer à cette heure vers 
le signe +. Cette condition 


se réalise en effet: l'alignement 


Pôle © «Tai pi, 
antique 


des deux étoiles Piao coupe 
l'horizon au N 3 0 au coucher 


du soleil et au N 6 E une 


el 
à 
S 
H 
È 
St 
LS) 
| 
Co 
S 
o 


heure plus tard ?). 
Tel est le résultat obtenu 


pour le solstice, c’est-à-dire 
Situation à 6 ie = 
Eu " Ge pour le milieu du signe Se. 
du soir, 15 jours 


: Recommençcons maintenant la 
) | Arcturus ,/* ç 
après le solstice. x” 


(invisible) même opération pour le milieu 





Fig. 22. £ : : 

Le du signe (ou mois) +, puis 

pour le milieu du signe (ou mois) 4 ; et enfin pour Le Zi-tch'ouen 
P 


1) L’écliptique de l'instrument étant gradué à partir du point vernal moderne, le point 
vernal antique (Mao) se trouve au 58° degré. D'où il suit que le solstice antique se trouve 
au 328 degré (58 [+ 360] — 90 = 328) et le Zi-tck'ouen au 18° degré (58 — 45 = 13) 
de cette graduation. 

2) Le moyen le plus simple de tracer de tels alignements sur le globe est d'appliquer 
le bord d’une bande de papier sur les deux étoiles et de la tendre suivant un arc qui sera, 


naturellement, un arc de grand cercle. 





LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. . 37 


ui correspond à la limite entre et Æf, autrement dit au 
q P 


commencement de yin: x 4 ‘). Nous obtenons le tableau suivant: 








Mois 
ou signe 


Azimut 


Azimut d’Arcturus 
équivalent 


Indication de Zeou ping 
Dates 














au coucher Olau crépuscule 


au coucher Olau crépuscule 





N Solstice N30 NGE encore |invisible 
N1I8E | N29E encore |invisible 
NA45E |Li-tchouen|| N31E | N45E | N4A0E | N47E 
N60E N58E | N77E 











ÿ}) 


E Equinoxe 


= 
z 
S 
Es 





Quant à Arcturus, au milieu des mois + et £ nous le 
trouvons invisible sous l'horizon. Mais au ZLi-tch'ouen nous le voyons 
émerger au coucher du soleil; et une heure après, lorsqu'il devient 


visible, il se trouve précisément, comme le disent les textes, au N E?). 


1) Le solstice marque le milieu de l'hiver et par conséquent du signe (= N). 
De mème, dans l’équivalence horaire, + correspond à minuit, {f à 2° du matin, le 
Li-tch'ouen à 3° (=NE), Œ à di et Pl à 6" (= E) Cf. fig. 7 (D, p. 459). 
LD 
2) Dans la haute antiquité, Arcturus était en effet beaucoup plus près du pôle que 
de nos jours. Son lever cosmique, en Chine, avait lieu au N 36 E, et lorsqu'il se dégageait 
des brumes de l'horizon il se trouvait au N E: 


Pour une hauteur de 0° son azimut était N 86 E 


"on » mn 49 y " » N AE 
Cr " » 10° , ” »r N 4 E 
PHRS " mn 139 » » r N48SE 
mn " » 20° , " »r N 56E 


Quoique le mouvement propre des étoiles soit en général négligeable, il est bon de s’en 
assurer lorsqu'il s’agit d’alignements, car un déplacement minime de deux étoiles peut 
influer notablement sur la direction de leur alignement. 

Pour évaluer le changement survenu dans l'alignement des étoiles Piao, je me suis 
servi des figures 337 et 339 de l'Asfronomie populaire de Flammarion, où l’on voit la 
transformation de la Grande Ourse depuis 50,000 ans; dans cet espace de temps la direc- 


tion de Piao a changé d'environ 18°, soit 1°1 en 4000 ans. Cette ouverture d'angle cou- 


358 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 
%k 


Comme terme de comparaison, après avoir vérifié la concor- 
dance de la règle des Cho-t'i avec le ciel de la haute antiquité, 
voyons maintenant quel en sera le changement lorsque la précession 
des équinoxes aura modifié d’un signe (30°) cette situation première, 
c’est-à-dire 22 siècles plus tard, à l'avènement des Han. 

On pourrait penser, à première vue, que cette concordance se 
trouvera modifiée d'un signe. Tel serait, en effet, le cas si la pré- 
cession des équinoxes avait lieu selon l'équateur conformément à 
la conception chinoise de l’invariabilité du pôle ‘). Mais en réalité 
ce mouvement se produit autour du pôle de l’écliptique; il en 
résulte que si, d’une part, la Grande Ourse tend à se déplacer (sur 
l'horizon) du signe + vers le signe %ZZ, d'autre part elle s'éloigne 
en même temps du pôle, de sorte que le premier effet se trouve 
en partie annulé par le second: si l’on porte sur le globe céleste 
l'état du ciel au crépuscule du solstice d'hiver sous les ÆJan, on 
constate avec étonnement que la queue de la Grande Ourse continue 
à pointer sur le milieu du signe . c’est-à-dire sur le point N de 


l'horizon: une heure après le coucher du soleil elle indique le N 3° O :?). 


pant l’horizon à une assez faible distance ne peut produire qu’une différence d’azimut 
insignifiante. 

Par ailleurs, Arcturus étant une des étoiles dont le mouvement propre est le plns 
rapide, on peut se demander si la remarque d’après laquelle cet astre est situé sur l'alignement 
des étoiles Piao, était dans l'antiquité plus exacte ou moins exacte que de nos jours. Or 
il se trouve que le mouvement d’Arcturus se produit dans le même sens que le change- 
ment de Piao de sorte qu’en définitive la situation reste la même. 

1) Par suite du caractère foncièrement équatorial de leur astronomie, lorsque les Chi- 
nois découvrirent la loi de précession ils en conçurent d’emblée le mouvement comme 
équatorial. Ce fut chez eux une idée tellement enracinée que les enseignements des Arabes, sous 
les Yuan, n’y purent rien changer. C’est ainsi que Siv-fa, quoique contemporain des pre- 
miers missionnaires jésaites, donne dans son ZJ'’èen yuan li li, un tableau fantaisiste dans 
lequel les indications de la Grande Ourse sont supputées rétrospectivement, à raison d’un 
signe horaire par 22 siècles, jusqu'aux époques fabuleuses du «règne céleste». (Ci-dessous, p.  ). 

2) À ce moment, la queue de la Grande Ourse touche presque l’horizon, tandis que 


dans l’antiquité sa dernière étoile restait éloignée, de près de 20°, de l'horizon. 








LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 359 


Mais si la règle des Cho-t'i est restée exacte en ce qui concerne 
le mois TT; elle s’est fortement dérangée en ce qui concerne le 
mois %#H. Au crépuscule du Zi-tch'ouen le manche du Boisseau 
n'indique plus le NE mais le N 28 E; et Arcturus, au lieu de faire 
son apparition, se trouve encore à 9° sous l'horizon. Par suite du 
déplacement du pôle cette étoile ne se lève d’ailleurs plus au N36E 
mais au N 51 E, de sorte qu’elle ne commence à être visible qu’au 


delà du N60E, à la fin du mois #. 


IT, La règle des Cho-t’'i n’avait pas de valeur pratique. 


Nous avons vu Sseu-ma Ts'ien caractériser une époque de 
décadence du calendrier, dans la haute antiquité, en disant que 
«la constellation Cho-t'1 ne servit plus de règle». De même, dans 
son traité des Trois Souverains, (M. H. I, p. 18), Sseu-ma Tcheng 
suppose que, dans les temps reculés d’une antiquité fabuleuse, la 
supputation des aunées se faisait au moyen de la constellation Cho-t'i. 

La règle des Cho-t'i aurait ainsi possédé une valeur pratique 
utilisée pour l'établissement du calendrier? — N'’en croyons rien. 
Nous pouvons nous convaincre que cette règle n’est pas le fait 
d'une astronomie rudimentaire dépourvue de repères plus précis; 
et que, d'autre part, cette tendance à confondre le rôle mystique 
des astres avec leur utilisation pratique se manifeste fréquemment 
chez les Chinois; elle est fort ancienne puisqu'elle apparaît déjà 
nettement dans le texte du Yuo-tien. 

Dans une étude précédente, nous avons vu que, dans ce texte, 
les mots D. 1e (<sert à déterminer») ne doivent pas être pris à 
la lettre, pour cette raison péremptoire que les étoiles ne peuvent 
servir à déterminer les dates tropiques si ces dates n’ont au préa- 
lable été déterminées par le gnomon; de telle sorte qu'en réalité 


ce n’est pas l’astérisme du centre de chaque palais qui a fait con- 


360 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


naître le milieu de la saison, mais au contraire la connaissance du 
milieu de la saison qui a permis de désigner l’astérisme corres- 
pondant. 

Le cas des Cho-t'i est à peu près semblable; car, même en 
admettant que la date du Zäi-tch'ouen ne fut pas à l’origine une 
date tropique (c’est-à-dire dépendant du solstice) mais une date 
conventionnelle basée sur les premiers indices du réveil de la nature, 
l'application de la règle des Cho-t'i fait intervenir une astronomie 
solsticiale fort développée: d’abord, l'existence de la série duodénaire 
suppose déjà l’équivalence du N avec le solstice +, de l’équinoxe 
PI avec l'E, etc. (cf. D, p. 458); ensuite, l’exacte division de 
l'horizon en 12 portions égales à partir du méridien suppose aussi 
des connaissances théoriques systématisées, sans lesquelles l'indication 
de Teou ping pointant sur le signe F1 n'aurait pas de sens. 

Personne, je suppose, ne sera disposé à admettre que des pri- 
mitifs puissent concevoir et utiliser cette règle complexe consistant: 
à prolonger l'alignement de deux étoiles jusqu’à l'horizon (opération 
déjà difficile), puis à constater qu'à une heure donnée !) cet aligne- 
ment coupe l'horizon en un point (N E) dont on a évalué la 
distance angulaire à un autre point (N) obtenu lui-même par la 
verticale de la polaire! 

Mais la règle des Cho-t'i repose aussi sur l’apparition d’Arcturus 
au crépuscule. Ne pourrait-on pas considérer comme une addition 
postérieure tout ce qui concerne la position de la Grande Ourse et 
supposer que la règle originelle concernait simplement le lever 
acronyque d’'Arcturus entouré des Cho-ti? 

Cette hypothèse ne rendrait pas plus vraisemblable l’utilisation 


pratique de cette règle dans une période primitive des connaïssauces 


1) Même si cette heure (le crépuscule) est donnée par la nature, l’application de la 
règle suppose qu'on en observe avec soin le moment, car la position de l’alignement se 


modifie. 





—— - 


LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 361 


astronomiques. Les primitifs, en effet, ne choisissent comme repères 
que des étoiles à grande trajectoire — Sirius, le Scorpion, Orion 
ou les Pleïades — c’est-à-dire celles qui se lèvent et se couchent, 
comme le soleil, près de l’est et de l’ouest; et non pas celles qui, 
comme Arcturus, décrivent un assez petit cercle autour du pôle et 
dont le mouvement se trouve par conséquent beaucoup moins sensible. 
Nous avons vu que le lever d’Arcturus se produisait au N 36 E: 
aucune indication précise ne saurait être tirée du lever apparent 
d'une étoile d'aussi forte déclinaison. 

En outre, ce que les primitifs observent, c’est le lever héliaque 
ou le coucher héliaque de ces grandes étoiles de la région médiane 
et non pas leur lever acronyque; car le lever acronyque n’est pas 
un fait aussi concret que la disparition totale ou la réapparition 
subite d'un astre: l'étoile qui se lève acronyquement était déjà 
visible précédemment quoique à une heure plus tardive (cf. A, p. 159). 

C'est un trait caractéristique de l'astronomie chinoise que les 
levers et couchers héliaques des étoiles (si importants aux yeux des 
Grecs) n'y jouent absolument aucun rôle‘). La situation typique 
du ciel est toujours pour elle celle qui se produit le soir (ep. Yao- 
tien, Hia siao tcheng) soit dans le méridien soit à l'horizon oriental. 
L'observation dans le méridien est liée à la méthode équatoriale; 
quant à l'observation des levers acronyques, elle provient sans doute 
des plus lointaines origines et ne peut s'expliquer, comme je l'ai 
exposé précédemment, que par le principe des stations lunaires: 


quand la lune est pleine elle se lève acronyquement et l'observation 


1) On observait le lever héliaque de Jupiter parce que, vu le rôle capital de cette 
planète en astrologie, il était naturel d’en attendre la réapparition quand elle avait disparu 
dans les rayons du soleil. Mais le lever d’une planète étant variable ne peut servir de 
repère annuel (comme celui de Sirius, par exemple, chez les Egyptiens). Les Chinois avaient 
ainsi remarqué que le lever de Jupiter retardait (environ) d’un mois par an: cela ne signifie 
pas, certes, que le lever de Jupiter aurait pu «servir à déterminer» le mois (cf. H). Cette 
observation du lever de Jupiter ne modifie donc en rien le fait caractéristique que le lever 


héliaque des étoiles est totalement absent des traditions et méthodes chinoises. 


362 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


du lieu sidéral où ce plein se produit fournit une indication suscep- 
tible de servir de repère calendérique. Ce principe seul peut expli- 
quer pourquoi les Chinois appelaient Palais oriental ou printanier 
la partie du ciel opposée à celle où réside le soleil au printemps, 
et pourquoi ils considéraient les deux grandes étoiles qui marquent 
l'entrée de ce palais comme les deux jalons indiquant le début de 
l’année: c’est qu’en effet la première pleine lune du printemps se 
plaçait nécessairement à gauche de X%0; on remarquaiït alors que l’autre 
corne du Dragon était aussi visible et que la Grande Ourse semblait, 


en pointant sur elle, la désigner comme le symbole du Zä-tch'ouen. 


IV. L’interprétation de Chalmers. 


Nous avons vu que Chalmers ignorait le sens de l'expression 
Cho-t'i-ko au point de suggérer un rapprochement entre sa pro- 
nonciation cantonaise Chip-t'ai-kak et les mots Vrikaspati (Jupiter) 
et chacra (cycle) des Hindous. Ce n’est pas cependant à cette étymo- 
logie que nous entendons faire allusion en parlant ici de l'interpré- 
tation de Chalmers, mais plutôt à ce qu'il a dit des positions suc- 
cessives de la Grande Ourse au cours de l’année. Quoiqu'il n’ait 
pas vu le rapport de ces indications de la queue de la Grande 
Ourse avec l'expression Cho-fi-ko, l'interprétation qu'il a donnée 
de cette antique tradition chinoise n’a pas été, comme nous le 
verrons, sans influence sur les idées formulées depuis lors au sujet 
de la règle des Cho-t'i. 

Dans les prolégomènes du Chou king de Legge (pp. 93—94), 


Chalmers s’est exprimé ainsi: 


À very ancient and characteristic method of determining the seasons and 
months of the year to which the Chinese are fond of alluding, was by the 
revolution of Ursa Major... It is well to keep in mind that the body of the 
Great Bear was in ancient times considerably nearer to the north pole that it 
is now, and the tail appeared to move round the pole somewhat like the hand 


of a clock or watch... 





{ 
| 
| 
I 
| 
\ 


LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 363 


« 


C’est avec raison que Chalmers reporte à la haute antiquité 
cette conception de la Grande Ourse comme régulateur des saisons; 
dans la figure, ici reproduite, dont il accompagne ses explications, 
il place le pôle à sa plus courte distance de la Grande Ourse et 
il exagère même un peu ce rapprochement qui, en réalité, n’a 
jamais été si prononcé (cp. fig. 21). 

«The annexed figure will illustrate the use of Ursa Major as a kind of 
natural clock, whose hand makes one revolution in a year. The earth’s surface 
(square of course) is converted into a 


dial, and the horizon is divided into 42 


parts, making due north the centre of 


N 


the first division. In theory the time 
of observation is 6 h. P. M. precisely. 
But it was necessary to wait till the stars 
were visible. If the tail then pointed 
due east it indicated the vernal equinox ; 
but if it pointed due west, as repres- 
ented in the figure, it was the autumnal 


equinox. VE EVIT 


In this instance, the hand of the 





S 


Fig. 23. 


clock points a little in advance of the 
sun in the ecliptic, an to the bright 
stars in Scorpio, for the tail of the Bear always points to Scorpio. So then we 


have still Scorpio as the sign of mid-autumn !). 

Le sens de ce dernier alinéa ne me paraît pas très clair. Les 
étoiles fixes étant solidaires entre elles, il est évident que la queue 
de la Grande Ourse pointe toujours sur la même constellation, le 
Scorpion (= Dragon), en toute saison. Le soleil se trouve en ce 
quartier du ciel (le palais oriental) en automne et non pas au 


printemps; mais d’après les principes chinois ce palais oriental ne 


1) Chalmers ajoute: «This symmetrical position of the Great Bear, or «Northern Bushel», 
with reference to the seasons, is essential to the Chinese creed ; and hence to this day, maugre 
the precession of equinoxes, it retains its position in the estimation of almost all Chinese, 
learned and ignorant. The seasons still arrange themselves round the dial in exactly the 
same way, Winter going to the north, Spring to the east, Summer to the south, Autumn 
to the west». 


364 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


correspond pas à l'automne mais au printemps; et la Grande Ourse 
indique l'époque du printemps, non parce qu'elle pointe sur le 
palais oriental (ce qu'elle fait en toute saison), mais parce qu’elle 
est tournée vers l'E (= printemps) au crépuscule. Le sens du mythe 
chinois est que le manche du Boisseau est, par prédestination, dirigé 
vers le signe sidéral du printemps et qu'il indique en outre l'époque 
du printemps lorsqu'il se trouve orienté le soir vers l'E. C'est dire 
que la situation typique qui caractérise cette loi astronomique est 
celle où le manche du Boisseau pointe vers l'E. Je ne comprends 
donc pas bien pourquoi Chalmers choisit comme exemple la position 
où il pointe vers l'O; il semble difficile de dire si, dans la dernière 
phrase, il entend exprimer une idée chinoise ou une notion euro- 
péenne., Mais si ce dernier alinéa est un peu ambigu le précédent 
l’est bien davantage. 

Que signifie en effet cette figure? D'après les explications de 
l’auteur, elle représenterait la surface de la terre (the earth's sur- 
face) dont la forme est carrée selon l'idée chinoise (square of course). 
Les lettres N, E, $S, O, sont en ce cas les points cardinaux de 
l'horizon et le point central de la figure est le zénith. Mais la 
Grande Ourse, sauf dans la région arctique, ne tourne pas autour 
du zénith: elle tourne autour du pôle céleste. Il ne s’agit pas ici 
des Hyperboréens, mais bien des Chinois qui vivaient sous une 
latitude de 35°, où le pôle se trouve à 55° du zénith, ce qui rend 
inadmissible la figuration de Chalmers. 

D'autre part, la Grande Ourse est représentée ici telle que nous 
la voyons dans la concavité de la voûte céleste et non pas telle 
qu’elle est représentée sur la convexité des globes célestes pour le 
spectateur supposé en dehors du firimament. Nous devons donc 
regarder la figure de Chalmers de bas en haut en la portant au 
dessus de notre tête, le N tourné vers le nord. Mais alors il apparait 


qu’elle est fausse, car l'E devrait être à la place de l'O et réciproquement. 





© 
ES 


LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIB CHINOISE. 369 


Admettons maintenant que le centre de cette figure ne repré- 
sente pas le zénith mais le pôle, situé à 35° au dessus de l'horizon. 
Alors, la ligne NS sera la verticale passant par le pôle. Sur cette 
verticale, où est le haut, où est le Las? D'après la position de la 
figure et d'après la forme de la Grande Ourse, c’est le point N qui 
est situé au dessus du pôle et le point $ au dessous. Dans ce cas 
encore la figure est erronée car en hiver la queue de la Grande 
Ourse est dirigée vers le bas, vers le point Ÿ- de l'horizon; et 
les signes duodénaires devraient être disposés en sens inverse, puis- 
que la Grande Ourse (pour l'observateur face au nord) accomplit 
sa révolution en sens rétrograde. 

Aïnsi, quelque signification qu’on lui suppose, le graphique de 
Chalmers est inexact et ses explications sont bien propres à induire 
le lecteur en erreur; elles suggèrent en effet, entre l'équateur et 
l'horizon, une confusion qui s'est manifestée depuis lors sous une 


forme plus explicite comme nous le verrons tout à l’heure ‘). 


V. L'interprétation de Schlegel. 


Quoique Schlegel ait entrepris de rapporter les fonctions astro- 
nomiques ou astrologiques des astérismes chinois à une époque 
(16,000 ans avant J.-C.) où le pôle se trouvait à l’autre extrémité 


de sa course, il a consenti quelques exceptions à ce système et les 


1) Chalmers, fort bon astronome, n’aurait sans doute pas commis de pareilles erreurs 
s’il n’avait été influencé par les commentaires chinois, qu’il a eu le tort de ne pas contrôler. 

Dans la théorie chinoise, le pôle est le centre du ciel comme la capitale est le centre 
du monde terrestre; aussi la division de l’horizon est-elle identique à celle de l'équateur, 
ce qui suggère aisément la confusion d’après laquelle la Grande Ourse indiquerait successi- 
vement tous les signes de l’horizon. 

Lorsque cette confusion s’est établie, il devient inutile de considérer la direction des 
étoiles Piao; car si l’on admet que la Grande Ourse se présente successivement devant 
chaque point de l'horizon (fig. 23) la dernière étoile suffit comme index. C’est ce qui a 
amené les commentateurs cités par Chavannes à considérer Pigo comme désignant une 
seule étoile (ci-dessus, p. 368, note 1). 


366 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


a groupées dans son Livre IV où il traite des «époques historiques 
et modernes». La Grande Ourse et les Cho-t’i se trouvent compris 
parmi ces astérismes des époques historiques: il eut été en effet 
difficile de soutenir que les indications de la Grande Ourse pointant 
vers les quatre points cardinaux, si manifestement conformes au 
firmament de la haute antiquité classique, se rapportaient à une 
époque où cette constellation se trouvait à 50° du pôle, bien au 
delà de la zone circompolaire. 

Schlegel a bien compris, par ailleurs, le sens de l'expression 
Cho-t'i-ko: 

«Le nom de Cho-fi ou Cho-f'i-ko est parfaitement traduisible. .. Le Yuan- 
ming-pao dit que les étoiles de l’astérisme Cho-fi on TÉ # tiennent la 
Grande Ourse TÉ 5e et conduisent Arcturus (par la main) JE fi ... etc. 
(Ur. p. 500). 

Ce texte, on le voit, réunit les deux éléments de la règle des 
Cho-t’i: Arcturus et la Grande Ourse. 

Mais Schlegel se livre à un véritable enfantillage lorsque, 
s'emparant d’un tableau imaginé par l’auteur du Tien yuan li li, 
il le reproduit en le donnant comme extrait du Tien kouan chou. 
Schlegel, qui connaît fort bien ce traité de Sseu-ma Ts'ien n’ignore 


pas que le document en question n’y figure pas, et n’y peut figurer 


puisqu'il suppose la connaissance de la loi de précession. 


«(Ce tableau) des trois règnes et des quatre fixations, dit Siu fa, est tiré 
du T'ien-kouan de Long men; mais les hommes de l’époque actuelle ne l’en- 
tendent point et il a été erronément commenté par Ming k'ang». (Ur. p. 34, 

L'expression <tiré de» iN HR n’affirme pas absolument que le 
tableau lui-même soit tiré des Che ki: mais Schiegel, toujours prêt 
à se leurrer lui-même lorsque sa fameuse théorie est en jeu, le 
spécifie à la page 31: 


«Le célèbre historien Sseu-ma Ts'ien donne, dans son livre T’ien kouan, 
9 








LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 367 


le tableau ci-contre des époques chronologiques préservées par les antiques tra- 
ditions » 1). 


Le texte du traité des Gouverneurs du ciel où Siu fa et Schlegel 
ont cru voir de si belles choses est celui dont M. Chavannes a 


donné la traduction suivante: 


«Quand on fait usage de (l’observation à) six heures du soir, ce qui indique, 
c’est (l'étoile) Piao; Piao va de (la montagne) Hoa vers le sud-ouest. A mi- 
nuit, ce qui indique, c’est (l’étoile) Heng: Heng est au milieu de la région du 
centre, dans le pays compris entre le (Houang-)ho et (la rivière) Tsi. A six 
heures du matin, ce qui indique, c’est (l'étoile) K’ouei. K'ouei va de la mer 
et de la montagne Tai vers le nord-est (p. 342). 


Nous avons là un nouvel exemple de la tendance des commen- 
tateurs à transformer en procédé de détermination calendérique les 
propositions mystiques des astrologues qui voient, dans la forme et 
la position des constellations, des concordances et des finalités 
mystérieuses. Ce texte fait simplement allusion à la position du 
Boisseau qui pend, le manche en bas, à droite du pôle (au crépus- 
cule du Za-tch'ouen), puis qui se trouve, six heures plus tard, placé 
horizontalement au dessus du pôle; puis encore, six heures plus 
tard, verticalement le manche en haut, à l’ouest du pôle. Dans la 
première position, l'alignement des étoiles Piao pointe vers l'horizon. 
Dans la deuxième position, l'étoile du milieu (eng) passe au 
méridien Hf FH, d'où son association <au milieu de la région du 
centre»; elle semble être, à ce moment, le pivot de la Balance #5 
dont la constellation serait le fléau. Dans la troisième position, ce 
sont les deux dernières étoiles X’ouei qui sont dirigées vers l'horizon. 


Ces formules astrologiques semblent être fort anciennes et en 


1) Voy. la note de Chavannes, M. H. III, p. 339. Ce qui enchante Schlegel, c’est 
que le tableau de Siv-fa reporte l’origine de l'institution à l’an 17827 avant notre ère, 
alors que lui-même fixe l’origine de la quadrature du Yuo-fien à l'an 16916. «Cette diffé- 


rence de 900 ans, remarque-t-il, est insignifiante dans un calcul aussi global». 


368 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


= 


rapport avec le rôle attribué à la Balance de Jade dans le CAouen- 


tien *). Mais on n’en saurait tirer aucune indication précise. 


VI. L'interprétation de M. Chavannes. 


Dans son article sur le calendrier des Yin, M. Chavannes a 
eu l’occasion de formuler une interprétation de la règle des Cho-t1. 
Cette étude, parue dans le Journal asiatique de 1890, est une des 
premières publications de l'éminent sinologue et ne représente peut- 
être pas exactement sa pensée actuelle sur cette question spéciale. 
Il y renvoie cependant le lecteur, dans sa traduction des Che ki, 
sans autre restriction que celle qui concerne la supputation de la 
date de naissance du poète X’iu Yuan. Quoi qu'il en soit, notre 
but étant ici d'examiner toutes les hypothèses formulées au sujet 
de la règle des Cho-t'i, nous devons analyser avec soin ce document 


qui est un des seuls où se trouve une vue d'ensemble de la question: 


«Le mot Cho li peut avoir deux sens, au dire de Sseu-ma Ts’ien lui-même: 
d’une part il désigne la planète Jupiter, d’autre part deux astérismes composés 
l’un des étoiles #, 7, v du Bouvier, l’autre des étoiles £, , & de la même con- 
stellation. Lequel de ces deux sens est impliqué dans l’expression Cho-Pi-ko? 
La solution nous est fourni par le mot ko. Dans le Tien kouan chou, Sseu-ma 
Ts'ien dit en parlant de la constellation Cho-f'i: «Le Cho-fi est la constellation 
que désigne en ligne droite la dernière étoile de la Grande Ourse; aussi fixe-t- 
elle les époques; c’est pourquoi on l’appelle Cho-l’i-ko». En effet, ko signifie 
règle, limite. La constellation Cho-l’i est la règle au moyen de laquelle on 
détermine les époques, C’est donc de la constellation et non de la planète qu'il 
est question, Maintenant, pourquoi la première année du cycle est-elle appelée 
Cho-li-ko? Sseu-ma Ts'ien nous dit qu’en cette année-là, au mois initial, la 
planète apparaît de bon matin à l’est dans l’astérisme K'ien nieou [qui fait 
partie de la Grande Ourse. D’autre part cependant nous venons de voir que la 
constellation Cho li était désignée en ligne droite par la dernière étoile de la 
Grande Ourse; on peut donc marquer la place qu'occupe à ce moment Jupiter 


en disant qu’il se trouve en droite ligne de la constellation Cho-f'i, c’est-à-dire 


1) Il est à remarquer, d’ailleurs, que Sseu-ma Ts‘ien semble donner ces formules 
comme une sorte de commentaire à ce texte du CAou king qu’il vient de citer (M. H. I, 
p. 341). 





pt mn 





LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 369 


que cette époque sera appelée Cho-t'i-ko. Comme d’ailleurs Jupiter fait le tour 
du ciel en douze ans, il se retrouvera tous les douze ans dans la même situation 
et on aura tous les douze ans une année Cho-li-ko]. (p. 488.) 

M. Chavannes, depuis lors, s’est aperçu que la dernière partie 
[mise ici entre crochets] de ces explications est erronée, car il s’est 
abstenu de la reproduire dans sa traduction de Sseu-ma Ts'ien ‘), 
Elle repose en effet sur une confusion entre le Boisseau boréal 
AL ÿe (la Grande Ourse) et le Boisseau méridional F3 © (le 
sieou Teou)*). Cette méprise n'a d’ailleurs pas grande importance 
car en définitive il semble bien que l'application des termes Cho-t'i 
et Cho-t'i-ko à la planète et au cycle de Jupiter soit fondée sur 
l’analogie du retour périodique du printemps (après 12 mois) et de 
Jupiter (après 12 ans) au point de départ commun des deux révo- 
lutions duodénaires *). Quoi qu'il en soit, le lien des Cho-t'i avec 
le cycle jovien n’est qu'une application secondaire et dérivée: l’essen- 
tiel dans la règle des Cho-t'i est son rapport avec les mois. Sur 
ce point l'interprétation de M. Chavannes semble inspirée par les 
commentaires chinois dont nous avons déjà perçu les échos chez 


Chalmers et Schlegel: 


«La constellation Cho-fi est à une telle distance de l’étoile keng de la 
Grande Ourse qu’elle marque toujours celui des douze points de l'horizon qui 


est immédiatement antérieur à celui que marque cette étoile (p. 490). 


M. Chavannes à développé cette théorie jusqu'à en faire, en 
quelque sorte, la raison d’être de la série duodénaire FX qui, dit-il, 


repose sur une remarquable observation: 


1) Cp. M. H. III, p. 662. — Aux errata (ibid., p. 107) où l’effet de cette confusion 
est rectifié en ce qui concerne les pp. 366, 368, il y aurait lieu d'ajouter: p. 408, ligne 14. 

2) Dans le texte en question (M. H. III, pp. 357—362) qui associe Sirg ki (=) 
à Teou et K'ien nieou, Sseu-ma suit la répartition duodénaire des séeou : 2 + 3 +H2,2+5+2... 
(Voy. G). — Dans son dictionnaire, le P. Couvreur fait une autre confusion à propos de 
ce même sieox Teou: «Le Boisseau boréal, dit-il, est la Grande Ourse e/ Ze Boisseau austral 
la Petite Ourse». 


3) Voir l’article suivant, G. 


370 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


«Le mouvement des étoiles fait avancer chaque mois d’environ 2 heures 
leur passage méridien; au bout d’un an le passage est donc en avance de 24 
heures, c’est-à-dire qu’il se produit au même moment de la journée que 12 mois 
auparavant. Ainsi on peut déterminer les divers mois soit par les heures où une 
certaine étoile passe au méridien, soit par les positions qu’elle occupe à une 
même heure par rapport au méridien. 

«Les anciens Chinois avaient remarqué cette révolution annuelle des étoiles; 
mais comme ils n'avaient pas la notion du méridien, ils tenaient compte des 
diverses positions que prend à la même heure, suivant l’époque de l’année, la 


projection d’une certaine étoile sur l'horizon, ce qui revient évidemment au même. 


(p. 476). 3 


Ces anciens Chinois qui, paraît-il, n'avaient pas la notion du 
méridien, concevaient par contre — et savaient utiliser — les plans 
verticaux passant par les douze divisions de l'horizon, notamment 
par les points cardinaux N,S, E, O. Mais qu'est-ce donc que la 
notion du méridien, si ce n’est celle du plan vertical passant par 


le nord et le- sud ? 


«Puisque le point de départ des calculs du calendrier est le solstice d'hiver 
se produisant à minuit, et que, d'autre part le premier signe {seu + de la 
notation duodénaire correspond au nord parmi les divisions de l’horizon, il était 
logique de choisir, pour désigner le premier mois tseu (F). une étoile qui, 
lorsque le solstice d'hiver se produisait à minuit, était au dessus de l'horizon 
exactement au nord de l'observateur. Le mois suivant, cette étoile étant en 
avance de 2 heures, le pied de sa hauteur au dessus de l'horizon se sera pour 
une même heure déplacé vers l’est de 1/4, de la circonférence de l'horizon et 
tombera sur le point appelé {ch’eou (+). Après 12 mois cette étoile se sera 
trouvée à minuit successivement au-dessus de chacune des 12 divisions de 
l'horizon et sera revenue au-dessus du point éseu (F). Ainsi une époque 
quelconque de l’année peut être fixée par la mesure de l’angle compris entre 
le nord et le point de l'horizon au-dessus duquel se trouve à minuit une étoile 
qui, au commencement de l’année, occupait à minuit la position du nord franc. 


(p. 477). 


L'intérêt de cet exposé dépasse les limites de la question des 
Cho-t'i, car nous y trouvons une nouvelle application de ces prin- 
cipes astronomiques qui semblent avoir été créés à l’usage spécial 


de la sinologie: principes dont nous avons récemment contesté la 





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LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 371 


légitimité, mais que M. Chavannes était alors en droit de considérer 
comme orthodoxes puisqu'ils avaient été admis, successivement, par 
nombre d'auteurs compétents parmi lesquels plusieurs astronomes !). 

D'après ces principes, les anciens Chinois déterminaient la date 
des solstices et des équinoxes non pas par le gnomon mais par le 
moyen des étoiles, ce qui m'a toujours paru un inconcevable tour 
de force. De ce que telle constellation passait à telle heure au 
méridien ils savaient déduire, nous dit-on, la date du solstice. 
J'imagine au contraire que, connaissant au préalable (grâce au 
gnomon) la date du solstice, ils constataient « posteriori quelle était 
la constellation passant à telle heure au méridien à cette date. 

En outre, d’après ces mêmes principes, les anciens Chinois 
n’appliquaient pas ce procédé, une bonne fois pour toutes, à un 
repère fixant annuellement le point de départ du calendrier; mais 
ils déterminaient successivement les diverses parties de l’année, 
comme s'ils se trouvaient en chaque saison dans une complète 
incertitude sur la durée de la saison suivante. Contrairement à 
cette opinion, je crois qu'ils n’utilisaient qu’un seul repère annuel, 
le solstice d'hiver, et que, connaissant (au moins à un jour près) 
la durée de l’année, ils savaient à l’avance la date des saisons en 
divisant simplement cette durée en quatre parties égales. 

De l'exposé de M. Chavannes (comme aussi du texte du Fao 
tien) il découle implicitement que les Chinois pratiquaient une 
astronomie équatoriale et solsticiale fondée sur le gnomon, le plan 
méridien et la clepsydre. Mais l'interprétation de l’auteur (comme 


celle des commentateurs du ao tien) est tout autre: il s’agit, 





1) Cf. T. P. 1907, n° 3. — Cette singulière aberration semble provenir du fait que 
Chalmers (astronome et missionnaire) supposait Fao renseigné par Noé sur les concordances 
sidéro-tropiques. Les auteurs suivants ont cru pouvoir écarter simplement cette hypothèse 
sans prendre garde à son rôle fondamental et sans s’apercevoir qu’un dilemne s'impose : 
ou Noé, ou le gnomon. Ainsi s’est constitué, tacitement, cette doctrine astronomique spé- 


ciale à la sinologie et dont on peut voir l'épanouissement chez Schlegel. 


to 
DT 


372 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


d'après lui, d'un procédé sidéral «servant à déterminer» les diverses 
parties de l’année, en l'espèce les mois. Ces mois sont-ils les mois 
lunaires ou les mois solaires? S'il s’agit des premiers, il était beau- 
coup plus simple de les suivre d’après le cours visible de la lune; 
et s’il s'agit des mois solaires (+- 2 ${) il suffisait de diviser 
en 12 parties égales l'intervalle de deux solstices d'hiver, puisque 


le solstice d'hiver est ici supposé exactement connu. 


«L'étoile qui, pour les Chinois, remplissait les conditions que nous venons 
d’énumérer, était l'étoile heng ] (e de la Grande Ourse). Mais si on voulait 
faire l’observation à 6 heures du soir et non à minuit, il fallait s'arrêter à 
l'étoile piao À] (y de la Grande Ourse), qui occupe à ce moment au-dessus 
de l'horizon la même position que 6 heures après l'étoile heng. De mème, et 
pour une raison analogue, si l'observation était faite à 6 heures du matin, on 
devait considérer l'étoile Æ’ouei AL (« de la Grande Ourse) 1). Lors donc qu’à 
minuit l'étoile heng était au-dessus du nord (+) de l'horizon, c'était le mois 
initial; si à minuit elle était au-dessus de l’est, c’est-à-dire si elle indiquait le 
signe mao PP, c'était le quatrième mois à partir de l’origine, et ainsi de 
suite» (p. 478). 


De ces explications résulte que deux étoiles de la Grande Ourse 
se seraient succédé au méridien à 12 heures d'intervalle (de 6h 
du soir à 62 du matin); c'est dire que ces deux étoiles se trouvaient 
diamétralement opposées, ou, en d’autres termes, que le pôle était 
situé entre elles, ce qui implique que le pôle se serait trouvé alors 
dans la Grande Ourse. Notre fig. 21 (p. 369) permet de constater 
que jamais une telle condition ne s'est réalisée. Dans la haute 
antiquité chinoise le pôle se trouvait précisément au point où sa 
révolution le rapproche le plus de la Grande Ourse et l’on peut 
voir que l'amplitude horaire de cette constellation était alors d'environ 
90° (= 6h) et non de 180° (= 12h). 


Mais laissons de côté cette théorie des trois observations dont 


1) M. Chavannes cite ici en note le texte de Sseu-ma Ts'ien que nous avons discuté 


plus haut (p. 381). 





LES ORIGINES DE L'ASTRONOMIE CHINOISE. 373 


nous avons donné une interprétation différente, et ne considérons 
que l'observation d’une seule et même étoile, l'étoile eng. Cette 
étoile, considérée toujours à la même heure (minuit) se serait trouvée 
successivement, en chaque mois, au dessus d’un des douze signes 
de l'horizon: au printemps au dessus du signe nl (=E), en été 
au dessus du signe 2F- (= S), ete. Une telle condition n'est pas 
irréalisable mais elle ne se rencontre, comme nous l'avons dit, qu’au 
pôle de la terre, où le pôle céleste se confond avec le zénith et 
l'équateur céleste avec l'horizon. Dans cette région singulière, la 
projection d'une étoile (considérée à la même heure) avance chaque 
mois d’'/;2 d'horizon ‘); mais à mesure qu'on s’en éloigne, l'obliquité 
de l'équateur sur l'horizon augmente et les angles horaires cessent 
d'être proportionnels aux azimuts. Dans l’ancienne Chine notamment, 
dont la distance polaire était d'environ 55°, l'équateur se trouvait 
incliné de 55° sur l'horizon, de telle sorte que ce procédé, appliqué 
à une étoile équatoriale, aurait donné des résultats variant du 
simple au quintuple. En outre, les étoiles indiquées par les textes 
(eng, piao et k'ouei) ne sont pas situées sur l'équateur mais dans 
la Grande Ourse. Ce sont des étoiles circompolaires. Elles ne pou- 
vaient donc être observées au dessus des douze signes de l'horizon 
puisqu'elles tournent dans un petit cercle autour du pôle et restent 


constamment au N, au NE, ou au NO. 
VII. Conclusion. 


On voit, en résumé, que la règle des Cho-t’i (ou plus exactement 
l'indication donnée par les Cho-t'i) ne doit pas être considérée comme 
proprement calendérique, mais plutôt comme se rapportant au 
mysticisme astrologique, à cette finalité attribuée aux figures célestes 


à laquelle Sseu-ma Ts'ien fait allusion lorsqu'il dit: 








1) Par contre les points cardinaux n’existent plus et les étoiles cessent d’être visibles 


pendant le semestre où le soleil reste au dessus de l'horizon. 


374 LÉOPOLD DE SAUSSURE. 


«Il y a sûrement une concordance céleste qui se voit dans les étoiles du 
Manche du Boisseau» (M. H. III, p. 370). 

Toutes les institutions astronomiques des Chinois, les documents 
et les traditions nous montrent une astronomie solsticiale pratiquée 
dès la haute antiquité; la date du solstice et l’âge apparent de la 
lune étant les deux bases, nécessaires et suffisantes, du calendrier. 
Au delà de cette période on entrevoit une phase primitive où les 
stations lunaires servaient de repère calendérique. Maïs à aucune 
époque une détermination du genre de celle attribuée aux Cho-t'i 
n’a pu avoir été utilisée, car le procédé qu’elle suppose est inefficace 


en pratique et complexe en théorie. 


(à suivre). 


BRUCHSTUCKE AUS DER GESGHICHTE CHINAS 
UNTER DER GEGENWARTIGEN DYNASTIE 


VON 


E, HAENISCH. 


L 


Die Eroberung von Tibet, 
aus dem ,Feldzug gegen die Dsungaren” auszugsweise übersetzt. 


Fortsetzung von S. 255. 


— OS ——— 


XVI. 
Am Tage ting-wei berichtete der Gardekapitän Sereng von einem 
Siege über den Feind bei Kara usu. !) 

In einem vorher eingelaufenen vertraulichen Berichte Sereng’s 
hiess es: ,,Vor kurzem ist mir von Erentei ein Schreiben zugegan- 
gen: auf Befehl Ew. Majestät sollte ich den Iab?) als Boten an 
Cagan Danjin senden, mit der Aufforderung an diesen, Leute aus- 
zuschicken, um das Dsungarenheer herbeizulocken. Ich sollte erst 
die Antwort des Boten abwarten, bevor ich weiter vorrückte. Ich 
habe mir nun in meiner Einfalt gedacht: Jetzt, wo die Dsungaren 
die Bewohner von Tibet überfallen haben, sehnt das dortige Volk 
unser Heer herbei, sowie man auf den Regenbogen hofft. Deshalb 
sollten wir auch nicht ein wenig zügern. Dazu habe ich erfahren, 


1) Tung-hua-lu, Kanghi XX 274, 296, 304. 


2) € 17. 


310 E. HAENISCH. 


dass das Heer der Dsungaren weit und breit verstreut steht, ohne 
einen Stützpunkt. Die Taktik der Feinde besteht auch nur darin, 
bei Einbruch der Dunkelheïit die Lager zu überfallen und die Pferde 
zu stehlen. Nun zählt die von mir befehligte Abteilung über 2000 
Mann. Unsere Waffen sind stark und scharf, die Pferde in gutem 
Zustande und der Proviant reichlich. Jetzt sind wir am 18/V bei 
Muru usu angelangt, und da das Wasser des Flusses augenblicklich 
niedrig ist, kann er zu Pferde überschritten werden. Da ich ausser- 
dem in Erfahrung gebracht habe, dass von hier aus in gerader 
Linie 500 Li entfernt sich eine Abteilung vom feindlichen Vortrab 
befindet, so hielt ich gerade jetzt die Zeit für gekommen, die Feinde 
zu vernichten und das Gebiet von Tsang wieder zu nehmen. Wenn 
ich anderseits nierbliebe und auf die Ankunft von Erenteïs Heer 
wartete, so müsste ich fürchten, dass mir in der langen Zeit der 
Proviant ausginge, und dass dann der Vormarsch und der Rückzug 
gleich schwer wären. Infolge dieser Erwägungen bin ich mit mei- 
ner Abteilung ununterbrochen weiter vormarschiert. — Der Staatsrat 
hatte darauf beschlossen dem Sereng zu schreiben, er sollte handeln, 
wie es die Lage gebôte, zugleich aber Erentei anzuweïsen, dass er 
schleunigst mit seinem Heere zum Entsatz heranrückte. Der Kaiser 
hatte seine Genehmigung dazu erteilt. — Gleich darauf war ein neues 
Schreiben von $Sereng eingetroffen: ,,Es handelt sich um die Tang- 
guten. Diese sind eigentlich Untertanen des Dalai Lama. Als nun 
im vergangenen Jahre die Dsungaren ihnen ihre Pferde und ibr 
Vieh geraubt und Frauen und Kinder entführt haben, da haben sie 
Tag und Nacht ohne Unterlass auf die Ankunft eines Hülfsheeres 
gewartet. Als sie dann hürten, dass das Kaiserliche Heer im Anmarsch 
sei, sind sie, alle vor Freude gesprungen und haben erklärt, sie 


wollten sich uns unterwerfen. Die Sühne des Taïji lariktu !), 


D Pi re. HE ZE ll. 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 911 


Boimasung Taïji') und Danjin Cuidak?) sind mit ihren Leuten 
bereits gekommen, um ïhre Unterwerfung anzuzeigen. Da ich in 
Ungewissheit über den Weg bin, auf welchem Erentei mit seiuem 
Heere heranzieht, so habe ich den Gardekapitän Norilda *) komman- 
diert, er solle sich den Sakca Taisang ‘), welcher sich uns angeschlos- 
sen hat, als Führer nehmen, und Nachrichten von Krentei einholen. 
Ich selbst will bei Kara usu auf seine Ankunft warteu, um dann 
mit seinem Heere vereint auf Dam zu marschieren.” *) — Der Kaiser 
befahl den zuständigen Behôrden, von diesem Bericht Kenntnis zu 
nehmen, So war die Lage, als ein dritter Bericht von Sereng kam: 
Am 20/VII war ich mit meiner Abteilung in Kara usu angelangt 
und bhatte Lager bezogen. Da kam am 21. Taiïji Boimasung, der 
sich uns neuerdings angeschlossen hatte, mit ein paar Begleitern 
und berichtete: die Oleten hätten gerade bei seinem Stamme Pro- 
viant requiriert und hätten die Absicht, unsere Abteilung zu über- 
fallen. Daraufhin setzte ich mich an die Spitze der Mandschutrup- 
pen und des Grünen Banners, welche ich in drei Teile teilte, und 
rückte mit ihnen vor, um die Feinde aufzuhalten und niederzu- 
machen. Als die Scharen von überall her zum Angriff herankamen, 
fassten unsere Truppen sie von verschiedenen $Seiten und schlossen 
sie ein. In dem darauffolsenden Kampfe schlugen wir den Feind 
an mehreren Stellen und bemächtigten uns dreier Bergrükken. Als 
das Heer der Feinde floh, verfolgte ich es mit meinen Truppen über 
20 Ii weit und tütete dabei bei den Feinden mehr als 200 Mann. 
Eine Menge von feindlichen Wohnsitzen wurden von uns genommen”. 

Der Kaiser empfahl den betreffenden Ministerien, sich mit die- 


sem Bericht ganz besonders eingehend zu beschäftigen. 


OMÉERÉÉ 0 JM HE 
nf HE AI 0 ip 2 FLO 


5) Von Kara usu bis nach Dam sind es nach Wei-tsang t'u-chih nur noch vier 
Tagemärsche (300 Li). 


3178 E. HAENISCH. 


XVII. 


Im neunten Monat, am Tage chi-mao, kam ein Kaiserlicher Befehl an den 
Divisionsgeneral Arna und den Brigadegeneral Da-lii-yoo, nach 
Caidam eine Besatzung zu legen. !) 

Es erging ein Kaiserliches Edikt an den Staatsrat: ,Jetzt ist 
Acitu, welcher auf dem Wege nach Gas stand, mit 1000 Mann 
nach Tsang marschiert. Mit den übrigen 1000 Mann steht der Major 
Cambu ?) aus Si-an im Lande Caïidam. Wernn man jetzt, noch während 
des Herbstes, Nachrichten über die Stellung von Ceringdondob’s 
Heer erlangt, so soll Unser Heer vorrükken. Sollte er das nach 
Tibet einmarschierte Heer nach Gas zurückziehen, in der Meinung, 
auf dem Winterschnee auf dem Wege nach Gas rekognoscierend 
herankommen und die Seite von Huhu noor beunruhigen zu künnen, 
so wäre es für jene (Unsere Führer) ein besonderes Glück. Aber 
man kann nicht wissen, was er beabsichtigt. Ich habe folgendes 
erwogen: der in Su-jeo stehende Brigadegeneral Da-lii-yoo ‘), ein 
tüchtiger Mann, sitzt jetzt untätig dort in Su-jeo*). Wenn man 
Lii-yoo eine Abteilung gäbe und ihn nach Gas schickte, um dort 
den Winter durch Wacht zu halten, so wäre das von Nutzen. 
Hierüber hat der Staatsrat genaue Erwägungen anzustellen und mir 
das Ergebnis zu melden.” — Der Staatsrat machte darauf folsenden 
Vorschlag: ,,Der Platz Gas ist von grüsster strategischer Bedeutung. 
Wenn man aber nur Li-yoo’s 500 Mann dorthin als Verstärkung 
schickte, so wäre das immer noch nicht genug. Da nun augen- 
blicklich in Si-ning eine Menge Truppen stehen, so würde es sich 
empfehlen, die 800 Mandschusoldaten, welche Divisionsgeneral Arna 
nach Si-ning mitgebracht hat, nach Caïdam zu legen, ihnen Flinten, 


Geschütze und sonstige Ausrüstungsstücke auszugeben und sie dort 


1) Tung-hua-lu Kanghi XX 304 (eine Zeiïle). 


2) ? 3) ? 1) EE M. 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 379 


Arna’s Kommando zu unterstellen. Dieser hätte nach gemeinsamer 
Beschlussfassung mit Generalmajor Lii-yoo und Oberst Samboo !) 
zu operieren. Auf diese Weise künnte er die Kräfte des Besatzungs- 
heeres verstärken. Und bei der vorzüglichen Beschaffenheit von 
Weide und Wasser in Caidam würde für die Pferde die Überwinterung 
dort auch sehr vorteilhaft sein. Weiter, da an dem Platze Muru 
usu nur die Abteilung des Generalmajors Tsungjab ?) steht und die 
dazwischen (zwischen Gas und Muru usu) auf die verschiedenen 
Relaisstationen verteilten Wachen alle sehr schwach sind tal es 
sich nicht leugnen lässt, dass Pferdediebstähle und Unterbrechungen 
der Postverbindung vorkommen durch die Feinde, so würde wahrschein- 
lich die Proviantherbeischaffung für das Heer unter diesen Umstän- 
den sich noch schwieriger gestalten. Daher sollte man die unter dem 
Kommando des Gouverneurs von Kansu stehende Truppe von 680 
Schützen dorthin kommandieren. Und zwar in der Art, dass von 
der Station Gôm abgesehen, wo schon 300 Eingeborene-Soldaten 
liegen, auf die übrigen 17 Stationen je 40 Mann hinzukämen”. 


Zu diesem Vorschlage gab der Kaiser seine Genehmigung. 


XVIIT. 


Am Tage chia-shên brachte Leutnant Lio-ki-cang, von Generalgouverneur 
Erentei aus dem Lager bei Kara usu abgesandt, eine Denkschrift an 
den Kaiser, in welcher Erentei von einem Siege über den Feind 
berichtete und ausführte, in welcher Weise er den Feinde 
unerschütterlichen Widerstand leiste. *) 
Erentei hatte sich bereits mit Sereng vereinigt. Sie waren dann 
verschiedene Male mit den Feinden zusammengestossen, wobei sie 


stets gesiegt hatten. Nachher waren aber die Feinde in immer 


grüsseren Mengen erschienen, und man hielt sich nun bei Kara 


1)? 2) ? 
3) Cf. Tung-hua-lu Kaughi XX 304. 


380 E. HAENISCH. 


usu gegenseitig im Schach. — Jetzt schrieb Erentei: ,,Als ich am 

18/VII am Cino gool ankam, brachte ich dem Feinde eine Nieder- 

lage bei. Am 21. gelangte ich dann an den Fluss Kara usu, wo 

ich Sereng’s Heer einholte. Ich sah mir den Ort an, welchen Sereng, 

in der Nühe des Flusses für sein Lager gewählt hatte: er hatte 

einen kleinen Hügel besetzt, welcher nach allen Seiten uugedekt 

gegen die Feinde stand. Ich riet ihm aus diesem Grunde, er täte 

am besten, wenn er über den Fluss zurückginge und auf einem 

(der vorigen Stellung) gegenüberliegenden Berge seinen Lagerplatz 
wählte. Aber Sereng wollte meinen Rat nicht annehmen. Da am 
29. die Scharen der Feinde die Berge besetzten und so den Weg 
versperrten, so konnte die von mir bei hergezogene Abteilung des 
Herzogs Tsewang Norbu nicht herangelangen. Am 20/VIIT ging 
das feindliche Heer bis auf 80 Li zurück, und ich drang noch ein- 
mal in $Sereng, sein Lager eiligst zu verlegen. Sereng sagte jetzt 
zwar zu, traf aber immer noch keine Anstalten dazu. Darauf mach- 
ten vom ersten bis zum siebenten des achten Schaltmonats die 
Feinde, welche in grosser Macht erschienen waren und uns aus 
ihren neu aufzeworfenen Schanzen beschossen, ihre Angriffe auf 
unser Heer. So mussten wir uns, während uns schon der Proviant 
ausging, geswen die Feinde halten, und unsere Lage war hôchst kri- 
tisch geworden. Dass kam alles daher, weil Sereng in so unverant- 
wortlicher Weise mit seinem Heere vorausgeeilt war. Da ich uun 
mit Sereng doch einmal nicht eines Sinnes werden kann, so will 
ich mein Heer ins Gefecht führen, wenn ich auch keine Reserven 
habe, und mir nur Mühe geben, indem ich soviel wie môügjlich 
Feiude niedermache, mir ein Verdienst zu erwerben.” — Diese Denk- 
schrift überreichten Leutnant Lis-Ki-cang ‘) und Umbai ?), ein Fami- 
lienangehôriger von Érentei dem Kaiser in der Hauptstadt. Sie be- 


richteten dazu: ,,Als Erentei die Denkschrift fertig geschrieben 


1) ? 2) ? 








oo 


BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 381 


hatte, übergab er sie uns, mir, Lio-$i-cang und meinen Begleitern, 
und sagte: bringt sie nach der Hauptstadt und macht dem Kaiser 
Meldung! Darauf setzte er sich persünlich an die Spitze des Heeres 
und drang mit grosser Bravour auf die Feinde ein. Eine grosse 
Menge der Gegner fiel im Kampfe. Die Pfeile gingen uns aus, aber 
der Kampf wurde nur beftiger. Schliesslich umzingelten uns die 
Feinde zu verschiedenen Malen, und Erentei, von einer Kugel durch 
die Stirn getrofien, blieb tot auf dem Platze.” — Auf diese Meldung 
hin erging ein Kaiserliches Edikt: ,,Wir befehlen, Erenteïs Leich- 
nam nach der Hauptstadt zu schaffen. Bei der Ankunft desselben 
haben sich der fünfte und der zwülfte Kaiserliche Prinz zu seinem 
Empfang vor die Stadt zu begeben und die Opfer für ihn darzu- 
bringen. Die Prinzen zweiïter dritter und vierter Ordnung sowie die 
Herzôüge aus seinem Banner haben sich vor die Stadt zu begeben 


und ihn eivzuholen.” 


XIX. 


Am Tage chia-hsüû (des 10. Monats) berichtete der Divisionsgeneral 
Jansin, dass der Eingeborenen-Häuptling Jang-Zu-sung seine 


Kräfte in den Dienst des Heeres stellen wolle!). 


Der Bericht Jansin's?) lautete: ,,Als am 21/VIII der Eingebo- 
renen Häuptling Jang-Zu-sung, der mit 500 Mann einen Proviant 
transport geleitete, auf seinem Marsche in Muru usu ankam, stiess 
er plôützlich auf die Dsungaren. Er erlitt bei diesem Zusammenstoss 
einen Verlust von drei Leutnants und Unteroffizieren sowie acht- 
undvierzig Mann. Jang-Zu-sung selbst entkam mit den anderen 
Truppen. Jetzt haben sie uns einen Brief geschickt, in welchem 


sie erklären, sie wollten ihre Kräfte gern in den Dienst unserer 





1) Tung-hua-lu vacat. 
= 
2) AË 45 seine Biographie (er gehort zum Kaisorlichen Hause) 8. KR *É 


7 É4 Æ À z} fi & Kap. 12 (Anhang zum Man-Han ming-ch'ên chuan). 


382 E. HAENISCH. 


Sache stellen. Weiter sind bereits vor mehreren Monaten die Häupt- 
linge Lu-hôwa-ling') und Ki-hiyan-bang?) mit einem Eingeborenen 
Heere bei uns eingetroffen. Alle sagen: da sie die überreiche Huld 
Eurer heiligen Majestät genüssen, so kônnten sie es nicht über sich 
bringen, ihren Sold müssig zu verzehren. Ob sie nicht ihre Kräfte 
in unseren Dienst stellen dürften ? — Darauf habe ich Jang-xu-sung in 
Nara sara*), Lu-hôwa-ling in Gôm‘) postiert, um von dort die Wohn- 
sitze der Feinde aufzustôbern und Gefangene zu machen. Über die 
von den Feinden erschlagenen Leutnants und Soldaten will ich nach 


Feststellung ihrer Namen an Ew. Majestät berichten.” 


XX. 


Divisionsgeneral Hori berichtete über die Gefangennahme des Rebellen 
Pungtsux Dagi5). 

Hori’s Bericht lautete: ,, Der Generalmajor von Ho-li) Jao-kan’) 
hat gemeldet: Am vierten des achten Schaltmonats ist der Untertan 
des Diba Dakjiyei*) Pungtsuk Dagi°) mit acht Begleitern heimlich 
nach Jung-diyan!*) gekommen, um dort Handel zu treiben. Ich habe 
in Ambetracht dessen, dass der Diba Dakjiyei ein Maun ist, der nuit 
Tsewang Rabtan gemeinschaftliche Sache macht, den Pungtsuk Dagi 
festsetzen lassen und lasse ihn hier bewachen. Ich müchte dies Ew. 
Majestät zur Kenntnis bringen.” 

Der Kaiser befahl darauf Pungtsuk Dagi nach der Hauptstadt 


zu schaffen. 








1) Pers 2)ND 


3) Mongolisch, Sonne- und Mond-Gebirge, Xi} hr Ré hi (SE). 89 Ii s. w. 


des von Hsi-ning nach Ssü-ch‘uan führenden Passes. 


4) Identisch mit dem oben erwähnten Platze Gum? 

5) Tung-hualu Kanghi XX 314. 6) {8 PE. 

7) is Hh = Da-jao-kun späterer Gouverneur von Jün-Kuei. 
LR » 

5) #4 EL € ff. ») 5 DE 

0 


) FH 41] Chung-tien t‘ing in Jünnan, westlich von Jung-ning. 














BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 383 


XXI 


Am Tage hsin-wei (im zweiten Monat des 58. Jahres Kanghi) gab der Kaiser 
dem Divisionsgeneral Fara den Auftrag sich nach Litang zu begeben, um 
die dortige Bevülkerung tributpflichtig zu machen; der Gardekom- 
mandeur Galbi bekam den Auftrag sich nach Secuwan zu be- 
geben, um dort die militärischen Angelegenheiten 
wahrzunehmen !), 

Fara hatte folsenden Bericht geschickt: ,,Der Platz Litang liegt 
ganz in der Nühe von Da-jiyan-lu. Wenn man einen Beamten hin- 
schickte, um den Platz tributpflichtig zu machen, dann würden sich 
die dortigen Einwohner willig unterwerfen. Nun ist die Stimmung 
der Bevülkerung in Batang von der in Litang durchaus nicht ver- 
schieden. Man müsste also einen besonderen Beamten kommandieren, 
der erst nach Litang ginge und die Macht und Tugend Ew. Majestät 
den Leuten dort vor Augen führte. Wenn diese dann sich den Ver- 
fügungen unterwürfen, dann wären genaue Listen von den Orten 
und der Zahl der Einwohner anzulegen. Danach müsste sich der 
Beamte nach Batang begeben und dort desgleichen tun. Wenn die 
Leute aber ein Verhalten zeigen, als wollten sie es an sich heran- 
kommen lassen, dann müssten wir um die Zeit der Grassprosse in 
ihr Land einrücken, um sie mit Heeresgewalt zu unterwerfen. Sie 
würden kaum wagen, unseren Truppen Widerstand zu leisten. Für 
diese Aufgabe künnten die Mandschutruppen in Ceng-du 500 Mann 
stellen, unter dem Kommando des Obersten, die dem Gouverneur 
unterstehenden Truppen vom Grünen Banner künnten 1000 Mann 
und die Truppen aus Hôwa-lin und Jung-ning ?) 500 Mann stellen 
unter dem Kommando des Obersten von Jung-ning. Wenn diese 
Abteilung vereint weit vordränge, kôünnte sie sogar die über Batang 


hinaus wohnende Bevôülkerung durch briefliche Aufforderung sich 


1) Tung-hua-lu Kanghi XXI 24. 
) 


# 
Ë 


in Jünnan. 
BB} 


384 E. HAENISCH. 


unterworfen machen. Falls dann die Bewohner von Camdo sich uns 
auch anschlôüssen, so kônnte man, da dieser Platz in nächster Nähe 
von Tsang liegt, mit vereinigten Truppen Tsang erobern. Mit diesen 
Plinen beabsichtige ich einerseits durch briefliche Benachrichtigung 
die Kommandostellen in $i-ning und Jôn-nan vertraut zu machen. 
Andrerseits môchte ich sie Ew. Majestät vorlegen, mit der Bitte 
um eine baldige Verfügung.”’ — Der Staatsrat bemerkte dazu: ,,Es 
empfehlt sich, diesem Vorschlag gemäss zu handeln d.h. man müsste 
Fara mit seinem Heere nach Da-jiyan-lu marschieren und dort Stel- 
lung nehmen lassen. Er hätte von dort Boten auszuschicken, um 
die Bewohner zur Unterwerfung auffordern zu lassen. Falls dann 
die Leute eine abwartende Haltung annehmen und sich nicht unter- 
werfen sollten, hätte Fara mit seinem Heere vorzurücken, Litang 
und Batang mit Gewalt zu besetzen und in Batang Stellung zu 
nehmen. Der Gardekommandeur Umpu ist wieder nach der Haupt- 
stadt zurückzubeordern. Für die in Ceng-du stehende Mandschutruppe 
ist aus der Hauptstadt ein hüherer Offizier nach Ceng-du zu kom- 
mandieren, der den Befehl über die Truppe zu übernehmen hätte.” — 
Der Kaiser verfügte: ,In Anbetracht dessen, dass sich zur Zeit beim 
Heere eine grosse Menge von hôheren Offizieren befinden, soll der 
Gardekommandeur Galbi!) gemeinsam mit Niyan-weng-yoo die Be- 
arbeitung der militärischen Angelegenheiten in die Hand nehmen. 
Derselbe hat sich in aller Eile mit Relaispost nach Secuwan zu 
begweben. Und da sich Fara’s Standort sehr nah bei Da-jiyan-lu be- 
findet, so soll man ihm Befehl geben, mit seinem Heer dorthin zu 


marschieren. Im übrigen soll dem Antrage gemiäüss gehandelt werden.” 


1) DE A3 Hit (SE GE À #E ), seine Biographie s. Man ming-ch‘ên 


chuan Kap. 32. 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 385 


XXII. 


Im dritten Monat, am Tage hsin-ssù kommandierte ein Kaïserliches Edikt 
den Taotai von Jung-ning Gao-ki-pei nach Da-jiyan-lu !). 

Dem Staatsrat war ein Kaiserlicher Befehl zugegangen: ,,Der 
Generalgouverneur von Secuwan Niyan-geng-yoo schreibt folgendes : 
der Diba Daktsa?) von Tibet erzählt, dass Ceringdondob mit einem 
Heere von 500 Mann über Bark'am heranrücke, um das ihm abge- 
tretene Land Tsang in Besitz zu nehmen. Ob er nun wirklich sein 
Heer heranführen oder ob er nur bei der Gelegenheit des Vorrückens 
sich die Beschaffenheit des Geländes ansehen und Nachrichten ein- 
holen will (also nur einen Rekognoscierungszug vorhat), kann man 
picht wissen. Wir müssen aber unter allen Umständen auf der Hut 
sein.” Dieser Antrag von Niyan-geng-yo0 ist vollkommen zutreffend. 
Der Staatsrat hat darüber zu befinden und mir darüber Bericht vor- 
zulegen. 

Der Bericht des Staatsrates lautete: ,,Niyan-ceng-yoo bittet per- 
sünlich mit dem Heere marschieren zu dürfen. Aber da die Provinz 
Secuwan und die Sachen der beiden Heeresabteilungen von Sung- 
pau und Da-jiyan-lu von grôüsster Wichtigkeit sind, ist es unmüg- 
lich Niyan-geng-yoo zu schicken. Wir beantragen folgendes: In 
Hinsicht darauf, dass wir beabsichtigen, um die Zeit der Grassprosse 
den Divisionsgeneral Fara mit dem Heere zur Unterwerfung der 
Bevülkerung von Litang und Batang auszuschicken, sollte, falls sich 
die Nachricht des Diba Daktsa bewahrheitet, eine Abteilung von 
500 Mann ausgewählt und dem Taotai von Jung-ning Gao-ki-pei*) 
unterstellt werden. Derselbe hätte Fara’s Heere entgegenzumarschieren 
und den Verhältnissen, welche er vorfindet, entsprechend zu handelr. 


Falls bei dieser Gelegenheit im Inneren des Landes Plätze von 


1) Tung-hua-lu vacat 2) re Er Æ LU ff : 


—. 
3) JF] # 1 Taotai von Jung-ning, späterer Oberrichter von Ssü-ch'uan, s. Kuo- 
ch'ao hsien-chèng shih-lio Kap. 8. 


386 E. HAENISCH. 


Festigkeit und Bedeutuug zu sehen wiären, sollte er sie zerstoren 
und die Leute darin niedermachen. Sollte sich die Meldung als falsch 
herausstellen, dann müsste Gao-ki-pei mit seiner Truppe eben wieder 
umkehren !).” — Der Kaiser befahl die Ausführung dieses Vorschlages. 
Darauf kam ein Bericht von Niyau-geng-yoo: ,,Ich hatte vor kurzem, 
auf die Kunde hin, man wolle die Kaiserlichen Truppen wieder aus 
Tibet zurückziehen, da man die Listen und Absichten des Feindes 
nicht durchschauen kann, gebeten, ob man nicht den Taotai Gao- 
ki-pei hinsenden und mit der Ausführung der dortigen Aufgaben 
betrauen kônnte. Da aber jetzt unser Heer nach und nach im Ge- 
biete von Litang eintrifft angekommen sind bereits 370 Mann, es 
fehlen nur noch einige Dutzend Mann (von der Abteilung), so bitte 
ich Gao-ki-pei nicht nach Litang zu schicken. Wenn das Kaïserliche 
Heer in der Provinzialhauptstadt ankommt, will ich die Mandschu- 
truppen in die Kasernen der Mandschugarnison aus Gingjeo, die 
Truppen vom Grünen Bauner in die mir selbst unterstehenden Ka- 
sernen legen, sie zusammen tüchtig einexercieren, um sie für 1hre 
spätere Verwendang vorzubereiten.” Der Staatsrat befürwortete diesen 


Antrag und der Kaiser gab seine Zustimmung. 


XXII. 


Am Tage ting-wei (im sechsten Monat) berichteten der Generalgouverneur 
Niyan-geng-yoo und der Gardekommandeur Galbi über die 
Kriegslage in Tibet?). 


In Niyan-geng-yo0’s Bericht hiess es: ,, Wie ich unlängst durch 
Nachrichten von den verschiedenen Stiäimmen Tibets erfahren habe, 


seitdem der Fürst Dayan*) an Krankheit gestorben sei, habe 


1) Eine Strasse, die schon wiederholt von Europäern begangen ist, führt von Ta-li 
über Li-kiang und Atuntze nach Batang. Von einer Strasse Jungning-Batang ist nicht 
bekannt. Die Truppe wird an kleine Gebirgspfade gebunden gewesen sein. 


2) Tung-hua-lu Kanghi XXI 4a. 


5) Ré 2H (CH #}). 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GEÉSCHICHTE CHINAS. 387 


jeder Stamm das Bestreben sich zum Herrscher zu machen. Weiter 
habe ich erfahren, dass auf Ceringdondob's Befehl der Kommandeur 
der beiden Flügel des feindlichen Heeres Cuimpil') mit mehr als 
600 Mann den Fluss Kara usu überschritten und den Marsch auf 
Huhu noor angetreten habe. Schliesslich hüre ich, dass ein Heer 
von 8000 Mann, auf dem Wege nach Tsang begriffen, bereits in 
Jerkiya*) und Keldiya*) eingetroffen sei. Ich habe folgende Erwä- 
gungen angestellt: Falls der Feind von Tsang aus gesen Da-jiyan-lu 
herankommen sollte, wäre der südliche Weg gefährlich und weït, 
der nôrdliche dagegen eben und nah. Da sich in Litang zur Zeit 
Kaiserliche Truppen befinden, so würde der südliche Weg keinen 
Gruud zur Besorgnis bieten. Aber im Norden müsste man recht- 
zeitig Vorsichtsmassreseln treffen. Ich habe infolgedessen ein Deta- 
chement gebildet, welches den Zugang nach Chung-tu‘), zweitens 
habe ich aus den Truppen, welche dem Provinzialgeneral unter- 
stehen, nach Erfordernis eine Abteilung zusammengestellt und in 
die Nühe von Da-jiyan-lu gelegt, wo sie den Weg von Hor sichert*).” 

Ein zweiter Bericht von Niyan-geng-yoo und Galbi lautete: ,, Wir 
haben in Erfahrung gebracht, dass unter den von Ceringdondob mit- 
geführten 6000 Mann die Dsungaren nur mit 2000 Mann vertreten 


sind. Die anderen sind alle nur durch Drohungen zum Mitgehen 


1) À À À 9 (CE NS LE H). 2) ? 
83) — Keriya? I H y in Turkestan südôstlich von Khotan. 


4) Fh JE , Furt über den Ja-lung Fluss, 400 Li westl. von Ta-tsien-lu, s. Wei- 
tsang t‘u-chih FE vh - 


5) Der südliche Weg ist die Hauptstrasse über Litang-Batang Der nürdliche Weg 
führt aus dem Nordtor von Ta-chien-lu, dann am Fusse des Dabo Shan vorbei in nord- 
westlicher Richtung über Dailing, Hor Chango und Derge nach Camdo (1800 Li). Vor 
dem Dabo Shan zweigt rechts der Weg nach Kin-ch‘uan ab, welcher nôrdlich gerichtet 
über den Berg nach Romi chango, dann durch Bawang und Badi nach Ch‘ung-hua und 
von dort über Hung-ch‘iao nach Sung-p'an führt. Mit Hor ist jedenfalls Hor chango ge 


meint. Hor ist tibetisch und bedeutet ,Mongole”. Die chines. Schreibung des Wortes ist 


im Tung-hua-lu A1 FY, im Ta-ch‘ing i-t'ung chih, Abschnitt Kuku noor 6a PE H . 


26 


388 E HAENISCH, 


gezwungen worden. Ferner ist Ceringdondob’s Mitfeldherr Sanji!), 
ein Mann leichtsinnig im Handeln und vorschnell in seinen Ent- 
schlüssen, mit Ceringdondob nicht eines Sinnes. Wir haben nun die 
Absichten der Feinde erforscht: Ceringdondob, welcher Tsewang 
Rabtan’s Niedertracht und Zähigkeit wohl kennt, ist, da er andrer- 
seits mit Panji uneinig ist, in Sorge, er müchte sich selbst nicht 
halten kônnen. Er hat jetzt seine Macht zusammengezogen und 
lässt die Befestigungen der Burg Budala wieder aufführen. Er hat 
die Absicht sich in Tsang zum Kônige zu machen und dann mit 
allen Stimmen sich uns zu unterwerfen. Wir wollen daher heim- 
lich einen Boten an ihn senden: wenn er schleunigst sich uns 


unterwürfe, würden wir den Schutz von Tibet übernehmen und die 


Vernichtung des Sanji betreiben ?).” 


Der Kaiser nahm hiervon Kenntnis. 


XXIV. 


Am Tage ting-ssü berichtete Divisionsgeneral Fara von seinem Angriff 
auf Litang, seinem weiteren Vordringen und der Unterwerfung 


von Batang à). 


Fara’s Bericht lautete: ,,Ich hatte gemäss der Weisung Evw. 


Majestät die Truppen vom Grünen Bauner dem Obersten Jo-jung-kit) 


1) 2) Das Bündnis mit Ceringdondob ist nicht zustande gekommen. 

3) Tung-hua-Ju vacat. 

4) re fi AL (EE : H£ #)] À) war einer der berühmtesten Generale seiner 
Zeit. Es wird eine Na kühner Kriegstaten von ihm berichtet. Seiner Entschlossenheit 
und seinem Ungestüm ist vor allem der fabelhaft schnelle Erfolg in Tivet zu verdanken, 
(sein kühner Handstreich bei Samba ch‘iao). Er eilte, ohne auf das Gros des Heeres zu 
warten, mit seiner kleinen Abteilung voraus und bemächtigte sich der Burg Lhasa. So 
kam es, dass die gesamten Operationen, vom Beginne des Vormarsches von Batang bis 
zur Eroberung von Lhasa, nur vier Monate in Anspruch nahmen (vom 13/IV—19/VIIT). 
Die knappe Meldung des Generals Galbi wird den Verdiensten des Jo-jung-ki nicht gerecht. 
Spätere Lorbeern erwarb er sich vor allem im Kriege gegen die Gorkas und bei der Nie- 
derwerfung des Aufstandes des Fürsten Lobtsang Danjin von Kuku noor im Anfange der 
Regierung Jung-chêng. Er erhielt den Herzogtitel. Doch traf ihn das Schicksal mancher 


grosser Müänner. Er wurde ale Aufrührer verdächtigt und verlor Rang und Würden. Erst 











BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 389 


unterstellt und ïhn zuerst aufbrechen lassen. An dem Tage, an 
welchem ich selbst mit den Mandschutruppen in Da-jiyan-lu an- 
langte, erhielt ich von Oberst Jo-jung-ki folgende Meldung: als wir 
bei uusrer Ankunft in Litang sogleich durch Bekanntmachungen 
den Dawa Ramjamba') und den Diba Sebten Aju?) herbeiholten 
und zur Unterwerfung aufforderten, machten diese leere Ausflüchte 
und Widerreden und wollten die Zahl ihrer Untertanen nicht an- 
geben. Daraufhin haben wir denn den Dawa Ramjamba und den 
Diba Sebten Aju mit ihrem Gefolge gefangen gesetzt. Ich, Fara, 
habe darauf gegen jene die Anklage erhoben, sie hätten im Ge- 
heimen die Stürke unserer Truppen auskundschaften wollen, Da ich 
fürchtete, durch eine Verzôgerang môchten Ungelegenheiten ent- 
stehen, so habe ich, ohne mir erst Zeit zu einem Bericht an Ew. 
Majestät zu nehmen, sieben Mann auf der Stelle nach Kriegsrecht 
aburteilen lassen. Das zu Litang gehôrige Gebiet habe ich zur Un- 
terwerfung gebracht und bis nach Bark'am hin Proklamationen ge- 
sandt. Danach habe ich Oberst Jo-jung-ki 1000 Mann vom Grünen 
Banner gegeben, mit welchen er jetzt weiter marschiert ist um 
Batang zu nehmen.” 

Darauf machte der Staatsrat folgenden Vorseblag: ,,Divisions- 
general Fara ist mit seinem Heere vorgerückt um Batang zu be- 
setzen. Da er sich nach der Unterwerfung des Landes in seiner 


Stellung daselbst zur Verteidigung eiurichten muss, so werden wir 





als unter der Regierung Kien-lung der schwere Krieg mit den Kin-ch‘uan Vülkern aus- 
brach, welcher den Kaiser doppelt so grosse Anstrengungen und Geldopfer kostete wie die 
Bekriegung der Dsungaren und Mohamedaner, gedachte man wieder des alten Offiziers. Er 
erhielt seine Rehabilitation und ein Kommando, welches er unter schwierigen Verhältnissen 
durchführte. Auch hier, als alter Mann, hatte er noch Gelegenheît, seinen persônlichen 
Mut zu beweisen, als er sich allein nach dem feindlichen Versteck begab, um mit dem 
Ilauptling Sha-lo-pên über die Unterwerfung zu verhandeln, s. Kin-ch‘uan fang-lio und 
Shêng-wu-chi Kap. 19. Über das Leben des Gencrals s. Han ming-ch‘èn chuan Kap. 28, 
Kuo-ch‘ao hsien-chêng shih-lio Kap. 14. 


1)? 2) ? 


390 E. HAENISCH. 


nicht umhin kônnen die Abteilungen allmäblich weiter zu verstärken. 
Es sollte daher dem Gardekommandeur Galbi und dem General- 
gouverneur Niyan-geng-yoo brieflicher Befehl folgenden Inhalts 
gegeben werden: Aus den jetzt in Da-jiyan-lu stehenden Mandschu- 
truppen und dem Grünen Banner ist eine Abteilung zusammenzu- 
stellen, welche Fara zur Verstärkung geschickt wird. Von den in 
Ceng-du stehenden Mandschutruppen ist ein Teil nach Da-jiyan-lu 
zu kommandieren und dort in Garnison zu legen. In Anbetracht 
dessen, dass der Platz Batang von dem Orte Iung-diyan in Jôn-nan 
nicht weit entfernt ist, so ist dem Brigadegeneral Uge !) zu schreiben 
er solle Nachrichten über die Dsungaren einholen und (Fara) durch 
die Operationen seiner Abteilung unterstützen. Da der Ort Sung- 
pan in der Nähe von Da-jiyan-lu gelegen ist, so ist dem Brigade- 
general Ningouri zu schreiben, er solle gleichfalls durch Einholung 
von Nachrichten über die Dsungaren und die Operationen seiner 
Abteilung (Fara) unterstützen.” Der Kaiser genehmigte diesen Vor- 
schlag. 

Darauf käm ein Bericht von Niyan-seng-yoo und Galbi: ,,Oberst 
Jo-jung-ki meldet: nach Unterwerfung von Litang habe er sogleich 
Boten abgesandt, welche Batang zur Unterwerfung auffordern sollten. 
Er selbst habe sich mit seinem Heere an den zu Batang gehôrigen 
Ort Lii-deng-samba?) begeben. Da habe er Boten getroffen, welche 
von dem K'‘ambu Diba*) ausgesandt waren, um seine Unterwerfung 
anzuzelgen, und nun von seinen früheren Boten herbeigebracht 
wurden. Er habe sie empfangen und ïhnen den Auftrag an den 
K'ambu Diba gegeben, er solle die Zahl seiner Untertanen aufschreiben 


und die Liste bei Ankunft des Kaiserlichen Heeres in Batang über- 


4 
) AL À. 
2) TL 2% —= LH 280 Li vor Batang auf dem Wege Litang-Batang, samba ist 


tibetisch ,, Brücke”. 
3) S. o. S. 227, Anmerkung 4. 


nn tn ons 


BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 391 


reichen.” Der Staatsrat bemerkte dazu: Da einmal das Land und 
Volk von Batang als unterworfen zu betrachten ist, so ist der 
Divisionsgeneral Fara anzuweisen, ständige Garnison in Batang zu 
nehmen und für den Schutz des Platzes Sorge zu tragen.” Der 
Kaiser verfügte demgemiäss. 

Im Herbst desselber Jahres kam ein neuer Bericht von Niyan- 
geng-yoo und Galbi: ,,Der nach Batang entsandte Präfekt C‘'i-wei-de !) 
meldet: der Hôtuktu Lobtsang Namjal?) von den drei Orten Jaya*), 
Camdo und Tsawa') und seine Anhänger haben mit der Erklärung, 
sie wollten sich unterwerfen, eine Liste mit der Zahl der ihnen 
unterstehenden Lamas Laien angefertigt und hergeschickt um sie zu 
überreichen. Darauthin haben wir nun dem Ministerialsekretär ‘) 
Oraif) und dem Major Hôwang-hi-lin”) folgenden Auftrag geseben: 
sie sollten sich unter Mitnahme von silbernen Petschaften, Seide 
und Teeblättern zur Spionage an die drei Orte begeben. Dort sollten 
sie Bekanntmachungen erlassen und Geschenke verteilen, daneben 
aber die Natur und Geländebeschaffenheit dieser drei Orte sich genau 
ausehen und darüber Meldung erstatten.” Der Staatsrat beantragte 
dazu: ,,Man sollte Niyan-geng-yoo in einem Briefe anweisen, nach 
Rückkehr des Ministerialsekretärs Orai die über Natur und Gelände- 
beschaffenheit der dortigen Gegenden erhaltenen sowie alle sonstigen 
Nachrichten schleunigst Ew. Majestät weiter zu melden.” Der Kaiser 
verfügte demgemiäss. 

Eine neue Meldung von Niyan-ceng-yoo und Galbi besagte: 
»Ein früherer Beschluss des Staatsrats hatte bestimmt, von den in 
Da-jiyan-lu stehenden Mandschutruppen eine ausgewählte Abteilung 
Fara zur Verstärkung zu schicken und die Mandschutruppen aus 
Ceng-du nach Da-jiyan-lu zu legen. Jetzt ist die Bevülkerung von 


Litang und Batang unterworfen, und die Bevülkerung von Jaya, 





1) ? 2) ? 3) ? 4) ? 


5) EG FH mandsch. icihiyara hafan. 6) ? 7) ? 


392 E. HAENISCH. 


Camdo und Tsawa unterwirft sich auch allmäblich. Zur Zeit stehen 
an den Plätzen Litang und Batang von Mandschutruppen und vom 
Grünen Banner 2700 Mann. Was die Rekognoscierung über den 
Feind anbetrifft, so hat man nicht die geringste Nachricht. In An- 
betracht dessen sprechen wir die Bitte aus, ob nicht die Detachierung 
der in Da-jiyan-lu stehenden Mandschutruppen unterbleiben kônnte.” 
Der Staatsrat kam zu dem Schlusse, man müsste dieser Bitte nach- 


geben. Der Kaiser nahm von der Meldung Kenntnis. 


XXV. 


Im neunten Monat, am Tage i-wei, erschien ein Kaiserliches Edikt, welches 
den neuen Hôbilgan als Dalai Lama einsetzte und den Befehl gab, ihn 
mit militärischem Geleit nach Tibet zu schicken!). 

Es lag eine Meldung des Grossfeldherrn Jôn-ti*) vor: ,,Die aus 
Tibet eingetroffenen Iamyan ‘), Sambu‘) und Begleiter, welche ihre 
Unterwerfang anzeigen wollten, sind von Herzog Tsewang Norbu 
nach Si-ning gesandt worden und dort bereits eingetroffen. Sie er- 
zählteu auf Befragen, Ceringdondob und Sanji hätten mit ihrem 
Heere in Tibet gestanden. Sie hätten erfahren, dass Sanji im dritten 
Monat sich zu Tsewang Rabtan begeben habe. Auch Ceringdondob, 
welcher gehürt habe, dass das Kaiserliche Heer von verschiedenen 
Seiten her gegen ihn im Anmarsch sei, beabsichtige im fünften 
Monat sich zurückzuziehen, da er fürchte mit seinen Kräften keinen 
Widerstand leisten za künnen.” Der Kaiïser nahm von dieser Meldung 
Kenntnis. 

Danach erging ein Kaiserliches Edikt an den Staatsrat: ,,Die 
Boten, welche wir das letzte Mal nach dem Westen geschickt hatten, 
Hôbitu °) und Begleiter, haben nach ihrer Rückkehr folgende Mel- 


dung gemacht: ,Ceringdondob und seine Anhänger sowie die Lamas 


1) Tung-hua-lu XXI, 5a. 2) pv EL 5 
3) ? 4) ? 5) 9} HE (4. 











BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 393 


und das Volk von Tibet sagten insgesamt, der in Si-ning erschie- 
nene neue Hôbilgan sei wahrhaftig der Hôbilgan des Dalai Lama). 
Wenn Ew. heilige Majestät den neuen Hôbilgan auf den Stuhl des 
Dalai Lama setzten und die gelbe Lehre ausbreiteten, so würden 
damit wirklich die Hoffnungen des ganzen Landes erfüllt werden. 
Übrigens hätten bei der bôsen Fieberluft, die überall in Tibet herrschte, 
die Kinder und Enkel der Olet sich nicht vermehrt und viel unter 
Krankheiten zu leiden gehabt. Was für Hoffnungen künnte sich 
also der Feind dort im Lande machen! Sie bäten nun, ob nicht 
Ew. Majestät die gelbe Lehre eiligst ausbreiten künnte.” Wenn man 
diese Verhältnisse sieht, scheint die Erledigung der Sache leicht zu 
sein. Wir belehnen hiermit den neuen Hôbilgan mit der Würde 
des Dalai Lama und befehlen, ihn mit Urkunde und Kiegel zu ver- 
sehen, ïhn im nächsten Jahre zur Zeit der Grassprosse nach Tibet 
zu führen und dort den Stuhl des Dalai Lama besteigen zu lassen. 
Für das Geleit ist ein hôherer Beamter zu bestimmen, der eine Ab- 
teilung von 1000 Mann Mandschutruppen, 1000 Mann mongolischer 
Truppen, 2000 Eingeborene und 1000 Mann Infanterie, 1000 Mann 
Kavallerie vom Grünen Banner mitzunehmen hätte. Für die regel- 
mässige Lieferuug von Proviant und Vieh an diese Abteilung hat 
der Grossfeldherr Sorge zu tragen. Weiter sollen auf dem Wege 
über Bark'am 1000 Mann von den Mandschutruppen aus Secuwan, 
1000 Mann vom Grünen Banner und Eingeborene-Truppen im Ver- 
hältnis dazu ebenfalls nach Tibet geschickt werden, für deren Ver- 
proviantierung Niyan-geng-yoo sorgen soll. Die Fürsten und Herzüge 
von Huhu noor sollen auch von ihren Truppen 10000 oder 5 bis 
6000 Mann zu der Begleitmannschaft stellen. Wenn Ceringdondob 
wirklich ein Anhänger der Lehre ist, dann muss er unter allen 
Umständen den Dalai Lama erwarten und darf erst nach seiner 


Thronbesteigung sich fortbegeben. Wenn er aber nicht wartet son- 


1) Der Iôbilgan in Hsi-ning. 


394 E. HAENISCH. 


dern die Flucht ergreift, dann ist er eben ein gemeiner Rebell. Der 
Grossfeldherr soll sich mit seinem Heere in der Umgegend von 
Solomu‘) an einem Platze, wo Wasser und Weide gut sind, auf- 
stellen und die Obhut über die Frauen und Kinder von Huhu noor 
wahrnehmen. 2000 Mann aus Secuwan soll er jenseits der Grenze 
postieren, zum Schutze für die Bagage des Fürsten Cagan Danjin. 
Da die Angelegenheit von grôsster Wichtigkeit ist, so soll aies 
Edikt an den Grossfeldherrn weitergeseben und derselbe zu einer 
eingehenden Beratung mit den anderen und zur Einreichung eines 
Berichtes darüber aufgefordert werden. Weiïter soll man die Fürsten 


und Taijis von Huhu noor zu einer Versammlung beim Grossfeld- 


herrn berufeu, welche eine Proklamation folgenden Inhalts an das 


Volk der Tanguten erlassen soll: ,, Die gelbe Lehre des Dalai Lama 
und des Bancen ist ursprünglich von euren Vorfahren begründet 
worden. Jetzt hat Tsewang Rabtan ohne Grund den Latsang ge- 
tôtet, die Lamas aus den Tempeln auseinandergetrieben, den Weg 
von Geren Olige ?) unterbrochen und den Thron des Dalai Lama 
verwaist gemacht. Ihr habt früher einmal versichert, dieser neue 
Hôbilgan sei der wahre Hôbilgan des Dalai Lama, uud ihr wolltet 
an den Zweck, ihn auf den Stuhl des Dalai Lama zu setzen, euer 
Leben und eure ganze Kraft setzen. Gegenwärtig erklären das ge- 
samte Volk und die Lamas der Tibeter und auch die Lamas von 
Amdao®) dasselbe: es sei wahrhaftig der Hôbilgan des Dalai Lama. 
Jetzt hat der Kaiïser diesen Hôbilgan eigens zum Dalai Lama be- 
stimmt und wird ihn im nächsten Jahre nach Tibet führen und 


auf den heiïligen Stuhl setzen. Er wird die gelbe Lehre ausbreiten, 


1) À Ë ANG as dé À ( ÿn] ) (Mêng-ku yu-mu chi). 


2) FR #)) H 44 ist augenscheinlich ein Ortsname, dessen Feststellung aber nicht 


môglich war. 


3) Pr À É$ tibetische Landschaft nôrdlich des Tengri noor, westlich des Tangla 


Passes. 











BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 395 


den Weg von Geren Olige ôffuen und den Tee- und Leinewand- 
handel wieder einrichten. Da ist nun jetzt gerade die Gelegenheit, 
wo ibr eure Kräfte in den Dienst der guten Sache stellen künntet. 
Das Richtigste wäre, wennu ïhr, jeder einzelne mit Truppenabteilung, 
euch dem mit der Begleitung des Dalai Lama beauftragten Beamten 
anschlôüsset und mit ihm zusammen zôget. Da man aber nicht wissen 
kaun, wie ïhr darüber denkt, so müsst ïhr eine Versammlung ab- 
halten, auf der jeder seine Meinung sagt, und ihr dann alle einen 
einigen Beschluss fasst. Diesen Beschluss sollt ihr dann dem Kaiser 
vorlegen.” Nach der Beschlussfassung sollen Divisionsgeneral Jansin, 
sowie Cutsung'), Herzog Tsewang Norbu und der Hanlin Cangéeo 
sich über den Pass Ku-kuan*?) nach der Residenz begeben und Mel- 


dung machen.” 


XX VI. 


Im zwülften Monat, am Tage ping-shèn, wies ein Kaiserliches Edikt den 
Staatsrat und den Grossfeldherrn an, genaue Vorschläge für die 
Operationen gegen Tibet zu machen ?). 

Der Staatsrat, die vom Kriegsschauplatz heimbeorderten Offiziere 
und die neun Ministerien hatten eine gemeinsame Eingabe mit Vor- 
schlägen betreffend den Tibetfeldzug an den Kaiser gerichtet. 

Darauf kam eine Verfüsgung des Kaïsers: ,, Diese Vorschläge sind 
nicht erschôpfend. Es ist nur von der Expedition in das Westland 
gesprochen, der Armeen von Altai und Barkul') ist überhaupt keine 
Erwähnung getan worden. Wenn die beiden Armeen gemeinsam 
Turfan eingenommen haben und es dann schwer sein sollte, in 
Urumti®) eine feste Stellung einzunehmen, dann müssten entweder 


beiden Armeen vereint angreifen, oder aber jede für sich mit ver- 


a 
L)) £ DR: 2) FF FA], mandsch. akdungga furdan. 
3) Tung-hua-lu Kanghi XXI, 7a &. 


0 [i RS #4. 0 À À 7. 


396 E. HAENISCH. 


ringerter Bagage vorrücken und, weithin Schrecken verbreitend, über 
Hôrdar') angreifen. Wenn sie das täten, würden die Feinde sicher 
in Furcht geraten und freiwillig ihre Weïdeplätze aufgeben. Wenn 
die Feinde dann noch erfahren, dass in Tibet das Kaiserliche Heer 
einrückt und die beiden Armeen (im Norden) auch die Offensive 
ergreifen, dann werden sie nicht nur vor Angst und Aufregung 
keine Ruhe mehr finden künnen, sondern es wird schliesslich Kopf 
und Schwanz einander nicht mehr schützen künnen. Efu Aboo!°) 
soll mit 500 der ihm unterstehenden Olet-Soldaten und 400 Cahar*)- 
Leuten mitmarschieren zur Eroberung von Tibet. Die in Caidam 
stehenden Truppen soll er auch zur Eroberung von Tibet mitnehmen. 
Von den vom Grossfeldherrn io Muru usu zurückgelassenen 3000 Maon 
sollen noch 1000 Mann mitmarschieren. Sollte das beim Grossfeld- 
herrn befindliche Heer zu schwach sein, so wären aus Peking von 
jedem Hauptmann bei den Gardetruppen je zwei Mann, bei den 
Panzertruppen je ein Mann zu stellen, welche im zweiten Monat 
nach Si-ning aufzubrechen hätten. Weïter, der neue Hôbilgan hat 
mir hier geschrieben: da sich an allen Orten Betten (seiner Würde 
entsprechende Ehrensitze) befänden, so künne er sich überall nieder- 
lassen. Er sagt: , Wenn um meinetwillen Krieg entbrennen sollte, 
das wäre doch wahrlich schlimm für die gesamte Menschheit!” Es 
ist schwer zu wissen, ob das wirklich die Meinung des neuen Hôbilgan’s 
isë oder ob ihn etwa die Taïijis von Huhu noor, aus Furcht vor 
Tsewang Rabtan, im Vertrauen gebeten haben, mir das zu schrei- 
ben. Sollte der neue Hôbilgan mit den Taiji's von Huhu noor hierin 
eines Sinnes sein, so kônnte man ïihn nicht hinschicken. Sollten 


aber die Taïijis von Huhu noor nicht dieses Sinnes sein, so müsste 


n) Hf AT HL. 
2) Pie] Hf] Knj ci efu ist der mandschurische Ausdruck für das chinesische Ef Æ ; 


welches ,Gemahl einer Kaiserlichen Prinzessin” bedeutet. 


5) 8 Pr FN 





A 


BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 397 


der Hôbilgan auf jeden Fall nach Tibet œeschickt und auf den Stuhl 
des Dalai Lama gesetzt werden. Wenn wir dann die gelbe Lehre 
weithin ausbreiteten und es erreichten, dass das Volk der Tibeter 
sich aufrichtigen Herzens unterwürfe, dann würde Ceringdondob 
aus Furcht vor unsrer Macht sich natürlich davon machen, und 
unser Heer würde in Tibet einmarschierend die Lehre wieder be- 
festigen. Danach künnten wir von unserem Heere 1—2000 Mann 
dort lassen um fürs erste Ruhe und Ordnung aufrechtzuerhalten 
oder wir künnten sie dort dauernd garnisonieren. So würden sich 
die Tibeter an unsere Soldaten gewühnen. Falls dann auch Tsewang 
Rabtan und Ceringdondob (noch einmal) ein Heer sehickten, dann 
würde dies ermattet und erschôpft ankommen. Unser Heer dagegen 
würde sie in aller Ruhe erwarten und sie dann vernichten kônnen. 
Das ist meine Ausicht. Die Sache ist von grüsster Wichtigkeit, aber 
es hat keinen Zweck, sie zu überstürzen. Das Beste ist, dass ihr sie 
in aller Ruhe und Sorgfalt überlegt und einen bestimmten Plan 
macht. Wenn wir, wie es von den Beamten geraten wurde, uns 
jetzt auf die Defensive beschränkten, was dann? Von Si-ning an 
bis nach Secuwan und Jôn-nan hin wohnen die inneren und äus- 
seren Fan-tzü'!) auf demselben Platz (mit der chinesischen Bevül- 
kerung) gemischt, und die Leute, welche in Tibet wohnen, sind 
durchweg Fan-tzù. Das sind alles Leute derselben Art. Falls das 
Land Tibet von Ceringdondob beherrscht wird, dann ist das Heer 
von Tibet auch sein Heer. Wie würde man dann die Fan-tsü in 
den Grenzländern zusammenhalten kôünnen? Euer Rat, einstweilen 
Defensive zu beobachten, ist ungeeignet. Beratet die Frage noch 
einmal in erschôüpfender Weise und meldet mir euren Entsehluss!” 

Gleich darauf ging ein neuer Bericht mit den Vorschlägen des 


Staatsrats ein: ,Wenn man für das Geleit des neuen Hôbilgan's 


1) 4 Y-. 


398 E. HAENISCH. 


nur 8000 Mann kommandierte, so wäre die Streitkraft dieser Truppe 
etwas schwach. Man sollte sie infolgedessen noch um 4000 Mann 
verstärken. Es müssten dazu kommandiert werden Efu Aboo mit 
500 Mann von seinen Olet-Leuten, Brigadegeneral Cangling') mit 
400 Mann Cahar-Leuten. Das in Caidam als Besatzung liegende 
Detachement des Divisionsgenerals Arna soll von seinen 2000 Mann 
1500 Mann stellen, mit denen Gardekapitän Acitu zu marschieren 
hätte. Von den vom Grossfeldherrn in Muru usu zurückgelassenen 
3000 Mann haben sich 1600 Mann dem Zuge anzuschliessen. Also 
alles in allem 12000 Mann. Ein hüherer Beamter ist zu komman- 
dieren, der das Siegel des Obergenerals erhält und die Fübrung des 
gesamten Heeres übernimmt. Betreffend die Ernennung des neuen 
Hôbilgan’s zum Dalai Lama sind alle in Betracht kommenden Stellen 
zu Vorschlägen für ein passendes Siegel sowie einen passenden Titel 
aufzufordern, Divisionsgeneral Jansin, Cutsung, Herzog Tsewang Norbu 
und der Hanlin-Sekretär Cang$eo haben nach ihrer Rückkehr mit 
dem Grossfeldherrn gemeinsame Beratung zu pflegen. Wenn die 
Taiïjis von Huhu noor die ehrliche Absicht haben ïhn zu geleiten, 
soll man den neuen Hôbilgan mit der Expedition zusammen hin- 
schicken. Wenn sie ihn aber erst nach Klärung der Lage hinbringen 
wollen, soll man ihm einstweileu seinen Sitz im Kloster Gumbum ?) 
auweisen vorher das Kaiserliche Heer aussenden, Tibet mit Waffen- 
gewalt erobern und die von Aboo mitgeführten 500 Mann, die 400 
Mann Cahar, 2000 Mann Mandschutruppen und Truppen vom Grünen 
Banner sowie 2000 Mann von Hubhu noor diese Truppen alle zu- 
sammen als Besatzung in das Land legen. Weiter, Divisionsgeneral 
Fara soll, sobald die Umstände es erlauben, mit seinem Heere auf 


dem Wege über Bark’am vorrücken. Galbi und Niyan-geng-yo0 sind 


1) ? 


Lis 
2) LÈ F5 in AN tibetisch sku obum ,,Kloster der 100.000 Gôtterbilder”, be- 


rühmt als Sitz des Reformators Tsongkaba. 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 399 


anzuweisen, ihrerseits auch 2000 Mann zu stellen und dieselben an 
Fara zu senden. Die von Divisionsgeneral Uge mitgeführte Abtei- 
lung soll von Mandschutruppen 1000, vom Grünen Banner 2000 
Mann stellen. Den Befehl über die Mandschutruppen bekommen 
Divisionsgeneral Uge und Brigadegeneral Unaha, über das Grüne 
Banner Brigadegenerale Jao-kun und Ma-hôi-be!). Diese hat sich 
mit Fara zu vereinigen. Bezüglich des Tages, an welchem die Heere 
aufbrechen und des Ortes, an welchem sie sich vereinigen sollen, 
ist der Grossfeldherr anzuweïisen seine Dispositionen zu treffen, die 
er den Quartieren der verschiedenen Abteilungen zugehen lassen 
muss. Weiter. von den 20 000 Mann der Altai-Armee sollen 15000 
Mann unter Mitnahme von 3 Monaten Proviant am Ende des sech- 
sten Monats auf zwei Strassen, über Bulagan?) und Buraal*) vor- 
rücken. Gelingt es, Tsewang Rabtan zu überraschen, so soll die 
Abteilung tief in Feindesland hinein vorstossen. Falls der Feind 
dagegen auf der Hut ist, soll die Abteilung sich wieder zurück- 
ziehen. Von den 13000 Mann in Barkul sollen 10000 Mann heraus- 
genommen werden, von welchen 3000 Mann mit verringerter Bagage 
gegen Turfan*), 2000 Mann gegen Urumei marschieren. Die übrigen 
5000 Mann sollen in aller Ruhe vorrüeken und der Urumci-Abteilung 
als Reserve dienen. Die Abteilungen von dieser Armee sollen für 2 
Monate Proviant mitnehmen und zusammen aufbrechen an einem 
mit der Altai-Armee verabredeten Tage. Über die Fragen, wenn man 
das Kommando über diese ins Feld rückenden und die zurüekblei- 
benden Abteilungen geben soll, wer unter den auf dem Kriegs- 
schauplatz befindlichen hôheren Beamten als Oberkommandeur für 
die Tibetexpedition in Betracht käme, und welchen Provinzialgeneral 


oder Generalmajor aus Si-ning und den anderen Orten dazu kom- 


» 6 67 14 
2) 3) 15 pi] 2, {5 #8 Rà nicht weit von Urumci. 
9 nE É 


400 E. HAENISCH. 


mandieren soll, über diese Fragen erwarten wir die Entscheidung 
Ew. Majestät.” 

Der Kaiser verfügte hierauf: , Diese Vorschläge sind ausseror- 
dentlich erschüpfend. Da der Gegenstand von grôüsster Wichtigkeïit ist, 
so befehle ich, dem Grossteldherrn briefliche Anweïsung zu schicken : 
er soll die Angelegenheit mit den Taïjis von Huhu noor beraten 


und mir seinen Entschluss melden.” 


XXVIL. 

Im zweiten Monat (des 59. Jahres Kanghi). am Tage kuei-ch‘ou, wurde 
Gardekommandeur Galbi zum ,.Generalfeldmarschall gegen die 
Westländer” ernannt !). 

Es erging ein Kaiserliches Edikt an die Grosssekretäre: ,,Gene- 
ralgouverneur Niyan-geng-yoo hat, seitdem er die militärischen An- 
gelegenheiten wahrnimmt, eine rastlose Energie und grosse Arbeitskraft 
bewiesen. Die Ausbildung, welche er den Truppen in Secuwan hat 
zuteil werden lassen, ist als hervorragend zu bezeichnen. Es ist 
eiligst ein Brief an Niyan-geng-yoo zu senden, welcher ihm seine 
Ernennung zum Führer der Armee mitteilt und ihn anweist, mit 
der Armee den Einmarsch in Tibet anzutreten. Sollte sich jemand 
finden, welcher die Geschäfte des Generalgouverneurs vertretungs- 
weise wahrnehmen Kkünnte, und dessen Person Gewähr bôte, dass 
in dem Lande keine Unruhen entstehen, dann soll Niyan-geng-yoo 
mich das wissen lassen und demselben die Geschäfte vertretungs- 
weise übergeben. Falls aber kein Mann zu finden ist, der in An- 
betracht der Wichtigkeit des Landes die Vertretung zu übernehmen 
geeignet erschiene, dann soll Gardekommandeur Galbi Armeeführer 


werden und den Befehl erhalten, mit den Truppen der beiden Pro- 





vinzen Jôn-nan und Secuwan den Vormarsch anzutreten. Das Siegel 
als ,,Generalfeidmarschall gegen die Westländer””?) ist ihm in diesem | 2 


Falle eiligst zuzustellen.” 


1) Tung-hua-lu Kanghi XXI, 94. | 


2) E pt LEA GE mandsch. wargi be toktobure jiyanggiyôn. | 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 401 


Niyan-geng-yoo's Antwort darauf lautete: ,,Ein Mann, welcher 
geeignet wäre Siegel und Geschäfte des Generalgouvernements von 
Secuwan vertretungsweise zu übernehmen, kann nicht so schnell 
gefunden werden. Ich müchte der Erwägung Ew. Majestät anheim- 
stellen, Galbi das Siegel als ,Generalfeldmarschall gegen die West- 
länder” zu geben und ïhn mit dem Heere nach Tibet einmarschieren, 
Divisionsgeneral Fara dagegen nach Da-jiyan-lu abzukommandieren 
und ihn dort eine Aufnahmestellung nehmen zu lassen.” Der Kaiser 


verfügte demgemäss. 


XX VIII. 


Ein Kaiserliches Edikt ernannte den neuen Hôbilgan zum Dalai Lama der 
sechsten Wiedergeburt mit dem Titel ,,Ausbreiter der Lehre und 
Leiter der Kreaturen” und stellte ein Heer auf, um ihn 
nach Tibet zu geleiten !). 

Der Grossfeldherr Jôn-ti hatte gemeldet: ,Ich habe gemiäss dem 
Befehle Ew. Majestät eine Versammlung der Fürsten und Taijis 
von Huhu noor einberufen, in welcher ich mit ihnen den Vormarsch 
des Heeres und die Aussendung des neuen Hôbilgan’s (nach Tibet) 
behandelt habe, Die Fürsten und Taïjis von Hubhu noor haben ein- 
stimmig erklärt, sie wollten mit vereinten Kräften ein Heer ins 
Feld stellen und bäten den neuen Hôbilgan zu ernennen und ihn 
die Aufsicht über die gelbe Lelre übernehmen zu lassen.”’ 

Auf diese Meldung hin ernannte der Kaiser den neuen Hôbilgan 
- zum Dalai Lama der sechsten Wiedergeburt, , Ausbreiter der Lehre 
und Leiter der Kreaturen ?)” und stellte ein Heer von Mandschu- 
truppen, vom Grünen Banner und von Hubhu noor-Truppen auf, 
welches ihn nach Tibet geleiten sollte. Er kommandierte auch die 
Chefs der 49 mongolischen Banner und den Hôtuktu Iebtsundamba 


von den Kalka*) sich als Gesandte dem Geleitheere anzuschliessen. 





1) Tung-hua-lu Kanghi XXI, 104. 
D IE DE AR SP 7 IE EE HE D JL 


3) HX FI NX s. Mêng-ku yu-mu-chi. Kap. 3, 5, 7—10. 


402 E. HAENISCH. 


XXIX. 


Im dritten Monat, am Tage Chi-ch‘ou, meldete der Divisionsgeneral von 
Jon-nan Uge seinen Abmarsch nach Tibet !). 

Die Meldung des Divisionsgenerals Uge lautete: ,,Es war die 
Disposition getroffen worden: die Mandschutruppen und Truppen 
vom Grünen Banner vom Kaiserlichen Heere in Jôn-nan sollten 
nach Bark‘am marschieren und dann mit dem Heere des Feldmar- 
schalls Galbi vereint in Tibet einrücken. Auf diesen Befehl hin bin 
ich am 12/II von Jôn-nan aufgebrochen. Da mir der Eingeborenen 
Präfekt?) von Lü-giyang-fu *) Mu-hing *) schrieb, er wolle gern mit- 
ziehen und seine Kräfte zur Verfügung stellen, so habe ich von seinen 
Eingeborenen-Truppen 500 Mann ausgewählt, Mu-hing’s Sohne un- 
terstellt und mit unserem Expeditionsheere zugleich ins Feld rücken 


lassen.”’ Der Kaiser nahm hiervon Kenntnis. 


XXX. 


Im Sommer, im vierten Monat, am Tage jén-yin wurde das Land von 
Batang und Litang vorläufig der Verwaltung der Provinz 
Secuwan unterstellt 5). 

Der Generalgouverneur von Secuwan Niyan-geng-yoo hatte fol- 
gende Eingabe an den Kaiser gemacht: ,Kürzlich ist auf Antrag 
des Generalgouverneurs von Jôn-nan und Gui-jeo Jiyang-cen-sif) 
das Gebiet von Batang und Litang der Verwaltung des Eingeborenen- 
Präfekten von Lii-giyang-fu unterstellt worden. Wie ich festgestellt 
habe, ist das Gebiet von Batang und Litang vorher im Besitze der 
Leute von Tibet gewesen. Ich, der ich Ew. Majestät Gnade und 


Macht verkündend ausbreite, füge und unterwerfe mich (dem Kai- 


1) Tung-hua-lu vacat, doch s. Edikt vom Tage chi-ch'‘ou 3. Monats. 


2) SE PA KF mandsch. aiman-i fu-i saraci. 
» BE 7L FF. » À H. 


5) Tung-hua-lu Kanghi XXI, 106. 


6) ne Pi >) s. Han ming-ch‘ên chuan Kap. 15. 




















BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 403 


serlichen Willen). Ob man das Land zu Secuwan schlägt oder zu 
Jôn-nan, in beiden Fällen ist es Reichsgebiet, Nur eins will ich 
bemerken: Das Land Secuwan befindet sich zur Zeit im Kriegs- 
zustande. Jede einzelne Sache bei der Heranschaffung, Anweisung 
und Verteilung des Proviants nimmt ihren Weg über Batang und 
Litang, welche beiden Plätze von hüchster Wichtigkeit sind. Wenn 
man die Verwaltung einem Eingeborenen-Beamten übergibt, werden 
sich daher bei dem Verkehr Ungelegenheiten herausstellen. Wenn 
man Briefe nach Jôn-nan schickt, geht für Hin- und Rückweg zu 
viel Zeit verloren. Ich müchte daher bitten in Erwägung stellen zu 
dürfen, ob es nicht von Nutzen für die militärischen Operationen 
wäre, wenn man das Gebiet doch der Verwaltung der Provinz Se- 
cuwan unterstellte, Ein anderer Punkt betrifft einen Brief des Divi- 
sionsgenerals Uge. Er schreibt: der von Jôn-nan in Tibet einmar- 
schierenden Abteilung müsse dreimonatiger Proviant in ratenweiser 
Sendung zugestellt werden. Da nun bei der Hühe der Berge und 
der Enge der Strassen die Heranschaffung des Proviants Schwierig- 
keiten mache, so bitte er, ihm von dem aus Secuwan herangeschafften 
Proviant abzugeben. Mir stellt sich die Sachlage so dar: Aus den 
beiden Provinzen Jôn-nan und Secuwan rücken Truppen ins Feld, 
Die ins Feld rückenden Truppen der Provinz Secuwan zählen 7000 
Mann, die der Provinz Jôn-nan 3000 Mann. Es fragt sich nun, 
ob der aus Secuwan beschaffte Proviant für den Gebrauch der Jôn- 
pan-Truppen mit reicht.” — Der Staatsrat bemerkte dazu: ,, Man sollte 
die Angelegenheit gemäss dem Antrage Niyan-geng-yoo’s regeln. 
Der Generalgouverneur und der Gouverneur von Jôn-nan sollen den 
Auftrag erhalten, eiligst für die ratenweise erfolgende Proviantnach- 
sendung an die Jôn-nan-Truppen Sorge zu tragen. Nach erfolgter 
Vereinigung der unter Uge marschierenden Truppen mit dem Heere 
Galbr's soll, solange der aus Jôn-nan beschaffte Proviant noch nicht 
angekommen ist, einstweilen von dem Überschuss des Secuwans- 


proviants aussegeben werden. Derselbe ist nachher bei Eintreften 


e 
21 


404 E. HAENISCH. 


des Jôn-nan-Proviants aus diesem im entsprechenden Verhältnis 
wieder aufzufüllen. Das Gebiet von Batang und Litang soll einst- 
weilen der Verwaltung von Secuwan mit unterstellt werden. Nach 
Beendigung der Feindseligkeiten aber soll es wieder nach unserem 
früheren Vorschlage unter die Verwaltung von Jôn-nan kommen.” 


Der Kaiser gab diesen Vorschlägen statt. 


XXXI. 


Im Winter des 59. Jahres der Regierung Kang-hi, im zehnten Monat, am 
Tage i-wei meldete der ,,Generalfeldmarschall gegen die West- 
länder” Galbi die Eroberung von Tibet 1). 


Galbis Meldung lautete: ,,Mit dem Heere in Lari?) angelangt, 
hürte ich ein Gerücht, nach welchem der Iaïisang Cuimpil mit einer 
(feindlichen) Abteilung von 2600 Mann im Anmarsch sein sollte, 
um unserm Heere an der Strasse nach [ang mir Zung*) den Weg 
zu verlegen. Darauf fassten wir den ŒEntschluss, wir wollten bei 
dieser Gelegenheit den Feinden zuvorkommen, indem wir den Ort 
Meju Gungk‘a“) vorher besetzten. 

So brach ich am 4/VIII mit dem Heere in Lari auf. Wo unser 
Heer hin kam, an allen Orten kamen uns die Einwohner, welche 
von unserem Herannahen gehôürt hatten, entgegen. Der Hôtuktu 
von Jugung®) war der erste, welcher uns sein Land übergab und 
sich uns anschloss. Am nächsten Tage rückteu wir vor und er- 
oberten das Land von Meju Gungk'a, welches ich den Häuptlingen 
des Diba schenkte. Die Bevôlkerung hielten wir in Rubhe. Ich sandte 
eine Abordnung unter Leutnant6) Iao-zu”) an den Diba Daktsa, 
welcher zur Unterwerfung beredet wurde. Danach kamen die Lamas 


und die Häuptlinge der Tungkur#) alle einer nach dem andern und 





1) Tang-hua-lu Kanghi XXI, 154. 
2) hi Lil halbwegs zwischen Camdo und Lhasa. 


» EX 0 ER THE. 
5) À LÉ 6) F Al mandsch. minggatu. 


7) SE frs - 5 $f À} Rd: 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 405 


erklärten ihre Unterwerfung. Der Diba Daktsa erhielt von uns den 
Auftrag Fellboote') zu requirieren, mittels welcher wir am 22/VIII 
den Übergang über den Fluss bewerkstelligten. Ich teilte das Heer 
wieder in drei Teile, welche ich dem Gardekapitän Nacin?) und 
zwei anderen Führern unterstellte. So brachen wir am dreiundzwan- 
zigsten um die Zeit der fünften Wache auf und bemächtigten uns 
(der Hauptstadt) Tibets*). Die in der Stadt befindlichen grossen 
und kleinen Dibas, Häuptlinge sowie die Lamas aus den Tempeln 
wurden versammelt, und ich verkündete ihnen Ew. Majestät erha- 
bene Absicht, das Volk von Tibet zu retten. Nachdem die Speicher 
und Magazine des Dalai Lama sämtlich versiegelt waren, schlug ich 
an einem uahe gelegenen festen Platze das Lager auf, welches ich 
durch vorgeschobene Wachen sichern liess. Die Wege auf welchen 
die Dsungaren-Leute verkehrten und ihren Proviant herbeiführten, 
liess ich versperren. Hierauf wurden von den ÀÂbten dreier Klüster 
alle in den Klüstern befindlichen Dsungaren-Lamas festgenommen 
und uns ausgeliefert, zusammen 101 Mann. Hierunter befanden sich 
fünf falsche Hauptlamas, von welchen der Diba Daktsa und die  bte 
der drei Klüster sagten, dieselben fünf Männer seien alle von Cering- 
dondob eingesetzte Grosslamas. Daraufhin habe ich diese fünf Lamas 
sofort kôpfen lassen, Die übrigen 96 Lamas habe ich alle ins Ge- 
fängnis geworfen.”” 

Auf diesen Bericht erschien ein Kaiserliches Edikt: ,Galbi hat 
meinen Anordnungen entsprechend die Kaiserliche Armee in weit 
entfernte (Gegenden geführt, in welche schon seit alter Zeit keine 


Truppen hingelangt sind. Dadurch dass jeder Einzelne von den 


1) J fau. Hier sind jedenfalls die auf den dortigen Flüssen gebräuchlichen aus 


Robr geflochtenen nnd mit Leder überspannten Kürbe gemeint. 


— Z _n 
2) EA Æ damals (S F5 mandsch. hiya Er mag vielleicht mit dem Herzog 


Nacin identisch sein, welcher im ]3. Jahre Kienlung das Kommando über die Kin-ch‘uan- 
Expedition erhielt, und welchem dann nach seinen Misserfolgen der Kaiser ein Schwert 
sandte, mit der Auffordernng sich das Leben zu nehmen. 


3) Tibet steht hier für Lhasa, nach der üblichen Ausdrucksweise, Hu-pei für Wu-ch‘ang. 


406 E. HAENISCH. 


Leuten Müben und Anstrengungen auf sich genommen hat, ist es 
ihnen gelungen, das Land Tibet zu erobern. Die von den Dsungaren 
als Vertrauensmänner gebrauchten verräterischen fünf Lamas sind 
nach dem Gesetz abgeurteilt wordeu. Das Volk der Tanguten und 
Tibeter wird in schonendster Weise in Ruhe und Frieden gehalten. 
Das sind ganz hervorragende Taten. Die Leute, welche an der Ex- 
pedition teilsenommen haben, vom General abwärts und vom Sol- 
daten aufwärts, sollen mir alle besonders namhaft gemacht werden.” 
Den Kaiserlichen Truppen aus Secuwan und Jôn-nan, welche 
Tibet erobert hatten, wurden vom Kaiser Belohnungen gegeben. 
Dem Kriegsministerium ging ein Kaiserliches Edikt zu: ,,Ich 
habe in der Erwägung, dass für die Aufrechterhaltung von Ruhe 
und Frieden im Staate die liebevolle Behandlung von Heer und 
Untertanen von grüsster Bedeutung ist, seit meiner Thronbesteigung 
früh aufstehend und spät zur Ruhe gehend die Sarge um das Wohl 
des Heeres und des Volkes auch nicht eine Stunde aus dem Herzen 
gelassen. Nun hat in diesen letzten Jahren Tsewang Rabtan Krieg 
angefangen und ist gekommen ohne Grund und ohne Recht unser 
Hami-Gebiet') anzugreifen. Zugleich hat er Latsang getôtet, sich 
Tibet's bemächtigt und Not und Elend über die Tibeter und Tan- 
guten gebracht. Dann haben sich die Leute aus Turfan in der Nähe 
der an Secuwan und Jôn-nan angrenzenden Gebiete niedergelassen. 
Wenn jetzt die Dsungaren Turfan erobern und dann die Tibeter 
und Tanguten zu einem Vordringen und Angriff auf Huhu noor 
bereden würden, dann wäre es nicht nur sehr schwer diesem Lande 
zu Hülfe zu kommen, sondern auch die Gelegenheit zur Einnahme 
von Tibet wäre dann für uns vorbei. Aus dieser Erwägung heraus 
habe ich aus den Mandschutruppen und dem Grünen Banner von 
Secuwan und Jôn-nan ein Heer aufgestellt und über Lari vorge- 
schickt, während ich zugleich die Westarmee von Huhu noor aus 


in Tibet einrücken liess?). Bei dieser Gelegenheit haben die Offiziere 


1) BA 28. 2) Strasse von Kuku noor nach Tibet s. S. 222, Anmerkung 6. 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 407 


und Mannschaften alle mir meine Liebe und Sorge mit Dank ver- 
golten. Gemäss meinen Anweisungen sind sie, während jeder einzelne 
Mühe und Anstrengungen auf sich genommen hat, geradeswegs in 
die gefahrvollen und weit entlegenen Nachbarländer vorgedrungen 
und haben Tibet erobert. Dafür verdienen sie mein Mitgefühl und 
meine Gnade im hôüchsten Masse. Ich befehle, dass Ihr, das Minis- 
terium den bereits empfangenen Sold für die Offiziere und Mann- 
schaften der Mandschutruppen und des Grünen Banners von Secuwan 
und Jôn-nan insgesamt auf der Stelle auszahlt, zu welchem Zwecke 
stets ein Präsident hinzusenden ist. Jeder Mann aus dem Secuwan- 
Jôn-nan-Heere, welches Tibet erobert hat, soll (ausserdem) 10 Taels 
Silber als Geschenk erhalten, desgleichen die Kinder und Frauen 
derselben. Auf diese Weise will ich meiner allerhüchsten Genugtuung 
und dem Mitgefühl Ausdruck geben, welches ich bei den Strapazen 
meiner Offiziere und Soldaten empfinde. Euer Ministerium hat ge- 


mäss diesem Edikt zu verfahren.’”? 


XXXII. 


Am Tage i-mao kam eine Meldung vom Generalissimus Jôn-ti, dass General 
Jansin die Feinde geschlagen habe und in Tibet eingerückt seit). 

Jôn-t's Meldung lautete: ,General Jansin hatte mit seinem 
Heere am 15/VIIT am Flusse Buk?) gelagert. Dort wurde er in der 
Nacht von Ceringdondob angegriffen, welcher aber in Gefechte ge- 
schlagen wurde und dabei Pferde, Tragtiere und Waffen verlor, 
Am 19. brach Jansin vom Flusse Buk auf und lagerte am 20, am 
Cino gool. Dort wurde unser Heer zur Zeit der dritten Wache von 
einer feindlichen Abteilung von über 2000 Mann überfallen. Da es 
jedoch vüllig vorbereitet war und Stellungen eingenommen hatte, 
so konnte der Feind nicht lange stand halten, wurde geschlagen 
und floh. Am 21. brach das Heer vom Cino gool auf und lagerte 


1) Tung-bua-lu Kanghi XXI, 154. 


2) h (jf) (5 NX Ye] : rl % Pa] ) im Westen des Kuku-noor — 


Gebietes, s. Mêngku yu-mu chi XII, 24. 


408 E. HAENISCH. 


am 22, an dem Orte Comara!). In dieser Nacht machten um die 
finfte Wache über 1000 Mann einen Überfall auf unser Lager. 
Aber die rings um das Lager aufgestellten Wachen nahmen den 
Feind unter das Feuer ihrer Geschütze, Gewehre und Pfeile, so dass 
er unter grossen Verlusten in die Flucht geschlagen wurde. Jansin, 
welcher mit seinen Mandschutruppen und dem Grünen Banner ohne 
Aufenthalt durchmarschierte, brach am 8/IX von Dam auf und führte 
den neu ernannten Dalai Lama nach Tibet (Lasa) hinein. Den alten 
Dalai Lama Bogda?), welchen man doch nicht mehr in Tibet be- 
lassen kann, will ich nach Peking senden.” — Auf diese Meldung 
erging ein Kaiïserliches Edikt: ,Vordem hatten anlässlich der (be- 
absichtigten) Aussendung des Heeres und des Einmarsches in Tibet 
der Staatsrat und die neun Ministerien #) eine Eingabe an mich ge- 
richtet in welcher sie erklärten, das Land Tibet liege zu weit ent- 
fernt, der Weg sei zu gefährlich und noch dazu herrsche dort ein 
schlimmes Klima. Daher sei es unmôglich dorthin zu ziehen. Son- 
dern es sei geraten die Grenzlinien zu befestigen und gut zu sichern. 
Ich dagegen hatte den Gedanken: Jetzt hätten die Dsungaren sich 
des Landes Tibet bemächtigt und die Tibeter und Tanguten in Un- 
ruhe versetzt. Weïiter hätten sich die Leute aus Turfan in der Nähe 
der Grenzen von Secuwan und Jôn-nan niedergelassen. Falls nun 
die Dsungaren das Land Turfan eroberten und dann die Tibeter 
und Tanguten zum Angriff auf Huhu noor bewôügen, dann würde 
es nicht nur sehr schwer sein, dem Lande zu helfen, sondern auch 
die Eroberung von Tibet würde dann für uns unmôglich geworden 
sein. Ich habe demnach selbständig meine Entscheidung getroften. 


Die Generale Funingga, Furdan und Kilidei*) erhielten das Kom- 


D #8 16 D ( $À BE fi ?) 

2) RE HA DR OR FE CC € - 

3) JU SE mandsch. uyun saitu. 

:) D Æ fi (IE DE 4 Æ£ mandsch. wargi be dailara jiyangyiyôn). 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 409 


mando über die beiden Kaiserlichen Armeen (im Norden) mit dem 
Befehl in Tsewang Rabtan’s Land einzurücken, ihn in Schrecken 
zu setzen und zur Unterwerfung zu zwingen. General Galbi erhielt 
das Kommando über das Kaiserliche Heer, bestehend aus Mandschu- 
truppen und Grünem Banner von Secuwan und Jôn-nan, mit dem 
Befehl zum Vorrücken auf dem Wege nach Lari. General Jansin 
erhielt das Kommando über die Westabteilung mit dem Befehl von 
Huhu noor aus vorzurücken. Schliesslich der Generalissimus (Jôn-ti) 
erhielt das Oberkommando über das gesamte Heer und seine Stel- 
lung in Muru usu angewiesen. Die Armeen wurden aufgestellt und 
eingeteilt und für Proviant und Kosten wurde Sorge getragen. Im 
Felde haben die Leute sich, jeder einzelne, grosse Mühe gegeben. 
Das in zwei Armeen vorrückende Heer (im Norden) sind in das 
Gebiet von Tsewang Rabtan eingedrungen, haben ihn wiederholt 
aufs Haupt geschlagen, seine Truppen niedergemacht und ihm Men- 
schen und Vieh abgenommen und mehrere Tausend Dsungaren 
tributpflichtig gemacht. Jetzt lese ich den Brief, in welchem der 
Grossfeldherr meldet, Jansin habe Ceringdondob drei schwere Nie- 
derlagen beigebracht, das feindliche Heer zerstreut und in die Flucht 
gejagt. Hüôchst anerkennenswert! Über die bei der Expedition be- 
teiligt gewesenen Leute vom General abwärts und gemeinen Mann 


aufwärts soll mir ein besonderer Bericht gemacht werden.” 


XXXIIL. 


Am Tage hsin-yu wurden die in Gas und am Engpasse Buter sowie die im 
Lande Hubhu noor zum Schutze stationierten Truppen eingezogen, aber 
noch 2000 Mann abgeteilt, welche als Schutz für Hubhu noor 
zurückbleiben sollten !). 


Grossfeldherr Jôn-ti hatte angefragt: ,,Als unser Heer am 13/VIIT 
in Tibet einmarschiert war, erhielten wir die Nachricht, dass Cering- 


dondob mit seinem Heere bereits über Keldiya ?) entflohen sei. Künnten 





1) Tung-hua-lu Kanghi XXI, 164. 
2) S. o. S. 401, Anm. 3. Über den Verkehrsweg der Dsungaren nach Tibet s. 


DE Je Al #5 Ken 6, S. 8. 


410 E. HAENISCH. 


wir unter diesen Umständen nicht die nach Gas, am den Engpass 
Buter') und die als Besatzung nach Huhu noor gelegten Truppen 
wieder einziehen ?” 

Der Staatsrat bemerkte dazu: ,Mann sollte in dieser Sache dem 
Antrage stattgeben. Aber Ceringdondob ist ein hüchst verschlagener 
Mann. Wenn er auch davon geflohen ist, kann man doch nicht 
wissen, ob er nicht eine günstige Gelegenheit erspäht, das Land 
von Huhu noor anzugreifen. Daher wäre der Grossfeldherr brieflich 
anzuweisen, er sollte immer noch 2000 Mann detachieren welche 
in die Nähe des Huhu noor-Gebietes gelegt werden sollten um zu 
rekognoscieren und Wache zu halten” Der Kaiser verfügte dem- 
gemäss. | 

XXXIV. 


Am Tage hsin-ssü erging ein Kaiserliches Edikt an die Grosssekretäre, 
Hülfssekretäre und die neun Ministerien, welches sie beauftragte, 
genaue Erhebungen über die Namen der südwestlich der 
äussersten Grenzen gelegenen Berge, Flüsse und 
Ortschaften anzustellen?). 

Das Kaiserliche Edikt an die Grosssekretäre3), Hülfssekretäre *) 
und neun Ministerien5) lautete: Ich habe mich von Jugend auf 
für die Geographie interessiert. Wenn ich den Namen irgend eines 
Berges oder Flusses aus dem Altertum oder ein an den äussersten 
Grenzen gelegenes fernes Land nicht feststellen konnte, dann sah 
ich auf Karten und in Büchern nach, um mich zu erkundigen, was 
über so ein Land berichtet wurde, und bemühte mich dann heraus- 
zufinden, ob (das darin Gesagte) auch wahr sei. So habe ich auch 
Beamte nach (dem) Kun-luwen‘) (gebirge) und nach Si-fan?) ge- 

n 1h EF. 

2) Tung-hua-lu Kanghi XXI, 174. Ilierzu vgl. die Karte py DE Æ aus dem 
DE ER léal #3 - 

3) À A + mandsch. aliba bitheï da. 


4) ÆL —f ashani bithei da. 5) S. o. S. 422, Anm. 3. 


o E À: n DE 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 411 


schickt, mit dem Auftrage, von allen bedeutenderen Flüssen wie 
Hôwang-ho'), Sahaliyan muke*), Gin-$a ula*}, Lan-tsang ula *) und 
anderen die Quellorte durch Augenschein bestimmt festzustellen und 
dann in die Karte des Landes eintragen zu lassen. Jetzt hat das 
Kaiserliche Heer das Land Tibet erobert. Die jenseits der Grenze 
wohnenden Fan-Leute, welche alle aufrichtige Anhänger des Glau- 
bens sind, haben die drei Tsang-Länder und das Land Ari5) voll- 
ständig in ihre Karten eingetragen. Infolgedessen wäre es angebracht, 
jetzt die Gelegenheit zu benutzen und die Gebirge und Flüsse, bei 
welchen die Lesart Benennung durch die West-Fan-Leute von der 
chinesischen abweïcht, richtig und klar festzustellen. Erst wenn das 
geschehen ist, kann man der Nachwelt wirklich richtige Angaben 
überliefern, Im allgemeinen entspringen alle die grüsseren Gewässer 
Chinas innerhalb oder ausserhalb des südüstlichen (Teiles des) mächtigen 
Bergrückens, welcher den Namen Nomuhon Ubasi‘) trägt. Quelle 
und Lauf dieser Flüsse lässt sich klar verfolgen. — Die Quellen des 
Hôwang-ho-Flusses befinden sich an der Ostseite des Berges Kulkul?), 
jenseits der Grenzlinie bei Si-ning. Seiner Quellen sind sehr viel, 
man kann sie nicht zählen. Da sie, aus der Entfernung gesehen, 
einer Reihe von Sternen gleichen, so nennen die Mongolen sie Odon 
talaf), die Si-fan-Leute Solomu”), die Chinesen nennen sie (Hsing- 


so-hai)'°) Sternenmeer. Das sind also die Quellen des Hôwang-ho- 


où ET. 5 EE #. 

3) & Ÿ]> ŸL der Oberlauf des Jangtse. 

4) jf] ZE Oberlauf des Mekong, 

5) Frj Æ « 0.5. 220, Anm. 1. 

6) fr D je bg EL DE (ZX Hi ) 890 Li n. 6. von Lhasa nahe am Buk shan. 
D) Ab FT Ft LI. Das Gebirge Beyan Kara ist ein Teil davon. 

8) 6 4 A HE s Prschewalski, Reise nach der Mongolei und Tibet, Dentsche 


Ausg. S. 397. 9) S. o. S. 408, Anm. 1. 


10) Æ Ti #5 mandsch. usiha namu. 


412 E. HAENISCH. 


Flusses. Auf seinem weiteren Laufe durchstrômt er die beiden Seen 
Saring!) und Oring?), fliesst nach Südosten, wendet sich dann nach 
Norden und tritt, von neuem nach Osten gerichtet, an der Feste 
Gui-de5) und dem Passe li-$i*) vorüberziehend, in das Gebiet von 
Lan-jeo 5) ein. — Die Quelle des Flusses Min-giyang ‘) kommt aus einem 
Bache Nameus Cicirhana”) vom Gebirge Bayan kara°), welches 
westlich vom Hôwang-ho-Flusse liegt. Die Fan-Leute sagen Min 
niyaktso®). Das ist derselbe Fluss, welcher in den Han shu!°) ge- 
meint ist an der Stelle: ,, Der Berg Min-$an !1) ist dort, wo das 
Wasser des Flusses jenseits der Westgrenze herkommt.” Und die 
Stelle, an welcher nach dem Jü-kung !?) der Lauf des Stromes regu- 
liert wurde, das ist der Berg Nai cu $an #), welcher ausserhalb des 
Passes Hôwang-$eng'*) im heutigen Secuwan liegt. Wenn die Alten 
sagen, die Quellen des Ula!) und des Hôwang-ho befänden sich 
nahe beieinander und die Stelle im Jü-kung: der Lauf des Ula sei 
vom Gebirge Min-$an aus reguliert worden, meine die Regulierung 
seines Laufes, nicht die seiner Quelle, so kann man diese Worte 
als zuverlässig hinnehmen. Dieses Gewäüsser tritt aus dem Passe 
Hôwang-Seng hervorstrômend in das Gebiet von Guwan hiyan !°) 


ein, wo es sich in mehrere Dutzend Arme spaltet. In Sin-jin hiyan !?) 


o FE ES. 

2) Al B£. 8) es pi (1) Kausu. 

4) fi #(Ë1) Kansu. 5) Éj Pf Kansu. 

6) IX TL. D Æ Æ Hi] 25 HU. 

8) EL ZA BA HE s. Ta-ch'ing it'ung chih, Abschnitt Tibet, Gebirge. 

Me HE Me oo dE. 

11) Je LL] . 12) Æ, Li mandsch. Jü-gung ni albabun fiyelen. 

5) 75 #8 

14) DH HF F4] Ssü-ch'uan. Es führt eine Strasse von Sung-p‘an über diesen Pass 
nach Tibet, s. Wei-tsang t'u-chih É4 EE F& vh ; 

15) AE = Jangtse, 16) JE IE . 17) fr ES IEX . 








BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 413 


vereinigt es diese wieder in einem gemeinsamen Bette, wendet sich 
nach Südosten und nach Sioi-jeo fu!) gelangt, strômt es mit dem 
Wasser des Flusses Gin-$a giyang vereinigt weiter. — Die Quelle des 
Flusses Gin-$a giÿang kommt aus der Bergspitze Uniyen usu, welche 
nordôüstlich von der Residenz des Dalai Lama gelegen ist. Die Chi- 
nesen nennen die Uniyen-usu?) Spitze U-nio $an£). Der Name des 
Flusses heisst (dort im Oberlaufe) Muru usu. Er tritt in südôüstlicher 
Richtung fliessend in das Land K°am ein. Dann kommt er, Iung- 
diyan passierend, durch den Pass Ta-cengt) in Jôn-nan (in das 
chinesische Gebiet) herein. Der Fluss heisst auf diesem Teile seines 
Laufes Gin-$a giyang. Wo er nachher Lii-giyang fu erreicht, heisst 
er wieder Lii-giyang5). Nachdem er sich bei Jung-be fuf) mit dem 
Flusse Da-cung ho?) vereinigt hat, richtet er sich nach Osten und 
tritt, nachdem er U-ding fuf) passiert, in die Provinz Secuwan 
hinüber. Bei Sioi-jeo fu fliesst er in den Min-giyang, dann an Kui- 
jeo fu°) vorüber in die Provinz Hôguwang !°) und gelangt schliess- 
lich an Ging-jeo fu vorbei nach U-cang fu !!), wo er sich mit dem 
Flusse Han giyang l?) vereinigt. — Die Quelle des Flusses Han giyang 
wieder kommt aus dem Gebirge Bo-jung san !*) nürdlich von Ning- 
kiyang jeo'l') in der Provinz Sansi 15). Dort nennt man den Fluss 
Jang $Sui'f). Er fliesst in ôstlicher Richtung und heisst dann von 


Nan-jeng hiyan !?) ab Han éui'#), Wo er in das Gebiet der Provinz 


1) AK PA HF. 

» AR 7 65 RCE). » À 2F I. 

0 5 XF 5) RE 7L. 

0 3R AU JF. D AT AS CAT MP DD) ane 
8) RE HF Jünnan 9) se Pf JF. 

10) 4} JE. 1) € À HT: 

12) EE /L. 15) NÉ UU. 

1) 2 2 M. 15) [ py. 

16) ZX ZK in B3 EN LE. 15) JE À. 


414 E. HAENISCH. 


Hôguwang eintritt, wendet er seinen Lauf nach Südosten. Bei 
Hau-keo') in Han-yang hiyan*?) vereinigt er sich mit dem Flusse 
Minu-giyang. — Alle diese Gewässer befinden sich innerhalb des 
(südôstlichen Teiles des) grossen Bergrückens Nomuhon Ubasi. In- 
folgedessen ergiesst sich ihr Lauf in das Chinesische Reich, während 
ihre Quellflüsse aus dem Lande der Si-fan kommen., 

Der Lan ts‘ang giyang hat zwei Quellflüsse. Der eine davon ent- 
springt auf dem Gebirge Gergi tseger *) im Lande K°am. Man nennt 
ihn Tsecu‘)-Fluss. Der andere Quellfluss entspringt in der Ebene 
liruken %). Diesen nennt man Omco‘)-Fluss. Das Wasser dieser beiden 
Quellflüsse vereinigt sich südlich des Tempels Camdo?). Hier nennt 
man den Fluss Lakcu-Fluss5). Er tritt auf seinem weiteren Laufe 
in die Provinz Jôn-nan ein, wo man ihn Lan-ts‘ang giyang nennt. 
Er fliesst in südlicher Richtung durch das Gebiet des Hsüan-fu-ssü ?) 
des Ce-lii-Stammes !*), wo er den Namen Gio-lung giyang !!) führt, 
und tritt dann in das Reich Miyan !?) ein. | 

Der westlich vom Lan ts‘ang giyang befindliche Fluss heisst 
Kara usu!*). Das ist der Schwarze Fluss aus dem Jü-kung, der- 
selbe, welchen man heutzutage in der Provinz Jôn-nan den Lu- 
giyang l‘) nennt. Dieses Gewiässer kommt aus dem Kara noor) 
nordôüstlich von der Residenz des Dalai Lama. Der Fluss hat erst 
südüstliche Richtung, betritt das Gebiet von K‘am, wendet sich dann 


südlich nach dem Lande des Stammes Nu-i'6), wo man ihn Nu- 


DIET. JDE. » 48828 #0 RCI). 
9 RE RS D]: 5) 6 # HU Hi). 

0 2% HE fé D]. D & À Z (EH). 

s) fi pu #8 0) ‘HE 1. 

10) Hi HA. DE JL 12) KI. 

13 We ph) A tibet. nag-é‘u, Oberlauf des Salwen. 


14) es ER — Salwen, fliesst durch den Kara noor. 


10 0 HS FC DA I Nb 10 À &. 


LA 





ll 
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RS 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 415 


giyang !) nennt. Durch (die Schlucht) Da-tang ai?) in Jôn-nan (in 
chinesisches Gebiet) eingetreten, erhält er den Namen Lu giyang. 
Dann fliesst er nach Süden und passiert das Gebiet des An-fu-ssü *) 
der Lu-giyang-Stämme von Jung-cang fu), worauf ihn sein Lauf 
in das Land Miyan führt. 

Der Fluss westlich vom Lu-giyang heisst Lung-cuwan giyang”), 
Die Quelle des Lung-cuwan giyang entspringt auf dem Passe Cundof), 
der zum Gebiet von K'am gehürt. In südlicher Richtung fliessend 
tritt er durch (die Schlucht) Datangai in Jôn-nan (auf chinesisches 
Gebiet), wo er sich nach Westen wendet und Lung-cuwan giyang 
heisst. Beim Passe Han-lung”) betritt er das Gebiet von Miyan. — 
Diese paar Gewässer, welche sich ausserhalb des südôüstlichen Teiles 
des grossen Bergrückens Nomuhon Ubasi befinden, fliessen alle in 
das Südmeer. 

Dann gibt es in den Gebiete von Jôn-nan noch einen Fluss namens 
Bin-lang giyang®). Seine Quelle entspringt auf dem Gebirge Damju 
k'abab°) ôstlich von Gangdise !°) in (der Provinz) Ari. Das Wort 
bedeutet Pferdemaul. Die Quelle, welche dort hervorstrômt, führt den 
Namen Jaru-tsangbu-Fluss !!), Dieser Fluss kommt von Süden und fliesst 
dann, indem er einen Bogen macht, in üstlicher Richtung durch die 
Länder Tsang und Wei an der Stadt Zi g‘a gungg‘ar !?) vorbei, worauf 


er sich mit dem Galjoo muren *) (Flusse) vereinigt. Dann richtet er 


1) À /L. 2) K HE [é. 
5) À HE 1]. 3) 7R À HT 
5) HE JIT 7L. 6, À Æ (A). 


DRE 5 AA BY 7. 
3 UN HX mm} CH) tibet, rta méog k‘a bab, mandsch. morin- 


i angga, s. Ta-ch‘ing i-t‘ung chih, Tibet, Gebirge. 


10) fé JÉ jf ( (LI) s. Ta-ch‘ing i-t‘ung chih, Abschnitt Tibet. 
11) JIÉ # Def À = Brahmapatra. 12) H BE ZA AN Dax EE ( B) 
13) ni RS e F+ . DA Da En Ai = = müren ist mongolisch ,,Fluss”; auch 


416 E. HAENISCH. 


seineu Lauf wieder nach Süden, durchstrômt das Land des Gungbo- !) 
Stammes und betritt in Gu-yung jeo*) das Gebiet von Jôn-nan, wo 
er den Namen Binlang giyang führt. Dann tritt er aus dem Passe 
Tiyei-bi*) hinaus in das Reich Miyan ein. — Im Süden von Gangdise 
liegt ein Berg mit Namen Langciyan k‘abab4). Das Wort bedeutet 
Elefantenmaul. Dort kommt eine Quelle hervor, welche einen Teich 
Mampim dalai*) durchstrômt und dann auf ihrem weiteren Laufe 
in den See Langk‘a noor°) eintritt. Das Wasser dieser beiden Seen 
ergiesst sich in westlicher Richtung in das Land Sangnan?). — Im 
Norden von Gangdise liegt ein Gebirge, welches den Namen Sengge 
k‘abab®) trägt. Das heisst Lôüwenmaul. Dort entspringt auch eine 
Quelle, welche in westlicher Richtung in das Land Sangnan fliesst. 
Diese beiden (letzterwähnten) Gewässer vereinigen sich dort in einem 
Laufe, welcher nach Süden geht, dann wieder einen Bogen nach 
Osten macht un imd Lande Nakra Sumdo®}) sich mit dem Flusse 
vereinigt, welcher von dem Gebirge Mabgiya k‘abab!°) westlich 
vom G‘angdise kommt. — Der Name Mabgiya k'‘abab bedeutet Pfauen- 
maul. Dieses Gewässer, welches nach Süden strômt, vereinigt sich 
im Lande Nakra Sumdo mit dem in ôstlicher Richtung kerankom- 
menden Flusse. Der Strom nimmt dann eine südôstliche Richtung 
an und tritt in das Land Enetkek !!) ein. Dort nennt man ibn 


Gfangg‘a-Fluss !?). Das ist der in buddhistischen Büchern *) Heng 


» À fi. HN ob 
4 BD + M4 PB PP CU) tibet glañ é'en K'a bab; mandsch. sufan-i angga. 
5) 6 JE À € HA o HP Dé DE 

1) $< F4 CHE). 

8) {6 AUX EL fn CUT) sex ge k'a ba; mandsch. arsalan-i angga. 

o JR RE ff FF & CHE). 

10) 6 P Zn& E P\ [UT ) rma bya k'a bab; mandsch. tojin-i angga. 
1) JE #4 2 1] 36 (EM ) der mongolische Name für Indien. 

19) ff] DE FF fi (7L). 13) AK 2 mandech. fucihi nomun. 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 417 


ho *) genannte Fluss. Im Fo-kuo-chi?) steht geschrieben: ,Fa-hiyan ?) 
aus der Wei-Dynastie*) fahr den Heng-ho hinunter ins Südmeer 
und gelangte dann in das Meer Bo-hai5) bei Santung 5), wo er in 
den Hafen einlief.” Das ist derselbe Fluss. Eine Stelle in den 
buddhistischen Klassikern 7) heisst: ,Die vier grossen Strüme ent- 
springen auf dem (Gebirge O-nuo-da San), Am Fusse desselben 
befindet sich ein See O-nuo-da ci.” °) Nach den jetzigen Nachfor- 
schungen scheint das der G'angdise zu sein. Der Name G‘angdise 
im Tangutischen bedeutet Urquelle aller Berggewässer. Das stimmt 
mit den Worten der buddhistischen Bücher überein. Im Süden des 
G'angdise befinden sich zwei Seen, welche mit einander in Verbin- 
dung stehen. In der Überlieferung der Eingeborenen heisst es, das 
sel der Edelsteinteich der Hsi-wang-mu. 1) Das wird eben der Teich 
O-nuo-da ci sein. Weiïiter gibt es in den buddhistischen Büchern 
drei Berge Pu-to $an. !!) Der eine liegt mitten in dem Meeren genau 
südlich von Enetkek. Auf dem Berge befindet sich ein steinerner 
Himmelspalast. Es ist der Lieblingsaufenthalt des Kuan-tzü-tsai 
Buddha *). Das ist der eigentliche Pu-to $an. Der andere liegt in 
dem Meere bei Dinghai hiyan ‘‘) in le-giyang *). Das ist der Ort, 


wo der gute mit Glücksgütern gesegnete sich zum achtundzwanzigsten 








0 EH à. 
2) 4 EU mandsch. fucihi gurun-i ejebun. 


3) #Æ Zi im Beginn des 5. Jahrhunderts. 

+ » : = 
à BB asso TT. o LL 
7) Se mandsch. auch fucihi nomun; s. S. Anm. 13. 


s) Fi F5 SE LI va DE EEK 7k XÉ GE kor. 

o Vi PE SE 1. 

10) DE Æ FF. D D [UI- 

12) Éd À] ZE ÆÆ RÉ mandsch. toosengge-i bulekuéere fusa. 
13) JE À HE. 

14) ff 7L- 


418 E. HAENISCH. 


Male verneigende Kuan-yin Buddha !) die Lebre erklärt. Der dritte 
liegt in Tibet. Das ist der welchen die Fan-Leute heute den Budala- 
Berg nennen. Es ist ebenfalls ein Ort, wo sich der Kuan-yin 
Buddha verkürpert offenbart ?). Da die Bücher der Buddhas ursprüng- 
lich aus dem Westen gekommen sind, so künnte man sie auch als 
Beläge für die Anfähruug der dortigen Gebirge und Flüsse nehmen. 
Im Jü-kung befindet sich eine Stelle, welche besagt: ,,der Schwarze 
Fluss wurde nach San-wei*) geleitet.” In dem alten Kommentar 
heisst es dazu: ,die Worte San-wei sind der Name eines Gebirges, 
dessen Lage man aber nicht kennt.” Ich habe jetzt die wahre Be- 
deutung festgestellt: die Worte San-wei sind etwa dasselbe, wie 
man in China sagt ,drei Provinzen”. Das Land, welehes im Südosten 
von Da-jiyan-la dem Dalai Lama untersteht, heïsst Provinz Wei. 
Das Land südôstlich von der Stadt Lari heisst Provinz K‘am. Das 
dem Bancan Erdeni unterstehende Land heisst Provinz Tsang. Das 
Gebiet dieser drei Provinzen zusammen heisst San Wei, die drei 
Wei. Da nun der Fluss Kara usu durch jenes Land ins Meer fliesst, 
so heisst es, der Schwarze Fluss $ei nach San wei und in das Süd- 
meer geleitet worden. Was weiter die Namen anbetrifft, wie sie die 
Fan-Leute aussprechen, so lassen sie sich, obgleich sie sich von den 
in den Geschichtsannalen geschriebenen unterscheiden, doch immerhin 
feststellen. Was heute Tubet‘) heisst, ist das Tu-giowei*) der 


Tang-Dynastief). Als zur Zeit des Kaisers Taitsung”?) aus der 


1) 5 EX 6 mn = JAN R Fa] Et RE Ré mandsch. sain ulingga asigan 


orin jakôci mudan doroloho jilan-i buleku$ere fusa. 


2) Fa] 4 Eu Le TA Hi. Im mandschurischen Text heisst die Stelle: ere inu 


jilan-i bulekuSere fusa-i kôbulifi iletulehe ba. 
DE fG : 
4) = 4H JE ist die von den Mongolen gebrauchte Bezeichnung für Tibet. Die 


Chinesen sagen Tsang, die Tibeter selbst Bod. 


5) JE JA. 6) s. À FF 2 kan. 196. 
D (HF) DK SE 627-650 n. Chr. 





BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 419 


Tang-Dynastie eine Prinzessin (nach Tibet) geschickt wurde, ge- 
schah es, dass man dem Buddha, welchem die Prinzessin opferte, 
in einem Tempel Weïhgeschenke darbrachte. Die jetzigen Fan-Leute 
nennèn (den Ort) Too. Das Wort Ioo bedeutet den gegenwärtig 
kommenden Buddha. An dem besagten Ort ist nun ein in der Tang- 
Zeit aus China eingeführtes Buddhabild noch heutzutage vorhanden. 
Unter der Regierungsperiode Ceng-hôwa !) der Ming-Dynastie war 
der Da-boo fa-wang *) aus U-se Tsang *) gekommen, um sich dem 
Kaiser vorzustellen. Als er wieder heimkehrte, gab ihm der Kaiser 
eine halbe Reiseausstattung mit und Eunuchen, welche die Sachen 
in Ordnung bhalten sollten. Als aber die Eunuchen an die Grenze 
von Secuwan gekommen waren, konnten sie nicht weiter, kehrten 
um und liessen die Geräte in einem Buddhatempel zurück. Unter 
den Leuten, welche noch jetzt die Gegend passieren, gibt es eine 
Menge, welche die Sachen gesehen haben. Das sind alles Tatsachen, 
welche in den authentischen Berichten der Ming-Dynastie *) enthal- 
ten sind. Euch (Beamten) gebe ich nun hiermit den Auftrag, die 
Bezeichnungen der Gebirge und Flüsse deutlich und genau festzu- 


stellen und mir darüber Bericht einzureichen.”’ 


XXXV. 


Am Tage jèn-wu wies ein Kaiserliches Edikt den Generalgouverneur von 
Secuwan Niyan-geng-yo0 an, geeignete Massregeln zur Sicherstellung 
der Strassen zu treffen, auf welchen dass siegreich heimkehrende 


Heer die Grenzen passieren künnte. 5) 


Niyan-geng-yoo hatte nachstehenden Bericht gesandt: ,Nach der 


Unterwerfung von Tibet durch das Kaiserliche Heer ist der Pa-tsung 


1) J£ 44 1465-1488 2 K FE. 


Tr = : 
3) 1 HJ JE Die beiden ersten Zeichen geben das tibetische Wort dBus wieder, 


den Namen für Central Tibet, 


s) I À £k. 


5) Tung-hua-lu vacat. 


t2 
ee] 


490 E. HAENISCH. 


Han-yuwan-ceng, ') welchen ich der Armee aggregiert hatte mit 
der Meldung angekommen, auf dem Wege, welcher von Sining nach 
Tsang hinéinführt, herrschten Epidemieen, welche eine grosse Ver- 
breitung genommen hätten. Das Kaïserliche Heer beabsichtige jetzt 
nach der Unterwerfung von Tibet, auf dem Rückwege geschlossen 
über Bark‘am zu marschieren. Ich habe nun durch Nachfragen über 
den von dem heimkehrenden Heere mitgeführten Proviant folgendes 
erfahren: Derselbe ist, wenn man ihn auf die Tage verteilend be- 
rechnet, immer noch reichlich. Dagegen sind die Pferde schon auf 
dem halben Wege derartig erschôüpft gewesen und heruntergekom- 
men, dass es fraglich erscheint, ob man den Proviant, selbst wenn 
er vorhanden ist, auf den ‘Tieren wird weiter mitführen künnen. 
Daher habe ich überallhin KEïlbriefe mit der Anweisung geschickt, 
Proviant in ausreichender Menge herbeizuschaffen und aufzustauen, 
um für die Ersatzausgabe desselben vorbereitet zu sein.” 

Der Staatsrat beriet diesen Antrag und schlug vor demselben 
stattzugeben. Der Kaiser verfügte: , Es soll diesem Vorschlag gemäss 
verfahren werden. Zu der Meldung des Niyan-geng-yoo, das in 
Tsang einmarschierte Kaiserliche Heer wolle auf dem Wege über 
Bark‘am wieder zurückkehren, bin ich folgender Meinung: Die von 
Uge hingeführte Mandschu-Abteilung, welche von Jôn-nan aus über 
die Grenze nach Tsang einmarschiert ist, hätte, falls sie jetzt bei 
der Heimkehr des Heeres wieder nach Jôn-nan geschickt würde, 
einen zu weiten Weg. Daher soll sie mit den heimkehrenden Trup- 
pen der Provinz Secuwan zusammen über Secuwan in ihre Quartiere 
zurückkehren. Die Jôn-nan-Truppen vom Grünen Banner soll Niyan- 
geng-yoo auf dem kürzestenm Wege nach Jôn-nan schicken. Die 
Truppen, welche von Si-ning in Tsang einmarschiert sind, sollen 
ihren Weg über Sung-pan nehmen und von dort, je nachdem, 
welcher Weg kürzer oder länger ist, entweder aussen an den Grenzen 


entlang nach Si-ning geführt werden, oder innerhalb der Grenzen 


1) ? 

















BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 421 


marschieren. Die Entscheidung über alle diese Marschstrassen sei 


dem Gutdünken des Niyan-geng-yoo anheimgestellt.” 1) 


XXX VI. 


Im ersten Monat des 60. Jahres Kanghi am Tage kuei-wei meldete der 
Grossfeldherr Jôn-ti, dass General Jansin mit seinem Heere den 


Dalai Lama nach Tibet geleitet habe. 2?) 


Jôn-ti schrieb: General Jansin macht mir folgende Meldung: 
»Als das Kaiserliche Heer, den Dalai Lama nach Tibet geleitend, 
durch die Orte Reidung Pondo ‘) und andere marschierte, gerieten 
die Lamas und die Bewohner des Landes, welche voller Verehrung 
der Gnade Ew. heïiligen Majestät gedenken, alle zusammen in äus- 
serste Freude, Greise und Junge, Männer und Frauen liefen uns 
entgegen, ihre Kinder auf dem Rücken tragend oder in den Armen 
hochhebend, um ibnen das Kaiïserliche Heer zu zeigen., In Scharen 
kamen sie und umringten uns, indem sie alle môüglichen Musik- 
instrumente ertônen liessen, Und die Hände zusammenlegend und 
vor uns niederknieend erzählten sie uns von ihren Leiden: Seitdem 
die Tun-gar-Rebellen sich des Landes Tibet bemächtigt haben, sind 
Väter und Süôhne zerstreut, Gatten und Gattinnen auseinander ge- 
rissen und Hab und Gut geraubt worden, sodass wir Hungersnot 
and Kälte fühlen mussten. Wir glaubten, wir würden in diesem 
Leben Himmel und Sonne wie wieder zu Gesicht bekommen. Nun 
aber, wo der heilige Kaiser ein Heer ausgeschickt, die Rebellen 
vernichtet und unser Volk von Tibet errettet hat, sind wir allem 
Jammer entronnen und geniessen das Glück ewigen Friedens, und 


ewiger Ruhe, Wie künnen wir der überreichen Gnade danken, 


1) Die ir Betracht kommenden Wege waren auch nach der Besiegung der Dsungaren 
immer noch gefahrvoll wegen des kriegerischen Charakters der Eingeborenen. 
2) Tang-hua-lu Kanghi XXI, 196, 204. 


5) RÉ Z. 


492 E. HAENISCH. 


welche uns wieder zum Leben erweckt hat! So riefen sie alle durch- 
einander indem sie sich zum Kotau hinwarfen. Ihr Benehmen machte 
durchaus den Eindruck der Aufrichtigkeit.” 


Der Kaiser nahm hiervon Kenntnis. 


Ein weiterer Bericht von Jôn-ti lautete: ,Obgleich Tibet jetzt 
ja unterworfen ist, ist doch noch die Frage der Besatzungstruppen 
von grosser Wichtigkeit. Die jetzt dort belassene Garnison beträgt: 
von mongolischen Truppen des Iasak ') 500, Truppen des Efu Aboo 500, 
Cahar-Truppen 500, Jôn-nan-Truppen 300, Secuwau-Truppen 1200 
Mann. Der Oberbefehl über diese Truppen ist dem Herzog Tsewang 
Norbu übertragen worden. Weiter: der Diba Arbula ?) von K‘ungbu *) 
hat sich vor allen anderen diensteifrig gezeigt, ist auch bei der 
Eroberung von Tibet mit eingerückt. Der Diba K‘angjinai*) von 
Ari, welcher sich mit den Iun-gar entzweit hatte, hat viele Iun-gar 
gefangen genommen und dem feindlichen Heere den Rückzug abge- 
schnitten. Der Diba Lungbunai ‘) ist persônlich gekommen, um seine 
Unterwerfung zu erklären. In Rücksicht darauf môüchte ich um ein 
Kaiserliches Edikt bitten, welches denselben Beamtenrang verleiht.” 

Ein Kaiserliches Edikt bestimmte darauf: , Der Diba Arbuba und 
der Diba K‘angjinai sind beide zu Beise zu ernennen. Der Diba 


Lungbunai erhält den Rang eines Fu-kuo kung.” f) 


1) #L Ré LJ ein Personenname? Ein Prinz dieses Namens vom Stamme Sain 
noyan wird in Verbindung mit Aboo genannt; Mêng-ku yu-mu chi Kap. 10, 2. 


» 5 E Fi 9 1 E. 

3) 2X À. 

4) LS A 5 PL if Diba von Ari, wird in den Rang eines Beise erhoben. 
5) 56 EL FÆ 15 


6) Hf À Kaiserl. Prinz 2. und 4. Grades. 














BRUCHSTÜCKE AUS DER GESCHICHTE CHINAS. 423 


XXX VII. 


Im dritten Monat, am Tace chi-ch‘ou legte ein Kaiïiserliches Edikt den General 
: [æ] Læ] 


Jansin mit einer Heeresabteilung als ständige Garnison nach Tibet, 1) 


An den Staatsrat erging folgendes Edikt: ,Das Land Tibet ist 
von ausserordentlicher Wichtigkeit. Wir haben nun dort zwar 
300 Mann mongolische Truppen und Truppen vom Grünen Banner 
hingelect, Da aber das Siegel des Oberkommandeurs, welches Jansin 
gehabt hatte, wieder eingezogen worden ist, so befindet sich dort 
jetzt kein General mit dem Oberkommando über das ganze Heer. 
Da es ausserdem kein Ort ist, an welchem Mandschutruppen liesen, 
so erscheint mir die Lage sehr bedenklich. Man soll daher aus den 
von Brigadegeneral Gasi*) nach Jôn-nan geführten 1000 Mann 
Mandschutruppen 500 Mann, und aus dem (Grünen Banner der 
Garnisontruppen von Secuwan 500 Mann nach Tibet kommandieren, 
Jansin aber in Eile brieflich verständigen, dass er sich nach Tibet 
zu begeben habe. Falls dann nach dem EKEintreffen Jansin’s sowie 
der Ankunft der Jôn-nan- und Secuwan-Truppen in Tibet, sich der 
dortige Proviant als zu spärlich herausstellen sollte, so wären die 
Truppen der Karacin *) und Ongniyot #) nach Si-ning zurückzuziehen, 
wo der Herzog Tsewang Norbu (mit ihnen) ständige Garnison zu 
nehmen hätte,. Über diese Pline ist zu befinden und mir dann Be- 
richt zu erstatten.” 

Das Gutachten des Staatsrates lautete hierauf: , Wir beantragen: 
Unter den in Jôn-nan vorläufig statiouierteu Mandschutruppen aus 
Giyanguing *) und Hangjeo 6) sollen der Divisionsgeneral Uge und 


der Brigadegeneral Unaha 500 Mann auswählen und sich mit diesen 


1) Tung-hua-lu Kanghi XXI, 224 enthält nur eine kurze Angabe. 
2) ? 


3) 4) né ja] ON und À Æ JE , zwei mongolische Stämme aus der inneren 


Mongolei, s. Mêng-ku yu-mu chi Kap. 2, 3. 


9 ÎLE. 0 ft JM 


424 E. HAENISCH. 


von Jôn-nan aus direkt nach Tibet begeben. Die in Secuwan gar- 
nisonierten Truppen vom Grünen Banner soll Generalgouverneur 
Niyan-geng-yoo dem General Galbi übergeben, welcher einen Bri- 
gadegeneral und einen Obersten kommandieren soll. Diese haben 
sich mit 500 Mann über Da-jiyan-lu nach Tibet zu begeben. Die 
Kommandierung des Generals Jansin nach Si-ning soll anterbleiben. 
Vielmehr soll derselbe das Siegel des kommandierenden Generals 
übernehmen, sich nach Secuwan zurückbegeben und mit den Secuwan- 
Truppen zusammen nach Tibet marschieren, um dort seinen Posten 
als Oberbefehlshaber der gesamten Truppenmacht anzutreten”. 


Der Kaiser befahl gemäss diesem Vorschlage zuverfahren. 











BULLETIN CRITIQUE. 


+ Po LR —d— 


! 


Le T'ai chan par Prof. En. CHAVANNES. 


T'ai shan has waited long for adequate treatment at the hands 
of European scholars but it has not waiïted in vain, and it is with 
the greatest possible interest and admiration that one who thought 
himself familiar with the mountain has read and been instructed 
by Professor Chavannes’ monograph. At the same time the most 
practised observer could not see and record all the points of interest 
in and about T’ai shan in the space of two short visits, and I have 
been asked to put in print the one or two small points where my 
longer experience enables me to correct or amplify Professor Cha- 
vannes’ notes. My remarks are confined to the second chapter 
(Description du T'ai chan) and are in no way meant for a review 
of the book: 

P. 57. Note. The history of the old inscriptions of B. C. 219 
and 209 is not free from obscurity, but the following may be taken 
nearly to represent the facts. Whatever may have been the original 
position of the stone, it was found in the year 1048 “above” or 
“to the West of” the Yü nü Ch'ih Æ x Ah, near the mountain 
top. In 1113 a rubbing was made by Liu Ch'i 4] HŸ. His account 
of the stone is given in full in the Tai Lan and in the Ta shan 
chih but is not in all respects easy to understand. It is clear how- 


ever that he found traces of 222 characters of which 146 were 


426 BULLETIN CRITIQUE. 


quite legible. The independent text preserved in the Skik Chi has 
225 words but will be found to agree very nearly with Liu’s trans- 
cript. À reduced facsimile of Liu’s rubbing is given in the Chin 
shih so & 4 &, but it gives 149 legible characters, and the 
author does not seem certain of its absolute authenticity. The two 
original inscriptions had occupied twenty-two columns of various 
lengths, but by the end of the Ming dynasty all had been effaced 
except 29 words of the last four columns. From rubbings of these 
29 words two facsimiles were engraved on stone and preserved, one 
in the Tai Miao 1ù El and one in the T’u ti tz'ù 2 HE 7] . 
In 1814 the Tai Miao facsimile was missing, but it seems to have 
been replaced, as Professor Chavaunes says, in 1825, and is to be 
seen inside the small hall which is now used as a school, built 
into the west wall. The facsimile in the Tu ti tz'ù was still in 
good preservation in 1907. About the year 1815 two small frag- 
ments of the original stone, which had been destroyed by fire in 
1740, were found in or near a well on the mountain top. These 
were at first placed in the Tung Yo Miao (p. 72, N° 37) near by. 
But about 1832 they seem to have been brought down to the Tai 
Miao. They are now encased in a little erection of brickwork and 
protected by iron bars in the middle of the small court in front 
of the Ts'ang ching t'ang JEf $K ‘# (p. 148). One of the frag- 
ments has the words KJ Pr. + TR from the 19th column, and 
the second HR 7H, Pr. EE R Fr, the first two words of the 
20th, 2156 and 2274 columns respectively. 

P. 64. 1. 17. for La fig. 18 read La fig. 19. 

P. 78. N° 65. #? ji JA. This temple is near the northern 
or upper end of the K’uai huo san A = and so sbould 
more naturally precede N° 60, and should not separate N° 66 


(ER 5R PA) from the ridge (N° 64. HT 5) SE ) or which it stands. 
P. 79. N% 66, 67, 68. On the p'ai lou or fang 2] on the 











BULLETIN CRITIQUE. 427 


spot the first two names appear as Chung t'ien mên (ea p pe 
and Fu hu miao ÂÀ JÈ FH respectively, and I believe there are 
temples, one of which may be the Ling kuan miao va À ES, 
on both sides of the pai-lou. 

P. 99. N°% 138, 139. Each of these ancient altars is still marked 
by a large mound of earth. 

P. 104. 11. 4—13. (cf. pp. 71, 72). It appears to have escaped 
Professor Chavannes’ notice that the Chin Ch'üeh 4 li] still exists 
and stands in this very temple. It is a little temple hall of the 
usual design measuring about 15 feet east and west by 11 ft 6 in. 
north and south (exclusive of the overhanging eaves) and 18 feet 
in height. Inside it is a brass image of the Lady (3É À) seated on 
a brass throne on a brass daïs, and on either side of her are three 
smaller brass images standing each on a stone pedestal. Excepting 
these pedestals and the floor and the wooden altar-table and the 
wooden shutters, the whole building is made of brass and copper, 
and the copper tiles of the roof retain a good deal of the gilding 
with which the whole was once no doubt covered. The history of 
the building is rather obscure. In the ‘‘’new map of T'ai shan” 
(ce. 1585) in the Tai Shih 1$ , the Chin ch'üeh is clearly 
marked at the foot of a long flight of steps south of the fore-court 
of the Pi hsia kung (p. 70, N° 35) on the mountain top. At the 
same time a brass tablet (not by the way petite (p. 71. 1. 8) but 
about 14 feet high) which still stands in the court of this latter 
temple records the building of the Chin-ch'üeh and is dated 1615. 
Some time after the great fire in 1740 (p. 71) the Chin ch'üeh 
was brought down and placed at first in the Yao ts'an t'ing (p. 
126. N° 219) inside the city of T’ai an and later in the Ling ying 
kung (N° 166), but I have not been able to learn the exact date 
of either move. 


Perhaps we should conelude that the existing structure was made 


428 BULLETIN CRITIQUE. 


in 1615 to replace the earlier one which is shown in the map of 1585. 

With regard to the brass images in the main hall of the Ling 
ying kung (p. 103, cf. p. 114) it is well known in T'ai an that 
they were moved thither from the T'’ien shu kuan (N° 177) about 
thirty years ago, when the buildings of the latter temple were 
pulled down that the timber might be sold. À visit to the T’ien 
shu kuan would have shown Professor Chavannes an up-to-date 
Government school in modern buildings; but in the fore-court may 
still be seen, by the side of the Zx ch'üan (N° 178), the little 
brick pagoda leaning like the tower of Pisa and covered from bottom 
to top with finely cast iron plates. The casting was done in Honan 
province, at the expense of a great pilgrims club there, in the year 1533. 

P. 110. 11. 9—14. It may be a mere coincidence of no meaning, 
but it seems just worth while to note that the image of the T'ieh 
chiang chün £R LEA El is made of cast iron. 

P. 112, 1. 15. (cf. N° 174) While living at T'ai an I always 
understood that the hill with the little pagoda (3 æ FÆ) was 
the Hao li shan [= LU [l and that all the space covered by the 
temple buildings was the Shê shou shan WE + LL, but I never 
investigated the question and have no real reason to dispute Pro- 
fessor Chavannes’ statement that both Hao li and Shéê shou are 
within the temple precincts and that the pagoda stands on a hill 
of some other name. 

P. 139, 1. 14. for 1531 read 1561. 

P. 815. If I may trespass for once beyond the limits of Chap- 
ter II, it will be to call attention to the form of the character 
= in the great inscription of A. D. 726. In his work on the 
Nestorian Tablet (Variétés Sinologiques N° 12) the late H. Havret 
stated that the form of the word = on that tablet was, he be- 
lieved, unique. For all I know the exact form may be unique still, 


but the special feature to which Havret could find no parallel — 











BULLETIN CRITIQUE. 429 


the transposition of the JJ and FA — appears twice in the last 
column of this inscription of 726 as will be seen in the facsimile 
facing p. 315. Although I had looked so often at the great inscrip- 
tion on Tai shan Ï had not noticed this point, and repeated 
Havret’s statement in the Journal of the North China Branch of 
the Royal Asiatic Society for 1910. 

A. C. Mouze. 


Note de M. Chavaunnes. 


Puisque les observations qu'a bien voulu m'envoyer M. A. C. 
Moule m'en donnent l’occasion, j'indiquerai à mon tour deux cor- 
rections à introduire dans mon livre sur le Tai chan. 

P. 400, ligne 3. Les «rêves de jade» sont une allusion litté- 
raire; dans le Tso tehouan (dix-septième année du due Tch'eng), un 
homme rêve qu’on lui donne une pierre en jade précieux et une 
perle et qu'il les mange; il craint que ce ne soit un présage de 
mort; cependant, comme trois ans se sont écoulés sans qu'il lui 
soit arrivé aucun malheur, il croit pouvoir raconter son rêve à 
quelques personnes; le soir du même jour il meurt. — «Les rêves 
de jade» sont donc une expression qui désigne ceux qui sont 
voués à une mort prochaine. 

P. 428. La fin de la troisième ligne du sceau du Tai chan a 
été mal trauserite; il faut lire: [ll #5 À EUR # FX MN C «les 


«génies de la montagne et les démons des arbres n’osent plus avancer.» 


C. W. SerneNaDet, The First Grammar of the Lanquage 
spoken by the Bontoc Igorrot; 4°, 592 pages, XII plan- 
ches; Chicago, The Open Court publishing Co., 1909. 


De toutes les population à demi civilisées des Philippines, ce 


sont les Bontoc Igorrot qui sont actuellement les mieux connues. 


430 BULLETIN CRITIQUE. 


Dès la cession aux Etats Unis, le Département de l'Intérieur avait 
donné ordre d'entreprendre une enquête sur les peuples des diverses 
Iles et, des quatre volumes du Census, un volume tout entier fut 
consacré à en donner un classement et une description provisoires. 
Puis fut fondé le Bureau of Ethnology des Philippines qui, sous la 
direction de M. Jenks, publia divers mémoires d’une bonne tenue 
scientifique. M. Jenks s'occupa spécialement des Bontoc Igorrot; 
sa monographie, parue à Manila en 1905 (265 pages et 154 plan- 
ches), est une œuvre de premier ordre du point de vue ethnogra- 
phique et sociologique: on y trouve une description détaillée de tous 
les éléments de la vie matérielle et intellectuelle de ces indigènes, 
d'autant mieux ordonnée que l'auteur compte parmi les meilleurs 
sociologues des Etats Unis. Il y est, depuis, retourné et a été chargé 
de diverses enquêtes par le Bureau of American Ethnology. 

Ceci pour atténuer un peu la critique de M. Seidenadel: il 
semble reprocher à M. Jenks d’avoir démarqué Schadenberg: «This 
book, dit-il de the Bontoc Igorrot de Jenks, treats at length with 
various additions in a pleasing style what Schadenberg and partially 
his predecessors had published in their precise contributions to 
ethnology» (p. XII). La phrase est ambiguë. Ce sont en réalité ces 
«various additions» qui assurent au volume de M. Jenks une valeur 
scientifique bien supérieure aux <concise contributions» de ses pré- 
décesseurs; et ce sont aussi les additions et les nombreux détails du 
livre de M. Seidenadel qui font qu'il est supérieur aux essais anté- 
rieurs de Blumenbach, Meyer, ete. sur la langue des Bontoc Igorrot. 
Après Jenks, le directeur du Département de l’Interieur des Phi- 
lippines, M. Dean C. Worcester a publié dans The Philippine Jour- 
nal of Science (Octobre 1906 p. 791—875 et 67 planches) un excel- 
lent mémoire sur The non-christian tribes of Northern Luzon. Mais 
pas plus que M. Jenks, il n’est linguiste. 


C’est done à bon droit que M. Seidenadel se glorifie, dans sa 








a 
nr D te nr tant 








BULLETIN CRITIQUE. 431 


préface et sur le titre même de son volume, d’avoir été le premier 
à donner une grammaire eb un vocabulaire à peu près complets 
de la langue des Bontoc Igorrot. Ce n’est pas aux Philippines qu'il 
a recueilli ses matériaux, mais auprès de Bontoc amenés aux Etat- 
Unis pour y être exhibés dans des expositions et des Jardins d’Aceli- 
mation. Ces malheureux ayant eu des diflicultés avec leurs impresa- 
rios, furent cantonnés à Chicago et pendant plusieurs mois de suite 
M. Seidenadel les interrogea du matin au soir, contrôlant plusieurs 
fois chaque réponse et recueillant une quantité considérable de notes. 

On lira avec intérêt les explications de l'auteur sur sa méthode, 
qui à consisté essentiellement à recueillir le plus grand nombre 
possible de phrases, dont une petite partie seulement, et elle est 
pourtant énorme, a été imprimée dans ce volume. 

La troisième partie (à partir de la page 481) comprend des 
légendes, des récits et des chansons dans le texte, avec traduction 
mot à mot. 

Si j'ajoute que les planches, qui représentent des types à grande 
échelle et des scènes de la vie domestique sont très bien venues, 
puis, que l'exécution typographique est proprement merveilleuse, on 
admettra que le contentement de l’auteur est en somme justifié, et 
l'on s’associera à lui pour remercier les personnes dont la généro- 
sité a permis d'entreprendre cette longue enquête sur une langue 
malayo-polynésienne à peu près inconnue et d’en publier les résultats. 


À. van GENNEP. 


William Coun, Die Malerei in der ostasiatischen Kunst- 
abteilung der Berliner Museen (Sonderabdruck aus 
«der Cicerone», Heft 23, 2. Jahrg., 1910. — Leip- 


z1g. — 31 pp. in-4° avec 25 illustrations dans le texte). 


Quelque vif que soit l'intérêt que porte aujord’hui la science 


occidentale à la peinture de l’Extrême-Orient, elle éprouve une 


432 BULLETIN CRITIQUE. 


réelle difficulté à se renseigner; sans doute un progrès immense à 
été fait dans ces dernières annés, grâce aux revues d'art publiées 
à Chang-hai, qui ont mis entre nos mains une collection déjà con- 
sidérable de phototypies; mais, quelque fidèles que soient ces repro- 
ductions, elles ne peuvent tenir la place des originaux, et ïl 
nous importe maintenant de savoir quels sont les documents qui 
peuvent nous être accessibles dans les divers musées d'Europe. Pour 
le British Museum, vous trouvons des renseignements dans les notes 
placées à la fin du livre de Laurence Binyon intitulé Painting in 
the far East (Londres, 1908); pour le Musée Guimet, le livre de 
MM. Téhang Yi-tch'ou VE ES El et J. Hackin (Paris, 1910) est 
un bon guide; pour le Louvre, je ne connais rien d’autre que la 
petite note que j'ai publiée en 1904 dans le T’oung pao (N. S., vol. 
V, p. 310—331); pour l'Allemagne, nous n'avions rien; l’article de 
M. Cohn comble fort heureusement cette lacune et nous révèle 
l'existence à Berlin d’une remarquable collection d'œuvres d'art chi- 
noises et japonaises. Pour m'en tenir aux premières seules, les pein- 
tures étudiées et reproduites en fac-simile par M. Cohn sont, pour 
l'époque des Song, un paysage de Tehong-jen 4h {= :); un autre de 
Li Kong-nien Æ À 2 ; deux oiseaux sur de grandes herbes, par 
Han Jo-tchouo He je #E ; un très beau paysage attribué à Æouo 
Hi ER BE ; — un (âkyamuni sortant de la montagne Hi [] FE 5hn 
est rapporté au quatorzième siècle; M. Cohn met en regard de 
ce tableau une peinture de ZLeang K'iai 7 FE (premières années 
du treizième siècle), qui figure le même sujet et qui se trouve au 


Japon; — enfin une copie nous donne quelque idée de la manière 


de Mou Ki 2 A qui florissait à la fin des Song et qui fut un 


1) M. Cohn l’attribue au religieux 7c4ong-jen FE 4h le , ami de Æouang T'ing- 


kien D: RE EX (1050—1110); il existe cependant un autre peintre de l’époque des 
Song, nommé Lou Tchong-jen [CE 4h de (T'ou chou tsi tcWeng, Yi chou tien, chap. 


7118, p. 3 r°), auquel cette oeuvre pourrait être attribuée. 
P q [ 





BULLETIN CRITIQUE. 433 


artiste fort estimé des Japonais. Pour la peinture des Yuan, on 
possède à Berlin une jolie scène d'un maître inconnu qui figure le 
départ de la Wang tchao-kiun, l'héroïne de la pièce de théâtre 
adaptée en français par M. Laloy sous le titre <le chagrin dans le 
palais de Jan». Parmi les œuvres de l’époque des Ming, M. Cohn 
étudie et reproduit un remarquable paysage de tempête dont l’auteur 
se nomme Wou Yi-chen L'ART puis un aspect de neige et d'arbres 
dénudés symbolisant l'hiver par Tsiang Song 38e. à : 

Toutes les pièces énumérées ci-dessus sont d’une réelle valeur 
et permettront à ceux qui les étudieront attentivement de se faire 
quelque idée des principales époques de la peinture chinoise. Je 
regrette un peu que M. Cohn n'ait pas pu joindre à son intéres- 
sant article les caractères chinois exprimant les noms des artistes 
dont il parle; j'ai eu quelque peine à rétablir ces noms dans le 


présent compte-rendu. En. CHavannes. 


Georg Friedrich Murx, Stilprinzipien der primitiven Tier- 
ornamentik bei Chinesen und (ermanen (15° fascicule 
des Beiträge zur Kultur- und Universalgeschichte ; 
Voigtländer’s Verlag, Leipzig 1910; in-8° de 122 
p. + 128 p. de planches). 


Nous avons déjà signalé dans le T'oung pao (1907, p. 282 —283) 
l'intéressant travail de M. Hoerschelmann sur le décor des bronzes 
chinois. Ce sujet vient d’être traité avec plus d’ampleur par M. 
Muth qui, à la considération du plus ancien art ornemental chinois, 
a joint celle de la décoration telle qu'on la trouve chez les Ger- 
mains du cinquième au huitième ou au neuvième siècle de notre 
ère; au premier abord, ce rapprochement entre deux civilisations 
si éloignées l’une de l’autre sous tous les rapports peut surprendre; 
il se justifie cependant si on remarque que M. Muth a pu, grâce à 


cette comparaison, mettre mieux en lumière les caractéristiques du 


434 BULLETIN CRITIQUE. 


génie chinois et expliquer ies procédés qui lui appartiennent en propre. 

Le décor chinois le plus archaïque consiste, soit en lignes qui 
affectent différentes formes dont la plus fréquente est le méandre, 
soit en combinaisons de traits dans lesquelles M. Muth propose de 
voir un souvenir de la primitive gravure sur bois; est-il nécessaire 
de supposer l'existence de cet art du bois sculpté qui aurait été 
antérieur à l’art du bronze et aurait influé sur lui? Je dois avouer 
que je n’en suis pas absolument convaincu; la sculpture sur bois, 
si tant est qu'elle ait eu un grand développement dans la haute 
antiquité, ne pouvait guère s'exercer que sur des surfaces planes, 
et, on ne voit pas bien comment s’opérerait le passage d’un décor 
plan à un décor qui, sous la forme où il nous apparaît, doit avoir 
été conçu pour s’adopter à des surfaces courbes; s’il fallait admettre 
un prototype à l’art du bronze, ce serait bien plutôt sur les vases 
en terre que je l’irais chercher, encore que, jusqu'à présent, on soit 
plus fondé à dériver du décor des bronzes le décor des poteries qu’à 
faire l'inverse. 

A près !) l’ornementation linéaire apparaît l’ornement tiré des êtres 
du monde animal, soit quadrupèdes, soit oiseaux; M. Muth distingue 
ici deux styles; l’un, qui est plus ancien, présente des formes ani- 
males qui se laissent encore assez aisément reconnaître; le second, 
plus récent, dérive du type de l'animal regardant derrière lui et 
altère ce type par des modifications successives qui le rendent pres- 
que indiscernable. C’est le mérite de M. Muth d’avoir établi des 
séries qui rendent évidentes ces déformations progressives et qui 
nous permettent de classer les figures du décor en un certain nom- 
bre de familles; particulièrement ingénieuse est sa démonstration 
que la tête de face du t'uo-t'ie dérive de deux têtes de profil qui 
se font vis-à-vis et qui ont fini par se confondre (pl. XXII). 


Ed. CHAvANNeESs. 


1) Cet »après, est contestable. 


em 


BULLETIN CRITIQUE. 435 


Collection of Chinese bronze antiques (the shimboi shoin, 


Tokyo. 1910; in-folio de 52 planches en héliogravure). 


Cette publication de grand luxe nous fait connaître les principaux 
bronzes antiques de la Chine qui sont conservés au Japon, princi- 


palement chez M. Sumitomo Kichizaemon 1Æ X LE Æ F5 PT à 


Osaka, et, en moins grand nombre, dans le musée de la maison 
impériale, chez le comte Tanaka Mitsuaki FH} FH E- LEE chez le 
baron Iwasaki Koyata 1 D 5 K. chez M. Naïki Jinzaburo 
A É En —= AG: chez M. Geso Masao F ÎÆ& n2 HE, chez M. 
Kashima Iwazo BE CR 2 ji. chez M. Tanaka Gentaro |] FH 
5 À AG: chez M. Nakano Kinkuro FH ET SUN JU A: Les objets 
reproduits sont au nombre de 49, mais trois d’entre eux sont figurés 
sous deux faces, en sorte que le nombre total des planches est de 52. 
Les héliogravures sont admirables de finesse et de netteté; quelques 
unes d’entre elles sont coloriées; parmi les pièces qu'elles représen- 
tent, j'ai remarqué surtout (pl. 31 et 32) un tambour en bronze 
de l’époque des Tiheou qui me paraît être une pièce unique en son 
genre. Les bronzes se répartissent de la manière suivante: 4 pour 
l'époque des Fin, 30 pour l'époque des Tvheou, 14 pour l’époque 
des Æan, 1 pour l’époque des T'ang. Certains esprits qui ne sont 
jamais satisfaits regretteront que les inscriptions chinoises en caractères 
archaïques soient reproduites en fac-simile, mais non transcrites en 
caractères modernes; ils regretteront aussi que les planches ne 
soient pas numérotées, ce qui rend les recherches un peu longues; 
mais, sans s'arrêter à ces critiques de détail, on peut louer sans 
réserves la beauté de ce livre qui met sous nos yeux quelques uns 
des spécimens les plus authentiques et les plus anciens de l’art du 
bronze en Extrême Orient. 


Ed. CHavanxes. 


436 BULLETIN CRITIQUE. 


Alexander Csoma De Kürôs, Sanskrit-Tibetarï-English Vo- 
cabulary; being an edition and translation of the 
Mahävyutpatti (Memoirs of the Asiatic Society of 
Bengal, Vol. IV, N° 1, p. 1—127). 


M. E. Denison Ross à qui nous sommes déjà redevables d’un 
index du Catalogue of the Chinese Tripitaka de Nanjio, vient de 
rendre aux sinologues un nouveau service en publiant une traduction 
de la Mahävyutpatti qui, rédigée dès 1332 par Csoma de Kürôs, 
était jusqu'ici restée manuscrite. Sans doute, les indianistes pouvaient 
depuis longtemps faire usage de ce précieux vocabulaire sanscrit- 
tibétain grâce à l'édition de Minayef (1887), qui est remplacée 
maintenant par celle de Mironof (1910—1911) à laquelle est joint 
un utile index; mais les sinologues qui n'étaient pas initiés au sanscrit 
ne pouvaient profiter de cette mine de renseignements; grâce à l'ini- 
tiative prise par M. Denison Ross, ils pourront maintenant se servir 
de l'instrument de travail qu'avait préparé depuis quatre-vingts aus 


le vaillant ouvrier que fut Csoma de Kürôs. Ed. Cu. 


An inscription recording the restoration of a Mosque at 
Hangchow in China A.D. 1452 (Printed at the Cam- 
bridge University Press, 1911; brochure in-4° non 


paginée de 5 pages). 


La mosquée d’où provient cette inscription rédigée en persan et 
en arabe se trouve sur le côté occidental de la grande chaussée de 
trois mille de long qui est une des célébrités de Æang-tcheou. 
L'inscription elle-même a été transcrite et traduite par E. G. Browne 
d’après un estampage envoyé par le défunt Dr. Moule à son fils, 
le Rév. A. C. Moule; elle contient, en écriture arabe, une date que 


H. A. Giles a pu rétablir comme suit: K Hf] EX À — AË Â\ 


H ju H <le neuvième jour du huitième mois de la troisième 





2 


BULLETIN CRITIQUE. 437 


année kÆing-t'ai»; cette date correspond au 23 août 1452; je ne sais 
pour quelle raison elle est donnée dans la publication que nous avons 
sous les yeux comme correspondant au 18 septembre 1452 et je ne 
comprends pas comment elle peut se concilier avec la date arabe 
qui équivaut au 15 septembre 1452. Il est à souhaiter qu'on repro- 
duise prochainement l'estampage de ce monument et qu’on y joigne 
les estampages des inscriptions chinoises qui se trouvent dans cette 
même mosquée de ÆZang-tcheou dont la fondation paraît remonter à 


l'année 1281. Ed. CHavanxnes. 


Torrr Ryûzo EL se HE DE : Rapport sur une erplora- 
tion de la Mandchourie méridionale F4 in A HE 
À Sp À (in-8° de 175 p. et 58 planches hors 
texte; Tôkyô, 1910). — Sur les vestiges des Tung-hu 
dans la région du Shira-muren et des monts Khingan 
(Mongolie orientale) (extrait des n°5 256—258 du 
tome XXII de la revue Hi ER RÉ ÉE ; in-8° de 
34 p.). 


En rendant compte précédemment (7'”oung pao, 1908, p. 274—275) 
de l'enquête faite par M. Tori sur les populations Miao du Sud 
de la Chine, nous exprimions le désir de voir prochainement publier 
le rapport de cet excellent archéologue concernant la Mongolie orien- 
tale et la Mandchourie, qu'il a visitées en 1905. Ce vœu est 
aujourd'hui satisfait. 

Dans la Mongolie orientale, M. Tori a exploré des sépultures 
dans la région des Ongniouts orientaux Jf À 2 HE, entre la 
rivière Louan et le Lohan A DA, puis, dans le région des Outchou- 
moutch’en occidentaux JE _ ER F5 10 : au-delà des monts Khingan 
fi 2: il y a trouvé de nombreux instruments en pierre. En 


outre, il a étudié la civilisation des Zeuo FE qui, comme on le 


438 BULLETIN CRITIQUE. 


sait, eut son centre dans le bassin du haut cours de la rivière Lea. 
Je dois dire que je n'ai pas très bien compris pour quelles raisons 
M. Torii place la capitale supérieure des ZLeao entre les deux petits 
cours d’eau qui se jettent dans le lac Tansutu; il est possible qu’il 
ait raison, quoique j'aie autrefois soutenu l'opinion que cette capi- 
tale se trouvait plus à l’ouest, à la source du Kara-mouren (Journ. 
As, Mai—Juin 1897, p. 433, n. 3 et 434, n. 1), 

Le rapport sur la Mandchourie méridionale est un ouvrage con- 
sidérable; M. Torii y donne les résultats de ses recherches sur les 
temps préhistoriques dont il a trouvé des débris principalement dans 
la presqu'île de Zeao-tong depuis Port-Arthur jusqu’à Ta che Kiao; 
ces gisements préhistoriques ont été pour la plupart découverts 
pendant la guerre russo-japonaise, au moment où on remuait la 
terre pour faire des tranchées; les objets exhumés par M. Torii sont 
des haches et des pointes de flèches en pierre, des débris de poterie 
décorés de dessins géométriques variés, des poids en pierre et des 
poinçons en os dont se servaient les pêcheurs. À une époque plus 
récente, les sépultures en pierre et les sépultures en briques ont 
livré à l'explorateur des ustensiles de toutes sortes que l'auteur 
compare fort heureusement aux dessins qu’on relève sur les bas- 
reliefs de l’époque des an. Enfin M. Tori à fait une étude appro- 
fondie des monuments du Æao-keou-li à Tong-keou fn] D sur 
le haut Yalou; il signale et reproduit (p. 157) un fragment d’inscrip- 
tion dont je n’ai pas eu connaissance lors de ma visite dans cette 
région; il semble que ce soit un morceau de la stèle que le géné- 
ral Mou-k'ieou Kien FF # fit ériger en 245 p. C. sur la mon- 
tagne de Æouan-tou À #T F4 [] pour commémorer ses victoires. 


En. CHAVANNES. 





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BULLETIN CRITIQUE. 439 


F. W. K. Mücrer: Uiqurica IT (aus den Abhandlungen 
der K. Preuss. Akademie der Wissenschaften vom 
Jahre 1910; Berlin, 1911; in-4° de 110 p. et 3 pl. 
hors texte). 


Avec une sûreté de méthode qui ne se dément jamais, F. W. K. 
Müller contine la traduction des textes ouïgours découverts dans 
la région de Tourfan (cf. T’oung pao, 1909, p. 98—100). Les 
textes publiés ici sont tous bouddhiques, mais ils se rapportent à 
des sujets très divers; quoique fragmentaïres, ils nous fournis- 
sent plusieurs renseignements intéressants; c’est ainsi qu'on peut 
rétablir par leur moyen en ouïgour les termes exprimant la série 
des douze nidänas (p. 13-—14); les formules de confession des 
upâäsikâs (p. 76 —81 et p. 84_—89) constituent des termes nouveaux de 
comparaison dans la série des documents de cette sorte qui s'appa- 
rentent les uns aux autres tant dans le Buddhisme que dans le 
Manichéisme. Dans les additions aux Uiqurica T placées à la fin 
de ce mémoire, F., W. K. Müller rectifie la lecture d’un certain 
nombre de mots turcs qui jusqu'ici avaient été inexactement trans- 
crits: par exemple, dans l'inscription de Karabalgassoun, le terme 
pe] ae A 4, que Schlegel avait restitué en «Kirkhan-kaÿ», doit 
être lu «il ügüsi» (= gloire du royaume); de même, FE fi] 28 
sera l'équivalent de <ciltäbir»; #4 Fk {H fi, l'équivalent de 
<iltiris»; et A HAE #$ pa jt, l'équivalent de «il tutmi$». Hirth 
avait déjà pressenti la valeur «il» du caractère EH; son hypothèse 


se trouve maintenant confirmée. 


Ep. CHAVANNES. 


440 BULLETIN CRITIQUE. 


Prof. Alfred Forge: Yamen und Presse (Lehrbücher des 
Seminars für Orientalische Sprachen in Berlin, Band 
21: Berlin, Reimer, 1911; 1 vol. de textes chinois 
de XXIX + 441 p. et 1 vol. d'explications et de 
traductions, de 326 p.). 


Le manuel que vient de publier M. Forke est un recueil de 
documents officiels et d'articles de journaux destiné à faciliter aux 
élèves interprètes l'intelligence du style qu'ils devront comprendre 
lorsqu'ils seront attachés à la légation ou à un consulat en Chine. 
Cet ouvrage me paraît fort bien conçu; l’auteur a su grouper sui- 
vant leur difficulté progressive des textes variés et intéressants; 
mais il ne s'est pas contenté de ce travail qui est, après tout, 
secondaire, et il a cherché à analyser et à éclaircir les expressions 
souvent obscures de la langue des chancelleries; les notes qu'il annexe 
ainsi à chaque document ne se répètent jamais, en sorte que l'élève 
doit se rappeler tout ce qu'il a appris précélemment pour pouvoir 
continuer sa marche en avant; la traduction intégrale des textes 
n’est donnée qu’à partir de la p. 265; elle est destinée à permettre 
la lecture rapide d'articles plus longs et plus difficiles; mais, pour 
tous les textes des 264 premières pages, l'étudiant ne peut recourir 
qu'aux notes explicatives qui sont suffisantes pour le guider, sans 
le dispenser toutefois d’un effort personnel pour traduire. Il y 
a là une solution heureuse de la difficulté pédagogique qu'on ren- 
contre lorsqu'on est en présence de ce dilemne: ou publier les textes 
chinois sans traduction, ce qui rend l'ouvrage inutilisable pour tous 
ceux qui ne suivent pas le cours du professeur; ou faire suivre les 
textes d'une traduction, ce qui diminue le travail de l'élève. 


En. CHAVANNES. 








BULLETIN CRITIQUE. 441 


A. IL. Ivanov: Stranitsa 12 istoriy Si-sia (Une page de 
l’histoire du Si-hia; Bulletin de l’Academie impériale 


des sciences de Saint-Pétersbourg, 1911, p. 831—836). 


Parmi les documents relatifs au royaume Si-hia, qui ont été 
découverts par le colonel Kozlov (cf. Z’oung Pao, 1910, p. 148—151), 
M. Ivanov a remarqué un petit Sûtra intitulé «Sûtra sur la médita- 
tion au sujet du bodhisattva Maitreya naissant en haut dans le ciel 
des Tusitas»; ce texte (Nanjio, Catalogue, N° 204; Tripitaka de 
Tôkyô, XXV, 9, p. 28 r°—30 r°) a été traduit en chinois en 455 
par Zsiu-k'iu King-cheng HE Hit (Nanjio, Catalogue, App. 
Il, Nos 68 et 83), cousin (ÂË 5) de Tsiu-k'iu Mong-souen YH. DE 
DR A, roi de Leang. 

L'intérêt de l’exemplaire rapporté par Kozlov réside dans un 
colophon assez étendu qui est daté de l’année 1189 ?) et qui émane 
du souverain même de l'empire Si-hia. Il ne sera pas inutile de 
mettre intégralement ce texte sous les yeux du lecteur puisque la 
traduction russe de M. Ivanov, d’une part, n’est pas accessible à 
tout le monde, et, d'autre part, diffère sur quelques points de la 


mienne, 


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1) M. Ivanov indique la date comme étant 1188; mais les caractères cycliques prouvent 
; ) I 
qu’il s’agit bien de l’année 1189. J’avais eu déjà l’occasion de faire une remarque analogue 


à propos d’un autre travail de M. Ivanov (T’oung Pao, 1910, p. 151, n. 2). 


442 BULLETIN CRITIQUE. 


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Æ MR Et EE 2. NN SN 28 A6. il & À 7. 
PE 56 2N. Æ 9 m8 jé. 


Texte du vœu émis au sujet de la distribution charitable de ce sûtra. 


J'ai!) entendu dire que celui qui est mystérieusement contenu 
dans le lotus ?) renferme les dix mille dharmas de manière à indi- 
quer la route à ceux qui sont égarés; les paroles laissées par la 


bouche d’or’) montrent les trois véhicules ‘), et, de la sorte, con- 


1) Le souverain du royaume de Si-hia emploie, en parlant de lui, le pronom HR 
réservé à l’empereur. 

2) Il est vraisemblablement question du Buddha Maitreya qui, au moment où il naît 
dans le ciel des Tusitas, apparaît assis sur une fleur de lotus. 

3) Les enseignements du Buddha Çäkyamuni. 


4) Le véhicule tiré par un mouton est celui des Qrâvakas; le véhicule tiré par un 








BULLETIN CRITIQUE. 443 


vertissent la foule des êtres. Les grands enseignements transmis de 


» ’ 


génération en génération en vérité sont profitables au peuple présent. 

Maintenant, le «sûtra sur la méditation au sujet du bodhisattva 
Maitreya naissant en haut dans le ciel des Tusitas» à un sens qui 
règle le mécanisme profond, une doctrine qui contient la raison 
suprême. [l expose en effet comment Upäli interrogea !) en sorte 
qu'on montra les causes antérieures (qui déterminaient la destinée) 
d’Ajita *); il développe entièrement les raisons excellentes de la 
naissance en haut; il décrit abondamment la région merveilleuse 
des Tusitas. Dans les dix directions de l’espace, les devas et la 
foule des êtres qui font vœu de naître dans (cette région des Tusitas), 
s'ils ont pratiqué les dix actions excellentes *) et observé les huit 
abstinences ‘), et s’ils ont obéi constamment aux cinq défenses *) et 
tenu les six conduitesf), après leur mort, avec autant d’aisance 
qu'un homme fort étend le bras, iront, par la force même de 
leur souhait, s'élever jusqu’à ce ciel; ils naîtront dans un lotus pré- 


cieux et Maitreya viendra les recevoir; avant qu'ils aient eu le 


cerf est celui des Pratyeka Buddhas; le véhicule tiré par un boeuf est celui des Bodhisattvas 
ou futurs Buddhas. 

1) C’est en effet à la suite d’une question d'Upâli que le Buddha prononce ce sûtra. 

2, C’est-à-dire de Maitreya. 

3) Voyez l’énumération des dix actions excellentes nm = dans mes » Cinq cents 
contes et apologques, t. I. p. 37, n. 1. 


4) j\ 7e est l’équivalent de JK FA] ie JFK : on trouve énumérées les 


huit abstinences comme suit dans le san {sang fa chou: 1° ne pas tuer d'êtres vivants; 


° ne 


2° ne pas voler; 3° ne pas commettre des actes de débauche; 4° ne pas mentir; 5 
pas boire de vin; 6° ne pas s’asseoir sur des lits hauts, larges et grands; 7° ne pas se parer 
de guirlandes de fleurs et de colliers; 8° ne pas prendre part à des chants, à des danses 
et à des représentations théâtrales ou musicales. — Comme on le voit, ces huit abstinences 
correspondent dans la liste des dix défenses (çiksapada) aux numéros suivants: 1, 2, 5, 
4, 5, 9, 8° 7: 

5) Les cinq défenses . F4 sont les cinq premiers termes de la liste des dix 
défenses; elles correspondent donc exactement aux cinq premières des huit abstinences 


énumérées dans la liste ci-dessus, 


6) Les six conduites F= LE sont les six manières d’agir par lesquelles on réalise 
: FA ER : ve, = 
les six pâramitâs (voyez le dictionnaire San /sang fa chou, s. v. + LA Jk Bt j? 


444 BULLETIN CRITIQUE. 


temps de lever la tête, ils auront entendu le son de la Loi 
et cela leur aura fait concevoir une intention d’une fermeté qui 
n’a pas de supérieure et qui ne revient pas en arrière; ils obtien- 
dront de franchir toutes les fautes qu’ils ont commises pendant neuf 
millions de kalpas et qui les astreignaient à la naissance et à la 
mort; ayant entendu le nom (de Maitreya), ils ne tomberont plus 
dans la foule de ceux qui habitent les pays de la frontière plongés 
dans l’obseurité; quand ïls auront mis leur refuge (en Maitreya), 
alors certainement ils prendront place parmi ceux qui réalisent en 
eux la sagesse et à qui on donne une prédiction (qu’ils deviendront 
Buddhas). Le Buddha dit: $i à l’avenir on pratique cette conduite, 
la multitude des êtres pourra ainsi être soutenne dans ses sensations 
par Maitreya !), 

Emu par la doctrine mystérieuse du Buddha, j'ai fait graver 
ce sûtra. Avec soin, en la vingtième année L’ien-yeou, marquée des 
signes Æi-yeou, le quinzième jour du neuvième mois (26 Octobre 
1189), j'ai respectueusement prié le Maître du royaume pour les 
principes et la discipline?), le Maitre du royaume pour la pureté 
et les défenses *), le Maître du royaume profond et subtil du grand 
véhicule *) et toute la multitude des religieux maîtres du dhyâna ou 
maîtres de la Loi, de se rendre dans le grand temple 7ou-min °) 
(— qui sauve le peuple) et d’y célébrer une assemblée religieuse pour 
demander à naître dans le palais intérieur des Tusitas et pour magni- 


fier Maitreya, (puis), sur l'autel des kleças brûlants ©) de célébrer 


112 


1) M. Ivanov a bien vu le sens technique de l’expression di 
4) K 3% LA 2 Éf . Il est intéressant de trouver dans le royaume Si-Zia 


cette institution des maîtres du royaume qui est bien connue à l’époque mongole. 


5») KE R +. 


6) ji gr pri . La traduction que je donne du nom de cet autel est hypothétique; 


ÿ 5 \ 
elle se fonde sur un passage du sûtrâlamkâra d’Açvaghosa où on compare les kleças à un 


feu qui brûle #4 74 R PT KE. St KE PA AU 1R , CE Tripitaka de Tôky6. 


XIX, 4, p. 84 r° et trad. Huber, p. 95. 


K 


BULLETIN CRITIQUE. 445 


une offrande de magnification, de présenter un repas charitable de 
magnification, en même temps de réciter les (noms des) Buddhas et 
de psalmodier les prières magiques, de lire les livres du Tripitaka 
en Tibétain, en Tangoutain et en Chinois, ainsi que les règles des 
livres du grand véhicule, d'expliquer la Loi, de faire une confession 
(kSanti) selon le grand véhicule, de distribuer en don 100.000 
exemplaires en Tangoutain et en Chinois du sûtra sur la méditation 
au sujet du bodhisattva Maitreya naissant en haut dans le ciel des 
Tusitas 1), et 50.000 exemplaires en Chinois du Kin kang P'ou hien 
hing yuan king”) et du KXouan-yin king*), puis (j'ai fait vœu) 
d'accomplir toutes sortes d’actions conformes à la religion, telles 


que donner à manger aux religieux, remettre en liberté des êtres 


1) Dans une inscription de Bodh Gayà qui est datée de la dynastie des ÆZan postérieurs 
(947—951 p. C.), le religieux chinois 7'che-yi FA & rappelle qu’il a fait vœu de distri- 
buer charitablement 300.000 exemplaires du Sûtra de la naissance en haut DD _— SG a 
E # dE JE ae (voyez dans la Revue de l'histoire des religions, tome XXXVI, 
1897, mon article intitulé La première inscription chinoise de Bodl-gay&). Le sûtra répandu 
à 300 000 exemplaires par Teke-yi, entre 947 et 951 p.C., est celui-là mème que, en 1189 
p.C., le souverain du royaume de Si-kia distribuait à 100.000 exemplaires en Si-hia et en 
chinois; on voit quelle vogue eut dans le monde bouddhique ce petit traité qui contenait 


la description du paradis de Maitreya. 


2) & fi] de EX ÂT ÉE RE. Nous ne possédons pas dans le Tripitaka de 
ût i t . s r , 2. EX PE 2— = 
sûtra qui porte exactement ce nom; nous avons le F1 EI LS PPÈ ÂT Jp FA 
(Nanjio, Catalogue, N°. 1142; Tripitaka de Tôkyô, XXV, 15, p. 6 v°—8 r°). Mais il 
pourrait être question aussi d’un des traités tels que Je & fi] TA HAS À] ii 7/11 
ie ER SE RE Es sl En RE traduits par Pou-k’ong (Nanjio, Cataloque, Nos. 
1390, 1410, 1442; Tripitaka de Tôkyô, XXV, 9, p. 5 v°’—16 v°). En tous cas, il me 
paraît impossible d'isoler, dans le titre que nous dorne notre texte, les deux mots #& kdl] 
et de les regarder comme désignant un ouvrage qui serait la Vajracchedikà prajñàpâramità 


(Nanjio, Catalogue N°. 10); en effet, pour admettre cette explication, il faudrait que le mot 
J 9 I I 


fe suivit les mots & il] . 


3) ps] F5 RE . C’est une édition particulière (Nanjio, Catalogue, N°. 137) du 
Chapitre XXV du Saddharma pundarîka sûtra; M. lvanov rappelle avec raison que Radlof 
a publié et traduit récemment la version turque-ouïgonre de ce traité (Kuan-i-im Pusar, 
eine türkische Uebersetzung des XXV Kapitels der chinesischen Ausqabe des Saddharma- 


pundarika). 


446 BULLETIN CRITIQUE. 


vivants, secourir les pauvres, grâcier !) les prisonniers, et cela pen- 
dant dix jours et dix nuits. Par le mérite que j'aurai ainsi réalisé, 
je souhaite humblement que mon premier aïeul et mes quatre 
ancêtres obtiennent une place précieuse dans le palais intérieur (des 
Tusitas), que mon respectable père défunt et que ma vénérable mère 
défunte montent sur la terrasse des lotus (dans le ciel) des Tusitas, 
que, pendant une durée illimitée, ma maison royale soit fortunée, et 
que moi-même ?) je jouisse d’une longévité aux cheveux jaunissants ; 
que le pays à l’intérieur des quatre mers voie des années de paix 
florissante. Que le bonheur (qui résulte de cette bonne œuvre) 
s'identifie avec l’irréalité de la triple évolution *); que la raison 
s'accorde avec la vérité unique en sorte que toute parole cesse. {) 
Tel est le vœu que je formule avec respect. 

Don charitable fait avec respect par l’empereur qui a les noms 
de: servant le Ciel et manifestant la raison, faisant resplendir ses 
qualités martiales et répandant ses vertus pacifiques, formant des 
plans divins et ayant une sagesse perspicace, établissant la justice 
et écartant le mal, sincèrement accommodant et parfaitement respec- 


tueux. Ep. CHAVANNES. 





1) Comme lindique M. Ivanov, Ha est ici l'équivalent de DA © 


2) Lisez D Eu : 


3) Le dictionnaire Sux {sang fa chou nous donne l'explication de la formule —= kg 
pu 2X : par l’acte de charité, on comprend substantiellement d’abord la non-réalité du 
noi qui fait l’acte, puis la non-réalité de celui qui reçoit la charité, enfin la non-réalité 
des objets qui sont donnés. Cette triple compréhension écrase notre attachement aux choses 
de ce monde comme la meule en évoluant écrase le grain; de là le terme de triple évolution 
produisant l’irréalité substantielle. 

4) Lorsqu'on a atteint à la vérité absolue, la parole cesse parce qu’elle est inadéquate 


à ce qu'elle voudrait exprimer. 





S 


CORRESPONDANCE. 


SEL 


Lettre de M. Paul Pelliot à M. Chavannes. 


Mon cher ami, 


Permettez-moi d'ajouter quelques renseignements aux informations si inté- 
ressantes que vous avez données dans le T’oung Pao de mai 1911 (pp. 286—289) 
sur l'enquête archéologique de M. Ogawa et de ses collègues. 

1. Je n’ai pas eu entre les mains le rapport publié par le Chouen lien 
che pao, mais les lettres de mes amis de Pékin m'avaient en effet annoncé 
qu'il ne s'était plus trouvé à Touen-houang que ce que j'avais entendu y laisser, 
c'est-à-dire des textes bouddhiques. Les titres mêmes que vous citez montrent 
que parmi ces textes il y en a d’ailleurs de très intéressants. Le Cheou lo pi 
k'ieou king par exemple est mentionné par les catalogues des Tang, mais a 
disparu ensuite, et je n’ai même pas souvenir d’en avoir jamais rencontré de 
citations. Le AH Di Re Siong hao king se trouve parmi les mss. que j'ai 
rapportés à la Bibliothèque Nationale, sous le n° 3593. Pour les titres suivants, 


il me semble qu'on doit les rétablir comme suit: Fe he LS 4} jeu Lee 
É & Pan jo ti fen tchong Lio tsi yi, ét LA us Hé] FH ft Tsing 


ming king kouan tchong chou, et LEA YR EU Ming pao ki. Je crois bien qu’il 
se trouve dans les manuscrits de la Bibliothèque Nationale des fragments du 
premier ouvrage; le second, commentaire du Vimalakirtinirdeçasutra, y est 
représenté en plusieurs exemplaires; quant au troisième, dont l'identification 
suppose une faute d'impression dans le Chouen l’ien che pao, c’est une œuvre de 
FF fe Tang Lin, des T’ang, rédigée en 650—655, et dont j’ai'signalé dans 
mon premier rapport un manuscrit très incomplet ?). 

2. Les livres du Nei-ko dont il est question sont ceux qu'un édit du 9 
septembre 1909 a attribués à la nouvelle «Bibliothèque de la Capitale» ( Ex 


Éh Ke] EE Ê King-che-C'ou-chou-kouan)?). Parmi les érudits chargés d’inven- 


1) Sur le moment, j'avais faussement lu #chen le premier caractère; cf. B.£.F.E.0., 
VIII, 524; mais j’ai corrigé cette erreur dans B.£.F.E.O., IX, 383. Le Ming pao ki a été 
retrouvé également au Japon dans le cours du XIX® siècle et doit être édité dans le Supplé- 


ment du Tripitaka de Kyüto. Les citations du Ming pao ki éparses dans le Fa yvan tchou lin 


ont été réunies par À SF 4 Yang Cheouking au ch. 8, ff. 6—17, de son H iN 
y ER FR Je pen fang chou tche (cf. sur cet érudit B£ F.E O., I, 315; IX, 242, 465); 


j'en ai recueilli de mon côté quelques unes dans d’autres œuvres des T’ang. 
2) Je profite de l’occasi r signaler que le grand érudit HZ 2 ÉR Miao 
) Je profite de l’occasion pour sign que le grand éru SZ À TR : 
Ts'iuan-souen n’a pas pris la direction de cette bibliothèque, malgré l’édit qui le nommait 
(cf. B.E.F.E.O., IX, 828—829). Après avoir été l’un des principaux collaborateurs de 


448 CORRESPONDANCE. 


torier ce fonds du Nei-ko, l’un des principaux est M. pi] TÉ + Ts'ao Yuan- 
tchong, qui à collaboré à l'édition du KX }à 1 Es = + Touen houang 


che che yi chou. 

3. Après la disgrâce et l'exil de Lieou T'ie-yun, presque toutes ses écailles 
de tortue ont été acquises par S. E. Touan-fang, chez qui je les ai vues à 
Nankin en 4909; le vice-roi m'en a même donné quelques unes. 

4. Le 4 A D'é = Kin che wen tseu de DE #Æ LS Tchang T’ing- 
isi, en 2 pen, se trouve parmi les livres que j'ai fait entrer à la Bibliothèque 
Nationale. 

5. Peut-être est-il bon de préciser les titres des œuvres archéologiques 
publiées par les — La trois Wou: 

a) LL k Wou Ta-tch'eng a rédigé un petit traité très commode 

À ; 3 A pa 
sur les caractères anciens; c’est le A L'é nr fe pal Chouo wen kou tcheou 
pou (sur lequel, cf. B.E.F.E.0., N, 214). J'ai encore rapporté de lui à la Bi- 
bliothèque Nationale le nr Æ al 4 Fou yu lou k'ao, en 2 pen, et le 
El jee == & k Heng hiuan ki kin lou, en 4 pen. Son ouvrage sur les 
sceaux des Han est institulé 1 æ 7 SË Che li ci 
sceaux des est institulé Sa D & f+ jp El ET. Che lieou kin fou 


tchai yin p'ou, en 4 pen; je n’ai pas pu me le procurer. 


@) La Æ Wou Yun est un érudit de Es a Kouei-ngan, compa- 
triote de ICE NO 5 Lou Sin-yuan (cf. B.E.F.E.O., IX, 499). Il a reproduit 


RTE rad ; - Fe VE 
et étudié ses sceaux des Han dans deux ouvrages, le FJ LE] HF El] 4 Led sa 


Leang lei hiuan yin k'ao man ts'ouen en 9 ch., et le D Ë Éi 25 Te 
nr &i] ET] fr Eul pai lan ling tchai kou l’ong yin ts'ouen, en 12 pen. 
Le premier de ces ouvrages existe dans la bibliothèque de lEcole française 
d'Extrème-Orient; j'ai vu aussi le second, mais le prix élevé qu’on en 
demandait (environ 150 francs) ne m'a pas permis alors de l’acquérir. Wou 
Yun a également publié d'anciens bronzes garnis d'inscriptions dans son Fi 


Bi HT 2 FE Leang lei hiuan yi ki louche, en 20 ch. Enfin, en 


petits opuscules séparés, il a étudié quelques objets particulièrement intéressants; 


tel est le cas du PE En a #% Le X Han kien ngan nou ki k’'ao, qu’on 


trouvera désormais à la Bibliothèque Nationale, Ces opuscules sont parfois 


réunis sous le titre de La 2p ie & Æ pu ff Wou p'ing lchai kin 
/4 0 
che sseu tchong. Enfin Wou Yun a fait graver des estampages fameux du 


Tchang Tehe-tong, et même, si on en croit la chronique, le véritable rédacteur du Æ 
H = FH Chou mou ta wen, Miao Ts’iuan-souen s'était lié très intimement avec S. E. 
Touan-fang, surtout quand cet homme d'État lettré était vice-roi de Nankin. C’est Touan- 
fang, devenu vice-roi du Tche-li, qui fit mettre Miao Ts’iuan-souen à la tête de la nouvelle 
bibliothèque de Pékin. Mais, sur ces entrefaites, Touan-fang fut relevé de ses fonctions à 


l’occasion des funérailles de l’impératrice douairière, et Miao Ts’iuan-souen resta à Nankin. 








CORRESPONDANCE, 449 


EH F5 FF Lan ling siut), sous le titre de Hi #5 pu ff Lan lin 
sseu lchong, et, en #ff &y chouang-keou 2), un R Fi A4 JE — Al 


Song l’a houa tou sseu pei3). 


y) L'ouvrage de V3. TŸ Z$ Wou Che-fen sur les sceaux des Han est 


intitulé #5 De a DIS El] fr Chouang yu hou lchai yin ts'ouen, en À pen; 


Je ne l'ai jamais vu. Par contre, il n’est plus exact de dire que son JFE 7 ke 
Kiun hou lou, en 20 ch., n'existe pas en Europe; l’ouvrage est rare en effet, 
mais je l’ai rapporté à la Bibliothèque Nationale #). 

1) Il s’agit de la fameuse «Préface du Pavillon des orchidées», écrite par le calligraphe 
Wang Hi-tche, et sur laquelle il y a toute une littérature. On trouvera à ce sujet des dé- 


= ES 
Le circonstanciés dans le ras À JS Éi Le DA Sou mi lchai lan l’ing k’ao de 


À À xd . Fang-kang, que j'ai fait entrer à la Bibliothèque Nationale tant 
la collection 7 EL JfE LU Le E Vue ya lang ts’ong chou que dans la belle 
édition indépendante publiée il y a quelques années par le vice-roi Touan-fang 

2) On appelle ainsi des reproductions où les caractères du texte original ne sont pas 
reproduits complètement en noir, mais où leurs contours seulement sont dessinés par un 
double trait: d’où le nom. 

3) Cette inscription, célébre entre toutes, est de la main de EX D 5) Ngeou-yang 
Siun. Elle a disparu depuis longtemps, mais on en possède quelques estampages fragmentaires. 
L'un d’entre eux, que FÀ À *hl Wong Fang-kang attribuait à la fin des T’ang, était 
en vente en 1909 à … avec les notes de cet érudit et de ses amis, pour 10000 taëls 
(environ 35000 francs); cet estampage a d’ailleurs été édité en un volume que j’ai rapporté 

la Bibliothèque Nationale. Dans la niche de Touen-houang, j'ai recueilli un fragment 
d’un estampage de cette inscription contenant quarante caractères; ce fragment, qui, lui, 
fut réellement estampé sous les T’ang, montre que l’estampage de Wong Fang-kang ne peut 


remonter au-delà des Song du Nord. Le fragment de Touen-houang a été édité dans un des 


derniers numéros de la revue d’archéologie et d’art intitulée mi PM JE 4Ë 


Chen tcheou kouo Kouang tsi, qui paraît à Chaughai. Mais dès maintenant cette publication 
serait à reprendre, car cinq nouveaux petits feuillets du même estampage des T’ang, conte- 
nant environ 200 caractères, existent parmi les documents rapportés de la même niche de 
Touen-houang par le Dr. Stein. 

4) Un autre exemplaire avait pu d’ailleurs parvenir en Europe antérieurement, car ce 
doit être là le Kiun kon tchai kin wen de Wou Che-fen dont Bushell a parlé dans son 
Chinese Art; il est seulement surprenant qu’il ne lui donne que 3 ch. (cf. BEFEO., NV, 
215). Dans ce passage du B£FEÆO, je citais une autre œuvre analogue, dûe au maître 
de Wou Che-fen, ae ML AS P’an Tsou-yin: c’est le 4x nr FE $F 2 ER Er ; 
Fan kou leou yi ki k’ouan tche; lui aussi se trouve désormais à la Bibliothèque Nationale. 
Quant aux livres de Bushell, il ne semble pas que tous soient restés en Europe. Bushell 


possédait en effet deux magnifiques ouvrages d'archéologie, décrivant des collections du pa- 


lais, et dont il n’a jamais existé que de rares exemplaires manuserits : le ? = Æ S 
» J q I IL 


Si ts’ing siu lien et le S Æ he Ning cheou kou kien (cf. BEF. dE 7%. 215). 


450 CORRESPONDANCE. 


Je n’ai jamais eu l’occasion de voir les ouvrages sur les sceaux des Han 
publiés par Lieou T'ie-yun; d’après le titre que donne le Chouen lien che pao, 


il semblerait qu’il y en eût cinq séries; par oui-dire, je n’ai de renseignements 


que sur un & = JE EI] T'ie yun ts'ang yin en 10 gen, et sur un + 
= DE ET] A #£ T'ie yun ts'ang yin eul tsi; encore le premier chapitre 
de cette seconde série avait-il seul paru, et je croyais que c'était la disgrâce 
de Lieou T'ie-yun qui avait interrompu la publication. 

5. Le k} A X EX Fong ni kao lo (sic; et non Ni fong k'ao lio) 
existe aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale. J’ai rapporté aussi un ou deux 


spécimen de ces sceaux en terre. 


6. Je ne connais pas le #T ITA $5 & Æ H Tchou yen hiong kin 


che mou. Mais vous avez vu que le Kiun kou lou se trouve désormais à la 


Bibliothèque Nationale !); il en est de même du he Et LA WX JR & Æ 


E Yi fong lang cheou ts'ang kin che mou. 

7. Tant pour l'étude des sceaux anciens que des bronzes inscrits, il a paru 
depuis cent ans un très grand nombre d'œuvres dont la bibliographie n’est pas 
établie; il ne saurait s’agir de les énumérer ici. Il faut cependant rappeler le 
récent Wi] Te == & Ek T'ao tchai ki kin lou de S.E. Touan-fang, quand 
ce ne serait que pour la merveilleuse table à sacrifice, garnie de tous ses vases rituels, 
qui est reproduite au premier chapitre. Enfin, ayant naguère étudié l’œuvre de 
l'érudit Lou Sin-yuan, je tiens à signaler ici une œuvre de lui qui m’a échappé, 


et qui est consacrée à des bronzes anciens, le nl fi és — & D'é Un 


Ki kou che ki kin wen chou, en 20 ch.; je ne l’ai malheureusement jamais vue ?). 


Veuillez agréer, PAUL PELLIOT. 

Il est probable que Bushell les tenait de von Gumpach, car von Gumpach a décrit ces 
ouvrages dans les Motés and Queries on China and Japan, t. IV, p. 37; et von Gumpach 
lui-même avait dû les acquérir de quelqu'un qui les avait pris sans doute au Palais d'Été 
en 1860. Mais en 1909, on m’a offert en Chine, pour 4000 taëls (environ 14000 francs), 
un exemplaire du Si sing siu kien qui, d’après les renseignements que j'ai pu obtenir, 
revenait d'Angleterre, et était donc très vraisemblablement celui de Bushell; il faudrait 
donc renoncer à posséder en Europe ces deux manuscrits. Nos regrets toutefois seront pro- 
chainement atténués, car les journaux chinois annoncent une édition du S£ {sing siu kien; 
c’est probablement sur l’exemplaire de Bushell qu’elle aura été faite. 

1) Je suis surpris cependant de voir ranger le Kivx kow lou parmi les catalogues 
d'inscriptions; l’ouvrage que je connais étudie des bronzes inscrits, comme le fait le Si 
ts’ing kou kien par exemple, mais n’est pas un catalogue au même titre que le répertoire 
de Miao Ts’iuan-souen. Le catalogue de Miao Ts’iuan-souen a été édité aux frais du vice-roi 
Touan-fang. | 

2) Une dernière œuvre de Lou Sin-yuan, dès à présent fort rare et que je n’ai non 


0 . + # y . 
plus jamais vue, est son nr " 1 Kou wen chen en 8 ch, consacré à l'étude des an- 


ciens caractères. 








LE ROYAUME DE CHAMPA 


PAR 


GEORGES MASPERO, 


Administrateur des Services Civils de l’Indochine, Correspondant-Délégué de l’Ecole 
Française d’Extrème Orient. 


(Suite). *) 


——+# —— 


CHAPITRE VIII. 


La XIIe Dynastie. Suite. — Indravarman VI & les Mongols 1278—1985. 
Cession au Dai Viêt par Jaya-Siñhavarman III des deux provinces 
des à & de Lÿ 1306. 

Cependant que les Khmers, retenus par leurs luttes avec les 
Siamois, vont cesser d’apparaître au Champa en conquérants, deux 
peuples, dont l’histoire est intimement mêlée à la sienne, les Anna- 
mites et les Chinois, libérés des dynasties usées qui les avaient 
affaiblis, vont y apparaître à nouveau et c’est désormais avec leurs 
ennemis du Nord que les Chams auront à lutter. 

En même temps que Jaya Paramecvaravarman IT recouvrait le 
trône de ses ancêtres, le dernier empereur de la dynastie des Lÿ, 
Huê Tôn*), se retirait dans une pagode laissant la couronne à sa 
fille, une enfant de sept ans (1224)*). Un mandarin ambitieux, 


2 
Trân Thu D6 ‘), sut lui faire épouser son neveu, le jeune Trän 


1) Voir T’oung Pao, Mars 1910, pp. 125—136. Mai 1910, pp. 165—220. Juillet 
1910, pp. 319—350. Octobre 1910, pp. 489—526. Décembre 1910, pp. 547—566. Mars 
1911, pp. 53—87. Mai 1911, pp. 236—258. Juillet 1911, pp. 291—8315. 


2) Lÿ Huê Tôn 2 H 
2 4» nu 
2 JT AR > règua de 1210 à 1222. Vo 28a à 290. Sk IV 30e à 436. 4 IV 276 à 
315. Cm V 35a à 406. 


! 
3) «Quatrième année Kièn già». Cette princesse qui porta d’abord le nom de Phât Kim 
ee EL HLy . . 
4} & puis celui de Thièn Hinh = LEE reçut par la suite les titres honorifiques 
2 
Chi é hièu Hoang [7 1. 54 IV : L IV 316, 326. 
ieu Thânh 4 En et Chiôu Hoang H ET. SX IV 44a, 46a. Té IV 316, 326 
Cm V 31. 


4) Trân Thu Di 4 SF JE 5 


+ prince Cam ee , fils et successeur de Lÿ Cao Tôn 


30 


452 GEORGES MASPERO. 


Canh 1), âgé de huit ans et, vingt jours après, obtenir des Grands 
la reconnaissance de ce prince sous le nom de Trân-thäi-Tôn *) (1225). 
C'était une nouvelle dynastie qui règnait dès lors sur l’Annam *). 

Elle ne devait pas tarder à recommencer contre le Champa la 
lutte que les derniers rois Lyÿ n’avaient pu soutenir. «Depuis que 
«la dynastie Lyÿ s’affaiblissait, disent les Annales Annamites *), les 
«Chams, constamment, au moyen de bateaux légers, en véritables 
«pirates, ne cessaient de piller les populations côtières (du Dai- 
« Viêt). Dès que l'Empereur règna‘), il envoya un ambassadeur 
cfaire des remontrances au roi de Champa, bien que le tribut eut 
«été constamment payé). Celui-ci répondit en demandant la resti- 
c«tution des terres anciennes, qu’il convoitait secrètement 7). L’Empe- 
creur, irrité, confia la régence au Khâm Thiên Vu’ong Nhwt 
«Kiéu 8) et prit lui-même la direction, de l'expédition, 1252, pre- 


mière lune *).» La campagne fut longue, et semble-t-il pénible, puis- 





AT 20 PE 
1) Trân Canh fi DE . 2) Trân-thäâi-Tôn Bi K DR: 


2 
3) Depuis 1164 (deuxième année Chänh long bao W’ng) le roi du Dhai-viet avait reçu, 


de la Chine, le titre officiel de Annam quôc Vuong a F4 F «roi du pays du 
Sud Pacifié» et le Giao Chi devint l’Annam quôc a F4 «Le Sud Pacifié». 
Té IV 14a. Cm NV 12. 

4) Cm NI 356. 

5) C’est-à-dire probablement «dès que l’Empereur Trân Canh eut pris en mains propres 
la direction des affaires». 

6) C’est une forte exagération, car, depuis l’ambassade de 1199, supra, jusqu’à la 
campagne de 1252, nous n’en trouvons que deux: «la première en quatrième année Kiên 
Trung En (ea , à la dixième lune» c’est-à-dire en 1228 AD. — T£ V 5a. Cm VI Ta = 
et l’autre en «onzième année K RE nr 2p Thiên &ng chânh binh, à la dixième 
lune» c’est-à-dire en 1242. Té V 134. 


7) Les trois provinces cédées au Dai Viêt par Rudravarman IT comme rançon. 


8) Khâm Thiên Vu’ong Nhu’t Kiêu RTE Hgÿ. Le Cm 350 ou selon 


le Te V 19 le Khèm Thièn Dai Vwong ER K À E- 
9) «En deuxième année Nguyën Phong JL sl au printemps, à la première lune». 
TE N 194. Cm NI 356. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 453 


2 
que Trân Canh ne revint qu’à la douzième lune. Il ramenait, il 
est vrai, la reine B’ô da la !), des dignitaires et des concubines du 
roi, et un grand nombre de prisonniers ?). 


Jaya Paramecvaravarman II) eut pour sueccesseur son frère 
cadet <Jaya Indravarman (VI), prince Harideva, de Sakän viaya, 
«petit-fils de S. M. Harivarman, suprême suzerain des rois, fils de 
«S. M. Jaya Harivarman, Grand roi suzerain, frère cadet de $S. M. 
«Parameçvaravarman, roi suzerain» qui occupait le trône en 1254*). 

C'était un souverain tout pacifique, adonné à «toutes les sciences» 


&et versé dans la philosophie des diverses écoles *)». Il entretint, 


! 
1) Bô da la in EK AE. «Il n’est pas bien sûr, dit le 7% V 19a, qu’on se soit 
«emparé de la (reine) Bô da la. Si c'était vrai, pourquoi Vän Hu’u L'a 1: qui a rédigé 


«le Su’ Ky 5h SL: n'en a-t-il pas parlé, ainsi qu’il l’a fait de la capture de Sa Dao 


« si ». F2 D'é 1% (Lé) Van Hu’u dont il est fait mention ici est le premier 


historien en date dont fassent mention les Annales. Il vivait précisément sous le règne de 
Trân-théi-Tôn (Trân-Canh) et rédigea le Viêt Chi. C£. Sources Historiques 623. 
2) Sk. Tt NV 194. Cm NI 354. 
3) Jaya Paramecvaravarman II 
Inventaire. 
A. — 1. Mi-Son Mont B,. 86. Piédroit intérieur Nord C4. 1156ç = 1234 A.D. Finor 
IV 976xxv. 
2. Binh-Dinh (Pagode de Kim Chuà) 52. Stèle. CA. sans date. BERGAIGNE 92. 
AYMONIER 53. 
3. Po Nagar de Nhatrang. Tour Nord 30. Piédroit Sud. Br. 1155e — 1233 A.D. 
& B,. BERGAIGNE 88. AYMONIER 47. 
4. Lomngô. Ninh Thuân. 7. Piédroit ruiné. BERGAIGNE 92. AYMoNIER 52. FINOT 
III. 634x. 
5. Cho’ Dinh. Ninh Thuân. 4 Piédroit ruiné. C4. 1149ç — 1227 A.D. BERGAIGNE 
91. Aymonier 50. Finor III. 634vurr. 
6. Cho’ Dinh. Ninh Thuân. 4. Piédroit ruiné. CA. 1149ç — 1227 A.D. BERGAIGNE 
91—92. Aymonier 50—52. Kinor [IL 634vrrr. 
7. Phanrang. Ninh Thuän. 5. Piédroit. C4. Finor III. 6341x—646. 
B. — 1. Phanrang. Ninh Thuân. 6. Linteau. C4. 1176c = 1254 A.D. Finor III. 636x1—648. 


4) «Le roi Indravarman fit aller le lyañ po yañ Utpana, en çaka 1176, acheter un 


Phanrang. 6. 
5) Mi-So’n. 83. C. 


Jaya Indra- 
varman VI. 


454 GEORGES MASPERO. 


avec le Dai-Viêt des relations amicales ‘), et nous ne le connaissons 
guère que par ses fondations pieuses ou celles de sa fille ?). Il fut 
assassiné *) par le fils d’une de ses sœurs #) Cri Harideva, qui por- 


tait le nom de Seigneur Pulyañ Cri Yuvaräja vlom *). 


1) Le Cm VIT, Ta écrit à l’année 1265. «Depuis que Thai Tôn en personne a conduit 
«les troupes et soumis le Champa jusqu’à maintenant (ce pays) est venu présenter le tribut 


«six fois». A vrai dire, les Annales Annamites ne mentionnent, antérieurement à cette 


année 1265, qu’une ambassade: celle de 1262. «En cinquième année ge fÆ Thiên Long, 
«en automne, à la neuvième lune». S4 7€ V, 276. Il est probable que cette ambassade de 
1265 (huitième année Thièn long, deuxième lune. 7% 294. Cm VII, Ta) a été envoyée par 
Jaya Indravarman VI. 
2) Jaya Indravarman VI. Inventaire. 
A. — 1. Mi-So’n 83. C. supra. 
2. MiSo’n 84. B. supra. 
B. — 1. Po Nagar de Nhatrang. Tour Nord. 31. Piédroit Nord. À I. CZ 11786 = 
1256 A.D. Dame Pulyañ Ratnavali, princesse Süryadevi, personne Manah 
vijaya, fille de S. M. Jaya Indravarmadeva (VI). BHRGAIGNE 93. AYMONIER 53. 
2. Phanrang, 6, supra. 
3. Chôk Yang. Ninh Thuân. 26. Stèle S4 CA. 1185c — 1263 A.D. C IL, 
291xxxv. BERGAIGNE 99. AyMonIER 55. Finot III, 635xur. 
3) Yuan Che XX, 55a. Indravarman VI relate lui-même le fait en un euphémisme 
tout protocolaire. Il dit qu’il «exigea la royauté» Batau Tablah, Da Né, Ninh Thuän. 18. 
Inscription sur roc. CA. 1199ç = 1277 A.D. B£RGAIGNE 96. AYMONIER 57. 


4) Pao t’o t’ou houa ei LA 7È 14 frère cadet de Jaya Paramecçvaravarman 11 


et de Jaya Indravarman VI est dit É .oncle maternel, du prince Harideva qui s’empara 
ainsi violemment du trône. Yuan Che XX 55e 
Voici d’ailleurs le tableau généalogique de cette famille tel qu’il peut être établi d’après 
les données des Inscriptions et du Yuan Che. 
Jaya Harivarman I. 


Jaya Harivarman IL. 


Jaya Paramecvara- Jaya Indra- Pao t'o fille X 
varman II varman VI t’ouo houa | | 


Indravar- Gaurendralaksmi 
man VI. Paramapura 


| 
El 
Jaya Siñnhavarman. 

Nous ignorons le nom de son père, mais son nom de Prince Harideva nous porte à 
croire que celui-ci descendait du Harivarman qui, en 1022 ç = 1170 A.D. fit tracer sur le rocher 
de Batau Tablah une inscription à la suite de laquelle il en a lui-même fait graver une autre. 

5) En ç 1181 (1259) lorsqu'il portait ce nom, il »vint à Panrang,. Il y fit trois 
expéditions, en 1209, 1265 & 1277. Batau Tablah 18. Aymonter 57, 58. Finor III, 640. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 455 


Ce prince maître ainsi du pouvoir voulut enlever à celui de ses 
oncles qui survivait tout moyen de parvenir au trône par le même 
procédé et lui fit couper le grand doigt de chacune des deux mains ’) 
Aussitôt sur le trône, il s’octroie le nom royal ?) de Jaya Sinhavar- 
man, mais attendit pour se faire ondoyer l’année 1277. IL prit alors 
le nom d’'Indravarman (VI)*), qui est celui sous lequel il convient 
de le désigner. 

Il était, lorsqu'il prit la couronne, d’un âge avancé, puisque 
Marco Polo, qui lui attribue le nom d’Accambale ‘), le dépeint 
comme un «homme très âgé» en 1278 °). 

- Guéri des ambitions guerrières et désireux d'éviter à son pays 
l'hostilité annamite, il se hâta d'envoyer une ambassade à l'Empe- 
reur du Dai-Viét), dès le début de l’année 1266 7). Il se conforme 
au même devoir l’année suivante *). En 1269 il lui offre un élé- 
phant blanc *) et présente à nouveau le tribut en 1270 0). 


Il ne put éviter la guerre cependant. Mais elle vint d’un ennemi 


1) Yuan Che ibid. 

2) Drin rajanama. Batau Tablah 18. 

3) 1199 çaka Batau Tablak 18. 11 paraît bien en effet que les inscriptions postérieu- 
res à 1277 le désignent sous le nom d’Indravarman. Il est à remarquer cependant que les 
textes chinois, quand ils le citent par son nom, l’appellent Jaya Sinhavarman. 

4) The Book of Ser Marco-Polo the Venetian concerning the Kingdoms and Marvels 
of the East translated and edited, with Notes, by Colonel Sir HENRY YuLe. Third edition, 
revised throughout in the light of recent discoveries by Henri Cordier, in two volumes. 
London, John Murray, 1903, II, 267. 

5) Now (in the year of Christ 1275) the King (whose name was Accambale) was a 
very aged Man. Marco Poro ibid. ch. V. ,On the great country called Chamba, p. 
267. Cf. plus loin les raisons qui semblent autoriser à lire cette date 1282. 

\ 

6) À ei Nho'n Hoàng. Fils aîné et successeur de Trân Thäi Tôn qui abdiqua 
en sa faveur en 1258. Il règna sous le nom de Trân Thânh Tôn Ph En = de 1258 
à 1278. T# V 24a, VII 378. Cm VI 45a, V1I 204, Chronologie 95. 

7) »Neuvième année Thién long, au printemps, à la première lune,. Elle était com- 
posée de Bô Tinh fj ÆL et Bô Dôt ff ZE. 7e V 302. 

8) »Dixième année Thiên long, printemps, deuxième lune,. 24 V 308. 

9) »Douzième année Thièn long, printemps, deuxième lune,. 74 V 326. 


10) ,Treizième année Thièn long, été, quatrième lune. 74 V 33a. 


Indravarman 
VIS 12771=% 


456 GEORGES MASPERO. 


qu'il n’attendait pas, des Mongols qui lentement faisaient la con- 
quête de Ja Chine. Leur «Grand Khan», K’oubilaï !) petit fils de 
Gengis, depuis son élévation au trône des Mongols (1260) continuait 
la conquête de l'Empire des Song. Il cherchait en même temps à 
se faire prêter serment de vassalité par tous les états étrangers qui 
reconnaissaient les empereurs de cette dynastie comme leurs suze- 
rains ?). En 1260 il avait annoncé à Thanh Tôn qu'il lui octro- 
yait sa protection *) et l’invitait à venir présenter ses devoirs de 
vasselage. En 1267, 1275 et 1278 il rappela les termes de cet édit, 
qui n'avait pas été observé, mais sans plus de succès ‘). 


Le roi du Champa ne pouvait manquer d’être appelé, lui aussi, 


aux mêmes devoirs °). 





1) Hou pi lie LA DA FA, né en 1216, à la huitième lune. Fils de Toului, quatrième 
fils de Gengis Khan. Il suceèda à son frère aîné Mangou KR à Li (alias Hien Song 
a 
== 7 ) mort en 1249. 


2) Du vivant de son frère Mangou, K’oubilaï, ayant occupé le royaume de Ta li 


K FH (Yun-nan) (1252) et le pays des T’ou fan nt LA (Thibétains) chargea son 


lieutenant Wou leang ho tai ax Ngût lu’ong hiêp ngao JL É en fE, de la sou- 
mission des populations De Y (les populations étrangères situées aux frontières de la 
Chine). Cette soumission effectuée, il descend le cours du Song Rai, envahit le Pai-Viet 
et entre dans la capitale, mais ne réussit pas à s’emparer de l'Empereur. Il reprend alors 
la direction du Nord, 1257. 

3) Edit daté du troisième jour de le douzième lune de la première année FH À 
Tehong T’ong, 1260. 

Il est adressé à Bit H ME Trân Nhwt TeAl II, lab. Sainson 99—101. 

4) »Edit de la quatrième année Tche Yuan, septième lune, 1267 A.D. Tezl IL 14, 


2a b. Sainson 101—104. 
»Edit de la douzième année Tche Yuan, huitième lune, 1275 A.D. Tel IT 26 3a. 
Sainson 104—105. 


»Ædit de la quinzième année Tche Yuan, huitième lune, 1278 A.D. Il est adressé à 


\ — 
Trân Nhut Bi H AE héritier présomptif. Te4l 3a b. 


5) Auparavant déjà, Ma tch’eng Wang Æ 157 HE, Siuan wei che À Li} fE, 


Ambassadeur extraordinaire, des provinces orientales du Kouang Nan fr F4 D] Ne] , 


avait, à plusieurs reprises, demandé 3000 soldats et 300 chevaux pour aller soumettre le 
Champa. Yuan Che COX 554. 


JU 








LE ROYAUME DE CHAMPA,. 457 


Aussi bien, dès cette année 1278, Sagatou !), Lieutenant Géné- 
ral de Gauche?) qui venait de contribuer puissamment à la con- 
quête du Kouang Tong, envoyait-il au Champa un de ses hommes 
qui lui rapporta qu’ [Indravarman VI) était tout disposé à faire 
sa soumission. K’oubilaï, instruit du fait, accorde au roi le titre de 
«Prince du Second Rang ‘)» et, comme des ambassadeurs Chams 
se présentaient à la Cour au 6° mois de l’année suivante 5), 
leur fit distribuer de l'argent, des sapèques, des effets d'habillement 
et de la soie, des selles, arbalètes et chèvres ainsi que de quoi 
acheter des chèvres et des chevaux. Mais il exigeait des rois feuda- 
baires qu'ils vinssent à la Cour prêter en personne le serment de 
vasselage, et, de même qu’en 1267) il en avait donné l’ordre à 
l'Empereur du Dai-Viêt, il expédia au Champa dans les premiers 
jours de 12807) une ambassade dont faisait partie Sagatou *) et 
chargée d'inviter Indravarman VI à venir en personne à la 


Cour ?). L'acte de soumission que celui-ci lui adressa en Mai !), 





1) So Tou ne #T . Les histoires dynastiques, qui reproduisent l’orthographe réformée 


de K’ien long, écrivent EAN & So To. Cf. PecrioT, B.EF.E.O, IT, 140. C’est le Saga- 
tou de Marco Polo (ibid. II 267) qui en fait »a Baron of the great Khaan,. Cf. Sa bio- 
graphie dans le Yuan Che CXXIX, 20 34. Cf. également Cm VII 356. 

2) Tso Tch’eng Æ 7k : 

3) Le texte Chinois lui donne le nom de Cri Jaya Sinhavarmadeva Che li Tcha ya 
San ho pa la Nuo tie wa 2e Lu P À 4 y DAN pal BA LE Hi. Yuan Che 
CCX 55a. 

4) Kiun wang ED F. Titre que portaient les princes mandchous du deuxième rang. 
Yuan Che ibid. 

5) »Seizième année Tehe Yuan” Fuaxn Che X 34a. 

6) An Il 14 Sainson 102. 

7) »Seizième année Tche Yuan, douzième lune, Yuan Ché X 344. 


F4 File comprenait, outre Ne : » Vice Président du département de la guerre 


» KE FT 4% AP Kia Tan Ta, 52 LE: FE DE: le Gouverneur Général A tes Meng 
,Suan Yuan Æ É JT JU: le Wan hou, Chef de dix mille hommes pi F : Souen 
»Cheng Fou FR ES k ». Yuan Che CCX 56. 


9) Fuan Che X 345 CCX 55a. 
10) ,Dix septième année Tche Yuan, deuxième lune, 1280 A.D. Far Che CCX 55a. 


458 GEORGES MASPERO. 


ne le contenta point, et il signa, le 1% Juillet ‘), un nouvel édit 
enjoignant au roi récalcitrant de se présenter lui-même; puis 
comme le 5 Septembre ?) des diguitaires Chams lui présentaient des 
éléphants dressés, il expédie à nouveau, le 26 Décembre ‘) en qua- 
lité d'«ambassadeur extraordinaire» Meng Suan Yuan, — qui avait 
déjà fait partie de l'ambassade de Sagatou, — avec instruction 
d’enjoindre à Indravarman VI d'envoyer à la Cour un de ses jeunes 
fils et quelques dignitaires. Celui-ci adresse alors ambassade sur 
ambassade: la première se présente au grand Khan le 13 Août 
1281 “), la seconde deux mois plus tard °) si bien que K’oubilaï se 
décide enfin à lui concéder les insignes de «Prince impérial du 
«Second Rang 5)». 


Sagatou venait de partir pour le Champa7) accompagné de 


Indravarman VI est désigné ici d’un titre protocolaire, dans la transcription duquel on 


peut reconnaître les mots: ,Pu poñ tana raja....Campädhiräja..?, Pao pao Tan na Lo 


K’iong nan tcheng pa to lo k’iong À I H. 2e RÉ ER Ff EX on JU Hh 
RE HN 

1) ,Dix septième année Tche Yuan, deuxième lune, jour Jen Chen + FH o Yuan 
Che XI 354. Le signe cyclique de cette année était A Ex : 


2) ,Ibid. huitième lune, jour Wou Yin JW TH . Fuun Che XI 356. 


3) »Ibid. onzième lune, jour Ting Mao E DPI] n Yuan Che XI 364. Siuan wei Che 
=) El ÊE , Ambassadeur extraordinaire”. 

4) ,Dix huitième année Tche Yuan, septième lune, jour Sin Yeou DÉ pq » Yuan 
Cle XI 37a. 

5) ,Dix huitième année Tche Yuan, neuvième lune, jour Jen Chen + Le e Yuan 
Che XI 374. 

6) Ibid. dixième lune, ibid. Indravarman est appelé ici: Che li tcha ya sin ho pa ma 
ho tie wa 2 H FH À f5 Æ: VAN Dpt , LE FE A vrai dire, il est assez 
difficile d'établir la date exacte de l’octroi de ce titre. Au dire de la notice sur le Champa, 
Yuan Che COX 55a, ce fut en 1278; les Annales principales, Fuzr Che XI 376, disent 
au contraire dix huitième année. Cela tient sans doute à ce que si le titre fut bien décerné 
en 1278, on attendait sa venue pour lui en remettre les insigues; voyant qu'il ne s’y dé- 
cidait pas et ne voulant pas cependant s’aliéner les bonnes dispositions dont il faisait preuve 
en présentant acte de soumission, on se décida, de guerre lasse, à lui en envoyer les in- 
signes en 1281. 


ES 
7) »Septième lune, jour Sin Yeou = » Yuan Che XI 3Ta. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 459 


Lieou Cheng‘). Ils étaient chargés de diviser le Royaume en cir- 
conscriptions et d'y maintenir la tranquillité ?): c'était en somme 
deux vice-rois qui avaient charge d’administrer le pays en nom et 
lieu du Roi. Celui-ci, vieux et faible, se soumit à cette humiliation, 
mais son fils, le prince Harïit, que les textes chinois dénomment 
Pou Ti‘), ne put s’y résigner. L'état de peuple tributaire était, à 
cette époque, loin d’être une sinécure: on exigeait de lui hommes, 
argent et vivres‘). Le mécontentement de la population, excité 
sous main par la Cour, devint tel que les Commissaires Chinois, 
ne se sentant plus en sûreté, regagnèrent leur pays ). 
L'Empereur, immédiatement, décide une expédition, fait lever 
5.000 hommes dans le Houai Si, le Fou Kien et le Hou Kouang, 
réquisitionne ceut jonques de mer, 250 jonques de guerre et désigne 
Sagatou pour en prendre la direction; 16 Juillet 12825). Avant 
même que cette armée eût quitté le port, le Champa donnait au 
«Grand Khan» une nouvelle raison pour en hâter le départ: des ambas- 


sadeurs envoyés par lui au Siam et au Ma’abar 7) étaient arrêtés, 


1) Ils reçurent, Sagatou le titre de Yeou Teh’eng À 7k : Ministre de droite, et 
Lieou Chen 4] ES celui de Tso Tch’eng À 7k Ministre d'Etat de gauche, Vice 
président du département de la guerre. Yuan Che XI 370. 

2) Yuan Che CCX 554 

3) Pou Ti pal F] - Yuan Che CCX »Quant au fils du roi, dont le nom, sous la 
nforme Pou-Ti, ne peut guère représenter un nom sanscrit..... à moins que ce ne soit le 
mot fils lui-même, putra.....», BERGAIGNE 40. 

4) Fuan Che XI 374. 

5) Les textes ne le disent pas explicitement. Mais les Annales principales, Yuan Che 
XI 37a, nous montrent Sagatou partant pour le Champa en 1281, et, en 1282 sans nous 
avoir annoncé son retour; elles nous disent, XII 394, qu’il reçoit le commandement de l’ex- 
pédition chargée d’aller châtier le Champa; ce que nous confirme la notice sur ce pays COX 554. 

6) .Dix neuvième année Tche Yuan, à la sixième lune, jour Wou Siu JK Jk 2 
Yuan Che XII 394. Tchl [= 17a db. IV 14. Sainson 47, 184° 


7) Sien quo JE El le Siam. Ma pa eul Æ Ad EU Ma’abar. C£. les notices 


que donne sur ces contrées le Yuan Che COX 556 et 568. L'ambassade au Siam, qui avait 
reçu ses lettres le 17 Juillet 1282 (sixième lune, jour Ki hai [l, %Z, Yuan Che XII 39a) 
était composée du Wan hou pe F »Chef de dix mille hommes,, Ho tseu tche Arf 


460 GEORGES MASPERO. 


faits prisonniers en vue des côtes du royaume. Cependant, toujours 
diplomate, le Grand Khan fait appeler un ambassadeur Cham qui 
se trouvait à la Cour, lui donne des vêtements et le charge de dire 
au vieux roi qu'il n’a rien à craindre, que son fils, seul fautif, 
sera seul puni; on s’attachera seulement à s'assurer de sa personne 
et à le mettre hors d'état de nuire; personne ne sera inquiété (19 
Novembre 1282)'). Enfin, à la onzième lune, Sagatou qui porte 
désormais le titre de «Gouverneur de la province de Champa» ?) 
s'étant vu refuser le passage sur le territoire d’Annam *) embarque 
ses troupes à Kouang Châu sur mille jonques *), traverse la mer, 
arrive au chenal de Champa®) opère le débarquement et installe 
son camp sur le bord de la mer. 

L'armée Chame gardait les quatre flancs de la citadelle de Mou 


Teheng ‘). Sur plus de deux lieues *) elle avait élevé une palissade 





+ x et du Ts’ien hou F F5 »Chef de mille hommes, Houang fou kie LE 


H RE, et celle du Ma’abar du Siuan wei che À 7K EE FF ES Yeou young 


hien yi lan. Yuan Che CCX 554 Cf. Pecrior, Iinéraires 241. La notice sur le Champa 
ajoute: »C’est pourquoi on envoya des troupes pour le châtier,. Or l’ordre de former 
l'expédition fut donné la veille du jour où les lettres furent remises à Ho tseu che. Yuan 
Che XII 394. Il aurait mieux valu dire: »C’est pourquoi on hâta l'expédition contre le 
Champa, qui ne partit en effet qu’au onzième mois. 

1) C’est ainsi du moins que je crois pouvoir expliquer la phrase du Yuan Che XIX 
395 col. 12, en la rapprochant de celle de la Notice sur le Champa. Fwan Che CCX 55a col. 6. 

2) Tcheng Teh’eng Chou hing kouan un D ÂT A É Yuan Che COX 554 et sq. 
Au dire de la Biographie de Sagatou, Yuan Che OXXIX 3a, son titre de Lieutenant 
Général de Gauche, lui aurait été changé en celui de ,Gouverneur de Champa” en la 
dix huitième année Tche Yuan 1281. Les Yuan’ avaient divisé l’empire en cheng À. 
La tchoung chou cheng jeu + F était la province de la capitale. Les autres étaient 


désignées du nom de Tehoung chou hing cheng qu] EE ÂT x. ou plus simplement 
— ? 
Hing cheng {3 F 
3) An PT 1746. Sainson 48. Tt NI 116 424. Om VII 2640 Ma b. 
4) Yuan Che CXXIX 34. 
5) Tch’eng cheng Kiang Hé D % 


6) Mou tch'eng À JR. Fuan Che COX 55a. 
7) »plus de vingt lis. Yuan Che COX 554. 











LE ROYAUME DE CHAMPA. 461 


à tourelles, et construit des baraquements à trois étages bien protégés. 
A une lieue ‘) à l’ouest de Mou Tcheng le fils d'Indrayvarman VI, 
le prince Harÿit ?) réunissait une armée de secours. 

Avant d'entreprendre la lutte, Sagatou voulut user de concilia- 
tion. Il fit faire aux Chams, par deux de ses officiers *), sept som- 
mations, mais n’obtint aucune réponse. Soleyman *), qui était chargé 
de notifier un ordre impérial au Cambodge, offrit de renouveler la 
tentative avec Li Tien You et Kou Fou. Il obtint une lettre des 
Chams, disant que la citadelle de Mou Tcheng venait d'être réparée, 
que les soldats y étaient nombreux et demandant qu'on leur fixât 
un jour pour le combat (Janvier 1283) °). 

Sagatou alors prend ses dispositions de combat, et annonce à 
ses soldats l'attaque pour le quinzième jour du premier mois, à 
minuit (1283)5). À l'heure fixée, Tch'en tchong Ta, Lieou Kin et 
Li ts’iuan”) partant en remontant le fleuve avec 1600 hommes 
pour surprendre Mou Tch'eng par le flanc Nord‘), Tchang Pin et 


Tchao Ta *) conduisent 300 hommes à l’assaut du front Est, enfin 


1) à dix li, ibid. 


2) Le texte l'appelle ici Pei You Pou Ts’eu Teho Wou E FA pal À] & Æ . ibid. 


3) Le capitaine #T IH FINE (Tchou tcheng fou), Li Tien You 2 K DA et le 


centenier All in (Tsong pa) Kou Fou = H : Ibid. 
4) La notice sur le Champa, Yan Che CCX 55a écrit ti Ff ER Sô lu mo 


qui est l'orthographe réformée de K’ien long. L'ancienne orthographe était ji fs #5 

5) . Dix neuvième année Tche Yuan, douzième mois». Yuan Che CCX 55a. Cf. égale- 
ment PéLLIoT, {linéraires 240—41. Dans la Biographie de Sagatou il est dit que les Chams 
»vinrent à sa rencontre, CXXIX 34. 


6) , Vingtième année Tche Yuan,. Yuan Che COX 55a. 
7) Tch’en Tchong Ta Pit {ii ea était Ngan fou che re FINE GE de K’iong 
es 
tcheou Fi A: Lieou Kin 4] & était Tsong kouan Al tes Gouverneur et Li 
ts’iuan D'i 2 tsong pa Al ul centenier. Yuan Che ibid. 


8) Lorsque les jonques eurent débarqué les équipages, elles furent surprises à l’aurore, 


par un coup de vent, et dix-sept à dix-huit d’entre elles coulèrent. Fax Che ibid. 


9) Ils étaient: Tchang Pin DE Mt centenier et Tchao Ta HAE JÉ Pe Hou 1 


F , c’est-à-dire également ,centeniers,. 


462 GEORGES MASPERO. 


les 3.000 hommes du Cha Tsouei cheng kouan !), divisés en trois 
corps assaïllent le front Sud. 

Les Chams, au nombre de 10.000 hommes environ ?) sortirent 
par la porte méridionale, drapeaux déployés, au son des tam-tam, 
escortés d’une dizaine d'éléphants et divisés, eux aussi, en trois 
corps; ils soutinrent, six heures durant, une lutte acharnée, mais 
vers midi, commencèrent de battre en retraite. Les Chinois péné- 
trèrent dans la citadelle, y rejoignirent ceux des leurs qui avaient 
été chargés de l'attaque des fronts Est & Nord et tuèrent ou 
noyèrent uu millier de personnes *). Indravarman VI, après avoir 
mis à mort Yong hien yi lan et mis le feu aux magasins, aban- 
donna son palais et se retira avec ses troupes dans la montagne ). 

Le surlendemain, les Chinois commençaient leurs préparatifs 
pour l'investissement de la province de la capitale *). Au troisième 
jour se présente un envoyé d’Indravarmau, annonçant sa soumis- 
sion; le lendemain‘) Sagatou qui avait atteint la limite Sud Est 
de la province, donne congé à l'ambassadeur et le charge de dire 
à son maître qu'il était pardonné, mais devait venir se présenter 
en personne. Le jour suivant”), il pénètre dans la province, et 
Indravarman dépêche un envoyé annoncer qu’il viendrait incessam- 
ment; Sagatou fit camper ses hommes en dehors de la capitale. 

Mais le roi Cham n'avait jamais conçu la pensée de se rendre 
en personne auprès du Général Mongol; il chercha à temporiser. 


Cependant craignant de s’attirer la colère du vainqueur il désigne, 


1) Gouverneur de Cha Tsouei tp A A FE . Yuan Che CCX 554. 

2) La biographie de Sagatou dit 200.000 h. Yen Che CXXIX 534. 

3) »Plus de 50.000 h., dit cette même Biographie qui tend décidément à l’exagération 
des chiffres. Ibid. 

4) Yuan Che COX 55a. 

5) DAT PI Le Grand Châu. Je suppose que le Yuax Che veut parler ici de la 
Province métropolitaine. 

6) ,Le vingtième jour». Yuan Che CCX 554. 


, 7) Le vingt et unième jour». Ibid. 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 463 


le lendemain, son oncle maternel Pao t’o tou houo ‘) pour aller 
présenter le tribut de soumission: deux cents pièces d’étoffe, trois 
gros lingots d'argent et cinquante petits, une cruche pleine d'argent 
en poudre, une branche à neuf nœuds et feuilles d’or, et dire: «Le 
«roi voulait venir lui-même; la maladie l'en a empêché. Aussi 
«bien m'envoie-t-1l vous présenter cette branche en gage de sa sin- 
«cérité. Son fils aîné Pou Ti sollicite un délai de trois jours pour 
«se prosterner devant vous» Sagatou, furieux, voulut refuser les 
présents, mais l’ambassadeur lui ayant représenté que ce serait 
mettre son Roi en grand embarras, il coïsentit à les garder pro- 
visoirement et en référa à l'Empereur. Pao t'o t'ou houo revint 
près d’Indravarman VI. 

Le prince Héritier, pas plus que son père, n’avait cure d’appro- 
cher Sagatou; il se fit remplacer par deux de ses frères ?), qui se 
rendirent au camp Mongol; ils déclarèrent au Général en Chef que 
si le Roi du Champa avait accepté le combat, c'est qu'il possédait 
dix mille hommes, aujourd hui dispersés par tout le royaume. Ils 
prétendirent avoir appris par des soldats en fuite que Pou Ti, leur 
frère aîné était mort de ses blessures et ajoutèrent que le Roi, leur 
père, ayant reçu une flèche au menton se portait mieux, mais qu’in- 
capable de se présenter en personne il chargeait deux de ses enfants 
de venir le représenter. Sagatou, devinant l’artifice, ne voulut rien 
entendre; il douta même que les envoyés fussent réellement les fils 
d’'Indravarman et les renvoya en leur enjoignant de transmettre à 
celui-ci l’ordre de venir se présenter au Camp. Eux partis il donne 


l'ordre à trois de ses officiers *) d’aller s’enquérir en personne de la 








1) Pao T’o T’ou Houo FF Ré FQ Âk, Bhadradeva (?). Fan Che COX 55a. 


2) Le quatrième et le einquième fils d’Indravarman VI: Li che ma pa tou pa tô la 


AA AE JA AS AA EH 26 he in 1 A] HE I A Ar 


Che COX 55a. 


3) C’étaient le Ts’ien Hou Lam Tseu Ts’iuan A + Æ, le Tsong Pa Li Tsiuan 
La 2 et Li To Kien Æ pi EX 


464 GEORGES MASPERO. 


santé du Roi. Ils n’y réussirent point: parvenus à deux étapes de 
la montagne, ils furent arrêtés par l'oncle d'Indravarman qui leur 
déclara qu'ils ne seraient point reçus et durent regagner le Camp. 

Or Pao t'o tou houo avait conçu le projet de s'emparer de la 
personne de son neveu, de le livrer aux Mongols et, probablement, 
de se faire reconnaître par eux roi légitime du Champa. Il n’était pas 
d'ailleurs sans quelque motif de se plaindre de son neveu qui l'avait 
mutilé pour l’éloigner du trône‘), et avait, croyait-il, décidé sa 
mort. Déjà, il avait laissé entendre à Tseu Ts’iuan qu’ Indravarman 
jamais ne viendrait faire acte de soumission et avait manifesté sa 
crainte d'être mis à mort sur son ordre. Le huitième jour de la 
deuxième lune, il vint offrir à Sagatou de lui livrer Indravarman 
et son fils aîné. Il demandait en récompense qu’on lui donnât la 
robe de couleur de grand de première classe ?). Sagatou accèda à 
son désir et l’engagea vivement à tenir sa promesse. 

Quelques jours après *), une bande de Chinois établis au Champa 
étant venus chercher refuge au camp, déclarèrent que le Souverain 
Cham s'était refugié au Nord Ouest de la province dans la mon- 
tagne Ya Heou ‘), qu'il y avait réuni plus de 3.000 soldats, mobi- 
lisé ceux des autres provinces et n’attendait que leur arrivée pour 
recommencer la lutte; qu’enfin, craignant l’indiscrétion des Chinois 
il en avait fait tuer plus de cent, parmi lesquels Ho tseu che et 
Houang fou kie. Eux-mêmes n'avaient eu que le temps de pren- 
dre la fuite. Ces renseignements ne concordaient guère avec ce 
qu'avait dit Pao t'o t’ou houo, qui représentait son neveu en situa- 


tion très précaire et mirent le Général en Chef en défiance; comme 


1) C£. supra p. 455. 


2) K JG HR (LE Fur Che COX 558. 


3) Le treizième jour». Ibid. 


4) Ya Heou chan *É ÂÆ LI . Yuan Che COX 55a. 





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LE ROYAUME DE CHAMPA. 465 


le prince revenait au camp le surlendemain, suivi de quatre digni- 
taires, pour faire soumission, Sagatou le confronta avec les Chinois. 
Pao t'o t'ou houo, après les avoir interrogés, les déclara des im- 
posteurs et demanda qu’on les incarcérât. Il renouvela ses assertions, 
montra les soldats d'Indravarman en fuite et lui même très éloigné 
de vouloir recommencer la guerre. Il déclara qu’il suffirait d'envoyer 
uu homme dans chacune des douze provinces non encore soumises 
pour se les attacher; qu’enfin, en ce qui concernait la Province de 
la Capitale, il priait Sagatou d'autoriser Tch'en Tchong Ta et lui- 
même à envoyer chacun un homme en parcourir en bateau le 
réseau fluvial, pour soumettre de gré ou de force les populations 
riveraines, tandis que Sagatou et Tch'en Tchong Ta, en personne, 
conduiraient l’armée par voie de terre s'emparer d’Indravarman et 
de son fils et réduire la Capitale. 

Sagatou, convaincu par tant d'assurance, envoie 1000 hommes 
camper à la Tour) de Pan Chan. Puis il charge Tseu Ts'iuan et 
Tô Kien de prendre cent hommes de troupes et d'aller, avec Pao 
t’o tou houo soumettre la province de la capitale, leur recomman- 
daut, en cas de résistance, d'en avertir l’armée de Pan Chan. Mais 
lorsque Tseu Ts’ian et les siens arrivèrent à l'Ouest de la capitale, 
Pao t’o tou houo, violant les conventions, y entre subrepticement 
par La porte Nord, monte sur un éléphant, et s'enfuit dans la 
montagne. Sa conduite, en cette circonstance, est assez incompréhen- 
sible, et l’on voit mal si le guet-apens était prémédité, ou si, au 
contraire, décidé à trahir, il craignit au dernier moment de se 
compromettre sans profit certain. 

L'armée chinoise apprit, par des espions, que le Roi se trouvait 


bien dans la montagne de Ya Heou, qu'il y avait établi des retran- 


1) Pan Chan T’a À LI Æ . Fuan Che COX 558. 2 T’a est une tour élevée 


en l'honneur du Bouddha, ou ces tombes en forme de tour qu’on élève sur la tombe des 


bonzes. C’est aussi une pagode Bouddhique. 


466 GEORGES MASPERO. 


chements et rassemblé plus de 20.000 hommes, qu'il en attendait 
d’autres encore, et avait envoyé des ambassadeurs au Pai-Viêt, au 
Cambouge, à Java‘) pour y demander des soldats. Le 16, le Wan 


Hou Tchang Yong’) sur l'ordre de Sagatou se met en route et 
atteint le 19 les ouvrages avancés qui défendaient Mou-Tcheng *). 
Ses hommes s'ouvrent au couteau un chemin parmi les abattis 
d'arbres, franchissent les fossés, attaquent vigoureusement Îles Chams, 
en tuent plus de 2.000 et les poursuivent jusquà Mou-Tcheng. 
Mais, parvenus aux défilés, ils furent arrêtés par une épaisse forêt. 
Les Chams, profitant de leur situation, font irruption de tous 
côtés, leur interceptent le chemin du retour et c’est à grand peine, 
au prix d’un nombre considérable de morts qu'ils purent regagner 
le camp. Sagatou les y rassemble, les remet en ordre, fait provision 
de riz, répare Mou Teheng et en confie la garde au Tsong Pa 
Lieou Kin et aux Ts’ien-Hou Lieou K’iuan et Yo Yang‘). 

Un convoi de jonques escorté de troupes lui ayant apporté 
quantité de vivres 5) il reprit l'offensive et, le 14 Juin 1283°), 


conduisant lui-même les opérations, battit les armées Chames au 


1 


Tou Po 4 VE. Yuan Che COX 558. 


2) Tchang Yong m HA . Sur le titre de Wan Hou. 


3) #20 lis exactement 9 kilomètres. Je comprends très mal les mouvements de cette 


— 


armée; une seule chose parait claire, c’est que les troupes Mongoles tombèrent en somme 
dans une sorte de guet-apens dont elles eurent toutes les peines du monde à se tirer. 

4) Lieou Kin 3a] & Lieou K’iuan ZA] = Yo Yong Le 2 . Yuan Che COX 
564. 

5) “Vingtième année (1283), deuxième lune, jour Ci EF Yi Sseu, l'Empereur or- 
“donne à l’Inspecteur de Loung Hing d’envoyer des troupes escorter les jonques de vivres 
“pour le Champa“. Yuan Che XIT 406. Loung Hing Æ DER qui s'appelait Nan Tch’ang 
F4 Fi sous les T’ang méridionaux, fut appelé Hong Tü fou dE #T Kf par les 
Ming qui lui restituèrent ensuite le nom de Nan Teh’ang fou. 


6) » Vingtième année, cinquième lune, jour 2 À Sin Wei». Yuan Che XII 4la. 


La vingtième année Tehe Yuan correspond à l’année cyclique. 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 467 


canal de Ta Lang); il leur fit subir de grandes pertes ?). 

Le roi Indravarman se retira à nouveau dans la montagne et 
le Général Mongol en fut réduit une fois de plus, à l'inviter, par 
lettre à venir faire soumission *). En attendant la réponse, il palis- 
sada son camp en façon de forteresse, fit labourer les rizières aban- 
données, soumit le Ô Li, le Viêt L1*) et les nombreuses peuplades 
sauvages qui en occupaient les régions montagneuses. 

Cependant toutes ces victoires étaient sans résultat, ces occu- 
pations incertaines: le roi restait toujours aussi inaccessible dans sa 
montagne et reformait sans cesse ses armées; et la situation de 
Sagatou, malgré ses succès, demeurait toujours aussi précaire. La 


campagne coûtait cher à K’oubilai en hommes, en vivres et en 
jonques. Sagatou avait amené avec lui 5.000 hommes de troupes 
sur 250 jonques de guerre et 100 jonques de mer”); en 1283, à 


la cinquième lune, on lui avait expédié 15.000 soldats, empruntés 


s 


à l’armée d’Ali-hai-ya °). A la deuxième lune de cette même année, 
il avait fallu donner une forte escorte de troupes aux jonques qui 
lui portaient des vivres 7); dans le courant de la cinquième lune 


on lui avait fait envoi de quantité d’arcs, de flèches, de robes de 


1) K NE  : La notice sur le Champa du Yuan Che COX 554, qui saute brus- 
quement de la deuxième lune 1283 à la troisième lune 1284, ne parle point de cette bataille. 
La partie principale qui en fait mention, Yuan Che XIT 4la, n'indique pas le lieu où elle 
se déroula; mais la Biographie de Sagatou Yuan Che CXXIX 34 mentionnant, après la 
bataille de Mou-Tcheng, une victoire au canal de Ta Lang, j'ai cru pouvoir comprendre 
que c’était le lieu où les armées se rencontrèrent en ce jour. 

2) La Biographie de Sagatou, Yuan Che CXXIX 34, dans son exagération apologétique, 
évalue ces pertes à 60.000 hommes. 


3) Yuan Che XII 4la. Le roi est désigné ici sous le nom de Pou Ti pal JÉ : 


4) Ô Li 4 Niao Li EL H. Viêt Li c4 Yue Li no LE Fuan Che CXXIX 3a. 


5) Yuan Che XIL 39. 
6) Yuan Che XII 414. A li hai ya Fry H #È 7 Cf. sa biographie Fuan Ce 
CXXVIII 6146 624. 


7) Yuan Cle XII 404. 
31 


468 GEORGES MASPERO. 


combat et d'armes offensives de tous genres ‘). Enfin elle était si 
peu en faveur parmi les militaires qu'on y expédiait les officiers 
par mesure disciplinaire ?) et que, pour former les corps expédition- 
naires on enrôlait les prisonniers et les pires assassins, parricides ou 
autres qui eussent mérité la peine capitale *). Les désertions étaient 
nombreuses, non seulement parmi les soldats, qu’on faisait décapiter 
une fois repris ‘), mais parmi les officiers supérieurs °). 

Aussi bien, comme au début de 1284, la situation était la 
même, K'oubilaï donne l’ordre à À T'a Haï°) de mettre en campagne 
15.000 hommes, et puisqu'il ne fallait pas songer à la voie de terre ?), 
de les embarquer sur deux cents navires qui feraient voile sur le 
Champa pour porter secours à l’armée qui s’y trouvait. Mais les 
navires étant en nombre insuffisant, on dut envoyer au Kiang Si 
l'ordre d'en fournir (17 Mars 1284)°), et une partie des troupes 
se dispersa °). L'autre, commandée par Hou Tou Hou et Omar 1) 
s'embarque sur les navires disponibles. Mais la première division, 


partie en avant garde, disparut en vue du canal Chou Mei 


1) Yuan Che XII 41la. 

2) ,Dix-neuvième année (1282) à la huitième lune, au jour Ping Chen M Fk ; 
nWou Tie Na JL 2e #1} fut dégradé et désigné pour le Champa par mesure disciplinaire”. 
Yuan Cle XII 39a. 

3) Yuan Che XIL 396. Les expéditions de Japon et de Birmanie jouissaient d’ailleurs 
de la même défaveur. 

4) Yuan Che XII 414. 

5) Cf. infra la désertion de Hou Tou Hou 72, #T D et de Lieou Kieou Tien 


&] J H. 


6) A La Hai [nf FA YÉE. O£ sa biographie Fuan Che CXXIX %. 

7) L’Empereur d’Annam se refusait toujours à laisser passer les troupes Mongoles sur 
son territoire. Cf. ZA 1II 24. 

8) » Vingt et unième année, deuxième lune, jour ne À Ting Wei». 

9) L’inspecteur du Hou Kouang et le Conseiller Impérial Ali Haiya, deux mois plus 


tard, demandèrent à les réunir pour réprimer le Sud; ce à quoi Koubilaï consentit. Yuan 
Che XII 425. 


10) Hou Tou Hou 23 #T JE et Hou-ma-eul 22, Æ ED Omar. Yuan Che ibid. 


= 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 469 


Lien ') sans qu’on pût savoir ce qu’elle était devenue. 

Le Wan Hou Lieou Kiun K’ing *) reçut alors l’ordre de con- 
duire les troupes. Arrivé à Cri Banüy *), des Chams qu'il fit pri- 
sonniers lui apprirent que l’armée Mongole avait quitté le pays; il 
n’en continua pas moins sa marche, mais la vue du camp de Saga- 
tou, près du canal Chou Mei Lien où ne demeuraient que des restes 
de baraquements incendiés lui confirma ces dires: le Général en 
Chef avait pris le chemin du retour ‘), quelques jours auparavant. 
Prenant alors comme guides les prisonniers Chams, le Wan Hou 
se porte en avant, après avoir expédié un ambassadeur à Indra- 
varman pour lui conseiller de venir, accompagné de son fils, faire, 
en personne, acte de soumission °). Mais le Roi Cham était, plus 
que jamais depuis le départ du gros des forces Mongoles, bien 
résolu à n’en rien faire. Il se contenta d'écrire une lettre où il 
disait que «les armées de Sagatou avaient mis le pays à feu et à 
€sac, n’y laissant plus rien qui valût d’être offert en cadeau; que 
«l’année prochaine il enverrait son propre fils offrir des présents 
«du pays *).> Son ambassadeur 7) rencontra l’armée Mongole fort 


près de la capitale (quatrième lune 1284) °). Il se décide alors à 


1) ET Jä fr - Yuan Che ibid. 


2) Lieou Kiun K’ing Z2] 729 EE Yuan Che XIII 424. D'après la Notice sur le 
Champa ce serait Hou Tou Hou qui aurait été à la tête de l’armée de secours quand elle 


arriva au camp abandonné par Sagatou. Fuan Che CCX 558. 


3) Sin Teheou ff PM. Fran Che XIII 42. 


4) , Vingt et unième année, troisième lune, sixième jour». Fuan Che CCX 554. 


5) La Notice sur le Champa dit que cet envoyé, qui se nommait Tch’en K’ouei Ph 
4 et avait le grade de centenier Ë F Pei Hou, reçut ses lettres d’ambassade de 


Hou Tou Hou Yuan Che COX 554. 

6) Yan Che XIII 426, CCX 556. 

7) A pou lan KI # Éd. Yuan Che XIII 428. La notice sur le Champa. Yuan 
Che CCX 556 donne L'é A IF K Er F4 Wen lao k’iong Ta pa nan? 

8) Fuan Che XIII 426. Le texte dit: au moment où elle arrivait à la limite de 


Tch’eng Cheng,. on D représente ici, à n’en pas douter, la capitale, puisque les troupes 


470 GEORGES MASPERO. 


envoyer à l'Empereur son petit-fils Tsi-Mou Li-le-Tche ‘), accom- 
pagné du Ta-pa-nan Wen lao k'iong renouveler ses assurances de 
soumission (le 12 de la quatrième lune 1284) ?). Trois mois plus 
tard *) il adresse à K'oubilaï la carte de son royaume ‘), puis, le 
mois suivant il lui envoie, par une ambassade composée de dix- 
huit personnes ‘), trois éléphants et un mémoire où le retrait des 
troupes était demandé moyennant promesse de renouveler annuelle- 
ment le versement du tribut). Enfin au onzième mois, ces mêmes 
ambassadeurs 7) se présentent à nouveau à la Cour Mongole avec 
des pièces de soie et deux éléphants et remettent à l'Empereur un 
placet contenant des souhaits pour sa fête anniversaire de naïssance °). 

Malgré toutes ces ambassades et ces assurances de soumission, 
les choses en restaient au même état que devant: le Roi cantonné 
dans la montagne reconstituait sans cesse les troupes que les Mon- 
gols dispersaient, sans progresser d’un pas dans un pays où ils 
souffraient de la chaleur, de la maladie et du manque de vivres. 
K'’oubilaï résolut d’en finir coûte que coûte et d’expédier, par voie 
de terre, une armée suffisamment forte pour soumettre définitivement 


Indravarman et son peuple. 


de Lieou Kiun K’ing se trouvaient sur le territoire Cham depuis leur débarquement à Cri 


Banüy. 


1) Tsi-Mou Li-le-Tche LS H pui #] +. Yuan Cle COX 556. Les Annales 
principales Yuan Che XIII 420 donnent Lou-sseu Li le Tche: Fes Hi] #H À] FE 


2) Yuan Che COX 556. 


3) Vingt et unième année, huitième lune,. Yuan Che XII] 434. 


4) Qui fut présentée par T'ai Pan K £È et Ta lien tcha ea UE FL. Yuan Che 


XIII 43a 


5) Parmi lesquelles T’ai-p’an-ya-lo K fe ni Para et Je-jou-yi H in LE ou 


grade de Ta-pa-nan. Yuan Cle ibid. 

6) Yuan Che ibid. 

7) Tai p’an ya lo est nommé ici Ta-lo-p’an-ya K br fe HA AE. . Yuan Che 
XIII 436. 


2e 
8) Le texte ajoute: »Le Seigneur de l’ancien Tcheou de Champa Pao-kia-leou F2 
«ii lui aussi présente une supplique de soumission». Yuan Che XIII 436. 





LE ROYAUME DE CHAMPA, 471 


Pour parvenir au Champa, il fallait, de toute nécessité, traverser 
le Pai-Viêt. Or Thänh Tôn, tout comme Indravarman VI, s'était 
obstinément refusé à se présenter à la Cour et y faire acte de 
vassalité !). Son fils et successeur Nho’n-Tôn ?) résolu à observer la 
même attitude, se contenta, en réponse à l’ordre de venir se pré- 
senter à la Cour, d'envoyer son onele Trän-di-Ai *). K’oubilaï, furieux, 
déclare Nho’n-Tôu déchu, nomme à sa place ce même Trân-di-Ai ci 
et charge Tch'en Tch'ouen, «ambassadeur extraordinaire et généra- 
«lissime pour l’Annam ‘)» d'aller l'installer sur son trône. 

Ils ne purent pénétrer sur le territoire d’Annam, et Nho’n-Tôn 
refusa le passage aux troupes de Sagatou °). L'année suivante, comme 
il lui était enjoint de leur expédier au Champa des vivres et des 
hommes *), il répondit qu'il ne pouvait fournir que des soldats. Il 
ajoutait que le Champa était un petit pays, longtemps soumis au 
Pai- Viêt, avec lequel son père avait vécu en bons termes et que 
lui-même s'était attaché à suivre la même politique; que d'ailleurs, 


depuis trente ans Ÿ) aucune guerre n'était intervenue entre les deux 


1) Supra p. 456. 
2) Le vingt-deuxième jour de la dixième June de Bi sixième année Bao Phàù Fi FT, 


Trân-thânh-Tôn abdique en faveur de son fils aîné Khâm te qui règne sous le nom de 


Trân- Tôn. T4 V 376. Cm VII 204. 


3) Trân di Ai DRE 3E +. An 1 lTa. T4 V 408. 


4) Cf. dans 4x Il 34 44. Suinson 108—109, lEdit portant la nomination de Trân di Ai 


à la connaissance de Nho’n-Tôn. 


5) À Jef L/e F4 1 ÎÂT H kil GE #1 TÉ ill . An # 17a. Depuis l’an- 
née 1164 le nom de Giao Chi FE PE par lequel les Empereurs de Chine désignaient 
officiellement autrefois le pays était remplacé par celui de An-Nam La F4 Té IV 14. 
Cm N 12. Chronologie 92. 

6) . Troisième et quatrième année Thiôn Bao ul ci v. An [=] 17ab IV18. TV 
408 à 41%. Cm VII 24a 250. 


7) - Vingtième année, septième lune, (1283) Cet ordre qui émanait de A-eul-ngo-ya 


» 
ay F3 DA JE Conseiller Impérial, Gouverneur des provinces de King Hou Ji] #) 
et Champa, Jui fut apporté par Tehao Tehou 1 À fj #1. Notice sur l’Annam re FA 


Yuan Che CCIX 514. 8) Depuis la Per de 1252. 


472 GEORGES MASPERO. 


pays. Il s’excusait enfin de ne point fournir de vivres !). En 1284, 
quatre mois après *), il oppose une réponse semblable à une nouvelle 
demaude de fournitures. Il protestait en même temps contre l’accu- 
sation qu'il savait portée contre lui de prêter main forte au Champa 
et d’avoir expédié à Indravarman 20.000 hommes et 500 jonques 
«Si ce pays ignore ses devoirs envers la Cour, ce n’est pas une 
«raison pour que je m'unisse à lui dans sa rébellion *}». 

Ce n’était pas l'intérêt porté au Champa qui incitait Nho’n Tôn 
à agir ainsi. Sans doute, Indravarman, très intéressé à conserver 
son amitié, lui adressait le tribut chaque fois qu’il le pouvait “); 
en 1282 même, il lui avait envoyé un éléphant blanc°). Mais 
l'Empereur du Dai-Viét sentait bien que les Mongols, occupés à 
leur guerre contre le Champa, hésiteraient longtemps avant d’entrer 
en lutte avec lui; il comprenait que, du jour où son voisin serait 
complètement soumis à Koubilaï, les armées qui s’y battaient s’atta- 
queraient à lui et que, pris sur ses deux frontières du Nord et du 
Sud, il ne tarderait pas à succomber. Aussi bien quand, en fin de 
cette année, il reçut l’ordre péremptoire de livrer passage aux trou- 
pes chargées de la conquête du Champa‘), il se prépara à leur 
barrer l'accès de son territoire. 


Elles étaient commandées par le fils même de K’oubilaï, Togan ?) 


1) » Vingtième année, onzième lune,. Yuan Che CCIX 514. 

2) . Vingt et unième année, troisième lune». Ibid. 

3) Ibid. 

4) »Au printemps, à la première lune de la première année Thiên bao (1279), le 
»Champa envoie le mandarin Ché Näng Cho Diép apporter le tribut. Chè näng et les siens 
»demandent à rester près de lui comme ses sujets; (Nho’n-Tôn) n’y consent pas,. 74 V 386. 
Cm NII 21a. 

5) ,Au printemps, à la deuxième lune de la quatrième année Thièn Dao” (1282). 
Tt V 418. Cm 24a. 

6) Ten III 2a IV 16. Suinson 149—184. Cf. également l’édit Impérial de K’oubilaï, 
daté de la quatrième lune de la trente cinquième année Tehe Yuan, et résumant la cam- 
pagne de 1285 et ses causes. 747 IV 4ab. Sainson 109—111. 


7) To houan Le ff Tch’en Nan Wang £E F4 F, prince du Tchen Nan. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 473 


Prince du Tche-Nan, et par le Conseiller privé Ali-hai-ya. Parvenu 
à la frontière annamite le 28 Janvier 1285 !) le prince envoie en 
vain lettre sur lettre pour assurer à Nho'n-Tôn que l'expédition 
est dirigée contre le seul Champa et non contre l’Annam, le prier 
de venir se présenter, l’assurer qu’on lui demande uniquement des 
vivres; Nho’n Tôn répond que de son pays au Champa les voies 
de communication tant par mer que par terre sont impraticables ?) 
et envoie des troupes à chacune des passes des montagnes qui 
bornent ses frontières. Togan, divisant ses forces, franchit ces pas- 
ses, refoule, de victoire en victoire, les forces annamites et, après 
avoir traversé le fleuve Lo *) entre en vainqueur dans la capitale. 

En même temps Sagatou et le Lieutenant Général de gauche, 
T'ang Kou‘) quittaient Kouang Tcheou avec une flotte, et débar- 
quaient au Champa *) avec ordre de se porter au devant de l’armée 
du prince Togan, venant par voie de terre. A la deuxième lune, il 
péuètre sur le territoire Annamite, s'avance dans le Bô Chinh De 
puis dans le Nghê-An’) où il rencontre l'ennemi et le met en 


déroute. Il envahit enfin le Thanh-Hoù dont Nho'n-Tôn et son père 
occupaient la région montagneuse *). A la quatrième lune l'Empe- 
reur reprend l'offensive, bat Togan au Nord et refoule ses armées 


au delà du Lo-gians. Sagatou ignorant cette défaite avançait toujours. 


1) ,En l’année FF FH des années Tche Yuan, à la douzième lune, au vingt et unième 
x 2 
»jour, jour FH + kia tseu,. Tekl IV 16. Sainson 184. ,Sixième année Thièn bao,. T4 V 


&&a. Cm VIL 305 314. 

2) Yuan Che CCIX 52a. Sk Tt NV 44a. Cm VII 308 314. 

8) Lo giang JE VA Ce fleuve Rouge, en Chinois Lou kiang. 

4) Tang Kou HE nr , où T’ang Kou Tai Tcheng He Ti HE 7 En nc pa HA] - 
An IV 2a. Sainson 187. Yuan Cle CCIX 524. 

5) Yuan Che XIII 44e. Tehl IV 2a. Sainson 187. Sk Tt V 46a. Cm VII 56a. 


6) TehLIN 2a. Sainson 187. Le Te V 48a et le Cm VII 39a disent le O Lÿ F4; HH. 


7) An IV 2a. Sainson 187. Le Tt ibid. et le Cm ibid. disent le Hoan et le A Ai. 
8) Cm VIT 37e. 


474 GEORGES MASPERO. 


À la cinquième lune (au 22° jour) il est surpris par les Annamites 
et complètement battu; il resta sur le champ de bataille et sa tête 
fut présentée à Nho’n-Tôn !). 

Le Champa se trouvait ainsi délivré des Mongols ?) qui y avaient 


perdu quantité d'hommes et d'officiers *) sans en avoir retiré d’avan- 


1) Lorsqu'on la lui mit devant les yeux, Nho’n-Tôn, ému de compassion ne put s’em- 
pêcher de dire: »C’était un bon serviteur, il mérite le regret. Il la fit ensevelir dans une 
robe royale avec les honneurs militaires, 74 504, Cm VIT 4la. Le An IV 3a Sainson 191 
dit que Sagatou se noya. Le Yuan Che mentionne simplement sa mort, sans préciser les 
circonstances. Yuan Che XIII 448, CXXIX 3%, CXXXI 114. 

Un certain nombre de Chams, parmi lesquels Tuong ba AH JÉ , Làu Ke 1 
et Na Lièn HK SH qui avaient suivi les armées de Sagatou et avaient été faits prisonniers 
par les Annamites furent, à la sixième lune, renvoyés chez eux 7% V 506. Cm VII 425. 

2) L'année suivante (1286) Koubilaï décidait une nouvelle expédition contre l’Annam 
(Yuan Che XIV 4la), accordait l'investiture de Roi d’Annam au frère cadet de Nho’n-Tôn, 
Trân-fch-Vac (cf. Pédit de K’oubilaï portant le fait à la connaissance du peuple Annamite, 
Tehl 11 4ab. Sainson 109—111) et chargeait le prince To-Gan d’aller l'installer sur le trône. 
Cette campagne comme la précédente, fut d’abord heureuse, puis se termina par la déroute 
des armées et de la flotte Mongole (1287—1288. Vingt quatrième et vingt cinquième an- 
nées Tche Yuan, troisième et quatrième Trûng Hung) 4» 1 170 IV 3ab 4ab Sainson 
48—49, 191 à 198. 74 V 516 à 564. Cm VIII la à 80. Yuan Che XIV 49ab. XV lab. 
CXXI 1la. CCIX 53a. 

3) Voici la façon dont Marco Polo racente la lutte de K’oubilaï avec le Roï du Champa: 
»The people are Idolaters and pay a yearly tribute to the Great Kaan, which consists of 
“elephants and nothing but elephants. And I will tell you how they came to pay this tribute. 

”It happened in the year of Christ 1278 that the Great Kaan sent a Baron of his, 
"called Sagatu, with a great force of horse and foot against this King of Chamba and this 
»Baron opened the war on a great scale against the King and his country. 

nNow the King (whose name was Accambale) was a very aged man, nor had he such 
#a force as the Baron had. And when he saw what havoc the Baron was making with his 
Kingdom he was grieved to the heart. So he bade messengers get ready and despatched 
nthem to the Great Kaan. And they said to the Kaan: Our Lord the King of Chamba 
nsalutes you as his liege-lord, and long hath held his realm in peace. And now he sends 
you word by us that he is willing to be your liegeman, and will send you every year a 
ntribute of as many elephants as vou please. And he prays you in all gentleness and 
#humility that you would send word to your Baron to desist from harrying his Kingdom 
sand to quit his territories. These shall henceforth be at your absolute disposal, and the 
King shall hold them of you. 

“When the Great Kaan had heard the King's ambassage he was moved with pity, 
“and sent word to that Baron of his to quit that kingdom with his army, and to carry 


"his arms to the conquest of some other country; and as soon as this command reached 








LE ROYAUME DE CHAMPA. 475 


tage appréciable ‘). Indravarman désireux d'éviter leur retour, envoya 
à Koubilaï un ambassadeur qui se présenta à lui, le 6 Octobre 
1285 ?), en même temps qu'un envoyé du Cambodge *), et lui offrit 
en tribut dix musiciens, des plantes médicinales, des peaux de cro- 
codile, et différents produits. Aussi bien semble-t-il que, dès lors, 
K'oubilaï ait renoncé à la conquête du Champa; il fit remettre en 
liberté les prisonniers, réintégra dans leur grade les officiers déser- 
teurs ‘), répartit les troupes du corps expéditionnaire sur les fron- 
tières et leur fit distribuer ligatures de sapèques, chevaux, chèvres, 
buflles, etc. ). Cependant l'Inspection de King Hou et Champa per- 
sista jusqu’en 1289 °). 


“them they obeyed it. Thus it was then that this King became vassal of the Great Kaan, 
»and paid him every year a tribute of 20 of the greatest and finest elephants that were 
“to be found in the country” Marco Polo 11 266—67. 

1) Cf. la lettre de l'Ambassadeur extraordinaire au Hou-Nan exposant à l'Empereur 
les pertes éprouvées au Japon et au Champa sans avantage pour l’Empire (à propos de 
la campagne contre l’Annam, vingt-troisième année Tche Yuan, sixième lune (1286)). 


Yuan Che CCIX 526. 
2) ,Vingt-deuxième année Tehe Yuan, à la neuvième lune, jour Ping tseu PJ + 
Yuan Che XIII 454. 


3) "Quand la dynastie sainte (la dynastie Mongole, Yuan 7 ) reçut l’auguste mandat 


“du ciel et s’étendit sur les quatre mers, le Général Souo Ton fut chargé de policer le 
»Champa. Il envoya jusqu’en ce pays-ci (le Cambodge) un Hou-fou-po-hou f% Ë 
» F et un Kin p'ai Ts’ien hou & HU H: mais ils furent pris et ne revinrent 
spas”. Tcheou Ta-Kouan. Mémoires sur les Coutumes du Cambodge (1295-1297). PELLIOT 
IT. 140. Cf. également Perrot Itinéraires 240. Note 5. Le Yvan Che XIII 45a dans 


CNE = N ou ASE ES K mn 
l'édition que je possède, écrit I DU Tchen-la et non pas on HE Tchan la comme 
celle que cite PELLIOT. 


4) Hou Tou Hou 2, =. D et Lieon Kieou T'ien a] JU us Yuan Che 
XIII 458. 
5) On fit la même distribution aux soldats qui avaient pris part à l'expédition de 


Birmanie (1282) Yuan Che XIII 464. 


» D — 
6) fl | Hi pk ÂT De Il en est question pour la première fois, à ma con- 
naissance dans la Biographie de Yi Hei Mi Che DIN rH 2 JE CXXXI 10 — 


CHER 
GROENEVELDT l'appelle I-Ke-Mese, et donne la traduction de sa biographie dans les «Vofes 
on the malay Archipelago and Malacca ». Miscellaneous papers relating to Indo-China and 
the Indian Archipelago. London Trübner 1887 Second Series vol. 1 153—155 — qui en 


assuma la charge dans le courant de l’année 1281, dix-huitième Tehe Yuan; il y est 


476 GEORGES MASPERO. 


Il semble, à lire Marco Polo '), qu'Indravarman VI eût cessé 
de règner lors de sa visite au Champa, vers 1288 ?), soit qu'il eût 
abdiqué, soit, ce qui paraît plus probable, que les fatigues endurées 
au cours de la lutte contre les Mongols eussent hâté la fin en son 


corps déjà usé par le grand âge ÿ). 


spécifié que cette nomination était faite en vue d’une expédition au Champa. Deux ans 


plus tard, en 1283 (vingtième année) Ngo eul Ngo ya Kry F5 DA TÉ en était nommé 
Ping Tchang Teheng Che 2p- Æ nr + . Juan Che CCIX 515. La dernière fois que 


je trouve cette appellation, c’est en 1289 (vingt sixième année) Yuan Che XV 3a. Le 


King Hou #f] D des Yuan est le King Nan Fou fil F3 RF des Song. Yuan Che 


LIX 134. Cf. le nom marqué en rouge, par 30° lat. Nord et 102 long. Est sur la .carte 


de la Chine Ancienne et Moderne À À] Hu p=L 4 E par les P. P. Lorando 


et J. B. Le, Imprimerie de l’Orphelinat de T’ou Se We, Shanghai. 

1) Supra p. 474. 

2) ,The date of Marco’s visit to Champa varies in the MSS; Pauthier has 1280, as 
»has also Ramusio; the G. T. has 1285; the Geographic Latin 1288. I incline to adopt 
ythe last. For we know that about 1290, Mark returned to court from a mission to the 
»lndian Seas, which might have included the visit to Champa”. Marco Polo IT. 271 
Note 2. J’adopterai aussi la dernière date, 1288. Ce ne peut-être en effet 1280, puisque 
Sagatou ne quitta la Chine, avec ,a great force of horse and foot against this King 
of »Champa” qu’à la onzième lune de 1282. Ce ne peut être non plus 1285, une 
armée imposante conduite par le prince To gan et dirigée contre le Champa Inttait 
alors avec l’Annam qui lui refusait passage tandis que Sagatou essayait de la rejoindre par 
le Sud. Ce ne peut done être que 1288. En cette année, asprès la seconde campagne 
infructueuse contre l'Annam (1287—1288) K’oubilaï renonçait définitivement à la conquête 
de l’Annam comme du Champa et se montrait disposé à accepter toute marque de déférence, 
si maigre fut-elle, manifestée par les souverains de ces deux pays et qui lui «sauvât la face». 
J'ajouterai que la date de 1278 donnée dans le deuxième paragraphe du Ch V de Marco 
Polo: »It happened in the year of Christ 1278 that Great Kaan sent a Baron of his...” 
ne peut être acceptée. C’est en effet en 1280 que Sagatou vint pour la première fois au 
Champa, et en qualité d’ambassadeur. Il ne quitta Kouang Tcheou avec une armée qu'à 
la onzième lune de 1282. (Cf. supra p. 459) Je lirai donc: It happened in the year of 
.Christ 1282 that...” 

3) Jaya Sinhavarman 11. Inventaire. 

A. — I. CHÜK-YANG, 26 supra. Cette inscription ne porte aucun nom et pour- 

rait être aussi bien attribuée au règne précédent. Le seul intérêt du 
monument est qu'il nous offre le dernier spécimen relevé jusqu'ici à 
»Campa d’une formule sanserite de plus de trois mots” C. IL. 291xxxv. 
BERGAIGNE 99. AyMONIER 55. FINoT III 635xur. 

HI. 58. Ch. Inscription sur un support de vase en bronze 1191ç = 1269 AD. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 477 


Son fils, le prince Harijit, né de la reine Gaurendraksmi !), que Jaya Siñha- 


les Chinois appellent Pou-Ti et les Annamites Chê Man!°), prit 
officiellement, sous le nom de Jaya Sinhavarman (III), la direction 
des affaires qu'il assumait depuis longtemps au nom de son père, 
Il avait suffisamment soutenu la campagne comme prince héritier, 
pour apprécier les avantages de la paix et sut l’assurer à son 
peuple durant tout son règne. 

Il se tint sur la réserve à l'égard de K'oubilaï et se dispensa 
de toute marque de vassalité. Si bien que celui-ci doutait fort de 


la loyauté de ses sentiments à son égard lorsqu'il décida l'expédition 


de Java). La flotte Mongole qui avait quitté le port de Ts’iuan 


BERGAIGNE 96. AYMONIER 58. NAVELLE Ercursions et Reconnaissances XIII 
N°. 29. Septembre—Decembre 1886 p. 146 facsimile. 
III. BATAU TABLAH (Da Né) Ninh Thuân, 18. Inscription sur roc C4 4 
1199ç = 1277 AD. BERGAIGNE 96. AYMONIER 57. 
IV. PO-NAGAR de Nhatrang, Tour Sud, Khanh-Hoà. 29. Piédroit Nord. C4. 
BERGAIGNE 98. AYMONIER 59. 
V. PO NAGAR de Nhatrang, Tour Nord, Khanh-Hoù. 32, Piédroit brisé. 
Ch. non datée. BERGAIGNE 103. AYMONIER 60. 
B. — I. YANG-KUR, Ninh Thuân, 23, Stèle. Ch. 1200ç — 1278 AD. Reine Surya- 
laksmi BERGAIGNE 97. Aymonier 59. Fixor III. 635xiv. 
IT. PO-NAGAR de Nhatrang, 31. B et C, C seulement datée 1197c — 1275 
AD. Dame Pulyañ Ratnäavali, princesse Suryadevi. BERGAIGNE 95 AYMONIER 55. 
C. — I. PO-KLONG-GARAÏT. Porte intérieure. Ninh Thuân 11 C4 sans date. Jaya 
Siñnbavarman, prince Harijit, fils d’'Indravarman (VI). BERGAIGNE 102. 
AYMONIER 67. FiNoT III 636xv. 
IL KIEM-NGOC (Binh Dinh) 55. Stèle. C4. 1187e = 1265 AD. Sans nom. 
D’attribution incertaine. BERGAIGNE 104. AyMmonter 65. 

1) » Bonheur. Ci tous les totaux des champs et des esclaves de forteresse que le dieu 
”S.M. Cri Jaya Siñhavarman prince maître Çri Ilarijit suprême, fils du dieu S.M. Indra- 
»varman, suprême naissance en S.M. la reine dame suprême princesse Gaurendralaksmi 
»Paramapura”. Po-Klauñ-Garai IL. Piédroit Nord. BERGAIGNE 10. AyMoniER 81. Finor 
III 636xv. 

2) Chè Man fil] nu . Ché est la transcription annamite de Cri. Man représente 


le son final du nom de Jaya Sinharvarman. Cette façon de rendre un nom par la première 


et dernière syllabe ne surprendra pas qui a vécu en pays annamite. 


3) Yuan Che XVII 11a. 


varman JII. 
? —]1307. 


478 GEORGES MASPERO. 


Tcheou ‘) aux derniers jours de 1292, mouilla dans les eaux du 
Champa vers la fin de la première lune de l’année suivante. Jaya 
Sinhavarman, ayant mobilisé ses forces, se trouvait prêt à repousser 
toute tentative de débarquement, et il n’apparaît pas que les Mon- 
gols aient touché terre. Le Commandant se borna à y rassembler 
tous les éléments de sa flotte, puis les divisa en deux escadres dont 
l’une mit le cap droit sur Java, tandis que l’autre avait charge 
d'obtenir la soumission des autres Etats de l’Archipel ?). 

Avec la Cour d’Annam, ses relations furent d’abord des plus 
rares, puisque, dans les douze premières années de son règne, il 


n’est fait mention que d’une seule ambassade: celle qu’il envoya 


1) Tsiuan Tcheou Li JP Port et Chef-lieu du Fou du même nom, au Fou Kien 


Ii XE - 


2) L’expédition de K’oubilai Kan contre Java fut motivée par l’insulte faite à son 
ambassadeur (il fut marqué au visage comme un voleur). Décidée à la deuxième lune de 
1293, elle quitta Ts’iuan Tcheou en fin de la même année, et arriva à Java à la troisième 
lune de 1293. D’abord reçus à bras ouverts par Raden Vijaya qui s’en servit pour abattre 
la puissance de Tumapel et fonder le royaume de Madjapahit, ils furent bientôt attirés 


par lui dans un guet-apens et durent quitter l’Ile en toute hâte. Cf. sur cette expédition 


de Koubilaï à Java Yuan Cle CCX 556 564. Notice sur Koua-wa T FE Java. Yuan 


Che OXXXI 10 Lila. Biographie de Yi Hei Mi Che JR FE A KR Tuan Che CEXII 
‘8a 9ab. Biographie de Che Pi 5h ff et Yuan Che CLXII 95 8a. Biographie de 


Kao Hing FA , dont GROENEVELDT a donné la traduction dans , Votes on the Malay 
» Archipelago and Malacca” (Verhandelingen van het Genootschap van Kunsten en Weten- 
schappen, vol. XXXIX, Batavia, 1879) publiées dans Miscellaneous papers relating to Indo- 
China and the Indian Archipelago reprinted from the Straits Branch of the Asiatic Society. 
London, Trübner, 1887. Second Series. Vol I: 146 à 160.— Cf. également Pararaton (Ken 
drok) of Het boek der Koningen van Tumagel en van Majapahñit, uitgegeven en toegelicht 
par Dr. J. BRANDES. Verhandelingen van het Bataviaash Genootschap van Kunsten en 
Wetenschappen, deel XLIX, ler stuk. Batavia, Albrech et Rusche, 1896 pp. 66 à 68—76— 
85—99 sq — 213 passim; Java de P, J. VErH. 3e édition, Haarlem, De Erven J. Bohn. 
1896, vol. 1. — Wanneer is Madjapahit gevallen de G. P. RoOUrFAER p. 112. — 
The History of Java par RarrLes 2e édition. London J. Murray 1830. vol. II 138—140. 
History of the Indian Archipelago par J. Crawfurd. Edinburg, Robinson and C° 1820. 
vol III p. 157—166. — Madjapahit et Tchampa par Aristide Marre. Centenaire de 


VPEcole Spéciale des Langues Orientales Vivantes p. 94. 





LE ROYAUME DE CHAMPA. 479 


en 1293, à l'occasion de l’avènement de Anh-Tôn ‘). Nho’'n-Tôn, 
père de ce dernier, ayant abdiqué en sa faveur, se retira dans une 
bonzerie et fut désigné désormais sous le titre de Thu’o'ng Hoàng ?). 
Après avoir acquis, en cette retraite, des mérites sans nombre, l’envie 
lui vint de voir du pays et de visiter les lieux saints des contrées 
voisines. En 1301, il profite d'une ambassade, venue présenter 
l'hommage à son fils, pour aller visiter le Champa*). Il y resta 
neuf mois, vécut à la Cour, et Jaya Sinhavarman fut si aimable à 
son égard qu'avant son départ‘) il lui promit la main d’une de 
ses filles. Promesse imprudente! Sinhavarman ne se contentait pas 
des femmes Chames, et les alliances avec les princesses étrangères 
lui agréaient tout particulièrement; il avait déjà épousé une prin- 
cesse de Java, la «Reine Tapasi °)». Aussi bien n'’eut-il de cesse 
qu'il eût obtenu la princesse annamite. La Cour, au contraire, fit 
tout son possible pour empêcher cette alliance qu'elle jugeait humi- 
liante pour la famille impériale et pour le pays. Il y eut de longs 
pourparlers; des envoyés furent dépêchés de part et d'autre‘), et, 


au début de 1305, on négociait encore. 


1) »En neuvième année Trüng Hung le Champa vient apporter le tribut”. T£ IV 
63a. Thuyên k£, Empereur Trân Anh Tôu fi re = fils aîné de Trân Nhon Tôn, 
règna de 1293 à 1314. 

2) Hiêu Nghièa Quang Thänh Thäi Thu’o’ng Hoàng Di = SEE Y- En K 

un) ZT == 
a É pr Son abdication ent lieu à la troisième lune de la neuvième année Trüng 
Hu’ng. 1% V 618. Cm VIII 198 20a. 

3) L’ambassade Chame se présenta devant Anh-Tôn à la deuxième lune de la neuvième 
année Hung long FL PÆ et quand elle reprit le chemin de son pays, à la troisième 
lune, elle était accompagnée de Thu’o'ng Hoàng. 74 VI 160. Cm VIII 385. 

4) Thu’o’ng Hoàng fut de retour à la Cour de son fils à la onzième lune de la même 
année. T£ VI 166. Cm VIII 40a. 

5) ,Il est une princessé, fille du roi de Java, qui est venue du Yavadvipa et se 
nomme la reine Tapasi”. Po Sah, Ninh Thuân, 22, Stèle inachevée CZ. 1228ç = 1306 AD 
BERGAIGNE 99. Aymonier 62. FixorT III 636xvir. Cette traduction, donnée par FiNoT III. 
641 N. I, ne figure pas sur celle d'AYMONIER 64 qui avait été faite d’après un estampage 
médiocre. 


6) Un de ces ambassadeurs, Doàn-nhu’-Hai D Lt EE humilié d’avoir à se 


480 GEORGES MASPERO. 


Jaya Siñhavarman, impatienté, charge alors Ché Bô Paÿ !) 
d'aller présenter le cadeau nuptial ?): de l'or, de l’argent, des par- 
fums, des animaux rares, des objets extraordinaires, et promesse, 
pour le jour des noces, de cession des deux provinces de Ô et de 
Lÿ. Le Conseil d'Empire, une dernière fois, essaya de démontrer 
l'impossibilité d’une telle alliance. Anh-Tôn, plus pratique, sut 
sacrifier ses sentiments fraternels à l'intérêt du pays. Il accepta les 
provinces et envoya à Jaya Siñhavarman sa sœur, la princesse 
Huyên Trân *). Les lettrés composèrent des vers en langue vulgaire 
que le peuple et les enfants chantèrent au long des chemins; on 
y raillait l'Empereur des Han qui avait donné sa fille au roi des 


Huns, 1306 ‘). 


prosterner devant le roi de Champa, imagina de placer ses lettres de créance devant lui, 
au moment du salut, de façon à pouvoir dire qu’il n’honorait pas le souverain étranger, 
mais bien le message de son Empereur. 

1) Chê BÔ Day fl] at] 2 »En treizième année Hu’ng long, deuxième lune”. 
Tt NI 204. Cm 43b 44a. 

2) En Annam, comme en Chine, il est offert par le fiancé aux parents de la jeune fille. 

3) Huyên Trân LA > "Perle de Jais”’. 

4) »Quatorzième année Hung long, en été, à la sixième lune” Sk Tt N1 2l1a6. 
Cm NIIL 436 44a. Le T£ ajoute (VI 214) ,L’annaliste Ngô-si-Liêng dit: Autrefois l’Em- 
npereur Ka«o des Han (Kao Tsou En MEL. des Han antérieurs 202 —195 av. J. C)) 
continuellement en butte, sur ses frontières, aux attaques des barbares Hung N6 ( #3] 4 
»(ck Hiong Nou, Les Huns. Le 7% écrit à tort T4] ) prit une fille quelconque dont il 
nfit une princesse et la donna en mariage (à leur Chef). Bien qu’elle n’appartint pas à la 
»famille impériale, les lettrés d’abord n’approuvèrent pas ce mariage. Cependant, on y 
“était contraint pour éviter la guerre et donner la paix au peuple. Sous l'Empereur Nguon 
»(Hiao Yuan Ti A TÉ ñf des Han antérieurs, 48—33 av. J.C.), Hô Hàng CHÉ 
Hou Han ou plus exactement Hou-Han-Sie ia He A8 Khan des Huns] étant 
“venu [en 33 av. J. (.] demander une fille en mariage, les Han se virent contraints de 
“lui donner Vu’ong Tu’ong [c. Wang Ts’iang + EN en mariage; mais il y avait 


»à encore un motif. Pourquoi l'Empereur Nhô6n-Tôn donne-t-il sa fille en mariage au Roi 


72 


du Champa? parce que, de passage dans ce pays, il a promis ce mariage; et que, pour 
ne point manquer à sa parole, il ne veut pas revenir sur sa décision. Or l'Empereur 
»(Anh-Tôn) était déjà sur le trône quand le Thu’o’ng Hoùng (son) père se rasa la tête 
»(entra en religion). Il était donc facile [à Anh Tôn] de revenir sur cette décision et de 


. s . . LE 
refuser de marier sa soeur à un homme demeurant aussi loin et d’une autre race qu'elle”. 











LE ROYAUME DE CHAMPA. 481 


Anh-Tôn, insensible à ces railleries, charge Doùn-nhu’-Hai, dès 
la première lune de l’année suivante !), d’aller effectuer l'annexion 
des provinces de Ô et de Lyÿ auxquelles il donne les noms de 
Thuân Châu et H6a Châu *). Certains villages en effet n’acceptaient 
pas la domination anuamite et Nhu’-Hai, pour les contraindre à la 
soumission, dub nommer des fonctionnaires distribuer des terrains, 
et accorder l’exemption d'impôts pour trois années. 

Jaya Sinhavarman ne jouit pas longtemps de la princesse anna- 
mite: il mourut à la cinquième lune *) de cette même année 1307. 
Dès qu'il connut cette mort par une ambassade de l'héritier pré- 
somptif*) Çri Jaya Sinhavarman ‘), Anh-Tôn désigna l’Inspecteur 
Tràn-khäc-Chung ©) pour aller, accompagné d'une suite nombreuse, 
chercher la princesse Huyên-Trân, et la ramener à la Cour. C'était 
une mission délicate car la coutume du Champa voulait que la 
reine fût brûlée sur le bûcher et accompagnât son mari en l’autre 
vie. Khäc-Chung arrive à la Cour, dit qu'il vient assister aux funé- 
railles, persuade que si la princesse se donne la mort, il ne demeurera 


personne pour effectuer le jeûne. «Laissez-la se rendre au bord de 


1) »Quinzième année Hung Long, première lune” 1307. 7% VI 22a. Cm VIII 44ab. 
2) Thuân che NE M: Fe pu Â4 ji) RS _ He les noms de 
quelques-uns des villages qui opposèrent résistance: La Thi ME 4à , Tac Hông 4Æ *T . 


D: Bông fr PE . 

3) Sk Tt NI 216. 

4) Le Te NI 229 et le Cm VIII 45e l'appellent Ché Da Da fl] Ze HR Cri saya. 

5) En automne, à la neuvième lune, un ambassadeur du Champa se présente. Le 
“roi du Champa Chê Man il] us étant mort, l'héritier présomptif (TH +) 
.Ché Da Da (Cri Jaya...) envoie l’ambassadeur Bao Lée Khè À: TK ee offrir des 
éléphants et annoncer son deuil”. Cm VIII 454. Cf S% Té VI 218. Le Z4 dit que ces 
éléphants étaient des éléphants blancs”. 


\ ! 2 — y 
6) Trân-Khäc-Chung Bi LI *& , du grade de Hänh-Khièn ÂT = Inspecteur. 
Cm VIII 45a. Le 7t VI 226 lui donne le titre de Président fi RL, Intendant de 
gauche des équipages impériaux 7 (= ff . IH était accompagné de l'Inspecteur Nhäâp 


Ni JU FA ct de Pan Phu 92 HE Dang-Van HS A7. 2 VI 222. 


482 GEORGES MASPERO. 


«la mer, elle y invoquera l'âme de son mari qui est au Ciel et la 
«ramènera avec elle. C’est seulement alors que vous pourrez la 
«brûler». On approuve; Khäc-Chung emmène Huyén-Trân, et l’un 
et l’autre s’embarquent sur une jonque légère qui prend vivement 
le large. Mais la princesse n'était pas inconsolable; Khäc- 
Chung, très enflammé, fut pressant; il sut la convaincre et l’aida 
à oublier ses chagrins; ils trouvèrent d’ailleurs des vents providen- 
tiellement contraires, qui les retinrent en voyage plus longtemps 
qu’il n’eût été nécessaire !). 

Jaya Siñhavarman III éleva «au Dieu Seigneur Cri Jaya Sinha- 
«varmaliñgecvara» dans le pays de Pandurañga et dans l'actuel 
Darlac des temples?) qu’il dota magnifiquement de champs, d’es- 


claves et d’éléphants *). 


1) 11 semblerait à lire le 74 VI 236 que la princesse ne fut de retour à la Cour de 
son frère qu’en automne 1308. Ce texte dit en effet: .En seizième année Hu’ng Long, en 
automne, au dix-huitième jour, la princesse Huyên-Trân étant de retour du Champa, 
» Empereur son frère ordonne à de Hoa-Châu de reconduire chez eux, en bateaux, les 
»300 Chams (qui l’accompagnaient)”. Quoiqu'il en soit, Trên-khäc-Chung fut pris en grippe 
par le Hung Nhu’o’ng Dai-Vu’o'ng po ae K Æ qui, chaque fois qu’il le rencon- 
trait, l’insultait et disait ,Cet homme est un danger pour le royaume. Ses nom et prénoms 
“indiquent qu’il causera la perte de la dynastie Tràn”. Khac-Chung, effrayé, alla se cacher 
en une retraite éloignée. S% Tt VI 334. Cm NIII 454. Trân Bi était le nom de la 


! 
dynastie règnante, Khäc TA veut dire «vaincre» Chung signifie «causer la fin». 
JU S 


En torturant le nom de Trân Khäc Chung on peut donc y trouver ,Celui qui vaincra et 
causera la fin des Trän”. 
2) Po-Klong-Garai, II, et Tali, 116. cf. infra à Inventaire. 
3) Jaya Siñhavarman III. Inventaire. 
A. — 1], Po-Klauñ-Garai, Ninh-Thuân, 11, Porte intérieure, Piédroits ch. BER- 
GAIGNE 101. AyMoxIER 67. FinorT III 635xv, 640. 
B. — 2. Tali [Yan Prong ou Vat Cam], Darlac, 116. Piédroits. cz. Finor IV 534. 
Po Sah, Ninh-Thuân, 22. Stèle. Ch 1228c — 1306 AD, au nom du prince Harÿi- 
tätmaja, fils du roi Jaya Siñhavarman. BERGAIGNE 99. Aymonier 62. For III 
636xvir. 640. 


(à suivre). 





L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE 


PAR 


HENRI CORDIER. 


CHAPITRE LI. 
Le Monde au XV° Siècle. 


Depuis le milieu du XIV® siècle, un voile épais séparait de 
l'Occident, le monde de l’Extrême Orient encore bouleversé par les 
chevauchées fantastiques et Les terribles hécatombes des hordes mon- 
goles. La route de terre à travers l’Asie centrale qu’avaient suivie 
d'illustres voyageurs, moines ou commerçants, comme le cordelier 
GuiLLaume de RuBroucx et le Vénitien Marco Poro, était complé- 
tement fermée. 

En 1227, à la mort de Teurnouiz KHan, cette région avait 
formé l'apanage de son second fils, DraGaraï, dont les possessions 
comprenaient le Mävarä-en-Nahr, ou Transoxiane, contrée entre le 
Syr Daria et l’Amou Daria, une partie du Kharezm, le pays au 
nord et au sud des T’ien chan, le Badakchan, Balk et la province 
de Ghazna jusqu'aux rives du Sind; la capitale de Djagataï était 
Al-Maliq, près du Kouldja actuel; il y mourut en 1241 la même 


année qu'expirait à Karakoroum, son frère, le second Grand Khan, 


1) Ce Mémoire forme la Première Partie d’une Histoire générale des Relations de 


l'Empire Chinois avec les Puissances occidentales depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours. 
32 


La route 
d’Asie par 
terre. 


484 HENRI CORDIER. 


Ocoraï. Vers 1321, l'empire de Djagataï avait été divisé en deux: 
le Mävarä-en-Nahr qui périclita jusqu’à ce que Timour eût mis fin 
à la branche principale de la famille du khan mongol à laquelle 
ce pays était resté, et le Mogolistan ou Jatah, contrée au nord 
des T'ien chan dont Touenrour Timour, fils d’Isän Bügha fut khan 
de 1347 à 1362. 

À la faveur de la tolérance des successeurs de Djagataï, une 
mission franciscaine fut établie dans le territoire d’Ili, et son chef, 
RicHaro de Bourgogne, nommé évêque d’Ili-bäliq, avait avec lui 
les moines Pascaz de Victoria, François d'Alexandrie, Raymond 
Rurrr, et deux frères laïques: Pierre Marre, de Narbonne, et 
LaurenT d'Alexandrie. Elle disparut en 1342, dans la tourmente 
qui suivit le partage de l'empire de Djagataï et accompagna les 
progrès de l'Islam dans l'Asie centrale. Dès qu'il fut devenu khan, 
Toughlouk Timour, endoctriné par Mauläna Arshad-ed-din, embrassa 
lui-même la foi de Mahomet; il mourut au moment même où le 
victorieux Timour Lenk allait écraser les troupes de Jatah. 

Cette route ne fut reprise qu’au commencement du XVIT® siècle, 
lorsque le jésuite Benorr de Gozs en 1602, se rendit d’Agra à la 
frontière de Chine, mourant en 1607, à Sou-tcheou, avant d’avoir 


pénétré dans la terre promise, la Chine. 


Un petit chef seldjoukide, Errocarouz ibn Soleiman, au milieu 
du XIII siècle, avait obtenu de son suzerain le sultan de Konieh, 
un territoire de médiocre étendue en Phrygie; le vassal arrondit 
ses terres et son successeur Osman se déclara indépendant; le troi- 
sième prince, OrkHAN, s’empara de Brousse et y établit sa capitale; 
le quatrième Mouran 1°", menaça les Chrétiens d'Europe et faillit 
renverser le trône grec. Enfin, le cinquième, Bazazer, aurait sans 


aucun doute achevé l’œuvre de son prédécesseur, si dans les plai- 





L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 485 


nes d’Ancyre (1402), Tamerlan en le dépouillant de sa puissance 


et de sa liberté, n'avait arrêté sa marche victorieuse. 


Soudain, en effet, au milieu du chaos de l'Asie, avait surgi un 
génie dévastateur qui, de Delhi à la Syrie, de la Perse à la fron- 
tière de Chine, brûlant, saccageant, massacrant, créera à Samarcande, 
au milieu d’une mer de sang et d'immenses collines de crânes, un 
empire aussi puissant qu'éphémère. Pour peu durable qu'ait été l'œuvre 
même de Tamerlan, descendant de Tehinguiz Khan, elle produisit 
néanmoins des effets considérables: en écrasant Bajazet Ilderim, 
Timour retardait d'un demi-siècle l'entrée des hordes ottomanes 
victorieuses dans la capitale de Constantin et en ébranlant les 
royaumes tartares de l'Oural et de la Volga, il en préparait la 
facile absorption par les Russes au XVI® siècle. Un peu plus d’un 
siècle après la mort du terrible conquérant (1405), son descendant 
BAger devait jeter sur les bords de la Djemnah, les fondations de 
l'empire du Grand Mogol. (Bataille de Pänipat, 1526). 

La route de mer, plus longue mais plus sûre que celle de terre, 
avait été également fermée vers la même époque. 

Au treizième siècle, les sultans mamelouks qui occupaient l'Egypte 
et qui par Suez, le Caire et Alexandrie, servaient d’intermédiaires 
entre les marchands musulmans qui leur apportaient les produits de 
l'Inde, de la Chine, de l’Archipel Indien et des Moluques, et les 
Vénitiens, les Gênois, les Catalans qui remportaient ces mêmes 
marchandises dans l'Europe et dans l'Asie mineure, voyaient à la 
suite de la prise de Bagdad (1258) par Houracou, petit-fils de 
Tchinguiz Khan, une grande partie du trafic leur échapper. La 
dynastie des Ilkhans mongols de l'Iran fondée sur les ruines du 
khalifat abbasside parut aussi libérale que les mamelouks se mon- 
traient exigeants. Bagdad avait singulièrement diminué d'importance, 


et Tauris était devenu le principal entrepôt de l’Asie occidentale, 


Tamerlan. 


La Route 
d'Asie par 
mer. 


486 HENRI CORDIER. 


En outre, la route de Perse abrégeait grandement le parcours en 
mer pour certaines épices délicates; ainsi d’un côté, la bonne volonté 
des khans mongols, d’un autre, une route plus courte, l’avantage 
d'échapper aux exigences des sultans mamelouks d'Egypte, enfin, les 
persécutions suscitées contre les Chrétiens par Melik en-Naçr Mo- 
hammed (1310—1341) qui éloignèrent les voyageurs et les pélerins 
de contrées ravagées dans lesquelles leur sécurité était sans cesse 
menacée par le fanatisme des musulmans, faisaient prendre de préfé- 
rence aux voyageurs venant d'Europe et se rendant aux Indes et 
en Extrême-Orient, la grande route de Tauris, Sulthanyeh, Yezd, 
Ormouz où l'on s’embarquait '). Malheureusement à la mort de 
Sultan Ala ed-din Agou Saïo, fils de Sultan Mohammed KHoupaBENDÈR, 
le dernier Ilkhan mongol de la famille de Houlagou resté indépen- 
dant (1335), la Perse divisée entre cinq petites dynasties qui tenaient 
les Mongols ilkhaniens sous leur dépendance, tomba dans une période 


d’anarchie que termina l’envahissement de cette contrée par Tamerlan. 


La chute des mamelouks bordjites et la conquête de l'Egypte par 
les Osmanlis (1517) était un accroissement de puissance pour l'Islam 
qui étendait le drapeau triomphant du Prophète jusqu'aux limites 
extrêmes de l'Asie, où il détruisait en 1478 et 1530 le Madjapahit 
et le Padjadjaran, royaumes hindous de l’île de Java. 


L'Islam dans L'Islam s'était établi en maître dans l'Océan Indien, où ses 
l’Océan Indien 


forteresses ne tardèrent pas à hérisser le littoral. Dès le VIT® siècle, 





le dernier gouverneur de l’'Yémen qui commande au sud la Mer 
Rouge, placé par les Sassanides, BapHan, s'était fait musulman et 
s'était séparé de la Perse; en 1173, le pays était passé sous la 
domination des Eyoubites qui le gardèrent jusqu’en 1239; sauf Sanaa, 


l'Yémen fut entre les mains de la dynastie des Benou Resoul puis 


1) Cf. Odoric de Pordenone, éd. H. Cordier, pp. XXITI—XXIV. 





L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 437 


de celle des Benou Tahir à laquelle il fut arraché en 1517 par les 
Osmanlis, avec la forteresse d’Aden qui avait victorieusement résisté 
à l'assaut d’Albuquerque en 1518. 

Ormouz, petit royaume vassal de la dynastie de Kirman, fondé 
vers 1060, par Mohammed Dirhem Kub, de l'Yemen, devint indé- 
pendant en 1249, et fut transféré vers 1300, de la terre ferme, 
dans l'île de Jeroun, près de l'entrée du Golfe Persique. 

Diu, île au sud de la presqu'ile de Gouzerat, était depuis 1391, 
gouvernée par un prince musulman. 

Calicut, sur la côte du Malabar, dont le Zamorin joua un si 
grand rôle dans la lutte contre les Portugais, avait été, suivant la 
légende, fondée au IX® siècle par Cheraman Perumäl, Seigneur de 
Malabar, qui se convertit à l'Islam et fit le pélerinage de la Mecque. 

Enfin Malacca dont nous parlerons plus loin s'élevait au sud 
de la Péninsule malaise, gardien redoutable de l'entrée des mers 
d'Extrême Orient. 

Quant à la côte orientale d'Afrique, tous ses ports, ses baies, 
ses îles, étaient visités par les Musulmans depuis le dixième siècle: 
leur plus ancien comptoir, Magadoxo, avait été créé vers 908; puis 
ils s’établirent à Kilwa vers 975 et dans les siècles suivants à 


Melinde, Mombasa, etc. 


Si l'expansion de l'Islam n'avait rendu presque impossible la 
navigation de l'Océan Indien aux vaisseaux étrangers, la surprise 
aurait été grande pour ceux qui seraient arrivés en Chine aux 
ports jadis célèbres décrits par Marco Polo ou Odoric de Pordenone, 
Sin Ki-lan, Zeitoûn, Quinsay. A la dynastie tolérante des Youen 
mongols, avait succédé la dynastie purement chinoise des Ming; en 
1368, le descendant affaibli du grand K'oublaï avait dû disparaitre 
devant le bonze victorieux qui monta sur le trône du Fils du Ciel 


sous le nom de Houng-wou. Le point le plus éloigné vers l’ouest 


La Chine. 


Le Portugal. 


488 HENRI CORDIER. 


que les Chinois paraissent avoir visité au début de la nouvelle dy- 
nastie est Aden où en 1422, l’eunuque Li fut envoyé en ambassade 
par son maître Yong-lo, le troisième empereur Ming. 

Aussi ne trouva-t-on au XV° siècle que de rares voyageurs 
européens dans les mers d'Asie, dont l’histoire ait préservé les noms 
de l'oubli: le Vénitien Nicolo de’ Conri, le russe Athanase NIKITINE, 


de Tver, le génois Hieronimo di SANTO STEFANO. 


Cependant que la France ralliée autour de l’étendard de Jeanne 
d'Arc et de Richemont, reprenait chaque pouce de son territoire 
envahi par l'Anglais et que l'Angleterre elle-même était ravagée 
par l’effroyable guerre civile des Deux Roses, l’Europe se débattait 
au milieu des luttes stériles du Grand Schisme et de la terrible 
rébellion des Hussites, et se défendait mal à l'Est contre le Turc 


qui se préparait à y prendre pied définitivement en 1453. 


Mais à l'extrême sud-ouest de l’Europe, au bord de l'immense 
océan qui allait devenir le champ de ses luttes et le théâtre de ses 
victoires, un petit peuple veillait, éclairé soudain d’un rayon de 
gloire, entretenait le feu sacré qui semblait éteint dans le reste du 
monde chrétien: des rives de la Lusitanie, devaient bientôt s’élancer 
à la conquête d’un vaste empire ses vaillants navigateurs dont un 
barde immortel en chantant la sublime épopée fixait définitivement 


la langue de son pays. 


J'ai nommé le Portugal et Camorñs. 














L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 489 


CHAPITRE Il. 
La Découverte du Cap de Bonne Espérance. 


A la fin du XIV® siècle, le Portugal renaissait à la vie: la fai- 
blesse de ses derniers souverains, la conduite d’une reine indigne, 
Leonora TeLLez, avaient fait du Portugal une proie facile pour son 
puissant voisin de Castille, lorsque retrouvant soudain conscience de 
sa force, sous la conduite de quelques héros nationaux, à la tête 
desquels se place le Grand Maitre de l'Ordre d'Avis, le petit royaume, 
échappant à la fois à la décadence et au joug étranger, commença 
la plus belle page de son histoire. 

Joño, Grand Maître de l'Ordre d'Avis, était fils naturel du roi 
Dom Pepro 1°, mort en 1367; ce n’est pas ici le lieu de raconter 
les amours tragiques de ce souverain avec [xës de Casrro et le 
triste sort de son royaume sous son successeur; qu’il nous suffise 
de dire que dans ces jours de désespoir, le Portugal, sur le point 
de devenir une province espagnole, confia ses destinées au Grand 
Maître d'Avis et celui-ci justifia la confiance de ses compatriotes. 
Elu roi le 6 Avril 1385 sous le nom de Joäo 1°, le Grand Maître 
d'Avis écrasa les Castillans dans la terrible mêlée d’Aljubarrota, 
victoire nationale, qui marque une ère nouvelle dans l'histoire du 
Portugal et que commémora la fondation du couvent de Batalha. 
L'alliance avec l'Angleterre, consacrée par le mariage de Joäo avec 
Paictppa, fille de Joux de Gaunr, — le roi de Portugal fut le 
premier souverain étranger membre de l'Ordre de la Jarretière — 
fut bientôt suivie d'une paix définitive avec la Castille. La reine 
Philippa donna au roi Joäo 1°" une famille nombreuse; le prince 
qui devait diriger l'énergie portugaise vers la découverte de pays 


pire 


lointains, était le quatrième des six fils légitimes de Joäo 1°: 


Asronso, mort jeune, Duarre, qui devait remplacer son père sur le 


La Maison 
d’A vis. 


490 HENRI CORDIER. 


trône, Pzpro, plus tard due de Coïmbre, tué en 1449 à Alfarrobeira, 
Henri, dont il est maintenant question, Joäo et Fernaô; une fille, 
IsaBkice, épousa le puissant duc de Bourgogne, Pairrpre le Box, 


en troisièmes noces, et fut la mère de Caarzus le TémÉRatre. 


Prise deCeuta. La paix qui régnait après les luttes sanglantes qui donnèrent 


Le Prince 
Henri 


l'indépendance au Portugal, laissait inactifs ces princes jeunes et 
vaillants. Le roi Joäo 1°! au lieu de laisser leur ardeur se dissiper 
dans les luttes stériles des tournois, résolut de leur donner à com- 
battre un ennemi digne de leur bravoure: les Maures d'Afrique. 
Les préparatifs guerriers des Portugais ne furent pas sans jeter 
quelques appréhensions à la cour d'Aragon et chez le roi maure de 
Grenade, que le roi Joäo rassura d’ailleurs pleinement. 

Les Mérinides, qui en 1275, avaient renversé les Almohades, 
étaient la dynastie dominant au Maroc- et Ceuta, le port principal 
de ce pays, centralisait le commerce avee la Méditerranée, en par- 
ticulier avec Acre et Alexandrie. La mort de la reine Philippa, par 
la peste, le 19 Juillet 1415, n’empêcha pas la flotte portugaise forte 
de 33 galères, 27 trirèmes, 32 birèmes et 120 plus petits vaisseaux 
de quitter le Tage, six jours plus tard, le 25, fète de St. Jacques. 
Malgré la résistance acharnée de son gouverneur, Zalä Ben Zalä, 
Ceuta tomba au mois d'août entre les mains des Portugais. 

La conduite du Prince Henri avait été si remarquable que l'offre 
flatteuse de prendre le commandement de leurs armées lui fut faite 
par plusieurs souverains d'Europe: le pape Martin V, l'empereur 
Sigismond, Juan II de Castille et même Henri V d'Angleterre. Le 
prince portugais préfera consacrer toute son énergie au service de 
son pays car déjà était formé dans son esprit le projet auquel il devait 
consacrer sa vie entière. Malgré sa jeunesse — il était né à Oporto 
le Mercredi des Cendres 4 Mars 1894 — le Prince Henri qu'on a 
surnommé le Navigateur, non à cause de ses voyages, Car sa vie à 


été très sédentaire, mais pour les entreprises maritimes dont il fut 














, , 
L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 491 


le patron ardent, avait compris quel avenir splendide s'ouvrait à 
son pays, dont les ambitions étaient nécessairement bornées en 
Europe par sa situation géographique, sur ces vastes Océans, dont 
les flots poussés d'espaces lointains et inconnus venaient se briser 
sur les côtes portugaises. Pendant son séjour à Ceuta, le prince 
Heuri avait obtenu des Maures arrivés de l’intérieur de l'Afrique 
des renseignements précieux sur le continent noir; on lui avait 
indiqué les routes de caravanes qui conduisaient de la côte de 
Barbarie, de Tunis plus particulièrement, à Tombouctou et à la 
Gambie; les marchands en quête de «l'or arabe» ‘) et les récits qui 
lui furent faits, ne contribuèrent pas peu à stimuler son zèle et à 
lui donner le désir d’essayer de se rendre par mer dans ces pays 
connus seulement par les routes terrestres. 

Même en admettant que l'antiquité ait su que l'Afrique était 
entourée d’eau de tous côtés et que le périple en ait été peut-être 
accompli, ce n’est pas à l’aide de ces traditions que l’on pouvait 
espérer de retrouver une route depuis longtemps oubliée; il ne fal- 
lait guère compter non plus obtenir de grands résultats des voyages 
qui avaient été accomplis par les Normands. La quintessence de la 
géographie du Moyen Age est contenue dans le célèbre Atlas Cata- 
lan du roi Charles V de France de 1375, qui renferme les résultats 
des voyages de l'illustre Vénitien Marco Polo; en 1428, le frère 
même d'Henri, Dom Pedro, qui était allé à Venise, avait reçu en 
don de la Seigneurie, une Carte contenant l'itinéraire de Marco Polo. 

D'autre part, les Portugais étaient alors mauvais marins, bien 
inférieurs anx Génois, aux Vénitiens, aux Majorquains; eux, qui 
sous la puissante impulsion de leur prince, allaient devenir bientôt 
si hardis et si entreprenants, ne connaissaient alors que la naviga- 


tion des côtes; il fallait donc créer une marine. En attendant que 


1) Diogo Gomes, éd. Schmeller, p. 19. 


Madère. 


492 HENRI CORDIER. 


cette marine fut créée, il fallut faire appel au concours des pilotes 
expérimentés de Gènes et de Majorque, ainsi que de marins d'Allemagne 
et des Pays-Bas. Etabli à la pointe désolée de Sagres, le Sacrum 
Promontorium des Anciens, près du Cap Saint-Vincent, dans l’Algarve, 
dont il fut nommé gouverneur à perpétuité en 1419, le Prince 
Henri préparait, par l'envoi d'agents, l’exploration et la redécou- 
verte des côtes d'Afrique, ainsi que l'établissement de la foi chré- 
tienne et de la domination portugaise. Il avait fondé à la fin de 
sa vie à la pointe de Terça Nabal, un peu à l’ouest de Sagres, la 
Villa do Iffante qu'il appelait Minha Villa, ma ville, et qui tout 
en devenant la résidence où il continuait ses recherches, ne parait 
pas avoir été une Ecole de Navigation ou un Institut géographique °). 

En 1418, Joño Gonsalvez Zarco et Tristram Vaz TaixeyRa arri- 
vaient à Porto Santo, et deux ans plus tard, Zarco redécouvrait 
Madère, où une légende qui est probablement de l’histoire à fait 
atterrir sous le règne d'Edouard III d'Angleterre, les amants infor- 
tunés de Bristol, Robert Macxix et Anna d’Arrer ou Dorset. Il 
est bon d'ajouter que Porto Santo et Madère figurent déjà sur 
l’Atlante mediceo de 1351. 

Toutefois, ce ne fut qu’à la mort de Joäo 1% (14 Août 1433), 
sous son successeur Duarre, que Gil Eannes doubla en 1434 le 
Cap Bojador; l’année suivante, Gil Eannes et BarDaya descendirent 
50 lieues plus au sud. 

Suivant Barros (Dec. I, liv. I, ch. VII, p. 59), le pape MarriN 
V accorda aux Portugais la concession des terres qu’ils découvriratent 
depuis le Cap Bojador jusqu'aux Indes inclusivement. Le Prince 
Henri avait-il déjà l’idée de contourner l'Afrique? N'est-ce pas plus 
tard qu'elle germa lorsque les Portugais avancèrent plus au Sud? 


Et puis cette bulle de Martin V dont on ignore la date exacte 


1) Prince Henry of Portugal and the Progress of Exploration. By Prof. Raymond 
Beazley. (Geog. Journal, Dec. 1910, pp. 703/716). 








L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 493 


est-elle bien authentique? Un écrivain portugais dit qu’elle ne peut 
être postérieure au 20 Février 1431, sans donner de preuves solides 
à l'appui de son assertion !. Dans le Bullarium je n'ai trouvé de 
Martin V qu'une bulle «coloniale» du 20 novembre 1423, relative 
aux Canaries: «Erectio Cathedralis Ecclesiae Fortisventurae in Insulis 
Canaris quae Ispalensi subjecta declaratur.... Illius coelestis.…. Datum 
Romae apud Sanctos Apostolos duodecimo Kalendas Decembris 
Pontificatus nostri Anno Septimo.s En revanche une bulle Romanus 
Pontifex de Nicoras V du 8 janvier 1454 ne parle que de la 
Guinée et au delà: «Declaratio, tum soptam tum reliquam Africam 
a Promontoriis Baradoc, & Nam ad Ghineam usque, vel etiam ultra 
ad Antarticum, omniaque adjacentia Saracenorum Regna Lusitanae 
Coronae esse addicta.... Datum Romae apud Sanctum Petrum anno 
incarnationis Dominicae millesimo quadragentesimo quinquagesimo 
quarto, sexto idus Januarïi, Pontificatus nostri anno octavo». 

On lit en manchette: «Ad Indos conquisitum maximo labore 
iter». Dans cette bulle, Nicolas V confirme les privilèges accordés 
par Martin V et Eusène IV. 

Les Canaries avaient été conquises au commencement du 15° 
siècle par le normand Jean de BeragNcourT au nom du roi de 
Castille; la situation de ces îles fut réglée par un traité signé à 
Alcaçova le 14 septembre 1479 entre Arroxso V de Portugal et 
Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille. Il avait été convenu 
que les conquêtes des terres du Cap Non aux Indes avec les mers 
et les îles adjacentes seraient possessions portugaises, sauf les Cana- 
ries qui resteraient à la Castille. 

Les difficultés avec Tanger avaient retardé le mouvement d'explo- 
ration; avec Affonso V l'Africain, qui remplace Duarte en 1438, 


les voyages sont repris avec vigueur; jusqu’en 1446, 51 caravelles 


1) Zadice chronologico, Lisboa, 1841, p. 16. 


Canaries. 


494 HENRI CORDIER. 


avaient été équipées par le Prince Henri et avaient descendu la 


côte à 450 lieues au sud du Cap Bojador. 


Le Cap Vert. Le Vénitien Alvise Ca da Mosto, sur l'initiative du prince portu- 


Gomez. 


B. Dias. 


gais, fait deux voyages sur la côte d'Afrique et découvre les îles 
du Cap Vert (1455 —6). 

La mort du Prince Henri le Navigateur, le 13 Novembre 1460, 
n'interrompt pas longtemps son œuvre; l'impulsion est trop vive 
pour être arrêtée complètement; au contraire, les découvertes vont 
se multiplier et les étapes de la route des Indes être franchies avec 
une rapidité inconnue jusqu'alors. 

En 1469 les expéditions reprennent, Affonso V ayant loué le 
commerce de la côte Ouest d'Afrique à un bourgeois de Lisbonne, 
Fernam Gomez, pour cinq ans, moyennant 1000 ducats (500 cruzados) 
par an et l'exploration de 300 milles de côtes nouvelles par an à 
compter de Sierra Leone, l'endroit d’où les derniers explorateurs 
Pedro de Cintra et Soeiro Da Costa avaient rebroussé chemin. 

Gomez eut le plus grand succès et son dernier explorateur, 
Joäo Sequeira arriva au Cap Ste. Catherine à 2° Sud de l'Equateur. 

Sous le règne de Joäo II, fils et successeur d’Affonso V, mort 
en 1481, Diogo Cam pénétra en 1484 dans l'embouchure de la 
grande rivière le Zaire, que nous appelons le Congo. 

Au mais d'août 1486, Bartolomeu Dras et Joïo INrFANTs, avec 
deux navires de 50 tonnes, suivis d’un navire de provisions com- 
mandé par Pedro, frère de Bartolomeu, mirent à la voile. Ils pour- 
suivaient un double but: trouver, si la chose était possible, la route 
des Indes, et se renseigner sur le Prêtre Jean et son empire. Dias 
éleva un pilier à Angra do Ilheos (Angra Pequeña) et poussé vers 
le sud par le vent, tourna, sans s’en douter, la pointe du Cap, 
arriva dans la baie d’Algoa où il plaça un nouveau pilier dans la 
petite île qu’il nomma Santa Cruz. Les équipages commençant à 


murmurer, Dias leur promit de revenir sur ses pas si dans deux ou 


Mont Du. > oo M Se 





L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 495 


trois jours il ne voyait pas de raison pour continuer le voyage dans 
cette direction; il arriva de la sorte au Rio do Iffante (Great Fish 
River). De ce point extrême de sa navigation, il revint par la même 
route, fit escale à Santa Cruz et arriva enfin en vue du fameux 
Cap qu'il nomma «Cabo Tormentoso» à cause des périls courus par 
ses navires; il érigea un troisième pilier dédié à St. Philippe à l’en- 
droit appelé aujourd'hui Camp’s Bay qui pendant longtemps fut 
désigné sous les noms de «l’Apôtre» et «les douze Apôtres» qui 
appartient aujourd'hui à une partie de la chaîne montagneuse qui 
domine la baie. 

Dias était de retour à Lisbonne en Décembre 1487. On ne se 
rendit pas compte de l'importance de sa découverte et il fallut at- 
tendre dix ans encore pour qu’un nouveau voyage ouvrit enfin au 
Portugais inlassable dans ses efforts la route si longtemps poursuivie 
des Grandes-Indes. Entre temps, Joïo II était mort en 1495, et 
Don Maxoer, neveu d’Affonso V qui lui succéda, devait récolter le 


fruit des efforts maintenant presque séculaires de ses prédecesseurs. 


Vasco da Gama ‘) choisi par le Roi pour commander la nouvelle 
expédition, mit à la voile de la chapelle de Restello, près de Lis- 
bonne, le samedi, 8 Juillet 1497 *), sur le Sam Gabriel; il était ac- 
compagné du Sam Rafael, commandé par son frère aîné Pauro da 
Gama, et du Berrio, commandé par Nicolao Cozërno *), et d’un petit 
navire de provisions, dirigé par Pedro Nuñez. Il passa le Cap de 


Bonne-Espérance sans aucune difficulté, le 22 Novembre à midi, et 


1) «Vasco da Gama, Caualleiro de sua Casa, e de nobre geraçäo, filho de Esteuäo da 
Gama, que fora Veador da Casa d'El Rey D. Affonso.... Vasco da Gama era homem 
prudente e de bom saber, e de grande animo pera todo bom feito» (Lendas da India, 1, 
p. 12). 

2) D’après Barros... Correa, p. 15, dit: «E sendo dia da Nossa Senuhora de Março 
(le 25), todos ouviräo Missa, e logo s’embarcaräo, e deräo 4 vela, e sahiräo do rio...» 

3) «Vasco da Gama ia no navio sam Rafael, e Paulo da Gama em sam Grauiel, e 


no outro sam Miguel Nicolao Coelho». (ZLendas, p. 15). 


Vasco da 
Gama. 


496 HENRI CORDIER. 


le 25 Décembre, il nomma Natal le point de la côte d'Afrique où 
il aborda le jour de la Nativité du Christ; il longeait la côte vers 
le Nord: le 1 Mars 1498, il était à Mozambique, le 7 à Mombasa, 
le 15 à Melinde. Le 24 Avril, il partait de Melinde en arrachant 
à son chef le pilote indien Malemo Canaca, et le 20 Mai 1498, 
Vasco jetait l'ancre à Calicut. Pourquoi faut-il que le séjour du 
grand navigateur soit souillé par sa conduite? La grandeur du con- 
quérant en est diminuée et dans le triomphe même, Vasco da Gama, 
a jeté les germes de la ruine de l’empire aussi éphémère que bril- 
lant des Portugais. 

Vasco da Gama reste aux Indes jusqu'au 5 Octobre; il retraverse 
l'Océan Indien, passe en vue de Magadoxo, et arrive à Melinde le 
7 Janvier 1499; il double le Cap par un beau temps le 20 Mars, 
et arrive à Lisbonne à la fin d’Août ou au commencement de 
Septembre 1499 !). 

C’est le premier acte de la formidable épopée d’un vaillant peuple, 
auquel n’a même pas manqué son barde. 

Camoëns, en écrivant dans la grotte de Macao les Zusiades, 
dont il sauvait le manuscrit à la nage, lors de son naufrage au 
cap Saint-Jacques, non-seulement fixait la langue, mais immortalisait 


la littérature de son pays en chantant: 


«Les combats et les héros fameux, qui partis des rives occidentales de la 
Lusitanie et s’élançant à travers des mers jusqu'alors inexplorées, laissèrent loin 


derrière eux la Taprobane après avoir surmonté mille obstacles ». 


1) D’après Correa, la date de l’arrivée à Lisbonne serait le 18 sept. 1499. — Voir 
la chronologie du premier voyage de Gama, d’après Correa, pp. LXXIX—LXXX de Zäree 
Voyages of Vasco da Gama... by the Hon. E. J. SranLey. London, Hakluyt Society, 
MDCCCLXIX. 








L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 497 


CHAPITRE III. 
Les Portugais dans l’Océan indien. 


Vasco da Gama avait toutefois été devancé dans l'Océan Indien 
par un de ses compatriotes qui avait pris la route de terre. En 
effet, le roi Joûo II, désireux de connaître la situation exacte de 
l'empire du fameux souverain connu sous le nom de Prêtre Jean, 
avait, le 7 mai 1487, envoyé à sa découverte deux de ses gentils- 
hommes Pero de Covirnam et Affonso de Payva qui se rendirent 
par Venise, en Turquie, à Alexandrie et au Caire, puis passèrent à 
Aden où ils se séparèrent: Payva allant à Souakim, Covilham, sur 
un boutre arabe, traversa l'Océan indien, arriva à Cananor sur la 
côte de Malabar, visita Calicut et Goa, se trouvant être ainsi le 
premier Portugais qui ait parcouru ces mers ‘); il passe à Sofala, 


examine les mines d’or, entend parler de l’île de la Lune (Madagas- 


1) Correa, Lendas da India, 1, 1858, p. 6, donne une relation différente de celle de 
Major qui est tirée de Castanheda et de Barros: «Os quais ambos em companhia tomaräo 
o caminho de Veneza, e nas galés dos peregrinos, em trajos desconhecidos, passaräo à 
Turquia, e se foräo a Alexandria em modo de mercadores, em cuja companhia se meteräo, 
seruindo-os por soldada, com os quais nas cafilas passaräo a Meca, perguntando sempre, € 
tomando informacäo do que cumpria; onde entäo se aconselharäo ambos, e se apartaräo: 
e o Gonçalo de Pavia fez seu caminho pera a India, e foy ter em Calecut, e correo toda 
a costa até Cambaya em companhia de hum Judeu mercador, com quem tomou tanta 
amizade que Jhe coutou todo seu trabalho: com o qual Judeu se tornou na volta d’Ormu?’ 
onde faleceu, de que o Judeu ouve muito pezar, prometendo-lhe que trabalharia por hir a 
Portugal dar conta a El Rey das cousas que queria saber, que por isso lhe faria muita 
mercé, e por certeza de verdade Ihe levaria a chapa que trazia. O que o Judeu assi o fez, 
mas passou primeiro muito tempo, que näo foy a Portugal senäo sendo jä partidas as naos, 
que foräo descobrir a India. 

«Pero de Couilhä de Meca tomou o caminho do Egipto pola fralda do mar, correndo 
por muitos lugares foy ter âs terras do Preste, e foy onde elle estaua, e he falon, e deu 
razäo de seu caminho e o ir buscar, de que o Preste ouve grande prazer, lendo as letras 
da chapa que eräo en Caldeu sua propria lingoa, a que deu muito credito, porque elle e 
os seus antepassados tinhäo a propria informaçäo d’ouvida dos grandes Reys que auia na 


Christandade, e lho diziäo alguns dos seus, que âs vezes mandava visitar Jerusalem, e 0 


Covilbam et 
Payva. 


498 HENRI CORDIER. 


car), puis retourne au Caire où il apprend la mort de Payva. Avant 
que l'on ait eu connaissance du Cap de Bonne Espérance, Covilham 
parait s'être rendu compte de la forme de l'Afrique, car il écrit au 
Roi son maître que les navires qui navigueraient le long de la 
côte de Guinée seraient certains d'atteindre l’extrêmité du continent 
en continuant vers le sud, et quand ils seraient arrivés à l'Océan 
oriental, la meilleure chose qu'ils pourraient faire serait de demander 
Sofala et l’île de la Lune. !) 

Alvarez Cabral Le 9 mars 1500, Pedro Alvarez CaBrar, à la tête de treize 
navires, quittait Lisbonne, chargé d'une mission à Calicut où il 
devait établir des relations commerciales avec le Rajah; le 22 avril, 
il aperçut une côte qu'il nomma Vera Cruz, baptisée depuis Santa 
Cruz, qui n'était autre que le Brésil où Pinzon avait déjà décou- 
vert le Cap St. Augustin le 20 janvier de la même année. Au large 
du Cap de Bonne Espérance, la flotte portugaise essuya une violente 
tempête dans laquelle périt le célèbre Bartolomeu Dias embarqué 
avec Cabral. Celui-çi arriva le 13 septembre 1500 à Calicut où il 
obtint l'autorisation d'établir une factorerie à la tête de laquelle :l 
plaça Ayres Correa qui fut d’ailleurs peu après massacré avec 
cinquante Chrétiens par les Musulmans. Cabral rentra à Lisbonne 
le 23 juillet 1501. 


Joäo da Nova. Sans attendre le retour de Cabral, D. Manoel envoyait aux Indes 





le 5 mars 1501, Joño da Nova qui en cours de route découvrit une 
île qu'il nomma Concepçäo depuis Ascension; Joäo da Nova se rendit 
à Cananor, détruisit une partie de la flotte du Rajah de Calicuë et 
arriva à Cochin. Il était de retour au Portugal le 11 septembre 1502. 
Antonio de C'est en 1508 qu'Antonio de SarnanHa découvrit la baie qui 


Saldanha. | 
fut nommée Agoada do Saldanha au fond de laquelle devait s'élever | 


au XVII siècle la ville du Cap; en 1601, l'amiral hollandais Joris 





1) Henry Major, Prince Henry, pp. 213/4. 


L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 499 


van SPILBERGEN donna le nom de baie de la Tage qu'elle a con- 
servé jusqu'à nos jours à l’Agoada do Saldanha; cette même année 
1503, deux expéditions furent envoyées sous le commandement de 
Francisco et d’Affonso de ArBuquerQue. Francisco de Albuquerque 
rétablit sur son trône le roi de Cochin chassé de ses états par le 
rajah de Calicut et construisit à Cochin le premier fort que les 
Portugais possédèrent aux Indes et qui fut confié à la bravoure de 
Duarte Pacaeco P£RErRA. 

C'est la première fois que nous rencontrons le nom d’Arronso Fo 
de ALBUQUERQUE; ce grand homme était né en 1453 à Villa dis 
d'Alhandra, près de Lisbonne, de Gonçalo de Albuquerque, seigneur de 
Villaverde, par lequel il descendait du roi Diniz et de Leonor de 
Menzzes; élevé à la cour des rois Affonso V et Joûo II dont il fut 
grand écuyer, il avait reçu une éducation extrêmement soignée: 
dans cette année 1503, après avoir touché au Brésil, Affonso arriva 
à Quilon, sur la côte de Travancore et y établit une factorerie. 

Cependant les intrigues de la République de Venise avec le F.de Almeida. 
Soudan d'Egypte et ses alliés, les rois de Calicut et de Cambaye, 
inquiétant les Portugais, Dom Manoel se décida à envoyer aux Indes 
une grande expédition: celle-ci commandée par Francisco de Ame1DA 
avec le titre de vice-roi des Indes, mit à la voile le 15 mars 1505; 
cette flotte comprenait 22 navires et 15000 hommes et devait dé- 
barasser le commerce portugais des entraves que lui mettaient les 
musulmans, et explorer la mer Rouge. Almeida s’empara de Quilon 
(22 juillet 1505) dont il remplaça le roi hostile aux Portugais, par 
un prince à sa dévotion, Après avoir fait relâche à Melinde, il bâtit 
des forts à Anchedhiva et à Cananor, puis il couronna solennelle- 
ment le roi Ce Cochin. Quelques princes hindous, et parmi eux le 
roi de Narsingne, s'’empressèrent de lui envoyer des ambassadeurs 
et de faire avec lui des traités de paix et d'amitié. Almeida, arrivé 


au comble de la puissance, envoya à Dom Manoel une flotte de 
33 





Tristan da 
Cunbha. 


Ormouz. 


Victoire de 
Diu (1509). 


500 HENRI CORDIER. 


huit navires chargés d'épices sous le commandement de Fernam Soares. 
C'est dans ce voyage de retour que, le 1% février 1506, Les Portugais 
découvrirent la côte orientale de Madagascar tandis que l'était la côte 
occidentale de cette même île par Joäo Gomez d’ABreu, le 10 août 
1506, jour de St. Laurent dont le nom fut donné à ce nouveau pays. 

Le 6 avril 1506, Trisran da CunNHa qu’une maladie d’yeux 
avait empêché de prendre le commandement de l'expédition confiée 
à Almeïida, fut envoyé avec une flotte de 16 navires et 1300 hommes 
pour consolider la puissance portugaise en Afrique et en Asie, et 
répandre la gloire du nom chrétien dans les pays lointains; au cours 
de ce voyage, il découvrit les trois îles qui portent son nom. 
Affonso de Albuquerque faisait partie de l'expédition. Après avoir 
exploré les côtes de Saint Laurent (Madagascar), sous prétexte que 
les Chrétiens étaient persécutés dans l’île de Socotora, les Portugais 
s'en emparèrent et y construisirent une forteresse. Tristan da Cunha, 
après cet exploit, prit la route des Indes, puis revint en Portugal, 
laissant à Albuquerque, avec le commandement de sa flotte, le soin 
de courir le long de la côte d'Arabie et de continuer son œuvre. 

Ormouz, construit dans une île, à l'entrée du golfe Persique, 
excita la convoitise d'Albuquerque. En conséquence, Le 20 août 1507, 
il fit voile de Socotora avec 470 soldats, commandés par six de ses 
meilleurs officiers. Après un combat naval, le souverain d'Ormouz 
fut obligé de se reconnaître tributaire du roi de Portugal et de 
permettre à Albuquerque de construire une forteresse sur son territoire. 
Malheureusement, la défection de quelques capitaines portugais per- 
mit au roi d'Ormouz de secouer le joug et Albuquerque, obligé de 
renoncer à son entreprise contre cette île, reprit la route des Indes 
où il arriva le 3 novembre 1508. 

À cette époque, Francisco de Almeida, premier vice-roi des Indes, 
reçut des lettres par lesquelles le roi de Portugal le rappelait, avec 


ordre de laisser son commandement à Albuquerque. Almeïda se refusa 











, 2 
L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 501 


à reconnaître celui-çi comme gouverneur des Indes et le fit même 
jeter en prison à Cananor. La situation des Portugais était d'ailleurs 
difficile en présence de la coalition des puissances musulmanes. Al- 
meida porta un coup terrible à l'Islam et à son commerce dans 
l'Inde en écrasant le 3 février 1509, devant Diu, les flottes com- 
binées du Soudan d'Egypte et des rajahs de Calicut et de Cambaye. 
Après cette victoire décisive, le grand vice-roi dégouté de l'ingrati- 
tude des siens, abandonna la partie et reprit la route de l'Europe 
qu'il ne devait pas revoir: ayant malheureusement fait relâche, 
près du Cap de Bonne-Espérance, dans la baie de Saldanha, cet 
illustre capitaine périt misérablement le 1% mars 1510, avec 
soixante-cinq de ses compagnons dans une lutte contre les indigènes. 
La flotte portugaise privée de son chef, reprit la route de Lisbonne 
après que le corps de Almeida eut été enfoui dans le sable. D'un 
tempérament impétueux et d'un indomptable orgueil, d'aspect grave 
et de manières courtoises, Almeida était de la race des guerriers et 
non de celle des politiques. IL était conquérant, nullement admini- 
strateur; capable de férir un bon coup d'épée, mais ignorant les 
finesses de la diplomatie s'il en avait même la compréhension; 
terrassant ses adversaires sans les convaincre; sachant prendre, 
mais n'aurait point conservé. Mais il fut vraiment l’homme de la 
situation qu’il avait trouvée en Asie; il fallait un soldat qui eut 
la claire conception de la politique à suivre; Almeiïda avait compris 
que l'Islam était le véritable ennemi et il l’écrasa; pour protéger 
le commerce, il fallait être maître de la mer, et il le devint. Son 
œuvre fut heureusement complétée et consolidée par son successeur: 
Albuquerque à son tour sentit la nécessité d'assurer sur terre la 
puissance acquise sur mer: Ormouz, Goa, Malacca, furent les points 
d'appui de son empire, commandant le golfe Persique, l'Océan Indien 


et les mers d'Extrême-Orient. 





Varthema. 


Godinho de 
Eredia. 


502 HENRI CORDIER. 


CHAPITRE IV. 
Malacca. 


Lodovico de Varrnema, de Bologne, dont la relation fut publiée 
en 1510‘), se rendit du Pegou à Sumatra en passant par Malacca 


et nous a laissé un tableau peu flatteur des gens de ce dernier pays: 


«Quant nous fusmes arrivez à ladicte cité de Melacqua, nous fusmes 
incontinent menez chez le Souldan, lequel est More et aussi tout son royaulme. 
Ladicte cité est en terre ferme et est tributaire au Roy de Ciny à cause que 
ledict Roy de Ciny la feist ediffier, il y a environ quatre-vingtz ans pour ce 
qu'il y a ung bon port. Et c’est le meilleur port qui soit en la mer Occeane. 
Et je croy fermement qu’il arrive plus de navires audict port que en ville qui 
soit au monde, mesmement toutes les espiceries abordent audict lieu, et plu- 
sieurs autres marchandises. Ladicte province n’est pas fertille de biens. Neant- 
moins, il y croist du blé, il y a des chairs et peu de boys. Il y a des oyseaulx 
en la sorte de Calicut, excepté que les papegaulx y sont beaucoup meilleurs. 
Il y a grand quantité de sandal et d’estaing, des elephans, chevaulx, brebis, 
vaches, buffles, leopardz, pans, et de tout grant habondance. Il y a peu de 
fruictz. On n’y vend que des espiceries et drapz de soye qui sont ceulx du 
Caire. Ilz ont large visaige, l’oeil rond et sont camus. Il ne fault pas aller de 
nuyt par la ville, car ilz se tuent comme chiens. Et tous les marchans qui 
arrivent audict lieu couchent dedans leurs navires. Tous les habitans dudict 
lieu sont de la nation de Giavay. Le Roy y tient un gouverneur pour faire 
justice aux estrangiers; mais pour ceulx du lieu, ilz font justice entre eulx 
mesmes. C’est la pire generacion qui soit au monde. Et quant le Roy y veult 
mectre pollice, ilz lui disent qu’ilz habandonneront la cité. I1z sont gens de mer. 
L'air y est bien attrempé. Les dessusdictz Crestiens dirent à mon compaignon: 
il ne faict pas bon faire ici longue demeure, car ilz sont tresmaulvaises gens; 
ainsi, nous prinsmes ung bateau et nous en allasmes en cinq jours à la dessus 


dicte ysle de Sumattre..….» ?) 
«Malaca, nous dit Gopinno de Erepra ‘), est un mot qui veut 


dire Mirobolan où Monbain, fruit d’un arbre croissant le long de 


l’Aerlele, ruisseau qui descend du côteau de Buquet-China vers la 


1) Itinerario... Stampato in Roma... Nel Anno M. D. X. adi VI. de Decembrio, in-4. 
2) Les Voyages de Ludovico di Varthema.... par Ch. ScHErER, pages 230—232. 
8) Malaca l'Inde méridionale et le Cathay, p. 1. 











? T2 1 m \]  W Fr 
L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 503 


mer, sur la côte de Viontana. C’est au bord de ce ruisseau, dans 
la direction du Sud-Est, que Permicuri, premier monarque des Ma- 
lais, fonda la ville de Malaca, aujourd’hui si connue dans le monde. 
Elle est située à 2° 12° de latitude septentrionale au croisement du 
Méridien et du Vertical, sous la zône torride, en avant du premier 
climat: le plus long jour est de 12 heures 6 minutes. Ptolémée ne 
fait pas mention de ce nom de Malaca, qui est moderne et fut 
donné par le susdit monarque fondateur de la ville, au temps du 
poutificat de Jean XXIIII, en l’an 1411, alors que le roi Jean IT 


régnait en Castille et le roi Jean 1% en Portugal». 


«Je dirai [Godinho de Eredia]') quelques mots des rois de Malaca depuis 
le premier roi Permicuri jusqu’à Alaudin de Batusavar. De Permicuri, qui était 
un Javanais, de Palimbam dans Samatta ou la Chersonèse d'Or, et qui s’allia 
aux souverains d’origine Malaise de Patane et de Pam, descendirent les rois 
Malais suivants: Xeque Darxa, Sultan Medafarsa, Sultan Marsuse, Sultan Alaudin 
et enfin Sultan Mahameth. Ce dernier fut défait et renversé. par l'invincible 
capitaine Alphonse d’Albuquerque qui conquit et soumit Malaca et les états de 


Mahameth, le 15 août 1511». 


L'honneur d’avoir créé le premier établissement portugais à Sequeira à 

Malacca (1509) 
Malacca revient à Diogo Lopes de Sequerra. Par ordre du roi 
D. Manoel, Sequeira avait quitté Lisbonne le 5 ou le 8 avril 1508?) 
avec quatre navires; il arrivait le 4 août à l’île St. Laurent qu'il 
côtoyait dans sa partie méridionale, passa à Cochin où Almeida 
qui était encore vice-roi ajouta à sa flotille un navire monté par 
soixante hommes, se rendit à Sumatra, où il visita le roi de Pedir 


avec lequel il conclut un traité d'alliance, puis à Pacem et enfin 


jeta l’ancre à Malacca le 11 septembre 1509. 


«Malacca, écrit Osorio, 3) est en la Chersonese d’or, assize sur la bouche 
d’une petite rivière. Cette ville avoit alors le plus renommé trafic de tout 
l'Orient et contenoit quatre mille pas de longueur, fort peu de largeur, 


1) Malaca l'Inde méridionale et le Cathay, p. 53. 
2) Mr. D. Ferguson dit le 13 avril. 
3) Osorio, f. 192 recto. 





504 HENRI CORDIER. 


riche d’arbres et de divers fruits: mais on luy ameine d’ailleurs les graines et 
autres vivres. La rivière partit la ville en deux, en telle sorte que les deux 
parts s’entretiennent par le moyen d’un pont. Les maisons et murailles estoyent 
proprement et magnifiquement basties. Le peuple est de couleur bazanée, au 
reste assez ciuil et doux en sa conversation. Quant au langage il est estimé 
si beau que tous ceux des regions et isles circonvoisins, qui trafiquent en Malaca, 
pensent estre beaucoup plus honnestes et gentils s’ils peuvent aprendre ce 
langage. Ce peuple prend plaisir aussi à se vestir et a coustrer proprement, 
ayma la musique: est neantmoins vaillant en guerre, et ne fait difficulté de 
perdre la vie pour conserver et acquerir honneur. La ville dependoit jadis du 
grand et riche royaume de Siam, et le Prince de Malaca estoit tributaire du 
Roy de Siam. Mais quand ce Prince se vid riche à cause des grands deniers 
qu’il tiroit des ports et peage, il s’asseura tellement en ses moyens qu’il se 
retira de l’obeissance de l’autre, et depuis maintint sa liberté tant par armes, 
resistant bravement à ceux qui luy couroyent sus, que par presens qu'il faisait 


aux conseillers du Roy de Siam pour le destourner de la guerre». 


Le sultan Manmoun CHân qui régnait à Malacca depuis 1477 
envoya les officiers du port s'enquérir de ce que venaient faire ces 
étrangers. Sequeira répondit: «Qu'un Roy fort renommé l’avoit 
envoyé d’un des bouts de l'Occident, afin de traïcter alliance avec 
le Roy de Malaca, de la grandeur duquel il avoit ouy parler bien 
amplement: qu’il s’asseuroit que telle alliance servirait à l’un et 
à l’autre.» !) 

Bien accueilli par le sultan, Sequeira débarque; se rend dans 
la ville, conclut un traité d'alliance, et obtient l'établissement d’une 
factorerie dont prendra charge Ruy d’ArauJo À). 

Cependant les Portugais, pleins de confiance, se répandent dans 
la ville, alors que les marchands de l'Inde et de Java excitent 
contre eux les soupçons du sultan; malgré les conseils des Chinois 
qui leur sont favorables et les engagent à se méfier, Sequira et ses 
compagnons sont sur le point de tomber dans un guet-apens qu'ont 


préparé les musulmans: $Sequeira doit être empoisonné dans un 


1) Osorio, f. 192 verso. 


2) «Feitor, alcaide mér e justiça mr de Malaca», 











L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 505 


banquet, mais prévenu à temps, il ne se rend pas à l'invitation. 
Il réussit encore à échapper à bord des navires portugais au mas- 
sacre qu'avait ordonné le sultan, se retire au Cap Comorin et en 
arrivant aux Indes, apprenant qu'Almeida est remplacé comme vice- 
roi par Albuquerque dont il est l'ennemi, il reprend la route du 


Portugal. 


On a vu que les Chinois avaient prévenu Sequeira du danger 
qu'il courait, ce qui semble montrer que les Portugais avaient essayé 
d'exécuter les ordres du Roi; en effet parmi les instructions de 
D. Manoel à Sequeira, il y en à une qui concerne particulièrement 


les Chinois: 


«ltem. — Vous vous enquerrerez des Chinois (Ghïjns) et de quel pays ils 
viennent, et de quelie distance, et à quelles époques ils viennent à Mallaca, ou 
aux endroits où ils commercent, et les marchandises qu'ils apportent, et combien 
de leurs navires viennent chaque année, et touchant les usages de leurs navires, 
et s'ils s’en retournent dans l’année dans laquelle ils viennent, et s'ils ont des 
facteurs ou des maisons à Mallaca ou dans d’autres pays, et s’ils sont des mar- 
chands riches, et s'ils sont des hommes faibles ou des guerriers, et s'ils ont des 
armes ou de l'artillerie, et quels vêtements ils portent, et s’ils sont des hom- 
mes de grande taille, et tout autre information les concernant, et s'ils sont 
chrétiens ou païens, ou si leur pays est grand, et si parmi eux demeurent des 
Maures ou d’autres gens qui ne partagent ni leur foi ni leur loi, et, s'ils ne 
sont pas Chrétiens, ce ‘qu'ils croient ou ce qu’ils adorent, et quelles coutumes 
ils observent, et dans quelle direction s'étend leur contrée, et avec qui sont-ilf 


limitrophes.» 1) 

Albuquerque se préparait à faire voile de Goa pour la Mer 
Rouge, lorsque les vents contraires lui firent modifier ses plans, le 
décidèrent à changer sa route en sens contraire et à se diriger vers 
Malacca: aussi bien avait-il à tirer vengeance du guet-apens tendu 
à Sequeira; peut-être voulut-il également tirer profit des renseigne- 


ments que, suivant quelques auteurs, lui aurait donnés le voyageur 


1) Cité par D. Ferguson, p. 1, d’après A/quns Documentos do Archivo Nacional, etc., 
Lisboa, 1892, pp. 194/5. 


Prise de Ma- 
lacca par Al- 
buquerque. 

(Août 1511). 


506 HENRI CORDIER. 


italien Varthema que nous avons cité plus haut; dans tous les cas, 
la possession de Malacca lui était indispensable tant pour assurer 
sa domination sur l'Islam dans l'Océan Indien que pour s'ouvrir 
une route vers l’Extrême-Orient. 

Il se dirigea vers Sumatra, fit relâche à Pedir, puis se rendit 
à Pacem où s'était réfugié NaopaBeGua, l’un de ceux qui avaient 
pris part à l'attaque des Portugais à Malacca; Naodabegua qui 
cherchait à s'enfuir pour porter à Malacca la nouvelle de l'arrivée 
d'Albuquerque fut tué après un combat acharné sur le bateau qui 
le portait; Albuquerque emmena sous sa protection Zarnar, sultan 
détroné de Pacem qu'il promit de rétablir dans ses possessions s’il 
se reconnaissait vassal de Don Manoel, et enfin il jeta l’ancre près 
d'une petite île du port de Malacca où mouillaient plusieurs bâteaux 
chinois le 1° juillet 1511. 

Immédiatement les Chinois vinrent offrir leurs services à Albu- 
querque qui, le lendemain de son arrivée, recevait les envoyés de 
Mahmoud Châh chargés de le saluer; le sultan de Malacca essayait 
de se disculper des mauvais traitements infligés aux Portugais en 
rejetant la faute sur un subordonné. Avant toute discussion, Albu- 
querque réclama la mise en liberté des Portugais retenus prisonniers, 
la permission pour eux de venir le trouver, et la restitution de leurs 
biens qui avaient été pillés. 

Avec 9000 canons de fer et de fonte, un nombre considérable 
de soldats et des munitions en abondance, en réalité Mahmoud Châh 
ne cherchait qu'à gagner du temps pour permettre à une flotte 
attendue depuis quelque temps d'arriver à son secours; le sultan 
de Pacem, attribuant à la crainte, le retard apporté par Albuquerque 
à l'attaque de la ville, s'était enfui à Malacca. Cependant le vice- 
roi des Indes se décida à incendier les faubourgs de la ville, créant 
ainsi une véritable panique chez les habitants; le sultan effrayé 


envoya AmauJo qui avait été retenu prisonnier, à la suite de l’expé- 











L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 507 


dition de Sequeira, auprès d'Albuquerque; loin de presser son chef 
et ami de cesser les hostilités, Araujo exposa la mauvaise foi du 
sultan et l’engagea à agir vigoureusement, quoiqu'il put advenir de 
lui et de ses compagnons, avant l’arrivée des renforts attendus; 
Albuquerque déclara qu’il ne traiterait que dans la ville et dans 
un endroit où il serait libre de construire une citadelle pour se 
mettre à l'abri des mauvais desseins du sultan. À la suite de nou- 
veaux délais, Albuquerque se décida à attaquer Malacca; après une 
lutte acharnée dans laquelle se distinguèreut Fernäo et Simäo de 
AnDRADE et fut en danger Albuquerque lui-même, le sultan fut 
blessé et une partie de la ville brûlée: les Portugais avaient eu 
treize hommes tués et soixante-dix blessés. Cependant le sultan se 
fortifiait; il faisait semer des pointes d'acier empoissonnées espérant 
qu’elles blesseraient mortellement les assaillants qui marcheraient 
dessus; mais Albuquerque prévenu, déjoua la ruse. Enfin un dernier 
et sangland assaut, dans lequel la lutte se poursuivit de rue en rue, 
de maison en maison, les Portugais se rendirent maîtres de la ville 
qui fut mise au pillage. Le sultan s'enfuit. Environ quatre-vingts 
Portugais avaient été tués. !) 
Après sa première attaque contre Malacca, Albuquerque reçut Relations ave 


le Siam. 


1) L'histoire chinoise des Ming raconte ainsi la prise de Malacca: «Après les Francs 
(Portugais) vinrent avec des soldats et conquirent le pays; le roi Sultan Mamat s'enfuit 
et expédia des envoyés pour informer le gouvernement impérial de ce désastre. A cette 
époque l'Empereur Che-tsoung était assis sur le trône; il publia un décret grondant les 
Frances, leur dit de retourner dans leur propre pays et ordonna aux rois de Siam et des 
autres contrées d’aider leur voisin; aucun de ceux-ci n’obéirent toutefois et le royaume de 
Malacca fut ainsi détruit. 

«Peu de temps après les Francs envoyèrent aussi des envoyés à la Cour pour apporter 
le tribut et demander l'investiture. Quand ils arrivèrent à Canton le Gouverneur empri- 
sonna les envoyés, car leur pays n'avait pas été auparavant compté parmi les royaumes 
tributaires, et demanda les ordres du Gouvernement. L'Empereur ordonna de leur donner 


le prix de leurs marchandises et de les renvoyer.» !) 


1) W. P. Groeneveldt, Malay Archipelago, pp. 133/4. 





Lettre de 
D. Manoel 
au Pape. 


508 HENRI CORDIER. 


la visite des capitaines des navires chinois venus pour le féliciter 
de son succès et pour demander l’autorisation de remettre à la 
voile pour leur pays en faisant escale au Siam dont le roi était 
alors Phra Borom Raxa; ce prince descendait de Phaja-Uthong qui 
fonda Ajuthia et prit le titre de Phra Râm4 Thibodi (712 de l'ère 
siamoise: 1350 de notre ère); Malacca avait fait partie des posses- 
sions siamoises et le souverain d'Ajuthia ne pouvait que se réjouir 
du désastre des usurpateurs musulmans. 

Albuquerque vit là une excellente occasion pour entrer en rap- 
port avec le roi de Siam et profitant du départ des Chinois, il 
dépêcha vers ce prince Duarte FERNANDES, compagnon d’Araujo, qui 
parlait le malais; Fernandes devait porter à Phra Borom Raxa de 
la part d'Albuquerque une épée à la poignée et au pommeau d'or 
finement ciselé ainsi qu'une ceinture du même métal. 

Duarte FErNanDEs revint de Siam après la prise de Malacca 
avec un ambassadeur siamois porteur des félicitations de son roi, 
ainsi que d’une coupe d’or, d'une épée au fourreau d'or et d'un 
anneau garni d’une pierre de très grand prix. Pour sceller les bon- 
nes relations avec le Siam, Albuquerque envoya à la capitale Hodia 
(Ajuthia) Antonio de Miraxpa de Azeveno et Duarte Coszno avec 
de riches présents. Quelque temps après arrivait à Malacca une 


nouvelle ambassade siamoise avec des tapisseries représentant les 


exploits guerriers du souverain et des tambourins d’airain. 


Dans une lettre de Lisbonne du 6 juin 1513, D. Manoel annonce 
au Pape comme chef de la Chrétienté ses succès aux Indes; <après 
beaucoup de combats acharnés et de sang versé, son général, Affonso 
de Albuquerque, pour réparer les pertes des années précédentes, a 
fait voile pour la Chersonèse d'Or, appelée Malacca par les indigènes, 
entre le Sinus Magnus et l'estuaire du Grange, ville d'une immense 
étendue, supposée renfermer 25.000 maisons, et ayant en abondance 


des épices, de l'or, des perles et des pierres précieuses. Après deux 

















L’ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 509 


engagements et un massacre considérable de Maures, la place fut 
prise, mise à sac et brûlée. Le Roi, qui combattait sur un éléphant, 
fut grièvement blessé et s'enfuit; on fit beaucoup de prisonniers, et 
beaucoup de butin fut enlevé, y compris sept éléphants de guerre, 
avec leurs tours et leurs harnachements de soie et d’or, et 2000 
canons de bronze du plus beau travail. Albuquerque fit construire 
une forteresse à l'embouchure de la rivière qui coule à travers la 
ville, avec des murs de quinze pieds d'épaisseur, avec les pierres 
tirées des ruines des mosquées. Il y avait alors à Malacca des 
marchands étrangers de Sumatra, du Pegou, de Java, de Gores, et 
de l'extrême est de la Chine, qui ayant obtenu d’Albuquerque la 
liberté de commercer, transportèrent leurs habitations près de la 
citadelle, et promirent obéissance au Portugal et de prendre sa 
monnaie courante. Les gens de Malacca souscrivirent pour 1000 
catholici de monnaie d’or et 100.000 d'argent (auream catholicos 
mille scilicet nummorum argenteam centum valore Malachenses inscrip- 
sere). En apprenant ceci le Roi de Ansiam (Siam), le roi le plus 
puissant d'Orient, auquel Malacca avait été arraché par les Maures, 
envoya une coupe d’or avec une escarboucle et une épée incrustée 
d'or comme gage d'amitié. En réponse Albuquerque lui envoya 
quelques-uns de ses hommes les plus habiles, avec des présents, 


pour explorer le pays, ce qui sans aucun doute développera la foi». !) 


1) Calendar of State Papers, Colonial Series, East Indies, China and Japan, 1513— 
1516, p. 1. 

Voici le texte même de la lettre de D. Manoel au Pape d’après la pnblication suivante : 

Corpo diplomatico Portuguez contendo os Actos e Relaçôes politicas e diplomaticas de 
Portugal com as diversas Potencias do Mundo desde o seculo XVI até os nossos dias pu- 
blicado de Ordem da Academia Real das Sciencias de Lisboa.... I, 1862, pp. 196/9, in-4. 

«Sanctissimo in christo patri ac beatissimo Domino, Domino Leoni S. addictissimus 
filius Emmanuel, Dei gratia rex Portugaliae, et Algarbiorum citra ultraque mare in Africa, 
dominus Guineae et Conquistae, nauigationis ac commercii Æthiopiae, Arabiae, et Persiae, 
atque Indiae, humillima beatorum pedum oscula. 

«Quantum Deo Optimo Maximo, quantum et tibi gratulari debeamus, beatissime pater, 


vel ex nuncio, quod nostra Indica classis proxime attulit, satis apparet. Quod enim te 


510 RENRI CORDIER. 


Outre son ambassade à Siam, Albuquerque envoya d’autres 


Pontif. Max. et S. Rom. ecclesiae et christiano orbi praesidente, tam admiranda in Dei 
laudem et gloriam gesta tam ex voto successerint, tua certe laus, tua gloria censeri debet. 
Jure ïitaque visum, quae in India Dei suffragio, ad ipsius cultum spectantia, nostris armis 
modo facta sint, ad tuam Sanctitatem summatim perscribere, etc. Igitur pacata post 
plures dubii martis victorias, non sine labore et sanguine partas, India, relictis in ea oppor- 
tunis praesidiis, Alphonsus de Albicher [Albuquerque] protocapitaneus noster, vt jacturam, 
quam superioribus annis nostri fecerant, iniuriamque vleiscerentur, auream Chersonnesum 
(Malacam accolae appellant) contendit, Ea est inter sinum magnum et Gangeticum sita, 
vrbs mirae magnitudinis vt quae viginti quinque millium et amplius larinm censeatur; 
terra ipsa foecundissima, ac nobilissimarum quas fert India mercium feracissima, etc. 

«Huc ïtaque cum instructa classe applicuisset Alphonsus, vrbem oppugnare destinat. 
Quod praesentientes Sarraceni bello se et armis praeparant, sed frustra. Nam commisso 
bis praelio nostri tandem Dei auxilio superiores plurimis ex hostibus caesis vrbem vi intrant, 
occupant, data praedae libertate diripiunt, incendunt. Rex ipse qui ex elephanto pugnabat, 
grauiter vulneratus cum superstitibus Mauris fuga sibi consuluit. In ea pugna magnus 
hostium nnmerus exiguo nostrorum damno interiit; capti plures; magna etiam ablata spolia, 
in quibus et septem ipsius regis bello assueti elephantes, suis turribus, sericis atque auro 
intextis ephippiis, illius prouinciae more, muniti, ac aeneorum omnis generis tormentorum 
ad duo millia summa arte fabricata. Capta sic vrbe, hostibusque profligatis, etc. Erant eo 
tempore Malachae plures extranei, ac diuersarum nationum mercatores, scilicet Zantri, 
Pegus, Ianaes, Gores, et ab extremo Oriente atque vltima Sinarum regione Chines, aliique 
gentiles qui vrbem commercii gratia frequentantes multis divitiis auro et argento, marga- 
ritis, et pretiosis lapillis, serico etiam vellere, ac multifariis aromatibus et odoribus affatim 
replent. Hi cum multis quoque finitimis, ab Alphonso foedus et amicitiam ultro flagitantes, 
ab ipso et benigne et fauorabiliter sunt accepti, ete. 

«Haec cum cognouisset rex de Ansiam, et gente et solo Orientem versus potentissi- 
mus, ad quem fama erat jure Malacham spectare, et à Mauris olim vsurpatam; legato ad 
praefetum nostrum destinato, qui se suosque nostro manciparet obsequio, aureum simul 
craterem cum precioso magnaeque aestimationis carbunculo, ensemque aureum adfabre elabu- 
ratum, in signum videlicet recognitionis, ac verae perpetuaeque futurae amicitiae misit: 
ad quem praefectus aliquos è nostris expertos vafrosque viros, intina regionis scrutaturos, 
cum multis etiam muneribus remisit. Vnde maximum Dei obsequium et catholicae fidei 
augmentum fore non dubitamus, rebus sic apud Malacham compositis, ete. 

&Alphonsus in Indiam reuertens. Goae vrbis praecipuam arcem, quam ipse superioribus 
annis magno nostrorum periculo, sed maiore hostium strage occupauerat, nostraeque ditioni 
et imperio adiunxerat, à Mauris obsessam reperit, et strueta etiam alia iuxta firmissima 
arce, unde raminum Thurcorum quia sex millia numero nostros coutinue infestabant. Quos 
cum adoriretur praefectus, plurimis jam trucidatis, desperata salute, pacta tantummodo cor- 
porum incolumitate, se tandem et reliqui nostri dedidere, partisque, et ibi machinarum, equo- 
rum, armorum, et huiusmodi haud contemnendis spoliis, quibusdam ‘etiam qui inter Mauros 
reperti sunt, apostatis qui à fide nostra desciuerant, debito afllictis supplicio, vrbem pristinae 


quieti restituit: Appulerat interea Dabuli vrbi, haud procul à Goa presbyteri loannis po- 





, ? 
L ARRIVEE DES PORTUGAIS EN CHINE. b11 


missions aux Moluques, au Pegou, à Java et à la Chine. Il expédia 
aux Moluques (Iles des Epices) trois navires montés par cent vingt 
hommes commandés par Antonio de ABREU, commodore Capitäo- 
mér da armada sur la Santa Catarina, Francisco SERRAo, et Simäo 


AFFONso, et une jonque pilotée par un musulman de Malacca qui 
connaissait la route; l’un des navires se perdit en voyage, mais les 
autres arrivèrent à Banda où ils passèrent quatre mois, puis ils 
retournèrent à Malacca; au cours de cette expédition, en 1512, 


Abreu découvrit Amboine et Francisco Serräo poussa jusqu’à Ternate. 


tentissimi Christicolarum domini ad praefectum nostrum legatus, qui eius nomine vt 
Christiani Christiano omnem opem, omnia ad bellum contra catholicae fidei hostes oppor- 
tuna, militum exercitus, armorum ac commeatus praesidia, vltro offerat, praesertim si mare 
rubrum suo coniunctum dominio nostra classis traïiciat, vbi commodissime vtriusque vires 
iungi possent, etc. Aderant tune ad nostrum praefectum à Narsinguae rege legati, rege 
gentili adeo potentissimo, vt mille et quingentos belligeros elephantes, armatorum equitum 
quadraginta millia, praeter innumerum peditum numerum, suo arbitrio in aciem paruo 
negotio proferre, tantumque agri possidere perhibeatnr, quantum semestri itinere vix 
emetiri possit. Huic plures reges ac satrapes parent, quorum nonnulli, maritimis oris 
proximi, nobis sunt tributarii. Apud Alphonsum Cambayae regis legatus, terra marique 
potentissimi, atque inter Mauros maximi; item a Zabayo Goe quondam domino, atque à 
Rege Grosopa, aliique complures regum, satrapumque legati, à nostro praefecto foedus, 
pacemque vltro exorantes, ac sua munera singuli afferentes, etc. 

«Inter hos successus pater beatissime, diuino suffragante numine, per universam Indiam 
plurimi Spiritus Sancti gratia igneque afllati, depositisque gentilitiis erroribus in dies, ad 
nostram religionem conuersi, veram Dei fidem agnoscunt. Ob quae Deo Opt. Max. saummae 
gratiae sunt merito referendae, quod tam procul a nostra vrbe in tam remotis regionibus, 
quo ne fama quidem sui sanctissimi penetrauerat nominis, nostra nune sedula opera suam 
veram fidem cultumque celebrari, publicari, ac propagari dignatus sit. Vnde procul dubio, 
diuina fauente clementia, sperandum est, cum nune praefectus noster ad mare rubrum, vt 
eius ostio occupato Sarracenis earum partium commercia interdicat, relictis in India oppor- 
tunis praesidiis, ingenti classe properat, vt ibi, conjunctis sub crucis vexillo presbyteri Joan- 
nis nostris viribus, maximum Dei obsequium, et Mahumeticae sectae detrimentum et 
lenominia sequatur: extremaque Orientis ora, quo et sacras Apostolorum voces intonuisse 
compertum est, Occidentali nostrae propediem iungatur, et ad veri Dei cultum, ipsius 
suffragante uumine, traducatur; S. Sedi Apostolicae, ac tuae Sanctitati, vt optimo patri 
postorique Christiani gregis more, debitum obsequium et obedientiam oblaturi. Bene valeat 
beatitudo tua, quam pientissimus. Deus diu ac felicissime conseruare et augere ad votum 
dignetur. 


«Datum in vrbe nostra vlysippona, VIII Idus Ilunias anno Domini MDXIIL.» 


Bulle de Léon 


512 HENRI CORDIER. 


Au Pégou, à l'embouchure de l’Iraouadi, dès 1511, on envoyait 
Ruy Nunez d'Acuna; les Portugais arrivèrent à Chittagong, dans 
le royaume d’Arakan, dès 1517, avec Joäo de SiLveIRA, quoique les 
annales indigènes ne mentionnent leur présence qu’en 1532. 

D'un autre côté, Albuquerque recevait des ambassades d’un roi 
de Java, d’un roi de Sumatra et d’autres princes orientaux. 


Le 3 novembre 1514, la bulle !) de Léon X Praecelsae Devotionis 


X, 3nov.1514, 


confirmait et reproduisait les bulles de Nicolas V, Janvier 1454, et 
de Sixte IV, Juillet 1481, relatives à l'investiture des terres con- 
quises et à conquérir; le Pape augmentait même les priviléges 
accordés par ses prédécesseurs au Roi de Portugal qu'il avait déjà 


félicité de ses victoires dans l'Inde. 


CHAPITRE V. 


Arrivée des Portugais en Chine. 


Lettre d’André Le passage de la lettre suivante du florentin André Corsazr 


Corsali. 


écrite à Juren de Médicis, de Cochin, le 6 janvier 1515, ne laisse 


aucun doute sur l’année de l’arrivée des Portugais en Chine, c’est- 


à-dire 1514: 


«Lannée passée noz Portugallois allerent à la Cina, toutesfois les autres ne 
les laisserent descendre en terre, disans que leur coustume est telle que nul 
estranger entre en leurs maissons, mais nonobstant les nostres firent bien leur 
proffit, vendans leur marchandise: & disent qu'il y a autant de proffit à porter 
les espisseries à la Cina, comme de Portugal, estàt là le pays froid & les espis- 
series requises: en sorte que depuis Malacca iusques à la Cina, alant vers sep- 


tentrion, il n’y sauroit avoir que cinq cens lieuës”. ?) 


1) «Datum Rome apud Sanctum petrum Anno Incarnationis dominice Millesimo quin- 
gentesimo quartodecimo, Tertio Nonas Nouembris, Pontificatus nostri Anno Secundo». 
(Corpo diplomatico Portuguez, , pp. 275—298.) 

2) De l'Afrique. ... A Lyon, Iean Temporal, 1566, H, p. 141. 


L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 513 


Dans son Aeport on the Old Records of the India Ofjice, Lond., 
1891, Sir George Birdwood écrit, p. 168: «En 1508 l'île de Socotra 
fut prise, et l’île de Sumatra visitée; ainsi que le fut la Chine en 
1508 —9, date de la première découverte de ce pays, par mer, par 
les Européens». Birdwood néglige toutefois d'indiquer la source de 
ce renseignement. 

Un autre Italien, également au service portugais, Giovanni da 
Empozr, arrivé aux Indes avec les navires du nouveau gouverneur, 
Lopo Soares de ALBERGARIA, successeur d’Albuquerque, dans une 
lettre écrite de Cochin, le 15 novembre 1515, nous dit aussi que 
les Portugais <ont encore découvert la Chine où de leurs hommes 


qui sont ici ont été» : 


Di Malaccat) sono venute navi e giunchi con molta quantità di specie, 
garofali, macis, nuce, sandali, et altre ricchezze. Hanno discoperto le cinque 
isole di garofani; e sono signori dui Portogalesi; comandano e reggono la terra 
a bacchetta: terra di molta carne, larance, limoni et arbori di garofali, che per 
sè medesimi nascono senza altro, che sono come a noi i boschi. Sono come 
melaranci, e fanno quelli rami di fiori; e quelli che sono grossi più degli altri 
sono che ili lasciano troppo stare in su li albori. Qui ci è dui che sono stati 
là tre anni, che si perderono quando di qua erano l'altra fiata, e forono stra- 
portati là; e sonvi stati sino abbiamo mandato a discoprire que’ luoghi, dove 
li abbiamo trovati. Iddio sia laudato di tanta grazia e gran cose! Non hanno 
mantenimento se non farina di arbori: i quali chiamano sagur, di che fanno 
pane. Non costa il cantaro delli garofali che trenta reali, o meno. Ancora 
hanno discoperto la Cina, ove sunt uomini nostri che qui stanno: la quale è 
la maggiore ricchezza che sia nel mondo. Sono a confini con Tartaria alta, e 
si chiamanc Balascia. Sono tutti gente bianche come nui; vestono come Alamanni 
di tutte lor sorte di abiti, cosi berrette di fodere e colletti. Sono terre murate 
come le nostre, e case di pietra come le nostre: hanno grande costruzione e 
legge, e sono molto nostri amici. La terra abbonda di tutta la seta bianca fina, 


e costa il cantaro trenta crociati; damaschini delle sedici pezze boni, a cinque- 





1) Capitoli di una Lettera, che scrive Giovanni da Empoli Fiorentino, de’ di 15 di 
Novembre 1515, in Cuccino, città d’India; venuta in Cananor per Cambaia 7 detto, e 
ricevuta in lisbona a di 22 d'Ottobre 1516. (Arckivio storico italiano, Appendice, Tome 
III, Firenze, 1846, pp. 85/88). 

Bibliot. Magliobechiana, Codice 80 della Clane XIII. 


Giovanni da 
Empoli. 


Rafael 
Perestrello. 


514 HENRI CORDIER. 


cento reali la pezza; rasi, broccati, muschio a mezzo ducato l’oncia, e meno. 
Molte perle di tutta sorte in grande abbondanzia; e molte berrette, che di là 
a qua se guadagnano d’essi de uno trenta, Viene di là cose stupende; et a dire 
il vero, niente vi conto di quello che è. Le navi portano di qua spezierie; chè 
ogni anno vi va da Zamatra da sessanta mila cantara di pepe; e di Coccin e 
terra di Mallibari, quindici in venti mila cantara pur di pepe: val quindici o 
vero venti ducati il cantaro. Simile, giengeri, macis, nuce, incenso, aloè, velluto, 
oro filato nostro, corallo, panni di lana, robe. Viene di là somedrom (sic), panni 
come li nostri, molto allume bianco, e buoni vermiglioni: molti cavagli e grandi 
trianni sono in le lor terre. Ogni cosa si vende per peso, cosi le mercanzie 
come li mantenimenti, e carni vive e morte; tutto per peso. Hanno molti grani: 
sons tante le cose grandi che di là vengono, che sono stupende: che se io non 
muoro, spero innanzi che di qui mi parta, fare un salto là a vedere il Gran 
Cane, che è il re, che si chiama il re di Cataio; che per terra si fa tre mesi 
di giornate a cavallo, tutto a lungo di uno fiume, come è il Reno, pieno di 
qua e di là di castella e città populose, infino a che si arriva a Zeiton, che è 
di detto re che si tiene.» 

«Questo anno andrà imbasciatori al Re con prefetti di conto, et io spero 
mandarvi una soma di pepe e altro; et il seguire del tutto, saperite.» 1) 


Jorge ALVAREs, une année avant que Rafael Perestrello se 
rendit en Chine, éleva à Tamäo ou «ilha da Veniaga» *) un pedräo 
de pierre avec les armes de Portugal. *) Tamäo (Port Namoa) est 
dans l’île de Hia tch’ouan, proche de l’île de Chang tch'ouan où 
mourut St. François Xavier, au sud-ouest du delta du Tehou-kiang 


rivière de Canton. Le gouverneur de Malacca, Jorge d'ALBUQUERQUE, 


1) Dans une lettre adressée le 7 janvier 1514 au roi D. Manoel par les fonction- 
naires de Malacca, on lit: «Partio daquy hum junco pera a china, de vosa alteza, em 
companhia doutros que vam la tamben a caregar, he a fazenda delle, a metade sua, e a 
metade bem dara nma chatu, e asy de permeio os gastos que sam feytos e se fizerem agora, 
daquy a dous meses ou tres esperamos por elle, que venha caregado e rico, porque nom 
ha rezam pera vir doutra maneira.» (Cartas de Affonso de Albuquerque, NI, 19038, p. 90.) 

2) Malay Vérniyaya, (to) trade, traffic, from Skt. vanijaka, merchant, vénijya, traffic. 
The word veniaga was adopted into the Portuguese vocabulary, as is entered in the dictio- 
naries with the meaning of «merchandise»; also a verb veniagar, ato sell, trafic». (Fergu- 
son, p. 9, note). 

3) «Hum pedräo de pedra com as Armas deste Reyno que elle mesmo Jorge Alvares 
alli puzera hum anno ante que Rafael Perestrello fosse âgellas partes». (Barros, Dec. III, 
Liv. VI, Ch. II, pp. 20/1). 


L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 515 


envoya, soit à la fin de 1515, soit plutôt au commencement de 
1516, pour aller «découvrir la Chine» ‘) avec une jonque marchande 
malaise, Rafael Pé£resTReLLO qui est le premier Portugais ayant 
abordé sur le continent chinois dont on ait gardé le nom; il était 
allié à Christophe Colomb qui avait épousé une de ses cousines. 
Perestrello ?) ayant tardé à rentrer, retenu captif avec trente Por- 
tugais *) le 12 août 1516, le gouverneur de Malacca Jorge de Brito, 
expédia à la Chine Fernäo Peres d'ANDRaDE avec la Santa Barbara 
et deux autres navires montés par Manoel Falcäo et Antonio Lobo 
Falcäo, ainsi qu’une jouque avec Duarte Coelho; celui-çi visita le 
Tchampa, Poulo-Condor, Patani où il signa une convention com- 
merciale, puis retourna à Malacca où Perestrello était revenu dans 


l'intervalle après avoir fait d'excellentes affaires avec les Chinoïs. *) 


Le 17 Juin 1517, ANDrape organisait un nouveau voyage: il 
équipa quatre navires portugais portant une cargaison de poivre, et 
le même nombre de bateaux malais °); il était accompagné du phar- 


macien Prres,*) désigné par Lopo Soares en qualité d'envoyé du 


1) «Ir descobrir a China» (Castanheda, Liv. III, chap. XLIX). 

2) La famille Perestrello était d’origine italienne, de Plaisance en Lombardie; Phi 
lippone Perestrello passa en Portugal vers 1371; de son fils ainé Richarte ou Rafae 
descend notre vogageur à Canton; de son quatrième enfant, Bartholomeu, descend Felipa 
Moñiz qui épousa Colomb. Cf. Henry Vignaud, Études critiques sur la Vie de Colomb 
Paris, 1905, p. 453; et Amat di S. Filippo, S/wdi biog. e bibliog., 1882, I, pp. 136/7. 

3) Lendas, II, p. 474). 

4) Barros, Dec. III, Liv. II, Cap. VI. 

5) «Une flotte de huit voiles; la Æsphera, navire de 800 tonnes commandé par lui- 
même, la Santa Cruz commandée par Simäo d’Alcaçova, le Santo Andre commandé par 
Pero Soares, et le Santiago commandé par Jorge Mascarenhas; une jonque appartenant à 
un marchand indigène de Malacca nommé Curiaraja, sous le commandement de Jorge Botelho, 
deux autres jonques appartenant au marchand Pulate, commandées par Manuel d’Araujo 
et Antonio Lobo Falcäs; et un autre petit bâtiment commandé par Martim Guedes. Ces 
vaisseaux étaient bien armés, et portaient des pilotes chinois». (Ferguson, p. 9). 

6) «Thomé Pires, filho do boticairo d'El Rey dom Joäo.... homem muyto prudente, 
e muyto corioso de saber todolas cousas da India». (Lendas, II, p. 473). 

34 


Fernäo Perez 
d’Andrade. 


Pires. 


516 HENRI CORDIER. 


roi de Portugal. Après avoir fait escale à Sumatra, Andrade arriva 
le 15 août à Tamao où il trouva Duarte CoëLno qui après avoir 
fait partie de sa première expédition, avait hiverné à Siam, et était 
parvenu à l’île chinoise un mois auparavant (juillet 1517). Laissant 
derrière lui six de ses bâtiments avec Simäo d’Alcaçova, Andrade, 
malsré les protestations des autorités chinoises, remonta la rivière 
jusqu’à Canton, et passe à Lantâo où il envoya Giovanni da Empoli 
demander au magistrat la permission, qui fut accordée, de continuer 
sa route, saluant la terre de coups de canon (septembre 1517). Les 
navires étrangers frappèrent d’étonnement les Chinois dont Andrade 
gagna les bonnes grâces par son amabilité, son honnêteté et la 
justesse de son esprit; il fut logé convenablement dans le Houai 
yuan (maison de la poste) et ses marchandises furent emmagasinées ; 
Duarte Coelho fut chargé de se rendre à Malacca pour informer le 
gouverneur de l'arrivée des Portugais à Canton. Une épidémie de 
dysenterie qui emporta Giovanni da Empoli hâta le départ d’Andrade 
qui, laissant derrière lui Pires, quitta Canton à la fin de septembre 
pour se rendre à Tamao où sa flotte venait d'être attaquée par les 
pirates qu'il repoussa, puis il rentra en septembre 1518 à Malacca, 
ayant perdu dans une tempête le Santo André, commandé par 


Pero Soares. 


Pires qui devait se rendre comme ambassadeur à Pe-king à la 
Cour de Wou-tsong (Teheng Té), partit de Canton le 23 janvier 
1520 et arriva à Nan-king quatre mois plus tard (Mai) par voie de 
terre à travers les montagnes Mei-ling, perdant en route un de ses 
compagnons, Duarte Fernandez. Quel fut son sort? Quand il arriva 
à Péking vers 1521, la nouvelle y parvint des évènements qui 
venaient de se dérouler à Canton à la suite de l’arrivée de Simäo 
d'AxDRADE et que nous relatons plus loin; l'effet fut naturellement 


désastreux. «D'un autre côté, un ambassadeur musulman était arrivé 





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L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. s) #1 


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à Nan-king, de la part du roi de Bantam, pour représenter à 
l'empereur que son maitre avait été injustement dépouillé par les 
Portugais de la possession de Malacca, et pour demander qu'à titre 
de vassal de l’Empire, il pût être placé sous la protection chinoise. 
Le gouverneur de Nan-king avait écouté ces plaintes, et il engageait 
l'Empereur à ne souffrir aucune liaison avec ces Frances avides et 
entreprenans, dont l'unique affaire était sous le prétexte du com- 
merce, d'épier le côté faible des pays où ils étaient reçus, d'essayer 
d'y prendre pied comme marchands, en attendant qu'ils pussent 
s'en rendre maîtres. On voit que dès cette époque on connaissait 
assez bien le caractère des Européens dans les contrées orientales 
de l'Asie. Ces considérations, auxquelles la conduite toute récente 
des Portugais dans les Indes, leurs audacieuses entreprises et leurs 
rapides conquêtes donnaient beaucoup de poids, n'étaient pas de 
nature à favoriser les vues de Pirès. La lettre du roi de Portugal 
à l'Empereur de la Chine, lettre dont l'ambassadeur était muni, fut 
un nouveau sujet de mécontentement. Cette pièce, écrite dans le 
style ordinaire de la correspondance des rois de Portugal avec les 
princes de l'Orient, ne pouvait étre reçue sous cette forme à la 
cour du jils du Ciel, et par l'effet d'une ruse qu’on attribua aux 
musulmans de Malacca, on en avait fait en chinois la traduction 
la plus exacte et par conséquent la plus capable de déplaire. Il 
n'en fallut pas davantage pour faire considérer Pirès comme un 
espion qui avait usurpé le titre et la qualité d’ambassadeur». !) 

Tcheng Té se trouvait en effet à Nan-king lors de l’arrivée de 
Pires auquel ïl enjoignit de se rendre à Peking où il était lui- 
même de retour en janvier 1521. 


Mais Tcheng Té étant mort le quatorze de la troisième lune (1521),°) 


1) Abel-Rémusat. — Nom. Mél. Asiat., 1, pp. 204/5. 
2) Février 1521, d’après les Annales chinoises citées par Bretschneider, Wediaeval 


Researches, 1, p. 318. — Ferguson, L.c., p. 16, écrit Mai 1521. 


Simäo de 
Andrade 


Diogo Calvo. 


518 HENRI CORDIER. 


on donna l'ordre de reconduire Pires immédiatement à Canton où il 
arriva le 22 septembre 1521, perdant encore dans le voyage un des 
siens, Francisco de Oudoya; Pires avait quitté la capitale le 22 Mai. 

Le succès de Fernäo d'Andrade excita la convoitise des Portugais: 
Antonio de Correa qui était sur le point de partir de Cochin pour 
Malacca et Canton reçut l'ordre de borner son voyage à la première 
de ces villes et Simäo de Anprape obtint du gouverneur de l'Inde 
Diogo Lopes de Sequeira d’être envoyé pour remplacer son frère Fernäo; 
il quittait Cochin en avril 1519 et arrivait de Malacca à Tamäo 
avec trois jonques commandées par Jorge Borgrno, Alvaro Fuzerro 
et Francisco Roprtsuez au mois d'août 1519; il cherchait à s'empa- 
rer de l'ile et y élevait des retranchements de pierre et de bois, 
y dressait une potence à laquelle fut pendu un matelot, réclamait 
la préséance pour ses navires en même temps que par ses atrocités 
il excitait la colère des Chinois; bloqué par ceux-ci, craignant de 
périr par la famine, Simäo fut obligé de fuir (sept. 1520), probable- 
ment avec un large butin, y compris des enfants emmenés en esclavage. 

En Mai ou Avril 1521, un navire venu du Portugal, appartenant 
à Nuno Maxon et commandé par Diogo CaLvu, une jonque avec 
Jorge ALvarez qui par suite d'une voie d'eau n'avait pu suivre 
Simäo d’'Andrade et d’autres bateaux de Malacca jetèrent l'ancre à 
Tamäo. La nouvelle de la mort de l'Empereur Tcheng Té étant 
arrivée sur ces entrefaites, ordre fut donné aux étrangers de quitter 
le pays: les Portugais, n'ayant pas terminé leur chargement, refu- 
sèrent d'obéir. Vasco Cazvo, frère de Diogo, ainsi que d’autres 
Portugais qui se trouvaient à Canton y furent arrêtés et jetés en 
prison: des jonques étrangères furent brûlées ou coulées et Diogo 
lui-même fut avec ses navires bloqué à Ta-mäo. 

Le 27 juin 1521, deux jonques dont l’une commandée par 
Duarte CogLuo arrivaient à Ta-mäo rejoindre les trois navires de 

= 


Diogo; cette petite flotte fut grossie par la venue de deux batiments 


LA 


L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 519 


d'Ambrosio do RzGo; les trois chefs prirent la résolution de se réfu- 
gier avec ce qui restait de leurs équipages sur trois des navires et 
mirent à la voile le 7 septembre, mais attaqués le 8 au matin par 
les Chinois ils auraient inévitablement succombé si un coup de vent 
du nord n'avait soufilé d’une façon opportune pour favoriser leur 
fuite à Malacca où ils arrivèrent en octobre 1521. 

Sur ces entrefaites Pires reconduit par ordre de l'Empereur Kia 
Tsing, successeur de Tcheng Té, arrivait à Canton le 22 septembre 
1521. «Les historiens portugais disent qu'il périt en prison; mais 
il est certain qu'il en sortit, après avoir été soumis, ainsi que 
douze de ses compagnons à des tortures si cruelles que cinq en 
moururent. Les autres furent bannis séparément en différentes par- 
ties de l'empire. Pires, qui était de ce nombre, se maria dans le 
lieu de son exil, et convertit au christianisme sa femme et les 
enfants qu’il eut d'elle.» !) 

F. M. Pinto raconte en effet que passant dans la ville de 
Sempitay, il rencontra une femme qui lui fit voir une croix tatouée 
sur son bras gauche, commença en portugais à réciter le Pater 
noster, et le conduisit chez elle ainsi que ses compagnons; elle leur 
montra un oratoire, leur déclara qu'elle se nommait Inez de Leyria 


et que son père était: 


«Tomé Pirez, lequel du Royaume de Portugal auoit esté enuoyé pour 
Ambassadeur vers le Roy de la Chine; & que pour vne rebellion qu’vn Capi- 
taine Portugais auoit faicte à Canten, les Chinois le prenant pour vn espion 
non pour vn Ambassadeur, tel qu'il se disoit estre, l’auoient arresté prisonnier, & 
deux hômes auec luy, d’où il s’estoit ensuiuy que par l'ordonnance de la Justice 
cinq d’entreux auoient eu la question, & tant de coups de foüet qu'ils en 
estoient morts à l’instant; que pour le regard des autres ils auoient esté bannis 
en diuers lieux, où ils estoient morts mangez des poulx; Que neantmoins il y 
en auoit vn encore viuant, qui se nomoit Vasco Caluo, natif d’vn lieu de nostre 


païs nomé Alcouchete. Ce qu’elle confirmoit auoir ouy dire plusieurs fois à son 


1) Abel-Rémusat, Z. ec, p. 205. 


Pires. 


Fernäo de 
Andrade. 


520 HENRI CORDIER. 


Pere, non sans en respandre des larmes à chasque fois qu’il en parloit, Qu’au 
demeurant son pere ayät esté banny en ce lieu, il s’y estoit marié auec sa mere 
qui pour lors auoit quelque peu de bie, & l’auoit faicte Chrestieñe, dont l’vn 
& l'autre auoit tousiours vescu fort Chrestiennement par l’espace de 27. ans 
qu'ils auoièt esté ensemble, conuertissant plusieurs (Gentils à la foy de Iesus- 
Christ, dont il y en auoit encore plus de trois cent dans la ville qui s’assembloient 


tous les Dimanches dans sa maison pour y faire le Catechisme.» ?) 


Ceci se passait en 1543. 

Pinto mentait et Rémusat se trompait. 

À son retour à Canton, le malheureux Pires au lieu d’être traité 
avec honneur ainsi qu'il l'avait été avant son départ pour Pe-king, 
ne tarda pas à rejoindre ses compatriotes en prison; le 14 août 
1522, ils étaient enchaînés, pieds et poings; quelques uns mouru- 
rent de faim, d’autres furent étranglés; Pires mourut de maladie, 
en mai 1524, dans sa prison de Canton: de son ambassade, il ne 
resta que Christoväo Vieira qui a laissé une relation fort intéres- 


sante ?) des maux qu'il a endurés, un persan d'Ormouz, et un jeune 
homme de Goa; des autres Portugais, seuls demeuraient vivants 
Vasco Calvo et un garçonnet nommé Gonçalo. 

Pinto a également raconté qu’il avait rencontré Vasco Calvo dans 
l’intérieur de la Chine; cette seconde histoire n’est pas plus vraie 
que celle de Pires. 

W. F. Mayers qui donne à tort la date de 1517 comme celle 


de l’arrivée des étrangers à Canton, traduit d’un ouvrage sur l’Art 


1) Les Voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto... trad. par Bernard Figuier... 
Paris, 1628, pp. 418/9. 

2) Donald Ferguson, Z. c., pp. 103 seq. — Letters from Portuguese Captives in Can- 
ton, Written in 1534 and 1536 With an Introduction on Portuguese Intercourse with 
China in the First Half of the Sixteenth Century. By Donald Ferguson. — [Reprinted 
from the Zxdian Antiquary | Bombay, 1902, pet. in-8, pp. 166. 

Contient les deux lettres de Christoväo Vieyra et de Vasco Calvo, texte portugais et 
traduction anglaise, d’après un MS. de la Bibliothèque nationale, de Paris. — L’ouvrage 


de M. Ferguson est de beaucoup ce qu’il y a de mieux sur la question. 


L’ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 521 


de la Guerre publié en 1621, sous la dynastie des Ming, le passage 


suivant relatif à Fernäo de Andrade !): 


«Kou Ying-siang dit ce qui suit: Fo-lang-ki est le nom d’un pays, et non 
d’un canon. Dans l’année ting-tch'eou du règne Tcheng té (1517), j'exerçais les 
fonctions de surveillant dans le Kouang-toung, et j'étais Commissaire p.1. pour 
les Affaires maritimes. 11 arriva tout-à-coup (à cette époque) deux grands navi- 
res de mer qui se rendirent directement à la station de poste Houai-yuan de 
la ville de Canton, disant qu'ils avaient apporté le tribu du pays de Fo-lang-ki. 
Le maître des navires était nommé Aa-pi-lan. Tous les gens a bord avaient 
des nez proéminents et des yeux profondément enfoncés, portant des turbans 
de linge blanc autour de leurs têtes, suivant la coutume des Mahométans. La 
nouvelle en fut portée immédiatement au Vice-Roi, Son Excellence Tch'èn Si- 
hien, qui honorait alors Canton?) de sa présence et qui donna des ordres, 
comme ces gens ne connaissaient rien de l'étiquette, qu'ils fussent instruits 
pendant trois jours des cérémonies convenables dans le Kouang Hiao Sseu (la 
mosquée mahométane): après quoi, ils furent introduits. Comme on trouva que 
le Ta Ming Houei Tien [Recueil des lois de la dynastie Ming] ne contenait 
aucune mention de tribut reçu de la nation en question, un rapport complet 
de l'affaire fut transmis à Sa Majesté, qui consentit à l’envoi [des individus et 
des présents] au Ministère [des Rites]. A cette époque Sa Majesté faisait un 
tour dans les provinces du sud, et [les étrangers] furent laissés dans le même 
logement que moi pendant près d’un an. Quand sa presente Majesté monta sur 
le Trône [c’est-à-dire l'Empereur Che Tsoung qui succéda au Trône en 1521], 
en conséquence de la conduite irrespectueuse de la part [des étrangers], linter- 
prète [Pires] fut condamné à la peine capitale et ses hommes furent renvoyés 
prisonniers à Canton, et expulsés hors des frontières de la Province. Pendant 
le long séjour fait par ces gens à Canton, ils manifestèrent particulièrement 
leur penchant pour l'étude des écritures bouddhiqnes. Leurs canons étaient faits 


de fer et avaient cinq ou six pieds de long....» 


Cependant Dom Manoel qui ignorait tous ces évènements envoyait 
de Cochin une nouvelle flotte de quatre navires sous les ordres de Martim 
Affonso de Merro Courinuo sur la Conceiçäo, avec ses deux frères 
Vasco Fernandes Coutinho et Diogo de Mello, et Pedro Homem 


qui quitta Malacca le 10 juillet 1522; Coutinho était chargé de 


1) Notes and Queries on China and Japan, Sept. 1868, pages 129—130. 


2) La résidence des vice-rois était alors Tchao K’ing fou. 


Mello 
Coutinho. 


522 HENRI CORDIER. 


conclure un traité de paix avec la Chine et d'obtenir l'autorisation 
de construire une forteresse à Tamäo où il arriva au mois d’août 1522. 
Sur l’ordre de Jorge de Albuquerque, gouverneur de Malacca, Duarte 
Coelho et Ambrosio de Rego, furent contre leur gré, embarqués sur la 
flottille de Coutinho. Mais une importante flotte chinoise vint atta- 
quer les Portugais qui furent massacrés en grand nombre et parmi eux 
Pedro Homem: Coutinho avec ce qui lui restait de ses navires 
échappa à grand peine à Malacca où il rentra le 22 octobre. 

Le dominicain Gaspar da Cruz nous dit que les Portugais étaient 
tellement exécrés des Chinois que ceux-ci les désignaient sous le 
nom de fancui (fan-kouei, diables étrangers); plus tard ils furent 
appelés fan-jen (hommes étrangers) quand ils eurent consenti à payer 
les droits de douane. !) 

onu Un des compagnons de Fernäo de Andrade, Jorge MascarENHaS, 
envoyé avec des jonques aux îles Lieou-Kieou, qu’il n’atteignit pas, 
visita plusieurs ports du Fou-kien, en particulier Tchang tcheou 
(Chin-cheo), et du Tehe-Kiang, et, quelque temps après, les Portugais 
s'établirent sur la rivière Yong, à Liampo, entre l'embouchure, 
Tchin-haï, et Ning-po. Les exactions des Portugais et, en particulier, 
le massacre sans raison de tout un village, par Lancerote P£ReTRA, 
attirèrent la colère des Chinois sur la colonie portugaise. Elle fut 
complètement détruite en 1545: 12000 chrétiens, dont 800 Portugais, 
furent anéantis et 80 navires ou jonques brûlés: on m’a montré 


jadis l'endroit où avait eu lieu cette grande exécution. 


ont Un autre établissement que, probablement sur les conseils de Jorge 
e Tchang 


tcheou.  Mascarenhas, les Portugais avaient créé au sud de Liam-po, dans le 


Fou-kien, à Chin-cheo (Tchang-tcheou), subit le même sort en 1549 ?). 


1) Purchas, Second Part, I, Chap. 10, pages 166— 198. 
2) «No anno de 1542 jé tinham os portuguezes um estabelecimento consideravel na 
China, a que deram o nome de cidade de Niampd, ou Liampd, na costa oriental do imperio. 


a 30 graus N. En 1549 fundaram outro estabelecimento em Chim-Chée». (Biker, Macau, p. 14), 


L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 5238 


Chassés de Canton, du Fou-kien et du Tche-kiang, les Portugais, Etablissements 
: ; du Kouang 
réduits à faire le commerce dans les îles qui bordent le Kouang-  Toung. 
toung, et en particulier dans celles qui se trouvent dans l'estuaire 
du Tchou-kiang, s’établirent dans les îles de Chang-tch'ouan [Sancian] 
et de Lampacao, près de Macao. C’est dans cette dernière île que 


se réfugièrent trente Portugais qui avaient échappé au carnage de 


Tehang-tcheou. 


Mr. Donald Ferguson, /. e., p. 39, considère l’histoire des mas- 
sacres de Liampo et de Chincheo comme «pure fiction» et il doute 
qu’une île du nom de «Lampacau» ait jamais existé ailleurs que 
dans la cervelle de Pinto. L'ile est indiquée dans la PI. 56 du Petit 
Atlas Maritime de 1764. 

Nous possédons la relation de la captivité du portugais Galeoto 
Pereira retenu longtemps à Fou-tcheou et qui vante la courtoisie 
des habitants auxquels il rendit visite !). 

Fraxçois-XAvIer, après avoir évangélisé les Indes et le Japon, 
se préparait à pénétrer en Chine, lorsqu'il mourut au seuil de la 
terre promise, dans l'île de Sancian (décembre 1552). Le lieu de sa 
mort fut l'objet d'un pélerinage qui attira un si grand nombre de 
Portugais que les fonctionnaires chinois restreignirent le commerce 


étranger à la seule île de Lampacao. 


«Anno de 1542. — Por este tempo tinhäo jà os Portuguezes hum consideravel esta- 
belecimeuto, a que daväo o nome de cidade, em Liampé (ou Limpé, ou antes Nim-p6) na 
costa oriental da China a 30° septembr. D’aqui passäräo a fazer outro estabelecimento em 
Chinchéo pelos annos 1549, e ultimamente vieräo a fundar o de Macao, na ponta do sul 
da ilha de Gaoxam (ou Yanxan) em 1557, de que adiante se fallara». (Zndice chronologio, 
pp. 166—167.) 

1) When we lay in prison at Fuquico, we came many times abroad, and were brought 
to the Palaces of Noble men, to be seene of them and their wiwes, for that they had 
neuer seene any Portugall before. Many things they asked vs of our Countrey, and our 
fashions, and did write euery thing, for they be curious in nouelties aboue measure. The 
Gentlemen shew great curtesie vuto strangers, and so did we finde at their hands....» 
(Purchas, Pilgrimes, 111, 1625, p. 204.) 


Fondation de 
Macao. 


524 HENRI CORDIER. 


Nous connaissons pas Correa l'expédition envoyée en 1543 par 
le gouverneur Martino Affonso de Sousa sous les ordres de son 
protésé Jeronymo Gomes ‘) qui tira un profit énorme de sa cargaison 
de poivre, ce qui ne l’empêcha pas de rentrer à Malacca sans une chemise, 
ainsi que l'aventure en 1544 d’Alonso Auriques de SEPULVEDA qui 
autorisé à transporter une cargaison de poivre en Chine, tenta de 
s'emparer du fort de Malacca pour prendre la place de Simäo BoreLno, 
puis se reudit au lieu de Canton à Tenasserim où il vendit ses 
marchandises et finalement échoua sur la côte de Siam où il fut 
mis à mort par les habitants ?). 

Enfin, depuis 1554, selon Gaspar da Cruz, Leonel de Souza, 
originaire d'Algarve, conclut un arrangement avec les Chinois par 
lequel les Portugais paieraient les droits dans les ports et auraient 


le privilége d’y faire le commerce. 


CHAPITRE VI. 
Arrivée des Portugais à Macao. 


À quelle époque et dans quelles conditions les Portugais occu- 
pèrent-ils Macao? Quelques historiens prétendent que les Portugais, 
ayant aidé les autorités chinoises du Kouang-Toung à détruire les 


innombrables pirates (ladrones) qui désolaient l'estuaire de la rivière 


1) «E assy foy despachado pera hir 4 China Jeronymo Gomes, priuado do Gouernador, 
em huma boa nao carregada de pimenta, com grandes poderes de capitäo m6r, que lâ nom 
fosse ninguem senäo quem elle quigesse; o qual l foy, e fez tanto dinheiro que nom fal- 
lara seuño por cento ou cento e cincoenta mil cruzados: com que n’elle entrou tanta soberba 
e vaydade, que dizia que jä nom tinha poder a fortuna pera lhe tirar seus cem mil cru- 
zados; mas Devs, por Ih’amansar a soberba, permitio darlhe tal reués que veo de Malaca 
pera a India sem ter huma camisa». (Correa, Lendas da India, IN, Pr. I, p. 307.) 

2) «Alonso Anriques de Sepulueda, fidalgo muyto honrado que estaua em Malaca 


esperando monçäo perä China, pera onde hia com huma uao carregada de pimenta». 
(Lendas da India, IV, p. 416.) 


L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 525 


de Canton, obtinrent la permission de s'établir dans la partie de 
l'ile de Hiang-chan 7 LL, consacrée à la déesse !) A-ma, dont le 
port A-ma-ngao Hi HE pl ou MVgao-men pr FA est l'origine du 
nom de Macao. Le Ming che, cité par Bretschneider (Wediœval Res., 
II, pp. 318—9), donne 1549 comme date de la fondation de Macao. 
D'autres historiens placent en 1557 ?) la création de cette ville, qui 
reçut le nom de Cidade do nome de Deos de Macao. Suivant les 
Chinois, l'établissement des Portugais à Macao serait antérieur. 

Robert Morrison écrit: «Des étrangers de Macao, tribu de l'Océan 
occidental (Europe), commencèrent à arriver dans la trentième année 
de Kia-ts’'ing>» *). 

Abel-Rémusat donne la traduction du texte chinois relatif à 


l'établissement des Européens à Macao: «La 32° année Kia-thsing 
(1553), des vaisseaux étrangers abordèrent à Hao-king; ceux qui 
les montaient racontèrent que la tempête les avait assaillis, et que 
l'eau de la mer avait mouillé les objets qu’ils apportaient en tribut. 
Ils désiraient qu’on leur permit de les faire sécher sur le rivage de 
Hao-king. Wang-pe, commandant de la côté, le leur permit. Ils 
n'élevèrent alors que quelques dizaines de cabanes de jonc. Mais 
des marchands, attirés par l'espoir du gain, vinrent insensiblement, 
et construisirent des maisons de briques, de bois et de pierres. Les 


Fo-long-ki (Francs) obtinrent de cette manière une entrée illicite 


- 


1) Tien Heou, Souveraine du Ciel. 

2) «Em 1557, a requerimento dos proprios chinois (sezundo escrevem os nossos autores) 
alcançaram dos mandarins de Cantäo licença para commerciarem em Macao, ficando todavia 
inhibidos de se alargarem pelos demais portos do imperio, concedendo-se-lhes a faculdade 
de irem äs feiras de Cantäo. En 1583 e 1585 alcançaram os portuguezes estabelicidos en 
Macau licença do vice-rei de Cantäo, com autoridade do imperador, para entre si admi- 
nistrarem justiça aos seus, em 1587 tweram licença do dito vice-rei CAin-su-g para 0 
mesmo effeito, sendo j4 täo sensivel o augmento e riqueza do colonia portugueza, que 08 
nossos Îhe pozeram o nome de cidade do Nome de Deus de Macau». (Biker, Macau, p. 14). 

3) View of China, p. 13, trad. du Nyao-men ki lio. 


D’après un 
ouvrage dif- 
férent. 


526 HENRI CORDIER. 


dans l'empire. Aïnsi les étrangers commencèrent à s'établir à Macao 
du temps de Wang-pe» !). 

Le Père de Marsa?) ou plutôt son éditeur, raconte ainsi 
l'établissement des Portugais à Macao: «Macao, en chinois Ngao- 
nan), est une petite île remplie de rochers qui la rendent de 
difficile accès; elle servoit autrefois de retraite aux pirates qui dé- 
soloient les côtes voisines. Les Portugais qui alloient aux Indes, 
ayant abordé à l'île de Sancian, pour commercer avec les Chinois, 
& la trouvant déserte, bâtirent sur la plage quelques cabanes, qui 
leur servoient d’abri en attendant leur cargaison: aussi-tôt que 
leurs vaisseaux étoient chargés, ils remettoient à la voile, abandon- 
nant ainsi leurs petites habitations. Le gouvernement chinois qui 
avoit à coeur de détruire les écumeurs de mer, proposa de leur 
céder Macao, à condition d’en chasser les pirates: ces étrangers 
saisirent cette occasion de s'établir en Chine, & quoiqu'inférieurs 
en nombre aux brigands, ils vinrent à bout de les expulser & for- 
mèrent une bourgade très-peuplée ». 

Dans une Requête de Tchin-mao contre les Européens au 
XVIII siècle, je note les renseignements suivants relatifs aux dé- 
buts des relations des Etrangers avec les Chinois: ‘) «Pendant les 
années Aong-tchi (depuis l’an 1488 jusqu’en 1491), les Européens 
faisoient leur commerce à Canton & à Ning-po; dans les années 
dites Æia-tsing (elles ont duré depuis l’an 1522 jusqu’en 1566), un 
pirate, appelé Tchang-si-lao, qui rodoiït sur les mers de Canton, 
s'empara de Macao, & assiégea la capitale de la Province. Les mar- 
chands Européens, que les mandarins appellèrent à leur secours, 
firent lever le siége, & poursuivirent le pirate jusqu’à Macao, où ils 
le tuèrent. Le Tsoug-tou manda à l'empereur le détail de cette 


1) Nouveaux Mélanges asiatiques, 1, 1829, pages 328—9. 
2) Uist. de la Chine, XI, p. 41 note. 
3) Lire Nyao-men. 4) Ibid., p. 331 note. 


y 4 
L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 527 


victoire; & S. M. fit un édit par lequel il accordoit Macao à ces 
marchands d'Europe, afin qu'ils pussent s’y établir. Enfin, dans la 
première année de T'ien-ki (l'an 1621), les pirates ayant profité 
des troubles qui désoloient l'empire, vinrent attaquer Macao. Les 
Européens furent au-devant d'eux; & dans une action, ils tuèrent 
plus de mille cinq cens de ces misérables, & firent une infinité de 
prisonniers. Le Tsong-tou & le Fou-yuen rendirent compte de cette 
victoire à l'empereur, qui, en considération de ces services, combla 
d'éloges et d’honneurs ces Européens, &c.» 

Le P. Du Harpe raconte les faits de la même manière et ter- 
mine ainsi: ') «Le Tsong-tou ayant fait sçavoir à l'Empereur le 
détail de cette victoire, ce Prince publia un Edit, par lequel il ac- 
cordoit Macao à ces Marchands d'Europe, afin qu’ils pussent s’y 
établir ». 

À la fin du XVIII® siècle, le voyageur français SONNERAT ra- 


contait ainsi l'origine de la colonie portugaise: 


«Avant que la rivière de Canton fut connue, & que les vaisseaux Euro- 
péens abordassent à la Chine, les caravanes alloient chercher les productions 
du sol & de l'industrie, pour les distribuer ensuite dans toute l’Europe; elles 
en retiroient des profits considérables, & l'on trafiqua de cette manière jusqu’à 
ce que les Portugais, maîtres de l'Inde, virent la nécessité de fonder le com- 
merce maritime de la Chine: c'est en 1518 que leurs premiers bâtiments mouil- 
lerent à Canton; à cette époque, cette Province etoit infestée par des brigands 
qui, placés à l'entrée de la rivière sur des isles appellées aujourd’hui /sles des 
Larrons, sortoient de leur retraite, pour enlever les vaisseaux Chinois: ceux-ci 
foibles & lâches n’osoient plus quitter leurs ports, ni combatre une poignée 
d'hommes qu'une vie dure rendoient entreprenans; ils se contentoient de les 
appeller Sauvages, & il fallut qu'une Nation Européene leur apprit que ces 
Sauvages n’étoient point invicibles. 

Intéressés à les détruire, les Portugais voulurent s’en faire un mérite auprès 
des Chinois. Ils offrirent leurs services, qu'on s’empressa d’accepter. Les Chinois 
armèrent conjointement avec eux, se réservant seulement de n'être que simples 


spectateurs. Les Portugais gagnèrent bataille sur bataille, & purgèrent enfin le 


1) Desc. de la Chine, 1, p. 234. 


SONNERAT. 


Barrière de 
Macao. 


Situation de 
Macao. 


528 HENRI CORDIER. 


pays de ces brigands si redoutés. Pour prix de leurs victoires, ils obtinrent une 
petite île sèche & aride, à l'entrée de la rivière de Canton, où ils bâtirent 
Macao: ils eurent aussi de très-beaux priviléges dont ils ont été privés dans 
Ja suite. On leur a laissé Macao, mais les Chinois ont élevé un fort qui com- 
mande la ville & la citadelle Portugaises &, à la moindre plainte on leur, 


intercepte les vivres.» 1) 


Plus tard, dans la seconde année de la période Wan-li (1575), 
les Chinois construisirent une barrière appelée par les Portugais 
Porta do Cerco, pour séparer Macao du reste de Hiang-chan. Il ne 
faudrait pas croire toutefois que les Chinois eussent abandonné tout 
droit sur Macao; en réalité, les Portugais y étaient les vassaux des 
Chinois. Ces derniers ne manquèrent jamais de faire valoir leurs 
droits: ainsi, ils s'opposèrent au débarquement des Anglais en 1802 
et en 1808, époque à laquelle l'amiral Drury fut reçu à coups de 
canon. D'ailleurs, depuis 1582, les Portugais payaient aux autorités 
chinoises une redevance de 500 taels par an. En outre, il y avait 
une double. douane à Macao: l’une chinoise, l’autre portugaise. 
Aucun vaisseau étranger, en dehors des Portugais et des Espagnols 
de Marseille, n'était autorisé par les Chinois à venir faire le com- 
merce à Macao: l'intérêt même des habitants de Macao ne pouvait 
que leur faire approuver cette mesure. Les Portugais étaient même 
obligés de payer pour leurs navires le droit d'ancrage et de mesurage. 
Leur avantage sur les nations étrangères était de n'avoir à payer 
aux douanes du Céleste Empire que la même taxe que les mar- 
chandises chinoises. 

Macao est situé par 22° 11’ de lat. N. et 111° 13° de long. E. 
de Paris, sur une péninsule rocheuse dépendant de l’île et du 
district chinois de Hiang-chan, à l'entrée occidentale de la rivière 


de Canton; au large, au sud-est se trouvent les îles de Macarera 





1) Voyage aux Indes et à la Chine, 1782, II, pp. 6/7. — Félix RENouaRD de 
St Croix raconte une histoire à peu près semblable dans son Voyage commercial et poli- 
tique aux Indes Orientales, 1810, I1I, pp. 70/1. 





L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 529 


et Typa, le bras de mer qui les sépare de terre est désigné sous le 
nom de Typa <road», ou de Chap Tze Men (Che tseu men), à l'ouest 
s'étend l’île de Tui Mien Chan, ou de Patera, désignée aussi sous 
le nom de Lappa ou de Kong pa; le port intérieur est formé entre 
cette île et Macao; au fond de la baie sur la côte de Hiang-chan, 
s'élève la ville entourée de murailles Chien-chan désignée par les 


Portugais sous le nom de Casa Branca !). 


CHAPITRE VII. 
St. François Xavier et les Missions. 


Toutes les nouvelles possessions portugaises, depuis Madère 
jusqu'aux Indes, étaient soumises à la juridiction ecclésiastique de 
l'ordre du Cnrisr dont le Prince Henri avait été Grand Maître; 
leur Supérieur ecclésiastique, indépendant de tout évêque, était le 
vicaire de THomar, ville du Portugal dans l'Estramadure fondée 
sur le versant oriental des montagnes qui dominent les plaines de 
Batalha et d’Alcobaça, en 1180 par les Templiers; à la destruction 
de ceux-ci, Thomar passa à l’ordre du Christ dont elle devint le 
chef-lieu. 

Le Roi, Dom Manoel, avait fondé à Funchal, dans l’île de 


Madère, une église sous le vocable de Notre-Dame desservie par un 


1) L'ouvrage le plus fréquemment cité pour l’histoire des premières relations de la Chine 
avec le Portugal est celui du Suédois Ljungstedt: 

— An Historical Sketch of the Portuguese Settlements in China; and of the Roman 
Catholie Church and Mission to China. Boston, 1836, in-S. — Cf. Bibhotheca Sinica, 
col. 2310—1. 

Il est rempli d'erreurs dont quelques — unes ont été relevées dans le livre suivant: 

— Historic Macao. By C. A. Montalto de Jesus. Hongkong, 1902, in-8. 

Il faudra aussi corsulter outre les historiens portugais, l’ouvrage de D. Ferguson, cité 


à diverses reprises. 


Evêché de 
Funchal. 


530 HENRI CORDIER. 


vicaire de l'Ordre du Christ, lieutenant du vicaire de Thomar, et 
par quinze prètres séculiers qui jouissaient des bénéfices qu'on 
nommait portions. Sur la demande de ce prince, le Pape Léon X, 
par une bulle datée de Rome, 12 juin 1515, érigea Funchal en 
siége épiscopal; par suite il supprima la vicairie de Notre-Dame 
et assigna pour dot à cette église: 1° les revenus précédemment 
attachés à la vicairie supprimée; 2° 500 ducats à prendre tous les 
aus, avec le consentement du Roi, sur les revenus que Dom Manoel 
tirait de l’île Madère. Au lieu du vicaire et des quinze bénéficiaires 
attachés précédemment au service de l’église, le pape créa quatre 
dignitaires, savoir un doyen, un archidiacre, un chantre et un 
trésorier, et douze chanoines; le pape réservait au Roi de Portugal 
le droit de présentation à l'évêché auquel fut nommé Diego PiNHerRo, 


vicaire de Thomar, qui mourut en 1526. 


Diocèse de Goa. Par une bulle du 31 janvier 1534, Crémenr VII, à la requête 


de Joäo III, successeur de Dom Manoel, érigea Goa en un évêché !), 
détaché de celui de Funchal. D'autre part, par la même Bulle, 
’évêché de Funchal était fransformé en un archevêché dont Goa 
était suffragant; ce dernier diocèse devait s'étendre du Cap de Bonne 
Espérance à l'Inde et à la Chine; sur ces entrefaites, Clément VIT 
mourait le 25 septembre 1534, avant que cette Bulle eût été expé- 
diée, mais Pau IIL, son successeur, la ratifia par sa propre Bulle 
du 3 novembre suivant et en ordonna l'exécution. 

À cause de la grande distance, par une Bulle du 8 juillet 1551, 


le Pape Jures IIL réduisit l’archevêché de Funchal à son ancien 


1) Avant l’érection de Santa Catharina de Goa en évêché en 1534, il y eut quelques 
évêques aux Indes, par exemple Duarte Nunes, des Frères Prêcheurs, sacré évêque de 
Laodicée; + en 1528; et Fernando Vaqueiro, de l'Ordre Séraphique, qui était aux Indes 
en 1532. Les deux premiers évêques de Goa furent: Francisco de Mello, fils de Manoel 
de Mello et de Brites da Sylva, sacré évêque de Goa, en 1532; f au moment de s’embar- 
quer; et Joäo de Albuquerque de l’ordre de St. François, de la Province de Piedade, par 
bulle du 11 avril 1537; passa à Goa et + 28 février 1553. Cf. Antonio C. de Sousa. 


4 2 
L ARRIVEE DES PORTUGAIS EN CHINE. 531 


état d’évêché et le rattacha ainsi que Goa comme suffragant à 
l’archevêché de Lisbonne. 

On ne tarda pas à s’apercevoir des inconvénients qui résul- 
taient à cause de la distance du rattachement de Goa à Lisbonne, 
aussi par une Bulle du 4 février 1557/8, la troisième année de son 
Pontificat, sur la demande de D. Sébastien, le Pape Pauz IV érigea 
Goa en archevêché indépendant. ‘) Par deux autres bulles du même 
jour, le Pape érigea les églises de Cochin (S. Cruz) et de Malacca 
(Assumtae Virginis) en évêchés et les donna pour suffragants au 
nouvel archevêché de Goa, dont ils avaient été démembrés. Quant 
à l'étendue respective des trois diocèses, Goa, Cochin et Malacca, 
le Pape chargea l’Archevêque de Lisbonne d’en régler les limites, 
et de décider des questions, sauf le recours au Saint Siége, si de 


trop grandes difficultés surgissaient. ?) 


Le développement considérable du Christianisme aux Indes était 


dû à l’apôtre du nouvel ordre religieux créé par Icxace de LovoLa: 


ançois de 


François de Xavier. François de Jassu y Xavier est né le 7 avril Ho 


1506, fils de Juan de Jassu et de Maria de AzrircuerA, fille de 
Martin de Azpilcueta et de Juana de Azxarez, héritière de Xavier: 
Xavier est un castillo à deux lieues de Sanguessa dans la Navarre 
près de la province d'Aragon; quant à Jassu (en basque Yatsou) 
c’est un village à une lieue de Saint-Jean-Pied-de Port. Au com- 
mencement de septembre 1525, François fut envoyé à Paris pour 
étudier à l’Université, célèbre alors dans le monde entier. Ce fut 
dans la capitale de la France que le jeune gentilhomme navarrais 
fit la connaissance d’Ignace de Loyala et il ne tarda pas à subir 


l’ascendant de son actif et enthousiaste compatriote. 


1) Le premier archevêque parait avoir été Gaspar de Lea6, chanoine d’Evora (1560—1567). 
2) Note sur les érections des Evêchés et Archevêchés de Funchal ou Madère, de Goa, 


de Malacca et de Cochin. — Bib. Nationale, MS. Bréquiqny, 58. 
35 


Création de 
la Compagnie 
de Jésus. 


532 HENRI CORDIER. 


Isnace de Loyoca, né en 1491, au chateau de Loyola, soldat 
énergique, fat grièvement blessé le 20 Mai 1521 à Pampelune qu'il 
défendait contre les Français. Pendant sa longue convalescence, 
frappé d’une grâce soudaine, il résolut de se vouer désormais au 
service du Christ; après avoir étudié à Barcelone, à Alcala, à 
Salamanque, il arriva enfin à Paris au commencement de février 
1528. Il gagna à ses idées Pierre Lerèvre, François de Xavier, 
Jacques Larnez, Alphonse Sazmero, Nicolas ALPHoNse surnommé 
BoBanizra et Simon Rodriguez d'Avepo, tous espagnols, sauf le 
premier qui était savoyard. Le 15 août 1534, les sept compagnons 
«promettent à Dieu qu'après avoir achevé leur cours théologique 
ils se rendront à Jérusalem pour sa glorification; mais que, si au 
bout d’une année il ne leur est pas possible d'arriver à la Ville 
Sainte ou d'y demeurer, ils iront se jeter aux pieds du Souverain 
Pontife et lui jurer obéissance sans acception de temps ou de lieu.» !) 

François de Xavier quitte Paris le 15 novembre 1536; il retrouve 
Ignace à Venise le 8 janvier 1537; il est inutile de raconter ici 
le séjour de trois ans que fit François en Italie. Rappelons seule- 
ment quelques faits importants: Le Pape Paul III (Alexandre 
Farnese) accuellit Ignace, Lefèvre et Lainez et approuva à Tivoli, 
le 3 septembre 1539, l'Institut qu'ils se proposaient de créer; le 27 
septembre 1540, le même Souverain Pontife proclamait la bulle 
Regimini militantis Ecclesiae qui constituait le nouvel ordre sous le 
nom de Compagnie de Jésus; ce nom qu'avait voulu changer Sixte- 
Quint fut approuvé avec les Constitutions par Grégoire XIV dans 
sa bulle Æcclesiae catholicae; Ignace était élu Général par ses 
compagnons le 13 avril 1541; le 17, il acceptait cette charge. Nous 
n'avons pas à rechercher ici les circonstances qui rendirent si rapides 


les succès du nouvel ordre religieux appelé à jouer au milieu du 


1) J. CRériNEAU-JoLy. — Hist.... de la Compagnie de Jésus. Paris, 1846, I, p. 28. 


L] LA 
L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 533 


siècle de la Réforme, le rôle militant des ordres mendiants, Fran- 
ciscains et Dominicains, au commencement du XIII® siècle. Le 
nouvel ordre religieux allait trouver son apôtre dans François de 
Xavier. 

Le roi de Portugal, Joäo III, comprit quels auxiliaires il pou- 
vait trouver daus les jésuites qui apportaient à leur œuvre la foi 
et l'enthousiasme des premiers croisés; quelle aide ils pourraient lui 
apporter par l'évangélisation des vastes possessions d’outremer qui 
formaient un immense empire colonial que déjà il avait peine à 
maintenir dans son intégrité, Joäo III, chargea done son ambassa- 
deur à Rome, Pedro de Mascarennas, de demander au Pape six 
missionnaires pour les Indes Orientales. Seul François de Xavier 
était disponible; il fut désigné par Ignace le 14 mars 1540 pour 
se rendre à ce nouveau champ de luttes où le zèle du premier 
apôtre de l'Extrême Orient allait ouvrir la route que devaient suivre 
avec tant de gloire ceux qui lui succédèrent,. 

Au mois de juin 1540, François retournait au Portugal et le 
7 avril 1541, s’embarquait à Lisbonne pour les Indes; il débar- 
quait à Goa le 6 mai 1542. Une connaissance insuffisante de la 
route, la longueur du voyage, les conditions d’insalubrité, l'encombre- 
ment et la diversité des passagers, leur imprévoyance, leur inexpé- 
rience et leur saleté, le manque de vivres et d’eau, le mal de mer, 
enfin la maladie et le scorbut, rendaient terriblement dure la tra- 
versée du Portugal aux Indes et causaient une effrayante mortalité 
parmi les gens hardis qui s'aventuraient au delà des mers. François, 
malade lui-même, se montra admirable de dévouement à l'égard de 


D 


ses compagnons qu'il soignait et réconfortait. !) 


1) Le R. P. Alexandre Brou, S. J., dans un article intitulé Voyages de Missionnai- 
res. — De Lisbonne à Goa au XVIe siècle (Études, 20 Oct. 1908, pp. 178/200) a raconté 
d’après Pyrard de Laval, Mocquet, Linschoten, le P. Trigault et autres voyageurs les 


souffrances de la traversée, 


Déport de 
François 
Xavier. 


:e8 Portugais 
au Japon. 


534 HENRI CORDIER. 


Il fit de septembre 1545 au 1° janvier 1546 un séjour à Ma- 
lacca d’où il se rendit aux Moluques; il est de nouveau à Malacca 
de juillet à décembre 1547; rentre à Cochin à la fin de janvier 
1548, et enfin il entreprend en 1549, son grand voyage au Japon. 

L'auteur d’un manuscrit que le P. Cros cite sous le nom de 


l'Annaliste de Macao nous dit: 


«Mais comme le prouve le livre d’Antonio GaLvào, intitulé: Dos varios 
descubrimentos, ce fut seulement en 1542 que l’on eut vraie connaissance des 
Îles du Japon. Cette année-là, Martin-Afonso de Sousa étant gouverneur de 
l'Inde, et François Xavier y arrivant, Antonio da MoTra, Francisco ZEIMOTTO 
et Antonio PEIxoTo allaient, en un junco, de Siao en Chine, lorsqu'une grande 
tempête, qu'on appelle Tufao (du chinois Tayfum, ou du japonais Tay-fu, 
grand vent) emporta leur junco, vingt-quatre heures durant, en pleine mer, et 
les mena entre les îles du Japon: ils abordèrent à une de ces îles appelée 
Zanegaxima, dans la mer de Satçuma. Les Portugais apprirent aux habitants 
de l’île à fabriquer les arquebuses (espingardus), art qui se répandit bien vite 
dans tout le Japon. On garde encore, à Zanegaxima, souvenir de ces trois Por- 
tugais, de leurs noms et du service qu’ils rendirent. 

«Fernas Mendez Pinto, en son livre des Fingimentos, se veut faire un des 
trois du junco, mais cela est faux, comme sont fausses beaucoup d’autres choses 
de son livre, qu'il semble avoir composé plutôt pour récréer que pour dire des 


vérités.» 1) 


M. H. Nacaok4, ?) d'autre part, est arrivé à des conclusions un 


peu différentes: 


«1° En 154, quelques Européens arrivèrent à Jingouji-oura, dans la pro- 
vince de Boungo, à bord d’un navire chinois; cette arrivée ne fut pas connue 
aux Indes et d’ailleurs elle n’eut aucun résultat et passa pour ainsi dire inaperçue ; 

«2° En 1549, pour la deuxième fois, les Portugais débarquèrent d’une 
jonque chinoise à Tanegashima et apportèrent aux Japonais des armes à feu; 

«3° Les noms des Portugais venus au Japon en 1542 étaient Fernand 
Mendez Pinto, Christophe Borello et Diego Zeimoto, noms qui avaient été 


1) Cros. — Saint François de Xavier, M, pp. 44—5. 
2) Histoire des Relations du Japon avec l'Europe au XVIe et XVIIe Siècles. Paris, 
1905, in-8. — Cf. pp. 44—5. 


L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 535 


changés aux Indes Orientales en ceux d’Antonio Peixota, Antonio da Motta et 
oO 3! 


Francisco Zeimoto». 1) ?) 


Dans tous les cas, depuis quelque temps les bonzes de Hongwan- 
ji°) étaient en révolte contre le chogoun Yoshiteru, de la dynastie 
des Ashikaga: l’empereur (tenno) Go-Nara était sans puissance; en 
1550, Ota Nosounaca commençait sa brillante carrière, continuait la 
lutte contre les bonzes et brûlait en 1573 le monastère de Hiyei-zan;{) 
le moment était done favorable pour la prédication d'une religion 
étrangère au moment où François de Xavier débarquait au Japon. 

François quitta Goa le 14 avril 1549 pour Malacca où il arriva 


le 30 juin. 


Dans sa lettre adressée «aux Pères et Frères de l'Inde», «De 
Cangoxima, 5 novembre 1549», François écrit: «Le soir du jour 
de Saint-Jean 1549, nous nous embarquâmes, pour venir ici, dans 
le navire d’un marchand païen, chinois, qui s'offrit au Capitan de 
Malaca pour nous porter au Japon.» ‘) Evitant les ports de Canton 
et de Chincheo, François débarqua le 15 août 1549, à Kagoshima 
(Satsuma). 

«Ce fut le jour de Notre-Dame d'août 1549 que, sans avoir pu 
prendre port ailleurs, au Japon, nous abordämes à celui de 
Cangoxima.» ‘) 

Je n'ai pas à parler ici de l’apostolat de François au Japon: 
de sa prédication à Yamaguchi, de son voyage a Kyôto, de sa visite 


à Otoma, daimyo de Funai; on lira à ce sujet les ouvrages récents 


1) Cf. T'oung Pao, Mai 1906, p. 298. 

2) «Antonio da Motta, Francisco Zeimoto, e Antonio Peixoto, navegando para a China, 
foräo arrojados pelo temporal âs costas do Japäo, onde tomäräo porto. Pelo mesmo tempo 
aportäräo tamben a Japäo Fernam Mendes Pinto, Christoväo Borralho, e Diogo Zeimoto.» 
(Indice Chronologico das Navegacies... dos Portuquezes. Lisboa, 1841, p. 166) 

3) Le plus grand temple de Kyoto. 

4) Montagne située au N. E. de Kyoto. 

5) Cros, 1I, p. 4. 6) Cros, IT, p. 10. 


François de 
Xavier au 
Japon. 


François de 
Xavier en 
Chine. 


536 HENRI CORDIER. 


du R. P. Cros et de M. l'abbé Steichen. !) L’espérance que François 
pourrait servir d’intermédiaire entre les indigènes et ses compatriotes 


désignés sous le nom de Nambanjin, <Barbares du Sud» [venus 


s 


des Indes] ne fut peut-être pas étrangère à ses succès. 
En 1551, François décide de rentrer à Goa; au milieu de décembre 
il passe à l'ile de San-tch'ouan, arrive aux Indes où il ne fait 
qu’un séjour de deux mois à Goa et repart pour la Chine. 
François connait déjà les Chinois: De Cochin, le 29 janvier 


1552, il écrivait à Simon Rodriguez: 


« Jai vu des Chinois au Japon et ailleurs. Ils sont blancs, comme les Japonais, 
jaloux eux aussi, de s’instruire et d’une intelligence encore plus étendue et plus 
pénétrante. Le sol de la Chine est très fertile. Entre les productions de cette 
riche contrée, la soie est une des principales. L’on y rencontre beaucoup de 
grandes villes avec d’élégantes maisons de pierre. Des Chinois m'ont dit qu’il 
y a chez eux des gens de diverses nations et religions, et, de ce que j’ai entendu, 
je conjecture qu’il s’y trouve des Juifs et des Mores. Rien ne m'’autorise à pen- 
ser qu’il y ait des chrétiens. 

« J'espère m’y rendre, cette année 1552, et tout persuadé que l'Evangile, 
dès qu’on laura semé dans ce royaume, s’y propagera en long et en large. 
Que si les Chinois fout bon accueil à la Foi chrétienne, les Japonais n’auront 
pas de peine à abandonner des erreurs, que les Chinois leur communiquèrent. 
Du Japon à Liampo, ville importante de Chine, proche de la mer, la traversée 
est de cent lieues environ. J’ai très grande confiance que Dieu Notre Seigneur 
ouvrira les portes de la Chine, non seulement à notre Cie, mais aux autres 
Ordres religieux et que ce pays deviendra un champ commun où l’ardeur de 
tous les hommes apostoliques s’exercera à ramener les àmes dans la voie du 
salut.» ?) 


François quitta Goa le 14 avril 1552 avec le P. Balthazar Ga6o, 
le frère Alvaro FerReIRA et un jeune Chinois, pour la Chine, 
tandis que sur le même bateau s’embarquaient à destination du 


Japon les frères Pedro d’ALcacova et Duarte da Sizva, un ambas- 


1) Les Daimyo chrétiens ou un siècle de lhistoire religieuse et politique du Japon 
1549—1650. Hongkong, Imp. de la Soc. des Missions étrangères, 1904, in-12. 
2) Cros. — Saint François de Xavier, II, pp. 193/4. 


L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 537 


sadeur du daimio de Borengo venu du Japon et deux Japonais 


amenés aux Indes par François. 


Diogo Pereira, ami de Xavier, devait le conduire en Chine 
sur son vaisseau la Sainté-Croix, attendu des îles de la Sonde 
chargé de marchandises; pour mieux seconder les desseins apostoli- 
ques de François, Diogo avait titre d’ambassadeur auprès de l’Empe- 
reur de Chine. Lorsqu'il arriva à Malacca, D. Alonso de Araïvr, 
quatrième fils de Vasco da Gama, capitaine-mér, à la veille de 
succéder à son frère, Pedro da SyLva, dans la charge de capitaine 
de la forteresse de Malacca, jaloux du titre de Pereira, s’opposa à 
son départ et fit partir la Sainte Croix, portant notre missionnaire, 
avec un capitaine eb un équipage de son choix. François sur son 
lit de mort ne devait ni oublier ni pardonner la conduite d’Alonso. !) 

Le 22 juillet 1552, François Xavier écrit de Singapore à Diogo 
Pereira: 

«J'emmène avec moi, en Chine, François de VILLA, parce que j'ai grand 
besoin de lui; et il sera également nécessaire à votre facteur, Thomas ESCANDES, 
pour aider à la vente des marchandises du vaisseau de V. M. Il vous reviendra, 
Dieu aidant, par la première embarcation allant de Chine à Malaca; et si Dieu 
N.S. ne m'ouvre pas un chemin par où je puisse entrer en Chine, je retour- 
nerai, moi aussi, à Malaca par le premier vaisseau; et si j'arrive à temps, pour 


cela, à Malaca, j'y prendrai les vaisseaux qui vont en Portugal et j'irai dans 
l'Inde. » ?) 


Le 26 octobre 1552, François Xavier mandait au P. Gaspard 


Barzfe: 


«Me voici en ce port de Sanchoan, qui est à trente lieues de la ville de 
Canton: j'attends, chaque jour, un homme qui doit m’y porter. Nous sommes 
convenus que je lui donnerai pour cela, deux cents cruzados. II la fallu, a cause 


des graves défenses et peines qu'il y a, en Chine, contre ceux qui, sans chapa 


1) Cros, lc; Il, p.501: 
2) Cros. — Saint François de Xavier, II, pp. 313/4. 


538 HENRI CORDIER. 


du Roi, y introduiraient un étranger, J'espère de Dieu N. $. que tout aura 
très bonne issue. 

« J'ai nouvelle certaine que ce Roi de Chine a envoyé en une contrée, hors 
de son royaume, certaines personnes pour savoir comment on sy régit et 
gouverne, et quelles en sont les lois. D'où nos sefores d'ici concluent et me 
disent que le Roi ne pourra que se réjouir de nous voir porter une Loi nou- 
velle en Chine.» !) 


Le 12 novembre 1552, François écrit au Supérieur de Malacca: 


«D'ici à huit jours, j'attends le marchand qui doit me porter à Canton. 
Très certainement, s’il ne meurt pas, il viendra ici, vu la grande quantité de 
poivre que je lui promis; car, s’il me porte sain et sauf à Canton, il y gagne 
plus de 350 cruzados.» ?) 


La dernière lettre de François Xavier est du 13 novembre 
1552: elle est adressée à François Perez pour être transmise au 


P. Gaspard Barz£e: 


« Obtenez ensuite que le seigneur Evêque ou le Vicaire général mande une 
Provision, où sera déclarée l’excommunication que Don Alvaro a encourue, pour 
m'avoir violemment ôté le moven de me rendre en Chine, refusant d'exécuter 
les Provisions du Seigneur Vice-Roi et d’obéir au Capitan d’alors de la forteresse 
de Malacca, Francisco Alvarez, qui, en même temps, était Veador de fazenda 
du Roi notre seigneur; toutes choses que vous savez fort bien, pour en avoir 
été témoin. La Provision du seigneur Evêque ou du Vicaire Général sera adressée 
au Père Vicaire de Malaca, — et elle portera ordre, à lui signifié par le 
seigneur Evèque ou Vicaire général, de publier, dans l’église, l’excommunication 
vu que l’excommunication a été publiquement encourue.» $) 


Il ajoute: 


«Ces diligences, vous les ferez, pour deux raisons seulement: — la pre- 
wière, pour que Don Alvaro reconnaisse l’offense qu’il a faite à Dieu et l’excom- 
munication qu’il a encourue, qu'il fasse pénitence, qu’il recherche l’absolution 
de l’excommunication qu'il a encourue, afin que, une autre fois, il ne fasse 


pas à un autre ce qu’il m’a fait à moi. — La seconde, pour que les Frères de 


1) Cros. — Saint Trançois de Xavier, II, p. 330. 
2) Cros, II, p. 331, 
3) Cros. — Saint François de Xavier, II, p. 386. 


’ Ed 
L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 539 


la Compagnie qui iront à Malaca, ou à Maluco, ou au Japon, ou en Chine, ne 
trouvent pas d'empêchement à Malaca, et que les Capitans de Malaca ne mettent 
pas d'obstacles à leurs voyages, sachant, par ces notifications et publications, 
les peines spirituelles que l’on encourt pour être auteur de tels empêchements; 
si, en effet, il s’en rencontre que ni la crainte de Dieu ni l'amour de Dieu ne 
retiendraient, il est bon que ceux-là, par crainte ou vergogne du monde, n'empè- 


chent pas le service de Dieu.» 


Et plus loin: 


« Quant à mon voyage de ce port de Chine, comme il est fort difficile et 
périlleux, je ne sais s’il réussira, bien que j'aie grande espérance de le voir 
aboutir. Si, par cas, je ne vais pas, cette année à Canton, j'irai à Siam, comme 
je vous l’ai déjà dit, et si je ne puis, dans l’année, passer de Siam en Chine, 
j'irai dans l’Inde, mais j’ai grande espérance d'aller en Chine. 

«Sachez certainement une chose et n’en doutez pas: c’est qu'il pèse gran- 
dement au démon que ceux de la Cie du Nom de Jésus entrent en Chine; 
cette nouvelle certaine, je vous la fais savoir, de ce port de Sanchoan: à cela 
ne mettez aucun doute, car les empêchements qu’il m’a opposés et qu’il m’op- 
pose, chaque jour, je n’achèverais jamais de vous les écrire. Mais sachons aussi 
certainement une chose, c’est que avec l’aide, grâce et faveur de Dieu N.S,. 
le démon, sur ce point, sera confondu; et ce sera grande gloire pour Dieu 
d'avoir, par un instrument aussi vil que moi, confondu la grande présomption 
du démon». !) 


Un jeune et intelligent Chinois, Antonio de Sanra-F£ assistait Mt qe Fran- 
 gois de Xavier. 


aux derniers moments de François Xavier. Quand il était arrivé à 
San-tch'ouan, il s'y trouvait des navires portugais: 

«Les Portugais insistèrent, de tout leur pouvoir, pour empêcher le Saint 
d'aller à une mort ou captivité certaine en abordant à Canton; ils lui disaient 
comment les Chinois n'avaient pas même épargné des Portugais que la tempête 
avait jetés sur leurs côtes: ils les avaient pris, maltraités et mis en prison, où 
ils étaient encore, sans que l’on trouvät moyen de les délivrer.» ?) 

Non remis des ennuis du voyage de Malacca à San-tchou’an, 
épuisé de fatigue, François en proie à la fièvre, ne put résister 


plus longtemps. 


1) Cros, Z.c., pp. 327/8. 
2) Le P. Valignani, cité par Cros, II, p. 342. 


Mission de 
Chine. 


Evêché de 
Macao. ?) 


540 HENRI CORDIER. 


Antonio nous dit: 


«Le samedi, il commença de perdre la parole.... Ce fut le dimanche, 
27 novembre 1552, à deux heures après minuit, dans une cabane de paille, en 
l'ile de San choan, vis-a-vis de Canton, que l’âme bénie du Père Maître Fran- 
çois partit de cette vie présente pour la vie éternelle.» t) 


Le corps de François embarqué à San-tch'ouan dans la seconde 
moitié de février 1553, arriva à Malacca le 22 mars; de là, il fut 
transféré à Goa où il fut débarqué le 15 mars 1554, le jeudi de 


la semaine de la Passion. 


François de Xavier trouva des successeurs immédiats au Japon, 
grâce à des circonstances politiques favorables qui assurèrent aux 
missions naissantes l’appui puissant de Nobunaga, hostile aux moines 
bouddhistes; il n’en fut pas de même en Chine: Alessandro VALIGNANI, 
Michele Ruccrert, Francisco Pasio, tous les trois italiens, ne con- 
nurent que Macao et la province de Canton; le véritable fondateur 
des missions de Chine fut Matteo Riccr, né à Macerata, le G octo- 
bre 1552, qui arriva en 1583, et après un apostolat actif dans 
diverses parties de l’Empire du Milieu, fonda la mission de Pe-king 


où il mourut le 14 mai 1610. 


Toutefois la nécessité de créer un évêché en Chine avait été 
sentie de bonne heure à Rome, et en 1557 on érigeait en Chine 
un diocèse avec résidence à Macao. 


On désigna pour occuper le nouveau siège épiscopal de Chine, 


4 
L 


e P. Axpré de Ovievo, né à Illescas en 1518, appartenant à la 


1) Cros, Z.c, II, p. 349. 

2) «Ac eidem sic erectae, et institutae ecclesiae locum de Machao praedictum in 
civitatem, ut praefertur, erectum pro civitate, ac totam provinciam Chinarum, necnon de 
Japam, et de Machao insulas praedictas cum aliis adjacentibus insulis, et terris, earumque 
castris, villis, locis, territoriis, et districtibus per ipsum Sebastianum Regem, seu personam, 
vel personas ad hoc ab eo specialiter nominandas, et deputandas, specificandis, et statuendis 


prodiocesi: necnon ecclesiasticas pro clero, et seculares personas in civitate, et dioecesi 


, LA 
L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 541 


Compagnie de Jésus, patriarche d’Ethiopie où il était arrivé le 
25 mars 1557; le P. André préféra de rester à son poste, et à 
son défaut, on nomma en 1566, évêque de Chine, avec résidence 
à Macao, le P. Melchior Carneiro, également jésuite, évêque de 
Nicée depuis 1555, qui fut confirmé dans ses fonctions avec le titre 
de gouverneur de l'évêché par le Pape Pie V l’année suivante; 
toutefois Carneiro renonça à son évêché dès 1569 et se retira à 
Macao même dans la maison de son ordre où il mourut le 19 août 
1583; on l’enterra dans la chapelle principale de l’église St. Paul. 

Le 23 janvier 1575, Grégoire XIII, par la bulle Super specula, 
créait sur la demande de D. Sébastien à Macao un évêché sous le 
titre de Santa Maria et sous la juridiction de l’archevêque de Goa, 


qui devait former un diocèse comprenant la Chine, le Japon, les 
îles et terres adjacentes, sous le patronage du roi de Portugal. Le 
Pape, le 28 janvier 1576, par la bulle Apostolatus oficium désignait 
Diogo Nuxes pour l'évêché de Macao qui venait d'être créé, et le 
ni étüe jour, par la bulle Aodie ecclesiae adressée au clergé de la 
ville et diocèse de Macao, Grégoire XIII étendait à toute la Chine 
et au Japon l’obéissance au nouvel évêque. ‘) Toutefois Diogo Nunes 
déclina l'honneur qui lui était offert, et par une cédule consistoriale 
du 22 octobre 1578, Grégoire XIII nommait à sa place Don LEoNAaRDoO 


de Saa, de l’ordre du Christ. ?) Leonard, mourut le 15 septembre 


hujusmodi pro tempore degentes, pro illius populo de consilio eorundem fratrum, et po- 
testatis plenitudine similibus dicta auctoritate, etiam perpetud concedimus, et assignamus, 
civitatemque, et dioecesim, ac clerum, et populum hujusmodi episcopo Machaonensi quoad 
episcopalem, et archiepiscopo Goano pro tempore existentibus quoad metropolitanam ordi- 
nariam jurisdictionem, et superioritatem de ipsorum fratrum consilio, et potestatis plenitu- 
dine paribus eadem aactoritate similiter perpetud subiicimus.» (Corpo diplomatico Portuguez, 
XII, p. 501.) 

1) Z.c, XI, 1898, pp. 661/7. 

2) «Domini Leonardi Ferdinandez fratris militiae Domini nostri Jesu Christi sub regula 
Cisterciensi.» Z. c., XI, 1898, p. 672. 


542 HENRI CORDIER. 


1597, après avoir été pendant neuf ans (1585—1594), captif de 
pirates malais. Le Japon qui était compris dans le diocèse de Macao 
en fut détaché en 1587 par Sixte-Quint pour former l'évêché de 
Fuuay dont le premier titulaire fut le P. Sebastien de Moräes, $. J., 
qui après avoir été sacré à Lisbonne en 1588, ') mourut en route 
la même année à Mozambique; il eut pour successeur Pedro Mar- 
TINEZ, S. J., élu en 1591, sacré à Goa en 1595, qui mourut à 
Meaco, le 13 février 1598. Par la bulle Romanus Pontifer, le 29 
janvier 1593, Clément VIII avait désigné comme coadjuteur et 
futur successeur de l'évêque de Funay, Luiz de Cerquerra, S. J., 


évêque élu de Tibériade, ?) né à Alviro, diocèse d'Evora, en 1552. 


Une colonie et un évêché à Macao, tel est le résultat d’un 
demi-siècle d'effort des Portugais en Chine. Avec la disparition de 
Vasco da Gama, d’Almeida, d'Albuquerque, la puissance portugaise 
avait commencé de décliner en Asie; après ces grands hommes, 
l'histoire colouiale du Portugal renferme encore de belles pages 
avec Joäo de Castro (1545—1548) et Luis d’Ataïde (1568—1571), 
mais que pouvait faire un petit pays de 2.000.000 d'habitants 
décimés par la peste, pour maintenir l'unité non d’une grande pos- 
session, d'un empire, mais d’un monde toujours prêt à se soulever 
contre ses nouveaux maîtres; ajoutez au manque d'hommes, la cor- 
ruption des fonctionnaires, et enfin à la fin du XVI® siècle la con- 
currence hollandaise et anglaise: le Portugais qui menait de front 
la propagande chrétienne avec la conquête — conflit du moine et 


du soldat -- d’ailleurs médiocre négociant, n’était pas en état de 
oO 1 


1) Bulle de Sixte Quint, du 19 février 1588 
2) Luc, XL, 1902/p: 100: 





| 
L 


4 / — Ÿ 
L'ARRIVÉE DES PORTUGAIS EN CHINE. 543 


lutter contre ces gens du nord, pratiques, âpres au gain, qui cher- 
chaient exclusivement sur cette terre la récompense de leurs efforts et 
Tin . : Ps ET 
n'avaient pour diriger leurs actions que l'unique intérêt de leur 
commerce. Le Portugais de la conquête fut un homme d’épopée: 
l'héroïsme était son élément; le hollandais et l'anglais qui le dépossé- 


dèrent étaient des marchands avisés: leur comptoir était leur forteresse. 


ESSAI DE DICTIONNAIRE LO-LO FRANÇATS 


DIALECTE A—HI 


PAR 


ALFRED LIÉTARD 


de la Société des Missions étrangères de Paris. 


(Suite). 1) 


he 


TT° Baigner dans l’eau; tremper; 
infuser; macérer. }1° 70° 4°, prendre 
de l’eau pour tremper. T°-na', 
mouiller; humide. }4° &°, tremper 
dans l’eau. Go tit geu*-mo° ti°- 
na! keu°, je n’ai plus un filsec sur 
le corps. 

TI* Accuser; procès; battre pro- 
cès. Dzeu*-mou* tcha' 4°, accuser 
devant le mandarin. 7%° 4o*. Tu, 
lé3 Lo, gagner son procès. 75° a* 
ho*. Ti 63 a* ko‘, perdre son 
procès. Kit #’i%-42% ouo“-no* a* keu!, 
ne pouvoir finir ce procès. 

TI Courir après; chasser; pour- 
suivre. 7%°-l'eu?, chasser dehors. 

TÉCh 77  ) Assigner, 
déterminer, fixer, choisir; instituer. 
Nyi-hé ti, fixer un jour. 











TI* Particule spécificative des 
repas. Z50° d'i-li, un repas. 

TI (r1f-1Eu*) Un. Ts'ou° di 
Ts'ou’ Ts'ou’ 
ich'é*, un homme; une personne. 
P'o% {'it-deu*, une étofle. Go? £’1* 
geu*-mo* no°, je souffre par tout 
le corps. 14-4010 10%508 CIE 


hlous sé%, attends un peu. Ti“- 


leu“, d'it-mo?. 1 


Æ1-204, pas loin. Ti-tch'eu'-20*, 
en un instant. T'2tmo-nés af. 
rien (un même ne-pas). Goÿ d’if- 
mo3 a* beuÿ, je n’ai rien (du tout); 


4 mo, ne rien faire 


T'i-mo°-né% à 
(dutout). T’i4-4ch'6 165 a*..., aucun. 
personne. Z’o*-tch'é l63 à* Leu’, 
il n’y a personne. P’if-tch'és lé 
a* lé3, n'importe qui. 7’it-tch'é* 


163 a* lé nyi di? a, n'importe 


1) Voir T'’oung pao, 1911, Mars. — Mai. — Juillet. 


[ri'-prÉË 4] 


qui peut voir. 74*-leuf l’it-Jeut-204, 
l'un après l’autre. T'it-Zeu* né 
a* beu’, il n’y en a pas un. Tit- 
mo né? zé4 at di?, n'être d'aucun 
usage. Tit-leu* t'it-leut; T'it-leu* 
l’eu', le premier. (0. T’I*-M0?). 

TI'-DJÉ* Obstacle. (0. ré!-prft ; 
TOU'-DJÉ*). 

TI-DO* MO* Arranger, remas- 
ser, préparer, apprêter. (?) 

TI'-EUL4 (Ch. Téeil 5% =) 
Second; deuxième. 

TIS-HLO® Lièvre. Tit-Alo5 k'ou?, 
année du lièvre. (v. A!-LO). 

T'IS-H0* Aller à la selle. T’et- 
ko cha; T'hit-ho* cha, aller à la 
selle. Téf-pit-deut; T'hit-pi'-deuf; 
K'i*-pil-deu; K'i-ts0'-pi'-deu“, la- 
trines. (0. T'EU*-H0°; TCH'EU*-H0*). 

TL (Ch. Tét 5 —) Pre- 
mier. 

TI-LI Aller en se balançant; 
Titi ti-li-20, 
aller en se dandinant. (v. PA-LA). 

TI-PO Canon. Ti-po t’eu', tirer 
le canon. 

TIS-TI (Ch. # ln — $É) Pres- 


que; sur le point de; auprès. 


balancer; remuer. 


Cheuÿ 4-Ui-yé, il est presque 
mort; il va mourir. Cheu? 113-429 
ka, Ouo' th L'it-la, 
alors qu'il était sur le point de 
Na S4 


d-26 
gou”, d'it4it s07-LE3 byé? 163 di? a3, 


agonie. 


s'en aller, Sûrement. 

en agissant ainsi, tu vas sûrement 

faire causer. (v. 1!-11* Byf£°). 
T'L-TO (T'12-rouo) Panier. 











045 


TI'-YI Salive. Tel-y29 pit, cra- 
cher. 
TI'-VA4 NYÉ'-NO Chauve-sou- 


ris. 


[T'5"] 


TO Tronc. Sex? {o, tronc d'arbre. 

TO (zou!-ro) Rocher. 

TO! (rouo') Allumer: faire du 
feu; brûler; s’enflammer. Mewu!- 
té t0', allumer le feu; allumer 
une allumette au feu; allumer la 
lampe. To'-do? a di?, feu qui ne 
prend pas. Meulité a* 151, le feu 
ne prend pas. Meu'-té 10! dou'-lé? 
y icheu', apporte du feu pour 
allumer la pipe. 

TO! (rovo') Attacher, lier, che- 
viller. ÆXyé-ts'eu* jo? 101 to?-lé?, 
prends une corde et lie. A0* 45! 
yé, bride (corde pour attacher le 
cheval). To!-{0?, cheville. (0. TEu'). 

TO! (rouo!) Aveugle, ou presque 
aveugle. Mi nyé to! Lou, tu es 
donc aveugle! Jou ts 616% kyé? 
nyé-10'-mo° ngèu’, (il) est aveugle 
de naissance. Myé-sa# n0° nyé-t0 
koa', (il) a perdu la vue par suite 
de maladie. Nyésa* d'it-p'it 101, 
borgue. (0. NYÉ-TO'; NYÉ-TO!-M0°). 

TO' Particule spécificative des 
habits. ÆAuf-bi# f'itiol, un habit. 

TO' Enfiler, 
(par ex., bague, bas, souliers, etc.). 

TO' (ro'-cx4?) Fatigué. 

T’O! (Ch. T'ong SH) Commu- 


niquer, aboutir. Sè? £6!, aérer. 


chausser, vêtir. 


Ki yi-mo 0! haï-leu Li, où 


adoutit cette rivière? Teko?-ma? 


546 


kit d'it-tcho® Do“-sat-kou(é)* Vo, 
cette route aboutit à Yun-nan sen. 


Keu\ byé? tcho-ma? Po a”, (ce) 


[r°0°] 


qu'il dit est raisonnable. Byé? 
L'5! hou”, c'est expliqué très-claire- 
ment. (0. T’OU'). 

TO? (Ch. T'ong A) Seau, 
baril. F2 l’o?, seau (à eau). A1° 
t’o?, baril (à vin). X’1* ’o?, seaux 
à fumier. 

TO* 
très-employé seul 40°, se lever, ou 


Se lever. — Auxiliaire 
dans la forme (o?-lé%, se lever- 
venir; correspondant à l’auxiliaire 
chinois #2 HE; #24 ju 3K. 
To don'-lé*, se lever (se lever- 
venir). Ve é0° dou'-lé*, lève-toi. 
Keu to°-lé?, cueillir, recueillir, ra- 
masser. (Correspond au chinois 
Kièn lité X8 x K). 

TO* Particule servant à former 
le gérondif; et nombre de sub- 
stantifs. (v. Grammaire n° 19). 
Meu'-té mou'-to°, soufflet; tube en 
bambou dans lequel on souffle 
pour activer le feu (feu souffler 
instrument). Kew! yi-moŸ zeu*-to° 
a* beu, il n’a pas de sapèques à 
dépenser. Dou* byé?-to? a* beu’, 
il) n’a (rien) à dire; il n’y a 
rien à dire. 

TO? (x’1t-r0°) Un mille. 

TO? Assise, couche. T’it to, 
une assise, une couche. T2*-t0° 
l’ét-lo%-20*, par assises. 

TO* Particule spécificative des 
pinceaux, des plumes, des poils, 





[ro-rou!] 


Ta-t0*, 
TO? Davantage. (v. ro*-ToHê’). 


des brins. un brin. 
T’0? Particule spécificative des 
balances, des chaises, des grands 
bols. 
T0? Œuf. Fé* F0, œufde poule. 
T’0% Argent, blanc. To? da*- 
p'o*, orfèvre; argentier. T’o° po, 
changer de l’argent. P’o° d'o, étofle 
blanche. T’o d'it fé*, un cfen» 
d'argent. T’o it ts’é?, un «tsien» 
d'argent. T’o* t’if-lou*, une once 
d'argent; un taël. To-l'of-yé?, 
très-blane. (v. A!-T’0%-M0*; y1‘-Mo?), 
T°O5 Épais. Xu*-bit l’o°-pou®-mo?, 
habit ouaté. Ka*-b2* L’o° wi, revêtir 
(un) habit (plus) épais. Xyé-ts’eu* 
&'a d'o°-to° 


rosse corde. T’ou-yi* &’o? Aoa° 
2 


l’it-icho*, une très- 


le papier est trop épais. 7?0°-0°- 
zo* mo° ngoa', il faut plus épais. 
(o. m’o°-POU*-M0°-YÉ°). 

T’O* Feuille. — Particule spé- 
cificative des feuilles. Sex? d'os 
feuille d'arbre. T’ou-yit d’it-d’of, 
une feuille de papier. So #’é*-4'0*, 
une lettre. (v. P’YË*-T’0*). 

T’O* Époque, temps, saison. 
K'ou? #’o*, époque de l’année; âge. 
T'it ou? Li? l'o*, les quatre saisons 
de l’année; une année (a) quatre 
saisons. 

TO'-BI? Partie sexuelle de la 
femme. (0. ro'-BIA°). 

TO*-LYÉ? Aile; nageoire. 

TO'-PO*# Torche. 

TO-POU' Borne, limite. 


[r'o!-P’04] 

T'O1-P’04 
chinoise. (v. LOU“-DJI!), 

TO?-TCHÈ! Davantage; plus. 

ToŸ cha; To-tché! 

mieux; beaucoup mieux. Mi? 4o°- 


Chinois. 7’o!'-m03, 


tcha?, bien 
tché' ti dzo*, mange un peu plus. 
Ts'ou” t0%-lché 1% ngo), il faudrait 
quelques hommes en plus. Aat- 
bt Leu? po? Lo%-tchét He ngo!, 
les habits étant plus longs, il faut 
plus d’étoffe. (o. ro?) 

TO'-TO? Cheville. Hé%-go? 10!- 
to*, cheville de sureté pour fixer 
le verrou. /16%-90° 461-109 j0° dou'- 
lé 46'-pyé?, cheville le verrou. 
(v. TO; T'O1°). 

TOU' (r'if-rou') Empan. (Me- 
sure de longueur, équivalant à 
l’espace compris entre l'extrémité 
du pouce et celle de l'index). 
(v. T'É?). 

TOU* Boire; abreuver. A2° ou°,t 
boire du vin. Ÿ2° {ou°, boire de 
l’eau. Mo* yi* tou”, abreuver le 
Ka? 3 


K2° L’it-m'(ou?) tou*, absorber une 


cheval. tou° yi°, s’enivrer. 
gorgée de vin. 

DOU* HE%-90% L'ou*; 
Hé°-70% gou°-l'oué*, barrer la porte. 
H6%-g0° l'oué*-to° ; Hé*-40° l'ou*-to*, 
barre pour barrer la porte. 

T'OU* (Ch. T'éou #Y ) Adapter, 
ajuster, mettre en ordre; se con- 


Barrer. 


former, M2'-k’0*L’out, s'acclimater. 
T'ou* a* k’eu*, en ajustant ne pou- 
voir faire tenir solidement. T'ou 
to°-Lé a* ts’eu°, ne pouvoir ajuster. 





[T’ou4] 047 


T'OU* Fond, semelle, X’1°-n0° 
l’ou*, semelle de soulier. X’1°-»0° 
l’ou* da*, coudre l’empeigne à la 
semelle. Ÿ2%-4eu* L'ou*, fond d’un 


lac. 
T'OU*-NYE Face, figure, visage, 


: éhonté ; 


T'ou*nyé a* beu’, sans 
face. T'ou*-nyé ts'en*, se laver la 
figure. T’ou*-nyé ts'eu*-lo°, essuie- 
mains, 

TOU-SYÉ' Avoir honte, rougir 
de honte. Zou a* syé!, n'avoir pas 
honte. Tou-syé' a* keu', ne savoir 
pas rougir. Zou-syé' bye; Tou-syé\ 
dou* byé*, dire des obscénités, des 
grossiéretés. Go° lyé? qou'-20* dou!- 
18, pé?-lé-s0° tou-syé!, arrivant les 
mains vides (sans avoir rien à 
offrir), je suis vraiment confus. 

TOU*-TCHOU* (Ch. Tôu-tchéou 
H# JU) Faire serment; jurer. 

TOU*TEOU? (Ch. Toxi-t'eûu 
#f HA) Adversaire. 

T'OU?-TIE* (Ch. T'où-ti GE 5) 
Apprenti. 

T'OU*-YI* Papier. 

TOUA' (Ch. Toudn Et ) Ad- 
juger. Dezeu*-mou*  mi'-po* toua! 
a-seu* geu*, à qui le mandarin 
a-t-il adjugé le pays (contesté)? 
Fimo? ts’eu°-lou* toua' keu! geu*, 
toua' cha a, lui adjuger dix 
ligatures, c’est justice. 

TOUÉËÉ' (Ch. T'oéi jf) Reculer, 
rétrocéder. T'2t-p’it toué!, faire un 
pas en arrière. 

T'OUI* (Ch. T'oéi jf ) Baisser. 

36 


548 [rou1#-TSE*] 


Yi l’oui* Lo°, l’eau (de la rivière) 
a baissé. 

TOUI“-TSE* (Ch. Toditsè f 
+) Inscriptions (sur tablettes). 
K'ou? ko? tow-tse* nd? ngo', au 
(nouvel) an, il faut aflicher les 
tablettes. 

TSA (Ch. Ts'ar ZR) Alliage. 

TSA! Rance. Vyé 20° mou*-mo*, 
mou* heu Lot p'yé? ko ho, tà° 
isa! di, la viande fumée, une fois 
passé la canicule, devient rance. 

TS’A' Couper. Particule spéci- 
ficative des ,coups” (de couteau, 
par ex.). Tso és’a!, couper le riz. 
Keu\ ni* seu? t’sa! ho, il l’a blessé 
de plusieurs coups. 

TS’A* Graisse. 

SPAS 
amasser des sapèques. 

TSA!-MO* Châtaigne. Tsa!-m0° 
seu; Tsa'-mo° ts'é*, châtaignier. 

TSA!-SA# Charbon (de bois). 


Ni'-nat tsa'-sa*, charbon de terre. 


Amasser. Ÿ2t-mo° ts’ai, 


Tehk'o? tsa'-sa* lou*, carboniser. 

TSÈ Très-beau; superbe; fleur; 
orné richement. (0. TSÈ-LO”). 

TSÉ! Bord. Yi°-mo° tsé!, bord 
de la rivière. F2? ésé! ko*, aborder. 
(v. 1'-7861). 

TSÈ! Greffe ; grefler. Seu* ésè', 
grefler un arbre. Tsè' s0* to° a’, 
la greffe a pris. (0. TSEU'). 

TSÈ! Accepter, recevoir. Dzeu*- 
mou* so a+ tsè!, le mandarin n’ac- 
l'accusation (l'écrit). 


cepte pas 


(v. TSEU!). 








[TrsÈ?] 


. TSÈ? Rester, Vit-mo® d'it-ts'69 
ngo+-fé% dou'-ho*, ngo* fé” tsè°, de 
cent sapèques, enlevez- en cinqu- 
ante, il en reste cinquante. 

TSÈ? Tambour. Dyit tsé?, tam- 
tam. Dyitisé* da*, battre le tam- 
tam. 

TSÉ? Paire. (v. TSEU?). 

TSÉ? Brüûler, allumer, chauffer. 
Meu'-té tsé*, faire du feu. 

TS'É* Verbe auxiliaire. — Des- 
cendre; mettre bas. Da*-ts’é?, faire 
tomber. V4° L’eu! ts’ é-lé*, dépose 
ton fardeau. Y2° ts’é-yr°, rapide 
(eau descendre-aller). Jou és’ é-lé? 
kyé cheu°-hi* mgeu’, mort-né. Z0* 
ts’é*, mettre bas, faire des petits. 
Ki! neu* go° mo° ts'é%-l6* a ts’eu”, 
je ne puis venir à bout de ce 
travail. (ce travail moi faire des- 
cendre-arriver ne-pas pouvoir). 

TS'È* Élever, ériger. Lo?-po* 
ts’è, ériger un tombeau. 

TS'È? Particule spécificative des 
arbres. (V. SEU*-TS À). 

TS'À? (Ch. Ts'ién &È) Tsien; 
TOOLS, 


d'argent. Fi m0° 


cent. un ,tsien” 
t’it-ts 6, cent 
sapèques. Ÿ24+m0° dits 6 ne° Leu’ 
geu*, compte-lui cent sapèques. 

TS'È* (Ch. Ts'én SA ) Un pouce 
(mesure). 

TS'ÈS-MI-ZO#YÉ® Fluet, mince, 
grêle. 

TSÈ-SEU'! Büûche (bois de chauf- 
fage). (v. SEU*-TS É°). 

TSÈ-TSÈ! Variole (fleur). Zsé!- 


[TSEU] 


isé1 leu', vacciner. (équivaut au 


chinois: féng hoa IX ÀE.). (x. ao?- 
LOŸ; TRÉË; O. TSÉ-LO®). 

TSEU Dédaigner. Zs’ou° cho! 
ngeu” tseu, ts'ou? beu? ngeu? li, 
dédaigner les pauvres, aimer les 
riches. 

TSEU Inviter, prier, supplier, 
intercéder. 

TSEU Particule spécificative des 
articles». 7°”2* {seu, un article. 

TSEU Chanvre. Zseu-mo*, chè- 
nevis. 

TS'EU Bêcher. (v. DË*; rom’A). 

TSEU' Accueillir, recevoir, ren- 
contrer. Dzeu*-mou* tseu! li, aller 
recevoir le mandarin. Zseu'-té?, 
aventure; survenu; rencontré. Vyé- 
saŸ pa” 80° dyit isè!, avide, (œil 
tomber autrui de (choses) rencon- 
trer). Go° tcho*-ma* dé* keu! tseu! 
t?, je l’ai rencontré en route. (0. 
TSÈ!). 

TSEU'! Avant(?). Zseu! kit dit 
di", naguère; la dernière fois. 

TS'EU! 
asthme. 

TS'EU' Cligner. Vyé-mi ts’eu!, 
cligner de l’œil. 

TS'EU' Particule spécificative 
des bottes, des paquets. Ti {s'eu!, 


Tousser,  Zseu'-n0?, 


une botte. 

TS'EU? Génération. T'it {s’eu?, 
une génération. 

TS'EU? Écraser avec l’ongle: 
égratigner, pincer. Zs’eu°-po!, écra- 
ser. 








[TSEU*] 049 


TSEU* Barrage. 

TSEU* Serré, étroit, clair-serré, 
O'-XT nyé* seu? La, les mailles 
du crible sont trop serrées. 

TSEU* Pont. Lou! tseu’, pont 
en pierres. 

TSEU* Particule spécificative 
des choses doubles. — Paire. 75 
iseu*, une paire. K’ seu; Ki 
l'i-iseu”, les deux pieds. Lyé? tseu’; 
Lyé* Vit-iseu*, les deux mains. 
K'E-n0°  Fi-tseu’, une paire de 
souliers. A/6!-djo* L'it-iseu?, une 
paire de bâtonnets. (0. rsê*). 

TS'EU?* (Ch. Tsuén ? À ) Abso- 
lument. 

TS'EU* Rompre, briser. Zs’eu° 
ho*, c'est rompu. 

TS'EU* (rs’eu*-LEu*) Dix. 7s'eu- 
leu* L'eu', le dixième. Nit {s’eu- 
leu*, vingt. 

TS'EU* Distiller. 

TS'EU* Pouvoir; arriver à... 
A* ts’eu*, ne pas pouvoir. Go? a‘ 
dou'-lé ni-tch'e? 


bye da* a* ts’eu?, si le ne m’en 
1 ; 


byé, keu'-vi 


J 
étais pas mêlé, à eux deux ils 
n'auraient pu tomber d'accord, 

TS'EU* Laver; se baigner. Fi?- 
ts'eu*, se baigner. Keu! {s’eu‘-po! 
ho°, il s’est noyé. 

TS'EU* Boucher, obstruer. Zs’eu#- 
to*, bouchon. Fi%-40% reu* ts’eu*- 
p'yé? ho, la pipe est bouchée. 
HE*%-g0° L'i-nyé ts’eu*-p'yé?, bou- 
Ka? 
£'eu* ngo', il fait boucher her: 


cher une porte. l’a ts’eu* 


550 [TSEU'-DZEU<-MO*] 


métiquement la cruche à vin. 

TSEU'-DZEU*-MO0* Délibérer; 
faire l’union. Zseu!-dzeu* dzé” cha”, 
union, paix, d'accord. 

TSEU*-KE (Ch. %ék À E) 
Soi-même. 

TSEU'-K'OU? Houe, pioche. 
Tseu\-ou? ni*-tck eu”, pioche étroite. 
Tseu'-k'ou? mit-t'yé*, pioche ordi- 
naire. 

TS'EU*-NYÉ? Origine, originel. 

TSEU-PYÉ? Âpre; astringent. 
(0. TSEU-PYÉ”-M0*). 

TS'EU!-Z0* Scie. 

TSI Rompre, dissoudre. Ma si, 
rompre un mariage. (0. KI; V. 
TS'EU”). 

N. B. 
ou en ésyé qu'on se reporte à 42 


Pour les mots en és 





ou #Æyé; en observant cependant 
que la prononciation est plus sou- 
vent 44i, {chi que és. 

TSI: Grifler. S0° d'ou'-nyé ts’1°, 
affront. (v. K’14). 

TSI'-DZÈ* Vernis. 

TSII-NGEU* À la vérité. Cha! 
meu\-té tsi'-ngeu* a* djo', ts'ou’ 
tcha?-mo° o'-né vou?-yi? tsi'-ngeu° 
at djo', le feu purifie l'or, et le 
malheur la vraie vertu. (or feu 
à ja vérité ne-pas craindre; homme 
bon adversités à la vérité ne-pas 
craindre). 

TSO Gaspiller. 

TSO Produire, émettre, fermen- 
Seu* neu* tso, l’arbre com- 


A 


mence à 


ter. 
produire des boutons. 





[rs’0] 


TS'O Gâter. A* go*-ts 0 Lo, 
go® ka*-seu” nô' y, l'affaire une 
fois gâtée, à qui aurai-je recours ? 
(affaire faire-vater — signe du par- 
fait —, moi qui demander aller). 

TSO! (rsouo!) Bouillir, chauffer. 
Fi 4s0!, faire bouillir de l’eau. 
Lot-yi 1s0', faire bouillir de l’eau 
pour infuser le thé, Y2° Ayé* ts5!, 
faire bouillir de l’eau (bouillante). 
Tso'-hlyé*, faire bouillir. (chaufter- 
bouillant). 

TSO! (Ch. 756 4) Se tromper. 
Mou sa*-p'o* go° a* 1so', ce que 
dieu dispose est bien disposé. Keu' 
byé* a* ts0', ce qu'il dit est bien 
cela. Zso!-do*, défaut. 

TSO' Léger (un peu timbré). 
T'' ts'ou t'if-tehe pé?-lé? ts0! a”, 
cet homme est extrèmement léger; 
il agit comme un fou. 

T$SO!' Convenable, qui va bien, 
adopter. A2%-n0° k&4%-byé ts0' ngoa”, 
k'o'-yé ra né gou° a* dÿ, L'o'- 
yé na! né gou’ a* di, il faut 
que les souliers aillent aux pieds, 
qu'ils ne soient ni trop grands, 
ni trop petits. 

TSO!' Enfin; en définitive. Keu° 
ta-mi zé* Ka-no° byé?, ts0! né? 
byé* a do?, pour cette rizière, il 
en a été question que de fois, en 
définitive les pourparlers n’ont pas 
abouti. 

TSO? Exciter, provoquer, bra- 
ver. Zs’ou® 1s0? Ai, brouillon. 

TS’0? Auge. 


[rs0?] 


TSO* Riz cuit; (et par exten- 
sion tout ce qui sert à la nourri- 
ture fondamentale, cuit à le façon 
du riz; par ex., maïs, sarrasin, 
etc...). Ho*-mou 10°, riz de maïs. 
(e. a. d. «maïs cuit à la façon du 
Tso°-bi' ; 


Tch'5-t'o°, riz décortiqué. Zso*-Hi!- 


riz, «au bain-marie» h», 


sa*; Tso*-sa*, riz non-décortiqué ; 
paddy. Zs0°-bi! Aou', ver de riz. 
Tso* mo°, cuire le riz à sec dans 
la marmite; faire la cuisine; ap- 
prêter lanourriture. Tso?-m0° ts’ ou? ; 
Tso°-m0* p'o*, cuisinier. Tso*-m0? 
hé”, cuisine (maison). Zso-ngeut- 
p'o*, mendiant. Ts0%-m0° h6% né+- 
né*, batterie de cuisine. 

TS0? Retenir, garder, conserver. 
Ni'-ts’e* {s0°, garder la barbe. 

TSO* (mMEU!-TÉ T$0?). Herbe dont 
les feuilles servent d'amadou. Heut- 
té 80° 30° thé? go, faire du fil 
avec cette herbe. 

TS'O Gras. Ts'o? 10°-63, en- 
graisser, devenir gras. Vyé? 4o° 
ts’o°, engraisser un porc. (v. Es’4?). 

TS'0* Particule spécificative des 
bûches de bois. Sex? £’i#-1s’0*, une 
büche de bois. 

TS'04 Sel. Ts'ot L£’at chat, c’est 
trop salé, (sel-amer). 

TSO'-BEU Théière. (0. rsou!- 
BEU). 

TSOY-DYÉ* Repas de midi, (v. 
DyÉ*). 

TSO'-POU Devoir. X1!-Jeu go? 


tso'-pou ngé*, c'est mon devoir. 





[rso!-rs8?] 


Af-ma tso\-pou mo; A%-ma? ts0'- 
pou mo°-keu*, remplir son devoir. 
A*-ma* lso'-pou mo? a* keu?, man- 
quer à son devoir. N° éso!-pon 
keu' 
devoir de l'exhorter. 

TSO'-TSE* (Ch. Teld-tsè nf 
+) Table. Tso!-tse® La, sur la 
table. A2! és0!-{se® lit-leut pé?-lé? 
neu' a, cette table est trop basse, 

TS'O0#-YI* Soupe, bouillon. Zs’ot- 
y go”, faire du bouillon. 

TS'OU Bâtir, construire. A6? 
{s'ou, bâtir une maison, 

TSOU! (rsou!-nyr) (Ch. Tsou 
FH ) Affermer, louer. 6° {sou'-nyi, 
(maison 


djou* byé* ngo', c’est ton 


affermer une maison, 
affermer-habiter). 

TSOU' Faute, offense, péché. 
(0. 'rsou'-KO). 

TSOU' Tuile, brique. (v. rsou'- 
TS’0°; TSOU!-LO®). 

TS'OU* Homme (homo). Ts’ou3- 
kou°, parenté. Ts'ou° d’i*-Jeu*, un 
homme, un individu. Ts ou° beu, 
homme riche. Ts’ou° beu* L’it-moi, 
un homme riche, Ts'ou° chôü!-mo*, 
homme pauvre. Ts’ou° kou!, homme 
sauvage. Ts'ou* ni, homme civi- 
lisé. Ts’ou° cheu*-mo*, homme mort; 
cadavre. 7s’ou° ra“, adulte. Ts’ou- 
lyé'-20*, jeune homme. Ts'ou’-lyé- 
z0* hi°, les jeunes gens. Ts’ou° mou, 
vieillard, (v. zo*-P’ot). 

TS'OU* (Ch. Ts'éu FH) Vi- 
naigre, A1! {s’ou* ft lcha?, ce vi- 


naigre est bon. 


DDR [Teou'-BEU] 
TSOU'-BEU Théière. (0. rso'- 
BEU). 


TSOU-G0* Arsenic. 
TSOU!-K0 Offense, péché, faute. 
Tsou' ts’eu*, absoudre (laver) les 
péchés. Ts’ou'-ko ho? ts’eu*, obtenir 
l’absolution. Tsou'-ko ho° ts'eu* a* 
di, ne pouvoir obtenir l’absolution. 
Cheu° tsou', péché mortel. (péché 
de la mort); crime capital. Tsou' 
i'-beu’, péchés capitaux, (racine 
des péchés). (o. Tsou!). 
TS'OU*-KOU* Parenté. Tcheu’- 
tcheu® ts'ou-kou*, affinité, (vraie 
parenté). N.B. C'est par imitation 
chinoise que contrairement à la 
règle l’adjectif qualificatif écheu’ 
est ici placé avant le substantif. 
TSOU!-LO* Tsou'-lo° 
tch'o*, faire (cuire) des tuiles. 
TSOUI-TS’05 
Tsou'-ts 0° tch'0°, faire des briques. 


Tuiles. 


Brique cuite. 
Tsou'-ls’0Ÿ tcheu°-p'o*, briquetier. 

TVA 
futur. — Sur le point de... T'o° 
3 


Particule, marque du 


yi-mo° né zé* keu° tya?, l'argent 
tire à sa fin. (argent sapèques et 
dépenser finir, marque du futur). 

TYÉ Percer; piquer. Tyé té’, 
percé. Ouo? tyé, pratiquer l’acu- 
poncture. 

T'YÉ Abattre, démolir, découdre, 
défricher. Æaf-bi* l’yé, découdre 
un habit, 46° l’yé, démolir une 
maison, Zs’oul-lo? lyé, descendre 
les tuiles d’un toit. 

T'YÉ À. Keu! d'yé d'i-Va bye 





[VA] 


ngoa', il faut le semoncer un peu. 
Na keu! l'yé byé, mo°-dou” a* dé, 
da* ngo', l’exhorter, c’est inutile, 
il te faut le battre. (v. DJou*). 

T'YÉ? Accepter, recevoir. Go’ 
0° dyit di-fé% l'y? a° ngoa’, je 
ne veux pas accepter un ,fen” 
de personne. 

T'YÉ? Tranchant, aiguisé, aigu, 
Mi'-F'o* 


acéré. Mitdot sé a* l'yé?, 


, 1 


pointu. l'yé”, couteau 


le cou- 
teau ne tranche pas, (couteau 
aiguiser ne-pas trancher). M5'-t'0* 
A } 1221 
sé tyé", 
Mi'-V'0* 


arriver à aiguiser le couteau con- 


le couteau coupe bien. 


, Le?) 
, 


sé t'yé? a* di”, ne pas 
venablement. Z! mit-4'o* d’it tcho? 
pér-lé? lyé? a, ce couteau est 
très-affilé. 

DV 


prendre dans les bras; embrasser; 


Tenir dans les bras; 
porter devant soi. — Particule 
spécificative des ,,brassées”. Ti* 
tyé, une brassée. Tyé dou'-lé”, 
apporter. (0. TYÉ*-DJÈ*). 

TYÉ Mettre dans... 

TYÉ-MEU Milan, 
buse. (0. TYÉ!-MOU). 

TYEU*HÉË® (Ch. Tié JE) 
Auberge. 


vautour. 


V. 


VA (r1f-va) (Ch. Ouén #4) 
Dix mille. 

VA Râcler, gratter. Tso* va, 
passer le riz du bol dans la bouche 
avec les bâtonnets. 


[va"] 

VA! Arrêter. Ÿ2? va!, arrèter 
l’eau. 

VA! Gauche. Lyé? va', main 
gauche. 

VA! Particule spécificative pour 
les bordures, les lisérés. O!-f0? 
na' t'if-val, un liséré (de toile 
fleurie) sur le bonnet, 

VA? Frotter, 


Kyé-ls'eu* va?, fabriquer des cordes 


rouler, froisser, 


(en roulant les deux tresses), P'o?- 
va”, bandelettes dont on s’entoure 
le bas des jambes). 

VA* Acheter. Bou‘-tch'eu? va?, 
acheter du sucre, 7c4°6% va*, acheter 
du fil. Y2* va’, acheter du tabac. 
Va”-lyé?, commerce. 

VA* Ce, cet. Ce... là; cet. là; 
celui-là. Xi!-L'eu! D, va*-l'eu! at 
h°, l’un y va, l’autre n’y va pas. 
(celui-ci aller; celui-là ne-pas aller). 
Vañ-ta\, là-bas. (o. va’-r'Eu!; v. 
KI UKEU": “TEU!). 

N. B. 


l’eu' est assez rarement employé. 





Dans la pratique va°- 


Voyez not. de grammaire n° 73. 

VAI-BO4 À côté: à côté de: 
auprès de. 

VA®%LYÉ? Commerce, Va?-lyé? 
mo*, faire le commerce. Va?-Jyé? 
mo° ts’ou?, commercant. 

VA®*-NI' Autre. (se place avant 
le substantif.). Van! {s’ou°, un 
autre homme; d’autres hommes. 

VA*-SA* Se promener, Va“-sa 


*, aller se promener. 








[v1°] 503 


VA®-TA! Là; là-bas. Va°-ta!-mo, 
là; là-bas. 

VA*-T’EU! Péter. 

VA®-TI'-MO® En travers. Vaÿ- 
h'-mo° l'eu', poser en travers. 
Va”-lil-mo* y, être couché en 
travers sur le lit. 

VA?-TSE? (Ch. Oùa-tsù TR +) 
Bas. 

VÉS-CHEU* Juger. (v. Heu“). 

VEU'-K’0' Malheur, dommage. 

VEU*-M0* Loup. 

VI Partager, diviser, bifurquer; 
distinguer. Vi-p'il, séparer; se 
séparer. Nyé?-da vi-p'i ngoa!, tôt 
ou tard, il faudra se séparer. Go° 
geu*-mo° vi-pi\, niv-p'2 ni%-do mo° 
ouo «* di, je ne puis pas me 
partager pour travailler à deux 
endroits à la fois. (moi corps par- 
tager, deux côtés deux endroits 
faire arriver ne pouvoir). À’a- 
leu'-mou* tcho°-ma* vi, où (d’où) 
la route se bifurque-t-elle? ANi- 
klo°-lé do* 
les abeilles essaiment, (0. Tr). 

VI! Gratter, 
arracher. (0. TI!; v. K’I*). 


do* ro? vi, au printemps 


ràcler, extraire, 
VI! Brandir, balancer, remuer. 
Vi'-nyà, remuer. Vil-Ui dja”-la’, 
se balancer. 
VAE Seu° 
l’arbre fleurit. (v. vi!-L0*). 
VI! Grelotter de froid. (0!-vi'), 
VI Sœur aînée. (v. A!-vI”). 
VE 
VE 


Fleurir. vil-lo® vi!, 


Famille. (v. Ro”). 


Vêtir, revêtir. Aa‘-ÿit vi’, 


554 [v1*] 


s'habiller. ÆKaf-bif vw pou! Aoa*, 
il a mis son habit à l'envers. 
V® a* icha?, s'habiller grossière- 
ment. (v. FFI!) 

VI® Particule, marque du géni- 
tif; parfois aussi remplace 4° 
dans les pronoms comme marque 
du pluriel; euphonique. Xeu'-vi° 
dzeu*-mou* tcheu”, il sert le man- 
darin. (vV. DY1*. 

VIS Charge; fardeau. Mo“-vi”, 
charge de cheval. V° feu'-ts’eu’, 
décharger. Ai! wi d'if-vyé? ti-i- 
20%, vyé? a* s0*, ce fardeau remue 
trop, il n’est pas commode à porter. 

VII-LO® Fleur. 
broder; peindre. (0. vi). 

VI-ZO* Rouille. 
rouiller (rouille manger). 

VO Pêcher. Zs'ou° cheu°-mo° vo, 
repècher un cadavre. 

VO Toucher. 7”2#-fa! vo, touche 


un peu. 


Vi'-lo®  gou’, 


Vi-20* dzo“, 


YOU: Émonder, retrancher ce 
qui est superflu. Seu Æyé! vou!, 
couper les branches d’un arbre 
(jusqu'à une certaine hauteur pour 
en faire du bois de chauffage). 

VOU! Fermenter; faire macérer. 
K'a-no° ny vou', fermenter plu- 
sieurs jours. Vou! a* di? on ne 
peut le laisser se fermenter, (cela 
se gâterait). Zseu vou', rouir le 
chanvre. 

VOU* Particule spécificative des 
personnes. (v. TOH Ë”). 

VOU* Ballonné, gonflé. (v. pou”). 











[vy£?-Ka!] 


VOU* Vendre. Vou“-dé#, gargote. 
Tso°-djyé* vou*-dé*, gargote (chi- 
noise) où l’on vend des dîners. 


? vyou* ts'ou, marchand de 


Vyé 
cochons. (0. vü+). 

VOU*-DÉ# Grand bol. (0. vEu*- 
DÉ*). 

VOU*KYÉË! Légume. Vou“ ki, 
légume amer. Vou“-kyé! cho, 
sarcler les légumes. Vou#-kyé ngo°, 
préparer les légumes. Vou“-kyé! 
Vou“- 


arracher les légumes. 


{ä, planter des légumes. 
kyé! ki, 
Vou“-kyé\ gou*, apprêter les mets. 
(o. vOU‘-THYÉ!; VEU*-THYÉ!), 

VOU*MO0* Rave, navet, carotte. 
Vou“*-mo* cha', carotte jaune. (0. 
VEU<-MO*). 

VOU*YE Huile. Vou‘-yà t5!- 
to, lampe. Vou“-yi° 10!-t0° qa“-la’, 
abat-jour de lampe. Vouf-yi go*- 
to', allumer la lampe. Lo?-ti-s0 
vou“-yi*, huïle d’arachides. (0. vEu<- 
VIe): 

VYÉ2 Porter sur l'épaule. — 
Particule spécificative des fardeaux. 
T'if-vyé?, un fardeau. (v. vi°). 

YYÉ? Porc, cochon. Vyé? L’ou?, 
année du cochon. Vyé? ko, tuer 
un porc. Vyé? hô*, viande de porc. 
Vyé?-k’a' kou'-deu*, filet de cochon. 

YYÉ'-DÉ: 
antre. (0. vyÉ'-PO!'; VYÉ!-HÉ°). 

VYÉ#HAI-TO? Fil de laine teint 
en jaune. 

VYÉ2-KA! Satellite, Vyé?-ka! i- 
dzo', chef de satellites. 


Caverne, grotte, 


[vYÉ*-10!] 


VYÉ2-LO! Grillon. (o.vyé?-Lof!). 

VYÉ2-LO'-PYÉ! Cicatrice, ba- 
lafre. 

VYÉ? LOU*DJI* Musulman. 

VYÉ2-LO'-TCHA?-Z0* Merle (à 
ailes blanches). 

YYÉ2-NI' Sanglier. 

VYÉ'-P'I® Abîme. 

YYÉ!-PO! Caverne (v. vyÉ!-pft). 


LA 


YA Oui. (0. yAŸ-Mo*). 

YA? FA?-TCH'OU? (Ch. idng 
fatch'éu ŸÆ 2% JÆ) Allumette 
chimique. 

YA-PAT (Ch. Jà-pa 5 PE) 
Muet. 

YALTSES (Ch. Zéng-ts2 ÂR F-) 
Forme, apparence. 

YA?-YI® (Ch. Zéng 1èn 2 KA) 
Opium. Ya”-y fa, maladie du 
désir de fumer l’opium. 

YA2YIS (a!-Beu° yYA2yu“) Ch. 
Léng ié Y 5h) Pomme de terre. 
(o. yA?-yu). 

YÉ! Bobine (à enrouler le fil). 
Yé! filer. Yé! éch'af, 
tisser. 


k’ou-ou, 


YÉ* Finale de certains adjectifs ; 


particule euphonique; souvent 
employé dans les même sens que 
iou XX chinois. Et. (Voir Notions 
de grammaire nos, 12; 34; 36). 
A'-l0°-m0° 


af gé*, pas blanc. Fé? ma*-tch'e?- 


Al-40%-mo°-yé, blanc. 


mo° ngeu’, yé? ts’ou° cho’, mo° ngeu’, 


| pauvre. 








099 


(n] 
et (elle) est veuve, et (elle) est 
Mo a* di? 


mo*, violer la loi en connaissance 


cha né, yé’ 


de cause (faire ne-pas pouvoir- 
signe du présent-même, et faire). 
K'ou? a* k’ou? kil-zeu* yé, chaque 
Ki'L'eu 


dou'-ho*, byé3 lé mo° af yé*, à 


annéé il en est ainsi. 


part cela, il n’y a rien à dire. 
Y& Pit-leu* ngeu’, c’est un autre. 
Po so! a* t'ou* a'-djyé?-mo° yé?, 
la toile mal teinte est bariolée. 

YÉ* Chatouiller. 

YÉ#, Poule (en général). Fé- 
p'ou*; Vé#-p'ou’-mo, coq. Fé*-p'ou’ 
cha, chant du coq. Yét-cho'; Féf- 
hyé\, chapon. Yéf-mo*, poule. Yé- 


| 204, poussin. Fé* £’ou?, année de 


la poule. Yé* Lo* dzo*, tuer une 
poule (pour manger). Yé* 46% dzo*, 
manger de la viande de poule. 
Yét Fo, oeuf de poule. Fé* ’o* 6°, 
la poule pond (des oeufs). Yéf #0? 
meu, la poule couve (des oeufs). 

YÉ#H02-MO* Oie. 

YÉ'-MA°? 
tché, toile d’araignée. 

YÉ'-MA? KA'!-DÉ* Aisselle. 

YÉ2-NO! Filet. 

YÉ£#PI' Canard. 

YÉ2SOU! Jésus. (terme chré- 
tien). 


Araignée.  Yé'-ma 


YI2 Se coucher. F2? a 4°, pas 
de place pour se coucher. Fi /é° 
heu, bon à dormir. Fe? lé a heu”, 
pas bon à dormir. Mou yi*; Meu 


y, coucher ensemble (même sexe). 


956 [x] 


Pyé y, coucher ensemble. (sexe 
différent). Fini 


s'endormir. V2?-m dou-lé cha’, 


keu\, dormir, 


avoir sommeil, Vi*-ngeu” keu’, 
dormir, s'endormir. Y4°-n2 keu! a* 
gou, sans envie de dormir. Ÿ2°- 
ni l'it-t'a' keu!, faire un somme. 
A'-dré-20* yi, coucher sur le côté. 
O#-po* pou'-mou* mo y, coucher 
sur le dos. A!-mou* da*-keu°-20 y, 
coucher sur le ventre. Gou-y2° y”, 
aller se coucher. Fi?-neu*; F2°-né, 
s’éveiller, Y2?-myé*, rêve. Y-mye 
Fi-bou';  Fr-beu!, 


grosse couverture ouatée. F?°-deu*- 


mo*,  rèver. 


k’ou*, matelas. (0. G0°-Y1" ; GOU*-Y1°). 

Y[ Aller. (N'est guère employé 
que comme auxiliaire, dans le 
dialecte a-hi). Geu°-yi*, s’en re- 


tourner, Mou* LE mi! LE no! y 


1 4 


né, n0! af ouo, je suis allé par- 
tout aux informations, sans cepen- 
dant pouvoir rien savoir. (V. LI; 
OUO!). 

YIS (Ch. ie A) Tabac. Fi 
cha', tabac jaune (pour pipe à 
Fé-ko, pipe. 2° écheu’, 
fumer. Ÿ2 reu°, couper le tabac. 
Yi La, rouler du tabac. Fa-f'i, 


nicotine. 


eau). 


YI° Eau (en général) ; eau froide. 
F& tcheu', eau fraiche ; eau claire. 
Yi? heu, eau chaude. }2° s0°, eau 
limpide. F4° #lyé?, eau bouillante. 
Fe hlyé? cha”, l'eau est en train 
de bouillir; l’eau est bouillante. 
Ya lé, can chaude. Yi lé-léyé ; 


[Y1*-HEU“] 


FE mo-mo*-yé*; Vi mo-ché-mo, 
eau tiède. Dof-lo*-y1*, déluge. F1° 
deu, tremper (la main) dans l’eau. 
Ye d'eu', lâcher l’eau (dans les 
rizières). V4 ou’; Vi sé%, faire 
monter l’eau dans les rizières au 
moyen de noria; aspirer l’eau; 
amener l’eau. Ÿ2° s5*, eau courante, 
(vivante). Fi° cheu*, eau stagnante, 
(morte). F2° ni-geu“-mo*, eau trou- 
ble (rouge). H6% lyé! yi°, eau qui 
descend du toit. 6° lyé' yi° bo“, 
lorsque dans une pluie forte l’eau 
descend du toit d’une manière 
continue. 6% lyé\ yi° deé, lorsque 
l’eau descend du toit goutte à 
goutte. Po* yi* bof, eau qui des- 
cend de la montagne après une 
forte pluie. }2°? 4o*, faire écouler 
l’eau. Y2° djyé* tou”, boire de l’eau. 
Mot yi-djyé* tou’, abreuver le 
cheval. Ye dou! té lé* eau qui 
sort de terre où déborde du vase 
où elle est enfermée. Y1°-djyé* 
dou' tcho*-ma*; Vi tcho*, fossé, 
ruisseau, canal, aqueduc, conduite 
d’eau. Ÿi pi-deu*, flaque d’eau. 
Yi ti', remous de l’eau. (0. vI°- 
DJYÉ*; YI’-DYÉ*). 

YE-BO* TCHO*-MA* 
dorsale. 

YIS-DEU“ Puits. Y2° néu'-deui, 
puits. J2%-deuf yi°, eau de puits. 

YIS-HEUS, Lac, étang. Y2°-heu* 


biä-ta?-mo?, mer. F2°-heu* k£’a°, sur 


Epine 


le lac. Yi?-Zeu* kou! po’, Île. Fi*- 





| eut tsé!, rivage d’un lac. 


[Y1*-Ko0*] 
YIS-KO® (Ch. Zen-ko ME &h ) 
Pipe. 
YI LO?-LI* Flots, vagues d’un 
lac, d’un étang. 
HIEMO* 5) 


affluent; petit ruisseau. Y2%-»0°- 


Rivière. Y2°-m0°-20 
djou*, fleuve. Fé-»0° yi° ché-mo° 
ché-z0*-yé*, eau tiède d’une rivière. 
Fi-mo°-djou* y L° rat to?-lé3 à?, 
l’eau du fleuve a grossi un peu. 

YI-MO* Sapèque. Vi4-mo l'o- 
co*, Cauris {coquillage; ancienne 
Vi-mo L'it-leut, 


Vit-mo° keu’-leu*, neuf 


monnaie). une 
sapèque. 
sapèques. Fit-mo d'it-f63, dix sa- 
pèques. Fit-mo* d'it-1s’ €, cent sa- 
pèques. 12*-m0° d’if-lou*, une liga- 


(1.000 


zeu*, dépenser (employer) des sa- 


ture. sapèques). Yi-m0° 
pèques. Yi*-mo* cho?, devoir des 
sapèques. #*-m0° geu*, payer (don- 
ner) des sapèques. l2%»0° Æ'ou?, 
rendre des sapèques. V2#-m0° 20, 
intérêt de l'argent. 

YI*-MOU! 


djyé”, chasser les mouches. Yi*- 
ll 


Mouche, F2?-mou! 


mou’ djyé”-to*, instrument pour 
chasser les mouches. (0. y1°-MEU'). 

YI-PO Clairement. (o. m1?-Po). 

YIS-SOU Yit-sou. (Dieu des A-hi; 
c'est le Dieu bon: il réside au 
Ciel. Quand il tonne, c’est qu'il 
est fâché coutre les méchants). 


, Pa +. | 
Vi*-sou mou*, Yi-sou le vénérable. | 


A'-pou  Fitsou, l'ancêtre Yi-sou. 
(o. Y1-S0 et y1-SOU0; v1*-S0u-P'0*). 
YL'-YI2-MO0? Lézard. 





[ZË*] 007 
YI'-YI!-ZO Sage. Ki! a'-ba-z0* 


gr'-yi'-20* ; Ki a-ba-20* yi'-yi'-20* 


ngeu”, est enfant est bien sage. 


Zi 


ZA Extraire. Lo!-po za, extraire 
des pierres (d’une carrière). 

ZA°-CHO' Fatigué; prendre, se 
donner de la peine. Za°-cho! cha’, 
tu es bien fatigué. (politesse). Mal- 
M p'yé?, go° k’a-no? za°-cho! hoa, 
pour vous, que de peine je me 
suis donnée. 

ZÉ! Colonne, pilier, poutre. Lou’ 


zé! 


, colonne en pierre. Zé!-»0° 
tck'ou', ériger les colonnes (d’une 
maison). (0. ZË!-MO*; ZÉ!-PO*; ZEU!). 

LÉ? Descendre, baisser. Zé?-ouo!, 
descendre, Zé?-lé*, descendre; venir 
en bas. P’ou* zé?, baisser de prix. 
P'ou* zé? a* di, ne pouvoir abais- 
ser le prix. Z€? do* Lo*, difficile 
à descendre. Z€? do af di?, ne 
pas arriver à descendre. Mo* £a’ 


zé? lé*, descendre de cheval. Dyé* 
+ 4 


2 


né% at di, zé? né at d?, ne 
pouvoir ni monter ni descendre, 

LÉ? Sacrifier, L'-s6? zé?: T\-sé° 
Hi, sacrifier aux esprits. 

ZE Solide. (0. zeu°?). 

LÉ? Toujours, éternel. Z€? 46°, 
vie éternelle (vie de l'éternité). 
T'it-26*, toujours. 

ZLÉ* Se servir, employer, dépen- 
ser. (0. ZEU-). 


ZE* Façon, manière. Ki!-26#: 


58 [zË'-mo°] 


T'-26%, ainsi; de cette façon. (0. 
ZEU*). 

ZË'-MO* Colonne. (0. zé!-Po: 
V. ZË'). 

ZEU' Colonne. (0. zf!). 

ZEU' Accabler, opprimer, com- 
primer, presser, chiffonner, écraser. 
So? zeu', accabler autrui. Ouo*-t’é? 
zeu', bourrer. Lyé?-peu' j0° zeu' 
djè', bien comprimer avec la main. 
l'inét-né* zea! a di, cet objet 
ne peut être pressé. Zeu! po', 
écraser (avec la main) 

ZEU? Panthère. Zeu°-lo, bêtes 
féroces, animaux sauvages, en 
général. (m.àm. panthère-tigre). 
Ts'ou® lou-nyé, zeu?-lo ni'-mo, 
homme mauvais, à instinct bestial. 
(figure d'homme, cœur de bête 
féroce). Zeu*-lo k'o'-yé*, semblable 
aux bêtes féroces. (naturel féroce 
comme celui du tigre et de la 
panthère). 

ZEU* Solide, durable. (0. ZÈ°), 

ZEU* Façon, manière. (0. zË*). 

ZEU* $e servir, employer, dé- 
penser. Dou*-dou* a*-ka* zeu*, abu- 
ser. J2-m0° k'a-no° zeu* ho*, (il) 
a dépensé beaucoup de sapèques ; 
combien a-t-il dépensé de sapèques? 


[z0-To] 


To yif-mo° né zeu* keu* tya”, 


l'argent tire à sa fin. (o. ZÉ*). 
ZEU* Urine; uriner. Zeu“-deu“, 

uriner au lit. (0. ZEU*-HO*). 
ZEU?-MOU* NYÉ:-SA‘ 


luisant. 


Ver- 


ZO* Fils, petit; particule dimi- - 


aie 


nutive. Æeul z0o* seu? vou’, 
mé m4 tech 6 beu”, il a trois fils et 
deux filles. Zo* #’*-20*, fils unique. 
Ne 294 k'a-no°-leu*; Na 204 k'a- 
vou”; Ni tch é? 
beu?, combien as-tu de fils? Zo4 
ts’ 63; Zo* beu, mettre bas. Zo“- 


p’o*, homme (vir); garçon. Zof- 


zo* k’a-n0° 


né; Zo*-neu, enfants (en général). 
Zo* myé, fils sec (adoptif). Zo* 
ma-lyé\, bru. Zof-lil, petit-fils. 
Zo*-lyé\, petite-fille. Zof-t0 lil-204, 
arrière-neveu. Zo*-t0* a!l-mé*, ar- 
rière-nièce. Zo* ra“, fils aîné. Zo 
gowŸ a* di mo”, fils dénaturé. 
(v. 1!-70*). 

Z0* Rente d’un capital. (0. 1'- 
Z0*). 

Z0*-LO* Fermier. Zo-lo? mo*, 
faire le fermier (de quelqu'un). 

ZO-TO Pendants 


paille. 


d'oreille en 





PROBLÈMES CHINOIS DU SECOND DEGRÉ 


PAR 


LOUIS VANHÉE. 


——e> 


Il existait une algèbre chinoise, avant la nôtre. Je n'ai pu 
5 Ù F 
déterminer exactement son origine. Mais elle était déjà connue vers 


le X® ou XI° siècle. 
Pour en donner une première idée, je traduis ici sur le texte 


original de Li 7che-chang Zi ss fi 34 vieux problèmes du 2 degré. 


Ils roulent tous sur le triangle rectangle. 
Afin d’abréger et de simplifier, j'ai remplacé, dans le texte chi- 
D 4 
nois, les chiffres originaux par nos chiffres européens — pratique 


universellement reçue dans les nouveaux livres à l'usage des écoles — 


de plus je me suis servi de la notation suivante: 


a = hypothénuse BY 


€ b = base #] 
e = hauteur }}ÿ 


d = différence Hoè 


S = somme fn 


560 LOUIS VANHÉE. 


1 À #1] 21, He 28, FH] 52 


La base — 21, la hauteur 28, on demande l'hypothénuse? 


À #15, 5% 39, FA Je 


b=15, a =39, on demande la valeur de c? 


Æ Hé 240, 52 246, Hi #] 


La hauteur égale 240 et l’hypothénuse 246, quelle est la base? 


# 6] 12, Je 52 #0 72, FA Je 57 


La b=12, c + a = 72, quelle est l’hypothénuse et la hauteur? 


Æ #] 33, He de de 11, F4 Hz 5 


La b=33, a —c=11, que vaut « et a? 


Æ ME 45, 9 52 0 7, TA hi) 52 


La hauteur est de 45, b+ a = 75, que valent b et a? 


#1 JBe 55, a] 59 ne 25, F4 #7 52 


La hauteur = 55, «a — b=25, on demande a et b? 


À 55 75, a] Je 40 98, F4 4j] 


L'hypothénuse étant de 75 et b + «= 93, que valent b et c? 


#4 36 91, a] JBe Be 49, FN #4] JB 


L'hypothénuse valant 91 et la différence entre d et « = 49, quelle 


[ie] 


O9 


TS 


Qt 


[er] 


_ 


OO 


© 


est la longueur de b et c? 
10 Æ #1 Je An 451, #1] 82 Au 530, FE #7 JR 52 
Connaissant b + c=451 et b + a = 539, chercher a, b; ce? 


11 AT A] JR Au s41, Ag BE HR 108, [IH 41 JE 82 


Étant données b + c = 341 et a — b = 198, chercher a, b, c? 
12 À 3j Je 62, 1] 52 401 100, [ A] Je 57 
Connaissant « — b = 62 et b + a = 100, chercher a, b, ce? 


13 À 6] Je ER 63, A] 52 HR 81, FN 69 He 7 


Si c — b= 63 et a — b=81, quelle est la valeur de a, b, c? 


14 À Hi] JBX Au 206, #7 An fe 160, F9 #7 Je 52 


Si b+c=206 et (a+ c) — b = 160, chercher a, b, c? 


15 A5 A JR a 217, 4 Aa 204, [I 47 JE 52 


Si bHce=217, a + c — b = 294, chercher a, bd, c? 


23 


24 


25 


26 


27 


29 


30 


PROBLÈMES CHINOIS DU SECOND DEGRÉ. 561 


AT A JP a 503, Aa] AR A 264, 41) NE 52 


Si b+c=533 et b + (a — c) = 364, que valent a, D, ce? 


À 5 Je ù 63, y An An 270, FU #7 JRé 5 


Si ce —b=68 et b + ce+ a =270, chercher a, b, ce? 


A y Je BR 555, 7 XX 126, F4 a] Je 


Si ce — b=553 et (a — ce) — b = 126, chercher a, ; c? 


A a Je 1e 49, ap 1e fX 42, F9 #7 Be 5 


Si c — b=49 et (a — c) — b = 42, chercher a, b, ce? 


A y Je BR 16, Ag 2 2 192, FN y Je 5 


Si c—b=16 et (a — c) — b = 192, ie a, b, c? 


A hf BE Be 62, fa] XX 82, FN #7 Je 52 


Ayant ce — b=62 et (a — c) — b = 82, chercher a, b, ec? 


#52 A1 676, a] AU IR 560, FA #7 Je 57 


Étant donnés b + a = 676 et (ce + a) — b = 560, chercher a, b, c? 


À Ha) 52 An 288, 1] AS 378, FN #7 JE 


Si b + a = 288 et (a + c) — b =378, chercher a, . cÿ 


À] 52 A1 806, A] HS ER 68, FA #7 Je 52 


Supposées b + a = 306 et (a — c) — b=68, que valent a, b, e? 


À) 52 I 588, A] XX 144, FA #7 Je 52 


Si bd + a = 588 et (a — c) — b = 144, quelle est la valeur de a, b, c? 


#T A BE 100, 4 Fa AA 264. [ID #7 JIX 5% 


Connaissant « — b=100 et b + (a + ec) = 264, chercher a, b, ec? 


À) 52 fR 648, A] PR A1 176, FA #7 Be 52 


Connaiïssant à — b=648 et b + (a — ce) = 176, trouver a, b, ec? 


À] GER 40, A] EX A 50, FJ y Je 52 


Ayant a — b= 40 et b + (a — c) = 380, trouver a, b, c? 
À a] 59 Be 288, fi] fe ui 806, FN #1 Je 52 


Si a — b=288 et b + (a — c) = 896, évaluer a, b, c? 


A y 52 1e 204, A 1e Au 468, FN #1 Je 52 


Si a — b=294 et b (a — c) = 468, calculer a, b, c? 


562 LOUIS VANHÉE. 


a1 À Né 8e An 144, #9 à Au 28, HN #7 JE 57 


Données: ce a=144 et b+(a — c)=28; on demande a, b, c? 


se #7 M 5% Au 588, #7 NS 24, HA #7 I 57 


Si ct a=338 et (a — c) —b=24, que valent a, b, c? 


ss #1 NX 2% dt à, A) Au 0 528, [A 6] JR 52 


On donne a —c=4 et b+(a—+ c)=528, chercher a, b, ©? 


g4 A5 Re ag de 12, A A ER 1080, [1] #1] JR 62 


QG a — c=12 et (a+ c) — b = 1080, chercher a, bic 





NECROLOGIE. 


Sir Robert Hart. 


Sir Robert HarT, Bart., G. C. M. G., Inspecteur Général des Douanes 
Impériales Maritimes chinoises, est mort le 20 septembre 1911, à Fingest Grove, 
High Wycombe, à l’âge de 76 ans. Fils de Henry Hart, de Portadown, Comté 
d'Armagh, il était né en février 1835; c’est en novembre 1853, qu’il remplaça 
Horatio N. Lay dans la haute situation qu'il occupa jusqu’à sa mort. Nous 
reviendrons sur la carrière et l'oeuvre de cet homme remarquable. En attendant 
nous croyons devoir reproduire l’article que le Times vient de lui consacrer. 

He Ce 


We regret to learn that Sir Robert Hart, who for some time past had 
been suffering from pneumonia and other troubles, died at 10 o’elock on 
Wednesday night at Great Marlow. Although he passed à fairly good night on 
Tuesday, his condition became worse on Wednesday afternoon, and from 2 o’clock 
it was evident that he was losing strength. 

For very many years Inspector-General of the Chinese Maritime Customs, 
Sir Robert Hart has spent the last few years in England on leave of absence 
that was renewed from year to year. He himself, until a short time ago, 
cherished the hope that he would be able to return to China and resume his 
duties as Inspector-General; but to most of his friends it was plain that his 
health would not permit of it. 

© With his death there passes from the scene one of the most picturesque 
figures of the 19th century, a man whose remarkable talents and personality 
could not have failed to bring distinction in any work or environment of life, 
and who, by virtue of the unique background in which his career was set, 
attained at a comparatively early age to world-wide fame The name of Robert 
Hart was a household word in China before he was 30 years of age; it grew 
in prestige with the marvellous organization of the Chinese Customs Service of 
which he was for so long the distinguished head, and it gained naturally in 


importance from the crises through which China passed during his admi- 
37 


564 NÉCROLOGIE. 


nistration of her revenues, crises in the settlement of which his personal influence 
and exceptional knowledge saved the Manchus and the Chinese Empire from 
the consequences of the folly of the Mandarin. 

Born on February 20, 1835, in the North of Ireland, he graduated at 
Queen's College, Belfast, in 1853, and he went out to China in the following 
year, as a student interpreter in the Consular Service. Employed as secretary 
to the allied commanders during the Anglo-French occupation of Canton in 
1858, he was appointed in 1859 Inspector of Customs in that city. This was 
his first connexion with the service he was ultimately to be connected with in 


all his work in China. 
His Work IN CHINA. 


When voung Hart first went out to China in 1854 the Southern and Central 
Provinces were the scene of a great popular upheaval, the Taiping Rebellion. 
The Taipings had in that very year swept down the Valley of the Yang-tze 
and seized the native city at Shanghai, compelling the Chinese Superintendent 
of Customs to close his office. The European settlement held its own, and two 
months later the Shanghai Customs house was re-opened in the settlement for 
the collection of Imperial revenue under the joint Inspectorate of the three 
Treaty Powers, then in relation with the Provincial authorities — Great Britain, 
the United States, and France. 

This was the origin of the great organization which Sir Robert Hart was 
destined to govern for so many years and which he first represented at Canton. 

In 1861 Prince Kung, the President of the Tsung-li-Yamên, formally 
invested the Collectorate of foreign Customs at the Treaty ports with regular 
powers from the Central Government, and placed the management in the hands 
of Mr. Lay, who was then in charge of the Shanghai Collectorate. 

When Mr. Lay resigned in 1863 owing to serious differences of principle 
between himself and the Chinese Government, M. Hart, although then only 
28 years of age, was appointed to succeed him. 

From that day he devoted himself with all the dogged perseverance, the 
shrewd intelligence, and business-like capacity of a typical Ulsterman to the 
task of evolving European order out of Chinese chaos. In his masterful hands 
the Maritime Customs, which originally represented mere local agencies for 
the collection of duties on foreign goods, grew to be. a great and complex 
organization, administering the one substantial and liquid source of revenue 


at the disposal of the Central Government of China. 
LOYALTY TO THE CHINESE. 


Sir Robert Hart’s career since 1900 has little to show in the way of new 
constructive work. After the restoration of peace his life at Peking returned 


NÉCROLOGIE. 565 


almost without effort in the old grooves, and he continued until January, 1908, 
loyally to serve a Government which had ill-requited his best services and 
which, as he himself was forced to confess, was apparently incapable of 
learning or forgetting anything. It was through his mediation and chiefly 
owing to his influence and wise guidance that Prince Ching and Li Hung 
Chang were able to pave the way for the restoration of the Manchu Dynasty 
and practically of the authority of the late Empress Dowager Tzu Hsi, That 
august Jady admitted as much herself when thanking him at a private 
audience after her return to Peking. “To you”, she said, “who have ever been 
our most faithful servant, we owe the opportunity of making a new beginning”. 
Sir Robert Hart himself had doubts which he guardedly expressed in his work, 
“These from the Land of Sinim” (1901), as to the wisdom and expediency of 
permitting the Manchus’ return. He realized the necessity for new measures if 
the ancient Empire were to be saved from itself. But he was already then in 
his GGth year and long association with the easy-soing philosophy of the Orient 
had taught him many lessons of expediency, and he was swayed above all, as 
the results proved, by a sentimental devotion to the Chinese Throne and 
Government which made him instinctively their apologist even when he could 
not be their reformer. Nothing could shake his unswerving loyalty to the 
rulers of the country which he had made his home; even the base ingratitude 
of their treatment of him in 1900, the destruction of his home and personal 
belongings, "never affected him or his attitude in the slightest degree; on the 
contrary, the articles which he published in English magazines and the whole 
tenor of the book to which we have referred revealed increasing evidences of 
sympathy with the Oriental standpoint in politics and philosophy. 


Tue END or His CAREER. 


It was in May, 1906, that Hart received final and convincing proof that, 
however much his services had been used by the Chinese Government in the 
past, there was nothing of gratitude or even of consideration in their appre- 
ciation of his labours, The one essential factor of the success of the Chinese 
Imperial Maritime Customs Service was the undivided authority of its chief, 
and the loyalty of the staff who had efficiently served him and China in the 
collection of her revenue. That factor the Government proceeded to attack by 
appointing high Chinese officials to be controllers of the Customs under the 
title of the Shui-Wu-Chu'u. It was not only the nature of the change, which 
was felt at its full significance by foreign Governments and financiers, but the 
gross discourtesy shown to the IG. personally, in the fact that he was 
neither consulted nor notified in regard to the pending change. Writing to a 
friend at the time, in the first flush of natural indignation, he expressed the 
belief that this was the beginning of the end of the great service which he 


566 NÉCROLOGIE. 


had built up after long years of labour, and his chagrin was undisguised. But 
he had learnt from the East a lesson which he was fond of inculcating in the 
words of a Chinese proverb which says, “When the strong wind blows the 
tree may break, but the waving grass will bend and recover”. In the sub- 
sequent pourparlers between the Chinese and the British Governments he took 
no pronounced part, and expressed no strong opinions; but in the following 
year he tendered his resignation. Then arose the question of his successor, a 
question greatly complicated by International jeaiousy and by the policy of 
China for the Chinese which inspired the action of the Peking Government. 
Again, as in 1885 (when for a few weeks he accepted the appointment of 
British Minister in China), the Chinese Government declined to accept his 
recommendations in regard to his successor. The question was eventually settled 
in the usual Chinese manner by leaving it open. Sir Robert Hart received 
a year’s leave of absence, dating from January, 1908, wich leave has since been 
regularly renewed, while an acting I.G. (Mr. Aglen) carries on the duties of 
the post without any very definite understanding as to his future position 
and authority. 

Thanks to the complete destruction wrought by the Boxers in 1900, not 
only in Peking but in the Foreign Settlernents at Tientsin, no complete record 
of the life of Sir Robert Hart on its political and administrative side can ever 
be written; for the archives which recorded the earlier history of the Customs 
Service and his many diplomatic measures and negotiations with the Chinese 
Government were destroyed by fire. Destroyed also were the letters of Chinese 
Gordon and many other priceless documents. The preservation of his corres- 
pondence with Mr. Detring would have enabled future historians to reconstruct 
the history of the French and Japanese wars from materials which are not to 
be expected from purely Chinese sources. Only his private diary was rescued 
in the nick of time from destruction. It is characteristic of the man that, 
seeing it brought for safety to the British Legation, he expressed regret that 
it should have been saved, and there is reason to believe that the executors 
will receive instructions that no use shall be made of its records for biographical 


or other purposes. 
PERSONAL CHARACTER. 


With his remarkable personality and wide range of sympathy, deep 
learning, and almost poetic imagination, Sir Robert Hart endeared himself to 
a very wide circle of friends and acquaintances. His character is as complex 
as his personality was sympathetic. The Spartan training of à Belfast Irishman 
was tempered through his long residence in the East to a broad and tolerant 
acceptance of life in all its phases. Upon the traditions of a Puritan stock was 
grafted the easy-going philosophy of the East; and the combination of these 


NÉCROLOGIE. 567 


qualities made up a character that stands out against background of modern 
Chinese history as romantic a figure as that of General Gordon, or of Rhodes, 
or of any other great Englishmen overseas. During the siege of the Legations 
in 14900, when the whole machinery of a life of routine had been so suddenly 
upset, his character stands at its noblest and best, showing him to be a very 
gallant gentleman, who, combining the qualities of endurance, courage, and 
helpful cheerfulness, raised himself in the esteem of his fellow-men more than 
he could have done by any administrative successes. The autocrat and martinet 
of the Customs became a simple volunteer in the work of defence. Sir Robert 
Hart was a philosopher and a poet; he possessed a capacity for friendship to 
which years of correspondence testified. His political knowledge was wide, and 
his instincts generally sound; but they were always liable to be affected at 
critical moments by the impulsive nature of his sympathies, which outweighed 
on more than one notable occasion his deliberate judgment. 

Sir Robert Hart was the possessor of 13 Grand Crosses bestowed upon 
him by European Sovereigns, privileged to wear the red ribbon of the first 
order of Chinese officialdom, the Peacock’s Feather, the Double Dragon, and 
many other distinctions which, as he quaintly put it himself, gave him the 
appearance of a Christmas tree. His life will go down to history as one of 
the greatest monuments of British administrative capacity and loyalty. His 
opportunities were undoubtedly great, but the man rose to them, earning 
golden opinions not only from his own countrymen but from the many men 
of other races with whom he frequently came into contact in circumstances calling 
for unusual tact and discrimination. That there were weaknesses and errors 
in his administration of affairs few will deny; one of the most conspicuous 
was that quality of autocracy which has left the Customs Service without 
cohesion or definite policy to face the uncertain future. Taking him all in all, 
Sir Robert Hart leaves behind him a record as an administrator that has been 
rarely excelled and an example from which the Chinese in the long run cannot 


fail to derive guidance and benefit. 


MÉLANGES). 


—=00E=L 0 -— 


I. PRINCE K’ING. — II. OPIUM AGREEMENT. — 
III. CHINESE LOAN. — IV. TRANSFER OF THE CHINESE 
POST OFFICE TO THE CENTRAL GOVERNMENT. 


PEKING, April 27. 


Prince Ching has been for years the most conspicuous and the most 
notorious figure in China. The story of his life is the story of China for the 
past 27 years—the story of the most disastrous experience in the history of 
the Empire. From those disasters China is now emerging chastened and strengthen- 
ed; her future, under new methods of government, is rich with promise. 
Whether Constitutional development can be guided satisfactorily by a decre- 
pit old man, irresolute, wily, corrupt, and inefficient, is a question which 
may be disputed. 

Prince Ching is not of princely origin. An Imperial clansman, born in 
Peking on April 12, 1839, he was, when a child of 13, adopted as the heir 
of a grandson of the great Emperor Chien Lung, the grandson being the son 
of the 17th son of the Emperor. As an adopted son he was admitted to all 
the rights and recognition of a true son. He is thus regarded as of the same 
generation as the Emperor Hsien Fêng (1857-61) and his brothers, Prince 
Kung and Prince Chun, the father of the Prince Regent. 

In his early years he was not well provided for, and it is recorded that 
he was glad to increase his income by giving lessons in writing and painting, 
His first appointment to office was on April 11, 1884, when, quite untrained 
and inexperienced, he was made President of the Board of Foreign Affairs, the 
old Tsung-li Yamen, in place of Prince Kung, degraded. His appointment coin- 
cided with the commencement of difficulties with France, which culminated in 
war. Four years later, in the matter of the Imperial Audience, he is found 
counselling the Emperor to slight the foreign representatives in Peking by 


receiving them in the Hall of Tributary Nations, an Oriental indignity that 


1) From the Times Own Correspondents. 


MÉLANGES. 569 


in those days was regarded as a clever ruse well adapted to maintain the 
prestige of the Throne in the eyes of its subjects. 

Created Prince of the First Order in February, 1894, he was responsible 
in large measure for the misdirection of the Throne as to the preparedness of 
his country for war with Japan, and he approved the bombastic declaration of 


war drafted by Wên Tung-ho, which provoked the derision of the whole world. 


AT THE FOREIGN OFFICE. 


On the death of Prince Kung on May 29, 1898, Prince Ching resumed 
full control of the Foreign Office. À few weeks later, on July 4, he signed the 
Convention by which Wei-hai-wei was leased to Great Britain “for so long a 
period as Port Arthur remain in the occupation of Russia.” Events now moved 
quickly. The coup d'État of September, 1898, by which the Emperor was 
relegated to a position of tutelage, the unrest of 1899, and the saummoning to 
Peking of Tung Fu hsiang’s undisciplined hordes were followed by the Boxer 
outbreak of 1900, which could have been averted had there been a less irre- 
solute Minister at the head of the Tsung-li Yamen. During the Boxer rebellion 
and the siege of the Legations, Prince Ching remained in Peking. The des- 
patches addressed to the beleaguered Legations signed “Prince Ching and 
others”? were subsequently published. It is impossible to believe him innocent 
of complicity in this crime against humanity. 

The foreign troops entered Peking on August 14, 1900. The following 
morning, Prince Ching left with the Empress Dowager on her flight to Singan-fu, 
but three days later at Huai-lai hsien he was ordered by his Imperial mistress 
to return to Peking and make peace with the foreigners. With guilty cons- 
cience he timidly re-entered Peking, Sir Robert Hart, it is understood, having 
given him an explicit assurance that his person would be sacred. In the peace 
negotiations which followed, and which were finally concluded in the Protocol 
of September 7, 1901, he was associated with Li Hung-chang as the represen- 


tative of China against the Powers. 


PRESIDENT OF THE War Wu Pu. 


By the terms of the Protocol, the old Tsung-li Yamen was reconstructed 
in accordance with a scheme prepared on behalf of the other Plenipotentiaries 
by Mr. Rockhill, the present American Ambassador at St. Petersburg, who 
was then the Special Envoy of the United States to China, and the 
Japanese Envoy, now the Foreign Secretary, Marquis Komura. À new Ministry, 
called the Wai Wu Pu, was created, consisting of a President, two Assistant 
Presidents, and two Vice-Presidents. The post of President was given to Prince 
Ching, and to this post he has since clung. On April 43 1903, on the death 
of Jung Lu, he rose to increased power, and was made President of the Grand 


570 MÉLANGES. 


Council, the highest post in the Empire. He also succeeded Jung Lu in the 
lucrative post of Custodian of the Imperial Mausolea. He is still President of 
the Grand Council. 

Every position of dignity that could be given to an official has been thrust 
upon him. He has been the Supervisor-in-Chief of Naval Reorganization—the 
present deplorable condition of the Chinese Navy bears witness to his incapacity. 
He has been Comptroller-General of the Army Board—its success in large 
measure is due to his abstention from any duties connected with it. 

As President of the Wai Wu Pu he has systematically evaded his duties. 
Ministers of powerful foreign States have been treated by him in a way that 
would not be tolerated in any other country under heaven, for representatives 
of Great Powers respectfully crave audience with this corrupt old mandarin to 
discuss questions that he has contemptuously declined to treat at the Foreign 
Office. He has not been in the Foreign Office, although he is Foreign Minister, 
six times in the last six years. He grants rare audiences to the Foreign Ministers 


in his own residence. Royalty itself could hardly be more exclusive, 


His PRIVATE LIFE AND CHARACTER. 


His Palace in Peking, in the northern part of the city, outside the 
Imperial City, has been the place of pilgrimage of expectant officials for a 
generation past. “His front door is a market place” is the common saying 
among the Chinese. Every official who enters the precincts of his Palace has 
to pay toll to the gate-man. 

For years the Prince has stood for all that is most evil in Chinese official- 
dom, yet to an exceptional degree he enjoyed the confidence of the Empress 
Dowager, who showered honours upon him unceasingly. His record is always 
associated with disaster. No constructive statesman, no masterful patriot, he 
has lived his 73 years with no act of glory, attached to his name. Censors 
have vainly impeached him; the Press never mentions his name but in execration, 
but he survives it all, and is daily more powerful. Polygamous to a degree 
unusual even among Chinese, he has had a large family, and by judicious mar- 
riages he is related to an extraordinary number of the highest Princes and 
officials in the Empire. His eldest son, who is to be Chinese Ambassador at 
the Coronation of King George V., is married to the daughter of En Shou, a 
Manchu, the Governor of Shensi Province. Another son is married to the 
daughter of the Governor of Shantung, Sun Pao-chi, a Chinese, the first in- 
stance in history of a Manchu Prince marrying the daughter of a Chinese. 
One of his daughters married the eldest son of Yulu, the notorious Viceroy of 
the Metropolitan Province during the Boxer Rebellion. When Tien-tsin was 
bombarded by the foreign troops in 1900, the son committed suicide with his 


father. His widow was at that time in Peking. She was the favourite lady-in- 


MÉLANGES. 574 


waiting of the late Empress Dowager, and accompanied her in her flight to 
Singan-fu, returned with her to Peking, and remained with her till her death. 
She is still the most favoured lady-in-waiting at the Imperial Court, being now 
attached to the present Empress Dowager. Through another daughter his 
family is closely inter-married with the family of Prince Su, President of the 
Ministry of the Interior; another daughter is married to Prince Na, one of the 
highest of the Mongol Princes, a chief of the Khalka Mongols; and still another 
is married to the Mongol Prince Potisu, Minister of the Presence, who was 


specially detached to accompany the Dalai Lama to Peking. 


PERING, May 8. 

The opium agreement was signed to-day by Sir John Jordan and the 
Wai-wu-pu. The following is a careful précis: — 

The British Government, recognizing the sincerity of the Chinese Govern- 
ment and its pronounced success in diminishing the production of opium in 
China during the last three years, agrees to continue the arrangement made 
in 1907 for the unexpired period of seven years under the following conditions : — 

Article I.—China shall diminish annually during the next seven years the 
production of native opium in the same proportion by which the annual export 
from India is diminished. 

Article IL.—China having adopted a rigorous policy for prohibiting the 
production, transport, and smoking of native opium, the British Government 
agrees that the export of opium from India shall cease in less than seven years 
if proof is given that the production of native opium has completely ceased. 

Article Il.—The British Government agrees that Indian opium shall not 
be conveyed to any province of China which has effectively suppressed the 
cultivation and import of native opium. It is understood, however, that the 
closing of the ports of Canton and Shanghai to the import of Indian opium 
shall only take effect as a final step for the completion of the above measure. 

Article IV.—During the period of the agreement the British Government 
is permitted to obtain continuous evidence of the diminution of cultivation by 
local inquiries conducted by British officials. 

Article V.—China may despatch an official to India to watch the opium 
sales and the packing of opium, but without any power of interference. 

Article VI—The British Government consents to the increase of the 
present duty to 350 taels per chest, the increase taking effect simultaneously 
with the imposition of an equivalent excise tax on native opium. 

Article VIL—So long as the additional article of the Chifu agreement is in 
force, China will withdraw all restrictions now placed on the wholesale trade 
in Indian opium in the provinces. The foresoing articles shall not derogate 
from the force of laws published, or hereafter to be published, by China to 


suppress the smoking of opium and to regulate the retail trade. 


24 MÉLANGES. 


Article VIIL—During 1911 the Indian Government will issue export per- 
its for 30,600 chests, progressively reducing the number until the extinction 
of the export trade in 4917. Each chest so certificated may be imported into 
any Treaty port in China. 

Article IX.—This agreement may be revised at any time by mutual consent. 


Article X.—The agreement comes into force on the date on which it is signed. 


ANNEXE. 


AIl uncertificated Indian opium in bond at the Treaty ports and Hong-kong 
on the date of signature which is intended for the Chinese market shall be 
labelled, and on payment of the present duty shall be ertitled to the rights 
and privileges of certificated opium; but opium now in bond at Hong-kong 
must be exported to a Chinese port within seven days of the date of signature. 
All other uncertificated Indian opium shall for two months from the date of 
signature be imported through Shanghai and Canton only. Afterwards all 
Treaty ports shall be closed to uncertificated opium, provided China obtains 
the consent of the other Powers. In addition to the annual reduction of 5,100 
chests, the British Government agrees to reduce the imports of Indian opium 
still further in each of the years 1919, 1913, and 1914, by an amount equal 
to one-third of the total amount of uncertificated Indian opium in bond at the 
Chinese Treaty ports and Hong-kong on the date of signature plus one-third 
the amount of uncertificated Indian opium landed during the ensuing two 


months at Shanghai and Canton. 


Mr. Montagu, the Under-Secretary for India, was asked on Tuesday in the 
House of Commons to state the result of the negotiations with China respecting 
the termination of the Indo-Chinese opium traffic, and he replied that the 
Treaty with China was signed on Monday, and that the summary of the 
Treaty which appeared in The Times (and which is reproduced above) could 
be taken as correct. 

He said that during the next seven years the revenue of £ 3,000,000 
received by India from the export of opium to China might disappear, but 
that it would be premature to consider now the question of a contribution 
from the Imperial Exchequer. 


PEKING, MAY 19. 
The contract, authorized by Imperial Edict which will be signed to-morrow 
by representatives of the Hongkong and Shanghai Bank, the Deutsch-Asiatische 
Bank, the Banque de Hindo-Chine, and the American group with Sheng 
Hsuan-huai, Minister of Communications, is regarded as the most important 
ever signed in China. 


The scope of the contract has been extended since the issue of the railway 


MÉLANGES. 57e 


edict of the 9th. The loan will ultimately amount to not less than £10,000,000, 
providing capital for 

(1) The redemption of the unredeemed gold bonds, amounting to about 
£ 500,000, issued by the original American concessionnaires of the Canton- 
Hankau Railway ; 

(2) The construction, under a British chief engineer, of a main line of 
600 miles from Wuchang, the capital of the Hupei Province, through Changsha, 
the capital of Hunan Province, to the southern border of Hunan, where it will 
connect with the Kwangtung Railway now being constructed by the Chinese; 

(3) The construction, under a German chief engineer, of a main line of 
400 miles in Hupei Province from Ichang on the Yangtsze through Ching- 
menchau and Siangyang to Kuangshui, on the Peking-Hankau Railway; 

(4) The construction, under an American chief engineer, of a main line 


of 200 miles in Hupei Province from Ichang to the border of Szechuan Province. 


PEKING, MAY 22. 

Satisfactory arrangements for the transfer of the Post Office to the Ministry 
of Communications have been completed. Li Ching-fang, recently the Chinese 
Minister in London, will be the titular head; M. Théophile Piry, who has 
developed the service to a remarkable degree of efficiency, will be retaned as 
administrative head with adequate powers. The staff will be given the option 
of returning to the Customs or remaining in the service, where they will be 
guaranteed similar treatment as regards pay, retiring allowance, and furlough. 


Future employés will join on the same conditions as those of the Customs. 


INCEPTION AND DEVELOPMENT. 
MAY 3. 


Created by Imperial Edict only so recently as March 20, 1896, the Post 
Office may really be said to date only from after the Boxer rebellion of 1900. 
Its progress is one of the romances of modern industrial development. In 1901 
there were 176 offices open; in 1910 there were 5,352. In 1901 10,500,000 
articles were dealt with; in 1910 355,000,000 articles were handled. In 1901 
126,800 parcels passed through the post; in 1910 this number had increased 
to 3,766,000, while the growth in every other branch of the service has been 
in similar proportion. 

Provincial barriers are tending to disappear under this administration, for 
unlike the telegraph service, which is the most costly in the world, with increased 
charges for every province traversed, the postal service adheres to the principle 
of uniformity. Its postage rates are the cheapest in the world. Its record of 
achievement is extraordinary, for the service now extends from the Yellow Sea 
to Kashgar, from the Amur River to the fever-stricken borders of Tongking, while 


the establishment of an overland service from Peking to Lhasa is well under way. 


574 MÉLANGES. 


EXTENT OF THE SERVICE. 


New lines have been opened in Manchuria in the most out-of-the-way 
districts along the Amur. Koko-nor, on the frontier of Tibet, has an excellent 
service. From Honanfu a continuous chain of day and night couriers is now 
running through Tung-Kuan, a town on the Yellow River where three provinces 
meet, through Shensi and Kansu provinces, past Chia-yu-kuan, the famous 
barrier on the Great Wall of China, to the capital city of the New Dominion, 
and thence to Kashgar, in Chinese Turkestan. This is the longest courier line 
in the world. In Lhasa the post-office is in charge of a Chinese named Têng 
Wei-ping, an excellent organizer, who speaks both French and English. Courier 
lines now extend from Lhasa to Yatung, on the border of Sikhim, from Gyantse 
to Shigatse, and new lines are being pushed forward over the 930 miles that 
lie between Lhasa and Chamdo. 

From Hankow to Chêngtu, the capital of Ssuchuan Province, and to 
Tachienlu, a distance of more than 1,350 miles, there is now a continuous 
service of couriers travelling day and night. Hankow letters have reached 
Chéngtu in 42 days. From Tachienlu the courier service is being extended 
370 miles west to Batang, the chief town on the Tibetan Marches, and the 
residence of the Frontier Commissioner, whence it will be continued 83 miles 
further to the Tibetan border, and thence be linked up with the main line of 
communications with Chamdo in Tibet, 357 miles from the frontier. When 
this is completed in the course of the next few months, there will be direct 
courier service from the Peking railway to Lhasa. When wireless telegraphy 
is installed in Tibet, as it shortly will be, few mysteries of this forbidden land 
will remain to be unveiled. 

Through the Yangtsze gorges from Ichang to Chungking, postal boats last 
year made 50 per cent. more voyages than in the previous year. They carried 
29,500 bags of mail matter, weighing 960 tons. Six boats were capsized or 
wrecked, one man was drowned, and only one bag of mail matter was lost. 
Any one who has made the journey from Ichang to Chungking by those 
dangerous rapids will appreciate at its true value the praiseworthy conduct of 
the crews, and will endorse the official commendation of that “splendid devotion 
to duty which made such records possible.” During the plague in Manchuria 
the service went on uninterruptedly; of 700 couriers carrying letters within 
the plague area, only one died, and in his case death was due to disregard of 
instructions. Both along the border of Yunnan, and in the distant province of 
Kweichow, the service is showing remarkable development, in the latter case 


under an excellent postmaster, a Parsee in the service of the Chinese Government. 


ENTHUSIASM OF THE STAFF. 


Mounted couriers are traversing the Gobi Desert from Kalgan to Urga in 


seven days, and two days later deliver their mails at Kiakhta. There is a 


MÉLANGES. 579 


project on foot to establish a motorcar transport service by this desert route. 
In Chinese Turkestan new postal routes were opened during the year over a 
distance of 3,085 miles. New services are being organized in Mongolia. In a 
Journey of investigation, Herr von Dewall, one of the employés of the Post 
Office, rode on relays of horses from Urga to Kalgan via Sairoussa, 1,156 
miles, in nine days. This is only one of many examples of the enthusiasm with 
which foreign employés in the Chinese Post Office are working in the inte- 
rests of the service. 

Official recognition is being bestowed more and more on the Post Office, 
which is to be still further favoured, for an Imperial Edict has recently been 
issued ordering that mail matter hitherto carried by Chinese Government 
couriers shall be handed over to the Post Office, the service being more eco- 
nomical, more rapid, and more secure. This transference will give the officials 


a direct interest in the service and in the maintenance of its efficiency. 


M. TuÉoPHiLE PrrY. 


. China has reason to be well satisfied with the services rendered by the 
Post Office. There are 120 foreign employés in the service, of 12 different 
nationalities, who supervise the work of 414 foreign-speaking Chinese higher 
employés, 1.097 non-foreign-speaking Chinese employés, and 12,665 lower 
employés, such as couriers and postmen. While Sir Robert Hart was the 
creator of the service, the administrative head has for some years been a 
Frenchman, M. Théophile Piry, who is not only an able administrator and 
organizer, but is an accomplished Chinese scholar, the author of a standard 
Franco-Chinese manual. With admirable impartiality M. Piry has, under the 
general control of the Inspectorate-General, selected men by merit and not by 
nationality. To him the Post Office largely owes its present efficiency, and it 
is certain that if the service is taken over by the Ministry of Communications, 
so far as responsibility rests with him the interests of the foreign employés 


will not be adversely affected by the transfer. 


BIBLIOGRAPHIE. 


LIVRES NOUVEAUX. 


Nous avons recu de Bangkok les textes siamois suivants: 

Navakovad. — Instructions for Novices by H. R. H. Krom 
Phraya Vajirañana Varoros. Published on the occasion of the Cre- 
mation of His Majesty King Chulalonkorn. Bangkok, 129. 

Translation of the Oration delivered by His Royal Highness the 
Holy Prince Vajiranâna of Siam, at the State Ceremony anticedent 
to The Cremation of the mortal remains of His Majesty the late 
King Chulalonkorn of Siam. — Dusit Maha Prasad. Monday, 
13th March, R. S. 129. 

Pañcakanipatajataka. — Translated by Hmom Chao Phrom. 
Published on the occasion of the Cremation of His Majesty Re 
Chulalonkorn. Bangkok, 129. 

The Parittain. — The official version revised by the Phra 
Sangharaj Pussadev. Published on the occasion of the Cremation of 
His Majesty King Chulalonkorn. Bangkok, 129. 

Ton Paññati. — The Primary Duties of Priests A translation 
of the -Mahanibhañga by Hmom Chao Sthâvaraviriyabrat Printed 
by Nai Len On the occasion of the Cremation Gi His Majesty King 
Chulalonkorn. Bangkok, 129. 

Dukkampatajataka. — Part I. Translated by Phra Bimoldharm. 
Published on the occasion of the Cremation of His Majesty King 
Chulalonkorn. Bangkok, 129. 


BIBLIOGRAPHIE. D44 


Phra Khatha Dharmabot by Phra Ariyamuni of Wat Mongkut 
Krasatriyaram. — Bangkok R. $. 129. [Cf. 7. P., Déc. 1910, 
p. 702.] 


La Commission archéologique de l’Indo-Chine a publié sous les 
auspices du Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts 
et sous le titre le Bayon d'Anglor Thom, 135 planches représentant 
les bas-reliefs d’après les documents recueillis par la mission Henri 


Durour avec la collaboration de Charles CARPEAUXx. 


Nous avons reçu les publications suivantes de l’Institut Oriental 
de Vladivostok. (Cf. 7. P. Mai 1911, p. 280). 


Tour XXXVI, Bb. 1: B. M. Mengpuur. UMeropia cioryaara 8 finonin. 


Ka, IL F4 AN XF 5h , 

Tour, XXXVI, bn. 2—ÿ: Cry4. Huk. Mauokuns. Marepuuckaa Pnaiauia BP 
Bocrounoï n [enrpaarnoï Asin, Bon. 2—ÿ. 

Tous XXXVI, Bb. 1—ñ: À. A. Aasuyoss. Koronnsauia Manbyxypin n C.-B. 
Mounroain (o64acrn Tao-Hank-dy). 


Tows XXI, en. 4—ÿ: Specimens of English-Selected by P. K. 
Goldenstedt. 1911. 


Vient de paraître un nouveau volume (N° 31) des Variétés 
sinologiques; 1l continue la série des traductions du R. P. Albert 
Tscuspe et est consacré à l'Histoire du Royaume de Han HE 
(423 —225). 


La collection des Variétés sinologiques vient de s'enrichir (N° 32) 
d'un ouvrage d’un intérêt exceptionnel: Æecherches sur les Supersti- 
tions en Chine par le P. Henri Doré S. J., 1è'€ Partie, — Les Pra- 
tiques superstitieuses Tome 1° en deux parties. A la nouveauté du 
sujet s'ajoute l'agrément de nombreuses planches en couleurs dont 
l'exécution fait le plus grand honneur à l'imprimerie de T'ou-sé-wé. 


L'ouvrage sera divisé en trois parties. La Seconde partie traitera des 


578 BIBLIOGRAPHIE. 


personnages réels ou mythiques honorés d’un culte. Il y aura une 
notice documentée sur chacun d’eux pour complèter ces résumés. 
Une ou plusieurs images hors texte suivent chaque biographie. Ce 
sera le guide du voyageur désireux de visiter les temples et les 
pagodes chinoises. La Troisième partie comprendra les notices illustrées 
de Confucius, Lao-tseu et Buddha, les fondateurs des trois religions 
chinoises: Confucianisme, Taoïsme et Bouddhisme. On verra com- 
ment ces trois religions sont popularisées en Chine, par le tract, le 
roman, la comédie et l’image. Nous aurons l’occasion de reparler 


de cet ouvrage important. 


Nous apprenons avec grand plaisir la prochaine publication de 
Chu-fan-chi <A Description of Barbarous Peoples» Being Notes on 
the Chinese and Arab trade in the Southern Ocean in the twelfth 
and thirteenth centuries — Translated and annotated by Friedrich 
Hirera and W. W. Rockuiz. St. Petersburg, Printing-Office of the 
Imperial Academy of Sciences, 1910. Il nous a été donné de voir 
les bonnes feuilles de cet ouvrage d’une importance capitale pour 
la géographie de l’Asie au Moyeu-Age; le nom des éditeurs est un 


sûr garant et de la fidélité de la traduction et de l’érudition des notes. 


Nous apprenons que l'important mémoire donné sur le Tibet 
par l'Hon. W. W. RockyiLz (7'oung pao) a été traduit en tibétain 


par ordre du Dalaï Lama. 


Il vient de paraître à la librairie Hachette une deuxième édition 
ornée de 839 Cartes et de 21 Plans du Guide MaproLze, Chine du 
Nord et Vallée du Fleuve Bleu; il a été fait un tirage à part de 


la Corée par Maurice CouranT, 5 cartes et 1 Plan. 


Le dernier no. du Journal of the Siam Society (Vol. VII, Part 


3) publié en mai 1911 à Bangkok renferme la traduction par M. 


BIBLIOGRAPHIE. 579 


Camille Norron des Lettres du Roi de Siam à sa fille la princesse 
Nibhä Nabhatala racontant le voyage de S. M. Chulalongkorn en 


France en 1907. 


Nous avons reçu de l’auteur M. Andrea Gazassr, l'étude sui- 
vante: Z <Settlements» europei e le Concessiont in fitlo nella Cina. 


Firenze, Mariano Ricei, 1910, in-8. 


M. le Col. G. E. Gerini à fait un tirage à part des deux arti- 
cles parus dans le Journal of the Royal Asiatic Society en Octobre 
1910 et 1911 sous le titre de Chinese Riddles on Ancient Indian 
Toponomy. — I. Ch'a-po-ho-lo and Ka-p'i-li. — IT. Nan-ni-hwa-lo. 


M. À. Girarp a extrait de la Revue d'Histoire moderne et con- 
temporaine 1910, t. XIV, un article sur Les Routes de Commerce 
vers l'Extréme-Orient à la fin du XVII et au commencement du 


XVITII* siècle. 


M. le Dr. O. Nacnop continue à faire paraître son excellente 
revue de la littérature relative au Japon dans les Jahresberichte der 
Geschichtswissenschaft pour 1909. (III, 372—430). (cf. T. P., Oct. 
1910, p. 538). 


M. le Dr. Berthold Laurer a donné dans The Open Court, sept. 


1911, un mémoire sur l’Zntroduction of Vaccination into the Far East. 


Nous avons reçu l'article de M. le Dr. Oscar Münsterberg: Die 
Darstellung von Europäern in der japanischen Kunst extrait de 


l'Orientalisches Archiv; il est orné de figures intéressantes. 


Le Vice-Consul d'Angleterre à Xieng mai, M. Hoce, a publié 
son rapport pour 1910; suivant le dernier recensement, la popula- 


tion de ce district consulaire est (1909) de 1.088.000; la ville 
38 


580 BIBLIOGRAPHIE. 


même de Xieng mai a une population de plus de 50.000, dont 


20 anglais! 


M. V. Arexsiev nous adresse le tirage à part de son mémoire 
sur le célèbre poète Li Pé Cruxorgopeura 8% npo3 no3Ta Jun Bo, BocnBatoimnia 
npuro4y (Morceaux choisis de la prose rimée) qui avait paru dans 


le T. XX des Zapiski de la Société impériale archéologique russe. 


Nous avons reçu Buessler Archiv.... redigiert von P. Exren- 
Reich (Leipzig u. Berlin, B. G. Teubner) Bd. I, Hfc. 3 renfermant 
des articles de MM. Heinrich Srônner, W. CraHMer et W. PLANERT, 
et Beiheft I: Sprichwôrter und Lieder aus der Gegend von Turfan 
mit einer dort aufgenommenen Würterliste von Albert v. Le Co. 


[Voir Comptes-rendus.] 


M. le Dr. M. Aurel Sreis a fait un tirage à part de son 
article paru en mars 1911 dans le Geographical Journal: Note on 


Maps illustratina Explorations in Chinese Turkestan and Kansu. 
Ip q P 


M. Frederick Srarr a fait un tirage à part de l’article paru 
dans le Bulletin of the Public Museum of the City of Milwaukee, 
Vol. I, Pt. 2 sur les Lolo Objects in the Public Museum Milwautee: 


cette intéressante brochure est accompagnée de 8 planches. 


Les Douanes impériales chinoises ont fait paraître: Returns of 
Trade and Trade Reports 1910. — Part. II. — Port Trade Sta- 
tistics and Reports. — Vol. I. — Northern Ports (Aigun to Kiaochow); 
il renferme les cartes suivantes: Map of the Western Venchi District; 


Sketch Map of China and Manchuria to illustrate Railways in North 


BIBLIOGRAPHIE. 581 


China and Trade Routes converqing upon Tientsin. — Vol. IL — 
Vangtze Ports (Chungking to Chinkiang). — Vol. III. — Central 
Ports (Shanghai to Wenchow). 


M. Edmond Rovracn à fait paraître dans la collection «Les 
Pays modernes» publiée par la libraire Pierre Roger, un volume 
sur La Chine moderne, orné de 20 photogravures hors texte et 


d'une carte. 


CORRESPONDANCE. 


on —— 


Department of Oriental Printed Books and Manuscripts 
British Museum. 
London: W. C. 
GSept. 1911: 


To the Editors of the T’oung Pao. 
Dear Sirs. 


I have just seen M. Pelliot’s interesting letter to M. Chavannes, publishea 
in the July number of the T’oung Pao, in which he mentions the late Dr. 
Bushell’s copy of the JE nr Ek Kiun hou lou. This book was acquired by 
the British Museum two years ago, together with a number of other Chinese 
antiquarian works from Dr. Bushell’s Library. This is how I have described 
the work in my provisional list of recent acquisitions: “A Collection of ancient 
inscriptions on bronze, deciphered and arranged according to the number of 
characters in each, ranging from one to 497 characters. Originally compiled 
by 3 Ù PET Wu Shih-fén, a graduate in the reign of Tao Kuang, and 
published with the Imperial Imprimatur under the direction of + DA LA 
Wang I-jung. 3 chüan in 9 pên in 1 t’ao, 1896, 29.5 X 18 cm.” There is no 
separate title-page, but the title Je nn k & D'é Chün ku lun chin wên 
(Dr. Bushells chai for the third character must be a mistake) appears at the 
beginning of each chüan and on the edge of each leaf. It will be noted that 
Dr. Bushell was correct in his statement of the number of chüan, only he 
omitted to add that each chüan was further divided into three parts, each 
oscupying a whole 7 pên. It seems clear that the Kiun hou lou in 20 ch. 
which M. Pelliot has deposited in the Bibliothèque Nationale must either be 
another edition, or a different work altogether from ours. 

In conclusion, Ï may add that about a third of the Bushell Collection came 
to the British Museum, the remainder being purchased by Mr. A. PROBSTHAIN, 
of Great Russell Street, London. 

3elieve me, 
Dear Sirs, 
Yours faithfully 
Lionel GILES. 


CORRESPONDANCE. 583 


Note de M. CHAVANNES. 


La lettre de M. Lionel GiLES permet d'établir l'identité de l'ouvrage acquis 
par le British Museum à la mort du Dr. Bushell, et de l’ouvrage que M. Pelliot 
a fait entrer à la Bibliothèque Nationale. Le Kiun lou lou kin wen nn nu 
k & L'é comporte, dans ces deux exemplaires, trois chapitres qui se sub- 
divisent chacun en trois parties, en sorte que l'ouvrage complet forme neuf 
fascicules. Cependant les érudits japonais dont j'ai analysé le rapport (T'oung 
pao, Mai 1911, p. 289) parlent du Æiun kou lou je nr EK qui serait un 
catalogue d'inscriptions et qui serait donc nettement différent du Xiun kou lou 
kin wen, lequel n’est pas un catalogue; j'ai pu constater qu’ils avaient raison; 
en effet, j'ai fait venir le Kiun kou lou, qui, comme je le disais en Mai 1911, 
n'existait jusqu'ici dans aucune bibliothèque européenne, et j'ai reconnu que 
cet ouvrage était distinct du Kiun lou lou kin wen rapporté par M. Pelliot; 
le Kiun hou lou est un catalogue qui ne mentionne pas moins de 18198 inscrip- 


tions; il comporte 20 chapitres en 20 fascicules; comme le Kiun hou lou kin 


wen, il est l’œuvre de Wow Che-fen LL au EN. 


La date exacte de l’inscription de 1452 dans la mosquée de 
Hang-tcheou. 


Dans le dernier numéro du T’oung pao (pp. 436—437), j'ai signalé la 
difficulté chronologique que présentait l'inscription de la mosquée de Hang 
lcheou datée de l’année 1452. Cette inscription est datée du premier jour de 
Ramazan, Vendredi, de l’année 856 de l’hégire; cette date correspond, d’après 
les tables usuelles de concordance, au 15 septembre 1459. D'autre part, la date 
chinoise équivalente est transcrite en caractères arabes: H. A. Giles a retrouvé 
sous cette transcription les mots chinois suivants: K H} + 7 —= AE 
VAN Æ] Jb FH «le neuvième jour du huitième mois de la troisième année 
king-C'ai». D’après les tables du P. Houang, cette date correspond au 23 août 
1452. La question se pose donc de savoir comment la même date, exprimée en 
arabe, correspond au 15 septembre 1452. Pour résoudre la difficulté, je com- 
mencerai par remarquer que si la date arabe est le premier jour du mois, la 
date chinoise doit nécessairement tomber aussi sur le premier jour du mois, 
puisque le mois lunaire ne peut pas avoir deux commencements différents; je 
crois donc que la lecture de la date chinoise n’est pas Aieou je JU H 
«le neuvième jour»; la transcription arabe doit recouvrir en réalité les mots 
lch'ou je À] H «le premier jour» Le premier jour du huitième mois de la 
troisième année Æing-l'ai correspond, d’après les tables du P. Houang, au 15 
août 1452; telle est sans doute la véritable date de l'érection de la stèle. Main- 
tenant comment se fait-il qu’on ait donné, comme équivalente à cette date; 


584 CORRESPONDANCE, 


une date arabe qui correspond au 15 septembre? La réponse est facile: 
on sait que les Arabes ne connaissent pas l’artifice du mois intercalaire dont les 
Chinois se servent pour rétablir l’accord entre le calendrier lunaire et le calen- 
drier solaire; or l’année 1452 est précisément une année où les Chinois ont 
admis un mois intercalaire placé après le neuvième mois. Postérieurement à l’inter- 
calation, ils ont été d'accord avec le calendrier musulman; mais, antérieurement 
à l’intercalation, ils étaient en retard d’un mois sur le calendrier. Si donc on 
veut donner à chaque mois chinois un mois équivalent dans le calendrier 
musulman, l’équivalence sera juste pour les 10e, 11e et 12 mois de l’année; 
mais elle sera inexacte et le calendrier chinois sera en retard d’un mois pour 
tous les autres mois, puisqu'il aura intercalé après le 9 mois un mois entier 
dont le calendrier musulman ne tient pas compte. Dès lors, pour le calculateur 
novice qui aura établi cette équivalence, une date chinoise correspondant au 
45 août 1452 coïncidera avec une date arabe correspondant au 13 ou 
au 14% septembre 1452. C’est en effet au 13 septembre que la chronologie du 
P. Houang fait commencer le 9e mois de l’année 1452. Si la date arabe cor- 
respond au 15 septembre, d’après les tables usuelles de réduction des dates 
arabes aux dates européennes, cette différence peut être considérée comme 
négligeable; en effet, les tables de réduction, tant à l’usage des sinologues qu’à 
l’usage des arabisants, ne sont jamais exactes qu'à un jour près et on peut 
fort bien admettre que la date du 14 septembre 1452 concilie le calendrier 
chinois et le calendrier arabe. En conclusion, lorsque l'inscription de 1452 
donne pour équivalent à la date chinoise du premier jour du huitième mois 
de la troisième année king-Pai (15 août 1452), la date du premier jour de 
Ramazan de l’an 856 de lhégire, elle ne commet qu’une erreur de trente 
jours exactement; cette erreur s'explique par le fait que les Chinois pratiquent 


le système de l’intercalation tandis que les musulmans lignorent. 


Ed. CHAVANNES. 


Lettre du Dr. Legendre. 


Ning-Yuen fou, Kien-tch’ang, le 12 avril 1911. 


Dans la lettre que je vous ai adressée à la date du 12 janvier 1911, je 
faisais allusion à un voyage à Tch’eng-tou, nécessaire pour des raisons d’ordre 
matériel. Ce voyage, bien qu’effectué sur une route connue, n'aura pas été 
Inutile, surtout entre Ning-Yuen fou et Fou-Lin. En effet, la carte géologique 
de cette région établie avec le précieux concours de M. Paul Lemoine, présen- 
tait une grosse lacune: faute de fossiles, l’âge des formations n’avait pu être 
déterminé, La rapidité de mes voyages antérieurs (1907-1908), conséquence de 
l’étroite limitation de mon temps disponible, m'avait interdit jusqu'ici toute 


recherche de fossiles. Cette fois, je me suis particulièrement attaché à cette 


CORRESPONDANCE. 585 


recherche et ai trouvé, en abondance, des fossiles-plantes très bien conservés, 
dans toutes les formations gréso-schisteuses, d’un énorme développement qui 
s'étendent sur tout le parcours de Fou-Lin à Ning-Yuenfou soit 160 kilomètres 
nord-sud, pendant que dans l’est et dans l’ouest, elles couvrent une surface 
d’une profondeur qui n’est pas inférieure à 50 kilomètres de chaque coté. Et 
je ne parle que de l'étendue des régions qui rentrent dans le cadre de mes 
itinéraires, m’abstenant de généraliser d’après la forme des terrains reconnus 
au-delà de ces limites. Ces formations sont charbonneuses et exploitées un peu 
partout. Le combustible qu’on en retire est très variable comme qualité et le 
mode d'exploitation trop primitif est tout à fait insuffisant. À Ka-Wo, dans 
l’est de Fou-Lin, j'ai rencontré le Silurien représenté par des «graptolites» 
extrèmement abondants dans des psammites. 

Au retour, à Ning-Yuenfou, dans les premiers jours de mars, le printemps, 
en pleine évolution déjà, sous ce climat si tiède et si merveilleusement ensoleillé, 
nous a permis de commencer nos collections d'oiseaux et d'insectes. Nous avons 
pu ainsi faire un envoi au Muséum. J'y ai joint de nombreux échantillons de 
roches et de fossiles trouvées dans les formations gréso-schisteuses dont il vient 
d'être parlé. J'espère que ces fossiles pourront être étudiées prochainement, 

La période d’hiver et de printemps que nous venons de passer au Kien-tch’ang 
n'aura pas été inutile, non plus, au point de vue «météorologie»: elle me 
permet de rectifier certaines observations personnelles précédentes et certains 
renseignements qui n'étaient pas en parfait accord avec les faits. Notre grand 
baromètre Tonnelot, arrivé en bon état, malgré les difficultés d’un long voyage 
en montagne, nous rend de précieux services. Comme nous nous éloignons 
fréquemment de notre base, j'ai confié ce baromètre à M. le Procureur de la 
Mission catholique, lequel a bien voulu se charger de faire les observations 
journalières. 

Pendant que je remontais vers Fou-Lin avec M. Noiret, M. Dessirier 
cireulait au sud de Ning-Yuen-Fou. Je l’avais chargé d'explorer l'important 
massif, connu seulement en bordure, qui a pour limite dans l’ouest, la vallée 
du Ngan-Ning (et affluents) entre Houei-li-tcheou et Ning-Yuen-Fou, et la 
rivière de Pouké dans l’est entre Mi-Liang-Pa (Kiao-Kia-Ting) au sud et le 
lac de Ning-Yuen. Malgré les difficultés du terrain, son caractère tourmenté à 
lextrème, M. Dessirier a pu couper le massif par plusieurs transversales et 
remplir complètement en deux mois, le programme que je lui avais tracé. Il 
a rapporté des renseignements très intéressants sur cette région totalement 
inexplorée jusque-là. M. Bonin avait bien, autrefois, descendu la vallée du 
Pouké, mais n’a point pénétré dans le massif. Cette région très tourmentée 
comme je viens de le dire, a comme altitude moyenne des crêtes, 3000 mètres 
et les cols se trouvent entre 3200 et 3500. Les arêtes des chaînes sont très 
vives et la forme «plateau» n'existe jamais. Les habitants des parties élevées 


(Lolos) en sont réduits à établir leurs villages sur de petites terrasses, des 


586 CORRESPONDANCE. 


masses d’éboulement, des cônes d’affaissement. Les pentes abruptes de ces 
montagnes sont cependant cultivées: blé, maïs, sarrazin et un peu d’opium. Le 
massif est encore couvert de felles forêts de conifères, avec sous bois de bam- 
bous grèles. Ces forêts seraient peuplées de panthères, ours, loups, renards, 
antilopes, etc. Le massif, dans son ensemble, ne renferme actuellement que 
peu d'habitants. Les Chinois occupent les thalwegs, les coins privilégiés, 
mais la limite de leur habitat ne dépasse guère 2200 mètres, tandis que les 
Lolos se groupent surtout entre 2000 et 3000 mètres. Le long des petits 
affluents du Ngatting-Ho et dans leur cours supérieur, M. Dessirier a remar- 
qué un grand nombre de fabriques de papier abandonnées depuis longtemps 
La brousse, les bambous grèles ont complètement envahi une zone peuplée 
autrefois de Chinois. Ils l’ont désertée peu à peu sous la poussée des Lolos. 
La végétation fauchée à cœur joie par le fils de Han a pris sa revanche et a 
maintenant tout envahi. Cette zone abandonnée est maintenant la plus riche 
en végétaux de tout le massif, C’est un terrain neutre, un petit district-tampon 
que respectent Chinois et Lolos. 

Depuis longtemps j'avais songé à traverser la haute chaîne qui sépare la 
vallée du haut Noan-Ning du bassin de Yué-Si. A la fin de mars, j'ai, avec 
M. Noiret, mis à exécution ce projet. Nous avons franchi cette chaîne à 4200 
mètres d'altitude, soit à un col plus élevé de 1100 mètres que celui du Siao- 
Siang-Ling. Cette masse de porphyre et de leptynite rose ou verte, couronnée 
par des grès ou arkores et aussi des masses de cipolins rejetées sur le versant 
oriental se poursuit au nord jusqu'au T’ong-Ho et doit s'étendre au sud jus- 
qu’au thalweg du Yang-Tseu. Je l’ai reconnue jusqu'à Houei-li-tcheou. Elle a 
pour soubassement de la granulite à gros élements, coupée de filons à grains 
plus fins et aussi de diocite ou syénile. La végétation, dans la partie où nous 
venons de franchir cette chaîne est encore abondante, sur les hautes pentes, 
là où le déboisement est difficile. Les principales essences sont des pins et 
sapins (Tsuga) des chènes, des ifs, bouleaux et genêvriers. Les rhododendrons 
abondent surtout vers 4000 mètres d’alitude où ils forment de vrais bosquets. 
Jusqu'à la côte 2700 mètres, certaines espèces étaient en pleine floraison. Jai 
trouvé, le 31 mars, des primevères en fleurs jusqu’à 3000 mètres. Plus haut, 
c'était l’épaisse neige qui à cette époque cependant ne dépassait pas 25 centi- 
mètres en profondeur à l'altitude de 4000 mètres. 

Nous allons continuer notre exploration dans l’ouest, et j'espère, dans deux 
mois pouvoir vous adresser un schéma général des régions traversées comme 


je lai fait dans un précédent rapport. 


A. LEGENDRE. 


CHRONIQUE. 


——< 0 OO0e— 


FRANCE. 


M. Paul PELLIOT, professeur de Chinois à l'Ecole d’Extrême-Orient, Hanoi, 
a été nommé professeur de la chaire récemment créée de langues, histoire et 


archéologie de l’Asie centrale du Collége de France par décret du 2 juin 1941. 





LE ROYAUME DE CHAMPA 


PAR 


GEORGES MASPERO, 


Administrateur des Services Civils de l’Indochine, Correspondant-Délégué de l’Ecole 
Française d’Extrème Orient. 


(Suite). 2) 


#0. ——— 


CHAPITRE IX. 


Fin de la XIIe Dynastie. — Jaya Siñhavarman IV & Ché Nang. 
La XIII Dynastie 1318. — Le Règne de Ché Bông Nga 1360—1390. 


Jaya Siñhavarman IV?), «fils de Çrt Harÿit» *) et de «la pre- 


Jaya Sinha- 
varman IV. 


mière reine ‘) princesse Bhaskaradevi», était âgé de vingt-trois ans 1307—1312. 


quand il monta sur le trône). Il avait, en 1298), reçu le titre 
de Taval Çura Adhikavarman ’); deux ans plus tard son père, 
ayant apprécié «sa bonté, ses qualités, sa bravoure, son habileté 


«à la guerre)», lui confiait le gouvernement d’une partie du 


1) Voir T’ourg Pao, Mars 1910, pp. 125—136. Mai 1910, pp. 165—220. Juillet 
1910, pp. 319—350. Octobre 1910, pp. 4$9—526. Décembre 1910, pp. 547—566. Mars 
1911, pp. 53—87. Mai 1911, pp. 236—258. Juillet 1911, pp. 291—315. Octobre 1911, 
pp, 451—482. c 


2) Nous n'avons, à vrai dire, aucune inscription qui le désigne sous son nom de roi, 
et celui que lui attribuent les Annamites: Chê Chi, Ché Chi ou Tâe Chi (cf. infra) 
n’en permet aucune reconstitution. Cependant l'inscription Po Sah 22, laissée par le fils de 
Cri Harijit (que nous identifions avec Chè Chi), nous le montre recevant de son père, en 
1304, le nom de (Pulyan Uddbrta) Sinhavarman: il n’est pas impossible, par conséquent, 
qu'il l’ait gardé comme nom de règne et on peut l'appeler, jusqu'à preuve du contraire, 
Jaya Siñnhavarman IV. 

3) «Harijitätmaja». Po Sah 22. Cri Harijit était le nom de Jaya Siñhavarman IIF. 

4) Jaya Sinhavarman III eut, à notre connaissance, deux femmes de 1°" rang: la reine 
Bhaskaradevi, mère de Jaya Sinhavarman IV, et la reine Hayén Tran, fille de l'Empereur 
Trôn Nho'n Tôn. 

5) Il était né «en 1196 caka» = 1274 AD. Po Sah 22. 

6) «En 1220 caka» = 1298 AD. ibid. 

7) «En 1222 çaka» = 1300 AD. ibid. 

8) Ibid. 


| 


39 


590 GEORGES MASPERO. 


royaume !); il lui donnait, en 1301, «le nom de Seigneur Pulyañ 
«Uddhrta Siñnhavarman» ?) et en 1306 celui de <Pulyañ Mahendra- 
«varman» *). 

Son premier soin, en prenant le pouvoir ‘), avait été de faire 
‘acte de soumission à l'égard de Anh-Hoàng *). Mais il n’observa 
pas longtemps cette attitude et les textes annamites nous le mon- 
trent «souvent rebelle» 5). Les Chams habitant O et Lÿ suppor- 
taient mal la domination annamite; le Roi et sa Cour regrettaient 
ces provinces et souffraient de voir la frontière Nord de leur pays 
ramenée au Col des Nuages, comme aux temps anciens où le royaume 
Cham avait commencé son histoire. Les incursions y étaient fré- 
quentes, plus fréquents encore les actes de rébellion, et la vie 
n’était plus tenable aux colons annamites qui s’y étaient installés. 
Aussi bien, au début de 13127), Anh-Hoùng décida une expédition 
contre le Champa. Or, juste à ce moment, se présentait à la Cour 
un ambassadeur qui apportait le tribut de la part de son souverain 
Cr Jaya Siñhavarman. Il était Gouverneur du camp retranché de 


Cu Chiêm ?). L'Empereur chargea Doan Nhu’ Häi ?) de le circonvenir 


A 


1) «S. M. Gri Jaya Siñnhavarman, dans son auguste tendresse, lui donna à régir 
«Mandalika... partageant le royaume depuis le flenve Vok jusqu'a Bhumana Viaya». 
Po Sah. 22. 2) ibid. 3) «1228 çaka». Po Sah. 22. 


4) Les textes annamites lui donnent le nom de roi de Ché Chi ill æ ou Ché Chf 
fl) F2 ou Täc Chi #f]] Te. Tt N1 276 Cm IX 46. L’orthographe [2 du Cm 
IX 4b doit être fautive. 5) Cf. l’ambassade de 1307, supra. 


6) JX A] 2 vi 20%. Cm 1X 40. 


7) «En dix-neuvième année Hu’ng long, en hiver, à la deuxième lune». S4 T£ VI 
2765. Cm IX 46. La dix-neuvième année correspond en réalité à 1311, mais son douzième 
mois appartient en grande partie à 1312. 

8) Cu Chiêm Trai Chu, c4 Kiu Teb’eng Tchai Tehou ÂH, H %E Æ. Nous ne 
possédons aucune donnée sur l’emplacement exact de ce poste. Cependant comme il semble 
être le premier qu’ Anh Hoàng ait rencontré en pénétrant sur le territoire du Champa, on 
peut supposer qu’il était situé à proximité de la frontière, non loin du Col des Nuages 
dont il gardait l’entrée. 

9) PDoan Nhu° Hai, supra. C’était un homme du Iông-Châu VE . Cm NIIT 
288. Cf. ses diverses promotions Cm VIII 408 et 426. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 591 


= 


et l’engager à obtenir de son roi qu'il vint faire acte de soumis- 
sion; l'ambassadeur promit de s’y employer. 

À la cinquième lune, l'Empereur prend lui-même la direction 
des troupes et se met en marche. Une fois au Lam Binh!) ïül 
divise son armée en trois corps: l’un suit le chemin des montagnes, 
le second la voie maritime, le troisième, sous son commandement, 
continue par la plaine, avec Doan-Nhu-Häi en avant-garde. Arrivé 
en vue du camp retranché de Cu-Chiêm, il fit reposer ses troupes 
et Nhu’-Hai dépêcha un officier rappeler au Gouverneur la promesse 
qu'il avait faite comme ambassadeur. Celui-ci avertit son souverain 
de l'arrivée des armées annamites et l’engagea à faire sa soumission. 
Jaya Siñhavarman s'y décida et, suivi de sa famille, allait prendre 
la voie de mer pour venir se présenter à Anh Hoàng, quand ses 
troupes, peu satisfaites de cette attitude humiliée, attaquèrent le 
camp de l'Empereur; déjà leurs éléphants y semaient la panique 
quand, voyant arriver l’armée de Quôe Cho’n, ils se retirent rapi- 
dement. Jaya Siñhavarman fut fait prisonnier, et son frère Ché 
Dà-a-bà-niêm ?) fut chargé du Gouvernement du Champa avec le 


titre de «Prince feudataire de second rang» *). Au sixième mois 
la campagne était terminée et l'Empereur rentrait dans sa capitale *) 
ramenant avec lui son prisonnier auquel il donna le titre de <Hiéu 
Trung Vu’on'g» puis celui de <Hiéu Thuân Vu'o’ng» °). Ces hon- 
neurs ne consolèrent pas Jaya Sinhavarman de son exil et de sa 


2 
1) Lèäm Binh Ph à . Cest, dit le CM IX 56, la même ch l 
) Làäm Bin u KE 2 JF es A 56, la même chose que le 
Dia-ri Hi HET (Quang-Binh central et sud) qui avait été colonisé conformément à un 


édit de Lÿ-nho’n-Tôn ZE = jé publié en 1075. Cm III 345. 


2) Ch Di-a-bà-niêm 2] D Lnj 2 Ah 56 76 VI 280. Cm IX 46 52. 
3) A Hâu nn LE 


4) Sk Tt VI 28ab. 296 Cm 1X 4b 5ab. 


5) Hiêu Trung Vu’o’ng; 2% hi + Hiêu Thuän Vu'o’ng ZK NE + quelque 


chose comme «Roi Fidèle» et «Roi Pacifique» S% Tt VI 295 304. Cm IX 66. 


592 GEORGES MASPERO. 


déchéance: il mourut au début de 1313‘) au palais de Gia-Läm. 
On fit brûler son cadavre et enfouir les cendres ?) selon la cou- 
tume Chame à). 

Le Champa, en fait, devenait province annamite. Pour protester 
contre cette annexion et manifester qu’il la tenait comme non avenue, 
Jen Tsong ‘) en fin 1312) donna l’ordre au roi du Champa de lui 
envoyer des rhinocéros et des éléphants. Les Yuan, depuis 1289 
semblaient se désintéresser de ce pays, et le besoin d'animaux aussi 
encombrants ne pouvait être le vrai motif d’une telle démarche; il 
n’est pas douteux qu’elle fût uniquement dictée par le désir de 
faire pièce à un voisin insoumis, dont la puissance devenait inquié- 
tante et d'affirmer nettement qu'aux yeux de la Cour Mongole le 


Champa, pays tributaire de la Chine, ne devait recevoir d'ordres de 
nul autre que son Empereur. Anh Hoàng n’en fut point troublé 
et continua de se considérer comme seul suzerain du royaume qu'il 
venait de soumettre par la ruse autant que par les armes. Il en 
acceptait les devoirs, d’ailleurs, car, l’année suivante, en fin 1313 °), 
il le défendit contre une incursion siamoise, 


Le royaume de Siam, Muoug Sukkhôdaya ou Muong Sajjanalaya- 


1) «Vingt et unième année Hu’ng Long à la deuxième lune». S% T4 VI 308. Le Cm 
place sa mort en vingtième année Hu’ng Long 1312. Cm IX 64. 
2) Le palais de Gia Im Z£ A ÂT HE 54 24 VI 305. Hing Kong, an 
Hänh Cung ÂT É est un palais où l'Empereur s’arrête en voyage. 
3) Jaya Siñhavarman IV. Inventaire: 
A. — Po Sah, Ninh Thuân 22. Stèle CZ 1228c = 1306 AD. AYMONIER 62. BERGAIGNE 99. 
For III 636xvir 641. 


4) Jen Tsong e—- 7 : prince Ngai-yu-li Pa-li-pa-ta (Ayour Bali Bata Bouyantou 


FEES gr À pl IX pi) À\ ea frère cadet et successeur de Wou Tsong nu 


. Is étaient fils de Chouen Tsong NE 5  - Règna de 1312 à 1321. Yuan (he 


7 


XXIV à XXV et XXVI de 398 à 494. 
5) »Première année Hoang K’ing, fin de la onzième lune”. Yuan Che XXIV 434. 
6) »Vingt et unième année Hu’ng Long, en hiver, à la onzième lune”. S4 T4 VI 
3la. Cm IX 84. d 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 593 


Sukkhôdaya ‘), comme le désignent les souverains de l’époque sur 
les inscriptions qu’ils ont laissées, avait alors pour souverain, 
semble-t-il, le Phraya Su'a Thaï?) que nous conuaissons fort peu ?). 
Son père Rama Komheng, ou Phrayä Räma Raja) avait fait au 
Cambodge, quelques années auparavant une campagne victorieuse dont 


Teheou Ta Kouan, envoyé des Mongols à la Cour Khmère en 1296 


1) Muâng Cri Sukkbôdaya, Muâng Saïjanälaiya Sukkhôdaya (je donne ici et par la 
suite l'orthographe des inscriptions). Inscriptions «) Thaïs de Räma Komheng (Vat Prakeo, 
Bangkok) et de Çri Surya Mahä Dharmaräja (Jum); #) Khmère de Gri Surya Maha 
Dharmaräja (Vat Prakeo, Bangkok), transcrites et traduites par le P. Schmidt et publiées 
dans Mission Pavie. Etudes diverses XI. 175 —246. Les ruines de Sukkhôdaya (Sukhôthai) 
se voient encore à côté de Mnang Thani, le chef-lieu de la province du même nom. 
FOURNEREAU trouve dans celles qui s'élèvent au Nord de Kampheng-phêt, les restes de Ja 
ville de Sajjanälaya L. FOUuRNEREAU. Le Siam Ancien. Annales du Musée Guimet, Tome 
XXVIL Paris, Leroux 1895, p. 157 sq. Cf également sa carte p. 119. Le P. ScHmipr. 
Mission Pavie Etudes diverses 11. 176 et 191 à la note 5 de la page précédente, la 
retrouve dans les ruines de Sangkalôk. 

2) Phrayà Su’à Thäi. Phraya, aujourd’hui Phra, est un titre qui est porté aussi bien 
par le Roi que par certains grands mandarins du Siam. 

3) Nous ne le connaissons que par l’Inscription de Cri Surya Mahä Dharmaräjadhiräja 
(Jum) qui se dit (P. Scxminr Mission Pavie. Etudes diverses I] 235 ligne 3) ,fils de 


»Phrayà Sù'a Thäi et petit fils de Phraya Räma Räja”. l'ambassade envoyée par le Roi 


de Siam à la Cour des Mongols, en 1297 ,Première année Ta Tô K fi, quatrième 
nmois” Yuan Che XIX 194 venait peut-être annoncer à l'Empereur son avènement au 
trône. En 1299 «troisième année Ta Tüô» il demanda des chevaux blancs comme ceux qui 
avaient été accordés à son père. On ne les lui accorda pas, mais on lui donna une tablette 
au tigre. Yuan Che XX CCX 55%. En 1300 «quatrième année Ta T6, sixième mois» il 
envoya une nouvelle ambassade Yuan Che XX. Cf également PELLIOT tinéraires 242 — 43. 

4) Räma Komheng Phraya Räma Räja. Il était le troisième fils de Çri Indräditya, 
qui paraît avoir délivré son pays de la domination khmère, et règna après son frère 
(lautre était en bas âge). Il occupait déjà le trône en 1283 AD (1205c) et s’y trouvait 
encore en 1296 AD. Juscription de Räma Komheng. Op laud. Il fut en relation avec les 
Empereurs Mongols, auxquels il envoya des ambassades: 1292 AD nvingt neuvième année 
»”Tche Yuan, à la dixième lune” Yuan Che XVII 118. — 1295 npremière année Yuan 
Tcheng” TÉ JE . Juan Che CCX 554. (Notice sur le Sien Kouo É [i ) et qui lui 


en adressèrent en 1282 -dix-neuvième année Tche Yuan” Yuan Che XII, (à moins qu’en 


cette année ce fût encore le frère aîné de Räma Komheng qui règnât) — 1293 »trentième 
“année Tche Yuan quatrième lune” Yuan Che XVII 125 — 1294 ,trente et unième 


année Tche Yuan, septième lune”. Yuax Che XVIII 145. (Le roi du Siam y est appelé 


Kan-mou-ting FX À J Kamrateñ (?) Cf. PELLIOT Jtinéraires 240 — 42, 


594 GEORGES MASPERO. 


nous à transmis en ces termes le souvenir: € Dans la récente guerre 
«avec les Siamois, le pays a été entièrement dévasté»!). Su’à Thäi, 
qui lui succéda vers 1297 ou 1298, recommença-t-il cette expédition 
vers 1312, et l'ayant réussie, poussa-t-il jusqu’au Champa? C’est ce 
que porte à croire la présence en 1313, dans ce royaume, de 
bandes Siamoises qui y commettaient pillage et vandalisme *). Anh- 
Hoàng chargea Dô-Thiên, qu'il venait de nommer Kinh Lu’o’c du 
Nghé-An et Lâm Binh *) d'aller les chasser ‘). 


1) Tourou Takouan. Mémoires sur les Coutumes du Cambodge. Peziot II. 173. 
TAKOUAN accompagnait l’ambassadeur chargé d'obtenir du souverain du Cambodge qu’il 
se reconnût vassal de l'Empereur Koubilaï. 

2) ,En vingt et unième année Hung long, en hiver, à la onzième lune”. S4 Té 
VI 3la. Cm IX 86. Moura Cambodge T, 477 cite cette invasion siamoise. Sur quoi AYMONIER 
Cambodge XII 708 écrit: ,»Nous croyons que Moura se trompe quand il prétend, d’après 
»les Annales Annamites, que les Siamois ayant attaqué le Ciampa en 1313, l'Empereur 
»d'Annam envoya à son allié ou tributaire une armée pour le secourir. Cette assertion 
»supposerait nécessairement, soit une étroite alliance entre les Siamois et les Khmers, soit 
nla conquête complète du Cambodge par le Siam, et rien ne nous autorise à admettre de 
semblables hypothèses en cette première moitié du XIV: siècle”. Il semble que l’état de 
nos connaissances sur l’histoire du Cambodge et du Siam à cette époque ne permet pas 
de rejeter une donnée fournie par les Annales Annamites, qui présentent, jusqu'à preuve 
du contraire, toutes garanties de vérité. Nous devons plutôt, puisque les documents Khmèrs 
et Siamois sont encore aujourd’hui si rares, recueillir soigneusement ceux que nous four- 
nissent les documents étrangers, si contraires et opposés soient-ils à nos connaissances 
actuelles; et lorsque nous aurons su réunir tous ceux qui y sont épars, l’histoire du 
Cambodge et du Siam s’éclairera d’une lumière plus réelle que celle sous laquelle nous 


croyons la voir aujourd'hni. 


3) D6 Thiôn ÆE JC Nehé-An Lâm-Binh Kinh luoe sù 22 2 KE 2 
EX fE. Tt NI 3la. Cm IX 86. 


4) Je trouve la première mention du Siam, Xiêm-la ÏÉ %E, dans les annales 
annamites en 1146 »septième année Dai Dinn DAT É ” dans le 74 IV 194 où il est 
dit -Le Xiêm-la vient payer tribut”. Deux ans après, en neuvième année Dai Dinh 1149 
”AD — dit encore le 74 IV 204 — des marchands du Xiêm-la et du Tam Phât Tè (San- 
“fo-Ts'i —= 4 7K Palembang PELLIOT Zfinéraires 321—332-33) arrivèrent dans la 


! \ 
“province (Trân ÊE ) de Vân dôn 22 UD avec des marchandises précieuses et en 
D] 


A 


firent le commerce”. Ce même fait est rapporté différemment et à une autre date par le 
Cm IV 43a. En dixième année Dai Dinn, écritl, au printemps, à la deuxième lune, 


nest créé le comptoir de Vân dôn. — A cette époque des navires de commerce de 


LE ROYAUME DE CHAMPA,. 595 


Ché Dà-a-bà-niêm, qui régnait sous le nom de Ché Näng ') 
crut pouvoir profiter de l’avènement d’un nouvel Empereur *) pour 
se dispenser de toute démarche de vassalité et tenter de reconquérir 
les territoires de Ô et Ly. Il fut d'abord vainqueur et mit en dé- 
route Lyÿ-tât-Kién ) qui resta sur le terrain. Il eut moins de succès 
avec Pham-ngu’-Lao *): il est tourné, voit la déroute débander ses 
troupes et se retire en toute hâte. Craignant le sort de son frère, 
il prend la mer et va se réfugier à Java‘) (1318)°). Avec lui 


s’éteignait la XII° dynastie ?). 


»Qua-Hoa (Koua-Wa = Java) et de Xiêm-la se rencontrèrent en grand nombre à 
2, V es . 
»Hai-Dông ## K et construisirent des maisons dans une île de cette mer. On appela 
\ 
ce centre: le comptoir de Vän dôn” et le Cr» donne à la page suivante (IV 436) la 
notice qui suit et qui n’est qu’un résumé du début de la notice du Wing Che CCCXXIV 
154 sur le Sien-lo, an Xiêm-lat »Au temps des Soui PE et des Tang FE c'était le 
»Xich thô (Tche t’ou, DIS SE le Siam? PeLLioT Z'inéraires 213 et Le Founan et les 
nthéories de NM. Aymonier BEFEO IV 398—99); il était situé au Sud-Ouest du Chiêm 


»Thanh on D (Champa) et était différent du Pho Nam FR F4 (Fou-Nan). Ensuite 


il fut divisé en deux pays: le Xièm ÏÉ et le La-hôc Pr fé} (Lo-Hou. Cf. PELCIOT 
»Ilinéraires 235 à 264). Au commencement de la période Yuan tcheng TÉ E des Yuan 
»(le Xièm-la) vint présenter le tribut (l’ambassade de 1295. Yuur Che COX 55.) 
aux Yuan. Ensuite le La-hôc devint puissant et s’annexa le sol du Xiêm. On 
ndonna alors au pays le nom de Xièm-la-hôe fé Par fé} (Sien-lo-hou). Dans la 
periode Hong-Wou des Ming (une ambassade) étant venue à la Cour, l'Empereur des 
"Ming accorde (au Roi de Xiêm-la-hôc) un cachet de Roi du royaume de Xièm-la. C’est 
à partir de ce moment qu'on a appelé le pays Xiêm-la”. 

1) Chè Näng fi] HE. Cm IX 14. ; 

2) Anh Hong abdique en 1314 en faveur de son quatrième fils Trân-minh-Tôn 


El HF prince Oanh a qui prit le titre de Ninh hoàng Fr Es et règna 
de 1314 à 1329. S% T4 VI 315 475. Cm IX 108 27a. Le Tableau chronologique B. E. 


O. F. p. 97 renferme, pour Trân-minh-Tôn une faute d'impression. Il faut lire Trân-minh-Tôn 
il H} = au lieu de Bi HF] ni qui se lirait Trân-minh-Chu’o’ng. 

8) Lÿ-tât-Kién du titre de Hiôu téc hâû 2 RS HR. “C'était, dit le On IX 156, 
un descendant de la famille Lÿ ne Tt NI 35a. Cm IX 146. 

4) Phâm-ngu-Lao JD . E A commandait l’armée Thiên Thuôc. Il fut, en récom- 
pense de sa victoire, promu au grade de Quan Nôi Hâù FA] A fÀ ; et son fils élevé 


au mandarinat. S% 1% V1 35a Cm IX 146 154 
5) Sk Tt NI 45a. Cm IX l4a 156. 


Ché Nang 
1312—1318 


596 GEORGES MASPERO. 


Il peut paraître étrange de voir un souverain Cham chercher 


asile à Java. Le fait semble moins extraordinaire à se rappeler que 


6) «Cinquième année Dai Khäoh TN be ». Tt NI 354. Cm IX 146. 


7) XII° Dynastie. 
Rudraloka 


Jaya Rudravarman L 
Brahmaloka ou Paramabrahmaloka 1145 Nai Jifiyan 
| 


Jaya Harivarman I | 
Prince Çivaänandana 1145—1167 X Vañça-räja essaie 
| de s’emparer du 
trône avec l’aide 
des Annanites. 








Jaya Harivarman Il 
détrôné vers 1167 par Jaya Indravarman IV où Vatuv 


Jaya Paramecvaravarman II Jaya Indravarman VI. Paot’ot’ouo fille 





Reprend le Gouvernement du Prince Harideva, de Hoa | 
Champa sous la régence de Sakañ Vijaya, tué par ETES 
Mnagahna Où  Dhanapati Indravarman VI 1265. Indravarman VI 
Grama 1203. Règne en 1220. [Jaya Siñhavarman] 
1265 —1287 
Jaya Siñhavarman III 
prince Harïit 
1287—1307 
| 
(de la reine Bhas- (de la reine Tapasi): 
! 
karadevi): Jaya Si- Chê da-a-bà-niêm ou 
TE 
havarman IV. Chè Näng 1312. S’en- 
1307—1312 fuit à Java 1318. 
Sous cette dynastie il y eut nombre d’usurpateurs. 
I. — Harideva 


placé sur le trône par son beau-frère 
Süryavarman II, Roi du Cambodge 1148—1149 
II. — Jaya Indravarman IV 
Où Vatuv 1167—1190 
emmené en captivité à la Cour de Jayavarman VII 
Roi du Cambodge en 1190 
Le Champa est alors divisé en deux 








ne / nn, 
à Vijaya, Soryajaya- à Pandurañga 
varman prince In, beau- Süryavarmadeva. 
frère de Jayavarman 
VII roi du Cambodge 
1190, détrôné par Jaya 
Indravarman V prince 
Rasupati 1191. 





SR 2, 
Il est réuni à nouveau par Süryavarmadeva qui, chargé par le 
roi du Cambodge de rétablir Jaya Indravarman IV sur le 
trône, chasse bien Jaya Indravarman V, mais se proclame 
lui-même Roi da Champa sous le nom de Sürya- 
varmau 1192—1203; chassé par Mnagahna 
Où Dhanapati Grama. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 597 


Jaya Siñhavarman III avait épousé «une princesse, fille du roi de 
«Yava (Java), qui est venue du Yavadvipa et se nomme la reine 
&Tapast» ‘). Ché Pà-a-bà-niêm était fort probablement son fils, et 
il est assez naturel que, cherchant une sûre retraite, 1l ait pensé 


au pays de sa mère, et s’y soit rendu, elle le suivant peut-être. 


: ne c . , XIIe Dynasti 
Le Champa se trouvait ainsi sans roi et, semble-t-il, sans pré- 16e 


! 
tendant légitime au trône; le Général vainqueur proposa à l’Em- Pre 
pereur la nomination d'un Chef militaire appelé A-Nan *) au Gou- 
vernement du Champa. L'Empereur ratifia ce choix et nomma A-Nan 
Vice-roi *) (1318) *). 

Il en fut de lui comme de ses prédécesseurs: dès qu'il se 
crut assez puissant, il essaya de secouer le joug annamite. Il com- 
mença par se rapprocher des Mongols; ceux-ci continuaient d'exiger 
du Champa, assez rarement d’ailleurs, des contributions en vivres 


\ 
ou animaux rares: en 1316, durant que Ché Näng règnait, Jen 


Tsong lui avait demandé deux mois de vivres en riz °). En 1821, 


1) Po-Sah. 22. En 1318, le trône de Majapahit était occupé par Jayanagara, alias 
Kala Gëémet, né en 1294 de Kértaräjasa, alias Raden Wijaya, fondateur et premier 
roi de Majapahit en 1292 A D, et de la princesse Dara-Pétak. C'était, en 1318, un 
enfant encore et il ne pouvait être que le neveu de la reine Tapasi. Celle-ci était 
donc probablement sœur de Raden Vijaya et fille, par conséquent, de Mahisa Campaka, 
qui était mort en 1273 AD. Ce ne sont, ai-je besoin de le dire, que des probabilités, 
basées sur des concordances de dates et de faits Cf BraNDEs Pararaton. Sur Mahisa Cam- 
paka IV p. 63 à 64 et 84; sur Kértarajasa VII 104 à 106; et sur Jayanagora VIII 
106 à 118. 

2) A-Nan [ff ÆfÉ. C'était un Tù 6% Ts'iou fE «Chef Militaire» Sk T4 VI 
45a. Cm 1X 15a. 

3) Hiéu-Thành A-Vu’ong 23% JM Mi Æ 22 VI 45. Cm. IX 154 Le 74 écrit 


un au lieu de ff. 


4) « Cinquième année Pai-Khänh » ibid. 
5) «Troisième année Hoang K’ing É LÉ à la deuxième lune, jour Wou Yin on 


«ordonne à l’Inspecteur du Hou-Kouang d’écrire au roi de Champa (et à d’autres) de 
LA l 


I 


«fournir du grain grillé de voyage pour deux mois». Yuan Che XXV 454. 


598 GEORGES MASPERO. 


Ché A-Nan reçut l’ordre d'envoyer des éléphants domestiques ‘); il 
en profita pour charger un ambassadeur de présenter le tribut, 
1322 ?). L'année suivante, il charge son frère Pao Yo Pa-ts’eu-tcho ©) 
d'aller demander à Jen Tsong assistance contre son puissant voisin. 
L'Empereur saisit avec empressement cette occasion d’être désagréable 
à l’Annam et, dès l’année suivante, ses ambassadeurs ‘) invitèrent 
Ninh Hoàng à respecter le territoire Cham et lui enjoignirent de 
donner des ordres en ce sens à ses fonctionnaires des provinces 
méridionales, 18324 5). Ninh Hoàng fut fort irrité de ce message et 
résolut de s’en prendre à celui que le lui valait; il partit en ex- 
pédition, 1326 6). Il fut malheureux: Ché A-Nan défit et mit en 
déroute ses armées 7) et cessa de se considérer comme vassal. 

Il continua, par contre, ses relations avec les Mongols, et ses 
ambassadeurs se présentèrent à la Cour de Chine en 1327, 1328 


et 1330 *); puis il cessa tout envoi et termina son règne en prince 


1) «Première année Tche-tche æ En à la neuvième lune, on donne l’ordre d’en- 
«voyer des ambassadeurs au Champa, au Cambodge pour demander des éléphants dressés » 
Fuan Che XXVNII 514. 


2) « Deuxième année Tche-tche, à la première lune, jour Ki-Sseu 2 FE, complé- 
«mentaire» Yuan Che XXVIIT 534. 


3) « En troisième année Tche-tche, à la septième lune, jour Jen Chen » _. ra 


Pao Yo Pa-ts’eu-tchô 1 À JAt À] JE . Je ne suis pas certain du second caractère 


qui a sauté sur mon exemplaire, Fuan Che XXVIIT 556. 


4) Ils se nommaient Ma ho Meou, ax Mâ-hiêp-Mu’u Æ 2, EU et Yan tsouen 
Chouei ax Du’o’ng-tôn-Thoai À B# Fi et étaient chargés de remettre les nouveaux 


A 


calendriers. Le premier faillit créer un incident diplomatique. Il s’obstinait à vouloir 
ranchir, à cheval, le pont du canal qui entourait le palais, malgré toutes les explications 
des gardes et fonctionnaires du palais et il fallut qu'un haut dignitaire vint lui-même 
l'en supplier. Cm IX 224. | 

5) «Première année Khaï Thaï DH A” Sk Tt NI 426 43a. Cm IX 224. 

6) « Troisième année Khai Thai» SX T4 44a 450. Cm IX 34b 35a. 

7) Elles étaient commandées par le Huë Tue Vu’ong Dai Niên GA Et + 
K e Cf. les paroles dont Ninh Hoàng le gratifia à son retour. 8% 74 VI 44 
45a. Cm IX 254. 

8) En 1327 il s’en présenta deux. Quatrième année Tai Ting LS  : à la 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 599 


souverain ‘) qui prétend ne tenir sa couronne et ses droits que de 
lui-même. Nul ne lui demanda compte de cette attitude: en Annam 
l'habitude qu'avaient adoptée les Empereurs de la dynastie Trân 
d'abdiquer et de remettre l'apparence du pouvoir à un enfant en 
tutelle ?) n’était pas faite pour rehausser le prestige de l'Empire au 
dehors; en Chine, la scission se faisait chaque jour plus grande 
entre les Mongols et la population indigène, et déjà se dessinait le 
mouvement national qui devait faire succomber, sous les coups des 


Ming, la dynastie qui règna sur le plus grand empire du monde ÿ). 


“cinquième lune, jour Ki-Wei E À Yuan Che XXX Sa.» Idem à la septième lune, 


»le Champa offre deux éléphants dressés,. Yuan Che XXX 86. 1528 ,Première année 


»Tche Houo F4 1 à la première lune, Yuan Che XXX 9a. 1330 Première année 


»Tche Chouan æ NE , à la deuxième lune, le Champa envoie son sujet Kao ngan Tou 
seu Er ffrir le tribut, Ye XXX à 
JF] IE #T pi) offrir le tribut, Yuan Ce XXXV ZA: | 
1) En 1329 ,Première année Khai huu BH Don » Trân-khäc-Chung demandait une 


expédition ,contre le Champa qui négligeait ses devoirs de vassal, 74 VI 49a. 
2) Trân-thäi-Tôn Pit K TR: le fondateur de la dynastie, abdique en faveur de 


\ 
son fils Trân-thanh-Tôn Pit En ES âgé de 17 ans. 1258. Celui-ci, en 1278, transmet 


\ 
le pouvoir à son fils Trän-nho’n-Tôn il 1 Te qui n’a que 20 ans. Nho’n-Tôn à son 
La LL W "mA a D: 4 
tour abdique en faveur de son fils Trân-Anh-Tôn Pit re D (Anh-Hoàng) qui a 26 ans, 
\ 
: À ee ; ; nb TA di 
1293. Anh-Tôn quitte le pouvoir en 1314 et le confie à Trân-minh-Tôn Pit H} DS 


âgé seulement de 5 ans; ce dernier enfin, en 1329, ayant à peine 20 ans, abdique en 


\ 
faveur de son fils cadet Trân-hiên-Tôn Bi FR 


quand ce dernier meurt, en 1341, la même année que Chè A-Nan, l’Annam, depuis 27 


ni DE ;: : Are 
7 qui n'avait que dix ans. Si bien que, 


ans, était gouverné par un prince en tutelle. 


3) Jen Tsong À= Æ* mort en 1320, son’fils Ying Tsong ii = Che to pa la 


Soutai-Bala #H fi j\ il) ) fut assassiné en 1323 après trois ans de règne, âgé de 
21 ans seulement. T’ai Ting LS É Tie mou eul A À EU Yesoun-Timour) son 
successeur mourut au bout de quatre ans de règne (1324—1328). Minh Tsong HF — 
Houo Che la An TE Fil fils de l'Empereur Wou Tsong, s’empare du trône, mais est 
supprimé par son frère Wen Tsong D'é Te (T’ou Mou eul, Tob Timour jui HE A3 
quatre mois après son avènement. Wen Tsong ne règna que trois ans (1330—1332) et fut 


z : | : 2 s LEE 
remplacé par le fils de Minh Tsong, (T’o Houan Tie Mou eul Togan Timour) ke. 12 


jus FPE Fa qui règne, sous le nom de Chouen Ti NE fr et fut le dernier empereur 
DS 


de la dynastie de Yuan. 1333—1368. 


600 GEORGES MASPERO. 


Ché A-Nan vécut les onze dernières de son règne dans la paix 
et l'indépendance, et donna à son peuple une tranquillité qu'il igno- 
rait depuis si longtemps. 

C'est sous son règne, sans doute, que le «Bienheureux Frère 
«Odoric de Pordenone ‘)» visita le Champa, et y trouva si grandes 
merveilles qu’elles méritent d’être enregistrées: «Près de l’isle Natem, 
«est un royaume qui a nom Campe et y a très bel pays, car on 
«y treuve toutes manières de vivres à tres grant habondance de 
chiens. Le roy qui en ce pays regnoit quant je y fus, avait bien 
«CC enfants, que fieux que filles: car il avoit pluseurs femmes 
€ espousées et grant planté de concubines. Ce roy a bien quatorze 
€ mille oliphans privez, lesquelz il fait garder et nourrir par gens 
«de ses villes. En ce pays treuve on grande merveille: car toutes 
«mauières de poisson que on treuve en la mer vient en ce pays 
«si que on ne vois riens en cette mer fors que poisson. Et vient 
«chascune espèce de poisson par lui, et demeure trois jours droit 
«à la rive, et puis s'en va cette manière de poisson. Puis vient 
«une autre generaction et fait ce meismes et sic de alüs jusques à 
«tant que tous y sont venus une fois on en l'an tant seulement. 
«Et quant on demande à ceulx du pays dont ce vient et que ce 
«monte, ilz dient que ces poissons viennent faire reverence au roy 
«de ce pays. En ceste contrée vy je une limace*) qui estoit si 
«grande que ce estoit merveille. Elle estoit plus grande que le 
cclochier Saint-Martin de Padue, se il feult ainsi tournez comme 
«maison de lymace. Quant aucuns homs meurt en ce pays on en- 


1) Religieux, de l’ordre des frenciscains, qui voyagea en Asie de 1318 à 1330 et 
mourut à son retour en son couvent d’Udine le 14 Janvier 1331. Les Voyages en Asie au 
XIV siècle du Bienheureux Frère Odoric de Pordenone, Religieux de Saint François, 
publiés avec une introduction et des notes par HeNRt CORDIER. Paris. Leroux MDOCCCXCI. 
Le chapitre que je transeris ici est intitulé «Du royaume de Campe» et se trouve à la 

. 187 de l’édition de H. Corprer. 


2) Une «tortue» dit le Commentaire. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 601 


€sevelist sa femme avec lui, car ilz dient que drois est que elle 
«demeure avec lui en l’autre siècle». 

De son vivant, Ché A-Nan avait pris en affection son gendre 
Trà Hoù Bô Pé ‘) et lui avait confié des fonctions plus importantes ?) 
qu'à son propre fils Ché M6 8). Bô pé, tout en faisant montre à 
l'égard de ce dernier de grands sentiments d'affection, le défendant 
et s'interposant lorsqu'il s'attirait le blâme de son père, le desser- 
vait sous main dans l'esprit de la population. Il s'attacha, en même 
temps, à obliger et s'assurer la dévotion des Grands de l’armée, si 
bien qu’à la mort de Ché A-Nan, Trà Hoù B6 Dé n’eut pas de 
peine à évincer Ché M6 et se faire reconnaître roi en sa place. 
Juin 1342 ‘). 

Ché M6 n'accepta pas cette usurpation; il prit la campagne, 
souleva les populations restées loyalistes et lutta dix ans pour recon- 
quérir la couronne. Vaincu, sans ressource, il en fut réduit à sol- 
liciter l'appui de l’ennemi séculaire de son pays et de sa race, et 


se ne à la Cour de Du Hoàng, 1346 5). Celui-ci en profita pour 


1) Trà Hoù Bô Dé Z fi in JÉ gendre (À 45) de Chê A-Nan. Sk Tt 


VII 164. Cm IX 416. 


1 ! 2 
2) Lorsque le roi Chè A-Nan était encore en vie, son fils Chè M6 remplissait les 


/ \ / \ 
fonctions de BG Diên et son gendre celles de Bô dè Tt NII 164. 
15 À Fi LE | 
Cm X 3a. Ils donnent à propos de ces deux titres les ORNE suivantes: , BÔ Diên : 


Ja traduction en signifie Dai vu’o’ng K Æ (grand roi); Bô Dé, la traduction en 
signifie TÉ Tu’o’ng a #H , Ministre d'Etat. SE TE NII 16. Cm X 36. 


3) Chè Mê Mi] HE Ge 24 écrit EE) Sk Te VII 164. Cm X 3e 4e. 


4 » Deuxième année Thiéu Phong El. à à la cinquième lune, le Roi du Champa 
) En q P 


.Ché 4- Nan étant mort, son gendre Trà Hoù Bô D: s’éleva lui-même au trône et envoya 


un ambassadeur (à la Cour d'Annam) annoncer le décès de son beau père. 5% Tt VIT. 


Cm IX 416. 
5) »Douzième année Thiéa Phong, au printemps, à la troisième lune,. Sx T4 VII, 
NT \ T1 Dr 2 
164. Cm X 3a. Trân-Du-Tôn fils de Trên Minh Tôn Bi rs FX > prince Cao dgL 


règna sous le nom de Du Hoàng Z4 É1. Il fut élevé au trône, à l’âge de six ans, À 
== 


\ 
] ère Trân hiên Tô HE a i ’o’ng i règ 

a mort de JL frère Trân hièn Tôn IS] RER ge Prince Vw’o’ng HE qui règna sous le 
nom de Trièt Hoàng +}; EE de 1329 à 1341. Il ne prit la direction effective du pou- 


[il 
Trà-Hoù Bô- 
Dé 1342— 
1360. 


602 GEORGES MASPERO. 


rappeler à Bô pé qu'il n'avait pas présenté le tribut depuis son 
avènement et lui en demander les causes. Bô P& ne se trouvait pas en 
état de répondre par les armes à cette injonction et se hâta d’en- 
voyer un ambassadeur; ses présents furent jugés insuffisants !). 
Ché M6 fut bien reçu et ses préseuts ?) furent acceptés avec 
force remerciments; on le combla d'honneur et de belles promesses, 
mais d'expédition il ne fut point question; si bien qu'au bout d’un 
an, fatigué d’attendre, il conta un jour cet apologue: «Autrefois, 
«en mon pays, vivait un roi qui élevait un singe et l’aimait beau- 
«coup. Il désira l'entendre parler et promit dix mille livres d’or 
«à qui lui donnerait la parole. Un homme se présente; il est accepté, 
«exige cent livres d’or par mois pour les drogues et demande un 
«délai de trois ans. D'ici là, se disait notre charlatan, le roi, le 
«singe ou moi serons morts *)». On comprit et on décida de tenter 
l'aventure. L'armée partit à la sixième lune 1353 ‘); mais ne reu- 
contrant pas à C6-Luy 5) la flotte qui devait la ravitailler en vivres 


et munitions, elle rebroussa chemin, ramenant Ché M6 avec elle, Il 


mourut peu après ‘). 

voir qu’en 1357, à la mort de son père Ninh Hoang (Trân-minh-Tôn) et mourut en 1369. 
1) Sixième année Thiêu Phong (1346) au printemps, on envoie Phàm-ngu’o’n-Hadng 

«jÙ TÉ 5 comme ambassadeur au Champa, adresser des remontrances de ce que 

(le Roi) n’envoyait pas le tribut; en hiver, au dixième mois, le Champa fait présenter le 

"tribut, mais il était de piètre importance». Sk T£ VII 1346. Cm IX 464. 


2) Il offrit à l'Empereur ,uu cheval blanc, un éléphant blanc, une fourmi longue d’ 
rune coudée neuf dixièmes (070, environ!) et divers produits du pays». Cm X 3a. 

3) Il est curieux de retrouver, en plein XIV° s. au Champa et en Annam, la trame 
d’une des fables de La Fontaine. ,Le Charlatan (fable XIX) »que ses commentateurs disent 
tirée des ,Poggii Facetiae,. J’ai traduit à peu près textuellement l’apologue tel qu’il est 
au 7% VII 165 et au Cm X 46. 

4) ,Treizième année Thiéu Phong, à la sixième lune, S# 74 VII 166. Cm X 4a. 


5) Cô Luy nr HN - C’était autrefois la limite (Sud) du Je-Nan. A partir des Tang 
\ . 
il fit partie du Champa. Lorsque Hô Häu Thu’o’ng en eut obtenu la cession pour prix de 


sa victoire sur Ba-dich-lai (1403) il en fit les Châu de Tu’ A, & de Nghia &. 


Sous les Lé il forma la préfecture FF de Tu’ Nghia Æ &. C’est aujourd’hui la 


province A de Quang Nghia FÉ & Cm X 5a. 


6) Sk Té NII 166. Cm X 4a b. 5a. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 603 


Trà Hoù Bô Pé conçut un «orgueil» immodéré de l'échec de 
son beau-frère et de la retraite des troupes annamites, et voulut 
profiter des circonstances pour réoccuper le Hoù Châu ‘); il échoua 
à la première attaque et la Cour d'Annam ayant envoyé Tu'o’ng 


häng Siêu y tenir garnison, il n’insista pas (neuvième lune 13538) ?). 
Il eut pour successeur Ché Bông Nya *) auquel les Chinois ses 
tribuent le nom de Ngo-ta-Noo Tehô ‘) et en qui Aymonier croit 
retrouver le Binasuor de la Chronique ‘). Nous ignorons ses titres 
à la couronne et sa parenté avec Trà Hoù B6 Dé. Nous ne sommes 


pas plus renseignés sur la date de son avènement. Les textes Anna- 


2 
1) Ia partie Sud du Quang Tri, à peu près la région actuelle de Huëê. 


2) Tu’éng bénh Sièu PE : A 54 Te VII 174. Om X 56. 


3) Chè Bông Nga fl Æ Sk Tt VII 436 & sqq. Cm X 394 et sqq. 


4) Ngo ta ngo tchô Mn À PT] Æ$. Mxy Che IT 4e COOXXIV 13 & sqq. 


5) Selon AYMONIER 82 Ché Bông Nga est une ,transcription probable de Chéi Bañguo’r 
»(Cëi Vañu) le prince fleur?,. Mais aucun texte, que je sache, ne fournit cette forme 
Bañhuo’r (baïno’r ou bañuor, fleur). La Chronique Royale, dont AyYMoNIER donne un fac. 
simile à la suite de sa Grammaire de la Langue Chame. Excursions et Reconnaissances 
XIV. 31. Saigon 1889, porte à la ligne 23 Binna thuo’r et à la ligne 26 Binne 
thuo’r. Or Thuo’r — qui se prononce suo’r (du se svar cicl, paradis) — est une termi- 
naison commune à beaucoup de rois: Debata Thuo’r, Patal Thuo’r, etc, Reste Binna ou 
Bhinne qui ne peut pas venir de Bañuo’r, mais semble être une déformation chame du 
sanscrit #hinna, brisé, perdu, percé, marqué d’une cicatrice, dont le dictionnaire tam donne 
la forme Bhin. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, il est fort possible que le Bhinne Thuo’r des 
traditions chames rappelle le souvenir, très déformé par la légende, du roi Chè Bông Nga. 
Voici ce qu'en dit la Cronique Royale (AYMONIER Grammaire de la Langue Chame D. 
XIV 31. 88) ,Alors le Po Bhinne Thuo’r, frère cadet utérin du roi Patal Thuo’r, monta 
sur le trône en l’année du dragon. Ce roi règna quarante six ans à la capitale Angoué; 
il quitta le trône en l’année du buflle (au XIV® s. la première année du dragon à été 
"1304 et la première du buflle 1301)-. Et AYMONTER dans ses Légendes Historiques des 
Chames. Excursions et Reconnaissances XIV n° 32, nous donne, d’après ,un autre manuscrit, 
qu’il ne désigne pas plus explicitement, le développement qui suit. ,En l’année du serpent 
les Annamites amenèrent des troupes entourer la capitale Bal Thuh. Le dieu (le roi) 
»Binoe-Thno’r fit une sortie et battit le roi Yuon, qui reprit le chemin de son royaume. 
Les Annamites furent massacrés par toutes les routes, leur sang inondait les plaines. A 
»Bal Thuh, leurs têtes furent amoncelées en pyramides hautes comme des montagnes. Puis 
rle dieu Binoe Thuo’r les suivit, s’empara du roi Yuon et subjugua l’Annam; mais il y 


prit femme, et il perdit la vie et la royauté en ce pays des Yuon,. 


604 GEORGES MASPERO. 


mites, à ma connaissance, prononcent son nom pour la première 
fois en 1376 ‘). Les Annales Chinoises nous disent qu'en 1369, il 
fut <nommé Roi du Champa» *) mais c'était là simplement recon- 
naissance par le premier empereur de la dynastie des Ming 3) d’un 
fait accompli depuis longtemps. C'est à partir de 1361 que commen- 
cent contre l’Annam les campagnes victorieuses qui se succèderont 
presque sans interruption jusqu’à la mort de Ché Bông Noa, en 1390; 
il serait assez étonnant que l’ardeur belliqueuse et les qualités mili- 
taires de Trà Ho B6 dè aient attendu la vingtième année de son 
règne pour se manifester, et il semble plus rationnel de voir dans 
la reprise soudaine des hostilités la preuve de l'avènement d'un jeune 
prince, doué de qualités guerrières remarquables. Aussi bien, fixerons- 
nous aux environs de l’année 1860 l'avènement de Ché Bông Nga. 

En 1361 ‘) le nouveau Roi du Champa fait tout à coup irruption 
dans le port de Da Li‘), met en fuite les quelques troupes qui le 
défendent, pille la ville et ses environs, fait un massacre de la po- 


pulation et repreud la mer, chargé de butin‘). Du-Hoàng nomme 


1) » Quatrième année Long Khanh, Æ LA Sk TE NII 438 Cm X 39. 


2) »Deuxième année Hong Wou dE nee . Ming Che I 4a. CCCXXIV 134. 

3) Profitant de l'insurrection qui, depuis 1348, troublait le Sud de la Chine, Tchou- 
yuan-tchang À TÉ EE s'empare de Kin-ling & 5 (Nan-King) en 1356, de 
Teh’ang Tcheou + hf] et de Yang Tcheou k: PH en 1357, bat en 1364, Tch’en 


=L c 7150 
you lang ii X EX — rebelle lui aussi contre les Yuan, et qui s'était en 1360, 
déclaré Empereur de la dynastie des Han, — et se proëlame lui-même Empereur Wou 
FH. À la mort de Ming-yu-Tchen HF Æ > (1366), qui depuis 1363 était Em- 
pereur Ha E] il reste seul en face du dernier des Yuan, Chouen Ti, continue sa marche 


conquérante, se proclame en 1368. , Empereur Ming, et installe sa capitale à Nan King. 


Chouen Ti prend la fuite et meurt l’année suivante (1369). 
4) »Quatrième année Pai-Tri K He au printemps, à la troisième lune, SÆ Té 
VII 24a. Cm X 146. 


5) Le port de Da-Li SE H # F4 se trouve à présent, dit le Cm X 15a, 


(l 
»dans le village de Li-Hoà H fl du huyên de Bô Trach in + 


6) 54 Tt 2a. Cm X 146. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 605 


aussitôt Pham A-Song préfet !) de la province de Lâm Binh, dont 
Pa-Li faisait partie, et le charge de mettre la région en état de 
défense *); mais les Chams recommencent l’année suivante *), à la 
troisième lune, et dévastent le chef-lieu du Hoä-Châu. L'Empereur 
ne peut qu’ordonner de relever les ruines encore fumantes et charger 
D6-tu’-Binh de passer l'inspection des troupes du Lâm-Binh et du 
Thuân-H6a “). 

Pendant deux ans les populations de ces provinces ne furent 
pas inquiétées; mais comme les garçons et les filles étaient réunis 
à Bà-du'o'ng *) pour fêter, selon la coutume du Hoa-Châu, le début 
de l’année Ât-Ti‘) en jouant à l’escarpolette 7), les Chams qui, depuis 
les derniers jours du mois précédent *) se tenaient cachés dans les 
mamelons environnants, surgirent à l'improviste, raflèrent filles et 
garçons, puis filèrent à toutes voiles ?). 

L'année suivante !‘), ils furent moins heureux. Pham A-Song 
les attendait; à peine débarqués dans le Lâm Binh ils sont assaillis, 


culbutés et mis en fuite !!). Enfin, comme les incursions Chames con- 


1) Tri Phu FH KF ch Tche Fou. 


2) »Quatrième année Hai-Tri, cinquième lune,. Pham A-Song SO Fry 1 (ou 
selon le 7). Sk Tt VII 244. Cm X 148. 


» 
3) »Cinquième année Dai Tri, troisième lune, 1362. S4 T4 VII 25a. 
4) Dôtu-Binh ÀE F 2. Le Ze VII 254. Cm X 168. 


5) Ba du’o’ng JE D . Les Annales ne donnent aucun renseignement sur cet em- 
placement. Ce devait être probablement un site agréable, situé dans les environs du chef-lieu 
et où on se réunissait aux jours de fête. 

6) ÂcTi FA} EF . nHuitième année Pai-Tri au printemps, à la première lune, 
1365. Sk Tt VII 266 27a Cm X 19. 

7) Thu thièn ik LES ch ts’ieou-ts’ien. 

8) -Douzième lune de la septième année Dai-Tii, S4 T4 VII 286. 

9) Sk Tu VII 285 29a Cm X 19a. 

° 10) ,Neuvième année Pai-Tri, à la troisième lune, 1366. Sk T# VI1 276 Cm X 19 20a. 


2 
11) Pham A-Song fut, à la suite de ce succès, élevé au grade de Pa tri phu hänh 


quân th ngu” sw. 0 SN MF ÀT Ep EE se 1e vit 276. Cm X 202. 


40 


606 GEORGES MASPERO. 


tinuaient, Trân-thé-Hu’ng reçoit, en janvier 1368 ‘), le commande- 
ment d’une expédition avec D6-tu’-Binh ?). L'armée venait de partir, 
qu'un ambassadeur se présentait à Dü-Hoàng et demandait la rétro- 
cession du Hoä-Châu *). Il fut éconduit; mais Ché Bông Nga, averti 
de l’arrivée des troupes annamites, s’embusque au lieu dit «Caverne 
Chame» “) les surprend, leur inflige une sanglante défaite et fait 
prisonnier Thé-Hu’ng. Tu’-Binh battit précipitamment en retraite 
avec ce qui restait de l’armée, Mai 1368 *). 

Cependant Tehou Yuan Tehang ‘) se proclamait «Empereur Ming» 
et installait sa cour à Nan-King. Dès l’année suivante, il envoie, à 
tous les états vassaux l’ordre de venir faire acte de soumission. 
Avant même réception de l’édit, Ché Bông Nga avait expédié au 
nouvel empereur des éléphants, des tigres et autres produits du 
pays. Yuan Tchang, heureux de cet empressement, désigna un de 
ses dignitaires pour reconduire l'ambassadeur et remettre à Ché Bông 


Nga un édit *) le nommant «Roi du Champa», un sceau, trois mille 





1) ,Dixième année Dai-Tri, en hiver, à la douzième lune, 7% VII, 276. Cm X 206. 


La dixième année Dai-Tri correspond en réalité à 1367. 


2) Trân-thé-ILu’ng Pi TE F4, du grade de Minh Tu HF =" est nommé 
Thông quûn hañh khièn A fi ÂT JE et Pôtu”-Binh ft S. 2. au grade de 
DT tri thu’o’ng tho’, ta tw su” F] PA fi EE ua A] #. Tt NII 276. 


) »Onzième année Dai- Tri, à la sixième lune, 1368. L’ambassadeur se nommait Muc 


bà ma 1 JE É. Sk T4 NII 284. Cm X 2la. 


4) D'après le Cm X 208 21e »Chièm Dông on ‘l était, au (one des Tang, 
nterre de l'ancien Je-Nan. Ce devint ensuite territoire Cham. Sous Hô Héu Thu’o’ng 


»(1400—1407) on le divisa et on en fit les deux châu de Thäng $F et de Hoa Âk, . 


»Sous les Lé on les réunit sous le nom de Thäng hoa Phu SF Ât, FF: C’est mainte- 
nant le Thäng Binh Phu de la province de Quäng Nam. 

5) »Onzième année Dai Tri, au printemps, à la quatrième lune, 54 T£ VII 28a. 
Le Cm X 206, par la façon dont il narre cette défaite, semble la placer fautivement à la 


douzième lune de la dixième année Dai-Tri 


6) Tchou Yuan Tchang À TJ Jr , nièn hao Hong Wou dE ii: nom de 
règne T’ai Tsou K MEL 


7) L’édit fut signé »au jour du douzième mois de la deuxième année Hong Wou, 
11 Janvier 1370. Ming Che IT 4a. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 607 


calendriers et quarante pièces de soie de différentes couleurs. Le 
Souverain Cham y répondit par l'envoi d’une nouvelle ambassade, 
1370 '), et désormais il s’attacha à renouveler l'hommage le plus 
régulièrement possible *). Cette même année, 1370 *) Yuan Tchang 
chargea un de ses fonctionnaires d’aller au Champa offrir des sacri- 
fices propitiatoires aux génies des montagnes et des fleuves et instituer 
des examens pour les étudiants. Il enjoignait en même temps à 
l’Annam et au Champa de cesser leurs guerres et vivre en bonne 
intelligence +). 

Du Hong était mort en Juin 1369 5). Malgré les observations 
des grands mandarins, un fils reconnu de son frère aîné ©) fut, grâce 
aux intrigues de sa mère Du’o’ng Khu’o’ng proclamé roi, par la 
Reine douairière, veuve de Ninh Hoàng: il se nommait Du'o’ng- 


nhw’t-Lé 7). Phü, frère du défunt frustré de ses droits, se réfugia 


1) Ming Che IT 46 et Notice sur le Champa. CCOXXIV 134. 

2) »Depuis ce temps, il continua à offrir le tribut, soit une fois par an, soit une fois 
rtous les deux ans, soit deux fois par an». Ming Che CCOXXIV 136. 

3) »Troisième année Hong Wou, Ming Che CCCXXIV 130. 

4) Dans la notice sur le Champa du Ming Che CCCXXIV 136, il est dit à la troisième 
année Hong Wou 1370: ,Au commencement [de l’année] l’Annam et le Champa étaient 
venus aux mains; le fils du Ciel envoya un ambassadeur les séparer; mais l’Annam vint 
sassaillir (le Champa), et la notice sur l’Annam, Ming Che CCCXXI la, écrit, à la 
deuxième année Hong-Wou 1369 — le texte emploie deux fois de suite le terme HF a 
»Vannée suivante,, ce qui ne le rend pas des plus clairs; je crois bien cependant qu’il 
faut lire ,deuxième année Hong-Wou, — ,A ce moment, l’Annam et le Champa en étaient 
»venus aux mains; l'Empereur ordonne de leur enjoindre de cesser la guerre. Or, en 
1369 pas plus qu’en 1370, les textes annamites ne parlent de guerre entre les deux pays; 
PAnnam était alors troublé par l’usurpation de Du’o’ng-nhut-Lé (cf. infra) et ne songeait 
pas à attaquer le Champa. Aussi bien, les Annales n’ont fait probablement qu’enregistrer 
les lettres adressées à l'Empereur tant par l’Annam qne par le Champa, où chacun accu- 
sait l’autre d’envahir son territoire et demandait des armes et des subsides. 

5) »Douzième année Dai-Tri, cinquième lune, vingt cinquième jour, [Sk% VII dit 
quatrième lune,] 74 286. Cm X 224. 

6) Due Fm, fils aîné de Ninh-Hoàng (Trân-minh-Tôn) portait le titre de Cung 
Tue Vu’o’ng. 

7) Du’o’ng-nhu't-Jè À H TE. Sa mère, une comédienne, nommée Du’o’ng 
Khu’o’ng D Es , était enceinte de lui, lorsque Cung Tüc Vu’o’ng, ayant conçu pour 


608 GEORGES MASPERO. 


dans la montagne, s’y constitua une armée et, l’année suivante, 
s'emparait de Nhu't-Lè, le jetait en prison ‘) et prenait possession 
du trône sous le nom de Nghia-Hoàng ?), onzième lune 1370 *). La 
mère de l’usurpateur, Du’o’ng Khu'o’ng, prit la fuite et se réfugia 
à la cour de Chè Bông Nga. Elle lui représenta les frontières dé- 
garnies, les places fortes démunies et excita ses convoitises par la 
description du butin qu'il ne manquerait pas de rapporter d’une invasion 
inopinée en Annam. Il ne put résister à la tentation et mit à la 
voile à la troisième lune de 1371 “): il pénètre dans le delta par le 
port de Dai-An‘), marche directement sur la capitale «comme en 
«simple promenade», et parvient au gué de Chäi Cô qui n’est pas 
défendu ©). Il entre dans la ville au moment où Nohia-Hoàng la 


quittait ”), enlève les enfants et les femmes, s'empare de gemmes et 


elle un grand amour, l’épousa et reconnut l'enfant qu’elle portait. Celui-ci n'avait donc aucun 
droit au trône. 

1) On lui attribua le titre de Hôn-Di’e-Công K pi À . I] fut tué quelques jours 
après pour avoir étranglé Trân-ngô-Lang Eh _. A qui l'avait trahi. SX Tt VII 33a 6. 
Cm X 266 27a. 


2) Trân- nghé-Tôn Eh Eh 2 = prince Phu HA . Il était le troisième fils de 
Trân-minh-Tôn, portant le titre de Cung-Dinh-Vu'ong LIN ns +. Il prit à son 


avènement le titre de Nghia-Hoàng & Es 1 abdiqua, en 1371, en faveur de son 
frère Kinh BL 

3) Deuxième année PDai-PDinh K Œ à la onzième lune, au treizième jour, S# 
Tt VII 334. 


4) »Deuxième année Thiéu Khänh #7 LE troisième lune intercalaire». Sk T4 
VII 37a. Cm X 30a. 


5) Pai an X €. 


6) Le gué ou bac de Châi cé K TE C’est Hope hui le hameau É; phu’è’ng] 


de Phuc cé Âÿ # dans le huyên de Tho Xu’o’ng = = de Hà-Noi ve] NE 
Cm X 306. 


2 » 

7) I1 s’enfuit à Tong Ngan K Fe. cô Phäp nr “Æ fut d’abord le nom d'un 
Châu FN sous les Pin ; puis en fit le chàau de cé Jam tr Ed PM: les Lé chan- 
gèrent ce nom en celui de cé Phäp. Les Li en firent le Phu de Thièn-Pji’e K fi 
KF et les Trân le huyên de Tông Ngan K JF : Sous les Lé on lui rendit son an- 


L 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 609 


étoffes précieuses, met le feu au palais impérial, détruit les archives 
eb tout ce qui y était enfermé, 1371 !). 

L'année suivante *) parvint à Yuan-Tehang une lettre du Roi 
du Champa écrite en caractères du pays sur une feuille de papier 
doré *). «Sa Majesté, le Grand Empereur Ming ‘) disait-elle, du haut 
«de son précieux trône, gouverne les peuples des quatre mers comme 
«la Terre et le Ciel les portent et les couvrent, comme le Soleil et 
«la Lune font descendre leurs rayons sur eux. Sur moi, Ngo-ta 
«Ngo-tchô, misérable fétu, elle a déjà répandu ses bienfaits en char- 
«geant un ambassadeur de venir m'établir sur le trône et me remettre 
«un sceau doré; et je ne cesse de l’en remercier et de penser con- 
«stammert à elle. Aujourd’hui l’Annam amène des armées pour 
s'emparer de mon territoire et mettre ses habitants au pillage. Je 
«viens done supplier S.M. l'Empereur de m'envoyer des équipements 
«militaires, des instruments de musique et des musiciens. Ainsi 
«l'Annam verra que mon Royaume de Champa est terre tributaire 
«de S.M. et n'osera plus le molester 5)». 

Pas de date, mais les documents annamites sont assez précis 
pour qu'il soit possible d'affirmer qu'aucune armée des Tràn ne 


vint, cette année, attaquer le Champa. Ché-Bông-Noa mentait ef- 


cien nom. (est maintenant le huyên de Tông Ngan de Bac Ninh JU me . Cm II 
= 
68 X 308. 

1) »Deuxième année Thiéu Khänh, troisième lune intercalaire, vingt septième jour,. 
Tt NII 37a. 

2) La notice sur le Champa, Ming Che CCCXXIV 136 donne la lettre comme envoyée 
en quatrième année Hong-Wou-: = 1371, mais les Annales Principales qui ne portent 
aucune ambassade du Champa en cette quatrième année, Ming Che II 4b en mentionnent 
une en ,cinquième année, = 1372, Ming Che II 5a. On pourrait done admettre que la 
notice sur le Champa, enregistrant la lettre elle-même fournit la date de sa rédaction, 
portée sur la lettre elle-même, tandis que les Annales Principales ont noté la date d'arrivée 
à la Cour de l'ambassade qui l’apportait. 

3) Ayant une coudée de long sur une demi coudée de large, Ming Che CCOXXINV 135. 

9 À D E 


5) Ming Che CCCXXIV 134. 


610 GEORGES MASPERO. 


frontément; désireux de s’assurer la neutralité de la Chine, il s’ef- 
forçait d’imputer l’agression à l'ennemi même dout il envahissait le 
territoire et saccageait la capitale: bien plus il demandait qu’on 
l'aidât. Yuan-Tchang n’envoya rieu et se borna à se répandre en 
bons conseils que le Ministre des Rites eut charge de coucher sur 
un édit: «Champa et Annam servent l’un et l’autre l'Empereur !) 
«et l’un comme l’autre lui présentent leurs vœux au premier jour 
«du premier mois. Pourquoi alors s’arrogent-ils le droit de troubler 
«l’ordre, manquant ainsi à leurs devoirs envers l'Empereur, et rom- 
«pant les relations amicales avec le voisin? A partir de ce jour, 
«l’Annam doit rentrer ses armées, le Champa faire la paix avec 
«lui et chacun s'occuper de son propre territoire. Pour ce qui est 
«des équipements militaires, en fournir au Champa au moment où 
«les deux pays sont en désaccord serait l’exciter à la guerre et ne 
«constituerait pas le meilleur moyen d'arriver à conciliation. En ce 
“qui concerne les instruments de musique et les musiciens, je ne 
«puis donner satisfaction (au Roi du Champa), le langage et les 
«sons différant d’un pays à l’autre. Cependant, s’il est en ce royaume 
«des gens sachant le chinois, qu’on les envoie en Chine pour y 
faire des études (musicales?). Enfin il est défendu aux fonction- 
<naïres de la province de Fou-Kien *) de prélever des taxes sur 
«les Chams, en marque de faveur impériale ‘)». C'était une fin de 
non-recevoir, mais Ché Bông Nga avait réussi à persuader que les 
torts venaient de l’Annam: c’est tout ce qu'il demandait. 


A cette époque, des pirates ‘) parcouraient la mer, interceptant 


1) Tch’ao t’ing Eh ÆÆ : 


2) Fou Kien Sing Ma FE À. Les fonctionnaires de cette province percevaient 
probablement une petite commission sur tout étranger se rendant à la Cour. 

3) Ming Che CCCXXIV 136, 

4) On les nommait Tchang-Jou-Hou pe PA EX et Lin-Fou et ils se donnaient 
eux-mêmes le titre de Yuan Che TÉ él »Chefs suprêmes, Ming Che CCCCXXIV 134. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 611 


les voies et pillant tout navire qu'ils rencontraient. Ché Bông Nga 
les poursuit, les atteint, les bat, noie les équipages et ramène vingt 
vaisseaux eb soixante dix mille livres de bois précieux ‘). Il en fait 
présent à l'Empereur Ming qui, heureux de ce succès, lui consentit 
plus de cadeaux que de coutume, 1373 ?). 

Quelques mois plus tard, il apprit que l’Annam armait contre 
lui. Aussitôt après *) l'incendie et le pillage de sa capitale, et sans 
doute pour rompre le néfaste, Nghia-Hoàng avait désigné comme 
héritier présomptif son frère Kinh *) en faveur duquel il abdiqua 
au neuvième jour de la neuvième lune 1372. Khâm Hoùng, le nouvel 
Empereur, résolu à venger l’affront que le Champa avait infligé à 
sa dynastie, ordonnait, dès la huitième lune de l’année suivante, de 
compléter l'effectif des compagnies et commencer la construction de 
bateaux de guerre‘). Ché-Bông-Noa s'empresse d'écrire à Yuan 
Tchang qu’il est «attaqué par les Annamites». Celui-ci, fatigué de 
ces perpétuelles plaintes et remarquant que, si cette année le Champa 
se plaignait d’une agression annamite, l’année précédente c'était 
l’Annam qui demandait aide contre une agression chame et qu'il 
était, par conséquent, impossible de savoir de qui provenait le tort, 
s’en tint aux paroles et fit donner l’ordre à chacun d’avoir à déposer 


les armes et vivre en bonne intelligence f). 


1) fi À Sou-mou Coesalpinia, bois des Indes, COUvREUR. 

2) »Sixième année Hong-Wou, Ming Che CCCXXIV 138. C’est probablement cette 
ambassade qui est mentionnée au K. II 5a des Annales Principales. En outre celles-ci, IT 
56, en placent une en 1375 ,huitième année Hong-Wou,, qui n’est pas mentionnée dans 
la notice sur le Champa. 

3) La prise de Hà-Nôi avait eu lieu le vingt septième jour de la troisième lune 1371 
et Kinh fut nommé héritier présomptif à la quatrième lune. 74 VII 376 38a. Cm X 31a. 

4) Trân-Duë-Tôn IS] LAS RE prince Kinh FL, onzième fils de Trân-Minh-Tôn; 
portait avant son avènement, le titre de Cung-Tuyên-Vu’o’ng 1 + . I prit, en 


I 3, 


montant sur le trône, le titre de Khûm Hoàng &R EE. Tt VII 398. Cm 330. 

5) En hiver, à la huitième lune, de la première année Long Khänh, Æ Le . 
Tt VII 406. Cm X 340. 

6) »Sixième année Hong-Wou, en hiver, Ming Che CCOXXIV 136. Les Annales 


612 GEORGES MASPERO. 


Au début de Janvier 1374 ‘), Khâm Hoàng annonçait qu'il con- 
duirait lui-même les troupes, mais en été 1376 la campagne n'était 
pas encore entreprise. Il fallut une agression des Chams sur le Hoi 
Châu *?) pour que le projet fut mis à exécution. Khâm Hoàng ordonne 
de pousser activement l'instruction des troupes et la construction 
des bateaux de guerre, puis, à la sixième lune il manifeste à nouveau 
son intention de prendre la direction de l'expédition. Les Grands 
s'en émurent et, le mois suivant, lui adressèrent de pressantes re- 
présentations pour le faire revenir sur sa décision, le suppliant de 
confier la direction des armées à un général qui, assuraient-ils, 
saurait suffire à la tâche. Il refuse de les entendre, et donne l’ordre 
aux troupes du Thanh-Hoa et du Nghé-An de transporter et réunir 
à Hoä-Châu cinquante mille mesures de riz grillé “), puis, en présence 
de son frère l’ex-empereur Nghia-Hoàng ) il passe au fleuve de Bach 
Hät 5) une revue générale des troupes, dixième lune‘); enfin, les 
munitions distribuées, il se met en marche à la tête de l’armée 
forte de cent vingt mille hommes, Janvier 1377 ?). 


Ché Bông Noa prend peur et se hâte d’expédier à Duê-Tôn dix 


principales Miug Che II 54 signalent qu’en cette année 1373, le Champa vint présenter 
le tribut. 

1) »Première année Long Khänh, en hiver, à la douzième lune,. 7€ VII 408. La 
première année Long Khänh correspond en réalité à l’année 1373. 

2) . Quatrième année Long Khänh, en été, à la cinquième lune. 7£ VII 424. Cm X 38a. 

3) » En automne, à la huitième lune,. 74 VII 434. 


4) Le Té VII 43 dit ,les deux Empereurs,, le C# 38b écrit le Thu’o’ng Hong” 

\ 
LÉ Æ était, en 1376 Trân-nghéTôn FE #8 2, 
sur le trône sous le nom de Nghia-Hoàng et avait reçu après son abdication, en 1372, le 


titre de Quang hoa Anh triêt Thâi thu'ong Hoàng pè + £, re LA K "É 
EE fr Te NII 404. Cm X 33b 34a. 


qui avait précédé Khâm-Hoàng 


\ 
5) Bach Hät Giäng = {EE 7T »Ainsi nommé du huyên de Bach Hät dans la 
province de So’n-Täy [ll py . Il fait suite, en amont au Po dà giäng sa ÉA VE be 


“et communique en aval avec le Phü lu’o’ng giäng, Es: É TE : Cm NII 46 5a. 
6) Tt 43a. Cm X 38 ab. 
7) »Quatrième année Long Khänh, douzième lune,. 74 VII 43 ab. Cm X 39 ab. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 613 


plats d’or. Mais Pô-tu’-Biuh ‘), qui gardait le H6a-Châu, les inter- 
cepte, et, pour que son vol reste ignoré, excite encore l'Empereur 
à la guerre en lui montrant le Roi des Chams comme un homme 
méprisable, sans usage et avec qui il convenait n'avoir de relations 
que les armes à la main. 

Cependant l’armée suivait la côte. A Nhu’t-Lê on campe, et 
pendant plus d’un mois on exerce officiers et soldats. De son côté, 
Lê qui Lÿ, chargé de transporter par eau les approvisionnements 
fournis par le Noœhé-An et le Tän-Binh, les réunissait au port de 
Di-luän *) et les embarquait sur de nombreux navires *). Le vingt- 
troisième jour de la première lune 1377 ‘) la grande armée arrivait 
au pont de pierre qui se trouve à l'entrée du canal de Cri Banûi *) 
et campait au poste d'Y-Mang 5), en vue de Vijaya ) que Ché Bông 
Nga avait entourée d’une enceinte palissadée. Un Cham °) se présente 
à Khâm-Hoàng, lui dit la ville déserte, le Roi en fuite et assure 
qu'en faisant vite on pourra facilement le rattraper. En vain le 


Général en Chef P6-Lé *) lui rappelle les règles les plus élémentaires 


1) Détu-Bih ÀE - 2. 

2) Le port Di-luân Ti 5 #+ il se trouve à présent au village de Di luän, 
“huyên de Binh Chänh 2P: DZ , province de Quäng Binb,. Cm X 398. C’est le port 
appelé vulgairement Ron à l’embouchure du Cu'a Ron. Cf. Canrere, B.E F.E.O. H. 63, IV 204. 

3) TE NII 4346. Cm 30ab. 

4) ,Cinquième aunée Long Khänh, Te VII 4535. Cm X 394. 


5) Thi Nai Câng Fr if} 2 supra. 


2 2 
6) Y Mang dông fi JD ‘fl le »poste. d’Y Mang. Un ‘bel dong est, chez les 
Annamites, un poste situé dans la forêt ou la montagne. Le Cm X 41ab dit. , Depuis, le 
2 
nom d’Y Mang a été changé et on ne sait à quel poste il s'applique; cependant le pont 
os 
»de pierre existe encore; il est situé au village de Phü-Ho . Au sommet de Ja 
! ë ë Fr fi : 


montagne (voisine?) il existe encore un poste que l’on soupçonne être celui de Y Mang,. 


7) «En vue de la ville de Chà Bin E] Xe DR -. 


8) 11 se nommait Muc-bà-ma HE De FE . C’est peut-être celui qui fut chargé, 


en 1368, d’aller demander la rétrocession du Héa-Châu. 


9) Dai tu'é’ng Di ré K LES FE 1e} . Le Général en Chef Dô LE. 


614 GEORGES MASPERO. 


de la guerre, le supplie d'envoyer des officiers en reconnaissance, 
de charger un lettré d'aller aux renseignements, il ne veut entendre 
aucun conseil de prudence, et finit par s’écrier en colère: «A ceux 
«qui ont un cœur de femme, il faut un vêtement de femme». Le 
vingt-quatre, donc, vêtu de noir, monté sur un cheval à robe fon- 
cée !), suivi du Ngu câu Vu’o’ng Su'c ?) habillé de blanc, sur un 
cheval blanc, il s’avance, au milieu de l’armée qui marchait sans 
ordre, à la queue leu leu, «en brochette de poissons» *). Les Chams 
font brusquement irruption, interceptent le passage, et provoquent 
une telle panique que l'Empereur tombe au milieu des rangs et y 
trouve la mort. Les généraux en chefs Pô Lé et Nguyên-nap-Hoù 
et le Hänh khiên Pham-Huyèn-Linh restèrent sur le champ de 
bataille 4). Nou câu Vuong SW’e se rendit; Pô-tu’-Binh, qui s'était 
tenu à l'arrière, ne porta nul secours et prit la fuite 5); Lé-qui-Lÿ, 
informé de la défaite, prit la haute mer‘). 


Ché Bèng Nga se hâte alors d’appareiller et fait voile vers le 
Delta. Son approche fut connue de la capitale au début de la sixième 
lune. Le Thu’o'ng Hoàng, l'ex Nghia-Hoàng *), venait d'y proclamer 


23 
Empereur son neveu Hién qui avait pris le titre de Gian Hoàng *). 


+ 
1) De EE Æ Nè thông mä, un cheval couleur ,boue, ou »pelure d’oignon,. 
Tt NII 44a. 


2) Ngu câu Vu’ong Sû’c {ip Fe Æ É c 


3) A FA 74 VII 440. Cm X 406. 


© Dai uog engineer k 4 DE XP A. Hanb khién Pham- 
uyên-Tinh ÂT JE SIA LA ES. 

5) Dô-tu’-Binh, à son retour, fut hué et reçu à coups de pierres. Il fut mis en 
jugement et envoyé dans les camps comme les soldats déserteurs. 72 VII 444. Cm X 41a. 

6) Té NII 436 44dab. 4ba. Cm X 390 40ab. Ming Che CCCUXXI la et CCCXXIV 
136. Khâm-Hoàng y est dénommé Thuyên Xi ou Trân-Thuyên Pi PE - 

7) Cf. supra, p. 24. 


\ 
8) Trân Dé Hiôn [ff ft JM, prince Hiên JA, fs aîné de Trân-dué-Tôn 


(Khâm-Hoàng); prit à son avènement, le treizième jour de la cinquième lune 1377, le 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 615 


Il charge le Cung-chänh-v'u’ong-Su’ Hién !) d'aller défendre Dai-An; 
mais Ché Bông Nga passe par Thân Phù *), arrive directement à 
la capitale, la met au pillage pendant toute une journée *) puis 
s’en retourne par la bouche de Pai-An. En mer, il essuie une 
violente tempête et perd nombre de ses navires #). Le butin qu'il 
rapporta de cette expédition fit probablement tous les frais du tribut 
qu'il présenta, cette année, à Yuan Tchang ). 

Ché Bông Nga avait donné une de ses filles en mariage à son 
prisonnier *) le Ngu câu vu’o’ng Su’c. L'année suivante ), à la cin- 
quième lune il le conduit au Nghé-An, l'y installe comme Gouverneur *) 
après avoir occupé le pays et avoir fait accepter son autorité par 
les habitants, puis, à la sixième lune, franchit le fleuve Pai-Hoàn ?), 
bouscule Dô-tu’-Binh qui accourait, parvient à la capitale, s'en empare, 
fait prisonnier Lè Däc le Gouverneur, qu'il condamne à mort pour 


n'avoir point consenti à se prosterner devant lui !°) et reprend la 


titre de Gian Hoëng ff] Él. Ze VIT 459. Cm X 410. Le T4 VIII le le nomme 


Phé pi F& fr »VEmpereur destitué,. 
1) 4 DE Æ M FR. 24 vi 465. On X 424. 


2) Thân Phù ip F+ Via à FA est l’ancien nom de Thân Dän. Cm X 424. Thân 


Dâu se trouve dans le Ninh Binh LA] SP. à la limite du huyèn de Yên MÔ La 


. Les L& lui donnèrent le nom de Thân Phàù. A présent c’est le Dai Vam K DIR 
(ou plus simplement le Dai). Cm 1 404. 

8) En été, à la cinquième lune, au vingt et unième jour, 1377. T£ VII 456. 

4) Tt NII 456 464. Cm X 410 42a. 

5) “Dixième année Hong Wou, 1377. Ming Che IL 6a. Les Annales principales, 
Ming Che IX 56, en signalent également une en -Huitième année, 1375. 

6) Zt VII Cm X 4la. 

7) »Deuxième année Xu’6ng Phù JE Âéf- 1318. 24 VIII 18. Cm X 438 44a. 

8) Avec un titre usurpé, disent les textes annamites. 7% VIII 14. Cm X 434. 


9) Dai Hoàn giäng K La /L. C’est aujourd’hui le Dai-Hu'u giäang de Gia- 


7 HA » on 
Viên FE LL K # VA D Cm 1 37a. 
10) Lè Dâc F4 ff. Fait prisonnier il refusa de se prosterner devant le vainqueur 


disant: ,Comment un Dignitaire d’un-pays tel que le mien se prosternerait-il devant toi 


#qui ne cesses de proférer des injures?,. Chè Bông Nga, furieux, le fit mettre à mort. Il 


616 GEORGES MASPERO. 


route du Champa tout chargé du produit du pillage ‘) dont il adressa 
une partie sous forme de tribut à Yuan Tchang ?). 

Dès lors, la population annamite vécut dans la terreur: Gian 
Hong fait transporter le trésor et les richesses de l'Etat à la mon- 
tagne de Thiên Kién ‘) et dans les caveaux de Kha lang*) pour les 
soustraire à l’avidité des Chams, 1379 °). La précaution était bonne 
car, malgré l'injonction que lui adressait la Cour de Chine d’avoir 
à déposer les armes et laisser les Anpamites en paix‘), Ché Bông 
Nga entreprenait, en 13807), une nouvelle expédition. Il recrute 
des hommes au Tân Binh et au Thuân Héa, pille le Nghé-An en 
Mars, le Thanh Héa*) en Avril, et s’avance vers la capitale. Le 
vieux Roi donne à Lé-qui-Lÿ le commandement de l’armée de mer, 


à Do-tu’-Binh celui de l’armée de terre, leur ordonne d'attendre 


mourut en injuriant ses bourreaux. On lui donna le titre posthume de Mac täc trang 


2 \ », "n . « QC à 
vo hâu ES HE pit EU 1 sujet fidèle qui insulte l’ennemi, et son fils, encore tout 
ca ÿ \ ù — 
jeune, reçut celui de Cân thi ki hâu ir 4 TK 1 sujet préféré de l'Empereur». 


Sk Tt VIII 16. Cm X 44a. 
1) T4 VIII 14. Cm X 43b 44a. 
2) »Onzième année Hong Wou, Ming Che IT Ga. 


3) Thiên Kiên so’n K fé LL] . Autre nom de la montagne de Fjja Cân Hi 


\ 
EH LL, dans le village actuel de Thièn Kiôn du huyên de Thanh Lièm 5 H&, 
de la province de Hà-Nôi. Cm X 164 46a. 
4) Les caveaux de Kha lang F] Eu fs Nom d’un village du Phu de Luong 


. =L y» 2 = : - € Die 
gang Eh TE Le Il a changé de nom et il est impossible de l'identifier aujourd'hui. 


Cm X 464. FÈ qui doit se prononcer Khäm, est une salle située en dessous d’une tour 
ou pagode de Bouddha. Cm 46a. 
5) »Troisième année Xu’o’ng Phà, à la neuvième et dixième lune». 7£ VIII 34. Cm X 46a. 
6) .En douzième année Hong Wou (1379) l'ambassadeur (du Champa) se présente, 


sans que son arrivée ait été annoncée par les secrétaires de la Chancellerie du 


, Conseil de l'Empereur (FH ci Tchong chou). Celui-ci blâma Hou Wei Yong nil 
” JE F4 et Kiang Kouang Yang ?L F — qui sollicitèrent leur pardon. Il or- 
“donna de faire remettre au Roi du Champa des calendriers et des vêtements, de lui 
“donner l’ordre de reprendre les relations avec l’Annam et de poser les armes’. Mixy 
Che CCCXXIV 134. 

7) »Quatrième année Xu’ong Phù,. 7% VIII 34. Cm X 46ab. 

8) Diên Châu FA PM écrit le Tt VIII 34. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 617 


l'ennemi au fleuve Ngu') et de l'y arrêter. Lé-qui-Lÿ charge 
Nguyën-kim-Ngao, Général de l'armée de Thân Vo, et P6-da-Ca, 
Général de l’armée de Th; Vé ?) d'ouvrir le combat, mais le premier, 
faisant faire demi-tour à ses bateaux, prend la fuite. Lé-qui-Ly le 
fait mettre à mort, rallie la flotte au son du tam-tam, et avance 
sur les Chams. Ils sont battus et Ché Bông Nga bat en retraite ©). 

La nouvelle de cette défaite parvint à la Cour de Chine au 
moment où un ambassadeur du Champa y présentait à l'Empereur 
les vœux d'anniversaire *). Yuan Tchang en profita pour faire une 
petite semonce à sou turbulent vassal. «Auparavant, lui écrivit-il, 
«ce sont les Annamites qui ont attaqué les Chams; ceux-ci les ont 
“battus et ont pénétré en Annam: d’où grande honte pour ce pays. 
«Les rois doivent se borner à veiller sur leurs frontières et donner 
«la paix à leurs peuples; c'est à ce prix seulement qu'ils jouissent 
«du bonheur parfait. Mettre ses armées en campagne, au contraire, 
«entreprendre des guerres pénibles, c’est jouer jeu dangereux ear 
«la victoire, pas plus que la défaite, n’est jamais assurée. L'aigrette 
«et le coquillage entretenaient querelle; vint un pêcheur qui les 


«mangea. Bien souvent on regrette ses actions quand il est trop tard». 


1) Ngu giang bé AL: *C’est dans le huyên de Hoàu Héa D, 74 du Thanh 


”Hoa, à l’endroit où le courant du Ma giang FE 2 (Song Ma) se divise (en plusieurs 
bras). Cm X 47a. 


2) Nguyën-kim-Ngao, ir & 2 Thân Vo Quân tu’6’ng mi nu fi LE 


Général de l’armée de Thân-Vo D6 dà Ca À +. Thi-Vé Quân tu'éns À 
F5 HE > Général de l’armée de Thi-Vê. 74 VIII 44. Cm X 4686. 


3) Tt VIII 3a 46. Cm X 46ab Aa. Lé-qui-Lÿ fut, à la suite de sa victoire, nommé 
Hänh Häi Tày pi thông Chè ÂT #$ pt #T *À il . Le Cm 4Ta dit à propos 
de ce titre: ,Le titre de Häi Tày Dao ff py HT. Gouverneur Général de l’Ouest 
de la mer, n'existait pas avant les Trân. Ce sont les Lé qui, au commencement de la 
»première année de Thuñn Thièn NE DS formèrent le Gouvernement Général de l'Ouest 
de la mer avec le Thänh-H6a, le Nghé-An, le Tân Binh et le Thuñn Héa. C’est done proba- 
mblement par erreur que les Anciennes Annales disent que ce titre fut attribué à Lé-qui-Lÿ,. 

4) »En treizième année Hong-Wou, Ming Che II 66 CCCXXIV 136. 


618 GEORGES MASPERO. 


Malgré cette défaite Ché Bông Nga restait, en fait, maître du 
Thuân-H6a, du Tân-Binh et du Nghé-An, et le Thanh-H6a, soumis 
à ses incursions continuelles, échappait à peu près à l'autorité des 
Tran. Ceux-ci, malgré leur victoire, étaient en mauvaise position. 
Ils se virent contraints, en 1381 !), d'augmenter les impôts, de faire 
appel à toutes les réserves, de donner l’ordre même au Bonze de 
Dai-Nang *) d’enrôler tous les moines vigoureux et aptes à être 
soldats, ceux des provinces *) ainsi que ceux des régions éloignées 
qui n’ont pas de brevet‘). On exécutait bien les habitants du 
Thanh-Hôa qui avaient suivi les Chams *) mais le pays vivait dans 
la terreur et l'Empereur, craignant une nouvelle invasion, fit trans- 
porter à An-Sinh°) les Images”) des tombes de Cà-Hu’o’ng ‘) 
Thäi-Pu’o’àg *), Long-Hu’ng ‘°) et Kién xu’o’ng ‘’), sixième lune ‘). 


1) Cinquième année Xu’o’ng Phù, au printemps, à la troisième lune,. Z£ VIII 45 
5a. Cm X 476. 


2) Dai Nang Thoàn su’, K fé je ÉP "Dai Nang K fé est un nom 


de village. Il appartient maintenant au huyêu de Gia Binh FZ 2 de la province de 
Bac Ninh,. Cm X 48a. 


3) Thièn ba tag KP 6. 
4) Son lâm vô Do PDiép, LL LEA HE JE HE . 


5) » Quatrième lune». 2% VIIT 54. 
\ \ 
6) An-Sinh a Æ. C’est un village du huyên de Pông Trièu K Hi] province 
: » \ \ NÉE \ 
de Häi-du’o’ng #$ Bx . Cm VI 188. Trân-anh-Tôn, Trân-minh-Tôn, Trân-du-Tôn, Trân- 
nghé-Tôn y avaient déjà leur tombeau. 


7) Thân Tuong, c4 Chen Siang ii} Le ; Image du défunt dans laquelle réside son âme. 


8) Cù Hu’o’ng HE jy - "Ce nom a été changé en cop de Thàänh-Thi PK 1h 


»qu’il porte à présent. Se trouve dans la sous-préfecture de My- -Lôc ES TE: province 


sde Nam-Hinh Ff %E » On X 480. 


9) Thâi-Du’o’ng K He . “Nom d’un village. Se trouve actuellement dans la sous- 


préfecture de Hu’ng Nho’n É (an , de la province de Hu’ng Yên En a nr. Cm X 4. 


10) Long Hung HE LU »C’était anciennement le nom du territoire du village de 


> c , \ 
» Da-Cang LA F4] où se trouvaient les tombeaux des ancêtres de la famille Trân. On 


»Va changé en Phù de Long-Hu’ng. Il fait partie aujourd’hui de la province de Hung 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 619 


Aussi se trouvait-on prêt, lorsqu'au printemps de l’année suivante !) 
Ché Bông Nga envahit à nouveau le Thanh-Héa. 

Lé-qui-Ly, avec l'armée de terre, gardait les défilés de Long 
Dai 2) qui séparent cette province de celle de Ninh-Binh, et Pa 
phu'o’ng*) surveillait la bouche de Thàn PDäu. Tandis que la 
flotte Cham avançait rapidement, les troupes occupaient les crêtes 
qui dominent la mer et faisaient tomber sur l’escadre de Da phu’o’ng 
une grêle de rochers dont elle éprouvait grand dommage. Ne trouvant 
aucun abri, il sort, sans attendre les ordres de Lé-qui-Lyÿ, fond 
sur les navires Chams, les surprend avant qu’ils aient pu se mettre 
en ordre de combat, y met le feu et disperse ceux qui ne sont pas 
coulés; ce que voyant des hauteurs, les troupes se réfugient dans 
la montagne et la forêt; elles y furent traquées pendant trois jours 
et quand elles parvinrent au Nohéô-An, qui était alors, par droit 
d'occupation, territoire Cham, elles avaient laissé derrière elles nombre 
des leurs qui avaient succombé à la faim; deuxième et troisième 
lune 1382 ‘). 

La Cour d’Annam, désireuse de profiter de sa victoire, confie 


à Lé-qui-Lÿ le commandement d’une flotte imposante qui devait 


\ \ \ 
»Yèn,. Cm NI 28a X 486 Trân-thäi-Tôn, Trân-thânh-Tôn et Trân-nho’n-Ton y avaient 
leur tombeau. 


11) Kién xu’o'ng FE #4. “Préfecture de Kién-xuo°ng, province de Nam Dinh.. 
Um NI 285 X 48. Trân-hièn-Tôn y était enterré. 

12) T% VIII 5a. Cm X 48ab. 

1) »Sixième année Xw’o’ng Phù, 1382. T4 VIII 56. Cm X 496 50a. 


2) Long Dai Sôn FE En LU] . Se trouve à la limite de la sous-préfecture de 
"Dôüng So’n K [l , province de Thanh-Hoä. Cm X 504. 

3) Nguyên-Da-Phu’o’ng Dir É À Il était Thân khôi quân tu’o’ng it} fEL 
£ f, Général de l'armée de Thân Khôi. 

4) TE NIII 56. Cm X 496 504. Nguyên-Da-Phu’o’ng fut nommé Kim ngô vé Dia 


tu’o’ng quàn & Æ. F5 À LU FE; Général en chef de l’armée de Kim ngô, 


quatrième mois. 77. Cm ibid. (Un FF Vé est en réalité un régiment). 


620 GEORGES MASPERO. 


aller poursuivre l'ennemi chez lui, détruire ses places fortes, ses 
armées et ses munitions. [l met à la voile dans les premiers jours 
de la nouvelle année !) mais sans grand désir, semble-t-il, de s’ac- 
quitter de sa mission, Car, ayant rencontré, dans les baies de Lai 
bô nang bé?) et Diêu Tung *), grand vent et forte mer, il fit 
demi tour et mit à cap au retour ‘) sous prétexte que ses navires 
fatiguaient. 

Ché Bông Nga, accompagné de son Général en chef La-Khai 5) 
conçoit alors un plan hardi. Puisque, sur mer, il ne peut se mesurer 
avec les Annamites et que ceux-ci gardent les défilés séparant le 
Thành-H6a du Ninh Biub, il pénètre hardiment dans la haute région, 
à travers montagnes et forêts et débouche dans le Quang Oäi‘), en 
face du poste de Không Muc‘), au Nord même de la capitale. Ce 


fut, parmi la population, une panique générale; le vieil Empereur, 


\ 


A 
affolé, envoie Léê Mât On *) à la rencontre de l’ennemi. En vain ce 


1) Septième année Xu’o’ng Phù, au printemps, à la première lune,. 7% VIII 64. 
Cm X 504. 

2) Mer de Lai bô nàng bè Hai HE  ? . »On a changé son nom; 
c’est aujourd’hui le port de Nang bé À HR Re … AD 
»Ki-Anh, province de Hà Tinh ve] M. Cm X 5la. C’est probablement ce que la 
carte Pavie dénomme Baie de Vung Han, au nord du Bung quia. 

3) É, pi #$ Piêu tüng Hai. ,C'est maintenant la baie de Vinh So’n dans la 
“sous-préfecture de Binh Chânh 2p DZ : province de Quäng Binh, à sa frontière avec 
»la sous-préfecture de Ki-Anh du Hà-Tinh». Om X 5la. 

4) Tt NIIT 64. Cm X 506. 

5) La-khai JE [leg Thu tuéng PA AS, Général en chef, dit le 74 VIIT Ga. 
Le Ming Che CCCXXIV 136 le nomme Ko Cheng Fx] R$ . 


2 » C7 
6 ang Oâi . rAnci rovi B6) du Giao Chi. Sous les Lÿ, 
) Quarg Oi ES Hk ncieune province (AP 0) du Giao Chi. Sous les Ly 


“ce fut le Quang Oâi châu, sous les Trân ce devint un Trân £ gouvernement (le Cr 
nécrit fautivement FL ), sous les Ming, un Chàu MI, sous les Lè un Phu ff 
CAS 
mpréfecture. C’est maintenant la préfecture de Quang Oâi de S’on Tày LL pY ». Cm 
V 386 X 524. 
7) Không Muc jL H Fr "C’est un quân }F qui fait partie du Quäng Oi. 


»Mais il a aujourd’hui changé de nom et il n’est plus possible de l’identifier,. Cm X 52a. 


8) Lè Mt On #2 38 JE. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 621 


Général, à hauteur de Tàm Ki Châu ‘) répartit ses hommes en car- 
rés égaux, Ché Bông Noa, jusque là invisible, précipite sur eux ses 


éléphants qui les foulent aux pieds et en font un effroyable carnage. 
\ 


Mût On tombe entre ses mains. Dès l'annonce de cette défaite, le 
vieil Empereur confie à Nouyên-Da-Phu'o’ng la garde de la capitale 
avec ordre de la mettre en état de défense, et lui-même se fait 
transporter à Dông Noûn ?); sixième lune 1383 *). Ché Bông Noa 
ne se retira qu’au début de 1384). 

L'Empereur Ming, à qui le Roi de Champa envoyait chaque 
aunée un somptueux tribut”) se gardait d'intervenir, En 1386, 
cependant, il écrivit à Gian Hong qu’il avait l’intention de «faire 
«une expédition contre le Champa>» et donnait l'ordre qu'on «pré- 
«parât cinquante paires d’éléphants et qu’on disposät tout le long 
«de la route, du Yun-Nan au Nohé-An, des relais et approvision- 
«nements de riz grillé»). La Cour d’Annam ne conçut aucun 
enthousiasme de cette proposition et ne mit aucun empressement 
à y répondre. Peut-être doutait-elle des intentions de Yuan Tchang 


et craignait-elle que son armée, une fois en Annam, ne fût employée 


1) Tâm Ki Châu — ilrX Pf . Même remarque que pour Không Muc. 
2) Dông Neèn K + Cf. supra. Les habitants de la capitale furent outrés de 
cette lâcheté et de cet abandon. Un lettré, nommé Nguyên- Mông-Hoa DE 9 FE, 


se jette à l’eau au moment où la barque impériale quittait le bord, en saisit l’avant de 
la main et supplie l'Empereur de ne pas les quitter, de les mener au combat. Ce fut en 
vain, Cm X 5lb 52a. 

3) Septième année Xu'o’ng Phù,. Tt VIII Gaë. Cm X 5lab 52a 

4) , À la douzième lune de la septième année Xu’o’ng Phù qui correspond en réalité 
"à 1383». Te LUE Ta. Cm X 52a. 

5) Ché Bông Nga envoya des ambassades à la Cour de Chine: »en quinzième année 
mHong-wou, 1832. Ming Che III 68 ven seizième année, 1383. Ming Che IUT Ta »en 
ndix-septième année, 1384 ibid. En 1383 il présenta ,deux cents défenses d’éléphants, à 
Yuan Tehang qui lui fit donner ,des pièces de poésie (?), trente deux pièces de soie et 
“dix-neuf mille pièces de faïence». Ming che CCCXXIV 134. 

6) »Dixième année Xu’o'ng Phù, au printemps». L’ambassadeur se nommait Li Ying 
2 FL. Té NIII 9x. Cm XI 3a. Le Ming Che me dit rien de cette proposition pas 
plus dans les Annales principales que dans les notices sur l’Annam et le Champa. 

41 


622 GEORGES MASPERO. 


à toute autre conquête que celle du Champa. Ché Bông Nga, d’ail- 
leurs, ne paraissait pas douter des sentiments de l'Empereur Ming 
qui continuait à lui manifester toute sa faveur. L'année même, en 
effet, où 1l annonçait à Gian Hong une prochaine campagne contre 
le Champa, il accueillait avec honneur le fils même de Ché Bông 
Nga, Pao Pou, qui venait lui offrir, en même temps que des vœux 
d'anniversaire, cinquante-quatre éléphants, et le fit escorter, au 
retour, jusqu’à son pays, par un fonctionnaire de moyen rang {). 
L'année suivante, nouvelles marques d'estime à l'ambassadeur Cham 
qui présentait cinquante-et-un éléphants, du bois d’aigle et des 
cornes de rhinocéros. On le reconduisit à grands honneurs jusqu’à 
Canton où il fut fêté par les fonctionnaires qui l'indemnisèrent de 
tous ses frais de transport, 1387 *?). 

L'année n'était pas écoulée que ces bons sentiments faisaient 
place, dans le coeur de Yuan Tchang, à une profonde irritation: un 
rapport lui annonça qu’un quart des éléphants à lui envoyés du 
Cambodge en tribut, avaient été retenus par Ché Bông Noa au 
moment où ils traversaient le Champa; il en manifesta, par lettre, 
tout son mécontentement. Elle n'était pas arrivée à destination 
qu'un ambassadeur Cham se présentait devant Yuan Tchang avec 
les excuses de son maître; elles furent agréées et l’envoyé traité avec 
les mêmes égards et les mêmes fêtes que ses prédécesseurs 1388 ). 

En Annam, la situation était de moins en moins brillante. A 
l'instigation de Lé-qui-Lÿ, le vieil Empereur avait déposé et fait 
étrangler Gian-Hoàng #) et l'avait remplacé par son propre fils, âgé 


de douze ans, qui reçut, le jour de l’avènement, le titre de Nouyên 


1) ,Dix-neuvième année Hong Wou, Ming Che TIT 76. CCCXXIV 134. 

2) » Vingtième année Hong Wou, Ming Che TITI 7b CCCXXIV 135. 

3) » Vingt et unième année Hong Wou, en été, Ming Che TIT 76 CCCXXIV 134. 

4) 11 fut déposé, reçut le titre de Linh Die Dai Vu’o’ng ÊA pi K en , et 
aussitôt étranglé; douzième lune de Ja douzième année Xu'o’ng Phà (début de Janvier 
1389). T4 VIII la 136. Cm XI Ga. 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 623 


Hoàug '). Un nommé Nguyén-Thanh?) alors soulève la province 
de Thänh-Hôa dont il était originaire, en se faisant passer pour 
Phé Dé, l'Empereur déposé, et s'établit à Nou giäng, tandis qu’à 
Nông Công, un autre individu, nommé Nguyëén-Ki*) levait une 
bande de partisans et se déclarait «Roi de L6» +) Lé-qui-Lyÿ s’avan- 
çait à la tête d'une armée, pour les ramener à l’obéissance quand 
il apprit que les troupes Chames avaient pénétré dans la province 
et dépassé Cô Vô 5). Il fait dresser un camp qu'il entoure, en manière 
de protection, de tous ses navires tirés au sec, et y reste vingt jours 
dans l’expectative. 

Ché Bông Noa, pendant ce temps, établissait un barrage dans 
le fleuve Lu’o’ng, en amont du camp de Lé-qui-Lÿ; son travail 
achevé, il cache soldats et éléphants puis feint de plier bagage 
comme pour s'en retourner. Lé-qui-Lÿ se laisse prendre à cette 
feinte ; toutes ses troupes, les plus braves en tête, sortent de leurs 
retranchements et se mettent à la poursuite de l'armée Chame. 
Celle-ci fait brusquement demi-tour et massacre les Annamites 
avant même qu'ils aient pu prendre positions de défense; en même 
temps Ché Bông Nga ouvrait le barrage et les eaux, longtemps 
contenues et amassées, se répandent en torrents impétueux, empor- 


tant quantité de bateaux annamites. Ce fut pour l’armée des Tràn 


\ \ 
1) Trän-thuän-Tôn Eh NX + prince Ngung HA - dernier fils de Trân-ngh6-Tôn 
ù Y D Y 


(Nghia-Hoàng). Il portait le titre de Chièu-Fjinh-Vu’o’ng 4 na + et prit à son 
avènement celui de Nguyèn-Hoàng TÉ É. Té NIII 136 da. Cm XI 164. 


2) Nguyèn Thanh Din TH - Le texte dit qu’il venait de purger une condamnation. 
Te VIII 146. Cm XI 76. 

3) Nguyên Ki Dir E. Lô Vuong & Æ., Roi de Lô. Je ne sais à quoi cor- 
respond ce titre. 7€ VIII 149. Cm XI 84. 


4) »Deuxième année Quang Thai - 7%, huitième et neuvième lunes. 7% VIII 
145. Cm XI 76 8a. 


5) C8 Vi nn HE, nom d’un village, se borne à dire le Cm XI 9. 


624 GEORGES MASPERO. 


une défaite complète. Nouyên Chi !), général de l’armée de Thänh 
Du’e reste sur le terrain . plus de soixante dix officiers. Lé-qui- 
Lÿ, sous prétexte d'aller solliciter des renforts de l'Empereur *), se 
sauve, laissant au [Lieutenant-général Phàam Khä Vinh 5), le com- 
mandement de l’armée de Thänh Duc. Cependant Nauyên-Da- 
Phu'o’'ng tenait bon au fleuve Ngou. $e voyant abandonné par Qui 
Lÿ, il dit à Kha Vinh. «L’ennemi est plus fort que nous, la résistance 
«impossible; si nous battons en retraite, l'ennemi se mettra à notre 
«poursuite». Ils donnent l’ordre de déployer les étendards, d’amarrer 
les jonques aux pieux de la berge, pour faire croire à l'ennemi 
que l’on faisait bonne garde, puis à la faveur de la nuit, ils em- 
barquent tous leurs hommes sur les bateaux les plus légers et 
prennent la fuite. Au matin, Ché Bông Noa trouva les navires 
vides; il les mit au pillage ‘). 

Continuant sa marche en avant, il atteint le fleuve Hoàng °). 
Une fois de plus, la terreur règne à la capitale. Ordre est donné 
à Tran Khäc Cho'n$) de marcher à sa rencontre; la crainte 


qu'inspiraient le roi Cham et ses armées était si grande que, quand 


1) Nguyén Chi QG Æ Thâuh Die Quan Tu'éng HE YA] HE HS, Général 
\ 
de l’armée de Thänh-DW’e. On l'appelait encore Trân Diñh Qui Pi Fes . Tt NII 
154. Cm XI 86 9. 


2) L'Empereur les lui ayant refusés il présenta sa démission et ne se présenta plus 


aux armées. Cm XI 9a. 
2 Lu — 

3) Pham Kha Vinh Y{ H] ZK: 7% VIII 15. Cm XI 84. 

4) »Deuxième année Quang Thäâi, en hiver, au dixième mois». T£ VIII 14b 154. 
Cm XI 8ab Ja. 

5) Hoàng gijng La AT: Se trouve encore à l’heure présente, à la frontière de la 
sous-préfecture de Nam Xu’o’ng F3 LE , préfecture de Lÿ-Nho’n H 1e En 
amont, il prolonge le Thièn M4 giäng he ET 7 en aval il pénètre dans le Giao 


Thuy gang ZE JR 7L. Om VI 44. 


6) Trân-khac-Cho’n gi Dan É.. C'était, dit le Cr XI 107 un homme de Vinh 
. Cr" MERS 1 z » —- 
Ninh 3K es du Thanh Ho fi 10 : 


LE ROYAUME DE CHAMPA. 625 


ce Général se présenta devant le vieil Empereur, il ne put, malgré 
son courage, contenir ses larmes, et son souverain pleura, lui aussi. 
Néanmoins il s'avança jusqu’au fleuve Hong. Y trouvant les Chams 
en trop grande force pour accepter le combat, il se retire jusqu'au 
fleuve Hai-Trièu 1). La situation semblait désespérée; tout laissait 
prévoir une prompte occupation du pays par les troupes Chames. 
Le frère cadet de l'Empereur, Nœuyen Dié ?), passa alors avec tous 
les siens dans le camp de Ché Bông Nga, espérant sans doute que 
celui-ci, maître de l’Annam, lui eu confierait le Gouvernement ?). 
En même temps, un bonze, Phàäm-su’-On ), à la tête d’une bande 
de partisans, occupe la capitale; les deux Empereurs durent fuir et 
rappeler le Général Huinh Thé Phu'o’ng‘) qui avait été envoyé 
contre les troupes Chames restées au fleuve Hoàng sous le comman- 
dement du Général La Khai sp 

C’est alors que la trahison d’un officier subalterne vint arrêter 
la marche victorieuse des Chams et sauver l’Annam d’une invasion 
où peut-être eût sombré son indépendance. Comme Ché Bông Nga, 
suivi du prince Nguyen Diéu, s’avançait, avec une centaine de vais- 
seaux de guerre, reconnaître les forces ennemies, un de ses officiers, 


ayant reçu un blâme et craignant pour sa vie”), passa à l'ennemi 


\ Ê » 
1) Hai Triêu giang #È 3] 1E- Se trouve à présent dans la province de Hu’ng 
»Yên LE a et sépare les deux huyên de Hung Nho’n À= et de Thièn Lu 


{ll 43: Cm XI 104. 
2) Nguyen Diéu, JT L . TE NII 164. Cm XI 9%. 


3) » Deuxième année Quang Thäi, onzième mois. 7€ VIII 164. Cm XI 9. 


4) Pham su On 90 BJ DL. Ze VIII 165 17a. Cm XI 103 La. 


I 
5) Huainh-thè-Phu’ong Tu’6’ag HT À EE .. le Général Huinh-thê-Phu’o'ng. 


\ 
C'était un homme de Cô Ping Dr J& du Thanh-Héa,. Om XI 118, 


6) »Deuxième année Quang Thâi, en hiver, au douzième mois». 74 VIII 164 17a. 
Cm XI 106 114. 
7) Il se nommait Baäu-Khè WS Yfj MES. 22 VIII 17. Cm XU LG. 


626 GEORGES MASPERO. 


et apprit à Träu-Khac-Cho'n que le bateau du roi de Champa 
était facilement reconnaissable à la couleur verte dont elle était 
ornée, Khäc Cho’n fond sur les Chams en donnant l’ordre de con- 
centrer l'effort sur la barque royale. Ché Bông Nga cerné de tous 
côtés, reçoit une décharge de mousqueterie en plein corps et tombe. 
Nouyen Diêu, voyant désormais qu'il ne peut plus compter sur ce 
puissant protecteur, lui tranche la tête et fait force de rames avec 
tous les siens vers les troupes annamites. Les Chams, déroutés par 
la mort de leur Chef, battent précipitamment en retraite et rejoignent 
le gros de l’armée qui se tenait au fleuve Hoàng, sous les ordres 
du Général La-Khai, Février 1390 !). 

Cependant Nguyen Diéu aiteignait le front annamite et se 
présentait à. Phàm Nhu’ Lät?) qui commandait en second l'armée 
Long Thiép. Celui-ci le fait mettre à mort, s'empare de la tête et 
la porte tout droit à Binh Nang, où se tenaient les souverains. Il 
y arrive fort avant dans la nuit, après la troisième veille. Le vieil 
Empereur, réveillé en sursaut, se croit surpris par l'ennemi, s’effraie. 
Mis au courant, sa joie se manifeste toute grande; il fait appeler 
tous ses officiers, en reçoit forces congratulations et félicitations. 
Alors, considérant cette tête qui, hier encore, le faisait trembler, 
il murmura: «Le voilà, ce Ché Bông Nga avec qui je lutte depuis 
«si longtemps. Je le vois aujourd’hui comme autrefois Kao Tsou 


«des Han a vu Hiang Yu. La paix maintenant ne sera plus troublée *).» 


1) » Troisième année Quang Thâi, au printemps, au vingt-troisième jour de la première 
lune». 74 VIII 17ab. Cm XI 115 124. 


2) Phèm Nhw Lät Sy JA ÉJ. N avait le grade de Dai Doi Pho ZX FX 
El de l'armée de Song Thitp # . Dé NII 176. Cm XI 124. 
H 5 D H 


—. 
3) T4 NIIT 18a. Cm XI 124b. Le vieil Empereur faisait allusion à Kao Tsou Er 
— 2 
, an Cao Tô, fondateur de la dynastie des Han, (Empereur de 202 à 195 av. J. C.). 
I y pereur 
Il ne dut l’Empire qu’à sa victoire sur Hiang Yu, 4 Hang Vo 1 1, après huit 


années de luttes où il avait connu maintes fois la défaite. 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO 


DIALECTE A-HI 
PAR 


ALFRED LIÉTARD 


de la Société des Missions étrangères de Paris. 


I. — Les Sons et les Mots. 


1. — Voyelles. — Les voyelles du dialecte A-hi sont: 4, e, 
é, à, 6, 0, eu, ou. 

e est bref; très-légèrement senti: ex est long, bien senti, sans 
exagération cependant. 

eu correspond à 0”, ow correspond à # des transcriptions scientifiques. 

u français n'existe pas chez les A-hi; par contre il existe fort bien 
dans certains dialectes du Seu-tch’ouan pu JI] et du Koui-tcheou 
DE 

Les trois voyelles a, à et o sont tantôt brèves, tantôt longues. 
Dans le second cas, on les marquera du signe ordinaire de la longue ; 
dans le premier, elle ne porteront ancien signe diacritique. Ex.: 


ba*, s'amuser ba, bifurquer 
cha, or cha', déchirer 
pi', mouvoir p'i, nuire 
p'il, accoupler pi, sacrifier 
dzo*, manger po-derä, natte 
cho, ail cho, chercher 


Plusieurs mots terminés en o se prononcent avec, avant l'o, un 
ou très-légèrement senti. Dans le Dictionnaire, on signalera ces mots 


en écrivant, par ex.: s0*, souo*, vivre. 


628 ALFRED LIÉTARD. 


2. — Tons. — Les voyelles peuvent être affectées de quatre tons, 
correspondant au ler, au %e, au 8e et au 4e ton chinois. Je les 
distinguerai par des chiffres (de 1 à 4) placés un peu en haut et à 
droite des mots. ‘ 

Le ler ton ( 2. FE chénz p'in chen des Chinois) se présente 
sous deux formes: le ton égal supérieur ordinaire des Chinois; et 
le ton égal supérieur plus haut de deux notes (musicales) que le 
ton égal supérieur ordinaire des Chinois (voix presque criarde). Les 
mots aflectés de ce ton ne porteront aucun chiffre. Ex.: 

ta-mi', rizière bi*-ta?-mo*, grand 

En lo-lo, quand les mots entrent en composition, ou même suivant 
leur simple position dans la phrase, ils changent facilement de ton. 
Partout cependant je note les mêmes mots aux mêmes tons pour 
éviter la confusion. 

9. — Des mots terminés normalement en ew changent parfois 
cette voyelle en 0, en a; ou en à, é, a. Ex.: 

beu*, avoir, se dira aussi 4ou° ou ba; 
ngeu, Être, » y»  n  Ng6* OU ngaÿ. 

4. — La confusion des finales o et surtout ex avec 0% est encore 
plus fréquente. Ex.: 


a'-n0', singe, se dira aussi a!-nou'; 
cho, ail, Pr » chou: 
À 3 mn d À 3_ 3. 
cheu’-mo*, cadavre, ,  , »  cheu’-meu’; 
meu, enseigner, Re »  MOU. 
5. — Semi-voyelles. — Les semi-voyelles sont: y et w. Y 


peut-être soit médian (ex.: #yé*, dire; /yé?, main; »y1°, s'asseoir), 
soit initial (ex.: ya’, oui; yé*, poule; yi°, eau). W est initial (ex.: 
wo”, aiguille) ou médian dans les mots empruntés au chinois (ex.: 
kwa°, administrer). 

Rem. — Certains mots terminés en o, en 04 prennent souvent une 
finale adventice a; et certains autres terminés en ev, en ow, une 
finale adventice é. Aïnsi #g0!, falloir, ou you! deviennent souvent 
ngoa ngoua'; ho*, marque du passé, 4oa°; fou”, sot, foué*; lou!, 
raccommoder, loué', Les finales adventices ont pour effet de trans- 
former la voyelle précédente en semi-voyelle (2gwa, hwa, fwé, lwé); 
mais ce serait rendre le mot méconnaissable que de noter cette 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 629 


semi-voyelle par une lettre spéciale dans la transcription. C’est 
pourquoi, soit initial, soit médian, # sera rendu partout par 0%, Ex.: 
ouo*, aiguille, pour wo; etc. 

6. — Consonnes. — Les consonnes sont: 4, ch, d, dj, de, f, 
g (toujours dur), #4, 7, &, 4, m, n, ng (nasale gutturale), p, r, s, £, 
ÉCh;UtS, 0, 2. 

Il importe de ne pas confondre ÿ et z, qui ont à peu près la 
même valeur qu'en français (ex.: 0°, prendre; z0*, fils), avec d) 
et dz, où le 4 doit être senti fortement (ex.: djo*, aimer; d20*, 
manger). 

7. — L’'aspiration initiale est toujours marquée par #4. Devant 
a, 6, à, €, eu, 0, ou, l'aspiration est très-douce, et parfois même 
difficile à distinguer d’un > frôlé. Devant : et y et devant la con- 
sonne /, elle se rapproche au contraire de la siflante palatale, mar- 
quée dans les transcriptions scientifiques par s (ex.: A'-i'; hi°-pif, 
puce; #loŸ-bo*, lune; prononcez A!-chi! où A'-shi'; chi-pif où shi°- 
pit; chlo*-bo* ou sklo*-bo*). 

L’aspiration ne se trouve à l’intérieur des mots qu’ après les 
consonnes #, p, £, tch, et ts. Elle est très-fortement sentie, comme 
en chinois, Je la marque par une apostrophe. Ex.: #’&-n0*, combien. 

Enfin il existe trois espèces de mots que j'écris ‘, ‘eu, %, où 
l'émission de la voyelle est accompagnée d’un soufile fortement ac- 
centué. Ex.: %?, huit; ‘ew*, appeler. Cette espèce de mots, assez rares 
en A-hi, sont au contraire très-communs dans certains dialectes. 

Rem. I. — Dans les mots Xi et #yé, le # initial est souvent 
prononcé comme #4. Ex.: #°, soleil, ou 44°, (prononcez échi?, lshi°); 
kyé, corde ou thyé. (prononcez échyé, tshyé). 

Rem. ?. — De même, dj, se change fort souvent en dyi. Ex.: 
dji-mo*, bête ou dyit-mo*; lou*-dji*, Chinois, ou lou*-dyi*. 

Rem. 3. — Les mots en ro sont souvent confondus avec ceux 


en ouo (wo). Ex.: ro*-do*, neiger ou owo“-do”. 


Rem. 4. — Certains dialectes affectent des consonnes initiales 
redoubléés. Ex.: fi, vêtir; ddi”, il suffit. 
8. — Dans quelques mots a-hi commençant par #, la voyelle 


finale tombe et l’# prend la valeur d’une sonante. Ex.: 
a-peu-m'*, vieillard, et «!-p’i-m'*#, vieille femme, pour 


630 ALFRED LIÉTARD. 


a'-peu-mou* et a!-p'it-mou*, qui s’emploient également ; 

al-leu-m'#, où a'-lou-m'*, cheval, où =’ equivaut à #0“, cheval. 

a-la°-li-m'*, âne, pour a!'-la*-li-mo*, 

m'*-ba', tirer du fusil, pour #ou“-ba!. 

9. — En a-hi, et dans toutes les tribus lo-lo du Yun-nan que je 
connais, les consonnes ne peuvent être qu’ initiales, jamais finales. 
Les mots lo-lo, tous rigoureusement monosyllabiques, sont donc 
composés, ou d’une simple voyelle (ex.: a‘, non), ou, ce qui est le 
cas général, d’une consonne suivie d’une voyelle (ex.: #0*, cheval; 
ts’a, graisse; #’yé*, village; lou', paître; écha”, bon). 

10. — Toutefois, si les mots lo-lo sont d’un monosyllabisme 
rigoureux, il n’en faut pas moins dire que nombre de substantifs, 
quelques adjectifs et verbes sont composés de plusieurs monosyllabes 
que l'usage associe étroitement. D'une façon générale, on peut aflir- 
mer que chacun de ces monosyllabes a un sens par lui-même: en 
plusieurs cas, nous avons pu découvrir ce sens nous-même, mais 
dans beaucoup d’autres notre analyse n’a pas encore réussi à la 
pénétrer. Enfin il semble bien que certains de ces mots soient de 
simples particules, vides, actuellement du moins, de toute significa- 
tion. Nous en donnerons quelques exemples empruntés à chaque 
catégorie. 

11. — 1° Substantifs. — «) Dans des substantifs composés 
comme dea'-p'o*, voleur, mot-à-mot «voler-homme», ou 4eu-da“-p'o°, 
forgeron, mot-à-mot «fer-battre-homme», les mots composants gardent 
leur sens propre et se laissent facilement identifier. 

5) Dans d’autres substantifs composés, 0!-/0, tête, djit-mo*, bête, 
lyé?-peu', main, wi!-m0°, cœur, il semble bien que les mots o', dji*, 
lyé?, ni! à eux seuls désignent la tête, l’animal, la main, le cœur: 
en effet on les retrouve avec ce sens dans nombre d’autres composés 
(ex.: o!-4i%, turban; o!-'0°, calotte; /yé?-seu*, ongle; lyé?-{cho*, bra- 
celet; il-#yé?, méchant), et l’on dira aussi bien d/i‘-lou! que dji‘- 
mo* lou', faire paître les bêtes. — Mais je ne saurais être aussi 
affirmatif pour le second élément de ces quatre mots que je n'ai pu 
isoler jusqu'ici. Et remarquez que, pour le mot o'-40 par exemple, 
on ne dira jamais 0! »0°, avoir mal à la tête, mais toujours 0'-46 n0°, 

c) À mon avis, dans «!-ba*, père; a!-mo°, mère; c'-20*, fils; a'-pou, 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO, 631 


grand-père; a'-beu*, tubercule; '-s6°, esprit; !-s2?, fumée, l’élément 
initial, &«! ou 2!, est une simple particule n'ayant aucun sens. Ce 
qui me le fait croire, c’est que l’a! se change souvent en 2! et qu’on 
dit aussi bien 2!-a?; 2!-mo°; 2'-beu* que a'-ba*; a'-mo°; a'-beu*. De 
plus, ces particules sont souvent supprimées, et l’on dira, par exemple: 
Cheu-do keu' ba*, le père de Cheu-do; Cheu-do keu' mo*, la mère de 
Cheu-do; Cheu-do keu' pou, le grand-père de Cheu-do; wi! sé”, esprit 
de la terre; wmou!-leu sè°, fumée. 

12. — 2° Adjectifs. — «) Nous ne faisons que mentionner ici 
les adjectifs formés d’un seul mot auquel on ajoute la particule #0°, 
signe particulier de l'adjectif dans le dialecte a-hi. Ex.: 

lcha?, bon: ts’ou* tcha?, où ts’ou tcha?-mo*, homme bon, Cheu, 
mourir: és'ou* cheu”, où ts'ou* cheu*-mo*, homme mort. 

b) Dans des adjectifs comme xi!-#’yé?, méchant, mot-à-mot «cœur 
mauvais», les deux éléments sont aisément reconnaissables, Et l’on 
dira indifféremment: és'ou® k’yé”*; ds’ou® k’yé*mo*; ts'ou° ni'-k'yé?; 
ts’ou” ni'-k'yé”-m0°; homme méchant. 

c) I y a parmi les adjectifs des composés beaucoup plus com- 
plexes encore. Prenons par exemple 4'-{’0%-m0°-yé*, blanc, ou a!'-nyét- 
mo°-yé*, noir. L’a' initial et le y” final des deux mots paraissent 
bien être deux particules déprouvues de sens, mais qui affectent 
respectivement ces places. 0° est le signe particulier de l'adjectif. 
Remarquons enfin que #’0o° et ”yé* à eux seuls signifient blanc et 
noir. On dira indistinctement pour étoffe blanche, p'o* 'o°; p'o° l’o*- 
mo; po a'L0°; p'o-Lo%-mo°-yé"; po a'-LVo*-mo°; p'o° a!-L'0*-m0?- 
yé*; et il en est de même pour #yé*, noir. 

13. — 3° Verbes. — Les verbes composés sont plus rares. Exa- 
minons-en quelques-uns; comme, par ex.: 

Ni%-dzé*, monter (à cheval); composé de 1°, s'asseoir, et dzé#, 
enfourcher. 

Go-fi', revêtir; gou’-yi*, se coucher; composés tous deux de 70° 
ou gou”, faire; et de f%°, vêtir; et y”, se coucher. 

Dou“-k'ou°, où dou*-k’eu?-byé*, répondre; composé de dou, paroles, 
Æou?, restituer, rendre, et ôyé*, dire. Ex.: dou-k’ou? ngo', ou dou“- 
Æ'ou* byé* ngo', il faut répondre. Le sens de rendre que nous attri- 


buons à #’#? est confirmé par le composé suivant. 


632 ALFRED LIÉTARD. 


Do“-k'ou?, restituer. Ex.: So mé* do-k'on? ng0', il faut restituer 
la réputation du prochain, m. à. m., [d’] autrui [le] nom restituer 
falloir. Du reste #’ou? à lui seul signifie restituer, et pour demander: 
comment faut-il la restituer (cette réputation)?, on dira fort bien: 
k'a-zeu* k'ou? ngo1?, m. à m. comment restituer falloir. Mais j'ignore 
la signification de do* dans do*-F’ou”, 


II. — De l'Article. 


14. — Il n’y a en a-hi ni article défini ni article indéfini: on 
exprime le substantif sans addition. Aïnsi, suivant le contexte, 46° 
signifie la (ou) une maison; és’ou°, l (ou) un homme; go“, le (ou) du 
sarrasin; y2°-dyé*, l’ (ou) de l’eau; Æa*-bi*, les (ou) des habits. 

15. — Toutefois un, jouant le rôle d’article indéfini, est souvent 
exprimé. Ex.: (sou do*-leu*, ou simplement és’ou, un homme; 
kit kyé? V'it-leu*, ou simplement #’i* #’yé”?, un chien méchant. 


III. — Substantifs. 


16. — Les noms abstraits sont inconnus en lolo. Ainsi il n’y a 
aucun mot pour exprimer la bonté de l’homme: on rendra l’idée 
en disant #s’ou°-tcha?, homme bon. 

17. — Les substantifs relatifs au pays, à la religion, à la profes- 
sion, etc., se forment, en A-hi, en ajoutant au substantif, à l’adjectit 
ou verbe, indiquant ces choses, l’un des mots; p’o*, individu, homme, 
signe du masculin; écheu”, esclave, servir; {s’ou°, homme en général. Ex.: 

Dji-do-heu* ts’ou*, homme de Dji‘-do-heu*. !) 

Mou* sa*-p'o* ts’ou*, chrétien, m. à m. (du) Ciel (du) Seigneur 
homme. 

Neu* mo° ts’ou?, mercenaire, m. à m. travail faire homme. 

A'-leu-m'* tcheu*, palefrenier, m. à m. (du) cheval esclave. 

K'-n0® djeu?-p'o, cordonnier, m. à m. souliers coudre homme. 

TsoŸ mo* p'o*, cuisinier, m. à m. riz (— nourriture) faire homme. 

Heu da* p'o*, forgeron, m. à m. fer battre homme. 

1) Nom lo-lo du village appelé en chinois ZLan-gni-tsin HES JE SE; m. à m. 


bêtes-se noyer-étang 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 633 


18. — Les substantifs relatifs aux monuments, habitations, demeures, 
etc., sont presque tous formés par l'addition du mot 44°, demeure. Ex. : 

Beu'-20* ké*, pagode, m. à m. idole maison. 

Dzeu*-mou* hé*, prétoire, m. à m. mandarin maison. 

19. — Un très grand nombre de substantifs sont formés par 
l'addition de la particule {0° que je traduirais volontiers par instru- 
ment, chose, objet, avec un sens très-large; laquelle particule sert 
du reste à former le gérondif. Ex.: 

Bou’-is'é* leu'-lo’, moustiquaire, m. à m. moustiques intercepter 
instrument. 

Dea'-to*, ciseau, m. à m. à-couper instrument. 

No'-bo* seu' 10°, mouchoir, m. à m. nez essuyer instrument, 

Deo*-to*, vivres, m. à m. à-manger choses. 

Ffi'-o*, vètements, m. à m. à-vêtir choses. 

20. — Nombre de substantifs peuvent avoir un diminutif formé 
par l'addition de z0*, fils, enfant, petit. Ex.: 

mo*, cheval: #0%-z0*, poulain ; 

yé*, poule: yé-20*, poussin ; 

lou'-mo°, pierre: /ou'-m0°-20*, petite pierre, caillou. 

Rem. — Pour les choses inanimées cependant, au lieu de la par- 
ticule z0*, on se sert en général d’un adjectif. Ex. : 

lou'-mo°, pierre: lou'-m0% al-tseu\-yé?, petite pierre. 

21. — Du genre. — Grammaticalement parlant, il n’y a pas 
de genre en lo-lo. Cependant, lorsqu'on veut désigner le sexe des 
personnes, on ajoute au substantif p'o* pour le masculin et #0° pour 
le féminin. Ainsi on dira 4!-#4i!-p'ot, un A-hi, 4'-4il-m0%, une A-hi: 
tcheu”-p'o*, un esclave, écheu*-mo*, une esclave; — ouo-mou-p'o, le 
roi, ouo°-mou'-mo", la reine. On dira indifféremment go A'-kil-p'ot 
ngeu”, je suis un A-hi, m. à m. moi A-hi homme être, ou go® A!-4i! ngeu*. 

22. — Pour les animaux, mâle se dit 2!-po! (i!-p'ou° s'il s’agit 
de volatiles), et femelle se dit 2!-»0°, Po! et 0° servent de suffixes. Ex. : 

mo*-po', cheval; #0*-m0°, jument ; 

yé*-p'ou*, coq; yé*-mo*, poule. 

Remarque. — Le bœuf en général se dit »it; la vache, nit-mo?, — 
Le taureau à un nom spécial /o-4é; le taureau châtré /o-beu!. 

23. — Du pluriel. — Dans différents dialectes lo-lo, le pluriel 


634 ALFRED LIÉTARD. 


est généralement indiqué par le contexte, et même s’il existe un 
signe spécial pour le pluriel, ce signe n’est employé qu’ exception- 
nellement. En a-hi cependant, la particule #4*, signe distinctif du 
pluriel, est en usage constant; et, bien qu’elle puisse être omise 
sans nuire à la clarté de la phrase, les A-hi préfèrent en général 
l’employer. Ex.: 

ts’ou?-hi* byé* (ou ts’ou* byé*), des hommes disent. 

Djit-do-heu* ts'ou’-hi* ngeu* (ou Dji-do-heu* ts’ou ngeu”), ce sont 
des hommes de Dji-do-heu (Lan gni tsin). 

94. — Comme on le voit, la particule #i* se place toujours après 
le substantif. Si le substantif est suivi lui-même d’un adjectif quali- 
ficatif, la particule est plaçée après l'adjectif. Ex.: 

ts’ou® tcha? ki, des hommes bons; — és’ou* mi'-k’yé?-mo hi, des 
hommes méchants. 

25. — Cette particule peut également se placer à la suite d’une 
énumération. Ex.: 

il-ba* i'-mo$ hi, père et mère. 

26. — La particule 4i* rejetée à la fin de la proposition après 
le verbe prend le sens du pronom relatif ceux qui. Ex.: 

ts0% dzo* a* heu! hi, k’a-zeu* 40° ngoa'? — que doivent faire ceux 
qui ne peuvent manger!, m. à m. nourriture manger ne-pas pou- 
voir ceux-qui, comment faire falloir. 

Mou* sa#-p'o* ny’, neu* mo° hi, Mi-sa! a* no! if, ka*-mi! tsou! 
beu? — quelle faute commettent ceux qui, le Dimanche, travaillent 
et n’entendent pas la messe?, m. à m. (du) Ciel (du) Seigneur (le) 
jour, travail faire ceux-qui, messe ne-pas entendre ceux-qui, quelle 
faute avoir. 

On dirait tout aussi bien sans nuire à la clarté: Mou* sa*-p’o* 
nyi, neu* mo, Mi-sa' a* nô', ka*-mi' ésou' beu°?, m. à m. (du) Uiel (du) 
Seigneur jour, travail faire, messe ne-pas entendre, quelle faute avoir. 

27. — Il n’est pas inutile de faire remarquer qu’en a-hi la par- 
ticule 4 a aussi le sens de chose. Ex.: 


Hit nga* hi, hit 4ché%-mo? hi, tout-o'-tchou !) di? ; hi a'-tseu'- 


1) Tou‘-tchou* est le chinois Hf SU tou-tcheou; 0! est une particule euphonique 


sans signification propre (cf. $ 113). 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO 635 


2041) hf, hit af dché* hi, a* dù?, — Pour des choses sérieuses et 
pour des choses vraies, on peut faire serment; pour des futilités et 


our des choses fausses, on ne le peut pas; m.à m.: choses orandes 
P 


— marque du pluriel —, choses vraies — marque du pluriel — 
jurer pouvoir; choses petites-très — marque du pluriel —, choses 
non vraies — marque du pluriel —, ne-pas pouvoir. 

27. — On peut encore exprimer le pluriel par des tournures 
spéciales. Ex. : 

Go° EE ni seu’-leu* va” ko. — J'ai acheté des chèvres, m. à m. 
moi chèvres deux trois-numérale — acheter — signe du parfait. 


On pourrait dire plus simplement: go? #2? va? 4o?, 

88. — Régime du substantif. — Dans tous les dialectes 
lolo, le régime du substantif peut s'exprimer sans aucun signe par- 
ticulier, simplement par la position des mots dans la phrase: le 
nom-régime se place alors avant le substantif dont il dépend, Ex. : 

Go° ba* a'-leu-m'#, le cheval de mon père, m. à. m. (de) moi (du) 
père (le) cheval. 

Mou* sa-p'o* lchoŸ-ma*, la doctrine de Dieu, m. à m. (du) Ciel 
(du) seigneur (la) route. 

89. — Néanmoins, tous les dialectes lo-lo possèdent au moins 
une particule spéciale indiquant le cas régime. La plus commune, 
à ma connaissance, est dyi*: elle existe, en particulier, en a-hi. 

30. — L’a-hi possède encore deux autres particules marquant le 
génitif, dew', il, lui, elle, et w*: elles se placent également après 
le nom régime. 

1° Keu' ne s'emploie guère que pour indiquer la parenté, la 
descendance. Ex.: Swt-z4!-na° feu! ba*, le père de Suzanne, m. à m. 
Suzanne (d’)elle (le) père; Suzanne son père. 

Lou’-yi-za' keu' vi, la sœur aînée de Louise, m. à m. Louise 
(d’)elle (la) sœur-aînée, 

Il serait également correct, mais moins élégant, de dire: Su“-za!- 
na° bat; ou Lou-yit-za! vi? 


31. — 2° Dans les autres cas on emploie de préférence vi? ou dyi*, Ex..: 


1) Jointe à un mot exprimant la petitesse, cette particule diminutive zo* (cf. $ 20) 


prend un sens superlatif. 


636 ALFRED LIÉTARD. 


Mout sa*-p'o* vi tcho%-ma, o%-seu’-leu* byé? — Ou: Mout sa!- 
p'o* dyi* icho*-ma*, a“-seu°-leu* byé*? — Qui a prèché la religion? 
m. à m. (du) Ciel Seigneur du (la) voie, qui dire ?. 

Il serait moins bien reçu, mais non pas absolument incorrect, 
d'employer #£eu!' dans cette phrase, au lieu de vi? ou de dyi*; et 
l’on pourrait sans inconvénient, supprimer toute particule. 


IV. — Adjectifs. 


32. — Particules caractéristiques. — En a-hi, #0° est 
la particule caractéristique de l'adjectif. Elle peut du reste toujours 
être supprimée, à moins qu'on ne veuille éviter une confusion. Elle 
se place après l'adjectif. Ex.: 

ts’ou* tcha?-mo* ou és’ou* tcha?, homme bon; 

ts’ou® ra*-mo° où ts'ou° ra*, homme grand; 

mi dé*, bêcher la terre: m2! dé*-mo*, terre bêchée. 

33. — Certains adjectifs prennent volontiers un a! initial. Ex.: 

l’oŸ, blanc, ou al-4’0°; nyé*, noir, ou a!-nyé*. 

Ce préfixe peut du reste coexister avec le suffixe normal #0°, et 
l’on a dans ce cas, a!-t’o%-m0°, blanc, et a!-nyé*-mo*, noir. Enfin ces 
adjectifs peuvent comporter encore un second suffixe, yé*, qui se 
place après #0°, ce qui donne a!-l’0°-mo°-yé* et a'-nyé*-mo*-yé*. 

34, — Certains adjectifs formés d’un seul mot redoublent ce mot 
auquel s'ajoute la particule yé*: ainsi £’o°, blanc, peut donner #’o°- 
l'o-yé?, Cette répétition est emphatique et donne à l'adjectif plus 
de force. Lorsque l'adjectif est composé de deux mots, c’est le second 
seul qui est redoublé. Ex.: 

bi*-ta?, grand, donne bi*-ta?-ta?-yé* ; 

bo*-li, clair, donne bo°-li*-lif-yé?, 

35. — Certains adjectifs expriment une idée d’exiguité, de petitesse, 
etc., prennent volontiers la particule diminutive 20* (cf. $ 20 et 114), 
qui se place après »0° (mo%-204), mais avant yé* (20*-yé*). 

Rem. — Toutes les formes que nous venons d’énumérer (K 33—35) 
sont spéciales au dialecte a-hi. 

36. — Adjectifs négatifs. — Les adjectifs négatifs se for- 


ment de trois manières: 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO,. 637 


1° Quand l'adjectif est formé d’un seul mot, il suffit de le faire 
précéder de la particule négative a‘. Ex.: 

ts’ou° lcha*, homme bon: és’ou* a* lcha?, homme pas bon. 

2° Quand l'adjectif est composé de deux ou plusieurs mots, on 
le fait suivre du verbe être précédé de la négation. Ex.: 

a'-l'o%-mo°, blanc: a'-4'0°-m0° a* nyeu*, pas blanc; 

bo*-ta*-ta?-yé?, grand: bif-ta?-ta? a* yé*, pas grand. 

37. — Adjectifs formés de verbes. — Un verbe peut fort 
bien devenir adjectif par la suffixation de #0°, où même sans chan- 
gement aucun. Ex.: 


vivre; és’ou” s0* ou ts’ou* s0t-mo*, homme vivant. 


3 


s0 
cheu*, mourir; és’ou° cheu* ou {s’ou° cheu*-mo*, homme mort. 

38. — Position de l’adjectif. — L'adjectif qualificatif se 
place régulièrement après le substantif qu’il qualifie. On dira donc 
ts'ou° tcha?, homme bon, et jamais échu? ts’ou?. 

Rem. — De nos jours ou peut parfois trouver quelques exceptions 
à cette règle chez les tribus lo-lo, ayant des rapports avec les Chinois. 
Ces exceptions ne sont que des reproductions serviles de tournures 
chinoises. 

39. — En règle générale, l'adjectif ne peut être employé sub- 
stantivement. On ne dira pas comme en français les bons, les méchants, 
mais hommes bons, hommes méchants, és’ou? tcha?, ts’ou k'yé*. On 
ne dira jamais à brûle-pourpoint: s0t-4i* cheu*-hi* vé*-cheu*, juger 
les vivants et les morts, m. à m. morts vivants juger, mais bien: 
ts’ou s0*-hi* ts'ou? cheu*-mo*-hit vé*-cheu*, m. à m. hommes vivants 
hommes morts juger. 

40. — Cependant, si un substantif accompagné d’un adjectif a 
déjà été énoncé et qu’on ait à le répéter au cours de la phrase, on 
peut très-bien, dans le second cas, ne répéter que l'adjectif. Ex.: 


 dyé? 


ts'ou® tcha’-hit, ts'ou ni'-k'yé?-hit beu*: tcha?-mo°-h* mou-k'a 
do, ni'-kyé?-hi mou’-k'a dyé* a* do?, il y a des hommes bons et 


des hommes méchants; les bons peuvent aller au ciel, mais non 


pas les méchants, m. à m. hommes bons — marque du pluriel —, 
hommes mêchants — marque du pluriel — avoir: bons — marque 
pluriel — ciel monter pouvoir, mauvais — marque pluriel — ciel 


monter ne-pas pouvoir. 
42 


638 ALFRED LIÉTARD. 


41. — Degrés de comparaison. — En a-hi il n'existe pas, 
à proprement parler, de comparatif: toutefois diverses tournures 
permettent de le rendre. 

42. — Pour rendre le comparatif de supériorité exprimé en fran- 
ais par plus, on énonce d’abord l’objet qui possède la qualité à 
un degré plus élevé, puis celui qui la possède à ne degré moindre; 
on fait suivre ces deux termes des mots »’a“-bo*, comparé à, et enfin 
de l’adjectif exprimant la qualité. Ex.: 

Po &'0° p'o° nyé* n'a*-bo* tsé, l’étofle blanche est plus belle que 
l’étoffe noire, m. à m. étoffle blanche étoffe noire comparée-à belle. 

Go? n° n’a*-bo* ts’ou’-meu* ho*, je suis plus âgé que toi, m. à m. 
moi toi comparé-à vieux-marque du parfait. 

Rem. — »’a*-bo* que j'écris parfois #a‘-bo* parce qu’il est pro- 
noncé tel, contient en réalité trois mots 0° ut bo. 

43. — Pour rendre le comparatif d’infériorité exprimé en français 
par moins, ou énonce d’abord l’objet qui possède la qualité à un 
degré moindre, puis celui qui la possède à un degré plus élevé; on 
fait suivre ces deux termes du mot #o!', semblable, et enfin de 
l'adjectif exprimant la qualité précédé de la négation. Ex.: 

P'o% nyi po ni'-chou'-mo° ko! a* isé, l’étofle rouge est moins belle 
que l’étoffle verte; m. à m. étofle rouge étoffle verte semblable 
pas belle. | 

44, — Pour rendre le comparatif d’égalité exprimé en français 
par aussi, on énonce les deux termes à comparer, qu’on fait suivre 
du mot #o', semblable, et enfin de l’adjectif exprimant la qualité. Ex.: 

Go? hé? mi dyit ko! tcha?, ma maison est aussi belle que la 
tienne; m. à m. moi maison toi de semblable belle. 

45. — Pour rendre le comparatif portant sur plusieurs objets, ou 
le superlatif relatif, on énonce d’abord les objets à comparer, puis 
celui auquel on attribue la supériorité, et enfin l'adjectif. Ex.: 

Go%-it fou'.fou’, mi 2-ba* ts'ou”-meu*, ton père est plus vieux 
que nous tous; m. à m. (de) nous tous, (de) toi père vieux. 

Ki! seuv-ts’ 6%, ki'Leu' bit-tu?, de ces arbres, celui-ci est le plus 
grand; m. à m. ces arbres, celui-ci grand. 

46. — Le superlatif absolu s'exprime de diverses manières: 

1° Par la répétition de l’adjectif. Ex.: 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 639 


tcha?, bon: cha? tcha?, très-bon; 

ts’0°, gras: L’s0°-ts’0°, très-wras. 

29 Par l'adjectif précédé de l’expression pé?-/é?, très. Ex.: 

pé?-lé? tcha?, très-bon; pé?-lé? ts’0°, très-gras. 

Dans ce cas, on ajoute souvent encore le verbe être suivi de 
l'adjectif répété. Ex.: 

pé?lé? cha? ngeu’ tcha?, très-bon ; pé?-lé? L's0% ngeu’ ls’07, très-gras. 

30 Par l'adjectif suivi de l'expression po'-{ya*, à en mourir. 

(Po' = verbe auxiliaire, avec sens de mourir, ete. — 7ya° — marque 
du futur.) Ex.: 


tcha? po'-lya*, très-bon: és’0° po'-lya”, très-gras. 


V. — Noms de Nombre. 


47. — En a-hi, les noms de nombre sont: 

un d’it vingt-et-un #0*-{s'eu°-d'if 

deux ni vingt-deux wi*-ts’eu’-ni* 

trois seu” vingt-trois  #+-{s’eu’-seu’ 

quatre he? trente seu°-ts’ eu” 

cinq n70* quarante Ui?-ls’eu’ 

six ich'ou° cinquante  #go*-ts' eu” 

sept cheu* soixante tch'ou?-ts’'eu’ 

huit 2 cent l’i-h0° 

neuf eu deux cents #1*-40° 

dix ts’ eu” trois cents  seu°-Lo° 

onze ts’eu’-t’i* quatre cents 77-40, 

douze ts’eu°-n1* mille L'it-lo° 

treize ts’eu”-seu° deux mille #2t-L0°, etc. 

quatorze  és’eu*-li?, etc. dix mille #4*-va. 

vingt ni-1s' eu” 

Remarque 1. — On ne dit jamais 40°, cent, tout court; mais #» 
cent, #2#-40°. Même remarque pour 4°, mille, et va, dizaine de mille. 

Rem. 2. — Le mot va, dix mille, est le chinois owan 4. 

48. — Les noms de nombre ne sont jamais énoncés seuls: lors- 


qu'ils ne sont pas suivis d’une numérale spécificative particulière 
(ef. & 51), on leur ajoute la numérale générale Zeu*, qui correspond 


640 ALFRED LIÉTARD. 


au chinois Lo 4 . Un A-hi ne dira donc pas #1“, és’eu°-keu”, cheu“- 
ts'eu® %?; mais d’2*-leut, un; {s’eu°-keu” leu, dix-neuf; cheu“-ts’ eu"? 
leu“, soixante-dix-huit. Ex.: 

ts’ou* t'i%-ho° L’it-leu*, cent un hommes; 

ts’ou* nit-ho° seu? ts'eu°-leu*, deux cent trente hommes. 

Rem. — Il va de soi que lorsque le substantif auquel est joint 
le nom de nombre comporte une numérale spécifique (ef. $ 51), 
cette spécificative peut toujours prendre la place de Zeu*. Ex.: 

ts’ou* li*-ich'é*, quatre personnes; 

p'o* ngo* deu“, cinq étofles. 

49. — Lorsque les noms de nombre comportent un nombre rond 
de centaines, de milliers, ou de dizaines de mille; on ne leur ajoute 
pas la particule numérale. Ex.: 

ts’ou® L’it-ho%, (et non és'ou® l’i*-ho°-leu*), cent hommes; 

ts’ou° nit-to*, deux mille hommes, 

ts’ou* seu°-va, trente mille hommes. 

50. — Le dialecte a-hi possède encore, en dehors de leu“, une 
autre spécificative générale, #0°, qui est usité indifféremment pour 
les personnes et pour les choses. En principe, /eu* et #0° peuvent 
s’employer avec tous les substantifs; mais il est plus élégant de se 
servir de la spécificative particulière à chacun. Ex.: 

ts’ou® Pit-tch'é, un homme; mieux que és’ou° ’i*-leu*; 

tch'a#-bo® L'it-dzeu*, un palanquin; mieux que échk’a“-bo* d’it-moÿ; 

p'o° d’it-deu*, une toile; mieux que p’o° d’i*-mo*. 

51. — Voici la liste des particules spécificatives les plus employées. 

bo*, pour les tas, les monceaux ; 

de’, pour les huiles; 

deu*, pour les étofles ; 

djo*, pour les pagodes; 

26°, pour les fagots; 
zeu*, pour les chars, les palanquins; 

Jfou', pour les potions; 

ha*, pour les coups de vent; 

Aleu*, pour les brasses; 

jo?, pour les affaires, les troupes; 

&'a?, pour les bandes, les blocs, les morceaux ; 


NOTIONS DE GRAMMAIRE. 641 


ka, pour les fagots; 

&i', pour les paroles; 

&'à, pour les accès de fièvre ; 

ki, pour les charges des bêtes de somme ; 

ko, pour les pipes; 

la, pour les paquets, les ballots; 

lou*, pour les ligatures de sapèques; les onces d'argent ; 

mou”, pour les bouchées, les gorgées ; 

nyé*, pour les brèches, les trous, les portes; 

pa”, pour les caractères d'écriture; 

p'a*, pour les aiguilles, les lampes ; 

pr, pour les objets dont deux font la paire (ex.: 42-06? L'it-p'it, 
un soulier; 

p'o?; p'eu”, pour les fleurs; 

po”, pour les averses; 

po*, pour les livres; 

pré”, pour les parapluies ; 

sa, pour les bols; 

sa, pour les graines; 

ta*, pour les assortiments ; 

ché”, pour les personnes; 

tché*, pour les chaînes de montagnes; 

tcho”, pour les routes, fil, corde, bracelets, poignées, bandes de 
terrains, rizières, toile; couteaux; affaires: 

té”, pour les étages; 

ti, pour les repas; 

to', pour les habits; 

to*, pour les pinceaux, les poils, les plumes; 

l’o*, pour les balances, les chaises, les grands bols; 

lo*, pour les feuilles; 

is’, pour les arbres; 

iseu, pour les articles; 

is’eu', pour les bottes; les paquets; 

iseu*; tsé*, pour les choses doubles; 

ts’o*, pour les büches; 

val, pour les bordures; 


642 ALFRED LIÉTARD. 


vou’, pour les personnes; 

vyé?, pour les fardeaux. 

52. — Dans un certain nombre de substantifs composés, le second 
élément n’est autre que la particule spécificative: il reprend ce rôle 
lorsque le substantif s'accompagne d’un nom de nombre. Ex.: 

y-koŸ, pipe: yi° d'it-ko*, une pipe; 

s0-po*, livre: s0-{'*-po*, un livre; 

seu°-ts’é, arbre: seu° L’it-ts’ 6", un arbre. 

53. — Règle de position. — La spécificative est toujours 
plaçée après le nom de nombre, qui suit lui-même le substantif 
accompagné ou non d’un adjectif qualificatif. Ex. : 

keu\ 20% seu*-vou?, a'-mé% nit-tch'é beu’, il a trois fils et deux 
filles ; m. à m. (de) lui fils trois personnes, filles trois personnes avoir; 

ts’ou® beu L’2-tch'é%, un homme riche; 

l’o° seu°-lou*, trois taëls. 

54. — Toutefois, s’il s’agit de jours, mois ou années, par excep- 
tions le nom de nombre se place avant le substantif et ne s’accom- 
pagne d'aucune spécificative. On dira donc ”* ny’, deux jours; 
seu* Alo*, trois mois; 4? £'ou?, quatre ans. 

55, — Adjectif numéral ordinal. — En a-hi, pour dire 
premier et second, on se sert en général des expressions chinoises 
Pi à (#5 —) premier, et 4! eul! (#5 Zi), second. 

Pour troisième, quatrième etc., on dira: sew’-leu* l’eu', m. à m. 
trois celui-là; /°-/eu* l’eu!, quatre celui-là, ete. Une autre tournure 
également employée est la suivante: seu’ nyi déf-nyi, m. à m., 
trois jours un jour, c’est-à-dire le troisième jour; 4? my d’i*-nyi°, 
le quatrième jour, etc. 

56. — Monnaies. — Pour désigner la sapèque, les A-hi ont 
conservé le mot yi*-"0*, partie du nom du petit coquillage, cauris, 
y-mo°-L'0%-204, qui leur servait autrefois de monnaie. Ils diront donc 
régulièrement : 

yis-mo° l'i-leu*, une sapèque; 

yi-mo° nit-leu*, deux sapèques ; 

yi-mo° keu°-leu*, neuf sapèques. 

De 10 à 99, ils comptent par fé”, (du chinois fer Æp), c’est-à- 
dire par dizaines de sapèques. Ex.: 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 643 


yit-mo° Lit-fe*, 10 sapèques, m. à m. sapèques une dizaine; 

yi-mo° keu*-fé*, 90 sapèques ; 

yi-mo* keuŸ-fé* keu’-leu*, 99 sapèques, m. à m. sapèques neuf 
dizaines neuf. 

De 100 à 999, ils comptent par és’é*, (du chinois ts’ien 4), 
c’est-à-dire par centaines de sapèques. Ex. : 

yi-mo d'if-ts'é*, 100 sapèques, m. à m. sapèques une centaine; 


yÜ-mo ni-ts’ € 


, 200 sapèques ; 

yit-mo seuls 6 lV'i-fé*, 310 sapèques ; 

yi-mo° Kkeu°-is'é keu°-fé* keu’-leu*, 999 sapèques. 

A partie de 1000, ils comptent par /ou*, c’est-à-dire par ligatures 
de 1.000 sapèques. Ex.: 

yi-mo L'if-lou*, 1.000 sapèques; m. à m. sapèques une ligature. 

git-mo L'if-lou* keu°-ts' 6% nit-fé G?-leut, 1.928 sapèques, m. à m. 
sapèques une ligature neuf centaines deux dizaines huit. 

57. — Pour l'argent, les A-hi se servent également des mots 
fé, ts’é*, et lou‘, accompagnant le mot {’o°, blanc; argent. Ex.: 

lo li-fé*, un fen d'argent; 

l’o° d'itisé”, un ts’ien d'argent; 

l'o° l’i-lou*, une once d'argent. 

58. — Mesures. — 1° En a-hi, les principales mesures de poids 
ou de capacité sont: la livre, it; le 10e de boisseau, céeul (chinois céen 
Ÿf); le boisseau, {eu (chin. £eo 2h ): le picul, 44° (chin. éan ZA). 

2° Pour les mesures de longueur, ils se servent des mesures chi- 
noises, à savoir: le pied, {c'en (ch. éch'e-tse | +); et 10 pieds, 
cha (chin. échang  ). Ils mesurent également par brasse #4 Leu; 
et par empan, de deux façons, à savoir /’*-/’6%, équivalant à l’espace 
compris entre l’extrémité du pouce et celle du doigt majeur étendus; 
et d’it-tou', équivalant à l’espace compris eutre l’extrêmité du pouce 
et celle de l’index étendus. 

La règle est la même que pour les monnaies. Ex.: 

ho% l’it-nt, une livre de viande; 

ho*-mou’ l'i-teu*, un boisseau de mais; 

p'o* d’if-hleu*, une brasse de toile. 

99, — Division du temps. — Chez les A-hi, l’année, ou”, 


a, du moins actuellement, la mème valeur qu’en chinois. 


644 ALFRED LIÉTARD. 


Les années sont désignées par les animaux du cycle duodénaire. 
Ces animaux sont les mêmes qu’en chinois, mais on commence le 
cycle par le tigre et non par le rat. Voici le cycle a-hi: 


tigres to 7° singe nou! 
29 lièvre  42*-4lo° 8° poule  yé* 
30 dragon Lo OPchienvoaE se 
49 serpent ca! 10° cochon  vyé? 
59 cheval 0° 119 rat hé? 
6* brebis jou’ 129 bœuf #7 
Rem. — Pour demander l’âge de quelqu'un, on peut dire: 


Ni ka-no? kou? lou??, m. à m. toi combien ans écouler. 

Mais les A-hi ignorent en général leur nombre d’années, et deman- 
dent plutôt le nom cyclique de l’année de naissance: 

NS at-mi! k'ou??, m. à m. toi quelle année. 

60. — Le mois se dit #/0? ou #lo%-bo*, lune. Les douze mois de 
l’année sont parfois désignés par les animaux du cycle duodénaire, 
comme les jours du mois, du reste. Leurs désignations habituelle sont : 

le ler mois #2-4o* ou écheu* yi? (du chinois échen iué EF); 


le 2e mois wit-4/o° ou eul! yi? (du chin. el iué —, F ); 
le 3e mois seu°-Alo* ; 
le 4e mois °-Alo* ; 
le 11e mois #0 leu! Alo*, m. à m. tête(?) baisser lune; 
le 12 mois /a*-yi? (du chin. {a iué JF, H). 

61. — Les dix premiers jours du mois prennent en a-hi la par- 
ticule 4°, de même qu’en chinois ils prennent la particule és’ou 4]. 
On dira donc: seu°-hlo? dè keu?, le 9e du 3e mois (chin. san iué 
ts’ou kieou —= ÆE p | JU y; mais on dira #go*-hlo* ni-ts'eu”, le 20 
du 5e mois (chin. ox iué eul-che Fi, À = FF). 

62. — Le jour se dit »y2°. Voici les divisions du jour chez les A-hi: 
19 Chant du coq: yé#-p’ou* cha* t’o*, m. à m. coq chanter moment; 
29 Aurore: mou-l'eu? djé* l’o*, (de) l'aurore moment; 

30 Lever du soleil: Z!-%2% dou'-lé% d'it-ha, soleil venir alors; 

49 9 heures: »2' l’eu? L’o*, bœufs chasser moment; 


F0 


50 Midi: Z1-H% mou kou' dzeu* l’o*, soleil (du) ciel milieu atteindre 


moment ; 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 645 


6° 2 à 4 heures: 4!'-%2 nga* L’o*, soleil grand moment; 
90 4 à 5 heures: »2' dyé? geu’-lé* Ll’o*, bœufs conduire revenir 
moment ; 
8° 5 à 6 heures: meu!'-leu tsé* l’o*, feu allumer moment; 
99 6 heures: Z!-ki* l’eu! L’o*, soleil tomber moment; 
10° Soir: gou-yi? l’o* koua*, se coucher moment arriver; 
11° Nuit: seu°-vou® koua”, nuit arriver; 
120 Minuit: seu° l’o°, nuit milieu. 
no®-hi 10° dzo*, m. à m. (du) matin riz manger; 
Le ler repas, à | : 
kif dzo*, m. à m. repas du matin manger; 
Le repas de midi, és0°-dyé* 50° dzo*, (de) midi riz manger; 
meu*-1s ® ts0* dzo*, m. à m. (du) soir riz manger; 


Le repas du soir, se ; : 1 
ich'eu* dzo*, m. à m. repas du soir manger. 


VI. — Pronoms personnels. 
63. — En a-hi, les pronoms personnels sont: 
Singulier. Pluriel. 
Première personne go* je, moi g0*-hi* 
AE (i NOUS: 
a-seu 
Deuxième personne #2 tu, toi nal-hi vous. 


Troisième personne eu! il, lui, elle keu'-hit ils, eux, elles. 

Remarque 1. — //i*, marque du pluriel, est souvent remplacé 
par vi. (Ex.: feu'-v:°, eux). 

Remarque 2. — En lo-lo, il n’y a pas, à proprement parler, de 
termes particuliers honorifiques. Aux personnes âgées on donne le 
nom de a'-peum*, vieillard; ou de a'-p'i-m*, vieille-femme. En 
a-hi, aux personnes qu’on veut honorer, on dit #a'-wi*, vous; au 
lieu de »1°, tu. Mais c’est assez rare. 

64. — Moi-même peut se dire go*-g0*, m. à m. moi moi; soit 
goŸ t'it-mo*, moi une personne; soit go* d'i-tch'é"-20*, moi une per- 
sonne unique. On dira pareillement: #2*-n2°, où n2° l’i-mo*, ou ni° 
lit-tch' 6-20", toi-même; keu!-keu', ou keu! £’it-mo*, ou keu! d'it-tch'6*- 
zo*, lui-même. 

Rem. — Go d'it-mo°; go l'it-tché*-20*; peuvent signifier aussi 
moi seul. 


646 ALFRED LIÉTARD.* 


65. — Soi-même se dit «*-ma*. En se servant de cette forme jointe 
au pronom personnel, on peut dire encore pour moi-même, toi-même, 


lui-même: go” a“-ma*, m° 


a*-ma*, keu! a“-ma*. 

Rem. — L'expression a‘-»a° a encore le sens de propre, person- 
nel. Ex.: 

A%-ma° mo, (mon) cheval propre, m. à m. (de) soi-même (le) cheval. 

66. — Parfois aussi, mais très-rarement, on emploie l'expression 
chinoise éseut-k* (lise ki É EZ ) à la place de a‘-ma, et l’on dit: 
go* tseu*-ki°, n° tseu*-ki, keu! tseu*-li*. 


VII. — Adjectifs et pronoms possessifs. 


67. — Les adjectifs et pronoms possessifs ne sont autre chose 
que les pronoms personnels mis au génitif, soit simplement par leur 
position dans la phrase, soit par l’adjonction de l’une des particules 
dyi* ou vi”. Dans ce second cas nous avons: 

go dyi* ou go° wi, de moi, mon, le mien; 

mi dyi* (n° vi° ne se dit jamais), de toi, ton, le tien; 

keu! dyi* ou keu!' wi°, de lui, son, le sien; 

go°-hit dyit ou a#-seu' dyi* (ou dit rarement go-hi* wi ou a“-seu! 
vi), de nous, notre, le nôtre; 

na'-hi dyi* ou na! vi, de vous, votre, le vôte; 

keu'-hi% dyit (rarement keul-%i* vi), d’eux, leur, le leur. 

Exemples: De qui est-ce la fille? — 

A'-mé%-20% at-seu* a'-mé%-20* ngeu°? m. à m. fille (de) qui fille être; 
ou A'-mé%-20* a-seu° dyi* ngeu°?, m. à m. fille qui-de être. 

C’est la mienne — Go* a!'-mé3-z0* ngeu’, m. à m. (de) moi fille 
être; ou Go° dyi* ngeu”, m. à m. moi-de être. 

68. — Lorsqu'il s’agit d’un pronom possessif, c’est-à-dire lorsque 
le substantif n’est pas exprimé, l'emploi de la particule dys* ou v1° 
signe du génitif, est de rigueur. Mais, devant un substantif, on 
emploie presque toujours le pronom personnel seul. Ex.: 

Go* dyi* ngeu*, c’est le mien; 

Mi ki l'it-jo? ngo* ba* dyi* ngeu*, cette bande de terre est celle 
de mon père, m. à m. terre cette une bande moi père-de être. 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 647 


Go* à'-ba, ou go* ba“, mon père; 
ni 2!-mo°, où n° mo°, ta mère; 


keu! 20*, son fils. 


VIII. — Adjectifs et Pronoms démonstratifs. 


69. — Les adjectifs démonstratifs, en a-hi, sont: #4! (ou i! ou é!), 
ce, cet, cette, celui-ci, et Æil#'eul, ce... ci, cet... ci, cette... ci, 
celui-ci, pour les personnes et les choses plus rapprochées ; va (ou 
keu”), ce, cet, cette, celui-là, et va”-l'eul, ce... là, cet... là, cette... 
là, celui-là, pour les personnes et les choses plus éloignées. 

70. — La forme simple #i! (:', €") se place avant le substantif, Ex. : 

ki! ts'ou*, cet homme: 

kil ts’ou° beu*, cet homme riche. 

71. — Cependant, lorsque le substantif est accompagné de sa 
numérale, #2! peut se placer après le substantif ou l’adjectif quali- 
ficatif qui l'accompagne, immédiatement avant le nom de nombre. Ex. : 

dou* ki di-k'il, cette parole, m. à m. parole cette une, ou #{! 
dou* t'if-k'1', cette parole une; 

ts'ou* beu* kil l'i-mo*, cet homme riche, m. à m. homme riche 
ce une personne, ou #2! és’ou* beu* l'it-mo?. 

72. — La forme composée #i!-f’eu! se place après le substantit 
ou l'adjectif qui le qualifie. Ex.: 

ts'ou® li'-l'eu', cet homme; 

ts’ou* beu* ki-t'eu', cet homme riche. 

73. — Dans la pratique, #i! est presque toujours employé pour 
ce, ce... ci; et pour ce, ce... là, on se sert seulement de la par- 
ticule é’eu'. Ex.: 

20* na' l’eu', ce jeune fils là, m. à m. fils jeune celui-là. 

Rem. — A feu! se substitue fréquemment deu”, qui s'emploie 
d’une manière particulière. Ex.: 


ts’ou® deu“-mo*, cet homme là. 


IX. — Adjectifs indéfinis. 


Nous donnerons les principaux. 


5,19 


74, — Aucun se rend par ’it-4ch'é* 6% a, lorsqu'il s’agit des 


648 ALFRED LIÉTARD. 


personnes, et par -m0° né* a*, lorsqu'il s’agit des choses. Ces 
expressions se placent après le substantif. Ex.: 

Ts'ou t'it-tch é 16% a* Leu”, il n’y a personne, m. à m. homme 
une personne même ne-pas avoir; 

Ki Wyé hé* Vii-mo* né* a* tcha?, il n’y a aucune belle maison 
dans ce village; m. à m. ce village maison une même ne-pas belle. 

Rem. — T'itmo° né af, à aussi le sens de rien, rien du tout, 
m, à m. un même pas; même pas un. Ex.: 

Mou sa*-p'o* a-mi j0Ÿ mou mi! gou? — T'if-mo® n° a jo. — 
De quoi Dieu s’est-il servi pour créer le ciel et la terre? — Il ne 
s’est servi de rien du tout; m. à m. Dieu quoi prendre ciel terre 
faire? — Un mème ne-pas prendre. 

75. — Autre se rend par vat-m!, qui se place avant le substantif. Ex.: 

Va*-ni! ts'ou*, d’autres hommes. 

76. — Plusieurs, certains, se rendent par l'emploi d’un nom de 
nombre indéterminé, plus ou moins élevé selon la quantité faible ou 
grande des objets à indiquer. Ex.: 

Ts'ou® ne seu tck'é* dou'-lé* ho*, plusieurs hommes sont venus; 
m. à m. hommes deux trois personnes venir — marque du parfait. 

T'it-Lo% Mou“-sa-p'o* dou*-n0' do*, ki! sé% tcha?-mo° dè* byé*; li- 


Lo Mou‘-sa* p'ot dou* a* nô', ki! sé kÆ’yé-mo° byé”. Certains (les 


A 


uns) ayant obei à Dieu; on les appelle bons anges; certains (les 
autres) ont désobéi, on les appelle mauvais anges; m. à. m. un cent 
(de) Dieu paroles écouter — marque du passé —, eux esprits bons 
— particule dépourvue de sens Of. $ 112 — dire; un-cent (de) 
Dieu paroles ne-pas écouter, eux esprits mauvais dire. 

77. — Quelques peut se rendre de la même manière; mais on 
se sert plus communément de l’expression #’a-10°, qui, prise comme 
adverbe interrogatif (cf. $ 100), signifie combien. Ex.: 

ts'ou® k'a-no° tch’é*, quelques hommes ; 

goŸ k’a-no* nyi geu*-lé*, je reviendrai dans quelques jours. 

Rem. — En ajoutant à #’a-10° l'expression a“ sa'; ne pas savoir, 
on forme un adjectif indéfini équivalant à nombreux, énormément 
beaucoup. Ex.: 

ts’ou*-k a-no° ché a* sa', de nombreux hommes. 

78. — Tout, tous se rendent par fou'-fou”, *-bo*-mo°, Ex.: 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 649 


Go° fou'-fou° ngo' ou go* -bo*-mo* ngo', je veux tout, m. à. m. 
moi tout vouloir; 

A*-seu°-leu* fou'-fou? neu*-neu* gou°? ou plus simplement ; 

a*-seu°-leu* fou'-fou” gou°?, qui a créé toutes choses ? 

Mi-nyé*-k'a ts'ou fou'-fou* keu' nit-tché dou'-lé*, Tous les 
hommes de la terre ont été engendrés par eux deux, m. à m. (de 
la) terre hommes {ous eux deux-personnes venir. 

Rem. — Pour rendre toutes choses, on emploie fort bien aussi 
l'expression La*-mi' nyeu* a* ngeu’, m. à m. quoi être ne-pas être. Ex. : 
A*-seu°-leu* ka*-mi ngeu* a* ngeu* gou°? Qui a créé toutes choses ? 

79. — Un, un certain se rendent par d'ét-mo, l'it-leut, ou di 
avec la particule spécificative. Ex.: 

4 


Ts'ou® L’i-mo* 20% ni-leu* beu?; ou ts’ou? l'it-tch'E% 204 nit tech’ €? 


beu*, un homme avait deux fils. 


X. — Adjectifs et Pronoms interrogatifs. 


80. — Il y a deux sortes de pronoms interrogatifs: at-seu°, at- 
seu’-leu* où ka*-seu”, ka*-seu*-leu*, qui, lequel, pour les personnes; et 
a%-mi où ka*-mil 1) que, quoi, pour les choses. Ex.: 

Fésou' mou*-k'a* dyé* dou'-ho*, a-seu’-leu* keu\ tcho%-ma? byé®? — 
Après l'ascension, qui a prèché l'Evangile ?, m. à m. Jésus ciel monter 
après, qui (de) lui (la) voie dire? 


NE a*-mi mo°7 — Que fais-tu?, m. à m. toi quoi faire. 
Ni a-mi' dz0? — Que manges-tu ? 
81. — Au lieu de 4°-sen”-leu*, on peut aussi employer; 


a'-mi' ts’ou’, qui correspond au chinois chen-mo jen ÆE JF K, 
mais cette tournure est assez rare. Ex. : 


A$ mi ls'ou* keu' tcho°-ma* byé*? — Qui a prèché sa doctrine ? 


1) Cette altermance de a* et de ka“, dans a*-seu® et Æa*-seu, a"-mi! et ka*-mi!, 
qu'on retrouve encore dans l’adverbe interrogatif a#-mit-dot ou ha*-mi'-do*, pourquoi?, 
existe aussi pour le mot a“-bi* ou #a“*-bi*, vêtement. On en peut rapprocher la corres- 
pondance Xa°-k& qui existe pour les quatre adverbes interrogatifs /a°-zeu* ou #'ä-zeu*, 
comment?; #a°-l’o*, ou k’a-l’o*, quandP?; La°-leu! ou Æa-leu', où?; et Aa*-no? ou #à- 


no*, combien ? 


650 ALFRED LIÉTARD,. 


82. — Ka* de ka“-seu* peut parfois s’employer seul avec le sens 
de qui, lequel. Ex.: 
Ka* li? ich'é? quelles sont ces quatre personnes ?; m. à m. quelles 


quatre personnes ? 


XI. — Verbes. 


83. — HEn lo-lo, les verbes, comme du reste tous les autres mots, 
sont invariables. Le nombre et la personne sont indiqués par le 
sujet exprimé ou sous-entendu. 

84. — Des Temps. — Trois temps seulement, le présent, le 
passé et le futur, peuvent être exprimés à l’aide de particules spé- 
ciales, qui se placent toujours après le verbe et que l’on supprime 
du reste souvent, lorsque le sens ne les exige pas. 

En a-hi, ces trois particules sont: cka* pour le présent, 4o° pour 
le passé et éya* pour le futur. Ex.: 

go® so-sou° cha”, j'étudie; 

ni dz0* ho°, tu as mangé; 

keu' dou'-lé* tya*, il viendra. 

85. — Ces trois particules s’emploient aussi avec les adjectifs. Ex. : 

ts’ou® mou* ko, homme vieux (qui a vieilli); 

tcha? cha”, c’est bon; 

Alyé* cha’, c’est bouillant ; 

hlyé® tya*, ça va être chand, bouillant. 

86. — En a-hi, en dehors de 40, il existe encore deux particules 
servant à indiquer le passé: do* et 20. 

Do est employé en particulier dans des propositions coordonnés 
et sert alors à rendre ce qu’on appelle en latin l’ablatif absolu. Ex.: 

To go’-la do, mi'-vit-vi* dou! do, ayant ramassé son argent, il 
s’en alla au loin. 

To® dou'-lé? do, geu* do°, s'étant levé, il s’én retourne. 

No, est une particule auxiliaire, marque du parfait, avec le sens 
de avoir déja fait précédemment telle chose. 

N dzo% no no?, as-tu déja mangé (de cela)? — Go° dz0* no, j'en 
ai mangé. 

Comme on peut le constater, quand 0 est employé comme marque 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 651 


du passé dans une phrase interrogative, l'interrogation se fait par 
la répétition de 0. Dans certains dialectes, il en est de mème pour 
ho°, Ainsi, tandis qu’en A-hi, on dit: 


ni ts0° dzo* dz0* Lo, as-tu mangé le riz?; on dira en Ou-lou p’ou: 


na dzou* hou* hou°? — as-tu mangé? 

87. — Des Modes. — Voici des phrases montrant la manière 
dont on peut rendre nos modes en a-hi: 

Indicatif présent. — Il étudie, keu! so-sou cha’; il est en train 
d'étudier. 

Imparfait de l'indicatif. — Hier j'étais malade, 90° o'-nyi° no”; 


moi hier souffrir. 

L’an passé, quand il mourut, j'étudiais, o!-»y2° #’ou? keu! cheu’ 
Pia, go so-sou? cha’; passée-année lui mourir alors, moi étudier 
en-train. 

Passé. — Il est arrivé, dou!-l£% a*; 1) dou'-lé* ho°. 

J'ai vu, xyi no; nyi ou0 no. 

Je n’ai pas vu, a* nyi; nyi u* no. 

Plus-que-parfait. — J'avais mangé quand il vint, Leu! dou'lé* 
go* ts0° dz0* ko. 

Futur. — Tu mourras, #2° cheu? tya*. 

Je viendrai demain, go at-dyé* nyi dou'-lé, 


Ca ira mal, a*-dyi a* tcha?; prochainement pas bon. 


Futur passé. — J'aurai fini quand tu viendras, #2° dou'-lé® go° 
keu? ho”. 
Conditionnel présent. — Tu pourrais certainement, si tu voulais, 


ne p'yé? mo heu’, lit-4i mo keu! a; m. à m. toi si faire désirer 
(de bon cœur), sûrement faire être-capable. 
Il voudrait bien s’en aller, eu! ouo! k'o*-K'of, lui aller plaise-à-Dieu. 


Sans cette affaire, je serais libre, #2! seu*-{sil a* ngeu* p'yé?, g0° 


kyé* ma’; m. à m. cette affaire ne-pas être si, moi précisément libre. 
Conditionnel passé. — J'aurais fini plus tôt s’il m'avait aidé, 


keu\ go% ouo*-djo*, ka d'it-ha ché nè go go*-keu” ho, m. à m. 
lui moi aider, combien un-temps vite même moi faire-finir — signe 
du parfait. 


1) Particule finale dépourvue de sens. Cf. $ 108. 


652 ALFRED LIÉTARD. 


Impératif. — Mange, dz20*. 
Viens, dou'-lé, 
Qu'il mange, 40° keu' keu dz0*; moi lui appeler manger. 

Impératif prohibitif. — Ne dis pas, fa üyé* (cf. K 96). 

Optatif. — Plaise à Dieu, 4’of-L’o*. 

Que j'aie des sapèques, go° yit-mo* beu° k’o*-k'o-yé*; m. à m. moi 
sapèques avoir plaise-à-Dieu. 

Subjonctif présent. — Il demande que tu t'en ailles, Zez' m° 
ouo! mo byé*; m. à m. lui toi aller-faire, dire. 

Imparfait du subjonctif. — Hier il commanda que je travaillasse, 
ny keu' go djou’ byé* nèu* mo’, m. à m. hien lui moi à dire 
travail-faire. 

Plût à Dieu qu’il fût mort, £ew! cheu* Æ’o*-L'of. 

Plus-que-parfait du subjonctif. — S'il m'eût cru, il eût été aus- 
sitôt guéri, Leu! go dou n0', li-Va'-mo kyé* tcha* a’; m. à m. 
lui (de) moi paroles écouter, vite aussitôt bien. 

Participe présent. — Regarder en mangeant, &*-myé! dzo*, i-myé'- 
nyi'; m. à m. en même temps manger, en même temps regarder. 

Prier en marchant, t-myé! ouo!, *-myé' mou“-dou* byé*, m. à m. 
en même temps marcher, en même temps (du) ciel-paroles dire. 

Participe passé. — Faire soi-même, a“-ma° gou’. — Fait par soi- 
mème, at-ma* gou*-hi. 

88. — Verbe passif. — Le passif est formé par la particule £°. Ex.: 

da*, frapper; du“-té*, ètre frappé. 

89. — Verbe causal: verbe auxiliaire. — Ces verbes reviennent 
souvent dans la conversation. Nous avons essayer d’en préciser le 
sens exact dans le Dictionnaire. Voyez donc aux mots: dë* — pouvoir; 
possible; do? — pouvoir, devoir; heu — pouvoir, facile; #ew' = pou- 
voir, habile à...: és’eu® — pouvoir; arriver à... — Voyez de plus 
les mots suivants, jouant le rôle d’auxiliaires: lé? = venir; #0° = 
faire; nyé? — Être; ouo; ro — arriver à; po! — tomber, renverser; 
to? — se lever; etc. 

90. — De l'interrogation. — Dans les phrases où elle n’est 
pas indiquée par un pronom ou un adverbe interrogatif, l’interroga- 
tion s'exprime en a-hi par la répétition du verbe ou de l'adjectif. Ex. : 


Ni sa sa'? sais-tu?; m. à m. toi savoir savoir. 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-L0. 693 


Toha?-tcha?? est-ce bon?, m. à m. bon bon. 

91. — Dans les adjectifs composés de deux ou plusieurs mots, 
l'interrogation, au lieu de se faire par la répétition de l’adjectif se 
fait par la répétition du verbe être. Ex.: 

AL'0%-mo* ngeu° ngeu*?, est-ce blanc? m. à m. blanc être être. 

92. — Toutefois, pour les adjectifs composés terminés en yé* (cf. 
$ 34), l'interrogation se fait par la répétition de cette particule, et 
dans la réponse négative, on peut très-bien n’employer que cette 
particule sans répéter l'adjectif proprement dit. Prenons, par exemple, 
&'o'-yé*, semblable, le mème: 

Fit-mo® L'itis ét eut, yit-mos l’it-lou* k'eu*, tsou! lé l'eu“-t'eu* 
&'ol-yé? — A yé*; neu*-neu* i'-fa* p'ou*-k'yé", tsou' 2'-fa nga*, — 
Voler cent sapèques et voler une ligature est-ce la même faute ? — 
Non, plus la somme est élevée, plus la faute est grande — ; m. à m. 
sapèques un-cent voler, sapèques une-ligature voler, faute-particule 
euphon. — semblable semblable? — non semblable; chose davantage 
chère, faute davantage grande. 

93. — De la Négation. — En a-hi, la négation s’exprime par 
a, qui se place immédiatement avant le verbe ou l’adjectif sur lequel 
tombe cette négation, lorsque ce verbe ou cet adjectif n’a qu’un 
seul mot. Ex.: 

GoŸ a* ngo!, je ne veux pas; 

Go* dzo* a* keu', je ne puis manger; 

Ki' is'ou” a* icha*, cet homme n’est pas bon. 

94, — Dans les verbes composés ), la négation se place géné- 
ralement entre les deux mots composant. Ex.: 

bi%-neu\, sentir; 4i* a* neu!, ne pas sentir. 

Remarque. — Je ne connais d’exception à cette règle en a-hi 
que pour le verbe doul-lé*, venir, avec lequel la négation se place 
en tête (at dou'-lé*, ne pas venir). Mais cette règle de la position 
de la négation entre les deux éléments d’un verbe composé est loin 
d’être aussi rigoureuse dans d’autres dialectes lo-lo. 

95. — Pas encore se rend en a-hi par at... sé°: ces deux parti- 


cules se placent respectivement avant et après le verbe ou l'adjectif. Ex. : 


1) Pour la négation dans les adjectifs composés, cf. $ 36. 


654 ALFRED LIÉTARD. 


A* fa sé*, pas encore sec; 

a* dou'-lé* sé*, pas encore venu; 

go? a dzo* sé*, je n'ai pas encore mangé; 

go? dzo* a* beu* sé%, je n'ai pas mangé encore à satiété. 

Rem. — Sé° est un véritable adverbe qui signifie «encore» et se 
place toujours après le verbe ou l'adjectif. Ex.: 

beu? sé*, il y en a encore; 

y hlyé? sé, l'eau est encore chaude. 

96. — Il existe en a-hi une autre négation #’a* qui, jointe au 
verbe lui donne un sens prohibitif. Ex.: 

l’a gou*, ne fais pas; 

l'a byé*, ne dis pas. 

Rem. — Souvent à at, on ajoute encore la particule #’a pour 
renforcer le sens prohibitif. Ex.: 

ka l’a gou*, ne fais pas. 


XII. — Adverbes. 


97. — Les adverbes les plus importants, en dehors de l’adverbe 
de négation (cf. 93—96), sont les adverbes interrogatifs. 

98. — L'adverbe de manière, «comment» est 4a°-zeu* ou ’a-zeu*, Ex. : 

Aë-seu' Fa-zeu* i'-ba% il-mo° 0'-ma°-mo° ngô'? — Comment devons- 
nous honorer nos père et mère?, m. à m. nous comment père mère 
servir falloir. 

99. — L'adverbe de cause, «pourquoi», est at-mil-do* ou ka*-mi'-do*. 
(Dans certains villages on dit £at-mi'-dè*). Ex.: 

Mou* sat-p'o* it-leu-zo* ngeu, at-mit-do* 20% beu’ de by? — 
Puisque Dieu est un, pourquoi dit-on qu’il a un fils?, m. à m. Dieu 
unique être, pourquoi fils avoir — partic. euph. — dire. 

100. — L’adverbe de quantité, «combien», est #’a-0° ou a°-n0°. Ex. : 

Ts'ou Æa-no? tch'é* beu®? combien y a-t-il d'hommes? 

Ni ka-no® ou? lou? hou? quel âge as-tu? m. à m. toi combien 
années écoulées. 

101. — L’adverbe de temps, «quand», est #’a-'o* ou halo. Hs 

Ni ha?l'o* dou'-lé*? quand viendras-tu ? 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 699 


Rem. — Lorsque l'interrogation est plus précise, on peut employer 
l'expression adverbiale £a f’it-La, en quel temps ? 

102. — L’adverbe de lieu, «où» est #’a-leu! où La°-leu', Ex.: 

Ne ha°-leu! Ui°7, où vas-tu ? 

Rem. 1. — On peut dire également La 4°, où aller?, au lieu 
de 4a°-leu! li, 

Rem. 2. — D'où se rend par 4a°-leu'-mou*, où ha*-leu'-tcho*, ou 
ha-leu'-mou*-tehoÿ. 

105. — Voici une liste d’autres adverbes fréquemment employés 
en a-hi. 

ki'-zeu* ainsi, de cette manière dé*-dé* lentement, peu à peu ; 

seu laÿ-lo ; 7 

seu-seu' na'-na* promptement. 

seu-seu'-yé* } de même, pareillement *0 beaucoup; abondamment, 

k'o! t*-myé' premièrement; d’abord. 

&'o'-yé l'eu*-l’eu* à la fois; ensemble. 

a“-nè* maintenant Bil-tal ici. 

keu* d'i-ha en ce temps-là i*-l'ou* dessous. 


it-do* ensuite, après. 


XIII. —- Postpositions. 


104. — Les postpositions, qui tiennent en lo-lo la place de nos 
prépositions, sont peu nombreuses: voici les plus employées en a-hi: 

1° Dyit ou vi, «de», marque du génitif. Cf. $ 29—31. 

2° Djou*, «à» marque du datif; ne s'emploie qu’ avec le verbe 
byé*, dire. Ex.: 

deeu*-mou* keu\-hi% djou* ka%-mi' byé*?, que leur a dit le mandarin? 
m. à. m. mandarin eux à quoi dire. 

30 Pyé «avec». Ex.: 

Ni go pyé* Dof-sat-koué* dyé? dyé? — Viens-tu avec moi à 
Yun-nan-sen?; m. à m. toi moi avec Yun-nan-sen monter monter, 

49 X'a*, «sur, dessus, en haut de». Ex.: 

Mou* £a, au ciel; 

Mi-nyé* ka, sur terre; 

Tso'-4se® Æ'a°, sur la table. 


656 ALFRED LIÉTARD. 


59 Mou*; mou-k’a®; mou*-tcho; tcho°; «de», marquent le point de 
- départ. Ex.: 
Go Do“-sa-koué* mou* dou'-lé?, où go? Do“-sa“-koué* mou“-tcho? 
dou'-lé?, ou go Do-sa*-koué* tcho° dou'-lé?, je viens de Yun-nan-sen. 
Ki tsou\ ni'-mo mou*-k'a* dou'-lé*, ce péché vient du cœur. 
6 Zeha', devant, en présence de. Ex.; 
zeu*-mou* tcha', devant le mandarin. 
70 Va!-bo*, auprès de, à côté de. Ex.: 


Daeu*-mou* va'-bo* keu, s’agenouiller à côté du mandarin. 


XIV. — Conjonetions. 


105. — Les conjonctions n'existent pour ainsi dire pas en lo-lo. 
En a-bi, je n’en connais que deux: 6°, avec le sens vague de «et, 
même», et #yé*, c’est-à-dire, «ainsi, aussitôt». On peut du reste toujours 
les supprimer. Ex.: 

Keu\-hi* teu’-do* beu?, a*-seu' né* beu*, nous souffrons les mêmes 
maux qu'eux; m. à m. eux dommages avoir, nous et (aussi) avoir. 

Aë-seu' Mou“-sa*-p'0o* dou* nô', kyé* nyé'-n0 ho ts’eu”, en obéissant 
à Dieu, on peut vaincre le démon; m. à m. nous (de) Dieu paroles 


écouter, ainsi démon vaincre pouvoir. 


XV. — Particules banales. 


106. — Une des particularités des dialectes lo-lo est le large 
emploi de particules dépourvues de sens, qui paraissent jouer dans 
la phrase un rôle purement euphonique. 

107. — Nous avons déjà (ef. $ 5) des voyelles a et é qui s’ajou- 
tent à certains mots terminés en 0, en ex, en 0, et qui donnent à 
cette voyelle la valeur d’une semi-voyelle. Ex.: 

lou', raccommoder, donne éoué! (lwé!); 

ngou', falloir, donne xgoua' (ngwa'); 

ho*, marque du passé, donne 4oa° (wa*). 

108. — La particule «* s'ajoute fréquemment au verbe à la fin 
d’une phrase et est nettement détachée. Ex.: 


Yé?-sou' jou ho, ki Fou? l'ito keu-ho* ts'eu” Fou? lou* a”; 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 657 


cette année, il y a 1910 que Jésus est né; m. à m. Jésus né 
(marque passé) cette année un-mille neuf-cent dix ans écoulés. 

119. — Cette particule s'ajoute spécialement aux verbes ou aux 
adjectifs en e4, 0, à qu’on emploie seuls dans une réponse affirmative. Ex.: 


Ho* is'eu”, pouvoir vaincre; ou 4o* ts’eu° a, 


Feu*, propre; ou feu* a*. 

Di? di? — Di «?, est-ce suffisant? — Ca suffit. 

Beu* beu*? — Beu’ a, y en a-t-il? — Il y en a. 

Rem. 1. — Si la réponse est négative, ou n’emploie pas la par- 
ticule finale a°. Ex.; 

A* di, ça ne suffit pas; et non a* di 4°; 

A“ beu”, il n’y en a pas; et non a beu? af. 

Rem. ?. — Cette particule peut toujours être supprimée sans 
nuire au sens ni à l'élégance. 

110. — Il existe toute une classe de particules euphoniques qu’on 
peut toujours supprimer sans nuire à la clarté du sens, mais dont 
l'emploi donne à la phrase, pour une oreille lo-lo, plus de vivacité 
et d'élégance. Elles n'ont par elles-mêmes aucun sens, ou perdent 
du moins, dans cet emploi, celui qu'elles pouvaient avoir à l’origine. 

Ces particules, plus ou moins nombreuses suivant les dialectes, 
sont les suivantes en a-hi: /*, dé°, o! (prononcé Lo! dans certains 
villages), yé* et zo*. Cette dernière z0* avec la première /6° sont les 
seules qui aient, en soi, un sens propre. Zo*— petit, enfant, fils; 
lé — venir, à. Mais ces sens disparaissent dans leur emploi comme 
particules euphoniques. Ex.: 

S0° a*-seu' lé” no! 16°, Fa-zeu* dou'-k'ou? d ngoa'?, si quelqu'un 
nous interroge, comment faut-il répondre? ; m. à m. autrui nous 
interroger comment répondre falloir. 

Nit-ou? mi'-vé* o! qou’ a* di; tcha?-tcha? 20 Mou* sa{-p’o* dou* 
20% 0! byé* ngo'; n0°-ts'e*-p'o* 20* 0! Heu ngoa!, il ne faut pas faire 
de pratiques superstitieuses ; il faut prier Dieu et appeler le médecin; 
m. à m. pratiques-superstitieuses faire ne-pas pouvoir; très-bien (de) 
Dieu paroles dire falloir; médecin appeler falloir. 

111. — Zé* s'emploie surtout après le sujet ou à la fin de la phrase. Ex.: 

A*-seu° 16% mou mi gou°? — Mou* sa*-p'o* lé? gou’, — qui a 


créé le ciel et la terre? — C'est Dieu. 


658 ALFRED LIÉTARD. 


112. — Dè* s'emploie de préférence avant un verbe simple, sur- 
tout avant ÿyé*, «dire». Ex.: 

Keu\ mo° Muÿ-rit-a° dè mé°. — Fa mère s'appelle Marie; 

Ka“-mi'-do* 20% beu* dè* byé°? — Pourquoi dit-on qu’il a un fils? 

113. — O! s'emploie surtout avant le verbe gouverné par un 
autre verbe exprimant le pouvoir, la causalité. Ex.: 

O1 go di di? O! go di. — O0! go aà* di. — Peut-on faire? 
On peut faire. — On ne peut pas faire. 

114, — 7Zo* peut s'ajouter soit à certains substantifs, soit à la 
numérale spécifique de certains substantifs, soit à certains adjectifs 
ou adverbes. Ex.: 

Mou“ sa#-p’o* 20%), pour Mou sa p'o*, Dieu; 

lit-tck 6% 20%, une personne, pour #'it-tch'é? ; 

tcha?-tcha” 20°, très-bien, pour /cha?-tcha?. 

Rem. — Excepté pour 40“, ces règles de position ne sont pas 
absolument rigoureuses. 


XVI, — Construction de la Phrase. 


115. — L'ordre des termes dans la phrase lo-lo est le suivant: 
1° sujet; 2° complément; 3° verbe. Le régime du substantif précéde 
le substantif et l'adjectif qualificatif le suit. Le compliment indirect 
se place avant le complément direct. Ex.: 

Go Pé'-to-lou' djo*, j'aime Pierre; m. à m. moi Pierre aimer. 

Mi'-leu* dzeu*-mou* yi*-mo% ts'eu’-lou* Pé'-to-lou' keu' ba* fa? Loa?, 
le mandarin de Mi-lé a puni le père de Pierre d’une amende de 10 
ligatures; m. à m. (de) Mi-lé (le) mandarin sapèques 10 ligatures 
Pierre (de) lui père punir-partic. du passé. 

116. — Le sujet, — substantif ou pronom —, d’une phrase inter- 
rogative peut fort bien, pour donner plus d’emphase à l’interroga- 
tion, se placer après le complément du verbe. Ex.: 

Mou* mi af-seu’-leu y0°?, qui a créé le Ciel et la terre? m. à m. 
Ciel terre qui faire. 


1) Cette expression peut aussi avoir le sens de «le fils de Dieu». 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO, 699 


Go-h* ts'ou” Mou“-sa*-p'o* g0* l6* ngeu* ngeu°?, est-ce Dieu qui 
nous à créés?, m. à m. nous hommes Dieu faire être être. 

Tcha*-204, U'-ki, Alo%-bo* Mou“-sa-p'o* go ngeu* ngeu°?, est-ce 
Dieu qui a créé les étoiles, le soleil et la lune?, m. à. m. étoiles, 
soleil, lune, Dieu faire être être. 

Rem. — Ces deux derniers exemples nous montrent la manière 
de rendre en a-hi nos phrases interrogatives commençant par «est-ce» ? 

117. — Il arrive, mais assez rarement, que le complément indi- 
rect sait énoncé après le complément direct. 

118. — Les particules indiquant le présent, le passé et le futur 
se placent après le verbe, à la fin de la phrase: elle en font du 
reste, en quelque sorte, partie intégrante. 

119. — Lorsqu'un verbe, exprimant par exemple le pouvoir, la 
possibilité, la causalité, etc, gouverne un autre verbe, il se place 
après ce verbe. Ex.: 

byé* di?, on peut dire; m. à m. dire pouvoir. 

120. — On aura remarqué que nous n’avons pas mentionné les 
pronoms relatifs: c’est qu’en eflet ils n’existent pas en lo-lo. Les 
propositions relatives se placent purement et simplement après leur 
antécédent. Ex.: 

Mou“-su*-p'o*, 11-563 fou”-mo° ngeu’, geu*-mo* a* Leu”, Dieu, qui est 
un pur esprit, n’a pas de corps, m. à m. Dieu, esprit pur être, 


corps, ne-pas avoir. 


De même que pour faciliter les recherches dans le Dictionnaire, 
je le ferai précéder de textes avec mot-à-mot et traduction littérale, 
pour mieux faire saisir le génie particulier de ce dialecte A-hi. 

Le dialecte A-hi n’est fixé par aucune écriture. 

Pour ce qui concerne le langage journalier, on trouvera dans le 
Dictionnaire de nombreux exemples, qui en donneront une idée 
très-exacte. 

Pour les sujets de plus longue haleine, je reproduirai d’abord avec 
l'orthographe adoptée ici la Parabole de l'enfant prodigue, (parue 
dans le Bulletin de l’Ecole-Française d’'Extrême-Orient T. IX, n° 5, 
Juillet—Septembre 1909). 


660 ALFRED LIÉTARD, 


Parabole de l'enfant prodigue. 


Ts'ou®  L'it-ich'és zo* ni*-ich'é* beu’, Zo* na leu! keu' ba“ 
Homme un fils deux avoir. Fils petit celui-là (de) lui père 


djou® byé®: A'-ba*, go dy Aô'-pou  jo* go gou* lé*. Keu' ba* 
à dire: Père, moi de héritage prendre moi donner. (de) lui père 
keu' dy A5'-pou” vi keu' geu* ko°, K’a-no0° nyi a* lou’, 

lui- de héritage partager lui donner. Combien jours pas écoulés, 


zo* na'-mo° keu' dyi* ho!-pou  fou'-fou® vou* ho’. To  go’-la do’, 


fils petit lui de héritage tout vendu. Argent ramassé, 
mil-vit-vi® dou\ do?. 

loin sortir. 

Keu°-sè°, dou*-dou' keu'  L'o° (50 ; Jou'-fou ts0 


Là-bas, à-tort à travers (de) lui argent gaspiller;, tout gaspiller 
keu% ho 2#-do*, keu’-sè lou'-ngou* a* tcha?; keu' dzo* 10°  a* 
finir après, là-bas récolte pas bonne; lui manger à  ne-pas 
beu, so  p'yé? vyé?  lou!, o%po° ny to®-lé,  Vyé? 
avoir, autrui pour cochons paître, ventre affamé devenir. Cochons 
jo 
nourriture désirer manger même, autrui prendre lui ne-pas nourrir. 


3 3 4 


ts0° ngou'  dz0* né, 50 keu' a cho. 
Keu li-ha keu! ni'-mo° ki-zeu* deu“: g0° ba cha 


Alors lui cœur ainsi songer: (de) moi père en-présence 


L — Un homme avait deux fils. Le plus jeune fils dit à son 
père: Père, donne moi ma portion d’héritage. Son père ayant fait 
le partage, lui donna sa part. Après quelques jours, ce jeune fils 
vendit toute sa part d’héritage; et ayant recueilli son argent, il 
s’en alla au loin. | 

Là, il gaspilla malhonnétement son argent. Ayant tout gaspillé, 
il arriva qu’en ce pays la récolte fut mauvaise, et il n’eut même 
pas à manger. Il en fut réduit à faire paître les cochons d’un autre: 
il eut faim, tellement qu’il désirait manger la nourriture des cochons; 


mais personne ne lui en donnait à manger. Alors, en lui-même il 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO. 661 


nèut-mo°-ts'ou? k'a-no* tchou°! Keu'-hi* pé”-lé?  dzo* tcha?, Go 
serviteurs combien être! Eux beaucoup manger bon. Moi 
kita! ny po'-tya. Go geuv-yi do”, go ba*  djou* byé*: A'-ba*, 
ici affamé très Moi retourner, moi père à dire: Père, 


go Mou“-sat-p'o* lé* At 16°, n° 6% ki 16° hoa°; ki'-houa” n° 
moi Dieu offenser, toi offenser ; dorénavant (de) toi 
20% 80 EN ; n° go?  j0° ni neu*-mo°-ls'ou l'is- 


fils compter ne pouvoir; toi moi prendre (de) toi serviteur un 
tch'6 mo. Kyé* to dou“-lé* do,  geu’ do.  Keu' ba* mi'-vif-20* 
faire. Aussitôt se lever, s'en retourner. Son père au loin 
keul geu*-lé cha nyi-ngou’, chou’-mé* to°-lé*, 
lui revenir  aperçevoir, compatir devenir. 
Na'-na® tché 9,  keu'  Lé%-reu* tyé-djé*,  keu' djo*-djo* 
Vite courir aller, (de) lui cou embrasser, lui aimer-aimer 


mo’, Keu' zo* Keu' djou* byé*: A\-ba*, goŸ Mou“-sa#-p'o* lé ki té”, 


faire. Son fils lui à dire: Père, moi Dieu offenser, 

ns LES ki té hou: on  z0*  s0 at  d?, Keu' ba“ 

toi offenser:  (de)toi fils compter ne pouvoir. Son père 

neut-mo%-ts ou"-hi djou byé*: Na'-na° Ha%-b% tsé-mo* jo  dou'lé” 
serviteurs à dire: Vite habits très-beaux prendre venir 


ng0', keu' fi; lyé?-pit jo’, keu' to; Æi-no° jo’, heu} 
falloir, lui vêtir; anneau prendre, lui enfiler; souliers prendre, lui 


pensa: «chez mon père nombreux sont les serviteurs; eux ont à 
manger abondamment; moi ici j'ai faim à en mourir. M'’en étant 
retourné, je veux dire à mon père: Père j'ai offensé et je t'ai offensé. 
Dorénavant je ne puis compter comme ton fils, mais prends-moi 
comme ton serviteur»! Et aussitôt s'étant levé, il s’en retourna. 
Son père l’apercevant de loin qu’il revenait, fut touché de compassion. 

Il courut au-devant de lui, et entourant le cou de son fils, 
il l’embrassait, Son fils lui dit: «Père, j'ai offlensé et Dieu et 
toi; je ne puis plus compter pour ton fils». Son père dit aux 
serviteurs: Apportez vite de beaux habits pour l’en revêtir, prenez 


un anneau et lui enfilez au doigt; prenez des souliers et l'en 


662 ALFRED LIÉTARD. 


to.  Lo-bou'-204 1s'0° deu‘-mo? sé  dou'-lé*, a“-seu? ho* dzof. 
chausser. Veau gras celui-là amener venir, nous tuer manger. 
Got 204 cheu* ho, s0* to°-lé3 à°; keu! na? Lo°, cho 0! Lo° a’. 
Mon fils mort ressusciter; lui perdu, retrouvé. 

Tso? dzo* cha?  Vit-ha, 204 rat leu mi-kou' mou geu’-lé?, 

Riz manger en-train alors, fils grand celui-là champs des revenir, 
aiké ko  di-d® li-ha, sa*-né' mou! nô'-djo*. Keu' vi neu‘- 
maison arriver presque alors, flûte soufller entendre, Lui de 
mo-ts'ou L'it-tché keu  dou'-lé* no': 
serviteur un appeler venir interroger: 

A'-k63 at-mi hit beu’? Neut-mo-ts'ou byév: Ni ni‘- 

À la maison quelle chose avoir? Serviteur dire: (de) toi frère 
Fyé% geu’-lé* hou; ni ba  i do,  lo-bou'-20* ts’0° deu*-mo° ho* 
cadet revenu; ton pères’étantréjoui, veau gras celui-là tuer 
dz0*. Zo% rat  onit-ha tolé, aWé% né af geu’-y. Keu' 
manger. Fils grand colère devenir, maison et nepas rentrer. Son 
bat ché Leu lé? keu' lé* keu. Keu' keu' ba* dou‘-k’ou? byé*: 
père courir sortir lui appeler. Lui (a) son père répondre dire: 


+ sl 


Go? L'ano ou? ni ol-ma-mo, mi dou a m0”, 


Moi combien années toi servir, (de)toi paroles nepas écouter faire, 


4 4 


mo at no; mi kizzot né dit-leut jo go ho à 


faire ne pas (avoir); toi chevreau même un prendre (à) moi tuer nepas 


chaussez. Amenez le veau gras, tuez-le et mangeons. Mon fils était 
mort, il est ressuscité; il était perdu, le voilà retrouvé! Et tandis 
qu'ils festoyaient, le fils aîné revint des champs. Alors qu'il allait 
arriver à la maison, il entendit le son de la flûte. Appelant un de 
ses domestiques il lui demanda: 

Que se passe-t-il à la maison? Le serviteur répondit: ton frère 
cadet est revenu; ton père s’en étant réjoui a fait tuer le veau 
gras pour festoyer. Le fils aîné fort en colère, ne voulut même pas 
entrer. Son père courut vite l'appeler. 11 répondit à son père: je te 
sers depuis tant d’années! et tes paroles il n’en est pas que je n'ai 
pas écoutées; or tu n’as même pas tué un chevreau en mon hon- 


NOTIONS DE GRAMMAIRE LO-LO, 663 


dz0* mo. Keu! keu! dyit ho'-pou dou*-dou' a*-ka* {so ho*, 


manger faire. Lui lui de héritage malhonnètement gaspiller, 


geus-lé, n& lo-beu'-20* 1s°0° den*-mo* lé* ho keu' tcho. — Keu' ba* 
revenir, toi veau gras celui-là tuer lui nourrir. — Son père 


LE3 byés: Go 204, nm ka-no ou go pyé* lcheou’ 18, go? 


dire: mon fils, toi combien années moi avec être, (de) moi 
neu*neu* fou'-fous n° dy ngeu. NS nit-kyé*  cheu’ ho s0*-Loÿ-lé, 
affaires tout toi de être. Ton frère-cadet mort  ressusciter, 
keu! na? ho, chô 0! ko, a li a di? a’, 


lui perdu, retrouvé, ne pas se réjouir ne pas pouvoir. 


neur. Lui, ayant gaspillé malhonnêtement son avoir, revient; et tu 
lui tues le veau gras. À quoi son père dit: Mon fils: tu es avec 
moi depuis tant d’années, c’est vrai; mais tout ce que j'ai est à 
toi. Ton frère cadet qui était mort, est ressuscité; il était perdu, 
le voilà retrouvé. On ne peut pas ne pas se réjouir. 





DEUX TITRES BOUDDHIQUES PORTÉES PAR DES 
RELIGIEUX NESTORTENS 


PAR 


PAUL PELLIOT. 





Le P. Havret est mort en 1901 sans avoir pu mettre la dernière 
main au travail si intéressant et si minutieux qu’il avait consacré 
à l'inscription chrétienne de Si-ngan-fou. Toutefois, dès 1897, *) il 
avait obtenu du P. Cheikho un déchiffrement et une traduction des 
notes syriaques qui se trouvent sur les diverses faces de la stèle, 
et les six pages de cette étude ont été jointes au fascicule où les 
jésuites de Zi-ka-wei ont pieusement édité les notes laissées par 
leur regretté confrère. ?) 

Le premier personnage dont ait eu à s'occuper le P. Cheikho 
est l’auteur même de l'inscription, le religieux Adam, qui avait pris 


le nom chinois de + À King-tsing.*) En syriaque, cet auteur 


1) Cf. Variétés sinologiques, n°. 12, Havret, La stèle chrétienne de Si-ngan-fou, Ie 
partie, 1897, p. 210. 

2) Variétés sinologiques, n°. 20, Havret, La stèle chrétienne de Si-agan-fou, IIIe 
partie, 1902. Une nouvelle étude sur la stèle de Si-rgan-fou, publiée par un Japonais, est 
signalée dans B.E£.F.E.-0, X, 131; il est tout à fait improbable qu’elle dise rien de la 
partie syriaque. 

3) Je rappelle que Käing-tsing est encore connu, grâce à une heureuse trouvaille de 
M. Takakusu, comme traducteur d’un traité bouddhique sur les six paramita (cf. T’ourg 
Puo, VIl, 589—591). Son nom se rencontre en outre dans la note finale de l’Xloge de 


la Sainte Trinité que j'ai retrouvé dans la grotte de Touen--houang et qui est aujourd’hui 


DEUX TITRES BOUDDHISTES. 665 


est qualifié de «Adam, prêtre et chorévêque et papas de Chine»; 
telle est du moins la version du P. Cheikho. 

Un seul titre fait difficulté, celui de papas. Le P. Cheikho ex- 
pliquait au P. Havret que, «dans les premiers siècles de l'Eglise, 
le nom de pape était donné indifféremment aux patriarches, aux 
évêques et même aux prêtres»; et il rappelait les papas des Grecs 
modernes et les popes russes. !) Le P. Havret s’est rangé à l'avis 
du P. Cheikho. Cette solution, en dehors de toute autre considéra- 
tion, *) prête cependant à une objection capitale: l'inscription de 
Si-ngan-fou ne donne pas papas, mais incontestablement papëi, °) 
qui ne se ramène pas à papas. C’est ce qui avait conduit le P. 
Heller *) et M5° Lamy ‘) à supposer pour papäi, qui n’est pas syria- 


que, uue origine étrangère, en fait chinoise. 


conservé à la Bibliothèque Nationale (ef B.£. F.E.-0., VIII, 519; le texte a été édité en 1909— 


1910 dans le 2° fascicule du 2% jé Æ ÉA JE E Touen houang che che yi chou). 


1) Stèle chrétienne, AII° partie, p. 8. 
2) Ce titre de «papas» appliqué à Adam, prêtre et chorévèque, c’est-à-dire n’ayant 
même pas le caractère épiscopal, ne va pas de soi. En tout cas, il faut absolument re- 


« 


noncer à rapprocher le titre donné ici à Adam de celui de fa-wang, “roi de la loi,, ou 


plutôt &E K *E +. «grand roi de la loi, gardien du royaume», qu'avait 
porté au VIle siècle le nestorien Fnÿ SË LN A-lo-pen. Wyiie, suivi par Schlegel (Die 
chinesische Tnschrift auf dem uiqurischen Denkmal in Karabalgassun, p. 64), s’est mépris 
à ce sujet. 

3) Ou fapsi, l'écriture syriaque de l'inscription ne distinguant pas entre f et p. 

4) Heller, Das nestorianische Denkmal in Singan-fu (dans Zeitschr. für Kath. Theol., 
Innsbrück, 1885, pp. 111, 123); Prolegomena zu einer neuen Ausqabe der nestorianischen 
Inschrift von Singan-fu, dans Verhandl. des VII intern. Orient. -Congresses gehalten in 
Wien im Jahre 1886, Vienne, Hôlder, 1889, pp. 45—46; Beleuchtung der Bemerkungen 
Külnerls zu meinen Schriften über das nestorianische Denkmal zu Singan-fu, dans W. Z. 
K. M, 1895, 312—313; Das nestorianische Denkmal in Singan-fu, Budapest, 1697, 
in-4°, pp. 42—43. Il me paraît inutile de discuter ici les objections confuses et contra- 
dictoires que M. Kühnert a opposées au P. Heller dans W.Z. K. M., 1895, pp. 26—43. 

5) Mgr. Lamy, Le monument chrétien de Si-ngan fou, en collaboration avec A. Gueluy 
(forme le 6° fase. du t. LIII des Mém. de l’Acad. roy. de Belgique), 1897, p. 99. Mgr. 
Lamy hésitait, d’après la photographie dont il se servait, entre «papaschi» et «papaschah». 
Le P. Havret (Sfèle chrétienne, TITI, 8) lui répondit qu’il aurait pu consulter la photolitho- 


graphie des l'ariétés sinologiques, «dont les traits sont parfaitement formés». Ceci est exact, 


666 PAUL PELLIOT. 


MS8' Lamy ne fit pas d’hypothèse personnelle. Par contre, le 
P. Heller s’adressa à von der Gabelentz, qui lui suggéra %£ Elf 
fa-che (*fäp-8i) où #kR Æ Ja-che (*fäp-j'i).*) Le P. Heller garda 
fa (*fäp), mais rejeta ff che et — che, parce que ces expressions 
signifieraient «maître», et que, parmi les 76 religieux nommés au 
bas et dans les marges de l'inscription, et dont beaucoup devaient 
être des «maîtres», il était inadmissible que ce titre de fa-che, 
«maître», fût attribué au seul Adam. Après avoir songé à une 
combinaison %£ 5h fa-che, qui aurait signifié «<annaliste de la 
Loi», le P. Heller se décida en faveur de “E F] fa-sseu, disant 
que sseu se prononce également &, et interprétant cette expression 
par <surveillant de la Loi». 

Le P. Havret n’accepta pas l'hypothèse du P. Heller, pour deux 
raisons: d’abord à cause de ce que le P. Cheikho lui disait de 
papas, et aussi parce que «à l’époque des T'ang, nous ne rencon- 
trons pas une seule fois un caractère chinois prononcé aujourd'hui 
fa, pris pour le son pa ou pap dans les transcriptions bouddhiques 
faites à Si-ngan-four. En note, le P. Havret ajoutait, en s'appuyant 
sur la Méthode pour déchiffrer et transcrire les noms sanscrits de 


Stanislas Julien, que «les caractères qui alors représentaient le pa 


sanscrit, étaient JX , &K, x ; FE EL et autres semblables». 


mais ces traits donnent papèi, et on ne comprend pas pourquoi le P. Cheikho, qui écrit 
correctement papi en syriaque et en caractères hébreux, transcrit papas en caractères latins. 
1) Heller, Das nestorianische Denkmal, 1897, p. 42; je ne cite que ce dernier travail, 


où le P. Heller a développé ses hypothèses; en réalité elles se trouvent déjà dans son 


étude de 1885. Von der Gabelentz n’avait indiqué la forme ancienne que de “+ *fap ; 
pour les deux autres caractères, il les eût lus uniformément à, ayant toujours négligé la 
différence essentielle des initiales sourdes et sonores, qui se complique ici, dans un des deux 
cas, d’un passage d’explosive à spirante. La marque de brève employée par von der Gabe- 
lentz dans *fäp est certainement inutile, et peut-être fautive. Le P. Heller a de son côté 
restitué des “prononciations anciennes pour les noms chinois de tous les moines, et lui- 
même reconnaît (p. 59) que ces restitutions sont parfois hypothétiques; elles sont en 
réalité de la plus déconcertante fantaisie. Je note par l’apostrophe le yo; cette notation 


est provisoire. 


DEUX TITRES BOUDDHISTES. 667 


On a vu plus haut sur quelle confusion de formes reposait 
l'opinion du P. Cheikho. L’argument tiré de la Méthode de Julien 
ne vaut pas mieux. Cette Méthode, qui a rendu des services, est 
aujourd'hui tout à fait surannée; elle coupe arbitrairement les por- 
tions de mots étrangers que chaque caractère chinois est censé 
transerire, et ne tient aucun compte de la prononciation qu’avaient 
ces caractères à l'époque des T'ang. Des signes comme YY po 
(pa), 2 N po (*pat et *par), ik pa (*bat et *bar), FRE pan (*pan), 
EL pa (*pa) transcrivent en réalité des mots ou portions de mots 
très différents, qui ne sont pa que pour le premier et le dernier. 
Et puis, il ne s'agissait pas de rendre en chinois un son étranger 
pa ou pap, mais éventuellement de transcrire en syriaque un son 
fa, ou plutôt */ap. Surtout le P. Havret ne paraît pas avoir 
remarqué que l'écriture syriaque de l'inscription ne distingue pas 
entre f et p, et que c’est le même signe que le P. Cheikho transcrit 
tantôt par p, tantôt par f; papsi peut done bien être fapëi, et 
l'est certainement si ce mot transcrit une expression chinoise com- 
mençant par #Æ ja (*fap). 

Or je crois bien que tel est le cas, mais autrement que ne 
l'entend le P. Heller. Son *E HF] Ja-sseu, «surveillant de la Loi, 
est une expression qu’il forge de toutes pièces; elle ne s’est, je crois, 
jamais rencontrée, au moins dans cet emploi. De plus, il est inexact 
que F] sseu ait aussi une prononciation #;; la prononciation ancienne 
du caractère est *sy, en notant par y une voyelle de timbre sourd 
qui ne yodisait pas la sifflante précédente comme dans les mots de 
type si (*s'i); jamais, dans les temps historiques, ce mot n'a été 
prononcé avec la chuintante de papèi (fapèi). La seconde objection 
ne vaut pas coutre l'hypothèse à laquelle le P. Heller avait tout 
d’abord songé : #E 1 fa-che (ffap-$i), <annaliste de la Loi». 


Ceci serait phonétiquement possible, mais l’autre difficulté reparaît: 


668 PAUL PELLIOT, 


l’«annaliste de la Loi» est lui aussi une combinaison arbitraire, et 
encore moins admissible que le «surveillant de la Loi». 

Restent les deux hypothèses de von der Gabelentz. Une forme 
“E Æ fa-che (ffap-j'i) n'est pas impossible en chinois, et l’objec- 
tion phonétique ne serait pas insurmontable, Mais ce n'est pas là 
une nero usuelle, et nous avons mieux avec *E ÉTb fa-che 
(*fap-‘i). Cette fois, tout concorde. La correspondance phonétique 
est parfaite, et nous tenons enfin, ce qui est presque l'essentiel, 
une forme réellement et constamment usitée dans la langue religieuse 
de la Chine. «Maître de la Loi», c’est le titre des maîtres boud- 
dhistes. Que des nestoriens l’aient adopté, nous n’en serons pas 
surpris quand nous leur voyons prendre, dans la partie chinoise de 
l'inscription, les titres non moins bouddhiques de (2 seng, <moine», 
qui est le sanscrit saigha, ou de K 1& ta-tù, <grande vertu», 
qui répond régulièrement au sanscrit bhadanta. Et si le P. Heller 
objecte qu'il devrait y avoir, dans la longue liste des religieux nes- 
toriens, d’autres «maîtres de la Loi» qu’ Adam, j'avoue qu’en tout 
état de cause cet argument négatif ne me paraît pas avoir grande valeur. 
Mais nous devons aussi nous rappeler le rôle que le prêtre nesto- 
rien Adam a joué comme traducteur d'œuvres bouddhiques, et nous 
pourrons admettre que c'est à ces relations avec les «maîtres de la 
Loi» bouddhistes qu'il devait d’avoir pris ou reçu pour lui-même 
leur titre le plus ordinaire !). 

Ainsi papèi (fapèi) ne serait autre que le titre bouddhiste de 
*E ÉD Ja-che (*fap-$'i), «maitre de la Loi». La vraisemblance de 


cet emprunt me paraît corroborée par un second terme employé 


1) Ce titre de “maître de la Loi, est appliqué à un religieux manichéen dans 
l'inscription de Kara-balgasoun (ef. Schlegel, Die chinesische Inschrift auf dem uigurischen 
Denkmal in Karabalgassun, Helsingfors, 1896, p. 48). En ce qui concerne Adam, je me 
demande si précisément le génitif “de Chine, qui suit le titre de fap$i ne porte pas exclu- 
sivement sur ce dernier titre, et n’indique pas par là-même que c’est en Chine qu’ Adam, 


prêtre et chorévêque, avait reçu cette nouvelle appellation. 


DEUX TITRES BOUDDHISTES. 669 


dans la partie syriaque de notre inscription. Sur la face de droite, 
nous trouvons indiqué, dans la traduction du P. Cheikho, un 
«Marsargis, prêtre et chorévêque de Schiangatsoa» ; ce «Schiangatsoa» 
n’est pas autrement expliqué. Le P. Heller à lu «schiangtsue», et a 
supposé un original chinois: «Ce mot, dit-il, ne peut pas être un 
nom de lieu, comme <«chorévêque de Schiangtsue», ni un second 
titre; dans le premier cas, il faudrait avoir la marque du génitif, 
et dans l’autre le mot «et». Le mot chinois est peut-être # + 
hiang-êu, où AFS ET hiang-sau (Canton), kiang-s0, hiang-tschä(Swatow), 
et serait la traduction tout à fait littérale de Xwp-erioxomoc, si on 
pouvait constater que hiang, <village», s'est prononcé jadis ang.» 

L’objection faite par le P. Heller contre «Schiangtsue», nom de 
lieu, me paraît tout à fait sérieuse; la marque du génitif, en fait 
d placé devant le mot au génitif, est nécessaire, et n’est jamais 
omise dans l'inscription. Il y a moins de difficulté à admettre un 
second titre, qui, étant au même cas que le précédent, peut, à la 
rigueur, se passer de «et». Même l'hypothèse du P. Heller revient 
un peu à cela; son hiang-u, mis comme une sorte de traduc- 
tion à la suite de chorévêque, sera difficilement accepté comme 
une simple apposition. Bien plus, on trouve, sur la face principale 
de la stèle, la mention de Mar Hnani$o, <catholicos et patriarche» ; 
le P. Cheikho tout comme le P. Heller') admettent bien qu'il s’agit 
de deux titres; or ils ne sont pas séparés par la conjonction «et». 

Je pense donc que la forme syriaque dissimule un titre, et que 
ce titre non syriaque est chinois. Maïs je ne crois pas au «chef 
de village» du P. Heller. On attend un titre religieux. De plus 
hiang-tchou et hiang-cheou sont l'aboutissement moderne, à peine 


altéré, de prononciations anciennes L'ai-&'u et L'ai-$'eu ?), auxquel- 


1) Cheïkho, Zoc. laud., pp. 1, 6; Heller, Loc. laud., p. 36. 
2) Le yod, qui affaiblissait & en & devant » et », n’a jamais produit ce résultat 
devant n. 
+ 


670 PAUL PELLIOT. 


les ne saurait répondre «schiangtsue». Ici encore, il me semble qu’on 
doit chercher du côté du bouddhisme. Le syriaque porte en réalité 
fiangtsua; or c’est exactement ainsi qu'on peut s'attendre à voir 
transcrit, par quiconque avait l'oreille un peu fine, le titre de À 
PA chang-tso, qui répond au sanscrit sthavtra et désigne le supé- 
rieur des couvents. La prononciation ancienne de chang-tso est Z’ax- 
tswa, car les tables du Æ’ang hi tseu tien attestent, d’une part que 
toutes les chuintantes étaient yodisées, d'autre part que MX 10 
rentre dans la catégorie des mots prononcés «la bouche fermée» 
(& ET ), c’est-à-dire avec insertion d’une semi-voyelle labiale. La 
correspondance est si parfaite que la solution me paraît s'imposer. 
Le chorévêque Marsargis devait être le supérieur d’un couvent 
nestorien. !) 

Si mes hypothèses sont justes, il en résulterait qu’à côté des 
titres bouddhistes que nous voyons employés en chinois par les 
nestoriens, ceux-ci avaient encore adopté, même dans leur langue 
maternelle, quelques titres usuels du pays où ils s'étaient établis, 
et en particulier ceux de fa-che, «maître de la Loi», et de chang- 


tso, «supérieur de couvent». 


» 
1) Le chang-lso ne se confond pas avec le + +Æ sseu-lchou, “maître du temple,. 


Il y a aussi un sseu-lchou mentionné dans l'inscription de Si-2gan-fou, et qui porte le 


titre de K + EI lai-tck’ang-k'ing. Pauthier ct Dabry de Thiersant ont traduit ce 
titre par “président du tribunal des rites,, Legge par directeur de la Cour des sacrifices». 
Comme ce personnage est donné en syriaque comme archidiacre, le P. Heller (p. 56) 
suppose que l’ai-tckang-k’ing signifie “président des saints usages, et équivaut à “archidiacre, 
pour lui, Pauthier, Dabry de Thiersant et Legge ont dû lire LA lang, au lieu de TE. 
tch'ang, pour traduire comme ils l’ont fait. Il n’en est rien. La Cour des sacrifices est bien 


connue, et c’est une institution purement chinoise. 


Addendum. — M. l'abbé Chabot, à qui j’ai communiqué les épreuves de cette note, 
me fait remarquer que mes hypothèses tendent à montrer que, dans la transcription syria- 
que de mots chinois, toutes les voyelles étaient notées, et que tel fut aussi l’usage dans 
les transcriptions syriaques de mots grecs. Ce rapprochement me paraît fournir un nouve 


argument pour écarter papaëi ou Siangatsoa. 


LES &  KOUO-CHE OU <MAÎTRES DU 
ROYAUME> DANS LE BOUDDHISME CHINOIS 


PAR 


PAUL PELLIOT. 


Dans un colophon important joint à un des textes rapportés de 
la Mongolie méridionale par le colonel Kozlov, et qui date de 1189, 
M. Ivanov ') a rencontré, attribué à des religieux du royaume Si- 
hia, le titre de BB Æovo-che, <maître du royaume», et il a fait 
cette remarque: «Il est intéressant de noter l'existence de ce titre 
pour des religieux chez les Tangut. En Chine, comme on sait, il 
n'apparaît qu'à l'époque mongole.> M. Chavannes,?) qui a retraduit 
avec raison ce même colophon, s’est borné à signaler qu'il était 
intéressant de trouver dans le royaume Si-hia «cette institution des 
maîtres du royaume qui est bien connue à l'époque mongole». 

Il est exact que le titre de «maître du royaume» est surtout 
connu de la sinologie européenne pour l’époque mongole, mais cela 
tient à une circonstance fortuite: il fut porté par le célèbre lama 
’Phags-pa, l'ami de Khoubilaï-khan et l'inventeur de l’«écriture 


carrée» des Mongols.*) En réalité, l'institution des «maîtres du 


1) Séranitsa 1z istorii Si-sya, dans Izvéstiya imperatorskoi Akademii Nauk, 1911, p.835. 
2) Toung Pao, IT, XIL, juillet 1911, p. 444. 
3) Cf. par exemple Nanjio, À Catalogue of the Buddhist Tripitaka, App. IT, n°.169. 


672 PAUL PELLIOT. : 


royaume» remonte beaucoup plus haut. Il suffit de consulter le 


4 il À M Fo tsou t'ong ki pour le voir porté, sous les Tang 
par exemple, par un moine célèbre du Wou-t'ai-chan, VE Fa] T’eng- 


kouan, *) sous l’année 810°?), ou, comme titre posthume, par HE 


2 Wou-ye en 822 *); puis, sous les Song, en 972, par le moine 
du T'ien-t'ai ph 7 Tü-chao *). 2e Ts'eu-hien était «maître du 
royaume» sous les Leao (967—1126). *) On trouverait d'autres exem- 
ples sans peine. 

Le BK Hi Fo kiao tseu tien (Bukkô jiden), publié en 
1895, nous permet d'aller plus loin. °) S'appuyant sur le L2 = 
Yao lan”) et le fe 5 EX Seng che lio, *) il montre que le titre 


1) Teng-kouan est le grand commentateur de lAvafamsakasütra (cf. Nanjio, Catalogue, 
n° 1589, 1590, et App. If, n°. 37; et S. Lévi, Nofes chinoises sur l'Inde, dans B. E. F. E.- 


O., 11, 248). Nanjio qui, à la col. 350, fait mourir T’eng-kouan en 806, indique plus 


vaguement 806—820 dans l’appendice III. La première date était sûrement fausse, car 


on a ume inscription de T’eng-kouan, datée de S11, au ch. 1, f°.11, du Si & Te & 
Æ EX Æ Pao tie tchai kin che pa wei; cf. également, au sujet de ce moine, le Es Th 


Ji 1£ Kouang ts'ing leang tchouan, ch.  [N , #. 4—5. On lit généralement son nom 
T'ek'eng kouan; le premier caractère a en effet les deux prononciations. Mais son nom est 
connu des Tibétains sous la forme 7#eñ-Hvan, avec une traduction Dri-med-gzigs qui équi- 
vaudrait à un sanserit Vimaladrsti; tel est bien en effet le sens du nom chinois (cf. Sarat 
Chandra Das, À Tibetan-english Dictionary, p. 587). C'est cette transcription tibétaine qui 
m’a décidé à écrire T’eng-kouan. 

2) Fo tsou t’ong ki, ch. 41, dans Tripitaka de Tokyo, F4 IX: 84% 

3) Jbid., ch. 42, même édition, f°. 86 v°. 

4) Ibid., ch. 43, même édition, f°. 96 r°. 

5) Cf. Nanjio, Cataloque, App. IT, n°. 166. 


6) Le titre de «maître du royaume» y est l’objet d’une notice sous le mot En louo. 


7) Il s’agit du FE Æ 2. 2 Che che yao lan, ouvrage en 3 ch. publié sous 


les Song par NES IX Tao-lck'eng. X\ en subsiste des exemplaires au Japon, et une 
nouvelle édition doit ètre incorporée au Supplément du Tripitaka de Kyoto; mais elle 


n’a pas encore paru Je n’ai jamais eu accès à l'ouvrage lui-même. 


8) Le Sa che lio ou K R fer 5h 2 Ta song seng che lio, en 3 ch. 


est l’oeuvre de = LUE] Tsan-ning. Sur Tsan-ning, mort en 1001, cf. Nanjio, Catalogue, 
EE 
App. II, n°. 46, et B.E.F.E-0., 1X, 242 (où j'avais raison de révoquer en doute 


l'attribution à Zsan-ning du + Don K £k 15 King yeou tl’ien tchou tseu 


LES KOUO-CHE, DANS LE BOUDDHISME CHINOIS. 673 


de kÆouo-che, «maître du royaume», apparut en Chine dès l’époque 
des Ts'i septentrionaux (550—577), qui le conférèrent à *£ 
Fa-tang. 

Ce titre était-il purement chinois, ou les Chinois l’ont-ils calqué 
sur un original hindou? La question peut se poser. En effet, les 
sources mentionnées par le Fo kiao tseu tien lui ont fourni l’indi- 
cation suivante: Dans les pays occidentaux, il y eut jadis un 
nirgranthaputra ) qui avait étudié et pénétré les trois corbeilles 
et possédait les cinq sciences. ?) Tout le royaume lui rendait hom- 
mage; il illustra ainsi cette appellation». ?) 

Je n'ai pas souvenir d’avoir encore rencontré le passage qui a 
servi ici aux sources du #0 iao tseu tien, mais je crois pouvoir 
confirmer par quelques textes l'existence du titre de «maître du 
royaume» antérieurement aux 75 septentrionaux et en dehors de 
la Chine propre. 

Le moine {8 jf; Seng-yeou*) avait composé vers l'an 500 un 
RE VE Z, FA #4 K 1£ Sa p'o to pou siang tch'eng tchouan en 
5 ch., histoire de la succession des patriarches selon l’école des 


Sarvastivadin, ouvrage aujourd'hui perdu‘), mais dont Seng-yeou 


uan; l’ouvrage est en réalité de J Wei-tsing, sur lequel cf. le ch. 12 du 
y 8 g q IH. 


7 + Ek ff il Tche tchai chou lou kiai li; Æ ht À 1 Kouang ts'ing 


leang tchouan, ch. H , 1°. 3 v°.; Nanjio, Cafaloque, App II, n°. 163, et Watters, 
Essays on the Chinese language, p. 63, où le nom est faussement écrit 4 et Siang- 
tsing). Le Seng che lio doit également être réimprimé dans le Supplément du Tripitaka 
de Kyoto; je l’ai souvent manié dans une édition japonaise moderne, mais que je n’ai pas 
actuellement à ma disposition. 

1) C'est-à-dire un Jaina. 


2) Ce sont les cinq vidya (cabda, ete) des textes hindous. 


3) D Be 2 #0 JE AT 6 SE = JE AE I ON 
Ed Hi 1 73 52 HUj 2. 


4) Sur Seng-yeou, cf. Nanjio, Catalogue, App. II, n°. 6. 

5) L’ouvrage est encore porté au ch. 33 du Souei chou; il ne s’est dont pas perdu 
avant les Tang. Cf. aussi, sur cette liste, S. Lévi, Agvaghosa, dans J. A., juillet—août 
1908, p. 93. 


674 PAUL PELLIOT. 


lui-même nous a conservé la table, extrêmement intéressante, au 
ch. 12 de son Hi — Drg SL #6 Tch'ou san tsang ki tsi'). Toute- 
fois, dans cette histoire des patriarches, Seng-yeou avait omis la 
biographie de 5] fi] SX ƣ Ho-li-pa-mo (Harivarman), et pour 
combler cette lacune de son premier ouvrage, il inséra la biogra- 
phie de ce patriarche au ch. 11 du Tck'ou san tsang ki tsi?): c’est 
à cette circonstance que nous devons de la posséder encore. Hari- 
varman, né 900 ans après le nirvana du Buddha, était le fils d’un 
brahmane de l'Inde centrale: il s’éprit de la doctrine des Sarvastivadin. 
Passant au Sud du Gange, il se rendit dans le Magadha; mais le 
roi de ce pays ne le goûtait pas et promit que, si quelqu'un pou- 
vait battre Harivarman dans la discussion, il élèverait ce vainqueur 
à la dignité de «maître du royaume». Le titre de «maître du royaume» 
existait donc dans l’ancien Magadha. Nous savons en outre, par la 


Vie de Vasubandhu écrite par Paramärtha, que le père de Vasubandhu 
et d’Asañga, un brahmane de la famille Kaucçika, portait, dans son 
pays natal de Purusapura(Peishawer), le titre de «maître du royaume» *). 
Et voilà le titre de «maitre du royaume» attesté pour l'Inde du 
Nord-Ouest. 

De l'Inde, ce titre ne paraît pas avoir passé seulement en Chine. 


En effet deux curieuses notices nous apprennent qu’en 382 le roi 


1) Nanjio, Catalogue, n° 1476, date cet ouvrage de «environ 520 A. D.». M. H. 
Maspero (qui écrit par inadvertance peu ki au lieu de EU ki dans ce titre) a fait 
remarquer (B.Z.F. £.-0., X, 113—114) que Sexg-yeou était mort dès 518, et a cru pou- 
voir déterminer que l'ouvrage avait été publié entre 506 et 512. En réalité, la question 
est plus compliquée qu’il ne l’a pensé, et méritera d’être étudiée en détail; il semble bien 
que Seng-yeou ait remanié son œuvre partiellement à diverses reprises. 

2) Dans le Tripitaka de Kyoto, la liste des patriarches selon l’école des Sarvastivadin 
se trouve dans le #40 27, fase. 10, ff. 671—672, et la biographie de Harivarman, #bid., 
ff. 662—663. 

3) Cf. J. Takakusu, The Life of Vasu-bandhu, by Paramärtha (4. D. 499—569), 
dans Z'oung Pao, 1, V, 2172. M. Takakusu rend #owo-che par «court-priest», ce qui n'est, 


comme il le reconnaît lui-même, qu’un pis-aller. 


LES KOUO-CHE, DANS LE BOUDDHISME CHINOIS. 675 


de la <tribu antérieure» CAT FT) de Eh Bi Æiu-che (Tourfan)!), 
appelé ff] 6 Mi-ti, vint à la cour de Chine?). C’est à cette venue 


que la Chine dut de connaître deux textes importants, un Wahäprajna- 
päramitä qui fut remis à N=) La Tao-ngan*), eb le pu nÿ À + 
#D fff Sseu a han mou tchao kiai, c’est-à-dire Explications sur 
des extraits des ägama, qui sont l’œuvre de Vasubhadra?); le roi Mi-ti 
tenait ce dernier ouvrage d’un eramana étranger appelé FX] LÉ FE 
À Yin-l'i-li-sien (Indriyasena). Or, dans son ambassade, le roi 


Mi-ti avait amené avec lui son louo-che, son «maître du royaume», 


le moine HE, FE Ë 4} LE Kieou-mo-lo-fo-t'i ou hË, FE pra EX 


TE Kieou-mo-lo-pa-t'i (Kumärabuddhi), et c’est Kumärabuddhi qui 


expliqua oralement l'ouvrage sur les ägama à &k fi, = Tehou 


1) La «tribu antérieure» de Küu-che occupait toute la région de Tourfan au sud des 
Tien-chan; le roi avait sa capitale à Yâr. La «tribu postérieure» ( Th) de Kiu-che 
était au contraire au nord des Z‘ien-chan. Cf. par exemple Chavannes, Les pays d’occident 
d'après le Heou han chou, dans T'oung Pao, I, VII, 210—211. Ce sont les tribus 
«antérieure» et «postérieure» de Kiu-che qu’il faut reconnaître dans les «royaumes d’avant et 
d'après» de la liste du athagataguhyasuütra étudiée par M. S. Lévi dans B.E PF. E.-0., 
V, 288—289. M. S. Lévi dit, sur la foi de Nanjio, que cette traduction date de 2S0; 
mais il y a dans Nanjio une inadvertance ou une faute d'impression: le Zck'ou san {sang 
ki tsi (éd. de Kyoto, XXVII, IX, 596 v°.) indique formellement 288. 

2) Cf. Tckou san tsang ki tsi, ch. 8 et ch. 9 (Tripitaka de Kyoto, XXVII, X, 640 
19 6B0:v°.): 

3) Sur ce personnage, auteur du premier catalogue bouddhique dont l'existence soit 
certaine et dont nous ayons des extraits assez copieux, cf. H. Maspero, dans B. £. F. E.-0, 
X, 115. M. Maspero fait mourir Tao-ngan en 380; c’est impossible, car Tao-ngan écrivait 
encore en 383 la préface de Nanjio n°. 1273 (cf. Tripitaka de Kyoto, XX VIT, X, 657 r°.) 
et une notice sur Nanjio n°. 1279 (ef. ibid., fo. 658 r°. et v°.). Quant à son catalogue, 
essentiel pour l’histoire du bouddhisme chinois, il était intitulé RTS FE D] cs H k 
Tsong li tchong king mou lou, en | ch. M. Maspero n’a pu déterminer qu'approximative- 
ment (sous les 7'#ix de la famille Fou, 351—3%95) la date de sa rédaction. On peut 
préciser davantage. En effet le Zck’ou san (sang ki dsi dit (éd. de Kyoto, XXVII, IX, 
629) que le catalogue de Z'ao-ugan fut rédigé la 2° année HF Es Fang-ning des Tsin; 
ce nien-hao n’existe pas, mais le contexte même montre qu'il HU coeer en nes FE 
ning-k'ang, et la 2° année xixg-k’ang correspond à 374 A. D.; c’est dont là la date du 
premier catalogue certain du bouddhisme chinois. 


4) Cet ouvrage subsiste encore; c'est le n°. 1381 de Nanjio. 


676 PAUL PELLIOTM. 


Fo-nien et à 4 TE Fo=hou'). Déjà attesté pour l'Inde et pour la 
Chine, le titre de «maître du royaume» exista donc également en 
Asie Centrale. 

Je ne pousserai pas plus loin cette note pour le moment. Le 
sujet méritera d'être repris en une étude plus complète. Mon but 
pour l'instant a été seulement de montrer que le moine "Phags-pa, 
en devenant <emaître du royaume» sous les empereurs mongols, 


avait eu pendant bien des siècles des prédécesseurs. 


1) Sur Kumärabuddhi, cf. Nanjio, Catalogue, App. IT, n°. 53; sur Tchkou Fo-nien, 
ibid, n°. 58. 


MÉMOIRE SUR LES ANTIQUITÉS MUSULMANES 
DE TSIUAN-TGHEOU % M 


PAR 


GREG. ARNAIZ et MAX van BERCHEM. 


Le présent travail est le résultat d’une longue correspondance 
que j'ai eue avec le R. P. Fr. Arnäiz, de la mission dominicaine d’Anbhai. 
Le mémoire en espagnol a pour seul auteur le P. Arnäiz et je 
suis seul responsable du mémoire en français. Les planches ont été 
exécutées d’après des dessins et des photographies du P. Arnäiz et 
de M. Mencarini, à Amoy. J'ai dû faire un choix parmi ces nom- 
breux documents, qui tous, du moins, ont servi à la rédaction de 
mon mémoire. On excusera les imperfections de ce travail impro- 
visé, telles que les inconséquences de la transcription. J’adresse ici 
l'expression de ma gratitude à MM. Cordier et Chavannes, pour 
leurs précieux conseils, ainsi qu’au R. P. Lagrange, à Jérusalem, qui 


m'a mis en rapport avec le P. Arnäiz. 


M. v. B. 


678 GREG. ARNAIZ. 


Mémoire du P. Arnäiz. 


La actual ciudad dé Choan-chiu Pe Pf FF 1) 


Se encuentra 4 los 24° 54’ latitud N., y 4 los 118° 35° longitud 
oriental del meridiano de Greenwich. Estä situada en una fertil 
plauicie 4 la izquierda de un rio Ilamado Æ%n-khoe & Z ÉY à 
unos siete kilémetros antes de su desembocadura. Fué fundada el 
año 1° del perfodo ÆXïeu-si À\ jf de la dinastia Tang FF (año 
700 de J.-C.) para ser capital de prefectura *) dändola el nombre 
de Bü-iang-chiu nu LA JP 3). Despues fué recibiendo sucesivamente 
los nombres siguientes: Choan-chiu PR JP en 711; Chieng-quan-kun 
Th ni ED en 742; otra vez Choan-chiu en 758; Chieng-quan-kun 
TH 1h pi en 949; Pieng-hai-kun 2 #4 El en 964; Choan-chiu-lo 


FR JM F1 en 1293. En 1294 fué esta ciudad constituida capital 


1) Escribimos los nombres de las poblaciones tal como se pronuncian en la localidad 
respectiva, poniendo tambien las letras chinas para evitar confusiôn. Asi Choan-chiu unos 
escriben Ckin-cheu 6 Chin-chow y otros Tchuer-tcheou, etc. 

2) Conviene tener en cuenta la época de la fundaciôn de la ciudad, pues es distinta 


de la fundacién de la prefectura, la ceual estuvo antes en la actual villa de Lam-oa 


(Nan-an) F4 %. 


Para la concordancia de los perfodos chinos con la era eristiana nos servimos de la 


obra Synchronismes chinois del P. Tchang S. J. 
MT HP # 


5) HF À IX 2c € F4 ZX + EH 

FF 6 gr Æ 2 4E LI 1 M À XX : JG 
A ei ii EP #6 10 1e FE EX SR JM IE FA JE 
FF ER MR ri Ji À 6 PA  4F 
BC FA Æ FE ER MR 2 NA 
LE 16 1 PÉTER =ÆÉ 
BE + A Æ € ER M 7 6 
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SE 
ët D & dl di 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 679 


de la provincia de Æu-kien Th ZH :) hasta 1297, en cuya época 
se establecié la capital er Æu-cheu jlh PH ?). Mas el año siguiente 
se establecié de nuevo dicha capital en Choan-chiu con el nombre 
de Pieng-hdi 2p #$. En 1299 se devolvié la capital de provincia 
4 Fu-cheu, y à Choan-chiu se le dié el nombre de Choan-lieng-fi 
FR ne RFF t), Al comenzar la dinastia Ming HF, que fué en 1368, 
se Ilamé definitivamente Choan-chiu-fu LE ff] FF. 


Toda la ciudad estä rodeada de una muralla de piedra construida 
probablemente 4 mediados del siglo 10° por el prefecto Liu Chong- 
Lao Hh ÂË 2] . segun indica la crônica. Su extensiôn fué primera- 
mente de 20 4 H (uuos 11 kilémetros), y su altura era de 18 pies 
(5,4 metros) con siete puertas. Despues de construida la muralla la 
rodearon con ärboles Ilamados chhi-thong +] M1, y de ahi vino a 
llamarse Choan-chiu la ciudad de Chhi-thong, y tambien Sui-thong 


Fi Fr] 3), El dltimo año de la dinastia Tung (906) se construyô 
otra muralla interior Ilamada tsu-sid 5 LL de unos dos kilémetros 
de ciretito con cuatro puertas. Esta muralla estä hoy completamente 


destruida, y no quedan de ella mäs que las cuatro puertas, las 


as 
ll 


DTÉMÉESE en +TUÆx 
Ge HAE 4 98 FT HE A A 
ne MA 4 OA DE 5€ 2 4f Nm XE 5 JA 
Hi} PI 2 7 1 XE À 


2) Aqui seguimos lo consignado en la crnica general de Fu-kien. Segun la de 


+ À [1 
[+ (GE 
IN 
E>Y 


Choan-chiu, esta ciudad dejo de ser capital de provincia en 1296. 


3) EL afo 18 del periodo Czi-cheng Æ 1E (1358) fué Choan-chiu por tercera 
vez capital de provincia. La crônica general de Fu-kien no dice nada, pero en la lista de 


los gobernadores generales que residieron en Choan-chiu se vé que el l dltimo es de este periodo. 


HHAREARÉRANRERAT 
& He DE A D AN À PA 46 DA LA A 45 I jf 4e 46 
AE SE 48 DE 2 2 EU X KO Ait is A] [5 ZX 


&] 


680 GREG. ARNAIZ. 


cuales estan situadas en las cuatro calles que parten del centro de 
la ciudad. En 1352 se extendié la muralla por la parte del sur, 
uniéndola con otra que se habia construido cerca del rio en 1230; 
resultando un circüito de 30 Z H1 (16 kilémetros), y toda ella se 
elevô hasta 21 pies (6 metros). A paso regular se puede andar en 
9h y 20M, AI principiar la dinastia Yuen (1280) se hizo un cauce 
bastante profundo que rodeaba casi todo el exterior de la muralla, 
y entonces se debieron cortar los ärboles chhi-thong. 

Casi toda la poblacién estä dentro de la muralla, desde cuyo 
centro, Illamado Sip-yu-ke +SE (calle de la décima letra), 
parten cuatro calles bastante rectas y estrechas al principio, aunque 
poco 4 poco se van ensanchando y mudando de direccién, yendo à 
parar 4 las puertas de los cuatro puntos cardinales. De la calle del 
sur parten ôtras dos calles que tambien van 4 parar 4 otras dos 
puertas. La actividad del comercio y el nücleo de la poblacién se 
encuentran en estas seis calles, principalmente en la del sur, Ilegando 
en esta fuera de la muralla hasta el rio, por ser el lugar donde 
anclan los barcos. Fuera de estas calles y algunas contiguas 4 la 
del sur apenas si se ven mäâs que ruinas de antiguas casas sola- 
riegas, grupos de miserables viviendas, varios fanos y pagodas rodea- 
dos de ärboles; habiendo dentro de la muralla muchos espacios 
destinados para huertas, sementeras y plantios de ärboles frutales. 
Del aspecto pues que presenta Choan-chiu se deduce claramente que 
en otra época fue una ciudad rica y populosa. Estuvo en su mayor 
esplendor durante las dinastias Sun $R, Y'uen TÉ y Ming HA , Ô 
sea desde mediados del siglo 10° hasta la mitad del 17°; comen- 
zando su decadencia en la presente dinastia. No obstante, Choan- 
chiu aun es hoy en dia una ciudad bastante populosa, pues tal vez 


encierre dentro de su recinto 200.000 almas. 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 681 


La célebre Zaiton. 


Casi todos los autores que han hablado de Zaiton convienen en 
que era una ciudad no muy distante del actual puerto de Amoy; 
mas unos dicen que es Choan-chiu (Chinchow) PR PM, otros que 
Chiang-chiu  (Changchovw) de PM y otros que Aüi-tièng YE YK. 
Por de pronto veamos ä cual de estas tres poblaciones se pueden 
aplicar las referencias de las antiguas relaciones acerca de Zaiton. 

Andres de Perusa obispo catélico de Zaiton dice: «Est quædam 
magna Civitas juxta mare oceanum, quæ vocatur jingua persica 
Zayton». 

Juan de Marignoli tambien dice: «Fuimus autem in Cambalec 
(Peking) annis quasi tribus; inde per Manzi (China meridional) 
iter nostrum direximus. Est etiam Zayton portus maris mirabilis, 
civitas nobis incredibilis, etc.» 

Sobre la ciudad y puerto de Zaiton dice asi Ibn Batuta: «The 
first city that I reached after crossing the sea was Zaitün. It is a 
great city, superb indeed; and in it they make damasks of velvet 
as well as those of satin (kimkh4 and atlés), which are called from 
the name of the city satiintah; they are superior to the stuffs of 
Khansä and Khänbälik. The harbour of Zaiïitün is one of the greatest 
in the world. I am wrong; it is the greatest. I have seen there 
about a hundred first-class junks together; as for small ones, they 
were past counting. The harbour of Zaïitün is formed by an estuary 
which runs inland from sea until it joins the Great River.» 

Segun estos testimonios tenemos que Zaiton era un puerto de 
mar un poco separado de la costa. De Chiang-chiu Ve JA, por 
mäs que estä jJunto 4 un rio, no se puede decir que es puerto de 
mar, pues dista de la costa unos 20 kilémetros y solamente las grandes 
mareas pueden Ilegar hasta el puente del rio. Por este capitulo, 


pues, resulta que Chiang-chiu no puede ser Zaiton. 


682 GREG. ARNAIZ. 


Häi-tièng es verdad que estä junto al mar, pero de ningun modo 
pudo ser Zaïton, porque solamente 4 principios del siglo 16° comenzé 
ä figurar como centro de comercio, y su fundaciôén como subpre- 
fectura data del año 1° de Zong-khing Æ LA (1567) de la dinastia 
Ming; y antes de esta época no habia habido alli ningun manda- 
rinato, siendo asi que Zaiton fué por algun tiempo capital de pro- 
vincia 4 ültimos del siglo 13°, segun el testimonio de Rashid uddin, 
aducido por Mr. Phillips. 

Veamos ahora si la actual Choan-chiu PR JM pudo ser la 
antigua Zaiton. Por de pronto ya tenemos que Choan-chiu estä bastante 
cerca del mar, pues no dista de él mäâs que siete kilémetros, segun 
hemos dicho.') Los grandes barcos de vela y los vapores de dos 
metros de calado pueden Ilegar hasta sus muros cuando sube la 
marea. Antiguamente debié ser este puerto mäs profundo y mucho 
mäs ancho, pero hoy en dia estä bastante cegado, ya por los 
depésitos de aluvién, ya porque en esta parte sur de Fu-kien el 
mar se va retirando notablemente. 

Es sabido que los ärabes sostuvieron un activo comercio con 
Zaiton antes y despues del siglo 13°; y, como fervorosos musulma- 
nes, procurarian extender su religiôn y edificarian allf alguna mezquita, 
como hacian en otras partes. Si pues en Choan-chiu hay algun resto 
de la religién de Mahoma, le podemos considerar como una prueba 
de que esta ciudad puede ser la antigua Zaiton. En efecto; si bien 
en Choan-chiu quedan ya pocos adeptos del Coran, todavia se con- 


servan las ruinas de una mezquita de principios del siglo 11° que 


1) Antignamente se fundaban las grandes poblaciones maritimas bastante separadas de 
la costa, para no estar tan expuestas 4 las invasiones de los piratas. Por esta razon reunia 
Choan-chiu excelentes condiciones para el comercio maritimo, pues era facil hacer frente à 
los piratas 4 la entrada del puerto. Y aun 4 pesar de estar esta ciudad bastante fortificada, 
distaba del rio mäs de un kilémetro hasta 1352, en cuya época se ensanchô y reforzé la 
muralla, segun hemos dicho. Asi se explica por que durante la edad media no se utilizaron 


otros puertos naturales, como él de Amoy y otros que actualmente sostienen un activo comercio. 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 683 


superaba en magnificencia 4 la de Cantôn, Han-chiu Ft JM y otras 
de la misma época. De ella daremos cuenta detallada mâs adelante. 
En cambio en Chiang-chiu no hay el menor indicio que indique la 
estancia de los ärabes en esta ciudad durante la edad media. 

En cuanto 4 la etimologia de Zaiton, cualquiera de los nombres 
Chhi-thong À] Fr] y Sui-thong jf Ai con los que ha sido desig- 
nada Choan-chiu, segun hemos dicho, puede haber servido 4 los 
ârabes para llamarla Zaiton. Pues al decir Andres de Perusa que 
en lengua pérsica se Ilamaba Zaiton, da 4 entender que los chinos 
designabau 4 la ciudad con otro nombre. Cual era este nombre 
vulgar no es posible precisarlo; pues por mâs que sabemos el nombre 
oficial de Choan-chiu en aquella época, como se mudé anteriormente 
con tanta frecuencia, no es facil que el pueblo se acomodase 4 tan 
subitas mudanzas, sino que conservaria el nombre que se habia 
hecho mäs vulgar. 

El Hermano Odorico dice hablando de Zaiton, que habia en 
esta ciudad muchos monasterios de idélatras, uno de los cuales, 
visitado por él mismo, contenia hasta 3.000 monges (bonzos). 
Indudablemente que este bonzorio no podia ser otro que el Sien- 
tlien-si ÀK K EE de Choan-chiu, pues tenia en aquella época 
tantas sementeras de arroz, que reunidas en un solo lote formarian 
un cuadrado de mäs de cinco kilémetros de lado, y por lo tanto 
bastaban para mantener ä tres mil hombres. 

Examinemos tambien el texto de Marco Polo que dice: «Et 
sachiez que près de ceste cité de Zaiton a une autre cité qui a 
nom ZJiunguy, là où l'en fait moult d’escuelles et de poureelaines 
qui sont moult belles, et en y a l’en moult bon marchie.» En efecto: 
ä unos 75 kilémetros al NO. de Choan-chiu hay una poblaciôn 
Ilamada Tiek-hoe fi {k, (pronunciacién local), la cual fué consti- 
tuida villa el año 3° de Chang-hin È dd (932). En esta villa se 


fabrica una loza blanca muy fina que exportan 4 Choan-chiu, Hin- 


684 GREG. ARNAIZ. 


hoa y otros puntos. Si bien es verdad que se vé poca semejanza 
entre los nombres Tiunguy y Tiek-hoe (aunque hay alguna), es pro- 
bable que Marco Polo pronunciase las letras fi À, seounu el uso 
de la lengua 6 dialecto chino que él hablaba de ordinario; y asi 
se explica la diferencia de los sonidos. En cuanto 4 la distancia de 
Tiek-hoe 4 Choan-chiu, aunque no es tan pequeña considerada en 
si misma, si que lo es respecte de Peking y Fang-cheu (que es 
donde ordinariamente moraba Marco Polo), y aun de Fu-cheu y 
Chiang-chiu. Y no habiendo en esta parte sur de Fu-kien otra loca- 
lidad donde se fabrique loza tan fina como la de Tüek-hoe, es forzoso 
concluir que 4 esta y no 4 otra poblaciôn se refiere Marco Polo. 

Por ültimo, hacia 1086 se establecié en Choan-chiu una aduana 
especial para los barcos extranjeros, ‘) de lo cual se deduce que 
ya en el siglo 11° era esta ciudad un emporio del comercio extranjero. 
En 1150 se hace resaltar la importancia de dicha aduana por un 
decreto imperial, recomendando al jefe de ella que cumpla fielmente 
con su cargo para que no cese el comercio con el exterior. Despues 
que Choan-chiu fué designada para ser capital de provincia se 
nombraron dos comisionados para dicha aduana con otros cinco 
oficiales subalternos. La crônica general de Fu-kien hace menciôn 
de tres aduanas que habia en China 4 principios del siglo 14° para 


las mercancias extranjeras, y estaban en Choan-chiu LA M}, Cantôn 


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LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 686 


F k y Khin-yuen ES JG (la actual Ning-po F5 JK).') Por 

donde resulta que Choan-chiu era tal vez el principal de los tres 

puertos de China en la edad media para el comercio exterior. 
Consideradas pues en conjunto todas estas razones es facil con- 


vencerse de que la actual Choan-chiu es realmente la antigua Zaïiton. 


Respuesta & los arqumentos de Mr. G. Phillips. 


Mr. Phillips (Journ. China Br. R. As. Soc. 1888, pag. 23—29) 
aduce tales argumentos en favor de Chiang-chin ŸEx hf (Changchow) 
para probar que esta ciudad es la antigua Zaiton, que ha conseguido 
hacer variar la opinion de varios sinélogos sobre este punto. Creemos 
pues necesario deshacer uno por uno sus argumentos, haciendo ver 
que estan fundados en falsos supuestos. 

Primeramente pretende probar Mr. Phillips que Chiang-chiu fué 
capital de provincia en tiempo de la dinastia Mongol (pues Zaiton 
fué capital de Fu-kien en aquella época), apoyandose en un texto 
que trae el autor del compendio de la Historia de Fu-kien, segun 


el cual fué Chiang-chiu capital de Fu-kien por algun tiempo durante 


el periodo Chi-yuen Æ JÉ.°) 


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686 GREG. ARNAIZ. 


Durante la dinastia Yuen se mudaba con frecuencia de un lugar 
ä otro la capital de provincia, pero en ninguno de los diversos 
pasajes de la crônica general de Fu-kien en que se trata de esto 
consta que haya estado dicha capital en Chiang-chiu HE JM. Mas 
para salir de dudas hemos consultado la crônica de Chiang-chiu, 
pues tratändose de un hecho tan notable no podia menos de hacer 
menciôn de él, como hace la de Choan-chiu, pero antes bien dice 
expresamente que, por mäâs que durante la dinastra Yuen hubo 
una autoridad que gobernaba todo el Min (Æu-kien), no residié en 
Chiang-chiu. ) Es evidente, pues, que el autor citado por Mr. Phil- 
lips trabucé los nombres de las ciudades, y por lo tanto permanece 
en pie <the statement made in the Encyclopædia Britannica, that 
Changchow (Chiang-chiu) had never been the capital of Fu-kien». 

Mr. Phillips, en su afän de hacer resaltar la importancia de 
Chiang-chiu, dice: «When Changchow (Chiang-chiu) was retaken 
from the Mongols by the generals of the coming Ming dynasty, 
the chief authority of the city bore the title of departamental 
governor Of Âu-kien and ÆKiangsi.> Aqui no cita texto chino, asi 
es que no sabemos de donde lo toma; pero tanto la crénica de 
Fu-kien como la de Chiang-chiu no indican que dicha autoridad 
tuviese tan extensa jurisdiccién. Lo que hay es, que al principio 
de la dinastia Ming se instituyeron los intendentes de circdito para 
la vigilancia de tierra y mar, y de estos se pusieron dos en la 
prefectura de Chiang-chiu. 

El año 6° del perfodo Cheng-hoa jf {4 se establecié en Chiang- 
chiu un intendente de mayor categoria, pues su jurisdiccién se ex- 
tendia ademas 4 Ting-chiu ŸJ JN y & otras dos prefecturas, Chao- 
chiu 5} ff] y Kan-chiu #4 MW, pertenecientes 4 las dos provincias 


a it BU HE a BE ER EME XRE 
AT 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 687 


limitrofes de Cantôn LE DK y Kiang-si ŸL D, 4 fin de perseguir 
4 los muchos ladrones que merodeaban en los confines de las tres 
provincias. !) 

Tambien quiere Mr. Philips que Chiang-chiu sea un puerto 
visitado por los extranjeros en tiempo de los Mongoles, y para 
probarlo trae un texto chino que habla de la buena fama que se 
habia conquistado Lo-liang entre los extranjeros. De esto no se 
sigue que en Chiang-chiu hubiese una aduana para las mercancias 
extranjeras, como la hubo en Choan-chiu, segun hemos dicho; pues 
muy bien pudo suceder que Lo-liang, antes de ser prefecto de Chiang- 
chiu, hubiese estado al servicio de tal aduana en Choan-chiu. 

Prosigue Mr. Phillips diciendo que siente no haber obtenido 
el libro Ilamado Xhai-yuen-su-chil DH TÉ ES FA (anales del templo 
Khai-yuen), en el eual se contiene la historia de los templos de 
Chiang-chiu (Chang-chow). Aqui se ve que Mr. Phillips no estuvo 
en Chiang-chiu ni en Choan-chiu, y confunde lastimosamente lo 
relativo 4 estas ciudades, pues el templo ÆXhai-yuen no estä en 
Chiana-chiu ME WA, sino en Choan-chiu LE PM: y por cierto que 
es el mäs notable de esta ciudad, por tener dos altas torres de 
piedra, obra monumental del siglo 12°. Y en esta ciudad (no en 
Chiang-chiu) se han encontrado antiguos restos del cristianismo, como 
cruces talladas en piedra. El pasaje de la Historia de las misiones 
dominicanas que trae Mr. Phillips para probar que estos descubri- 
mientos tuvieron lugar en Chiang-chiu, estä mal citado; ÿ tambien 
hemos observado que en dicha Historia se han trabucado algunas 


veces los nombres de Choan-chiu (Chincheu) y Chiang-chiu. Mas para 


D Hg HR 1 OUR RE FA 27 9° FA A Xe HE 
2e DRE EU A 2 A NE ZE OO 0 M où 
AS 4E DT VE 0 de 8 JE VA JE HE M GE 27 SP NÉE D EE 
6 dû LE M &]. 


688 GREG. ARNAIZ, 


que se véa que la cruz encontrada por el P. Ricci fué en CAcan- 
chiu ÿ no en Chiang-chiu, vamos 4 citar un texto de la Historia de 
Monseñor Gentili'), el cual, despues de hablar de una cruz de 
hierro encontrada en la provincia de Kiang-si, dice asi: Un altra 
croce fu scoperta nel secolo ottavo, mentre se edificavano le mura 
di Chuen-cheu (Ciuen-cieu) nella provincia de Fo-kien, eroce che fu 
poi attacata al muro verso oriente all” altezza di sei piedi da terra ed 
era tenuta in somma venerazione da quegli abitanti. Lo stesso P. 
Vittorio Ricci dice d’essergli toccata la bella sorte di collocare nella 
sua chiesa una bellissima croce scolpita su pietra, trovata dai 
pagani di quella stessa città in uu monte vicino detto Say-sau; non 
si potè precisare perd l’epoca in cui fu incisa». 

Aun hay mâs todavia. Hace unos cuatro años el actual misionero 
de Choan-chiu, R. P. Fr. Serafin Moya, encontré en una pagoda de 
la localidad una cruz tallada en piedra, y es parecida 4 dos de las 
tres que menciona el R. P. Manuel Diaz $. J., encontradas en 
Choan-chiu, diferenciändose de aquellas en que esta tiene esculpido 
un angel. El 31 de Octubre de este año 1910 saqué una fotografia 
de ella. 

Respecto de los productos de porcelana de Chiang-chiu, son una 
cosa muy ordinaria y no se pueden comparar con los de Tiek-hoe 
qi 44. Hace seis años tuve ocasion de pasar por el lugar donde 
estä la alfareria de que habla Mr. Phillips, la cual se encuentra 
como 4 tres kilémetros al sur de la antigua villa de Zam-sin 
(Nan-shéng Fj H&), junto al camino de Chiu-phô (Chang-phi-hien 
EL Yi JH&), y puedo asegurar que es de muy poca importancia. 
Tanto es asi que solamente hay allf unos cuantos tugurios que 
sirven de morada temporal 4 los alfareros; y en aquella temporada 


estaban suspendidos todos los trabajos. 


1) Memorie di un missionario domenicano nella Cina. Roma, 1887. 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 689 


En cuanto 4 la industria de la seda no negamos que antigua- 
mente haya estado bastante desarrollada en Chiang-chiu, pero de 
esto no se puede deducir que no lo haya estado tambien en Choan- 
chiu. Y si nos fijamos en lo que dicen las crônicas sacaremos que 
en ambas prefecturas se fabrican telas de seda. 

Es sabido que para la industria de la seda es indispensable el 
cultivo de la morera (morus alba). He observado que en el territorio 
de las dos prefecturas se desarrolla perfectamente dicho ärbol, y que 
en Chiang-chiu hay mäs que en Choan-chiu. Hablando sobre esto 
con un chino me dijo que algunos años despues de la revolucién de los 
Thai-phing K 2 (1864— 65) fué 4 Chiang-chin un prefecto muy 
entusiasta de la industria de la seda. Al ver pues que el territorio 
de Chiang-chiu era muy ä propésito para el efecto, indujo 4 los 
labradores y comerciantes 4 dedicarse 4 tal industria. Comenzaron 
pues con ahinco 4 plantar las moreras y 4 criar los gusanos de 
seda; mas despues que se fué aquel celoso prefecto, poco 4 poco 
fueron abandonando dicha industria, y asi cuando escribia Mr. Phil- 
lips sobre el particular ya no quedaban mäs que algunos rastros 
de ella. 

Con lo expuesto creemos que estan suficientemente rebatidos los 
argumentos de Mr. Phillips, mas para que no quede la menor duda 
de que Chiang-chiu ŸÉ£ JM no puede ser Zaiton vamos 4 decir 
also sobre su fundaciôén y su desarrollo hasta el presente. 

Chiang-chiu fué fundada el año 1° de Æin-yuen ÉE JE (de 
J.-C. 784) para ser cabeza de prefectura, la cual ya se habia esta- 
blecido en 686 en la actual villa de Un-sio EX. En tiempo de 
la dinastia Sun (despues de 960) fué cercada con una muralla de 
tierra, cuyo ciredito era de cuatro // (poco mäs de dos kilémetros). 
En 1013 se hizo otra muralla de tierra y estacada, däândola un 
ciredito de 15 {7 (8 kilémetros). Despues se fué poco 4 poco cayendo, 


, 


y en 1211 se comenzé 4 hacer de piedra, terminändose en 1230, 


690 GREG. ARNAIZ. 


Su circüito era de 13 {{ (7,5 kilémetros); 17 pies la altura, y se 
hicieron en ella cuatro puertas. En 1249 se puso el empedrado 
de las cuatro calles principales. En 1655, imperando ya la actual 
dinastia, una gran cuadrilla de piratas Ilegé hasta la ciudad y 
destruyé toda la muralla. Esta se reedificé en el año siguiente, 
pero su circüito quedé reducido à 11 {7 (unos 6 kilémetros). Esta 
es la actual muralla de Chiang-chiu, y se puede andar en 1h 20%. 
À juzgar pues por ella, nunca ha Ilegado 4 tener dicha ciudad 
tanta importancia como Choan-chiu. 

EI puerto de escala de Chiang-chiu para su comercio con Amoy 
es el importante mercado de Chiéh-bé 5j RÉ, distante de Chiang- 
chiu 16 kilômetros; 4 cuyo punto Ilegan los grandes barcos de vela 
y pequeños vapores de Amoy. El desarrollo de Chï6h-bé, que hoy 
en dia es la segunda poblacién de Chiang-chiu, comenzé hacia la 
mitad del siglo 17°, y desde entonces, 6 poco antes se desarrollé 
tambien Chiang-chiu (es decir: euando comenzaba la deeadencia de 
Choan-chiu), Ilegando 4 su apogea 4 mediados del siglo 19°, en cuya 
época (1864) se apoderaron de la ciudad los Thai-phing K 2, y 
destruyeron todo lo mäs importante de ella. Poco 4 poco se ha ido 
reponiendo de aquel contratiempo, pero todavia hay muchas ruinas 
y espacios vacios dentro de la muralla, y su poblacién actual ser4 
poco mäs que la mitad de Choan-chiu. 

À tres kilémetros al este de Chiéh-bé f3 F esté la villa de 
Hüi-tièng ŸÆ ÿ$ que algunos, como Mr. Phillips, Bowra y Pitcher, 
quieren que sea el puerto de Zaïton. Por 1 tanto no estarä demäs 
decir algo sobre esta villa. 

Antiguamente se Ilamaba Gueh-kang JE] k, que quiere decir 
Canal de la luna. Parece que en tiempo de la dinastia Ming se 
babia formado alli un centro de comercio, y durante el periodo 
Chen-ti (1506—1522) se prohibié 4 nobles y plebeyos la exportaciôn 


de las mercancias por mar, 4 causa de los piratas extranjeros. En 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 691 


1530 se establecié en /Zi-chen # À ; mercado situado en la costa 
opuesta, la residencia de un mandarin militar; mas parece que los 
comerciantes de este territorio no se contentaban con esto, sino que 
deseaban se estableciese una subprefectura en el mismo Gueh-kang; 
lo cual no consiguieron hasta el año primero de Zong-khing IÆ Es 
(1567), y desde entonces data la actual villa de Z/di-tièng. Ya en 
1557 se habia construido una muralla de tierra, la cual fué susti- 
tuida en 1572 por otra de piedra dändola la forma de un ocho 8. 
Su circdito es de tres {{ (menos de dos kilémetros}, resultando 
Häi-tièng la villa mäâs pequeña de la prefectura de Chiang-chiv. 
De todo esto se deduce que antes de la dinastia Ming, la antigua 
poblacién de Gueh-kang, que es la actual Æ&i-tièng, no Ilamé la 
atencién del gobierno chino, y por lo tanto no es posible que haya 
sido la famosa Zaiton: pues si antiguamente hubiera estado alli la 
capital de provineia 6 de alguna subprefectura harian mencién de 
ella las crônicas, como lo bacen de las antiguas subprefecturas 


# 


suprimidas 6 trasladadas 4 otra parte. !) 


La mezquita de Choan-chiu. 


Se halla al SE. del centro de la ciudad, 4 mano izquierda de 
la calle que conduce 4 la puerta del SE. (D FR F4 ) desde la 
calle del sur. Dentro de ella (plano L, lâm. 1) hay una läpida en 
chino, cuyo titulo es el siguiente: H}j H£ {X ht À + A SD 
«Läpida conmemorativa de la restauraciôn del templo de la religién 
pura y verdadera, durante la dinastia Ming.» Como en ella se trata 
de lo relativo al templo y ä la religiôn musulmana en esta ciudad, 
basta para nuestro objeto entresacar lo principal de su contenido. 
El texto comienza asi: 


«La religién pura y verdadera se comenzé 4 propagar en China 


1) PE Be oc 4F Ar HE 28 die DA AU A A 


692 GREG. ARNAIZ. 


durante el periodo Khai-hoang [fi Æ (de J.-C. 601-605) de la 
dinastia Soei '). El libro (Coran) considera al verdadero fato como 
el Señor del cielo (Dios), y el recto corazén como el Señor de los 
hombres. Por eso esta religiôn da la principal importancia al ayuno 
y à las purificaciones para servir al cielo. Cada año hay un mes 
de ayuno, el cual viene 4 coincidir con la primera luna del año chino(?). 
Ademas, en cada mes hay cuatro dias de ayuno, que son los seña- 
lados con las letras Æang nieu JÙ 2: *). Antes de las preces hay 
que bañarse, pues de otro modo no se puede entrar en el templo 
para rezarlas. En los ayunos se toman manjares sencillos, pero no 
se puede probar cosa alguna hasta que se vean las estrellas. Lo 
mäs importaute es orar juntos en los ayunos y defunciones, mirando 
hacia el occidente. En la oraciôn, aunque se hacen adoraciones, nada 
se ofrece en sacrificio. À esto se reducen los puntos principales de 
esta religiôn.» 

«El establecimiento del templo y de la torre en esta ciudad 
data, segun la tradiciôn, desde la dinastia Sun, periodo Chao-lin 
#7 FE (de J.-C. 1131-1163); en cuya época vino 4 Choan-chiu 
un sujeto Ilamado Chu-hi-lo-ting 2& &. is J , procedente del pais 
de Sa-na-ui FX HR 17% y fundé este templo. Se halla situado al 
oriente *) del templo de Confucio (2L Hi), y tiene dos departa- 


mentos, uno alto y otro bajo‘). En la parte del occidente est4 la 


1) Esto es un manifiesto anacronismo, pues en aquella época todavia no habia fundado 
Mahoma su religiôn. 

2) Cada dia de la semana”estä señalado con dos letras del ciclo, y las dos indicadas 
corresponden al viernes. 

3) Aqui emplean la expresion F5 HE LC Æ ff lado izquierdo del dragôn 
verde, para designar el oriente, 4 imitacién de los geomantes. 

4) Para la inteligencia del texto hemos levantado un plano de todo el edificio (véase läm. T). 
El departamento alto estä 4 la entrada, y comprende desde E 4 S’. El departamento bajo es 
el templo propiamente dicho. Notese que la situacién de las distintas partes de la mezquita 
con respeeto à los cuatro puntos cardinales no es tan exacta como aparece en la descripecién 
de cada una de ellas, y asi el lector puede atenerse al plano adjunto, el cual estä levan- 


tado y orientado con la mayor aproximacién que nos ha sido posible. 


LES ANTIQUITÉS MÜSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU, 693 


pieza mäs noble (A del plano). Junto 4 la calle hacia el sur estä la 
entrada ‘), la cual tiene tres divisiones, del mismo modo que en el uni- 
verso hay tres agentes ?). À derecha é izquierda los muros tienen seis 
partes. Hay nueve puertas *), segun el nmero de los nueve novena- 
rios. En el techo hay nueve arcos que corresponden 4 los nueve 
érdenes de equidad. En el centro del techo la béveda es céncava 
y circular imitando al cielo*). En la parte superior hay un obser- 
vatorio para ver la luna °). Abajo hay dos puertas $ $’, una enfrente 
de otra, y el medio es semejante al cuadrado de la tierra ). Entrando 
por la puerta y dada la vuelta subiendo hacia el occidente se 
encuentra el departamento de piso bajo (el templo). Dando despues 
la vuelta hacia el sur se sube al departamento de piso alto ?). 
Entrando por la puerta P del muro de piedra que estä al oriente 
y siguiendo la direccién recta hacia el occidente se encuentra la 


estancia A, Ilamada altar para ofrecer al cielo, En el centro (del 





1) Véanse las léminas I y II. Como no nos ha sido posible sacar una fotografia 
completa de esta puerta, ya por no disponer de local süficiente para colocar la mäquina, 
ya porque en la parte superior ha brotado un ärbol de raices aëreas que la cubre en 
gran parte, hemos suplido este defecto sacando un dibujo que dâ una idea de ella bastante 
aproximada. 

2) Las tres divisiones son las comprendidas entre ET, TS y S$S’. Los tres agentes del 
universo son el cielo, la tierra y el hombre, segun la cosmogonia china. En todo lo 
que sigue al tratar del templo se hace referencia 4 estas teorias cosmogônicas 6 bien 4 los 
simbolos, emblemas y figuras del Z-Xing. En lo eual se vé una mezcolanza de la doctrina 
de Confucio con la del Coran. 

3) No podemos precisar donde estaban estas nueve puertas ni los nueve arcos que se 
mencionan à continuacién, 

4) Esto se refiere 4 la parte C comprendida entre S y S’, euyo techo es côncavo, 
como puede verse en la lâmina Ï que representa el corte vertical de toda la entrada. 

5) Este observatorio que ya no existe estaba sobre la parte Q R del corte. 

6) El pavimento de la parte C es un cuadrado perfecto, y como los antiguos 
chinos creian que la tierra era cuadrada, de ahf proviene esta comparacién. 

7) En efecto: pasadas las puertas KE, T, S y S’ se sube la escalera de piedra e y 
nos encontramos delante de la puerta principal P del templo. Dando luego un cuarto de 
vuelta hacia la ïizquierda se entra por la puerta M. All debia haber antiguamente una 
escalera movible que se apoyaba en el dintel de esta puerta M, porque en la parte 


superior del muro adjunto hay unos escalones de piedra, como puede verse en la lémina IV. 


694 GREG. ARNAIZ. 


techo) hay un cireulo (eimborrio?) que representa el Thai-ki Kk #& 
(primer principio). À derecha 6 izquierda hay dos puertas aa’, 4 
semejanza de las dos formas (Ziang-i  ): al occidente, cuatro 
puertas 0 0, que representan las cuatro imâgenes (Su-siang QU R }); 
al sur, ocho puertas !) v, 4 imitaciôn del Pat-koù }\ €}; 
al norte, una puerta m, que representa el primer Æien Kf y el 
signo #su + por donde se abre el cielo, y por eso se la Ilama 
puerta del cielo. Hay doce columnas c, segun el nûmero de los 
meses del año. (Lo que sigue se refiere al departamento de la entrada). 
La parte oriental (Q R del corte) del departamento alto se Ilama 
kiosco santo de oraciôén. Al sur de él hay una torre X Z, rodeada 
de columnas como una fortaleza de piedra, y tiene 24 ventanas, 4 
semejanza de las 24 estaciones del año ?). Al sur estä el altar para 
ofrecer al cielo, y en él estan escritas varias preces. Subiendo 4 la 
parte superior se ve el monte Chien-guan TH Hi.» Continua 
describiendo el panorama que se ofrece 4 los ojos del observador, y 


despues sigue: «En la parte del departamento bajo hay una sala 
con la inscripcién del prefecto Hu que dice: Sala de la bondad 
clara EF ne #. El piso la sirve de céspide; un canal que comu- 
nica con las mareas la atraviesa, y sobre el canal hay un puente. 
En otro tiempo descansaban los adeptos en esta sala despues del 
rezo en los dias de ayuno. El aspecto pues del templo es hermoso. 
Los desperfectos y reparaciones hechas durante la memorable dinastia 
(la de los Yuen) no constan.» 


<Segun una läpida *), en la dinastia Yuen, durante el perfodo 


1) Mäs bien son ventanas grandes que puertas, pues por el paramento exterior del 
muro se elevan 4 mäs de un metro sobre el nivel del suelo. 

2) Los chinos dividen en dos cada signo del Zodiaco, y asi resultan 24 estaciones. 

3) Esta läpida tal vez sea una que est junto 4 la que contiene lo que aqui 
trascribimos, pues est tan deteriorada que no es posible leer la data ni lo principal 


de su contenido (L del plano, lâmina I). 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 695 


Chi-yuen Æ JG ‘), un mahometano Ilamado Aia-pu-lu-hang-ting 
=] # # 22 J y otro de Choan-chin Ilamado Xim-a-li & Fi H 
le restauraron. Durante la dinastia Ming tambien sufrio el templo 
varios desperfectos que no se pueden determinar 4 punto fio. EI 
año 1567 se cay6 la torre, y el que cuidaba del templo recogiô 
dinero y la arreglé. El prefecto de Choan-chiu fué uno de los que 
contribuyeron 4 su restauraciôn. El año 35 de Van-li pe B& (1607) 
hubo un gran terremoto acompañado de viento y Iluvia, y el 
piso alto (la torre y el kiosco) quedé tan desmantelado que poco 
4 poco se iba cayendo, y el que cuidaba del templo invité ä los 
principales adeptos para tratar de arreglarlo. Estos dijeron que no 
convenia malgastar el dinero, sino que se emplease bien en el 
arreglo; y todos los fieles de Choan-chiu contribuyeron alegres con 
su 6bolo. Recogido el dinero, Ilegé uno de Choan-chiu, gran man- 
darin en Peking, y tambien ayudé con una buena suma.» 
«Anteriormente no habia patio al norte del templo, sino que à 
la derecha habia una habitacién, 4 la izquierda la cocina y en 
medio estaba el matadero ?), y determinaron deshacerlo todo para 
trasladarlo 4 otra parte. En el paso del medio se levanté un kiosco 
para purificar el corazén, y el lugar de la cocina quedé convertido 
en patio del pequeño cielo del occidente *). Cuando la luna estä clara 
se proyecta en el patio la sombra del templo y del kiosco, presen- 
tando un majestuoso aspecto. El templo quedé perfectamente arreglado, 
y, 4 imitacién del literato Jen-lu-Kkong DA # Â\, se le dié el 
nombre de Jao-thien-len £ k FE. Tambien se grabô en él una 


1) Como en esta dinastia hubo dos perfodos del mismo nombre Cki-yuern no podemos 
precisar la época de esta restauracin; pues pudo tener lugar desde 1280 ä& 1295 6 bien 
desde 1335 à 1341. 

2) Sabido es que en China no est4 permitido matar vacas ni carabaos, y por eso 
los adeptos de Mahoma tenian el matadero dentro de la mezquita. 

3) Todas estas dependencias estaban en el lugar comprendido entre la mezquita actual 


(véase lämina I) y la antigua. 


696 GREG, ARNAIZ, 


inscripcién que dice: Ünicamente el cielo es grande EE K À K; 


# 


para dar 4 entender 4 los hombres que han de reverenciar al cielo 
segun el beneplâcito de él. Quedé pues restaurado este templo pre- 
sentando un aspecto maravilloso. Ÿ para que conste escribimos la 
relacién de todo esto.» t) 

«Las reglas de esta religién las compuso Mahoma rey de Medina. 
Proceden pues del Occidente, lo mismo que las del budismo, y no 
estan hechas por los santos de China. Las reglas del budismo estan 
traducidas, y asi todos literatos las entienden, pero las de la verdadera 
religiôn no lo estan porque no se ha encontrado un hombre capaz 
de hacerlo.» Prosigue tratando de la excelencia de la religién mu- 
sulmana comparada con la de los literatos y la de los budistas. Del 
budismo dice que sus libros no han sido trasladados al chino con 
fidelidad; y para que no sucediese la mismo con él de Mahoma no 
se ha hecho la versién. Por lo que toca 4 los literatos dice que la 
religiôn de estos se acerca mäs 4 la de Mahoma que el budismo. 
<Los que siguen bien ambas doctrinas, dice, algo consiguen; los 


que las practican mal no carecen de pecado. Como lo practican 


1) En esta época ya habia decaido mucho la religién de Mahoma en Choan-chiu, y 
por esto algunos de sus devotos determinaron hacer un documento para trasmitir 4 la 
posteridad lo relativo 4 la mezquita y 4 su religiôn. Pero se acordaron demasiado tarde, 
porque ya habian olvidado la verdadera data de la construciôn de la mezquita, como puede 
verse por las inscripciones aräbigas que hay en ella. De esto se deduce que ya hacia 
mucho tiempo que los ârabes no venian & Choan-chiu, como ya bemos indicado, y 
no habia ya en esta ciudad quien entendiese las inscripciones aräbigas. En qué aïño dejaron 
de venir los ârabes 4 Choan-chiu tampoco se puede determinar 4 punto fijo, pero es pro- 
bable que fué 4 principios del siglo 16°. En el ültimo perfodo de la dinastia de los 
Mongoles los ärabes residentes en Choan-chiu se apoderaron de la ciudad, si bien por poco 
tiempo, segun dice la crénica, y asi es de suponer que, despues de este hecho, las autoridades 
chinas los tratarian con mäs rigor para tenerlos bien sujetos, y por esto muchos de ellos 
dejarian de venir 4 Choan-chiu. Fundo mi aserto en que al comenzar la dinastia Ming se 
nombré un comisionado con dos subalternos para la aduana de las mercancias extranjeras, 


en vez de los siete oficiales que hubo durante la dinastia anterior. El ültimo comisionado 


ocupé sn puesto durante el periodo CAeng-ti 1E fi (1506—1522), y por lo tanto es 
de suponer que en esta época abandonaron los ârabes el comercio con Choan-chiu. 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 697 


ahora los adeptos del mahometismo? Siguen las huellas sin dar en 
la verdad.... El comer carne lo tienen por ayuno y el matar con 
ligereza por religiôn. Los que antes seguian el mahometismo se han 
resfriado y lo han dejado, y esta es la causa del abandono y deterioro 
de la mezquita.» 

Por fin dice que <el templo fué restaurado desde la luna 6% del 
periodo Van-li pt HÆ (1608) hasta la luna 9% del año siguiente, 
habiendose gastado en su arreglo mäâs de cien monedas de oro,» 

«$e grabé esto el año 37 de Van-li (1609), y la transcripciôn 
se hizo el año 12° de X3a-khin EZ EE dia 29 de la 94 Juna (30 
de Octubre de 1807).» 

Cuando se hizo esta transcripciôn ya estaba arruinada la mezquita, 
pues la torre se cay6 en 1687, segun indica la crônica de Choan- 
chiu, y despues no se ha vuelto 4 restaurar. Del templo no indica 


nada la crônica, pero es probable que se cayese poco despues. 


Fübrica de la mezquita. — Con solo fjarse un poco en las adjuntas 
fotografias se echa de ver que la fâbrica de esta mezquita es de 
piedra hasta cierta altura: seis metros desde el pavimento del templo. 
EL espesor de los muros es casi de un metro (995 mm.). Los silla- 
res y sillarejos son paralelipipedos rectangulares mäâs 6 menos largos, 
los cuales estan colocados en filas consecutivas por el paramento 
exterior é interior. De trecho en trecho hay algunos que atraviesan 
los muros de parte 4 parte para darles mäs consistencia, pero con todo 
eso, cstos no son tan fuertes como aparecen 4 primera vista, porque 
los huecos del centro estan rellenados con escombros. Y si se con- 
eervan bastante bien despues de tantos años es debido 4 la buena 
salidad del granito y 4 que las piedras estan muy bien ajustadas 
unas con otras; pues se vé que en su preparaciôn y colocaciôn se 
atuvo el arquitecto 4 los principios de la geometria. En la parte 


superior de los muros del templo hay una fila de losas delgadas de 


698 GREG. ARNAIZ. 


granito que atraviesan los muros de parte 4 parte, y sin duda sirven de 
base para la fâbrica de ladrillos. Estos se han caido por completo, 
por ser muy endebles los empleados en dicha obra. En el departa- 
mento de la entrada todavia se conservan algunos (véase läm. III), 
y por su calidad se vé que no ofrecen gran resistencia para servir 
de base 4 la torre y al kiosco. 

En la parte superior de la lämina V aparecen dos filas de 
pedazos de tejas colocados oblicuamente, como acostumbran à 
hacer los chinos en obras de poca importancia. Esto es sin duda 
obra de las wültimas reparaciones, cuando ya no habia äârabes en 
Choan-chu. 

Todo el frontispicio, los dos arcos de la portada y los muros 
laterales comprendidos entre ellos son de pérfido muy bien labrado. 
Entre estos dos arcos hay una béveda céncava tambien de pôrfido 
con estrias de medio relieve que imitan los meridianos de una esfera, 
como se puede ver en las lâminas I y IL. La base de esta bôveda 
es una semi-elipse, la eual se apoya en piedras introducidas en los 
muros laterales y en él del fondo. En cada uno de los muros 
laterales hay un nicho (véase lâm. I, corte, y IL) sin adornos ni 
inscripciones. Entre el segundo arco T y la puerta inmediata $ de la 
sala C hay otra bôveda côncava de granito con cinco series de lineas 
entrecortadas (tres de estas series aparecen en las lâminas I y Il) 
esculpidas 4 medio relieve, formando exägonos irregulares, aunque 
guardan entre si una simetria de buen aspecto. La base de esta 
bôveda es un arco de cfreulo que no Ilega 4 media circunferencia, y 
descansa como la anterior sobre piedras introducidas en los muros. 

Aunque esta parte del edificio fué construida con mucho esmero 
para que al primer golpe de vista presente un magnifico aspecto, 
ya los arcos y bôvedas estan algo resentidos, efecto sin duda de los 
terremotos que ocasionaron la eaida de la torre. Mas aunque las 


raices de los ärboles que allf han brotado han penetrado por las 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TOHEOU. 699 


junturas de los sillares, se vé que apenas los han desviado de su 
posicién primitiva, mientras que en los muros del templo donde 
tambien han brotado dichos ärboles poco 4 poco se van cayendo los 
sillares. 

En el muro del fondo del templo hay siete nichos x con inscrip- 
ciones del Corau, y en la parte superior del mismo hay tambien 
una inscripcién aräbiga que Ilega de un extremo 4 otro (v.läm. VI). 

En el paramento exterior del muro que estä junto 4 la calle 
péblica tambien hay una larga inscripcién aräbiga. 

Sobre el frontispicio de la portada hay asi mismo otra inscripcién 
aräbiga cubierta en gran parte por las raices y ramas de varios 
ärboles que allf han brotado. Por fin sobre la puerta S' que da 
salida 4 un pequeño patio interior tambien hay una inscripcién 
aräbiga, como puede verse en la lämina III. 

Por lo que resta de este monumental edificio se vé que el arqui- 
tecto ärabe se propuso ante todo la solidez, siendo muy parco en 
la ornamentaciôn, como puede observarse en las lâminas adjuntas. 
Los arcos de las puertas y de los nichos todos son de los Ilamados 
arcos apuntados. La fachada de la portada es toda lisa hasta diez 
metros de altura; pues aun el zôcalo estä casi todo cubierto, comen- 


zaudo la fâbrica de pérfido como 4 dos centimetros sobre el pavimento. 
No obstante, 4 pesar de la sencillez y gravedad que domina en 
toda la obra, la portada estä dispuesta de tal modo que al acercarse 
ä ella cautiva la atenciôn del observador y le dä una idea de la 
magnificencia del edificio, pues de un golpe de vista se ven los dos 
arcos y las dos bôvedas de que ya hemos hecho mencién. Antigua- 
mente estaba toda abierta, enconträndose la puerta en el marco S 
de la sala C; mas actualmente hay una sencilla balaustrada de 
madera colocada junto al marco del arco exterior, como si la hubiesen 


puesto de propôsito para mostrar desde luego el actual estado del 


700 GREG. ARNAIZ. 


edificio. En la lâmina IT aparece algo de esta balaustrada y de una 
de las hojas de la puerta. 

Por lo que toca al templo es un poco chocante que la puerta 
principal P no corresponda al medio de la fachada de él, como 
puede verse en la lämina I. Las dos puertas laterales 0 o del fondo 
situadas 4 la derecha guardan poca simetria con las otras dos de 
la izquierda o' o’; pues estas distan menos del centro que aquellas, 
como tambien puede verse en el plano (lämina I). 

Nada podemos decir de la torre, ni de la sala que habia sobre 
el puente, ni de las columnas y techo del templo por estar todo 


completamente destruido. ‘) 


La mezquita actual. 


En el archivo de la mezquita se conservaba un documento en 
chino que trata de una restauraciôn posterior que no se Îlevé 4 
efecto *), y comienza del modo siguiente: «Deliberaciôn para pro- 
curar fondos 4 fin de restaurar el templo de la religiôn pura y 
verdadera. Al sur de la ciudad Un-lieng ne BE $) habia una pre- 


ciosa pagoda que majestuosa se levantaba hasta las nubes como las 
aves en su elevado vuelo. Era el templo de la religiôn pura y 


verdadera, el cual estaba situado en medio de la ciudad de la carpa *).» 


1} Sur les colonnes, voir plus loin, p. 710, et planche IV en haut (note de M. v. B.). 

2) He preguntado al que hace de cabeza de los sectarios de Mahoma en Choan-chiu 
si en el archivo de la mezquita habia algun documento en äârabe 6 en chino que me 
pudiera servir para mis investigaciones, y me contesté que todo se habia echado & perder 
despues que murié el que cuidaba del archivo. Me parece que me dijo la verdad, porque 
siempre se me ha mostrado muy complaciente, y me enseñ6 las antiguas läpidas aräbigas 
que hay dentro de la actual mezquita, permitiéndome sacar fac-similes y fotagrafias de ellas. 
No obstante, ya poseia yo una copia del documento à que me refiero. 

3) Este es un nombre poético de Choan-chiu. 

4) Tambien se Ilama asi la ciudad de Choan-chiu, porque en el perfmetro de su 


muralla ven los chinos la figura del pez de este nombre. 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE lS'IUAN-TCHEOU. 701 


Repite parte de lo que ya hemos consignado, y despues pone los 
nombres de mäs de 20 literatos que antiguamente contribuyeron 4 
la restauracién de la mezquita, entre los cuales se cuentan varios 
grandes mandarines civiles y militares. 

Mas 4 pesar de todos los esfuerzos hechos por los que intenta- 
ron la nueva restauraciôén de la mezquita, no pudieron reunir el 
dinero necesario para el efecto, y asi tuvieron que contentarse con 
levantar de nuevo una pequeña 4 un lado de la antigua. Su forma 
es la de una casa china, y sus dimensiones se pueden apreciar por 
medio del plano (läm. I). Eu el muro del fondo y en los dos latera- 
les hay incrustadas varias läpidas de la antigua mezquita que con- 


tienen inscripciones aräbigas. 


Estado actual de los musulmanes en Choan-chiu. 


Asi como por la magnificencia de la antigua mezquita podemos 
deducir que en la edad media habia muchos musulmanes en Choan- 
chiu, asi tambien, al ver la sencillez de la actual mezquita, se puede 
presumir que ya apenas quedan adeptos de Mahoma en esta ciudad. 
Varias veces he ido alli el dia de viernes para observar cuantos 
musulmanes acuden 4 rezar sus preces, y no he visto mäs que al 
que hace de cabeza que estaba tomando té ä la puerta del templo 
(y eso que era dia de ayuno) y al guardian de la mezquita. Este, 
si estaba alli solo, cerraba inmediatamente la puerta al verme Ilegar, 
mas el otro siempre me ha recibido con mucha cortesia, permitién- 
dome ver lo poco que allf hay. Gran disgusto mostraba el guardian 
al verme penetrar en un recinto tan sagrado para ellos, pero no 
tenia mäs remedio que callar y aguantarse por respeto 4 su superior. 
No obstante, 4 pesar de no permitir la entrada 4 los extraños por 
la reverencia de aquel lugar, bien se echa de ver que es una reveren- 


cin aparente, porque el ataud que tienen alli para Ilevar al cemen- 
46 


702 GREG. ARNAIZ. 


terio los restos mortales de sus adeptos, lo mismo que una pequeña 
escalera, una mesa y algunos trastos inttiles siempre estan cubiertos 
de polvo. De las vigas del techo penden algunos faroles chinos Ilenos 
de telarañas y dos 6 tres cuerdas para secar alli la ropa en tiempo 
de Iluvia. La abstinencia de carne de cerdo generalmente la observan, 
pero el ayuno del viernes es demasiado riguroso, y asi creen que 
no estan obligados 4 tanto. El nüûmero de familias que actualmente 
siguen afiliadas 4 la religién de Mahoma es de unas diez, y aun 
la mayor parte de sus individuos no son musulmanes mäs que 


de nombre. 
Cementerio de los musulmanes de Choan-chu. 


Estä sitaado como 4 dos kilémetros de la puerta oriental de 
la ciudad, en la vertiente occidental de una colina Ilamada Zien-soa 
En L] . Cerca de la cumbre de la colina hay un kiosco ‘) dentro 
del cual hay dos sepuleros que, segun se dice, son de los primeros 
musulmanes que vinieron 4 Choan-chiu. En el fondo del kiosco hay 
una läpida con una inscripcién aräbiga, y 4 los lados de ella se 
cuentan hasta cinco läpidas chinas. Solamente haremos mencién de 
la ültima allf colocada, pues encierra en si el contenido de todas 
las otras, y fué grabada en 1870 por orden del Ti-tai TE EE de 
Choan-chiu despues de arreglado dicho kiosco. Mas antes trascribire- 
mos la relacién que trae la crônica de la ciudad acerca de estos 
sepulcros, la cual dice asi: «En el monte Lien-soa estan enterrados 
dos hombres del reino de Medina, los cuales, segun la tradiciôn, 
vinieron en tiempo de la dinastia Tang, durante el periodo U-ti 


nu fi (618—626) *). Son los sabios tercero y cuarto los que pro- 


1) Véase la lämina VII. 
2) Esta fecha evidentémente esta equivocada, pues es dificil creer que Mahoma enviase 


& sus discipulos 4 un reino tan lejano, aun antes de haber conseguido establecer su religién 


LES ANTIQUITÉS MUSULMANES DE TS'IUAN-TCHEOU. 703 


pagaron la religién en Choan-chiu, y despues de muertos fueron 
enterrados en dicho monte. Mäs tarde aparecieron por la noche radia- 
ciones luminosas que Ilamaron la atenciôn de la gente, y por esto 
se cambié el nombre de aquel lugar por el de Sia-bo HE EE » 
Este texto estä poco claro; pues en él se da 4 entender que fueron 
varios los sabios musulmanes que vinieron 4 China en aquella época?). 
La läpida china colocada alli en 1870 trae asi mismo la leyenda 
de la crônica, y luego refiere que durante el periodo Jong-lo À ss 
(1403 —1425) de la dinastia Ming un brigadier (Chéng-ping #4 K) 
fué enviado como delegado imperial al Occidente, y al pasar por 
Choan-chiu fué 4 dichos sepulcros para encomendarse 4 los santones 


allf enterrados, y mandé grabar una lâpida conmemorativa de su visita. 


en su propio pais. El autor de este documento da 4 entender que no esta seguro de ello 
al decir que esto se sabe por tradici6n. Ademas en aquella época tampoco estaba fundada 
la ciudad de Choan-chiu. 


) 2 ht 7E Sù II [ES] 3 LI A ER ER El = 
JUBE HS AA RE RE ot Eh KR 6 À = EU 6 F5 3 
LR MN 2€ 26 DR IE 3 #6 LE Un 27 X 4 2 À SE mi 
CLAHEÉ. 


Al pie de este cementerio hay una pequeña aldea que se Ilama Sia-bo (Sia corrup- 
ciôn de Sieng), y sin duda que este nombre proviene de estar allf dichos sepuleros. Es de 
notar < entre sus habitantes no hay uno que sea musulman. 


) El P. Wieger en sus Textes historiques, pag. 1598, trae un pasaje del libro 


a 4Ë Jk el cual dice asi: « À la montagne Léxn-chan, au FÜu-kien, sont ensevelis 


hommes venus du pays de Médine. Ils étaient docteurs de la religion mahométane. 
Les auteurs mahométans racontent que dans le royaume de Médine naquit, durant la 
période KAäi-hoang des Soei, un homme dont la sainteté se révéla par la majesté de sa 
personne. D'abord serviteur du roi du pays, il devint ensuite roi lui-même, et finit par 
publier un livre renfermant les préceptes de sa religion. Quatre de ses disciples arrivèrent 
à la cour de Chine, durant la période Où-tei des T’4ng (618—626), et se mirent à 
répandre leur doctrine. Le premier prècha à Koëxg-{cheou (Canton), le second à Z#xq-tcheou 
(au Kiäng-sou), le troisième et le quatrième à Ts’wfn-tcheou (au Fôu-kien). Après leur 


A 


mort, ces deux derniers furent ensevelis à la montagne Zéan-chan. Il y eut, sur leurs 
tombes, des apparitions lumineuses Le peuple l’appela En EE , la Tombe des Saints.» Este 
pasaje estâ un poco mâs claro, pues en él se dice terminantemente que fueron cuatro los 


sabios mahometanos que vinieron 4 China en aquella época. 


704 MAX VAN BERCHEM. 


Tambien hace mencién de las reparaciones del kiosco que se 
hicieron durante los perfodos Xang-hi ft BE (1662—1723), Xïen- 
long ÉFA fÆ (1736—1796) y Kïa-king FE LE (1818), como consta 
en las otras läpidas, y por fin exhorta 4 los venideros que no se 
olviden de hacer las reparaciones necesarias para la conservacién 
de los sepuleros. No hace mencién de la inscripcién aräbiga, ni 
tanto en esta como en las demäs läpidas chinas hay dato alguno 
one y por eso no las trascribimos. 

Tiene ahora la palabra M. Max van Berchem para la explicaciôn 


de las inscripciones aräbigas. 


Les inscriptions arabes de Ts’iuan-tcheou. 
A. La mosquée. 


Texte de restauration. 710 H. — Bandeau au-dessus de la porte 
S' (planche I), du côté de la cour à ciel ouvert qui précède l’en- 
trée du sanctuaire. Deux longs monolithes, encadrés l’un au-dessus 
de l’autre dans les pierres du parement, portent chacun une ligne 


en naskhi ancien; grands caractères, quelques points et signes 


(planche TITI). Inédite !). 
dti asuli 9 foi (sic) 9 & Qi Asus Sahara 


LS Asus ai sie et Gi or Cäaell (sic) Lui 


Cm (e2* Lo xs Parier) ë So 7 & Slim FL À 0 E ETS LS 
ROMANE MEET 5 E 530) Pre SU mr 5 5 
Ein SL S aie sd dt FA lis los dla 


ad sv de ole 4 ali à Cailt POS, Lee Li xll 


1) Ce texte a été lu à la loupe sur la photographie reproduite à cette planche. Bien 
qu'ici les caractères ne soient plus distincts, je puis en garantir la lecture. 
2) Ou (jAw; la première forme est plus correcte. 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU. 705 


Voici, la première mosquée (bâtie) pour les hommes !) dans ce pays, ce fut 
cette mosquée bénie, appelée l'antique et la primitive, dénommée la cathédrale 
et la publique, surnommée la mosquée des compagnons (du Prophète). Elle a 
été construite?) à la date de l’année 400 de l’hégire du Prophète (1009—10). 
Trois cents et quelques années après cette date, elle a été remise en état, 
restaurée et complétée par la fondation de cette arcade haute, de ce portique 
élevé, de cette porte noble et de cette fenêtre neuve, à la date de l’année 710 
de l’hégire (1310—11), dans le but de mériter la satisfaction d’Alläh, qu'il soit 
exalté, par Ahmad, fils de Muhammad, originaire de Jérusalem (?), surnommé le 
pèlerin Rukn(al-din ?) de Shiràz, qu'Alläh lui pardonne, ainsi qu'à ceux qui 
l'ont aidé (dans cette entreprise), par Mahomet et sa famille! 


Ce curieux texte est, à ma connaissance, la plus ancienne 
inscription arabe relevée à ce jour en Chine. L'inscription de la 
mosquée principale de Canton, qui jouissait jusqu'ici de ce privilège, 
est datée de 751 (septembre 1350)°). Celle de la mosquée de 
Ts'iuan-tcheou lui est donc antérieure de 40 ans; en outre, elle est 
beaucoup plus longue et suggère plusieurs observations. 

D'abord, elle affirme que la mosquée de Ts’iuan-teheou est la 
plus ancienne du pays. Le mot ard <terre» semble s'appliquer, 
sinon à la Chine entière, du moins à la province du Foukien; 
s'il n’eût voulu parler que de la seule ville de Ts'iuan-tcheou, le 
rédacteur, qui manie avec aisance les finesses de l'arabe classique, 


se fût servi sans doute d’un terme plus précis tel que balad ou 


1) C'est-à-dire pour les musulmans. Cette paraphrase de C. III, 90, et IX, 109, 
rappelle l'expression musdjid lil-djum'ah, qui désigne les grandes mosquées appelées vulgai- 
rement djdmi'; en effet, l'inscription dit plus loin que ce masdjid est un djémi'. 

2) Sur ce sens de wa-käna dhälika, qui ressort ici du contexte, voir CI A4, I, p.252. 

3) Voir Guyard, dans Dabry, Le mahométisme en Chine, I, p. 89; Himly, dans 
ZD MG, XLI, p. 141 et planche; Devéria, Origine de l’islamisme en Chine, dans Cente- 
naire de l'École des LL. O0. VP., p. 324; M. Broomhall, Zslam in China, p. 110. Les 
autres inscriptions musulmanes (arabes ou persanes) publiées à ce jour datent au plus tôt 
du XV° siècle. Quant à l'inscription cinoise musulmane de Si-ngan fou, datée de 742 de 
notre ère, signalée par plusieurs sinologues d’après des copies chinoises et dont Devéria 
(op. cit. p. 327) avait déja mis en doute l’antiquité, M. Broombhall, qui vient d’en publier 
un estampage, n’a pas eu de peine à prouver que malgré cette date, elle est d’une époque 


beaucoup plus récente (op. cit, p. 84 et suiv. et planche). 


706 MAX VAN BERCHEM. 


madinah. C’est à dessein, visiblement, qu’il insiste sur l'importance 
et l'antiquité de ce sanctuaire; parmi les noms qu’il lui donne, je 
me borne à signaler en passant celui de «mosquée des compagnons», 
sur lequel j'aurai l’occasion de revenir à la fin de ce mémoire. 

Ensuite, la première date donnée par l'inscription vise la con- 
struction de la mosquée, ainsi que je l’ai déjà dit dans une note; 
or, le contexte prouve qu'il s’agit ici de sa fondation. Sans doute, 
cette date ne repose que sur une tradition consignée ici trois siècles 
plus tard eb aucun des documents, d’ailleurs imparfaits, que j'ai entre 
les mains ne trahit l'existence, dans l'édifice actuel, de vestiges 
remontant à cette époque reculée. Mais il est certain que ce dernier 
a été précédé par une construction plus ancienne; sur ce point, 
les chroniques et l’épigraphie chinoises s’accordent avec l'inscription 
arabe, puisqu'elles font remonter la fondation de la mosquée à la 
première moitié du XII® siècle et qu’elles en signalent une refection 
complète vers le milieu du XIV® !). Il est vrai que les dates fournies 
par les sources chinoises, soit pour la fondation, soit pour la refection 
de la mosquée, ne concordent pas avec celles de l'inscription arabe. 
Comme ces sources sont moins anciennes que l'inscription arabe et 
qu'elles ne concordent même pas entre elles, il est permis de leur 
préférer, en ce qui concerne les deux dates, le témoignage précis 
d'un document contemporain de la seconde; toutefois, il est prudent 
de faire une réserve sur l'exactitude de la première, puisque la 
mosquée n’a livré, à ce jour, aucune inscription antérieure à l’année 
1310 de notre ère. 

Mais est-il certain que l'inscription de 1310 date bien de cette 
époque? Dans l'Occident musulman, cette question serait presque 
oiseuse, car il est rare qu’un texte épigraphique n’y remonte pas à 


l'époque indiquée par sa date; mais la Chine possède un grand 





1) Voir le mémoire du P. Arnäiz, ci-dessus, p. 695; G. Philipps, dans Z“oung-pao, 
juillet 1896, p. 232. 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU. 707 


nombre d'inscriptions, et aussi parmi les musulmanes, qui ont été 
regravées après coup, avec leur date primitive. Toutefois, en ce qui 
concerne celle de Ts’iuan-tcheou, la réponse ne paraît pas douteuse. 
Le style du document, qui trahit une époque assez haute, n’est pas 
une preuve péremptoire de son antiquité matérielle, puisqu'on aurait 
pu le recopier sans rien changer à sa rédaction; cette preuve, il 
faut la demander au style des caractères. Or, ce style est bien celui 
du début du XIV® siècle, sinon en Égypte, du moins dans l'Asie 
antérieure, par exemple sur quelques monuments des derniers 
Seldjoukides d'Asie Mineure. Le caractère des nombreuses inscriptions 
coraniques gravées en plusieurs parties de la mosquée offre le même 
style et, comme on le verra tout à l'heure, l’édifice tout entier, qui 
est d’un seul jet, se rattache à cette époque. En l'absence de tout 
indice contraire, il est donc permis de conciure que l'inscription, 
en son état actuel, a bien été gravée en 1310. 

Puis le texte précise la nature des travaux exécutés à cette date: 
refection, probablement fondamentale, de la mosquée primitive et 
fondation de quelques parties nouvelles: une arcade (fig), un portique 
(riwäg), une porte (b4b) et une fenêtre (skubbäk). Ces termes s’appli- 
quent sans doute aux différentes parties du portique dont l’entrée 
s'ouvre sur la rue, par le grand portail E, et dont la partie pos- 
térieure s'ouvre sur la cour, par la porte $', percée sous le bandeau 
de l'inscription ‘). Sans entrer ici dans des détails oiseux, il est per- 
mis de conclure que tout l'édifice actuel remonte au début du XIV° 
siècle, notamment le sanctuaire, qui remplace la mosquée primitive, 
et le portique monumental, créé à cette époque, peut-être avec 
l'enceinte extérieure, pour agrandir l'édifice en vue d’un plus grand 
nombre de fidèles. Je reviendrai plus loin sur cette dernière hypo- 


thèse et je me borne à retenir ici le fait que l'édifice est d’un seul 


1) Pour la description qui suit, voir les planches I à VI. On pourrait lire aussi «/- 
shubbäk al-hadid «cette grille de fer ». 


708 MAX VAN BERCHEM. 


jet. De fait, les photographies ne trahissent nulle part deux phases 
distinctes. L'appareil, fait de belles pierres dressées avec soin, est 
remarquablement homogène. Tous les arcs des portes et des baies 
‘offrent le même profil en carène, les mêmes détails d’appareillage, 
les mêmes voussoirs en retour d’équerre au-dessus des piédroits, à 
l’origine des deux demi-courbes, enfin la même clé de voûte com- 
mune à ces deux demi-courbes, au sommet de chaque arc, suivant 
les traditions de l'architecture musulmane. Les trois portes principales, 
en E, S’ et P, ont les mêmes montants monolithes, le même linteau 
droit, également monolithe, et dont les extrémités reposent sur deux 
corbeaux sculptés des mêmes ornements de style chinois, enfin le 
même tympan, rempli par un ou deux blocs taillés suivant la 
double courbe de l’are qui les inscrit. D'autre part, j'ai déjà dit 
que tous les textes coraniques de la mosquée, dont le détail sera 
donné plus loin, offrent le même style que celui de l'inscription de 
1310; or, ces textes sont répartis un peu partout, à l'extérieur et 
à l'intérieur. Bref, il paraît évident que nous avons sous les yeux 
un monument complet du début du XIV® siècle, auquel il ne man- 
que que ses colonnes, sa toiture et sôn ameublement, autrement dit, 
un exemple peut-être unique de la mosquée chinoïse à cette époque. 
Cette conclusion soulève à son tour quelques problèmes intéressants; 
en voici deux qui suffiront à montrer la valeur d’un monument resté 
presque inédit jusqu'aux recherches du P. Arnäiz ?). 

Le premier relève de l'archéologie et peut se formuler ainsi: la 
mosquée de Ts’iuan-tcheou trahit-elle l'existence, au moyen âge, 
d’une école d'architecture sino-musulmane, originale et distincte des 


autres écoles musulmanes? Cette question paraîtra prétentieuse. Si 


1) La courte description de Philipps (2e. cit., avec trois gravures) est tout ce que 
j'ai trouvé sur cet édifice, dont les inscriptions sont entièrement inédites; ef. Marco Polo, éd 
Yule— Cordier, I, p. 241. Un livre récent sur lIslam en Chine, celui de Broomhall, ne 


nomme même pas, parmi les mosquées du Foukien, p. 213, celle de Ts’iuan-tcheou, 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU. 709 


je la pose, c’est parce que nous savons peu de chose des édifices 
religieux de la Chine musulmane; encore la plupart des mosquées 
signalées ou décrites à ce jour sont-elles d’une époque récente et 
n’en connaissons-nous même pas des relevés exacts '). Je vais done 
tenter d'y répondre, sans me dissimuler qu’une exploration complète 
de la mosquée de Ts’iuan-tcheou donnera seule la clé du problème. 
Jetons un coup d'oeil sur son plan (planche [) et commençons par 
l'entrée. 

Celle-ci s'ouvre, non sur le sanctuaire, mais sur une enfilade de 
portes et de vestibules voûtés ETS CS’, aboutissant aux escaliers 
e e. Ce propylée débouche dans une cour à ciel ouvert; de là, 
on tourne à gauche pour atteindre l'entrée P du sanctuaire. Ce 
dispositif, bien qu'original, ne constitue pas un caractère distinctif 
d'une école sino-musulmane. L'entrée des mosquées n'ohéit pas aux 
rêcles précises qui commandent celle des temples ou des églises; on y 
entre tantôt par un axe, tantôt par un angle. Sans doute, un grand 
nombre de mosquées sont symétriques; mais un coup d'oeil jeté sur 
quelques douzaines de plans pris au hasard, du Maroc aux Indes, 
montre que dans aueun pays ni à aucune époque, cette règle n'est 
absolue. Je me borne à signaler, au Caire, deux édifices du XIV 
siècle dont l'entrée offre une frappante analogie avec celle de la 
mosquée de Ts’iuan-tcheou: je veux parler de la madrasah du sultan 
Hasan et du couvent du sultan Faradj, dit mausolée du sultan Barqûq, 
au désert. Dans l’un et l’autre édifice, comme à Ts’iuan-tcheou, on 


entre à l'extrémité droite de la façade extérieure, puis on tourne à 


1) C'est au point que dans son substantiel Manuel d'architecture musulmane, M. Saladin 
a dû se borner, en ce qui concerne la Chine, à des notes sur les parties accessoires de 
quelques mosquées modernes du Yunnan. Depuis lors, la Revue du monde musulman à 
publié des observations sur les mosquées du Yunnan, du Setchouen, du Kansou et de 
Pékin. Quelques-uns des ouvrages cités dans ce mémoire parlent aussi des mosquées de 
Canton et de Pékin; mais il n'existe, à ce jour, aucun essai méthodique sur l'architecture 


sino-musulmane. 


710 MAX VAN BERCHEM. 


gauche pour déboucher dans la cour et pénétrer de là dans le 
sanctuaire; en outre, à la madrasah de Hasan, la direction de la 
qiblah par rapport à l'entrée est la même qu’à Ts’iuan-tcheou. 

De l'entrée, passons au sanctuaire. Il est de forme rectangalaire 
eb sa toiture reposait sur les murs extérieurs et sur trois rangées 
de quatre colonnes qui déterminaient des travées parallèles !). Cette 
disposition répond à un type répandu dans la Chine actuelle, si l’on 
en juge par quelques relevés imparfaits ?). Sans doute, on n’y 
retrouve pas la majestueuse ordonnance des grandes mosquées de 
l'Occident, dont les sanctuaires, aux multiples supports, s'ouvrent au 
fond d’une vaste cour bordée de portiques sur les trois autres côtés. 
Cependant, le sanctuaire de Ts’iuan-tcheou n’a rien de spécifique- 
ment chinois. Ainsi, la grande mosquée de Siwas, en Asie Mineure, 
pour ne citer que celle-là, possède un sanctuaire dont celui de 
Ts’iuan-tcheou n’est qu’une reproduction réduite ). 

Le mur de fond du sanctuaire est décoré de six niches à fond plat 
n, Couronnées par un arc en carène, entre lesquelles s'ouvrent 
quatre baies 0 0’, à linteau monolithe (planches I et VI). La niche 
centrale N, placée dans l’axe principal, est celle de la qiblah. En 
Occident, cette niche est creusée en demi-cylindre, dans l'épaisseur 


du mur, et couronnée en cul-de-four; ici, elle est à fond plat, 


1) Ces colonnes ont disparu, mais la planche I montre leurs socles carrés sur le terre- 
plein du sanctuaire; plusieurs de ces socles se voient encore en place dans une des gravu- 
res publiées par Philipps, oc. cit. Quant aux colonnes, le P. Arnäiz en a retrouvé quatre 
gisant dans la cour de la petite mosquée actuelle. Elles sont en pierre, cylindriques, d’envi- 
ron deux mètres de haut; deux d’entre elles portent six cannelures, les deux autres, huit, 
Il a retrouvé aussi plusieurs bases cylindriques, décorées de rinceaux d’un curieux style 
(planche IV), et une pierre carrée, surmontée d’une partie cylindrique, qu’il tient pour 
un socle de colonne. Il suppose que les huit colonnes détruites étaient en bois et que la 
toiture était de style chinois; mais il n’a retrouvé aucune trace d’entablement. 

2) Voir, par exemple, le plan et la description d’une mosquée de Pékin dans Palla- 
dius, Les mahométans en Chine (en russe), dans les Travaux des membres de la mission 
ecclésiastique russe de Pékin, AV, p. 435 et suiv.; cf. Revue du monde musulman, passim. 

3) Voir CA, Il, pl. II, 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU. al 


comme les six autres. Ce dispositif est fréquent en Chine ‘) et je n’en 
connais pas d'exemple dans l'Occident musulman. A Ts’iuan-tcheou, 
en outre, le mur de fond du sanctuaire forme, au milieu de son 
parcours, un saillant rectangulaire, ménageant à l'intérieur un 
retrait À, au fond duquel se trouve la niche de qiblah. Cette sorte 
d'absidiole, elle aussi, est fréquente en Chine; elle semble être la 
règle dans les mosquées du Kansou et on en retrouve la trace à 
Java *). Sous cette forme exacte, elle paraît inconnue, elle aussi, 
dans l'Occident musulman; cependant, iei encore, certains rapproche- 
ments sont permis. Ainsi, les mosquées du type broussien ménagent 
souvent, dans leur mur de fond, un grand retrait rectangulaire, 
couvert en coupole *). Dans plusieurs mosquées de l’Afrique du Nord, 
ce retrait est de dimensions plus modestes, comme en Chine; mais 
le mihrâb y est placé souvent, en deçà de ceb appendice, dans 
l'alignement du mur de fond *). 

Si le plan du P. Arnäiz est exact, la mosquée de Ts’iuan-teheou 
est orientée de telle façon que la qiblah regarde l’ouest-nord-ouest. 
La ville de Ts'iuan-tcheou étant à 4 degrés au nord de la Mecque, 
la qiblah devrait être dirigée vers l’ouest, avec une légère déclinaison 
vers le sud. L'écart paraît sensible, mais il disparaît en grande partie 
si l'on considère l'orientation par rapport à la ligne la plus courte 
menée de Ts'iuan-teheou à la Mecque ‘). Si l'on tient compte des 
erreurs d'observation et de la distance énorme qui sépare ces deux 

1) Voir Saladin, op. cit., fig. 417; Broomhall, op. cit. fig. à p. 14. 

2) Voir Revue du monde musulman, IX, p. 531. 

3) Voir Wilde, Brussa, passim; Saladin, op. cit, fig. 360 et suiv. 

4) Ainsi à Tlemcen, aux mosquées de Sidi Bou Médine et de Mansourah; voir Mar- 
çais, Monuments arabes de Tlemcen, fig. 49; Duthoit, dans Archives des missions, 3° série, 
I, pl. à p. 318. Il y a un dispositif analogue dans nombre de mosquées indoues, 

5) On sait, en effet, que dans l’hémisphère boréal, la ligne la plus courte entre deux 
points situés à la même latitude se dirige, à partir de ces deux points, respectivement 
vers le nord-est et le nord-ouest, et que cette déclinaison augmente avec la latitude; voir 


à ce sujet, dans J R AS, 1908, p. 464 et suiv., une note de Burgess sur l’orientation des 


mosquées indoues. 


712 MAX VAN BERCHEM. 


villes, on conviendra que cet écart n’a rien d’anormal; l'architecture 
musulmane en offre bien d’autres exemples. Il se pourrait, d’ailleurs, 
que le mur de fond du retrait de la qiblah ne fût pas exactement 
parallèle au mur de fond du sanctuaire et corrigeât ainsi une erreur, 
dans l'orientation générale de l'édifice, imposée par la direction de 
la rue limitrophe. Si je signale en passant ce problème, c'est que 
je n'ai trouvé, jusqu'ici, aucun renseignement sur l'orientation des 
mosquées chinoises. !) 

Si du plan de l'édifice, je passe à son architecture, je n’y décou- 
vre aucune forme inédite révélant l’existence, au moyen âge, d’une 
école sino-musulmane originale; je n’y vois, de spécifiquement chi- 
nois, que le style du décor sculpté sur les six corbeaux qui sou- 
tiennent les linteaux des trois portes E, $’ et P. En réservant ces 
détails et les parties de bois, aujourd’hui détruites, on pourrait, à 
la rigueur, placer ce monument quelque part dans l’Asie occiden- 
tale, mieux encore, aux Indes. En un mot, la mosquée chinoise, au 
moyen âge, est un édifice assez simple et plutôt musulman que 
chinois, à part le style du décor. Ce caractère s'explique, sans doute, 
par la situation des colonies musulmanes de la côte chinoise, isolées 
de l’intérieur, mais reliées, par la mer, à leurs pays d’origine. 

Voici encore un fait à l’appui de cette conclusion. On sait que 
les mosquées modernes de la Chine sont dépourvues de minaret; 
seule ou presque seule, la vieille mosquée de Canton possède un 
vrai minaret, cylindro-conique, à demi-ruiné. ?) Or, la mosquée de 
Ts'iuan-tcheou avait, elle aussi, cet organe essentiel de toute mos- 
quée occidentale; il s'élevait au-dessus du grand portail de l’entrée 


(en X-Z de la coupe, planche I). A en juger par ses ruines et par 


1) Palladius, loc. cit, se borne à dire qu’en Chine, les mosquées sont orientées de 
est à l’ouest, dans la direction de la Mecque. 
2) Voir Palladius, Zoc. cit.; Saladin, op. cit., p. 581; Broomhall, op. c£., fig. à p. 


109, et toutes les descriptions de la mosquée du Saint-Souvenir à Canton 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU. 713 


la description qu’en fait la pierre chinoise (voir ci-dessus, p. 694), ce 
minaret devait être élevé. Le P. Arnäiz, auquel je dois cette remar- 
que, ajoute que si les mosquées chinoises n'ont plus de minaret, 
c'est qu'il leur est interdit de s'élever à la hauteur des pagodes; 
il en conclut qu'au moyen âge, la colonie musulmane de Ts’iuan- 
tcheou, comme celle de Canton, devait être considérable. Quelle 
que soit la valeur de cette observation, il est certain que la mosquée 
de Ts’iuan-tcheou est un vaste édifice et si l’on se rappelle qu’elle 
a été rebâtie et agrandie en 1310, il est permis de conclure 
que la colonie musulmane de cette ville était alors en pleine 
prospérité. 

Cette conclusion m’amène au second problème soulevé par la 
lecture de l'inscription de 1310; si le premier relevait de l’archéo- 
logie, celui-ci est d'ordre géographique: je veux parler de l'identifi- 
cation de Ts’iuan-tcheou avec la célèbre Zaitûn des auteurs musul- 
mans du moyen âge. Bien que la question puisse être considérée 
comme résolue, depuis que Yule et M. Cordier, après tant d’autres 
savants, ont accumulé les preuves en faveur de cette identité, !) 
il n’est pas indifférent de voir le P. Arnäiz, qui a longuement étudié 
ce problème sur les lieux, affirmer que Zaïtûn doit être cherchée à 
Ts’iuan-tcheou et non à Tchang-tcheou. Parmi les arguments qu'il 
fait valoir, il est en au moins un qui n'avait pas encore été invo- 
qué: c'est que la ville de Tehang-tcheou, dont l’origine est moins 
ancienne que celle de Ts’iuan-tcheou, ne conserve pas la trace d’une 
très vieille mosquée. Or, Zaitûn était, du XIII® au XIV® siècle, le 
port le plus important du Foukien; nous avons, sur ce point, le 
témoignage concordant de Marco Polo, d'Odoric et d’'Ibn Batütah. Bien 
que ce dernier auteur n’y signale pas expressément une mosquée, 


il est évident qu’à son époque, Zaitûn en possédait une, et de quel- 


1) Voir Marco Polo, éd. Yule—Cordier, IT, p. 234 et suiv.; Odorie, éd. Cordier, p. 263 


et suiv., avec les savantes notes des éditeurs, 


714 MAX VAN BERCHEM. 


que étendue, puisque le voyageur arabe à trouvé dans cette ville une 
importante colonie de musulmans, établis dans un quartier spécial, 
sous l'égide d’un qâdi et d’un shaïkh al-islâm, c’est-à-dire de deux 
magistrats impliquant l'existence d’un lieu de culte. ’) Or, la mos- 
quée de Ts’iuan-tcheou a été rebâtie en 1310, soit quelques années 
après la visite de Marco Polo, quelques années avant celles d'Odoric 
et d'Ibn Batütah. Il faut bien avouer, toutefois, que ce rapproche- 
ment serait plus décisif si l'inscription de 1310 renfermait le nom 
arabe de Ts’iuan-tcheou à cette époque. À défaut d’une indication 
aussi précise, ce texte fournit deux arguments nouveaux en faveur 
de la thèse dont il est iei question; bien que leur valeur soit discu- 
table, je ne puis les passer sous silence. 

Le premier découle du fait, affirmé par l’inscription et commenté 
plus haut, que la mosquée de Ts’iuan-tcheou fut fondée en 1010, 
puis rebâtie et agrandie en 1310. Il est permis d’en conclure que 
la colonie musulmane de cette ville n’acquit une certaine importance 
qu'au X° ou au XI° siècle ?) et que cette importance s’est accrue 
jusqu’au début du XIV®. Or, les plus anciennes relations musulmanes 
sur les ports de la Chine ignorent la ville de Zaiïtün *). A défaut 
d’une preuve positive, ce silence ne soulève, du moins, aucune ob- 
jection contre la théorie qui place Zaitûn dans une ville chinoise 


dont la colonie musulmane ne devint importante qu’au XI° siècle. 


1) Voir Ibn Batûtah, éd. Defrémery, IV, p. 269 et suiv.; cf. Marco Polo, éd. Yule— 
Cordier, et Odorie, éd. Cordier, Zoc. cit., et les sources citées par Schefer, dans Centenaire 
de PÉcole des LL. O0. VV., p. T et suiv. Je n’ai rien trouvé de nouveau dans la courte 
description de cette ville par Qalqashandi (début du XV° s.), publiée par le P. Lammens, 
dans Mashrig, IV, 1901, p. 411. 

2) C’est à une conclusion analogue que l’étude des sources chinoises et l’examen de la 
ville actuelle ont conduit le P. Arnäiz; voir son mémoire, p. 680 et passim. 

3) Dans son édition de Marco Polo, p. 529, note, col. 1, Pauthier a déjà fait observer 
que les auteurs musulmans des premiers siècles de l’hégire, tels que Mas‘ûdi et le marchand 
Sulaimân de la Rélation publiée par Reinaud, ne parlent pas de Zaitün. A ces témoignages 
négatifs, on peut ajouter ceux de l’Abrégé des merveilles, publié par M. Carra de Vaux, et 


des Merveilles de l'Inde, publiées par Devic. 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU, 715 


Le second argument est fourni par la fin de l'inscription, qu’il 
reste à étudier rapidement. Après la date, elle nomme l’instigateur 
des travaux, c’est-à-dire le personnage qui fit les frais de la con- 
struction, ou le magistrat qui fut chargé de la diriger; je pencherais 
pour la première hypothèse, parce que cet Ahmad ibn Muhammad 
n’est désigné par aucun titre de fonction. En revanche, il porte 
deux surnoms ethniques on plutôt polionymiques, si l’on me passe 
un néologisme qu'on sera forcé d'introduire tôt ou tard dans l’épi- 
graphie arabe, où les relatifs tirés des noms de ville jouent un rôle 
important. Le premier est écrit distinctement | Lx2/\, car la paléo- 
graphie comparée de l'inscription exclut les leçons emxæll et | cui al; 
la leçon al-qudsi paraît donc certaine, bien que ce mot ne soit pas 
ponctué. Le deuxième est écrit sa), avec les points; la leçon 
al-shirâzi est donc hors de doute. Il résulte de cette double indi- 
cation que le restaurateur de la mosquée était originaire de Jérusalem 
et qu'il avait véeu à Shîràz, probablement au cours d’une carrière 
commerciale qui le conduisit plus tard à Ts’iuan-tcheou; en outre, 
il avait fait le pèlerinage de la Mecque. ') Je ne retiens iei que 
ce surnom de Shirâzi, sans insister sur les noms propres de 
ce personnage, que nous n’avons aucune chance de retrouver dans 
les sources arabes ou persanes, Or Ibn Batütah, qui fit un séjour 
à Zaitûn vers l’année 1345, nous a laissé les noms de quelques 
musulmans importants de cette ville. On n’y retrouve pas celui 
d'Ahmad ibn Muhammad; mais, détail bien curieux, les quatre mu- 
sulmans nommés par le voyageur marocain sont originaires de la 
Perse: le qûdi, d’Ardabîl; le shaiïkh al-islâm, d’Ispahan; un des 
principaux marchands, de Tabrîiz, et l’un des principaux shaikhs, 
de Kâzerûn *). Ainsi, les notables de la colonie musulmane de Zaiïtûn 

1) AZqudsi signifie peut-être qu’il avait fait le pèlerinage de Jérusalem; a/-mugaddasi 


est employé parfois dans ce sens (Goldziher). 
2) Voir Ibn Batâtah, IV, p. 270 et suiv. 


716 MAX VAN BERCHEM. 


étaient alors d’origine persane, comme le restaurateur de la mosquée 
de Ts’iuan-tcheou, un tiers de siècle avant eux, et comme ces musul- 
mans et ce chrétien, enterrés au cimetière voisin de la ville, dont on 
va lire les épitaphes. Cette coïncidence sera plus frappante si 
j'ajoute que parmi les musulmans que le voyageur arabe a ren- 
contrés dans les autres villes de la Chine et qui étaient originaires 
de la Soghdiane, de la Mésopotamie, de l'Égypte et du Maroc, il 
ne se trouve aucun Persan proprement dit ). 

Les sources chinoises dont j'ai parlé plus haut nous ont laissé 
le nom du prétendu fondateur de la mosquée au XII siècle, et 
ceux des deux restaurateurs de l'édifice au XIV°. Le premier peut 
être négligé ici, puisqu'il ne figure pas dans l'inscription arabe et 
qu’il n’y a pas concordance chronologique entre les deux prétendues 
fondations. Il eût été plus intéressant de retrouver notre Ahmad 
ibn Muhammad de Shirâz dans ce Hea-pu-lu han-ting, natif de 
Cha-cha-li-mien, ville ou contrée de l'Occident, qui, suivant les an- 
nales de Ts’iuan-tcheou, vint s'établir dans cette ville vers l'année 
1312, répara la mosquée de fond en comble, vers 1350, avec un 
certain Kin Ah-li, et mourut en 1371, après avoir été nommé 
shaïikh al-islâm par ses coreligionaires de Ts’iuan-tcheou *). Mais 
outre que ces dates ne concordent pas avec celle de notre inscription, 
ces noms ne fournissent aucun rapprochement décisif avec celui du 


restaurateur persan de 1310. 


le 5 L 0 

Épitaphes du XIV® siècle. — Au nord du vieux sanctuaire et 
dans l'enceinte de la mosquée s'élève un édicule rectangulaire, 
précédé de deux cours à ciel ouvert et dont le toit repose sur deux 


1) Il y a des Persans parmi les informateurs de ‘Umari, trad. Schefer, dans Cenfe- 
naire, p. 16 et suiv.; mais nous ne savons pas dans quelle partie de la Chine ils avaient vécu. 
2) Voir le mémoire du P. Arnäiz, p. 695, et Philipps, Zc. cit. Je donne ces noms 


d’après ce dernier, en négligeant les variantes d'orthographe fournies par le premier. 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU. 717 


colonnes ce. C’est lui qui sert aujourd’hui de mosquée, le sanctuaire 
du XIV® siècle étant en ruine et désaffecté, et ses dimensions 
restreintes suffisent à la communauté musulmane, réduite à un petit 
nombre de membres. Dans les murs de cet édicule sont encastrées 
plusieurs stèles qui ont été trouvées dans le sol de la mosquée, au 
dire du gardien. Le P. Arnäiz en a photographié et estampé deux, 
qui lui ont été signalées comme portant des inscriptions historiques. 
Cette indication est parfaitement exacte; mais les fac-similés que mon 
zélé correspondant m'a envoyés à plusieurs reprises ne sont pas 
assez nets pour permettre une lecture complète de ces deux textes; 
je me bornerai donc à les analyser. 

La première stèle porte, introduite par une tradition du Prophète, 
l'épitaphe d’un certain Sa‘d al-daulah wal-dîn, sans doute un membre 
de la colonie musulmane de Ts’iuan-tcheou, qui n’est désigné ni 
par son nom propre, ni par un titre de fonction. Cette épitaphe ne 
paraît pas datée, mais elle remonte au XIV® siècle, à en juger par 
le style de ses caractères et de son décor, comparé à celui de l’autre 
stèle. Celle-ci porte l’épitaphe d'une dame appelée Khadîdjah khatun, 
fille d'un défunt sadr ou «principal» Mu'‘in al-din, peut-être le 
chef de la communauté musulmane, dont l’ethnique a résisté 
à tous mes efforts. Cette dame est morte au début de l’année 736 
(1335), un quart de siècle après la reconstruction de la mosquée. 

D'autres stèles, trouvées dans le sol, sont encastrées dans les 
murs de la mosquée moderne et de la grande cour‘). Ainsi, l'enceinte 
de la mosquée renfermait, au XIV® siècle, un lieu de sépulture des 
musulmans de Ts’iuan-tcheou. Des fouilles conduites avec méthode 


conduiraient peut-être à quelque découverte intéressante. 





1) Au dernier moment, je reçois du P. Arnäiz les estampages de deux nouvelles stèles, 
l’une au nom de Bah4’ al-din Umar ibn Ahmad al<Alami (ou al-“Ilmi) al-Tabrizi, datée 
764 H., l’autre au nom de Shams al-din Muhammad ibn Rukn (ou Zain) al-din al-Tabrizi, 
avec une date indistincte. Encore deux Persans, tous deux originaires de Tabriz, comme 


le marchand rencontré à Zaitûn par Ibn Batütah. 


47 


718 MAX VAN BERCHEM. 


Inscriptions coraniques et banales. — Bien que les textes suivants 
n'aient aucune valeur historique, je dois en dire un mot, à cause de 
leur intérêt pour la paléographie, car ils sont tous ou presque tous 
contemporains de l'édifice de 1310. Ce n’est pas sans peine que le 
P. Arnäiz a pris, dans des circonstances peu favorables, les nom- 
breux clichés qui m'ont permis d'établir, à la loupe et par un 
repérage délicat, mais dont je puis garantir l’exactitude, la série des 
passages suivants, qui couvrent plus de 120 mètres de longueur, 
suivant un calcul approximatif. Si chaque étape de ce travail m'a 
causé une déception, je veux du moins qu'il serve à ceux qui tente- 
ront l'exploration complète de la mosquée de Ts’iuan-teheou. D’ail- 
leurs, il n’est pas sans interêt de constater ce développement extra- 
ordinaire donné aux textes coraniques, tous gravés avec le plus 
grand soin, en beaux caractères arrondis de l’époque; il offre une 
preuve de plus de l'importance qu'avait alors un sanctuaire que 
l'on peut comparer, à cet égard, aux plus grands monuments reli- 
gieux de l'Occident musulman. 

Dans la façade en bordure de la rue, à gauche du grand por- 
tail E, s'ouvre une rangée de huit vastes baïes rectangulaires v, 
aujourd’hui murées, au-dessus desquelles court un long bandeau 
renfermant tout le chapitre LXXVI du Coran (247 mots). !) 

Au-dessus de la niche en cul-de-four qui couronne la baie du 
grand portail ÆE, sur la rue, court un bandeau plus petit, dont la 
plus grande partie est masquée par des arbustes qui ont cru entre 
les joints des pierres. Le P. Arnäiz à réussi à grand peine à en 
photographier un fragment vers la fin, à gauche; on y lit la fin 
du verset 16 et le début du verset 17 du chapitre IIT du Coran; 
la partie masquée ne renferme done, selon toute apparence, que le 


début du verset 16. 








1) Une des gravures publiées par Philipps, Loc. cit., montre cette façade, avec une 


partie du bandeau. 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU. 719 


Le tympan de l'entrée P du sanctuaire (planche IV) est orné 


de trois lignes d’inégale longueur, qui renferment les mots suivants: 

L. 1: Coran, II, 119 (de AZ jusqu’à es 1. 2: même verset 
We GS E< ) . 

(de pe WU) Jusqu'à ossi); 1. 3: Coran, IT, 121 (entier). Ces 


trois passages sont empruntés au récit de la fondation et de la 
consécration, par Abraham, de la Ka‘bah de la Mecque. 

Le mur de fond du sanctuaire est couvert d'inscriptions corani- 
ques réparties de la manière suivante: 

Un long bandeau court aux trois quarts de la hauteur du mur, 
au-dessus des niches (planches I et VI). Les angles saillants et 
rentrants du retrait du mihrâb le divisent en cinq parties dont la 
première eb la dernière sont beaucoup plus longues que les trois 
autres, situées sur les trois petites faces du retrait A. Je les numé- 
rote de 1 à 5, à partir de l'angle nord du sanctuaire: (1) Coran, 
LXXVIII, 1 à 21; (5) suite et fin du chapitre, de 22 à 41; (2) 
Coran, II, 136 à 137 (début); (3) même chapitre, 137 (fin) à 138; 
(4) même chapitre, 139 (entier). 

D'autres versets sont sculptés sous les précédents, dans une série 
de bandeaux superposés qui ornent le fond des sept niches plates 
ménagées dans ce mur. Je les numérote de 1 à 7, à partir de 
l'angle nord du sanctuaire; celle qui porte le n° 4 est la niche N 
du mihrâb. Elle est plus grande que les six autres et possède un 


plus grand nombre de bandeaux. 


Niche 1, quatre bandeaux: Coran, III, 186 à 189. 


> 2, » » C. XXXI, 28 à 30. 
>» 9, » » C. II, 256 (entier). 
» À, sept » (1) Confession de foi; (2) C. XXI, 107; 


(3) C. V, 60: (4) C. III, 138 (jusqu’à 
as) et XXXIIT, 40 (jusqu'à GA): 


720 MAX VAN BERCHEM,. 


(5) C. LXI, 6 (jusqu’à Xi); (6) C. 
XLVIII, 28 à 29 (jusqu'à ai); (7) C. 


IT, 203, et IX, 40 (de ee à Lies). 


Niche 5, cinq bandeaux: C. XXIV, 35 à 36 (jusqu'à Les). 
24 20: » C. XXIV, 36 (fin) à 38 (entier) et un 


passage illisible sur le dernier bandeau. 


0 > C. II, 286 (depuis Li), et III, 190 à 192. 


Tels sont, à ma connaissance, tous les textes coraniques faisant 
corps avec la mosquée. Parmi les stèles encastrées dans les murs 
de la cour et de la petite mosquée actuelle, il y en aurait de cora- 
niques, au dire des gardiens de l'édifice. Mais il se peut que ce 
soient des épitaphes débutant, suivant la règle, par une tradition 
ou un passage du Coran. Je dois enfin au P. Arnäiz l’estampage 
d’une stèle située à l’intérieur ou dans le voisinage de la mosquée. 
Comme les autres, cette stèle porte un couronnement multilobé et 
des rinceaux de style chinois. L'inscription, très artistement sculptée, 
ne renferme que la confession de foi, gravée en éventail, et une 


prière en faveur des musulmans et des musulmanes. 


B. Le cimetière. 


Mémorial de la première mission musulmane. 1323 H. — À environ 
deux kilomètres à l’est de la ville s'élève une colline dont le versant 
occidental, près de son sommet, est couvert par un cimetière en 
pente, parsemé de monuments et de tombes en ruine, d’arbustes 
et de rochers. Vers le haut de ce lieu tout intime et solitaire 
s'élève un kiosque de style chinois, dont le toit recourbé repose sur 
quatre colonnes de pierre et de bois (planche VIT). Cet édicule abrite 
deux tombes mieux entretenues que les autres et que la tradition 


donne pour celles des deux personnages dont je vais parler. Derrière 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU. 721 


le kiosque s'ouvre une sorte d’auvent en hémicycle, couvert d’un 
toit sur colonnes. Cet auvent abrite une stèle en pierre, encastrée 
dans un socle de pierre, qui porte une inscription de dix lignes en 
naskhi ancien, d’un style assez bizarre; petits caractères, avec une 


partie des points et des signes (planche VIII). Inédite. 


Lib des al (2) Rhè> cuball on Res BU salt mo Le (1) 
(sic) SA Eat Goo Pi (G) ae Jamo des je alt wo 
ol (6) CLS RM sé Ll & Ai jo (4) ss US 
Lgs luuitet Qubul (sic) Radi JAI 41 (6) mal Ji Le Ml Léns 
Les bill base (8) liée A & uxtil We Luis (7) cum 
Ou cle leep,s LOU EAté Less (0) DES (oriun 
leur piles Gé Ru plus, à EAN mis eus (10) 


Ce cimetière béni a été restauré par une société de musulmans, qu’ Allâh 
les préserve, dans le but de rechercher la satisfaction d’Alâh, qu’il soit glorifié 
et magnifié, et une part abondante de sa récompense, au profit des deux 
hommes de bénédictions qui sont venus dans ce pays, au temps du Faghfür. 
Il fut raconté qu’ils étaient les auteurs de bonnes œuvres. Puis ils moururent 
et passèrent de la maison périssable à la demeure éternelle. Les gens ont cru 
en eux à cause de leurs bénédictions. Aussi, quand ils éprouvèrent #) des vicis- 
situdes et qu'ils se sentirent faibles et irrésolus, ont-ils imploré l’aide de ces 
deux (saints). Et ils ont voyagé (?), dans le but de se rendre en pèlerinage à 
leurs tombeaux, durant l'hiver (?): ainsi, ils en ont tiré profit et ils sont 
rentrés chez eux sains et saufs. — Ce mémorial a été écrit en ramadàn de 
l’année 723 (septembre 1323). 


1) Ce mot, très mal écrit, ne peut être qu’un verbe à la 3° personne du pluriel. La 
leçon adoptée ici n’est nullement certaine; elle donne un sens satisfaisant et ne fait pas 
trop violence à la paléographie. 

2) Au point de vue paléographiqne, cette leçon est très satisfaisante; mais on peut faire 
une réserve sur le sens. 

3) Ce mot est douteux; on n’en voit guère que la première lettre. 

4) J'ai traduit ce verbe et les suivants au parfait, en supposant qu’ils se rapportent 
à un pèlerinage accompli par les musulmans qui ont fait ériger la stèle en 1323. On pour- 
rait aussi les traduire à l’imparfait et leur donner pour sujet le mot «les gens» de la phrase 


précédente ; mais le contexte est plutôt en faveur de la première interprétation. 


722 MAX VAN BERCHEM. 


Les caractères, bizarrement contournés, rappellent assez ceux des 
stèles de la mosquée. Certaines anomalies, ainsi la liaison fréquente 
de l'alif à gauche, en façon de l@m, se retrouvent dans l'épigra- 
phie de cette époque en Asie occidentale; d’autres paraissent propres 
à l’école chinoise. Ces irrégularités, peut-être aussi l’imperfection 
des fac-similés dont je dispose, laissent planer quelques doutes sur 
un petit nombre de passages. J’ai déjà signalé en note les princi- 
paux d’entre eux et comme le sens général est parfaitement clair, 
je puis passer sans autre préambule au commentaire historique de 
ce curieux document. 

Il faut remarquer, d’abord, que ce texte n’est pas une épitaphe, 
mais le monument commémoratif d’un pèlerinage accompli par 
quelques musulmans, pour implorer l’aide et les bénédictions des 
deux saints dont le kiosque abrite les tombes. Pour témoigner leur 
gratitude à ces protecteurs, !) les pèlerins ont fait bâtir on plutôt 
restaurer le sanctuaire. Strictement parlant, la date de 1323 ne se 
rapporte qu'à la pose de la stèle commémorative et ne vise ni la 
restauration du sanctuaire, ni le pèlerinage dont elle fut la consé- 
quence. Toutefois, il est probable que la stèle a été érigée peu de 
temps après ces deux évènements. Dès lors, on retrouverait peut- 
être, dans les chroniques chinoises, sous forme de malheurs publics 
ou de persécutions, subies à cette époque par les musulmans du 
Foukien, la trace de ces périls et de ces angoisses auxquels ce texte 
fait allusion dans des termes trop vagues pour nous arrêter ici. ?) 
Abordons d'emblée les deux questions principales qu’il soulève: Qui 
sont les deux saints musulmans dont le kiosque abrite les tombes? 


À quelle époque sont-ils venus à Ts’iuan-tcheou? Ces deux questions 


£ 
1) Il s’agit peut-être d’une de ces oeuvres pies appelées dal) CE) Dies S\X9); 
voir, par exemple, Subki, Tabagät, II, p. 55, 1. 6 d’en bas (Goldziher). 
2) Il se pourrait même que ces termes vagues eussent été choisis à dessein par le 
rédacteur de l'inscription, si les musulmans redoutaient alors, pour des motifs politiques, 


d’attirer sur eux l’attention des autorités; mais j'ignore si l’histoire autorise cette hypothèse. 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU. 723 


touchent au problème encore obscur, bien que souvent discuté, des 
origines de l'Islam en Chine. ‘) Il ne saurait être question de l’aborder 
ici; je n’en retiens que ce qui peut éclairer notre texte. 

Tout ce que nous savons des origines de l'Islam à Ts’iuan-tcheou 
repose sur un récit légendaire, comme toutes les traditions sino- 
musulmanes sur l'introduction de l'Islam en Chine. *?) De ce récit, 
le P. Arnäiz a donné plus haut deux versions légèrement différen- 
tes. *) D’après cette légende, l'Islam fut introduit à Ts’iuan-tcheou, 
vers l’année 620 de notre ère, par deux missionnaires musulmans. 
Ceux-ci moururent et furent enterrés sur une colline qui ne peut 
être, d’après le P. Arnäiz, que celle où se trouve le cimetière. IL est 
donc certain que les deux missionnaires de la légende sont ceux 
dont les tombes reposent sous le kiosque et auxquels est dédiée la 
stèle de 1323. Mais nous ne sommes guère plus avancés, car il est 
évident, d'autre part, que le témoignage épigraphique, en ce qui 
concerne ces deux personnages, est tout aussi légendaire que celui 
des chroniques. Il prouve du moins, et cette preuve négative n’est 
pas sans valeur, que dès le début du XIV® siècle, la tradition locale 
avait oublié les noms de ces deux personnages, si tant est qu'ils aient 
jamais existé. Passons à la seconde question. 

D'après la légende des chroniques, ces deux missionnaires arri- 
vèrent en Chine vers l’année 620 de notre ère. Le P. Arnäiz rejette 
avec raison cette date trop reculée. Devéria a montré que la chrono- 
logie des auteurs chinois touchant les origines de l'Islam est entachée 


d'erreur, parce que ces auteurs, dans leur calcul rétrograde, ont 


1) Je me borne à renvoyer aux travaux déjà cités de Dabry, Palladius, Devéria, 
Schefer, Broomhall, etc.; voir aussi Wassiliew, Die Erschliessung Chinas, trad. Stübe, p. 
88 et suiv., et les dernières années de la Revue du monde musulman. 

2) Tous les savants qui ont étudié ces traditions en ont reconnu le caractère apocryphe, 
outre les auteurs cités, voir M. Hartmann, dans Revue dù monde musulman, V, p. 282. 

3) Voir p. 702 et suiv.; la seconde de ces versions a été reproduite par Devéria, 0p. 


cit., p. 322, d'après W. F. Mayers. 


724 MAX VAN BERCHEM. 


déduit le nombre d'années lunaires exprimé par l'ère musulmane 
au moment de leur opération.) Quelle que soit la valeur de cet 
ingénieux raisonnement, il me paraît dépasser la portée d'une légende 
recueillie dans une chronique du XV® siècle. De fait, d'après la 
table de correction établie par Devéria, la date approximative de 
620 donnée par ce document tomberait vers le milieu du VII 


siècle. Malgré la correction, cette date paraît d'autant moins vraisem- 
blable que, d’après le P. Arnäiz, la ville actuelle de Ts’iuan-teheou 
n’a été fondée que vers l’année 700 de notre ère. ?) 

En regard de ce témoignage suspect, que nous dit l’inscription? 
Que les deux missionnaires sont venus à Ts’iuan-tcheou «au temps 
du Faghfûr». Cette leçon étant certaine, il y a lieu de rechercher 
ce qu’elle vaut pour l’histoire. Le persan bagh-bur «fils de Dieu», 
en arabe faghfür, est la traduction du titre chinois <fils du ciel»; 
c'est ainsi que les auteurs musulmans désignent l'empereur de Chine. ?) 
L’étymologie de ce mot, qui trahit une antique origine, et les légen- 
des qui le rattachent au fils du roi pishdadien Feridûn prouvent 
qu’il est antérieur à l'Islam. D'autre part, c’est ce nom que Marco 


Polo donne au dernier empereur des Soung, quand il raconte com- 


1) C’est comme si, déduisant de 1911 le chiffre 1329, qui représente, en années lunaires, 
la date actuelle de l’ère musulmane, on concluait que cette ère a commencé en l’année 582 
de J. C. L'erreur correspond à la différence entre les années lunaires et solaires; d’autre 
part, elle est fonction de l’époque où se fait la réduction; voir Devéria, op. cit, p. 317. 

2) Voir son mémoire, p. 678. On peut en dire autant de la plupart des dates relatives 
à l'introduction de l’Islam en Chine à la fin du VI° ou au début du VH* siècle de notre 
ère; même corrigées par la méthode Devéria (et l’on ne peut appliquer celle-ci que si l’on 
connaît l’époque du document donnant la date), elles restent très invraisemblables. 

3) Voir le Æit@b al-Aghänt, éd. Boulaq, IT, p. 69, 1. 14; Ibn Khurdädbeh, éd. de Goeje, 
p. 16; Narshakhi, éd. Schefer, p. 44; Mas‘ûdi, éd. B. de Meynard, I, p. 306 (cf. Reinaud, 
Relation, , p. 45; Abrégé des Merveilles, trad. Carra de Vaux, p. 118; Devic, Merveilles 
de l'Inde, p. 92, 133, 144); Khwârizmi, éd. van Vloten, p. 116; Ibn al-Athir, éd. Torn- 
berg, VII, p. 221; d’Herbelot, Bi]. orientale, Paris 1781, II, p. 423; V,p 263; Saint- 
Martin, Arménie, 11, p. 54, 488; Cordier, dans Mélanges H. Derenbourg, p. 434, etc. 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHEOU, 725 


ment ce prince fut vaincu par Qûbilây en 1268.) Ainsi, ce titre 
peut s'appliquer à n'importe quel empereur ayant régné à Ts’iuan- 
tcheou depuis Mahomet jusqu’à la conquête mongole. 

Je dis jusqu’à la conquête mongole, parce qu'il ne paraît pas 
que les auteurs musulmans aient appelé faghfür les empereurs 
Yuen, qu'ils désignent couramment par le titre de qaan, avec ses 
variantes. ?) Au reste, s’ils avaient été connus des musulmans sous 
le nom de Faghfûr, l'inscription du cimetière, rédigée par des 
musulmans en 1323, c’est-à-dire sous un prince de cette dynastie, 
ne dirait pas <au temps du Faghfûr» pour dater un évènement 
ancien et déjà légendaire à cette époque; elle employerait alors 
quelque titre distinctif des anciens empereurs. 

Quoi qu'il en soit, il paraît évident que pour le rédacteur de 
la stèle, cette expression n’a que le sens vague d’«autrefois». 

En résumé, l'inscription du cimetière ignore et le nom des pre- 
miers missionnaires de l'Islam à Ts'iuan-tcheou et l’époque de leur 
mission. La seule supériorité qu’elle possède sur la chronique chi- 
noise, c’est qu’elle ne cherche même pas à fixer cette époque, puis- 
qu’elle se borne à la désigner par une expression sans valeur chrono- 


logique. Ainsi, les deux inscriptions principales de Ts’iuan-teheou, celle 


1) Voir Marco Polo, éd. Pauthier, p. 452; éd. Yule— Cordier, II, p. 145, et les notes 
des éditeurs; cf. Odorie, éd. Cordier, p. 313, n. 8. 

2) D’un passage du Muntakhab altawärikh, cité par Blochet, Introduction à l’histoire 
des Mongols, p. T6, il ressort que vers 1400, faghfér était considéré comme un ancien 
titre des empereurs de Chine. Ce texte, il est vrai, n’a aucune valear historique; mais il 
reflète, sur ce point, l’opinion de l’auteur musulman du Muntakhab, qui écrivait au début 
du XVe siècle, puisque son livre est dédié au Timouride Shäh-rukh. La même idée est ex- 
primée, un siècle plus tard, par ‘Ali Akbar, trad. Schefer, dans Mélanges Orientaux, p. 65. 
Dès le début du XIV® siècle, un poète de cour cité par Hammer, Geschichte der Ilchane, 
II, p. 248, dit au sultan mongol de Perse Uldjaitu Khudâbendeh que «le Faghfûr lui est 
soumis». Ce nom, auquel le poète ajoute ceux de Nûshîrwân et de Djemshid, ne peut être 
ici, de toute évidence, qu’une métaphore poétique. Il est permis de croire que le courtisan 
Veût soigneusemeut évité s’il eût été conféré, même à titre officieux, à des empereurs qui 
étaient encore à cette époque, nominalement du moins, les suzerains des sultans mongols 


de la Perse, 


726 MAX VAN BERCHEM. 


de la mosquée, datée de 1310, et celle du cimetière, datée de 1323, 
font l’une et l’autre allusion à un évènement antérieur important 
pour l’histoire de l'Islam dans cette ville. Mais tandis que le rédac- 
teur de l'inscription de la mosquée prétend encore en faire remonter 
la fondation à l’année 1010, celui de l'inscription du cimetière, 
quelques années plus tard, n'ose plus exprimer en ère hégirienne 
la date de la première mission musulmane. Est-il permis d'en con- 
elure que l'Islam fut introduit à Ts’iuan-tcheou longtemps avant 
la fondation d’une mosquée proprement dite? Tel n'est pas l'avis 
d'un musulman de cette ville, que le P. Arnäiz a interrogé sur ces 
évènements. Touchant les premières missions de Chine, cet homme 
n’a fait que lui répéter une des versions recueillies par les auteurs 
sino-musulmans. De la fondation de la mosquée, il ne savait rien; 
suivant lui, les archives musulmanes de Ts’iuan-tcheou étaient per- 
dues. Quant aux tombeaux, c'étaient ceux de deux musulmans venus 
ici après la fondation de la mosquée. Mais cette vague affirmation 
n’a pas même la valeur des légendes signalées plus haut; si je la 
rapporte ici, c’est pour montrer qu’on ne saurait attendre grand 
secours des indigènes musulmans pour éclairer le problème de leurs 
origines. !) 


1) Le seul rapport qu’on puisse établir entre les missionnaires et la fondation de la 


mosquée est fourni par ce surnom de masdjid al-ash&b que l'inscription de 1310 donne à 
l'édifice et qu’on peut rapprocher des expressions s#ibai al-barakdt et ash&@b al-khairdt par 
lesquelles la stèle de 1323 désigne les deux missionnaires. On sait que la plupart des tradi- 
tions attribuent l'introduction de l'Islam en Chine à des compagnons (54456, plur. ash4b) 
du Prophète. Tel est le titre qu’elles donnent, notamment, au mystérieux Sa‘di Waqqàs, 
le fondateur de l’islamisme à Canton. Or, dans l'inscription de 1351, la grande Mosquée 
de cette ville est appelée aZ-sahéli, c’est-à-dire «consacrée au compagnon (sakdbi) ou aux 
compagnons (sak4bahk) du Prophète.» Dès lors, bien que dans les expressions tirées de la 
stèle de 1323, le mot s#Zi0 n’ait pas le sens spécial de «compagnon Zu Prophète», on ne 
peut s'empêcher de croire que le rédacteur, en insistant à deux reprises sur ce mot, a 
songé au surnom de la mosquée. Il semble donc que dans son esprit, la fondation de la 
grande mosquée de Ts’iuan-tcheou était associée à la mission des deux saints enterrés près 
de là, de même que dans l'esprit du rédacteur de l’inscription de 1351, la fondation de la 


grande mosquée de Canton était associée à la mission de Sa‘di Waqqàs, enterré à Canton. 


LES INSCRIPTIONS ARABES DE TS'IUAN-TCHÉOU, 727 


Épitaphe et inscription coranique. — Dans le cimetière, un peu 
plus bas, se trouvent deux autres inscriptions arabes. La première, 
gravée sur une stèle qui a été coupée par le bas, ne renferme que 
cinq mots; ils forment le début d’une épitaphe, celle d'un certain 
Khudâdär (ou Khudâdàd), chrétien et originaire d’une ville persane, 
peut-être Gandjah, dans le bassin de l’Araxe, si j'en crois l’estampage 
que j'ai sous les yeux. !) 

L'autre inscription est gravée en six lignes sur une stèle plus 
petite que celle des deux saints. Elle est d'une écriture beaucoup 


plus régulière, mais elle ne renferme qu’un verset du Coran, IIT, 


182 (sans le dernier mot >). 





D’autre part, l'établissement, au sud-est de Ts’iuan-tcheou, d’un cimetière musulmau qui 
paraît être le même que celui de notre stèle est attribué, dans une source chinoise citée 
par Hirth et reproduite par Philipps, oc. cif., à un marchand arabe dont le nom propre 
ressemble à celui du pays d’origine du prétendu fondateur de la mosquée de Ts’iuan-teheou 
dans les documents chinois cités par Philipps et le P. Arnäiz. [1 y a là un curieux rap- 


A 


prochement que je me borne à signaler aux sinologues. 

1) J’y lis LE“) dedl , RTS 5 KP. Ce texte est écrit assez lisible- 
ment, en naskhi cursif avec tous les points. Il y en a un sur la 2° lettre du nom propre 
Khudhädär, ou Khudhâdâd, sans doute pour Khudâdär, ou Khudâdäd, l’équivalent persan 
de Théodore ou Déodat; on s'explique alors le relatif #asr#ni, dont la lecture est certaine. 
Les trois points du S sont placés sous la lettre, à ce qu’il semble. Le relatif de Gandjah 
serait plutôt gandji; du moins Yâqût le donne-t-il sous la forme djanzi, de Djanzah, autre 
forme du nom de la même ville; mais l’épigraphie fournit des polionymiques qui ne figu- 
rent pas dans Yâqût. Encore un Persan établi à Ts’iuan-tcheou ; mais celui-ci était chré- 
tien. Il semble done que la colonie chrétienne enterrait ses morts dans le même cimetière 


que les musulmans. 


EIN ALTER PLAN DER PEIDEN HAUPTSTADTE 
DES EHEMALIGEN KONIGREICHES CHUSAN 


VON 
Dr. EDMUND SIMON. 


6 ONE do-— 


Bei einem Besuch der Riukiu-Insel Okinawa (rh KE) im Früh- 
jahr 1910 gelang es mir eine Tuschemalerei zu erwerben, welche 
einen interessanten Beitrag zur Topographie der beiden wichtigsten 
Städte des ehemaligen Kôünigreiches Chüsan (FH [LL) liefert.:) Das 
auf Papier gemalte Bild misst 90 X 180 cm. und zeigt uns aus der 
Vogelperspektive die Hafenstadt Naha mit seinen Nachbarorten, so- 
wie Shuri, die ehemalige Residenz der Kônige von Chusan. Leïider 
befindet sich auf dem Bilde keinerlei Datierung angegeben, dem 
verwendeten Papier nach zu urteilen dürfte es etwa dem Anfange 
des vorigen Jahrhunderts entstammen. Offenbar haben wir es aber 
mit der Kopie eines bedeutend älteren Planes zu tun, denn es sind 
auf ihm einige Gebäude eingezeichnet, die zur Zeit der Anfertigung 
des vorliegenden Bildes nicht mehr existierten, anderseïts fehlen in 
neuerer Zeit entstandene Bauwerke. 

Mit fast photographischer Genauigkeit sind die Einzelheiten 
wiedergegeben. Den unteren Teil des Bildes nimmt die Hafenstadt 


Naha (HS #n) ein. Wir sehen links die von zwei Steinmolen ein- 
1) Leider ist der Plan nachträglich durch Verschulden eines Dieners vor Anfertigung 


einer Reproduktion abhanden gekommen. 


EDMUND SIMON. EIN ALTER PLAN U.S.W. 729 


gefasste Einfahrt in den inneren Hafen. Ihre Endpuukte sind von zwei 
Forts besetzt, Yaraza ( [5 FR Ji) und Miyegusiku (— H£ Yf) (!), 
die von Künig Shô $Sei im Jahre 1554 erbaut wurden ‘). Auf der 
nürdlichen Ufermole steht der Tempel Okinotera (DE) oder 
wie er auch hiess, Rinkaïji (KE #$ = A) ein der Shingonsekte an- 
gehôriger Tempel, der zu den acht schônen Punkten von Chüsan 
gehôrte. Auf dem südlichen Ufer des Innenbafens, der von aus- und ein- 
fahrenden Dschunken belebt ist, liegt der Jimmayama (f& F5 [1 ) () 
mit dem Dorfe Gachibana (XF ٣) (1), auf einem weiter rechts befind- 
lichen Felsenvorsprung das Gefängnis. Eine jetzt nicht mehr vor- 
-handene Brücke führte nach dem Stadteile Higashi (D), sie ist 
jetzt durch eine andere, auch die im ôstlichen Teile des Hafens [ Hawaye 
(En JX ŸL) geuannt] liegende Insel Onuyama (FL (#2 LL ) (D 
berührende Brücke (Meïjibashi) ersetzt. Auch Onuyama selbst erblicken 
wir auf dem Bilde, auf ihrer westlichen, der Hafeneinfahrt zuge- 
kehrten Spitze steht das Omonogusiku (fé D) Dh). ein zur Auf- 
stapelung ausländischer Handelsgüter unter Kôünig Satsudo (1350 — 95) 
errichtetes Bauwerk ?), das jetzt nicht mehr vorhanden ist. Aus dem 
Kiefernwalde der Insel schaut das Dach des Drachenhôühlentempelchens 
(FÉ ‘fl h) hervor, der ebenfalls seiner schônen Lage wegen in- 
mitten alter Baumbestände und mit dem Ausblick auf die Bucht 
zu den acht schônen Punkten von Chüsan gehôürte. Auf der Bucht 
sieht man mit Bütten beladene Kähne fahren, welche soeben aus 
der (in der unteren rechten Ecke des Bildes liegenden Quelle 
Ote(n)dabija (672 2p FH) (!) Trinkwasser genommeu haben, um die 
Einwohner von Naha sowie die absegelnden Dschunken mit frischen 
Wasser versorgen zu künnen. Fischer suchen in der wegen ïhres 
Fischreichtums bekannten Bucht einen glücklichen Fang zu tun. 


Bis zum nordôstlichen Ufer der Bucht reichen die Häuser des Stadt- 


1) vgl. Nihon Meishô Chishi von Kwatai Tayama, Bd. XI, p. 20. 
2) das. p. 24. 


730 EDMUND SIMON. EIN ALTER PLAN DER BEIDEN 


teiles Higashi, in welchem auch der auf dem Bilde mit Kreuzen 
bezeichnete geräumige Marktplatz der Stadt liegt. Hier bieten heute 
noch ebenso wie vor mehreren hundert Jahren die Frauen unter 
grossen Oelpapierschirmen ïhre Waren feil, während die Männer 
unterdessen bei Reiswein, Tabak und Gesang ihre Zeit verbringen. 
Am Nordostende des Marktes stehen die beiden Tempel der Tenhi- 
kami (ZX ÆU MINI), von denen der obere, auf einer Anhôhe gelegene, 
von dem chinesischen Gesandten Kuo Ju-Lin (EP DL 4 FR) im Jahre 
1562, der untere bereits von Künig Sh5 Hashi 1434 erbaut worden 
war !). Davor sehen wir das Tenshikwan (K D d RE ), ein zur Auf- 
nahme der chinesischen Gesandten bestimmter Gebäudekomplex. In 
dem an der südwestlichen Ecke des Marktplatzes befindlichen Ge- 
bäude war ursprünglich die Verwaltungsbehôrde für den Handel 
untergebracht, später diente es der Polizeiverwaltung als Sitz. In der 
Nordostecke des südlich vom Markte gelesenen freien Platzes war 
das Sappanokariya (RÉ A fill EE Æ), ein Gebäude, das erst nach 
der in der Periode Keichô im Anfang des 17. Jahrhunderts statt- 
gehabten Unterwerfung des Reiches durch den Fürsten von Satsuma 
errichtet wurde. 

Der von Nordosten nach Süden gehende, von mehreren Brücken 
überspannte Fluss, der schliesslich in die Hawayebucht mündet, ist 
der Kumochikara ( | 1e Hh JIT )(), ein Nebenarm des sich kurz vor 
seiner Mündung in die Bucht von Tomai (YH) (!) in zwei Arme tei- 
lenden Asato (Æ H). Auf dem rechten Ufer des Kumochi sehen 
wir die Stadtteile Kumochi und Kumimura (À X #1] ) (D, jeven 
Teil, in welchem im Jahre 1396 36 Chinesen aus Fukien angesie- 
delt worden waren, um einmal den Tributschiffen als Führer zu 


dienen, und zum anderen den Verkehr zwischen den Gesandten des 


Reiches der Mitte und den Beamten des Inselreiches zu regeln. 


1) vgl. Nihon Meisho Chishi von Kwatai Tayama, Bd. XI, p. 20, 


HAUPTSTÂDTE DES EHEMALIGEN KÔNIGREICHES CHUSAN. 731 


Hier befand sich ein Tempel des Confucius (ÆH Hi) in dem Grund- 
stück der Meirindo (H}] À é) genannten Schule. Links von den 
zuletzt erwähnten Stadtteilen breitet sich Wakasa CH Ye) aus, 
südlich von diesem der Stadtteil Nishi (DH). Auf dem linken Rande 
unsres Bildes sehen wir die Küste mit dem auf einem Korallen- 
felserkliff erbauten Shintotempel Nammin (Ho E)(), davor den 
Tsujigama CHE LT), oder wie er von den Chinesen genannt wurde, 
Ch‘ing-chih-shan (F 52 LL), ein Hügel, an dessen Abhängen 
viele Gräber von hufeisen- und speicherfürmiger Gestalt sind. Auf 
dem Kap Shu (+) liegen die Tempel Tensonhokora (K BK ii] ) 
und Gokokuji (SE +). 

Hinter dem Nammintempel sieht man das Schneekap (Yuchi nu 
zachi) und die Salzfelder Gatahara CE JF ), die sich bis zum Hafen 
von Tomai (YH) hinziehen, der durch die trichterartig erweiterte 
Mündung des von Steinbrücken überspannten Asato gebildet wird. 
Der Ort Tomai, dessen Bucht in alter Zeit der Haupthafen für Shuri 
gewesen zu sein scheint, allmählich aber wegen Versandung aufge- 
geben wurde, liegt auf dem rechten Ufer. Das bedeutendste Bau- 
werk, das sich hier befindet, ist der Sügenjitempel (£Æ TÉ À), 
den wir rechts von der zweiten Asatobrücke auf dem Bilde erblicken. 
Vor den dicken mit Rundbogentoren versehenen Tempelmauern stehen 
prachtvolle alte Gajimarubäume ‘), die sich im Wasser des Asato 
spiegeln. Das bereits Ende des 15. Jahrhunderts erbaute Heïligtum 
beherbergt die Totentafeln der Künige von Chüusan von dem sagen- 
haften ersten Herrscher Tensonshi an. Auch wird hier eine Pfeil- 
_ spitze aufbewahrt, die angeblich von dem japanischen Nationalhelden 
Minamoto Tametomo (5 F3 Hf]) herrührt, welcher wie die Sage 


erzählt, nach Riukiu verschlagen worden sein soll. Hinter dem 


Tempel sehen wir einen kleinen Weg sich nach dem Dorfe Amiku 


1) Banyanbäume. 


732 EDMUND SIMON. EIN ALTER P£AAN DER BEIDEN 


(K À\) schlängeln, rechts vom Sôgenji steht auf einer Anhôhe der 
Asato Hachiman-Tempel, sowie eine buddbhistische Kapelle Shintokuji 
Ch fi >) die beide von Kônig Sho Toku gestiftet sein sollen, 
nachdem er im Jahre 1466 die Insel Kikaï (# 3) unterworfen 
hatte !). 

Auf dem linken Ufer des Asato sehen wir auf einer Anhôhe 
das Dorf Chibuya (&# 2 ) (!), in dem sich eine Reïhe von Tôpferwerk- 
stitten und Brennôfen befinden. Hier wurden und werden noch heute 
Dachziegel, Knochenurnen und Hausgeräte hergestellt. Davor sehen 
wir den Gusikudaki (3 JR) und weïiter im Vordergrunde das zu 
Naha gehôrige Izumizachi (FR lfÿ) (), dessen eine den Kumochi 
überspannende Brücke im Mondschein viel bewundert wurde. 

Dem Asatogawa anfinglich zur Rechten geht die Hauptstrasse 
in Windungen langsam ansteigend nach der etwa hundert Meter 
hochgelegenen Residenz Shuri ( H ). Kurz hinter der Stelle, an 
der sich die Strasse vom Laufe des Asato entfernt, liegt das Dorf 
Matsikara (424 JI) (). Hier beginnt die Strasse ziemlich stark anzu- 
steigen. Etwa auf halber Hôhe des Weges sehen wir auf einem 
Hügelchen links von der Strasse ein berühmtes Heiligtum der Kwanon, 
vor dem noch heute die zum Markte nach Naha gehenden Bauern- 
frauen ein Gebet verrichten. Etwas weiter aufwärts schmückt ein 
Tor die Strasse und zeigt an, dass wir uns der Hauptstadt nähern. 
Es war dies das Shicha nu aye jo (das unten befindliche Tor), für 
welches der chinesische Gesandte Chan Shan (% LL] ) im Jahre 1428 
eine Tafel mit seinem Autograph, bestehend aus den beiden 
Charakteren für Chüsan, gestiftet hatte, weshalb es auch Chusanmon 
genannt wurde ?). Links der Strasse liegen die Stadtteile Yamakara 
(LL JIT) (©) und Machishi GE A1 A&) mit dem durch Kreuze mar- 
kierten Marktplatze, rechts Kansui (3€ K) mit den Tempeln 


1) vgl. Riukiu no Kenkyn von Katô Sango, Bd. IT, p. 38. 
2) vgl. daselbst p. 41. 


HAUPTSTÂDTE DES EHEMALIGEN KÔÜNIGREICHES CHUSAN. 733 


Ankoku (Æ£ El ) und Jisho (2 M4), sowie Kanegusiku (4 Hf) 
mit dem Tenkaijitempel (HR LA +), hinter dem sich die Tamaodon 
(sh fill HY ), die Gräber der Künige von Chüsan seit Shô En befinden 
(auf dem Bilde der an der rechts liegenden Seitenstrasse befindliche 
kreisbogenfürmig abgeschlossene Platz mit drei Grabkammern und 
einer von zwei Eingangstoren durchbrochenen Mauer'). Links von 
dem zweiten, oberen Tor (Ue nu aye jo oder Jureimon [SF 1 FA D) 
. war der Jôraku-Park ( SEA ). Hinter dem Tore sehen wir (oben 
rechts auf dem Bilde) die von mächtigen Steinwällen eingefasste, 
auf den hôüchsten Erhebungen der Stadt liegende Kônigsburg. Das 
Bild zeigt uns deutlich die im Inneren des Grundstücks befindlichen, 
von Steinwällen abgeschlossenen Hôüfe und Eingangspforten, ganz 
vorn (im Westen) das Kwankwaimon (EX ér F4) genannte Haupt- 
tor, dahinter das Quellentor mit der rechts davon hervorsprudelnden 
Drachenrinnenquelle, hinter diesem das Wasseruhrtor CE A | FA ), 
das seinen Namen von einer hier zur Berechnung der Tageszeiten 
aufgestellten Wasseruhr hatte. Die Ergebnisse wurden von dem 
Toriwataazana genannten Auslug (in der südwestlichen Ecke der 
Burg) durch Aufziehen einer Fahne bekannt gemacht ?). Der eigent- 
liche Palast (Ed HY) liegt am Ostende des Burghügels, (ganz oben 
links am Rande der Mauer), es ist ein zweistôckiger Bau mit 
chinesischem Doppeldach. Vor dem Palast sehen wir einen mit 
Ziegeln belegten geräumigen Hof, welcher nach Westen zu von 
einem, Hôshinmon (Æ M) F4) genanuten, Tore abgeschlossen ist. 
Auf der Nordseite dieses Platzes steht der zur Aufnahme der chi- 
nesischen Gesandten dienende Nordpalast ({Ÿ HY), gegenüber vou 
diesem der Südpalast (F4 EX), den Kôünig Sho Ho, nachdem Chüsan 
Satsuma tributär geworden war, gauz im japanischen Stile zur 


Aufnahme der japanischen Gesaudten errichten liess. Hinter dem 


1) In Wirklichkeit sind es zwei Quermauern mit je einem Tor in der Mitte, 
2) vgl. daselbst p. 42. 
48 


134 EDMUND SIMON. EIN ALTER PLAN DER BEIDEN 


Landespalast ist das ,,Linke Seitentor”, von diesem führt ein noch 
durch das Shukujuumon (44 JJ4 M) gehender Weg bei dem links 
vom Kwankwaimon befindlichen Kukeimou (AÀ LA F4 ) wieder aus 
der Burgmauer heraus. 

Linker Hand des nôrdlichen Burgwalles dehnt sich der Stadtteil 
Tomigura (CE DE ) aus, in welchem die beiden mit einander in 
Verbindung stehenden Teiche Enkan (E] &8E) und Ryütaku (FÈ 
Pa) liegen. Hinter dem kleineren Enkanteiche sehen wir den von 
Kôünig Sho Shin zum Gedächtnis seines Vaters Sho En im Jahre 
1492 erbauten Tempel Enkaku (| Et), von welchem der Teich 
seinen Namen , Spiegel des En(kaku)” hat. In dem von Lotus über- 
wuchertem Gewässer steht eine kleine der Benten geweihte Kapelle, 
daher hiess der Teich auch Bensaitenike und die Brücke Tennyo 
bashi (K x #5). Die andere Brücke, welche die Verbindung 
beider Gewässer überspannt, nennt man Kwanrenbashi CE SR 15). 
Der Ryütaku wurde, wenn die chinesischen Gesandten kamen, zum 
Wettrudern am Drachenbootfest benützt. Auf dem linken Ufer des 
Teiches hinter der Yumachi(!) (TE FF )-Brücke steht der zur Riuzaï- 
sekte gehôrige Tempel Tenoji (KR + ), in dem man den 
Kongoyasha (& ff 1X X ) verehrte. Wir sehen auf dem Bilde 
auch den Glockenturm des Tempels, in welchem eine 1456 gegossene, 
ursprünglich für die in Urazoe liegende Kapelle Tenryu bestimmte 
Glocke hängt ‘). Auf dem rechten Ufer des Teiches zwischen Tenôji 
und Enkakuji liegen noch einige Heiligtümer, wie Sankôim (ll 
/L Bé), Rengein (SE FÈ Di), Jikoin (2 Se Pi) und Kosenji 
CE Je + ). Hinter dem Enkaku sehen wir den auf einer Anhôhe 
(Ishitorayama Æ JX [LL) liegenden, zum Stadtteil Akahira (JR 2) 
gehôrigen Tenkeïin (XK Le Dé). Links oben erhebt sich schliesslich 
der Kameyama (6 [l] ), ein Hügel bei dem Dorfe Sueyoshi (À _ ), 


1) Chishi das. p. 75. 


HAUPTSTÂDTE DES EHEMALIGEN KONIGREICHES CHUSAN. 735 


an dessen Fusse das Tempelchen Manshôin C4 Fe Dé) lag. Hier 
hatte Kônig Satsudo ein Lusthäuschen erbauen lassen, welches aber 
Ende des 16. Jahrhunderts durch Feuer zerstürt wurde. 

Wer der Maler des interessanten Städtebildes gewesen sein mag, 
läisst sich nicht mehr feststellen, Wahrscheinlich dürfte der Plan 
aber von einem der Chinesen in Kumimura entworfen sein, welche 
die Kunst des Schreibens und Malens im Reiche Chusan heimisch 


gemacht haben. 


MÉLANGES. 


CHINESE, JAPANESE AND TIBETAN BOOKS. 


Our Contributor, Dr. Berthold LAUFER, of the Field Museum, Chicago has 
organized in the Newberry and Crerar Libraries a special exhibition of oriental 
books illustrating the development of Printing in the East. We reproduce an 
article published in the Chicago Record Herald, of Nov., 26, 1911, by Edward 
E. AYER, which cannot fail to interest Scholars in Europe: 


Chicago Record-Herald, Nov. 26, 1911. 


With a foundation of 36,000 volumes of books written in Chinese, Japanese 
Tibetan, Manchu and Mongol, the Newberry and John Crerar libraries of this 
city are becoming centers in the oriental learning. These books and manuscripts 
were procured bÿ Berthold Laufer while exploring in China and Tibet for a 
period of three years on behalf of the Field Museum of Natural History. They 
are the first systematic collections of East Asiatic literature, arranged on a 
carefully mapped out plan and embracing everything that is necessary for the 
student engaged in researches of this field. 

While the whole range of literature is illustrated in this collection it is 
particularly rich in ancient prints, in first editions, and in rare and unique 
works. The material is therefore well adapted to the purpose af an exhibit 
showing the development of printing and bookmaking in the Far East. 

Thanks to the co-operation of the Field Museum, it was made possible to 
display a series of implements and printing blocks illustrative of the processes 
of wood-engraving. printing and colorprints. The first authenticated account of 
block-printed books refers to the year 593 A. D.. when the classical books of 
Confucianism were published for the first time. The process of printing was 
then the same as nowadays. The printer requires only two brushes made of 
coir-palm fiber, one for spreading the ink over the block and another for taking 
the impression on a sheet of paper carefully placed over the block. About the 
middle of the eleventh century movable types of clay were invented by a 


blacksmith, Pi Sheng, but his innovation did not find much favor among his 


MÉLANGES. 737 


countrymen, as the font required was too large in view of the many thousands 
of Chinese characters. The Coreans adopted this system in 1403 and were 
ingenious printers with movable types just a generation ahead of Gutenberg, 


An Old History of China. 


The fact that the Chinese printed books centuries before Gutenberg is now 
demonstrated in the treasures of the Newberry library, where among others 
a famous history of China in 100 volumes printed in 1172 is on view, with 
numerous other early prints antedating the discovery of this country. For the 
instruction of students the most important dates in the history of printing and 
the invention of rag paper are conveniently arranged on tables printed in the 
Field Museum. They reveal the surprising fact that it took many centuries 
for the diffusion of inventions from the East to the West, and that an important 
share is due to the Orient in the building up of our civilization. 

The exhibition is interesting, not only for book lovers, but also for art 
students and practical art designers, in that a great number of Japanese books 
containing patterns for art-industrial works are on view. The great artist Ogata 
Korin (1661-1716), who created a peculiar style of decorative painting and first 
employed gold and silver powder in color work, is represented by a series of 
colored plates executed with masterly technique by the publishing-house Shimbi 
Shoin in Tokio. 

A few samples loaned from the rich collection of the Field Museum 
illustrate the latest greatly improved process of colorprints inaugurated by 
that firm, which has introduced also the employment of artificial pigments, 
like white lead, verdigris, Prussian blue and others. 

The Chinese Tripitaka is a collection of all the sacred writings of Buddhist 
religion, It contains about 2,000 works of various kinds translated into Chinese 
from Sanskrit. The present edition in the Newberry library is that known 
under the designation of the Buddhist Canon of the Ts'ing (the present) 
dynasty. The plan for its publication was drafted in 1735 under the Emperor 
Yungcheng and taken up on his death in 1736 by his successor, the Emperor 
Kien-lung, 

The printing of the entire work extended over three years and was 
completed at the end of 1738. The printing blocks are still preserved in the 
Temple Po-lin-sze, east of the Great Lama Temple, in Peking. According to 
an official notice posted there, it required 28,411 blocks to engrave the entire 
work, which consists of 55,632 leaves, arranged in 154 sections and 1,263 
chapters. It comprises 7,920 volumes in 792 wrappers. 

It was due to an exceedingly lucky chance that this copy was procured, 
only a few being now in existence. Every volume is illustrated with fine wood 


engravings. 


738 MÉLANGES. 


The Chinese Tripitaka. 


The Chinese Tripitaka is printed on oblong folding leaves printed on one 
side only, differing in this respect from ordinary Chinese books. The single 
volumes are bound in brocade and held by tens in wrappers mounted on silk 
brocade of different desigs. Ancient Chinese textiles are extremely rare, and, if 
found at all, not well authenticated as to origin and date. The specific value 
of these brocades, therefore, rests on the fact that they represent authentic 
specimens coming down from the beginning of the Kien-lung period, about 
1738. 

The Tibetan Kanfur is another jewel of the Newberry Library. This copy 
was printed in Tibet at Narthang in 1747 and was brought by the Dalai 
Lama from Lhasa overland to Peking, where, after long negotiations, it was 
procured for the Newberry. In this country another copy exists only in the 
library of Congress, which, however, was not printed in Tibet, but in the 
monastery of Choni, Kansu province, China. 

The Kanjur, in 100 heavy volumes, contains the translations of the sacred 
Buddhist scriptures from Sanskrit into Tibetan made between the seventh and 
eleventh centuries. These translations are most accurate and authentic and of 
primary importance for the study of Buddhism as most of the Sanscrit originals 
are lost. 

The Tanjur, consisting of 225 volumes, each of the size of the Kanjur, is 
a sort of commentary to the Kanjur and contains numerous treatises on 
technical subjects, medicine, art, lexicography, grammar, rhetoric, but also 
many prayers and some poetry. It is deposited in the John Crerar Library. It 
also comes from the possession of the Dalai Lama, and it took fully a week’s 
time to check the volumes off with the assistance of two lamas. 

The Tibetans adopted the Chinese process of printing by means of wooden 
blocks in the ninth and tenth centuries. They possess a voluminous literature, 
religious, historical and political. Their first religious books, to the extent of 
579 volumes, were printed at Peking in 1069 A. D. The first copies of the 
Tibetan Tripitaka, known under the names Kanjur and Tanjur, were published 
in print in Tibet between 1311 and 1319. Their earliest books were written 
out in manuscript on long paper rolls. 

In printing they adopted the form of Sanskrit palm-leaf manuscripts. Their 
books, accordingly, consist of single oblong rectangular sheets of tough paper, 
printed on both sides, being paged on the left margin. These leaves are tightiy 
pressed together and held between wooden boards, plain, carved or painted, 
and fastened together by means of leather straps. Sacred volumes are also 
wrapped in yellow silks or brocades. 

Printing is the occupation of the ecclesiastics, the Lamas, and a printing 
office is connected with nearly every large monastery. 


MÉLANGES. 739 


The Works of the Mongols. 


The Mongols adopted a system of writing in the thirteenth century, derived 
from the alphahet of the Turkish Uigur, which itself originated from the Syriac 
Estranghelo writing propagated in central Asia by Nestorian missionaries, They 
write in vertical columns running from left to right. They began to print books 
from the beginning of the fourteenth century, in connection with translations 
from the Tibetan Kanjur and Tanjur. The translation of the Kanjur into 
Mongol was completed in 1623. It was printed in the imperial palace of Peking 
by order of the Emperor K’ang-hsi (1662-1722). Aside from Buddhist literature, 
Mongol abounds in works of history, geography, medicine and popular, parti- 
cularly epic, poetry and romance, 

The Manchu, a tribe of the Tungusian stock of people, conquered China 
in 4648. In order to write their language, which belongs to the Uralo-Altaic 
group and is polysyllabic and agglutinative, they adopted the Mongol alphabet 
in 4599, which was improved in 1632 by the addition of diacritical marks to 
distinguish certain sounds. 

Manchu is written like Mongol, in vertical columns, from left to right. 
Manchu books are printed in Chinese style, except that pagination runs from 
left to right (not from right to left, as in Chinese books). Most Manchu books 
are translations from Chinese and of great assistance in the understanding of 
the Chinese text. They are usually printed in interlinear versions. The oldest 
Manchu print comes down from the year 1646; their literary activity began 
in 1616. 

Among our Manchu books there are many rare and unique ‘Palace 
Editions”, printed at the instigation of the Manchu emperors in the imperial 
palace of Peking. Chicago is fortunate to have the most extensive Manchu 
library in existence, as it is most likely, judging from precedents, that in the 


present anti-dynastic movement all Manchu relics will be mercilessly destroyed. 


NECROLOGIE 


William George ASTON, 


ASTON formait avec Basil Hall CHAMBERLAIN et Ernest Mason SATOWw ce 
triumvirat de japonisants qui n’ont pas leur égal dans les autres pays. Nous 
avons le regret d'annoncer la mort de notre savant collaborateur le 22 novembre 
1911, à The Bluff, Beer, East Devon. Aston était né près de Londonderry en 
1841 et fut élevé au Queen’s Collesge de Belfast. Nommé étudiant interprète 
au Japon en 1864, il fut successivement interprète et traducteur à la Légation 
britannique de VYedo (1870), Assistant Secrétaire Japonais à Yedo (1875—892), 
Consul p. i. à Hiogo (1880—3), Consul général en Corée (1884), Secrétaire Ja- 
ponais à Tokio (1886); en 1889, il prit sa retraite et fut nommé C. M.G.; il 
s'était marié en 1871. Nous donnons en note la liste des principales publications 
de ce regretté savant, 

Henri CORDIER. 


— À short grammar of the Japanese Spoken Language. By W. G. Aston, M.A Interpreter, 
H. B. M. Consular Service, Japan. Nagasaki: Printed and Published by F. Walsh, 1869, 
in-12, pp. 4. 

4th edition, 1888, pp. 212. 

— Grammaire abrégée de la langue parlée japonaise par W. G. Aston, M.A. Interprète- 
traducteur de la Légation britannique au Japon traduite par Émile Kraetzer Chancelier 
du Consulat de France à Yokohama sur la deuxième Édition Anglaise revue et corrigée 
spécialement par l’Auteur pour l’Édition Française suivie d’un Vocabulaire. Des mots 
contenus dans cette Grammaire et de ceux pouvant être utiles à un commençant. — 
Yokohama, Imprimerie de C. Lévy, 1873, in-8, pp. 83. 

— Remarks on Commerce by Kato Sukeichi. Translated from the Japanese. By W. G. 
Aston, Esq., M.A. (The Phoenix, Il, No. 20, Feb. 1872, pp 117—119; No. 21, March 
1872, pp. 135—138). | 

Osaka, 1869. 

— Russian Descents in Saghalien and Itorup in the years 1806 and 1807. Bÿ W. G. Aston, 
Esq. Read before the Asiatic Society of Japan, on the 7th June, 1873. (Trans. As. 
Soc. of Japan, 30th Oct. 1872 to 9Jth Oct. 1873, pp. 86—95). 

— Has Japanese an Affinity with Aryan languages. — By W. G. Aston, Esq. — Read 
before the Asiatic Society of Japan, on the 17th June 1874. (Trans. As. Soc. Japan, 
II, 1874, pp. 199—206). 


NÉCROLOGIE. 741 


An Ancient Japanese Classic. (The Zosa Nikki, or Tosa Diary.) By W.G. Aston. (Trans. 
As. Soc. Japan, Vol. III, Pt. IT, 1875, pp. 121—130). 


—* W, G. Aston. — À Grammar of the Japanese written Language with a short Chrestomathy. 


24 ed. London and Yokohama, 1877, gr. in-8, pp. xt + 212 + 1x + vu. 
lst edition, Yokohama, 1872, gr. in-8, pp. 115. 
Hideyoshi’s Invasion of Korea. By W. G. Aston, Esq. Read before the Asiatic Society 
of Japan, March 9th 1878. (Trans. As. Soc. Japan, Vol. VI, Pt. II, pp. 227—254). 
Chapter II. — The Retreat. [Read Jan. 11, 1881.] (Zéid., Vol. IX, Pt. I, pp. 
87—93). — Chap. III. — Negotiation. [Read June 14, 1881.] (Z2i4., Pt. II, 
pp. 213— 222). — Chap. IV. — The Second Invasion. [ Read Jan. 10, 1883. 
(lbid., Nol. X, Pt. I, pp. 117—125). 
W. G. Aston. — The Loochooan and Aino Languages. (Proceedings Royal Geog. Soc., 
1879, p. 598). 
From the CAurch Missionary Intelligencer and Record. 
H. M.S. “Phaeton” at Nagasaki in 1808. — By W. G. Aston, Esq. — [Read May 
13th, 1879.] (Trans. As. Soc. Japan, Vol. VIT, Pt. IV, Nos. 1879, pp. 323—336). 


Proposed Arrangement of the Korean Alphabet. By W. G. Aston. (Trans. As. Soc. 
Japan, NII, Pt. I, 1880, pp. 58—60). 

Early Japanese History. By W.G. Aston. (Trans. 4s. Soc. Japan, X VI, 1889, pp. 39—75). 
A Literary Lady of Old Japan. — By the Late Dr. T. A. Purcell and W. G. Aston. 
(Trans. As. Soc. Japan, XNI, 1889, pp. 215—224). : 

The Particle Ne. — By W. G. Aston. (Zrans. As. Soc. Japan, XN II, 1889, pp. 87—90). 
Adventures of a Japanese Sailor in the Malay Archipelago, À D. 1764 to 1771. By 
W. G. Aston. (Journ. Royal As. Soc., 1890, pp. 157—181). 


“Abridged from a Japanese book called Mazkai Kibun (Notes of the Southern 
Ocean), which records the examination by the oflicials of Chikuzen in Kiushiu, 
of a native of that province, named Magotarô, who had been cast away on 
an island near Mindanao, and, after a captivity of seven years, was ultimately 
brought back to Japan in a Dutch ship”. Magotaro landed at Deshima 1771. 


Corean Popular Literature. By W. G. Aston. (Trans. 4s. Soc. Japan, XVIIT, 1890, 
pp. 104—118). 

Observations on Dr. Tsuboïs Discovery of Artificial Caves in Japan. By W. G. Aston, 
C.M.G, Late Japanese Secretary, H. Ms Legation Tokio. (Zmp. # As Qnart. Rev. 
N. S., IV, 1892, pp. 124—128). 

Japanese Onomatopes and the Origin of Language. By W. G. Aston, C.M.G. (Journ. 
Anthrop. Inst. of Gt. Brit. and Ireland, Vol. XXIIT, 1893—94, pp. 332— 362). 
Note on Mr. W. G. Aston’s “Japanese Onomatopes, and the Origin of Language”. By 
Hyde Clarke. (Zbid., Vol. XXIV, 1894—95, pp. 60—62). 

The Ünmun-when invented? — By W. G. Aston. (Zrans. As. Soc. Japan, XXIIT, 1895, 
pp. 1—4). 

Note sur les différents systèmes d'écriture employés en Corée. Par Maurice Courant. 
(Ibid, pp. 5—23). 

Nihongi, Chronicles of Japan from the Earliest Times to A.D. 697. Translated from 
the Original Chinese and Japanese by W. G. Aston, C.M.G.... London, 1896, Kegan 
Paul, 2 vol. in-8, pp. xxit + 1 f. n. ch. + pp. 407, 443. 


Transactions and Proceedings of the Japan Society, London. — Supplement T. 
Notice: T’oung Pao, VII, 1896, pp. 429—430, par G. Schlegel. 


742 NÉCROLOGIE. 


À History of Japanese Literature. By W. G. Aston, C.M.G., D.Lit., Late Japanese 
Secretary to H. M. Legation, Tokio. London, William Heinemann MDCCCXCIX, in-8, 
pp. xI—408. 


Notices: T’oung Pao, Mars 1899, pp. 230—3, par G. Schlegel. — Quarterly 
Review, 192, July 1900, pp. 68—91. 


Histoire des Littératures — Tittérature japonaise par W. G. Aston Traduction de 
Henry-D. Davray. Armand Colin, Paris, 1902, in-8, pp. xxr1—396. 


Note bibliographique par Maurice Courant. 
Notices: Bul. École Ext. Orient, III, 1903, p. 355, par CI. E. Maitre. — Bul. 
Comité Asie française, Juillet 1902, p. 336. 


Japanese Myth By W. G. Aston. (Folk Lore, X, 1899, pp. 294—323). 

Notice: Z’oung Pao, Oct. 1899, pp. 410—413, par G. Schlegel. 
On the Japanese Gohei and the Aïnu Inao. By W. G. Aston. (Report Brit. Ass. Ad. 
Science, Bradford, 1900, pp. 900—901). 
Shinto (The Way of the Gods) by W. G. Aston..... Longmans, London, 1905, in-8, 
3 #Æ. n. ch. + pp. 1 + pp. 390, ill. 
W. G. Aston. — Toriwi — its Derivation. (Trans. Asiat. Soc. Japan, XXNII, 1900, 
pp. 153—5). 
Letter to the Editor of T’oung-pao. (T'oung-pao, Oct. 1909, pp. 555 —6). 

In answer to Michel Revon, 7. P, IX, No. 2. 
Are the Norito Magical Formulae? by W. G. Aston. (T’oung Pao, Décembre 1909, 
pp. 559—566). 


BULLETIN CRITIQUE. 


Do EIRE >—f— 


Kouo hio ts'ong k'an LES Æ Fi} «Recueil de travaux 


imprimés se rapportant à l'érudition nationale». 


Péking, 1911; deux fascicules parus. 


Sous la direction de MM. Lo Tehen-yu SË Ïk Æ, Wang Kouo- 
wei + RE et de quelques autres érudits, vient de commencer à 
paraître une publication qui doit comporter par an 6 fascicules, de 
120 pages environ chacun. Les deux premiers fascicules sont dès 
maintenant en vente. 

Nous y remarquerons tout d'abord des éditions critiques de 
plusieurs des textes trouvés par M. Pelliot dans la grotte de 
Touen-houang. Ce sont en premier lieu des fragments du Chou 
king, écrits en écriture ancienne de l’espèce li, dont on peut main- 
tenant fixer le texte; c'est ce que signifie le titre Es + pis fi . 
« Chang chou fixé en caractères anciens de l'espèce Zi»; le Chou 
king en caractères li est antérieur au Chou king gravé sur pierre 
en 837 p. O., et comme ce sont ces dalles de 837, aujourd'hui 
encore conservées à Si-ngan fou (cf. l'Album de ma mission archéo- 
logique, pl. cocrvi—ccorxix et pl. cccoxriv, fig. 1012) qui sont le 
plus vieux texte actuellement existant des classiques, on comprend 
quelle est l'importance de fragments qui nous permettent de remon- 
ter à un manuscrit plus ancien. Des fragments du Chou king trou- 


vés par M. Pelliot et publiés par Lo Tchen-yu, l'un est un passage 


744 BULLETIN CRITIQUE. 


du chapitre Xou ming; il a déjà été imprimé dans le Touen houang 
che che yi chou SX Jà % Æ ji Æ ; les autres, qui ouvrent le 
deuxième fascicule de Kouo hio ts'ong k’an, proviennent des chapi- 
tres Kan che, Wou tseu tche ko et Yin tchéng. Aux heureuses trouvailles 


de M. Pelliot on doit aussi deux fragments du commentaire de Wang Pi 
(226—249 p. C.) sur le Yi king Fi] À Æ 59 ÆE:; ce manuscrit 
est en écriture des Tang et antérieur à l’empereur Æiuan tsong, 
puisque le nom personnel de ce souverain n’y est pas frappé de 
tabou. Enfin c’est toujours du fonds Pelliot que provient un frag- 
ment d’une encyclopédie appelée le Sieou wen tien yu lan (> D'é 
H7 fill oe cet ouvrage est aujourd’hui perdu, mais, comme il a 
été copié sans vergogne par le T'ai p'ing yu lan JR ip F4, 
la partie qui en a été retrouvée à Touen-houang est d’une haute 
importance pour la critique du texte de cette dernière encyclopédie. 

M. Zo Tchen-yu ne s’est pas contenté cependant d'éditer des 
manuscrits de M. Pelliot: il y a ajouté un très court fragment du 
Louen yu avec commentaire de Tcheng Hiuan, rapporté de l'Asie 
Centrale par le comte Otani; il y a ajouté surtout un texte très 
étendu qui provient de la célèbre grotte de Touen-houang et qui 
est actuellement déposé à la bibliothèque nationale de Péking; ce 
texte est un traité manichéen; il nous donne des renseignements 
nombreux sur les dogmes de cette religion dont les fragments turcs 
ou iraniens de Tourfan avaient déjà mis l'étude à l’ordre du jour; 
nous publions, M. Pelliot et moi, dans le Journal Asiatique de 
Novembre — Décembre 1911, une traduction intégrale de cet impor- 
tant document. 

À ses travaux d'édition, M. Zo Tchen-yu a joint des études 
archéologiques et épigraphiques; on sait qu'il a déjà publié un 
mémoire fort intéressaut sur les débris d’écaille de tortue et d’os 
qui ont été retrouvés non loin de 7chang-tô fou du Ho-nan, sur 


l'emplacement présumé d’une ancienne capitale des Yin; il n’en est 


BULLETIN CRITIQUE. 745 


pas resté là; il a fait faire de nouvelles recherches (sur lesquelles 
il est malheureusement trop discret) au nord de la rivière Æouan 
# K et a obtenu 20.000 pièces nouvelles; après avoir éliminé les 
faux — phrase qui prouverait que ces débris faciles à imiter ont 
déjà donné lieu à une petite industrie —, il lui est resté 3000 
pièces remarquables; il se propose de les publier sous le titre 
«Textes écrits au trait provenant de l’ancien emplacement de la 
capitale des Fin» [2 4 EE F7, dans un ouvrage en deux sections; 
la première, en vingt chapitres, ne comprendra que des fac-simile 
photolithographiques; la seconde contiendra un essai d'interprétation; 
nous avons ici les deux premiers chapitres de la première section. 

Le T’ang tche tch'ong fou k'ao pou FES FT fi FF A 4, de 
Lo Tehen-yu, est, comme son titre même l'indique, un supplément 
au livre de Lao King-yuan Dr Re Ji intitulé Tehe tch'ong fou k'ao 
#JT fi HF É : on appelait tche tch'ong ÀJT y, sous les Tang, 
des commandements militaires dont la circonscription constituait ce 
qu'on appelait un fou KT. L'histoire des Tang donne des renseig- 
nements insuffisants sur la situation et le nombre de ces circons- 
criptions militaires; c’est à élucider les parties obscures de cette 
question que sont consacrés les travaux dont nous venons de citer 
les titres. 

Toujours sous le nom de Zo Tchen-yu, nous trouvons dans les 
deux fascicules que nous avons sous les yeux un catalogue, avec 
figures, des insignes militaires de l’époque des Souei et des Tang, 
en formes de tigres, de poissons ou de tortues PE HE E F4 
$k E $K, puis la première partie d’un catalogue d'inscriptions 
funéraires, catalogue qui, parce que la colline Æao-li, au pied du 
T'ai chan, est considérée comme le séjour des morts, est désigné 
sous le titre de «Catalogue des textes omis jusqu'ici du //ao-li» 


= » . . . hs 
J H ji D'é H EX : ces inscriptions sont celles dont les origi- 


naux ou les estampages se trouvent, soit dans le Pao houa ngan 


746 BULLETIN CRITIQUE. 


1 SE de Touan Fang it À; soit dans le Tang fong leou 
FE H FE de Lo Tchen-yu lui-même. La seconde partie du cata- 


logue sera formée avec les renseignements qui pouront être fournis 
à l’auteur par d’autres collectionneurs. 

M. Wang Kouo-wei Æ SE est, comme M. Zo Tchen-ya, 
un des érudits de la nouvelle école; aussi ne sommes-nous pas 
surpris de voir son nom figurer ici; sa part de collaboration con- 
siste d’abord en un mémoire érudit, mais non absolument décisif, 
sur l’origine de certaines expressions bizarres par lesquelles on 
désigne les acteurs jouant des rôles d’une espèce déterminée nr LA 
H É FE M. Wang Kouo-wei a réuni d’autre part sous le titre 
«Documents négligés, jusqu'ici au sujet du maître Ts’ing-tchen» 
M] IE FC 26° tous les renseignements qu’il a pu rassembler sur 
Teheou Pang-yen FA FX E app. Ts'ing-tchen Th = (1057—1121). 
Ce Tcheou Pang-yen est célèbre par ses proses rythmées appelées 
rl; on compte quatre auteurs renommés qui furent chacun un 
chef d’école dans ce genre de compositions littéraires qui se développa 
à l’époque des Song; ce sont, -- outre Tcheou Pang-yen, -— Sin 
K'i-tsi 2É Es JR , Wang Yi-souen + Ÿr FR et Wou Wen-ying 
2 

Pour terminer cette revue des deux fascicules du ÆXouo hio ts’ong 
k'an, citons enfin les notes bibliographiques intitulées 2 fong t'ang 
di pa Æù JA ù EX qui sont l'oeuvre de Mieou Ts'iuan-souen 
A À FR, l'auteur de l'excellent catalogue épigraphique Yi fong 
t’ang cheou ts’ang kin che mou 4 EN LA x DE & Æ E 

On voit par cette analyse l'intérêt que présentent les deux pre- 
miers fascicules de la publication entreprise par M. Lo Tchen-yu 
et ses collaborateurs; nous ne pouvons que souhaiter de voir se 


continuer une entreprise qui débute sous d'aussi heureux auspices. 


Ed. CHAvVANNES. 


BULLETIN CRITIQUE. 747 


W. Percevaz Yerrs, Notes on the disposal of buddhist 
dead in China (Journal of the R. As. Soc., July 
1911, p. 699—725). 


L'auteur de cet article s’est proposé de décrire la manière dont 
les religieux bouddhiques sont traités après leur mort; il commence 
done par étudier la posture qu'on donne au mort, le vêtement dont 
on le couvre, le rosaire et le chasse-mouches qu’on place entre ses 
mains; une fois le corps ainsi déposé, il est des cas où on le brûle, 
tandis que, dans d’autres, on l’enterre en le plaçant assis dans une 
grande jarre en terre cuite ou dans une caisse en bois; M. Yetts 
décrit les deux procédés, mais il n'indique peut-être pas suffisam- 
ment clairement quelles sont les raisons pour lesquelles on recourt 
tantôt à l’un et tantôt à l’autre. La seconde partie de ces recher- 
ches est consacrée à l'étude des corps desséchés et plus ou moins 
mouifiés qui sont des reliques destinées à l'édification des fidèles; 
il y a là toute une série d'observations précises qui témoignent d’un 
véritable esprit scientifique. Cet article a été pour moi la première 
occasion de rencontrer le nom de M. Perceval Yetts, mais je 


m'attends maintenant à le voir souvent reparaître en sinologie. 


Ed. CHavanxes. 


WiLuezm Grue, Religion und Kultus der Chinesen. 


(Leipzig, Rud. Haupt, 1910; in-12 de vit + 220 p.). 


Grube, mort à 53 ans en 1908, était un caractère élevé en 
même temps qu'un esprit supérieur; les quelques élèves qu'il a 
laissés sont restés entièrement dévoués à sa mémoire et se sont fait 
un pieux devoir de sauver de l'oubli les travaux que leur maître 
avait préparés et n'avait pas pu publier; c’est ainsi qu’on a annoncé 


l'apparition prochaine chez Brill du Æong chen yen yi Æf MN Ji 


748 BULLETIN CRITIQUE. 


dont Grube avait traduit environ la moitié; c’est ainsi encore que, 
vers la fin de l’année dernière, a paru, par les soins de M. Johannes 
Moser, le livre sur «la religion et le culte des Chinois». Ce dernier 
ouvrage est, à mon avis, remarquable et il eût été fort regrettable 
qu'il fût perdu; dans cette série de leçons qui ont été professées 
de 1903 à 1904, Grube passe en revue successivement la religion 
des anciens Chinois, le confucéisme, le Taoïsme, le Bouddhisme, la 
religion populaire; il le fait avec la puissance d’ordonnancement et 
avec la netteté de pensée dont il avait déjà donné la preuve dans 
son histoire de la littérature chinoise. Il faut ajouter que Grube 
nous apporte en plusieurs endroits de ce livre le résultat des obser- 
vations personnelles qu'il avait faites pendant son séjour à Péking; 
il y a done là une part d'originalité qui a de la valeur; j'ai 
appris bien des choses nouvelles, pour ma part, en lisant les pages 
sur les dieux des villes (Tch'eng houang), sur Kouan ti et sur les 
dieux de la littérature (p. 126 —-128). Pour résumer mon impres- 
sion, cet ouvrage me paraît être une bonne introduction à l'étude 


de la religion chinoise. Ed. CHavanxes. 


Beauty, a Chinese drama, translated from the original 
by Rev. J. Maccowan (London, E. L. Morice, 1911, 
in-16 de 82 p.). 


Le Rev. J. Maccowan a publié en 1897 une histoire de Chine 
qui est un ouvrage fort estimable ‘); nous avons done lieu de croire 
que la traduction qu'il donne aujourd'hui d’un drame chinois est 
fidèle; ce drame a pour héroïne la fameuse Wang Tehao-kiun Æ 
H4 ## *) dont un fin lettré de chez nous, M. Laloy, a tout dernière- 


ment réussi à faire représenter avec succès sur une scène parisienne 





1) Rev. J. Macgowan, À history of China from the earliest days down to the present 
(London, Kegan Paul, 1897). 
2) Cf. Giles, Biographical Dictionary, N° 2148. 


- 


BULLETIN CRITIQUE. 749 


la tragique aventure !); mais, tandis que M. Laloy s’est inspiré, 
d’ailleurs fort librement, de la pièce écrite à l’époque mongole par 
Ma Tche-yuan Æ 4 = M. Macgowau a choisi un texte tout 
différent ?); il ne nous dit point quel est ce texte, en sorte que 
nous nous trouvons dans l'impossibilité de contrôler la valeur de 
son travail; je me borne à constater dans les deux premières lignes 
de l'introduction une assez grave erreur: la princesse charmante ne 
vécut point à l’époque des Han postérieurs; avant d’être livrée au 
Khan des Hiong-nou, elle était dans le harem de l’empereur Yuan TÉ 
(48—33 av. J.-C.) *). La traduction de M. Macgowan me paraît élé- 
gante et, si elle suit exactement l'original chinois, on peut estimer 
que celui-ci n’est pas dépourvu de toute valeur littéraire quoiqu'il 
ait dû avoir une allure plus populaire que le drame de Wa Tche-yuan. 


Ed. CHAvANNES. 


Dr. L. Wiscer, S.J., Taoïsme, tome [, Bibliographie générale 
(in-8° de 338 p.; 1911) *). 


L'étude du taoïsme est pour les sinologues une des grandes tâches 
qui restent à accomplir; les innombrables traductions du Tuo tù king 
par lesquelles des débutants espèrent gagner à peu de frais leurs 
éperons de traducteurs ne font pas avancer la question d’un pas; il 
faut maintenant aborder la littérature taoïste dans tout son ensemble ; 
l'ouvrage que vient de publier l'infatigable P. Wieger sera très utile 
pour orienter les recherches; il contient en effet une liste et une 


analyse sommaire de tous les livres qui sont compris dans le Canon 


1) Louis Laloy, Le chagrin dans le pays de Han (Grande Revue, Décembre 1911). 
2) Les noms mêmes des personnages différent; c’est ainsi que le traître Mao Fen-cheou 


Æ Ë Ze devient Yew-shang dans la pièce de M. Macgowan. 


3) L'empereur Yuan est expressément nommé dans la traduction même de M. Macgowan 


(P 57). 


4) Sur la couverture de ce volume on voit représenté le dieu du Fleuve jaune d’après 
une figure du Chan hai king; au-dessus de cette divinité est la constellation de la Grande Ourse. 
49 


750 BULLETIN CRITIQUE. 


taoïste (ou, comme dit aussi le P. Wieger, dans la Patrologie taoïste). 

Le P. Wieger a consulté deux exemplaires du Canon taoïste; 
l’un est celui du Po yun kouan, près de Péking; l’autre est celui 
de la bibliothèque impériale réservée japonaise. Ces deux exemplaires 
sont tirés avec les mêmes planches; ils représentent une édition des 
Ming gravée pendant la période {cheng-tù (1506 —1521) et mesurent 
33 cm. de long sur 12,5 cm. de large. Le P. Wieger doit avoir tort 
quand il dit (p. 5, n. 2) que cette édition est la première et dernière 
qui ait jamais été faite de la Patrologie complète; M. Pelliot a cité 
(BEFEO, t. III, p. 322, n. 5) les catalogues de diverses collections 
des Souei, des T‘ang, des Song et des Yuan; il est très vraisemblable 
que les collections des Song et des Yuan ont été imprimées; d’autre 
part, une inscription qui nous a été conservée dans le Canon taoïste 
lui-même (vol. , fase. 9) nous apprend que, sous les Æin, de 1186 
à 1191, on fit exécuter 83198 planches qui servirent à imprimer la 
patrologie en 6455 chapitres ou fascicules formant 602 enveloppes 
ou volumes; le titre de cette publication fut K & LA #T Fi DES ; 
enfin, il existe une édition des Ming antérieure à celle de la période 
tchena-tù (1506—1521); c’est celle qui a été publiée en la dixième 
année tcheng-t‘ong (1445); les fascicules mesurent 38 cm. de haut 
sur 12,5 em. de large; j'en ai acquis en Chine un certain nombre de 


fascicules dont j'ai fait don récemment à la Bibliothèque nationale !). 


1) Ces fascicules sont les suivants: volume # complet, 10 fascicules comprenant les 


chap. 21—30 du N° 504 de Wieger; — volume F4] complet, 8 fascicules comprenant 
les Nos 689, 690, 691; — volume E complet, 7 fascicules comprenant les chap. 15—18 


du N° 701 et les N°5 702 et 703; — volume FE complet, 9 fascicules comprenant les 


chap. 1—10 du N° 728; — volume À complet, 9 fascicules comprenant les N°5 954— 
964; — volume = incomplet, fase. 2—5 comprenant les chap. 2—5 du N° 1021; 


fase. 7 contenant le N° 1023 et fase. 8 contenant le N° 1024; — divers fascicules dépa- 
reillés: fase. 6 du vol. dE contenant le chap. 9 du N° 4; fasc. 1 du vol. f& con- 
tenant le N° 1109; fase. 2 du vol. 4H contenant le N° 1119; fasc. 8 du vol. La 
contenant le N° 1129; fase. 9 du vol, x contenant le N° 1175; fasc. 11 du même 


volume, contenant le chap. 2 du N° 1176. 


BULLETIN CRITIQUE. 751 


Je n’ai pas pu me livrer à une revision approfondie de l'ouvrage 
du P. Wieger; je me suis borné à le contrôler pour un seul des 
volumes du Canon et j'ai noté quelques brèves remarques: les N°5 
954 et 955 sont inexactement catalogués comme contenant des 
«notices sur divers surhommes»; l’un et l’autre sont en réalité des 
descriptions de la montagne Wou-tang J£ #$ qui est un pélerinage 
fameux de la province de Æou-pei (cf. T'oung-pao, 1908, p. 416, 
n. 2). — Le N° 956 n'est pas un recueil d’«inscriptions taoïstes 
d’un fameux couvent du Sseu-tch'ouan, recueillies par Yao P'ong-kouer, 
de la dynastie Song»; c’est une inscription unique composée FE par 
Fao P'ong-kouei la quatrième année {chong-ho (884 p.C.), c’est-à-dire 
sous la dynastie des T‘ang. — Les trois inscriptions cataloguées sous 
les N° 957-959 ne proviennent pas d’un même temple; elles se 
rapportent à trois sanctuaires différents qui, d’après leurs situations 
respectives à la capitale, étaient désignés par les dénominations de 
«temple de droite», «temple de gauche» et «temple du centre». — 
Le N° 960 (HE fj [l] sb) est insuffisamment caractérisé comme 
un «recueil d’édits, et autres pièces taoïstes, des Tang aux Ming»: 
les pièces que ce fascicule contient s’échelonnent des Tang aux Æin; 
elles se rapportent toutes au culte localisé sur la montagne Zong-kio 
FE F4 à 35 li au Sud-Est de la sous-préfecture de Jeou-chan © LU 
(préf. de P'ing-yang, prov. de Chan-si); c’est sur cette montagne 
que, en 620 p. C., Lao-tseu apparut pour prédire au fondateur de 
la dynastie des T“‘ang sa grandeur future. — Le N° 961 est une 
description des sanctuaires de la montagne Wang-wou Æ Æ, qui 
est à 80 l au Sud de la sous-préfecture de Yang-tch'eng D un 
(préf. sec. de Tsô, prov. de Chan-si). Cet opuscule est suivi d’une 
inscription de Jouei-tsong (710—712), puis de deux petites compo- 
sitions de l’époque des Fuan: l'une, signée de Tou Jen-kie ÂE {= E, 
est datée de l’année 1289: la seconde est de l’année 1309 et a été 


composée par Teh'en Tao-feou [if =] EE. Le fascicule se continue 


752 BULLETIN CRITIQUE. 


par l'inscription intitulée FE + Æ LL FH É& = JE — 7 Æ 
Ej #3; le P. Wieger l'appelle (N° 962) «Inscription en l'honneur 
de Lao-tzeu, au centre du temple du mont Wang-ou-chan, dynastie 
T'ana. Par Tchen Tao-fou Pi Hi >; il faut lire: «Inscription 
de l’époque des Tang, dans le temple de Tcheng yi sien-cheng 
(= Sseu-ma Teh'eng-tcheng Fi] Æ 7XK HA, app. Tseu-wei + F4; 
mort en 735 p. C.) sur la terrasse du pic du centre dans la mon- 
tagne Wang-wou. Par Wei Hing 45 >. — Le N° 963 est peu 
exactement décrit comme étant une «inscription du couvent du 
mont sacré central»; cette inscription, qui a été composée en 688, 
était placée devant le temple de la mère de Ai EX FF Ef, c'est-à-dire 
en arrière des piliers que j'ai reproduits dans les pl. XIV-XVIIT de 
ma mission archéologique; ce temple était le sanctuaire où on adorait 
la femme de Yu le Grand, mère de X‘i; il n’avait rien de commun 
avec un couvent. — Le N° 964 (#5 Fi R4 x) est désigné par le 
P. Wieger comme contenant des «inscriptions du Temple du palais, 
sous la dynastie Song; recueillies par T“ao-kou»; en réalité, ce recueil 
se compose d'inscriptions qui se trouvent dans divers sanctuaires LE: 
ou temples FE: la première de ces inscriptions a été composée Ers 
(et non «recueillie», comme le P. Wieger traduit trop souvent ce mot) 
par T‘ao Kou qui vient de 902 à 960; les cinq autres inscriptions 
contenues dans ce fascicule ont été composées sous les Yuan ou sous 
les Æin. 

Comme on le voit par les remarques qui précèdent, le livre du 
P. Wieger aura besoin d'une sérieuse revision; tel qu’il est cepen- 
dant il rendra de grands services; en sinologie, il faut savoir quelque- 
fois aller vite sous peine de ne pas aboutir; si on avait voulu dresser 
un catalogue du Canon taoïste ayant la valeur du catalogue de Nanjio 
pour le Canon bouddhique, il est vraisemblable que ce travail n’au- 
rait pas vu le jour avant de longues années; nous remercierons donc 


le P. Wieger d’avoir fait acte de dévouement en osant aborder une 


BULLETIN CRITIQUE. 793 


entreprise devant laquelle tout le monde avait reculé jusqu'ici; il a 
été le pionnier qui a tracé une large avenue dans la forêt vierge 


des écrits taoïstes. Ed. CHAVANNES. 


Berthold Laurer, Chinese grave-sculptures of the Han 
period, in-8, de 45 p. avec 10 pl. hors texte et 14 
fig.; London, E. L. Morice; New-York, F, C. Stechert ; 
Paris, E. Leroux; 1911. 


Dans cette très intéressante brochure, M. Laufer reproduit et 
explique huit dalles sculptées de l’époque des Æan qui ont été rap- 
portées de Chine par un marchand de curiosités, M. Wanuieck, et qui 
sont exposées depuis plusieurs mois dans le rez de chaussée du musée 
Cernuschi, à Paris. Comme on pouvait l’attendre d’un archéologue 
de la valeur de M. Laufer, cette étude renferme plusieurs observa- 
tions justes et ingénieuses; nous signalerons tout particulièrement 
au lecteur les pages où il est traité des arbres à branches coales- 
centes et des oiseaux à deux têtes. Sur quelques points j'hésite à 
être de l'avis du savant auteur: dans la pl. Il, a, M. Laufer (p. ?) 
voit deux chevaux là où je crois qu'il y a un cheval à gauche et 
un bouc à droite; pour justifier cette manière de voir, je m'appuie 
sur une autre pierre du Zeang tch'eng chan que je publierai pro- 
chainement: sur ce dernier monument, on distingue fort bien, à 
droite un cheval, et à gauche un bouc reconnaissable à sa longue 
barbiche. Beaucoup plus grave est le dissentiment au sujet de la 
planche VI; M. Laufer (p. 24—25) croit que le panneau central 
représente la scène de la pêche du trépied; à mon avis, nous retrou- 
vons ici le motif du grand tambour à hampe centrale sur lequel 
deux hommes frappent avec des baguettes ; l’homme de gauche peut 
être comparé à celui qui est représenté plusieurs fois dans l'album 
de ma Mission (Nos 48, 149, 151, 157 en bas, 158, 160, 163); 
les dessins qui ornent le tambour sont analogues à ceux du tambour 


figuré sous le N° 48 de ce même album; les trois branches suppor- 


754 BULLETIN CRITIQUE. 


tant le dais au-dessus du tambour se retrouvent dans les Nos 149, 
151, 160, 163. Le détail nouveau est constitué ici par deux sortes 
de cordes ou de rubans qui retombent, l’un à gauche, l’autre à 
droite; dans la partie de gauche, seule bien conservée, un homme 
debout paraît tenir ce ruban qui, à mon avis, est un simple accessoire 
ornemental du tambour. Dans le registre supérieur de cette même 
pl. VI, je verrais, non pas le roi Tch'eng et des conseïllers, mais 
des musiciens, comme dans les Nos 149, 151, 160 et 163 de ma 
Mission. 

De la p. 31 à la p. 45, M. Laufer propose diverses interpréta- 
tions de bas-reliefs déjà publiés; l’une d'elles (p. 31—33) me paraît 
extrêmement séduisante; elle consiste à voir la Tisserande dans la 
divinité assise sur une sorte d’estrade devant laquelle volent trois 
oiseaux (Mission, Nos 155 et 171); j’accepterais cette hypothèse jusqu’à 
plus ample informé; mais je ne puis admettre que la divinité vers 
laquelle volent les trois oiseaux soit le Bouvier; à mon avis, c’est 
la si wang mou; la raison que j'en donne est que, au-dessus de 
sa tête, on voit dans le N° 171 un ornement qui se retrouve dans 
le N° 176 et dans plusieurs autres bas-reliefs que je publierai dans 
le premier volume de ma mission; cet ornement n’est autre que le 
cheng LES représenté parmi les objets merveilleux de bon augure 
(Mission, N° 102); or Sseu-ma Siang-jou parle de la Si wang mou 
qui porte sur sa tête blanche un cheng (Mém. hist., chap. CX VII, 
p:LONr an 5). 

À la p. 43, M. Laufer reproduit des dessins du Xin che t’ou 
chouo; je connaissais bien ces dessins, car ce sont eux qui m’avaient 
révélé l'intérêt des piliers de Teng-fong hien; mais, lorsque je me 
suis trouvé en présence des originaux, j'ai dû constater que les auteurs 
chinois s'étaient souvent trompés dans l’interprétation qu'ils avaient 
donnée des estampages; c’est ainsi que les deux prétendus acrobates 
à cheval de la fig. 14 de Laufer ne sont autres en réalité que 


l’homme qui tire une flèche derrière lui et la biche qui retourne le 


BULLETIN CRITIQUE. 755 


cou (N° 35 de ma Mission). Ces erreurs sont explicables, car les 
sculptures des piliers ne donnent que de très mauvais estampages; 
pour publier ces derniers, il faut donc de toute nécessité les retou- 
cher, et, par conséquent on risque de les déformer; mais cela prouve 
avec quelles précautions il convient de se servir des dessins des 
épigraphistes chinois qui, s'ils sont souvent fort utiles, peuvent aussi 
parfois nous induire en erreur, 


Ed, CHAvANNES. 


Ernst BorrscHManNx, Die Baukunst und religiose Kultur 
der Chinesen. Band I, P'u-t’o shan (in-4° de 203 p. 
avec 33 planches ou plans hors texte et 208 figures ; 
Berlin, Georg Reimer, 1911). 


M. Boerschmann a publié dans la Zetschrift für Ethnologie 
(1910, cah. 3, p. 390 et suiv.) un remarquable article sur les idées 
philosophiques ou cosmogoniques qui inspirent l’architecture chinoise ; 
on peut considérer cette étude comme une introduction générale à 
la série des descriptions de monuments que l’auteur a entrepris 
d'écrire et qu’il inaugure par un volume sur les temples de l’île 
P'ou-t'o. 

M. Boerschmann est un architecte de profession; l’enquête qu’il 
a menée à travers toute la Chine et qu’il commence maintenant à 
mettre en œuvre acquiert de ce chef une importance considérable. 
Au lieu des mauvaises photographies ou des informes croquis dont 
nous devions jusqu'ici nous contenter pour étudier la disposition 
d’un édifice, nous avons affaire à des plans et à des élévations d'une 
rigueur mathématique; en outre, des échelles constantes de 1 : 600 
ou 1:300 ou 1:150 ont été adoptées de façon à faciliter les com- 
paraisons; enfin les photographies qui accompagnent les levés géo- 
métriques sont d’une remarquable netteté; il y a done là tout un 


travail technique qui n'avait jamais été tenté jusqu'ici avec autant 


796 BULLETIN CRITIQUE. 


* 


d’ampleur et qui, à mesure qu’il s’étendra, jettera vraiment les bases 
de la science de l’architecture chinoise. 

Le plus ancien monument de l’île P’ou-t'o paraît être une pa- 
gode quadrangulaire en pierre qui a été construite à l’époque mon- 
gole, en 1334. Quant aux trois temples dont le principal est le 
Fa yu sseu, ils ont été reconstruits ou agrandis à l’époque de 
K'ang-hi ou à des dates plus récentes. Il semble donc que ce soit 
surtout sous la dynastie actuelle que l’importance religieuse de l’île 
P'ou-t'o se soit développée. Cependant le culte de Xouan-yin y était 
florissant dès l’époque des Yuan et, comme le prouvent des textes 
historiques, dès l’époque des Song. L'origine de ce culte est rapporté 
par la légende à une statue merveilleuse de Kouan-yin; M. Boersch- 
mann aurait sans doute parlé avec plus de détails de cette tradition 
s'il avait connu le bon article publié par MM. Noël Péri et Henri 
Maspero sous le titre «le monastère de la Kouan-yin qui ne veut 
pas s’en aller» (BEFEO, 1909, p. 797—807). J’ajouterai qu'il y 
aurait lieu de tirer au clair la question de savoir à quelle date une 
peinture de Wou Tao-tseu (ou une réplique de cette peinture), 
représentant la Æouan-yin aux pieds nus, fut placée dans un des 
temples de l’île P’ou-t’o; on sait que ce tableau a été reproduit en 
gravure sur diverses stèles; le musée du Louvre possède un estampage 
d’une de ces stèles (cf. T’oung-pao, 1904, p. 812); le musée Guimet 
en à un autre qui provient d’une stèle érigée au Japon en l’an 1600; 
sur ce dernier estampage, une notice nous informe que l'original doit 
se trouver dans l’île P’ou-t'o (cf. Tchang Yi-tchou et J. Hackin, La 
peinture chinoise au Musée Guimet, p. 55). 

En outre de la description des monastères qui ne laisse rien à 
désirer, M. Boerschmann a interprété des textes historiques ou de 
courtes inscriptions; peut-être y aurait-il lieu de modifier quelquefois 
ses traductions ; ainsi (p. 76) la phrase JR 5) F} NE ne peut signi- 
fier «Wind wechsele mit Regen in beglückender Folge»; il faut tra- 


duire: «que le vent soit en juste proportion et que la pluie vienne 


BULLETIN CRITIQUE. 797 


à propos»; (p. 196) la phrase + 3k Jk 4 ne signifie pas « Kommst 


du zur rechten Zeit, ersteht Buddha für dich»; le sens me paraît être 
« Puissiez-vous (ou puissé-je) dans le futur devenir un Buddha». Par 
endroits aussi on aurait voulu trouver les équivalents sanscrits des mots 
chinois; par exemple, les Sapta Tathâgata de la p. 71 sont énumérés 
tout au long dans le manuel d’Eitel; p. 26, Pi lou fo F4 JÉ ff = 
Vairoëana; p. 119, Che-tche Sk % = Mahasthanaprapta: etc, 

Mais ce sont là des vétilles et je ne voudrais pour rien au monde 
diminuer par des critiques le bel enthousiasme de M. Boerschmann 
qui a foi en son œuvre et qui accomplira jusqu’au bout, nous l'espé- 
rons, sa graude entreprise; le volume qu’il nous a donné est un gage 
de la valeur de ses futurs travaux. 


Ed, CHavanxes. 


Lionel GILES, An alphabetical Index to the Chinese Ency- 
clopedia Clin ting ku chin tu shu chi ch'éng &R na 


ru À FE = #É JX (printed by order of the trustees 


of the British Museum; in-4° de xx + 102 p.; 1911). 


Tous ceux qui ont à se servir de la colossale encyclopédie pu- 
bliée en 1726 ont eu à déplorer les pertes de temps que leur cau- 
sait le manque d’une table alphabétique des matières; ils applaudi- 
ront donc à l’idée qu'ont eue les directeurs du British Museum de 
fournir au monde savant cet indispensable instrument de travail. 
C’est à l'usage seulement qu’on pourra constater si l'index dressé 
par M. Lionel Giles est rigoureusement exact: les quelques vérifi- 
cations que j'ai faites ont été satisfaisantes. Le seul reproche que 
j'adresserai à ce livre, au risque de paraître difficile à contenter, 
c'est de ne pas être encore assez détaillé; par exemple, si nous vou- 
lons savoir où chercher dans le T’ou chou tsi tch'eng des renseigne- 
ments sur le dieu du Fleuve jaune ÿh] 1H (XVIII, 27), ou sur les 
princesses de la rivière Siang Yf R À (XVIIT, 27) qui ne sont 


758 BULLETIN CRITIQUE. 


autres que les filles de Yao, femmes de Chouen, ou sur l’un quel- 
conque des huit immortels VAN Al, nous demanderons vainement 
une indication à l'index de M. Lionel Giles. Je reconnais d’ailleurs 
que, pour me donner satisfaction, il aurait fallu que l'ouvrage fût 


trois ou quatre fois plus étendu qu’il ne l’est, 


Ed, CHAvANNES. 





BIBLIOGRAPHIE. 


LIVRES NOUVEAUX. 


Les Douanes impériales chinoises viennent de faire paraître les 
Returns of Trade, 1910, Part I: (A). Abstract of Statistics and 
Report on the Foreign Trade of China: le revenu total des douanes 
pour 1910 est de H. tls. 35.571.879 (le H. il. — fr. 3, 40); 
Chang haï en tête avec un revenu de H. tls. 10.481.034.776, puis 
viennent Canton, 2.966.137.103; Dairen, 1.102.804.563; T'ien tsin, 
3.233.016.269; Han k’eou, 3.216.938.513; Kiao tcheou, 1.238.394. 
371. Le nombre des étrangers était de 141.868 dont 65.434 japo- 
nais, 10.140 anglais, 49.395 russes, 3176 américains, 4106 allemands, 
1925 français, 8.877 portugais, ete.; il y avait 3.239 maisons de 
commerce dont 1601 japonaises, 601 anglaises, 100 américaines, 
298 russes, 238 allemandes, 110 françaises, ete. [CF. T. P., Déc. 1910, 
p. 699.] 


Le Service postal de Chine est passé sous la direction du Minis- 
tère des Postes et Communications depuis le 28 Mai 1911 tout en 
conservant à sa tête M. T. Piry; il vient de paraître: ÆReport of 
the Working of the Imperial Post Office (English and Clanese 
Texts.) 2nd Fear of Hsüan T'ung (1910); le nombre des bureaux, 


agences, etc. s'élevait à 5.357. 


Nous avons reçu la Grammatica Teorico-Pratica della Lingua 


Giapponese parlata..… di Pietro Silvio Riverra professore di liagua 


760 BIBLIOGRAPHIE. 


giapponese nel R. Istituto Orientale di Napoli e di Takeo Terasakt 
con prefazione di Guglielmo Bercasr. Venezia, Carlo Ferrari, 1911, 
in-4, pp. XVI—129. 


Le R. P. L. Wirecer, toujours actif, nous donne le premier volume 
d'un ouvrage sur le Taoïsme; ce volume renferme une Bibliographie 
générale I. Le Canon (Patrologie). IL. Les Index officiels et privés. 
L'auteur dit dans sa préface: «Il m'a paru que, comme fondement 
à de sérieuses études sur le Taoïsme, deux Index étaient avant tout 
nécessaires. D'abord, l’Index du N=) DEN Tao-tsang, Canon ou Patro- 
logie, le Tripitaka des Taoïstes, collection faite par les moines, 
définitivement fixée au seizième siècle. Ensuite, un Index réunis- 
sant les listes officielles ou privées des ouvrages taoïstes, dressées 
par des laïques, à diverses époques, du premier au dix-septième 


siècle. Ces deux Index épuisent la bibliographie taoïste». 


M. F. M. Savina, Missionnaire Apostolique, vient de faire 
paraître à l'Imprimerie d’Extrême-Orient, Hanoi-Haïphong, un 
Dictionnaire Tày-Annamite-Français précédé d’un précis de gram- 
maire Tüy et suivi d'un Vocabulaire Français-Tày; dans ce travail, 
l’auteur a essayé de réunir la plupart des mots usuels parlés par 
les Tüy blancs, qui peuplent une grande partie de la haute région 


du Tong-king, et particulièrement, le bassin de la Rivière Claire. 


Un intéressant Catalogue descriptif de l'Exposition Siamoise à 
Turin a été publié avec des illustrations par M. G. E. Gerini, 


Commissaire Général de $S. M. le Roi de Siam. 


M. le Commandant de Lacosrs raconte son dernier voyage 
d'Ourga à Kobdo dans un beau volume paru chez l'éditeur Emile- 
Paul, sous le titre Au Pays sacré des Anciens Turcs et des Mongols 


orné d'illustrations et de trois cartes. 


BIBLIOGRAPHIE. 761 


Nous avons reçu de Bangkok le volume suivant en texte siamois: 
The Mahävessantara Jataka printed by order of His Majesty King 
Chulalongkorn and after his demise continued by His Majesty King 


Mahävajiravudh Bangkok 130. (Cf. T. P.. Mars 1911, p. 278). 


Vient de paraître le rapport annuel du 1°° Oct. 1909 au 30 
Sept. 1910 du Dr. H. H. Juynsorr, Directeur du Æijks Ethnogra- 
phisch Museum de Leyde. 


M. le Dr. W. Raprorr a donné au Bulletin de l'Académie 
Impériale des Sciences de St. Pétersbourg (1911) un article imtitulé: 
Nachträge zum Chuastuanit (Chuastuanvt), dem Bussgebet der Manichäer 
(Hürer). 


Nous recevons un nouveau mémoire de notre collaborateur, M. 
Willy Banc, Komanische Texte, extrait des nos. 9—10 (sept. —oct. 
1911) des Bulletins de l'Académie royale de Belgique, elasse des lettres. 


La Buddhist Review de Juillet 1911 contient un article de M. 
G. Cognès intitulé The Great Temple of Angkor Wat. 


Nous avons reçu le fascicule suivant du Bulletin de l’Institut 
Oriental de Vladivostok. (Cf. T. P., Oct. 1911, p. 577): Marepiari 


no Kommepueckomy Obpasoganto BB fnonin, par Il. M. Hukozaenko. 


Nous avons reçu de M. Maurice Couranr: La Vie politique 
dans les Deux Mondes, 1% Octobre 1909—30 Sept. 1910. Ærtréme 
Orient. [C£ T. P., Oct. 1910, p. 539.] 


Nous avons reçu les tirages à part suivants d'articles parus dans 


le Bulletin de l'Ecole d'Extréme-Orient : 


—— Le Protectorat général d'Annam sous les T'ang Essai de 


géographie historique (premier article). Par H. Maspero. 


762 BIBLIOGRAPHIE. 


— Contribution à l'Étude du Système phonétique des langues 
Thai, par H. Masrero. 


— Une Mission archéologique japonaise en Chine, par N. Per. 


On annonce la publication chez Treves, à Milan de La Cina 
contemporanea Viaggi e Note di Giuseppe de’Luier già delegato della 


Missione italiana in Cina. 


La maison Hachette vient d'éditer une traduction de l'ouvrage 
bien connu de MM. J. O. Bzan» et E. Backnouse: TSs'eu Hi Tmpé- 
ratrice douairière (La Chine de 1835 à 1909) in-8. 


Ch. E. Boxin, Les royaumes des neiges (états himalayens), un vol. 
in-18 de 306 p.; Paris, Armand Colin, 1911). Dans ce volume, 
M. Bonin a réuni, en les soumettant à une révision attentive et en 
les complétant, des articles qui ont paru dans diverses revues; 
l’ensemble forme un bon livre qui renseigne le lecteur sur les petits 
états situés au Nord de l’Inde (à l’exception du Népal pour lequel 
nous avons déjà l'ouvrage classique de Sylvain Lévi) ainsi que sur 


diverses questions de politique et de géographie tibétaines. 


Camille BrirrauT, La Cité amnamite, tome second, Les sédentai- 
res; un vol. in-16 de x11 + 133 p.; Paris, Librairie de la Société 
du Recueil Sirey, 1912. 


Mission d’Ocrone, Recherches sur les Musulmans chinois; un vol. 
gr. in-8° de VII + 470 p.; Paris, Leroux, 1911. Première partie: 


Les Musulmans du Yun-nan; Documents sur le Seyyid Edjell Omar; — 


deuxième partie: Les musulmans du Sseu-tch’ouan; — troisième 
partie: Les musulmans du Kan-sou; — quatrième partie: Les mu- 
sulmans du Turkestan Chinois; — cinquième partie: Les musulmans 


de l'Est; — sixième partie: Littérature musulmane. — Les études 


BIBLIOGRAPHIE. 763 


de MM. Lepage et Vissière qui sont insérées dans ce volume avaient 


déjà paru dans la Æevue du monde musulman. 


A. Guérin, consul de France, Kiao yitch'ang tan ZE } 5 EX 


Dialogues chinois; 1 vol. oblong imprimé en 1910 à Shang-hai par 
«la presse orientale». — Ce manuel de la conversation est spécia- 
lement destiné aux commerçants; aussi les dialogues qu'il renferme 
sont-ils remplis des termes et des locutions qui sont en usage dans 
la langue des affaires; mais cet ouvrage ne s'adresse qu'aux person- 
nes qui connaissent déjà bien le chinois parlé. Chaque page est 
divisée en quatre colonnes; la première renferme le texte en carac- 
tères chinois; la seconde, ce même texte en transcription; la troisiè- 


me, la traduction française; la quatrième, la traduction littérale, 


Mitteilungen des Seminars für Orientalische Sprachen, Jahrgang XIV; 
erste Abtheilung: Ostasiatische Studien. Un vol. in-8° de vi + 383 p. 
Berlin, 1911. — Le séminaire pour l’étude des langues orientales à 
Berlin continue à publier régulièrement chaque année un volume 
nouveau; nous trouvons dans le livre qui nous a été envoyé les 
mémoires suivants concernant la Chine: un récit de voyage de 
Tsingtau à Nanking, avec de nombreuses photographies et une carte, 
par le Dr. J. Schultze; — la traduction par M. Metzelthin d’une 
description de Pakhoï écrite en 1905 par un Chinois nommé Zäang 
Lan-hsün qui est aujourd’hui consul-général de Chine en Austra- 
lie; — une note du p. Tschepe sur le chapitre Yu kong du Chou 
king; — une autre étude du même auteur sur les incursions des 
nomades occidentaux dans la plus ancienne histoire de Chine; — 
un article de M. Hackmann sur les écoles du Boudädhisme chinois, 
d’après un opuseule de M. Yang Wên-hui, de Nanking; — un article 
de M. G. Pernitsch sur les nouvelles organisations administratives 


dans les préfectures et les sous-préfectures. 


Dr. Herbert Muezer: Über das taoistische Pantheon der Chinesen 
(Zeitschrift für Ethnologie, 1911, p. 390—435). A côté de plusieurs 


764 BIBLIOGRAPHIE. 


remarques intéressantes sur divers personnages du panthéon bouddhi- 
que, M. Herbert Mueller signale pour la première fois un fait 
important, c’est à savoir qu’un ouvrage taoïste intitulé & fa LA 
TÉ K us A 7e) VAN + — À ER renferme quatre-vingt une 
images qui paraissent bien dériver en définitive de la série des 
quatre-vingt onze conversions qui illustraient le fameux Houa hou king ; 
de même donc qu’une partie du texte du Âoua hou king a été 
retrouvée par M. Pelliot dans la grotte de Touen-houang, ainsi le 
tableau des quatre-vingt une conversions nous serait parvenu sous 
une forme plus ou moins altérée, mais encore reconnaissable, dans 


le livre que possède la bibliothèque du musée d’ethnographie à Berlin. 


Edgar Gorer et J. F. Bracker: Chinese Porcelain and hard 
stones. — Les porcelaines et les pierres dures chinoises (London, 
Quaritch, 1911). Deux gros volumes contenant 254 fort belles plan- 
ches en couleurs reproduisant les pièces les plus remarquables des 
collections anglaises de céramique et de pierres dures. Chaque planche 


est accompagnée d’une description en anglais et en français. 
le) 


Collection of old Chinese porcelain, formed by Richard Bennett; 
purchased and exhibited by Gorer (London). Les planches de ce 


catalogue de luxe sont extraites de l’ouvrage précédent. 


Oskar MünsrenBerG: Chinesische Kunstgeschichte. Zweiter Band, 
in-8° de xx1 + 500 pages, avec xxur planches hors texte et 675 
figures dans le texte. Nous parlerons de cet important ouvrage dans 
notre prochain Bulletin critique. 

Dans le N° de Janvier—Juin 1911 du Bulletin de l'Ecole française 
d'Extréme-Orient, M. Noël Péri a donné une analyse très complète 
des travaux de la Mission archéologique japonaise dont nous n’avions 
signalé que fort brièvement l’activité (T'’oung pao, Mai 1911, p. 
286—289). 


CORRESPONDANCE, 


om — mn 


Lettre du Dr. A. F. Legendre. 


Un télégramme reçu du Consul de France à Yun-nan fou, M. WILDEN, 
annonçait que la mission LEGENDRE avait été attaquée à Houang choui Lang, 
dans le Kien t’chang; le Dr. LEGENDRE et son compagnon, le lieutenant DESSIRIER, 
ont été blessés, mais ils ne sont pas morts comme on l’avait cru tout d’abord; 
le capitaine NotRET qui fait également partie de la mission, s'était rendu direc- 
tement à Tch’eng tou, capitale du Se-tch'ouan; Houang choui t’ang est situé 
entre Ning youen et Te tch‘ang, sur la grande route qui conduit du Kien 
tch‘ang au Yun nan; c'est un point fort bien connu, visité par E. C. BAB8ER, 
le Major H. R. Davies et plusieurs voyageurs français. En revanche le P. CASTANET, 
du diocèse de Bordeaux, prètre des Missions étrangères, a été assassiné à Ning 
youen, et la résidence de Mgr. de GUÉBRIANT, vicaire apostolique du Kien 
tch’ang, heureusement absent, a été saccagée et détruite. Pierre Ferdinand 
CasTANET, né en 1866, était parti pour la Chine le 29 octobre 1891. Voici 
la lettre du Dr. Legendre adressée à M. Henri CORDIER et communiquée par 
celui-ci à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres le 20 octobre 1911: 


Lettre de M. le Dr. À. F. Legendre à M. Henri Cordier. 


Adresse: Yun nan Fou 

Poste française. 

Mien-ning, 13 août 1911. 
Cher Monsieur, 

Excusez-moi d’être resté si longtemps sans vous écrire: en avril et mai, 
j'ai été très occupé à étudier l'élevage et les maladies des vers à soie et quand 
j'en ai eu fini avec cette intéressante question, je suis parti (2e quinzaine de 
mai) pour explorer le bassin du Ya-long au nord et à l'W. d’Eul Se Yang 
jusqu’au parallèle de Ho-K’eou—Ta Tsien Lou. La partie la plus nouvelle cer- 
tainement inexplorée jusqu'ici, s'étend d’un côté ?) jusqu'à Métérong où a passé 
Mr. Bonin en venant de Mi Li. Mélérong est bien le nom du groupement Si 


Fan qui vit au lieu porté « Najiké» sur les cartes?). Naji ou Nakin (les indigènes 


1) De l’autre c’est la vallée du Che Pi Ho. 


2) Rive gauche du Ya long, au sud de Baurong, 29e parallèle. 


766 CORRESPONDANCE. 


ont les 2 prononciations) signifie «fleuve» en l’espèce «Ya long»; et Ki signifie 
« passage», «gué». Sur la carte que je vais très prochainement envoyer à la 
Société je porterai aonc « Métérong» et non « Najiké» (ou Nadjiké), qui n’est, 
nulle part un nom de lieu. Nous avons gagné Métérong en faisant del’'W.N W., 
traversant la plus pittoresque et la plus sauvage région encore explorée; aussi, 
la plus tourmentée. Jamais encore je n’avais vu aussi puissante végétation, aussi 
épaisses forêts de haute futaie. Nous avons reçu le meilleur accueil des tribus 
Si Fans perdues dans ce massif. Elles refusent d’être classées parmi les Mounias 
ou Ménias et se dénomment elles-mêmes «Lo Pou». Ce sont les gens les plus 
hospitaliers, les plus doux du monde. Les Lolos eux-mêmes, établis parmi ces 
Si Fans, n'apparaissent que comme de paisibles laboureurs Il y a donc toute 
sécurité pour le voyageur dans ces régions. Il n’y a qu’une chose dont il a à 
se garder: c’est de l'éventualité de se rompre les os au fond d’un ravin, car, 
comme je l’ai dit, je n’avais jamais encore traversé pays aussi tourmenté. C’est 
ce genre d'accident qui est arrivé à ce pauvre Mr. Dessirier, lequel est à ce 
moment heureusement remis. Mais après une chute sur la tête, s'étant évanoui 
sur son cheval, celui-ci l’a jeté contre un arbre. Le choc a été tel que Dessirier 
est resté 3 jours sans connaissance. Il suivait, à ce moment, la vallée du Ya 
long et se trouvait à une étape de Ho K’eou où des compatriotes construisent 
un pont. L'ingénieur Mr. Kérihuel envoya aussitôt son contre-maître Mr. Auffret 
lequel ramena le pauvre Dessirier. J’ai reçu de lui une lettre, écrite 3 semaines 
après l'accident où il se disait remis et allait rejoindre Mien-ning, où je l’attends 
depuis longtemps. En somme, je ne sais encore rien de précis sur l'accident et 
attends Dessirier pour être complètement fixé à cet égard. Ce brave garçon, 
très courageux et plein d’élan allait terminer sa difficile exploration de Baurong 
à Ho-K'’eou, par la vallée du Ya long même, quand cet accident est venu l'em- 
pêcher d'aboutir. J’ai hâte de le revoir et de m'’assurer qu’il est pleinement remis. 


Il est inutile que je vous dise qu’au point de vue de la géographie et des 
sciences naturelles, notre exploration du bassin du Ya long a été pleine d'intérêt. 
En ce qui concerne les questions sur lesquelles vous avez bien voulu attirer 
mon attention, j'ai pu, aussi, faire quelques observations et recueillir certains 
renseignements que j'exposerai, sans tarder, un peu plus longuement que dans 
une lettre, c’est à dire dans un rapport à l’Académie 

Voici, sommairement rendu, ce que j'ai appris. 

D'après Baber, les Si Fans appartenant à la grande tribu Mounia occupe- 
raient tout le bassin du Ya long. Si j'en crois les habitants eux-mêmes, il n’en 
serait pas tout à fait ainsi Il y a bien des clans mounias dans la boucle du 
Ya long, autour d'Eul Se Yang, mais ils constitueraient de simples ilôts au 
milieu des Lo P'ou lesquels peuplent tout le massif compris entre le Ya long 
descendant de Ho K’eou et la branche occidentale de sa boucle. Une ligne 


passant par Ka Eul (Ghorou, en langue mounia), un peu au nord de Baurong 


CORRESPONDANCE. 767 


formerait la démarcation entre les 2 grandes tribus. Les « Lo P’ou» prétendent 
n'avoir rien de commun avec les Mounias: ce qui est faux en ce qui concerne 
les caractéristiques physiques, tout au moins, et le costume. La langue, elle, 
diffère beaucoup, mais non totalement, autant que j'ai pu m'en rendre compte 
par des vocabulaires recueillis. J'avais été prévenu de ce fait par mes guides 
Lo P’ou, lesquels me déclarèrent avec dédain que les Mounias parlaient un 
langage incompréhensible, qu'ils ne pouvaient avoir commerce d’aucune sorte 
avec eux. «Ils ne peuvent pas apprendre le chinois, ajoutaient-ils, et il nous 
sera impossible de converser avec eux». C'était vrai: en m'éloignant de Ghorou 
pour remonter au nord, les villages traversés ne m'offrirent plus la ressource 
d’un indigène parlant chinois, tout simplement parce que les Mounias ont moins 
subi que les Lo P'ou, l'influence du Fils de Han, établi depuis longtemps dans 
la boucle du Ya long. —- C’est en pays mounia que j'ai vu, pour la première 
fois, les belles tours octogonales, qu’on connaît, pour avoir été décrites depuis 
longtemps. Dans un hameau de Ghorou, je n’en ai pas compté moins de 6, 
hautes de 18 à 20 m., avec soubassement variant de 4 à 5 m. de diamètre. 
Elles ont l’air complètement abandonnées, ne sont plus entretenues: certaines 
tombent en ruines. On les appelle «K’a”. Groupées comme dans le hameau de 
Ghorou, elles sont curieusement imposantes, donnent, de loin, l'impression de 
puissants bastions couvrant les débouchés de 2 vallées. Elles correspondraient 
aux «tiao fang» chinois, seraient des tours de veille, des «réduits» difficiles à 
prendre, puisque le soubassement est entièrement massif jusqu’à 4 à 5 m. au- 
dessus du sol. On observe une seule ligne d’embrasures, ouvertes dans les 
angles rentrants et juste au-dessus de la limite supérieure de la partie massive. 
Ces tours sont construites généralement en un lieu tel qu’elles dominent et 
enserrent dans leur rayon de visibilité tout le pays environnant. Elles ont donc 
toutes les caractéristiques d’un bastion, d'un édifice construit pour la guerre 
défensive; malgré cela, j'incline à penser que ces tours répondent à une cer- 
taine conception religieuse, que si elles n’ont pas tout le caractère symbolique 
et sacré des « mani-toutou », elles comptent parmi les pieux monuments élevés 
sur les chemins et à l'entrée des villages, en toute région dominée par les 
lamas. — Il est vrai que je n'ai, pour confirmer cette opinion, que la parole 
d’un vieux guide m’ayant déclaré que les « K’a» et les « mani-toutou» ressor- 
tissaient du même genre: «tch’a pou to, i iang, me dit-il en chinois». J'atten- 
drai donc plus ample information, avant d'être affirmatif sur le caractère spécial 
des fameuses tours, d’étiange aspect, presque grandiose, en harmonie avec le 
cadre sévère de puissantes et glorieuses montagnes les dominant. 

Je n’ai jamais observé trace de sculpture ou d'inscription sur les « K’a ». 

Chez les « Lo P’ou» on ne rencontre que des tours carrées qu'ils appellent 
«dzong ou nien»; elles ont de 10 à 15 m. de haut avec diamètre ou côté de 
3 à 4m. Celles-ci réprésentent bien un petit blockaus, un poste de veille et de 


refuge, uniquement. Mais à côté, sur les pentes des montagnes, sur une terrasse 


768 CORRESPONDANCE. 


élevée, un éperon dominant, on observe des «lèdzet» petites tours coniques ou 
pyramidales de 2.50m. à 3m. de haut, d’un diamètre de 1.75 m. à 2m., munies 
d’un fourneau où les dévôts brülent des branches de cyprès en honneur de la 
divinité. Ces «lèdzet» on les rencontre d’ailleurs, dans tout le bassin du Yalong, 
partout où pénètre le lama. Dans les centres où le cyprès manque, ne pousse 
pas dans les environs immédiats, on se contente de brüler des branches de 
genévrier. Ayant fait remarquer à plusieurs reprises, à des Si Fans qu'ils se 
trompaient sur la nature de l’arbre utilisé, ils eurent un sourire sceptique qui 
n'eût pas été de mise dans l'intérieur, dans les coins perdus où nous avons 
passé. Le Si Fan isolé est foncièrement dévôt, «ronronne »!) du matin au soir, 
des oraisons dans sa maison ou sur les sentes de ses montagnes. Ce n’est pas 
lui qui brülerait, dans un «lèdzet» du genévrier pour du cyprès! 

En dehors des tours. ce qu’on rencontre le plus souvent, chez Lo P'ou et 
Mounias, ce sont les « manitoutou» ou pyramides basses, lamaïstes, dressées en 
pleine campagne, mais surtout au voisinage des hameaux. Les plus petites de 
ces pyramides tétragonales, à base de rectangle allongé, ont de 2:50 m. à 3 m. 
à la base suivant le grand côté et d’1.50 à 2m., suivant le petit. Elles sont 
hautes de 2 à 3m. La masse est en pierres ordinaires, mais elles portent un 
revêtement complet de pierres schistoïdes, taillées, souvent, en rectangle, cou- 
vertes d'inscriptions. Ici, dans ce bassin du Ya long, au sud de Ghorou, nous 
sommes en plein micaschistes et séricitoschistes: toutes les chaînes en sont for- 
mées; aussi les indigènes ont-ils largement profité de ces roches fissiles, se 
débitant en dalles pour construire de superbes obos où s’étalent des séries de 
longues inscriptions. — Le sommet de la pyramide est toujours couronné par 
une pierre blanche, quartz, ou cipolin (le cipolin, à défaut de quartz), qui se 
voit de loin et tranche sur le gris cendré ou verdàtre des micaschistes. Les 
pyramides sont quelquefois isolées, mais le plus souvent groupées par 4, 5, 6 
et même davantage, jalonnant la voie d’accès aux villages. Quand elles atteignent 
de grandes dimensions et forment des groupes importants, elles constituent, 
alors, d’étranges alignements non sans beauté, non sans grandeur, au milieu 
de cette nature sauvage, tourmentée. 

À Ti houdjo, dans la vallée du Li Kin, j'ai observé quelques « manitoutou » 
de colossales dimensions. Un tronc de pyramide quadrangulaire se dressait sur 
un soubassement rectangulaire de 40 à 50 m. de long sur 2.50 m. à 3 m. de 
large et 2 m. à 2.60 de haut. L’axe vertical de la pyramide elle-même atteignait 
3 m. environ et son grand diamètre horizontal égalait celui du soubassement. 
Son sommet était garni, d’un bout à l’autre de pierres blanches, quartz ou 
granulite. Le revêtement de pierres gravées était constitué par du grès micacé 


très fissile (psammites), à défaut de micaschistes Mais ce qui faisait la véritable 


1} J'emploie cette expression, car elle seule à mon avis, rend l'émission de voix du 


Si Fan priant le long des chemins. 


RE 


CORRESPONDANCE. 769 


originalité de ces « manitoutou », c’est que le soubassement était creusé sur les 
faces principales de niches peu profondes où s’encastraient de grandes dalles 
peintes en rouge et couvertes d'inscriptions thibétaines. 

Il est assez curieux de constater que, dès qu’on s’écarte de la vallée du 
Ya long pour gagner celle du Ngan Ning ou du T’ong Hô, on ne rencontre 
plus ni tours, ni manitoutous, même point de moulins à prières tournant folle- 
ment dans le lit d’un petit torrent. Les Si Fans que j'ai visités les années 
dernières, dans la chaine du Mao Nieou Chan ou dans le massif qui s'étend 
entre Mien-Ning au sud et Tse Ta TiFoulin au nord, ont encore les belles 
constructions en pierres, les massives habitations des Si Fans du Ya long, mais 
ils ne bâtissent plus rien de religieux, pas même un «lèdzet». Et cependant ils 
appartiennent aux grandes tribus citées, sont visités, de temps en temps, par 
les lamas. Seulement, ils sont déja bien loin des grands centres d'influence 
religieuse: leur foi s’attiédit donc, prend la forme d'indiflérence, de pure super- 
stition si manifeste chez le Fils de Han, voisin trop rapproché d’eux, maintenant. 

Dans les maisons, je n’ai pas observé non plus, la pièce consacrée au culte, 
la petite chapelle avec images religieuses, livres sacrés, bols d’eau bénite, que 
j'ai vus dans toutes les habitations de la vallée du Ya long, même à Jen Tai 
Pou tse et Kiang Lang, si près encore d'Eul Se Yang. Nos domestiques nous 
installaient dans cette chapelle (tsang kong): nous nous laissions faire condam- 
nant toutefois notre sans-gène. Il parait cependant que notre séjour nocturne, 
en pareil lieu, n’a pas été une profanation. Mais si nous avions formé un couple 
marital, il y eût eu «désécration» de la pauvre petite chapelle où l’on reposait 
si bien après la rude journée de montagne. 

J’ajouterai 2 mots relatifs aux moeurs des Si Fans. Vous connaissez le dicton 
chinois: »Si Fan me’ you koui kiu». C’est faux: s'ils ont moins de pharisaïsme 
que le Fils de Hân, ils ont plus de vraie pudeur. La polyandrie existe bien dans 
tous les clans que j'ai rencontrés, mais cette institution est ainsi réglée qu’elle 
ne présente nullement le caractère d’immoralité qu’on lui a prèté trop souvent. 
Le fils aîné, en principe mari de toutes les femmes de ses frères, l’est, rarement, 
en fait, sauf en certains lieux isolés, d'altitude considérable où la femme ne 
réside guère, résistant mal à la dureté du climat. 

Je me suis, partout, enquis de la curieuse habitude de la «couvade» dont 
vous m'aviez parlé, mais ma question n’a, partout, soulevé que des rires et il 
y à eu unanimité complète a nier pareille bizarrerie. À aucun moment, l’homme, 
à la naissance de l'enfant, ne se rabaisse à prendre l'attitude qu'implique la 
couvade. 

J'ai interrogé aussi des groupes de Lolos qui vivent au milieu des Lo P'ou 
jusqu’au 99e parallèle environ; ils ont déclaré, à leur tour, qu'ils ignoraient 
totalement cette coutume. 

Je vous avouerai que çà a été pour moi une surprise de rencontrer des 


Lolos, aussi loin, dans le nord, perdus, en ilôts insignifiants, parmi les Si Fans, 


770 CORRESPONDANCE. 


Ils ont des villages dans la vallée de Lo To, mais surtout dans celle de Sa Ga 
Rong (appelée San Ghe Long, dans une carte copiée par Hansen, transcription 
ou plutôt prononciation chinoise du mot Si Fan), dans l’est de Baurong. A 
Baurong même, on m'a déclaré qu’il n’existait aucun Lolo, contrairement à ce 
que dit Johnson. Il a voulu, sans doute, parler de ceux de la vallée de Sa Ga 
Rong. Les Lolos forment quelques petits groupements insignifiants comprenant 
40 familles au plus et appartenant aux tribus ou clans Lo Hong, À lou Kia, 
A Je Kia, qui vivent actuellement dans le bassin du Ngan Ning. Ils sont très 
doux, non pillards, ayant toutes les moeurs paisibles des Si Fans agriculteurs 
et bergers. Le groupement principal est établi à R’ho Gni, dans la vallée dont 
il a été question, Je me demande si les Lolos de Sa Ga Rong ne sont pas des 
«attardés» d’une émigration forcée vers le Sud, plutôt qu'une avant garde 
d’envahisseurs. Il est vrai qu’à l'heure actuelle les Si Fan décadents, à natalité 
très faible, cèdent devant la pression des Lolos, mais autrefois, en dehors des 
Leans chan, ils ont englobé, au Kien tch’ang, toutes les tribus de ces derniers. 
Etablis sur le T’ong Ho, même en aval de Fou lin (j'en ai vu des groupements 
assez importants) ils débordaient tout le territoire lolo actuel. Je me permets 
d'attirer votre attention sur ce sujet et m'engage de mon côté à étudier la 
question sur place. 

J'ai appris que ces Lolos, comme partout, restent réfractaires au bouddhisme. 
Bien qu’enclavés au milieu des dévôts Lo P'ou et ayant subi les multiples assauts 
des lamas, ils restent sans dieu, sans idole, avec les très vagues croyances dont 
j'ai déjà parlé. Tout ce qu'ils respectent, — je ne dirai pas « vénèrent» — c’est 
leur toupet de cheveux, leur «corne» et aussi leur foyer, les fameuses 3 pierres. 

Je compte retourner en pays Si Fan mais plus dans l'Est, plus près du 
Tong Hô, prochainement, dès que les pluies diluviennes qui tombent, nuit et 
jour, auront diminué de violence et de fréquence. Il y a inondation presque 
partout et le Ya long est infranchissable. Il faut que je vous dise que les Chinois 
qui s'étaient déjà opposés «manu militari» à ma pénétration dans ce district 
lolo (ils n'avaient pas mobilisé moins de 500 hommes pour la circonstance, y 
compris les «t'ouän») ont encore voulu m'empêcher d'entrer en territoire Si 
Fan. Comme la première fois, les soldats avaient été insolents et brutaux, 
s'étaient même permis de mettre la main sur MM. Noiret et Dessirier, les auto- 
rités ennuyées d’une conduite qui les mettait en mauvaise posture, trouvèrent 
cette fois, un moyen plus conforme à leurs habitudes. Elles firent enlever un 
pont mobile, à Mao Kou Tchang, que nous devions franchir pour gagner Ghorou 
(Ka Eul) par la vallée du Che Pi Ho. Il restait bien un câble en bambou: 
mais ce càble était, aussi, en partie rompu et avait cessé d’être utilisable. Un 
délai de 10 jours m'était demandé rien que pour réparer le câble Je compris 
et cherchai une autre route à travers le massif séparant le Ya long de son 
affluent le Che Pi Ho. C’est ainsi que je suis venu aboutir à Métérong, gagnant 


de là Baurong, puis Ghorou. Jusqu'à Métérong la route a été pénible, difficile 
8 P q 8 P : 


CORRESPONDANCE. 771 


une succession d’escalades et de brusques descentes, mais depuis Métérong, le 
sentier très large, en pays beaucoup moins tourmenté, nous a conduits, M. Noiret 
et moi, jusqu’à Ta Tsien lou, pendant que M. Dessirier continuait de suivre le 
Ya long. Il à pu, aussi, de Ghorou, descendre la vallée du Che Pi Ho jusqu’à 
Mao Kou tchang. Il était heureusement à Ghorou quand je trouvai le pont 
enlevé. Je pus lui faire parvenir un mot et lui donner, ainsi, les instructions 
nécessaires. Malgré les difficultés soulevées, nous avons donc rempli notre pro- 
gramme. Je ne comprends, d’ailleurs, pas l'attitude des autorités. Elles voudraient 
que [nous] ne quittions pas les grandes routes, les seules sûres, parait-il. Or, 
je n’ai jamais eu d’ennuis, je n’ai jamais rencontré de gens hostiles que dans 
les centres. Sur les petites routes, les sentiers, on ne trouve qu'aide et franche 
hospitalité. Notre sécurité n’était donc pas en question quand les autorités 
voulurent nous empêcher de pénétrer en territoire Si Fan. Elle ne l’était pas 
davantage quand elles agirent «manu militari» ainsi que je viens de le dire. 
Ce n’est pas sur les grandes routes que je puis faire des collections de sciences 
naturelles. Je le rèpète, ce n’est que dans les centres qu'on peut avoir des 
ennuis; le Chinois n'ayant plus peur de nous, croit pouvoir et même devoir 
être insolent envers l'Étranger 1). Les autorités ont eu le grave tort d'encourager 
cette attitude: elles seront certainement débordées un jour. Si je n’ai pas eu 
d’ennui sérieux jusqu'ici, c’est que j'ai agi avec la plus grande prudence, con- 
naissant mon monde. J'espère d’ailleurs que les autorités finiront par se rendre 
compte que ma mission est scientifique et rien que scientifique et que leur 
intérêt est plutôt de m'aider franchement, puisque mon intention est de com- 
muniquer aux autorités à Péking les observations intéressantes que j'aurai faites. 
En octobre, je serai à Ta Li, à Ki Tsou chan; M. Noiret, lui, partira à la 14 
septembre pour aller photographier les monuments signalés par M. Chavannes. 
Je ne lui pas envoyé les épreuves de Ya Tcheou, car je les ai jugées insuffi- 
santes. J'ai un rapport de prèt pour la Société de Géographie, un pour lIn- 
struction publique, les 2 retardés par l'accident Dessirier; j’en ai un aussi pour 
la Géographie commerciale, — Au revoir, cher Monsieur et croyez bien à mes 
sentiments tout dévoués. 
A. LEGENDRE. 


44 août, — M. Dessirier arrive à l'instant. Sitôt sur pied, il s'est remis à 
sa tache et a pu achever son exploration du Ya long jusqu’à Ho K’eou. Le 
programme que je m'étais tracé a donc été rempli jusqu'au bout; c'est à dire 
l'exploration de la vallée du Ya long entre le 28e et le 30€ parallèle. Les 
Chinois prétendent que nous avons pénétré malgré eux dans cette région, que 


nous n’y étions pas autorisés .... quel dommage vraiment! 


1) Sous ce chef, l'officier se distingue tout particulièrement. 


772 CORRESPONDANCE. 


Note rectificative par M. Ed. CHAVANNES. 


À la suite d’une lettre qu’a bien voulu nr'écrire M. Moule, j'ai été amené 
à revoir le compte-rendu que j'ai fait précédemment (T’oung pao, Mars 1911, 
p. 98—101) de la Concordance du P. Hoang et j'y ai relevé des erreurs. Les 
inexactitudes ne se trouvent pas dans les observations que j'ai formulées au 
sujet de l'intercalation: après vérification, je crois en effet nécessaire de placer 
le mois intercalaire en 96 (et non en 97) av. J.-C, et de placer le mois inter- 
calaire de l’année 75 p. C. après (et non avant) le douzième mois. Les cas où 
je me suis trompé sont ceux où j'ai cru découvrir une faute d’une unité dans 
les indications relatives aux caractères cycliques des commencements de mois. 

Je considérerai d’abord la date de l'inscription de Kul tegin; on sait que 
la lecture de cette date est rendue difficile par suite du mauvais état du caractère 
qui désigne le mois; Schlegel avait lu «le douzième mois»; mais cette opinion 
est insoutenable, car il n’y a manifestement qu’un seul caractère là où Schlegel 
avait lu Sn Zi: Wassiliew avait proposé «le dixième mois», et cette lecture 
est celle qui a été adoptée par un épigraphiste chinois (cf. le Ho lin kin che lou 
fl FF & & Ek: p. » r°). Mais Thomsen (Inscriptions de l’Orkhon dé- 
chiffrées, p. 174) démontra à l'évidence que le dixième mois ne pouvait avoir 
eu pour premier jour le 88 jour du cycle; il proposa donc de lire «le septième 
mois»; c’est en me fondant sur les observations de Thomsen que j'ai écrit dans 
mon compte-rendu (p. 100): «En l’année 732 p. C., le premier jour du septième 
mois est le trente-huitième jour du cycle. Le P. Hoang dit que c’est le trente- 
neuvième», 

En réalité, le P. Hoang (ou, plus exactement, le savant Wang Yue-tcheng 
sur lequel s’est fondé le P. Hoang) à raison; en effet, nous savons que, en la 
vingtième année k’ai-yuan, le huitième mois commença avec le 8e jour du cycle 
et que, l’année suivante, le premier mois commença avec le 37e jour du cycle 
(Kieou T'ang-chou, chap. VIII, p. 13 v°); nous sommes donc obligés de dresser 
un tableau des premiers jours du mois tout à fait semblable à celui qu’a donné 
le P. Hoang: 


Année 732: le 8e mois commence au 8€ jour du cycle. 


»y 9e » » » 38e » » » 
» 40e » » » 8e » » » 
» 41€ » » D CE » » 
» 192€ » » PR TE) » » 
Année 733: » 1e » » DST DU 5 


ll suffit de jeter les yeux sur ce tableau pour voir que le 7€ mois doit 
nécessairement avoir commencé avec le 39e jour du cycle, car le huitième mois 
et le neuvième mois comptant tous deux trente jours, il est indispensable que 


le mois qui les précède soit un mois de vingt-neuf jours. 


CORRESPONDANCE. 778 


S'il en est ainsi, faudra-t-il dire que, le P. Hoang ayant raison de faire 
commencer le 7€ mois avec le 39e jour du cycle, l'inscription de Kul Tegin se 
trompe en faisant commencer ce même mois avec le 386 jour? Une telle erreur 
est tout à fait invraisemblable; aussi ai-je examiné à nouveau la date de l'in- 
scription; par bonheur, j'ai pu, en outre des planches publiées dans l'Atlas der 
Alterthivmer der Mongolei (pl. XVI) et dans les Inscriptions de l'Orhhon (pl.15), 
consulter l'estampage que le commandant de Bouillane de Lacoste a pris lors 
de sa dernière exploration en Mongolie et qu'il a bien voulu mettre à ma dis- 
position ‘); en examinant de près cet estampage, j'ai constaté que le caractère 
qui a été lu LE par Wassiliew et + par Thomsen, est entamé dans sa partie 
inférieure par un défaut de la pierre, mais que, dans sa partie supérieure, il 
correspond exactement à un caractère JUS il me semble distinguer bien nette- 
ment à droite l'angle droit et le commencement du trait qui va vers le bas. 
Sans doute je n’irai pas jusqu’à dire que h lecture JU est prouvée paléogra- 
phiquement:; mais elle est possible et cela suffit, puisque cette lecture est celle 
qu’exige la chronologie; en effet, si nous substituons le neuvième mois au 
septième, nous avons alors un mois qui commence effectivement au 38e jour 
du cycle; la stèle se trouve donc d'accord avec les tables du P. Hoang. 


En conclusion, je crois que la date de l'inscription de Kul Tegin doit être 


lue comme suit: K FE DH 18 H Æ D À € FA JU A EE 1 À 
ÿ} + H qi À Ph «Etabli sous la grande dynastie T’anç, en la vingtième 


année Æ’ai-yuan, le rang de l’année étant jen-chen, le neuvième mois dont le 
premier jour était le jour sin-tch'eou, le septième jour qui était le jour ling-wei». 
Cette date correspond au 30 Septembre 732. 

On remarquera que cette correction entraîne de graves conséquences. En 
effet, la date turque de l'érection du monument est «an septième mois, le 
trente-septième jour»; Thomsen pensait que ce trente-septième jour devait être 
le 37e du cycle sexagésimal; mais rien ne prouve qu'on ait jamais substitué 
aux caractères cycliques des Chinois les simples nombres ordinaux; si Thomsen 
l'a admis, c'est parce qu’il ne pouvait supposer qu'un mois eût trente-sept Jours; 
cependant, l’ingénieuse découverte de Bang au sujet de la manière dont les 
anciens Tures exprimaient les noms de nombre, nous permet de lire «le vingt- 
septième jour» au lieu du «trente-septième jour», et, dès lors plus rien ne 
s'oppose à ce que l'érection soit fixée par la date turque au vingt-septième Jour 
du septième mois. Nous aurions done ici un synchronisme qui nous permettrait 
de voir exactement quel était l'écart entre le calendrier turc et le calendrier 
chinois: dans le calendrier ture, le vingt-septième jour du septième mois cor- 
respondrait au septième jour du neuvième mois dans le calendrier chinois. Je 


n’oserais pas cependant affirmer avec trop d'assurance l'exactitude de ce résultat. 


1) M. de Lacoste a depuis fait don à la Société asiatique de tous les estampages qu’il 


a pris des inseriptions de l’Orkhon. 


774 CORRESPONDANCE,. 


Revenant maintenant à mon compte-rendu de l’ouvrage du P. Hoang, je 
ferai remarquer que, pour des raisons qu’il est sans intérêt d'exposer en détail, 
je me suis trompé dans trois autres cas, en croyant relever une erreur d’un 
jour dans les tables du P. Hoang; je prie donc le lecteur de supprimer entière- 
ment tout le développement qui va de la ligne 18 de la p. 99 à la ligne 7 de 
la p. 100 et de le remplacer par les observations suivantes: 

1° En lannée 93 av. J.-C. le dernier jour du dixième mois est le 51e du 
cycle (Tsien Han chou, VI, p. 14 r°); donc le premier jour du onzième mois 
est le 52€ du cycle; le P. Hoang dit que le premier jour du onzième mois est 
le 51e. 

2° En l’année 564 p. C., le premier jour du neuvième mois est le 54€ du 
cycle (Kin che ts'ouei pien, chap. XXXVI, p. 5 v°); le P. Hoang (p. 177 et 
p. 428) dit que c’est le 53e. 

3° En l’année 734 p. C., le premier jour du premier mois est le 60° du 
cycle (Kieou T’ang chou, chap. VII, p. 14 r°); le P. Hoang dit que c’est le 1er. 

Pour relever ces trois divergences, où l’erreur ne doit d’ailleurs pas néces- 
sairement être imputée aux tables dont s’est servi le P. Hoang, j'ai dû vérifier 
plusieurs centaines de dates qui, à l'exception de ces trois là, se sont trouvées 
rigoureusement exactes; j'en conclurai donc que ces tables sont bien près d’être 
parfaites. 

Ed. CHAVANNES. 





INDEX ALPHABÉTIQUE. 


RPPP SSL LL PL LL LL LL LL LL LL 


A. 


A travers le Tibet Oriental, par Jacques Bacot . 

Aborigènes de Formose, par R. Tori, notice par Edouard Chavannes 

Alexeieff, V., O niekotorych glavnich tipach Kitaiskich zaklinatelnych ; 
notice par E. Chavannes. 

— — Mémoire sur Li Pé. PRE EE 1 

Alphabetical Index to Chinese Encyclopedia, by Lionel Giles, notice par 
E. Chavannes . . . CT 

Alten Seidenstrasse zwischen China und Syrien, von Albert Herrmann, 


notice par E. Chavannes 


Alter Plan der beiden Haupstädte .... Chusan, von Dr. Edmund Simon. 7 


Arrivée des Portugais en Chine, par Henri Cordier 


Arnaïz, Greg, R. P., Mém. sur les Antiquités musulmanes de Ts'iuan- 
tcheou 
Asiatic Quarterly Review 


Aston, William, Nécrologie, par Henri Cordier . 
B. 


Backhouse, E., Ts’eu Hi,. : 

Bacot, Jacques, À fravers le Tibet Oriental 5 cn Jet Ge 

Baelz, E., Dolmen und alte Künigsyräber in Korea, notice par Ed. Cha- 
vannes 

Baessler Archiv. ; 

Bang, Willy, Komanische Texte . 

— — Beiträge zur Kritik des Codex Cumanicus . 

Bangkok, Rapport consulaire anglais. 

— — Textes siamois . 

— — Mahavessantara. + 1 Le Re: 

Baukunst und religiose Kultur der Chinesen, von Ernst Boerschmann, 


notice par Ed. Chavannes. 


vie 
. 262 


776 INDEX ALPHABÉTIQUE. 


Beauty, a chinese drama, by Revd. J. Macgowan, notice par Ed. Chavannes. 


Page 
748 


Bennett, Richard, Collection of Chinese Porcelain . 764 
Blacker, J. F., Chinese Porcelain . . 764 
Bland, J. O. T'en 1 100 ; : ; 162 
Blochet, E., Notes sur les Musulmans Chinois. (Mission à’Ollone) . . 762 


Boerschmann, Ernst, Die Baukunst und relig. Kult. der Chinesen, 

notice par Ed. Chavannes. Re: 
Bonin, Charles—Eudes, le Royaume des Neiges 
Bontoc lgorrot, First Grammar of Language spoken by 7. par C. ww. 


« 155 
. 762 


Seidenade], notice par A. van Gennep . 429 
Brébion, Antoine, Une Distillerie indo-chinoise "249 
— — De l’'Opium. UE Re - 279 
Briffaut, Camille, la Cité Annamite . 162 
Bruchstücke aus der Geschichte GChinas, von E. Haenisch . . . . 197, 375 
Buddhist Review : A60 


Bull. Acad. Royale de oies set cut es up Ie A TIES 
Pull. Acad.-Imp'wScenceshStMPélersbourq ME CT OR DE RCE 


761 
761 


Bull. Ass. Amicale Franco-Chinoïse. es. à 
Bull... GommArchéol. Mdo= Chine CRM TE RER 
Bull Ecole FrancAErt Orent MEN EN ON CUT CINE 
Bull. Institut Oriental Vladivostok . 161 
C. 
Cabaton, Antoine, Les Indes Néerlandaises, notice par Henri Cordier. 105 
Carpeaux, Charles, Mission Henri Dufour et, Bayon d’'Angkor Thom. 077 
Cauchoiïis, Ed., Aux Ruines d'Anghor. 114 


Champa, le Royaume de, par Georges Maspero. . . 53, 236, 293, 451, 

Chavannes, Edouard, 500 Contes et Apologues extraits du Tripitaka 
chinois 

— — Réponse à M. Farjenel . 

— — Note sur un résumé paru dans le Chouen lien che pao. 

— — Le T'ai chan, notice par À. C. Moule. 

— — Dale exacte de l'Inscription de 1542 dans la pee de Lions 
tcheou : + © : ; 

— — Note au id de la lettre de M. Lionel Giles . 

— — Note rectificative (lettre de A. C. Moule). 

— — Notice sur Dolmen und alte Künigsygräber in Korea, von E. Baelz 

— — — Die alten Seidenstrasse zwischen China und Syrien, von Albert 

Herrmann . 
— — — O niekotorych... par V. | Alexeiefr 
— — — l'Etude de la Bu tho, par le Col. E. Diguet 


INDEX ALPHABÉTIQUE. Y'A | 
Page 
Chavannes, Edouard, Notice sur Chustuanift, de A. von Le Coq 97 
— — — lu Concordance des chronologies néoméniques chinoises du P. 
Hoang.. 98 
— — — Leonardo da Vinci, d'Oskar Münsterberg . +402 
— — — les Aborigènes de Formose, par R. Tori . 1403 
— — — Der Roman einer tibetischen Künigin, von Berthold Laufer . 275 
— — — Ostasiatischen Neubildungen, von O0. Franke. 131270 
— — — Die Malerei.…, de W. Cohn. . 431 
— — — Die Stilprinzipien der primitiven Tierornamentik bei Chinesen, 
von G. F. Muth. : . 433 
— — — Collection of Chinese Bronze Antiques. . 435 
— — — An Inscription recording the restoration of a Mosque at Hang- 
DROLE RE 0 Pat Ve ol + +. . 436 
— — — Sanscrit-Tibetan-English Vocabulary, par Al. Csoma de Kürüs 436 
— — — Un Rapport sur une exploration de la Mandchourie méridionale, 
de Torii Ryuzo . . . 437 
— — — Uigurica II, de F. W. K. Müller. . 439 
— — — Yamen und Presse, von A. Forke . 440 
— — — Stranitsa iz istoriÿ Si-sia, de A. I. Ivanov. 441 
— — — Kouo hio ts'ong kan. . . . : 743 
— — — Notes on disposal of buddhist dead, Le W. Perceval Yetts. 147 
— — — Religion und Kultus der Chinesen, von W. Grube 747 
— — — Beauty, a chinese drama, by Rev. J. Macgowan 748 
— — — Taoisme, par le Dr. L. Wieger, S. J. 749 
— — — Chinese grave-sculptures…., by Berthold Laufer . 753 
— — — Die Baukunst und religiose Kultur der Chinesen, von Ernst 
Boerschmann . . . ; 755 
— — — Alphab. Index lo the Pie ua. rs 2. Giles . 757 
Chine, Empereur prend officiellement le titre de chef suprême 289 
Chinese Grave-sculptures, by Berth. Laufer, not. par Ed. Chavannes . . 753 
Chouenalientohe Dao Te, MN + + + + + + + © 286 
Chustuanift, par A. von Le Coq, not. par Ed. Chavannes 97 
Coecès, Georges, Deux inscriptions de Vat Thipdaï. 279 
— — Catalogue de Pièces orig. de sculpt. lihmère 279 
— — Great Temple of Anghor Wat 761 
Cohn, William, Die Malerei in d. ostas. Kunst, not. par Ed. Chavannes. 431 
Collection of Chinese Bronze Antiques, not. par Ed. Chavannes 435 
Concordance des chronologies néoméniques chinoises, du P. Hoang, not. par 
Hd Chavannes. ..n.. + . . : + 98 
Cordier, Henri, La Politique Coloniale de la France . . . . . 38, 157 
— — Les Mo-s0os . . . . . . . 286 
— — Arrivée des Portugais en (Chine. 483 


778 


INDEX ALPHABÉTIQUE. 


Cordier, Henri, Nécrologie: Sir Robert Hart 


— William George Aston : 
Notice sur Taturskiia baicy de À. Spitsyne. 


Page 


. 563 
. 740 
. 104 


— Materialy po govoram vostotchnoi mongolii, de A. D. Roudneff 104 


— les Indes Néerlandaises, d'A. Cabaton . 


— La Grande Artère de la Chine, par J. Dautremer 


Courant, Maurice, la Corée 


— — La Vie Politique dans les Deux Mondes. 


— — Extréme-Orient. 


Csoma de Korôs, Alexandre, 


Dautremer, Joseph, 


par Ed. Chavannes . 


D. 


par Henri Cordier 


Dépêche Coloniale . 


Deux titres bouddhiques…, par Paul Pelliot . 


Dictionnaire tay-annamile, par F. M. Savina 


Diguet, E., colonel, Etude de la langue Tho, not. par Ed. Chavannes 
Dincher, Commandant, Documents sur les Musulmans de Ta-li 


Dolmen und alte Künigsgräber in Korea, von E. Baelz, not. par Ed. Chavannes 


Doré, Henri, S. J, Recherches sur les superstitions en Chine 


Douanes Impériales Chinoises . à 
Dufour, Henri, Mission. Le Bayon d’ D Thom . 


Essai de Dictionnaire Lolo-Français, par Alfred Liétard 


Farjeuel, Critiques sur la traduction d’une inscription du Yun-nan. 


E. 


F. 


Finot, Louis, Bas Reliefs de Bapuon . 


— — Inscriplions du Siam 


Forke, Alfred, Yamen und Presse, not. par Ed. Chavannes . 


Franke, Oskar, Ostas. Neubildungen, not. par Ed. Chavannes 


cinq Indes, retrouvés par P. Pelliot . 


La Grande Arttre de la Chine, le Yang tseu, not. 

. 274 
107 
. 664 
. 160 


45 423; 946; 
Etude de la langue Tho, par le Col. E. Diguet, not. par Ed. Chavannes . 


405 
. 274 
078 
. 161 
. 761 
Sanscrit-libetan-English Vocabulary, not. 

. 436 


96 


-407 


88 


. 511 
107, 280, 580, 
51m 


7199 


544 
96 


- 102 
. 280 
. 280 
. 440 
. 276 
Fujita, Edit. annotée des fragments du voyage de Houei-tch'ao dans les 

. 109 


INDEX ALPHABÉTIQUE. 779 


G. 

Page 

Galassi, Andrea, I «Selllements» europei e le Concessione in fillo nella i 
CRE TR Ni) a nie ES 
GÉCORDDIMENIARE ER nn, 2 0 Se 0, NV, 00202 
PORN RCA INRA Ts A % ©,  L'UNS à NO0580 
Geographisehe Mitteilungen. . . . . . . ile) ice et EAN 
Gerini, G. E., Chinese Riddles on Ancient Hu Topornomy 44m %00510 
— — Cat. Erposition Siamoise à Turin . . . . . . . . . . . . 760 
Giles, Herbert A., Chinese-English Dict., prix Stanislas Julien . . . . 114 
Giles, Lionel, Lettre aux Editeurs du T'oung Pao . . . ,. . . . . 58 
— — Alph. Index to the Chinese Encyclopedia, not par Ed. Chavannes, 757 
Girard, A., Les Routes de Commerce vers l'Extréme-Orient . . . . . 579 
Corer. dar véhinese Porcelqin : … . . . : . ; . : . . 0,764 
Gourdon, Henri, Enseignement anglo-chinois à Hong Kong . . . . . 279 


Groot, J. J. M. De, Programme des six conférences faites aux Etats-Unis. 112 
Grube, Wilhelm, Religion und Kultus der Chinesen, not. par Ed. Chavannes. 747 


Guérin, Alphonse, Kiao yi tch'ang tan . . . . . . . . . . . . 163 
H. 
Haenisch, E., Bruchstücke aus der Geschichte Chinas . . . . . 197, 375 
Hart, Sir Robert, Nécrologie, par Henri Cordier . . . . . . . . . 563 
» OUR PUHENO NT : 24 : Ms à à « , 203 
Herrmann, Albert, Die alten Seidenstrasse zwischen China und Syrien, 
HOPMDATR Ed. (CHAVANNES SE 0 No à, , : 2,0. 91 
— — Zur al‘en Geographie Zéntralasiens . . . . . . . . . . . 108 
Hirth, Friedrich, Translation of Chu-fan-chi . . . . . . . . . . 578 
Hoang, R. P. Pierre, S. J., Concordance des chronologies néoméniques 
chinoises, not. par Ed. Chavannes . . . . . . . . . . . . . 98 
Hogg, Rapport sur Xiengmai pour 1910. . . . . . . . . . . . 579 
I. 
Indes néerlandaises, par A. Cabaton, not. par H. Cordier . . . . . . 105 
Inscription recording the restoration of «a mosque at Hangchow, not. par 
ARC DA vANDES M 0 N ,. …  . , + + . «+ «0. 486 
Institut Oriental de Vladivostok, publications . . . . . . 118, 288, 577 


Ivanov, A. I., Stranitsa iz islorij Si-sia, not. par Ed. Chavannes . . . 441 


J. 


Jahresberichte der Geschichtswissenschaft.  . . . . . . . . . . . 579 


780 


Journal Asiatique . 


Journal Royal Asiatie Sociely . 


Journal des Savarñts 
Juynboll, 


Dr. H. H. 


INDEX ALPHABÉTIQUE. 


Klobukowski, Discours. 


Kouo che, les... 


Kouo hio ts'ong k’an, not. par Ed. Chavannes . 


Henri Cordier . 


— — Introduction of Vaccination in the Far East . 


— — Exposition of oriental books in Chicago . 


— — Chinese grave sculptures, not. par Ed. Chavannes. 


Le Coq, A. 


von, 





Legendre, Dr. 


Liétard, Alfred, Essai de Dictionnaire Lolo-français. 


— — Notions de Grammaire lo-lo . 


HAE 


Li Lien-ying, nécrologie, (Times Weekly Edition). 


Luigi, Giuseppe de’, la Cina contemporanea 


Malerei, 


Maspero, Georges, Le Royaume de Champa 


Chavannes 


die, in der 


Page 
set À 7 SE 
109, 286, 579 
ST A UE D 
Rapport annuel du R. Ethn. Museum de Leyde. . 761 
K. 
: 492 
par Paul Pelliot. 04 
. 743 
L. 
Lacoste, le Commandant de, Au Pays sacré des Anciens Turcs 760 
La grande Artère de la Chine, le Yang tseu, par JS. Dautremer, not. par 
- 274 
Laufer, Berthold, Roman einer Tibetischen Künigin, not. par Ed. Chavannes, 275 
279 
. 736 
753 
Chustuanift, not. par Ed. Chavannes . 97 
. aus der Gegend von Turfan . . 80 
Lefèvre—Pontalis, Pierre, Les Younes du Rogaume de Lan-na . à Whl 
Lettres . LR 289, 584, 765 
Leonardo da Vinci, von Oskar Münsterberg, not. par Ed. Chavannes 102 
4, 193, 316, 544 
- 267 
259 
762 
M. 
Macgowan, Rev. J., Beauty, a chinese drama, not. par Ed. Chavannes. 748 
Madrolle, Claudius, Chine du Nord et Vallée du Fleuve Bleu, 2e édition. 578 
ostasiatischen Kunst... von W. Cohn, not. par Ed. 
; Re nl 
53, 236, 293, 451, 589 
Maspero, Henri, Protectorat général d'Annam sous les T’ang . . 761 
— — Contribution à l'étude du système phonétique des langues Th'ai . 762 
Materialy po govoram vostotchnoi Mongolii, not. par Henri Cordier. . 104 
Mémoire sur les Antiquités musulmanes, par le R. P. Greg. Arnaiïz “O7 
» par Max van Berchem . . 677 


» 


» 


» 


» 


INDEX ALPHABÉTIQUE. 


Mitteilungen d. Seminar f. oriental. Sprachen . : 
Moule, A. C., Notice sur le T’aichan, d'Ed. Chavannes 
Müller, F. W. K., Uigurica IL, not. par Ed. Chavannes 


Mueller, Dr. Herbert, Uber das taoistische l’antheon der 
Münsterberg, Oskar, Leonardo du Vinci, not. par Ed. Chavannes 


— — Darslellung von Europaern in d. japanischen Kunst 


— — Chinese Kunstgeschichte 
Musée Guimet, Conférences . 
Museum of Milwaukee, Bull. of Public 


781 


Page 


. 763 
. 425 
. 439 


102, 


763 
108 
579 


. 764 
161418) 
. b80 


Muth, Georg Friedrich, Stilprinzipien… Ornamentik, not. par Ed, Chavannes 


N. 


Nachod, Oskar, Fevue de la littérature relative au Japon 


NorthChina Branch Royal Asiatie Society, nouvelle édition du Catalogue 107, 
Notes on disposal of buddhist dead, by W. Perceval Yetts, not. par Ed. 


Chavannes 
Notions de Grammaire bas par Alfred Liétard 


Notton, Camille, Traduction des lettres du Roi de Siam à sa fille . 


©: 


O niekotorych…., de V. Alexeieff, not. par Ed. Chavannes 
Ollone, Commandant d’, les Derniers Barbares 
MISSION. ee Us one eco + « 

— — Recherches sur les Musulmans chinois 

Open Court, the. 

Orientalisches Archiv . 

Oriental Books exposed in on ne B. Laufer . 


Origines de l'Astronomie chinoise, par Léopold de Saussure 


108, : 


Ostasiatische Neubildungen… von Oskar Franke, not. par Ed. Chavannes . 


P. 


Parker, E. H., Ancient City and State of Kutchar . 
Pelliot, Paul, Lettre à M. Chavannes . 


— — nommé professeur d’histoire et d'archéologie de l'Asie Centrale au 


Collège de France. 
— — Deux titres bouddhiques 
— — Les Kouo-che . . ; 4 3 
Péri, N., Miss. archéologique japonaise en Chine. 
— — Analyse des travaux de la Miss. arch. japonaise. 


Peste en Chine, la, par le Corr. du Times à Peking . 


433 


782 INDEX ALPHABÉTIQUE. 
Page 
Petermanns Mitteilungen  . . . Eh, SUN ets SORTIE 


Polignac, Comte Charles de, A de la boucle Sud du Yang tseu . 114 
Politique Coloniale, la; "par Henri Cordier EN EN OS 
PrixStanistas Julien" MEET MON RE ES 


Problèmes chinois du second degré, par Louis Vanhée . . . . . . . 559 


KR. 
Radloff, W., Das Kudathku Bilik des Jusuf Chass-Hadschib aus Bülasagun 109 
= Rue DER Pere RP PEER RE EE 
=) /Kuan-Stun Eusar ns ER US AR NN TRS 
— — Alltüurkische Studien. SAR ee ONCE EN RE 
—1— Nachtrage zum CRuaS UM. NN TO 


Rapport sur une explor. de la Mandchourie, de Torii Ryüzo, not. par 
Ed:-Ghayannes. vs SERRE PRE RTS ER 
Religion und Kultus der Chinesen, von W. Grube, not. par Ed. Chavannes 747 
Returns of. Trade LEE ON 107 200 USD 
Revuecd'hstoire moderne et\contemporaine EME NON PT 
Rédue indo-chinoise" ME MEME MORE RER ne 
Revue du Monde Musulmant 20e OR RERO IS 
Rivetta, Pietro Silvio, Grammatica Teorico-Pratica . . . . . . . . 759 
Rockhill, W. W., Mém. sur le Tibet, traduit en tibétain. . . . . . 578 
2 1TranslaliontofiCRhu Tan OC RE DITS 
Roman einer tibetlischen Künigin, von B. Laufer, not. par Ed. Chavannes 275 
Rottach; Edmond, -LanChine moderne M PME NRC RE 
Roudnef, À. D, Materialy po govoram vostotchnoi mongoli, not. par 
H;#Cordiers..0 + OR cos tes TOP 
Roy, Fernand, Statuts de la Du neue de Chine. La out VC AS 


S. 


Sanscrit-libelan-English Vocabulary, par A. Csomo de Korûs, not. par 
Ed AChavannes M RE EE CT 
Saussure, Léopold de, Origines de l'astronomie chinoise . . . . . . 347 
Savina, F. M. Dict. tay-annamite . . . . . 760 
Seidenadel, C. W., First Grammar of Po ses wi the Bénte 
190rrot,not.-par A "Van Gennep. ME NE NE 20 
Servicerpostal en eChine . EN EN O0 
Siam Society Journal. . . . . : 5 . 78 
Simon, Edmund, Alter Plan der beiden Houptstadte d. Aire Ch 728 
Spitsyne, AÀ., Tatarskiüa baïicy, not. par H. Cordier. . . . . . . . 104 
Starr, Frederick, Lolo objects in the Pub. Mus. of Milwaukee . . . . 580 


INDEX ALPHABÉTIQUE. 783 


Page 
Stein, M. A., Note on Maps ill. Explor. in Chin. Turkestan. . . . . 580 
Stilprinzipien der prim. Tierornamentik der Chinesen, von G. F. Muth, 
HOPAPADE A CHANANNES AMEN. +. | 0 0 eo NATURES 
Si-sia, Straniltsa iz istorij…., von A. I. Ivanov, not. par Ed, Chavannes. . 41 
Sudharmavati Rajavamsa… by Phra Candakanta . . , ,. . . , ,. . 978 
F: 
Tai chan, le, par Edouard Chavannes, not. par A. C. Moule . . . . . 495 
Taoisme, le, par le R. P. Wieger, S. J., not. par Ed: Chavannes. . . . 749 
Tatarshtia baicy, par A. Spitsyne, not. par H. Cordier . . , ,. . . . 104 
SE M nn : à |, at 00060 
Rime CERTA EMTiION Le 2. à. à ,  , : . : © » 967 


Torii, Ryñzo, les Aborigènes de Formose, not. par Ed. Chavannes . . . 103 


— — Rapport sur une explor. de la Mandchourie méridionale, not. par 


AS CHA VANNES M Me ee = + 0 + en etes, NUN287 
Tschepe, R. P. Albert, Histoire du Royaume de Han. . . . . , . 577 
Turrettini, François, Vente de sa bibliothèque, . . . . . . . , . 286 

U. 


Uigurica II, par F. W. K. Müller, not. par Ed. Chavannes . . . . . 439 


V. 
Van Berchem, Max, Mémoire sur les Antiquités musulmanes, du R. P. 
CROPATAAIZS RU à D, 4 à à à à. à « 2 09011 
Van Gennep, A., Notice sur The first Grammar of Language spoken 
by the Bontoc Igorrot, de C. W. Seidenadel . , . ,. , . . . . 499 
Vanhée, Louis, Problèmes chinois du second degré . . . . . . . . 559 
HOMO ESSONNE RER TO à à à à re 0. Di 
Vissière, Arnold, Etudes sino-mahométanes .… . . . . . . . . . . 279 
— — Etudes sur Recherches des Musulmans en Chine de la Mission 
HONOR MR Liz E à à à à + + A1: 000108 
W. 
MIOBOE MER PL Taoisme . . . . . . . . . . . . . . 160 
— — Juowme) not. par Ed. Chavannes . . . . , . : . . . . 14 
d'A 


Yamen und die Presse, von Alfred Forke, not. par Ed. Chavannes . . . 440 


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Yetts, W. Perceval, 
ChAtANNES Le AMENER à: LES 
PUS 


k #2, ; : x ; 4 k 
__ Younes du Royaume de Lan na, par Pierre Lefèvre-Pontalis. . 


TRE 002 ARE A 
Zeschrifiqur Ethnologie. RENE TI RE | 
Zi ka wei, Observatoire, Calendrier annuaire pour 4941 . . . . . . 














Brass Pei in the Pi hsia kung at the top of Tai shan recording the 
building of the Chix ch'üeh. 

















Brass Temple (Chi c#üeh) in the Ling sing #uñg. 
(Photographs by Rev. B. M. McOwan). 





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Plan de la mosquée de s'iuan-tche 





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ET du plan, partie haute. 


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PLANCHE lIIf. 








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Porte S’ du plan et inscription de 1310. 





PLANCHE IV. 








En haut: Base de colonne du sanctuaire. 
En bas: Porte P du sanctuaire. 





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PLANCHE VII. 


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